+ + Ms « NS") VER ® RE @ À ca x * > à : mp24 0 ÿ As. * Ye VPN : FRS PE ASE ” ÿ | J | Ÿ Ve f x = y NY QE PER {: . : y PL n NE EEE ST \ PR 0 À ee Ë à ? “w ? L e ES Ne pe mg L FOR THE PEOPLE FOR EDVEATION FORSCIENCE LIBRARY oF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY LE; NATURALISTE CANADIEN BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA TOME VINGT-N EUVIEME (NEUVIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE) L'abbé V.-A. Huard, Directeur-Propriétaire 8 QUÉBEC 2, RUE PORT-DAUPHIN 1902 D MUSEUM AA UNE OT EN A RUT AMEN “1 ve = PR CENTRAL PARK, NEW TORK. À | NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 1 Québec, Fanvier 1902 Directeur-Propriétaire : l’abbé V.-A. Huard. Avec ce numéro, le Naturaliste canadien commence sa 29° année. PROPOS DE VOYAGE Le 4 janvier, nous avons assisté à la séance d'hiver, tenue à Ottawa, du bureau d'administration de la Station de biologie marine du Canada, composé des représentants des universités canadiennes présidés par le Dr Prince, eommissaire des Pêcheries. L'exposé des études accomplies au laboratoire de la Station, établie au cap Canso (Nouvelle-Ecosse), durant la dernière sai- son d'été, nous a prouvé qu'il s’y est fait beaucoup de travail, dont on pourra apprécier les résultats dans les mémoires qui seront publiés avant longtemps, soit dans les rapports de la Société royale, soit ailleurs. Par exemple, nous avons toujours le regret de constater que les Canadiens-Français continuent à laisser leurs concitoyens anglais explorer tout seuls ces riches domaines de la faune et de la flore marines. Il à été décidé, entre autres points, de laisser à Canso, pour la prochaine saison, le laboratoire de la Station biologique. M. Gourdeau, sous-ministre de la Marine, ainsi que M. Prince, commissaire des Pécheries, n'ont rien épargné pour faciliter le travail du bureau des administrateurs de la Station qui, après leur réunion, ont eu l'honneur d’être conviés à une réception chez Son Exc. le gouverneur général. 1 — Janvier 1902. [Ra] LE NATURALISTE CANADIEN Durant notre séjour à Ottawa, nous nous sommes rendu à& la Ferme expérimentale centrale, pour y faire visite au Dr Flet- cher, botaniste et entomologiste officiel, au bureau duquel nous avons aussi rencontré ses assistants, MM. Guignard et Gibson. Nous nous trouvons là en plein domaine d'histoire naturelle: ici, des plantes vivantes ou desséchées ; ailleurs, des étaloirs sus- peadus aux murs et des tiroirs remplis d'insectes. Nous admi- rons surtout des quantités de chenilles desséchées et soufilées. et qui semblent encore vivantes, tant les couleurs en sont bien conservées. Ces beaux spécimens ont été préparés par M. Gib- son. [l y à même telles espèces de Lépidoptères qui sont repré- sentées depuis l'œuf, eten passant par les diverses grosseurs de la larve, jusqu'à l’insecte parfait aux ailes déployées. Disons incidemment que M. Fietcher, qui est l’un des ento- , molowistes les plus connus de l'Amérique, s'intéresse beaucoup: à l’œuvre du Naturaliste canadien. Nous voulions aussi faire connaissance avec notre distingué: collaborateur, le Dr Ami, de la Commission géologique du Canada. Mais il se trouvait, ces jours-là, à Rochester, N.-Y., où se tenait une importante réunion de géologues. Ayant pu séjourner quelques heures à Montréal, nous em avons profité pour aller voir les collections de M. G. Chasnon, bien connu de nos lecteurs, le président de la section locale (pour la province de Québec) de la Société entomologique d’On- tario. M. Chagnon, qui vient de terminer une monographie de la. famille des Syrphides de la Province, est bien le seul diptéro- logiste, croyons-nous, du Canada tout entier. Bien qu’il ne s'oc- cupe exclusivement des Diptères que depuis un peu plus d’un an, il en compte déjà 8 ou 900 espèces différentes dans sa collec- tion — qui est très soisneusement disposée et entretenue. Sans doute, pensera-t-on, pour avoir pu faire la chasse aux mouches. avec d'aussi beaux résultats et avoir pu trouver le temps de préparer une monographie aussi difficile, ce jeune homme doit. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 3 avoir beaucoup de loisirs. Eh bien, M. Chagnon qui exerce un emploi de comptable dans un grand établissement de Montréal, est, au bureau d'affaire qui l’emploie, tous les jours de l’année, jusqu'à six heures du soir ! La chasse aux insectes, il la fait, en été, de 7 à 8 hrs du soir, et dans ses temps libres du dimanche. Et ses identifications d'insectes, il les fait à la lumière du gaz, tous les soirs ! Qu'on juge, par cet exemple, de l'attrait qu'ont les études entomologiques, et sans doute aussi du naturaliste sérieux qu'est notre jeune ami de Montréal. Si nous pouvions compter, en divers points de la Province, une dizaine seulement d'amateurs de ce zèle et de cette persé- vérance, les Canadiens-Français cesseraient bientôt de marcher si loin en arrière des peuples éclairés, en fait de progrès scientifique. ESQUISSE GEOLOGIQUE CANADA MATÉRIAUX POUR SERVIR A LA PRÉPARATION D'UX CHRONOGRAPHE GÉOLOGIQUE POUR LE CANADA PAR H.-M. AM I Membre de la Commission Géologique du Canada, Ottares. (Suite.) Cette roche fragmentaire passe à un greywacke, lequel à son tour se fond en ure roche compacte, à grain fin ayant la même composition, et qui affecte graduellement un caractère rubané et schisteux.— Sous cette dernière form2 on comprend les schistes et phyllades de la série. —Surmontant immédiatement 4 LE NATURALISTE CANADIEN ceux-ci on trouve un grès quartzeux, dans la composition duquel entrent du quartz et du feldspath, et qui ressemble à l’arkose. Les rapports qui existent entre les roches Huroniennes et l'étendue typique, et les séries Hastings de l'Ontario, Keewatin et Coutchiching des régions Lake of the Woods et Algoma, et la série Grenuille du district de l’'Ottawa, offrent un sujet abondant en problèmes de pétrographie et de géologie strati- graphique, d’un intérêt tout particulier. On n’a encore assigné aucun nom particulier aux trois sub- divisions de l’Huronien telles qu’elles se développent dans la région du Lac Témiscamingue ; maïs, sans aucun doute, les études subséquentes des géologues qui étudient les problèmes de l’Archéen au Canada, auront comme résultat la délimitation et la corrélation des différents membres des systèmes Lauren- tien et Huronien, qui permettraient une classification raisonnée selon les principes adoptés pour la nomenclature des systèmes leur succédant. — Une étude des différentes périodes d'activité volcanique indubitable et de calme, indiquées par les strates, pourrait devenir un facteur important pour la classification des diverses formations. Dans le district Rainy River, dans l’Algoma et dans la région Lake of the Woods, ainsi qu'en d’autres endroits, les roches Huroniennes sont largement développées et contiennent dans leur sein des gisements métallifères importants tels que l'or, l'argent, le nickel, le cuivre, le fer et autres métaux utiles. Longeant la côte de la Baie d'Hudson, ainsi qu’à l’intérieur, aussi bien que dans l’île Marble, on a classé comme Huronien- nes certaines roches, comprenant des schistes chloritiques et micacés, des quartzites à grain fin associés à des diabases et des gabbros, qui sont d'âge Huronien. — Mr J.-B. Tyrrell a décrit une large lisière de roches Huroniennes, se développant sur une longueur de 120 milles, le long de la côte ouest de la Baie d'Hudson, et qui s'étend d’un point près de « Baker’s foreland,» jusqu'à 45 milles au nord du cap Esquimaux.— En remontant la rivière Fersuson, de son embouchure, sur la côte de la Baie j gi ù ; RS à À À . là. "2. | ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 5 d'Hudson, en s’avançant vers l’intérieur des terres, on a suivi ces roches sur une distance de soixante-dix milles. —On a aussi signalé la présence de deux étendues de roches Huroniennes sur les rivières Telzoa et Kazan, et encore d’autres lambeaux dans les bassins des lacs Doobaunt, Wharton, Kasba et Ennadai. Dans le district Keewatin et dans la région du Lac Winnipeg, le Dr. Bell et Messrs. Tyrrell et Dowling ont relevé plusieurs étendues de roches rapportées au système Huronien et consis- tant en quartzites, schistes chloritiques stéatitiques feldspathi- ques et dioritiques, outre des conglomérats et des brêches. En longeant le Lac Athabaska et sur les rives de la rivière Churchill, Tyrrell a relevé des roches Huroniennes formées de quartzites blanchâtres et de grès et schistes calcarifères rou- geâtres. La Région des Cordillères.—Dans la Colombie-Anglaise et le Territoire du Yukon, on à relevé des roches du système Huro- nien consistant pour la plupart en diabases et diorites accom- pagnés de schistes chloritiques et micacés, quartzites et de phyllades ; dans cette région ces roches sont métallifères, con- tenant de l'or, de l'argent, du plomb et du cuivre. Remarque. — Nulle part, sur la surface de là terre on ne trouve les anciennes roches cristallines, rapportables aux sys- tèmes Laurentien et Huronien, aussi largement développées qu'au Canada. Ces roches sont wénéralement métallifères, formant des éten- dues de grande valeur au point de vue industriel; et les gîtes renfermés dans leur sein constituent des ressources minérales telles, que l’on peut affirmer que le Canada possède des richesses incalculables.— Il n’est point douteux que ces ressources pren- dront d'année en année une importance de plus en plus muar- quée, au fur et à mesure de l'augmentation de la population et des besoins du pays. L’Algonkin de Van'Hise et d’autres géologues de l Amérique du Nord, est un terme qui comprend à peu près les mêmes for- mations que le système Huronien. —Si l’on compare la carte 6 LE NATURALISTE CANADIEN relevant l’Alsonkin du Prof. Van Hise, avec la délimitation du système. Huronien par Sir Wm Logan et Murray, on verra que les deux termes sont synonymes, le nom Huronien ayant la priorité par son ancienneté. On n’a encore encore remarqué aucun reste organique dans les systèmes Laurentien et Huronien du Canada. — Ces deux termes, introduits dans la nomenclature géologique par Sir Wim Logan, dès le début de l'existence du Corps Géologique du Canada, sont maintenant adoptés par les géologues du monde entier. SYSTÈME CAMBRIEN Le système Cambrien forme la base de la colonne Paléozoi- que; et on comprend généralement dans ce terme ces forma- tions sédimentaires qui renferment dans leur scin les premiers vestiges réellement organiques, sous forme de fossiles. La région Acadienne. — Les trois divisions partageant tout naturellement le Cambrien,soit le Cambrien Supérieur, le Moyen et l’Inférieur, se rencontrent dans la Nouvelle-Ecosse, le Nou- veau-Brunswick et l’île de Terreneuve. — En certains endroits de cette dernière, à Smith’s Sound, à Signal Hill ; au Nou- veau-Brunswick à St. John, ainsi que sur la rivière Kennebeca- sis, on a relevé une série de roches sédimentaires fossilifères, que le Dr. G. F. Matthews a rapportée au système Etcheminien qu'il a séparé du Cambrien proprement dit. — L'Etcheminien semble être,selon toute apparence, une formation ou une phase de sédiments fossilifères Cambriens inférieurs, et peut, évidem- ment, être classé comme tel ou eo-Cambrien. La série aurifère de la Nouvelle-Ecosse, qui consiste en phyllades surmontant des quartzites, tous deux dépourvus de restes fossiles, a été rapportée à la division du Cambrien infé- rieur sous le‘nom de «Série de la Côte Atlantique» ou « groupe ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU' CANADA Acadien. »—Cette série forme la lisière des roches aurifères pro- ductives de la région Acadienne. On la rencontre dans les comtés Guysborough, Queens, Hali- fax, Lunenbure, Shelburne et Varmouth en Nouvelle-Ecosse, — Ces assises auriferes et les veines de quartz intercalées ont subi, par la pénétration de massifs éruptifs, des perturbations et des plissements les refoulant en séries de plis anticlinaux et syn- clinaux.— Autour de ces massifs, les schistes et les quartzites, tout en conservant leur position relative comme membres inférieur et supérieur respectivement de l’étage « Cambrien inférieur, » afHleurent sous la forme de dépôts sédimentaires altérés et constituent, selon MM. H. Fietcher et E.-R. Faribault, une série de roches métamorphiques. Il semble naturel de désicner le groupe de quartzites par le nom de « Série Guysbo- rough, » tandis que pour le groupe de schistes ou phyllades on a proposé le nom de formation « Halifax.» On trouve généralement l'or le long de l'axe des plis anticli- naux ; les travaux d'exploitation jusqu'ici exécutés en Nouvelle- Ecosse ont révélé la présence de nombreuses couches superpo- sées formant les plis anticlinaux ; intercalées entre les couches plissées, et dans l’axe longitudinal du pli se trouvent les veines aurifères ; on croit que l’on continuera à rencontrer ces veines en forme de selles, à certains intervalles, jusqu’à de très grandes profondeurs. Donc, il y a tout lieu de supposer que l’exploita- tion en profondeur des gisements aurifères de la Nouvelle- Ecosse serait très rémunératrice. Ces gisements ressemblent beaucoup quant à la structure à ceux de Victoria et de la Nouvelle-Galles du Sud, Australie, qui sont si productifs, —et il est possible que ceux-ci soient du même âge que les terrains aurifères de la Nouvelle-Ecosse. Surmontant les séries aurifères de la Nouvelle-Ecosse,et par conséquent de formation plus récente, on trouve des schistes et des calcaires contenant d’abondants restes organiques fossiles. — En deçà de McAdamn's brook, près de la rivière: Escanonie, sur Ja pointe McFee, sur la rivière Bras d’oret le long de la rivière Mira dans l’île du cap Breton, ainsi qu'à Barachois (formant la 8 LE NATURALISTE CANADIEN « série ou formation Mira») on constate des couches fossilifères que l’on rapporte au Cambrien supérieur ou Néo-Cambrien.— L'étude de ces couches subit, en ce moment, une révision complète, et bientôt nous posséderons une classification raisonnée des différentes assises fossilifères du système Cam- brien. Au Nouveau-Brunswick, grâce aux recherches du Dr G.-F. Matthew, les fossiles caractéristiques des divers étages du Cambrien que l’on désignait sous le nom de groupe St. John, ont été décrits très soigneusement ; on y a ajouté, pour le pré- sent du moins, la série Etcheminien. —A Loch Lomond, comté St. John; sur l’île Caton’s, comté Kings, on trouve cette der- nière série bien développée; tandis que les divisions inférieures du Groupe St. John, contenant Protolenus et Puradoxides, se trouvent à Hastings Cove dans la vallée Kennebecasis, ainsi que dans la ville St. John même. — La division moyenne contenant Lingulella apparaît aussi dans la ville St. John, et constitue une formation représentée par des schistes, phylla- des, pierres à dalles et lits de grès d’une puissance de sept cent cinquante pieds. — Dans la division supérieure du groupe St. John, telle qu'elle se développe sur l’île Navy et dans la ville St. John, les fossiles Dictyonema flabelliforme et Pel- tura searabæoides sont les fossiles caractéristiques des grès grisâtres et des schistes noirs de cette série. — Les couches à Hanford brook sont largement fossilifères et constituent la formation Hanford du Prof. C.-D. Walcott. — Celles-ei sont du même âge que les schistes du cours d’eau Ratcliffs Mill ; île Caton’s ; Porter’s Brook, ete... Les calcaires de Chapel Arm, Trinity Bay et de Mannel’s Brook, dans l’île de Terreneuve, correspondent à Ja division inférieure du groupe St. John tel qu’il se développe dans le Nouveau-Brunswick. # | Le Dr. Ells, le Dr. Matthew et le professeur Baïley ont recon- nu et décrit des assises Cambriennes dans le comté de Glou- cester, sur la rivière Tête à Gauche, sur la rivière Nipisiguit, près de Landing Falls, sur la rivière Serpentine, sur la rivière ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 9% Miramichi dans le comté Northumberland, à Porter’s Brook, comté St. John, Nouveau-Brunswick. Les séries Avalon, Random Sound et Signal Hill de l’île de Terreneuve se rapportent aa système Cambrien, et ont été délimitées par Murray et Howley et par le Prof. C.-D. Walcott. Au sud-est de la grande faille St-Laurent-Appalachian dans la province de Québec, Logan, Richardson, Ells et autres géologues ont reconnu des assises Cambriennes, y compris les schistes aurifères de la vallée de la rivière Chaudière et du district de la Beauce, ainsi que les schistes Sillery ou grès « columnaires », que l’on prétend être l’équivalent de la forma- tion Potsdam de lEtat de New-York. — Les schistes, grès et conglomérats Sillery occupent une large lisière dans la pro- vince de Québec, au sud du St-Laurent. Dans les comtés de Bonaventure, Gaspé, Rimouski et Témis- couata, ainsi que Bellechasse et Lévis,on trouve aussi des schis- tes et quartzites, des calcaires et des argilites, des conglomérats calcaires et quartzifères, des phyllades, des grès feldspathiques, tous se rapportant à la formation Sillery ; en beaucoup d’en- droits ces assises sont fossilifères comme à Matam, Métis, Cap Rosier, Rivière Little Fox, Rivière Magdalen, Ste-Anne des Monts, Cap Chatte, Cap Whale, Baie Sandy, Little Métis, Ile d'Orléans, Pointe Lévis, Sillery, Cap Rouge, chutes et rivière Chaudière, et peuvent être classées, pour la plupart, dans le Cambrien supérieur. Dans les cantons de l'Est, sur le versant est du pli anticlinal de la montagne Sutton, on trouve aussi des roches d'âge Cam- brien, ainsi qu'à l’est de la vallée Missisquoi à Potton, à Lisgar, à Waterloo, Richmond, à Sweetsburg, Frelighsburg, Granby où le Dr Ells à reconnu des phyllades et des quartzites qu'il rapporte à ce système. — Dans l’état contigu du Vermont on a reconnu la formation Georgian ou Georgie, et il est bien pos- sible que celle-ci soit l'équivalent des calcaires de l’Anse au Loup, et autres assises Cambriennes inférieures de la vallée du St-Laurent. 10 LE NATURAIISTE CANADIEN Les hautes Terres Laurentiennes.— On trouve des calcaires, des quartzites et des dolomies d’äge Cambrien, associés à des ro- ches trappéennes, dioritiques, couvrant la surface plus ou moins irrégulière des roches Archéennes et remplissant les dépres- sions ; ces roches forment des étendues continues ou des lam- beaux isolés. — On les à relevées sur le littoral du Labrador à l'Anse au Loup (calcaires de l’Anse au Loup), sur le lac Mistas- sini (formation Mistassini) longeant le Golfe Richmond, et for- mant le groupe d'îles Nastapoka sur la côte est de la Baie d'Hudson. Le paléontologue Billings a décrit les calcaires blanchâtres sub-cristallins de l’Anse au Loup, lesquels sont très fossilifères, comme se rapportant aux assises du Cambrien “inférieur. Le Dr. Bell a reconnu les formations Manitoumick et Nas- tapoka le long de la côte est de la Baie d'Hudson. — Il croit qu'elles équivalent à la formation Nipigon qui, à son tour, -correspondrait, croit-il, au Keweenawan du Lac Supérieur. — Mr. Low, qui a récemment exploré ces régions, rapporte ces formations à une époque antérieure et en fait les équivalents des assises AminiKie qui sont les plus anciennes. Sur les rivières Larch, Wiachouchan, Koksoak, Hamilton et Kamapiskan, Mr Low à relevé des étendues de Cambrien dont les strates reposent presque horizontalement, et consistent en schistes surmontant une dolomie jaunâtre cornifère ; ces schis- tes sont à leur tour recouverts par des lits d’un calcaire argi- leux jaune et verdâtre alternant avec des couches de schistes rouillés, associés à des affleurements de couches de minerais de fer composé d’un mélange de magnétite et d'hématite. Mr Tyrrell a décrit la présence de grès et de conglomérats (formation Athabaska) qui représente la partie inférieure du Cambrien de Doobaunt Lake, et autres localités y compris la vallée de Ja rivière Thelew.—- Ces grès s'étendent peut-être dans les régions au sud et à l’est du lac Athabaska, où ils apparaissent comme grès rouges et tachetés, et sous forme de grès arénacés, rapportés par quelques géologues au Keweena- wan du lac Supérieur. à di ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 11 Dans les environs de Churchill, M. Tyrrell a relevé un lam- beau de Cambrien se développant sur une lisière étroite entre le Cap Churchill et le fort du même nom. Au nord du Lac Supérieur et du Lac Huron, on trouve les formations AminiKie et Keweenawa ou Nipigon, qui sont clas- sées dans le Cambrien supérieur. -- Ainsi que l'ont fait remar- quer le Dr. Selwyn et le Dr. G.-M. Dawson, et plus récemment le Dr. A.-E. Barlow, ces deux formations, qui semblent surmon- ter en discordance les terrains Archéens, forment la base de la colonne paléozoïque. -— Dans les environs du Sudbury certains schistes et grès feldspathiques, quelquefois concrétionnaires, ont été rapportés comme Cambriens par le Dr. Bell, et apparaissent comme tels sur la carte géologique de cette région. —— Les roches des formations Nepigon et Keweenawan consistent en grande partie en conglomérats, grès, tufs, phyllides, arvilites, quartzites et roches trappéennes et diorites à texture amygda- loïde et porphyritique; ces roches sont largement dévelop- pées dans le district Thunder Bay du Lac Supérieur. La Région des Cordillères. — Dans le district de Kamloops en Colombie-Anglaise, et dans le West Kootenay, le Dr. Daw- son a relevé un horizon d’âve Cambrien dans les argilites noirâtres de la série Nisconlith, (puissance de 15,000 pieds), recouvertes par une épaisseur de 25,000 pieds de roches volea- niques, décrites sous le nom de série de Adunvs Lake. — Dans les Rocheuses proprement dites, Mr MeConneil et le Dr. Daw- son ont remarqué des roches sédimentaires Cambriennes infé- rieures, moyennes, et supérieures. — Dans le groupe Castle Mountain de la série Bow River. le long de la vallée de Ia rivière Kicking-Horse et près de Donald, des couches de eal- caires, de phyllades et de grès ont rendu des restes fossiles qui ont permis de reconnaître (1) un étage Cambrien inférieur caractérisé par Olenellus, (2) un étage moyen, un étage à Pty- choparia, et(3) un étage supérieur où un étage à Üyygopsis. Dans le District Yale de la Colombie-Anglaise et dans la chaîne Selkirk on a relevé des schistes, grès, argilites, et cal- caires composant le Cambrien de l’intérieur de la Province. — 12 LE NATURALISTE CANADIEN Les strates Cambriennes du Mont Stephen, près de Field, sur la ligne de chemin de fer Canadian Pacific, sont très fossi- lifères, et cette localité est une des plus fécondes du monde entier en trilobites Cambriens, que l’on trouve là jusqu'à une altitude de 11,000 pieds. — On a proposé le nom de formation. Stephen pour désigner les couches de schistes et de calcaires à trilobites contenant Ogygopsis, Klutzi, Zachantloides spi- nosus, Ptichoparia Cordilleræ et autres membres de la faune Cambrienne. [Il n’est pas improbable que les quartzites et les schistes si abondants dans les districts aurifères du Yukon soient aussi d'âge Cambrien. — La position exacte de ces couches sédimen- taires Paléozoïques dans la nomenclature géologique n’est pas définie, mais M. McConnell a récemment adopté les désignations suivantes, données par ordre descendant : Groupe Moose Hide; Série Klondike, Série Hurker Creek, et Série Indian River. MM. S.-F. Emmons et J.-E. Spurr ont décrit les séries Ram- part, Birch Creek, et Forty Mile, des districts Klondike et autres districts adjacents de l'Alaska. SYSTÈME ORDOVICIEN La région Acadienne. — La première découverte de roches d'âge Ordovicien non équivoque fut faite en 1880 par le Prof. L.-W. Bailey dans la vallée de la rivière Beccaguimie, dans la partie nord-ouest du Nouveau-Brunswick. — La collection de fossiles, rapportables à la formation Beccaguimic, fut décrite par l’auteur de ce mémoire, et une notice préliminaire parut dans le Rapport du Corps Géologique du Canada pour l’année 1885. — Ces couches occupent une position près de la base du système.—-Dans les environs de St. John, N. B. le Dr. Matthew ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 13 découvrit des schistes noirâtres graptolitiques, qu'il désigne sous le nom de division Supérieure où Bretonienne du « groupe St. John », et qui sont, selon toute probabilité du même âge que la formation Lévis de Québec. — Ces schistes contien- nent les restes d’une faune ressemblant à celle de l'horizon Arenig et Skiddaw de l'Angleterre qui est classé comme E0 Or- dovicien. Dans l’île de Terreneuve, les roches fossiliferes des îles Great Bell et Kelly's, dans la Baie Conception, ont été tout récemment rapportées par le Dr. Matthew au système Ordovicien ; mais il est possible qu’elles appartiennent à un horizon Canbrien supé- rieur. — On à proposé le nom de formation Waban comme très approprié pour désigner les strates ferrifères de l’île Great Bell. Le Dr. Matthew a rapporté les roches de McFee’s Point Cap Breton, au système Ordovicien. — Il y a aussi, au Nouveau- Brunswick et en Nouvelle-Ecosse, de nombreuses étendues importantes que plusieurs géologues ont rapportées à l'Ordo- vicien, en s'appuyant exclusivement sur des données stratigra- phiques. — Jusqu'à plus complète évidence paléontologique, l’âge de cet horizon demeure rélativement incertain. Le Groupe Québec de MM. Logan et Billings. — Dans la région disloquée au sud-est de la grande faille Champlain-Appa- lachien, dans la province de Québec, les assises Paléozoïques infé- rieures peuvent être divisées en trois formations ou horizons distincts selon les caractères des sédiments fossilifères déposés sous l’action de conditions diverses. — A la base nous trouvons la formation Sillery (appartenant selon toute apparence au Cambrien Inférieur) surmontée par la formation Lévis, qui consiste en phyllades graptolifères et calcaires fossilifères accompagnés de lits de conglomérats qui souvent contiennent des cailloux de calcaire Cambrien. — Les formations Sillery et Lévis sont recouvertes par une troisième : la formation Québec, qui consiste surtout en phyllades graptolites bitumineux de couleur noirâtre ou brunâtre, en calcaires impurs, et en conglo- mérats contenant une faune plus complexe. 14 LE NATURALISTE CANADIEN A l’aide de ces trois horizons, on peut facilement suivre Je - groupe Québec sur tout son développement à travers les Cantons de l'Est de la province de Québec et longeant la rive sud du fleuve St-Laurent. Le placement exact de la formation Lauzon, des anciens géo- logues, et ses rapports avec les autres dépôts sédimentaires paléozoïques de la province de Québec, n’ont pas encore été définitivement établis. On n'a pas encore reconnu les limites définitives de la forma- tion Québec dans l'échelle géologique, mais les évidences dont, lon dispose semblent indiquer les caractères d’un horizon d'âge Ordovicien, peu éloiwné;du Trenton inférieur ; certaines couches. paraissent être plus récentes, et d’autres plus anciennes. Il y à une ressemblance marquée entre l’Ordovicien des pro- vinces de Québec et du Nouveau-Brunswick, et l’Ordovicien de: l'Europe occidentale tel que relevé en Grande-Bretagne; — on peut facilement reconnaître au Canada les formations Skid- daw et Arenig, Hartfell et Llandeilo, où elles semblent offrir les mêmes caractères taxonomiques qu’en Europe. (À suivre.) LES ENTOMOLOGISTES, À MONT" ÉAL Le 10 décembre dernier, se tenait à Ja résidence de M. G. Chagnon, 947, rue Saint-Urbain, Montréal, la 236e séance de Ja Société entomologique d’Ontario, succursale de Montréal. L'assistance qui comptait peu de membres ce soir- là, à cause de la tempête qui faisait rage, était composée des personnes suivantes. G. CHAGNON, Président. C. STEVENSON, Vice-Président. G. A. MOORE, Secrétaire-Trésorier. A. E. Nokis, Curateur et Bibliothécaire. H. H. LYMax. > . EF. WINN. BIBLIOGRAPHIE 15% M. Stevenson proposa, appuyé par M. Chagnon qu'à par- tir du ler janvier 1902, la Société devienne propriétaire de tous les travaux qui seront lus par ses membres, à ses séances. Ces articles seront déposés entre les mains du Bibliothécaire en dedans de trente jours après lecture, et devront être écrits sur papier uniforme fourni par la Société. A l'expiration de chaque année, ces articles où travaux pourront être reliés en un volume afin d’en assurer la conservation. M. Lyman lut ensuite un travail très intéressant sur cer- tains Lépidoptères. M. C. H. Fernald, lépidoptérologiste distingué, offrit à la. Société, par l'intermédiaire de M. Lyman, une copie de son livre intitulé: « The Crambidæ of North America. » Cette offre fut acceptée avec empressement. M. Chagnon lut à son tour un travail intitulé : « Les Diptères Asilides,» décrivant en peu de mots les formes générales, les habitudes et la distribution géographique de ces diptères. Une collection de ces insectes, appartenant à l’auteur, fut ensuite examinée et discutée par les membres. La séance fut levée à une heure assez avancée dans la soirée. FE BIBLIOGRAPHIE -Vient de paraître: Almanach des Cercles Agricoles de la province de Québec pour 1902. (9eme année.) Publié par J.-B. Rolland & Fils, 6 à 14, rue Saint-Vincent, Montréal. Cette petite brochure, quoique publiée tout spécialement dans le but de procurer à nos cultivateurs Canadiens Français la connaissance des progrès de l'Agriculture et des nouvelles. méthodes de cette science, mérite non seulement l’accueil de la classe agricole, mais aussi celui de tout le publie, car il con- tient le plus heureux mélange de choses sérieuses, utiles et pratiques. En vente chez tous les libraires, au prix de dix centins. l'exemplaire, et un dollar la douzaine. Franco par la poste. 16 LE NATURALISTE CANADIEN PHŒNIX ASSURANCE Fait affaire au Canada depuis 1804. "GAPITAL : $ 13,444,000 COMPANY OF LONDON. Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de süreté. PATERSON & SON, Agents généraux, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi. : Compagnie LA ROYALE d'Assurance d'Angleterre. CAPITAL : $10,000,000. — VERSEMENTS : $ 42,000,000 La plus considérable de toutes les compagnies d'assurance contre le FEU, W. M. 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Send for sample. Address subscriptions and inquirie- to Mrs. Annie Morrill Smith, 78 Orange Street, Brooklyn, N. Y., U. S. Price : $1.00 per year. NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 2 en Québec, février 1902 Directeur : l'abbé V.-A. Huard COCO, COCA, COCOA, CACAO Pour faire un civet, prenez un lièvre, dit la Cuisinière bourgeoise. Si vous voulez savoir avec quoi se fabrique le chocolat, neuf persounes sur dix vous répondront: avec des amandes de . COCOS. Demandez au marchand du coin de vous envoyer du beurre le coco pour assaisonner vos mets, vous courez grand risque de recevoir du beurre de cacao . .… bon à faire d'excellents supposi- toires. Car, pour un très grand nombre de personnes, ici au Canada comme chez nos voisins de l’autre côté de la ligne 45e, ces mots COCO, COCA, COCOA, CACAO sont synonymes. Pourquoi cette idée, cette signification commune attachée des produits différents ? Je n'en sais trop rien, je constate le fait, et c’est tout. Mettre toute chose à sa place et avoir une place pour chaque chose est un trop beau principe pour qu'il ne trouve ici son 2 — Février 1902 3272) 18 LE NATURALISTE CANADIEN application, du moins en partie. C’est ce que je veux faire avec le moindre nombre de lignes possible. Tout le monde connaît la noix de coco, la pulpe sucrée et. butyreuse qu’elle renferme (le coco à la cuiller), et qui, conve- nablement assaisonnée, est peut-être le plus friand manger que puisse rechercher un gastronome. Tout le monde connaît également cette autre substance grasse: et concrète, aussi fort agréable au goût, qui se dépose sponta- nément du lait contenu dans cette noix. Enfin chacun sait, les lecteurs du Naturaliste, au moins, que: le coco est le fruit du cocotier, arbre de la famille des palmiers et de la monœæcie hexandrie de Linné ; que les espèces les plus. importantes sont le cocotier commun (Cocos nuciferus, Linné } et le cocotier du Brésil (Cocos butyrecea, de Linné, pindova de Pison), que l’on rencontre en abondance dans le voisinage des mines d'Ybaquense et dont le noyau fournit l'huile de palme. “Mais, j'y pense, le nom de coco donné au fruit de cet arbre tend depuis quelque temps à être substitué par celui de cocoa, surtout dans le commerce. Ne serait-ce pas l’espèce de simili- tude qu’il y a entre ce nom de cocoa et celui de cacao que les habitants de la Guyane donnent à la graisse de cacaoyer, que l’on emploie pour la fabrication du produit qui a fait la for- tune du seigneur actuel de l’île d’Anticosti, ne serait-ce pas, dis-je, cette apparence de parenté entre ces deux noms qui a amené toute la confusion ? Quoi qu'il en soit, il y a une jolie différence entre les cocos ou cocoas et les cacaos, de même qu'entre les arbres qui les produisent. Inutile de parler des premiers, ils sont trop con- nus; quant aux seconds, les cacaos, qu’il suffise de dire qu'ils sont à peu près de la grosseur d’une olive, et pendant que les cocotiers s'élèvent à une hauteur de 60 à 70 pieds lorsqu'ils ont atteint toute leur croissance, c’est-à-dire après 20 à 25 ans de plantation, le cacaoyer ou cacaotier (de la famille des mal- vacées de Jussieu, et de la famille des bythnériacées de Robert, Brown, comme on sait) s'élève à peu près à la hauteur de nos cerisiers. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 19 Pour ce qui est du beurre de cacao, tous ceux pour qui læ botanique n’est pas tout à fait étrangère savent que c’est la matière grasse extraite des cotylédons des « cabosses » du ca- caoyer cultivé ( Theobroma cacao) et que les médecins emploient pour combattre certains maux. La conclusion à tirer de cela, c’est que, dire ou écrire qu’un chocolat est fabriqué avec des amandes de cocoa, autant dire ou écrire qu'on fait un civet avec un chat. Ajoutons, pour terminer, que le nom de coca, que l'on em- mêle avec ceux de coco, cocoa et cacao, est le nom donné à un arbuste de la famille des crythroscylées qui croît sur le versant oriental des Andes, dont les indigènes mâchent les feuilles pour se donner une vigueur factice, et que l’alcaloïde que l’on extrait de sa noix — la cocaïne — est employé comme anesthésique local dans la chirurgie oculiste et dentaire. J.-W. MILLER. ESQUISSE GEOLOGIQUE CANADA OÙ MATÉRIAUX POUR SERVIR A LA PRÉPARATION D'UN CHRONOGRAPHE GÉOLOGIQUE POUR LE CANADA PAR H.-M. AMI Membre de la Commission Géologique du Canada, Ottarce. (Suite.) Dans la région sud-ouest des cantons de l'Est de Québec, près de la rive supérieure du Lac Champlain, le groupe Québec 20 LE NATURALIST£É CANADIEN change d'aspect et ne présente pas les mêmes caractères que son équivalent des environs de la ville de Québec ; les couches de calcaire couleur crême et les schistes à graptolites de ce der- nier sont remplacés par des calcaires et des cipolins grisâtres, quelquefois très fossilifères. A Phili psburgh, Bedford, etc. ces calcaires sont surmontés par des phyllades noirâtres et les calcaires de Farnham qui contien- nent des graptolites. — On a relevé des couches similaires dans le bassin du Lac Memphrémagog. — Ces roches forment dans cette partie du Canada une succession de dépôts sédimentaires, que l’on peut désigner sous le nom de formations Philipsburgh, Bedford, Furnlam et Magog. Les deux premières ont une cer- taine ressemblance avec les couches du fort Cassin dans .le Vermont, tandis que la dernière ressemble aux phyllades de Norman Kilu dans l'Etat de New-York. Les hautes Terres Laurentiennes.— Dans l'étendue de pays désignée sous ce nom, comprenant les côtés Labrador et Kee- watin de la Baie d'Hudson, on a relevé plusieurs lambeaux Ordoviciens plus ou moins importants. Dans la Baie Ungava, sur l'île Akpatok et au sommet de la Baie Frobisher, Terre de Baffin, le capitaine C.-F. Hall, M. A.-P. Low et le Dr. Bell ont signalé des roches d'âge Ordovicien Supérieur. Le Dr. Whitea- ves et le Dr. Schnchert out récemment décrit la faune fossile de ce district éloigné et rapportent ses roches à la formation Trenton. Dans les îles Arctiques, au nord des Golfes Coronation et Boothia on à aussi reconnu la présence de roches de la forma- tion Trenton, de l’Ordovicien Supérieur. — A l’ouest de la Baïe d'Hudson, M. Tyrrell a relevé des couches contenant des fossiles caractéristiques d'âge Trenton dans les lambeaux formant une lisière bien développée aux environs du Lac Nicholson et de la Churchill, ainsi que dans les calcaires formant les chutes ou rapides de la rivière Nelson. Dans les bassins des Lacs Témiscamingue et Nipissing, on a aussi reconnu des calcaires appartenant à la division Black River du groupe Trenton; ces calcaires fossilifères ont été He 7 ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 21 relevés en masses erratiques et aussi in situ. — Ces lambeaux détachés et les fossiles qu'ils contiennent ont récemment été décrits par le Dr. A.-E. Barlow et par l’auteur de cette Esquisse. Les basses Terres Laurentiennes. — Dans cette région on a relevé les formations fossilifères Ordoviciennes qui suivent, énumérées par ordre descendant : 7 Lorraine (quelquefois désignée sous le nom de Hudson River). 6 Utica. o ‘renton. 4 Bird’s Eye et Black River. 3 Chazy. Calcifère ou Beekmantown. 1 Potsdam. Ces sept formations se suivent par ordre régulier, recou- vrant la surface sinueuse de l'Archéen au nord-ouest de la grande faille de Ja province de Québec, ainsi que dans l’Onta- ri0. — Le Potsdam consiste surtout en bancs de grès blanc- jJaunâtre, brun foncé ou rayé, et en lits de congiomérats dans 19 lesquels on découvrit les traces ou pistes d'animaux marins désignées sous le nom de Protichnites. — On n’a pas encore re- connu de fossiles cambriens dans les grès Potsdam du Canada ; la faune semble, au contraire, être d’âge éminemment Ordovi- cien, et l’une des «secondes faunes » de Barrande. La formation Calcifère consiste en un calcaire magnésien souvent arénacé, tandis que les roches prédominantes de la formation Chazy sont des calcaires arénacés, des schistes et calcaires purs. — La for- mation Black River est constituée, en grande partie, par des calcaires offrant dans la division inférieure tous les caractères de la pierre lithographique, tandis que la partie supérieure con- siste en bancs épais de calcaires. Ces derniers, ainsi que le Trenton et la portion supérieure du Chazy, fournissent d'excel- lentes pierres de construction qui ont été employées dans maintes constructions pour les provinces de Québec et d'Ontario. | L'Utica comprend des phyllades noirâtres fragiles, bitumi- neux, interstratifiés à la base, avec des lits de calcaires impurs, LE NATURALISTE CANADIEN bitumineux et magnésiens, tandis que la formation Lorraine consiste en calcaires magnésiens et en argilites à grain fin de couleur brunâtre et grisâtre. — Ces formations sont largement développées dans les environs de Montréal, Ottawa et Québec, et on trouve les quatre formations supérieures dans la partie est de l'Ontario. On a relevé la plus grande puissance d'assises Ordoviciennes dans les environs de la ville de Toronto. À Clarksons, 18 milles à l’ouest de Toronto, on trouve 1457 pieds de phyllades, de calcaires et de bancs d’arkose ; à cet endroit la formation Lorraine mesure 650 pieds, l’Utica 150, le Trenton 500, et le Black River 157 pieds. Aux environs de Kingston on trouve une molasse marine qu'on désigne sous le nom de grès Rideau. La Plaine intérieure Continentale.— Dans le Manitoba, les formations Ordoviciennes sont développées largement, formant la majeure partie des roches des régions de Winnipeg et du Lac Manitoba, et se prolongert au nord-ouest vers les régions arctiques. Région des Plaines Continentules. — Les deux formations Trenton et Lorraine (désignées par quelques géologues sous les noms de Galena Trenton et Hudson River, respectivement) consistent en dolomies et calcaires de couleur crême et en marnes calcaires et phyllades dans lesquelles on trouve une abondance de fossiles. — Dans la partie est du Manitoba, M. Dowling décrit les formations suivantes par ordre des- cendant : V. Schistes « Hudson River » ou Stony Mountain. IV Calcaires tachetés supérieurs. III Calcaires Cat Head. II Calcaires tachetés inférieurs. I Grès Winnipeg. Il n'est pas douteux que les systèmes Silurien, Dévonien et Crétacé du plateau des prairies de l’est surmontent une bande de roches Ordoviciennes. — Le Dr. J.-F. Whiteaves a ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 23 décrit une série de fossiles provenant des assises Galena-Tren- ton et Black River du Lac Winnipeg et environs. La région des Cordilières. — En Colombie-Anglaise, des roches d'âge Ordovicien affleurent dans les montagnes Rocheu- ses proprement dites, au Lac Devils Head près de Banff. M. McConnell a relevé des ardoises à graptolites et des calcaires avec des schistes contenant une faune Ordovicienne, le long de la rivière Kicking Horse à Glen Ogle. — La faune graptolitique décrite par le Prof. C. Lapworth, de Birmingham, est classée ici sous le nom de formation Wapta et appartient à la partie supérieure du système Ordovicien. Dans la chaîne Selkirk on n’a pas encore reconnu d’affleure- ments rapportables à ce système, quoique certains calcaires et schistes graphitiques et carbonacés pourraient bien y appartenir. — Dans le district Yale, à l’ouest de Lansdowne, à Adam's Lake, le Dr. Dawson et M. McEvoy ont relevé certains calcai- res cristallins qu'ils rapportent à ce système ; — M. McConnell a décrit des phyllades à graptolites, relevés sur la rivière Dease, Territoire de Yukon, semblables à ceux de la formation Wapta dans les carrières Glen Ogle de la rivière Kicking Horse ; ces graptolites ont été étudiés par le Prof. Chas. Lap- worth, du Collège Scientifique Mason à Birmingham, et un rapport en a été communiqué au Corps Géologique du Canada. SYSTÈME SILURIEN La région Acadienne.— Le système Silurien tel que compris au Canada, c’est-à-dire restreint à la division supérieure du système Silurien de Sir Roderick Murchison, est largement développé en Nouvelle-Ecosse et au Nouveau-Brunswick. —- A Arisaig, comté Antigonish, Nouvelle-Ecosse, on trouve, bien exposée, une succession de strates plus ou moins inclinées, d’une puissance de plusieurs milliers de pieds, appartenant 24 © LE NATURALISTE CANADIEN à ce système et formée de grès, phyllades, couches de minerais de fer, calcaires et schistes à graptolites noirâtres:! et argilites; ces assises offrent une faune nombreuse dont le facies ressemble aux roches de Herefordshire, de Cumber- land, de Westmoreland, de Kendal et Ludlow, en Angle- terre. — La formation Knoydart, consistant. en schistes pourprés, bandes de grès eb de calcaires contenant des pois- sons pléraspidiens et ostracodermes, ainsi que des crus- tacés rapportables au Cornstone ou Old Red Sandstone de la Grande-Bretagne, surmonte presque immédiatement les stra- tes siluriennes, quoique l'on n'ait pas encore relevé de contact direct. — La série Silurienne, à Arisaïg, présente au . L cAMe ONE = \ . moins quatre assises distinctes. — En commençant à la partie supérieure, on rencontre la formation Stonehouse composée presque entièrement de schistes pourprés à grains fins et d’ar- gilites contenant une large faune de lamellibranches, dont l'espèce Grammysia Acadia (Billings), ainsi qu'un certain nombre de couches calcaires, plus ou moins épaisses, contenant des brachiopodes, des gastéropodes, des trilohites et des ostra- codes en abondance. — La formation sous-jacente, désignée sous le nom de Moydart, consiste en strates calcaires plus ou: moins épaisses d'un gris verdâtre et de couleur rouille à la surface (parmi lesquelles on remarque la «strate rouge » de certains auteurs). — Ces couches contiennent des brachi- opodes, des gastéropodes, des céphalopodes et des crinoïdes. Au-dessous on trouve la formation Me Adam, représentée surtout par des schistes carbonacés impurs noirâtres, contenant une faune de lamellibranches et de graptolites. — A la base on découvre la formation Arisaig, qui comprend des grès et des schistes à prain fin et contenant des coraux (parmi lesquels : prédomine Sieptelasma), des brachiopodes, des gastéropodes et des trilobites. On attend, de l'étude raisonnée et approfondie de ces assises, des données qui pourront conduire à la solution de la question, en ce moment discutée, sur la limite qui sépare le système Silu-. rien du système Dévonien en Amérique. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU . CANADA 25 ‘ Dans le comté d’Annapolis en Nouvelle-Ecosse, et dans le voisinage de Nictaux, on trouve des assises Siluriennes, parmi lesquelles on compte les couches de minerais de fer de Nictaux et les grès de Torbrook ; près de Kentville apparaît la forma- tion de Xentville ; on voit aussi cette dernière à Angus Brook, Vallée Gaspereau ; à New-Canaan, où elle contient Dictyonema Websteri (Dawson); à Wolfville, comté Kings, où des calcaires à coraux et des phyllades à graptolites rouges et vertset autres strates fissurées, disloquées et métamorphiques forment, en cer- tains cas, des arêtes élevées, constituant les couches sédimen- taires les plus anciennes des environs de la Baie de Fundy et de la région de Blomidon au «pays d'Evangeline. » (1) Dans le comté Cumberland, sur le versant nord des collines Cobequid, MM. Scott Barlow et H. Fletcher ont relevé et décrit des lambeaux isolés siluriens ; de ces derniers, les affleure- ments les plus importants et les mieux connus sont ceux de Wentworth et de Farmington — qui semblent être rap- portables à l’Eo-Silurien inférieur. Dans l’île de Terre-Neuve, on trouve des strates siluriennes à White Bay et à la Baie des Exploits. Le Prof. Bailey, le Dr. Ells, M. Chalmers et autres géologues ont décrit les roches siluriennes typiques de la rivière Bec- caguimic dans le comté Charlotte, et de Canterbury dans le comté York, Nouveau-Brunswick. On à aussi relevé des roches appartenant à la division supé- rieure de ce système ou Néo-Silurien, dans la partie nord de cette province, aux environs de Dalhousie sur la rivière Elm- Tree ; ces roches consistent en calcaires et schistes. — Les cal- caires Dalhousie ont une ressemblance marquée avec les calcaires d'âge Helderberg inférieur de l'Etat de New-York. Dans la presqu'île de Gaspé, outre le groupe Chaleur de Bil- lings, occupant la même position que la formation Guelph dans la province d'Ontario, et les calcaires de Ja rivière Chatte, Sir William Logan et le Dr. Ells ont relevé plusieurs étendues importantes de calcaires. — A Port Daniel, à Percé, on rencontre (1) Ces schistes à Dictyonema se rapportent à la partie supérieure du Cambrien. 26 LE NATURALISTE CANADIEN la formation Percé avec ses calcaires crêmes fossilifères du même âge que les assises Wenlock en Angleterre et Niagara dans Ontario et l'Etat de New-York; — le long de la Risti- gouche, de la rivière Grande et de la Scaumenac, ainsi que sur . la rivière Cascapédia, on a relevé des assises qui équivalent, selon toute probabilité, aux formations Niagara, Guelph, Hel- derberg inférieur et Water Lime, que l’on trouve plus à l’ouest. — Dans les cantons de l'Est de la province de Québec, au sud- est de la grande faille, dans les comtés de Stanstead et de Compton, on trouve des calcaires et des schistes contenant des fossiles siluriens ; ces roches forment des lambeaux plus ou moins reliés entre eux, reposant en discordance sur les forma- tions sous-jacentes. — Dans les régions les plus disloquées de ces cantons, on a relevé les assises renversées des formations plus anciennes. — Ici les strates siluriennes prennent souvent la forme de schistes micacés ; et lorsque ceux-ci sont fossilifères, ils ressemblent beaucoup aux roches de cet âge de la péninsule Scandinave, les restes organiques ayant subi des déformations et des oblitérations en raison directe du degré d’altération des couches au sein desquelles on les trouve. Les Hautes Terres Laurentiennes. — Dans la région com- prise sous ce nom, les affleurements les plus importants des couches siluriennes se trouvent dans le Bassin de la Baie d'Hudson. — Sur la rivière Nelson, à environ soixante milles de son embouchure, ainsi que sur la rivière Attawapishkat, et sur les îles Mansfield et Southampton, le Dr. Bell a relevé des assises que l’on peut attribuer à ce système, et dont les fossiles ont été identifiés par le Dr. J.-F. Whiteaves et par l'auteur de ce mémoire. — Dans les îles ci-dessus nommées, les assises siluriennes surmontent en concordance les couches ordoviciennes. Des restes fossiles, dérivés des régions arctiques, ont été décrits par le Dr. Etheridge, M. Salter et autres, et indiquent un âge Niagara où Wenlock. Dans le bassin du Lac Témiscamingue, on trouve une grande abondance de fossiles siluriens bien conservés; le Dr. Bell et ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA MAR: à le Dr. Barlow en ont récemment collectionné quatre-vingts espè- ces, que M. Lambe et l'auteur ont étudiées et déterminées. — L’horizon de ce lambeau fut déterminé par M. Billings à l’aide des fossiles recueillis par M. James Richardson, l’un des mem- bres du Corps Géologique, peu après son origine, sous Sir William Logan. Les Basses Terres Lawrentiennes. — Sur l’île d'Anticosti, des calcaires et des schistes en conches peu épaisses forment une étendue importante de roches siluriennes. M. Billings a donné à ce développement singulier le nom de Silurien Moyen; on remarque que les calcaires Lorraine, de l’Ordovicien supérieur, offrent ici un passage ascendant, sans aucune brèche de conti- nuité, dans le caractère lithologique ou l’origine de sédimen- tation des couches, aux diverses divisions correspondant aux formations Medina, Clinton et Niagara. — On a assigné, aux diverses strates siluriennes d’Anticosti, certaines désignations locales, basées sur la faune telle qu'elle est classifiée par Billiugs. L'auteur de cette Esquisse a l'intention d'entreprendre, sous peu, la discussion et la révision de ces divisions. On trouve, le long de la rive sud du fleuve St-Laurent sur la rivière Yamaska et notamment à St-Grégoire, Québec; où l’on a récemment atteint une couche d’eau salifère, des étendues isolées que l’on peut attribuer à la division inférieure de ce système, la formation Medina. — Celle-ci, à St-Gré- goire, ne mesure pas moins de 600 pieds d'épaisseur. Sur l’île Ste-Hélène vis-à-vis Montréal, et sur la montagne de Belœil, on rencontre des lambeaux peu étendus d'un calcaire grisâtre considérablement altéré et très riche en fos- siles, que l’on attribue à la formation Lower Helderberg repré- sentant l'horizon supérieur du système Silurien dans l'Amérique du Nord. Il n’y a guère de doute que les assises siluriennes furent abondantes dans la Vallée du St-Laurent, et qu’elles en cou- vraient une partie, mais l'érosion post-Dévonienne à enlevé presque toute trace de son existence. 28 LE NATURALISTE CANADIEN Dans la province d’Ontario, le système Silurien est bien déve- loppé, et ses différents membres présentent la suecession sui- vante donnée en ordre descendant : 6 Formation Water Lime. 5 k Salina ou Onondaga. L à Guelph. À 3 ft Niagara. 2 # Clinton. L hi Medina. | Celles-ci se suivent dans un ordre régulier comme dans Etat de New-York. — Il n’y a aucune évidence, dans la province d'Ontario, d’une faune'ou d'une formation Æelderberg infé- rieure, La formation Medina consiste le plus souvent en conglomérats et grès accompagnés de marnes de couleur rou- geâtre contenant très peu de fossiles ; les schistes Clinton, cal- caires et arénacés avec des bandes de dolomie et de roches ferrugineuses telles qu'exposées par la gorge et par l'escarpe- ment Niagara près de Hamilton, sont suivis par des calcaires et dolomies de Ja formation Niagara qui sont compacts, eor- nifères et très riches en fossiles. | La formation Guelph offre aussi des couches importantes; les roches prépondérantes sont des dolomies couleur crême, au sein desquels on rencontre des restes fossiles ; cette faune a été décrite par Hall, Billings et Whiteave-<.— En plusieurs endroits du Canada les formations Medina, Clinton, Niagara et Guelph fournissent du gaz raturel. Les formations Salina, Onondaga,et Water Lime, d’où l’on tire, en Ontario, le sel, le gypse et la pierre à ciment, consistent pour la plupart en dolomies gris-jaunâtres compaetes, qui res- semblent, dans le comté Welland, à la pierre lithographique. Lu région des Pluines Continentales Intérieures. — Aux rapides Cross Lake, et près de Grand Rapids sur la rivière Saskatchewan inférieure, ainsi que sur la rive est du Lac Winnipegosis, en certaines parties du Manitoba et dans le district de la Saskatchewan, on trouve des calcaires gris-jau- nâtres et des dolomies couleur crême, quelquefois à texture L'Art e LA ea E 7 xl 60 ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 29 poreuse, supportant des assises d'âge Dévonien. — Leurs caractères géologiques et paléontologwiques ont récemment été décrits par MM. Tyrrell, Dowling et le Dr. Whiteaves ; on les rapporte, en grande partie du moins, à la formation Niagara. — Pentamerus decussatus est une espèce caractér:s- tique de cet horizon. La région des Cordillères. — Dans la région des Montagnes Rocheuses, Colombie-Anglaise, M. McConnell et le pro- fesseur A.-P. Coleman ont relevé quelques étendues limitées que l’on peut, selon toute probabilité, attribuer à ce système ; notamment le long de la rivière Kicking Horse, près des carrières d’ardoises de Glen Ogle, et près des sources des riviè- res Colombia et Saskatchewan. — Ces localités ont donné de très beaux spécimens de coraux du genre Halysites (probable- ment À. catenulatus)qui est presque partout caractéristique du Silurien. SYSTÈME DÉVONIEN La région Acadienne. — On trouve dans les provinces du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse une grande variété de sédiments, ainsi qu'il y à toujours lieu de s'y atten- dre, là où les formations se déposent le long d’un littoral brisé comme dans le cas des dépôts paléozoïques de cette région. — Jusqu à présent on n’a relevé qu'un seul dépôt Dévo- nien d'origine marine; celui-ci se trouve dans le comté Anna- polis, aux environs de Bear River et Nictaux, où il consiste en schistes gris et verdâtres, en grès rougeâtres et calcaires aréna- cés, disloqués et altérés, désignés sous le nom de formation Bear River. Cet horizon est évidemment Eo-Dévonien ou Devonien inférieur, l’une de ses espèces caractéristiques étant Pleurodictyun problematicum de Goldfuss. L'âge Dévonien de cette province paraît caractérisé par l'influence d'une activité volcanique énergique. — Il semble 30 LE NATURALISTE CANADIEN probable que les intrusions de granits de South Mountain et autres étendues importantes, surélevées le lonz de l’axe central de la Nouvelle-Ecosse, eurent lieu à cette époque. On rencontre, dans le comté Antigonish, le long de McArras Brook, une série importante d’argilites et de marnes, accompa- gnées de bandes de tufs et de grès qui semblent être des dépôts formés dans une eau peu profonde et même d’origine terrigène, et contenant une faune dont le facies ressemble à celui de Here- ford, Angleterre, et de l’île de Spitzberg. — La présence de poissons ostracodermes et céphalaspidiens indique un horizon de la base du Dévonien ou du sommét du Silurien. — Cette série de couches a reçu la désignation de formation Knoydart, représentant l’affleurement américain du « Old Red Sand- stone, » ou « Vieux Grès Rouge », Cornstone d'Europe. On rencontre aussi des strates dévoniennes sur la rive nord de White Bay, Terre-Neuve, dont le caractère général ressem- ble aux grès de Gaspé. (À suivre.) BIBLIOGRAPHIE _- L'Artisan, organe de la Soc. des Artisans canadiens-fran- çais de Montréal, est maintenant publié sous la direction de notre collaborateur M. G. Beaulieu, secrétaire général de la. Société. Son numéro spécial du mois de janvier est tout à fait remarquable par sa composition choisie et variée, comme par les gravures intéressantes qu'il renferme. __ Une circulaire récente nous annonce que la publication projetée de l'ouvrage Genera Insectorum, dont nous avons parlé précédemment, va se réaliser, un nombre suffisant de souscrip- teurs s'étant inscrit. Cet ouvrage, au complet, coûtera environ $ 400 ; c’est dire que son acquisition est hors de la portée des particuliers. Aussi, il serait bien à souhaiter que les grandes bibliothèques du pays, au moins, se le procurassent . Il y aura, en tout environ 75 fascicules (chacun de 72 pages de texte in-4o, accompagné de 7 planches noires ou coloriées), au prix de 25 fes l’un, et dont il paraîtra 6 ou 7 par an. BIBLIOGRAPHIE 51 S'adresser à M. P. Wytsman, 108, boulevard du Nord, Bru- xelles, Belgique. — Manuel de la parole, par A. Rivard, professeur d’élo- cution à l’université Laval. Québec, 1901. (J.-P. Garneau, libraire-éditeur.) In-12 cartonné toile, de 300 pages. M. Rivard, qui avait déjà publié Z’ Art de dire, continue par ce nouveau volume son œuvre excellente d'enseignement de l’art oratoire. Après avoir traité précédemment de la lecture à haute voix et de la récitation, il donne maintenant «l’ensei- gnement logique de la parole,» en d’autres termes un véritable. traité de la prononciation, étudiant les sons, les mots, les phrases.— Ce Manuel, dans la pensée de l’auteur, est un traité. fait pour nous Canadiens-Français, et devra remplacer les ouvrages similaires d'Europe, qui à coup sûr nous conviennent moins. Les «cinq cents fautes » à corriger qu'il indique, sont nos fautes canadiennes de tous les jours. Cette partie suffi- rait, à elle seule, à donner à l'ouvrage une très grande valeur. — Pour terminer le volume, un grand nombre de morceaux choisis. Un second volume, annoncé par l’auteur, traitera de la dic- tion expressive et de la mimique. En attendant, nous souhai- tons une large diffusion au Manuel de la parole, qui, sous le rapport de la forme, nous paraît exceller de toute façon. Il n’y a pas de doute que sa perfection, quant au fond, ne soit aussi grande, tant la manière de M. Rivard est parfaite de méthode exacte, de travail soigné, de rigoureuse probité. — Recueil de Discours préparés (Allocutions, Speeches, Compliments, Condoléances, Toasts avec Réponses), appropriés à toutes les circonstances de la vie et à tous les milieux — suivi de quelques conseils sur la diction et la tenue. Par Marc Sau- valle. (Montréal, 1901. C.-0 Beauchemin et Fils, 256-258, rue Saint-Paul.) Voilà, au grand complet, le titre de ce bijou typographique, in-12, de 245 pages. Quant à la valeur intrinsèque du volume, notre peu d'expérience pratique en la matière nous commande tant de réserve, que nous n’osons l’apprécier. 92 LE NATURALISTE CANADIEN PHŒNIX ASSURANCE Fait affaire au Canada depuis 1804, CAPITAL : $ 13,444,000 COMPANY OF LONDON. Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de sûreté. PATERSON & SON, Agents généraux, Montréal. JOS.-ED. 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Huard tt 4 th. + A me THE PAID-IN-ADVANCE LIST Voilà de quelle façon, en langue anglaise, on s’y prend pour désigner l’ensemble des abonnés fidèles à la loi du paiement d'avance. — De ce que nous n'avons pas en français la ressource de former ainsi des mots composés suivant les besoins du mo- went, il ne faut pas en conclure qu'il y aurait, à payer son abonnement d'avance, une sorte de trahison contre la nationa- lité! Qu'on envoie donc tout de suite — pour un grand nom- bre, ce sera loin d’être un paiement d'avance ; mais qu'à cela ne tienne — au jourual le prix de labonnement, quitte à s’y prendre comme on pourra quand il faudra désigner d’un seul mot ceux qui se seront mis sans retard en règle avec l’adminis- tration. UNE SALAMANDRE /AMBLYSTOMA) NOUVELLE DANS LA PROVINCE DE QUEBEC Les Salamandres sont les petits reptiles qu’on nomme vul- gairement Lézards dans notre Province. Comme on sait, nos Salamandres ne sont pas des Lézards, non seulement parce qu’elles sont des... Salamandres, mais surtout, pour ce qui est du caractère le plus apparent, parce que leur peau n’est pas revêtue d’écailles. Dans le Vol. VII du Waturaliste canadien, pages 68-70, 3 — Mars 1902. 230/3 34 LE NATURALISTE CANADIEN Provancher a mentionné, sous le nom—pius ou moins exact — de « Salamandra, » quatre espèces appartenant à notre faune, c'est-à-dire les S. venenosa, Daudin, S. symetrica, Harlan, S. erythronata, Green, et S. glutinosa, Green. A la page 251 du même volume, il a décrit, comme espèce nouvelle et sous le nom de S. ventralis, un spécimen £apturé dans le lac de la monta- gne d'Yamaska. Enfin, dans le volume X, il mentionne, comme addition à notre faune, la S. salmonea Storer, dont nous lui avions donné un spécimen capturé à Chicoutimi vers 1878. À la fin du mois de septembre 1899, il nous est arrivé de rencontrer, à Chicoutimi encore, une Salamandride que nous n'avons pu rapporter à aucune des six espèces mentionnées pré- cédemment par Provancher. Lors de notre voyage à Ottawa, l'hiver dernier, (1) nous n'avons pas manqué d'apporter avec nous ce spécimen intéressant, pour le comparer à ceux qui pou- vaient se trouver au musée de la Commission géologique du Canada. Aidé du secours bienveillant du Prof. J. Macoun, il nous fut facile de constater que notre spécimen de Chicoutimi appartient à l'espèce Amblystoma Jeffersonianum, Green, var. laterale, Hallowell. Disons, en passant, que la nomenclature scientifique a été profondément modifiée en Amérique depuis le temps — 1875. — où l’abbé Provancher faisait la revue de nos Reptiles. Au- jourd'hui on n’admet plus que la famille des Salamandrides soit représentée dans le Nouveau-Monde. Les espèces améri- caines, qu'on rapportait autrefois au genre Salamandraæ, sont aujourd'hui réparties dans diverses familles de l'Ordre des. Urodèles, entre autres dans celle des Amblystomatidæ dont le seul genre Amblystoma est représenté dans notre faune. Cela dit, voici la description de notre À. Jeffersonianum var. laterale, telle que nous l'avons écrite au moment de son. trépas : | Longueur, 5 pouces. Peau lisse, d’un brun légèrement rou- geâtre, marquée de petites taches bleuâtres, assez espacées, tout (1) Celui de 1901, car il y a un an que cet article attend son tour pour être: publié. Cela prouve combien insuffisant est le présent format du NATURALISTE. rés ot nl sé ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 3) le long des côtés à partir de la bouche, et sur le dos depuis le milieu du corps, plus distinctes sur la queue ; celle-ci arrondie, mais déprimée dans sa dernière moitié. Dessous du corps brun rougeâtre, sans tache. Ayant consulté son régistre d'observations, M. le Prof. Ma- coun nous apprit que la seule mention de la capture de cette variété au Canada se rapportait à la région du lac Abbitibbi, et s’est dit heureux d'ajouter au nom de cette localité celui de Chicoutimi. — L’A. Jeff. lat. affectionne évidemment les noms où il y a beaucoup di. ESQUISSE GEOLOGIQUE DU CANADA où MATÉRIAUX POUR SERVIR A LA PRÉPARATION D'UN CHRONOGRAPHE GÉOLOGIQUE POUR LE CANADA PAR H.-M. AMI Membre de la Commission Géologique du Canada, Ottarru. (Suite. ) En Nouvelle-Ecosse les calcaires et les gypses de cette pro- vince semblent reposer, d’après H. Fletcher, en discordance sur des assises d’une puissance de plusieurs mille pieds de grès et de schistes contenant une faune et une flore ayant certaines relations avec celles du système carbonifère. Cette série importante, qui constitue les formations Union et Riversdale, est classée par quelques géologues comme faisant partie du système Dévonien. — Par leurs relations taxonomi- ques, ces strates correspondent aux formations Mispec et Lan- caster du Nouveau-Brunswick, qui consistent en schistesrouges, 836 LE NATURALISTE CANADIEN noirs, et en conglomérats, ete. — Se basant sur les évidences paléontologiques qu’elles contiennent en Nouvelle-Ecosse et au Nouveau-Brunswick, et après avoir étudié les fossiles obtenus du sein de ces couches durant les cinq dernières années, l’auteur ne peut assigner à ces assises, tant de la Nouvelle-Ecosse que du Nouveau-Brunswick, une place autre que dans le système carbonifère. Sir William Dawson à rapporté la formation Riversdale de la Nouvelle-Ecosse au Méso-Carbonifère (Millstone Grit). — Le Dr. D. White et M. R. Kidston ont, tout récemment, placé les flores Lancaster et Riversdale dans les divisions carboni- fères moyen et supérieur de l'Amérique et d'Europe. À Rocky Brook, Nashwauk, ainsi que sur le ruisseau Little Pokiok, le long de la vallée de Beccaguimic, Nouveau-Bruns- wick, le Prof. Bailey a relevé des strates qui semblent appar- tenir à la base du Dévonien où Eo-Dévonien; M. C. Robb a relevé, sur le littoral de la Baie des Chaleurs, des couches de tufs ou cendres volcaniques contenant des restes fossiles de poissons qui ont été décrits ar le Dr. Whiteaves et le Prof. Tra- quair ; on à assigné à ces strates le nom de formation Cump- bellton de l'Eo-Dévonien. — De l’autre côté de la baie, dans la péninsule de Gaspé, on trouve, largement développés, des dépôts sédimentaires Dévoniens d’origine marine et estuarine. Sur les bords du ruisseau Miners, qui se jette dans la rivière Cascapédia, MM. R.-W. Ells et A.-E. Barlow ont relevé en 1883 une faune marine, au sein des couches de grès de couleur jaunâtre, qui indique un horizon supérieur à la formation Grande Grève et qui est probablement l'équivalent de la formation Hamilton de l'ouest; on a assigné à ces assises le nom de formation Cuscapédia. À Indian Cove, Gaspé, et à Grande Grève, Sir William Logan a relevé des calcaires et des grès qu'il attribue à la base du système dévonien ; la faune et la flore de ces assises ont été étudiées par M. Billings et Sir Wm. Dawson. La formation Grande Grève contient des fossiles qui sont équivalents à ceux de Ja formation Oriskany de l’ouest. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 37 Il existe encore d’autres assises que l’on peut désigner sous le nom de «couches de transition » entre le Silurien et le Dévonien. A la Baie Scauminac, on rencontre une série de grès verdâ- tres qui offrent beaucoup d'intérêt (formation Seawminac) : ces grès contiennent les restes de Bothriolepis et d’Archæop- teris que l’on attribue aux couches supérieures Dévoniennes, et équivalent probablement à une certaine partie de la forma- tion Catskull de New-York, tel qu'indiqué par Sir Wm Dawson et autres géologues. Les Hautes Terres Laurentiennes. — Dans le bassin de la Baie d'Hudson, le long de la rivière Abitibi, le Dr. Bell a relevé des schistes et des calcaires bitumineux qu'il rapporte au Dévo- nien. —— En certains endroits les calcaires contiennent du pé- trole libre. — On trouve aussi des roclies dévoniennes, équiva- lant probablement à la formation Cornifère de POntario, sur les rivières Moose et Missinaibi. Sur les îles Rainy en Lawasky, qui sont situées entre la rive abrupte et la chaîne d’iles de la rivière Attawapiskat, ainsi que sur les rivières Albany et Kenogami, le Dr. Bell à relevé des calcaires dévoniens dont quelques-uns semblent correspon- dre à la formation Hamilton de la province d’Ontario; le Dr. Whiteaves en a décrit les fossiles. — M. Low a aussi relevé des calcaires dévoniens sur un bras de la rivière Severn. Les Basses Terres Laurentiennes. — Dans la province de Québec on ne rencontre que quelques lambeaux isolés dévoniens. — Sur la rivière Famine on trouve des calcaires corallins d'âge Eo-Dévonien, ainsi que sur la rivière Etchemin ; l’auteur a aussi déterminé en 1894 un horizon à Cauda Gallr, dans le bassin du lac Memphrémagog ; cet horizon est accompagné de calcaires fossilifères et corallins rapportés par Sir Wm. Logan au système Dévonien.— La présence de fragments de calcaires dévoniens dans les conglomérats volcaniques de l'île Ste. Hé- lène, vis-à-vis Montréal, démontre la présence antérieure de dépôts Dévoniens dans cette région, et semble indiquer que le massif du Mont-Royal remonte à une époque post-dévonienne. 38 LE. NATURALISTE CANADIEN Dans la province d’Ontario le système Silurien est caracté- risé, dans ses zones supérieures, par des strates de dolomie compacte, suivies de divers membres du système Dévonien res- semblant intimement à ceux des Etats de New-York, de Pen- sylvanie, et de l'Ohio. Les formations dévoniennes de la province d’Ontario se ren- contrent dans l’ordre descendant suivant : 5 Formation Chemung. & ce Portage et Genesee. 3 fé Hamilton. DE RES Cornifère. l é Grès Oriskany. L'Oriskany est constitué par des couches d’une trentaine de pieds d'épaisseur de grès calcarifères contenant une grande abondance de restes fossiles; MM. Billings, Schuchert et autres en ont déterminé plus de quatre-vingts espèces. L'Oriskany est surmonté par des calcaires eorallins et dolo- mies qui abondent en coraux, coquilles et autres fossiles, y compris des, restes de. poissons ; — ces assises constituent la Jormation Cornifère, qui est suivie de la formation Ha- mmillon consistant en phyllades, calcaires et 'argilites. — Ces roches contiennent aussi une grande quantité de coraux et autres invertébrés et quelques poissons. — Surmontant les ro- ches de la formation Hamilton, on trouve une série de schis- tes carburés bruns ou noirâtres, renfermant des restes de plan- tes; on rencontre, interstratifiées avec ces schistes, des bandes de calcaires et de grès ; ces assises forment le Dévonien supé- rieur où Néo-Dévonien de la province d’Ontario, — Elles cor- respondent aux schistes Chemungy, Huron et Erié des Etats de l'Ohio et du Michigan. — C'est dans ces assises dévoniennes que l’on trouve les strates pétrolifères de la presqu'île Huron- Erié. | Les Plaines tontinentales intérieures. — Ii y a longtemps que l’on a reconnu la présence de calcaires dévoniens dans les er NA ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 39 régions des lacs Manitoba et Winnipégosis dans le nord de la province du Manitoba, ainsi que dans les Territoires du Nord- Ouest. —— Les roches consistent en dolomies et calcaires de cou- leur crême, renfermant de grandes quantités de restes organi- ques. —— M. Tyrrell à divisé le système Dévonien de cette region en trois séries: le dévonien supérieur où formation Mañatoban, le dévonien moyen ou formation Winnipegosan, et enfin le dévonien inférieur qui n’a pas encorc été définitive- ment étudié et délimité. — C'est dans ces calcaires que le Dr. Whiteaves à reconnu la zone où horizon à Stringocephalus, surmontée par des couches qui représentent probablement la Zone Cuboïdes. — On a aussi constaté la présence de strates dévoniennes dans le district de la Saskatchewan. — Duns le bassin du fleuve McKenzie, M. MeConnell a relevé des bandes de calcaires, de schistes et de dolomies, généralement de cou- leur gris foncé; sur la rivière Liard qui est un affluent du fieuve McKenzie, aussi bien que sur ce fleuve lui-même, ces assises forment une série importante de roches paléozoïques, qui Sétend du lac Athabasca aux lacs Great Slave et Great Bear, couvrant une surface sinueuse de l’Archéen. — Dans ces couches de calcaires furent trouvés les fossiles décrits par M. F.-B. Meek. La région des Cordillères.— Dans les montagnes Rocheuses, dans les chaînes Cascade et Fairholme, on a reconnu la pré- sence de calcaires dolomitiques cornifères et autres ; aux envi- rons de l'hôtel Bantff Springs (schistes Bunff), on a aussi relevé des calcaires fossiles, grisâtres, rapportables au Néo-Dévonien, tandis que le Dr. Dawson, M. Tyrrell et l’auteur de ce travail ont reconnu la présence de calcaires de cet âge dans les cols Crow’s Nest et Kootenay. | Au cours de ses explorations le long de la rivière Saskatche- wan Nord, M. McConnell a relevé un groupe de calcaires, qu'il attribue au Dévonien et qu'il désigne sous le nom « Calcaires intermédiaires. » — Ils comprennent une puissancede 1500 pieds d'assises calcaires dolomitiques. — Dans le col Pipestone, Sir 40 LE NATURALISTE CANADIEN James Hector a recueilli Atrypa reticularis dans des strates attribuées au système Dévonien. LE SYSTÈME CARBONIFÈRE La région Acadienne. — Le système Carbonifère est ur des plus largement développés. dans la province de la Nouvelle- Ecosse. — Les assises houillères de Sydney, C.-B., de Pictou et Cumberland, contiennent d'immenses quantités de combus- tibles fossiles, suffisant pour satisfaire aux besoins de plusieurs générations futures. Des recherches plus complètes sont nécessaires, avant que l'on puisse donner une classification raisonnée et une nomen- clature complète des différents membres de ce système de la Nouvelle-Ecosse ; — toutefois l’ordre général stratigraphique des différentes formations et les grandes lignes du système ont été relativement bien établis par les travaux de Sir Wm. Logan, Sir Chs. Lyell, Sir J.-W. Dawson, Dr. Gesner, Dr. Ells, MM. H. Fletcher, Poole, et autres géologues. Les gypses et les marnes de la formation Windsor recou- vrent en discordance les formations Union et Riversdale. Sur une étendue considérable de la Nouvelle-Ecosse on trouve des gypses et des calcaires marins, accompagnés de conglomérats calcaires, de schistes, de grès et de conglomérats gréseux ; ces assises sont généralement désignées sous le nom de « Série Carbonifère inférieur. » — Les plus fossilifères de ces calcaires, tels ceux de Windsor et de Brookfield, ont été rappor- tés à la formation Windsor ; un certain nombre de bandes de calcaires de cette série ont été décrits par C.-F Hartt et Sir Wim. Dawson, qui leur ont donné différentes désignations; et d’après les études et les recherches des cinq dernières années par l’auteur, il n’y a aucun doute que ces bandes, soit de cal- caires, soit Calcarifères, représentent plusieurs horizons dis- tincts de l’époque Carbonifère. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 4t Dans la division Méso-Carbonifère, ou Carbonifère moyen, l’auteur x récemment désigné les dépôts terrigènes et estuai- riens, sous les noms de formations Union et Riversdale. Ils consistent en schistes rougeâtres et marnes, accompagnés de bandes de grès, de conglomérats surmontant des schistes carburés et siliceux, avec des filons de charbon impur, sans valeur industrielle. En étudiant le caractère et la composition de ces couches, on constate évidemment qu'elles furent déposées sur un lit qui s’abaissait rapidement. — Elles renferment une fauneet une flo- re qui les relient au système Carbonifère plutôt qu’au système. Dévonien, auquel on les à attribuées. — L'auteur assigne la formation Horton à la période Eo-Carbonifère; cette for- mation, que l’on rencontre dans le bassin de Fundy, consiste en. schistes carburés, gris et noirs, et en schistes calcarifères qui surmontent des couches de grès granitiques et de marnes; ces dernières couches constituent une formation distincte dans le- district de Wolfville et Horton. — On a proposé le nom de for- mation Gaspereau pour désigner ces grès granulitiques de la vallée de la rivière Avon, et de Angus-Brook dans la Vallée Gaspereau, comté King, Nouvelle-Ecosse. — On a, dit-on, décou- vert dans la formation Horton des plantes fossiles renfermées aussi dans les assises près de la jonction des formations Union. et Riversdale, entre Riversdale et Union sur la ligne du che- min de fer Intercolonial, dans le comté de Colchester. La formation Windsor est suivie ou accompagnée d’une: série importante de grès et de conglomérats gréseux à laquelle on à assigné le nom de formation Millstone rit. -- Dans l’é- tendue de roches houillères du district de Pictou, l’auteur a re- connu et décrit la formation Westville, qui équivaut au « Mill- stone Grit » de cette région ; — mais la désignation Westville. semble être préférable, car il'est douteux que ces couches équi- valent à la formation que l’on rencontre en Angleterre, dési- gnée sous le nom de Millstone Grit. -— Les grès et les conglo- mérats de la formation Westville, tels qu’ils se développent. 492 LE NATURALISTE CANADIEN sur la côte Joggins, et qui sont à la base des assises houillères productives du comté de Cumberland, sont activement exploi- tés, et la pierre employée dans Ja fabrication de meules et de pierres à aiguiser. — On a donné le nom de formation Stellar- ton aux schistes, grès et autres couches qui accompagnent les couches houillères du comté de Pictou, telles qu’elles se déve- loppent à Stellarton, sur la rivière East, le long du ruisseau McLellan’s, à l’Acadia et autres houillères de Westville. Les dépôts sédimentaires de la région Jogoins, quoique peu éloignés de ceux de la région Pictou, en diffèrent radicalement, et il sera peut-être jugé nécessaire, plus tard, de donner à ces deux séries d'assises des désignations différentes. Dans la coupe de Joggins (qui offre probablement la succes- sion la plus complète et la moins interrompue de l’est de l'A- mérique des couches de ce système, puisqu'elle a une puissance de plus de 14,000 pieds) on trouve, surmontant les assises houillères productives, des grès et des schistes, accompagnés de conglomérats qui sont bien développés sur le côté Est du bassin Cumberland. Dans le comté Pictou, reposant en discordance sur la forma- tion Westville, on trouve les conglomérats New-Glasscow (for- mation New-Glasgow), qui forment la base d’une coupe de roches carbonifères qui se développent de New-Clasgow jus- qu'au détroit Northumberland, et continuant vers le nord se fondent en assises équivalentes aux assises plus récentes de île du Prince-Edouard et appartenant au Système Permien et peut-être aussi au Système Triassique. La formation New-(Glasgow est surmontée par une épaisseur de 25 pieds d’un calcaire impur fossilifère qui, à son tour, sup- porte des couches de grès, de schistes et des bandes charbon- neuses, formation Smelt Brook.— Au-dessus on trouve une sé- rie importante de grès gris et verdâtres, tels que ceux que l’on rencontre aux environs de la ville de Pictou (formation Pic- tou); ceux-ci sont suivis de grès à grain plus gros et de con- glomérats, avec une bande occasionnelle de calcaire cornifère: Ces assises sont surmontées par les schistes pourprés et les grès ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 43 du Cap John et des environs, désignés sous le nom de formu- tion Cape John. Les roches Cup John, quelquefois désignées sous le nom de Permo-Carbonifère, sont bien développées dans l’île du Prince- Edouard surtout sur la côte sud ; ces assises reposent, proba- blement, en discordance sur les formations Westville et Stel- larton de la Nouvelle- Ecosse. Au Nouveau-Brunswick les schistes Albert (formation Al- bert) sont attribués à l’Eo-Carbonifère ; ces schistes, rencontrés dans les comtés Albert et Westmoreland, renferment une pro- portion de quarante pour cent d'hydrocarbures. — Ils sont surmontés par des conglomérats et des marnes que l’on rap- porte généralement au Millstone Grit. La formation Millstone (rit (ainsi nommée) semble occuper l'étendue entière de roches carbonifères dans les parties du nora, de l’est et centrale de la province du Nouveau-Bruns- wick. — Les assises houillères de Grand Lake appartiennent à cette formation. — On a aussi relevé des lambeaux isolés de calcaires carbonifériens qui, selon certains géolowues, semblent être sous-jacents à la formation « Millstone Grit » et en discor- dance avec elle. Les assises des environs de St. John, Nouveau-Brunswick, comprenant les conglomérats Bloomsbury, les grès Dadoæylon, les schistes Cordaites (qui constituent les formations Blooms- bury et Lancaster), la série Mispec, attribuées selon plusieurs géologistes au système Dévonien, sont, selon l’auteur, les équi- valents des formations Union et Riversdale, par conséquent rapportables au système Carbonifère. On à aussi reconnu des roches d'âge carbonifère dans le bas- sin de la Baie St-George, Terreneuve: ce sont probablement les équivalents des formations Windsor et Westville de la Nou- velle-Ecosse. Les seules roches carbonifères jusqu'ici relevées dans la pro- vince de Québec se trouvent à Gaspé et consistent en conglomé- rats désignés sous le nom de « Conglomérats Carbonifères, » 44 LE NATURALISTE CANADIEN «Conglomérats Bonaventure », ou tout simplement «formation Bonaventure. » Les Hautes Terres Laurentiennes. — Au nord du noyau Archéen, dans les îles Arctiques les plus au nord, les divers explorateurs qui ont visité les régions polaires ont reconnu la présence de couches carbonifères. On trouve des calcaires et des roches gypsifères sur la côte est de la baie du Prince Ré- gent. Le Dr. G.-M. Dawson a aussi délimité une série de roches infra-carbonifériennes démontrant la présence de charbon en plusieurs endroits, notamment à Bank’s Land, Cap Nares, et aux îles Melville et Bathurst. Les Basses Terres Laurentiennes et la région des Plaines intérieures continentales. — On n’a pas encore découvert de roches carbonifères dans l'Ontario, ni dans le plateau continen- tal du grand Nord-Ouest. Il n’est pas improbable qu'à l’aide de forages on rencontre des couches Carbonifères reposant entre les systèmes Dévo- nien et Crétacé, dans la partie sud-ouest du Manitoba et le long de la frontière internationale. La région des Cordillères. — Dans la chaîne de montagnes Cascade, le long du col de la rivière aux Ares (Bow River), dans les environs de Banff et dans les cols Crow’s Nest et Kootenay, M. McConnell ainsi que d’autres géologues ont re- levé des calcaires carbonifères contenant des fossiles marins caractéristiques. — Dans le district Kamloops le Dr. Dawson a relevé la formation Cache Creek, qui consiste en une série supérieure de calcaires et une série inférieure d’argilites. — Quelques-uns des calcaires de la Colombie-Anglaise renferment Fusulina, Loftusia, et autres restes fossiles carbonifériens, — Dans les districts Atlin et Yukon, on trouve aussi des calcai- res que l’on a rapportés à cette série. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 45 LE SYSTÈME PERMIEN Sous ce terme « Permien», M. Hugh Fletcher a reuni une série importaute de grès, schistes et conglomérats dans les comtés de Pictou et Cumberland en Nouvelle-Ecosse, mais on n'a pas encore obtenu, dans ces couches, de fossiles caractéristiques prouvant d'une manière non équivoque que ces roches sont distinctes de la formation Carbonifère Supérieure, où Néo- Carbonifère. Il est toutefois possible que la formation Cup John et les assises qui y sont reliées soient les équivalents des assises Peraiennes remarquées en d’autres parties de l'Amérique du Nord et de l’Europe. SYSTÈME TRIASSIQUE La région Acadienne.— On a relevé, le long de la côte de la Baie de Fundy, une série importante de grès rouges que l’on rap- porte au Système Triassique ; —ces grès sont accompagnés de roches trappéennes dans les comtés ‘Annapolis et King. — On a aussi trouvé des assises, que l’on a rapportées à ce système, le long du Bassin de Minas, jusqu'à Truro, et recouvrant aussi presque complètement l’isthme de Chignecto et les districts adjacents de l’île du Prince-Edouard ; — partout ces roches présentent les mêmes caractères lithologiques, friables et sont de couleur rougeâtre. — Ces grès sont probablement la conti- nuation de la série Newark du Nouveau-Jersey, et de l'étendue Southbury du Connecticut. — Au Nouveau-Brunswick, on a découvert des roches de cet âge le long des rives de la Baïe de Fundy, à Quaco et autres endroits. — Les roches trappéennes amygdaloïdes et les roches éruptives associées de Blomidon et de North Mountain, sont très probablement contemporaines de ces grès rouges. — On a proposé le terme formation Grand Pré, 46 LE NATURALISTE CANADIEN pour désigner ces grès friables Triassiques, qui sont largement developpés à l’Evangeline Beach sur l’île Long, à Grand Pré, près de Wolfville, comté King's, Nouvelle-Ecosse. La région des Cordillères. — A l'intérieur de la Colombie-An- glaise, le Dr. G.-M. Dawson a relevé et décrit les assises «Nicola» ou « formation Nicola. »— Ces roches Triassiques sont des ro- ches volcaniques accompagnées de calcaires et d’argilites. — Dans le district Kamloops ainsi que dans la vallée de la rivière Similkameen, Dawson a reconnu aussi la présence de roches Triassiques. — Dans la partie nord de l’île de Vancouver et dans les environs du district de Georgia, sur les îles Reine Charlotte, on à constaté la présence d'assises Triassiques. Ces roches sont des calcaires et des schistes gris foncé et fossilifères, renfermant Monotis subcircularis (Gabb.) — on les à aussi signalées à Forward Inlet, Quatsino Sound, Cap Commerell et Hernando. — On pourrait assigner aux assises qui renferment cette faune le terme distinctif He formation Quatsino. — Dans les îles Reine Charlotte, on trouve les roches de cet âge large- ment developpées et surmontées, en discordance, par des stra- tes du système Crétacé. On en à aussi relevé des affleurements sur les îles Moresby, Burnaby et Ramsay, le long de la côte du passage Houston- Stewart, et sur la Baie Richardson. — Ces roches consistent en argilites calcarifères disposées en lits peu épais, et en couches de calcaires plus ou moins massifs, — surmontant des accumu- lations de roches volcaniques, avec un lit occasionnel de cal- caire d'âge carbonifere douteux. (À suivre.) HYGIÈNE DES POISSONS ROUGES DANS UN AQUARIUM Pour faire vivre et prospérer les joyeux cyprins dans un aquarium, autant que le comporte la fragilité de leur existence décorative, voici ce qu’il convient de faire, au dire des éleveurs de cyprins les plus avérés. Changer leur eau deux fois par semaine, leur donner tous les trois jours à manger quelques PUBLICATIONS REÇUES 47 vers rouges que l'on trouve chez les pisciculteurs ; ne Jamais leur offrir de mie de pain quiles étouffe ; mettre des herbes d’eau dans leur bocal; enfin, précaution indispensable, ne pas remplir complètement le bocal s’il est sphérique, afin que la surface de l’eau en contact avec l'air soit assez grande. ( Cosmos.) PUBLICATIONS RECÇUES — Bourassa, Grande-Bretagne.Questions actuelles. Montréal, 1902. 175 pages grand format. 10 cts l’ex., $1.00 la douzaine, chez tous les libraires et marchands de journaux. On peut aussi adresser ses commandes à l’auteur, M. H. Bourassa, député de Labelle, Chambre des Communes, Ottawa. Les brochures politiques sont rares, chez nous. Celle-ci est d’un intérêt particulier en ce moment. Elle contient la célèbre conférence du 20 octobre 1901, et un véritable arsenal de pièces justificatives sur l'impérialisme. — Contributions to Canadian Biology, being studies from the Marine Biological Station of Canada. 1901. Cette brochure de 62 pages, illustrée, contient l’historique et la description de la Station de biologie maritime, par le directeur, Prof. E. E. Prince, et plusieurs mémoires consacrés aux études faites à la Station pendant les années précédentes. — Jacques-Philippe Cornuti. Note pour servir à l’histoire des sciences au Canada, par Mgr C. Laflamme. — The Avi-Fauna of the Province of Quebec, by Sir James M. LeMoine, D. C. L. — Vice-Rois et Lieutenants généraux de la Nouvelle-France, par N.-E. Dionne, Docteur ès lettres. — J. Chester Bradley, The N. À. Oryssidæ.—The Evaniidæ of America North of Mexico (Trans. Am. Ent. Soc, XXVII.) L'auteur, dans ce dernier mémoire, a dédié une nouvelle espèce de Pammegischia au Rvd. J.-C. Ouellet, l’un de nos collabo- rateurs, qui a capturé à Joliette, l'été dernier, ce spécimen type du P. Ouelletii. 48 LE NATURALISTE CANADIEN PHŒNIX ASSURANCE Fait affaire au Canada depuis 1804. “CAPITAL : $ 18,444,000 COMPANY OF LONDON. Tous nos contrats d’assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de sûreté. PATERSON & SON, Agents généraux, Montréal. JOS -ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi. CA ROYALE Compagnie d'Assurance d'Angleterre. CAPITAL : $ 10,000,000. — VERSEMENTS : $ 42,000,000 La plus considérable de toutes les compagnies d’assurance contre le KAU. W. M. TarLey, Agent général, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean...CHICOUTIML J.-A. LANGLAIS & FILS LIBRAIRES Rue Saint-Joseph, PAPETIERS SAINT-ROCH, QUÉBEC. 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IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 4 Québec, Avril 1902 Directeur-propriétaire : l’abbé V.-A. Huard LE DEPART ET LE RETOUR DES OISEAUX Saint-Hilaire de Rouville, 13 mars 1902. Sir James M. Le Moine Spencer Crange, près Québec. Cher Sir James, Je viens causer ornithologie avec vous. Savez-vous que nos charmants amis — les oiseaux — revien- nent, 1€1, au printemps, bien avant ceux qui s'arrêtent, en mars, aux environs de Québec. Ici « Margot» quelquefois passe l'hiver avec nous. J’en ai remarqué deux ou trois en 1899; l’année dernière trois ou quatre passèrent l'hiver, à ma connaissance, à Belœil. Elles nous reviennent en février, quelquefois en Janvier et en assez grand nombre. J'ai vu ce soir trois gros vols d'’outardes. “ Le 25 février, par un beau soleil d'hiver, aigrelet et rose, qui illuminait nos campagnes, je remarquai dans nos arbres une abondance d'oiseaux gris, que malheureusement je ne pus iden- tifier. Ils poussaient des cris joyeux et s’amusaient à enlever des larves sur les branches. Jadis, ils revenaient chaque année, à la même époque, ou à peu près; mais je ne les revois plus. 4— Avril 1902. 232201 | : 50 LE NATURALISTE CANADIEN Les Pinsons de Pin sont ici depuis quatre jours: ils jasent: gaiement au sommet de nos arbres. Il y a déjà longtemps que le Grimpereau est venu me ren- dre visite. Chaque année je note dans mes cahiers le retour de la gent ailée. Ce qui m’a fait penser de vous entretenir d’un sujet qui nous. intéresse tous les deux, à juste raison, c'est votre lettre du ler nov. 1901, à M. Kirby, que je viens de lire dans le Journal d'Agriculture. Je voudrais me transporter à tire-d'aile, vers Spencer Grange, pour vous conter bien des choses. Je suis per- suadé que le Niverolle de Wilson et tous les autres oiseaux que vous mentionnez dans votre lettre à M. Kirby nous arri- vent ici à la fin de mars, s’il ya signe de printemps comme aujourd’hui : dans tous les cas la grande majorité est déjà arrivée... J'ai appris avec peine la mort de Furniss: c'est un honnête homme de moins sur cette terre... Au revoir, cher Sir James. Votre tout dévoué ami GUSTAVE OUIMET. Saint-Hilaire de Rouville, 16 mars 1902. Cher Sir James, Comme vous j'attache une grande importance à l’arri- vée et au départ des oiseaux, êtres mystérieux, aimables et savants. Ils lisent dans le grand livre de la nature, mieux que nous ne saurions le faire. Ce sont les prophètes des saisons. Au printemps, le sultan du poulailler fait entendre son co- que-ri-co strident et vibrant: indice de la nouvelle saison, qui approche. Avant-hier j'avais un Pic chevelu dans mon bocage. Quel festin il à fait ! Je fais une guerre sans merci aux Moineaux : on confectionne de délicieux pâtés de ces mauvais garnements. LE DÉPART ET L£E RETOUR DES OISEAUX 51 Au commencement de mai, cent Goglus chantent à ravir au sein des prairies environnantes de notre propriété. Ils partent de bonne heure et sont suivis de près par les Pinsons et les Size- rins, lesquels ne séjournent ici que jusqu'à la fin de juillet pour voyager de village en village — par étapes de trois mil- les en trois milles: pas un visible en septembre. Le Chardonneret demeure plus longtemps. Le Rossignol ca- nadien (pinson chanteur) niche ici: il s'apprivoise : je suis en si bons termes avec un ménage de Rossignols et de Chardonnerets, que je puis m'approcher des nids sans les déranger; mes en- fants les protègent et leur donnent des miettes de pain et du millet. Je ne regrette qu'une chose: je ne puis nommer la grande variété des oiseaux qui nous entourent. Les Hirondel- les sont plus nombreuses que par le passé, surtout depuis que nous avons déclaré la guerre aux Moineaux :; elles nichent sous le toit de mes bâtiments ; les babillardes ! On voit de belles choses à ciel ouvert; la vie à la campagne a un charme tout particulier. J’observe chaque jour davan- tage et jy puise de jour en Jour des enseignements nou- veaux. L'oiseau est poète, musicien et bon père de famille. Il donne à l'homme l'exemple du beau et du bon. 11 aime à défendre ses droits. Il est quelquefois voleur — comme la Pie; il n’est ja- mais menteur. Ilest vigilant, travailleur. Il tient de l’homme. L’incons- tance de son cœur quelquefois le porte à «changer de garnison ». Assez pour aujourd’hui, cher Sir James. Votre tout dévoué ami GUSTAVE OUIMET. ESQUISSE GEOLOGIQUE CANADA ou MATÉRIAUX POUR SERVIR À LA PRÉPARATION D'UN CHRONOGRAPHE GÉOLOGIQUE POUR LE CANADA PAR E.-M. AMI Membre de lu Commission Géologique du Canada, Ottawa. (Suite. ) On a relevé des roches d'âge Triassique près de Glenora sur la rivière Stikeen, et au delà du portage Devils sur la rivière Liard, latitude 69° 16° et longitude 125° 35 À ces assises on peut assigner, provisoirement du moins, le nom de formation Glenora. Le Dr. Selwyn et M. J. Hunter ont tous deux recueilli des schistes et des calcaires fossilifères d'âge Triassique sur la rivière Pine supérieure, et sur la rivière Peace.— La faune que ces roches renferment relie l'horizon de cette région aux assi- ses Triassiques des îles Reine Charlotte et de Californie; elles contiennent en commun l'espèce très caractéristique Monotis subeircularis (Gabb:) LE SYSTÈME JURASSIQUE Excepté dans l'archipel Arctique, on ne rencontre que très peu de roches que l’on peut rapporter, avec certitude, au Sys- tème Jurassique. a Sur les île Grinell, Prince Patrick et Bathurst, on à reconnu la présence de couches Liassique qui ont été décrites par le Prof. Haughton. { ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 53 L'âge des restes fossiles recueillis dans ces îles éloignées à soulevé de longues discussions ; il résulte des diverses contro- verses que la faune de ces couches appartient à un facies Jurassique moyen plutôt qu'à des assises Lias (Jurassique imfé- rieur). — Parmi les intéressants restes fossiles découverts, on: remarque ceux trouvés dans l’île Exmouth par Sir E. Belcher, appartenant, selon Sir Richard Owen, à l’Zchtyosaurus. Dans la région du Plateau Continental intérieur, on trouve: certains schistes et grès qui peuvent être rapportés au système Jurassique ; ces roches surmontent le Trias de la région des rivières Pine et Peace. — Le continent Américain, durant la- période dont traite ce chapitre, émergeait probablement à une grande hauteur au-dessus du niveau de la mer et subissait, à cette époque, des influences d’érosion plutôt que de déposition LE SYSTÈME CRÉTACÉ La région Acadienne. — On trouve, dans les environs de Ira Woodworth's Bay, au delà de Scots Bay, ainsi que sur la côte est de la Baïe de Fundy, une série de calcaires impurs gris- jaunâtres et verdâtres et de schistes, surmontant les roches éruptives trappéennes de North Mountain, dans le comté Anna- polis. Le Dr. Ells a récemment traité de ces roches dans un mé- moire intéressant au cours duquel il fait mention de la présence On n'a possible de couches attribuables au système Crétacé. encore découvert, dans ces calcaires, aucune trace de restes orga- niques.— On a recueilli, dit-on, des concrétions douteuses, mais aucun reste d’une faune définie. — Ces couches reposent en dis- cordance sur les roches irruptives de cette région et forment un horizon bien défini, au sein duquel des recherches subsé- quentes ‘mettront peut-être au jour des données paléontologi- ques qui permettront d'établir les relations des assises en ques- tion. On suggère le nom de Woodworth formation à ces assises Crétacées. 54 LE NATURALISTE CANADIEN On n’a encore découvert aucune trace de roches cretacées, soit in situ, soit dans les dépôts meubles Pleistocènes, ni dans la région des Hautes Terres Laurentiennes, ni dans les Basses Terres. Ces parties du Canada émergeaient probablement durant les époques Mésozoïque et Tertiaire. Le Plateau Continental intérieur. — Au Manitoba et dans les régions adjacentes, le long de la rivière Deer, au nord de la rivière Pine, sur les rivières Vermillion et Assiniboine, à Shoal Lake, ainsi qu'à Deloraine, on rencontre des assises crétacées qui présentent l’ordre ascendant suivant : (1) La for- mation Dakota, consistant en grès tant compactes que fria- bles, ou même fissiles, de couleur brune, plus ou moins foncée. Cette formation prédomine sur les rivières Red Deer et Rolling dans le district de Saskatchewan. — (2) La formation Benton, qui consiste en grande partie de schistes bleuâtres, gris, ou noirs, quelquefois carburés, ou renfermant des grains de glau- conite formant des restes de foraminifères, tels qu’observés dans les échantillons tirés d’une profondeur de 1820 pieds du forage de Deloraine. — (3) La formation Niobrara, phyllades et schistes plus ou moins fissiles et phosphatifères, de couleur brune ou bleuâtre, et renfermant des fossiles dont l’un des plus caractéristiques est Znoceramus problematicus, Schlot- heim:; ces couches sont interstratifiées avec des calcaires plus ou moins dolomitiques. — Cette formation est bien développée sur la rivière Vermillion. La formation Pierre —que M. Tyrrell divise en deux séries, la série où formation Millwood et la série Odanah.— Ta pre- mière nommée comprend des calcaires et des schistes cassants ou friables gris ou bruns, de nuances plus ou moins foncées, renfermant un grand nombre de Radiolaria. La formation Milliwood est bien développée sur les monts Duck et Porcupine au Manitoba. — La série Odanah est for- mée d’argilites et de schistes grisâtres laminés et à grain fin, tels qu'exposés sur les bords du lac Shoal et à Deloraine et le ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 55 long de la rivière Assiniboine au Manitoba; elle constitue la formation supérieure du système Crétacé de la partie est des grandes Plaines. — Dans la partie ouest du plateau des prai- ries, comprenant les districts d'Alberta, de l’Assiniboine et de la Saskatchewan ainsi que les districts plus au nord, on observe l'ordre de formations suivant : — (1) La formation Dakota, 42) la Miobrara-Benton où formation Colorado, (3) la série Belly River, (4) la série Fort Pierre (formation Fort Pierre et Fox Hills), ou formation Montana, (5) la formation Lara- mie, que le Dr G.-M. Dawson divise comme suit : (a) série Por- eupine Hill, (b) série Willow Creek, (e) série SE. Mary river ; tandis que Mr. Tyrrell a reconnu, dans le district Alberta Nord, deux divisions d2 Laramie, notamment (a) la série Edmon- tun (b) la série ou formation Paskapoo.— Cette dernière est d'âge Tertiaire ou Eocène tel qu'il apparaît par les restes fos- siles qu’elle renferme, et rappelle le facies Œningien bien connu de l’Europe. La formation Dal:ota, qui est la base de la série des sédi- ments crétacés supérieurs, semble surmonter en discordance les roches d'âge Dévonien.— Cette formation est composée de grès qui renferment, aux Etats-Unis, une flore fossile luxuriante. La formation Niobrarau-Benton consiste surtout en schis- tes et wrès qui, quelquefois, sont fossilifères, comme dans la coupe de la Peace River; cette formation est représentée par les schistes du Fort SE. John, les grès Peace River, et les schis- tes Loon River, — tandis que dans la région Athabasca on trouve leurs équivalents dans les schistes La Biche (partie infé- rieure) les grès et les schistes Pélican, les grès Grand Rapid, et les schistes Cleariwater. — Dans la région Peace River, les grès Dunvegan reposent sur les schistes Fort St. John et sont surmontés de la formation Montana, qui comprend les schis- tes Smoky River et les grès Foæ Hills. Dans la région de la rivière Athabasca la formation Dun- vegan est absente, alors que la formation Montana est repré- tée par (a) les schistes supérieurs Za Biche, (b) les grès Fox 56 LE NATURALISTE CANADIEN Hills. — Dans ces deux régions, les grès et les schistes Zaramie forment les dépôts sédimentaires supérieurs d'âge crétacé. — L'un des traits les plus intéressants du système Crétacé des Plaines, est l'insertion de la série Belly River, entre les forma- tions Fox Hills Fort Pierre et Niobrara-Benton.—- Ces cou- ches intercalées sont des sédiments d’origine estuarine et d’eau douce, et renferment des restes organiques ressemblant à des fossiles d'âge postérieur à la formation Pierre (ou Laramie), et qui équivalent à la série St.Mary River de Dawson. On trouve renfermés dans la formation Laramie, qui recou- vre la formation Fox Hills et Fort Pierre, un grand nombre des types fossiles qui caractérisent la série ou formation Belly River. Il y à aussi quelques points de ressemblance entre le groupe Dunvegan de la région Peace River, et les formations Lara- mie du Canada et la formation Belly River.—On peut assigner à ce groupe la désignation de formation Dunvegan, qui ren- ferme une flore fossile que Sir Wm. Dawson a décrite. La région Cordillère. — Le Dr. Dawson et M. MeConnell ont relevé des assises de roches crétacées en Colombie- Anglaise et dans le district Yukon; les restes fossiles en ont été décrits par le Dr. Whiteaves et Sir Wm. Dawson. —— Le long des collines, au pied des montagnes Rocheuses, et sur les sommets et dans les cols de ces montagnes, on a rencontré dif- férentes assises Crétacées de la région des prairies, mais ayant subi des dislocations et des fractures. -— Les dépôts Niobrara- Benton et ceux du lac Devils Head ont fourni des preuves pa- léontologiques de l'existence de roches crétacées à l’est, tandis qu’à l’intérieur de la Colombie-Anglaise dans le district Kam- loops, on rencontre des couches crétacées anciennes, consistant en argilites calcaires, et grès. Ces assises présentent une suc- cession de sédiments qui semblent être les équivalents de roches similaires relevées sur les îles Reine Charlotte. — Sur la côte ouest de la Colombie-Anglaise, la formation Nanaimo constitue une série importante d'assises houillères que l’on ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 57 attribue au Crétacé supérieur où Néo-Crétacé. Il y a en outre les lambeaux importants des îles Reine Charlotte, qui sont aussi des assises houillères et constituent la série Reine Char- lotte. -— Celle-ci est susceptible de division en plusieurs hori- zons distincts; les roches de Skidegate Inlet, qui renferment une faune invertébrée, constituent une formation importante (for- mation Slkidegate) au sein de laquelle on trouve Desmoceras: Beudanti, Lytoceras Sacya, Melina Skidegatensis, Thetis affi- nis etc., tels que décrits par le Dr. J.-F. Whiteaves. — Jusqu'à présent on ne reconnaît que deux subdivisions du système Crétacé, un étage Crétacé inférieur et un étage supérieur. — Ces assises houillères crétacées inférieures consistent en schis- tes, grès, conglomérats et couches ferriferes; elles sont surmon- tées de conglomérats grossiers, lesquels, à leur tour, sont- recouverts d’une série de schistes et de grès: les assises houil- lères de Nanaimo et de la région de l’île Vancouver, qui sont: des calcaires marins et des schistes, se rallient au Crétacé supé- rieur. Les assises crétacées supérieures de la côte du Pacifique ne renferment pas la même faune ni la même flore que les roches du même âge dans la région des prairies ; elles n’ont que très peu d'espèces en commun. En traitant des flores éteintes du système Crétacé du Canada, Sir Wm. Dawson a adopté les divisions suivantes: (1) Crétacé inférieur, comprenant la série Kootanie «formation Kootenay» des montagnes Rocheuses, qui renferme les cycades, des pins et des fougères; ces assises sont suivies de la série Zntermé- diaire des Rocheuses, des îles Reine Charlotte et de la Rivière Sushivu, avec des cycadinées, des pins et quelques dicotylédones. — (2) Crétacé moyen, qui comprend la série Mill Creek (for- mation Mill Creek) des montagnes Rocheuses, et la série Dun- vegan (formation Dunveqan) de la rivière Peace, contenant des dicotylédones et des conifères; on trouve l'équivalent de cette formation dans le groupe Dakota des Etats-Unis. — (3) Crétacé supérieur, qui comprend les assises houillères de Nanaimo (formation Nanaimo) avec un grand nombre de -D8 LE NATURALISTE CANADIEN dicotylédones, de palmiers, etc. ; la série Belly river, avec ses Jignites, ses conifères et ses dicotylédones. — Le Laramie infé- rieur ou série de la rivière St. Mary, comprenant les couches à Lemna et à Pistiu des mauvaises terres de la rivière Red Deer, avec leurs dépôts de lignite ; — le Laramie moyen ou série Willow creek qui est surmontée par la série Porcupine Hill, où Loramie supérieur. — Au sein des roches crétacées du Canada, Sir Wm. Dawson a reconnu 179 espèces de plantes Fossiles, et Mr. Whiteaves 394 espèces de restes fossiles d’ani- -maux, si nous classons le Laramie en son entier dans le SyS- tème Crétacé. On a relevé des fossiles marins crétacés le long de la rivière Lewis, au rapide Rink, district Vukon.— Les assises houille- res de ce district sont, selon toute probabilité, rapportables à -ce système. — Les lits charbonneux d’Anthracite et de Crow’s -Nest Pass sont d'âge Xootenay où Jurasso-crétacique. LE SYSTÈME TERTIAIRE Région Acadienne. — On ne trouve aucune trace de roches, que l’on puisse rapporter avec certitude aux périodes Eocène, Miocène ou Pliocène, ni dans la région Acadienne, ni dans les “Hautes Terres et les Basses Terres Laurentiennes, à moins, toutefois, que certains graviers d'âge préglaciaire de la rive nord du lac Ontario, qui sont sous-jacents aux dépôts glaciai- res de la région de Toronto, puissent, plus tard, être déterminés ou classés comme Tertiaires. La région des Plaines intérieures Continentales. — La série Paskapoo, où formation Paskapoo, de la division Laramie supérieur, consiste en grès grisâtres ou bruns, tantôt lamellaï- res, tantôt massifs, et en schistes sréseux olives d’origine d’eau douce. Ces roches ont été rapportées, avec raison, à l’Eocène “Tertiaire par Mr. Tyrrell, qui les a retirées du système Crétacé; ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 59 — Ja faune et la flore que renferment ces roches semblent offrir des preuves suffisantes au maintien de cette classification. — Cette série surmonte la formation Edmonton, et, ensemble, elles correspondent aux séries Porcupine Hill et Willow Creek avec une partie de la série St. Mary River, relevée au sud par le Dr. Dawson. La puissance de cette formation est de 5000 à 6000 pieds. MM. Richardson, Selwyn, Dawson et McConnell l'ont suivie et délimitée sous le nom de Laramie, ou formation à lignite Tertiaire, conjointement avec la série Æd- monton, depuis l'Alberta jusqu’à la frontière des Etats-Unis ; dans le Manitoba, à l’est jusqu'à Turtle Mountain; et au nord jusqu'au cercle arctique dans la vallée du fleuve McKenzie. — On a aussi reconnu les couches Fort Union dans le district de la rivière Souris. Tout porte à croire qu'au début de la période Tertiaire ou à la fin de l’époque Crétacée, commença le soulèvement des mon- tagnes Rocheuses, tandis que les plaines s’abaissaient sous le niveau de l'océan. — C’est sur cette base, qui s'affaissait gra- duellement, que furent deposés les grès et les schistes de cette série qui renferment les restes de mammifères, de coquillages d’eau douce, de plantes terrigènes et des couches occasionnel- les de houille. Miocène — M, Tyrrell à relevé dans les Hand Hills, dans la région des prairies, des lits de marne argileuse grisâtre, inter- calés avec des couches de sable à grain fin, qui passent, dans la partie supérieure, à une couche de cailloux de quartzite reliés, en certains endroits, par un ciment calcaire dur, formant un conglomérat compact. — Ces assises ressemblent aux argilites de Cypress Hills, examinées pour la première fois par le Dr. Hector en 1859, et sont sans doute les équivalents de l’éta- ge Miocène des Cypress Hills dans la région de l’Assiniboia, qui a été décrit par M. McConnell et désigné sous le nom de conglomérat Miocène. — C'est dans cette région de Cypress Hills que M. McConnell et M. Weston trouverent cette série in- téressante de restes de fossiles mammifères décrits par le Prof. 60 LE NATURALISTE CANADILN E. D. Cope et rapportés, selon des géologues américains, à la division White River du système Tertiaire, ou Miocene infé- rieur. — Les dépôts meubles ou graviers de la Saskatchewan sont attribués, avec certaines restrictions, au Pliocène, par quel- ques géologues. — Le Docteur Matthew croit que plusieurs de ces formations Tertiaires consistent en dunes ou accumulation de sables chassés par le vent. [1 est possible que ce fut durant cette période ou une période subséquente qu'un grand nombre des dépôts éoliens de l’ouest furent formés. La région Cordillère. — Dans le district Kamloops de la Colombie-Anglaise, le Dr. Dawson a relevé certains conglomé- rats et grès qu'il attribue à l’Oligocène sous les noms de «grou- pe Coldwater » et assises Similkameen. — Les assises « Tran- quille,» qu'il décrit, embrassent des basaltes volcaniques-et des tufs en lits qu'il rapporte aux Miocène inférieur et supérieur, respectivement. Dans cette même région il a aussi relevé des conglomérats d'âge Pliocène inférieur, surmontant en diseor- dance les assises «T'ranquille». — Dans les environs de la ville de Vancouver, M. James Richardson, le Dr. Dawson et M. Amos Bowman ont examiné les couches de ce district, qui renfer- ment une flore intéressante, et qui forment une partie du grou- pe « Puget. » Les couches en question constituent une partie des terres, à niveau abaissé, de l'embouchure du fleuve Fraser, qui s’éten- dent au nord jusqu'à Burrard Inlet. — Ces couches ont une puissance d'au moins 3000 pieds et renferment des matières charbonneuses, ainsi que des filons de lignite, en différents horizons. — Le Dr. Dawson à aussi attiré l’attention sur le fait que quelques-unes des assises non fossilifères qui recouvrent la formation Nanaimo (houillère) à Comox et autres endroits de l’île de Vancouver, pourraient bien être les équivalents au groupe Tejon de Californie. — Dans l’intérieur de la Colombie- Anglaise, on a relevé des roches volcaniques, des grès et des schistes renfermant des plantes et des insectes fossiles, que l’on ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA «10T a rapportés au Miocène Tertiaire sous le nom de formation Simillkameen.— Dans les îles Reine Charlotte, on a trouvé des roches Tertiaires sur l’île Graham. Elles constituent la plus grande partie de cette île, et se développent depuis Skidegate jusqu'à Pillar Bay ; sur la baie Masset, les roches Tertiaires volcaniques prédominent. — Au nord de la baie Skideyute, les roches Tertiaires consistent en argilites arénacées, en lits peu épais, quelquefois gris et micacés, accompagnés de graviers et conglomérats, lisnite mêlé d'argile renfermant des troncs et des branches d'arbres. — Sur la Pointe Ya-kan, et sur les rives de la rivière Hi-Ellon, à Toe-Hill, l’on trouve des grès calcari- fères et une dolérite granulaire tournant au brun là où elle est exposée à l’action du temps ; sur la Pointe Skon-Un. on a relevé des grès fossilifères d'âge Miocène ou peut-être Pliocène (formation Skonum) qui renferment une faune intéressante décrite par M. Whiteaves. — Sur les rivières Aïn et Manin et dans d’autres localités, on a relevé des trachytes, des lignites, des agolomérats stratifiés. — À Carmanagh on trouve l’Astoria d'âge Miocène, qui renferme des restes de l'oiseau fossile gigantesque Cyphornis magnus de Cope. Dans les îles Aretiques, Oswald Heer rapporte les dépôts et les plantes au Miocène Tertiaire d’après les collections et les ob- servations de McClintock, McClure et Armstrong. — La plage Ballast, sur la Terre de Banks, à fourni une grande quantité de bois et de plantes fossiles. —— Sur les rivières Lewis et Yukon, le Dr. Dawson a relevé la présence d’argilites compactes grisä- tres, renfermant des restes de plantes, qui péuvent être rap- portées à la formation Laramie supérieure ou Eocene Tertiaire. — Il a aussi assigné à l’âge Pliocène les graviers Æorsefly et les «drifts» AXlondike du Yukon. (La fin au prochain numéro.) POUR LES BOTANISTES INDEX KEWENSIS PLANTARUM PHANEROGAMARUM. — Supple- mentum primum (nomina et synonyma omnium generum et 62 LE NATURALISTE CANADIEN specierum ab initio anni 1886 usque ad finem anni 1595 com- plectens) confecerunt Th. Durand et B. Daydon Jackson. Ce supplément paraîtra en quatre fascicules (dont le premier est en vente) et formera un volume de plus de 500 pages in-4o. — Prix, franco, à payer sur réception du fascicule : 54 fes. — S'adresser à M. Th. Durand, directeur du Jardin botanique, Bruxelles, Belgique. AUX ENTOMOLOGISTES M. Geo. F. Babb, Amherst, Mass., E.-U., qui prépare un ou- vrage sur les Asilidæ de l'Amérique du Nord, désire avoir autant de matériaux d'étude qu'il est possible. Il offre aux amateurs d'identifier pour eux tous les spécimens de cette famille qu’on lui enverra, avec l'entente qu'il retiendra pour le musée du Mass. Agric. College les «unique types » qui pour- ront se trouver dans les envois qu’on lui fera. — Si on le dé- sire, il fournira les indications utiles pour l'emballage et l'ex- pédition des spécimens. UN PRÉCOCE SAVANT On annonçait, l’un de ces derniers mois, la mort d’un enfant du Prof. T. D. A. Cockerell, l’entomologiste américain bien connu. Cet enfant, qui n'avait que huit ans, avait déjà à son crédit plusieurs découvertes importantes. C’est lui qui a trouvé la chenille du Pieris occidentalis, et qui en à élevé le papillon. Il à capturé le premier Psocide connu dans le New-Mexico. En outre il a donné à la science au moins trois insectes nou- veaux : un Æpeolus, qui fut décrit par son père; un Méloïde, coléoptère qui fait maintenant partie du National Museum de Washington, et qui n’est pas encore décrit; et une sauterelle du PUBLICATIONS RECÇUES 6° genre Melanoplus, dont la description, faite par M. Scudder, n'est peut-être pas encore publiée. Il est probable que cet enfant prodige, dont les entomolo- gistes regretteront beaucoup la mort prématurée, à «battu. tous les records » en fait de zèle précoce pour la science. PUBLICATIONS RECUES — C. Baillairgé, The Human Mechanism the most marvel- lous. Brochure de 16 pages, publiée en 1901, fort intéressante. — H.-M. Ami, Bibliography of Caradian Geology and Palæontology for the year 1901.— Annual Report of the Geo- logical Section of the Ottawa Field-Naturalists Club, for the year 1901-02. — Notre-Dame de Lorette en la Nouvelle-France, étude - historique et ethnologique, par l'abbé L St-G. Lindsay. — 1 vol. in-8° de 322 pages. L’ex., $1.00; franco pour le Canada, 51.08 ; pour les E.-U. et l'U. P., $L.16. Cet ouvrage pourrait aussi bien s'intituler; Histoire des. Hurons. Car c'est l'histoire complète de l’intéressante tribu hu- ronne, faite au moment où cette race a presque fini de s’étein- dre, par quelqu'un qui était le plus en mesure d'entreprendre ce: travail. A nos yeux, cet ouvrage est comme le monument funé- raire du peuple huron; et ce monument est une belle œuvre, sculpté par un artiste. Du beau style, de beaux sentiments, de belles gravures, du beau papier, une belle typographie : voilà. le livre. (En vente chez l’auteur, à l’Archevêché de Québec. }. — Prime utile à nos lecteurs.— L'INFORMATEUR BIBLIOGRA- PHIQUE. Guide-mémorial des lecteurs et des travailleurs. — Li- brairie P. Téqui, 29, rue de Tournon, Paris (VI) —7 francs par an. — Prime-étrenne pour les lecteurs du Naturaliste canadien : cinq francs. (Pour jouir de cette prime, s'adresser directement. 64 LE NATURALISTE CANADIEN à M.-P. Hourat, secrétaire de rédaction, à Poey-de-Lescar (B.-P.), et joindre la bande.) Une revue du genre de l’Znformateur bibliographique s’im- pose à tout esprit quelque peu cultivé, d'autant que la sûreté de ses appréciations, l'indépendance et l’impartialité de sa rédaction en font une des Revues bibliographiques les plus au- torisées et les plus complètes. Ceux qui lisent —et ils sont légion — ne sauraient donc trouver un guide meilleur et d’un prix plus modique. Mais elle s'impose plus particulièrement aux écrivains, à tous les hommes d’étude. Tous les mois, l’Znformateur bibliographique publie un « À travers les Revues » offrant par ordre alphabétique des auteurs le répertoire des articles d’un nombre considérable de Revues. Ajouterons-nous que l’Informateur bibliographique s'adresse encore plus spécialement aux membres du clergé ? Quele que soit leur situation respective : curés de ville ou modestes curés de campagne, professeurs, vicaires, ouvriers actifs de la plume, tous ont, plus que personne, le devoir d’être au courant de notre moderne intellectualité. Une.très intéressante et très complète chronique « Le Clergé et la Science »— dont, seule, cette Revue à eu l’idée, — montre qu'aujourd'hui, comme au- trefois, le clergé sait tenir fierement le drapeau de la science, et que les Gorini se font de moins en moins rares chez nous. HE Les Contemporains — Revue hebdomadaire : illustrée de 16 pages in-8°. Abonnement: Un an, 6 francs. — Le numéro, D fr. 10. Spécimen sur demande. Biographies parues en mars 1902: Maréchal Bessières, du d'Istrie. — M. Des Genettes, curé de Notre-Dame des Victoi- res. — Decamps, peintre. — Montyon. — Aubaret, ministre plénipotentiaire. Biographies à paraître en avril 1902: Mme de Chateau- briand. — Bellot, navigateur. — Due d'Angoulême — Adel- bert de Chamisso. 5, Rue Bayard, Paris, Ville. mx té Et $ Pal YAR L. J 4 1 ENTRAI è 4 NEW Y Ê V 4 los Vry ÿ RA cb NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 5 Québec, Dai 1902 Directeur-propriétaire : l'abbé V.-A, Huard UNE BONNE NOUVELLE Nous avons appris avec plaisir la fondation, à Montréal, d’une association d’entomologie. Le nombre de ses membres est en- core très restreint, sans doute. Mais il n’y à pas besoin d’être bien nombreux pour obtenir, dans l’étude, des résultats consi- dérables. Nous espérons, et même nous sommes certain que ce petit groupe montréalais, qui vient de se constituer en société régulière, fera beaucoup pour l'avancement de l’entomologie dans notre Province, Le Naturaliste canadien, très sympathique à la nouvelle association, publiera volontiers le compte rendu de ses opéra- tions. Nous sommes heureux d'accueillir, dans cette livraison même, le récit de sa première séance. LA CALANDRE DES GRENIERS — LA SÉLANDRIE DE LA RONCE E multis paleis paulum fructus collegi. De beaucoup de balles, j’ai recueilli peu de grain. (Proverbe latin. ) L'on entend quelquefois dire que, dans certains pays, l’hom- me, animal raisonnable, s'empare sans droit des biens du clergé. 5 — Mai 1902. 66 LE NATURALISTE CANADIEN Il ne faut donc pas s'étonner, après cela, de voir, comme læ chose m'est arrivée dans le cours de l’an passé, certaines bêtes. irraisonnables faire la même chose, par instinct. La chose sera mieux comprise quand j'aurai expliqué que je fais ici allu- sion à deux faits qui m'ont amené à écrire le présent article sur les deux insectes dont les noms lui servent de titre. Vers Juillet dernier, l’on w’apporta, dans une fiole, plusieurs grains de blé et des petits insectes qu’on avait trouvés rongeant ce blé dans le grenier d’un de nos curés voisins. À peu près dans le même temps, mon propre curé me fit voir un jour une fausse- chenille, nouvelle pour lui aussi bien que pour moi, trouvée sur des framboisiers, dans son Jardin. Comme j'en ai l'habitude, chaque fois que l’occasion s’en présente, je fis une.étude appro- fondie de ces deux insectes déprédateurs, ennemis des biens de notre clergé local, et je viens communiquer le résultat de cette étude aux lecteurs du NATURALISTE aujourd'hui. Il s’agit, comme on vient de le lire en titre, de la Calandre de: gre- niers et de la Sélandrie de la ronce. 10 LA CALANDRE DES GRENIERS. (Calandra granaria, Curculio ou Sitophilus granurius; charançon du blé; grana- ry weevil). Insecte coléoptère, tribu des: Curculioniens, famille des Ganatocères ou fracticornes. Voici un insecte qui à, cer- tes, une longue histoire et qui non seulement se mamifeste pour nous dans l'ombre de nos greniers, mais dont, encore, les premières manifestations se perdent presque dans la nuit des temps. En effet Columelle, Palladius, Varron, Virgile nous en parlent dans leurs écrits comme d’un insecte bien connu et fort redouté déjà de leur temps. L'insecte parfait a le corps oblong, d'environ un huitième à. un neuvième de pouce de longueur. Il est d’une couleur brune foncée, uniforme et brillante, a le corselet chagriné et la surface: du thorax ponctuée en sillons longitudinaux. Il est muni d'un rostre assez long, à peu près cylindrique. Il n’a que des rudi- ments d'ailes sous les élytres. La femelle attaque le grain avec ses mandibules et y pratique une petite cavité dans laquelle elle insère un œuf sur chaque: d LA CALANDRE DES GRENIERS 67 grain attaqué. Elle dépose ses œufs, non seulement sur le blé, mais aussi sur l'orge, les pois chichesetle blé-dinde. Surles grains de ce dernier, ellé dépose plusieurs œufs par grain. L'insecte, du moment que l'œuf est pondu Jusqu'à celui où la chrysalide se change en Calanüre, passe par toutes ses phases en six se- maines environ, et se met immédiatement à pondre. Sous notre climat, il se développe ainsi quatre générations, du printemps à l'automne. La larve n’a pas de pattes, est beaucoup plus courte que l'insecte parfait, est blanche de couleur, très robuste et charnue. La chrysalide est d'une couleur blanche, claire, transparente. Il n'y a pas que la larve ‘qui ronge et vide le orain. L'insecte parfait, qui vit et pond longtemps, s’en nour- rit aussi. On calcule que, dans un an, un couple de ces irsec- tes ne produit pas moins que 6,000 descendants. Aussi, dans le cas qui nous occupe, le meunier, en pesant un sac du blé pris dans le tas sur lequel on a prélevé les spécimens de Calan- dre que l’on m'a montrés, a-t-il constaté que ce grain pesait à peu près la moitié de ce que pareil volume de blé aurait dû peser normalement. C’est ce qui m'a donné l'idée d'écrire en tête du présent article l'épigraphe qu'on yalu: Beaucoup de balles, peu de grains. On rencontre quelquefois, mais fort rarement, dans notre Pro- vince, une autre Calandre, la CALANDRE DU R1Z, Culandra ori- ze, dont l'on n'a pas à s'occuper ici, vu que notre climat ne sem- ble pas du tout lui convenir. Sous notre latitude, la Calandre des greniers, qui est origi- naire des pays chauds, ne fait relativement que peu de rava- ges, car elle est très sensible au froid et périt, l'hiver, dès qu'elle est exposée aux rigueurs de notre sévère température. Cependant, comme, dans beaucoup de nos maisons de cultiva- teurs, le grain est gardé au-dessus des appartements habites et chauffés, il faut, ici, porter plus d'attention à la Calandre. En effet, dans ces conditions, l’insecte, engourdi seulement, hiver- ne et reprend toute son activité au printemps. REMÈDES. — En premier lieu, comme moyen préventif, il faut nettoyer, balayer à fond le grenier, après que le grain en 68 LE NATURALISTE CANADIEN est enlevé, avant d'y mettre de nouveau grain. Puis, une bon- ne fumigation au soufre, après avoir fermé aussi hermétique- ment que possible le grenier, est excellente. Si le grenier est dé- barrassé de tout son grain en hiver, le fait de le laisser ouvert, pour y faire pénétrer le froid, tuera tous les insectes adultes. Ces précautions prises, si le grain qu'on mettra dans ce gre- nier n’a pas été infesté de Calandres, d'avance, dans un autre grenier, on sera débarrassé de l’insecte, car le grain récolté sur la ferme n’est jamais infesté sur le champ. Quand on s'aperçoit que le grain est infesté dans le grenier, ou peut s’y prendre de deux manières pour le débarrasser de la Calandre. Si c'est du grain pour la semence seulement, des fu- migations au soufre, à la benzine, à la naphtaline, sont effica- ces, mais ne pourraient être employées lorsque le grain doit servir à l'alimentation, parce qu'il prend le goût de ces subs- tances. Ce que l’on recommande comme le plus facile et le plus effi- cace à employer, dans tous les cas, ce sont les deux moyens suivants : l'exposition au grand froid, pendant l'hiver, ayant soin de brasser à fond le tas de grain souvent pendant l’expo- sition. Dans les saisons de printemps, d'été et d'automne, le trai- tement au sulfure de carbone est certainement le meilleur. Voici comment l’on opère. On met le liquide dans des vases plats, par quantité de quatre à huit onces par vase, et l’on cal- cule que l'emploi d’une livre et demie par tonne de grain, soit à peu près un once par cent livres, est suffisant. Quand le grain est mis dans des carrés en planches, on met le vase sur le grain dans le carré, et l’on recouvre ce dernier avec des couvertes, des toiles, etc. Cette substance s’évapore facilement, et ses vapeurs fort lourdes recherchent les basses couches de l’air et pénètrent facilement dans le tas. On doit laisser le grenier exposé à ces émanations pendant au moins vingt-quatre heures. Il est important, lorsque l’on se sert de substances aussi in- flammables que le soufre, la benzine, la naphtaline et surtout le sulfure de carbone, de bien prendre garde au feu, surtout avec la pipe, le cigare et les allumettes. LA SÉLANDRIE DE LA RONCE 69 Deux parasites font la guerre à la Calandre, ce sont la Pté- romale des chrysalides et un Trogasite. Respect donc à ces uti- les auxiliaires, lorsqu'on les rencontre. 20 LA SÉLANDRIE DE LA RONCE. (Selandria où Monophad- nus rubi; la mouche à scie du framboisier ; the raspberry sawfly). Insecte hyménoptère, section des Térébrants, famille des Tenthrédinides. La mouche à scie de la ronce se décrit com- ne suit: Insecte parfait long d’un cinquième de pouce, me- surant entre les extrémités des ailes étendues un demi-pouce ; noir, avec une large bande rousse sur le dos; tête grosse et polie, brillante. Les aïles sont transparentes, luisantes et à teintes mé- talliques ; elles sont veinées de noir. Les pattes sont jaune-sale. Cette mouche apparaît, en bas de Québec, vers le 15 juin. La fe- melle dépose ses œufs, au moyen de l'appareil qui lui fait don- ner le nom de «mouche à scie» et avec lequel elle pratique une fente dans le parenchyme du dessous des jeunes feuilles du framboisier, le long des nervures ou veines. Les œufs prennent une dizaine de jours à éclore. La jeune larve, qui est une faus- se-chenille, a un douzième de pouce de longueur, à l’éclosion, a une grosse tête blanche verdâtre portant une tache noire, bien en évidence, de chaque côté. Elle a le corps blanc, demi-trans- parent et couvert d’épines blanches qui brunissent à mesure que la larve vieillit et grossit. Elle prend toute sa grosseur dans environ trois semaines et a, alors, trois quarts de pouce de long, étant à ce moment, absolument de la même couleur verte que les feuilles sur lesquelles elle se tient, ce qui la rend difficile à apercevoir. Elle dévore les feuilles, n’en laissant que les nervures, puis le bout vert et tendre des jeunes tiges et, finalement, elle cause quelque dommage aux boutons et aux fruits. Vers le 20 juillet, la larve se laisse tomber à terre, s’en- fonce dans le sol pour s’y renfermer dans un cocon dont la chry- salide ne sortira que le printemps suivant. Cet insecte mène donc une vie active seulement deux mois environ par saison. REMÈDES.— La mouche adulte, le matin, très de bonne heure, se laisse tomber à terre si l’on approche du framboisier, et elle y reste immobile assez de temps pour qu’on puisse la saisir, 70 LE NATURALISTE CANADIEN si l’on y met un peu d'activité. Aussitôt que le soleil com- mence à monter, elle prend des allures plus vives. Sur le haut du jour, au grand soleil, si l’on recouvre les tiges de framboi- sier, au moyen d’une branche d'arbre feuillue, on fait tomber beaucoup de larves, qui meurent en cherchant à regagner leur buisson. Enfin, l’on pulvérise avec la pompe à bec pulvérisa- teur de l’ellébore dans la proportion d’un once de poudre par gallon d’eau. Si, de plus, l'automne, l’on a soin de bêcher le terrain sur une surface de deux pieds de large, de chaque côté du rang de framboisiers, l’on se trouve à exposer à l'air et à détruire un bon nombre de cocons qui sont généralement gisants à deux pouces de profondeur. On ne connaît pas encore de parasite destructeur de ces fausses-chenilles. Pour les deux insectes qui viennent d'être décrits, comme pour tous ceux, d’ailleurs, qui disputent au cultivateur le fruit de ses labeurs, il faut surtout de la vigilance: car attaqués à temps, ils sont relativement faciles à détruire. Comme ils ne font que d’apparaître dans notre région, avec un peu de soin on les empêchera aisément de prendre du développement. J.-C. CHAPAIS. Les Contemporains — Revue hebdomadaire illustrée de 16 pages in-8”. Abonnement: Un an, 6 francs. — Le numéro, 0 fr. 10. Spécimen sur demande. Biographies parues en mars 1902 : Maréchal Bessières, du d'Istrie. — M. Des Genettes, curé de Notre-Dame des Victoi- res. — Decamps, peintre. — Montyon. — Aubaret, ministre plénipotentiaire. . Biographies à paraître en avril 1902: Mme de Chateau- briand. — Bellot, navigateur. — Duc d'Angoulême — Adel- bert de Chamisso. 5, Rue Bayard, Paris, Vlite. A LA DÉCOUVERTE DU POLE NORD 71 A LA DÉCOUVERTE DU POLE NORD Vers le 1” janvier dernier, le Capt. Bernier, se trouvant à Londres, eut l’idée du dessin que l’on voit ci-haut, et le fit reproduire sur des cartes de visite qu'il adressa à ses amis du Canada. C'était une façon fort originale de leur offrir ses sou- haits de nouvelle année. Il nous à, depuis, bienveillamment pré- té le cliché de cette vignette, et nous la montrons ici à nos lec- teurs. Pendant que l’ours Russe, l'aigle Américain et l'aigle Allemand font de vains efforts pour gagner la partie, on y voit le petit castor canadien qui réussit dans sa tentative. Ce pavillon symbolique du Capt. Bernier, nous craignons bien que ce ne soit tout ce qui restera de son projet d’expédi- tion au pôle Nord. Un moment, durant la dernière session du Parlement d’Otta- wa, en lisant les paroles-prononcées en faveur de l’entreprise, par le premier ministre et par le chef de l'opposition, nous avons cru que notre compatriote avait enfin gagné son point, et que le gouvernement allait faire voter la somme d'argent requise. Mais il n’en a rien été, et l’on aurait, ont dit les journaux, remis cette affaire à l’année prochaine. 12 LE NATURALISTE CANADIEN L'année prochaine ! Qui sait ce qui se passera d'ici là! En tout cas, puisqu'il faudra un an pour la préparation immédiate de l’expédition, c’est un retard de deux années encore. Or, nous sommes d'avis que le Capt. Bernier est presque arrivé à la li- mite de l’âge où il peut raisonnablement assumer une tâche aussi difficile. | Nous apprenons que l’énergique marin n’est pas encore dé- couragé, et qu'il va essayer, de nouveau, de secouer l’apathie du publie, et demander de nouvelles souscriptions. Nous lui souhaitons, assurément, tout le succès qu’il désire. Mais nous. croyons peu probable qu'il y réussisse. L'ASSOCIATION ENTOMOLOGIQUE DE MONTRÉAL La première assemblée de cette association eut lieu le 17 mai, à la résidence de M. G. Chagnon, 947, rue Saint-Urbain. Il y eut d’abord discussion de la Constitution qui-fut finale- ment acceptée et signée par les membres présents : MM. Charles Stevenson, E. Denny, G. Chagnon. Ensuite vint l’élection des officiers suivants pour l’année courante : Président, M. Charles Stevenson. Vice-président, M. E. Denny. Secrétaire, M. G. Chagnon. M. l'abbé Elias Roy, dé Lévis, fut élu membre correspon- dant. Ensuite, notes bibliographiques et discussion, par M. Steven- son, d’un ouvrage intitulé Monographie des Culicides de l'uni- vers, par F. V. Theobald. Le même monsieur exhiba un Aluus oculutus superbe, cap- turé à Montréal le S maï, ainsi que trois Lépidoptères nocturnes. nouveaux pour sa collection. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 73 M. Chagnon exhiba de nombreuses espèces de Culicides, par- mi lesquelles il fit remarquer la Stegomyia fasciatu, espèce eu- baine qui, dit-on, propage là-bas les fièvres jaunes. Plusieurs autres Diptères furent montrés à l'assistance, particulièrementla Tephronota Canadensis, Johnson, espèce nouvelle à la science découverte à Rigaud le 28 juillet dernier,et un Syrphide, le Merodon equestris, Fabr., espèce nouvelle pour l'Amérique du Nord, capturée à Outremont, près de Montréal, le 10 juillet dernier. La prochaine assemblée aura lieu le 7 juin, à la résidence de M. Stevenson. GC ESQUISSE GEOLOGIQUE DU CANADA OÙ MATERIAUX POUR SERVIR A LA PREPARATION D'UN CHRONOGRAPHE GÉOLOGIQUE POUR LE CANADA PAR H.-M. AMI Meinbre de la Commission (Géologique du Canada, Ottawu. : ? (Suite et fin.) LE SYSTÈME QUATERNAIRE On peut diviser les dépôts quaternaires de l’est de l'Améri- que Britannique du Nord en trois périodes, notamment: (1) La période glaciaire ou de dépôts d’argiles à blocaux. (2) La période Champlain ou de dépôts d’argiles d'origine marine, formées durant une époque de submergence. — (3) L'époque récente ou période de terrasses. 74 LE NATURALISTE CANADIEN La région Acadienne.-- Pour résumer les observations faites jusqu'ici dans la partie sud-est du Canada, M. Chalmers s'exprime comme il suit: (1) l'érosion glaciaire dans la partie sud-est de la province de Québec et dans le nord du Nouveau- Brunswick a surtout été produite par des glaciers locaux dont le mouvement s'effectuait au nord et au sud de la ligne de partage des eaux qui est près des montagnes Notre-Dame, — la crête de cette ligne offre un terrain très propice à l’accu- mulation de neige et de névé. donnant naissance à un grand nombre de glaciers qui procédaient dans les vallées et le long des lignes de drainage naturel, vers la vallée du Saint-Laurent d’un côté, et vers la baie des Chaleurs, le golfe Saint-Laurent et la vallée StJohn, de l’autre. — Les dépôts glaciaires de la région Acadienne d'âge Pleistocène, ou période glaciaire pro- prement dite, consistent en aryiles, à blocaux morainiques, cail- loux et blocs erratiques, etc., provenant de roches sous-Jacentes et préglaciaires décomposées «in situ ; » en cailloux anguleux, graviers, sables, ete, que l’on sait avoir existé en masses 1s0- lées et en «oasis » détachées en plusieurs points de cette éten- due. Il paraît donc aussi certain que possible qu'une grande par- tie de cette région était couverte par un grand nombre de gla- ciers, ainsi que le prouvent les stries, les cailloux et autres phénomènes glaciaires. La nature et la composition des argiles dépendent des roches qui caractérisaient les formations éro- dées par l’action des glaciers sur le chemin qu'ils parcouraïent ; — par exemple à Pleasant Ridge, dans le comté Northumber- land, Nouveau-Brunswick, sur une étendue restreinte, M. Chal- mers à relevé le nombre et la variété de cailloux et blocs erratiques suivants : cranit, 88 ; diorite, 80 ; schiste, 40 ; yneiss, 16; felsite, 12; quartz, 4. — Parmi les glaciers décrits par Chalmers on remarque: le glacier de la baie des Chaleurs, le glacier Northumberland, le glacier Chignecto et le glacier de la vallée St. John. Ce dernier furmait la nappe de glace la plus étendue de la région, occupant la partie sud de la vailée du Saint-Laurent. “hi Mir fé ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 15 Il prenait naissance dans cette partie surélevée comprenant de nord du Maine, une partie des cantons de l'Est de Québec et du nord-ouest du Nouveau-Brunswick. — Vers la fin de la période glaciaire, la vallée du Saint-Laurent présentait, proba- blement, un chenal ouvert jusqu'a Mille-Iles, où les coulées de glace procédant du nord et du sud se’ réunissaient, tandis que des glaciers terrigènes existaient au sud de l'embouchure et du golfe du Saint-Laurent dans les régions élevées. On trouve sur l’île de Terreneuve des traces d’érosion et de dépôts glaciaires: ces phénomènes furent suivis par une époque de submergence marine durant laquelle furent dépo- sées des couches argileuses fossilifères. Il est intéressant de noter que l’on ne trouve aucune trace d'action glaciaire Pleistocène sur les îles Magdalen, où l’on n'a ‘pas encore relevé de dépôts glaciaires. Le Dr. Matthew a relevé des marques de mouvements terrestres supraglaciaires près de St. John, Nouveau-Brunswick. LS Hautes Terres Laurentiennes. — Durant la période glaciaire, la presqu'île du Labrador devait être recouverte d’une épaisse couche de glace provenant de l'intérieur des terres ; ces glaces réunissaient les roches et matériaux sous-jacents en bancs, dans les vallées et les fiords de la région des Hautes Terres Laurentiennes, et procédant dans une direction sud- ouest les répandaient aussi dans la région des Basses Terres Laurentiennes des provinces de Québec et d'Ontario. D'après les observations de M. A.-P. Low, sur des stries et autres phénomènes glaciaires relevés entre la baie d'Hudson et la baie Ungava, il conclut que la région devait être comple- tement recouverte d’une couche de glace durant la période glaciaire; ce glacier prenait sa source d’un névé étroit près de la ligne actuelle de partage des eaux. On désigne cette couche de glace sous le nom de « glacier Labradoréen. » Les parties abaissées de la région explorée par M. Low présentent, partout, une couverture plus ou moins épaisse d’argiles et de «till ; » — les sommets des collines sont à” nu, et on trouve une traînée de dépôts meubles sur les versants 76 LE NATURALISTE CANADIEN exposés. — Des collines de forme allongée «ou drumlins » sont assez fréquentes, et la direction de leur grand axe est toujours plus ou moins parallèle à celle des stries glaciaires. — On trouve aussi, entre la baie d'Hudson et la ligne de partage, des terrains erratiques, et des «iskers » ou amas longitudinaux de drift altéré. —— Tyrrell à décrit le glacier Keewatin, qui couvrait l'étendue Archéenne continentale à l’ouest de la baiïe d'Hudson. Au début de la période glaciaire, cette nappe pre- nait naissance au nord ou au nord-ouest du lac Doobaunt, mais subséquemment sa source se déplaça vers le sud-est entre les lacs Doobaunt et Vathkyed. — Partant de ces centres de distributivn, les nappes glaciaires semblent s'être avancées. dans des directions ouest et sud-ouest jusqu’à une courte dis- tance du pied des montagnes Rocheuses ; au sud jusqu'aux Etats de l’Iowa et de l’Illinois, une distance de plus de 1600 milles ; à l’est jusque dans le bassin de l4 baie d'Hudson, et au nord jusqu’à l’océan Arctique. On désigne sous le nom de «formation Labrador » ce manteau de drift provenant de la presqu'île du Labrador et distribué par la nappe Labradoréenne ; tandis que lon pro- pose le nom de «formation Rupert» pour désigner les couches de till déposées par l’action du glacier Keewatin dans la par- tie centrale de l'Amérique du Nord. Les Basses Terres Laurentiennes.— Ainsi qu'on l'a mention- né ci-dessus, l’argiie et le «till» désignés sous le nom de forma- tion Labrador occupent le fond de la vallée du fleuve’ Saint- Laurent; cette formation est à son tour surmontée, sur presque tout son développement, par des argiles marines et des sables récents. — Dans la province d’Ontario, on rencontre des argiles à blocaux au sein desquelles on trouve des cailloux arrachés des diverses formations, depuis l’Archéen jusqu’au Dévomien ; celles-ci sont recouvertes par l'argile £rié qui, à son tour, sup- porte l’argile et les sables Saugeen ainsi que les graviers Artemisia, et les sables Algoma; le tout surmonté par les dépôts d’alluvion récents. — Dans les environs de la ville de- Toronto, le Professeur Coleman a relevé des argiles à blocaux 2 mil das à | ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 77 interstratifiées avec des argiles et des sables fossilifères aux- -quels on a donné le nom de formation Toronto. Le Professeur Penhallow a tout récemment décrit une flore Pleistocène tirée des couches Scarborough et Toronto, ainsi que de la vallée de l'Ottawa. — Le travail de Sir Wm. Daw- son sur les formations géologiques pleistocènes du Canaüa a une très grande valeur et il est indispensable à tous ceux qui veulent étudier leur développement. Les Plaines continentales intérieures. — On trouve dans cette région une couche de sables, d’argiles et de graviers recouvrant la surface préglaciaire de cette étendue. — Ces dépôts, en certains cas, remplissent et nivellent les irrégulari- tés de la surface des strates de roches Ordoviciennes, Silu- riennes, Dévoniennes, Crétacées et Laramies, tandis qu’en d’au- tres cas ils servent à ajouter à ces irrégularités et à les accen- tuer. — La coupe suivante de dépôts quaternaires est extraite des rapports du Dr Dawson et de M. Tyrrell: 1. Sables, graviers et dépôts vaseux stratifiés. . Argiles à blocaux supérieure. . Dépôts interglaciaires tourbeux. . Argile à blocaux inférieure. . Quartzites, phyllades et autres couches associées. Dans les environs de Beauport, Québec, la Maïbaïie, Rivière- du-Loup et Cacouna, on rencontre des argiles à blocaux fossili- fères. Ces argiles constituent une formation à part à laquelle on donne le nom de formation Cacoun«, vu que près de cet endroit, au pied du mont Pilote, on trouve ces argiles couvrant toute une étendue de terrain. L'argile à blocaux consiste en argile et en sables intimément reliés, contenant des galets de quartzite et de gneiss, dans les parties de l’est ; la proportion de cailloux de quartzite diminue lorsqu'on atteint les plaines, et les galets de grès deviennent plus nombreux et sont accompagnés de fragments de lignite. — ‘On a découvert de nombreuses lignes de drainage, antérieu- res à celles qui existent à présent dans les Territoires du Nord- ‘Ouest. — Selon Mr. Tyrrell, les dépôts quaternaires des régions OX & © D 18 LE NATURALISTE CANADIEN du lac Athabasca et de la rivière Churchill comprennent : (4) Des plages lacustres récentes et les alluvions de cours d’eau ; Des plaines sableuses: Des lignes marquant les rives d’an- ciens lacs: (1) Des dépôts de till, des drumlins, des morai- nies, des kanes et des cispatinows ». — Il y à aussi tout lieu de croire qu'une partie de la région des prairies du Canada est formée de sédiments d’origine marine. — M. Warren Upham a décrit le lac glaciaire Avassiz, qui couvrait une grande par- tie du Manitoba et des districts adjacents. La formation de drift Alberta appartient sans doute à l’éta- ve d'accumulation glaciaire qui subit un mouvement rétrogra- de ; ce mouvement fut suivi par la période glaciaire maxima que lon désigne sous le nom de l'étage Xansan. La région des Cordillères. — Le Glacier Cordilléréen, dési- gné par le Dr. Dawson sous le nom de «la calotte de glace, » atteionit, durant la période glaciaire primaire, un développe- ment de près de 1200 milles en longueur dans une direction du nord au sud. — Le centre de cette nappe de glace se trou- vait entre les degrés de latitude nord 55 et 59; progressant en directions opposées, ce glacier traversait les chaînes de monta- ones de la côte, remplissait la large vallée entre l’île de Van- couvert et la côte. — A cet endroit, il bifurquait et s'écoulait en directions opposées formant les glaciers secondaires du che- nal Reine Charlotte et du détroit de Georgia. Durant la période maxima du glacier Cordilléréen, toute la région avait un niveau beaucoup plus élevé que son élévation actuelle, tandis que les grandes plaines avaient au contraire subi une dépression et étaient couvertes par les eaux de la mer. Le mouvement rétrograde du glacier Cordilléréen fut simul- tané, et même peut être dû à un mouvement de dépression subi par la région des montagnes. On a relevé de nombreuses marques de phénomènes glaciai- res à des élévations variant de 3150 à 6880 pieds au-dessus du niveau de la mer, notamment sur le plateau entre les rivières: Nord Thompson et Dead Man; sur le mont Murray; sur les. montagnes Lytton et sur le plateau entre les vallées Thompson. ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU CANADA 79 et Nicola, ainsi que dans la vallée qui relie Kamloops et le lac Nicola. — Il semble aussi que lon puisse appliquer le nom de formation où drift des Cordillères à ces dépôts dis- persés à l’est et à l’ouest de l'axe de distribution principale. Sur le cours d'eau Barnes Creek: on a relevé la coupe sui- vante. (ce) Couches de limon (silts). (b) Argile à blocaux, plus où moins statifiée. (a) Graviers, silts et sables stratifiés. On rencontre aussi fréquemment des terrasses, des lignes de rivages, des silts blancs, des collines de forme allongée res- semblant à des drumlins, des moraines et autres dépôts de drift. On trouve dans la Colombie- Anglaise des dépôts aurifères où placers que l’on rapporte à diverses périodes du drift. — Dans le district Yukon le Dr Dawson, M. Tyrrell et M. Mc Connell ont relevé des marques de laction glaciaire, ainsi que des dépôts stratifiés de sables et de graviers, dont un grand nom- bre sont aurifères. — On y à aussi noté et décrit des terrasses, qui indiquent un niveau élevé des cours d’eau de cette période, et des dépôts lacustres de lacs glaciaires. La période Champlain. — Ce fut une période de dépres-ion, durant laquelle la région Acadienne, une grande partie des Basses Terres Laurentiennes, ainsi qu'une lisière des Hautes erres Laurentiennes, subirent un affaissement jusqu'au des- sous du même niveau de Pocéan Atlantique. — Dans la Nou- velle-Ecosse, sur l’île du Prince-Edouard et au Nouveau-Bruns- wick, cette époque est représentée par des couches de graviers, des sables, des argiles accompagnés de kames, le tout sur- monté de dépôts fluviatiles et de terrasses lacustres : on y trouve aussi les argiles Leda et des kames, ainsi que les sables SAX1CA VA ; ces derniers sont d'origine marine : —les dépôts plus récents ou formations quaternaires consistent en terrasses flu- viales et en dépôts estuaires, en lits à ostracées et en barres naturelles. — Ces dépôts sont recouverts d’une couche de sable de dune, —— Dans les vallées du Saint-Laurent et de l'Ottawa 80 LE NATURALISTE CANADIEN on trouve, à des hauteurs de 600 pieds, des terrasses d’argiles marines recouvertes de couches de sables ; ce sont les forma- tions d'argile Leda et les sables Saxicava, renfermant tous deux une grande abondance de fossiles. — On trouve à la Rivière- du-Loup, à Beauport, à Saint-Liboire, sur l’île de Montréal dans les carrières du Mile-Ënd et aux Tanneries, dans la pro- vince de Québec, ainsi qu'à Green’s Creek et Besserers près d'Ottawa et autres localités de la vallée de l'Ottawa, une faune et une flore très intéressantes qui indiquent un climat froid et une époque de submergence marine. — La nomenclature de la période Pleistocène de l’est du Canada comprend, entre autres horizons et formations géclogiques, les sables ou formation Montréal Suxicava, les graviers et sables de Beauport, l'argile [æ] Leda, les sables Maconma, les sables Saint-Maurice et de Sorel. Les Plaines continentales intérieures. — Au Manitoba, la période Pleistocène récente est caractérisée par des plages la- custres et des dépôts de deltas. — La période Champlain y est représentée par les plages et les deltas du lac Agassiz accom- pagnés de terrasses et de vallées. — On y trouve aussi des tills, des moraines et des drumlins, et les valléesisont souvent tra- versées par des kames, d'âge glaciaire; le long de la rivière Rolling, on trouve des 2 argiles et des sables rapportables à à un âge soïE intra-, soit infra- glaciaire. LA PÉRIODE RÉCENTE Ce n'est qu'à la conclusion de la période Champlain que l’homme apparaît au Canada. — Un mouvement d’exhausse- ment suivit la période de submersion. — Des restes de mas- todontes et de mammouths indiquent la présence de ces ani- maux sur les rives nord du lac Erié peu de temps après la conclusion de la période glaciaire. On à découvert aussi les restes de villages et d'habitations des indigènes de l'Amérique du Nord, d'apres lesquels on peut étudier les progrès des races Américaines; on à trouvé, dans les dépôts de surface les plus récents, leurs tombeaux et cimetiè- res, ainsi que des instruments et objets de pierre et de cuivre, accompagnés d’ossements de castor, de daim, d'ours et autres animaux de chasse identiques à ceux de nos jours. LE NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 6 Québec, Fuin 1902 Directeur-propriétaire : l’abbé V.-A. Huard L'ONTHOPHAGUS NUCHICORNIS, LIN. En décembre 1899, nous annoncions l'apparition de l’'Ontho- phagus nuchicornis, Lin., dans la province de Québec ; nous l'avions trouvé à Saint-Ulric de Matane, à 75 lieues en bas de Québec. Le voici maintenant à Lévis où nous l'avons capturé pour la première fois le 22 mai dernier. Introduit d'Europe et fixé d’abord sur le littoral de l’Atlantique, cet insecte commence sa marche vers l’ouest en suivant les rives du Saint-Laurent. Voilà du moins ce que nous pouvons conclure de nos observa- tions. Ce n’est pas la première fois, d’ailleurs, qu'un insecte cherche ainsi à étendre les limites de son habitat. Par exemple, tout le monde se rappelle encore l'invasion de la trop fameuse Chry- somèle à 10 lignes, vulgairement appelée mouche à patute. Sa patrie d’origine était le versant oriental des montagnes Rocheuses, dans le Colorado. En 1859 elle commença son exode vers l’est, envahissant successivement le Nébraska, l’Iowa et la région des grands lacs. Elle était encore aux por- tes du pays, lorsque l’abbé Provancher fit entendre le cri d’a- larme et indiqua les moyens de combattre ce redoutable fléau. Sa voix fut à peine entendue, et la Chrysomèle franchit la frontière et arriva dans le district de Québec en 1877. La moy- -nne annuelle de sa marche avait été de 75 à 100 milles. Notre Onthophage semble garder à peu près la même vitesse. 6 — Juin 1902. PUY 82 LE NATURALISTE CANADIEN S'il n'a pas encore dépassé Lévis, on peut donc s'attendre de le voir dans une couple d'années dans la région de Montréal. Une différence profonde sépare cet insecte de la Chrysomèle au point. de vue économique. Cette dernière cause des ravages terribles, et on peut dire sans exagération qu'elle à coûté des millions de dollars aux pays qu’elle a traversés. L’Onthophage au contrai- re est un ami de l’homme, puisqu'il se range parmi les insectes. stercoraires, c'est-à-dire, ces insectes chargés de purifier lair en faisant disparaître les matières excrémentielles. Il vient. prendre sa place à côté des nombreux insectes qui remplissent. la même fonction, Scarabéides, Staphylinides, Hydrophilides et, Scatomyzides. Qu'il soit le bienvenu. ELIAS Roy, ptre, Collège de Lévis. LISTE DES COLÉOPTÈRES LES PLUS REMARQUABLES CAPTURÉS DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC EN 1899, 1900 ET 1901 Parmi les huit à neuf cents espèces de Coléoptères que j'ai rencontrées durant les trois dernières saisons, il s’en trouve un certain nombre qui, à cause de leur rareté, ou de leur ré- cente découverte dans notre Province, méritent d'être signa- lées à l'attention des amateurs d’entomologie. Je profite donc du hienveillant accueil que me fait le Nutu- raliste canadien pour mettre sous les yeux de ses nombreux lecteurs les noms de quelques centaines de ces intéressantes bestioles. Il m'est très agréable d'exprimer ici toute ma reconnais- sance à M. Chas. Liebeck, de Philadelphie, pour l’extrême obli- geance avec laquelle il a bien voulu nommer la plupart des espèces mentionnées dans cette liste. LISTE DE COLÉOPTÈRES 83 Je dois aussi la possession ñe plusieurs espèces très précieuses à la générosité de deux entomologistes zélés : le Rév. P. J.-E. Desrochers, C.S. V., du collège Bourget, et M. V. Champagne, de Montréal. CICINDELIDÆ Cicindela longilabris, Say. — Val Morin. < Hmbalis, Lec. — Mont Royal. CARABIDÆ Dyschirius longulus, Lec. — Montréal. , sphæricollis, Say. e : Bembidium punctatostriatum, Say. — Joliette. 3 nitidum., Kirb. — Val Morin. S antiquum, Dej. — Montréal. z concolor, Kirb. — ? Tachys lævus, Say. _— : Pterostichus Sayi, Brulle. — Rigaud. Amara latior, Kirb. — Montréal. y apricarius, Payk. en à Bradycellus nigriceps, Lec. — à DYTISCIDÆ Hydroporus consimilis, Lec. — Cartierville. es puicher, Lec. — Rigaud. Scutopterus Hornii, Cr. — Montréal. Colymbetes longulus, Lec. — D Hydaticus stagnalis, Fab. = L GYRINIDÆ Gyrinus limbatus, Say. — Montréal. k dichrous ?, Lee. — k Fa analis, Say. as 4 84 LE NATURALISTE CANADIEN HYDROPHILIDÆ Cercyon hemorrhoïdalis, Fab. —— Montréal. ») prætextatum, Say. — F pygmæum, II. = x ;, unipunctatum, Lin. — ds À anale, Payk. — SILPHIDÆ Necrophorus pustulatus, Melsh. — Joliette, Rigaud. Choleva terminans, Lec. — Montréal. Liodes globosa, Lec. — k , | polita, Lec. == a , discolor, Melsh. = i , obsoleta, Horn. — ke basalhs bee. » STAPHYLINIDÆ Acylophorus pronus, Er. — Montréal. Heterothops fumigatus, Lec. — e Quedius sublimbatus, Makl. — w x lævigatus, Gyll. — À ss vernix, Lec. — ñ Staphylinus cæsareus, Cederh. — s: 2 fossator, Grav. — Rigaud, Val Morin. La violaceus, Grav. — Montréal. ’ viridanus, Horn. —. Rigaud. Belonuchus formosus, Grav. —- Montréal. Philonthus sericinus, Horn. — 5 ë debilis, Grav. — ä n varians, Payk. = 2 à longicornis, Steph. —— 3 + fusiformis, Melsh. — 2 sordidus, Grav. _— Le Xantholinus emmesus, Grav. — 12 ar LISTE DE COLÉOPTÈRES Leptacinus nigritulus, Lec. — . Lathrobium terminatum, Grav. — je à. simile, Lec. Ca » æ simplex, Lec. — ÿ Lithocharis ochracea, Grav. — # Sunius binotatus, Say. ee ; Tachynus memnonius, Grav. — 4 S flavipennis, Dej, — : \ luridus, Er, — : à fimbriatus, Grav. — Val Morin. k picipes, Er. — 2 . limbatus, Melsh. — Joliette. : frigidus, Er. — Montréal. s fumipennis, Say. — , e nitiduloides, Horn. — Val Morin. Tachyporus maculipennis, Lec. — Montréal. ÿ chrysomelinus, Lin. — e J macropterus, Steph. — A e nitidulus, Fab. = ot Cilea silphoides, Lin. — Montréal. Conosoma crassum, Grav. 2e u : pubescens, Payk. — : Boletobius intrusus, Horn. ee : “ trinotatus, Er. == * 2 quæsitor, Horn. — Val Morin. Oxyporus femoralis, Grav. — Montréal. A major, Grav. Æ # cs fasciatus, Melsh. — LS ÿ bicolor, Fauv. — Val: Morin. Oxytelus sculptus, Grav. — Montréal. à rugosus, Grav. LE % ï insionitus, Grav. —, £ Coprophilus striatulus, Fab. — À Arpedium cribratum, Fauv. — Rigaud. Homalium humerosum, Fauv. — Montréal. 85 Anthobium convexum, Fauv. — , Rig., Jol., Rimouski. 86 LE NATURALISTE CANADIEN Megarthrus Americanus, Sachse.— Val Morin. Glyptoma costale, Er. — Montréal. Triga picipennis, Lec. — < TRICHOPTERIGIDÆ Ptenidium evanescens, Marsh. — Montréal. SCAPHIDIIDÆ Scaphisoma suturale, Lec. — Montréal. CORYLOPHIDÆ Sacium lunatum, Lec. — Montréal. Sericoderus flavidus, Lec. — ïe COCCINELLIDÆ Anisosticta strigata, Thunb. — Rigaud. Coccinella tricuspis, Kirb. — Montréal. Harmonia 12-maculata, Gebl. — & Joliette. Hyperaspis undulata, Say. — . 5 fimbriata, Melsh. — ; î lugubris, Rand. — + Scymnus Americanus, Muls. — 3 3 tenebrosus, Muls. — 4 _ lacustris, Lec. _ L à punctum, Lec. — s ENDOMYCHIDÆ Mycetæa hirta, Marsh. — Montréal. Phymaphora pulchella, Newim. — " Lycoperdina ferruginea, Lec. — Le. EROTYLIDÆ Languria Mozardi, Lat. — Montréal. CURIOSITÉS VÉGÉTALES 87 Dacne 4-maculata, Say. — Rigaud. Megalodacne heros, Say. — Ischyrus 4-punctatus, Oliv. — 22 1 L-J. Ouvert: CSL. (A suivre.) CURIOSITÉS VÉGÉTALES (Continué de la page 71 du volume xxXVI1) Un mien ami, retour d'Afrique et de cette guerre intermina- ble qui dévasta l’un des plus beaux pays du monde, me dit qu'il existe dans le Natal et dans certaines parties de l'Etat libre d'Orange une plante curieuse, que les indigènes ont bap- tisée du nom d'arbre éternuant, » non pas, comme il semble- rait, que l'arbre éternue lui-même, mais parce qu'il fait éter- nuer. N'est-ce pas que c’est curieux ? Car enfin, vous avez beau regarder, considérer et examiner tous nos arbres, aucun 2 ? “ie » d'eux n’a d'influence quelconque sur les nez, aucun d'eux ne provoque le moindre éternuement. Tout autre est l'arbre afri- ain: on ne peut le regarder, ce semble, sans éternuer vio- lemment. La poussière de son écorce, toujours répandue dans l'atmosphère, a le même effet qu'une forte prise de tabac et irrite tellement le nez, que l’on ne peut s’empêcher de..... s’exécuter. Autre particularité curieuse : cet arbre n'est Ja- mais attaqué par aucun insecte et son bois se conserve toujours sain. Pourquoi? Simplement, paraît-il, parce que ce bois à une saveur particulièrement amère qu'on peut facilement constater en en gardant en bouche, pendant quelques instants, un petit morceau. Serait-ce, par hasard, avec ce bois que les Boers confectionnaient les « pilules amères » dont ils régalaient périodi- quement nos amis les Anglais, et la poussière de l'arbre afri- cain aurait-elle pénétré jusque dans les bureaux du War Office, 88 LE NATURALISTE CANADIEN où l'on éternuait violemment à chaque nouvelle victoire... télégraphique achevée par John Bull Kitchener ? Mais ne voilà-t-1l pas autre chose encore plus singulière et. qui dépasse de plusieurs coudées l'arbre éternuant du Natal et. de l'Orange ! Car il y a, puisqu'il vous faut l’apprendre, une plante qui ne fait pas éternuer, mais qui éternue elle-même ! C’est un arbuste du genre vigne, originaire des contrées tropi-. cales, qu'on peut facilement transplanter et cultiver comme. plante d'intérieur. Seulement, —— car il y a un petit seulement, — l’Eutuda ne peut soufrir la ... poussière. Il faut avouer que la poussière n’est pas ce qu'il y a de mieux dans la vie, et. je connais beaucoup de personnes qui sur ce point sont Zurada. Il appert donc que, lorsque les pores qui servent à la respiration de la plante sont bourrés de poussière, il s’accumule dans la. feuille des gaz qui, à un moment donné, sont expulsés violem- ment, et l’on entend comme des éternuements et des explosions à côté desquels les manifestations du plus superbe des coryzas. sont fort peu de chose, proportions naturellement gardées. Et. alors, chers lecteurs, 1l se fait — chose invraisemblable mais pourtant vraie (dixit Boileau) — que la plante apparaît le vi- sage d’un rouge congestionné, s'il est permis d’ainsi parler : le sang, c'est-à-dire des globules d’une matière colorante rouge, se porte violemment à la surface des feuilles, tandis que les grains verts de chlorophylle se dérobent et disparaissent. pendant quelques instants Si donc vous avez le bonheur de. posséder chez vous une Æutada, veillez soigneusement à ne pas balayer la chambre en sa présence: la poussière aurait sur la pauvrette un effet désastreux et ferait croire aux personnes non prévenues qu’elles se trouvent chez vous en pleine influenza. Voilà l’histoire authentique dé ce curieux végétal, telle que me l’a contée un explorateur retour des parages où éternue- l’'Eutadu, et, dame, je vous la conte... J'avais toujours cru jusqu'ici que, pour avoir de l'encre, il fallait simplement passer chez le libraire ou en préparer soi- même avec dela poudre que ce même libraire vend contre: espèces sonnantes. Mais il paraît que je me trompais et que les. - PARTS 2 | CURIOSITÉS VÉGÉTALES 89 gens de la Nouvelle-Grenade ne vont pas chez le marchand, mais tout bonnement dans le bois voisin, où un arbre fort com- plaisant donne un liquide que l’on peut employer pour écrire, sans aucune autre préparation. 1l est même avéré que cette encre, d'abord d’un beau rouge, tourne rapidement en noir et peut se conserver indéfiniment. C’est fort bien. Tout de même, il est vexant de constater, dans ce cas comme pour bien d’au- tres, que l’homme s’est donné tant de peine pour découvrir un secret qui ne l'était pas, puisque le Bon Dieu a mis dans les forêts de la Nouvelle-Grenade plus d'encre qu’on n’en pourra Jamais consommer. La Nouvelle-Grenade est un peu éloignée ; mais il y a plus près de nous, en Floride, un arbre bien plus curieux, dunt l’é- trangeté consiste à faire ce que de nos jours beaucoup de mon- de ne fait plus: il rougit..... quand il pleut ! Phénomène incompréhensible, mystérieux, et splendide réalité, l’ «arbre rougissant » était bien connu des Séminoles, jadis les maîtres incontestés de la Floride, qui, dans leur langage poétique et mu- sical, l'appelaient « l’arbre-femme rougissant à la venue de son amant la pluie» Ce n’est pas que l'arbre rougissant soit très répandu; au contraire, il faut, pour l'aller voir, s'enfoncer bien avant dans les forêts marécageuses et s’aventurer dans cette végétation touffue et quasi impénétrable, au bord des lagunes où les caï- mans étalent leurs grâces et leur férocité. L'arbre a une ving- taine de pieds de hauteur et son feuillage, d’un beau vert d’é- meraude, ressemble beaucoup à celui du bananier dont je le crois proche parent. Et c'est ce feuillage, aux teintes d’éme- raude, qui, sous l'effet d’une ondée, rougit et prend décidément une couleur d’un rouge prononcé. La pluie tombe en torrents, l'arbre semble ensanglanté; mais bientôt, dans l'atmosphère rassérénée, le soleil, versant des rayons de feu, enlève au feuil- lage son éclatante et éphémère parure et l’arbre, finissant de. rougir, reprend sa teinte verte habituelle. * * * 90 LE NATURALISTE CANADIEN On trouve dans la presqu'ile de Malaisie une des curiosités botaniques les plus étranges qui se puissent concevoir. Imaginez une fleur n'ayant ni tige ni feuilles et croissant en parasite sur du bois en décomposition ! Cette merveille du règne végétal a près d’une verge de diamètre, et le milieu de la fleur consiste en un gobelet ayant une capacité moyenne de cinq à six pin- tes. Un beau gobelet, vraiment, et qui n'aurait pas déparé les tables des seigneurs du moyen âge, lorsque l’on cognait dur et que l’on buvait sec ! * Ë * Dans ces mêmes parages existe un parent de l’arbre-encre de Nouvelle-Grenade. Les fleurs de ce végétal contiennent un liquide d’un noir violet, dont les «belles » Chinoises se servent pour teindre leurs boucles soyeuses ou leurs sourcils ombrés. Par contre, les Javanaises, personnes peu adonnées à la cul- ture de leurs charmes, emploient le même liquide en guise de cirage. Les unes le mettent sur leurs têtes, les autres en arro- sent leurs pieds, tant il est vrai que De qustibus non est disputandum ! O merveilles de la mode féminine, qui s’'accommode du même produit pour des usages aussi différents ! Enfin, une petite constatation botanique. Une plante appelée Chérice a été placée en appartement, par hasard du nord au sud. Or, la tige qui supporte les fleurs et qui est plate dans le sens des feuilles, s’incline invariablement vers le sud à partir de midi: le matin, elle est inclinée au nord et s’appuie sur les feuilles. Ensuite, elle se redresse de 45°, à peu près, pour être droite à midi. À 21 heures, elle est déjà à 22° Sud. L'expérience est intéressante et facile à faire. HENRI TIELEMANS. L'AUTOMATISME DES ABEILLES 91 LA CHASSE AUX INSECTES, EN HIVER D'une lettre datée du 2 mai, reeue du Rév. Frère C.-J. Ouellet, de l'Institution -des Sourds-Muets de Mile-End, Montréal, nous détachons les intéressants passa- ges que volcl : ... Cet hiver, j'ai eu la bonne fortune de découvrir des Peupliers baumiers infestés par les larves de la Saperda mcs- ta, Lec., et, au même endroit, mais dans les vieilles tiges d’une espèce de Saule, des larves du Pogonocherus mixtus, Hald. et de l’Hyperplatys maculatus, Hald. J'ai très bien réussi à les faire métamorphoser dans ma chambre. Ce genre de chasse, nouveau pour moi, m'a rapporté un grand nombre de Saperdes et quelques beaux spécimens des deux autres espèces : de plus un magnifique Pæcilonota cyanipes, sorti également d’une branche de Saule; sans compter une cinquantaine de parasites : hyménoptères et diptères. Mais, comme il me faut un bon nombre de duplicata pour les échanges, j'ai rempli mes boîtes de nouvelles tiges de Saules, et je compte sur un rendement d’une centaine &’exemplaires. Quant aux larves de la Saperdu mæsta, qui sont maintenant (le 2 mai) à l’état de nymphes, il est assez difficile de s'en pro- curer: les Pics, très friands de ce mets que la Providence leur a servi, en ont devoré un grand nombre. L'hiver serait donc le temps le plus favorable pour faire cette chasse avec fruit... L'AUTOMATISME DES ABFILLES Certains naturalistes n'hésitent pas à doter quelques espe- ces animales, par exemple les chevaux, les chiens, les abeilles, etc., d’une dose plus ou moins forte de véritable intelligence. Pour ne parler aujourd’hui que des abeilles, M. Ab. Nelter a -soutenu, dans un mémoire présenté à l’Académie des Sciences, 92 LE NATURALISTE CANADIEN qu’elles ne sont que «de petites machines vivantes, fonctionnant. automatiquement en toutes leurs évolutions. » D'après cet auteur, tout se fait mathématiquement dans la construction des rayons et des alvéoles, comme en plusieurs autres opérations des insectes en question. Contrairement aux entomologistes, qui regardent comme intentionnelles plusieurs évolutions des abeilles, M. Nelter est d'avis que «tous leurs mouvements, sans exception, sont de la nature des réflexes, » c’est-à-dire des mouvements qui ne pro- cèdent aucunement de la volonté. Et, dans cet ordre d'idées, 1l explique assez bien, nous semble-t-il, les principales opérations. des abeilles que l’on pourrait être tenté de regarder comme. intentionnelles. Citons seulement les deux faits suivants quisont loin de dé- montrer de l'intelligence chez les abeilles. «On met n'importe quelle abeille sous une cloche avec du miel à sa disposition; elle cherchera uniquement une issue pour retourner à sa ruche, elle ne touchera pas au miel et se laissera mourir à côté de la nourriture. » — Quand l’on déplace la ruche à quelques mètres seulement de distance, «les buti- neuses revenant des champs s'accroupissent et s’agglomèrent sur l'emplacement vide, » mais ne s’aperçoivent nullement que. l'habitation est là, tout près. PETITES NOTES Nous commençons à publier, en cette livraison, une liste des. «Coléoptères les plus remarquables capturés dans la province de Québec, en 1899, 1900 et 1901.» C’est au Rév. Frère Ouel-- let, dont nous parlons ailleurs, que nous devons cette liste, très importante particulièrement parce que les localités de chaque. espèce y sont indiquées. PETITES NOTES 93 Nous avons sous les yeux un article de M. le chevalier C. Baillairgé, publié dans le Temps d'Ottawa, le 25 novembre 1901, sur les résultats, quant au Canada, du canal de drainage de Chicago. Il y a quelques années, M. Baillairgé avait jeté le cri d'alarme à ce sujet, dans le Naturaliste et ailleurs. Natu- rellement, personne ne s’en occupa, et les Américains continuè- rent à creuser le canal destiné à mettre en communication le lac Michigan, c’est-à-dire les grands lacs, et le golfe du Mexique. Suivant les calculs de l’'éminent ingénieur, ce canal détourne de notre Saint-Laurent 600,000 pieds cubes d’eau par minute, et par suite fait baisser d’un pied le niveau de l’eau entre Qué- bec et Montréal. La conséquence, c'est que le Canada dépen- sera beaucoup de centaines de mille piastres pour rendre au chenal la profondeur qu'il faut. M. W. L. Kells, naturaliste ontarien, appréciant la liste des espèces ornithologiques dressée par Sir James LeMoine, liste que nous avons publiée voilà quelques mois, dit qu'elle est la plus complète que lon ait fournie jusqu'à présent sur Îles oiseaux de la province de Québec. Cette liste comprend 277 espèces d'oiseaux. D’après M. LeMoine, c’est Jacques-Cartier qui a parlé d'orni- thologie le premier en Canada, pour ne pas dire même en Amé- rique. Dès les premiers chapitres de ses récits de voyage, en effet, il a fait mention des multitudes d'oiseaux de mer qui se trouvaient sur la côte du Labrador et sur les îles du Saint- Laurent. Cela nous fait remonter jusqu’en 1535. En 1632, c'est Lejeune et le Frère Théodad qui s'occupent des oiseaux du Canada. En 1663, Pierre Boucher, gouverneur des Trois-Riviè- res, décrit, à l’adresse de Colbert, les oiseaux, les mammifères, les poissons, ete., de la Nouvelle-France. LeHontan en 17083, Charlevoix en 1725, et Kalm en 1749, traitent à leur tour de la faune ornithologique du Canada. En 1760, c’est Jeffreys qui en traite dans un volume publié à Londres. Enfin, en 1831, 94 LE NATURALISTE CANADIEN paraît l'ouvrage de Swainson et Richardson. Et là nous ap-- prochons de 1861, date de publication des Oiseaux de M. Le- Moine. Telle est, en abrégé, l'histoire ancienne de l’ornithologie- canadienne. UNE PLANTE ÉTRANGE L'honorable M. C. B. de Boucherville, qui s'est toujours. beaucoup intéressé à l’œuvre du NATURALISTÉ CANADIEN, nous envoyait, vers la fin de mai, un lot de racines tubéreuses, où les. tubercules, à peu près de la grosseur des prunes, sont disposés en chapelet, étant séparés l’un de l’autre par des filaments plus ou moins allongés. Les pêcheurs du lac Saint-Pierre donnent le nom de «pommes ‘de terre » à ces tubercules dont,. paraît-il, l’on se sert dans l’alimentation. Ces racines, ajoute-t- on, courent tout près de la surface des rivages. Mais le plus. curieux, toujours d’après ce qu'on nous dit, c'est que ces végé- taux n’ont ni feuilles ni fleurs. Pour nous, c’est la première fois que nous voyons ces tuber- cules, qui n'existent sans doute pas dans la région de Québeec,. et nous sommes très empêché d'en dire quoi que ce soit. Comme il doit y avoir quelques-uns de nos lecteurs qui con- naissent la plante dont il s’agit, nous les prions de nous donner les renseignements qu’ils possèdent — confirmant ou contre- disant les détails que nous venons d'exposer. L'HISTOIRE NATURELLE DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC Le Journul, de Montréal, reproduisait, en son numéro du 20: juin, un article portant le titre que l’on vient de lire et publié PUBLICATIONS RECUES 95: par M. Leymarie dans le bulletin de la Société d'histoire natu- relle de Loir-et-Cher. L'état de choses signalé par cet article est loin d’être bril- lant, et nous voudrions pouvoir dire que le correspondant montréalais qui l'a décrit s’est trompé. Mais nous avons nous- même tracé à peu près le même tableau dans le Naturaliste de 1901. Il se fait pourtant un progrès, parmi nous, dans l’é- tude des sciences naturelles, mais bien lentement; et, à ce train-là, ce n'est pas avant un siècle que ces études recevront ici l'attention qu’elles méritent. PUBLICATIONS REÇUES — Botanical Biblicyraphy of Canada,— 1900, by À. H. Mackay, LL. D. — Xos lecteurs ont dû remarquer que la revue consacrée à l'étude des Mousses, Hépatiques et Lichens, The Bryologist, paraît maintenant tous les deux mois. Voir l'annonce. — Cunadianæ est une revue mensuelle, in-4°, publiée par notre ami et collaborateur M. Tielemans. Rédigée en français et en anglais, elle s'occupe de la philatélie et de pressophilie canadienne, et elle intéresse par conséquent tous les collection- neurs de journaux et de timbres-poste. (Abonnement : 50 cts pour le Canada et les E.-U. ; Union postale, 3 francs. S'adres- ser à M. O.-H. Tielemans, Mariahilf, Grenfell, Assa., N. W. T.) — G. Chagnon, Etudes préliminaires sur les Syrphides de La province de Québec. Brochure de 75 pages (voir l'annonce.) C’est, à coup sûr, la premiere publication qui se fait, au Ca- nada, d’un travail diptérologique. Nous recommandons aux amateurs et aux institutions de se procurer cette brochure, dont le tirage est très limité. Il convient que l’auteur puisse au moins faire ses frais de publication, pour qu'il ait le coura- rage d'entreprendre l'étude d’autres familles de Diptères. 96 LE NATURALISTE CANADIEN Occasion — A céder, immédiatement, un Kodak ( N° 2 Bullet, Eastman Kodak Co. }), en bon ordre, 31% x 312 pcs, avec boite en cuir bandoulière, et canne-trépied articulée, le tout ayant coûté une dou- zaine de piastres, — pour $ 5.00. S’adresser à: P. L., bureau du NATURALISTE CANADIEN. « Canadiana » — Revue mensuelle de pressophilie et de phi- latélie canadienne. 50 cts ou 3 frs par an. Demandez un N° spécimen. Directeur, O.-H. Tielemans, Mariahilf, Assa, N. W.T., Canada. Vient de paraitre ETUDES PRÉLIMINAIRES SUR LES SYRPHIDES DE LA PRO- VINCE DE QUÉBEC, par G. Chagnon. 75 pages in-8°. — L'ex. franco: 50 cts, au bureau du Natuwraliste canadien, Québec, et chez l’auteur, Boîte-poste 186, Montréal. PHŒNIX ASSURANCE COMPANY OF LONDON. CAPITAL : $ 13,444, 000 Fait affaire au Canada depuis 1804. Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de sûreté. PATERSON & SON, Agents généraux, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi. LAMROV AT CORPS d'Assurance d'Angleterre. CAPITAL : $ 10,000,000. — VERSEMENTS : $ 42,000,000 La plus considérable de toutes les compagnies d’assurance contre le KEU. PE RE eee ou Ge W. M. Tarzey, Agent général, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean. ..CHICOUTIMI LE NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 7 Québec, Fuillet 1902 Directeur-propriétaire : l'abbé V.-A. Huard RACES PRÉHISTORIQUES La découverte récente, dans la baie Saint-Augustin, sur la côte sud-ouest de l’île de Madagascar, d’un œuf—frais, espérons- le, — d’un oiseau que l’on croyait éteint, vient de mettre en émoi les naturalistes de l’ancien et du nouveau monde. Il s’agit de l'œuf de l'oiseau géant, l’Epyornis, espèce de la période post-pliocène ; l'œuf flottait, sur l’onde de la baie. Cette étrange trouvaille à inspiré à des érudits allemands d'organiser, sous la direction du savant professeur Krause, une expédition pour explorer l'île de Madagascar, dont l’intérieur est encore inconnu à la science. On veut établir l'existence ou la non-existence du grand volatile que l’on disait avoir disparu à jamais, malgré les rap- ports de quelques voyageurs. « Les restes de ce gigantesque oiseau et son œuf énorme sont conservés, dit Michelet, au Mu- séum de Paris, et l’on a calculé qu'il devait être cinq fois plus gros que l’Autruche.. .L'Épyornis, l’Hercule-oiseau, un aigle de vingt pieds d'envergure. » L'œuf que l’on vient de trouver, flottant près de Madagascar, c'est le trente-quatrième œuf d'Epyornis connu; c’est aussi le plus gros que l’on ait encore vu. On pense que la pondeuse à dû mesurer en hauteur quinze pieds et peser au delà de 2000 livres. 7 — Juillet 1902. 98 LE NATURALISTE CANADIEN Comme le texte du New York Post, contient nombre de termes techniques, je demanderai au Vaturaliste canadien de vouloir bien donner le texte même de l'écrit annonçant l’é- trange trouvaille. (1) J.-M. LeMoine. THE SEARCH. FOR THE EPYORNIS (New Vork «Post») The recent finding of an egv of the great epyornis, floatimg about in St. Augustine Bay, on the southwest coust of Madagascar, has induced à party of Germans, headed by Gottlieb Adolf Krause, the German explorer, to undertake an exploration of the remote interior of Madagascar in search of possible living specimens of this great bird of the post- pliocene period of the world's history. The egg may have eôme down with the floods from the unexplored interior of the island, or may have been buried for centuries in the sand, preserved by some curious freak of nature, and then carried to sea. Which of these theories is the proper one, Professor Krause and his party will try to discover. According to geologists, at one time Madagascar and the islands east of Africa were one, but later the land subsided and left the islands separated by à strait, and since that time the islands have developed species to themselves. The climatie changes which ensued are believed by some to have exterminated the epyornis. But others decla- re that, as the country changed, the gigantic bird retired dee- per and deeper into the wilderness, where it has remained for centuries without molestation, unless it has been annihilated by some unknown savage tribe in the interior, and will be found there to-day Somewhere between the desert and the Aukarah Mountains. The finding of the ego in St. Augustine (1) Pour répondre au désir de notre collaborateur Sir James-M. LeNoine, nous publions volontiers le texte anglais de l’article qu'il a bien voulu nous communi- quer. Mais nous en donnons aussi la traduction, en faveur de ceux de nos lecteurs qui ignorent l'anglais. Rép. sd lila à rm. aies THE SEARCH FOR THE EPYORNIS 99 Bay has deepened this impression, and Professor Krause will try to establish the truth of the theory that the ege is of re- cent origin and not curiously preserved throuoh centuries. Several French adventurers have tried to penetrate into the interior, but they have returned without definite results, tel- hng only of brief glimpses of queer animals, which were not accepted as-valuable by scientists. Possibly the German explo- rers may be more fortunate. The ege found is the thirty-fourth in existence, and the lar- gest is 9 by 14 inches in diameter. The bird itself is believed by scientists to have been fully fifteen feet high and to have weighed more than à ton, far larger than the ostrich, which is itself a dangerous bird to handle ; a blow from its claws would be fatal. Stories of some such bird in the interior have long been extant among natives, not only of Madagascar, but of other countries, and interest in them has been awakened by the finding of the new egv. The trials the expedition will have to contend with will be the inhospitability of the inhabitants, scorching heat, scarcity of water, malarial swamps, and extre- me perils of journeying through primeval tropical forests. Fwo other parties in search of the epyornis met death in the burning deserts of Kiliarivo, but, with the better appliances car- ried by Professor Krause and his party, it is believed that they will make discoveries that will prove the existence or non- existence of this great bird of prehistorie times. Previous re- searches have not been carried on beyond the high table-land, but the Germans will try to penetrate the wilds beyond the Ouilahy River. (Traduction) La trouvaille récente d’un œuf du grand Epyornis, flottant dans les eaux de la bare Saint-Augustin, côte sud-ouest de Madagascar, a poussé un groupe d’Allemands à entreprendre, sous la direction de l'explorateur allemand Gottlieb Adolf Krause, l'exploration des parties reculées de l'intérieur de Ma- dagascar, où pourraient se trouver des individus vivants de ce: 100 LE NATURALISTE CANADIEN gigantesque oiseau de l’époque post-pliocène. L'œuf que l’on à recueilli peut avoir été entraîné par les cours d’eau de la par- tie intérieure et inexplorée de l'île, on bien avoir été poussé à la mer après être resté des siècles enfoui dan: le sable, conservé de la sorte par quelque fantaisie de la nature. Le professeur Krause et ses compagnons vont précisément essayer de décou- vrir laquelle de ces deux théories est la bonne. D'après les géologues, il y eut un temps où Madagascar et les îles situées à l'est de l'Afrique ne formaient qu'une seule terre ; plus tard, les terrains se seraient affaissés, et les îles se seraient trouvées séparées par un détroit ; et, depuis cette épo- que, les îles auraient vu se développer chez elles une faune spéciale. Les modifications de climat dont ces bouleversements auraient été l’origine, telles seraient, suivant l'opinion de quel- ques-uns, les causes de l'extinction de l’Epyornis. Mais d’autres prétendent que, à mesure que le pays se modifiait, l'énorme oiseau se retirait de plus en plus au fond du'désert : il y serait demeuré des siècles sans être dérangé, à moins qu'il n’ait été détruit par quelque tribu sauvage de l’intérieur, et on devrait l'y trouver aujourd’hui, quelque part entre le désert et les monts Aukarah. La trouvaille de l'œuf sur la baie Saint-Augus- tin à donné du poids à cette seconde opinion; et le professeur Krause va s’efforcer de prouver que l’œuf est d'âge récent, au lieu d’avoir été conservé, de façon étrange, à travers les siècles. Des aventuriers français ont tenté de pénétrer à l’intérieur de l’île; mais ils sont revenus sans avoir obtenu beaucoup de succès, racontant seulement qu'ils avaient entrevu des ani- maux bizarres, récits auxquels du reste les gens de science n’ont guère accordé de crédit. Il est possible que les explorateurs allemands soient plus heureux. L'œuf en question est le 34e que l’on possède, le plus gros ayant un diamètre de 9 pouces sur 14. De l'avis des savants, l'oiseau devait avoir au moins 15 pieds de hauteur, et peser plus d’une tonne. Il aurait donc été plus grand que l’autruche, qui elle-même est d’un commerce plutôt dangereux, et dont un coup de patte suffit pour occire les gens. L'ASSOCIATION ENTOMOLOGIQUE DE MONTRÉAL 101 Parmi les naturels de Madaga:car et d’autres contrées, il a couru longtemps des rapports de l'existence, à l’intérieur des terres, de quelque oiseau de cette sorte, et la trouvaille de l'œuf dont nous parlons a ramené l'attention sur ces récits. L'expédition aura à faire face à des obstacles: les mœurs inhospitalières des indigènes, la température brûlante, la rareté de l’eau, des marécages à l’air empesté, et les immenses dangers qu'il y a à voyager à travers la forêt vierge des pays tropicaux. Deux autres expéditions, parties en quête de l'Epyornis, ont péri dans les déserts brûlants de Kiliarivo. Mais le professeur Krause et ses compagnons sont équipés de façon si perfectionnée, que lon peut s'attendre à les voir revenir avec des faits qui dé- montreront l'existence ou la non-existence du gisvantesque oiseau des époques préhistoriques. Les recherches antérieures n'ont pas dépassé les hauts plateaux ; mais les explorateurs allemands vont essayer de pénétrer dans les déserts situés au delà de la rivière Ouilahy. L'ASSOCIATION ENTOMOLOGIQUE DE MONTRÉAL La deuxième et la troisième séance de cette association eu- rent lieu le 7 et 21 juin dernier, à la résidence de M. Steven- son, 906, rue Saint-Urbain. On débuta par l'élection des membres suivants : Messieurs les abbés V.-A. Huard, de Québec, et P.-A. Bégin, de Sherbrooke ; Messieurs C. W. Johnson et J. Chester Bradley, de Philadel- phie, Dr Guillaume, de Bruxelles, Belgique, C.-J. Ouellet, Ger- main Beaulieu et A. McSween, de Montréal (1). M. l'abbé Huard fut chaleureusement remercié pour l'intérêt qu'il témoigne à cette association, en voulant bien publier dans le Naturaliste canadien le compte rendu de ses opérations. (1) Au nombre des membres fondateurs de cette asssociation (voir rapport de la première séance) devait se compter Madame Charles Stevenson, entomolo- giste zélée. 102 LE NATURALISTE CANADIEN Il y eut excursion entomologique à Rigaud, P. Q., les 24 et 25 mai dernier. Un grand nombre de spécimens furent capturés, représentant au delà de 200 espèces, dont un certain nombre fut classé immédiatement, donnant, parmi les plus rares, Gule- rit janus, Fabr., Penthe obliquata, Fabr., et pimelia, Fabr., Callimoxys sanguwinicollis, Ov, Grynocharis 4-lineut«, Melsh., dans les Coléoptères : Sphecomyia wittatu, Wied., Neo- aseia globosa, Walk., Sphegina Sp. dans les Diptères. M. Stevenson lut l’histoire complète de l'Osmoderma eremi- cola, Knoch., et rendit son travail très intéressant en montrant à l'assistance plusieurs larves, chrysalides et cocons de cet insecte. Plusieurs spécimens de la Zehia vertebrata, Say, grand diptère de la famille des Dexiides et parasite de ce même Coléoptère, furent aussi exhibés. M. Stevenson rapporta que neuf de ces Diptères sortirent, vers le 18 juin, d’une seule larve d’'Osmoderme. M. Chagnon eut le plaisir de faire visite à M. l'abbé Bégin à Sherbrooke, et d'examiner ses collections qui sont assez con- sidérables, surtout dans les Lépidoptères et les Diptères. Parmi les espèces appartenant à ce dernier ordre, se trouvent plusieurs raretés: Tipula abdominalis, Say, Spogostylum Œdipus, Fabr., Trypeta florescentiæ, Lin. Seyphella flavu, Lin, Liancalus genualis, Loew, Heteroneura flavifacres, Coq. ete. Il est à mentionner que les collections de M. Bégin sont toutes composées d'insectes capturés à Sherbrooke ou dans les environs de cette ville. M. Chagnon lut un article sur les Tabanides, par M. J.-S. Hine, donnant plusieurs bons conseils pour capturer les mâles de ces Diptères, sexe toujours pauvrement représenté dans les collections. Un travail intitulé « Insect disguises » fut lu par M. Denney, indiquant nombre d'exemples de la ressemblance frappante qui souvent existe entre un insecte et la plante sur laquelle 1l vit. Une intéressante communication de M. C.-J. Ouellet rap- porta la capture d’une magnifique Hyménoptère, l’'Orissus hæmorrhoidalis, Harr., insecte réputé rare. GC COLÉOPTÈRES DE LA PROVINCE 103 LISTE DES COLÉOPTÈRES LES PLUS REMARQUABLES CAPTURÉS DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC EN 1899, 1900 ET 1901 (Continué de la puge ST) COLIDIIDÆ Synchita fuligimosa, Melsh. — Montréal. RHYSSODIDÆ Clinidium sculptile, Newm. — Montréal. CUCUJIDÆ Læmophlæus adustus, Lec. — Montréal. F testaceus, Fab. = F Dendrophagus cygnæt, Mann. — Rigaud. CRYPTOPHAGIDÆ Henoticus serratus, Gyll. — Montréal. Cænoscelis ferruginea, Sahl. — ; Atomaria ochracea, Zimm. 25 ss ephippiata, Zimm. ne LE] » MYCETOPHAGIDÆ Mycetophagus bipustulatus, Melsh. — Montréal. £ pluripunctatus, Lec. — Rigaud. Triphyllus humeralis, Kirb. — Montréal. Typhæa fumata, Lin. — ne DERMESTIDÆ Anthrenus musæorum, Lan. — Rigaud. HISTERIDÆ Hister cognatus, Lec. Montréal. 104 LE NATURALISTE CANADIEN Hister abbreviatus, Fab. — 4 rs dispar, Lec. — Rigaud. + subrotundus, Say. — Montréal. Dendrophilus punctulatus, Say. — Plegaderus Sayi, Mars. — LE] t NITIDULIDÆ Cercas abdominalis, Er. — "Terrebonne. ; pennatus, Murr. —— Rigaud. Carpophilus niger, Say. —— |, Montréal. L. corticinus, Er. —_ £; 6 brachypterus, Say. —— is Epuræa corticina, Er. — à ? avara, Rand. — Montréal. À truncatella, Mann. — Hs 1. sp. ? — Commune à Joliette. Stelidota S-maculata, Say. — Montréal. Ptometopia 6-maculata, Say. — Omosita discoidea, Fab. — Cryptarcha concinna, Melsh. — Rhizophagus scalpturatus, Mann. — < bipunctatus, Say. — a ù remotus, Lec. = . LATHRIDIIDÆ Lathridius minutus, Lin. — Montréal. Corticaria grossa, 2e F 4 ferruginea, Gy1l. — À ; villosa, Zimm. Le À à Americana, Mann. == 1 "à cavicollis, Mann. LE %h s F distinguenda, Com. 22 1e TROGOSITIDÆ Tenebrioides corticalis, Melsh. — Montréal. COLÉOPTÈRES DE LA PROVINCE Tenebrivides Americana, Kirb. = x Calitys scabra, Thunb. — Val Morin. Monotoma picipes, Hbst. — Montréal. fulvipes, Melsh. — Ainericana, Aube. — 4 PARNIDÆ Dryops suturalis, Lec. — Montréal. Elhnis 4-notatus, Say. — 5 DASCYLLIDÆ Macropogon rutipes, Horn. — Rigaud. Eurypogon niger, Melsh. = " Montréal. Ptilodactyla serricollis, Say. — Joliette. Helodes thoracica, Guér. — Montréal. Sairtes orbiculatus, Fab. = ts ELATERIDÆ Tharops ruficornis, Say. — Montréal, Rigaud. Nematodes penetrans, Lec. — Rigaud. Cryptohypnus tumescens, Lee. — Montréal. Elater fusculus, Lec. —— Rigaud. Megapenthes stiomosus, Lec. — Mélanotus Leonardi, Lee. _ Limonius auripilis, Say. — aurifer, Lec. — ,, », 2 ER æger, Lec. — À Sericosomus silaceus, Say. — x Coryimbites virens, Schr. — Montréal. $ vernalis, Hentz. —_ s * triundulatus, Rand. — Rigaud. (A suivre.) C.-J'OvErcer, C:S: V: 106 LE NATURALISTE CANADIEN COMMENT SONT FAITS LES MICROBES Les microbes sont, en quelque sorte, des êtres vivants réduits à leur plus simple expression. Les Infusoires et autres Protozoaires, cependant si simples comme structure, sont, à côté d'eux, des organismes infiniment compliqués. Chaque Bactérie n’est, en effet, qu'une petite boule de protoplasma, sans même trace de noyau, et entourée d’une mince membrane presque insignifiante. Quant à la forme extérieure, elle se divise en trois groupes : 1° Lorsque les Microbes sont arrondis ou légèrement ovoïdes, on les appelle des Micrococcus, nom que, dans le langage cou- rant, on résume parfois en celui de «Coccus» (prononcez : Koccusse) : 2° Si l’un des diamètres du Microbe l'emporte sensiblement sur l’autre, on a des formes en bâtonnets, qui constituent le genre Bacillus. Il peut arriver qué les bâtonnets soient fort longs et se transforment en filaments, comme cela se voit chez les Cladothrix ; 3° La troisième forme se présente sous l'aspect d’une spirale à tours plus ou moins serrés: ce sont les cas des Sperillum et des Spirochcæte. Supposons que cette spirale se coupe en petits fragments ; chacun de ceux-ci sera légèrement courbé et aura la forme d’une virgule: le fait est bien connu dansle microbe du choléra, que l’on a appelé longtemps le « Bacille-virgule ». Quand on met les microbes dans de mauvaises conditions de nutrition, ils prennent des formes bizarres; on donne à ces monstruosités le nom de «formes d’involution ». Ainsi, quand le Bacillus aceti, la «mère du vinaigre», se trouve dans un milieu nutritif appauvri, il se renfle d’une façon irrégulière et prend des formes en fuseau, en bouteille, en biscuit, etc. Quoi qu'il en soit, les Bactéries sont extrêmement petites ; il faut les plus forts grossissements du microscope pour les étudier. Pour exprimer en chiffres leur dimension, on prend comme unité le millième de millimètre et on le désigne par la COMMENT SONT FAITS LES MICROBES 107 lettre grecque 72. Les espèces sphériques, les Microcoques, n’ont pas plus de Ÿ m, ? à ? im. Les bâtonnets ont une largeur variant dans les mêmes limites, avec une longueur de deux à dix fois plus grandes. Examinés, tels quels, au microscope, les microbes se présen- tent comme de petites masses hyalines, où l’on ne distingue aucune trace de structure. Ponr déceler de ces caractères à celles-ci, il faut faire appel à divers réactifs colorants ou autres. C’est ainsi que l'existence d’une membrane à la périphérie des éléments n'apparait manifestement, que lorsqu'on les traite par une solution de sel marin à 2, 5 p. 100 ou par une solution de salpêtre à 5 p. 100. Dans ces conditions, le protoplasma, comme on dit, se « plasmolyse », c’est-à-dire qu’il se contracte en se sé- parant de la membrane qui, dès lors, montre un double contour. Quand la membrane est assez épaisse, on y reconnaît deux couches, l’une interne, la couche cuticulaire, d'apparence solide, l’autre externe, la couche gélatineuse, plus molle, mal limitée, apparaissant comme un liséré hyalin autour de l'élément. Il arrive assez souvent que cette distinction de la membrane sur deux couches soit encore plus exagérée. La couche gélati- neuse est très épaisse et enveloppe chaque élément d’une sorte de capsule : cela ressemble un peu à une graine de lin, plongée dans l’eau et entourée de sa gaine mucilagineuse. Ces formes d'éléments «encapsulés » sont très fréquentes, mais n’apparais- sent, pour chaque espèce, que dans des conditions déterminées : Je fait est bien connu chez le Pneumocoque et le Pneumobacille. Très souvent, la production de la couche gélatineuse est en quelque sorte exagérée : les éléments sont soudés les uns aux autres par une masse gluante dont la grande dimension la rend visible à l'œil nu. On a alors ce qu’on appelle des zooglées. On peut en obtenir très simplement, par exemple, en laissant pourrir, pendant quelques jours, des haricots au fond d'un verre d’eau. On à aussi un bel exemple de zooglées dans le Leuconostoc mesanteroides, où, sous le nom de gommes de sucre- ries ou de frais de grenouille, elles forment des boules gélati- neuses, parfois énormes, qui bouchent les conduites des jus 108 LE NATURALISTE CANADIEN sucrés. Dans ces « gommes », les éléments bactériens ont une- disposition assez régulière. Mais, dans les zooglées ordinaires, les Microbes sont disséminés dans la masse gélatineuse d’une manière quelconque. Lorsqu'on laisse du vin exposé à l'air, on ne tarde pas à le voir se recouvrir d'un « voile » de'mère du vinaigre, où les élé- ments sont réunis entre eux par de la gélatine. Ce voile est. une zooglée étalée en lame. On peut obtenir une production analogue en laissant croupir du foin dans de l’eau ; à la sur- face apparaît un voile provoqué par le Bacille subtile. Et enfin, pour avoir terminé ce qui à trait à la membrane, disons que sa composition chimique est mal connue, fait regret- table qui laisse un doute sur la véritable place des Bactéries: duus la classification des êtres vivants. On sait en effet que, chez les animaux, la membrane des cellules est de nature albu- minoide, tandis que, chez les végétaux, elle est de nature: hydrocarbonée, et constituée surtout par de la cellulose. Chez les Microbes, dans la majorité des cas, la membrane- est de nature albuminoïde: ce n’est que du protoplasma diffé- rencié légèrement daus le but de protection. On a une preuve de ce fait dans la coloration jaune qu'elle prend par l'iode, et jaune-rouge par le réactif de Millar:; les couleurs d’aniline la colorent aussi de la même façon que les matières albuminoïdes. Dans quelques cas spéciaux, cependant, on a pu, dans la membrane, déceler la présence de la cellulose : c’est ainsi que, dans certains éléments de la Sarcine dorée, la membrane réagit. tont à fait à la manière de celle des végétaux, c'est-à-dire- qu'elle bleuit par l’acide sulfurique et l’iode ou le chloro-iodure- de zinc. On a fait des observations analogues, mais un peu moins nettes, chez le Bacille tuberculeux, le Bacille subtil, etc. Il semble done que l’on doive considérer les Microbes comme des végétaux, mais auxquels la vie parasitaire ou saprophyti- que à retiré, en partie, la propriété de fabriquer de la cellulose. Mais revenons au contenu même desMicrobes : leur partie es- sentiellement vivante, leur protoplasma. Sans réactif, il paraît d’une homogénéité parfaite. Mais en faisant agir quelques. COMMENT SONT FAITS LES MICROBES 109 réactifs colorants, on arrive à voir qu'il n’est pas aussi simple. Il est granuleux et présente par places de grosses masses avides de matières colorantes, variables d’ailleurs en nombre, dans une même espèce. Le protoplaema lui-même se divise en deux cou- -ches, l’une dite sous-cuticulaire, d'apparence réticulée ou formée d'alvéoles en forme de tonnelet ; l’autre, dite corps central, se colorant fortement par certains réactifs et formée parfois d’une ou plusieurs files d’alvéoles. Dans sa masse, le protoplasma présente souvent des espaces clairs, des vacuoles, tantôt disséminés dans toute sa longueur, tantôt groupés au centre ou à une extrémité. Quant au noyau, qui ne manque jamais dans les cellules ani- males ou végétales (sauf les aloues de la famille des Chloro- phycées), on n’en trouve, ici, pas trace, et c’est un caractère à la fois très général et très singulier des Bactéries. Certains naturalistes considèrent cependant que le noyau existe dans les éléments microbiens, mais diminué dans le protoplasma et constituant soit une bonne partie du «corps central », soit les granulations avides de réactifs colorants que nous avons signa- lés plus haut; maïs ce n’est là qu’une vue de l'esprit. Dans le protoplasma, on peut mieux trouver diverses substan- ces issues de leur activité, notamment des «graines rouges », des granulations graisseuses qui lui donnent une apparence gri- sâtre, des granulations de soufre chez les espèces vivant dans des eaux sulfureuses et de nombreuses matières colorantes chez les bactéries «chromogènes » Nous venons, dans ce qui précède, de parler, à plusieurs repri- ses, de «réactifs colorants » ; il peut être utile de donner quel- ques notions sommaires sur la manière dont on les utilise. Les matières colorantes dont on se sert pour colorer les mi- crobes se divisent, au point de vue de leur action, en deux grou- pes : 1° Les couleurs acides (éosine, tropéoline, fluorescéine, safra- nine, acide picrique), qui teignent les microbes à peu près uni- formément, de même que les tissus qui les environnent ; 2° Les couleurs basiques (couleurs d’aniline), qui colorent plus 110 LE NATURALISTE CANADIEN les microbes que les tissus environnants, ce qui les fait apparaî- tre plus nettement. Certaines couleurs agissent mieux quand on y ajoute un «mordant », comme la potasse étendue, le borate de soude, l’ani- line, le phénol, le thymol, etc. Parmi les niatières colorantes les plus employées, citons la fuchsine, le violet de gentiane, le violet dalhia, le bleu de mé- thylène, le vert de méthyle, l’hématoxyline. Voici comment on procède pour effectuer ces colorations : sur une lamelle mince tenue horizontale à l’aide d’une pince, on dépose une goutte du liquide contenant les microbes et on l’étale le plus possible à l’aide de l'aiguille de platine. Rapprochant alors la lamelle d’une flamme, on attend que la surface de la lamelle soit desséchée. À ce moment, on fixe les éléments, c'est- à-dire que l’on coagule leur protoplasma, en passant la lamelle deux ou trois fois dans la flamme, mais, naturellement, sans que la tempétature fasse rôtir les microbes qui sont à sa surface. Dans l'opération précédente, la surface microbienne doit être toujours maintenue en haut pour éviter l’attouchement direct de la flamme. Après fixation, on dépose sur la lamelle une goutte de matière colorante et on la laisse agir plus ou moins longtemps, suivant les cas. Quand on juge la coloration achevée, on lave à l’eau distillée, on laisse sécher, on traite par le xylol. KFinale- ment, on applique la lamelle, retournée cette fois, sur une lame de verre, en les séparant par une goutte de baume de Canada. Pour obtenir certains détails de structure, il est souvent avantageux de colorer d’abord fortement, puis de décolorer ensuite. On peut ainsi différencier des espèces : les unes se dé- colorent facilement, les autres difficilement. Le procédé de déco- loration le plus employé est bien connu des bactériologistes sous le nom de méthode de Gram. Les microbes, fixés par un mélan- ge d'alcool et d’éther, sont coloriés à la solution de thionine- phéniquée, puis, sans être lavés, soumis à la solution de Gram : LOdE rer ALES. : NP ] gramme lodure de potassium 2 — Eau distillée ..... sr np _. COMMENT SONT FAITS LES MICROBES I On laisse dans cette solution de quatre à six secondes, puis on décolore par un mélange d’aleool absolu et d'un tiers d’acé- tone. Les bactéries qui «prennent le Gram » se distinguent très bien de celles qui ne le «prennent pas ». Bien entendu, les modes de coloration varient avec le résul- tat que l’on veut obtenir. C’est ainsi qu'on arrive à colorer les spores, qui, à l’état ordinaire, se colorent mal, en les traitant d'abord par l'acide sulfarique, puis en les soumettant à une chaleur sèche de 120° pendant une demi-heure. C’est grâce à ces méthodes spéciales que l'on a pu découvrir les cils vibratiles des microbes, cils dont la présence était.autre- fois absolument inconnue. Nous n’en citerons qu'une, celle de Nicollé et Morax. Les lamelles, simplement desséchées, sont traitées par une goutte d’un bain mordant, contenant du tanin à l’éther, du sulfate ferreux et de la fuchsine. On chauffe une dizaine de secondes sur une petite flamme. Des que les vapeurs apparaissent, on lave. On recommence deux ou trois fois la même opération, puis on colore à la fuchsine. De cette façon, on voit que les Microbes mobiles possèdent, suivant les espèces, un nombre variable de cils vibratils, en général d’une longueur remarquable : les Microbes immobiles en sont dépourvus, ce qui prouve qu'ils sont bien les agents du mouvement. Les vibrions cholériques ont tantôt un cil unique situé à une extrémité, tantôt deux cils à chaque extrémité. Le bacille typhique en est souvent couvert. Chez un ferment nitreux, les cils ont vingt à trente fois la longueur des éléments micro- biens. Ils sont en général fragiles, rarement rectilignes, plus ou moins plexueux. Ajoutons, à leur propos, que s'ils suivent ces mouvements, ils n'en sont pas les agents exclusifs: Cest ainsi que les microbes de grande taille n’en possèdent pas, mais se déplacent nénnmoins par des contractions protoplas- miques. {Le Nuturuliste, Paris.) 112 LE NATURALISTE CANADIEN Occasion — À céder, immédiatement, un Kodak ( N° 2 Bullet, Eastman Kodak Co. ), en bon ordre, 312 x 312 pes, avec boîte en cuir 11 bandoulière, et canne-trépied articulée, le tout ayant coûté une dou- zaine de piastres, — pour $ 5.00. S’adresser à : P. L., bureau du NATURALISTE CANADIEN. = « Canadiana » — Revue mensuelle de pressophilie et de phi- latélie canadienne. 50 cts ou 3 frs par an. Demandez un N° spécimen. Directeur, O.-H. Tielemans, Mariahilf, Assa., N. W.T, Canada. Vient de paraître ÉTUDES PRÉLIMINAIRES SUR LES SYRPHIDES DE LA PRO- VINCE DE QUÉBEC, par G. Chagnon. 75 pages in-8°. — L'ex. franco: 50 cts, au bureau du Waturaliste canadien, Québec, et chez l’auteur, Boïîte-poste 186, Montréal. 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Jetté, lieu- tenant-gouverneur de la Province, et Lady Jetté. M. J.-U. Gregory, officier du ministère de la Marine et des Pêcheries, lut au seigneur de Spencer Grange une très belle adresse de félicitation pour ses nombreux travaux historiques et scientifiques, et lui présenta son portrait, grandeur naturelle, œuvre de Wickenden. Sir James y est représenté assis, travail- lant dans sa bibliothèque. La ressemblance est parfaite. N'ayant pas eu l’occasion de le faire autrement, le Natura- liste canadien est heureux de s'associer, par ses vœux sincères, à cet hommage mérité qu'un groupe de nos concitoyens a ren- du au doyen de nos naturalistes, notre éminent collabora- teur. Nous prions Dieu, qui a conservé à Sir James LeMoïine une santé relativement bonne dans un âge si avancé, d'ajouter encore bien des années aux 77 ans qu'il lui a jusqu'ici ac- cordés,. 8 — Août 1902. ) L/ 114 LE NATURALISTE CANADIEN DE QUÉBEC A CANSO STATION DE BIOLOGIE MARITIME DU CANADA La réunion d'été du bureau d'administration de la Station de biologie a eu lieu à la Station elle-même, à Canso, N.-E, le 24 juillet dernier. Nous avons pu nous y rendre. Le voyage de Québec à Canso semble, de prime abord, un peu compliqué. Il est surtout long. Parti de Québec le soir du 21 juillet, parle chemin de fer Intercolonial, nous arrivions vingt-quatre heures après à Port Mulgrave, Nouvelle-Ecosse, en plein milieu du détroit de Canso. Ce trajet, de sept à huit cents milles, n’est pas fatigant, tant les aménagements du train de chemin de fer sont disposés pour le confort du voyageur ; il n’est pas non plus fastidieux tant l’on s'intéresse, durant le trajet de jour, à faire connaissance avec ces beaux pays du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle- Ecosse, et particulièrement à jeter un coup d'œil, en passant, sur les petites villes de Memramcook, de Moncton, de Truro, d'Anticonish, etc. Mulgrave, où nous avons dû passer la nuit, est un petit village dont les habitants sont, pour la plupart, employés dans lindus- trie de la pêche. Il y à une église catholique, dont le euré,M. l'abbé M.-B. Mullins, nous accueillit avec une grande sympathie. C’est à Mulgrave que se trouve, sur le continent, le terminus de l'Intercolonial. Mais comme il n’est pas contraire à l’es-ence des choses que les chemins de fer parcourent aussi des îles, et que d’autre part il y a ici en cause de puissants intérêts de commerce, l’Intercolonial poursuit sa route vers l’est à tra- vers l’île du Cap-Breton, jusqu'à Sydney, d’où l’on peut partir pour Terre-Neuve, terre assez voisine, et pour quantité d’autres endroits. Seulement, il y à à traverser le détroit de Canso ; et pour le traverser, les trains du chemin de fer font comme tout le monde : ils embarquent sur un bateau. Le bateau passeur qui traverse actuellement les convois, est de construction toute DE QUÉBEC A CANSO 115 récente et paraît être d’une puissance considérable ; il peut re- cevoir à son bord quatorze grandes voitures à voyageurs ou vingt et un wagons de marchandises. Bien que ce vaisseau fasse de fréquents voyages pour l'aller et le retour, il est évident qu'un pareil mode de traversée ne peut être con- tinué qu’à raison de l'impossibilité qu'il y aurait de faire autre- ment ou du peu d'importance du chemin de fer intéressé. Aussi, il est à prévoir qu'avant longtemps un pont jeté sur le détroit permettra la circulation ininterrompue des trains de l'Intercolonial : cela deviendra nécessaire à cause de la grande importance que prennent de jour en jour l’industrie minière et l'industrie métallurgique à Sydney, sur la côte est du Cap-Bre- ton, et à plus forte raison si l'on fait de cette ville un port d’escale de la ligne de vaisseaux rapides que l’on est sur le point d'établir entre l'Angleterre et le Canada. Quant à ce pont élevé sur un bras de mer où l’eau est très profonde, ce sera une œuvre de génie encore plus colossale, dit-on, que celle du pont de Québec. Cependant, il fallait s’arracher aux charmes de Port Mulgrave et se rendre à Canso, qui était le but de notre voyage. Un petit steamer, le /o hn L. Cann, qui n’a, avec les navires de la North German Lloyd, que desrapports desimilitude plutôt nuageuse, voyage quotidiennement, dans l’un et l’autre sens, en- tre Mulgrave et Canso. Le trajet dure environ quatre heures, et ne laisse pas d’être agréable par beau temps. Au sortir du dé- troit, vers l’est, on parcourt la grande baie de Chedabouctou qui s'ouvre sur l'océan, et l’on y peut faire aisément connaissan- ce avec le mal de mer, pour peuque la mersoit mauvaise. En pas- sant, on touche à Arichat, Cap-Breton, qui eut ses années d'éclat. quand s’y trouvait le siège épiscopal du diocèse d’Antigonish, lequel à été transféré depuis à Antigonish, en Nouvelle-Ecosse. D’Arichat on descend à Canso en traversant l'ouverture même de la baïe, c’est-à-dire en plein océan. Sur le John L. Cann nous avions fait connaissance avec le cu- ré de Canso, M. l'abbé J. McKeogh. Ce sympathiquejeune prêtre ne nous permit pas de descendre à l'hôtel, et nous obligea très 116 LE NATURALISTE CANADIEN aimablement à accepter l'hospitalité dans son joli presbytère. — Parmi les plantes d'appartement qui croissaient là sur les fe- nêtres, nous observâmes avec intérêt l’Artillery Plant que nous n'avions jamais vue et dont, pour le moment et après quelques recherches, nous serions bien en peine de décliner la dénomina- tion botanique. Cette petite plante, de port exigu, a les rameaux couverts de petites feuilles et de petits globules qui semblent être ses fructifications. Or, jetez quelques gouttes d’eau chaude sur ces globules : il font comme explosion et laissent échapper une petite touffe de fumée blanche, On dirait la décharge de batteries minuscules ! Voilà l’un des plus curieux vegétaux que nous ayons jamais vus. Canso est un bourg assez considérable, dont la population vit uniquemeut de l’industrie de la grande pêche. Le sol de la récion est surtout rocailleux et impropre à la culture. Mais quand même le sol sy prêterait, l’agriculture n’y serait sans doute pas commode, malgré la douceur des hivers de ce pays-là. Aïnsi nous avons vu, sur le champ avoisinant le presbytère, du foin coupé depuis 48 heures, et qui, après deux jours de soleil et de bon vent, n'était pas encore assez sec pour être engrangé. Le port de Canso, abrité par des îles rocheuses, est très beau. Nous y avons compté deux douzaines de grandes goélettes de pêche, qui venaient s'approvisionner de boette. Pour le mo- ment, c'était l’'Encornet ou Squid que l’on prenait pour servir d’appât, et l’on voyait constamment des pêcheurs montés sur des doris (petits canots utilisés pour la pêche) et occupés à cette cueillette. Cependant, il nous tardait de voir la Station de biologie ima- ritime, qui est à Canso depuis deux ans. Nous ne fûmes pas lent à nous y rendre dans la matinée du 24 juillet. Rappelons que cette Station n’estautre chose, comme celles des autres pays, qu'un laboratoire disposé et outillé pour l’étu- de, à quelque point de vue que ce soit, de la faune ou de la flore marine. Il suit de là qu'il n’y a pas à être surpris que la Station biologique du Canada soit fixée au bord de la mer plutôt qu’à Ottawa ou à Winnipeg. DÉ QUÉBÉC A CANSO 117 Ce laboratoire consiste en un coquet édifice d’un étage, en bois verni, long d'une cinquantaine de pieds, élevé sur une coque de vaisseau à fond plat. Cette disposition navale s'explique par le fait que la Station doit être déplacée après une ou quelques sai- sons passées en une lccalité et conduite en un autre endroit. C’est ainsi que l’an dernier elle à étéamenée de St. Andrews, N.B. où elle avait passé deux ans. A l'intérieur de l'édifice, on trouve deux ou trois chambrettes où sont emmagasinés divers produits ou articleschimiques néces- saires pour l'étude, et une grande salle qui est le laboratoire pro- prement dit. Le long de chaque paroi, percée de très larges fené- tres qui assurent un éclairage parfait, court une longue table, où les travailleurs installent les spécimens, les microscopes et les divers instruments dont ils se servent. Au milieu de la pièce, une autre vaste table couvertede flacons, d'appareils divers, etde bas- sins en verre remplis d'eau de la mer, où l’on conserve vivants des spécimens de mollusques, de poissons, etc., recueillis dans la mer. C'est dans l’un de ces aquariums que nous pûmes obser- ver, pour la premiere fois, de petites anguilles d’un ou deux pou- ces de longueur: de simples filaments qui montent ou descen- dent en ondulant. Au moment de notre visite, on achevait d’ins- taller une pompe automatique pour amener dans les bassins un courant continu d'eau de la mer. Nous fûmes accueilli, avec une aimable courtoisie, par le pro- fesseur R. Ramsay Wright, vice-président de l’université de To- ronto et assistant-directeur de la Station de biologie. M. Wright voulut bien se mettre à notre disposition et nous expliquer dans toussesdétails le fonctionnement du laboratoire. Lui-même et les trois ou quatre autres professeurs de diverses universités canadiennes qui se trouvaient là, nous mirent au fait des ob- servations qu'ils poursuivaient, chacun dans sa branche d'étude. Au nombre de ces travailleurs, nous eûmes le plaisir de ren- contrer le Dr. H. MacKay, surintendant de l’Instruction publi- que dans la Nouvelle-Écosse, représentant l’université Dalhou- sie dans le Bureau d'administration de la Station, et l’un des plus anciens abonnés au Naturaliste canadien. 118 LE NATURALISTE CANADIEN Avons-nous besoin de dire que pas un Canadien-Français n’est encore venu profiter des avantages qu'offre ce laboratoire pour les études scientifiques ! Nous abandonnons de gaieté de cœur ce domaine à nos compatriotes des autres races. Cet état de choses nous afHige plus qu'il nous étonne, et durera longtemps encore. Nous nous sommes déjà expliqué, sur ce sujet et avec quelque étendue, dans le Naturaliste des années précédentes. La bibliothèque du laboratoire est encore peu considérable, tant les ressources mises à la disposition de la Station par le Parlement sont insuffisantes. Du reste, on comprend que le lo- cal restreint de la Station ne permettrait pas l'installation d’un grand nombre de livres. Pour suppléer à cette indigence bibliographique, le Prof. Wright apporte, de l’université de Toronto, des quantités d'ouvrages scientifiques. L'après-midi, eut lieu la séance du Bureau d'administration. Parmi les décisions adoptées, il y eut celle de transférer la Sta- tion, après la saison présente, en un autre endroit des côtes des provinces maritimes. Le choix de cette localité sera fait à la séance d'hiver du Bureau, sur le rapport que présentera un sous-comité nommé pour étudier la question. Le Prof. E.-E. Prince, commissaire des Pêcheries et directeur de la Station, et le Prof. Wright composent ce sous-comité. Le Prof. Prince, appelé ailleurs par ses devoirs officiels, n’a pu se rendre à Canso à temps pour assister à cette réunion du Bureau, d’où son absence a été vivement regrettée. Ne pouvant nous-même demeurer plus longtemps à la Sta- tion, nous prenions, dès le lendemain, le chemin du retour à Québec. Toutefois, estimant qu'il n’était pas admissible que l’on pût passer si près d'Halifax sans le visiter, nous décidâmes d'aller y passer un jour. Ce n'est pas ici le lieu de décrire la ville d'Halifax. Nous di- rons seulement qu’elle a une population de50.000 habitants, dont la moitié de catholiques. La ville elle-même est peu remarqua- ble ; ses rues sont loin d'être soignées comme celles de Québec ; leur éclairage, la nuit, nous a paru médiocre. La cathédrale catholique est un bel édifice. L'hôtel du gouvernement, un sa lipttieil DE QUÉBEC A CANSO 119 édifice ancien, est petit et modeste ; les ministères y sont pau- vrement logés. La citadelle, située sur une éminence, au centre de la ville, est justement renommée comme forteresse de haut rang. Le pare qui avoisine la ville est de dimensions considérables et de toute beauté. On y voit une Tour Martello, beaucoup plus an- cienne, à ce qu'il semble, que celles de Québec. Le jardin public, dont nous n'avons pu parcourir qu'une petite partie, nous à paru incomparable et surpasser tous ceux que nous avons vus en Europe et en Amérique. Du reste cette po- pulation aime les fleurs, puisque l’on en cultive sur presque tou- tes les fenêtres. Halifax est une ville militaire, qui nous rappelait à ce point de vue Gibraltar et l’ancien Québec. Partout des fortifications, des casernes, des soldats. Ce n’est pas nous qui irons Jamais nous frotter aux canons des forts d'Halifax ! Le port d'Halifax est tout ce que nous attendions, c'est-à-dire l'un des plus beaux du monde — après celui de Québec, natu- rellement. C’est une baie qui a bien 9 milles de longueur, avec eau profonde partout. Par exemple, nous avons été surpris d'y voir si peu de mouvement maritime, et bien moins que dans le port de Québec — qui passe pour être mort sinon enterré. S'il n’y avait pas eu, attachés au quai, deux vaisseaux de guerre anglais, nous aurions demandé où est le port d'Halifax. Le Dr MacKay nous avait fortement pressé d'aller visiter son musée de l’Instruction publique, et nous n’y avons pas manqué. Il semble qne ce musée ait un peu de peine à se placer. Il a été transféré, en ces derniers temps, de l'étage supérieur de l'hôtel des postes à l'étage supérieur de l'édifice du C.P.R. Tele- graph. Et l’on n’a pas encore eu le temps de le ranger complè- tement. Ce musée est fort intéressant, et comprend, quoique de façon restreinte, à peu près tous les départements de la science. Le musée du Parlement de Québec contient moins de départe- ments, mais beaucoup plus complets. C’est la minéralogie et la paléontologie qui sont les mieux représentées dans le musée 120 LE NATURALISTE CANADIEN d'Halifax. Il contient pourtant presque tous les oiseaux de la Nouvelle-Ecosse. On y voit encore un herbier, des mollusques, des monnaies, des bois, des curiosités ethnologiques, des fruits en bocaux, et un peu d'insectes. Somme toute, il y a là des commencements de riches collec- tions, et le musée deviendra sans doute très considérable d'ici à quelques années. La bibliothèque scientifique, attenant au musée, est déjà très fournie. — Et nous revinmes à Québec, content du voyage, content des hommes et des choses, satisfait à un haut degré de notre pre- mier voyage à travers le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle- Ecosse. LISTE DES COLÉOPTÈRES LES PLUS REMARQUABLES CAPTURÉS DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC EN 1899, 1900 ET 1901 (Continué de la page 105) BUPRESTIDÆ Pœcilonota cyanipes, Say. — Val Morin, Mont. Chysobothris trinervia, Kirb. — Montréal. . scabripennis, L. et G, — di . 6-signata, Say. — Rigaud. Eupristocerus cogitans, Web. — Joliette. Agrilus fallax, Say. — Rigaud. j acutipennis, Mann. _ ï J; anxius, Gory. = Ls n plumbeus, Lec. — Montréal. 5 egenus, Gory. — Rigaud, Joliette. Taphrocerus gracilis, Say. —— Montréal. Brachys ovata Web. SR » COLÉOPTÈRES DE LA PROVINCE Brachys ærosa, Melsh. — £ æruginosa, (rory. Pachyscelus lævigatus, Say. LAMPYRIDÆ Eros sculptilis, Say. , trilineatus, Melsh. Podabrus tricostatus, Say. Malthinus occipitalis, Lec. Malthodes fuliginosus, Lec. MALACHIIDÆ Malachius Ulkei, Horn. Attalus morulus, Lec. CLERIDÆ Chariessa pilosa, Forst. Laricobius Erichsoni, Rosen. Necrobia ruficollis, Fab. PTINIDÆ Ptilinus ruficornis, Say. Endecatomus rugosus, Rand. SPHINDIDÆ Sphindus trinifer, Casey. LUCANIDÆ Dorcus parallelus, Say. SCARABEIDÆ Copris anaglypticus, Say. Atænius stercorator, Fab. Dialytes striatulus, Say. Aphodius hamatus, Say. Montréal. Val Morin. Rigaud. Montréal, Rigaud. Rigaud. de Joliette. Montréal. Rigaud, Terreb. Rigaud, Montréal 1 Montréal. Montréal. Rigaud. Montréal. Lanoraie. Montréal. Rigaud. Joliette. 122 Aphodius leopardus, 29 22 22 LE NATURALISTE CANADIEN Horn. _— stercorosus, Melsh. 2 prodromus, Brahm. — femoralis, Say. ee Geotrupes semiopacus, Jek. — Gnorimus maculosus, Knoch. == Odontæus filicornis, Say. — CERAMBYCIDÆ Tragosoma Harrisii, Lec. = atrum, Esch. x mœstum, Hald. Phymatodes amœnus, Say. Callidium æreum, Newm. Asemum Callimoxys sanguinicollis, Oliv. Calloides nobilis, Say. Xylotrechus quadrimaculatus, Hald.— df annosus, Say. Toxotus Sehaumui, Lec. ù trivittatus, Say. Beilamira scalaris, Say. Leptura capitata, Newm. > hæmatites, Newm. 1 subargentata, Kirb. > sexmaculata, Lan, te exioua, Newm. \ mutabilis, Newm. à vibex, Newm. Acanthoderes decipiens, Hald. Leptostylus commixtus, Hald. — Liopus variegatus, Hald. — Lepturges symmetricus, Hald. — , signatus, Lec. — ; querecus, Fitch. »‘ facetus, Say. Acanthocinus obsoletus, Oliv. Joliette. Montréal. Joliette, Rigaud. Montréal. | Joliette. Joliette, Rigaud. Montréal. à Rigaud. Montréal. Rigaud. Joliette. Montréal. k Rigaud. . à «OL Rigaud. Montréal. Bipeud Montréal. Riu Montréal. LL Rigaud. COLÉOPTÈRES DE LA PROVINCE 123 Hoplosia nubila, Lec. — Montréal. Eupogonius subarmatus, Lec. — 4 Saperda mutica, Say. — : & calcarata, Say. Var. — : L moæsta, Lec. un » x puncticollis, Say. — ] Oberea Schaumii, Lec. — Joliette. CHRYSOMELIDÆ Donacia cincticornis, Newm. — Rigaud * hirticollis, Kirb. — Montréal. 5 æqualis, Say. — Rigaud. . pusilla, Say. —- : E rufa, Say. — & Hæmonia nigricornis, Kirb. Zeugophora varians, Cr. à Kirbyi, Baly. Lema brunnicollis, Lac. Exema conspersa, Mann. Bassareus formosus, Melsh. pi mammifer, Newm. , pretiosus, Melsh. S luteipennis, Melsh. Cryptocephalus venustus, Fab. È mutabilis, Melsh. Prasocuris Phellandrii, Lin. de vittata, Oliv. ù obliquata, Lec. Chrysomela suturalis, Fab. k pnirsa, Stul. Gonioctena pallida, Lin. Galerucella nymphææ, Lin. : decora, Say. Hypolampsis pilosa, Il]. Œdionychis subvittata, Horn. Disonycha quinquevittata, Say. Boucherville, Rig. Montréal, Joliette, Montréal. » +] Joliette. Rigaud. Val Morin. Montréal. Rigaud. Val Morin. Joliette, Val. Mor. 124 LE NATURALISTE CANADIEN Haltica bimarginata, Say. — . Lanoraie. Epitrix fuscula, Cr. — Montréal. Longitarsus melanurus, Melsh. — Fe Glyptina spuria, Lec. — L Mantura floridana, Cr. = 7 Chætocnema confinis, Cr. s . Odontota rubra, Web. — æ e nervosa, Panz. — 7e Physonota unipunctata, Say. — s BRUCHIDÆ Bruchus fraterculus, Horn. — Cazaville. TENEBRIONIDÆ Iphthimus opacus, Lec. — Val Mor., Rig. Jol. Scotobates calcaratus, Fab. — Montréal, , Boletophagus corticola, Say. — Val Morin. CISTELIDÆ Mycetochares bicolor, Lec. — Val Morin. MELANDRYIDÆ Tetratoma tessellata, Melsh. — Montréal. Symphora flavicollis, Hald. — js rugosa, Hald. == Helostrophus bifasciatus, Say. _ 2 1 Canifa pallipes, Melsh. — RUE PYTHIDÆ Rhinosimus viridæneus, Rand. -— Montréal, Rig. ŒDEMERIDÆ Asclera puncticollis, Say. — Montréal. (À suivre.) C.: JT. OUEN CETTE PLANTE ÉTRANGE 125 CETTE PLANTE ÉTRANGE Au mois de juin dernier (page 94), nous faisions appel à la complaisance de nos lecteurs, pour en obtenir quelques rensei- gnements exacts, au sujet de racines tubéreuses que nous avions reçues de l'honorable M. de Boucherville et que nous ne savions où placer dans la classification du règne végétal. Trois correspondants, à qui nous offrons nos sincères remer- ciements, ont bien voulu tenter d'éclairer notre religion sur le sujet proposé. | L'un, M. l'abbé E.-P. H, voit dans notre « plante étrange » une simple Queue-de-Renard, de la famille des Equisétacées. Mais la description qu'il nous fait des tubercules de ce végétal ne con- corde pas assez avec l'apparence des racines tubéreuses dont il est question dans cette affaire. Un autre, le Dr. U. G., nous dit : « Cette plante appartient à la famille des Convolvulacées. L'Encyclopédie du xIxe siècle l'appelle patate, Convoluulus batatus. Apénac est le nom vul- gaire que je lui connais.» D’aprèsla Flore de Provancher, le C. Batatas ne serait autre chose que la « Sweet Potatoe » des Américains. Comme il nous est arrivé, dans nos voyages, de nous voir servir à table des tubercules de cette « Sweet Po- tatoe, » nous pouvons dire qu ils sont tout à fait différents des tubercules reçus de M. de Boucherville. C’est notre correspondant M. l'abbé J.-E. Bellemare, curé de la Baie-du-Febvre, qui nous donne la solution parfaitement exacte. Il nous écrivait ce qui suit, le 16 juillet : « La plante à racines tubéreuses, dont il est question dans le dernier numéro du NATURALISTE, page 94, me paraît être l'A pros tubéreux, vulgairement appelé « Pénacs. » Les tubercu- les en chapelet restent souvent deux à trois ans sous terre sans produire de pousses, ce qui a fait croire que cette espèce de végétaux n’a ni feuilles ni fleurs. On ramasse les pénacs par minots au printemps, après la débâcle, sur les rivages du lac 126 LE NATURALISTE CANADIEN Saint-Pierre. La saveur du tubercule est assez agréable et fait les délices des enfants. Je me rappelle, qu'étant écoliers au sé- minaire de Nicolet, nous en faisions ample consommation dans nos promenades ax Lac, les jours de congé. » L’Apios tuberosu, Mœnch, qui est de la famille des Légumi- neuses, est décrit à la page 154 de la Flore canadienne. VERS LE POLE NORD De Paris et de New-Vork, nous avons appris que l'expédition américaine Ballwin-Ziegler a dû laisser là le pôle Nord et s’en revenir. On attribue cet échec à ce que la glace a obstrué trop longtemps tous les canaux de la terre François-Joseph, empé- chant les steamers d'établir, l'automne de 1901, des dépôts de provisions aux endroits désignés. Il en est résulté que l’expédi- tion Baldwin a dû, le printemps dernier, vivre aux dépens de ses réserves, ce qui l’a forcée à prendre le chemin du retour sans aller plus loin vers le nord. Cet échec est sans doute déplorable au point de vue général, etnous le resrettons. Toutefois, dans cette douleur, une pensée nous console puissamment : celle de voir que notre compatriote Bernier n’en a maintenant que plus de chances de n'être de- vancé par personne. Car, ainsi que nos lecteurs ont pu le voir par la presse quo- tidienne, le Capt. Bernier ne s’est pas laissé décourager par les retards que le gouvernement fédéral met à l'aider. Il s’est remis à l’œuvre avec une nouvelle énergie et cherche partout des souscriptions. Quel dommage qu'ôn ne lait pas écouté plus tôt, et qu'il ne soit pas déjà engagé dans les glaces polaires à la. poursuite du succes ! INFLUENCE DE LA'LUNE SUR LA TEMPÉRATURE 127 LA CHASSE EN VILLE Le 14 août, on a tué un vison en pleine ville de Québec, au parc Frontenac. Il y a quelques années on abattait aussi un loup-cervier, en ville. La seule chose qui pourrait nous étonner maintenant, ce serait de voir, l’un de ces quatre matins, une tribu de castors bâtissant sa cabane sur le bassin du Rond-de-Chaîne. Pour revenir au vison, comment a-t-il pu se rendre ainsi au centre de la ville sans se voir couper la route? 11 n’y a qu'une explication à donner à ce fait insolite. C’est que le petit ani- mal s’est aventuré dans les rues à la faveur de la nuit, alors que tout reposait dans la bonne ville, même les chiens et les chats. Prendre nos rues d’asphalte pour des sentiers pratiqués au sein du désert, l'erreur n’étonne pas encore trop de la part d’une tête de vison. Mais ces beaux jours ou plutôt ces belles nuits de tranquillité ne vont plus durer longtemps, avec ces menaces de navigation rapide entre Québec et Liverpool. L'heure est venue de parler franchement, et dedire aux Québecquois qu'ils ont à choisir pour leur ville: ou d’être pays de chasse ou d’être le point d'arrivée de la ligne rapide; en d’autres termes, il faut se décider pour le ter- minus ou pour le vison.— Quant à nous, au point de vue de l’his- toire naturelle, nous n’hésitons pas à crier: que Montréal ou n'importe qui prenne le terminus, mais gardons ici le vison ! INFLUENCE DE LA LUNE SUR LA TEMPÉRATURE On lit dans la Société astronomique de France : « Il faut se souvenir, avec M. Angot, dans son excellent Tran- té de météorologie, que les dictons relatifs au temps existent dans tous les pays et «remontent à la plus haute antiquité, ne «reproduisant parfois que des préjugés sans fondement. » Et, en particulier, que de méfaits météorologiques n’a-t-on pas mis sur le compte de notre innocent satellite ! » 128 LE NATURALISTE CANADIEN Nécrologie Nous regrettons d’avoir à enregistrer ici la mort de l’hono- rable M. Joseph Royal, décédé à Montréal le 23 août. Ancien lieutenant gouverneur des Territoires du Nord-Ouest, écrivain et journaliste de valeur, M. Royal était un sincère ami de notre Revue, et la recommanda maintes fois à l'attention du publie. Nous demandons à nos lecteurs un souvenir dans leurs priè- res pour le repos de son âme. « Canadiana » — Revue mensuelle de pressophilie et de phi latélie canadienne. 50 cts ou 3 frs par an. Demandez un N° spécimen. Directeur, O.-H. Tielemans, Mariahilf, Assa., N. W.T, Canada. - ÉTUDES PRÉLIMINAIRES SUR LES SYRPHIDES DE LA PRO- VINCE DE QUÉBEC, par G. Chagnon. 75 pages in-8°. — L'ex. franco: 50 cts, au bureau du Naturaliste canadien, Québec, et chez l’auteur, Boîte-poste 186, Montréal. PHŒNIX ASSURANCE COMPANY OF LONDON. CAPITAL : $ 13,444, 000 Fait affaire au Canada depuis 1804, Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de sûreté. PATERSON & SON, Agents généraux, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi. LA ROYALE Compagnie d'Assurance d'Angleterre. CAPITAL : $ 10,000,000. — VERSEMENTS : $ 12,000,000 La plus considérable de toutes les compagnies d’assurance contre le FEU. W,. M. Tarzey, Agent général, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean ...CHICOUTIMI x LE NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 9 Québec, Septembre 1902 Directeur-propriétaire : l’abbé V.-A. Huard NOTES ENTOMOLOGIQUES Je capturais à la montagne de Saint-Hilaire, le 26 juin 1899, deux spécimens du magnifique Cychrus viduus, Dej., 4 et ? ,in- secte probablement rencontré pour la première fois au Canada. Accompagné par M. Stevenson, j'allais de nouveau à Saint- Hilaire les 10 et 11 juillet dernier, et après avoir travaillé fer- me pendant deux heures, en grattant sous les feuilles mortes, levant copeaux et pierres, j'eus le plaisir d'en capturer trois au- tres spécimens, mais de taille inférieure à ceux de 1899 qui, actuellement, ornent la collection de M. Beaulieu. Il est tout probable que ce Cychrus doit aussi se rencontrer dans les montagnes voisines de Saint-Hilaire, et peut-être mé- me dans celle de Montréal. Donc, cet insecte, dont la découverte au Canada, en 1899, fur tout un événement, n’est plus une rareté, et je suis certain qu'on en pourrait capturer une dou- zaine de spécimens en un jour, pourvu que le chasseur ne crai- gne pas de se plier le corps en deux ou en trois pour remuer et lever les feuilles mortes, les pierres et les copeaux qui partout se trouvent sur son passage. Ce genre de gymnastique est très fatiguant, assurément, et souvent une cause de maux de tête qui déterminent tout de suite la fin de la chasse. Nous fimes, au même endroit, plusieurs autres bonnes cap- tures: par exemple, trois spécimens d'un Carabique nouveau 9 — Septembre 1902. 130 LE NATURALISTE CANADIEN pour moi, du genre Callida, Dei. et que je rapporte à l'espèce punctata, Lee. au moyen du tableau analytique suivant, qui est celui du Dr Horn dans les « Transactions of the American Entomological Society,» août 1882. a Dessus des tarses, plat et plus ou moins canaliculé ou im- pressionné. b Corps de couleur uniforme en dessus. ce Noirâtre ou bruuâtre, sans teinte métallique NO RON ES. RON platynoides, Horn. ce Noirâtre ; élytres avec légère teinte cuivrée ste ot UC 2.050) SRE SEE planulata, Lec. cccublemou vert beliant PES PER viridipennis, Say. bb Thorax rouge; élytres, bleu ou vert...... decora, Fabr. aa Dessus des tarses, convexe; non canaliculé ou impres- sionné. d Thorax rouge: élytres, bleu ou vert... dd Corps, bleu ou vert. e Elytres plus longues que le thorax et la tête: intervalles RACE punctata, Lec. des stries, lécerement convexes ....... fulgida, Deï. ee Elytres non plus longues que le thorax et la tête; intervalles plats. | RL RARES purpurea, Say. L'espèce purpurea pourrait aussi se rencontrer dans notre Province, car sa distribution géographique aux Etats-Unis est la même que celle de l'espèce punctata. Ces insectes se prennent au filet, comme les Lébies. L'Orchestes rufipes, Lec., ne semble pas avoir diminué en nombre. Il se rencontre encore à l'endroit où, en 1899, j'aurais pu le prendre par milliers, c’est-à-dire sur les saules bordant le lac de la montagne. Deux ou trois spécimens de la Saperda candida, Fabr., fu- rent rencontrés sur le vinaigrier (Rhus), occupés probablement à ronger les jeunes pousses, comme cet insecte fait souvent sur le pommier dans lequel vit sa larve. Parmi les espèces intéressantes que nous capturâmes en promenant le filet dans les saules du lac, il y eut deux spéci- mens du Lixus rubellus, Rand. : er A SPENCER GRANGE 131 - De nombreux Lirellus filiformis, Lec., furent capturés sur de petites herbes, croissaut entièrement dans l’eau et souvent fort éloignées de terre. C’est grâce aux conseils du Frère C.-J. Ouellet si je pus enfin découvrir la retraite de ces étranges petits Curculionides. Nous fimes ample moisson de Tipulides intéressantes, Lim- nophila macrocera, Say, Ptychoptera rufocineta, O.$., Bitta- comorpha clavipes, Fabr., ete. Cette dernière est étrange à cause de ses pattes annelées de blanc et renflées en massue à l’extré- mité. Ce genre n'appartient qu'à l'Amérique. Nous fimes aussi la capture d’une Tipula trivittata, Say, géante, mais de taille in- férieure cependant à celle de la Tipula abdominalis, Say, ou de la Pedicia albivittatu, Say, qui se rencontrent assez souvent à Montréal, et dont l'expansion des ailes mesure jusqu'à 2} pouces. — Celles-ci s’effacent à leur tour devant le genre Holorümsia (de Californie), dont l'expansion des ailes, dans l’espèce gran- dis, mesure au delà ae 3 pouces. Une lampe placée à la fenêtre nons amena, outre un grand nombre de papillons qui faisaient le bonheur de mon ami, la visite de deux Opsicoëtus personatus, Lin., hémiptères affublés du nom de Kissing-Bug, et rendus très célèbres à Montréal par les savants écrits de l’entomologiste de la « Patrie.» G. CHAGNON. À SPENCER GRANGE Le 25 août, nous avons eu le plaisir de faire visite à notre éminent collaborateur, Sir James M. LeMoine, dans son royal domaine de Spencer Grange. Comme on le sait, Spencer Gran- ge faisait autrefois partie de Spencer Wood, la résidence actuelle de nos lieutenants-gouverneurs, et n’en diffère que par une moindre étendue. Dans l’un et l’autre, c’est la même forêt ma- gnifique et les mêmes points de vue pittoresques. La résidence de Spencer Grange est bâtie au centre d’une 132 LE NATURALISTE CANADIEN clairière percée au milieu des grands bois et entourée de par- terres fleuris soigneusement entretenus ; de vastes serres con- tiennent des vignes et les plantes délicates. Dès que l’on entre dans la maison, on voit aussitôt que l’on est chez un naturaliste et un fervent de l’histoire nationale. Oiseaux-et quadrupèdes, plantes rares, armes anciennes et sou- venirs historiques, portraits, cartes et plans: tout trahit à l'instant les occupations et les goûts du châtelain qui vous ae- cueille avec tant de grâce. La bibliothèque est riche en ouvrages de science, d’histoire canadienne et de littérature. Maints albums, remplis de gra- vures intéressant l’ancienne période du Canada, sont particu- lièrement précieux. Un pavillon, isolé dans le jardin, contient le musée d’histoire naturelle réuni par Sir James LeMoine. Ce musée est surtout consacré à l’ornithologie. L'on y voit la plupart des oiseaux de la Province, dont plusieurs sont des raretés. Il y a là jusqu’à un merle blanc, variété assez peu commune pour être l’objet d’un proverbe bien connu. M. LeMoine à quelque dessein de publier une deuxième édi- tion de son ouvrage Histoire naturelle du Canada — Les Oi- seœux, dont la première parut en 1861. Ce serait une chose remarquable, de voir un auteur se rééditer après plus de qua- rante années. Mais nous nous réjouirions principalement à cause de l'influence qu'aurait cet événement bibliographique pour la diffusion dans notre public des connaissances en his- toire naturelle. Et nous avons vivement insisté auprès du doyen de nos naturalistes pour qu'il rende encore ce service à la science canadienne. nie +. DANS LE MONDE DES PLANTES 133 DANS LE MONDE DES PLANTES L’Apios tubéreux — Une Fougère rare — Un Millepertuis nouveau — L’Artillery Plant. Rigaud, 14 septembre 1902. Hier, en passant sur le rivage de la « Rivière à la Craisse », je me trouve en présence de magnifiques tiges d’Apios tubé- reux. Ceci me rappelle une note parue dans le Naturaliste de juin dernier. Il me fut facile de retrouver cette note sur « Une plante étrange.» Qu'on n'ait pas trouvé de tige à ces racines en chapelet, au mois de mai, ce n’est pas étonnant, il n'y en avait pas encore (1) Aujourd'hui ces plantes grimpantes ont jusqu’à dix pieds de long; et elles portent non seulement des feuilles, mais encore de jolies grappes de fleurs papilionacées d’un pourpre un peu sombre. (Voir Provanch:r, Flore canu- dienne.) J'ai trouvé ici, si non une plante étrange, au moins une plante rare : c’est l'Aspidium fragrans, une fougère parfumée. — Etant en excursion à travers la forêt, je me trouvais à lon- ger la base d’un rocher vertical, très élevé, lorsque Jj'aperçus une petite fougère qui étalait ses frondes en touffes circulaires sur un épais tapis de mousse. Je vis immédiatement que cette fougère manquait à mon herbier, qui contient cependant une trentaine d'espèces de ces intéressants cryptogames. En cueillant quelques feuilles, il me resta aux doigts une matière résineuse exhalant une odeur d’encens. Une poignée de ces frondes, que j'ai dépo- sées il y a un an sur un rayon de ma bibliothèque, donne (1) Notre correspondant admet cependant, nous en sommes sûr, qu’il arrive à ces tubercules de ne pousser aucune tige durant quelques années. Rép. 134 LE NATURALISTE CANADIEN encore ce même agréable parfum d’encens. Si vous voulez par- fumer les nombreux rayons de votre vaste bibliothèque, venez chercher ici une botte d’Aspidium fragrans, à moins que vous ne préferiez aller en chercher au lac des Esclaves ou aux montagnes Rocheuses. Car on n’en à guère trouvé ailleurs. La «Flore» complète de Provancher ne mentionne pas cette espèce. J'ai aussi trouvé dernièrement l’Hypericum pyramidale, dont la même Flore ne souffle mot ; mais il est mentionné par Moyen. C'est M. J. Fletcher, d'Ottawa, qui a eu l’obligeance de me nommer cette intéressante plante. J.-E. Desrochers, ptre, C. S. V. Collège de Saint-Laurent, près Montréal, le 15 septembre 1902. Je viens de lire votre N° d'août du Nat. Can.; et je m'étonne que vous n'y fassiez pas mention du renseigne- ment que je vous ai fourni, par carte postale (1), au sujet d’un petit paragraphe du N° de juin dernier du N. C': Une Plante étrange. Je connais très bien cette plante; je l'ai dans mon grand herbier, et son rhizome tuberculeux se voit très souvent, le long de notre rivière Ottawa (riv. des Prairies), exposé sur la grève ou flottant sur l’eau du rivage. M. l'abbé Bellemare l’a bien nommé : c'est l’Apios tuberosa de Mœnch. Je vous disais, dans ma note, que ces tubercules charneux, cuits, sont assez agréables au goût; qu'ils sont très nutritifs, contenant une proportion considérable de fécule. Je vous di- sais aussi que, vu la composition chimique des tubercules de l’Apios tubéreux, qui les assimile à ceux de la Pomme de terre, cette plante pourrait, peut-être, par la culture, servir de succédané à notre fameuse « Solanée » dont l'espèce est, dit-on, menacée de fatale dégénérescence. (1) Cette carte-poste ne nous est pas parvenue — par nous ne savons quelle aventure, RÉD. tbett — UN ENNEMI DU FRAMROISIER 135 Maintenant, désirez-vous savoir le nom de cette intéres- sante plante que vous avez décrite assez correctement ? C’est la Pilea serpyllifolia, de Lind. Je la cultive dans mon petit jardin ; mais elle n'est ni vivace ni résistante à la moindre gelée. Elle est originaire des régions sous-tropicales de l’Amé- rique méridionale, et appartient à la grande et importante famille des Urticacées. — Le nom anglais d'Artillery Plant lui vient du fait, assez étrange, que son pollen, arrivé à l'état de maturité, se décharge, avec une faible explosion, par la soudaine tension des filaments élastiques des anthères. Pour en revenir à l'Apios tubéreux, est-ce que le nom vul- gaire de Pénac qu'on lui donne ne serait pas une corruption de pea-nut, terme anglais de la pistache-de-terre, et dont les tubercules en question ont assez la forme et les dimensions du fruit de l’Arachis hypogeu, de Willd ? J.-C. Carrier, ptre, C. S.-C. UN ENNEMI DU FRAMBOISIER Le 20 juillet dernier, nous recevions du R. P. J.-D. B,. de Montréal, la lettre suivante : «Je prends la liberté de soumettre à votre examen les deux mauvais sujets que vous recevrez avec la présente, sous enve- loppe spéciale. Ces brisands s'attaquent aux jeunes pousses de framboisier, celles qui fleuriront l'an prochain. «Avec leurs mandibules, excessivement acérées, ils prati- quent un double cercle d'incisions, entre lesquels on trouve, au cœur de la moelle, un œuf de forme allongée. Vous pour- rez à l’aide des échantillons ci-joints constater tous ces détails. Je suppose que ledit œuf produit une larve, laquelle vivrait aux dépens de cette moelle ou peut-être de la plante entière. Je n'ai pu suivre encore ce développement. 136 LE NATURALISTE CANADIEN «Ces insectes s’attaquent encore à d’autres plantes remon- tantes, notamment aux rosiers. » Les insectes reçus appartiennent à l'espèce Oberea tripunc- tata, Fab., de la famille des Cérambycides.- Cés coléoptères manquaient encore dans notre collection, et nous remercions notre correspondant d’avoir par son envoi comblé cette lacune. Cet insecte, long d’un demi-pouce, est noir, à l'exception du prothorax qui est jaune. Il tire son nom spécifique des trois points noirs qui se voient sur le prothorax ; toutefois, comme il arrive fréquemment, les deux spécimens reçus n’ont, qu'un seul de ces points noirs, celui de l’écusson. Les détails que donne notre correspondant sur les mœurs de l'O. tripunctata sont exacts. Sur les portions de tiges de framboisier qu'il nous a expé- diées, il y à des cercles de piqûres à chaque demi-pouce envi- ron. Celles que nous avons ouvertes contenaient de petites. larves au milieu de la moelle. L'abbé Provancher explique (Coléoplères, p. 637) que, par l'effet de ces ponctuations profondes sur les jeunes pousses de framboisier, la tige infectée languit et dépérit; les anneaux formés entre ces cercles de ponctuations se détachent sous l'effort du vent et tombent, avec les parasites qu’ils contién- nent, sur le sol où ceux-ci passent l'hiver, pour se transformer, le printemps suivant, en insectes parfaits qui, à leur tour, attaqueront les tiges de framboisier pour y déposer leurs œufs. Voilà done, chez les Oberea, un nouvel exemple de l’admirable instinct dont le Créateur a doué tant d'espèces animales. Car ce n’est pas l’insecte lui-même qui, par le raisonnement, à. trouvé qu’il fallait faire toutes ces opérations pour que ses larves aient le gîte et la nourriture assurés, et qu’elles puissent; ensuite atteindre le lieu de leur hivernement ! à: CAUSERIE SUR LA CULTURE DES BULBES D'HIVER 137 CAUSERIE SUR LA CULTURE DES BULBES D'HIVER Ce sont les Tulipes que nous avons eu toujours le plus de peine à faire fleurir, l'hiver, dans la maison. De fait, pour par- ler franchement, le nombre de nos échecs, en cette matière, l'emporte de beaucoup sur celui de nos succès. Mais, nous avons l'espoir que l’ère de nos malheurs est désormais fer- mée... C'est que nous venons de voir exposée, dans une revue de l'Ouest américain, une méthode qui nous paraît excellente pour traiter'les bulbes de Tulipes. Nous avons déjà expéri- menté, et avec un succès complet, le même procédé de forçage pour les Lis, et nous ne doutons pas qu'elle puisse réussir aussi avec les Tulipes. Mettez trois oignons de Tulipes, au milieu de bonne terre de jardin, dans un pot d’un diamètre de 5 pouces, le sommet de chaque bulbe étant de niveau avec la surface de la terre ; donnez un arrosage abondant ; puis allez enfoncer le pot dans une couche froide ou dans un coin quelconque du jardin; et recouvrez le tout de cendre ou de terre. Puis, reprenez vos occupations ordinaires, au palais, à la tribune, dans votre étude ; discutez protection, libre-échange, etc. Vers le milieu de déc-m- bre, armé de la bêche, allez déterrer l’un de ces pots, emportez-le à la maison, donnez-lui abondance de lumiere, d’eau et d'air. Et, au bout de six semaines, vous aurez des fleurs de Tulipes à faire voir à vos amis.—Quelques petits secrets, sur la même matière. 1° Ne mettez que des bulbes de fleurs semblables dans un même pot, pour qu'ils fleurissent à la même date. 2° Ce sont les Tulipes à fleurs simples qui réussissent’ le mieux dans cette culture d'appartement. 3° Exhumez des pots de Tulipes tous les quinze jour, et vous aurez chez vous une fioraison cons- tante de Tulipes. 2 Les autres sortes de Bulbes, nous voulons parler de ceux que l’on force ordinairement dans les maisons, sont de traitement 138 LE NATURALISTE CANADIEN beaucoup plus facile. On les met, n'importe quand durant l'automne, dans n'importe quoi — pourvu que ce « n'importe quoi » soit percé pour l'écoulement de l’eau et rempli de terre convenable —, on les arrose, et on les place n’importe ou, pour- vu qu'il y fasse frais et noir. Là, plus d’arrosage, si ce n’est une fois le mois ou si l’on voyait la terre trop séchée. Veiller à ce que les rats et les souris ne puissent les atteindre, et faire bombance à même ces succuients oïgnons. La visite des chats y serait également désastreuse : car ils s’imagineraient facile- ment, et faussement, que c’est leur affaire de pourvoir à la fumure de ces végétaux en culture. — Au bout d’un mois et demi, vous apportez les pots sur une fenêtre; quand même le soleil n’y viendrait pas, cela ira tout de même. Mais qu'il ne fasse pas trop chaud, s’il vons plaît ! Et les petites feuilles se développent lentement, puis les fleurs à la fin. — Voilà pour les Jacinthes et les Narcisses. Comme nous les recommandons, les Narcisses ! Cela pousse et fleurit comme on veut, et il yen a tant de variétés très différentes. La culture des Freesius est encore bien plus simple. On en met cinq ou six dans un pot de cinq pouces, et on les place tout de suite au soleil, sur la fenêtre. Par exemple, il leur faut quatre ou cinq mois pour préparer leur floraison. Mais sont- elles gentilles, aus:i, les grappes florifères du Freesia ! Voilà de quoi avoir du bonheur, à plein cœur, de Noël à Pâques. Que si, par ces recettes, on n'arrive pas à ce bonheur, c'est qu'il y a quelque chose qui va mal dans la conscience. Car le bon Dieu à eu beau créer de belles choses pour ensoleiller notre exil, 1l faut être en paix avec lui pour en jouir pleine- ment. — C’est la première fois qu'il est dit que l’cétat de grâ- ce » est requis pour la culture des fleurs. Les auteurs ont tous oublié d’en parler. COLÉOPTÈRES DE LA PROVINCE 139 LISTE DES COLÉOPTÈRES LES PLUS REMARQUABLES CAPTURÉS DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC EN 1899, 1900 Er 1901 (Continue de la page 124) MORDELLIDÆ Mordella serval, Say. ® triloba, Say. Mordellistæna trifasciata, Say. pe limbalis, Melsh. ,, biplagiata, Hellw. Montréal. Rig., Joliette. LE] Joliette. < decorella Lec. e ornata, Melsh. Rigaud, g scapularis, Say. Montréal. je tosta, Lec. Rigaud. s varians, Lec. Ë ANTHICIDÆ Corphyra elegans, Hentz. Montréal. re terminalis, Say. 3 x fulvipes, New. x 2 Newmani, Lec. ; X ylophilus basalis, Lec. Rigaud. Macratria murina, Fab. Joliette. Anthicus cervinus, Laf. MELOIDÆ Meloe niger, Kirb. Americanus, Leach. mœærens, Lec. Montréal, Rig. Montréal. Val Morin. Montréal. 140 LE NATURALISTE CANADIEN RHYNCHITIDÆ Rhynchites cyanellus, Lec. — Joliette, Rigaud. OTIORHY NCHIDÆ Hormorus undulatus, Uhler. — Montréal. Anametis granulatus, Say. . » Phyxelis rigidus, Say. Te » Otiorhynchus picipes, F. = 2 Strophosomus coryli, Fab. == » CURCULIONIDÆ Apion Walshii, Smith. © — Montréal. » griseum, Smith. — Joliette. Phytonomus comptus, Say. — Montréal. Macrops sparsus, Say. — . x Rig. > porcellus, Say. — ss Lixus concavus, Say. — Rigaud. Dcrytomus muscidus, Say. — Montréal. Grypidius equiseti, Fab. — 3 Erycus puncticollis, Lec. — . Endalus ovalis, Lec. — Boucherville. Lixellus filiformis, Lec. = = Rigaud. Acalyptus carpini, Hbst. — Joliette, Montréal. Anthonomus profundus, Lec. — Montréal. ! signatus, Say. — Rigaud. ; sycophanta, Walsh. — Montréal. K suturalis, Lec. ANSE : Pseudanthonomus cratægi, Walsh. — & Orchestes pallicornis, Say. Le ” È rufipes, Lec. sn » Joliette. À ephippiatus, Say. Le À Elleschus bipunctatus, Lin. — Val Morin. COLÉOPTERES DE DA PROVINCE Elleschus ephippiatus, Say. — Gymnetron teter, Fab. — Conotrachelus juglandis, Lee. — a posticatus, Boh. = Tyloderma æreum, Say. — Ceutorhynchus pusio, Mann. — afluentus, Dietz. 2 cyanipennis, Germ. — 5 + Pseudobaris nigrina, Say. —— Limnobaris rectirostris, Lec. — Balaninus obtusus, Blanch. er uniformis, Lec. — » CALANDRIDÆ Dryophthorus Americanus, Bedel. — SCOLYTIDÆ Monarthrum mali, Fitch. — Xyloterus politus, Say. — Tomicus calligraphus, Germ. — » Cacographus, Lec. — balsamus, Lec. — , interruptus, Mann. — Scolytus quadrispinosus, Say. — Polygraphus rufipennis, Kirb. — Phlæotribus liminaris, Harr. — Hylesinus opaculus, Lec. — Hylastes gracilis, Lec. — ANTHRIBIDÆ Gonotropis gibbosus , Lec. _— Allandrus bifasciatus, Lec. — Eurymicter fasciatus, Oliv. — »» Montréal. Joliette. Montréal. ») Joliette. Montréal. 2 Joliette. Montréal. Rigaud. Montréal. Rigaud. Montréal. Montréal. 2? » 141 Rigaud. C3. OvELLET, C. 'S. V. 142 LE NATURALISTE CANADIEN 2 PUBLICATIONS REÇUES- — Les Mammifères de la province de Québec, par C.-E- Dionne, conservateur du Musée zoologique de l'Université La- val. Un vol. in-12, illustré, de 285 pages. Québec. 1902. — Prix, $ 1.00, chez l’auteur, à l'Université. Nous saluons avec un vif plaisir la publication de cet ou- vrage sur nos Mammifères, que M. Dionne était plus apte que personne à préparer, ayant depuis tant d'années le soin de- Pun des grands musées du pays. Dès la deuxième livraison du Naturaliste canadien, en janvier 1869, l'abbé Provancher commença à publier un « Coup: d'œil sur l’histoire naturelle », qu'il termina dans la livraison de janvier 1870 par un «tableau synoptique et analytique des. Mammifères du Canada.» Chacun des Mammifères de notre faune, tous ceux du moins que l’on connaissait il y à un tiers. de siècle, avait eu dans ce travail sa description technique, augmentée souvent de quelques détails sur sa façon de vivre et son utilité économique. — M. Dionne, à en juger par les. premiers mots de sa Préface, a évidemment oublié ce tra- vail du fondateur du Naturuliste. Quoi qu'il eu soit, il était vraiment opportun de traiter plus. au long des Mammifères de la Province, et surtout d'en éta- blir la nomenclature suivant les données actuelles de la zoolo- gie d'Amérique. M. Dionne l’a fait avec beaucoup de talent, et nous l’en félicitons sincèrement. Les 26 premières pages du livre sont consacrées à une étude: anatomique et physiologique des Mammifères. Le lecteur qui aura parcouru ce petit traité préliminaire sera mieux préparé pour comprendre les descriptions techniques de chacune des. espèces dont il est question dans l’ouvrage. Puis se déroulent, suivant la classification scientifique, les. Ordres, les Familles, les Genres et les Espèces. Le PUBLICATIONS REÇUES 143 Nous regrettons, par exemple, que M. Dionne n'ait pas cru devoir ajouter le nom vulgaire anglais aux dénominations la- tines et françaises, comme il avait fait dans ses Oiseaux du Canada. Etant données les conditions où nous vivons en Amérique, la présence de ces noms anglais dans le texte et dans la table des matières aurait rendu de grands services aux jeunes gens et aux amateurs en général, sans compromettre en rien les droits qu'a chez nous le parler français. La description technique des espèces est courte, mais suffi- sante pour qu'on puisse les distinguer les unes des autres. En outre, pour un grand nombre de ces espèces, la description est suivie de considérations et de détails très intéressants sur leurs mœurs, leur capture, l'utilité qu'on en peut retirer. Assez souvent 1l y a là des emprunts faits aux bons auteurs, mais non sans d’honnêtes guillemets et même des références précises. Cette probité de l’auteur nous fait plaisir, et nous l'en félicitons. Enfin, beaucoup de gravures, dont la plupart sont réussies, apportent à l'ouvrage un nouveau cachet d'agrément et d'utilité. Non seulement pour la récompen-e de l'auteur, mais aussi pour la diffusion des connaissances en histoire naturelle, nous souhaitons que ce livre ait une grande circulation dans la Province. Nous apprenons que M. Dionne — à qui l’Université vient justement d’accorder le titre académique, bien mérité, de Mai- tre ès arts — travaille actuellement à préparer une nouvelle édition de ses Oiseaux du Canada. Espérons que nous au- rons bientôt le plaisir de voir réaliser cette entreprise. — Nos remerciements au Dr J. Fletcher, entomologiste et botaniste du Canada, pour l'envoi des deux publications suivantes : (Author's Edition — from Annual Report on Experimental Farms for 1901) Report of the Entomologist and Botanist. Ottawa, 1902. Insects, Fungous diseases —Treatments. (Evidence of Dr. J. Fletcher before the select standing Committee on Agriculture- 144 LE NATURALISTE CANADIEN and Colonization, 1902. —_ Advance sheets of the Committee Final Report.) Ottawa, 1902. Ces deux brochures contiennent une masse de renseigne- ments des plus utiles en fait de botanique et d’entomologie économique. « Canadiana » — Revue mensuelle de pressophilie et de phi- latélie canadienne. 50 cts ou 3 frs par an. Demandez un N° spécimen. Directeur, O.-H. Tielemans, Mariahilf, Assa., N. W.T., Canada. ETUDES PRÉLIMINAIRES SUR LES SYRPHIDES DE LA PRO- VINCE DE QUÉBEC, par G. Chagnon. 75 pages in-8°. — L'ex. franco: 50 cts, au bureau du Waturaliste canadien, Québec, et chez l’auteur, Boîte-poste 186, Montréal. PHŒNIX ASSURANCE COMPANY OF LONDON. CAPITAL : $ 13,444, 000 Fait affaire au Canada depuis 1804. Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de sûreté. PATERSON & SON, Agents généraux, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi. LA ROYALE Compagnie d'Assurance d'Angleterre. CAPITAL : $ 10,000,000. — VERSEMENTS : $ 12,000,000 La plus considérable de toutes les compagnies d’assurance contre le FEU. W. M. TATLEY, Agent général, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean...CHICOUTIMI LE NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 10 Québec, Octobre 1902 Directeur-propriétaire : l'abbé V.-A. Huard at. ENCORE UN La faune entomologique de la province de Québec est en train de se modifier profondément par voie d’addition. La fa- cilité des communications nous amène assez souvent des espè- ces nouvelles soit de la république voisine, soit même de l’Ancien Monde. Aussi, en étudiant les listes de coléopteres remarquables publiées dans le Naturaliste par le Rév. Frère Ouellet, on constate qu'un cinquième seulement des espèces citées se trouvent dans les dernières listes de l'abbé Provan- cher (1877-1879) Sans doute, pendant ce quart de siècle, de nombreux amateurs ont reculé les bornes de la faune entomo- logique en découvrant des insectes canadiens inconnus jusque- à. Mais il est incontestable qu'il y a eu bon nombre d'impor- tations. Nous voulons aujourd'hui signaler aux naturalistes l’appa- rition d'une Chrysomélide assez intéressante par ses mœurs, et qui se rencontre peut-être pour la première fois dans notre Province. Nous l'avons tout d'abord trouvée le 18 mai dernier dans la cour du collège de Lévis. Le 25 mai nous en prenions une au vol, et encore une autre le 1° juin. C'’étaient là des in- dividus égarés. Mais le 9 juin, au cours d’une chasse à travers les champs, nous nous vimes eu présence de véritables colonies 10 — Octobre 1902. 146 LE NATURALISTE CANADIEN installées sur des pieds de Bardane (Lappa communis). De- puis lors nous en avons capturé plus d’une soixantaine. Le. revers des feuilles portait des taches jaunâtres: c'était des œufs au nombre de cinq ou six et agglomérés par une matière visqueuse, Notre première impression fut que cette Chrysomélide était une Coptocycla d’une espèce nouvelle; mais en ayant envoyé quelques spécimens à Washington, nous apprîimes de- M. F. Chittenden que c'était la Cassida thoracica II. (1) Les genres Cassida et Coptocyclu sont très rapprochés l’un. de l’autre, Ce qui les différencie, c’est la longueur des anten-- nes. Dans le premier elles atteignent à peine la base du prothorax, dans le dernier elles la dépassent notablement. Voici, d’après Lacordaire et Chapuis (Suites à Buffon, vol. xL.. p. 388), les autres caractères des Cassida : Tête entièrement recouverte par le pronotum; labre assez grand, à bord antérieur entier ou parfois échancré; palpes maxillaires à dernier article ovalaire allongé, acuminé au sommet, parfois plus long. — Veux ovalaires allongés, médio- crement convexes. — Antennes courtes ne dépassant pas la base du promotum, grêles à la base, plus ou moins dilatées vers l'extrémité à partir du septième article, les six premiers à peu près glabres ; 1” article oblong, ovalaire, 2%° très court, subglobuleux, 3”° grêle et le plus long, 4-6 plus courts que 3, également grêles, décroissant graduellement de longueur, 7-11 raccourcis, dilatés, formant une massue oblongue, subaïguë. — Pronotum du double plus large que long, bords antérieurs et latéraux confondus sous une même courbure en demi-cercle ; le postérieur sinué de chaque côté, à lobe médian court, (1) Le Canadian Entomologist (London, Ont.) du mois d'octobre contient une note du Rév, T. W. Fyles, signalant la présence à Lévis, au mois de juillet, du même insecte que notre collaborateur M. l'abbé Roy avait capturé le 18 mai pré- cédent. M. Fyles rapporte cette «tortoise-beetle» à l'espèce Cassida viridis Lin. ;. mais nous pensons qu’il est plus sûr, vu l’autorité des entomologistes officiels de Washington, de s’en tenir à l’avis de M. Chitteuden, et de voir en cette espèce la C. thoracica I]. — RÉD,. ENCORE UN 147 subarrondi, angles latéraux tantôt droits et pointus, tantôt ar- rondis et obtus; écusson médiocre, triangulaire. — KElytres oblongues-ovalaires où subarrondies, régulièrement convexes. ou gibbeuses, à bords latéraux dilatés, plans, à surface confu- sément ponctuée, où ponctuée-striée où subrugueuse. — Pro- sternum à bord antérieur simple, étroit entre les hanches, lége- rement dilaté en arrière, subconcave, à base subarrondie ou 1, Larve de la Cassida thoracica, dessous. —2 et 3, La même, dessus. —4, Sa nymphe. —5, Insecte parfait, dessous. — 6, Insecte parfait, dessus. Grossissement, 24 diamètres. tronquée obliquement de chaque côté ; mésosternum concave ; métasternum à partie épisternale distincte, parfois presque confondue avec l’épimère, celle-ei souvent fortement rétrécie ou échancrée au bord externe, — Pattes médiocres ; tarses à 1° article plus étroit que le suivant, article onguéal dépassant peu ou point les lobes du précédent, armé de crochets simples. 148 LE NATURALISTE CANADIEN La distinction des espèces est, paraît-il, assez difficile à faire. La Cassida nebulosa, par exemple, peut se confondre facile- ment avec la Cassida thoracica. Sans vouloir donner de cette dernière une description caractéristique, disons seulement que sa couleur est d’un vert uniforme exactement de même nuance que les feuilles de Bardane sur lesquelles l’insecte passe sa vie. Le rebord des élytres et du pronotum est quelquefois jaunâ- tres. Dessous noir; cuisses noires excepté le sommet qui est jaune brunâtre ainsi que le reste des pattes. Elytres arrondies à l'extrémité, ponctuées, avec quelques lignes soulevées mais peu distinctes. Antennes à base jaunâtre, avec le sommet plus foncé. Longueur, un peu plus d’un quart de pouce. Le genre’ Cussida est le type de la tribu des Cassidides, qui contient une quarantaine de genres dont cinq seulement sont représentés dans notre Province, à savoir: Porphyraspis, Physonota, Cassidu, Coptocyclu et Chelimorpha. C’est au mois d'août seulement, au retour d’un voyage, que nous avons trouvé les larves et les nyinmphes de la Cassida tho- racicu. — Ces larves, comme d’ailleurs celles des autres Cassi- dides, sont aussi singulières par leurs formes que par leurs : mœurs. La tête est noire, subglobuleuse et cachée presque en- tièrement sous le prothorax. Les sewments thoraciques sont bien distincts, les segments abdominaux sont plus petits que les premiers et au nombre de huit. Les uns et les autres sont munis sur chaque côté de prolongements épincux ramifiés. Le dernier segment porte un appendice profondément bifur- qué pouvant se rabattre sur le dos. Grâce à la disposition de ce segment, l’orifice anal déverse les matières fécales entre les branches de l’appendice. Ces matières se dessèchent à la lon- gue, s’agclomèrent avec les débris des mues successives, et fina- lement la larve se trouve recouverte d’une espèce de manteau noir qu'elle peut manier à volonté, en faisant mouvoir l’appen- dice terminal. Elle se dissimule sous cet abri pour échapper aux recherches des ennemis qui peuvent mettre sa vie en dan- ger. Il est assez curieux de voir ces masses informes, qu’on croirait à première vue complètement inertes, se déplacer sur QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY 149 les feuilles de Bardane: cela rappelle la tortue qui se sauve avec sa maison sur le dos. (1) Lorsque le temps de passer à l'état de nymphe est arrivé, la larve se fixe par l'extrémité postérieure aux feuilles qui lui ser- vaient jusque-là de nourriture. Les prolongements épineux des différents segments deviennent foliacés, et le bouclier prothora- cique prend à peu près la forme qu'il aura dans l’insecte parfait. Toutes ces métamorphoses s'accomplissent en assez peu de temps. Nous avons recueilli nous-même quantité de larves qui nous ont donné des insectes parfaits au boat d'une dizaine de jours au plus. Il est donc assez probable que la Cassida peut avoir une couple de générations par saison. Les larves de la Cussida thoracica sont très voraces. Nous avons vu des pieds de Bardane dont les feuilles étaient à moi- tié mangées par ces larves, et on sait combien ces feuilles sont grandes et nombreuses. Nous avons aussi trouvé des larves et des nymphes sur le chardon (Circium lanceolatum ). Assurément, si la Cassida thoracica pouvait se multiplier jus- qu'au point de faire disparaître la plus grande partie des chardons, les cultivateurs n’en seraient pas fâchés. Espérons qu'elle aura le bon esprit de se rendre utile en se nourrissant de cette plante nuisible. ELrAS Roy, ptre. Collège de Lévis. QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY LA FORMATION DU LAC SAINT-JEAN (Continué de la page 187, vol. XXVr1) Pendant ce temps-là, la Grande-Décharge qui se creusait de plus en plus, dans la partie est du bassin, un lit profond dans toute l'épaisseur des dépôts accumulés au fond, commença ? (1) De là, sans doute, le nom vulgaire anglais de ces espèces, «tortoise-beetle. » — Rép. 150 LE NATURALISTE CANADIEN enfin à effleurer ici et là les formations laurentiennes sur les- quelles ils reposaient. En effet, les eaux à leur sortie du lac, ayant lavé tous les dépôts d'argile qui leur fermaient le che- min, perdirent tout à coup leur puissance érosive sur les rocs ferrugineux qui s’élevaient en travers; et ne pouvant appro- fondir, ni éloigner davantage leurs issues à cet endroit, elles bon- dirent avec furcur et sans cesse contre ces obstacles naïssants comme pour les renverser, si possible; mais impuissantes et fourvoyées, elles retombaient toujours confuses et blanches d’écume, de l’autre côté. Pendant ce temps, le pauvre lac presque épuisé, éprouvant pour la première fois un moment de répit après tant de commotions qui venaient de l’assaillir, prit céans son aplomb, et de lassitude il s’'étendit tout résigné sur ces nouveaux et modestes rivages, où il resta défini tel que nous le voyons aujourd’hui : n’écoutant plus, pour se distraire, que les eaux de ses nombreux tributaires, grands et petits, qui se déversent chez lui, et qui le gonflent parfois le prin- temps, si fort, qu'ils semblent vraiment en doubler le volume. Il y eut bien, ici et là, des rivages refaits dans les parties encore imparfaites ; des échancrures plus ou moins prononcées dans d’autres qui s'y prêtaient d’elles-mêmes, surtout sur la rive sud où des berges argileuses très élevées et abruptes s'ex- posaient aux éboulements aux crues du printemps ; n'importe, on peut dire que la physionomie que le lac s’est faite, qu'il a prise cette fois-là, il l'a conservée jusqu’à cette heure. Ses rivages s'afferinissant avec plus de consistance et de symétrie; les vallées qui l'entourent, les plateaux et les terras- ses qui le dominent, s’écouttant de plus en plus profondément ; le sol qui recouvre ceux-ci, sans ombrage et fécondé à profu- sion, se réchauffant avec abandon sous les chauds rayons d’un soleil printanier : la germination des plantes se manifesta avec une vivacité extraordinaire dans ce milieu infiniment propice, et sous l'influence des chaudes effluves de ce sol en travail, elles surgirent à leur tour comme par enchantement ; recou- vrant de draperies verdoyantes, comme d’une couronne éblouis- sante d’émeraudes, tout l'immense parterre qui encadre le lac, 14 QUELQUES APERCÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY 151 la nature, recréée dans toute sa ravissante parure, se mon- tra radieuse et belle comme à l'aurore de ses premiers jours. Décors somptueux et magiques, se reflétant au fond des eaux comme dans une glace merveilleuse, où se dessinaient avec harmonie les ondulations et les replis des coteaux et des val- lons, les ornant avec grâce des nuances infinies de leur belle verdure fraîche éclose, et comme ces ares-en-ciel qui reflètent eux aussi avec splendeur, sur leur élégante courbe diamantée de rosée, les riches couleurs que leur prête l’astre radieux — ils proclament à jamais cette nature prodige de l'artiste incom- parable, qui créa merveilles sur merveilles, sans jamais se Jasser ! La dernière phase par laquelle passèrent les diverses parties des bas-fonds du réservoir, pour arriver à émerger une fois pour toujours au-dessus des eaux qui les recouvraient encore, grâce au barrage que nous venons d'indiquer, est bien com- préhensible pour celui qui, de propos délibéré, fait le tour de la vallée du lac Saint-Jean et l’étudie à loisir. C’est surtout en scrutant en détail les grandes lignes de ses plateaux, de ses terrasses, de ses ravins, les caprices de ses reliefs, de ses rivières — de ces quiproquos de la nature qui ne déparent pas ses œuvres, 1l s'en faut, qui leur impriment ce cachet par- ticulier et remarquable, qui invitent l'observateur à la ré- flexion, à l'analyse, tout en le captivant, et qui s'expliquent si clairement à son intelligence, c’est surtout de cette façon, disons-nous, que le problème, posé carrément devant lui, n’im- porte de quel côtéil porte ses regards, se trouve résolu de lui-même sans tension d'esprit ni colonnes de chittres. Dépouillez la vallée du lac St-Jean des grandes forêts qui la recouvrent encore comme d’un épais manteau, revêtant d'une sombre verdure ses capricieuses ondulations, ses belles plaines unies et ses berges infinies: c'est alors qu’elle se mon- trera dans toute sa vraie nature, comme un grand livre ouvert où se trouve écrite son histoire, en caractères nets et distincts, que les siècles ne pourront effacer, tant ils ont subi d'épreuves avant que d'apparaître au grand jour. 152 LE NATURALISTE CANADIEN L'incessant reflux des eaux, qui peu à peu quittait les riva- ges pour ne les plus assaïllir, donnait au sol humide qui bril- lait pour la première fois au soleil, le ton miroitant des métaux, imitant le poli de ces grandes battures du Saint-Laurent — ces champs vaseux et reluisants que les basses marées décou- vrent Journellement, mais qui se recouvrent de moins en moins, imperceptiblement, de siècle en siècle, pour finir, un jour à venir, par rester complètement à sec. Les empiétements de la vallée en formation sur les grèves: successives qui se découvraient ainsi sans retour, se firent à. grands pas sur les limites est et sud du réservoir; c’est-à-dire, depuis les écueils qui arrêtent le débordement des eaux vers. l'est, du nord de Taché jusqu’au sud de Labarre, et ainsi que. tout le flanc nord des berges élevées qui coupent en deux les cantons Mésy, Caron, Metabetchouan, Charlevoix et Ro- . berval. Presque tous ces terrains encore submergés alors, et à l'abri des grands courants qui n’agissaient plus que faiblement sur tout ce parcours, ne subissant aucune altération importante durant le cours de leur émersion, restèrent à peu près dans le même état et au même niveau qu'avant la débâcle. P.-H. Dumais. (À suivre.) L'ÉCUREUIL VOLANT DU LABRADOR Dans la livraison de juin 1901 de l'Oftawa Naturalist, M. J. D. Sornborger, de Cambridge, Mass., a décrit, sous le nom de- Seiuropterus sabrinus makkovikensis, une nouvelle espèce de polatouche ou écureuil volant, provenant de la localité nom- mée Makkovik, Labrador. Cette espèce serait de plus grande: L'ÉCUREUIL VOLANT DU LABRADOR 153 taille que toutes les autres de l'Amérique du Nord ; sa couleur serait aussi plus foncée que celle des autres polatouches des ré- gions de l’est. Provancher (N. C. I, p. 246) ne mentionnait qu’une seule es- pèce canadienne de polatouche, le S. volucellu, Less., et ne lui at- tribuait qu'une longueur de 4 à 5 pouces. Au mois d'août 1900 (N. C., XX VII, p. 77) nous avons men- tionné la capture, faite à Chicoutimi, d’un polatouche que nous avons cru être le S. volucella, Less. Il nous revient main- tenant que sa longueur dépassait beaucoup quatre à cinq pou- ces, et que son pelage était foncé et non pas gris (comme dit Prov. du $. volucella, Less.) Nous sommes done bien près d'être convaincu que c'était le S. sabrinus makkovikensis, Sornb., que nous avons vu à Chicoutimi ; d'autant que M. Sorn- borger, d’après un spécimen de la collection d’un M. Batchelder, de Tadoussac,est d'avis que ce polatouche du Labrador doit se rencontrer, sur la côte nord du Saint-Laurent, jusqu'à la rivière Saguenay. On se dira peut-être qu’il est facile de résoudre le problème, puisqu'on à capturé à Chicoutimi, il y a deux ans, cet écureuil volant. Assurément, on l’a capturé. Mais il faut savoir que le prisonnier s’est ensuite évadé, emportant dans les forêts le sujet d’études qu'il offrait. Et personne ne sait quand il revien- dra s'offrir à nos observations et à notre plume. En février 1901, nous avons constaté que le musée de la Com- mission géologique, à Ottawa, contient seulement le S. volucella, Less., et la variété Hudsonius, de la rivière Nelson, dis- trict de Keewatin. Cette variété, quoique de plus forte taille que l'espèce volucella, nous a paru encore moins grande que le spécimen vu à Chicoutimi. Tout cela, assurément, sous toutes réserves : car la mensuration à l'œil et de mémoire n’a pas une valeur scientifique bien rigoureuse. Ajoutons qu'un spécimen du $. subrinus, Shaw, a été cap- turé au lac Edouard, P. Q., durant l'été de 1900. (C£. List of Mammals obtained in the prov. of New Brunswick and Que- bec, Field Columbian Museum, Zoo!. Ser., ps 199 154 LE NATURALISTE CANADIEN L'INTELLIGENCE DES ANIMAUX D'un article de M. C. de Kirwan, publié dans le Cosmos du 8 février 1902, nous reproduisons le passage suivant, où l’intéressante question de la prétendue «intelligence » des bêtes nous paraît très bien exposée. ... I n'y à pas de comparaison à établir, même toutes pro- portions gardées, entre les phénomènes d'intelligence même inconsciente de l’homme et la soi-disant intelligence des bêtes. Celles-ci ne sont pas des êtres intelligents, sans être d’ailleurs des automates. Ce sont des êtres sensibles et capables d'une connaissance particulière et concrète, hic et nunc, d'autant plus étendue et développée qu’elle résulte d’un organisme plus compliqué et plus parfait ; mais ce n’est point là l'intelligence au sens propre et philosophique, puisqu'une telle connaissance ne peut Jamais s’abstraire, jamais atteindre le général et l’uni- versel. Ces êtres ne sont pas non plus des automates puisqu'ils sen- tent, jouissent, souffrent, sont mus par des appétits et des passions ; et il n’est pas exact non plus qu'ils soient abso- lument inconscients. Sans doute la conscience telle que nous l'avons définie plus haut ne leur est point applicable, étant essentiellement intel- lectuelle et morale. Maïs on conçoit très bien une sorte de con- science inférieure, prenant sa base sur la seule sensibilité, au moyen de laquelle l'animal, sans se rendre compte, sans se savoir existant, se sent exister ; une conscience purement sen- sible, partant vague, sourde, non consciente, si l'on peut ainsi s'exprimer, — par opposition à la conscience raisonnée, précise, consciente d'elle-même, qui est celle de l’homme. Mais, pour être infiniment loin de l’automate quant à son être, sa constitution et sa sensibilité, l’animal n’en agit pas moins automatiquement dans diverses circonstances, comme, par exemple, quand tel insecte, qui ne doit pas survivre à la ponte de ses œufs, prépare tout, avec une prévoyance qui se- rait une preuve de génie si elle était consciente et libre, pour le logement, la nourriture, la préservation et le développement de sa future progéniture qu'il ne connaîtra même pas. I y à là, certes, un effet de haute intelligence, mais d’une in- (=) ; telligence qui est, comme le dit Bossuet (1), en dehors du (1) Connaissance de Dieu et de soi-même, chap. v, $ 11: (Une secrète raison dirige tous ces mouvements ; mais cette raison est en Dieu ; ou plutôt c’est Dieu même qui, parce qu’il est tout raison, ne peut rien faire qui soit suivi. » 7 L'EXPOSITION DE SAINT-LOUIS, 1904 155 sujet et au-dessus de lui, non l'effet d’une suggestion, d’un éclair, de la prévoyance divine dans le prétendu esprit de l'insecte. Celui-ci agit automatiquement sous une impulsion qu'il ignore, suivant une loi attachée par l’Auteur de toutes choses au fonctionnement même de son organisme. Aïnsi en est-il de chaque animal suivant la destination ou l'appropria- tion de ses organes. Mais toute activité de la brute n'a pas ce caractère d’auto- matisme et d'absolue inconscience. L'animal qui poursuit sa proie et celle-ci en fuyant le danger, encore qu'ils soient l’un et l’autre hors d'état d'analyser leur impression et de s’en ren- dre compte, ont vaguement conscience (conscience sensible seu- lement), le premier de la faim qu'il cherche à satisfaire, la se- conde du danger qu'elle veut éviter. Il n'y a plus là d’automa- tisme, mais re sensation de besoins à satisfaire, de danger à éviter, avec la connaissance sensitive et particulière appropriée à cet objet. L'EXPOSITION DE SAINT-LOUIS, 1904 - Nous avons reçu, le mois dernier, la première cireulaire du Département de Chasse et de Pêche à l'exposition de Saint- Louis. On veut réunir, dans cette section, une bibliothèque de livres et autres publications intéressant l’histoire naturelle, et l’on nous demande l'envoi du Naturuliste canadien pour faire partie de cette collection. Pour peu que l’on connût l'attention que l’on accorde aux sciences naturelles dans les Etats-Unis, on pouvait s'attendre à ce que cette branche des connaissances humaines ne serait pas négligée dans l'Exposition universelle que l'on prépare. C’est dans la section de Chasse et de Pêche que la zoologie sera en grande partie représentée. « Les autorités de l'Exposi- tion, dit la Circulaire de M. Tarleton H. Beau, chef de cette Section, ont le très vif désir d'assurer la représentation com- plète de la vie aaïmale de tous les pays. Le programme du département de Chasse et de Pêche comprend l'exposition de 156 LE NATURALISTE CANADIEN plantes et d'animaux vivants, de la littérature biologique ani- male et végétale, l'outillage et les procédés nécessaires pour l'accroissement naturel et l'accroissement artificiel des espèces animales et vévétales, ete.» Voilà un programme fort étendu, et dont l'exécution offrira au public de belles occasions d'étude du règne animal et du règne végétal. Si quelqu'un de ceux qui liront ces lignes ont quelque inté- rêt à avoir des détails sur l’organisation de cette section de chasse ou de pêche, ou désire connaître ce qu'il y à à faire pour prendre part à cette exposition particulière, il obtiendra, sans doute tous les renseignements nécessaires du chef de cette Section, M. Tarleton H. Beau, «Department of Fish and Game, World's Fair, St. Louis, Mo., U. $S » Nous souhaitons que le Canada, si remarquable par sa fau- ne et sa flore, fasse excellente figure dans ce département comme dans les autres parties de l'Exposition de 1904. UN CENTENAIRE Nous venons de relire, dans le Journal de Rouen, le compte rendu de la célébration, qui eut lieu le 18 mai dernier, du cen- tenaire de la « Société libre des Pharmaciens de Rouen et de la Seine-Inférieure. » Notre ami et collaborateur, M. Poussier, pharmacien rouen- nais, à fait durant les fêtes du centenaire un discours plein d'esprit et d’érudition sur l’histoire de l’honorable corporation dont il fait partie. Nous y relevons des détails amusants. Par exemple, jadis, les apothicaires ne pouvaient s’absenter sous peine d'amende ! Ils ne devaient, sous menace de peine sévère, délivrer des drogues que sur présentation d’un certificat du confesseur du malade ! En outre, M. Poussier a organisé une exposition de documents anciens, relatifs à la profession, exposition qui n’a pas manqué de donner à la fête du centenaire un cachetde spéciale originalité. PUBLICATIONS REÇUES 157 CONSERVATION DES ŒUFS Il y a tant de siècles que l’économie domestique cherche un l I bon moyen de conserver les œufs à l’état frais ; et l’on n’a pas trouvé encore de procédé qui donnât à cet égard satisfaction parfaite ! C’est humiliant pour le genre humain. — Pourtant, : le Tablet du 8 février 1902, reproduit par le Cosmos du 5 avril, publiait une lettre d’un ancien curé protestant, M. R. Raïkes Brouage, où se trouve exposée une méthode qui a très bien réussi à ce correspondant. « Le matin, dit-il, avant d'aller ramasser les œufs, mettez une casserole pleine d'eau sur le feu, de façon qu'elle soit bouil- lante à votre retour du poulailler. Alors, au moyen d'une cuil- ler, plongez chaque œuf quelques secondes dans l’eau bouil- 5 l Ace lante, assez pour fermer tous les pores de l'œuf. Il ne reste plus qu'à les placer sur un orillage comme font les laitiers, et l'opération est finie. — Si vous veillez à ne point fendre la co- que de façon à permettre l'entrée de l'air, les œufs resteront parfaitement frais des mois entiers : tel a été du moins le résul- tat de mon expérience. » PUBLICATIONS RECÇUES — Henri Bourassa, M. P., Le Patriotisme canudien-françans. Ce qu'il est, ce qu'il doit étre. Montréal, 1902. Discours rempli de considérations pratiques qu'on ne sau- rait présenter trop souvent à l'attention de nos compatriotes. — The Vides in the midst of the Pacific Oceun. À study by Alexander Brownlie. (Reprinted from Bulletin of the Amer. Geogr. Soc., April, 1902.) — L. Dupont, À propos de la nouvelle édition du Catalogue -Staudinger. (Extrait du N° 378 de «La Feuille des Jeunes Naturalistes. » ) 158 LE NATURALISTE CANADIEN Ce mémoire est intéressant pour les lépidoptéristes de tous: pays. — Galerie des prétres du diocèse de Saint-Germain de Rimouski, par l'abbé E.-P. Chouinard, curé de Saint-Paul de la Croix (Témiscouata). Québec, 1902. Très joli volume cartonné, contenant la bibliographie et le portrait de tous les prêtres du diocèse de Rimouski. Se vend $ 1.50, chez l’auteur. — Esquisse géologique du Canada pour servir à la prépa- ration d’un Chronographe géologique du Canada et des autres. parties de l'Amérique septentrionale britannique. Par H.-M. Ami, membre de la Commission géologique du Canada. Qué- bec, 1902. Cette belle brochure de 69 pages est un tirage à part du travail publié dans le Vaturaliste canadien, l'hiver dernier, par M. Ami; par conséquent nous n’avons pas à donner une idée de ce qu’elle renferme. Qu'il nous suffise de dire que cette Esquisse est le résumé de tout ce que l’on connaît à l'heure actuelle sur la géologie du Canada : c’est indiquer la grande im- portance scientifique de ce travail. Quant à son autorité, le nom de son auteur, universellement connu, en est la suffh- sante garantie. Ce qu'il y a d’inédit dans cette publication, c'est une table des matières très détaillée qui remplit neuf pages. À l’aide de cette Table, on peut donc se renseigner en un instant sur la localité ou le détail géologique que l’on recherche. On peut se procurer l’Æsquisse géologique chez l’Auteur, Edifice de la Commission géologique, Ottawa. — Catalogue of New York Reptiles and Batrachians, by Edwin C. Eckel and Frederick C. Paulmier. Albany, 1902. Nos remerciements aux auteurs de cette brochure pour l’en- voi d’un exemplaire. Ce Catalogue n'est pas une simple liste. Au contraire, il comprend la classification et la description des espèces, avec clefs analytiques et gravures nombreuses. C’est donc une pu- blication qui sera très utile. PUBLICATIONS REÇUES 159 — C. G. Lloyd, The Geastræ, 11. with SO figures. Cinein- nati, O. 1902. Les « Géastrées » constituent une sous-tribu des Lycoperdées, groupe de plantes cryptogamiques. Le présent ouvrage con- tient la description des espèces nord-américaines de Géastrées. — Annuaire du Séminaire de Chicoutimi pour l’année scolaire 1901-02. — 32% Annual Report of the Entomological Society of Ontario. 1901. 33 Annual Report of the Fruit Growers Association of Ontario. 1901. S® Annual Report of the Fruit Experiment Stations of Ontario. 1901. Ces trois brochures, publiées par le souvernement d’Ontario, contiennent une masse d’utiles renseignements, qui intéressent l’agriculture et l’horticulture. — E. Gagnon, Louis Jolliet, découvreur du Mississipi et du pays des Illinois, premier seigneur de l'île d'Anticosti. Etude biographique et historiographique. Québec, 1902. Un vol. gd in-8°, 300 p., rel. toile. ( $1.00, chez les libraires, et chez l’auteur (164, Grande-Allée, Québec.) Cet ouvrage a été l’objet des appréciations les plus élogieu- ses de la part des critiques de France et du Canada. Cela n’a rien d'étonnant, car l’on sait que M. Gagnon est l’un de nos écrivains les plus élégants, et l’un de nos érudits les plus con- scientieux. On regarde sa biographie de Jolliet comme une œuvre définitive sur le grand explorateur canadien. — La «Lloyd Library », Cincinnati, O., publie depuis une couple d'années une série de bulletins, intitulée Mycological Notes, que nous signalons aux amateurs de la botanique cryp- togamique. —Le Canadian Antliquarian, de Montréal, a publié, dans son fascicule de janvier-octobre 1901, l’intéressant « Journal de M. Thomas Verchères ae Boucherville, dans ses voyages aux pays d'en haut, et durant la dernière guerre avec les Améri- cains, 1812-13, » 160 LE NATURALISTE CANADIEN Vient de paraitre LES MAMMIFÈRÉS DE LA PROVINCE DE QUÉBEC, par C.-E. Dionne, conservateur du Musée zoologique de l’université La- val. Québec, 1902. Un vol. in-12, illustré, de 285 pages. Prix, $ 1.00, chez l’au- teur, à l’université Laval. « Canadiana » — Revue mensuelle de pressophilie et de phi- latélie canadienne. 50 cts ou 3 frs par an. Demandez un N° spécimen. Directeur, O.-H. Tielemans, Mariahilf, Assa., N. W.T., Canada. ETUDES PRÉLIMINAIRES SUR LES SYRPHIDES DE LA PRO- VINCE DE QUÉBEC, par G. Chagnon. 75 pages in-8°. —_L'ex. franco: 50 cts, au bureau du Naturaliste canadien, Québec, et chez l’auteur, Boîte-poste 186, Montréal. PHŒNIX ASSURANCE COMPANY OF LONDON. CAPITAL : $ 13,444, 000 Fait affaire au Canada depuis 1804, Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de sûreté. PATERSON &, SON, Agents généraux, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi. LA ROYALE Compagnie d'Assurance d'Angleterre, CAPITAL : $ 10,000,000. — VERSEMENTS : $ 12,000,000 La plus considérable de toutes les compagnies d’assurance contre le FEU. W. M. TarLey, Agent général, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean. ..CHICOUTMII x, Pre CPE ee ee D 17 Cr LE NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No ll Québec, Thovembre 1902 Directeur-propriétaire : l'abbé V.-A. Huard mn FIN D'ÉTÉ A ANTICOSTI 10 septembre 1901. (1) Le lecteur qui chercherait dans les quelques lignes qui vont suivre des événements sensationnels serait déçu. J’ai préféré, au contraire, communiquer au Vaturaliste canadien quelque chose de courant, d’habituel, pensant ainsi donner une idée plus exacte, tant incomplète qu’elle soit, de ce quise passe un Jour quelconque de fin d'été à l’île d’Anticosti, au point de vue de l’histoire naturelle. Ce matin à quatre heures, avant le lever du soleil, la mer se trouvant basse et le vent soufflant de la partie nord, deux con- ditions nécessaires pour faire la chasse à la passée, nous nous acheminons, un camarade et moi, à l'extrémité du reef (2) de ‘lest de la baie Sainte-Claire. (1) Eu nous adressant cet article, le 23 octobre 1902, le Dr Schmitt nous écri- vait : «Je retrouve dans mes notes de l’an passé une Fin d'été à Antiscosti qui correspond d’une manière frappante à ce que j’ai observé cette année à la même date, phénomènes planétaires à part. » Rép. (2) Les pêcheurs du golfe Saint-Laurent ont accoutumé de se servir de ce mot anglais reef, pour désigner un récif attenant à la côte et découvrant à mer basse. En d'autres parties de la province de Québec, on emploie le mot battures. 11 — Novembre 1902. 162 LE NATURALISTE CANADIEN Pendant toute l’année, mais surtout en automne et en hiver, un grand nombre des oiseaux du Golfe, gênés près du rivage par le vent et les vagues qui leur rendent plus difficile la recherche de leur nourriture, passent tantôt au sud, tantôt au nord de l’île pour trouver l’eau calme, et, dans ce trajet répété à chaque saute de vent, contournent les extrémités des reefs, en serrant la terre de près pour abréger leur voyage. Dans le clair obscur du matin, le dernier croissant de la lune brille au Levant, dans un ciel froid d’un bleu pâle. Sur le riva- ge, qui se trouve constitué de calcaire silurien, nos pas projet- tent dans les flaques d’eau de nombreuses et brillantes goutte- lettes d’opale. | Bientôt nous arrivons à la limite de la basse mer, et nous voyons venir sur nous dans le lointain de l'horizon, du côté du nord-est astronomique, une bande d'oiseaux, un volier, comme on dit ici, qui forme d’abord un point, puis bientôt une ligne sombre qui grossit de plus en plus. Ce sont des momiacs (1) (eiders). Nous nous baissons aussitôt et les mains sur le roc, la tête fléchie entre les bras; près de la poitrine, nous ne ressem- blons plus qu'à quelque bloc erratique inoffensif, comme il n’en manque pas le long de la côte Les oiseaux se rapprochent toujours et vont arriver à la pointe du rocher où nous sommes. [s sont maintenant assez près de nous pour que nous enten- dions le battement de leurs ailes. Dès qu'ils nous ont dépassé, nous nous redressons pour tirer, s'il y a lieu, car notre chasse n’a pour but que de nous fournir des sujets d'étude et notre principe est d'essayer d'obtenir, de la sorte, seulement des objets plus ou moins rares qui nous seront utiles pour des fins scientifiques, sans faire un massacre odieux et trop facile. Assez nombreuses sont les espèces d'oiseaux qui défilent alors au bout du reef. Les plus communes sont les différents eiders qui volent actuellement par petits groupes. Arrivés seu- lement depuis quelques jours des îles Mingan où ils sont allés (1) Le premier nom donné pour chaque espèce d'oiseau sera celui dont se sèr- vent les pêcheurs du Golfe, comme moniacs, ouarnicouti, petits-noirs, margots, petits-bonshommes, becscies, etc. FIN D'ÉTÉ A ANTICOSTI 163 couver, ces canards formeront pendant l'hiver des masses com- pactes de plusieurs centaines d'individus. Le magnifique Ouar- nicouti (Somateria spectabilis) s'y rencontrera alors fréquem- ment. D'autres voliers sont constitués par les petits-noirs (Oide- mia Americana) qui passent par bataillons d’une trentaine. Un autre point qui se montre à l’horizon se composera de trois ou quatre margots (Sula bassana). Parfois le cortège ne manque pas de musique, et le cri des petits-bonhommes (Ale alle) qui ressemble à un jappement de jeune chien l’ac- compagne Mais le ciel s'éclaire peu à peu vers l'orient, et bientôt der- rière nous apparaît sur le haut d'une colline boisée le disque majestueux du soleil. Le rivage estompé à la base d’une bru- me bleuâtre légère présente des contours encore indécis. C’est alors que le passage des oiseaux augmente, les bandes passant les unes au large, hors de portée, les autres près de nous, cer- taines enfin, particulièrement les becscies ( Merganser America- nus et Merganser serrator)en groupes de dix à vingt, traver- sent au-dessus du reef où nous sommes, près de la bordure de la forêt. Entre temps le Luard (Urinator imber) majestueux et solitaire nous arrive de l'horizon, cependant que volent, de ci, de là, quelques Airondelles de mer (Sternes) et quelques goëlands, et que de nombreuses alouettes de mer (Tringa Wil- sont, T. maculata, Arenaria interpres, etc.) passent cracieuses et insouciantes, au ras de l’eau, à quelques pas de nous, pour s'arrêter souvent un peu plus loin et chercher au milieu des algues découvertes par le reflux les amphipodes qui y pullu- lent. Le soleil s'élève de plus en plus au-dessus de la forêt. Il est maintenant sept heures du matin. Les passages d'oiseaux se font plus rares et vont bientôt cesser presque complètement. Dans le lointain apparaissent lumineuses les colonnes de vapeur d’eau projetées par l'évent des baleines, tandis que, dans notre voisinage, sort de l’eau la tête du loup marin (Phoca vitulina) qui nous regarde de son œil curieux et étonné. 164 LE NATURALISTE CANADIEN L'état de la marée nous a permis de recueillir sous les pier- res et dans les flaques d’eau de nombreux invertébrés marins, néréis, synaptes, astéries, mollusques, crustacés, etc., qui seront fixés au retour dans un liquide conservateur et gardés dans la salle de collection de l'hôpital. Mon camarade me quitte pour aller à ses occupations de bureau ; et le reste de lamatinée est employé par les soins que j'ai à donner aux malades, par la consultation hospitalière, les pansements et la préparation des médicaments. Dans l'après-midi, après une courte visite à domicile chez un malade qui ne peut se déplacer pour venir à la consultation. arrive le tour du service vétérinaire dont je suis chargé, et qui se borne pour aujourd'hui à constater que les nombreux ani- maux domestiques et certains animaux sauvages parqués sont en parfait état de santé. Déjà quatre heures de l'après-midi. Il est grand temps de gagner la forêt avec la boîte à herboriser, qui dans cette fin d'été ne me servira plus guère que pour les champignons, et le flacon à insectes dans lequel j'aurai l’occasion de mettre quel- ques derniers spécimens avant l'hiver. Dans le sous-bois, les feuilles des pimbina (Viburnum opu- Lus et Viburnum pauciflorum) rougissent, et les fruits de ces viornes élégantes commencent à se détacher de leur tige. Les graminées ( Panicularia nervata, Cinna latifolia, ete.) se des- sèchent sur le bord du sentier. Quelques rares fleurs de renon- cule (Ranunculus acris) importée dans les graines fourragères persistent encore, ainsi que des quatre-temps (Cornus Cana- densis ). Par un phénomène curieux qui se produit à la fin de la flo- raison de ce cornouiller nain, ses dernières fleurs ne sont plus révulières, et souvent les involucres, ainsi que les feuilles qui les avoisinent, s'écartent alors de la forme type de l’été pour présenter tous les passages insensibles de forme et de couleur entre les feuilles vraies et les folioles pétaloïdes d’un blanc pur qui entourent l’ombelle des petites fleurs. Bien embarrassé serait le botaniste en présence de tels de ces organes de la PERTE LE ad À ce FIN D'ÉTÉ A ANTICOSTI 165 plante pour les déterminer comme feuilles ou comme folioles pétaloïdes. A côté de ses rares fleurs tardives, se voient les nombreux fruits rouges de cette plante qui commencent à tom- ber et se mêlent dans les mousses aux derniers fruits du petit- thé (Cliogenes hispidula), drôles de petits sacs blancs qui res- semblent à une pilule oblongue de salol enrobée dans une enve- loppe transparente. Ces fruits du Chiogenes ont non seulement la blancheur, mais le goût de ce dérivé de l'acide salicylique, et facilitent remarquablement la digestion chez les dilatés de l'estomac. Les pyroles sont en graines. Le Galeopsis tetrahit nous montre ses dernières corolles. Les épilobes (Chamænerion angustifolium) sèment dans l’air leurs volantes aigrettes pen- dant que leurs dernières fleurs, qui ne sont pas à maturité, se flétrissent, bien qu'il n’y ait pas eu encore de gelée, sentant que la belle saison est maintenant trop courte pour qu'elles puissent mener à bien leurs graines. La période de végétation est décidément terminée pour cette année, aussi les feuilles commencent à abandonner les arbres et la forêt tout entiere prend sa belle coloration de l'automne. Aucune fleur nouvelle n'apparaît. Les anciennes sont disparues ou en voie de dispa- rition. Voici pourtant encore en floraison le mille-feuille (Achillea millefolium) si résistant, qui comme le galeopsis et plusieurs autres plantes a été aussi importé sans qu'on le veuille, puis, quelques potentilles jaunes( Potentilla Monspe- liensis et d'assez nombreuses sanguisorbes (Sanguisorba Cana- densis), les dernières qui se montreront pendant cette saison. Dans les ombres qui s'allongent, se devinent çà et là quelques asters, et au milieu d’un bas-fond humide les énormes capsules des vris (Iris versicolor) gonflées de graines. Muis quelles sont ces plumes d'oiseau qui jonchent le sol ? C'est la dépouille d'un merle (Merulu migratoriu), dernier vestige du repas de quelque rapace. Les insectes deviennent rares et se cachent ; aussi n'est-ce qu'en soulevant les mousses qui recouvrent le pied des arbres que l’on y rencontre blottis quelques carabes déjà engourdis 166 LE NATURALISTE CANADIEN par l’approche de la saison froide. Voici toutefois, voltigeant près d’un saule, un magnifique papillon ( Vanessa antiopa) récemment éclos. Plus loin, quelques phryganes dansent une sarabande effrénée dans les rayons du soleil couchant qui illu- mine la mer, sur laquelle se profilent des barques de pêcheurs de morue qui se hâtent de rentrer avant la nuit. Mais le soleil disparaît rapidement ; il est maintenant au- dessous de l'horizon et les flaques d’eau des reefs ne reflètent plus que ses dernières lueurs d’or. Dans l’est apparaissent Saturne et le brillant Jupiter. L'un des chiens de notre {em qui nous sera si utile pour nos excur- sions d'hiver, et dont l’aboiement seul troublait le silence de la baie, s’est tu. C’est alors que dans le calme du soir apaisé sonne la cloche de l’Angelus, tandis que se fait entendre sur le rivage, comme un bruit de foule, la rumeur confuse de la mer, apportée par un souffle de brise. Dans la soirée, en mettant en ordre quelques fossiles, je rencontre des Saxzcava que le savart professeur de géologie de l'Université Laval, Mer Laflamme, a découverts récemment pendant son séjour à l'île; puis je rédige ces quelques notes d’une journée de fin d'été dans le wolfe Saint-Laurent, que J'aurais voulu, pour les lecteurs du Naturaliste canadien, être plus intéressantes. JOS. SCHMITT, médecin à Anticosti. LES LAMPROIES La Lanproie est un poisson à squelette cartilagineux, de la Classe des Marsipobranches (Bonaparte) où Cyclostomes, (C. Duméril), de l'Ordre des Hypéroartiens, de la Famille des Pétromyzonides. Son organisme assez simplifié ne permet pas de la placer ailleurs qu'au bas de la série des Vertébrés. LES LAMPRUIES 167 Ce poisson ressemble assez aux Anguilles. Ainsi, il n'est pas recouvert d'écailles, et sa tête n’est que la prolongation du tronc. Mais il se distingue entièrement de l’Anguille par sa bouche et ses branchies. En effet, chez les Marsipobranches, la bouche est en ventouse, de forme plus ou moins circulaire, et se termine par un disque. Les dents, qui tapissent l’intérieur de l'appareil buccal, sont nombreuses et parfois bifides ou trifides ; au fond,est la langue, organe de succion. Quant aux branchies, elles sont fixées sur les côtés de l’æso- phage, et communiquent avec l'extérieur par des canaux qui débouchent par des orifices distincts et placés en ligne droite en arrière de la tête. Ces orifices sont au mombre de 7, de cha- que côté. Enfin, pour restreindre cet exposé anatomique, ces curieux poissons sont dépourvus de vessie natatoire, et s'enfoncent dans l’eau dès qu'ils cessent de se mouvoir. L'absence de nageoires pectorales et ventrales interdit à peu près la natation aux Lamproies. Elles se meuvent pourtant avec assez de rapidité, par des mouvements de reptation qui rappellent ceux des serpents. Mais lorsqu'il s’agit de re- monter des courants impétueux, ces procédés rudimentaires ne suffiraient plus. Dans ce cas, elles S'avancent par bonds succes- sifs, s’attachant, après chacun de ces sauts, à quelque corps so- lide à l’aide de leur bouche, pour s’y reposer quelque temps. On croit aussi que parfois elles se fixent, toujours au moyen de leur bouche, au corps de certains poissons, et voyagent de la sorte de la façon la plus facile dn monde, jusqu'à de grandes distances. Le Saumon et l’Alose, entre autres, leur rendraiïent cette espèce de service, quoique assurément bien malgré eux. I] faut remarquer, à ce propos, que les Lamproiïes peuvent ad- hérer avec une force étonnante aux corps sur lesquels elles se fixent. Au dire du naturaliste Jardine, une Lamproie du poids de 3 livres « peut enlever une pierre pesant au moins 12 li- vres. » (Brehm.) Les Lamproiïes, d’eau douce ou d’eau salée, remontent les riviè- res pour frayer. Les femelles déposent leurs œufs dans une fosse, 168 LE NATURALISTE CANADIEN Mais ce qu'on ne sait guère que depuis un demi-siècle, c'est que la Lamproie est un poisson à métamorphoses, comme l’'Anguille. Ce fut en 1856 que l’on reconnut que certain pois- son, nommé Ammocète par les naturalistes, n’est que la Lam- proie à sa période larvaire. Cette larve ressemble beaucoup à l'animal arrivé à son état adulte. Elle s’en distingue pourtant par son corps moins cylindrique, par sa bouche sans dents et affectant la forme d’un fer à cheval, et par ses yeux presque invisibles. L’Ammocete d'Europe ne se transforme en Lamproie qu'au bout de deux ou trois ans; il s’enfouit dans le sable ou la vase, et évite la clarté. L'espèce correspondante américaine doit avoir les mêmes allures. La plupart des Lamproies meurent après leur première ponte. Bien que de digestion un peu laborieuse, la chair des Lam- proies est délicate, surtout lorsqu'elle n’a séjourné encore que peu de temps dans l’eau douce. Nous ignorons toutefois si, en Amérique, elle figure jamais dans l'alimentation. Quant à la nourriture des Lamproies elles-mêmes, elles « se nourrissent, dit Brehm, de vers, de mollusques et s’attachent aux cadavres d’autres animaux, bien qu'elles s’attaquent trop souvent aux poissons. Après que la Lamproie, à l’aide de sa ventouse buccale, s’est fixée sur le corps de sa victime, elle fait agir ses dents qui dans sa bouche forment une couronne, entame la peau et dévore peu à peu sa proie, en l’entamant par une série de trous, qu’elle soit morte ou vivante. Il suffit, en effet, de regarder la redoutable ventouse si puissamment armée dont est pourvue la Lamproie, pour comprendre de suite qu'elle peut s'attacher à des proies volumineuses et les dévorer. » Le 8 juin 1895, lors d’un séjour que nous fimes aux Sept- Isles, Labrador, un pêcheur du lieu nous donna un petit pois- son, d'une longueur de 6 à 7 pouces, qu'il avait trouvé attaché par la bouche au corps d’une morue. Nous avons noté, dans le temps, qu'à part le ventre qui était blanc, la couleur générale était bleu foncé sur le dos et surtout à l'extrémité du corps, LES LAMPROIES 169 bleu pâle sur les côtés. Mais ces teintes se sont bien effacées, après sept années de séjour dans l'alcool et à la lumière. Ce n’est que dans ces dernières semaines que nous avons pu étu- dier sérieusement ce spécimen ichthyologique, et nous l'avons rapporté à l'espèce Lampetra Wilderi, Gage (Small Black Lamprey). D'après MM. Jordan et Evermann (The Fishes of North and Middle America, TI, p. 14), il n’est pas sûr que cette espèce soit différente de la Zampetra (ou Petromyzon) Planeri de l'Europe occidentale. Ce serait aussi l'espèce dési- gnée —— à tort, pensons-nous — sous le nom de Petromyzon nigricans, Lesueur, par Provancher dans le N. C., vol. VIII, p. 262. Ainsi mis en veine par la détermination de cette Lamproie, nous abordâmes en même temps l'étude d’un autre petit poisson que nous avons reçu de Montréal au mois de décembre 1901, et qni avait été capturé sur le bord du Saint-Laurent, près Mont- réal. On nous donnait ce poisson, dont la longueur était de 4 à 5 pouces, comme étant une petite Anguille; toutefois, notre correspondant s’avouait dérouté par la forme singulière de la bouche du spécimen transmis. Eh bien, c'était encore là une Lamproie, mais seulement à la période larvaire, comme l'indi- quaient bien le corps moins cylindrique, la bouche sans dents et affectant la forme d’un fer à cheval. Nous avons reconnu, dans ce spécimen, l’/chthyomyzon concolor, Kirtland. C’est, eroyons- nous, l'espèce décrite sous le nom de Scolecosoma concolor, Gi- rard, dans le N. C., vol VIII, p. 263. A part les deux espèces de Lamproies dont nous venons de parler, Provancher (Loc! cit.) en mentionnait encore une autre comme appartenant à notre faune : l’Zchthyomyzon castaneus, Girard. Mais nous sommes loin d’être certain que cette espèce appartienne à la faune du Saint-Laurent: car, d'après Jordan et Evermann, on ne l'aurait trouvée que dans l'Ouest: les Grands Laes, le Mississippi. Ilne faut pas toutefois y aller trop affirmativement : car il n’est pas contraire au bon sens de trouver dans le Saint-Laurent des poissons reconnus pour ha- biter les Grands Lacs. 170 LE NATURALISTE CANADIEN L'histoire naturelle de jadis, à Québec Les botanistes et les amateurs de la culture des plantes d'appartement liront avec intérêt, croyons-nous, l’article sui- vaut, signé par Sir James M. Lemoine et publié sur le Journal de Québec de 1868. Nous ignorions l'existence de lopuscule, qui y est mentionné, sur les Fougères du Canada, dont l’auteur, nous dit M. Lemoi- ne, est décédé l’automne dernier à Toronto. Quant à lac Wardian Box,» nous connaissons depuis long- temps — par la lecture — cette invention, maïs nous n’en avons jamais vu. Voici maintenant cet article de 1868, réédité contre toute attente, assurément, au bout de presque 35 années, LES FOUGÈRES DU CANADA Sous le titre de Hand Book of Canadian Ferns, M. John Paxton, jardinier paysagiste de madame J. Gibb, de Wood- field, Sillery, otfre au public canadien, peut-être devrions-nous dire: aux dames qui aiment les fleurs, une brochure sur nos fougères, pour la modique somme de 30 centins. Il en est peu qui soient plus autorisés que M. Paxton à parler sur le sujet en question ; il est un des jardiniers paysagistes les plus érudits dn Canada: ses succès à chaque exposition hor- ticole tenue à Montréal et à Québec sont là pour le prouver. Son volume renferme d'excellents conseils sur la culture de cette belle et nombreuse famille des ptérides, leurs variétés, les localités où on les trouve. L'illustre Linnée comptait 180 variétés de fougères; les bota- nistes modernes en connaissent maintenant au delà de 3000, nous en avons 41 en Canada et davantage. M. Paxton se bor- ne à ces dernières. Nous n’entreprendrons pas de faire une critique raisonnée du travail de M. Paxton: cela appartiendrait de droit aux détour dll Fa L'HISTOIRE NATURELLE DE JADIS, A QUÉBEC 171 abbés Brunet et Provancher. Mais il est un des objets décrits assez au long dans le volume qu'il nous a été donné de voir et d'admirer dans quelques salons canadiens, nous voulons dire le jardinet coquet, conservatoire en miniature, que l'on nomme en Angleterre Wardian Box, du nom de l'inventeur N. B. Ward. Une jolie dame anglaise récemment nous exhibait, avec un orgueil manifeste, son magique jardinet, où régnait, disait-elle, une verdure perpétuelle au milieu de girandoles de frais feuil- lage et de plantureuses arabesques ; «bref, ajoutait-elle, celui qui sait apprécier le chant des oiseaux et leur brillant plumage doit admirer le bijou Fern Cuse que voilà.» Ce jardinet conte- nait au delà de quinze fougères différentes : les unes les nains de l'espèce. Dimensions du jardinet, deux pieds et demi en lon- gueur; deux pieds en hauteur ; quinze pouces en largeur. Le but du jardinet de Ward est de protéger la plante contre la chaleur desséchante des calorifères dans les maisons ; le cou- verts’enlève quand on veut arroser les fougères, et, au moyen d’un conduit, l’on empêche que l’eau ne s'accumule trop à la racine des plantes. Le coût peut varier de $ 5 à $20, selon qu'on lui donne une charpente de bois ou de cuivre, zinc, etc.: c’est, en un mot, une grande boîte vitrée avec couvert mouvant, que l’on dépose sur la table du salon ou dans l’'embrasure de la croi- sée ; le gaz ou la chaleur du poêle ne nuit pas aux fougères, urâce aux verres qui les encaissent et y: entretiennent une humide atmosphère. Il y à une autre manière de cultiver les fougères, assez usi- tée en Angleterre, au moyen des ROCKERIES, tertres de pierres et de racines que l’on élève dans un endroit humide : car la cha- leur et l'humidité, voilà les principales conditions d'existence des fougères. On peut en voir un, à la belle villa de M. Burstall, à Sillery, mais cela ne dure que l'été. Nous croyons que Ceux qui aiment les flenrs se muniront d'un des jardinets Ward et y tenteront, sans délai, la culture des fougvres, sujet dont on raffole en ce inoment surtoutn s Angleterre, la patrie par excellence des beaux jardins. Noue félicitons, en terminant, notre concitoyen, M. Paxton, d’avoir 172 LE NATURALISTE CANADIEN par ses connaissances et son travail contribué à faire progres- ser Québec, — dont les environs sont si remarquables par leurs paysages et leurs jardins, — dans les sciences d'agrément, afin que non seulement le pauvre dans sa ville natale trouve la vie agréable, mais aussi afin que le riche d'outre-mer y soit attiré, pour y placer ce qui sert à alimenter le pauvre, — les capitaux. JAMES Sillery, février 1868. QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY LA FORMATION DU LAC SAINT-JEAN (Continué de la page 152) Si on en excepte toutefois les lits de la Grande et de la. Petite-Décharge, de Couchepeyan, de Couchepeganiche, de Ouiatchouan et de Ouiatchouaniche, qui se creusaient toujours. de plus en plus profonds, et les escarpements de la fameuse tis- sure, que les eaux achevaient de combler en la remplissant au Beau-Portage comme une chaussée élevée subitement à leur sortie vers Kenogami — toute cette partie du bassin comprise au sud-est d’une ligne diagonale le coupant en deux depuis les chutes à Willy, rivière Péribonca, au nord de Taillon, jus- qu'au cran Sainte-Catherine, dans le canton Ouiatchouan, toute cette partie, disons-nous, ne fut pas deux années sous les eaux qui la submergeaient, avant que la ligne rompue des rivages actuels ne se dessinät à grands traits sur cette demi circonfé- rence du lac. Ce fut toute autre chose pour la partie du bassin située au nord-ouest de cette diagonale. Dans cette direction, les gran- des rivières qui y débouchent, travaillant de toute l'énergie et de. toute la puissance de leur masse énorme d’eau qui se QUELQUES APERCÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY 173 déversait des hauteurs avec plus d’élan que jamius, cher- chèrent furtivement, mais avec dépit, une issue à leur fantai- sie dans cette vaste plaine humide, qui déjà ne s'égouttait qu'à peine : elles labourèrent sans mesure des sillons profonds dans les couches d'argile accumulées là au fond du bassin, lesquelles s'élevant parfois au-dessus des eaux en brouillaient de plus en plus la limpidité, en ternissaient sans merei l’azur ; entin, elles tirent un tel travail, un tel bouleversement dans cette masse plastique et profonde qui couvrait le bassin, que rien ne résista, que tout fut lavé jusqu'aux afeurements des calcaires, jusqu'à ceux des schistes dont les stratifications se voient encore à nu, plus ou moins désagrégées elles-mêmes par les assauts des vagues et des glaces qu'elles eurent à subir. Ce qui contribua et aida surtout à approfondir d'une manière appréciable la partie sud du réservoir qui forme aujourd'hui le lac Saint-Jean, c'est le travail extraordinaire que venait d'exécuter, sous ses limites même, la crevasse du Sa- œuenay — faisant plus que fêler son assiette — en y ouvrant une tranchée sans fond, où se précipiterent, tumultueux et indomptés, les torrents de toutes ses rivières s’entre-croisant ou se heurtant sur les bords de l’abime, et y entraînant tous les dépôts enfouis naguère sous les eaux du grand lac, qui, ne pouvant résister davantage à la force impulsive de cette ava- lanche, surtout au moment où leurs affleurements s’émer- geaient au-dessus des eaux, en devinrent facilement le jouet. Aujourd'hui, si le lac Saint-Jean vient baigner ses rivages plus près des montagnes sud de l’ancien bassin que de celles du nord, c'est par le fait du gouffre — auxiliaire puissant dans cette circonstance — qui, engloutissant du coup dans ses entrailles insondables la masse entière des dépôts circonvoi- sins, déblaya incontinent le nouveau lit du lac. Car la susdite crevasse s'était ouverte près de la rive sud, à proximité des dépôts profonds formant rampe au pied des hauteurs de ce côté-là ;: et ces dépôts, beaucoup moins étendus comparative- ment que ceux recouvrant, à perte de vue, toute la partie septen- trionale du grand bassin, y furent entraînés les premiers et 174 LE NATURALISTE CANADIEN tout de suite, tandis que ceux du côté opposé ne firent que s’y incliner imperceptiblement. Il n’y a pas de doute que la partie sud du bassin fut la première assaillie et lavée par les eaux des grandes rivières. du nord, qui, impétueuses, s’en venaient heurter cette plage- là, cherchant une issue, plutôt que toute autre partie quelcon- que. Par exemple, si la crevasse se fût ouverte, disons dix milles plus au large que là où elle se trouve, et que les rivières. les plus considérables du lac Saint-Jean fussent venues du sud au lieu du nord, il n’y a pas de doute que la partie méridio- nale de cette grande vallée aurait eu beaucoup plus d’ampleur- qu'elle n'en à présentement, beaucoup plus d'espace entre le rivage sud du lac et les bords élevés du bassin; permettant ainsi aux cantons Métabetchouan, Charlevoix et Roberval, de s'étendre plus aplomb sur le fond uni de l’ancien lac, et lais- sant à d'autres les berges abruptes qui s'élèvent en arrière. * Pendant le cours de cette transformation géologique, qui dura bien dix années encore, la face du pays se changeait peu à peu. Les eaux, s'abaissant suivant le treusement pro- cressif des deux Décharges, laissaient à sec des ondulations sous-marines visibles ici et là. qui se rehaussaient par l’apriort que les vagues accumulaient sur leurs contours, formant des iles, d'alluvions, de sable ou de gravier. D’autres, sous forme d’écueils, de cimes de rochers, se relavaient sans cesse au contact des eaux et ne retinrent aucun dépôt. Des bancs de schiste et de calcaire émergèrent aussi dans la partie sud- ouest du bassin; les premiers, se recouvrant des particules désagrégées et friables de leur propre substance, très légères au contact de la houle, formaient sur leurs assises de nouvelles ondulations qui les exhaussaient en les contournant, mais tou- jours plus hautes du côté du large que du côté du rivage; tandis que les calcaires recouvrirent entièrement d’alluvions profondes leurs plans inclinés vers le lac, laissant leurs parois verticales, de même que chez les schistes, exposées à la crue du Es PUBLICATIONS REÇUES 175 printemps, aux assauts de la vague les jours des grands vents. Ces îles, pour la plus grande partie, se confondent aujour- d'hui avec les terres émergées de la vallée, imprimant un relief, qui ne les dépare pas, aux terrasses élevées et aux plaines unies qui entourent le lac, et qu'il serait facile de reconnaître et de circonscrire, tant elles ont encore empreints sur leurs contours le travail des eaux et autres vestiges de leur forma- tion. Nous voulons bien indiquer ici l'endroit où chacune des plus importantes existait. P.-H. Dümais. (À suivre.) PUBLICATIONS REÇUES —J.-B. Plante, Mémoire sur le rôle économique des volail- les. Québec. 1901. Véritable traité sur l'élevage des volailles. — Lu prise de Quebec par les Anglais en 1759, drame histo- rique, par O. Hardy dit Chatillon, de Nicolet. Montréal. 1901. (Beauchemin & Fils. L'ex., 50 cts.) — Lu Langue francaise au Canada, conférence lue devant l'Union catholique de Montréal, le 10 mars 1901, par J.-P. Tardivel, directeur de la Vérité. (Cie de la Revue canadienne de Montréal.) — Insects Li UTious to Elm Trees, by RE. Felt, D. SC., State Entomologist. New York. 1902. Nous avons rarement vu d'ouvrage typographique aussi bien exécuté. Trois planches coloriées, hors texte, sont surtout admirables. Et il y a, en outre, le côté scientifique et utile de cette publication — The Birds of North and Middle America, by Robert Rideway. Part L Washington. 1901. Bel ouvrage, dédié à Baird, le prince des ornithologistes américains. Ce premier volume contient 715 pages, et 20 planches hors texte. 176 LE NATURALISTE CANADIEN La 1"® série du VNaturaliste Nous avons acquis dernièrement, de la succession Provan- cher, tout ce qui reste du «stock » des vingt volumes de la pre- mière série du VNaturaliste canadien. Nous sommes donc en mesure de fournir la plupart des volumes ou des livraisons dont les institutions ou les particuliers auraient besoin pour com- pléter leur collection. * « Canadiana » — Revue mensuelle de pressophilie et de phi- latélie canadienne. 50 cts ou 3 frs par an. Demandez un N° spécimen. Directeur, O.-H. Tielemans, Mariahilf, Assa., N. WT, Canada. ETUDES PRÉLIMINAIRES SUR LES SYRPHIDES DE LA PRO- VINCE DE QUÉBEC, par G. Chagnon. 75 pages in-8°. — J/ex. franco: 50 cts, au bureau du Naturaliste canadien, Québec, et chez l’auteur, Boîte-poste 186, Montréal. PHŒNIX ASSURANCE COMPANY OF LONDON. CAPITAL : $ 13,444,000 Fait affaire au Canada depuis 1804, Tous nos contrats d'assurance sont garantis par près de $ 20,000,000 de sûrete. le) ] PATERSON &-SON, Agents généraux, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean, Chicoutimi. TATROVAIIE OP d'Assurance d'Angleterre. CAPITAL : $ 10,000,000. — VERSEMENTS : $ 12,000,000 La plus considérable de toutes les compagnies d’assurance contre le FEU, W. M. TaTLey, Agent général, Montréal. JOS.-ED. SAVARD, Agent pour Chicoutimi et Lac Saint-Jean ...CHICOUTMH LE NATURALISTE CANADIEN VOL. XXIX (VOL. IX DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 12 Québec, Décembre 1902 Directeur-propriétaire : l’abbé V.-A, Huard LA SENSIBILITÉ ET SES ORGANES DANS LES PLANTES (1) On connaît depuis longtemps la sensibilité ou l’irritabilité de certaines plantes. Les auteurs l’expliquaient de plusieurs manières, les uns croyant à des déshydratations sérielles du protoplasma qui amèneraient la propagation de l'excitation, les autres admettant que la transmission se faisait simplement de cellule à cellule par suite de la continuité Au protoplasma. L'expérience seule pouvait fixer la science sur ce point obscur. Et les récents travaux de M. B. Nemee (Die reisleitung und die reizleitenden struktoren lei den pflanzen, Téna) sont assu- rément suggestifs et dignes d'être signalés. M. Nemee, à la suite de traumatismes pratiqués sur les ra- eines ou autres organes végétaux, à observé l'accumulation du protoplasma, et peut-être aussi du noyau, vers le point lésé. La rapidité de ce mouvement varie suivant les tissus. Et, fait (1) Nos lecteurs seront charmés, comme nous, de voir que la liste de nos colla- borateurs s’est augmentée d’un nom aussi justement célèbre que celui de M. le Dr Surbled, de Paris. Ils souhaiteront, comme nous aussi, de voir souvent nos pages enrichies de ses communications. Rép. 12 — Décembre 1902, 178 LE NATURALISTE CANADIEN curieux, S'il rencontre une cellule en voie de division, il l’épar- gne, il ne la touche pas. De plus la modification du contenw cellulaire ne dure qu'un instant. La cellule revient à son état antérieur, puis elle se modifie une seconde fois. Le proto- plasma devient comme gélatineux, les vacuoles sy rappro- chent et se confondent ensemble. M. Nemee suppose que ce second phénomène, plus local, plus lent, est dû à une réaction fébrile, tandis que le premier tient à un trouble dans l’équi- libre hydrostatique des cellules. Une observation plus importante encore du même auteur est que le cytoplasme offre une structure fibrillaire continue. Les. fibrilles s'étendent longitudinalement à travers la cellule et semblent passer d’une cellule à l’autre. On les rencontre tou- jours très abondantes dans les organes excitables et mobiles. Sont-ce des agents de transmission des excitations ? M. Nemee le pense, car il a remarqué que les conditions qui s’opposent à. la transmission exercent aussi une action sur la structure fibrillaire. Sur les racines du Vaicia, les fibrilles ne s’observent que dans le cylindre axile. Notre auteur coupe circulairement l’é- corce, l'organe conserve la faculté de recevoir et de transmettre les excitations. Au contraire, si le cylindre axile seul est coupé, percé, altéré, le bout périphérique perd l’excitabilité ou du moins la transmission ne se fait plus à la partie proximale. On sait aussi que la partie des racines affectée par la gravité est exclusivement au point de croissance. La région douée de motilité est plus proximale. Et si l'on coupe la pointe de la racine, aucune réaction ne s'opère tant que la récénération n’est pas faite. M. Nemee a observé que cette réaction ne survient jamais quand la continuité des fibrilles n’a pu se rétablir: Alors les fibrilles de nouvelle formation et les fibrilles de la partie proximale ne se joignent pas, ne sont pas la prolongation des unes par les autres, et la transmission est impossible. Ces travaux de M. Nemee sont intéressants et demandent à être poursuivis et complétés. On y a vu une confirmation de la théorie de l’évolution. Nous y saluons, nous, une affirmation UN NOUVEAU RHOPALOCÈRE POUR LA PROVINCE DE QUÉBEC 179 nouvelle du plan créateur qui se révèle toujours plus un, coor- donné et admirable, et une démonstration du fameux axiome de Linné: Natura non facit saltus. DR SURBLED. UN NOUVEAU RHOPALOCÈRE POUR LA PROVINCE DE QUÉBEC Ajouter une espèce à la liste actuelle des papillons Rhopalo- cères de la province de Québec, est maintenant chose assez difficile ; cependant, étant à Piedmont, dans les Laurentides, le 22 juin dernier, j'eus le plaisir de capturer, sur un haut pla- teau situé sur le versant de «La Montagne » , cinq spécimens du Cœnonympha inornata. Edw. La température n’était pas très propice pour la chasse, et le ciel était couvert de grands nuages gris versant sur nous de temps à autre une petite pluie fine et glaciale. Ce papillon ne s'était Jusqu'ici rencontré qu'à Terre-Neuve, Labrador, Sault Sainte-Marie, lac Winnipeg, et dans les Etats du Montana et du Minnesota. Le Docteur W.J. Holland, qui en possède un grand nombre, prétend que ceux rencontrés à ‘Terre-Neuve sont d'une couleur distinctement plus foncée que ceux du Nord-Ouest. Quatre de mes spécimens sont pâles et l’autre plus obscur. La capture de ce Rhopalocère à Piedmont indique que la distribution géographique de cet insecte peut s'étendre, de l’est à l’ouest du continent jusqu'aux montagnes Rocheuses, en suivant les Laurentides et les hauts plateaux de la province d'Ontario jusqu'au lac Winnipeg, et de là dans les Etats du Nord des Etats-Unis. Une exploration sérieuse de la faune de ces régions de notre pays mettrait, je crois, ce lépidoptère au rang des espèces communes. CHas. STEVENSON. 180 LE NATURALISTE CANADIEN EXCURSION SCIENTIFIQUE Nous désirons remercier la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen de la gracieuse invitation qu’elle nous a faite, le 18 septembre dernier, de prendre part à une exeur- sion scientifique aux Andelys, petite ville du département de l'Eure, le 28 septembre . Nous avons eu toutefois, pour nous retenir ici, maints motifs valables, entre autres celui-ci: l’invitation ne nous est arrivée que le 30 septembre, deux jours après la date fixée pour l’ex- cursion.— Ce n’est pas la premiere fois que nous trouvons qu’il y a des inconvénients à résider si loin de Rouen. OVOVIVIPARITÉ «On m'a apporté il y a quelques jours — nous écrivait M. l'abbé El Roy le 20 septembre dernier — deux couleuvres (Tropidonotus sirtalis), lune de 234 pes, l’autre de 40 pes. Cette dernière avait le ventre notablement distendu. L'ayant ouver- te, J'y trouvai 56 petites couleuvres de 7 pcs environ de lon- gueur. C’est un bel exemple d’ovoviviparité, et aussi un beau spécimen pour une collection. » LES PIERRES SUSPENDUES AUX TOILES D'ARAIGNÉES ( De la Causerie scientifique de la Croix, 13 oct. 1902 ) Jadis, on signalait dans cette causerie le fait que l’on voit quelquefois de petites pierres suspendues aux toiles d'araignées, LES PIERRES SUSPENDUES AUX TOILES D'ARAIGNÉES 181 formant au léger tissu une sorte de lest : on supposait, avec quelque raison suivant nous, que l’admirable instinct de l'insecte le portait à agir ainsi pour mieux tendre sa toile, et. lui permettre de résister aux impulsions du vent. Le fait lui-même, les déduetions de certains observatenrs, ne furent pas sans soulever quelques contradictions. Les uns estimaient que si l'araignée voulait vraiment atteindre le but indiqué elle devrait attacher son fil à un point fixe et non à une pierre livre: grosse erreur, Car un vent un peu fort rom- prait alors la toile, tandis que, lestée seulement, elle peut céder dans une mesure, plier et ne pas rompre. D'autres voulaient bien admettre le fait, mais ils ne le croy- aient pas intentionnel. L'araignée, disaient-ils, fixe son fil en un point du sol: il peut se trouver que ce soit une petite pierre libre; le fil de la toile de l’araignée, essentiellement hygrométrique, se rétracte par l4 sécheresse et la pierre est soulevée….. Or, voici que M. l'abbé Pardieu, de Saisy, nous adresse l’ob- servation suivante, qui nous parait régler la question. « Autrefois, la Croix a parlé d'une araignée qui tenait sus- pendue à ses fils une petite pierre. On a ea l'air, si je me sou- viens bien, de traiter la chose coinme une invention; or, ce matin, jétais avec trois prêtres, qui ont constaté le fait aussi dans un jardin de ia maison des Saints-Anges, à Paray-le- Monial, où nous faisons notre retraite en ce moment, et nous avons vu deux petites pierres suspendues à un ou deux fils d’araignée, à 1", 50 de haut. Elles servaient de contre-poids à la toile d’araignée afin que le vent ne l’emportât pas. «Je suppose que chaque pierre ne pesait pas plus de sept à huit grammes, » Donc: 1° On voit des pierres suspendues à des fils de toile d'araignée : 2° on les rencontre à telle hauteur que ces pierres n'ont pas été accidentellement soulevées. Il faut en conclure que l’œuvre de l’insecte est intentionnel- le. Quant à la force qui lui permet de soulever à cette hauteur des fardeaux aussi lourds, elle n’a rien d'invraisemblable, de 182 LE NATURALISTE CANADIEN petits fils élastiques attachés à un poids très lourd permettent de le soulever par de nombreux petits efforts appliqués suc- cessivement à chacun d’eux. QUELQUES APERÇUS SUR LA GÉOLOGIE DU SAGUENAY LA FORMATION DU LAC SAINT-JEAN (Continué de la page 175) D'abord, les hauteurs qui dominent le village de Saint-Jé- rôme, au nord-est et au sud-ouest, représentent bien deux de ces îles les plus remarquables de ce côté sud de la vallée. Elles ont originé lors du soulèvement de la croûte et formaient par- tie des deux lèvres de la crevasse, qui, malgré les remous d’une puissance énorme créés partout sur son parcours, Ont laissé à cet endroit des indices certains, la preuve incontes- table, que c’est là, entre ces deux {les reformées, que labîme s’est ouvert de l’est ou de l’ouest. Ensuite, 1l y a dans le milieu du canton Taché une de ces îles d'autrefois, de formation granitique, celle-là, et qui est très élevée : elle est visible de tous les points proéminents de la vallée. Mais c’est surtout de Roberval qu’elle nous rend beau témoignage, quand, par un beau lever de soleil, le mirage indécis qui se Joue à fleur d’eau dans sa direction effaçant momentanément les rives basses de l’île d'Alma, elle nous apparaît découpée nettement au-dessus de l’horizon, et comme jadis entourée d’eau de toute part: mais c’est tout de même la montagne à Caron, nom qu’elle porte aujourd’hui. Encore dans ce même canton, il y a tout un archipel de même formation, et qui se prolonge jusque dans LaBarre et Kénogami: c’est le barrage que vous connaissez, qui, ayant subi les assauts répétés des eaux fourvoyées du réservoir, été Sn CAE don y su. ss it QUELQUES APERCÇUS SUR LA: GÉOLOGIE DU SAGUENAY 183 finit par succomber; se tenant en définitive à ses parties solides, et se laissant dépouiller de tous les dépôts argileux qui les unissaient entre elles, 1l est resté debout comme une bar- rière disjointe mais inflexible ; barrière qui sépare le comté -de Chicoutimi de celui du Lac Saint-Jean, comme elle sépare la partie est de la partie ouest du bassin. En plus, nous voyons aussi dans LaBarre, sur le rarg Sa- guenay, un banc de cinquante pieds de haut, de deux milles de long sur un demi-mille de large, appuyé sur des cailloux roulés abandonnés en chemin vers Chicoutimi par les grands courants de l’ouest à l’est, lesquels se resserrant dans les deux bras de l’île d’Alma, qui se formaient, perdirent leur impul- sion sur le plateau, et hnpuissants à cet endroit, y laissèrent leurs dépouilles — dépouilles recouvertes bien vite de vagues d'argile et de sable, qui y sont encore, donnant un sol fertile et parfait d'égoût, mais rude à déblayer pour le pionnier. Eufin, la plus remarquable de ces anciennes îles et qui se voit toujours comme telle du rivage sud du lac Saint-Jean, em- brasse un espace considérable entre le Petit et le Grand Péri- bonca, à vingt milles environ au nord de leurs embouchures. A cette distance, elle nous fait penser à l'île aux Lièvres, en plein Saint-Laurent, vue de la côte sud: 1l ne manque ici que le Brandy Pot pour compléter l'illusion. Nous avons ouï dire que ces hauteurs étaient couvertes d’érables : le sol serait ma- gnifique, le climat tempéré et le point de vue le plus ravissant de toute la vallée nord : ce que nous n’avons pu vérifier encore. * * * Il ny a rieu de surprenant à voir se produire une pa- reille transformation, quand on se figure sérieusement toutes -ces rivières, grandes et petites, qui apportaient dans ce réser- voir, de tous les points du compas, le tribut de leurs eaux sans en ménager la mesure; réservoir qui venait d'être réduit à de siiminimes proportions, quand ci-devant il inondait tout le pays. Aussi les vents et les courants, ayant leurs coudées fran- c: ARR AS CRE UE A AMPGINErRE OO Nord... 2... ne es ie 11126 Association entomologique de Montréal.........................… 12%Tar L’Onthophagus nuchicornis, Lin. (Abbé El. Roy)............… 8r Liste des coléoptères les plus remarquables capturés dans la prov. de Québec en 1899, 1900 et 1901 (Rvd C.-]. LD TAILLES RP REP RER RE FERRER 82,, 103; 120, 73Q Curiosités végétales (H. Tielemans) ............................ 87 La chasse aux insectes, en hiver (Rvd C.J. Ouellet) ..... OI Pautomausme des /abeilles:..1.22290... Lessons ee 127, 188 RE RE EN DL OUR Gain etai die ete salés 92 PIRE MARNE DES LT : D nee nu re de ire 94, 125, 133 L'histoire naturelle dans la province de Québec... 94 RÉ ST OMIQUES NL Len NS es euerhanie 97 Comment sont faits les microbes.............,..............s 106 Hommage à Sir James M. LeMoine...…. PRÉ PR A MRCR AS MORTE 113 EE CAT LCL NN ren den nine end ae abs 114 La:chasseren ville.;.::.2.221140%, de 08e ce sedemononeur fete dés ons ue tre 127 Influence de la lune sur la température.....................,..… 127, 188 194 LE NATURALISTE CANADIEN Nécrologie, — L’honorable M. Jos. Royal................,...… 128 Nôtes’entomologiques (G.'Chagnon).51..,.47 42400 129 ASpenter Gratiee. 05 MORE... Le EN ER SES 131 Dans le monde des plantes (RR. PP. J.-E. Desrochers et JG: Carrier) Te 2 2 ie ele ee VC TOITS 133 Un-ennemi:du Aramboisien222.;... 00e Re RER 135 Causerie-sur la cultüre «des bulbes d'hiver..." 100 137 Encore-un, (L'abbé El: Royht:.…....:t20 "70e 145 Quelques aperçus sur la géologie du Saguenay (P.-H. Dumais). La formation du; lac Saint Jean... 149, r72, 182 L'écureuil volant du Labrador... "#2" "000 152 Pintelligence.des animaux: 722... ./"0 0) ON EIRE 154 L’Exposition de. Saint-Louis 2904.22." PRES 155 Un centenaire (Soc. des Pharmaciens de Rouen)............… 156 Conservation des œufs: HET. 157 Fin d'été à Anticosti(Dr:Schmmitt)..;:...:5251, ee Ne Rte 161 Les Lamproies.. 0... PR 166 Les Fougères du Canada (Sir J. M. LeMoine)............. se 170 La1* série du Vateraliste A... RE A PRE 176 La sensibilité et ses organes dans les plantes (Dr Surbled).. 177 Un nouveau Rhopalocère pour la prov. de Québec (C. Stevenson) ess ee NSRRe..: ester ce Pc CCR RER 179 Exeursion Scientifique... "mtl....1 Mere RER 180 Ovoviviparité … RARE Le Re Am rt “e Les pierres Fan aux RE d ATAIGNÉES NE je HAS: 000: do LE ane ce M ENERT .L ent RDS 185 Bétude des Fougères... tte 186 Les’céréales"des tombes ;épypfiennes/ 2,7." 187 DOS — TABLE ALPHABETIQUE DES PRINCIPAUX NOMS DE GENRES ET D'ESPÈCES MEN- TIONNÉS DANS CE VOLUME. Achillea millefolium.....… 165 num, Green, var. /aferale, Alaus oculatus "ss 72 Hallow:; het 34 Amblystoma Jeffersonia- Apios tuberosa, Mœnch.., rs RE ns TABLE DES MATIÈRES créer e 1260;/122, 124 Arachis hypogea, Willd...… 135 Arehæopteris ...../5: 4, 37 Arenaria interpres.........… 163 Aspidium fragrans........….. 133 Atrypa reticularis............ 40 Bacillus aceti. 106 Bittacomorpha ‘clavipes, Fat ee ren NT, 131 Bothriolepsis ...............…. 27 Calandra granaria..…......... 66 x GORE RUE 67 Callida punctata, Lec......…. 130 Callimoxys sanguinicollis, 6 | PR PRONRIE FAREETRPNTR 102 Cassida nebulosa........ 148 rithoracica ETIl..:-. 2 146 AUS PLAN... : Chamænerion angustifo- LETTRE OR ET 165 Mhelimorpha::.;..t:....1.. 148 Chiogenes hispidula.......…. 165 Ca latiola..1i 164 LD EN EU 0 RSR ERA SENS 106 Cocos butyrecea, Lin. pin- Hova PISON::, 41.6: 18 CrOnuCerus, LIN; : 222 sé Cœnonympha inornata, Etc ATP EEE 179 Convolvulus batatas.......…. 125 POPIAEYCla r 5.0, 146 Cornus Canadensis ......... 164 Curculio (Sitophilus) gra- FE 4 CRÉATURES ENS 66 Cychrus viduus, Dej......…. 129 Cyphornis magnus, Cope... 61 Desmoceras Beudanti 57 Dictyonema flabelliforme. 8 e. Websteri,.….... Dame 25 ES. ee 62 RE 2. ne 97 RO AN 88 PR. cn ue 44 Galeopsis tetrahit ........... 165 Galerita janus, Fabr......…. 102 195 Grammysia Acadia, Bill... 24 Grynocharis4-lineata, Mels. 102 Halysites (catenulatus ?)... 29 | Heteroneura flavifacies, COM rat 102 Holorumsia grandis......... 131 Hypericum pyramidale..… 134 Hyperplatys maculatus, Halde ner orne ae, : Ichthyomyzon casteneus, Een. 169 L concolor, KE. Le ai Mhtyostms... sin 53 | Inoceramus problematicus, She eeRe. CAEN 54 RIEIS) VEÉSICOIOE 222... mou 165 Lampetra Wilderi, Gage... 169 | Pense “ Lappa communis.........…... 146 mn sise nu 58 Leuconostoc mesanteroi- dés ge re nr Late, 107 Liancalus genualis, Loew... 102 Limnophila macrocera, Say 131 LSTRTA re | PRE PAAIETEE NT ER 8 Lixellus filiformis, Lec...…. 131 Lixus rubellus, Rand......…… 130 BPoftusids: 22... een 44 Lytoceras Sacya.............… 57 Melanoplusti 055.35. 63 Melina Skidegatensis......… 57 Merganser Americanus …... 163 d SÉRTAUOF 0e ” Merodon equestris, Fabr... 73 MiCrOEOECNS 2 2 106 Monotis subcircularis, GAaDD AE AR RE Rare 46, 52 Merula migratoria..........…. 165 Neoascia globosa, Walk... 102 Oberea tripunctata, Fabr... 136 Obypopsis RE II, [2 Oidemia Americana.......…. 163 Hienellné ses." au en 11 Onthophagus nuchicornis, LD RP PAR RNE eA rte 81 . 196 Opsicoëtus personatus, Lin. Orchestestmfpes Bec. Orissus hœæœmorrhoiïdalis, RROCRESM IE NPPRENNS Pœcilonota cyanipes.......… Paradondes secs Et tee Pammegischia’ Ouellet, CABANE etes Panicularia nervata........… Pedicia albivittata, : Say... Peltura scarabæoides .…....… Pentamerus decussatus...… Penthe obliquata, Fabr..… EU ApDimelNa tea Petromyzon nigricans, Les. Phocavitulinar. tree Pienis roccidentalis:":7....." PRVSONOME TETE the Pilea serpyilifolia, Lind..…. Pleurodictyum problemati- COM OI ere rreseite Pogonocherus mixtus, Hald. Potentilla Monspeliensis… Protiehnites-s:-e use eieex Protolenus:-#7 "0-00: Le Ptychoparia .................. 4 Cordilleræ..…… és rufocincta, O. ROSE TAN DE NET ARE SUIA DDASS ANA eee ins Salamandra venenosa, Dau- symetrica, Harl....... erythronata, Green. glutinosa, Green... ventralis….... PR ARC 131 130 LE NATURALISTE CANADIEN Salamandrasalmonea, Storer 34 Sanguisorba Canadensis.... 165 Saperda candida, Fabr.….. 130 se moœæsta, ec g1 SAXICAVA 550. SN OR EE 166 Sciuropterus Hudsonius.... 153 ‘_ sabrinus, Shaw... 153 ‘_ sabrinus makkoviken- ATK SIS,? SONDE EEE 152 ‘._ volucellaEesseeree Scolecosoma concolor, Gir. 169 Scyphella flava, Lin..…........ 102 Selandria (Monophadnus) rubis 1 ERP ::69 Somateria spectabilis..…...... 163 Sphépina "#0 rte 102 Sphecomyia vittata, Wied.…. : ,, Spirillum 2 PAR EE 106 Spirochæte.- 2.070 3 Spogostylum Œdipus, Fabr. 102 Stegomyia fasciata..........2 72 Steptelasmi"#e-0eEttiePtR 24 STÈTRES Le re 163 Stringocephalus"#54.2402 39 Tephronota Canadensis, Johnson eee es Fe) Lheobrômacacia 272 19 Thetis affins ARR 57 Tipula :abdominalis, Say Lies RSR TO2) 5 > PR SD 28 13 # € (ll AMNH LIBRARY 25 DS lue NE | SO Le HS ) + L ri .— He à +} = À È Ne fe > < £ : 4 gs LÉ” D < . " Sr. X = "-.|/ > 0 - à PES 5 > ‘ + SET } ) É 4 à 2 ) | Ff: é/ AE dS 2 ht 4 ; Le £ Mi à F DEN ANSE em | 722 —. 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