CRT ï ip 1 RSS fil CRE f Hi (HE fe 1. ÊE RES TRS: RS" CORRE EEE Vs di 4 ton HR la sk RES Se RS fl ten PAUEA 1 Le Au 5 Sister CPE RME REA +3 LES fr. HZ RS = Dire èE G Hé FPT RAT Her (io FÊTE ñ ni f DHEA tel 1e is HS Ê serre CHARHNNNS EME Pieces Fo Ch JR * RAILS Lena Re Han HÉTUE Font Fi HE TE HAE ue ! Értig: He He f' f f FH IQ PAIE û HG 31 ann een ) 2 fer His RE “ ue # rl to res pes PE D RE De RAT Nb qe HR HS RAOIER ni un LUS di ñ ee pa on É fi £ RTE EEN # HS des JUL AU PETER TRE 30 es de gone te # pers TA HSE PRRU UE HR pare tre HAE RS 00 qe ae eue à: Le ces ; RAR LC 6 Cr RRSRRNSERES é FERRER US FE ee 0 & Hi NE RER ne QUE se Fe pates nt ur: Les Clandestines (fig.), P. Hariot. 62 Les Cypripèdes (fig.), P. Hariot. 142 Les Stapelia (fig.), P. Hariot. 149 Les Orobanches, P. Hariot. 226 Les Plantes dans l’antiquité, etc., Santini de Riols. 38-48-93-233 L'industrie de la betterave, D. B. IU Note sur une coupe transversale du Lierre terrestre, Balli. 202 Promenades botaniques dans le sud-ouest, P. Hariot. ; 249 Sur l’Ouviranda Bernieriana de Madagascar (fig.), Dr E. Heckel. PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Cynomorium cocineum Lathrœa squamaria (fig.). 62 (fig.). 65 | Monotropa. 62 Cypripedium calceolus (fig.). 142 | Ouviranda fenestralis (fig.). 161 — Parishii (n.s 14 _ bernieriana(fig.). 161 Cytinus hypocistis (fig.). 66 Pterisanthes polita (fig.). 173 Figuier. 38-48 | Sarcophite sanguinea (fig.). 89 Fraise. 93 Scyballium fongiforme (fig.). 90 Grenadier. 233 | Stapelia hamata (fig.). 149 Helosis guyanensis (fig.). 89 Géologie GÉNÉRALITÉS Bilobilites artificiels (fig.), Stanislas Meunier. 81 Congrès de géologie en 1898. 169 Eponge fossile (fig.), Stanislas Meunier. 113 Etude sur la roche mère du platine de l’Oural, Stanislas Meu- nier. 258 Excursion géologique dans le canton de Vaud et dans l'Ober- land bernois. 183 Là Bauxite, Gaubert. 114 Laitier cristallisé (fig.), Stanislas Meunier. 41 La tour penchée de Laon (fig.), Boursault. 125 Le fer de Schweinfurth (fig.), Stanislas Meunier. 179 Le Granite, E. Massat. 150 Les ancêtres des Chats (fig.), Glangeaud. HE Les Cochons et leurs ancêtres (fig.), Glangeaud. 271 Les Oiseaux géants de la Patagonie (fig.), Ph. Glangeaud. 53 Les Pierres d'Acq (Pas-de-Calais), H. Boursault. 245 Les Volcans du nord de l’Amérique, Glaugeaud. 166 Les Volcans du nord de l'Amérique. 174 L'évolution des Poissons amphibiens, Glangeaud. 197 L'origine des sources, Dr Bougon. 67 Minéraux nouveaux, Gaubert. 164-192-214 Nouvelle plante fossile éocène (fig.), Stanislas Meunier. 17 Observation sur la météorite tombée à Indarck (fig.), Stanislas Meunier. 29 Observations sur la gélivité des Silex de la craie (fig.), Sta- nislas Meunier. 209 Sur la constitution des Lignites, Renault. 2291 Sur une nouvelle plante fossile, Renault et Roche. 102 Sur un mode d’éclatement du silex par la gelée (fig.), Stanislas Meunier. 137 Un fossile problématique, le tire-bouchon du diable (fig.), Massat. 269 Un nouveau fossile francais (fig.), E. Massat. £ 185 Vallée sèche d’effondrement près de Roisel (fig.), H. Bour- sault. 68 PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Aspidisca eocenica (fig.). 223 Gonnardite. 192 Bauxite. 114 | Grunligite. 914 Beresowite 286 | Helnunthosporiuns gigan- Bixbyite. 164 teum (fig.). 229 Blhabergite. = 192 | Helminthosporium apoides Clinohédrite 286 (fig.). 299 Cuetoconia crassa (fig.). 223 Helminthosporium Spor Cœloptychium boletoïdes dale (fig.). 229 (fig.) 113 Helminthosporium macro- Derbylite. 214 carpum. 294 Diamouclix (fig.) 269 | Helminthosporium Hirudo Dinietis platicopis (fig.). 78 (fig.). 221 Dipterus macropterus (fig). 199 | Hoplophoneus primævus — Valenciennesi(fig.). 199 (fig.). 11 Entolodon magnus (fig ). 272 | Météorite (fig.). 99 Epe fossile (fig.). 17 | Micraster bréviporus. 69 Erionite 286 — cortestudinarium. 69 Fuggerite. 214 | Un regard sur les êtres vi- Gersbyite. 164 vants, J. Lacroix. 284 LE NATURALISTE Kalgoorlite 286 | Rœblingite. ; 165 Miersite 287 | Scaumenacia curta (fig.). 199 Morosporium lignitum (fig.). 222 | Senaite 986 Munkforssite. 192 | Silex. 13700 Minrabus gomphodus (fig.). 97 | Sus erymanthius (fig). Qi Phaneropleucon Andersoni Sus scrofa (fig.). 279 (fig.). 199 Syringodendron esnostense ; Phororhacos inflatus (fig.). 53 (fig). 102. — longissimus Tripubyite. 164 (fg.). 54 | Urolichas Riberoi (fig.). ASS Platine. 258 | Uronemus lobatus (fig.). 19710 Plæsconia cycloides (fig.). 223 | Valléite. 214 Quirogite. 392 | Wellsite. 165 Ransatite. 192 Divers A propos du vol des oiseaux et des insectes à une grande élé- vation, de Schaeck. 199 Congrès international de zoologie en 1898. 134 Dissections (fig.), Gruvel. 11-22-96-46 Evolution de l'instinct, D'° Regnault. 140 Généreuses donations. A4 Jules Migneaux (nécrologic) (fig.). 01 La justice et les animaux, H. Coupin. 153 La manne des Hébreux, D'° Bougon. T1 Le premier peintre humain (fig.). Ph. Glangeaud. oh Le quatrième congrès international de zoologie, Gadeau de 5e Kerville, 29 Les Engrais, F. Regnault. Do Les Etymologies appliquées à l’histoire naturelle, Dr Bouson. HG Les îles Hawaï au point de vue scientifique, P. Combes. Les miracles, D° Bougon. Les sensations de relief de profondeur, Dissard. L'Homæophagie chez les animaux (fig.), Dissard. Météorologie, les dictons de nos campagnes, Dr Bougon. 250 ; Photosraphie des mains et des pieds, Coupin. DEN, = de pièces d’autopsie, H. Coupin. 22% — des Poissons dans les aquariums, H. Coupin: 190 — des Tatouages, Coupin. 296. — du larynx, Coupin. HAE» Physiologie du réflexe autotomique, Dissard. : 263 Procédé pour photographie en creux des objets en relief, # Coupin. 211 Livres nouveaux Contribution à l’étude de l’hérédité et des principes de la for- mation des races. Dictionnaire populaire d'agriculture. —— populaire d’agriculture. Etude sur les temps préhistoriques. Faune de l’Allier, vertébrés. — de la Normandie. Lecons de physiologie générale et comparée. I Les végétaux et les milieux cosmiques. 9 Académie des Sciences Annélides des expéditions du Travailleur et du Talisman. Classification des Lamellibranches. = des Tuniciens. Etude des Algues marines. Evolution du sexe. Helminthiase en France. Instinct d'orientation. Larve de Bryozoaires. L'espèce en botanique. Les Molgulidées. Les Péripates. Océanographie. Organisation des Pleurotomaires. Origine des Vertébrés. Phénomènes d’épitoquie chez les Polychètes. Place des éponges dans la classification. Pœæcilogonie. Pourriture des pommes de terre. Rameaux et inflorescence. Régénération des Annélides. Répartition des Mollusques. Roches éruptives des Alpes. Venin de la vipère. fe ‘ dt É 4 NH 4 REVUE ILLUSTRÉE DES SCIENCES NATURELLES AVEC ELA membre de la Société entomologique de France. ALLARD, ANCEY, membre de la Société malacologique de France. AUSTAUT, membre de la Société entomologique de France. BATAILLON, préparateur à 1a Faculté des sciences de Lyon. BOCOURT, BOIS, assistant de Culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris. BONNET (D'), attaché au laboratoire de Botanique du Muséum de Paris. BONNIER (Gaston), professeur à la Sorbonne. BOURSAUL", géologue BOULE, assistant de Géologie au Muséum de Paris. BOUVIER, professeur au Muséum de Paris. BRONGNIART (Ch.), assistant au Muséum d'histoire Haturele de Paris. CHAUVEA CHRÉTIEN, membre de la Société entomologique de France. COMBES (Paul), explorateur. COLOMB, préparateur de Botanique à la Sorbonne. COSMOVICI (D'), de Jassy. COSTANTIN, maitre de conférences à l'Ecole normale supérieure. COUPIN, préparateur à la Sorbonne, CUÉNOT, docteur ès DAGUILLON, DANGEARD, maitre de conférences à la Faculté de Poitiers. DEBRAY, professeur à l'École supérieure des Sciences d'Alger. DANIEL (L.), docteur ès-sciences. DECAUX, membre de la Société entomologique de France. DISSARD (A.), docteur ès-sciences. DENIKER, bibliothécaire du Muséum de Paris. DUFOUR, docteur ès sciences, FABRE-DOMERGUE, directeur du laboratoire de Concarneau, GADEAU DE KERVILLE, membre de la Société zoologique de France, GAUBERT, préparateur au Muséum. GIARD, chargé de cours à la Sorbonne. GIROD (D: Paul), professeur à la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand. GLANGEAUD, attaché au Collège de France. GOUX, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. GRANGER (A.), membre de la Société linnéenne de Bordeaux. GRUVEL, chef de travaux à la Faculté des sciences de Bordeaux. HARIOT, attaché au Muséum d'histoire naturelle de Paris. HECKEL (D' Ed.), professeur àla Faculté des sciences de Marseille. HOULBERT, Docteur ès sciences. ex-conservateur des galeries de zoologie du Muséum de Paris. UD, agrégé de l'Université. sciences, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, maitre de conférences à la faculté des sciences de Paris. COLLABORATION DE MM. JOUSSEAUME (D), ex-président de la Société zoologique de France. KŒHLER (D'), professeur à la Faculté des sciences de Lyon. LAHILLE, LARBALETREER, professeur d'agriculture. LATASTE (F.), ex-s.-directeur du musée de Santiago (Chili). LECOMTE (IH.), agrégé de l'Université, LÉVEILLÉ (H.), ex-professeur au collège colonial de Pondichéry. docteur ès sciences. MAGAUD D'AUBUSSON, membre de la Société zoologique de France. MALAR'T, MALINVAUD, secrétaire général de la Société botanique de France. MALLOIZEL,, secrétaire bibliothécaire au Muséum de Paris. MASSAT, attaché au Muséum. directeur du laboratoire maritime de St-Vaast. MÉNÉGAUX, agrésé de l'Université. MEUNIER (Stanislas), professeur de Géologie au Muséum de Paris. MOCQUARD (K.), assistant de Zoologie au Muséum de Paris. NOEL D' (Paul), du laboratoire d'entomologie de Rouen. OUSTALET, PATOUILLARD, membre de la Société botanique de France. PIZON (A.), professeur au lycée Janson, Paris. PLANET, membre de la Société entomologique de France. PLATEAU, professeur à l'Université de Gand. POUJADE, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. assistant de Zoologie au Muséum de Paris. PRIEM, agrégé de aus RABAUD (Et.), licencié ès sciences naturelles. RAILLIET, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, REGNAULT, docteur en médecine. RENAULT, ROUY , ancien vice-président de la Société botanique de France. SANTINI (Em.), professeur de sciences. SAUVINET, assistant de Zoologie au Muséum de Paris. SAINT-LOUP (Remy), maitre de conférences à l'Ecole des Hautes Etudes. SCHAECK (F. de), attaché au Muséum d'histoire naturelle de Paris. SPALIKOWSKI, de Rouen du Muséum, VAILLANT, professeur au Muséum de Paris. XAMBEU (Cap°.), membre de la Société ontomologique de France, ETC., ETC. Eran Ce ee AA Re ne te. a Algérie Pays compris dans l’Union postale Tous les autres pays PARAISSANT LE 1 ET LE 15 DE CHAQUE MOIS PAUL GROULT, Ssonéraine pe LA RÉbAcrIoN QU ER 2 21° Année 13° Année de la 2° Série ABONNEMENT ANNUEL PARIS LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE, EDITEURS LG, RUE pu BAC, 46 1899 21° ANNÉE 9e SÉRIE — 1° JANVIER 1599 LE NATU ILLUSTRÉE REVUE iA Die SCIENCES: NATURELLES EXPÉRIENCES RELATIVES À L’HISTOIRE DES DUNES Tout le monde sans doute sera d'avis que c’est l'une des promenades les plus originales qu'on puisse se per- mettre dans notre beau pays de France, qu'une excursion dans les dunes de sable qui font sur le littoral de la MORAUINOTdT AUX ENMNTONS Eee de Zuydcoote et de Rosen- daël, une série sinombreuse de bourrelets parallèles en- tre eux et au littoral. Quand on est dans l’un Ce clocher, il subsiste toujours et, bien que les remous du vent réfléchi par ses murs lui ait ménagé une sorte d'entonnoir au fond duquel il surgit, — progressivement sa base disparait sous le sol; et, comme on v a établi le bureau du télégraphe, on ajoute de temps en temps un étage à l'édifice afin de lui conserver toujours la même hauteur apparente. Quand on visite des dunes pour la première fois, un initial sujet d’étonnement est dans leur forme même en bourrelets séparés par des sillons et qui font penser à = Une SOrTte d'imitation par le sable de la surface del'Océan | voisin, Une autre surprise, | c'est que les bourrelets mar- {chent et s’éloignent de la | mer comme pour aller con- des étroits sillons qui les sé- parent, il semble qu'on ait rompu avec le monde ; le {quérir les champs fertiles du voisinage. N'est-il pas intéressant de ciel et le sable incomplète- h ! » {noter que l'on peut repro- Î ment recouvert d'herbes duire en petit le phénomène sèches, voilà tout ce qu'on auquel les dunes doivent peut voir, le vent, la mer, naissance et cela jusque tout ce qu’on peut entendre, dans les particularités les — d'autant que le séjour plus délicates? C'est ce que dans la dune étant interdit pour des raisons qui intéres- j'ai réalisé au laboratoire de géologie du Muséum. A , l’aide d'une machine souf- sent surtout les contreban- diers, les rencontres y sont flante agissant sur le sable plutôt rares. préalablement étendu d’une On est vraiment dans le manière, uniforme sur une domaine du sable, mais du planchette, on fait des bour- sable toujours en route pour relets (fig. 2) et on les fait un nouveau gisement : du marcher; bien plus, en sable vivant, pourrait-on dire. $Si le vent souffle un reu fort, on reçoit dans les É fichant un cylindre vertica- lement dans les planchettes, en y posant simplement un yeux et dans les oreilles de petits grains durs et tran- chants et il semble qu'on en respire. Non seulement le sable est vivant, mais il se comporte en bête malfai- poids de cuivre (fig. 3), on reproduit autour de Jui l'entonnoir si singulier qui enveloppele clocher de Zuid- coote. Enfin, on voit der- rière ces accidents, une sante, s’attaquant aux cultu- res qu'il stérilise, aux villa- ges dont il chasse les habi- tants. Ah! quand on a vu l’église de Zuydcoote (fig. 1), on s’imagine ce que doit être l'invasion des dunes! C'était en-1823. En une seule nuit de tempête le mal fut fait.Les habitants, réveillés par la tourmente, n’eurent que le temps de prendre la fuite pour échapper à l’envahisse- ment et, quand ils revinrent le lendemain, seul le clocher de leur église émergeait au-dessus des vagues de l'Océan arénacé, - Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris, Fig. 4. — La Tour del’église de Zuydcoote, près de Dunkerque, envahie par les dunes, (d’après une photographie de M. Vaillant. vaste surface se recouvrir d'une couche uniforme de sable fin comme font les plaines de Flandre en arrière de la zone des dunes. Il est certain en effet que le sol au nord de Dunkerque - contient une proportion énorme de matériaux qui sont d’origine purement éolienne et représentent une vraie sédimentation atmosphérique. On sait, d'ailleurs, que ce genre de formation a acquis, dans ces derniers temps, une grande importance dans l'esprit des géologues, et les limons de Chine ou læss que M. de Richthofen à étudiés 6 - LE NATURALISTE d'une manière si magistrale sont bien loin, maintenant, | y traînant sous l'influence d’un courant d’eau ou de tout de constituer la seule production de ce genre. autre véhicule, à En ce qui me concerne, j'ai montré comment les sables Dans la même série on peut citer des fossiles qui ont L charriés par le vent rendent compte d'un genre d'acci- | mérité la qualification, à première vue très singulière, 7 QT Fig. 2. — Imitation expérimentale des collines de sables caractéristiques des pays de dunes. dents extrêmement intéressant, puisqu'ils contribuent, | de pluie fossile, de vent fossile et de soleil fossile et qui pour une part notable, à ressusciter, devant les yeux des | sont au propre des empreintes physiques: la pluie con- savants, les faunes et les flores qui animaient la surface | siste en petites dépressions, creusées par le choc des de la terre aux différentes époques géologiques. Il s'agit | gouttelettes d’eau, le vent en ondulations pareilles à celles # AA PAT TE HOT Se Cr Rare SD ANT PE an rer SU + Er a nl je Te RO Ê a il il Fig. 3. — Imitation expérimentale de l'entonnoir de sable qui entoure le clocher de l’église de Zuydcoote. (La flèche indique la direction du courant d'air.) des fossiles qui nous révèlent des êtres maintenant dis- | que présentent les plages de sable ou le fond des flaques parus, et disparus depuis des durées vertigineusement | d’eau peu profondes, le soleil enfin en crevasses qui ont longues, simplement par la conservation d’une empreinte | craquelé des argiles tout à fait desséchées. On avait cru D ) Il Le) : qu'ils ont laissée sur le sol, soit en y marchant, soit en | pouvoir expliquer la conservation de ces accidents par le LE NATURALISTE 1 moulage qui en aurait été réalisé par la mer remontant sur la plage où ils se seraient produits,pendant la marée basse, Mais j'ai montré que le premier effet du flot est inva- riablement de les effacer sans en laisser le moindre ves- tige. Si on suppose que le vent y a laissé tomber des sa- bles pareils à ceux qui sont si mobiles à Zuydcoote, alors la difficulté est tout à fait vaincue. Et je suis d’au- tant plus assuré que là, en effet, est la solution du pro- blème, que la méthode expérimentale en a fourni une reproduction tout à fait complète, ainsi que les lecteurs du Naturaliste ont pu en juger par des articles spéciaux. Si le vent se met à souffler un peu violemment, la promenade dans la dune cesse d’être agréable; les chocs des petits grains de sable, charriés par le courant d'air, font ressentir une vive douleur et les épidermes délicats sont déchirés. C’est encore une des curiosités du sujet que leurs simples projections sur des roches même très dures les usent peu à peu, les réduisent en poussière de facon à justifier la considération d’une vraie dénudation aérienne. On peut en constater rapidement la réalité d’un coup d'œil sur les vitres des cabines de bains dans les pays de dunes. Le verre est rayé et, au bout d’un certain temps.il a complètement perdu son poli. Un savant géologue, M. Thoulet, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, a enrichi la Géologie expérimentale d’un impor- tant chapitre sur ce mode de dénudation auquel les Anglais donnent le nom d’abrasion. En présence de cesfaits, on arrive à resserrer de plusen plus la comparaison mutuelle des deux grandes masses fluides dont le globe terrestre a pour ainsi dire habillé sa charpente pierreuse : la mer et l'atmosphère. I s'y passe des phénomènes tout à fait correspondants et l'histoire de l’un peut-éclairer d'une facon décisive l'histoire de l’autre. Notre situation, à bien des égards, est toute pareille à celle des animaux qui sont condamnés à ramper sur le fond des abîmes sous-marins,et c’est de là, sans doute, que résulte notre ignorance si complète des phénomènes météorologiques qui ont leur point de départ à la surface de l'atmosphère et dont nous ne pou- vons étudier que de simples contre-coups. Stanislas MEUNIER. LES PODOSTÉMACÉES Inconnues dans les contrées européennes, les singu- lières plantes qui appartiennent àla famille qui porte ce nom, sont aquatiques dans toute la forme du terme, Non seulement elles sont submergées, mais encore elles ne se plaisent que dans certaines situations tout à fait spé- ciales. Aussi leurs organes se sont-ils adaptés à l'habitat qu’elles préfèrent. Weddell, qui les a longuement étudiées sur place, dit qu'il est « difficile, si l'on n’a pas eu l’occasion d’en juger de visu, d'imaginer sous combien de formes diverses ces plantes peuvent se présenter. Tantôt on croit voir une algue ou une mousse, tantôt un lichen ou une hépa- tique; cen’est qu’exceptionnellement qu'une Podosté- macée prend la forme de ce qu’elle est réellement : une plante phanérogame, Et il ne faudrait pas croire que la similitude soit limitée à la forme ; car, bien qu'un grand nombre aient les frondes ou les feuilles vertes, il en est d'autres qui ont la couleur des algues dont elles ont usurpé la figure, et je pourrais citer certaine espèce de Mourera que j'eus le plaisir de surprendre au milieu des rapides du Rio Tocantins, dont l'abondance était telle, que les rochers au milieu desquels se débattaient les eaux en étaient voilés, et les couleurs si vives, que le fleuve semblait, qu'on me passe l'expression, rouler sur un tapis de roses. » Non seulement les Podostémacées diffèrent des autres végétaux d'ordre élevé, par leurs facies, mais en- core elles s’en distinguent par leur manque absolu de racines. Aux rochers submergés qui leur servent de point d'appui, elles adhèrent tantôt par la surface de leur fronde en totalité on en partie, tantôt au moyen d’un épatement de la partie inférieure de leurs tiges ou bien encore quelquefois par de véritables crampons. Que leur adhérence ait pour organe l'un ou l’autre des appareils que nous venons de signaler, elle est dans tous les cas tellement énergique, qu'il est à peu près impossible d’ar- racher une Podostémacée de son support sans l’endom- mager plus où moins. Cette solidité merveilleuse de fixation est nécessaire. Ce n’est pas en effet au sein des eaux dormantes ou à cours lent, que croissent les Podostémacées ; elles ne se plaisent, au contraire, que dans les cataractes, dans les rapides des grands cours d’eau des contrées tropicales. Elles n’acquièrent même leur développement maximum que là où le courant est impétueux et rapide, La localisation de ces plantes est des plus remar- quables, Weddell, explorant le Tocantins et l'Uruguay, rivières magnifiques de la province de Goyaz, qui se réu- nissent pour se déverser dans le fleuve des Amazones, a pu se rendre compte que chaque rapide, que chaque cataracte, servait d'habitat à une Podostémacée spé- ciale. En unpoint c'est un Custelnavia qui apparaît, un peu plus bas c’est une autre espèce du même genre toute différente. L'Uruguay, à lui seul, fournit à l'habile bota- niste sept Castelnavia distincts. On pourrait en dire autant du Rio Tocantins où les espèces sont parfaite- ment localisées. Au confluent des deux Rios, c’est le Mourera rose qui frappe la vue. Il y a tout lieu d’être surpris de ce qui précède. On est en droit de se demander ce que deviennent les graines de ces plantes. Abandonnés au courant qui les emporte, on doit s'attendre à ce que, déposées sur un rocher, elles y germent et y établissent une nouvelle station. D'après l'observation de Weddeli, il semble ne pas en être ainsi. C’est l'Amérique qui renferme le plus grand nombre d'espèces et de genres ; elle en contient plus de représen- tants à elle seule que toutes les autres parties du monde réunies : soixante-six espèces réparties entre dix-sept genres. Quatre d’entre elles seulement se rencontrent dans l'Amérique du Nord; toutes les autres sont méridio- nales. L'Afrique en possède 30 environ et l'Asie seule- ment 25. On n’en connaît pas en Australie et en Polyné- sie et il semble bien probable que le Blandowia Preissii Tul. signalé jadis en Italie, a dû l'être par erreur. La forme de ces plantes, nous l'avons déjà dit, est des plus variables. Il en est demème de leurs dimensions. Si certaines d’entreelles,commeles Oserya etquelques autres, sont des végétaux minuscules, il en est, teiles que les Hydrostachys et les Mourera, qui sont les géants de la fa- mille. Les Mourera fluviatilis de la Guyane et le AM. aspera du Brésil peuvent atteindre la dimension de quatre à six décimètres, 4 LE NATURALISTE Les grandes variations de forme qui existent chez ces végétaux ont été considérés, probablement à tort, comme très importantes au point de vue des distinctions géné- riques. Baiïllon fait remarquer que la même plante peut se présenteravec une thalle byssoïde ou avec des rameaux feuillés suivant les circonstances. Une même espèce est susceptible d’être formée de rameaux très courts ou bien d'avoir des axes gréles et longs, analogues à des rhi- zômes, avec des rameaux insérés respectivement à droite et à gauche. La structure des organes végétatifs est fort simple. Quant aux caractères floraux, ils ne permettent qu'avec difficuité de se prononcer sur les affinités de ce groupe. On peut y voir un type amoindri de Caryophyllacées aquatiques, adapté à un milieu spécial, à périanthe simple et à androcée tantôt très complet, tantôt réduit à un très petit nombre d’étamines umilatérales. La placen- tation est identique dans les deux familles. Le Sagina apetala est également isostémone et hypogyne. L’ana- logie s’accroit encore si l’on fait rentrer dans les Caryo- phyllacées le petit genre aberrant Frankenia, qui n’en est que bien difficilement différenciable. On a pu également, et avec autant de raisons, rappro- cher les Podostémacées des Chénopodiacées, grâce à leurs fleurs monopérianthées et à leur ovaire supère et surtout des Protéacés, quoique le facies des deux familles soit absolument dissemblable. Mais, dans les deux cas, l’ovule est anatrope, l’androcée isostémone. L'’anatomie révèle aussi, dans l’une et l’autre famille, absence totale de tubes criblés périmédullaires. Cette difficulté d’assi- grer une place à ce groupe de végétaux faisait dire à Weddell : « Une particularité d’un autre genre, et non moins piquante signale encore ce groupe bizarre : c’est l'incertitude où se sont constamment trouvés et se trouvent encore les botanistes, relativement à la place qu'il doit occuper dans l'échelle végétale, dont on peut dire qu'il a occupé successivement les degrés les plus éloignés, si bien que, de guerre lasse, on est tenté de se demander si nous n'avons pas là quelque lambeau vivant d'une flore qui a préexisté à celle qui orne actuellement la surface de notre globe, et qui aurait échappé, grâce au milieu dans lequel il s’est rencontré, au cataclysme qui a mis fin à l'existence de ses alliés naturels, dont les véri- tables affinités, enfin, ne pourront un jour nous être dévoilées que par ceux qui se livreront à l’étude appro- fondie des végétaux de l’époque géologique qui a immé- diatement précédé la nôtre. » Il faut avouer que cette opi- nion ne nous avance guêre et n’augmente pas nos con- naissances à Ce sujet. Le nom de Podostémacées a été emprunté au genre Podostemon qui constitue un typeirrégulier. Les anthères y paraissent pédicellées, L’androcée, qui est formé d’une seule étamine, consiste en une bandelette aplatie bifur- quée à son sommet ; chaque branche de la fourche porte une anthère supportée par un appendice assez allongé, Dans les autres genres de la famille, l’androcée est nor- mal. Les fleurs sont tantôt hermaphrodites, c'est le cas des Podostémacées, ou unisexuées comme dans les Hydrostachyées. À ce dernier groupe se rattache le seul genre Hydrostachys de Madagascar et de l'Afrique austro- orientale. Tous les autres, au nombre de 16, font partie des Podostemées où l’on peut distinguer quatre types nettement distincts : les Lania, les Weddellina, les Mou- rera, les Podostemon. Quoi qu'il en soit des idées qu'on peut se faire sur ces plantes, elles n’en constituent pas moins une des formes les plus étranges du règne végétal. P. HARIOT. DESCRIPTION DE COQUILLES NOUVELLES Petræus soeialis : testa, rimata, oblongo-ovata, spira elon- gato-conica, apice obtusa, longitudinaliter oblique striata, lineis spiralibus decussata, pallide fulvo-alba, nitida; anfr. 8. con- vexiusculi, sutura parum impressa tenuatim crenata separali, ultimus excentricus, circa rima subangulatus; apertura oblique subovalis, peristomum late expansum, intus album, leviter spadiceum, columella plicata, contorta, long. 21-35 mm., diam. maj. 45-16 mm., min. 11-13 mm. Hab. Schoukra (Arabie), recueillie par mon savant ami M. Deñfers. Petræus Schonkraensis : testa rimata, oblongo-ovata, Petræus Schoukraensis. spira elongato-conica, apice obtusa, longitudinaliter costata et spiraliter dense striata, spadicpo-alba; anfr. 8 convexiusculo, sutura crenifera seprati, ultimus ad suturam contractus, circa rima angulatus; apertura oblique subovalis, peristomum late expansum, columella plicata, contorta, long. 31-35 mm., diam. maj. 15-17 mm., min. 11-13 mm. Hab. Schoukra, trouvée par M. Deflers avec la précédente dont elle diffère par ses côtes saïillantes le retrait du dernier tour sur le tour précédent surtout du cou gauche, l’ouverture est moins déjetée à droite et le dernier tour moins tronqué à la base Conus Mariei : testa oblonga, lævis, antice liris granu- losis spiraliter cincta, flavus antice violacescens, ad angulum zonis 2, infra medium 1, albis fulvo-reticulatis ornata, spira planata alba, rufo-fulva maculata ; anfr. 11 postice canaliculati, arcuatim tenue striati, ad angulum carinati ; apertura oblonga antice parum dilatata, long. 47 mm., diam. 24 mm. 5. Hab. 2.Je dédie cette espèce au regretté conchiliologiste Ma- rie. Dr JoUussEAUME. ANTHROPOLOGIE SR LIRE TS TRI TE LES NOMS FRANÇAIS D'ORIGINE GERMANIQUE Actuellement encore, nous trouvons en France, une infinité de noms propres d'hommes, de femmes, de familles, de localités, villes, fleuves, villages, rivières, etce., qui sont d'origine germanique; c’est à dire qui nous ont été apportés par les Belges, les Bataves, les Francs et les.autres peuples venus de l’orient au nord, tels que les Normands par exemple. En effet, tous ces peuples du nord et de l’est étaient d'origine germanique et parlaient Lin RARES LE NATURALISTE de) une langue beaucoup plus ancienne que le latin ; une langue dérivée, comme la langue grecque elle-même, des langues asiatiques, 'aramique et sanscrit, Nous avons déjà fait remarquer que les mots latins rex, roi, Roma, Rome, ne dérivaient pas du latin, ni du grec, mais des mêmes radicaux que les mots germaniques rik fort, et Ram ou rann puissant (ne pas imprimer ramu). De là l’étymologie du nom de la ville de Rome, la ville puis- sante, la ville forte. Appliqué aux noms d'hommes, ce mot a surtout le sens de vigoureux, comme Bertrand, Bertram, Bert-ramn, brillant de vigueur ; Raimbert, Ramn-bert, qui a le même sens; vigoureux et brillant ; Raimbeaux, Ramn-hold, vigoureux et hardi. Du reste une foule de nos mots communs dérivent d’une autre langue que le latin et le grec. Il suffit de citer les mots, rame, rameaux, ramage, ramier, ramification, etc., de ram élevé; radical que nous retrouvons partout, en Syrie comme en Palestine : aram montagne, aramite, nom donné à la Syrie, pays montagneux ; d’où le nom de langues aramites données aux syriaques et aux langues voisines; Rama, la ville haute, perchée au som- met d’une montagne élevée. Les noms de familles d’origine franque ou germanique sont d'autant plus intéressants, qu'il est facile de les re- connaitre et d'en donner la signification précise ; malgré les modifications, qu'ils ont pu éprouver dans la suite des siècles. Beaucoup d’entre eux se sont conservés intacts, sans qu'il y ait eu seulement une seule lettre de changée ! Citons au hasard Médard, digne et brave ; Nei- dard, zélé et brave ; Alfred, conseillé des génies ; Allard tout brave; Albert, tout brillant. D'autres ont tout simplement pris un é muet au bout, comme Berthe la brillante, de Bert brillant. D’autres ont remplacé un 0 par au, un d par un {, helme par heaume (armure dé- fensive, protectrice de la partie supérieure du corps) : Berteaux, Bertold, brillant de fermeté; Adhéaume, Adel helme, noble protecteur; Raimbault, Ramnbold, vigou- reux et ferme; Grimaldi, Grimaux, Grimoald, Grimald, ferme dans la férocité, ferme et intrépide. D’autres mots ont subi des modifications beaucoup plus profondes; mais on trouve heureusement une foule de transforma- tions successives,arrivées à différentes époques, de sorte qu'il est facile de remonter au radical primitif. Ainsi Héloiseest le féminin d’Éloi, qui se disait Eligius en latin, et qui vient conséquemment l’Elwig, pur vainqueur en germanique. Lefrancois, Lefrançais, Lefranc, Franck, frank, frang, frag. signifie indomptable ; frayeur, effroi, effrayant .dérivent évidemment du radical frag, féroce. Il serait facile de démontrer que froid, frisson, syos en grec, frigidus en latin, et frag, vrag en germanique, dérivent du même radical oriental: tant il est vrai de dire que toutes nos langues, modernes et anciennes, européennes et asiastiques, ne sont en réalité que diffé- rents dialectes d'une seule et même langue primitive. On y remonte même avec une si grande facilité, qu'on ne peut pas attribuer une origine bien éloignée à l’appari- tion des premiers hommes sur la terre : chaque mot remonte à sa racine primitive par trois ou quatre étapes successives, d’une durée variant de mille à 2 mille ans plus ou moins; de sorte qu'on ne peut guère faire remonter l'origine du premier peuple primitif au delà de 6 mille ans environ, à bien peu de milliers d'années en plus ou en moins. À moins de supposer que l’homme ne soit resté sauvage pendant bien des milliers d'années; ce qui parait impossible, une fois qu'il est homme. Il est vrai qu'il a pu passer par d’autres formes intermédiaires inférieures, avant d'arriver à ce qu’il est comme espèce animale distincte; c'est même plus que probable, En effet, si le cheval a dù passer à l’état d'Hipparion et d’une demi-douzaine d’autres formes avant d'arriver à être un Equus caballus, pourquoi l’homme, homo sapiens, n’au- rait-il passé lui aussi par plusieurs autres formes suc- cessives ? Mais nous devons reconnaitre que jusqu’à pré- sent la géologie ne nous a pas fourni des ossements différents sensiblement de ceux de notre espèce humaine actuelle. Or l'homme apparaissant à l'époque quater- naire, son origine, d’après la géologie elle-même, ne peut pas remonter à plus de quelques milliers d'années. L'étude des étymologies et du langage semble limiter ce temps au-dessous de 10 mille ans, pour donner un chiffre rond, plutôt fort que faible. I] va sans dire quesi on rencontrait des squelettes de notre espèce dans des terrains secondaires ou tertiaires, nous serions bien obligés de faire remonter son apparition sur la terre incomparablement plus haut encore; mais c’est infini- ment peu probable : qui vivra verra! Ce qu'il y a de plus curieux, c’est que la plupart des gens qui portent ces noms germaniques ne se doutent guère que leur nom a une signification très noble. H suffit de citer quelques exemples des noms les plus com- muns : Gauthier, Gunther, seigneur des guerriers. Baudry, Badl-rik, hardi et fort. Richet, Richer, Rik-her, fort seigneur. Allard, brave par excellence. Alliaume, All-helm, protecteur par excellence. Albert, brillant par excellence. Gontrand, Gunt-ramn, vigoureux guerrier, Bertrand, Bert-ramn, brillant de vigueur. Renard, Regnard, Raghen-ard, puissant et brave. Verneuil, Vernoil, bois d’aulnes (vernes). Gosselin, Gotts-ling, religieux, disciple de Dieu. Dagobert, Dag, tag jour, brillant comme le jour. Godefroy, Geoffroy, God-fried, bon et pacifique. Lotfroy, Léof-fried, aimé et pacifique. Onfroy, Hunfry, Gout-fried, guerrier pacifique. Héluin, El-win, pur et cher. Hédouin, Ed-win, heureux et cher. Saint-Ouen, Audouinus, Audouin, Od-win, riche et cher. ; Saint-Omer, Audomerus, Odmer, éminent par la richesse. Saint-Léger, Léodegardius, Léot-ward, gardien du peuple. Gombault, Gunt-bold, hardi guerrier. Lantélme, Land-helme, protecteur du pays. Renaud, Regnault, Raghen-old, puissant et ferme. Lambert, Land-bert, brillant dans le pays. Dr BoUGoON. PROTECTION DE LA FEMELLE COUVEUSE CHEZ LES OISEAUX On pourrait multiplier les exemples des soins minu- tieux auxquels s’astreignent les oiseaux pour garantir leur nid et leur couvée des périls qu'ils ont à redouter, Je ne saurais dire, dans leur variété infinie, tous les 10 LE NATURALISTE procédés que met en œuvre leur sollicitude avisée. Beau- coup échappent par leur simplicité même à notre obser- vation trop superficielle, d’autres nous troublent et nous égarent par leur complexité. Parmi les moyens divers dont usent ces êtres, si libé- ralement doués par la nature, pour assurer la protection de leur nid et de la femelle pendant qu’elle couve, il n’en est pas de plus curieux que celui qu’emploient deux espèces de la famille des Bucérotidés, le Dicochère bi- corne de l’Inde et le Rhyticère à bec plissé de Malac- ca (1). Ces deux oiseaux manifestent, au moment de la repro- duction, une habitude singulière. Ils nichent l’un et l’autre dans le creux des arbres : dès que la femelle a pondu et pris place sur les œufs, le mâle mure avec de l'argile l'entrée du nid, et ne laisse qu'une petite ouver- ture par où la captive peut passer le bec pour prendre les fruits qu'il lui apporte en abondance tant que dure sa réclusion. Elle reste ainsienfermée pendant tout le temps de lincubation. Horsfield semble croire que le mâle agit de la sorte par jalousie. Il va même jusqu'à dire, d’après le rapport des indigènes, que si le mâle s’absente, et remarque, à son retour, qu'un autre mâle s’est approché du nid, il en bouche aussitôt complètement l'entrée, et condamne la femelle à périr misérablement dans ces oubliettes. Bernstein, d'autre part, prétend que, pendant lincu- bation, la femelle perd presque toutes les plumes de ses ailes, et devient par conséquent incapable de voler, 1] inchne à penser que le mâle ne l’enferme ainsi que par mesure de précaution pour l'empêcher de tomber au bas du nid où elle ne pourrait plus remonter. C'est se donner beaucoup de peine pour expliquer un acte si conforme au naturel prudent de l'oiseau, à ce sen- timent de protection pour l'avenir de sa progéniture, qui s’éveille en lui à l’époque où la nature lui suscite le besoin organique de se reproduire. Dans la premiere opinion, nous sommes probablement sur les confins du pays des chimères, dans la seconde, comment ne dis- cerne-t-on pas que la chute des plumes est le résultat, mais non le motif de la séquestration, Pourquoi ne pas reconnaitre que le mâle veut tout simplement par ce pro- cédé, garantir la femelle et sa couvée des attaques des pillards de nids ? On peut voir, en effet, un acheminement à cette claus- tration de la femelle pendant la durée de l’incubation:; dans le soin que prend un oiseau de nos pays, le Tor- chepot bleu (Sita cœsia), de rétrécir l'entrée de son nid, qu'il établit ordinairement dans les troncs d'arbres creux. Le but est aussi de le rettre à l'abri des -entre- prises des animaux carnassiers, Lorsqu'il s'empare, par exemple, des demeures abandonnées du pic, le Torche- pot en mure l'ouverture avec de l'argile ou de la terre qu'il mouille, pétrit et aglutine avec sa salive visqueuse (1) Le Dicochère (Dichoceros bicornis) est un gros oiseau noir et blanc qui, comme tous les Bucérotidés, est remar- quable par la longueur et l'épaisseur de son bec recourbé, surmonté d’un appendice particulier. Cet appendice, espèce de protubérance cornée, haute et large, recouvre presque toute la partie antérieure de la tête, se prolonge sur les deux tiers de la mandibule supérieureet présente en avant deux pointes. Le Phyticère (Phyliceros plicalus) est noir avec la queue blanche, et porte, à la base du bec, des sillons transversaux qui le plisse en formant une saillie. de façon à ne laisser libre qu’un trou juste suffisant pour pouvoir passer. J’observais un jour, à l’aide d'une lunette, un de ces petits macons. Il apportait successivement dans son bee des morceaux de terre, les imprégnait de sa salive, les placait et les consolidait avec du gravier ou de très petites pierres, auxquels il mélait de la bouse de vache. Tout celaavec des mouvements vifs et adroits qui fai- saient mon admiration. Il mettait une grande diligence à aller chercher les matériaux qui lui étaient nécessaires et à construire, pierre par pierre, pour ainsi dire, les as- sises de son mur. Quand il fut terminé, je fis appliquer une échelle contre l’arbre et montait pour l’examiner. Il avait près de quatre centimètres d'épaisseur, et sec, une solidité à l'épreuve d’une forte pression des doigts. Il n’y a guère que le pic dépossédé qui puisse alors, à l’aide de sa robuste alêne, percer la paroi durcie. Une autre espèce du même genre, le Torchepot sy- riaque (Sitléa syriaca), qui est propre à l’Europe méri- dionale et à l'Asie occidentale, construit, contre l’escar- pement d'un rocher et sous l'abri d’une corniche, un nid fait en argile que défend un long couloir. Quelque- fois il dispose, pour lui servir de demeure, une cavité naturelle, il la mure en avant, et la munit d’un couloir faconné avec du fumier et consolidé avec des ailes de coléoptères. Il est facile de rapprocher de ces ingénieuses indus- tries les travaux exécutés par les Abeilles pour repous- ser les invasions d’un gros papillon nocturne, le Sphynx à tête de mort (Acherontia atropos). Ce papillon pénètre dans les ruches, ou protégé par l'épaisse toison qui le couvre, il brave l’aiguillon des abeilles, Une fois à l’in- térieur de la place, il se gorge de miel. Pour défendre leurs provisions, les abeilles rétrécissent l'entrée de la ruche en construisant une sorte de mur formé de cire et de propolis, et ne conservent qu'une étroite ouverture pour le passage des ouvrières. Quelques-unes ont même imaginé un système de fortifications plus compliquées, Elles établissent devant l'orifice une série de murs pa- rallèles laissant entre eux des corridors tortueux. Les petits hyménoptères peuvent y circuler aisément, mais ce gros lépidoptère est trop long pour parcourir ce chemin en zigzags. Si nous voulions poursuivre ces sortes de rapproche- ments, nous pourrions rappeler que l’homme utilise par- fois ce dernier genre de défense, que les industrieuses abeilles ont découvert aussi bien que lui. N’employons- nous pas, en effet, un procédé analogue lorsque nous placovs à l'entrée d’un pâturage des barres parallèles disposées de telle facon que nous pouvons passer facile- mententre elles, mais qu’elles présentent un obstacle infranchissable au corps long et épais d’une vache, C’est ainsi qu'on peutsuivre, dans la série animale, en remontantmême jusqu'à l’homme, une foule d'industries qui, s'exerçant sous les mêmes influences extérieures, provoquent de la part de l’être qui réagit des combinai- sons à peu près identiques (1). On connait le nid de la Pie de nos climats, et l’on sait qu'il est un modèle de construction stratégique. C'est aussi dans un but de défense que la Rémiz d'Europe et (4) Voir sur cette question le livre très intéressant et très nourri de faits de M. Frédéric Houssay: Les industries des animaux. LE NATURALISTE 11 le Baya de l’Inde ménagent un couloir étroit pour l’en- trée de leur nid, Ce dernier qui suspend avec tant d’art à un palmier sa demeure d'amour si habilement tissée, use encore pour la protéger d'un stratagème dont l'inven- tion semble toute humaine. Si l’on en croit les dires des Indous, confirmés du reste par les observations de quelques voyageurs (2), il place dans son nid de petites boules d'argile, où il enchässe, quand elles sont fraiches, des vers luisants qui en rendent l'entrée lumineuse, Cette illumination protectrice effraie les serpents. Voilà donc un petit oiseau, dont le merveilleux ins- tinct sait utiliser les propriétés remarquables que pos- sède le corps d’un insecte, comme l’a fait l’homme en d'autres circonstances, Dans l'Amérique du Sud, eneffet les Indiens qui voyagent la nuit dans les forêts attachent à leur orteil un insecte lumineux, et se servent de cette lanterne d’un nouveau genre pour retrouver leur chemin et écarterles serpents de leurs pieds nus. On raconte que les premiers missionnaires qui évangélisèrent les An- tilles, demandaient à la lampe phosphorescente, d’une espèce de taupin la lumière nécessaire pour lire matines quand l'huile manquait. L'homme a-t-il été, dans ce cas, plus industrieux que l'oiseau? Je n’ai parlé que des moyens employés par quelques oiseaux pour défendre leur nid contre les invasions du dehors, et des travaux ingénieux qu'ils exécutent parfois dans ce but, mais il n’est pas de soins et de ruses qu'ils ne mettent en pratique pour le dérober aux regards et éloigner les indiscrets. Non seulement ils savent choisir des emplacements qui conviennent à ce dessein, mais ils s’entourent aussi de précautions infinies pour que nulne puisse soupçonner le lieu où ils l'ont établi. Aïnsi ce n'est pas assez pour la Pie, de faire de son domicile une place iuexpugnable, il lui fant encore dérouter les recherches, et cacher à tous les yeux les mystères de sa vie familiale. J'ai raconté ailleurs la construction des nids postiches, destinés à dissimuler les travaux du véri- table, de celui qui doit recevoir les œufs, et auquel l’oi- seau rusé travaille en cachette, durant les premières heures du matin et le soir. Cacher le nid, le domicile d'amour, assurer latranquil- lité du doux labeur de l’incubation, c’est pour tous ou presque tous, dans la saison des noces, la grande préoc- cupation. S'ils y sont habiles à des degrés différents, ils ytendent au moins tous les ressorts de leur humble intelligence, et je dirai de leur cœur. Magaud d'AUBUSSON. Les Plantes Utiles ANACARDIUM OCCIDENTALE L. Anacardium occidentale L. (de ana, comme, et kardia, cœur, allusion à la forme de la graine) Anacarde, Acajou à pommes, est un arbre d'environ 4 mètres à feuilles alternes, ovales et à fleurs rouges, en panicules terminales, pro- duisant un fruit sec et indéhiscent qui renferme une grosse graine réniforme, Le pédoncule d’abord étroit, (2) Severn et le capitaine Briant, cités par Science et Nalure, 1885. R. Dubois, cylindrique, assez dur, s'hypertrophie et prend l’appa- rence d’une baie pyriforme épaisse, Ce fruit porte le nom de Pomme d'Acajou, Noix d’acajou. Le noyau de Ia graine a une saveur très délicieuse et contient un suc laiteux. Le péricarpe du fruit, qui n'est pas comestible, ren- erme un suc oléagineux pourpre, noircissant à l'air, âcre, qui sert à combattre les maux de dents, à détruire les verrues, et peut même remplacer les cantharides comme vésicant. L’embryon contient une huile douce qu'on emploie pour faire des loochs, des émulsions. Les cotylédons se mangent crus ou grillés. Le pédoncule hypertrophié, jaune, blanc ou rouge. suivant les variétés, a une saveur aigrelette. On le mange et on en fait des boissons fermentées; au Brésil, il passe pour être sudorifique et antisyphilitique, L'écorce du tronc laisse exsuder une sanie jaune, dure la gomme d’Anacarde, « Cashew gum » des Anglais, qui est soluble dans l’eau et employée aux mêmes usages que la gomme arabique. Les feuilles ainsi que l'écorce sont riches en tanin et servent à préparer les peaux; on les emploie aussi en lotions et gargarismes astringents. La racine est regardée comme purgative, bois pour caisses d'emballage et pour la menuiserie, bon aussi pour l’ébénisterie. Les graines sont souvent tuméfiées et alors nommées les cashew nut dans le commerce. Sous les tropiques, elles sont un substitut des amandes, Les indigènes de Ja péninsule, vis-à-vis l'ile et la ville de Mozambique, ci-devant ile des Esclaves, ont inventé une nouvelle industrie, c’est-à-dire la fabrication d’une boisson intoxicante des fruits de l’'Anacardium. Dans la saison du Cashew (octobre-décembre), la population est presque continuellement enivrée, et tout travail a cessé, Il serait presque impossible d'empêcher cette industrie parce qu'il y à des millions d'arbres d'Anacardium croissant sans quelque contrôle du côté du gouverne- mentportugais, aussi les indigènes brassent leur boisson à Cœur joie. La plante est indigène des Indes occidentales, mais à présent cultivée presque partout sous les tropiques. M. BUISSMAN. LES MANTEAUX DE PLUMES AUX ILES HAWAI Une des habitudes caractéristiques aux îles Hawaï ow archipel des iles Sandwich, qui surprennent agréable- ment les étrangers nouvellement débarqués, c’est de voir la quantité de couronnes, de colliers, de fleurs et de guirlandes de feuillage qui parent la tête et les épaules des habitants. Les danseuses en portent même aux bras et aux jambes sous forme de bracelets : ce sont les bijoux vivants de ces îles fortunées. Tresser des guir- landes de fleurs est l'occupation favorite des femmes et des jeunes filles, quand elles se réunissent pour rire ou jacasser entre elles. On renouvelle plusieurs fois ces gracieuses parures dans la même journée, avant qu'elles n'aient eu le temps de se faner ou de se flétrir. Elles se plaisent à en parer leurs visiteurs, étrangers ou indigènes: hommes et femmes, tout le monde est orné de ces fraiches guirlandes. 12 LE NATURALISTE De tout temps les plumes d'oiseaux ont également servi de parures; mais, en raison de leur rareté, les plumes de certains oiseaux étaient surtout l'apanage des chefs. On les portait en couronnes où en manteaux. Deux espèces d'oiseaux, appartenant au même genre, ont fourni les plumes de ces manteaux royaux ou de ces costumes d’apparat, On les nomme dans le pays l'Oo et l'Ivi. Dans les grandes solennités, le jour de leur couron- nement, le jour d’une grande bataille, par exemple, ou encore le jour d’une grande cérémonie, les souverains de ce petit pays, qu’on a appelé le paradis du Pacifique, portaient un manteau royal, le mamo en langage indi- gène, fabriqué tout entier avec des plumes d'Oo. Cet oiseau est devenu si rare aujourd’hui que ses plumes se vendent à raison de plusieurs dollars la douzaine. On se rendra compte du nombre immense de plumes qui entraient dans la confection du splendide manteau des successeurs de Kaméaméa I, quand on saura qu'on ’évaluait à un million de dollars, soit cinq millions de francs! On le conservait dans une caisse en bois de camphrier pour le mettre à l'abri des mites ou des acariens, qui s’attaquent aux plumes et aux fourrures qui ne se portent pas souvent. Le dernier roi de la race de Kaméaméa a été mis en bière enveloppé de son manteau royal; mais il y en a d’autres, ou peut-être l'aura-t-on retiré; car il a été revu, à la mort de son successeur, dans la salle du trône. L'Oo, que les naturalistes appellent le Drepanis pacifica, est un oiseau du plus beau noir, qui porte près des épaules quelques petites plumes d’une jolie nuance jaune, d'autant plus recherchées pour la parure qu’elles sont plus rares. Aussi ce manteau royal, appelé mamo, est tout jaune, Il est bien fâcheux que l'on ait tué tant ‘d'oiseaux, au lieu de se contenter de leur arracher ces plumes. Car on a bien soin de ne pas les chasser au fusil, afin de ne pas détériorer leur parure : on les attrape au piège avec des gluaux, en employant pour cet usage la glu tirée de l'arbre à pain, qui est d’une viscosité incomparable. On la nomme ullu aux îles Hawaï. Le mamo le plus grand qui ait existé avait 4 pieds de haut sur 11 pieds et demi de large à la base. Cela sup- pose des centaines de milliers de plume et justifie son prix de 4 million de dollars, auquel on l’a parfois évalué. Les plumes sont fixées à une sorte de filet à mailles très serrées. La fabrication avait exigé l’espace de temps écoulé durant sept règnes consécutifs. On comprend qu'il avait fini par atteindre une diminution considérable. Comme toutes les fourrures dont on prend soin, ces plumes se conservent longtemps ; et rien n’est plus facile que de les utiliser pour en fabriquer des manteaux de plus en plus amples, en ajoutant de nouvelles mailles au filet qui sert de canevas et un y enfilant de nouvelles plumes. Voici ce que nous lisons dans :e récit des funérailles du dernier roi des iles Hawaï (Sauvin) : Un vieux résident me fit remarquer, dans la salle du trône, un travail excessivement curieux et d’une grande valeur, le manteau des rois hawaiens. Il est fait avec des centaines de mille de petites plumes Jaunes, prove- nant d’un oiseau très rare, l’Oo, qui a une seule plume jaune à chaque aile. On peut penser quel temps et quelle patience il a fallu pour fabriquer cette merveille, Ces petites plumes sont soyeuses et d’un jaune franc. On trouve encore d’autres mantelets de plumes d'Oo con- servés dans les anciennes familles de chefs, qui consti- tuent la noblesse d'aujourd'hui: mais il ne doit plus y en avoir beaucoup. Ils ont plutôt la forme äe pèlerine; en raison de la difficulté que l’on a à se procurer les petites épaulettes d'Oo, qui en forment la matière première, On peut encore faire usage d’autres plumes teintes de diffé- rentes couleurs. C'est ainsi que les nobles de ce pays affichentleur noblesse par une enseigne appelée le Kahili, C'est une hampe de 2 à 3 mètres, que l’on tient à la main ou que l’on plante comme un drapeau, généralement en bois précieux, qui est surmontée d’un gigantesque plu- met artistement monté de différentes couleurs. Il y en a de blancs, de noirs et de jaunes. L'homme est le même partout; et chez nous les plumes d’autruche font de magnifiques panaches, au-dessus des dais et même des corbillards. L'Ivi, ou Duaparis coccinea, à livrée écarlate, comme l'indique son nom spécifique, est un oiseau du même genre que l’O0, qui sert aussi à fabriquer des manteaux de rois ou de grands chefs. Son brillant plumage aura bientot consommé sa perte, si l’on n'y prend garde. Il est de la grosseur d’une mésange et a le bec en faucille. Le grand navigateur Cook avait rapporté, de som voyage aux iles Hawaï, un manteau de chef en plumes d'Ivi, qui est éonservé encore aujourd'hui au Musée ethnogra- phique de Berlin. Un autre manteau de la même espèce fut jadis offert à don Pedro, empereur du Brésil; ce sou- verain, qui affectait de dire qu'il était le premier républi- cain de son royaume, et qui fut détrôné pendant un an de ses fréquents voyages en Europe ! Ce riche ornement était estimé 30000 francs seulement. Car, ici, l'oiseau tout entier fournit les plumes, tandis que l’Oo n'en donne quiun très petit nombre. Il suffit donc d'une moindre quantité d'oiseaux, pour fabriquer un manteau de plumes écarlates, que pour un mamo en plumes jaunes. LA VOIX DES POISSONS (Suile.) « 8e proposition. — Une partie des phénomènes acous- tiques émis par les Hippocampes résultent de vibrations qui ne sont pas renforcées par la vessie pneumatique. Dans ce dernier cas, bien remarquable, la vibration mus- culaire, sans aucun auxiliaire organique, suffit à la pro- duction de bruits expressifs chez un vertébré. 9c proposition. — La faculté ichthyopsophique à été ac- cordée aux mâles comme aux femelles de nos cinq es- pèces de poissons. 10° proposition. — Au temps du frai, cette faculté par- vient au plus haut point de sa perfection. 11e proposilion. — En constatant que les Ombrines vivent en troupe et émettent des sons, j'ai complété les documents qui manquaient à Cuvier, pour établir que l'individu de l’espèce Umbrina cyrrhosa (Linn.) est bien le poisson qu'Aristote nomme Xpwpic; j ai donc, d’après l'illustre auteur du Règne animal, complété la solution d'une question historique débattue depuis plusieurs siècles. l C'est aussi dans la vessie pneumatique de l’'Ombrine que j'ai découvert la troisième membrane vésicale, l'in- terne proprement dite ou la diaphragmatique, membrane LE NATURALISTE 13 que J'ai ensuite retrouvée dans les Sciénoïides de trois espèces européennes. 12° Proposition. — Les Maigrets, par la forme, la grandeur et le jeu de leurs organes producteurs de sons, par l'intensité des vibrations sonores propres à chaque individu, par les imposants phénomènes acous- tiques qu'ils produisent dans leurs rassemblements au temps du frai, méritent seuls le nom d’orgues vivantes. Chez les Sciénoides, l’entrelacement des ramifications tubuleuses de la vessie avec les faisceaux charnus des muscles voisins, constitue un instrument physiologique et musical dont le type n'existe chez aucun autre animal de la même classe, habitant les mers d'Europe. Les Maigres, enfin, dont la grande taille ajoute un attrait de plus aux singularités qui les distinguent, doivent donc être considérés par les zoologistes comme des spécimens ichthyopsophiques des plus intéressants, et seront dé- sormais regardés, à bon droit, comme les poissons euro- péens les plus extraordinaires. » Avant la publication de cette note, parue, ainsi qu’on l’a vu plus haut, en 1866, au tome LXII des Comptes rendus, M. Armand Moreau en avait adressé une autre à l'Aca- démnie des sciences, par l'intermédiaire de Claude Ber- nard. La voici en substance (1) : « L’expérience que je vais citer montre que le son se produit chez certains poissons, sous l'influence des nerfs, comme la voix dans le larynx des animaux supérieurs. Les Trigles font entendre des sons particuliers qui les ont fait appeler grondins par les pêcheurs. Les noms de Aÿoa (lyre), que l’on trouve dans Aristote, d'Organo (orgue), qui s'emploie en Italie pour désigner certaines espèces, semblent empruntés à la fonction de phonation. Voici, brièvement, les dispositions anatomiques. Dans le genre Trigle, et en particulier chez le Trigla hirundo, la vessie natatoire possède des muscles épais et forts. Ces muscles qui, vus au microscope, offrent la fibre striée, recoivent deux nerfs volumineux naissant de la moelle épinière, au-dessous des nerfs pneumo-gas- triques et tout près de la première paire dorsale. La membrane muqueuse de la vessie natatoire forme, en s'adossant à elle-même, un repli ou diaphragme qui sub- divise la cavité en deux autres cavités secondaires, com- muniquant entre elles par une ouverture circulaire ana- logue à l'ouverture pupillaire. Ce diaphragme est assez mince pour pouvoir être examiné au microscope sans préparation. On distingue nettement des fibres circu- laires concentriques, situées au pourtour de l'ouverture centrale et constituant un sphincter, dans lequel viennent se perdre des faisceaux de fibres musculaires dirigées perpendiculairement aux tangentes de ce cercle, Ces diaphragmes existent plus ou moins complets dans plusieurs autres genres de poissons et, en parti- culier, dans le Zeus Faber, qui produit des sons ana- logues à ceux des grondins. Les muscles de la vessie natatoire du Zeus Faber recoivent des nerfs venant de trois paires rachidiennes, Au mois d'août 1863, je sacrifiai un Grondin par la section de la moelle en dessus de la région dorsale, et, (1) Comptes rendus, 1864, tome LIX, p.436. — Sur la voix des poissons, note de M. A. Moreau, présentée par M. CI. Ber- nard. — (Commissaires, MM. Valenciennes, Coste, Cl. Ber- nard.) “) ayant ouvert l'abdomen, j'appliquai un courant faible sur les nerfs qui vont à la vessie natatoire. Aussitôt, les sons Caractéristiques que j'avais entendu l'animal pro- duire volontairement pendant la vie, se répéterent, J'appliquai le même courant sur les muscles de la vessie natatoire, mais sans résultat: m'étant ainsi assuré que la contraction des muscles n'était pas due à des cou- rants dérivés, mais à l’action physiologique du nerf excité, J'augmentai l'intensité du courant et j’excitai de nouveau les muscles, Les sons caractéristiques déjà observés se reproduisirent; semblables à un gronde- ment sonore et prolongé, ils furent entendus par des personnes placées à plusieurs pas de distance. Ayant coupé d'un trait de ciseaux l’extrémité inférieure de la vessie natatoire, la cavité inférieure de l'organe a été ainsi ouverte, et le diaphragme avec son ouverture centrale sont devenus visibles. J'ai de nouveau galva- nisé les nerfs, et j'ai vu d’une manière très manifeste le diaphragme vibrer pendant toute la durée de la galvani- sation, Dans ces conditions, les vibrations du diaphragme n'étaient pas sonores. » Evidemment, la caisse sonore n'existait plus. Plus tard, en 1872 (1), M. Dufossé communiquait d'autres expériences faites par lui sur de nouveaux poissons : deux espèces de Chaboisseaux de mer, le Cot- tus scorpius (Linn. et Cuvier) et le Cottus bubalus (Eph. et Cuv.), qui sont des poissons de petite taille, d’un aspect hideux,qui leur fait donner les noms vulgaires de diables, scorpions et crapauds de mer. Quand on les saisit, ou qu’on les a entre les doigts, ils produisent un frémissement intense accompagné d'un bruit, ou plutôt d’un cri, et quelquefois d’un son commensurable, vibrations sonores qu'ils émettent dans l'atmosphère aussi bien que sous l’eau. Ces vibrations sont volontaires, de véritables actes d'expression instinc- tive, et elles ont pour cause la trémulation musculaire ou la contractilité wollastonienne. Les muscles qui produisent ces vibrations sont situés sous le crâne, dans les parois des cavités buccale et ins- piratoire de nos Chaboïsseaux; plusieurs même sont moteurs des parties antérieures du système osso-carti- lagineux hyoidien; de plus, ce sont ces cavités qui, mo- difiées temporairement dans leur forme, et simplement par les mouvements qui leur sont propres, se trans- forment en un appareil de renforcement de ces vibra- tions sonores. » Enfin, en 1879 (1), W. Sürensen faisait présenter à l'Académie par M. Blanchard un mémoire sur divers poissons de l'Amérique du Sud émettant des sons plus ou moins forts; pendant son séjour, en 1877 et 1878, à l'embouchure du Riacho del Oro, dans le Rio Paraguay, ce savant avait été à même de faire de nombreuses recherches sur la façon dont plusieurs poissons de ces rivières, notamment ceux des familles des Siluroïdes et des Characins, font entendre ces sons particuliers; ses études avaient principalement porté sur quelques espèces (4) Comptes rendus, 1872, t. LXXIV, p. 1454. (1) Comptes rendus, 1879, t. LXXX VIII, p. 1042. Sur l'ap- pareil du son chez divers poissons de l'Amérique du Sud. Commissaires : MM. Coste, CI. Bernard, de Quatrefages, Ch. Robin, rapporteur.) 14 LE NATURALISTE des genres Platystoma, Pseudarvides, Doras, Ageniosus, Prochilodus, Chalcinus, Rygocentrus et Myletes. Ce mémoire, assez étendu, mentionne un grand nombre d'expériences très remarquables. Et maintenant, estl encore permis, d'une manière générale, de dire : « MUET COMME UN POISSON » ? On dira peut-être : ils n’émettent que de vagues sons. comme les gendarmes de Nadaud, et ne peuvent pas, sans doute, se communiquer leurs impressions. Qu'en sait-on? Connaissons-nous le langage des ani- maux, infini en variétés? Connaissons-nous celui d’autres muets de la nature, dont l'intelligence est pour- tant supérieure; celui de la fourmi, de l'abeille, des araignées, etc. ? E. SANTINI DE RIOLS. PRESS PPS TS PPT PR PHOTOGRAPHIE Photographie des échantillons d’histoire naturelle. — La photographie des petits objets des collections d'histoire naturelle, coquilles, minéraux, fos- siles, etc., est assez difficile surtout par la difficulté de maintenir les échantillons dans la position verticale où on doit généralement les prendre. Le plus simple est alors de disposer les derniers sur un support horizontal, Quant à l’appareil,on peut placer devant lui un prisme à 45 degrés, mais alors, pour ne pasavoirde déformations, il est nécessaire que la planchette soit parfaitement ho- rizontale et que la glace dépolie soit absolument verticale. Mais il est bien plus simple de faire construire un support qui maintient la chambre noire verticalement. Dans ces deux cas, si on emploie un support opaque, il se forme autour des échantillons des couches et des pé- nombres qui en estompent les contours. On évite cet inconvénient en rangeant les divers échantillons sur une lame de verre au-dessous de laquelle on dispose une plan- chette à 45° recouverte de papier blanc. Pour les objets blancs ou brillants, tels que coquilles, pièces d'art, etc., on emploie un verre dépoli, le côté lisse en dessous. Pour les objets mats, tels que les miné- raux ou les préparations anatomiques, on met le côté dépoli en dessous, ce qui donne plus de brillant aux con- tours dans l’ombre. On peut aussi remplacer Le papier blanc par du papier de couleur : à recommander surtout pour les fleurs. Si l'objet ne peut se tenir de lui-même dans la position voulue, on le calé avec de petites boules de cire placées au-dessous de lui et par suite invisibles sur la plaque sen- sible. La photographie des objets à surface brillante présente quelquefois d'assez grandes difficultés : quelques expé- diénts permettent cependant, dans la plupart des cas, de réussir cé génre de réproductions. Le moyen le plus shnple, le seul que lon puisse souvent employer est de tamponner doucement et bien également les parties bril- lantes du métal sur un morceau de mastic ; la surface de l’objet devient absolument mate, on évite donc ainsi toute réflexion gêénante. Une fois la photographie faite, on net- toiera l’objet avec uné brosse plate chargée de blanc à polir délayé dans un peu de benziué (1). (1) Brilish Journal of Photography. Trad, de M. L. P. Clerc dans La Photographie. Une autre méthode fréquemment employée, surtout quand il s'agit d'une coupe ou d’un vase, est de provoquer le dépôt d'une buée à la surface du vase que, pour cela, on refroidit en le remplissant d’eau glacée. On doit, bien entendu, tout préparer pour la pose, avant de jeter la glace dans le vase. Dans le même ordre d'idées, on peut, au préalable, maintenir l’objet à reproduire dans un lieu frais, puis l’amener rapidement dans l'atelier modéré- ment chauffé où la place du modèle a été soigneusement repérée et l'appareil mis en batterie, de facon qu'il n'y ait plus qu'à déclencher l’obturateur, Il y à des cas cependant où les propriétaires de la pièce à reproduire u'autoriseront ni le tamponnage au mastic, ni le refroi- dissement. Il peut y avoir alors une réelle difficulté, surtout si la pièce, dans une vitrine de musée, par exemple, ne peut être déplacée. De toute facon, on se rappellera que la lumière se réfléchit sous un angle égal à celui de l'incidence, et, pour éviter les réflexions gé- nantes, On arrêtera au moyen d'écrans toute lumière de face et on n’admettra que la lumière de côté. On adou- cira les ombres au moyen de réflecteurs. La meilleure incidence pour la lumière est, en général, de 45°. Auù développement, on doit faire en sorte que les détails des autres soient complètement venus avant dé chercher à obtenir la densité des hautes lumières. Très souvent, la pièce à reproduire est accompagnée d’une inscription qu'il est absolument nécessaire d'obtenir. La lumière de côté s'impose alors : 1] sera souvent néces- saire cependant de faire repasser à l'encre les caractèrès sur le cliché : on s'adressera pour cela à un graveur. Le défaut le plus commun et que lPon doit chercher à éviter est la $Sous-exposition suivie d’un développement forcé. Le temps de pose doit être réglé pour les autres et non pour les lumières. Les plaqués iridossées et mieux encore les plaques anti-halo seront préférées à toute autre pour la photographie des objets brillants. On peut avoir aussi à prendre un cliché d’une machi- nerie brillante; le meilleur moyen qu'emploieraient d’ail- leurs maintenant tous les ingénieurs, qui ont à faire exécuter de telles photographies, est de peindre les ‘par- ties brillantes, 6ù miéux la pièce tout entière, avec une couleur claire que l’on enlèvera ensuite aisément avec un chiffon imprégné de benzine et de térébenthine. Le nom du fabricant est généralement moulé en relief sur la machine et il est très important qué l’on puisse le lire aisément sur la photographie; on blanchira pour cela les parties saillantes des lettres aveé de la craie. En photo- graphiant les monuments ou les pierres tomhales de marbre ou de granit poli, sur lesquels existe une iuscrip- tion dorée, il sera presque impossible d'obtenir distine- tement l'inscription sur le cliché, si l’on ne remplit pas les lettres au moyen d’un couteau à palettes, d’une pâte épaisse de blanc délayé dans un peu d’eau, mélange qui sera facilement enlevé après réproduction,’ soit avec une brosse douce, soit en lavant la pierre. CHRONIQUE Faune des environs de Paris. — M. A.-1. Clément a signalé à la Société entomologique de France la capture d'une Phalène très intéressante pour la Faune parisienne, la Cleora angularia Thh = C. viduaria BKhb., prise par lui dans la forèt de Fontainebleau, à la gorge LE NATURALISTE 15 aux Loups, le 13 août dernier. Berce, dans sa « Faune entomotogique française », signale cette espèce des Vosges, de l'Indre, de la Charente, de Saône-et-Loire ainsi que du Nord de la France. M. G.-A. Poujade avait, il y a quelques années, nille de cette assez rare Phalène, et obtenu d’éclosion le Papillon. Cette double observation doit encourager les recherches des lépidoptéristes dans cette localité. Destruction des mulots. — Pour détruire les mulots, le mieux est de mettre à l'entrée de leur trou, mais assez profondément pour que les oiseaux ne puis- sent les atteindre, des grains de blé saupoudrés de stry- chnine ; deux ou trois grains suffisent à chaque trou, et le poison est si violent qu'il en faut très peu autour du grain pour faire mourir ce petit animal. Le même résultat peut être obtenu avec de l'acide arsénieux en poudre, Il faut avoir soin de ne pas laisser les chats ou les chiens man- ger les cadavres, sans quoi ils pourraient être empoison- nés aussi. Enfin, on peut détruire les mulots comme on détruit les vers blancs, c’est-à-dire par une culture de microbe pathogène. Pour obtenir cette culture, il faut s'adresser à l'Institut Pasteur à Paris. Prohibition de entrée d’arbustes en France. — L'Officiel du 1 décembre a publié un dé- cret prohibant l'entrée en France desarbres,arbustes,ete., provenant des États-Unis d'Amérique. Cette mesure est prise pour prévenir l'introduction du pou de San-José (Aspidiolus perniciosus), cet on connaît les ravages en Amérique. Découverte de gisements de phosphates, — À l'Association pour l'avancement dessciences, M. Le- cat, ingénieur des mines, a présenté des échantillons de phosphates noirs des Pyrénées, dont les premiers gise- ments ont été trouvés à Accous (Basses-Pyrénées), Il a fait connaître que des recherches nouvelles lui ont per- mis de retrouver ces gisements des phosphates dans un certain nombre de localités des Pyrénées, ainsi que dans l'Ariège, la Haute-Garonne et même dans l'Aude et le Tarn. Le Journal de Conchyliolosie de Crosse. — Le Journal de Conchyliologie a éprouvé cette année une perte cruelle en la personne de son savant directeur et propriétaire H. Crosse, décédé en août 1898, à l’âge de 74 ans, On sait que M. Crosse a consacré la plus grande partie de sa carrière scientifique à cette publication qu'il dirigeait depuis 1661. Désirant assurer lui-même la con- tinuation de son œuvre, il a légué la propriété du Journal à M. Henri Fischer qui a tenu à s’adjoindre deux de ses amis, M. Dautzenberg et G. Dollfus. Ils aideront à me- ner à bien la tâche qui lui a été confiée. La nouvelle di- rection s’efforcera de suivre la voie tracée par M. Crosse, en s'inspirant de son excellent esprit et de répondre à son dernier vœu en travaillant avec désintéressement, dans le seul but de contribuer au progrès de la science conchyliologique. Sur les maladies du bétail argentin, — La Revue de médecine vétérinaire vient de publier une impor- tante conférence de M. Nocard sur les maladies infec- tueuses du bétail argentin, Cette conférence a porté prin. cipalement sur trois maladies, dont M, Lignière, répé- titeur à l'École nationale vétérinaire d'Alfort, a reconnu trouvé au même endroit une che- le caractère microbien durant un long séjour qu'il a fait récemment à la République Argentine. La plus redoutable de ces maladies paraît être la lom- briz du mouton, attribuée d’abord à des vers intestinaux, mais dont M. Lignière a déterminé la cause réelle, qui est, d'après lui, un cocco-bacille : Les nombreuses autop- sies auxquelles M. Nocard s’est livré ont confirmé la dé- couverte de M. Lignière, Avec des cultures de ce bacille, la maladie à pu être inoculée à des agneaux sains et vi- goureux indemnes de vers, Des expériences sont pour- suivis actuellement dans un certain nombre de troupeaux sur la vaccination préventive de la maladie. Les deux autres maladies étudiées sont : la diarrhée des veaux et l’entéqué des bovidés adultes, Pour ces maladies, le mode de traitement indiqué est l'injection intra-veineuse d’une certaine quantité de sérum sain, dilué dans l’eau. ‘ Informations météorologiques, — La Société centrale d'agriculture de l'Hérault vient de prendre l'initiative, avec le concours de l’école d’ agriculture de Montpellier, de publier un bulletin diurne d'informations météorologiques et viticoles, afin de renseigner les viti- culteurs sur les gelées du printemps et les accidents intc- ressantle vignoble, ARRIVAGES | COLÉOPTÈRES EUROPÉENS & EXOTIQUES En vente chez : LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE NATURALISTES AG, rue du Bac, Paris, vnnnnnr PRIT Chromoptilia diversipes West. Madagascar.......... 3 50 Coptomia marginata Wat. Madagascar............... 2 50 Hécostat Gr PeMadagascars- tem rene. 4» N Opalina GP. Madasascann Ut), 0) — sexmaculata G. P. Madägascar.. .......... 3) P'atedelosis Bassii White. 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Caucase................. TS) — VNiolaceusslMErance Meter enter » 20 — Vfasperulus/Kr. Grèce Re Ne RECRE 3 50 Chætocarabus intricatus L. Normandie............... » 25 Chrysocarabus auronitens F. Grande-Chartreuse...... » 20 Eurycarabus morbillosus F. Espagne................ » 15 Carabus V. fastuosus Pall. Hongrie (violet).......... Le 2H) A MONMNSEE) ATANCe Tasse CNE » 20 1 VAconsitus PANZ. SUISSE MORE ERA NERO » 15 VE TUDrICUS GÉhASUISSe RE NS EEE 1 75 —— OV -itaunicus Hey d.BaAvVIÈre tn. ee sellerie 14) — Scheidleri Panz. Allemagne..........:...4... » 25 Mr Golden DuftSPodolie ne entr een 2 0) — ::V.improbus Sch.:Hongrie...........4.2.. » 75 — IN: superbus Sch.: Bohème: le AA nt » 15 — 0 NV:1purpuratus Strus. Hongrie... » #10 — V. œneipennis Strm. Hongrie.............. » 60 —- V. OrmayiReitt. 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Les espèces à feuilles nor- males habitent les régions tropicales où elles sont cos- mopolites ; quant aux espèces chez lesquelles les feuilles sont remplacées par des phyllodes, elles sont pour la plu- part confinées en Australie où elles contribuent à donner à la flore de ce pays le cachet spécial qui la caractérise. La flore australienne est en effet remarquable par la bizarre disposition du feuillage de la plupart de ses espèces arborescentes, non moins que par la forme élancée de celui-ci.Les espèces à phyllodes représentent à elles seules les deux tiers du genre. On n'en compte pas moins de 319 en Australie. La flore de l'Inde n’en comprend que 19 espèces. Le genre Acacia n'est repré- senté dans la flore française par aucune espèce, car le Robinia pseudo-acacia L.connu vulgairement sous le nom d'Acacia est bien une légumineuse, mais il appartient à la tribu des Papilionacées tandis que l’Acacia dépend de la tribu des Mimosées. . - Nous avons eu occasion de voir dans l'Inde deux espèces d'Acacia naturalisées sur les Nilgiris, massif faisant partie des Ghattes occidentales. La premiere, l’Acacia melanoxylon R. Br., est un arbre d’un bel aspect couvert de phyllodes touffus qui ne permettent aucune végétation sous leur ombrage. Certains rameaux pré- sentent une phyllodination incomplète, Tantôt le rameau est complètement feuillé,tantôt 1] présente des phyllodes mêlées à des feuilles entières, tantôt enfin il porte des feuilles à moitié modifiées en phyllodes, de telle sorte que l’on peut suivre sur cet arbre toutes les phases de l’évolution de la feuille en phyllodes ou des phyllodes en feuilles. Cette belle espèce ne fructifie point dans l'{nde méridionale au-dessous de 1800 mètres, fructifie sans se reproduire è cette altitude et peut se reproduire de graines à 2,400 mètres et plus. L/Acacia melanoxylon habite le sud-est de l'Australie et s'élève jusqu'à la région subalpine. On l'y connait sous le nom d'arbre à bois noir. Il atteint,dans les vallons bien arrosés et riches en terre meuble, une hauteur de 25 mètres, et son tronc mesure plusieurs pieds de dia- mètre. On utilise son bois pour l’'ameublement, la con- fection des wagons, des voitures, des bateaux, des manches d'outils, des béquilles, des stéthoscopes, des billards etpour certaines parties des orgues et des pianos, On l’emploie en outre à bon nombre d'autres usages, C’est ainsi qu'on en fait des tonneaux : cependant pour cette fin il a besoin d’être au préalable longuement trempé. Sa beauté et sa durée l'ont fait préférer à tout autre pour la construction des wagons, d'autant que son emploi n’est pas plus coùteux. On consacre à cette destination les coupes faites sur les montagnes, L'intro- _duction de cette belle espèce dans nos colonies et son développement seront donc pour l'avenir une source de revenus. Pour la beauté de son grain et de son poli le bois d'A. melanoxylon peut supporter avantageusement la comparaison avec celui du Noyer. Il ne se tord ni ne se gauchit sous l’action de la vapeur, Pour ce qui est de la tension transversale, il offre la même résistance que Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. le bois d'Eucalyptus de moyenne force, Presque aussi fort que le bois de Chêne blanc d'Amérique, il surpasse celui du Pin Kauri (Dammara australis Lamb..), Doprtant d’un grand usage en Australie. ; La seconde espèce australienne que nous avons eu l’occasion de voir naturalisée aux Indes est l'Acacia deal- bata Link. auquel sa propagation rapide sur les Nilgiris a valu le nom de Multipliant et qui est un véritable fléau pour la végétation indigène qu’elle étouffe littéralement et menace d'anéantir. L’A. dealbata croit aussi dans le sud-est de l'Australie et habite en outre la Tasmanie. On l'y nomme Mimosa argenté. Son feuillage gracieux et ses fleurs jaunes odo- rantes font un fort bel effet: Il se plait aux bords des rivières et des ruisseaux et y atteint parfois une taille de 45 metres et plus. Sur les montagnes du sud de l’Inde,il trouve le climat chaud et humide qui lui convient. Son-bois flexible. et transparent sert aux tonneliers et jouit d’un grand pouvoir calorifique.. Ayec les petits. éclats de ce même bois on fabrique d’élég gants paniers. Nous nous contenterons d'indiquer ici les principales espèces utiles susceptibles d’être acclimatées en dehors des tropiques en ne nous arrêtant un peu longuement qu'à celles qui offrent un intérêt plus marqué. L’Acaciax acuminata Benth. est remarquable par son bois dont l'odeur rappelle celle de la framboise et qui donne par distillation une huile odoriférante dans la proportion d'une livre environ par mille kilogs, C’est une espèce de l'Australie occidentale, L'Acacia doratoxzylon À. Cunning du sud-est de l'Aus- tralie possède aussi un bois odoriférant. L'Acacia arabica Willd. est une des plus importantes espèces du genre. Il croit dans l'Afrique centrale et sep- tentrionale en Égypte, en Arabie et au Natal, On le trouve aussi dans l'Inde et à Ceylan. Il préfère les sols secs et calcaires.C'’est cette plante,connue de Dioscoride, de Pline et de Virgile, qui fournit la véritable gomme arabique utilisée en médecine et dans l'industrie. Il donne aussi parfois asile à l’insecte qui sécrète la gomme laque.C’est ainsi qu'on retire cette substance de cet Aca- cia dans le Sindh, aux Indes Orientales, L’A, arabica constitue de bonnes et solides haies épi- neuses ; ses feuilles sont recherchées par les bestiaux ; ses gousses astringentes renferment du tanin en abondance ainsi que son écorce. La plupart des Acacias présentent ce caractère à un degré plus ou moins élevé. L'emploi de ce tanin donne un cuir d'une couleur particulière- ment pâle.Le bois d'A. arabica est très durable et résiste bien à l’eau sous l’action de laquelle il durcit : aussi s’en sert-on pour fabriquer des roues, des margelles de puits et pour le bordage des bateaux. Cette espèce présente plusieurs variétés telles que À. vera et A. Nilotica. L’importation de la gomme arabique en 1886 pour la seule Grande-Bretagne s’est élevée à la somme de sept millions et demi de francs. Dans le nord de l’Afrique,on retire aussi la gomme arabique de l'A. Ehrenbergiana Hayne. L'Acacia armata R. Br. de l'Australie extra-tropicale se plante dans les dunes et les sables des rivages, qu'il recouvre bientôt et rend inabordables grâce à ses puis- santes épines. L'Acacia Catechu Willd. est non moins remarquable par son bois extrêmement durable que par le cachou qu'il fournit à la médecine et au commerce. Il fait ainsi concurrence à l'Areca catechu et au Nauclea Gambir,prin- 18 LE NATURALISTE cipaux producteurs de cette substance, Sa gomme est supérieure à celle de l'A. arabica. L’Acacia concianna D.C.,renferme dans ses gousses de la saponine. L'Acacia cyclopis Cunn., sert à fixer les dunes et les sables mouvants. L'Acacia decurrens Willd, ressemble tant pour le port que pour les propriétés à l'A. mollissima, dont il sera question plus loin. Son bois est surtout employé pour faire des douves, des tonneaux, les sièges rustiques ; c'est un excellent combustible, Son écorce fournit un tanin d’une grande richesse et d’une rare abondance, sa gomme est employée par les tanneurs. L'Acacia estrophiolata F. V. M. avec ses branches pen- dantes a sa place toute désignée dans les cimetières. L’Acacia excelsa Benth, dont la taille atteint 24 mètres peut prétendre à la même destination. Son bois dur et durable est au centre d’une belle couleur rose. LAcacia farnesiana Willd, cosmopolite dans les Tro- piques, mais souvent planté, croit spontanément dans l'Inde et s’étend à l’est jusqu’au Japon. On le retrouve dans les régions chaudes de l'Australie. Ses fleurs em- baumées sont recherchées pour la parfumerie. Il est dans les Alpes-Maritimes, particulièrement à Grasse l’objet d'une grande culture. On l’appelle improprement Cassier et le nom de Mimosa ne lui convient guère mieux, bien qu’il rappelle la tribu dont relèvent les Acacias. Cette espèce peut être plantée en haies; elle produit aussi une gomme arabique. Bon nombre d’Acacias australiens pourraient disputer à l'A. Farnesiana l'honneur d'être employés pour la parfumerie. L'Acacia fasciculifera KF. V. M. offre un bois sombre facile à travailler. Ses branches tombantes le destinent encore aux cimetières. L'Acacia glaucescens Willd, dont les fleurs sont remar- quables par leur odeur, est employé par les Aborigènes du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud pour stu- péfier le poisson ; la décoction de son écorce sert à com- battre les parasites qui infestent les plantes cultivées. C'est l'Acacia gammifera Wild qui fournit principale- ment la gomme arabique du Maroc. De l'A. harpophylla F. M., les indigènes du Queens- land fabriquent des lances ; on utilise aussi les jeunes plants en qualité d'échalas dans les vignes; ceux-ci sont d’un long nsage; ils durent, en effet, jusqu’à 20 ans. Le bois de cet arbre exhale parfois une odeur de violette. L’Acacia heteroclita Meios, donne une gomine comes- tible. L’Acacia homalophylla Cunning, est employé en ébé- nisterie tant à raison de sa solidité qu’eu égard à son par- fum ; il est fort apprécié pour la confection des pipes. L’Acacia kaa À, Gr., est une superbe essence forestière dont on use pour les charpentes et la construction des navires ainsi que pour les mêmes travaux. Les feuilles de l’Acacia leiophylla Benth, renferment une notable quantité de sulfate de chaux. Riche en tanin l’écorce de cet arbre donne un acide tanique abondant, Cette espèce qui sécrète une gomme recherchée émet des suçoirs ; son aspect pleureur en fait une plante des nécro- poles. L'Acacia mollissima Willd, est connu dans le sud-est de l'Australie et en Tasmanie sous le nom de Mimosa noir. Très voisin des À. dealbata et A. decurrens, il fournit un bois employé pour les douves des tonneaux, les pioches et qui est, avant tout, un excellent combustible. Il sécrète une gomme qui nest pas à dédaigner; le tanin qu'il donne en grande abondance est fort prisé; la culture de cette espèce est très facile et l'indique comme une excel- lente plante de reboisement. Atteignant jusqu'à 18 mètres sur un diamètre de près de deux pieds, l'Amollissima est un bel arbre dont on extrait le cachou. La culture de cette plante est des plus faciles et fort rémunératrice. Aussi ne saurait-on trop le propager dans les régions incultes et arides, Il croît rapidement et donne un acide tanique de qualité supérieure, Plus vigoureux et plus résistante au froid que l'Eucalyptus globulus, on a réussi à l’acchimater dans le sud de la Grande-Bretagne, Il peut affronter les régions sub-alpines et fournir au bétail son feuillage comme fourrage. L’Acacia moniliformis Gris, de l'Argentine partage cette dernière propriété ainsi que l’A. cavenia du sud-ouest de l'Amérique, D’autres Acacias jouissent d’ailleurs de la même valeur nutritive. L'Acacia pendula Cunning, de la Nouvelle-Galles du Sud et du Queensland, voit son bois tenu en haute estime pour sa couleur, son grain et son parfum de violette; aussi ce dernier est-il employé couramment en marque- terie et ébénisterie, On en fait aussi des pipes. Une gomme transparente de qualité supérieure découle de cette espèce. Son aspect et ses branches décombantes en font encore une espèce propre à ombrager les tombeaux. L'Acacia pycnantha on Mimosa doré est un arbre de croissance rapide peu difficile sur le choix du terrain et qui se plait dans les sables, Toutefois il ne saurait sup- porter des froids rigoureux. C’est une plante qui donne un tanin abondant et un cachou propre à préserver les objets exposés à l’eau, tels que les cordages, les lignes pour la pêche. Cette espèce n'est pas seulement après l'A, mollissima, la plus productive de tanin, elle donne en outre une gomme non moins excellente qu'abondante. Les douves de tonneaux, les manches de divers instru- ments et les bobines sont fabriqués avec son boïs qui est pâle et facile à travailler. L'Acacia relinodes Schlech, se distingue des autres espèces en ce qu'il est toute l’année en fleurs. On a pu l’acclimater en Angleterre où il croit volontiers à l'abri des murs. Les Acacia senegal Willd et À, Etbaica Schweins, de l'Afrique, produisent la meilleure gomme arabique de la région du Nil et l'A. tortilis Hayne donne celle du Sahara. Nous aurions à citer encore l’Acacia Stenophylla Cun- ning, dit bois de fer, l'A. sentis F, V. M. qui, comme l’A. seyal Del, des déserts de Nubie et de Libye, offre au bétail, aux chameaux, dromadaires, moutons, chèvres, etc., ses feuilles dont ils se montrent fort friands. Ces deux espèces appartiennent à l’intérieur du conti- nent australien, Si l’on veut bien se souvenir que celui- ci est encore en grande partie inexploré, on ne saurait douter qu’un jour la Flore d'Australie, déjà si riche en Acacias ne s’enrichisse de nouvelles espèces dont les botanistes de cette contrée nous feront connaitre les pro- priétés à l'exemple de l’éminent baron Ferd. von Mueller dont les select extra-lropical plants readily eligible for industrial Culture or Naturalisation nous ont inspiré cet article et nous ont fourni les principaux matériaux utilisés pour sa rédaction. : Hector LÉVEILLÉ. LE NATURALISTE 19 MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE Les personnes qui s'intéressent aux sciences biolo- giques devenant de jour en jour plus nombreuses, il a fallu des livres spéciaux, permettant à ceux qui ne veulent y trouver qu'un agréable et instinctif passe- temps, de se reconnaitre facilement au milieu des êtres qui les entourent. C'est d'abord la forme extérieure du corps seule qui a été l’objet de leurs patientes investigations etbon nombre s’en trouvent là encore aujourd’hui, Puis, quelques-uns, plus passionnés ont commencé à vouloir connaitre l’'Anatomie des êtres dont ils ne connaissaient encore que l'extérieur, enfin d’autres demandent aujourd'hui à voir les éléments mêmes qui constituent les organes, c’est-à-dire leur Histologie. Il faut bien dire que parmi les amateurs, c’est encore un très petit nombre qui se lance dans ces recherches déjà un peu compliquées; mais il en existe cependant, et le nombre encore restreint, ne fera certainement que croitre de jour en jour. Prendre un être quelconque et arriver par des traite- ments successifs à posséder un dossier définitif et exact des éléments qui composent ses tissus, voilà le but que nous nous proposons d’atteindre dans une série d’ar- ticles. Nous n'avons eu, en les écrivant, aucune prétention scientifique, ce que nous avons recherché seulement, c'est de permettre aux zoologistes et histologistes débu- tants de pouvoir arriver à leurs fins, c’est-à-dire à faire une bonne préparation d’un tissu quelconque et cela, sans avoir recours à de volumineux traités spéciaux, fort bien faits à la vérité, mais auxquels on reconnait seule- ment deux défauts, c'est d'abord d’être trop lourds, trop importants et de noyer le lecteur dans une quantité trop grande de détails, ensuite, de coûter trop cher. Ce sont là précisément les deux écueils que nous avons voulu éviter, en réunissant dans une suite d'articles élé- mentaires tous les renseignements généraux indispen- sables et en les mettant à la portée de tous. ARTICLE I RECHERCHES DES ANIMAUX Le zoologiste débutant perd souvent un temps précieux à la recherche des animaux qu'il veut étudier et cela parce qu'il ne connaît pas les endroits où il doit les trouver le plus sûrement ou qu'il ignore les moyens pra- tiques de les prendre quand il les a apercus. (Je parle ici, bien entendu, de celui qui est livré à ses seules res- sources, soit à la campagne, soit au bord de la mer.) On me dira que la recherche du gite des animaux est une chose déjà très utile, indispensable même aux débu- tants; je suis le premier à convenir que l’on remarque beaucoup moins bien les choses quand on vous les indique que lorsqu'on est obligé de les trouver soi-même, mais il faut aussi reconnaitre que le temps manque aussi quelquefois et que l’on est bien aise de posséder d'avance quelques renseignements sur les endroits où se ren- contrent de préférence telles ou telles espèces. Nous n'avons pas la prétention d'indiquer les gites des animaux espèces par espèces. Nous nous contente- rons de prendre les grands groupes zoologiques et d’in- diquer tout simplement quels sont les milieux où ils se plaisent le mieux et sous quelle forme ces milieux doivent être pour avoir la préférence. Pour de plus amples détails, nous renverrons aux traités spéciaux où cela est mieux indiqué. Les Protozoaires qui sont les êtres les plus simples et dont le corps est constitué par une seule masse proto- plasmique, sont ainsi les plus répandus dans la nature, Ils pullulent dans la mer comme dans l'eau douce et sur- tout dans les eaux croupissantes des marais ou des mares, dans la terre humide, le fumier, etc. Il existe tout un groupe de protozoaires qui vivent en parasites dans les tissus animaux, jusque dans les glo- bules sanguins. Lorsqu'on veut étudier ces êtres, on doit chercher les endroits où se rencontre de préférence l'espèce que l’on désire et cela en examinant au microscope des gouttes d'eau fine dans les divers milieux. Une fois qu’on a ren- contré l'espèce en question on établit des milieux de culture suivant les règles connues et on ne tarde pas à les voir pulluler si les conditions de vie leur sont favo- rables. Le microscope est absolument indispensable pour les étudier. Spongiaires., — A l'exception des Spongilles qui habitent l’eau douce, on peut dire que tous les autres spongiaires se trouvent dans la mer à des profondeurs plus où moins grandes, Les Spongilles se rencontrent en assez grande abon- dance dans les cours d’eau le long des berges et fixées sur les objets flottants, les bateaux lavoirs de préférence, qui restent toujours à la même place. Quant aux éponges marines elles se fixent le plus sou- vent dans les anfractuosités des rochers, sur des coquilles abandonnées etc., tantôt à fleur d’eau et il est alors facile d'aller les chercher à main basse, tantôt à des pro- fondeurs diverses. Elles fuient en général la lumière et recherchent les profondeurs des cavernes ou des grottes où les rayons lumineux parviennent à peine à pénétrer. Parmi les Cœlentérés, les uns sont libres, les autres sont fixés. Les formes libres vivent toutes dans la rue, elles sont dites pélagiques pour la plupart, en ce sens qu'elles flottent constamment soit à la surface, soit à une certaine profondeur dans la mer, Leur aspect transpa- rent les rend difficilement visibles, au moins les petites espèces, et leur pêche exige de grandes précautions. On les pêche avec des filets en gaze que l’on laisse courir à la surface de l’eau. Souvent après de fortes tempêtes, on les trouve par grandes quantités rejetés sur le rivage; mais alors 1l n'y a guère que les grandes espèces qui puissent servir à l'étude, les petites étant presque toujours détruites par le mouvement des flots sur le sable, à cause de la grande fragilité de leurs tissus. Les formes fixées sont tantôt sur le rivage collées à des pierres ou des coquilles (Actinies\) et tantôt plus profondément dans la mer sur les rochers (Coraux, Gor- gones, etc) ou dans le sable (Pennatules, Vérélilles, etc.). Leur pêche exige l'intervention de bateaux et d'instru- ments spéciaux qui prennent le nom de drague, de fau- bert, de salabres, etc. On peut cependant s'en procurer facilement quelque- fois en inspectant avec soin les résidus de la pêche 20 LE NATURALISTE apportée par les instruments des pêcheurs de fond, Il n’est pas rare de rencontrer des Gorgones, des Coraux, des Madrépores, etc., parfois en assez bon état, pour per- mettre de se faire une idée suffisante de leur constitu- tion. Un seul genre parmi les formes fixées habite les eaux douces, c’est l’'Hydre, dont il existe plusieurs espèces se rencontrant dans les mares ou les ruisseaux, attachée aux herbes ou aux objets flottants. Tous les Echinodermes sans exception habitent la mer. On les rencontre à toutes les profondeurs depuis un mètre jusqu’à 5000 et au-delà. Les Oursins et les Astéries sont ceux qu'ilest le plus facile de se procurer sans instruments spéciaux, un simple filet troubleau suffit. Cependant certaines espèces vivent ainsi à de très grandes profondeurs. La drague et le faubert sont les instruments les plus employés pour la recherche des Echinodermes, mais il arrive souvent que les pêcheurs en ramènent des quan- tités assez considérables simplement avec leurs filets. On peut par conséquent faire souvent de bonnes ré- coltes. Les Arthropodes sont les uns aquatiques et respirant par des tranchées, les autres sont terrestres et portent alors des trachées plus ou moins modifiées. Parmi les Arthropodes aquatiques adultes, il n’y a guère qu'un nombre relativement restreint de genre qui vivent dans l’eau douce à l’état adulte, Ecrevisse, Apus, mais il y à aussi un grand nombre delarves (Hydrophile, Dytique, Libellule, etc.). La grande majorité des Arthropodes aquatiques habitent la mer à l’état adulte, comme à l’état larvaire du reste. Les uns sont libres, les autres, au contraire, fixés sur des objets flottants (Cirrhipèdes) ou sur d’autres ani- maux dontils sont commensaux ou parasites. Les Arachnides sont tous terrestres (Araignées, Scor- pions, etc.). Parmi les Acariens, les uns sont terrestres, libres ou parasites, les autres sont aquatiques, Ils sont tous extré- mement répandus et dans des endroits si différents qu'il nous est impossible d'en donner ici une idée. Les Myriapodes sont tous terrestres et se rencontrent le plus souvent sous les pierres et plus particulièrement dans Le midi de la France. Tous les Insectes aquatiques habitent l’eau douce; quant aux Insectes terrestres, ilenest qui, à l’état larvaire, sont aussi aquatiques (Libellules, ete.). Les Insectes terrestres sont en nombre immense et se rencontrent dans les milieux les plus divers, soit libres, soit parasites. Nous pourrions répéter, à peu de chose près, pour les Vers et les Mollusques, ce que nous avons dit pour les Arthropodes. Ces êtres vivent, en effet, dans tous les milieux, eau salée, eau douce et sur la terre. Les uns sont libres, les autres parasites, il faudrait, par conséquent, pour être complet, passer en revue presque chaque famille, ce qui dépasserait de beaucoup les limites qui nous sont assi- gnées. Quelques espèces marines de Mollusques vivent à la surface. Comme certains Cœlentérés, ils mènent une vie entierement pélagique. Tous les Tuniciers sans exception vivent dans la mer. Les uns sont libres et pour ainsi dire pélagiques (Appen- diculaires), les autres sont au contraire fixés soit dans la vase ou le sable à des profondeurs plus ou moins grandes et il faut alors l’aide de la drague pour les récolter ou bien encore on les trouve collées sur les pierres qui dé- couvrent facilement à marée basse et qui forment de véritables plaques sur les grosses pierres (Botrylle). L'Amphioæus se rencontre dans l'Océan et dans la Mé- diterranée, Il est toujours enfoui dans le sable fin au milieu duquel il se déplace avec uue rapidité surpre- nante. On le pêche dans des fonds de sable de 10 à 30 ou 40 mètres de profondeur, àl’aide d'une drague métal- lique pleine, percée seulement de petits trous pour l'écou- lement de l’eau. La drague doit être remontée vite si l'on veut arriver à ramener quelques Amphioxus à bord, La pêche de cet animal est assez délicate, et le fond de sable qui le recèle n’est pas toujours facile à trouver, mais il arrive que d’un coup de drague on peut en raciner quelquefois plus d'une dizaine, souvent aussi on n’en à qu'un où même pas du tout. L'Amphioxus se conserve bien et longtemps à l’état vivant dans le sable recouvert d’eau de mer bien aérée, ou souvent renouvelée, et comme il est d’assez belles dimensions (3 à 4 centimètres) c’est un très joli sujet d'étude. Nous n'insisterons pas ici sur la recherche des Verté- brés. Les espèces principales sont tellement connues de tout le monde que nous croyons inutile d’allonger inuti- lement ce premier article d'introduction. Les engins qui servent à la pêche des espèces aqua- tiques sont plus particulièrement les filets que le lecteur trouvera décrits dans nombre de traités spéciaux. Quant aux espèces terrestres, nous ne dirons qu’une chose : c’est que, pour l'étude, il faut autant que possible éviter de les tuer au fusil, à moins que l'on ne püisse faire autre- ment, ce qui est le cas pour un certain nombre d'oiseaux ou de grands mammifères. P. GRUVEL. DIMINUTION DES SOURCES Quand on songe au diamètre de la terre, qui a 10 mille lieues de tour, soit un diamètre de 3300 lieues en chiffres ronds si l’on compare cette énorme profondeur de 1600 lieues passé, jusqu’au centre de la terre, à la profondeur maxima des mers, qui est de 2 lieues seulement, soit à peine 1 lieue en moyenne, on ne peut se défendre d’une pensée terrifiante, c’est que cette énorme masse d’eau n’est rien du tout, à côté de la masse énorme de la terre, qui est 500 fois plus grande, au bas mot. On peut même dire que, comparée à la masse de laterre la masse des eaux est 700 fois plus faible, à densité égale. Or, comme la densité de la terre, en général est près de 7 fois plus considérable, on peut dire que le poids de la terre est près de 5 mille fois plus grand que celui de toutes les eaux qui sont à sa surface. j Comme le centre de la terre est certainement à une tempé- rature élevée, plus que suffisante assurément pour réduire toute cette masse en vapeur, il suffirait d’une crevasse un peu importante pour que toute cette eau puisse s’y engouffrer; et alors on verrait la terre voler en éclats comme une bombe dans l'espace, sous l'influence de la transformation subite de toute cette masse d’eau en vapeur, formant en un point limité du fond de cette crevasse un volume 1800 fois plus grand, c’est-à-dire 3 fois et demi plus puissant que le volume de la terre elle=même, à 100 degrés. Or, pour peu que la chaleur centrale à ce niveau fût seulement de quelques centaines de degrés, ce volume de gaz serait non pas 3 fois et demie, mais LE NATURALISTE 21 10, 20, 50, 100 fois plus grand encore peut-être que celui du volume de la terre. On peut juger ainsi très nettement de la force d’explosion variant de 3 à 350 atmosphères ; suivant la température des couches centrales de notre globe. On peut ainsi calculer l’immense hauteur à laquelle seraient projetés les débris de la terre dans l’espace. Elle ne pourrait que retomber alors sur le soleil, où elle serait embrasée bien avant d’y arriver. Et alors le genre humain tout entier serait anéanti et ses débris ne serviraient qu’à grossir le soleil, Toutefois quelques-uns, lancés de différents côtés, formeraient autant de petits satellites tournant autour de la lune; en supposant que cet astre n'ait pas été lui-même un peu bousculé, par une explosion ayant eu lieu aussi près de lui. Enfin de notre terre il ne resterait plus que des fragments tournant soit autour du soleil, soit autour de la lune. Tout cela pour une forte cre- vasse un peu importante qui se serait formée au fond des mers ; crevasse de quelques centaines de lieues de largeur et de longueur. On dira qu'une telle crevasse, de cette dimension, n’est pas possible, Sans doute elle ne pourrait s’opérer d’un seul coup, mais il suffirait qu'il s’en produisit plusieurs, à différentes distances, qui préparent le phénomène, pour que cette explo- sion gigantesque put se produire. Mais si ce phénomène d'éclatement et de projection est fort peu probable, il y a un autre phénomène tout différent qui n’est inalheureusement que trop certain: c’est la diminution constante de la quantité d’eau qui se trouve actuellement à la surface de la terre. Nous pouvons avoir la certitude assurée qu’un jour viendra où iln’'y aura plus une seule goutte d’eau, dans les mers, dans les fleuves et dans les rivières. La terre alors sera sèche comme la lune l’est aujourd'hui. La lune nous montre aujourd'hui ce que sera la terre un jour: c’est un Memento homo permanent. Comment peut-il se faire que l’eau des mers puisse disparaitre au fond de la terre et qu’elle n’y ait pas encore disparu toute entière? Cela est on ne peut plus simple à concevoir. Prenez une pierre, un pavé bien sec par exemple, après l'avoir bien chauffé au feu, après lui avoir fait perdre toute son humidité. Quand il est bien desséché, pesez-le. Supposons qu’il pèse 1 kilo, pour simplifier les choses. Maintenant mouillez-le, en lui faisant absorber toute Veau qu'il est capable d’absorber. Vous serez surpris de voir en le repesant de nouveau. la grande quantité d’eau qu'il aura absorbée. Certes le marbre bien sec absorbe moins d’eau que le gré ; mais en moyenne les pierres absorbent certainement plus d’eau que la millième partie de leur poids; puisqu'il y en a, comme la pierre ponce, qui absorbent souvent plus d'eau encore que leur propre poids? Si maintenant on se reporte au petit calcul que nous avons fait au commencement, on voit qu'il y a sur la terre 5 mulle fois moins d’eau que de masse solide. Il en résulte que, même en supposant que les pierres sèches n’absorbent que la mil- lième partie de leur poids d'eau (et elles en absorbent souvent bien davantage!), la terre est 5 fois plus que suffisante pour absorber toute l’eau qui se trouve à sa surface. Ce qui a retardé jusqu'à présent cette absorption complète, c’est précisément la chaleur centrale de notre globe. A moins d’une lieue de profondeur, sous la surface solide du globe, la température atteint déjà 100 degrés ; àe sorte que l’eau d’infil- tration du rocher passe à l'état de vapeur et ne peut pas des- cendre plus bas. Mais comme la terre va se refroidissant tou- jours de plus en plus, il arrivera nécessairement uu moment où la chaleur centrale n’atteindra plus 100 degrés à 1 lieue, mais à 2, 3, 5, 10 lieues, 100 lieues, 1000 lieues, etc., de pro- fondeur, et alorsil y aura de plus en plus d’eau d'infiltration qui pénétrera au fond de la terre; de sorte qu’il en restera de moins en moins à sa surface, et que les mers finiront par ta- rir tout à fait. Quandon descend au fond d’une source de quelques centaines de mètres de profondeur, quand on voit l'immense quantité d’eau qui filtre par les crevasses dans le sein de la terre, en la refroidissant, puisqu'elle remonte ensuite par les volcans ou les suffioni, sous forme de passer à cet état: alors on com- _ prend que le centre de la terre ne peut qu’aller en se refroidis- sant tous les jours de plus en plus. Dès lors, on peut être sûr qu’il arrivera fatalement un jour, un moment, où ce n’est plus à 3 mille mètres, mais à 4 mille mètres de prefondeur, que l’eau commencera à trouver une, température de 100 degrés, capable de la réduire en vapeur. Il y aura donc une épaisseur de mille mètres de roches de plus qu'aujourd'hui, qui seront capables de s’infiltrer d'eau de carrière, et de retenir cette eau dans leurs pores, à l’état liquide, par suite de phénomènes de capillarité. Alors on sera bien forcé de reconnaitre que l’eau des mers sera moins abondante et moins étendue en sur- face qu’elle ne l’est actuellement. C'est alors que les pluies deviendront moins abondantes et que nos sources, nos ruis- seaux, nos rivières et nos fleuves seront moins abondants qu'aujourd'hui. C'est alors que certaines sources commence- ront à tarir d'une facon appréciable, et que l'humanité sentira que la terre évolue à sa facon, et tend à devenir un globe aride comme notre satellite. Il est vrai que l’on sera encore bien éloigné de la fin de l’existence de l’homme ; mais enfin ce sera toujours un avertissement, D' Boucox. DESCRIPTION DE COLÉOPTÈRES NOUVEAUX Caryoborus rubrofemoralis. Grandis, subellipticus, pa- rum nitidus, niger, fere glaber; femoribus rubris ; thorace marginato postice subquadrato. anterius subarcuato. L. 11 m. Brasilia. Grand, subelliptique, d’un noir peu brillant presque glabre en dessus avec les cuisses et quelques parties du dessous du corps d'un rouge roux, Antennes noires, assez longues, mo- dérément serriformes. Prothorax rebordé, orné d’une ponc- tuation très fine parsemée de quelques gros points sur le mi- lieu des côtes et du disque, il est presque droit sur les côtés, peu diminué en avant, subarqué sur les cotés antérieurs, sub- sinué sur la base avec le lobe médian peu saillant, un peu arqué. Ecusson plus long que large, glabre, tronqué au som- met. Elytres bien plus larges que le prothorax, en ovale al- longé (ayant les épaules bien arrondies), nettement atténués et arrondis séparément à l’extrémité, à stries ponctuées pro- fondes, avec les intervalles un peu élevés, finement et densé- ment ponctués. Dessous du corps finement pubescent de grisàtre. en majeure partie noir, taché de roussätre autour des hanches. Pattes noires avec les cuisses d'un rouge roux, les postérieurs rembrunis sur le milieu et ornées en dessous de dents foncées irrégulières ; tibias antérieurs au sommet et partie des tarses garnis de poils dorés. Pygidium simple, fine- ment pubescent. Long. 11 mill. environ. Brésil (coll. Pic.) Espècé bien tranchée à première vue par la coloration de ses pattes et pouvant se classer dans le voisinage de C. cardo Fahr. Caryoborus Donckieri. — Major, elongatus, subparallelus, parum nitidus, fuscus, dense cinereo pubescens; pedibus obscurioribus ; thorace marginato, laterius dentuto. L:. 18 m. Brasilia. Très grand, allongé, subparallèle, fauve, densement revêtu d’une pubescence fine cendrée avec le dessous du corps et les pattes obscurcies. Antennes testacées, dépassant le milieu du corps, peu fortes et modérément serriformes. Prothorax rebordé, densement pubescent avec quelques points forts sur le disque en arrière et les côtés ; ilest marqué d’une dent la- térale assez prononcée sur son milieu avec la partie anté- rieure latérale trés, et la postérieure un peu, oblique, base sinuée avec le lobe médian peu saillant, un peu arqué et mar- qué sur son milieu d’une courte strie. Ecusson plus long que large, pubescent, déprimé sur son milieu à l'extrémité ce qui lui donne un aspect bilobé. Elytres bien plus larges que le prothorax, allongés et presque parallèles (avec les épaules arrondies), peu atténuées et subarrondies séparément à l’ex- trémité, à stries peu profondes mais fortement ponctuées avec les intervalles presque plans, finement ponctués. Dessous du corps plus ou moins obscurci et densement pubescent, de gri- sâtre ainsi que les pattes, les quatre tibias antérieurs au som- met et les tarses étant en parties ornés de poils dorés et les cuisses postérieures munies d’un appendice denté, Pygidium pubescent, rebordé, paraissant un peu déprimé de chaque côté. ; Long. 18 mill. Brésil (coll. Pic). Parait devoir se placer près de serripes Boh. dont il diffère (ex description) au moins par les antennes relativement courtes. Se distingue de la plupart des espèces du genre par sa coloration jointe à sa grande taille. M. Pic. 19 19 LE NATURALISTE DE L'IMPORTANCE DU TIBIA EN ANTHROPOLOGIE PRÉHISTORIQUE Le tibia est un os long, prismatique et très angulaire, placé à la partie interne et antérieure de la jambe, com- prenant un corps à face excavée externe,une face interne convexe, un bord antérieur ou côté saillant affectant la forme d'un I italique allongé. Son extrémité supérieure présente deux condyles ou cavités glénoïdes que sépare une saillie nommée épine du tibia : sur les côtés on voit deux saillies ou {ubérosités dont une externe s'articule avec le péroné, et qui sont réunies en avant par une surface plane terminée en bas par la fubérosité antérieure. À son extrémité inférieure on voit la malléole interne, et une surface articulaire pour l'astragale. Telle est en quelques mots la description du tibia, mais j'ai pris pour type un tibia sain, normal et contem- porain. Il n’en serait pas de même s’il s'agissait d’un tibia préhistorique. Trois fois sur quatre en effet, nous voyons les tibias incurvés en barre de zèbre, autrement dits platycnémiques. Or il ne faudrait pas confondre les tibias platyené- miques avec les tibias rachitiques. Dans le rachitisme,en effet, les os s’incurvent sous le poids du corps et de la contraction des muscles, De plus la déformation n’occupe jamais la partie supé- rieure de l'os, mais le milieu et quelquefois la partie inférieure. Broca comparait sa courbure à celle d’un yatagan: le bord antérieur est effacé, l'os un peu aplati d'avant en arrière, le bord externe est tranchant, l’interne est épais. Il peut y avoir aussi courbure dans le sens antéro- postérieur, dans laquelle la coupe de l'os demeure trian- gulaire. « Dansla platycnémie, dit le Dr Topinard, le tibia n’a plus que deux faces dans ses 3/5 supérieurs, l'une interne, l’autre externe : le bord antérieur s’est aminci, les ci- devant bords interne et externe occupent le milieu des deux faces, et le nouveau bord postérieur répond aux lignes d'insertion musculaire (1). » Broca a réfuté l'opinion par laquelle les tibias humains platyenémiques devaient leur forme particulière au ra- chitisme (2). Au-dessous de 55 la platycnémie est dite très forte, De 55 à 60 — forte, De 60 à 65 — modérée. « Au-dessous de 65, la platycnémie peut encore exis- ter,mais comme forme de transition entre la platycnémie caractérisée et la forme triangulaire ou classique, à laquelle on peut donner le nom d’Euryenémie. A partir de l'indice 70,il ne peut plus être question de platycnémie bien que l'indice de largeur du tibia dépasse souvent 80 et puisse atteindre un chiffre encore plus élevé au moins (4) TopinarD. — L’Anthropologie, p. 108. (2) Voyez Manouvrier. Mem. de la Soc. d'anthropologie de Paris 1888. chez les enfants. » (Manouvrier. Dict. des Sciences anthrop., p. 1056.) Il est un fait certain, c'est que la civilisation à une influence incontestable sur la diminution de la platyc- némie, si l’on en juge d’après les chiffres obtenus chez les populations néolithiques et les peuples modernes. C’est ainsi qu'on la rencontre parfois encore aujour- d’hui chez les gens de la campagne. Jamais elle n'existe pendant l'enfance. Il faut seulement mentionner la coexistence de la platyenémie avec l’exagération des cannelures du péroné et de la périphérie du fémur. La platyenémie s'observe cà et là dans beaucoup de sépultures de nos pays. On l'a rencontrée pour la pre- miére fois sur les tibias de la famille de Cro-Magnon. Depuis on l’a souvent signalée en Angleterre, à l'époque néolithique. Sur 200 tibias parisiens des cime- tières de Saint-Marcel et de Saint-Germain des Prés, datant du 1v° au x° siècle 55,24 0/0 étaient platycné- miques, et 14 0/0 y tendaient. En somme, la platyenémie observée sur un tibia peut faire penser à un ossement préhistorique ou protohisto- rique. Dans la majorité des cas on est sûr de ne pas se tromper. Il faut cependant noter les manifestations rachitiques, et ne conclure qu'après un sérieux examen, L'aspect du crâne, du sternum lèveront en général tous les doutes. D: Ep. SPALIKOWSKI. PROMENADE GÉOLOGIQUE EN CORSE Les deux tiers de la superficie de la Corse, compre- nant la moitié occidentale de l'ile et sa partie sud, sont couverts de roches granitiques. Dans la partie méridio- nale, les granites se rapprochent de ceux des Vosges. Un quart de la superficie de l'ile est occupé par des terrains crétacés ou secondaires. Enfin, les terrains ter- tiaires (nummulitique et miocène) affleurent sur plu- sieurs points, notamment dans le bassin de Saint-Flo- rent, au nord-ouest, dans le bassin d’Aléria, à l’est, et dans le bassin de Bonifacio au sud. Au premier abord, il est assez difficile de se rendre compte de la configuration générale de ces terrains ; mais, avec un bon guide géologique, tel que le Mémoire sur la constitution géologique de la Corse, adressé en 1833, par Jean Reynaud, alors ingénieur des mines, à la Société géologique (1), il devient possible de s’y retrouver. Ce Mémoire, quoique ancien, signale très nettement certaines lignes directrices, et notamment un double système de montagnes. La partie occidentale se compose d’une série de chaînes granitiques parallèles entre elles, se dirigeant du nord-est au sud-ouest, séparées par des vallées régu- lières peu étendues, et se terminant par des golfes pro- fonds et d’un mouillage facile : tels sont les golfes de Porto, de Sagone, d’Ajaccio, de Valinco, etc. Les cours d’eau qui occupent le fond de ces vallées sont rapides et se rendent directement à la mer, presque sans recevoir (1) Mém. Soc. Géol., 1r° série, t. I. Paris, 1835. LE NATURALISTE 23 aucun affluent. La partie orientale, au contraire, est une suite de chaînes irrégulières qui, allant du nord au sud, coupent transversalement le premier système, et forment par leur rencontre avec celui-ci une arête centrale com- prenant les points les plus élevés de l'ile. Le Monte-Doro (2.652 mètres), le Monte-Rotondo (2.763 mètres) et quel- ques autres setrouvent précisément sur cette ligne de séparation des deux systèmes, Dans cette partie orien- tale, les vallées sont contournées et ramifiées, et les rivières qui recueillent les eaux des vallons latéraux ont un cours sinueux et un volume parfois considérable, Les montagnes, formées de schistes micacés et talqueux al- ternant avec des couches de grès, de calcaire et de ser- pentine, sont moins abruptes que les montagnes grani- tiques de l’ouest : elles s’abaissent peu à peu en s'appro- chant du rivage, et laissent entre elles et la mer une plaine de 10 kilomètres de largeur sur 80 kilomètres de longueur. Cette plaine, due à des alluvions anciennes, se prolonge sous les eaux avec une déclivité si faible, qu'à 50 mètres du rivage on trouve à peine 3 mètres ue pro- fondeur. Elisée Reclus signale également ce contraste des côtes occidentales et orientales de la Corse, et constate que vers l’est, cette ile « tient aux rivages de la Toscane par un plateau sous-marin, un seuil de hauts fonds parsemé d'iles (4). » Nos dessins, reproductions de photographies récem- ment prises sur les lieux mêmes, donnent un aspect typique de la configuration des deux rivages. L'une a été prise au bord de la mer, non loin d'Aléria, l’autre sur les hauteurs que dominent la côte occidentale. Les événements géologiques qui ont donné heu à cette double configuration ont été l’objet de quelques contro- verses. Elie de Beaumont considérait que les montagnes de la Corse forment, avec celles de la Sardaigne, un seul et même système dénommé sardo-corse, Il en faisait son 10e soulèvement, immédiatement antérieur, d’après ce savant, au dépôt des grès de Fontainebleau, qui appar- tiennent aux terrains miocènes inférieurs, appelés quel- quefois {ongriens. A sa suite, on a admis assez généralement que les affaissements considérables qui se sont produits en Bel- gique, en Alsace, dans le bassin de Paris et surtout dans le sud-ouest de la France, et dont les conséquences ont été de plonger ces régions sous les eaux de la mer mio- cène, — ont été, pour ainsi dire, le contre-coup d’un exhaussement qui se serait produit surtout en Corse et en Sardaigne et qui aurait eu pour résultat d'élever ces îles, ou au moins une grande partie de leur étendue, à une hauteur considérable au-dessus du niveau des mers. Il se serait produit ainsi une sorte de mouvement de bas- cule, en vertu duquel l’émersion de certaines régions aurait entrainé l'immersion de quelques autres. L'examen attentif des dépôts tertiaires de la Corse est loin d’avoir confirmé ces vues. Cet examen indique, d’une manière incontestable, qu'avant la formation de l’étage miocène supérieur (étage falunien de d'Orbigny, étage helvétien de quelques auteurs), une partie de l’an- cienne bordure de l'ile, jusque là constaminent émergée, a subi un affaissement qui a eu pour résultat, de réduire Fancien périmètre de la Corse. C'est, en effet, seulement pendant que cette partie aété immergée qu'elle à pu recevoir le dépôt de sédiments tertiaires, tandis que (4) Nouvelle Géographie Universelle, t. 1, p. 631. toute la partie centrale restait hors des eaux, et telle que nousla voyons encore aujourd’hui, La bordure de dépôts tertiaires, qui s’est ainsi formée, n'existe plus entière- ment. Mais il en reste d'importants témoins autour de l'ile, tels que les dépôts que j'ai déjà signalés plus haut au fond du golfe de Saint-Florent, dans celui d'Ajaccio, sur la côte orientale auprès d'Aléria, de Casabianda, etc., et enfin au sud de l'ile, où se trouve le gisement le plus considérable. Après ces dépôts miocènes, un soulèvement d’environ- 180 mètres, au-dessus du niveau actuel de la Méditer ranée, a surélevé tout le massif de la Corse et, depuis, il n’aplus été recouvert par la mer. Jean Reynaud a déjà constaté que le sol de la Corse ne parait avoir subi aucune variation de niveau depuis les temps historiques. Il existe sur le Littoral deux points de repère qui permettent d'en faire une vérification assez exacte, L'étang de Diane, qui formait le port de la ville antique d’Aléria, a conservé une profondeur qui le ren- draitencore commode aujourd’hui pour les bâtiments de petite dimension, si, par suite de son abandon, l'entrée n’en avait été complètement ensablée. L'ile de Cavolo (ou Cavallo), dansle détroitde Bonifacio, a servi long- temps de carrière aux Romains, qui ÿ faisaient exploiter par leurs esclaves un beau granit grisätre à grains fins : on voit encore la petite anse dans laquelle les navires venaient charger les blocs et les colonnes, et le pilier tout usé auquel on attachait les amarres. De nombreuxtémoins de la grande formation miocène existent non seulement autour de la Corse, mails sur des points très multipliés du bassin méditerranéen. Il existe notamment une analogie complète entre la Corse et certaines parties du littoral algérien où le terrain ter- tiaire moyen repose de lamême facon, c'est-à-dire direc- tement et isolément sur les schistes cristallophylliens. I s'agit donc là d’un phénomène géologique qui est loin d'avoir été limité à la Corse et à la Sardaigne. L'âge des dépôts est nettement établi par les fossiles qui se rencontrent dans les deux séries de couches m10- cènes du sud de la Corse, savoir : une zone àclypéastres d'une puissance de 50 mètres: un lit de molasse à dents de poissons, d'une épaisseur totale de plus de 90 mètres. Dans la première, on trouve, en nombre considérable, de grands oursins, tels que Spatangus, Pericosmus, Schi- zaster, Conoclypeus, Clypeaster, etc. Dans la seconde, des Echinolampas, et surtout des Cidaridées et des Crinoides. Les terrains d’Aléria, sur la côte orientale de l'ile, sont de beaucoup les moins connus et les moins explo- rés de la part des géologues ; pourtant ils sont très inté- ressants et présentent une faune très variée. Malheureu- sement, leur étude n’est possible que pendant l'hiver ou au commencement du printemps, car dès que commence la période des chaleurs, le voisinage pestilentiel des marais et des étangs qui abondent dans cette plaine, rend le pays fiévreux et malsain. On y trouve, suivant les couches, de grands peignes, des clypéastres, des our- sins et de nombreux moules de gastéropodes et d'acé- phales. Toutes ces couches appartiennent au miocène supérieur. PAUL COMBES. 24 LE NATURALISTE PHOTOGRAPHIE des roches et des miné- raux. — Peu de personnes se livrent à ce travail parce qu'il est fort difficile et ne donne, en général, que des résultats médiocres. Aussi croyons-nous devoir relater ici les conseils que donnent M. Monpillard à ce sujet. Parmiles caractères qu’il est nécessaire de reproduire avec le plus de fidélité possible par la photographie, l'éclat des roches et des minéraux est un de ceux qui présente le plus d'importance. C’est par l'emploi de révélateurs convenablement préparés et par la facon dont on fait apparaitre l’image latente que l’on réussit à obtenir les effets voulus. Si, par exemple, on se trouve en pré- sence d’un échantillon de galène cubique présentant à côté des surfaces excessivement troublantes, des facettes presque noires sur lesquelles cependant l'œil perçoit des plans de clivage intéressants à montrer, on emploie, pour révéler l’image latente, un bain dilué, riche en alcali, de facon à obtenir un négatif léger dans lequel les trop vio- lents contrastes auront été atténués. L'emploi de certains révélateurs tels que l'iconogène, le métol, le diamidophénol'serait d'un grand secours, par cela même que, donnant des images douces et harmo- nieuses, ces contrastes trop violents seront atténués dans des proportions suffisantes et les détails dans les parties obscures apparaîtront à leur valeur. Si l’image ainsi révélée d’une facon complète dans un bain d'hydroquinone dilué et riche en alcali manquait un peu trop de contraste et donnait au tirage une épreuve insuflisante au point de vue des intensités des valeurs relatives, il y aurait lieu de faire apparaître ces contrastes et les amener à la valeur désirée en plongeant le cliché, quelques minutes avant fixage, dans un révélateur nor- mal, un peu riche en réducteur, de facon à augmenter légèrement la densité du dépôt d'argent réduit. L'ocrage des plaques est parfois d'un grand secours afin d'éviter le halo, Lorsque, au contraire, l'échantillon qu'il s’agit de pho- tographier ne présente que de très faibles contrastes, il est souvent utile de les exagérer légèrement en vue de compenser la perte qui se produira ultérieurement au cours des opérations nécessitées par la transformation du cliché photographique en planches photocollographiques ou en clichés tramés. Dans ces conditions, on modifie la composition du révé- lateur en forçant légèrement la proportion du réducteur contenu dans celui-ci, donnant la préférence à l'hydro- quinone par suite de la facilité avec laquelle il est pos- sible de lui faire accuser les contrastes; enfin, dans cer- tains cas extrêmes, on aura avantage à recourir à l'emploi de plaques orthochromatiques sensibles au jaune qui permettent d'obtenir avec une certaine facilité des clichés à oppositions et à contrastes bien accusés. Quant à la coloration des minéraux et des roches, elle est excessivement variable, et il faut en référer aux données indiquées dans l'emploi des écrans. C’est ainsi que les roches colorées en jaune seront photographiées en interposant un écran de cette couleur et en recevant l’image sur une plaque sensible à cette radiation. Si la roche était de couleur brun foncé, il y aurait avantage, tout en employant un écran jaune aussi foncé que pos- sible, de remplacer la plaque sensible au jaune par une plaque sensible aux radiations rouges. Photographie Lorsque l'échantillon à photographier nécessite une pose un peu longue par suite de l'intensité de sa colora- ton, il y à avantage à disposer l’objet sur un fond noir mat, afin que la lumiere émanée de cet objet soit seule utilisée par l'objectif pour impressionner la surface sen- sible : dans ces conditions, la pose peut être prolongée le temps nécessaire pour faire valoir tous les détails, même dans les parties de l'échantillon dans lesquelles la colo- ration présente son maximum d'intensité. Cet emploi du fond noir présente également un grand avantage lorsqu'il s’agit de photographier des objets très blancs ou des cristaux incolores et transparents, tels que, par exemple, des trémies de sel marin, du cristal de roche. Les images ainsi obtenues,se détachant vigoureu- sement sur un fond absolument noir, acquièrent ainsi toute leur valeur et l’image positive gagne considérable- ment au point de vue de l'exactitude de l'aspect. Pour obtenir des images photographiques, avec une faible amplification de trois à cinq fois maximum, cor- respondant à celle donnée par une loupe ordinaire, M. Montpillard a obtenu d'excellents résultats par l’em- ploi d’un objectif périgraphe (formule anastigmatique, construit par M. Lacour) dont l'angle d'ouverture consi- dérable et le court foyer permettent d'obtenir ces gros- sissements avec un tirage de la chambre relativement faible. Henri COUPIN. LES INSECTES COMESTIBLES DANS L'ANTIQUITÉ ET DE NOS JOURS Les insectes sont de tous les êtres vivants les plus nombreux; leurs espèces se comptent par centaines de mille. Dans cette masse effrayante, les classifications sont venues, heureusement, mettre de l’ordre en répar- tissant les espèces, d’après leurs affinités plus ou moins naturelles, en divers groupes hiérarchiquement étagés, qui sont entre eux comme qui dirait dans un corps d'armée les divisions, les brigades, les régiments, les bataillons, les compagnies, les sections, les escouades. On n’a point encore tenté une classification culinaire des insectes. À mon grand regret et bien que je veuille parler science le moins possible, je suis donc forcé, dès mon entrée en matière, de sacrifier à la science en lui empruntant ses divisions limitatives. Les entomologistes, c’est-à-dire les savants qui étu- dient les insectes, ont réparti ceux-ci en une douzaine de groupes, où pour parler comme eux, d'ordre, d’après la contexture, la forme, la position, le nombre des ailes; ils ont donné à ces ordres les noms caractéristiques de Coléoptères, Orthoptères, Névroptères, Hyménoptères, Lépidoptères, Hémiptères, Diptères, etc. Je dis ete. avec intention; car les savants n'ont pas toujours été d'accord sur la valeur du mot insecte; les uns ont décoré de ce titre des animaux auxquels d’autres l'ont refusé. Ainsi, par exemple, Linné, Fabricius et d'autres naturalistes ne séparent pas les crustacés des insectes proprement dits. Malgré l'autorité de Linné et de Fabricius, je tiendrai les crustacés pour... des crustacés, et non pour des insectes ; et, partant, je passerai sous silence ces habi- LE NATURALISTE 1O e tants des eaux ou douces ou salées, Toutefois, on me permettra de noter en passant que réellement, il faut un vrai Courage pour oser déguster des crabes, des homards, des écrevisses, des crevettes, etc.; car d’une part leur nourriture se compose de matières animales de toutes sortes, de cadavres humains ou autres, en décomposi- tion. Les crustacés sont donc, à proprement parler,les hyènes des ondes, or qui mange de l’hyène? Aussi, les crustacés sont-ils d’une digestion pénible; et, ce que l’on ne sait pas suffisamment, leur usage trop fréquent cause-t-il des éruptions cutanées, de diverses natures, je ne le nie pas, mais toujours de fort vilain aspect, Avec les insectes, ceux du moins qu'on a préconisés comme aliments, rien de tout cela... parait-il : pas de digestions difficiles ; pas de dangers pour les épidermes délicats et satinés! C’est que, loin d’être des hyènes, ces insectes, par le choix de leur nourriture, peuvent être assimilés au tendre agneau, à l'excellente brebis; comme eux, c’est au vert et frais feuillage qu'ils demandent le soutien de leur innocente vie. J'entends dire : « Manger des insectes, des aruignées par exemple, ah, quelle horreur! » Rassurez-vous, lecteurs ; l’araiguée n’a rien à faire ici. Les naturalistes de nos jours, sachez-le, affirment qu'elle n’est point un insecte, mais un arachnide, ce qui est bien différent. Croyons les donc, moi par conviction d’ento- mologiste, vous pour éloigner au plus vite de votre cœur révolté de dégoût cette araignée Damoclès que je sus- pendais, pensiez-vous, sur vos lèvres terrifiées. D'ailleurs, alors même que j'admettrais avec Linné l'araignée au rang des insectes, je ne saurais l'empêcher d’être un animal carnassier : or, je ne préconise, rappe- lez-vous-le, que les insectes herbivores. Mais je suis trop heureux de votre objection pour ne pas saisir l’araignée au passage, Apprenez donc que, toute carnassière qu'elle est, l’araignée a eu et a des fer- vents. Ainsi Labillardière raconte que les naturels de Nouvelle-Hollande et ceux de diverses îles de la mer du Sud dévorent une araignée que Valkenaëre a baptisée Epeira Novæ-Hollandiæ (1). Comment la préparent-ils? Je l’ignore ; mais voici une recette alléchante que me fournit un ouvrage du siècle dernier (2) : Prenez une belle et grosse araignée; ôtez les pattes et le corselet; passez à l’eau; frottez de beurre et.….avalez, Contre cette friandise se dresse un préjugé vivace : l'araïgnée est un poison, s’en va-t-on répétant. L’arai- gnée, un poison! Écoutez un peu cette anecdote que je trouve dans une des œuvres du savant médecin Lar- rey (3). Une femme, voulant se débarrasser de son mari, mit un beau jour huit grosses araignées noires dans un potage qu’elle lui apporta; loin de passer de vie à trépas, le mari réchauffé, ragaillardi, paya en amour celle qui avait voulu le glacer pour l'éternité. Cette action. sympathique de l’araignée a été enregis- trée par la science (4); nous la voyons d’ailleurs connue et mise en pratique dans plusieurs régions du globe. Au Brésil, par exemple, et dans d’autres états de l'Amérique, suivant divers auteurs, les femmes qui ont des maris (1) VALKENAERE, Histoire des Insectes aptlères, t, 1. (2) Commercium litlerarium, Norimberg, 11734. (3) Journal de Pharmacie, année 1822, p. 250. (4) Journal de Pharmacie, année 1826, p. 416. algides et les veulent réveiller, réduisent certaines arai- gnées en poudre et saupoudrent de celle-ci les aliments etles boissons de leurs époux. De son côté, Krachenni- nikow (1) rapporte qu’au Kamtschatka les femmes qui désirent avoir des enfants mangent des araignées. Ceci me remémore une légende relative à l’origine de l'espèce humaine : à en croire certaines peuplades nègre, l'homme aurait été créé par une araignée par une araignée nommée Anancé (2). Cette légende existe-t- elle réellement? Le mot Anancé qui a une physionomie grecque peut rendre tant soit peu sceptique à son égard. Si la légende existe, n’êtes-vous pas, comme moi, tenté d'y voir un simple ressouvenir ou une simple affirmation de la propriété... prolifère de l’araignée ? Ainsi l’araignée se mange. Mais les causes de sa con- sommation n'ont que des apports trop indirects avec l’art culinaire pour que je m’en occupe davantage. Aussi me hâterai-je de quitter l’araignée après avoir fait con- naître l'impression qu’elle produit sur les papilles gusta- tives ; je laisse la parole au naturaliste Quatremère d'Is- jonvalle. « M. de La Lande — c’est le célèbre astronome — qui, pendant les dernières années de son séjour en France, venait souper tous les samedis chez moi et s’y rendait souvent dès la sortie de l’Académie, ne trouvait rien de plus à son gré, en attendent le service, que de manger des chenilles et des araignées lorsque c’en était la saison. Comme mon appartement donnait de plain-pied sur un assez beau jardin, il trouvait facilement de quoi satis- faire sa première faim; mais comme Mme d'Isjonvalle aimait à bien faire les choses, elle en amassait pendant l’après-diner un certain nombre et les lui faisait servir aussitôt après son arrivée. Comme je lui laissai toujours ma part de ce ragout, je ne puis vous parler que par oui-dire de la différence de saveur qu'il y a entre une araignée et une chenille. La première, dit notre astro- nome, a un gout de noisette, et la seconde un véritable goût de fruit à noyau. » Je ne sais pas si, séduits par l'exemple de De La Lande, mes lecteurs dévoreront les araignées et les che- nilles qu'ils rencontreront désormais; mais, moi, son- geant à la nourriture de ces deux sortes d'animaux, ce sera par une chenille que je commencerai mes dégusta- tions... quand je les commencerai, Une belle chenille, m'est-ce pas un coquet animal? Quelle variété, quelle richesse de couleur! Ca rampe, c’est vrai, mais aussi comme ça dévore; et, partant, comme ca doit être suc- culent, une chenille à point! ce doit être fondant comme un ortolan, mieux même qu'un ortolan, puisqu'elle n’a pas d'os ! Qu'en pensent les gourmets qui me lisent? Il ne faudrait pas croire que le goût de De La Lande fut un cas unique, anormal dans les fastes culinaires des chenilles ; les voyageurs ont constaté à plusieurs reprises en Afrique et en Amérique l'usage de la chenille comme aliment, Voici, par exemple, un fait qui se trouve relaté dans le récit Comment j'ai traversé l'Afrique (1877-1878) du Major Serpa Pinto (3) : « Cette journée-là, une foule de nègres vient nous offrir à acheter divers vivres de l'espèce ordinaire et même un comestible assez singu- lier : une grande corbeille remplie de chenilles fort sem- blables à celle de l’Acherontia atropos. À l’état de larve, (1) Description du Kamstschalka, Amsterdam 1710. (2) Histoire générale des Voyages, t. XII, p. 450. (3) Le Tour du monde, 1881, premier volume, page 235. 26 LE NATURALISTE ee lépidoptère gigantesque se nourrit d'herbe et se laisse prendre aisément, Les Ganguélas en sont très friands ; mais mes hommes ne voulurent pas y toucher. » Serpa Pinto ne fut pas plus alléché que ses hommes; ce qui est fort regrettable, car autrement nous con- maîtrions, par lui certainement, le goût qu'ont ces larves. Quant à l'Amérique, l'Histoire du Pérou du P. Calancha etles Annales des Voyages, notamment, nous parlent de chenilles comestibles ; je cite d'après Virey : « Près de Huanuco et des bords du fleuve Huallaga supérieur, au Pérou, et en d'autres régions de la Cordillère des Andes, an observe sur le Mimosa nigra, espèce d'acacia dont on mange les légumes nommés pacaé, une chenille appelée sustillo, Elle ressemble beaucoup au ver à soie; les Américains, qui la trouvent en abondance, la recueillent pour la manger comme un mets délicieux... » Autre fait : Dans une de ses excursions dans l’inté- rieur du Brésil, le célèbre botaniste, Auguste de Saint- Hilaire, vit des indigènes qui se nourrissaient d'une larve — une chenille de Cossus ou d'Hépiale, à en croire certains auteurs — d'une larve abondante sur le bambou. Sa graisse, selon Saint-Hilaire, a le goût d'une crème agréable, Les Indiens, avant de manger cette larve, avaient grand soin de lui enlever la tête et les intestins. Pourquoi cette ablation ? J'en découvre la raison pro- bable dans un ouvrage de Mayne-Meid, qui fit tellement les délices de ma jeunesse que j'en parle par simple sou- venir. Mayne-Reid représente un parti de Mundrucos, peuplade de l'Amérique centrale, arrivant sur les bords d’un lac couvert de roseaux ; à la vue de ces plantes, les Mundrucos poussent des cris de joic, courent à elles, les brisent et extraient de chaque nœud de grosses larves blanches, longues de huit à dix centimètres, qu'ils ava- lent avec une extrême volupté; bientôt après ils tombent ivres-morts. Ces vers, ajoute l’auteur, sont en effet excel- lents; et, si l'on ne veut pas s'enivrer, il suffit de leur retrancher la tête. Mayne-Reid appelle ces larves des vers de Maquara, du nom que les Indiens donnent au roseau dans lequel elles vivent, Mais à quel ordre d'insectes appartiennent ces vers capiteux ? Est-ce à un Lépidoptère ou à un Coléo- ptère qu'ils donnent naissance ? J'avoue l'ignorer, et je ne crois pas que Mayne-Reïd ait résolu la question, pas même qu'il l'ait abordée, Les curieux s’assureront de ce qu'il en est à cet égard, en lisant l'ouvrage auquel je fais allusion, intitulé le Sorcier ou l’Esclave blanc. Cette question : Est-ce un LÉPIDOPTÈRE ou un COLÉO- PTÈRE ? me fait songer à une autre larve comestible qui a exercé la sagacité de nombreux savants : je veux parler du fameux Cossus des Romains. Les Cossus, nous apprend Pline dans son Histoür'e natu- relle (1), sont de gros vers blancs qui vivent dans l’inté- rieur des arbres, dont ils dévorent le bois. Les gourmets romains regardent, dit-il, ces larves comme l'un des mets les plus exquis, surtout lorsqu'elles ont été engrais. sées avec de la farine. « Dans le Pont et dans la Phrygie, écrit de son côté saint Jérôme dans son Traité contre Jovinien, les pères de famille estiment comme un de leurs grands revenus cer- tains vers à tête noirâtre, au corps replet, prenant nais- sance dans les bois cariés. Manger ces xylophages est chez ces peuples une aussi grande preuve de luxe que ee (1) Hist. anim., livre XVII, chapitre xxxvit. chez nous de servir le ganga, le bec-figue, le rouget ou le scare dont nous faisons nos délices... Mais engagez un Syrien, un Arabe, un Africain à avaler de ces sortes de vers, il les dédaignera comme si on lui présentait des mille-pieds ou des lézards. » Ainsi, d’après Pline et saint Jérôme, nous savons que le Cossus était un ver vivant dans le chêne, qu'il avait le corps replet et blanc, la tête noirâtre, et qu'on l’en- graissait avec de la farine. Mais était-ce une larve de Lépidoptère, autrement dit une chenille de Papillon, ou une larve de Coléoptère; et, dans l’un ou l’autre cas, à quelle espèce appartenait-elle ? Grave et intéressante question dont la solution importe aussi bien à l’art culinaire qu'à la science. Aussi n'est-il pas surprenant que les illustres naturalistes, Swammer- dam, Frisch, Rœsel, Linné, Olivier, Geoffroy, Schaw, Latreille, etc., s’en soient occupés tour à tour et aient proposé chacun sa solution. Linné, en donnant le nom de Cossus à un genre de papillons, tend à faire croire que leurs chenilles, celle du Cossus rouge-bois notamment, sont Les gros vers dont les Romains étaient si friands. De fait, ces chenilles sont énormes et elles se creusent des galeries dans le boïs des arbres; mais je trouve que leur teint roux sale a un aspect peu fait pour attirer la dent, et puis elles dégor- gent un liquide brunâtre d'une odeur forte, acide et même fétide qui ne présage point un manger, je ne dis pas délicat, mais simplement passable. Je crois donc, avec les autres naturalistes, qu'il faut chercher ailleurs le Cossus des Romains, et cela d’au- tant plus que Pline, qui a du tenir ses renseignements des éleveurs mêmes, aurait affirmé que les Cossus don- nent naissance à des insectes pourvus de cornes et qui font entendre un petit bruit slrident. Les insectes qui correspondent le mieux à ce dernier signalement sont les Coléoptères connus sous le nom de Longicornes : ils ont descornes, scientifiquement parlant, des antennes généralement fort longues; plusieurs espèces font entendre un petit cri aigu par suite du frotte- ment du pédicule de la base de l'abdomen contre la paroi inférieure du corselet ; leurs larves molles et blan- ches vivent dans l’intérieur des arbres. Maintenant, faut-il, avec Olivier, voir le Cossus dans la larve dodue, appétissante du plus grand longicorne de nos pays, du Capricorne héros (Cerambyx heros, I::)? Peut-être; toutefois je ne me prononcerai que lors- qu'aura été vérifié cet autre point signalé par Pline : l'engraissement de cette larve avec de la farine. Loin de moi la pensée de vous insinuer qu'on n'a pas pu manger à Rome la larve d’un longicorne; je sais trop bien que des larves de cette famille forment dans plusieurs pays un mets délectable. Ainsi, Mile Mérian, dans son ouvrage sur les Insectes de Surinam (1), et de Geer, dans son Mémoire sur les Insectes (2), rapportent que les Indiens mangent et trouvent fort. délicate la larve du Cerambyx cervicornis L., qui vit dans le bois tendre du Fromager Bombax et du Ceiba. Je constate aussi en Australie le gout des larves de longicorne. Le danois Carl Lumholtz, en effet, en parle dans la relation du voyage qu'il fit de 1880 à 1884 dans le nord-est de l’Australie, voyage intitulé Chez les (1) Page et planche 48. (2) Tome V, page 94. ER Prat : LE NATURALISTE 27 A Cannibales : « Mes noirs, dit-il(1), avaient recueilli, dans les troncs d’un arbre tombé, une certaine quantité de larves de coléoptères dont je me régalai en leur compa- guie. Parmi ces espèces il en est de bonnes à manger. Chacune a son goût particulier. La meilleure, d'un blanc luisant et de la grosseur du doigt, habite les aca- cias ; d’autres plus petites et d’un goût moins finse trou- vent généralement dans les fourrés, Bien que les nègres d'Australie ne mangent pas de chair crue, ils sont si friands des larves, que parfois ils les avalent vivantes quand ils les retirent des vieux bois. « De retour au camp, on fait frire, de la manière la plus simple, ces larves apportées dans des corbeilles. On les jette dans la braise; durcies en un clin d'œil, elles deviennent bien vite croquantes. Elles sont tellement grasses que leur chair grésille pendant la cuisson ; après les avoir tournées et retournées à l’aide d’une brochette, on les retire de la cendre et l'opération est achevée. Leur goût rappelle un peu celui de l'œuf; mais, à mon avis, la larve de l’acacia, la meilleure de toutes, est préférable à une omelette de nos pays. « Les indigènes dévorent l'insecte avec autant de plaisir que la larve, se bornant à ledépouiller de ses deux élytres avant de le rôtir; enfin ils mangent également des espèces communes de longicornes (2). » Les longicornes ne sont pas les seuls coléoptères qui aient fourni des vers comestibles : Mile Merian nous dit qu’à Surinam et au Bengale, on mange également la larve d’une espèée de Cerf-volant, le Passalus inter- ruptus, L., iaquelle larve se nourrit, dit-elle, des racines de patates. A propos de Cerf-volant, je note, en passant, que cer- tains auteurs ont cru reconnaitre le Cossus des Romains dans la larve de notre espèce indigène, le Lucanus cervus L., qui, dans plusieurs de nos provinces, est désigné vul- gairement sous le nom de bœuf. Les lucanes et les passales sont des coléoptères de la famille des Pectinicornes ; deux autres membres dela famille des Lamellicornes ont été proposés comme donnant nais- sance au fameux Cossus : l’Orycte rhinocéros (Oryctes nasicornis IL.) par Swammerdam et Frish, et le hanneton ordinaire (Melolôntha vulgaris, F.) par Latreille, De l’Orycte rhinocéros, je n’ai rien deplus à dire au point de vue culinaire. Au contraire, le hanneton figure dans les fastes gastronomiques à des titres bien plus sérieux qu'une simple hypothèse scientifique ; cestitres, les voici: En 1887, il y avait une exposition d’insectologie à Paris, et entre temps, savants et exposants faisaient des conférences. Un jour, l’une d'elles traita du hanneton. Dans le discours d'ouverture, le vice-président de la Société d’Insectologie, M. W. de Fonvielle, indiqua une manière vaillante entre toutes de se venger de ce ravageur de nos cultures, c’est de le manger. E. de Fon- vielle eut cette audace gastronomique, et, à son ennemi ainsi terrassé et enseveli, il rendit cette justice de déclarer que, füt-il à l’état de larve, le hanneton est au point de vue culinaire un insecte parfait. Il me souvient, d’autre part, qu'aux convalescents on a conseillé, comme un fortifiant par excellence, le bouillon de hanneton. La recette de ce brouet répara- teur, ce n’est pas dans la simple Cuisinière bourgeoise (1) Tour du monde, année 1889, 1er semestre, page 254. (2) Par le dessin qui accompagne ce texte, on voit que l’in- secte de l’acacia est, lui aussi, un longicorne. a que je la trouve, c’est dans un recueil infiniment plus sérieux, dans le grave Journal Officiel de la République Française, Bien plus, c'est au Sénat que cette recette a été divulguée : M. Testelin l’a prônée devant ses collè- gues à la séance du 13 février 1878, dans sa critique si spirituelle du projet de loi de M. de la Sicotière sur la destruction des insectes nuisibles à l’agriculture et sur la conservation des oiseaux. (A suivre.) DAGUIN. ACADEMIE DES SCIENCES — C'est M. Van Tieghem, le célèbre botaniste, qui, cette année, est président de l’Académie des sciences. — Dans la séance du 2 janvier dernier, M. A. Milne Edwards a présenté une note de M. L.-G. Seurat sur la formation de la tête des hyménoptères, au moment de leur passage à l’état de nymphe. Le mécanisme de la formation de la tête des insectes hymenoptères est un des problèmes les plus controverses, la majorité des auteurs prétendent que la tête de l’imago est for- mée aux dépens de la tête et du premier segment du corps de la larve. Les faits observés par l’auteur prouvent qu'il n’en est pas ainsi. Lalarve, de très bonne heure, possède les ébauches des organes imaginaux ; si on l’examine avant lafila- ture des cocons, on voit qu’elle est formée de 1% segments, 1 céphalique, 3 thoraciques et 10 abdominaux, la bouche est terminale ventrale ; en avant et sur les faces latérales de la tête, deux petites saillies représentent les antennes, la tête et le premier segment sont délimités par un repli bien appa- rent de la cuticule et de l’assise épidermique sous l'antenne larvaire, formé, par un repli de la cuticule, l’épiderme est invaginé en une fossette au fondde laquelle s'élève un massif cellulaire de forme conique, qui n’est autre que l’ébauche de l'antenne de l’adulte ; à la face ventrale du premier segment, une paire de disques imaginaux invaginés représente la pre- mière paire de pattes. En résumé, les observations de l’auteur montrent que la tête est formée uniquement par la tète de la larve; d'abord invaginé, cette tête, par un mouvement de ro- tation dans le plan médian, se dévagine et acquiert sa forme définitive. — MM. Kilian et Legeon, en levant les tracés géologiques de la feuille Briançon, pour le compte du service de la carte géologique détaillée de la France, ont établi une coupe fort intéressante des Alpes brianconnaises, de la Gironde à la frontière italienne. La zone anticlinale houillère qui forme l’axe de symétrie tectonique de la chaine alpine dans les Alpes de la Savoie, se poursuit nettement jusqu’à Briançon, Au sud de cette ville. le terrain carbonifère ne tarde pas à disparaître sous un épais rovêtement d'assises triasiques. À partir de là c’est un synclinal, né dans l’éventail houiller, qui se substitue à l’anticlinal et qui joue, sur une certaine longueur, le rôle d’axe de symétrie ; ce pli s’approfondit plus au sud au col de Turfande où il est occupé par des dépôts tertiaires. Lorsqu'on remonte la vallée des Ayes, tributaire de la Durance en aval de Briançon, on constate nettement que, dès le début, les grès houillers sont flanqués, sur la rive orientale du torrent d’une épaisse assise de quartzites triasiques plongeant à l’ouest et que sur la rive opposée ils supportent également des quart- zites possédant toutefois un plongement inverse. L’axe ainsi défini sépare deux régions plissées de régime assez différent : à l’ouest les plis regardent la France et constituent une série de grandes nappes faiblement inclinées sur l'horizon et com- prenant des noyaux synclinaux de marbre jurassique rouge ; à l’est, les anticlinaux sont tournés vers l'Italie, d'abord sim- plement déjetés vers l’est, puis plus étirés et couchés sur les schistes des trias de la zone suivante. Cette disposition conti- nue vers les pieds en s'’accentuant encore et en se schémati- sant pour ainsi dire : la bande houillère centrale se dédouble tout en plongeant sous les dépôts du trias inférieur; entre ses deux branches, qui ne se traduisent plus que par deux anticlinaux de quartzites déjetés en sens inverse, apparait au col des Ayes mème, un synclinal occupé par des dolomies et des cargneules. P. Fucus. 28 LE NATURALISTE OFFRES ET DEMANDES — M. Camille Méhier fils, 6, rue Sainte-Catherine, à Saint-Étienne (Loire), désire échanger des Coléoptères de France contre des plants et des mousses de France. — On demande, pour réaliser une bonne œuvre, la page 69 en chiffres romains (LXIX) de l’almanach Ha- chette 1899. — Mme Émile Devyrolle, 46, rue du Bac, Paris. À vendre 1° Milllère, Iconographie et description de Che- nilles et Lépidoptèresinédits. 3 volumes reliés, 154 plan- ches coloriées. > Oberthur. Études d'Entomologie, XVII° livrai- son, 14893. Lépidoptères d'Asie et d'Afrique. 4 He coloriées. 3 Oberthur. Études d'Entomologie, XVIIIe li- vraison, 1894, Lépidoptères d’Asie et d'Afrique. 6 plan- ches coloriées et # planches noires. S'adresser aux bureaux du Journal. ARRIVAGES COLÉOPTÈRES EUROPÉENS & EXOTIQUES En vente chez : LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE NATURALISTES AG, rue du Bac, Paris Megacephala limata. Pert. Brésil. Incomp............. 2 50 Cicindelaïconcolor Dej. 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Allemagne................. » 2) — . N..Goldessivbuft-Podolie. #22. 21e» —"/V:improbus Sch. Hongrie... 1500 » T5 —" (V:-superbus-SCh1Bohèmes ir ee » T5 —:\V. purpuratus Strm. Hongrie... veut » 75 — V. œneipennis Strm. Hongrie....:.....1.. » 60 —11N OrmayitReitt. Hongrie..." D » — Vi uliéerr De COroatie es RER RC RTELNSe AD) — ICœruleus Pau Honerie rte ire Aer 12) — dominus-Reitt. Hongrie. .:.....44 AN 2 50 — NVertelleri Hongrie es recent » 75 + Stschurowskyi sis. SIDÉTIE une ee. 8 » — Chaffangoni Lesne. Sibérie............ ds 10 » Calosoma diminutum Bat. Mexico.................... 10 » —H##SyCophanta Le FTANCe. inerte een » 30 Hispalis tibialis Deyr. Australie............... AE e » 25 ANCUPAlPUS AS PRAAUSITANE RS Cereal dehrantetailee AD) R2 0 Catascopus rufofemoratus Chaud. Zanzibar....,,..... » 75 Chromoptilia divorsipes-West,. Pl'atedelosis Bassii White. Australie.................. Microtyphlus Rialensis. Pyrénées. 240 Onitision Oliv. Oran IR Er PNR RME Gohathus Druryi!: West.1Guinée COLE IR 35°» — cacicus Vœt. Cap Palmas c'O............. 7 D Dicranocephalus Bowringi Pasc. Sanghai Pass........ — Wallichi Hope Népaul. Pass. Q...... Mycteristes rhincphyllus Wied. Java........,,.... Thaurina chrysocephala Fairm. Togo................ Cœlorrhina Oberthuri Kolbe Dieli.....-...:.......... Hornimanni Bat. Cameroon...... 2 50 à Coryphocera Dorhni Lansb: Java......... OISE du À 0 Cosmiomorpha modesta Saund. Chine Ble........:... Rhomborrhina hyacinthina Hope. Assam............. Eccoptocnemis superba Bat. Congo.................. Macronota Diardi G./P:!Bornéo.2.2 RE Pseudochalcothea viridipes Bat. Bornéo. Incomp...... Meroloba/antiqua:GPUTavassee eee ete Epixañthisstella G. P. Madagascar... ......:.....:...\ = maculitarsis Burm. Madagascar............ Madagascar.......... Coptomia marginata Wat. Madagascar. .........,,... —costata GP Madagascar: PAPERS 1 lopalinas Ge PAMadarastar cree ee — sexmaculata G. P. Madagascar.. .......... Chondropyga Gulosa Jans. Australie................. Cetonia floricola Herbs. Grande-Chartreuse......,.... Melanosa hungarica Scop. Hongrie.................… Vi miridana-Brul Honor RRERr — morio K. France..... MS on nd n à — WW -sardoa G:-PASardaiene Rest ea Zthiessa floralis HR Espagne te An RARE PI Julodis tingitana GoryISyries CERN ARE LC MPEEREARME Th :cyanitarsis Sen pal AN MR ER TR Catoxantha Bonvouloiri Deyr. Inde............. 4. — opulenta Gor Java en e PAPERS Polybothris ochreata O1. Madagascar. ............... Conognatha iris OlACayenne ere ELLE TE — Vargas Roy Cayenne. tn MATE : Calodema Kirbyi Hop. Nouvelle Hollande............ Xenocerus fastuosus. Nouvelle Guinée.......... ..... — flagellatus Farh. Queensland.......... de Eugigas sulphurea Wat. Andaman..........,........ Mallodon/Saller Mexique: ee et Re era een — simplicollis Hald. Louisiane...... ,....... — Spinibarbis L./Vénezuela:..- TR Sete Œrosoma costata Java. nc PRINCES Had nb Pachydissus indutus New. Bornéo... .......... SnEoe Euryphagus maxillosus OI. Bornéo................... Dendrobrias mandibularis Serv. Californie.....:..... He onaue corallinus:Duüp:/Menezuela:.r "10 PRE Tragocerus Spencei Hope. Sydney. Nadou Penthea vermicularis Donov. Nouvelle Hollande. DHO 08 0 Monohammus Lessoni Montr. Mexique............... — pustulatus Java ss RRnR Er TereE te Epepeotes luscus Fab Jayar: cr en PE tee Diochares’fimbriatus Ol.7Amboine.. #5. LSteRt ee Dorcadion Brannani Schauf. Portugal...........:... — ferruginipes Ménêt: Turquie...5.:......." : — arenarium Scop. Dalmatie......... TÉBbnONe — SCopoli-Herb-"Hongrien er rer — V. austriacum Gang. Autriche........... — Becker iKrACaucase RERO EE Dorcatypus tristis F. France Méridionale......... Rate Pogonocherus dentatus Fourc. France............... — ovatus \Gæz Frances rene rer — Perroudi Muls. Exocentrus punctipennis Muls. France......... De pG 00 — Jusitanus L#Erances Me tree Ne Belodera \Genel Arag: Pyrénées 2 Lan nntt Calamobius filum Rossi. France.............. oecrrer Agapanthia chalybea Fald. Turquie.................. Eubrachys curculionoides Dej, Sénégal........ dodo o Colasposoma splendens Fab. Malacca............. . bo PlatyConeynusisprSlamenter nee nee Le Gérant: PAUL GROULT. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, PARIS. RUE CASSETTE, 11. à 24: ANNÉE 2° SÉRIE — N° 286 17 FÉVRIER 1899 TRÂCES DES ANCIENS GLACIERS D’UNE PÉRIODE ANTÉRIEURE DANS LA HAUTE-TATRA Après quelques essais provenant plutôt des dilettants scientifiques que des chercheurs méthodiques, et dans lesquels on était déjà à même de déclarer, d’après le facies extérieur de la région de la Haute-Tatra, qu'il y a existé des glaciers dans le passé, c’est Partsch qui, dans une brochure intitulée : Les glaciers des temps jadis dans les Carpathes (Die Gletscher der Vorzeit in den Karpa- then, etc., Breslau, 1882), a exposé le premier la théorie de l'existence des glaciers dans la Haute-Tatra à une période antérieure. Mais le mérite d'avoir démontré l'existence de ces glaciers à une époque antérieure, d'une manière vraiment scientifique, et celui d’avoir poursuivi le problème dans toute son étendue d’une méthode rigoureusement scientifique, revient à Samuel Roth qui, dans ses deux comptes rendus sur ses recherches Les glaciers d'une période antérieure sur les pentes septen- trionales de la Haute-Tatra (présenté dans l « Association géologique de Hongrie », le 6 avril 1887) et Les traces des glaciers d’une période antérieure sur les pentes méridio- nales de la Haute-Tatra (comptes rendus de l’Académie hongroise des sciences, section des mathématiques et des sciences naturelles, 1886), a résumé les données rela- tives à ce problème. La Haute-Tatra constitue la chaine de montagnes la plus haute de la Hongrie. D'après les recherches de Roth, dans toutes les vallées d'une assez grande étendue de la Haute-Tatra, l'existence des anciens glaciers à une époque antérieure pourrait ètre constatée par les moraines, par les roches polies et en général par la con- formation et configuration particulières de la structure géologique, surtout dans les parties inférieures de ces vallées. En commençant par la premiére à l’est de la pente septentrionale, par la vallée de Javorinka, qui a pu servir de lit pour un des glaciers les plus grands de la Haute-Tatra à une époque antérieure, on peut passer en revue toutes les vallées en marchant vers l'Ouest : ce sont la vallée de Bialka (à l’origine la jonction de la vallée de Rostoka et de Podouplaski), celle de Sahavoda, celle de Bistra, et, après, sur la pente méridionale en marchant de l'Ouest à l'Est, la vallée de Ticha, celle de Koprova, celle de Mlinitza, celle de Menguszfalva, celle de Felka, celle de Tarpatak et celle de Fehérpatak, — et on retrouvera partout les traces incontestables des anciens glaciers. Ainsi y eüût-il pu avoir quatre grands glaciers sur la pente septentrionale et sept sur la pente méridionale à l'époque des grands glaciers. Les plus grands étaient celui de la vallée Javorinka, de Bialka, de Koprova, de Menguszfalva, de Tarpatak et de Fehérpatak. Ces vallées sont typiques comme des vallées creusées par les glaciers. D’après les descriptions de Roth, nous avons construit une petite carte de ces anciens glaciers d’une période antérieure. On y voit les crêtes de la Haute-Tatra indiquées en rouge et les glaciers en bleu. Maintenant, si l'on y observe les conformations des vallées, on voit nettement que ce sont des vallées piri- formes, c’est-à-dire des bassins en poire, le côté mince, Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. supérieur en aval du torrent et le côté large, inférieur en amont. M. Roth donne au type de ces vallées les qualités suivantes : Les paroïs latérales de ces. vallées sont très étroites, presque verticales, tandis que plus haut les pentes ne sont pas si roides, Ces parois étroites présentent souvent des surfaces polies, usées par les anciens glaciers, c’est-à-dire des surfaces où les roches ont été moutonnées, rabotées par la friction des pierrailles charriées par les glaciers. Au fond, des pierres écroulées pavent la vallée ; au sens strict du mot, elle est couverte d’un manteau d’éboulis, au milieu du- quel le torrent circule. Le torrent se transforme souvent en cascade ou en lac. La partie inférieure de la vallée est couverte souvent de moraines latérales, frontales, médianes (celles entre deux vallées qui vont s'unir) et terminales. La Haute-Tatra est composée de roches de granit, et on retrouve des pierres de granit roulées et des débris arrachés au massif de cette montagne can- tonnés non seulement dans les vallées, mais aussi sur Fig. 1. — Traces des anciens glaciers dans la Haute-Talra. Les lignes obscures représentent la chaine de montagnes ; les lignes plus claires, les glaciers et les territoires morai- niques. la haute plaine qui environne la montagne, tres loin déjà des roches de granit. Au pied de la montagne, on retrouve souvent des collines composées de pierres roulées de granit couvertes à présent de terre et boisées de pins. Il est très intéressant de lire ce que Roth dit sur la for- mation des lacs dans la Haute-Tatra. On y trouve beau- coup de lacs, on les appelle des « yeux de mer ». La for- mation de la plupart de ces lacs a été provoquée par la disparition des glaciers, par les moraines frontales des- juels le cours d’eau a été barré comme par une digue, et s’est transformé en un lac dont l'eau s'écoule par dessus de la moraine, à travers le plateau, en tombant de l’autre côté de la hauteur de cette cciline, par de nombreuses cascades, En général, c'est un trait caractéristique de ces val- lées, dans lesquelles des glaciers ont jadis séjourné, qu'elles sont barrées de distance à distance par des mo- raines. On retrouve plusieurs petites vallées resserrées et barrées de moraines, encloses ainsi de roches de tous les côtés. Le fond en est plein de gazons et de fleurs alpines, et on les appelle des « jardins de fleurs ». Ces 30 LE NATURALISTE jardins de fleurs doivent être considérés pourtant comme des lits de lac déjà saignés, tels par exemple le vallon Christelaù, près du Tarpatak, et le Jardin de fleurs dans la vallée de Felka. Naturellement, si le torrent réussit à creuser un lit à travers la base dela moraine, c’est-à-dire à percer la mo- raine, le lac sera saigné, et c’est l'explication de la coulée des lacs. À ce point de vue, la surface des vallées est sujette à des changements éternels. Aussi le torrent Poprad avait-il eu jadis un autre lit qui faisait la suite de la vallée de Menguszfalva, tandis que, actuellement, il perce la paroi de cette vallée et poursuit son cours vers l'Est. Aussi, le lac Poprad avait-il sa coulée vers l'Ouest dans la vallée de Menguszfalva, tandis que, actuellement, les eaux en découlent dans une vallée parallèle nommée Krupa. Ainsi, on peut se convaincre que non seulement les crêtes des montagnes de granit se démolissent, s’écrou- lent, se dégradent, s'altèrent sans cesse, mais que, aussi, les vallées, les collines, les lits des torrents couverts d’un manteau d'éboulis, des débris des crêtes, des som- mets, se sont à maintes reprises transformésetse trans- forment encore même de nosjours. La forme, le faciès des vallées subit un changement, le torrent change de direc- tion, il se forme des lacs, et des lacs seront saignés, Tout change et sans cesse, sous l'influence des facteurs natu- rels agissant sur la surface de la montagne, En somme, M. Roth a évidemment démontré que la Haute-Tatra, quoiqu'elle soit une région où déjà la plu- part de la neige fond d'une année à l’autre, au-dessus de la limite des neiges persistantes, pourtant il y a existé des glaciers dans le passé. Mais, outre les glaciers, on voitsur notre carte (fig.1), des surfaces hachées de lignes sombres. Ce sont les ré- gions où M. Roth a retrouvé les traces des glaciers qui en sortant de la montagne, ont déposé leurs galets, les pierres roulées de leur œuvre d'ablation, les nappes de débris et les blocs erratiques. Ces surfaces sont assez grandes, surtout vers le Midi. Dans la conclusion de son compte rendu, M. Roth exprime la théorie en peu de mots que, à une certaine époque, toute la Haute- Tatra dut être couverte d'un manteau de glace, Récem- ment M. Dénes, ce célèbre carpathologue qui a complété d’ailleurs les recherches de M. Roth, a émis l'avis qu'il faut distinguer plusieurs époques dans l’histoire de ces glaciers. À une époque très ancienne, toute la mon- tagne était couverte de neige,et après un changement général de température, ces grandes pentes de glace ont glissé vers la plaine. C'était la période des grands gla- ciers. C’est à une époque plus proche de nous qu'on doit mettre les glaciers des vallées. A notre avis, il est bien facile de s’imaginer ce processus. Toute la montagne, ce grand bloc de granit, est couverte de glace à une époque très ancienne. La température s'élève, et la calotte de glace se fond, se fend, se glisse sur les pentes, Naturellement ces glaciers immenses ont creusé puissamment les pentes à plusieurs endroits où, par raisons diverses, leur travail de démo- lition et d’ablation était le plus puissant, C’est ainsi, à notre avis, que les vallées premières, primordiales, se sont formées par ces glaciers primitifs, énormes. Mais c'est aussi d’elles que date l'étendue si vaste de la zone des roches, des débris arrachés au massif de la montagne, des pierres de granit roulées sur la plaine. Étant creusées, les premières vallées, à une époque postérieure, des glaciers plus. petits se glissaient déjà dans ces vallées ct ils ont toujours scié, mordu, creusé les parois de la vallée. C’est par cette raison, à notre avis, que ces vallées sont piriformes. Les glaciers supérieurs ayant toujours creusé la pente, il résulte de là que plusieurs d’entre eux se sont unis plus bas par suite du travail progressif de ce creusement, de ce sciage des vallées. C’est l'expli- cation de la formation de ces vallées piriformes. Le creusement profond des vallées par les glaciers con- voyeurs de pierre, c'était la période des anciens glaciers. La température s'élève de nouveau et on entre dans la période de nos jours où il n'y a plus de glaciers dans la Haute-Tatra, mais on est encore en état de pouvoir constater les traces de leur existence à une période anté- rieure ; on voit encore le résultat de leur énorme travail de démolition, de leur œuvre gigantesque d'ablation dans les vallées et au pied de la montagne, travail dont les torrents de nos jours ne sont pas capables, pierres de granit roulées, d'une grandeur et d'un nombre, portées à une distance considérable, que les torrents n’ont pas la force d’entrainer, et encore moins de les charrier à une si longue distance, d'être le convoyeur de si grandes pierres roulées, rabotées par la friction puissante, et de ces grands blocs erratiques. Quant aux changements successifs de la température, il ne faut pas entendre, rien ne nous y contraint, un tel changement général sur la surface de la terre, mais bien plutôt,.nous sommes de cet avis, ce changement dut être local d'après la nouvelle théorie si ingénieuse, exposée par M Sfanislas Meunier (1), selon laquelle les hautes chaines de montagnes, par la dénudation succes- sive de l’action des eaux, passent lentement dans les périodes géologiques la zone atmosphérique des neiges persistantes, c'est-à-dire la zone des glaciers,et enfin elles seront peu à peu forcément plongées au-dessous de cette zone. Cette nouvelle théorie n'explique pas les changements thermiques survenus dans une haute chaîne de mon- tagnes par un changement général de température, mais par un changement de la chaine de montagneselle-même. Ce n’est pas dès lors la température générale qui est changée, mais c’est la chaine de montagnes qui, par la dénudation continue des crêtes, du massif en se rédui- sant pour ainsi dire, en s’abaissant toujours, finit par sortir enfin de la zone atmosphérique des neiges persistantes. Il y a ainsi une certaine zone dans lPatmosphère où la neige ne fond pas et les parties de terre qui s'élèvent dans cette zone ont des neiges persistantes. Aux pôles cette zone se trouve au-dessous de la surface de terre, tandis qu'à l’équateur elle passe dans une hauteur de 5.000 mètres. Dans la figure ci-jointe nous avons repré- senté cette zone atmosphérique des neiges persistantes. Naturellement cette représentation n’est qu'approxima- tive, puisque la mer, les vents interviennent comme des causes modificatrices; en outre les pentes méridionales de l'hémisphère septentrionale et les pentes septentrio- nales de l'hémisphère méridional ont une limite beau- coup plus haute des neiges persistantes que les pentes opposées. Il est bien évident que c'est de Pintensité de l'insolation que dépendentces modifications. M. Stanislas Meunier distingue plusieurs phases dans l’histoire des montagnes : ainsi par exemple la phasealpine, (1) Histoire des chaînes de montagnes. Revue scientifique, 27 février 1897, p. 264-269. LE NATURALISTE 31 lorsque la chaine de montagnes se trouve encore dans la zone des neiges persistantes, et la phase vosgienne, lorsque la chaine de montagnes, par la dénudation con- tinue, en est déjà sortie. Cette nouvelle manière de voir ne change pas le méca- nisme exposé plus haut, et les périodes distinguées plus haut restent toujours les périodes de l'histoire de la Haute-Tatra, La première période de cette histoire, l'origine des montagnes doit être conçue d'après la con- ception généralement admise aujourd'hui de la manière suivante. Par le refroidissement continu, la terre s’est rapetissée et l'écorce terrestre, cette croûte sur le noyau fluide sous-jacent ainsi rapetissé, dut se rider, produire des cassures. Naturellement les masses rocheuses, non contractiles, restèrent en haut, tandis que les masses contractiles s’abaissèrent en vertu de la contraction générale causée par le refroidissement progressif, Le grand massif degranit, cesroches colossalesse trouvaient dans la zone des neiges persistantes et les glaciers énormes de la première période, etaprès ies glaciers des vallées de la deuxième période faisaient leur œuvre gigantesque de démolition et d’ablation Jusqu'à ce que par la dénudation continue le massif finit par sortir de la zone des neiges persistantes. De ce qui précède il ressort clairement que, de même que les crêtes, les sommets ne sont point impérissables, qu'ils se dégradent, s’altérent, se démolissent inces- samment, de même les vallées, les cours d'eau qui s'y trouvent, se changent, se varient toujours, c’est-à-dire que les systèmes orographiques et les systèmes hydro- graphiques sont sujets àdes changements incessants par un processus continu. L'image de la surface de notre terre est le résultat d’une activité coopérative de plusieurs agents, des causes multiples et en première place de l’activité des eaux. Ces facteurs sont intimement liés les uns aux autres. Ainsi le changement de la température est immédiate- ment suivi de la variation correspondante dans l’action Pôle boréal Fig. 2. — Disposition générale à la surface du globe de La zone des neiges persistantes. des eaux. A l’époque glaciaire, les glaciers ont changé la face de la terre, ils étaient les agents extrêmement efficaces de dénudation des montagnes, outils puissants de démolition, incessants charrois de roches, en chan- geant leurs lits, les vallées par la friction des roches les unes sur les autres, en roulant ce cortège de matériaux durs à la surface de la roche sous-jacente et en transpor- tant à longue distance ces produits de désagrégation du massif des montagnes. De nos jours à la Haute-Tatra, il n’y a plus de glaciers, agents gigantesques de démoli- tion, mais les gouttes d’eau, gelées dans les fentes des rochers, poursuivent le lent travail de chaque hiver et les torrents, surtout au printemps, emportent les pierrailles, les éboulis, les produits de désagrégation; ils continuent aussi l’œuvre des anciens glaciers. L'action de l’eau est ainsi une œuvre vraiment gigan- tesque. C’est par elle aue les systèmes orographiques et les systèmes hydrographiques eux-mêmes se changent. C’est par elle aussi qu'une haute montagne, comme la Haute-Tatra, ne doit être considérée que comme un résidu représentant un massif antérieurement beaucoup plus grand, Aussi l'histoire de ce résidu etde ces nappes d’éboulis, de débris qui l'entourent est-il un exemple intéressant et très instructif del’histoire des montagnes, parce qu'il est marqué au sceau des phénomènes glaciaires sans cepen- dant présenter nulle part de glacier actuellement. D' CHARLES PÉKAR. 32 LE NATURALISTE PHOTOGRAPHIE Photographie du fond de l’œil, — L'intérêt de la photographie du fond de l'œil a une importance sur laquelle il est inutile d'insister. Au point de vue patho- logique, ce qu'il importe surtout d'avoir sur la plaque sensible, ce sont les différences de colorations de tissus qui indiquent les altérations. C'est là une grande diffi- culté qui est encore augmentée par la presque impossibi- lité de maintenir l'œil immobile pendant le temps de pose. Cependant, avec un bon éclairage, on y arrive, mais on se heurte encore aux reflets produits par la cor- née. Ne pouvant les faire disparaître complètement, on se borne à les atténuer. M. Th. Guilloz a obtenu dans ce genre d’études des résultats fort bons. On place le sujet à examiner contre un support qui le force à rester immobile et on éclaire son œil au moyen d’un faisceau de lumière parallèle, L'appareil photogra- phique est placé en arrière de l’appareil éclairant de manière que son axe optique fasse un angle aussi aigu que possible avec la direction des rayons lumineux. On dispose devant l’œil une lentille de 15 à 20 dioptries. « Le svstème éclairant, dit M. À, Londe (1), est une lampe à gaz ordinaire dont le verre a été remplacé par une cheminée en tôle portant deux larges tubulures laté- rales, L’une,dirigée vers l’objet à éclairer, porte une len- tille de 148 dioptries dont le foyer occupe la position de la flamme. L'autre renferme le dispositif destiné à don- ner l'éclair magnésique et que l’auteur appelle Pistolet à magnésium. Une tige cylindrique, terminée par une petite cavité en forme de cuiller, se meut dans l'axe de la tubulure. En tirant en arrière l'extrémité qui dépasse, on tend un ressort à boudin qui entoure la tige. Dans cette position, la cuiller se trouve en face d’une ouverture qui permet d'introduire la quantité nécessaire de magnésium. Lorsqu'on opère le déclenchement du pistolet, la cuiller est projetée en avant, puis arrêtée brusquement à bout de course. Par suite de l'impulsion acquise, le magnésium se trouve projeté dans la flamme de gaz et l'éclair magnésique se produit. Pour protéger la lentille contre les produits de la combustion, on place en avant d’elle une lame de verre à faces parallèles que l’on débar- rasse après chaque opération du dépôt de magnésie qui s’y est condensé. La chambre noire porte un corps d’arrière surajouté qui renferme un miroir placé à 45° de façon à renvoyer l’image sur un verre dépoli placé à la partie supérieure, La plaque sensible est placée à arrière et elle se trouve à l’abri de toute lumière par suite de la présence du miroir qui forme écran opaque.La mise au point s’effec- tue sur le verre dépoli, et, lorsque l’image apparaît dans les meilleures conditions, il suffit de ‘relever le miroir qui est mobile sur son côté supérieur. Cette manœuvre s'effectue en agissant sur les deux barrettes extérieures qui sont fixées aux extrémités de l’axe de rotation du miroir. La plaque est alors démasquée et le miroir, arri- vant en fin de course, comprime une poire pneumatique qui opère le départ du pistolet, et par suite la production de l’éclair magnésique. Le déclenchement du pistolet est = — (1) Science moderne, 10 juin 1893. obtenu automatiquement au moment précis où l’on démasque la plaque pour opérer. Comme mélange éclai- ‘rant, M. Guilloz emploie une poudre formée d’une partie de chlorate de potasse et de deux parties de magnésium en poudre, La quantité nécessaire pour chaque opération est de 20 à 30 centigrammes. » Les épreuves obtenues montrent nettement les gros vaisseaux, Mais il y a toujours des reflets. Cependant,en obliquant légèrement la lentille qui est en avant de l’œil, on arrive à rejeter ces derniers à la périphérie où ils génent moins, Henri COUPIN. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE MOYENS D'EXTENSION, DE CONSERVATION ET DE FIXATION. — PRINCIPAUX RÉACTIFS FIXATEURS. Les animaux étant cherchés et trouvés, il s’agit main- tenant de leur faire subir les préparations nécessaires suivant l'usage que l’on veut en faire. Un premier triage s'impose donc, immédiatement après la récolte, si l’on désire avoir des matériaux en bon état, Ce premier triage consiste d'abord à rejeter les indi- vidus défectueux ou trop abimés par les instruments de pêche, puis à séparer ceux qui doivent servir à former des collections ou à des recherches purement anato- miques de ceux qui sont destinés aux recherches histo- logiques. Les plus grands soins doivent être pris pour ces der- niers. Parmi les êtres animés, il en est qui, dès qu'on les touche, se rétractent brusquement et se déforment d’une facon plus ou moins complète. On ne peut donc songer à les traiter de la même faconque les autres si, tout au moins, on tient à les avoir, sous leur aspect à peu près normal. Il faut, aussitôt après la pêche, les placer dans des bacs d’eau bien aérée, de façon à leur faire reprendre, par le repos, leur forme initialeet on utilise alors l’un des procédés d'extension que nous allons décrire avant de les fiter par les différents réactifs appropriés. Extension. -- L’extensior des animaux ou des tissus peut être obtenue soit par des procédés simplement mécaniques, soit par des actions chimiques. Si l’on a affaire à des êtres ou des organes peu déli- cats, on peut fixer sur un liège les deux extrémités à l'aide d’épingles placées de distance en distance, ou si c’est un animal plat, le comprimer entre deux lames de verre et le traiter ainsi étendu par des réactifs fixateurs énergiques. Il ne tarde pas à mourir et conserve indéf- niment la forme qui lui a été donnée. Mais ces procédés, que je qualifierai volontiers de bru- taux ne sont nullement applicables à des êtres très déli- cats, comme la plupart des Cœlentérés, un certain nombre de Mollusques et bien d’autres encore. Pour ceux-ci, il faut absolument amener l'extension par intoxication très lente. Plus le procédé est lent, plus on a de chances de bien réussir. LE NATURALISTE 33 Si l'on à affaire à un animal terrestre, on peut le trai- ter par des fumigations de tabac, sous une cloche, par exemple, ou bien par des vapeurs de chloroforme ou d'éther d’abord en très petites quantités, puis quand l'anesthésie est complète, en quantités plus considé- rables pour déterminer la mort, ou encore par l'acide carbonique. Si, au contraire, c'est un animal aquatique qu'il s’agit de tuer, on peut ajouter lentement dans l’eau de la nicotine ‘en solution aqueuse, de l’alcool, de l’éther ou du chloroforme en dissolution, du chloral ou bien encore faire arriver dans le récipient de l’acide carbonique de facon à obtenir une saturation de plus en plus grande, Ces procédés sont tous également applicables, et l’on doit toujours en essayer plusieurs. et choisir celui qui réussit le mieux pour l'espèce que l'on veut conserver. Pour certains animaux, aquatiques ou non, mais qui respirent l'air en nature, comme les Escargots, par exemple, on obtient d'excellents résultats, en les immer- geant pendant 24 où 48 heures dans de l’eau privée d'air par l’ébullition, et dans un vase absolument rempli de cette eau et renversé dans un récipient de façon à empé- cher le contact de l'air, Enfin les animaux marins sont assez facilement tués en état d'extension, en ajoutant graduellement de l’eau douce à l'eau de mer qui les contient, ou en les immer- geant directement dans l’eau douce. Conservation. — Dans le cas où les animaux sont des- tinés à des collections, l’alcool à 70° suffit généralement pour la conservation, soit seul, soit mélangé en quantité plus ou moins grande avec la Glycérine. Ce dernier pro- cédé est particulièrement applicable lorsqu'il s’agit de conserver la transparence des tissus, par exemple pour les Cœlentérés. D'une façon générale, même pour les études histolo- giques, les matériaux sont presque toujours conservés dans l'alcool à 70°, mais après avoir subi au préalable l'action des réactifs fivateurs dont nous allons maintenant passer les principaux en revue, Fixation. — Les réactifs fixateurs doivent être choisis le plus possible selon les préparations ultérieures que les matériaux devront subir, soit en vue de la coloration, totale ou sur lames,soit au point de vue des méthodes d'inclusions ou de coupes que l’on désire employer. On ne peut guère donner de règles fixes pour cela, et chacun doit essayer ce qui réussit le mieux pour le genre de recherches auxquelles il se livre. C'est par des essais successifs bien faits que l’on arrive à obtenir le maximum possible de bons résultats. Les réactifs durcissants doivent toujours être, en général, en quantité considérable, par rapport au volume de l’objet à fixer. La meilleure fixation est obtenue avec des pièces de petites dimensions, mais si l’on veut opérer sur des ani- maux entiers, il faut toujours ouvrir une partie du corps (la moins essentielle possible) de facon à permettre au liquide de bien pénétrer la masse totale de l’objet, D'une facon générale. il faut, après fixation, laver soi- gneusement les pièces dans des liquides appropriés (eau ou alcool généralement) de facon àles débarrasser le plus possible de la présence des matières chimiques, pour permettre ensuite la pénétration plus facile des substances colorantes. En tête des réactifs fixateurs, nous placerons l'acide osmique qui peut être employé seul ou mélangé avec d'autres substances. Seul, on l’emploie soit en vapeurs, soit en solutions dans l’eau distillée à 4 ou 2 0/0 ou en solution concen- trée. Il a le défaut de noircir beaucoup les pièces, surtout quand on le place dans un flacon fermé par un bouchon de liège, mais c’est un fixateur de premier ordre, Après son action, il faut laver soigneusement les objets à l’eau distillée, L'acide chromique est aussi excellent, mais moins actif que le précédent, il ne noircit pas. On peut l’em- ployer soit en solution concentrée, soit à des taux beau- coup plus faibles jusqu’à 1 0/0. On lave les pièces soit à l’eau, soit mieux à l'alcool faible (50 à 60 0/0). L'acide chromo-acétique se prépare en ajoutant à une solution d'acide chromique à 0,2, 0,3 ou même 1 0/0, une solution d'acide acétique à 0,1 ou 0,2 0/0. Ce réactif est surtout efficace lorsque le tissu est très légèrement calcifié. L'acide chromo-osmique est un mélange de 0,1 à 0,3 d'acide osmique avec de 0,25 à 0,35 d'acide chromique pour 100 parties d’eau distillée. L'acide acéto-chromo-osmique est encore appelé liqueur de Flemming. Sa composition est la suivante : À. chromique 0,25 0/0. A, osmique 0, 1 0/0 dans l’eau distillée, À. acétique O0, 4 0/0 C’est un excellent fixateur qui donne surtout de bons résultats pour l'étude des Arthnopodes. Il a l'avantage de ne pas détruire les tissus par une action trop prolon- gée, mais il convient alors de laver longtemps dans un courant d’eau, sans quoi la coloration se fait ensuite dif- ficilement. La nouvelle formule À. chromique à 10/0 15 parties. AÀ.osmique à 2 0/0 4 — A. acétique crist, LL — tend aujourd'hui à supplanter la première. L’acide acétique, étant en quantité plus considérable, agit comme mordant et favorise la pénétration des colo- rants. É Le sublimé corrosif est un excellent fixateur, de plus en plus employé aujourd’hui, soit seul, soit mélangé à d’autres substances durcissantes. Il à l’avantage de ne donner aucune coloration aux tissus, d’être très pénétrant et très actif, au moins en solution concentrée, et d’être enlevé facilement par les lavages. L’eau froide en dissout environ 50/0, l’eau chaude 10 0/0, mais en ajoutant une trace de sel marin, l’eau chaude en dissout de 15 à 160/0 de son poids. On peut l'utiliser en solution faible, mais il est pré- férable, dans la plupart des cas, de lemployeren solution concentrée, aqueuse ou alcoolique, On peut laver à l’eau, mais il est préférable de laver à l'alcool à 60°ou 70°. A la solution concentrée on ajoute quelquefois un peu d'acide acétique (de 5 à 25 0/0) on obtient un réactif peut-être encore meilleur. La liqueur de Lang est à base de sublimé. Elle est formée par : 34 LE NATURALISTE Eausstiiéez.?. 7.4. 100 parties. SUPHMES 2,26 Re de 4 à 12 — Chlorure de sodium.... de6àa10 — AHACÉLIQUE. 2206 0 0AR, de5à 8 — On ajoute parfois une toute petite quantité d'alun. La liqueur de Gilson est formée de : Fausdis thé mener 4,400 c.c. SUDIIM É ERREURS 100 gr. AS PDITTIQUE, ee site 78 c.c. AFACÉTIQUEECTIS TE. ARTE 2oNC-C AICOOLA GOERNER 500 c.c Ce réactif est d’une délicatesse de fixation extrême, Il est précieux pour les animaux marins, d’une facon générale. L'acide nitrique où azotique agit à la fois comme fixa- teur et comme décalcifiant. Il s'emploie en général en solution aqueuse ou alcoolique de 3 à 5 0/0. Les pièces à décalcifier doivent être mises dans une grande ‘quantité de réactif, par rapport à leur volume, Ilest bon de laver à l'alcool à 70°, autant que possible, surtout lorsqu'on lui associe l'acide chromique à 0,5 ou 0,10 0/0. Le bichromate de potasse a eu un moment un très grand succès, il est aujourd'hui un peu délaissé, les résultats quil fournit étant plutôt médiocres en général. On l’emnploie en solution de 2 à 5 0/0 dans l’eau. Il faut avoir soin de laver ensuite d'abord à l’eau, puis à l'alcool fort. ; La liqueur de Müller est formée de : Fausse Rester 100 parties. Bichromate de potasse....., Jo Sulfate de soude. .......... 1 — Si l’on remplace le sulfate de soude par le sulfate de cuivre, on obtient un agent dominant beaucoup plus actif, comme sous le nom de Reéactif d’Erlicki. L'’acide picrique est très employé et donne de bons résultats, surtout lorsqu'il mélange à l'acide nitrique, ou à l'acide sulfurique. Seul, on l'utilise en solution de 2 à 5 0/0 ou en solu- tion concentrée aqueuse. On doit toujours laver à l'alcool fort à froid ou mieux à chaud, L'acide picro-sulfurique se prépare en faisant un mé- langede 100 parties d’eau distillée et de 2 p. d'acide sul- furique dans lequel on fait dissoudre de l'acide picrique jusqu'à saturation. On obtient un réactif excellent, sur- tout pour la fixation des Arthropodes, pour lesquels on l’emploie tel quel ; si l'on a affaire à des êtres plus déli- cats, il est bon d’allonger cette solution de 3, # ou même 5 fois son volume d’eau. On obtient l'acide picro-nitrique en remplaçant l'acide sulfurique de la préparation précédente par l'acide ni- trique, Ce réactif est certainement le meilleur à base d'acide picrique. Après tous ces réactifs, laver à l'alcool fort. L'alcool picriqué est un mélange à parties égale d’eau distillée et d'alcool à 90° au 95° dans lequel on fait dis- soudre 1 partie d'acide picrique. Il fixe très lentement et exige aussi un lavage à l’al- cool. : L'acide acétique s'emploie rarement seul en solution à 0,5 ou 1 0/0 dans l’eau distillée. Il est plutôt utilisé en mélange avec d’autres substances ; ainsi que nous l'avons vu, il sert de mordant: il a un pouvoir électif considé- rable pour le noyau. L'acide formique et l'acide citrique sont à peu près dans le même cas, L'alcool est certainement l'agent indispensable à toute bonne fixation. Il agit comme fixateur et comme conser- vateur à la fois. Pour fixer il faut l’empioyer fort, au moins à 90° ou 93°, l'alcool absolu provoque une contraction énorme des tissus. On conserve ensuite les pièces dans l'alcool à 70°, L'alcool! absolu est très difficile à conserver dans cet état, il fautle tenir dans des flacons bien bouchés et il est bon d'y ajouter quelques morceaux de chaux vive ou de sulfate de cuivre calciné. : C’est un réactif très pénétrant à froid comme à chaud. Nous terminerons l'énumération rapide des princi- paux réactifs fixateurs par un mélange assez hetérogène en apparence, mais qui donne d'excellents résultats, toutes les fois qu’il s'agit de travaux d'histologie fine et délicate; nous voulons parler de la liqueur de Ripart et Petit. La formule en est la suivante : Hauidistillée MA RES 75 gr. Eaurcimphré er Emi co nee ANBL Acélate/descuivre-s teens 0 à 30 gr. Chlorure: de cuivre... 4220 0 à 30 gr AacétiquerCriSbee ere Aer. Nous conseillons ce mélange pour la fixation des tous petits animaux à organisations fragiles, presque toujours les résultats fournis sont excellents. A. GRUVEL. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoplères des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS WESTERMANNI. Hope. Hope. Catal. Lucan. 1845, p. 10. Assam. Le Lucanus Westermanni est un insecte court, large et très robuste, remarquable par l'ampleur de son corse- let et de son abdomen et par la conformation de ses mandibules dont la simplicité rappelle celle des mandi- bules des Pseudolucanes, leur dent médiane: n'étant ni précédée ni suivie de denticules ; ce Lucane paraît être extrêmement voisin du L. villosus, mais, à taille égale, il est beaucoup plus robuste; de plus il est bien moins luisant, sa coloration est plus sombre et ses pattes sont ou entièrement noires où d’un brun rougeâtre très foncé. Hope a donné du mâle de cet insecte la diagnose sui- vante : ©’ — Castaneo niger elytris magis castaneis, capite prothorace minori supra subplano, lateribus supra angulatis, clypeo deflexo fere conico, fronte semicircu- lariter reflexo, mandibulis capite dimidio longioribus, - LE NATURALISTE 35 dente interno ultra medium alteroque minori sub apicem armatis, elytris nitidis, pedibus nigris femoribus vix in medio castaneis ; corpore infra aureo-pubescente, Long. corp. mandib. incl lin. 17 — Habitat Assam. À COLORATION Mäle. Tantôt entièrement d’un brun noirâtre très foncé, presque noir, tantôt avec la tête, le corselet et l’'écusson seuls de cette couleur, les mandibules et les élytres étant d’un brun châtain obscur. Les mandibules sont mates, assez forternent et visi- blement ponctuées; la tête et le corselet sont également mats, mais paraissent lisses à l’œil nu; vus à la loupe, ils se montrent couverts d’une granulation extrême- ment ténue et serrée, encore plus faible sur le corselet. Quelques rares poils épars et couchés se voient sur la tête; les élytres sont médiocrement luisantes et peuvent être considérées comme lisses, — Les cuisses sont ou noirâtres ou très faiblement châtain en leur milieu. Les pattes, ainsi que nous venons de le dire, sont ou noires où d’un brun rougeñtre très obscur, et sont couvertes d'une granulation faible mais serrée, visible à l'œil nu, au reste assez variable suivant les exemplaires; les tarses, les palpes et les antennes sont noirâtres. Structure. Mandibules courtes, souvent à peine aussi longues que la tête et le corselet réunis; leur courbure en avant est peu accentuée; larges à leur base, elles vont en se rétrécissant Jusqu'à la dent médiane, puis s’élargissent en se rétrécissant de nouveau jusqu'à l'extrémité ; leur bord interne est coupé en biseau arrondi jusqu'à la dent médiane, puis nettement tranchant jusqu’à la fourche ;il présente parfois quelques denticules presque impercep- 1 2 3 4 5 Lucanus Westermanni — Hope. 1.5. — (Collect. du Muséum de Paris). — (4. collect. de l’auteur). Ces exemplaires sont très faiblement réduits.) tibles à l'œil nu;fla dent médiane est courte, médiocre et subconique ; les deux dents de la fourche sont très courtes, déprimées et subégales ; la supérieure est plus large que l'inférieure; elle est, en outre, ou subarrondie à son extrémité ou taillée en biseau. L’angle que forment ces deux dents terminales est bien plus ouvert et plus arrondi que celui de la fourche terminale du L. villosus. Chez les petits exemplaires, la dent inférieure de la fourche s’atténue beaucoup et tend à disparaitre; 1l est vraisemblable qu’elle s’atrophie complètement chez les très petits individus ainsi que cela se passe chez le Luc. Smithi dont le mâle est assez voisin de celui du Luc. Westermanni. La dent inframandibulaire est très faible. La tête est subcarrée, médiocrement large, rétrécie à la hauteur des yeux, paraissant relevée vers la naissance des man- dibules, ce qui est dû à ce que le bord frontal est situé un peu en contre-bas et que la carêne frontale est pour ainsi dire perpendiculaire au bord frontal au lieu d’être située dans son prolongement. Cette carène frontale tient tout le milieu de la tête; elle est mince mais très relevée, surtout ehez les exem- plaires de grand développement, et comme les carènes latérales, sont, elles aussi très saiilantes, la tête parait fortement déprimée en son milieu; les carènes latérales et postérieures forment un S allongé mais à contours arrondis et non coupés anguleusement comme cela se voit chez le L. villosus ; elles rappellent assez bien, au reste, celles du L. Mearesti. Clypeus, labre et saillie intermandibulaire convexes, construits comme ceux du L. villosus; épistôme très court, triangulaire ou ogival; le bord antérieur du labre paraît coupé droit; en réalité 1l est très souvent faible- ment curviligne ; chez beaucoup d'exemplaires, en parti- culier chez ceux de grande taille, il présente de chaque côté un prolongement court et cylindrique. Les antennes sont tétraphylles, à feuillets assez grêles, Corselet ample, robuste, étroitement rebordé, asse fortement et irrégulièrement infléchi sur les côtés; il présente en son milieu une ligne à dépression large, par- fois un peu interrompue vers sa partie médiane, En outre son disque possède latéralement deux dépressions bien visibles, l’une à droite, l’autre à gauche de la ligne médiane ; son bord postérieur est presque aussi large que la partie humérale des élytres; celles-c1 sont amples, fortement rebordées, encore élargies en dessous des épaules, elles sont bombées sans être convexes, leur partie médiane étant plutôt un peu déprimée. Pattes médiocrement longues, surtout les deux der- nières paires; tarses courts et assez larges, 36 LE NATURALISTE Le dessous est de lamême couleur que le dessus, mais recouvert d'une pubescence rousse, plus longue sur le métasternum ; la carène sternale est arrondie mais sail- lante, Femelle. La coloration est identique à celle du mâle, peut-être plus franchement noire sur la tête et le corselet. La structure de cette femelle, surtout chez les grands spécimens, est des plus robustes; la tête, le corselet et les élytres sont très amples; les mandibules sont fort larges sur toute leur longueur, elles sont sécuriformes et épaisses bien que déprimées, La tête est fortement sranuleuse, le corselet très convexe est infléchi latérale- ment comme celui du mâle; les élytres sont courtes et fort larges. Le Luc, Westermanni se trouve en Assam, au Sikkim. Il semble que l’on puisse distinguer deux formes assez distinctes chez cet insecte; la première courte, très large, à mandibules et à élytres généralement châtains (voir fig. 1,3 et #), la seconde plus allongée, plus étroite, plus noirâtre avec un faible reflet submétallique (voir fig. 2). Lesexemplaires figurés ici appartiennent à la collection du Muséum de Paris. LUCANUS FORMOSANUS. — LOUIS PLANET. (Nova species). Ile Formose. Voir note de Parry. — Trans. Ent. Soc. of London 1872, p. 83. Lies deux femelles dont je donne ici la description et la figure sous le nom de Luc. Formosanus m'ont été com- muniquées par M. R.Oberthür, à qui elles appartiennent actuellement ; le mâle n’est pas encore connu. Elles ont été signalées, sans description, par Parry Lucanus Formosanus (nova species) (J. Formose). Collect. R. Oberthür. a 6 1 dans une note parue dans le volume de l’année 1872 des Transactions de Ja Société entomologique de Londres, « Tavail myself of the present occasion to notify the « following numerical rectifications found to be requi- « site since the publication of my catalogue ofthe Luca- « noïd Coleoptera in 1870.» Vide Tr. Ent. Soc. 1870, pp. 104-116. New Species. 1. Sphenog. armatus. 2. Lucanus Q inédit Formosa. Mus. Parry. 3. «Je profite de la présente occasion pour signaler ci- « après les rectifications numériques qui sont devenues « nécessaires depuis la publication, en l’année 1870, de « mon catalogue des Coléoptères de la famille des Luca- « mides.» Voir Tr. Ent. Soc. 1870, pp. 104-106. Espèces nouvelles. 1. Sphenog. armatus. 2. Lucanus Q inédit. Formose, Mus Parry. Les deux femelles dont il s’agit sont entièrement noires, un peu luisantes ; la tête est fortement granu- leuse ; le corselet, lisse en son milieu, est fortement ru- gueux sur les côtés; ses bords latéraux et postérieurs sont nettement rebordés ; les élytres sont lisses et assez luisantes; celles du plus petit desdeux exemplaires tirent très légèrement sur le rougeûtre; les pattes sont ro- bustes, fortement granuleuses, nettement élargies à leur extrémité à la dernière paire. Les mandibules sont larges et très vigoureuses, mais plus arrondies et moins sécuriformes que chezla majeure partie des autres femelles de Lucanus asiatiques. La tête ample et robuste est beaucoup plus bombée chez le plus granddes deux exemplaires; il en est de même en ce qui concerne le corselet; pour le reste ces deux in- sectes se ressemblent fort bien et il est certain qu'ils appartiennent tous deux à la même espèce; chez l’un comme chez l’autre, la partie supérieure du canthus est nettement détachée de la tête, ainsi que cela se voit chez certaines femelles de Lucanus asiatiques. Les élytres sont médiocrement longues, assez con- vexes, nettement parallèles, et à extrémité bien arron- die. Le mâle, à en juger par les femelles, doit être un in- secte robuste de grande taille. Louis PLANET. LENS INSECTES COMENSTIBLES DANS L'ANTIQUITÉ ET DE NOS JOURS «Je vais vous indiquer, si vous le voulez, dit-il, un, procédé pour faire un excellent coulis, un excellent potage. Prenez des hannetons, pilez-les, jetez-les dans un tamis. Si vous voulez faire un potage maigre, versez de l’eau par dessus. Si c’est jour permis et si vous voulez faire un potage gras, versez du bouillon. Cela a un goût délicieux, apprécié des gourmets, » Pour ceux qui seraient tentés d'essayer du hanneton vivant, voici un précédent encourageant que je trouve dans Brehm. Le docteur Gastier, ancien représentant du peuple, se délectait à manger des hannetons qu'il éplu- chait comme descrevettes ; quand revenait le printemps, on ne pouvait lui faire un cadeau plus agréable que celui d'une boite de hannetons vivants. — De vraies primeurs, qu'en dites-vous ? Éd doihet 3 eee auteur nt ci dis NP LE NATURALISTE | 37 Être dévoré par un député n’est pas commun. Les coléoptères, cependant, ne s’en sont point enorgueillis ; c'est que, dès l'antiquité, ils se sont accoutumés à servir de friandises aux têtes dirigeantes. » Au dessert, dit en effet Elien (1), le roi des Indiens ne se régale pas comme les Grecs du fruit des palmiers nains; mais il se fait servir un ver qui naît dans l’intérieur de l'arbre. Ce petit animal rôti est, dit-on, un mets délicieux. » Ce vers est la larve d’une Calandre, le Curcullio pal- marum, L., larve blanche, très grasse, longue de trois pouces environ qui vit au sommet des palmiers. Mlle Mérian (2) et, dans son Voyage à Surinam (3), Sted- man nous apprennent que cette larve était encore de leur temps très estimée dans les Indes, où elle est connue _sous lenom de ver palmiste. On trouve pareillement ce ver en Amérique et, au rap- port de Labat (4), on l'y considère comme un régal exquis. Il se mange tantôt cru, tantôt rôti, tantôt allié à de la farine sous forme de gâteau; quelquefois aussi on en extrait par la chaleur une sorte de graisse ou de crème qui est, paraît-il, le mets le plus délicieux de ces régions. - Ce sont probablement des vers de ce genre ceux que mentionne Simonin dans son Voyage à l'île de la Réunion en 1861 (5) : « Revenus du fond du bras Rouge, dit-il, nous fimes halte avant de rentrer à Cilaos, au camp des Chasseurs. Boyer parvint à dénicher, au milieu de troncs d'arbres pourris, quelques gros vers que nous fimes rôtir et que nous étendimes ensuite comme du beurre sur le pain. «Lecteurs, vous faites la grimace, et je la faisais aussi comme vous, mais je ne tardai pas à changer d'avis; et si les choux palmistes de Bourbon composent un légume exquis parmi tous autres, les vers de Cilaos méritent aussi d’être appréciés des gourmets. » Leblond est aussi du même avis. Ces larves, écrit-1l, sont assez dégoûtantes et soulèvent d'abord le cœur; mais on s’y accoutume et l’on finit par trouver ces gusanos excellents (6). » Quoi d'étonnant? L'’accoutumance, ne le constatons- nous pas chaque jour, est utile, nécessaire même en matière gastronomique. N'est-ce pas, en effet, grâce à elle que nos gourmets font leurs délices de certaines viandes faisandées, de fromages dits passés ou affinés, et de tant d’autres produits où mets à saveur sui generis ? N'est-ce pas grâce à elle que les Allemands apprécient tant leur choucroute, leur soupe à la bière ? N'est-ce pas grâce à elle que les Russes se délectent du caviar, que les Chinois trouvent délicieux les œufs pourris ou ver- dis ? .… Mais revenons à nos moutons, je veux dire à nos insectes. Si des coléoptères je passe aux autres ordres d’in- sectes, c'est parmi les Hyménoptères qne je trouve les insectes comestibles capables de rivaliser avec le ver palmiste. Evidemment, direz-vous, puisque c’est dans cet ordre des Hyménoptères que figurent les Mellifères. Eh bien, non, je ne fais point allusion ici au miel, ce (1) De nalura animalium, livre x1v, chap. xur. (2) Op. cil., page 48, pl. 43. (3) Voyage à Surinam, tome n1, p.291. (4) Nouveau Voyage aux îles de page 140. (5) Tour du Monde, année 1862, 2e semestre, page 171. (6) Journal des Voyages, tome xxx, page 216. — Le mot gusano est espagnol et signifie simplement ver. » LS l'Amérique, tome 1, présent des dieux, comme disent les poètes, non plus qu'aux autres produits comestibles, tels que l'Ochar des Arabes, le Pé-là des Chinois, etc., occasionnés sur les arbres par la piqure des insectes. Ce sont des insectes eux-mêmes, et seuls, dont je veux m'occuper; c'est pourquoi je mentionnerai simplement ce plaisir cruel des gourmands enfants qui, au risque de se faire piquer douloureusement, prennent des bourdons, des abeilles même, leur séparent la tête du thorax, retirent de celui- ci le petit sac transparent rempli du nectar des fleurs qu'ils savourent avec délices. A l’état d'insectes parfaits, les hyménoptères sont peu musclés et fort coriaces; aussi sont-ils délaissés par les gastronomes et voit-on ceux-ci s'adresser aux larves : « C’est ainsi qu'à l'ile de Timor, les insulaires mangent, comme un mets très friand, les vers ou larves d’abeilles; ils vont dénicher ces insectes sur les arbres, bois de santal ou autres essences aromatiques, dans l'intérieur ou au milieu des branches desquels ces abeilles placent leurs rayons et leurs essaims. De même, dans les iles de Bahama et autres voisines, ainsi que dans la Caroline du Sud, les naturels recher- chent ou ont recherché les chrysalides des guêpes qu'ils considèrent comme un mets exquis. J. Crevaux, pendant son excursion de Cayenne aux Andes, a constaté le même goût chez les Indiens Rou- couyènes : « Je viens d’être piqué par une méchante guêpe dont j'aperçois le nid au-dessus de ma tête... Cette ruche à plus d’un mètre de hauteur; les rayons qui ne renferment jamais de miel sont occupés par des larves que Couassi s’empresse de dévorer avec de la cassave. Cette guëpe, connue dans toute la Guyane, est très appréciée par les Roucouyènes qui l’appellent ocomo (1). » Des abeilles et des guêpes aux fourmis il n’y a qu'un pas; ces insectes sont du même ordre, mais combien différents ! Une chose, me dites-vous, différencie les fourmis des abeilles, c’est qu’elles ne sont pas comme celles-ci mellifères. On laffirmait naguère encore; aujourd’hui on n'oserait plus émettre cette assertion avec autant d’assuranée : on connait des fourmis à miel ! C’est en 1832 que ces fourmis curieuses ont été pour la première fois au monde savant; Llave venait de les ren- contrer au Mexique où on les appelle Busileras et Mochi- leras (1). Mais il a fallu venir jusqu’en 1882 pour qu'on connüt enfin ces insectes et leurs mœurs, grâce au R. P.Cook qui les étudia dans cette contrée du Colorado connue sous le nom caractéristique de Jardin des Dieux, du Colorado si néfastement rendu célèbre par son Dory- phora, ce coléoptère destructeur des pommes de terre. J'emprunte à l'intéressante étude de M. Ernest Andté, les Fourmis, les renseignements qui suivent sur cette fourmi à miel, Myrmecocystus melliger des naturalistes. « C’est un insecte de taille moyenne entièrementjaune ou mélangé de brunâtre, dont les ouvrières normales varient de cinq à huit millimètres de longueur sans diffé- rer de conformation. Un certain nombre d'individus qui, au moment de leur naissance, ne se distinguent pas des neutres ordinaires, acquièrent, par un excès d’alimenta- tion, une obésité surprenante, et leur abdomen, devenu transparent et d'une couleur ambrée, atteint la forme et la dimension d’un petit grain de raisin.Ces individus com- posent la catégorie des porte-miel,appelés aussi rotondes, fourmis-outre, fourmis-réservoir. Ne DE RARE 6 CU RU (4) Tour du Monde, année 1817, 2° semestre, page 1#4. 38 LE NATURALISTE « Le liquide contenu dans ce réservoir organique est un sirop de sucre incristallisable, analogue à ce qu'on appelle le sucre de raisin ; sa saveur aromatique, rappe- lant celle du miel d'abeille, est très agréable, et parfois il dénote une certaine acidité, résultant sans doute de la présence d’une petite quantité d'acide formique. Le poids d’une sphère de miel égale à peu près huit fois celui de l'insecte ordinaire et atteint environ trois décigrammes. « Le miel de fourmi n’est pas exploité commercia- lement, à cause de la difliculté de sa récolte, et peut-être aussi à cause de la répulsion qu'on éprouve à l’extraire d'insectes vivants; mais les Indiens et les Mexicains en sont très friands, et vont à la recherche des nids pour en retirer les outres, dont ils sucent l'abdomen avec délices. Des voyageurs qui ont goûté à ce mets s'accordent à le considérer comme une délicate friandise. » Les fourmis à miel me rappellent le Koumaka des Galibis dont parle Barrère dans son Histoire naturelle de la France équinoxiale (1) et de Humboldt dans ses Rela- tions historiques (2). Les Galibis sont, comme on sait, une peuplade de la Guyane. (À suivre.) DAGUIN. ACADEMIE DES SCIENCES Séance du 9 janvier 1899. — M. L. Ranvier, dans une remarquable communication sur l’histologie de la peau, donne la définition et la nomenclature des couches de l’épiderme chez l'homme et les mammifères. Comme on le sait, l’épiderme est bien distinct du derme, celui-ci provenant du feuillet moyen du blastoderme, tandis que l’épiderme est d’origine ectodermique. L'épiderme se renouvelle sans cesse, ses cellules profondes donnant cons- tamment naissance par division à de nouveaux éléments cel- lulaires. Les ecllules, qui jouissent de la propriété de se diviser, forment une couche à part à laquelle convient le nom de Stratum germinalivum. Pour l’observer, et en même temps reconnaitre les principaux phénomènes de la division indirecte, la meilleure méthode est la suivante : Enlever par une section tangentielle la peau de la plante du pied du cochon d’Inde, la placer pendant une heure dans le liquide de Flemming, la transporter dans l'alcool et, douze heures après, y faire des coupes minces, perpendiculaires à la surface, que l’on colore par la purpurine et l’hématoxyline. En résumé, il y a sept couches distinctes dans l’épiderme de l’homme et des mammi- fères. En suivant la marche de l’évolution épidermique elle- même, ce sont : S{ralum germinalivum, S. filamentosum, S. granulosum, S. inlermedium, S. lucidum, S. corneum, S. disjunctum. Chacune de ces couches se présente avec des caractères physiques et des réactions chimiques parfaitement nets. On peut donc apprécier très aisément ses limites. Elles sont franches. On ne saurait mettre aucune hésitation à les reconnaitre, et cependant ces couches ne sont pas formées d’éléments spéciaux. Une même cellule, née dans le S. germi- nativum, atteint le filamentosum et devient filamenteux, puis le granulosum et se charge d'éléidine, etc. En entrant dans le rang, elle sait ce qu’elle à à faire et elle le fait. C'est un ordre admirable, l’ordre de la nature, dit en terminant M. le profes- seur Ranvier. — Depuis longtemps, M. Hugo de Fries s'occupe de la culture des monstruosités végétales, dans le but de les soumettre à toutes les recherches désirables. M. Gaston Bonnier présente une note de l’auteur sur ce sujet. A l'exception des vürescences causées par des parasites, elles se sont montrées héréditaires et ont produit, par l'isolement et la sélection, des races plus ou moins constantes, et assez riches en individus monstreux pour répondre au but proposé! Il résulte des études de M. Hugo de Fries que la plupart des races monstrueuses sont variables au plus haut degré, oscillantentre 0 et souvent 59 à 80 % d'in- dividus héritiers. En supposant qu’on sème les graines d’une race bien fixée, cette variabilité dépend presque tout à fait des conditions extérieures de la vie, surtout pendant le jeune âge. = (1) Tour du Monde, 1819, 1er semestre. (2) Insect-Life, numéro de septembre 1890. Plus ces conditions sont favorables, plus est grande la richesse de la culture des anomalies, et plus ces dernières sont bien développées. — M. A. Lacroix a eu la bonne fortune de pouvoir étudier sur place les roches volcaniques à leucite de Trebizonde. Cette région leucitique présente une constitution minéralogique remarquable ; on y trouve, réunis sur un petit espace, des types variés de roches relativement peu communes et offrant des caractéristiques particulières. Les tufs pépénériques sont à comparer à ceux de la campagne romaine, ils renferment les mêmes enclaves homogènes, à l'exclusion des types riches en leucite; ils ne contiennent, en outre, aucun de ces blocs qui, dans le Latium, doivent leur origine à ces transformations de calcaires. Quant aux tufs palagonitiques de leucitite, ils n’ont guère leur équivalent qu’à Steffeln, dans lEifel. — M. Fréd. Wallerant donne les lois régissant les macles proprement dites; il ne s'occupe présentement que des macles dites par hémitropie normale. Dans un grand nombre de macles, le plan de macle est un plan de symétrie du réseau déficient à la particule. De plus, si la particule fondamentale possède un plan de symétrie coïncidant avec un plan réticu- laire, ce plan doit être un plan de macle. Il y a lieu de consi- dérer deux catégories de groupement : ceux occasionnés par l'existence d'éléments de symétrie, axes ou plans, du réseau déficient à la particule complexe, et dans lesquels les réseaux de tous les cristaux sont parallèles; ceux occasionnés par l'existence d'éléments de la particule fondamentale ou de la particule complexe déficients au réseau; dans ceux-ci les réseaux des différents cristaux sont symétriques et non paral- lèles. Malgré la généralité de ces lois, il existe un groupement faisant exception: il est occasionné par l'existence des axes ternaires qui jouent un rôle aberrant dans presque toutes les questions de cristallographie. Dans ce groupement, les deux cristaux sont orientés à 180° autour de l'axe ternaire. Séance du 16 janvier. — Cetteséancene comporte qu'une seule communication con- cernant les sciences naturelles, par une note de M. F. Ker- forne sur l'ordovicien de la presqu’ile de Crozon (Finistère). Cette couche de la presqu’ile de Crozon a été subdivisée en : 1° grès armoricains; 2° schistes d'Angers; 3° grès de Kérar- vail: 4° schistes de Morgat; 5° calcaire de Rosan, celui-ci à faune nettement ordovicienne mais à stratigraphie obscure. Les recherches de l'auteur ont permis de reconnaitre quelques autres niveaux et de préciser la position stratigraphique des anciens. Le grès armoricain présente les caractères litholo- giques habituels. Il repose au sud en concordance sur le cam- brien; mais, plus au nord, il repose en transgression sur le précambrien, quelquefois par l'intermédiaire de bancs pou- dingiformes. Les schistes du Courijou présentent les carac- tères lithologiques et fauniques bien connus des schistes à calymènes; le C. Trislani est abondant. Le grès de Kérarvail n'a pas encore fourni de fossiles. Les schistes de Morgat sont plus fossilifères que les schistes inférieurs ; les lamellibranches et les ostracodes sont abondants. Les trilobites de la base s’y retrouvent; Placoparia Tourneminei, inconnu dans les schistes inférieurs, y est assez commun. Les schistes de Kérarmor sont des schistes noirs et argileux, contenant, entre autres, Trinucleus Bureaui avec Calymene Tristani. Les schistes de Raguenez font suite aux précédents, peu épais, contenant une faune analogue à celle d’Ecalgrain dans la Manche. Les grès de Camaret viennent au-dessus de ces schistes en une masse puissante de grès blancs ou bleuâtres, argileux et micacés. La masse de grès est surmontée de schistes non argileux et argilo-gréseux qui n’ont fourni aucun fossile, mais supportent les grès très réduits du Gothlandien, surmontés eux-mêmes des Ampélites. Stratigraphiquement et au point de vue paléonto- logique, ils appartiennent bien à l'ordovicien. Le niveau des calcaires et tufs de Rosan n’est bien reconnaissable et fossili- fère qu’au sud. Il est représenté par des tufs tantôt seuls, tantôt accompagnés de quelques bancs de calcaire. La position stratigraphique du calcaire de Rosan a été méconnue à cause du facies schistes et quartziles qu’affectent quelquefois les grès subordonnés, et de la rareté des fossiles dans les tufs sans calcaire qui le représentent en certains points. — D’après une note de M. Vert, un aérolithe a été observé à Rio de Janeiro le 21 décembre dernier à 1 h. 25 du soir. Son apparition s’est produite à peu près dans la constellation du Taureau; il est resté visible un peu plus d’une minute et s’est éteint sans bruit, après avoir parcouru environ 30 à 40° dans la direction de l’ouest. = LE NATURALISTE 39 Séance du 23 janvier 1899. — M.L.Ranvier faitune nouvelle communication sur l’histo- logie de la peau, en indiquant quelques réactions histochi- miques de l’éléidine, afin de faire mieux connaître celte subs- tance encore énigmatique. L’éléidine se montre au sein des cellules du séralum granulosum sous la forme de granula- tions. Ces granulations se colorent vivement par le carmin, Phématoxyline et la thionime; l’eau de chaux ne les dissout pas et les rend plus apparents en gonflant le protoplasma cel- lulaire. L’auteur a trouvé un nouveau réactif très caractéris- tique, c’est la solution de chlorure de sodium à 10 0/0. On y laisse pendant une dizaine d’heures un fragment de peau, on le durcit à l'alcool, puis on fait des coupes que l’on colore au picrocarminate. Les préparations ainsi obtenues ne laissent plus voir de grains d’éléidine; à leur place, il s’est produit, au niveau du séralum granulosum une teinte rouge uniforme. Remarque importante, sion fait agir le chlorure de sodium après l’alcool, les grains d’éléidine ne disparaissent pas. — M. L. Guignard fait part de ses études sur la formation du pollen et la réduction chromatique dans le Naias major. Une des questions les plus controversées dans l’étude des éléments reproducteurs, chez les plantes et chez les animaux, consiste à savoir de quelle facon se produit la réduction chromatique présentée par les noyaux sexuels et quelle est l'interprétation qu’on peut tirer de ce phénomène au point de vue des théo- ries de l’hérédité. Des observations multiples ont établi que ces noyaux, mâles ou femelles, possèdent un nombre de chro- mosomes qui est égal à la moitié de celui qu'on peut considérer comme normal dans les noyaux végétatifs chez une espèce donnée. Il ne suffit pas que la réduction soit seulement numé- rique, il faut aussi qu'elle soit quantitative. Dans le Naias major, le nombre normal des chromosomes dans les noyaux végétatifs est de douze, et de six dans les noyaux sexueis. En résumé, dans lé Naias, la réduction numérique n’apparait qu’au moment où la cellule mère pollénique définitive commence à entrer en division pour donner les quatre grains de pollen. Pendant la première division de cette cellule mère, chaque chromosome subit deux scissions longitudinales et devient quadruple; pendant la seconde division, il y a simplement dis- tribution à part égale entre les quatre noyaux polliniques des chromosomes déjà formés antérieurement. Mais, par le fait même de la formation de ces chromosomes par scission lon- gitudinale, il n'y a pas de réduction qualitative, et les quatre noyaux peuvent être considérés comme équivalents sous le rap- port des propriétés héréditaires. — $S. A. $S. le Prince Albert Ier, de Monaco, a fait construire dernièrement un grand navire de 1400 tonnes, La Princesse Alice Il, pour remplacer son ancien bateau qui ne correspondait plus à l'envergure de ses travaux et de ses projets. Il a visité en 1898 les régions polaires afin d'explorer les profondeurs de leur mer. Cette -exploration à été fertile en découvertes de toutes sortes; tou- tefois les espèces nouvelles ne semblent pas nombreuses, mais la distribution géographique et bathymétrique de certains ani- maux profitera de notions nouvelles. — Au cours de certaines recherches, M. Stephan a trouvé dans la pulpe d’un des rayons cornés d'un arc branchial de Merluccius vulgaris un amas de petits corps cellulaires, un peu irrégulier, renfermant un long bâtonnet cylindrique, arrondi à ses deux extrémités, droit ou légèrement infléchi. A côté du bâtonnet se voit un noyau petit, dont la présence provoque un renflement du corps cellulaire. Sans vouloir rien préjuger de leur nature ni de celle des cor- puscules décrits par M. Kunstler, l’auteur trouve une certaine analogie entre ces deux formes, et signale l'existence de ces organismes singuliers, en attendant une étude plus complète. — M. L. Bordas a étudié les glandes anales des Carabidæ. On sait que certains insectes de cette famille possèdent les pro- priétés de rejeter, par l’extrémité postérieure de l'abdomen un liquide âcre, caustique; ce liquide défensif est secrété par les glandes anales. Ces glandes comprennent : 1° des follicules se- créteurs disposés en grappe; 2° un canal efférent; 30 un réser- voir collecteur; et 4° un conduit excréteur s’ouvrant, non pas dans l'intestin, mais dans le cloaque et lançant, au moment de l'attaque, contre l'ennemi, le liquide accumulé dans le réser- . voir. — M. Charles Janet a adressé une note sur le mécanisme du vol des Insectes; la question générale à été souvent étudiée, il est vrai, mais la facon dont les muscles vibrateurs du vol transmettent leurs vibrations aux ailes n'a pas fait encore : l’objet d’études précises et, c’est ce que s’est proposé l’auteur en y réussissant pleinement, — M, Ed. Griffon établit les rela- tions existant entre l’intensité de la coloration verte des feuilles et l'assimilation chlorophyllienne. Il résulte que la coloration verte plus ou moins foncée des feuilles adultes dé- veloppées dans les mêmes conditions de milieu et appartenant à des plantes de variétés et d'espèces voisines ne permet pas toujours d'appliquer et, à plus forte raison, de prévoir l’in- tensité de la fonction chlorophyllienne. Il doit y avoir des causes particulières, non éncore connues (peut-être l'activité propre des chromoleucites ou la nature différente des chloro- phylles) qui font varier l'assimilation. — M. Daquillon fait part de ses observations sur les feuilles primordiales des Cupressi- nées. L'existence des feuilles primordiales n’est pas moins constante chez les Cupressinées que chez les Abiétinées. Le passage de la forme primordiale à la forme définitive est carac- térisé parfois par une modification phyllotaxique et toujours par une différenciation, croissant dans la morphologie interne de la feuille. — Terminons par une autre communication de botanique, due à M.E. Decrok, sur la destructure des faisceaux placentaires dans le genre Primula. Dans la grande majorité des espèces, les faisceaux placentaires sont concentriques. Dans le placenta ces faisceaux se divisent à plusieurs niveaux pour se rendre aux ovules, comme l’a montré précédemment M. Van Tieghem. P. Fucus, OFFRES ET DEMANDES — On demande, pourréaliser une bonne œuvre, la page 69 en chiffres romains (LXIX) de lalmanach Hachette 4899. — Mme Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. — Lot de Coléoptères à vendre : Bonne collection d’Hyvdrocanthares européens, 280 espèces, 1103 exemplaires, AD ONE SPA MR een Aer Se v RON: LotdeStaphilinideseuropéens. 23 es- pèces, environ 800 exemplaires, 3 boites. Prix... 50 Lot de Psélaphides, de Corse principa- lement. 115 exemplaires, 1 carton. 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Bornéo.................. 1 25 — BlanchardinRäits.Tnde terre rer eue 4 25 — vilosellasBlanch Inde rer em te DS) Propomacrus Parryi Westw. Si Khin. Incomp. c..... 12 » Spilota vernicata Fairm. Kurseong................... 2) Anomala fasciatocollis Dup. B. Bootang.............. 1222) Peldnota’slaucarOliv Brésil PA Net Arc —- prolixa Scharp.\CostarRicas. "0 reste 4 50 Phalangogonia separata Scharp. Chiriqui............. 1 50 Peperonota Harringtoni Wesiw. B. Bootang, 9... 10 » Hexodon Montandoni Buq. Madagascar. ............ 2°» — Kirbyi Hope. Madagascar aie tie 1 25 Cyclocephala signata Drury. Nouvelle-Grenade........ » 75 — malatfaiChevMexiICoR Aer" AE el) Lycomedes Mniszechi Bates. Chiriqui. ©@9............ 16 » — Buckleyi Wath. Equateur. ©'Q............ 25 » Mitracephala Humboldtia Thoms. Pérou. G'9......... 15 » Rhomborrhina olivacea Jans. Siao-Lou...... NÉ NE 1 50 Rhyxiphlæa corticina Ol. Sénégal. Incomp............ 1925 Clinteriaatra Wiedm avast Men EE le IDOS — chloronota Mchd? B. Bootang............. » 15 = flora Wall Sumbawa sn ne En 1895 Gkalcothea Smaragdina G. P'Java.sr means 4 2» Cœloderatrisulcata Ge" P/ Java ns Rene 320) — dives\Gory B'Boctans etre eee 2 50 Tæniodera antennata Wall. B. Bootang.............. 1 » —_ monacha Ge PABOrnEOE NU ERERPRIReS 1 50 Sternoceraicastanea O0] Sénépal.. SHARE RU RE 2 50 = interrupta OlSénégal "0er vu 1075 Chrysochroa Mnizecki Deyr. Assam............... Fe 3 50 Chrysesthes tripunctata Fab. Cayenne................ 1» —— SPAEVÉNCZUC LA ER Arr PNETRs 1) Psiloptera crassicollis Thoms. Inde ong............... > TUSULOSa CG OL ASEnÉTAl EN ARE cacica Cheo Colombie..." Net ee — marginella Gory. Colombie.......... ..... _ clara) Gory Vénézuela tre PNR ER — principalis Paps/Panama Rens eee — nigroviolacea Thoms. Caracas............. — fastuosasRap-Inde ang it." Conognatha Lebasi Mann. Colombie.............. se — éxcellens Klup Brésil Re eRete Hyperantha interrogationis Klug. Caracas............. — Sallei Rojas. Vénézuela........2..... LES — hæmorrhoa Fairm. Venézuela ........... Stigmodera parallelogramma Perty. Brésil............ — Goryi Cast. Gory. Queensland............ Acmæodera bisseptemguttata Mars. Colombie......... Belionota canaliculata F. Guinée........ ............ — scutellaris#Web--Zanzibare ne EEreR Actenodes curvicollis Gory. Vénézuela................ Megactenodes laticornis. Gabon:.....:,........ — Westermanni C. Gory. Gabon........ : Chrysobothris viridi impressa C. Gory. Vénézuela... — collaris Laf-Vénézuela AMeREE RE Agrilus siren C:(Gory: Colombie}. 1 ere CCR EIChE IG OLyY EC aArACAS RAP EEE RRReEERE Agrypnus æqualis Cand. Amboine.... — Palawanensis Cand. Java... —uwguttatus Cand Australie Peel —\binodulus Mots.:Japon: VAE ARE =ENESP JAPON ER EAN afflictus/Cand Bornéo: PEU AE RRNREn lacteus/FBOrNéO ee UP EAN : —"Æiputridus Cand#Bornéo NP NEA ER — recalis\Cand. "Amboine. "1e Re — cexcavatus F. Congo... + .sordidus Cand?Bornéo: 2 M eee Chalcolepidius obscurus Cast. Guadeloupe............ Campsosternus Sobrinus. Cochinchine........ PREMIERE Æolus signatipennis Cand. Cayenne.................. Grammophorus-spR°"Arrentine. 10 PRE Melanoxanthus\ sp. Zanzibar" RME EnRE Cardiophorus pauper Cand. Japon.....:............:. Megapeuthes vittatus Cand. Bouron............. LE Melanotuslegatus Cand: Japon: "#17 Va eeee _ COoMMUNIS GYM E AUNIS PERLE EMI ER PRE E — SpSZanzibar ets AIM EN RRETe Spheniscomus, ecle.\Lew. Japon: 3.22 MON PRAEPREn Corymbites prœnobilis Lew. Japon................... Ludius rubiginosus Cand. Java... Ludigenius politus/Cand:/Bornéot 7 Me NP Agonischius pectoralis Cand. Bornéo................. — distinctus Cand. Bornéo...... FOrN ax Sp: Java. RE PIE ONE AMET ThrOSCUS SpA B LES MERE AS REP RE ARE Apate xyloperthoides Jac. Duv. Nizza................ CiseTaitensis De yre Tant SENS AN RAR Ne RER Ceratocis Sallei Mellié.: Mexique... 0002 Eupholus ChevrolatiiGuer YATUe RER TT TRI eee VITE AT UE PE Er ë Rhinoscapha viridi sparsa Chev. Nouvelles-Hébrides:.. Ancyloprotus Javanus Java. tr iRe PA ere Ægosoma ornaticollis White. B. Bootang............ Baralipton maculosum Thoms. B. Bootang............ Eurybates formosus Saund. B. Bootang............. a — .' 9. punctatus Bat. Java. Incomp.......:.. Euryclea cardinalis Thoms. Bornéo.......... Aristobia fasciculata Redt. B. Bootang................ Mecotagus ugrinus/OlAssam,.::..,. + Are Leprodera officinator White. B. Bootang.............. — SpinosasThoms NBOrNÉO HT TERRES EMEEER Blepephæus curialis Pascoe. B. Bootang.......... Batocera-Fabricn lhoms- Inde 14 /re PPS eee Rent ol EO pe HEAS San SECTE RES PARA Re RER EU UN = NN Nr NN = ND EN = IN NE NN © NW NN À 0 NN Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 21° ANNÉE 2 SÉRIE — N° 287 15 FÉVRIER 1899 EURYALE FEROX La famille des Nymphéacées nous a déjà donné comme plantes intéressantes les Nénuphars, les Nymphéa et la merveilleuse Victoria. C’est encore elle qui va nous fournir l'Euryale ferox. Dans cette plante ce n'est pas précisément la fleur qui devra attirer notre attention, mais la remarquable armature épineuse qui en recouvre toutes les parties et lui a valu, à juste titre, le nom spéci- fique de féroce. C’est elle, aussi, qui rappelle de plus près la Victoria. Elle habite les lacs et les cours d’eau de l'Inde et de la Chine. Inférieurement, elle est constituée par un rhizome submergé, fixé dans la vase par de nom- breuses racines. Ses feuilles sont nageantes, orbiculaires- peltées, atteignant jusqu’à un mètre de diamètre, légère- ment échancrées à la partie postérieure, entourées d’un rebord peu marqué et sinué, très glabres à la face supé- rieure, d'un vert gai agrémenté de nervures purpurines, fortement armées d’épines crochues, solitaires et épaisses, La face inférieure est pubérulente, d’un beau vio- let foncé, marquée de nervures épaisses, très proémi- nentes, anastomosées entre elles de facon à former un réseau, de couleur rousse et portant dans toute leur étendue de nombreux aigullons, grêles, subulés et droits. Les pédoncules sont latéraux, solitaires et uniflores ; les fleurs violettes sont petites encomparaison de la grande dimension du feuillage, odorantes et restent épanouies pendant deux jours, tout en se refermant pendant la nuit Euryale ferox. intermédiaire. Elles sont fécondées sous l’eau où a lieu la maturité du fruit. L'Euryale, qu'on ne voit guère en dehors des serres des jardins botaniques, est cependant depuis longtemps introduite. C’est en 1809 que Roxburgh, directeur du jardin de Calcutta, l’envoya en Angleterre, au marquis de Blandford, Elle fleurit en août 1812 chez M. James Vere, et les recueils d’iconographie botanique s’empres- sèrent de la représenter et de la faire connaitre. Pendant de longues années, la Nymphéacée asiatique resta oubliée, et c’est en 1832, seulement, qu'on la retrouva au jardin de Leipzig ; en 1852, elle fleurit en même temps à Ham- bourg et à Gand. - En Chine, il y a plus de 3.000 années, s'il faut en croire la tradition, qu’elle est connue sous le nom de Lien-kien et de Ki-teon, et, en 1778, les missionnaires de Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. Pékin en font mention dans des Mémoires sur la Chine auxquels nous empruntons les détails suivants : « Le Kiteon est une plante aquatique. Les Chinois la rangent dans la classe des Nénuphars. Ses racines forment une houppe plus ou moins grosse et longue, selon que la plante est plus ou moins vieille et la terre où elle est plantée plus ou moins grosse... ces filets ou cheveux qui composent la houppe sont droits, creux en dedans, de couleur blanche et gros comme des plumes de corbeau... les feuilles sortent de la racine, leur queue est ronde, couverte d'épines et longue de deux pieds et demi; c’est la profondeur de l’eau qui en décide. Elle est percée dans sa longueur de 5 à 6 tuyaux, dont le plus grand est au milieu et aboutit au centre de la feuille où viennent aboutir toutes les côtes, Ces côtes sont en relief, équar- ries, plus épaisses d’un tiers qu'elles ne sont larges, et 42 LE NATURALISTE ressemblent assez aux baleines d'un parasol, » Les des- cripteurs font observer encore que ces côtes sont armées d’épines très dures qui ressemblent à celles des Rosiers; que la queue de la fleur (le pédoncule) est également épineuse, Quantau fruit, qu'ils comparent à un «hérisson», il s'allonge et croit de la grosseur d’un ananas et quel- quefois même d’un petit melon, et quand les fruits (les ovules) qu'il renferme sont mürs, les quatre feuilles épaisses et charnues aui font sa pointe s’ouvrent en fleur de grenade et laissent paraître le bouton violet de la fleur qu'ils couvraient, Ce bouton s’épanouit à demi; puis le hérisson se fend comme l'écorce d'une grenade, la fleur se fane et les fruits (graines) se détachent de leurs alvéoles spongieuses et tombent peu à peu. » Quoique les termes employés soient parfois impropres, on ne peut s'empêcher de reconnaitre l'exactitude de cette descrip- tion, en même temps que son pittoresque et sa naiveté. On voit que les caractères indiqués plus haut rappro- chent singulièrement l'Euryale de la Victoria : même con- formation de feuilles d'abord enroulées, puis se dévelop- pant en plateau circulaire solidement charpenté ; structure florale à peu près identique; organes floraux, disposés exactement de la même manière; garniture robuste et abondante d'aiguillons dans l’une et l’autre des deux Nymphéacées. Si nous cherchons maintenant les diffé- rences, nous trouvons des proportions beaucoup plus considérables dans tous les organes de la Victoria; l'ab- sence d'épines à la face supérieure des feuilles. Dans l’Euryale, la floraison dure deux jours avec deux épanouissements distincts séparés par une occlusion d’une nuit. La fleur s'ouvre deux heures environ avant le jour etse referme avant midi, de telle sorte qu'on peut dire que la floraison est matinale. Dans la Victoria, Pépa- nouissement est nocturne et la fleur ne reste ouverte que pendant deux nuits,avec occlusion pendant une journée. Les choses se passent donc dans ces deux plantes de façon absolument opposée. L'épanouissement est rarement bien complet dans la plante qui nous occupe; pour l'obtenir, 1l faut habituelle- ment recourir à un artifice quelconque, comme, par exemple, séparer avec les doigts les extrémités cali- cinales plus ou moins soudées entre elles. L’Euryale peut même produire des fleurs clandestines ou cleistogames, accomplissant leurs fonctions normales, sans même arriver à la surface de l’eau. « Ces amours à huis clos », comme les appelle J.-E, Plan- chon,serencontrent fréquemment dans la plante sauvage, quand la végétation lieu dans des cours d’eau profonds. Dans les cultures, le même fait est beaucoup plus rare. Il semble que ce soit comme plante alimentaire que les peuples de l’'Extrême-Orient aient surtout fait cas de l'Euryale ferox. Roxburgh fait, en effet, observer qu'aux environs de Calcutta, où elle fleurit toute l’année, cette plante, sous le nom de Maccanhah, est recherchée pour ses graines farineuses qui se vendent couramment dans les bazars. Le célèbre botaniste indique même la manière de les accommoder « on les mêle à du sable dont on remplit une bassine de fer et qu’on place sur un feu doux : on agite le mélange avec une baguette de fer jusqu’à ce que les graines se soient gonflées au double de leur grosseur naturelle, en devenant lègères, blanches et spongieuses. Pendant l'opération, la coque de ces graines éclate : on en détache ensuite les fragments de la partie farineuse, par le frottement des graines entre deux pièces de bois ou leur battage avec une seule. D'après les médecins hindous, ces graines auraient de puissantes vertus médicinales, comme par exemple, d'arrêter les pertes séminales, de fortifier la constitu- tion, etc. » Nous trouvons indiqué d'autre part que cette plante est cultivée en Chine, pour l'extraction d’une farine, de ses rhizomes et de ses graines. D'après le Potager d'un curieux, on ne mange cette farine que cuite et elle n’est guère le régal que de la basse classe de Pékin, qui ne la dédaigne pas.. Il est d’ailleurs avéré que, si la réputation de l'Euryale au point de vue alimentaire a considérablement baissé en Chine de nos jours, il n’en a pas toujours été ainsi. Le Kiteon y serait connu depuis l'an 1122 avant Jésus- Christ; mais, fort rare, on ne l’employait guère que comme offrande dans les cérémonies religieuses. La cul- ture en fut propagée peu à peu et, comme plus tard Louis XVI pour la Pomme de terre, l'empereur fit tout son possible pour l’encourager.Il lui eût été difficile d'en porter une fleur à la boutonnière ou même une feuille en guise de parasol! il se contentait de s’en faire servir au commencement de l’automne. A la fin du siècle dernier, la farine servait à confectionner des bouillies et des gâteaux qui avaient la propriété de rafraichir et d'en- graisser en même temps, Quant à la racine cuite, « elle calmait la colique et apaisait les effervescences du sang ». Ce ne sera certainement jamais, comme plante comes- tible, que nos jardiniers européens cultiveront PÆuryale feroæ. C’est dans le contraste qu'il offre avec la Victoria qu'en réside l'intérêt horticole et, si « les fleurs de l’Eu- ryale pèchent du côté des dimensions, elles rachètent ce défaut par l'originalité de leur coloris ». D’un autre côté, la Nymphéacée asiatique, n’est pas aussi Ccapricieuse dans sa croissance que la reine des grandes fleurs amé- ricaines, et ses graines se produisent facilement même sous le climat de Paris. Van Houtte faisait remarquer que, puisque l’Euryale croit sous le climat de Pékin, où les hivers sont plus froids que chez nous, avec des étés cependant plus chauds, ce serait plutôt le défaut de cha- leur en été qui pourrait en empêcher la culture en plein air, sauf dans la région méditerranéenne. La crainte du célèbre horticulteur belge était exagérée, car, depuis quelques années, nous voyons l’Euryale se développer et fleurir dans un bassin du jardin botanique du Muséum. Le semis est fait en serre; mais, dès les beaux jours, on transporte la plante dans le bassin qui lui est destiné : elle y fleurit et y donne en abondance de bonnes graines. P. HARIOT. CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL EN 1900 Le septième Congrès géologique international doit se tenir à Paris en 4900, lors de l'Exposition. La géologie est une des sciences qui ont réalisé les progrès les plus rapides; elle à appris à l'homme ses débuts, l’histoire du monde animé et de la terre elle-même: elle a fourni des bases à la géographie et présente chaque jour des applications nouvelles à l’art des mines, à l’agronomie, à l’hydrologie. Aussi les bases fonda- mentales de cette science, chaque jour confirmées par les découvertes nouvelles, nécessitent-elles une entente commune entre les hommes de science de tous les pays. - Dans ce but, les géologues des divers pays se réunissent tous les trois ans en un Congrès international, sur un point déterminé. Après les séances du Congrès, ils se mettent en LE NATURALISTE 43 route ensemble, gravissent les montagnes, descendent dans les mines, et là, sur le terrain même, mettent en commun leurs efforts pour mieux comprendre la terre, mieux expliquer son histoire, mieux exploiter ses richesses. Ainsi ils ont traversé la Russie, de la Baltique à la Mer Noire, au nombre de 900 il y a un an à peine; peu auparavant, les membres de ce Congrès étaient aux États-Unis au nombre de 600, et parcouraient le sol de ce pays, de l'Atlantique aux Montagnes Rocheuses. En 1900, ils se réuniront à Paris, et consacreront quelques jours à des conférences, à la visite de PExposition, puis ils parcourront la France sous la direction des principaux géologues francais. Le dernier Congrès international tenu à Saint-Pétersbourg a eu un grand éclat, grâce au concours que lui ont prêté non seulement les hommes de science, mais aussi l’empereur, les membres du gouvernement, les municipalités et les particu- liers. C’est pour nous un devoir de patriotisme de tâcher que notre Congrès de Paris en 1900 n’ait pas un moindre succès. M. Albert Gaupry, membre de l’Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, est président du Comité d’orga- nisation. MM. Mrcuer-Lévy, membre de l'Institut, directeur du Service de la carte géologique, et Marcel BERTRAND, membre de l’Institut, professeur à l'École des mines, sont les vice-pré- sidents. M. Charles Barrois, ancien président de la Société géologique, en est le secrétaire général. Les séances du Congrès s'ouvriront à Paris le 16 août et se termineront le 28 août 1900. La durée de la session permettra aux congressistes de visiter l'Exposition universelle, d'étudier les musées géologiques, et de suivre les courses organisées aux environs de Paris. Le Comité d'organisation, assuré de pouvoir compter sur le concours de tous les géologues français, sera en mesure de montrer la géologie de la France entière aux membres du Congrès. Pour éviter de trop grandes aflluences, et faciliter les études de détail des spécialistes, il a décidé d'organiser un grand nombre d’excursions simultanées, qui auront lieu avant, pendant et après le Congrès. Les excursions seront de deux sortes : générales, ouvertes au plus grand nombre de membres possible; spéciales, réser- vées aux spécialistes et auxquelles ne pourront prendre part plus de vingt personnes. Les plans des diverses excursions feront l’objet d’une circu- laire ultérieure qui sera envoyée en 1899, quand les inscriptions individuelles seront demandées. Dès à présent, le Comité peut soumettre à titre documentaire, et sauf modifications, une liste des excursions qui seront organisées et les noms des savants qui en ont accepté la direction. Excursions générales I. Bassin tertiaire parisien. — Des courses de 1 à 2 jours seront faites sous la conduite de MM. Muxier- -CHALMAS, Dorzrus, L. Janer, dans les gisements fossiliféres principaux des environs de Paris. M. Stanislas Meunier conduira une excursion dans le parc de l’École d'agriculture de Grignon avec des conditions excep- tionnellement “favorables à la récolte des fossiles. Il. Boulonnaïs et Normandie, sous la conduite de MM. Gos- SELET, MUNIER-CHALMAS, Bicor, CAYEUX, PELLAT, RIGAUx. — Étude des falaises de la Manche et des gisements classiques fossilifères des terrains crétacé et jurassique de Boulogne à Caen. — Formations paléozoïques du Boulonnais et de la Normandie (10 jours). III. Massif central, sous la conduite do MM. Micnrec-Lévvy, Marcellin BouLe, FABRE. — Étude comparée, au point de vue géologique et de la géographie physique, des trois grandes régions volcaniques du massif central. Chronologie complète des éruptions depuis le Miocène jusqu’à la fin du Quaternaire. M. Fabre continuera l'excursion par les Causses de la Lozère, les gorges du Tarn et la montagne de l’Aigoual (10 jours). Excursions spéciales I. donnes: sous la conduite de M. GossELer. — Étude stratigraphique du terrain cambrien; succession des étages dévoniens, leurs faunes et leur faciès. Phénomènes de méta- morphisme (8 jours). Il. Picardie, sous la conduite de MM. GosseLer, CAYEux, LADRIÈRE. — Phosphates crétacés de Picardie. Limons qua- ternaires du nord de la France (6 jours). III. Bretagne, sous la conduite de M. Charles Barrois. — Succession des formations paléozoïques fossiliféres, leurs mo- difications sous l’influence des granites. Massifs volcaniques pré-cambriens et cambriens du Trégorrois. Massifs volcaniques siluriens du Menez-Hom. Kerzanton de Brest (10 jours). IV. Mayenne, sous la conduite de M. D. P. ŒnrerT. — Coupe du bassin de Laval : succession des formations siluro- cambriennes, étude des principales faunes dévoniennes; série carbonifères. Roches cristallines paléozoïques des Coëvrons : roches éruptives, filons. Relations stratigraphiques des terrains secondaires et tertiaires avec les formations paléozoïques sous- jacentes (8 jours). V. Types du Turonien de Touraine et du Cénomanien du Mans, sous la conduite de M. pe GRossouvRE. — Succession des étages turoniens et sénoniens de la Touraine : vallée du Cher, Vendôme, Saint-Paterne. Cénomanien de la Sarthe (6 jours). VL Faluns de Touraine, sous la conduite de M. Dorzrus. — Visite des gisements célèbres les plus fossilifères des Faluns de Touraine : Pont-Levoy, Manthelan. Leur faune, leur faciès, leur stratigraphie (4 jours). VII Morvan, sous la conduite de MM. VÉLAIN, PERON, Bréox. — Terrains secondaires de la vallée de l'Yonne et région de l’Avallonnais (Auxerre, Vezelay, Mailly-la-Ville). Série liasique et intra-liasique de Semur. Traversée du Morvan, failles limitatives, structure zonaire, succession des formations éruptives. Bassin permien d'Autun; massif volcanique de la Chaume, près d’Igornay (10 jours). VIII. Bassins houillers de Commentry et de Decazeville, sous la conduite de M. Favor. — Particularités diverses et mode de formation du terrain houiller. Commentry (3 jours); Decazeville (4 jours). IX. Massif du Mont-Dore, chaîne des Puys et Limagne, sous la conduite de M. Micnec-Livy. — Etude des volcans à cratères des environs de Clermont; soubassement granitique avec enclaves de schistes et quartzites métamorphiques; phé- nomènes endomorphes subis par le granite d° Aydat. Succession des éruptions du Mont-Dore. Étude des environs d’Issoire et de Périer; pépérites, basaltes et phonolites de la Limagne (10 jours). X. Charentes, sous la conduite de M. GLanGEauD. — Terrain jurassique des Charentes et ses divers faciès, à céphalopodes, à oolites et à récifs coralliens. Terrain crétacé des falaises des Charentes et leurs faunes de rudistes (8 jours). XI. Bassin de Bordeaux, sous la conduite de M. FALLOT. — Succession des couches du lutétien au miocène; principaux gisements fossilifères : Roque-de-Tau et Blaye, Sainte-Croix- dit. Mont et Bazadais, Faluns de Léognan, vallée de Saucats, Salles (6 jours). XII. Bassins tertiaires du Rhône, terrains secondaires et tertiaires des Basses-Alpes, sous la conduite de MM. DePéReT et Hauc. — Bresse méridionale (pliocène); Bas-Dauphiné (miocène supérieur); bassin de Bollène (pliocène, miocène, éocène); bassin pliocène de Théziers, bassin oligocène d’Apt (Gargas); bassin oligocène et miocène de Manosque et de For- calquier (8 jours). Série jurassique fossilifère des environs de Digne, mollasse rouge et miocène marin de Tanaron, dislocations à la limite de la zone du Gapencais et du Diois (4 jours). XIII. Alpes du Dauphiné et mont Blanc, sous la conduite de MM. Marcel BERTRAND et KiLrAN. — Grenoble; chaines subalpines (Vercors, l'Echaillon, Aizy). Chaine de Belledonne; la Grave. Zone intraalpine (grand Galibier). Albertville; plis couchés du mont Joly et extrémité de la chaine du mont Blanc (10 jours). XIV. Massif du Pelvoux (Hautes-Alpes), sous la conduite de M. Teruier. — Du bourg d'Oisans à Vénosc, Saint-Chris- tophe, La Bérarde, Ailefroide, Vallouise, Monètier, le Lau- taret, la Grave et le Freney. Schistes métamorphiques et gneiss; massifs granitiques avec syénites, diabases et lamprophyres; houiller avec érup- tions d’orthophyres; trias et lias avec éruptions de mélaphyres (spilites); jurassique supérieur; nummulitique et flysch; nom- breux problèmes tectoniques (10 à 12 jours). XV. Mont Ventoux et montagne de Lure, sous la conduite de MM. KizraN, LEENHARDT, Lory, PAQUIER. — Orange ; mont Ventoux (urgonien). Montagne de Lure (horizons du Barré- mien). Sisteron; terrasses fluvio-glaciaires. Devoluy et Diois; transgressions et discordance du crétacé supérieur, de l'éocène et de l'oligocène. Cobonne (M. Sayn) (10 jours). XVI. Basse-Provence, sous la conduite de MM. Marcel Berrrann, Vasseur et ZürcHER. — Toulon et le Beausset; série fossilifère, nappe de recouvrement. Marseille; gisements de la Bedoule et des Martigues; bassin de Fuveau (crétacé lacustre). Nappe générale de recouvrement (10 jours). XVII. Massif de la Montagne-Noire, sous la conduite de 44 LE NATURALISTE M. BERGERON. — Saint-Pons, Saint-Chinian, Cabrières; pa- léozoïque fossilifère et métamorphisé; jurassique inférieur fossilifére; tertiaire fossilifère; plis en éventail, écailles (8 jours). XVIII. Pyrénées (roches cristallines), sous la conduite de M. Lacroix. — La lherzolite de l’étang de Lherz. Ophites de la Haute-Ariège. Granite et phénomènes de contact de la haute vallée de l'Oriège : Quérigut (10 jours). XIX. Pyrénées (terrains sédimentaires), sous la conduite de M. Carez. — Succession et tectonique des formations éocènes, crétacées et jurassiques des Corbières, de Foix et des Petites-Pyrénées de la Haute-Garonne ; nombreux gîtes fossi- liféres. Série nummulitique et crétacée de Lourdes, glaciaire, roches éruptives crétacées. Cirque de Gavarnie, dévonien fossi- lifère et houiller, crétacé supérieur et nummulitique. L’excur- sion à Gavarnie pourrait être remplacée par une course dans le trias, le crétacé supérieur et le nummulitique de Biarritz (10 jours). Prière d’adresser les correspondances à M. Charles Bar- ROIS, secrétaire général du Congrès, 62, boulevard Saint- Michel, Paris. CURIEUSES CONSÉQUENCES DE LA ROTATION DE LA TERRE La terre tourne sur elle-même en 24 heures, en même temps qu'elle parcourt son orbite en 4 an autour du soleil. En tournant sur son axe qui passe par les 2 pôles, elle forme les différentes heures du jour et de la nuit. Quand il est midi à Paris, il est déjà 1 heure de l’après- midi, à 15 degrès à l’est; tandis qu'il n'est encore que 11 heures du matin, à 15 degrès en mer. Il est minuit aux antipodes; et, 2, 3, # heures du soir sur le continent, 10, 9, 8 heures du matin sur l'océan Atlantique. Une dépêche expédiée à midi de Paris arrive à New-York vers # ou 5 heures du matin, De sorte qu'on a toute la journée pour faire ses affaires en Amérique par le télé- graphe, quand notre journée est déjà assez avancée à Paris. Cela ne peut que faciliter les affaires, puisqu'on peut les faire le jour même. Il en est de même pour l’Inde par rapport à l'Angleterre : Les négociants de l'Inde peuvent faire leurs commandes dans l'après-midi à la Bourse de Londres, dans la matinée du même jour! Si le pôle était habité, et si le voisinage était occupé par de nombreux villages ayant une horloge à sonnerie retentissante, on entendrait du pôle sonner midi à toutes les heures de la journée, En effet, 24 communes à 1 lieue les unes des autres feraient un cercle de 4 lieues de rayon; de sorte qu'à toute heure du jour et de la nuit, on entendrait sonner midi quelque part autour de soi. Si l’on élevait une tour sur l'emplacement du pôle, celui qui se placerait en avant du milieu de la plate-forme de la tour, sur le méridien de Paris, entendrait sonner midi toutes les heures successivement dans chacun des 24 vil- lages, distants d’une lieue les uns des autres, de 15 en 15 degrès de méridienne. Il est vrai qu'à 4 lieues de dis- tance, il faudrait prêter une oreille attentive, et que le vent modifierait l’intensité des sons, dans la pratique. I est probable que, si la région du pôle devenait jamais habitable un jour, les gens du pays se verraient obligés de diviser le temps autrement que nous. En effet, ils n'auraient pas comme nous de jour et de nuit, en 2% heures; mais une longue journée de près de 7 mois et une longue nuit de près de 5 mois. Or, on n’est pas rigoureusement obligé de se reposer 8 heures sur 24, comme nous le faisons généralement. On peut très bien dormir plus ou moins souvent qu'une fois en 24 heures. Déjà dans la plupart des pays chauds, on fait une sieste après-midi, qui coupe le jour de 24 heures en # parties, et non en 2 comme à Paris : 2 parties pour dormir et2 parties pour veiller. Rien ne serait plus facile que de laisser chacun prendre le temps de sommeil qu'il jugerait convenable de prendre au pôle. L'un pourrait avoir 1 ou 2 temps de sommeil en 24 heures; un autre pourrait ne consacrer au sommeil qu'un temps, en 36 ou 48 heures. Ce qui nécessiterait la division de la journée en 24 heures serait seulement l'usage adopté par les autres pays du monde; en raison des conditions astronomiques, qui ne sont plus du tout les mêmes au pôle que chez nous. La marche même du soleil nous oblige à adopter nos journées de 24 heures; tandis qu'elle n'obligerait les gens du pôle qu’à diviser l’année en deux parties, une sombre et une autre éclairée; en les laissant absolument libres sur la durée artificielle de la journée, prise comme unité dans la division du temps, dans la rédaction du calendrier. Si le pôle était la seule région habitable de notre terre, au lieu d’être la seule région inhabitée, rien n’empêche- rait de faire des jours de 100 heures, plus où moins, quitte à partager cette longue durée en 1 ou plusieurs siestes, séparées par autant de veilles. Il est même très probable que l’on se coucherait moins souvent, et que l'on dormirait plus longtemps que nous ne le faisons; surtout si on avait beaucoup d’occupations. C’est une affaire de mœurs et d’habitudes, bien plus qu’une affure de physiologie, Il y a des animaux qui passent des mois entiers plongés dans le sommeil d'hiver; ce qui ne les empêche pas de dormir encore, durant les jours ou les nuits d'été, pendant quelques heures. Du reste, même sous nos climats, avec la force de la volonté et l’excita- tion artificielle du café, on peut rester des nuits entières sans se coucher et sans dormir, en passant des journées de 36 ou 40 heures consécutives à l’état de veille. Nos jours et nos nuits, je veux dire le repos de la nuit succédant au travail du jour, toutes les 24 heures, ne sont que des questions de mœurs et d'usage. La preuve en est que, dans le midi, on a 2 sommeils et 2 veilles, grâce à la sieste de l’après-midi. De même qu'on peut dormir 2 fois en 24 heures au lieu d’une seule; de même aussi on peut très bien prendre l'habitude de ne dormir qu’une fois en #8 heures, si on se trouvait habiter le pôle, où 1l n’y à pas de nuit pendant au moins 6 mois de suite. De même qu’on dit : autre temps, autres mœurs ; de même on pourrait dire : autres conditions climatériques, autres usages. Quand un homme travaille la terre avec ardeur, non seulement il a plus d’appétit et il mange plus souvent que dans les grandes villes, en faisant 3 ou 4 repas au lieu de 2; mais encore, s’il a de l'énergie, il ne s’arrache de son travail qu'avec la plus grande peine. Aussi suis-je persuadé que, si les journées étaient plus longues comme au pôle, on se coucherait moins souvent; quitte à dormir plus longtemps chaque fois. Cette manière de concevoir les choses est confirmée par ce fait que, à mesure qu'on se rapproche du Midi, on dort plus souvent et moins longtemps que dans nos climats. La surface de la terre présenterait alors le spectacle suivant, si le pôle était habitable : 4° Dans le Midi, en #8 heures, il y aurait LE NATURALISTE 45 2 siestes et 2 nuits de sommeil; dans nos climats tem- pérés, 2 nuits de sommeil seulement; et enfin sous les pôles, 1 seule sieste journalière en été et nocturne en hiver. Ce serait bien plus naturel que d’obliger les gens à se coucher, au moins une fois en 24 heures, sur toute la surface de la terre. En effet, à d’autres conditions clima- matériques ou astronomiques, il faut nécessairement d’autres mœurs et d’autres habitudes, en un mot d’autres usages. D' Bou&Gon. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE CHAPITRE II MÉTHODES SPÉCIALES POUR LES PARTIES CALCIFIÉES, CHITINISÉES OÙ PIGMENTÉES Les tissus internes des animaux sont parfois, souvent même, protégés par une enveloppe résistante formée soit de chitine, soit de calcaire, réunis la plupart du temps chez le même individu. Les procédés ordinaires de fixa- tion ne peuvent être alors employés, car le revêtement externe empêcherait les liquides fixateurs de pénétrer. On doit alors s'adresser à des réactifs spéciaux qui, en dissolvant le calcaire ou ramollissant suffisamment la chitine, permettent la pénétration des agents fixateurs ou colorants. Décalcification. — D'une facon générale tous les acides minéraux et quelques acides organiques sont des agents décalcifiants, en ce sens qu'ils forment avec la chaux du carbonate un sel plus ou moins soluble et mettent l'acide carbonique en liberté. L'un des meilleurs réactifs décalcifiants est l'acide azotique, en ce sens qu'il est aussi un agent fixateur ainsi que nous l'avons vu dans le chapitre précédent. On doit employer en solution de 1 à 5 0/0 dans H?20 distillée, mais il est imprudent de dépasser cette der- nière proportion. La quantité de mélange doit être con- sidérable par rapport au volume de l’objet à décalcifier. Il en est de même, du reste, pour les autres réactifs. Après le traitement par la solution d'acide nitrique, les objets doivent être soigneusement lavés, d’abord à l’eau, puis à l'alcool fort. La solution nitrique peut être faite aussi avec l'alcool à 70°, la fixation se fait mieux, mais l’action décalci- fiante se trouve ralentie. Nous avons obtenu d'excellents résultats en employant le mélange suivant : o A. azotique à 3 0/0......... 5 parties A. osmique à 4 0/0........, À — mais on peut varier les proportions de l’un et de l’autre réactif, suivant les objets à traiter. Autant que possible, il vaut mieux fixer préalable- ment les pièces qui présentent, outre la portion calcifiée, des tissus ordinaires plus fragiles, mais le mélange d'a. azotique et d’a. osmique permet précisément d'éviter la fixation préalable. L'’acide chlorhkydrique employé en solution aqueuse ou alcoolique de 1 à 5 0/0 est un décalcifiant très rapide ; mais il est défectueux, ou tout au moins son action demande à être soigneusement surveillée, car il produit des gonflements parfois considérables, provoquant le plus souvent des déchirures dans les tissus. L'acide picrique, en solution concentrée dans l’eau ou l'alcool, est un bon fixateur, mais son action décalcifiante est relativement faible, L'acide chromique possède une action très lente. Il provoque aussi des gonflements. On ne l'emploie guère qu'en solution à 1 0/0. Enfin l'acide acétique serait un très bon réactif décal- cifiant ; mais il a le grand défaut de désorganiser facile- ment les tissus dès qu'on veut l’employer en solution un peu forte. On est obligé d’avoir recours à des solutions tres faibles. Déchitinisation. — Le mot de déchitinisation que nous employons est en réalité impropre, car il ne faut pas songer à enlever la chitine d’un tissu sans détruire le tissu lui-même ; seulement on peut arriver à la ramollir suffisamment pour la rendre perméable aux réactifs colorants. Il n'y a guère qu'un réactif pratique pour atteindre ce résultat, c'est l’eau de Javel. Lorsqu'on veut enlever complètementla chitine, il n'y a qu'à traiter par l’eau de Javel concentrée et bouillante; mais, ainsi que nous venons de le dire, les éléments his- tologiques sont fatalement détruits en même temps. Une solution de potasse caustique concentrée et bouil- lante arrive aussi aux mêmes résultats; elle commence à décolorer la chitine sans l’attaquer; mais, si l'on fait bouillir longtemps, la chitine disparait, elle même, peu à peu. Lorsqu’à la portion chitinifiée est accolée une partie renfermant des éléments histologiques délicats, or peut obtenir la perméabilité de la chitine sans nuire le moins du monde au tissu de la façon suivante : On allonge l’eau de Javel de cinq à dix fois son volume d’eau distillée suivant la fragilité du tissu et l’on chauffe très légèrement à la platine chauffante. Il est bon de suivre à la loupe ou au microscope les progrès de la réaction. Quand la chitine est devenue parfaitement transparente et a perdu de son épaisseur, on arrête la réaction en jetant la pièce dans de l’eau distillée ou dans l'alcool à 70°, Par ce procédé, la chitine est devenue suffisamment molle et transparente et se laisse facilement pénétrer par les réactifs colorants, et cela, sans que les éléments histologiques, aussi délicats soient-ils, aient eu à souffrir de ce fait. Dépigmentation. — Il arrive parfois que certains élé- ments, dont on veut faire l'étude se trouvent placés au milieu de granulations pigmentaires de couleurs diverses, mais qui ont pour effet de gêner considérablement l’ob- servateur ou même de voiler totalement les parties à étu dier, Il est alors indispensable de décolorer le pigment On y arrive par des procédés différents, mais qui ne sont pas tous facilement applicables. Il importe d’abord de faire remarquer que tous les tissus que l’on veut décolorer doivent être préalablement bien fixés, ILarriverait, sans cela, que les éléments histo- logiques seraient détruits ou tout au moins considérable- ment endommagés par le réactif. Toutes les préparations à base de chlore sont, sans contredit, les plus efficaces; mais, comme elles désorga- nisent facilement les tissus, il est important de suivre la 46 LE NATURALISTE réaction à la loupe ou au microscope d’une façon très attentive, pour l'arrêter dès que la décoloration est com- plète. On lave ensuite à l’eau distillée, puis à l'alcool à 700. On peut employer le chlore à l’état natif. Pour cela on le prépare par l’action de l'acide chlorhydrique sur le chlorate de potasse et l’on fait arriver le chlore gazeux sous un récipient plein d’eau et contenant les pièces à décolorer. Ce procédé n'est guère pratique que pour les objets déjà assez volumineux. Pour ceux qui sont très petits, il vaut mieux employer l'eau de Javel en solution très étendue, d'autant plus étendue que les objets sont de structure plus délicate. Nous avons usé de ce procédé pour dépigmenter les yeux des Cirrhipèdes et nous avons obtenu d'excellents résultats (1). Au lieu de la solution aqueuse, il est souvent préfé- rable de prendre la solution alcoolique. Grenacher recommande, pour la dépigmentation des tissus des Arthropodes, un mélange de une partie de gly- cérine et deux parties d'alcool fort auquel il ajoute une partie ou deux d'acide chlorhydrique. Le pigment se dissout, dit-il, parfaitement dans cette liqueur. L’acide sulfureux soit à l’état gazeux, soit en dissolu- tion dans l’eau peut aussi rendre quelquefois des services. Les objets doivent être fixés plus particulièrement au bichromate de potasse avant de les mettre en contact avec l’acide sulfureux. Ce réactif doit être employé en petite quantité. Enfin, on peut encore utiliser, dans certains cas, l'eau oæygénée à 1 ou 2 0/0 au plus dans l’eau distillée, l'alcool ou même la glycérine. C’est un réactif qui agit assez rapidement et que, pour ce fait, on doit utiliser avec beaucoup de précautions, aussi bien pour la quantité du réactif à employer que pour la durée de son action. C'est avec l’eau de Javel, les deux réactifs que nous conseillons de préférence, à la condition toutefois de les surveiller très attentivement. Is présentent tous deux un grand avantage, c'est qu'on peut s’en procurer à peu près partout. Si l’on veut dépigmenter des tissus déjà coupés et fixés sur lames, on peut encore employer les vapeurs d'acide nitrique fumant, la décoloration est assez rapide par ce procédé et peut être arrêtée instantanément en lavant la lame qui porte les coupes à l'alcool à 900. À. GRUYEL. MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS Le Bullelin du Muséum d’histoire naturelle qui vient de paraître, et qui donne le compte rendu de la trente-deuxième réunion des Naturalistes du Muséum, comporte deux commu- D intéressantes, que nous sommes heureux de signa (3 Sur quelques espèces de Champignons éludiées au point de vue de leurs propriélés vaccinantes contre le venin de la Vipère. M. C. Phisalix, l’auteur de la note, a montré précédemment que le suc du Champignon de couche inoculé au cobaye le vaccine contre le venin de la vipère. Cette propriété est-elle commune à tous les Champignons ? Dans le but de répondre à (1) A. Gruvez, Archives de zoologie, Exp. 3° série, vol. 1. cette question, M. Phisalix a entrepris l'étude de différentes espèces vénéneuses et comestibles. Aimamita muscaria.e — Dans une expérience sur un cobaye, le suc d’amanite fut administré, à la dose de 4 centi- mètres cubvs et demi, par l'estomac; la température du cobaye s’abaissa passagèrement de 1 degré environ, mais sans autres symptômes. Eprouvé au bout de 20 jours, il résista parfaite- ment au venin. ! Ammanita mappa. — Le suc de cette amanite, à la dose de 3 à à centimètres cubes, ne provoque pas d’accidents graves chez le cobaye. Son action se manifeste par une élévation de température qui peut atteindre 2 degrés; elle a pour résultat d’immuniser l’animal contre le venin. Lactucarius théiogalus. — Le suc de cette espèce, ino- culé à un cobaye 11 jours après sa préparation, a provoqué un accès de fièvre qui a duré plusieurs heures; 48 heures après, l'animal a recu une dose mortelle de venin sans éprouver le moindre symptôme. Lactucarius torminosus. — Introduit dans l’estomac d’un cobaye à la dose de 20 centimètres cubes, le suc abaisse la température et détermine la mort en 12 à 15 heures. En quan- tité moindre, 10 centimètres cubes, il n’est pas toxique, aussi peut-on en inoculer sans danger de 3 à 5 centimètres cubes; dans ces conditions, l’immunité contre le venin est acquise et dure au moins 12 à 15 jours. Il résulte de ces expériences que, chez les Basidiomycèles, la propriété vaccinante contre le venin est très répandue dans la famille des Agaricinées, aussi bien parmi les espèces véné- neuses que parmi les comestibles; il est toutefois prématuré d'admettre qu'elle est générale avant d'avoir examiné, à ce point de vue, un plus grand nombre de genres et d’es- pèces. Dans le groupe des Ascomycèles, la truffe constitue un excellent vaccin contre le venin. Aclion du chloroforme sur le Hérisson en élat d’'hibernation. MM. L. Camus et E. Gley publient une note sur l’action du chloroforme sur le Hérisson en état d’hibernation. Les auteurs ont eu l’occasion de constater, dans diverses viviseclions pra- tiquées sur le Hérisson, que cet animal, à l’état de veille, c'est- à-dire pendant les saisons tempérée et chaude, supporte très bien le chloroforme. 11 en va tout autrement durant la période d’hibernation, alors que la respiration, comme on le sait, est naturellement très ralentie. Dans cette condition, il suflit, en effet, d'une minime quantité de chloroforme pour amener l’arrêt des mouvements respiratoires. Ni la compression, à intervalles réguliers, du thorax, ni les tractions rythmées de la langue, ni.les excitations électriques ne peuvent rétablir cette fonction; le cœur cependant continue à battre, quelque- fois même pendant fort longtemps (une heure dans un cas). Il a été possible néanmoins de ramener à la vie des Hérissons dont la respiration avait aussi complètement cessé sous l’in- fluence de quelques inhalations chloroformiques; on les sou- mettait pour cela à l’action de la chaleur; les auteurs ont vu les mouvements respiratoires se rétablir alors; les ventilations pulmonaires devenues par conséquent plus actives, le chloro- forme s’éliminait aisément. On peut donc penser que, chez les animaux en état d’hibernation, comme le système nerveux est fort peu excitable, une faible dose de chloroforme détermine rapidement la perte de cette excitabilité déjà diminuée. PHOTOGRAPHIE. Photographie dans les pays chauds.—- Dans les pays chauds, le développement des plaques est fort difficile : l’eau des bains étant toujours à une tempéra- ture assez élevée, la couche de gélatine se ramollit énor- mément et se dissout en partie. M. Mussat a commu- niqué à la Société d’études photographiques de Paris un procédé très simple pour empêcher cette fusion. Il con- siste à «tanner » la couche, avant tout développement, en la traitant par le formol. Il a pu ainsi développer des plaques dans un bain à 400 C. Les explorateurs munis de formol pourront donc désormais révéler eux-mêmes LE NATURALISTE 47 leurs clichés sans craindre de les voir se détériorer. M. Mussat pense même que les fabricants pourront leur livrer des plaques formolisées à l'avance. Il résulte, en effet, de ses expériences que cette opération ne parait rien Changer à la sensibilité des émulsions : des plaques soumises au formol depuis soixante jours se sont com- portées à l'exposition absolument comme des plaques ordinaires, Cette question de la photographie dans les explorations à aussi fait le sujet d’une communication de M. Houdaille à la Société francaise de photographie Il résulte de ses recherches que l’on peut emporter, dans les explorations, un matériel et des produits de fabrication courante, à la condition de prendre quelques précautions : 1° Enfermer les plaques dans des boîtes en zinc soudées, ce qui assure leur conservation pendant dix ans et au-delà ; 2 Ne pas sacrifier la sclidité de la chambre noire à sa légèreté. Choisir un modèle robuste, non collé, avec coulisses en cuivre, Emporter deux ou trois soufflets de rechange en toile collée, avec addition d'acide arsé- nieuXx ; à 3° Avoir deux objectifs de foyers différents se vissant avec la même rondelle. Photographie des cloisons des AmmoG- nites, — Les cloisons des Ammonites sont si com- pliquées que le moyen le plus simple d’en avoir des des- sins consiste à les photographier. Jusqu'à ce jour, on se servait de plaques ordinaires. M. Gustave Sayon assure qu'il est préférable d'employer du papier au bromure _ (Feuille des jeunes nat.). Cette substitution présente les avantages suivants : 1° grande économie de temps, le développement du papier au bromure étant infiniment plus rapide que celui des plaques; 2° résultats généra- lement supérieurs; 3° suppression du tirage des positifs, d'ordinaire si long et si fastidieux, puisqu'il est toujours possible de calquer directement le tracé et la cloison sur le négatif même lorsqu'on veut obtenir un dessin soigné et que ledit négatif est très suffisant si l’on veut simple- ment étudier la cloison; 4° dépense sensiblement moins élevée puisque le tirage des positifs est supprimé, et que, d'autre part, le prix du papier au bromure employé pour les négatifs est moins élevé que celui des plaques. Le seul inconvénient sérieux est que la cloison est naturel- lement retournée, le côté gauche de l’Ammonite parais- sant être le droit et vice versa, ce qui peut, dans certains cas, présenter des inconvénients. Pour tourner la diffi- culté, on exécute sur papier végétal et au crayon un calque soigné des clichés et on repasse à l'encre. de Chine, du côté opposé, ce qui donne le dessin de la cloison dans son vrai sens, Henri CoUPIx. RECTIFICATION A PROPOS du Lucanus formosanus — Louis Planet. ET NOTE SUR L'HEXARTHRIUS CHAUDOIRI - I. Deyrolle. Les lecteurs du Naturalisle ont dû remarquer dans le numéro précédent (n° 286 du 1" février), que, par suite d’une confu- sion dans les clichés, la figure de l’une des deux femelles du Lucanus formosanus s’est trouvée remplacée par la figure, d’ailleurs réduite, d’une femelle d'Hexarthrius. Cette femelle est celle de l'Hexarthrius Chaudoïri— H. Deyr., qui devait faire l'objet d’une note ultérieure. Afin de remettre les choses au point, nous donnons ici Lucanus Formosanus ©. — Collect. R. Oberthür. ladite figure de celle des deux femelles de Formose qui avait été omise, et nous profitons de la circonstance pour figurer les deux màles types de l'Hexarlhrius Chaudoïri et leur femelle ramenée à ses véritables proportions. Ces trois intéressants et précieux spécimens sont ceux- mêmes qui ont servi à la description originale de M. Deyrolle; j'en dois la communication à la bienveillante obligeance ;de M. R. Oberthür. HexarTarius CHaupoiri. H. Deyrolle. (Sumatra). H. Deyrolle. Ann. Soc. Ent. Fr. 1864, p. 312. pl. 4, fig. 1. Snellen van Vollenh. — Tijdschr. voor Enlomol, VIT. 1865, p. 148. Je considère cet Hexarthrius comme un des plus beaux Luca- nides connus; la tête, les mandibules, le corselet et les pattes sontnoirs, les élytres sont d’un brun rougeâtre obscur, presque noiràtre, lisse et luisant; au reste cet insecte a la même con- texture que l’Hexarthrius Rhinoceros dont il n’est très vrai- semblablement qu'une forme locale. La description qui en a été donnée par M. H. Deyrolle est très bonne; je ne crois pouvoir mieux faire que de la repro- duire ici : Hex. Chaudoiri. — « Très voisin de H. Rhinoceros Oliv., mais distinct par sa forme générale plus allongée, ses man- « dibules plus droiles el surloul par sa saillie inlermandibu- « laire. «La tête est plus creuse au milieu en dessus, en conséquence, « les deux gibbosités latérodiscales sont plus saillantes; les « mandibules sont beaucoup plus longues et moins arquées; « la saillie intermandibulaire est au moins du double plus « longue et a au moins deux fois et demie plus de hauteur à son « extrémité antérieure, sa partie inférieure est plus avancée « que la süpérieure, ce qui est le contraire chez le H. Rhino- « ceros; la carène transversale du front est moins élevée, plus « arrondie et située plus en arrière que chez son congénère. « La Q® n'offre rien de particulier qui la distingue, si ce n’est « qu'elle est un peu plus étroite et plus allongée que sa congé- « nère. «Je crois cotte espèce distincte du Rhinoceros; ayant eu « entre les mains le plus grand développement connu de ce der- « nier pour mes comparaisons, j’ai trouvé des caractères bien « tranchés dans la forme des mandibules et dans la saillie qui « les sépare; mais la texture est tellement semblable qu’il n'est « pas complètement inadmissible que ce soit un développement « gigantesque de certains organes ou peut-être une. forme « locale, propre à Sumatra, de l’'H. Rhinoceros. » Je considère que c’est à cette double manière de voir qu’il convientde s'arrêter, et, par suite, que l'A, Chaudoiri n’est pas une espèce, mais bien une forme locale de l’H. Rhinoceros, carac- térisée par un énorme développement des appendices cépha- liques et mandibulaires, développement dont on retrouve 48 LE NATURALISTE en quelque sorte l'équivalent lorsque l’on compare le L. cervus d’Europe au L. cervus de Syrie. La figure qui accompagne la description de M. H. Deyrolle _ est notablement plus grande que nature; elle pèche, en outre, par l'apparence déprimée et accidentée donnée aux élytres; elle ne me paraît pas, par contre, mériter, en ce qui concerne la saillie intermandibulaire, la critique qui lui a été faite par Snellen van Vollenhoven, critique sur laquelle je me propose de revenir en traitant de l'H. Rhinoceros. Il m'a paru, en outre, digne d'intérêt, de figurer également le second mâle que M. H. Deyrolle avait eu sous les yeux, le second spécimen différant assez sensiblement du premier par Hexarthrius Chaudoiri (types). — Collect. R. Oberthür. une structure bien plus robuste et par un grand élargissement du labre. La femelle est entièrement noire et luisante et, comme l’a fait remarquer M. Deyrolle, ne diffère de celle de PH. Rhino- ceros que par sa forme plus allongée. Louis PLANET. #2 + — — DESCRIPTION DE COQUILLE NOUVELLE GUILDFORDIA YOKA Testa depresso-conica, supra purpureo-rufescens, inferius cinereo-alba, calloso-umbilicata, callositas margaritacea pro- funde excavata; anfr. 7, depressi, convexiusculi, circum suc- turam seriebus granulis (7-8) dense ingulati, ad periphe- riam radiatim rugoso-plicati, ultimus inferne convexus, striis radiatibus, falcatis et spiralibus minutissime decussatus; prope callositatem linea rosea circumcurrente pictus, spinis longis- simis, subdistantibus radiatus; sutura impressa spinis obtec- tantibus interrupta ; apertura oblique ovalis, labrum sinuatum margaritaceum. Dimensions : Diam. maj. : 53 millimètres; Min. 45 milli- mètres; Altitude : 21 millimètres. La coquille de cette nou- velle espèce ayant été recueillie morte, je ne sais si l’animal présente comme elle des caractères spécifiques aussi nettement tranchés. Elle se distingue du G. triomphans, la seule espèce connue de ce genre, par sa spire surbaissée et par une dépression au niveau de la suture, ce qui fait paraître les tours plus distincts et comme gradués. Ces tours, déprimés de haut en bas, sont également convexes à la face supérieure et inférieure. Les cor- dons granuleux de la partie supérieure s'arrêtent à une assez grande distance de la périphérie où ils sont remplacés par des côtes rugueuses rayonnantes, assez saillantes et légèrement courbes, En dessous on voit au centre une large callosité discoïde et nacrée qui s'enfonce dans l’ombilic dont elle tapisse les parois et le fond sans en diminuerde beaucoup la profondeur et l’étendue; en dehors de cette callosité la face inférieure du dernier tour, qui est bombée, convexe ou sans granulation, est très finement découpée par des stries falciformes rayonnantes et des stries spirales moins apparentes. Elle présente, en outre, en bordure faiblement distante de la callosité, un trait rose qui se détache sur un fond grisätre de la face inférieure. Hab. Japon. D' JoussSEAUME. LES INSECTES COMENTIBLEN DANS L'ANTIQUITÉ ET DE NOS JOURS (Suite) « Le koumaka, dit Virey, est une espèce de petit sac blanchâtre, de la grosseur d’un pois, rempli d'une liqueur mielleuse et aussi d'œufs provenant d’une fourmi de Cayenne, appelée fourmi volante ou à gros cul. Cet insecte, en effet, porte à son abdomen cette sorte de sac, gros pour sa taille, et qui contient, avec ses œufs, la liqueur nourricière des larves et des nymphes,car celles- LE NATURALISTE 49 ei doivent y éclore; c'est surtout au temps des pluies équinoxiales que ces insectes paraissent en grande mul- titude dans ces contrées où ils sont de passage, Les nègres, les créoles et les indigènes amassent ces ani- maux; ils cuisent dans des vases le koumaka, en y ajoutant de la farine ou de la graisse, et ils en préparent un mets qui leur parait très agréable. » La fourmi à gros cul est signalée au Brésil par Mare- grave, Je crois reconnaitre en elle la grosse fourmi que les naturalistes dénomment atta cephalotes, mais que les habitants de la province brésilienne de San-Paulo appellent Formigas tanajuras. Dans cette province ces fourmis sont l’objet d'un commerce sérieux : après les avoir fait rissoler comme des marrons, des femmes les colportent dans les rues au cri de va iça, ce qui veut dire pour manger ! Il y a dans ce mets des sortes et qualités diverses; par dessus tout, on donne la préférence aux grosses femelles dont l'abdomen est rempli d'œufs (1). N'est-ce pas là le koumaka des Galibis? C’est fort vraisemblable. Cependant il faut avouer que telle n'est pas l'opinion de Latreille : dans son Histoire naturelle des Fourmis, l’illustre naturaliste croit voir dans la fourmi à gros cul un fermite femelle. Le termite, bien qu'on le dénomme aussi fourmi blanche, n’est point une fourmi; ce n’est même pas un hyménoptère; c’est un NÉVROPTÈRE. Parlons donc un peu de ce névroptère, dont Linné disait : « La termite détruit tout ce qui est à l'usage de l’homme; c'est le fléau suprême de lInde : maisons, denrées alimentaires, vêtements, substances animales ou végétales, il ronge tout, ne laissant que la surface (2). » À l'époque de Linné, cela se passait aux Indes; au- jourd'hui, cela se passe aussi en France : un terrnite, le lucifuge, dévaste et tend à détruire plusieurs de nos villes de POuest, la Rochelle, Rochefort, Tonnay-Cha- rente, Sables-d'Olonne, etc. Nos compatriotes ne mangent pas, que je sache, leurs termites, Mais dans l’Inde, ainsi qu'en Amérique et en Afrique, les indigènes se régalent des espèces de leur pays. Le goût des Africains pour les termites, je le trouve mentionné dans la plupart des récits de voyages à travers le noir continent. Trois d’entre ces récits doivent attirer plus particulièrement notre attention : ils nous disent comment se préparent les plats de termite. € Parmi les goûts étranges des Bihenos, écrit le major Serpa Pinto dans le récit de sa traversée de l'Afrique (3), on peut compter la passion qu'ils ont pour les termites, vulgairement dits fourmis blanches. Ils les mangent crus, après avoir détruit leurs nids, » C’est spécialement au commencement de la saison des pluies, moment où les termites vont quitter leurs nids, qu'on les chasse pour la table. « A cette époque de son existence, nous apprend sir Samuel White Baker qui, de 1869 à 1873, parcourut l'Afrique centrale à la tête d’une expédition armée (4), la fourmi blanche, frite dans le beurre, est considérée comme un mets très délicat. Nous les trouvâmes assez bonnes: seulement elles avaient une légère saveur de plume brülée. » De son côté Smeathmann, dans un Mémoire pour servir TE RC SET RE PE OR (1) Tour du Monde, année 1864, 1°r semestre, page 85. (2) His£. naturelle des Fourmis (Paris, 1802) p. 294. - (3) Tour du Monde, 1888, 1e° semestre, page (4) Tour du Monde, 1°" semestre, page 74. à lhistoire des termès, raconte qu'en Afrique il vit diverses peuplades manger le termite destructeur(Termes fœtale ou destructor, L.). D'après lui,c'est principalement linsecte ailé qu'on recueille. On en remplit un vase de fer que l’on met sur un feu doux; on ajoute continuel- lement la masse jusqu'à ce que les insectes aient revêtu une couleur brunâtre : la cuisson est alors à point et les indigènes s’empressent de manger ces termites à la poi- gnée et sans aucun assaisonnement. Smeathmann qui à goûté ce mets le déclare fort agréable et le croit aussi nourrissant que sain. Cependant, au rapport de Kænig, quia publié une Histoire des insectes appelés fourmis blanches (1), on consi- dère, dans les Indes orientales les termites ailés comme, une nourriture fortifiante, il est vrai, mais excitante dont il faut user avec modération. Cette divergence d'appré- ciation provient peut-être surtout de ce que l'espèce co- mestible des Indes n’est pas celle d'Afrique. Quoi qu'il en soit, les termites constituent dans cer- taines régions de l'Asie un mets courant; aussi à Java, on en vend sous le nom de Laron sur les marchés de di- verses villes. Ajoutons que les Indiens pétrissent ces insectes avec de la farine et en font une patisserie. Jusqu'ici les insectes comestibles que j'ai énumérés, larves ou insectes parfaits présentent, de rares excep- tions près, ce point commun de vivre à l'abri de la lu- mière, Dans les deux ordres que je vais examiner, ce sont les insectes parfaits, seuls, qu? l’on mange, et ces insectes vivent en plein soleil. Je parlerai d'abord des HÉMIPTÈRES. Il n’y à dans cet ordre que les Cigales qui aient jadis servi d'aliments, les Cigales ces insectes, si divinement chantés par Ana- créon et que les Anciens avaient consacrés aux Muses. Cette consécration explique la noble indignation qu'exhale Ælien (2) contre ces Orientaux qui, quoique pourvus de toutes sortes de nourritures exquises, broyaient sans vergogne sous leurs machoires ces célestes bestioles. La cigale que mangeaient les Grecs est, dit-on, la ci- gale commune (Tettigonia plebeia,F.). Pour moi, ce que je sais et ce je puis affirmer en toute certitude, c’est qu’Aristophane et Athénée la nomment Tettigometra et Tettigas. Grâce à Aristote, nous savons qu'il y avait cigale et cigale et que les amateurs choisissaient avec soin. D'une manière générale, on peut dire que les jeunes cigales étaient préférées aux cigales adultes; d’une part elles étaient plus tendres, d'autre part on leur trouvait un meilleur gout surtout si elles n'avaient pas encore mué. Quant aux adultes. on distinguait: les mâles étaient re- gardés comme ne valant rien ; les femelles, au contraire, quand leur abdomen était distendu par de nombreux œufs, étaient estimées comme le plus délicates. De nos jours, il excite des peuples amateurs de cigales. Le prince Henri d'Orléans signale, en effet, dans la relation de son voyage en Indo-Chine, que, üans le Laos, sur les rives du fleuve Mékong, de jeunes femmes demi- nues se livrent à la chasse des cigales qu'elles prennent à la glu, pour aller les vendre au marché ou les frire pour leur nourriture. Des cigaies aux sauterelles, il y a un abime pour l’entomologiste; pour le profane, rien ne les sépare, (1) Nalurgeschichte des genanten weisen Ameise (2) De natura animalium, livre X, chapitre VI. 50 LE NATURALISTE leur union lui parait même si intime qu'il appelle cigale. notre grande sauterelle verte, la Locusta viridissima L. des naturalistes. Je ferai comme le profane et je sauterais sans plus de facon des cigales aux sauterelles, c’est-à-dire des Hémiptères aux ORTHOPTÈRES. Les sauterelles ont été etsont d’un usage général dans les pays de l'Orient et de l'Afrique. Je crois que ce mets y restera en faveur tant que le mahométisme vivra; le Prophète n'a-t-il pas dit : Dieu a envoyé les sauterelles soit comme un fléau pour châtier les peuples, soit dans sa bonté providentielle, pour nourrir les nations. Mahomet, toutefois, n’est pas l'inventeur du plat de sauterelles ; il n’a fait qu'enregistrer un usage existant de toute antiquité. On la trouve en effet, indiqué en détail dans la Bible; Moïse ne permet-il pas aux Hébreux de manger quatre espèces de sauterelles: Arbe, Solam, Chagal, Slargot (1)! Quelles sont ces espèces bibliques ? Voicileur descrip- tion d’après le Livre Saint. Aucune de ces espèces n’a la tête pointue: toutes quatre ont quatre pattes ordinaires deux craaim ou cuisses sauteuses, et deux ailes. Quant aux signes particuliers, Slargol a une bosse et une queue ; Chagal, une bosse et pas de queue; Solam, une queue, mais pas de bosse; Arbe, ni queue ni bosse. Je laisse aux savants le soin d'identifier ces espèces hébraïques avec les espèces actuelles, et je remarque simplement que, de nos jours, la queue est un appendice féminin... chez les sauterelles. Aristophane, dans ses Acharnaniens (2), et Théophilacte dans ses Epitres, nous apprennent que les sauterelles étaient en honneur sur les tables des Athéniens et que les Béotiens apportaient au marché d'Athènes, entre autres comestibles, des sauterelles à quatre ailes. Il pa- rait que les compatriotes de Socrate préféraient ces in- sectes à leurs bonnes figues et même à des cailles. À propos de cailles, qu’on me permette de revenir aux Hébreux pour un moment. On sait que cette peuplade, au dire de la Bible, vécut dans le désert de manne et de cailles. Sans doute les cailles sont des oiseaux de passage et on peut en prendre un très grand nombre lors de leur migration; cela se passe ainsi dans les îles de l’Archipel grec, aussi admets-je sans grande difficulté qu'il ait pu en être de même un peu plus loin, c'est-à-dire dans le désert illustré par le séjour de quarante ans des Hébreux. Toutefois, en feuilletant l'Historia Æthiopia de l’orien- taliste Job Ludolf, j'ai trouvé une dissertation bien curieuse où ce savant démontre que les fameuses cailles du désert n'étaient que des sauterelles de passage. La meilleure preuve de cette thèse, c'est que les Juifs de l’'Yémen emploieraient encore, pour désigner ces ortho- ptères sauveurs, le terme biblique que l’on nous a traduit par caille. D'ailleurs, les tribus arabes du pays où séjour- nérent si longtemps les Israélites, se nourrissent encore de nos jours de sauterelles pendant les années de disette. J'en reviens aux Grecs et aux Latins. Les auteurs nous parlent assez fréquemment de peuples acridophages,c'est- à-dire mangeurs de sauterelles. L'un d'eux, nommé Agatharcide, a même composé un traité sur cette nourri- ture et sur ses fervents, sous le titre De Acridophagis. Je regrette de n’en pouvoir offrir la traduction à mes lec- teurs; mais si je les prive ainsi des renseignements inté- (1) Lévétique, livre X, chap. 21. (2) Actes IV et VII. ressants et des aperçus ingénieux de l'antique Grec sur l’Acridophagie, je suis à même d'affirmer que les descen- dants des peuples acridophages de l'antiquité sont encore de nos jours amateurs de sauterelles : les Arabes, les Libyens, les Mauritaniens, les Éthiopiens, les Abys- sins, etc. Pour nous autres, futurs maîtres de toute l'Afrique septentrionale, la question de l’acridophagie est la plus intéressante de toutes celles qui ressortissent de mon sujet : aussi vais-je entrer dans quelques détails sur cette habitude de nos populations arabes et sur l’objet même de leurs délices. Les Arabes, nous apprend Virey, ont dans leur langue plusieurs termes pour désigner les espèces de sauterelles et leurs états différents ; ils en ont remarqué de jaunes, de blanches, de rouges, de noires; celles-ci, disent-ils, sont les meilleures sauteuses ; ils nomment djérdd-acmar les rouges de passage qui, d'abord maigres, s'engraissent bientôt; et en cet état où elles deviennent un friand morceau pour eux, ils les appellent djérâd-mukken. La sauterelle légère, djéräd-cheifan, étant grasse,est connue aussi comme un bon aliment sous le nom de djérdd- semän.On nomme encore surouph une sauterelle longue ; giondoch, une autre épaisse; borkan, une à couleur variée ; giardam, la verte à tête noire; et chudam la noire à tête verte. La sauterelle d’Éthiopie est connue sous le nom de chobsan, et celle des sables arides de Médine, sous celui d'orphan. & On distingue aussi les nymphes sans ailes sous le nom de daba; les plus àgées, munies d'ailes, sous celui de gauga; les mâles sont appelés usphour, et les femelles uscoul. La sauterelle pesante à sabre est le zachal que les Syriens mangent sous le nom de askra. La nuée de sauterelles est désignée par les Arabes sous le nom de chorgola, comme si c'était une armée. La sauterelle pleine d’œufs et grasse est fort recherchée ; on l'appelle mukn à Bassora et mazculh en divers lieux de l'Yémen., Quand elle a pondu et qu'elle jaunit, elle se nomme saphra; elle est alors sèche et peu estimée, non plus que son mâle dit djéräd-asfur. Les œufs de sauterelles portent les noms de sara, de kasam, de machim, selon leurs divers états, » Je ne dirai rien des moyens employés pour capturer les sauterelles ; on comprend que l’ingéniosité humaine n’a pas eu besoin de s'exercer en cette occasion. Passons donc aux diverses facons d’accommoder ces insectes. Voici d'abord le mode usité chez les Éthiopiens de l'antiquité: « Comme leur pays est riche en sel, nous dit Diodore de Sicile, ils en saupoudrent les sauterelles tant pour les rendre plus savoureuses que pour les con- server plus longtemps et jusqu’au retour de la saison qui en ramène d’autres. » Je dois noter que la chasse de ces insectes n'avaient lieu qu’au printemps. Voyons les préparations modernes. En Palestine, on frit les sauterelles dans l'huile de sésame ; c’est l'aliment des paysans de la Judée. Les habitants de l'Arabie Pétrée, après avoir séché les insectes au soleil, les moudent et conservent cette sorte de farine pour le besoin. Dans l’Abyssinie, on se borne à le torréfier lége- rement sur un feu clair. Je ne sais plus où j'ai lu que certains peuples du centre de l'Afrique en font une soupe brune et grasse; mais à Kammbala, qui est dans cette région, on se contente de les faire sécher et on les mange telles quelles, au rapport de Verney-Lowe Cameron. (A suivre.) DAGUIN. LE NATURALISTE 51 ILLUSTRATIONES PLANTARUM . EUROPÆ RARIORUM Auctore G. ROUY Fascicule IX. — Huit pages de texte in-4,p. 67-74, et 25 photographies 21 x 27. (PL. 201-225). Prix: 50 francs. Paris, chez Les Fils d'Emile Deyrolle, éditeurs, 46, rue du Bac. Le nouveau fascicule de la belle Iconographie, dont M. G. Rouy poursuit l’exécution avec tant de persévérance et de succès, ne le cède en rien aux précédents pour le choix et l'intérêt des sujets. CCI. RanunouLus PazLasir Schlecht., espèce rampante des terresarctiques (Spitzberg, Laponie,terre des Samoyèdes, etc.), à feuilles obovales, entières, représentée par trois échantil- lons, et accompagnée par deux spécimens de la var. Spetsber- gensis Nathorst, à taille réduite et à feuilles 2-3-partites. — CCII. Bozeum AsPERUM Desv., Crucifère spéciale à la pénin- sule Ibérique, et type du genre Boleum, séparé par Desvaux des genres Bunias et Vella. — CCIII. CnæroPayLLuM Byzan- riNuM Boiss., affine de Ch. aromalicum L., mais à aire géo- graphique restreinte et plus orientale, — CCIV. BurLEURUM roriosum Salzm., espèce du Maroc (Tanger) peu connue, et retrouvée sur la côte espagnole (Algeciras) par Reverchon (1887); la planche en reproduit admirablement les feuilles am- plexicaules, leur nervure saillante, et, dans un dessin agrandi, la forme des folioles de l'involucelle appréciables toutefois à la loupe sur la photographie ad naluram. — CCOV. PeraGniA SANICULIFOLIA Guss., plante rare, endémique de Sicile, à port de Panicula, mais tellement distincte par son inflores- cence à fleurs hermophrodites, accompagnées de fleurs mâles insérées sur le calice, que Gussone a créé pour elle le genre monotype Pelagnia, dédié à la mémoire du Dr Vincent Peta- gna, professeur de botanique à Naples, et que Nyman, Consp. fl. europ., p. 318, s’est demandé si elle n’est pas le dernier représentant d’un type paléophytique (vegelalionis primævæ superstes?), Les caractères floraux, bien que visibles à la loupe sur la photographie, sont singulièrement élucidés par les des- sins qui complètent la planche. Remarquons, en passant, que M. G. Rouy a eu raison de remplacer par le vocable plus cor- rect saniculifolia celui de saniculæ/folix adopté par Gussone. — CCVI. Cirsium GRrecEscur Rouy; n’est probablement, comme le C. ligutare Boiss., de Thrace, figuré dans les Illus- trationes, pl. xxXvI, qu’une race endémique roumaine de C. eriophorum L., espèce primordiale, très polymorphe et riche en formes dérivées et subordonnées (Cf. D° Gillot, Revue de botanique, xix (1894), p. 282; et Le Naluraliste, xvirr (1896), n° 213, p.21). —CCVII. Carpuus mARMorATUS Boiss. et Heldr. ; « espèce rarissime, qui, d’après M. de Heldreich (in lill.), n’a pas été revue depuis 1844, date à laquelle elle a été recueillie par lui », (Ilustr., p. 68), près de Pylos, en Messénie, Appar- tient au groupe spécifique de C. pycnocephalus L., et n’en est peut-être, vu sa rareté, qu’une race ou une forme toute locale ou même accidentelle. — CCVIII. JuriNea KiLzæa Aznav., récoltée sur les sables des dunes de Kila près Constantinople, de découverte récente et dont la superbe photographie fait admirablement ressortir les caractères, jusqu'au léger duvet aranéeux des feuilles. — CCIX. CENTAuUREA FRAYLENSIS Schultz Bip., curieuse espèce de l’Espagne méridionale : cap del Frayle, prov. de Cadiz, qui semble avoir été déjà distinguée par Tournefort, et dont le port, la tige courte et monocéphale, l'involucre à larges écailles, etc., rappellent le genre Cardon- cellus; aussi M. Rouy propose-t-il d’en faire une section à part, dans le genre Centaurea, sous la rubrique de sect. Car- doncelloides. — COX. Hreracium Lamvy1i F. Schultz, du bois de Bort (Corrèze), représenté d'après «le pied unique actuel- lement connu de cette belle espèce », conservé dans l'herbier Boreau, à Angers. — CCXI. Hieracium CHevaLLiert Timb. et Marc., originaire de la gorge de Durfort(Tarn),et que M.Rouy rapproche du précédent. Il paraît être, comme lui, une sous- espèce ou race locale d’'H. Sabaudum L. Les excellentes plan- ches de M. Rouy permettent d'étudier, dans tous leurs détails, ces Epervières introuvables dans les herbiers et que les bota- nistes limousins ou albigeois devraient bien rechercher et pu- blier. — CCXII. PopaANTHUM ANTHERICOIDES Janka; grèle Cam- panulacée des monts Rhodopes, en Thrace, dont la connais- sance est due, comme celle de tant d’autres espèces, aux laborieuses explorations etaux méritants travaux du botaniste hongrois von Janka. — CCXII. Ecnium Davzær Rouy; dédié à notre compatriote J. Daveau, ancien inspecteur du jardin botaniste de Lisbonne, qui l'a trouvé aux iles Berlengas (Por- tugal). « Intéressante espèce, à port d'Echium marilimum, «voisine par ses feuilles à nervures latérales saillantes des E. planlagineum et Crelicum, dont elle est d’ailleurs des plus distinctes. » G. Rouy, Illust., p. 11. — CCXIV. ScROFULARIA Hermni Hoffg. et Link: et CCXV. ScRoruLARIA SCHOUSBOEI Lange; deux espèces de la section Scorodoniæ, propres l’une et l’autre à l'Espagne et au Portugal, et dont les photogra- phies si nettes d’échantillons si complets mettent à même d'ap- précier au premier coup d’œil les caractères différentiels. — CCXVI. SypnonosreGra Syriaca Boiss.; Scrofulariacée d’Asie- Mineure, appartenant toutefois à la flore européenne par une localité thessalienne signalée par M. de Heldreich. — CCX VII. PepicuLaris occuLrA Janka, du mont Balkan, près de Ka- lofer, en Bulvarie; confondu par Boissier, F/, Orient., 1v, p. 490, avec P. leucodon Griseb., dont il difière par « sa grappe chevelue, à bractées cunéiformes profondément pinnatifides, ainsi que par les dents du calice spatulées. » (I{lustr., p. 6). Si l’on compare, en effet, la planche x1x (P. leucodon) des Illustrationes et la planche cexvir (P. occulla), on appréciera facilemeni les différences de port et de caractères qui distin- guent ces deux espèces peu connues de l’Europe orientale. — CCXXIIT. OroBanoue Crirumt Bert.; d'Italie. M. G. Rouy, à l'instar de Nyman, Consp. fl. Europ., p. 561, 562, sépare PO. Crillimi Bert. et Auct. Ital. de PO. Critlmi G. G. FT. Fr., u, p. 641, qui ne serait qu'une simple forme d’O. »rinor Sm. Il eut été à désirer qu'il figurât également comme terme de com- paraison, l'O. Crithmi G. G. = 0. Grenieri Nym., car, si l’on étudie le texte seul des auteurs précités, il est permis de rester perplexe. Les uns et les autres revendiquent la synonymie de l'Orobanche du Crilhime marilime de Vaucher, Monog., p. 69. Or, Vaucher, dont M. Rony cite lui-même la localité classique de Savoue, en Ligurie, dit positivement que sa plante, « diffé- rente de toutes les autres, » a « la lèvre supérieure de la co- rolle frangée et divisée », alors qu’au contraire, elle doit avoir « la lèvre supérieure entière », d'après M. Rouy, d'accord en cela avec Grenier et Godron, de même que pour la villosité des étamines, etc. Ne semble-t-il pas dès lors rationnel d'ad- mettre que les Orobanche Crithmi des différents auteurs ne constituent qu'une seule et mème espèce, mais, avec des formes régionales ou locales variées suivant le sol, le climat, etc., et que cette espèce n’est elle-même qu’une sous-espèce d'O. mi- nor, celle-ci, très répandue et très polymorphe, justifiant l'assertion de Vaucher que «la plupart des Orobanches se ressemblent si fort qu'il est diflicile de les distinguer métho- diquement les unes des autres ». (Monog., p. 69), — CCXIX. SATUREIA INODORA Salzm.; appartenant à la fois, comme Bu- pleudum foliosum, à la flore d'Afrique (Maroc) et d'Europe (Espagne méridionale). « Espèce absolument distincte de toutes les autres espèces de Salureia ». (Illustr., p. 73). Malheureusement la densité des capitules et la petitesse des organes sont causes que la photographie en oblitère les carac- tères distinctifs, et nous regrettons que l’auteur n'ait pas re- produit sur la planche le dessin agrandi d’une fleur isolée. — CCXX. Fig. 4. RomuieA Linaresir Parlat. et fig. 2, RomuLea Requienu Parl.; espèces aflines, croissant ensemble en Corse, mais la première à aire géographique étendue à toute la côte septentrionale de la Méditerranée, la seconde localisée à l'ile de Corse. La synonymie soigneusement établie par M. Rouy, Lilustr., p. 13, permet de débrouiller la confusion entretenue par Grenier et Godron au sujet de ces minuscules Iridacées. — CCXXI. X Narcissus Macnent Rouy; (N. juncifolius X Tazelta) ; nouvel hybride à ajouter à la flore francaise, et trouvé avec les parents dans les prairies de las Patronnas, à Hortoux (Gard), par M. Magnen. — CCXXII. CypriPEDILUM macranrauM Ser., et CCXXIIT. CYPRIBEDILUM GUTTATUM Ser.; appartenant l’un et l’autre à la flore de Russie, le second avec une variété lalifolium Rouy, représentée avec le tvpe. Lede- bour, FL. Ross. 1v, p. 81, 88, dont l’ouvrage classique n’est pas cité par M. Rouy, énumère des nombreuses localités de ces deux Orchidées. M. Rouy adopte l'orthographe Cypripedilum, et eu donne les raisons dans une note au bas de la page 73 du texte des Illustrationes. — CCXZIV. Juncus aLpraenus C. Koch, de l’Europe orientale, très bien représenté, avec un beau dessin amplifié de la capsule. — CCXXV. X Scoropen- priuM HyBripuM Milde, (Celerach officinarum X Scolopendrium 52 LE NATURALISTE vulgare), termine dignement ce fascicule par une superbe planche entièrement garnie par les frondes de ce « très cu- rieux et rarissime hybride » bigénérique, trouvé deux fois seulement à l'ile de Lossin (Dalmatie) et à l’ile d'Arbe (Istrie), au voisinage des deux espèces « si dissemblables qui lui ont donné naissance. » C’est toujours la flore de la région sud-méditerranéenne de l'Europe, tant des îles de l’archipel grec, si riche en espèces endémiques, que des provinces danubiennes, encore si incom- plètement explorées, qui fournit à M. Rouy le contingent le plus important des plantes rares extraites de son riche her- bier; puis celle de la péninsule Ibérique, qui a été l’objet de prédilection de ses recherches et de ses études ; enfin trois espèces de la région arctique et de la Russie septentrionale. La flore française est toutefois très honorablement représentée dans ce fascicule par cinq espèces rares ou critiques, dont l’une (Hieracium Lamyi) gracieusement communiquée par M. G. Bouvst, d'Angers, et tirée de l'herbier Boreau. Il est encore, récélées dans quelques herbiers particuliers, des espèces rares ou peu connues, dont la divulgation intéreseerait singulière- ment les botanistes de notre pays. Nous ne saurions trop en engager les heureux possesseurs à les communiquer à M. G. Rouy, qui s’empresserait sans doute de les reproduire, servant ainsi à la fois les intérêts de la science et de la patrie! DrF. X. GILLOT. BIBLIOGRAPHIE Poursuivant infatigablement ses études sur la zoologie normande, notre collaborateur, M. Henri Gadeau de Ker- ville, a fait paraître, en décembre dernier, le second fas- cicule de ses Recherches sur les faunes marine et maritime de la Normandie, qui n’est autre que le compte rendu de sa campagne zoologique dans la région de Grandcamp- les-Bains (Calvados) et aux îles Saint-Marcouf (Manche). En un précédent fascicule, il avait publié le résultat de ses recherches dans la région de Granville et aux îles Chausey (Manche); cette année, il se propose de faire une campagne zoologique sur la côte septentrionale du département de la Manche. Ces voyages ont pour but de recueillir des matériaux en vue de la rédaction de sa Faune de la Normandie, ouvrage énorme dont il a Jus- qu'alors publié quatre fascicules, comprenant les Ver- tébrés et formant un ensemble d'environ treize cent cin- quante pages. Le second fascicule en question renferme aussi deux savants mémoires de M. Eugène Canu et de M. le Dr E. Trouessart sur les Copépodes, les Ostracodes et les Halacariens récoltés par M. Henri Gadeau de Kerville. Ce volume, imprimé de facon luxueuse chez Julien Lecerf, à Rouen, contient douze planches et cinq figures dans le texte, son prix est de 5 francs, et, franco, de 5 fr. 50. ACADEMIE DES SCIENCES Séance du 30 janvier 1899. M. Henri Hélier a fait des recherches sur le pouvoir réduc- teur des tissus : foie et pancréas. L’auteur appelle pouvoir réducteur d’un tissu la quantité d'oxygène qu'un gramme de ce tissu est capable d'enlever au permanganate de potasse pour le réduire à l’état de sesquioxyde de manganèse. Il est évident que le pouvoir réducteur peut s'exprimer en centi- mètres cubes d’une solution très faible de permanganate. Celle employée par l'auteur contient 1/200 de molécule, soit 1 gr. 59 de permanganate de potasse par litre. On constate par l'expérience, qu'en général, pour un même tissu, on obtient des résultats essentiellement variables; autrement dit, on a des pouvoirs réducteurs et non pas un pouvoir réducteur. Tandis que les premières expériences faites sur le chien avaient donné pour le cœur des nombres sensiblement constants, le foie avait donné des résultats variant du simple au double. Le tissu du cœur est toujours très réducteur. M. H. Hélier a cherché la raison de ces variations du foie dans le fonctionne- ment intermittent de cet organe et a opéré sur le cobaye. Il résulte d’une série d'expériences, qu’au moment de l’activité de la cellule hépatique, son pouvoir réducteur tombe rapide- ment. Le pancréas donne lieu aux mêmes observations, mais le phénomène est moins accentué. Séance du 6 février 1899. Les matières albuminoïdes ne sont connues jusqu'ici qu’en petit nombre à l’état cristallisé : ce sont d’abord les hémoglo- bines, puis les diverses globulines signalées sous le nom d’aleu- rones dans les graines de beaucoup de végétaux, enfin l'albu- mine de l'œuf de poule et du sérum de cheval; mais l'obtention des deux dernières a été obtenue par des réactions. Il est donc intéressant de signaler une substance albuminoïde cristallisée dans son milieu naturel. M. A. Maillard l'a rencontré dans le sérum de sang. L'Institut sérothérapique de l'Est prépare, depuis plusieurs années, du sérum antidiphtérique, dont les tubes non utilisés sont retirés de la circulation au bout de quelques mois. On a remarqué que ces tubes, parfaitement limpides à leur départ, offraient au retour un dépôt blanc, pulvérulent, plus ou moins abondant. M. Maillard a pu étudier ce dépôt, facile à isoler, par décantation et lavage, et entière- ment constitué par de la fibrine en cristaux microscopiques. Cette fibrine n’est pas spéciale au sérum antidiphtérique, car l’auteur a retrouvé le même dépôt de fibrine cristallisée dans du sérum de bœuf n’ayant subi aucune immunisation. On peut en conclure que, lorsqu'on sépare le sérum limpide après les coagulations du sang, il contient encore en faible quantité les générateurs de la fibrine, et que la réaction s'achève avec une grande lenteur, permettant ainsi au produit d’affecter la struc- ture cristalline. — M. W. Palladine a cherché quelle influence peut exercer la lumière sur la formation des substances azotées actives dans les feuilles. Les feuilles avec lesquelles diverses séries d’expé- riences out été faites, étaient placées dans une dissolution de saccharon à 5 ou 10 0/0. Ces feuilles n’avaient donc pas besoin d'assimiler l'acide carbonique de l'atmosphère, et, en fait, cette assimilation est absolument négligeable. Au bout de six jours, l’on compare les feuilles étiolées de Fèves maintenues à l'obs- curité (où elles étaient restées jaunes) à d’autres feuilles iden- tiques exposées à la lumière (où elles s'étaient colorées en vert et avaient pris de plus grandes dimensions), on constate les résultats suivants : 1° Les feuilles ont assimilé à la lumière, trois fois plus de saccharon qu’à l'obscurité. 20 En présence du saccharon, la synthèse des matières protéiques s’effectue plus énergiquement à la lumière qu’à l'obscurité, Cette pro- duction de substances azotées vivantes a lieu aussi cependant à l’obscurité, contrairement à ce que pensent divers auteurs. 3° Dans la moitié bleue du spectre, la régénération des matières protéiques s'effectue plus énergiquement que dans la moitié jaune du spectre. 4° La présence d’une réserve abondante d'hydrates de carbone et l’action de la lumière sont indispen- sables à la formation normale des substances azotées vivantes dans les feuilles. M. W. Palladine ajoute que, cultivées sur saccharon, les feuilles qui ont été exposées à la lumière ont dégagé (à l’obscurité) plus du double de gaz carbonique que les feuilles maintenues à l'obscurité pendant la culture sur saccharose. P. Fucus. OFFRES ET DEMANDES — On demande, pour réaliser une bonne œuvre, la page 69 en chiffres romains (LXIX) de l’almanach Hachette 1899. — Mme Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. — Lot de Staphinilides européens, 523 es- pèces, environ 800 exemplaires, 3 boîtes. Prix... 50 fr. S'adresser à « Les Fils d'Emile Devyrolle », 46, rue du Bac, Paris. + Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. 91° ANNÉE 2 SÉRIE — N° 283 1e" MARS 1899 DESCRIPTION D'UNE AMMONITE NOUVELLE Cette Ammonite, que, à première inspection, on pourrait considérer comme appartenant à la famille des Fig. 1. —-Ammonite d’espece nouvelle découverte aux carrières d’Elnes (Pas-de-Calais), le 6 août 1892. Ammoniles Elnensis. Acanthoceratidæ, parait néanmoins serapprocher bien plus du genre Pachydiscus. C’est évidemment une espèce nouvelle, présentant des = Or, l'Ammonite d'Elnes n'offre pas ces côtes caracté- ristiques des Acanthocératidæ. Elle n’a qu’une rangée de tubercules rapprochés de l’ombilic; l'abdomen est ar- rondi et parfaitement lisse. Il est à remarquer qu'on observe de l’asymétrie dans les ornements du fossile d'Elnes, ce qui indique la dégé- nérescence d'un stade gératologique; ainsi, les nodules ne sont pas également espacés entre eux. | L’Am. d'Elnes est sans doute un stade terminal de J’Am. peramplus, car, à mesure que de la base du turo- nien, on s'élève vers le sénonien, il semblerait que, dans la région d’'Elnes, les peramplus prissent une forme plus bombée, se rapprochent beaucoup de celle du fossile qui nous occupe. Les Haploceratidæ, famille à laquelle appartiennent les pachidiscus, ont des caractères très variables; leur diagnostic est donc difficile ; leur forme générale est épaisse, l'abdomen arrondi, le test est lisse, quelquefois orné de côtes falciformes, mais souvent aussi de tuber- cules comme dans le cas de l'Am. d'Elnes. Cette Ammonite offre également des rapports avec pachydiseus lewesiensis, mais s'éloigne absolument des Acanthoceras nodosoiïdes. Chez les Acanthoceras, le second lobe latéral forme avec les lobes auxiliaires un grand lobe suspensif; ce qui n’existe pas dans l’Am. d'Elnes. La suture chez Acanthoceras est moins découpée que chez Pachydiscus ; or, l'Ammonite d'Elnes présente une suture presque semblable à celle du pachydiscus peram- plus, à cela près qu’elle est encore plus découpée. La seule différence est que dans l’Am. d’Elnes, la largeur du lobe est moins grande que dans l'Am. peramplus. Cette différence de largeur des lobes parait, à première vue, rapprocher notre fossile des Acanthoceratidæ, mais, si l’on compare les sutures prises dans la même région, celle des lobes latéraux, on peut se convaincre que Fig, 2, — Portion de suture de l’'Ammonites peramplus. caractères qui ne permettent pas de la rapprocher des espèces décrites. Acanthoceras parait dériver d’Hoplites. Ilprésente, à l’é- tatadulte, des côtes très fortes, droites, pourvues de nom- breux tubercules quileur donnent parfois une apparence crénelée. C’est un des genres les plus abondants du cré- tacé: A. Mamillare, A. Rotomagense, A. Mantelli, qui tousse distinguent par des côtes très fortement accentuées. Le Naturaliste, 46, rue du Bac. Paris, l'Am. d’Elnes et le pachydiscus peramplus offrent des éléments suturaux presque identiques. Il me paraît donc très juste de désigner l’'Am, d'Elnes sous le nom : « Ammonites (pachydiscus) Elnensis, » pour vulgariser le gisement sénonien d’Elnes, si riche au point de vue paléontologique. Description : Am. pachydiscus Elnensis is. Coquille renflée, bouche plus haute que large, omhilic move 94 LE NATURALISTE assez profond, Le dernier tour de spire volumineux porte une rangée de gros nodules assez rapprochés de l’om- bilie. Absence complète de côtes. Abdomen lisse, L'aspect général se rapproche d'Am, absolument peramplus- Fig. 3. — Portion de suture de l'Ammonites Elnensis (même région). d'Am. lewesiensis et surtout de pachydiscus Witte, kendi. La coquille est cependant plus renflée et s’en PRODUCTION FUTURE DE LA HOUILLE Un des plus graves problèmes de l'avenir est celui-ci. Les couches de houille sont limitées, on en consomme tous les ans de plus en plus; il arrivera donc un jour prochain où on n’aura plus du tout de charbon de terre ; or, le charbon est le pain de l’industrie, Comment fera- t-on, quand Pindustrie n’aura plus de pain pour subsis- ter? Grave est le problème, on le voit. Mais tout d’abord nous pouvons nous rassurer absolument. Malgré la con- sommation prodigieuse de houille qui va en augmentant rapidement (elle a augmenté de moitié depuis 12 ans), on peut dire que nous en avons encore pour plus de mille ans, et même pour plusieurs milliers d'années peut-être, On voit que nous sommes loin des 300 ans dont on nous parlait il ÿ a 20 ans, alors qu'on ne con- sommait pas même la 112 de ce que l’on consomme ac- tuellement,. La vérité est que l’on découvre de nouvelles mines de charbon tous les ans, non seulement dans l'univers, mais même en France, qui ne parait pas être un des plus riches pays du monde, au point de vue de la houille. Ainsi à Flines-les-Rachis, près Valenciennes, nous nous sommes associés à 200 personnes à peine, pour ouvrir une nouvelle mine, qui donne un combustible de premier ordre ; un charbon anthraciteux quart gras, qui ne donne pour ainsi dire pas de cendre et absolument sans pierres. Cet anthracite, étant assez friable, on en fait des œufs, des boulets, des briquettes, qui donnent dans les appar- tements le chauffage le plus parfait que l’on puisse ima- giner. En effet, le goudron qu'on y incorpore pour l'ag- glomérer, lui donne un produit résineux accessoire, qu’il | différencie surtout par sa rangée de nodules de fortes dimensions. Alexandre PONTIER. ne possède naturellement qu'en quantité très minime. C'est l'idéal du chauffage pour les appartements. Quant au tout venant, c’est le charbon qui donne le maximum de chaleur sous un poids donné, pfisque c’est une houille anthraciteuse. De même, nous ouvrirons prochainement une nouvelle mine de charbon dans le Midi, dans une couche récem- ment découverte, qui paraît avoir 5 ou 6 mètres d’épais- seur; du charbon d'une qualité tellement supérieure, que l'ingénieur en chef du département l'estime comme ya- lant 3 francs de plus à la tonne que le charbon extrait dans la concession voisine, universellement connue des mines de la Grande Combe. Ce que nous faisons de notre côté, d’autres le font ailleurs; de sorte qu'il arrivera pro- bablement un jour où la France produira assez de char- bon pour sa consommation, au lieu d’en demander la moitié à la Belgique ou à l'Angleterre. Il ne faut pas croire que le charbon français ne vaille pas le charbon étranger, loin de là! Sans doute, les charbons de Charleroy et de Cardiffe sont universelle- ment connus; mais il nous serait facile de démontrer que nous en avons de bien meilleur encore et de bien plus avantageux pour le chauflage et pour les machines à vapeur, Ainsi pour le chauffage les œufs de Fline, dans les coquilles et les têtes de moineau de Fline, dans les poêles mobiles, sont de beauconp ceux qui donnent le plus de chaleur, sous le même poids, et ceux qui ren- ferment le moius de cendres : 33 seaux de ce charbon ne donnent qu'un seau de cendres! Mais, de plus, dans les machines à vapeur, en employant des grilles creuses d’où s'échappe la vapeur au-dessous du foyer, on décompose l’eau en oxygène et hydrogène, qui viennent brüler avec une grande flamme excessivement chaude au-dessus du LES LE NATURALISTE 55 charbon, en produisant une économie de 113 pour le combustible. Avec ce genre de grilles, une Société dépensant trois mille francs de charbon par an, n’en dépense plus que deux mille. C'est un immense avantage, au point de vue de l’économie du charbon pour les siècles futurs. Cela tient à ce qu'il ya moins de chaleur perdue; car il est bien évident que la vapeur d’eau absorbe autant de cha- leur pour se décomposer, qu’elle en fournit en brülant au-dessus du charbon, Pour donner une idée des richesses de la terre en charbon, il suffit de savoir que, rien qu'en tenant compte des mines connues, sans tenir compte de tout ce quireste à découvrir et qui est au moins égal à ce que l’on con- naît déjà, on estime qu'il y a actuellement dans l’uni- vers, un million de millions de tonnes, dont 13 pour l’Europe et 213 pour les Etats-Unis. Remarquons que la Chine ne figure pas dans ce compte, et que les charbons asiatiques et africains, à eux seuls, sont peut-être plus abondants encore que ceux des Etats-Unis. Or, on con- somme actuellement par an 600 millions de tonnes; on n'en dépensait que 400 il y a douze ans. On voit que, depuis 1885, la consommation a augmenté de moitié. Que sera-t-elle dans 20 ans? Que sera-t-elle surtout dans cent ans ? Certes, elle peut être décuplée ; codun deux raisons peuvent contribuer à la diminuer à proportion : 1° l’em- ploi des grilles creuses à vapeur; 2 l'emploi d’autres modes plus économiques de mouvement, tel que les locomotives électriques par exemple, qui usent à pro- portion moins de charbon que les autres, par un meilleur emploi de la force. On pourrait les comparer aux véloci- pèdes qui font marcher l’homme 10 fois plus vite, en consommant une moins grande quantité de sa force musculaire, Au lieu de soulever de 5 centimètres toutson Corps à chaque pas, au lieu de faire aller simultanément les bras et les jambes en marchant, l'homme perché sur un vélocipède se déplace horizontalement, en se conten- tant de faire tourner une roue avec la pédale. Il est même probable que l’on perfectionnera encore beaucoup ce système, qu'on a déjà tant amélioré avec la chaine et l'articulation à billes, roulant les unes sur les autres pour rendre le frottement plus uniforme et plus doux, sans à Coups ni contre-coups inutiles. Le bandage en caoutchouc est une très grande amélioration sous ce rap- port; à plusieurs points de vue différents, de même que le graissage des jointures articulées entre elles: maison pourrait améliorer les choses, davantage encore en amincissant le plus possible les surfaces en contact, au lieu de leur donner un élargissement considérable ; comme on le fait pour le moyen des roues de voitures, où les surfaces articulées sont aplaties et frottent entre elles sur une très grande étendue. Un métal très dur, aussi épais qu'on voudra, mais se termiuant en lame mince, au niveau des surfaces articulées, rendrait le frottement presque insignifiant, et par suite augmente- _-rait la vitesse dans des proportions colossales. Le mou- vement des pieds pourrait même être remplacé par un autre tout différent, par exemple par le mouvement des . bras seulement. Enfin un appareil automobile, commode et sans odeur comme un accumulateur, serait encore préférable Docteur BOUGON, MŒURS & MÉTAMORPHOSES de l’ASILUS CRABONIFORMIS, Linné, (ASILE FROLON.) DIPTÈRE DE LA FAMILLE DES ASILIDES RS Un 5 avril, à Port-Vendres, au-dessous de Consolation (Py- rénées-Orientales) aux angles d’un cortal contre lesquels étaient amassés des crottis de brebis, je prends dans leur coque huit larves de Geolrupes hypocrila, à seul effet d'obser- ver leur cycle biologique: transportées à Ria dans mon labo- ratoire, mises en lieu bien- approprié à leur existence. Elles réparent après un repos de deux jours, les brèches faites du- rant le trajet à leur enveloppe protectrice; le 6 mai suivant, j'examine l'intérieure des coques, l’une d’elles est habitée par un long et gros ver blanc, charnu, cylindrique, de diptère ; le 16 du même mois, c’est-à-dire un peu avant l'époque corres- pondante à la tranformation en nymphe de la larve du Geo- trupes hypocrita, le ver du diptère quitte son réduit pour disparaître dans le sol où il s’enfonce à plus de 20 centimètres après avoir tracé de nombreux et sinueux passages; au fond de sa galerie ; le 10 juin; il se faconne une longue cellule al- longée, à parois lisses, où il se transforme le 23 juillet en une pupe présentant les caractères suivants : Longueur 25 millimètres ; largeur 5 millimètres. Corps oblong, rougeâtre, coriace, cylindrique, fortement épineux, arrondi à la région antérieure, atténué à l’extrémité opposée. Masque frontal arrondi, convexe, surmonté de deux fortes épines médianes et d’un groupe de trois latérales émergeant d’une même tige ; masque thoraciqie fortement convexe, ar= rondi, avec bord antérieur échancré et trois groupes latéraux de deux épines chacun; — les sept premiers segments abdo- minaux transverses, avec rangée transversale, épineuse, mé- diane et forts cils sur les côtés, excepté au premier qui n'en à pas ; huitième segment court avec rangée entière d’épines ; segment anal terminé par quatre grosses épines disposées en carré; — pièces buccales, pattes et ailes conniventes et courts cils spinosules au bord postérieur des arceaux ; stigmates très apparents, à péritrème corné, au nombre de neuf paires. Cette pupe peut imprimer à son corps des mouvements de rotation répétés, exécutés à l’aide de ses épines et de ses soies. La phase pupiforme dura jusqu’au 28 août époque à laquelle eut lieu l'éclosion de l'adulte: j'avais déjà une autre fois ob- tenu l’insecte parfait d’une pupe prise en terre dans l’une de mes propriétés complantée en oliviers et où abondent des larves rhizophages d'Oryctes grypus. Y aurait-il présomption à croire quele ver de l’Asilus cra- bonifornies vive, ainsi que je l’ai par deux fois observé, au détriment des larves de Coléoptères du groupe des Lamelli- cornes? Tel n’est pas l'avis des auteurs qui donnent pour nourriture aux vers des espèces du genre Asilus, les racines et les bois morts enterrés ; mais ce sont précisément les racines et les bois morts et enterrés qui servent d'aliment à bon nombre de larves de Lamellicornes, d’où il résulterait proba- blement que les observations antérieures sur les vers des Asiles étaient toutes superficielles ; si racines et bois morts et enterrés avaient été examinés à fond, nul doute qu’on n’eut trouvé qu'il recelaient les larves servant de päture à nos vers: Quoiqu’il en soit, le ver de l'A. crabonifornies vit au détri- ment des lärves de Lamellicornes du genre Geolrupes, en particulier de l’hypocrila. Adulte. L'Asile frelon est carnassier à l’état parfait, il con- somme une grande quantité de larves, de chenilles et d'in- sèctes divers, qu’il suce avec avidité: c'est une espèce insa- tiable, toujours à l'affut dans les lieux secs, arides, bien insolés ; l'adulte vole avec rapidité en rasant le sol au moment de la plus forte chaleur des mois de juillet et d’août, son vol est sonore; placé sur une pierre ou sur un petit monticule quel- conque, il guette sa proie, la saisit au vol au moyen de ses pattes antérieures et la suce,ii perfore au moyen de sa trompe les parties les plus dures de ses victimes, l'enveloppe coriace des coléoptères, celle si dure des petits comme des grands bousiers est impuissante à les protéger; leur voracité les porte quelquefois à se dévorer entre eux et souvent ce sont les mâles qui, au moment du rapprochement des deux sexes, de- viennent victimes de leur ardeur, payant ainsi de leur vie un instant de plaisir ; il prend son gite de nuit le long des troncs d'arbre, aussi sur les buissons, les pattes allongées et raides. 56 LE NATURALISTE Si à l’état de ver cette espèce nousest nuisible en détruisant les larves rhizophages et coprophages chargées de disséminer dans le sol, qu’ils fertilisent ainsi, des matières azotées, des déjections de toute sorte, elle compense, à l'état parfait, ces méfaits en nous débarassant d’une multitude d'insectes, de larves et de chenilles toutes plus ou moins nuisibles à l’agri- culture. Capitaine XAMBEU. MICROGRAPHIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE CHAPITRE IV MÉTHODES DE COLORATION. — HRÉACTIFS COLORANTS PRINCIPAUX. — DE QUELQUES MÉTHODES SPÉCIALES D'INVESTIGATION. Les tissus animaux étant en général hyalins, il serait difficile de les observer directement au microscope, sou- vent même complètement impossible ; de là, la nécessité de les imprégner d'une substance colorante appropriée, qui, se fixant sur les divers éléments, et les faisant tran- cher par la teinte qu'ils ont prise, sur le fond elair du miroir réflecteur du microscope, permette ainsi un examen plus commode de l'ensemble de la préparation. Les réactifs colorants employés dans la technique his- tologique actuelle peuvent se diviser en deux grands groupes : les colorants généraux, qui agissent d'une facon uniforme sur les tissus ou, si l'on préfère, sur les difré- rents éléments qui les constituent, et les colorants spé- ciaux qui se fixent de préférence sur telle ou telle espèce de tissus ou même sur telle ou telle partie des éléments qui les forment, mais seulement lorsqu'ils sont placés dans des conditions déterminées. Il est à remarquer, en effet, que la plupart des colorants dits spéciaux devien- nent des colorants généraux lorsqu'on les emploie en trop grande quantité ou lorsqu'on les laisse agir trop longtemps. Mais, employés en solution étendue ou en les jaissant agir le temps voulu, on remarque alors qu'ils sont doués d’un pouvoir électif remarquable qui n'existe pas pour les colorants généraux placés dans les mêmes conditions. Les divers réactifs colorants, généraux ou spéciaux, peuvent s'employer soit à l’état de mélange, soit séparé- ment; mais, dans ce dernier cas, on doit toujours faire agir d'abord le colorant spécial, puis, en dernier lieu, le colorant général, après s'être assuré par un examen microscopique rapide que les éléments déterminés ont bien été colorés par le premier réactif. On peut, bien entendu, éviter cet examen, lorsqu'on connaît exactement la quantité de colorant à employer et la durée de son action. Tous les tissus à colorer doivent préalablement avoir été soigneusement fixés et lavés, comme nous l'avons indiqué précédemment, et la matière active ne doit pas être quelconque, sans quoi l'on s'expose à de graves mécomptes. Tel ou tel colorant qui ne réussit pas après l’action de tel ou tel agent fixateur, devra par conséquent être soigneusement écarté. Dans le courant de ce chapitre, nous dirons toujours quelles sont les teintures qu'il convient le mieux d’em- | ployer après l’action des divers réactifs fixateurs que nous avons déjà passés en revue, Nous avons établi, comme principe, que toutes les pièces à colorer doivent préalablement avoir été fixées. Il y à cependant quelques exceptions. Certaines matières colorantes jouissent, en eflet, de l’importante propriété de se fixer sur certains tissus pendant la vie même de l'animal. Ces colorations sur le vivant sont précieuses en cer- tains cas, aussi leur consacrerons-nous un paragraphe spécial à la fin de ce chapitre. Les pièces histologiques peuvent être colorées de deux facons : ou en masses, c'est-à-dire entières, non coupées, ou après la coupe et alors sur lames, Tout ce qui sera dit dans le présent chapitre s'applique aux colorations en masses. Les méthodes de coloration sur lames seront étudiées dans un autre chapitre, Nous placerons en première ligne le Carmin, car c’est lui qui à été employé le premier en zoologie. Il est très soluble dans l'eau avec laquelle il forme une solution légèrement alcaline. On s’est servi, autrefois, beaucoup du carmin en solu- tion aqueuse, on y à à peu près renoncé aujourd’hui, et l’on préfère se servir de l’un des réactifs que nous allons maintenant indiquer, Le Carmin ammoniacal où Carminate d'ammoniaque est tout simplement du carmin dissous à saturation dans l’ammoniaque et filtré. On lave ensuite les pièces à l’eau distillée, puis à l'alcool à 70°, Ce réactif pénètre assez bien les tissus ordinaires. Le Carmin aluné ou de Grenacher se prépare en faisant dissoudre du carmin à 40° pulvérisé dans une solution concentrée d’alun de potasse ou d’ammoniaque, jusqu'à ce que l’on obtienne un mélange de couleur rouge foncé. Il est bon d'ajouter quelques gouttes d'acide phénique pour empêcher le développement des moisissures. On filtre et l’on obtient ainsi une liqueur très em- ployée pour colorer en masse les tissus, avec cependant un pouvoir électif pour les noyaux. La pénétration se fait assez lentement, mais Henneguy recommande, pour l'activer, d'ajouter au mélange quelques gouttes d'acide acétique. Le Picro-carmin s'obtient en versant du carmin ammo- niacal saturé dans une solution également saturée d'acide picrique. On évapore lentement le mélange jus- qu'à ce qu'il n’en reste plus guère que le cinquième. On laisse refroidir la liqueur et on filtre, Le liquide qui passe, évaporé à sec, donne une poudre de couleur rouge orangé, qui est lb picro-carmin. On l’emploie, en général, en solution de 1 à 3 0/0 dans l’eau distillée ou l'alcool. On a ainsi un réactif suflisam- ment pénétrant, ayant un pouvoir électif pour les noyaux qu'il colore en rouge, tandis que le reste des élé- ments cellulaires prend une teinte rouge orange plus ou moins foncé. On peut l’employer pour ainsi dire après tous les fixa- teurs, mais il réussit admirablement après les fixations à base de sublimé. Le Carmin au borax se prépare en faisant dissoudre, dans une solution concentrée de borate de soude, du carmin à 40° pulvérisé, jusqu'à ce que l’on obtienne une coloration intense. On ajoute alors un volume égal d’al- cool à 70°, puis on laisse reposer et l’on filtre. Ce colorant convient après tous les fixateurs, à la con- LE NATURALISTE 1 ©t dition que les pièces aient été préalablement lavées avec soin. Après l’action du Carmin boracique, il est bon de laver d’abord avec de l'alcool légèrement acidulé par de l'acide chlorhydrique, puis à l’alcool fort. À côté de ces préparations carminées, il convient de citer la Teinture de cochenille de Mayer qui s'obtient tout simplement en faisant macérer, pendant quelques jours de la teinture de cochenille dans dix fois son poids d’al- cool à 70°. On agite souvent le mélange et on filtre. Ce réactif ne peut guère être employé que pour les pièces fixées par des solutions à base d'acide chromique et à titre alcoolique au moins égal à celui du colorant. Après le carmin etses différentes préparations, l’un des colorants les plus employés est, sans contredit, l'Héma- toxyline On peut employer l’'Hématoxyline en solution alcoolique concentrée, mais on préfère ajouter à toutes les préparations, qui ont pour base ce réactif, une cer- taine quantité d’alun qui agit comme mordant. Ces liqueurs différentes sont neutres, alcalines ou acides, suivant les méthodes, et elles colorent alors diversement les tissus. Si elles sont neutres ou alcalines, elles colorent en bleu à peu près pur, et si elles sont acides, en rouge violacé. L’hématoxyline possède un pouvoir électif intense pour le noyau, qu'elle colore à peu près seul, si l’on a soin de faire agir en très petite quantité et peu de temps, sans quoi il se produit une co- loration générale, mais cependant toujours plus foncée dans le noyau. On peut l’'employer après tous les fixateurs, mais plus particulièrement après ceux à base d'acide osmique ou d'acide chromique. Pour préparer l'Hématoxæyline alunée, on fait, d'abord, une solution chaude de un gramme d’hématoxyline dans 50 grammes d’alcoo!l fort, puis on y ajoute une solution de 50 grammes d’'alun dans un litre d'eau distillée, On laisse refroidir et on filtre. Il est bon d'ajouter un peu de _ thymol ou d'acide phénique pour empêcher les moisissures de se développer et même quelques gouttes d'acide acé- tique qui donne un pouvoir électif nucléaire plus consi- dérable, On lave les pièces à l’eau distillée ou mieux à l’eau de source. Ce réactif colore rapidement les pièces en totalité et la couleur se conserve bien en milieu alcalin. Une autre préparation excellente est l'Hématoæyline de Delafield, mais la fabrication en est longue et minutieuse. C’est de plus une liqueur qui ne doit pas étre employée immédiatement, si l’on veut obtenir de bons résultats. Il faut au moins deux ou trois mois, et plus on attend, plus le réactif est bon, à la condition de laisser le flacon à la lumière. On fait dissoudre # grammes d’hématoxyline cristal- lisée dans 25 ou 30 centimètres cubes d'alcool fort et on le verse dans un demi-litre environ d’une solution d’alun d’ammoniaque dans l’eau distillée. On expose le mélange à la lumière pendant 7 ou 8 jours et on ajoute alors 100 ec. d'alcool méthyline et autant de glycérine neutre. On mélange bien le tout, puis on laisse reposer pendant deux ou trois mois à la lumière. On filtre quand on veut s’en servir et l’on étend d’une quantité d’eau assez consi- dérable pour n'avoir qu’une teinte légère. Ce réactif colore les noyaux en bleu et le protoplasma en jaune violet, il est excellent d'une facon générale, L'Hématoxyline d'Erlich est à peu près dans le même genre. La préparation en est moins minutieuse, mais il faut l’exposer longtemps (au moins trois mois) à la lumière avant de s’en servir. On fait un mélange de : Eau disSUlée rene er +. lU0NCC AICOOR AN OO ER PRE MMALOONCC Glycérine ere 210 l00ECC: Acide !acétique:criste,:,1.. UMAO0ce on agite bien le tout, on y fait dissoudre 2 grammes d'hématoxyline et après avoir bien tout mélangé on ajoute des cristaux d’alun de facon ce qu’il en reste un excès au fond du vase.! Après trois mois d'exposition à la lumière, on peut s’en servir. Ce réactif colore vite et bien, sans surcoloration. On fait aujourd’hui un très grand usage d’un certain nombre des matières colorantes extraites de la houille. Ces substances agissent sur les tissus d’une manière différente suivant qu'elles sontbasiques, neutres ou acides. On peut dire, d’une facon à peu près générale que les colorants basiques sont plasmatiques, les neutres sont spéciaux à quelques éléments particuliers et les acides sont nucléaires. Nous ne citerons ici que les principaux parmi ces réactifs. L'un des plus importants estle Vert de Méthyle que l’on peut employer en solution aqueuse ou alcoolique plus ou moins concentrée, mais on y ajoute en général de 0,1 à 1 0/0 d'acide acétique ou d’acide osmique ce qui rend l’électivité nucléaire plus grande. Il n’a qu'un défaut, c’est qu’il est peu stable en général. Il ne résiste pas du tout dans le baume et peu dans la glycérine acide. On peut cependant augmenter sa résistance en traitant d’abord par l’iode comme mordant. Cette substance agit sur les tissus frais en colorant seulement le noyau. La Safranine est un colorant excellent, très actif et qui se conserve bien dans le baume. On fait des solutions aqueuses ou alcooliques plus ou moins concentrées. La coloration élective par la Safranine n’est obtenue qu’en opérant sur lame. Il faut toujours surcolorer et l’on décolore ensuite, en lavant à l'eau légèrement acidulée par acide chlorhydrique. La décoloration doit être suivie attentivement et arrêtée au moment voulu par l’eau ou un éclaircissement. (Voir chap. vil.) On emploie souvent comme colorant, le mélange sui- vant : Eau distillée..... Re ee 100 gr. ACOOLE Are ee eme derbi 10 gr. RUSCHNE ERREUR A gr. Acide phénique crist............ DRCE qui, sous le nom de Fuschine acide, constitue en certains cas, un excellent réactif, Après son action, il est bon de laver à l'alcool fort et d'éclaircir à l'essence de girofle. Le Violet de Gentiane est un colorant plus énergique encore que la Safranine et qui s'emploie à peu près de la même façon en solution aqueuse ou alcoolique. Le Bleu Victoria est spécifique pour les noyaux, sur- tout si l’on a soin de traiter préalablement par l'iode comme mordant, Le Bleu de Méthylène s'emploie en solutions plus ou moins concentrées, aqueuses où alcooliques. Ce réactif D8 LE NATURALISTE sert beaucoup en microbiologie. Il réussit, en effet, très bien pour la coloration des microbes. Comme colorant plasmatique, il se comporte moins bien, car ses préparations sont très instables; on arrive cepen- dant à conserver la couleur, en passant les préparations dans une solution de picrate d'ammoniaque et en mon- tant les coupes dans de la glycérine saturée du même sel. Il faut, autant que possible, éviter de coller les coupes avec une préparation albumineuse qui les décolorerait. Le Violet de Méthyle est un colorant puissant. Il y a toujours surcoloration, mais on ramène la teinte par des lavages à l'alcool légèrement acidulé par l'acide chlo- rhydrique et on arrête la décoloration par l'alcool fort. Le Brun Bismark est utilisé le plus souvent en solution aqueuse (par ébullition et filtration) ou concentrée dans l'alcool à 70°, Il agit à peu près dans les mêmes condi- tions que le Vert de Méthyle. Tous les réactifs que nous venons de citer, à l’excep- tion peut être du Bleu de Méthylène, sont plus spéciale- ment des colorants nucléaires, employés dans les condi- tions particulières que nous avons déjà signalées. Le Rouge Congo ainsi que ceux qui vont suivre, sont de préférence des éléments plasmatiques et, pour la plupart sont très bien supportés en petite quantité par les cellules vivantes qui peuvent mêmes les fixer. Il s'emploie en solutions aqueuses ou alcooliques plus ou moins con- centrés. Il en est de même pour l’Essine qui s'emploie rarement seule, mais le plus souvent associée à des colorants nucléaires. Le Bleu de Méthyle sert le plus souvent avec l'Eosine pour les doubles colorations, la teinte qu'il donne est intense et résiste aux lavages à l'alcool. Enfin, nous citerons en terminant le Vert Malachite dont l’emploi est peu courant à cause de la résistance nulle de sa coloration aux lavages alcooliques. À. GRUVEL. LES INSECTES COMENSTIBLEN DANS L'ANTIQUITÉ ET DE NOS JOURS (Suite). Dans la région méditerranéenne, la préparation des sauterelles diffère beaucoup suivant les lieux. Ici, les Bédouins les font griller et souvent rejettent les intes- tins, les ailes et les pattes. Là, les Maures les pilent et les font cuire dans du lait. Là des Arabes en écrasent avec du fromage de chameau ou avec des dattes, à moins qu’il ne s'agisse de sauterelles Jaunes; celles-ci, étant de très bon gout, se mangent seules. Mais le mode de pré- paration que j'ai vu le plus fréquemment employé en Algérie, c’est celui dont nous nous servons pour les cre- vettes : on les fait bouillir dans de l’eau salée plus ou moins fortement. Au Maroc, suivant Edmundo de Amicis (4), on les mange aussi bouillies, mais assaison- nées de sel, de poivre et de vinaigre. Les sauterelles sont non moins estimées à Madagascar que sur lecontinentafricain, Le R. P.Camboué, mission- (1) Hist. nat. de la France équinox., p. 198. naire dans cette île, consacre une de ses lettres à cet aliment. « On jette les Valalas — c’est le nom que les Mal- gaches donnent aux sauterelles — dans de vastes pots où ils sont soumis à une cuisson complète à l’étuvée, puis on les sèche sur des nattes, enfin on leur enlève les pattes et les ailes pour les conserver ou les vendre. Aïnsi préparés,les Valalas se conservent longtemps. Les Mal- gaches les mangent frits dans la graisse et s’en servent pour assaisonner leur riz, Pour avoir en ce genre un plat parfait, il faut, après avoir enlevé les pattes et les ailes, les mettre tremper une demi-heure environ dans une eau saturée de sel. J'ai goûté de ce mets et je ne crois pas qu'il ait jamais un grand succès chezles peuples civilisés, 11 me semble cependant que la poudre ou fleur de Valala pourrait être employée comme condiment, en sauce par exemple. » Le plat de sauterelles,cependant, a été moins défavora- blement apprécié par d’autres Européens; il a même trouvé de vrais amateurs. Je lis, en effet, dans le récit du Voyage de Schang-Haï à Moscou de M.de Bourboulon, que les sauterelles cuites à l’eau salée, servies dans les restaurants chinois de Péking à la fin du premier service, forment un mets qui n’est réellement pas mauvais (1). Kunckel d'Herculais est encore plus aflirmatif dans son édition de Brehm : « Un jour en Océanie, dit-il, nous fümes obligés, mourant de faim, d’assaisonner notre riz de sauterelles grillées. Faut-il le dire? Nous nous en régalèmes presque, nous figurant de la crevette un peu trop cuite. » Ce jugement, Kunckel d'Herculais le réitère dans son Rapport sur les invasions de saute- relles en Afrique. Après avoir noté que les indigènes du Sud algérien ramassent et préparent des criquets, non seulement pour leur provision personnelle évaluée à une charge et demie par tente, mais pour en faire grand commerce sur les marchés, il ajoute que ces criquets constituent un mets très acceptable ayant le gout de crevette assez prononcé. C'est aussi le goût ou la saveur de crevettes que trouve Edmundo de Amicis aux sauterelles bouillies et assai- sonnées de sel, poivre et vinaigre; il prétend même qu’on peut en manger quatre cents par jour. Qui dit crevette dit crustacé; on peut donc rapprocher des appréciations précédentes celle de Sham. Dans son Voyage en Barbarie, il a eu maintes fois l’occasion de déguster des sauterelles ou frites ou salées ; suivant lui, les unes et les autres ont un goût d’écrevisse. Tel n'est pas l’avis de Niebhur, Voyage en Afrique occidentale; il déclare que la saveur des sauterelles rôties ne peut être comparée qu'à celle des sardines fraiches. De leur côté, David et Charles Livingstone, dans leur relation Le Zambèze et ses affluents, comme on le verra plus loin,trouvent aux sauterelles salées quelque ressem- blance de goût avec le caviar. Entre ces appréciations, je ne vois pas en réalité des divergences,mais de simples nuances : l'impression recue et traduite par les dégustateurs précédents ne serait-elle . pas due surtout à l’assaisonnement principal qu'on retrouve dans chaque préparation, au sel? Quant au goût particulier, spécial, de la sauterelle, le sel ne peut- il l'avoir fait disparaitre, ou ne peut-il empêcher qu'on le puisse facilement discerner? Ce qui me confirmerait (1) Relations historiques, tome II. x 4 | À ‘4 + #4 4 4 2 ; LE NATURALISTE 39 dans cette opinion, c’est que d’autres voyageurs ont trouvé aux sauterelles de tout autres saveurs. Levaillant, par exemple — Levaillant qui, comme on sait, voyagea dans le sud de l'Afrique de 1780 à 1785 — rapporte qu'un jour où il avait rencontré une nuée de sauterelles, les Hottentots qui l'accompagnaient s’en firent un régal; « ils me vantèrent si fort, ajoute-t-il, l'excellence de cette manne que, cédant à la tentation, je voulus m'en régaler comme eux; je n’y trouvai aucune saveur désagréable, et, loin de là même, je la comparai à celle d’un jaune d'œuf cuit dur. » Ces différences d’appréciations tiennent à des causes diverses, les unes personnelles au juge, les autres exté- rieures. Parmi ces dernières, il faut l’état de fraicheur de l’insecte, le mode de préparation du plat, la qualité et la quantité des assaisonnements employés, etc., en un mot toutes les influences qui sont en jeu dans l’art culi- naire et que la science du cuisinier doit coordoner, com- biner suivant le goût de chaque nation, de chaque école. Les influences personnelles tiennent à l'éducation gas- tronomique, et au plus ou au moins de sensibilité des papilles gustatives des juges. Or, je doute fort que les Livingstone, Kunckel d'Herculais, E. de Amicis, Shaw, Niebhur, Levaillant et, même, le P, Camboué aient été bien préparés à leur rôle de juges : ils n'avaient dü faire à cet égard aucune étude préliminaire et, certainement, ils manquaient de ces dispositions naturelles, palatales et intellectuelles, qui font de toute femme, à de rares exceptions près, un cordon bleu, un gourmet sür et certain. (A suivre.) DAGUIN. PHOTOGRAPHIE Photographie du type respiratoire. — Tout le monde ne respire pas de la même facon. Chez les uns, l'aspiration de l'air est produite par l'élévation des côtes supérieures : c’est le type dit costo-supérieur. Chez les autres, elle est produite par l'élévation des côtes infé- rieures : c'est le type dit costo-inférieur. Chez d’autres enfin, les côtes restent à peu près immobiles, et c’est le diaphragme seul qui s’abaisse, refluant les intestins : c’est le type abdominal. Ces types ne sont pas toujours faciles à bien distinguer. La photographie peut encore venir ici en aide au physiologiste et au médecin. Ainsi que l’a indiqué M. Marey, on peut employer un appa- reil ordinaire muni d’un obturateur pneumatique braqué sur le sujet vu de profil, la poitrine et l'abdomen nus. On prend une image dans l'inspiration, une autre dans l'expiration, et l’on Jobtient un double contours pour toutes les parties du tronc qui se sont déplacées. C'est ainsi que, Contrairement à ce que l’on prétendait, chez une femme sans corset, la respiration s'effectue comme chez l’homme, c’est-à-dire que le thorax et l’abdomen y prennent part tous deux. Photographie du mouvement des côtes, — Les mouvements des côtes dans la respiration peuvent se déterminer. Ainsi que le fait remarquer M. Marey (1), ces mouvements sont très complexes à cause de la cour- bure des côtes, de l’inégale flexibilité de leurs cartilages (1) Revue scientifique, 5 janv. 1895. et de leurs articulations multiples, soit aux corps et aux apophyses transverses desvertèbres, soit au sternum et aux Cartilages costaux. En l'absence de points de repère, l’observation des mouvements des côtes était absolument impossible ; la photographie donne, au contraire, des résultats très précis. Une série de petits bâtons noirs pressent élastique- ment sur les parois de la poitrine ; chacun de ces bâton- nets appuie par l’une de ses extrémités sur une côte et porte, au voisinage de ce point, une perle très brillante. Un appareil photographique ordinaire est braqué sur le sujet en expérience qui, bien éclairé et vu de face est placé devant un fond obscur, Il suffit de démasquer l’ob- jectif pendant la durée du mouvement respiratoire pour obtenir une photographie où chacune des perles bril- lantes a tracé le mouvement de la côte sous-jacente. Henri COUPIN. Les Plantes DANS L'ANTIQUITÉ : LÉGENDES, POÉSIE, HISTOIRE, ETC., ETC. Anar L'ARTICHAET. — L'artichaut (Kiwdpa où xw4pos, Exolvuoc, Kéuvoc; cinara scolymus, Carlos, Carduus sativus, etc.) était déjà assez rare du temps de Pline; il parait avoir tiré son origine d'Espagne (Andalousie), et, depuis l'illustre polygraphe romain, il n’en est plus guère ques- tion dans les anciens auteurs ; il dut promptement dispa- raitre de Rome et de l'Italie, reparut plus tard à Venise, d'après Hermoleo, vers le xv° ou xvi° siècle, et y fut ac- cueilll comme une nourriture assez excentrique; d'après Ruel, l’artichautfut porté de Naples à Florence vers 1466, et, de là, il passa en France au commencement du xvie siècle, y fut promptement acclimaté, et bientôt adopté dans la culture et l'alimentation usuelle. Voici ce qu'en dit Pline (Histoire naturelle, Livre XIX, ch. xzir, $ 1) : «... On pourrait citer comme complète l’histoire de toutes les plantes qui sont estimées, s'il n’en restait une fort lucrative et dont on ne saurait parler sans quelque honte (non sine pudore dicencla), Il est cer- tain que de petites planches de chardons, auprès de Car- thage la Grande, et surtout de Cordoue, rapportent 6.000 sesterces (1,260 francs). Ainsi, nous faisons servir à no- tre sensualité les productions monstrueuses de la terre, même celles que les quadrupèdes refusent par instinct. On multiplie les chardons de deux manières, etc. Au livre XX, chap. XGIX, il ajoute : « Nous avons, parmi les plantes de jardin, parlé de la culture des artichauts... — L’artichaut produit au milieu des piquants une fleur pourpre qui blanchit rapidement et qui tombe au premier vent; les Grecs lanomment cxéhuuos. Pilé et exprimé avant sa floraison, il donne un suc dont l'application fait repousser les cheveux. On dit que la racine d'un artichaut quelconque, bouillie dans l’eau, donne de la soif aux buveurs. Elle fortifie l'esto- mac et, si nous en croyons ce qui se raconte, elle n’est pas sans influence pour disposer les femmes à engendrer des garcons ; c’est, du moins, ce qu'ont écrit Chaereas l'Athénien et Glaucias qui parait l’auteur le plus exact au sujet de l’artichant. Le suc de l’artichaut rend l’ha- leine agréable. » 60 LE NATURALISTE L Voici ce qu'en dit Athénée dans son Banquet des sa- vants (livre IT, ch. xxvI1). «... Phanias, au livre VII de ses Plantes, et Théophraste, au livre XI, ch. v, appellent Cacte de Sicile certaine plante épineuse; or, cette plante appelée Cacte ne se trouve que dans cette contrée; on n’en voit pas en Grèce. Elle pousse,dès sa racine même, des tiges qui touchent la superficie du sol. La feuille est large, armée d'épines; ce sont ces tiges que l’on appelle proprement Cactes. En ôtant la peau, on peut les manger malgré certaine amertume qui s’y trouve; on les con- serve dans de la saumure. « De la racine s’élève une autre tige droite qu'on y appelle xreout; elle est pareillement bonne à manger. En ôtant au réceptacle pulpeux (ou fond d'artichaut) sa par- tie langineuse (son foin), il est semblable à la cervelle du palmeutier, on peut alors le manger; on l'appelle asca- eler (&ov). « Quelqu'un, peu disposé à croire ce récit, dira peut- être avec confiance que le Cacte de Sicile estce que les Romains ont appelé Carduus, et manifestement ce que les Grecs appellent Cinara (xwvépoc), vu que, Rome étant peu éloignée de la Sicile, il a été facile de faire Cardos de Cactos (xtxros), par le seul changement de deux let- tres. « Mais Epicharme nous apprend bien positivement que le Cactos est un des légumes qui se mangent ordinaire- ment. Voici les détails qu'il nous donne de quelques- unes de ces plantes, etc., etc. « Sopater de Paphos, qui vécut du temps d'Alexandre, fils de Philippe, et même jusqu'à Ptolémée II, roi d'Egypte, comme il le dit dans un de ses ouvrages, ap- pelle aussi comme nous la même plante xw4pu. «Ptolémée Evergète, un des disciples du grammairien Aristarque, donne le détail suivant dans le second livre de ses Mémoires : « Près de Bérénice est le fleuve Léthon, dans lequel on trouve, etc., etc. Il croit là beaucoup de Cinaras. Les soldats qui nous accompagnaient en cueil- lirentet les mangèrent. Il nous en apportèrent dont ils avaient ôté les épines... » Dans son livre X de l’Eronomie rurale, le célèbre Colu- melle parle ainsi de cette plante (vers 235 et suivantes) : Hispida ponantur Cinara, quæ dulcis Jaccho Potanti veniat, nec Phœho grata canenti, etc. « Que l'on plante lartichaut hérissé de pointes, qui plait à Bacchus lorsqu'il boit, mais déplait à Phébus quand il chante. Tantôt il s'élève, disposé en corymbe pourpré, tantôt sa chevelure verdoie comme le myrte; tantôt son front s'incline sur les écailles entr'ouvertes; tantôt, comme le pin, il offre une tête piquante; tantôt 1] présente la forme d’une corbeille et se montre hérissé d'aiguillons menacants; quelquefois il est pâle, et imite les courbures des feuilles d’acanthe ». Au livre XI, chap. 111, il dit que «le meilleur temps pour la plantation en ligne des œilletons de l’artichaut est l’équinoxe d'automne; sa graine se sème plus avan- tageusement vers les calendes de mars. Les pieds qu’on repique vers lescalendes de novembredevront êtreamen- dés avec beaucoup de cendres : c'est le genre d’amen- dement qui paraît le mieux convenir à ce légume. » Un sieur Daigue (1490-1560), qui a laissé des commen- taires assez estimés sur l'Histoire naturelle de Pline, a écrit aussi un ouvrage fort curieux dont voici le titre complet, et dont je vais extraire le commencement du passage relatif à l’artichaut : SINGVLIER Traicté | contenant la propriété des Tor tves | Escargotz | Grenoilles | et Ar tichaultz | Compose par Estien ne Daigue Escvyer | Seigür de Beauluais en Berrv. Le permis d'imprimer est du « neufiesme de aoust M.D.xxx (1530); le livre a douze feuillets. Voici ce que l’auteur dit de notre légume, que l’on voyait à cette époque servi aussi bien sur la table des riches que sur celle des pauvres : « le delibere sommairement traicter des artichaultz, pource que ie voy a present les iardins remplis d'yceulx estre reputez viande exquise, le voy certes non seulle- ment les cuisines des princes estre de ce farciez, mais aussi des gens rusticques et vulgaires. Nous, comme brutaulz, devorons es chardons, viandes naturelles des asnes, qui nous ont faict ces bestes inocentes, indisci- plinables et sans industrie, sans raison active, par quoy nous tollissons leur viande : à nous, par trop voluptueux, nous par tropsubiectz a gulosité. « O prodigues de ventre, ce seroit merueille n’estre per- mis aux asnes manger artichaultz : les artichaultz sont ce qu'on appelle en latin carduus. Et est a noter ce carduus, non signifier eschardon, comme plusieurs pen- sent, mais estre non attribue a vne espèce de plante que nous appelons carduus en latin, en grec scolymos ou cinara, du quel dernier mot a vse Columelle en son X liure de la chose rusticque, disant : « Hispida ponatur ci- nara, quæ dulcis jaccho potanti veniat, nec phœæbo grata canenti. » Pource que est notoire estre grandissime con- trouersie entre les autheurs tant grecz que latins des ar- tichaultz, ie parleray des especes. « Plusieurs ignorans herbolistes pensent que cha- melaea sont artichaultz; certes, ils errent lourdement avecque leur Avicenne, lequel dict au quatriesme ca- non, etc., etc. » : De nombreux passages relatifs à l'artichaut se trou- vent dans le grand Traité des simples du médecin hispano- arabe Ibn-el-Beïthar, vaste compilation, comme on sait, de tout ce que les savans anciens ou contemporains avaient dit, non seulement des plantes, mais encore des animaux, en ce qui concerne la médecine. Voici les principaux de ces passages « N° 658, — ARTICHAUT : Djennah en-Nesr (aile de vau- tour). Il en est plusieurs espèces. Cependant, les méde- cins réservent ce nom à deux sortes. L'une est cultivée, et c’est 16 henguer ; nous en parlerons plus tard; l’autre, sauvage, a des têtes grosses comme des grenades, les aiguillons aigus et n'a pas de tige. Les Berberes du Maghreb extrême lui donnent le nom de fezdn. Il en est une espèce sauvage appelée en grec scolymos, et que chez nous, en Espagne, on appelle lassif. « DIOSCORIDES, III, XVI. — Le scolymus est une es- pèce de plante épineuse dont les feuilles tiennent le milieu entre celles du chaméléon et celles de lépine blanche, le balaourd (äxavôn Jeux), sinon qu'elles sont plus noires. La tige est longue, couverte de feuilles, et terminée par une tête épineuse, La racine est noire et épaisse. « GALIEN, livre VIII. — DIOSCORIDES. — RAZES, dans son Traité des correctifs des aliments: — L’artichaut est © LE NATURALISTE 61 plus diurétique que lasperge. Il est aussi plus chaud, plus léger et moins humide. Il est plus léger pour les tempéraments froids; quant aux tempéraments chauds, ils doivent le faire cuire dans du vinaigre pour le man- ger. Ils boiront ensuite de l’oxymel acide, puis une bouchée avec du vinaigre, et, s'ils le peuvent, ils useront en même temps de blanc-manger acide. Cette plante est carminative. Elle réchauffe la vessie et les reins, et pro- voque l’exspuition des humeurs grossières dans l’asthme et la toux; mais il faut en user sans garum et sans vi- naigre, cuite dans de l’eau, ou sous forme de blanc- manger. — EL-MADJOUSSY : — Toutes les espèces d’ar- tichauts resserrent le ventre et tuent les poux. Emplovées en frictions sur la tête, elles guérissent les dartres. « No 1.976. — Persan : Kenguer, acanthe, artichaut. — C’est l’artichaut de jardin. DiosCoRIDES, III, 17 : — C’est une espèce de chardon qui croît dans les jardins, les endroits pierreux et humides. Il a les feuilles beau- coup plus larges et plus longues que celles de la laitue, incisées comme celle de la roquette, recouvertes d’une humeur visqueuse, de couleur rutilante et allongées. — RAZES, dans son Traité des correctifs des aliments : — C’est une substance grossière, se digérant lentement, flatulente et aphrodisiaque. Elle échauffe les reins et la vessie. Pour en user comme aliment, on la corrige en la faisant bouillir, et on l’assaisonne avec des condi- ments et de fines épices. — CosTUS, dans son Livre de l’'Agricullure : — La décoction de kenguer à laquelle on a mélangé du cérat, administrée à l’extérieur, résout promptement toutes les humeurs indurées. Si l’on pra- tique des lotions sur la tête avec son suc, on guérit les démangeaisons. Si l’on fait des onctions sur la face, dans les cas de vitiligo, avec de l'huile et de la cire mélangées avec cette décoction, on le fait disparaitre. Si l’on en fait des frictions dans l’alopécie, on fait repousser les cheveux. — MASSERJIDOUIH : — Il est froid et augmente l’atrabilé. — DIOSCORIDES : — Il y en a une espèce sau- vage, ressemblant au chardon, que l’on appelle 00 » 20 Lyctus impressus Comol. Sardaigne.................. » 80 | Scymnus nigrinus Kug. SR ee nie nee Ne » 95 Xylographus Bostrichoides Duf. Pyrénées............ » 40 — biverrucatus Pauz. =... 4000 » 40 Cis/boletiSCOp.AULRICheE TEAM EN AR REARE » 20 — Kiesewoetteri Muls. France............... » 40 =" MSpidus Glen RAR RS RE nee » 20 in pygmœus Geof. ER MOOD ED BOSS Gun » 20 striatulusiMel Corse ARR e RP nes » 20 — abietis Payk. A AP nu » 40 —=comptusi@yl. 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Vignal, pharmacien à Mauriac (Cantal), des échan- tillons de roches sur l'origine desquelles les habitants du pays n'étaient pas, me dit-on, parfaitement d'accord, Je les reconnus du premier coup d'œil pour appartenir à la catégorie de ces singuliers matériaux de construction qui, soudés ensemble par l'application d’un feu assez grand pour déterminer leur fusion supertficielle, com- posent les fortifications vitrifiées qu'on a signalées en tant de points de la France et dans un si grand nombre d’autres régions. À Ils proviennent d’une localité qui est relativement peu connue quoiqu'elle soit des plus pittoresques, et leur étude m'a procurédes particularités qui ne font pas double emploi avec cellés qui ont été le plus ordinairement signalées. C’est auprès du hameau d'Escouaillers que les pierres 25 SÉRIE — 15 AVRIL 1899 ont été ramassées, « où l’on voit, dit M. Boule dans son récent volume sur le Cantal (p. 233), une petite esplanade connue sous le nom de Plano del vieil Chastel et où se trouvent des restes très intéressants de murs vitrifiés ». Il parait que ces restes sont fort peu connus dans le pays, au moins de visu, et je n’en veux pour preuve que ce pas- sage d’un article publié le 28 janvier 1899 par le Réveil de Mauriac et qui commence par ces mots : « Il n’est aucun de nos concitoyens qui n'ait entendu parler du Château Vieux d'Escouaillers, le légendaire château de Basolus. Muis assurément la plupart en ignorent la vraie situation. Certains prennent pour les ruines de ce château le pit- toresque amoncellement de prismes basaltiques que l’on trouve à l'extrémité du village et qui mérite bien à lui seul d'être visité, D’autres, se basant sur cette confusion, dont ils ne sont pas dupes, nient purement et simple- ment, à Escouaillers, l'existence de toute espèce de châ- teau quelconque ». Tout d'abord on trouve dans le Dictionnaire du Cantal de M. Em. Delalo une notice d’où il sera intéressant d'extraire la description des lieux : « Le plateau, dit-il, Fig. 1. — Fortification vitrifiée du Cantal. est parfaitement uni; au midi et au couchant il s'étend jusqu'aux escarpements et rien n'annonce à ces aspects qu'il y ait eu un rempart où un travail quelconque d'art, Il n’en est pas de même à l’est et au nord; dans cette partie, le plateau est défendu par un retranchement de pierres brutes qui s'élève à trois ou quatre mètres au- dessus de la plaine, qui en suit les contours, et dont la base a au moins dix mètres de largeur ».Ces pierres, qui sont placées sans ordre, mais avec une disposition géné- rale qui rappelle un retranchement, consistent en frag- ments de gneiss et parfois de micaschiste ramassés sur place et de basalte apportés d’un kilomètre au moins, distance à laquelle se trouve le pointement de roche vol- canique le plus rapproché. L'aspect de ces blocs est fort étrange, car on reconnait à la première vue qu'ils ont été fortement chauffés. Le basalte est souvent tout à fait fondu, et il a enveloppé, en coulant autour, les fragments de gneiss et de micaschiste. Parfois la roche granitique a été elle-même ramollie et on y voit des boursouflures, Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. Quant à la cause de cet échauffement insolite, elle est manifestement dans de grands feux allumés volontaire- ment sur les matériaux, au fur et à mesure de leur accu- mulation, dans le but de les souder ensemble par fusion, ce qui devait assurer une extrême solidité à l’ensemble. On peut reconnaitre la nature du combustible employé, car, dans maints endroits, le basalte fondu a conservé par moulage la forme du charbon de bois et même des frag- ments plus ou moins volumineux de cette substance. C’est, comme on voit, faire des murs d'Escouaillers un nouvel exemple des fortifications vitrifices dont les Gaells ont laissé des vestiges dans tant de parties de l’Europe. Ce sont, comme on le sait bien, des enceintes ou de simples débris de murs dont les matériaux ont été soudés à l’aide du feu. Nous en connaissons des environs d’Ar- gentan (Orne), de Sainte-Suzanne (Mayenne), du Camp de Péran près Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord), du Puy de Gaudy près Guéret et de Châteauvieux (Creuse). Il y en a dans les Vosges, dans la Charente-Inférieure, en Écosse, dans les provinces Rhénanes, etc. 90 LE NATURALISTE Au camp de Péran, les vitrifications paraissent avoir coulé des parties supérieures le long des pierres qu'elles enveloppent et sous lesquelles elles pendent en stalactites. D'après M. Anatole de Barthélemy, le rempart aurait été construit, à sa partie inférieure, d'assises de pierres restées encore à peu près intatëtes; puis, au-dessus, de plusieurs lits de pierres fondues séparées par des couches de cendre et de charbon; enfin, le sommet du mur, de pierres moins échauffées que celles de la moyenne. Dans la Charente-Inférieure, au Peu-Richard, on a découvert au sommet d’un mamelon crayeux, une double enceinte formée par des fossés bordés d’une sorte de rempart en terre. Tout porte à croire que cette fortifi- cation remonte à l’âge de la pierre polie; sur le plateau, aussi bien que dans les fossés qui naturellement étaient comblés, on à recueilli un grand nombre de silex taillés et polis, des instruments en os, des fragments de poteries et des ossements d'animaux qui avaient été mangés ; nulle part ne s’est montrée la moindre trace de métal. Les poteries faites à la main rappellent bien celles de l'époque néolithique. Dans les Vosges, on à remarqué des retranchements semblables au sommet des montagnes escarpées. La dureté de la roche n'a pas permis aux hommes néoli- thiques d'y creuser des fossés avec leurs outils et ils se sont contentés d’y élever un rempart, Comme dans bien des cas de ce genre, l'observation des causes actuelles jette du jour sur la question. Il y a dans une région de l'Hindoustan des peuplades qui, à l'heure actuelle, vitrifient des murailles. On a vu par quel procédé 1ls opèrent : quand un mur est élevé, on le renferme entre deux murs de gazon; on remplit l'in- tervalle de combustible que l’on remplace à mesure qu'il hauteur est brülé et Jusqu'à ce que tout le mur soit cimenté en une masse unique (1). Toutefois, on a dü, suivant les cas, employer des pro- cédés différents car souvent, dans les mursantéhistoriques, les parties centrales sont plus avancées en les parties marginales : si on avait chauffé extérieure- ment, il ÿy aurait une diminution d'intensité à partir de la paroi externe vers l’intérieur, lors même que la cha- leur aurait duré assez longtemps pour y pénétrer, et ce n'est pas ce qu'on observe, au moins pour l'ordinaire. Dans certains cas, les anciens ont dû souder les frag- ments à l'aide d’une pâte vitreuse obtenue en ajoutant à une matière argileuse du sel marin comme fondant, C’est peut-être comme cela qu'au fort de Sainte-Suzanne a été obtenue une sorte de béton à fragments de quar- tite dans lequel la chaux est remplacée par une subs- tance vitreuse. Ailleurs, comme à la Courbe, on a eu encore recours au sel marin, mais par un tout autre pro- cédé. Une substance argileuse, schiste ou argile, c'est-à- dire un silicate d’alumine, a été mélangé de sel marin, de mamière à se ramollir sous l’action du feu et à se trans- former en une masse compacte très cohérente et assez dure pour faire feu au briquet. Sans doute, l'opération était plus difficile encore quand il s'agissait de fondre partiellement le granit comme on y est parvenu à Châteauvieux, au Puy de Gaudy et au Camp de Péran. Pour ramollir une roche aussi réfrac- taire que le granit, pour fondre son mica et quelquefois fusion que (1) Voir à ce sujet : Lecouzx pe FLaux, Nicholson Journal, t. XIT, p. 313, 1804. ) méme son feldspath sur des épaisseurs de plusieurs mètres, il a fallu une énorme quantité de combustible et en outre une vraie possession de l’art si difficile de con- duire le feu. Ici sans doute, aucun fondant n’est intervenu, si ce n'est d'une façon accidentelle et fort peu efficace, l’alcali contenu dans la cendre du bois employé au chauffage. Car les fragments sont uniformément trans- formés; considérés dans leur cassure, ils ont le même aspect dans leur centre qu'à quelques millimètres de leur surface. Cette dernière circonstance, rapprochée de la faible conductibilité des roches pierreuses pour la chaleur, démontre que l'application de la chaleur a été fort pro- longée. À Escouaillers,une moins grande difficulté résultait de ce que le basalte est'relativement fusible, La figure 1 jointe à cet article montre comment cette roche a fré- quemment enveloppé, de la manière la plus exacte, des fragments d’une roche granitique. C’est une espèce de gneiss à grain fin qui a cependant acquis sur ses cassures un éclat un peu gras qu'on ne voit guère chez les roches normales. La figure 2 montre l'apparence d’une lame mince dessinée au microscope au grossissement de 80 dia- mètres. On y remarque d'abord lintimité de la soudure Fig. 2. — Fortification vitrifiée. Coupe microscopique. : du gneiss (à gauche et en bas) avec le basalte (à droite et en haut), On est frappé en second lieu de la structure de la roche pyroxénique qui, malgré la fusion complète qu'elle a subie ne contient aucune partie vitreuse. On y revoit les grands cristaux feldspathiques noyés dans un magma composé de très fins microlites de Labrador et de pyroxène qui caractérisent le basalte ordinaire. Cependant, si on fait fondre du basalte, on obtient un verre qui ne cristallise que par un recuit très prolongé. Ce basalte régénéré diffère d’ailleurs essentiellement du basalte proprement dit par l'absence de toute matière capable de se dégager sous forme gazeuse par la chaleur Aussi peut-on le faire fondre une seconde fois sans y développer les bulles qui, lors de la première expérience, rendent le verre si foisonnant. On voit pourtant des bulles dans le basalte d’Es- couaillers, mais elles se sont faites sans aucun doute lors A LE NATURALISTE 91 de la première liquéfaction et ont persisté malgré la cris- tallisation qui a accompagné le recuit. Le gneiss lui-même, en plusieurs points, est tout sco- rifié, rempli de bulles et pénétré souvent de matière vitreuse. Cependant on lui retrouve, en bien des régions, la structure et la composition ordinaires. Parfois le mica est disloqué et on voit se manifester une sorte de struc- ture fluidale dans la disposition des éléments. Ce n'est qu'en petite quantité que j'ai apercu de très petits cris- taux engendrés par la fusion et s'ajoutant à ceux qui, normalement, composent la roche. La mellilite, les spi- nelles sont les plus fréquents. Stanislas MEUNIER. LE TRANSIT DES CAILLES La cause que j'ai défendue dernièrement dans le Natu- raliste (Prohibition du transit des cailles vivantes durant la clôtuie de la chasse) est aujourd'hui gagnée. J'apprends, en effet, que ce transit vient d'être interdit en France, à partir du 20 avril. C’est à notre ministre de l'Agriculture, M. Viger, que nous devons cette mesure excellente et que nous espé- rons définitive, Les agriculteurs aussi bien que les chasseurs lui en seront reconnaissants, Car il ne faut pas oublier que, si la caille représente un délicieux rôti pour nos tables, elle est en outre un précieux auxiliaire pour l’agriculture. Elle détruit dans nos champs une grande quantité de mauvaises graines et d'insectes nuisibles aux récoltes. À ce double titre, elle méritait d'être protégée. Chasseurs et agriculteurs n’ont qu'à se réjouir de ce triomphe du bon sens, triomphe qui n’est pas toujours facile. MAGAUD D'AUBUSSON. DESCRIPTION DB COUUILLES NOUVELLE Perræus AMBOULIENSIS,testarimata rima lata inaxi columellari à intrans, oblongo-ovata, tenuis, subtranslucida, albo-lutescens, striis productis obliquis numerosis ornata, spira oblongo-cor- nica apice obtusminuscula; anfr. 7 convexi, regulariter cres- centi, sutura impressa, funiculo, marginata ; apertura ovalis, obliqua, ad dextram excentrica, peristomum parum reflexum intus vix incrassatum {marginibus approximatis collo junctis), columella extus late reflexum, intus inferne plicata subcon- torta long. 20, diam. 10, apert. long. 9 lat. 6 mm. Hab. environs de Djibouti, trouvé dans les alluvions de l’'Amboulie. LimICoLARIA HABRAWALENSIS, testa anguste perforata, ovato- turrita, tenuis, nitida, longitudinaliter et spiraliter striata, decussata, alba, aut pallide flavo strigis ferrugineis flexuosis in zonis duobus dispositis maculata, apice obtusissimo:; anfr. 7-8 convexi, sutura impressa, irregulariter crenata sepa- rati, ultimus ad aperturam absoletaangulatus ; apertura ovalis, labrum tenus acutum, margo columellari strictum involutus, alt. 35-47 diam. 19. Hab. le Comal, tribu des Habr-Awal. Dr JoussEAUME. LES FOUILLES PRATIQUÉES DANS LES RUINES Le naturaliste trouve beaucoup d'objets intéressants en fouillant dans les ruines des anciens monuments, ainsi que dans les tombeaux, dans les cavernes, dans les souterrains où même tout simplement dans les carrières. Nous mentionnerons certains dangers que l'on peut y courir et contre lesquels il est bon d’être prévenu, en vertu de cet adage qu’un homme averti en vaut deux. L'archéologie, par ses rapports avec l'anthropologie, touche de trop près à l'histoire naturelle pour que le naturaliste ne soit pas en même temps un peu archéo- logue, Aussi, l’étude des ruines présente-t-elle pour lui un double intérêt, et lui permet de faire une ample mois- son qui récompense sa peine et sa persévérance; j'ajou- terai même parfois son courage. Autrefois, nous allions détacher à coups de couteau les coquilles fossiles, contenus dans les bancs les plus tendres du calcaire grossier ou du calcaire nummulitique, au sommet des collines de Picardie, qui limitent la vallée de l'Oise du côté du couchant. C’est par milliards, que l'on y trouve des nummulites. Nous avons eu plusieurs fois la chance d'en découvrir de tout à fait sphériques, ayant identiquement la forme et la dimension d’une bille en ivoire jauni, bien qu’elles fussent de nature calcaire, c'est-à-dire formées de carbonate de chaux, de 1 centi- mètre environ. Un coup de marteau franchement asséné, au retour à la maison, les divisait en deux hémisphères, qui permettaient de voir distinctement leurs sphères et leurs logettes sur la surface de section. Parfois les nummulites tous empâtées au milieu d’une foule d'autres coquilles, d'empreintes ou de moulages de coquillages fossiles; de là, ces vis d'Archimède de toute grandeur, bien connues de nos petits camarades. Nous en avons vu une volumineuse, qui devait remplir l'inté- rieur d'une cirithe gigantesque, d'un bon pied peut-être de longueur et d’une grosseur appropriée. Nous l’avons laissée adhérente à la pâte du calcaire grossier, dans laquelle elle était solidement enchässée, de peur de l’abimer, C’était aux Cinq-piliers, sur la montagne de Choisy, sur l'emplacement d’une ancienne carrière aban donnée. Elle y est peut-être encore, bien que cela remonte à une quarantaine d'années. Jadis on taillait des cercueils dans les bancs de roche tendre nummulitique; et il en existe beaucoup, près du jardin de la ferme d’Attiche; à une profondeur de 50 centimètres environ, on retrouve encore de ces dalles en grand nombre, de l’autre côté de la vallée de l'Oise, à côté de Cutz, sur la vieille voie romaine qui franchit la montagne de Choisy, qui dispa- rait dans la descente, cachée sous une épaisseur de deux mètres de sables éboulés. Rien n’est intéressant comme l'étude de ces anciennes chaussées romaines : on y découvre parfois des médailles gauloises en or, avec un animal dessiné au revers cheval, sanglier ou une autre bête. Un des dangers les plus communs que l’on court dans les explorations de vieilles ruines ou de carrières aban- données, c’est de tomber tout à coup au fond d'un trou plus ou moins profond, On peut tomber ainsi au fond d'un puits, d'une cave, d’un souterrain, d’une carrière à demi effondrée, etc. Les puits ouverts à ras de terre, que l’on rencontre dans les carrières, sont souvent de simples trous de sondage, que l’on avait faits sans doute pour 92 LE NATURALISTE s'assurer de l'épaisseur du banc de pierre. Quoi qu'il en soit, la première chose à faire, c’est d'essayer d’en sortir tout seul; soit en s’aidant des aspérités naturelles de la roche, soit en accumulant en tas les pierres que l’on peut y trouver au fond, Il en faut jamais désespérer, Un cri d'appel, répété à de courts intervalles, peut encore être utile, même si l’on suppose que personne ne soit à portée de la voix. Dans un cas de ce genre, un de nos amis vit d’abord apparaître une tête de chien, à l’ou- verture du trou où il était tombé. Quelque temps après, le chien revint avec un berger. Enfin, au bout d’une heure, des hommes vinrent avec une corde à nœuds le rer de sa fâcheuse position. Il en était quitte pour une forte émotion et quelques accrocs à ses vêtements. Une surprise assez désagréable qui attend l’explora- teur des ruines en Tunisie ou en Algérie, c'est de voir tout à coup des serpents sortir du sable, en déroulant rapidement leurs anneaux; à la grande stupeur du cher- cheur noirci, qui espérait découvrir des mosaïques inté- ressantes ! Ce ne sont pas des boas constrictors, ni des serpents à sonnette; ce sont seulement de longues cou- leuvres, au corps fluet; mais les Arabes en ont généra- lement peur. À la fin on s’y habitue, et on n'y fait plus attention. Nous en avons plusieurs, provenant de fouilles exécutées à Lambessa, il y a vingt-cinq ans. On ren- contre encore d’autres petits serpents singuliers, à bouts arrondis, trapus comme des sangsues gorgées de sang. Ces petites bêtes inoffensives sont cependant des serpents venimeux. Heureusement, ils ne peuvent pas mordre, car leur bouche est toute petite, et leurs dents à crochets sont placées tout au fond. Ils ne peuvent piquer que les petits animaux, déjà à moitié avalés. Ce sont des Opis- toglyphes, plus curieux que dangereux. Signalons encore ce piège singulier, tendu dans les cavernes où sont enterrés les Pharaons de l'antique Egypte, pour mettre ces tombes à l'abri des atteintes des Arabes pillards, qui vont les violer pour les dépouiller de leurs bijoux. Une entrée basse conduit dans un couloir incliné en pente assez raide, sur laquelle on glisse, si on peut s’y tenir debout; et on aboutit ainsi à un puits pro- fond, taillé à pic dans la roche vive, où on a grande chance de tomber sans pouvoir en sortir. De l’autre côté de ce précipice sont les chambres avec les momies. On y trouve tout d’abord un grand serpent : Ne craignez rien, il est en bois peint! Est-ce un symbole mortuaire, ou n’a-t-il été placé là que pour faire peur aux voleurs ? C’est encore un mystère ? D' BouGox. Les Cusceutes Les Cuscutes sont des plantes parasites dont la plu- part sont nuisibles à l’agriculture. Elles appartiennent au genre Cuscuta et à la petite famille des Cuscutacées, considérée par bon nombre de botanistes comme ne for- mant qu'une tribu de celle des Convolvulacées. On a signalé ces parasites dans les temps anciens, puisque Pline leur donne le nom de Cussuta, de Cadytas, et que les Assyriens les connaissaient sous la dénomi- nation de Cassylas. Jean Bauhin, dans son Historia plan - larum, parle des Cassuta, Cuscata, Cassytha, Cassitha et Cassuthas, que l’on retrouve également dans Tabernæ- montanus et dans Dodoëns, Tous ces noms, d’après des Moulins, qui s’est longuement occupé de l'étude des Cuscutacées, viennent des Arabes qui donnent aux plantes parasites en question l'appellation de Kossuth ou de Chassuth. Les Cuscutes, que nous trouvons en France, se ren- contrent sur un très grand nombre de plantes différentes et souvent sans occasionner de dégâts appréciables ; mais quand elles envahissent les cultures de trèfle, de luzerne, de lin, les vignobles, elles sont nuisibles au premier chef. Comment se développe la Cuscute? La graine germe sur la terre et la radicule s’y enfonce, en produisant une racine, qui n’acquiert qu'un faible développement et dis- paraît de bas en haut, Dès que la tige, grêle et filiforme, non feuillée, rencontre une plante vivante qui lui con- vient, elle l’enlace et développe à son contact de petits suçoirs qui s’y implantent. Ces sucoirs ont été comparés à des racines adventives, racines qui naissent fréquem- ment sur les parties aériennes des végétaux; ils sont des- tinés à sucer les sucs des tiges sur lesquelles les filaments de la Cuscute se sont établis. D’après Hugo Mobhl et L. Koch, la cause initiale de la formation de.ces sucoirs est lirritation locale, causée par le contact d'un corps étranger. Mais ici se présente une particularité des plus remarquables : quand la Cuscute n’a pas encore com- mencé son existence parasite, le contact voulu doit être celui d’un végétal vivant; plus tard il n’en est plus ainsi et celui d’un corps absolument inerte, comme une baguette de bois, une tige métallique, un tube de verre, produit le même effet, Les recherches de L. Koch lont conduit à admettre que le développement des sucçoirs de la Cuscute n'offre aucune analogie avec celui d’une racine. D’après lui, ces organes destinés à la succion sont com- posés de « files de cellules unies localement, naissant dans la tige, qui se développent ultérieurement en fila- ments analogues à ceux des champignons, pour mener dans la plante nourricière une existence indépendante qui succède à l’union dans laquelle ils se trouvaient auparavant, » La racine issue de la germination de la graine ne dure que fort peu de temps et, de très bonne heure, il n'existe plus aucun lien entre le solet le parasite. L’em- bryon est filiforme, enroulé en spire et est privé de cotylédons, mais pourvu d’un albumen farineux abon- dant. La radicule nesort de la graine que plusieurs semaines après que cette dernière est tombée sur le sol; elle est épaissie fortement au-dessus de son extrémité qui est en cône eflilé et ne s'enfonce que de quelques millimètres dans la terre. La tigelle, qui reste quelque temps coiffée par la graine, se relève en faisant sur elle-même une sorte de boucle; elle se nourrit en consommant les matières amylacées emmagasinées dans la radicule qui est épaissie et dans la partie inférieure d'elle-même, La jeune tige se forme aussi, mais elle se mortifie bientôt à partir de son extrémité radiculaire. Elle devient flasque dans sa partie inférieure, ce qui la force à se coucher sur le sol, tandis que son extrémité supérieure décrit des mouvements circulaires. C’est dans cette recherche de sa proie, qu’elle rencontre une tige capable de la nourrir, et qu'elle l’enlace de replis serrés. Les sucoirs prennent alors naissance, comme nous l'avons dit plus haut. Si la plante rencontrée n’est pas favorable au parasi- tisme de la Cuscute, cette dernière l’abandonne et va chercher fortune ailleurs. Il s’est écoulé un certain temps ER LE-"NATURALISTE 93 entre le moment où la jeune tige a cessé de se nourrir aux dépens des réserves qu'elle porte emmagasinées en elle- même, et celui où la formation des sucoirs a lieu. Pendant cette période, qui peut comporter de deux à trois semaines, la mortification de la tige continue et, quelque- fois en arrive à ne plus être longue que de 10 à 15 milli- mètres. La production des sucoirs peut avoir lieu sur toutes les parties du végétal parasite. Mais le fait le plus curieux à cet égard est fourni par certaines cuscutes exotiques telles que les Cuscuta Sidarum Liebum et st-obilacea Lieb, qui se développent sur des Malvacées. Leur tige disparait de très honne heure, bien avant que les fleurs ne soient épanouies. On pourrait croire que la floraison n'aura pas lieu et que la plante va mourir. Les boutons floraux, heu- reusement, conservent toute leur vitalité et développent des sucoirs, qui se comportent exactement comme ceux qui auraient pris naissance sur les tiges. Leur croissance est ainsi assurée jusqu'à l'épanouissement, ainsi que la production des graines. à La culture des Cuscutes se fait avec la plus grande facilité, en semant des graines de plantes susceptibles d’être parasitées, mêlées à des graines de cuscutes. Avec le trèfle et la luzerne la réussite est certaine. On peut encore, comme avec l’ortie, semer la Cuscute directe- ment sur les racines de la plante nourricière. Un agro- nome italien, Benvenuti, a fait de nombreuses recherches à ce sujet, et il a remarqué qu'en pratiquant le semis au commencement d'avril, la germination n'avait lieu qu'au commencement de mai pour la Cuscute, tandis qu'elle s'était effectuée, au bout de quelques jours, pour les autres graines. Il n’y eut même de succès qu'avec le trèfle etla luzerne. La végétation se développe avec luxuriance, de facon qu’on peut écrire sans exagération qu'un « seul pied de cuscute peut, en trois mois de temps, faire périr toutes les plantes quil’environnent, jusqu'à une distance de plus de trois mètres en circonférence ou tout à l’en- tour », La propagation peut se faire par un véritable boutu- rage, C’est ainsi que des fragments ou des brins de cuscute, coupés et transportés ailleurs, peuvent con- tinuer à vivre; au bout de quelques jours ils ont déjà émis des suçoirs, qui se sont enfoncés dans les tissus des plantes nourricières et poussentdenouvelles ramifications. Avec trois fragments ainsi traités, au bout d'un mois, Benvenuti a pu obtenir une végétation si brillante, que plus de sept cent cinquante glomérules de fleurs avaient déjà pris naissance. La végétation la plus active, dans ce cas, eut lieu sur le muürier, les grappes de raisins, les chénopodes, les capucines; par contre, elle fut toujours languissante sur les graminées. De ces observations, Benvenuti concluait en sus que la Cuscute était une plante vivace, sarmen- teuse, persistante pendant l'hiver. Decaisne était arrivé aux mêmes conclusions, ou tout au moins à constaté qu’elle résiste à nos hivers. Malgré cela, 1l parait hors de doute que les Cuscutes sont bien des plantes annuelles et ne se reproduisent que par graines, Un grand nombre de plantes, avons-nous dit, sont sus- ceptübles d’être envalues par les Cuscutes. Dans la nature, en ce qui concerne les espèces appartenant à la fleur francaise, il faut citer les Silene, Convolvulus, Ceras- tium, Geranium, Genista, Trifolium, Medicago, Anthyl- lis, Onobrychis, Linaria, Rhinanthus, Euphrasia, Teu- crium, Thymus, Cirsium, Achilleæ, Atriplex, Polygonum, Orchis, Graminées, On peut encore ajouter à cette Liste: les Bruyères, le Lin, le Houblon, l’'Ortie, la Vigne, les Bidens, les Eryngium, les Plantains, l’Ajone et une foule d’autres végétaux. Dans les jardins, la Cuscute s'attaque également à beaucoup de plantes cultivées, Pépin à remarqué, en 1848, qu'au Muséum « la Cuscute se propageait d'une facon déplorable et qu'un grand nombre de plantes vivaces et d’arbustes exotiques en avaient été envahis ».A l'exception des graminées, on la rencontrait sur presque toutes les familles, entre autres sur les jeunes conifères, les cactées et même des plantes aquatiques. Nous l'avons vue en abondance détruisant des semis de Lobelia Erinus. Il faut ajouter que des espèces exotiques se propagent dans les jardins botaniques, comme cela à eu lieu au Muséum, pour le Cuscuta americana, qui avait littérale- ment envahi l'orangerie de cet établissement. Desmoulins a établi, parmi les Cuscutes, un certain nombre de genres dont nous ne retiendrons que trois : Cuscuta, Grammica et Epilinella, Au premier appartiennent le Cuscuta Epithymum, qui se développe sur la plupart des plantes herbacées ainsi que sur les bruyères, l’ajonc, le genêt; le Cuscuta Trifolii, très voisin du précédent, qui cause d'importants dégâts dans les champs de trèfle et de luzerne où il se développe en cercle; le Cuscuta europæn, qui recherche le houblon, l'ortie, les cultures de vesces; les Cuscuta Kotschyii et Godronii plus rares du Midiet du Sud-Ouest; le Cuscuta monogyna,qui para- site la vigne dans le midi de la France et se rencontre en d’autres régions sur les Saules, les Tamarix, les Pista- chiers, les Euphorbes. On a fait de cette dernière espèce un genre spécial Monogynella. Au genre Epilinella appartient l'Epilinella cuscutoides, plus connu sous le nom de Cuscuta densifiora et epilinum Cette espèce, plus rare aujourd’hui qu'autrefois, envahit les champs de lin et est connue sous le nom de Bourreau du lin. Enfin les Grammica où Cassutha renferment chez nous l'ancien Cusceuta suaveolens introduit d'Amérique avec des graines de luzerne et qui s'est répandu dans une grande partie de la France, et le Grammica Bidentis, parasite sur les Bidens dans le département de la Cote- d'Or. Les genres Cuscuta, Epilinellaet Monogynella consti- tuent latribu des Cuscuteæ de Desmoulins, caractérisée par la déhiscence circulaire de la capsule; le Grammica appartient aux Cuscutineæ à déhiscence non circulaire. Dans les Cuscuta, les styles sont filiformes ; ils sont cla- viformes dans l'Epilinella et, dans le Monogynella,on n’en trouve qu’un seul qui est capité, oviforme. Les styles sont capités et globuleux dans les Grammica. Quant aux espèces, elles sont faciles à distinguer entre elles, ainsi que le montre le tableau suivant : I. Fleurs pédonculées, en co- rymbeslâches ; déhiscence THON ICILCUIAITE FETE IT. Fleurs à peu près sessiles, formant des glomérules assez denses ; déhiscence circulaire. A, Unseulstyle dans chaque HEURE er B'ADeEUX SLI RARES A’ Styles claviformes; tige presque toujours simple; graines réticu- Grammica suaveolens Monogynella Vahliana Epilinella cuscutoïdes 94 LE NATURALISTE B’ Styles filiformes ; tiges rameuses ; graines lis- ses. a. Tiges filiformes; éta- mines incluses ; styles plus courts que l'ovaire b. Tiges capillaires; éta- mines saillantes; styles plus longs que l’ovaire. Ecailles convergen- tes fermant le tube de la corolle:...... Ecailles convergen- tes, mais sans fermer le tube de la corolle, Cuscuta europæa Cuscuta Epithymum Cuscuta Trifoli Les Cuscuta Epithymum et Trifolii sont susceptibles de causer de sérieux dégâts à l’agriculture ; les graines des Cuscutes mêlées à celles du trèfle et de la luzerne ont dù être séparées pour arriver à avoir des cultures pures, non parasitées. On arrive à ce résultat par l'opération du décuscutage qui se pratique actuellement sur une grande échelle, au moyen de décuscuteurs. P'MEARIOT: LE MAL DES MONTAGNES Les naturalistes, botanistes et entomologistes, dans leurs excursions sur les hauts sommets des Alpes, des Pyrénées ou même du Plateau central, ont appris à connaître, en les éprou- vant d'une facon plus ou moins intenses, ces troubles physio- logiques particuliers que la pathologie étudie sous le nom, un peu vague, de Mal des montagnes. Connu depuis le xvie siècle grâce à la célèbre description de Dacosta, il a été pendant ce siècle et encore tout dernière- ment l’objet de savantes études. I a recu différentes appellations : c’est le Soroche des mon- tagnards de l'Amérique, le mal de Puna, le mareo des Cor- dillères, l'asthme des montagnes, le Vela ; cependant le terme de mal de montagne a prévalu. Suivant les dispositions individuelles, il se montre à des al- titudes diverses : au delà de 3000 mètres il se produit chez tous les hommes qui se livrent à un travail quelconque, mais là encore la résistance individuelle intervient. Un même exer- cice fatigant ne donne lieu à des malaises aussi accentués chez tous les malades. Il en est qui possèdent une immunité relative et d'autres chez lesquels les moindres mouvements causent des attaques sérieuses. L'influence de l'altitude n’est point la même suivant les ré- gions et, dans une même chaine de montagnes, les sommets libres sont généralement moins à redouter. Le mal des montagnes ne doit pas être confondu, encore qu’il prédispose à ce dernier, avec le vertige des sommets qui est un simple trouble de l’innervation, tandis que celui-là exerce à la fois son action sur le cerveau, sur le nerf et sur le muscle; sur lä calorification, la respiration, l'élimination urinaire et par suite sur la composition chimique et physiologique du sang. Il affecte de facons identiques les hommes et les animaux. Boussingault la signalé chez les mulets : « Nous nous élevions insensiblement, écrit-il; nos mulets marchaient avec peine et difliculté, au milieu des débris de roche qui sont accumulés au pied de la montagne. La pente devenait très rapide, le sol était meuble et les mulets s'arrêtaient presque à chaque pas pour faire une longue pause ; ils n’obéissaient plus à l'éperon. La respiration de ces animaux était précipitée, haletante. Nous étions alors précisément à la hauteur du Mont Blanc, car le baromètre indiqua une élévation de 4.808 mètres au- dessus du niveau de la mer. » Je l’ai observé moi-même dans une excursion au Puy de Dôme, sur un chien de petite taille, un carlin de trois ans, du poids de 2 kilog. 300. Il présenta surtout des troubles gas- triques, de l’inappétence, des nausées et des vomissements suivis d’une soif très intense. De grandes différences s’observent dans les prédispositions individuelles à cette affection, elles semblent tenir plus parti- culièrement à deux facteurs principaux : la taille et l’adapta- tion. ; L'adaptation confère une immunité plus ou moins parfaite aux habitants des hautes altitudes. La taille agit surtout par l'influence qu'elle exerce sur la respiration et l'élimination calorifique. Nous allons décrire sommairement les principales perturba- tions que l’on observe dans le mal des montagnes, et indiquer les explications théoriques ou expérimentales qui en ont été données. Respiration. — Le symptôme le plus constant du mal des montagnes, celui dont les ascensionnistes ont le plus à souf- frir, est l’embarras extrême de la respiration. Il a surtout été bien décrit par Dacosta qui l'éprouva sur les hauteurs du Pa- riacaca dans une ascension des Cordillères. Les ascensionnistes du Mont Blanc sont également una- nimes sur ce point. Le D' Paccard et son guide Jacques Balmat, qui les premiers en firent l'ascension étaient essou- flés avant d'arriver aux rochers Rouges (4.500 mètres) ; il en fut de même pour de Saussure l’année suivante. Le D' Lortet (1) a noté la fréquence des mouvements res- piratoires : « De Chamonix (1.050 mètres) au Grand Plateau (3.952 mètres), le nombre des mouvements respiratoires est à peine modifié; nous trouvons, au repos, 24 par minute, comme à Lyon et à Chamonix ; mais du Grand-Plateau aux Bosses du Dromadaire et au sommet, nous trouvons 36 mou- vements à la minute. Au sommet, le moindre mouvement amène de l’essoufllement; mais après deux heures de repos ces malaises disparaissent petit à petit. La respiration descend à 25 par minute, mais elle est toujours pénible. » Il est inutile de multiplier ces citations d’excursionnistes, toutes se ressemblent. 3 A cette augmentation du nombre des mouvements thora- ciques, il faut ajouter de l’oppression, de la dyspnée, de l'anxiété respiratoire qui ordinairement s'accompagne d’une sensation douloureuse à la poitrine qui, d'après le D° Pia- chaud (2), est le plus pénible de tous les symptômes du mal des montagnes. Les conditions atmosphériques ont leur influence sur ce ma- laise, une brise légère le calme, ou tout au moins l'atténue ; un vent violent l’exaspère jusqu'à l'angoisse. Lortet a encore signalé une modification de la forme de la respiration. I a montré que le volume d’air inspiré au sommet du Mont Blanc est plus petit qu’en bas. Il a également constaté que la durée de l'inspiration comparée à celle de l’expiration était plus petite dans le rapport de 3 à 2 au lieu de 4 à 3 en rapport normal. D'après le méme savant, l'inspiration, brusque au dé- but, baisse d’abord assez rapidement, puis très brusquement ; l’expiration est régulière et cesse brusquement. Suivant Egli-Sainclair (3) la respiration sur le Mont Blanc présenterait le caractère de Stocke: régulière pendant un certain temps, puis quelques fréquentes et profondes inspira- tions suivies pendant quelques secondes de la totale suspen- sion. Circulation. — Le premier, de Saussure a signalé le symp- tôme constant de l'augmentation du nombre des pulsations. Voici les chiffres qu'il a obtenu : Après # heures de repos : nombre de pulsations : à Chamonix (1.050 mètres). Au sommet : du Mont Blanc (4.110 mètres). Balmat guide, 98 49 Tetu, domestique 112 60 De Saussure 100 72 On observait donc chez les deux premières personnes une accélération cardiaque qui allait au double de l’état normal. (1) LorrTer. — Deux ascensions scientifiques au Mont Blanc. Revue des cours scientifiques, 22 janvier 1870. (2) Dr Pracmaur. — Observations médicales et physiolo- giques faites dans une ascension au Mont Blanc en 1864. Bi- bliothèque universelle. (3) Eczi-SaiNcLaIR. — Le mal des montagnes. Revue scient-. fique, 1er vol., p. 172. Médecin RE in his LE NATURALISTE 95 Lortet à également mesuré sur lui-même cet accroissement. Il a compté: À 1030 mètres, 6% pulsat., à 3050 mètres 116 pulsat. 1500 — 70 — 3932 — 128 — 1605 — 80 — 4555 — 136 — 2049 — 108: — 4810 — 472 — Malgré sa constance l'accélération du rythme cardiaque n’est cependant pas absolue, elle peut être très faible ou même parfois manquer complètement. Les modifications du pouls portent non seulement sur sa fréquence, mais encore sur sa forme.c. Le battement des ar- tères est plus fort, dit Ch. Guilbert, ceiui des artères intra- cräniennes très douloureux, le pouls est vibrant à peu près comme dans l'insuffisance aortique. » Et Lortet ajoute : « Le pouls est fébrile, précipité, misérable, on sent que l’artère est presque vide et que la moindre pression arrête le cours du sang dans les vaisseaux. » On a signalé la faiblesse de la tension artérielle, le ventri- cule gauche et l'artère se remplissent brusquement et se vident de même. Lortet qui a pris des tracés sphygmographiques les compare à ceux obtenus pendant la flévre typhoïde et con- clut à leur analogie; Chauveau et Forel voient dans le dicro- tisme une particularité du pouls aux altitudes élevées. La fréquence des palpitations a été signalée par de nom- breux observateurs et plus particuliérement par de Saussure, Bauffroy, Clissold, Barry, Lepileur, etc. Le célèbre physicien anglais Tyndall a également noté ce phénomène. « Au sentiment de la fatigue éprouvé jusque-là, dit-il en parlant d'une de ses ascensions, se joignit un nou- veau phénomène, des battements de cœur. Nous y étions in- cessamment soumis et ils devenaient parfois assez intenses pour faire craindre quelque Ganger. À chaque repos mon cœur battait à étre entendu comme je m’appuyais sur mon bâton, et son calme était le signal d’une nouvelle marche en avant. » Les hémorrhagies sont également fréquentes par suite de la vaso-dilatation périphérique qui amène dans les muqueuses un afflux sanguin qui peut aller jusqu’à rompre leurs vais- seaux délicats. Ces accidents sont surtout marqués dans la zone équatoriale et semblent liés dans une certaine mesure à latempérature ambiante. Ces hémorrhagies sont ordinairement nasales. Hawes et Felowes en 1827, Atkins en 1837 en obser- vèrent également de buccales ; mais elles ont surtout été notées par Dacosta, dans les Cordillères. Innervation. — Le ral des montagnes prédispose au vertige, aussi est-ce un des symptômes qui l’accompagne fréquemment, il faut y ajouterune céphalalgie intense que Guilbert comparaît à un cercle de fer serrant les tempes. Auldjo à noté la cessation de la céphalalgie pendant les repos ; de Humboldt, la coïncidence de l'envie de dormir et des vertiges; Moorcroft, dans l'Himalaya, celle des vertiges et de l’anxiété respiratoire. Les organes des sens sont également atteints, à l’exception toutefois du goût et de l’odorat qui ne sont nullement modi- fiés. La sensibilité tactile diminue ous’efface, la marche devient incertaine, les pieds ne sentent plus le poids du corps, les mains elles-mêmes deviennent insensibles. Il se produit une véritable hébétude de la vision et de l'audition, la rétine s’hy- péresthésie, ce qui provoque des éblouissements,ou au contraire une sorte de cécité passagère. Ces troubles particuliers du sens de la vue s’observent également, ainsi que l’a sisnalé Paul Bert dans les ascensions en ballon. L’oreille devient paresseuse, les sons sont »lus difficilement perçus, on éprouve des bourdonnements pénibles. On aobservé également destroubles mentaux qui débutent par une dépression générale desforces nasales et intellectuelles, par du découragement, de l'indifférence, une diminution de la mé- moire qui va, au témoignage de de Saussure, jusqu'à l’oubli de la signification des mots. Le D' Barry sur le point d’atteindre le Mont Blanc était dans un état d'indifférence absolue au sujet de la réussite ou de la non-réussite de son ascension. M. Lortet dit à ce sujet: « Comme ceux qui sont atteints du mal de mer, j'étais d’une indifférence complète pour moi et pour les autres, et je ne demandais qu’une chose, c'était de rester immobile. » Mais le but est atteint, les dispositions psy- chiques changent brusquement. Parlant de son arrivée au som- met du Mont Blanc en 1895,M. Luigi dell’Oro dit : « Le tressail- lement de joie du but accompli se traduit par des trépigne- ments nerveux voisins de la folie. On éprouve le besoin de crier, de danser, de pleurer, de rire. » Enfin pour être complet il faut ajouter un invincible besoin de sommeil, des frissons assez peu fréquents et des défail- lances. Troubles gastriques. — Inappétence, nausée et soif sont les trois symptômes digestifs les plus fréquents. Les nausées se montrent même chez ceux qui n'éprouvent aucun trouble res- piratoire, elles ressemblent beaucoup à celles que procure le mal de mer et peuvent aller jusqu'aux vomissements. La soif se manifeste toujours avec beaucoup d'intensité, de Saussure ne pouvait empêcher ses guides de lui voler sa pro- vision d’eau, Cette soif ardente est la conséquence de l’état de déshydratation de l'organisme, état qui se manifeste encore par une constipation opiniâtre. Excrélion urinaire. — Malgré la quantité de liquide absor- bée pendant les ascensions, la sécrétion urinaire est peu'abon- dante, les urines sont de couleur très foncée, la déshydratation s’accomplit plus particulièrement par la transpiration pulmo- naire qui devient très active On a cherché à doser les variations de l’urée. De Fick et Wislicenus après une haute ascension faite à jeun n’ont ob- servé ni augmentation, ni diminution. La fatique du muscle. — « Les jambes se refusent à la marche », affirme de Saussure. Fraser a observé un tremble- ment des genoux, même en terrain plat. Le colonel Bauffroy éprouväit pendant la marche une douleur très vive juste au- dessus du genoux. Le jeu normal des articulations est troublé par la fatigue musculaire, qui peut devenir extrème et atteindre jusqu'aux membres supérieurs. Calorificalion. — T1 faut distinguer la température générale de l'organisme et la température spéciale de la muqueuse buc- cale. Celle-là s'élève, tandis que celle-ci s'abaisse. L'hyper- thermie a été constatée par le professeur Forel (de Lausanne). Lortet en fait la conséquence de l'hypothermie qu'il croyait, à tort, générale ; Gavarret, d'une auto-intoxication carbonique ; Paul Bert, de l'insuffisance de l’oxygène dans le sang, de lanoxhémic. Les expériences de Paul Bert et celles Sainclair sont à ce sujet concluantes. Egli-Sainclair a observé, pendant une ascension du Mont Blanc, son sang et celui de ses deux compagnons. À mesure qu'ils s’élevaient, le sang devenait moins riche en hémoglo- bine. Le mal des montagnes serait dû à la diminution de l’hémo- globine, c'est-à-dire de la capacité respiratoire du sang. Est-ce l’unique facteur ? Les auteurs récents attribuent au contraire la part prépondérante à la fatigue. Ainsi en est-il de M. Chauveau et du D° Regnard. Kronecker a noté l'influence très vive que produit le moindre exercice. « Une vingtaine de pas sur une pente douce, d’accès facile, suffisait pour produire une accélération fiévreuse du pouls (100 à 160 pulsations) même chez les gens les plus ro- bustes, comme les guides ou les porteurs. « L'exercice amenait, chez presque tous, des battements de cœur et des suffocations ; ils éprouvaient certaines difficultés à se baisser et à faire le moindre travail nécessitant un peu d'attention. » M. Regnard a cherché à se rendre compte du rôle de la fa- tigue par l’ingénieuse expérience suivante. Il place sous une cloche, où l'on peut raréfier l'air au degré voulu, deux cobayes. L’un de ces animaux se trouve dans une roue que met en mouvement un courant électrique, le cobaye est ainsi contraint de marcher sans cesse, ce qui détermine bientôt chez lui de la fatigue, l'autre reste aû repos Le premier est atteint d'asphyxie, c’est-à-dire du mal de mon- tagne, bien avant que le second manifeste le moindre trouble. Le pression étant calculée pour CResDOndEE à une altitude donnée, le cobaye fatigué est malade à 4.000 mètres, tandis que celui au repos n’est dallement atteint à 8.000 mètres, altitude qui correspond à l'Himalaya. M. Regnard conclut que la fatigue, le travail musculaire facilitent l’asphyxie. Mais par quel processus ? La déshydrata- tion n’a-t-elle pas à ce point de vue sa part d'influence? J'ai montré(1), en mesurant les échanges respiratoires avant et après la déshydratation, que les échanges respiratoires augmentent lorsque l'organisme est déshydraté, ce qui permet plus récentes d’'Egli- ——————_— (1) Influence de la déshydration sur les échanges respira- toires. Sociélé de Biologie, 1cr juin 189%. 96 LE NATURALISTE de se rendre compte des causes qui provoquent la fréquence du mouvement respiratoire et l'hyperthermie. La transpiration pulmonaire qui est une élimination calorifique permet de lut- ter contre cette élévation de la température, mais elle conduit à une véritable déshydratation facilitée, en outre, par la faible intensité de la pression barométrique et l'état de sécheresse de l'atmosphère sur les hautes altitudes. La soif s'explique comme une conséquence directe de cette déshydratation. Le besoin d'oxygène se fait plus vivement sentir alors quela pres- sion atmosphérique de ce gaz diminue. Tous les troubles respiratoires relèvent plus ou moins de l’anoxhémie et de l'état asphyxique qui en découle. La déshydratation en dehors des conditions de l'ambiance est encore augmentée par l'exercice musculaire, par la fatigue, ainsi que l’a montré le Dr Rosanoff. Ses expériences per- mettent de pénétrer le mécanisme de son action dans le dé- terminisme pathogénique du mal des montagnes. M. Rosanoff répète l'expérience de Regnard et constate que le cobaye qui travaille diminue davantage de poids, c'est-à- dire se déshydrate plas rapidement que celui qui estau repos, ce qui fait qu'il résistera moins aux phénomènes asphyxiques et sera plus vite atteint par la diminution de la pression am- biante. Enfin, comme dernière conséquence de la déshydratation, il faut signaler la diminution constante de la sécrétion urinaire, ce qui entraine l’accumulation dans le sang d'acide lactique carbonique, créatine, créatinine, etc., produits sous l'influence de la fatigue et qui provoquent, en même temps qu’un état d’auto-intoxication, ces stases sanguines et cette diminution de pression qu’a indiquées Kronecker. Guérir le mal de montagne est chose relativement aisée. Le retour aux altitudes plus faibles et le repos en ontrapidement raison. Mais il est plus important d'indiquer aux alpinistes quelques mesures préventives d’une efficacité qui, sans être absolue, n’en est pas moins très réelle. J importe, avant tout, de lutter contre la déshydratation et la faiblesse cardiaque. Pour combattre ce dernier symptôme la caféine est tout indiquée. Quant à la déshydratation, le mieux est de s’abstenir de féculents et de toute boisson alcoolique Ou sucrée; l'alcool et le sucre agissent comme substances déshydratantes. L'alimentation doit être rigoureusement com- posée de substances azotées ou de graisses, c’est-à-dire que Yon doit se nourrir avec de la viande. Enfin Kronecker conseille encore aux voyageurs, aux explo- rateurs et excursionnistes non habitvés aux altitudes élevées de ne pas rester plus de deux à trois heures à la station du sommet, de ne point s'y livrer à des exercices violents. A. DissARD. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ALGÉRIE L'Algérie, par la diversité de climat de ses régions na- turelles, offre à l’activité européenne un vaste champ d'exploitation; mais il ne faut pas se laisser entrainer à de ficheuses exagérations et croire que cette belle con- trée puisse donner à la fois tous les produits des pays tempérés et la plupart de ceux de la région tropicale ou équatoriale. Pour montrer combien cette supposition serait inexacte, il nous suffira d'indiquer à grands traits la division de l'Algérie en régions naturelles et les véri- tables affinités de ces régions. Prise dans son ensemble, l'Algérie peut être consi- dérée comme un massif montagneux à deux versants principaux, l’un septentrional, l’autre méridional. Le versant septentrional (Tell, Région méditerranéenne) re- garde la Méditerranée ; le versant méridional (Sahara al- gérien, Région saharienne) s'incline vers les immenses plaines du grand désert de l'Afrique centrale avec les- quelles il se confond au sud. De vastes steppes d’une altitude moyenne de 700 à 1000 mètres (Hauts-Plateaux, Région des Hauts-Plateaux) forment le faite déprimé du massif qui, sur quelques points seulement, est sur- monté de montagnes plus ou moins élevées. Cés mon- tagnes, ainsi que celles de la région méditerranéenne, forment de vastes chaines ou des pics isolés, et souvent atteignent une assez grande altitude (1) pour différer no- tablement, par leur climat et leurs productions natu- relles, des autres parties du pays, et pour pouvoir être considérées comme une région naturelle (Région mon- tagneuse). La Région méditerranéenne doit à l'influence maritime, qui peut s’exercer au loin en raison du peu d’élévation et de la pente générale du sol, et à la direction des mon- tagnes qui la garantissent des vents du sud, une unifor- mité et une douceur de température qui lui sont com- munes avec les points correspondants de l’Europe et dont ne jouissent pas les autres régions. L'étude de la végétation de cette région et la comparaison sérieuse de ses éléments avec ceux des contrées européennes du bas- sin méditerranéen permettent de constater, par les chiffres les plus probants, son analogie avec les parties correspondantes du littoral européen. Ainsi la région méditerranéenne de la province de Constantine rappelle surtout la Sardaigne, la Sicile, l'Italie et Malte ; celle de la province d'Alger, le nord-est de l'Espagne, les Ba- léares et le midi de la France; celle d'Oran a les plus nombreux points de contact avec le midi et le sud-est de l'Espagne, En un mot, les aflinités des divers points de larégion méditerranéenne de l'Algérie se produisent surtout selon la longitude avec les parties les pius rap- prochées du continent ou des îles de l’Europe tandis que, dans les régions des Hauts-Plateaux et du Sahara, nous verrons les affinités selon la latitude devenir pré- dominantes. Ces faits paraissent démontrer, comme les données géologiques l’établissent également, que la Mé- diterranée n'a occupé son lit actuel, en submergeant une vaste étendue de continent, que postérieurement à la distribution des êtres telle qu'elle existe à notre époque. C'est à la vaste surface d’évaporation de cette mer intérieure que l'Algérie littorale doit un climat plus tempéréetdes productions moins méridionales que si elle était reliée directement au continent européen. Par ses étroites aflinités avec les contrées correspôn- dantes de l'Europe, larégion méditerranéenne de lAl- gérie sera toujours, pour les Européens, le centre princi- pal de colonisation, la région de culture par excellence. Nombre de plantes exotiques ont enrichi la flore algé- rienne dans ces dernières années : l’Eucalÿyptus d’Austra- lie, l'Arganier du Maroc (2), les Bambous, les Bananes, les Ananas, etc. On sait que les céréales et les légumes des pays tem- pérés réclament, dans la région équatoriale, des soins horticoles non moins attentifs que ceux qu'exigent les plantes équatoriales sous notre climat. Quelques lé- gumes même,qui, comme la Fève, lPArtichaut, l'Oignon, etc., tiennent une large place dans les cultures algé- riennes, ne peuvent y réussir. M. P. Sagot (in Bull. Soc. bot., IX, 147-155) à appelé, dans un intéressant mémoire, (1) Les plus hautes sommités dans les régions méditerra- néennes et des Hauts-Plateaux atteignent environ 2300 mètres. (2) Les semences que j'ai rapportées, en 1891, de Mogador et qui ont été cultivées avec succès au Jardin d’essai d'Alger. per- mettront l’expansion de ce pseudo-olivier, dont l’huile comestible est d’un usage courant au Maroc. LE NATURALISTE 97 lattention surces faits importants, eten a donné l'ex- plication physiologique. Le climat de Biskra, sur lequel se portent actuellement tous les projets de culture les plus variés, et cela bien à tort, ne convient nullement aux ananas, même avec l’aide des abris vitrés. L’abaissement de la température y est telle pendant les nuits d'hiver et souvent de prin- temps, que l'emploi d'un appareil de chauffage serait né- cessaire dans une serre, Même observation pour toute la vallée de l’oued Rir dont le climat, dit privilégié, n’est que trompeur, (V.Ch. Rivière, Etudes sur les végétaux alimentaires en Algérie. — Algérie agricole, 1895 p. 1327.) La Région montagneuse ne peut pas être limitée géo- graphiquement : elle est caractérisée surtout par l’alti- tude des reliefs du sol, qui, soit vers la côte, soit dans l’intérieur du pays, sont isolés ou forment des chaines continues. La végétation de la partie inférieure des montagnes environ de 600 à 1000 mètres d'altitude (1) diffère en général assez peu de celle des plaines ou des vallées voisines, À partir de cette hauteur, l'influence de la décroissance progressive de la température, la con- densation de l'humidité atmosphérique, et, pour les montagnes élevées, la présence de la neige, au moins pendant une partie de l'hiver, modifient profondément le climat, et par conséquent la végétation, qui se rap- proche beaucoup de celle de l'Europe centrale, L'Olivier, si abondant dans la région littorale et à la base des montagnes, où il forme sur de nombreux points de vé- ritables bois, ne se rencontre que rarement au-dessus de l'altitude que nous avons indiquée comme imite de la région montagneuse proprement dite ou région monta- gneuse supérieure, et ilne s’y présente plus qu'à l’état de buisson, au lieu d'atteindre les proportions des plus beaux arbres forestiers. Les Chênes à feuilles persis- tantes (Chène vert et Chène-Liège) y sont remplacés par des Chênes à feuilles caduques, le Chêne Zen (Quercus Mirbecki) (2\, et le Chêne à feuilles de Châtaignier (Quercus castaneæfolia) (3). Le Cèdre (Cedrus Libani var. Atlantica) est l'arbre réellement caractéristique de la zone montagneuse supérieure, et vers Batna dans l'Au- rès, dans le Djurdjura, dans les montagnes des Babors, dans celles de Teniet-el-Haad, etc., il forme souvent l'essence forestière principale. Une variété du Pinsapo (Abies Pinsapo var. Baborensis) croit avec lui dans les montagnes des Babors, et ce magnifique arbre est un des ornements de ces belles forêts qui n'auraient besoin que d’être soumises à un aménagement régulier pour ri- valiser avec nos plus riches futaies. À la région monta- gneuse appartiennent également : le Juniperus thurifera, qui, en Algérie, n'a été observé jusqu'ici que dans l’Au- rès ; deux espèces d’Érables, l'Érable à feuilles obtuses (4) Cette limite de la région montagneuse supérieure varie nécessairement suivant la latitude, la nature et l’état d’agré- gation du sol, le degré âe sécheresse et d'humidité, et selon que la montagne est isolée ou fait partie d'un massif élevé et considérable quiagit sur le climat local en raison de son étendue même. (2) Cet arbre, qui croit également dans les parties fraiches de la région littorale et de la région montagneuse inférieure, peut s'élever jusque sur les plus hautes sommités, où il retrouve les conditions d'humidité atmosphérique dont il a besoin pour son développement. (3) Cet arbre, qui jusqu'ici n’était connu que dans le Cau- case, forme des massifs étendus dans les hautes montagnes, entre Collo et Bougie, et se retrouve dans la forèt de Taourirt- el-Ghil, à l’ouest de cette dernière ville. (Acer obtusifolium) des montagnes du midi de l'Europe, et l'E. de Montpellier (A. Monspessulanum) si répandu dans les parties les moins chaudes du midi de la France; le Houx (Ilex Aquifolium) et l'If (Taæus baccata) de nos forêts du centre de l'Europe, L'Amandier est réellement indigène vers Batna, à Saïda, dans l’'Ouarensenis, etc. et croit en pleine forêt. Le Châtaignier existe ‘à l’état sauvage dans l’'Edough:le Merisier est répandu dans presque toutes les montagnes; le Sorbier (Sorbus domes- tica) se rencontre dans les forêts du Djebel Tababor; le Pin maritime (Pinus Pinaster) forme vers Collo, sur la montagne de Msala, des massifs étendus; l’Orme et PAune, qui dans la province de Constantine descendent jusque dans les plaines du littoral, se rencontrent égale- ment dans la montagne; le Frêne (Fraxinus australis) des vallées du littoral acquiert dans la zone montagneuse inférieure un magnifique développement ; une autre espèce de frêne(F. dimorpha) constitue une essence fo- restière importante dans quelques vallées élevées de l’'Aurès; le Noyer est cultivé dans les mêmes vallées et y atteint souvent d'aussi grandes proportions qu’en Œurope. Enfin nous devons signaler, parmi les nom- breux arbrisseaux et les arbustes de la région monta- gneuse : le Buis, observé seulement dans un petit nombre de localités en Algérie, mais très abondant au Djebel Tababor: une espèce de Vinetier (Berberis Ætnen- sis) commune à l'Algérie etaux montagnes de l’Europe méridionale ; l'Alouchier (Sorbus Aria), qui existe dans la plupart de nos forêts de France; le Groseillier épi- neux (Ribes Uva-crispa), qui croit sur les plus hautes sommités et dont la forme est identique avec celle qu'il présente dans le centre de l’Europe, ete. — (ette énu- mération sommaire suflit pour montrer qu'un grand nombre des arbres ou arbustes de la région montagneuse appartiennent à la flore européenne et même souvent à la flore des pays de plaines du centre de l'Europe, l’alti- tude compensant la différence de latitude. De même que dans les montagnes de l’Europe, les plantes vivaces sont en nombre presque double de celui des plantes annuelles. Les espèces européennes forment presque les cinq sixièmes du total de la végétation, et la plupart appar- tiennent à l'Europe centrale. Les affinités selon la lati- tude sont démontrées par la présence fréquente dans une même montagne de plantes espagnoles, de plantes orientales et de plantes se trouvant à la fois en Espagne et en Orient. La région montagneuse inférieure et les parties mon- tueuses des régions méditerranéenne et des Hauts-Pla- teaux participent aux caractères des régions voisines, mais présentent pour les cultures du centre de l’Europe les conditions les plus avantageuses. C’est là que la Vigne en particulier est destinée à donner les plus abondants produits; et l'importance toujours croissante des plantations aux environs de Tlemcen, de Milianah, de Mascara, de Médéah, de Constantine, etce., démontre que les colons et même les indigènes comprennent tout l'avenir réservé à cette culture qui non-seulement affranchira l'Algérie du tribut qu'elle paye à la France et à l'Espagne pour les vins destinés à la consommation locale, mais qui lui promet en outre des produits pou- vant rivaliser avec les vins liquoreux les plus estimés. La culture de l’Olivier, qui est généralement répandue et qui constitue l’une des principales richesses des tribus kabyles, est appelée également à prendre un magnifique développement. Le Chêne-Liège, qui forme l'essence 98 LE NATURALISTE principale des grandes forêts de la partie inférieure de la région montagneuse littorale, est dès maintenant, surtout dans la province de Constantine, l'objet d'im- portantes exploitations. Les essences forestières, dont l'énumération que nous en avons faite suffit pour mon- trer toute la richesse, offriront de précieuses ressources à la colonisation, lorsque par leur aménagement régulier etune active surveillance, elles seront partout soustraites aux déprédations des indigènes, qui trop souvent, par l'incendie et le pacage des troupeaux, menacent d’une complète destruction le boisement des sommités. L’im- portance des massifs forestiers, la nature souvent ro- cheuse du sol etses pentes généralement abruptes, ne laissent que bien peu de place à la culture dans les parties élevées, qui suffisent à peine à nourrir la nom- breuse population kabyle qui y est établie. Les steppes de la Région des Hauts-Plateaux dans les provinces d'Oran et d'Alger sont, au nord, séparées géo- graphiquement de la manière la plus nette des terres productives du Tell, par la grande chaîne qui s’élève presque partout comme une véritable muraille. Cette chaine s'étend obliquement du sud-ouest au nord-est, depuis la frontière du Maroc, à peu de distance de Seb- dou, jusqu'au nord de Msila, où elle se divise en deux branches; les postes de Saida, Frenda, Boghar et la ville d’Aumale sont établis à la limite sud du Tell, sur cette chaine méme, sur son revers ou à sa base nord. Des deux branches principales résultant de la bifurcation de la chaine au nord de Msila, l’une, se dirigeant au nord de Sétif, vient se confondre avec le massif des montagnes de Constantine; l’autre, en s’infléchissant vers le sud-est, se réunit vers Batna avec le système montagnenx des Ouled-Sultan (1). Il résulte de cette bifurcation de la chaine que, dans la plus grande partie de la province de Constantine, les régions montagneuses et des Hauts-Plateaux, au lieu de se développer parallè- lement et de présenter une limite tranchée, comme dans les provinces d'Alger et d'Oran, tendent à se confondre, et que la limite des Hauts-Plateaux n’est guère détermi- née que par l'altitude (700-1000 mètres) et l'aspect parti- culier des vastes plaines dépourvues de bois qui les ca- ractérisent. Ces plaines ne sont ici, à vrai dire, qu'un premier étage de la région montagneuse, et participent, au moins au voisinage des montagnes et sur les points irrigables, à la richesse du Tell; elles contrastent heu- reusement, au point de vue de l’acclimatation et de la colonisation, avec les Hauts-Plateaux des provinces d'AI- ger et d'Oran, qu'elles rappellent seulement par leur al- ütude, le nivellement général de leur surface et les ca- ractères les plus saillants de leur végétation. — Au sud, les Hauts-Plateaux sont séparés de la manière la plus tranchée de la région saharienne par une chaine de montagnes qui s'étend presque parallèlement à la chaine que nous avons vue former la limite septentrionale de la région; elle se dirige du sud-ouest au nord-est en passant au nord de Tyout, d'El Abiod-Sidi-Cheikh, de Brézina, de Laghouat et de Biskra (2). Au nord de cette (1) Le plateau fertile de Sétif est circonscrit entre des ra- mifications de ces deux branches de la grande chaîne, et doit en partie sa richesse de production aux montagnes qui l’a- britent des vents du désert. Dans la province d’Oran, le pla- teau du Sersous, placé dans des conditions analogues, ne jouit pas d’une moins grande fertilité. (2) L’oasis de Bou-Saâda, les plaines des Hamama, etc., qui, situées au nord des limites indiquées, recoivent l'influence des chaine, le Dattier n’est cultivé cà et là que comme arbre d'ornement et ne porte pas de fruits, tandis que, au sud et dès le pied même de ce relief montagneux, il est planté en vastes oasis, et ses fruits deviennent l'une des bases principales de l'alimentation. J.. FOREST. PHOTOGRAPHIE Photographie de régions géologiques en cerf-volant. — La photographie en cerf-volant paraît avoir été faite pour la première fois par M. Batut. Voici la description de son dispositif (4). Le cerf-volant, qui a la forme d’un losange, est muni d'une longue queue lui assurant une parfaite stabilité dans l'atmosphère. La petite chambre noire photogra- phique est fixée à l’arête de bois du cerf-volant par un support triangulaire. L'appareil photographique est muni d'un obturateur qui fonctionne au moyen d'une mèche d'amadou, produisant le déclanchement en bru- lant un fil, quand la combustion est arrivée à la partie supérieure de la mèche. La corde d'attache du cerf-volant est reliée à un trapèze, convenablement fixé, de telle sorte que les rayons partant du sol puissent librement atteindre Pobjectif. Un baromètre anéroide enregistreur est fixé à la par- tie inférieure du support, de sorte que l'opérateur peut savoir l'altitude à laquelle le cerf-volant s’est élevé au- dessus du sol. Le baromètre employé par M. Batut est très ingénieux; il constitue un enregistreur photogra- phique qui fonctionne en même temps que la chambre noire. Ce baromètre est enfermé dans une boîte étanche de lumière, Une ouverture, fermée par un obturateur à guillotine, fonctionne à l’aide d'une mèche en combus- tion, en même temps que l'appareil photographique. Au moment de l’ouverture, les rayons lumineux frappent le cadran et impriment, sur un papier sensible dont le cadran a été muni, l'ombre de deux aiguilles, aiguille du mécanisme et aiguille index. L'obturateur dont est muni l'appareil photographique est une simple guillotine à ouverture carrée. La plan- chette, très légère, est actionnée par deux forts caout- choucs, et sa tête est garnie de parchemin qui, en péné- trant dans les rainures, empêche tout effet de rebondisse- ment. Le cran d'arrêt de la planchette est formé par un loqueteau de bois fixé en son milieu par une vis. Une extrémité de ce loqueteau vient fermer la rainure par laquelle doit passer la planchette. L'autre extrémité est maintenue par un fil solidement attaché qui traverse l’un des bouts d'une mèche d’amadou. Sous ce fil, Popéra- teur place une banderole de papier repliée sur elle- même. Lorsque le feu de la mèche arrive au fil, celui-ci se brûle : le loqueteau, cédant à la poussée de la plan- chette, s’écarte de la rainure et l’obturateur fonctionne avec une vitesse de 1/100 ou 1/150 de seconde. En même temps, la banderole de papier, tombant dans l'espace, se a ——_—_———— vents du sud par des coupures de la chaîne, sont de véri- tables îlots sahariens dans la région des Hauts-Plateaux. (1) La Nature. 1889. LE NATURALISTE 99 déroule et annonce à l’expérimentateur qu'il peut rame- ner le cerf-volant à terre. Le cerf-volant de M. Batut a 2 m. 50 de longueur; le petit appareil photographique dont il est pourvu pèse 1200 grammes. L'objectif est un aplanat de Steinheil de 0.166 de foyer. M. Wenz a apporté à cette méthode quelques perfec- tionnements. Son cerf-volant est démontable, ce qui le rend plus facile à transporter. La chambre est en bois ou en carton (114 X 15 1/2 ou 18 X 2#) et porte un objec- tif simple ou un grand angulaire, avec les montures en aluminium. La chambre est suspendue à même dans la bride. On peut modifier son inchnaison. La division estsupportée par un treuil. Depuis les recherches de M. Werz, M. L. Batut a per- fectionné son dispositif (1). Le cerf-volant est démon- table. Sa queue se compose d’un étroit ruban d'étoffe barbelé des deux côtés, dans l’axe duquel, pour plus de solidité, on coud une ficelle légère. Cette queue ne s’em- brouille pas. L'obturateur est rotatif, disposé entre les lentilles et actionné par un fort caoutchouc. M Batut a adopté le système de suspension de M. Wenz, mais en le modifiant de façon à pouvoir prendre soit une vue verticale, soit une vue projective dans n'importe quel sens. « Ma chambre noire, dit-il, est munie de deux boulons placés l’un à droite, l’autre à gauche, permettant de la faire tourner sur ces deux boulons autour de son axe horizontal perpendiculaire à l'axe optique. S'agit-il d’une vue verticale, je la dispose, l'objectif tourné vers le sol, dans une bride constituée par deux rondelles en bois fixées aux points de jonction des deux cordes de tête des deux cordes de tête et des deux cordes aboutissant à la corde de manœuvre. De légers palonniers en branchon maintiennent entre ces cordes un écartement sullisant pour que la chambre, suspendue aux rondelles par ses deux boulons, puisse librement tourner. Une fois la position verticale obtenue, le serrage des écrous assure le maintien de cette position. « Veut-on prendre une vue perspective sous un angle quelconque, soit dans le plan vertical, soit dans le plan horizontal, je suspends la chambre noire par ses deux boulons dans un cadre léger fixé lui-même par deux autres boulons placés l’un en haut, l’autre en bas dans un second carré auquel viennent se relier les cordes de la bride. Je puis alors tourner l'axe optique de l'appareil à droite ou à gauche de laligne du vent, vers l'avant ou vers l'arrière de mon cerf-volant, incliner cet axe vers le sol sous l'angle qui me parait le plus convenable ou le diriger sur l'horizon, Pour faciliter ces diverses manœu- vres, je dispose les cordes de la bride de telle sorte que le cerf-volant étant dans sa position d'équilibre (3° environ sur l'horizontale), ie cadre occupe une position à peu près verticale, » Henri COUPIN. (A) La Nature. 2 janvier 18917. ACADEMIE DES SCIENCES Séance du 21 mars 1899. M. Albert Gaudry annonce la mort de Marsh, le célèbre paléontologue américain. Ses découvertes des vertébrés fos- siles des montagnes Rocheuses ont eu un retentissement con- sidérable; nul n'a, autant que Marsh, contribué à ces décou- vertes. — MM. Léo Vignon et J. Perraud ont fait des observations sur la recherche du mercure dans les produits des vignes traitées avec des bouillies mercurielles. Le sublimé corrosit ayant été récemment conseillé pour combattre les maladies cryptogamiques de la vigne et, en particulier, le black-rot, les auteurs ont institué, en 1898, dans le Beaujolais, des champs d'essais où ils ont expérimenté ce sel, à des doses différentes, dans le but de contrôler les effets qui lui étaient attribués. Le mercure et ses dérivés étant des toxiques, il était intéres- sant de rechercher ce corps dans le produit des vignes sou- mises au traitement du black-rot par les bouillis mercurielles, car sa présence dans le vin en quantité notable serait évi- demment un obstacle absolu à son emploi en viticulture, quelle que soit d’ailleurs la puissance de son action contre les maladies de la vigne. Il résulte des observations faites que le produit de la fermentation des raisins traités aux bouillis mercurielles ne renferment que des quantités minimes de mercure et qu'ils peuvent être en conséquence servis sans danger à la consommation. MM. Léo Vignon et J, Perraud ajoutent que l'utilisation du bichlorure de mercure a une ac- tion néfaste sur la végétation de la plante. Cette considération seule doit suflire pour faire rejeter l’emploi du sublimé cor- rosif comme traitement des maladies de la vigne. A la suite de cette communication, M. Berthelot est d’avis qu'il faut faire toutes réserves en ce qui concerne l'influence hygiénique sur le vin et sur les raisins en raison de la présence de doses sensibles de mercure dans le vin. Les effets de ces petites quantités de mercure dans les produits alimentaires suscepti- bles d’une consommation journalière et prolongée doivent être tenus pour suspects, aussi bien que ceux de toutes ma- tières toxiques administrées à faible dose d’une facon con- tinue. — D'après ce qui est connu relativement à l’innervation du tissu musculaire, les muscles striés volontaires seraient dé- pourvus des appareils terminaux sensitifs; tous les phéno- ménes de la sensibilité des muscles, soit le sens musculaire, soit les sensations douloureuses, trouveraient leur explication dans la présence de terminaisons nerveuses spéciales dans les tendons, tissu interstitiel des muscles, en un mot, dans le tissu conjonctif exposé à l'influence mécanique de la part des muscles à l'état de contraction En étudiant les muscles très ordinaires des torpilles, M. Poloumordwinoff a trouvé des terminaisons particulières qui, ni par la forme, ni par leur structure, ni par les dimensions, ne ressemblaient aux termi- naisons motrices; c’est Ce qui a décidé cet auteur à soumettre à l'examen histologique les muscles de différents animaux, et à déterminer le caractère de ces appareils, au moyen de la section des racines de la moelle épinière. Chez tous les ani- maux examinés : Raia clavala, mosdica, Trigon vulgaris, gre- nouille, lapin, cochon d’Inde, des appareils terminaux ana- logues et même, dans certains cas, identiques à ceux des torpilles ont été observés. En ce qui concerne le rôle phy- siologique de ces terminaisons, la section des racines anté- rieures et postéricures chez une grenouille a montré que ce sont des appareils terminaux sensitifs. — M. Beauverie fait présenter à l’Académie une note sur le Botrylis cinerea et la maladie de la Toile, affection parasitaire trop connu par les horticulteurs dans les serres ? semis et à multiplication. M. Beauverie a cultivéle Botrytis en réalisant les conditions les plus variées d’humidité, detempérature, d'éclai- rage et de substratum, sans obtenir jamais defructifications : on observait seulement quelques modifications dans la forme et les dimensions des cellules et, en culture sur milieux so- lides, d'énormes masses de stroma condensé. En prenant des Botrytis cinerea authentique, l’auteur a vérifié que la Toile expérimentale produit les mêmes effets destructeurs que la toile ordinaire. Ensemencée sur pommes de terre, elle s’y dé- veloppe avec l'aspect caractéristique des cultures de foile au- thentique et reste stérile. La forme conidienne saprophyte du Botrytis cinerea se transforme en une forme stérile parasite. 106 LE NATURALISTE Cette dernière forme, obtenue sur terre humide, semble se fixer et son retour à la forme primitive parait devenir très difficile. Voici comment on peut établir la prophylaxie de la maladie. Le terreau employé en horticulture, chargé de dé- tritus végétaux renfermant du Bolrylis cinerea, est le principal agent d'infection; ce sera donc une excellente chose de l’é- bouillanter avant d’en faire usage; de veiller, de plus, à la propreté des serres étrangères quelconques et d'enlever im- imédiatement tout végétal tendant à se décomposer. — M. P. Ternier a étudié une trachylytearrachée au fondde l'Atlantique, à une profondeur d’environ 3,100 mètres, en un point défini par les coordonnées suivants : #19 latitude nord, 29°40 longitude ouest de Paris. La densité de cet échantillon est de 2,184; l'aspect est celui d’une obsidienne, mais l’opacité est presque complète, et la cassure est beaucoup moins écla- tante que celle des obsidiennes proprement dites. Tous les ca- ractères optiques de l’échantillon sont ceux d’une tracuylyte, c’est-à-dire d’un verre basaltique. La grande densité et l’abon- dance des cristaux d’olivine indiquent une forte basicité. IL est intéressant de constater que le fond de l’Atlantique, sur une ligne allant des Acores à l'Islande, à 500 milles environ des Acores, est constitué par des roches éruptives. Il est cu- rieux que les roches en question soient des verres, alors que la profondeur est de 3,000 mètres environ. Il est vrai qu'on peut invoquer, pour expliquer cette apparente anomalie, un affaissement, après l'éruption du fond de l’Atlantique. Séance du % avril 1899. — M. L. Guignard fait une communication sur les anthé- rozoïdes et la double copulation sexuelle chez les végétaux angiospermes. Le phénomène essentiel, que M. Nawaschin a signalé et dont l’auteur de son côté a suivi toutes les phases, consiste dans l'existence d’une double copulation sexuelle dans le sac embryonnaire: l’une donnant naissance à l’em- bryon représentant l'organisme définitif, l'autre fournissant lalbumen, soit d'organisme transitoire qui servira à la nutri- trition de l'embryon. Ces deux copulations ne sont pas entiè- rement comparables. En effet, dans la première, les noyaux mâle et femelle possèdent l’un et l’autre le nornbre de chromo- somes réduit qui caractérise les noyaux sexuels; dans la se- conde, au contraire, si l'anthérozoïde apporte, de son côté, le même nombre réduit, il en est autrement pour le noyau po- laire inférieur, tout au moins, carilne se forme aucun nombre de chromosomes qui, souvent, paraît environ une fois plus élevé et, par conséquent, voisin de celui des noyaux végéta- tifs. La première copulation représente donc, seule, une fé- condation vraie; la seconde, une sorte de pseudo-fécondation. Ce double phénomène a pour agents déterminants les deux cellules mâles équivalentes du tube pollénique, dont les noyaux, dès leur entrée dans le sac embryonnaire, revétent des caractères morphologiques tout particuliers et se compor- tent d’une facon telie qu’on peut certainement des assimiler aux anthérozoïdes dans lesquels le noyau forme la masse principale et essentielle du corps. Séance du 10 avril 1899. — L'étude decertaines plantes a permis à M. Leclerc du Sablon de se rendre compte de la dextrine considérée comme matière de réserve. Les matières de réserve proprement dites sont celles qui se trouvent accumulées dans les organes de réserve à l'état de vie ralenti. Dans les tubercules de pomme de terre, et un assez grand nombre d'autres organes de réserve, l’amidon est la principale, quelquefois même la seule substance hydro- carbonée qu’on observe en quantité notable pendant la vie ralentie. De plus, l’amidon étant à l’état de grains est plus facile à observer que la dextrine qu'on dissout dans le suc cel- lulaire. Pour ces raisons, la dextrine est considérée, par les physiologistes, non comme une substance de réserve, mais seulement comme un composé transitoire produit pendant la consommation des réserves par l'action des diastases sur l'amidon. Ii résulte des études de l’auteur que la dextrine peut être envisagée comme jouant dans les plantes plusieurs rôles différents : 1° dans les organes de réserve en voie de forma- tion, c’est une substance servant à former l'amidon ; 2° pen- dant que les réserves sont digérées, c’est un produit de la décomposition de l’amidon ; 3° pendant la période de vie ralentie, c'est une réserve proprement dite que l’on peut con- sidérer comme indépendante de l’amidon. __ M. Edouard Heckel, notre distingué collaborateur, pro- fesseur à la faculté de Marseille, poursuit ses recherches sur les graines grasses inconnues où peu connues de nos colonies francaises ; il a pu, au cours de ses études, relever quelques particularités anatomiques nouvelles (cotylédons etendosperme). Le fait le plus intéressant est fourni par la présence de poches sécrétrices à contenu huileux dans les cotylédons, la gemmule et la tigelle de la Pougamia glabra. Grandes ou petites, à coupe circonférencielle ou ovalaire, et se fondant quelquefois deux à deux pour en former une plus grande, ces poches sont bondées de cellules aplaties très différentes de leurs voisines dans le parenchyme, quelquefois prolongées en papilles dans l’intérieur de la poche et portant souvent trace sur leurs bords de débris de parois cellulaires qui indiquent leur origine bis- sogène, Ces poches ne renferment pas d’amidon comme les cellules du parenchyme, elles sont remplies uniquement par une masse homogène et jaune d’huile fine, liquide, semblable à celle qui est contenue dans les cellules du parenchyme cotylé- donaire. L'auteur signale encore la présence, dans un certain nombre d’endospermes gras (à huiles concrètes) propres à des graines de familles très différentes (Myrislicacées, Buxacées), cellules à bandes réticulées rappelant la condition de celles de l'assise mécanique des anthères ou mieux encore de celles du thalle de Marchantia polymorpha. Jusqu'ici M. Heckel a relevé leur existence dans l'Ochocoa Gaboni, Virola Micheli, Hydnocarpus anthelmintica. Les deux premières espèces sont des Myristicacées du Gabon (Ochocoa) et de la Guyane fran- caise (Virola); la dernière est une Buxacée de la Cochinchine. MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE ENSEIGNEMENT SPECIAL POUR LES VOYAGEURS Année 1399 Les lecons commenceront le mardi 18 avril, à 10 heures du matin, dans l’amphithéâtre de la Galerie de zoologie, et continueront les jeudis, mardis et samedis suivants, à la mème heure. Dans des Conférences publiques faites dans les lahora- toires ou sur le terrain, les auditeurs seront initiés à la récolte ou à la préparation des collections, aux relevés photographiques, à la détermination du point en voyage et à des notions sommaires de Géodésie et de Topogra- phie. 18 avril Lecon d’ouverlure....... M. Milne Edwards. 20 — L'homme dans ses rap- porls zoologiques..... M. Hamy. 29 "Mammifères. arte M. E. Oustalet. DE AU OS CUITE NN Eee Peter M. E. Oustalet. 217 -—- L'homme dans ses tra- vaux el son industrie. M. Verneau. 29 — Reptiles et Poissons... M. L. Vaillant. 2 mai Vers el Zoophyles....... M. E. Perrier. LU Mollusques NET M. A.-T.de Rochebrune 6 — Crustacés, Arachnides, Myriapodes........... M. E.-L. Bouvier. DRE TnsSeC Les NAN RER ETES M. Ch. Brongniart. 13 — Analomie comparée... M. H. Filhol. 16 — Plantes phaneérogames.. M. E. Bureau. 18 — Plantes cryptogames.... M. Morot. 920 — Plantes vivantes ........ M. Bois. 95 LM GéOlOge NME re M. Stanislas Meunier. OT MISE IONER EE M. Martel. 30 M Mine aloge. incite. M. A. Lacroix. {er juin Paléontologie........... M. Boule. 3 — Hygiène des Voyageurs. M. Gréhant. 6 — Météorologie...:......., M. D. Berthelot. 8 — Déterminalion du point en voyage. Notions som- maires de géodésie el de topographie ....... M. Bigourdan. 10 — Représentaliondu terrain par les carles........ 13 — La Photographie dans la ; M. le commandant Javary construclion des cartes | et planse ere 15 — Outillage el organisation d'un voyage.......... M. J Dybowski. RP AE LA RIRE EE En UP CE CR ù Le Gérant: PAuz GROULT. ———— — PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 11. sé 21° ANNÉE 1° MAI 1899 TRACES LAISSÉES DANS UNE ARGILE PAR DES AIGUILELES DE GLACE L'interprétation légitime d'une foule de vestiges, ren- fermés dans les couches du sol, ne pourra se faire qu’à la suite d’un nombre chaque jour plus grand d'observa- tions de phénomènes actuels pouvant donner lieu à des accidents comparables. C’est à cet égard que le ves- tige représenté dans la figure jointe à cet article peut avoir un certain intérêt. Elle représente une esquille dargile recueillie au fond d’un ruisseau desséché et cra- quelé par le soleil, mais qui porte une curieuse empreinte rayonnante du genre de celles que, dans les terrains très anciens, on a parfois décrites, comme pouvant témoigner de l'existence d'organismes animaux. Cette empreinte n'est ici autre chose que la trace laissée par des aiguilles de glace dont nous avons pu reconstituer la genèse et la disposition sans laisser place à aucune espèce de doutes, L’argile, imprégnée d'eau, a subi le froid rigoureux d'une nuit très claire, et il s’est fait dans sa masse un de ces départs dont nous avons déjà donné des exemples et qui expliquent, entre autres, la cristallisation de bien des = ÈS Conservation dans une argile desséchée des traces laissées par la déposition d'’aiguilles de glace. Grandeur naturelle, Echantillon du Muséum de Paris. minéraux dans les roches métamorphiques, tels que les ‘aiguilles de cliastolite par exemple. Les molécules d’eau, en train de cristalliser sous l'effet du froid, se sont ‘mutuellement recherchées; elles se sont groupées en ‘aiguilles rayonnantes et ont repoussé l'argile qui, du même coup, s'est trouvée en grande partie desséchée et a pris une certaine consistance. L'adoucissement de la température a provoqué la fusion dés cristaux qui ont laissé leur empreinte en creux. Celle-ci, au commencement, était très fragile, et la moindre pression l’eût fait disparaître, Mais l’eau s’est écoulée peu à peu, et le soleil est venu dessécher com- | Le Naturaliste, 16, rue du Bac. Paris, plètement échantillon que nous avons pu recueillir pour le placer dans les vitrines du Muséum où on peut le voir. Si, par suite de circonstances spéciales, ie vent était venu remplir de sable la matrice laissée par la dispari- tion de la glace, la conversion ultérieure de ce sable en grès par l'introduction d’un ciment, aurait amené la production d’une contre-empreinte susceptible d'une longue conservation, et qu'on eût pu classer à côté des vestiges auxquels tout à l'heure nous faisions allusion. Stanislas MEUNIER. 102 LE NATURALISTE LA TAILLE DES MOLLUSQUES Les dimensions que les animaux peuvent atteindre sont soumises à des lois qu'il serait important d'étu- dier et de connaître ; cette étude, intéressante au point de vue philosophique, peut également fournir aux spé- cialistes des données précises pour la détermination des espèces et des connaissances plus exactes sur l'étendue de leur variabilité. Les théories modernes ont relégué, dans l'arsenal des vieilles défroques, toutes celles que les anciens natura- listes avaient émises sur la création des êtres ; mais, si l'on ne veut pas qu’elles aillent rejoindre dans leur retraite obscure les théories démodées, il est indispen- sable de suivre les êtres dans leur développement, d’en connaître la forme et la taille, d'approfondir avec soi l'étendue de leur variabilité et de juger des rapports qui les unissent. Que l’on soit parvenu en quelques années à combler tous les vides qui séparent l’homme d'une monade, cet atome imperceptible chez lequel on n’a encore découvert aucune trace d'organisation ; que l’on ait pu suivre les transformations lentes et successives du cycle immense de son évolution, j'en suis ébloui et je reste émerveillé d'un tel tour de force! Mais doit-on s’en tenir à la parole des évangélistes et accepter comme article de foi les théories scientifiques si bruyamment professées à notre époque ? Le temps des croyances est trop loin de nous et la foi scientifique qui ne sera pas en parfaite harmonie avec tous les actes de la nature, n'aura guère plus de succès que la foi religieuse. Pour qu'un édifice soit durable, il ne suffit pas d’en indiquer le plan; si chacun de nous, dans ce siècle dela liberté et de la libre pensée, n apporte pas, à l'ensemble des connaissances humaines, le résultat de ses observations et de ces découvertes, rien ne restera de cet ingénieux tracé. Chaque jour apportant avec lui son progrès et sa lumière, on peut voir le lendemain le contraire de ce que l’on à cru apercevoir la veille, Toutes les générations qui ont précédé Galilée n'ont-elles pas vu le soleil tourner autour de la terre? Les savants de notre époque n'ont- ils pas glorifié cette théorie nouvelle avec la conviction absolue d’un fait incontestable, le Phébus n'a-t-1l pas remisé son brillant équipage dans les ténèbres de l'erreur, le jour où fut démontrée la rotation de la terre? Cette découverte, considérée comme un trait de génie, ne fut certainement que le simple épanouissement de faits déjà observés. L'intuition peut quelquefois conduire le berger des plaines ou des montagnes à sonder les mystères de la nature; mais sans l’acquit des connaissances humaines, un travail continu et sa pensée toujours en éveil, il lui serait impossible de connaitre les lois qui se trouvent en contradiction avec les faits contrôlés par la vue ou l’un de ses autres sens, L'étude de la géographie et des connais- sances nautiques ont conduit Christophe Colomb en Amérique. Napoléon, avant ses conquêtes, avait appro- fondi, par une constante étude, le cœur humain et l’art de la guerre. Bernard de Palissy fut potier, géographe, naturaliste et, lorsque la prison ne lui permit plus d'exercer son art, il écrivit un véritable chef-d'œuvre littéraire, L’œil humain avait vu tourner le soleil, l'es- prit de Galilée vit tourner la tere. Les observations faites sur tous les êtres de nature ont conduit Lamarck et Darwin à la théorie transfor- miste. Le hasard peut certainement conduire quelque- fois à l’étroite issue du vaste champ des découvertes. Mais ce n'est, en général, que par une connaissance approfondie de tout ce qui a rapport à l'objet que l’on étudie, que l'esprit peut, par l'analyse et la synthèse, arriver à des faits que l'expérience ne tarde pas à con- lirmer. Malgré tous les efforts des naturalistes modernes, aucun fait probant n'a encore appuyé la doctrine de Lamarck et Darwin; après avoir tourné et retourné les êtres depuis les temps les plus antédiluviens, la panique s’est introduite dans le camp des observateurs qui, sans faiblesse eten bon ordre, se sont repliés dans la moderne enceinte de l’embryogénie. J’admire mais je plains ces fiers combattants, car ils ne trouveront dans la lutte que fatigue et déception. Que lembryon des animaux, au premier stade de son évolution, ressemble à un amibe, il n’en contient pas moins pour chaque espèce l'acte vital qui lui est dévolu; les embryons donnent tou- jours naissance à des animaux semblables à ceux dont ils proviennent, pendant que l’amibe conserve toujours son état cellulaire. Quoique accessible aux influences extérieures, les œufs des animaux, dans la marche normale de leur développement, ne donneront jamais naissance qu'a des individus semblables à ceux des espèces auxquelles ils appartiennent. Les ovules d’une chienne, d'un éléphant ou d’un rat ne sont pas encore parvenus à reproduire un tigre, un sanglier ou un lapin, et cela, malgré leur ressemblance, l’on pourrait ajouter leur identité d'organisation, puisque tous concourent au même but par les mêmes moyens. Cette ressemblance des cellules primordiales de tous les êtres disparaîtrait certainement si la sensibilité de nos organes nous permettait d'en pénétrer la composition : nous leur verrions alors des différences aussi nettemeut tranchées que celles qui existent entre les êtres qu’elles produisent, Le principe auquel on a donné le nom de vie, qui distingue les êtres animés de la matière inerte, est le même pour tous les corps vivants ; à son début ou au moment de son apparition, il se présente sous une forme unique et simple : l'atome vital ou cellule ne différant de l'atome matière ou molécule que par un seul attribut, l'absorption. Les êtres d'une organisation compliquée absorbent les solides et les liquides par des organes différents de ceux qui servent à l'absorption des gaz. Chez les plantes la partie souterraine puise dans le sol les liquides ainsi que les solides qui s’y trouvent à l’état de dissolution ou de suspension ; la partie aérienne, au contraire, ne sert qu'à l'absorption des gaz. Chez les animaux, dont l’organisation est plus compliquée que celle des plantes, un tube digestif fait passer à l’état liquide les substances que l'animal y introduit ; et des vaisseaux lymphatiques, jouant le même rôle que les radicelles des plantes, absor- bent en ce liquide les substances nutritives et les font pénétrer dans le torrent circulatoire qui les distribue dans toute l’économie. L'on retrouve chez eux les mêmes complications pour l'absorption des gaz avec cette différence cependant que des gaz absorbés, tout ce qui n’a pas été employé dans l’économie est rejeté par le même organe, alors que ce sont des organes différents LE NATURALISTE 105 qui servent d'émonctoire aux parties des liquides et des solides devenues inutiles. Les plus simples des êtres cellulaires n'ont, quoi qu'on en ait dit, qu'un seul organe : la cellule, pour absorber les gaz, les liquides et les solides auxquels ces êtres prennent directement, en les décomposant, les parties qui leur sont nécessaires ; s'ils introduisent quelquefois dans leurs masses un animal tout entier d'une taille inférieure à la leur, ce n’est pas dans un organe spécial, mais à travers leurs tissus qu'ils le font pénétrer. L’on peut avoir une idée de cette pénétration en faisant tomber une bille dans un liquide gélatineux La bille, après avoir déprimé la surface, s'enfonce len- tement, et à mesure qu’elle descend, la masse gélati- neuse comble l'ouverture faite par son passage et la surface reprend son aspect primitif. Si la masse gélatineuse est maintenue au-dessus d'un liquide moins dense, la bille, arrivée à la face infé- rieure et continuant sa marche descendante, sortira de la masse gélatineuse qui comblera, comme pour l’ouver- ture d'entrée, cette ouverture de sortie. Les éléments solides introduits dans le corps d’un être cellulaire n’y pénètrent pas par leur propre poids comme Îe fait la bille dans l'exemple que je viens de citer. Ils sont attirés par la masse vivante, Comment ? Il serait intéressant de connaître les mécanismes employés par les êtres microscopiques pour arriver à lintroduction des corps nutritifs et ensuite à l’expul- sion des parties de ces corps qui n'ont pas été employées. Mais jusqu'à ce jour l'observation n’a encore rien ré- vélé à ce sujet. Pour les êtres cellulaires enveloppés dans une membrane et ceux à charpente calcaire, il existe Souventsur un point de la masse sarcoïde une dépression plus où moins profonde dans laquelle les aliments so- lides sont introduits par des cils vibratils ; ensuite l'animal, après en avoir puisé tous les éléments qui lui étaient nécessaires, en rejette le résidu par laméême voie, Toutes les parties détachées de la masse d’un être cel- lulaire continuant à vivre et à reformer un individu semblable à celui dont il faisait partie, on peut en dé- duire que les êtres cellulaires ont la faculté d’absorber les gaz, les liquides et les solides par toutes les parties du corps qui ne seraient pas recouvertes par une enveloppe protectrice impénétrable à l’un ou l’autre de ces éléments. ë Lorsque l'on compare ces êtres primitifs si simples dans leur organisation avec les animaux supérieurs d’un mécanisme si compliqué, on ne peut se défendre d'une certaine surprise en ne trouvant pas dans la série des êtres que la taille soit en rapport avec le nombre des organes qui entrent dans la composition de chacun, Ne voit-on pas parmi les habitants des forêts certains colosses végétaux dépasser en volume le plus grand des animaux, et un très grand nombre d'êtres cellulaires atteindre une taille qui dépasse de beaucoup celle d’indi- vidus groupés avec raison dans les plantes et les ani- maux miIcroscopiques. Si l'on admet que l’espèce soit arrivée par une trans- formation lente et continue de la simple cellule à l'homme, son accroissement n’a pas suivi une marche régulière, puisque nous trouvons, dans les trois règnes des êtres vivants, trois groupes distincts les cellulaires, les plantes et les animaux qui, relativement à la taille, marchent parallèlement au lieu de se succéder les uns aux autres, créateur de l'univers, on a Lorsque l’on suit le développement ou plutôt les exa- gérations des théories de Lamarck et Darwin, l'on pré- voit que l'intelligence humaine finira par découvrir qu'il n'existe dans l'univers qu’un corps unique, doué d'une force créatrice telle, qu’il a présidé seul à toutes les créa- tions. Nos maitres, dans la science, n’ont-ils pas pro- fessé que tous les corps inorganiques n'étaient que des composés d’un seul et unique corps simple ? Ne professe- t-on pas aujourd’hui que tout ce qui respire provient d'un seul et même organisme sorti directement de la matière ? un seul et même corps a donc présidé à la naissance de tout ce qui gravite dans l'univers. Loin de critiquer une semblable théorie, je l’accepte volontiers en attendant les preuves; mais je ne la crois pas mo- derne, et je crois même que depuis bien des siècles des sectes s'en sont emparées pour vivre aux dépens de la crédulité humaine. Laissant de côté les explications en- fantines que chacune de ces sectes a donné pour faire saisir l'insondable mystère du corps unique primordial vu dans ce corps une essence divine; ce principe qui, ayant terminé son rôle de créateur, ne préside plus actuellement qu'aux des- tinées de la vie humaine; peut-on douter que cette théorie n’ait pris naissance au premier-âge de la phi- losophie. Malgré tout le respect que je dois à mes sem- blables, je suis obligé de conclure que la taille de l'esprit humain est comme celle du corps renfermé dans des limites qu'elle ne peut franchir. L'incendie dans une forêt se porte du côté où le vent le pousse, ainsi l'esprit humain suit la direction que lui impriment les circon- stances, les événements, la civilisation, et cela, jusqu'au moment Où, arrivé à la limite du progrès, il s'arrête, recule ou envahit un autre point du vaste territoire des connaissances. Dans l'étude rapide que je vais faire de la taille de ces curieux et très utiles animaux auxquels on a donné le nom peu agréable de mollusques; lorsqu'il est employé comme adverbe qualificatif, il devient même une injure pour la personne qui le reçoit; nous trouverons chez eux, je parle des mollusques sensu stricto, des limites de taille non seulement pour les espèces, mais encore pour les groupes naturels où on les a placés. Mais avant d'aborder ce sujet, nous devons, pour que l'on n'ait pas trop de répulsion à nous suivre dans le do- maine de ces paisibles et bien inoffensives bestioles, donner un apercu de leur utilité. Ce sont eux qui fournissent à la coquetterie de la femme blanche la triple rangée de perles dont l'éclat nébuleux fait si bien ressortir l'éclat voluptueux d’une gorge éblouissante ; chez les peuples au berceau de la civilisation on trouve depuis les temps les plus reculés l'emploi comme ornement de coquillages appartenant à un très grand nombre d'espèces. Découpés et polis, on en a fait des pendants d'oreilles et des bracelets ; réunis ensemble comme les perles d’un chapelet, ils ont servi de colliers et de franges aux vêtements; on en a même couvert dans toute leur étendue des ceintures et des plastrons. La coquille des mollusques est certaine- ment de toutes les substances employées comme orne- ment celie dont l’homme primitif a fait le plus fré- quent usage, sans compter leur emploi comme usten- siles de ménage et de pêche. De nos jours ils fournissent à l'industrie la nacre et la chaux, à l’agriculture un engrais trop rarement em- ployé et à l’alimentation une chair souvent recherchée 104 LE NATURALISTE L'huitre qui partage avec la truffe les honneurs d'un lepas délicat, lescargot qui orne la vitrine des restau- rants populaires et la moule qui fournit si souvent au modeste repas de l’ouvrier ne sont pas, comme on pour- rait le croire, les seules espèces comestibles; car presque toutes sont recherchées comme nourriture par les habi- tants du littoral. Parmi ces espèces, nous signalerons comme les plus généralement employées les peignes, les cardiums, les clovis, les donaces, les pholades, les bigorneaux, les seiches, les poulpes et à l'étranger les turbots, les nérites, les tellines, les vénus, les tri- dachnes, etc. ; si l’on généralisait à tous les points du globe l'étude des espèces comestibles, l’on trouverait bien petit le nombre de celles qui n’ont jamais servi à l'alimentation. Mais ce dont le public est loin de se douter, c’est le commerce actif auquel donnent lieu la vente des coquilles et le prix fabuleux de quelques espèces rares que les musées et les collectionneurs se disputent avec acharne- ment. C'est par milliers que se comptent celles dont le prix s'élève à plus de 20 francs et, quoique de nos jours les communications soient faciles et rapides, certaines espèces restées rares sont encore très recherchées: quel- ques-unes, telles que les Volutajunonia, Cypræa guttata, Conus gloria maris, etc., ont conservé des prix qui va- rient entre 500 et 1000 francs. Quant à la Cypræa leu- codon, le seul exemplaire connu, faisant partie de la collection du British Museum de Londres, trouverait acquéreur à plus de cent livres (2500). D' JOUSSEAUME. L'ODEUR DU NID CHEZ LES FOURMIS ET LES ABEILLES Les fourmis sont très jalouses de leur nid et n’ad- mettent pas qu'un intrus y pénètre. Cela se conçoit Jusqu'à un certain point lorsque l'étrangère est d’une espèce différente de la leur et dont par suite la forme suffit tout de suite à indiquer l’origine « impure »., Mais les fourmis d’une même fourmilière reconnaissent aussi une fourmi de méme espèce, mais venant d’une autre fourmilière. À peine introduite, celle-ci est mise à mort ou tout au moins expulsée manu militari. Qu'est-ce qui fait reconnaitre cette étrangère au milieu de ses innombrables sœurs identiques à elles-mêmes? Tel est la question que M. Bethe paraît avoir résolue. Rappelons tout d’abord que l’ingénieux Lubbock avait noté quelques faits intéressants à ce sujet. Des fourmis avaient été enlevées de leur fourmilière et élevées à part; deux ans après, elles furent remises dans leur nid où on les accepta avec aussi peu de difficultés que si elles l'avaient quitté la veille, Autre fait : des fourmis ayant éclos hors du nid, on les remit quelques semaines plus tard avec leurs congénères qui les recurent fort bien. De son côté, M. Cook avait observé qu’une fourmi, ayant pris un bain involontaire, était attaquée par ses sœurs à son retour au domicile. M. Cook en concluait que l'eau avait enlevé l'odeur dont la fourmi était imprégnée et que c'est pour cela que ses sœurs ne l'avaient pas reconnue, C'est à la même conclusion qu'arrivait M. Forel en remarquant que les fourmis de colonies différentes fai- saient bon ménage lorsqu'il avait soin de leur couper les antennes. N'ayant plus d'organes olfactifs, elles étaient devenues incapables de reconnaitre l'odeur de leurs congénères. Les expériences de M. Bethe confirment les vues de Forel. Pour recueillir la substance odorante des fourmis, il les écrase et obtient un jus avec lequel il badigeonne des fourmis vivantes. On remarque qu'un individu ainsi badigeonné est toujours bien reçu dans la fourmi- lière d'où provient le jus; mais, s’il a été badigeonné avec du jus de fourmis étrangères, ses congénères l’attaquent aussitôt. En lavant une fourmi avec soin, puis en la badi- geonnant avec du jus d’une espèce étrangère, elle est toujours admise dans la fourmilière de cette dernière, même quand les espèces sont très différentes. Les fourmis ne regardent donc pas celles qui entrent chez elles, mais se contentent de les flairer. Lavons une fourmi à l'alcool à 30°, puis à l’eau, et, dès qu'elle sera sèche, remettons-la avec ses sœurs du même nid : elle sera attaquée, Mais retirons-la de suite et laissons-la à l'écart pendant 24 heures. Si nous venons alors à la remettre dans le nid; elle sera de suite reconnue pour sœur et admise à demeurer. Ce laps de temps a sans doute permis à la fourmi de sécréter l'odeur. Il semble done très probable que toutes les fourmis d'une même fourmilière sécrètent une odeur carac- téristique du nid et que c’est par elle qu'elles se recon- naissent, M. Bethe a cru devoir donner un nom à cette odeur : il l’a appelée neststoff, ce qui veut dire « matière nid ». M. Bethe s’est aussi occupé de savoir comment les fourmis retrouvaient leur chemin, Voici l'analyse de son travail, d'après la Revue scientifique : On admet généralement que chaque fourmi a une cer- taine connaissance des environs de son nid et des objets qui l’avoisinent, ces derniers servant de point de repère. Elles ont aussi des sentiers, des voies battues qu'elles suivent de préférence, et, quand elles en sortent, elles sont visiblement déconcertées, M. Bethe a fait l'expérience que voici. Il a placé un peu de sucre sur un papier noirci, en face d’un nid, Une première fourmi, sortant du nid, ne découvrit pas le sucre. Une seconde, après maints zigzags et courbes, y parvint, prit un grain et revint au nid, en suivant le même chemin, avec cette différence toutefois que là où, en venant, elle avait décrit des anses, en passant deux fois au même point, elle supprima ces anses, au retour. Une troisième fourmi, sortie avant le retour de la seconde, trouva la piste de celle-ci au point où elle quittait le papier; elle découvrit le sucre, et revint par le chemin de l'aller. Toutes les fourmis qui, par la suite, croisèrent cette voie, la sui- virent, mais au retour, peu à peu, chacune abrégea le chemin, en tendant davantage à la ligne droite, et, au bout d’une heure ou deux, la route suivie par les fourmis du nid au sucre, et réciproquement, était parfaitement droite. I1 semble donc que chaque fourmi laissa sur son passage les traces matérielles de celui-ci, et aussi du résultat de son expédition. Les fourmis suivaient aussi bien ce chemin quand il était en plein jour que quand il était plongé dans l’obs- curité par un papier noir : mais la présence d’un papier LE NATURALISTE \ 105 de 5 ou 10 millimètres de largeur, jeté en travers de la voie, les génait beaucoup. Elles s’arrêtaient en arrivant au papier, cherchaient à passer à droite ou à gauche, ou par-dessous; elles s’accumulaient de part et d'autre de l'obstacle, mais ne le traversaient point. Après quelque temps, on enleva le papier une fois qu’elles se furent résignées à passer par-dessus, et qu'elles eurent établi leur route. L'indécision reparut aussitôt : car, arrivées au point où se trouvait le papier auparavant, elles s’arré- taient et ne savaient où aller. Elles ne retrouvaient pas la première piste, établie avant l'interposition du papier. Autre expérience : on laisse des fourmis se faire une route sur une plaque de verre. Une fois celle-ci bien établie, M. Bethe passe le doigt sur le verre, en travers du sentier. Les fourmis qui arrivent sont déconcertées : on sent qu'elles ont perdu la piste au point où le doigt a appuyé sur le verre. Sans doute, en passant, elles laissent quelque odeur qui les guide, et, quand l'odeur a disparu, essuyée par le doigt, ou manque par suite de l'interpo- sition d’un papier, elles n’ont plus de guides ou de points de repère. Il semble même qu'il y ait quelque chose comme une polarisation de la matière odorante : celle-ci indiquerait non seulement l'existence de la piste, mais le sens de celle-ci, Des fourmis furent amenées à passer le long d’une planche dont une section pouvait être à volonté retournée, de facon que, dans la position BA, elle menait vers C, et dans la position AB vers D, à l'opposé. Tant que cette section était en position normale, tout allait bien. Mais, dès qu’elle était renversée, la fourmi s’arré- tait, de quelque côté qu’elle vint; il semblait que quelque chose larrêtait, bien qu'en allant tout droit elle dût par- venir au but. La voie montante lui paraissait interrompue par une voie descendante. Si l’on ne renversait la section qu'après que la fourmi y avait mis le pied, la fourmi con- tinuait dans le sens initial (le sens de la section in situ, mais en réalité en sens rétrograde); mais, arrivée au point où elle passait de la section mobile à la partie immobile, elle s’arrêtait : elle reconnaissait là un changement de voie. Faut-il en conclure que, dans chaque piste de fourmis, il y a en réalité deux pistes, l’une pour l'aller et l’autre pour le retour, chacune étant caractérisée par quelque particularité qui nous échappe ? Cela se peut, 11 semble bien qu’une fourmi qui quitte le nid a de la peine à s'établir sur la piste de celles qui y retournent, Pour ce qui est des communications orales ou gesticu- lées entre fourmis, M. Bethe n'y croit guère contre l’opi- nion de Sir John Lubbock. Voici une de ses expériences. Il place une poignée de larves sur un papier près du nid. Si une fourmi venue du nid découvre les larves, elle en emporte une, et plusieurs autres fourmis vont en cher- cher par le même chemin. Mais si, au lieu de laisser venir une fourmi, on en prend une au nid qu’on dispose auprès des larves, elle prend une larve, regagne tant bien que mal le logis, mais ne prévient personne : aucune fourmi ne découvre le lot de larves par la piste que suit la fourmi au retour, quand même on refait plusieurs fois de suite la même expérience avec la même fourmi. Il semble donc qu'entre la piste aller et la piste retour, il y ait une différence telle que, malgré la similitude de l'odeur de l’une et de l’autre, il est impossible d'utiliser l’une ou l’autre pour une destination qui n’est pas la sienne. M. Bethe à complété ses recherches sur l'odeur des insectes en étudiant celle des abeïlles dont la vie sociale ressemble, sous tant de rapports, à celle des fourmis. Il a reconnu que, chez elles également, les abeilles d'une même ruche se reconnaissent par l'odeur et traitent en ennemies toutes celles qui n’ont pas la même odeur qu'elles, C’est ce qui explique pourquoi, lorsqu'on intro- duit une reine étrangère dans une colonie, on a soin de l'y laisser pendant quelque temps captive dans une petite cage en fer métallique. Introduite en liberté, elle serait reconnue de suite comme étrangère et massacrée. Au contraire, avec le dispositif employé, elle s'imprègne peu à peu de l’odeur du nid et, quand on la met en liberté, les abeilles la reconnaissent comme sœur. M. Bethe ayant partagé une colonie en deux en don- nant des larves à chacune d'elles, quand celles-ci furent écloses, on en prit un certain nombre au vieux nid pour les transporter dans le nouveau, où elles furent admises sans difficultés. Le manège fut répété pendant trois ou quatre semaines avec un plein succès ; mais, passé ce temps, les individus d’une colonie ne furent plus acceptés dans l’autre et réciproquement. Chaque nid avait pris une odeur sui generis. Henri COUPIN. PROMENADES BOTANIQUES DANS LE SUD-OUEST de Royan à la Grande-Côte et à la Tremblade Dans un précédent articlenous avons promené le touriste, qui veut charmer sa villégiature par l'étude de la flore locale, de Royan à Saint-Georges, à Meschers et à Saint-Palais. Les excursions qu'il pourra faire à la Grande-Côte ne seront pas moins attrayantes et productives. Actuellement on va en se promenant, sans avoir le temps d'y penser, de Royan à la Grande-Côte. Une petite heure du tramway vous y mène. Il vaut mieux s'y rendre à pied de Pontaillac. Sur la falaise au commencement de l’été, on recueillera en abondance le Bel- lis pappulosa Bois. et Reut.; plus tard les Kæœleria selaceaet phledes, le Glaucium flavum, le Catapodium loliaceum, le Bupleurum tenuissimum, le Delphinium Ajacisetc. seraientbons à récolter, ce dernier dans les champs du littoral. Au boisde Nauzan, c’est le Phillyea media et l'Arbousier dont nous avons déjà parlé. On arrive à Saint-Palais-le-Bureau, ou les dunes et les rocailles bizarrement entassées se succèdent de la facon la plus pittoresque, la mieux faite pour faire plaisir à l'œil. La curieuse église, à demi ensablée, de Saint-Palais sert encore d’amer pour les marins ; on passe sous le portique des Pierriers et bientôt on aperçoit le phare de Terre-Nègre; à quelques pas de la Falaise est le puits de Lauture. On donne ce nom à un bassin profond, arrondi, creusé à sa base d'une ouverture par laquelle les flots s’engouffrent avec fracas, pen- dant les tempêtes, pour jaillir ensuite, à une grande hauteur, à la facon d’un puits artésien. Le puits de Lauture, creusé dans un rocher rugueux, est littéralement constellé de Patelles et de moules et habité par de gracieuses Méduses. À l'extrémité de la falaise, on voit encore les restes d’un ancien fort, pris par les Anglais en 181%; puis commence la Grande-Côte. DeSaint-Palais àla Grande-Côte la flore est variée :l'Euphorbia Paralias aux larges touffes elauques beaucoup plus abondant que l'Euphorbia portlandica dont on ne rencontre que quel- ques pieds; l’Armeria planlaginea mélant ses teintes roses, à la fulgurance du Dianthus gallicus, à l'azur du chardon bleu, à l'or pâle de lImmortelle des sables. Ces plantes forment le fond de la végétation. Plus rares sont l’Astragalus baionnen- sis qui abonde en face dans les dunes de Soulac, le Linaria thymifolia dont les fleurs jaune-orangé sont agréablement parfumées, l'Eqguiselum ramosissimum qui semble se plaire à merveille dans ces sables arides tant il se développe avec luxu- riance, Autour du puits de Lauture se trouve la seule localité royanaise du joli S{alice ovalifolia qui parait y prospérer. Partout, fixantles sables de leurs racines extraordinairement développées, apparaissent le Gourbellt (Psamma arenaria) 106 LE NATURALISTE dont les épis sont fréquemment envahis par un ergot, les Agropyrum, V’'Arlemisa crithmifolia qui y prend les propor- tions d’un sous-arbrisseau. Au bord des bois ce sont l'Osyris, le ciste à feuilles de sauge, le Daphne Gnidium et la bruyère à balais. Avec la Grande-Côte et le pavillon de Bellevue, commence une vaste plage de trente kilomètres d'étendue ou l’on peut marcher, de longues heures, entre des montagnes de sables et des montagnes d’eau. La grève, qui se déroule incessamment, sur laquelle viennent déferler des vagues qui ont trois mille lieues de chasse, sans que rien les arrète depuis le nouveau monde, est éminemment tragique. Elle est monotone au pos- sible et, seules en viennent detemps en temps rompre l’unifor- mité etla tristesse, les carcasses de bâteaux jetés à la côte. En face, en pleine mer, se dresse Cordouan qu’un chenal de rocher relie presque à la côte, lors des marées les plus basses. Cordouan mérite une visite qui peut-être faite actuellement, dans d’assez bonnes conditions de sécurité, si l’on est prudent. Cette solitude de la Grande-Côte avait enthousiasmé Courbet, qui ne connaissait rien d’empoignant comme elle et allait la fixer sur la toile, quand arrivèrent les funestes événements qui changèrent le doux artiste, inoffensif au possible, en un déboulonneur ridicule. Il y à peu de temps encore, à la Grande-Côte commencait un vaste désert, qui s'étend jusqu’à la Tremblade et, qu’il était aussi difficile de forcer que ceux de l’Asie ou de l'Afrique la pius lointaine. Maintenant on le franchit deux fois par jour, grâce à l'établissement d’un tramway forestier qui conduit à la Coubre et au Galon d’or, à deux pas du fameux pertuis de Maumusson. Les exeursionnistes se font chaque jour plus nombreux pour visiter la Côte sauvage où la mer est belle en été comme une mer d'hiver; on ne songe plus aux légendes qui évoquaient les équipages naufragés mourant de faim et les caravanes enfouies dans les fondrières, alors que les sables marchaient encore et que la dune se déplacant incessamment, ensevelissant tout sous ses masses sans cesse renouvelées, avançait d'un mètre en quatre heures. Le phare électrique de la Coubre règne en dominateur sur cet immense domaine, sur ce royaume de sable. Construit en 1895, il tient sous la puissance de ses feux-éclairs un espace circulaire de cinquante milles. Malgré son intensité de 1.500.000 becs Carcel, il ne réussit pas à pénétrer les grandes brumes et, on le double de l’action d’une sirène à air com- primée, installée sur la galerie extérieure, dont le mugissement se réfléchit lugubrement sur la mer démontée. Autour du phare de la Coubre, qui est devenu le noyau d'un petit hameau habité par vingt-cinq personnes, dont la présence est indispensable à l'entretien et au service du phare, on trouve dans les sables une petite euphorbiacée améri- caine, l'Euphorbia polygonifolia, qui s’y est abondamment naturalisée depuis plusieurs années. De la Coubre, on peut revenir reprendre le tramway qui vous ramène à la Grande-Côte, à moins qu'on ne veuille faire le chemin pédestrement. Mais au phare de la Coubre on n’a vu qu’une partie de cette Grande-Côte, quis’étend jusqu'aux environs de la Tremblade. Il reste encore un vaste cordon de dunes à parcourir, une im- mense étendue forestière à traverser. Le boisement a sauvé ce pays qui actuellement n’existerait plus. On arrête les sables, à une petite distance de la laisse des hautes mers, par des palis- sades, par des ouvrages avancés, des épis et des contre-epis; les semis achèvent la consolidation de la partie la plus rappro- chée de la mer et le boisement fait le reste, fertilisant ainsi un dépôt annuel de huit cent mille mètres cubes de sables! On traverse d'abord le marais de Bréjat, sans cesse menacé par les revendications de la mer, et littéralement émaillé au mois d'août, par les fleurs rosées de la guimauve. Dans les flaques d'eau, qui existent de place en place, on a trouvé une curieuse hydrocharidée, dont la présence en ce lieu sauvage est difficilement explicable, le Sfralioles aloides. Le trajet finit par devenir monotone, au milieu des pins et des bruyéres, et enfin on atteint le Galon d’or. La plage du Galon d'or s'étend jusqu'à la Tremblade et n’est séparée de l’île d'Oléron, dont on voit les dunes de Saint- Trojan, que par le pertuis de Maumusson, objet pour les ma- rins d’une crainte et d'une terreur superstitieuses.li a, dit-on, toujours l’écume à la bouche et son mugissement emplit l’étendue. Jusqu'à Ronces-les-Bains, donton apercoit les cabines de baigneurs, le botaniste trouve à glaner : le Sonchus mariti- mus,le Glaux marilima, l'Ache, le Suæda fruticosa,le Salsola Soda, le Linaria thymifolia et la longue cohorte des plantes habituelles. C’est alors que, si l’on est bon marcheur, au lieu de revenir prendre le tramway au Galon d’or et de refaire le monotone itinéraire du matin, on peut aller prendre le train à la Trem- blade. De Ronces à la Tremblade, rien à signaler que le Sedum anopelalum sur les bords de la route, l'Oxalis corniculala à feuilles pourpre foncé, variété horticole qui s’est répandue au pied des maisons, dans la longue rue qui traverse le pays de part en part. A la Tremblade, il est de toute nécessité de pousser jusqu’à la Cayenne de Seudre, le long du canal. Une flore intéressante y fixe l’attention. Ce sont à profusion : S/atice Limonium dont on apporte des bottes de fleurs au marché de Royan, 4rle- misia marilima et gailica usités comme vermifuge populaire, l’Absinthe qui y est abondante, le Suœæda marilima et le Sali- cornia herbacea, V'Atriplex litloralis, etc. En cherchant on trouverait le Statice lychnidifolia. Sur d'immenses étendues s’échelonnent les marais salants, que nous retrouvons jusqu’à Saujon, dans toute la vallée de la Seudreavec leurs tas de sel qui étincellent au soleil et luisent d’une blancheur de neige. En les visitant, on recueillerait le rare Alfhenia filiformis et le Chara alopecuroides qu'il faut y chercher en mai, avant le net- toyage des marais, principalement dans ceux qui y sont mé-— langés d’eau douce, ou bien dans les années froides où la pro- duction du sel a été peu abondante. L'Hordeum marilimum est remarquable par son abondance dans toute cette région. A la Tremblade, on ne peut faire autrement que de déguster les excellentes huîtres vertes, élevées dans lesclaireset dont la qualité est exactement celle des Marennes qui se cultivent identiquement à quelques pas. Aime-t-on mieux aller à Ma- rennes même et sacrifier à la mode, il suffit de prendre le bac et de traverser la Seudre qui est devenue un véritable bras de mer. L'industrie huîtrière dans cette région est en pleine prospérité; les troismille hectares de claires déversent chaque année, sur les marchés européens, une moyenne de cent mil- lions d’huîtres qui laissent dans ce pays trois millions de francs. C'est à Arcachon, à la Normandie, à la Bretagne, que l’on em- prunte les huîtres que l’eau de la Seudre va bonifier, auxquelles elle communique ce verdissement inimitable, dû à l’action d'une diatomée. De la Tremblade à Royan, la distance se franchit rapidement. La vue est distraite jusqu’à Saujon, par la Seudre dont on aperçoit le ruban argenté, par les marais salants partout dis- séminés. Un étonnement du touriste, c’est de voir les petits cimetières particuliers épars dans la campagne ou à proximité des habitations, défendus par des haies vives et par des cyprès. Cette coutume de se faire enterrer là où l’on a vécu est à peu près abandonnée aujourd'hui, après avoir été longtemps en honneur dans ce coin de la Saintonge, depuis lépoque mau- dite des guerres de religion. Il ne reste plus alors qu’à rentrer à Royan et à se préparer à de nouvelles courses ; mais aucune n’est plus attrayante, ne comporte plus d’enseignements ni d'émotions salutaires, que celle de la Grande-Côte à la Trem- blade. P. Harior. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE DE LA COLORATION A L'INCLUSION. — DÉSHYDRATANTS. — ÉCLAIRCISSANTS. Après les diverses préparations que nous avons pas- sées en revueldans les articles précédents, les pièces his- tologiques sont imprégnées' d'eau ou d’alcoolet, de plus, elles sont, pour la plupart, parfaitement opaques dans leur masse entière. Il s’agit maintenant de les traiter de façon à enlever l’eau si cela est nécessaire el de faire disparaitre en par- tie leur opacité, Ce sont là deux opérations distinctes qui prennent les noms de déshydratation et d’éclaircissement. 1 LE NATURALISTE 107 Déshydratation. — Cette préparation particulière n’est indispensable que lorsque les coupes histologiques doi- vent être ensuite montées dans le Baume de Canada ou tout autre substance semblable non mise à l’eau. Mais, si on veut les monter dans un milieu qui se mé- lange facilement à l’eau, il est bien évident que la déshy- dratation préalable est parfaitement inutile, C’est ce qui a lieu, par exemple, lorsqu'on emploie la glycérine. Or, comme ce corps non seulement se mêle à l’eau en toute proportion, mais qu’il est encore un excellent éclaircis- sant, il-en résulte que les deux opérations dont nous allons parler dans ce chapitre, sont parfaitement inutiles. La déshydratation consiste, en un mot, à passer les pièces histologiques, qu’elles soient colorées ou non, suc- cessivement dans des milieux à titre alcoolique de plus en plus élevé, de façon à finir par l'alcool absolu, ou tout au moins à 95° ou 970. Si l’on passe, en effet, trop brusquement de l’eau ou d’un alcool faible, à un alcool fort, on a toutes les chances possibles pour rendre la pièce en préparation entièrement cassante, par une contraction beaucoup trop énergique des tissus. Si, donc, les piècesse trouvent dans un milieu aqueux, on doit les passer successivement dans les alcools à 45°, 60°, 70°, 900 et enfin 95° ou absolu. Il va sans dire que si elles sont déjà placées dans un alcool à 45° ou 60°, on ne les passe que dans la série supérieure à 45° ou 600. L'alcool soi-disant absolu que l’on achète dans le com- merce n’est, la plupart du temps, en réalité qu’à 97° ou 98°. Quand on veut être certain d’avoir de l'alcool absolu véritablement, il est beaucoup plus sûr de l'y rendre soi- même, en ajoutant à l'alcool absolu du commerce une certaine quantité de sulfate de cuivre anhydre ou simple- ment de chaux vive. On renouvelle de temps en temps ces substances, car, à la longue, l'alcool absolu, qui, comme on le sait, est très avide d’eau, s’en charge peu à peu et redeviendrait à son titre primitif, sans la précaution que nous venons d’indi- quer. Dans presque toutes les opérations que nous avons ici en vue, on peut cependant se passer d'alcool absolument anhydre, car la plupart des substances éclaircissantes, dont nous allons parler plus loin, ont facilement raison des quelques traces d’eau qui pourraient subsister dans les pièces histologiques, après leur passage dans la série des alcools. Ilest difficile de préciser le temps exact pendant lequel les pièces doivent rester dans chacun des mélanges d’eau et d'alcool: cela dépend, en effet, de leur volume et aussi de leur constitution. Il faut, bien entendu, plus de temps pour des grosses que pour. des petites pièces, et plus de temps aussi, si l’on à affaire à un tissu difficilement perméable aux liquides, que s’il se laisse facilement pénétrer. On peut impunément laisser les pièces dans l'alcool à 70° par exemple, à moins toutefois que la matière colorante ne soit soluble dans l'alcool, ce quiest souvent vrai. Dans ce dernier cas, il ne faut pas attendre la décoloration. Mais dès que l’on arrive aux mélanges à 90° ou plus, il faut surveiller de près les préparations, car un trop long séjour dans ces liquides rendrait les pièces cassantes, surtout si l’on a affaire à des tissus fragiles. Eclaircissement., — Substances éclaircissantes. — De même que nous avons vu qu'il ne faut pas passer brus- quement d'un alcool faible à un alcool fort ou récipro- quement, de même il est bon de ne pas passer les pièces trop rapidement des alcools forts aux éclaircissants, Les phénomènes violents d’osmose, qui se produisent alors entre les deux milieux, peuvent produire des effets désastreux sur les objets en traitement. Il est donc utile, dans la plupart des cas. de faire deux séries des mélanges suivants : 4° deux parties d'alcool fort pour une partie d'éclaircissant; 2° une partie d'alcool fort pour deux parties d’éclaircissant., On passe alors les pièces à leur sortie de l'alcool absolu, d’abord dans le premier, puis dans le second mélange. Quelques auteurs recommandent même de faire un troisième mélange plus faible encore en alcool, nous esti- mons que, sans être inutile, c’est là une précaution peu nécessaire pour la plupart des tissus. Enfin, après ces deux ou trois mélanges, les pièces sont placées directement dans le liquide éclaircissant pur. Nous obtenons d'excellents résultats en plaçant la série des mélanges éclaircissants à une douce chaleur. Nous les placons pour cela sur le dessus de l’étuve à inclusions. La pénétration dans la masse se fait plus rapidement et plus régulièrement à la fois. Les substances les plus employées comme éclaircis- sants, celles en somme que l’on doit toujours avoir sous la main et qui peuvent servir dans tous les cas sont : l'essence de girofle, l'essence de cèdre, l'essence de bergamote, l'essence d’Origan et le æylol. Il y en a naturellement bien d’autres que nous passe- rons sous silence, ces substances n'étant pas d’un usage tres courant. Nous devons cependant signaler encore la glycérine ; mais on ne l’emploie guère comme éclaircissant que pour les objets que l’on monte sur lame directement et sans les couper, pour l'examen direct et pour ainsi dire ma- croscopique. Nous pouvons ajouter que la plupart des milieux dans lesquels on conserve les coupes sur lames sont aussi des agents éclaircissants. Chacun des liquides dont nous avons donné plus haut l’'énumération doit être employé, dans certains cas, de préférence à d’autres; mais on peut dire que les trois premiers (essences de girofle, de cèdre et de bergamote) et le dernier (xylol), peuvent être employés indifférem- ment ou à peu près l’un pour l’autre el pour toutes les préparations que l’on peut avoir à faire, lorsque l'inclu- siondoitêtre faite dans la paraffine ou d’autres substances analogues. L'essence de girofle doit être employée vieille autant que possible. Plus elle est vieille, mieux elle vaut, en ce sens que les préparations s’y conservent beaucoup mieux que dans la fraîche ; elle les rend moins cassants et surtout elle conserve mieux les couleurs tirées de la houille. C’est certainement l’un des meilleurs agents éclaircissants. L'essence de cèdre est encore peut-être préférable à la précédente, dans bien des cas, On peut impunément y laisser les pièces sans courir le risque de les rendre cas- santes; de plus, elle pénètre mieux au travers des tissus que l'essence de girofle. L’essence de bergamote absorbe l'eau qui a pu rester dans les tissus, beaucoup mieux que les deux premières. Elle ne décolore pas les objets qui ont été teints aux cou- leurs d’aniline, Enfin l'essence d’Origan est de toutes ces essences celle que l'on doit employer avec le plus de réserve, surtout si l'on a traité les pièces préalablement avec des couleurs 108 LE NATURALISTE d’aniline, car presque toutes les matières colorantes qui ont cette origine, sont attaquées par l'essence d'Origan. Nous avons réservé, pour le citer en dernier lieu, un agent éclaircissant que nous employons très fréquem- ment et qui nous a donné le plus souvent de fort beaux résultats : c'est le æylol. C’est toujours lui que nous utilisons dans les prépara- tions cassantes, et nous ne lui connaissons qu'un seul défaut, qui lui est, du reste, commun avec quelques essences : c'est d'attaquer légèrement quelques-unes des couleurs d’aniline. Mais, à côté de cela, il a de précieuses qualités. C’est ainsi qu'il pénètre très facilement les tissus, même les plus rebelles à la pénétration et même lorsque les pièces sont assez volumineuses. Une légère température (18° à 20°) facilite singulière- ment son action, On peut, de plus, laisser longtemps les pièces sans qu'il les rende cassantes, et enfin, c'est un excellent dissolvant de la paraffine, ce qui est un très grand avantage sur les autres substances dont nous avons parlé jusqu'ici. En résumé, pour toutes les préparations cassantes, nous recommandons l'emploi du xylol comme agent éclaircissant. Emploi des mélanges d'éclaircissants. — À part le xylol qui demande de préférence à être employé seul, on peut utiliser les autres agents éclaircissants soit seuls, soit à l'état de mélange entre eux ou avec d’autres substances, alcool, chloroforme, etc. On ne peut pas donner de règles fixes à ce sujet, et chaque opérateur doit arriver, après des essais plus ou moins nombreux, à savoir ce qui lui réussit le mieux pour les recherches auxquelles il se livre. Les propor- tons à employer sont donc extrêmement variables sui- vant les résultats que l’on désire obtenir. Telle essence par exemple qui, employée seule, rend facilement les pièces cassantes, sera beaucoup améliorée dans son action, par l'addition de telle autre qui est au contraire un excellent agent conservateur, mais qui a le défaut de décolorer facilement les pièces, ce qui n'a pas lieu pour la première, C'est ainsi que, les qualités de l’un corrigeant les dé- fauts de l’autre, on obtient des mélanges pour telle ou telle préparation. GRUVEL, L'ACCROISSEMENT DU CORPS Les auteurs ont tort de dire que l'accroissement de notre corps se fait jusqu'à 17 ou 18 ans, 25 ans au plus, quand l'épiphyse jdu fémur se réunit à la diaphyse par son extrémité inférieure. Sans doute alors le squelette est complet; mais, pas plus pour les chairs que pour le squelette, les choses ne se terminent avec l’accroisse- ment en hauteur. Regardez une jeune fille et voyez sa mère, voyez sa grand'mere, si elle la possède encore; et jugez vous- mêmes, si ces trois personnes, si différentes de taille, sont simplement arrivées au même accroissement. Autant la jeune fille est souple et élancée, autant la belle- maman est forte et élargie, quand ce n’est pas empâtée. On taillerait deux jeunes filles comme la sienne dans ce bloc-là, sil était à débiter comme un bloc de marbre, Quant à la bonne vieille grand'maman, cassée, usée, ra- tatinée, ridée, rabougrie et voutée, elle s’affaisse tout doucement vers la tombe; et sa dernière parole est un « nunc dimiltis » de satisfaction, en voyant sa descen- dance se perpétuer par l'union de sa petite-fille avec son petit-gendre : c'est un vieux glaçon, d’où s'échappe un rayon de la bénédiction du ciel. Les os de la première sont à peine ossifiés, et pas com- plètement encore. D'ailleurs cela n’en vaudra que mieux pour le premier accouchement, où les os du bassin eux- mêmes pourront s'écarter un peu au dernier moment, si pubis. On sait qu’au moment de la naissance du prince impérial, sa mère était déjà d'un certain âge, puisqu'elle l’empereur des Français, Une véritable rupture se pro- généralement à cet âge; or cet accident ne serait pas cette symphyse non encore ossifiée, mais réunie par des Lens fibreux, aurait pu prêter à une certaine distension sans se briser, Quelques jours de repos auraient permis à ces liens, momentanément distendus au passage, de se pour cela qu'il est tout naturel de ne pas trop attendre pour marier ses filles; voilà pourquoi le bon sens de nos pères a appelé vieille fille celle qui avait dépassé 25 ans. nature, en les mariant trop tard. Eve, notre première mère, ny mit pas tant de facons, quand Adam lui offrit sa main, Autant celui-là qu'un autre, se dit-elle dans son innocence. Il est vrai qu'elle n'avait pas le choix ; mais ce n’est certainement pas cette idée-là qui dicta sa conduite dans cette circonstance. Quand l’âge est arrivé, la jeune fille se marie et a des enfants à son tour, tout comme sa mère cesse d'en avoir; celle-ci a acquis le droit de se reposer,et c’est à la fille qu'il appar- d'être fière d’avoir mené à bien la génération suivante. Plüt au ciel qu'elle le comprit toujours, et qu’elle n'ait pas parfois de ces idées étranges, si nuisibles au bonheur même du jeune ménage en voulant garder sa fille auprès d'elle après son mariage, comme si la nature n'avait pas donné des ailes aux graines de chardon, pour leur permettre d'aller reproduire au loin un autre pied de chardon, loin de celui qui lui a donné naissance! Que de séparations, que de divorces, que de misères sont dus à l'ingérence d’une main étrangère, dans l'union conju- gale! C’est à la jeune femme qu’il appartient surtout de comprendre la nécessité où elle est, d’abriter le lit nup- tial de son voile de jeune mariée, afin que nulle interven- tion étrangère ne souille et ne profane la sainteté du mariage. Si l’on examine chacune des parties de notre corps, on voit qu'elle continue à grandir et à se développer, bien longtemps encore après 25 ans et que nos tissus évo- luent à leur manière, depuis notre naissance jusqu’à la mort, c’est-à-dire pendant toute la vie. Ainsi les dents d'un homme de 50 ans sont bien plus fortes, plus larges et plus longues que celles d’un enfant, cu même d’un jeune homme. Le foie d'une personne de 50 ans est sou- vent bien plus ample que quand elle avait 20 ans. Le ventre d'une femme de 50 ans est aussi bien plus gros que celui de la jeune fille, et sa taille s’est épaissie à pro- } portion. Quelle différence avec les tailles de guëpe de nos c'est nécessaire, grâce à la souplesse de la symphyse du avait largement dépassé 25 ans avant de se marier à duisit au niveau de la symphyse ossifiée, comme elle l’est arrivé, si ce premier enfant était né plus tôt. En effet raffermir et de reprendre leur rétraction normale. C’est Ce n’est pas en vain que l’on transgresse les lois de la tient de continuer son rôle à sa place. Elle à le droit LE NATURALISTE 109 gravures de mode, où le tour de la taille est plus petit que le tour de la tête! De même dans la vieillesse, tous les organes évoluent en sens inverse ; ils se rétractent. Les tissus mous, comme le cerveau, les parois des vaisseaux, etc., dur- cissent, au point que le tissu fibreux devient parfois car- tilagineux, osseux ou tout au moins athéromateux. Les os, ne pouvant plus durcir, s’évident au contraire, et le canal médullaire s'étend jusqu'aux épiphyses. Ainsi le fémur se creuse tellement, que les fractures du col de cet os sont fréquentes au delà de 70 ans; notamment chez les femmes, où l'os porte plus à faux que chez l’homme, en raison de l’obliquité plus grande du col sur la diaphyse, On voit parfois l'épaisseur du col du fémur réduite au point de devenir aussi mince qu'une feuille de papier, pour ainsi dire; alors il casse, comme un verre de lampe, on comprend que cette fracture ne se conso- lide pas facilement, s’il n'y a plus de suc osseux solidi- fiabie en quantité suffisante, pour produire cette consoli- dation. De même aussi l'utérus finit par se rétracter de plus en plus et par passer à l’état d’une poire tapée, après avoir eu la grosseur et la forme d’une petite poire duchesse pendant la vie de la femme adulte, Il serait infiniment trop long de suivre tous nos or- ganes dans leur évolution, à partir de 25 ans. Bien loin d’avoir acquis tout leur développement à cet âge, on peut dire qu'ils continuent à se développer encore à leur manière, jusqu'à 50 ans au moins. C’est plus tard qu'on les voit aller au contraire en diminuant. La vérité est qu'il n’y a pas d'époque fixe pour délimiter cet âge. Chaque organe a sa période spéciale de développement, C’est ainsi que même le jeune enfant, qui vient au monde, a déjà des organes en train de se réduire et de dispa- raitre, notamment le cordon et le thymus, ce que nous appelons le riz de veau chez les mammifères. Chaque organe à sa durée et son évolution propres : voyez les dents par exemple. D' BouGox. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 17 avril 1899. Il résulte d’une étude générale que M. L. Bordas vient de faire sur environ 24 genres et 56 espèces de Coléoptères, que la plupart de ces insectes possèdent, dans la région posté- térieure abdominale, une paire de glandes disposées en grappe ou en tube et dont le produit de sécrétion, lancé par l'insecte au moment opportun, le protège contre les attaques de ses ennemis. Ces glandes anales ou glandes défensives com- prennent : une partie glandulaire, un canal afférent, un réser- voir ou réceptacle ét un conduit excréteur. Le phénomène d'expulsion du liquide à l'extérieur se produit surtout par la brusque contraction de la musculature circulaire constituant la presque totalité de la paroi de la vésicule. Ce mouvement de sortie est encore aidé : 40 par la contraction de certains muscles fixés à l’extrémité du conduit excréteur, et 20 par la compression qu’exerce sur la vésicule, en se recourbant, l’ex- trémité postérieure abdominale. La composition du liquide pro- jeté, sa couleur, son odeur plus ou moins fétide, sa nature parfois caustique ou irritante, la facon souvent brusque dont s'effectue l'expulsion, son mode d’évaporation, les crépitations ou les explosions qu'il produit parfois, etc., tout prouve que les glandes anales sont des organes défensifs servant à pro- téger certains Coléoptères contre les attaques inopinées de leurs ennemis. La présence d’une intima Chitineuse dans la vésicule et les conduits excréteurs est un argument en faveur de leur origine ectodermique. D’autre part, le mode d’embou- chure du canal efférent terminal, son indépendance par rap- port au rectum, démontrent que les glandes anales sont les glandes métamériques cu appendiculaires au même titre que les glandes salivaires, les glandes génitales et les glandes veni- meuses. — M. J. Repelin présente une note sur le Trias des envi- rons de Rougiers {Var) et sur l'existence, dans cette région, de phénomènes analogues aux pépérites d'Amérique. Il existe dans le Trias de Rougiers une petite faune de Gastéropodes et de Lamellibranches qu’on n'avait encore signalée nulle part en Provence. Cette faune se compose d’un certain nombre d’es- pèces nouvelles des genres Undularia, Marmolatella, Holo- gyra, Arcomya, Gonodon. L’existence de ces formes dans cette région montre à quel point les faunes triasiques sont uni- formes, puisqu'elles se retrouvent avec des caractères presque identiques dans le faciès alpin du Trias, à la Marmolata (Trentin) et dans la partie septentrionale du Trias extra- alpin, en Alsace-Lorraine. À cette faune se trouvent associés des Ceratites que M. Haug croit pouvoir rattacher au groupe du €. nodosus, ce qui permet de classer les couches dans le Norien (Muschelkalk). La roche triasique, où se trouvent les Gastéropodes et les Cératites, contient des fragments du ba- salte. On constate dans les débris altérés la présence du péri- dot. La roche à fragment de basalte est une brèche analogue aux brèches pépéritiques, c'est-à-dire d’origine éruptive, et ce fait fournit un argument important en faveur de la théorie des brèches filoniennes en ce qui concerne les pépérites de la Limagne. Des aflleurements de couches triasiques identiques à celles de Rougiers, doivent donc être classés dans le Norien et non dans le Werfénien comme l'indique la carte géologique. — M. Stanislas Meunier fait part de ses études et de ses observations sur lorigine de grains siliceux et de grains quartzeux contenus dans la craie. L'étude, poursuivie depuis longtemps déjà par l’auteur sur les phénomènes de la dénuda- tion chimique, l’a amené à examiner de très près le résidu de dissolution d’un grand nombre de roches calcaires. M. Sta- nislas Meunier signale ses observations concernant le produit de l’attaque, non plus de la craie considérée en masse, mais des coquilles fossiles qui y sort contenues; les expériences ont porté sur les térébratules, les rhynchonelles, les belemnitelles, les huîtres, et spécialement les inocéramus et les ananchytes. Ces tests, soumis à l'acide chlochydrique étendu, laissent toujours, même quand ils sembleraient entièrement calcaires, un résidu siliceux dont les caractères sont très remarquables. Ce sont des grains arrondis et concrétionnés, mais qui se brisent très aisément en éclats anguleux et consistant les uns en opale ou en silex, les autres en quartz, parfaitement carac- térisé. Souvent l'épaisseur des tests de certains bivalves (0. columba) s'est constituée en géodes de quartz cristallisé. On ne peut qu'être frappé de l'identité de ce sable spécial avec celui que fournit directement la craie, et dont la présence a été invoquée comme argument propre à défendre l'opinion d’une origine terrigène de la roche qui le contient. Lorsque des co- quilles très partiellement silicifiées sont dissoutes par l’exer- cice de la dénudation souterraine par exemple, elles se résolvent très facilement en un sable qui peut être d’interpré- tation diflicile. Comme les rognons de silex ne sont pas désa- grégeables et qu’on ne peut, en conséquence, leur attribuer la production de ces grains, il a semblé nécessaire, en général, de rattacher ces derniers à quelque charriage réalisé dans le bassin sédimentaire. P. Fucus. PHOTOGRAPHIE Photographie des mouvements du maxil- laire inférieur, — La photographie {les mouve- ments du maxillaire inférieur à fait un grand pas depuis les recherches de M. Marey. MM. Luce et Bowditch avaient déjà recours à un excellent moyen pour relier les signaux brillants au moyen du maxillaire. Ils em- ploient une de ces gouttières remplies de cire à modeler. dont les dentistes se servent pour prendre les empreintes Sur cette base solide s’implantait une tige de métal qui, par des branchements diversement orientés, portait les perles brillantes nécessaires à la chromophotographie. 110 LE NATURALISTE M. Marey a adopté le procédé de M. Luce pour rendre les appareils parfaitement solidaires des mouvements de la mâchoire ; mais, au lieu de points brillants, qui ne donnent qu'une idée incomplète des mouvements du maxillaire, il adapta à la monture une tige métallique brillante qui suivait la direction du bord inférieur du maxillaire, puis longeait le bord postérieur de sa branche montante pour s'arrêter au sommet du condyle.' Le sujet en expérience porte autour de la tête un ban- deau duquel pend un petit carré de velours noir formant avec la joue un champ obscur. Sur ce champ se détache la tige brillante qui suit les mouvements du maxillaire. Un appui-tête empêche tous déplacements autre que ceux du maxillaire inférieur. Afin que l'image photographique porte l'indication de l'étendue des mouvements qu'elle représente, on place, sur la tête du sujet en expérience, un disque de velours noir sur lequel se détache une échelle divisée en centi- metres, tandis que des lettres en papier découpé, appli- quées sur le même champ, expriment la nature du mou- vemernt exécuté. Pour étudier, par exemple, l'ouverture et la fermeture dela bouche, on applique, suivant le cas, lalettre O ou la lettre F sur le champ noir à côté de l'échelle centimé- trique. Puis on commande le mouvement du maxillaire en le décomposant en quatre ou cinq temps successifs avec arrêt à la fin de chaque temps. Au moment de cha- cun des arrêts, on ouvre l'objectif pendant une demi- seconde. Photographie des objets d'histoire natu- relle creux. — La photographie de l’intérieur des vases creux, Coupes, saladiers, assiettes, objets d'histoire naturelle, etc., est surtout difficile par lesreflets etla dif- ficulté de mettre au point. On y arrive cependant en im- mergeant complètement le vase dans l’eau, horizontale- ment et en plaçant l'appareil au-dessus verticalement. Il est préférable de faire d’abord une petite image et de l'agrandir ensuite. Les détails sont alors plus nets et se laissent plus facilement retoucher. La photographie du chant. — Tout le monde connait cette expérience classique qui consiste à faire vibrer, avec un archet, une plaque métallique recouverte de sable fin. Celui-ci s’ordonne géométriquement suivant la force du son. M. Curtis a imaginé quelque chose d'ana- logue pour photographier en quelque sorte les notes émises par un chanteur. Il emploie pour cela une sorte de longue pipe dont le foyer est recouvert d’une mem- brane vibrante recouverte de poudre. Le chanteur émet une note à l'extrémité du tuyau et de suite, le sable se disposeen un dessin caractéristique. Sa forme est, en effet, la même, quelle que soit la voix du chanteur, soprano léger ou prima donna. On conserve ces dessins en les photographiant, M. Curtis a ainsi photographié toute la série des notes, y compris les notes intermédiaires, même celles, par exemple, qui se classent entre le doet le do dièze et que notre oreille est trop imparfaite pour appré- cier. Cela pourra servir dans l’enseignement : c'est ainsi qu'on pourra mettre en demeure les élèves de recom- mencer une note Jusqu'à ce qu'ils obtiennent un des- sintrès exact. On pourra aussi mieux connaître le son des cloches sur lesquelles les musiciens, même les plus habiles, sont loin de s'entendre. On sait les discussions récentes auxquelles a donnélieu la Savoyarde. Photographie des bruits du cœur, — M. A.de Wolowinski a combiné une méthode entièrement automatique pour photographier les phases des bruits du cœur (1). Le principe repose sur ce fait que la tension pério- dique des valvulesnon seulement estsynchronique avecles vibrations sonores des bruits stéthoscopiques, mais aussi avec des secousses mécaniques (ébranlements) qui l’ac- compagnent en se propageant sur toute la surface du thorax. Les secousses sont également insensibles à l’ouie à cause de leur petite fréquence, mais on les sent sou- vent sous la pression du doigt et on les voit par la ré- flexion d’un mire sur un miroir appliqué sur tous les points du thorax. Pour fixer photographiquement les instants de ces secousses synchroniques avec le stétho- scope, l’auteur emploie un appareil qui comprend quatre organes principaux : 1° Un microphone perfectionné appliqué sur la surface du cœur ; 29 Un téléphone optique excité par le microphone et dont le diaphragme produit les anneaux colorés de Newton ; 30 Un système optique excité pour éclairer les anneaux et en refléchir l’image réelle, inverse et agrandie sur une fente étroite et verticale ; 4° Un tambour enveloppé sur un papier fort sensible, qui tourne derrière la fente de la chambre photogra- phique. Ressuscitation de vieux documents ren- dus invisibles par le temps, — Voici le principe de cette méthode, imaginée par M. E. Burinsky et sur laquelle nous manquons de détails. On reproduit, sur des clichés pelliculaires, un certain nombre de négatifs des documents à ressusciter. Les clichés sont superposés exactement les uns sur les autres ce qui multiplie l'impression proportionnellement au nombre de pellicules impressionnées. Le positif ob- tenu rend visibles certains détails qui étaient peu nets. La multiphotographie appliquée à thropologie. — La multiphographie peut rendre de grands services dans l'étude des races humaines. Elle sera surtout très utile aux explorateurs qui n'auront qu’à impressionner un seul cliché pour avoir un tête de face, de profil, de trois quarts, de dos, etc. Le procédé, très simple, consiste à mettre derrière la personne que l’on photographie, deux miroirs plans plus ou moins inclinés l’un sur l’autre. Avec un angle de 90° on a trois images. Avec un angle de 60° on en aura cinq. Enfin, pour avoir 7images, il faut ün angle de 470. La personne que l’on photographie doit être assise de facon à tourner lé dos à l’appareil dirigé vers l’angle des deux miroirs. l’an- (1) L'Objectif. - Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. 111 LE NATURALISTE (g6 ‘8y) stunox soane so onb j1n09 snçd uowop -Quy 2p JuowuBos roruoid ‘s91S04 —19} Sajuerd Soç Ins JUEATA $9)90SUT : ‘(nqu1 2€) SA1I9VNOQ RCE (16 :$y) stunga sormne soy sno; onb Suor 1ssne uouwop -QU] op quotusos aormoad ‘sonbr -enbe soquerd so] ins JUBATA $9799SUT ‘suipief So] Suep JUB[G SIT NP Sof[in9] S9] 97edwo9 uooe; ounp siojaed o1049p mb 39 onpuedoa sou} 999ds9 ‘psohipion 91 Ste9011) odu98 np ed47 anod aouuop jnod uo *S10WP)04 ‘neo Snos sdwuoj sonbjonb douanofos owuatwu : Saroeuoq sa] onb sonbryenbe sujd oioou9 juos eruouIæx 597 ‘JPydnu9N op NO SHJ,P SoI[IN9] SO[ ANS SO[IQOUIUE AOAJUODOUII SO] 9P DAC sed jso,u 11 ‘sonbuenbe soque]d soy ans quoarA {‘1quJ er9eu0q) soeuoq so *‘SOploÂQUEI9") Sop J9y204ddex saf JITOA -n0d n49 quo sinaqne p dnooneoq onb rez mb 99 ‘uorpijowos{aus sorey np aansotu Sp So$1] XNE S994201998 quoanod s9o 2UIR]I99 QUN SUPP JU9J1899S SIL { XN9AQUIOU nod JuOS 59/998U1 $97) ‘S9JI9PUO(T S9p 39 SoJ1198S Sop ‘S9]l199017 S9p SNJ SI04} S9] odnoa8 99 suPP SIun9i 9f "SNHIQTAHOOIHN — 'NOUIIS ,€ VE ‘09 ‘d ‘anbyfjnun ounpy %S op Suoisiaip $09 op sojedound soj onbiput jouuoone] ‘W : souuogdoino s999ds9 so[ anod soiuo8-snos xp op sulow sed Joupe,u ourep “10987 ‘sodeqdoj{yq sop otyduiSouop es sueq ‘sooodso sep uoreutua0)9p t] 49]11987 An0d 9stAIpqnS quo] sopsiSojowoque p dnoonvog ‘jueqrodun odno4# 99 91ODU9 9NJIJSU09 S0|{RIIPA JUOUOAISSOIX0 SOULIO] S9P JUEUIJUO9 QAU9B [N9S uf] DURS tt t:t"(06 Sy) o1u08 |uos uf} *(898F odoang,p so199d09[09 sop viouon) CUBA 49 ‘IUA np ‘£ 'SAQIHHIAIO — ‘NSIYL ,L Peters . \ Fe] o ‘qi eW0so1dueT] (68 ‘3y) o1u95 nos uf “SOPHIE S9P 19 SUUIIÂG S9P QUISIOA OUIOF JUN AUWO9 9919pISU09 SduW8J8U0] 979 E 19 SOPIUNU SJIOTPUY SE SUBp Sossnou sa] snos JIA 019 {(°1S 40702009 ‘T) odoimg uo 099dS9 91nos our ad gquasoidoi 159 ‘sopidjoung sop sed oedgs ou jouuoonez ‘ onb ‘odnouÿ 2) (eggr ‘odoang,p soxg1dosog sep erouer)) CHAT 19 UA NP ‘f SILINOSOHdNYT — NEIHL +9 LGST SUV 0 NA OUANAN AT HIOA (4LINS) SAQTTANOSAUHI CHIEN) "OUUAUOLIQOUIT, DL9S EL JUOWOUIEUIOIA S947 SUOIOOUAUTUOD SNON "QUUNPIQDANIS — 0 "QUUNUOUNIIND — of "ONDUUIOPOIMINE — 0% QUURUOUT — 0% "OUUAUOLIQOUIT, OV9S 0 : : SOJULAINS So[ JuOS oxpreed % quoysoa mb songs so] onb sanopoog sou re suoyoddez SnoN *98CIANO JUESSOI -JJUI 399 op a79[dwu09 uoneorqu re nbsnf quotworarnsoi eranuruos 9s 49 OIJunu quosgud np anued ® ostidox jso ‘ondwuoxroqui juowguequauouu 9479 UP BAR mb out 0p saedo9on sop o4sngr onbuljoun puouon np uoneorqn ef ‘sino} -Ip9 S9p }9 An9Jnt ] 9P QJUOLOA EJ 9p Sajuepuodopur S0SUPJSUOIITI 9P 911$ IEq SATIAUNLVN SHONHINS SH HNALIOU LA TILIONMH FUUISUOD ANNE A0 SEL dONTON HALSA'TII HAOILATVNV VUHANAHIY LE NATURALISTE 112 PPS SSSR PPS PP PIE qu IOBUO( nonseseseeesss cesser ects (20 y) 940ptq Juouopuoyord sosie} soprae .Q EU 98 ‘9)W94JXO, % Ssesnouido uou sorj{T{ RÉREE °**""(10T) 940r1q uou sosie] sop ET ETUOUEH "Jde 4€ 9191) 0 [re Sosnoutdo uou S01/ATST S3LIOVNOG — ‘NgIaL :€ OO EONOIOIOIONDEO (007 1) nofq jojue] o8noxr JoJUt} S01{19 Ss0p JUOJ SPpnos UOU S9sIU} SOP SJ9H0019 ‘J009 SIA9901{7) ‘1qua BUT 6e PL L vol "(66 ‘8y) onbure -QUINOIQUNP JUAWOTEIQUYE S047Â[9 :ostq UE SOpPNOS SSL} SOP SJOU0019 S3119390149 — ‘NgIuL .C Le) “ozuny PIoydofnez ‘pi00v' BJOUÂS ‘neT BUPEPOSI( ‘(nqu} a11) SA1INOVS -(nqu ,7)S3114390149 SO # \ \ e* 2 / *:(86 8) S9109 say ans xnopnsur xexouoad fsorqe[s soa{fo Jo sdio9\z sittete (16 81) $9109 Sop ans 9fn9 -rjuop xe10q}01d ‘quoosoqud sdio9 OLD OPA LOTS OCTO (96 *51) onpu?} uoU01980 NO o1Q1Uu9 9JonSuCT Se” [ (6 *8y) epytq Juowopuoord o7onsue"t SALIHOVS — ‘"NAIUL 1 pute | 6 net (st4 76 19 56 ‘$y) saorquo xn94 {SopIJIQ SOSIe] SOP SJ0U92019 & -(s1q 86 19 £6'8y) Sotouey09 xno { sojduuts sosie] Sop S19490419 21° ANNÉE LES FALAISES DU TRÉPORT Les hautes falaises crétacées de la Seine-Inférieure et de la Somme arrêtent, à plus d’un titre, l'attention des naturalistes et surtout des géologues. Les touristes eux- mêmes, si peu préparés qu'ils soient aux études du sol, ne manquent pas d'être frappés par la masse imposante de ces murailles naturelles qui atteignent et dépassent, en certains points, cent mètres de hauteur et donnent assez bien l'illusion de ruines gigantesques. La ressem- blance est même justifiée par l'aspect de tours circulaires, de quelques saillies, et par l'alignement des lits de silex rappelant les assises de pierres corrodées d’une ancienne construction. Enfin, le vol et les cris continuels de centaines de corbeaux qui nichent dans les anfractuosités de la roche, complètent ce rapprochement. Ces falaises se prêtent admirablement à une foule d’études intéressantes et devraient à ce titre être plus régulièrement prises comme but d’excursions géolo- 2 SÉRIE — N° 293 15 MAI 1899 giques publiques, surtout au début de l’enseignement. Où peut-on, en effet, voir d'aussi: belles coupes pratiquées dans ces puissantes formations qui constituent le sous- sol d’une grande partie du nord'de la France ? Fig. 1. — Falaises de Mers. A côté de l'examen facile des différents niveaux pa- léontologiques, on peut remarquer une série d'exemples de plissements, d'ondulations, de soulèvements, de frac- Fig. 2. — Falaises du Tréport. tures avec et sans rejets, ainsi que la plupart des phéno- mènes de démolition et de dénudation. C’est à cet en- semble de conditions qu'est dü l'aspect si varié de la côte depuis Etretat, aux falaises pittoresquement évidées, jus- qu'à Mers aux murs à pic. Je n'ai pas à faire ici la description de ces falaises si Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. souvent étudiées ; je veux seulement présenter quelques observations relatives aux environs immédiats du Tré- port. Cette partie de la côte est d’ailleurs une des moins intéressantes de l’ensemble, mais on y trouve cependant quelques particularités intéressantes au point de vue des différentsmodes de démolition et de dénudation desfalaises. 114 LE NATURALISTE L De part et d'autre de la vallée de la Bresle, la côte se redresse rapidement et les falaises présentent sur les deux rives des contrastes frappants comme profil. Les deux vues ci-jointes montrent ces différences. Au nord-est, du côté de Mers, immédiatement après la plage desbains, la falaise reste droite et presque verticale jusqu’à la mer qui vient en baigner le pied à chaque marée. Au sud-ouest, derrière et au delà des maisons du Tré- port, la verticalité de la falaise n'existe que sur les deux tiers environ de la hauteur, et la dernière partie à la base présente une pente assez régulière de 30° à 40°. L'âge et la nature minéralogique des couches de la base des deux falaises, bien qu’un peu différents, n’in- terviennent pas directement dans cette variété du profil. Les ondulations, soulèvements et fractures qui ont im- primé à cette côte la plupart de ses caractères topogra- phiques sont à peu près seuls en cause. Du côté de Mers, la falaise est baignée directement par la mer dont le travail mécanique peut s'exercer avec son maximum d'intensité; la haute muraille de craie, natu- rellement débitée en blocs par de nombreux joints presque verticaux, se démolit progressivement suivant des sections droites régulières, le recul se fait sans que le profil change de forme. La destruction est d'autant plus active que les blocs tombés sont rapidement désagrégés par l’eau, grâce à la nature peu cohérente de la craie ; il ne peut ainsi se former d’enrochement protecteur et les silex mis à nu, loin de jouer ce rôle, sont repris et con- tinuellement agités par les vagues qui les projettent avec force sur la base de la falaise, L'action beaucoup plus lente des agents atmosphériques n’a pas le temps de se faire sentir d’une facon sensible. Du côté du Tréport, la côte est légèrement relevée en arrière de la ville basse et sur plusieurs centaines de mètres au delà; la mer ne peut plus baigner la base même de la falaise. La grève elle-même, très inclinée et recouverte par les cordons de galets, n’est submergée entièrement qu'au moment des hautes mers de vive eau. Ici, les phénomènes de dénudation atmosphérique sont presque seuls en jeu; les blocs de craie du haut, de même composition que ceux de Mers, se débitent de la même facon, mais tombent moins régulièrement ; ce n’est plus la base qui manque, ils sont désagrégés par les eaux mé- téoriques qui, s’intiltrant dans les fissures de la roche, y pratiquent les destructions ordinaires ; les blocs se dis- joignent et tombent en fragments à la base de la falaise où 1ls forment contre la paroi verticale des cônes d’ébou- lement de matérianx détritiques. Cette démolition, due en grande partie à la circulation des eaux pluviales, se faitde préférence suivant certaines lignes de fractures ou de ruissellement superficiel qui, une fois formées, vont toujours en s’agrandissant et offrent ainsi un chemin de plus en plus facile à l’eau, c'est-à-dire à l'agent destructeur. Il en résulte ces tou- relles que séparent des saignées profondes, suivant ces lignes de plus active démolition. Cette dénudation exclusivement aérienne est naturel- lement des plus lentes, surtout si on la compare à la des- truction que la mer fait subir à ia falaise du côté de Mers; aussi, tandis que cette dernière est toujours fraiche et d’une blancheur éclatante, celle du Tréport est, au con- traire, sombre sur la plus grande partie de sa hauteur. Les eaux entraînent par lavage l'argile rouge à silex, qui remplit les nombreuses et profondes poches du som- met, On voit du hauten bas de larges coulées brunes qui salissent et rendent en certains points méconaaissable la roche blanche qui a subi ainsi une véritable peinture. L'argile, retenue dans sa chute parles parties en sail- lie, permet à la végétation de se développer. Il en est de même naturellement à un degré plus fort sur la surface des pentes détritiques de la base, Ainsi donc, d'un côté, à Mers on à un exemple net de démolition active par la mer, la falaise périt par la base et recule rapidement. Au Tréport, au contraire, la dénu- dation terrestre agit par le sommet beaucoup plus len- tement et le profil tend à prendre la forme inclinée des rives de vallées. Henri BOURSAULT. MINÉRAUX NOUVEAUX La Baddeckite, trouvée à Baddeck (Victoria County, Nouvelle-Ecosse), par M. Hoffmann, se présente en petites écailles isolées dans une argile plastique. Elle a une couleur rouge de cuivre et un éclat perlé. La densité est 3,252, Elle contient 48, 92 de silice, 13,85 d’alumine, 25,82 de sesquioxyde de fer, 1,17 de chaux, 2,65 de magnésie, 3,47 de potasse, 0,22 de soude et 3,78 d’eau. Total:99,92, Ce minéral est donc une muscovite hydratée dans laquelle une forte proportion d’alumine est rem- placée par du fer. La baddeckite fond au chalumeau en devenant magnétique. La Kubeite se présente en cristaux rouges, possédant un éclat vitreux, très brillant. Le système cristallin n’a pas été déterminé exactement, mais très probablement le minéral est orthorhombique ou monoclinique. La Kubeite a la composition suivante : acide sulfurique 36,4, ses- quioxyde de fer 19,3, magnésie 7,8, eau, 3 3,7, chaux 0,1, partie insoluble 2,7, total : 410,100. Cette composition est voisine de celle de l’alun de magnésie, La Kubeite a été trouvée sur les bords de la rivière Soa (Atacama) par M. L. Darapski. La Planoferrite est aussi, comme le minéral précédent, un sulfate trouvé par M. Darapski à Atacama, mais dans un autre gisement (mine de cuivre de Lantaro). Ce minéral possède une couleur jaune, verdâtre ou brune et a la dureté de la calcite. Il se dissout légèrement dans l’eau. Les cristaux se présentent en tables hexagonales ou rhombiques et ont des clivages. Il est très probable, d’après l’étude des propriétés optiques, que la planoferrite est orthorhombique. 100 parties contiennent 31,20 de sesquioxyde de fer, 15,57 d'acide sulfurique, 51,82 d’eau et 1,#1 de matière insoluble et par conséquent étrangère au minéral, C'est donc un sulfate de sesquioxyde de fer à 15 équivalents d’eau, Il provient de la décomposition de la copiapite. ÉTUDE DE L'ANATOMIE INTERNE DES INSECTES SANS DISSECTION M. le Dr E. ROUSSEAU publie dans les Annales de la Société entomologique belge une note fort intéressante sur un procédé permettant l'étude de l'anatomie interne des insectes sans dissection, que nous nous faisons un plaisir de reproduire. LE NATURALISTE 115 —_———Z Dans l'étude de la morphologie interne des insectes, il n’est pas toujours possible de recourir à la dissection : l'espèce ou la partie du corps à laquelle on s'intéresse peut être de trop petite taille, ou l'abondance en chitine trop grande pour pouvoir obtenir une dissection conve- nable. ; Nous avons été conduit, en comparant le pouvoir de pénétration des divers éclaircissements habituellement employés en microscopie (essence diverses, xylol, chlo- roforme, etc.), à obtenir, surtout par l'essence de cèdre, une pénétration si parfaite que tout le corps de l'insecte était devenu transparent. Il devenait loisible, en l’exami- nant à la loupe ou au microscope simple, de distinguer, à travers ses téguments,les détails de son anatomie interne : les organes digestifs, les ganglions nerveux, les terminaisons des trachées dans les membres et les antennes, etc. Le corps adipeux disparaissait complète- ment. C’est avec des insectes à l’état larvaire (chenilles, nymphes) et d’autres à faible développement chitineux que nous avons le mieux réussi. Sur des nymphes d'Aeschna et de Libellulla, les branchies situées dans le rectum devenaient parfaite- ment visibles, Nous avons rencontré plus de difficulté avec des in- sectes fortement pigmentés, mais nous avons obtenu néanmoins de bons résultats en ayant recours aux mé- thodes de dépigmentation en usage. Il va de soi que le procédé ne réussira pas sur des insectes trop chitineux, comme les Coléoptères par exemple, et qu'il est sans utilité dans les recherches his- tologiques; cependant il pourra, dans ce dernier cas, nous donner d’utiles renseignements en servant de pièce de comparaison dans la reconstitution et l'examen des coupes en séries, Il sera surtout avantageux dans l'étude morphologique des petites espèces ou larves ; aucun organe n'étant déplacé, tous pourront être étudiés sur place dans leur configuration d'ensemble et leurs rapports généraux. Tel qu'il est, nous croyons qu'il pourra rendre de réels services à ceux qu'intéresse la morphologieinterne des insectes et aussi d’autres animaux. Des pièces dont on aurait injecté préalablement, par des matières colorantes, le système circulatoire ou digestif seraient fort probablement intéressantes à étu- dier de cette façon. : Résumons rapidement notre technique : Les animaux dont nous nous sommes servis avaient été convenablement fixés par l'acide picrosulfurique de Mayer. Pour obtenir une pénétration suffisante et rapide, il est bon de faire, à l’aide d’une aiguille ou d'un petit scalpel, quelques ouvertures au corps de l’insecte. Après fitation etlavage, on durcit parles alcools progressivement renforcés (alcools à 70°, 90° et absolu) pendant quelques Jours. Au sortir de l'alcool absolu, on place pendant un jour dans un mélange à parties égales d'alcool absolu et d'essence de cèdre fluide, puis dans de l'essence de cèdre pure. La transparence se produit assez rapidement (en moins de deux jours avec de grandes nymphes de Libel- lulu depressa) et s'accentue par un séjour prolongé dans de l'essence de cèdre. Quand on a atteint la transpa- rence voulue, on place l'animal dans un verre de montre rempli d'essence de cèdre sur la platine du microscope, on éclaire fortement et on examine à l’aide de faibles grossissements. Si c'est nécessaire, on change la position de l’insecte examiné avec une aiguille. Si la pigmentation des insectes est intense, on se ser- vira, avec avantage, après la fixation et au sortir de l’al- cool à 700, de la dépigmentation par les méthodes de Mayer et de Sazepin ; on reprend ensuite le durcissement et l’im- prégnation par l'essence de cèdre. LA VENDANGE DU RAISIN SEC « Suüultanine » en Grèce La vendange du raisin blanc « Sultanine » s'effectue habituellement en Grèce dans la première quinzaine du mois d'août. On le récolte sur des vignes basses qui ne connaissent pas le phylloxera. Des femmes coupent d'abord les grappes qu'elles transportent dans des corbeilles, on les voit passer à travers les ceps portant les paniers sur leurs épaules et toutes se dirigent en file vers le kiosque où des mains habiles font le nettoyage des raisins. Le nettoyage consiste à ôter toutes les matières étran- gères et surtout les grains avariés. Après cette opération on remet les raisins dans les corbeilles et on les plonge dans une lessive de potasse. Pour préparer la lessive on brüle des vieux ceps, dont on lave les cendres et on enrichit la dissolution avec une certaine quantité de potasse. Le mélange ainsi préparé a la propriété de retirer toutes les poussières et les ferments qui salissent les grains pour les rendre susceptibles de prendre à l'air et au soleil une belle couleur jaune d'or. Ou laisse tremper les corbeilles pendant 5 à 7 minutes dans les bains, puis on les sort et on les place en tigne sur un plan incliné pour que la lessive s'écoule dans les réservoirs où les ouvrières l’utiliseront de nouveau. Lorsque les corbeilles sont parfaitement égouttées, on prend les raisins et on les étale sur un sol artificiel pour les faire sécher au soleil. Les parcs de séchage sont nommés en Grec «&AwvIa », Il faut une certaine expérience pour préparer les « &wvia », qu'on doit proportionner à l'importance de la récolte et que l’on met autant que possible auprès des bacs de lessivage; chaque « &wvia » présente une surface d'environ 30 mètres de longueur pour 3 mètres de lar- geur. Le tout doit être un peu surélevé pour éviter l'hu- midité et même dans certains cas les inondations parce que les eaux torrentielles qui servent aux irrigations débordent souvent en cette saison; les raisins reposent sur une couche de sable mélangé de terre rouge. Le sol artificiel ainsi préparé conserve bien la chaleur du so- leil et favorise même la nuit la dessiccation des grappes épandues. Toutes les bandes des « &wvio » sont munies dans leur milieu de piquets de fer sur lesquels on peut tendre des toiles-abris. Ces toiles sont attachées à des tiges de bois etretenues par des fils de fer. On les étend où on les relève suivant les besoins. (1) E. Rousseau. Quelques mots sur la technique microsco- pique suivie dans l’élude histologique des insectes. (Ann. Soc. ent. belge, t. XLIT, 1898.) 116 LE NATURALISTE Après 7 ou 8 jours d'exposition, les grains sont deve- nus assez purs pour être livrés au commerce, on les ra- masse et on leur fait subir un nouveau nettoyage, puis la rccolte entière est divisée en petites boîtes, soigneuse- ment fermées et bien emballées, d'une valeur de 15 kilos dont le prix est assez variable. Le raisin sec « Sultanine » fait la richesse de quelques contrées en Grèce qui l’ex- portent en grande quantité dans les pays du nord de l'Europe. Les vignes qui fournissent les raisins « Sultanine » prospèrent uniquement dans les régions même où l’on cultive les raisins de Corinthe en Morée, mais surtout en Argolide, dans un climat délicieux. CHRISTIAN COLOCOTRONIS, docteur en droit. CHARLES BRONGNIART Nous avons la douleur d’enregistrer la mort d’un de nos collaborateurs de la première heure, Charles Bron- gmiart, docteur ès sciences, assistant au Muséum de Paris, près la chaire d’entomologie. C'était un travail- leur; il portait un nom illustre dans les sciences natu- relles, etil l’eut certainement illustré encore, car quoique jeune, à peine âgé de 40 ans, il avait déjà beaucoup pro- duit. Il avait publié un remarquable ouvrage, véritable monument, sur les insectes des temps primaires, ouvrage qui fut couronné par l’Académie des sciences, C'était un homme de relations agréables. Le « Naturaliste » adresse à sa famille éplorée, à ses alliés, l'expression de sa dou- loureuse sympathie. ÉTYMOLOGIE DU SUREAU Le Sureau se dit en botanique Sambucus. On en con- nait plusieurs espèces, dont les noms se rapportent à différentes particularités que présentent les organes de la plante : ainsi le Sambucus nigra a des fruits noirs; le Sambucus laciniata a des feuilles laciniées, c'est-à-dire di- lacérées en lanières, etc, Comment se fait-il qu’on ait eu l’idée d'appeler le Sureau ainsi, cariln'offre rien de parti- culièrement süret ou acide, dans ses différents produits ; et puis, pourquoi Sambucus? Quel rapport y a-t-il entre Sureau et Sambucus? On comprend que de Yéble on ait fait Ebelbus; mais, pourquoi Sureau se traduit-il par Sambucus? Telle est la question que nous nous proposons de résoudre. On va voir que non seulement cette question intéressante est maintenant résolue; mais, de plus, qu'elle entraine d’autres conséquences à sa suite. Sureau se dit Seu et Seuy, en patois picard. On aurait pu penser que Seu avait pu faire, dans la suite des temps, Seur, Seurot et Sureau; mais ce n’est pas cela du tout. Sureau vient du grec Suridzo, qui signifie siffler ; parce qu'on faisait des sifflets et des soufflets autrefois, avec les tiges du Sureau évidées de leur moelle; ou même avec leur écorce, qui se détache facilement et dont la couche herbacée est très épaisse. Suridzo, siffler, a été lui-même formé par onomatopée, c'est-à-dire par harmonie imitative; comme le mot latin Susurrus, qui indique le murmure de l’eau ou le sifflement du vent dans le feuillage ; et notre mot sifflet lui-même. Chose curieuse, Sambucus dérive aussi d’un autre mot qui signifie sifflet, mais dans une autre langue que le grec, du celtique Sambuckè. L'étymologie de ce mot est «sans agitation » et «huckè» (mêmeracine que bucca, buccæ, bouche) « de la bouche » : agitation des lèvres, et par suite sifflet. Ce mot Sambucké se retrouve dans le patois picard, contracté, après l'élision desam sous forme de Bucquoy, qui veutdire Sarbacane danscette langue. Il est très probable que notre mot Sarbacane vient de Sam- bucus, ou Sambuckè, Sambucquoy. Ce nom de Bucquoy est resté à un village des frontières de la Picardie, dont la signification est : « Lieu planté de sureau » ; ou encore: « localité oùon fabrique des sarbacanes avec des tiges de sureau. » De ce village, le nom est passé à une famille picarde, qui avait encore des représentants à Péronne et ailleurs, au milieu de ce siècle. Ces étymologies sont intéressantes, car il est utile de chercher à se rendre compte de tout, Nous donnons le résultat de nos re- cherches personnelles; mais, il est évident que nous n'avons pas la prétention de tout dire, et que nous serions très heureux de voir ces recherches complétées et rectifiées, même au besoin, s’il y a lieu. Le mot Sam paraît avoir la même origine que le radical Sal en grec, qui a donné : Salos, agitation, et par inversion Als, Sal, Sel, Mer, agitation des flots. De là les mots: Saliens, Sulio, Saillir, bondir; Saltus, Sault, Saut, Sauter en francais. Saillir, Saillie, Saillant en dérivent évidem- ment aussi; de là aussi les prêtres Saliens, à danses bondissantes, etc., ete, Primitivement, pour faire les soufflets etles sarbacanes avec le sureau, on évidait un rameau de sa moelle, avec un fer rouge au feu à son extrémité. Depuis, on a pu en fabriquer avec d’autres bois. C’est ainsi que, dans l'Amérique du Sud, par exemple, les Indiens creusent une rainure dans deux moitiés de tige, qu’ils réunissent ensuite avec de la résine et une ficelle enroulée tout autour. Avec un peu d'adresse et de patience, ils arrivent à avoir ainsi une Sarbacane, bien calibrée dans toute son étendue. On peut, avec la sarbacane, projeter des corps de toute espèce. C’est une arme surtout utilisée contre les oiseaux. On leur lance ainsi de petites flèches très courtes, généralement empoisonnées, dont lextrémité postérieure est munie d’une petite bourre de coton, élas- tique, et fermant bien complètement la lumière de l’ins- trument; pour que le souffle ne soit pas perdu, et agisse avec toute sa force. Il est nécessaire que le proiectille oppose une certaine résistance, afin qu'il ne parte pas tout de suite. De cette façon, l'air peut s’accumuler et exercer une tension assez forte pour projeter la flèche suffisamment loin. Malgré sa faible portée, cet instru- ment a le double avantage de ne pas faire de bruit et d'avoir une certaine justesse dans son tir. La flèche est guidée sur une certaine longueur de son trajet, et Sa portée est très précise, quand le tube est bien droit et bien calibré dans toute son étendue. On peut même lancer de l’eau avec la sarbacane, grâce à ce petit tam- pon de coton ou de liège. Un Dan caché dans le feuillage, peut ainsi frapper un certain nombre d'oiseaux, sans effaroucher les autres, qui se laissent prendre à son appel, en imitant leurs cris. Par son nom picard et celtique, la sarbacane nous LE NATURALISTE 117 “montre qu'elle était jadis employée chez nous comme on l'emploie encore chez les peuples sauvages. Il y à une quarantaine d'années on en voyait partout dans nos contrées, beaucoup plus qu'aujourd'hui; sous forme de cannes ordinaires, creusées en tube à leur centre et fermées par un pas de vis à leurs deux extrémités. Elles ont disparu devant le perfectionnement croissant des armes à feu, et notamment des petites carabines, dites de salon ou autres. D' BoUGox. LA TAILLE DES MOLLUSQUES On pourrait traiter de folie la passion qui pousse les collectionneurs à acquérir, au prix de sacrifices sou- vent exagérés, des objets qui n'ont aucune valeur en dehors du côté scientifique. Mais envisagée à ce point de vue une collection renfermant en grand nombre la plu- part des espèces connues, rangées etclassées méthodique- ment est un livre ouvert; livre aussi intéressant et agréa- ble à l'œil des curieux, qu'attachant et instructif pour le naturaliste qui peut sans perte de temps en pénibles recherches, déterminer, nommer et classer les espèces qui luiparaitront d'un certain intérêt. L’explorateur avant son départ peut, en quelques heures, étudier la faune des lo- calités qui se trouveront sur son passage et recueillir avec certitude les spécimens dont il saura tirer parti; sans cela il poussera du pied une coquille de mille francs, pour choisir une coquille de trois sous. Pendant longtemps la France a conservéle monopole de la vente des coquilles et autres objets d'Histoire naturelle. La maison Verreaux, il y à 40 ans, a écoulé dans le monde entier pour plus de 80.000 francs de coquilles dans une seule année. Aujour- d'hui nous sommes devenues pour le commerce des coquilles les tributaires de l'Angleterre et de l'Allemagne. Avant que l’on puisse tirer notre collection malacologique du piteux état où l'avait laissé le néfaste successeur des Lamarck et des Blainville, qui masquait son igno- rance en faisant dans ses cours ce qu'il appelait du nom pompeux de philosophie de l'Histoire naturelle, et que l’on puisse donner un nouvel essor à la malacologie, il se passera de bien longues années. Cependant, sans une collection bien ordonnée qui fait naître et excite l’'ému- lation des collectionneurs, comment se faire l’idée de l’es- pèce, comment en étudier la variabilité et apprécier dans quelles limites de taille se trouvent renfermés les indivi- dus et les groupes naturels quiles enchainent? Bâtirsans collections des théories en histoire naturelle, c'est placer son édifice sur un sable mouvant, et bon nombre des savants de notre époque auront le désagré- ment de voir s’écrouler le leur et d'en fouler au pied les ruines. L'espèce, qui est devenue aujourd’hui une véri- table tour de Babel, sert de base aux théories modernes. Voilà près d’un siècle que je me démène au milieu d’une collection aussi nombreuse en Mollusques que celles qui existent dans les plus riches musées sans pouvoir assi- gner d’une facon absolue de limites aux espèces. Cette ignorance de ma part me fait craindre pour celle de nos contemporains qui n'ont jamais vu l'espèce qu'à tra- vers le prisme trompeur de leur pensée. Aussi laissons de côté les théories et rentrons dans le domaine de l'observation. Les huitres, je parle des mol- lusques, beaucoup plus appréciée des gourmets que des naturalistes, sont certainement quoique très nombreuses en espèces, un des genres les moins étudiés. Il est incon- testable que cette étude soit hérissée de difficultés; presque toutes les espèces de ce genre pouvant dans de vastes limites modifier leur forme, l'intensité de leur coloris et la puissance de leur ornements. Elles peuvent également acquérir une taille bien différente suivant ies objets sur lesquels elles’ se fixent, les localités qui leur servent d'habitat et la profondeur des eaux qui les couvre ; quoique répanduesdans toutes les mers, leur taille n'offre cependant pas une différence plus grande que celle des groupes qui sont confinés dans une aire de dispersion de moins grande étendue. La plus petite des huîtres que je connaisse recueillie par moi dans la mer d'Aden, où elle esttrès abondante, a une profon- deur de 12 à 20 mètres, ne dépasse pas un centimètre de diamêtre. Quant à la plus grande, c'est, je crois, l'Ostræa fulmenta, Valenciennes. Je possède une coquille de cette espèce de 8 centimètres d'épaisseur de test qui mesure 34 centimètres de long sur 9 de large. Si l'animal était toujours en rapport avec la taille de la coquille, l'estomac le mieux disposé n’en absorberaient pas de huit à dix douzaines de cette taille comme cela arrivait il y à cinquante ans à certains Saintongeois. J'ai entendu à cette époque bien des gens qui avaient absorbé, disaient-ils, une bourriche de 12 dousaines d’huitres de Marennes pour se mettre en appétit. La taille de l'animal de l'huître n'est jamais en rap- port avec la coquille; aussi ne faut-il pas se fier à l'ap- parence. En général, les coquilles qui, par le progrès de l'âge, ont atteint de grandes dimensions et une épaisseur de test considérable, ne renferment qu'un animal relati- vement très petit et de chair coriace. L'huitre étant de tous les mollusques le plus généra- lement répandu, ilest facile de s'assurer que, pour chaque espèce, la différence de taille qui existe entre le plus petit des individus et le plus grand est renfermée dans des limites assez restreintes et invariables, si toutefois l’ani- mal n’est pas atteint de maladie où gèné dans son déve- loppement, Quoique plus étendues, ces limites existent également pour toutesles espèces réunies dans la famille des Ostreidiæ. Dans la même classe l'on trouve le genre Tridachna ; les espèces en sont peu nombreuses, mais très remar- quables par la grande taille qu'elles atteignent. Les plus petits des individus que l’on connaisse n’ont jamais moins, à l’état adulte, de 8 à 10 centimètres: aussi doit-on s'attendre à rencontrer dans ce genre des espèces de très grande dimension. Tune d'elles, con- nue sous le nom de Tridachna gigas, est, par sa taille, une des coquilles les plus remarquables. Le pre- mier individu de cette espèce qui soit entré en France fut envoyé à François [et par la République de Venise. Ses valves sont à l’église de Saint-Sulpice où elles ser- vent de bémitier. Quoique d'une dimension remarquable, elles seraient encore bien inférieures, si nous en croyons de Roissy, à certains individus observés dans l'Inde qui avaient de quatre à cinq pieds de large ; quatre hommes n'auraient pas pu soulever l’une des valves, et l'animal aurait pu fournir au repas de cent personnes. Ce récit ne me parait nullement exagéré, ayant rapporté de la mer Rouge un Tridachna de 34 centimètres de long sur 118 LE NATURALISTE 26 de large alors que la taille ordinaire de cette espèce est de 20 centimètres. D'après les deux exemples que je viens de donner l’on peut voir que, dans la même famille, il existe une grande différence de taille entre les plus petits et les plus grands individus qui la composent. Cette différence est cependant bien faible, relativement à celle qu’on observe entre le plus petit et le plus grand des mollusques considérés dans leur ensemble. Ce n'est pas sans surprise que l’on constateentre le plus petit des Gastéropodes et l’un de ces gigantesques céphalopodes dont la hauteur atteint de quatre à cinq fois celle de l'homme, une différence bien plus grande que celle qui existe entre le plus petit vertébré et le plus grand des éléphants et la plus grande des baleines. Comme pour les vertébrés, les mollusques qui atteignent de grandes dimensions sont rares, et ce n’est qu'accidentellement que l’on a observé des céphalopodes gigantesques. Parmi les espèces disparues telles que les Orthoères, Ammonites, etc., il en est certainement dont la taille était de beaucoup supérieure à celle des plus grands mollusques de la période actuelle, Si l’on s’en rapportait au très petit nombre de spécimens que l’on possède de ces grands fossiles, l’on pourrait conclure que, depuis les premières périodes géologiques jusqu'à nos jours, les espèces géantes ont toujours été peu abon- dantes dans la nature, En général les mollusques de grande taille sont rares, ceux l’on désigne sous le nom de mollusques microsco- piques sont aucontraire très répandus et très abondants. Les gens du monde, qui ne connaissent en fait de mol- lusques que ceux qui servent à l’alimentation, ne peuvent dissimuler leur surprise lorsque, sous le champ d'un microscope, ils voient, pour la première fois, quelques petites coquilles que leur œil avait pris pour des grains de poussière. La classe des Gastéropodes abonde en espèces micros- copiques : il existe même des familles de cette classe dont tous les représentants sont très petits, les uns enroulés en spirale sont aplatis ou coniques; d'autres, comme les Cæcum, ont la forme de petits bâtonnets, creux fermés à l’une de leurs extrémités ; d’autres enfin, comme certaines espèces des Marginellidæ, sont globu- leux ou ovoides; quelquefois même, à côté de ces formes normales, 1l n'est pas rare de rencontrer des espèces à contour bizarre et inattendu. Ces petites coquilles, presque toutes unicolores, sont d'un blanc opaque ou vitreux ; les espèces colorées sont relativement très rares. Chez ces dernières, il existe quelquefois un assemblage de couleurs formant des des- sins aussi variés et aussi harmonieux que ceux que l’on observe sur des espèces de taille apparente; si la plu- part sont lisses, il en est de découpées par des stries ou des sillons, et d’autres hérissées de piquants de lamelles, de côtes ou de granulations qui couvrent leur surface d’ornements variés, d’une délicatesse inouïe et d’une ré- gularité irréprochable. Si l'on compare ces petites coquilles, dont la plupart ont moins d’un millimètre de long, à celles des gastéro- podes de grande taille dont le diamètre dépasse quel- quefois 50 centimètres, l’on trouve que plusieurs millions de ces pygmées suffiraient à peine pour former un volume égal à celui d’une espèce géante sur laquelle du reste on les rencontre souvent. Ils y passent leur existence comme les isards sur le flanc des montagnes. La taille des plus grands gastéropodes étant encore plus de six cents fois moins grande que celle de certains céphalopodes, la différence de grosseur entre le pluspetit des mollusques et le plus grand se trouve être de plus de 600 mille milliards. Pour établir ces chiffres, je m'en suis rapporté aux dimensions données par M. Velain d’un céphalopode qu'il a observé à l'ile Saint-Paul. Cet animal, auquel il a donné le nom de Mouchezis Santi-Pauli, se trouvait échoué sur la plage, de sorte qu'il a pu en prendre exac- tement les dimensions d’une extrémité à l’autre, sa lon- gueur était de 7,15, à peu près quatre fois la hauteur d’un homme. $ Mais les différences de taille que je viens de signaler seraient encore de plusieurs milliers de fois plus grandes en considérant comme exactes les dimensions fabuleuses que nous donnent les anciens auteurs de poulpes gigan- tesques. Denys Montfort rapporte l’histoire détaillée d'ur poulpe colossal, Polypusmonstrosus de Pline. « De tous les êtres connus, dit cet auteur, aucun ne peut ici nous servir d'objet de comparaison, car les éléphants-le cèdent au- tant aux baleines que celles-ci semblent le céder aux poulpes monstrueux », et, à cette hyperbole, il joint une gravure reproduisant le tableau de Saint-Malo offert en ex-voto à saint Thomas par des marins dont le navire avait failli être entrainé au fond de la mer par un de ces monstres. Ce dessin représente, sur le flanc gauche d’un trois-mâts, un poulpe dont trois des bras enlacent les mâts jusqu'au sommet pendant que les cinq autres em- brassent l'avant et l'arrière du navire qu'il fait pencher sous le poids de son corps. Après avoir décrit la lutte homérique de l'équipage contre le monstre, l’auteur ajoute : «Nous n'avons pasfiguré les effortsde l'équipage, parce que, dans un espace aussi petit, il eût été difficile de rendre ce combat de manière à sauver tout disparate ; un homme isolé étant à peine à ce poulpe ce qu'est une coquille de noix à un vaisseau de haut bord, » Pline et Fulgose racontent chacun de son côté l’his- toire d’un de ces poulpes monstre qui venait, pendant la nuit, enlever les poissons déposés dans les viviers de salaisons établis à Cartaia, ville du royaume de Grenade : cet animal, que l’on parvint à tuer, malgré la panique qu'il avait jeté parmi ses assaillants, était armé de bras de 140 mètres de long, un homme ne pouvait les embrasser, ses ventouses ressemblaient à de grands pots de terre. La tête qui fut envoyée à Lucullus pesait sept cents livres, Le poulpe dont parle Pline n'avait guère que deux fois la longueur du Mouchezis observé par M. Velain., Aussi est-il prudent de se tenir sur la réserve et de ne pas trop crier à l’exagération ! la nature produit dans toutes les espèces des nains et des colosses. Ces exagérations en plus ou en moins, quoique très rares n’en existent pas moins dans la taille des individus. Le récit de Pline se trouve du reste appuyé par celui d'Elien; cet auteur raconte qu'à Pouzolles un poulpe monstrueux se rendait à travers les égouts de la ville dans les magasins d'un marchand de salaisons ; pour s'emparer des poissons, 1l brisait avec ses bras les ton- neaux où on les avait entassés; ce maraudeur attaqué par plusieurs hommes à la fois fut, comme le précédent, victime de sa gourmandise. Denys Montfort rapporte que le capitaineJean Magnus Dens lui a fait le récit de l’aventure qui lui était arrivée LE NATURALISTE pendant le cours d’un de ses voyages. Surpris par un temps calme, étant par le travers de l’ile Sainte-Hélène et du cap Négro vers le 15° de l’altitude sud, il ordonna le nettoyage de son bâtiment. Pour cette opération des hommes étaient descendus sur des planches que des cordes maintenaient suspendus aux flancs du navire. Pendant leurs travaux, un Encornet saisit avec ses bras deux matelots qu'il précipita à la mer, et en maintient un troisième, qui avait pris la fuite, sur les premiers éche- lons des hauts bancs en enroulant d'un de ses bras le corps et les cordages au milieu desquels il se sauvait; l'équipage, attiré par les cris de ce malheureux, parvint à le délivrer en coupant à coup de hache le bras qui le broyait dans ses replis, L'animal se laissa alors tomber dans les profondeurs de la mer entrainant les deux ma- telots saisis, après avoir brisé les cordes de cinq har- pons qu'on lui avait plantés dans le corps. La partie du bras qui avait été détaché à une assez grande distance de la base, l'animal n'ayant pas sorti la tête de l’eau, était aussi grosse qu'une vergue du mât de misaine et avait dix mètres de long. Elle était garnie de capsules ou ventouses aussi larges qu’une cuillère à pot. D'après le dire du capitaine Dens, le bras entier devait avoir de 12 à 18 mètres. Le malheureux qu'il avait enroulé et meurtri ne survécut que vingt-quatre heures à ses souf- frances. Faisant une large part à l’exagération, car l'esprit humain grossit outre mesure tout ce qui lui a fait courir un danger ou l’a frappé de crainte, on ne saurait nier l'existence dans les mers actuelles de céphalopodes monstrueux. On n'a constaté leur présence qu'à des époques très éloignées, mais, d’après les faits que je viens de rapporter, tout porte à croire que certaines espèces ont atteint de la base du corps à l'extrémité des bras jusqu'à 15 mètres de long. Lorsque de ces géants on descend aux infiniment petits, on est non seulement frappé de l'écart inimaginable qui sépare la taille des uns et celle des autres, mais encore de l’admirable jeu des organes nom- breux qui assurent la vie de ces êtres dont les verres grossissant peuvent seuls nous révéler l'existence. Parmi ces étres microscopiques, certaines familles ne sont formées que par des espèces de petite taille : le plus grand des Cœcum atteint à peine quelques milli- mètres; d’autres tel queles Cyclostrema, Rissoa, Chemni- tzia, etc., qui renferment des espèces aussi petites que le plus petit des Cœæcum sont beaucoup plus variables dans leurs dimensions ; on trouve parmi eux des espèces qui dépassent un centimètre de longueur. Cette différence est encore bien plus sensible dans la famille des Marginil- lidæ dont quelques espèces n’ont qu'un demi-millimètre de diamètre et d’autres plus de six centimètres de long. Un très grand nombre d'espèces intermédiaires et de tailles différentes établissent sans interruption une série graduelle et continue entre ces deux dimensions ex- trèmes. Dans quelques groupes, tel que les Voluta, Mitra, Te- rebra, etc., il existe, au contraire, des interruptions de taille dans la série des individus, les plus grands indi- vidus d’une espèce étant toujours d’une taille inférieure aux plus petits de l'espèce suivante. Les interruptions sont très rares et l’on peut égale- ment considérer comme une exception la série continue, c'est-à-dire rencontrer dans une famille tous les indi- vidus d’une espèce un peu grands où un peu plus petits 119 que ceux des espèces qui la précèdent et la suivent. Dans une famille, c'est un enchevêtrement, un véritable emboîtement de taille entre les individus d’une espèce et ceux des espèces voisines. Ainsi une espèce dont la taille des individus serait comprise entre cinq et dix cen- timètres, les plus grands de l’espèce qui la précède peu- vent atteindre une taille bien supérieure à cinq centi- mètres et le plus petit de l’espèce qui la suit être de beaucoup inférieure à dix centimètres. Les mollusques ont été divisés en Céphalopodes, Ptéro- podes, Gastéropodes, Lamellibranches et Brachiopodes. En examinant dans son ensemble le plan général de leur organisation, l’on pourrait réduire à trois classes la division des mollusques, les Ptéropodes n'étant que des Céphalopodes à deux bras et les Brachiopodes des Lamellibranches; quoi qu'ilen soit, en acceptant les divi- sions en cours, deux de ces classes, les Ptéropodes et les Brachiopodes, ne renferment que des individus de taille relativement petite. Leplus grand des Ptéropodes atteint à peine deux à trois centimètres de diamètre et le plus grand des Brachio- podes de dix à quinze au plus, alors que l'on rencontre des Gastéropodes de plus de 50 centimètres, des Lamel- libranches de plus d’un mètre et des Céphalopodes de 10 mètres. Pour les petites espèces de ces trois dernières classes, il existe également d'assez grandes différences : très petites chez les Gastéropodes, beaucoup plus grandes chez les Céphalopodes et de grosseur intermédiaire chez les Lamellibranches, de sorte que, par la taille, ces trois groupes se succèdent dans l'ordre suivant : Céphalo- podes, Lamellibranches, Gastéropodes. Depuis que je recherche les espèces de petite taille, le nombre que j'en ai recueilli dépasse de beaucoup celui qui pourrait réunir ensemble tous les musées d'Europe. Je n'ai ce- pendant pas encore trouvé une espèce de petite taille appartenant à des genres généralement formés de grosses espèces, tels que les Fusus, Voluta, Buccinum (triton Lam.), Purpura (murex Linné). Dans tous les genres formés par la réunion de petites espèces, les plus grands individus ont toujours moins de dix centimètres. Ces genres ne renferment en général que des individus dont la taille varie entre un quart de millimètre et un à deux centimètres. Lorsque dans une espèce le plus petit des individus est d'environ un centimètre, la taille des grands atteint quelquefois de 20 à 30 centimetres; quant au genre Lampas, Buccinum (triton Lam.), Cymbium,Tri- dachna, etc., qui renferment des espèces colossales, les plus petits specimens ont presque toujours plus d'un décimètre ; aussi le plus petit des individus de l’un de ces genres est-il d'une taille bien supérieure aux plus grands des individus des genres à espèces microsCOpI- ques. Les variations dans la taille des individus se trouve pour chaque groupe dans un rapport constant; mais l'étendue comprise entre les dimensions des grandes et des petites espèces varie sensiblement d'un groupe à l’autre. Pour chaque groupe, depuis le genre jusqu'aux classes, la taille des espèces se trouve comprise dans des limites qui paraissent infranchissables; la varia- bilité de taille que présentent les individus d'une espèce est également comprise suivant la puissance de leur force vitale dans des limites plus ou moins espacées, mais également infranchissables, En général, les espèces qui se développent avec vigueur sous différents climats et 120 LE NATURALISTE se répandent en abondance sur une vaste étendue, présentent dans la variabilité de leur taille une étendue beaucoup plus grande que celle des espèces qui vivent confinés dans des localités spéciales et restreintes. (A suivre.) Dr JOUSSEAUME. OFFRES ET DEMANDES — M. Loviot, 3, avenue Velasquez, Paris, désire échanger des coquilles pour la plupart exotiques et de genres Nerita et Neritina, ainsi que divers minéraux, contre des oiseaux français en peau ou des œufs, — M. Lantier-Heintz, 136, South, Philadelphie, offre en échange des Lépidoptères américains du Nord. — M. A. Georges, Zeitoun par Matarieh, Égypte, offre en échange des plants de la flore égyptienne. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 2% avril 1899. M. Domingo Freire a fait un certain nombre d’expériences tendant à montrer que les fleurs peuvent donner asile à de nombreux germes de microbes saprophytes et pathogènes et qu’elles peuvent ainsi devenir une source de contamination et de danger. L’auteur fait passer directement de la plante dans des tubes contenant des milieux nutritifs, préalablement sté- rilisés, le carpelle et les étamines de plusieurs fleurs cultivées, particulièrement les stigmates et anthères, qui sont plus aptes à retenir les germes à cause des sécrétions plus ou moins vis- queuses qui sécrètent les organes. ‘Nous citerons quelques expériences : 10 Hibiscus rosa sinensis (famille des Malvacées) : les anthères de la fleur ont produit dans les différents milieux de culture, sohdes et liquides, des colonies bien nettes dont les caractères ne ressemblent à aucune des espèces micro- biennes connues.L'auteur propose pour cette bactérie le nom de Micrococcus cruciformis. 20 Rose (var. Rothschild). Les germes recueillis dans la dépression centrale de la corolle ont donné, dans les divers milieux solides et liquides, le Lepto- thrix ochracea. 3° Rosagallica (cenlifolia). Cette fleur à fourni deux colonies différentes, l’une a offert les caractères du Streptococcus pyogenes, l'autre un bacille pour lequel M. Do- minso Freire propose le nom de Bacillus gallicus. En faisant des récoltes sur la fleur de pêcher, il a été obtenu le Bacillus pyocyaneus. La présence de bactéries pathogènes chez les fleurs constitue un fait nouveau, pouvant éclairer certaines questions de pathologie végétale et animale. Les fleurs peu- vent notamment emmagasiner de nombreux germes qui peu- vent ultérieurement achever leur évolution dans les milieux animaux ou végétaux mieux appropriés. L’auteur va même plus loin et pense qu’il peut exister, entre le coloris des fleurs et les pigments microbiens des microbes qui y prennent asile, quelques relations cachées. M. Alphonse Labbé poursuit des recherches sur la forma- tion de l'œuf chez les hydraires, et quoique les théories à ce sujet soient nombreuses, il pense que celles-ci peuvent s'ac- corder mieux qu’on ne le supposerait; les études ont porté principalement sur les genres Myriothela et Tubularia. L'œuf provient de la transformation des oocytes, d’abord indiffé- rents, situés dans la cavité du gonophore. Il peut exister chez le même individu trois modes différents d’ovogenèse : 10 l’œuf se forme par fusionnement direct des oocytes; 2° l’œuf se forme par fusionnement indirect des oocytes; 3° l’œuf se forme par plasmolyse complète des oocytes ou par aires plasmolyti- ques. P. Fucus. PHOTOGRAPHIE Photographie des glaciers.— L'étude des gla- ciers étant encore loin d’être connue dans tous ses détails, on peut avoir souvent l’occasion d'en photographier. Il faut pour cela prendre un certain nombre de précau- tions. Tout d'abord, la lumière réfléchie par la glace et la neige étant très brillante, il faudra craindre le voile pro- duit par la réflexion de cette luminosité par les parois internes de la chambre noire sur la plaque. On y arrivera en plaçant en arrière de l'objectif une lame de carton noircie portant en un certre une ouverture rectangu- laire. En disposant convenablement cette lame, on arrive à intercepter les rayons qui frappent les parties latérales de la chambre. « Toutefois, dit M. Mathet (1), la seconde disposition que je vais mentionner est encore plus avantageuse : en efet, l'écran, tel que nous venons de le décrire, une fois fixé par les plis du soufflet, ne permet pas de décentrer ou de déplacer l'objectif à gauche ou à droite sans qu'on soit forcé en même temps de le déplacer lui-même, sans cela une partie plus ou moins grande de la plaque ne se trouverait pas couverte, et, en second lieu, sa situation en arrière de l'objectif ne saurait supprimer la réflexion, dans l’intérieur même du système optique, des rayons qui ne concourent point à la formation de l’image; ce qui produira, au contraire, un écran fixé sur le para- soleil, disposition facile à comprendre, Cet écran est monté à l'avant de deux tubes pouvant coulisser l’un sur l’autre : l’un A s’adapte à frottement sur le parasoleil de objectif; le second B porte l'écran proprement dit C, formé d’une lame de métal percée d'une ouverture rectangulaire. Au moyen d'un tirage plus où moins grand des deux tubes et d’un mouvement vertical de l'écran vers le haut ou vers le bas, suivant le sens de la décentration, il sera toujours possible de limi- ter la surface éclairée à celle de la glace dépolie, quel que soit le rayon de l'objectif. De plus, avec cette dispo- sition, il n'y aura que les seuls rayons concourant à la formation de l’image qui pourrait atteindre l'objectif ; les reflexions nuisibles à l’intérieur du système optique sont donc réduites au minimum. » Pour photographier un paysage entièrement recouvert de neige, il faut attendre le moment où le soleil sera à droite ou à gauche et un peu en arrière de l'objectif, c’est-à-dire le matin ou le soir. De cette facon, les aspé- rités du sol projetteront les ombres qui les feront appa- raitre. On se sert de plaques plutôt lentes que rapides, on met un écran jaune et on pose peu.Des plaques antihalo sont très recommandées pour ce genre de travail. A ce propos, nous croyons devoir donner quelques renseignements sur la manière d'empêcher le halo. (1) La photographie durant l'hiver, Ch. Menez, ed. LE NATURALISTE 121 en M.E. Wallon, dont la compétence est bien connue, a publié une étude intéressante sur ce sujet (Photo- Gazette), On sait en quoi consiste ce phénomène désa- gréable, Lorsqu'on photographie un point très lumineux, celui-ci se montre, après développement, entouré d’une auréole blanche. De plus, il est bordé lui-même par une zone lactescente très nette, L’auréole est certainement due à la reflexion des rayons lumineux sur le dos de la plaque; quant à la zone bordante, elle serait causée, d'après M. Wallon, par la diffusion de la lumière dans l’épaisseur de la couche nuisible, sorte d’ébranlement moléculaire analogue à celui qui se produit sur la rétine lorsqu'elle recoit l'image d’une ligne ou d’un point blanc. Au point de vue pratique, c’est surtout l’auréole qu'il importe de considérer, car ses effets sont désastreux. Ainsi, lorsqu'on photographie l'intérieur d’une église, chaque carreau du vitrage produit ur halo : toutes ces couronnes s'entremélent si bien, ou plutôt si mal, que les vitraux ne se montrent plus sur les clichés que sous la forme d’une plaque blanchâtre, estompée, où les baguettes de plomb sont rousies et où, par conséquent, les dessins n'apparaissent pas. Le procédé le plus simple pour empêcher le halo serait évidemment de remplacer le verre par un supportopaque, tel que le papier : malheureusement, l'emploi de ces papiers pelliculaires présente encore de nombreux incon- vémients ; ils ont besoin d'être perfectionnés pour entrer dans la pratique courante. Le moyen le plus pratique est, à coup sur, celui qui consiste à enduire le dos du cliché d’une matière colorée où opaque qui arrête les rayons lumineux et ne leur per- met pas de venir de nouveau impressionner la plaque. Voici quelques recettes : 1AGÉlAtiNEn senc deuN tee 2 3. &r: Glycérine si nm teubite, 1 gr. Eur M are Abe one 30 cc Nonndivoires fie tt Ë 3 gr IT. Terre de Sienne brülée....... 10 gr. Glycérine.....…. Mes 10 gr. Gomme arabique......:..... 10 gr. AU ter dress ARC REES TS IT. Terre de Sienne brülée....... 10 gr. Gomme arabique............ 10 gr. Hana Een AU UR 10 cc IAE Collodion DO NO ARNO, : 300 gr. Hurlede ricin:2.12:: ne 20 gr. Huchsinese ins nee : IPor Enfin, la recette suivante, préconisée récemment par M. Drouet, donne d'excellents résultats : 1° Mélanger à sec : Cire rouge en poudre........ 100 gr Déxtrine MN Ann 50 gr. 20 À ajouter : ae DÉS AE 50 à 55 gr GivCéTME NA 5 gr. 3° Bien remuer le tout, passer au travers d’un tamis à bouillon de toile métallique, puis étendre l’enduit au dos des plaques avec un pinceau queue-de-morue, et laisser sécher. On enlève la couche ocreuse avant ou après le développement ad libitum. L'enduit anti-halo a malheureusement le tort de s’'écailler parfois au développement et de servir de colle à la gélatine. M. E. Mussat (Soc. franc. de photographie) a songé, pour écarter cet inconvénient, à mettre à profit les propriétés de la gélatine insolubilisée par le formol. Des essais nombreux, faits dans ce sens, lui ont montré qu'il est possible d'obtenir des pellicules souples que l’on collerait au dos des glaces sensibles, et qui, au moment voulu, se sépareraient intactes par simple immersion dans l’eau. Voici comment on peut les préparer : Eau... A CR EE à AV a ter 100 gr. Cie téolle de Flandre) SAR : 15 gr. Glycérine, RL SAP M NS ER 12 gr. Ocre rouge, Fi. a pulvérisée Après avoir ramolli la gélatine dans l’eau froide, on la fait fondre au bain-marie et l'on ajoute les autres subs- tances. Le mélange étant rendu bien homogène par agi- tation, et même, au besoin,passé au travers d’une mous- seline, on l’étend encore chaud (à raison de 7 ce. 0/0 cq. en surface) sur une glace bien nettoyée et talquée. Afin d'assurer une répartition égale,on chauffe préalablement le verre et on le dépose bien horizontal sur un pied à vis colantes. Dès que la prise a eu lieu, c’est-à-dire après quelques minutes, on plonge la glace dans la solution de formol à 5 0/0, et on l'y abandonne pendant un quart d'heure. À ce moment, l’insolubilisation est complète, et il ne reste plus qu’à laver sommairement et à laisser sécher, La pellicule se détachera alors très facilement et sera bonne à employer. À cet effet, on l’enduit (én choi- sissant de préférence le côté le plus uni) d’une colle assez épaisse à la gomme glycérinée (la formule sui- vante réussit bien et se conserve indéfiniment : eau, 125 parties, gomme arabique, 75 parties; glycérine 12 parties ; acide salicylique, 0,50 parties), et l’on assure l’adhérence exacte au dos de la glace sensible par quel- ques passes d’un rouleau souple. Quand tout est sec, les plaques peuvent être conservées telles quelles. Au moment du développement, on place la plaque dans l’eau et, au bout de quelques instants, la pellicule se détache d’un seul coup. Convenablement lavée et séchée à plat, elle peut servir un grand nombre de fois. Henri COUPIN. LIVRES NOUVEAUX Le potager d’un curieux par MM. Paillieux et Bois, 3e édition, 1899. — Pierre Péna, les origines de la bota- nique provençale, par M. Legré, 1898. Si l’homme a été carnivore aux premiers temps deson appa- rition sur le globe, il s'en faut de beaucoup que son goût pour la chair des animaux ou de ses semblables aitété longtemps exclu- sif. Le besoin d’une nourriture végétale s’est fait sentir de bonne heure, et, sans devenir pour cela végétarien, l'homme s’est mis à consommer les végétaux qu’il trouvait autour de lui. Il est probable qu’au début il y eut de nombreuses méprises et que, dans leur gloutonnerie inconsidérée, nos grands-parents ont parfois mangé des herbes qui ont dû leur nuire. Ils ont payé leur apprentissage de la vie végétale, et nous, leurs descen- dants, nous en profitons amplement. On peutmanger la plupart des végétaux, si nous en croyons les Japonais etles Chinois, dont le goût est encore peu afliné. Nous sommes plus difliciles, etle nombre des légumes européens est passablement restreint. MM. Paillieux et Bois ont entrepris de nous doter de légumes nouveaux et, depuis 23 années, ils se sont mis résolument à l’œuvre. La troisième édition du Pofager d'un curieux, qui vient de paraître, nous donne l'histoire, la culture et les usages de 250 plantes comestibles peu connues ou inconnues. L’Asie, l’Afrique, l'Amérique ont à peu près donné tout ce qu’elles pouvaient en cet ordre de choses; l'Océanie, plus rétive, ne pouvait être aussi généreuse, puisqu'en dehors de l’igname, de la patate et du taro, elle n’est bonne à rien... 122. LE NATURALISTE polagèrement parlant. Et dire qu'il y a, paraît-il, 4233 plantes comestibles à la surface du globe et 1353 espèces sur lequelles 211 seulement sont cultivées pour la cuisine, en qualité de légumes! Les régions exotiques nous ont gratifiés de la pomme de terre, du haricot, des tomates, de la fève, du melon, des citrouilles, de l’igname, de la patate, du crosne pour ne citer que les principaux légumes. Réduit à ses seuls ressources, notre pays serait à peu près privé de tout légume : le chou, le panais, la carotte devraient nous suflire. Un fait des plus inté- ressants est le suivant : les légumes que nous possédons aujour- d'hui nous sont venus de contrées plus chaudes que ceile que nous habitons, à l’exception de l’arroche qui estoriginaire du nord. Sur les 250 plantes décrites dans le Potager d’un curieux, une cinquantaine environ le sont pour la première fois dans cette troisième édition. Citons parmi les plus curieuses : Amarantus Palmeri Wats, de la Basse-Californie, que M. Diguet consi- dère comme un excellent légume, préférable à l'épinard et qu'on peut employer jeune comme salade; les racines de divers Annesorhiza,ombellifères du Cap, remarquables par leur saveur anisée; le Chucklusa ou Peucedanum Canbyi du pays des Indiens Spokäne, dont la racine fait l’objet d’une consommation considérable de la part des indigènes ; deux Campanulacées, le Cyphia tortilisdu Cap etl'Adenophora verticillata du Japon dont les organes souterrains sont mangeables, sans qu’ils pré- sentent de qualités remarquables ; des Labiées asiatiques et afri- caines, les Oumine et Malambala appartenant aux genres Plec- tranthus, Coleus et Lycopus, qui probablement ne détrôneront pas laseule labiée comestible connue jusqu'à ce jour, le fameux Slachys affinis où Crosne du Japon ; le Kitesch ou Hirugawo du Japon, Convoloulus japonicus, dont les racines frites sont filandreuses et, cuites à l’eau, réduites en purée, donnent un mets de saveur douce, sans mérite particulier ;le Séaticesinuata de la région méditéranéenne, connu en Grèce sous le nom de Provatza, où il fournit une salade très tendre et de saveur excellente crue ou cuite ; le radis rouge monstrueux de Kashgar, à chair croquante et agréablement piquante, ete., etc. Si ces légumes n'ont pas tous donné les résultats qu’on pouvait en attendre,rienne dit que, dans nos colonies, ils ne soient appelés à être éminemment utiles. Supposons par exemple, avec MM. Paillieux et Bois, que notre Congo recoive de nos autres colonies africaines, asiatiques, américaines, les espèces légumi- neuses qui conviennent à son climat, alors il se trouvera bientôt aussi pourvu que nous le sommes en Europe. Oui, il faut le dire bien haut, le Potager d'un curieux n’est pas fait seulement pour les curieux, il est destiné avant tout à ceux d’entre nous qui veulent faire de la colonisation autre part qu’au coin de leur feu ou dans des conférences auxquelles personne n’assiste. Il faudra que tout colonial l'emporte avec lui s’il veut manger des légumes. On pourra même le recom- mander aux populations encore cannibales de nos possessions congolaises, qui y trouveront le moyen de manger de la chair humaine, sans inconvénient, en lafaisant cuire avec des feuilles de Solanum anthropophagorum ! Somme toute, MM. Paillieux et Bois ont fait œuvre de bons patriotes — rien de la ligue du même nom — en écrivant ce livre ; nous leur adressons nos félicitations les plus sincères, regrettant que le vénéré M. Paillieux ne soit plus là pour les recevoir. Et d’ailleurs un livre aussi spécial, arrivé à sa troisième édition, n'est-ce pas le plus bel éloge qu’on en puisse faire? Parmi les pères de la botanique, au xvi® siècle, Mathias de Lobel estun des plus connus. Mais on oublie habituellement, pour ne pas dire toujours, son collaborateur Pierre Péna. M. Legré, avocat distinguéde Marseilleet botaniste, a pris tâche de réparer cette injustice. C'est à Montpellier que Lobel et Péna entrèrent en relations vers 1565 ;tous deux, suivant la coutume universi- taire, avaient pris pour parrain le célèbre Rondelet. De leur association naquit le : Slirpium adversaria nova qui vit le jour en 1573. Si la vie de Lobel est bien connue, il n’en est pas de même en ce qui concerne Péna, et Planchon, s’occupant de Rondelet et de ses disciples, dit qu’un mystère étrange couvre sa des- tinée. C’est de ce mystère que M. Legré a cherché à soulever les voiles et, il aréussi dans son entreprise. Charles Plumier qui a dédié à Péna le genre Penæa nous apprend qu'ilest né à Jouques, petite ville du diocèse d'Aix, et l’historien Gaufridi nous fait voir que, devenu médecin secret du roi Henri II, il mourut riche à plus de six cent mille livres et dans une haute réputation. Voilà donc connue la vie de Péna : il fut un grand médecin; mais quel a été son rôle comme botaniste? Des recherches de M. Legré, il appert que Péna, avant sa rencontre avec Lobel, avait concu le plan de son livre et en avait com- mencé la rédaction. Lobel paraît avoir été surtout un bailleur de fonds, qui à l'occasion a pu fournir un certain concours botanique, etilest certain, que dans l'œuvre réputée collective, la part de Péna a été de beaucoup la plus importante. Et d’ail- leurs Lobel, que ses contemporains ont représenté comme pétri d’orgueil, n'aurait point permis à Péna d’inscrire son nom, sur le titre des Adversaria avant le sien, s'il n’y avait pas eu droit. Plus tard Péna « devenu le Ricord de son temps » abandonna la botanique et Lobel, resté seul, édita un nouvel ouvrage sous le le titre de Slirpium observaliones, qui n’avait absolument rien d'original. Et c'est là qu'éclate la mauvaise foi de Lobel; il réunit les Observations aux Adversaria en un seul volume, qui parut en 1519, chez Plantin, avec ce titre « Plantarum seu stirpium historia Matthiæ de Lobel Insulani » sans rappeler, en quoi que ce soit la part que Pierre Péna avait prise à l'édification de cet ouvrage. Voilà la vérité rétablie grâce à M. Legré. Voyons maintenant quelle est la contribution fournie par Péna à la connaissance de la flore provençale. La Provence fut visitée soit par Péna seul, soit en compagnie de Lobel, dans toute son étendue, depuis Colmars et les Alpes jusqu’à Nice, Avignon et Orange. Dans la Camargue, qu’ils ont traversée, pour se rendre à Marseille, ils n’ont enregistré que le Suæda fruticosa, qui caractérise la végétation de cette région. Dans la Crau, ils voient l'Asphodelus fistulosus, qui y est encore très abondant, le chêne Kermès connu des Provençcaux sous le nom de Vermillon. À Marseille, où ils sont recus par le phar- macien Raynaudet, ils recueillent l'Astragalus Tragacantha et le Passerina Tarlon-Raïira, le Globularia Alypumn, espèces caractérisques, la première surtout, de la flore marseillaise. Dans le jardin du gouverneur, ils eurent la bonne fortune de voir l’Aloe vulgaris et l’'Opuntia Ficus indica encore rares dans les cultures, et mangèrent même des fruits du dernier. Des botanistes n'auraient eu garde d'oublier la Sainte-Baume avec sa flore subalpine qui constitue une précieuse rareté pour la Provence, partout ailleurs sèche et brülée du soleil. En passant à Brignoles, ils constatèrent que les prunes de ce pays avaient enlevé la palme aux prunes de Damas, jusqu'alors considérées comme les meilleures. Aux environs de Brignoles, ils décou- vrent le rare Anagyris fœlida, le chardon bénit, l’amélanchier dont les rameaux flexibles servaient à faire des balais. Enfin ils arrivent à Colmars où la végétation est nettement alpine. C'est là qu'ils voient le Ranunculus Thora et constatent le curieux usage auquel il était employé. Le suc, conservé dans des cornes de bœuf, était vendu sur les marchés et servait à em- poisonner les fléches. La manne du mélèze a aussi fixé l’atten- tion de nos deux botanistes aussi bien que l'industrie du liège, dont on faisait principalement des semelles destinées à garnir l’intérieur des chaussures. Dans une autre tournée ils visitent les iles d’Hyères avec leurs lauriers roses, leurs oranges aux fruits abondants, les dattiers qui n’y mürissent pas leurs dattes, la canne à sucre qui y était cultivée, le chanvre qui communiquait, à l'eau où on le faisait rouir,des propriétés vénéneuses, etc. Près de Solliès, ils décou- vrent le Séyrax officinale, qui fournissait à la matière médi- cale le baume de styrax; il s'est perpétué à l’endroit même où les deux condisciples le virent il y a plus de trois siècles. A Nice ils remarquent le caroubier, ct ils notent en passant que c'est la caroube qu’a désignée saint Luc, dans la parabole de l'Enfant prodigue. Probablement à cette époque le Chamærops humilis y vivait encore à l’état spontané. A Avignon, ils visitent les cultures de müriers dont ils si- gnalent deux espèces, le noir et le blanc, qui étaient affectées à l'éducation des vers à soie. Nous sommes obligés de nous restreindre et de passer sur les herborisations en, Languedoc. Disons seulement que les faits intéressants abondent dans ces pages qui leur sont consacrées : habitat exact des plantes, carac- tères, propriétés, culture des végétaux destinés à l’alimenta- tion et à des usages industriels. En un mot, le livre de Péna et de Lobel est un véritable recueil de renseignements. On ne peut que féliciter vivement M. Legré d’avoir fait revivre la figure de Péna, d’avoir montré quelle contribution il avait fournie à ce livre attribué à Lobel, et quelle reconnaissance lui devaient les botanistes provencaux.. P. HARIoT. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. € € 12 LE NATURALISTE *S298IOUQUS soquexd xne jo soxoid xne soguuoduetd nB9 1 SUP joqnd quoyoaru mb orquou uieI09 UN JS9 U9 [I J0 ‘1o8CU ANOd S99S1U8#10 quepuodos sed juos au s299dso so SONO "OUUHIPIQRALI OMS L] 0p SOPIOSIA(G SOI SOT9RT AO Jed XN9ruI of JUot[od -dex mb 30 ‘onbryenbe nor ne soqdepe XnaIur SoT S929SUT SaT ISSNE puaiduo9 oo {sopipqdoip£pp Sop ofjury ef omm07 op oquerodur snjd ef 150 nqit 0797) SNATTIHdOHGAH — ‘AINOHD om ‘Sn snaoy921ods S'od eles 0e s28 à 'oteleatatese ie s "et Gars) ‘8y) uoosdoano giu98 nos uf *IN9Hd9"] 39 107JOMUOSOIY 1Vd SOTAMS 979 JUO sosoydiouwe}out Sa] FUOP juessoraqur odno48 09 odoing uo ojuospido (snouuuua *S) 99ad$9 o[nos ouf] SNHIHOUAAS — ‘AINOUT) »T IT'SN31HOHd4O713H costte(68g) soaqne so eub Jan00 snyd duoonvoq sosity Sop ‘Je “uraad ‘sopotie G n0 L 2p SoUUSTUY ‘1 SN31H9434S itpsestesss (6 191.80) X0889 S941d nod e ‘sjino9 sosie] SoP So[otiie SIOTUWOAIT y SI { SO[OTIIE 9 9P SOUUIIUY go. a eq %[ & SoaJAfo so onb j10479 snyd 3010s109 oyoatu anod so9stue$10 soanani9s0d s9)]eq S dat cs I 'SNAITIHdOEGAH ‘(go %"Sy) oseqer tv soaj£o so onb oSae] ISSNP XEIOU} {198 -eu amod sogstur8410 soanora1sod sayied (£9 ‘à ‘10 207) g1eqmo ‘9 (1) 19 7 '8 op ‘jsod soyed sop ofotiae JOTWDIT ‘so1S9119} S9/99SU] 8uor surd "Al'SN3IQIHYHdS COCOON CIE et CET DO CRE CEE *8y) ‘janoo sou sodnoti9,sod sogyed sap aqouae doruoad { sonbryenbe s9790su] "OIITUIR] 97199 9P SOAT -IUTOP SOU, S0[ ‘SosIOUCAJ S099ds0 so1 anod surour ne ‘ox 1048 o[quios ‘(sa 1000] —220044 9p S9.19100910/) Sp ‘OU ‘IS ‘YYST uo) JuesnN ‘jofns 99 ANS SUOIU -1do simoy srwug quo mb sinoqne $soj Sno} 49710 op Suoy do Jie49s [] ‘oureJoout 99/S01 JS9 SopiRydoapip Sop uoreoyissepo tj ‘sduoj8uor quepuod ‘onb osnvo 189 ‘notqu ne J9 9IA op a1uo8 ne onp ‘odÂ} np opuojoid UOTR9IIPOU 9791) ‘SOPH199049)9 FI J9 SOpIUICA ‘SOPIUA ‘JHOO[OAINIEU JUOTTOA 9$S St Sjonbxne sodnoig sop ojins Re] R 409214 So] jo SoplostjÂ( Sop dou810[9 Se] ‘11eJ 99 anod ‘pop uQ ‘sonbrenbe souiootaep) sop juos soptptqdoipÂtr Soj onb aaxroxo R quoyiod our mb suostea so] ‘(y) s2422d09j09 sop nuaboyliyy eu suep ‘osodxo ref Ÿ (C£18r ‘podoro fous ‘quip) : ‘U98ST SHGTIIHAdOHAXH — IIIA SATTAUHNLVN SAHINAIOS SH HAAITIOQ LAIT ILIONH JUUISUO0 HNVHA AU SHTLAON TO) HHLSA'TII HAOILATVNV VHANAHOY ES OS ER LE NATURALISTE 124 RE sai} UOSSn29 {S9JO1JIU L 9P SoUU9JUY reteeteeee(72 39 08 ‘3y) 98uorre *4980'T SNS0I9Œ ‘AO SNI{O99E'T noossesestessete (Gr 10 ST “8y) oatepn8 -uri} UOSSN99 SO[9tJIe $ 9P SOUU9JUY DODABO OO EEE MONO (IE # ‘81) oate[ns Uri} UOSSN29 {SO[OIJIE G 9P SAUUUY AI AD D Dr = LES der see. -{(gr Su) xnopnqo(# sd109 ; 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Cependant, quand la situation des lieux est particulièrement favorable à tous les points de vue qui peuvent assurer leur existence et celle de leur couvée, on voit alors les couples se rappro- cher, se grouper, pour ainsi dire, sur le même point et souvent des espèces fort différentes et généralement en hostilité, nicher les unes près des autres, et vivre ainsi en parfaite intelligence. J'ai vu des Crécerelles (Falco Tinnunculus), des Ef- frayes (Strix flammea) nicher sur de vieux édifices en ruine, et dans des colombiers peuplés de pigeons. M. Les- cuyer,dans sonintéres- sant travail sur l’archi- tecture des nids, cite un grand nombre de faits analogues, entre autres : sur le même chêne unnid de Pigeon Colombin (C. Œnas), un de Pic vert (P. Vi- ridis), un de mésange charbonnière(P.Major) un d’étourneau (S. Yul- garis),etc.,maischaque espèce choisit une place appropriée à sa conve- nance pour y établir son nid,et à une certai- ne distance de ses voi- sins. Il existe, néan- moins, des exemples d'un rapprochement plus intime; ainsi, dans les flancs des volumi- neux nids de hérons, d’aigles, de buses, mi- lans, et autres rapaces, on trouve parfois des nids de Moineaux (P. domesticus), de Friquets (P. Mou- tanus), d'Hirondelles, etmême de Grimpereaux (C. Fami- liaris). Moquin-Tandon dans ses notes ornithologiques publiées dans la Revue zoologique {n°11,1857), nous fournit un exemple de rapprochement de nids bien caractérisé : « Dans une ancienne maison de campagne rarement habitée, aux environs de Toulouse, se trouvait un contre- vent très ancien et très délabré. Deux paires de mésanges (P. Major) pénétrèrent par une fente de sa partie infé- rieure, et allèrent construire leurs nids, dans un coin de la fenêtre, entre le contrevent et la croisée, Ces petits oiseaux apportèrent des graminées sèches, de Ja mousse, de la laine, des plumes, et les autres matériaux dont ils se servent habituellement, l’espace n'était pas considérable, mais plus que suffisant pour les deux petits ménages, Cependant les nids étaient très rappro- chés et comme confondus, les mésanges avaient construit une sorte de huit de chiffre très régulier, qui ressemblait ‘à certaines salières bilobées, Ce travail merveilleux fait Le Natuwraliste, 46, rue du Bac, Paris. * Un cas de nidification anormale. — Nid de Chardonneret et nid de Mélanocéphale accolés l’un à l’autre. partie des-collections de la faculté des sciences de Tou- louse; il lui a été donné par M. Boisgiraud, ancien doyen de la Faculté, » Le musée d'histoire naturelle d'Hyères (Var) possède un exemplaire de nids accolés l’un à l’autre, encore plus extraordinaire, car il ne s’agit plus de deux couples de même espèce, mais bien d'oiseaux appartenant à des familles différentes, l’un aux Fringillidés, l’autre aux Turdidés, Les deux nids dont il s’agit, placés sur la même branche, sont intimement unis l’un à l’autre, l’un est de chardonneret (Carduelis elegans), l’autre de méla- nocéphale (Curruca melanocephala), comme on peut le voir sur la planche ci-jointe. Ce curieux spécimen a été trouvé dans un jardin d'Hyères, et fait partie de la col- lection du musée de la ville, l'un des plus intéressants, des plus soignés du midi de la France, grâce au zèle et aux libéralités de son fondateur et conservateur M. Caval. Nous devons la photographie de cette curiosité ornitho- logique-à l'obligeance de M. Caval et de son habile col- laborateur M.Castueil. On trouve parfois deux nids l’un sur l’autre, non plus accolés sur le même plan horizontal comme nous venons de le voir, mais vertica- lement superposés, c'estàä-dire l’un placé au-dessus de l’autre, celui de dessous ser- vant comme de base à celui de dessus. Dans ce cas le nid de dessous est toujours un nid de l'année précédente plus ou moins détérioré, mais situé dansun en- droit quiconvient parti- culièrement aux oi- seaux qui,pour s’éviter la peine de le démolir ou de le réparer, trou- vent plus simple de construire un nid neuf sur le vieux, qui lui sert, pour ainsi, dire de fondations. Le merle noir (T. merula) paraît assez cou- tumier du fait. Certains oiseaux paresseux, ou pressés de pondre, ou obéissant ‘à des sentiments qu'il est difficile de définir, trouvent plus simple de se servir du nid de leur voisin, plutôt que d'en bâtir un à leur usage, Les uns agissent d'autorité, usent d’audace, tels les moineaux, pour s'em- parer des nids d’hirondelles déjà occupés par leurs pro- priétaires légitimes; d’autres se contentent de vieux nids abandonnés, qu'ils agencent à leur convenunce, comme les rouges-queues (R. Tithys) qui nichent souvent dans de vieux nids d’hirondelles; comme la sittelle (S. Cœsia), qui s'établit dans un ancien nid de pic vert ou d’étour- neau, dont elle a le soin de rétrécir l’entrée avec de la terre artistement maconnée à cet effet. D'après M. de Barrau, un couple de bergeronnettes de printemps aurait pondu 5 œufs dans le nid d’un merle d'eau (cinclus aquaticus). Malgré toute l'autorité de Moquin-Tandon, qui cite ce fait, d’après M, de Barrau, 126 : nous serions tenté de croire qu'il y a erreur quant à l'espèce de bergeronnette; il paraît bien plus probable qu'il s’agit non pas de (B. Flava) qui est une espèce habitant les champs, mais de (M. Sulphurea) qui nichele long des rivières et des torrents comme le merle d’eau, Le même auteur a trouvé aussi un œuf de pie (C. Pica) dans un nid de geai (G. Glandarius). Les éperviers, les buses, les chouettes établissent souvent leurs nichées dans de vieux nids de corbeaux ou de pies. Plusieurs auteurs signalent le fait assez surprenant de canards sauvages (A. Boschas) ayant niché dans des nids de pies. A l'appui, je puis citer une couvée de plusieurs œufs d'A. Boschas, qui a été dénichée dans un nid de pie placé à la cime d’un haut peuplier, situé à deux ou trois cents mètres d’un étang et d'une rivière, auprès de Paris, à Bonneuil (Seine-et-Oise), auprès duj pare de Garges. C'est un bûcheron, grand dénicheur de pies et de cor- beaux, qui a fait cette découverte intéressante en tra- vaillant pour moi. Un garde des environs de Versailles n'a aflirmé avoir observé un faitsemblable. Après avoirrapidement passéen revue plusieurs exemples de nidifications anormales, pour terminer cette note, il nous reste à parler de nids adoptés en commun par plusieurs femelles; c'est du moins la seule explication probable à donner au nombre d'œufs absolument extraordinaires que l’on trouve parfois dans un même nid. En juillet 1860, j'ai observé dans l'étang du parc de Garges (Seine-et-Oise) un nid de poule d’eau (G. Chloropus) contenant vingt-cinq œufs. Ayant surveillé cette nichée phénoménale, voici ce que j'ai constaté : d’abord l’éclosion simultanée d'un dizaine d'œufs; puis, à quelques jours de distance, léclosion successive des autres œufs. Il est problable que cette nombreuse couvée était l’œuvre d'au moins deux fe- melles poules d’eau. Moquin-Tandon a fait une obser- vation analogue pour l’effraye (S. Flammea), dans un même nid il a trouvé neuf œufs, dont cinq prêts à éclore et quatre pondus seulement depuis deux ou trois jours. Un fait du même genre est rapporté aussi dans le Magasin pittoresque, Albert CRETTÉ DE PALLUEL. POUR RÉUSSIR UNE MICROPHOTOGRAPHIE On sait que l'étude au microscope de la structure intime des roches se fait sur des sections assez minces pour pouvoir être aisément examinées par transparence (1 à 3 centièmes de millimètre d'épaisseur). M. Montpil- lard vient de donner d’intéressants détails pour en obtenir des photographies. Quelquefois, parmi les sections minces à photographier, il s’en trouve qui présentent de vio-. lents contrastes susceptibles d’être exagérés par un révé- lateur normal; dans ces conditions, on aura recours à un révélateur à base d'iconogène ou de métol plutôt dilué, et dans lequel la dose d’alcali sera un peu élevée ; il sera possible ainsi d'obtenir une image complète et de pousser aux détails, tout en évitant la présence de trop violents contrastes, L’ocrage des plaques ou l'emploi de préparations sen- LE NATURALISTE sibles évitant le halo, peuvent, également, dans certains cas, rendre de véritables services. Enfin, en présence de certaines sections de roches dont l'extrême transparence pourrait faire craindre qu'au tirage l'épreuve définitive ne soit insuffisamment corsée, pour bien mettre en évidence les détails de structure, il sera bon de recourir à l'emploi de plaques orthochroma- tiques, sensibles au jaune, et à un révélateur à base d’'hydroquinone, dans lequel la proportion du réducteur sera légèrement exagérée. Dans ces conditions, le cliché obtenu présentera des contrastes suffisants pour donner au tirage, des épreuves pouvant utilement servir à la démonstration. Quelles sont les meilleures conditions dans lesquelles il faut se placer pour obtenir des épreuves satisfaisantes en lumière polarisée ? Il est, pour cela, indispensable de réduire le diamètre du faisceau éclairant avant son entrée dans le polariseur, au moyen d’un diaphragme iris (le diamètre d'ouverture de celui-ci ne dépassant pas 5 millimètres) et, en outre, de surmonter le nicol polariseur d’un diaphragme de diamètre légèrement inférieur à celui de la lentille fron- tale de Pobjectif. Enfin, le nicol analyseur, aussi gros que possible, doit occuper la totalité du diamètre intérieur du tube du mi- croscope et être placé très près de la lentille postérieure de l'objectif; l’analyseur utilise ainsi la totalité des rayons fournis par celui-ci, et le champ lumineux ne se trouve aucunement réduit, Dans ces conditions, M. Montpillard a dû, lorsqu'il s'agissait de photographie en lumière pola- risée, renoncer à l'emploi de l'appareil à vision simul- tanée de Nachet qui, dans ce cas particulier, présente l'inconvénient de trop éloigner l’analyseur de l'objectif, Cependant, étant donné qu'il est absolument indispen- sable, surtout ici, de pouvoir absorber l’image telle qu’elle se peindra sur la surface sensible, et, en même temps, avoir toutes les facilités nécessaires pour pouvoir ma- nœuvrer la source lumineuse, le polariseur, la prépa- ration et l’analyseur, on peut recourir à un procédé fort simple qui, dans cette circonstance, rend de réels services. Dans l’avant-corps précédant la chambre noire et for- mant un intermédiaire entre le tube du microscope et celle-ci, on place un miroir incliné à 45°, par rapport à l’axe optique de l'appareil; l’image émise par l’analyseur, renvoyée verticalement, est examinée sur un verre dépoli disposé horizontalement. Lorsque cette image est consi- dérée comme satisfaisante, le verre dépoli, ainsi que le miroir, sont retirés, puis l'ouverture par laquelle cette observation vient d’être faite, est chbturée. Les rayons lumineux continuent alors leur marche horizontalement jusqu’au verre dépoh formant le fond de la chambre noire, et sur lequel il ne reste plus qu’à terminer la mise au point. ; En raison des grands contrastes que présentent souvent les images observées en lumière polarisée, il est presque toujours nécessaire de recourir, pour développer l’image latente, à l'emploi de révélateurs dilués à base d’icono- gène en vue d'obtenir des images absolument complètes. Il va sans dire que, si la roche présente une teinte jau- nâtre, nous devrons recourir à l'emploi d’un écran jaune combiné à celui d’une plaque sensible à cette radiation. Quand les préparations à photographies présentent des | teintes de polarisation très vives, l'emploi de plaques | panchromatiques Lumière, combiné à celui d’un écran LE NATURALISTE 197 jaune pur, donne d'excellents résultats en fournissant un négatif dans lequel les valeurs relatives de couleurs sont parfaitement observées. M. Montpillard, dont nous venons de citer les intéres- santes recherches sur la microphotographie des roches, s'occupe aussi beaucoup de la microphotographie his- tologique qui, on le sait, est fort difficile à bien réussir. Aussi les renseignements qu'il nous donne à son sujet sont-ils précieux, ainsi qu'on va le voir. Dans la reproduction photographique des préparations d’histologie, deux conducteurs s'ouvrent entre la ligne de compte pour guider l'opérateur dans le choix de la couleur de l'écran, et celui de la nature de la surface sensible : 19 La coloration même de l’objet, la nuance de cette coloration et son intensité ; 2° Le résultat définitif qu'il s’agit d'obtenir. De nombreux essais ont amené M. Montpilliard à dé- terminer expérimentalement les conditions les plus favo- rables dans lesquelles l'opérateur doit se placer suivant coloration de la préparation, sa nuance et son intensité. Quelle que soit la coloration de l’objet, c’est l'intensité de cette coloration qui nous guidera sur le choix de l’écran qui devra être utilisé. Si cette coloration est très légère et peu accusée, pour que l’image de l’objet puisse s’enlever sur le fond qui devra rester blanc, il y aura avantage à absorber d’une façon complète les radiations résultant de la coloration même de l’objet, au moyen d’un écran coloré de nuance complémentaire, bleu s’il est jaune, rouge s’il est vert, orangé s’il est bleu, vert s’il est rouge. Si la nuance de l’objet est de couleur acti- nique, telle que le lilas ou le violet, et d'intensité moyenne, il y aura lieu de retarder sans les arrêter une partie des radiations colorées émanées de l’objet, afin que, tout en s’enlevant bien sur le fond, les détails de structure de cet objet puissent être enregistrés par la surface sensible. Si cette nuance, tout en étant de moyenne intensité, est de couleur peu actinique (jaune, vert, rouge), il y aura lieu de favoriser, au contraire, par un écran convenablement choisi, la venue de l’image de cet objet, de façon que celle-ci soit absolument complète au point de vue de l’ensemble et des détails. Enfin, que la couleur de l’objet soit bleue, jaune, verte ou rouge, si cette coloration est de grande intensité, il y aura toujours avantage à em- ployer pour l’éclairer, un écran de couleur correspondant à la sienne. L'objet étant, en quelque sorte, baignée dans sa propre lumière, la totalité des radiations résultant de sa coloration sont utilisées, et concourent toutes à la formation de l’image négative. Le choix de la nature de la surface sensible, qui devra enregistrer cette image sera subordonné à celui de la coloration de l’écran employé : une plaque au gélatino- bromure ordinaire, si l'écran employé est bleu; une plaque orthochromatique, série À Lumière, sensible au jaune et au vert, si l’écran présente lune de ces deux _colorations; une plaque orthochromatique, série B Lu- mière, sensible au jaune et au rouge, sil’écran employé est rouge ou orangé, : En résumé, il est facile, non seulement d'obtenir des images absolument correctes, donnant l'impression exacte de la vision oculaire au microscope, mais encore de pro- fiter de certaines colorations pour accentuer vigoureu- sement certains détails en absorbant ces colorations au moyen d'écrans de couleur convenablement choisie et schématiser, en quelque sorte, l'épreuve photographique. Voulons-nous, par exemple, rendre bien manifeste la présence d’une bactérie colorée en bleu dans un liquide pathologique, nous n’hésiterons pas à absorber complè- tement ces radiations au moyen d'un écran jaune ou orangé, ou de recourir à l'emploi d’une plaque sensible à ces dernières radiations. Dans ces conditions, l’image de la bactérie se détachera vigoureusement en noir sur un fond lumineux et sera ainsi mise en valeur. Si, au contraire, nous désirons donner une idée exacte de la forme même et de l'aspect de cette bactérie, nous devons alors chercher à utiliser une partie des radiations résultant de la coloration qui lui a été donnée, Si celle- ciest d’un lilas pur (lilas de méthylène) et d'intensité moyenne, nous remplacerons l'écran jaune par un écran vert, tout en conservant, pour recueillir l’image, la plaque sensible au jaune et au vert. Si la coloration est bleu- violet (violet méthyl) et d'intensité moyenne, nous reviendrons à l'écran jaune, mais l’image sera reçue sur une plaque sensible au rouge, Dans l’un comme dans l’autre cas, la totalité des ra- diations résultant de la coloration même de l'objet n'étant pas, d’une part, absorbée par l'écran et, d’autre part, cette partie des radiations non arbsorbée étant uti- lisée par la surface sensible, il en résulte que celle-ci ne voit pas l’objet comme s’il était absolument opaque et enregistre de celui-ci une image telle qu’au tirage des épreuves positives, celles-ci nous donneront une idée absolument exacte de l'aspect de la bactérie étudiée. Les colorations données aux préparations microsco- piques peuvent être utilisées avec fruit pour mettre en évidence certains détails de structure, et réaliser de véri- tables schémas photographiques. L'exemple qui vient d'être cité en est déjà une preuve; il reste à montrer comment il est possible d'utiliser photographiquement ces colorations doubles données par les histologistes et les bactériologistes à leurs préparations en vue de faire valoir certains éléments ou de mettre en valeur les bac- téries dans les tissus au sein desquels elles se sont déve- loppées. C’est en absorbant complètement, au moyen d’un écran de couleur convenable, les radiations résultant de la coloration donnée aux éléments ou aux orga- nismes qu'il s’agit de mettre en valeur, et, en retardant en partie ou en utilisant totalement, suivant son inten- sité ou sa nuance, la seconde coloration donnée au tissu dans lequel se trouvent ces éléments ou ces bactéries que nous parviendrons à obtenir des épreuves photogra- phiques dans lesquelles les premières se détacheront vigoureusement en noir dans le tissu qui apparaitra comme une grisaille, soit une préparation pathologique colorée par la méthode de Gramm, et montrant des bac- téries colorées en bleu violet au sein d’un tissu coloré lui-même en rose; photographions-la en l’éclarant au moyen d’un écran jaune ou orangé et en recevant l'image sur une plaque sensible au jaune, ou sur une plaque sensible au rouge suivant l'intensité de la coloration même du tissu; elle nous donne au tirage une épreuve positive sur laquelle les bactéries se détacheront en noir sur le tissu légèrement indiqué. Henri COUPIN. LE NATURALISTE —————— ———— ————————————— ————— ——————— ——— ——…—— …———…" ———————— — ————_—_—_———— —————_——————— — — MŒURS ET MÉTAMORPHOSES de l'Ecthrus Usurpator, Scopoli, (hyménoptère du groupe des Pimplides.) Lorsque les larves du Corœbus bifasciatus et du Purpuri- cenus budensis, si funestes à nos bois de chéne, sont sur le point d'atteindre leur complet développement, la femelle de l'Ecthrus usurpator, par un instinct commun aux femelles des Ichneumonides, explore la branche dans l’intérieur de laquelle vivent ces larves : au point voulu, correspondant à l’emplace- ment qu’elles occupent, elle s'arrête, perfore, taraude jusqu'à ce que son but soit atteint ; quand le moment décisif est arrivé, elle cesse tout travail et dépose un œuf, un seul sur chaque larve. Œuf. Longueur, 3 millimètres; diamétre, 0 mm. 5. Très allongé, très étroit, fusiforme, blanchätre et lisse, arrondi aux deux pôles. Aussitôt éclos,le jeune ver quien est issu, se cramponne au corps de sa victime qu’il vide par succion ; celle-ci,incapable de la moindre résistance, s’épuise en vains efforts pour se débar- rasser du ver assassin; mais bientôt, réduite à une complète prostration, elle succombe livrant le reste de son cadavre au ver qui continue de se gorger destissus adipeux jusqu'à ce qu'il n’en reste plus une parcelle et qui, quelques jours après, arrivé à son entière expansion se présente avec les caractères sui- vants : Ver. Longueur 14 à 15 millimètres; largeur 4 à 5 milli- mètres. Corps très mou cet flasque, un peu arqué, blanc jaunâtre, lisse et luisant, couvert d’un très court duvet soyeux, finement pointillé, convexe et granuleux en dessus, déprimé en dessous, atténué et arrondi aux deux extrémités. Téle petite, arrondie, cornée, jaunâtre, avec taches sous- cutanées plus claires, finement striée, sillon médian profond sur le vertex, deux traits jaunes parrallèles de chaque côté du sillon, bord frontal triangulairement incisé; lèvre supérieure courte, transverse, marginée de brun à son bord postérieur, échancrée à son bord antérieur; mandibules courtes, falquées, à base blanchâtre, À extrémité noire et aciculée, très mobiles et dont le jeu s'établit intérieurement entre la lèvre supérieure d'une part etlalèvreinférieure del’autre ; mâchoires à pièce basi- laire oblique, ombrée d'un trait brun, renflées, avec palpes maxil- laires brunâtres, rudimentaires, granuliformes ; menton cons- titué par une masse charnue subcornée; lèvre inférieure bilobéo, finement ridée, limitée par un trait brun subarqué, surmontée de deux courts palpes labiaux brunâtres inarticulés ; antennes très courtes, émergeant d'une base tuberculiforme membraneuse, circulairemen] striée, se terminant en une courte pointe conique, brune et stylée, paraissant inarticulée; ocelles sans traces. Ce ver donne difficilement à voir ses organes buccaux, et ce qu'avec l’un on distingue, avec l'autre est caché ; aussi la pré- sente description se trouve-t-elle un peu différer de celle que nous avons une première fois donnée au n° 194 du Naturaliste du 1° avril 1895, à laquelle nous ajouterons celle de la nymphe ainsi que des traits de mœurs particuliers. Segments au nombre de douze, plus un mamelon anal, courts et larges, convexes et transverses, charnus et blanchätres, avec ligne médiane brunâtre, très finement pointillés, s’élargissant des deux extrémités vers lecentre, les trois premiers avecléger bourrelet latéral et incision postérieure; aux sept.suivants ce bourrelet est plus prononcé, etle milieu de chacun d'eux est chargé d’une ampoule granuleuse ; aux deux suivants, le bour- relet tend à diminuer, l’ampoule disparaît; mamelon anal, petit, arrondi. Dessous subdéprimé, finement pointillé, un peu moins blan- châtre qu’en dessus, avec taches blanc de lait arrondies, sous- cutanées et éparses; les trois premiers segments avec deux petites taches médianes, les huitsuivants avec incision médiane, au huitième sont deux lunules jaunätres remplacées au segment suivant par deux taches jaunâtres contiguës: mamelon anal tronqué, creusé de rides qui relèvent les intervalles en bourrelets convergeant vers le centre où la fente anale n’ap- paraît qu’à l’état de léger pli. Patles nulles, la larve se meut par reptation, à l’aide de ses bourrelets latéraux et de ses ampoules dorsales. Sigmales très petits, orbiculaires, flaves à péritréme jau- nâtre, une première paire au-dessus du bourrelet latéral, au bord postérieur du premier segment thoracique, deux autres paires ou tout au moins deux taches jaunâtres stigmatiformes sous le bourrelet latéral et au milieudes deuxième et troisième segments thoraciques, huit autres au-dessus dudit bourrelet et près du bord antérieur des huit premiers segments abdomi- naux. Quand, aux approches de sa transfiguration, la larve du Corœbus bifascialus à préparé la loge parabolique qui doit servir de refuge à sa future nymphe, elle prend position dans ce réduit pour se préparer à l’exécution du travail d’élabora- tion qui doit amener son corps long, grêle, déprimé, à une forme beaucoup plus large. C’est alors que le ver de l’Ecthrus fait irruption sur cecorps, le vide, avons-nous dit, par succion, en un très court laps de temps, en un intervalle de quelques jours; ce travail d'absorption achevé il se file dans cette loge même dont il s'est emparé et qu’il à trouvée toute préparée, une légère coque brunätre, allongée, naviculaire, composée d'une légère pellicule soyeuse peu résistante, grisâtre; vitrée, laissant voir par transparence le contenu, Ja nymphe, les deux pôles fortement rembrunis et garnis d’une double couver- ture de tissus à parois intérieures lisses et à l’extrémité de laquelle adhère la peau ratatinée de la larve du Corœæbus ainsi qu’une faible couche de déjections sèches ; la forme naviculaire de cette coque lui était nécessaire pour bien faire remplir le corps du réduit, tout en donnant plus de stabilité aux deux extrémités, lesquelles adhèrent assez fortement au bois pour qu’on soit obligé de faire un léger effort pour les en détacher. Ce ver, d’une utilité non contestable, rend ainsi de grands services en détruisant une partie de la génération sur pied; il apparait, il est vrai, lorsque les dégâts de l’année sont déjà commis, mais il nous préserve de bien plus grands ravages pour l'avenir. En certaines années, le parasite est rare: dès lors, pendant les quelques années suivantes, les ravages sont considérables : la larve ronge, détruit à son aise et arrive ainsi sans accidents à l’accomplissement de ses différentes phases ; d’autres années, au contraire, 1890, 1895 en particulier, marquent par la quantité de ces utiles auxiliaires qui arrivent à contaminer plus des trois quarts des larves vivantes de Corœbus ; aussi les trois ou quatre années suivantes l'adulte est-il relativement rare, par suite les dégâts sont insignifiants. Quelques jours après la confection de sa coque le ver de l'Ecthrus se transforme en la nymphe dont nous donnons ci-après la description. Nymphe. Longueur 12 à 14 millimètres; largeur 2 mm. 5 à 3 millimètres. Corps allongé, charnu, blanc de lait, glabre, lisse et luisant, très finement pointillé, avec taches brunes marbrées, sous- cutanées, convexe en dessus, un peu moins en dessous, à région antérieure arrondie, la postérieure atténuée, longuement prolongée chez les femelles en deux pointes arquées. : Téle arrondie, lisse, imperceptiblement pointillée, disque frontal impressionné, yeux ovalaires, ferrugineux ; ocelles au nombre de trois, couleur des yeux, un grand médian, deux petits latéraux un peu en arrière du précédent; le premier segment thoracique, grand, arrondi, très convexe, pas plus large que la tête dont il est séparé par une collerette, à bord postérieur triangulairement avancé en un fort renflement tuberculeux sur les deuxième et troisième segments qui sont petits et s’atténuent jusqu'au court pédoncule qui les relie avec les segments abdominaux, le renflement terminal du premier correspondant avec une large échancrure qui unit l’abdomen au thorax; segments abdominaux ovalaires, oblongs, fortement convexes, finement pointillés, transversalement ridés à leur bord antérieur, le bord postérieur garni de granules de plus en plus accentués vers l'extrémité ; bords latéraux relevés en lécère apophyse postérieure lamelleuse aux six premiers, les côtés des quatrième à sixième garnis de chaque côté de la ligne médiane d'une courte épine arquée, géminée, à bout rembruni, segment anal tronqué, relevé en un fort bourrelet prolongé par deux styles longs, arqués ei relevés chez la femelle sur la région dorso-abdominale, chacun d’eux bicanaliculé ; dessous en partie voilé par les longues antennes serriformes et par les pattes dentées dont les tarses sont très allongés; genoux peu sail- lants. Cette nymphe est inerte : au reste confinée comme elle l’est dans un'étui parcheminé, ainsi à l'abri des influencee atmosphé- riques cf des nombreux affamés qui la recherchent, de quelle utilité lui serait un mouvement défensif quelconque ? La phase nymphale a une durée de 15 à 20 jours, une semaine encore et l'adulte ronge la partie de son réduit correspondant qui 8€ LE NATURALISTE trouve en face de luiet s'échappe par un trou arrondi à bords inégaux et déchiquetés : les éclosions se font plus particulière- ment au milieu du jour. Adulle. Dès qu’il s'est échappé de son cocon, l'adulte éjacule une sorte de méconium, un jet d'un liquide blanchätre inodore, puis il s'envole n'ayant dès lors en vue que de se rechercher l’un de ses semblables avec lequel il puisse s’accoupler ; il est très aclif, vole de tige à tige, de branche à branche avec un mouvement vibratile continu imprimé à ses ailes ainsi qu'à ses antennes : le nombre des mâles est généralement proportionné à celui des femelles; l'accouplement consommé, la femelle pond ses œufs selon les méthodes particulières aux Pimplides. Capitaine XAMBEU. L'Argile d'Hesdin (Pas-de-Calais) On a divisé les argiles qui sont, au point de vue miné- ralog'que, des silicates d’albumine hydratés en!4 classes : 1° Les argiles formées par voie de sédiment. Ce sont les argiles proprement dites, ou argiles à poterie, qui ne renferment que 10 à 12 0/0 d’eau, elles sont inattaqua- bles par les acides; 2° Les argiles hydratées qui contiennent de 22 à 25 0/0 d’eau solubles et attaquables en entier par les acides ; 3° Les argiles formées par la décomposition des roches feldspathiques comme le kaolin ; . 4° Les bols et les ocres qui sont des argiles fortement colorées en rouge ou en jaune par des sels de fer, - C’est à la seconde classe des argiles qu'appartient la collyrite qui renferme une grande quantité d’eau et qui, d’après Dana {XIe édition, page 420) a pour formule S1022AP2039H20. M. Dollot un de nos plus dévoués géologues, a donné A- \ \ \ Y, HE 1 — 77 — Qt: y YO BR à 5 7) 5760 : Coupe schématique du gisement d'Argile d'Hesdin. TV. — Terre végétale. SF. — Sable ferrugineux siliceux. CB. -— Craie blanche. A. — Poches d'argile. au Jaboratoire de géologie du Muséum un échantillon d'une argile provenant d'Hesdin, département du Pas- de-Calais et qui a été improprement nommée Collyrite, elle a été étudiée au point de vue chimique par M. Georges Vogt, directeur de la manufacture de Sèvres et auquel j’emprunte une partie de cette étude. Cette argile est d’une couleur blanc jaunâtre, ne fait qu'assez difficilement pâte avec l’eau, retient, séchée à l'air, une grande quantité d’eau, soluble presque entotalité dans l'acide sulfurique chaud, elle contient un peu de fer et des traces d'acide titanique dont la présence a été constatée par l’eau oxygénée. Une analyse faite par M. G. Vogt sur un échantillon séché à l'air libre et décomposé par l'acide sulfurique a donné un résultat permettant d'attribuer à l'argile d'Hesdin la formule Si02 AL2O3 2,10 H20 donnant 36,53 Si0? et 35,52 Al203, qui l’éloigne notablement de la col- lyrite. L'argile d'Hesdin est donc formée par la réunion de deux silicates, l’un de formule Si0? A103 uH?0 et l'autre 2S10?2 AlO#nH20 ; ce dernierest sans doute de la kaolinite qui est un hydrosilicate d'alumine répondant à cette for- mule : le premier serait de l’allophane hydrosilicate sili- cate d’alumine également qui contient #0 0/0 d'eau. En effet, si l’on recherche la quantité d’eau que peut conte- nir l'argile d'Hesdin, on a la composition suivante : Séchée dans un courant d'air sec elle perd... 11,42 H?20 De la température ambiante à 250 degrés... 4,12 — Dé250 degrés au rTOUDE VITE... re 10,74 — Hotalr es étre 26,28 En se rapportant aux expériences de M, Le Chatelier, on peut admettre que les 4,12 0/0 d’eau évaporés avant 250 degrés appartiennent à l’allophane, le 10,74 à la kaolinite, les 11,42 0/0 parties en premier, étant de l’eau hygrométrique. Ce qui donne pour la composition de l'argile d'Hes- din une proportion pour cent, de 70 de kaolinite et de 20 d’allophane. Si nous additionnons dans ces proportions la composi- tion de ces deux corps et que nous ajoutions l’eau hy- grométrique, nous aurons une Composition se rapprochant de celle de l'argile d'Hesdin. SiO? Al203 H20 10 kaolinite.....2 32,48 21,19 9,76 20 allophane....... 4,16 8,09 7,14 Eauhygrométrique. = 10,42 Total. 37,24 35,88 21,32 Ces résultats se rapprochent assez de ceux trouvés par l'analyse directe, pour donner une grande probabilité à la présence de l’allophane dans cette argile, et cela d’au- tant plus que le calcul a été fait en supposant à ce mi- néral et à la kaolinite les formules théoriques, bien que l'analyse y ait montré, la présence de petites quantités de chaux et de soude dont il n’a pas été tenu compte. Nous pouvons conclure avec M. Vogt, que l'argile d’'Hesdin est un mélange de Kaolinite et d'allophane mi- néral qui en élève la teneur en alumine, en tous cas, la présence d'un silicate ayant pour formule 2 S$10? AO*%2H20 a été nettement constatée. C'est aux environs d'Hesdin à trois kilomètres au sud- ouest du village de Brevillers que se trouvent les gise- ments, ils sont localisés en petits amas, et forment des poches ayant depuis un mètre jusqu’à 15 mètres de pro- fondeur, dans la craie sénonienne formant le sous-sol de la région. Sous la terre végétale se trouve une couche d'épais- seur de 2 mètres formée de sable ferrugineux mélangé à des pierres siliceuses, puis vient la craie blanche dans laquelle sont creusées les poches, renfermant l'argile et dont on voit quelques-unes en coupe sur le dessin. E. MASSAT, Attachèé au Muséum. 130 LE NATURALISTE ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 1er mai 1899. M. F. Gallard, au cours d'études entreprises sur l’absorp- tion cutanée; à été amené à rechercher le mode de pénétration de l’iode dans l'organisme. Il résulte des expériences faites qu'on peut tirer les conclusions suivantes : 1° la peau saine se laisse pénétrer par des iodures en dissolution dans l’eau, et l’iode qui passe ainsi dans l'organisme peut être retrouvé et dosé dans les urines et dans les viscères; 29 l'alimentation joue un rôle important dans l'élimination du métalloïde ; 3° l’iode semble avoir une prédilection pour certains organes, le cerveau, par exemple; il s’y fixe dans des proportions assez considérables pour permettre de supposer une action élective de cet élément. M. Paul Bourcet a, de son côté, recherché et dosé l’iode dans un certain nombre do substances alimentaires dont les poids variaient de 50 grammes à 1 kilogramme. En considérant les résultats trouvés chez les poissons, on voit que le hareng fumé entier à 1 mg.7 d'iode par kilogramme ; la raie, 0 mg. 2; l'ablette, 0 mg. 6; le saumon, 1 mg. 4; le colin, — MM. A. Lacassagne et Etienne Martin font part de leur observation sur les causes et les variations de la rigidité cada= vérique. La rigidité est le premier terme de la désagrégation de la cellule musculaire; elle survient fatalement dans un muscle privé de circulation et soumis aux lois immuables de la pesanteur qui produisent la déshydratation de la cellule mus- culaire et la précipitation des matières albuminoïdes. L'ordre d’envahissement de la rigidité a jusqu'ici paru systématisé sur les cadavres humains observés la plupart du temps dans le décubitus dorsal. Mais on peut modifier son apparition et sa marche par des changements d’attitude, des injections de liquides déshydratants dans les vaisseaux. Il en est de même lorsqu'il y a eu saignée à blanc, mort par la chaleur extérieure, mort par surmenage, etc.; c’est-à-dire dans toutes les condi- tions qui produisent une déshydratation précoce da tissu mus- culaire. — M. Fr. Dierkx à observe les glandes anales des Dytiscides et le prétendu rôle défensif de ces glandes. Il résulte des re- cherches de l’auteur, que la glande anale du Dyliscus n’est pas un appareil de défense, que le véritable appareil défensif du Dytiscus est la poche rectale, que la glande anale du Dyliscus est destinée à faciliter la fonction respiratoire. — M. Louis Léger en examinant le contenu du tube digestif d’un certain nombre d’Orvets (anguis fragilis) a rencontré constamment, outre de nombreux Flagellés qui vivent plus particulièrement dans la portion terminale de l'intestin, deux sortes de kystes appartenant à des Sporozoaires rhabdogéniens. Les premiers sont les ookystes d'un Coccidé, les seconds renferment une grande quantité de sporocystes nanculaires contenant chacun huit sporozoites. Il n'est pas douteux que C’étaient des kystes de Gregarines. L'auteur croit donc devoir conclure de ses observations que les germes des sporozoaires cœlomiques peuvent gagner l'extérieur à la suite de l'ingestion de leur hôte par un animal carnassier, et après avoir traversé impunément le tube digestif de ce dernier. Pendant ce passage à travers le tube digestif de l'animal vorace, les germes achèvent leur complet développement et atteignent une matu- rité parfaite. Ils sont donc, à leur sortie, éminemment aptes à infecter de nouveaux individus. — M. Emile Yung a pratiqué en 1898, des pêches métho- diques du plankton dans les eaux du lac Leman. La réparti- tion du plankton n’est point homogène, elle varie d’une région à l’autre autant dans le sens horizontal que dans le sens ver- tical. Le plankton animal est répandu partout, jusque dans la plus grande profondeur explorée (200 mètres.) La quantité du plankton atteint son maximum aux mois de mai et de juin ; elle atteint son minimum aux mois de mars et de septembre. — M. Stanislas Meunier communique une note sur la chute d’une météorite observée en Finlande au mois de mars dernier. La chute du bloc a eu lieu sur la mer glacée, et a pro- duit un trou de 9 mètres de diamètre; on a reconnu la pré- sence d’un météorite fortement enfoncé dans la vase, et quoi- qu'on ne soit pas parvenu encore à la repécher, on a pu en apprécier le volume et le poids qui serait de 1000 kilogrammes. Dès que l’état de la mer le permettra on procédera à son extraction. Séance du 8 mai 1899. M. Gaston Bonnier entretient l’Académie de ses études et de ses expériences faites sur des plantes rendues artificiellement alpines par l'alternance des températures extrêmes. Aux carac- tères alpins qu’il est possible de provoquer artificiellement chez les végétaux maintenus en plaine en leur faisant subir une alternance journalière de températures comparables à celle qui se produit dans les régions élevées des montagnes, on peut ajouter les suivants : les pétioles des feuilles et sur- tout les tiges ont des tissus mieux marqués, plus rapidement développés. Les feuilles, plus petites et plus épaisses, ont un tissu en palissade plus développé; elles présentent assez sou- vent une coloration rouge due à l'anthocyanine qui se produit fréquemment chez les plantes alpines, enfin elles assimilent plus par unité de surface. Les fleurs sont relativement grandes et un peu plus colorées. — M. Etienne Rabaud communique les résultats des re- cherches faites par Camille Dareste et par lui sur linfluence de la congélation dans le développement de l’œuf de poule, Les œufs de poule peuvent supporter, sans être tués, une température au moins égale à — 1500. La congélation produit une perturbation profonde, puisque le développement dans la plupart des cas, semble n’être plus qu'une prolifération cellu- laire sans différenciation marquée; la perturbation produite est durable, puisque le dégel lent ou le repos ne rendent pas aux germes leur évolution normale. L'individualité du germe se révèle encore dans les expériences, puisque quelques-uns des œufs tournés à la congélation peuvent encore former un em- bryon, affecté d'anomalies diverses, voire même normal. Il y a lieu de penser que les modifications subies par le germe sont d'ordre chimique. — MM. Marcellin Boule et Gustave Chauvet présentent une note sur l’existence d’une faune d’animaux arctiques dans la Charente à l'époque quaternaire. Les gisements d’animaux fossiles de l’époque quaternaire sont très nombreux en France; celui dont il s'agit présentement offre, entre autres particula- rités, celle d’offrir une association vraiment curieuse de tout jeunes individus, appartenant à diverses espèces indiquant un climat boréal. Cette découverte est intéressante, d'abord parce qu’elle nous montre que, pendant les périodes froides de l'époque quaternaire, la faune d’animaux arctiques, habitant aujourd’hui les toundras et les steppes du nord de l’Europe, s’est avancée jusque dans la France centrale où elle a été re- présentée par plusieurs espèces caractéristiques. Un autre fait curieux est la proportion extraordinaire d’ossements se rap- portant à de très jeunesindividus, au point que plusieurs es- pèces, notamment parmi les carnassiers, ne sont représentées que par des nourrissons. L’ossuaire est dans une fissure tra- versant un plateau entouré de trois côtés par des vallées pro- fondes; cette fissure était un véritable piège naturel dans lequel on comprend que les jeunes animaux étaient exposés plus que les vieux à tomber. Séance du 15 mai 1899. M. Joseph Perraud a étudiéles formes de conservation et de reproduction du Black Rot. Le champignon Guignardia Bi- dwellii, cause du Black Rot de la vigne, possède des formes de reproduction très variées : pycnides, spermogonies, périthèces, conidiophores, sclérotes simples ou pycnidiens, spores mycé- liennes analogues aux chlamydospores. Les recherches de l’auteur l'ont amené à considérer comme participant à la per- pétuation du Black Rot d’une année à l'autre : 1° les stylos- pores sorties de leurs pycnides à l'automne; 2° les pycnides conservées intactes; 3° les sclérotes et périthèces. Les stylos- pores sorties de leurs pycnides ne perdent pas leur faculté germinative, ces spores d’hiver proviennent surtout de pyc- nides portées par les feuilles, en automne, et aussi par les sarments. Les pycnides peuvent servir à la perpétuation du Black Rot au printemps. Les sclérotes pycnidiées s'organisent en périthèces ; ils ne donnent généralement pas des pycnides. Des divers organes de la vigne susceptibles d'être attaqués par le Black Rot, les raisins seuls donnent naissance à des pé- rithèces ; les feuilles tombées sur le sol et les parties ligni- fiées n’en portent pas. La transformation des pycnides des raisins en sclérotes et plus tard en perithèces s'opère égale- ment lorsque les grappes sont restées suspendues sur les souches, tombées à la surface du sol ou enfouies plus ou moins profondément dans la terre. — M. J. Beauverie complète ses observations sur le Botry- tis cinerea et la maladie de la Toile. Une température de 309 LE NATURALISTE 131 au plus, un état hygrométrique voisin de la saturation, un substratum médiocrement nutritif, une atmosphère confinée, sont les conditions qui, réunios, favorisent au plus haut degré la transformation du Botrytis cinerea en une forme stérile fixe (toile) très dangereuse pour les végétaux. Ces facteurs agissant seuls peuvent opérer partiellement cette transforma- tion; ils donneront une forme toile, non fusée et peu dange= reuse pour les semis et les boutures. Pour éviter le retour de la toile dans les établissements qui y sont sujets, il faudrait revenir aux anciennes méthodes de bouturage, ne point agir avec des températures élevées et surtout aérer le plus possible les cultures en un mot éviter les hautes températures et l'excès d'humidité si favorables, surtout quand ils coïncident au développement de la toile. — M. Noël Bernard a observé la germination des graines de Neofttia Nidus-Avis jusqu’à de jeunes plantes ayant 5 mm., de longueur. Ces plantules ont la forme de massues à l’extré- mité aiguë desquelles reste encore fixé le tégument déchiré de la graine; la surface est lisse et ne présente pas de poils absorbant. En coupe on y observe trois sortes de cellules : 19 au centre, des cellules à parois minces formant un paren= chyme riche en amidon; 2° quelques assises de cellules presque entièrement remplies par un peloton serré de fila- ments mycéliens cloisonnés ; 3° à la périphérie, une assise de cellules épidermiques sans amidon et sans filament mycélien , Ces trois types de cellules se rencontrent avec les mêmes ca- ractères dans les racines ot dans le rhizome des plants adultes; les cellules du second type ont bien des filaments my - céliens dits mycorhizes, qui, d’après les recherches de l’auteur, sont indispensables à la plante dès l’époque de sa germina- tion. P. Fucus. LA TAILLE DES MOLLUSQUES Les espèces qui ont une aire de dispersion très étendue et qui peuvent vivre sur des sols différents présentent non seulement une grande variabilité dans la taille, mais encore dans la coloration et les ornements de leur co- quille. Les patelles et les olives varient tellement dans l'intensité et la disposition des couleurs dont elles émail- lent leurs coquilles qu'il est impossible à première vue de séparer les espèces; les purpuridæ (murex Linné), dont la plupart des espèces sont hérissées de dédigita - tions d’épines ou de franges présentent, dans leurs or- nements, des variétés sans nombre. Ainsi le Chicoreus anguliferus, dont certaines coquilles sont à peine rabo- teuses, en hérisse chez d'autres de digitations quelquefois courtes, lisses ou d’autres fois très longues et frangées. L'absence, la multiplicité et le développement de ces digitations donnent aux individus un aspect si différent que les molacologistes, au lieu de les considérer comme de simples variétés, en ont fait trois à quatre espèces distinctes. Les espèces, au contraire, qui ne vivent que dans des localités spéciales et en général restreintes, tels que les Solarium, les Nuculidæ, les Gastrochæna, etc., sont très faciles à grouper, tous les individus d’une même espèce ne présentant comme coloration et ornement que de très légères différences. Quoique la variabilité de taille soit très grande dans une même espèce, elle reste toujours confinée dans des limites qui sont toujours moins étendues que celles du groupe auquel elles appartiennent, Aïnsi, dans la famille des Cypræidæ, on trouve assez souvent entre le plus petit et le plus grand des individus d’une même espèce de telles différences, qu'on pourrait considérer les petits individus comme de véritables espèces ou un groupe de nains, si l'on ne trouvait pas de nombreux individus intermédiaires de différente dimension. J'ai parmi les C. exanthema des individus de 45 et d’autres de 100 millimètres, ce qui donne une différence de 55 millimètres de longueur entre les petites et grosses coquilles de cette espèce. La C. carneola varie de 20 à 83 millimètres, différem- ment 63 millimètres. Ces différences de taille entre les individus d'une même espèce quoique considérables sont cependant bien infé- rieures à celles du groupe auquelellesappartiennent; ainsi dans le groupe de l’Exanthema les petits individus de la C. cervinetta ont moins de 40 millimètres et les plus gros de la C. cervina plus de 140 millimètres, ce qui donne une différence de 100 millimètres c'est-à-dire plus du double de la différence que nous venons d'indiquer pour l'Exanthema. Dans le groupe de la carneola la plus grosse espèce la C. testudinaria atteint jusqu'à 130 millimètres de lon- gueur et certains individus de la C. isabella n’ont pas 20 millimètres; différence de taille entre toutes les espèces du groupe de 110 à 115 millimètres, chiffre presque double de celui que nous venons de donner (63 millimètres) pour la carneola. Cette différence est bien plus grande encore si l’on prend toutes les espèces de la famille des Cypræidæ. Je possède des individus de la Trivia globosa qui n’ont pas plus de 2 millimètres de diamètre; pour avoir la diffé- rence de taille de la famille des Cypræidæ, si on re- tranche ce chiffre 2 des 140 millimètres de la C. cervina, on trouve pour cette famille les différences de taille sui- vantes : Différences spécifiques : au plus 60 à 65; Différences génériques : 110 à 115 au maximun; Différence pour la famille : 135 à 140. La différence de taille des espèces est donc inférieure à celles des genres, celle des genres à celle des familles, celle des familles à celle des ordres et celle des ordres à celle des classes. En groupant ensemble dans l’ordre zoologique les mol- lusques vivant et fossiles, on voit que, pour la majorité des genres, les espèces ont suivi, en traversant les pé- riodes géologiques, une marche croissante ou décrois- sante. Si, à l'apparition d’un genre, ses premiers repré- sentants furent de petite taille, ceux de la période ac- tuelle sont d’une taille bien supérieure. Aussi trouve-t- on de nos jours, parmi les Purpuridæ (murex), les Buccinidæ (triton Lam.), des Ranelliæ, etc., des espèces d'un volume dix fois plus grand que leurs représentants fossiles remontant à l'époque où ces genres semblent avoir pris naissance. Chez les brachiopodes, au contraire, on trouve , aux premières époques géologiques, des espèces dont la taille est de beaucoup supérieure à celles qui vivent dans les mers actuelles. Les Cerithidæ nous offrent éga- lement un exemple de cette marche décroissante, Les plus grandes des espèces actuelles n’arriver£ pas au tiers de la longueur d’une splendide espèce que l’on rencontre à l’état fossile aux environs de Paris, le Cerithium gigan- teum dont la longueur var entre 50 et 60 centimètres. Pour les Gastéropodes les espèces géantes des mers ac- tuelles sont bien plus nombreuses que celles que l’on a ren- contrées jusqu'à ce jour dans les différentes couches du globe terrestre. À côté du C. giganteum, qui est un des rares Gastéropodes fossiles de grande taille, l’on peut si- 132 LE gnalér à l'état vivant la Voluta Broderipia, le Fusus prosbocidiferus, le Buccinum tritonis, le Cassis mada- gascariensis, le Lampas Bardeyi, espèce nouvelle dont la description paraitra dans le Naturaliste. Les individus de grande taille que j'ai observés de ces différentes espèces sont tous beaucoup plus volumineux que le plus gros des Cerithium giganteum. Considérée dans son ensemble, la classe des Gastéro- podes parait au point de vue de la taille suivre une marche croissante. La taille décroissante des espèces d’un groupe serait- elle en rapport avec leur tendance à l'extinction, et la taille croissante au contraire en rapport avec leur propaga- tion ? Une seule espèce, grande ou petite, a-t-elle présidé à l’apparition de chaque groupe? La négative semblerait répondre à cette dernière ques- tion ; puisque, dans la même couche d’un terrain plus ou moins ancien l’on rencontre généralement plusieurs espèces d’un même groupe. Mais ce n’est là qu’une appa- rence trompeuse : tous les animaux dont on rencontre des restes à l’état fossile, ayant vécu pendant un nombre de srèclesincalculable dans une mer dont la disparition a pu se faire avec une lenteur égale, Aussi peut-on consi- dérer comme contemporains des êtres qui ont pu prendre naissance à plusieurs milliers de siècles d'intervalle. Le court apercu que je viens de donner sur la taille des mollusques permet de considérer comme des obstruc- teurs de la science les malacologistes qui négligent de donner la mensuration des espèces qu’ils décrivent. Les mollusques les plus petits que l’on connaisse ap- partiennent, ainsi que je viens de le dire, presque tous à la classe des Gastéropodes; les uns sont enroulés en spi- rale comme un escargot ou comme un cor de chasse, d'autres, au contraire, s'allongent comme un petit cornet cylindrique ; il n’est plus rare de rencontrer à côté des formes les plus régulières des espèces à contours bizarres et inattendus, Il en est de lisses, mais, en général, ils sont ornés de striés, de côtes, de lamelles, de pointes, de granulations qui, avec une régularité irréprochable, dessinent à la surface des ornements et des dessins va- riés, admirables de régularité et d'une délicatesse inouie. La plupart des petites espèces sont unicolores, le blanc mat ou vitreux est le plus répandu. Sur quelques es- pèces, l’on rencontre cependant un assemblage de cou- leurs formant sur quelques-unes des dessins aussi variés et aussi harmonieux que ceux que l’on observe sur les espèces de grande taille. Plusieurs de ces petites es- pèces ont moins d’un millimètre de diamètre. Comparés aux Gastéropodes de grande taille dont le plus grand diamètre atteint quelquefois 50 centimètres, ces pygmés sont mille fois moins long. Mais cette différence de taille pour les différentes espèces d’un même groupe est bien plus grand si l’on com- pare dans leur nombre les mollusques de grande et de petite taille. M. Velain, dans une communication faite à l'Académie parle d’un céphalopode échoué sur la plage de l'ile de Saint-Paul, qui mesurait, d’une extrémité à l’autre, 7 mètres 15 de longeur, plus de quatre fois la hauteur d’un homme. Il faudrait donc 7.150 mollusques d’un mil- limètre ajoutés bout à bout pour atteindre la longeur d’un pareil monstre. Les genres renfermant des espèces n'ayant qu’un millimètre de diamètre sont formés dans leur ensemble NATURALISTE par des individus de petite dimension, il en est, tel que les Cæcum, dont les plus gros ont beauceup moins d’un centimètre. Toutes les espèces des Rissoa et des Chem- nitria, des Cyclostremarrestent comprises entre { milli- mètre et 1 à 2 centimètres, les Marginellidæ ont entre 3/4 de millimètre et 7 centimètres des individus pré- sentant toutes les dimensions intermédiaires. De toutes les espèces de mollusques connues, c’est le seul: genre où l’on observe une si grande différence de taille entre les individus situé aux limites extrèmes. Je me suis livré depuis plus de vingt ans à la recherche des mollusques microscopiques. Le nombre que j'en ai recueilli dépasse beaucoup celui que fourniraient toutes les espèces réunies des musées du monde entier. J'en ai trouvé aucune appartenant à des groupes dont les grandes espèces pouvaient atteindre un décimètre de taille. Aussi on peut conclure, je crois, que les es- pèces microscopiques appartiennent à des groupes dont les plus grandes espèces sont encore très petites relati- vement à la taille moyenne des mollusques pris dans leur ensemble. Pour les familles dont les plus petits re- présentants ont de un, deux, trois centimètres, la taille des plus grands individus est toujours en rapport cons- tant avec celle des plus petits, Ainsi, dans une famille dont la plus petite espèce aurait un centimètre de long, les individus de grandes dimensions pourraient atteindre 20 à 25 centimètres, pendant que celles dont la taille des plus petits individus serait d'environ de deux centimètres peuvent atteindre de 30 à 45 centimètres. Il serait inutile, en recherchant pour chaque famille les va- riations de la taille des espèces, de chercher un rapport constant, attendu que la limite comprise entre les di- mensionsextrèmes des individus varie sensiblement d'une famille à l’autre. Le seul fait à retenir, c'est que non seulement pour les familles, mais pour tous les groupes les dimensions des individus sont nettement limitées. Pour les mollusques que l’on a divisés en 5 classes : Céphalopodes, Ptéropodes, Gastéropodes, Lamellibran- ches et Brachiopodes, deux de ces classes, les Ptéro- podes et Brachiopodes, ne renferment que des animaux de très petites dimensions, car c'est à peine si le plus grand Brachiopode dans son plus gran@ diamètre atteint 45 centimètres. Alors que l’on rencontre des Gastéropodes de 40 à 60 centimètres, des Lamellibranches d’un mètre et des Céphalopodes qui arrivent à un tel développement que l’on a considéré comme fabuleuses les observations faites à ce sujet par les anciens naturalistes. L'on peut voir par ces dimensions que le plus grand des Gastéropodes est inférieur aux grandes espèces des Lamellibranches ; nous retrouvons le même fait chez les Gastéropodes dont les plus petits sont de taille beaucoup moindre que les plus petits des Lamellibranches. Les plus petites espèces des Céphalopodes ont également une taille bien supérieure à celle des deux précédents groupes. Les différences, que présente la taille des individus dans chaque groupe, se trouvent également comprise dans des limites dont l'étendue varie avec les forces vitales. Aussi lesespèces qui se développent avec vigueur et que l'on trouve en abondance sur plusieurs points du globe présentent-elles une variabilité de taille beaucoup plus grande que celles qui vivent confinées dans des localités spéciales. Mais cette variabilité spécifique reste toujours dans des limites qui sont de beaucoup inférieures à celles du groupe auquel elles appartiennent. Ainsi, dans la famille DT PTT Tr LE NATURALISTE 133 des Cypraidæ, les plus gros individus de la C. ara- bica, qui atteignent jusqu'à 80 millimètres sont bien inférieurs en taille à la C. testudinaria; il se trouve éga- ment un très grand nombre d'espèces dont la taille est moins grande que le plus petit Arabica dont la longueur est encore supérieure à 20 millimètres. En résumé, pour les espèces, les limites extrêmes de leur taille sont moins éloignées que celle du genre, celle de chaque genre est également inférieure à celle de la famille dans laquelle ils sont groupés et celle de la famille inférieure à celle des ordres ; aussi plus un groupe ren- ferme d'espèces, plus grande est la distance qui sépare les plus petites des plus grandes. DESCRIPTION D'UNE COQUILLE NOUVELLE Lampas Bardeyi.— Testa gigantea, ovato-conica, infernè ventricosa, albida aut fusco-variegata; transver- sim sulcata; anfr. cerciter 11 rotundo-angulati, adangu- Jum tuberculis maximis, in ultimo biseriatim, coronati; apertura ampla ad marginem dilatata, alba aut vividè aurantio lutea, columella expansa, postice unitubercu- lata, medio levigata, lateraliter plicata ; labrum intus le- viter sulcatum ad marginem dentatum. Lampas Bardeyi, Bull. Soc. Philom., 1894. Dimensions : long. 38 centimètres, larg. 26 centimètres, épais. 17 centimètres. Ouvert. larg. 20 centimètres, long. 26 centimètres de l’extrémité d’un canal à l’autre. Coquille à large ouverture, ovoide, obèse, assez angu- leuse et l’une des plus grandes parmi celles des Gasté- ropodes connus. Sa spire est conique et son dernier tour très grand, convexe et arrondi; sa couleur, d’un blanc gri- sâtre ou d’un brun clair, est souvent maculée de taches brunes dans l'intervalle des tubercules et sur le pli frangé qui borde la suture. Des côtes peu saillantes d’inégale largeur et lisses s’enroulent autour de la co- quille et de très gros tubercules se dressent sur la partie anguleuse de chaque tour; quelques varices lamelleuses boursouflent également la surface des tours; la spire à sommet érodé doit être composée de 10 à 11 tours, séparés par une suture sinueuse et assez profonde; chaque tour en emboitant celui qui le précède forme une saillie égale à l'épaisseur du test. Les tours convexes et angu- leux sont sillonnés circulairement et couronnés à leur partie anguleuse de très gros tubercules disposés en série unique sur les premiers tours et en deux cordons parallèles sur la face dorsale du dernier; et, particularité remar- quable, dans toute la partie comprise entre la dernière va- rice et le bord de l'ouverture, les tubereules de la rangée antérieure qui, près de la varice, sont très gros et très saillants, disparaissent complètement vers le milieu de cet espace et ne forment plus qu'une côte assez saillante en approchant de l'ouverture; la rangée postérieure, au contraire, Commence par une côte unie et ne devient tuberculeuse qu'en approchant de l'ouverture, de sorte que les tubercules de la rangée antérieure finissent au niveau ou ceux de la rangée postérieure commencent. Quant aux varices longitudinales, elles sont lamelleuses, frangées, sans bourrelet externe et très saillantes lors- qu’elles n'ont pas été brisées par le frottement. Ces varices sont formées par la partie évasée du bord externe de l’ouverture que l’animal en continuant la croissance de sa coquille laisse en dehors. L'ouverture d'un jaune orange vifet brillant est quel- quefois blanche comme de la porcelaine émaillée, Elle “est très évasée, de forme ovale et se prolonge un peu en avant et en dehors; l’ovale qu'elle décrit assez régulier à l’état adulte est, chez les jeunes, irrégulier, anguleux et légèrement triangulaire, En avant et en arrière, elle se prolonge en gouttière après avoir échancré le péristome. Ces deux canaux dont l’antérieur est plus long et plus profond que le postérieur permettent, comme je l'ai déjà énoncé, de séparer avec plus de certi- tude qu'avec le caractère tire de la disposition des varices la famille de Ranellidæ de celle de Buccinidæ (tritonidæ). Le bord columellaire déjetté en dehors recouvre par une large expansion membraneuse la base de l’avant-dernier tour et la face inférieure du canal. Large, arrondi, con- cave et lisse au centre, cette expansion se replie et forme en avant au-dessus de la naissance du canal une saillie convexe denticulée de plis obliques. À la naissance du canal postérieur se lève sur le bord columellaire un très gros tubercule et quelques plis superficiels. À un âge très avancé, sauf le tubercule qui persiste, tous les plis s’effacent. Sur l’exemplaire que j'ai remis au Mu- séum d'histoire naturelle de Paris qui est, quoique de taille moyenne, le plus adulte de ceux que je possède, ces plis n'existent plus, le bord externe à marge frangée et denticulée, est raviné intérieurement par de larges sillons superficiels qui s’enfoncent directement dans l’in- térieur de l’ouverture. On ne trouve dans cette espèce aucune trace de l’épais bourrelet longitudinal qui borde dans les espèces voisines la face externe du péristome. Indépendamment de sa taille et de sa forme, l’absence de bourrelet longitudinal sur le bord externe des varices et de tubercules sur les petites côtes de la surface per- mettront de distinguer cette espèce du Murex lampas, Gmelin, Habitat : cette espèce recueillie sur la côte du Somal entre Gardafuy et Berbera a été rapportée à Aden par les pêcheurs de nacre. Je dois à la générosité de mon excel- lent ami M. Bardey les exemplaires que j'ai donnés au muséum de Paris, à l'école de médecine du Caire et les trois que je possède, dont un jeune et deux adultes, l’un de ces derniers a l'ouverture blanche. La dédicace que j'ai le plaisir de faire à M. Bardey de cette re- marquable espèce est bien méritée; car il est peu de personnes qui se hasarderaient, comme il l’a fait plu- sieurs fois, à accompagner un explorateur dans ses courses par une température de 30° à l'ombre, Dr JOUSSEAUME. 7 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ALGÉRIE Aucune description ne peut donner une idée de la mo- notonie des vastes solitudes des hauts plateaux des pro- vinces d'Oran et d'Alger. Les immenses é‘endues de ces plaines ne présentent d’autres accidents de terrain que des ondulations couvertes généralement par de grandes Graminées du genre Stipa, et particulièrement par le Stipa tenacissima (Alfa), et des dépressions ordinaire- ment envahies par le Chich (Artemisia Herba-alba). Les bois ont disparu vers la limite du Tell, et le voyageur ne trouve pour tout ombrage que de rares Betoums (Pistacia (4) Voir n° 91 du 15 avril 1899. Le Naturaliste. 134 LE NATURALISTE Atlantica), qui seuls viennent rompre l’uniformité de ces sévères mais grandioses aspects. Le Pistacia Atlantica est réellement l'espèce forestière des hauts plateaux; seul il résiste à la violence des vents et à la variabilité de température de ces régions élevées et y acquiert sou- vent un magnifique développement. Les Genévriers (Ju- niperus Oxycedrus et Phœænicea), le Pin d'Alep, le Chêne vert, le Fraxinus dimorpha, peuvent quelquefois, au voi- sinage des montagnes, se rencontrer sur les hauts pla- teaux ; mais, à leurs troncs généralement rabougris et à leur végétation chétive, il est facile de voir qu'ils n’ap- partiennent pas à cette région dans laquelle 1ls sont pour ainsi dire égarés. Quelques espèces de Tamarix (Tamarix Gallica, Africana, bounopæa) eroissent aux bords des chotts, immenses dépressions généralement remplies d'eau saumêtre en hiver, désséchée en été, à lit peu profond, à sol argileux, gypseux, salé et recouvert, après l’évaporation des eaux, d’une couche saline miroitante plus ou moins épaisse. Les cours d’eau sont rares si ce n’est au voisinage des montagnes et du Tell; ceux qui sont propres à la région ne sont pour la plupart que des ravins plus ou moins profonds (oued), ordinairement à sec en été et souvent pendant plusieurs années, abou- tissant aux chotts, dans lesquels ils déversent leurs eaux pendant les pluies ou à la fonte des neiges. Çà et là des dépressions peu étendues (daya), où l’eau séjourne pen- dant l'hiver, et persiste quelquefois jusqu’en été en for- mant des marécages, se distinguent au loin par leur vé- gétation verdoyante à type européen. — Le climat est caractérisé par ses extrêmes de température; il neige souvent jusqu’en mars et même jusqu'en avril et mai, et il n'est pas rare qu’à cette époque, sous l'influence du rayonnement du calorique, le thermomètre descende pendant la nuit au-dessous de zéro, tandis qu'à midi la température sera de + 25-28 degrés centigrades. Même au mois de juin, le froid déterminé par le rayonnement de la nuit se fait quelquefois sentir avec assez d'énergie pour congeler l’eau à sa surface et tuer les jeunes pousses des végétaux qui, comme le Noyer et la Pomme de terre, ne peuvent supporter ces variations si brusques de température. Les rapides alternatives des vents du nord et du sud ne contribuent pas moins à la variabilité du climat, qui ne comporte qu'une végétation rustique pouvants’accommoder à cesécarts de température. Aussi, dans la flore des hauts plateaux, le nombre des plantes vivaces égale ou dépasse même souvent celui des plantes annuelles, et les plantes européennes les plus générale- ment répandues constituent environ les quatre cin- quièmes du total des espèces. Les influences selon la latitude sont démontrées par la proportion assez notable d'espèces orientales et surtout par le nombres des plantes de cette région qui existent à la fois en Espagne et en Orient. Il va sans dire que, dans cette description som- maire, nous avons eu surtout en vue les steppes de la partie centrale des provinces d'Alger et d'Oran; les pla- teaux au voisinage du Tell, et ceux qui sont entourés ou bordés par des montagnes (comme les plateaux du Ser- sous et de Sétif et l’ensemble de la région des hauts pla- teaux dans la province de Constantine), se rapprochent davantage, par leur climat plus uniforme et plus euro- péen, des conditions générales du Tell, au point de vue de la végétation spontanée et de l’acclimatation. Il résulte, des données que nous venons d'exposer, que, dans les hauts plateaux proprement dits, les cultures, si ce n’est toutefois vers la limite de la région méditerra- néenne, au voisinage des montagnes et dans les endroits frais ou irrigables, ne peuvent occuper que des espaces relativement restreints. Le boisement, en entretenant la fraicheur du sol, en brisant la violence des vents et en s'opposant à l'intensité du rayonnement du calorique, pourrait modifier de la manière la plus utile le climat des hauts plateaux. On trouverait pour ce boisement de précieuses ressources dans le Pistacia Atlantica, les Ta- marix et les quelques autres espèces forestières rus- tiques que nous avons déjà indiquées, et qui seraient placées parles soins de l’homme dans des conditions plus favorables pour leur développement. Les cultures, dans Ja région des hauts plateaux, sont nécessairement très analogues à celles de la région montagneuse, et ne diffèrent pas sensiblement de celles de l’Europe centrale. Les pâturages des immenses territoires incultes de cette région sont particulièrement propres à l'élevage; on sait que chaque année les tribus nomades y viennent, avec leurs innombrables troupeaux de chameaux et de mou- tons, camper en été, c'est-à-dire depuis le moment où la végétation herbacée a presque complètement disparu dans les plaines sahariennes jusqu’à celui où les pluies d'automne, en favorisant de nouveau le développement de la végétation dans le Sahara, permettent aux tribus d'y regagner leurs campements d'hiver. C’est là que le cheval arabe développe ses qualités les plus précieuses, et sa vigueur et sa force de résistance paraissent en rapport avec l'âpreté même du pays où il est élevé; les steppes de la province d'Oran, les plus arides de toutes, nourrissent les chevaux les plus estimés. La Luzerne (Medicago sativa), qui croit abondamment à l’état sauvage sur plusieurs points de la région, est un indice certain du succès réservé à l'établissement des prairies artificielles dans les endroits irrigables ou dans les dépressions où l'humidité se conserve plus long- temps. La vigueur et l'abondance de la végétation dans ces stations, avant qu’elles aient été ravagées par les troupeaux, démontrent quelles précieuses ressources l'agriculture trouverait dans l'aménagement de ces prai- ries naturelles, qui pourraient être soumises à des fau- chages réguliers dont les produits permettraient en hi- ver la stabularion des bestiaux. La région saharienne est, comme nous l’avons dit plus haut, séparée au nord des hauts plateaux par les mon- tagnes les plus méridionales de l’Algérie, qui, formant une chaine presque continue, comme une véritable mu- raille de rochers, ne permettent l'accès du Sahara que par des cols ou d’étroites coupures à travers lesquelles des cours d'eau torrentueux ont creusé leur lit. En rai- son de l’obliquité de cette chaine du sud-ouest au nord- est, la région saharienne ne commence à l'ouest que vers le 33e degré de latitude, tandis qu’à l’est elle monte vers le nord jusqu’à El Kantara, vers, le 35e de- gré. Au sud, la région saharienne s’étend bien au delà de nos possessions, et se confond avec le désert central de l'Afrique, qui, comme on ne le sait, s’avance jusqu’à la région des pluies estivales. C’est là seulement que commence la région équatoriale proprement dite, dont la limite nord oscille par ses sinuosités entre le 17 et 12° degré de latitude nord. FOREST. (A suivre.) Le Gérant: PAuz GROULT. ——_—_——@ PARIS. — IMPRIMERIE F LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 39 1 LE NATURALISTE CLLY U9 Snnouqex ed 9910 wmpriæyds oxuo3 UJDUP. 9Pp SuoIsIAIpqNS sap sn07 onbsoid quos mb xnedourd soiuo8 9 jeuuos U( ‘nquJ 9799 op wou 2] quouuwrestns onbrdxo sdioo np ajexoua8 awi07 e7 SNHIQI4Y HdS — ‘AdN0HT emÿ ‘19% sn1{eu3U90 mA 0, sers sales e elar sien, e (F£ "By) XI -ou1oad of onb o$xer 1ssne 97), ne ses. 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De même que les autres végétaux, ils peuvent être attaqués pendant le courant de leur existence par une foule de maladies doni les causes sont plus ou moins apparentes. Les tissus vivants sont susceptibles d’être atteints et détériorés, soit par des blessures, des espèces parasites phanérogames et cryptogames, et enfin des insectes, La nature du sol et ses influences atmosphériques prédispo- sent énormément à ces affections. Beaucoup de ces ma- ladies sont déterminées d’une façon précise, et neuvent même être quelquefois combattues avec succès. Il en existe d’autres, d’origine plus obscure,sur lesquel- les les savants jusqu'alors sont assez peu fixés. Les espèces forestières ont une résistance différente, et sont plus ou moins prédisposées aux affec- tions morbides. Les principaux facteurs, qui in- fluent sur nos grands végétaux li- gneux, sont : la résistance de la variété, les blessures antérieures, la présence des végétaux inter- médiaires, nécessaires à certaines espèces parasites pour subir leurs transformations et subir leur cycle végétatif. Cette dernière particularité peut paraître assez bizarre; la patholo- gie végétale nous en donne cepen- dant d'assez nombreux exemples. Ainsi, on connait la modifica- tion curieuse que la rouille des céréales subit sur l'Epine Vinette. Il en est de même en sylviculture, où certains arbres des forèts peu- veni être atteints par des rouilles affectant différentes formes. Depuis très longtemps, de Bary avait remarqué la présence de la rouille vésiculaire des aiguilles de l'Epicea sur les montagnes d’une altitude moyenne de 1000 mètres,aux endroits où se trou. vaient de grandes quantités de Rhododendron, et notam- ment le Rhododendrum ferrugineum et le Rhododendrum hirsutum. Il devait donc y avoir une corrélation entre la présence des Rhododendrons et l'apparition du parasite. Examinant alors au printempsles feuilles des Rhododen- drons soupçonnés, il les vit couvertes à la face inférieure de tâches saillantes,rougeñtres, formées d’une série de cel- lules dirigées perpendiculairement à la surface. Le doute n’était donc pas possible, il s'agissait d'une nouvelle for- me absolument identique à l'Œcidium Berberidis de l'Epine Vinette. Ce parasite a recu le nom de Chrysomysea Rhododendri, Lorsque ses spores viennent à être trans- portées sur les feuilles indemnes de l’Epicea, elles dé- terminent le Periderinum abietinum ou champignon pri- Le Naturalisie, 46, rue du Bac. Paris. \ Broussin de tige, formé sur un peuplier des environs de Coulomniers. N° 295 15 JUIN 1899 mitif, qui est la cause de la rouille vésiculaire, La plu- part des rouilles, qui attaquent les essences forestières, sont dans le même cas; elles ont besoin d’un végétal intermédiaire pour accomplir toutes leurs phases. Dans les contrées basses et humides, les végétaux sont rapi- dement infestés à cause de la facilité de l'extension et de la multiplication des champignons parasites, L'âge du sujet est encore a considérer. Sa résistance sera d'autant plus grande qu’il se rapprochera davantage de l'état adulte. Il y a, bien entendu, une exception à faire pour les individus hors d'âge tombés dans la décrépi- tude, ; La maladie peut apparaitre alors qu'aucune lésion ex- térieure ne l'ait fait prévoir; mais il arrive aussi qu’elle est parfois le résultat d’une cause accidentelle. Les plaies ont bien souvent une influence désastreuse sur le tissu vivant des végétaux ligneux. A la suite d'un célayage un peu trop sévère, la partie interne estmiseà nue et envahie beaucoup plus rapidement par les champi- gnons saprophytes, C'est pourquoi ure excellente mesure préventive consiste à enduire les nouvelles plaies au moyen d'unisolant, Dans la nature, on peut du reste secon- vaincre assez facilenrent de l'effi- cacité de cette pratique. Les plaies des résineux sont rarement attein- tes par la décomposition; cela tient à ce qu'elles se recouvrent d’une matière isolante, sécrétée par les canaux résimfères de larbre. En dehors des insectes qui oc- casionnent parfois de grands pré- judices dansles exploitations fores- tières, on peut donc attribuer les maladies à deux causes bien dis- tinctes : 1° celles qui sont déter- minées par des végétaux et des champignons parasites, et 2° celles qui proviennent de blessures. Avant d'entreprendre la descrip- tion dequelques-unesdes affections du second genre, il nous est né- cessaire, pour bien comprendreles modifications plus où moins in- tenses qui sont susceptibles de se produire, d'examiner, d'une fa- con un peu sommaire, la guérison et la reproduction des tissus lors- qu'ils viennent à être détruits. Au moment de la chute des feuilles, les arbres subis- sent une foule de lésions naturelles. A cette époque, la cicatrisation peut être regardée comme certaine ; il se forme une couche tubéreuse, absolument identique à celle qui recouvre les blessures en temps ordinaire. Quelquefois, la couche tubéreuse est précédée de la for- mation d’une matière gommeuse faisant office d'isolant. Mais nous avons surtout à nous occuper du cas patholo- gique, c'est-à-dire des lésions produites par une cause mécanique quelconque. Le jeune arbre est recouvert d’un tégument qui est l’'épiderme. Cette enveloppe protectrice, assez extensible au début, perd petit à petit de son élasticité, par suite de l'augmentation de la tige ; il tend à se former un tissu 138 protecteur, qui doit mettre les parties vivantes internes à l'abri du dessèchement. La nouvelle membrane tubéreuse est formée soit aux dépens de la matière corticale sous-jacente, ou des cel- Jules épidermiques vivantes. La zone de protection se raffermit donc par un accroissement intérieur continuel, tandis qu'à l'extérieur les vieilles couches tuhéreuses se détachent par exfoliation, Chez la plupart des arbres, il y a formation de rhysé- dome, c’est-à-dire d'une couche de tissu cellulaire, située entre l'enveloppe herbacée et le liber; il se produit de nouvelles lames tubéreuses qui séparent les couches in- ternes des externes. Ces dernières perdent leur vitalité et tombent en s'exfoliant. On peut très bien constater des phénomènes de ce genre sur quelques-uns de nos arbres fruitiers et notamment sur le cerisier. La partie ligneuse n'a toujours qu'un faible pouvoir de reproduction; la fusion entre l’ancien bois et les nou- velles couches de recouvrement ne peut ordinairement se produire. Cependant, il semblerait en être autrement dans la greffe où la soudure parait s'établir dans des conditions déterminées, La reprise ne peut être obtenue que lorsque les deux tissus cicatriciels se trouvent bien en contact. L'intervalle existant entre les deux par- ties Juxtaposées se remplira d'un tissu parenchymateux formé sous l'influence du parenchyme ligneux. Dans la grefle, il y a certainement soudure, mais c’est surtout la région libéro-ligneuse qui joue le rôle le plus important. Les couches extérieures se tubérifient ef forment un or- gane protecteur, suffisamment puissant pour mettre à l'abri toute la partie interne. Lesbois, dénudés, se comporteront différemment, sui- vant les influences atmosphériques qu'ils sont obligés de subir. Si la plaie survient dans la période de sève et si la zone camhiale est protégée contre la sécheresse, il se for- mera un tissu de revêtement. La plupart du temps, les parties privées d’écorce se dessèchent et sont exposées plus ou moins directement aux agents atmosphériques: elles peuvent même être le siège de fermentations et finir par pourrir. Des accidents semblables, malheureusement trop fréquents sur les espèces ligneuses, sont d'autant plus à craindre, quil n'existe bien souvent aucun signe extérieur pour indiquer l'intensité de la blessure. On peut alors en déduire la conséquence désastreuse, que cela peut avoir pour les marchands de bois, qui ont l'habitude d'acheter leurs arbres sur pied. La rapidité du recouvrement dépend de l’activité de la végétation et de l'intensité de la bles- sure. Lorsque la plaie n'a pas dépassé la première zone génératrice, la croissance du bourrelet cicatriciel est assez rapide. D'après Martinet, qui s’est longuement occupé de la question, dans ses Considérations et recher- ches sur l'élagage des essences forestières, elle atteindrait environ deux fois et demie l'épaisseur de la couche annuelle correspondante. Dans le cas d’une blessure très profonde, la couche de recouvrement n'ayant aucun point d'appui, se contourne souvent d’une facon bizarre. Enfin, la pourriture peut gagner la zone d’accroissement, et provoquer des caries plus où moins profondes, connues sous le nom d'œil de bœuf ou de trou de pie, dans les- quelles certains oiseaux ont pris l'habitude d'aller se réfugier et de faire leurs nids. On rencontre très souvent ces crevasses à l'insertion d'une grosse branche morte ou d'une partie mal élaguée et non cicatricée. Les tissus mortiliés, peuvent encore être la paroi des végétaux LE NATURALISTE a —— parasites, et surtout des champignons saprophytes. À côté de ces phénomènes de reproduction, il en existe d’autres, qui ont une réelle importance puisqu'ils per- mettent d'expliquer certaines anomalies sylvicoles, sus- ceptibles de se produire dans les plantations. La multi- plication exagérée des bourgeons adventifs détermine parfois sur les arbres des protubérances charnues assez volumineuses. On sait qu’il existe des bourgeons à l’aisselle des feuilles. Quelques-uns. se transforment en rameaux l’année suivante; les autres, se trouvent à l’état de vie latente, mais peuvent se développer sous l'influence de certains facteurs. C'est là, d’ailleurs, l’origine des bran- ches gourmandes remarquées sur quelques arbres. Tous ces bourgeons qui se trouvent à l’état dormant, en ce qui concerne l'accroissement hivernal, sont soumis à un double allongement, l’un dans la zone ligneuse, et l'autre dans le liber, correspondant comme intensité, à la région libérienne elle-même, Sur certains arbres, et notamment sur le hêtre, il se forme, autour de la région de l'axe des bourgeons, des couches ligneuses concentriques, qui se traduisent à la surface du tronc par des organes sphéroïdes de la dimen- sion d'une petite bulle. La grande multiplication des bourgeons adventifs détermine aussi sur les végétaux des excroissances d’une nature toute particulière nom- mées loupes ou broussins, Beaucoup d'arbres en possè- dent sur le tronc, ou sur les racines superficielles. Les broussins provoquent des modifications profondes du tissu ligneux; ils peuvent être considérés comme la cause première de la formation des bois à fibres tor- tueuses, si recherchés aujourd'hui pour l'industrie de l'ébénisterie. Lorsqu'ils sont peu développés, ils n’ont qu'une importance tout à fait secondaire; s'ils existent en grand nombre, ils peuvent devenir préjudiciables en arrétant l'ascension de la sève. Le seul traitement est l’excision de la loupe, afin de favoriser le plus possible la formation du tissu de recouvrement. Les broussins se rencontrent aussi très fréquemment sur les vignes où ils peuvent arriver à des dimensions exorbitantes ; localisés sur les racines, sur les tiges, ou le plus souvent à l'insertion du bras, on les voit acquérir jusqu’à 15 ou 16 centimètres de diamètre. L'écorce des régions atteintes est éclatée et souvent distendue en lanières, Ces protubérances végétales sont molles, spon- gieuses, et durcissent lorsqu'elles se dessèchent; quel- quefois il y a formation, à côté d'elles, de racines aériennes. Elles peuvent se localiser aussi au niveau de la soudure des greffes et occasionner dans les pépinières de très grands dégâts, car elles deviennent le siège d’une pourriture susceptible d’entrainer la décomposition entière des jeunes plants. Les méthodes de traitement sont les mêmes 1e pour les arbres fruitiers et d'ornement. Malgré les nombreuses explications données jusqu'à ce jour, les lois de la formation des broussins paraissent être encore assez obscures. M, Gœthe pense qu'ils seraient dus à des bourrelets cicatriciels formés autour des plaies produites par le froid, à l'époque des gelées printanières. S'il en était ainsi, l'affection devrait être complètement inconnue dans les régions chaudes.Or, on a pu constater des broussins dans des vignobles africains où il ne gèle jamais : sans être la cause primordiale de la production des tumeurs végétales, le froid peut quand même favoriser leur apparition. Il est hors de doute que ‘ LE NATURALISTE 139 la présence des excroissances subériformes provient du développement simultané d’un grand nombre de bour- geons. Ceux-ci, en temps ordinaire, seraient restés à l’état de vie latente, siles premiers bourgeons, déjà légè- rement développés, n'avaient été détruits par le froid. C’est donc à la seconde végétation qu'il faut attribuer la présence de ces masses volumineuses sur diverses parties de la plante. Von Thiémen recherche pour le broussin une origine parasitaire, D’après lui, il serait dû à un champignon du genre Fusisporium, dont il aurait trouvé les spores en Tyrol et en Roumanie. M. Lataste, professeur à Santiago, reconnait également le caractère contagieux de l'affection : il prétend même inoculer la maladie, en appliquant pendant quelque temps, sur des pieds indemnes, des morceaux de tumeurs fraiches. D'autres auteurs prétendent que la gelée, sans être la cause première, favoriserait la contamination des pieds en les affaiblissant. Les tissus, une fois détériorés, seraient beaucoup plus aptes à être ravagés par les para- sites. De son côté, M. Prillieux, le savant professeur de pathologie végétale, a essayé de donner une explication qui parait assez rationnelle. Il recut un jour, à son labo- ratoire, des ceps provenant des dunes de Naujac-sur-Mer, littéralement couverts de broussins, Les bourgeons avaient été gelés vers la mi-mai; peu de temps après, il partait du bois des pousses d'une grande vigueur et les broussins se produisirent. M. Prillieux admet que la destruction des yeux au prin- temps, c'est-à-dire au moment où les réserves alimen- taires sont employées au développement des jeunes sar- ments, est la cause de l’hypertrophie du tissu sur cer- tains points de l’ancien bois. Toute cause de destruction des jeunes pousses peut produire les mêmes effets : ainsi, par exemple, un pincement trop énergique, comme cela a pu être constaté 1l y a quelque temps à l’école de Mont- pellier. , Les mêmes particularités sont remarquées sur des arbustes et sur des espèces ornementales. Dans ces der- nières années, M. Leclerc du Sablon a pu observer, sur de petits acacias du Muséum, la présence de tumeurs végétales qui, au dire de M. Louvey, chef des serres, étaient survenues à la suite d’un pincement tardif. = En sylviculture, les broussins se rencontrent assez couramment sur diverses espèces ligneuses, et surtout sur les bouleaux, les peupliers et les ormes. Une variété d’orme est même caractérisée par la propriété qu'elle a de se couvrir de tubérosités à la périphérie du trône. A cause de sa consistance particulière et de la présence des fibres torses dans le tissu ligneux, on lui a donné le om d'orme sortillard, et on lui attribue une très grande valeur pour quelques usages industriels comme la fabri- cation des moyeus de roue de grosses voitures ou des tampons de wagons. Il ne faudrait pas confondre les broussins avec d’autres altérations pouvant déterminer un épaississement de la tige. Dans les montagnes des Vosges, on rencontre assez souvent, sur les sapins, une maladie connue vulgairement sous le nom de chaudron. Elle finit par engendrer les balais de sorcière et des af- fections cancéreuses assez redoutables. La cause pre- mière est due à un champignon parasite l'OŒEcidium ou Peridermium elativum, dont il est toujours facile de cons- . tater la présence. Les filaments mycéliens envahissent le tissu cortical et libérien de la tige; ils pénètrent en- suite dans la couche cambiale et dans le bois. Sous leur influence, les tissus ligneux prennent un dévelop- pement exagéré, et l’on peut remarquer de place en place, sur les parties atteintes, des renflements en forme de tonneau ; les tumeurs se crevassent de très bonne heure, le corps ligneux est mis à découvert et est sou- vent attaqué par des parasites végétaux du bois, princi- palement par le Polyporus fultus, champignon très voisin du faux amadouvier qui se rencontre sur les arbres frui- tiers à pépins et à noyaux, et qui occasionne chaque année de si grands dégâts sur les oliviers du Midi de la France. Le broussin est toujours très facile à différencier du chaudron. Le premier se fait remarquer par un aspect rugueux, spongieux, mais il n'est jamais fissuré à sa surface, Le chaudron, au contraire, présente de nom- breuses fissures par où l’on peut constater la présence de filaments mycéliens qui pénètrent dans les rayons médullaires et les cellules du parenchyme ligneux. Les broussins se produisent sur les racines superfi- cielles ou sur les tiges. En 1886, M. E.-A. Carrière signalait, dans la Revue Horticole, la découverte d’un broussin assez curieux, trouvé à Vincennes par M. Constant, entrepreneur de jardins. La masse en question pouvait avoir 30 centi- mètres de diamètre et pesait à peu près 4 kilos; elle adhérait à une racine d’ailante d'environ un centi- mètreet avait été trouvée à une distance de 7 mètres du pied de l’arbre. Comment le broussin avait-il pu se for- mer dans des conditions aussi bizarres? La solution d'une telle question serait hérissée de difficultés. Les broussins des tiges peuvent acquérir parfois de fortes dimensions. J’ai eu l’occasion d'en rencontrer de nom- breux spécimens sur des ormes des peupliers et des bouleaux. Quelques-uns arrivent à des dimensions inex- plicables. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir la route de Coulomniers à Jouarre. Arrivé à la hauteur de la ferme de Bilbarteaux,on peut constater un de ces curieux cas de tératologie végétale. Il s’agit d'un broussin situé sur un des peupliers qui bordent la route à environ 2 mètres du sol. Le cas m'a paru si curieux et si anor- mal, que j'ai cru intéressant d’en relever la photogra- phie annexée à cette étude, Grâce à elle, on pourra en déduire la dimension de la tumeur par rapport à l’arbre, et avoir une idée de ces singuhers phénomènes végétaux dont la formation semble encore parfois entourée d'un si grand mystère, Albert VILCOCQ. MADAGASCAE ET L'INDUSTRIE MINIÈRE Le général Gallieni a rédigé un remarquable rapport d’en- semble sur la situation générale actuelle de Madagascar. Nous donnons ci-après un extrait de ce qui concerne l'industrie minièreetquiprésente des renseignements du plus haut intérêt. Situalion de l'industrie minière. — Recherches. — Au point de vue des richesses minières, Madagascar n'a peut-être pas jusqu'ici répondu aux espérances qu'on avait fondées sur elle, si l'on s'était attendu à y trouver de riches mines d'or ou de pierres précieuses, dont la présence aurait pu être expliquée par le voisinage du Transvaal. Les recherches effectuées depuis l'occupation n’ont amené la découverte de l’or que dans les alluvions, la plupart modernes; aucun filon n’a été encore 140 ee signalé; on n’a découvert non plus aucun gisement argentifère ; des pierres précieuses comprenant surtout de la pierre de lune, du quartz améthyste, de la topaze d’Espagne, des grenats, des saphirs, des rubis, des corindons, de l’aigue-marine, de l’ama- zonite, des tourmalines, ont été rencontrées, mais en très petite quantité, dans le Bouénri, la région de Betafo, le pays: des Baras et la province de Farafangana; de beaux échantil- lons de cristal ont été extraits dans le district de Mahanoro et dans la province de Vohémar. On sait, d'autre part, que l’an- cien gouvernement malgache avait tenté l’exploitation de gise- ments de cuivre à Ambatofangehana (Vakinankaratra), et que le fer existe en abondance dans les diverses régions de l'ile. M. le garde d’artillerie Villiaume a relevé la présence de vastes étendues dans les régions sakalaves de l’ouest, de riches gisements de cuivre; il a signalé des minerais de nickel à forte teneur dans le Betsiléo, “du plomb et du manganèse dans l’ouest de l'ile, du charbon de terre dans l'Ankatara; ce com- bustible se trouve aussi dans toute la presqu'ile de Bevato-Bé, mais sa valeur industrielle et l’'exploitabilité de la couche ont été l’objet des appréciations les plus diverses; enfin, le zinc a été rencontré à Betafo et le cinabre dans l’ouest sakalave. L’énumération qui précède parait démontrer que Madagascar pourra se prêter à la création d'importantes entreprises mi- nières portant sur l'exploitation des métaux autres que l'or, lorsque des voies de communication permettront à peu de frais le transport des minerais. Jusqu'à ce jour, c’est l'or qui a presque exclusivement excité les convoitises des prospecteurs. Recherches aurifères. — Dès les premiers moments qui ont suivi l'apparition du décret réglementant la recherche et l’ex- ploitation de ce métal précieux, les demandes de permis de prospection et les déclarations ont été assez nombreuses. C'est ainsi qu’au 12 octobre 1896, il avait été délivré 235 permis de recherches aurifères. Le nombre total des déclara- tions de pose de signaux parvenues au service des mines à cette même date atteignait le chiffre de 138, dont 119 ont dû être annulées ultérieurement pour diverses causes d’irrégularité. Au 31 décembre 1897, sur 172 déclarations de pose de signaux faites au cours de l’année, 146 avaient été acceptées et 26 refu- sées par le service des mines; sur 213 permis de recherches, 235 restaient définitivement inutilisés par leurs détenteurs. En 1898, il a été délivré 448 permis de recherches aurifères, dont 84 à titre de renouvellement de déclarations déjà accep- tées et 304 pour servir ces recherches nouvelles. 227 déclara- tions de pose de signaux sont parvenues au service des mines qui en a refusé 48 comme irrégulières, soit qu'elles aient été faites sans permis, soit qu'elles n’aient pas donné toutes les ndications nécessaires ou aient porté sur des terrains déjà réservés, et en a accepté 152; 22 déclarations restaient à l’étude au 31 décembre 1898. La situation à cette date au point de vue des recherches aurifères se traduisait en définitive par l’existence de 223 signaux acceptés, 22 déclarations à l'étude, 185 permis de recherches valables entre les mains des proprié- taires et non encore utilisés. Enfin, au 1°r février 1899, le ser- vice des mines comptait 241 déclarations acceptées, 27 à l’étude et 112 permis de recherches disponibles. Recherche de mines de métaux communs. — Pour les mines autres que celles de métaux précieux et de pierres précieuses, une seule déclaration avait été acceptée au 1er octobre 1896, mais elle a été ultérieurement annulée. Au 31 décembre 1897, on comptait 8 déclarations de bor- nage, 1 déclaration à l'étude qui a été agréée en 1898, et 11 permis de recherches restés ensuite inutilisés. Des 9 déclarations reconnues valables, 3 ont donné lieu à l’attribution de concessions et 2 ont été annulées pour défaut de renouvellement de permis périmés. Dans le courant de l'année 1898, il a été délivré 29 permis de recherches dont ÿ à titre de renouvellement de déclara- tions acceptées et 24 pour servir à de nouvelles recherches: 8 de ces dernières ont servi à valider de nouvelles déclarations sur lesquelles 6 ont été acceptées. En résumé, la situation au 31 décembre 1898 comportait : 10 déclarations acceptées, 2 dé- clarations à l’étude et 16 permis de prospection valables entre les mains des prospecteurs. Depuis cette époque jusqu'au 1°r fé- vrier 1899, le nombre des permis a été porté à 17. Exploitation. — Mines d'or. — Au 1er octobre 1896, aucune exploitation aurifère n'avait été entreprise. Seules à Mada- gascar, la « Compagnie coloniale et des mines d’or de Suber- bieville » et la société anglaise « Harrisson Smith et Cie » pro- cédaient à l’extraction du métal précieux, sur des territoires qui leur avaient été concédés par l’ancien gouvernement mal- gache. LE NATURALISTE é Il existait au 31 décembre 1897 six périmètres miniers ouverts à l’exploitation publique; 4 exploitants détenaient des permis d'exploitation pour un total de 25 lots mesurant chacun une superficie de 25 hectares. Des titres provisoires avaient été accordées pour 6 concessions représentant une surface totale de 11,900 hectares. — Une société avait obtenu un titre définitif de concession portant sur une surface de 1,499 hectares. — Enfin, deux demandes d'exploitation pour 4 lots de 25 hec- tares restaient en instance à la même date. En 1898, 30 nouveaux périmètres miniers ont été ouverts à l’exploitation publique. Vingt et un explorateurs ont, à la suite de pose de signaux, entrepris 26 exploitations, représentant un total de 15% lots de 25 hectares en périmètres ouverts; 14 exploitants ont organisé 19 exploitations pour 10 lots de 25 hectares, soit en totalité, pour 31 exploitants différents, 45 exploitations comprenant 224 lots. Mais des abandons totaux ou partiels se sont produits, soit en raison de l’épuisement des gisements, soit à cause des difficultés de recrutement de la main-d'œuvre. En outre, des mutations et des fusions de groupes de lots sont venues modifier l’assiette des exploita- tions. En résumé, au 31 décembre 1898, 21 exploitants différents dirigeaient 41 exploitations comprenant au total 193 lots de 25 hectares; trois sociétés distinctes détenaient cinq titres définitifs de concessions pour une superficie totale de 8,557 hec- tares; deux demandes de transformation de groupes de lots en concessions, portant sur des surfaces de 7134 hectares et 625 hectares, restaient seulement en instance. En dernier lieu, la situation se traduisait au 1cr février 1899 par 45 exploitations représentant un total de 209 lots de 25 hec- tares, au nom de 22 exploitants par 5 concessions définitives et deux demandes de coneessions nouvelles par transformation de groupes de lots. Mines aulres que celles des mélaux précieux. — Aucune exploitation de mines autres que celles de métaux précieux n'avait encore été entreprise à la fin de l’année 1897. En 1898, il a été accordé à un seul exploitant 3 concessions pour des mines de fer sur une superficie totale de 249 hectares. Résultats. — L’unique exploitation de mines de fer entre- prise par un colon de Tananarive n’a pas donné les résultats qu’on était en droit d'attendre, non que les gisements fussent pauvres, — le minerai y est au contraire très riche, très abon- dant, et d’une extraction facile, — mais parce qu'aucune ins- tallation industrielle n’a été effectuée. Ce colon, dont le général Gallieni s’est eflorcé d'encourager le plus possible l'initiative, pensant qu’elle serait pour les indigènes un précieux exemple, s’est uniquement borné à employer pour l'extraction et la pré- paration du minerai des procédés jadis usités par les Mal- gaches. Comme, pour favoriser son entreprise, les exploita- tions que pratiquaient les indigènes avaient été arrêtées, le colon a profité de cette circonstance non pour améliorer ses méthodes, mais uniquement pour détenir le monopole de la vente du fer sur les marchés de Tananarive et de l'Imérina. Après ayoir vainement cherché à provoquer de sa part le per- fectionnement de ses installations, on a dü, en raison de la pénurie et du renchérissement exagéré d’un produit de pre- mière nécessité, autoriser la reprise des exploitations indigènes, moyennant une redevance de 10 francs par an ct par four- neau. Il est incontestable cependant qu’avec la proximité de la forêt, la disposition aisée des forces naturelles, par l'installation des nombreuses chutes d’eau qui avoisinent les gisements et vu la faible distance (40 kilomètres environ) qui sépare ceux-ci de Tananarive, où les produits peuvent être transportés par une route en grande partie carrossable, une exploitation de mi- nerai de fer entreprise rationnellement par un colon PROC des bénéfices satisfaisants. Pour se faire une idée exacte du rendement en métal pré- cieux des gisements aurifères en exploitation à Madagascar, il faut tout d’abord écarter la considération du nombre de lots exploités dans l’année ou dans une entreprise comportant plu- sieurs lots. Ceux-ci ne sont pas tous exploités simultanément et, d’autre part, les exploitations ont été commencées puis abandonnées parfois à des dates très diverses. L’air est d’ail- leurs disséminé dans des alluvions de terrains de terrains très différentes. On ne saurait donc a priori formuler d’après le nombre de lots exploités une appréciation sur la prospérité de l'industrie aurifère dans la colonie. Et il faut se bornerätirer . des conclusions des constatations faites. Ces constatations démontrent en premier lieu, et il faut bien le reconnaitre, que la révélation par les prospecteurs des richesses aurifères de Madagascar n’a fait, depuis notre prise LE NATURALISTE TA de possession, que de faibles progrès; presque tous les gise- ments exploités actuellement l’avaient déjà été par les indi- gènes, souvent même plusieurs fois, ct c'est grâce seulement à l'enrichissement progressif amené par chaque saison des pluies que l’on peut encore y revenir. Il semble, de plus, que la préoccupation de certains exploitants ait été surtout d'acquérir beaucoup de lots d'exploitation, quelle que püt être la valeur de ces lots. Au début cependant, ils avaient formulé d’attrayantes pro- messes pour obtenir l'application aux indigènes de l’interdic- tion de rechercher et d'exploiter les gisements aurifères. — Ils devaient mettre rationnellement en valeur des richesses mi- nières de la colonie, qu’eussent gaspillées les procédés primitifs usités par les Malgaches. Ces projets n’ont pas été, pour la plu- part, suivis de réalisation et Jes sociétés minières aux puis- sants Capitaux comme les exploitants disposant de moindres ressources ont presque exclusivement adopté la batée pour extraire l’or des alluvions. Dans ces conditions, la production étant évidemment d’au- tant plus importante que le nombre des laveurs est plus con- sidérable, l'emploi de ce procédé devait logiquement provo- quer une demande de main-d’œuvre de plus en plus forte, étant donné surtout, comme je l’ai déjà indiqué, que les lots et concessions obtenus par les prospecteurs avaient été déjà exploités pour le compte de l’ancien gouvernement malgache. C’est ce qui n’a pas manqué de se reproduire et les entreprises minières ont instamment demandé l'intervention de l’adminis- tration pour recruter les travailleurs qu’elles estimaient néces- saires à leurs exploitations et dont le nombre était évalué, par centaines, jusqu’au chiffre de 6.000 ; le mode de rétribution des travailleurs consistant, en général, non en un salaire fixe, mais dans l'achat à raison de dix à treize fois le poids en argent de l'or récolté. La quantité considérable d'indigènes ainsi employés au lavage et à la batée des alluvions, les faibles résultats obtenus par les exploitants, les plaintes des commercants de la côte révélant la diminution très sensible de produetion du métal précieux (395,438 francs en 1898), relativement à celle qu’ex- portait Madagascar antérieurement à la derniére guerre, avaient conduit à demander s’il n’y aurait pas intérêt à auto- riser les indigènes, sous certaines conditions étroites qui au- raient fait l’objet d’une étude approfondie, à se livrer à l’ex- ploitation des gisements aurifères. Les chambres consultatives des provinces côtières avaient fait remarquer, en effet, que l'or, devenu le. monopole de quelques exploitants, était autre- fois très utile aux commerçants dans leurs échanges commer- ciaux et que, depuis longtemps, les fournisseurs d'Europe étaient habitués à se faire couvrir de leurs livraisons par des remises en poudre d’or. On ajoutait aussi que l’indigène, peu prévoyant et ignorant l’économie, serait rapidement amené, au contact des Euro- péens, à employer le produit de ses récoltes d'or à l'acquisition d'objets destinés à accroître son bien-être, que peu à peu les besoins augmenteraient au grand avantage de notre com- merce; qu'enfin, les finances de la colonie trouveraient, dans la levée de l'interdit frappant le Malgache, un élément appré- _ciable de recettes nouvelles, grâce à une production plus abon- dante. Bien qu'il soit avéré que l’indigène aime le travail de l'or, fréquemment pratiqué jadis à la faveur de la complicité inté- ressée des officiers hovas, malgré l'interdiction dont il avait été frappé par l’ancien gouvernement malgache et des peines sévères prévues contre les délinquants, on n’a pas tardé à cons- tater que les Malgaches ne s’engageaient au service des exploitants que contraints et forcés, Croyant, comme le leur faisaient entendre certains employeurs, travailler pour le compte du Gouvernement. Malgré cette contrainte, beaucoup désertaient les chantiers. Il était permis de déduire de ces faits que les salaires obtenus par les ouvriers étaient insufti- sants, Les enquêtes effectuées par les chefs de province et par le service des mines semblent confirmer pleinement cette hypo- thèse. : Le rendement journalier d’une batée varie de 0 gr. 14 à 1 gramme, mais il faut couvrir les frais généraux qui sont considérables, de telle sorte que le rendement net est d'autant moins faible que le salaire de l'indigène est plus réduit; dans les exploitations que je viens d’énumérer ce salaire a rarement atteint 30 centimes par jour; il s’est abaissé parfois, souvent peut-être, à 8 centimes. Aussi, pour mettre fin à cet état de choses qui, en se perpétuant, aurait pu avoir les plus fâcheuses conséquences sur la situation politique du pays, le général Gallieni s'est vu récemment obligé de supprimer l’interven- tion directe de l’administration dans le recrutement de la main-d'œuvre des exploitations aurifères; il a dû également décider qu'il ne serait donné satisfaction aux nombreuses demandes de détaxes qui seraient adressées, en raison de la pénurie de travailleurs ne permettant pas l'exploitation, que s'il était fait abandon des lots pour lesquels les dégrèvements étaient sollicités, Il faut également ajouter que les quelques exploitants qui, faisant preuve d’une très louable initiative ont installé des sluices en vue du lavage industriél des alluvions aurifères, n'ont pas obtenu de meilleurs résultats. Quelques rares colons, exploitant uniquement pour leur compte, et qui par un long séjour possèdent une grande connaissance du pays, réalisent des bénéfices avantageux. De l'exposé qui précède, il ressort qu'en l’état actuel des recherches faites et des connaissances acquises, les exploita- tions aurifères à Madagascar entreprises par des sociétés au capital en actions considérable, ayant à leur tête un personnel européen payé naturellement en raison de ses connaissances et des fatigues auxquelles il est exposé, courent de graves risques d'insuccès; conduites par des particuliers, n'ayant pas de frais généraux, elles peuvent au contraire devenir très ré- munératrices. Il reste d’ailleurs de vastes régions à explorer : la plus grande partie des pays de l’ouest et du sud n’ont pas encore été visités, et c'est là que peuvent être reportés lesefforts et les espérances. Sources thermales. — La nature volcanique du sol de Mada- gascar explique la présence des nombreuses sources thermales que l'on y rencontre. La plus importante de ces sourees, c'est celle d'Antsirabé, Les eaux d’Antsirabé se rapprochent beaucoup, par leur com- position, de celles du bassin de Vichy, et particulièrement de la source Grande-Grille. Elles sont donc très efficaces dans le traitement curatif de certaines maladies et ont l’avantage de se trouver dans une des régions les plus saines de Mada- gascar, ce qui contribuera sans doute à la réussite de Péta- blissement thermal projeté. On a signalé la présence à Ramai- nandro d'eaux minérales. De l'analyse effectuée il résulte que les eaux de Ramainandro se rangent parmi les bicarbonatées calciques mixtes et sont, par conséquent, analogues à celles de Contrexéville, Saint- Amand et Saint-Gulmier. LE PIN LARICIO DE SALZMANN Entre les différentes variétés de pins laricios, M, Calas, inspecteur-adjoint des eaux et forêts, recommande le laricio de Salzmann pour le reboisement dans les ter- rains secs et compactes. Dans ces terrains, les autres essences telles que le pin sylvestre, le pin noir ou le pin maritime, peuvent végéter pendant quelques années, mais elles dépérissent plus ou moins rapidement, suivant la profondeur du sol, et finissent par disparaitre. C'est ce qui est arrivé notamment dans les moraines des en- virons d'Escare et de Serdinya, où tous les pins mari- times d'Alep, d'Autriche, meurent peu à peu, tandis que les pins laricios de Salzmann se propagent par semis naturel et s'étendent progressivement. Dans ces mo- raines, la couche superficielle n’est que de quelques cen- timètres, et le sous-sol est constitué par un tuf argileux compact où les racines de la plupart des végétaux sont incapables de pénétrer, tandis que celles du laricio de Salzmann, grâce à leur pouvoir tracant, s'étendent au loin et suffisent à l'alimentation du sujet. Cette essence a donné également de bons résultats dans les reboise- ments des environs de Lodève. Le massif le plus important de pins de Salzmann se 142 trouve dans les Pyrénées-Orientales dans la région voi- sine de Prades. On les rencontre encore dans l'Hérault, sur les calcaires dolomitiques de Saint-Guilhem et, dans le Gard, sur les parties les plus pauvres du grès houiller. Le laricio de Salzmann se rapproche plutôt du laricio d'Autriche, plus connu sous le nom de pin noir d'Au- triche, que du laricio de Corse. Sa croissance est inti- mement liée, de même que son port et par suite sa taille, au sol sur lequel il vit. C’est un arbre élancé, à tige rigoureusement droite, surmonté d’une cime touffue et pyramidale, atteignant 15 à 20 mètres, dans les fonds frais et fertiles; mais, dans les sols secs et sans pro- fondeur, c’est un arbre chétif, tordu, dont la hauteur ne dépasse pas 7 ou 8 mètres, quand il ne conserve pas la forme buissonnante. Sou couvert, assez dense, est com- parable à celui du pin d'Autriche. Son enracinement devient presque immédiatement traçant. Les racines sillonnent parfois le sol, prèsque déchaussées, au point de former un feutrage; elles rampent, dans les failles des moraines, le long des parois verticales des érosions. L’écorce de ce pin, toujours épaisse et gercurée, comme chez tous les autres laricios, est d’un brun-gris franc qui s’éclaircit dans la vieillesse de l'arbre, les écailles prenant alors un aspect blanchâtre. Les écailles se soulèvent par couches minces, comme l'écorce des platanes dont elles ont la coloration. L’épaisseur de l'écorce est au bois dans la proportion de 1 à 6; c’est à peu près la proportion existant dans le pin noir. Les feuilles sont d’un vert jaune clair chez les jeunes arbres, mais elles foncent à mesure que le sujet avance en âge et proportionnellement à sa vigueur. Le pin laricio de Salzmann s’accommode des plus mauvaises Conditions et peut vivre sur les sols les plus maigres. [l pousse aussi bien au plein soleil, sans abri, qu’à l'ombre, mais tandis qu'il s'élève à découvert avec une forme ornementale, très remarquable par sa régu- larité pyramidale, sous l'abri des massifs il pousse grêle et élancé en laissant l’élagage naturel le débarrasser rapidement de ses verticilles inférieurs. NOTE AU SUJET DU BOLBOTRITUS BAINESI Bares Le longicorne africain que Bates a décrit sous ce nom et pour lequel il a créé le genre Bolbotritus est, à Coup sûr, un des plus curieux représentants de la sous- famille des Cerambycines vrais à laquelle l’entomologiste anglais le rattache. Cet insecte rappelle beaucoup comme coloration les exemplaires marrons de notre Ergates faber. La description que Bates a donnée de ce Bolbotritus est bonne, mais elle n’est malheureusement pas accom- pagnée d’une figure. : Aussi,ayant pu avoir en communication un exemplaire de cette remarquable espèce, j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant d’en donner ici le dessin. LE NATURALISTE Voici en quels termes Bates a donné les caractères du genre et de l'espèce : ; Genus BOLBOTRITUS, (Sub-Fam. Cerambycinx veræ.) Mas. Corpus cylindricum, robustum. Caput crassum pone oculos haud constrictum.Antennæ breves,humeros elytrorum paulo superantes; articulo tertio maxime ampliato, ovato, crasso, paulo compresso; 4to lato in apice articuh tertit incluso; articulis 5-7 brevibus ovatis ; 8-11 linearibus lateribus sulcatis, ultimo longiori acu- minato, Thorax transversim quadratus, inermis. Elytra parallelogrammica apice rotundata. Pedes breves robusti ; tibiæ compressæ ; tarsi breves, articulo tertio lobis bre- vibus, angustis, quarto cæteris conjunctis paululum bre- viori crasso. Prosternum arcuatum, mesosternum sim- plex; acetabula antica extus longe angulata. Abdomen postice vix angustatum, segmentis singulis convexis, ultimo latissimo et brevissimo. Bolbotritus Bainesi. : Fusco-castaneus, capite et thorace obscurioribus, cre - berrime punctulatis et rugulosis; antennis articulis basali obscuriori rugoso, tertio punctulato, cœteris niti- dis; elytris subtiliter coriaceis uitidis leviter bicostatis ; pectore et abdomine punctulatis. Long. 2 unc. Il convient d'ajouter que le corselet est couvert de poils bouclés, d’un jaune un peu verdâtre, qui dissi- mulent en partie sa granulation. Les renseignements donnés par Bates sur l'habitat de ce coléoptère sont excessivement précis : Ce Longicorne, dit-il, « a été pris par le célèbre voya- « geur Thom. Baines, sur les rives du fleuve Mungwe, « sur le territoire des Matabélés,dans l'Afrique Australe, « par 20° de latitude et 45° » ; Louis PLANET; LE NATURALISTE 143 LA CAPTURE DES CAILLES EN EGYPTE Le passage des caïlles sur le littoral du Delta, de Port-Saïd à Alexandrie, dure depuis le commencement de septembre jusqu'au milieu du mois d'octobre. Elles arrivent dela mer, à la pointe du jour, isolément ou par petits groupes de 2 à 6, et viennent s'abattre près des plantes grasses poussées sur les dunes. - Avant le passage, les indigènes garnissent les bons endroits de filets tendus verticalement jusqu'à une hauteurde 5 mètres, en appuyant ces filets sur des perches ou poteaux servant de tuteurs. Des cordes passées au travers d’anneaux dont est garni le filet à la partie supérieure font glisser celui-ci comme sur une tringle entre les deux poteaux où le filet est également fixé à la partie inférieure. Ce filet se compose d'un double rideau de mailles : le pre- mier, du côté de la mer, à mailles très larges et assez lâches, et le second à mailles plus serrées et plissées de facon à for- mer des poches. La première nappe est destinée à amortir la violence du choc, en laissant cependant passer l'oiseau qui vient s’abattre à plein vol dans la pantière dont la couleur se confond avec celle du sable. Dans les endroits de la plage dégarnis de filets, les Arabes ont recours à un autre mode de capture. Ils plantent, de cinq en cinq mètres environ, des rangées de roseaux desséchés, mais encore garnis de leurs fouilles, de manière que l'endroit ainsi planté présente l’aspect d'un champ de maïs. Au pied de chaque roseau, ils placent une touffe d’herbes au milieu de laquelle ils laissent une ouverture dont l’orifice opposé à la mer est fermé par une nasse maintenue par de petites fiches enfoncées en terre. La caille, fatiguée du voyage, s’ébat au milieu de ces roseaux qui lui ont donné l'illusion d’un champ de blé ou de maïs et se réfugie bientôt dans le buisson artifi- ciel et dans le filet où un gardien attentif vient la prendre. D’autres indigènes lancent un filet sur le buisson dans lequel on à vu s’abattre l'oiseau, ou bien deux d’entre eux, tenant une longue corde au milieu de laquelle se trouve un filet tendu, passent de chaque côté du buisson ot abattent le filet sur l'oiseau. Dans la Basse-Egypte, les cailles ontencore à redouter tous les pièges de l’aviceptologie arabe. L’exportation des cailles peut s'élever à 1 million par an. Leur prix de vente au détail, dans les villes, est de 50 cen- imes par oiseau au début de la passée, et de 2) centimes au plus fort du passage. Cette destruction s'est généralisée depuis l'occupation anglaise. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 29 nai 1899. M. E. L. Bouvier nous donne uneétude sur les variations et les groupements spécifiques des Péripates améri- caïns. Les Péripates américains sont plus nombreux et aussi variés que ceux des autres parties du monde. Ils se divisent naturellement en deux groupes suivant qu'ils ont quatre pa- pilles sur chaque pied ou bien trois seulement comme les es- pèces non américaines. Le premier groupe comprend P, Cor- radi, P. luberculalus et peut-être aussi P. Balzani; le second renferme les autres espèces. Chacun de ces groupes peut lui-même se diviser en deux sections d’après la structure de la sole pédieuse, qui tantôt est formée par cinq arceaux distincts, tantôt seulement par quatre. Il résulte, de plus, des études de l'auteur que les Péripates américains forment de petits groupes régionaux plus ou moins différents les uns des autres, de sorte qu’il est à prévoir que chaque île des An- tilles a ses espèces ou ses variétés particulières. M. Bouvier fait aussi connaître les Péripates en beaucoup de points où on ne les avait pas encore signalés, au Mexique, à la Guadeloupe, à Antigua et dans la région du Haut-Carsevenne. — M. Gaston Bonnier présente une note de M. Henri De- vaux sur l'asphyxie spontanée ct la production d'alcool dans les tissus profonds des tiges ligneuses poussant dans les conditions naturelles. En poursuivant l’étude des échanges gazeux des plantes ligneuses, M. H: Devaux a été frappé de voir combien l’aimosphère interne de leurs tiges est relativement pauvre en oxygène. Souvent la proportion de ce gaz descend au-dessous de 10 0/0. Or cette proportion n'est qu’une moyenne, elle correspond au mélange des atmosphères des tissus superficiels avecles atmosphères des tissus profonds. Les premières sont nécessairement plus pures que les secondes et il est certain, a priori, que les tissus profonds des tiges ligneuses n'ont à leur disposition qu'un air pauvre en oxÿ- gène et se renouvelant diflicilement. Ces tissus seront donc en état d'asphyxie dès que la respiration deviendra un peu intense sous l'influence d’une température élevée. Les recherches et expériences de l’auteur prouvent en résumé que : 10 les tissus profonds des tiges ligneuses sont, à partir d'un certain diamètre, en état d'asphyxie. L’oxygène libre leur manque, ils subissent la fermentation propre avec dégagement d'acide carbonique et d'alcool. 2° Cette asphyxie partielle est augmentée par une élévation de température, mais elle existe dès la température ordinaire. — Parmi les végétaux caoutehoutifères qui constituent une des grandes richesses actuelles de Madagascar, le Gui- droa, nom indigène, est un de ceux qui paraissent le plus couramment exploité dans l'ouest de l'ile, dans le Bouéni et dans le Menabé. M. Henri Jumelle a pu établir quelle plante est en réalité cet arbre. La plante en question appartient au genre Mascarenhasia de la famille des apocynées; le guidroa peut être considéré comme une espèce nouvelle que M. H. Ju- melle nomme M. velulina pour rappeler le velouté très carac- téristique de ses feuilles. Pour en récolter le caoutchouc, les Sakalaves pratiquent sur le tronc de l'arbre, pendant la sai- son sèche, alors que le lait est très épais, de nombreuses in- cisions. Le lait se coagule presque immédiatemont au-dessus de la blessure, enfermant de petites boules de gomme, que les travailleurs reviennentenlever une heure plustard, et qu’ils agglomèrent en boules. Un seul homme, par ce procédé, les ré- colte facilement 1 kilog. de produit en une journée. Le caout- chouc ainsi recueilli est de bonne qualité et est même, parait- il, plus nerveux que celui obtenu par ébullition. A l'état sau- vage, l’arbre pousse surtout dans les bois secs, et rocailleux. — M. Edouard Heckel fait part de ses études sur le para- sitisme du Ximenia americana. Les racines et le chevelu radicellaire portent des sucoirs multiples, les uns très petits, d’autres moins nombreux assez gros, et chaque racine ou ra- dicelle se termine par un de ces organes. Les expériences de germination ont porté: 1° sur des graines mises isolément en pot et 2° sur d’autres réunies plusieurs dans une largo terrine. Dans le premier cas, les sucoirs, ne pouvant s'appliquer sur les racines des plantes voisines, sesont fixéessur latige propre de la plante ou même sur sa graine. Dans le second cas, les racines ont porté leurs sucoirs tantôtsurles racines des pieds de Ximenia, voisin, tantôt sur leurs tiges ou racines propres. Les phénomènes de parasitismes, inconnus jusqu'ici dans les Oléacées, établissent un lien deplus entre cette famille et celle des Santalacées. — M. A. Lacroix a étudié les roches volcaniques rap- portées du pays des Somalis et de l'Abyssinie par M. Tristan Lacroix. La zone d'influence francaise de cette ré- gion est constituée par des alternances de grès et de calcaires non fossilifères que traversent et recouvrent des filons et des coulées de roches basaltiques et rhyolitiques; c’est de ces der- nières dont il s’agit. Ces rhyolites présentent toutes des ca- ractères communs, elles sont compactes et rubanées et pos- sèdent, dans ce dernier cas, une véritable schistosité qui, jointe aux fréquents plissements de leurs strats, les fait prendre de loin pour des schistes, on n'y distingue à l’œil nu que de petits cristaux de quartz bipyramidés et de feldspath souvent chatoyant, disséminés dans une pâte grise, verdâtre ou rougeñtre. Ces roches pierreuses sortent accompagnées d'ob- sidiennes vitreuses, noires ou grises, à cassure perlitique. L'intérêt spécial de ces roches résulte de leur composition chimique, qui a permis la production, non seulement de l’orthose, de l’ægyrine et de la riebeckite, mais encore du quartz, qui, dans ses associations avec le feldspath, reproduit tous les types holocristallins de structure caractéristique de la pâte des roches éruptives acides : structures micropegmatique microgranitique, globulaire et sphérolitique, qu’on est habitué à considérer comme d’origine primaire. Les rhyolites des So- malis constituent un type pétrographique qui n'existe, stricte- ment identique, dans aucune autre région; elles se rattachent, à certains égards, à quelques-unes des pantellerites de Pan- tellaria, des comendites de la Sardaigne. 144 LE NATURALISTE MM. L. Duparc et E. Ritter présentent le résultat de leurs recherches sur les roches éruptives du Cap-Blance (Al- gérie). Les roches éruptives néo-volcaniques des environs de Ménerville (Algérie) ont été réunies in globo dans la catégo- rie des liparites. Elles constituent une série de neuf pointe- ments éruptifs distincts. Celui du Cap-Blanc forme une série de rochers élevés de quelques mètres, qui surgissent de la côte plate et s’avancent en cap dans la mer, en formant une série de récifs. La roche éruptive se présente dans le gisement soit en coulées épaisses, soit sous forme d’un conglomérat éruptif. Elle est de couleur grise ou verdätre, nettement por- phyrique, à première consolidation visible à l'œil nu, mais d’abondance variable. Cette première consolidation renferme exclusivement les éléments suivants. La biolite se présente en lamelles hexagonales plus ou moins corrodées; la hornblende est exceptionnelle et d'habitude profondément altérée; les pla- gioclases sont en majorité d’un type plutôt basique. Le quartz est rare, et manque même totalement sur certains spécimens, il présente la forme bipyramidée et des corrosions profondes. En résumé, les roches éruptives du Cap-Blanc doivent ètre considérées comme des quartz porphyres néo-volcaniques, d’un caractère basique, à structure microgranulatique ou vi- trophyrique. P'REUCUS: CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ALGÉRIE On voit que les limites du Sahara algérien sont bien plutôt politiques que naturelles. Nos possessions saha- riennes appartiennent à l'immense zone désertique qui en Afrique, au sud de la chaîne la plus méridionale de l'Algérie, sur une largeur de près de cinq cents lieues, s'étend des bords de l'océan Atlantique à travers tout le continent africain, et reproduit, à l’est, le type uniforme de sa végétation jusque vers l'Indus, dans les déserts asiatiques. L’ensemble de cette immense région natu- relle est caractérisé surtout par l'extrême rareté des pluies, la sécheresse de l’atmosphère, des températures extrêmes (1), l'absence de grands relèvements monta- gneux et de cours d’eau permanents, l'aspect tout spécial de la végétation désertique, et par le type cauca- sique qui domine encore dans les populations, malgré leurs nombreux croisements avec la race nègre. La cul- ture en grand du Dattier groupé dans les oasis, dont il forme la base, est l'expression essentielle d’un concours de conditions physiques et climatériques si spécial. La comparaison du Sahara avec un océan, où les oasis représenteraient des îles disséminées ou groupées en ar- chipel, donne une idée exacte de l'aspect général du pays. La présence de l'eau fournie par des sources, par les oueds, par les redirs (dépressions du lit des oueds où l’eau persiste plus longtemps), et l'existence de puits (2), déterminent seules les lieux de station et de campement, ainsi que la formation des oasis et l'établissement des villes et des villages. PL A NO Ie EN A I mm | (1) Dans le Sahara algérien, en été, la température s'élève sou- vent à 45 degrés à l’ombre, et quelquefois même à 49 et 51 de- grés sous l'influence du vent du sud; en hiver, elle peut s’a- baïsser jusqu à — 3, et queiquefois même, sous l'influence du rayonnement du sol, jusqu'à — 8 degrés. (2) Dans l’Oued Rir, de véritables puits artésiens creusés par les indigènes, et surtout les forages importants pratiqués par les soins de l'administration francaise, assurent la fertilité des oasis. Les oasis de Tougourt et d’Ouargla sont abondamment arrosées par des puits indigènes également à eaux jaillissantes. Le sol du Sahara algérien appartient, dans presque toute son étendue, à une période géologique relative- ment récente, à la période quaternaire. Dans l’origine, cette contrée a dû être en grande partie un vaste golfe, ouvert dans le sud de la régence de Tunis. Les plaines sahariennes sont généralement constituées par un ter- rain compacte, siliceux, argilo-calcaire ou gypseux, souvent plus ou moins salé et parsemé çà et là de cris- taux de gypse. Ce terrain, par les alternatives d’humi- dité et d'extrême sécheresse, par l’action des eaux et le souffle impétueux des vents, surtout de celui du sud, peut se désagréger, et alors les éléments siliceux s'en isolent d'une manière plus ou moins complète pour for- mer des sables mobiles. Ces sables se déposent dans des directions déterminées par les reliefs du terrain ou l'in- fluence des vents dominants, et forment des couches su- perficielles, des tumulus circonscrits où de véritables dunes souvent d'une immense étendue. La fertilité du sol est déterminée presque exclusivement par la présence de l'eau, et les cultures ne réussissent pas moins bien dans les jardins du Souf creusés dans le sable que dans ceux des oasis de l’'Oued Rir à sol argilo-siliceux. En effet, le Dattier, dont l'ombrage tutélaire assure le dé- veloppement des autres végétaux cultivés, ne demande qu'une grande somme de chaleur en été, la pureté du ciel, la rareté des pluies et une humidité suffisante du sol, soit naturelle, soit obtenue par l'irrigation; aussi les Arabes disent-ils dans leur langage figuré : « Ce roi des oasis doit plonger son pied dans l’eau et sa tête dans le feu du ciel. » € Le caractère le plus saillant de la végétation saha- rienne est son uniformité, mise en évidence par la pré- sence des mêmes espèces caractéristiques dans des sta- tions qui diffèrent par l'altitude (1), la nature ou les accidents du sol. L'ensemble des végétaux croissant spontanément dans le Sahara algérien, en dehors des cultures ne dépasse pas le chiffre de 500 espèces. Le plus grand nombre d'entre elles sont vivaces, croissent en touffes, et ont un aspect sec et maigre, un port raide et dur tout à fait caractéristiques, De nombreuses espèces sont plus ou moinsligneuses, mais les véritables arbres, sauf le Dattier (qui a été évidemment introduit et dontla patrie originelle est inconnue) et les autres plantations des oasis, ne sont que des exceptions. Dans les plaines sahariennes, riches en Salsolacées frutescentes, diverses espèces de Tamarix sont presque les seuls végétauxli- gneux arborescents, avec lAlenda (Ephedra alata), le Zeita (Limoniastrum Guyonianum). l'Arta ou Ezel (Calli- gonum comosum), le Retem (Retama Rætam) et le Merkh (Genista Saharæ). Un seul arbre rappelle par son déve- loppement ceux de nos pays tempérés : c'est le Betoum (Pistacia Atlantica), qui, appartenant plus spécialement à la région des Hauts-plateaux, comme nous l'avons déjà dit, s'avance au sud dans les daya et les grands ravins de l'Oued en Nsa, au delà du 33e degré de latitude. (1) L'oasis de Tyout est à environ 1000 mètres d'altitude, celle de Laghouat à près de 800 mètres, celle de Biskra à 131 mètres; les grandes dunes qui existent à l'extrême sud de la province d'Oran (Daya de Habessa) sont environ à 400 mètres; la plupart des villes de la confédération des Beni- Mzab sont à une altitude de 300 à 500 mètres; la ville de Tou- gourt est à 90 mètres, celle d'Ouargla à 150 mètres. Quelques points, comme le chott Melrir, sont à quelques mètres au- dessous du niveau de la mer. LE NATURALISTE La région des Dayas est riche en coloquintes qui sont très recherchées par les autruches (1). Si l'on compare la flore désertique des environs de Biskra, où se trouvent réunies la plupart des espèces sahariennes, à celle des contrées analogues, on voit que le nombre des espèces caractéristiques des déserts y dépasse celui des espèces européennes et méditerra- néennes; que, sur ce nombre, celles qui ne sont pas spéciales existent dans les régions désertiques de l'Orient, et qu'une quantité assez notable de ces dernières se re- trouve dans le sud-est de l'Espagne, qui, par son climat et la culture en grand du Dattier à Elché, se rapproche beaucoup des conditions générales du Sahara algérien. La zoologie n'indique pas moins clairement les affinités du sud de l’Algérie avec les déserts de l'Orient : le Lièvre d'Egypte (Lepus isabellinus) y est commun; la Gazelle, qui habite également l'Arabie, s'y rencontre par bandes nombreuses, et l'Antilope Addax de la Nubie a été re- trouvée dans les dunes des aregs de l’ouest. Plusieurs reptiles, le Varan ou Monitor d'Égypte (Varanus arena- rius), et le Céraste où Vipère cornue (Cerastes cornutus), sont communs à l'Egypte et au Sahara algérien. Les oiseaux sont rares, sauf dans les vallées de la partie montagneuse, L’entomologie des deux pays est très ana- logue, ainsi que l'ont surtout constaté les recherches les plus récentes. De l’ensemble de ces données, il résulte que le Sahara algérien se relie par d’étroites affinités avec l'Orient désertique, représenté surtout par l'Egypte, une partie de la Syrie, de l'Arabie et de la Perse méridionale. C’est donc principalement dans la région saharienne que nous trouvons la confirmation de cette loi, d'après laquelle les influences selon la latitude sont dominantes dans l'intérieur, tandis que dans la région méditerranéenne les affinités se produisent sur tout selon la longitude. On peut dire, au point de vue de la géographie bota- nique et zoologique, que s’avancer en Algérie vers le sud dans le sens du méridien, c'est moins se rapprocher du tropique que de l'Orient (2). - () E. Vocer, in. Peterm Müitheil. ann. 1855, p. 247. Je possède des exemplaires de la coloquinte de Biskra, du cap de Gata, en Espagne, et des iles du Cap-Vert, l'espèce de l'Afrique méridionale paraît être différente. Les stations si- tuées en dehors du Sahara sont : Syrie jusqu'à Beyrouth et Alep, Chypre, Indes Orientales (Arnott), îles de la Sonde (Mi- quel). £. Vogel dit que les fruits de la plante servent de nourriture à l’autruche : il est donc probable que ce sont les oiseaux de passage qui auront répandu à travers la Méditerra- née et l'Atlantique les semences extrémement nombreuses dans la chair du fruit; il n’en est pas moins remarquable que l'organisme de certains animaux se trouverait protégé contre Pamertume et des propriétés purgatives de la Coloquinte. (2) Nous devons faire observer toutefois qu’en raison de la sécheresse atmosphérique que les déserts do l'Afrique doivent à leur situation continentale et à l'absence de grands cours d’eau permanents, les plantes désertiques s’avancent plus vers le nord en Algérie qu’en Egypte, par exemple. Les plantes tropicales, en raison des mêmes influences de sécheresse, ont, - au contraire, dans le désert du centre de l’Afrique, leur limite septentrionale plus reculée vers le sud qu’elle ne l’est en Orient. Ainsi le Palmier Doum (Cucifera Thebaica), qui, en Égypte, s'avance vers le nord jusqu’au 29e degré (Bové), au- rait dans le désert africain sa véritable limite nord vers le 24e, d'après M. le docteur Barth. Plusieurs espèces du genre Acacia et le Séné (Cassia obovata), qui, en Egypte, se ren- contrent jusque sous la latitude du Caire (30° degré), n'ont encore été observés dans le désert africain que vers Rhat, sous le 25° degré (Bouderba, H. Duveyrier). 145 Le Sahara algérien, en raison de ses conditions phy- siques et climatériques si spéciales, est la’ partie de FAI- gérie la moins favorable pour la colonisation. Cependant déjà les oasis septentrionales de Biskra et de Laghouat se sont enrichies par l'introduction de nombreuses cul- tures due à l’intelligente activité de l'administration, et ces nouvelles sources de production sont appelées à se généraliser bientôt. Ainsi la plupart des espèces et va- riétés de nos arbres fruitiers et presque toutes nos plantes potagères ont été acclimatées dans ces deux oasis, où, grâce à l’ombrage fourni par le Daitier et à l'influence de l'irrigation, elles retrouvent pour ainsi dire un milieu européen. On pourra également faire quelques utiles emprunts à l'Orient, comme le démontrent les heureux résultats obtenus pour le Séné, diverses espèces d'Acacia (A. Nilotica, Verek, Arabica et Lebbek), l'Elæag- nus orientalis, etc., qui sont surtout répandus dans ces régions. Les Blés d'Abyssinie et d'Arabie à maturation précoce sont appelés, comme l'ont prouvé de premiers essais, à favoriser l'extension de la culture des céréales en dehors de l'abri des Dattiers. Les Agaves et Cactées du Nouveau-Monde prospérent facilement dans les steppes sahariennes et des hauts plateaux (1). Dans les terrains salés très étendus où croissent les salsolacées, le Guetaf (Atriplex halimus) fournit une bonne espèce fourragère indigène facile à propager, ainsi que l'Halogeton Sativus: il serait même possible d'introduire des espèces similaires d'Australie ou d'Asie qui augmen- teront les ressources nécessaires à l'élevage de l’Autruche et du Mouton trèsfavorisés dans ces régions désertiques. FOREST. (A suivre.) (1) L'alimentation de l’Autruche du Cap par le figuier de Barbarie (Cactus opuntia) à donné un résultat inattendu en causant la dissémination de ce végétal par la fiente des oiseaux qui n’en digèrent pas les graines. Un tel développement de la plante fait que les parcs à Autruches en sont encombrés et que-les animaux finissent par ne plus pouvoir y circuler sans se blesser à ses redoutables épines. La note sur l'alimentation des Autruches sauvages d’Al- Série d'aprés M. Aucapitaine (Bull. Soc. Imp. d’'Acclim. 1856) complétera les observations précédentes : Saison d'été : el alfa, sfipa lenacissima, el senza, ligeum sparlum, el chich, arlemisia odoralissima, el zouid, sygophyllum album? Desf. el foussera, salsolea buxifolia, el metnam, passerina hirsuta, et d'immombrables quantités de graminées et d'herbes me- nues. : Au sud, dans la saison d'hiver, elles trouvent des plantes li- gneuses salées très nourrissan({es, telles que : el drin, slipabarbalas, el alenda, ephedra fragilis, el retem, spartum ou Relama Durici. Lorsque l'herbe leur manque, elles se nourrissent d'arbustes tels que le Cheil, espèce d’armoise; le Neci, le Salian, espèces d'Aristidées ; l'adzejam, salsolée ligneuse; le djefna, gymocar- pum decandreum Fork; la Rega, espèce d'hélianthème ; l'ar- fedja, Rantherum Desf. etc. Elles sont aussi tres friandes des feuilles et des graines du betoum (Pis{acia terebinthus) et du } Nebec, fruit du jujubier sauvage, espèce de Ziziphus, 146 LE NATURALISTE LE FILAGE DE L'HUILE EN MER CHEZ LES ANCIENS ET LES MODERNES Il y a quelques années, la question du filage de l'huile à bord des navires pour leur frayer une route au milieu d’une mer démontée, a été de nouveau agitée et a donné lieu à une foule de controverses. N’était-il pas plus rationnel de s’en tenir au fait acquis, à l'expérience elle- même? De ce qu'on est dans l'impossibilité d'expliquer un phénomène, s'ensuit-il que ce phénomène ne puisse avoir lieu? Quand mille, dix mille témoins viennent af- firmer que, grâce au filage de matières grasses quel- conques, ils ont vu sauver des navires d’une perte cer- taine, et que c’est seulement à cette pratique que leurs équipages ont du la vie; quand des matelots, des capi- taines, des amiraux viennent affirmer le fait, pourquoi ne pas se rendre à l'évidence? Parce que cette action de l'huile sur les flots ne peut rigoureusement s'expliquer ? Ce n’est pas une raison, Explique-t-on la formation et l'essence même de la foudre en boule? Et la foudre en boule n’en continue pas moins ses ravages, sans s’in- quiéter de nos racontars à son sujet. Aujourd'hui que le filage de l'huile à la mer est entré dans la pratique courante, et même réglementée, je crois devoir satisfaire la curiosité du lecteur en faisant ici l’his- torique de ce procédé de salut, connu dès les temps les plus reculés, et que les Indiens eux-mêmes se sont transmis de génération en génération, sans pourtaut avoir lu ni Pline, ni Plutarque, ni même Homère qui, d’après certains auteurs (voyez la Grande Encyclopédie, à l’article HUILE), « a fait allusion à cette curieuse parti- cularité ». Dans son livre sur le filage de l'huile (1), page 2, l'amiral Cloué dit : « Bien que des lettrés n'aient pas retrouvé le passage de Pline auquel Franklin fait allusion (Voir plus loin), nous lisons comme confirmation, dansun opuscule récent : Pline racontait, il y a dix-huit siècles, que les plongeurs de la Méditerranée tenaient dans leur bouche de l'huile qu'ils faisaient jaillir sous l’eau, pour faciliter leur pêche en rendant les eaux transparentes. Cela se fait encore de nos jours. » Le secrétaire du savant amiral avait mal cherché. Voici le passage du polygraphe romain {Histoire naturelle, livre IT, chap. Cvi) : (RARES Qui ignore que l'huile calme les flots; que c’est pour cela que les plongeurs en rejettent par la bouche, espérant par là calmer l’élément redoutable et introduire la lumière dans les eaux ?... » Pline va même plus loin, et voici un passage de lui qu'on ne cite guère : le VINAIGRE jeté à la mer calmant et faisant disparaitre les trombes; une véritable salade maritime, Comme On voit : (Livre IT, ch. xLIX.) « ..… Les vents forment un tour- billon appelé typhon, c’est-à-dire une nue qui crève en jetant de l’eau autour d'elle... Nul fléau n’est plus fatal aux navigateurs : non seul ementil fracasse les antennes, mais 1l brise les vaisseaux mêmes en les tordant. Le vinaigre, naturellement très froid, répandu à sa rencontre, offre un petit remède à un si grand mal. Le typhon, en tombant, se relève par l'effet du choc même, et, pompant (1) Le filage de l'huile, Paris, G authier-Villars. 1887, in-12. ce qu'il trouve au moment de la répercussion, il l’enlève et le reporte à la région supérieure. » L'illustre M. Faye, qui a tant écrit sur ces météores aqueux, a-t-il eu connaissance de cette manière de parer aux inconvénients de la trombe ? Quant à Aristote, on rechercherait vainement dans tout ce qui nous reste de lui un passage relatif au filage de l'huile. Néanmoins, comme nous le verrons tout à l'heure, ila dû parler de ce phénomène, puisque Plu- tarque le cite. Voici seulement ce que je trouve dans les Problèmes d’Aristote (question x de la section XXXIT) : « Pourquoi, lorsque l'eau est entrée dans l'oreille, y verse-t-on encore de l’huile, bien que le liquide qui est déjà à l'intérieur ne puisse pas, cependant, sortir par l'effet d’un autre liquide? — N'est-ce pas parce que l'huile reste à la surface de l’eau, et que, grâce à sa vis- cosité, l’eau s’y attache, de telle facon qu’elle s'en va en même temps que l'huile qui ressort (1)? Ou n'est-ce pas afin que, l'oreille étant lubréfiée, l’eau en sorte? Car l'huile, étant onctueuse, fait écouler l’eau. « Question 11. — Pourquoi les oreilles sont-elles moins génées chez les plongeurs, s'ils se mettent d'abord un peu d’huile dans ces organes? — N'est-ce pas parce que le bruissement des oreilles tient à la cause que nous venons de dire? L'huile versée dans l'oreille fait que l'eau de mer qui vient par-dessus glisse sur elle, de même que l’eau glisse sur le corps quand on s’est frotté d'huile extérieurement. » Voici maintenant ce que nous dit Plutarque (Sur le froid primitif, chapitre XIN) : «… L'huile a encore la propriété de rétablir le calme sur la mer quand on en asperge la surface des flots. Ce n’est pas, comme l'a dit Aristote, parce qu'en raison de Ja ténuité de ses molécules, les vents glissent sur elle, mais bien parce que les vagues, battues par un liquide quel- conque, s’aplanissent aussitôt. En raison d'une propriété qui lui est particulière, l'huile produit de l'éclat et de la transparence au fond de l’eau, parce que l'air qu'elle contient en divise les molécules. Non seulement à la sur- face de la mer quand on navigue la nuit, mais encore dans les profondeurs quand les plongeurs y vont cher- cher des éponges et qu'ils soufflent de l'huile contenue dans leur bouche, ce liquide rend les flots lumineux, ete., etc. » Pour l’allusion faitepar Homère, dit-on, au filage de l'huile, il faut, je crois bien, en faire notre deuil. Voici sans doute le passage visé (Iliade, chant II, vers 748- 154) : « … Gonée partit de Cyphos avec vingt-deux vaisseaux; les Eniènes le suivirent dans les combats, etles Pérèbes, guerriers infatigables, et les habitants de la froide Do- done, et ceux que virent naître les rivages du limpide Titarèse, qui répand ses eaux bouillantes dans le Pénée sans les méler aux flots argentés de ce fleuve :elles surna- gent à la surface des ondes comme une huile légère (aid ré pu xafmeplev émpféer Aür? katov.) » — Où voit-on ici les flots irrités, calmés par un filage d'huile ? Franchissons maintenant quelques siècles, et arrivons à Bède le Vénérable (675-735), ce savant moine anglais, béatifié depuis. Dans son Historia ecclesiastica gentis An- glorum, lib. III, cap. xv, nous lisons le récit d’un singu- lier miracle opéré par l’évêque Aidan, et qui confirme ‘34 REA TR RP PET D SN ee a CCS (1) Or, précisément, l'eau ne mouille pas l'huile; elle ne s'y attache donc pas. LE NATURALISTE 147 absolument la connaissance qu'on avait conser vée à cette époque de l'effet de l'huile sur les flots. Le chapitre est intitulé : Ut episcopus Aidan nautis el tempestatem futuram prædiverit, et oleum Ssanctum quo hanc sedarent, dederit. — « Comment l’évêque Aidan prédit une tempête future aux matelots, et leur donna une huile sainte pour l’apai- ser. » — On peut lire le texte latin dans le Patrologiæ cursus completus, ete., de Migne,tome XCV, colonne 139; en voici la traduction : « Si grand fut son mérite (de l’évêque), qu'il jouit même du don des miracles; il me suffira d'en raconter trois. Un prêtre nommé Utta (ou Wüilta), homme renommé pour son caractère sérieux et sa sincérité, et par suite honoré de tout le monde, même des princes de la terre, ayant été chargé d'aller à Kent chercher la princesse Eanfleda, fille du roi Edwin, qui y avait été amenée quand son père fut tué, et de la conduire au roi Oswy pour qu'il l'épousàt, fit le voyage par terre. « Mais, au moment de revenir par mer avec la jeune fille, il se rendit auprès de l’évêque Aïdan, et lui deman- da d'adresser des prières au ciel pour lui et ses compa- gnons de voyage. L’évêque les bénit, les recommanda à Notre-Seiseneur, et en même temps leur donna une fiole des saintes huiles en leur disant: « Je sais que, quand vous serez au large, vous aurez une tempête et le vent contraire; mais souvenez-vous de jeter dans la mer cette huile que je vous donne, et, le vent cessant immédiate- ment, vous jouirez d’un temps calme et agréable, et vous arriverez chez vous sains et saufs. » Tout arriva comme l’évêque l'avait prédit, au commencement, le vent faisant rage, les marins essayerent d'aller le mettre à l'ancre ; mais ils ne purent le faire, parce que la mer brisait de tous côtés; le navire commençait à se remplir d’eau. Tous pensaient qu'ils allaient bientôt périr; mais le prêtre, se rappelant enfin les paroles de l’évêque, se sai- sit de la fiole et lança un peu d'huile dans la mer, qui se calma à l'instant, selon la prédiction du prélat. « Ainsi il advint que l’homme de Dieu, par son esprit de prophétie, annonça que la tempête se produirait, et que, par la vertu du même esprit et quoique absent, il l’apaisa, » Je disais plus haut que, de temps immémorial, les sau- vages connaissaient l'influence de l'huile sur les flots; c'est donc chez eux, comme d’ailleurs chez les incultes pêcheurs des diverses côtes de l’Europe, une tradition soigneusement conservée et remontant aussi haut que les mêmes traditions grecques et romaines rapportées par Pline, Plutarque et autres ; nous nous en assurerons tout à l'heure à l’aide des documents que je vais exposer; Je dirai néanmoins de suite qu'en 1776,dans une lettre qu'il adressait à un savant hollandais, Van Lelyveld, qui avait pris l'initiative d’un concours général pour provo- quer le meilleur mémoire sur cet intéressant sujet, un érudit voyageur, Van Sekkorpp, écrivait : « J'ai vu moi- même les Indiens employer lhuile de coco pour se garantir des brisants et des coups de mer; et par ce moyen ils font gagner le rivage, même à travers les bri- sants, à coux de leurs vaisseaux (embarcations, sans doute) qui ne sont pas en état de résister à la tem- pête. » Quoique ces pratiques fussent en usage depuis si long- temps, elles étaient absolument ignorées du vulgaire, c'est-à-dire du public, quelque lettré qu'il fût, mais qui n'était pas accoutumé à frayer avec les gens de mer; quand soudain elles firent irruption dans le domaine de l'actualité, en 1757, grâce à Franklin. En 1757, au cours d'un de ses voyages, il avait remarqué que la mer, par- tout ailleurs agitée, était fort calme autour de deux navires, Les explications qui lui furent données de ce fait ne le satisfaisant pas, il se livra lui-même à plu- sieurs expériences avec les docteurs Brownrigg et Farish, et en écrivitun mémoire qu'ilprésenta à la Société royale de Londres en 1774, et qui fut inséré, la même année, dans les Philosophical Transactions. En voici un extrait : « Etant jeune, j'avais lu ce que dit Pline des marins de son temps, qui faisaient usage d'huile pour apaiser les ondes, et je n’y avais pas ajouté foi. « En 1757, étant sur une flotte composée de quatre- vingt-seize bâtiments destinés à l'expédition de Louis- bourg, J'observai que la mer était fort unie là où pas- saient deux vaisseaux, pendant qu'elle était agitée par- tout ailleurs par le vent, qui soufflait grand frais. Etonné de cette différence, l'en demandai la raison à notre capitaine. & — Sans doute, me dit-il, les cuisiniers de ces deux vaisseaux viennent de jeter à la mer l’eau sale de leurs marmites, et ils auront ainsi graissé les flancs des navires. « Je fus peu satisfait de cette explication, quoique je ne pusse en trouver une autre. Cependant, me rappelant ce que j'avais lu autrefois dans Pline, je résolus de pro- fiter de la premiere occasion pour faire quelques expé- riences qui m'apprissent ce que l'huile peut produire sur l’eau. «... Etant encore en mer, en 1762... un vieux capitaine de vaisseau me déclara que l'huile, jetée sur l’eau, en rend la surface unie; effet, disait-il, très connu des habitants des iles Bermudes, qui l’emploient lors- qu'ils veulent harponner des poissons que la mer les empêche de voir, lorsque la surface est agitée par le vent. « Le même officier me dit que, lorsque les pêcheurs de Lisbonne rentraient dans la rivière et qu’ils remar- quaient que la lame était si grosse sur les barres, qu’il était-à craindre qu'elle ne remplit leur chaloupe en la dépassant, ils répandaient une ou deux cruches d'huile dans la mer : à l’aide de cette manœuvre, qui était com- mune parmi eux, ils supprimaient l'effet des brisants et passaient en toute sûreté. <.. Etant à Claphant, où il y à un grand étang appar- tenant à une commune voisine, Je remarquai un jour que la surface de l’eau y était fort ridée par le vent; je pris une fiole d'huile et j'en jetai quelques gouttes sur l’eau, Je vis cette huile se répandre avec une vitesse étonnante sur la surface; mais elle ne calma pas l’agi- tation de l’eau. « Je l’avais jetée dans une direction opposée à celle du vent, et la où les ondes étaient les plus grandes; ainsi, le vent repoussait l'huile vers le bord (1). J’allai à l’autre côté qui était celui d’où le vent soufflait et où les ondes commençaient à se former; là, une petite quantité d'huile, semblable tout au plus à celle que pourrait con- tenir une cuiller à thé, produisit en un instant le calme sur un espace de plusieurs verges en carré; ensuite, s'étendant d'une manière étonnante, elle parvint insen- siblement jusqu’au côté opposé, ef rendit unie comme une (1) Vers Franklin lui-même, 148 glace de miroir la surface du quart de l'étang, ce qui pou- vait faire l'étendue d’un demi-arpent. « Une circonstance que je ne crois pas avoir été remarquée jusqu'à présent, attira particulièrement mon attention : c’est la manière subite et la force avec la- quelle une goutte d'huile s'étend sur la surface de l'eau. Si l’on verse une goutte d'huile sur une table de marbre ou sur un miroir posés horizontalement, la goutte reste à sa place et ne s'étend que fort peu; mais, sur l’eau, elle s’étend d’abord à plusieurs pieds en rond, et devient si mince qu’elle produit les couleurs du prisme; ensuite, continuant à s'étendre plus au loin, son épaisseur diminue au point qu'elle devient invisible, et qu’elle n’est plus sensible que par l'effet qu’elle produit en cal- mant les ondes à une très grande distance, Il semble qu'au moment où elle touche l’eau, il naït entre les par- ticules une force de répulsion assez grande pour agir sur les petits corps, tels que des brins de paille, des feuilles, des morceaux de papier, qui nagent à la surface de l’eau ; elle les pousse et les oblige à s'éloigner du centre de la goutte, nettoyant ainsi un grand espace... » (Suivent une foule d'expériences faites par lui-même, ou citées par des amis et correspondants dans leurs lettres, et un essai d'explication de l’action calmante de l'huile sur les flots.) (A suivre.) LIVRES NOUVEAUX Le fascicule V du Traité de zoologie d'EpmonD PERRIER vient de paraître (prix 6 fr. et 6 fr. 60 franco). Ce fascicute contient une lable provisoire. Le litre et la lable complèle de la deuxième purlie seront donnés avec le fasci- cule VI (actuellement sous presse), qui sera consacré aux Vertébrés el lerminera l'ouvrage. SANTINI. Les feux etles eaux, par Maurice GRIVEAU. — On à soùvent entendu prononcer ces mots : « Ils sont ennemis comme l'eau et le feu ». Ne vous hasardez pas trop, et exa- minez plutôt combien la Nature les associe dans son œuvre inlassable. Ce sont deux forces agissantes, deux redoutables puissances : elles sont destructives parfois, mais elles créent aussi, et leur role bienfaisant est au fond le plus considérable. Sans eux, où serait la vie dans l'Univers? Ce sont eux qui animent tout. On ne s'en rend pas assez compte. Le feu n’est pas simulé; il y a des feux de toutes sortes : le ciel en fourmille, ils courent à travers les plaines de l’espace, et notre Terre entretient en son sein une gigantesque four- naise dont les volcans sont la cheminée d’échappement. Le feu, c’est non seulement la chaleur, c’est aussi de la lumière. Et que de variétés dans ses manifestations! M. Griveau nous les présente toutes : feux intermittents, feux profonds, feux fantômes, feux follets, feux phosphorescents. Il nous dit aussi le nombre infini d'applications que le génie de l’homme a su faire du feu : pour son travail industriel, pour ses productions artistiques (métaux, verrerie, céramique), pour son éclairage (phare ou lampe), pour ses besoins journaliers et aussi, hélas! pour la destruction de ses semblables (armes à feu et artil- lerie). En regard du feu, M. Griveau nous présente l'eau, et nous fait l’histoire de ce liquide, car l'eau a une genèse, elle est un corps composé, elle a des états divers et subit des transfor- mations dans sa structure. L'auteur nous la montre en son activité grandiose (océan et mers); il nous la fait suivre dans ses pérégrinations sans fin parmi les airs : nuages qui courent, pluie qui se déverse, neige ou grêle; puis la voici qui prend sa circulation terrestre, depuis la source cachée jusqu’au fleuve majestueux, et la voici qui s’arrête et forme le glacier, en ‘s'immobilisant pour un temps. Elle effectue enfin des travaux considérables à la surface terrestre et sous le sol. 1 vol. petit in-18 illustré, avec 4 planches hors texte en cou- Icurs LAN CO Ne eee CONTE RES Afr,125; LE NATURALISTE OFFRES ET DEMANDES — M. K., En dehors des Prunelliers, des Aubépines et des Roses, on peut s'adresser à deux cents autres essences épineuses qui poussent avec vigueur sous les climats du nord et de l’est de la France, Ce sont le Maclura auran- liaca où Oranger des Osages et le 'Gladitschia triacanthos ou évier d'Amérique.Ce dernier surtout est orné d’épines redoutables qui en font un arbre défensif par excellence en se pliant admirablement à la confection des haies. P. HARIOT. chef de bataillon du génie. Occasion. — À vendre une cinquantaine de cartons à insectes, couvercle vitré, fermeture double gorge, for- mat 39 X 26, provenant de collection, mais bon état. Prix, chaque 1 fr. 75 (on vendrait séparément). S'adresser à Les Fils d'Emile Devyrolle, naturalistes, 46, rue du Bac, Paris. — À vendre un catalogue de Coléoptères de Gemminger et Harold, complet, bon état, sept volumes reliés, prix : 125 francs. S'adresser aux Bureaux du Journal, 46, rue du Bac, Paris. Ouvrages d'occasion à vendre. — Catalogue de plantes vasculaires de l'Ile de Groix, Morbihan, par le D'Viaud-Grand-Marais etl'abbé Guyon- Re CPE De ue DA) — Les herborisations dt environs de Grenoble, par NEO Aer AR ER AU tt US, — Recherches sur les stipules par G. Colomb, avec figures dans le texte. :..... re De ee ID) — De la Feuille, En J. Chatin, # D oi A 1 50 — Catalogue de plantes vasculaires de Noirmoutier, par le D' Viaud-Grand-Marais, Nantes, 1892 ..... OMS — Die Alpen. Planpsen Deutschland under Schweiz, par J. C. Weber, volume I, II, IV, donnent en total 300 planches, coloriés, Munich 1880. 3 vol. cart. en- semble eee Lo do sent CE EEE Es dites So (PAM — Guide du Botaniste herborisant, par Verlot, 1 vol. CARNPATIS AT RU RE REnREs RASE U A NES pas À) — Garden Ferns, or coloured figures and Description, with the needful analyses of the fructific, and venation of a Selection ofexotic ferns adapted for cultivation, by Sir William Jackson Hooker, 1 vol. cart. avec 64 pl. en cou ARE de — Catalogue de dot on de l'Ile d'Yeu, par sors. . e CPC 8 » Viaux-Grand-Marais et Menier........ DS NN » 50 — Cours élémentaire d’ He Naturelle, Botanique, par Aide Jussieu, dvol-trel. rene ARE A RE UD) 7e — Flore élémentaire des Jardins et des Champs, par Le Maout et Decaisne, 1 vol. rel. Paris 1855...,. Æ » — Synopsisanalytique de la flore desenvirons de Paris, par Cosson et Germain de Saint-Pierre, Paris1859. O0 7b Flore descriptive et analytique des environs de Paris, par Cosson et Germain,1 vol.rel. Paris 1859. S'adresser aux bureaux du Journal, 46, rue du Bac, Paris. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. 1 500 21° ANNÉE 2° SÉRIE — N° 296 1° JUILLET 1899 LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN 1698 Durant l’année 1898 la surface de notre planète a été éprouvée par de nombreux mouvements sismiques, voici un résumé de ces diverses manifestations. En Europe c'est principalement dans le bassin de la Méditerranée que les secousses ont eu lieu principale- ment en Italie. Dans la nuit du # au 5 mars une forte secousse de tremblement de terre eut lieu dans l'Italie du Nord à Parme, Vérone, Reggio, Modène, Padoue et Florence. Le 14 mai il y eut des mouvements sismiques dans la région de l’Etna et aux environs de Catane. À Santa-Ma- ria et à Licodia près de cette ville, vingt maisons se sont écroulées et plusieurs églises menacaient ruines. Le mois de juin a été particulièrement éprouvé, le 1er juin de légères secousses étaient ressenties vers mi- nuit à Messine et aux environs de Naples. Le 28 et le 29 juin à Rieti dans les Abruzzes, au centre de l'Italie, deux secousses de tremblement de terre se sont produites, dans lesquelles une caserne a été démolie; à aa — ù Juelma ER ————— pe = 6 RÉ — ; & = RS Carte des tremblements de terre en Europe en 1898 Les points où ont eu lieu les tremblements de terre sont marqués d’un gros point noir, Castelfranco, aux environs de Reti, une personne a été blessée et une autre tuée, Le 29 juin cinq paysans ont été tués et sept autres blessés à la suite d’un tremblement de terre ressenti à Santa-Rufina dans les Abruzzes, des maisons se sont écroulées à Capovello dans la même région. À Rome,le 2 juillet, l'Observatoire a enregistré des se- cousses sensibles qui ont duré plusieurs minutes. De fortes secousses se sont fait sentir à Corfou dans les iles Ioniennes le 1°" août et plusieurs maisons ont été lézardées. Le 6 août la côte de Sicile, à Catane et à Messine, était aussi éprouvée. * Le 3 novembre dans la matinée,la Sicile a de nouveau Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. ressenti les effets d'un tremblement de terre : à Catane et à Mineo, aux environs de Syracuse, sur la côte ouest de l'ile, des bâtiments ont été lézardés. À la fin de l’année, le 18 décembre, à huit heures et demie du matin, une violente secousse qui a duré 12 secondes s'est produite à Pérouse et à Cittadinestello, dans l'Italie centrale. Des cheminées ont été renversées et des cloches ont sonné. La secousse s'est prolongée au loin de son centre d’ébranlement et a été enregistrée à Rome, Sienne et Casamicciola. En Grèce, un tremblement de terre a été ressenti à Athènes et dans la plupart des villes du Péloponèse le 4er juin. A Tripolitza, les dégâts ont été assez considé- 150 LE NATURALISTE rables, des maisons se sont écroulées, mais il n'y a pas eu d'accident de personne. Le 23 février une violente secousse de tremblement de terre se faisait sentir dans l’ile de Cerigo au sud de la Grèce. Dans la partie Est de la Méditerranée les tremblements de terre n’ont pas été moins fréquents. Le 22 janvier, aux Dardanelles, trois fortes secousses de tremblement de terre avec oscillations du sud au nord ont été ressenties. Quelque temps après le 9 février un fort ébranlement souterrain achevait de détruire la ville de Bali-Kersi près de Constantinople déjà fortement éprouvée. Les se- cousses ont été très violentes; 6 bains publics se sont effondrés, 24 mosquées ont été détruites, les principaux édifices ont été renversés ainsi qu'une grande partie des 4.000 maisons. Les 20.000 habitants de la ville réduits à la misère ont été obligés de camper aux environs, Les alentours de la ville ont également beaucoup souffert; à Dimirdjih, on compte deux cents maisons et deux bains qui ont été détruits. Les ébranlements ont continué au- tour de ce centre dans plusieurs localités environnantes situées toutes sur un sol volcanique. Une autre secousse a été ressentie, le 26 mars, sur la côte asiatique de la mer de Marmara, notamment à Koyl-Hissar dans le vilayet de Sivas où de nombreuses maisons se sont écroulées. Dans la partie ouest du bassin méditerranéen, des tremblements de terre se sont fait sentir : le 9 février, vers 11 heures du soir, une forte secousse à été res- sentie à Guelma, en Algérie; elle a duré 12 secondes. Peu de temps après une autre secousse à eu lieu dans la direction du nord-est au sud-est. Dans la même région, un autre tremblement de terre était ressenti à Gabès, sur la côte est de la Tunisie, à 10 heures et demie, le 30 sep- tembre. En Espagne, c’est le 29 septembre que deux lé- gères secousses ont été ressenties à Fortuna, dans la province de Murcie; il n'y a eu aucun dégât. En France, bien que nous n’ayons que des volcans éteints, le sol a été sujet à de nombreuses secousses. Le 26 janvier, à 6 h. 40, un tremblement de terre s’est produit à Eynesses, dans le département de la Vendée. Après deux ou trois minutes d’un fort roulement, deux violentes secousses dirigées de l’est à l’ouest ont été res- senties. À Moncontour, près de Bressuire, une secousse plus faible dirigée du sud au nord, accompagnée d'un bruit sourd, s’est produite. Le ier février, un tremblement de terre s’est fait sentir dans le sud du département aux pieds des collines qui traversent le nord des Deux-Sèvres, du Maine-et-Loire et de la Vendée. À Cholet principalement, la secousse à été très violente. À Pontarlier, deux secousses, l’une le 22 février, l'autre le 9 mars, quis’est ressentie au loin : à Morteau, au Locle, dans toute la vallée de l'Orbe, en Suisse, ainsi qu'à Vérone, en Italie. Le 6 mai, une secousse sismique à intéressé toute la région de Besançon, elle s'est fait ressentir à Besancon entre midi et une heure, à Dôle à 1 h. 13, à 41 h. 15 à Cuiseaux (Saône-et-Loire) et à la même heure à Bonne- ville (Savoie). Le 7 mai, une secousse dans les Alpes Dauphinoises, ainsi qu'en Bourgogne et à Mäcon. Dans l’Europe centrale, un seul tremblement de terre qui à intéressé la côte est de la mer Adriatique; à Laybach, la secousse dirigée du sud au nord a duré deux secondes, et à Sinj, en Dalmatie, la secousse dirigée dans le même sens a causé des dégâts considérables, beaucoup de maisons se sont écroulées. Il y a eu # morts et plus de 40 blessés. Pour les pays hors d'Europe, nous ne signalerons que les principaux phénomènes sismiques, En Afrique, Madagascar a été particulièrement éprouvé. Dans la nuit du 2 au 3 novembre, des tremble- ments de terre se sont fait sentir à Tananarive. Il y a eu cinq secousses. Deux qui ont duré près de 10 secondes, vers À heure du matin, et trois autres d’une intensité moindre vers 3 heures. Les habitants ont été réveillés au premier choc et ont veillé le reste de la nuit. Le ‘jour suivant, quatre secousses ont été également ressenties de 10 heures à # heures du soir. Quelques dégradations se sont produites. À l'hôpital d'Isoavinandriada, les murs et plafonds ont été fortement crevassés ainsi que les bà- timents situés dans le voisinage de Mahamasina, En Océanie, à Amboine dans les îles Célèbes, la ville même d'Amboine a été complètement détruite le 6 jan- vier; on compte 50 morts et 200 blessés. Cette île a un sol très volcanique et les tremblements de terre y sont fréquents. Dans l'Amérique du Sud un violent tremblement de terre a ravagé la République Argentine, le & février, en causant les plus grands dégâts à Villa Ramon et à Colo- mariCa, à Dans la nuit du 31 mars au 1°* avril, une violente se- cousse a été ressentie dans la partie septentrionale de la Californie, elle allait de l’est à l’ouest. D'après les observations faites à Berkeley, université de la Californie, la durée aurait été de 30 à 40 secondes. Des édifices auraient été endommagés, mais il n’y aurait pas eu d'accident de personne, Ces différentes manifestations de la vie interne de notre globe montrent que la terre n’est pas arrivée, comme on le prétend, à un état de repos et de stabilité, mais que, par des contractions violentes, elle se montre encore bien vivante, et que les phénomènes qui ont servi à la former se continuent encore à l'heure actuelle. E. MASSAT, Attaché au Muséum de Paris. MADAGASCAR ET L'INDESTRIE PORENTIÈRE EXTRAIT DU RAPPORT DU GÉNERAL GALLIENI A. Ressources forestières et aspect des forêts de Madagascar. — Les reconnaissances effectuées à ce jour par les experts du service des forêts permettent d'évaluer à 10 ou 12 millions d'hec- tares la superficie approximative des massifs forestiers de la colonie, sous cette réserve que l'exploration de vastes régions encore à peu près inconnues dans l’ouest et surtout dans le sud amènera peut-être la découverte de nouvelles surfaces boisées. Les foréts que nous connaissons actuellement, ct dont la répartition est figuréc sur une carte annexée au pré- sent rapport, ont une physionomie différente, suivant la région dans laquelle elles sont situées, et peuvent, à cet égard, être rangées en trois catégories : celles de la zone côtière, celles des régions moyennes jusqu’à 700 ou 800 mètres d’altitude, enfin celles des régions comprises entre 800 et 1,300 mêètres d'altitude. On retrouve en effet, dans les forêts du sud de l'ile, à peu prés les mêmes éléments que dans celles de l’extrème nord. À Madagascar, les essences forestières n’ont donc pas une station déterminée quant à la latitude, fait intéressant à signaler, car il n’a pas son correspondant en France ni même peut-être en Europe. LE NATURALISTE 151 Foréls côtières. — Les forêts situées dans le voisinage de la mer revétent à peu près toutes, sur la côte est du moins, un caractère uniforme avec cette nuance que les bois précieux sont beaucoup plus nombreux dans le nord que dans le sud de l’île. La plupart d’entre elles sont peu étendues. Les vides qui les séparent sont évidemment dus au déboisement, à moins qu’ils ne soient représentés par des lagunes et des maré- cages. Leur caractéristique consiste dans la présence de végé- taux supérieurs qu’on ne trouve que là. Tels sont, par exemple : le copalier, que les indigènes désignent sous le nom de nandrorofo; le hintsina ou hazelia bijuga, le terminalia batappa ou badamier, le varongy, le voapaka, le nato, le nanto, le fantsikahitra, le fototra, le filao, deux variétés de ficus, et, parmi les essences particulièrement propres à l’ébénisterie, des ébènes, des palissandres, des bois de rose, une variété d’aca- jou appelée mahibo dans l’ouest. Comme essences secondaires, on trouve un arbre à caoutchouc, le barabanja, appelé quel- quefois hazondrano, des lianes à caoutchouc du genre vahéa, landolphia ou hancornia, des arbres à fruits comestibles comme le voantaka et le citronnier; puis des padanus, des palmiers, etc. Les forêts du littoral sont d'autant plus pré- cieuses qu’elles contiennent des essences qui ne pourraient se développer ailleurs et forment, en outre, un rideau de protec- tion contre les vents qui soufllent du large et dont les effets seraient fächeux pour les cultures voisines. Foréls des régions moyennes. — Les forêts des régions de moyenne altitude qui, dans certaines parties, le voisinage dela baie d’Antongil, par exemple, s’'épanouissent presque jusqu’à la côte, sont de beaucoup, quant à l'étendue, quant à la richesse de leurs peuplements, les plus importantes de l'ile. À une même altitude, les forêts du nord-ouest de l'ile res- semblent sensiblement à l'ile de ia côte est, toutefois, à partir du 16° parallèle, les massifs de la côte ouest différent sensi- blement, dans leur aspect et leur composition, de ceux du ver sant est. Alors que sur celui-ci la dominante, dans la flore générale, est formée par la famille des filices, elle appartient aux légumineuses sur le versant ouest. De là, un aspect très différent dans la physionomie générale des forêts; sur la côte est, les arbres feuillus qui les composent sont presque tous à feuilles persistantes ; sur la côte ouest, au contraire, de nom- breux végétaux sont à feuilles caduques. M. le chef du service des forêts évalue à 1200 le nombre des divers végétaux arborescents qui peuplent la zone moyenne. Plus de 800 dépassent 8 mètres de hauteur et s'élèvent parfois jusqu’à 30 ou 40 mètres. Parmi les essences les plus remar- quables par leurs dimensions et au point de vue économique (ébénisterie et construction), il faut citer dans les familles botaniques ci-après : 19 Rubiacées. — Le tambaribarisa, le sohisy ou sondin- dranto, le fansikahitra ; 20 Saxifragées. — Le lalona, le hazomena; 30 Légumineuses. — Le voamboana et plusieurs autres spé- cimens du même genre, qui ne sont autres que des palis- sandres ; le harahara, un des bois les plus durs de l'ile avec des teintes remarquables : le volomboron:a ; 49 Maïvacées. — Le baobab ou boutono, le varo, 5° Guttifères. — Le ramy, un des spécimens les plus remar- quables de la famille, le foraha et le vintonina. 60 Chlanacées. — Le fotona et l'anjanajana. 1° Taccacées. — Le torolo. 8° Conifères. — Le hatrata, seul représentant de cette famille à Madagascar. 90 Urticacées. — Le fanidy et trois ficus. 10° Euphorbiacées. — Le tapia, le voapaka. 11° Protéacées. — Le vivaona. 12° Monimiacées. — Les diverses variétés d’ambora, dont plusieurs rappellent le santal. 139 Zoganiacées. — Le lambinana et le valanirana. 14° Ebénacées. — Trois ou quatre variétés de diospyros (ébène noir, vert, panaché) que les indigènes appellent hazo- mainty. 150 Rhizophorées. — Le hazomamy. 16° Liliacées. — Le vanana, le hazondrano, 17° Sapotacées. — Le nato, le nanto. 180 Lauracées. — Le varongy (2 ou 3 espèces). 199 Composées. — Le merana. 200 Myrtacées. — Le rotra. 210 Térébinthacées. — Le mahibo ou acajou à pomme. 220 Melastomacées. — Le bongo. 23° Bignonaciées. — Le hitsikitsika. Forêts des régions élevées. — Les forèts des régions com- prises entre 750 et 1300 mètres d’altitude paraissent repré- senter le quart de la superficie boisée de l'ile, soit environ 3 millions d'hectares. Dans les parties contiguës aux forêts de la 2e zone, les peuplements se ressentent de ce voisinage et leur composition en espèces est sensiblement la méme : mais, au fur et à mesure que l'on s'élève, la flore se modifie peu à peu, sans transition brusque. Les bois d'ébénisterie n'y sont guère représentés que par des palissandres ou quelques autres espèces sur lesquelles l'opinion du commerce n’est pas encore faite. On n’y rencontre plus soit l’acajou, soit l'ébène, soit le bois de rose. Ces essences de choix ne dépassent guère 600 mètres d'altitude, leur station favorite étant vers 300 ou 400 mètres, bien qu'on en trouve de remarquables et nom- breux spécimens là où la forêt s’est perpétuée jusque dans le voisinage de la mer, aussi bien sur la côte est que sur la côte ouest, notamment dans le nord de l'ile. Assises, en général, sur un terrain peu profond et très mou- vementé, les forêts de la zone supérieure sont d'un parcours très dificile. De plus, leurs peuplements ne présentent presque jamais cet état de propreté qu’on rencontre dans beaucoup de forêts des régions inférieures et qui rappellent certaines forêts d'Europe, où les lianes sont inconnues. Ici, au contraire, c’est le plus souvent au milieu d’un fouillis inextricable que l’on avance; lianes de toutes espèces, plantes buissonnantes, bam- bous sarmenteux et nombre d’autres végétaux en sous-étage rendent la pénétration des plus laborieuses. Aussi le service technique a-t-il dû, faute de moyens et vu l'utilité plus grande que présentait, en vue des exploitations, la reconnaissance des forêts des autres régions, se borner à ne faire des massifs de la zone supérieure qu’un inventaire sommaire. Des ressources importantes ont pu, cependant, y être signalées. Parmi les bois utilisables il faut citer notamment : le lalona, le hazo- mainty, quelques voamboana; une variété de nato, du hara- hara, l'hazovola, l’ambora, le voanana, le vivoana, le varongy, le famelona, réputé pour son élasticité, le hazondrano, qui possède à peu près les mêmes qualités que le précédent; le le mokarano, le paka, le fanidy, le valarinana. Les reconnaissances qui n’ont pu être faites que sommaire- ment, en raison du nombre restreint des agents techniques de la colonie, dont les ressources du budget local ne m’ont pas permis, au début, d'augmenter l'effectif, démontrent cependant que Madagascar possède de très appréciables richesses fores- tières. Il a été aisé de se rendre compte que ces richesses ont été, depuis une époque relativement récente, considérablement, diminuées, à la suite des abus d’exploitation commis, tant par les indigènes que par les étrangers de diverses nationalités qui avaient obtenu de l’ancien gouvernement malgache des concessions forestières couvrant de vastes superficies, et sacri= fiaient à l'appät d'un gain immédiat l’avenir des peuplements. Dès son arrivée à Madagascar, le général Gallieni s’est eforcé de mettre un terme à cet état de choses par l’organisation d’un service de surveillance et par l'élaboration d’une réglementa- tion sur l’exploitation des forêts. B. Organisalion el fonclionnement du service des forêts. — En raison de l’étendue des forèts de la colonie et eu égard aux lourdes charges incombant déjà au budget local du fait des dépenses de première nécessité résultant de l’organisation politique et administrative du pays, on ne pouvait songer à organiser à Madagascar un service des forêts chargé, à la fois, de la reconnaissance et de la surveillance des massifs boisés. A mon avis, le rôle de ce service devait et doit encore se borner à diriger l'action des chefs de province et à assurer ainsi, par leur intermédiaire, la conservation et la mise en valeur des richesses forestières. Les attributions du service des forêts étant ainsi réduites, on n'avait pas cru devoir, au début de l’année 1897, provoquer le remplacement de M. l'inspecteur adjoint Cernet, chef de la mission envoyée à Madagascar en 1896. Par un arrêté du 6 février, les fonctions de chef de ser- vice furent donc confiées à M. Girod-Genet à qui était adjoint M. le garde général Chapotte et deux gardes. En 1898, les ressources de la colonie s’étant sensiblement accrues, il a été possible d'augmenter quelque peu le per- sonnel, qui est actuellement composé de : M. Girod-Cenet, promu inspecteur adjoint, chef du service; de deux gardes généraux en résidence, l’un à Majunga, l’autre à Tananarive, d'où il sera prochainement envoyé dans une région forestière de la côte; d'un brigadier et de deux gardes à Tananarive. Le budget de l’exercice courant prévoit, en outre, un troisième emploi de garde général et deux emplois de gardes dont les 152 LE NATURALISTE titulaires ont été demandés au département. Enfin, dans le but de faciliter la surveillance et la conservation des massifs boisés et pour fournir aussi des chefs de chantier destinés aux exploi- tations à entreprendre par les colons, j'ai décidé récemment la création, dans la limite des crédits régulièrement prévus au budget, d’une école de gardes indigènes actuellement en voie d organisation. D'autre part, diverses circulaires ont tracé aux chefs de pro- vince le rôle qu’ils ont à remplir au point de vue forestier et appelé leur attention sur les moyens à employer pour la sau- vegarde et le repeuplement des forêts : à la date du 20 jan- vier 1897, j'ai tout d'abord prescrit aux administrateurs civils et militaires de veiller à ce que les étendues boisées soient exclues des superficies domaniales qui pourraient être concè- dées par application de l'arrêté du 2 novembre 1899. J’ai con- firmé ces instructions le 1er avril suivant, en insistant sur la nécessité de n’autoriser la mise en culture des sous-bois qu'au- tant qu’ils ne contiennent aucune essence pouvant être utilisée par le commerce et l'industrie. Le général Gallieni a également signalé aux chefs de pro- vince les effets désastreux des feux de brousse allumés aux abords des forêts par les Malgaches pour s'éviter la peine de défricher, et les dégâts causés au repeuplement par le pas- sage des bestiaux dans les massifs boisés. Ils ont été invités à rendre les autorités indigènes responsables des abus qu’elles laisseraient commettre. Pour que, à cet égard, la surveillance soit facilitée, sans interdire cependant aux Malgaches le séjour dans la forêt, mesure qui dans certaines régions eût pu avoir, au point de vue politique, de fâcheuses conséquences, j'ai con- seillé aux administrateurs de n’autoriser les indigènes à s’éta- blir dans les massifs forestiers que par grosses agglomérations. Ces diverses dispositions ont déjà eu de bons résultats : dans le Betsiléo en particulier, la forêt est, sur certains points, en voie de reconstitution depuis une année. C. Reboisement. — Il ne suffirait pas d'empêcher la destruc- tion des forêts existantes pour assurer à la colonie une source de richesses appelée à contribuer grandement à son développe ment économique, car il existe, dans les régions centrales sur- tout, de vastes superficies où l'absence de toute végétation ligneuse est des plus préjudiciables non seulement à l’agricul- ture, si l’on considère le rôle bienfaisant que jouent les forêts à ce point Ge vue, mais encore à l’industrie et même au bien- être des colons, par les difficultés qu'éprouvent ceux-ci à se procurer le bois de construction et de chauffage. Il importait donc d’entreprendre le boisement de l’Imérina et du Betsiléo. Par une décision du 15 avril 1897, j’ai décidé, à cet effet, la création de pépinières à Tananarive et dans les provinces des régions centrales. La pépinière de Tananarive, installée à côté de la station agronomique de Nahanisana, a eu surtout pour but de servir de champ d’expériences au service des forêts en vue de la déter- mination des essences à introduire ou à propager pour obtenir des boisements rapides. Elle compte actuellement,1211,650 plants de végétaux arborescents divers, parmi lesquels il y a lieu de signaler particulièrement le mélia azédarach, qui parait être l’arbre par excellence pour la constitution rapide de massifs boisés, des variétés de filaos (casuarina tenuissima et casuarina equisetifolia), l’acacia Lebbeck ou bois noir, l’acacia hetero- phylla, qui a donné d’excellents résultats, divers eucalyptus (robusta, rostrata et botryoïdes), le manihot Glazovii, le syco- more, le pin de Norvège, le châtaignier, le chène-liège, le chêne rouvre, le niaouli. Les pépinières des provinces, qui ont été l’objet de soins assidus de la part des administrateurs civils et militaires, ont produit, en 1897 et 1898, quatre millions en- viron de jeunes plants, dont un grand nombre a été distribué aux indigènes et aux colons; celles de Tsinjoarive, Anjozorobé et Behenjy, dans le 1er territoire militaire, de Fenoarivo et d’Ambohidratrimo, dans le 3° territoire, d’Ankazobé, de Fihao- nana et d'Ampanotokana, dans le {4 territoire, méritent une mention particulière par l’active et intelligente impulsion qu'ont su donner aux travaux les autorités locales. Un arrêté du 13 septembre 1897 a créé, en outre, aux envi- rons de Tananarive, quatre périmètres de boisement d’une su perficie de 537 hectares, où 400.000 jeunes plants ont déjà été mis en place. Les nombreuses réserves de jeunes arbres cons- tituées dans les diverses pépinières permettront, en 1899, de donner à ces travaux de boisement une grande extension. D. Réglementation. — Après une enquête minutieuse, qui a motivé un échange de correspondances avec le département, le droit d'exploitation des produits des forêts a été réglementé dans la colonie par un arrêté du 3 juillet 1891. Ce texte déter- mine les conditions dans lesquelles les concessions forestières peuvent être accordées, toujours temporairement, car on ne pouvait songer à accorder le droit d’exploitation sous la forme adoptée en France, c’est-à-dire par coupes annuelles et après désignation des bois à abattre ou à réserver, ce mode de pro- céder exigeant une organisation administrative forestière in- compatible avec les ressources du budget. L'arrêté du 3 juil- let 1897 règle, de plus, le mode d'exploitation et établit un système de redevance basé sur le payement par les conces- sionnaires d’une somme de 40 centimes par hectare et par an pour les concessions d’une superficie égale ou inférieure à 20,000 hectares; au-dessus de cette surface, le taux est aug- menté de 5 centimes par hectarc et par an pour chaque lot ou fraction de lot de 26,000 hectares, dans les concessions d’un seul tenant seulement. Afin de hâter la solution des demandes de concession dont la centralisation et l'étude préalable à Tananarive par le chef du service des forêts ont entrainé de fâcheux excès, le même texte prévoit la délivrance par les chefs de province de permis d'exploiter provisoires, dont la transformation en permis défi- nitifs, stipulant les conditions spéciales d'exploitation, est faite par le gouverneur général sur la proposition du chef du service des forêts. E. Exploilalions en voie de création ou projetées. — L’ab- sence de voies de communication dans les zones boisées de l’île constitue un gros obstacle à la mise en valeur des forêts. Toutefois, les ressources qu'offre à ce point de vue Madagascar ont excité l'initiative de quelques colons. Pour terminer, voici les valeurs approximatives des princi- paux produits forestiers dans les diverses régions de l'ile : 19 A Tananarive : Le mètre cube de bois de consiruction ; De 1er choix, environ 120 francs à 130 francs. De 2e choix, environ 105 francs à 110 francs. Le mètre cube de vieux bois, environ 90 francs à 100 francs; Les 100 kilogrammes de charbon de fabrication indigène (selon la qualité), environ 10 francs à 14 francs; Les 100 kilogrammes de charbon de fabrication française, environ 28 francs. 20 Sur la côte, rendus dans les ports secondaires tels que Vohémar, N'Gontsy, etc. La tonne de bois de rose, en billes, environ 25 francs; La tonne de bois d’ébène, en billes, environ 30 francs; La tonne de bois de palissandre, en billes, environ 14 francs; La tonne de bois d’acajou, en billes, environ 1# francs; Le mètre carré de planches, environ 90 centimes; Le mètre courant de madriers de divers équarrissages, en moyenne, 8 fr. 50. (Le prix minimum étant 3 fr. 50 et le maximum 13 fr. 50.) Le millier de bardeaux, 20 francs; Le kilogramme de caoutchouc, 3 fr. 50 à 4 fr. 50; Le kilogramme de cire animale, 1 fr. 75; Le kilogramme de gomme copal, 1 fr. 40; Le kilogramme de fibres de rafia, 35 centimes. di Ces prix sont majorés dans les grands ports tels que Diégo- Suarez, Tamatave, Majunga, etc. : 1° de la valeur du fret et des prix d'embarquement et de débarquement qui sont, en moyenne, de 30 à 40 fr. par tonne; 20 du bénéfice du traitant, qui varie évidemment selon les localités et les conditions du marché. 2 LA PEAU DES SERPENTS Le serpent rampe, c’est-à-dire que tout son corps, de- puis son menton jusqu'à l'extrémité de la queue, est sus- ceptible de s’appuyer sur le sol; à la manière de la plante des pieds, chez l’homme ou chez les animaux qui prennent leur point d'appui sur le sol pour marcher. On ne voit rien de pareil chez les poissons ou les mammifères aqua- tiques, qui sont portés dans le milieu liquide où ils plon- gent. Il était curieux de voir comment sy prendrait la nature, pour réaliser une pareille démarche chez les ser- pents. On sait que leur corps est recouvert d'écailles, ÉD LE NATURALISTE sa surface extérieure. Ces écailles n’ont pas la même forme partout : celles de la tête sont différentes de celles du corps, bien qu'elles dérivent à peu près du même type; enfin, celles du ventre et de la poitrine, sur les- quelles s'effectue la reptation, ont une forme allongée, bien différente de celle des écailles de tout le reste du corps. Ce sont généralement des fragments ‘d’anneaux aplatis, qui rappellent un peu ceux de la trachée-artère, par exemple. Ces lames, courtes et transversales, sont beaucoup plus larges que longues, et elles facilitent la reptation de l’animal, mieux que si ces écailles ressem- blaient à celles de la tête et du dos. Elles se prêtent ad- mirablement aux mouvements flexueux du corps des serpents, en glissant les unes sur les autres, grâce aux replis de la peau qu'elles recouvrent et qu’elles protègent contre les aspérités du sol, Grâce à l’ensemble de leurs écailles, ces animaux peuvent se glisser partout, à tra- vers les broussailles les plus épineuses, sans risquer de se blesser, Les yeux seuls sont à découvert, car ils n’ont pas de paupières comme les nôtres; ils sont seulement un peu abrités par la saillie des écailles sourcilières, qui sont mobiles comme toutes les autres par rapport à celles du voisinage. C'est qu’en effet la peau des serpents ou plutôt l'épi- derme, la partie caduque de cette peau, celle que l’ani- mal abandonne à la mue, est une membrane continue, qui passe au-devant même de la cornée transparente. Ainsi, la vieille peau du serpent en train de muer est continue; sans offrir d'ouverture pour les yeux, comme elle en présente deux au niveau des narines. L'épiderme transparent se continue, des écailles sur le devant des yeux eux-mêmes. On peut dire que la cornée transpa- rente est réellement une des écailles de l'animal, En tous cas, je le répète, l’épiderme qui se détache, au moment de la mue, ne présente pas du tout d'interruption au ni- veau des yeux. La vieille peau d’un serpent ne présente en tout que quatre ouvertures : une pour la bouche, deux pour les narines et une pour l’oritice anal, Le bout de la queue ne présente pas la moindre ouverture : c'est au point que certains amateurs remplissent de grains de plomb le bout d’une queue de serpent, sans qu’il puisse en tomber ailleurs que par l'anus, à moins que cet ori- fice ne soit trop resserré pour les laisser passer. Les ori- fices des narines sont constitués par deux petits trous ronds, forts petits chez les couleuvres. Seul, l’orifice buccal d’une vieille peau de serpent est largement ou- vert; d'autant plus que c’est par là que le corps est sorti tout entier, au moment de la mue. Comme je l'ai dit jadis, il y a quelque dix ans, le serpent qui change de peau se vomit pour ainsi dire lui-même par l’orifice buccal de sa vieille dépouille. Il a seulement besoin d’un point d'appui, pour empêcher cette enveloppe épider- mique de suivre le corps dans sa sortie. Nous avons vu alors cette viellie peau, en partie dissoute dans la rosée, former une sorte d’enduit poisseux, qui la retenait collée aux brindilles de bois mort épars sur le sol. Dans ces conditions, on conçoit que le serpent sorte plus où moins facilement de son enveloppe. Généralement, il lui manque ce que j'appellerai une main pour retirer ses gants. Il y supplée en se roulant et en pressant sur le sol pour y fixer sa vieille peau, pendant qu'il en sort avec un nouvel épiderme tout frais, développé au dessous du pre- mier dans les derniers temps qui précèdent la mue. Les serpents font ainsi littéralement peau neuve; mais c'est à la condition expresse de n’attacher au mot peau que le sens de l’épiderme, On dirait un réseau de dentelle dont toutes les mailles seraient remplies par une pellicule transparente. Il est donc plus facile encore de compter le nombre des écailles d’une peau de serpent et d'étudier leurs contours et leurs formes, sur une vieille peau que sur l'animal lui-même. C’est d'une limpidité et d’une transparence parfaites. On y reconnait admirablement l’épiderme de la cornée, qui fait corps avec le reste de cette vieille dépouille. On pourrait croire que le serpent dort les yeux ouverts, puisqu'il n’a pas de paupières, mais seulement des écailles sourcilières plus ou moins moins mobiles, pouvant recouvrir et protéger les yeux. D' BouGox. LA MOUTURE DES BLÉS AUX ÉTATS-UNIS Après le nettoyage à sec, seul usité en Amérique, le blé est passé au « steamer ». Le steamer est un appareil où le blé nettoyé se trouve mis en contact avec de la vapeur. Etant donnée la dureté du blé américain, cette opération a pour but d'attendrir l’amande du blé, sans la ramollir, et d’en parche- miner l’écorce en la rendant plus souple et moins friable. Cet appareil donne des résultats surprenants sur les blés durs et aussi sur les blés tendres. Le grain de blé sortant du « steamer » est tiède, sec, et s'écrase facilement sous la dent, en laissant échapper ses semoules qui donnent l'impression de grains de sable. Pour le broyage, les meuniers américains emploient de trois à six passages, mais le plus souvent quatre et cinq. Leurs broyeurs, à vitesse différentielle comme les nôtres, ne sont ac- tionnés que par courroies munies de tendeurs. Les cylindres de longueur exagérée, comme on en voit encore en Angleterre et en Allemagne, ne sont pas communs : la longueur de trois pieds est rarement dépassée. La distribution est presque tou- jours faite au moyen d'une vanne, laissant couler la marchan- dise sur une plauchette, animée de mouvements semblables aux anciens augets des meules. La seule cannelure adoptée aux Etats-Unis est la cannelure régulière; toutes les autres, même celle dite américaine, ne sont pas employées. Les sons sont généralement finis à l’avant-dernier passage, de sorte que le dernier ne fait que les hacher en extrayant une farine tout à fait inférieure, qui, jointe à la farine du premier broyage et du dernier convertissage, va former les « Bakers flour ». Les appareils d'extraction sont presque toujours des « Plansifters » excessivement simples, étant donnée la nature des produits qu'ils ont à travailler. Les appareils de désagrégoeage et de convertissage sont du même modèle que les broyeurs, mais à cylindres lisses; on rencontre quelquefois des cylindres très finement cannelés pour le premier convertissage. Deux désagrégeages et six conver- tissages suflisent ordinairement. Les produits de ces différentes opérations sont toujours très ronds. Pour le blutage des gruaux, les plansifters ne sont habi- tuellement pas gouütés; on préfère les bluteries rondes de peu de longueur et superposées. Quant aux sasseurs, les plus simples sont les plus recherchés. Les collecteurs sont très em- ployés et il y a plusieurs systèmes très pratiques qui fonc- tionnent parfaitement. Les farines « Low grade » sont pro- duites par les « Bran duster » et « Ship duster » (brosses à issues). Les blés tendres ne s'accommodent pas d’un travail aussi ‘brutal. Quatre passages sont loin d’être suffisants pour les blés tendres, que les Américains traitent du reste avec dédain, et leur travail serait mauvais pour les blés mous, que nous avons souvent en France. Le meunier américain, ayant pour compenser les frais ex- cessivement élevés de main-d'œuvre, du charbon, des cuirs et des huiles à bon marché, peut établir son prix de revient à A fr. 50 environ pour 400 kilog. de farine. (Extrait d’un rapport de M. Dubray sur les minoteries aux Etats-Unis.) 154 LE NATURALISTE NOTICE: Sur deux Parnassius asiatiques nouveaux 19 Parnassius Albicans. Fruhslorfer. Ce superbe Parnassien a été découvert récemment sur les plus hautes montagnes de l'Himalaya qui sont situées entre Sikkim et le Thibet. [lest le proche voisin de Hardwickii, Gray, dont il diffère de la manière suivante. Sa forme est plus allongée, sa taille est plus grande, à peu près égale à celle de Tenedius avec lequel le papillon dont il s’agit offre une très grande analogie d'aspect qui n’est pourtant qu’apparente. Ses ailes sont d'un beau blanc mat éclatant. La base des anté#- ricures est brièvement lavée de noir; le reste de l'aile est d’un blanc immaculé, sauf les taches et les dessins ordinaires qui sont les suivants : Deux discoïdales rectangulaires, deux cos- tales petites, noires et pupillées de jaune d’ocre, une bande prémarginale analogue à celle de Hardwickdii, mais plus fine et n’atteignant pas le bord interne, une marginale, étroite, obscure, allant de l’apex jusque vers le milieu du bord externe; enfin une tache interne, arrondie, noire, également marquée de jaune d’ocre. Il est à remarquer que, chez ce nouveau Parnas- sien, les taches costales sont aussi espacées de la discoïdale supérieure que celle-ci l’est de l’inférieure; tandis que, chez Hardwickii, ces mêmes costales sont très rapprochées dela dis- coïdale supérieure de laquelie elles ne sont séparées que par une étroite bande blanche constituée par la couleur générale du fond. Les ailes postérieures d’Albicans sont également toutes blanches, à l’exception d’une rangée prémarginale de très petites macules noires irrégulières beaucoup plus réduites et plus rapprochées du bord que celles de Hardwickii et dont les deux plus basses sont pupillées lécèrement de blanc bleuätre ; la cinquième macule que l’on observe invariablement à l’angle anal de l'espèce comparative est tout à fait absente. Le lavis basilaire, très noir et analogue comme forme à celui de Tenedius, couvre le bord abdominal sans pénétrer dans l'intérieur de la cellule au-dessous de laquelle il dessine un léger crochet aigu. La tache anale forme un simple trait noir dont la direction est beaucoup moins ascendante que chez Hardivickii; enfin les ocelles, très petites et très analogues à celles de Tenedius, sont d’un jaune d’ocre pâle à peine cer- clées de noir. Les franges des quatre ailes sont blanches sauf à l'angle anal où elles sont entremélées de noir. Le dessous du papillon qui nous occupe cffre à peu près les mêmes carac- tères. Il diffère de celui de Hardwickii par sa teinte générale très claire, par l'absence de toute nuance jaune, par l’accen- tuation plus vive des petites macules noires prémarginales et par l'aspect des taches basilaires qui sont partiellement obli- térées et faiblement teintées de rouge ocracé pâle. Albicans est, avons-nous dit, très voisin de Hardwickü. Le fait est exact; nous ne pensons pas cependant que ces deux Parnassien, puissent se confondre, car nous possédons des Hardwickii capturés précisément au Sikkim qui, très obscurs et remar- quables par la dilatation des dessins, forment un contraste frappant avec l’espèce que nous venons de décrire. 20 Parnassius Jacquemontii Bois © Variélé Impunctata, Austaut. Nous avons obtenu souvent comme Jacquemontii des Par- nassiens de l'Himalaya qui sont loin d’être identiques à l'espèce décrite primitivement sous ce nom par Boisduval et figurée ensuite par M. Charles Oberthur dans la 14° livraison de ses Etudes d’entomologie, planche 2, figure 11. Tous ces papillons, après examen, se confondaient, sans exception, avec la forme que M. Elwes à publiée sous le nom de Himalayensis, laquelle diffère du type initial par ses franges entrecoupées de noir, ses antennes d’un noir uniforme par l'absence de la bande marginale obscure des secondes ailes ainsi que par un aspect général beaucoup plus terne surtout en dessous. Nous possé- dons toutefois des mâles d’un Parnassien recueilli récemment dans les Alpes du Sikkim qui se rapprochent beaucoup plus du vrai Jacquemontii, sous le nom duquel ils nous ont du reste été envoyés, que tous ceux que nous avons vus jusqu’à ce jour, sans qu’il soit possible pourtant de les identifier com plétement à cette espèce. Voici les différences qu’ils pré- sentent lorsqu'on les compare à la figure typique précitée. Ils sont plus grands, de la taille de notre Delicus, d’un blanc mat très pur sur lequel les taches et le sable du disque des ailes supérieures tranchent vigoureusement. Les macules de la bande prémarginale sont réduites, disjointes, surtout aux ailes inférieures où elles manifestent une tendance à s’effacer. Ni les deux taches costales, ni la tache interne ne sont pupillées de rouge. 11 n’existe pas non plus de ponctuation carminée à la base des secondes ailes, ni à la tache anale. Les antennes sont noires, annelées de gris; et les franges sont grises sans inter- section bien apparente comme chez le type. Les ocelles sont très petites, d’un rouge sombre, largement cerclées de noir et sans pupillation centrale blanche. En somme les papillons dont il s’agit différent de la forme typique par leur grande taille, par leur teinte blanche, par l'amoindrissement de leurs prémargi- nales et de leurs ocelles, et surtout par le défaut de pupilla- tion rouge des taches ordinaires et de la base des secondes. Nous avons désigné cette nouvelle race sous le nom d’Impunc- tata; et nous pensons qu'elle constitue dans le Sikkim une forme géographique de Jacquemontii, au même titre que le Parnassius Himalayensis qui ne paraît être, à nos yeux, qu’une modification locale de Jacquemontii spéciale à la province de Lohaul. J.-L. AUSTAUT. DISPARITION D'OISEAUX EN FRANCE Enquête de la ligue ornithophile française sur la diminution du nombre des oiseaux et sur la dis - parition de certaines espèces d'oiseaux insecti- vores. Dauphiné.— Espèces complètement disparues : le jaseur de Bohème, la huppe, le torcol. Espèces rares : gorge-b'eue, pouillot, poitrine-jaune, rouge-gorge, rouge-queue, grisette, orphée, bec-fin de muraille, gobe-mouches, fauvette à tête noire, mésange huppée, rossignol, merle à plastron, loriot, bruant, bouvreuil, verdier, chardonneret, engoulevent.…. Parmi les rapaces nocturnes, destructeurs de rongeurs et d'insectes, la chouette, La crécerelle et l’effraie sont maintenant peu communes. Les perdreaux et les cailleteaux détruisaient aussi une grande quantité de fourmis et d’autres insectes. Les bandes de plu- viers et de vanneaux, qui fréquentaient autrefois, pendant l’au- tomne, les prairies humides de l'Isère, ont presque complète- ment disparu. Sud-ouest de la France. — Espèces rares ou disparues : tro- glodyte, roitelet, petite mésange, fauvette, pinson, rouge- queue ou rossignol des murailles. Dans le Lot-et-Garonne, on a détruit plus de cinq millions d’alouettes en vingt ans. Sud. — Le midi de la France étant le point d’atterrage, la zone de migration des oiseaux insectivores est la région où l’on a détruit le plus d’oiseaux par le poste à feu, avec les pièges, les filets, les engins mécaniques et même par le poison, en faisant sécher des grains de blé préalablement trempés dans une solution de strychnine ou d'arsenic. La fidélité des espèces migratrices à revenir à la même zone d’atterrage per met aux ennemis des passereaux de continuer leur chasse jus- qu’à la disparition de l’espèce. Espèces rares dans le Midi : alouette, hoche--queue, fourmi- lier ou tire-langue, fauvette, farlouse, bergeronnette, rossignol, hirondelle. ï La multiplication des mouches et des insectes ailés montre les inconvénients de la diminution des oiseaux insectivores, des hirondelles. Les fourmis, qui n’ont plus à redouter le four- milier ou ses congénères, foisonnent dans les Bouches-du- Rhône; les hannetons, qui n’ont plus à craindre la farlouse, une empaleuse de coléoptères pullulent. Le petit nombre des becs-fins a laissé le champ libre à Pal- tise qui, dans le département de l'Hérault (presque absolument dépeuplé d'insectivores), cause, chaque année, de grands dom- mages dans les vignobles. LE NATURALISTE 15 O6 LA PROTECTION ASINE ET MULASSIÈRE EN EGYPTE L'Egypte est par excellence le pays de production de l'âne. Aucun animal ne serait d’ailleurs mieux adapté aux multiples services qu'on lui demande. Dans un pays où les voies de com- munication sont le plus souvent défectueuses, l'âne suit avec agihté les sentiers étroits et franchit facilement les rigoles d'arrosage qui les coupent à chaque pas. Dans les déserts et les collines rocheuses qui bordent la vallée du Nil, à l’est et à l’ouest, la sûreté de son pied est précieuse; dans les villes, il constitue presque l'unique moyen de transport pour les classes inférieures de la population. La vitesse de son alluré n’est pas sensiblement inférieure à celle du cheval au trot. On distingue en Egypte deux variétés d’ânes: l’âne blanc ou âne du Soudan, animal de luxe, et l’âne ordinaire, de couleur généralement gris souris ou noir mal teint, avec large bande cruciale. La première espèce, de beaucoup la plus estimée, est exclusivement employée comme monture dans la haute classe indigène. Les types les plus recherchés atteignent une valeur de 1000 à 1200 francs. Nulle sélection ne préside à la repro- duction de la variété commune. Le moindre propriétaire rural possède un âne, de préférence une femelle, qu'il emploie à tous ses travaux et qui lui sert de monture. Le prix de l'âne com- mun varie de 100 à 125 francs. On peut estimer la population asine de l'Egypte entière à 140.600 têtes. Cette espèce est la seule en Egypte qui pourrait utilement faire l’objet d’un commerce d'exportation. Les essais d'acclimatation tentés en France paraissent avoir admiraple- ment réussi : les produits y ont conservé leurs qualités. Ces animaux pourraient rendre des services dans nos possessions d’'Extrèéme-Orient et à Madagascar. L'industrie mulassière n’a qu’une importance relative en Egypte. La plupart des hybrides qu'on rencontre dans ce pays sont d'importation syrienne ou chypriote. Les rares sujets nés dans le pays sont toutefois remarquables par leur force et leur endurance. Mais leurs formes sont décousues et leur taille est un peu inférieure à celle des types de la Syrie et de l’île de Chypre. Le bardot n’est pas très rare en Egypte et les quelques échantillons de ce type qu’on à pu observer présentent des formes remarquables, plutôt graciles, et des aplombs d’une belle régularité. C’est pourquoi les produits indigènes sont presque tous utilisés comme monture, tandis que les sujets importés sont plus spécialement destinés aux charrois. La moyenne des importations de mulets chypriotes ou syriens s'élève annuellement à 4 ou 500 individus, dont le prix, par ête, est de 500 francs environ. LA VIGNE ET LES VINS DANS L'ILE DE CRÈTE Le sol et le climat de l'ile de Crète conviennent d’une facon exceptionnelle à la vigne. Les vignes sont aussi vigoureuses dans les plaines de Candie, de Rettimo, de Kissamo et de la Canée que sur les plateaux, à 700 et même 900 mètres d’alti- tude. Homère et les auteurs de l’antiquité louaient le vin de Thenæ. Venise, l'Angleterre, la Pologne, l'Allemagne, la Va- lachie achetaient au xvie siècle les vins de Candie. On expor- tait de l’île jusqu’à douze mille tonneaux. Mais les procédés de culture de la vigne et de vinification sont restés les mêmes depuis des siècles, et la concurrence à fini par enlever son antique réputation, même au vin de Malvoisie. Dans certaines régions comme à Kissamo, on plante encore Ja vigne avec un piquet que l’on enfonce à trente centimètres de profondeur. Ailleurs, on laboure le sol, puis on plante les ceps à 50 centimètres les uns des autres en lignes espacées d'un mètre. On tient les ceps très bas, rampants, ou bien on les élève en treilles. 11 n’est pas rare que des ceps acquièrent jusqu’à 30 centimètres de tour et 10 mètres de hauteur. La vendange se fait vers le milieu de septembre, époque où les raisins sont arrivés à maturité. On les dépose dans des cuves en maconnerie exposées au soleil en y ajoutant de la résine et du plâtre. f On les foule ensuite, et le tout est mis dans des tonneaux. Le soutirage se fait au bout de quarante jours. Les vins sont blancs ou rouges, très chargés en alcool et en couleur, On donne, en général, la préférence aux vins fabriqués par les Juifs, appelés vins de la loi. La fabrication en est mieux soi- gnée, bien que des plus primitives. Le plus connu des cépages est le Malavesi où Malvoisie. Ce cépage, très commun dans nos vignobles français, est origi- naire de Crète, du moins quant à sa dénomination. Le vin est vendu sur place à un bon marché exceptionnel, une piastre, c'est-à-dire vingt centimes l’ocke. L’ocke représente environ ! kilogr, 283 grammes. Les vins de Crète, très liquoreux, ne peuvent être consommés comme vins de table sans être lar- gement additionnés d’eau. Ils titrent en moyenne 14, 15 et 16°. Les marcs sont distillés, mais les eaux-de vie sont de qualité inférieure. Les musulmans apprécient surtout les raisins secs de Mala- vesi et de Temenos dont ils font des sorbets. On expose ces raisins pendant plusieurs jours aux rayons d’un soleil ardent ; puis on les égrappe, sans lavage, et on les emballe sans autre préparation. Les vins de Crète pourraient devenir comme les vins d’Es- pagne d’excellents vins de dessert, en leur faisant subir une préparation ou des coupages qui les dépouilleraient de l’âcreté de leur gout. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 5 juin 1899. — M. F. Parmentier a étudié les eaux minérales de la source Croizat, près du Mont-Dore. En général, dans une même région, les sources d'eaux minérales, sans être iden- tiques, présentent de grandes analogies. L'auteur a eu cepen- dant l’occasion de trouver, dans un certain nombre de loca- lités, des sources très notablement différentes de celles déjà connues. Une source, découverte il ya deux ans entre la Bour- boule et le Mont-Dore, toute proche de la fontaine pétrifiante connue de tous ceux qui ont visité le Mont-Dore, est remar- quable à cet égard. L'eau de cette source est remarquable par sa tenue en sel marin et par l'absence à peu près totale de fer. Elle renferme, au contraire, des quantités notables d'arsencic. Ce fait paraît montrer que, dans une eau minérale non altérée, l’arsenic se trouve non à l’état d'arséniate de fer, mais d’arse- niate de soude. Ce n’est qu'après l'action de l'oxygène de l'air que l'acide arsénique se trouve précipité à l’état d'arséniate de sesquioxyde de fer. — M. W. Palladine donne les résultats de ses expériences sur la modification de la respir:tion des végétaux à la suite des alternances de température. Les recherches faites par l’auteur prouvent que l'intensité respiratoire varie d'une manière considérable à la même température, si les plantes soumises aux expériences ont été antérieurement placés pendant plusieurs jours à des températures extrêmes, très différentes de la température à laquelle on fait les mo- sures. Des pousses placées antérieurement à de basses tempé- ratures ont eu une respiration dont l'intensité a été augmentée de 40 pour 100. L’exc'tation est encore plus forte si la tempé- rature antérieure est élevée (augmentation de 53 0/0). — MM. L. Matruchot et Ch. Dassonville fixent la positiom systématique des Trichophyton et des formes voi- sines dans la classification des Champignons. Maloré les nombreux travaux relatifs aux Champignons de l’herpès et des teignes (Trichophylon et genres voisins), on ignore encore à quelle famille et même à quel ordre de champignons ces para- sites doivent être rattachés. Jusqu'à ce jour on avait accepté l’idée que les Trichophylon se rattacheraient aux Sporotri- chum ou aux Botrytis; cette idée doit être abandonnée. Il semble hors de doute que les Trichophylon sont des formes imparfaites des Gymnoascées, peut-être de Clenomyces, peut- étre même d’un genre voisin, encore inconnu. Séance du 12 juin 1899. — M. E. Bodin à étudié la forme Oospora (Strepto- thrix) du microsporum du cheval. Dans un précédent travail, l'auteur a montré que le microsporum du cheval, offre, dans son état de mucédinée, un pléomorphisme tel qu’il peut revêtir dans ses cultures deux formes : la forme Endoconi- dium et la forme Acladium. De nouvelles recherches sur ce microsporum viennent de prouver qu’il possède, dans ses cul- LE NATURALISTE tures, une troisième forme qui nait de la forme Acladium. Par tous ses caractères morphologiques, la troisième forme du microsporum de cheval appartient au genre Oospora; mais, de plus, elle se rattache à ce petit groupe d’Oospora appelé an- ciennement Streptothrix, dont le parasite de l’actinomycose est le type. Cette forme Oospora du microsporum du cheval vient démontrer, d'une facon définitive, que les Oospora de ce petit groupe appelé Séreplothrix sont bien des mucédinées. — M. A. Lacroix adresse une note sur un gîte de Ma- gnétite en relation avec le granite de Querigut (Ariège). Cette note a pour but de décrire un gite de magné- tite à allure filonienne. Dans la haute vallée de Boutadiol (ramification de celle de Laurenti), quelques travaux ont été ouverts il y a de longues années sur un filon de magnétite qui a été mis à découvert sur quelques mètres seulement. La ma- gnétite y est largement cristalline ou massive, creusée de géodes que tapissent de beaux rhombododécaëdres. Elle forme non seulement un véritable filon au contact immédiat du gra- nite et du calcaire, mais des filonnets dans ces deux roches et de petits nodules dans le calcaire. Ce gite de Boutadiol cons- titue un exemple remarquablement net de filon métallifère formé sous l'influence direct d’une roche éruptive. Son étude conduit aux mêmes résultats que celle des roches à axinite des contacts granitiques des Hautes-Pyrénées, en montrant la réalité des apports effectués par le granit dans le sédiment qu’il métamorphose et la liaison indissoluble existant entre la production de ces émanations (phénomènes pneumatolytiques) et le métamorphisme de contact lui-même. — M. A. Joanin a étudié l’action toxique et physiolo- gique de l'hédérine, glucoside le plus important du lierre. Les expériences ont porté sur des grenouilles, des. cobayes, des lapins et des chiens. Les animaux à sang froid sont peu sensibles à l'action de l’hédérine. La dose de glucoside néces- saire pour déterminer la mort d'une grenouille de poids moyen est de cinq milligrammes. Quant aux animaux à sang chaud, les doses relativement très faibles de glucoside sont mortelles pour les cobayes et les lapins. Par injection stomacale l'hédé- rine donne lieu, chez les chiens, à des phénomènes émétiques : la pression artérielle baisse d’une facon passagère si la dose injectée est faible. L'hédérine peut donc étre considérée, au point de vue pharmacodynamique comme un éméto-cathar- tique. La comparaison de l’action toxique exercée par le lierre ennature et de l’action de l’hédérine montre que ce glucoside est la cause d’un certain nombre de symptômes observés dans l'empoisonnement hédérique. — M. Bréaudat a fait de nouvelles recherches sur les fonctions diastasiques des plantes indigofères. L’au- teur a montré précédemment que la production de l’indigo bleu au sens des liquides de macération des plants indigofères est due à l’évolution de phénomènes chimiques et non physio- logiques, de plus le suc des Indigofera contient deux dias- tases : l’une douée d'un paroi hydratant capable de dédoubler l'indican; l'autre possédant des propriétés oxydantes qui se manifestent surtout en présence de chaux, de soude ou de po- tasse. De nouvelles recherches de M. Bréaudat ont appris que ces bases ne sont pas les seuls capables de contribuer à la for- mation de l'indigo et peuvent être remplacés par l’'ammoniaque, la baryte, la magnésie ; les carbonates alcalins ou alcalino-ter- reux dissous où mis en suspension dans l'eau distiliée. Il est démontré que les bons alcalins, alcalino-terreux ou leurs car- bonates solubles ou insolubles sont indispensables à la produc- tion de l’indigo; et que les acides des sels neutres ne per- mettent pas cette précipitation. Séance du 19 juin 1899. M. Edouard de Ribaucourt à étudié les glandes de Morren des Lombricides d'Europe. Dans le genre Lum- bricus, il y a quatre paires de spécialisation glandulaire et non trois comme il a été décrit : 1, une antérieure; II, II, deux moyennes très visibles faisant saillie dans la cavité des corps; IV, une postérieure peu visible, non décrite. Dans ce même genre, l’anatomie et la physiologie de ces glandes sont donc très compliquées; il n’en est pas de même pour d’autres Lombricides. C'est ainsi que chez Allobophora Hermanni, les quatre spécialisations glandulaires de Morren n’existent pas ; à leur place, la paroi du tube digestif est plus épaisse, à peine glandulaire, moins vascularisée. Chez Oclalosion profugum, les épaississements demi-glandulaires sont plus grands, plus épais et les évaginations deviennent paires. Chez Allurus Le- traedus, la partie antérieure se différencie pour former le di- verticulum de Perrier; la partie postérieure n’a pas d’évagi- nation. Chez Dendrobæna pulris, la disposition est la même ainsi que chez Allolobophora trapezoides. Chez Notogama fœtida, la différenciation s'’accentue encore. Enfin chez Allo- lobophora oclaedra, la disposition est semblable à celle du genre Lumbricus. — M. A. Tison donne le résultat de ses recherches sur la chute des feuilles et la cicatrisation de la plaie. La couche séparatrice qui se forme à la base de la feuille se pré- parant à tomber, n’est pas toujours constituée par un méri- stème secondaire ; dans la moitié des cas, elle est formée par deux ou trois assises de tissu entièrement primaire. La cica- trisation de première année se fait, avant ou après la chute de la feuille, suivant trois modes différents. Il se produit simple- ment une modification scléro-tubéreuse des parois dans l'une des couches cellulaires du coussinet, soit que les cellules y restent entières, soit qu'elles se recloisonnent préalablement. Il s’établit, en arrière de la surface de détachement, une couche péridermique histologiquement semblable à celle de la tige. La cicatrisation comprend une couche scléro-tubéreuse doublée inférieurement d’un périderme. La chute des folioles s'opère comme celle de la feuille de la même espèce, et, de plus, il se produit souvent une cicatrisation de la plaie lorsque la chute des folioles est précoce. — M. Munier-Chalmas présente une suite d’observations sur les assises supérieures du terrain ijurassique dans le Bas-Boulonnais. L'auteur s’est appliqué à pré- ciser la position des formations d'estuaire. Le facies d’estuaire apparait une première fois dans les grès du Portlandien in- férieur. Les assises de la crèche, à Trigonia Pellati, renfer- ment une quantité de galets, et les argiles noires superposées aux grès, par leur richesse en Cyrena rugosa et en débris végétaux, accusent l'intervention des causes d'estuaire. Cette intervention se manifeste encore dans les argiles à Cardium morinicum et Ostrea expansa, par deux cordons principaux de phosphate de chaux, qui contiennent des galets fluviatiles, empruntés aux roches primaires et jurassiques de la contrée. Au-dessus de cette série viennent des calcaires marneux et des argiles. Alors apparaissent trois bancs principaux de grès à Trig. gibbosus; le premier avec Perisphinclis bononiensis, le second avec P. giganteus. Après le dépôt de ce second banc, une plage s’est formée qui a pu étre observée depuis Wime- reux jusqu’au sud de Boulogne. Avec le dépôt du troisième banc s’accentue le régime des estuaires, accusé par un ravine- ment susceptible d'atteindre les couches à Trig. Damoniana. Le fleuve, qui s’est alors formé, avait deux estuaires. Dans l'estuaire méridional, celui de la Rochette, on remarque un énorme développement de poudingue de base, capable d'at- teindre une épaisseur de 3 mètres. — Mlle S. Gruzewska a poursuivi une série de recherches sur la cristallisation de l’albumine du sang. Elle à opéré sur une solution d'albumine dans le sulfate d'ammo- niaque à un point voisin de la saturation. Le sérum est mé- langé, à volume égal, avec une solution saturée (à froid) de sulfate d'ammoniaque; les globulus se précipitent; on filtre, et le filtrat est exposé à froid (— 1°) pendant une vingtaine d’heures. Il est ensuite transporté à la température du labo- ratoire. Après 24 ou 28 heures, on trouve un dépôt abondant de cristaux, En un mot, l'emploi préalable du froid favorise la cristallisation de l’albumine du sérum, et ce moyen permet d'obtenir, cristalliser les albumines du sérum d’animaux qui n'avaient pas encore été soumises à la cristallisation. P. Fuous. LE FILAGE DE L'HUILE EN MER CHEZ LES ANCIENS ET LES MODERNES Voici un exemple de cette force d'expansion dont parle Franklin, de l'huile sur l’eau, donné par M. Arthur Good, l'ingénieur bien connu (Tom Tit), dans le numéro. du 1° mars 1891 de son journal Le Chercheur : Découpez dans du papier ordinaire un poisson sem- blable à celui qui est représenté dans le dessin ci-contre en grandeur naturelle. Au centre, vous pratiquez une LE NATURALISTE ouverture circulaire 4, communiquant avec la queue par un étroit canal ab: mettez de l’eau dans un récipient allongé et posez le poisson sur le liquide, de manière que la face inférieure soit complètement mouillée, celle de dessus restant entièrement sèche. Versez délicatement une grosse goutte d'huile dans le vide a; cette huile cherchera à se répandre à la surface du liquide, mais cela ne lui est possible que si elle s’en va par le petit canal ab. Par un effet de réaction connu, le poisson sera poussé en sens inverse de l'écoulement de l'huile, c’est-à-dire en avant, etle mouvement durera assez long- temps pour que les spectateurs puissent contempler avec étonnement le mouvement d’un simple morceau de papier à la surface du liquide, sans pouvoir se rendre compte, s'ils n'ont pas été prévenus, de la cause de ce mouvement. Continuons maintenant l'examen de quelques-uns des innombrables documents que l’on possède sur cette matière. Dans le Gentleman’s Magazine du mois de mars 1775, page 132, au courant d’une description faite par Martins des îles occidentales d'Écosse, on lit ce qui suit : « Un pourvoyeur de navires qui demeure à Pabbay, a coutume, lorsqu'il se trouve en mer par un temps de tempête, d’attacher au bout d’un câble un paquet de boudins faits avec la graisse d’un oiseau de mer, et de laisser ce câble à la traine dans l’eau, derrière le gouvernail: « Ceci, dit-il, est d’un grand secours contre les brisants; les flots se calment et n’éclatent pas. Mais cette graisse, qui attire la baleine, peut quelquefois mettre le vaisseau en danger. » L'oiseau de mer dont il s’agit est sans doute le pétrel. Le 26 février 1776, le ministre Sartine fit nommer, par l'académie de la marine, une commission chargée d'étudier un mémoire du Dr Deshayes, relatif à l'effet de l'huile sur les flots, Cette commission, composée du mathématicien Blondeau, du capitaine de vaisseau Tré- dern de Lézerec et de Granchain (1), conclut au rejet pur et simple des expériences que réclamait le docteur; elle déclara la chose une pure utopie, et le chercheur lui- même un simple rêveur. Il n’y à pas lieu de s’étonner d’une pareille solution : la chose se passait en France, où les inventeurs ne sont pas, on le sait, en odeur de sain- teté. Vers 1780, l'abbé Mann présentait, sur le même sujet, un mémoire à l'Académie de Bruxelles : inutile de dire qu’il y recevait un tout autre accueil. En 1776, ainsi que je l’ai dit plus haut, un savant hol- landais, M. Van Lelyveld, proposa à tous les marins et (1) Leur rapport est dans le t. I des Correspondants de l'Académie de marine, pp. 311-318. Il n’y en a pas long, savants de l'Europe, un concours ayant pour but de re chercher les moyens les plus efficaces de rendre moins fréquents les désastres maritimes, au moyen du filage du l'huile. Il écrivit à ce sujet un livre extrêmement docu- menté en peu de pages, et dont le titre est : Essai sur les moyens de diminuer les dangers de la mer par l’effusion de l'huile, du goudron ou de toute autre matière flottante (Amsterdam, 1776, in-8e), Le Journal encyclopédique de juin 1775, page 335, avait déjà annoncé ce concours dans les termes suivants : « C’est une opinion répandue depuis quelque temps que les flots soulevés d’une mer agitée peuvent être abaissés ou calmés autour d’un vaisseau en répandant de l'huile sur sa trace; on a cité l'exemple d’un bâtiment hollan- dais qui dut son salut à cette expérience dans les mers d'Asie, On a parlé des plongeurs de Lisbonne, qui sont dans l'usage de porter toujours avec eux quelques bou- teilles d'huile pour en répandre sur la barre de Lx rivière lorsqu'ils craignent, à leur retour, que les lames brisées par le gros temps n'inondent leurs chaloupes. «On saitde quelle importance il est pour l'humanité que la réalité de ce phénomène soit constatée. C'est dans cette vue qu'un citoyen de Leyde, M. Van Lelyveld, vient de proposer un prix de 30 ducats, ou une médaille de la même valeur, pour celui qui, en établissant la cer- titude heureuse de cette découverte, aura encore indiqué l'espèce d'huile la plus propre à produire le calme des eaux irritées, et qui joindra à cette discussion des détails inté- ressants sur les variétés que l'expérience peut établir relati- vement aux mers plus ou moins profondes, ainsi qu'entre les vaisseaux plus ou moins grands. Le prix sera délivré au mois de mai 1776. » Cet article, comme aussi le livre de Van Lelyveld, plus tard, fut vivement relevé, dans le Journal histo- rique et littéraire, par l'abbé Flexier de Reval (R. P. François-Xavier de Feller, directeur du journal), n°° de juin 1775, p. 872; octobre 1775, p. 570; janvier 1776, p. 126; et mars 1776, p. 390 et 391. — On déclarait le phénomène absolument impossible; Franklin n'avait écrit que des billevesées ; ettous les marins s'étaient mo- qués de Lelyveld et des gens crédules comme lui; l'arrêt était formel; seul, le R. P, de Feller voyait clair en cette affaire. Pourtant, les documents ne manquaient pas dans la brochure de Lelyveld, et ils émanaient tous d'hommes savants, de marins réputés pour leurs découvertes et leur science, de personnalités connues pour leur carac- tère élevé et ennemi de toute réclame tapageuse et in- tempestive, appartenant aussi bien à l'étranger qu'à no- tre propre nation. Entre autres témoignages, l’auteur citait celui de E. May, capitaine de haut bord au service des Etats-Gé- néraux, qui disait : « J'étais lieutenant sur le vaisseau de guerre le Phénix, confié, en 1755, au capitaine [dsinga, pour convoyer nos vaisseaux marchands dans la Méditerranée et les proté- ger contre ceux d'Alger, avec qui nous étions en guerre. A Naples, deux navires chargés d'huile, qu'ils avaient prise à Gallipoli, se mirent sous notre escorte, Il ÿ avait déjà un an qu'ils avaient leur cargaison à bord, et, par leur long séjour, leur carcasse avait beaucoup souffert. Nous partions avec eux et plusieurs autres pour Malte, et de là pour Carthagène. Les tonneaux n'avaient pas moins souffert que les vaisseaux. L'huile qui en décou- lait peu à peu se mêlait avec l’eau qui s’insinuait dans LE NATURALISTE le fond de la cale, de sorte que lorsqu'on pompait, l'huile sortait en même temps que l’eau. Pendant toute notre route pour Carthagène, où nous essuyâmes beau- coup de vents contraires, nous eûùmes occasion de re- marquer que cette huile pompée empêchait les petites et les grandes vagues de rompre et d’éclater, et qu'autour de ces deux vaisseaux. jusqu’à une distance remarqua- ble,les petites vagues étaient tellement aplanies, qu'il ne restait des grandes que les seuls brisants. Nous fûmes cinq Où Six semaines sur mer avec un vent contraire avant d'arriver à Malaga, où nous primes sous notre escorte plus de cinquante vaisseaux que le chef d’esca- dre Boudaan avait convoyés jusqu'à cette rade, « Ces cinquante vaisseaux, avec plus de vingt-neuf que nous avions déjà, devaient tous se rendre à différents ports de Hollande, excepté sept ou huit qui allaient à Cadix. Avec ce grand convoi, étant au mois de janvier dans la mer d'Espagne, à la hauteur de Lisbonne, il nous survint un vent contraire et une grande tempête qui dura bien quarante-huit heures. Tous les vaisseaux flottaient à petites voiles, et, par conséquent, n'étaient pas dans le cas de s'éloigner promptement les uns des autres. « Pendant cette forte tempête, nous eùmes l'occasion favorable d'éprouver les heureux effets de l'huile ré- pandue sur la mer. Nos deux vaisseaux chargés d'huile étaient obligés de pomper deux fois par jour, le matin sur les 7 heures 1/2, et, le soir, avant le coucher du soleil. Cette huile pompée, malgré l'agitation de la mer, s’étendait à une grande distance autour des vaisseaux qui en étaient chargés, et arrêtait toutes les chutes, tant des grosses que des petites vagues. De sorte que ces vaisseaux, el tous ceux qui se trouvaient entourés de cette huile, paraissaient, à l'égard de la mer agitée, dans un calme aussi parfait que celui qui suit la tempête. « La fluctuation des grandes vagues était bien toujours la même, mais leurs surfaces se montraient aplanies; les petites ondes que l’on voit ordinairement rouler sur les grandes étaient, pour la plus grande partie, dispersées, et, dans toute la circonférence, l’on n'apercevait aucun brisant. On remarquait aussi que ces grandes étendues d'huile ne disparaissaient pas insensiblement; mais qu'elles se séparaient par l’agitation des vagues, d’abord en grands morceaux, ensuite en plus pelits, jusqu'à ce qu'au bout de deux heures on n'’aperçüt plus rien de leur effet. » Il est évident que la commission nommée en 1776, par le ministre Sartine, pour examiner le système de filage d'huile préservatif des navires à la mer, présenté par le D' Deshayes, ne pouvait ignorer les témoignages fournis depuis de nombreuses années par des marins connus, et, dans cette même année 1776, par le livre de Lelyveld, paru peut-être dès 1775, en fragments dans divers journaux, puisque le Journal encyclopédique de juin 1775 annonçait le concours ouvert par le riche et savant citoyen de Leyde. Comment, dès lors, s'expliquer le bureaucratique dédain avec lequel fut accueilli le mémoire de Deshayes? Nul n’est prophète dans son pays, voilà tout. Mais toute médaille a son revers, et la superstitieuse routine ne perd jamais ses droits : les marins de certains pays étaient persuadés que le calme produit autour d’un navire par une projection d'huile était, pour ainsi dire, une insulte à l'Océan. La mer, forcée un instant de se tenir relativement tranquille, reprenait ensuite son agi- tation avec une furieuse violence, cherchant à se venger le plus promptement possible du frein dont on l'avait chargée ; malheur aux navires qui se trouvaient dans le voisinage de l’insolent qui avait osé imposer silence aux flots ! — Ils étaient perdus. Et, chose extraordinaire, ceux même qui rendaient justice à l'efficacité de l’action des corps gras sur les flots irrités, n'omettaient pas de mentionner cette su- perstition, tout en accumulant les preuves de l’action calmante de l'huile, Dans le Journal d'Agriculture, Com- merce, Finances et Arts, d'octobre 1782, page #1, voici ce qu'on lit sous la signature Achard, dans un chapitre intitulé : Mémoire sur la manière de calmer l'agitation d'une partie de la surface d'un fluide, soit par l'effusion d'un autre fluide spécifiquement plus léger, et qui soit de nature à ne pas s'unir avec le fluide agité, soit en posant sur la surface de ce dernier fluide un corps solide d’une moindre pesanteur spécifique : « Pline remarque que l'huile calme l'agitation de la mer; cette observation est connue des matelots hollan- dais, surtout de ceux qui font des voyages au Groën- land; mais ils n'en font que rarement usage, parce qu'ils sont dans l’idée que la mer, après avoir été apaisce de cette manière, est agilée avec plus de force qu'auparavant ; et qu'un vaisseau qui en suit un autre, lequel a tranquillisé la mer par l'effusion de l'huile, est exposé à de très grands dangers. « Trézier du Revel (pour Flexier de Reval; voir plus haut) rejette cette observation, et prétend que lhuile jetée dans la mer n’en diminue point l'agitation. M. Frauklin, auteur très digne de foi, en fit mention, l’année 1773, dans une lettre, et en fut témoin en 1772. Un capitaine de vaisseau hollandais, nommé Tys-Fire- man, fit cette expérience dans une tempête de 17€9; il avait perdu les voiles, et il apaisa les vagues avec six demi-ances d'huile, Le lieutenant du même vaisseau, nommé May, avait déja observé, en 1735, qu'il ne s'élevait pas de vagues autour de deux vaisseaux chargés d'huile, et qui étaient un peu endommagés, en sorte qu'ilen découlait une petite portion de ce liquide. & Un homme fort entendu, qui demeurait à Bewen- wick, conseilla, pour préserver une chaloupe qui se hâtait de venir au secours d’un navire en perdition, de jeter de l'huile, des matières grasses, et méme de la bière, dans la mer. | « Dans la description du naufrage du navire Anna-Cor- nelia, il est aussi fait mention de cette propriété de. l'huile, Le capitaine de vaisseau Pral remarqua que la mer était fort tranquille autour d’un navire duquel il découlait de l'huile, et ne trouva pas que d’autres vaisseaux, qui accompagnaient celui-ci, fussent plus en danger. « Plusieurs autres capitaines de vaisseau nient abso- lument que l'huile ait la propriété dont il s’agit, et d’autres ne la lui attribuent que pour très peu de temps, ce qui rendrait ce moyen de diminuer le danger presque impraticable. (A suivre.) SANTINI. a ————_—— | Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 11. 159 LE NATURALISTE *0S ‘ay g ‘oouveuy foppoafoq ‘star q ‘sUIStOA sodnous Jo squrotso À ‘souo1disdoag : 1 ‘deu *s2497d09709 op sagguunl sapndrouud sap aruabohyd a spaungou sjxoddmiy ‘suaano ‘9 (g) *& “d ‘A ‘[OA ‘s2497d09709 Sap nuouan ‘aulvauoov ([) ‘sojuerres Jo sonbruoo surtout no snd soinorioque Soyouetf "SAUINOTHAINEL I (48) ‘soqueres ourod re ‘sos -nopnqors sainonaque soyourF ‘1687 ‘SUTIPON ŒUUIULLT 79 1SDon0) ædo4nÿ Wn10192009707 SRÉ0100) : Soysteanqeu $s91 SN07 9p nuuo9 98PIANO Ano] suvp 994ojdiuo quo ‘osian 79 497104 ‘uoploryr ‘WIN onb onbrsseyo opoyjow P[ 9048 ojuosgid ojjo nb ‘sanolpie p So19891 JO7 ‘SooUoIAIIp Sof o41ressooou 249$ 2199 onb s107 so] sojnoy ‘qjuotwuopnes retonbipur f *Z7r ‘wor ‘odounx p So1d09107 sap DAIUI1) AN9[ SULP 991dope ns OHBULIE 79 JEA np uryonborf ‘Ky onb onbrewo) -SÂS UO1nqUIS Ip AAU9I00X0 1 * 11 Saad osoyo op nod so & ‘reaains of fojsox ny *1n9)99[ 9[ 1940AU04 À p syouod out of :(3) s249d0970)) sp anabohy,x eu suvp SOI[IUIRF SOIMNE SO[ 99AP OUUOIUOIIQOUIL 91H9S E[ op SuOreoi So[ ‘uorgsonb aqueJaodut 97799 aJ1odtu09 enb onpuojg | 97n07 204% ‘juowtuoo9x 97nos1p te,f "[RIJU98 9SOUSEIP oUN JUUOP U9 p 9[qissodur 39 [L'SO[QRIPPISUON S917 SUOTELIPA Sop Juejuosgrd 919$ opuras 9]3909 9p S9J29SUJ SOI ‘aed one q ‘opoyyip joins 99 ans nuo4A94 op uo1q reopars ou of ‘soaysnqit snjd So] Sojsi[eanqeu So JUd Soquo) UOIJPOIISSE[D 0p SIESSa XNONJoNIJUI SoT Sd Y LC 'SAUUNS SP » uoÏnf D} » Saxawoïpqouy sed quos ou mb s099ds9 sop oumpoaqur À e o8uos sreuef » BU UO SIBUI ‘SU9IPÂATON Sp [Eure 2] suep sajiodor 979 quo mb ‘soxuo8 sonb -jonb soaoi uo nde uQ ‘odnoa8 oxjne unone aed aowreque ossier os ou mb‘yoed =W09 Jn0} Un aUHOF » (y) 2ACPAOOCT JIP ‘SOLQWIOAPJOFT SP U0199$ opurag ET "ANsSOL 687 ‘eo180çou D OA (T) “(c -OFU9 CoUCI09s 14) 22brpmuagshis a1bojowoque p apna {ynsan) awagshis ag ‘axaataopx * AE à ne S1QW04994 » SAP ‘ISUIE JowTIdx9,s qnod uo 1 16 ‘quos 99 foano119}s0d o4td U[R € Jo somorgque soyjed op soared XN9p XNE SO[) ie y jueÂe ‘soraut ne ougu puenb AS Sa79osut $99 onbsind ‘ourp rexa r ‘oun sed 759 uo,u ‘SNS4D049797 oau98 np ‘9971 juowojetouos ‘onbruoqne uorjdooxo opnos v' “ainon191s0d oxred UT RIUOUWIAINOS SO[OIJIR Y 9p J9 Saanorigque soyjed op soxred xnop xne S9191J48 CG 9p Sasie] Sop Jopossod ap Js9 ‘Jojjo uo ‘s0)90SU] $09 9P [o1JU9SSO 91990109 0 *SOLQUOI9O P UOU 9T SNOS SQU8ISOP JPA e[[loaJe"f onb s0193d09107 I sn07 puoadtuoo ‘onbru93 -O[Ayd on4 op juiod ne sopno} op aqueyiodun snjd ej ‘ouuoruonqouox ot19s vT "SHGTH -OHAIdIHY — SAGITTHAMON _ “SIAHANATA) — SHGIIHINY — “SATIOHHIOHX — SAANHIVT ‘SHGIHLA “S'HALAHAN VTI Es SHATTALSI") FSHGINOIHAINA J, (‘one ‘so19w104939H) SATTAUNLVN SHONHIIS SH HNAALIOU LHAHMAIHTILIONM FUUISUOD Uvd VAI ; AURA AUAN | k SIC AMLSAQTII HAÔILATVNV VUANHI LE NATURALISTE 160 "LMAATNOH LNVISNON) (osuns y) DOSGOOE CORDON CIN; *81) saut} -99d jueanos ‘SopyIlq S9S18} S9P $J9490419 "SHGIOTAN 'X 914 8 Grposecce "(07 ‘8g) sorduits s2sie] sop sJ940049 soso... “(71 ‘8g) 919$ u9 s99] -u9p steurel ‘SoWIOJIy sauuaquy ‘SHGIOIHENV ‘ITA L *SAGIOHHNIOUXd AUX “ss. 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Ici il n’en est plus ainsi; dans le Welwitschia rien n'est beau ; l’étrangeté seule règne en souveraine maitresse. Je ne sais trop quelle fut l'impression de Welwitsch quand il se trouva pour la première fois en présence de cette singulière plante, en 1860, sur les plateaux élevés -près du cap Negro. Welwitsch avait parcouru, pendant plusieurs années, les territoires d'Angola et de Benguéla A'où on n'avait rapporté jusqu'à lui aucune collection bo- EE tanique qui valüt la peine d’être signalée, Aussi la moisson qu'il fit, grâce à la générosité du gouvernement portugais, fut-elle des plus remarquables. La découverte de la plante qui porte son nom suffirait seule pour le prouver. Dans une lettre adressée de Lisbonne à De Candolle, le 20 août 1861, on trouve les lignes suivantes : « Il serait bien intéressant de savoir à quoi rapporter un arbre nain que j’ai trouvé sur un plateau sablonneux, élevé, près de Cabo Negro (environ 15° 40° L.$.). Letroncdecet arbre a une circonférence de 12 à 14 pieds, mais sa hauteur est seulement de deux pieds, de telle sorte que, dans un sable mobile et avec la forme d'un cône renversé, il pa- rait n'avoir qu'un pied de haut. Le haut de ce cône ren- versé est terminé brusquement par une surface plane qui émet deux branches horizontales opposées. Chacune de ces branches porte une seule feuille de # à 5 pieds de longueur sur un et demi de largeur, raide, coriace, glauque, divisée, quand elle est vieille, en lanières qui Le Welwitschia Mirabilis. semblent des courroies. Ces deux fetulles existent déjà dans la plante jeune et continuent ainsi pendant toute la vie, sans qu'il s'en produise d’autres; elles sont très éta- lées et leurs extrémités s'implantent souvent dans le sable, Entre la base interne de la feuille et le disque de la tige, il existe un bourrelet circulaire d'un brun rou- geâtre (à peu près comme celui qui entoure le fruit d'un Lichen), et de la fente qui se trouve entre ce bour- relet et la base de chaque feuille sortent des inflores- cences aplaties, hautes d’un pied et dichtomes » Wel- witsch ajoute que c’est assurément le végétal le plus ex- traordinaire qui existe dans l’Afrique intertropicale, et qu'il doit, malgré certains rapports de structure avec les conifères,les Casuarinacées et les Protéacées, constituer le type d'une famille nouvelle, Les nègres de Mucuroa appellent cet arbre Tumbo, il propose de Jui donner le nom de Tumboa. Le Natuwralisle, 46, rue du Bac, Paris, La description donnée par Welwitsch est d’une préci- sion et d’une netteté telles qu'il n’y a rien à ajouter. Il suffira de dire quelques mots des organes reproducteurs. Ces derniers sont disposés en petits cônes anguleux, dressés, d’un beau rouge écarlate, formant des'panicules. De ces fleurs, les unes sont hermaphrodites, les autres femelles. Les premières ont six étamines monadelphes et un ovule central terminé par un disque qui ressemble à un stismate. Les autres sont formées d’ovules solitaires, dressés. Le cône mür renferme des graines largement ailées qui sécrètent une résine abondante, ainsi que toutes les autres parties de la plante. Telle a été, du moins, la première interprétation donnée de la composition florale du Welwitschia qui semblait un peu étrange, La réalité est un peu différente. La prétendue fleur hermaphrodite est mâle, etl’ovule central est un appendice simulant un organe femelle, mais manilestement stérile. Il est donc EN [er] 19 plus rationnel de considérer les fleurs du Welwitschia comme nettement dioiques. Il faut également faire une rectification, qui n’est pas sans importance, à la descrip- tion de Welwitsch. Les deux feuilles persistantes, que l'illustre voyageur considérait comme étant des coty- lédons accrus, sont, en réalité, les deux premières feuilles, développées au-dessus des cotylédons et qui restent seules, Cette constatation nous permet de réduire à sa juste valeur le Welwitschia Bainesii, qui différait surtout de la plante de Welwitsch par la présence de quatre énormes feuilles étalées en forme de croix, et qui habite le pays de Dammara par 23 L. S. Dans son pays d’origine, le Welwitschia recherche le plus souvent les endroits sablonneux, où il se développe d’une maniere luxuriante, surtout lorsqu'il rencontre des pierres entre lesquelles se fixe solidement sa longue ra- cine pivotante, qui peut pénétrer jusqu'à plusieurs pieds de profondeur. L’extraction et l’arrachage en sont donc des plus difficiles, et un voyageur, J.-C. Anderson, qui a exploréle pays des Dammara, dit qu’il a passé plus d’une heure pour déterrer un seul Welwitschia ; encore n'est-il arrivé qu'à obtenir une partie de la racine. C'est en 1862 qu'il a été introduit en Angleterre, mais l’exemplaire arrivé à Kew ne présentait à son arrivée qu'un souffle de vie. Pour le faire tenir dans une caisse, on s'était vu dans la nécessité de retrancher les énormes feuilles et, de plus, sa racine était en partie tronquée. Dans ces conditions, la reprise n’eut pas lieu. Il y a quelques années le Muséum reçut deux pieds, l’un mâle, l’autre femelle, de cette singulière plante, mais amputés également de leurs feuilles, Après quelques mois de culture, malgré les soins qui leur furent donnés par M. Loury, un des plus habiles jardiniers de notre époque, ils eurent un sort malheureux. Des graines arrivées en même temps ne produisirent rien non plus. La culture du Welwitschia en Europe paraît donc être encore un mythe, à moins que des semis n'aient donné de bons ré- sultats depuis peu de temps. Il serait des plus intéres- sants de pouvoir suivre le développement. La longévité de cette plante parait être considérable, et des voyageurs Ont Cru pouvoir annoncer qu'ils en avaient rencontré des échantillons pour le moins sécu- laires. Nous avons vu plus haut que Welwitsch avait proposé, pour la plante extraordinaire qu’il venait de découvrir, le nom de Tumboa, rappelant l'appellation indigène.Mais ce nom resté manuscrit — un nomen nudum, comme disent les botanistes — et non accompagné d’une des- cription, a du être remplacé, et c'est avec justice que Sir J. Dalton Hooker a voulu rappeler le souvenir de Welwitseh. Welwitschiu mirabilis, telle estla désignation universellement adoptée depuis la publication du mé- moire de Hooker : On Welwilschia,anew genusof Gnetaceæ, en 1863. Mais nous devons nous demander maintenant quelle piace doit occuper, dans la classification, cette plante déconcertante ? Est-ce au voisinage desProtéacéés et des Casuarinacées comme le supposait Welwitsch? Le moindre examen éloigne tout rapprochement de ce genre. Est-ce pres des Conifères ? les affinités sont plus réelles, mais certains caractères s'opposent encore à l'identifi- cation complète, et c’est avec les Guétacées que Hooker a indiqué des points de ressemblance. Au point de vue des caractères extérieurs le Welwitschia ne rappelle LE NATURALISTE ———_——— aucun des deux genres de la famille les Ephedra et des Gnetum.Les Ephedra sont,en effet,des plantes à tige grêle et aphylle, d'apparence jonciforme, à rhizome I anne à rameaux articulés et striés, écailleux aux nœuds. Les Gnetum sont des arbres dressés ou des arbrisseaux grim- pants, à feuilles opposées, amples et penninervées. D’un autre côté, l'inflorescence disposée en strobile, la forme du périanthe, le nombre des étamines, les graines ne sont pas sans analogie avec les mêmes organes des Ephedra. Chez la Welwitschie on rencontre des canaux sécréteurs, tandis qu'ils font absolument défaut chez les Ephedra et les Gnetum. De ces considérations on peut conclure que les trois genres de la famille des Gnétacées constituent trois tri- bus distinctes caractérisées comme suit, d’après M. le professeur Van Tieghem : Welwitschiées. — Canaux sécréteurs.Anthéridie sessile. Pas d’archégones. Ovule muni d’un seul tégument, Ephédrées. — Pas de canaux sécréteurs. Anthéridie pédicellée, Des archégones. Ovule à un tégument. Gnétées. — Pas de canaux sécréteurs. Ovule muni de deux téguments. M. le professeur Caruel est allé plus loin et a proposé pour le Welwitschia, une famille spéciale, celle des Welwitschiacées, qui servirait d’intermédiaire entre les Gymnospermes et les autres Phanérogames. L'éminent botaniste italien s’est en partie appuyé sur l’ancienne interprétation de la nature des organes floraux, qu'on ne retrouvait chez aucun des autres Gnétacées ni même des Gymnospermes, 11 semble malgré cela rationnel de maintenir le Welwitschia dans les Gnétacées. P. HARIOT. INSTINCT DE LA CHRYSALIDE DE PARARGE MŒRA M. G. de Rocquigny-Adanson a adressé la note suivante à la Société entomologique de France : «Le 19 mai 1899, dans l'après-midi, je recueillis sur un mur, près de Moulins (Allier), 21 chrysalides de P. moera que : je déposai une à une dans ma boite à chenilles. « La récolte faite, afin d’atténuer les petits chocs An bles pendant le transport, je couvris les chrysalides d’une poignée d'herbes fraîches et souples, et je maintins le cou- vercle de telle facon qu’il ne pouvait se produire ni renverse- ment, niinclinaison, ni choc horizontal ou vertical de quelque importance. « Au retour, après une marche lente de 1 heure environ et. quelques haltes, la boîte fut posée sur une table et je ne l’ou- - vris que le lendemain à 8 heures du matin, «Après avoir enlevé les herbes, je constatai que sur les 21 chrysalides, 8 seulement étaient demeurées libres, isolées. Les 13 autres s’étaient solidairement associées, accrochées réciproquement par l'extrémité de la queue, et formaient quatre groupes : deux groupes de 2, un groupe de 3 et un groupe de 6. « Ce dernier surtout était remarquable. Posé à plat, il figu- rait assez bien une étoile à six branches épaisses ou encore une roue sans jante dont les rayons étaient représentés par les 6 corps massifs vert tendre des chrysalides. « L'état de repos paraît être la condition naturelle de la vie évolutive de la chrysalide, cela ne semble pas douteux. Aussi ne devons-nous pas être surpris de voir les puissances aveu- gles de l'instinct chercher à rétablir l’équilibre quand il vient à être accidentellement rompu. « Des expériences systématiques sur des chrysalides, à l’élal de mouvement, donneraient peut-être des résultats intéressants ou tout au moins curieux. » LE NATURALISTE 163 BATONS DE COMMANDEHENT Le bâton de commandement, est un assez long frag- ment de bois de cervidé, percé d’un ou plusieurs trous circulaires, orné de simples traits ou de dessins plus ou moins compliqués représentant le plus souvent des ani- maux. MM. Lartetet Chrisry ont donné à cet instrument le nom de bâton de commandement par analogie avec un instrument de forme semblable servant d'insigne chez certains chefs. indiens habitant le Nord du Canada. M. Pigorini voit, dans ces bois percés de trous, des mors qui auraient servi à atteler le renne ; mais il n'est pas démontré que cet animal aurait été domestiqué par nos ancêtres quaternaires. C'est dans le Pléistocène supérieur qu'ont été trouvés tous les bâtons decommandement; ilscaractérisent cette époque de la sculpture sur bois de renne etsur ivoireavec, comme animal caractéristique, le Renne (Rangifer tarandus). Les alluvions quaternaires ont fourni des essais de bâton de commandement, des ébauches pour ainsi dire qui précèdent les œuvres d'art trouvées dans les grottes de la même époque. C'est ainsi qu'à Blacourt, dans le Boulonnais, un entonnoir, ouvert dans le calcaire port- landien et rempli de limon quaternaire, à fourni un bois de jeune renne, portant des incisions, et dans Île Wurtemberg, au nord de Ravensburg, on a trouvé égale- ment des bois avec des coupures et des incisions longitu- dinales. Ces bois étaient percés l’un d’un trou, l'autre de deux trous servant, à ce que l'on croit, à marquer le degré de l'insigne du chet auquel il était destiné. Mais c’est dans les grottes qu'ont été trouvées les véri- tables œuvres artistiques. A la station de la Madeleine située sur la rive droite dela Vézère, dans le département de la Dordogne, on trouve un véritable gisement du tra- vail de l'os, de nombreux os à gravure et principalement des bâtons de commandement. Celui que nous figurons et qui appartient aux collections géologiques du Muséum est formé d'un bois de renne coupé près d’un andouiller, une extrémité forme une sorte de poignée, l’autre extré- mité est brisée, La partie formant poignée est percée de deux trous circulaires, dans l’autre partie l'artiste qua- Bâton de commandement en bois de Renne de la grotte de la Madeleine. (Gr. nat. 265 millim. Echantillon du Muséum de Paris. ternaire à gravé un troupeau de rennes dont on voit figurés deux individus. L'ornementation de ces insignes étaient très variée. Dans l’un d’eux l’on voit une tête de cheval, un autre percé de deux trous a aussi comme ornement une tête de cheval et six poissons indéterminables, un autre repré- sente un renne au galop. A la station de Laugerie-Basse peu éloignée de la Madeleine, nous trouvons un art plus avancé avec des fragments de sculptures. M. Mussenat, en 1869, a trouvé un fragment de bâton de commandement représentant deux bœufs jumeaux. dont la crinière, les cornes très courtes et la barbiche semblent montrer les caractères du genre bison. Une autre pièce se termine par une tête sculptée dans laquelle on a cru reconnaitre une espèce de rhinocéros bien que l'assimilation avec un mammifère quaternaire soit difficile. A Bruniquel, dans le Tarn-et-Garonne, on a découvert des gravures sur bâtons de commandement très bien exécutées, notamment un felis dont quelques natura- listes ont faitle Felis spelæa. - I n'y a pas qu’en France où l’on a trouvé de ces instru- ments à gravures. Dans le dépôt argileux du Trou-Magrite en Belgique, l’on à découvert un petit bâton de commandement por- tant, dessiné, au trait la figure d’un oiseau les ailes déployées. Un autre bâton, découvert à Goyet (Belgique) en iuin 1869, est orné sur ses bords et sur ses faces,de traits gravés ; l’une des deux faces présente le dessin d'un poisson, dont la partie postérieure manque par suite d'une cassure, Les points en creux qui ont été gravés sur le dos du poisson y font reconnaitre les taches caractéristiques du dos de la truite. A la montagne de Salève, près Genève, une station du type de la Madeleine a donné un bâton de commandement perforé, sur lequel aété représenté un bouquetin parfai- tement caractérisé et une longue tige garnie de follioles qui parait représenter une fougère. On a cherché à quoi pouvaient servir ces singuliers ins- truments,eton s'explique que lesmèmes besoins chez les différents peuplesamènent l'usage des mêmesinstruments, ce qui a fait découvrir, chez les indigènes de l'Océanie, des outils analogues à ceux de la pierre taillée et polie et, chez les Lapons et les Esquimaux, toute une série d'ins- truments d'ivoire et d'os analogues à ceux des dépôts quaternaires. On a trouvé, chez les Indiens habitant les bords du fleuve Mackensie dans le nord du Canada, un instrument servant d'insigne de chef et formé d'un andouiller de cerf et qui est analogue aux bâtons de 164 LE NATURALISTE commandement. Ces instruments sont, en général, peu ornementés : quelques filets seulement décorent les faces, le sentiment artistique étant peu développé chez les peuples de PExtrêéme-Nord; cependant quelques peu- plades de la Sibérie orientale et de l'Amérique russe ont des bâtons ornés de fines gravures montrantleurs chasses et les mœurs des animaux avec lesquels ils sont en con- tact. Sur un bâton d'ivoire de morse, un Tchontchis a des- siné un troupeau de Rennes; sur un autre est représenté un bateau à voile avec des personnages se livrant à la chasse à la baleine, et l'on voit le cétacé lançant l’eau par ses évents, D’autres représentent la chasse au phoque etau morse, et, sur un autre, l’on voit trois hommes pour- suivant des renards. Cette analogie entre des instruments d’âge si différent nous permet de nous figurer la vie et les mœurs de l’homme de l’âge du renne, lequel, réfugié dans les cavernes, à l'abri de la température relativement froide par suite du retrait des glaciers, se reposait de ses chasses en figurant, avec lesjinstruments grossiers qu'il avait àsa portée, les différents animaux qui vivaient autour de lui. E. MAssAT, Attaché au Muséum. FAUNE MALACOLOGIQUE DE MADAGASCAR M. G. DoLLFus, dans une communication faite à la Société géologique de France, estime que la faune mala- cologique vivante de Madagascar paraît démontrer que cette ile a été depuis longtemps isolée et sans communi- cation continentale. Cette faune n'est ni africaine, ni asiatique, ni pacifique, ni australienne, mais toute spé- ciale. Parmi les Hélicéens, un premier groupe renferme des Helix comme H, Grandidieri, H. magnifica, H. Sou- verbii à robe fauve, à dernier tour ample, à test peu épais et qui forment le sous-genre des Helicophanta, Un autre groupe renferme des espèces de coloration foncée, presque noire, avec bandes ornementales; ce sont Helix sepulcralis, H. Funebris, H. Sganziniana quiont été grou- pées dans le sous-genre Ampelita. Il y a aussi des Bulimes allongés, de grande taille, du sous-genre Clava- tor, de grands Cyclostomes peu élevés, carénés, comme C. Cuvieranus, d'autres à spire haute et à ornements péristomiens formant le sous-genre Acroptychia. Cette faune se relie au point de vue générique avec des formes analogues découvertes dans les iles Maurice, de la Réunion, aux Comores et aux Seychelles ; mais les affi- nités africaines se bornent à une seule espèce qui paraît avoir été introduite, qui est la grosse Agathinina fulica. Une autre espèce attendue est le Conchostyla viridis d'un genre jusqu'ici spécial aux Philippines. Mais ces éléments ne font que mieux faire ressortir le caractère spécial qui s'attache à cette faune isolée. AVIS Dans le prochain numéro du Nafuraliste paraîtra la des- cription d’un Rhætulus (Lucanide) nouveau du Haut-Tonkin, extrémement voisin du Rhætulus (?) Sinicus Boileau. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE Le MÉTHODES D'INCLUSIONS. Quand les pièces histologiques ont été déshydratées, puis éclaircies par les procédés que nous venons d'indi- quer, on doit les placer dans un milieu rendu liquide par des procédés divers, mais qui, après les avoir pénétrées plus ou moins profondément puisse être facilement soli- difié de facon à constituer avec la pièce histologique un tout résistant, qui permettra de faire les coupes ; c’est là ce qui constitue l'inclusion ou enrobage. Les procédés d’inclusion sont différents, suivant la nature de l’agent que l’on veut employer, mais on peut facilement les diviser en deux groupes distincts : 1° ceux qui ont pour but l’enrobage au collodion où aux substances similaires; et 2° ceux qui tendent à l’enrobage à la pa- raffine où à d’autres substances de même nature. Les mots collodion et paräffine résument donc pour ainsi dire deux séries de manipulations totalement différentes et dont nous allons maintenant parler avec plus de détails. Nous commencerons par la série au collodion comme étant en somme la plus simple, puisqu'elle n’exige pas l'intervention d'instruments spéciaux plus ou moins couteux, et que l’on peut ne pas toujours avoir sous la main, Inclusions au Collodion. — Les inclusions au collodion se font toutes à froid, mais elles exigent plus de temps et surtout plus de soins que celles à la paraffine. Elles ont l'avantage de pouvoir se faire sans instru- ments spéciaux et de plus, comme la masse d’enrobage est transparente, la pièce à inclure est toujours facile- ment visible au travers; cela permet de l’orienter facile- ment, ce qui est une bonne condition d'opération. Un de ses avantages, et non des moindres, c’est de permettre la coloration des coupes sur lames sans enlever préalablement le collodion, comme cela est nécessaire pour la paralfine par exemple. Le collodion ne gêne, en effet, pas le moins du monde, l’action des réactifs colorants. Comme les blocs que l’on obtient par l’enrobage au collodion sont toujours d’une consistance plus où moins molle, il en résulte qu'il est impossible de faire des coupes assez minces pour une étude histologique fine et soignée, c’est là un désagrément sérieux de cette mé- thode. Pour y remédier autant que possible, on n’emploie plus guère aujourd'hui le collodion, mais bien la cel- loidine que l’on trouve facilement dans le commerce sous la forme de plaquettes rectangulaires, de consis- tance dure. Ce corps est soluble dans un mélange à parties égales d'alcool absolu et d’éther. La transparençe est la même à peu près que celle du collodion, mais la résistance à la coupe est plus grande, ce qui permet de faire des coupes plus fines qu'avec cette dernière substance. Les pièces que l’on enrobe au collodion, ou à la cel- loïidine ne sont pas, en général, colorées en totalité préalablement, elles sont le plus souvent destinées à être teintes après coupes et sur lames, Dans ce dernier cas, L' LE NATURALISTE € on ne doit pas les passer dans les éclaircissants, mais seule- ment dans la série des alcools afin de les déshydrater plus ou moins complètement. Après déshydratation on place les pièces dans de l’éther pur ou dans un mélange à parties égales d’éther et d’al- cool absolu, de pe qu'elles s’en imprègnent par- faitement. Puis on prépare deux solutions de collodion ou de celloïdine dans l’éther ou le mélange d’éther et d'alcool: l’une, très liquide, dans laquelle on place d’abord les pièces au sortir du premier mélange, de facon à commencer par une pénétration facile du collodion ou de la celloïdine ; l'autre, au contraire, très épaisse, où les pièces sont placées en dernier lieu. Il est inutile d’ajouter que ces mélanges doivent être toujours tenus dans des flacons bien bouchés à l'émeri. La pénétration se fait dans le dernier milieu d’une facon extrêmement lente, au bout de plusieurs jours seulement, si les pièces sont tant soit peu volumineuses. Quand elles ne doivent être coupées que plus tard, on peut les laisser impunément dans le dernier mélange et les retirer seulement au moment de s’en servir. Pour cela, il faut verser la masse au collodion ou à la celloïdine contenant les objets à couper dans des moules en acier ou en papier (que l’on peut faire soi-même) et placer le tout dans de l'alcool faible où du chloroforme. L'ensemble se prend alors en une masse solide de forme _ voulue, mais que l’on peut du reste modifier facilement au scalpel si cela est nécessaire, la pièce histologique se trouvant au centre du bloc. Avant la coagulation com- plète, on oriente la pièce, c'est-à-dire qu'on la place dans une position telle, par rapport à l’un des axes du bloc, qu'il soit ensuite facile de se reconnaitre pour la couper dans telle ou telle direction, plutôt que dans telle ou telle autre. D'ordinaire, on fixe le bloc sur un bouchon que l’on pincera ensuite dans les mors du microtome, aussi est-il avantageux de le fixer tout en le préparant, les deux opérations se font ainsi en même temps. Pour cela, on prend un bouchon de la grosseur voulue pour qu'il s'adapte au microtome, puis on l'entoure d’un cylindre en papier qui dépasse à l’une des extrémités. On mouille préalablement le papier seul d'alcool faible, puis on verse, dans le cylindre ou tronc de cône ainsi formé au-dessus du bouchon, le mélange contenant le collodion ou la celloïdine et la pièce à inclure. On oriente celle-ci et on verse par-dessus de l'alcool faible ou du chloroforme, ou mieux on immerge le tout dans ce liquide, en conservant le bouchon dans la position ver- ticale. Le bloc une fois solidifié est suffisamment attaché au bouchon pour permettre de couper. Si l'on ne veut pas procéder immédiatement à cette opération, on le conserve dans de l'alcool faible ou du chloroforme, le temps voulu. A côté du collodion et de la celloïdine, il faut citer une autre substance laphotoxæyline, aujourd'hui très employée. Elle présente l'avantage d’être beaucoup plus transpa- rente encore que les deux premières. Son mode d'emploi est du reste le même que celui que nous venons de dé- crire. On peut faire aussi des inclusions à froid avec la gomme arabique, la gomme copal, la gomme laque, etc., mais nous nous en tiendrons ici aux procédés déjà décrits et qui sont du reste les meilleurs et les plus employés. Les Inclusions à la Paraffine sont, à notre avis, préfé- rables aux précédentes, maïs elles exigent l'intervention de la chaleur et d'instruments spéciaux, bains-marie où étuves, destinés à maintenir la paraffine liquide et à un degré suffisamment élevé pour lui permettre de bien pé- nétrer les objets qui y sont immergés. Le degré de température doit être à peine au-dessus de celui de fusion de la paraffine employée et il doit être maintenu constant pendant toute la durée de l'opération, sans quoi, si la température baisse, la paraffine se soli- difie ; si au contraire elle s’élève un peu trop, on risque de cuire ses préparations. La paraffine que l’on rencontre dans le commerce sous la forme de masses blanches solides, fond à des températures comprises, environ entre 45 et 55°, Le point de fusion doit être soigneusement vérifié avant d'em- ployer le corps pour une inclusion. Autant que possible n'employer que de la parafline vieille ayant déjà subi plusieurs fusions successives. Elle est bien meilleure, en ce sens qu'elle ne cristallise que difficilement par le refroidissement et qu’elle ne contient pas de bulles d’air. L'été, il est bon de prendre une paraffine dure ne fon- dant qu'entre 50 ou 55°; l'hiver, on peut la prendre plus molle, fondant entre 45 et 500. Le choix du point de fusion doit être fait aussi selon la nature des objets à inclure. Il est évident que si l’on cherche à couper un corps dur inclus dans une masse molle, on a peu de chances de réussir. Quand les objets ont été déshydratés, puis éclaireis, on ne doit pas les mettre brusquement dans de la paraffine pure. Il faut autant que possible les passer préalablement dans un mélange à poids égaux, à peu près, de Paraffine et de Xylol ou de Chloroforme. On les y laisse (sur le dessus de l’étuve de préférence) jusqu'à ce qu'ils soient bien imprégnés, ce qui se reconnait en général, au moins pour les petits objets, en ce qu'ils tombent alors au fond du vase. On les place ensuite dans la paraffine Hquide jusqu’à ce que la pénétration des tissus soit complète, ce qui demande de une ou deux à vingt-quatre heures suivant le volume des pièces et leur constitution. Dans la plupart des cas, la pénétration se fait bien : mais lorsqu'il existe dans les tissus des lacunes plus ou moins remplies d’air,celui-ci ne s'échappe pas facilement méme dans la paraffine, et l’on est alors obligé d'avoir recours au vide. On place les objets dans de la parafline tenue liquide par un procédé quelconque, sous le réci- pient d'une machine pneumatique, on fait le vide et la pénétration a lieu alors très rapidement. Lorsqu'on croit que les pièces sont suffisamment im- prégnées, on fait les blocs, en versant la paraffine et les pièces dans un des moules ad hoc dont nous parlerons plus loin.On ne doit jamais attendre que la solidification se fasse lentement, sans quoi il se produit presque tou- jours une cristallisation gênante, surtout si l’on a affaire à de la paraffine fraiche. Pour éviter cela, il faut plonger le tout dans l’eau froide : la solidification se fait alors brusquement et la cristallisation est souvent évitée. L'orientation de la pièce doit être faible immédiate- ment à la sortie de l’étuve et avec des aiguilles chauffées ; cela, bien entendu, le plus rapidement possible, Au lieu d'employer la parafline seule, on peut faire un mélange de dix parties de paraffine pour une partie de cire blanche ou de cire jaune, on obtient ainsi un corps peut-être plus homogène. GRUVEL. 166 LE NATURALISTE L'ÉRINOSE DANS LA GIRONDE Sans causer de dommages sérieux au vignoble, cette ma- ladie s’est néanmoins répandue d’une facon inaccoutumée. On en constate sur les grappes. Les poils lanugineux dont la piqûre du Phyloplus vilis provoque la formation se trouvent surtout au-dessous des fleurs et à la face supérieure des écailles foliacées qui sont à la base des grappillons; les écailles atteintes sont plus développées que les autres et restent plus longtemps vertes. Le sémillon, la muscadelle, le malbec sont les cépages qui portent le plus de traces d'érinose. ? BOTANIQUE RELEVÉ DEQUELQUES ERREURS ÉTYMOLOGIQUES Si l'homme est exposé à l'erreur, c'est surtout quand il cherche à remonter à l’origine des mots. C’est au point que l'on a vu des sociétés savantes, au milieu de ce fermer impitoyablement leurs portes aux étymo- logies, malgré l'intérêt inattendu qu'elles présentent, dans certaines circonstances, où elles confirment absolu- ment les données de l’histoire. Nous prions les auteurs de ne pas nous en vouloir, si nous cherchons à corriger leurs erreurs: heureux, trois fois heureux, si l’on pouvait nous rendre le même service ! Le mot ulex, ajonc, ne vient pas de uligo, marais, car ce n’est pas une plante de marais, mais une plante des lieux incultes, qui croît au bord des bois, des haies, etc. Ulex vient du grec ÿn, bois, forêt, plante des bois. Juniperus, genévrier, vient de geneprus, buisson à fruits âpres, en celtique ; d’où nos mots de genièvre et de genévrier, et Juniperus en latin, qu'on à fait dériver de junior pareo : est-ce bien sur? Phœænix, dattier, vient du mot grec goË, qui signi- fie à la fois quatre choses bien différentes; le dattier, les Phéniciens, le Phénix qui renaît de ses cendres et la pourpre! Lequel de ces mots a engendré les autres, et d'où vient-1l lui-même? La réponse est on ne peut plus facile; de cette facon on ne fera plus dériver le dattier du nom d'un oiseau, ni la Phénicie du nom du dattier ; car c’est précisément l'inverse de ce que l’on rencontre ailleurs; œévw, tuer, fait o6vos, carnage; d'où poiné, la pourpre de la couleur du sang; Phénicie, le pays où se trouve la pourpre tirée des coquillages que l'on trouve dans ses parages; Phœnix, le dattier qui y croissait en abondance ; et enfin Phénix, l'oiseau immortel qui renaît de ses cendres, et qui rappelle la longue vie de ce genre de palmiers, quand il se développe dans son pays natal. Sans doute, les mots Torylis, Tordylium et ropvée, turris en latin, sont parents entre eux; mais ils ont tous une origine commune primitive, qui est tor, tur, tour primitivement dans le sens de défense, tun, town, et pris ici dans le sens d’arrondi. Linosyris ne veut pas dire ressemblant au lin et à l’Osyris, mais le lin d'Osyris, le plus ancien des Egyp- tiens connu, dont le nom signifie saint, sacré ; le saint auréolé des rayons de l’arc-en-ciel, pourrait-on dire. Acer, érable, ne vient pas de acer, âcre, dur, pour bois dur. Acer vient du latin acus, pointe; mot dérivé lui-même du radical ac, centaines de noms propres et communs, dans une foule siecle, aigu, radical, qui a formé des de langues différentes, avec les prononciations variées de ac, ag, oc, og, ec, eg, suivant les pays. Le nom d’acer, érable, de acus pointu, est une allusion à ses feuilles munies de fortes pointes aiguës, en faveur des halle- bardes, bien plutôt qu'une allusion à l'emploi que l’on faisait jadis de son bois, pour tailler des piques et des lances. En tous cas, le sens de bois dur n’a rien à voir avec le mot acer, qui signifie âcre, sévère, au cœur dur. Il v a loin de là au mot robur que l’on emploie dans ce cas, quand on veut désigner du bois résistant. Dianthus, œillet, de Atés &v0oc, fleur de Jupiter, ne peut pas dériver de à äv0o:, fleur au-dessus de toutes les autres; attendu que à n’a pas du tout ce sens-là, comme la préposition &v&, par, à travers, en montant. Au con- traire, àx signifie à cause de, et n'aurait jamais ce sens de supériorité. Convallaria, muguet, dérive bien de Convallis, vallée; mais il faut ajouter à ce radical le mot xetpov, lis des val- lées. De sorte que Convallaria est une élision pour Con- Valle Convallis Xeipwv; et non pas le mot Convallis tout seul, pris adjectivement. Erysimum, l'herbe au chantre, vient d'epiw oïuos ; mais cela ne signifie pas je tire des chants. Cette expres- sion à un tout autre sens et veut dire : je sauve la voix des chanteurs. En effet, c’est une plante utile dans les affections de la gorge, et même du larynx, sous forme de fumigations très chaudes. Fumaria, fumeterre, ne provient pas de l'odeur de fumée bee e à la plante; mais ce mot fait bien plutôt allusion à son aspect glauque, d'un gris verdâtre, d’un gris tout à fait particulier, rappelant une sorte de fumée végétale qui sortirait de terre. Son feuillage ainsi nuancé lui donne l'aspect d'une vapeur, qui semble s’exhaler du sol comme une fumée grisâtre. L’hypericum, mille-pertuis, ne vient pas de Üx6 épéten, sous les bruyères, mais de drep etxwv, points transparents permettant de voir le jour à travers, ürép. On sait, en effet, que les feuilles du mille-pertuis sont criblées de ces petites ponctuations, qui ne sont que des glandes rem- plies d'une huile essentielle, Tandis que l’autre étymo- logie ne peut être acceptée, et cela pour deux raisons : 1° parce que beaucoup d'espèces de mille-pertuis croissent dans les champs, les endroits secs où il n’y a pas de bruyères, et non dans des bois de bruyères; 2° parce que les mille-pertuis qui croissent sur la terre de bruyère, dans les bois montueux, loin d'être cachés sous les bruyères, les dominent au contraire de toute leur taille; si cette dernière étymologie avait été invoquée, on les aurait appelés Epericum, et non hypericum. Juglans, noyer, vient de Jovis glans, gland de Jupi- ter; et Larix, mélézo, vient du celtique lar, gras, à cause de sa résine poissante. Loroglossum, la Barbe de bouc, vient à la fois de lorium courroie et Y\wosa langue ; à cause de’la dimen- sion de son labelle, en forme de longue langue, qui se déroule comme une courroie qui n’en finit pas. Lolium, ivraie, ne vient pas d’évu, je détruis les blés en les étouffant, mais du mot celtique loloa, qui exprime la gaieté, l'ivresse. Ce mot rappelle &an, alle- luia, allahilalalla, en grec, en hébreu, en arabe et dans d'autres langues; chant de victoire (Dieu soit loué!) formé de la répétition des mots al et.el, Dieu, pur, le saint par excellence. L’ivraie, lolium, a donc le sens de plante qui produit l’ivresse et des chants de joie, et non pas de plante qui étouffe les récoltes. LE NATURALISTE 167 Allium, ail, vient du celtique all brûlant, en raison de sa saveur, et non du grec’Ay:èoy. Alnus, aune, ne peut venir de #6, vaèc, nef mari- time, bois pour construire les chaloupes; mais de al-lan, près des eaux, puisque c’est un arbre qui pousse dans les endroits humides, et qu’on ne s’en sert guère pour les constructions des embarcations maritimes. De même Betula, bouleau, vient de son nom celte Bétu, et non pas du latin vetus, vieux, parce que c’est un arbre qui vit longtemps. Hélas! il ne vit pas aussi long- temps que bien d'autres! Carum bulbo-castanum, la noix de terre, ne vient pas du mot Carie, contrée de l'Asie Mineure,mais du grec #dpuov noix, qui exprime les fameuses terre-noix que portent ces plantes à la racine, comme des pommes de terre. Alisma, flüteau, vient du celtique al-lis, et non pas de alsis, qui aurait fait alsisma. C’est en grec, qu'on dit ä6, alsos, pour exprimer l’eau de la mer. Caltha palustris, le Souci d’eau, vient du grec x&00s, corbeille. C’est une élision pour Calatha, dont les auteurs ne se sont pas aperçus, puisqu'ils ont cru devoir laisser cette étymologie en blanc, Ce nom est dû à la forme éva- sée de la fleur, qui lui donne l'apparence d’une petite cor- beille remplie d’étamines et de pistils. Chez la Trolle, Trollius, la fleur a des pétales encore plus redressés, de sorte qu'elle à la forme d’une petite sphère ou d’un gre- lot, ouvert seulement dans le haut, comme l'indique son nom dérivé du germanique troll, rond. Le mot Marrube, Marrubium, est dérivé de l'hébreu mar-r0; c’est possible, car cela voudrait dire qui sécrète un suc amer; seulement, ce n’est pas mar qui veut dire suc et ro amer, c’est le contraire! Mar veutdire amère, et ro sève, suc qui s'écoule, d'où réc je coule. - Veronica, la Véronique, vient de verum eixwv, véritable image; allusion à l’histoire de sainte Véronique, qui essuya la face de Jésus, marchant au supplice, avec un linge sur lequel se reproduisirent les traits ensanglantés de notre Sauveur. Sans doute Polygonum, la Renouée, tient lieu de xoÿ Yéw, tige genouillée en plusieurs endroits; d’où son nom vulgaire de renouée, couverte de nodosités ; mais le sceau de Salomon, Polygonatum, n’a pas la même étymologie: il vient de roxÿ-ywvix, plusieurs angles ; en effet, sa tige est quadrangulaire, c'est-à-dire à quatre angles, d'où lui est venu son nom de polygonatum ou polyangulaire, et non pas multigenouillée. Le Saule, Salix, peut venir de Salio, je pousse, je sors de terre ; allusion à la croissance rapide des saules en général. Il est vrai que Le Maout et Decaisne ont essayé de faire venir salix, saule, de sal-lis, près de l’eau, plante des lieux humides ; mais cette étymologie nous parait moins bonne que la première, car eau se dit al en cel- tique, et non pas sal. Pulsatilla, sous-genre des Anémones, ne veut pas dire développement rapide des carpelles, quisemblent poussés, pulsare, par le réceptable quiles chasse ! Comme l'indique si bien son nom vulgaire d'herbe au vent, Anémone, de äveuos vent signifie tout simplement herbe agitée par le vent, pulsatilla, de pulsare pousser, agiter par la brise. . Amandier, amygdalus, vient du grec auvyèañ, mot qui dérive lui-même du radical àw5ë6, gercure ; allusion à la déhiscence du fruit, qui présente une fente bien marquée, par où se fait l'ouverture du fruit, sa rupture, d’apÜoow, déchirer. Lotus, le Lotier. vient bien du grec xwtés ; mais xwt6 lui-même semble dériver de Xworos, superlatif de 16wv meilleur, qui est le comparatif de l’inusité 2wrac, ce qui est désirable, de X&w voit, veut : plante fourragère excel- lente, Sorbus, le Sorbier, ne vient pas de Sorbere boire, mais de sor, aigre (qui est la racine celtique de notre mot saur, dans hareng saur), à cause de ses fruits aigres. Cette étymologie est d'autant plus certaine, que tous les mots analogues ont une racine celtique. Il suffit de citer ici : le Cormier, de sor mel, pomme aigre; l’amilouchier, de mel pomme; l’alisier, al-ke, boisson des oiseaux, comme nous avons encore le sorbier des oiseaux; le néflier, du celtique naff, tronqué, arbuste à fruits en demi-sphère, uécos nilo;, d'où on a fait son nom Mespilus, en botanique, Le prunier, prunus, rpsupvév, vient du grec revpvéc, au bout, à l'extrémité, ultime : fruits placés à l'extrémité des branches de l'arbre qui les porte. Le mot quercus, chêne, ne vient pas du grec toeyvc. rugueux, sous prétexte que le chêne estun arbre à fcorce rugueuse et crevassée ; bien d’autres arbres sont dans ce cas, Quercus vient plutôt du celtique Kaer-quès, bel arbre; le chêne étant le plus beau des arbres de nos forêts celtiques. Orobe, Orobus, 69060c en grec, peut certainement venir de épérra, brouter; mais ce mot ne viendrait-il pas tout simplement de üp0e-Bioc, qui vit sur les coteaux ? Cydonia, Cognassier, vient de Cydon, Kÿôwy, ville de Crete, qui est la patrie primitive de la plante; mais ce mot Kÿèwy vient lui-même de Kÿèoc, gloire, valeur insigne; comme qui dirait : Ceydon, la glorieuse. De même l'Acmène, Acmena, vient de Acmene, une des Nymphes de Vénus; de ac rusée et ménos désir ardent, ce qui veut dire : la rusée amoureuse, la passion si rusée. Géranium vient du gree yépavos, grue : allusion au bec qui prolonge l'ovaire, qui a valu à cette plante le nom de bec de grue. Mais yéoavoc, grue, vient de yépwv, vieillard ; son aigrette blanche rappelant un peu une barbe de vieillard. Æsculus, le marronnier d'Inde, vient d’un nom donné par les Latins, à une espèce de chêne à glands comes- tibles ; mais ce motest bien le diminutif de esca, nourri- ture, qui a fait esculus, nourrissant; du grec isyäpa, foyer, aliment cuit sous la cendre. Adonis, la goutte de sang, vient de Adonis, changé en fleur par Vénus, après avoir été tué dans une chasse au sanglier. Or son nom dérive de éèev, plaire, &3wv, qui plait, Adonis, le charmant jeune homme. Cytise, Cytisus, du grec xôri6oc, vient de xÿt, corbeille; d’où gousse, cosse, arbre qui portedes gousses, et xütrapos, boite creuse, d'où le cithara des Latins et la guitare des Francais. Le Giraumont, Cucurbita pepo, vient du celtique Cuce, vase, et du grec zérwv, mür, succulent, d’où nous avons fait le mot pépin; de rértw, digère, mürit et cuit. Abies, sapin, «éw en grec, vient d’&ftos, qui vit long- temps; a étant pris dans le sens augmentatif. Pin, pinus, zivos, vient de riwv, gras, arbre résineux ; plutôt que du celtique, pên, tête, comme le disent Le Maout et Decaisne, ce qui voudrait dire : arbre à feuil- lage touffu réuni en tête. Il serait facile de multiplier, bien davantage encore le relevé des erreurs étymologiques que l’on peut rencon- 168 LE NATURALISTE trer, même dans les meilleurs ouvrages. Nous ne nous flattons pas, grand Dieu! de ne pas en commettre nous- méme. C’est en corrigeant ses propres fautes que l’on apprend à corriger celles des autres, et nous serions bien heureux si le lecteur voulait bien nous signaler celles que nous pourrions commettre. Dr BouGox. a CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ALGÉRIE La flore et la faune sahariennes sont donc très pauvres. Bien peu de plantes résistent à la fois aux longues sé- cheresses, au froid des nuits, à la chaleur torride des jours. Le nombre des végétaux qui croissent spontané- ment dansle Sahara algérien n’atteint pas 500 espèces (1) il y en a 300 au plus dans les oasis du désert libyque (2), un millier peut-être dans tout le désert. La faune a subi une réduction parallèle. La sécheresse en à banni la plupart des mammifères, les oiseaux sont très rares dans les oasis et particulièrement caractérisés par leur coloris protecteur, Le mimétisme est appréciable sur toute la faune saharienne, La majeure partie des oiseaux d'Algérie se trouvent en France ; les grands rapaces tels que les Vautours, qui sont les grands purificateurs du pays, se trouvent dans le sud de l’Europe. Le Gypaète habite les Alpes eta des re- présentants sur toutes les montagnes depuis les monts Altaï et le sud d- l'Afrique. Les oiseaux les plus carac- téristiques des steppes sont les Gangas (Pterocles) et les Syrrhaptes ou perdrix des sables. Parmi les Passereaux on peut citer les Guêpiers et parmi les Échassiers, les Flammants, La pauvreté de la faune algérienne est donc bien la conséquence des ressources locales. Dans les oasis algériennes déjà s’observent de grandes modifications,mais dans la direction du Soudan la trans- formation est radicale. D'après Gerhard Rohlfs, le Touât n’a pas d'espèces d'animaux qui lui soient propres, et, chose curieuse, les animaux qui y viennent du nord y subissent une sorte de métamorphose :c’est ainsi que les Moutons y perdent leur laine pour se couvrir de poils comme les Chèvres. Les Poulets n'y sont pas plus gros que des Poussins; il n’y a aucun bétail, les Chevaux quine sont au Touât qu'en petit nombre sont nourris comme les ânes à l’aide de mauvaises dattes. Le bou Chamm, ce charmant oiseau, la distraction du voyageur, qui se trouve dans toutes les oasis au sud du grand Atlas, manque ici : par contre, on y trouve une espèce d'Hirondelle domestique qui a une queue nou découpée et un plumage gris; on voit en outre le Moineau franc. Sans doute la destruction des massifs forestiers par les incendies, parles besoins de bois de chauffage de la popu- lationetde l’armée ont considérablement été les facteurs de l’amoindrissement des oiseaux du pays ; mais ce (jui contribue surtout à cetétat de choses regrettable, ce sont les habitudes destructives des colons agricoles qui ont importé en Algérie les procédés d’extermination prati- qués en Italie.en Espagne et dans le midi de la France. — "De (1) Cosson, Compendium floræ Atlanticæ, p. 252. (2) Ascnerson, in Rohlfs. Drei Monate,p. 242. L'extinction du Lion dans les forêts algériennes peut- être aussi y aura contribué relativement; les Arabes, qui tremblaient jadis devant le said, dévastent les forêts abandonnées par leur hôte redoutable. L’Autruche qui, depuis 1871,a complètement disparu du Sud algérien est rare dans le pays des Touareg du nord et on ne chasse même pas celles qui y sont, parce que les habitants de cette contrée n'utilisant pas,comme les Arabes, sa graisse et sa chair (les Touareg s’abs- tiennent de chair d’Oiseaux et de Poissons), ne trouvent pas d'intérêt sérieux à la poursuivre. Quant aux plumes, généralement très étroites et maigres ou déchirées par les rochers de la contrée, elles ont une médiocre valeur. Celles de la région sablonneuse de l’Erg au sud de Ouargla étaient autrefois très renommées par leur belle constitution (1). Les Souafa obtenaient des dépouilles de ces oiseaux des prix plus élevés que celles de tout autre provenance. Il me parait possible de reconstituer l'élevage de l’autruche dans le Souf en profitant des relations d’une tribu maraboutique targuie, les Ifoghas. En 1896, cette fraction des Ifoghas, ayant été razziée par d’autres Touareg, s’estétablie sous notre domination dans le Souf algérien. On sait que, vers 1850, les Ifoghas convoyaient les marchands ghadamésiens jusqu'à Gabès et que ces Ghadamésiens faisaient un commerce d'importation et d'exportation assez important ; aujourd’hui les [foghas, dans leur pérégrinations, fréquentent les bords du Niger ou la mission Hourst les rencontra. On sait aussi que les Touareg de l'Air, tous les ans, avec la grande cara- vane de sel de Bilma, vont à Kano et y amènent des jeunes autruches, parquées dans les pays haoussa. Les Ifoghas, stimulés par des primes accordées par le Gou- vernement français, a leur retour dans le Souf, pour- raient ramener un nombre d’autruches suffisant à lacréa- tion par le gouvernement français du haras de repeuple- ment d'El-Outaia qui assurerait la prospérité du Sud Al- gérien et seraitæne ressource alimentaire pour les postes de jonction de l'Algérie au Soudan. Suivant Marmol, les tribus de la province de Dara, en Numidie (sans doute le Dahra de la province d'Oran), au moyen-àâge, élevaient des autruches pour l’exploita- tion de leurs plumes. On les y faisait parquer en trou- peaux, afin de s'assurer de la récolte deleurs plumes. Buffon fait observer à ce sujet « qu'ils en tiraient sans doute des plumes de première qualité qui ne se prennent que sur les autruches vivantes. » Histoire Naturelle des oiseaux, t. I. En 1864, Gerhard Rohlfs, dans le parcours des oasis du Tafilet (Maroc) au Touât jusqu’à Ghadamès avait cons- taté un certain nombre d’autruches. En novembre 1876, des autruches en troupes considérables furent aperçcues sur plusieurs points différents, notamment au sud des Ouled-Djellal, dans le cercle de Biskra. Je n’ai pas con- naissance de plus récentes apparitions;autrefois il y avait des migrations annuelles consécutives aux pluies de l’hi- vernage dans le bassin du Niger, les autruches se réfu- giaient dans le Sahara fuyant les pluies torrentielles des régions équatoriales. Dans le désert de Garêt, sur notre frontière occidentale, se trouvent encore quelques rares autruches del’espèce barbaresque. Il serait d’une impor- tance capitale que ces rares survivants soient protégés (4) Les deux autruches conservées au Muséum dans la galce rie Zoologique, sans doute, ont cette origine. LE NATURALISTE et conservés. Une prime sur l'importation en Algérie de jeunes oiseaux assurerait l'existence des oiseaux repro- ducteurs dont la chasse fournirait moins de profits que la vente des élèves de l’année. On sait que des tentatives malheureuses d'élevage d'autruche ont été faites depuis 1879 en Algérie. Les éle- vases du Jardin d'Essais, dès 1857, onttrouvé en Eu- rope des imitateurs,à Florence, à Madrid, à Grenoble, à Marseille. Les succès des élevages dans l'Afrique aus- trale sont bien connus, ils contribuent dans une large part à la prospérité du pays. Ceux,en Algérie, des envi- rons d'Alger : Kouba, — Zéralda, — Ain-Marmora; de Misserghin, près d'Oran, ont échoué pour diverses causes dont l’une et non la moins considérable estcertainement l'impossibilité de faire prospérer un oiseau originaire du Sahara, climatsec, dans les régions humides du littoral. Il est connu que,.dans la partie de l'Afrique soumise au régime de l’hivernage, l’autruche émigrait dans le Sahara et remontait jusqu’à la lisière, les Hauts-Pla- teaux. L’inobservation des conditions d'existence néces- saires à cet oiseau est cause de l’échec des tentatives d'élevage à Ayata dans lOued Rir. Dans la vallée de l'Oued-Rir, région très basse (une partie du sol est à un niveau inférieur à celui de la mer) la température du jour est très élevée, dans la bonne saison, elle est de 25 à 30° en moyenne, et, en été de 40 à 45 et même 50°. — Pendant l'hiver, cette température descend souvent la nuit au-dessous de 0°; c’est au point du jour qu’elle atteint son minimum, Ala même latitude dansle Sud oranais où la hauteur moyenne des plaines varie entre 4.000 et 1.500 mètres, on à vu, duranttrois mois de suite, le thermomètre des- cendre pendant la nuit jusqu'à 10° au-dessous de 0°, le Jouril n'était pas rare de le voir baisser pendant quelques heures jusqu'à 15 et 20° ; danscette région, les sommets élevés atteignant de 1.800 à 2.000 mètres restent cou- verts de neige pendant les mois d'hiver, au moins sur leur versant septentrional. Malgré la rusticité bien connue de l’autruche pendantla mauvaise saison, cette région lui fournirait de maigres ressourcesalimentaires; il faudrait loger les oiseaux etles nourrir en stabula- tion, régime coûteux et pernicieux; par contre, la vallée de l’Oued-Rir est très fiévreuse, elle ne pourra pas devenir le berceau de l'élevage en Algérie. FOREST. (A suivre.) LE FILAGE DE L'HUILE EN MER CHEZ LES ANCIENS ET LES MODERNES « À Nortwick, les meilleurs marins convienhent que les matières grasses, jetées dans la mer, ont la propriété d'en diminuer l'agitation, À Portsmouth, l’on en a fait l'expérience dans une tempête, et elle eut le succès qu'on en attendait. M. Detouche de la Fresnaye fut témoin qu'en 1736 un vieux matelot préserva du naufrage un vaisseau près de périr, M. Vay sauva un navire en jetant dans l’eau un demi-tonneau d'huile; le capitaine de’ vais- seau Klim eut le même bonheur. On assure qu'une tres petite quantité d'huile suffit pour tranquillises une partie assez considérable de la surface de la mer. » 169 Achard explique ensuite les nombreuses expériences qu'il fit, dit-il, soit chez lui, soit devant l’Académie des sciences, au moyen de divers appareils de son inven- tion. Dans les nombreux faits signalés à Lelyveld par ses correspondants et rapportés par lui dans son livre cité plus haut, je trouve ce passage d’un marin, relativement à cette croyance que les vaisseaux voisins d'un navire filant de l'huile sont en danger : « . Beaucoup de marins hollandais et autres sont persuadés que le filage de l'huile est très dangereux pour les navires qui suivent ceux qui en font usage, et ils citent l'exemple du sous-bailli Sébastien van den Harst, qui se trouva, en 1736, sur une barque qui revenait de la pêche aux harengs sur les côtes d'Angleterre, et qui se sauva à la faveur de l'huile jetée à la mer; tandis qu'un bâtiment qui suivait à la distance de 300 à 340 toises, et qui était beaucoup plus en état de résister aux coups de mer, fut renversé et périt avec tout son équipage. » Que ne jetait-il de l'huile, comme son compagnon ? Ou que ne passait-il le premier, pour éviter le sillage du huileur?... — Or, c'est précisément dans ce sillage huilé que se trouve la zone de plus grande tranquillité! Dans son très intéressant livre sur le Filayge de l'huile à la mer, cité plus haut, et où il donne, avec figures à l'appui, les meilleures indications techniques pour pra- tiquer cette opération, selon les circonstances où peut se trouver le navire, l'amiral Cloué rapporte la lettre suivante d’un maitre de cabotage retraité, publiée récemment par un journal d’une ville maritime du Nord, et où l'on voit combien, de nos jours encore, cette superstition est ancrée dans l’imayination de certains marins : « Il y alongtemps que les vrais marins connaissent le pouvoir extraordinaire de l'huile sur les flots en fureur, et le « filage de l'huile » n'est un secret pour aucun denos pêcheurs du Nord. Malheureusement, il ne leur est pas aussi facile de s’en servir que vous pourriez le croire, CAR DES RÈGLEMENTS MARITIMES TRÈS SÉVÈRES SY OPPOSENT, sous le prétexte plus ou moins plausible que le calme momentané irrite davantage les fots successifs, et peut causer des dégâts aux navires qui suivent lu même route. « Chaque fois que j'ai eu, dans ma carriére, à lutter contre la tempête, je ne me suis décidé qu’à la dernière extrémité à filer de l'huile; et j'ai toujours pris la précau- tion de recommander à mes matelots le’ plus profond secret à cet égard, ne voulant pas m'exposer à des reproches de la part des autorités maritimes. » L'’amiral Cloué fait suivre cette citation des réflexions suivantes, extrémement justes : «La prohibition que cite ce maitre au cabotage n'existe que dans son imagination. On ne saurait trouver, nulle part, aucun règlement qui s'oppose à ce que les marins répandent de l'huile sur l'eau, lorsque cela leur parait nécessaire. Il est probable que quelques armateurs, vou- lant empêcher une dépense d'huile qui peut ne pas leur sembler justifiée, ont affirmé à leurs équipages que le filage de l'huile était une infraction aux règlements; et on y a ajouté foi, tant est grande, chez nous, cette dispo- sition générale à croire l'autorité capable de tous les abus de pouvoir, » Eh bien! pareille protestation avait déjà été élevée, cent douze ans avant celle de l'amiral Cloué, par un autre officier supérieur de] la marine francaise, le capitaine de vaisseau Detouche de la Fresnaye. Lelyveld lui avait demandé s’il était vrai qu'il existât, — au dire de nos 170 marins du Nord, — une ordonnance du roi Louis XIV défendant de jeter de l’huïle à lamer, densles rades, pour ne pas nuire auæ navires venant aprés ; La Fresnaye lui répondit, le 7 juillet 1776 : «. Vous me dites qu'on pense que le navire qui fait cette manœuvre peut nuire à un autre navire Voisin, qui ne serait pas dans le cas de profiter de cet avantage. — On ne peut comprendre ici (en France) un raisonnement si étrange, Quant à l'ordonnance qui défend de se servir et d'user de cette précaution, jamais on n’en a entendu parler. Si quelques navires voisins, en ne jetant pas d'huile, ont péri, et si celui quiversait de l'huile fut sauvé, cela prouve simplement l’utilité de l'huile pour lui; mais cela ne dit pas que cette huile ait dù faire périr le voisin. » C'était supérieurement raisonné. Du reste, la croyance en l'efficacité de Phuileen pareil cas fut toujours générale; Walter Scott lui-même, dans son roman Le Château dangereux, chapitre VIII, dernier alinéa, met cette phrase dans la bouche d'un de ses per- sonnages : « — N'ajoutez plus un mot, ménestrel, dit le gouver- neur. Puisque j'ai pris mon parti, peut-être celui qu'il m'est le plus dangereux de prendre,essayons de la vertu de ce charme qui, dites-vous, doit me protéger,de même que l'huile jetée sur les flots courroucés peut, au dire des matelots, en calmer la fureur, » Et, néanmoins, quelles difficultés n’a-t-on pas appor- tées à admettre la possibilité de ce phénomène, attesté depuis la... création de l'huile ! Même de nos jours, en 1877, voici ce que disait un savant dans le premier Supplément du Grand Dictionnaire universel du XIX° siècle : « On a fait grand bruit, dans ces derniers temps, de l’action de l'huile sur les vagues de la mer.Nous croyons devoir en dire quelques mots. Un journal de Bombay a raconté, avec le plus grand sérieux, qu'un commandant de navire avait arraché son bâtiment au naufrage en jetant de l'huile dans la mer au plus fort de la tempête. C'est une opinion dont on retrouve les traces dans quel- ques auteurs latins (dans un seul), que l'huile aurait le pouvoir de calmer les flots et d’obliger les grandes vagues à s’allonger et à perdre ainsi de leur violence. M. Henri de Parville a publié à ce sujet, dans le Bulletin francais, un article très intéressant que nous ne pouvons mieux faire que de résumér, D’après lui, — et nous sommes complétement de cet avis, — une pareille influence de l'huile serait tout à fait inexplicable (1). Aucun physicien ou mécanicien n'admettra facilement qu'une mince couche d'huile répandue sur la mer en fureur puisse éteindre la force vive des flots, et anéantir une aussi grande quantité de mouvement que celle dont est animée la vague de l'Océan. On sait bien qu'il se forme une sorte d'émulsion qui peut produire un effet superficiel et absorber un peu de force vive; mais de cette action très petite à un apaisement brusque du flot, il y a une dis- tance incommensurable. « Une petite vague d’eau ayant peu de masse et peu de vitesse peut être modifiée par un peu d’huile ; mais ces vagues énormes de huit à dix mètres de hauteur, roulant des tonnes d'eau, comment leur gigantesque puissance mécanique pourrait-elle être altérée,diminuée, sinon anéantie, par quelques kilogrammes d'huile ? Nous (4) Et pourtant, dans le deuxième Supplément du même ouvrage, on en proclame enfin l'existence réelle. LE NATURALISTE oo répétons donc que, s’il y a du vrai dans le phénomène, il a été tellement exagéré, qu’on a fini par en dénaturer la véritable portée. Telle est, du moins, la conclusion qui se déduit naturellement des considérations théo- riques les plus élémentaires, » (A suivre.) OFFRES ET DEMANDES — M.J. Goujault, secrétaire-bibliothécaire de la So- ciété pour la diffusion des Sciences à Saint-Genis de Saintonge (Charente-Inférieure), désire : DELATRE : Flore de la Vienne. MAUDUYT : Herpétologie de la Vienne. — Ichthyologie de la Vienne. — Tableau méthodique des oiseaux de la Vienne. tome I, etc. Offre nombreux volumes, roches, minéraux, fossiles, insectes, arachnides, coquilles exotiques, etc. (deman- der la liste). M vendre, — Lot de Staphylinides européens, 520 espèces, environ 800 exemplaires, 3 boîtes... 40 » — Bon lot d'orthoptères de France et d'Algérie, 60 es- PÈCES EL MR RE NS RE RE ee ONE 45 » S'adresser à Les Fils d'Emile Deyrolle, naturalistes 46, rue du Bac, Paris. SANTINI. Ouvrages d'occasion à vendre. — Catalogue de plantes vasculaires de l'Ile de Groix, Morbihan, par le DrViaud-Grand-Marais etl’abbé Guyon- NarCho ent nr een ee UE TE » 50 — Les herborisations des environs de Grenoble, par Verlofsisz NS CE MINE ER » 50 — Recherches sur les stipules par G. Colomb, avec faures dans letexter eee EAU 1 » — De la Feuille, par J. Chatin, # pl. col...... 1 50 — Catalogue de plantes vasculaires de Noirmoutiers par le D' Viaud-Grand-Marais, Nantes, 1892 ..... 0 75 — Die Alpen. Planpsen Deutschland under Schweiz, par J. C. Weber, volume I, Il, IV, donnent en total 300 planches, coloriés, Munich 1880. 3 vol. cart. en- semble RCE ARE teen EPIRRRAES UD En — Guide du Botaniste herborisant, par Verlot, 4 vol. cart Paris ASTE A RRNEMRONICER R ES SRE 1 50 — Garden Ferns, or coloured figures and Description, with the needful analyses of the fructific, and venation of a Selection ofexotic ferns adapted for cultivation, by Sir William Jackson Hooker, 1 vol. cart. avec 64 pl. en COUR CEA NRer ie np CRAN EREIS 8 » — Catalogue de plantes vasculaires de l'Ile d’Yeu, par Viaux-Grand-Maraiset Menier.................. » 50 — Cours élémentaire d'Histoire Naturelle, Botanique, par/A%de Jussieu Hivol- tree Peer rie A0 T0 — Flore élémentaire des Jardins et des Champs, par Le Maout et Decaisne, 1 vol. rel. Paris 1855..... #%# » — Synopsisanalytique de la flore des environs de Paris, par Cosson et Germain de Saint-Pierre, Paris 1859. 0 75 — Flore descriptive et analytique des environs de Paris, par Cosson et Germain,{ vol.rel.Paris 1859. 1 50 S’adresser aux bureaux du Journal, 46, rue du Bac, Paris. En PE ÿ Le Gérant: PAUL GROULT. ————_———————————————————————— —— PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. 171 “(YesT ‘oouexx 9P ‘UOJU9 ‘200$ E[ 9P ‘UUV) 979 ‘SALAWOLIJ04 S8421d02709 Sp UOISIRIP aun p 1DSST ‘AMTIOS (T) ASE 28 SERRE "(88 ‘31) doqueyoox op sed quefe,u ouuofout oxted €] op Sejour Il ARRERE t'ttttttttttt (TG ‘2y) doiuey9oxy un,p sonaanod ouuofouw oated tj op soyourrx ‘Snqiay Sopediourd j8uta So aon8unsip op rajouuod qims mb nvsejqu} 27 "YSSY U® o91qnd ‘sauo/ynT ouDiIT 0p S019/0090{) SP 01810 2N0JSU UOS SUEP JUESIUK ‘K Atd 9s0dx9 979 v sopruonuqougr sop uoreogisse|? e[ op Jeçdwuos onbraojsiq,T ‘SoJ2osuç $99 op onbrous8o[{qd uotissosons ef soquosgadou Juotuofinu puojaid ou ojjo soiuo8 Sop uoreuludo)op ®] ‘ynod o$ JLS ‘I9J1pIO] op qnqanod juauioAIsn[oX9 ® 191 097d0pe Sojourstp Snqii} U9 UOISIAIPENS CT "(T) S21MOIP op 9981494 159 odno18 99 9p UOT}POIISSEIO 8j onb osnveo 750 ‘juoquosoad sy nb sosnoiquou 1 suorerea xne juiof ‘jiey 97 *SOIQU -049)94 Sop onto tj onbsoid quowaoquor sr ‘spnos xn0 © ‘Jo ‘s019)d09[0) sep JAIJU9 91p4JO | 9P SOIR, Sopuras Sn[d sep oun,| Ju2n/1JSU09 SOPIUOHIQOUY], S9T 74 LE NATURALISTE (89-6887 odoang,p ‘1409109 Sop vaousn) TEA 0p DoEf SHAINOIHAHNEL ‘WeA - ‘I a ——— °°°"(08 SU) 9H9IXO, SI0A OnNSSEUI 0P QUO} Uo Juessisstedo s fso]ino9 sauuoTUuY "SHCIHLAd ‘TA (Sapau270 ht pour) "SACIIANAGAO ‘IX 61 DO (CRE du) Joumos ne 9$EQ C] 9D (1 anosso18 9P JUENUTU } -Ip ‘SOUHOJITI SOUUTIUY °’''‘souuaque SOp 988 CI 19507 anod JueAr u9 S9zIuvU99 Juow “OIqTe7 no Sxotquo xnoL £(87 81) SoJU99S19p 10 9IQTIIR U9 S91991191 NO So[ar[uivd fsoJ1oa79 S047 €] ‘souu9qUur $9p 2$84 P[ 19804000 JUEAR U9 S9IOUVUI9 JUOUWIIIOI ‘95 "SHGIUI VI ‘A, uoype xno ‘(21 ‘Sy) oo ‘ -1t U9 SOISAU[9 ‘SOPUVIS S041)4[] SATTAHNLVN SHINYIIOS SH HAALIO( LHMAATIIOH JuvIsUu0I UvVd AIAV AA AE SHELL AO T0) SA HAÔILATVNV VHANHI ŒAULSATTII LE NATURALISTE 172 (9) “IHAATAOH LINVISNO) oÿ LL ‘SN3IQIHNION ‘SN31Q113NWld ‘SN3IQISV ‘SN3IaI4NvIS ‘SN3IQIHV ‘SN3IGISdV 14 hors nnnussse -9s Juau9J4OT (ous y) cest tt(0r ‘Sy) soopnueas PHASE no Soonus sounaq so1J{fo nu no juaod sg} ‘oateutpio aWIOJ ep UOSSN2Y sasna[n919qu) JU9U9JIUF SAU9189 XN9P xN9p 9048 S94J{[9 PULIS S91} UOSSNOM ne ne one ee 0 à nero s ne nes à "(8e ‘8y) soitepngueipenb seinori97sod es ‘oitensgueti] JUoUEIqIe] no [840 sodte[pixeu sodjed sop ojotsae dotudo(] * (L£'8y) awaoyruno sadiepptxeut sodjed sop oforgie aotutoq LRO RE NEO Encre (OUT) 1£ Sy) p8uojpe souuoque; sp ojorae JaluI9p f9p10q Juawueduts xe10JOL A A ue, PU)ENtS0 sautoque Sep 9[911Ie JOIUASP {$90)00 SO[ Ans Saw U9 9BUOo1d XPIOJOI] tete t(gg ‘8y) oare[nSuera} no 9pro40 sourerprxeut sodjed sop efçotgae 4o1u40(] "(ec 47) SoxJÂT9 Sa suos sasnou -RIQUQUL sadteppixeu sodrd $sop ejorgie aoi1uio( sortep sed ‘owaojrin2os RP hoi feet ape eres set sépke es eee 28e 9 fe qe *Sy) OJ9IAIR U9 9199191 UOU 9J1N09 979 PEN AOLI OR O Neo (te ‘87) no9 9p aux0} us 91QUIE U9 91991991 ‘areploquioua 979L - : | ee a Se au Loydou?PH ‘[OUL) ‘&) ‘SN3IGISON3LS ‘F) :SN3IGIHAINIL (HT) SN3IGIHdASSO9 € EX. = te $G 22706 °8y) Sooddofoaop uorq jojue] ‘sa[quu JoqueJ So[e UOJUAU 9] SUTOUL no sn[d juessedop o[qista opjonS$ueT CCR D Ca ECC TE Er #1) ni Sa] Snos Ssosnoutaquaut So[lep sreuwuef -IA out9d ‘erqis no uojuau ot Jed o9yovo aJjonäuert °*':"(LG SU) 9))9/110,p owioy ua epndno eun suep sogigsut souuojuy ‘(93 ‘8y) ougqde sdaoo ‘spnu no sjanoo sga} suotod9o sop aed sogutuo) soquel fJIOANOI9P SOIOUIRU SO[ JUESSIEI J9 2A09HQJUT 91AQ[ E[ 9P 2AN19UEH99,] Joue uo sed quessrduor ou uojuoyg fé *:(93 8) suorodo sop avd sogutume) soquel ‘soitouyogur so juowoo[duwuoo quey989 J9 91N9TIQJUI 9IAQI E[ 9P 9aN19 -uey99.1 J1JU9 u9 Juesstpduwuor uojuoyy \ 9TI1940,P SWHIOF U9 UOU STEU eu opndno gun suep Sa9lesut sauus}uy sos SÉRIE AEE EC EEOr ‘Sy) 99810} UOU ‘9ITBUIPIO SLUALOF 9p sd109 DORA RIRE RRTPOEE ‘8y 9199 PL USWOIQIJUI JUEUIVI xPI0yJo1d feuojtipod J9 9081107 juowoSaer sdio9 } 91° ANNÉE 2 SÉRIE — N° 298 1: AOUT 1899 L/Ame de la Nature Les anciens croyaient à l'existence de satyres, de faunes, de sirènes, de mille divinités qui peuplaient les bois, les ruisseaux, les endroits sauvages : par eux la nature vivait d’une vie humaine. Cette crovance a toujours été très répandue, nos paysans craignent encore les lutins, les farfadets, les fées, mille génies qui vivent par les landes et les bois. Mêmes superstitions chezles sauvages et dans l’huma- nité presque entière. Ces croyances aous semblent ridicules; parce que dès notre enfance on nous à enseigné les lois qui expliquent les phénomènes naturels. Mais les anciens les ignoraient aussi bien que les sauvages ou les paysans aujourd’hui. Bien des faits les étonnaient au plus haut point et ils ne pouvaient satisfaire leur esprit curieux qu'en attri- buant la cause à un être animé. Aujourd’hui nous passons indifférents devant ces spec- tacles qui engendrèrent toute une mythologie. Ils sont pourtant fort instructifs. Pour les anciens la nature parlait, se mouvait, revêtait une forme animée, vivait en un mot. L’écho était sa voix, mais parfois elle ne se bornait pas à répéter les paroles. On sait que le sphinx d'Egypte au lever du soleil rendait des sons harmonieux. En Bretagne même, entre Plouha et Lanloup, un rocher situé sur un point culminant, retentit au lever du soleil; c'est la voix de Marie qui prie pour les Bretons. On a décrit des plages chantantes aux Nouvelles- Hébrides à Bornholm et au Danemark. A leur exemple certaines montagnes rugissent. On a observé ce phéno- mène dans certains monts sablonneux du Névada, près de la rivière Columbia (États-Unis), Il s'expliquerait par le choc des grains de sable qui les couvrent. Certains déserts en Arabie et à Lob-Nor en Mongolie émettent aussi des sons puissants. La nature se mouvait, à l'exemple des animaux. On expliquait ainsi les ava- lanches, les glissements de montagne qui se précipitent dans la vallée. Il existe en bien des pays des rochers bran- lants, énormes blocs posés en équilibre que le doigt d’un homme suffit à mettre en mouvement. Enfin la nature prenait en bien des circonstances une forme humaine. La montagne s'animait au soleil cou- chant, son arète offrait un profil humain. Telle forêt vue de loin étendait ses ailes sous forme de chauve-souris. Et les nuages dans leurs transformations incessantes donnaient l'impression d'apparitions fantastiques : che- vauchée de fantômes, mélée sanglante des combats. Plus souvent encore des rochers (surtout les blocs de grès) revétaient une forme animée. Tel avait le profil d'une tortue, tel autre d’un lion, celui-ci d'un homme ou d'une femme (le père et la mère, deux ilots à l'entrée de la baie de Rio de Janeiro) ou encore d'un cavalier sur sa monture (bloc de grès de Fontainebleau). Il serait aisé de multiplier les exemples de ces jeux de la nature. Parfois l’art humain s’efforçait d'en rectifier le dessin un peu vague. Dans l'ile de Kéos (Cyclades) existe encore un lion sculpté dans un seul bloc de 9 mètres de long et 3 de haut, Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. L'âme de la nature se révélait aussi dans les détails. Tel rognon de silex rappelait un animal ; si on fendait une pierre, la cassure dessinait des êtres déjà vus : On citait au siècle dernier un dessin de poule avec son plu- mage ainsi formé par les taches d'une cassure pierre (1). Les dendrites dans les joints des pierres calcaires et des marbres rappellent des arbres et même des paysages compliqués. Les pierres racontaient leur histoire, en gardant l’em- preinte des héros. Les cavités naturelles dans les rocs à surface plate peuvent rappeler la forme d’un pied d'homme, d’un sabot de cheval, De là des légendes mer- veilleuses. A Ceylan on montre l'empreinte du pied d'Adam, en Chine celle de Boud’ha. À la Mecque le pied d'Abraham de visible encore au xIIe siècle a disparu sous les baisers des fidèles, En Espagne, dans la province de Iuesca, on montre l'empreinte du cheval de Roland; en France dans le canton de Semur celle du cheval de Bayard, dans le Haut-Morvan, à Lavault de Frétoy, celle du cheval de saint Martin. Au Mont Dol, satan en lutte avec saint Michel a gravé sur un roc qui surplombe l’abime ses griffes larges et profondes, Les 5lantes aussi cachaient des génies, D'où cette gra- cieuse légende du bucheron imploré par l'esprit de l'arbre qu'il est entrain d’abattre, Ce n’était pas une pure imagination, mais observation mal interprétée. Tirez une racine de mandragore, ses nœuds et ses divi- sions multiples lui donnent souvent une forme humaine. C’est un être réel pour le peuple superstitieux, qui ajoute à la ressemblance par quelques coups de canifs adroitement donnés et le conserve comme un fétiche. La racine de ginseng (2) à laquelle les Chinois attri- buent des propriétés médicinales, à aussi de vagues formes humaines. La médecine primitive, a en eflet, attribué des propriétés thérapeutiques aux plantes à forme bizarre. Elles étaient employées dans les maladies ayant quelque rapport avec leur aspect. Le «similia simi- Libus curantur » a été pratiqué de tous temps. L’ophiocaryon serpentinum, arbre parent du marron- nier, natif du Demerara porte un fruit dont l’amande res- semble à s’y méprendre à un petit serpent enroulé sur lui-même, Aussi les habitants voient-ils en elle un anti- dote contre le venin. En Birmanie, dans les États Shans, les capsules du Martynia (genre de pédaliacée) sont réputées comme talisman contre les morsures du serpent, car elles por- tent deux crocs qui ressemblent absolument aux dents porte-venin, et le corps de la capsule rappelle la tête aplatie de cet animal, etc., etc. Ces nombreux exemples sufliront à faire admettre que si les anciens ont été naturistes, ce n’est point par pure imagination, mais en vertu d’un raisonnement faux il est vrai, mais basé sur l'observation. D' FÉLIX REGNAULT, (1) Revue des tradilions populaires, 1897, p. 220, (2) Voir la Nature, 1892, t. 1, p. 102, ATA LE NATURALISTE DESCRIPTION d'un nouveau genre et d'une espèce nouvelle DE COLÉOPTÈRE PSEUDO-RILÆTUS OBERTHURI Cette belle espèce a été reçue récemment du Haut- Tonkin, par M. Oberthür, à qui je me fais un plaisir de la dédier. Elle présente les plus grandes affinités avec l’espèce de la Chine méridionale, dont M. H. Boileau a donné, récemment la diagnose, sous le nom de Rhætulus Si- nicus, dans le Bulletin de la Société entomologique de France, n° 6, page 111 (Séance du 22 mars 1899). C'est avec juste raison que M. Boileau n'a indiqué qu'avec doute le nom de genre de Rhætulus, car ces in- sectes, bien qu'évidemment voisins du Rhætulus crenatus- Westw, et peut-être autant du Rhætus Westwoodi-Parry, présentent un ensemble de caractères spéciaux qui paraissent suffisants pour justifier l'établissement d’un nouveau genre. Les principaux de ces caractères ayant déjà été nette- Fig. 1. — Rhætulus Crenatus © (grandie d’un tiers). (Collect. R. Oberthur.) ment indiqués par M. H. Boileau, dans la diagnose qu'il a donné de son R. Sinicus, je propose de baptiser ce nouveau genre du nom de PSEUDO-RHÆTUS-L, Planet et H. Boileau, comme il à été dit ci-dessus, ce genre est voisin des genres Rhætus et Rhætulus, mais il en diffère par les particularités suivantes : 1° Labre notablement plus étroit et plus incliné en avant, où il est excavé, ayant, en outre, son bord anté- rieur armé de trois dents assez longues, dont une médiane et deux latérales. 20 Tête un peu plus longue et plus étroite, présentant en arrière des yeux une expansion latérale bien marquée et déprimée. 3o Yeux notablement plus petits que dans le genre Rhætulus. 4° Mandibules armées, en outre de leurs crénelures, de deux dents terminales d’une faible dent située environ vers leur milieu et d’une dent plus forte vers leurs deux tiers. 5° Prothorax plus rétréci en avant, plus allongé, et surtout bien plus convexe, ayant son bord antérieur en forme de bourrelet épais; en dessous, le prosternum présente une saillie qui manque chez le Rhætulus. 6° Elÿtres fortement rétrécies en arrière au lieu d'être parallèles, Quant à la femelle, elle s'éloigne, pour le moins, autant du genre Rhætulus que les mâles différent entre eux; ses mandibules proportionnellement plus grêles, ses eXpansions postoculaires, sa tête plus allongée et plus robuste, à ponctuation bien plus profonde et irrégulière, enfin, son prothorax notablement plus long et plus paral- lèle, lui donnent un facies tout particulier, bien différent 2. — Hexarthrius Davisoni — Waterh. (Collect. R. Obcrthur ) Fig. de celui de la femelle du Rhætulus, qui rappelle simple- ment, sauf le nombre de ses feuillets antennaires, une femelle quelconque d'Hexarthrius. Ce nouveau genre a, en outre, ceci de particulièrement intéressant que sa structure générale, ses expansions postoculaires et la conformation de son prothorax rap- pellent grandement le genre Mesotopus, et constituent, tout au moins, un des liens qui existent entre les autres Lucanidæ veræ et ce genre bizarre qui, par le genre voisin Allotopus, nous conduit aux Cladognathides ou aux Odontolabides. Ce rapprochement vient, en outre, confirmer que la véritable place des Lucanides, appartenant au groupe du Rhætus, se trouve non pas en avant mais bien immédia- tement après les Hexarthrius. Non seulement, en effet, plusieurs Hexuarthrius aber- rants, découverts depuis la création du genre Rhætus, tels les H. Davisoni, Waterh (voir fig. 2), et aduncus gordan, se rapprochent beaucoup, comme coloration et comme aspect, des Lucanes vrais, alors que d’autres, tels H. Forsteri, Hope, font le passage avec le genre Rhætus, mais encore l'opinion émise par Parry (dans l'étude de LE NATURALISTE ce dernier genre) que sa massue antennaire tétraphylle en fait un intermédiaire entre les Lucanus et les Heæar- thrius ne me parait pas supporter l'examen. Ces derniers ont bien, il est vrai, d'une facon constante, six feuillets à la massue antennaire, mais nous avons vu le même nombre de feuillets exister chez une espèce de Pseudolucane, le Pseucdol. barbarossa et chez plusieurs Lucanes vrais, Luc. turcicus—orientalis—tetraodon. A la vérité, ce n’est pas, surtout, le nombre des feuillets qu'il convient de considérer, mais bien leur confor- mation; or, les feuillets antennaires des Hexarthrius, bien qu'en général plus courts, ne s’éloignent pas très sensiblement comme structure de ceux des Lucanes, ou, tout au moins, conservent encore avec eux une grande analogie, tandis que ceux des Rhætus, Rhætulus et Pseudo- Rhætus se rapprochent bien davantage, je dirai même presque complètement, de ceux des Cladognathides, et ne sont pas, d’ailleurs, au nombre de 4, mais bien plutôt de 3, comme chez ces derniers, le prolongement de l'ar- ticle qui précède ces trois feuillets ne consistant, en réa- lité, qu'en une tige chitineuse extrêmement gréle, bien différente du véritable premier feuillet des Lucanes. Pseudo-Rhætus Oberthuri-Louis-Planet. Cet insecte est, comme je l'ai dit précédemment, extrêmement voisin du Sinicus-Boileau; il en diffère Fig. 3. — Pseudo-Rhætus Oberthuri (Grand développement). Fig. 4. — Pseudo-Rhætus Oberthuri (petit développement). (Collect. R: Oberthur.) surtout par la nature de ses téguments, qui sont entiè- rement vernissés, et par sa coloration qui, d'un beau noir luisant sur les mandibules, la tête, le prothorax et la majeure partie des pattes, est d’un beau rouge acajou sur les élytres, toute la partie médiane des cuisses et l'extrémité des pattes de la seconde et de la troisième paire. L’écusson, le rebord élytral et les extrémités des cuisses sont noires; les épaules, la suture et le pourtour des élytres sont plus ou moins rembrunis selon les exem- plaires; les antennes, les palpes et les tarses sont du même noir luisant que la tête et le corselet; tout le dessous du corps est noir, luisant sans pubescence, et généralement lisse; seuls, la base des mandibules et le menton sont ponctués; la ponctuation de ce dernier est, 175 d'ailleurs, forte et bien visible; quelques faibles points, suivis de points plus marqués, en forme de courtes rides transversales, se voient aussi au prosternum le long des hanches. En dessus, les mandibules présentent sur toute leur longueur une ponctuation fine et assez régulière, perceptible à l'œil nu. Pour le reste, les figures ci-jointes (3, # et 5) dispensent œ. 5. — Pseudo-Rh:tus Oberthuri %. (Collect. R. Oberthur.) d'entrer dans une description détaillée; à noter, cepen- dant, d’une facon plus particulière, l'excavation de la partie antérieure du labre et le fait que la dent médiane n’est pas plane, mais présente sur toute la longueur une faible carène arrondie. Le prothorax porte de chaque côté deux fossettes ar- rondies, peu visibles en raison du miroitement, et dont l'inférieure est notablement plus large que la supérieure; en arrière, le long de son bord postérieur, il présente une sorte de dépression transversale; on remarquera éga- lement la largeur du rebord élytral. Femelle. La femelle a la même coloration générale que le mâle, mais les teintes remhrunies des élytres sont plus étendues et les pattes et les cuisses sont entièrement noires; le menton est bien plus rugueux que dans l'autre sexe; la ponctuation étant plus forte et bien plus irrégulière, quelques points enfoncés se voient en dessous des yeux; les épipleures présentent quelques rides transversales, En dessus, les téguments présentent la même con- texture que chez le mâle, mais la tête est couverte, en majeure partie, d'une ponctuation profonde et dense en avant, plus espacée, mais plus forte en arrière; enfin, quelques points, espacés et peu visibles, se voient sur l'extrémité des côtés du corselet, dont les bords latéraux sont plus régulièrement crénelés que chez le mâle. Cette femelle est, d’ailleurs, comme le male, extrè- mement voisine du Ps-Rh. Sinicus. Les différents spécimens figurés ici sont étiquetés : Haut-Tonkin, N.-0. du Bas-Laos, Dr Battarel, 1897-98. Louis PLANET. 176 LE NATURALISTE TE eee er EN M ne NS ER PM REIN EE Les Eaux d'origine des Sources M. Stanislas Meunier, le sympathique professeur du Muséum, qui a eu le talent de mettre à la portée de tous une science aussi aride que celle de la géologie, aussi aride que les rochers, sans calembour, nous a fait voir le premier que les fleuves et les rivières reculent leur source de plus en plus, avec les siècles. On savait bien que des fleuves, tels que le Rhône, le Nil et le Pô, par exemple, reculent leur embouchure, en étendant leur cours de plus en plus dans la mer qu'ils comblent de leurs alluvions; mais on ne se rendait pas encore bien compte qu'ils s’allongeaient également du côté de leur source, Nous pourrions indiquer des ràs de la vallée de l'Oise, dont la source a reculé de plusieurs mètres, sous nos propres yeux, dans le cours de notre existence, Il suffi- rait de citer le rù de Salency, qui prend sa source à la fontaine à Bessons. Jadis il y avait là trois sources, dont l'eau sortait d’une petite grotte tapissée de marchantia. Cette grotte a disparu, sous l'influence des travaux de l’homme, qui y a exploité une carrière de sable et de têtes de chat pour l’entretien des routes. De cette facon, la source de ce ruisseau a reculé d'une dizaine de mètres au moins. Ce travail de dénudation de la montagne en question, dont le flanc abritait cette petite fontaine, nous a permis de voir nettement les veines liquides souter- raines qui alimentaient la source pétrifiante. Le mot veine n'est pas une expression imagée; rien ne peut mieux nous donner une idée du cours des eaux souter- raines que les veines du corps humain, avec leurs rami- fications qui se terminent dans les capillaires. C’est une arborisation identiquement semblable, qui se termine par des filets descendants. Toutefois, il est bien évident qu'il n'y a pas ici de parois résistantes comme dans les vais- seaux de notre corps. Il n'y a pas de capillaires à parois élastiques. On trouve seulement un plan d'argile sillonné de petites rigoles ramifiées, au-dessus duquel se trouve le sable du Soissonnais, qui est perméable à l’eau tombée du ciel. Mais ces petites rigoles, ramifiées à l'infini, rap- pellent tout à fait le réseau veineux. Il faut ajouter une autre particularité très importante. Ce premier lit d'argile n’est pas partout de même épais- seur; de sorte qu'il présente des fissures et même des lacunes, qui donnent passage à une très grande quantité d'eau. Cette eau, après avoir traversé ce lit d'argile, con- tinue à descendre plus bas, à travers l’énorme masse des sables du Soissonnais, qui constitue presque toute la montagne. Vers la base de celle-ci, il rencontre enfin une couche d'argile excessivement puissante. C’est sur- tout cette seconde couche qui retient la plus grande par- tie des eaux tombées sur la montagne, Elle s'étend d’ail- leurs sous la vallée de l'Oise, dans toute son étendue, et la sépare de la craie sous-jacente. Au point de contact de cette puissante masse d'argile et des tables, se trouvent donc les sources les plus puis- santes de la région ; beaucoup plus bas que la fontaine à Bessons, par conséquent. Ici, les eaux ne sont plus aussi chargées de sels calcaires que précédemment, et on n'a plus de fontaines pétrifiantes. C’est à ce niveau inférieur que l’on s'adresse, pour aller chercher les eaux qui ali- mentent les localités voisines. C'est aussi de là que pro- viennent les eaux abondantes qui forment les rüs. de la vallée de l'Oise, dans cette partie du cours de la rivière en question. À ce second niveau, on peut encore rencon- trer des veines d’eau souterraines: mais ici le: mélange des sables argileux avec les eaux retenues par le second lit d'argile, donne naissance à une fange grasse et épaisse. désignée par les ouvriers du pays sous le nom de sables morveux. On voit donc que, si les eaux souter- raines de ce second niveau sont plus abondantes, elles sont aussi plus difficiles à capter. Elles ont de la tendance à s'écouler à travers le sol, en pente du bas de la mon- tagne, et au-dessous de la surface de la vallée ; au lieu de former des fontaines naturelles, comme au niveau supérieur. Il est intéressant de voir que tout le pourtour de nos petites montagnes offre ainsi deux niveaux d’eau bien dif- férents. Le niveau supérieur présente des fontaines ou des sources naturellement émergeantes, situées toutes à la même hauteur, à quelques mètres seulement au-des- sous de l’arête du plateau, Le niveau inférieur, au con- traire, manifeste sa présence par des marais, d’où sortent des ruisseaux qui se jettent dans les rüs, qu'ils vont gros- sir de leurs apports. Autrefois, les moines ont su tirer parti du moindre de nos cours d’eau. Ils y creusaient de vastes étangs, situés à des niveaux différents, au fond des vallées étroites, appelées cavées dans le pays. Ces étangs étaient séparés les uns des autres par des digues; et ils communiquaient les uns avec les autres à l’aide de vannes, que l’on ouvrait ou que l’on fermait à volonté, suivant les circonstances. Ces étangs étaient de véritables viviers, qui fournissaient aux habitants une quantité con- sidérable de poissons. Rien ne serait plus facile de les reconstituer encore aujourd’hui, Les magnifiques étangs de la forêt de Chantilly sont un exemple du parti que l’on peut tirer d'un petit cours d'eau. Seulement, il faudrait se donner la peine de les curer et de les entretenir convenablement, pour pouvoir y élever du poisson. D' BouGonx. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE Baïins-marie. — Les premiers instruments qui ont servi aux inclusions par les méthodes à chaud sont les bains- marie. Aujourd’hui on les emploie encore, de temps en temps, mais, il faut bien le dire, toutes les fois, seule- ment, que l’on n’a pas d’étuves à sa disposition. Ces appareils ont l’avantage de pouvoir s'installer par- tout et avec les ustensiles les plus ordinaires, L'appareil le plus simple que l’on puisse imaginer, se compose d’un support quelconque sur lequel on place un récipient à eau non moins quelconque (une gamelle ou une casserole en fer font parfaitement l'affaire). À l’aide d’un fil de fer on fixe au-dessus, un récipient en fer ou en verre dans lequel on place la paraffine. Le bain est chauffé soit au gaz, soit avec une lampe à alcool ou mieux une lampe à pétrole. Les réservoirs d'un thermomètre à mercure est tenu dans l’eau que l'on a soin de remuer fréquemment afin . LE NATURALISTE 177 d'obtenir dans le bain une température aussi uniforme que possible. Le bain-marie doit-être surveillé très attentivement pour éviter des sauts trop brusques de température, c’est là un inconvénient très sérieux, car il est à peu près impossible de songer à faire autre chose pendant que les pièces sont dans la paraffine. On fait des bains-marie plus commodes que celui que nous venons de décrire et qui n’est en somme qu’un appareil « de fortune » que l’on ne doit employer que lorsqu'on n’a pas autre chose de mieux sous la main. L'un des plus simples,et par conséquent des meilleurs marchés, consiste tout simplement en un cylindre en cuivre rouge, portant comme couvercle,une série de ron- delles métalliques, s'emboitant les unes dans les autres, de facon à permettre de faire tenir des vases de dimensions différentes. Cet appareil peut être chauffé d’une facon quelconque. L'appareil du Professeur Guignard est déjà plus com- pliqué. Il se compose d’une caisse en cuivre rouge ou nickelé ne présentant qu'un orifice par lequel on peut verser l’eau. La plaque supérieure porte un certain nombre de godets permettant d'y placer des verres de montre, des tubes de verre où des godets de cristal selon ce que l’on veut faire. L'appareil est chauffé au gaz et à l’aide d’un régulateur à mercure,on peut maintenir constante la tem- pérature du bain, Le modèle usité à la Station zoologique de Naples est encore plus compliqué que le précédent, Il est de forme ronde ou carrée, cette dernière nous paraissant plus commode. C’est une caisse semblable à celle du modèle précé- dent. La face supérieure porte d’abord un grand récipient où l’on peut faire tenir une assez grande quantité de paraffine, puis une série de godets de formes variables dans lesquels se placent exactement une série semblable de petits récipients que l’on peut facilement enlever à l’aide d’un tout petit manche métallique qui sort en dehors de la masse générale de l'appareil. Enfin, la grande boite métallique se prolonge sur l’une de ses faces, mais avec une épaisseur beaucoup moins grande. Ce petit prolongement sert de platine chauffante. L'appareil est chauffé au gaz et porte un régulateur à mercure. C’est là certainement un excellent instrument, mais il a le défaut de coûter un peu cher. À tous ces appareils plus ou moins perfectionnés, on préfère en général les Etuves. Cela, pour plusieurs rai- sons. D'abord on peut placer dans une étuve bien des choses qui ne peuvent trouver place sur un bain-marie, ensuite on obtient une température beaucoup plus régu- lière, et on n’a pas besoin d’une surveillance aussi cons- tante qu'avec les bains-marie. Enfin on a d'excellentes étuves pour un prix moins élevé que celui des appareils perfectionnés dont nous avons plus haut entretenu le lecteur. L'appareil le plus simple que l’on puisse avoir dans ce genre est celui qui consisterait en une boîte métallique plus ou moins cubique de forme, munie d’une porte pour permettre d'y placer les préparations sur des étagères métalliques ou non. La paroi supérieure étant percée d’un orifice pour placer un thermomètre ayant son réservoir à peu près au centre de la cavité intérieure et le fond formant réservoir pour permettre d'y placer de l’eau. Le chauffage peut être fait avec du gaz, si on en a, ou tout simplement avec une lampe à pétrole. Une étuve ainsi construite, pourrait certainement rendre des services, mais on préfère se servir de modèles présentant plus de commodités et surtout moins d'irrégularité de température. Un premier degré d'amélioration est obtenu en rem- plaçant la paroi métallique simple par une paroi double. Il en résulte ainsi la formation de cavité entre les deux parois, cavité que l’on remplit par un liquide qui est en général de l’eau. La porte de l’étuve au lieu d’être entièrement métal- lique, est formée d’un cadre métallique à rainures où l’on fait glisser une lame de verre ou deux. La paroi supérieure est percée de trois orifices, deux latéraux qui font communiquer l'extérieur avec la cavité placée entre les parois et un troisième placé au centre et qui met en communication l'extérieur avec la cavité même de l’étuve. Il est destiné à placer un thermomètre. Quant aux deux premiers,ils servent d’abord à mettre le liquide, puis quand l’étuve est mise en marche à placer d’un côté le réservoir à mercure du régulateur (voir plus loin), et de l’autre un thermomètre si l’on veut, Souvent, afin d'obtenir une température plus constante dans l’étuve, on remplace l’eau par un liquide plus lourd, de préférence l'huile de pied de bœuf, qui présente sur l'huile ordinaire, l'avantage de coùter moins cher. L'intérieur de l’étuve présente une ou deux étagères métalliques percées de nombreux trous, afin dy mainte- nir une température aussi uniforme que possible. Cet appareil peut être chauffé au pétrole ou au gaz de préférence, toutes les fois que cela est possible, on ob- tient, en effet, par ce moyen une régularité de tempéra- ture beaucoup plus grande surtout lorsqu'on place entre l’arrivée du gaz et le brûleur placé au-dessous de l’étuve, un régulateur à mercure dont le plus commode à notre avis est celui de Chancel. Il est fondé sur les propriétés de dilatation du mercure par la chaleur. Le réservoir à [mercure plonge pour cela dans le milieu liquide (entre les doubles parois de l’étuve) etlorsque l'appareil est une fois réglé, il fonctionne de telle sorte, que, si la tem- pérature s'élève, le mercure se dilatant davantage vient obstruer de plus en plus, un petit orifice percé oblique- ment par lequel doit passer le gaz pour aller au brûleur; la flamme de celui-ci tend alors de plusen plus à baisser, jusqu'au moment où s'établit l'équilibre entre la tempé- rature intérieure de l’étuve et la flamme du brüleur. Une fois l'appareil bien réglé, on est à peu près certain d’avoir une température uniforme dans l’étuve. Bien que construit au mercure, ce régulateur est faci- lement transportable relativement peu fragile, et il a l'avantage précieux de pouvoir être facilement arrangé, à moins qu'il ne se brise complètement, sans avoir recours au fabricant, ce qui est toujours agréable, L'étuve dont nous venons de parler se fait avec pieds, ou sans pieds, et dans ce dernier cas, on l’accroche au mur du laboratoire sur un cadre métallique disposé à cet effet. On peut varier bien entendu la forme extérieure où l'aménagement intérieur de ces étuves, mais au fond le principe est le même, et les modifications que l'on peut apporter ne portent en réalité que sur des détails. Il en est cependant sur lesquels, il est utile de dire un mot. L’étuve du Professeur d'Arsonval est un peu plus com- 178 pliquée que la précédente. Elle a la forme d’un grand cylindre en cuivre terminée à ses deux extrémités par deux parties coniques. Elle est également à doubles pa- rois séparées par de l’eau. L'appareil de chauffage consiste en un certain nombre de brüleurs placés au-dessous d'un nombre égal de tubes verticaux qui traversent la paroi de l’étuve dans toute sa hauteur mais vers la périphérie seulement. L'arrivée du gaz dans les brüleurs est modérée par un régulateur à membrane métallique, aujourd’hui assez peu employé. Cette étuve est assez volumineuse, et coûte assez cher, c’est un appareil de laboratoire, qui ne peut guère être transporté au bord de la mer ou ailleurs. A côté de ces étuves où le milieu interposé est liquide, ilenest qui sontchaulffées à sec, Les unes le sont par l'intermédiaire d’un bain de sable (modele Wiessnegg) et peuvent alors être portées à des températures supé- rieures à 400°, mais elles sont peu employées en histo- logie ; les autres sont chauffées simplement par l'air. L'un des meilleurs modèles dans ce genre est l’étuve Schribaux avec régulateur métallique du Dr Roux. Celle-ci est constituée par une sorte d'armoire à parois de bois, avec porte vitrée. Le long des parois internes de la caisse se trouve une série de tubes en cuivre tout autour de trois faces (celle qui forme la porte, n’en présentent pas), Ces tubes sont verticaux, et ce sont eux qui reçoivent les gaz de combustion dégagés par une série de cinq ou six brüleurs placés au-dessous. Les tubes s’échauffent et, par rayonnement dans l’intérieur de l’étuve, élèvent peu à peu la température de celle-ci. La température ainsi obtenue est uniforme dans tout l’in- térieur de l’étuve et les parois en bois servent d'isolateur, Le régulateur du D' Roux qui y est adapté est entie- rement métallique. Il est formé par une lame d'acier et une lame de zincsoudées ensemble et recourbées en U. L'une des branches est fixe, tandis que l’autre est libre, mais les deux sont placées dans l’intérieur même de l'é- tuve. Lorsque la température s'élève, par exemple, la branche libre, qui totalise les déformations provoquées par les changements de température, agit sur une tige rigide et la tire en dedans, puisqu'à ce moment les deux branches métalliques se rapprochent l'une de l’autre. Dans ces conditions, le piston qui règle l’admission du gaz, poussé par un ressort à boudin, se ferme plus ou moins de facon à diminuer l’arrivée du gaz ou même à fermer complètement le tube d'admission, en laissant ouvert qu'un tout petit orifice de süreté qui empêche le brüleur de s’éteindre. En réglant la longueur de la tige verticale à l’aide d'une vis spéciale, on peut faire arriver le gaz en plus ou moins grande abondance. Ce régulateur est très maniable et ne se dérange pas facilement quand on en a soin. Le Dr Roux a fait aussi construire une étuve élec- trique avec régulateur appliqué à ce mode spécial de chauffage, Elle est extrêmement commode, mais néces- site une installation que l’on ne possède que rarement dans un petit laboratoire. Tous les différents modeles d’étuves que nous, venons de décrire peuvent servir non seulement pour les inclu- sions à la Paraffine ou autres substances semblables, mais encore pour obtenir des cultures de microbes ou de champignons, ce qui ne peut être obtenu avec les bains- marie. Autres masses à inclusions. — Outre le Collodion, la Parafline et les substances semblables, on emploie en- LE NATURALISTE core fréquemment les masses au Savon ou à la Gélatine, qui permettent, en effet, de pouvoir inclure et par consé- quent couper les préparations sans avoir besoin de les déshydrater ni de les éclaircir, ce qui est un immense avantage toutes les fois que l’on a affaire à des animaux dans la constitution des tissus desquels il entre une grande quantité d’eau, comme, par exemple, les Cælen- térés: Le Savon ne s'emploie guère qu'en solution alcoolique. Pour cela, on fait dissoudre un certain volume de savon blanc dans trois ou quatre fois son poids d’alcool fort (95° environ), en chauffant le tout dans une cornue, au bain de sable ou au bain-marie. On ajoute de l'eau, goutte à goutte dans la cornue jusqu’à ce que en prenant une petite quantité du mélange dans un verre de montre et en le laissant solidifier, on n’obtienne qu'une teinte opalescente et non franchement blanche. On place les pièces pendant un certain temps dans le mélange ainsi obtenu avant de les inclure. Grâce à la transparence de ce milieu, il est très facile d'orienter les préparations. Lorsqu'on fait les coupes, il faut avoir soin de mouiller la lame du couteau avec de l'alcool! fort. Enfin, quand les coupes sont collées sur lames, on se débarrasse du savon par des lavages à l'alcool fort et chaud, si l’on veut aller vite, froid, dans le cas contraire. La Gélatine ne s'emploie pas seule en général pour les inclusions, mais bien mélangée à la glycérine. On fait dissoudre une certaine quantité de gélatine dans cing ou siæ fois son poids d’eau distillée, On ajoute alors à peu près la même quantité de glycérine et quelques gouttes d'acide phénique pour empêcher le développement des moisissures. On chauffe le tout pendant environ un quart d'heure en remuant constamment et on filtre à chaud sur du verre pilé. Les pièces que l’on veut inclure par cette méthode ne doivent être traitées auparavant ni par des éclaircis- sants ni par l'alcool. Les blocs, une fois préparés, il est bon de les laisser quelque temps dans l'alcool fort pour les rendre plus ré- sistants à la coupe. Manière d'obtenir les blocs. — Il existe dans le com- merce un certain nombre de formes différentes pour les moules servant à préparer les blocs d'inclusion. Ce sont des sortes de petites cuvettes en verre où en métal ou même en papier. Quand on en a sous la main, tout est pour le mieux, mais si l’on n’en à pas, il faut savoir s'en passer en en fabriquant soi-même, et tout le monde sait faire plus ou moins bien une petite boîte en papier. Nous employons, de préférence à tout cela, tout sin- plement un verre de montre quand les pièces à enrober ne sont pas trop volumineuses, mais en ayant soin de le choisir le plus profond possible. é Quand les pièces sont trop volumineuses pour pouvoir user de ce procédé, nous employons le cadre à inclusions en métal (fig. 27). Ce cadre se compose simplement de deux angles en cuivre nickelé autant que possible et se joignant très exactement, de façon à former par leur juxtaposition une cavité cubique ou parallélipipédique dont on peut faire varier les dimensions en rapprochant plus ou moins les deux pièces métalliques l’une de l’autre, On place ces pièces sur une lame de verre légèrement LE NATURALISTE 179 graissée à la vaseline et on fait ainsi des blocs très régu- liers de la dimension que l’on veut. Avant de verser la substance qui contient les pièces histologiques dans le moule que l’on a choisi, il est aussi bon d’enduire préalablement celui-ci d'une matière qui empêche l’enrobage de coller contre les parois. Pour la paraffine, on badigeonne légèrement avec un peu de glycérine ou de vaseline mise sur le bout du doigt, par exemple, pour le collodion, c'est avec de l’al- cool faible. Il est bon de prendre cette précaution, sans quoi en enlevant le bloc de force, il arrive souvent que l’on brise en même temps la préparation. Pour fixer les blocs à la parafline sur les porte-objets des microtomes, on se sert d’un fer spécial, ou tout simplement d’un gros fil de fer recourbé et emmanché à une poignée de bois afin de pouvoir le chauffer sans se brüler. GRUVEL. MŒURS ET MÉTAMORPHOSES du CATOPS NIGRICANS, Spence COLÉOPTÈRE DU GROUPE DES SILPHIDES Lorsque les cadavres des petits mammifères, rats, taupes, lapins, etc., ont en partie été absorbés par les vers des dip- tères, alors qu’il ne reste plus que des chairs en désagrégation, de nombreux Catops adultes, d'espèces différentes, attirés par l'odeur fétide dégagée par les corps en putréfaction, viennent à la curée prendre leur part de ces ultimes restes, ils s’ace couplent aussitôt, puis pondent sous ces matières nourricières; de leurs œufs parfaitement blancs, lisses et luisants, imper- ceptiblement pointillés, à pôles arrondis, naissent des larves qui ont pour mission de faire en peu de temps disparaitre ce que les vidangeurs précédents n’ont pu s’assimiler à leur profit; ces larves, que l’on croirait atteintes de boulimie tellement leur appétit est insatiable, arrivent dans ces conditions et en peu de Jours, à leur complet développement, puis, aux environs du terrain qui fut le théätre de leur premier état, elles se mé- nagent peu profondément dans le sol, une loge oblongue à parois lisses où quelques jours après elles subissent une trans- figuration aussi radicale au fond qu’à la forme : en effet, ce nouvel état plastique rappelle, non le ver, mais la forme qu’aura l'adulte lorsqu'il sera complètement constitué et que, dégagé des langes qui l’enserrent, il sera libre et apte à per- pétuer l’immuable espèce dont il est issu, laquelle concourt, avec ses congénères et foule d’autres nécrophages, à faire œuvre de voirie en hâtant la disparition des cadavres dont les émanations pourraient vicier l'air au détriment de la salu- brité générale : arrivée à l’apogée de sa puissance, la larve du Catops nigricans, se présente avec les caractères suivants : Longueur : # millim.5; largeur : 1 millimètre. Corps allongé, linéaire, charnu, brun terne avec plaques noi- râtres, couvert de courts cils roux, convexe en dessus, un peu moins en dessous, arrondi en avant, atténué en arrière. Téte ovalaire, rougeätre, courtement ciliée, épistome court, transverse, avec labre réduit et trangé de courtes soies; man- dibules courtes, rougeâtres; mâchoires larges avec lobe court, épineux, palmes maxillaires grêles, rougeñtres lèvre inférieure charnue prolongée par deux petits palpes labiaux bi-articulés; antennes de quatre articles avec un article supplémentaire à la base du troisième; ocelles au nombre de deux gros points noi râtres. Segments tlhoraciques au nombre de trois larges, trans- verses, testacés, couverts d’une large plaque noirâtre, coupée en deux par la ligne médiane qui est flaue, Segments abdominaux au nombre de neuf, convexes, trans- verses, s’atténuant vers l'extrémité, les huit premiers couverts comme les précédents d'une large plaque noiràtre chargée de cils à bout tronqué, le neuvième petit, prolongé par deux longs styles bi articulés; à la région ventrale, les cils qui gar- nissent les arceaux ont leur bout eflilé et le neuvième segment se termine en forme de pseudopode, à cloaque bivalve. Pattes grèles, allongées, ciliées, bien développées, prolon- gées par un court onglet aciculé. Sligmales orbiculaires, très petits, à péritrême fiave, la pre- mière paire au bord antérieur du deuxième segment thora- cique, les huit suivantes près du bord antérieur des huit pre- miers segments abdominaux. Notre larve se fait remarquer par la dentelure de ses sex- ments abdominaux et par l'inégalité de ses cils. Capitaine XAMBEU. LE FILAGE DE L'HUILE EN MER CHEZ LES ANCIENS ET LES MODERNES Et j'ajouterai: considérations théoriques que personne ne révoque en doute; car la question n'est pas la. Il ne s’agit pas d'arrêter net une vague de deux mille tonnes, pas même une vague d'une seule tonne, d'un mètre cube : il s’agit de l'empêcher de briser, d’éclater ; au lieu de laisser tomber sur l’embarcation ou le navire une crête énorme, elle se maintiendra en état de cohésion, grâce à une couche d'huile infinitésimale, et, au lieu de tomber sur le navire, elle le soulèvera et passera dessous en une immense ondulation. En un mot, la vague n’a plus de brisants, car l'huile n’est employée que dans ce but, et non dans celui d'arrêter la houle, comme nous allons le voir. Donc, rien n’est changé dans les lois naturelles, et les théories mécaniques sont absolument respectées. Le capitaine Vincenso Fondacaro, qui fit en 1880, avec un bateau de 8 m. 20 de long, 2 m. 30 de large et 0 m. 30 de hauteur de plat-bord au-dessus de la flot- taison, la traversée de l'Atlantique, de Montevideo à Gibraltar (1), dit devoir à l'huile seule la réussite de son voyage : « Je ne préconiserai jamais assez, dit-1l, ce préser- vatif infaillible contre les lames, et voici une compa- raison qui frappera peut-être le lecteur,tout en le faisant sourire. L'effet de l'huile sur les vagues, quelle que soit son espèce, pourvu qu'elle soit grasse, peut être assimilé à celui de Dalila sur la chevelure de Samson, qui se sentit privé de force dès qu'elle fut coupée. Chacun sait qu'à la mer le danger provient de ces lames dont la crète déferlante, véritable crinière hérissée, vient envelopper l’embarecation en brisant par-dessus. Or, en se répandant à la surface, l'huile rase en quelque sorte cette crimiere, enlève aux lames leur action déferlante,et les transforme en ondes allongées qui, si fortes qu'elles soient, passent sous le canot, en le soulevant sans l’engloutir. » Lelyveld avait réuni dans son livre, en ‘775, quelques centaines d'observations de marins de toutes les nations; dans son ouvrage, publié en 1887, l'amiral Cloué analyse la plupart des 205 expériences dont les rapports lui furent envoyés, savoir : 102 à bord de navires de long cours, 48 expériences faites avec des canots de sauvetage (1) La traversée de l'Atlantique. Voyage du petit bateau Leone-di-Caprera, commandé par Vincenso Fondacaro. Milan, 1881, in-12. 180 LE NATURALISTE ou autres embarcations, et 5 faites à l'entrée de divers ports d'Angleterre on d'Ecosse pour en rendre la barre praticable ; il donne en outre le récit d’une longue cam- pagne scientifique exécutée à bord de la goëlette l'Hiron- delle, par le prince Albert de Monaco, et où ce navire fut certainement sauvé d’une violente et longue tempête par un judicieux emploi de l'huile. « Toutes les variétés d'huiles, dit l'amiral, ont été em- ployées avec plus ou moins de succès ; on a même em- ployé les graisses fondues des cuisines et le vernis ordi- naire. Cependant, les huiles de phoques et de miarsouins ont été reconnues supérieures aux autres. Le pétrole, et en général les huiles minérales, ont été reconnues trop légères, quoiqu’elles aient donné souvent de bons résul- tats, Enfin, certaines huiles végétales, telles que l'huile de coco, se figent trop vite dans les latitudes froides. €. L'huile n’est pénétrable ni par l'air, ni par l’eau : plus légère que celle-ci, elle surnage sans se mélanger avec elle; la cohésion de ses molécules est telle, qu'on ne peut que difficilement la transformer en pluie; aussi le vent n’a-t-il que peu de prise sur elle, et c’est sans doute ce qui cause sa merveilleuse facilité d'expansion, et ce qui fait que, si mince que soit la couche d’huile, elle empêche le vent d'agir sur la surface de la mer qu'elle recouvre. « Mais non seulement la présence de l'huile ou de toute autre substance visqueuse à la surface de la mer oppose un obstacle sérieux à la désagrégation des parti- cules du liquide marin sous linfluence du vent, et par conséquent empêche le brisant de se former, mais encore la présence de corps étrangers formant couche sur l’eau, ‘ ou même très près de sa surface, suffit pour produire le même résultat. Il n’est pas un marin un peu observateur qui n'ait remarqué l'effet de calme produit sur la mer agitée par le jet de détritus de toutes sortes que l’on fait à certaines heures, le long du bord; par exemple, les débris provenant des cuisines, les résidus du nettoyage de la machine, certaines parties des escarbilles rejetées, et particulièrement la suie provenant du nettoyage des conduits de fumée. « Les brisants de la mer s'arrêtent au bord des larges taches formées par ces matières flottantes, tant qu’elles restent à la surface, et ne les franchissent pas. En un mot, tous les objets flottant par masses compactes à la sur- face des eaux, ou très près de cette surface, produisent ce résultat; toute matière qui donne à la surface de la mer une certaine cohésion empêche la volute de se for- mer. » L’amiral Cloué avait déjà exposé ces faits dans une note publiée dans les Comptes rendus des séances de l’A- cadémie des Sciences (tome CIV, page 1586, séance du 6 juin 1887). En 1882, dans les Comptes rendus de la séance du 4 décembre (tome XCXV, page 1152), l'amiral Bourgois avait déjà dit : « Il est incontestable que la présence de l'huile ou de toute autre substance visqueuse, à la surface de la mer, peut empêcher les particules liquides de se désagréger sous l'influence du vent, et, par conséquent, de former le brisant. Un fait observé fréquemment par les marins sous les tropiques en fournit une preuve irrécusable, La nuit, la phosphorescence des eaux y révèle souvent la présence de grandes masses de substances organiques, d’animalcules, qui donnent à ces eaux une cohésion plus grande, et s'opposent ainsi à la désagrégation des parti- cules de leur surface. Alors le sillage, lumineux pendant la nuit, ne produit plus guère d’écume blanchâtre pen- dant le jour. Les vagues aussi perdent leurs brisants; et le bâtiment, quelle que soit sa vitesse, glisse sur la mer sans presque laisser de trace de son passage pendant le jour. « La présence d’une matière huileuse à la surface de la mer a donc un effet certain pour empêcher, NON La FORMATION DES VAGUES, mais celle de leurs brisants. » Nous voila donctranquillisés sur les théories élémentaires dont il était question tout à l'heure, et qui n’ont rien à craindre pour leur existence ; l’huile n’a jamais été dans le cas d'arrêter la moindre vague ; à plus forte raison une colline d'eau de 8 à 10 mètres de hauteur, de masse for- midable, et allant à une vitesse de 5 à 6 mètres par seconde ; non; elle se borne à lubréfier la surface de l’eau, à la vernir, pour ainsi dire, et à y empécher la pénétration du vent. Dès lors, le brisant ne peut plus se former; et, quoique le navire soit quand même exposé à bien des dangers, par suite des énormes vagues qui l'entourent, et des rafales du vent agissant directement sur lui, il est soustrait à l'éventualité des paquets de mer, ce qui est d'une importance majeure. M. Van der Mensbrugghe, le savant membre de l'Aca- démie royale de Belgique, a essayé, en 1882, de donner une ÆExplication théorique de l'effet produit par une couche mince d'huile répandue à la surface de la mer, pour calmer l'agitation des flots ; c'est-à-dire comment une petite quantité d'huile étalée sur une grande surface, peut vaincre une quantité énorme de’force vive des eaux(Comptesrendus, tome LXXXV, page 1055, séance du 27 novembre 1882). Voici sa démonstration : «1° La quantité de travail nécessaire pour augmenter de 4 mq. la surface libre d'une masse d’eau est d'environ 0 kgm. 0075; ce travail se trouveemmagasiné, sous forme d'énergie potentielle, dans la couche superficielle fraiche de l’eau ; l'épaisseur de la couche où réside cette énergie ne dépasse pas de millimètre. 1 «2° Réciproquement, si lasurface libre de l’eau diminue avec rapidité, à chaque mètre carré de surface correspond une énergie de mouvement équivalente à 0 kgm. 0075. «3° Isolons par la pensée, une masse d’eau ayant{ mètre carré de base et 1 mètre d'épaisseur, et concevons qu'une action mécanique, telle que le vent, ramasse rapidement sur elle-même une couche superficielle ayant { mètre carré de base et de millimètre d'épaisseur, en 1 20,000 mettant à nu une couche fraiche de même étendue; dès lors, l'énergie potentielle de la première couche sera transformée entièrement en énergie de mouvement. Si toutes les couches successives, ayant chacune .. 20,000 de millimètre, sont également enroulées sur elles-mêmes, l'application du principe des forces vives montre que le mètre cube d’eau dont il s’agit peut emmagasiner théori- quement un travail de 150,000 kgm., capable d'imprimer à la masse totale une vitesse de 54 m, 2. « 40 Si une couche superficielle d’eau ayant 1 mq. de surface glisse, par l’action du vent, sur une couche voi- sine de même étendue, celle-ci, étant recouverte par la première, perd son énergie potentielle, mais acquiert une quantité équivalente d'énergie de mouvement, Si l’action du vent fait glisser une nouvelle couche sur l'ensemble des deux premières, il se développe de nouveau une LE NATURALISTE 181 force vive équivalente à l'énergie potentielle de la surface libre perdue, et ainsi de suite. «5° Supposons maintenant qu'une couche d’eau pure glisse sur une couche voisine recouverte d'huile; dès lors, l'énergie potentielle (0 kgm.0055) de l'eau, recouverte d'une mince couche graisseuse, se trouve remplacée par l’énergie potentielle de la surface libre de l’eau pure (0 kgm. 0075), énergies augmentées de celles des deux sur- faces de contact de la mince couche d'huile submergée avec l’eau supérieure (chacune de ces dernières énergies vaut, d'après les mesures de M. Quincke, 0 kgm. 002); donc, le glissementde la couche d'eau pure sur la couche huileuse a produit un gain d'énergie potentielle de 0 kgm. 006 par mètre carré ; mais, à un pareil dévelop- pement d'énergie potentielle, correspond nécessairement une perte équivalente de force vive, voila pourquoi les vagues doivent rapidement perdre leur force, dès qu'elles atteignent une couche huilée. » Cette explication, faute d’une autre plus explicite, est parfaitement acceptable, tout en remarquant d’ailleurs qu’un navire ne pourrait guère attendre, dans le danger imminent qui l’entoure, au cas d’une tempête violente, que les vagues aient eu le temps de perdre leur force vive, si c'était là l’unique raison de la protection qu'il tire du jet d'huile autour de sa zone de mouvement. Il y a évidemment autre chose; il y a surtout cette sauvegarde, — point essentiel dans le salut d'une em- barcation quelconque, — contre la chute des monstrueux brisants de la vague, contre la formation même de ces brisants. C’est là le point à élucider. Il y a des forces vives énormes dans la projection et le heurt des vagues, projection et heurts constitutifs de ces mêmes brisants ; comment cette couche d'huile, qui est parfois inférieure à 100.000 produire des interférences, peut-elle s'opposer à la for- mation du brisant provoqué par ces forces vives d’une prodigieuse intensité ? Ne discutons pas le fait : il est là; il s'impose. Est-ce réellement la couche d'huile seule, par sa pré- sence, par son action physique, qui produit le phénomène ? Ou bien un corps gras, en présence des sels multiples tenus en dissolution dans l’eau de mer, agit-il par quelque composition ou décomposition provoquée dans l’un ou plusieurs de ces sels ? Encore faut-il que, dans ce cas, le phénomène chimique ait lieu instantanément, puisque c'est instantanément que la surface des vagues est aplanie… En résumé, la pratique du jet de l'huile devant le navire pour la marche en avant, ou au vent, quand le bâtiment est assailli sur les côtés, est aujourd’hui un fait accompli. Depuis 1883, les expériences ont été nom- breuses et générales : le Bureau hydrographique de Washington surtout, et, en France, l'amiral Cloué et ses savants auxiliaires, ont étudié la question sous toutes ses faces; nos ministres de la marine ont eu à cœur de donner aux expérimentateurs francais toute la latitude et les moyens nécessaires pour mener à bien leurs études ; les Sociétés de sauvetage de tous les pays du monde, — notamment de l'Australie, — ont été una- nimes à reconnaitre l’étonnante efficacité de ce procédé pour diminuer les dangers de la mer des quatre cin- quièmes au moins; le temps est venu où chaque navire sera pourvu des appareils nécessaires pour projeter l'huile dans les meilleures conditions voulues, rapide- de millimètre, et n’est même plus capable de ment et efficacement, lorsque l’état de la mer et le salut des équipages l’ordonneront : depuis quelque temps, même, on se sert couramment dans ce but d'un projectile spécial, dit projectile Silas, du nom de son inventeur, pour répandre l'huile à une distance convenable du na- vire et dans la direction imposée par le vent, selon les circonstances fortuites qui peuvent se présenter. C’est encore là une victoire de l'intelligence humaine contre les forces brutales de la nature, — due au hasard, évidemment; mais le hasard n'est-il pas un grand maitre, en fait d'inventions ? Et les anciens, dont nous rions parfois, ne nous ont- ils pas presque toujours précédés dans les découvertes dont nous nous enorgueillissons aujourd’hui ? Il est vrai que, — du moins, nous le croyons, — ils n'ont pas connu l'électricité ni bien d’autres inventions modernes; mais que de choses ils possédaient, et qui sont aujourd'hui perdues ! que de découvertes n'’ont-ils pas faites, et laissées, sans doute, à l’état d’embryon pour le vulgaire, pour nous, par conséquent; car la diffusion des sciences n’était pas chez eux, comme chez nous, à l’ordre du jour... Aussi dirai-je volontiers avec Sénèque (Lettre LXIV à Lucilius) : etiumsi omnia à veteribus inventa sunt, hoc semper novum eril, usus, el inventorum ab aliis scientia ac dispositio. — « Quand même les anciens auraient tout découvert, ce sera toujours une étude nouvelle que l’ap- phcation, la connaissance et l’arrangement de ces décou- vertes. » — Et plus loin : multum egerunt qui ante nos fuerunt; sed non peregerunt : suscipiendi tamen sunt, et ritu deorum colendi. — « Ceux qui sont venus avant nous ont fait beaucoup, mais ils n’ont pas tout fait; ce qui n'empêche pas qu’il faille les admirer, et les honorer à légal des dieux. » E. SANTINI DE RIOLS. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 20 juin 1899. — M. Léon Diguet a étudié la formation de la perle fine chez la Meleagrina margaritifera. La perle fine ou perle à Orient a, lorsqu'il s’est agi d'expliquer sa formation, été toujours confondue avec certaines concrétions calcaires produites par la sécrétion des glandes du manteau des Mol- lusques. La perle fine est une véritable calcification patholo- gique effectuée au sein même des tissus, dans une région quelconque, à l'exception toutefois de la partie externe du manteau. La perle fine ne se forme pas d’emblée comme la perle de nacre, elle subit une évolution pendant laquelle on verra ses éléments constituant se modifier et apparaître suc- cessivement. En résumé, la perle fine n'est pas un simple dépôt de nacre produit accidentellement par des sécrétions glandulaires, mais bien le résultat d’une opération physiolo- gique ayant pour but d'éliminer de l'organisme un parasite ou une cause d’irritation. Il est possible de recueillir les spéci- mens des différentes phases par lesquelles passe la perle, depuis son origine jusqu’à sa maturité, en suivant attentive- ment les recherches des perles pendant les expéditions de pêche. — Sur l'embryogénie de Protaula Meihlaci, tel est l’objet d'une note de M. Albert Soulier. L'ovule de Rotula Meihlaci est très riche en vitellus nutritif; aussi la segmenta- tion est inégale dès le début. Le résultat de la première bipar- tition est la formation de deux blastomères de dimensions très différentes. Le plus petit se divise en deux éléments égaux entre eux; à peu près en même temps, une nouvelle biparti- tion sépare de la quasi-cellule de segmentation une nouvelle 182 LE blastomère. A ce moment la blastomère est constituée par quatre blastomères. La masse vitelline (mésoderme et endo- derme) est complètement circonscrite par les cellules ecto- dermiques, sauf en un point, au niveau duquel le vitellus non recouvert vit assez longtemps encore en contact avec la mem- brane oculaire. Cette région n'est autre que le blastopore, qui présente la forme d’une fente. Peu après apparaissent les deux initiales mésodermiques. Quelques cils longs, en nombre restreint, se montrent à la partie antérieure de la larve; une couronne ciliée équatoriale fait son apparition un peu en avant de l’extrémité antérieure du blastopore; les vési- cules anales se montrent. Le tube digestif est représenté par les cellules endodermiques à contenu vitellin. La bouche et l'anus dérivent tous les deux du blastopore. La larve est na- geuse; peu après, la couronne ciliée se réduit, la collerette apparaît, la jeune protule s'accroît en longueur et cesse de nager; elle rampe à la recherche d'un point où elle se fixe. — M. Edmond Bordage a entrepris des recherches sur la régénération des membres chez les Mantides. Les nombreuses expériences faites par l'auteur sur les Phasmides ont prouvé que, chez ces insectes, les régénérations qui sui- vaient l'autotomie des membres donnaient constamment un tarse tétramère au lieu du tarse pentamère normal. Il restait à étudier ce qui se produit chez la troisième et dernière famille des Orthoptères pentamères les Mantides. On peut d’après les observations de M. Bordage, conclure à la généralité de la régénération tétramèrérique du tarse chez les Orthoptères pentamères, après l’autotomie ayant eu pour siège le sillon fémoro-trochantérique. — M. L. Geneau de Lamarlière a fait des études sur la pro- duction expérimentale de tiges et d'inflorescences fasciées. Les expériences, qui ont donné des résultats certains ont permis d'obtenir des fasciations à la suite de mutilations dirigées convenablement. Les expériences ont porté sur un individu vigoureux de Barkhausia taruxacifolia. Les mutils- tions pratiquées sur les tiges principales et sur les rameaux, ont amené la formation et le développement de bourgeons dormants anormaux et donnant naissance à des rameaux et à des inflorescences plus ou moins fasciés. La mutilation des axes principaux est donc une cause de production de cas tétra- tologiques, cause indirecte, mais pourtant cflicace. — Miles J. Joteyko et M Stefanowska font part de leurs recherches sur l'amesthésie générale et l’anesthésie du nerf moteur. Les anesthésiques peuvent produire l'abolition de la motricité, sans que pareil résultat implique, de la part de lPagent dit anesthésique, une action préalable sur la sensi- bilité. Cette inexcitabilité purement motrice s'obtient chez la grenouille par l’action des vapeurs anesthésiques agissant sur toute la longueur ou sur une petite portion du nerf. Dans l'a- nesthésie générale, les différentes parties du nerf conservent une certaine indépendance les unes vis-à-vis des autres; on en conclut que la sensibilité des nerfs à l'égard des agents anes- thésiques n’est pas la même dans toutes ses parties. Dans l’a- nesthésie locale, la partie anesthésiée seule a complètement perdu son excitabilité (conductibilité et réceptivité). Séance du 10 juillet 1899. M. Raphaël Dubois donne le résultat de ses recherches sur le rôle de la chaleur dans le fonctionnement du musele, en comparant, chez un même individu d’une même espèce, le fonctionnement d’un musclé normalement et phy- siologiquement refroidi avec celui de ce même muscle norma- lement et physiologiquement réchauflé. La marmotte se prête admirablement à ce genre de recherches. Le temps perdu de la contraction musculaire est un tiers plus court chez la mar- motte chaude que chez la marmotte froide. La durée de la période d’activité croissante ou décroissante est moitié plus courte que chez la marmotte chaude. La tétanisation s'obtient avec un nombre d’excitation trois fois moindre par la mar- motte chaude. La puissance de travail est très augmentée chez la marmotte chaude; l'optimum des poids soulevés est dix fois plus fort chez la bête chaude. Le muscle de la bête froide dé- gage moins de chaleur pour une même excitation. La fatigue musculaire se montre beaucoup plus vite dans le muscle de la marmotte chaude que dans celui de la marmotte froide. — M. Edmond Bordier adresse une note sur l’absence de régénération des membres postérieurs chez les orthoptères sauteurs et ses causes probables. Des expériences faites sur les représentants des trois familles d’Orthoptères sauteurs ont amené l'auteur à conclure à l’ab- sence de régénération des pattes sauteuses. NATURALISTE Séance du 17 juillet. M. Edmond Bordage continue ses études sur la régénéra- tion tarsienne et régénération des membres des deux pattes antérieures chez les orthoptères sau- teurs. On ne peut provoquer l'autotomie sur les membres des deux premières paires chez les orthoptères sauteurs; mais, en opérant une forte traction sur les membres, on arrive à les séparer du corps. La séparation s'onère le plus souvent à l’arti- culation du trochanter avec la hanche.La mutilation imposée est assezsouventmortelle pour l’insecte.Lorsquel'Orthoptère survit, s’il est encore à l’état de larve, la régénération peut se produire et donner un membre parfait, lorsque la séparation a eu lieu à l'articulation du fémur avec le trochanter, ou d’un moignon plus ou moins rudimentaire, lorsque la séparation s’est opérée à l’articulation du trochanter avec la hanche. Chez les Orthop- tères sauteurs, la régénération des tarses des trois paires de membres s'opère facilement. Cette régénération se constate encore après des sections artificielles enievant le tarse et même une petite portion de région terminale du tibia qui est régénérée aussi. Notre collaborateur M. A. E. Malard a entrepris des expé- riences sur le développement et la pisciculture du turbot.Les turbots acclimatés dans un grand bassin où ils sont nourris au moyen d'équilles, ne souffrent pas de leur stabulation préventive à la ponte ; la ponte et la fécondation des œufs ont donc été naturellement obtenus dans ces expériences. Il ré- sulte des recherches de l’auteur que la pisciculture de turbot sera possible et relativement même facile si on possède des bassins d'élevage d’une capacité suflisante, car, tandis que les jeunes conserves dans de petites cuvettes finissent toujours par s'anémier et périr par excès de chaleur même en se nourris- sant et ayant complètement résorbé leur vésicule ombilical, ceux qui, au contraire, vivent dans les bassins d'expériences ont toute apparence de santé. LIVRE NOUVEAU R. Houuer. L’'apiculture par les méthodes simples. Un volume in-$° carré de 338 pages avec 102 figures et 2 cartes, cartonné à l'anglaise.) Cet excellent livre, que nous ne saurions trop recommander, sera lu avec intérêt et profit, non seulement par les agricul- teurs de profession, mais encore par tous ceux qui désirent s'initier aux mœurs si captivantes de nos industrieuses Abeilles. L'auteur, M. R. Hommel, professeur d'agriculture à Riom, y étudie successivement, à un point de vue tout à la fois scientifique et pratique, la morphologie et la biologie de l’Abeille; l’architecture de ses constructions, ses produits, les meilleures dispositions qu'il convient de donner à la ruche, en tant que laboratoire producteur de miel et les procédés opéra- toires les plus propres à en obtenir le maximum de rendement, Un intéressant exposé statistique et économique de l’industrie agricole en France termine l'ouvrage. Tous les faits sont mis en relief avec une précision et une clarté remarquable; rien n’est laissé dans l'ombre et l’on reconnait, à la lecture de ces pages, un auteur possédant à fond son sujet et l'aimant passion nément. Ajoutons que sous le rapport de la forme, ce livre fait le plus grand honneur à ses éditeurs. Une centaine d’ex- cellentes figures, intercalées dans le texte, en augmentent encore l'intérêt. C’est un des meilleurs traités qui se puissent voir. J. B. OFFRES ET DEMANDES — Lot de Staphyliniides FA A vendre, 520 espèces, environ 800 exemplaires, 3 boites... : 40 » — Bon lot d'orthoptères de France et d’ Algérie, 60 es- DÉCES PNR AI PAR nn AE Ace TC Re 40) D S'adresser à Les Fils d'Emile Deyrolle, naturalistes 46, rue du Bac, Paris. Ouvrages d'occasion à vendre. — Catalogue de plantes vasculaires de l'Ile de Groix, Morbihan, par le D'Viaud-Grand-Marais etl’abbé Guyon- A On RE EN A DE Po NES IA LES bio De » 50 Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. 183 NATURALISTE LE SLT SN3IGIWOTN GR SD)er dore sepiuerq soquel sop xneuiuuoj suosodq ‘9 SN3IQIU3dVIQ 56 ‘""(68 “8ÿ) su no simeod sq é ÿ = soquel sop xneuruuo) suoaody FT: (GG ‘8y) 59100 sor ans donue xv1ogjo14 MOPEETe "8) S9109 Sa[ Ans 9[9u9419 no 9[noTU9p xEI104J094 SL’ . ….. ester ‘4y) sesnot -nqO[é SoinouaqUEe SOUOUCTI 91": "‘(sepusdmq) ‘(08 ‘8y) Sa[esioasuea] 99 sonbrup -ut4o soinoroque soyouep] -SN3IQIDILdAUI OC PO CLS eue NC) soypnu no sopddoreagp soie ‘sonbrap —UITA9 J9 91W9ux0T S194 so184e[9 juoworronpeis soinorgque sequef €F ‘SN3101431VHd 2 (Lr2 80) sorte,p sed ‘sosuraduwoo Je jouruos O[ Sd9 SOISIUI9 SOoinoQUe soquef ‘FF ‘() SN3IQIHIVdO ENONCE .. 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Parmi ces phénomènes, il y aurait Heu de rappeler les Parmi les régions où l’on trouve réunis sur une faible surface des témoignages de cette activité incessante de l'organisme tellurique, le Bas-Boulonnais se présente dans des conditions favorables à une excursion de quelques jours, et c’est avec intérêt que les auditeurs du cours du Muséum y ont trouvé un exemple des vicissi- tudes géologiques que peut éprouver une même région pendant la suite des temps. En remontant aux masses les plus anciennes parmi celles qui ont été rencontrées dans cette promenade, on a constaté une sédimentation marine très active, et qui, sans doute, a duré fort longtemps à la faveur d’un affais- Fig. 1. — Le sol du Bas-Boulonnais après le soulèvement desassises primaires. S silurien, D dévonien, C carbonifère, H houiller. circulations dont sont le théâtre les grandes masses fluides, gazeuses et liquides, l'atmosphère et l'Océan; la circulation de l’eau dans les profondeurs terrestres et celle des émanations élaborées dans les laboratoires infragranitiques, etc.; les poussées d’origine interne qui tendent à produire les montagnes et les inégalités de la surface terrestre et comme correctif l'ensemble des infatigables phénomènes de dénudation qui tendent, au contraire, vers un nivellement général du sol. sement progressif du sol, C’est ainsi que sous les couches houillères se présentent les assises carbonifères, puis les assises dévoniennes, et enfin des masses dont le dépôt remonte à l’époque silurienne. C'est apres l'accumulation de ces sédiments, et en passant sous silence plus d’un incident, que l’ensemble a subi une série de refoulements très visible par le contournement des couches et qui a dù constituer la région à l’état d'une haute chaine montagneuse (fig, 1) Fig. 2. — Arasement progressif des reliefs primaires par la mer qui a exposé sur les tranches les terrains jurassiques, crétacé et tertiaire, transgressifs vers l'est. Le] Dans cet ensemble d’actions, la mer jouit d'une effica- cité remarquable. Elle amène par dénudation la dispari- tion des reliefs, de facon qu'on peut très Justement la comparer à un rabot qui se promène sur la surface de la terre: en même temps elle procède, par sédimenta- tion, au comblement progressif des abimes. Ces deux actions se complètent et collaborent au même résultat, antagonistes de celui qui dérive de la mobilité de la croûte du globe et qui a pour effet de produire et d’accen- tuer les inégalités du sol. Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. On voit les masses carbonifères redressées, par exemple aux environs d'Hydrequent, et ployées de facon à dessi- ner des plis synclinaux et des plis anticlinaux à larges contours ; de grandes failles les traversent présentant des surfaces polies qui témoignent de l'intensité des rejets inverses caractéristiques des grandes chaines montagneuses. À ce moment, le pays devait offrir des sommets comparables à ceux de nos Alpes. Plus vard, vers les débuts des temps secondaires, un affaissement général du sol a permis à la mer d’envahir 186 le pied des montagnes et de leur faire subir une dénuda- tion toute pareille à celle qui est actuellement àal’œuvrele long des rives de l'Océan, comme aux environs de Biarritz. Cette attaque S'est faite de l’ouest vers l’est, et elle a duré très longtemps avec une allure sans doute très tranquille et sans aucun cataclysme, de sorte que, comme le montre la figure 2, les couches jurassiques J se sont Fig. 3. — Torsion des couches après l'époque tertiaire inférieure. d’abord déposées sur la tranche des assises houillères carbonifères, dévoniennes et siluriennes ; puis le crétacé a suivi, gagnant davantage vers l'est de la chaine; et, enfin, le tertiaire T. Cette coupe 2 est tout à fait pareille à celle qu'on peut relever dans bien des pays, par exemple aux environs de Valenciennes et d’Anzin, où le terrain houiller très plissé est recouvert par les assises horizontales du terrain crétacé; et on peut ajouter qu'elle se constitue, à l'heure présente, sur les côtes de la Nou- velle-Ecosse où des falaises carbonifères sont tout dou- 1 / Fig. 4. — Etat actuel du sol ouest bas-boulonnais; falaises secondaire et tertiaire dominant une région centrale de terrains anciens. cement arasées par la mer et recouvertes de dépôts actuels parfaitement horizontaux. Mais, dans le Boulonnais, les choses ne s’en sont pas tenues la. De nouveaux efforts mécaniques d'origine profonde ont tordu les couches de facon à leur donner une allure plus ou moins comparable à celle de la figure 3. Et, dans cet effort, une espèce de boutonnière s’est ouverte dans les assises superficielles, laissant apercevoir un noyau de terrain ancien entouré d'une vraie auréole de dépôts secondaires et tertiaires. L'érosion subaérienne a fait son œuvre comme par- LE NATURALISTE . saison des amours. tout, et maintenant le pays présente une structure géné- rale dont peut donner une idée la figure # où l’on voit les falaises de terrains récents : jurassique, crétacé et tertiaire, dominer le bas pays dont le sol est formé de carbonifère, de dévonien et de silurien, C'est un état de choses vraiment grandiose, et dont la géologie du pays de Bray fournit comme un diminutif, On doit, d’ailleurs, être tout à fait assuré qu'il n’est pas définitif. La mer ronge les côtes voisines et étalera de nouveaux sédiments sur la tranche arasée des forma- tions déjà constituées, jusqu'à ce que de nouveaux bos- sellements généraux suscitent de nouveaux reliefs et ainsi de suite. Stanislas MEUNIER. LE MACAREUX ARCTIQUE Description, mœurs et chasse, métamorphoses du bec curieuses La chasse des Macareux ne peut guère s'effectuer, en France, que sur les côtes de Bretagne, encore faut-il attendre pour cela l’époque où ces oiseaux viennent s’y reproduire. Je parle d’une chasse suivie, car on tue, de temps à autre, des Macareux un peu partout, et, en toute saison, sur nos eaux de l'Océan, de la Manche, 8t même assez fréquemment dans la Méditerranée. Ce sont des oiseaux fort curieux comme physionomie et comme habitudes, et qui méritent bien d’attirer l'attention du chasseur naturaliste. | Le Macareux moine ou Macareux arctique (Fratercula arclica), l'espèce qui nous occupe, est un oiseau de taille moyenne (36 centimètres de longueur environ), à cou court et à grosse tête, que son corps massif, ses ailes courtes, sa queue rudimentaire rapprochent beaucoup du petit Pingouin. Mais ce qui le distingue de ce der- mer, et aussi de tousles autres oiseaux, c'est la confor- mation toute particulière de son bec, et surtout les sin- gulières métamorphoses que subit cet organe après la M. le Dr Bureau a étudié, dans deux mémoires (1) du plus haut intérêt, ces transformations, et montré le pre- mier que le bec du Macareux arctique qui, au prin- temps, forme un étui corné, solide, homogène, se dé- monte et tombe en neuf pièces quand l'oiseau commence à revêtir sa livrée d'hiver. Il à suivi, sur le vivant, toutes les phases de ce phénomène complexe qui, jeint à des modifications de plumage, rend, en quelques jours, l'oi- seau méconnaissable, Il convient donc d’y insister. Mais auparavant je décrirai brièvement le costume du Macareux. Adulte, 1l a le sommet de la tête, le cou et le dos d’un noir profond, les joues et la gorge d'un gris cendré, Toutes les parties inférieures du corps (face antérieure du cou, poitrine, abdomen) sont blanches, mais une bande noire assez large forme autour du cou (4) De la mue du bec el des ornements palpébraux du Macareux arctique, Fralercula arctica (Lin.) Steph., après la saison des amours. À 1 (Extrait du Bulletin de la Société zoologique de France, 1871.) Recherches sur la mue du bec des:oiseaux de la famille des Mormonidés. (Extrait du Bulletin de la Sociélé zoologique de France. 1879.) AT LA Et A RM LE NATURALISTE 187 une sorte de collier. C’est cette disposition des couleurs du plumage qui a valu à cet oiseau le surnom de moine : robe blanche et manteau noir, comme l'habit d’un frère prêcheur de l’ordre de Saint-Dominique. Deux appen- dices cornés d'un gris de fer, situés l’un au-dessus de la paupière supérieure, l’autre au-dessous de l'inférieure complètent la livrée du printemps. Celle d'hiver n'en diffère que par la face d’un gris foncé, et une tache plus ou moins large d’un brun noirâtre dans la région orbi- taire, Les plaques cornées n'existent plus, et le bord libre des paupières, d'un rouge vermillon au printemps, devient incolore. Les pattes passent du rouge vermillon au jaune orange, L'iris est brun. Le mâle et la femelle sont semblables. Cependant on reconnait le plus souvent les femelles à leur bec plus grêle, à leur taille plus faible, et surtout à leur poids bien moindre, Dans une même localité, remarque M. Bureau, le maximum de taille est toujours atteint par les mâles, le minimum par les femelles. Quant aux jeunes, en premier plumage, ils sont absolument sem- blables aux adultes en hiver. Ils ne diffèrent de ces der- niers que par le bec et les pattes. Comme je l'ai dit, les métamorphoses que subissent le bec et les ornements palpébraux du Macareux offrent le caractère le plus saisissant. Lorsque, nous autres chasseurs, nous tuons, en automne eten hiver, quelques- uns de ces oiseaux sur les eaux qui baignent les côtes de France, nous les trouvons avec un bec qui, vu de côté, parait triangulaire, débordant à la racine, le front et le menton très tranchants et munis d'un bourrelet de peau qui s’avance jusqu’à l’angle de la bouche. Ce bec est gris de fer, avec la base teintée de bleu etla pointe d’un rouge pâle. La mandibule supérieure porte trois sillons, l'inférieure deux et, aux commissures, une étroite bande jaunâtre. Tel est cet organe dans la livrée d'hiver, la plus connue. Mais, si l’on rencontre le Macareux, au prin- temps, dans les lieux où il se reproduit, on est tout sur- pris de constater un changement profond dans la forme et la coloration de son bec. Il n’est plus étroit à la base, tronqué au front et surtout à la mandibule inférieure, comme en hiver, il est presque aussi haut que long, la mandibule inférieure est régulièrement arquée de la base à la pointe, un ourlet jaunâtre, corné, très saillant, garnit la base de la mandibule supérieure, la région nasale, renflée, se recouvre d’une cuirasse cornée, d'un beau gris de fer, correspondant à une pièce semblable de la mandibule inférieure, Une couleur d’un rouge vermil- on s'étend sur le reste du bec marqué de trois bourre- lets et de trois gouttières obliques et formant un angle à leur point de rencontre, le premier bourrelet composé de deux bandes : l’une postérieure jaune orange, l’autre antérieure rouge. Une large rosace festonnée d'un jaune orange orne les commissures du bec. On voit, par cette description, combien ce bec diffère dans les deux saisons. Mais comment passe-t-il d’une forme à l’autre, de l'agencement compliqué du temps des amours à la simplicité modeste de l'automne? Par une véritable mue. Les pièces se démontent et tombent. Le bec se divise en deux parties distinctes, l’une pos- térieure soumise au phénomène de la mue, l’autre anté- rieure persistante, La partie postérieure est formée par lPassemblage et la suture de neuf pièces cornées qui se désunissent et tombent après la saison des noces. Ce sont, à la mandibule supérieure : l'ourlet corné, la cui- rasse nasale, les deux lamelles sous-nasales et les deux lamelles transparentes, qui recouvrent la partie posté- rieure du premier bourrelet; à la mandibule inférieure : les deux lisérés cornés et la cuirasse mentonnière. Les ornements des paupières consistent en un bord libre, épais, et deux plaques cornées, l'une supérieure triangulaire, l’autre inférieure et allongée. Ces plaques cornées se détachent, et laissent, après leur chute, un derme dénudé qui se rétracte et disparait très rapide- ment. Le bord libre des paupières s’atrophie et se déco- lore. Cette métamorphose s’accomplit, sur les côtes de Bre- tagne, vers la fin de juillet, au moment où les Macarcux vont abandonner les places à nids. Dans les premiers Jours d'août, ces places sont souvent désertes. Deux ilots, l’un dans la Manche, l’autre dans l'Océan, Rougie et le Guest, possèdent chacun, au moment de la ponte, une nombreuse colonie de Macareux, Le Guest, un récif, dresse, à un ou deux kilomètres d'une côte abrupte, une arche majestueuse au-dessus de la mer. Les flots y sont sans cesse soulevés par des cou- rants violents. Le roc y est partont à nu. Les fissures des rochers, lesblocs éboulés, retiennent un peu de terre végétale, dans laquelle les Macareux se creusent des ter- riers profondset sinueux. L'ile Rougie, située à l'extrémité est d’un petit archi- pel, est plus étendue, de forme arrondie, à la végétation plus riche et aux abords moins dangereux. Les Macareux y séjournent en très grande quantité. Ils s’éloignent peu de ses rives, À peine en rencontre- t-on quelques-uns sur l’eau à un kilomètre du bord. A mesure qu’on approche les troupes deviennent plus nom- breuses et finissent par se confondre pour former aatour de l’ile un cercle continu, Mais ce sont surtout les anses, les petites baies, défendues contre la mer par des rochers détachés, que ces oiseaux recherchent pour prendre leurs ébats et se livrer à la pêche. On en voit aussi sur les pointes où ils se tiennent parfois couchés, mais le plus souvent debout, tournés vers la mer et prêts à prendre le vol. Dès que le chasseur a mis le pied sur le rivage, et même avant qu'il ait débarqué, une inquiétude, qui se change bientôt en panique, se répand dans la colonie. Les uns s’envolent, les autres sortent précipitamment de leurs terriers, tandis que d’autres courent avec une agilité surprenante, le corps presque horizontal, pour s'y réfugier. Quelques-uns se contentent de sortir à l'entrée du trou pour examiner le danger. Ceux qui ont pris leur vol sont assez faciles à abattre, et on pourrait, en peu de temps, joncher le sol de leurs cadavres. Ils passent 2énéralement en effet à une faible hauteur, décrivent un circuit et repassent au même point, comme si une foree irrésistible les entrainait dans le même parcours. Parfois cependant ils s'élèvent dans les airs hors de la portée du fusil, Le vol des Macareux d’ailleurs, varie beaucoup selon les circonstances. Sur mer, ils rasent habituellement la surface de l'eau et semblent effectuer avec eflort un très court trajet, dans le voisinage des places à nids au contraire, leur vol est facile et soutenu, acompagné souvent d’un cri sonore, orr, orr. On sait que ces animaux ont la singulière habitude de se reproduire dans des terriers, comme les lapins, avec lesquels ils se plaisent à vivre. Pour creuser leur habita- tion, ils choisissent de préférence les iles recouvertes 188 d'une épaisse couche de terre végétale, dont ils minent le sol à l’aide de leur bec puissant, en forme de truelle, et de leurs ongles forts et recourbés. À Rougie, le ter- rain, fouillé de toute part, s'effondre sous les pieds. Ces trous ne différent en rien des terriers de lapins. Tantôt droits, tantôt sinueux, ils sont indépendants ou réunis par des couloirs étroits. Ils atteignent jusqu’à 2 ou 3 mètres de profondeur et plus, souvent beaucoup moins, et il arrive même parfois qu'on peut en extraire l’œuf en étendant le bras. Cet œufest toujours unique, piriforme,. Lorsqu'il est frais, il est d’un blanc sale, maculé de quelques légères taches vineuses, comme effacées (1). Il mesure, grand diamètre : 53 à 62 millimètres; petit diamètre: 41 à 44 millimètres (2). Il repose soit sur la terre nue, soit sur une légère couche d'herbes ou d'algues marines. La femelle est si attachée à son œuf qu'on la prend aisément à la main. Lorsqu'elle s’apercoit qu'on veut le lui ravir, elle se met devant, le pousse derrière avec ses pieds jusqu'au fond du trou, et reste toujours en avant pour le défendre, sans cependant se servir de son bec tant qu'elle est terrée, mais elle en use lorsqu'elle sort de son trou, et elle pince fort, ses ongles aigus et recour- bés sont également à craindre (3), À l'extrémité ouest de l’archipel dont fait partie l’ile Rougie, sur un récif nommé le Cerf, est établie une troisième colonie, mais très peu importante. Elle n'est composée que de quelques couples qui, à défaut de terre végétale pour se creuser des terriers, se reproduisent dans les fissures des rochers. Men existe aussi dans l'ile d’Aurigny, et plusieurs couples se reproduisent ou plutôt se reproduisaient dans la falaise d’Antifer, avant la guerre d'extermination qu'on leur a faite (4). Les Macareux nichent également en grand nombre sur toutes les côtes ouest de l'Angleterre, de l'Ecosse, aux iles Hébrides, et surtout aux Farm Islands qui appartiennent à une Société dont l’objet est d'assurer protection et sécurité aux espèces nichant sur leurs rocs et leurs falaises. J’ai dit que le Macareux arctique se montre assez fréquemment dans la Méditerranée, « Ses apparitions, confirment MM. Jaubert et Barthélemy-Lapommeraye, ont lieu au printemps et à l'automne; quelques ren- contres faites en plein mois de juillet semblent indiquer que l'oiseau se reproduit également sur nos côtes (5). » M. Sunders, dans son Calalogue des oiseaux du midi de l'Espagne (6), dit que, quoique cette espèce soit peu nom- breuse, elle est bien connue des pêcheurs des iles Baléares. «J'en ai vu plusieurs sur la mer, ajoute-t-il, près des iles Berlingos, à peu près à la latitude de Lis- bonne, en juin 1868, et je crois qu'ils y nichent. A Majorque, le Macareux porte le nom de Cagafet. » Sur les côtes de Picardie, où j'ai beaucoup chassé, les Macareux ne sont pas communs. On en voit bien ëhaque (1) Après un certain temps d'incubation, l'œuf se couvre d'un enduit terreux qui ne disparaît pas complètement par le lavage. (2) Ces dimensions sont prises sur des œufs recueillis sur les îles de la Bretagne. (3) Observation de M. de Lamotte confirmée par M. Bureau. (4) Lemerrenr, Cal. rais. des Ois. de la Seine-Inférieure, (1874), t. IT, p. 492. (5) Richesses ornithologiques du midi de la France... (4859), p. 409. (6) Bullelin de la Sociélé zoologique de France, (1877), p.206. LE NATURALISTE année, mais à des époques très indéterminées, et rare- ment en grand nombre. Ils restent toujours en haute mer, et n’entrent dans la baie de Somme qu'à la suite de quelque fort coup de vent. J'en aitué deux dans ces conditions, à l'entrée même du port du Crotoy, au mois d'août. Le vent d'ouest n'avait cessé de souffler violem- ment pendant plusieurs jours. Les Macareux duü reste qui ne quittent les places à nids que pour gagner la haute mer, où ils demeurent jusqu’au printemps suivant, sont souvent victimes des tourmentes et des ouragans. Les vagues apportent alors sur le rivage des centaines de ces oiseaux morts ou expirants. Willugby avait déjà fait cette observation, et Baillon écrivait de Montreuil-sur- Mer, le 10 avril 1781 : « Le vent du Nord nous à envoyé cet hiver des milliers de Macareux morts et noyés dans la mer, » M. Bureau rapporte que, trois fois dans l'hiver de 1873, à la suite de tempêtes (les 24 janvier, 6 février et # mars), M.le Dr Marmottan a rencontré par milliers au cap Ferret, près d'Arcachon, des Macareux morts et roulés dans les sables par la vague (1). Le Macareux arctique est répandu dans les contrées septentrionales de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique; mais sa taille diffère notablement suivant les régions qu'il habite. La forme que l’on trouve en France habite aussi les Iles Britanniques et les iles Feroë. C’est égale- ment celle qu'on rencontre dans le sud de la Suède et de la Norwège, mais dans le nord des Etats Scandinaves, en Laponie, le Macareux arctique est de plus fortetaille, et se rattache à la forme d'Islande. On manque souvent le Macareux qu’on tire à la mer, car, quandil se voit poursuivi, il s'enfonce tellement dans l'eau, qu'il n'offre plus guère que la tête au coup de feu du chasseur. Malgré l'extrême vitalité de cet oiseau qui plonge tant qu’il n’est pas tué raide, je conseille de ne pas se servir de trop gros plomb. Il ne fournirait pas suffisamment sur un but aussi petit que la tête d’un Macareux. Il est rare que le Macareux quel’on rencontre sur l’eau prenne son vol, il cherche presque toujours au contraire à s'enfuir en plongeant (2). Magaud D'AUBUSSON. RAPPORT Sur Les noms des plantes et les noms géographiques De tout temps, on a cherché à donnér, aux localités, des noms en rapport avec les plantes qui y poussaient; mais il faut encore avoir bien soin de remarquer que, parfois, c’est le contraire qui a eu lieu. On a vu alors certains pays donner leur nom aux plantes ou aux fruits qui en proviennent. Ainsi par exemple le pêcher, prunes perticaria, l’abricotier, prunes armeniaca, le cerisier, qui vient de Cératonte, tirent leur nom des pays d’où ils proviennent. La Perse vient des Perses qui l’habitaient, les envahisseurs, les ravageurs, les destructeurs. L'Arménie doit son nom à ses montagnes : Arméniens, qui demeurent dans les montagnes, qui attendent l'ennemi dans leurs montagnes, qui résistent dans leurs montagnes. Oéra- tonte veut dire la ville bâtie sur une éminence, kéras. (4) Loc. cit. : (2) D’après M. Bureau (£oc. cil.) les adultescapturés sur le nids meurent après quelques jours de captivité, mais on élève sans peine les jeunes en les nourrissant avec du poisson. Dans quelques ports de Bretagne, les enfants leur attachent une ficelle à la patte et s’amusent à les faire plonger. LE NATURALISTE 189 De même Cydonia, le cognassier, doit son nom à la ville de Cydon en Crète, de Kudos gloire, la glorieuse: tandis qu'au contraire la province de Grenade, en Espagne, doit son nom à ses grenadiers, granatum, qui donnent des grenades ou fruits remplis de graines. De même Rhodes, de poôn rosier, doit son nom aux nom- breuses plantations de rosiers, que l’on y cultivait jadis pour en retirer la fameuse essence de roses, rhodon, qui nous vient aujourd'hui de Roumanie et de l’Orient. Rose Rodon, vient de Rod, rouge, rose; d’où pox, le nom grec du grena- dier, à fleur rouge vif et dont le fruit à une chair rouge. Le Cyprès, xvraptococ, de xuntw baisser la tête, arbre aux rameaux pleureurs, a donné son nom à l'ile de Chypre, Kuroo:, de xurapoc fleur des arbres résineux. Au contraire la Phénicie, ootwtxux, a donné son nom au dattier, phœnix; et elle doit elle-même son nom à la pourpre voivoë, qu'on récoltait en ses parages : la pourpre couleur de sang, de wovoc, carnage; de gevw, tuer. Caisne, la Chesnaye, le Quesnoy, tirent leur nom des chênes qui y poussaient autrefois; comme Rouvre, la Rouvraie, le Rouvroy, doivent leur nom au chène rouvre ou Quercus robur. De même Quennevière, Chennevière, la Chanvrière, est un lieu planté de chanvre, ensemencé de chènevis, la graine du Cannabis sativa ou chanvre. Aulnoy, l’Aunaïe, est le pays des aulnes ; d’où les noms de Delannois, de Launaye, du pays des aulnes, alnus glutinosa. Comme aussi l’'Espinoie, l’'Epinaye est le pays des aubépines ou des buissons épineux. Nous avons encore Rosières, la Roseraie, le pays des roses; et Roncevaux, la Ronceraie, la vallée ou le pays des ronces. La Châtaigneraie, la Cerisaye, la Pommeraye, Pommeroy, indique une plantation de châtaigniers, de cerisiers ou de pommiers. Le Saussois, la Saulsaye, est le pays des saules. Bruyères, La Bruyère, est le pays des bruyères; comme Fou- gères, Fougerolles, la Fougeraie, est le pays des fougères. La Colophane doit son nom à ce que c’est une résine pro- venant de Colophon, de Kolovwv, la ville haute, située sur une montagne, où poussaient les arbres verts qui produisent cette résine. De même la rhubarbe doit son nom de Rhaponte, Rheum ponticum, aux pays où elle croissait naturellement, sur les bords du Volga, Rha, le fleuve aux eaux rapides, et dans la province maritime du Pont, de movros mer; sur les rivages du Pont-Euxin ou mer Noire. Au contraire, Sparte tire son nom des genèêts, sparticum, qui poussaient dans ses environs. Marathon vient du grec uapañwy lieu ensemencé de fenouil, qui vient lui-même dé papatvw, je dessèche et flétrit. Sicyone doit son nom à ses con- combres, sicus, mot qui signifie nid à graines, fruit clos, cnxoc. Enfin la Morée doit son nom à ses müriers fLopoy;muüres, du radical môr, noir, fruits noirs. Le Groënland, terre verte, doit son nom à la verdure de sa vévétation, De même la Pensylvanie doit son nom à ses forêts, sylva; non pas à ses forêts défrichées par William Penn, et par ses compagnes. C’est ainsi, qu'en Floride, la station de Coconot-Gruve signifie plantation de noix de Coco, bosquet de cocotiers, et doit son nom à ses palmiers. Au contraire, l’'Echalote tire son nom d’Ascalon, et ne le lui donne pas. De même on dit la Valence, la bonne Valence, pour désigner les oranges qui en proviennent ou qui sont censées en provenir, comme Fontainebleau a donné son nom à ses chasselas, Montreuil à ses pêches, Argenteuil à ses as- perges, Parme à ses violettes, Montmorency à ses cerises, Clamart à ses pois, Soissons à ses haricots, Provins à ses roses, etc. Jonquières, la Jonchère, le Jonquoy, signifie le pays des joncs. Le Boullenois, la Boulaye est le pays des Bouleaux. La Pinède est une localité qui doit son nom à une plantation de pins. Tandis qu'on dit l’Ypréau, le blanc de Hollande, des peupliers qui viennent d’Ypres en Belgique ou de la Hollande; de même pour le peuplier Suisse, d'Italie, du Canada, de la Caroline, du Kentucky, qui recoit son nom des pays dont il est originaire. D'un autre côté, Cormier doit son nom à ses cormiers et Alise à ses alisiers; le Cédron, doit son nom aux cèdres qui ombrageaient ses bords de leur sombre feuillage, de Cédar, noir en Hébreu. La forêt Noire, Schwartz-Wald, doit son nom à ses sapins. En France, nous avons Moreuil, qui veut dire le bois noir; Breuil, Broglie, le petit bois; Breteuil, le grand bois; Nanteuil, le bois de la vallée humide; Auteuil, le bois si- tué sur la hauteur. On voit donc que tantôt c'est le pays qui a donné son nom à ses produits, et que tantôt c’est le con- traire qui a eu lieu. D' Boucox. DESCRIPTION DE COLÉOPTÈRES Notoxus brevis. — Petit, subparallèle, presque mat, entiè- rement testacé-roussâtre, revêtu d’une fine pubescence soyeuse grisätre; tète assez longue, déprimée sur le front; yeux noirs Antennes testacées, relativement longues et gréles, un peu épaissies à l'extrémité. Prothorax subglobuleux, assez large, moins large que les élytres, orné d’une corne relativement étroite et allongée, peu nettement crénelée ou dentelée. Elytres assez Courts, à peine élargis après le milieu, un peu atténués à l'extrémité. Dessous du corps de la coloration du dessus. Pattes testacées, peu grèles avec les tarses postérieurs ne paraissant pas plus longs que les tibias (1). Long. à peine 2 millimètres, — Madagascar. (A. Mocquerys; coll. Pic.) Cette espèce me semble voisine de Notoxus leslaceus Laf., à cause de ses tarses qui paraissent moins gréles que chez les Mecynotarsus ; elle diffère de celui-ci par une forme élytrale moins élargie, la forme de la corne prothoracique (celle-ci étant relativement étroite cet allongée), les antennes plus longues, etc. Notoxus lesticeus Laf. me parait devoir rentrer dans une division spéciale (Pseudonotoxus) où pourrait, je pense, prendre place également brevis Pic, qui se distinguera des Mecynotarsus par la forme des tarses plus courts et moins gréles, et des Notoxus par le facies particulier, la forme du prothorax, celui-ci étant nettement diminué en arrière et tou- jours dépourvu sur sa base de lignes ou taches pubescentes et plus ou moins nettes. Une espèce de Noloxus, provenant de la Nouvelle-Hollande, et recue de M. Schaufuss sous le nom de 10-dentalus (carac- térisée par une corne prothoracique large, nettement dentée, les denticules au nombre de 9 ou 10) présente aussi une colo- ration générale testacée, seulement celle-ci est vaguement rem- brunie par places sur les élytres, avec une pubescence soyeuse, mais cette espèce se distingue des brevis Pic et leslaceus Laf. par la taille plus avantageuse et son prothorax revètu d’une pubescence subécailleuse un peu jaunâtre; cette espèce se distingue en outre, de presque tous les Noloxus par l’absence de la ligne ou tache pileuse basale du prothorax ou sa colo- ration. Leplaleus Mocquerysi. — Brillant, allongé, orné de quelques poils clairs dressés, testacé-roussätre, avec les antennes et les pattes plus claires, élytres roussâtres sur le premier tiers, noirs à dessins clairs sur les deux autres. Long 3 mill. environ. — Madagascar (A. Mocquerys ; coll. Pic). Par sa coloration rappelle bien L. amplipes Pic également de Madagascar, mais sa forme est plus allongée, la coloration élytrale claire moins étendue postérieurement (les élytres ont les 2/3 postérieurs foncés, moins une étroite fascie externe antéapicale testacée et la suture étroitement roussätre), enfin les tibias postérieurs sont simples. Anthicus (Ischyropalpus) jatahyensis. — Robuste, noir, mat sur l’avant-corps, un peu brillant sur les élytres qui sont ornés sur le premier tiers d’une pubescence argentée dessinant une sorte de bande bien marquée; base des antennes et pattes vaguement roussätres, ces dernières robustes. Tète et pro- thorax densément et rugueusement ponctuées, la première large, arrondie en arc en arrière, le second un peu déprimé sur le disque, fortement dilaté antérieurement, impressionné sur les côtés devant là base. Elytres marqués d'une impression posthumérale assez profonde, à ponctuation forte et peu espacée. Long. 3 inill. environ. Brésil : jatahy. Procuré par M. H. Donckier. Rappelle de coloration À. (Lappus) punc- lipennis Champ. et voisins tout en rentrant dans un groupe différent; particulier dans son groupe par sa coloration conco- lore foncée. M. Prc. 190 LE NATURALISTE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ALGÉRIE L'Algérie, avec son climat particulier et les vastes steppes qui forment une partie de son territoire, convient essentiellement à l'élevage de l’Autruche, du Mouton et de la Chèvre ; aussi les troupeaux forment-ils l’un des plus importants facteurs de sa richesse. Leur valeur dépasse, dans les bonnes années, 150 millions de francs pour la chèvre, avec une production annuelle de 424 millions et une exportation de plus de 50 millions. La France, qui achète, à l'étranger et surtout à l’Alle- magne, une partie des moutons qu’elle consomme, est tributaire des Anglais pour ses achats de plumes d’Au- truche, se désintéressera-t-elle toujours de cette ques- tion AUTRUCHE, qui ne concurrencera jamais, comme on le reproche à la vigne algérienne, l’agriculture métropo- litaine. Il résulte d'une manière évidente de la division que nous venons d'indiquer de l'Algérie en quatre régions très distinctes entre elles par leur climat et leurs pro- ductions, que l’on ne peut, dans la plupart des cas, sans grave erreur, attribuer à l'ensemble de notre riche colonie ce qui n'est vrai que pour l’une de ses régions seulement, Trop souvent, avant les nombreuses explorations qui se sont étendues à une grande partie du pays, on a consi- déré la région méditerranéenne comme présentant la moyenne des conditions générales de l'Algérie. Nous espérons avoir démontré qu'il n’en est pas ainsi, et que, au point de vue scientifique comme au point de vue pratique, il y a le plus grand intérêt à tenir compte des différences si tranchées qui caractérisent chacune des régions, dont les limites dans lesquelles devait être res- treinte cette note, nous ont forcé de nous borner à indi- quer les traits les plus saillants. Pour plus de détails, consultez les publications sui- vantes, auxquelles ont été empruntés la plupart des éléments de cet article : Ascherson, Pflanzen des mittlere NordAfrica(dans Rohlfs, Kufra, p. 386552). E. Cosson, Le règne végétal en Algérie : Paris, 1879. E. Cosson, Lettre sur un voyage botanique dans la partie saharienne méridionale des provinces de Constantine et d'Alger (Ibid., 1858). — Considérations générales sur le Sahara algérien et ses cultures (publié en 1859 dans le tome VI du Bulletin de la Société impériale d'acclimatation). E. Cosson et L. Kralik, Sertulum Tunetanum, ou Notes sur quelques plantes rares ou nouvelles recueillies dans le sud de la Régence de Tunis (Ibid , 1857). Doumet-Adanson, Exploration scientifique de la Tunisie. — Rapport sur une mission botanique exécutée en 188% dans la région saharienne. Paris, 1888. : Drude, Handbuchcder Pflanzen geographie. Stuttgard, 1890. Grisebach, La Végétation du Globe. (Dr) Sérizial, Études sur l'oasis de Biskra. Alger, 1868. De Tschihatschef, Asie Mineure. IH. Schirmer, Le Sahara. Paris, 1893. Volkens, Die Flora der ægyptischen Wuste. Berlin, 1887. E. Cosson, Rapport sur un voyage botanique d'Oran au Chott el Chergui (publié en 1853 dans les Annales des sciences naturelles). — Rapport sur un voyage botanique de Philippeville à Biskra (Ibid., 1856). — Itinéraire d’un voyage botanique exécuté dans le sud des provinces d'Oran et d'Alger en 1856 (publié en 1857 et 1858 dans le Bulletin de la Société Botanique de France). La propriété est trop divisée en Algérie dans les ré- gions telliennes, dans le Sahara nous nous trouvons en face d’une autre difficulté la propriété arch. L'interven- tion de l'Etat pour la création de haras de repeuplement s'impose donc clairement. Toutes les nations, du reste, ont toujours considéré que c'était là, pour toutes les co- lonies, une œuvre incombant à l'État tant que l'élevage sera une impossibilité pour le coion ne pouvant acquérir ni posséder les immenses parcours nécessaires à l’exis- tence de nombreuses autruches. - Resterons-nous en arrière des Allemands qui, sous la direction de M. F. Bronsart de Schellendorf, viennent de constituer une entreprise d'élevage die Kilima-Ndscharo Straussenzucht geselischaft? À grands frais on a engagé pour la partie technique de l’entreprise un Ecossais né au Cap où il a pratiqué l'élevage (1). Il est à souhaiter que les Allemands importent dans l'Afrique orientale quelques autruches du Soudan central pour faire des croisements avec lespèce nègre indigène Struthio molybdophanes dont la qualité des plumes est très inférieure à toute autre provenance, Sans doute, on arrivera à améliorer ces plumes, il n’y a qu'à suivre l'exemple des Anglais importateurs d’autruches d’Algé- rie en Australie, du Soudan au Cap, pour l'amélioration des espèces indigènes. M. Leroy-Beaulieu disait dernièrement dans un ar- ticle, paru au Bulletin du comité de l'Afrique française : « nous possédons en Afrique une position comme au- « cune puissance n'en ajamais eue, et n’en aurajamais, « et nous ne savons pas nous en servir; c'est en vérité, « une pitié. » Oui, c’est une pitié de voir cette Algérie que nous pos- sédons depuis 70 ans bientôt, bondée de fonctionnaires, et clair-semée de colons sérieux. Le repos de ceux-là exige le petit nombre de ceux-ci, et c’est ainsi que notre colonie ne peut se peupler, ni d'industriels, ni de cultivateurs assez nombreux pour faire contre-poids à la masse indi- gène, Une comparaison faite au moyen de tableaux sta- tistiques indiquant les surfaces exploitées par des pro- priétaires européens, d’une part en Algérie, d'autre part en Tunisie, nous révèle que, toute proportion gardée par rapport aux superficies des territoires et aux dates de leur occupation, le pays de protectorat, grâce à la nature différente des procédés administratifs se trouve dans un état de supériorité bien marquée sur la colonie sa voi- sine, Et cela s'explique: le colon tunisien est installé dès sa première année de résidence ; en Algérie le candidat co- lon, la casquette à la main, peut se morfondre dans les antichambres préfectorales pendant des années, avant que les nombreux services, ayant voix au chapitre de la colonisation, aient daigné formuler leurs observations en vue de la demande qui a eu la malchance de leur être soumise. Le cas n’est pas fréquent, nous l’admettons volontiers ; mais nous connaissons quelqu'un qui est à sa vingt- (1) Strausse, Zebras und Elephanten. — Die Bedentung cin- geborner Thiere für die Wirtschaftliche Entwickelung Deutsch- Ostafrikas. — Berlin, 1898. LE NATURALISTE 491 cinquième année de sollicitations pour un terrain, me surant moins de 50 hectares et le même se meut aussi dans sa dixième année d'attente pour se faire vendre une autre parcelle, valant environ vingt francs. Mais, nous dira-t-on, cet homme a du se dégotter. Il n’en est rien; il est Algérien, par conséquent habitué à certaines len- teurs, et... 1l attend sa ruine complète. Le mal qui ronge l'Algérie c’est de servir de lieu d’exil aux fonctionnaires ayant cessé de plaire en France, et de marchepied à d’autres plus nombreux, qu'on tient à favoriser. Avec ce système les mœurs politiques de la Métropole, et, avec elles, l'esprit de parti se sont intro- duits en Algérie. Grâce à cet esprit que nous trouvons développé à une puissance formidable dans toutes les officines où l'avenir de la colonie se discute, le territoire administré par l'autorité civile, autrement dit, le littoral et le Tell contiennent encore de vastes espaces où la co- lomisation européenne malgré la disponibilité de bonnes terres, n’a pas encore pu prendre pied, Si nous jetons maintenant nos regards vers le sud de nos possessions, que voyons-nous ? De vastes contrées auxquelles leur situation géographique, leurs richesses enfouies dans le sol, leur conformation favorable aux voies de pénétration, imprime ce cachet spécial qui dé- signe l'Algérie comme celle de nos colonies, destinée à servir dezone de concentration à ses deux sœurs afri- caines, enserrant le Soudan. Là est le cœur de notre fu - tur empire colonial, si nous savons faire ce qu'il faut - pour qu'il en soit ainsi. Une politique constante, bien arrêtée dans ses grandes lignes, et facile à définir à l'égard de peuplades, aux- quelles le reproche de versatilité dans leurs tendances, leurs aspirations, ne saurait être fait, nous donnera le moyen de préparer le terrain sur lequel la grande œuvre du Sud rachètera les fautes commises dans le Nord de notre belle colonie. Les adversaires de cetle œuvre, sans compter les puis- sances européennes qui prendront ombrage de la con- currence faite à leur commerce soudanien sont nom- breux ; qu’ils soient placés à l'est ou à l’ouest des limites algériennes, que ce soit à des degrés différents qu'ils ont intérêt à s'opposer à nos projets, ce ne seront pas toujours des groupes musulmans qui verront avec déplaisir, avec crainte pour leur existence sociale, l’ex- tension du pouvoir colonisateur. Quand la route des caravanes sera ouverte vers le Tchad, Paffluence de nos colons au'sud algérien se sera effectuée sans avoir attendu l’encouragement officiel ; car nous avons la certitude qu'après un début aussi triomphal que celui des deux premiers pionniers de la colonisation dans l'Oued Rir, après la création du chemin de fer de Biskra à Tougourt, il se produira un élan considérable vers ces régions, élan auquel l'autorité militaire, dominée par l'opinion publique, ne pourrait, même si elle le vou- lait, opposer cette force d'inertie employée par les bu- reaux civils dans leur lutte contre la colonisation dans le Tell. A ces colons du sud qui ont donné la preuve de leur vaillance, de leur savoir-faire à eux où à ceux qui sous forme de Compagnies nouvelles, voudraient compléter l’œuvre commencée, il faut de vastes espaces, sans va- leur aujourd'hui, mais en état d’être vivifiés par des ca- pitaux suffisants. Et si cesterritoires devenus productifs par le travail, allaient aussi devenir objets de préoccu- pation pour leur protection contre les ennemis que, sans nécessité aucune, nous nous serions créés quand il eüt été si facile d'en faire des auxiliaires, auxquels, sous forme de rétribution pour concours à une œuvre commune, une part des bénéfices réalisés aurait pu être abandonnée, si ces mesures de protection allaient nous causer quelque embarras dans la distribution de nos forces productives, ne pourrions-nous pas, avec raison, recevoir le reproche d’imprévoyance coupable ? La flore et la faune sahariennes se sont transformées avec ie chmat. Parmi tant d'organismes épanouis autre- fois sur cette partie du globe, ceux-là seuls survivent, qui, par une évolution lente, aidée de la sélection natu- relle pendant un grand nombre de siècles, se sont mis en harmonie avec leur nouveau milieu : c'est pourquoi notre confiance reste inébranlable dans le succès du retour de l'Autruche dans sa patrie : le Sahara. Jules FOREST AÎNÉ. CHRONIQUE L’ostréiculture en Æollande. — La Hollande est le pays le plus septentrional où l’on pratique en grand l’ostréiculture artificielle. Depuis 1870, date des premiers essais de ce genre, l'expérience a clairement démontré que cette industrie pouvait prospérer dans la province de Zélande, sur l’Escaut de l'Est. Dans l’Escaut, les terrains qui se prêtent à l’ostréicul- ture sont divisés en parcelles; ils appartiennent à l'Etat et sont loués aux enchères. On distingue deux espèces de terrains : les uns sont favorables à la récolte du naïis- sain; c’est là qu'on dépose les objets (ou collecteurs) sur lesquels le naissain aime à se fixer. Ces collecteurs sont de préférence des tuiles enduites d’une couche de chaux et les emplacements quiles contiennent portent le nom de terrains à tuiles. Les autres terrains sont employés pour y semer les jeunes huîtres qu'on à détachées des tuiles. Le produit de l’industrie ostréicole zélandaise varie beaucoup d’une année à l’autre. Le nombre total des huîtres mises en vente peut être évalué à 30 milhons par an en moyenne. Tantôt la récolte est plus riche et peut dépasser 50 millions, tantôt elle est fort inférieure, Le prix des huitres zélandaises est ordinairement fort élevé; en 1893, le prix moyen de 60 florins par mille fut payé aux ostréiculteurs. Découverte de gisements de mercure, — Deux Mexicains ont découvert, dans l'Etat de Guerrero, un gisement de minerai de mercure s'étendant sur une longueur de dix milles et ayant environ deux cents pieds de large. Les essais de minerai accusent de 2 à # pour cent de mercure. Travaux géologiques. — MM. les ingénieurs Ezequiel Ordoûez, Julio Posada et Ramiro Robles, vont partir prochainement pour Acapulco et se livrer à une étude géologique sur la région comprise entre ce port et Acatlan. D'un autre côté, M. Aguilera, directeur de l'In- stitut géologique, et M. Bosse se livreront à la même étude entre Acatlan et Veracruz. Le but de ces travaux est de dresser un profil géologique de cette région, qui serait présenté à l'exposition de 1900. Congrès international de Zoologie, — Au 199: LE NATURALISTE cours de la cinquième session, qui se tiendra en Alle- magne en 1901,le Congrès international de Zoologie décernera, pour la troisième fois, le prix fondé par le tsar Nicolas IT. La Commission internationale des prix met au con- cours la question suivante : Influence de la lumière sur le développement des couleurs chez les Lépidoptères. Causes déterminantes des différences de couleurs, de farme et de structure des parties recouvertes pendant la position de repos chez ces insectes. La Commission prendrait en considération un mé- moire qui ne traiterait que l’une de ces questions. Les mémoires présentés au concours pourront être manuscrits Ou imprimés; dans ce dernier cas, l'époque de leur publication ne peut être antérieure à septem- bre 1898, date du précédent Congrès. Ils doivent être écrits en langue française. Ils devront être adressés, avant le Aer mai 1901, soit à M. À Milne-Edwards, membre de l’Institut, président de la Commission des prix, soit à M. R. Blanchard, membre de l’Académie de médecine, secrétaire de ladite Commission. Conformémentau Règlement, les naturalistes de l’'Em- pire d'Allemagne, pays où doit se tenir le prochain Con- grès, seront exclus du concours. 38° congrès des sociétés savantes, — [Le 38e congrès de MM. les délégués des sociétés savantes de Paris et des départements s'ouvrira, à la Sorbonne, le mardi 7 juin 1900, à 2 heures précises. Les journées des mardi 7, mercredi 8, jeudi 9 et ven- dredi {0 seront consacrées aux travaux du congrès. La séance générale de clôture aura lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le samedi 41 juin à 2 heu- res précises. Greflage du lilas commun sur frêne, — I] ÿ aurait avantage pour un grand nombre de villes à in- troduire dans les plantations d’avenues, boulevards, jar- dins publics, des plantations de frêne commun, Fraæinus excelsior, sur lequel on grefferait les nombreuses variétés de lilas que possède la floriculture. Ces deux essences appartiennent à la famille des oléa- cées, mais à des tribus différentes ; le lilas appartient à la tribu des olées et le frêne à celle des fraxinées, Plusieurs essais de greffage du lilas sur frêne ont montré la grande affinité que possède le lilas, Syringa vulgaris, sur le frêne, Fraxinus excelsior. Pour faire des arbres d’avenue, il faudrait planter des arbres déjà développés et, après deux à trois ans de re- prise, greffer sur branches, én fente, en couronne ou en écusson. La réussite des greffes serait d'au moins 80 % en bonne année. LES ANIMAUX QUI N'ONT PAS DEUX YEUX Le chat a deux yeux, le chien a deux yeux, le poisson rouge, le lézard, le serpent, la grenouille,ont deux veux. L'homme,qui a l'occasion de les observer souvent, a lui- : même deux yeux, de sorte qu'il s'imagine que tous les animaux de la création ont toujours deux organes vi- suels. Je vais certainement étonner beaucoup de per- sonnes en disant qu'il y a de nombreux animaux qui pos- sèdent plus de deux yeux et que même ces animaux pul- lulent autour de nous. Je n'en veux pour exemple que les araignées, ces bêtes si répugnantes par leur aspect, mais si intéressantes par leurs mœurs. Tàchez de sur- monter un peu votre dégoût, saisissez-en une délicate- ment entre le pouce et l’index ou encore avec une simple petite pince, et examinez le dessus de sa tête : vous y verrez huit petits points brillants, luisants, que vous reconnaitrez tout de suite pour des yeux. Un natu- raliste qui veut savoir le nom d’une araignée, ne manque pas d'examiner ces derniers. Leur disposition est, en effet, caractéristique pour chaque espèce : épars chez les espèces errantes, ils sont disposés, au contraire, en groupe compact chez celles qui habitent dans des trous d’où elles épient leur proie. On s'imagine qu'avec autant d'appareils visuels les araignées doivent voir dans la perfection. On l'a cru pendant longtemps, mais les expériences de M. Plateau ont montré qu'en réalité, elles voyaient fort mal. Les observations ont porté surtout sur une araignée sauteuse, l’'Epiblemum,. A la distance de 10, 12 et même 20 centi- mètres, son attention put être attirée par une mouche que l’on déplacait devant elle, mais ce west qu'à 2 cen- timètres que l'Epiblemum distinguait assez nettement sa proie pour sauter dessus. Plateau a vu souvent une araignée passer à # ou 5 centimètres d’une mouche im- mobile sans la voir, et suivre à la même distance et sans reconnaitre son erreur, une boulette de cuir noircie que l’on trainait devant elle à l’extrémité d'un fil; ce n’est qu'à 4 centimètre et demi qu'elle s’apercevait étre dupe d'une illusion. En somme, l’Epiblemum est très myope : placée sur un miroir, elle poursuit sa propre image ! Sur les Tégénaires, araignées qui construisent de crandes toiles, les résultats ont été les mêmes. En pro- menant à la surface de la toile un grossier simulacre de mouche formé par des débris de plume fixé à l'extrémité d'un fil, on voit l'animal sortir de sa retraite, saisir la proie et la percer de ses crochets. La méprise est si com- plète, qu'en continuant à imprimer de légers mouve* ments à la mouche artificielle, l’araignée recule pour s'élancer de nouveau et répéter ses morsures jusqu’à ce qu'un mouvement trop brusque lui montre son erreur et la fasse retourner au fond de sa retraite. D'expériences analogues faites sur d’autres espèces, M. Plateau conclut que les araignées, en général, ne percoivent à distance que le déplacement des corps volu- mineux. Les araignées chasseuses sont probablement les seules qui voient les mouvements des petits objets ; elles percoivent ces mouvements: à une distance qui oscille entre 2 et 20 centimètres. La distance à laquelle la proie est vue assez bien pour que la capture en soit tentée n'est que de 1 à 2 centimètres et même, à cette faible distance, la vision n'est pas nette, puisque les araignées chasseuses commettent de nombreuses erreurs. : une vue détestable à toutes distances : LE NATURALISTE 193 Quant aux araignées qui tendent des toiles, elles ont elles ne consta- tent la présence et la direction de la proie qu'aux vibra- tions de leur filet, et cherchent à prendre de petits objets tout autre que des insectes, dès que la présence de ces objets détermine dans le réseau des secousses analo- gues à celles que produiraient les mouvements de mou- ches ou autres bestioles ailées. Le toucher des araignées confectionneuses de toiles est, en effet, si délicat, qu'il leur tient véritablement lieu d'organes visuels, ainsi qu'en témoignent les observa- tions de M. Forel que nous allons rapporter. Qu'on s'amuse à nourrir des araignées en jetant divers insectes dans leurs filets. Qu'on les observe lorsqu'elles filent leur toile ou lorsqu'elles passent d'un arbre à l’autre, en se laissant d’abord suspendre à un fil (elles se laissent tomber en filant), puis en lançant par leurs autres glandes à soie une boucle de fil que le zéphir promène doucement dans l’espace, tandis qu'elle continue à la filer. Cette boucle peut s'étendre à plusieurs mètres, malgré sa fi- nesse extrême. L’araignée demeure immobile, les pattes étendues, suspendue en l'air par un fil et filant sa boucle à côté. Tout à coup, sans que nous voyions rien, elle se contracte, attrape la base de sa boucle avec ses pattes, et se met à la retirer rapidement à elle par un mouvement alternatif. C’est qu’elle vient de sentir que l'extrémité de cette boucle a touché quelque chose à plusieurs mè- tres de distance. Ce quelque chose est le rameau d’un autre arbre auquel la boucle s’est prise. Tandis que l’arai- gnée enroule la base de la boucle avec ses pattes, la boucle se raccourcit peu à peu, se tend, devient un fil fixé au rameau de l’autre arbre, et notre acrobate a bientôt passé ainsi d’un arbre à l’autre à travers l'air. Qu'on jette des insectes très divers dans les toiles des araignées, et l’on verra bientôt qu’à leur choc, à la ten- sion plus ou moins forte des fils, elles distinguent, sans les voir, s'ils sont gros ou petits, lourds ou légers, et qu’elles percoivent tous leurs mouvements. Il a même paru à M. Forel qu'ellesdistinguentles hyménoptères des diptères, car, tandis qu’elles sont très circonspectes avec les premiers, elles se jettent sur les seconds sans la moindre retenue, ni la moindre prudence. Or, sous le même volume, les hyménoptères sont plus lourds que les diptères, et leurs mouvements, tant des ailes que du corps, sont tout diflérents. Dès que l’araignée sent la moindre secousse imprévue de sa toile, elle tressaille, Les unes (Epéire) saisissent alors fortement leur toile, la secouent même souvent; on voit qu'elles guettent ou veulent provoquer les secousses produites par la prise. Ce sont toujours les mouvements de l’insecte qui s’est pris, qui la guident, C’est à chacun d'eux qu'elle s’avance et reconnait dans quelle direction se trouve sa proie. D’autres araignées, celles des angles des murs, par exemple, ne secouent pas leur toile, mais se contentent de se guider par les mouvements de l'in- secte qui se débat. Tant que celui-ci demeure tranquille, l’araignée attend, en général, et ne bouge pas. Lorsque l’ébranlement est trop fort, produit par un être trop gros, les araignées se sauvent ou restent coites; ou bien, elles vont couper leurs fils pour faire tomber cet animal dangereux. M. Forel les a vues faire cela aussi pour de petits insectes : ainsi pour les fourmis, dont beaucoup d'araignées ont très peur, dès qu'elles les ont reconnues à leurs mouvements. Mais même, lorsqu'un très petit insecte dur, ainsi un petit charancon, vient se prendre aux fils de quelque grosse araignée, celle-ci ne l’ignôie pas toujours : elle va parfois vers lui, le détache de la toile et le jette. | Les scorpions, que l'on peut considérer comme Îlés cousins germains des araignées, ne sont pas moins pour- vus qu’elles sous le rapport du nombre des yeux, puis- qu'ils en possèdent deux rapprochés sur la ligne mé- diane, et un groupe de 2 à 5 sur le bord de la tête, mais ils sont tout aussi mal lotis sous le rapport de la vision. Les mouches peuvent circuler à trois centimètres d’eux sans être iuquiétées, Il faut mettre une mouche entre les pinces d’un scorpion pour qu'il se doute de son exIs- tence et la saisisse. S'il la laisse échapper, le scorpion se met en marche, dans une direction quelconque, les pinces étendues, et se heurtant à tous les obstacles : on ne peut s'empêcher de rire de ce lourdaud myope qui veut courir après une bestiole aussi agile qu'une mouche. En le mettant dans le labyrinthe de Plateau, on le voit se cogner à tous les obstacles. Ce labyrinthe se compose d'une surface horizontale de teinte neutre, sur laquelle sont fixés des obstacles verticaux formés de lames rec- tangulaires de carton, blanches, brunes ou noires : ces lames sont disposées sous forme d'enceintes concentri- ques, elliptiques ou polygonales, et les obstacles d’une enceinte alternant avec ceux de l’enceinte qui précède et qui suit. Mis dans ce labyrinthe, le scorpion s'y dirige comme un aveugle et n’en sortirait peut-être jamais s'il n'était aidé par ses pinces, à l’aide desquelles il se rend compte jusqu'à un certain point des obstacles, ce qui lui permet de les contourner. La distance de la vision dis- tincte ne dépasse pas, chez eux, 1 centimètre par les veux -médians, et 2 centimètres 1/2 par les yeux laté- raux. Des yeux multiples se rencontrent chez beaucoup d'insectes. Ainsï, chez Pabeille, on voit deux très gros veux latéraux et, sur la ligne médiane, trois autres petits yeux. Les premiers sont ornés à la surface d’une mo- saïque très régulière : c’est ce qu’on appelle des yeux composés, tandis que les autres, les petits, sont des yeux simples où ocelles. Pourquoi ces deux sortes d'yeux? Il semble résulter des expériences de nombreux natura- listes que, lorsqu'ils coexistent, les yeux composés ser- vent à la vision, tandis que les ocelles ne servent abso- lument à rien, M. Plateau a, en effet, montré que les insectes diurnes ailés que l’on aveugle en enduisant la totalité des yeux de couleur noire, puis qu'on lâche à l'air libre, s'élèvent verticalement vers le ciel à une grande hauteur. Lorsqu'on supprime l'usage des yeux composés en respectant les ocelles frontaux, les insectes se comportent absolument comme si ces ocelles avaient été supprimés en même temps. C'est-à-dire que, lâchés en plein air, ils s'élèvent aussi verticalement et que, vo- lant dans une chambre éclairée par des fenêtres situées d'un même côté, ils offrent encore une fois les particu- larités propres aux individus dont tous les yeux ont été recouverts ou incisés. Si l’on supprime l'usage des ocelles frontaux seuls, en laissant les yeux composés intacts,les insectes diurnes ailés semblent ne pass'apercevoir qu'on les a privés de certains organes sensoriels et paraissent se comporter entièrement comme des individus nor- maux. M. Forel a émis sur le compte des ocelles une hypo- thèse assez séduisante : d'après lui, ils auraient pour fonction de percevoir la lumière dans des milieux rela- tivement obscurs, et de permettre la vue des mouve- 194 LE NATURALISTE ments rapprochés. Et, en effet, on remarque que les in- sectes qui possèdent des ocelles sont ceux qui vivent, au moins momentanément, dans la demi-obscurité des nids. C’est à l’expérimentation à nous renseigner. Il est curieux de constater que les Crustacés, dont l’organisation est si voisine de celle des insectes, possè- dent presque tous deux yeux et jamais plus de deux yeux. Il n’y a guère que deux exceptions à signaler, mais il est vrai qu’elles sont fort curieuses; elles sont relatives aux genres Euphausia et Thysanopoda, qui ha- bitent les grands fonds marins. Ils possèdent sur le corps des points brillants, qui sont en même temps des organes lumineux et des yeux. Chez les premiers, il y en à deux derrière les yeux ordinaires, quatre sur la ca- rapace et quatre sur la ligne médiane des quatre pre- miers anneaux de l'abdomen. La position des huit yeux du Thysanopoda est encore plus singulière : on en compte quatre sur les hanches de la deuxième et de la septième paire de pattes, et quatre placés sur la ligne médiane, entre les pattes natatoires. Les animaux, dont nous avons parlé jusqu'ici, sont les seuls sur lesquels nous ayons des notions physiolo- giques; en somme, On voit que tous ceux qui possèdent beaucoup d’yeux perçoivent très mal la forme des objets et que, jusqu'à un certain point, la multiplicité des yeux pourrait être — chose paradoxale — considérée comme l'indice d'une mauvaise vue, Cette notion est confirmée par la manière dont se comportent dans la nature les autres animaux à yeux multiples dont il nous reste maintenant à parler. Chez les Méduses, on rencontre fréquemment, sur le bord de l’ombelle, des organes brillants, plus ou moins bien colorés, Si l'on étudie la structure de ces peints, on y trouve du pigment et un cristallin, ce qui fait supposer que ce sont des yeux. Les Méduses qui les possèdent ne doivent pas cependant en retirer un grand profit, Car je ne sache pas que l’on ait signalé chez elles des sensations visuelles bien nettes. À l'extrémité de chacun des cinq bras des Etoiles de mer ordinaires, On remarque une petite tache rouge orangé que tous les anatomistes considèrent comme un œil. Malgré ses cinq yeux, l'Etoile de mer voit fort mal; c'est surtout par son odorat et son toucher qu'elle se dirige. Une nuée de petits yeux noirâtres, semblables à des ponctuations, se montrent aussi sur la tête de nombreux vers, notamment les Némertes et les Annélides errantes. Chez les Annélides sédentaires, c’est-à-dire habitant un tube, les yeux ne sont pas placés, en général, sur la tête, mais occupent une position plus où moins extraordi- naire : c’est ainsi que les Protules en portent sur la col- lerette qui dépasse l’orifice du tube et, chez les Fabricia, il y a des yeux placés tout à fait à la partie postérieure du corps. On a l'explication de cette position singulière dans ce fait que les Fabricia n’habitent leurs tubes que temporairement et se déplacent à reculons, en trainant derrière eux leur panache de branchies. Chez les Mollusques, des faits aussi singuliers se ren- contrent, quoique moins fréquemment. Le cas, à la fois le plus joli et le plus facile à vérifier, est celui des Co- quilles Saint-Jacques, dont on fait un plat si délicieux. En examinant, par la coquille entrebâillée, le bord du corps de l'animal, on y voit une multitude de petits veux brillants, chatoyants comme des yeux de chats : on di- rait des émeraudes et des saphirs enchâssés dans le corps du mollusque. Non moins extraordinaire est la position des yeux chez les Chitons, dont le corps est re- couvert, de la tête à la partie postérieure, par une série de plaques calcaires imbriquées les unes sur les autres. Ces plaques se montrent, à la loupe, percées d’une mul- ttude de petits trous dont chacun est occupé par un œil. D’autres animaux, au lieu d’avoir plus de deux yeux, n'en ont qu'un seul. Mais c'est là un cas très rare; je n’en connais guère d'exemple que chez les Rotifères où l'on remarque, à la partie supérieure de la tête, une tache noirâtre en forme d’X. Il paraît en être de même chez les Cyclopes, crustacés qui doivent précisément leur nom à cette particularité ; mais, si l’on examine à la loupe, l'œil unique, on voit qu'il est, en réalité, composé de deux yeux latéraux très rapprochés et fusionnés entre eux. D'autres animaux enfin n’ont pas d’yeux du tout. Ceux- là sont légion. C’est dans cette catégorie notamment que se rangent tous les parasites internes des animaux et des plantes, par exemple les vers solitaires et les autres vers intestinaux, C'est là aussi que prennent place les animaux des cavernes, dont la plupart n’ont pas d’yeux du tout où n’en ont que de très rudimentaires. A citer notamment le Protée, sorte de grand Lézard aquatique, qui vit dans la grotte de la Carniole, où d’ailleurs il de- vient des plus rares par suite de la chasse acharnée que lui font les collectionneurs. À citer aussi un grand nombre d'insectes cavernicoles, dont les appendices, pattes, antennes et palpes, prennent des dimensions dé- mesurées pour leur permettre de toucher plus facile- ment les corps environnants. Beaucoup — la plupart même — des animaux des grands fonds marins, endroits où, on le sait, la lumière ne pénètre pas, ne possèdent pas trace d'organes visuels. Enfin, on rencontre beau- coup d'animaux aveugles parmi ceux qui vivent sur la terre ou dans l'eau, dans des conditions qui n’ont rien d’anormal; il suffira de citer les oursins, les holo- thuries, les vers de terre, les huitres, de nombreuses larves d'insectes, etc. Mais il ne faudrait pas croire que tous les animaux dépourvus d’'yeux sont aveugles, et c'est là une des no- tions les plus curieuses de la physiologie générale, Les premières observations de ce genre ont été faites par Tremblay sur les Hydres d’eau douce, qui, quoique wayant pas trace d'yeux, sont manifestement sensibles à la lumière. Tremblay en placa plusieurs dans un man- chon opaque sur le côté duquel il pratiqua une petite ouverture. Il vit alors que les Hydres se disposaient le long de la ligne tracée par la lumière qui passait par le chevron. Ces sensations visuelles sans yeux, naturelle- ment vagues, ont été mentionnées chez divers autres animaux et rassemblées sous la dénomination de « sen- sations dermatoptiques», c'est-à-dire « sensations vi- suelles perçues par la peau ». Henri COUPIN. (A suivre.) \ < Le Gérant: PAuz GROULT. EEE PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 20 (en) NATURALISTE LE ‘qe sderg **(99 ‘$9) oauo8 qnos uf] *S1911199 SO] SUEP 19 S9AU9 S9] SUBP UNUWWO9 WP pSyiou T 9119 aouvi u9o onpuedor snjd 8j 099ds9 ] fopquouSesop 1107 aquexjouod anopo oun ‘yisres so] uo puenb ‘juoyjouo SI] ‘SOPIUNU J9 S21QUIOS SJIOIPU9 SO] SUPP JUPAIA ‘SIIOU S9729SU] p 21QUIOU puris Z9$SE UN OUWAOJUOL [L ! 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M. Galien Mingaud, le distingué secrétaire de la So- ciété d'Étude des sciences naturelles de Nimes, qui a pu- blié un certain nombre d'articles sur le Castor du Bas- Rhône (1), m'a envoyé, à deux reprises, la larve du Pla- typsyllus castoris Ritsema, trouvée, en même temps que l'adulte, dans la four- rure de cet animal, la première fois en juillet 1896 et la seconde en février 1899. J'ai eu en mains et J'ai encore sous les el) Fig & yeux plusieurs exem- 1 plaires de cette larve. Leur taille est plus où moins développée, al- lant de 0,8 à 4,8 milli- [l mètres. Mais toutes sont conformes au Fig. 1. — Première larve de Plaly- dessin ci-joint (fig.1), ae castoris Ritsema. D'après Cast-à-dire analogues à ce que l’on a désigné sous le nom de première larve. Le D' Horn à le premier fait connaitre cette larve (Trans. amer. ent. Soc., 1888, 15, p. 23-26, pl. III, fig. 17-22). Peu de temps après, elle a été décrite et figurée (4) Les castors du Rhône Nîmes, 1889, p. XXIX). Note sur cinq espèces ou races de mammifères en voie d’ex- tinction dans quelques départements du Midi de la France (L. e., 1894, p. 42-47 et Feuille des jeunes naturalistes, n° 281, mars 1894. Nouvelle capture de castors en Camargue (7. c., 1894, p.130). Sur un castor du Gardon (/. c., 1895, p. XXXIV). Capture de Plalypsyllus castoris (Ritsema) sur un castor du Gardon ({. c., 1895, p. LXIX). Nouvelle capture de Platypsyllus castoris (Ritsema), sur un autre castor de Gardon(/. c., 1895, p. 100-109). La protection du castor du Rhône(£. c., 1696, p. 31). Troisième capture de Plalypsyllus castoris Rits. et décou- (Bull. Soc. Etude des sc. nat. de Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. . 2. — Dessous de la tête de cette larve, d’après Friedrich, mais contrôlé avec soin par l'illustre Riley (Insect life, 1889, I, p. 300-307, fig. 67, 68, 69). En 1894, elle a été dessinée et redécrite par le D' H. Friedrich qui la croyait encore inédite (Die Biber an der mittleren Elbe. Dessan. 1894, p. 43-45, fig. 5, 6). Aucune publication francaise n'ayant encore donné de description ni de figure de cette larve, j'ai pensé qu'il serait bon de combler ici cette lacune. Les travaux de Horn et de Riley ont été faits d’après des larves capturées sur des castors américains, ceux de Friedrich d’après des larves rencontrées dans la fourrure de castors prussiens. Mes matériaux ont été pris sur des castors du Gardon, petit affluent de la rive droite du Rhône, dans le département du Gard, Mais de même qu'aucune différence spécifique n’a jamais été rencontrée entre les sujets de Platypsyllus américains et ceux d'Eu- rope, de même il m'a été impossible de trouver de diffé- rences notables entre la larve française et les descrip- tons et figures de cette larve parues à l'étranger. Si l’on place cependant l’un à côté de l’autre le dessin qu'en ont donné Riley (4. c., fig. 67) et celui de Friedrich (l. e., fig. 5), on a de suite quelque peine à comprendre sur nature. qu'ils représententle même animal. La figure de Riley reproduit une forme allongée, tandis que celle de Frie- drich mcntre une forme plus élargie. Cette différence tient probablement à ce que ce dernier dessin a été fait d’après une préparation microscopique où le sujet a été comprimé entre deux lamelles de verre, Dans les détails, il y a similitude presque complète. Deux points sont seu- lement à relever. Le Dr Friedrich place deux stigmates sur le premier segment thoracique, deux sur le deuxième, deux encore sur le troisième et ceux-ci tous deux placés à droite, l’un au-dessus de l’autre; Riley, sur tout le thorax, ne trouve que deux stigmates placés sur le méso- thorax, au centre d’un petit bourrelet latéral (1). Sur la figure de Riley, les deux apperdices du dernier segment abdominal sont chacun munis de deux poils allongés, verte de sa larve sur un jeune castor de Gardon (/.c., 1896, p. 65). Perte de poids, à l'air libre, du castoreum du Gardon (Jour- nal de pharmacie el de chimie, 1897, p. 392-305). Captures des castors dans le Rhône et le Gardon pendant l’année 1897; la castoriculture (Bull. Soc. Elude de sc. nat. de Nimes, 1897, p. LX-LXT). Le castor du Rhône ({. c., 1898, p. XXITI-XXIV). Note sur un castor du Rhône (4. c., 1898,p. XXVI-XXVII)- (1) Le texte de ces auteurs concorde parfaitement avec leur dessin. Friedrich dit notamment : « les segments thoraciques et abdominaux portent les stigmates dans les angles postérieurs des bords latéraux. » (L. e., p. 45.) 198 eee ee me cn tandis que sur celle de Friedrich, ils n'ont que deux poils courts. Contrôlés sur les larves en ma possession, ces détails me permettent d'aflirmer que c’est l'auteur américain qui a raison sur l'auteur allemand. De plus, le dessin de Ri- ley représente une larve allongée comme elle l'est en réalité et non aussi élargie que nous le montre Friedrich. J'ai dessiné, à mon tour, cette larve d'après nature (fig, 1). [1 sera facile de voir que mon résultat est plus voi- sin de la figure obtenue par Riley que de celle représen- tée par mon confrère allemand. Je donne aussi le dessin du dessous de la tête de cette larve pour lequel j'ai pris comme modèle la planche de Friedrich ({. c., fig. 6) qui est d'une exactitude remarquable ainsi que j'ai pu le constater sur mes préparations (fig. 2). Une brève description de cette larve en fera facilement reconnaitre les principaux caractères. Nous avons vu plus haut qu’elle peut atteindre jusqu’à près de deux millimètres, sans présenter aucune diffé- rence avec les sujets longs de moins de { millimètre. Sa couleur est d'un blanc légèrement jaunâtre Sa forme est fortement aplatie de dessus en dessous, comme celle de l'insecte parfait, allongée, avec les côtés subparallèles et la plus grande largeur au niveau des deux premiers segments de l'abdomen. La tête rappelle beaucoup celle de l'insecte parfait, c'est- à-dire qu’elle est arrondic en avant ettronquée en arrière. En dessus, elle est munie de six longues soies qui sont probablement, comme celles du reste du corps, des poils tactiles. En dessous, s'ouvre l’orifice buccal entouré des différentes pièces qui forment la bouche. En avant, le labre en forme de croissant arrondi à ses deux extrémi- tés. Au-dessous, les mandibules pointues, triangulaires, bien développées. Plus bas, de chaque côté, les mà- choires, bien plus grandes que les mandibules, munies chacune en dehors et en haut d’un palpe composé de trois articles. Entre la base des mâchoires, la lèvre inférieure pourvue à sa partie antérieure d'une languette qui est flanquée à droite et à gauche d’un palpe biarti- culé. Les antennes sont placées en arrière, sur les côtés de la tête, où elles sont insérées dans une profonde fossette. Elles se composent de trois articles de plus en plus petits à partir dela base, garnis de quelques poils courts, le dernier muni à son extrémité de quelqnes soies raides. A la base de la tête, se trouvent quatre longues soies dirigées en arrière. Le thorax est formé de trois segments, à peu près aussi longs l’un que l’autre, mais de plus en plus larges. Le mésothorax seul est muni, de chaque côté, d’un stigmate placé à la partie antérieure du bord latéral. Chaque segment thoracique porte en dessous une paire de pattes. Ces membres sont courts, robustes, composés de trois articles dont le dernier forme un gros ongle crochu parfaitement apte à saisir les poils de l'animal sur lequel vit le Platypsyllus. Du bord postérieur de la face dorsale de chaque segment partent quatre longues soies dirigées en arrière, bien alignées les unes derrière les autres avec celles de la tête comme avec celles de l'abdomen. Le ventre se compose de neuf segments dont les huit premiers, à peu près égaux en longueur, diminuent pro- gressivementde largeur à partir des deuxième ou troisième. Le dernier segment est plus long et plus étroit que les autres. Il est muni en arrière de deux appendices charnus, LE NATURALISTE allongés, étroits, garnis chacun de deux longues soies terminales. Au-dessous de ces deux appendices, il s'en trouve un troisième plus gros, presque aussi long et à l'extrémité duquel est placé l'anus. Ces appendices sont évidemment des organes de fixation. Chacun des huit pre- miers segments porte en dessus, de chaque côté, et non loin du bord latéral, un stigmate arrondi, peu visible, et, sur le bord postérieur, quatre longues soies dirigées en arrière et en haut. Le neuvième segment seul n’a pas de stigmates, ni de soies autres que celles des appendices. En dessous, le bord inférieur des huit segments antérieurs porte six longues soies alignées comme celles de dessus. Cette larve est agile et résistante. M. Galien Mingaud l’a vue, sur le castor récemment tué, parcourir la four- rure de l'animal avec autant d’agilité et de rapidité que l'insecte parfait, toujours en mouvement, apparaissant au sommet des poils et disparaissant rapidement pour aller ressortir un peu plus loin. Le 5 juillet 14896, il observa qu'une larve laissée dans un tube avec un peu de fourrure y vécut 14 heures. Le 6 février 1899, il a recueilli, à 2 heures de l’après- midi, trois larves de tailles différentes, en même temps que quatre insectes parfaits, sur un castor pris au piège la nuit précédente sur les bords du Gardon, dans la commune de Séruhac. Mises dans un petit tube de verre, ces larves y étaient très agiles, très remuantes. Elles ne moururent qu'au bout de 31 heures, et probablement de froid. M. Galien Mingaud a observé que la larve du Platy- psyllus se tient là surtout où l’on rencontre l’insecte par- fait et les Acariens parasites, c'est-à-dire sur latête, le cou et les épaules, qui sont plus souvent hors de l’eau que le restant du corps. Pendant fort longtemps, les naturalistes ont discuté pour savoir dans quel ordre d'insectes il convenait de placer le Platypsyllus castoris. A la fin de 1868, Van Bemmelen découvrit l'espèce dans le jardin zoologique de Rotterdam, dont 1l était directeur, sur des castors américains (Castor canadensis), Ritsema la décriviten 1869 sous le nom qu'elle porte aujourd'hui. Il placa le Platypsyllus dans les Suceurs de De Geer et en forma un nouveau genre de Pulicides (1). La même année, il le rangea encore dans les Aphani- ptères de Westwood auxquels appartiennent les Puli- cides (2). La même année encore, Westwood redécrivit de nou- veau cette espèce, l’appela Platypsyllus castorinus et créa pour elle l’ordre des Achréioptères (3). En 1872, le Dr Le Conte placa le genre Platypsyllus (qu'il appela sans raison Platypsylla) dans l'ordre des Coléoptères, en en faisant la famille des Platypsyllidæ, intermédiaire, suivant lui, aux Hydrophilidæ et aux Lepti- nidæ (4). En 1874, Westwood maintint son opinion première et laissa former à cette unique espèce un ordre tout en- tier (5). En 1882, le D' Horn rattacha le genre Platypsyllus aux (1) Petiles nouvelles entomologiques, 15 septembre 1869. (2) Tijdschrift voor Entomologie, 2° série, vol. V, p. 185. . (3) Entomologisls Monthly Magazine, vol. VI, oct. 1869, p. 418-119. (4) Proc. Zool.Soc.of London for 1812,p. 719-804, pl. EX VIIL: (5) Thesaurus Entomologicus Oxoniensis (Oxford, 1814), p. 194, pl. XXXVII. LE NATURALISTE ASLEN Coléoptères, le rapprocha des genres Leptinus et Lepti- nillus et en montra les affinités réciproques (1). En 1884, Reitter placa les Platypsyllus parmi les Coléoptères et en fit, comme ie D' Le Conte, la famille des Platypsyllidæ, mais sans lui assigner une place défi- nitive (2). La même année, Bonhoure (3) et Ritsema(#) concluent à l'admission de l’insecte parmi les Coléopteres. En 1885, le D: Friederich Brauer parle de la parenté des Mallophages et des Coléoptères, de par leurs carac- tères thoraciques, parenté éclairée par le genre intermé- diaire Platypsyllus qui, néanmoins pour lu, appartient bien aux Coléoptères (5), En 1886, Kolbe discute à nouveau le sujet etrapproche les Platypsyllidæ des Liotheidæ qui appartiennent aux Mallophages (6). On est allé jusqu'à placer l’insecte dans les Névro- ptères et même dans les Orthoptères. Cependant, depuis une douzaine d'années les auteurs s'accordent généralement à reconnaitre que le parasite du castor est bien un Coléoptère. La découverte de la larve n’a pas peu contribué à ce résultat, en venant démontrer qu'elle ne pouvait appar- tenir qu'à l’ordre des Coléoptères. Elle est, en effet, formée de 13 segments, où la tête, le thorax, l’abdomen se distinguent facilement; elle est munie d'antennes et de pattes; enfin la bouche est formée d’une série d’or- ganes qui se retrouvent dans les larves des Coléoptères les plus élevés en organisation. Si les premiers états des Coléoptères étaient mieux connus qu'ils ne le sont encore aujourd’hui, il serait sans doute facile d’assigner, parmi leurs larves, une place à celle du Platypsyllus. Malheureusement, les familles près desquelles on a, à juste titre, placé celle des Platypsyllidæ, c’est-à-dire les familles des Paussidæ, des Clavigeridæ, des Pselaphidæ, des Scydmaenidæ et des Siülphidæ, sont des moins bien connues au point de vue larvaire. Toutefois, dans l’état actuel de la science, il mesemble que la larve dont se rapproche le plus celle du Platy- psyllus est la larve du Catopomorphus arenarius Hampe (pilosus Muls.), récemment décrite par le capitaine Xam- beu (Revue d’entomologie, 1889, p. 333-334, et Annales de la Société linnéenne de Lyon, 1892, p. 151-153). Le corps est allongé, formé d'un même nombre de segments, la bouche se compose des mêmes pièces, les palpes maxil- laires et labiaux du même nombre d'articles, les antennes sont placées très en arrière sur les côtés de la tête, les pattes sont formées de trois articles dont le dernier est un ongle acéré, le dernier segment est muni de trois appendices charnus, les deux supérieurs ciliés et l’infé- rieur portant l'anus, enfin l’agilité est des plus remar- quables. Voilà pour les ressemblances. Mais 1l y a aussi des différences bien tranchées entre ces deux larves. La plus importante est constituée par la composition des antennes qui sont formées de quatre articles dans la larve de Catopomorphus arenarinus : 1° et2 courts, moniliformes; (1) Trans. Amer. Ent. Soc., X, 1882-1883; Monthly Proc., 10 février 1882, p. ii. (2) Wiener entom. Zeilung, LI, 1884, p. 19-21. (3) Ann. Soc. Ent. France, 1884, p. 143-153. (4) Tijdschrifl voor Entomologie, 1883-1884, LXXXVI. (5) Silzb. der Kais. Akad. der Wissensch., XCI, p. 364. (6) Berliner entom. Zeitsch., XXX, 1886, p. 103-105. 3° deux fois plus long que les deux précédents réunis, très renflé vers l'extrémité postérieure; 4e court, conique, terminé par un faisceau de poils. Le revêtement pileux du corps n'est plus du tout le même pour ces deux larves, puisque celle du Catopomorphus est pubescente de gris avec des cils nombreux, plus abondants sur les côtés. La larve du Platypsyllus a de nombreux points de res- semblance avec celle de Catops fuscus Panz. décrite tout dernièrement par le capitaine Xambeu (Ann. de la Soc. lin. de Lyon, t. XLV, 1898, p. 184-187) et celle de plusieurs Bathyscia encore inédites, entre autres de aussi B. Aubei Kiesw., que j'ai découverte dans les environs d'Avignon et qui sera prochainement publiée. Ces différentes larves appartiennent incontestablement à deux familles différentes, mais incontestablement aussi à des familles voisines, L'examen de la larve pri- maire de Platypsyllus castoris nous prouve donc bien qu'il s'agit d’un Coléoptère et que ce Coléoptère est voisin de la famille des Silphides en tête desquels on range d’ailleurs aujourd'hui les Platypsyllidæ. L'œuf et la nymphe de ce Coléoptèere sont encore inconnus. Nous nous permettrons d'en recommander la recherche à M. Galien Mingaud, surtout depuis qu'une mort aussi inattendue que prématurée est venue ravir Riley à la science. Riley était sur la voie qui devait l’amener un jour à la découverte de ces deux états encore ionorés du Platypsyllus. En 1890, il a publié dans Insect life, p. 244-246, une note sur l'œuf et la dernière larve de ce Coléoptère. Cette note ayant été analysée dans ce journal (Le Naturaliste, 1890, p. 131, 5 figures), nous n’y insisterons pas (1). Contentons-nous seulement de rappeler : 4° que l'œuf n’a jamais été observé sur le castor, contrairement à ce qu'affirme le D' Horn, qu'il a été vu seulement dans l'ovaire des femelles et qu'il est remarquable par sa forme fortement aplatie ; 2° que cette dernière larve ressemble à s'y méprendre à celles de cer- tains Mallophages, qu'elle differe beaucoup de la pre- mière larve et qu'elle rappelle la pseudo-nymphe des Vésicants en sorte que pour cet insecte il y aurait donc aussi hypermétamorphose. Malgré d'actives recherches, la nymphe du Platypsyllus n'a jamais été trouvée sur le castor. On suppose que la dernière larve, une fois arrivée à son complet développe- ment, se laisse choir surle sol du terrier et que c’est là que se passe la nymphose. Rien ne prouve cependant qu'il en soit bien ainsi et que cette transformation ne puisse s'effectuer dans les poils mêmes du rongeur. Avant que l’on ait trouvé la larve dans la fourrure du castor, on avait semblablement prétendu qu'elle ne devait se rencontrer que dans la demeure de cet animal. Un problème qui n'avait, à notre avis, pas assez intrigué les observateurs, était celui du régime du Pla- typsyllus. La conformation de la bouche permettait d'af- firmer de suite qu'il était carnivore, mais il était bien difficile de dire quelle était la chair dont il se nourris- sait, (1) Voir aussi : G. H. Horn, Nole an Platypsyllus. Entomol. News (Phila- delphie), vol. V,n° 5, p. 141. G. H. Horn The ullimate larva of Platypsyllus. Entomol. Americ., vol. Vi, mars, p. 55-56. C. V. Raivey, Platypsyllus. Egg and ultimale larva with Dr Horn’s reclamation witle cut. Entomol. Americ., vel. VI, Febr., p. 21: 200 LE NATURALISTE On en était réduit à conjecturer qu'il s'alimentait de la matière sébacée dont est fortement enduite la toison du castor, quand M. Galien Mingaud découvrit sur ce “ongeur aquatique la présence d’un sarcoptide que le D Trouessart a reconnu nouveau et décrit sous le nom de Schizocarpus Mingaudi (Bullet. de la Soc. ent. de France, 1896, p. 27-29 et p. 91-97). Il est fort probable que c'est cet acarien qui vit aux dépens du sébum de la fourrure, tandis que le Platypsyllus à l'état larvaire ou à l'état parfait se nourrit du Schizocarpus dont il imiterait ainsi la pullulation. Loin d’être nuisible au castor, ce coléoptère serait donc pour lui un hôte incontestablement utile, un véritable auxiliaire. D'. À. CHOBAUT. DEN ANGUILEES ET LEUR REPRODUCTION On à été fort longtemps avant de savoir à quoi s’en tenir sur la reproduction des anguilles. En effet, autre- fois, on croyait que les anguilles sortaient de la vase, comme les champignons et les moisissures sortaient de la pourriture, On ne savait pas qu'il y avait des anguilles mâles et des anguilles femelles. En effet, la plupart des anguilles ordinaires ont des organes repro- ducteurs presque invisibles. Bref, il n’y a pas trente-six ans que l’on sait exactement à quoi s'en tenir sur la reproduction des anguilles. On croyait alors que les anguilles mâles avaient des yeux plus grands que les anguilles femelles! Tout cela a sa raison d’être ; mais ce n'est pas à la grandeur des yeux qu'on peut juger du sexe des anguilles, attendu qu'une même anguille peut avoir ses deux yeux bien différents l’un de l’autre: sur- tout quand on examine certaines anguilles monstrueuses, trouvées dans des puits ou dans des cloaques souter- rains. La vérité est que les anguilles descendent vers la mer en automne, pour y déposer leurs œufs, qui seront ensuite fécondés par les mâles. Elles descendent donc le cours des rivières, pour les remonter ensuite, Au con- trare, les larves d’anguilles vivent dans la mer; de sorte que le frai remonte le cours des fleuves pour se trans- former en jeunes anguilles. Dans la mer, les larves d'anguilles vont former un animal tout particulier auquel on avait donné le nom de Leptocephalus brevirostris, en le prenant pour une espèce particulière, Tous les Leptocé- phales sont des larves de poissons analogues aux anguilles, tels que les anguilles, les congres et les . murènes. C’est comme si on faisait, des tétards de gre- nouille, une espèce particulière de batraciens. Les anguilles, qui quittent les rivières pour, aller déposer leurs œufs dans la mer, quittent des endroits plus ou moins éclairés pour se rendre dans des profon- deurs plus où moins obscures. Dans ces conditions, leurs yeux tendent à s'agrandir, comme ceux des chats dans l’obscurité; de sorte que les mâles qui y séjournent le plus longtemps, ont de la tendance à avoir les yeux plus grands ou plus ouverts que les femelles. Mais on com- prend très bien qu'une femelle, étant restée un certain temps dans les profondeurs obscures, peut très bien avoir des yeux aussi grands que les mâles, et même plus grands que certains mâles qui n’y ont séjourné que pen- dant peu de temps. Tout ce qu'on peut dire, c’est que les femeiles sont en général plus grandes que les mâles; de sorte qu'une anguille de plus de 30 centimètres est presque toujours une femelle, surtout si elle ‘dépasse 40 centimètres; car on a vu des mâles de 35 et 38 centi- mètres, bien qu'en petit nombre. Naturellement, une jeune femelle peut être plus petite encore, de sorte qu’au dessous de 30 centimètres, il y & presque autant de femelles que de mâles, Mais il n'en est pas moins vrai qu'une anguille de belle: taille est toujours une femelle. Sauf de rares exceptions, les mäles ont toujours moins de 40 centimètres, et même de 35. Leurs yeux sont d'autant plus grands qu'il y a peu de temps qu'ils ont quitté la mer pour remonter le cours des fleuves. La ponte des anguilles se compte par des millions d'œufs. Malheureusement, un certain nombre de pois- sons voraces en sont excessivement friands. De sorte que le meilleur moyen de trouver des larves d’anguilles, c'est d'ouvrir l'estomac de certains poissons en hiver. On peut y trouver, dans un seul estomac, des centaines et des milliers de larves d'anguilles d'eau douce, .d’an- guilles de mer ou de murènes, à l’état de Leptocéphales, Sans ces poissons voraces, les anguilles et autres pois- sons en forme d’ophidiens seraient cent fois plus nom- breux qu'ils ne le sont actuellement; car la ponte des anguilles dépasse tout ce que l'imagination peut conce- voir comme quantité. Les très jeunes anguilles ont une peur extraordinaire des écrevisses, qui les coupent en deux avec leurs pinces, pour en faire deux bouchées, dont elles se régalent avec bonheur, Aussi, les voit-on se cacher sous les pierres ou même dans la vase, pour échapper à leurs ennemis naturels. Une seule écrevisse leur fait plus de peur que l'homme lui-même, car leur instinct les met en garde contre ces crustacés, Il est même curieux de voir des animaux, aussi peu intelligents qu'une jeune anguille, être aussi bien servis par leur instinet. Ce sont des animaux qui doivent être observateurs par excel- lence, car la vue des écrevisses produit sur elles un effet véritablement magique. À défaut de pierres et de vase, elles se pelotonnent en boule, afin d'offrir moins de prise à leurs ennemis. Alors, malheur à celles d’entre ces petites anguilles, qui se sont détachées de l'essain, et qui nagent isolément en cherchant à se cacher chacune de leur côté : les écrevisses les ont bien vite aperçues, et elles courent sur elles pour les couper en deux troncons avec leurs pinces en cisailles |! Agglomérées en tas, elles se protègent mutuellement et forment une masse dont les écrevisses ne s’approchent pas facilement. Peut-être craignent-elles d'y trouver un piège. Quoi qu'il en soit, elles se jettent de préférence sur les individus isolés, qu'elles reconnaissent tout de suite, et dont elles font deux bouchées. Le spectacle est surtout curieux à obser- ver dans un aquarium; parce que là, il n’y a ordinaire- ment pas de vase dans laquelle les anguilles puissent se terrer, mais seulement quelques grosses pierres. On voit alors les petites anguilles se pelotonner au niveau de la toile métallique qui ferme le tuyau d'entrée de l’eau ; là où les autres animaux ont de la tendance à ne pas s’ap- procher, Elles cherchent évidemment à s'échapper, autant que faire se peut! Je ne sais si les grandes anguilles ont l'instinct de manger les petites écrevisses ; mais, à coup sûr, elles devraient bien s’en donner la peine dans l'intérêt de leur propre progéniture. C’est ainsi que l’on voit les poules friandes des jeunes ser- LE NATURALISTE 201 pents, qui, plus tard, sont si dangereux pour la volaille, quand ils ont atteint une certaine taille, surtout s’il s'agit de serpents à sonnettes. Heureusement pour elles, les colons américains trouvent d’utiles auxiliaires dans leurs cochons qui se jettent sur ces serpents, sans avoir peur de leurs piqures. Cela nous rappelle ce que nous disait un brave homme de la campagne, auquel nous arrachions un vésicatoire qu'il avait gardé pendant dix jours : « Je dois vous faire bien mal!-— Point treup d'hien, me répondit-il; ca m’écatouille! (ca me chatouille), mon bon monsieur. — Si ça n’fait que vous chatouiller, alors allons-y gaiement et sans hésiter, car ca presse, » Dr BouGox. COMPLÉMENT EXPÉRIMENTAL SUR LA FRACTURE DES ROCHES PAR LA CONGÉLATION La glace surnageant l’eau, Galilée en conclut que celle- ci doit se dilater en se congelant, et les Académiciens de Florence vérifièrent le fait par des expériences variées et concluantes. Ils constatèrent que le volume de l'eau liquide et de l’eau solide, sous le même poids, sont comme 8 est à 9. On a trouvé depuis comme 10 est à 11,ce quiest peu différent. Le point essentiel pour nous c'est que cette variation de volume s'accompagne d'un effort mécanique très intense. En décembre 1784 et en janvier 1785, le major Edouard Williams fit des expériences à Québec, ou des bombes remplies d’eau éclatèrent avec détonation : leur bouchon fut lancé au loin et un cylindre de glace sortit de l’orifice. Le 24 janvier, par une température de 24 degrés au-dessous de zéro, la bombe qui creva se sépara en deux moitiés, et deux lames de glace firent sallie par la fissure ouverte. Ch. Martins et G. Chancel reprirent ces essais au com- mencement de 1870. Une bombe de 22 centimètres de. diamètre extérieur, et de 26 millimètres d'épaisseur, possédant, par conséquent, une capacité de 2610 centi- mètres cubes, fut remplie d'eau à + 4, fermée très her- métiquement, et placée dans un mélange réfrigérant. Au bout d’une heure et demie, elle éclata, et 1l en sortit 81 cent. 4 de glace, d’où les auteurs conclurent que la pression avait été égale à 550 atmosphères. La congélation se fait par la surface; il reste dans la masse un noyau liquide dont Martins et Chancel ont constaté directement l'existence, et dont la congélation finale détermine l'explosion. Les bombes font explosion, non pas sous un choc direct, comme par l'effet de la poudre, mais sous une pression lente, continue et graduée. La cause des explo- sions par la glace peut être compliquée, en outre, selon l'opinion de M. A. Barthélemy, par le dégagement des gaz dissous dans l’eau. À cet égard, il faut remarquer que l’eau, par la dilatation qu'elle éprouve en se soli- difiant, est loin d’être une exception, et il n'y à plus lieu de réfuter les considérations du genre de celles auxquelles se livrait Rumford sur les vues de la Providence, et qui ont été citées par Tyndall, On sait, par exemple, que le fer jouit de la même propriété, et c’est sur elle que M. Moissan a récemment fondé l'expérience qui procure la synthèse du diamant, Il en est de même aussi du bismuth, dont la fusion, qui à lieu à 247, peut être réalisée dans un ballon de verre, Il en est encore de même de quelques autres ma- tières. Aussi, pour compléter les notions précédentes, me suis-je attaché à étudier expérimentalement les effets de la consolidation des alliages fusibles. Le procédé est très simple; il consiste à faire fondre un de ces alliages (celui de Darcet, par exemple) dans une capsule pleine d'eau bouillante, puis à verser le métal dans un petit ballon de verre contenant également de l’eau chaude, Quand toute l’eau est remplacée par l'al- liage, on soumet le ballon au refroidissement, soit en labandonnant simplement à l'air, sort en le baignant dans un courant d’eau froide, On constate alors que la fracture du ballon ne se produit jamais que bien après la solidification externe, L'orientation des fractures, repré- sentée sur la figure jointe à cet article, est intéressante par sa régularité, C'est la confirmation expérimentale de lopinion, Ballon de verre éclaté régulièrement par la solidification de l'alliage fusible qui y était contenu. d’après laquelle l’action mécanique centrifuge est tout entière due à la solidification du noyau interne, qui est, d'abord comprimé par une action centripète, et qui réagit au moment de la sohdification. Cette opinion a été défendue, comme on le sait, par M. Barthélemy, qui en voyait la confirmation dans ce fait, que des pailles jetées sur l’eau en voie de congé- lation sont portées après la solidification sur une espèce de piédestal. C'est par la même raison que le noyaufluide, persistant après la solidification des points les plus refroidis, est chassé progressivement sous les abris que constituent les pailles, et se prend le dernier en se dilatant. En ce qui concerne les effets de la dilatation de l’eau sur les roches, j'ai fait des expériences sur des rognons siliceux de la craie, et j'ai obtenu des explosions, en mettant ces pierres dans un mélange d’eau et d'acétate d'ammoniaque cristallisé. Pour réussir, il faut que les pierres soient munies de leur eau de carrière, et qu’elles 202 LE NATURALISTE contiennent, ce qui est fréquent en certaines localités, de petits lopins de craie empâtés dans la matière siliceuse. C'est cette roche calcaire qui, par son eau d’impré- gnation, joue le rôle de coin déterminant les fractures. Les résultats obtenus par ces expériences si simples sont d’une très grande importance au point de vue de la dénu- dation subaérienne, et rendent compte de la façon la plus satisfaisante de la forme des graviers contenus dans le diluvium. Ce qui l’a surtout demontré, c’est la rencontre d'une vraie expérience accidentelle, qui s’est faite, ré- cemment à Prepotin, non loin de Mortagne, dans le dé- partement de l'Orne, et dont les lecteurs du Naturaliste ont eu la relation complète. On se rappelle que des puits, profonds de quelques mètres, ayant été ouverts dans l'argile à silex, les déblais ont subi les rigueurs de l'hiver. Les rognons siliceux, que personne n’avait touchés depuis leur extraction, étaient, au mois de mars 1898, traversés de fines fissures, qui s’entrecroisaient en sens divers. Au moindre contact les éclats ainsi produits se séparent. C’est, évidemment, le procédé employé par la nature pour remettre en circulation la matière siliceuse con- centrée dans les nodules : les éboulements de terre par les cours d'eaux exposent au froid des quantités de silex qui se débitent aussi en éclats, dont les rivières n’ont plus qu’à adoucir les contours pour en faire des graviers ordinaires. On doit remarquer, en passant, que, comme les gra- viers argileux du littoral maritime, ces éclats ont la tendance la plus fréquente à se présenter en tétraèdres surabaisséset en lames parfois très longues à section trian- gulaires. On les à pris quelquefois pour des produits de l'industrie humaine, tout en s’étonnant de leur nombre prodigieux, Or, ce nombre est incomparablement plus grand qu'il ne semble à première vue, la plupart des cailloux arrondis laissant voir qu'ils ne sont qu’un résultatde l'émoussement d'éclats pareils à ceux que nous venons de mentionner, Ici encore la méthode expérimen- tale aura été décisive pour résoudre une question qui, sans elle, menacait de rester indéfiniment en discussion. I faut remarquer, enfin, que d'autres roches comme les calcaires et les grès, peuvent éclater en fragments iden- tiques aux précédents et, d'autre part, que des silex, comme d’autres substances, abandonnent souvent des esquilles en forme de calottes sphériques. Toutes les particularités de la gélivité peuvent être suivies expéri- mentalement. Stanislas MEUNIER. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudoiucane gt Lucane LUCANUS LAMINIFER. — WATERHOUSE WATERH.— Ann. Mag. Nat. Hist. (6), V, p. 33. Aid. Ident. Insects, IT, p. 186, fig. 4, 5. Assam. — Birmanie. Si le Luc. Westermanni représente une des formes les plus simples du genre auquel il appartient, le Luc. lami- nifer peut bien, à l'encontre, être considéré comme en étant une des plus complexes et des plus aberrantes : et cependant, malgré sa physionomie si étrange et si spé- ciale, ce Lucane se rattache, d'une façon même assez intime, à plusieurs autres espèces, à première vue très éloignées. C’est ainsi que non seulement il se trouve relié au Luc. lunifer par le Luc. Planeti, comme nous l'avons constaté précédemment, mais encore qu'il rappelle le Luc. Cantori par l'aspect de ses téguments et par la gra- cilité et la denticulation de ses mandibules, tout autant que par la conformation de leur fourche terminale. Il possède enfin avec le Luc. maculifemoratus une ali - nité évidente due à l’accentuation marquée de l'intervalle qui existe entre le bord frontal et les carènes latérales et, encore bien davantage, à la conformation de la carène frontale, cette dernière étant, chez l'une comme chez l’autre espèce. réduite à une simple lamelle plus ou moins large et sensiblement verticale. On objectera que les mandibules longues, frêles et simplement denticulées du Luc. laminifer s'éloignent grandement de celles si fortement dentées du Luc. macu- lifemoratus, mais il est précisément intéressant de con- stater à ce sujet que le Luc. Ferriei qui participe à la fois de la structure du Luc. laminifer et de celle du Luc. Pla- neli, et qui présente, à peu de chose près, la même ca- rène frontale que ce dernier, possède, malgré sa petite taille, des mandibules larges, robustes et fortement den- tées, voisines de celles du Luc, maculifemoraltus. Méle. COLORATION La coloration du Luc. laminifer est, en entier, d’un brun rouge plus ou moins foncé, parfois assez obscur. Les mandibules, un peu noirâtres et ayant un aspect mat, sont dénuées de poils, sauf vers leur naissance ; au contraire, la couleur foncière de la tête, du corselet et des élytres disparaît plus ou moins complètement sous une pubescence couchée d’un jaune doré dont l’abon- dance varie avec l’état de fraicheur des exemplaires et, peut-être aussi, selon la région dont ils proviennent, car elle est, chez quelques-uns, extrêmement longue et four- nie par rapport à ce qu’elle est chez d’autres spécimens qui semblent cependant n'avoir pas été frottés. Tout le dessous du corps est revêtu d’une pubescence médiocrement longue mais serrée et abondante. . Les arceaux de l'abdomen sont rougeâtres et plus ou moins finement bordés de noir, selon les exemplaires; les cuisses et les pattes sont d’un rouge mat plus ou moins vif; le pourtour des cuisses est noir; quant aux pattes, leurs extrémités et leurs épines seules sont rem- brunies ; les palpes, les antennes et les tarses sont noi- râtres; ces derniers présentent parfois une teinte rou- geâtre, surtout en leur milieu. Le corselet et les élytres apparaissent médiocrement luisants lorsque la pubes- cence ne les recouvre pas entièrement. STRUCTURE Comme on peut s’en rendre compte par les figures ci- jointes, et comme il a été dit précédemment, le Luc. lami- nifer se rapproche grandement comme structure du Luc. Planeti; c'est dans les mandibules, et surtout dans la tête, que résident les principales différences. Les mandibules sont plus grêles, surtout vers leur extrémité ; leur coupe est bien plus triangulaire, et leur élargissement, à leur naissance, est plus considérable. LE NATURALISTE 203 Elles présentent, en outre, dans le voisinage immédiat de leur base, vers le milieu de leur face supérieure, une courte dent tronquée et suivie d'une brève carène denti- culée chez les grands spécimens, triangulaire et suivie d'une carène mousse chez les individus de moyenne ou de petite taille. La fourche terminale est la même que chez le Luc. Pla- neti, mais les denticules sont bien plus nombreux, plus rapprochés et plus également répartis ; l'emplacement de la dent médiane est marqué par un faible élargissement de la mandibule et garni, selon le développement de 1 2 triangulaire résultant d’une sorte de plissement de la surface céphalique; de plus, au lieu d’être implantée ver- ticalement, elle est fortement inclinée en arrière, ce qui exagère d'autant l’excavation du clypeus et l'étroitesse de la tête. Les carènes latérales sont courtes, subtranchantes et portées par les bourrelets plus ou moins épais et con- vexes que forme, de chaque côté, la partie postérieure de la tête; l'intervalle existant entre ces carènes et les carènes supraoculaires est sensiblement égal à celui qui existe entre la carène frontale et la naissance de la man- dibule. Femelle. La femelle est d'un brun foncé plus ou moins obscur et luisant, avec les pattes entièrement noirâtres et gra- 3 Le Lucanus laminifer mâles, développements divers, n°5 ! et 3, du Muséum de Paris, n° 2 de la collection Boileau, no 4 de la collection R. Oberthür. l'insecte, de 2 à 5 denticules plus rapprochés que les | nuleuses; elle ressemble, d’ailleurs, au plus haut point autres et souvent soudés ensemble. Généralement, ces petits amas de denticules ne sont pas en nombre égal sur chacune des mandibules. Enfin, la dent inframandibulaire est visible en dessus chez les grands spécimens lorsqu'ils ont les mandibules grandes ouvertes. La tête est large, robuste, et paraît bien plus courte qu’elle ne l’est en réalité, en raison de l’énorme excava- tion du clypeus et du rejet en arrière du bord frontal; le labre est étroit et de forme variable; généralement à pans coupés et relevé en cuilleron chez les grands spé- cimens, il est simplement échancréet parfois très incliné chez ceux de moindre développement; l'épistome est de forme triangulaire, tantôt tronqué, tantôt terminé en pointe très aiguë; sa direction est subverticale. La carène frontale est réduite à une lame élevée, à sommet arrondi et implantée verticalement; chez les mâles de grand développement, elle est beaucoup plus large et sa face interne seule est plate, la face externe étant subconvexe et comme soutenue par un renfort à la femelle du Luc. Planeti, dont elle ne diffère guère Lucanus laminifer femelle, de la collection R. Oberthür. que par un plus grand élargissement du thorax. Le Luc. laminifer se trouve en Assam et en Birmanie, 4 204 LE NATURALISTE Les exemplaires figurés ici appartiennent : les nos 4 et 3 au Muséum de Paris, le n° 2 à M. IT. Boileau, le n° 4 etla @ à M.R. Oberthür. Les n°° 1, 2 et 3 portent pour toute annotation laya. Les exemplaires de M. R. Oberthür sont accompagnés d'une indication d’origine beaucoup plus précise et ainsi conçue : Haute Birmanie (Mine de Rubis), 1.200 à 2.300 mètres. Doherty, 1890. : Hima- Louis PLANET. CHRONIQUE Muséum d'histoire naturelle de Paris, — Mme Vve Laboulbène vient d'offrir au Muséum les im- portantes collections d’Insectes que son mari, feu le D: Laboulbène, avait conservées ou réunies pendant sa laborieuse carrière, Ces collections tiennent, à tous égards, une place de premier ordre, D'une étendue rela- tivement considérable, elles comprennent, d'un côté, les collections entomologiques tout entières de Léon Dufour, de l’autre, les matériaux abondants qui proviennent des chasses et des études du D' Laboulbène, La collection de Léon Dufour offre un intérêt historique considérable en raison des travaux et de la haute notoriété scienti- fique de l’illustre savant qui l'a formée, Elle montre que les anatomistes de la première moitié de ce siècle étaient en même temps des entomologistes de haute valeur, aussi habiles dans l'art de distinguer les Insectes que dans celui d’élucider leur structure. Elle est. en outre, d'un grand intérêt historique en ce qu’elle permet de fixer exactement, à travers le dédale des synonymies en- tomologiques, l'espèce des formes qui ont servi aux études d'anatomie de Léon Dufour, 11 est heureux que ce savant zoologiste ait légué à Laboulbène les collec- tons qu'il avait formées; nul ne les aurait conservées avec plus de soin et, on peut le dire, avec une piété scientifique plus grande; autant qu'on en peut juger, elles sont dans le même état de perfection qu’à l époque où elles furent établies et constituent un ensemble admi- rable de précieuses reliques scientifiques. Quant aux collections propres du Dr Laboulbène, elles ne sont ni moins riches, ni moins précieusement conservées. Parmi les matériaux variés qu'on y trouve, on peut si- gnaler les nombreuses formes qu'a décrites, au cours de sa carrière, le savant. On sait que Laboulbène a cultivé avec succés l’'entomologie appliquée et qu'il a publié une longue série de mémoires et de notes. Les Diptères y sont particulièrement nombreux, bien groupés en séries et déterminés presque tous par les spécialistes. Capture d’un Eider dans la baie de l4 Somme, — On me signale, dans la baie de Somme, la capture, dans un parc à poissons, le 20 juillet dernier, d'une femelle d'Eider, Quand la mer s’est retirée, cet oiseau, empêtré dans le filet, a été pris vivant. On voit, à peu près tous les ans, quelques Eiders s'égarer en baie de Somme, mais en hiver. La Capture d'un de ces oiseaux dans cette saison-ci est très rare, d'autant plus que les Eiders nichent assez tard, le plus souvent en juin et juillet. Il a fallu des circonstances particulières pour qu'elle ait pu se produire. C’est, sans doute, à la suite de quelque violent ouragan, que cette femelle d’'Eider a été poussée sur nos côtes, — MAGAUD D'AUBUSSON. Congrès de botanique général. — La com- mission du Congrès de botanique générale a été ainsi constituée MM. Bescherelle, Gaston Bonnier, Édouard Bornet, Boudier, Edouard Bureau, Gustave Camus, Adolphe Chatin, Maxime Cornu, Em. Drake del Castillo, Dutailly, Franchet, Guérin, Guignard, Hua, Lutz, Malinvaud, Mussat, Patouillard, Perrot, Prillieux, Quélet, Georges Rouy, Roze, de Seynes, van Tieghem, Zeiller. La commission vient de procéder à la nomination de son bureau. Ont été élus : président : M. Prillieux; vice- présidents : MM. Dutailly, Mussat et Rouy; secrétaire général : M. Perrot; secrétaires : MM. Guérin et Lutz;, trésorier : M. Hua. Le Congrès tiendra ses séances du {er au ? DCI CODE dans le Palais des congrès. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 24% juillel 1899. M. Armand Gautier entretient l'académie sur la présence de l’iode en proportions notables dans tous les végé- taux à chlorophylle de la classe des Algues et dans les sulfuraires. D’après les observations de l'auteur, on doit conclure que l'iode est un élément constant du proto- plasma des Algues à chlorophylle, aussi bien de celles qui habitent la mer que de celles qui croissent dans les eaux douces, mais celles-ci en sont moins abondamment pourvues : tandis qu’on trouve en moyenne 66 milligrammes d’iode dans 100 par= ties sèches d’Algues marines, celles d’eau douce n’en con- tiennent, pour la même quantité, que 0 mgr, 25 à 2 mgr, 40. Les Algues bactériacées d'eaux sulfureuses, dénuées de chloro- phylle, mais dont le mode de fonctionnement est si différent de celui des autres Algues, tiennent le milieu entre les Algues d'eau douce et celles d’eau de mer, avec 36 milligrammes d’iode par 400 grammes de parties sèches. Les Algues micros- copiques, surtout celles d’eau de mer, etcelles qui habitent les séchées, paraissent particulièrement riches en iode. A Ja facon des champignons, les Algues dénuées de chlorophylle (si on excepte les sulfuraires) semblent ne pas contenir nécessairement de l’iode, ou du moins en quantité très minime. — M. L. Camus a fait des recherches expérimentales sur une agglutinine produite par la glande de l’albumen chez l'Helix pomatia. Les expériences ont été réalisées avec une solution de glande de l’albumen de l’Helix dans l’eau salée physiologique, et même dans l’eau distillée. Cet extrait était obtenu en broyant 2 grammes de poudre de glande dans 100 grammes d’eau distillée, et desséchant dans le vide le liquide décanté après centrifugation pendant quelques heures. La solution de cet extrait est blanchätre; elle agglutine trés rapidement, en général, les globules du sang et du lait. Cette propriété agglutinante de la solution au dixième résiste très bien à l’action de la température de 80° pendant un quart d'heure. Cette solution d’extrait de glande détermine l’agglu- tination des globules du sang de l’homme et de différents ani- maux, chien, chat, lapin, chauve-souris, poule, etc., etc. Les globules du Jait sont agglutinés très rapidement au dixième ou au vingtième avec la solution d’agglutinine. Le lait de femme s'agglutine plus difficilement. L’agglutination se produit aussi bien avec un lait acide qu'avec un lait alcalin, avec un lait frais qu'avec'un lait bouilli. — M. W. Kilian adresse une note sur les brèches éogènes du Briançonnais. Les brèches et conglomérats polygéniques à galets cristallins de l'Alpet, de l’Eychauda, et des environs de LE NATURALISTE 205 Montdauphin appartiennent à l’éogène (Priabonien ou San- noisien); elles forment, dans les assises inférieures du flysch, des amas lenticulaires provenant sans doute du démantèle- ment de reliefs préexistant à la transgression priabonienne et dans lesquels affleuraient des micaschistes d'origine éruptive, comme ceux de l'Alpet, de Villargaudin et du col Tronchet, près le Château-Queyras. Elles sont du même àâge et du même orare que les brèches polygéniques qui se formaient alors en Maurienne et en Tarentaise, dans le voisinage des massifs cris- tallins de la première zone alpine, et qui atteignent au sommet de Crève-Tête, près de Moutiers, un si beau développement; elles rappellent aussi les formations analogues du flysch des Alpes suisses. Séance du T août 1899. M. Édouard Heckel donne le résultat de ses recherches sur la structure anatomique des vanilles aphylles. Il existe deux formes bien dissemblables de vanilles; les unes, pourvues de feuilles très charnues et souvent très développées, les autres, entiérement sans feuilles. Parmi ces dernières l’au- teur a recu la Vanilla Phalænopsis et la V. Aphylla. Dans les deux formes, la tige sarmenteuse est deux fois sillonnée de jeunes feuilles très petites, roulées en cornet, se détachant de bonne heure, laissant sur la tige une cicatrice très apparente en face de laquelle naît une racine adventive aérienne. Dans ces deux espèces, la tige présente au-dessous d’un épiderme non cristalligène un parenchyme chlorophyllien formé de cel- lules ovoïdes assez grosses disposées en files longitudinales et pourvues aux deux extrémités de deux petites proéminences qui se soudent à des proéminerces semblables appartenant aux cellules placées en dessous et en dessus d'elles. C’est, en somme,une forme du tissu lacuneux. Au milieu de ce tissu on trouve dans les Vanilles aphylles comme dans les Vanilles feuillées, de véritables canaux sécréteurs. Dans la jeune feuille caduque des Vanilles aphylles, on ne trouve, avec les faisceaux libéroligneux, pas autre chose qu'un parenchyme qui n'est pas différencié ; c'est un tissu homogène sans caractéristique. Il n’y a pas de différence pour ce qui touche à la constitution histo- logique des racines entre les Vanilles à feuilles et sans feuilles. M. Henri Jumelle a étudié le piralahy, liane à caout- chouc de Madagascar. Cette liane dont le tronc ne dépasse pas un diamètre de 15 centimètres, est un Landolphia, d'une espèce nouvelle; elle se rapproche du L. crassipes; l'auteur la nomme L. Pereiri. On la trouve dans toutes les forêts du Boueni, à Majunga, à Andriba, dans les vallées de l'Ikopa, du Betsiboka et du Manavana. Son caoutchouc est excellent et ne contient qu'une infime proportion de résine (5,5 0/0). Les Sa- kalaves, pour la recueillir, coupent la liane par troncons, qu'ils mettent à égoutter au-dessus d'un récipient; ils coagulent par le jus de citron ou les fruits pilés de tamarinier. Pendant la saison sèche, la plante donne très peu de lait, mais qui coa- gule spontanément. Pendant la saison des pluies, le lait est beaucoup plus clair, mais ne donue que très peu de gomme : 60 grammes environ par litre. Séance du 14 août 1899. MM. Em. Bourquelot et H. Herissey présentent de nou- velles recherches sur la composition de l'albumen de Ia graine de Caroubier. Les hydrates de carbone de l’albumen de la graine de Caroubier, qui représentent les 4,5 de cet albu- men, sont constitués par un mélange d'anhydrides 4e manuose (mannanes) et d’'anhydrides du galactose (galactanes) à des états moléculaires plus où moins condensés. Une grande partie des premiers et la totalité des seconds sont à l'état d’hemicellu- lose, le reste des premiers étant à l’état de mannocellulose. L’albumen de la graine de Caroubier pourrait être utilisé avec avantage pour la préparation du mannose cristallisé, puisque la partie facilement hydrolysable de cet albumen en donne de 40 à 50 pour 100. — M. A. Pizon donne une note sur la coloration des Tuniciers et la mobilité de leurs granules pigmen- taires. Un grand nombre de tuniciers, en particulier certaines ascidies composées, présentent des colorations très vives qui ont été utilisées quelquefois pour la spécification. Certaines espèces possèdent en outre, autour des oscules, des taches pig- mentaires; d'autres présentent des lignes laiteuses, jaunätres au verdätres, dans certaines régions du corps, principalement le long du sillon péricoronal et &e l’endostyle; enfin dans la cavité péribranchiale des Cynthiades, il proémine de petites vésicules laiteuses qui tranchent fortement sur le fond rose de la branchie et des organes génitaux qu’elles avoisinent. M. Pizon a trouvé que la plupart de ces taches ou de ces lignes colorées sont dues à des granulations pigmentaires, généralement de très faible taille ({ w environ), et que ces granulations sont animées, sur le vivant, des mouvements très rapides dans l’intérieur des globules qui les renferment. P. Fucus. ILLUSTRATIONES PLANTARUM EUROPÆ RARIORUM Auctore G. ROUY Fascicule X. — Huit pages de texte in-4°, p. 15-82, et 25 photographies 21 x 27. (PI. 226-250). Prix : 50 francs. Paris, chez Les Fils d'Emile Deyrolle, éditeurs, 46, rue du Bac. M. G. Rouy, entre bien d’autres mérites, a celui de la persé- vérance. La somme énorme de travail que lui impose la publi- cation régulière de la Flore de France parvenue à son sixième volume, ne l'empêche pas de poursuivre et de mener à bien ses autres entreprises. Le dixième fascicule des /{lus{raliones planlarum Europæ rariorum achève de compléter un magni- fique bouquet de 250 plantes des plus remarquables de la flore européenne. Il suffit, du reste, à M. Rouy, de fouiller dans son herbier, si complet et si bien tenu, pour en sortir, comme les gemmes d’un riche écrin, soit les espèces déconcertantes, souvent monotypes, des provinces danubiennes etde l'Hellade, des monts Balkans et des monts Rhodopes, soit les espèces insulaires endémiques des légendaires Cyclades, soit les bril- lantes parures des sierras ibériques, soit les pygmées des ex- trèmes régions arctiques, sans oublier les nouveautés de la flore francaise, souvent signées de son nom. Et l’un des meil- leurs éloges qu’on puisse adresser à cette iconographie, c’est que l'intérêt s’en soutient et s’accroit, en même temps que l'exécution de plus en plus parfaite désarme la critique. M. G. Rouy à déjà satisfait à l’un de nos desiderata en complétant quelques-unes de ses planches par des dessinsautrait etagran- di des organes délicats et indispensables à la détermination des espèces: achaines, écailles involucrales, etc. M. Rouy n’a pas épuisé ses trésors, et, s'il continue, comme tous les bota- nistes soucieux du beau et du bon en matière de science le dé- sirent, s'il continue, dis-je, la publication de ce bel atlas, et entreprend une nouvelle décade de ces fascicules, il serait à souhaiter qu'il püt y apporter un dernier perfectionnement; ce serait, pour certaines espèces à inflorescence serrée, ou à fleurs petites et délicates, Labiées, Thyméléacées, Orchi- dées, etc., de faire reproduire une fleur isolée et agrandie, et d’en donner la coloration par des retouches au pinceau, à l'exemple del'atlas également photographique qui accompagne et illustre la Monographie des Orchidées de France de notre collègue et ami M. E. G. Camus. (CCXXVI X RanuxcuLus Luizerr Rouy. Issu du croise- ment des Ranunculus parnassifolius L. et R. Pyrenæus L., dont la nature hybride a été reconnue par M. Luizet, chimiste à Paris et membre dela Société botanique de France. Il y aura lieu de le rechercher dans les Pyrénées, où deux stations seulement ‘ont été signalées jusqu'ici, et où il était confondu avec R. parnassifolius, à titre de variété anguslifolius G. G. M. G. Rouy, qui reproduit dans le texte des [{luslraliones, p. 15, la diagnose établie par lui dans le Bullelin de la Société botanique de France, XL (1893), p. 211, a oublié de citer la Flore de France de Rouy et Foucaud, 1, p.19. — CCXXVII. AkABIS BRYOIDES Boiss.; du mont Olympe, de Thessalie; ne parait différer que par des caractères quantitatifs d’A. drabæ- formis Boiss., propre au mont Olympe, de Bithyaie. Il est pro- bable que la connaissance plus approfondie de ces espèces à localisation restreinte permettra de les grouper, d'une facon plus synthétique et plus rationnelle, comme races régionales, parfois même simplement locales, d'une seule espèce à aire de dispersion élargie. — CCXXVII. DraBa Berrocomi Nym.; que M. G. Rouy, appliquant la classification méthodique dont je viens de parler, a considéré dans sa Flore de France, Il, p 211, comme une forme, mais forme très distincte, de l'espèce primaire D. aizoides L. Elle appartient à la flore francaise par ses stations pyrénéennes, et encore y diffère-t-elle de la plante italienne des Apennins, par ses tiges et pédicelles glabres, 205 LE NATURALISTE var. Lævipes R., etc. Les particularités distinctives, même les poils caractéristiques des silicules, ressortent merveilleuse- ment sur la photographie bien venue et bien complète. — CCXXIX. fig. 1. AsrracaLus arcTicus Bunge, et fig. 2. As- TRAGALUS AMBELLOTUS Bunge. Deux espèces rares et très diffé- rentes des terres boréales, rapportées tantôt au genre Astra- galus,tantôt au genre Phaca; la première peu répandue dans la zone boréale (Laponie, terre des Samoyèdes, Nouvelle-Zem- ble, Sibérie arctique), dont ses fleurs violettes sont un des or- nements; la seconde, « sous-espèce rarissime d'A. frigidus Bunge, » étroitement cantonnée dans la Nouvelle-Zemble, baie de Kostin-Schar, et à ges minuscules. — CCXXX. OxoBry- cuis PazLasir M.-Bieb. Belle et élégante Papilionacée de la Russie méridionale, coteaux de la Tauride, dont M. Rouy a augmenté et précisé les localités connues. — CCXXXI. Sepum PRUINATUM Brot., que De Candolle, Prod. III, p, 410, avaitrelé- gué parmi les espèces non salis nolæ, etque M. Rouy a nettement différencié du S. elegans Lej., auquel il avait été réuni par les auteurs les plus autorisés, récemment encore par Nyman, Consp. ft. Europ. (1878), p. 260. Ce sedum, très rare, même en Portugal, appartient cependant à la même section, dont il constitue une des espèces méridionales les plus distinctes. On aurait aimé à voir, sur la planche qu’ le représente, le dessin amplifié d’une des feuilles que la dessiccation a fait tomber, et d’une graine pour en faire apprécier immédiatement les carac- tères. — CCXXXII. ERYNGIUM PALMATUM Vis. et Panc., dont la représentation photographique ne mérite que des éloges. Espèce afline, mais bien distincte, d'E. (ricuspidalum L.; propre aux Etats danubiens, Bosnie, Serbie, Bulgarie, etc., où elle s’avance, sans les franchir, jusqu'aux portes de l'Orient. — CCXXXIII. Senecro Ærnensis Jan., «espèce locale, abso- lument distincte de toutes ses congénères, » trouvée en 1831 par Jan sur les sables volcaniques du sommet du mont Etna, et décrite par De Candolle, Prod. VI, p. 345 (et non 585). De Candolle insiste sur la ressemblance des feuilles caulinaires entières avec celles d’Isalis lincloria Li. — CCXXXIV. Prara- CROCARPUM OPPOSITIFOLIUM Willk. et CEXXXV. PHALACROCAR- PUM SERICEUM Henriq. constituent deux espèces voisines, ou tout au moins deux sous-espèces, d'apparence très différente, créées aux dépens de Leucanthemum anomalum Dec. Prod. VI, p. 49; et spéciales, la première à l'Espagne et au Portugal, la seconde au Portugal seulement. Les caractères très remar- quables des feuilles opposées, à base engainante, et des achaînes absolument nus, ont porté Willkomen à ériger en genre la section Phalacrocarpum de De Candolle. C’est par erreur typographique que le texte des IlUuslraliones, p. 78, porte comme nom spécifique P. anGusTIFo1IUuM au lieu de P. OPPOSITIFOLIUM. — CCXXXVI. ONOPORDON ERIOCEPHALUM Rouy, des Pyrénées-Orientales. Il est encore impossible de se rendre compte de la distribution géographique complète des espèces ou formes du genre Onopordon, qu'il faut savoir gré à M. Rouy d’avoir décrites et élucidées, (Revision du genre Ono- pordum in Bull. soc. bot. France, XLIIT, (1896), p. 577-599, et extr., 23 p. avec atlas de 25 planches photographiées, 1897), et qu'il sera désormais facile de rechercher et d’étudier. Je relèverai encore une erreur d'impression du texte des 1llus- traliones, p.18. : au tome 28° du Bullelin de la Sociélé bota- nique de France (1891), session extraordinaire à Collioure, p. 16, se trouve la description d’Onopordon Guulieri Rouy, etnon celle d’O. criocephalum, qui n'a paru que dans le tome 43e (1896), séance du 27 novembre 1896, p. 591. Rappelons que ces deux espèces nouvelles sont dues aux herborisations per- sévérantes et sagaces de notre collègue et ami, M. Gaston Gau- tier, qui les cite, comme très rares, dans son Calalogue rai- sonné de la Flore des Pyrénées-Orientales (1898), p. 246. — CCXXXVII. CENTAUREA porycLana Dc. Très rare espèce, «des mieux caractérisées, » rapportée par Dumont d’Urville, de l’île de Ténédos, qui reste encore son seul habitat bien cer- tain. — CCXXX VIII X Cenraurea Fa8sret Ed. Bonnet (C. as- pero-solslilialis Bonnet — C. solstilialis X C. aspera.) Hybride trouvé par J. H. Fabre, à Aix-en-Provence, eu compagnie de C. solstitialis L. {décrit dans les Scrinia floræ seleclæ de Ch. Magier (1, 1882, p. 44). Dans la belle planche qui le repré- sente, M. Rouy a fait figurer, comme pour l’espèce précédente, le dessin agrandi d’une calathide, montrant la forme des écailles. Il eùût été grandement à désirer que l’auteur nous eût donné en même temps la figure de son x Centlaurea Druen- lica Rouvy, trouvé par lui à Peyruis (Basses-Alpes), et qui est un hybride des mêmes espèces, mais en sens inverse : C. sols- liliali-aspera — C. aspera X C. solstitialis (G. Rouy, Herbo- risalion à Lus-la-Croix-Haule (Drôme), et à Peyruis (Basses- Alpes), les 13 el 1# septembre 1882, in Bull. soc. bot. France, xXx1X (1882), p. 342, 348). — CCXXXIX. Sympnyanpra Horr- MANI Pantocs. Magnifique Campanulacée «absolument distincte de tous les autres Symphyandra, » et dont les stations, même en Bosnie, paraissent peu uombreuses (Nyman, Consp. fl. eu- rop. Suppl., p. 206). — CCXL. Oxosma porLyrayzLum Ledeb. Superbe planche, reproduisant dans la perfection tous les dé- tails, visibles à la loupe, de cette espèce de Tauxide, remar- quable surtout prr ses feuilles allongées, recouvertes d'un indumentum feutré et blanc sur les rosettes, isolé et jaunätre sur les feuilles supérieures (Boissier.). — CCXLI. ScRoruLA- RIA VALENTINA Rouy. Espèce nouvelle, rapportée par M. Rouy de Jativa, province de Valence, en 1880; décrite dans ses Ex- cursions bolaniques en Espagne.(Bull. soc. bol. France, XXIX (1882), p. 124), et adoptée par Nyman, Consp. JL. europ., Suppl. (1889), p. 230, et par Willkomen, Suppl. Prodr. fl. Hisp. (1893), p. 171. — CCXLII. X Oponrires SENNENI Rouy (0. rubra X lutea). Hybride de découverte et de publication toutes récentes (G. Rouy, Nolices bolaniques in Bull. soc. bot. France x1v 1898, p. 39), trouvé dans la vallée de Conat (Py- rénées-Orientales), par le frère Sennen, « l’un des botanistes les plus zélés du Midi de la France », et qui manque à la llore des Pyrénées-Orientales de M.G. Gauthier. Le portrap- pelle surtout O. lulea L. — CCXLIII. LaruræAa RHODOPEA Dingler. Semble être une des grandes raretés de la flore eu- ropéenne, même dans les monts Rhodopes, en Bulgarie, où elle n'a été trouvée par son auteur que sur le mont Korlik, près de Gümüldschina, entre 1200 et 1500 mètres d’altitude, dans les forèts de hêtres, sur les racines desquels elle croit vraisemblablement en parasite. Elle a tout à fait le port de Neollia nidus avis, et ressemble beaucoup plus, d’après Bois- sier, qui ne l'avait recue lui-même qu'en assez mauvais état, à Lalhræa japonica Miq., exotique, qu'à L. squammaria L. d'Eu- rope. — CCXLIV. Sracuys Lusrranica Brot. Espèce de la pé- ninsule ibérique, voisine de S. germanica L., à épis ordinaire- ment très denses, plus rarement à verticelles espacés, consti- tuant alors la variété iNrERRuPrA Rouy, représentée dans la planche à côté du type. — CCXLV. fig. 1. GLOBULARIA STYGIA Orphan. Espèce des plus rares, d’après Boissier et Rouy, n’existant qu’en petite quantité dans les fissures des rochers ‘du mont Chelmos, au-dessus de Stygi (Péloponèse), et repré- sentée seulement dans quelques grands herbiers. Plante naine, ressemblant beaucoup par son port à Carradoria incanescens Dec. (Globularia incanescens Viv.), des Apennins; fig. 2. GLo- BULARIA GRACILIS Rouy et Richter, sous-espèce ou race lo- cale, suffrutescente et grêle, de G. nudicoulis L,, découverte aux environs de Saint-Jean-Pied-de-Port, par M. J. A. Rich- ter, contrôleur principal des douanes, à qui la flore des Basses- Pyrénées doit tant de belles découvertes. — CCXLVI. THYME- Læa Ruiz Lascos. Dédié à Ruizi Cosaviella, qui découvrit cette espèce, en 1858, dans les éboulis calcaires des montagnes de la Navarre. La densité des feuilles et de l'inflorescence, à l’extrémité des rameaux, rend l’image photographique un peu trop noire et confuse; le dessin isolé et agrandi d'une fleur, reproduit dans un coin de la planche, aurait paré à ces incon- vénients. — CCXLVII. Arrium Rouyr G. Gautier, « excellente espèce » de la sierra d’Estepana, province de Malaga, qu'en eftet l’ensemble de ses caractères semble éloigner de toutes ses congénères, et que le compagnon de voyage de M. Rouy en Espagne, pendant l’année 1896, a dédiée à son savant ami. — CCXLVIIL. Leucorum rricuopnyiLum Brot. et CCXLIX. Leucorum GRANDIFLORUM Redouté, que M. Rouy regarde comme deux formes d’une même espèce, croissant l'une et l’autre et souvent associées, en Espagne et en Portugal, et indiquées à tort comme appartenant à la flore d'Algérie. — CCL. AvEeNA RIGIDA M. Bieb. Espèce orientale, remplaçante d'A. distichophylla Vill., dont elle est très afline, ayant sans doute avec cette espèce très répandue dans les Alpes centrales de l'Europe une origine commune. Le beau dessin agrandi d’un épillet de trois fleurs éclaire la diagnose de cette grami- née dont l'élégante figure termine agréablement le fascicule. DA MXIGILLOM UE Le Gérant: PAUL GROULT. ——————_—_—_—_— PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. 207 LE NATURALISTE SE (6L ‘8y) onsseur un JUEUHO} S[N,S SATU la" 02 -dop G Ssoy ésquoredde soçorqae (7 9p souuuouy (sAtoyjydouuy =) “709 SRIJOUUTY PE (8L,'SU) piruenxe;T 5404 ON8S: I Ua sorsstedo juauiopponpeis ‘so[orque f} 9p SaUUSJUY “299dso ojnos oun nb UUYBUD JUOUMIHJUIL OÙ SI[09SA98IL Jo SNIQOUUY SIVOUPA] SAIU93 XNn9p $s9'T ‘SU9IP -0ydy sop so1ey a quiod ure3100 un v nbsnf jueÂe ‘sinossimoy s9799sur p esodwoa 98 9[[9 : SoUUDJUE S9S 9p 0ANJONAS E[ Ed 09SH9JIVALI JUOUWAJOU JS0 NII] 0707) Cp£O 19 *HIOU ‘[UIP9 — ‘tur09SAUIIT,) SNAIQTTAOSAHOVEL — ‘OUT, :G y “(LL 89) 1994)91 JUOUWOJIOJ XVIOJ014 ‘u2$0Y wnuauTlT 991 U9 G PH WNOZOIIIN ‘(9L 31) ououav uo 1994791 ourod € xe40qJ014 AE OPEN D (M DOMEOIOIO nr ne er RO Ae SI 9UAO Soxterixeut sodjed sop ofotgae dotuao(] (uinyoydaoouon jour) | ‘qua umuedo BOUT DUO DU OO AR 0 D (yL *3) ouLOJT -N99S Soutefrixeut sodyed sep ofporiie xotuxo(] ‘XNauuo[qes 19 Saplie Ssjloipuo so] suep anof np sinopeyo Sojaoy snjd saj quepuod o4ajuoo -U9I UO,[ onb s009dso p ouwu0y js0 [1 fiueyaodun snjd 9j so umayedg oiuos 97 ‘(oateuae 79 [UA sjoursip sodnoag sinorsnd np ‘hoef ‘NN op Sa2uoynT Vo saoro ny ‘sop.4vdo) JU9ANOS qjuouruoy mb Ssopoosut Sop ‘nqry opnos oun suEp ‘II SUOSSIUNYI SNON CPÉOH 19 ‘JON ‘1889 — ‘turedO) SNAIQIdLVdO — ‘oans ,y} \ ‘sn xe[AUd DORDSOL OS PETON ET EN CRC Es *35) 9Buore o[auvli] ue soinorigjue soquef à ($27249070 ‘our) ‘SN sayJedotoH TOM OO A0 pRE pe “8u) o[Buetry ua SolSitg JuouoJlo seanotigque saquef SATTHAUNLVN SHINAIIS SH HNAAILIOU LHAHMAIHTILIOHM FUUISUOD Uvd Î RIM il SAq SHULSATII SHAOILATVNV VUANHO LE NATURALISTE 208 don 000.0 d'É0:0.0 70 tt: SIPUOIIE SO[OTAt,p ‘JT BUOPaIA oguwai0} ‘(78 ‘S1) 9J1N09 ONsSEUL U9 Sauu9JuY “AMAATNOH INVISNO") (asains y) DRE ‘‘SUEPap Uo saurjo0d SO[91}Ie p ogu10] (18 ‘8U) PS8 U0JR anSSEUI u9 sauuoquy ‘11 snfeydoyt10og A m'nlelalelala le eloiole alotola eïe ss le le ss... “(88 *Sy) onbripury£o FRAC = { onbsoad ‘o8uojre sozteqixeut sodyed sep ajonie aoluxoq ‘sojoonoque suouSidueyo so Suep juoata Inb s099ds9 y juouropnos juourojuoi euoperig 1° sufeydoqrpog soiu93 Xnop So] “OUI u4 ‘04018 np SUOIS9I So] So]n0] 9P S09$10q J9 SosnouFeJuOU SUOISOA SO] SUP JUEAIA $0790SUI,p 01QUIOU pULAS UN JUCP 7 -uodoo puoadtuoo ‘ooueay uo ogquosordor quouoraned 7oss8 ‘nqrn 97194 97197 Cponx 39 ‘JON ‘TeIr) — ‘{uiseqdomtog) SN3IQIDVHdOLI104 — ‘au, ,67 es 98 “orrsepesrttesee(co *S7) TOTUTOP ©] nb SUOI _ etasiele steletolein eee vja) os SO uT ET(EIC *8y) oyoey 0p OuIO7 u9 Soateppa eu sodjed sop a[otqae aotuioq Issne a sosie} SOP O[91JIe TOUT ‘10 snqd Asso) nds 0 ape eu TD (8 *8y) oauo8 nos un ‘QOULIJ U0 9A19SO 979 Lu squequospidor sos op unone lot nbsnf "OISIUN JL I 9P 39 01H98], 9p onbu -91d09ç09 ouney ej & juonaedde ojjo nb ooxed 101 suouuoruouwu ef snou ‘odoim I op So[euorprguu sn[d so] Sogxjuo9 xne soadoïd $s9790suç,p 994107 JS9 nqr1] 07199) CLÂOH 90 ‘nreu ‘1ee9 — ‘rurqdésso9) SN3ICIHdASSOI — ‘autur ,YT gusrinss eg Cre0 DO CLEO ON MONO ROAD "(8 ‘8) d9TUI9P OT onb jan09 f sn[d juoworquiou sanot191sod sosie] s2p 9[91J18 dOTWOI ‘(#8 ‘8y) soponie ç op onsseur oun ed $soguituio qjuowojou souuoquy DORE FOR Er Ones et ‘81y) oiu98 pnos ufñ ua soisstedo Juawelonpeis souuoquy ‘uotyis0dt099p uo sonbiue310 L tet-(gg ‘8y) 911W91)x0,r s194 onsseu | sotorjeuu So snos quoara mb s9791ea no $099d$9 ç 4mof 09 re nbsnf jreuuos uQ *U01JISOdt099p u9 S9[019894 SOIUEISANS SO] Soep no sonbrureSoyd£ 19 sodoijetu Sop suodop xne DR CIE CE SO] OUUO9 ‘JUBAIA -nqui} 9)09 [nos ‘synod so79osu] sop juos 97 ‘sa2odso uo oaaned sieu ‘Saiuo8 U9 aU9II NII IL e osodu109 mb ertepeyg e1u08 0] soproosfuoeux, sot ruaed o0e1d earepiooeT (p£en 30 ‘nou ‘18389 — ‘rumoderq) (CpAox 19 NON ‘iUIrO — ‘runs qe) SN31Q)431d4YIQ — ‘astral .97 SN31014371VHd4 — ‘au, ,67 91° ANNÉE 2e SÉRIE — R° 3O) 15 SEPTEMBRE 1899 LES AROIDÉES DE LA FLORE FRANÇAISE Les plantes de la famille des Aroïdées brillent, au pre- mier rang, de celles que l’on recherche dans l’ornemen- tation des jardins et des serres. Les unes sont remar- quables par les dimensions et l'élégance de leur feuillage, c'est le cas des Colocasiaet des Caladium; dans les autres c’est la fleur qui surprend par sa bizarrerie ou par son éclat. Il en est ainsi des Anthurium, des Richardia. Arum Quelques-unes contribuent à la décoration par leurs pro- priétés végétatives : les Pothos, par exemple, dont cer- taines espèces grimpantes garnissent agréablement les jardins d'hiver. D’autres, enfin, joignent, à la beauté du feuillage l'excellence et la qualité de leurs fruits : le Tor- nelia fragrans. Mais toutes ces plantes sont exotiques. Plus humbles sont les espèces françaises, mais non moins intéres- santes dans leur faiblesse relative et l’appauvrissement de leurs organes. Les Arum, Arisarum, Dracunculus, Biu- rum, Ambrosinia, Calla et Acorus sont, chez nous, les re- présentants de la grande famille des Orchidées et, sur 900 espèces que la famille renferme, nous ne pouvons guère en revendiquer pour nous que 12; encore, sommes- Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. nous obligés de faire appel à la flore de Corse qui, à elle seule, possède quatre types qu'on ne trouve pas ailleurs sur le continent francais. La région méridionale est la plus riche sous le rapportde la distribution géographique des Aroïdées; l’ouest de la France est l'habitat d’une es- pèce, en commun avec le Midi; les environs de Paris ne renferment qu'une seule espèce qui y soit sûrement spontanée. L'Alsace et la Lorraine ont une forme spé- ciale et une autre, répandue dans une grande partie de la France, aux bords des rivières, ne parait pas être indigène. Vulgare. Tout, dans ces plantes, est intéressant. L'inflorescence présente des caractères tout spéciaux qu'on ne retrouve nulle part ailleurs aussi nettement, Je dis inflorescence, car ce qu’on prend habituellement pour la fleur, la par- tie brillante et plus ou moins vivement cclorée, n’en est qu'une partie accessoire. La fleur, pour le vulgaire, n’est pour le botaniste qu'une bractée florale à laquelle on donne le nom de spathe. C’est dans l’intérieur de cette spathe, et plus ou moins complètement entourées par elle, que se trouvent les fleurs disposées sur un organe allongé en forme de colonne qui est le spadice. La dispo- sition et la composition de ces fleurs sont fort variables et servent à distinguer les genres et les espèces. C’est ainsi que, dans les Arum, le spadice n’est occupé par les fleurs 210 que dans une certaine partie de son étendue ; les fleurs femelles sont situées à la partie inférieure, au-dessus viennent les mâles, séparées ou non des femelles par plu- sieurs rangées de filaments stériles ; enfin, au-dessus des fleurs mâles, le spadice se continue en appendice plus ou moins développé. Dans les Calla, ce spadice est entière- ment recouvert par les fleurs, et mâles et femelles sont entremélées sans ordre apparent. Les Ambrosinia et Bia- rum de Corse se comportent comme les Arum. Ces quatre genres sont, en plus, dépourvus de calice et de corolle avec des fleurs monoïques. Il n’en est pas de même du genre Acorus qui a des fleurs hermaphrodites pourvues d’un périgone. Donc, deux grandes divisions dans lesquelles nous pouvons classerles Aroïdées français : dans la première, celle des Euaroidées prendront place, Arum, Arisarum, Dracunculus, Biarum, Ambrosinia et Calla; dans la se- conde, celle des Acoroïdées, nous n'avons comme repré- sentant que le seul Acorus. Le feuillage n’est pas moins variable. La plupart des Arum et des Arisarum ont des feuilles entières, les Dra- cunculus les ont découpées d'une manière spéciale que les botanistes ont baptisée de pédalée ou de pédaliséquée. Les Biarum et les Ambrosinia les ont également entières et, de plus, elles sont linéaires dans le premier de ces genres. Elles sont aussi entières dans les Calla et les Acorus, mais très allongées, linéaires, rappelant celles des lris dans les derniers. Nous pourrons grouper les genres, en partant de ces données, comme suit : 1. Fleurs dépourvues de périgone et monoiques : A, Spadice dépourvu d'appendice au sommet : Calla ; B. Spadice appendiculé. a. Tube de la spathe fendu en deux et formant deux loges : Ambrosinia ; b. Tube de la spathe à bords soudés; fleurs mâles éparses: Arisarum ; ce. Tube de la spathe à bords soudés ; fleurs mâles serrées : Biarum. d. Tube de la spathe enroulée ; feuilles entières,has- tées ou sagittées : Arum. e. Tube de la spathe enroulée; feuilles pédatisé- quées : Dracunculus. 2. Fleurs pourvues d’un périgone et hermaphrodites : Acorus. Le genre Calla n’est représenté que par le Calla pa- lustris, L., petite plante qui croît dans les marais de la Lorraine et de l'Alsace. Elle est particulièrement abon- dante aux bords du lac de Retournemer, et nous avons eu le plaisir de l’y récolter. La spathe est étalée entière- rement dès l’origine, et persistante ; le spadice est recou- vert par les fleurs et nor appendiculé. Les fleurs sont entremélées en épis compacts et donnent naissance à des baies qui sont à la fin rouges. Les feuilles sont toutes radicales, ovales, cordiformes à la base, terminées par une pointe au sommet, sans pétioles, et largement engai- nantes à la base. Elles naissent d’un rhizome épais, en- foncé horizontalement dans la vase et recouvert des débris des anciennes feuilles, Les Arum proprement dits sont représentés par trois espèces : l’Arum vulgare Lam., répandu dans toute la France, rare dans l’ouest et le midi; l'Arum italicum Mill., de l’ouest et de la région méridionale, et l'Arum pictum L., abondant dans les sols et les terrains pierreux de la région basse de la Corse, LE NATURALISTE L'Arum vulgare L., connu sous les noms vulgaires de Gouël, de Pied-de-veau, etc., est caractérisé par sa spathe, caduque à la maturité, vert jaunâtre et souvent bordée de violet, ouverte en cornet dans sa partie supérieure. Le spadice est presque toujours rouge brun ou violacé,beau- coup plus rarement jaune, terminé par une massue sen- siblement plus courte que le support. Les étamines pré- sentent la même coloration que le spadice. Les baies sont rouges et forment un épi compact. Quant aux feuilles, elles ne paraissent qu'au printemps, souvent maculées de noir, à oreillettes peu ou point divariquées, à pétioles dépassant rarement la longueur du limbe, La souche est tubéreuse et blanche, et toute la plante est âcre et piquante, La forme à feuilles tachées de noir a reçu le nom d’Arum maculatum. Dans l’Arum italicum Mill, la spathe est blanc ver- dâtre, presque entièrement étalée à Ia fin, le spadice d'un beau jaune pâle ainsi que les étamines, très rare- ment rouge violacé, avec la massue aussi longue que le support. Les feuilles poussent à l'automne, veinées et souvent tachées de blanc, quelquefois maculées de noir, avec les oreillettes très divergentes et le pétiole qui dé- passe la longueur du limbe, Dans l'Arum pictum L.,la spathe est violet foncé, li- vide, à la fin étalée ; le spadice égale les deux tiers au moins de la spathe et est surmonté d’une massue d’un pourpre noir très longue. Les feuilles naissent au prin- temps; elles sont d'un vert noirâtre, avec des veines ex- cavées blanc verdâtre, des oreillettes courtes, obtuses et des pétioles dilatés, aux larges gaines, qui embrassent le pédoncule floral dans une grande portion de sa lon- gueur. Les Dracunculus ne se distinguent guère des Arum que par la forme de leurs feuilles et par leurs ovules peu nombreux : les deux espèces qu'on peut y rapporter en France sont: Dracunculus vulgaris du Midi et Dracunculus muscivorus Parlat, qu'on range quelquefois dans le genre Helicodiceros, caractérisé par la massue du spadice entiè- rement garnie de longs filaments, d'autant plus ténus qu'ils se rapprochent plus du sommet, Ce même organe est nu dans le Dracunculus vulgaris, ce qui permet de dis- tinguer facilement les deux plantes l’une de l’autre.Toutes deux ont, d’ailleurs, un spadice très long qui atteint de quatre à six décimètres dans la premiere. Le Dracunculus muscivorus habite les broussailles et les lieux pierreux de certaines localités de la Corse. L'Arisarum vulgare Rehb. se distingue nettement par sa spathe subeylindrique, pourpre au sommet, striée de blanc et de pourpre à la base qui est tubuleuse; la partie supérieure en est contournée en capuchon; les feuilles sont ovales, cordiformes ou hastées, avec des oreillettes obtuses. L’Arisarum est commun dans le midi de la France et en Corse, Quant aux Ambrosinia Bassii L. et Biarum tenuifolium Schott, ce sont de petites plantes qui ne sauraient être confondues avec celles dont nous venons de parler plus haut. Outre les feuilles qui sont entières, et même étroites et linéaires dans le Biarum, on les distingue faci- lement : la première, par le tube de la spathe biloculaire, par l’inflorescence mâle placée dans la loge postérieure et la femelle dans l’antérieure; la seconde, par le tube de la spathe à bords soudés et les ovules solitaires, Il nous réste à parler de l’Acorus Calamus L., le Calamus aromaticus des anciens, dont les rhizomes épais, très odo- rants ainsi que toute la plante, ont été longtemps usités LE NATURALISTE en médecine et entrent encore, dit-on, dans la compo- sition du Vermuth di Torino. L Acorus ne ressemble à au- cune autre Aroïdée ; on dirait plutôt un Jris,aussin’avons- nous pas besoin d'en donner une plus longue descrip- tion. Quels sont les usages des Aroidées francais? L’Arum maculätum a été préconisé pour ses rhizomes chargés d’amidon et pouvant devenir alimentaires, quand ils ont été, à l'instar du manioc, débarrassés de leurs principes toxiques par la torréfaction ou par l’ébullition. Les feuilles et les racines fraiches sont rubéfiantes et vésicantes. L’Acorus a fait son temps chez nous et les propriétés qu'ilavait de guérir l’enrouement des chanteurs, font sourire aujourd'hui. Il entrait dans la composition de la poudre à la maréchale et dans la fabrication de l’eau-de- vie de Dantzig. P. HARIOT. PHYSIOLOGIE DU LANGAGE Les voyelles sont des émissions de voix sur lesquelles on appuie aussi longtemps qu'on veut en les prononçant. Il ÿ a deux-espèces de voyelles, les labiales et les na- sales. Les labiales sont produites par l’air de la trachée, qui passe entre les cordes vocales pour produire une émission de voix qui sort par les lèvres plus ou moins modifiées, en forme de pavillon variable, pour chacune d'elles. Les nasales sont produites par la résonnance des fosses nasales, qui jouent le rôle de table d'harmonie : an, On, un, in. Les voyelles labiales, dont le son est pro- duit dans le gosier, où les cordes vocales jouent le rôle d'anches plus ou moins écartées pour chacune d'elles, se divisent en sept simples et 5 intermédiaires. Les sept voyelles simples sont, dansleurordre naturel : 1éaoouue.On voit que nous sommes loin desaeiou des grammairiens français! Les douze voyelles, simples et intermédiaires comprises, sont : I'éè a à o 6 ou u eù (ouvert) e, eù fermé, comme dans le mot jeüner. Les sept voyelles simples et les cinq intermédiaires (disposées par trois et par deux) nous rappellent tout à fait les sept notes de musique de la gamme avec les cinq dièzes intermédiaires, c’est-à-dire les touches blanches et les touches noires du piano. Mais il n°ÿ a pas plus de rapports entre les sept voyelles simples et les sept notes de la gamme qu'entre celles-ci et les sept couleurs de larc-en-ciel. En réalité, ce qui différencie la parole du chant, c’est que le nombre des vi- brations des cordes vocales, dans l'émission de la VOIX, est insuffisant pour produire un son musical, La voix n'est donc qu'un bruit. Il va sans dire qu'une voyelle est chantée, dès que le nombre des vibrations à la seconde est suffisant pour produire une note musicale. On peut donc tout aussi bien parler sans chanter que parler en chantant. Cela nous montre bien que ce n’est pas le nombre des vibrations dans le larynx qui produit les dif- férentes voyelles, mais le seul écartement des cordes vo- cales, qui varie pour chacune d’elles. En outre, les lèvres prennent aussi une forme contractée différente, propre à chaque voyelle en particulier, C’est ce qui permet aux sourds de voir parler et de comprendre ce que l’on dit, en regardant les lèvres de leur interlocuteur, De même 211 On peut solfier un morceau de musique rien qu'en regar- dant les notes écrites sur ce morceau, sans le jouer sur un instrument ou le chanter à haute voix. Seulement, il faut y prêter une attention plus grande, que si on se con- tentait de l'écouter jouer par d’autres en fermant béate- ment les yeux, à demi assoupi dans son fauteuil! Cela fait donc 12 + # — 16 voyelles, en comptant les nasales. Par contre, il y a vingt-quatre consonnes, pour le moins, dont dix-huit simples et six doubles. Des dix-huit consonnes simples, il y en a quatre douces qui sont appelées les roulantes, l, m, n, v. Il en reste quatorze, dont sept douces et sept dures, qui sont toutes comprises dans le tableau suivant : Labiales douces b, v: dures p. f. Gutturales — CR SALUE Dentales — dE — tt. Muettes = he — haspirée Sifflantes — 7 SANS Le w ne compte pas puisqu'il est tantôt voyelle, quand il se prononce ou, et tantôt consonne quand il se pro- nonce v, De même, c ne compte pas plus que le q, puis- qu'ils se prononcent comme k; et ç se prononce comme la sifflante s. Ce sont donc des lettres de superfétation : comme y pour 1, dans hyperbole; et ph pour f, dans phé- nomène. | Les six consonnes doubles sont au nombre de trois fai- bles et trois dures, qui sont : 3 faibles gz (Xavier) d (Dzêta grec) th (anglais, zie) 3 dures cs (extrême) ts (tsett allemand) ch (ich allemand) Cette dernière produit ie même bruit qu'un robinet d'une chaudière lâchant sa vapeur ichch, ou que le siffle- ment de la vipère. On pourrait encore en ajouter d’au- tres, telles que le pti grec dur, auquel correspond le hzi doux et les mitoyennes bs, dans Absalon; tz, dans tzar. On voit donc que quarante lettres au moins seraient nécessaires dans un alphabet complet, car on ne fait pas on mais one; un ne fait pas 1, mais une, en prononcant toutes les lettres. L'y pour deux i, dans pays, moyen, ennuyer, est commode; mais c'est une voyelle inuule, puisqu'on peut la remplacer par ïi avec un tréma : pas, moïen; comme on écrivait jadis. De même on n'a pas besoin d’une lettre différente pour chaque voyelle, grâce aux accents: 0, Ô; a, à, etc. Pour eu ouvert (exemple : un œuf, un bœuf), il suffit d'un signe nouveau ; avec un accent circonflexe pour eu fermé (des œufs, des bœufs, heureux, jeuner.) L'eû fermé doit se placer immédiate- ment après u, et l'ex ouvert à la fin, après la voyelle e. Cet eu ouvert nous ramène à la première voyellei comme le si, dans la gamme, ramène au do suivant, qui à le double du nombre des vibrations du premier (1). Les consonnes sont produites par une contraction pas- sagère des muscles du gosier, de la langue et des lèvres, ou par le rapprochement de la langue des dents, sur le bruit produit par l'émission de voix des voyelles. De sorte que les consonnes sont des émissions de voix es- sentiellement passagères. Quand on roule les r, on ne (1) On voit que les voyelles é et e sont bien différentes l'une de l’autre ; puisqu'elles sont aussi écartées que le ré d'en bas l’est du si d’en haut, dans la gamme. Et on n’en fait qu'une seule voyelle en francais ; c’est absurde. 2 LE NATURALISTE fait que répéter la même consonne en quadruples cro- ches ; mais on ne la prolonge pas comme le son d'une voyelle, qui est comparable à un point d'orgue sur une ronde, quand où prolonge une voyelle jusqu'à perte de souffle. De même, quand on croit prolonger le son des lettres 1, m, s, on fait toute autre chose : un son nasonné ou un sifflement de vapeur ; mais ce n’est plus du tout la consonne elle-même que l’on prononce alors; c’est autre chose, un autre son provenant des fosses nasales, du go- sier, des dents, etc. ; sauf pour le ch allemand qui res- semble au sifflement de la vipère : ichchch....., et qui n'a rien d’une voyelle ni d'une consonne francaise, puisque ce n’est ni ich ni ik. Cette étude alphabétique est fort importante dans les étymologies ; car elle nous permet de comprendre com- ment le même mot a pu se modifier, en passant d’une langue dans une autre : ici « est devenu 0 ; ailleurs a est devenu é. Exemple : ram, élevé en syriaque, a faitramn, fait en germanique: Roma, Rome, la ville forte en latin, et Rémus, Reims, Saint-Rémy, qui s'élève, fier, superbe, De même g est devenu c, dans wig, vainqueur er germanique, et victor en latin. Le ch est devenu g, dans chlod glorieux en germanique, et gloria, gloire en latin et ainsi de suite. Le w germanique est devenu g'ou gue, dans William, Guillaume; Wal élu, Galba; wild, Gilde, Guy; Wael, Gael, Gaélique, Gallois, Gaulois. Dr BouGox. MŒURS de L'ATEUCHUS LATICOLLIS Linné COLÉOPTÈRE DU GROUPE DES LAMELLICORNES COPROPHAGES Constructeur de boules comme tous ses congénères, celui-ei taille d’abord son gâteau dans un milieu quel- conque, bouse, crottin, fiente, déjection humaine plus particulièrement, le malaxe, l’arrondit, y ajoute, ou rejette les parties les moins nutritives, puis il le roule sur le sol afin de mieux en réduire les aspérités et l’incruster, par ce mouvement de rotation, de terre ainsi que de débris de pierrailles, de manière à en rendre la croûte ferme et résistante ; durant sa marche, il se cramponne si bien à sa provende qu'il ne la quitte même pas en cas de culbute. Que vient donc faire pendant ce travail de construction l'Ontophagus lemur, autre bousier? Quel intérêt a-t-il à en surveiller le parcours ? Essayer de pénétrer par surprise dans ce milieu faconné, afin de prendre une part de ces victuailles. Une demi-heure est nécessaire à l’Afeuchus pour la confection de sa boule, un quart d'heure pour la rouler et encore ne s'arrête-t-il à ce dernier travail qu'autant qu'un obstacle vient à l’interrompre dans sa course; alors seulement, il reconnait le terrain environnant, le fouille, s'assure s’il réunit les conditions voulues pour un en- fouissement, et, si la position lui convient, laissant la boule derrière lui, il commence une légère excavation, soit au-dessous d’une pierre ou d’une plante, ou d’un point de terrain ou le sol est légèrement déclive; ce sol remué et définitivement reconnu approprié à sa destina- tion, notre coprophage s'assure, en le palpant, que le globule est toujours là ; durant ce temps, des Diptères cherchent à pondre sur la masse en voie d'enfouissement ; le trou s'agrandit insensiblement, pattes antérieures et chaperon contribuent à soulever le sol, à le tasser en tous sens; c’est alors que l’Ateuchus, suspendant sou œuvre de terrassier,reprend sa boule qu'il conduit contre l'orifice du trou, et maintenant, il y aura une difficulté, qui sera bientôt vaincue : pour pénétrer dans l’excavation, il passera simplement sous la charge, il s’enfoncera dans le sol, agrandissant ainsi la fosse jusqu'au moment où par son poids la boule entrera d'elle-même; mais, ce n'est pas tout, la boule affleurera encore le sol, il faudra entièrement la dissimuler cependant; le travail recom- mencera donc, prendra des proportions de plus en plus grandes et cela jusqu'au moment où le terrain, suffisam- ment tassé, permettra au globule de prendre la place intérieure du trou, de manière à en occuper le fond; ce n’est pas tout, il faut encore remuer le sol environnant, ce qui se fait par des poussées intérieures pour recouvrir le vide et cacher ainsi la boule de facon à la dérober aux vues du dehors, en la dissimulant, en la mettant par suite à l'abri de tout danger, de tout accident. Alors seulement la pitance globuleuse adhère contre les parois intérieures de ce four en miniature; c'est à ce moment que le Coprophage affaibli par tant de travaux prend position devant sa pitance, prèêt à entamer cette provi- sion, objet de ses convoitises : ce dernier travail a demandé un autre demi-heure de temps. Plusieurs Ateuchus travaillant de pair à la même couche de matières, ils ont bientôt fait de disperser en les dissociant, au profit de l'hygiène générale, de grosses masses de déjections, à odeur fétides, et de les enterrer, tant au point de vue du sol qu'ils fertilisent ainsi, qu’au profit de leur entretien ; chaque globule toujours aussi grand, quelquefois plus volumineux que son constructeur, représente Ja valeur de huit à dix jours de nourriture, laquelle une fois consommée, l’Ateuchus vole à la re- cherche d’une nouvelle provende qu'il faconne et enterre comme la première; ce travail d'enfouissement a lieu au printemps ainsi qu'en automne; en été, les masses faconnées sont plus volumineuses parce qu'elles ont pour destination de servir d'aliments à la jeune larve qui naitra de l’œuf que la femelle déposera dans la boule; les précautions sont les mêmes, elles sont plus longues et mieux conduites au point de vue surtout de l’enter- rement des matières, elles seront l’objet, de notre part, d'une description particulière. L'adulte, très commun dans les environs de Ria, suit dans leur parcours les troupeaux de moutons, il s’en approprie les déjections alors qu’elles sont fraiches. Capitaine XAMBEU. FORÊTS DE MÉLÈZES ROUSSIES Les touristes, alpinistes ou autres « voyagistes »,qui aiment à visiter où simplement à traverser cette admi- rable partie des Alpes dauphinoises, de Bourg-d'Oisans à Briancon, ont dû éprouver quelque surprise à la vue des forêts de mélèzes qui garnissent le flanc des montagnes, de place en place, le long de la route et qui, dès la fin de juin, semblaient avoir dépouillé leur parure printanière pour apparaitre en juillet nus comme en plein hiver. Ce vert tendre des mélèzes, moins sombre et moins at- tristant que celui des sapins, qui tranche si bien cepen- dant sur la bigarrure des granits, la grisaille des cal- caires et l'ardoisé des schistes; ce vert gai mais monotone, qui contraste tant avec le vert fleuri des hautes prairies émaillé du blanc des leucanthemum et des ombelles d'innombrables meum. heracleum, chærophyl- lum, ete, æprès celui des narcissus; du jaune des hiera- cium, des taraxzacum, des tragopogon, et des gentiana lutea ; du bleu des campanula, des salvia et des petites gen- " Tr LE NATURALISTE 213 tianes ; du rouge ou du rose des onobrychis, des trifolium, des martagons et de plusieurs orchidées ; ce vert qui re- pose la vue du voyageur, ébloui, aveuglé par cette lu- mière de blancheur intense que verse un soleil quasi méridional ; ce vert disparaissait peu à peu et les arbres, du pied à la cime, devenaient d'un roux uniforme Tel un vignoble, la veille plein d'espérance, et qu'une gelée blanche à brûlé un matin de lune rousse. Tel encore un verger du Midi, après plusieurs heures de sirocco. Le territoire de la commune de La Grave possède une assez grande et belle forêt de mélèzes. Cette forét com- mence non loin de l'endroit appelé dans le pays : Combe de Malaval, à l'altitude de 1.300 mètres environ, puis s’élève sur les flancs escarpés et très abrupts des Peyrous d’aval et d’amont, gagne le Puy-Vacher où elle couvre une antique et importante moraine, tourne et monte dans le vallon, en face de la Meige, et atteint en de rares individus, clairsemés et rabougris, l'altitude de 2.400 mè- tres, si elle ne la dépasse pas. Elle est divisée en deux cantons : en bas, celui de Fou- rouze, au-dessous du hameau des Fréaux, juste en face de ces falaises rocheuses de plusieurs centaines de mètres de hauteur, qui se dressent presque à pic sur la rive droite de la Romanche et forment les assises de l'im- mense plateau d'En-Paris (2.100 mètres d'altitude et plus), d'où s’échappent et tombent d’étonnantes cascades aux appellations rabelaisiennes de la Pisse, Pissenoire et Saut de la Pucelle; l’autre canton est au-dessus des Fréaux, se rapproche de La Grave, et s'appelle, je crois, les Bate- hères. Nul ne sait par qui les premiers mélèzes ont été plantés là. Cette forêt est-elle spontanée? On l'ignore. Tenez cependant pour certain qu'aucune main humaine ne l’aménage ni ne l’entretient. Comme de juste, les habitants du pays ont le droit, à certains Jours déterminés, d'aller ramasser le bois mort, qui,avec le charbon poussiéreux du Monétier etles tourtes de kuhmist, complète le combustible nécessaire pour passer l'hiver très long, sinon très rigoureux, dans la contrée. La commune a également le droit d’y faire des coupes. Mais, si des règlements sévères président à ces coupes, on peut bien dire qu'elles n’ont de réglé que le nom. On abat les arbres au hasard.Comme certaines avalanches qui tombent des Peyrous et emportent des tranches entières de cette forêt, on pratique parfois des coupes sombres, ainsi appelées sans doute parce qu’elles produisent de grandes éclaircies, puis on laisse au temps, à la nature et à la fécondité des mélèzes, le soin de tout réparer. Bonne nature! Mélèzes prolifiques ! Quant à prévenir le glissement des terres privées de leurs arbres; quant à re- tarder l’effritement des roches et la chute des blocs qui vont grossir les cônes de déjections des torrents et me- nacer les cultures, nul n’y songe. Dans ces conditions, toute la forêt pourrait être dé- truite, qui s’en inquiéterait? Pourvu qu'il y ait du foin dans les prairies, qu'importe le reste? Du haut du tertre sur lequel s'étagent les maisons de La Grave, la vue embrasse presque tout l'emplacement de cette forêt de mélèzes; aussi, de là comme d’un obser- vatoire naturel, était-il facile de suivre et de noter les changements d'aspect qu’elle subissait de jour en jour. J'aurais cru manquer à tous mes devoirs d’entomolo- giste, si je n'avais cherché à en connaitre les causes, en allant les étudier sur place. Mais, auparavant, je voulus avoir l'opinion des habitants sur ce sujet et j'interrogeai — j'allais dire « j'interviewai » — aussi bien les illettrés qui n'avaient jamais quitté leur village que ceux qui avaient voyagé et avaient recu quelque instruction; aussi bien les personnes qui étaient allées dans la forêt, que celles qui en pouvaient juger à distance seulement. Je résume aussi brièvement que possible mon enquête : 4° Pour les uns, c’est l’effet de la gelée. En juin, il y eut des nuits très froides et même au commencement de juillet, la neige est descendue au-dessous de 1.600 mè- tres. 2° Selon d’autres, il est possible que certains nuages bas et lourds, recélant dans leurs flancs quelque sub- stance pernicieuse, l'aient déposée à leur passage au dessus de la forêt!!! 3° Pour le plus grand nombre, c’est l'effet du brouil- lard! N'’est-il pas singulier de retrouver partout cette explication ? que ce soit dans le Nord pour les pommiers, les pruniers, les aubépines, les fusains, attaqués par les chenilles d’hyponomeutes, ou dans le Midi, pour les mabhaleb, les frênes, la vigne, envahis par diverses che- nilles très fileuses, c'est toujours le brouillard qui en est cause ! 4 Enfin, en raison des toiles nombreuses qu'ils avaient vues sur les branches des mélèzes, quelques-uns pen- saient que ce devait être l’œuvre des araignées! Comme on le voit, ces explications n'étaient rien moins que satisfaisantes ; cependant, tout le monde s’en contentait. Cette enquête préliminaire terminée, je songeai à vi- siter la forêt. Trois excursions à quelques jours d'inter- valle,les 6,16 et 25 juillet et dirigées de facon à traverser en partie la base, le milieu et le haut de la forêt me pa- rurent bien suffisantes. Personne n'ignore que les forêts alpines abritent une abondante quantité de plantes qui offrent un aspect tout particulier de fraicheur et de vigueur et nourrissent un nombre incroyable d'insectes. Celle de La Grave m'a semblé riche entre toutes, et la liste serait longue de toutes les espèces intéressantes qu'elle recèle. Je dois me borner à énumérer les espèces du mélèze, puisque c'est l'objet de cet article. Ah! ces pauvres mélèzes, dans quel état piteux se trouvaient-ils ? Plus d’aiguilles, ou le peu qui restaient, exsangues, c'est-à-dire sucées, vides de chlorophylle et de parenchyme ; les branchesdépouillées montraient le nu roux de leur écorce, ou dans la majeure partie portaient de longues toiles,salies d'excréments et de peaux de chenilles desséchées ! En examinant les branches qui n'étaient pas encore entièrement dégarnies d’aiguilles et surtout en les bat- tant au parapluie, je trouvai une série de chenilles dont voici la liste par ordre méthodique : 1o Liparis dispar L., très rare et seulement au-dessous de 1.500 mètres; 20 Nyssia lapponaria B., assez commune dans toutes les parties de la forêt er à toutes les altitudes ; 3° Odontopera bidentata CI., rare, encore toute petite fin juillet, ne parait pas dépasser 1.700 mètres; 4 Hyberniu marginaria Bkh., pas commune et au dessous de 1.800 mètres ; . Bo Tortrix æriferana HS., très commune dans le bas de la forêt, ne parait pas atteindre 1.800 mètres ; 6° Exapate duwratella, Heyd., excessivement commune partout, atteint et dépasse 2.000 mètres: 214 10 Tmetocera laricana Z., peu commune, ne dépasse pas 1.800 mètres ; 8° Steganoptycha diniana Gn. — pinicolana O., très commune partout, approche äe 2.000 mètres; 90 Coleophora laricella Hb., très abondante et attei- gnant aussi 2.000 mètres. Enfin, deux espèces de larves de Tenthrèdes, dont la détermination n’est pas de ma compétence. Maintenant, quelles sont les espèces auxquelles il con- vient d'attribuer la plus grande part des dégâts? Ce sont incontestablement les trois tordeuses : Tortrix æriferana, Steganoptycha diniuna et surtout l'Exapate duratella. N'est-il pas étrange de signaler comme très ravageuse une espèce dont la découverte est de date toute récente, puisqu'elle a été décrite par V. Heyden en 1875, si je ne me trompe ? Succédant aux deux premieres, elle achève ce que les autres ont commencé et souvent, n'ayant plus d'aiguilles à ronger, elle est obligée de descendre des mélèzes et de chercher par terre une autre nourriture, qu'elle trouve, du reste, sans la moindre difficulté, puisqu'elle s’accom- mode de presque tous les végétaux de la forêt, mangeant aussi bien le berberis que la valériane, le cotoneaster que laconit, le chèvrefeuille que le petasites, le rosier que l'épilobe, l’alchémille que le daphne, etc.,etc., etdisputant même à la Plusia mya, sa nourriture fétide, Thalictrum fœtidum ! Quant à la Coleophora laricella, comme nombre de su- Jets, elle peut égaler ou même surpasser les précé- dentes ; mais, en raison de sa petitesse, ses dégâts sont moins importants : c’est cependant à son compte qu'il faut mettre les innombrables aiguilles décolorées qu'elle a minées, dès le premier printemps. C'est son papillon qui parait tout d’abord; puis, viennent presque simulta- nément Tortrix æriferana, Tmetocera laricana et Stegano- plycha diniana. L'Esvapate duratella éclôt bien plus tard : en octobre et novembre. Les Eupithécies du mélèze, vivant au mois d'août, doi- vent attendre que les mélèzes se soient reconstitué une seconde frondaison pour les dévorer à leur tour : mais il n'est pas à craindre qu'elles fassent autant de mal que leurs devancières. Les forêts de mélèzes de Bourg-d'Oi- sans à Briançon vont donc reverdir à nouveau et jus- qu'aux gelées prochaines. P. CHRÉTIEN. CHASSE ET PÊCHE PRÉHISTORIQUE L'homme,au commencement de l'humanité, semblable sans doute aux grands singes anthropomorphes a dû être frugivore; mais, moins agile qu'eux et plus faible, il a eu à se défendre contre de nombreux ennemis. Son arme a été pendant de longues années sans doute le simple bà- ton dont, comme les indigènes de l'Australie, il avait peut-être fait le boomrang; mais une arme de jet à longue portée lui manquait et il inventa la flèche. Cette flèche n'était d’abord que du bois dur, comme on voit chez beaucoup de peuplades sauvages actuelles, et son arc était tendu avec des fibres végétales, Mais ces flèches n'étaient pas assez meurtrières et il en pourvut la pointe d’éclats LE NATURALISTE de silex, Ces silex, nous les trouvons dans tous les dépôts préhistoriques et de plus en plus perfectionnés. Dès le début de l'apparition de l’homme, parmi les si- lex de Saint-Prest, on trouve des pointes de flèche qui ne sont que des éclats de silex plus où moins dégrossis de forme losangique, dont on voit encore la croûte, lisses sur une face, taillés sur l’autre avec de petits éclats sur les bords. L'homme, si faiblement armé, avait à lutter contre des pachydermes : l'Elephas Meridionalis, deux rhinocéros (Rhinoceros Lepthorinus, Rhinoceros Etruscus), un grand hippopotame (Hip- popotamus major), une espèce d'élan, un bœuf d'une espèce élancée et un rongeur voisin du castor. Il chassait avec ses armes ces der- niers animaux ; quant aux premiers, c'est sans doute au moyen de pièges qu'il s’en emparait, comme aujourd’hui les indigènes de l'Afrique centrale. Plus tard, l’on voit le travail de l'homme se perfectionner, les flèches sont plus soignées, elles ont une for- me lancéolée et en forme d'amande. Une face est toujours plane ou légère- ment concave, l’autre est relevée d’a- rêtes longitudinales ou simplement bombée avec des bords tranchants unis ou taillés en festons. Ces flèches étaient montées sur leurs hampes soit à l’aide de fibres végétales, soit à l'aide de lanières de cuir, ou au moyen d’intestins frais de bœuf ou de mouton; ces matières animales en se desséchant se contractent et forment un lien d'une solidité à toute épreuve, comme l’a montré M. Reboux. La faune avait alors un peu changé : à l’Elephas Meridionalis avait succédé l'Elephas Primigenius où Mammouth, le rhinocéros à narines cloisonnées (Rhinoceros Tichorhinus) avait fait son apparition, mais l'homme avait à se défendre contre des carnassiers : l'ours et l’hyène des cavernes (Ursus speleæ, Hyena speleæ); mais, à cette époque, apparaît un animal, grâce au- quel l’homme va faire un grand pas dansla civilisation; c’estlerenne(Cervus tarandus). Au travail de la pierre, vient s’ajou- ter celui de los, L'animal, une fois tué, était dépouillé au moyen d’un de ces nombreux couteaux en silex que l’on connait bien, puis les os étaient brisés pour en extraire la moelle dont nos ancêtres étaient si friands, les débris d'os étaient soigneusement conservés pour servir à la fabrication d'outils, notamment de pointes de flèches très aiguës. L'industrie de la pierre allait toujours en se perfec- tionnant, les flèches de cette matière étaient petites, triangulaires, aplaties, eflilées, avec leur extrémité en pointe aiguë. Le renne vivait alors à l’état sauvage et dans la grotte des Evzies, située sur la rivière de la Harpon en os, de la grotte de la Madeleine. LE NATURALISTE 215 Benne, affluent de la Vézère, département de la Dor- dogne, on a trouvé une vertèbre lombaire de renne transpercée par une de ces flèches : c'est ce que repré- sente la figure, d’après un échantillon du Muséum. L'homme ne poursuivait pas seulement les animaux terrestres, mais il s’attaquait aussi aux habitants des eaux; on trouve à cette époque de nombreux harpons. Ce sont des morceaux de bois de renne cylindrique ou subcylindriques, pointus à une extrémité et armés tantôt des deux côtés, tantôt d’un seul, d'un ou plusieurs crochets récurrents qui étaient souvent creusés d'une rainure servant à mettre une substance vénéneuse. Au- dessous de la partie barbelée se voient une ou deux sail- lies, servant à fixer solidement le harpon dans la hampe; c’est un de ces harpons venant de la grotte de la Made- leine qui est représenté dans la figure. On a retrouvé non seulement les ossements, mais en- core la figure des animaux que l'homme rapportait de ses chasses, et les grottes de Laugerie. Basse, d'Eyzie, de la Madeleine, de Brassompuy, ont donné des spéei- mens de dessins et de sculptures représentant les ani- maux au milieu desquels l'homme vivait. Bientôt les pachydermes disparaissent, remplacés par des animaux plus agiles, l’aurochs (Bos urus), le cheval, le cerf commun. Le renne, à la fin des temps quartenaires, tend à disparaître, lui qui vivait dans nos pays, au pied des Pyrénées, remonte vers le nord; il est suivi dans son \n ; LP PT! À Vertèbre de Renne, avec pointe de fléche en silex de la grotte des Eyzies (Dordogne) émigration par l’homme à travers le Danemark, la Scan- dinavie, ce qui ferait penser que les tribus actuelles des régions polaires au milieu desquelles le renne vitencore, sont les derniers représentants des habitants quater- naires de l’Europe. De nombreux troupeaux de chevaux vivaient à cette époque à l’état de liberté dans notre pays. Pour attraper ces animaux dont il faisait sa nourriture et dont il fit sans doute les premiers essais de domesticité, l’homme se servait, comme l'habitant des Pampas, de l'Amérique, du lasso, deux pierres attachées aux extrémités d’une longue lanière de cuir, Un autre moyen de s'emparer de ces animaux consis- tait à les rabattre vers un gouffre profond où ils tom- baient, se brisaient les membres, et n'offraient plus qu'une faible résistance pour être achevés. C'est ainsi qu'à Solutré, dansle Mâconnais,on a trouvé les squelettes de plus de deux mille chevaux ; il existait là, sans doute, un gouffre servant à cet usage. À cette époque, l’homme invente la poterie, ce qui lui permet de varier sa nourriture. Les animaux actuels apparaissent, on trouve leurs débris dans les kjokken- moddings du Danemark. Ce sont des monticules de co- quilles ayant servi à la nourriture de l'homme et aux- quels sont mêlés des ossements d'animaux. On trouve : lPaurochs, le castor qui a disparu du Danemark, le phoque qui y est très rare, des carnivores comme le lynx, le renard, le loup. L'homme a domestiqué le chien, il s’aventure sur la mer dans des canots creusés dans un seul tronc d’abord, va loin des côtes, à la recherche des poissons migrateurs comme le hareng, la morue, mais il ne connait pas encore l’agriculture. Mais un peuple plus civilisé, venant de la haute Asie, envahit l'Europe, apportant avec lui la pierre polie et sans doute le travail des métaux. L'homme de la pierre taillée cède devant son vainqueur, mais bientôt se fon- dant avec lui, lui donne sa civilisation. [l vivait seul et vivait en paix; devenu craintif, il se réfugie hors de la portée de ses ennemis et construit ces habitations lacus- tres dont la découverte à fait l'admiration du monde actuel, Aux instruments en pierre, l'on voit succéder les instruments en bronze. L'homme de chasseur devient agriculteur; On trouve du froment, de l'orge: il a réduit à l’état domestique, le chien, le bœuf, le mouton, la chèvre, le cheval, on trouve bien moins de débris de chevreuil et de cerf; le sanglier a été remplacé par le porc domestique. Les engins de pêche se sont perfectionnés : il y a des cordes, des hamecons, des filets, des pierres percées d’un trou servant de poids pour tendre les lignes. Il se cons- truit des embarcations, comme le montre un canot trouve au fond du lac de Brienne, en Suisse. L'homme ne chasse plus alors que pour son plaisir et sa distraction ; il va devenir de plus en plus civilisé et arriver bientôt à l’époque historique où son histoire ne nous appartient plus. E. MASsSAT, Attaché au Muséum de Paris. Les Plantes DANS L'ANTIQUITÉ : LÉGENDES, POÉSIE, HISTOIRE, ETC., ETC. La Rose. — La rose est connue depuis bien long- temps, principalement en Grèce, où on l’estimait la plus belle des fleurs : Podov, à péprorov dvwv, « Rose, à la plus excellente des fleurs! » disait Anacréon (Ode V); les livres orientaux en font sou- vent mention, et la Bible en parle quatre fois, mais seu- lement dans les livres postérieurs à la captivité de Baby- lone: Sagesse, chap. 11, v. 8. — Couronnons-nous de roses avant qu’elles se flétrissent; qu’il n’y ait point de pré où notre intempérance ne se signale. 216 LE NATURALISTE Ecclésiastique XXIV, 18. — J'ai poussé mes branches en haut, comme les palmiers de Cadès, et comme les plants des rosiers de Jéricho. — XXXIX, 17. Une voix me dit : écoutez-moi, à germes divins, et portez des fruits comme les rosiers plantés sur le bord des eaux. — L, 8. — Il a paru comme l’arc-en-ciel qui brille dans des nuées lumineuses, et comme les roses qui poussent leurs fleurs au printemps, comme les lis qui sont sur le bord des eaux, et comme l’encens qui répand son odeur pen- dant l’été. Néanmoins, on ne voit la rose figurée nulle part sur les antiques monuments égyptiens, et les Védas, comme le Zend-Avesta, sont muets à son sujet; ce qui indique- rait que la reine des fleurs ne serait pas originaire de l'Égypte, de la Médie ni de l'Hindoustan, et que ces con- trées ne connurent la rose qu’à la suite de son importa- tion à une époque indéterminée. D'après des conjectures basées sur de remarquables travaux critiques de savants allemands, M. le professeur C. Joret, correspondant de l'Institut, inclinerait à la croire originaire du Caucase oriental et du Kurdistan, d’où elle aurait pénétré en Grèce à travers l’Asie Mineure, en Syrie et en Palestine, en passant par la Mésopotamie; nous verrons tout à l'heure, dans un épigramme de Mar- tial, que l'Égypte en envoyait à l'empereur Domitien (81-96), à l’occasion de sa fête. Chez les Grecs, on la trouve dans Homere (Iiade, XTIT, v. 186), où Aphrodite parfume d'huile de roses le corps de l’'infortuné Hector : ?Aoppoûttn .… poÎcÉvTt DE Ypiev Ehatuw. Le vieil aède donne à l’Aurore des doigts de rose (Odyssée, XVII, v. 1) : Pavn bododaxtudlas ’Hwc. Tous les poètes anciens ont à l’envi célébré cette char- mante fleur; tous les anciens 1gronomes et agriculteurs en parlent; Hésiode aussi, dans les OEuvres et les Jours, lui donne les doigts de rose (vers 610) : .… poñocaxruhos ? Hwc. Le pseudo-Anacréon nous dit (ode LIV, v. 1-4) : Poôodazxtruhns uèv °Huwc, Poëonnyees de Nüpqou, “Poôcypouc de ?Awpodita ITupa Tov copy xaheïtat. « Dans la langue des poètes, l'Aurore a des doigts de rose; les Nymphes, des bras de rose; et Vénus, un teint de rose. » Cette jolie fleur aurait bien des origines; chaque poète a émis son opinion; Bion, Moschus, Théocrite, Ovide et bien d’autres, la font naître du sang d'Adonis, tué par un sanglier : Aiua foôov tiutet, Tù dE OdxpUO Tav aveu vay. (Bion, Idylle 1, Chant funèbre d’Adonis, v. 64). Le sang enfante la rose, et les pleurs l'anémone, » At cruor in florem mutabitur, dit Vénus à Adonis mourant (Ovide, Métamorphoses, X v.:129). Pétrone, dans son Salyricon (ch, CxXxvIT), donne à la rose cette antre Origine : 1 Idæo quales fudit de vertice flores Terra parens, quüm se confesso junxit amori Juppiter, et toto concepit pectore flammas : Emicuere rosæ, violæque et molle cyperon, Albaque de viridi riserunt lilia prato. traduction en vers, de Guerle : Tel qu'autrefois l'Ida de fleurs couvrit sa cime Quand Jupiter, brülant d’un amour légitime, Dans les bras de Junon oubliait l'univers : Les roses du printemps, les myrtes toujours verts, Les lis encor baignés des larmes de l'Aurore, Autour des deux époux s'empressèrent d’éclore. Un poète dela décadence, auteur incertain cité dans la Bibliotheca classica latina du savant Lemaire, donne aussi son avis dans ces vers : : Aut hoc risit Amor, aut hoc de pectine traxit Purpureis Aurora comis, aut sentibus hæsit Cypris, et hic spinis insedit sanguis acutis.…. « La rose est ou née d’un sourire de l'Amour, ou l’Au- rore la fit tomber de sa chevelure empourprée qu'elle peignait, où bien elle naquit quand Cypris, arrêtée par des ronces cruelles, teignit de son sang leurs piquants aiguillons. » D'autres poètes disaientque, dans un banquet des dieux, l'Amour heurta de l'aile un vase de nectar dont le divin contenu se répandit sur le sol olympien : la rose, qui jusqu'alors avait été blanche, se teignit soudain de pour- pre. Autre guitare, dont Ausone s’est fait l'écho (idylle VI, Cupidon mis en croix) : un jour, l'Amour s’égara dans les Champs Élyséens, et, reconnu, il fut soudain entouré par les tumultueuses cohortes des femmes dont il avait tor- turé le pauvre et trop sensible cœur. (Ici, une intermina- ble nomenclature des mythologiques amoureuses.) Après lui avoir administré une infernale volée, elles l’attachè- rent à ùn arbre, malgré ses cris et ses appels désespérés à sa mère, qui ne valait certainement pas mieux que lui, sous tous les rapports. Effectivement, celle-ci accourt enfin, et, loin de porter secours au divin galopin, elle lui donne une sérieuse fessée avec une bottée de roses, en se plaignant elle-même des maux que ce fils dénature lui a fait souffrir. Le sang coule abondamment, et les roses acquierent dés lors le vif incarnat que nous admirons. D'aucuns disent encore que Bacchus ayant laissé tom- ber quelques gouttes de vin sur la rose, alors blanche, elle se teignit en rouge : D'un jeune lis elle avait la blancheur; Mais, par hasard, le père de la treille, De ce nectar, dont il fut l'inventeur, Laissa tomber une goutte vermeille, Et, pour toujours, il changea sa couleur; Mais voici qui est plus fort. Les musulmans attribuent à Mahomet la naissance de la rose : Le Prophète faisant le tour du trône de Dieu, dans le Paradis, avant de se montrer aux hommes, Dieu se tourna vers lui et le regarda... Mahomet fut tellement saisi qu'il en sua; et, ayant essuyé sa sueur avec ses doigts, il en fittomber six gouttes hors du Paradis; l’une d'elles fit naître sur-le-champ le riz et la rose. Nul doute que si le bon Nadaud, l’auteur des Deux Gen- darmes, avait connu ce détail sur les propriétés de la sueur de Mahomet, ilne nous eût donné une adaptation de cette fable aux si populaires exhalaisons de la gendar- merie; nous y eussions gagné une perle poétique, sauf, bien entendu, le respect du à ce corps d'élite. La rose encore, fleur de la déesse des amours, lui fut d'un grand secours dans sa querelle avec Junon et Mi- nerve sur la question de la prééminence au point de vue de la beauté. LE. NATURALISTE 217 D'après le rhéteur Libanius, quand ces trois déesses, au mont Ida, voulurent établir ce célèbre record, Junon et Minerve, redoutant l'influence mystérieuse et toute puissante de la ceinture de Vénus, l’obligèrent à la dépo- ser, absolument comme on défend aux duelliste de porter quoi que ce soit sous la chemise, füt-ce même un vul- gaire bandage herniaire. La mere des Gràces répondit à cela que ses deux rivales avaient également des fétiches tout-puissants : Junon, son diadème d'or, et Minerve, son casque éblouissant. Néanmoins, elle se déclara prête à dénouer sa ceinture, s’il lui était permis de la rempla- cer par une autre parure. Elle alla donc se baigner d’abord dans le Scamandre, puis elle tressa une couronne de roses et la mit sur ses cheveux blonds (elle plaçcait sa ceinture peut-être un peu haut, la blonde Vénus). Ce que voyant, et saisies d'admiration devant leur ravissante rivale, Junon et Minerve déclarérent à l’unani- mité que la palme de la beauté lui appartenait. Cette légende couperait donc court au célèbre jugement qui illustra le berger Pâris et le musicien Offenbach. Dans la mythologie indienne, nous voyons qu'une autre déité, Pagoda-Siri, l'une des formes de Vishnou, naquit dans une rose. Parmi les dieux et les déesses qui avaient la rose pour attribut, je citerai au hasard : l'Amour, les Grâces, Bac- chus, Flore, Hébé, la muse Thalie, Ganymede, etc. Tout cela n'est-il pas charmant? cette adoration, — dans un épicurien et doux scepticisme,— des forces de la nature et de la puissance du Beau et du Bon, ne vaut-elle pas nos adorations actuelles? Et n'est-on pas porté à le demander toujours, comme Musset, l'enfant du siecle : Regrettez-vous le temps où le ciel, sur la terre, Marchait et respirait dans un peuple de dieux; Où Vénus Astarté, fille de l’onde amère, Secouait, vierge encor, les larmes de sa mère, Et fécondait le monde en tordant ses cheveux? Mais la Rose est aussi l’attribut d’une foule de nos saints. Saint Louis, franciscain, neveu de Louis IX et évêque de Toulouse, mort à 23 ans, en 1296, est représenté avec une rose, parce que, dit-on, cette fleur sortit de sa bouche après sa mort, Une foule de saints et de saintes : sainte Élisabeth de Hongrie, sainte Élisabeth de Portugal, sainte Zite, sainte Casilde, sainte Mathie, sainte Vérène, saint Diégo d’Al- cala, sainte Rosceline, sainte Rose de Viterbe, la bien- heureuse Germaine Cousin, sainte Verdiana, etc., etc., sont représentés avec des roses dans leur giron ou dans leurs mains, en raison de ce fait qui leur est commun : comme ils faisaient la charité aux pauvres à l'insu de leur maître ou de leur conjoint, celui-ci exigeant qu'on lui montrat ce que contenaient les corbeilles ou les vête- ments, les vivres destinés aux pauvres se changeaient en roses, pour reprendre plus tard une forme plus substan- telle. Saint Aciscle et sainte Victoire, martyrs, sont parfois représentés avec des roses dans les mains, parce que ces fleurs, dit-on, s’épanouissaient miraculeusement, autre- fois, le jour de leur fête. Saint Ange doit cet attribut à ce que, pendant sa pré- dication, on voyait des roses et des lys tomber de ses lèvres. Le bienheureux Joscio, religieux de Saint-Benoit à Saint-Bertin, et quelques autres, passent pour avoir été honorés de Dieu, après leur mort, par la naissance de cinq roses qui sortirent de leurs yeux, de leurs oreilles et de leur bouche. Sainte Dorothée, qui souffrit le martyre à Césarée, marchait au supplice, quand un écrivain nommé Théo- phile, l’entendant dire qu'elle allait jouir des délices éternelles dans les jardins du Paradis, lui dit en riant : «N'oublie pas de m'envoyer des fleurs de là-bas !... — Il sera fait comme tu le désires », répondit la condamnée. Deux jours après, un beau jeune homme apporta à Théo- phile, de la part de Dorothée, une superbe gerbe de roses, puis il disparut soudain. Théophile se convertit au chris- tianisme, et souffrit à son tour le martyre. On représente sainte Dorothée tenant un bouquet de roses. On voit à Rome, dans l’église Sainte-Suzanne, une vieille mosaique représentant Charlemagne à genoux, recevant de saint Pierre un étendard semé de roses. Qui ne connait enfin la fameuse guerre civile d'Angle- terre, dans laquelle les deux partis avaient pour emblème une rose : la maison d'York, une rose blanche, et celle de Lancastre, une rose rouge? La rose émaille une foule de poésies anciennes et mo- dernes. Martial, ce détestable flatteur de Domitien, lui disait (livre XIIT, épigr. 127, La couronne de roses) : Dat festinatas, Cæsar, tibi bruma coronas; Quondam veris erat, nunc tua facta rosa est. « La saison des frimas te donne, César, des couronnes hâtives : c'était jadis le pouvoir du printemps; aujour- d'hui c’est le tien qui fait naître les roses. » Le poète fait allusion aux roses que d'habiles jardiniers faisaient pousser en hiver, car les Romains aimaient pas- sionnément cette fleur, et la recherchaient particulière- ment dans cette saison; il dit encore : Rara juvant; primis sic major gralia pomis: Hybernt pretium sic meruêre ros&æ, (Lib. IV, ep. 29, v. 3-4.) « Les choses rares sont plus agréables : ainsi les fruits précoces sont plus sûrs de plaire; ainsi les roses d'hiver ont plus de charme et de prix. » Ces roses, comme beaucoup d'autres fleurs, étaient enfermées sous des châssis, ainsi que le recommandent les anciens agronomes, pour être défendues contre l’hu- midité extérieure et pour absorber plus copieusement la chaleur des rayons solaires : Condita sic pura numerantur lilia vitro, Sic prohibet tenuis gemma latere rosas. (Lib. IV, epig. 22, v. 5-6.) «… Ainsi les lis renfermés sous un verre diaphane se comptent plus facilement, ainsi le cristal défend à la rose de cacher ses charmes. » Aussi les roses abondaient à Rome en hiver, et Mar- tial se moque des Égyptiens qui avaient envoyé à Domi- tien, à l'occasion de sa fête, des bottées de roses (lib. VI, ep. 80) : Ut nova dona tibi, Cæsar, Nilotica tellus Miserat hibernas ambitiosa rosas ; Navita derisit Pharios Memphiticus hortos, Urbis ut intravit limina prima tuie. HTC elC Er Le « L'habitant des bords du Nil t'avait envoyé, à César, des roses d'hiver, comme un présent digne de toi par sa nouveauté, Mais le nautonier de Memphis fut obligé de 218 rire des jardins de l'Égypte, dès qu’il eut mis le pied dans la capitale de ton empire. Le printemps y étalait tous ses charmes ; Flore y répandait ses parfums les plus doux, et tes jardins égalaient en parure les bosquets de Pæstum. « Aussi, partout où il portait ses regards et ses pas, tous les chemins brillaient de l’incarnat des roses tressées en couronnes. «Eh bien, fertile Égypte, quite vois forcée de céder la palme aux hivers de Rome, envoie-nous tes moissons en échange de nos roses. » Dans son idylle XV, intitulée les Roses, Ausone dit : Ver erat : et blando mordentia frigora sensu Spirabat croceo manè revecta dies, IPTC: BEC ET MT MAN Dee ec TA « C'était au printemps : la douce haleine du matin et sa piquante fraicheur annoncçaient le retour doré du jour. La brise, froide encore, qui précédait les coursiers de l’Aurore, invitait à devancer les feux du Soleil. J’errais par les sentiers et les carrés arrosés d’un jardin, dans l'espoir de me ranimer aux émanations du matin. Je vis la brume peser suspendue sur les herbes couchées, ou retenue sur la tige des légumes, et, sur les larges feuilles du chou, se jouer les gouttes rondes et lourdes encore de cette eau céleste, « Je vis les riants rosiers que cultive Pæstum briller humides au nouveau lever de Lucifer, Çà et là, sur les arbrisseaux chargés de brouillards, luisait une blanche perle, ete. » Notre Delille (Les Jardins, chant IT) a dit aussi : Et qui peut refuser un hommage à la rose, La rose dont Vénus composa ses bouquets, Le printemps sa guirlande, et l'amour ses bousquets; Qu'Anacréon chanta, qui formait avec grâce Dans les jours du festin, la couronne d’Horace? On a chanté sa beauté; on a déploré sa trop courte existence, véritable image de notre vie. Un poëte du moyen âge a écrit, à ce sujet, en vers léonins : Ut manè rosa viget, tamen et mox vesperè languet; Sic modo qui fuimus, cras levis umbra sumus. « Comme la rose, pleine de vie le matin, languit le soir, ainsi nous, qui sommes vivants aujourd'hui, nous ne serons demain qu'une ombre légère. » Dans l’Ane d'or, d'Apulée, le héros du roman, Lucius, changé en bourrique par l’imprudence de sa folle amie, la belle Fotis, ne retrouva la forme humaine qu'après avoir brouté une brassée de roses. Notre Roman de la Rose, de Guillaume Lorris, est le récit de la pénible conquête d’une belle rose; le sujet de ce poème a été résumé ainsi par Baïf,au xvie siècle, dans les deux dernières strophes d’un sonnet : L'amant dans le verger, pour loyer des traverses Qu'il passe constamment, souffrant peines diverses, Cueil du Rosier fleuri le bouton précieux. Sire, c’est le sujet du Roman de la Rose, Où d’amours épineux la poursuite est enclose : La Rose, c'est d'amour le guerdon précieux. La rose a encore été célébrée sur tous les tons comme étant la plus fidèle et la plus exquise représentation de la femme : LE NATURALISTE Au sein d'une fleur, tour à tour Une heureuse image est placée : Dans un myrte on croit voir l’amour, Un souvenir dans la pensée; La paix se peint dans l'olivier, L'espoir dans l'iris demi-close, La victoire dans un laurier, Une femme dans une rose. (Dupaly.) Francois I comparait une cour sans femmes à une année sans printemps et à un printemps sans roses. En définitive, et en allant résolument au fond des choses, la galanterie des poètes et, généralement parlant, du sexe fort pour la femme, peut se traduire, suivant un sceptique endurei, rebelle aux mièvreries sentimentales, par cette expression : « Faire l’âäne pour avoir du son. » Dura leæ, sed lex. Ë Il est d’ailleurs impossible d'énumérer toutes les fic- tions poétiques, mythologiques ou philosophiques aux- quelles la rose a donné lieu; un fort volume n’y suflirait pas. Un autre volume pourrait être consacré aux fictions chrétiennes sur la rose, à commencer par celle de saint Augustin, qui Compare les vierges aux roses ; en outre, rien de plus commun, dans les écrits des Hébreux et, plus tard, des Pères de l'Église, que les comparaisons de la vie à la floraison des fleurs, notamment des lis et des roses : Ut rosa florebunt omnia ossa mea in Israël, etut lilium caro mea in Jacob : tous mes ossements se léveront en Israël, comme fleurit la rose, et, comme le lis, ma chair se lèvera en Jacob. (Testament de saint Siméon, Fabricius, codices pseudepigraphi, t. I, p. 141.) (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. CHRONIQUE Récolte des cocons dans Ia Turquie d'Europe. La récolte des cocons a donné, cette année, d’excel- lents résultats, comme on n’en avait pas obtenus depuis longtemps. Ils rappellent les brillantes années d'autrefois, alors que la sériciculture était considérée comme une des principales sources de la fortune du pays. Elle est le double de celle de l’année 1898 et se répartit de la manière suivante : 1898 1899 Kilogrammes Kilogrammes SOUTHARTER ME ImENC et 192.000 345.000 Ortakeur MERE ee 82.000 145.000 Andrinople sr" 54.000 145.000 Mustapha-Pacha........ 52.000 103.000 Demotica re RaAnIREnURs 35.000 52.000 Divers rer deneerien 35.000 45.000 450 000 835.000 Le rendement des cocons blancs est de 10 kil. 800 gr. à 11 kil. pour 1 kil. de soie, et celui des cocons jaunes de 11 kil. 500 gr. à 12 kil. pour 1 kil. de soie. Les prix varient entre 16 et 18 piastres le kilogramme, la livre turque à 123 piastres, c’est-à-dire de 2 fr. 50 à 3 fr. 25 le kil. de cocons. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 11. (Sn) LE NATURALISTE ‘:::"(96 Sy) audaxe pioq ne sa9[noTjuop TU ‘JOuIUOS NE SATBIET IU SOINOUQIUE SIQUE & *:"(06 ‘Sy) aux9x9 pioq ne sa9[nomuep 9 JOUIWOS 9[ SI9A SOTSACI9 SOINOTIQIUE S9QUEL CR (#6 ‘8t) S91)ÂT9 sor 4ed 09499 uou uowopqr,] 2p 9 -94]x0 {SaWIOJISN} SUIOUI NO Sn] souuaquy j **"(06 ‘8y) soajéte so7 aed quoano991 sanol -n0} uowopqe {JouuOs 91 S124 sotssted? quauoponpezs no ensseur Uo Sauuoaquy "SOUIPJIIQUL JIOF Sino(nO} jUoJSo1 0)90SU7 799 op sajtuye so] ‘sopraoderg soj rured o8uex of uo nb no ‘jied R odnou8 un ossey uo uonb ‘rot ooeçd 9j uo nb ‘sanaqpre p : sinoqne sop ONA 9p Soouo8I9AIP Sop-oa8jeur snfeydoqis oiu98 91 nq11) 9799 SUPP 9AIISUO9 Af ‘sonbiue310 Sn}1119p S2] Sn0S 9 2S0dW099p SI04 91 SUP AUoWdIEIQUYS JUOAIA S9[JO {SoSnoiquou nod Ju0S ourI,yj U9 S09A419$q0 S999d$9 So ‘SNIQOJIUAIY 39 WNIJOQIIT, ‘SN8914109 soiuo8 Sso[ suep nes ‘qjuepuodo ‘SOpluOtiq [19 ‘orreuaex j9 [PA np uronb -0Bf NN 2ed soproderq sop uoistAIp ej suep o8ura‘suarplwo sop adno48 of -aU9L Sop nqii) e] op Sjuvjiodui snjd sop un (CDÉ9H 49 ‘JUOU ‘18189 — ‘ruruorN) SNAIOINO IN — ‘onu .L} — ©] ‘(86 87) 2118 1N9412 QUICE xesogiodd ‘StP -uoxie no $2[8A0 SATOT} -1e,p saQuroy SAUUaTUY g res = 3? 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Les chasseurs, selon les provinces, l'appel- lent grand pluvier, petite canepetière, même courlis de terre à cause de son cri, « turrlui, turrlui, turrlui », qui res- semble à celui du courlis cendré. Pour cette raison encore les Anglais le nomment stone-curlew, courlis des pierres. Cependant si l'Œdicnème affectionne principalement les endroits sablonneux, les coteaux pierreux et nus, il s'établit assez volontiers dans les terrains cultivés, pourvu que la configuration des lieux lui rappelle, en quelque manière, les grands espaces désertiques où il se plait : le plateau de la Beauce, par exemple, « immense et monotone champ de blé ». Ce que recherche l'Œdicnème, c’est la sécurité plus encore que la solitude, car, en Egypte, il arrive jusque dans l'intérieur des villes. Ce qu'il veut, c'est voir loin et avoir devant soi de l'étendue. Rien ne doit gêner ni la portée de sa vue ni la vitesse de ses jambes. S'il s'arrête sur les terrasses des maisons égyptiennes, c'est qu'il sait qu'il y est aussi en sureté que dans le désert. Mais il se tient, quand même, tou- jours sur ses gardes et ne se montre jamais trop confiant. Il conserve cette défiance à l'égard des autres animaux. Peu liant, même avec ses semblables, il préfère vivre en solitaire. Ermite épris des thébaides, il s'aventure dans le monde avec appréhension. Très observateur, il étudie avec soin ce qui se fait autour de lui. Tout ce qui passe, tout ce qui remue attire son attention. [l vous a vu venir bien avant que vous ayez seulement soupconné sa pré- sence, 1 connait la topographie exacte des lieux qu'il habite, et d'avance les cachettes où il ira chercher un abri. S'il est surpris, il se rase, et, grâce à la couleur de son plumage, disparait aux regards. Son habileté de cou- reur lui vient en aide, s’il se croit découvert. Les nomenclateurs ont joint au nom d'Œdicnème (1) l’épithète de criard (crepitans), à cause de sa voix reten- tissante qui résonne au crépuscule et au milieu du silence de la nuit. Car l'Œdicnème est plutôt un oiseau noc- turne. Pendant le jour, il se tient caché dans quelque retraite sûre, et n’en sort pour courir à toutes jambes ou pour prendre son vol que s’il y est contraint. Mais quand la nuit commence à envahir la terre, il se met en mou- vement et, à mesure que les ténèbres s'épaississent, son activité redouble. Il court, il crie, il vole et se joue dans les airs avec une aisance et une souplesse qu'on ne lui (1) Du grec oidein, enfler, et knémè, jambe. Ce nom a été composé et donné à cet oiseau, par Belon, en raison de la forme dilatée du haut du tarse et de l’articulation moyenne, caractère très remarquable, surtout chez les jeunes de l’année. Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. N° 302 1 OCTOBRE 1899 soupconnait pas. Son grand œil doré le conduit dans l'ombre. On le voit glisser comme un fantôme sous un rayon de la lune. Depuis le coucher du soleil jusqu'à son lever, il ne prend pas un instant de repos. Conti- nuellement en quête de nourriture qui consiste, pour lui, exclusivement en vers, insectes, mollusques, lézards, souris, il emploie à chasser toutes les heures de la nuit. Puis il faut boire; les lieux qu'il fréqnente sont, en général, assez pauvres en eau douce : il est obligé de faire parfois plusieurs kilomètres pour se désaltérer. Quand le jour parait, son temps a été bien rempli, Il rentre au gite et se repose. Par malheur, il écrit sa route sur le sable, ses trois doigts y laissent leur empreinte, et, en suivant cette piste révélatrice, on arrive souvent, dans les dunes, à le faire lever. Il court alors rapidement et, s’il s'envole, s’abat bientôt etse rase, Lorsque le chas- seur approche, 1l se lève, se remet à courir, retournant de temps en temps la tête, s'arrête de nouveau, reprend sa course et se tient toujours hors de la portée du fusil. Chasse difficile et fatigante où l’on ne parvient à le tirer que par surprise. Je l'ai poursuivi des journées entières dans les dunes de Picardie (1), souvent sans pouvoir l’atteindre. Comme compensation, j'ai trouvé maintes fois son nid, simple dépression pratiquée dans le sable. Les œufs au nombre de deux (2) sont d'un roussâtre clair, avec de nombreuses taches et mouchetures d’un brun foncé très irrégulières. L'incubation dure seize jours. Le mâle veille fidèlement sur sa compagne, et continue à vivre avec elle pendant les premiers temps de l'éducation des petits. Ceux-ci courent à la suite de leurs parents dès qu'ils sont secs abandonnent le nid et n’y reviennent jamais. | Dans la saison des amours, les OEdicnèmes se livrent à des tournois en l'honneur des femelles. Les combat- tants se poursuivent au vol et à la course, et s’attaquent violemment à coups de bec, Le vainqueur se présente alors devant sa conquête la tête inclinée, les ailes pen- dantes, la queue relevée et étalée, et fait entendre quel- ques notes douces et caressantes. En France, les provinces où l'OEdicnème est le plus commun sont : la Beauce, la Sologne, le Nivernais, le Bourbonnais, Je l'aitiré souvent sur les grèves de l'Allier. On en trouve toute l’année en Anjou. Il est plus abon- dant dans le Midi que dans le Nord, Assez répandu dans les dunes de Picardie, il est rare en Normandie, Un assez grand nombre, au contraire, demeurent dans nos départements méridionaux pendant tout l'hiver, L'OEdic- nème est sédentaiie dans la Haute-Garonne, l'Aude, l'Ariège, le Gers, l'Hérault, les Hautes-Pyrénées, le Tarn-et-Garonne, les Pyrénées-Orientales. En Provence où ilest connu sous le nom de courli deis garrigos, il niche régulièrement dans la Crau et la Camargue, Il arrive en Dauphiné dès les premiers jours du printemps et s'établit sur les bords au Drac et de l'Isère qui arro- sent la plaine, jamais sur les coteaux et dans les lieux éloignés des eaux. Ce qui prouve au moins que l'OEdic- nème n'a pas horreur de l'eau, comme on l'a dit. Mal- herbe prétend même qu'en Sicile il affectionne les prairies humides. Mais ce qui attire l'OEdicnème sur le bord des rivières c’est, je crois, la nudité des grèves plutôt que le voisinage de l’eau. La véritable patrie de cet oiseau est le midi de l'Eu- rope, le nord de l'Afrique et l’ouest de l'Asie. Il abondé dans les campos de l'Espagne, « plaines affreuses, qui paraissent encore plus inhospitalières que le désert lui- même », en Syrie, en Perse, en Arabie, dans l'Inde. En Egypte, on le trouve dans tous les lieux arides, Aux (1) Il y est connu sous le nom de Herméric. (2) Deux ou trois. Je n'en ai jamais trouvé que deux, On dit que la femelle est si attachée à ses œufs que, quand elle couve, elle se laisse parfois prendre à la main. environs d'Aboukir, j'ai capturé plus d'une fois des Jeunes encore en duvet courant sur le sable, Les soirs de prin- temps, au Caire, l'air est sillonné d'OEdicnèmes et l'on entend de tous côtés leurs cris. Ils pénètrent la nuit dans les jardins et nichent même quelquefois sur le toit des habitations. J’ai connu un couple qui s'était installé sur une terrasse abandonnée du palais de Giseh et qui y a élevé ses petits. Les Arabes nomment cet oiseau Karanan, d’où l’on a fait en français caravane. C’est sous ce nom bizarre que le connaissent les Européens qui habitent l'Egypte. J'ai chassé le Karanan au faucon, à quelques heures à cheval d'Ismailia, en compagnie des fils du cheik Abou- Matroude. Nous le trouvions dans de grandes dépres- sions du désert, encombrés e monticules en forme de taupinieres, où croissent péniblement quelques touffes d'herbe rude et de maigres buissons. Il vit là à côté des petits lièvres du désert, gros comme des lapins de garenne, aux oreilles démesurées (lepus ægyptius). Un lévrier le faisait lever et on lui jetait deux tiercelets de faucon. L'oiseau de proie avait assez vite raison de ce gibier un peu lourd, qui vole cependant beaucoup mieux qu’on ne serait disposé à le croire, à première vue. Si le vent est un peu fort, lé Karanan échappe presque tou- jours, grâce à l'obstination qu'il met à rester à terre et à courir rapidement en faisant des zigzags. Le faucon ne peut le suivre dans tous ces détours, se dégoüte et quitte la partie. Les faucons que l’on dresse pour la chasse du Karanan sont le faucon de Barbarie, l’alphanet des anciens fau- conniers, et le faucon pèlerin, Abou-Matroude y em- ployait des faucons de Barbarie. Ces mêmes oiseaux avaient été «affaités » aussi pour le lièvre, et, pendant mon séjour à Bir-abou-Souer, résidence du cheik, j'ai pu me convaincre qu'ils en prenaient une grande quantité. Abou-Matroude avait encore des pèlerins pour voler le canard dans des marais peu éloignés de sa demeure, et des sacres pour voler la gazelle, chasse émouvante, mais barbare, car les faucons sont dressés à crever les beaux veux doux et limpides qu'ont chantés les poètes. Nous mangions les Karanans, c’est un piètre rôti, même au désert; passe encore pour les jeunes, mais les vieux ont une chair coriace et filandreuse, à peine pos- sible pour l'appétit aiguisé d'un chasseur. Magaud d'AUBUSSON. LES ANIMAUX DANS LES ÉTYMOLOGIES DES NOMS PROPRES Tous les noms ont un sens précis, aussi bien les noms propres que les noms communs. Ainsi Louis, Clovis, Loudwig, Ludovicus, de Chlod-wig, signifie glorieux vainqueur. Or, parmi les noms propres, il ÿ en a un cer- tain nombre qui dérivent des noms d'animaux. En cher- chant bien, on en trouverait plusieurs centaines. Un plus érudit en donnerait des milliers. Nous nous borne- rons à en indiquer plusieurs, qui serviront d'exemples et permettront au lecteur d'en trouver lui-même beaucoup d'autres. De même que les Peaux-Rouges aimaient à s'appeler le Gros serpent, le Grand corbeau, l’Œil de faucon, etc., de même aussi les peuples primitifs de l’ancien conti- nent prenaient des noms analogues. Ainsi Arthur, mes- sager du dieu Thor (le Protecteur), signifie primitive- ment aigle divin, comme qui dirait : l'aigle de Jupiter LE NATURALISTE chez les Grecs. Arthur a le même sens, en langue ger- manique ou en dialecte scandinave. Bernard, mâle et brave, vient originairement du mot Ber, Béer, ours, le plus gros des animaux sauvages de nos anciennes forêts germaniques, le roi des animaux d'alors en nos pays; de sorte que le sens primitif du mot Bernard, c'est l'Ours brave. Il en est de même pour les noms géographiques. Paris, Parisii, les Parisiens, peuple de la Gaule au temps de César, s'étendant sur les rives de la Seine, aux con- fluents de l'Oise et de la Marne avec ce fleuve, signifie : la région des oiseaux, Par-se. De même l'Oise, sara, signifie la rivière des Oiseaux, la rivière qui attire les gros Oiseaux d’eau, tels que les grues, les hérons, les sarcelles, les canards sauvages, etc. Jusque dans les noms de nos arbres fruitiers nous pouvons retrouver des noms d'animaux. Ainsi l’alisier, qui donne des alises, fruits rafraichissants, mot à mot boisson des oiseaux, Al-se. N'avons-nous pas encore dans le même genre le sorbier des oiseaux, de sorbere boire, qui donne des sorbes, fruits âcres, qui rafraichis- sent les petits oiseaux ? Mais revenons à nos noms propres d'hommes, On sait que Jonas veut dire colombe, en hébreu; Rachel, brebis; Barjona, fils de la colombe; Carmel, agneau cir- concis; Débora, abeille; Eglon, veau; Etam, oiseau im- monde; Nahassou, serpent ; Léviathan, associé au dra- gon; Belzébue, dieu mouche; Oreb, corbeau ; Saphan, hérisson; Si sara, hirondelle; Séphora, oiseau, etc., etc. À côté de Béhémot, la bête, nom d'un des démons, nous trouvons d'autres mots qui sont dérivés de noms de plantes ou de produits végétaux. Ainsi Dagon signifie froment; Beth-Dagon, maison du froment, élevé à l’état de divinité, temple de Dagon. Bethléem veut dire maison du pain, pays où on récolte les céréales; Bethsaide, Ja maison des fruits de la terre, pays agricole. Thamar si- gnifie palme, vithamar, île des Palmes ; Phénicie, pays de la pourpre et des dattiers; Remmon, grenade; Ela, chêne; Schibboleth, épi, etc. On à encore: Thomas, jumeau, Sichem, épaule ; Jules, Julius, couvert de duvet, jeune homme à la barbe nais- sante ; Rébecca, potelée; Ruth, enivrée, etc. Arnold a aussi un sens de élevé, qui dérive de ar, aigle, en germanique, l'aigle hardi, au vol hardi. Vul- frand, Wulf-ramar, signifie le loup puissant; Wulfnoth, le loup renommé ; Wolfgong, le loup ravageur. Albert Wolf, le loup célèbre : al-bert, brillant par excellence, >e mot Wolf vient certainement de l’onomatopée : houf, houph! pour imiter l’aboiement. Une quantité de noms de localités viennent de noms d'animaux, Il suffira de citer par exemple Talkenstein, la roche des faucons ; Rabenstein, la pierre des corbeaux, et par suite gibet, lieu des suppliciés où se réunissent les corbeaux pour dévorer les charognes. N’avons-nous pas aussi, en France, les désignations analogues de Faucon- pré, Fauconcourt, Héronval, le pré du faucon, la ferme du faucon, la vallée des hérons, et autres désignations de localités semblables ? La cense des Raines ou l’enelos des grenouilles, la grenouillère, Vulpes, renard, vient évidemment de la même onomatopéé Woulp, de Woif, loup en germanique; d'autant mieux que les Latins ne prononçaient pas les u, comme nous les prononcons en français, mais disaient Voulpes pour exprimer le mot vulpes, renard. C’est de là que vient le fameux gou- LE NATURALISTE 2 1© Ce pillon, dont on a tant abusé dans ces derniers temps : Laissons le sabre aux soldats et le goupillon ou queue de renard à qui cet objet peut être utile. Le changement du W germanique en gou est on ne peut plus fréquent dans les étymologies. C’est ainsi que William a fait chez nous Guillaume, et que èwe, eau en celtique, à fait le mot aigue, aguæ, aqua, eau en latin, Quand on remonte aux étymologies des mots, on est stupéfait de voir que toutes les langues, modernes où anciennes, ne sont en réalité que les variations d’une même langue, profondément modifiée par les prononcia- tions diverses des différents peuples qui la parlent. C’est ainsi qu'on trouve toutes les transitions possibles entre Neumay et Noyon, en passant par le latin Noviomagus, sans inventer un seul mot intermédiaire. Neumag, nou- velle forteresse en germanique, se prononcçait Noiïlle- magne ; d’où les Latins ont fait successivement Novio- magus, Noviomus, Noviomo, Noviomi, Novium; et les Français, Nouion, Noiïoun et Novon, par le changement de l’u en v, dans Novion, Tous ces mots intermédiaires existent dans les textes, dans les manuscrits, sur les monnaies et sur les médailles, sans en inventer un seul! Or Neumag, en germanique, signifie nouvelle forteresse, neufchâtel, châteauneuf, Noyon. Dr Bou&GoN. LES PREMIERS ÉTATS DE L'ARGYRESTHIA RUFELLA Tostr. J'ai conté à la fin de mon article : Une excursion aux Ayes, que, par un dernier et fort heureux coup de filet, j'avais cap- turé trois exemplaires de l’Argyresthia rufella Tastr. Cette espèce, d'une grande rareté, que bien peu de collections pos- sèdent encore, n’avait jamais été prise en France. On ne la connaissait guère que de Finlande et de Silésie. C'est de beaucoup la plus grande de nos Argyresthia. Cer- tains sujets P® ont une envergure qui dépasse parfois 11 mil- limètres (1). Les ailes supérieures sont d'un roux fauve, vif, uniforme, parfois teinté de violet pourpre chez les sujets bien frais, ne présentant aucune tache ni dessin, si ce n’est quelques rares atomes brun noirätre disséminés vers l’extrémité de la cel!ule discoïdale. La côte est brunâtre de la base à la moitié de l'aile environ. Les franges, qui ont à l'apex une petite tache noi- râtre, faisant paraitre l'aile un peu falquée, sont d’abord de la couleur de l'aile, c’est-à-dire fauves jusqu’à l'angle interne, puis grises sur le bord interne lui-même. Les ailes inférieures sont gris brunâtre luisant avec des franges d'un gris plus clair et dont la base, c’est-à-dire le point d'attache sur la membrane alaire, est marquée par une ligne blanchätre ou jaunâtre. Les bandes plus ou moins brunes qui traversent ces franges sont peu distinctes. Tête et milieu du thorax, en général d’un beau blanc, — parfois les côtes de la houppe de poils qui surmonte la tête sont roux: ptéry- godes ou épaulettes de la couleur des ailes supérieures ; palpes blanchâtres ; antennes brun foncé; abdomen gris brunâtre. Une fois en possession de cette rare espèce, je me demandai quel végétal pouvait bien la nourrir. Ses premiers états étaient tout à fait inconnus. Heinemann, qui avait obtenu d’éclosion un sujet, pensait qu’il provenait d’une chenille prise sur le Prunus padus aux environs de Breslau. Les conditions si par- ticulières dans lesquelles j'avais trouvé mes trois rufella (trois OO), au vallon des Ayes, me portaient à croire que ce n'était pas le Prunus padus, inconnu aux Ayes, mais bien le Ribes uva crispa qui nourrissait cette race Argyresthia. Mais comment s’en assurer ? La presque totalité des chenilles d’Argyresthia vit au pre- mier printemps en avril-mai; quelques-unes même en mars, et ceia se comprend puisque ces chenilles aiment les pre- (1) L’envergure donnée par Heinemann : 3 L 1/?, est, sans doute, celle d’un sujet avorté dont la larve a dû jeüner. Le plus petit sujet 5 que j’aie obtenu ex larva avait près de 6 L; les plus petits 58 pris au vol dépassaient toujours 6 L. mières pousses et se logent dans les bourgeons à peine épa- nouis. Or, le Ribes est un arbrisseau des plus précoces : dès la fin de février, il se garnit de feuilles. Sans doute, dans les montagnes, sa frondaison est beaucoup plus tardive; mais, tout en tenant compte de l'altitude et par conséquent du retard apporté à sa végélation par le prolon- gement de lhiver, il n’en est pas moins vrai qu’il acquiert ses nouvelles feuilles et fleurit même, longtemps avant l’époque où l'on a l'habitude de se rendre dans les montagnes. Pour rechercher la chenille de l'Argyresthia rufella et con- naître ses mœurs, à supposer qu'elle vécüt réellement sur le Ribes uva crispa, il était de toute nécessité de venir dans les Alpes à l’époque où tout au moins cet arbrisseau commence à fleurir. En 1898, je pus faire ce voyage et me trouvai dans les Hautes-Alpes dès les premiers jours de juin. On se rappelle que le printemps 1898 avait été déplorable sous le rapport de la température : la pluie, le froid persistant outre mesure avaient retardé la végétation ainsi que l’appari- tion des insectes dans nos régions. À La Grave, où je m'étais arrêté, il ne m'a pas semblé qu’il en fût de même. Tout me parut être en avance : beaucoup de plantes étaient en fleur; de nombreux lépidoptères volaient partout; quelques-uns même, comme l'Erebia evias, étaient défraichis, indiquant que leur éclosion était vicille de plu- sieurs jours déjà. Un moment je craignis d'être arrivé trop tard et d’avoir manqué le but principal de mon voyage, d'autant plus que le Ribes uva crispa est très rare aux environs de La Grave. Découvrir d’abord quelques plants de cet arbrisseau, exa- miner attentivement l’extrémité de leurs branches, les battre au parapluie, ce fut, cela va sans dire, le premier de mes soins à ma première chasse. Il était grand temps. Beaucoup de places, occupées certai- nement par des chenilles d’Argyreslhia, étaient déjà vides — depuis peu de temps, il est vrai, ainsi qu’on pouvait le cons- tater aux morsures encore fraiches des feuilles — mais enfin elles prouvaient qu'il aurait fallu venir plus tôt pour y trouver leurs habitants. Fort heureusement, il restait quelques retar- dataires et je pus en récolter une vingtaine : nombre plus que suflisant. La chenille de l’Argyresthia rufella est molle, paresseuse, fusiforme, un peu ramassée sur elle-même, mesurant cepen- dant 10-12 millimètres à peau tendue. Elle est d’un vert jau- nâtre plus clair à l'extrémité anale, laissant voir par transpa- rence la vasculaire fine d’un vert foncé, et présentant, avant d’avoir atteint toute sa taille, deux bandes latéro-dorsales vert brunätre peu distinctes, qui disparaissent méme lorsque la chenille a acquis tout son développement. Verruqueux indis- tincts, ne se détachant pas de la couleur du fond; poils blonds, tête d’un brun jaunâtre présentant au sommet des calottes des taches cunéiformes brun foncé, le tout s’éclaircissant à mesure que la chenille grossit: ocelles noirs. Pattes écail- leuses vert jaunâtre, à dernier article plus foncé; “pattes membraneuses, écusson et clapet concolores. Comme la plupart des chenilles d'Argyresthia, celle de ru- fella doit vivre dans les bourgeons à peine développés, lors de sa première jeunesse. Plus tard, comme elle est d'une cer- taine taille, il lui faut plus d'emplacement, elle vit entre les jeunes feuilles liées par de faibles et peu nombreuses soies. Elle ronge les feuilles et attaque parfois les fleurs qui sont à sa portée et dont elle mange surtout le tendre ovaire. Pour se métamorphoser, elle descend à la surface du sol, se cache sous les feuilles mortes ou entre quelques petites pierres et se fabrique, ainsi abritée, un léger cocon de soie blan- châtre en forme de fuseau renflé au centre, à tissu lâche, et ne tarde pas à se transformer en une chrysalide d’un brun jaunâtre foncé dont les enveloppes alaires ont leur extrémité libre et l'abdomen est conique à mucron obtus, élargi et armé de 4 à 6 soies raides et très divergentes. Le papillon en sort au bout de trois semaines environ, c’est- à-dire qu'il vole dès le 20 juin. Durant le jour, il se tient cons- tamment caché dans les plants de Ribes, accroché au-dessous des feuihes. Le soir, à la brune, il prend ses ébats. Les Q9 éclosent un peu plus tard que les && qui ne vivent pas long- temps : aussi, dès le 10 juillet, ne rencontre-t-on plus de ces derniers. Je n'ai trouve l’Argyresthia rufella qu'à une altitude va- riant de 1500 à 1700 mètres. P. CHRÉTIEN. arnnar. 19 19 re LE NATURALISTE QUELQUES NOTES BOTANIQUES SUR LA CORSE Il y aurait longuement à écrire sur la flore de l’ile de Corse. Tel n’est point ici notre but. Nous n’avons en vue que de relever certains aspects particuliers, relatifs à la distribution des végétaux arborescents, à l'influence réciproque qu'exercent l’un sur l’autre le climat et la vé- gétation, et aux progrès continus que font les cultures artificielles aux dépens de la nature sauvage. La Corse possède une variété de climats qui donne lieu à l'existence d’aspects botaniques des plus divers. Pen- dant les deux tiers de l’année, le soleil y brille sans in- terruption dans un ciel toujours bleu, ce qui entretient le long du littoral une température tropicale, alors que, dans l'intérieur, l'élévation corrigeant l'effet de la lati- tude, la température décroit à mesure que lon s’élèvele long des pentes des montagnes. En hiver, le thermometre descend rarement au-dessous de zéro, et la neige n’ap- paraît guère que sur les hauteurs. Voici les conséquences qui résultent, au point de vue de la distribution géographique, de ces circonstances chimatériques. Le long des côtes poussent les oliviers, les chênes- lièges, les orangers, les citronniers, les cédratiers (sur- tout en culture aux alentours du cap Corse, où ils don- nent un revenu de 5 à 6.000 par hectare) et les cactus. Dans les régions tempérées de l'intérieur, on cultive les céréales, le mais, la vigne, et les plantations de chà- taigniers abondent. Ces derniers arbres entourent tous les villages, leur donnant l'ombre et la fraicheur, et les fruits qu'ils produisent sont la base de la nourriture des habitants. D'après M. Clavé, on évalue la richesse des familles au nombre de châtaigniers qu’elles possèdent,et il n’est pas rare de voir figurer un ou plusieurs de ces arbres dans les contrats de mariage à titre d'apport. Aussi, est-ce en Corse que l’on peut admirer les plus vieux et les plus gigantesques châtaigniers de toute l'Europe. Plus haut, sur les flancs des montagnes, alternent les fameux maquis et les forêts. L'étymologie du mot maquis est le terme italien mac- chie (taches), par allusion aux plaques d’un vert sombre que dessinent de loin les taillis du maquis sur les roches grises. Ce sont des fourrés impénétrables de 8 à 10 mètres de hauteur, constitués uniquement par des arbrisseaux li- gneux appartenant à la végétation spontanée de l'ile, Ce sont des bruyères, des lauriers, des myrtes, des lentis- ques, des alaternes, des cistes, etc. Au moment de la floraison, il s'en exhale un intense parfum de miel, suave, pénétrant, que la brise emporte au loin, si bien que les navires qui passent dans la Méditerranée sous le vent de la Corse en percoivent l'odeur caractéristique que Napoléon Ie déclarait pouvoir reconnaitre entre toutes. Pour mettre en culture les maquis, on incendie les fourrés : les cendres fournissent une certaine quantité d'éléments fertilisants qui permettent de faire sans au- cun engrais deux ou trois récoltes. Le sol une fois épuisé, on l'abandonne à l’envahissement rapide du ma- quis et l’on recommence un peu plus loin la même opé- ration. Les principales essences forestières sont distribuées d'une manière à peu près uniforme, chacune d'elles res- tant confinée dans les régions qui lui conviennent le mieux. Lorsqu'on s'élève depuis le fond des vallées vers les sommets, on rencontre d’abord des pins maritimes sur les versants exposés au midi, et des pins laricios de préférence aux expositions du nord et de l’est et à l’alti- tude de 1.000 à 1.200 mètres. Le pin laricio, particulier à l’ile de Corse, a été consi- déré parfois comme une variété du pin sylvestre, dont . il rappelle l'aspect général, et sur lequel il est suscep- tible d’être greffé; mais tous les botanistes s'accordent aujourd'hui à voir en lui une espèce bien caractérisée. Le pin maritime et le pin laricio forment en Corse des massifs, tantôt purs, tantôt mélangés de chênes verts,de chènes blancs et de chênes-lièges. Au-dessus de la zone des pins se montrent les hêtres, les érables, remplacés à leur tour, à l'altitude immé- diatement supérieure, par les sapins et les bouleaux, les seuls arbres qui puissent supporter la froide température des grandes hauteurs et résister aux neiges qui les cou- vrent pendant l'hiver. Au delà, on n'aperçoit plus que quelques arbrisseaux, tels que l’aulne rampant et le genévrier des Alpes, qui, eux-mêmes, cèdent bientôt la place aux simples grami- nées, et enfin à la roche nue. Tel est l'aspect général de la succession des zones de végétation, depuis le Httoral jusqu'aux plus hauts som- mets de la Corse. Toutefois, la nature libre voit son aire diminuer de jour en jour, par l'expansion progressive des cultures, et notamment de celle de la vigne, aux dépens des maquis et des forêts. Un autre phénomène botanique,d’'introduction récente, et d'une conséquence considérable pour l’avenir sani- taire et économique des régions basses de la Corse, c’est l’acclimatation des eucalyptus. Surtout sur le littoral oriental, la déclivité de la plaine étant presque insensible, les eaux ne s’écoulent que dif- ficilement. Les embouchures des rivières, obstruées par les terres enlevées de la montagne, forment, le long de la côte, des marais qui dégagent durant l'été des miasmes délétères, et répandent la fièvre et la mort sur toute la contrée. Ni le progrès des cultures, ni les tentatives artificielles de dessèchement n'avaient pu venir à bout de la malaria, lorsqu'on eut l’idée de la combattre — comme on l'avait fait sur certains points très malsains de l'Algérie et de la campagne de Rome — par des plantations d’eucalyptus. Ces plantations ont donné des résultats dépassant toutes les espérances. L’eucalyptus se développe en Corse, dans les terrains marécageux, avec une vigueur et une rapidité vraiment prodigieuses. Il aspire énergi- quement les eaux stagnantes et transforme leurs miasmes pestilentiels en émanations balsamiques et sa- lutaires. Aujourd’hui, l’aspect de la végétation sur la côte orien- tale de la Corse se trouve moditié par la présence de nombreux rideaux d’eucalyptus au feuillage glauque. Leur action bienfaisante est si sensible que les planta- tions de cette essence se multiplient sur tous les points, jadis inhabitables, et l’on voit l’ancienne population ané- miée du littoral reprendre sa vigueur et sa santé, à me- sure que s'élèvent dans les campagnes les tiges et le feuillage élégant des Eucalyptus Globulus. LE NATURALISTE 2925 Nos dessins, reproductions de photographies prises sur les lieux, donnent une idée de la végétation sponta- née de l'ile et de cette végétation importée. Paul COMBES. PHOTOGRAPHIE Photographie des tubes de culture de champignons ou de bactéries, — La photo- graphie des tubes où l’on cultive des microbes ou des champignons présente un grand intérêt, puisque c’est le seul moyen que l’on ait de les conserver et d'en avoir une reproduction fidèle. Malheureusement les reflets du tube nuisent considérablement à la bonne réussite des opérations. Aussi certains biologistes enlèvent-ils, avec un diamant, toute la partie antérieure du tube, de manière à mettre à nu la gélatine intérieure, Mais ce pro- cédé est un peu radical et ne permet plus de suivre l’évolution ultérieure de la culture. Il est préférable d’em- plover le moyen suivant que nous trouvons dans un ouvrage de M. le docteur À. Burais (1). En face d’une fenêtre bien éclairée, on dispose une table sur laquelle on place une cuve à faces parallèles remplie d'eau, on fixe le tube de culture à un support armé d'une pinee; ceci fait, on le plonge complètement dans l’eau. Immédiatement on s’apercoit que les reflets habituels viennent de disparaitre sur la partie du tube contenant le milieu de culture. Dans la partie vide, ils n'ont aucune importance et semblent même agrémenter la photographie en donnant mieux l'aspect du tube. On pourrait, avec les colonies ne liquéfiant pas la gélatine, faire disparaitre tout reflet. Il suflit de remplir le tube avec de l’eau ou de la glycérine. Si l’on photographiait sans aucune précaution, on n'obtiendrait cependant qu'un mauvais cliché. Et cela est facile à comprendre. Puisque nous opérons à contre-jour, il y aura des halos et les clichés seront de plus grisés par la lumière entrant de tous côtés dans l'objectif : de plus, nous n’aurions pas de fond noir. Entre la fenêtre et la cuve, on dispose un écran en velours noir fixé sur une planchette que l'on incline à 45° environ. De cette facon, on voit le tube par transparence sur fond noir. A la partie supérieure de la cuve à face parallèles, on dispose un deuxième écran vertical descendant de { centimètre environ au-dessous du niveau de l’eau, pour éviter la lumiere réfléchie par l’eau et protéger l'objectif contre la lumière directe, Quand tout est en place, on monte l'appareil de facon que l'objectif soit à la hauteur du tube, et l’on fait la mise au point qui sera sensiblement la même pour tous les tubes qu’on photographiera dans la même séance. A l’aide de deux règles plates, on réunit le corps antérieur de la chambre à la cuve contenant le tube et l’on couvre le tout d'un voile noir. Il n’y a plus de halo ou d’auréole à craindre, puisqu'il n’y à point de lumière directe péné- trant dans l'objectif. En poussant les précautions plus loin, on pourrait appliquer contre la cuve une feuille de carton portant une fenêtre découpée, laissant environ 4 centimètre de marge autour du tube. Il est encore une précaution sur laquelle nous nous permettrous d'insister: c'est de remplir la cuve avec de l'eau ayant bouilli et de tremper le tube dans l’alcool avant de le plonger dans l’eau; si l’on ne prend ce soin, on voit de toutes petites bulles d'air se fixer aux faces de la cuve et le long du tube. Il est très difficile de les déplacer, même avec un agitateur ou une barbe de plume; elles déparent la photographie. (1) Application de la photographie à la médecine. Gauthier- Villars, éditeur. QUELQUES ILLUSIONS D'OPTIQUE DANS LA NATURE LE MIRAGE Quand on parle d'images trompeuses qui constituent ce qu'on nomme le mirage, on se représente ordinaire- ment le tableau pour ainsi dire classique d’une caravane en marche dans le désert; fatiguée des longues étapes qu'elle vient de parcourir dans des sables sans fin, acca- blée et altérée sous un soleil brûlant, elle voit se dessiner au loin une oasis, de la végétation, des palmiers, même un lac. La petite troupe va atteindre ce but si ardemment convoité, son courage et ses forces reviennent, quand brusquement tout disparait, tout s’évanouit devant les voyageurs décus. On a observé certains cas de mirage en plein Paris du- rant les chaudes journées, parfois la nuit, où, grâce à de curieux effets de lune, des monuments ou même tout un quartier de la capitale se reproduisirent d’une facon magique dans le ciel. Mais c'est principalement sur les vastes plaines sablonneuses, sur les côtes basses de la mer ou sur celles formées de dunes peu élevées, ou sur le littoral des lacs et des rivières que ces phénomènes se manifestent sous différents aspects, Nous mentionnons ici quelques cas constatés en voyage, pour leurs rapports soit avec la configuration du terrain ou de la nature environnante, soit avec des êtres se mouvant sur le sol et qui deviennent ainsi l’ob- jet du phénomène. Au mois de mai, le yacht — à bord duquel je me trou- vais — entrait dans la baie de Léoriea, non loin du Banc d'Arguin, sur la côte occidentale d'Afrique; en plusieurs endroits, la rive se présentait sous l'aspect de châteaux forts, possédant tourelles et créneaux, et l’on aurait été porté à admettre ces curieuses images comme réelles si les cartes ne nous avaient indiqué que nous arrivions dans des parages entièrement inhabités. Les dunes qui engendraient cette architecture purement imaginaire caractérisent la plus grande partie de cette côte, les plus basses étant disposées en mamelons très plats et peu éloignés les uns des autres. D'autres exemples, non moins intéressants, nous étaient réservés durant nos excursions également au Sahara. Le long promontoire constituant le Cap Blanc peut mesurer, selon les évaluations, environ quarante kilo- mètres de longueur, sa largeur moyenne varie de cinq à six kilomètres, Il consiste uniquement en un sol bas et sablouneux, recouvert d'une quantité de collines et de dunes ; ces mamelons se succèdent de distance en dis- tance pour se terminer au sud par un plateau de roches, des grès verts stratiliés. Autour de la pointe du Cap, ce plateau s'élève jusqu'à une trentaine de mètres au-des- sus du niveau de la mer. Nous marchions depuis près de trois heures dans une direction entièrement opposée à cette presqu'ile, et vers l'iutérieur des terres, quand nous vimes tout à coup surgir presque tout ce grand promontoire du milieu des sables ou plutôt il semblait un peu élevé au-dessus de l'horizon et entouré d’une immense nappe d'eau circu- laire. Le Cap était très rapproché de nous; en particu- lier, l'on distinguait, à merveille, le plateau rocheux, même les détails de cette formation de grès qui contras- tait d’ailleurs par sa couleur grisâtre avec le reste de la 99 99 LE NATURALISTE presqu'ile d’une blancheur éclatante disparaissant au loin. Tout se dissipa au bout d’une dizaine de minutes. Une autre fois, il y eut une alerte comique : un mate- lot qui nous devancait se retourne en annonçant triom- phalement l'approche d’éléphants dans cette région! C'étaient simplement deux hyènes qui se dirigeaient vers nous. Vus à cinq cents pas, ces animaux semblaient hissés sur des échasses et prenaient une taille gigan- tesque. À propos de cette altération ou grossissement des objets, simples effets de réfraction qui forment aussi un genre de mirage, nous rapprocherons l'incident amusant, arrivé durant la campagne d'Algérie. Le cas a été vu et raconté par M. Bonnefont,. « Une troupe de Flamants, échassiers fort communs « dans cette province, défila sur la route sud-est, à six « kilomètres de distance. Ces volatiles, à mesure qu'ils « quittaient le sol pour marcher sur la surface du lac, « prenaient des dimensions telles qu'ils ressemblaient, « à s’y méprendre, à des cavaliers arabes défilant en or- « dre! L'illusion fut un instant si complète que le gé- « néral en chef, Bugeaud, dépêcha un spahis en éclai- « reur. Ce cavalier traversa le lac en ligne droite ; mais « arrivés au point où les ondulations commençaient à se € produire, les jambes du cheval prirent insensiblement « de telles dimensions en hauteur que cheval et cavalier « semblaient être supportés par un animal fantastique « ayant plusieurs mètres de hauteur, et se jouant au « milieu des flots qui semblaient le submerger.. Tout le « monde contemplait ce phénomène curieux, lorsque un « épais nuage interceptant les rayons du soleil fit dis- « paraître ces effets d'optique et rétablit la réalité de tous « les objets. » Il va sans dire que les explorateurs, les marins et pêcheurs ayant bien l'habitude de l’horizon et doués d'une vue longue et étendue remarquent plus facilement ces illusions d'optique qui peuvent échapper à d'autres ; elles se produisent tout aussi bien dans les régions sep - tentrionales que dans les contrées chaudes. Le voyageur M. Cruz a vu, quand l'air était parfaite- ment calme, les iles Kokernon (Groenland) élever leurs rivages sous forme de falaises et de ruines, cas très semblable à celui que nous citions sur la côte d'Afrique : nous avons vu nous-même, dans les mers falaises, la banquise prendre à l'horizon des formes bien singulières qui disparaissaient ensuite; par moments, les glaces semblaient séparées de la mer et suspendues au ciel, et, dans les mêmes conditions d’atmosphèere, le Dr Labonne rapporte au sujet de l'Islande : « Tandis qu'en Algérie « ce sont des lacs immenses scintillant au soleil qui s’of- « frent, comme par dérision, à la vue du voyageur al- « téré, ici, dans un pays absolument dépourvu d'arbres, « ce sont précisément des forêts que l’on aperçoit ». Les immenses champs de lave volcanique qui s'éten- dent sur toute l'Islande, la transparence admirable de l'air et le calme qui y règne en certaines journées nous paraissent être des conditions favorables à ces effets. Du- rant notre séjour de plus d'un mois, nous n’eüines pas la chance d’en voir un seul; l'atmosphère était, d’ailleurs, toujours agitée. Mais que dire des origines de ces forêts qu'on a vues se dessiner au loin? Seraient-ce des reflets d'arbres du nord de l'Écosse ou de quelque côte du Groenland, ou bien du même ordre que les apparitions en pleine mer de portions de continents et d’iles, terres capricieuses, à la vue du pilote étonné. Au point de vue physique, on sait que le mirage est un phénomène de réflexion totale, et se produit toutes les fois que des rayons lumineux par lesquels notre œil dis- cerne les objets subissent dans leur parcours une dévia- tion. Cette déviation a pour origine une différence qui s’est produite dans la densité des couches d’air que les rayons lumineux ont à traverser; d'un milieu moins dense dans un milieu plus dense, ils s’abaissent vers le sol et, au contraire, quand ils passent d'un milieu plus dense dans un milieu moins dense, ils se relèvent vers le ciel, L’angle des réfractions étant toujours plus grand que l'angle d'incidence, il arrive un moment où l’angle forme l'angle limite de 90° qui est angle droit avec la verticale ; au delà de cet angle limite, les rayons sont réfléchis et remontent. Les illusions d'optique ont toujours lieu quand l'air est très calme et quand les couches atmosphériques, voi- sines du sol où en contact avec la terre, s’échauffent beaucoup et font l'office d'un miroir. Comme pour le cas de l’oasis, mentionné en tête de cette notice, des ob- jets réellement fort éloignés de l'observateur — arbres, lacs où maisons — s’en rapprochent beaucoup et se re- produisent même agrandis, bien qu'ils paraissent sou- vent un peu vagues ou déformés. C’est le mirage ordi- naire, le plus fréquent peut-être, où les densités de l’air croissent avec la hauteur, les trajectoires restant dans leur partie inférieure, connexes vers le sol. Si les densités de l'air décroissent avec la hauteur, les trajectoires deviennent, au contraire, concaves vers le sol et, si la progression est très rapide, l'effet réfringent de ces couches (le miroir) peut donner aux trajectoires une courbure très prononcée vers le ciel jusqu'à atteindre même — on a calculé — la moitié, la totalité de la cour- bure d’un grand cercle de la terre à la surface. Ces con- ditions peuvent donc causer un rapprochement considé- rable d'objets, terrain, montagnes, villes, situés bien au delà de l'horizon ou habituellement masqués par d’autres objets. L’exemple constaté sur le promontoire du cap Blanc nous parait devoir rentrer dans cette catégorie. Quant aux simples eflets de réfraction, ils se manifes- tent non seulement par le grossissement, mais par l’al- tération d'objets ou d'êtres en mouvement sur le sol,etc. Ainsi que nous avons décrit deux faits de cet ordre (Hyènes et Flamants), c’est aussi là un mirage inférieur assez fréquent, toujours bien entendu lorsque les condi- tions de l’atmosphère sont favorables. Il devient par contre difficile de classer et d'expliquer les formes imaginaires observées par Cruz sur les rivages des îles Kokernen et par nous-même sur ceux de la baie de Leoriea; on ne peut également attribuer leur origine qu'au jeu des rayons solaires dans des couches d’air de densités inégales. Les étranges phénomènes mentionnés au sujet de l'Islande recevront peut-être un jour une solution si les voyageurs qui ont la chance de les observer les étudient et les décrivent dans leurs détails et l’on saura alors s’il faut les admettre pour des reflets extrêmement lointains d'objets réels. F. de SCHAECK. LE NATURALISTE LES FORÊTS EN BIRMANIE Les forêts en Birmanie couvrent une immense étendue de terrain évaluée à 14.224.000 hectares dont 3.662,600 ont été étudiés, mesurés et déclarés par le gouvernement forêts de réserve. Ces réserves sont augmentées tous les ans au fur et à mesure que l’on découvre en elles des bois de valeur. L'année 1897-98 les a vu s’agrandir de 168.000 hectares. Toutes les forêts, de quelque nature qu’elles soient, sont la propriété exclusive du gouvernement, et il est défendu d'y toucher sans avoir préalablement obtenu une licence qui fixe exactement la quantité et la qualité de ce qu'on peut couper. L'exploitation en est faite, soit directement par le gou- vernement, soit par des compagnies qui ont obtenu de grandes étendues à bail, soit par licences accordées à des particuliers. Les forêts ont rapporté en 1897-98 au gouvernement un revenu de 12.257.000 francs. Les principaux produits qu'on y trouve sont : le bois de teck, le Pinkado (Xylia dolabriformis), le Pyinma (La- gustrænia flos reginæ), le Kanyin (Dypterocarpus alatus), le In (Dypterocarpus tuberculatus), le Padank, espèce de bois rougeâtre avec lequel on fait de beaux meubles, et d’autres bois dont on se sert pour les bâtisses; le Ficus elastica dont on extrait le caoutchouc, des bambous en quantité, des joncs avec lesquels on fabrique de très jo- lies nattes. Durant l’année 1897-98, il a été extrait un peu plus de 900.000 stères de bois dont 462.500 stères de teck. Les bois de feu et de charbon sont évalués à 736.000 stères. Le nombre des bambous coupés s’est élevé à 130.200.000. La production du cachou et du caoutchouc est en di- minution., L’exportation du cachou pour l'Europe est tombée de 58.531 quintaux à 48.161 quintaux évalués à 3.160.000 fr.; l'exportation, à destination de l'Inde, est tombée de 16.200 quintaux à 6.136 évalués à 391.000 fr. L’exportation du caoutchouc est tombée de 2.015 quin- taux à 1.725 évalués à 1 million. L’extraction du bois de teck revient au gouvernement à 15 fr. 30 le stère. Vendu à l’encan en grume, ce bois a atteint le prix moyen de 53 fr. 80. Le teck exporté dans l'Inde n’a pas la même valeur que celui exporté en Europe. Ce dernier est toujours du bois choisi de première qualité, Ce commerce s’est élevé pour l'Europe, pendant l’an- née 1897-98, à 110.000 stères évalués à 15.711.640 fr., et pour l’Inde à 165.000 stères valant 14.362.340 fr. Les Plantes DANS L'ANTIQUITÉ : LÉGENDES, POÉSIE, HISTOIRE, ETC., ETC. Voltaire a chanté et surtout cultivé la rose. Le roi de Prusse se promenant un jour avec lui dans les jardins de Potsdam, lui demanda une de ces fleurs ; le poète la cueillit et la lui présenta en disant : Phénix des beaux esprits, modèle des guerriers, Cette rose naquit au pied de vos lauriers. Voltaire n’était pas flatteur à demi, Dans la Henriade (Chant IX, v. 176-179), à propos de Gabrielle d’Estrées, il dir : Son cœur, né pour aimer, mais fier et généreux, D'aucun amant encor n'avait recu les vœux; Semblable en son printemps à la rose nouvelle, Qui renferme en naissant sa beauté naturelle, Cache aux vents amoureux les trésors de son sein Et s'ouvre aux doux rayons d’un jour pur et serein. Il écrivait à une dame qui lui avait donné un rosier : Vous embellissez la retraite, Où loin des sots et de leur bruit, Dans le sein d’une étude abstraite De la paix je goûte lo fruit. C’est par vos bienfaits qu’il arrive Que le plus charmant arbrisseau Au verger que ma main cultive Va prêter un éclat nouveau : De ce don mon âme est touchée. Ainsi, dans l’âge heureux d’Astrée, La main brillante des talents, En dépit des traits de l'envie, Sur les épines de la vie Sema les roses du printemps. Le 3 mars 1759, il écrivait, des Délices, au président de Ruffey : Vos rosiers sont dans mes jardins, Et leurs fleurs vont bientôt paraitre. Doux asile où je suis mon maitre! Je renonce aux lauriers si vains Qu’à Paris j'aimai trop peut-être : Je me suis trop piqué les mains Aux épines qu'ils ont fait naître. «Je viens de recevoir, Monsieur, et de faire planter sur- le-champ vos jolis rosiers de Bourgogne; j'y ai mis la main; je les ai baptisés de votre nom; ils s'appellent des Ruffey, et j’en donnerai sous ce nom à mes voisins, qui partageront ma reconnaissance, etc. » Qui l’eût dit? La rose a été, et est encore, sans doute, l’objet d’extraordinaires antipathies : Francois Venier, doge de Venise, et le chevalier de Guise se trouvaient mal s'ils respiraient l'odeur de cette fleur; Anne d'Autriche ne pouvait pas en supporter la vue, même en peinture! La princesse de Lamballe s'éva- nouissait à la vue d'une rose... Jean II, csar de Moscovie, s'évanouissait à la vue d’une femme... De là, dit un auteur, une preuve absolue du rapport très étroit qui existe entre les dames et la rose : Entre les femmes et les roses Il est mille rapports parfaits; Même destin en toutes choses, Même beauté, mêmes attraits. Oui, Femme et Rose sont divines; Mais en nous charmant tour à tour, L'une blesse avec ses épines, L'autre avec les traits de l'amour. Mais les roses n'étaient pas antipathiques au roi Antio- chus, qui couchait sur ces fleurs, pendant l’hiver, sous des tentes de soie brochées d'or; Ni à l’empereur Galien, qui dormait sous des berceaux de roses; Ni au proconsul Verrès, qui siégeait sur des coussins parfumés de roses, et qui avait toujours sous le nez des sachets pleins de pétales de ces fleurs ; Ni à Antoine qui, en mourant, pria Cléopâtre d'en couvrir sa tombe, Après la campagne de Cirra, les Lacédémoniens eux- mêmes, ces durs enfants de Sparte, ne voulurent boire que du vin parfumé de roses. Les Romains surtout faisaient une énorme consom- 228 mation de ces fleurs, soit pour la décoration de leurs habitations, soit pour l’ornement des tables dans les fes- tins, soit pour se couronner, usage qui se conserva bien longtemps et dans les premiers siècles du christianisme, puisquenous voyons Tertullien et saintClémentd’Alexan- drie fulminer contre cet usage; saint Clément trouvait mauvais queles chrétiens se couronnassent de roses, alors que N.-$.Jésus-Christ avait porté une couronne d'épines. Néanmoins, le christianisme ayant conservé une foule d’usages des anciens Hébreux dans les cérémonies du culte (aujourd'hui encore on marie au nom du Dieu d'Abraham et de Jacob, et tous les livres hébreux sont nos livres sacrés), Tertullien et saint Clément eussent pu passer les couronnes aux chrétiens, car le Grand-Prêtre se couronnait de roses dans le Temple,pendant les sacri- fices. On sait que le rosier était cultivé abondamment en Judée, particulièrement le rosier rouge, d’une odeur fort agréable et qui entrait dans la composition de nombreux parfums; les roses de Jéricho étaient surtout célèbres ; Diodore de Sicile, Strabon, Josèphe et plusieurs autres auteurs parlent des grands bénéfices que l’on retirait de cette culture. De leur côté, saint Basile et saint Ambroise disent qu'au commencement du monde les roses naissaient sans épines ; le premier affirmait qu'elles prirent peu à peu des aiguillons en voyant les hommes mépriser leur beauté ; le second, après avoir simplement constaté la naissance des épines, dit que c’est là l’image réelle de la vie humaine qui, autour des perfections dont le Créateur l’a douée, voit poindre les aiguillons de continuels sou- cis, etc. : Surrexerat antè floribus immixta lerrenis sine spinis rosa, et pulcherrimus fios sine ulla fraude vernabat,etc. , À Athènes, pendant les fêtes de l’'Hymen, les jeunes gens des deux sexes, nus, couronnés de roses et parés de fleurs, formaient des danses qui avaient pour objet de peindre l'innocence des premiers temps (???). Il est pro- bable qu'après ces danses ces vertueux jeunes gens étaient tout portés à manifester pratiquement sur la cor- ruption des temps présents. La rose servait encore, en Grèce, aux amants pour pronostiquer sur l'avenir de leurs amours : ils faisaient claquer des feuilles de roses sur leur front, et, lorsqu'elles ne rendaient pas un son éclatant, c'était mauvais signe. Ce genre de consultation es encore en usage de nos jours et, à défaut de roses,nos innocentes campagnardes se servent des pétales du coquelicot. À Baies, lorsqu'on donnait des fêtes sur l’eau, tout le lac Lucrin était couvert de roses, Aristippe, respirant un jour le parfum d’une rose, éprouvait un plaisir si intense qu'il s'écria : « Maudits soient les efféminés qui ont fait décrier de si douces sen- sations ! » On couvrait de roses les sépultures; aussi lit-on dans certaines épitaphes que les parents s'engageaient à aller tous les jours répandre des roses sur la tombe des morts ; d’autres épitaphes exprimaient la volonté expresse du défunt à ce sujet. À Ravenne, une pierre tombale porte cette inscription : OB MEMORIAM PATRIS SVI DEC. VII COLLEGII FAB. M. R. HS B. N. LIBERALITATE DONNAVIT SUB HAC CONDITIONNE VT QUOTANNIS ROSAS AD MO —= NVMEMTVM EIVS DEFERANT ET 1BI EPV = LENTVR DVMTAXAT IN V. ID, IVLIAS. QVOD SI NEGLEXERINT, TVNC AD VII EIVSDEM COLLE —= GII PERTINERE DEBEBIT CONDITIONNE DICTA. LE NATURALISTE « En mémoire de son père,il a libéralement donné aux conseillers du septième collège de la ville mille sesterces, à la charge de porter, chaque année, des roses sur sa tombe et d'y faire un repas, le 41e jour de juillet. S'ils n'en tiennent pas compte, cette somme appartiendra au huitième collège, sous les mêmes conditions. Dans l’église Saint-Benoît, à Côme, se trouve la sé- pulture d’une dame Valérienne er de son fils Valérien, portant l'inscription suivante : VT PER TESSERARIOR, QVOTANNIS LECTISTER — NIVM PONATVR ET PARENTETVR. ÎTEM CORONÆ MYRT. TERNÆ, ET TEMPORE ROSÆ IVLIO TERNÆ EIS PONANTUR. « Que, par les soins de ceux qui portent le mot de passe, soit fait un repas et une cérémonie funébre, et qu'on déposeici, au mois de juillet, trois couronnes de myrte et trois couronnes de roses. » N'oublions pas, enfin, que la rose fut aussi un signe d'infamie, chez nous, chrétiens, bien entendu. Le synode de Nimes tenu dans le 1° siècle enjoi- gnait aux juifs, pour se distinguer des serviteurs du Christ, de celui qui avait dit: Aimez-vous les uns les autres, de porter sur la poitrine l’image d'une rose, sans doute en souvenir des roses que portait jadis le Grand- Prêtre dans le Temple. Aujourd’hui encore, d’ailleurs, les juifs célèbrent la Päque des Roses, pendant laquelle ils ornent de ces fleurs leurs meubles, leurs chandeliers, leurs lampes, etc. Faut-ilparlerdes innombrables superstitions auxquelles la rose a donné lieu ? Ce serait un gros volume à faire. Je me bornerai à cette croyance, rapportée par l’auteur du livre intitulé De virtutibus herbarum, que l’on attribue généralement à Albert le Grand : si l’on fait un mélange de soufre, de graines de moutarde, de semences de roses dans de l'huile, en y ajoutant un pied de belette, et si l’on en frotte une maison pendant que le soleil brille, toute la maison s’illuminera comme si elle était en feu, Aujourd’hui, pour produire ce phénomène, on badigeon- nerait tout simplement les murs avec du sulfure de cal- cium. Mais voici un comble. Il s’agit de la Palingénésie des roses, c'est-à-dire de la résurrection d’une plante quel- conque, renaissant, telle le Phénix. du milieu de ses débris. L'illustre Père Kircher s’est fait le crédule écho de cette inconcevable superstition dans son Mundus sub- terraneus : voici, d'après lui, comment on opère : « On prend quatre livres de graines de la plante qu’on désire faire renaître ; on les pile, on met la poudre dans un vaisseau de verre de la grandeur de la plante, on bouche exactement, on tient en lieu sec et tempéré. Un soir, par un temps bien serein, on expose les graines pilées à la rosée dans un large plat, et on les remet dans le vaisseau avant le lever du soleil. Pendant la même nuit, à l’aide d’un grand linge bien propre, tendu sur quatre pieux, on récolte huit pintes de la même rosée; on la distille, on fait calciner ce qui ne se distille pas, et le sel qui en résulte, mélangé avec la rosée distillée, est jeté sur les graines. On ferme soigneusement le vaisseau qui contient le tout, et on le met pendant un mois dans du crottin de cheval. On expose ensuite au soleil pendant le jour, à la lune pendant la nuit, on serre en lieu sec dans les temps pluvieux. Un jour arrive où la moindre chaleur fait développer une tige, des feuilles et des LE NATURALISTE 19 19 © fleurs. Dès que la chaleur cesse, le spectacle s’évanouit, mais il se renouvelle si on chauffe le vaisseau. » Et dire que le savant jésuite n'avait qu'à essayer lui- même ce mirifique procédé de résurrection pour s'éviter le ridicule de semblables niaiseries! Que l’on jette donc la pierre à Pline pour la masse de racontars de bonnes femmes dont il a émaillé son immortel ouvrage. La rose était employée dans la médecine des anciens, etelle l’est encore aujourd'hui dans la nôtre. Dans les De medicina præcepta (ch. LV), Serenus Sammonicus dit : Proderit et magnum capiti substernere fulcrum ; Prodest et mixtam lymphis potare cupressum, Palladiis itidem succis cum flore rosarum Jungis, et immisces madidum tritumque papaver, Quo lita frons facilem præbebit nocte quietem. « Contre la fièvre... il est bon d’avoir encore au lit la tête élevée, de boire des infusions de feuilles de cyprès, ou de se frotter le front avec un mélange d'huile, de feuilles de roses et de pavot frais broyé: cette fomenta- ton ramènera sans peine le sommeil pour la nuit qui suit, » Dans son De viribus herbarum (ch. XXI), maur Flo- ridus décrit ainsi les vertus de la rose : « C’est à juste titre que la rose est regardée comme la reine des fleurs, car elle n’a point d’égale en beauté et en odeur, Elle n’a pas seulement le don de plaire, elle a aussi plusieurs propriétés médicinales, Elle a une force de froideur et de siccité du premier degré. Broyée et appliquée en cataplasme, elle apaise le feu sacré; elle éteint également les inflammations de l'estomac ou des entrailles. Avec du vin, elle arrête les hémorragies uté- rines et la dysenterie. Le suc de cette fleur entre dans la composition de la plupart des collyres. Desséchée et réduite en poudre, elle est très bonne contre les affections . de la bouche, soit qu’on Pemploie seule en frictions, soit qu'on la mélange avec du miel. Broyée toute fraiche, elle apaise toutes sortes d’inflammations: mêlée avec de l'hydromel, elle donne une boisson qui a la même vertu, » Le médecin hispano-arabe Ibn-el-Beïthar nous fournit les indications suivantes sur les propriétés de la rose, citées par les praticiens dont il a compilé les ouvrages : € 9 Ouard, Rose ». — Le mot ouard signifie la flo- raison de toute plante; on l’a ensuite appliqué spécia- lement à la rose. La rose à l’état sec est plus astringente qu'à l’état frais (Dioscoride, Liv. I; Galien, liv. II). Elle fortifie les organes, soit en substance, soit par son suc ou son huile. Elle rafraichit toutes les inflammations de la tête, surtout la rose rouge; quant à la blanche, elle est moins active, bien qu’elle soit plus odorante (Eïssa- ibn-Massa). Elle convient à l'estomac et au foie. Elle dilate les obstructions du foie produites par la chaleur. Cuite avec du miel, elle convient à la gorge comme gargarisme (Is-hak-ibn-Amran). Elle provoque l’éternuement chez les sujets qui ont le cerveau et l'estomac chauds (Yayia-ibn-Massouih). Elle calme la fièvre. Elle provoque le coryza. Dormir sur un lit de roses déprime les forces viriles et provoque des selles. abondantes (Razés). Elle est très apéritive et calme l’effervescence de la bile. Le vulgaire prétend que, sous forme de poudre, elle fait tomber toutes les verrues. Elle convient contre les ulcères qui se produisent entre les cuisses et aux aines. Elle fait pousser des chairs aux ulcères profonds. Le peuple prétend que, sous forme de cataplasme, elle attire les piquants et les échardes. La décoction de roses sèches convient contre l’engorgement des paupières (Ibn- Sina-abou-Ali-el-Hossein (1). Confite avec du miel, elle déterge tout ce qu'il y a de pituite dans l'estomac, et elle en expulse les putridités, ainsi que celle des viscères. Confite dans du sucre, elle agit avec moins d'activité (Maisth). Si l'on prend du julep avec de l’eau de roses et du sucre candi, c'est une boisson salutaire aux sujets affectés de fièvre aiguë avec soif et inflammation de l'estomac (Ahmed ibn-Abi-Khäled). Employée en embrocations, l'huile de roses donne des forces au cerveau et à l'intelligence (Dioscorides ; Avi- cenne). L'huile de roses refroidit légèrement ; elle incline à la sécheresse et à l'humidité; elle tient le milieu entre les deux, si elle n'approche pas davantage de la sécheresse. Elle fortifie les organes; rien de meilleur pour les plaies, dont elle calme la douleur vive au début, et dissipe aussi bien la tuméfaction. Elle agit, dans ce cas, avec une efli- cacité que l’on n’obtiendrait pas d'un charme (Ibn- Zohr), etc., etc. Notre bonne sainte Hildegarde (Physica, Lib. 1, de Plan- tis, Cap. xxI1) dit à son tour : « La rose est froide, À la pointe du jour, prenez des feuilles de rose et posez-les sur vos veux : elles en enlè- veront l'humeur, c’est-à-dire le trieffen (?), éclairciront la vue, Et que celui qui est enclin à la colère prenne des roses et un peu de sauge; qu'il la pulvérise, et qu'il prise de cette poudre quand il sent que la colère va s'emparer de lui; car la sauge console, calme, et la rose rend joyeux. Prenez encore des feuilles de rose et un peu de sauge, avec de la graisse de porc fraiche, et faites cuire le tout dans l’eau, de facon à en obtenir un onguent, Si un homme est atteint de crampes ou de paralysie, qu'il se frotte avec cet onguent, et il sera immédiatement soulagé, » L'École de Salerne ne pouvait passer la rose sous si- lence; voici comment elle décrit ses propriétés : ROSA Curat hæmorroïdas Rosa, semine, cortice demptis ; Gengivas, colicam, caputque juvat ipsa dolentis. « La Rose, débarrassée de ses graines et de son écorce, guérit les hémorroides, les douleurs de gencives, la colique, et calme les maux de tête. » Ce que Ch. Meaux Saint-Marc traduit ainsi (cela rap- pelle vaguement les Racines grecques du bon Lancelot) : Semence, écorce à part, la Rose adoucissante Contre l’hémorroïde offre une eau bienfaisante ; De colique irritante elle apaise l'accès; À la tête, à la bouche obtient double succes. (A suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. (DA vICENNE (corruption d’Ibn-Sina surnommé le Prince des médecins, le plus illustre des médecins arabes) (980-1037). 230 LE NATURALISTE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ALGÉRIE L'importance du but poursuivi, celui de la reconstitu- tion de troupeaux d’autruches en Afrique française, est- elle en rapport avec l’énormité des efforts qui nous sont nécessaires pour l’atteindre ? Ce Sahara, que nous vou- lons conquérir, doit-il nous donner, un jour, une rému- nération suffisante de nos travaux et de nos peines?Non! répondent les adversaires de nos projets civilisateurs et de la marche en avant, Bien mieux; de nos amis, vieux Algériens, disent avec conviction : s’il était à nous notre premier devoir devrait être de l’évacuer, reconstituer l’autruche dans le Sahara est une chimère !.... En effet, de quel profit peuvent être pour nous ces im- menses steppes où rien ne pousse, ces régions d'où la vie est absente? Rien à coloniser, rien à mettre en va- leur. Le Sahara nourrit autant d'habitants qu'il peut en contenir ; et même, bien que le chiffre de cette popula- tion soit infime, il est encore trop considérable, puisque les habitants, ne pouvant vivre de leurs travaux et de leurs cultures, sont obligés d’avoir recours aux rapines et au pillage. L'hypothèse d’un chemin de fer transsa- harien est, au point de vue commercial, une utopie pure. Quelques wagons, chaque automne, sufliront à drainer toutes les dattes du Touat, le seul groupe d’oasis réelle- ment important, et un train effectuera en un voyage le même travail que des milliers de chameaux. Les plumes dautruche ne pourront donner un tonnage kilométrique appréciable. Quant aux marchandises du Soudan, elles arriveraient dans nos ports algériens grevées de frais de transport énormes.Et nous ne parlons pas des difficultés de construction de la voie, de son entretien, du ravitail- lement des locomotives en chauffage et eau douce, enfin des frais de garde et d'entretien du personnel. Ces immenses territoires que la convention nous a donnés, aucun peuple ne nous les envie. Ce ne sera pas un médiocre sujet d’étonnement pour nos remplaçants que l’histoire de létablissement d'un empire français en Afrique. En 1830, nous prenons pied, malgré nous, en Algérie. Une expédition destinée à châtier les pirates barbaresques se transforme en une armée conquérante. Le gouvernement est opposé. à la prise de possession du pays, il préconise le système de l'occupation restreinte ; mais la force des choses nous en- traine au delà des bornes que nous nous sommes tracées. L'initiative individuelle fait ce que la timidité de nos gouvernants n'ose entreprendre; dix-sept années de luttes nous assurent la possession d'un pays grand comme la France ; mais que de pertes évitées, que d'é- conomies réalisées si l’on s'était résolu d'emblée et sans hésiter à tous les sacrifices nécessaires, si la conquête, en un mot, avait été l'effet d'un plan arrêté d'avance, si de larges mesures de conservation de l'autruche sauvage eussent été prises, nous ne COnstaterions pas les effets d'une série d'aventures et des échecs pour les éleveurs! Mais le grand courant qui porte la France en Afrique emportera toutes les résistances; depuis quinze ans, nos possessions du Sénégal et du Soudan ont décuplé d’é- tendue, leur jonction avec l'Algérie s'impose. La recons- titution de l’autruche barbaresque en sera la conséquence naturelle |... L'Office colonial du 29 mai dernier a recu une lettre de M. le colonel chargé de l'expédition des affaires du Soudan francais dont je reproduis quelques parties essen- tielles. « … De toutes les régions du Soudan, le Sahel est celle où l’autruche vit dans les plus mauvaises condi- tions. Néanmoins, je persiste à croire que l'élevage de l'autruche et des soins rationnels arriveraient à redonner à la plume du Soudan la vogue qu'elle avait autrefois, alors qu’elle arrivait aux ports de la Méditerranée par les routes du désert (1). D'après certains spécialistes, l’autruche du Soudan, de plus petite taille que celle du Sud africain, donne en re- vanche des plumes d'une plus grande valeur. Or, malgré les dévastations qu'ont subies depuis de nombreuses an- nées les territoires du nord de la Boucle du Niger, ceux compris aux environs du lac Faguibine et ceux qui s'é- tendent entre le Nigeretle Tchad, l'on y rencontre encore l’autruche en grand nombre. Dans le Sahel et à l'Ouest de Tombouctou, elle vit plus généralement à l’état sau- vage; l’on en voit de fréquentes bandes, Les Maures et les tribus arabes les chassent pour en avoir des dé- pouilles ; ils en mangent la chair qui forme une sorte de viande de boucherie de qualité moyenne. Dans la boucle du Niger, au nord de la ligne Tom- bouctou-Say, l'autruche est très commune à l’état sau- vage et à l’état apprivoisé. Dans l’Aribinda et le Liptako, à Dori, à Sinder, sur le Niger, chaque famille possède une ou deux autruches de case. Il est hors de doute que des soins éclairés amèneraient une multiplication certaine de l'espèce et redonneraient à ces plumes la valeur incontestable de jadis. D'autre part, les terrains favorables à l'établissement d’autru- cheries sont nombreux. Je me réserve d’ailleurs de re- venir plus tard sur ce sujet qui me parait digne d'inté- rêt, car, si les plumes du Soudan ne peuvent pas avant longtemps arriver à lutter sur les marchés européens avec celles du Cap et de l'Égypte, au point de vue de la quantité, il n’est peut-être pas chimérique de désirer leur procurer l'avantage au point de vue de la qualité ». Il faut espérer que l’on entrera franchement dans la voie pratique devant réaliser les espérances des créateurs de l'élevage au Soudan français. Pour cela il est un moyen rapide et pratique, il faut concéder un domaine conve- nable pour créer un élevage offrant toutes garanties ae sécurité et de ressources et attirer quelques colons an- glais ou boers de l'Afrique du Sud ayant déjà pratiqué l'élevage et qui formeront des éleveurs français qu'on ne saurait trouver, hélas! ni en Algérie, ni en Tunisie, malgré l'intervention des notabilités du monde savant et industriel, ainsi que des chambres de commerce du Conseil municipal de Paris, du Conseil général de la Seine ; je me permettrai de rappeler mes efforts désinté- ressés depuis une vingtaine d'années, qui s’éteindront avec moi-même. 0 Jules FOREST. (1) Je suis avisé personnellement de la reprise des relaticns par caravanes du Soudan à Mogador (Maroc). Les plumes d’autruche sont achetées par des Américains qui les expédient à New-York, ainsi que des peaux de chèvre bien estimées. Le Gérant: Pau (GROULT, té PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. 0 2 LE NATURALISTE (sauvydhpar —) ‘FEI SUWOJEr) F ‘3y) S099eye no sorpuozde soajÂto sop sorned} “Iqex sdorex 51 °8y) sogubreu qjuowoqroz sou {te sop sommedg M LIN GES RE (ozr ‘8g) siuop sues soinoriqque sossin9 QI (sadoydouz —) er sndoyjue9y N “(617 8y)jeurwuos np soad ju9p 994107 — TG dns #7 SW "w oun,p Saluies Soinoniqque s9sstmM ‘Sdojex 1098 np SUOISIAIPNS S9p ouuw09 onb jouuoone] ‘J AC s94opisuoo quos ou 101 suonbipur snou onb soruo8 1041} s0'T *SOXI JU9UUNIOSR S019J98109 s0p JouBisse p a[qissodur Jared 11 sjonbxne ‘soydiowAfod soi sojoosur p oouiop ‘osnaiquou nqlal (°LLSE ‘UNI ‘AU9S ‘paelly — ‘turdopoH) SN110ld013H — ‘aa 08 "T0S sndo32w017 AE PRONEONE (grr ‘8y) odoan uo oauo8 [nos uf ‘ouate o1U009 oajou suep ‘oyins ed 9 OnbIFY.[ 9P pPIiOu 9 SUCP doquooudr 91 0479-nod eLmod uo seu ‘jesngiog ne Jo ouSedsy ] & dormonaed quesgud e nbsnf 50 ‘oppre] opuers Z08$e,p ‘9199SU 97) *sopisdeig sorne So$ op 410n8unsIp o[ anod sndojgewoæn op mo osoduit 1848 do1pos ponbne 0 podlio Sdpjg op twou op guuop JreAr aœeuaon jponbne 979osur [nos un anod “(grg A ‘d09)0) Sop viouon) GET 9 oxtepiooet 18 0990 979 ® nq 0799) (por 49 ‘enr ‘18789 — ‘turdojowoo9) SNAIQIdOLANOTDI — ‘aux 67 ‘SIN Snioqu2 ‘T JU9e) SION Ssnriydouo "T OTIQOU9 I, vais f HIJAVdA SHULSATTII SATIAUNALVN S4H9 LHAHAATILIO SHAOILA'TIVNV VUHANHI ARR LOT RCE EE (LIT SU) 919148 U9 199491 JUOU -orqejou xesogjoud fjuear uo sonuis autod % So[VAO xnaX FROLT OI TOO LI (97r *8g) oxte[ns -ue991 xeaogjoad ‘sonol ser aed soroueyo9 juowaqjou 79 queue [es10ASUEI SBUOT[E XN9X *(gyr *8y) Jano9 sanori9sod sosaey S9p 9191718 IOTW8IX “(p11 89) 9Suoyre sanorxoqsod sosae SOp 21018 ATX uvVd 10 SAAHLAONTO) Sa NAS SA 4NAILIOQ EX JuuISU0 | “IMAATAOH INVISNOr) (snyoliuorig =) ‘ados xÂIq ‘SUN SHIOUSUAÂH 2 = e: ss... 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Un grand pas a été réalisé dans cette direction par les découvertes dont nous sommes redevables aux expéditions en mers profondes et l’on sait que beaucoup d'observateurs ont posé er fait que les dépôts actuels des grands abimes des océans ressemblent intimement aux assises de la craie. La conclusion c'est que cette dernière représente les grands fonds de l’époque crétacée : qu'elle s'est déposée très loin des rivages et que par conséquent la démolition des falaises et les apports des cours d’eau ne lui ont pro- curé qu'un appoint tout à fait négligeable. Il est vrai que diverses objections ont été faites à cette théorie abyssale de la craie et qu'on à insisté sur la trou- vaille en certains points de débris ayant un caractère lit- toral, avant tout de galets roulés et pouvant avoir un vo- lume très notable. Mais il a été intéressant de constater que certaines causes peuvent transporter exceptionnel- lement de semblables objets jusque dans la haute mer et c’est bien des fois qu'en disséquant des poissons actuels on a trouvé dans leur estomac des galets de toutes tailles, lesquels après la mort de leurs possesseurs eussent été abandonnés n'importe où dans le bassin océanique, par les plus grandes profondeurs comme ailleurs. Mais les objections principales ont été tirées de l'examen du résidu auquel la craie donne naissance quand on la dissout dans les acides et qui renferme du sable parfois en proportion considérable. On en a tiré la con- clusion, qui a été formellement exprimée par quelques auteurs,que la craie, malgré son apparence première, est un dépôt terrigène, c'est-à-dire provenant d’une contribu- tion continentale et pouvant s'être constitué près des côtes. Des phénomènes actuels montrent cependant comment des matériaux arénacés sont amenés fréquemment à se mélanger à des sédiments profonds, par exemple par la collaboration des vents qui déversent en certaines régions et à de certaines époques, de véritables pluies de sable sur des mers de toutes dimensions. Le charriage à la surface de l'eau de roches volcaniques vacuolaires, comme les ponces et qui peuvent renfermer des géodes quartzeux, explique,par la désagrégation de ces roches la présence possible de grains de quartz dans les sédiments et dès lors les conclusions précédentes perdent de leur évidence. Mais j'ai constaté tout un autre ordre de faits qui pa- raît avoir une bien autre portée dans le même sens. Déjà on à admis que certains minéraux, des résidus de disso- lution de la craie,ont pu prendre naissance dans la roche crayeuse par des actions lentes. Mais, outre que cette genèse n'est pas encore très claire, elle n'intéresse que des grains prodigieusement rares et dont la signification, au point de vue où nous sommes placés en ce moment, est par conséquent très secondaire. Ce que j'ai en vue, c’est la genèse du sable quartzeux,avec des circonstances d’abondance et de forme qui me paraissent comporter des Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. 2% SÉRIE — N° 303 15 OCTOBRE 1899 | conséquences fort importantes par la stratigraphie et la théorie des couches sédimentaires. On sait déjà que, dans le sein de la craie, la silice se déplace avec une grande activité; qu’elle se constitue à VPétat de rognons de silex qui sont parfois extraordinai- rement abondants et volumineux; qu'elle vient impré- gner des débris fossiles de facon à silicifier des troncs d'arbres et des tests de mollusques et d’échinodermes ; enfin que progressivement elle perd l’eau qui lui avait procuré sa mobilité et qu’elle se cristallise en géodes de quartz. Mais dans tous ces cas le produit est si manifestement dérivé d'actions secondaires qu'on n’a jamais supposé même un instant qu'il fut de l’âge de la roche qui le ren- ferme. Or, ilest des circonstances très fréquemment répétées où l'isolement de la silice prend une autre forme et a pour conséquence la constitution en pleine masse de craie d'un sable quartzeux impossible à distinguer d’un produit de charriage contemporain du dépôt même de la couche qui le renferme. Cet isolement de la silice se fait dans l'épaisseur de certaines coquilles de mollusques, de brachiopodes, d’échinodermes, etc., et dans des conditions que j'ai sui- vies pas à pas et qui me semblent avoir été méconnues, Considérons d'abord pour plus de simplicité un de ces fragments de tests d’Inoceramus (Catillus) Cuvieri dont la craie blanche, à Meudon et ailleurs, est si richement Fig. 1.-— Fragment de test d’Inoceramus Cuvieri de la craie blanche de Meudon. Grandeur naturelle. pourvue, La figure 1 reproduit l'apparence ordinaire de ce fossile qui a fixé depuis si longtemps l'attention des collectionneurs et dont le nom rappelle si heureusement la ressemblance avec des débris de poterie. Mettons ce fragment dans de l'acide chlorhydrique étendu d'eau et suivons l’effervescence qui se déclare afin d'arrêter l'expérience à un moment convenable : il suflit pour cela de plonger le fragment fossile dans de l’eau et de le bien Fig. 2. — Le fragment de la fig. 1 après un moment de séjour dans l’acide chlorhydrique étendu. Grandeur naturelle. laver. Ce fragment a pris alors l'apparence de la figure 2 : on y voit d'innombrables pustules d’un minéral transpa- rent,parfois incolore,parfois faiblement jaunâtre, rayant le verre avec la plus grande facilité. C'est du quartz ; et c'est du quartz à toutes sortes d'états depuis l’opale facile à dissoudre dans la lessive de potasse jusqu'au cristal de 234 roche parfaitement caractérisé et cristallographiquement déterminable. Si,au lieu d'arrêter l'expérience de dissolution comme nous venons de le faire, nous avions laissé l’acide faire son œuvre, nous aurions obtenu un sable en général très fin en partie cristallisé et qu'il serait impossible de dis- tinguer des sables charriés dont nous parlons tout à l'heure. Or cette dissolution que nous aurions réalisée,elle se fait d'elle-même en bien des lieux dans la nature, même au sein des couches de craie et parfois parallèlement avec la constitution des grains de ce sable si mal compris d'ordinaire, Et c’est ici un chapitre à ajouter à ceux de la dénudation souterraine qui nous a occupés antérieu- rement (1). Les eaux d'infiltration tendent souvent (c'est- à-dire quand les conditions s’y prêtent) à décalcifier les sédiments, même à de grandes profondeurs ; — tandis qu'ailleurs elles pourront les charger d'un supplément de carbonate de chaux. Il en résulte que lépaisseur de la couche va en diminuant et qu'elle est le siège de tasse- ments qui peuvent la désarticuler. Sans sortir de notre sujet nous en avons une preuve bien éloquente par la couche de craie à Inocérames comme dans le département du Nord sous le nom de banc des soies, On y voit des fragments du mollusque dans toutes sortes de situations relatives, témoignant de la facon la plus éloquente des tassements postérieurs au dépôt, car on ne peut songer à admettre que les coquilles aient été ainsi concassées avant leur enfouissement dans le sédiment. Cette dissolution, qui s'attaque à la craie elle-même, sévit aussi avec plus ou moins d'intensité sur les frag- ments fossiles et on en trouve en plusieurs localités qui Ce £ j 2e, À ee Z 57 CCR Re Fig. 3. — Coupe mince taillée dans le test d'un inocérame per- pendiculairement à ses fibres et montrant les noyaux siliceux et quartzeux qui s’y sont constitués. Grossissement de 30 dia- mètres. sont manifestement corrodés : leur disparition progres- sive met dans la craie les grains sableux qui avaient pris naissance dans leur épaisseur et l’on conçoit pourquoi ces grains sont si souvent dépourvus de toute trace de char- riage, comme l’ont constaté les cbservateurs avec un cer- (4) Voir aussi à ce sujet le volume que je viens de publier sur La Géologie expérimentale dans la Bibliothèque scientifique internationale. (Alcan, éditeur.) LE NATURALISTE Se tain étonnement qu'ils n’ont pas caché (1). On concoit aussi que ces grains aient si souvent des formes arrondies et tuberculeuses qui proviennent de leur mode même de concrétion originelle intimement lié à celui des orbicules silceuses auxquelles ils sont ordinairement associés. L'isolement du sable est encore bien plus facile quand il s’est produit non pas dans le test des inocérames mais dans celui de certains autres mollusques et spécialement des gryphées telles que la Gryphea columba si fréquente : dans beaucoup de localités. Si, revenant à notre test d’inocérame à l’état naturel, comme le représente la figure 1, nous le soumettons à des études microscopiques, nous y reconnaissons plusieurs particularités. Tout d’abord une coupe mince taillée per- pendiculairement aux fibres constitutives de la coquille nous fait voir comme le montre la figure 3 des centres d’at- traction autour desquels la silice est venue se concentrer. Dans la lumière polarisée les nodules siliceux donnent fréquemment la croix noire tournante caractéristique de l'opale et on y distingue aussi des cristaux ayant des pro- priétés optiques variées faisant penser à la présence, outre le quartz proprement dit, des minéraux extrêmement Fig. 4 — Coupe mince taillée dans le test d’un inocérame parallèlement à ses fibres et montrant en lumière naturelle une large région absolument incolore et transparente qui est silicifiée. Grossissement de 120 diamètres. voisins et qui ont été décrits dans ces dernières années. Les coupes pratiquées dans le sens même des fibres constituantes viennent compléter les renseignements pré- cédents et apprennent quelque chose de plus. D'ailleurs quel que soit le sens de la coupe et si l’on a fait usage d'un grossissement suffisant, il semble que la matière calcaire de la coquille ait été corrodée pour laisser la place à la silice, mais cette corrosion s’est faite avec une telle délicatesse que la structure primitive est sou- vent tout à fait conservée. La figure #4, prise. au grossis- sement de 120 diamètres dans la lumière naturelle, montre la structure régulière du test interrompue brus- (1) Voir tout spécialement à cet égard le volume de M. Cayeux intitulé : Contribulion à l'élude microscopique des lerrains sédimentaires. In-4°, Lille, 1897. LE NATURALISTE 23 (214 quement sur une large surface à limite courbe donnant bien l'idée d'une corrosion. On croirait cette surface Hbre de toute matière, cons- tituant un vide et c'est avec une certaine surprise qu'on s'apercoit,en opérant dans la lumière polarisée et comme le montre la figure 5,qu'elle est entièrement occupée par de la substance siliceuse qui se signale par plusieurs par- ticularités intéressantes. D'ahord,elle renferme des sphérules ou des fragments de sphérules avec la croix noire tournante, des opales et des calcédoines ; et puis on y revoit comme un reflet de l’histologie de la coquille. En effet dans cette portion silicifiée on retrouve en lumière polarisée, les fibres ca- ractéristiques du test et ces fibres se signalent par les extinctions qu'elles produisent dans des directions diffé- Fig. 5. — La coupe de la figure 4 vue en lumière polarisée. On y voit la matière siliceuse manifestant une structure fibreuse qui reflète celle de la coquille. Grossissement de 120 diamètres. rentes d'une fibre à la fibre voisine. Cette disposition peut expliquer des singularités optiques offertes fréquem- ment par des grains siliceux ou quartzeux. D'après les faits qui précèdent, il semble que l'épaisseur du test de coquilles de mollusques, de brachiopodes, d'échinodermes, de foraminifères, qui ont même ici une signification toute spéciale, etc., offre à la silice une loca- lité particulièrement favorable à son isolement sous la forme de grains concrétionnés et même de grains cris- tallisés quiséparés plus tard de leur gangue originelle par les contre-coups de la dénudation souterraine, pren- nent les apparences de la matière arénacée ordinaire. Ce fait doit inviter à la prudence dans la détermination des conditions dans lesquelles certaines couches du sol se sont formées et il s'applique tout spécialement à l’histoire de la craie. Qu'il s'agisse de craie sénonienne ou de craie turonienne on doit penser que les analogies intimes avec les dépôts abyssaux actuels ne sont pas contredites par la rencontre, même en abondance, de débris de quartz ayant l'aspect de grains de sable : le mécanisme indi- qué ci-dessus montre qu'ils peuvent dériver de con- ditions indépendantes de tout charriage. Stanislas MEUNIER. A ———— L'INTELLIGENCE DES ANIMAUX Autrefois on croyaitde bonne foi que les bêtes n'avaient pas d'intelligence, et qu'elles faisaient tout machina- lement, instinctivement, sans s’en rendre compte, comme l'enfant qui téte quand il a faim. Cette opinion ne tien pas debout, devant l'examen impartial des faits, Le chien nous montre à chaque instant la preuve d’une intelli- gence très développée, tout au moins autant que celle d'un enfant de 7 ou 8 ans. J’ajouterai qu'en une foule de circonstances, le chien se montre plus raisonnable que son maitre: c’est ce qui à fait dire que : ce qu'il y avait de meilleur dans l'homme, c'était son chien. Voici un exemple entre mille et mille autres du même genre, qui s’est passé tout récemment dans mon pays natal. Une femme de la campagne est obligée d'aller à la ville, en laissant à sa fille de 21 ans, la garde de sa maison. ln revenant le soir, elle ne la retrouve nulle part. Elle suppose que sa fille à profité de son absence pour aller danser à la fête du village voisin. Cependant elle est très étonnée des manœuvres de son chien, qui semble avoir quelque chose de très pressé à lui dire où à faire voir. En effet, celui-ci après lui avoir fait des caresses, s'éloigne en tournant la tête de son coté et part comme un fou dans la directiou du hangard, La pauvre femme inquiète suit l'intelligent animal, qui la conduit directement au bâtiment situé de l’autre côté de la cour, en arrière de la maison. Là, elle trouve sa fille pendue et la corde cassée ; de sorte que le corps était étendu par terre avec un bout de corde autour du cou, et l’autre bout fixé à une poutre élevée à 2 m. 50 au-dessus du sol. Une échelle était appuyée contre cette poutre. Le corps était froid et rigide. Evidemment la jeune fille s'était pendue, et la corde avait cassé sous son poids. Il serait bien intéressant de savoir quel rôle à joué le chen pendant ce drame. Bien certainement il aura voulu venir en aide à sa jeune maitresse. Ce n’est pas lui qui à coupé la corde, car il ne savait pas monter à l'échelle ; mais je ne serais pas étonné qu'il se soit jeté sur le corps en suspension, et que son poids, Joint à celui du cadavre, n'ait contribué à faire casser la corde. Bref je serais porté à croire que, comme les enfants en pareille circonstance, le chien n'ait tiré sur l’objet suspendu en l'air pour le détacher. Evidemment le suicide d'une jeune fille de 21 ans, dans tous les pays du monde, ne peut être attribué qu'à des chagrins d'amour. Mais c'est une autre affaire. En résumé, le chien, en voyant sa maitresse pendue, x'tiré dessus en se jetant sur elle et à fait casser la corde ; malheureusement 1l était sans doute trop tard, quand il est arrivé à ses fins, d'autant plus qu'il a serré encore le nœud coulant autour du cou de la jeune fille. Ce fait n’est rien auprès du suivant. Un groupe de chasseurs revenait de Carlepont à Noyon, après avoir chassé chez le baron de Villars, Parmi eux se trouvait Toussenel, le physiologiste érudit. Il avait un chien qu'il avait étudié de près er dont 1l avait singulie- rement développé lintelligence. Tous les avaient chacun leurs chiens,qui revenaient harassés avec leurs maitres. Le chien de Toussenel était seul en avant, son maitre avait l'œil sur lui, tout en causant avec ces messieurs, Tout à coup Toussenel voit son chien tomber en arrêt. Il court à lui, et arrive à temps pour chasseurs 236 lâcher ses 2 coups de fusils sur un lèvre qu'il avait fait partir, à la sortie de la forêt. L'animal blessé à mort se jeta dans le fossé sur le bord de la route. Mais ces deux coups de fusil avaient produit un effet magique, et tous les chiens des chasseurs, qui suivaient leurs maitres la queue entre les jambes et la langue pendante, avaient bondi en aboyant après le lièvre ; sans même l’axoir vu pour la plupart, en aboyant à qui mieux mieux. Le chien de Toussenei avait une forte avance et n'avait que quelques pas à faire pour saisir le lièvre, qui s'était réfugié dans les hautes herbes du fossé pour y mourir, Mais comprenant qu'il aurait une lutte violente à soutenir contre tous les autres chiens, quand il rapporterait daus sa gueule le lièvre tué par son maitre, il usa d’un curieux stratagème. D'un bond, il sauta au- dessus du fossé et il obliqua à droite dans les champs labourés, en faisant semblant de poursuivre le lièvre au milieu des betteraves. Comme il faisait déjà sombre, les autres chiens s’élancèrent à la suite du chien de Toussenel, au milieu du champs de betteraves. Quand il les eut menés bien loin du but, ce chien fit un crochet et revint sur ses pas dans la direction de la forêt, en épar- pillant ses compagnons dans une tout autre direction. Puis il revint tout seul au fossé où s'était blotti le lièvre mortellement blessé. Il était déja mort, Se croyant seul, le chien se mit à le manger. Pendant qu'il se livrait à cette agréable opération, il fut bien surpris de recevoir un formidable coup de pied dans le derrière qui l’envoya rouler dans le fossé ! C'était Toussenel qui, devinant la ruse du chien était resté par derrière en se cachant à la lisière de la forêt, attendant le retour de son chien ; car il était bien sür d'avoir touché le lièvre, et que cet animal n'avait jamais pu aller si loin, mais devait s'être blotti dans le fossé. Ne voit-on pas que cette ruse du chien, dans la circonstance actuelle, exige un rapide effort d’in- telligence, qui n’est certainement pas à la portée de tout le monde. En une seconde, il réfléchit, il comprit et il prit son parti. Ne voyant personne au retour, il trouvait plussimple de manger le lièvre que de le rapporterà Noyon. Tous les chasseurs racontent sur leurs chiens des histoires les plus curieuses, sans doute il y en a beaucoup qui sont plus où moins exagérées ; mais le fond est vrai le plus souvent ; et si les choses ne se sont pas toujours passées comme ils les racontent, elles auraient fort bien pu se passer ainsi; car le chien est un bien curieux animal à observer, au point de vue de l'intelligence. Quand je vais visiter des malades qui ont des chiens, il faut voir avec quelle attention ceux-ci observent l'attitude du médecin. Ah ! ils comprennent bien que je ne viens pas faire du mal à leur maitre, mais au con- traire que je cherche à leur faire du bien. 11 y en a qui parlent avec moi, qui geignent et qui ont l’air de me dire: Vois ce malade : qu'est-ce qu'il faut faire pour le guérir ? guéris-le surtout, car qu'est-ce que je deviendrais, si mon maitre venait à mourir ? Il en est d’autres qui paraissent si contents de me voir arriver auprès de leur maitresse, qu'ils se figurent qu’elle va guérir tout de suite, qu'elle est déjà guérie ! Et ils m’embrassent, ils me lèchent la figure et les mains pour me remercier des soins que je lui donne. Nous causons ensemble et nous nous comprenons fort bien, plus vite surtout qu'avec les malades eux-mêmes, qui ont parfois l'intelligence obtuse et plus ou moins bouchée. Rien n’est plus intéressant que de soigner les chiens. LE NATURALISTE Il guérissent en très peu de jours des opérations les plus graves. On en fait absolument tout ce qu’on veut en attachant leurs pattes à 4 clous enfoncés sur une planche sur laquelle on les a couchés, renversés sur le dos. Ils se laissent faire comme un cadavre et il faut voir comment ils témoignent leur reconnaissance à la suite d’une opération ! Elle n’est pas plutôt faite, qu'ils se croient déjà guéris, et qu'on a toutes les peines du monde à obtenir d'eux quelques jours de repos pour achever la cicatrisation. D' BouGoNx. L'ŒDICNÈME EN NORMANDIE M. Magaud d’'Aubusson vient de puñlier dans le Natu- raliste (1°* octobre 1899) un article des plus substantiels, où il décrit avec détails les mœurs, les habitudes et la distribution géographique de cette curieuse espèce. Est-elle rare en Normandie, comme l’affirme l’auteur? L'Œdicnème très circonspect, très méfiant, aime les endroits découverts, les vastes plaines d’où son œil per- çant puisse se rendre compte de ce qui se passe au loin. C'est là, du reste, qu'il cherche, dans les terrains cail- louteux et arides, sa nourriture préférée. Insectes, mol- lusques, lézards, rongeurs. On ne doit pas, dès lors, s'attendre à le trouver éga- lement répandu sur tous les points de notre province. Les régions entrecoupées de collines, parsemées de bois ou plantées de haies ne sauraient lui donner une sécu- rité suffisante. Aussi est-il à peine connu dans la Manche et dans la partie ouest de l'Orne et du Calvados, juste- ment nommée le Bocage. Le pays d'Auge avec ses vallées profondes, les contrées boisées de l'Eure et de la Seine-Inférieure ne peuvent non plus lui convenir. Mais dans les grandes plaines du centre de la Nor- mandie, qui s'étendent presque sans interruption de Caen à Alençon, il se voit eu grand nombre deux fois par an, en mars d’abord, où il ne fait guère que passer, et à son retour en septembre et octobre, où il séjourne deux ou trois semaines, quelquefois plus, suivant la tempéra- ture. Le Sauvage et Canivet ont constaté qu'il nichait dans le Calvados; moi-même je puis citer trois localités de l'Orne où se reproduit l'Œdicnème, les friches de Cham- bois, le désert de Macé, près Sées, et les plaines cul- tivées d'Argentan, non loin de Vrigny. Je ne saurais pourtant affirmer qu'on ÿ trouve son nid chaque année. Il ne séjourne pas chez nous, comme l'indique Noury; du moins, aucun des nombreux exemplaires que j'ai eus sous les yeux n’avait été capturé en hiver. En résumé, l'Œdicnème est aussi commun dans les plaines de la Normandie, lors de ces passages, que dans beaucoup d'autres régions de la France. A.-L. LETACO. LE NATURALISTE 237 ILE PHYILLOXEÉRA EN SUISSE, DANS LE CANTON DE°ZURICH. Sur 4.769 hectares de vignes, 200 hectares environ sont atteints par le phylloxera, Jusqu'ici on a détruit 349.000 pieds, ce qui équivaut à uvue surface de 30 à 40 hectares. La marche de la maladie paraissait se ralentir les an- nées passées; mais, en 1899, la chaleur et la sécheresse ont favorisé l’éclosion de l’insecte d'une manière inatten- due. On n’a pas encore terminé la campagne de cette an- née, les résultats obtenus jusqu’à ce jour sont peu satis- faisants. On cherche à détruire l’insecte au moyen de sulfure de carbone, EN ESPAGNE, DANS LES PROVINCES D’ORENSE ET DE PONTEVEDRA. Aucun foyer phylloxérique nouveau n'a été signalé dans la province d'Orense; mais les taches anciennes paraissent s'étendre avec moins de lenteur que pendant les années précédentes. Selon les évaluations les plus sérieuses, la surface phylloxérée de cette province serait actuellement de 3.200 hectares environ. Les riches vignobles du Rivero, dans la partie basse de la vallée de l’Avia, important affluent du Minho, sem- blent, jusqu’à présent, se maintenir indemnes. Quant à la province de Pontevedra, bien qu'elle n'ait pas encore été déclarée phylloxérée, la présence du phyl- loxera ÿ à été constatée d’une facon officielle, Toutefois, les vignobles attaqués sont encore en pleine production et, si les dommages causés jusqu'à présent n’ont pas été trop élevés, c'est grâce aux conditions physiques du sol et au système de culture en treilles, L’importation du phylloxera dans cette province est attribuée anx cépages américains provenant des pépinières établies dans les localités phylloxérées de la province d’Orense, En ce qui concerne les maladies cryptogamiques, un fait notable doit être signalé : un certain nombre de vi- gnerons ayant observé, lan dernier, que, même dans les vignes où le traitement au sulfate de cuivre n'avait pas été appliqué, les parasites végétaux ne s'étaient pas dé- veloppés, ont cru pouvoir, cette année, se dispenser du premier sulfatage, et ce n’est que lorsque la végétation était deja avancée et que les atteintes du mildew étaient visibles, qu'ils ont commencé à pratiquer les pulvérisa- tions cuivreuses. Il était trop tard, et malgré la séche- resse exceptionnelle qui a persisté tout l'été, le mildew et le black-rot ont compromis la vendange de bien des cultivateurs. Il semblerait, d’ailleurs, que c’est au black- rot plus spécialement que le dommage doit être im- puté. LA PROTECTION DES OISEAUX Depuis quelques années on s’est ému, à Juste titre, de la disparition des oiseaux et, dans l'intérêt de l'agricul- ture, on à cherché à arrêter la destruction des espèces utiles; des congrès ornithologiques ont été réunis; mais, malgré les efforts de leurs membres pour réglementer avec les pays limitrophes de la France et même dans toute l’Europe, la protection des oiseaux, on peut dire : adhuc sub judice lis est. La cause principale qui explique l’insuccès des négo- ciations des divers congrès qui se sont réunis jusqu’à ce jour, c'est que chaque pays demande la protection de certains oiseaux dont la destruction est chez son voisin une source de revenus et assure même l'existence de nombreux habitants. En Espagne et spécialement en Andalousie, toute une population vit de la chasse des oiseaux qui y passent deux fois par an : au commence- ment de l'hiver et à leur retour au printemps. Nous avons pu constater, à la gare d'Hendaye, le passage fré- quent de caisses volumineuses expédiées d'Espagne et ne renfermant que des peaux d'Étourneaux et des ailes d'Hirondelles et de Chardonnerets; ces caisses sont adressées à Paris à des négociants dont la spécialité est la fourniture d'oiseaux pour la mode, les dépouilles d'oiseaux étant employées pour l’ornement des chapeaux de dames. Les plus recherchés sont les oiseaux exoti- ques, principalement les Foliotocoles, les Couroucous resplendissants, les Toucans, les Perruches, les Oiseaux- mouches, les Souimangas, les Merles bronzés, etc... ; mais, ces oiseaux atteignant un prix assez élevé, on a adopté, depuis quelques années, des parures moins coù- teuses qui consistent en petites Hirondelles de mer, Étourneaux, Hirondelles, Chardonnerets, etc... La des- truction des oiseaux exotiques pour les besoins de la mode est regrettable, mais n’est pas aussi intéressante pour nous que celle de nos oiseaux : si les petites IHiron- delles de mer ne nous sont d'aucune utilité, il n’en est pas de même des Hirondelles et des Étourneaux qui détruisent une quantité considérable d'insectes et ont droit à notre protection. Mais, si nous ne pouvons, dans nos congrès, obtenir avec les pays étrangers une réglementation de la chasse des oiseaux, il semble que sur notre territoire, nous devrions assurer la protection des oiseaux utiles; mal- heureusement aucune mesure énergique n’a ete prise iusqu'à ce jour. Chaque année des arrêtés préfectoraux prohibent la chasse de certaines espèces, la vente et le colportage des oiseaux utiles, mais combien ces arrètés sont incomplets! Souvent ils autorisent la capture des oiseaux dits de passage et cette vague dénomination comprend une foule d'oiseaux insectivores dont la des- truction est très préjudiciable à l’agriculture. Dans plu- sieurs de nos départements du Midi les arrêtés préfec- toraux autorisent à chasser comme oiseaux de passage, non seulement les Alouettes, les Ortolans, le Guêpier, l'Étourneau, le Motteux, mais aussi les Becs-fins (Fau- vettes, Rouges-gorges, Gobe-mouches, ete.) et toutes les espèces désignées sous la dénomination très vague d'Oiseaux de vendange, appellation élastique qui englobe les Bruants, Pinsons, Linots, Tarins, ete. Dans la Gironde on détruit un nombre considérable de Tites ; or, l'oisvau désigné sous ce nom vulgaire est le Pipit des prés (Authus pratensis), qui est insectivore et ne se nourrit qu'exccptionnellement de menues graines. Enfin on constate chaque année, après la promulgation des arrêtés préfectoraux sur la chasse, que quelques articles interdisant la capture de plusieurs oiseaux utiles, sont rapportés à la suite des réclamations des habitants de certaines communes qui vivent exclusivement de la chasse de ces oiseaux, principalement dans les départe- ments des Landes, de Lot-et-Garonne et de Tarn- et-Garonne. Or, si ces arrêtés étaient maintenus dans toute leur rigueur, nous avons la conviction que beau- 238 coup d’oiseleurs, obligés à renoncer à cette industrie, trouveraient facilement d'autres moyens d'existence, peut-être plus lucratifs, en se livrant aux travaux d’agri- culture. | D'autre part, la destruction des oiseaux utiles est encore facilitée par le manque de surveillance sur les marchés où l’on tolère fréquemment la vente d'oiseaux dont la chasse est défendue par les arrêtés préfectoraux ; c'est ainsi que nous avons pu constater dans plusieurs marchés du Sud-Ouest, l’étalage éhonté de brochettes d'Hirondelles, de Rouges-gorges et de Bergeronnettes ! Certains arrêtés autorisent la vente des petits oiseaux plumés, à l'exception de la tête, afin qu'il soit possible de reconnaitre l’espèce à laquelle ils appartiennent : or, les marchands ne se donnent même pas la peine d’ob- server ces règlements et vendent les oiseaux que nous venons d'indiquer entièrement revêtus de leurs plumes ; il est donc facile de les reconnaitre et d'empêcher cette vente en obligeant les agents chargés de l'exécution des règlements à dresser des contraventions qui feraient cesser la destruction de beaucoup d'oiseaux utiles. Mais, si les arrêtés préfectoraux sont souvent contra- dictoires et autorisent la chasse de certaines espèces qu'il y aurait intérêt à conserver, il faut reconnaitre que la cause principale est la difficulté d'établir une classi- fication des oiseaux utiles ou nuisibles, On sait que cette division est d'autant plus difficile à établir que certaines espèces peuvent être utiles ou nuisibles selon les loca- lités qu'elles habitent, et c'est la cause principale des divergences que l’on constate chaque année dans les arrêtés préfectoraux concernant la chasse dans nos divers départements. Il semble cependant qu'une classi- fication rationnelle serait facile à établir et que nous possédons des éléments suffisants concernant l'utilité ou la nocuité de chaque espèce. Si l’on examine les Rapaces diurnes, on peut admettre que tous sont nuisibles, et, si quelques espèces détruisent des insectes, elles consomment toutes un nombre plus ou moins considérable de petits oiseaux. Il n’en est pas de même de nos Rapaces nocturnes qui, à l'exception du Grand-Duc, sont tous utiles, Un naturaliste cons- ciencieux, M. Lataste, en a donné la preuve en analysant un grand nombre de pelotes de réjections que ces oiseaux vomissent après chaque repas et qui contiennent toutes les parties non digérées des animaux dont ils ont fait leur proie. Or, dans 110 pelotes recueillies dans une même localité il a trouvé les débris de 549 rongeurs associés à ceux d’un seul oiseau! Dans l'estomac de 126 Chouettes, on a trouvé les restes de 6 rats, 42 souris, 200 mulots et 33 musaraignes. Combien aurait-il fallu de chats pour faire une semblable hétacombe? Malgré tous ces titres à notre protection, les chasseurs se plai- sent à tuer les Rapaces nocturnes et à se donner la triste satisfaction de les clouer sur les portes de leurs habita- tions. Dans l’ordre des Passereaux, les Grimpeurs ont tous les droits à notre protection et Brehm a dit avec raison : « Tous les Grimpeurs sont des oiseaux utiles, aucun n’est nuisible. Ce sont les meilleurs gardiens de nos forêts. » On les a longtemps accusés de commettre des dégâts en percant les arbres; ces accusations ne repo- sent sur aucun fondement, car ces oiseaux n’attaquent que les arbres vermoulus pour s’y creuser des retraites ou y rechercher les vers et les insectes qui dévorent ces LE NATURALISTE arbres et dont ils font leur nourriture, Les chasseurs ne savent pas résister au plaisir de tirer le Pic-Vert et ce grimpeur devrait être épargné. Michelet, dans son livre l'Oiseau, a tenté sa réhabilitation : « Dans les calomnies ineptes, dit-il, dont les oiseaux sont l’objet, nulle ne l'est plus que de dire, comme on a fait, que le Pic qui creuse les arbres, choisit les arbres sains et durs, ceux qui présentent le plus de difficultés et peuvent augmen- ter son travail, Le bon sens indique que le pauvre animal, qui vit de vers et d'insectes, cherche les arbres malades, cariés, qui résistent moins et qui lui permettent, d’ailleurs, une proie plus abondante, La guerre acharnée qu'il fait à ces tribus destructives qui gagneraient les arbres sains, c’est un signalé service qu'il nous rend. » Les autres Pics, le Torcol, le Grimpereau, la Sittelle ne vivent également que d'insectes et sont pour nous des auxiliaires précieux. Albert GRANGER. MICROGRAPHIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE MÉTHODES DE COUPES. — MICROTOMES. — PRÉPARA- TIONS DES LAMES. — COLORATIONS SUR LAMES. Quand les pièces histologiques sont enrobées par un des procédés que nous venons de décrire, elles sont alors prêtes à être coupées. Les instruments qui servent à faire dans ces pièces ainsi préparées des tranches plus ou moins minces, sont appelées des Microlomes. Depuis si peu de temps que ces instruments sont connus, on en a fait des quantités de modèles et l’on est arrivé aujourd’hui à obtenir de véritables appareils de précision. Les plus anciennement connus sont les microtomes à main, dont le type est le modele de Ranvier. Il est peu usité actuellement en histologie animale, mais 1l n’en est pas de même pour l’histologie végétale, où il est fréquemment, nous dirons même, couramment employé. En peu de mots, il se compose d'un cylindre en cuivre surmonté à l’une de ses extrémités par un petit plateau circulaire parfaitement plan du côté libre. À l'autre extrémité se visse une vis micrométrique. Le cylindre est creux et en contient un second dans lequel on place la préparation à couper. Avec de l’habitude, on peut arriver à faire d'excellentes préparations et, il parait, que l’illustre Maître Ranviern’en veut pas d’autres. Pour couper, on peut se servir d’un rasoir à rase ordinaire, mais on prend en général un rasoir dont l’une des faces est parfaitement plane (rasoir à coupes). Leitz a construit un modèle déjà un peu plus compliqué. Il est d’abord beaucoup plus lourd et peut être vissé sur une table, ce qui lui donne beaucoup plus de stabilité. Une vis micrométrique fait monter la préparation entre deux plans horizontaux, recouverts à leur partie supé- rieure par deux glaces formant platine et sur lesquelles glisse le rasoir. LE NATURALISTE 239 Le microtome de Lelong est également à main. Il est d'un volume peu considérable, mais assez lourd, malgré cela. Il consiste en une sorte de parallélipipède en fonte, creusé en son milieu d’une rainure à plan incliné. Une vis micrométrique permet de faire monter la pré- paration tout le long du plan incliné. De chaque côté de la rainure, la partie supérieure est recouverte de lames de verre formant platine. Ces microtomes ont ceci d’agréable, c'est qu’ils sont faciles à transporter à cause de leur poids et de leur vo- lume peu considérables, qu'ils permettent avec un peu d'habitude de faire des coupes aussi bonnes qu'avec des instruments beaucoup plus compliqués et, enfin, qu'ils ne coûtent pas cher. On sera peut-être un peu étonné, dans le courant de ce volume, en voyant combien nous insistons sur le prix des instruments et combien pour nous est précieux un appareil peu coûteux. Ce livre n'étant pas écrit seule- ment pour des zoologistes de profession, mais aussi et surtout même pour des amateurs, curieux de sciences bio- logiques, ainsi que nous l’avons dit au commencement, nous croyons devoirsignalerles bons instruments que l’on peut avoir dans des prix abordables, car si nous savons fort bien, que dans un laboratoire il est indispensable d’avoir les instruments les plus perfectionnés, nous savons également que celui qui est réduit à ses seules ressources hésite souvent à mettre un prix considérable à un seul instrument. Fermons ici la parenthèse que nous venons d'ouvrir et continuons la description des appareils de coupes. À côté des microtomes à main, viennent se placer les microtomes automatiques. On peut diviser ceux-ci en deux groupes : 1° Ceux dans lesquels la préparation et le couteau se déplacent à la fois et 2° Ceux dans lesquels la préparation seule se déplace, le couteau restant fire au moment de l'opération ; Enfin 3° ceux où le couteau se déplace seul, la prépa- ration restant fire. Ceux-ci peu usités. Les premiers sont les plus anciens et les seconds ten- dent aujourd’hui à devenir d’un usage prépondérant, car ils réalisent, en effet, bien des progrès sur les pre- miers modèles, ainsi du reste que nous allons le voir. Un premier pas a été fait sur les appareils à main, avec les microtomes à chariot. Dans ces instruments, le rasoir ou le couteau est maintenu à l’aide d’une vis au dessus d’une pièce massive que l’on fait glisser le long d’une rainure formant angle aigu, sur des glissières en acier. Le bloc à couper doit être fixé sur un bouchon ou tout autre chose que l’on serre à l’aide d’une pince porte- objet. Enfin. une vis micrométique est mue à la main par une large roue sur laquelle sont inscrites les divi- sions Correspondant à une fraction déterminée de milli- mètre. Les coupes se font avec ces instruments de la manière suivante : après avoir placé le bloc à couper sur son support, dans le porte-objet, et l'avoir rendu fixe par pression des vis dans la direction où l’on veut faire la coupe, on fixe le rasoir ou le couteau sur son chariot et l’on abaisse ou on élève la préparation à l’aide de la vis micrométique jusqu’à ce qu’elle soit au niveau de la lame du couteau. On tourne alors la vis et on fait successsive- ment manœuvrer le chariot jusqu'à ce que l’on arrive au point du bloc où commence la préparation. À partir de ce moment on doit, pour faire une coupe : 1° reculer le chariot de facon à mettre le couteau en arrière de la préparation; 2° tourner le disque de la vis micromé- trique exactement du nombre de divisions correspondant à l'épaisseur de la coupe que l’on veut faire ; enfin, 3° ra- mener le chariot vers soi lentement en passant sur la pièce à couper, à moins qu’il n'y ait des indications con- traires. À chaque opération, le rasoir enlève une coupe; mais, dans la plupart des cas, cette coupe s’enroule sur elle- même, au fur et à mesure que le couteau avance sur le bloc. Pour éviter cet enroulement désagréable, dès que le rasoir à entamé le bloc pour faire la coupe, on appuie légèrement avec un pinceau sur la partie coupée légèrement la coupe sur le raseau dès qu’elle est com- mencée, on l’appuie, dis-je, avec un pinceau; de cette facon la coupe se termine sans enroulement possible. A l’aide d’une aiguille on prend la coupe qui est ainsi faite et on la porte sur une lame préparée à cet effet, d’après l’un des procédés que nous indiquerons plus loin. On peut encore déplisser les coupes en les plaçant sur l’eau distillée ; dans ce cas, on les fixe sur les lames bien découpées, par simple évaporation de l’eau. Le microtome à chariot de Miehe répond à la deserip- tion que nous venons de faire. Un des plus graves défauts de ces instruments c’est que la pince porte-objet est five et que la préparation doit toujours rester dans le même plan, à moins de l'enlever et de la replacer. Pour obvier à cet inconvénient, on a d’abord rendu la pince porte-objet, mobile sur deux axes permettant de déplacer la préparation sans l'enlever, dans le sens latéral et dans le sens vertical puis enfin sur trois axes, sui- vant les trois directions de l’espace, tels sont par exemple les microtomes à chariot de Leitz, de Miehe (nou- veau modèle), etc. Dans ces appareils, la vis micromé- trique fait déplacer la préparation seulement dans le sens vertical, il y en a d’autres tels que ceux de Yung Thoma, de Reichert, etc., où la vis micrométique entraine un chariot sur*un plan incliné et c’est sur ce chariot qu'est placée la pince porte-objet avec ses organes accessoires d'orientation. Aujourd’hui, la plupart des constructeurs remplacent les trois axes qui portent la pince, tout simplement par une articulation consistant en un genou, enfermé dans une coquille. Cette ingénieuse modification permet d’o- rienter la préparation dans tous les sens, sans nuire à la stabilité de l'appareil, car une forte vis permet de serrer à bloc le genou articulé, de facon à pouvoir le rendre absolument fixe, ce qui est, du reste, absolument indis- pensable. Si la pièce à couper doit être maintenue dans une po- sition rigoureusement fixe au moment de là coupe, il ne faut pas oublier que le couteau, quelle que soit du reste sa forme, doit lui aussi se déplacer, dans un plan tou- jours le même et sans qu'il puisse se produire d’à-coups ou de tressauttements ; il faut pour cela que le mouvement de translation du chariot qui le porte sur la ou les glis- sières soit le plus parfait possible. Pour cela, on donne aux plans qui constituent la glissière, une position très oblique l'un sur l’autre et on 240 LE NATURALISTE réduit la surface de frottements à son minimum pos- sible, sans enlever de sa stabilité. Pour diminuer encore les frottements, on a fait la glis- sière en cristalet l’on à réduit les surfaces de contact du chariot à de simples pointes d'acier. Mais, lorsque le chariot se déplace sous l'effort de la main de l’opérateur, il est à craindre que l’on appuie ou que l’on soulève plus ou moins le chariot de dessus la glissière, il en résulte des à-coups qui peuvent nuire au résultat des opérations. On a cherché à éviter ce nouvel inconvénient soit en faisant manœuvrer le couteau, au moyen d’une manivelle (Microtome de Leitz), soit en rendant le chariot solidaire d'une roue à l’aide de cordes et de poulies comme dans les modèles de Reichert ou autres. On a quelquefois besoin de faire les coupes sous un liquide (eau ou alcool), Les mêmes modèles de micro- tomes peuvent, en général, être employés, mais en les modifiant par l’adjonction d’une cuvette métallique dans laquelle se trouve la préparation et où se déplace e couteau. (Appareils de Miche, de Pal, etc. » Dans la plupart de ces modèles de fabrication récente, on a remplacé la pince porte-objets qui demandait à ce que le bloc füt placé sur un porte-objet en bois ou en liège, par des porte-objets métalliques de différentes formes. Comme toujours on en a plusieurs de dimensions différentes, avec chaque appareil on n’est pas obligé d'enlever un bloc qu'on n'aurait pas fini de couper, pour pouvoir en mettre un autre, ce qui est souvent précieux. Le plus commode de ces porte-objets est, sans con- tredit, le modèle que nous avons eu dernièrement l’occa- sion de voir. Il se compose d’une tige d'acier que l’on peut serrer entre les mors de la pince spéciale des mi- crotomes. Sur cette tige se visse toute une série de disques métalliques de différentes dimensions. Quand on veut changer une préparation, on n'a qu'à dévisser le disque et le remplacer par un autre. Tels sont rapidement passés en revue, les principaux modèles de microtomes dans lesquels le couteau et la préparation sont mobiles. Tous ou à peu près, à moins d’avoir une très grande habitude, ont le même inconvé- nient, c’est qu'il faut prendre chaque coupé séparément pour la porter sur la lame ; il est très difficile d'obtenir des coupes en séries à cause du déplacement obligatoire du couteau à chaque nouvelle opération. Le microtome Rocking, modèle de l'Université de Cam- bridge, modifié par Malassez a déjà marqué un grand pas dans cette nouvelle voie. La préparation se trouve à l'extrémité d'un bras de levier terminé par une série de pièces permettant l'orientation facile, Ce bras de levier est mobile autour d’un axe horizontal et se continue par un autre beaucoup plus grand (8 ou 10 fois); celui-ei peut s’abaisser lorsqu'on tire une petite manivelle : la préparation s'élève par ce fait et revient à sa place par l'intermédiaire de deux forts ressorts. Dans le mouvement d’ascension du court bras de levier, la préparation est en même temps poussée en avant d’une façon automatique, et, lorsqu'elle redescend sous l'action des ressorts, elle passe devant la lame du cou- teau et la coupe se fait. Chaque fois que l'on abaisse le grand bras de levier, il se produit un léger déplacement en avant (déplacement dont on peut, du reste, régler fa- cilement la valeur) et une coupe succède à l’autre sur la lame du rasoir. Les coupes se poussent ainsi l’une l’autre, s’accolent par leurs bords en contact,et il se pro- duit üûne série continue de coupes figurant assez un tænia (c’est le nom qu’on lui a du reste donné). Dans les anciens modèles de Rocking, le couteau était absolument fixe, on ne pouvait ni l’avancer ni le recu- ler; dans les modèles récemment construits les deux bras sur lesquels vient se fixer le couteau, sont rendus soli- daires et peuvent se reculer ou s’avancer à volonté. On les tient en place à l’aide d’une vis placée au-dessous du socle de l'instrument, Pour bien réussir les coupes avec ce genre d'appareils, il faut que les faces verticales du bloc de paraffine, soient aussi exactement que possible dans une position perpendiculaire au couteau et par conséquent bien parallèles entre elles, ce que l’on peut obtenir facilement avec un peu d'habitude, où au moyen d'appareils spé- ciaux, mais qui ne sont pas d’une grande utilité, Amesure que tout lebloc est ainsitransformé en tænias, on les recueille sur une surface propre et on peut coller les préparations sur les lames, tout à loisir. Avec cet instrument la coupe ne présente pas une surface parfaitement plane, Car puisqu'il y a rotation du petit bras de levier autour d’un axe, c’est suivant une surface convexe qu’elle se fait, bien légèrement convexe, si l’on veut, étant donnée la petite dimension du bras de levier, mais pas exactement plane cependant. Le Prof. Minot à heureusement tourné cette diff- culté. Pour cela il fait déplacer la préparation dars un sens rigoureusement vertical, le couteau étant toujours fixe, comme dans le précédent modèle. Le chariot qui porte la pince porte-objet, articulée sui- vant trois axes, se déplace donc le long d’une forte lame d'acier maintenue par des rainures latérales qui l’'empé- chent de changer direction sous l'influence d’une bielle et d'une manivelle mues par une roue que l’on peuttourner à la main ou à l’aide d'un moteur quelconque. A chaque tour de roue, une tige horizontale se trouve entrainée verticalement et vient butter contre une autre tige rigide, dont on peut à volonté faire varier la longueur, ce qui augmente ou diminue le nombre de dents d’une roue qui, en tournant, fait avancer le cha- riot porteur de la préparation. Le support du couteau est également mobile et peut, par conséquent, être avancé ou reculé à volonté, Le bloc est porté par un appareil à disques, semblable à celui que nous avons décrit précédemment. Le couteau est triangulaire suivant une coupe perpen- diculaire à son axe; il est fort épais de facon à éviter les vibrations. La disposition du support du couteau a été modifiée de facon à pouvoir incliner le couteau à volonté, afin de pouvoir utiliser toute lalongueur de la lame, sr on le juge convenable. On peut aussi, de cette facon, fairedes coupes dans l'alcool ou tout autre liquide. On peut recevoir les coupes ou plutôt le fænia tout simplement sur une feuille de papier blanc, c'est ce que l’on fait ordinairement; mais 1! existe un appareil à ruban qui s'adapte au microtome et sur lequel on peut les recueillir à mesure qu'elles se font. Nous terminerons la description, fatalement un peu longue de tous ces appareils plus ou moins perfectionnés, en signalant le microtome à bascule de Reichert. Dans cet instrument la pièce est mobile; elle s'élève et LE NATURALISTE 241 s'abaisse sous l'influence d’un levier mû par une roue, mais ce déplacement se fait toujours dans le même plan vertical (une fois qu’elle est en place, bien entendu.) C'est le couteau seul qui s’avance vers la préparation dans les limites de 0,001 à 0,005. Le champ dans lequel peut se déplacer le bras de levier est beaucoup trop restreint, aussi cet appareil ne peut-il servir pour toutes espèces de préparations. À côté de tous ces modèles, il y en a bien d’autres en- core, dont nous ne parlerons pas, n'ayant pris que des types pour ainsi dire, marquant des étapes successives dans l’histoire du microtome. Préparation des lames. Collage des coupes. — Lorsque les coupes sont faites, si l’on se sert d’un microtome a séries où avant qu'elles le soient pour les autres sys- tèmes, 1l est bon de préparer les lames sur lesquelles on doit fixer les coupes. Il faut d’abord, autant que possible, les choisir sans dé- faut dans le verre. Les lames à bords rodés sont assu- rément excellentes, mais elles coûtent un peu cher. On peut très bien se servir de lames ordinaires minces, mais en les vérifiant bien au préalable. Quand on les a choisies, il est bon de les mettre jremper en bloc pendant quelques heures dans un vase rempli d'alcool fort, légèrement acidulé à l'acide chlo- rhydrique. Au moment de s’en servir, on les retire et on les essuie avec soin. On passe alors sur la lame l’un des mélanges dont nous allons maintenant parler, destinées à faire adhérer fortement les coupes au verre, en ayant soin de laisser intacte une petite partie de la lame, sur laquelle on col- lera l'étiquette désignant l’objet de la préparation. Le mélange collant doit éêlre choisi selon la nature de la matière qui a servi à l’enrobage. 1° Pour coupes de blocs au collodion. — Un des pro- cédés les plus simples et, par conséquent, des plus com- modes, consiste à mettre ies coupes dans un bain d’al- cool à 95° au fur et à mesure qu’elles sont faites ; puis on les reprend séparément et on les place en ordre sur une lame porte-objets, bien nettoyée, simplement. On verse dessus de la vapeur d'éther. Le collondion se ramollit et devient transparent. On porte alors la lame dans de l'alcool à 90° et l’on peut alors passer dans les mélanges colorants. On peut encore fixer les coupes sur la lame à l'aide du mélange suivant : ANICOOlEAbDSOl. 022 EL Eire ADS Solution faible de dextrine d’eau distillée... Ac Solution sirupeuse de sucre candi dans l’eau Œstiléelbouwllante rer ee RAA A0cc (A suivre.) GRUVEL. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 21 août 1899. M. A. Pizon fait part de ses recherches sur la persistance des contractions cardiaques pendant les phénomènes de régression chez les Tuniciers. Par les études de l’auteur et qui ont été fournies par deux familles très diffé- rentes d'Ascidies composées, on peut penser que la persistance des contractions cardiaques pendant les phénomènes régres- sifs est un fait général chez les Tuniciers bourgeonnants, rap- pelant celle que présentent les Insectes pendant leurs méta- morphoses; il est très vraisemblable qu’une telle vitalité n’est pas autre chose qu’un réflexe provoqué par les globules eux- mêmes, et comparables à celui que les physiologistes détermi- nent sur un cœur isolé de grenouille, en y faisant passer un courant sanguin. Séance du 4 seplembre 1899. M. Edmond Bordage présente une note sur le mode de croissance en spirale des appendices en voie de ré- génération chez les Arthropodes. En ce qui concerne les Insectes, le fait est maintenant prouvé pour les membres. Chez les crustacés, ce mode de croissance aété constaté chez le cancer pagurus, carcimus mœænas,Pagurus Bernhardus. Parmi les Arachmides, les Aranéides le présentent nettement. Chez les Myriapodes, il n'a pas encore été signalé. Toutefois ce mode de croissance en spirale ne se rencontre pas chez tous les Arthropodes. Chez le Homard, par exemple, les membres thoraciques en voie de régénération croissent d’une facon rec- tiligne. Ce fait est d'autant plus remarquable que, chez le même Crustacé, les antennes mutilées croissent en spirale jus- qu’à la première mise qui se produit après la mutilation. En ce qui concerne les Insectes (Mantides, Blattides, Orthoptères sauteurs), la régénération d’une portion de membre, après sec- tion artificielle, se produit le plus souvent suivant le mode de croissance en spirale, sauf quelques exceptions. Ainsi chez les Phasmides, tandis qu'un membre amputé par autotomie se ré- génère en suivant le mode de croissance en spirale, la régéné- ration d'un membre amputé par sectien artificielle a lieu sui- vant le mode de croissance rectiligne. Séance du 25 seplembre 1899. M. Albert Gaudry entretient l'Académie de la découverte du Néomylodon. Lors du voyage exécuté parla mission sué- doise à la Terre de Feu, le Dr Otto Nordenskjold, un des membres dela mission, apprit que des fermiers avaient décou- vertune grotte remplie d'ossements; onen avait tiré une peau d’un grand animal qui était, comme celle du Mylodon, conso- lidée par de nombreux ossicules et couverte en dessus de poils bruns de # à 5 cent. de long. Un morceau de cette peau a été remis à M. Ameghino qui les signala sous le nom de Néomylo- don. Les peaux que M. Albert Gaudry a vues à Upsal avec leurs poils bien adhérents, un os encore garni de muscles des- séchés, des os qui ne happent pas à la langue, des crottins, de la paille hachée menu àl'état frais, des cornes d’ongles intactes sont inexplicables, si le Néomylodon n’a pas été enfoui à une époque peu reculée. Il n'y a pas de motifs pour rejeter la croyance de M. Ameghino qu'on pourra le trouver à l’état vi- vant. M. Vital Boulet adresse une note sur quelques phénomènes de la désorganisation cellulaire. Les premiers phéno- mènes qu'on observe dans la désorganisation spontance des cellules d'une feuille d'Elodée, consistent en un accroissement considérable de la tension osmotique accompagnée de modifica- tions importantes dans le contenu de l’hydroleucite et la struc- ture du protoplasma. La toxicité des cellules intactes varie de 2,1 à 2,3 suivant les cellules. La tension osmotique se relève ensuite avec le temps et l’hydroleucite se segmente souvent en un certain nombre de parties. En même temps, et parallèles ment à l’accroissement de la tension osmotique, il apparait dans l’hydroleucite de nombreux éléments bacilliformes. Le protoplasma subit corrélativement des modifications impor- tantes. Formant d’abord une masse assez homogène autour de l’hydroleucite, il se ramollit abondamment à mesure que la tension osmotique croit. M. Edouard Heckel donne le résultat de ses observations sur la formation des canaux sécréteurs dans les graines de quelques Guttifères. On sait que, d'une facon générale, l'embryon des Clusiacées, quelle que soit la constitution est ri- chement pourvu de canaux sécréteurs.il existe, dansles Gutti- fères, deux catégories de graines dépourvues de canaux secré- teurs; les unes (Garcinia) n'en forment jamais pendant la pé- riode germinative, les autres (Allanbackia) en forment de nombreux et par un processus tout différent de celui qui est admis comme unique jusqu'ici. Ce processus se retrouve dans Ochrocarpus. P. Fucus. ETES 19 LE LO ARRIVAGES Lépidoptères du Japon (EN PAPILLOTES) Tous ces papillons sont en vente chez Les Fils d'Emile Dey- rolle, naturalistes, 46, rue du Bac, Paris. Papiho hippocrates, 2: 25 Ann eee 2 » A UE L EN LAIT ER RTE TO RES CEE re 2» DMC MOD er Re En TR 3 )» D HalCIn ous KT PTE AIN Rene et PRE 4.75 » helenuséGtms sales ess enr En 1295 ie SarpedoniLine te ME en ee te 80 Buüuchdoa Puzilon Erche MR 3 ) Parnassius-glacialis But,:o44:2, 217 0 P3 » RhodoCerdmaeximaiBut: 404 ti 0 400 » aCUMIDa ta Telle Ne MR EEE 80 FÉES MAPS er er ee 60 Dipsasispes tr at HER RER TEE 3 » DA LCL NE CNT EP RUN RAR Jr LR 3 » DR JORASIANSON ES. 2 NEUTRE 3 Thecla smaragdina Brem.................. 3 » D TA IC A MUr ne N LeORNS 30) PAMODENTANS Mure ee 2 SOMME 3 » DGA A BTE 42 on ae NSP 3 » DÉC DEHER JAN SMS PR NN Re Pal 3 » Polyommätus phlæas in. 0 30 EVCæna be ticattine se ee ee Re 60 DATE IOIUS LAN re ARS 40 De NP RVOT MUR SA an nel EAN 2 » MR ReUpDheENUS he Er RER ARE 80 LybithéaMepité Moore...) 4 1 DNS 1 50 Euripus charonda Hervit............. AS Ce 6 » ». Japonica Feld........ RARE EM A 149 Dimenits sibylla Line. RL ee 50 Cyrestis thyodamas Boisd.................... 2 » Neptisiaceris Lépiis. 1. M) uen 40 »BIVET Buts AE RAReETT ie ARR au 2 50 2 raltinanBrenmess RSR AN ee 3 » ANRT CRIE UE RE er 60 VARCSSA Don AE Ne RER 50 DONC album nee MAN NT NN ER 60 Cr aureumilin ss 2 Us 60 CRE CODE D Een Cor RP Er RS AN US 60 De CAT QU ALAN M En Ar ep 25 > cHCAaliThE Fab. CRAN re 1 50 »,.-Xanthomelas Sehi EeEeVeses 50 PRÉ CRATON AND EURE Ne MANIA 1 50 Melitæa phœbe Sch....::...,,. 4 Re » » atRa A BOL FU en ARMES 40 ATeYANIS neripperRelde en EN 1 50 » anadÿomene feldi AP PRE 2 » » Sagan a DOUD HOME PAM ERSeS 0195 » paphia Tin, er nent 60 » dapbne She: NRA 60 Dans ytialGrag: 5 AT ee NAN ee 2 » DANS Diner es nc 1 enr net ne 19 Mycalesis'gotama Moore: 1,11 n ane 60 Yyphthuimabaldus Fab 11e Rene 60 SAUYTUS ATYAS SCOpE A NRE n eAU 60 Lasiomata epimenides Men.................. 4 50 LE NATURALISTE Léthetsinehss sr eee nee aa Re TER 75 DATA LA LE PRE RE are el Reed 1 50 PronophilaSchrenki-Ment 40e 20) Neope saschkevitschiiMen. 9 nent 1 25 »:DiCalipteNs BUT ER Ne NIET R ENS 20» Cœnomympha œdipus Fab..:. 1... 10 60 Ismene benjimina|Guer 2er 1 50 Daimiostéthys Mure Pre rene 80 Pamphilavaria Murs FR eee PRES 50 » guttatas Bron 410 Men 60 HESperaisVIVanus Esp, ee En 40 » CoMIMAS LiNE R A PRNE RE CE CRESS 50 » C3 DES En LAURE PA RE 50 Syrichtus sinicus. ...... Des RE RE ANSE 80 Chœrocampa Japonica Boisd..7......., Le 3) » oldenlandii Fab: Rire eee #9 Syntomis Fortunel B01sd.::,.:2222 Ne 1 50 Pryerit}Sinica Moores. Re ARE 1.25 Chalcosiatcaudata." (22 PRE Re 2-0 Pidorushatratus tr ePe ARE ETES ! 50 Rhypariodes nebulosa But.:.:...... 11. Din Clisiocampaneustria, 2% 17 1er 50 Rhodia fugaxtBut..# 21e Re 6 p» Noctua dilatatas te eos RER RES 60 AmphipyrasSurnia Helde 24e em EEE 60 » corvinaMots: | SR PR Re 60 Moœnia contaminata 2040 Pen eeeeR 50 Toxocampa inermis............ Se ADR Ltd © 80 Lagopteraielesans sn tr ER ae GE» Ophideresstiyrannus tree Re RtrRER 5 » Catocalaactæa Feld SPA PP RER ASE 1 75 » ZAÏMUANAABUCS re MARRANT 80 Hypopyra martha Butler Rene 1 25 » JAPONICA MEN ERNEST 1 25 » dulcinasFeldé ie ne ERRE 2 » Remigia annétta But Mb0 MEME RTS sie 60 NYctipao!crepusCulaAriS 2 2 PER MAN REIRErSS 1 » Urapteryx maculicaudaria Mots............... 41 25 Entrapela rufescentaria Mots..........2...... 60 Amphidasyssuperans But: .:..- 4202008 4 50 Hemirophila atrilineata: But........-. 1" 1 25 Naxa dexblsnar there RO ne BAIL Do 60 Vithora eurymede Molts...... SN RETENIR en 60 Icterodes Jaguaria Arme ee ARR ns 75 Gabala/argentata But ter PR een 50 Hortmisaplusioides But ee rene ECC 50 ÉYPOnOMeENtA Sp re ER Re 40 Ea série complète......1.1.:..004002 120 » S'adresser à « Les Fils d'Emile Deyrolle », 46, rue du Bac, Paris. DEMANDES On demande en quantité les fossiles suivants : Gryphæœa arcuata — Ostrea virgqula — Micraster ou Oursins silicifiés — Murexz Sedgwichi — Arca turonica. Faire offres avec prix et quantité à MM. Les Fils d'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 11. 3 A 9, LE NATURALISTE ‘aJMsuo S991099 SO] SnOS J9 SajooIu8I suouSIduEo so] suep jurArA ‘sJ1j0d s9x] S0J29SUI,p S099ds0 % no € owdajuor ‘sntoriqe ad 99410 ‘ewtogerex axuo8 of ‘Saiu98 gp uo sorjaedou ‘sooodso p outre} -uvienb oun puordwos ejpituey 97790 ‘lot suouuop my snou onb enpua)o [| 004Y ‘JUBAB UQ 1991J91 JUOUWI]IOF [LIDUIB U9 JS9 19-IN[09 Jo ‘XeiouyJo1d 9j suep oosseyouo sinofnoy onbsoad 350 earen8ue11} 9791 anoT ‘SouuUAJUE S9P J9 SOIMAQUE SOYOUCY SP UOIJIOSUL [ JUOULOD -u09 mb xna9 97do9xo ‘son8ra zosse quos sonbiS8ooydiour sougjovivo saine “o949duo7 ado j op soosioq jo sosnouSequour suO1S91 Sa[ SUPP a1juoouor uO ] onb ‘oiquos uotjei0109 op Sojoosur sop puoadtwuoo oJj{ ouuoruoriqougz, ous e[ op Sejpoanqeu snjd sop oun] JS ojquey 97799 ‘sorouy np J10ddex 9] snos (CLEST uueyuig ‘podorofou) "HOUSTT SHAILHONV'IHN — ‘ue if css tonese esse (TEE ‘8y) queAe u9 110479 snrd ‘ozs deu 9p AUAIOF Uu9 XP10UJ014 ‘10S sndotu99 ‘LOS suqydowp ODA ee nero nie mie sise raleis het (o%T -8y) OI SIPUOITE SOJBUE SOI 9048 9IVI KUIOUJOIX tt (GET ‘Sy) SoxJepAoA SOIOu S91JÂf9 ‘95n0I ano]n09 9P 91VINIITD XCI0HJOId ‘SM SnINeJOIOH ‘SMIT ejuopoq ‘(887 ‘2y) onreriseq orjaed e7 nb onS$uor surd js9 ojejsip ouaed vf steuwu ‘uoqyts un atd SNSSOP-19 YULUOND S99STAIP S91N91191S0d SOUSUCH 6 A) OL:':':: vus. nos conne (LET "8y) So[quI4 —Wu9s sorjied xnop uo uoyyts un aed quour —O[RSIQASUBI] SO9SIAIP S9AN919/S0d SoUOueH SI BITULOSI Fes noette HR Un AE OR see. 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Établir le catalogue systématique où alphabétique d’une collection, d’une bibliothèque, etc., à un moment donné, est toujours une chose facile : on transcrit sur un cahier quelconque l’état actuel de la bibliothèque, de la collection, etc. Mais, où la difficulté commence, c’est lorsque il faut, pour tenir son catalogue ou répertoire au courant, intercaler tel nom, tel titre, tel renseignement à sa place ; on a pu réserver dans le cahier certain empla- cement, on peut encore écrire entre les lignes, mais cette facon de faire n’a qu'un temps, car on finit par avoir un répertoire inintelligible qu'il faut recommencer. Tel est le grave inconvénient des catalogues, réper- toires, etc., en cahier, auxquels il faut renoncer. De plus, dans un cahier ou même dans un registre, les ren- seignements qu'on peut consigner sont restreints, C’est- à dire la place est mesurée. Un entomologiste, un bota- niste par exemple, et, en général, tout collectionneur, ayant le catalogue de sa collection, de son herbier, etc., a fréquemment l’occasion de se reporter à tel ou tel nom, à tel ou tel titre d'ouvrage, pour comparer ou identifier une espèce ou autre chose; quelques brefs renseigne- ments à la suite du nom ou du titre leur évitent une perte de temps souvent considérable; mais il est presque impossible de mettre des notes sur un cahier ou registre de catalogue. Voilà la critique des catalogues ou réper- toires de ce genre. Mais il ne suffit pas de critiquer, il est nécessaire d'indiquer le moyen préférable à employer : en un mot, c'est la classification par fiches qui est le seul et l'unique moyen pratique, rapide et rationnel. Un ré- pertoire par fiches est toujours classé et n’a jamais be- soin d’être recommencé, chaque fiche nouvelle trouve sa place immédiatement; on peut y consigner nombre de renseignements, c’est la méthode idéale, En zoologie, en botanique, etc., la description d’une espèce encore non portée sur les catalogues systématiques peut être mise ou entrer sur une fiche ; telle notice concernant un livre, une médaille peut être mentionnée sur une fiche, on pourrait multiplier les exemples à l'infini : on a la place de mettre beaucoup de renseignements sur une fiche, alors qu’on ne peut rien mettre sur un registre ou un cahier. Depuis longtemps, ce système est employé par bon nombre de musées, bibliothèques publiques ou pri- vées, collectionneurs de toutes sortes, mais non par tout le monde encore, beaucoup ignorant peut-être ce mode pratique de classification. C’est en visitant der- nièrement l'usine de la maison « Les Fils D'Émile Deyrolle », où nous avons vu fabriquer des meubles pour fiches, que l’idée nous est venue de dire tout le bien que nous pensions, et qui ne peut être contesté, de ce système de répertoires où classifications par fiches. Nous entrerons maintenant dans quelques détails de fabrication ou d'établissement de ces fiches et des boîtes ou meubles pour les contenir. Les formats de fiches généralement utilisés sont les suivants : 11 X 7 — 12 X 8 — 15 X 9— 16 X 10 — 19 X 12 — 20 K 12: les fiches sont ordinaires, c’est-à-dire en simple carte, ou à arrêt; celles à arrêt sont pourvues à la base d'un trou permettant l'introduction facile d’une tringle, dite tringle d'arrêt. Chaque série de fiches, c’est-à-dire chaque clas- Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. N° 304 1° NOVEMBRE 1899 sification de fiches, est séparée par des fiches dites séparatrices, en cartes plus fortes et dépassant en hau- teur les autres de 15 millimètres. Les fiches se mettent en boîtes ou en meubles. Ces boîtes se font à une case Boîte à fiche à une case. pour les boîtes en carton ou en bois ; pour celles à deux cases, elles sont toujours en bois. Pour ces boîtes, on Boîte à fiche à deux cases. n'emploie que les fiches ordinaires; les fiches à arrêt sont réservées aux meubles, Les meubles comprennent les tiroirs dont une partie de la facade est mobile afin de permettre de consulter plus facilement les fiches, qui sont maintenues au moyen de triangles fermant à clef; les fiches ne peuvent done être ni mélangées, ni égarées, L’addition de nouvelles fiches se fait en ouvrant une serrure qui ferme la partie inférieure de la façade du tiroir; on tire alors la tringle que l’on remet en place aussitôt la nouvelle fiche placée. Ces meubles se font généralement sur une rangée pour les meubles de cinq tiroirs, et sur deux rangées pour les meubles de dix tiroirs. Afin de fixer les idées sur la dimension de ces meubles, nous irons qu'un meuble de cinq tiroirs pouvant con- tenir 8.000 fiches de 1# X9 mesure 1 m. 30 de haut, 0,75 de large et 0,53 de profondeur; un meuble de dix tiroirs pouvant renfermer 16.000 fiches de même format atteint 1 m. 30 de haut, 4 m. 40 de large et 0,53 de pro- fondeur. Nous signalerons encore un autre genre de 26 meuble ne différant des précédents que par le système de fermeture, la tringle est entaillée dans la façade du Meubles à fiches de 10 tiroirs sur deux rangées. tiroir. Toutes les tringles se trouvent maintenues en place par une autre tringle transversale fermant à clef. La figure ci-dessus montre le meuble fermant de plus Meubles à fiches, à tringles entaillées. sur le côté et empêchant d'ouvrir les tiroirs; ce meuble LE NATURALISTE a 6 tiroirs et mesure 4 m. 38 de haut, 0 m. 70 de large et 0,63 de profondeur, Il peut contenir 11.000 fiches. La maison Deyrolle, nous à dit l'un de ses directeurs, a déjà fait des meubles ce ce genre pour contenir cent mille fiches ; mais lorsqu'on arrive à ces quantités, ce sont de véritables monuments; il faut disposer d’une place exceptionnelle, Si on a besoin d’un grand nombre de fiches,cinquante ou cent mille par exemple, il est préfé- rable d’avoir deux ou plusieurs meubles, cela est toujours plus facile à caser. P.-Fucus. BIBLIOTHÈQUE COLLECTIONS DE COQUILLES de feu CROSSE Du 20 au 30 novembre prochain aura lieu, à Paris, la vente aux enchères publiques de la célèbre bibliothèque et de la remarquable collection de coquilles de Crosse, fondateur du Journal de Conchyliologie. Aussitôt qu'il eut entrepris l'étude des Mollusques, H. Crosse comprit qu'une collection de coquilles et quelques ouvrages généraux, permettant de les déter- miner en partie, ne pouvait suffire à un naturaliste qui veut arriver à posséder son sujet de manière à produire des travaux utiles et bien faits. Aussi, s’appliqua-t-il aus- sitôt avec un soin tout particulier à réunir une biblio- thèque malacologique aussi complète que possible. Les relations que le Journal de Conchyliologie lui créait avec tous les spécialistes, lui procurèrent la plupart des ou- vrages qui parurent depuis qu'il eut la direction de ce recueil. D'autre part, en ne négligeant aucune occasion d'acquérir les livres qui lui manquaient, en ne reculant devant aucun sacrifice pour atteindre son but, il est par- venu à réunir la plupart des éditions rares et même des œuvres telles que le Museum Boltenianum et le Museum Calonnianum de Humphrey dont on ne connait que trois ou quatre exemplaires dans le monde entier. Le catalogue de la bibliothèque a été confié au savant sous-bibliothécaire du Muséum d'histoire naturelle, M. G. Malloizel, notre collaborateur, dont la compétence est universellement appréciée. : La collection conchyliologique rassemblée par H.Crosse est, sans contredit, une des collections particulières les plus importantes qui aient jamais été formées. Elle ren- forme une foule de pièces de premier ordre et des séries extrémement riches. Nous mentionnerons spécialement la collection de coquilles terrestres qui a été de sa part l'objet de soins particuliers et qui contient des faunes locales représentées par de nombreux exemplaires de choix, parfaitement déterminés. Parmi les coquilles marines, il en est,telles que Spon- dylius regius, Cancellaria trigonostoma, qui sont au nombre des grandes raretés malacologiques. Les genres Cypræa, Conus, Voluta, Marginella, etc., contiennent également de nombreuses espèces qui manquent dans bien des collec- tions importantes. Le catalogue de cette vente, qui est un véritable évé- nement scientifique, sera adressé sur demande faite aux experts de la vente « Les Fils D'Émile Deyrolle », 46, rue du Bac, Paris. LE NATURALISTE 247 LE PHYLLOXÉRA EN ESPAGNE Le phylloxéra a déjà envahi 170.985 hectares dont seulement 50.581 hectares ont été replantés avec des cépages américains. Dans la région andalouse seule, le phylloxéra a envahi 13.500 hectares de vignobles répartis comme suit : Superficie Nombre des vignobles Provinces d'hectares atteints 19.645 hect. Cadix. 2.455 »,505 Cordoue, 1.290 D.444 Grenade. 2 913 8.038 Jaen. 2.653 11.41% Alméria, 3.497 10.971 Séville. 944 La province de Malaga compte 10.993 hectares de vignobles plantés de cépages américains ; celle de Séville n’en a que 8. Jusqu’a ce jour, la région communément dénommée « Reine de Valencia » avait échappé au fléau et les seules maladies de vignes qu'on y avait remarqué étaient le mildew, le black rot et l'oidium; malheureusement, l'invasion phylloxérique paraît devoir s'étendre davan- tage sur le vignoble de la péninsule, avec une tendance à gagner les provinces du nord : Murcie vient d’être phylloxérée sur une surface de 700 hectares. Tout récemment il a été découvert à Dolorès, village important de la province d’Alicante, des taches phylloxé- riques dans un rayon assez étendu; des constatations de même nature ont été également faites à Tortose et dans ses environs. La province de Valence, indemne jusqu'ici, se trouve menacée par deux points différents. Le vignoble très important de la province de Huesca est resté Jusqu'ici indemme du phylloxéra; il n’en est pas de même dans la province de Logrono, où le fléau à été officiellement déclaré, pour la première fois, il y a environ trois mois, non loin de Haro. Les ravages qu'il a faits jusqu'ici sont de peu d'importance et n’atteignent qu'une surface de 2 hectares sur 55.000 que comprend le vignoble de la région de la Rioga. En ce qui concerne la province de Navarre, on estime la surface envahie par le phylloxéra à 60.000 hectares, et l’étendue des vignobles détruits à 10,000 hectares. La marche de la maladie est très rapide; elle se dirige du nord au sud. Pour la replantation des vignobles dé- truits, On à créé à 5 kilomètres de Pampelune, une pépi- nière de vignes américaines qui doit fournir aux cultiva- teurs toutes les plantes nécessaires ; on espère que 7 à 8 millions de boutures et 2 à 2? millions de racinés pour- ront être fournis l’année prochaine. Le prix sera de 10 pesetas environ pour 1.000 boutures et de 20 à 25 pe- setas pour 1.000 racinés. Toutes ces plantes sont des- tinées à des terrains peu calcaires, 500.000 boutures et 100.000 racinés ont été fournis cette année. On à fait venir, le printemps dernier, soit de France, soit de Catalogne, des espèces pour les terrains très cal- caires, des berlandierinotamment. On a créé également 16 champs d'expériences, puis 5 autres pépinières, dont 3 sont dejà en rapport, et on doit, cet hiver, établir une pépinière d'adaptation à Olite. La province de Saragosse est jusqu'à présent restée indemne ; celle de Valladolid est quelque peu atteinte ; les vignobles détruits, qui s'élèvent à 2.000 hectares en- viron, sont remplacés par des céréales ou des plantations de pins. Quant au vignoble de la province de Zamora, il est plus ou moins attaqué. Le district de Benavente, qui ex- portait beaucoup de vin, n’en produit plus aujourd'hui la quantité suflisante pour sa consommation. On estime que 40.000 hectares ont été complètement perdus. Le fléau continue sa marche envahissante. Beaucoup de terrains complantés en vignes sont livrés à la culture des céréales; sur quelques autres, on a entrepris la recons- titution avec des plants américains. LES AVALANCHES Il y a deux sortes d’avalanches, dans les Alpes, les avalanches de neige et les avalanches de roches et de terres Ces dernières sont de beaucoup les plus dan- gereuses. Les avalanches de neige se produisent généralement sous l'influence de la chaleur solaire. qui fond la neige en certains endroits et qui ne la fond pas dans d’autres, Il en résulte des éboulements qui, roulant sur une neige plus ou moins molle, font la boule de neige, comme on dit vulgairement, et descendent la pente de la montagne avec une vitesse proportionnelle, comme la chute des corps en général, au carré des temps. L’avalanche agit donc de deux facons, par sa masse sans cesse croissante et par sa vitesse. Il va sans dire que toute avalanche de neige peut se compliquer d’une avalanche de roches, et que parfois les pierres entrainées avec la neige jouent un rôle plus important encore que la neige elle-même. Le déplacement, rapidement croissant d’une telle masse de matière, s'accompagne d’un déplacement d'air extré- mement violent, ui projette parfois des arbres ou des cabanes à de très grandes distances, c’est ce qu'on appelle le vent de la cataracte. Ge vent est capable d'enlever un homme en l’air et de le projeter évanoui au milieu des buissons, voisins des chemins quil suivait, au moment du cataclysme, Quand l'homme évanoui a repris ses sens, il ne se rappelle plus qu’une chose, c’est qu'il a entendu un grand bruit, qu'il s’est senti soulevé en l'air et qu'il a perdu connaissance. ; Ce qui est intéressant à constater, dans les avalanches de neige, c'est que ne füt-on qu'à moitié enseveli dans la neige jusqu’à la ceinture, on a toutes les peines du monde à en sortir; le plus souvent, on ne peut même pas se dégager tout seul. En effet, la neige est tellement tassée autour de ses victimes, qu'on se sent les membres serrés comme dans un étau. On éprouve alors une sen- sation de violente chaleur dans les membres ainsi em- pêtrés par la neige, Les avalanches de roches et de terres sont en général beaucoup plus redoutables encore que les avalanches de neige ; à cause du poids des matériaux qui se précipitent de haut en bas avec une vitesse croissaut rapidement, C'est le résultat de la désagrégation des roches sous lin- fluence du gel et du dégel. On peut encore les observer sous l'influence des grandes pluies, qui ont parfois permis à certaines couches perméables de s'infiltrer suflisam- ment, pour que les couches superposées glissent sur une véritable nappe vaseuse C’est dans ce cas qu'on peut voir une montagne glisser dans une vallée, en entrainant une immense quantité de ruines sur son passage. On conçoit que des hameaux entiers peuvent disparaitre, 218 LE NATURALISTE devant un pareil effondrement. C’est surtout dans ce cas, que le vent de la cataracte produit des effets désastreux sur un espace dont on ne peut se faire une idée. On a vu alors des toitures enlevées, être rejetées au loin, sur le côté, à plusieurs centaines de mètres de distance, des arbres entiers être emportés comme dans un véritable ouragan, sans avoir été le moins du monde frappés par les rochers de l’avalanche elle-même. Plus on étudie les montagnes et plus on se rend compte qu'elles sont destinées à s’émietter et à descendre suc- cessivement dans les rivières, sous forme de galets, dans les fleuves sous forme de cailloux, et dans la mer sous forme de sables, plus ou moins limoneux. Autrefois, quand l’homme ne cherchait pas à régula- riser le cours des rivières, les roches qui descendent des montagnes finissaient à la Icngue, par ensabler le lit des fleuves, de gravois de toute espèce, et on voyait à chaque instant les fleuves et les rivières sortir de leur lit pour se créer des lits nouveaux : de là, les iles si nombreuses qui se trouvaient jadis dans nos fleuves et dans nos rivières, îles enserrées dans des bras de dimensions fort inégales; suivant que le terrain avait cédé plus ou moins d'un côté ou de l’autre. Les montagnes sont faites pour descendre dans les vallées, comme les vallées sont faites pour être remplies un jour par les dégradations incessantes des montagnes. Certes, ce travail demandera encore une quantité con- sidérable de siècles, avant de pouvoir être achevé; et d'ici-là, la nature aura le temps de produire encore bien des montagnes de nouvelle formation. La dégradation continue des montagnes nous montre qu'elles ont du être autrefois nécessairement plus élevées qu'aujourd'hui. Ainsi les Alpes ont pu avoir 6 ou 8 mille mètres, au lieu des 4,810 mètres qu'a le Mont-Blanc aujourd'hui. On comprend dès lors que leurs glaciers ont pu s'étendre sur une étendue incomparablement plus vaste qu'aujourd'hui c'est absolument nécessaire. Comme les glaciers sont en rapport avec l'altitude des montagnes, On voit donc que ces deux phénomènes sont en rapport l'un avec l’autre, et qu'il n'y a pas eu à pro- prement parler de période glaciaire. Au contraire, 1l faisait alors plus chaud à Paris que de nos jours, alors que le sommet des Alpes était plus froid, parce que ces montagnes étaient plus élevées, et que leurs glaciers pouvaient s'étendre à plus de 50 lieues autour de leurs sommets. C’est alors que l’on devait assister parfois à des avalanches de roches colossales, et que celles-ci devaient être alors beaucoup plus fréquentes qu’elles ne le sont de nos jours. Les avalanches de roches produisent un bruit extraor- dinaire, qui ressemblent souvent à celui du canon, Quand on l'entend, il est déjà trop tard pour pouvoir se garer; tant l’avalanche se précipite avec vitesse ! Dr BouGonx. LE COURVITE ISABELLE DESCRIPTION, MŒURS ET CHASSE Le courvite isabelle (Cursorius isabellinus) est un cou- reur des sables que je n'ai jamais rencontré en France, bien qu'il y fasse des apparitions accidentelles, mais que j'ai tiré plusieurs fois dans le désert égyptien. Cet oiseau qui habite l'Afrique, de la mer Rouge aux îles Canaries, s’égare de temps en temps en Europe. On l'a capturé dans le midi de la France, en Suisse, dans la Lombardie et même dans nos départements septentrio- naux, Il existe au musée d’Abbeville la dépouille d’un courvite qui a été tué aux environs de cette ville. On en a tué d’autres aux environs. d'Amiens, de Calais, de Saint- Omer, de Dunkerque, de Paris. Près de Metz on en à pris un dans une bande d’alouettes. M. Crespon, de Nimes, l’auteur de l'Ornithologie du Gard et de la Faune méridionale, a conservé en volière, pendant deux mois, un de ces oiseaux qui avait été capturé dans une troupe de vanneaux. On en a observé de loin en loin dans l'Aude, l'Hérault, les Pyrénées-Orientales (1). Un chasseur au filet des environs de Marseille en a pris un qu’on voit au musée de cette ville (2). Un jeune individu a été tué en 1841 aux environs de Grenoble (3). On en a signalé dans le Haut-Rhin, la Hesse-Darmstadt et le Mecklembourg, Brehm croit qu'il doit en venir tous les ans en Espagne. Mais nous n'avons aucune donnée qui permette d’aflirmer le fait. Sauf les cas d’erratisme dont je viens de parler, le courvite isabelle est un véritable habitant du désert afri- cain, mais il vit en plus grand nombre que partout ail- leurs dans le nord-ouest. Aux Canaries, il est commun dans la moitié orientale de ces îles. Et alors je me demande pourquoi les méthodistes l'ont appelé courvite européen (Cursorius europæus, Lotham), courvite gaulois (Cursorius gallieus, Bonaparte et Gmelin), puisqu'il ne vient en Europe eten France qu’en qualité de touriste, encore fort irrégulièrement, et que sa patrie est le désert d'Afrique. Le nom d’Isabellinus que lui a donné Meyer, tiré de la couleur de son plumage, est celui qui lui convient le mieux et qu'on doit lui maintenir. Le genre courvite compte un petit nombre d'espèces, toutes réparties dans les contrées chaudes de l'Afrique et de l'Asie. Il a été compris par quelques ornithologistes dans une famille spéciale, celle des Tachydromidés, d'après le nom de Tachydromus créé par Illiger (4) pour les courvites, et adopté par Vieillot (5), d’autres l'ont conservé dans la famille des Charadrydés. Le petit groupe d'oiseaux qu'est elle-même la famille des Tachy- dromidés est composée d’échassiers coureurs des sables qui se rapprochent beaucoup, par les mœurs etles habi- tudes, des petites espèces d’outardes. Comme ces der- nières, ils vivent dans les terrains arides et sablonneux, A peine pourrait-on faire exception pour une espèce qui fréquente le bord de l’eau, le Pluvian du Nil (Pluvianus ægyptius), et encore ne le trouve-t-on que dans les en- droits où le désert arrive jusqu’au bord de l’eau. Les Tachydromidés ont le corps élancé, les tarses hauts et minces, avec trois doigts courts presque entière- ment séparés, le bec à peu près de la longueur de la tête, légèrement recourbé et profondément fendu, des ailes grandes et pointues et une queue courte. Les courvites participent à ces caractères, et l’on peut considérer l’espèce qui nous occupe comme le type du genre. La description que je vais donner de cet oiseau est faite d’après les sujets que j'ai tués en Egypte. D NA D PS ER TR EEE (1) A. Lacroix, Catalogue raisonné des ciseaux observés dans les Pyrénées françaises el les régions limitrophes, 1873-1875, p. 274. — Companxo, His. nat. des Pyrénées-Orientales, 1861- 1864. (2) JaugErT ET BARTHÉLEMY-LAPOMMERAYE, Richesses ornitho- logiques du midi de la France... 1859, p. 442. (3) H. Boureizce, Ornithologie du Dauphiné, 1843, t. IX, p. 89. 4) Prodromus, 1811. 5) Nouv. Dict., 1871, t. VIIT, p. 293. LE NATURALISTE 249 ‘ Le courvite est à peu pres de la taille du pluvier doré, mais plus haut monté sur jambes. Le ton général de son plumage est l’isabelle, plus ou moins accentué selon les parties du corps. Il tire au roux sur la tête, le cou et le dos, au blanchâtre sur la gorge et le haut de la face anté- rieure du cou, au jaunâtre sur le ventre. La poitrine et les flancs sont d’un isabelle clair. Quelques détails diver- sement colorés relèvent un peu l’uniformité du costume. L'’occiput est d’un gris bleu, et deux raies noires séparées par une bande blanche, partant des yeux, viennent se réunir à la nuque et se fondre dans les plumes cendrées de l’occiput, Les rémiges primaires sont noires, bordées de roussâtre, les secondaires isabelle foncé, marquées d’une tache noire vers leur extrémité qui est blanche, et d’un noir mat sur les barbes internes, ce qui fait que, lorsque l'oiseau vole, apparait une barre blanche et noire d’un assez joli effet, La queue est de la même couleur que le dessus du corps, mais, à l'exception des deux médianes, tachetées de noir vers leur extrémité et terminées de blanchâtre. Les tarses sont d'un blanc d'argent sur loi- seau frais. Je ferai remarquer que tous les auteurs, se copiant les uns les autres, disent que ces tarses sont de couleur jaunâtre. Cette erreur résulte de ce que la des- cription primitive a été faite d’après des oiseaux em- paillés. En se desséchant les tarses deviennent, en effet, d’un jaune de vieux parchemin, Le bec est noir et l'iris noisette. Le mâle et la femelle ne différent ni comme taille ni comme couleur. Les jeunes, avant la première mue, ont le plumage plus clair que celui des adultes, et comme moiré, sur les scapulaires et les couvertures des ailes, de nombreux zigzags plus foncés. La tête est d’un brun roux, parsemée de petits points noirs, les rémiges primaires sont bordées de jaune à leur extrémité, et la double raie derrière les yeux est faiblement indiquée par du brun clair. Mais, dès le commencement de l'hiver, jeunes et adultes ont le même plumage, si ce n’est une légère bordure brune très peu marquée au bout des plumes du manteau des jeunes. Le courvite isabelle recherche les lieux les plus arides et les plus desséchés. La couleur de son plumage s’har- monise avec celle du sable, et lorsqu'il ne bouge pas, il est difficile de le découvrir. Quand il court, il le fait avec une telle vitesse que l’œil le perd par la rapidité des mou- vements. Cependant quand on a pris l'habitude de chasser au désert et qu'on s’est familarisé avec les allures des oiseaux qui l’habitent, on arrive assez promptement à le distinguer malgré son costume. | En automne et au commencement de l'hiver, on ren- contre les courvites en petites bandes composées des parents et des jeunes, ou tout au plus de la réunion de deux familles. Je dis : « de deux familles, » car je n'ai jamais observé de bandes de plus d'une douzaine de su- jets, et la ponte de ces oiseaux est seulement de trois ou quatre œufs. Je ne sais si ailleurs ils forment des troupes plus considérables, mais en Egypte je n'en ai pas vu de plus nombreuses. Dès le mois de février ïls vont par paires jusqu’au mois de juillet. Pour nicher, ils se contentent d’une petite dépression au milieu des pierres, sur le sable ou à l'abri d’une touffe d'herbes. Comme je viens de le dire les œufs sont au nombre de trois ou quatre. Leur forme est assez arrondie, leur coquille est terne, couleur de sable, couverte de points et de traits enchevêtrés d'un gris cendré et d’un A gris brunâtre, Ils ont à peu près la grosseur des œufs de pigeon. J'ai tué mon premier courvite, en Egypte, au mois de décembre, près de la statue du sphinx, dans une bande surprise derrière un monticule de sable et qui prit immé- diatement le vol. Dans la suite, j'ai chassé cet oiseau surtout aux environs d'Aboukir. Il n’est commun nulle part, dans le désert égyptien, et, s’il n’opère pas de véri- tables migrations, il erre à travers les sables, ce qui fait qu'on ne peut compter sur sa présence régulière dans les localités où on l’a rencontré une première fois. Sa chasse est pénible, car il se tient constamment hors de la portée du fusil. On peut le poursuivre pendant des heures sans qu’il s'envole, et il n’est pas facile à tirer quand il court, Bolle, qui a beaucoup observé les courvites aux îles Canaries (1), conseille, pour les approcher, de tourner autour d'eux, en décrivant de grands cercles que lon rétrécit de plus en plus. Je n’ai pas eu à me louer de cette manœuvre, bien connue des chasseurs, quand j'ai voulu l’employer à l'égard des courvites. La prudence de ces oiseaux est toujours en éveil, et ils ont fui bien avant qu'on ait réussi à les serrer d'assez près pour les tirer. S'ils ont déjà été chassés et surtout s'ils ont essuyé des coups de feu, leur défiance devient extrême, et il est presque impossible de les approcher à découvert. Le mieux est alors de leur dresser une embuscade en se tenant à l'affût derrière un tas de pierre ou un monticule de sable et d'attendre, si vous êtes seul, qu'en courant de côté et d'autre, votre bonne fortune de chasseur les amène à portée. Si vous disposez de un ou deux Com- pagnons, en leur faisant prendre un détour, ils peuvent rabattre sur vous le gibier. Ce qu'il y a de certain, c'est qu’on à plus de chance d'approcher ces oiseaux à cheval et à âne qu'à pied. Comme un grand nombre d'autres animaux ils se méfient moins d'un cavalier que d'un piéton. Je l’ai constaté bien des fois en Egypte, car je faisais presque toujours, quand cela était possible, mes déplacements de chasse dans le désert, monte sur un âne, mais il n’est pas encore très commode de tirer, dans cette position, un courvite qui arpente le sable. Si l'on à affaire à une bande de courvites qui n’ont jamais eté inquiétés, ce qui arrive assez souvent, car, dans les lieux, qu’ils fréquentent d'ordinaire, les chasseurs n’abondent pas, ils se montrent moins farouches, mais conservent toujours quand même une grande prudence ; des pour- suites réitérées les affolent (2). Les courvites se nourrissent, je crois, exclusivement d'insectes, je n’ai jamais trouvé de graines ni aucune autre matière végétale dans l'estomac de ceux que ja tués, je n’y ai reconnu que des débris de petits coléo- ptères. Magaud D'AUBUSSON. a ——— (4) Bemerkungen über die Vügel der canarischen Inseln. Journ. Ornith., 1854-1855. Mein zweiter Beilrag zur Vogelkunde der canarischen Inseln. Journ. Ornilh., 1857-1858. (2) Bolle parle encore d’un genre de chasse assez singulier que l’on fait à ces oiseaux aux îles Canaries. On se sert, pa- raît-il, d’une sorte de grande écuelle, sous laquelle on place des épis de maïs, de telle facon que, lorsque les courvites viennent les becqueter pour y chercher les vers quis’y trouvent, l'écuelle tombe et les retient prisonniers. LES ANIMAUX QUi CHANGENT DE COULEUR Les personnes qui se déguisent ne se contentent pas de se mettre des costumes fantaisistes ou de prendre des attitudes inaccoutumées : elles modifient aussi leur teint, en se couvrant les joues d’un fard, rouge ou blanc, suivant les cas. Le même fait peut s’observer chez divers animaux, avec cette différence que le fard est placé ici au-dessous de la peau au lieu d’être au-dessus. Le cas le plus connu est celui du Poulpe, cet animal si fréquent sur nos côtes et dont la tête est armée de huit bras garnis de ventouses. L'animal, au repos, présente une couleur jaune pâle analogue à celle du sable; mais cette couleur n’est pas fixe; Quand l’animal se transporte d'un point à un autre, où le fond n’a pas la même teinte, on la voit se modifier et faire place à la couleur du nou- veau milieu qui se propage à la surface de l’animal en formant des ondulations marbrées. En quelque point qu'il se trouve, l'animal se confond avec les objets envi- ronnants. À cette faculté de changer de couleur, utile pour échapper à la vue, le poulpe joint celle de pouvoir troubler l’eau autour de lui, lorsqu'il est attaqué | ar un ennemi. Il possède à cet effet une assez grosse glande, la poche du noir où poche à encre, contenant un liquide noi- râtre. Lorsqu'on veut s'emparer d'un poulpe, celui-ci contracte brusquement sa glande et, aussitôt, un masque noir très obscur se répand autour de lui. En même temps. sa peau, naguère claire, devient très foncée, de telle sorte que, nuage et poulpe se confondent à tel point qu'il est impossible aux plus clairvoyants de dire où l'animal est passé. Celui-ci profite du moment de stu- peur de son ennemi pour s'échapper au plus vite à reculons ou pour s’enfoncer non moins rapidement dans le sable en se couvrant de granulations difficiles à dis- tinguer des grains de sable. Ces changements de coloration sont produits par de petits organes disséminés sous la peau et qui, à cause de leur propriété, ont recu le nom de Chromatwphores : ce sont de toutes petites cellules, d'une forme vaguement arrondie et renfermant de nombreuses granulations de différentes couleurs, Tout autour d'elles s'attachent de petites fibres musculaires qui, en se contractant, les fait augmenter de volume, C’est à ces contractions plus ou moins puissantes que sont dus les changements de cou- leur; en effet, à l’état ordinaire, les chromatophores forment une petite boule et sont à peine visibles; mais, s'ils viennent à s’étaler, leur couleur deviendra de plus en plus intense. Comme l’a fait remarquer Pouchet, on peut comparer le phénomène au fait suivant : qu’on ima- gine une feuille de papier blanc placée à 15 ou 20 mètres ; on n'y distingue pas une gouttelette d'eau grosse comme une tête d'épingle ; mais qu’on vienne à étaler cette gout- telette sur le papier, on aura une tache parfaitement vi- sible, sans que la quantité d’eau ait varié, La propriété de changer de couleur se rencontre aussi chez différents poissons, et notamment les Turbots, Pou- chet a fait sur eux de nombreuses observations que nous allons relater. De pâle, un Turbot devient foncé et réci- proquement en un temps très court, si on le fait vivre. par exemple, dans une vasque dont une moitié est sa- blée, tandis que l’autre est couverte d'herbes marines. Y a-t-il plusieurs Turbots dans ces conditions, on les voit chaque fois qu'ils changent de place d’un fond à l’autre, LE NATURALISTE faire tache d’abord : ceux qui viennent du sable sur le goémon sont plus clairs ; ils sont plus foncés s'ils quit- tent le fond brun pour le sable. Au bout de quelques instants, le contraste a disparu, et, de part et d'autre, les animaux ont pris exactement la couleur du fond où ils sont posés : sur le goémon on les distingue à peine, et sur le sable encore moins. Dans les rivières où on les en- graisse, on en voit bien çà et là quelques-uns dans l’eau qui nagent, et on croit d’abord que ce sont les seuls hôtes du bassin; mais que l'on jette un appât aimé, tel que des têtes de sardines salées, on aperçoit aussitôt tout le fond du bassin, ce qu'on prenait pour la terre même s'ébranler, et venir au-devant du régal. On trouve parfois des Turbots d'une sensibilité ex- trème. Vivant sur le sable, ils en ont la couleur grise, au point qu'on les distingue à peine; mais il suffit d’appro- cher d'eux quelque objet pour les voir aussitôt se bigar- rer de taches noires, larges comme le doigt et foncées comme un lavis d'encre de Chine. On a démontré d’une manière certaine que le milieu dont l'animal prend le ton n’a pas d'action directe sur le pigment pour en amener le retrait ou l'épanouissement. Tout prouve, au contraire, que l'influence de ces changements part du cerveau. Si l’on vient, en effet, à aveugler un Turbot, les changements de couleur ne se produisent plus Ne quittons pas le sujet des changements de teintes plus ou moins rapides sans citer le Caméléon, qui est de- venu un emblème à cet égard. En général, il prend une teinte claire à l'obscurité et une teinte foncée à la lu- mière, Paul Bert, qui a particulièremeut étudié cet ani- mal, a montré que, dans la peau, il existe deux couches différentes de chromatophores. l’une superficielle, jaune päle, l’autre plus profonde, allant du brun au noir. Le jeu des chromatophores est le même que celui que nous avons décrit chez les poulpes. Paul Bert a montré, en outre, par une expérience élégante, que les changements de couleur sont bien dus à la puissance de la lumiere : un caméléon étant au repos. on interpose entre lui et le soleil une feuille de carton percée de trous de forme dif- férente. Au bout de peu de temps, on enlève la feuille, et l'on voit sur la peau du caméléon les trous des car- tons reproduits en une teinte foncée; parce que ce sont les points qui sont éclairés. Dans nos pays, les change- ments de robe du caméléon sont insignifiants et la gamme des couleurs qui parcourt sa peau est très res- treinte, allant du gris et du vert clair au brun verdâtre. « Sous le ciel d'Atrique, dit Pouchet, leur livrée change incessamment, quoique dans une gamme peu étendue. Tantôt l'animal offre un rang de larges taches alignées sur les flanes, tantôt toute sa peau se sème de mouche- tures comme celui des truites, ou bien c’est un piqueté à grains très fins qui prend leur place, Parfois, on voit les mêmes figures se dessiner en clair sur fond brun, qui, un instant auparavant, apparaissaient en brun ‘sur fond clair, et ainsi tant que dure le jour. Nous nous souve- nons d’avoir vécu plusieurs semaines sur le Haut-Nil en compagnie de deux caméléons, qu'on laissait à peu près libres dans la barque. Ils étaient seulement attachés l’un à l’autre par un bout de ficelle, et, ne pouvant s'éloigner, soumis par conséquent aux mêmes influences ; ils ne cessèrent d'offrir un contraste de coloris qui attachait par sa variété même; mais le soir, quand ils dormaient sous les barreaux d’une chaise dépaiilée où d’un commun accord ils avaient élu domicile, ils devenaient de la même couleur pour tout le temps de leur sommeil, un beau LE NATURALISTE 251 vert d’eau qui ne variait pas. La peau se reposait comme le cerveau. » Certains animaux changent de couleur soit pour effrayer leurs ennemis, soit pour exprimer leur « état d'âme ». Un exemple facile à observer se rencontre chez les Épinoches, ces petits poissons si communs dans nos mares. Quand on les met dans un aquarium. ils entrent dans une grande colère, nageant dans tous les sens, et vont se cogner si fort aux parois que certains en péris- sent, puis le calme se rétablit lentement et ils finissent par vivre comme si de rien n'était. Mais il ne faut pas les exciter, car ils sont d’une irritabilité sans pareïlle; la colère se manifeste par des changements de couleur. Voici ce que dit Brehm : Les diverses passions exercent une grande influence sur la coloration des Épinoches. La colère du vainqueur transforme la couleur vert argenté de son corps en teintes les plus vives; le ventre et la mâchoire inférieure deviennent d’un rouge vif, le dos passe du jaune rougeâtre au vert clair; l’œil luit d’un vert d’émeraude, Cette coloration ne dure parfois qu’un instant, et, le vainqueur est-il vaincu à son tour, il pâlit de suite, tandis que l'adversaire, de gris, de terne qu’il était, revêt immédiatement la brillante parure du triom- phateur. Even a fait à ce sujet de nombreuses et curieu- ses observations, et rien qu’en voyant la coloration de ses petits hôtes, il pouvait savoir quels étaient, pour ainsi dire, les sentiments qui les faisaient agir. Tout mâle qui s'était emparé de la place qui lui convenait, était paré des plus brillantes couleurs; ceux qui aspi- raient à prendre cette place de gré ou de force, étaient également parés; si, brusquement, une Épinoche, soit un mâle, soit une femelle, devenait d’un rouge rosé, on pouvait affirmer qu’elle se préparait au combat; si la co- loration disparaissait soudain, il était certain que l’ani- mal avait échoué dans son entreprise et que, tout hon- teux de sa défaite, il devenait humble, ainsi que cela convient à un vaincu. Lorsqu'un animal paré de toutes ses couleurs était brusquement placé dans un autre bassin, la parure disparaissait de suite et ne revenait pas tant que la bête était au repos. Parfois, cependant, les Épinoches isolées ainsi se coloraient brusquement, sans qu on püt bien exactement en savoir la cause ; essentiel- lement irritable et despote, l’Épinoche prenait feu et se mettait en colère contre un roseau agité par le vent, contre un grain de sable ou un caillou qu'elle ne trouvait sans doute pas bien placé, parfois contre l’ombre de l’ob- servateur. Pendant tout le temps que le mâle construit son nid, on assiste à des changements de teintes très remarqua- bles. L’Épinoche qui, naguère encore, était d’une cou- leur verdâtre assez terne se revêt d’une brillante livrée : le dos devient d'un beau vert émeraude, l'œil devient plus vif, l'abdomen et les joues se couvrent du plus beau rouge vermeil. Dans tout l'éclat de son corps, il cherche, parmi les Épinoches femelles de son voisinage une épouse digne de lui. Quand il à fait son choix, il s'en approche, tourne autour d’elle, lui fait mille gracieuse- tés. La femelle, finalement touchée par tant d’amabilité, condescend à pénétrer dans le nid et à y déposer ses œufs, ACADÉMIE DES SCIENCES Seance du 9 octobre 1899. J M. Joannes Chatin donne le résultat de ses études sur la structure du noyau dans les Myelocites des tastéro- pod-s et des Annélides. L'auteur a montré précédemment que l’élément nerveux, décrit sous le nom de Wyélocyle, ne constituait pas une espèce kistique particulière. Loin de se résumer en un noyau libre, le myélocyte se présentait, chez les animaux les plus différents, comme une véritable cellule nerveuse. Cette cellule était caractérisée par un noyau volu- mineux, mais, autour dn noyau, se trouvait une zone de plasma somatique. C’est au point de vue de leur appareil nucléaire, que M. Joannes Chatin a repris l'examen des Myélocytes chez divers Gastéropodes et Annélides, Les conclusions sont les suivantes : 1° Contrairement à certaines assertions, les Myél:- cytes d’invertébrés peuvent offrir une membrane nucléaire très nette. 20 Dans ces mêmes Myélocytes, la formation nu- cléienne se montre comparable à ce qu’elle est dans les petites cellules nerveuses pauvres en protoplasma des vertébrés. 30 Lorsque la chromotose tend à se localiser, elle se répartit surtout en grains disposés sur les nœuds du réseau nucléien; parfois elle y figure des Nucléoles. — MM. Dybowski et G Frou ont étudié une plante à gutta-percha sasceptible d'être cultivée sous un elimat tempéré. La gutta-percha est produite principale- ment, à l'heure actuelle, par des arbres appartenant à la fa- mille des Sapotacées, et croissant dans les régions intertropi- cales. Il est donc très intéressant de constater qu'une plante, appartenant à un tout autre groupe botanique, et croissant dans des régions à climat tempéré, peut également produire de la gutta. Il s’agit d’une espèce étudiée par MM. Oliver et Weiss, et décrite sous le nom de Eucomia ulmoïdes, et rangée dans les Euphorbiacées. Ayant remarqué l’analogie qui existe entre les feuilles dn Palagium et celles de l'Eucomia, les au- teurs ont été conduits à essayer d'appliquer aux différents or- ganes de la plante le procédé de traitement pour l'extraction de la gutta-percha des feuilles de Palagium. Le produit obtenu est de couleur brune avec des reflets métalliques. Plongé dans l’eau chaude, il se ramollit, s’étire en feuilles minces analogues à de la baudruche, et prend bien sous la compression l’em- preinte d'une médaille. En se refroidissant il perd de la sou- plesse et devient résistant. Cette gutta peut être considérée comme étant de bonne qualité. L’origine de la plante permet- tait de prévoir qu’elle offrirait une certaine rusticité. En effet, elle a résisté au froid de l'hiver sous le climat de Paris, à étant exposée à l'air libre. On peut doncespérer que la culture de cette plante à gutta pourra être faite d’une manière pra- tique dans les régions tempérées. Le Jardin colonial en fait expérimenter la culture en Annam, au Tonkin et dans le nord de l'Afrique. ; — Notre collaborateur, M. Henri Coupin, adresse une note sur l’action des vapeurs anes=thésiques sur Ia vitalité des graines séches et des graisses humides. On peut conclure des expériences faites que les vapeurs anesthésiques même saturées sont sans action sur le protoplasma à l'état de vie ralentie. On pourrait tirer de ce fait une conclusion pra- tique pour la destruction des insectes qui attaquent les graines conservées par les cultivateurs. Il suflirait de répandre un peu de chloroforme dans l'endroit où elles se trouvent pour tuer les insectes nuisibles, sans nuire aux graines intactes. Pour ce qui concerne les graines humides placées dans les mêmes con- ditions que les graines sèches, celles-là sont très sensibles aux vapeurs anesthésiques qui ralentissent leur germination ou les tuent à une dose très faible. Séance du 16 octobre 1899. M. Tsvett fait part de ses recherches sur la Constitution de Ja matière colorante des feuilles. En recherchant les substances satellites de la chlorophylle, auteur a isolé une matière colorante qu'il nomme chloroglobine. Grâce à leurs di- mensions relativement fortes, les amas ie chloroglobine se pré- tent facilement à une étude microchimique. 1l résulte des expériences que la chloroglobine est une substance complexe ou la chlorophylle et la xantophylle (carotine) sont faiblement unies à un radical de nature apparemment protéique. La chlo- roglobine participe de la constitution physique des albumi- noïdes. 25 19 LE NATURALISTE — MM. Em. Bourquelot et H. Hérissey donnent le résultat de leurs études sur la germination de la graine de Carou- bier. Pendant cette germination, il se produit un ferment soluble, agissant sur l’albumen corné de cette graine à la facon de la diastase sur les albumens amylacés, mais donnant nais- sance à du mannose et à du galactose. Si on fait remarquer, en outre, que la salive n’agit pas sur cet albumen, il apparaîtra bien qu'il s’agit là d’un ferment spécial, distinct de la diastase. — M. Balland a examiné la valeur alimentaire et la composition des principaux fruits. Tous les fruits, à leur maturité, contiennent de 712 à 92 0/0 d'eau; dans les fruits plus ou moins desséchés du commerce, cette proportion dépasse rarement 33 0/0. Dans les fruits à pulpe, la matière azotée représentant l’albumine végétale passe de 0,25 0/0 à 1,45 0/0, dans les fruits graines elle est plus élevée : 15 à 20 0/0. Les matières grasses sont en plus faible proportion que les matières azotées. L’acidité atteint son maximum dans les fram- boises et les groseilles 4 à 5 (/0. A part de rares exceptions, les fruits sont peu nutritifs et ne peuvent être considérés comme des aliments : leurs sucs, qui flattent plus ou moins nos goûts par leur odeur, leur saveur ou leur acidité, jouent plutôt le rôle de condiment. LIVRES NOUVEAUX Henry LecomrTr. Le café. Culture. Manipulation. Pro- duction. Un volume in-8° de 334 pages, avec 60 figures et 1 carte hors texte. Prix : 5 francs; franco : 5 fr. 50. L'auteur de cet ouvrage a rassemblé tous les renseignements nécessaires ou utiles aux planteurs de café, et nous sommes persuadés que les hommes ayant acquis dans cette culture spéciale l'expérience la mieux assise ne le liront pas sans pro- fit, car ils pourront comparer leurs méthodes avec celles qu’on pratique dans d’autres pays. La première partie de l'ouvrage contient la description de toutes les espèces de caféiers, mais principalement celle des espèces actuellement cultivées. Les divers procédés de semis et de transplantation, les soins à donner aux caféiers, la taille, l'emploi des engrais chimiques ou autres font l'objet d’une partie très importante de l’ou- vrage. La préparation du café avant de le livrer au commerce est, sans contredit, d’un intérêt essentiel pour le planteur, car les divers cafés différent bien plus les uns des autres par l’in- fluence de la manipulation à laquelle ils ont été soumis que par leurs qualités intrinsèques. C’est donc avec raison que l'auteur a consacré deux chapitres très importants à la récolte et à la manipulation du café et qu’il a décrit et figuré les prin- cipales machines employées pour la préparation. Avant d’en- treprendre une plantation, il est utile de connaître les condi- tions économiques de la production et de la consommation ; l’auteur, que des travaux antérieurs ont familiarisé avec ce genre de recherches, à dressé un tableau aussi complet que possible de la production du café dans les divers pays. Tel qu’ilse présente, cet ouvrage, qui ne contient pas moins de 60 cartes, figures ou diagrammes, constitue une histoire complète de la culture et de la production du café dans le monde. STANISLAS MEUNIER, professeur au Muséum d'histoire natu- relle. La géologie expérimentale. Un volume in-80 de 309 pages avec 56 figures dans le texte. Prix: 6 francs ; franco : 6 fr. 50. Ce volume, qui est le résumé du cours public professé l'an dernier par l’auteur au Muséum, présente un tableau des ré- sultats obtenus par l'application de la méthode expérimentale aux chapitres les plus variés de la géologie, et c'est la première fois que ce grand sujet est traité dans sa généralité. Bien autre chose est, en effet, de faire des expériences dans telle ou telle direction, ou de rechercher ce que l’expérimentation peut donner comme procédé normal d'étude géologique. L’auteur, tout en faisant la part des savants qui l'ont précédé, a surtout développé ses résultats personnels, de facon que ce volume constitue au propre un travail original. Après l'avoir lu, on sera unanime pour penser, malgré quelques oppositions d'ail- leurs plus rares chaque jour, que la géologie doit désormais compter parmi les sciences expérimentales, celles qui, selon la belle expression de Claude Bernard, méritent d’être qualifiées de sciences conquérantes de la nature. Pauz Busquer. Les êtres vivants. Organisation. Evolu- tion. Un volume in-8° carré de 182 pages avec 142 figures, cartonné à l'anglaise. Prix : 5 francs; franco : 5 fr. 50. Les idées qui sont exposées dans cet ouvrage ont été énon- cées, il y a plus de quinze ans, pour la première fois, par le savant professeur Kunstler. Accueillies tout d’abord avec in- différence, puis discutées vivement, elles ont enfin acquis droit de cité dans le vaste domaine de la philosophie scientifique et se trouvent aujourd'hui confirmées et soutenues par les tra- vaux récents de M. Delage, l'éminent professeur de la Sor- bonne. Dès 1882, à la conception spéciale de la « théorie cel- lulaire », toute puissante et acceptée universellement par les auteurs, Kunstler opposa des vues élargies et la compléta par la théorie de la sphérule, qui avait pour point de départ autre chose que de vagues conceptions hypothétiques et reposait sur de nombreux faits positifs d'observation. Pour la première fois, la valeur morphologique de la cellule, en tant qu'indivi- dualité distincte primitive, était nettement contestée, et la théorie coloniale elle-même se trouvait ébranlée par les argu- ments puissants mis en avant. Soutenir que les cellules des animaux ne sont pas des éléments anatomiques à valeur pri- mordiale fixe et immuable était une conception nouvelle. Deux autres auteurs, Sedgwick et Whitman, tentèrent, eux aussi, d'émettre quelques objections contre la théorie cellulaire; l'indifférence générale leur répondit. Enfin, plus récemment M. le Pr Delage reprit ces théories et en fit le sujet d’une re- marquable étude. En fournissant ainsi aux adversaires de la théorie cellulaire l’appoint précieux de son talent et l'autorité de sa situation officielle, le savant professeur de zoologie de la Sorbonne à contribué puissamment à vulgariser les idées que la trop grande modestie de Kunstler, et son peu d'empresse- ment à renouveler et à multiplier les publications sur ses con- ceptions théoriques, n'avaient pas assez fait connaître du grand public scientifique. Les documents de l’auteur n’ont pas été seulement puisés à l'enseignement magistral de son maitre, à ces lecons qui, s'adressant à un public plutôt inexpérimenté, sont forcément un peu abstraites et simplifiées à dessein; ils ont été, encore et surtout, recueillis dans ces conversations scientifiques d’une si agréable familiarité et d’un charme per- suasif si puissant, dont une vie de laboratoire et de persévé- rantes habitudes de travail en commun fournissent chaque jour tant d'occasions. Tous ces ouvrages sont en vente aux bureaux du journal. PHOTOGRAPHIE Photographie des mouvements rythmés. — Dans certaines maladies, la chorée rythmée par exemple, le corps tout entier ou seulement un des membres est animé d’un mouvement involontaire et caractéristique, Si l’on fait un instantané d’un pareil sujet, le corps sera immobilisé et l'épreuve sera la photographie d’un personnage quelconque. Au contraire, si l'on pose légèrement, les parties immobiles du corps seront nettes tandis que les parties agitées, la main par exemple, mais flou, indiquant ainsi un mouvement. Ala densité et à l'amplitude du flou, on peut même juger de la rapidité du mouvement. Peut-être même obtiendrait-on des résultatsencore plus nets en déclenchant plusieurs fois de suite l’obturateur et pendant un temps très court, Bien que je n'ai pas fait d'expériences à ce sujet, il me semble que l’on aurait ainsi plusieurs mains visibles au lieu d’une plage flou uniforme. La photographie composite appliquée à l’anthropologie. — La photographie composite pré- sente un grand intérêt au point de vue de l'hérédité. On sait qu'elle consiste à superposer plusieurs portraits de facon à obtenir une épreuve unique qui représentera la moyenne des épreuves dont elle est formée. Elle a été imaginée par Galton qui employait deux LE NATURALISTE 253 modes opératoires. Dans le premier, il prenait un certain nombre de portraits et en prenait la reproduction sur une même plaque. Si l'épreuve finale devait être, par exemple le composite de quatre portraits, il ne posait pour chacun d'eux que le quart de la pose normale, soit 10 secondes, si celle-ci demandait 40 secondes. Dans la seconde méthode, plus récente, Galton repro- duisait successivement les négatifs originaux, un par un, au châssis-presse, sur la même épreuve. Un simple positif composite était ainsi obtenu, M. W. Jérôme Harrisson (1) a récemment perfeetionné ces méthodes en employant du celluloid transparent. Voici quelques conseils à ce sujet : 1° Les pellicules du celluloïd peuvent être employées avec le châssis négatif ordinaire, en plaçant derrière chacune d'elles un morceau de carton. 2° Le portrait de face doit être préféré au portrait de profil, en faisant regarder la lentille de la chambre, Pour le portrait de profil, il faut faire diriger les yeux vers un objet placé à angle droit par rapport à la ligne qui joint la personne à l'appareil. 3° La lentille doit être à la même hauteur que les yeux soit à trois mètres d'eux. 4° Employer de préférence une lentille à long foyer. 5° es portraits doivent occuper les mêmes dimensions sur la glace dépolie. On se sert pour cela de points de repère. 6° Employer un diaphragme assez grand et des plaques altochromatiques. T° Les négatifs doivent avoir à peu près tous la même densité. Pour composer deux portraits, on applique les deux pellicules l’une sur l’autre et on tire au châssis- presse. Si l’on veut composer un plus grand nombre de por- traits, on forme d’abord des groupes composites de six à huit, puis on les fond en un seul. Le tirage se fait sur papier. Mais la méthode que préfère M. Harrisson consiste à prendre sur des pellicules minces de celluloïd sensibi- lisé une épreuve de chaque négatif, On a alors une série de transparents que l’on n’a qu'à superposer pour produire autant de combinaisons que le permet leur nombre; en placant ces transparents entre deux fortes bagues de caoutchouc, le positif composite ainsi formé peut être examiné tout à loisir, Comme chaque négatif et chaque positif est séparé, on est certain que chacun participe au résultat et produit son effet propre et que, d'un autre côté, il reste intact pour tout autre parti que l’on voudra en tirer. M. Harrisson remarque que c’est un phénomène curieux qu'un composite a invariablement meilleur aspect que chacun des individus qui le composent, LES ANIMAUX QUI N'ONT PAS DEUX YEUX « On peut emprunter des exemples de cette sensibiite spéciale aux différentes classes du règne animal; mais M. G. Pouchet est le premier observateur qui se soit livré à des recherches attentives sur ce sujet, Ce savant (D) Photographic News. biologiste a démontré que les larves des Mouches pri- vées d'organes visuels étaient sensibles à l’action des rayons lumineux. Il a vu que, lorsqu'on plaçait sur une table, devant une fenêtre, un certain nombre de ces larves, on les voyait se diriger toutes vers le bord de la table qui était tourné vers le fond de l'appartement et fuir ainsi la lumière, Ces mouvements indiquent que ces êtres saisissent bien les différences d'intensité lumi- neuse. Depuis, l'étude des perceptions visuelles par les ani- maux aveugles a été reprise par plusieurs observateurs, parmi lesquels je citerai P. Bert, Graben et Plateau. Le dernier de ces auteurs a résumé, en tête d’un récent mémoire, les principales observations ayant un intérêt pour l'étude de cette question. Des remarques analogues à celles de Tremblay ont pu être faites sur quelques Cœælentérés. C’est ainsi que, sur les Vérétilles et sur plusieurs Zoanthaires, différents naturalistes ont observé des faits qui témoignent que ces êtres sont sensibles à la lumière.J’aipu saisir moi-même, sur des Actinies du genre Paractis, des manifestations évidentes de cette sensibilité spéciale. Ces Orties de mer restent fermées aussi long- temps qu’on les expose à une lumière trop vive; elles ne s’épanouissent que lorsqu'on les met à l’abri des rayons lumineux. Parmi les Annélides, les Vers de terre ont fait l’objet de quelques études intéressantes; Graben s’est particu- lèrement occupé de ce sujet. Il a démontré que les Lombrics sont affectés par les rayons lumineux, etil a fait voir en même temps que cette sensibilité n'était pas localisée, comme on l'avait cru, dans les premiers an- neaux du corps, mais qu’elle existait sur toute la sur- face et qu’elle permettait à ces animaux la perception de faibles différences d'éclairage. Les expériences de Plateau ont porté sur des myria- podes aveugles, tels que ceux du genre Cryptops et sur des Litholies possédant des appareils visuels. Cet auteur s'est toujours appliqué à éliminer diverses influences capables de fausser ses résultats, Les causes d'erreurs peuvent provenir d’une température plus élevée dans la région fortement éclairée ou bien de certaines particula- rités dépendant du mode d'existence de ces Arthropodes, Ces êtres ont une grande tendance à s’enfoncer dans les moindres fissures; de telle sorte que, si l'on place plu- sieurs lames de verre au fond d’un cristallisoir renfer- mant des Cryptops, on voit ces petits animaux, qui Cou- rent d'abord dans toutes les directions, s’insinuer au- dessous de ces corps transparents et ne rester tranquilles que lorsqu'ils s’y sont logés en totalité ou en partie. Une autre cause d'erreur peut dépendre du besoin d’hu- midité très développé chez les Arthropodes et qui fait qu'il suffit'de placer fau fond d’une boite un fragment de papier humide pour voir ces petits êtres s’y appli- quer. En ayant soin de se mettre à l'abri de ces influences et en variant ses méthodes d'observation dans le détail desquelles nous ne croyons pas devoir entrer, Plateau a vu que les Myriapodes aveugles, aussi bien que ceux possédant des yeux, s'arrêtent de préférence dans les régions obscures. Il en conclut que les Myriapodes ave” gles perçoivent la lumière du jour et savent choisir ener la Jumière et l'obscurité Cet observateur à remarqué, de plus, qu'il fant un temps assez long pour que ces animaux s’aperçoivent qu'ils ont passé d'une obscurité relative ou complète à 254 LE NATURALISTE PC EI RE SR A D re ER An PUR re Pee LER Q E — la lumière et que la durée de la période latente n’est pas plus grande chez les Myriapodes aveugles que chez les Myriapodes munis d'yeux. Il résulte de cette lenteur de perception que les Myria- podes aveugles, quoique sensibles à la lumière, peuvent traverser des espaces sombres, mais de peu d'étendue, sans s’en apercevoir et ne savent plus les retrouver lors- qu'ils en ont dépassé les limites. Les sensations dermatoptiques ont été étudiées ré- cemment avec beaucoup de soin chez la Pholade. Ce curieux mollusque de nos côtes vit dans la vase ou les trous qu’il creuse lui-même dans les rochers. Son corps est enveloppé d’une double coquille, mais peut s'étendre bien au delà, en long tube auquel on a donné le nom de siphon et par lequel l’eau entre et sort pour servir à la respiration. Quand on arrache une Pholade de sa demeure et qu'on la met dans une cuvette avec de l’eau de mer, on voit le siphon s’étaler et prendre des dimensions démesurées. Si, alors, avec la main, on intercepte brusquement les rayons lumineux qui l’éclaire, on voit le siphon se ré- tracter brusquement. Un nuage de fumée qui passe, une allumette qui éclate dans l'obscurité suffisent à produire le même phénomène. On pourrait croire, d'après ces expériences, que le mollusque est pourvu d'yeux et que c’est par eux qu'il percoit la lumière, en réalité, il n’en est rien, le siphon est absolument dépourvu d'organes visuels; c’est par sa peau seule qu'il voit. Il est facile de démontrer que, dans un rayon lumi- neux, c’est la lumière seule qui agit sur le siphon et sur la chaleur. En effet, en approchant de l'animal un ballon rempli d’eau bouillante, mais noirei à sa surface,il n'y a aucune contraction Pour étudier le phénomène plus à fond, on adapte à lPanimal un appareil inscripteur, grâce auquel il peut écrire lui-même ses propres impressions. À cet effet, on fixe la Pholade sur une planchette et on l’immerge dans une cuvette remplie d’eau de mer. On réunit l'extrémité libre du siphon au stylet d'un appareil inscripteur. On enferme la cuvette dans une chambre noire pourvue d'une fenêtre, Celle-ci est construite de telle sorte qu au moment où on l'ouvre, un signal et un méthonome se mettent. à inscrire leur mouvement sur le cylindre noirci. En ouvrant cette fenêtre brusquement, le siphon se trouve éclairé, et, en se contractant, inscrit son dépla- cement sur le cylindre, On peut aussi agir simplement sur le siphon détaché du corps de l’animal. Pour comprendre les contractions en question, il faut savoir que, dans le siphon, existent une couche de fibres musculaires longitudinales placées sous la peau et, au- dessous, des grands faisceaux musculaires. L'appareil récepteur de la lumière est la peau, qui est très noire, très pigmertée. Pour M. R. Dubois, lorsque la lumière exerce une action sur les éléments épithéliaux pigmen- tés, elle y détermine des modifications qui ont pour effet de provoquer la contraction des fibres musculaires avec lesquelles elles se continuent. Les éléments nerveux sont ébranlés Cet élément nerveux est communiqué aux ganglions; de ceux-ci part l'excitation réflexe qui met en mouvement les grands muscles longitudinaux. Voici deux expériences, prises entre beaucoup d’autres, à l'appui de cette hypothèse, Avec un éclairage de deux secondes, fourni par une lampe de dix bougies, placée à 60 centimètres de l’obturateur, on obtient une couche montrant que le raccourcissement du siphon isolé est le résultat d’une contraction unique, régulière, lente, pro- gressive. Elle est bien manifestement produite par la contraction du système avertisseur. Au contraire, en excitant le siphon énergiquement, on observe deux con- tractions successives, l’une produite par le système avertisseur, l’autre par les muscles internes. Avec une lampe de dix bougies, placée à 30 centimètres la durée minimum de clarté sensible n'excède pas + de seconde. L'animal peut apprécier la durée de l'éclai- rage; avec un écart de 4/100 c. de seconde, on obtient une différence dans l'amplitude de la contraction. Il ap- précie aussi nettement les couleurs, car le siphon se contracte différemment suivant la nature du rayon lumineux qui l’excite. Nous en avons fini avec l'étude des animaux sans yeux, mais, avant de terminer, il nous faut revenir un peu en arrière, sur les animaux à yeux multiples. Parmi ces derniers, il paraitrait qu'il faut y placer... l'homme, que l’on ne s'attendait certainement pas à voir citer dans cette étude. Nous aurions, en effet, trois yeux. Voici comment on à été amené à faie cette constatation. Chez la plupart des lézards, l'Hatteria punctala, notam- ment, on remarque sur la tête, entre les deux yeux, un point rond, brillant, enchâssé en quelqne sorte dans une écaille. En étudiant l'anatomie de cet organe, on voit que c'est un œil, avec sa rétine et son cristallin. Mais, comme il est recouvert en partie par la peau, on pense qu'il ne sert à rien : ce serait donc un organe ancestral, et cette hypothèse semble assez légitime, si l’on remarque que chez les lézards fossiles on trouve à la place de ce troi- sième œil un large trou percé dans le crâne. Il est plus que probable que ce trou était occupé par un œil de même largeur, et que cet œil servait à la vision. Or, cet œil impair des vertébrés est formé par une partie du cerveau connu sous le nom de glunde pinéale. Cette glande se retrouve chez l’homme; c'est une petite masse arrondie, logée entre les deux hémisphères. Son anatomie et sa physiologie montrent à n’en pas douter que, chez nous aussi, c’est un organe ancestral, et ne jouant plus au- jourd'hui aueuu rôle. Mais, par la comparaison avec la glande pinéale des autres vertébrés et de l'Hatteria, en particulier, on arrive à cette conclusion que notre glande pinéale est aussi un troisième œil impair, Mais complè- tement atrophie; chez nos ancêtres d'il y a plusieurs milliards d’annés, il servait peut-être à contempler le ciel. Aujourd'hui ce n’est plus que ce qu'on appelle un organe « témoin », n'étant plus utile que pour exercer la sagacité des amoureux de la nature, comme VOUS et moi. Et voilà comment nous avons eu trois yeux sans nous en douter. Henri COUPIN. Le Gérant: PAuz GROULT. ————2—2 © PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 255 LE NATURALISTE e &/r dia nn en se ee ein siege sed ses als CO OL CE LUC SOON ETES (SLt ‘8ÿ) 2y soSuoqje suododo sop aed sogurure} ‘agisod soqueg OT ‘Zu8q SNWAUOIIEH TR ILY Sy) Syano09 suoxodo sop avd sooutwuao soxnotioqsod soquef : £ COLE DO (our ‘8u) Suor soi 19 purus sox] unJ STI BAXOSTUQ XNBSQUI saiPipautoqur Saqunlsop xneuruu9) suoxod SV ses... (697 ‘81) xne89 "QU A PÆOIT( Juaurerqisuos SALIMPAULLIQUL saqunl Sop xneurwuuo suosed" LS] MU .. "‘(89t *8u) € ne 1839 “qdais BIPEY . Dee souuoque S9p 9[01jIe 9WIXNo(T 17 EN CNE RON a UC TR CU CR ere nues tisse AUTO ‘8y) queA SMN epiJe ERESPRES Se ns op onb jnod snçd dnoonveq sauuoque S9p [91e 9OWIXNO(T / GT 0 NN, Me MP ere elriegere see elite se lehaue ere "(997 87) soBuoyre suoaodo sop aed sogutuxde7 soquef £T CODES Ni M Rent are (cor 8y) WE" sano09 suorodo sop aed sogutuue] soquef ‘fea snmndfix CORRE TEE (491 27) waur97soad np of -yres oun ed sogaedos soanorioque Soqoutpf "+-(g9y Sy) sen$rjuoo soanoriqque SOUoUCT] ere (e9r *3ÿ) jeu | TOI mrpesres = -WOS Of 194 soissted9 JUAWATQISTA Sauu9quy | FOI ï ‘SM EI[OIEN ee 097"8y) gaaeo onbsord xex -og}o41d SaWIOJITI SOUUSJUY 667 ‘3g) soged op sorred soxne sop xn99 onb ano8xe] owour 9p Jueut -OIQISU9S sandrIgque SOSAL} SOP SA[OTIY 6£T ‘SIN BIOTIIZ eS esters eos sup e Une (8ST "8y) SISACI9 quout -2[qUJOU S0ANOTIQFUE S9S18] S9P SOTOTIIY SATIAUALVN SHINAIDS SA HAALIOQ LHHMAMITILIONM JUUISUO > UVd HOINVAA AU SHEILdON TO) S4€ SHUHLSA'TII SHAOÔOILATVNV VHANAHOY LE NATURALISTE — 00) — Palpes maxillaires fortement dentés en scie; éperons des jambes postérieures très longs et pectinés en dessous (fig.173). Orchesia zu. | Ve Famille. — LAGRIIDES Westw. 17 (Introd. to the modern Classif. of. Insects, 1889). Palpes maxillaires non dentés; éperons simples (ff 114).2.0 ee eoeue-srtr 1% Eustrophus Lai. Antennes de 11 articles arrondis, formant une mas- sue mal limitée ; élytres de même largeur à l'ex- trémitor(fie MB) secret rame se Agnathus La Ferté. e L IV. Famille. — PYTHIDES Lacord. (Genera des Coléoptères 1859) 1 Antennes filiformes (fig. 115).. Pytho Latr. Antennes de {1 articles ne formant pas de massue ; : le dernier article allongé chez les ©; élytres plus larges à leur extrémité qu'à la base (fig. 181)..... _ Lagria Fabr. Antennes plus ou moins épais- sies vers l’extrémité (fig. 176) ou terminées en massue (Sal- DINTICES) Rare Pr role V [° Famille.-- PYROCHROIDES Latr. Prothorax denticulé sur les côtés (fig.111); anten- Lissodemà Curt (Gener. Crust. et Insect. IT, 1807) nes avec une massue très nette de 3 articles.... Prothorax non denté sur les côtés (fig. 178) ; anten- Dee PROnt RAR RS nn tre re Un seul genre (fig. 182)............ ...... ve prolongée en un rostre allongé Pyrochroa Geof. TC CES EE ME (A suivre.) CONSTANT HOULBERT. Tête formant un rostre court et élargi CRE O) A one en More Salpingus Gy11. DS ee 21° ANNÉE 2 SÉRIE — N° 305 15 NOVEMBRE 1899 SUR UN FER MÉTEORIQUE RÉCEMMENT PARVENU AU MUSÉUM Au mois d'avril 1887, on trouva à Mount-Foy, Adams County, Pensylvanie, États-Unis, une grosse masse de fer météorique dont un très intéressant spécimen a été récemment acquis parle Muséum d'histoire naturelle de Paris. Nos lecteurs ont été trop de fois entretenus de faits relatifs aux météorites, pour qu'il soit nécessaire d'entrer à ce propos dans des détails élementaires, nous rappelle- rons seulement que des méthodes très précises ont per- mis de définir, parmi les fers tombés du ciel, un nombre relativement considérable de types dont la plupart se sont représentés dans diverses chutes distinctes. Ces types sont au nombre de vingt-trois dans le Catalogue récemment publié de notre grande collection nationale. Chacun d'eux est caractérisé par sa composition chi- mique, par sa Composition minéralogique et enfin par sa structure qui est révélée par les acides sur les surfaces probablement polies qui se recouvrent des figures dites de Widmannstætten. Dans le Catalogue auquel nous ve- nons de faire allusion, une série de figures, intercalées dans le texte, mettent sous les veux la figure de Wid- mannstætten de chacun des types de fers météoriques ou sidérites. Le dessin joint au présent article donne de même la PAT NS ANT M NOT CN Là Fer météorique découvert en 1887, à Mount-Foy, Etats-Unis ,ec récemment parvenu au Muséum de Paris. Surface polie, mon- trantila structure fragmentaire de cette métévrite. (Gran- deur naturelle.) figure obtenue à l’aide des acides sur une surface polie du fer de Mount-Foy et, si on la compare aux précédentes, on reconnaît qu'elle ne ressemble à aucune d’entre elles, Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. Il lui manque tout d’abord un caractère très ordinaire dans ses figures: c’est l'ordonnance générale, uniforme, dans toute l'étendue de l'échantillon. Ici, au contraire, on voit nettement des blocs différents en contact mutuel et les deux lettres À et B, jetées en plusieurs points de la figure, signalent deux types qu'on ne saurait con- fondre. Le premier, désigné ici par À, est remarquable avant tout par sa couleur blanche, voisine de celle de l’argent et par l'éclat de son poli; par sa résistance aux causes d'altération, ce qui est surtout sensible par contraste, le métal B étant au contraire très oxydable. Le métal A traité par les acides, laisse apparente une figure extré- mement fine dessinée par des lignes très droites qui se recoupent sous des angles constants conduisant à la conclusion que la masse est entièrement cristallisée suivant la symétrie du cube. Quant au métal B, il diffère très nettement du premier par le mélange avec les lignes de Neumann, qui sont d’ailleurs moins nombreuses, de petits points en creux très serrés les uns contre les autres et qui lui donnent un aspect des plus particuliers, les lignes de Neumann passent d’ailleurs parfois sans oscillation d'un alliage à l’autre. Malgré la difficulté d'identifier dès maintenant les métaux À et B avec des types de fers météoriques re- cueillis séparément et décrits, il y a grand intérêt à constater leur coexistence en fragments anguleux dans une même masse, Un pareil fait suflirait, si déjà la con- clusion n’était appuyée par beaucoup d'autres observa- tions, pour démontrer que les fers météoriques ne se sont pas faits par fusion pure et simple comme se font nos fers, nos fontes et nos aciers industriels. J'ai insisté trop de fois sur ce point pour y revenir à présent; mais il est très utile de constater que le fer de Mount-Foy l’affirme de son côté. Les fragments métalliques sont reliés les uns avec les autres par un réseau de substance noire et ocracée qui se présente comme un produit d'oxydation, On y voit des paillettes de phosphore de fer toutes pareilles à celles qui brillent de divers côtés dans la masse de bien des fers météoriques de types divers et spécialement dans le fer déjà cité de Ponte de Lima. Parmi les échantillons conservés au Muséum c'est celui du fer de Kendall qui s'éloigne le moins dans la météorite de Mount-Foy. Il partage avec lui cette cir- constance d'être bréchiforme et de témoigner des an- ciennes relations mutuelles de roches métalliques dans l'épaisseur de l’astre maintenant désagrégé dont les pierres tombées du ciel ne sont que les débris. Toutefois la ressemblance est loin d’être complète et on doit pré- ciser la nécessité, à la suite d'études complémentaires de créer pour le fer de Mount-Foy une espèce litholo- gique nouvelle, Stanislas MEUNIER. LES ESPÈCES BOVINE, OVINE, CAPRINE & PORCINE Au Chili. Les Espagnols importèrent après la conquête du Chili des animaux d'espèce bovine, ovine, caprine et porcine qu’ils firent venir des plaines de l’Andalousie et de l’Estramadure, Les bovidés, de même que les porcs, furent au début de race ibérique pure; les moutons étaient de race mérinos et les chèvres appartenaient à la variété des Pyrénées. C’est seule- ment au commencement de la seconde moitié de ce siècle, la LE NATURALISTE TE EN TR SRE ES LE RENTAL CNRC TON RER IC EVEREST RETENUE EE ET PESTE NOTES ALES ER AUTRE TOC TEST DT SO D a production végétale ayant progressé, que commencèrent les introductions de bétail amélioré de provenance anglaise : dur- hams, southdowns et dérivés. Maïs le croisement de ces diffé- rentes races avec les races indigènes ne se généralisa qu’a- près 1882; puis, la crise économique étant survenue, ces impor- tations,qui étaient devenues très nombreuses cessèrent, presque complétement. Beaucoup de reproducteurs réunis à grands frais durent être vendus, et il ne reste plus guère maintenant de troupeaux de durhams purs où l’on puisse se procurer des taureaux de bonne provenance. Un lot de bovins normands : 2 vaches et 1 taureau importés récemment ont produit une excellente impression sur les agri- culteurs chiliens qui ont aussitôt demandé des renseignements en France pour l’achat et l'expédition de jeunes reproducteurs de cette race. Divers essais d'importation de bétail hollandais ont eu lieu durant ces vingt dernières années, ils ont fini par constituer quelques troupeaux. fn résumé, la race bovine au Chili com- prend des ibériques, quelques durhams purs, de nombreux métis durham-ibériques et un petit nombre de hollandais. Les bêtes à laine sont en majorité de race mérinos et assez médiocres comme productrices de laine et de viande. La région centrale de la côte compte de grands troupeaux qui comprennent de 20 à 40.000 têtes. Dans les régions du nord et du centre, la race mérinos réus- sit très bien; dans le sud au contraire, où le climat est très humide, les variétés anglaises peuvent rendre de grands ser- vices. Le territoire du détroit de Magellan est peuplé de lin- coln et de romny-marsh. Dans le centre, on rencontre beau- coup de croisements mérinos southdown, ainsi que des pro- duits du croisement du mérinos avec le shropshiredown, le hampshiredown, l’oxfordshiredown, etc.; ces animaux produi- sent une viande plus abondante et de meilleure qualité que celle du mérinos commun, mais leur laine est peu estimée. La chèvre se trouve surtout au nord de Santiago. Celles de la Séréna, de Copiapo, sont de bonnes laitières, de belle et grande espèce. Leur lait sert à fabriquer du fromage. La peau de ces animaux est l'objet d’une importante exportation par le port de Coquimbo. Des chèvres d’Angora, importées il y a environ trente ans et conservées dans la plaine, ont perdu peu à peu leur beau poil soyeux etlong. Un groupe de chèvres de Malte introduites à Santiago a pu conserver ses facultés laitières. En dehors de la région australe, de Valdivia à Chiloé, d'où l'on exporte de nombreux jambons et langues fumées, le porc est peu apprécié au Chili. Le porc ibérique se rencontre partout. Des variétés anglaises importées, il n’en subsiste que deux : le yorkshire et le berkshire dont les sujets purs n'existent que dans un très petit nombre de porcheries. Mœurs et Métamorphoses du Cionus Olivieri, Rosen COLÉOPTÈRE DU GROUPE DES RHYNCOPHORES Sur les feuilles comme sur les tiges du Verbascum nigrum, se fait en août le rapprochement des deux sexes; par superposition le mâle se tient cramponné près de l'extrémité du corps de sa femelle; la copulation com- mencée le matin dure toute la journée, puis a lieu la dis- jonction des conjoints ; ainsi fécondée, la femelle appuyée sur les deux crochets quiprolongent son armure génitale dépose sur la plante nourricière le produit de sa ponte, laquelle se compose d'une douzaine d'œufs qui présentent la forme suivante: Œuf. Longueur 0 mm, 5, diamètre 0 mm. 2. Ovalaire, jaunâtre, lisse et luisant, imperceptiblement etlongitudinalement sillonné, à pôles arrondis, à coquille assez résistante. Dès son éclosion qui a lieu dix à douze jours après le dépôt de la ponte, la Jeune larve s’installe sur le revers d'une feuille dont elle ronge le parenchyme, ronge sans cesse de jour et de nuit, aussi parvient-elle en peu de temps au terme de son accroissement. Larve. Longueur, 6 millimètres; largeur 2 millimètres. Corps vermiforme, charnu, visqueux, verdâtre, avec taches sous-cutanées, sombres, couverts de quelques courts cils noirâtres, convexe en dessus, subdéprimé en dessous, à région antérieure, étroite, arrondie, la posté- rieure prolongée en court pseudopode bilobé. On trouve cette larve, vers la fin d'août, sur les coteaux bien insolés des environs de ; elle Ria vit des feuilles ainsi que des tiges du Verbascum nigrum ; fixée par la matière visqueuse que son corps sécrète, elle avance par reptation au moyen des pseudopodes dont sa région ventrale est garnie : vers la fin d'août, parvenue à son complet développement, elle prend position à la base d'une feuille ou le long de la tige de la plante ; aussitôt | son Corps se contracte, s’arrondit, il fait transsuder un excès de matière qui se solidifie à l’air en forme de coque hémisphérique, brune, granuleuse, sous le :couvert de laquelle notre larve se transfigure. Nymphe. Longueur 4% millimètres; largeur 3, milli- mètres. Corps court, ramassé, charnu, vérdâtre pâle, couvert de courts cils roux, fortement convexe en dessus, déprimé en dessous, atténué vers les deux extrémités lesquelles sont arrondies. Cette nymphe, qui repose dans sa loge, sur la peau ratatinée de la larve acculée en forme de chiffon à l'extré- mité du réduit nymphal, peut imprimer à ses segments abdominaux de légers mouvements défensifs en relevant en avant son extrémité postérieure ; la phase nymphale est courte, elle est menée rondement, six à huit jours au plus; puis, après un repas de un à deux jours nécessaires au raffermissement de ses téguments, l'adulte rompt la calotte qui le retenait captif et apparaît au dehors. Adulte, Longueur 4 millimètres ; largeur 3 millimètres, Corps court, ovalaire, fortement convexe, gris yerdâtre avec point sutural noir sur le milieu des élytres lesquelles sont traversées par quatre bandes plus claires que le fond et maculées de noirâtre. Cet insecte à l’état parfait est très commun en sep- tembre sur le Verbascum nigrum ainsi que sur l'Eryngium campestre. Capitaine XAMBEU. Congrès international de Photographie, Paris 1900 Le Congrès international de Photographie qui se tien- dra à Paris, du lundi 23 au samedi 28 juillet 1900, à l’oc- casion de l’Exposition,sera la suite de ceux quionteulieu à Paris en 1889 et à Bruxelles en 1891; il a pour but : 1o D'examiner les solutions intervenues à ces deux époques et qui paraîtront susceptibles d'améliorations et de perfectionnements ; : 2 De prendre des décisions au sujet de diverses ques- tions nouvelles qui ont surgi depuis lors. Il comprendra, en outre des séances de travail, des conférences et des visites à des établissements scienti- fiques et industriels. Le montant de la cotisation à été fixé à la somme de dix francs; le produit des cotisations est destiné à faire : face aux dépenses d'impression, ainsi qu'aux frais de fé Fa À , CE on) LE NATURALISTE 259 correspondance et autres que le Congrès pourra en- trainer. Ceux de nos abonnés qui s'intéressent à la photogra- phie sont priés de faire parvenir à M. $S. Pector, secré- taire général, 8, rue Lincoln à Paris, leurs observations sur les questions qu'il leur paraitrait utile d'introduire dans le programme; la Commission d'organisation exa- minera avec la plus scrupuleuse attention toutes les communications qui lui seront adressées dans ce but, et elle établira ensuite le programme définitif des travaux du Congrès. Ce programme sera adressé à chaque adhé- rent, en temps utile, pour être étudié avec fruit avant la tenue du Congrès; il sera accompagné de notes et de mémoires explicatifs sommaires, Après la clôture du Congrès, les procès-verbaux de ses séances seront publiés et un compte rendu de ses tra- vaux sera adressé à chaque adhérent. Les Plantes DANS L'ANTIQUITÉ : LÉGENDES, POÉSIE, HISTOIRE, ETC., ETC. RARRRIIe La Rose (Suite). L'abbé Ancelin n'y va pas par quatre chemins, il tra- duit ainsi dans son Ecole de Salerne en quatrains : Mettez ensemble et la sauge et la ruë Dedans le vin, pour boire seurement; La fleur de rose est le médicament Du mal d'amour si l'âme en est férue. « Mal d'amour « signifie sans doute : « Mal de dents. » On voit bien que l’abbé n'avait ni « coliques » ni « hé- morroides ». _ Remarquons que notre Codex ne se fait pas faute d’em- ployer les roses dans les formules ; voici celles que je re- lève dans la dernière édition (décret du 13 février 1884; Journal officiel du 16 février 1884) : Conserves de roses, p. 363. Eau distillée de roses päles, p. 376. Huile de roses pâles, p. 444. Huile volatile de roses, p. 449. Mellile de roses rouges, p. 461. Poudre de roses rouges, p. 526. Tisane de pétales de roses, p. 609. Vinaigre de roses rouges, p. 619. Passons maintenant aux parfums que l’on fabriquait avec les roses. Athénée nous dit dans son Banquet des Savants (Liv. XII, ch. xx) : — «. Téléclide nous apprend, dans ses Prylanées, que, du temps de Thémistocle, on vivait avec mollesse. Cratinus nous montre aussi que les anciens vi- vaient avec une certaine volupté, lorsqu'il dit dans ses Chirons : « Il se met aux oreilles de la menthe crépue, des roses, des lys, tenant un fruit à la main, et il harangue appuyé sur. un bâton. » (Liv. XV, ch. x1) « ..…. On fait des onguents excel- lents particuliers à chaque pays, comme le dit Héro- phile. Voici le passage de son Traité des Parfums : — « Celui d’iris est excellent en Élide et à Cysique. Celui de roses est le plus odorant à Phasélis, à Neapolis et à Capoue; celui de Safran à Soli de Cilicie et à Rho- des, etc. » — On faisait aussi d’excellent parfum de roses à Cyrène, du temps de Bérénice la Grande. CT. Quant aux vertus des parfums, celui de roses, comme celui de myrtes et de coings, sont bons quand on en boit. » Pline, parlant des roses, nous dit (Hist. nat., lib, XXT, Cap. x) : « .…. l'emploi qu'on en fait dans les cou- ronnes est, pour ainsi dire, le moindre parti qu'on en üre : on la fait macérer dans l'huile, et cela depuis la guerre de Troie, d'après le témoignage d'Homèere (voyez plus haut); de plus, on lincorpore dans des parfums. (Lib. XIII, cap. 1) « …... pour moi, je pense que les parfums composés avec la rose, qui vient partout, ont été le plus répandus, La composition du parfum de roses fut longtemps très simple : omphacium, fleur de rose, fleur de safran, cinabre, calamus, miel, jonc, fleur de sel ou anchuse, vin. » Macer Floridus (De viribus herbarum, cap. XXI) : (ee. On en fuit une huile, appelée huile de roses, qui a une infinité de vertus. Prise en boisson, elle relâche le ventre et éteint les inflammations de l'estomac; em- plovée en fomentations, elle dissipe les douleurs et les chaleurs de la tête; mélée avec de fort vinaigre, elle dé- terge les ulcères sordides, en hâte la cicatrisation, et est surtout efficace contre les brülures. Gardée longtemps dans la bouche, elle dissipe, dit-on, le mal de dents. « Comme il existe plusieurs manières d'opérer pour obtenir cette huile, je vais indiquer la formule du savant Palladius : prenez une once de feuilles de roses rouges que vous mettrez, après les avoir aettoyées, dans une livre d'huile d'olive ; après avoir enfermé le tout dans un flacon de verre, que vous laissez pendant sept jours seu- lement exposé au soleil, vous conserverez ce mélange pour les différents usages qu'on peut en faire en méde- cine, » L'eau de roses était aussi d’un usage très fréquent chez les anciens et au moyen âge. L'empereur Héliogabale fit, un jour, remplir d’eau de rose tout un vivier. Les Orientaux s’en servaient, et s’en servent encore, d’eau lustrale : lorsque Sala-Eddin prit Jérusalem, en 1188, il fit laver avec de l’eau de rose les murs et les parvis de la mosquée d'Omar, dont les chrétiens avaient fait une église, D’après Sanut, il fallut 500 chameaux pour porter cette eau parfumée de Damas à Jérusalem. Bibars, qua- trième sultan de la dynastie des mameluks Baharytes, lava aussi de la même mauière la Kasbah de la Mecque ; et Mahomet Il, après la prise de Constantinopie, en 1453, ne pénétra dans l’église Sainte-Sophie, qu'après l'avoir aussi puriliée par l’eau de rose et transformée en mosquée, alors seulement il rendit grâces à Dieu de sa victoire. Quant à l’essenee de roses — ce produit qui coûte de 1,500 à 2.000 francs le kilo — sa découverte, d'après une sérieuse étude de l'orientaliste Lenglès, de l'Institut, ne daterait que de la fin du xvi° siècle, ou du commence- ment du xvi®. On prétend que le hasard la fit trouver par la princesse Nour-Djihân, femme du Grand-Mogol Djihân-Guyr, qui l'avait épousée après avoir fait assas- siner son mari, à l'exemple du saint roi David, qui avait épousé Beth-Sabé après avoir fait tuer son époux Uri; seulement, le Grand-Mogol avait renchéri sur l’exem- ple : c'est son propre frère qu'il avait supprimé pour épouser sa femme, Du reste, ce sont là pures vétilles en Orient. Donc, se promenant avec son beau-frère et époux sur ie bord de canaux remplis d'eau distillée de roses, la sultane vit nager à la surface une écume qu'elle fit re. 260 LE NATURALISTE cueillir, et qui fut proclamée le parfum le plus précieux de l'Asie. Quelques personnes pensent néanmoins que l'essence de roses a dù être connue beaucoup plus tôt; mais les livres orientaux n’en font aucune mention avant le xvrie siècle. La cusine et la confiserie se sont aussi emparées d'un aussi agréable parfum; les Turcs confectionnent des confitures avec la rose à cent feuilles, principalement avec les variétés dites Rose de Damas et Rose des quatre saisons ; nos confiseurs en font des liqueurs et en par- fument des crèmes, des dragées, des glaces, des pas- tilles, etc. Une feuille de rose détermina un jour l'admission d’un savant dans une académie spéciale très fermée. Dans cette académie orientale, la règle était de ne parler que le moins possible. Un muet, s’il eùt été exces- sivement savant, eüt pu la présider, Un jour qu'un qué- mandeur illustre se présentait pour solliciter son admis- sion, on constata avec douleur que le nombre des membres était complet, et qu'on se trouvait dans la dou- loureuse obligation de refuser le savant candidat. Com- ment faire pour lui expliquer la situation, en prononçant le moins de syllabes possible? On trouva le moyen de faire tout un discours sans ouvrir la bouche. Le postulant fut introduit dans la salle des séances, et onlui montra, sur une table, un vase de cristal tellement rempli d'eau, que la surface du liquide formait le mé- nisque convexe bien connu. Il comprit; et il répondit également sans ouvrir la bouche : ayant apercu à ses pieds une feuille de rose, il la ramassa, et la déposa au beau milieu du ménisque avec une telle délicatesse, que pas une goutte d'eau ne s’échappa du vase. Cette réponse, si éloquente dans son mutisme, lui valut d'emblée son admission. On se serra un peu, voilà tout. O vous, Pasteurs des peuples qui siégez au bout du pont de la Concorde, dites : vit-on jamais chez vous séance aussi calme que celle dont l'histoire nous à transmis ce muet procès-verbal ?.. Oublierons-nous la Rose d’or, que les papes confèrent aux souverains et souveraines qu'ils jugent dignes de ce cadeau royal? C’est le quatrième dimanche de Carême qu'ils bénissent ce précieux bijou. L'académie des Jeux floraux, de Toulouse, décerne aussi une Rose églantine d'or dans les concours poé- tiques. Et je ne saurais non plus passer sous silence la cou- ronne de roses que l’on dépose annuellement sur le front virginal de la plus sage jeune fille de la commune, à Nanterre et ailleurs. L'origine de cette gracieuse coutume remonte jusqu’à saint Médard, évêque de Noyon, qui vivait dans le vie siècle, du temps de Clovis, et qui mourut en 545. Cet évêque, auquel on a fait la détestable réputation de nous gratifier, parfois, de quarante jours de pluie, et qui était seigneur de Salencey, village situé à une demi-lieue de Noyon, avait imaginé de donner, tous les ans, à celle des filles de sa terre qui jouissait de la plus grande répu- tation de vertu, une somme de 25 livres, et une cou- ronne ou chapeau de roses. Il consacra, à cette fon- dation, douze arpents de ses domaines, dont il affecta les revenus au paiement de 25 livres, et aux frais acces- soires de la cérémonie de la Rose. Ce qui nous a valu cette strophe d’un poète : Reine de nos jardins, Rose aux vives couleurs, Sois fière, désormais, d’être le prix des mœurs, Et de voir éclater ta beauté printanière Sur le front ingénu des modestes bergères. Sois plus flattée encor de servir en nos jours De couronne aux vertus que de lit aux amours : La pomme à la plus belle, a dit l'antique usage; Un plus heureux a dit : la Rose à la plus sage! Seulement, à l’origine de cette institution, il devait être bien difficile de décrocher cette timbale parfumée; par le titre de la fondation, il fallait, non seulement que la rosière eùt une conduite irréprochable, mais « que son père, sa mère, ses frères, Ses sœurs et autres parents, EN RE- MONTANT JUSQU'A LA QUATRIÈME GÉNÉRATION, fussent eux-mêmes irréprochables ». Du reste, la première rosière que couronna saint Mé- dard fut sa propre jeune sœur; et, depuis, il n’en couronna plus aucune, sans doute, s’il s’en est tenu à la lettre, et non à l'esprit de son programme. Un jour que le roi Louis XIII se trouvait au château de Varennes, près de Salencey, M. de Belloy, seigneur de ce dernier village, qui seul avait le droit de couronner la rosière, supplia le roi de la faire couronner en son nom. Le monarque y consentit et envoya le marquis de Gordes, son premier capitaine des gardes, qui fit la céré- monie pour Sa Majesté, et qui, par son ordre, ajouta aux roses une bague d'argent et un cordon bleu : « Allez, dit le roi au marquis; allez offrir ce cordon bleu à celle qui sera couronnée, Il fut assez longtemps le prix de la faveur, qu'il devienne aujourd’hui la récompense de la vertu. » (Aujourd’hui, le cordon bleu s’est subdivisé, pour les jolies filles, en une myriade de rubans violets. — Mais la vertu n’y est pour rien. Elle y est même plutôt encom- brante). Très rapidement, cette coutume de couronner des filles sages, — où paraissant telles, ce qui est absolument la même chose, — passa à Canon, Briquebec, Saint-Sau- veur-le-Vicomte, La Falaise, Saint-Nicolas-d’Angers, Nancy, Saint-Nicolas-de-Nantes, Montricoux, Suresnes, Romainville, Nanterre, Saint-Denis, etc. Toutle monde se souvient encore du fort plaisant procès intenté, il y a quelques années, à une rosière par la com- mune qui l'avait couronnée comme un parangon de vertu, et lui avait compté en espèces sonnantes et trébuchantes, la dot règlementaire. Or, cette estimable enfant, sans doute rebelle aux théories malthusiennes, s’était avisée de mettre au monde, deux mois après son couronnement rémunérateur, un solide rosier, bâti à chaux et à plâtre, braillard comme pas un, et pour la confection duquel elle avait dû, très probablement, chômer de loin en loin le catéchisme de persévérance. Fureur du maire et de la municipalité, qui réclamaient la dot indûment acceptée. Ils ne réclamaient pas le «ga- lurin » de roses. Mais la rosière ne voulait rien savoir : — « J'suis pas allée vous sercher, moi! J’vous ai-t'y demandé de lar- gent? Vous me l'avez donnée, pas? Eh bien, j'la garde. C'était à vous à voir d’abord! » Ce fut aussi l'avis du tribunal. Où allons-nous, mon Dieu ! Selon une autre ancienne coutume, — tombée en dé- suétude vers le commencement du xvue siécle, — les ducs et pairs, qu'ils fussent princes ou même fils de France, étaient jadis obligés de donner des roses au Par- lement de Paris, en avril, mai et juin. Le pair qui était LE NATURALISTE 261 chargé de procéder à cette cérémonie faisait joncher de roses, de fleurs et d'herbes odoriférantes, toutes les chambres du Parlement, et réunissait avant l'audience, dans un splendide déjeuner, les présidents, les conseillers, les greffiers et les huissiers de la Cour. Notre fleur ne pouvait enfin manquer de figurer dansles armoiries. Comme meuble de l’écu, elle est généralement épanouie et, le plus souvent, sans tige; son émail parti- culier est de gueules, bien qu’on en trouve de divers et surtout d'argent. Quelques exemples : La Vergne. — D'or, à une rose de gueules (Auvergne). Farges. — D'’azur, à une rose d'argent (Languedoc). Hayes. — D'azur, à une rose tigée d’or, surmontée d'un soleil du même (Normandie). Bonimy. — D'azur, à une rose d’or, cantonnée de quatre besants du même (Normandie). Guyard. — Coupé d’or sur sable, à deux roses de l’un ou l'autre (Comtat Venaissin), etc., etc. E. SANTINI DE RIOLS. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE (Suite.) — MÉTHODES DE COUPES. — MICROTOMES, — PRÉPARA- TIONS DES LAMES. — COLORATIONS SUR LAMES. Quelques auteurs recommandent de chasser l'essence de thérébentine par des lavages à l'alcool à 95° et à l’al- cool absolu avant de monter dans le baume. Cette pré- caution n’est pas indispensable, à la condition toutefois de bien égoutter l'essence et de chauffer légèrement la lame lorsque la préparation est montée au baume et recouverte d’une lamelle. Mélange à base de collodion. — Le mélange le plus em- ployé est obtenu en ajontant au collodion une quantité suffisante d'essence de girofle, de facon à obtenir un li- quide fluide, mais légèrement sirupeux. On l’étale sur les lames en très petite quantité à l’aide d’un petit pinceauet on applique les coupes en ordre à l’aide d’un pinceau sec. Avant de passer à l’essence de thérébentine ou au xylol, il est bon de laisser un moment les préparations sur le dessus de l’étuve afin de faire évaporer le surplus d'essence. On peut ensuite monter directement daus le baume après lavage ou non dans l'alcool absolu, COLORATIONS SUR LAMES. — Lorsque les préparations sont colorées en totalité avant l’enrobage et la coupe, on “ n’a qu’à monter les préparations dans le baume ou autres q substances et on peut alors faire immédiatement l’exa- men microscopique. Mais si l’on désire obtenir des colorations multiples ou pour tout autre motif, on ne ço- lore qu'après que les coupes sont fixées sur les lames porte-objets. Il est alors indispensable de prendre cer- taines précautions que nous allons maintenant indiquer. Lorsque l’enrobage a été fait au collodion, on peut, la plupart du temps, colorer directement, Cependant, si le collodion a été enlevé par un alcool fort (95° ou absolu), on doit repasser la préparation suc- cessivement à des alcools à 90°, 70°, etc,, si l'on désire colorer par une teinture alcoolique; on continue avec les alcools à 60 et 45°, si c’est une teinture aqueuse. | Il ne faut jamais passer directement et brusquement les coupes de l'alcool fort dans l’eau ou réciproquement, Quand l’enrobage est de la paraffine ou toute autre substance semblable, il faut, d’abord, chasser la paraf- fine par l’un de ses dissolvants et en particulier l'essence de thérébentine ou le xylol. On chasse le dissolvant lui- même par des lavages à l’alcool fort (95°), puis aux al- cools plus faibles, jusqu'à 70 ou 60° pour les teintures aqueuses, Quel que soit le procédé, il est bon de mettre la tein- ture en assez grande quantité pour que les coupes soient complètement immergées et de chauffer légèrement la préparation à la platine chauffante pour activer la péné- tration des réactifs colorants. Il est utile de laver de temps en temps la préparation à l’eau ou à l'alcool et de l’examiner rapidement à la loupe où au microscope, de façon à arrêter la coloration, si on la Juge de suffisante intensité. Presque toujours, surtout pour les couleurs d’aniline, on commence par surcolorer la préparation. Puis, on la décolore graduellement en plongeant rapidement les prée parations dans un bain d’eau distillée légèrement aci- dulée par l'acide chlorhydrique, jusqu’à ce que l’on ob- tienne la vigueur de teinte que l’on désire. Quand les préparations doivent être montées dans la glycérine ou tout autre corps susceptible de se mélanger facilement à l’eau, il est inutile de repasser par les mé- langes alcooliques et l’on peut monter directement après coloration. Si, au contraire, on désire monter les préparations dans le baume ou autres substances non miscibles à l'eau, on doit repasser les lames dans les alcools à 45, 60, 70, 90° et absolu. La moindre trace d'eau produit avec le baume une couleur opalescente qui peut nuire énormément pour l'examen microscopique. Il existe en bactériologie un certain nombre de méthodes tout à fait spéciales, destinées à la recherche de certains microbes, à l'exception de tels autres. L'étude de ces procédés n’entrent pas dans le cadre que nous nous sommes tracés, aussi nous nous contenterons d'en indiquer un seul, celui qui permet la recherche du bacille de la tuberculose, Recherche du bacille de la tuberculose. — Le procédé qui permet de chercher dans les crachats le bacille de Koch, caractéristique de la tuberculose pulmonaire, entre dans la catégorie des colorations sur lames pour lesquelles il faut mettre en œuvre des procédés spéciaux. Sans aller bien loin dans cette voie, nous croyons devoir indiquer ici, d’une facon rapide, les diverses opérations qui per- mettent de découvrir le bacille tuberculeux, car on à, malheureusement, aujourd'hui, trop souvent besoin de faire cette recherche particulière. On nese sert plus guère, aujourd'hui, que de la méthode de Ziehl. C’est, en effet, celle qui donne les meilleurs résultats. Avant de rien commencer, il faut d'abord se préparer la liqueur de Ziehl dont voici la formule : Hat distilléers eee ee SR à 90e PAICOOL AD SOLE ETES EE ER Reese creer Aûce Acide phénique,;........0.4…. teeius 0 POSE RuSCHSINC, EN TR Rte berne Lsr Le mélange ainsi obtenu est la teinture qui sert à la coloration des bacilles. 19 © 2 LE NATURALISTE Le mode opératoire est maintenant le suivant : On prend à l’aide d’une aiguille plate ou d’un agitateur, une toute petite quantité de crachat dans sa partie la plus pu- rulente et on l’étend sur une lamelle bien nettoyée. On applique alors une seconde lamelle sur la première, de facon à bien étendre la matière à étudier. Cela fait, on sépare les lamelles au moyen de pinces et on les passe rapidement deux ou trois fois dans la flamme d’un bec Bunsen afin de coaguler l'albumine. On place les lamelles sur une platine chauffante, maintenue à 30 ou 35°, et on répand dessus le mélange colorant de facon que la lamelle soit entièrement cou- verte. On laisse le colorant agir pendant dix minutes -environ, de facon à obtenir une surcoloration, puis on décolore en passant les lamelles, soit dans lacide ni- trique mélangé avec deux ou trois fois son poids d’eau distillée, soit encore dans un mélange de une partie d'acide nitrique pour cinq parties d'alcool absolu. On arrête la décoloration en lavant à l’eau distillée, On peut à la rigueur s’en tenir là, si l'on veut, et monter dans le baume comme nous allons l'indiquer, les bacilles sont alors colorés en rouge. Mais il est de beaucoup pré- férable de faire une seconde coloration des lamelles à l’aide d’une solution de bleu de méthylène dans un mé- lange à volumes égaux d’eau et d'alcool à 95° ou tout simplement dans l'alcool à 60°. De cette facon, les bacilles sont colorés en rouge, tandis que les tissus environnants et les autres microbes, s’il y en a, se colorent en bleu. La coloration étant terminée, on dessèche les lamelles en les chauffant légèrement; quand toute l'eau a dis- paru, on verse sur une lame une goutte de baume de Canada et on renverse la lamelle préparée dessus, en comprimant légèrement de façon à bien étendre le baume. Les préparations ainsi faites peuvent être immédiate - ment observées au microscope et même conservées assez longtemps, si on le désire. Dans les méthodes de coloration sur lames, on fait, en général, un assez grand nombre de préparations à la fois. On a fait un grand nombre de petits appareils en forme de boites, de tubes, etc, qui permettent de placer plusieurs lames à la fois dans un milieu colo- rant ou autre, un des appareils les plus pratiques, et des moins chers est le porte-tubes du Dr Borel (fig. 40 et 44). I se compose d’un bloc de bois de chêne, portant sur sa face supérieure un certain nombre de trous dans les- quels on peut placer des tubes en verre, cylindriques, de 35 millimètres de diamètre et fermés chacun par un cou- vercle également en verre, à l'exception de l’un d’eux dont le couvercle est métallique et porte du côté interne une série de six pinces métalliques pouvant recevoir chacune une lame porte-objet. Quand les lamessont ainsi fixées au-dessous de ce cou- vercle spécial, on peut les placer alternativement dans chacun des tubes où elles sont appelées à subir des pré- parations diverses, Lorsqu'on désire faire un certain nombre de colora- tions sur lames en mettant le liquide colorant sur la lame même, on a queiquefois besoin de prolonger le contact assez longtemps. On se sert alors de petits appareils spéciaux appeles chambres humides. Une chambre humide se compose d'une cuvette en verre sur laquelle repose une cloche également. Sous la cloche on place un support quelconque destiné à rece- voir les lames préparées (fig. #3 et #4). On verse un peu d’eau dans la cuvetteet en recouvrant les préparations avec la cloche, on fait ainsi une chambre saturée d'humidité et où, par conséquent, LÉNEREnIoe du liquide colorant ne peut pas se produire, Pour pouvoir se servir de ce mélange, il faut préparer les lames au moins 48 heures avant de coller les prépa- rations. On place les coupes sur une bande de papier de soie satiné, on les renverse sur la lame préparée en appuyant légèrement; les coupes se collent et l’on peut alors en- lever le papier, puis traiter par les colorants. 2 Pour coupes de blocs à la paraffine. — Les meilleurs mélanges que l'on puisse employer dans ce cas, sont ceux à base d’albumine ou de collodion. Mélange à base d’albumine. — Un des meilleurs agents que nous connaissions st l’albumine de Mayer dont la préparation est extrêmement simple, ce qui est encore un avantage. On prend un poids égal de blanc d'œuf et de glvcérine que l’on mélange bien en y ajoutant 4 % du poids du mélange de salicylate de soude, Après avoir remué sou- vent et très fortement le tout, on filtre. La liqueur ainsi obtenue doit être employée en quan- tités extrêmement faibles et bien étendue sur la lame en frottant avec la pulpe d’un doigt ou un peu de papier buvard, Les coupes une fois placées doivent être forte- ment collées en pressant avec précaution à l’aide d’un pinceau bien sec. Les lames ainsi préparées sont alors placées dans l'essence de thérébentine ou le xylol, afin de dissoudre la paraffine d’enrobage. Si les coupes sont déjà colorées, on peut alors monter directement dans le baume, en ayant soin de bien égoutter l'essence de térébenthine. P. GRUVEL. Les Végétaux Épiphylles Dans la forêt équatoriale où les pluies abondantes, la régularité de la température et le calme de l'air main- tiennent une atmosphère constamment humide, beau- coup de petits végétaux (Algues, Champignons, Lichens, Hépatiques, Mousses) ont pu quitter le sol et s'établir sur les branches, voire sur les feuilles des arbres. Ces épiphylles, au sujet desquelles M. J. Massart vient de publier un intéressant travail (1) que nous allons ana- lyser, sont parfois des espèces qui, par hasard, ont trouvé sur quelque grande feuille des conditions favorables: telles sont diverses Orchidacées et Fougères qui vivent d'habitude en épiphytes, mais qui, dans l’humide et calme forêt vierge, peuvent passer toute leur existence sur une feuille. Parmi les épiphylles occasionnels on peut encore citer les Infusoires, les Rotifères et les Nématodes qui nagent dans les grosses touffes spon- gieuses constituées sur les feuilles par les Mousses et les Hépatiques. Les épiphylles, dit M. Massart, n’habitent pas indis- (1) Annales du Jardin botanique de Buitenzorg. LE NATURALISTE 263 üinctement toutes les plantes ni toutes les localités. Ainsi, dans le Jardin botanique de Buitenzorg et dans les bosquets des environs de la ville, on ne rencontre en fait d'épiphylles que des Thallophytes. Dans la jungle de Depok et dans la forêt qui couvre le Gæœmœæng Tjibodas à Tjampea, à côté des Thallophytes qui sont également très .communes, quelques Bryophytes vivent sur les feuilles du sous-bois, Dans la forêt vierge de Tjibodas, les.épiphylles sont extrêmement abondants, mais les divers groupes ne se mélangent guère, Sur les feuilles qui occupent la cime des arbres, il n’y a guère que des lichens. Près du sol, les feuilles supportent de nom- breuses algues, les Hépatiques et les grosses pelotes brunâtre d'une Éphéméracée. Enfin, dans les gorges étroites et particulièrement humides, les Mousses s'ajoutent aux Hépatiques, mais, par contre, les Thallo- phytes disparaissent. Rares sont, dans la forêt, les espèces dont les feuilles sont complètement à l'abri de l’invasion des épiphylles, M. Massart n'en peut citer qu'une seule : Trichomanis pallidum. Les feuilles sont couvertes d’une couche cireuse, les gouttes de pluie y coulent sans la mouiller et les spores des épiphylles ne peuvent pas s’y accrocher. Toutefois, si les autres plantes de la forêt de Tjibodas sont toutes, sans exception, infestées par les épiphylles, il s’en faut de beaucoup qu’elles le soient au même degré. Les Fougères, les Cyrtandra, les Életaria, et d'une facon générale les feuilles rugueuses ou quelque peu poilues, sont beaucoup plus babitées que les feuilles, très lisses comme celles des Musa et des Curculigo. Les végétaux adaptés à la vie épiphyllaire ne sont pas répartis uniformément entre tous les groupes systéma- tiques. Les Phanérogames et les Ptéridophytes ne ren- ferment que des épiphylles accidentels. Les Schizophytes ont fort peu d'espèces réellement épiphylles. Sans doute, les bactéries sont communes sur les vieilles feuilles, mais ce sont probablement des espèces banales, vivant par- tout. Les Schizophycées sont représentées par des Sya- tonema. Parmi les Algues, organismes essentiellement aquatiques, le seul groupe des Chroolépidées contribue à coloriser la surface des feuilles. Outre de nombreuses espèces terrestres et épiphytes, le genre Trentepohlia compte aussi quelques espèces épiphyiles. Les Phyco- peltis habitent exclusivement les feuilles vivantes. Enfin, les Cephaleuros, devenus parasites, ont dépassé le stade de simples épiphylles. Il est probable que la plupart des Champignons para- sites de feuilles ont commencé par vivre à la surface de ces organes. Mais l’absencede pigments assimilateurs les a obligés à emprunter de la nourriture à leur support. Pourtant quelques genres de Pyrénomycètes (Meliola, Asterina, Schneepia, etc.) sont restés de vrais épiphylles. Il enest de même des Fumago. Si les Thallophytes à nutrition holophytique sont assez rares sur les feuilles, il n'en est pas de même des lichens. Presque toujours les taches orangées de Chroolépidées sont en partie lichénisées. D'autres lichens sont également très répan- dus, aussi bien les pyrénolichens que des discolichens. Très variées aussi, les Hépatiques épiphylles, quoique toutes appartiennent au groupe des gungermiauniacées acrogyues. Les Mousses n’habitent les feuilles vivantes que dans les endroits très humides; de plus, om constate presque toujours que les touffes de Mousses sont ins- tallées sur des tiges et que ce sont seulement quelques rameaux qui atteignent les feuilles et s’y étalent. La seule espèce réellement épiphylle est une Éphémeracée. Quoique l’air soit d'ordinaire très tranquille au sein de la forêt vierge, les feuilles n’en sont pas moins de temps en temps secouées avec violence par les coups de vent. Aussi pour n'être pas arrachées, faut-il que les épiphylles soient solidement attachés à leur support. Au point de vue de la forme du corps et du mode de fixation, on peut diviser les épiphylles en trois groupes : ceux qui sont filamentenx, ceux qui ont la forme d’un disque, enfin ceux qui sont constitués par une tige feuillée. Les épiphylles filamenteux paraissent au premier abord mal faits pour vivre sur une surface aussi lisse que celle de la plupart des feuilles. Pourtant beaucoup d’es- pèces n’ont pas subi de transformation spéciales en vue de s'adapter à ce mode d'existence : le Scytonema folii- colum, par exemple, est constitué comme les espèces ter- restres. Chez les Trentepohlia, il n’en est plus ainsi : la plupart des espèces qui habitent les feuilles ont des fila- ments couchés, appliqués contre le support, bien diffé- rents des filaments dressés ; chez le Trentepohlia diffusa, il y a, en outre, des rameaux courts, servant de cram- pons ; enfin, le Trentepohlia prostrata n'a plus que des filaments appliqués. L'Éphéméracée, si commune dans la forêt de Tjibodas, offre une disposition analogue à celle du Trentepohlia diffusa : certaines branches du protonéma persistant sont assimilatrices et s’étalent dans l'air, tandis que d’autres, plus courtes, sont étroitement cramponnées à la feuille hospitalière. Nous venons de voir que le Tren- tepohlia prostrata possède uniquement des rameaux cou- chés. Supposons que les filaments, au lieu de se disposer sans ordre, soient régulièrement rayonnants et Contigus, et nous aurons l'appareil végétatif discoide d’un Phyco- peltis. Le thalle d’'Asferina est également formé de fila- ments rayonnants, disposés en une seule couche les uns à côté des autres, C'est sans doute la difficulté de la fixation qui exclut de la vie épiphyllaire les lichens fruticuleux et les lichens foliacés. Toujours est-il que les formes crusta- cées sont les seules qui aient pu adopter ce mode d’exis- tence; elles constituent de petites croûtes arrondies, intimement soudées à la surface foliaire. On doit encore rattacher au groupe des épiphylles discoides une Junger- mauniacée (Metzgeriopsis pusilla) qui reste pendant toute sa vie à un stade infantile. En eflet, de même que l'Éphé- méracée conserve un protonéma, cette Hépatique garde son prothalla; celui-ci est appliqué par toute sa surface inférieure contre la feuille vivante, et est pour ainsi dire le seul appareil assimilateur de la plante. A part les deux formes aberrantes dont nous venons de parler, les Briophytes épiphylles ont toutes une itige feuillée. Parmi les Mousses, les Bryophytes épiphylles ont toutes une tige feuillée. Parmi les Mousses, les Bryacées pleurocarpes sont les seules qui fournissent des épiphylles. On comprend en effet que, pour éviter d’être arrachée par les coups de vent qui viennent fouetter les feuilles, la plante doit être fixée sur toute son étendue; c'est ce qui est réalisé chez les Mousses pleurocarpes par l’abondante production des rhizoïdes le long de la tige couchée, Au contraire, les autres Mousses, qui ont une tige dressée, ne seraient attachées que par la base, et le vent les aurait bientôt ébranlées. Chez les Hépa- tiques on ne trouve également d'épiphylles que parmi les formes qui donnent de nombreux rhizoides sur la face ventrale. Ces espèces présentent encore d'autres disposi- LE NATURALISTE tifs avantageux : au lieu d’avoir, comme la plupart des autres Jungermanniacées, des propagules unicellulaires, elles produisent des propagules discoïdes dont la fixation est aisée; de plus, les spores de ces plantes germent en un petit disque plat; enfin, grâce à la présence des oreil- lettes, elles sont capables de mettre en réserve de l’eau pour les jours de sécheresse. Ce dernier point est fort important. En effet, quelle que soit l'humidité de l'atmosphère. il y a néanmoins cer- taines heures du jour où les plantes risquent de se des- sécher. Il n'existe pas d’épiphylles charnues, possédant des réserves d’eau intracellulaire. Par contre les Bryvophytes accumulent de grandes quantités d’eau de pluie entre leurs organes aériens, à tel point que toute une petite faune aquatique s’y est développée. Chez les Hépatiques, lorsque cette réserve externe est épuisée, 1l en reste une autre dans les oreillettes. Parmi les Thallophytes, les Trentepohlia seuls peuvent amasser de l’eau entre les filaments, tandis que les Phycopeltis, les Champignons et les Lichens ont sans doute la faculté de résister à la des- siccation. Les plantes épiphylles, conclut M. Massart, cons- tituent, comme on le voit, un groupe étiologique fort intéressant, dans lequel se retrouvent la plupart des adaptations des végétaux épiphytes, mais poussées à un plus haut degré. HENRI COUPIN. ————— DESCRIPTION DE COLÉOPTÈRES NOUVEAUX Formicomus arabicus. Forme de cœruleipennis Laf. avec les élytres seulement un peu plus allongés et entièrement rous- sâtre, brillant, les élytres ornés d’une longue pubescence couchée, claire, parsemée de longs poils dressés. Long. 4,5 mill. Arabie. Cette espèce et la suivante, très particulières par leur coloration générale uniforme roussätre, n’ont pas besoin pour ce motif, d’une description détaillée. Formicomus subelonçatus. Se rapproche assez par sa forme étroite et allongée de Simoni Pic, moins allongé cependant que cette espèce avec les élytres n'offrant pas de nuance plus claire à leur base. Long. 3,3 mill. Arabie : El-Hadjaz. Anthicus hadjaziersis. Très petit et large, peu brillant, d’un noir de poix avec les pattes et les antennes roussâtres. Tête forte, nettement tronquée en arrière, à ponctuation espacée, antennes assez grèles, peu longues. Prothorax plus long que large, trapéziforme, subanguleusement dilaté en avant, à ponc- tuation rapprochée. Elytres courts et larges, un peu élargis après le milieu, ornés d’une faible dépression posthumérale, à ponctuation relativement forte et rapprochée. Long. 2 mill. environ. Arabie : El-Hadjaz. A placer près de brevicornis Pic, presque aussi foncé, mais élytres plus courts, autennes moins fortes. Anthicus armeniacus. Subparallèle, déprimé, peu brillant, d’un noir légèrement métallique avec la base des antennes et partie des pattes testacées, la base du prothorax plus ou moins testacée ou roussätre. Tête grosse, subtronquée en arrière, à ponctuation forte. Antennes assez grèles et peu longues. Pro- thorax robuste et court, un peu élargi en avant, fortement ponctué. Klytres subparallèles, tronqués et subtronqués à l'extrémité © épineux, chez ©*, un peu déprimés, à ponctuation bien marquée. Long. 2,5, 3 mill. Arménie. Paraît devoir se placer dans le voisinage de depressus Laf. Espèce remarquable par la forme robuste de son avant-Corps. Anthicus (Acanthinus) bimaculifer. Assez large, noir avec l’avant-corps opaque, les élytres très brillants, ceux-ci ornés chacun de deux macules roussâtres. Tête opaque, subarquée en arrière. Antennes noires avec les premiers articles testacés, fortement épaissies à l’extrémité. Prothorax opaque, plus long que large, fortement dilaté, arrondi en avant, parfois roussâtre sur le rebord basal, Elytres assez courts et larges, marqués d'une dépression posthumérale profonde, fortement ponctués et ornés de deux macules roussätres, la première située en partie sur la dépression, la deuxième un peu au-dessous, Pattes courtes et robustes, foncées. Long. 3 mill. Brésil : Rio- Grande do Sul (Recu du Dr Staudinger). Voisin de maculifer Pic, mais cette espèce est plus allongée et n’a qu’une macule antérieure claire. M. Prc, LES ARBRES ET LES ANIMAUX Dans les noms d'hommes De même que les Peaux-Rouges s’appelaient l’Aïgle, le Corbeau, le Serpent, le Renard subtil, pour exprimer des qualités importantes, afin de se distinguer ainsi de leurs semblables; de même aussi nous voyons, chez les blancs de la race caucasique, une quantité de noms d'hommes empruntés au règne animal, chez tous les peuples. Nous rechercherons surtout les noms de nos ancêtres d’origine germanique : Francs, Belges, Bur- gondes, Wisigoths etc., ou Gallo-Romains. Ainsi, par exemple, Ourscamp, près de Noyon, est le nom d’une localité, qui signifie lechamp d’Ursus, l'ours, disciple de saint Amand, qui évangélisa nos contrées au rie siècle, et peut-être avant. De là, la légende de l'ours, qu'un religieux de l’abbaye d'Ourscamp obligea à traîner la charrue, à la place de l’âne qu'il aurait dévoré ou tout au moins étouffé. Un autre village, Béhéricourt, signifie le domaine, l’en- clos de Béher, le seigneur Ber, l'ours, en langue franque, Nous avons même encore aujourd’hui des noms propres, qui expriment l’idée de cet animal. Ainsi Bérard veut dire l'ours brave; Bérault, Bérold, Bérald, l’ours hardi. C’est encore de Ber, ours, que vient le mot bern, mâle: Ber- nard, mâle et brave, dont on a fait le diminutif Berna- dette; Bernot, Bernaut, Berneaux, Bernold, mâle et brave, mäle et ferme, etc. Bernouilly veut dire lieu du bois de Bern, le mâle; Berneville, villa du mâle; Ber- noil ou Berneuil, bois de Bern, le mâle. En effet, on con- sidérait l’ours comme le plus fort de tous les animaux sauvages des forêts germaniques ou hercyniennes. Berne doit son nom à ses ours, qu’elle avait pris pour armoieries, où plutôt à un chef d’origine germanique, Bern, le mâle, qui lui donna son nom. Mais bern, béorn, biorn, mâle, a encore formé notre mot baron; et:peut- être même notre mot Béarn, à cause des ours des Pyré- . nées, si Berne doit son nom aux ours des Alpes, élevés dans une fosse près de ses remparts. Béarn viendrait alors de Béorn, dérivé lui-même de ber, béer, ours. Le mot germanique Wulf, le loup, Wolf en allemand, a!formé les noms d'homme tels que : Wolfgan, Wogan, le loup errant, le loup ravisseur; Wulfram, Wulfrand, le puissant loup; Wulfnoth, le loup renommé. De même Wulf ou Wolf tout seul, le loup; comme le gallo-ro- main Lupus, saint Loup. Fuchs, fox, renard, est devenu le nom d’un chien, après avoir été le nom de bien des gens, tant en Alle- magne qu'en Angleterre et ailleurs. N’avons-nous pas encore des Francais qui s'appellent Renard? Il est vrai qu’ils peuvent aussi dans certains cas faire dériver leur nom de Ragonnard, puissant et brave. Ainsi Regnard LE NATURALISTE 265 ER SN veut dire puissant et brave; comme Regnault, puissant et ferme. En tous cas, Regnard n’a jamais voulu dire renard, On peut encore rapprocher de Renard le mot Renouard, qui signifie puissant gardien, et qui n’a pas de rapport avec cet animal fin et rusé : le renard est un fin matois. Le cheval apparait, dans les noms germaniques, sous la forme du cavalier, ritt, reit, reiter, reitre, rethou ou ritou, homme de cheval ou cavalier. Ainsi Retouvillers signifie villa de Rethou, le cavalier, le chevalier. Ar, aar l’aigle, apparaît dansles mots Arthur, Arnold. Arnaud, Arnoulx, etc. Arthur, est à proprement parler l'aigle de Jupiter, le messager du dieu Thor, Thier, le dieu tout puissant de l’Olympe germanique, dans le Valhalla, le paradis des élus. Arnold etses autres dérivés signifient l'aigle hardi, ou qui s'élève hardiment comme un aigle. En effet arn ne diffère pas plus de ar, aigle, que bern, mâle, ne diffère de ber, ours. Arnaudin, Ar- _nodeau ne sont que des diminutifs d’Arnaud, Arnoux, Arnouville, ou tout autre nom de ce genre, signifie villa d’Arnould, l'aigle hardi. Bien que nous trouvions le mot serpent dans le radi- cal de certains noms, nous n’en avons pas en ce moment de présent à l'esprit, pour citer un nom d'homme de ce genre. En revanche, on y trouve le mot dragon, sorte de serpent ailé; c’est le drag des mers du nord, le drac ou drack des Scandinaves. Ne pas confondre Dragomer avec Dagmar : le premier signifie le dragon merveilleux ; tandis que le second veut dire admirable comme le jour, comme la lumière du jour. Le lion à fait Léon, Léonie, Eléonore, etc. Napoléon signifie le lion des forêts, varos, Jusque chez les Juifs, le nom du lion a servi à désigner des noms propres. Ce- pendant il ne faudrait pas confondre leo, lion en latin, avec Léopold, Léot-pold, brave parmi le peuple, brave dans la nation. De même Saint-Léger, Léodegardius, de Léotgard, gardien de la nation, et non pas le lion. Ce qui est bien extraordinaire, c’est qu'il n’y ait pas encore eu un seul flatteur (et Dieu sait que, dans les cours, sur- tout en France, il n’en manque pas), qui ait su deviner l’étymologie pourtant bien simple du mot Napoléon, syl- vanus leo, le lion des forêts : vanoc, kewy, Que de savants, qui croient encore que la langue latine vient tout entière du grec! Sans se rendre compte qu'il y a une foule de radicaux latins qui dérivent de dix autres langues que le gréc. Evidemment, forêt, sylva et le grec vaxos sont trois mots qui veulent dire la même chose, et qui cependant n’ont aucune espèce de rapport étymologique entre eux. De même pour les mots bois, oil ét wald, forêt en germanique. Et la forêt de Guise, Cotia, Cotis en latin, du gaélique Coët bois! Mais ce sont aussi les noms de plantes, qui ont fourni chez nous les noms d’une quantité de familles, Nous ne pouvons, faute de place, y insister beaucoup; mais un seul exemple va nous suffire, pour le démontrer, sans parler des Dufresne, Dutilleul, Dunoyer, Duchesne, De Laboullaye, De Boullenoïis, ete., etc., voyez le mot fagus en latin, le hêtre, ce qu'il a pu produire dans notre pays, sous l'influence de la civilisation franco-gallo-ro- maine. Fagi, les hêtres, s’est prononcé successivement fagui, failli, fay; fagis, aux hêtres, s’est prononcé faguis, faillisse, faisse, fesse; et alors on a eu: Dufailly, De Fay, Dufayel, la dame du Fayel, de Taillouel (bois des hêtres). Et puis Fay, Fayel, le Fay, le Fayel, a fait Ja Fayette (le petit bosquet des hêtres). Enfin, faye, faisse, a fait Tarlefesse, le taillis aux hêtres, qui nous donnera un jour le marquis de Tarlefesse, comme nous avons déjà le marquis de la Fayette; le taillis, le bosquet des hêtres. Œstres, près Saint-Quentin, veut dire évidem- ment les hestres, les hêtres; comme Esterelle, la hêtraie et peut être Estouilly, lieu du bois des hêtres. Naturelle- ment nous ne donnons ces trois dernières étymologies que sous toutes réserves. Dr BoUGoN. CHRONIQUE Prime aux éleveurs de vers à soiîe, — On sait que le gouvernement, dans le but d'encourager l’in- dustrie séricicole par l'élevage du ver à soie a restitué des primes à décerner aux éleveurs ou éducateurs. Les départements de l'Ardèche, de la Drôme, de l'Isère et ceux de la culture du mürier permet d'élever les vers à soie et d'établir des magnaneries, sont ceux qui béné- ficient de la plus grosse part des primes allouées. Le ministre de l'Agriculture vient de mettre à la disposition du préfet de l'Ardèche une somme de 915,000 francs à partager entre les éducateurs de vers à soie de ce département. L'importance de ces primes montre que cet élevage a donné cette année des résultats satisfaisants. La pisciculture en Suisse, — La Confédéra- tion en tant qu'État, ne possède pas d'établissements piscicoles; en revanche, elle encourage par des subsides la mise à l’eau dans les rivières d’alevins provenant d'établissements cantonaux, communaux et particuliers. Pendant la période 1897-98, 150 établissements pisci- coles ont fonctionné ; ils se répartissent sur toute l’éten- due du territoire suisse : 25 sont cantonaux, 5 commu- naux, et le reste appartient à des particuliers ou à des sociétés. Les appareils le plus en usage pour l’incubation des œufs sont les auges californiennes; dans quelques éta- blissements, on voit aussi de simples auges en bois avec des treillis métalliques pour supporter les œufs, Dans l’incubation des corégones et des ombres, on se sert de verres incubateurs dit de « Zoug », système Weiss, qui présentent l’avantage du triage automatique. La surface d’incubation. dans l'exercice 1897-1898, a porté sur environ 400 mêtres carrés au total, ont fonctionné en outre 180 verres incubateurs à triage automatique. Sont soumis à l’incubation, artificielle parmi les es- pèces de poissons indigènes : le saumon, l'hybride sau- mou-truite, la truite des lacs, rivières et ruisseaux, l’ombre-chevalier, l'ombre de rivière, les corégones et parfois aussi le brochet; parmi les espèces exotiques : la truite arc-en-ciel, la truite du lac de Lochieven, l'ombre de rivière américaine, l'ombre namaycush et la perche du Canada. Les alevins obtenus pendant la période d'incubation 1897-1898 atteignent le nombre de 27,600,000 dont 27,300,000 ont été, sans contrôle officiel, déversés dans les eaux publiques. Production fruitière en Roumanie, — Certains districts de la Roumanie fournissent de grandes 266 LE NATURALISTE quantités de fruits : la production est telle que, très sou- vent, les paysans se voient obligés de les donner comme nourriture aux bestiaux; ils ne sauraient les vendre sur place qu'à des prix dérisoires. Parmi les districts qui produisent en abondance les prunes et les pommes, il faut citer ceux compris dans la haute Moldavie et dans la petite Valachie. Le moment le plus favorable pour l'exportation de ces produits est surtont de la fin septembre à la mi- novembre. Les fruits sont en général fort beaux : 30 prunes pè- sent environ 500 grammes; quant aux pommes, elles ont à peu près la grosseur de celles de France. La qualité en est bonne. Les prix payés couramment sont (les 100 kilogr.) de 3 fr. pour les prunes et de 6 fr. pour les pommes, prises au lieu de production, ce qui revient environ à 4 fr. pour les premières et 7 fr. pour les secondes, franco-bord de Galatz; à ces prix, 1l faut ajouter 15 cen- times prélevés par 100 kilogr. de fruits exportés afin d’acquitter le droit dit « du 1/2 p. 100 «. (Ce droit est perçu sur tout article importé ou exporté par voie ma- ritime et fluviale.) Le fret de Galatz à Marseille varie, pour les fruits, entre 20 et 25 fr. la tonne; la traversée dure quatorze jours. Les lapins en Australie, — Les]lapins en Aus- tralie qui, pendant longtemps, furent une plaie pour le pays, sont devenus l'élément d’un commerce impor- tant, grâce aux procédés réfrigérants, qui permettent le transport au loin de viandes excellentes pour la consommation. Actuellement, c’est par centaines de mille qu’on exporte les carcasses de lapins. L'envoi le plus considè- rable a été fait sur le « Denton Grange », qui a chargé 15.000 caisses, renfermant 360,000 lapins. Ces exporta- tions arrivent à ruiner les chasseurs des environs des villes qui fournissaient les lapins aux ménagères. Graines légères ou graines lourdes. — L’Experiment Station Record résume les expériences de MM. Hicks et Dabney, lesquels, après d’autres expéri- mentateurs, ont abordé l'étude de la question de la va- leur des graines légères et lourdes, au point de vue du rendement. Il résulte de ces recherches expérimentales que l’on doit confier à la terre les semences les plus lourdes, de préférence aux semences légères, pour ob- tenir une récolte plus abondante. Les expériences de MM. Hicks et Dabney ont été faites avec des graines de même âge et de même provenance, soigneusement triées en deux lots réunissant les variations extrêmes : les graines les plus légères et les graines les plus lourdes. Lesexpériences sur les Pois ont montré que les plantes nées de graines lourdes ont commencé à fleurir quatre jours plus tôt et ont produit la graine également quatre jours plus tôt. Les Haricots ont donné des résultats si- milaires, et on a pu voir particulièrement l'influence du poids de la graine sur le système radiculaire; la graine lourde donne 13 gr. 35 de racines, alors que la graine légère n’en donne que # gr. 3. Avec de telles différences dans l'appareil de nutrition, il n’est pas surprenant que la nutrition soit inégale, (Revue scientifique.) er anrran RRARIe ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 23 octobre 1899. M. Lucien Daniel a fait de nombreux essais de greffes de quelques monocotylédones sur elles-mêmes. On sait que la greffe des monocotylédones a été essayée sans succès depuis les temps les plus reculés. L'auteur a obtenu bien des fois la reprise complète des deux lèvres d’une longue fente longitudinale pratiquée dans les tiges du Lis blanc, du Glaïeul, du Funkia cordala, etc., et même dans la tige très jeune d’un cryptogame, le Selaginella arborea. Dans le but d'augmenter l'étendue des surfaces en contact, M. Lucien Daniel à eu recours à la greffe anglaise simple; l'opération faite en mai dernier sur la vanille etle Philodendron a plei- nement réussi, la reprise de ces végétaux greflés sur eux- mêmes est aujourd’hui complète. Le greffon est aussi vigou- reux que les parties correspondantes non greflées. En résumé, la réussite de la greffe anglaise simple de la vanille et du Philodendron sur eux-mêmes montre que la greffe des mono- cotylédones, même dépourvues de couches génératrices, ne doit plus être considérée comme impossible. Cette réussite fait voir aussi que la reprise dépend de l'étendue des surfaces en contact, du procédé de greffage et de la nature des plants que l’on veut associer. La Graisse, maladie bactérienne des Haricots, à été étudiée par M. Delacroix. Dans la région du sud-ouest des environs de Paris, la culture en grand des Haricots fait d’or- dinaire partie de l'assolement triennal des terres, et on utilise à cet effet, le plus souvent, la variété Flageolet Chevrier dont la graine à tégument vert clair est très estimé pour la con- sommation à l’état sec. Dans toute cette région, les Haricots sont envahis par une raaladie de nature bactérienne que les cultivateurs appellent la Graisse. L'examen microscopique montre, dès le début, des quantités considérables de bactéries à l'intérieur des cellules correspondant à une tache; ces bac- téries sont allongées, faiblement arrondis aux deux bouts. Cette bactérie n’est peut-être pas différente du Bacillus Pha- seoli qui cause sur les Haricots, aux Etats-Unis, une maladie dont la description se rapporte un peu à celle de la Graisse. Un traitement curatif ou préventif sur la plante vivante n'est pas réalisable. Il faut seulement se mettre à l'abri de la con- tamination. Pour cela,on veillera rigoureusement, en grande culture à observer l’assolement triennal et on ne sèmera que des graines soigneusement choisies, dépourvues de toute tache et provenant de préférence d'une région où ne sévit pas la maladie. — M. Stanislas Meunier donne le résultat de ses observa- tions relatives au dépôt de certains travertins €eal- caires. Des excursions dans les gorges des Préalpes vau- doises ont procuré à l’auteur des observations précises sur le mode de génération de quelques-uns des amas de tuf calcaire qui sont si fréquents et si volumineux dans cette région. Il en résulte, en effet, que, dans bien des cas, le dépôt du carbonate de chaux résulte de circonstances dans lesquelles ces phéno- mènes «de pure physiologie vésétale joue le rôle prépondérant. Les eaux qui suintent le long des escarpements sont calcaires, mais le dépôt de bicarbonate de chaux ne provient pas du simple dégagement de l’acide carbonique surabondant.Les bulles trés fines qui se dégagent du liquide par l’action du soleil sont de l’oxygène, et on s'aperçoit que le tuf déposé est asso- cié à une véritable gelée organique présentant par place une nuance verdätre sensible. Au microscope on trouve une quan- tité d'individus de Protococcus viridis, de Nostocs, de Dia- tomés, etc. Après dessiccation, la masse produite, légère et spongieuse, est grossièrement feuilletée. Le mécanisme de la précipitation minérale paraît facile à reconstituer : il faut admettre que le résultat de la fonction chlorophyllienne, réa- lisée dans la substance des végétaux énumérés, est de décom- poser précisément cet acide carbonique, srâce auquelle car- bonate calcique était tenu en dissolution. Dans cette manière de voir, le dépôt de tuf s’accompagne du déversement dans l’atmosphère d’une quantité correspondante d'oxygène. P. Fucus. ; Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. 267 LE NATURALISTE ‘2HOX UT SNISPOUO I, ***"(G6T SU) snssop uo JOUTISIP O9 * 91QIIIC U9 1991791 JUOUW -2[dtuts no oqortq juewuorqrez XRL0uJ014 )$ PAU TIOIEC (Es "81) snssap u9 JouTiSTP n09 9p sed quequos -94d ou Jo xexoyjoad of oxjuo9 oonb dde 9197 ‘oqortq juowoyxoz xexogorg *JO9N SUXO30N else celoee SA DRE SCET OT Le 8y) snssop u9 QIIULUI9 S9SIP] S9p o[otr}de I9lUI9P-JUVAY — + NIPCRI 6SL *{egr Su) to TJue vT snsaejouÂso D RSS EN ec. h *(881°8y) juear uo 98uojord uou XR10UJ014 | LA : / op10179 sud ourer oun,p owaoy snos (° A àe O 9197 ET D Sussop-nt 9SU0ToId xe10WJou ‘ » AL JD *MJS9 A souofng ‘(987'87)otos uo soquop sroyonb -Tonb ‘xnuSour saporue ‘sors -Stedo surow no snjd souuoyuy è Sel ‘lues snu&qoJAud CET ‘(G8T *$y) xne$9 juowrerqrsues G SOIOTJIU © SOWAIOJIT SAUUIUV a °°°" (y87 ‘8y) oseq er e 1091jox jou —O[QTe} NO anoS4e] WOW 9p xELO] -0ad joutjstp no9 sues OSIOASUVLI} 999 L 1 certe TOUTE 0 Jro119 Sox xvaoq}oad ‘(687 81) jour) -SIp n09 un ans o9J10d 998uo[e 91, ‘uO1}IS0dW099p uo sosnougi[ Soou2/SqNS SO SUCP 1QJUP] ‘S9IqAR SoP SOIN] SOT ANS JQJUE] fJUBAIA ‘SOSICÈULIJ S099d$9 p dUICZIp aun ou] —U9I [I : SOPIOIUJUY SOp UISIOA SQ4] JUOWo[qeISOJUOUr 1$9 Soprdeog SOp 0[[IUE] er Suep siojonbjonb oS8uvx onb uoiq ‘(-y»7 snpydo/iy) seuarfnz o4 CT Syb10ÿ y) saorumy sop soad 1ssne stojonbjonb 9 SIVIF SJIOIPU9 SO] SUP SINO[} SOI ANS 9ANOÏ SO] UO ‘OSICOULIS OUNCJ 91JOU SUCP So09dso (7 op snjd o1oouo puoadwuoo ‘snoryquy o1uo8 97 ‘jios uo punb 1on) *SOUI9POUI SIN9NE SOI 19 DIILPAOIL'T Ted opjdope 979 e — snepedeg oxuo8 91 — suoisiarpqns s09 8p oqnos ouf *SOIIBPUOI9S Soiu98 9 jueuorduoo ‘sodnoi$ gp 9 9404 ej op ‘J{ ed ostAIpqNS paoqu p 1n07 919 ® ‘opons op ouney es suep ‘S6LE ue qynyAeq ded 99419 ‘snotyquy o1u08 0] ‘S090d$0 ÿ Juoudoquor sfr {simof} So[ Ans Jo sosseq soque[d so] ANS JIOS 9] o1ju0ou94 0j onb ‘soxre[nosndoro $0191d09109 sop ju0s SNXOJON S97 ‘Jonqu}}e M] 9p JuorauO9 [inb Ssojitui] So] Ans Pp10998 p 949 P UIO[ JUOS sanone So[ “If -No1jICd n07 So1oey un juore ojpiuuey 07709 quosodwoo mb soyoosuy so onb uoig 3 o'T ('SS8T ‘sorroangeu sorte) ET SHAIOIHLNV — ‘OI ITA SATTAUNLVN SHONHIIS SH HAAILIOU LHAHMILHILIONM JUU/SU0 D AHIAV AA A( UvVd SLLdOA 10) Saq SH ALLSIl'TII SHAOÔILA'TVNV VAINHDO LE NATURALISTE | | | Cuisses fusiformes (fig. 193); épau- les des élytres arrondies ......... + [VII Famille. - MORDELLIDES each. (Edinb. Encyclop. 1815.) Sauf les Anaspites et les Scraptites, les insectes de cette famille ont le cofps Cuisses fortement claviformes (fig. RS ee à à 194); épaules des élytres bien mar- nous CA , fortement rétréci en arrière. Leurs larves vivent dans les champignons ou dans QUÉCS ee eee ne 194 FormicomusLaFerté | le bois décomposé. Les genres les plus importants sont les Mordela (8 esp.), Mordellistena (18 esp.), et Anaspis (22 esp.) es Antennes insérées sous de petites — 195 RS - Abdomen terminé par une saillie conique (fig. 198) ; saillies frontales (fig. 195).......... ne Ochthenomus Schm. (Mordellites)..................... RSR SEE TOR -. 2 s { 7 £ 1 Antennes insérées à découvert (fig. 196)............ ; 1962.14. 8 Abdomen de forme ordinaire, non terminé par une P À saillie conique (fig. 199) (Anaspites)... .......... RU Prothorax divisé en deux lobes (fig. 196).......... Prolioies simplement rétréci en arrière (fig. 197). (A suivre.) CONSTANT HOULBERT. 91° ANNÉE 2e SÉRIE — LES VIEUX ARBRES DE LA NORMANDIE L'If du cimetière de Saint-Jean-le-Thomas (Manche) Contrairement à l'usage, et ainsi que je l'ai fait pour les trois premiers fascicules de mon ouvrage sur les vieux arbres de la Normandie (1), qui sera terminé en six fascicules contenant plus de cent vingt planches iné- N° 306 1% DÉCEMBRE 1899 Ce dernier renferme la description et la figure des vingt arbres suivants, qui jouissent d'une plus où moins grande notoriété : l'If du cimetière de La Lacelle (Orne); .— le plus gros des Ifs du cimetière de Castillon (Calvados); — l'If du cimetière de Saint-Jean-le-Thomas (Manche); — l'If du cimetière de Naftel (Manche); — l’If du cime- tière de Moulines (Manche); — l'If de Colombières (Cal- vados); — le plus gros des Peupliers de Virginie du pare de Fontaineriant, à Sées (Orne); — le Chêne du parc du Breuil, à Courtomer (Orne); — le Chène-chandelier de L'If du cimetière de Saint-Jean-le-Thomas (Manche), Reproduction directe d'une photographie de l'auteur. dites, je viens moi-même signaler ici la toute récente publication du quatrième fascicule (2). (4) Le Naturalisle, numéro du 15 décembre 1891, p. 289 et une figure; numéro du 15 décembre 1893, p. 286 etune figure; et numéro du Jer février 1896, p. 34 et une figure. (2) Les Vieux Arbres de la Normandie, élude bolanico-histo- rique, fascicules I et II, chacun avec 20 planches en phototy- pogravure, toutes inédites et faites sur les photosraphies de l'auteur; fascicule HT, avec 21 planches en photocollographie et 3 figures dans le texte, presque toutes inédites et faites sur Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. la forêt de Conches (Eure); — le Chène de La Bourgi- nière, à Saint-Georges-de-Rouelley (Manche); — le Chène « Le Père éteruel » d'Haleine (Orne); — le Chêne les photographies de l’auteur; et fascicule 1V, avec 21 plan- ches en photocollographie, toutcs inédites et faites sur les photographies de l'auteur; dans le Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, 2e sem. 1890, 1er sem. 1892, 20 sem. 189% et: 2€ sem. 1898. Tirés à part, Paris, 1891, 1893, 1895 et 1899, (même pagination que celle du Bul- letin). 270 de Raveton, à Montabard (Orne); — le Chêne au Muet dela ferme de La Motte, à Athis (Orne); —le Chêne porte- gui de la ferme du Bois, à Isigny-le-Buat (Manche); — le Chêne de la ferme du Ré, à La Forêt-Auvray (Orne); — le Chène de Cossé, à Saint-Patrice-du-Désert (Orne) : [ces Chênes sont des Chênes à glands pédonculés] ; — le Chêne au Loup du bois d'Écuenne, ai Plantis (Orne) (Chêne à glands sessiles]; — le Hêtre de l'Étau de la forêt d'Andaine (Orne); — ia cépée de Hêtre « Les Onze, Frères » de la forêt d'Andaine (Orne); — et le Tilleul de Campiguy (Eure) [Tilleul à grandes feuilles]. Ce quatrième fascicule contient aussi un mémoire sur les chènes porte-gui de la Normandie, — qui fera le sujet d'un article ultérieur — une note sur la destruction du Trois-Chénes ou Chêne de la Côte-Rôtie,de la forêt de La Londe, à La Londe (Seine-Inférieure), etsur la destruction du Chêne à Leu de la forêt de Roumare, à Saint-Martin- de-Boscherville (Seine-[nférieure); et un addenda aux trois premiers fascicules de cet ouvrage. La modestie m'empêche de dire quelque bien de ce quatrième fascicule, et en dire du mal serait illogique, car si j'avais cru qu'il ne fût pas digne des lecteurs, je ne l'aurais point fait paraitre. Aussi, à la place d'un arti- cle d'appréciation, je donne ici la description et l'icône de l’un des vingt arbres énumérés dans les lignes qui précèdent. Mes trois premiers articles relatifs aux vieux arbres de la Normandie, publiés en ce journal, concer- nent le Chêne-chapelles d'Allouville-Bellefosse (Seine- Inférieure), — qui est un des arbres les plus célèbres de France — l'Aubépine de Bouquetot (Eure), et l'Orme de Nonant-le-Pin (Orne). C’est au remarquable If du cime- tière de Saint-Jean-le-Thomas, du département de la Manche, que je m'adresse aujourd’hui. Saint-Jean-le-Thomas est un village situé sur le bord de l’admirable baie du Mont-Saint-Michel, rectilignement à environ douze kilomètres au nord-ouest d'Avranches (Manche) et à environ treize kilomètres au sud de Gran- ville (Manche). Les touristes qui se rendent, d'Avranches ou de Granville, à cette merveille architecturale et pitto- resque de la France, peuvent aller voir l'If dont il s’agit. Er effet, s'ils vont de Granville au Mont Saint-Michel, ils ont la facilité de s’y rendre par Saint-Jean-le-Thomas ; et s'ils partent d’Avranches pour arriver au Mont par les genêts et les grèves, —ce qui est infiniment plus capti- vant que de suivre la digue, pratique mais si banale — ils pourront, en se détournant un peu de leur chemin, visiter l'If du cimetière de Saint-Jean-le-Thomas. Cet arbre s'élève tout près du mur du cimetière et dans le voisinage immédiat du porche latéral de l'église, por- che très visible sur la figure ci-jointe. C'est un individu femelle. Il est encore très vigoureux, mais des branches mortes annoncent qu'il est entré dans la période de la décrépitude. La partie basilaire du tronc est peut-être pleine; du moins, on ne voit pas de trous s'avançant dans son intérieur. En revanche, la partie supérieure est partiellement creuse. La présence, dans les couches superficielles du tronc, de clous et de petits trous, montre que l'on y apposait des affiches, ce qui, d’ailleurs, a été fait très souvent et se fait encore sur les gros Ifs des cimetières. Lorsque, le 27 avril 1898, je fis l'étude et pris l’icône photographique de ce remarquable Taœus baccata L.,son tronc présentait, à un mètre du sol moyen une circonférence de 6 m. 60. Généralement, quand le tronc des Ifs atteint environ cinq mètres de tour, il LE NATURALISTE est creux en plus ou moins grande partie; l’If du cimetière de Saint-Jean-le-Thomas est donc excep- tionnel à cet égard. Quant à sa hauteur totale, elle était de 16 m. 10 environ. En me basant sur des renseignements qu'il serait trop long d'indiquer ici, je crois pouvoir dire que l’âge actuel de cet If est compris entre 800 et 1200 ans environ. Je craindrais de tomber dans l’erreur en voulant donner une approximation moins vague. L'usage de planter des Ifs dans les cimetières remonte à une haute antiquité. On croyait, bien à tort, que leurs feuilles avaient la propriété d’absorber les miasmes nocifs s’'exhalant de la décomposition des cadavres ; de plus, le feuillage toujours vert de cet arbre, et sa longévité con- sidérable, symbolisent, pour les spiritualistes, l’immorta- lité de l'âme. L'If commun (Taxus baccata L.) n’est pas indigène en Normandie, comme ne l'est, d’ailleurs, aucune espèce de conifère, sauf le Genévrier commun (Juniperus communis L.); mais c’est d'une époque très reculée que date son importation dans cette province, où déjà il existait en abondance au temps de la conquête de la Gaule par Jules César. Je serais tout particulièrement satisfait si mon ouvrage sur les vieux arbres de la Normandie avait des frères dans les autres provinces de la France, et dans le but d'appeler Pattention sur une étude qui présente unintérêt multiple, je montrerai l'an prochain, à l'Exposition uni- verselle, l'icône photographique d’un petitnombre d'arbres plus ou moins célèbres de la plantureuse Normandie. Henri GADEAU DE KERVILLE. E—, LES CONGRES EN 1900 a — CONGRES ORNITHOLOGIQUE INTERNATIONAL 3° SESSION. — 1900 Lors de la réunion à Budapest, en 1891, du deuxième Congrès ornithologique international, ila été décidé que le troisième Congrès se tiendrait à Paris et que le nou- veau président du Comité ornithologique international permanent, qui venait d'être élu, aurait pour mission de préparer la réunion de ce troisième Congrès. D'accord avec les autres membres du bureau et conformément à l'avis exprimé par un grand nombre de membres du Comité ornithologique international, le président a pensé qu'il y aurait grand intérêt à faire coincider le troisième Congrès avec l'Exposition universelle de 4900. À la suite des démarches qui ont été faites auprès d'elle, la Com- mission supérieure des Congrès qui auront lieu à l’occa- sion de l'Exposition universelle de 1900 a bien voulu rat- tacher le troisième Congrès ornithologique international à la série des Congrès de l'Exposition. Ce Congrès se tiendra à Paris du 26 au 30 juin 4900. PROGRAMME SOMMAIRE DU CONGRÈS 17e SECTION. Ornithologie systématique ; classification; descriptions "1 de genres nouveaux et d'espèces nouvelles; nomen- clature. LE NATURALISTE 271 Anatomie et embryogénie des oiseaux. Paléontologie : classification, descriptions de genres nouveaux et d'espèces nouvelles; faunes anciennes, rela- tions des espèces éteintes avec les espèces actuelles. 2e SECTION. Distribution géographique des oiseaux. — Faunes actuelles. — Espèces éteintes dans les temps historiques. Migrations. Déplacements accidentels. — Apparitions d'espèces rares dans Certaines contrées, 3° SECTION. Biologie. — Mœurs., — Régime. — Nidification, — Oologie, 4° SECTION. Ornithologie économique protection des espèces utiles à l’agriculture, destruction des espèces nuisibles. — Chasse, Acclimatation. Aviculture. ÿ* SECTION. Organisation et fonctionnement du Comité ornitholo- gique international. Élection de nouveaux membres. (Cette section est réservée spécialement aux membres du Comité.) Toutes communications relatives au Congrès doivent être adressées à M. Jean de Claybrooke, secrétaire de la Commission d'organisation, rue de Sontay, 5, à Paris. CONGRÈS INTERNATIONAL des Mines et de la Métallurgie PARIS, 18 AU 23 quIN 1900 Le succès croissant des Congrès internationaux des mines et de la métallurgie, tenus en 1878 et en 1889, justifie la convocation à Paris, en 1900, d’un nouveau Congrès destiné à grouper les ingénieurs et les industriels qui, dans toutes les parties du monde, travaillent au progrès des mines et de la métallurgie. Le Congrès de 1900 se tiendra, comme celui de 1889, sous le patronage du gouvernement français. Le Congrès des mines et de la métallurgie s'ouvrira le lundi 18 juin. Il durera une semaine. Seront membres du Congrès et en recevront seuls les publications : 1° Les délégués des administrations francaises et des gouvernements étrangers ; .. 2° Les donateurs, qui auront versé une contribution d’au moins 50 francs; 3° Les adhérents, qui auront acquitté la cotisation dont le montant est fixé à 20 francs. Des rapports confiés à des ingénieurs de diverses nations seront distribués à l’avance et prépareront les discussions des séances publiques de l'après-midi, consacrées alternativement à la métallur- gie et à l’art des mines. Chaque matin, les membres du Congrès, divisés en groupe, pourront, sous la conduite d'ingénieurs et d'industriels spécialement désignés à cet effet, étudier en détail les expositions minières et métal- lurgiques les plus remarquables des divers pays. Pour tous renseignements complémentaires et adhé- sions s'adresser M. Gruner, secrétaire général, 55, rue de Châteaudun, Paris. PROGRAMME PROVISOIRE DES QUESTIONS A PORTER A L'ORDRE DU JOUR 4. MINES. I. Emploi des explosifs dans les mines. IT. Emploi de l'électricité dans les mines. IX. Conditions d'exploitation aux grandes profon- deurs. IV. Des moyens de réduire la main-d'œuvre dans l'industrie des mines, 2. MÉTALLURGIE. I. Progrès de la métallurgie du fer et de l'acier depuis 1889. II. Applications de l'électricité à la métallurgie. a. Applications chimiques. b. Appplications mécaniques. IT. Progrès de la métallurgie de l'or. IV. Perfectionnements récents de la préparation méca- nique des minerais. LE FOND DE LA MER ET LES CARTES LITHOLOGIQUES SOUS-MARINES M. J. Thoulet a fait dernièrement, à la Société de Géogra- phie de Paris, une communication sur l'océanographie dontil a été l'initiateur. M. G. Depping analyse ainsi cette conférence. Les explorations sous-marines qui ont eu lieu depuis une certaine période, au cours de ce siècle, ont donné naissance à une science nouvelle, l’'océanographie, qui a déjà produit des résultats importants. Sans vouloir remonter au delà de l’an- née 1870, nous dirons qu'à cette date, un navire fut, sur l'ini- tiative de la Royal Society de Londres, équipé pour une exploration sous-marine des grands fonds de l'Atlantique et aussi des profondeurs moins considérables de la Méditerranée. Cette campagne fut féconde en résultats géologiques, zoolo- giques ct physiques. L’océanographie était créée; cette science, qui à pour base la connaissance des phénomènes sous-marins, devait recevoir une extension remarquable avec l’expédition anglaise du Challenger, a dit M. Jules Girard, secrétaire ad- joint de la Société de Géographie de Paris, dans un opuscule qu’il a développé, plus tard, dans un ouvrage plus volumineux : Les exploralions sous-magines. Cette croisière, ajoute-t-il, « dura cinq ans, pendant lesquels des sondages et des dragages furent exécutés dans toutes les mers du globe, au moyen d'ap- pareils perfectionnés et sous la direction de savants spécia- listes. Elle donna lieu, pendant les vingt années qui suivirent, à la publication de documents considérables. Une somme supé- rieure à 2 millions de francs fut consacrée à cette œuvre scien- tifique. » De 1882 à 1884, la France envoya deux bâtiments, le Tra- vailleur et le Talisman, qui, sous la direction de M. A. Milne- Edwards, explorèrent à leur tour les fonds de l'Atlantique et de la Méditerranée. Grâce au perfectionnement des appareïls et à l’habileté des opérateurs, on obtint une abondante récolte de mollusques inconnus, et cela à des profondeurs dépassant 6000 mètres. Depuis ces débuts, l’océanographie n’a fait que progresser. C’est ce que M. J. Thoulet, professeur à la faculté des sciences de Nancy, a constaté dans la savante et instruc- tive conférence qui a terminé la séance. L'objet principal de cette conférence était de mettre sous les yeux de la Société la collection de cartes, au nombre de vingt-deux, dressées par M. Thouiet et qui représentent, pour l’ensemble des côtes de France, le relief du fond de la mer avec la nature du sol recou- vert par les eaux. Un grand nombre de cartes semblables ont déjà cté dressées à l'étranger, en Angleterre,en Allemagne, aux Etats-Unis et ailleurs, mais surtout en Norvège; ces dernières particulièrement remarquables. Feu M. Delesse en avait publié une en 1866, relative à nos 279 'ÉNANRUIRENIALSHER côtes; mais sa carte, d’une date déjà ancienne et dressée à une échelle très réduite, est devenue aujourd'hui tout à fait insuñi- sante. M. Thoulet explique qu’une carte lithologique sous-ma- rine est indispensable : 1° à la navigation; 20 à la télégraphie: 3° à l’industrie des péches. Pour la navigation, on le comprend sans peine : aussi les Anglais n'ont-ils pas moins de quarante bâtiments occupés à faire les sondages dans les mers du globe. On le comprend également pour la pose des câbles sous- marins. Pour l’industrie de la pêche maritime, c'est également une question importante. M. Thoulet cite ici l’université de Kiel, où l’on s’occupe beaucoup d’hydrographie, d'océanographie et aussi de la question de pêche, de l’aquiculture qui est l’agri- culture maritime : n’est-il pas intéressant, par exemple, de savoir combien, dans un espace donné, on peut recueillir de poisson ? Les études faites sur les lacs ont déjà fourni des indi- cations importantes. M. Thoulet parle d’un lac où l'on a pu établir que 1 hectare produit tant de kilogrammes de poisson. De là M. Thoulet passe en revue les différents appareils, der- nier modèle, qui servent aux sondages et à des dragages;il en donne la description et en explique le fonctionnement : c’est à l’aide de ces instruments qu'on va chercher des échantillons du sol sous-marin, permettant de déterminer, après analyse, la nature de ce sol. Des projections lumineuses en reproduisent l’image devant les assistants, à qui sont présentées ensuite les reproductions des divers organismes animaux et végétaux ra- menés à la surface dans ces opérations et analysés ensuite dans le laboratoire : foraminifères, globigérinées, algues petites et grandes, diatomées, etc.; les dents de requins qui parsèment le fond de la mer ainsi que les os tympaniques de baleines et autres débris ne sont pas oubliés. LA CULTURE EN SERRE SUR LES TERRANSEN On sait que l’on arrive à cultiver en serre la plupart des végétaux des diverses régions du globe, en leur don- nant un milieu approprié à leurs besoins, C'est ainsi que l’on obtient de beaux raisins en serre,en Belgique et en Angleterre, par exemple; bien que ces pays ne possèdent pas généralement de vignes comme les pays favorisés de climats plus doux. De même, en France, et ailleurs, en serre chaude, les ananas des tropiques. Quand on voit l'immense espace de terrain perdu par les rues et les maisons des villes, on est porté à se de- mander pourquoi on n’essaierait pas d'établir des cultures en serre, à une température convenable, soit dans les jardins particuliers, soit même sur les terrasses des maisons. Au lieu de ces toits si disgracieux, de ces gre- niers le plus souvent inutiles, de ces mansardes si fré- quemment malsaines à cause du peu d'élévation du plafond ; pourquoi ne pas remplacer tout cela par des terrasses entourées d’une balustrade, comme il y en a tant dans les pays chauds, en Italie et en Espagne? Ne serait-il pas possible d'installer des serres sur ces ter- rasses, en les préservant du nord, par une muraille ou une fermeture métallique ? Certes, nous savons bien qu'une telle innovation fera hausser les épaules des personnes qui n'aiment pas les changements. Cependant c'est une idée qui serait peut-être applicable ; surtout dans les grandes villes, où les habitants ne disposent pas de jardins particuliers, ou dont les jardins, toujours trop étroits sont ombragés par de hautes murailles. La culture des plantes dans les appartements a dû soulever les rires de pitié des gens qui ne pouvaient se faire à cette innovation, Or, elle est certainement beau- coup plus difficile que la culture en serre, et si pratique, quand on a de l'eau et du feu à sa disposition comme à Paris; où on n'a qu'un robinet à ouvrir pour avoir de l’eau et du gaz autant qu'on peut en désirer. Les per- sonnes qui vivent en province, où elles peuvent se pro- curer à volonté les plaisirs du jardinage, ne se doutent pas de ce qui manque aux habitants des grandes villes, sous ce rapport. Il serait très agréable d’avoir à sa dis- position une serre bien exposée, recevant abondamment ce qui convient aux plantes, c'est-à-dire de l'air et de la lumière, sans préjudice de l’eau et de la chaleur. Nous croyons fermement que siles architectes construisaient des maisons à terrasses, toutes aussi élevées les unes que les autres, afin qu’elles ne se portent pas d'ombre mutuellement, ils seraient tout étonnés de voir ces mai- sons se louer beaucoup plus facilement que les autres ; dès lors qu'il serait permis d'y installer des serres très solidement conditionnées. Chaque locataire, après le travail du jour, serait heureux de venir prendre le frais le soir sur la terrasse, pendant l'été; et ceux qui n’ont pas d'occupation dans la journée en trouveraient une toute naturelle dans la culture des serres. L'un y culti- verait des fleurs, un autre des plantes ornementales ; un autre y ferait de la culture forcée ; un autre y ferait venir de beaux raisins, des fraises, des ananas, suivant la température de la serre. D'autres peut-être se borneraient à quelques cultures potagères. Quoi quil en soit, tout le monde prendrait plaisir à voir pousser ses plantes et à les montrer à ses visiteurs. La hauteur apparente de ces terrasses au-dessus du sixième étage, ne doit pas être considérée comme un obstacle ; car les locataires des étages supérieurs trou- veraient ces serres à leur portée. En tous cas, il leur serait plus facile encore de monter à la terrasse, que de descendre dans la rue! Nous sommes persuadé que cette tentative serait cou- ronnée d’un plein succès, Les vitrines mettraient les plantes à l'abri dela poussière de suie noire, qui s'échappe des cheminées, et qui rend difficile la culture des plantes à Paris, même sur les rebords des fenêtres. Nous sommes menacés d'une crise redoutable pour les propriétaires, sur les bâtiments; c’est du moins l’avis des architectes, qui trouvent que l’on a trop bâti et qu'on bâtira trop encore plus tard. Nous pensons que le moyen le plus simple de lutter contre ce danger, c’est de donner aux locataires le plus de confortable possible. Il est bien évi- dent, en effet, que le monde se portera toujours là où il se trouvera le mieux. Or, des serres bien installées sur des terrasses, et non pas enfouies au fond des cours sombres et sans soleil, seraient un luxe très apprécié d’une foule de personnes; parce qu’elles ÿ trouveraient une occupation charmante et une distraction utile. Bien loin de nuire à la culture des plantes d'appartement, des serres ainsi disposées permettraient à tout le monde d’avoir des plantes fraiches et vigoureuses à l’intérieur de chez soi, les jours de réception; à la place de ces pauvres plantes à feuillage ornemental qui succombent d’anémie, empoisonnées par l'atmosphère des salons, sans air, sans soleil et sans humidité! De même qu'on ne prend pas ses repas à la cuisine où on les a préparés, de même aussi les plantes de serre ne vivent pas dans les salons où elles sont en représenta- tion. Nous voulons dire ceci : de même qu’on ne fait pas la cuisine dans la salle où on prend ses repas; de même aussi, on ne doit pas cultiver les plantes là où elles ne doivent servir d'ornement que durant quelques heures. N'en est-il pas ainsi dansla vie pour l'homme lui-même LE NATURALISTE 2173 Un souverain se montre à ses sujets sur son trône ; mais il n'y passe pas sa vie : il ne s'y assoit que les jours de réception, le reste du temps, il boit, mange et dort comme les autres mortels. Il en est ainsi des plantes d'appar- tement. Leur place est dans la serre, au moins six jours sur sept; elles ne vont dans le salon que le jour où elles sont appelées à y jouer leur rôle, qui est de l'embellir de leur feuillage. Quoi de plus gai qu’un vase de fleurs, sur la table d'une salle à manger! Leurs corolles décou- pées et leur gracieux coloris viennent-faire une agréable diversion à l’éclat des verres, des faiences, des porce- laines et de l’argenterie. Après nous avoir fourni leurs racines, leurs feuilles, leurs fruits, leurs graines pour nourrir notre corps, les plantes nous donnent encore leur feuillage ornemental et leurs fleurs ravissantes pour récréer nos sens, Dr BouGonx. LES RACES PRÉHISTORIQUES Jusqu'au dix-huitième siècle, on n'avait rien vu de l'homme préhistorique que les instruments de pierre taillée ou polie et les monuments mégalithiques qui étaient considérés comme les débris d’une industrie anté- rieure au déluge. Bien souvent les ossements d'animaux fossiles qui auraient été découverts avaient été pris pour des osse- À partir de cette époque la paléontologie humaine devint une véritable science et l’on chercha à rassembler les documents et à rechercher les débris humains que lon avait jusque-là laissés de côté. Les crânes attirèrent bientôt l'attention, et l’on put bientôt voir que l’on avait affaire à deux types bien diffé- rents et appartenant à deux époques paléontologiques Crâne d'homme à l'abri sous roche, de Cro-Magnon. ments humains datant de la même époque. C’est ainsi que des ossements d’éléphant qui furent trouvés en 1613 à Chaumon près de Montricoux (Tarn-et-Garonne) pas- sèrent pour les restes de Tentobolochus, roi des Cimbres celui qui combattit Marius. Mais les ossements véritablement humains qui furent examinés par Cuvier et ses disciples et qui avaient été découverts soit dans des grottes, soit dans des brèches osseuses, étaient considérés comme actuels et l’on n’y fit aucune attention. Ce n’est qu'il y a un demi-siècle que Boucher de Perthes par ses travaux et par ceux des nom- breux savants qui le soutinrent, que l’on put franche- ment affirmer l'existence de l’homme postpliocène. distinctes, l'âne du Mammouth et l’âge du Renne, Le type des races delapremière époque que le D' Hamy a appelé race de Canstadt, peut être représenté par le crâne célèbre connu sous le nom de Neanderthal. [la été trouvé en 1856 par le professeur Fuhlrott dans le loess durci d'une caverne située sur les flancs d’un ravin sur les bords de la Dussel près d'Elberfeld (Allemagne). Jette partie de crâne qui ne comprend en effet que la calotte cranienne avait des caractères anatomiques remarquables. Une épaisseur énorme de tous les os cra- niens, une dépression verticale considérable, très long et peu large, des arcades sourcilières très saillantes, un front bas et fuyant. Ce crâne se rapprochat plus de 274 LE NATURALISTE celui d’un singe anthropomorphe que celui d’un être hu- main. Cependant sa capacité cranienne, 1.200 centimè- tres cubes lève tous les doutes, en effet, la capacité cranienne d’un Européen esten chiffres ronds de 1,500 cen- timètres cubes, tandis que celle d'un gorille mâle n'est que de 500 centimètres cubes. On à cru aussi que ce crâne, pouvait avoir des carac- tères pathologiques, mais une série de crânes datant de la même époque a pu être rassemblée et tous offraient le caractère simien qui était général chez les hommes de cette époque. Tels sont : le crâne de Canstadt qui a donné son nom à la race, trouvé en 1700 associé à des os de Mammouth, aux environs de Stuttgard, le crâne d'Éguis- heim découvert en 1867 dans le loess du Rhin près de Colmar, le crâne découvert en 1864, par le professeur Busk dans une brèche osseuse du rocher de Gibraltar, etc. Avec la seconde période, nous avons une race qui se rapproche de la race actuelle, les caractères simiens du crâne disparaissent et font place aux caractères humains, et pour l’un de ces crânes connu sous le nom de crâne de l'Olmo ou d'Arezzo qui fut trouvé dans les argiles lacustres post pliocènes inférieurs, mêlé à des ossements d'Éléphas primigenius; de cervus priscus et de Bison priscus, on aurait si ce n'avait été sa place géologique, pu le prendre pour un crâne actuel. Le nom donné à la race de cette époque a été la race de Cro-Magnon, le crâne découvert dans cette localité et que nous représentons d’après l'échantillon du Muséum de Paris, ayant été pris comme type. C'est un crâne de forme allongée en dolichocéphal, le front est large, bien développé au-dessus des arcades sourcillières, d’un vo- lume moyen,sacapacitécranienne est de 1550 centimètres cubes, la voüte du crâne est plutôt exhaussée et forme une belle courbe cranienne se continuant avec régularité depuis le front jusqu'à la région occipitale ou elle se ter- mine par une partie plate. La face est large et courte par rapport à la longueur du crâne, les orbites sont profondes et le prognathisme sous-nasal est très grand. Le reste du squelette trouvé avec le crâne nous permet de nous ren- dre compte de notre ancêtre qui était de haute taille et robuste. On doit rapporter à cette race, les crânes décou- verts dans le diluvium de Grenelle, à Solutré, à Engis, etc. Parmi cette race à crâne allongé s’infiltra sans en changer le caractère, une race à crâne rond ou brachy- céphale dont le type est représenté par le crâne trouvé à Furfooz (Belgique), et qui arriva au moment ou les ani- maux quaternaires ont disparu. Cette race dont d'autres types ont été retrouvés comme à Grenelle dans Paris avait,d’après les savantes études du Dr Prunes Bey beau- coup d’analogie avec le type Mongoloide du groupe Fu- mirs Où Tartare, le crâne de Grenelle appartenait même au type Lapon. À partir de cette époque, les races se sont mélangées et ont donné lieu aux types actuels. Comment ces races se sont-elles succédé en France ? Les plus anciens habitants de notre pays étaient une race au crâne allongé qui passa successivement par les types de Neanderthal et de Cro-Magnon soit par une gradation successive, soit plutôt par suite d’une invasion de la seconde race qui chassa la première. Puis un type à tête ronde, s’est ensuite avancé dans notre pays, d’abord len- tement venant de l’est, puis en plus grand nombre par- dessus le massif alpin. Il se fusionna avec la race au- tochtone pour donner naissance à une race nouvelle his- torique qui forme le type celtique et qui est représenté à l'époque actuelle par les Bretons ct les habitants de l'Auvergne. L. MASSAT. La protection des Oiseaux Le Coucou est considéré généralement comme nuisible parce qu'il dépose ses œufs Gans les nids des autres oiseaux; mais en revancheil rend de grands services par la consommation énorme, qu’il fait des insectes et sur- tout des chenilles velues que les autres oiseaux ne recherchent pas. « En une minute, dit de Homever, j'ai vu un Coucou avaler plus de dix chenilles. Qu’or compte seulement eux chenilles par oiseau et par minute, pour cent oiseaux cela fera,pour une journée de seize heures(au mois de juillet), 193.000 chenilles ! » Le Martin-Pêcheur est encore moins épargné que les autres oiseaux; il se nourrit d'insectes aquatiques et de petits poissons et commet des dégâts insignifiants dans nos cours d'eau; mais la beauté de son plumage expose à mille dangers cet oiseau que les dames recherchen] également comme objet de parure pour l’ornement de leurs chapeaux. L'Engoulevent n'échappe au massacre général que grâce à ses habitudes crépusculaires et nocturnes ; 1l chasse au clair de la lune et à l'aube de jour, poursuivant avec acharnement les Phalènes, les Scarabées et tous les insectes nocturnes; il est donc essentiellement utile puisqu'il détruit pendant la nuit les insectes qui échappent aux oiseaux diurnes. Les Martinets et les Hirondelles sont des destructeurs infatigables d'insectes. En chasse dès l'aube du jour ils ne cessent qu'aux dernières heures de la journée. Des naturalistes, dignes de foi, estiment à plus de 16.000 le nombre de mouches et de moucherons qu'une Hirondelle capture pendant les cinq ou six mois qu'elle passe dans nos contrées; pendant les mois de juin et de juillet les Hirondelles chassent 15 à 16 heures par jour. Malheu- reusement ces oiseaux dont la capture ne peut-être Invo- quée dans un but de consommation, sont détruits pour satisfaire aux usages de la mode, et, dans un discours prononcé en 1873, le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, évaluait à 4.073.000 le nombre d’'Hirondelles détruites annuellement dans deux arrondissements de la Gironde. Or, on sait que sur nos côtes méditerranéennes on leur fait une guerre encore plus acharnée, en les cap- turant au filet, à l’'hamecçon et au moyen des piles élec- triques communiquant avec des fils de fer fixés aux rochers par des isolateurs et où ces malheureux oiseaux, fatigués par un long voyage, trouvent une mort fou- droyante. La Huppe, qui se nourrit exclusivement d'insectes et devrait être épargnée pour sa grâce et sa beauté, n’est pas également respectée par les chasseurs. Nous avons déjà mentionnéla guerre d'extinction dont est victime l’Etourneau en Espagne, bien que se nour- rissant d'insectes, de vers et de limaces, cet oiseau n’est pas épargné en France, pendant ses passages ; on l’accuse de S’abattre en bandes nombreuses dans les vignes et de dévaster les raisins: mais la chasse qui lui est faite à d'autres causes : on le vend sur les LE NATURALISTE marchés pour la consommation et on recherche ses dépouilles pour la mode, Il est réellement extraordinaire que, malgré les massacres prodigieux qu'on en fait, le nombre des Etourneaux ne parait pas décroitre. Parmi les autres Passereaux, le Moineau ne mérite guère notre indulgence : s’il détruit des insectes c'est en revanche un pillard effronté qui ne respecte ni nos grains ni nos fruits. Dans le département de la Seine, sa des- truction a été autorisée en 1897; en Angleterre le Board of Agriculture et le Home Office sont tombés également d'accord pour les mettre hors la loi qui protège les oiseaux du Royaume-Uni contre la fronde des enfants et le plomb des chasseurs, Les Bouvreuils, Pinsons, Verdiers, Linots, Bruants, Chardonnerets et Turins détruisent quelques graines mais consomment en même temps beaucoup d'insectes, surtout pour la nourriture de leurs petits ; ils égaient nos campagnes par leurs chants et il semble, qu’à ce titre ils mériteraient notre protection. Les Merles, les Loriots et les Grives sont insectivores et si les Grives picotent quelques grappes de raisins, elles débarrassent nos vignes des limaces et des escargots dont elles brisent les coquilles pour en extraire le mollusque. Mais malgré les services qu'ils nous rendent,ces oiseaux ne sont guère épargnés par les chasseurs qui tuent les Loriots, pour la beauté de leur plumage et les Grives,pour la bonté de leur chair ; ces dernières sont l’objet d'une guerre acharnée au moment de leur passage : on les tue au fusil, on les prend au lacet et on en consomme une grande quantité, Il est vrai que la renommée de la Grive, comme oiseau comestible, remonte à une époque bien reculée ; Horace n’a-t-il pas dit : Nil melius turdo, et Mar- tiel : Inter aves gloria prima turdus. Quant aux Merles, ils ne sont pas plus épargnés par les chasseurs en vertu de cette maxime : Faute de Grives, on mange des Merles. Les Alouettes sont fort utiles, car elles détruisent les charançons et ne consomment qu'une quantité négli- geable de graines ; mais elles sont tellement recherchées pour la consommation que l'homme les capture, en quan- tités considérables au moment de leurs passages, soit au lacet, soit au filet. Aussiremarque-t-on depuis quelques années une diminution sensible dans les passages de ces oiseaux, Puisqu'on les considère comme gibier, ne devrait-on pas en autoriser la destruction au fusil seule- ment ? Mais les oiseaux, qui devraient surtout être protégés, sont les petits insectivores; Rossignols, Fauvettes, Rouges-gorges, Traquets, Motteux, Pouillets, Roitelets et Troglodytes. Tous ces oiseaux vivent dans nos bois et dans nos jardins qu'ils purgent d’une foule d'insectes nuisibles;néanmoins ilsne sont pas épargnés par l’homme. Le Rossignol, qui nous charme par son chant dans les belles nuits d’été, disparait peu à peu des jardins où il vivait dans l'intérieur des villes ; le Rouge-gorge qui recherche nos jardins pendant l'hiver et vient jusqu’à la porte de nos habitations ramasser les miettes de nos repas, les Fauvettes qui chantent tout le jour dans les arbustes de nos jardins et se nourrissent des petits insectes et des chenilles qui dévorent nos rosiers et nos arbres fruitiers, tous ces oiseaux si utiles sont détruits sans pitié par les enfants, qui dénichent leurs nids ou par les chats domestiques, qui dévorent leurs couvées; ces animaux malfaisants sont pour les oiseaux, aussi nui- sibles que l'Homme. M. Raspail, qui a fait des observa- tions à ce sujet, les résume ainsi : « Dans une propriété d’une contenance de trois hectares et où, bien que récem= cemment boisés, un assez grand nombre d'oiseaux viennent se reproduire, sur trente-sept nids surveillés avec la plus minutieuse attention, huit seulement ont réussi; vingt-neuf ont été détruits, dont quatorze par le chat domestique, et cependant tous les efforts de l’ob - servateur avaient tendu à protéger ces nids contre ces insatiables maraudeurs, Dans une vaste propriété située au centre du même village le précédent propriétaire qui s’attachait à protéger les oiseaux, prenait à des pièges, chaque année, en moyenne quatre-vingts chats. Aujour- d'hui cette propriété ayant changé de maitre, les jardi- niers estiment que l’année dernière plus de cent nids y ont été détruits, dont les trois quarts par des chats. Chaque nuit, la moitié au moins des chats du village se mettent en chasse dans les jardins, les parcs et les bois souvent très éloignés. » On peut voir par ces exemples que l'Homme n’est pas le seul ennemi des oiseaux, mais qu'il trouve pour leur destruction un auxiliaire dans le chat, cet animal malfaisant que nous élevons pour nous débarrasser de rongeurs et qui nous récompense en pil- lant nos provisions eten dévorant les oiseaux. Parmi les espèces essentiellement utiles il convient de signaler les Pépits et les Bergeronnettes qui vivent dans les terres labourées, dans les préshumides, sur les bords de nos ruisseaux, occupés sans cesse à la recherche des insectes, suivant les laboureurs en accompagnant les troupeaux. Enfin les Mésanges consomment quelques grains ou fruits, mais détruisent en revanche, une quantité consi- dérable d'insectes, recherchant les chenilles, les larves et les œufs jusque sous l'écorce des arbres et venant pendant l’hiver, chasser dans nos jardins. Dans l'énumération succincte que nous venons de faire de nos oiseaux nous avons indiqué ceux qui sont nui- sibles et ceux que nous avons intérêt à protéger, mais par quels moyens pourra-t-on arrêter la destruction des oiseaux utiles ? Puisque nous ne pouvons obtenir dansnos Congrès une réglementation rationnelle acceptée par les pays limi- trophes, il semble que deux moyens seraient praticables sur notre territoire : 1° Des arrêtés préfectoraux délimitant plus nettement les oiseaux dont la destruction est autorisée et ceux qui ne doivent pas être détruits par les chasseurs ; 2 Une surveillance plus efficace exercée par les agents de l'autorité dans le but d'empêcher la destruction des oiseaux dont la capture n’est pas autorisée et leur vente sur les marchés. Nous préserverons ainsi beaucoup d'espèces utiles à l’agriculture, qui nous reviennent chaque année, après avoir échappé à mille dangers dans leurs migrations à l'étranger et nous ne nous ferons pas les complices de la rage de destruction tolérée chez nos voisins, Albert GRANGER. | 19 1 [er] LE NATURALISTE ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolueane et Lucane LUCANUS HOPEI-Parry ET LUCANUS MACULIFEMORATUS Motschulsky. On confond habituellement, dans les collections, sous la dénomination de Lucanus maculifemoratus, le lucane du Japon que Motschulsky a décrit sous ce nom en 1861, et celui dont Parry a donné, sous le nom de Lucanus Hopei une première description en 1862, puis une nouvelle description et une figure en 1864. Cette confusion peut paraître singulière puisque l’au- teur anglais a lui-même séparé ces deux insectes dans son catalogue, mais elle s'explique par ce fait que ni la description de Parry, nila figure, d'ailleurs très mauvaise, qui l'accompagne, ne contiennent de données suffisantes pour permettre à défaut d’autres éléments, d'établir une distinction entre les deux lucanes dont il s’agit. Or, l’examen du type du Luc, Hopei, dont j'ai eu com- munication par M. R. Oberthür, m'a permis de constater que cet inscte est identique au Lucane que j'ai décrit et figuré dans le Journal « Le Naturaliste » n° 261 du 13 jan- vier 4898, sous le nom de Lucanus maculifemoratus-var. elegans, et que, par suite, le Lucane de Hope et celui de Motschulsky constituent deux formes distinctes présen- tant entre elles des différences très sensibles et dont les femelles elles-mêmes ont un facies très dissemblable. Il est malgré cela impossible de considérer ces deux formes comme appartenant à des espèces distinctes, attendu que leurs caractères sont loin d’être absolument fixes et qu'il existe des spécimens qui établissent, net- tement le passage entre elles. La vérité est que le Lucane du Japon parait être un insecte extrémement variable selon les régions et probablement aussi selon les alti- tudes, et que deux formes surtout semblent prédominer : le Luc. Hopei etle L. maculifemoratus. Reste à savoir quel est celui des deux noms qui doit servir à désigner l'espèce. Il est certain qu’à s’en tenir strictement à la loi de priorité, le nom de Luc. Hopei devrait céder le pas à celui de Luc. maculifemoratus puisque la description de Motschulsky est antérieure d’une année à celle de l’ento- mologiste anglais; mais, si l’on tient compte que le Luc. Hopei fait naturellement le passage entre le L. Dybowskyi et le Luc. maculifemoratus, il est bien plus rationnel d'admettre que c’est ce dernier qui constitue la variété. C'est pour cette raison, et afin de me conformer à l'ordre naturel des choses, qu'il me parait nécessaire d'adopter ici la nomenclature suivante : 1° LUCANUS HOPEI. — Parry. 20 Luc. HOPEI, VAR. MACULIFEMORATUS, schulsky. Quant au nom de Luc. maculifem-var, elegans, il va sans dire qu'il doit passer en synonymie de Lucanus Hopei. — Mot- LUCANUS HOPEI. — Parry. Parry : Proc. Ent. Soc. Lond. 1862, p. 108 © — Trans. Ent. Soc. Lond., 1864, p. 9, pl. 6 — fig. 2. Syn. : Luc. maculifemoratus, auct, — Luc. maculifemo- ratus var. elegans Louis Planet — Naturaliste, n° 261 du 15 janvier 1898 et du {°° novembre 1898. Le type de Parry est un exemplaire de grand dévelop- pement, mais à antennes incomplètes et tout à fait défrai- chi, ce quiexplique que la diagnose de Parry mentionne : « L. nigro-brunneus politus » et que la description porte : « Head wider than the thorax, both of a brownish black colour, the elytra smooth and polished tête plus large que le thorax, l'un et l’autre de couleur brun noir ; les élytres unies et luisantés. » En réalité, le Luc. Hopei est un insecte pubescent, de coloration habituellement obscure et uniformément noi- râtre, à reflets submétalliques. C’est à cette forme que je crois pouvoir rattacher les deux exemplaires de Yeso qui m'ont été communiqués par M. l'abbé David (voir « Naturaliste» n° 280),et un troisième mâle que possède M. Boileau et qui est étiqueté de Kioto; mais ces spécimens s’éloignent assez sensible- ment du type, ainsi que l’on peut s’en rendre compte en comparant les figures 1 et2 ci-jointes, et il est possible que de nouveaux matériaux et des données plus précises sur l'habitat exact de ces insectes amènent à considérer qu'il s’agit là d’une troisième forme assez nettement circonscrite. LUCANUS Hoper — Var. MACULIFEMORATUS Mots- chulsky. Syn. : Luc. maculifemoratus— Motsch., Etudes ento- molog. 1861. (Insectes du Japon énumérés par V. de Motschulsky) p. 9. Parry. — Major Parry’s Catal, of Lucanoid coleoptera. Trans. Ent. Soc. Lond., 1864, p. 8. Lewis. — Trans. Ent. Soc. Lond., 1883, p. 333. Von Heyden Deutsch. Ent Zeitschr., XXVNTIT, p. 276-77. Sÿn. : Luc. Sericans — Vollenh.—Tijdschrift voor Entom. IV — 1861, p.103. — Lucanus sericans reconnu comme syn. de Luc. maculifem — Vollenh, loc. cit. VIII. 1865, p. 147. Cette intéressante variété se distingue immédiatement du type par la plus grande largeur des mandibules à leur base, par la dent basilaire bien plus large et plus allon- gée, par la forme encore plus arquée des mandibules et par leur inclinaison en avant beaucoup plus accentuée chez les grands spécimens. Enfin, les dents de la fourche terminale sont courtes et tronquées. Voir fig, 3 et #. La tête conformée delamème facon que chez le L.Hopei est cependant plus nettementcarrée, parsuite moins rétré- cie en arrière; mais la principale différence réside dans la carène frontale qui, au lieu d’être courte et arrondieet de se fondre avec le bord antérieur, estlarge, très élevée et nettement carrée; les carènes latérales sont, en outre, moins relevées; le corselet très évasé en avant est plus régulièrement infléchi sur les côtés; enfin les élvtres ont une coupe un peu différente due à ce qu’elles sont un peu moins régulièrement convexes. Quant à la coloration, elle est habituellement moins noirâtre et, en particulier les parties orangées des pattes et surtout des cuisses sont beaucoup plus étendues, Les spécimens ©” reproduits ici fig. 5 et 6 peuvent être consi- dérés comme formant le passage entre les deux formes. Leur provenance exacte ne m'est pas connue. La femelle est également très différente, car, avec la LE NATURALISTE 271 même forme générale, elle a le corselet et les élytres, | l’aveu même de l’auteur, qu’un petit mâle de L. Maculi. mais surtout le corselet, beaucoup plus larges; sa colo- | femoratus. Voici ce que dit à ce sujet l’entomologiste ration est également moins noirâtre. hollandais : | La var. maculifemoratus paraît être celle qui domine « Quoique M. le lieutenant-colonel Victor de Mots-' 4 ù 6 1 Fig. 1 et 2. — Lucanus Hopei © Parry (Col. H. Boileau). — Fig. 8 et 4. — Luc. Hopei. — var. maculifemoratus. Motschulsky — Bet6. — Luc. Hopei ct — (collect. H. Boileau). — 3. — Luc. Hopei. var. maculifem. — © dans les environs de Yokohamma; peut-être s’y trouve-t- | chulsky ait toujours eu l’obligeance de me faire cadeau elle à l'exclusion du type. d'un exemplaire de ses études entomologiques, politesse Quant au Lucane que Snellen van Volleuhoven avait | à laquelle je suis très sensible, le tome paru en 1861 ne décrit en 1861, sous le nom de L. Sericans, il n'est, de | m'est jamais parvenu et je n'ai, par conséquent, pas 278 LE NATURALISTE encore pu comparer l'espèce mentionnée avec son Luca- nus maculifemoratus. Cependant, j'ai recude M. le direc- teur du Jardin zoologique d'Amsterdam un exemplaire de la dernière espèce ou du moins étiqueté comme telle provenant du Japon et peut-être originaire d’entre les doubles de M. Motschulsky. Jin comparant mon exem- plaire du Sericans à celui-là, je ne trouve d’autres diffé- rences que celles-ci : Sericans est plus petit de 14 milli- mètres, les dents de ses mandibules sont de beaucoup moins développées; au contraire sa couleur est plus fon- cée et les taches aux cuisses ont une teinte rougeâtre, tandis que chez le Maculifemoratus, elles sont décidément jaunes. Je souscris donc à l'opinion de M. le major Parry, que le Sericans ne serait que la variété moyenne du Maculife- moralus: reste à décider lequel des deux noms a le droit de priorité,les deux mémoires ayant été publiés en 1861. Quant à l'habitat Java, mentionné d'après une étiquette d’un des individus, il faut bien supposer qu’elle aura été attachée à l’épingle par inadvertance.» (A suivre.) LOUIS PLANET. DEMANDE M. Henri Gadeau de Kerville s'occupant de la rédaction du cinquième et du sixième fascicule de sa « Faune de la Nor- mandie », qui renfermeront les Tuniciers et les Mollusques, serait profondément reconnaissant aux personnes qui vou- draient bien, avant la fin de l'été prochain, lui donner des renseignements sur les espèces rares en Normandie (terrestres, et des eaux douces, saumätres et salées), et lui indiquer les collections locales, ainsi que les publications peu connues, rela- tives à la malacologie rormande. Il recevrait également, avec une vive gratitude, des notes sur les mœurs des animaux en question, et une liste des noms vulgaires qui servent à les dési- gner dans cette province. Henri Gadeau de Kerville, homme de science, à Rouen. CHRONIQUE Société géologique de France, — Legs Beaucourt, veuve Fontanne, — La Société géo- logique de France est autorisée à accepter, aux clauses et conditions imposées, le legs d’une somme de 40.000 fr. fait à son profit par la dame Césarine-Jeanne Beaucourt, veuve Fontanne, en vertu de son testament olographe du 26 décembre 1898, Conformément à la volonté de la testatrice et à la délibération du Conseil d'administration de la Société, en date du 26 juin 1899, la somme léguée sera placée en rentes de 3 0/0, pour les arrérages être affectés à des missions utiles au progrès des sciences géologiques. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 6 novembre 1899. M. Louis Mangin a étudié une maladie nouvelle des œillets. Les plantations d'œillets sont envahies, cette année, dans la Provence, à Cannes, Nice et Antibes, par une maladie grave qui à déjà dévasté de nombreux champs. Les plants malades se reconnaissent à la teinte jaune et au flétrissement des feuilles ; sion les arrache, on constate que les racines sont saines, mais la base de la tige est dans un état de décomposi- tion plus ou moins avancé ; souvent, au moment de Parrachage, la plante se brise au niveau du sol par suite de la pourriture qui à envahi le collet. Dans les tissus décomposés et brunis, l’auteur à rencontré un grand nombre d'organismes, des champignons variés, des bactéries, des anguillules. Il était difficile de discerner, dans ce mélange d’organismes, celui qui cause la maladie; mais, en examinant, on voit seulement persister un mycélium incolore extrêmement développé dans le bois et dans la zone génératrice. Il semble que ce mycélium, dispersé dans les tissus les plus éloignés du collet, représente le parasite destructeur des plantations d’æillet. Ce parasite ne correspond à aucune des espèces décrites dans les maladies étudiées jusqu'ici. La maladie n'a pas un caractère infectieux, car les pièces malades sont souvent isolées au milieu des pièces saines; il semble qu'elle soit transmise par le bouturage qui, dans la région provencale, est le seul mode de multiplication des œillets. On devra donc s’astreindre à ne bouturer que des branches bien saines. — M. Matteuci donne l’état actuel des volcans de l'Europe méridionale. Au Vésuve il n'y a plus, parmi les fentes élevées, que celles des années 1872, 1889, 1891 et 1895 qui offrent encore une activité solfatarienne, les fentes N.-N -ouest de 1872 sont refermées et inactives. La haute fente orientale de 1889 dégage beaucoup de vapeur d'eau, d’acides sulfureux et chlorhydrique. Le cratère de l’Etna mesurait 500 mètres dans le sens O.-nord-ouest, est-sud-est, et 400 mètres dans le sens perpendiculaire, avec plus de200 mètresde profon- deur.Les cratères d’explosion les plus hauts des éruptions de 1879 et 1892 émettaient beaucoup de vapeurs acides. D’autres bouches situées plus bas, de 1892 et celles de 1883 ont donné du sulfate et du bicarbonate de soude. Sur le Volcano persiste la phase solfatarienne de 1888-1890. Quant au S{romboli, en automne 1898, les manifestations étaient, comme toujours, du genre strom- bolien bien caractérisé. Les explosions étaient fréquentes. Au Santorin, le terrain qui formait la baie au sud-ouest de Mikra- Kaiménilors de l’éruption de1866-1870,s’estnotablementaffaissé. En résumé, pendant qu'au Vésuve l’activité strombolienne du cratère terminal marchait de pair avec un épanchement latéral de laves, l'Etna était en repos depuis 1892 et semblait se préparer à un efflux lavique, peut-être vers le sud ou le sud-ouest. Volcano traversait une de ses phases solfatariennes habituelles ; Stromboli conservait sans changement son activité explosive normale et Santorin, après trente années d'émissions gazeuses, semblait se préparer à reproduire l’imposant spec- tacle de flammes et d’explosions qu'il a déjà donné dans la mer Egée. Séance du 13 novembre 1899. Nous mentionnons plus haut une communication de M. Mangin sur la maladie des OEillets à Antibes. MM. Pril- lieux et Delacroix, chargés par le ministère de l'Agriculture de l’étude de cette maladie, ont confirmé les observations de M. Mangin. Parmi les champignons, plusieurs ne se ren- contrent que dans les parties mortes; les uns ont donné dans es cultures un macrosporium, d’autres, le Torula herbarum, tous deux à filaments noirs. Dans les mêmes conditions, un mycelium hyalin à produit les conidies de Tichothecium roseum. C’est à une forme raycelium signalée par M. Mangin‘ que doit être rapportée la cause réelle de la maladie. Ce cham- pignon est doué d'un polymorphisme très marqué; les au- teurs qualifient provisoirement l'espèce du nom de Fularium Dianthi. — MM. Georges Couanon, Joseph Michon et E. Salomon, ont fait de nouvelles expériences relatives à la désinfection antiphylloxérique des plants de vignes. I1 résulte de leurs recherches qu’une immersion dans l’eau chaude à 53° pendant cinq minutes, est un moyen pratique et économique pour désinfecter des plants de vignes quelconques, racinés ou non racinés. Insectes et œufs sont tués et les plants vivent et vé- gètent normalement. P. Fucus. ERRATUM Dans le dernier numéro du Naluralisle, plusieurs fautes typographiques ont été relevées dans l'intéressant article de M. Stanislas Meunier sur un fer météorique; nous signalerons seulement que la provenance de ce fer est Mount-Joy et non Mount-Foy comme il a été imprimé par erreur. ï Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 171. NATURALISTE LE 0G ‘a € ‘ooueaz { eppoafoq ‘QUI ‘8€ ‘À ‘S2u -do2109 ap saypun/ sapdrouud sep auaboihyq 19 spaungou sjuoddny — ‘ruaa1n0pf 9 atoA (1) oo 919AQ11Q 2] J9 Sauuoque SIN] 9p ay e ed soqenbiewoz 1s ‘soynpe xne juenb :sodgn1 So ans 39 SoJJUIg So] Ans soJiSPACd u9 JUYAIA S9790SUT $09 9p SOAIU[ SOT ‘(7 } SOPHIE PION S9I 19 sogidisdons So[ oaquo o8essed 9[ ‘PI9901UBAT o4u98 of Jed ‘snou uOfoS JuowoyJou 114879 ‘onbrupsortyd onA 9P jurod ne ‘so4191d09109 Sop 941p10,] ap Soquessorgqui Snjd Sep oun] ‘oF[LUET 97199 (6S8T ‘s0199d09109 sop viouo9) ‘DI09UT SACTAOHAIAIHA STE — XI tt (608 ‘8y) soeao sonia ‘SI BUIUIOJOLL, e'T 13489 ; °*"(808 ‘ Sy) SON * -qeard 59109 ‘s098 0e SO4JÂTH OCT TON CRC ES MES FONCIECE AE ALROECEC (EN ZA 0) Sa[qISTA XUVOuUR G 9P YULIOJ UXWOPAY *sqm INN rI8uU94 °:(903 ‘8y) iuowounotx -JJUT XUBAUUR X[S JUPIJUOU UIWOPAY RAR CO M A A 5 AU NE ct ROME (#03 ‘3y) 2u19,x9 paoq ne “IS0() BU9YSITIOPION NO L ER soinioutyos sanotsnd 9948 ‘a91S0d soquuef ‘SM etreu91s -*(20G ‘3y) aua97xo pioq ne S9919UPH99 soinotu9s0d soquef = "IT e[[9P4i0N fn trsctrtenpe trier _ D) OUAX9FXO 9ANIDIULUI9 SUES ras saquef Groe “(108 ‘8y) oatepn8ueruy ‘juod uossnog ss es "00 ‘8y) ‘#1S00 PIXOWOI, ‘oiwpn8ur001 ‘puvis 295$ uossnoM SATTAUNALVN SHONAIIS SH HAALIOU LHAATTINIOM FUUISUOD UVd ge 0 ee | FAONV AA 44 SAAHLdOTI0!) à SUNAUIDJUD SOSAL) SP 9[901]I8 OWQUJENQ : ; £03 °° "(608 Sy) € np oanae DITS AEEQUT -ur)9 eun SUEP pU9U9 Je Jod sou sua/ow “J009 sidseuy , Jd Sunortajqun SOS) Sp o[91Jie oUWPAJUnŸ S4q SHMLSAQ'TII SHAOÔOILATVNV VAANHO LE NATURALISTE 280 = 99 de leurs élytres, on peut espérer les rencontrer en été sur les fleurs des Umbel- lifères, surtout s’il existe des nids de Guêpes dans le voisinage. Huit ou dix espèces ont été signalées en France. A la suite des Rhipiphorides doit se placer la curieuse famille des Strepsip- tères (S/ylopides), qui renferme les genres parasites si extraordinaires : Stylops. Xenos, Elenchus, etc. (1). ll Elytres entières, recouvrant complète- ment les ailes inférieures (fiw. 210).,.. Evaniocera Guér. 1 Elytres déhisenvites, plus courtes que ; les aïles inférieures (fig. 211).......... rer | | Organes bucaux non développés sauf lesspalpes (fier 14) er. : Rhipidius Thunb. 2 moitié de l'abdomen (fig. 213)......... 3 Elytres très courtes,sem- blables à deux écailles arrondies (fig. 214)... Myodites Latr. | Elytres allongées, atteignant au moins la (4) Voir le mémoire de Fabre sur l’Hypermetamorphose. (Ann. des Sc. nal.. 4° série, tom. VII et IX) et les observations récentes de M. Kunckel d'Herculais. (L'Ami des sc. nat. Rouen, n° 4,p. 33.) Jambes antérieures terminées par un éperon (fig. 215), premier art. des {arses £ Emenadia De Cast. Jambes antérieures sans épe- ron; premier article des tarses très allongé (fig. 216). Rhipiphorus Fabr. (= Melæcus). | | X'.- Famille MÉLOIDES Lacord. (Gencra des Coléoptères 1859) Les Insectes qui composent cette famille sont remarquables par leurs méta- morphoses et leurs propriétés vésicantes. Leur développement est semblable à celui des Stylopides, et leurs larves vivent en parasites dans les nids des Hyménoptères. Le genre Méloé comprend une quinzaine d'espèces en France, mais la plupart habitent la région méditerranéenne. Ce sont presque tous des Insectes de grande taille ; on les trouve au printemps le long des haies ou sur les pelouses. Les genres Mylabris, Cerocoma et Sitaris, présentent des particularités iden- tiques à celles de Meloé, mais ils vivent sur les fleurs; on les rencontre sur les plantes basses dans le midi de la France, aux heures les plus chaudes de la Journée. Les Cantharides vivent plus spécialement sur les frênes, les troènes et les lilas : l'unique espèce française (Lytla vesicatorix) est bien connue dans nos cam- pagnes de l’ouest el du centre. Elytres beaucoup plus courtes que l’abdo- men et serecouvrant à la base ; écusson invisible (fix. 217)...... Er re Et > Meloe r. Elytres beaucoun plus courtes que l'abdomen, fortement rétrécies vers l'extrémité, mais ne se recou- vrant jamais à la base; écusson distinct (fig. 218), Sitaris Latr. Elytres parfois déhiscentes, mais il toujours aussi longues que lab- domen, écussondistinct (fig. 219). me Da (A suivre.) ConsrAnNtT HOoULBERT. 21° ANNÉE 2° SÉRIE — N° 307 15 DÉCEMBRE 1899 VIGNE PÉTRIFIÉE des environs d’Avalion M. le D' Louis Rambaud a bien voulu me remettre, pour la collection du Muséum, une petite série d'échan- tillons qui m'ont vivement intéressé et dont une très courte description me paraît digne d’être présentée aux lecteurs du Naturaliste. Ils consistent en fragments de bois pétrifiés dans lesquels il est aisé de reconnaitre à la première vue des sarments de vigne, avec toutes les particularités d’écorce plus ou moins enlevée et de nœuds que présentent des sarments ordinaires. Le fait de la pétrification de ces vestiges végétaux est ms: d’écorces qu'il présente; le n° 2 est intéressant par ses nœuds. Leur aspect à tous les deux est extrêmement cristallin,et de tous côtés l’on voit scintiller des surfaces de clivage. J'ai poli une sec- tion transversale du n°2? ; on le voit figure 3. La matière minéralisante est la ‘chaux carbonatée rhom- boëdrique ou calcite qui repré- sente en poids plus de8ë 0/0 des PR pe pes échantillons. On ne peut dé- de Champieu. Section calcifier ceux-ci par les acides, transversale polie. Gr.nat. même les plus étendus,sans provoquer une désagrégation complète etsans réduire par conséquent l'échantillon en une poussière fine où il est facile de retrouver de Fig. 1. — Vigne minéralisée de Champieu près Pontaubert (Yonne), présentant des vestiges d'écorce conservée. (Grandeur naturelle). rendu très intéressant par le détail du gisement sur le- quel il est indispensable d'arrêter un instant notre atten- tion. C’est au hameau de Champieu, entre Avallon et Pontaubert (Yonne) qu'on rencontre ce gisement, Il pré- sente,sur le calcaire compactedu terrain sinemurien avec gryphées arquées, une épaisse masse argileuse provenant, sans ancune hésitation possible, de l’altération par les eaux superficielles de cetteroche sous-jacente. La preuve en est dans les gryphées arquées abondantes et plus ou Fig. 2. — Vigne pétrifiée de Champieu montrant des nœuds. (Grandeur naturelle). moins corrodées, dans les racines aussi qui se trouvent dans le sol argileux. Les parties supérieures en sont d'ailleurs cultivées, mais les travaux agricoles paraissent n’en jamais intéresser la portion profonde. | Or, c'est dans cette dernière partie que l’on recueille les bois pétrifiés, mélangés en désordre avec les fossiles sinemuriens. Ils n'ont cependant aucune analogie d'âge avec eux, cela va sans dire, et il estprobable qu'ils sont très récents, et tout au plus quaternaires. Lesfigures 1e t2 donnent l'aspect, en vraie grandeur, de deux des échan- tillons les mieux conservés et que jeconserve au Muséum, Le n° 1se signale par sa longueuret par les vestiges Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. la matière végétale combustible après dessiccation. Des lames minces coupées dans ces bois calcifiés, y montrent nettement la structure histologique de la vigne et c'est ce qu'on voit dans les figures # et 5 jointes à cet article, J'en ai fait l'étude comparativement avec celle de sections minces pratiquées dans des sarments de vigne actuellement vivante, Dans la figure 4 pratiquée longi- Fig. #. — Vigne pétrifiée de Champieu. Lame mince coupée . suivant le sens longitudinal. Grossissement de 60 diamètres. tudinalement on voit les paquets des vaisseaux inter- rompus par place par des déchirures qui ont été remplies par de la calcite parfaitement cristallisée ainsi que le démontre son action de la lumière polarisée, La figure 5 donne une section transversale et l’on voit les cellules désarticulées aussi cà et là par la cristallisation du mi- néral dont les clivages peuvent être suivis sur des dimensions relativement longues. La minéralisation des débris de vigne réalisée dans le sol argileux de Champieu en un temps qui géologiquement est nécessairement très court,paraîtêtre digne d’attention, parce qu'elle paraît s'être réalisée sans l'intervention des causes minéralisatrices ordinaires. Le résultat en est tout à fait comparable à celui qui maintes fois a été signalé dans le bassin des sources thermales où il paraissait expliqué à la fois par la condition submergée du point mis ainsi à l'abri de l’action oxydante de l’atmosphère et Fig. 5. — Vigne pétrifiée de Champieu. Lame mince coupée transversalement, Grossissement de 60 diamètres. par la haufe température de l’eau. Par exemple on a signalé dans le puisard romain de Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne) des pilotis qui, depuis l’époque romaine, se sont parfaitement pétrifiés. M. B. Renault, qui les a exa- minés à la demande de M. Daubrée, y a reconnu l'essence du hêtre ; mais la substance végétale n’y représente plus que quelque centième du poids total, A Champieu, la thermalité manque absolument et l'accès du terrain n’est évidemment pas interdit complè- tement aux eaux d'infiltration, La réponse est-elle de supposer qu'à un moment un peu antérieur au temps présent, quelque griffon thermal s’est fait jour dans le sol de Champieu? C’est ce qu’il serait imprudent d'affirmer. En tous cas, nous devons beaucoup d'obligation à M. le D' Rambaud de n’avoir pas laissé perdre pour la science les échantillons que nous venons de décrire, Stanislas MEUNIER. PRODUCTION DE LA LAÏNE EN 1899 AUX ÉTATS-UNIS L'association des manufactures de lainages aux Etats-Unis vient de publier la statistique de la production de la laine en 1899. D’après ce relevé, le nombre des moutons aux Etats-Unis serait, cette année, de 38.940.000 têtes environ, soit une augmentation de 3,5 {0/0 sur l’année 1898 qui était elle-même en progrès de 2,6 0/0 sur 1897, année où le nouveau tarif Dingley a été voté. On est encore loin d’avoir compensé les diminutions qui s’étaient produites, les années précédentes, dans l'effectif des bêtes à laine. LE NATURALISTE A Ce ne sont pas les fermiers des Etats de l’est qui ont aug- menté leurs troupeaux, bien que le prix de la viande se soit quelque peu relevé; ce sont les pays des montagnes de l’ouest, le versant du Pacifique, encore peu colonisé, et l'Etat du Texas dont les troupeaux se sont accrus en prévision, pense- t-on, d’une hausse sur les laines qui s’est fait attendre jusqu’à ces dernières semaines. On estime que les toisons ont été légèrement plus lourdes cette année que l’an dernier : 6 livres 46 au lieu de 6 livres 44; la perte au dégraissage aurait été, de même, un peu moindre 60,7 0/0 au lieu de 61 0/0. Ces chiffres varient, du reste, beaucoup d'Etat à Etat, les régions du sud ne donnent que 4 livres à la toison, alors que celle-ci pèse jusqu’à 8 livres 1/2 dans l’Etat de Washington, à l'extrémité nord-ouest du pays. Dans ces conditions, la tonte totale aurait produit 272.191.330 liv. en suintou, après dégraissage, 113.958.468 Liv. ; c'est une augmentation de 5.410.000 livres en suint et de 2.297.000 livres dégraissées sur 1898. Les besoins du pays pour la filature et le tissage varient entre 450 et 500 millions de livres en suint. Cette année, les usines ont de tels ordres que la consommation sera peut-être de 600 millions de livres. Pour y pourvoir, l'usine est obligée de s’approvisionner, pour partie, au dehors. A l’heure actuelle, ces approvisionnements extérieurs ne sont pas très actifs, en raison de l'existence des stocks accumulés avant le vote du tarif Dingley. Voici quelles seraient les existences auxquelles la fabrication peut s’alimenter en ce moment : 1897 1898 1899 Millions delivres. ne. 0 Re Tontestee ire MODE dE ED SO 0 25926 Stock indigène au 1€r janvier............ 128S0012700925 Stock étranger au 10 janvier............ 21 49 66 Stock étranger en douane au 1er janvier... » 25 58 Stock étranger importé du 1° janvier au lon uilet en ner 293 - . 69 45 TO2W MESA CN Les disponibilités au 1er juilletétaient donc sullisantes pour faire face aux éventualités si belles qu'on les présente pour cette saison. Toutefois, les stocks diminuent évidemment; de là, la hausse récente; Boston et Philadelphie sont les deux grands marchés de laine des Etats-Unis ; on cotait dans les premiers jours de novembre, les laines à Philadelphie, de 23 à 35 sous suivant les qualités. D LES CONGRÈS EN 1900 CONGRÈS INTERNATIONAL D'AQUICULTURE ET DE PÊCHE Le Congrès international d’aquiculture etde pêche, que le Gouvernement français a compris dans la série des congrès internationaux qui se réuniront à l'occasion de l'Exposition de 1900, tiendra sés séances du 14 au 19 sep- tembre 1900, sous la présidence de M. Edmond Perrier, membre de l’Institut, professeur au Muséum d’historie naturelle de Paris, membre du Comité consultatif des pèches maritimes, etc. Les adhésions et les demandes de renseignements peuvent être adressées à M. J. Pérard, ingénieur, secré- taire général du Congrès, 42, rue Saint-Jacques, Paris. PROGRAMME DU CONGRÈS Jre SECTION : Etudes scientifiques. — Etude scientifique des eaux douces et salées. — Faune et flore aquatique — Biologie des êtres aquatiques. — Instruments de recherches et d’études, — Aquiculture (poissons, mol- lusques crustacés, etc.).— Océanographie. LE NATURALISTE 283 II° SECTION : Technique des péches maritimes. — Maté- riel et engins de pêche, — Appâts naturels et artificiels. — Bateaux de pêche et leur armement. — Réglementa- tion internationale des pêches maritimes. — Chasse à la baleine et aux autres cétacés. — Pêche des éponges. — Récolte du corail, de la nacre, des perles, etc. IIIe SECTION : Aquiculture et pêche en eau douce, pèche considérée comme sport, causes diverses du .dépeuple- ment des rivières. — Méthodes diverses pour empêcher ce dépeuplement.— Réglementation. — Pisciculture : ses résultats pratiques. — Aménagement des rivières. — Technique de la pêche en eau douce (engins, appâts, etc.). — Pêche, sport ; sociétés de pêche à la ligne, IV® SECTION : Ostréiculture et mytiliculture. — Tech- nique industrielle; réglementation internationale. — Commerce. Ve SECTION : Utilisation des produits de pêche. — Transports des poissons, mollusques et crustacés au point de vue technique et économique (viviers, bateaux et wagons spéciaux, chasseurs à vapeur, etc.). Modes divers de conservation des produits de pêche (emploi de viviers et de chambres frigorifiques ; salaisons, séchage, fumage, conservation hermétique, etc.), sous-produits de l’indus- trie des pêches, engrais, huile, colle, etc. — Commerceet écoulement des produits. — Ecorage, halles et marchés. VI* SECTION : Economie sociale. — Statistique des pêches. — Ecoles de pêche. — Institution de prévoyance (assurances, caisses de secours, etc.). Hygiène, sauve- tage, hôpitaux flottants. CONGRÈS INTERNATIONAL DES SCIENCES ETHNOGRAPHIQUES Le Congrès international des sciences ethnographiques se tiendra à Paris du dimanche 26 août 1900, à 3 heures de l’après-midi, au samedi soir 1° septembre, au Palais du Congrès. Nous donnons ci-après la liste des questions proposées par la Commission d'organisation. En dehors de ces questions, tous les membres effectifs auront le droit de proposer des questions nouvelles, ou des lectures de mémoires ou de notices, pourvu qu’elles soient préala- blement agréées par le bureau du Congrès. En outre des rapports généraux présentés sur des études d'ensemble, un Ou plusieurs rapports spéciaux seront faits sur cha- cune des questions proposées par la Commission d'orga- nisation par des rapporteurs désignés à cet effet par ladite Commission, Les adhésions sont recues par M. Georges Raynaud, secrétaire général, 82, rue Mouffetard, Paris. 17° SECTION. — Ethnologie générale. 1. Étude du vocabulaire ethnographique ; 2. Influence des moyens de subsistance sur les degrés de civilisation ; 3. Contact, métissage, croisement; . #. Théories des anciens sur les races humaines (Chine; Egypte; Grèce); 5. Utilité de l’enseignement de l’ethnographie ; 6. Absorption, assimilation ou disparition des peuples conquérants où des peuples conquis (Amérique; Chine; Egypte; Inde). 2° SECTION. — Sociologie, étnique, ethnodicée. 1. Organisations sociales anciennes (Chaldée; Égypte; Grèce; Inde; Mexique ; Rome); 2. Organisations sociales des primitifs actuels (Chine; Etats-Unis; Madagascar; Océanie); 3. Théories sur l’évolution des formes sociales (Fustel de Coulanges, Lewistt-Morgan, Revillout, etc.); 4. Rapports des conceptions sociales et de la tenure des terres (Amérique centrale et septentrionale ; Amé- rique méridionale ; Égypte) ; 5, Rapports de la morale et des formes sociales (Chine; Égypte) ; 6. Rôle du caractère ethnique dans les conceptions sociales. 3° SECTION. — Psychologie ethnographique. 1. Influence de l'alimentation, des excitants et des narcotiques sur l’état psychique des nations; 2. Différences et similitudes psychiques entre habi- tants d'un même pays, mais d'habitudes et d'origines différentes ; 3. Conditions psychiques des sociétés inférieures. 4° SECTION. — Sciences religieuses. 4. Multiples origines des idées monothéistes et des idées trinitaires ; 2, Transformations subies chez les peuples anciens par les concepts théologiques égyptiens; 3. Transformations ethniques des mythes (Amérique; Egypte; Extrème-Orient) ; 4. Anciens rapports religieux de l'Inde et de l'Egypte. 5° SECTION. — Linguistique et paléographie. 4. Rapports de l’évolution linguistique et de l’évolution ethnique ; 2. Rapports de l’évolution graphique et de l'évolution ethnique ; 3. De quelle façon les conquêtes modifient-elles les langues des peuples conquis ? 6° SECTION — Sciences, arts, industries. 1. Rapports de l'architecture avec les formes sociales (Amérique centrale et septentrionale; Egypte; Grèce); 2. Les découvertes et inventions considérées comme résultantes ethnographiques; 3. Les systèmes de numération et les nombres sacrés considérés comme caractéristiques ethniques. 10 SECTION. — Ethnographie descriptive. 1. Les musées d’ethnographie; leurs caractères et leurs tendances ; 2, Comptes rendus d’explorations récentes; 3. Monographies ethniques. CONGRES INTERNATIONAL DE VITICULTURE Aux Congrès internationaux d'Agriculture tenus à Paris en 1889, à la Haye en 1891, à Bruxell:s en 1895, à Budapesth en 1896 et à Lausanne en 1898, la Viticulture n'a point occupé une place à part. Il à paru que l'impor- tance chaque jour plus grande des questions viticoles et des intérêts qui s'y rattachent rendait nécessaire une organisation spéciale, un groupement distinct, permettant un examen plus complet et plus approfondi des problèmes soulevés par la réfection du vignoble sur des bases nou- velles et les récentes conquêtes de la science. 2814 LE NATURALISTE Les divers Congrès viticoles qui ont eu lieu depuis vingt ans, en France et à l'étranger, ont établi la faveur dont ces manifestations jouissent auprès des viticulteurs de tous les pays, et les améliorations pratiques dont ils sont la source : on peut dire que chacun d’eux a été le point de départ d’un progrès nouveau. La Commission supérieure des Congrès qui auront lieu à l’occasion de l'Exposition universelle de 4900 à bien voulu rattacher le Congrès internationel de Viticulture à la série des Con- grès de l'Exposition. Ce Congrès s'ouvrira le mercredi 13 Juin et durera jusqu'au 16 juin 1900. PROGRAMME DU CONGRÈS La reconstitution du vignoble : Porte-greffes ; — Adap- tation ; — Affinité; — Producteurs directs. — Rapporteur : M. Prosper Gervais. Maladies de la vigne : Cryptogames; Insectes. — Rap- porteur : M. Pierre Viala. Maladies des vins. — Progrès de la vinification. — Rapporteur : M. Gavon. Le vin et l'hygiène. — Rapporteur : M: le docteur Char- rin. Etablissement d'une ampélographie universelle. — Rapporteur : M. Couanon. Le Congrès sera suivi d'excursions dans les principaux vignobles des différentes régions de la France. Toutes les communications relatives au Congrès doi- vent être adressées à M. Prosper Gervais, secrétaire général de la Commission d'organisation, rue Cambon, 20, Paris. CONGRÈS INTERNATIONAL DE SYLVICULTURE Un Congrès international de sylviculture aura lieu pendant la durée de cette Exposition du 4 au 7 juin. Il à été décidé que le Congrès se partagerait en trois sec- tions : PREMIÈRE SECTION Economie forestière. 19 Traitement des forêts de sapin. 2° Conséquences physiologiques et culturales des éclair- cies. 30 Utilité de la culture du sol dans les coupes à régénérer (labour à la charrue, crochetages avec ou sans répandage artificiel de semences). 4° Avantages et inconvénients respectifs de la marque en réserve et de la marque en délivrance dans les futaies feuil- lues et dans les futaies résineuses, en plaine et on montagne. 50 Fixation de la révolution dans les taillis sous futaie en vue d'augmenter la production du bois d'œuvre. Constitution de la réserve suivant les conditions de sol, de climat, de révo- lution, soit en catégories et nombres, soit en volume. Con- trôle des opérations. : 6° Transformation des taillis des régions montagneuses en sapinières. Conditions requises pour que cette transformation soit à recommander. Procédés à employer. 1° Déficit ou excédent de la production forestière dans les diverses régions du globe. Etude du mouvement des importa- tions et des exportations, sans perdre de vue que les résultats des comparaisons peuvent être faussés par des destructions de forêts qui enflent momentanément la puissance d’exporta- tion de certains pays. 8° Défense contre les incendies. 99 Législation des terrains en montagne. 100 Examen général, au point de vue forestier, des essences exotiques, acclimatées ou naturalisée (robinier ailante, pin noir d'Autriche, chène d'Amérique, ete.….,). DEUXIÈME SECTION Influence des forêts au point de vue du maintien des terres, du régime des eaux et des phénomènes mé- téorologiques. 1° Météorologie forestière. 20 Influence des forêts sur les eaux souterraines dans les régions de plaines. 39 Restauration des montagnes. 40 Barrages sur voütes, barrages avec armature métallique, épis inclinés vers l'amont, traitement des combes et des ra- vins par lo garnissage en branchages. 5° Mesures défensives contre les dégâts causés aux pro- priétés inférieures par les eaux provenant directement des glaciers (exemple : catastrophe de Saint-Gervais). 60 Travaux de protection contre les avalanches. 1 Améliorations pastorales; fruitières; réglementation des pâturages. 8° Défense contre les érosions de l'Océan; voies de vi- dange dans les forêts des dunes. 9° Mise en valeur, par le boisement, des terres épuisées sur sols calcaires. 10° Comparaison du pin sylvestre et du pin maritime pour le repeuplement des terrains siliceux; des inconvénients de l’élagage des branches et du ratissage du sol dans les peuple- ments de pin. TROISIÈME SECTION Application des sciences à la sylviculture. 4° Unification internationale des mesures de cubage pour les bois d'œuvre. 29 Avantages comparatifs du bois et du fer dans les cons- tructions. 30 Utilisation des déchets des exploitations. 49 Développement des poëles à combustion lente pour lPuti- lisation du bois comme chauffage. 50 Forme géométrique des tiges d’arbres et procédés de cubage. 69 Résistance des bois à la compression et à la flexion. 19 Sols forestiers. E 80 Cartes botanico-forestières. 9° Destruction de la processionnaire du pin. 100 Transport par câbles métalliques. 11° Sècheries forestières. Pour tous renseignements, s'adresser à M. Charlemagne, secrétaire général de la Commission, 15, rue Faraday, à Paris. Nous ne doutons pas que ceux qui s'intéressent à tout ce qui touche à nos arbres et à nos bois, tiendront à prendre part au Congrès international de sylviculture de 1900 qui, tant par les questions que l’on y traitera en séances, que par les excur- sions en forêt qui en seront le complément, ne saurait man- quer d’être pour eux aussi instructif qu'attrayant. Qu ———— CAS D'EMPOISONNEMENT PAR L'ŒNANTHE CROCATA' M. le D' Labesse, d'Angers, vient de signaler plusieurs cas d’empoisonnement causés par l'OEnanthe crocata. Cette plante, appelée vulgairement pensacre, penfeu, pépet, pimpin, appartient à la famille des ombellifères ; aussi ses caractères sont-ils très rapprochés de nombre de plantes servant de comestibles et de condiments comme le céleri, le persil ou le cerfeuil. La plante verte est peu dangereuse, par ce fait qu'elle n’atteint son complet développement qu'au moment même où les herbages destinés à donner le foin ne sont pas consacrés encore au pâturage des animaux. Il n’en est pas de même des tubercules. Ceux-ci rappelant la forme du navet, possèdent une saveur douceñtre et une odeur aromatique qui ne peuvent mettre en garde contre le redoutable poison qu'ils recèlent. C’est surtout au moment où le cultivateur refait les LE NATURALISTE 285 fossés de ses pâturages, mettant alors à nu les dange- reuses racines, que les empoisonnements se produisent. Les animaux ne trouvant à cette époque qu’une herbe courte et maigre, absorbe facilement les tubercules, et de graves accidents se produisent. On ne saurait trop attirer l'attention des cultivateurs et des vétérinaires sur les dangers que présente l'OEnanthe crocata dans nos prairies et en particulier dans celles de l’ouest, Il est indispensable de noter les endroits où le penfeu a été observé, afin d’en écarter les animaux à l’époque du curage des fossés. D, Lépidoptères nouveaux de l'Asie 1° Parnassius Sikkimensis Elwes, V. Nanchanica Aust. Nous avons recu, sous le nom de Sikkimensis, des mâles d’un petit Parnassien capturés récemment sur les hauts sommets du Nanchan au nord-est du Thibet, mais qui ne nous paraissent pas être identiques à l’espèce que M. Elwes a publiée il y a déjà bien des années sous cette dénomination. Le vrai Sikkimensis habite exclusivement la partie de l'Himalaya qui est située entre Sikkim et le Thibet. C'est un papillon voisin d'Epaphus, mais plus petit et dont les ailes sont, en général. assez fortement rembrunies. Le Par- nassien dont il s’agit, quoique aussi de très petite taille (envergure de 42 à 45 millimètres), est, au contraire, très blanc et aussi peu obscur qu'Epaphus lui-même. Il ne semble pas pouvoir être confondu, par conséquent, avec l’ancienne forme himalayenne. Voici, du reste, les caractères qu’il présente à l'observation : ailes antérieures d’un blanc pur, sans aucun semis atomique sur le disque, mais seulement rembrunies à la base. Taches discoïdales noires. Les deux taches costales et l'interne noires également, mais bien pupillées de rouge, celle-ci beaucoup moins cependant que les autres. Bande pré- marginale coupant l’aile de part en part et formée de taches semi-lunaires contiguës. Bande marginale étroite, foncée sub- diaphane, terminée par des franges blanches entrecoupées de noir. Ailes postérieures blanches avec le lavis basilaire très développé, couvrant tout l’emplacement de la cellule, sauf une échancrure blanche en forme de V à son bord supérieur, une tache carminée se remarque à la base. Ocelles grandes, d’un carmin vif, bien cerclées de noir et à peine pupillées de blanc. Tache anale noire, transverse, atteignant presque l’ocelle inférieure. Bande prémarginale formée, comme aux ailes supérieures, d’une suite de macules semi-lunaires bien développées et continues. Bord marginal ombré de petites taches noirâtres à l'extrémité des nervures. Dessous analogue au-dessus, avec toutes les taches rouges et surtout les quatre basilaires qui sont très grandes, largement lavées de blanc. Antennes, tête, thorax et abdomen comme chez Epaphus et les espèces similaires. Ce petit papillon, qui est en somme de couleur éclatante, diffère sensiblement du Sikkimensis; il se rapproche au contraire beaucoup plus par son aspect de la forme que nous avons décrite sous le nom de Tsaidamensis dans le n° 268 du Naturalisle en date du 1er mai 1898. Il n’en diffère, à vrai dire, que par le grand développement de ses bandes prémarginales qui sont rudimentaires chez l’autre forme, et par la faible pupillation blanche des ocelles. Nan- chanica nous parait être une race géographique de Tsaida- mensis et tous deux, aussi bien que Sikkimensis lui-même, ne constituent, selon toute apparence, que des modifications locales de l’Epaphus du nord-ouest de l'Himalaya. 90 Colias Melinos Evers, V. Vilimensis Austaut. Le Colias Melinos, dans sa forme typique, est en dessus d’une couleur jaune verdâtre, avec une bande marginale noire, étroite, entrecoupée de taches claires aux premières ailes ; et un simple vestige d'une bande analogue mais unicolore à la partie antérieure du bord externe des secondes ailes. Le dessous . de celles-ci est d’un beau jaune à peine verdâtre et uniforme. Ce remarquable Colias vole en Daourie et dans les régions septentrionales de l’'Amurland où il a été découvert pendant l’année 1846. Nous possédons une belle paire du même Colias qui est originaire des régions alpines de la Sibérie orientale, oùla rivière Vitim va se jeter dans le fleuve Léna. Ces deux exemplaires diffèrent sensiblement du type connu. Ils sont plus grands et d'un blanc presque pur, sans aucune teinte jaunâtre. La bande marginale des premières ailes est large, notamment sa partie interne qui est comprise entre les taches maculaires claires et le disque. Les nervures qui traversent ce dernier sont plus estompées de noirâtre. Ladite bande couvre également le bord extérieur des secondes ailes; mais elle est beaucoup plus étroite et elle n'aboutit pas tout à fait jusqu’à l'angle anal; elle est suivie, vers l'intérieur, d’une seconde bande parallèle, moins bien marquée, et elle se trouve séparée de la précédente par une zone blanche qui représente la couleur du fond. Ces caractères qui sont ceux du mäle sont encore beaucoup plus accusés chez la femelle, laquelle ne diffère de l’autre sexe que par l’ampleur de ses dessins et par le sable foncé qui recouvre en grandé partie le disque des secondes ailes. En dessous la remarquable variété dont il s’agit s’éloigne de la forme typique par la teinte générale des ailes postérieures qui est d’un gris verdâtre chezle mäle et d’un gris plus jaunâtre chez la femelle. Nous avons désigné ce rare Colias sous le nom de Vi- timensis, en souvenir du lieu où il a été capturé ; et nous pen- sons qu’il représente une forme constante locale et plus bo- réale de Melinos. Les deux exemplaires qui font l’objet de la présente description sont les seuls que nous connaissions jus- qu'à présent, 30 Colias Viluiensis. Ménél, V.Dahurica Austaut. Bien que ce Colias soit encore une des plus grandes raretés, il est possible néanmoins de constater qu’il varie suivant les régions où il a été recueilli. Nous avons fait connaitre, dans lo no 276 du Naturaliste, en date du 1er septembre 1898 la forme typique des bords du Viloni, ainsi qu’une varièté (Chilkana) rencontrée dans les Alpes de Pokrofkaia. Le type esttrès éclatant, avec les marginales des quatre ailes vive- ment traversées de nervures jaunes. La variété surnommée est plus foncée, étant finiment sablée de noirâtre et sans ner- vures jaunes dans les marginales. Le dessous de ces papillons présente aussi des dissemblauces que nous avons signalées en les décrivant. Nous possédons une nouvelle forme de Viluiensis recueillie en Daourie et qui s’éloigne sensiblement de celles mentionnées jusqu’à présent. Le màle, dont les ailes supérieures sont coupées plus carrément, est moins coloré que le type; les marginales ne sont pas entrecoupées de nervures jaunes; l'angle anal et le bord abdominal ne sont pas teintés de ver- dâtre mais de la couleur générale du fond. Par contre, la côte des supérieures est entièrement lavée de jaune clair, jusqu'au niveau du point cellulaire arrondi. Le dessous de Dahurica ressemble entièrement à celui de la forme normale, sauf que sa nuance est plutôt ocracée et noir verdätre. On y voit les taches prémarginales ordinaires et la tache discoïdale nacrée bien marquée et finement cerclée de rougeàtre. La présente variété diffère d’un autre côté de la V. Chilkana par son dessus non sablé, par son point cellulaire noir arrondi, par l'absence de teinte verdâtre à l’angle anal et en dessous par sa couleur ocracée, par la présence de taches marginales etla forme régulière de la tache discoïdale, enfin par le large lavis jaune clair qui couvre toute la côte des ailes supérieures en dessus. La femelle de cette rare nouveauté ressemble tout à fait à l’autre sexe en dessous ; mais, par sa face opposée, elle se rapproche quelque peu de chrysothème. Les ailes antérieures sont vivement teintées d’orange sur le disque; la base et la côte sont largement saupoudrées de gris verdàtre. La margi- nale est analogue à celle de cette dernière espèce; mais les macules qu’elle contient sont plus petites et verdätres. Les ailes postérieures sont d'un jaune verdâtre uniforme mais for- tement sablées d’atomes noirs. La bande marginale est étroite jusque vers l’angle anal; elle est suivie d’une rangée de petites taches plus claires, subarrondies, discontinues et appuyées pour ainsi dire à l'intérieur contre autant de macules noirâtres en forme de chevrons irréguliers. Nous ne connaissons pas encore la femelle de Viluiensis typique ni celle de la V. Schil- kana. Nous savons seulement que les femelles observées jus- qu'à ce jour différent sensiblement entre elles, mais nous ignorons jusqu’à quel point elles correspondent aux formes du sexe mâle que nous avons décrites. AUSTAUT, 286 LE NATURALISTE LES DESSINS PRÉHISTORIQUES DE LA GROTTE DE LA MOUTHE La science préhistorique fondée par Boucher de Per- thes est bien réellement française; car, à nos compatriotes sont dues les plus belles découvertes. Toutes furent d’ail- leurs accueillies avec la même incrédulité à laquelle suc- céda bientôt l'enthousiasme. Il y a cinquante ans, on n’a point voulu croire aux cailloux travaillés de main d'homme, contemporains du mammouth et des grands glaciers de l'Europe; puis on nia l'existence des habita- tions lacustres et l’authenticité des dessins burinés sur l'ivoire par les préhistoriques. Aujourd’hui on refuse de regarder les signes gravés su- les dolmens comme les premiers rudiments de l'écriture symbolique ou, comme la dénomment les savants, picio- graphique. On se moque quand M. Piette présente des cailloux sur lesquels les préhistoriques ont dessiné en rouge divers traits, soit qu'il faille y voir des symboles, soit un simple jeu. On rit encore quand le même savant découvre dans ses fouilles de petits ivoires travaillés, représentant les types mêmes de cette race préhistorique et notamment une femme, portant une coiffure analogue à celle des Égyptiennes de l'antiquité. La même incrédulité s’est manifestée à l'égard de M. Émile Rivière quand il montra, en juin 1895, à l’Aca- démie des Sciences, la reproduction de dessins dont les préhistoriques décoraient leurs grottes. Et pourtant ces dessins sont vrais comme l’étaient les outils en pierre de Boucher de Perthes, les ivoires gravés de Lartet et les cailloux colorés de M. Piette. Ils ont été étudiés par M. Rivière en 1895 dans la grotte de la Mouthe. Depuis cette époque, l’infatigable chercheur, déjà connu par ses fouilles des grottes de Menton, a mul- tiplié ses communications à l’Académie des Sciences, à l'Association pour l'avancement des sciences, à la Société d'anthropologie et dans divers journaux savants. On a d'abord ri, discuté, et enfin plusieurs anthropologues se sont décidés à aller voir. Cartailhac, Pozzi, Testut, Gosse de Genève, Capitan.... vérifièrent sur les lieux la décou- verte de M. Rivière, et, depuis quelques mois, on se décide à l’admettre. La grotte de la Mouthe, canton de Saint-Cyprien, arrondissement de Sarlat, département de la Dordogne, est creusée naturellement vers le sommet d’une colline boisée dans un terrain crayeux ; elle s'ouvre par une baie demi-circulaire large de 10%, 95 et haute de 3 mètres. Elle sert de grange comme beaucoup de grottes analo- gues ; aussi est-elle fermée par un mur en pierre percé d’une porte en son milieu. Le propriétaire, M. Gaston Berthoumeyrou ayant, au début de l’année 1895, nivelé le sol de sa grange, mit à découvert, dans la paroi du fond, une petite ouverture demi-circulaire qui se continuait par un étroit couloir de 0®, 37 de hauteur sur 0, 62 de largeur, sur une longueur de 220 mètres environ. Ayant réussi, non sans peine, à y pénétrer et à le parcourir, il reconnut sur les parois de ce couloir l'existence de dessins. Quels hommes ont habité la grotte? Fut-elle utilisée par les préhistoriques? Dans l’affirmative, furent-ils les auteurs de ces dessins ? M.Rivière a pu résoudre ces questions par de patientes recherches scientifiquement conduites. C’est pourquoi ses travaux constituent une découverte de premier ordre. M. Rivière employa trois campagnes à déblayer mé- thodiquement la grotte et ouvrit dans le couloir une tranchée jusqu’à la profondeur de 147 mètres. Il a pu ainsi dégager les dessins d'animaux dont les traits se prolongeaient sous le sol. Ce dernier était formé d'une couche superficielle de stalagmite, dépôt calcaire datant de l’époque actuelle. L'ayant enlevée il rencontra une couche d'argile rouge, ancienne, d’origine paléolithique. Il y trouva, en effet, des os d’ânes des cavernes, d’hyène des cavernes, de rennes... animaux aujourd'hui disparus ou relégués vers les pôles. L'homme contemporain de cette ancienne période, dite magdalénienne, avait laissé dans cette argile, comme témoignage de son séjour, des foyers de cendres et de charbons mais surtout de nombreux burins, des pointes, une longue aiguille, des os gravés au trait, un entre autres sur lequel on percevait un dessin de bison, une coquille maritime perforée, la nassa neritea qui devait servir d'ornement, des canines de cervidés percées dans le même but; le même homme avait gravé les des- sins sur les parois de la grotte, car les pattes des ani- maux descendaient jusqu'à l'argile rouge. Cette argile, par suite d’éboulements, avait exhaussé le sol de la grotte et les dépôts calcaires stalagmitiques en réduisi- rent encore la hauteur. Un faussaire n'aurait évidemment pas pu continuer le dessin sous le sol. En outre, à moins qu'il ne se dou- blât d’un savant facétieux, hypothèse improbable, il n'aurait pas su graver ces animaux au burin du même trait net et habile que le préhistorique gravait le dessin sur os. Dernière preuve enfin, sur quelques points les dépôts calcaires ont recouvert le trait. Ces dessins, gravés en creux et colorés en rouge au moyen du peroxyde de fer, ont pu être photographiés par M. Rivière avec l’aide de M. Durand, conducteur des ponts et chaussées, par une pose de six heures avec un éclairage de 150 bougies. On voit des animaux tous de profil, d’un dessin affaibli, mais encore très reconnaissable. Le premier, relevé à 95 mètres de l'entrée, représente un animal mesurant 1 m. 88 de long de l'extrémité du museau à celle de la queue. Il a un corps allongé, une crinière courte et hérissée, un museau fin etlong, un garrot court et un poi- trail très développé. Est-ce un cheval, un bœuf ou une antilope? Le second, trouvé à 102 mètres de l'entrée, a 91 centimètres de longueur et 52 centimètres de hauteur, c'est certainement un bison comme le prouve une énorme bosse dorsale, exagérée par l'artiste. La tête est petite et bien dessinée, les cornes sont bien faites, se rejoignent presque par leurs pointes, de longs poils tom- bent de son cou. Le troisième, dessiné à 147 mètres de l'ouverture, est un ruminant; ses pattes antérieures sont projetées en avant et comme raidies, la tête très fruste et à peine visible est rejetée en arrière. Elle parait surmontée de bois assez longs reposant sur le dos. La queue, très courte, est relevée et formée d’une touffe de poils. Enfin l'attention est frappée par dix taches ocre foncé disposées en série sur le thorax et les flancs, Peut-être s'agit-il d'un daim ou d’un renne ou d’une antilope. Passons rapidement sur deux desseins mal venus et insistons sur le dernier fort important. : Jl nous montre la hutte de l’homme préhistorique LE NATURALISTE 287 dessinée de trois quarts, de facon à laisser voir l'entrée. Les parois sont représentées par une série de bandes à peu près parallèles, alternativement blanches et ocre, constituées de nombreuses lignes extrêmement rappro- chées au point de se confondre souvent entre elles et, en général, peu profondément gravées. Une objection capitale avait été faite : comment ces dessins ont-ils été exécutés si loin de l'entrée, dans une profonde obscurité? Quelque incompréhensible que cela paraisse, le fait n’en est pas moins. Peut-être s’explique- t-il très simplement parce qu'à cette époque reculée la voûte était percée d’une ouverture donnant l’air et la lu- mière. Aujourd’hui encore elle est formée, en certains endroits, de terres qui laissent pendre des racines. Ces terres peuvent être dues à des éboulements qui ont fermé l'ouverture et réduit la grotte aux faibles dimensions actuelles. Comme il arrive toujours, quand un fait nouveau est découvert, de nombreux observateurs mis sur la voie en signalent bientôt de semblables, M. Francois Daleau vient de reconnaitre des dessins analogues dans la grotte de Pair non Pair (Gironde), Là encore il s’agit de gravures de cerf, de cheval, de bou- quetin, de chèvre, d'éléphant, mais placées à l'entrée de la grotte de manière à être frappées par les rayons du soleil : elles sont dessinées de profil suivant le même pro- cédé et colorées en rouge par le peroxyde de fer. Ces découvertes ont remis en mémoire celle déjà faite en 1880 dans la grotte espagnole d’Altamira, province de Santander. Elle renfermait des dessins de bison, de cheval, de biche aux traits recouverts aussi d’ocre rouge. On avait contesté l'authenticité de ces dessins parce qu'ils existaient dans la partie sombre de la grotte. En effet, le difficile n’était pas de découvrir des des- sins, mais de déterminer leur époque, grâce à des fouilles scientifiquement conduites. M. Rivière y est parvenu, c'est ce qui constitue son vrai mérite, Aussi à présent, des observations analogues se produisent nombreuses, confirmant sa découverte. Dr Félix REGNAULT. ERRATUM Dans l’article de M. Henri Gadesu de Kerville sur l'If du cimetière de Saint-Jean-le-Thomas, paru dans le numéro du 4er décembre dernier, il faut lire : Si les tou- ristes partent d'Avranches pour arriver au Mont Saint- Michel par Genêts et les grèves, au lieu de : par les genêts et les grèves. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 20 novembre 1899. M. Hagenmuller a fait, à la station zoologique d’Endoume, des recherches sur une nouvelle myxosporidie parasite du Flesus passer. Les Pleurocnetides sont généralement regardés comme réfractaires à l’infestation myxosporidienne. Cependant l’auteur a observé dans le Flesus passer une espèce de Myxosporidie nouvelle qui se rencontre très fréquemment, dans ce poisson, dans un peu plus de la moitié des individus. Cette Myxosporidie appartient au genre Nosema ; elle infeste, tube digestif. Les seules Myxosporidies, observées jusqu'ici dans ces conditions, appartiennent au genre Myxolobus. Cette espèce nouvelle, le Nosema Slephani s’enkyste par un pro- cessus identique à celui dont Metschnikoff a généralisé l’é- tude. ; M. Marin Molliard présente une note surles modifications histologiques produites dans les tiges par l'action du Phytoptus. Dans la plupart des galles produites par des Phytoptides, les parasites restent externes par rapport à l'or- gane attaqué, qui est généralement une feuille végétative ou florale; ce n'est qu’assez rarement que les acariens pénêtrent dans les feuilles, aux dépens desquelles ils vivent. Il est en- core plus rare que les tiges abritent à leur intérieur ces para- sites, produisant des galles appelées galles corticales. Ce sont ces tiges de deux ou trois ans qui présentent les galles sous forme de renflement considérable. Si on compare la structure anatomique de l'écorce d’une telle tige dans une région saine et dans la région parasitée, on est frappé de la transformation complète que subissent tous les tissus. Sous l’action directe des Phytoptus, les cellules qui, dans les conditions ordinaires, subissent des différenciations variées, prennent toutes la même structure qui correspond à une nouvelle fonction, celle de nourrir les parasites. Ainsi donc, si les variations introduites expérimentalement dans le milieu extérieur où se développe une plante vasculaire, amènent des modifications de structure se traduisant le plus souvent par des différences uniquement quantitatives dans le développement relatif des divers tissus normaux, l’action chimique, qui correspond à la présence de parasites tels que les Phytoptides, détermine "la formation d’un tissu nouveau qui se différencie aux dépens de cellules quelconques, quelle que soit la destinée de chacune de celles- ci dans les conditions ordinaires du développement, Séance du 271 novembre 1899. MM. Adrian et A. Trillot ont retiré de la digitale ume matière colorante. Le nouveau corps cristallisé a été extrait de la Digilalis lulea (digitale de Hongrie) en traitant les résidus provenant de la préparation de la digitaline cris- tallisée. Le corps obtenu se présente sous la forme de belles aiguilles jaunes, soyeuses et feutres, fondant à la température de 217 à 218 degrés. Ce nouveau principe est remarquable par sa grande stabilité et sa résistance aux divers agents chimi- ques. La comparaison avec les produits tinctoriaux jaunes naturels ne permet pas de les considérer comme une matière colorante bien active. — M. Victor Jodius a étudié la résistance des graines aux températures élevées. Au cours de ses recherches sur l’Alu- cite, Doyère constata qu’on peut chauffer jusqu'à 4000 le blé qui a été séché dans le tube, sans que ses graines perdent la faculté de germer. On peut obtenir le même résultat sans l'emploi du tube, en ménageant la température et en n’intro- duisant les graines dans l’étuve à 100° qu'après leur avoir enlevé leur eau à une température moins élevée; il faut que les opérations soient faites en vase ouvert. En tube scellé des pois et des cressons chauffés à 40° ont perdu leur pouvoir germinatif. Si avec les graines on à introduit dans les tubes scellés un corps desséchant, la puissance germinative, après deux cents jours d’étuve à 400, n’a pas diminué. Séance du 4 décembre 1899. Un tremblement de terre à désolé, le 30 septembre der- nier, l’ile de Céram et une partie des Moluques. Dans la nuit du 29 au 30 septembre, vers À h. 45 du matin, un fort tremblement de terre, suivi d’un raz de marée, a eu lieu sur la côte sud de Ceram et sur les territoires inférieurs d'Amboine, de Banda et d’Ouliasers. C'est dire qu’une grande partie des Moluques ont été atteints par le bouleversement souterrain. On estime que ce tremblement de terre a occasionné plus de 4000 décès et que 500 personnes ont été blessées; les victimes sont des indisènes. Toutes les constructions de la côte sud de Ceram sont détruites, ainsi que les remparts d'Amahei. — M.E. L. Bouvier donne le résultat de ses observations sur le Peripatus capensis. — L'animal est arrivé vivant, enveloppé dans la mousse où il avait probablement vécu. Le Péripate est extraordinairement lucifuge; à la lumière il se comporte comme s’il était aveugle; il ne cesse de s’agiter en tous sens; ses yeux lui servent surtout, non pour se diriger, mais pour fuir la lumière. Dans tous les mouvements, le Peri- pate donne bien plus l'impression d’un ver que d’un arthro- pode. L'animal est suflisamment patient; néanmoins, il finit par sous forme d'infiltration diffuse ou de kystes, les parois du À s’irriter quand on l’excite, et projette alors, par ses tentacules 288 LE. NATURALISTE: céphaliques, un liquide muqueux, signalé déjà. Ce liquide res- semble au sérum sanguin des Arthropodes et se coagule très rapidement à l'air. On ne: sait rien du, régime, mais on suppose qu'il doit être carnassier.. — M. Hugo de Vries présente une note sur la féconda- tion. hybride de l'albumem. — Le tube pollinique des An- giospermes contient deux spermatozoïdes, dont. l’un sert à la fécondation. de l’oosphère, tandis que l’autre se fusionne avec le noyau central du sac embryonnaire. Ce noyau est donc fécondé en même temps que l’oosphère elle-même. Pour le. cas d’une fécondation hybride on peut déduire que l’albumen sera hybridé tout aussi bien que le jeune embryon; maïs sucré, variété ou sous-espèce de maïs, dont l'albumen, au lieu de se remplir d’amidon, se gonfle de sucre, donc un des caractères visibles de leur origine mixte. En croisant le maïs sucré et le maïs ordinaire à amidon, on verra directement sur les épis si l’albumen est hybridé ow non; d’après les expériences. faites dans ces conditions, chaque épi portait les deux sortes de grains, la majeure partie à amidon, comme le père, et les autres à sucre comme la mère; ces derniers étaient entière- ment dus à l’autofécondation, Les grains amylacés étaient des hybrides aussi bien dans leur albumen que dans leur embryon, Par d’autres semis, les expériences ont prouvé la nature hy- bride des embryons. — Notre collaborateur M. Ph. Glangeaud, a fait l'étude minéralogique des sédiments crétacés du bassin de l'Aquitaine. — La silice est d’origine organique, chimique et détritique. L'opale, qui constitue les spicules d’éponges, est assez abondante à certains niveaux; la calcédoine est fréquente, mais très variée dans sa modalité. Une évolution plus complète de la silice donne naissance à de petits cristaux de quartz. Les silex sont nombreux dans le Santonien et le Campanien, les débris de feldspaths (plagioclases) sont rares et très décom- Posés. La calcite d’origine organique, constitue presque exclu- sivement certaines roches. L'existence de la dolomie est très locale. La glauconie est absente dans la presque totalité des Turonien et du Cénomanien; elle est répandue, au contraire, dans le Santonien et le Campanien. La pyrite se rencontre dans le Sénonien; la magnétite se présente sous forme de grains irréguliers, rarement elle est octaédrique. Le mica blanc est fort abondant dans le Comacien, le Santonien et le Campanien; le mica noir est une rareté. Cest dans le Séno- nien que se trouve, plus fréquemment, latourmaline, Le zircon, le rutile, le brookite, l’anatase sont assez rares. Le Phosphate de chaux ne se présente que sous forme de grains; le gypse se rencontre en beaux cristaux. En résumé, c’est dans le Sénonien que se montre la presque totalité des minéraux signalés, le Cénomanien ne renferme guère que du quartz, de la pyrite et localement du gypse. Le Turonien est l'étage le plus pauvre au point de vue minérai. P!. Fucus. LIVRE NOUVEAU La vie dans la nature, par Henri Coupin. Notre collaborateur, M. Henri Coupin, vient de pu- blier un charmant ouvrage d'histoire naturelle, sous le nom de La vie dans la nature. C’est un traité d'histoire naturelle écrit avec un grand esprit de vulgarisation et qui mérite bien son sous-titre « d'histoire naturelle pour tous ». L’homme, les animaux, les plantes, les miné- raux sont étudiés, avec un développement suffisant pour donner des idées générales sur l’histoire naturelle à tous les curieux de la nature en un style agréable, Un grand nombre de figures dans le texte et 18 planches en couleurs complètent bien cet ouvrage, qui apparaït à temps pour constituer un beau présent d’étrennes. A ——— € CHRONIQUE L’aloès dans l’île Maurice. — Plusieursespèces d’aloès poussent, à l’état sauvage, à l’ile Maurice, Une seule, l’aloès: vert (Foucroya gigantea), est cultivée pour ses fibres. Cette plante se plait sur un sol sec et chaud: Ses feuilles, d'un beau vert, sont épaisses, raides, poin- tues et terminées par une forte épine; elles sont longues de 2 mètres à 2 m. 50 et larges. de 15 à 18 centimètres. La hampe, qui atteint 10 mètres, est rameuse et porte des fleurs blanches. L'’extraction des fibres se fait, sans rouissage, à l’aide de machines appelées dans le pays « gratteuses »; la pulpe a une odeur nauséabonde et est employée comme engrais. Les feuilles d’aloès donnent environ 5 0/0: de leur poids en fibres. C'est en 1871 que les fibres d’aloès figurent pour la première fois sur le tableau des exportations de la colo- nie; de 1887 à 1890 les expéditions ont varié de 1.900 à 2.700 tonnes; mais la concurrence d’autres plantes tex- tiles de la même famille, comme le sisal du Mexique, fit rapidement tomber les prix et arrêta dans son dévelop- pement cette industrie nouvelle. Elle présente cependant l'avantage d'utiliser les terres impropres à toute autre culture, Le commerce des fibres d’aloès a repris depuis quel- ques mois une certaine activité, en raison de la guerre des Philippines, qui a arrêté la production de l'abaca ou chanvre de Manille. Depuis le commencement de l’année, les exportations de Port-Louis ont dépassé 1.100 tonnes, dont la plus grande partie à destination de l'Angleterre. Les prix sur place sont de 500 à 516 francs la tonne. Culture de la vigne en Bosnie-Herzégo- vine, — La vigne ne se cultive pas en Bosnie, mais-elle occupe une assez grande étendue dans les environs de Mos- tar (Herzégovine) et la production: s’y élève en moyenne, d'après les donnéesoficielles, à 27,000 hectolitres environ ; cette année on prévoit que la récolte sera bien inférieure à ce chiffre. Ces résultats peu satisfaisants sont dus aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur la région depuis près de six moiset y ont favorisé le développement du peronospora et de l’oidium, La grêle à également causé quelques dégâts. Quant au phylloxéra, il n’a pas encore fait son apparition dans le pays. Les viticulteurs combattent le peronospora par les traitements aux bouil- lies cupriques. D'autre part, on cherche à arrêter au moyen de soufrages les ravages exercés par l’oiïdium ; cette opération n’a cependant pas toujours été couronnée de succès et elle n’a réussi réellement que dans les vignobles où elle à été pratiquée à trois reprises diffé- rentes. Le Gérant: PAuz. GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, Î% | LE NATURALISTE, REVUE ILLUSTRÉE DES SCIENCES NATURELLES TABLE DES MATIÈRES DU TREIZIÈME VOLUME DE LA DEUXIÈME SÉRIE 1899 Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Poissons ‘GÉNÉRAUITÉS Action du chloroforme sur le Hérisson en état d'hibernation. 46 Anthropologie, les noms francais d’origine germanique, D: Bougon. 8 Congrès ornithologique international en 1900. 270 De l'importance du tibia en anthropologie préhistorique, Dr E. Spalikowski. 22 Disparition d'oiseaux en France. 154 L’accroissement du corps, Dr Bougon. 108 La capture des Caïlles en Egypte. 143 La peau des Serpents, D' Bougon. 152 La:protection asine et mulassière en Egypte. 155 La protection des oiseaux, À. Granger. 231-274 La voix des Poissons, E. Santini de Riols. 12 Le Courvite Isabelle, description, mœurs et chasse, Magaud d'Aubusson.- Le Guillemot à capuchon, ses mœurs, etc., Magaud d’Au- bussôn. 65 Le Macareux arctique, description, mœurs et chasse, curieuses 248 métamorphoses du bec. 186 Les Anguilles et leur reproduction, Dr Bougon. 200 Les espèces bovine, ovine, caprine et porcine au Chili. 251 Les Serpents de mer, H. Coupin. 11 Le transit des Caïlles, Magaud d’Aubusson. 91 L'Œdicnème en Normandie, A.-L. Letacq. 236 L’Œdicnème, ses mœurs, ses habitants, chasse au fusil et chasse au faucon, Magaud d’Aubusson. 221 Note sur quelques cas de nidification anormale (fig.), Cretté de Palluel. 125 Observations sur la distribution géographique des Reptiles en Normandie, Letacq. 67 \Production de la lame aux Etats-Unis. 282 Protection de la femelle couveuse chez les Oiseaux, Magaud d’Aubusson. 9 Sur les maladies du bétail argentin. 25 Arthropodes, Moïlusques, Rayonnés, etc. GÉNÉRALITÉS 28-40-64-87 Arrivages de Coléoptères. 242 Arrivages de Lépidoptères du Japon. Descriptions de Coléoptères nouveaux, (fig.) M. Pic, L. Planet, A. Théry. 21-68-74-189-264 Description de Coquilles nouvelles (fig.), Dr Jousseaume. 8-48-91-133 Essai monographique sur les Coléoptères des genres Pseudo- lucane et Lucane (fig.), L. Planet. 34-71-202-276 Etude de l'anatomie interne des Insectes sans dissection, D: Rousseau. 114 Faune malacologique de Madagascar. 164 Forêts de Mélèzes roussies, Chrétien. 212 Genera analytique illustré des Coléoptères de France, par C. Houlbert (fig.). 111-193-135-159-171-183- 195-207-219-231-243-255-267-279 Instinct de la chrysalide de Parargo moœra. 162 La taille des Mollusques, Dr Jousseaume. 102-147 Le Phylloxéra en Espagne. 247 Le Phylloxéra en Suisse et en Espagne. 237 Lépidoptères nouveaux de l'Asie, Austaut. 285 Les Insectes comestibles dans l'antiquité et de nos jours, Daguin. 24-37-48-58-84 Les premiers états de l'Argyresthia rufella, Chrétien. 223 L’odeur du nid chez les fourmis et les abeilles, H. Coupin. 104 Mœurs et métamorphoses de l'Asilus crabroniformis, Xambeu. 55 Moœurs de l’Ateuchus laticollis, Xambeu. : 212 Mœurs et métamorphoses de l'Ecthrus usurpator, Xambeu. 128 Mœurs et métamorphoses du Catops nigricans, Xambeu. 179 Moœurs et métamorphoses du Cionus olivieri, Xambeu. 258 Mœurs et métamorphoses du Platypsyllus Castoris (fg.), Dr A. Chabaut. 197 Note au sujet du Bolbotritus Baïinesi (fig.), Planet. 142 Notice sur deux Parnassius asiatiques nouveaux, J.-L. Aus- js taut. D Rectification à propos du Lucanus formosanus et note sur l'Hexarthrius Chaudoiri, Planet. 4 Une excursion entormologique à la vallée des Ayes, P. Chré- 9 tien. 8 PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Akidiens. 495 | Lucamus laminifer (fig.). 20 Anticides. 267 — Y. maculifenconatus Anthicus armeniacus (n. s.). 264 (fig.). 271 — bimaculifer (n.:8.). 26% Lucanus Planeti(n.s.)(fig.). 71-72 — hadjaziencis (n. s.). 264 — Westermanni (fig.). 35 — patahyensis (n. s.). 4189 | Mélandryides. 243 Acgyresthia rufella. 223 | Méloïdes. 280 Asidiens. 195 | Mordellides. 268 Asilus crabroniformis. 55 | Moluridiens. 196 Ateuchus laticollis. 212 | Notoxus frevis (n. s.). 189 Blapsidiens. 195 — testacens (n. s.). 189 Bolbotritus Bainesi (fig.). 142 | Opatridiens. 207 Bolitophagidiens. 208 | Pararge mœra. 162 Caryoborus Donckieri (n.s.). 21 | Parnassius Albicans (n. s.). 15% — rubrofemoralis Parnassius Jacque montii, (ns) 21 var. impuncetata (n. s.). 154 Chlythrides. 111 | Parnassius nauchanica n.s.). 285 Chrysomélides. 111 | Pédinidiens. 196 Cionus Olivieri. 258 | Petrœus ambouliensis (n.s.). 91 Cistélides. 232 | Petrœus schoukraensis (fig.) Cæœlométopidiens. 234 ns). 8 Colias Dahurica (n. s.). 285 | Petrœus socialis. 8 Conus Mariei (n. s.). 8 | Phaléridiens. 208 Cossyphidiens. 208 | Pimélidiens. 196 Crypticidiens. 196 | Platypsyllus Castoris (fig.). 197 Diapéridiens. 208 | Pseudo-Rhæœtus Oberthuri Ecthrus usurpator. 128 (fig.). 175 Formicomus arabicus (n. s.). 264 | Pyrochroïdes. 256 — subelongatus (n. Pythides. 256 3.). 264 | Rhipiphorides. 219 Guildfordia Yoka (n. s.). 48 | Rhœtulus crenatus (fig.). 17% Gyrinides. 136 | Rhœtulus sinicus (n. s.). 16% Hélophoriens. 135 | Sagrides. 112 Hélopidiens. 231 | Scauridiens. 195 Hexarthrius Chaudoiri (fig.). 41 | Sperchiens. 123 Hexarthrius Davisoni (fig.). 174 | Sphæridiens. 135 Hydrophilides. 123 | Sténosidiens. 18% Lagrides. 256 | Sternocera campana, var Lampas Bardeyi (n. s.). 133 Groulti (n. :s.). 68 Leptaleus Mocquerysi. 189 | Ténébrionides. 159-171 Limicolaria Habrawalensis Ténébrionidiens. 220 (ne s.). 91 | Tentyridiens. 184 Lucanus formosanus (fig.). 41 | Trachyscélidiens. 207 — Hopei (fig.). 211 | Ulomidiens. 219 Botanique GÉNÉRALITÉS Cas d’empoisonnement par l'Œnanthe crocata. 281 Congrès de Viticulture en 1900. 283 — de Sylviculture en 1900. 284 Constitution de la matière colorante des feuilles. 251 Détermination rapide des Fougéres dans le cours d'une herbo- risation, D' Bougon. 70 Etymologie du Sureau, D' Bougon. 116 Euryale ferox (fig.), P. Hariot. 41 Hauteur, grosseur et âge de certains arbres, Ch. Ansoryamar. S6 Illustrations plantarum Europæ rariorum, auctore, G. Rouy, Dr Gillot. j1 La culture en terre sur les terrasses, Dr Bougon. 212 La mouture des blés aux Etats-Unis. 153 La vendange du raisin sec « Sultanine » en Grèce, Christian . Colocotronis. 15 Le Pin Laricio de Salzmann. al L'Erinose dans la Gironde. 166 Les Acacias, Hector Léveillé. 6 : 17 Les Aroïdées de la faune francaise (fig.), P. Hariot. su Les Cuscutes, P. Hariot. 290 Les Forêts en Birmanie. Les maladies des arbres, les Broussins (fig.), A. Vilcocq. Les Plantes dans l'antiquité, légendes, poésies, histoire, E. San- tini de Riols. Les Plantes utiles, Anacardium occidentale, M. Buissman. Les Podostémacés, P. Hariot. Les Végétaux épiphylles, H. Coupin. Ro arbres de la Normandie (fig )}, H. Gadeau de Ker- ville. Le Welwitschia mirabilis (fig.), P. Hariot. Madagascar et l’industrie forestière. Promenades botaniques dans le sud-ouest, de Royan à la Grande-Côte et à la Tremblable, P. Hariot. Quelques notes botaniques sur la Corse, Paul Combes. Rapport sur les noms des plantes et les noms géographiques, Dr Bougon. Relevé de quelques erreurs étymologiques, D' Bougon. PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Acacia. 17 | Guidroa. Anacardium occidentale. 11 | Hydrostachys. Artichaut. 59 | Lania. Arum vulgare (fig.). 209 | Monogynella Vahliana. Blandowia Preissis. T | Mourera. Castelnavia. 1°|b\Oserya. Cuscuta europæa. 94 | Podostemon. — epithymum. 9% Rafflesia. — Trifolii. JE TRR ose. Epilinella cuscutoides. 93 | Sagina apetala. Euryale ferox (fig.). 4 Weddellina. Grammica suaveolens. 93 | Welwitschia mirabilis (fig.). Géologie, Minéralogie GÉNÉRALITÉS Aperçu sur la géologie du bassin de Paris, Villatte des Prugnes. Chasse et pêche préhistoriques (fig.), Massat. Complément expérimental sur la fracture des roches par la congélation (fig.), Stanisias Meunier. Congrès géologique international en 1900. Congrès international des mines et de la métallurgie en 1900. Curieuses conséquences de la rotation de la Terre, D' Bougon. Description d’une Ammonite nouvelle (fig), A. Pontier. Diminution des sources, Dr Bougon. Expériences relatives à l'histoire des Dunes (fig.), Stanislas Meunier. Histoire géologique du Bas-Boulonnais (fig.), Stanislas Meu- nier. L'argile d'Hesdin (Pas-de-Calais) (fig.), Massat. Le fond de la mer et les cartes lithologiques sous-marines. Les eaux d’origine des sources, D'° Bougon. Les falaises du Tréport (fig.), H. Boursault. Les races préhistoriques (fig.), Massat. Les tremblements de terre en 1898 (fig.), Massat. Madagascar et l’industrie minière. Minéraux nouveaux, P. Gaubert. Observations et expériences sur du sable quartzeux obtenucomme résidu par la dissolution de la craie, Stanislas Meunier. Production future de la houille, D' Bougon. Promenade géologique en Corse, Paul Combes. Sur une roche provenant du château de Basolus (fig.), Sta- nislas Meunier. Sur un fer météorique récemment parvenu au Muséum de Paris (fig.), Stanislas Meunier. Traces des anciens glaciers d’une période antérieure dans la Haute-Tatra (fig.), Dr Charles Pekar. Traces laissées dans une argile par des aiguilles de glace (fig.), Stanislas Meunier, Vigne pétrifiée des environs d'Avallon (fig.), StanislasMeunier. g. PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Ammonites Eluensis (n. s.) Inoceramus Cunieri. (fig.). 53 | Kubeite. Baddeckite. 11% Planoferrite. Carnotite. 75 Divers Bâtons de commandement {fig.\, Massat. Bibliothèque et collections de Coquilles de feu Crosse. Champignons étudiés au point de vue de leurs propriétés vacci- nantes contre le venin de la vipére. Congrès d’aquiculture et de pêche en 1900. — des sciences ethnographiques en 1900. 221 137 59-215-227-259 Al 7 262 269 161 150 104 281 233 114 114 163 246 46 282 283 LE NATURALISTE — Congrès international de photographie en 1900. Considérations générales sur l’Algérie, Forest. Intelligence des animaux, Dr Bougon. L'âme de la nature, Dr Regnault. à La photographie composite appliquée à l’anthropologie. La vigne et les vins dans l'ile de Crète. Le filage de l’huile en mer chez les anciens et les modernes, E. Santini de Riols. Le mal des montagnes, A. Dissard. L'’hérédité et les variations des espèces, F. Regnault. Les animaux dans les étymologies des noms propres, D' Bougon. Les animaux qui changent de couleur, H. Coupin. Les animaux qui n’ont pas deux yeux, H. Coupin. Les animaux qui n’ont pas d’yeux, H. Coupin. Les arbres et les animaux dans les noms d'hommes, D' Bougon. Les avalanches, Dr Bougon. Les dessins préhistoriques dela grotte de la Mouthe, D' Regnault. Les fouilles pratiquées dans les ruines, Dr Bougon. 5 Les manteaux de plumes aux iles Hawaï. Méthodo simple pour recueillir une immense quantité d’êtres microscopiques à la fois, D° Bougon. Micrographie. Bains-marie Gruvel. — Colorations multiples, Gruvel. — De la coloration à l'inclusion, déshydratants, éclaircissants, Gruvel. — Méthodes de coloration, réactifs, Gruvel. — Méthodes de coupes, microtomes, préparation des lames, coloration des lames, Gruvel. — Méthodes de coupes, microtomes, etc., Gruvel. — Moyens d’extension, de conservation et de fixa- tion, Gruvel. — Méthodes d’inclusion, Gruvel. — Méthodes spéciales pour les parties calcifiées, chitinisées ou pigmentées. — Technique histologique, Gruvel. Multiphotographie appliquée à l'anthropologie. Nécrologie. Charles Brongniart. Nouvelles recherches sur les accidents causés par les piqüres d’abeilles, Ed. Spalekowski. Photographie de régions géologiques en cerf-volant. = dans les pays chauds. — des bruits du cœur. — des cloisons des Ammonites. — des échantillons d'histoire naturelle. — des glaciers. — des mouvements du maxillaire inférieur. — des mouvements rythmés. — des objets d’histoire naturelle creux. — des rochers et des minéraux. — des tubes de culture de Champignons et de bac- téries. — du chant. — du mouvement des côtes. — du fond de l'œil. — du type respiratoire. — pour réussir une microphotographie. — Fixage des clichés avant développement. — Ressuscitation de vieux documents rendus invi- sibles par le temps. Physiologie du langage, D' Bougon. Quelques illusions d’optique dans la nature, A. Schaeck. Répertoire et classification de collections, bibliothèques, etc. (lig.), P. Fucus. le mirage, Chronique Capture d’un Eider dans la baie de la Somme. Congrès de botanique général. Congrès international de zoologie. Trente-huitième Congrès des Sociétés savantes. Découverte de gisements de mercure. Découverte de gisements de phosphates. Destruction des Mulots. Faune des environs de Paris. Graines légères ou graines lourdes. Greffage du Lilas commun sur Frêne. Informations météorologiques. La pisciculture en Suisse. Legs Beaucourt, veuve Fontanne. Le Journal de Conchyliologie de Crosse. Les Lapins en Australie. Muséum d'histoire naturelle de Paris. Ostréiculture en Hollande. Prime aux éleveurs de vers à soie. Production fruitière en Roumanie. Prohibition de l'entrée d’arbustes en France. Récolte des cocons dans la Turquie d'Europe. 258 96-133-144-168-190-230 235 146-156-169-179 94 10) 222 250 203 192 26# 241 286 91 ail 81 176 68 106 56 238 261 32 16% 45 19 110 116 85 98 46 110 41 14 120 109 252 410 24 225 110 59 32 59 126 71 110 211 225 245 LE NATURALISTE ET Académie des Sciences Foologie Absence de régénération des membres postérieurs chez les Orthoptères sauteurs. ‘Agglutinine produite par la glande de l’albumen chez Helix pomatur. ‘Anesthésie générale et anesthésie du nerf moteur. {Causes et variations de la rigidité cadavérique. “Chlorophylles animales. Cristallisation de l’albumine du sang. ‘Crustacés ostracodes fossiles tombés à Oullins. Déformations particulières des hématies des Poissons. Développement et pisciculture du Turbot. Eléments spéciaux de la cavité du Phymosoma. “Æmbryogénie de Protula Meihlaci. Embryogénie des Orthonectides. ‘Feuilles primordiales des Cupressinées. ‘Formation de la perle fine chez la Meleagrina margaritifera. ‘Formation de la tête des Hyménoptères. Formation de l’œuf chez des Hydraires. :Glandes abdominales chez les Coléoptéres. — anales des Carabidæ. — anales des Dytiscides. — défensives des Carabides bombardiers. — de Morren des Lombricides. Histologie de la peau. Influence de la congélation dans le développement de l’œuf de poule. ; Influence de la mue chez les Insectes. Innervation du tissu musculaire. ‘Le Plankton dans leseaux du lac Léman. Mécanisme du vol des Insectes. Mode de croissance du spirale des appendices en voie de régé- nération chez les Arthropodes. ‘Mode de pénétration de l’iode dans l’organisme. Observations sur le Peripatus Capensis. ‘Parasitisme du Ximenia americana. Persistance des contractions cardiaques pendant les phèno- mènes de régression chez les Tuniciers. Pouvoir réducteur des tissus. Régénération des membres chez les Mantides. Régénération tartienne et régénération des membres des pattes antérieures chez les Orthoptères sauteurs. Rôle de la chaleur dans le fonctionnement du muscle. Sortes de kystes du tubo digestif d'Orvets. Structure du noyau dans les myélocites des Gastéropodes et des Annelides. Substance albuminoïde cristallisée dans son milieu naturel. Valeur physiologique des tubes pyloriques de quelques Téléos- téens. : Variations et groupements spécifiques des Péripates améri- cains. Botanique Action des vapeurs anesthésiques sur la vitalité des :graines sèches.et des graines humides. ‘Action du Bacillus subtilis dans les phénomènes de dénitri- fication. Action toxique et physiologique de l’hédérine. Algues qui croissent sur les araignées de mer. Anthérizoïdes et double copulation chez les Angiospermes. Asphyxie spontanée et production d'alcool dans les tissus pro- fonds des tiges ligneuses. , Botrytis cinerea et la maladie de la toile. Chute des feuilles et cicatrisation de la plaie. Coloration des Tuniciers et mobilité de leurs granules pigmen- taires. Coloration verte des feuilles et assimilation chlorophyllienne. Composition de l’albumen de la graine de Caroubier. Composition et valeur alimentaire des principaux légumes. Désinfection antiphylloxérique des plants de vignes. Développement de la Convoluta roscoffensis. Dextrine considérée comme matière de réserve. Fécondation hybride de l'albumen. Fonctions diastasiques des plantes indigofères. Formation des canaux sécréteurs dans les graines de quelques Guttifères. Formation du pollen. Formes de conservation et de reproduction du Black Rot. ‘Forme oospora du microsporum du cheval. Germination de la graine de Caroubier. Germination des graines de Noltia Nidus-Avis. Graines de l’Allanbackia floribunda. Graines grasses. Craisse, maladie bactérienne des Haricots. Greffe de quelques monocotylédones sur-elles-mêmes. Influence de la lumière sur la formation des substances azotées “actives dans les feuilles. Ie iBotrytiscinerea et la maladie‘de la toile. Waladie nouvelle des Œillets. Matière colorante de la digitale. Microbes saprophytes et pathogènes chez les fleurs. Modification de la respiration des végétaux à la suite des alter- nances de température. Modifications histologiques produites dans les tiges par l’ac- tion du Phytoptus. Monstruosités végétales. Nouvelle myxosporidie parasite du llesus passer, Orthocnectides nouvelles, parasite des Annélides, Phénomènes de brülure du Sorgho. Phénomènes de la désorganisation cellulaire. Piralaby, liane à caoutchouc de Madagascar. Plante à gutta-percha susceptible d’être cultivée sous un climat tempéré. Plantes rendues artificiellement alpines par l'alternance des températures extrèmes. Présence de l’iode dans les Algues à chlorophylle‘et dans les Sulfuraires. Production expérimentale de tiges et d’inflorescences fasciés. Résistance des graines aux températures élevées. Structure anatomique des Vanilles aphylles. Systématique des Trichophytes et des formes voisines. Valeur alimentaire et composition des principaux fruits. Végétaux caoutchoutifères, Géologie Aérolithe de Rio-de-Janeiro. Alpes brianconpaises. Animaux arctiques dans la Charente au quaternaire. Assises supérieures du terrain jurassique dans le Bas-Bou- lonnais. Brèches éogènes du Brianconnais. Découverte du Néomylodon. Eaux minérales de la source Croizat. Etat actuel des volcans de l’Europe méridionale. Etude minéralogique des sédiments crétacés du bassin de l’A- quitaine. Fossiles de Madagascar. Gite de Magnétite en relation avec le granite de Quérigut (Ariège). Légende relative à une chute de pierres. Lois régissant les macles. Météorite observée en Finlande. Nouveau minerai d’Urane. Observations relatives au dépôt de ‘certains travertins calcaires. Ordovicien de. la presqu’ile de Crozon. Origine de grains siliceux et de grains quartzeux de la-craie. Recherche du mercure dans le produit des vignes traitées avec des bouillies mercurielles, Roches éruptives du cap Blanc (Algérie). Roches volcaniques à leucite de Trébizonde. Roches volcaniques du pays des Somalis-ct de l’Abyssinie. Structure du Brianconnais. Trachylyte du fond de l'Atlantique. Tremblement de terre en Triphyllie. Tremblement de terre aux Moluques. Trias des environs de Rougars (Var). Bibliographie Illustrationes plantorum Europæ rariorum, de Rouy, D. Giliot. La Géologie expérimentale, par Stanislas Meunier. L’apiculture par les méthodes simples, de R. Hommel. La vie dans la nature, de Henri Coupin. Le Café, culture, manipulation, production, par H. Lecomte. Le potager d’un curieux. Les êtres vivants, organisation, évolution, par Paul Busquet. Les feux et les eaux, de M. Griveau. Pierre Pena, les origines de la Botanique. Recherches sur les faunes marine et maritime de la mandie. Traité de Zoologie de Perrier, fascicule V. 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Prix COMME AU EE dresser. tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL, AVIS Nous prions ceux de nos abonnés qui ne nous ont pas encore adressé le montant de leur abonnement pour 1898, de vouloir bien nous le faire parvenir sans retard, l'échéance de januier étant la plus chargée. : De Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, _ LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1!‘ DE CHAQUE MOIS . 12 fr. » & RARE À 50 œ _ Garoi franco du du Gatalogue SPÉCIALITÉ DE M: OE MATÉRIELS SOIGNÉS « GARANTIS| et TOUTES FOURNITURES pour la WE PHOTOGRAPHIE D'AMATEUR De Eee van pare leu RÉUSSIT COMPLÈTE CH RE FOURNISSEUR DES MINISTÈRES en et 118, Rue d'Assas DEN TRAITÉ PRATIQUE DE ENORME un Vol, TC it É 6 [PHOTI 0- REVUE: sobera des CL eur. è LANTERNE Ï PROJBLTN A USAGE DE PKHROLE MODÈLE NOUVEAU PERFECTIONNÉ Supprimant l’échauffement du pétrole An K (Er | \ Prix complet : RIO fr. 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Coléoptèr es exotiques, prix à la pièce, Papillons pièce. Papillons exotiques, pièce. Coquilles, prix à la pièce. Fossiles, prix à la pièce. Minéraux, prix à la pièce. Collections d'histoire natu- relle pour l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et l’ensei- gnement supérieur. prix à la d’Europe, prix à Ja prix à Ja MAISON ÉMILE DEYROLLE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES, SUCCESSEURS 46, RUE DU BAC, PARIS LIQUEUR HOR | Kola, Coca et Glycérophosphate de Chaux je Aliment réparateur, reconstituant du sys- # tème nerveux et du systeme osseux. Souverain contre Albuminurie, Neurasthé- nie, PhpRAnne Névralgies, Maladies de Poitrine, Faiblesse de l'organisme. Prix du flacon pour la France : 4 fr. 50 À& MAEREER Hat. AN ns Paris. _ Us Mi | fret AE "CHEMINS DE FER DE L'OUEST FARIS # LONDRES PAR ROUEN, DIEPPE ET NEWHAVEN VOIE LA PLUS ÉCONOMIQUE Doutie service quotidien à heures fixes Départs de Paris (Saint-Lazare.|10 h. » mat.|9h. » soir London-Bridge| 7h. » soir|7h 40 mat, Arrivées à Londres} Victoria. .l Th. » soir h:50 mat. PRIX DES BILLETS : Billets simples, valables pendant ‘7 jours Âre CLASSE 2e CLASSE 3° CLASSE RS ee EE 2 —— 43 fr. 25 32 293% 95 SERVICE POSTAL. — Le service postal pour l'Angleterre (vià Dieppe- -Newhaven) est. as ur train partant de Paris-St-Lazare à 9 heures du soir. Les lettres déposées avant 8 h. 25 du soir au bureau de la rue d'Amsterdam ct celles jet boîtes de la gare St-Lazare (salle des pas-perdus) avant8 h.50sont distribuées le lendemain matin Transport en grande vitesse de messageries, Primeurs, Fruits, Légumes, Fleurs, etc., nu Londres. Trois départs par jour toute l'année. — Les expéditions remises à la gare St- Lara ur: trains partant à 3 h. 40,4 h. 10 et 9 h. du soir, parviennent à Londres le lendemain à 8 h. 4 matin ou à midi 45. PARIS Livres d'histoire naturelle, Microscopes, Microtomes, Préparations microscopiques,. instruments pour la: Micrographie, Meubles pour le rangement des col- lections d'histoire naturelle: (i Installations complètes de mu. sées et cabinets d'histoire naturelle. K'ableaux d'histoire naturelle, collés sur toile avec bâton haut et bas, mesurant 12,20 X 0,90, destinés à. l’enseignement secondaire. Mobilier et Matériel d’ensei- gnement, # Musée scolaire pour lecons de choses comprenant 700 échantillons en nature, 3,000 dessins coloriés. KWableaux et Cabinets ae Phy- sique, k 14 Maladies de l'Estomac L’Antisastralsique Winckle est le remède le plus efficace connu co les douleurs et crampes d’estomac, digestions difficiles, les gastralgies, gi trites, dyspepsies, vomissements apres repas et pendant la grossesse. =. se prend à la dose de une ou deux cui lerées à bouche, généralement un qu d'heure avant le repas ou au début crises. — Prix : 8 fr. 50. à ne 0 DRNTR LE MONTREUIL (Seiné (Dimanche compris) London-Bridgef lon. » mat.|9%h Victoria. -:|10h. 6 h. 55 soiri8 Départs de Londres | » mat. 8 h Arrivées à Paris (Saint-Lazare). Billets d'aller et retour, valables pendai 17e CLASSE 2€ CLASSE 3e 59 fr. 75/4] 72 fr. 75 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, 46, RUE DU BAC, PARIS Usine à vapeur, 9, rue he PARISS:AUURIEUEE. 16 TABLEAUX TABLEAUX MURAUX 14 APPAREILS MESURANT EN NATURE 0",80 %< 0", 60 P EX Y œ LL a D: EH 186 DESSINS Collés sur carton EN COULEURS SUIVANT LES PROGRAMMES DE L' ENSEIGNEMENT PRIMAIRE LA COLLECTION COMPLE TE : 58 FRANCS Ces Tableaux se vendent séparément par tableau, par partie, ou par collection entière, aux prix ci-dessous PREMIÈRE PARTIE poration ;ébullition ; congélation; cris- pile au bichromate, pile Leclanché; mer D - tallisation; 2 appareils en nature, aimantation par les piles; électro-ai- GENERALITES, PESANTEUR 1 échantillon: anneau S’Gravesande, mant; décomposition de l’eau: galva- _HYDROSTATIQUE thermomètre, Selon tallisc ee LED noplastie ; échantillon de charbon de : : GES se 7. Chaleur. — Vaporisation, condensa- COANNOERRRENTS Me ND OA ANSE 3015 1. ue tion; alambic; conductibilité; toiles | 18. Téléphone; sonnerie électrique; lu- $ ee a Paie dans le vide): métalliques, lampe de mineur... 3 50 mière électrique : télégraphe. — rl. D cle Sn ute fi 8. Chaleur. — Pression de la vapeur Deux échantillons en nature : câble lomb, £ cou macon ECS manomètre, chaudière, sifflet d’a- électrique souterrain, charbons pour 2 Equilibre Des Core SR ee larme, régulateur, soupape.... 3 50 LUMIÈ TE ae CE MATE 4 TITRES RON SR à En Machines à vapeur, locomoti- Les 4 tableaux, collés sur carton, avec 8. Equilibre des liquides. — Pression MES nie el terasse 5 Danperee et 4 échantillons cn nes Ho de: liquides ; presse hydraulique, vases Les 4 tableaux, collés sur carton, avec RAS OR Drobio bb HORDE RO MATE T communiquants (puits artésiens, etc.); = appareils et 1 échantillon er ï À principe d’Archimède ; ludion : _ménis- UTC... ss oursons QUATRIEME PARTIE ne | Dour. TROISIÈME PARTIE ACOUSTIQUE, OPTIQUE 4. Densité des corps, pression atmos- ÉLECTRICITÉ 14. Acoustique. — Vibration, son, porte- phérique. — Machine peau 10. Electricité. — Attraction et répulsion ; voix; instruments de musique; diapa- siphon; 1 appareil en nature : si- machine électrique ; électrophore; fou- son; gamme et intervalles MUSICAUX : : DAC Pot ee Etes k » dre; paratonnerre : 3 appareils en na- phonographe.................. 3 50 . Pression atmosphérique. — Baro- ture : bâton de verre, bâton de caout- | 15. Lumière. — Transmissions; ombre et de os. D . He chouc, pendule électrique Rp 5 » pénombre; réflexion; réfraction. 3 50 montgol'.ère, ballon, parachute. 2 5 Magnétisme. — Aimant naturel, ai- | 16. Lumiére. — Lentilles convexes et Les 5 tableaux, collés sur carton, avec mant artificiel ; aiguille aimantée, ai- concaves; théorie de la vue : décompo- 4 appareils en nature...…........ 18 fr mantation par infience- boussole : silion et recomposilion de la lumière ; E compas de marine; 3 appareils, 1 échan- arc-en-ciel; 2 apparcils en nalure; DEUXIÈME PARTIE tillon-en nature: barreau aimanté; pride Ho te pie à lumière ; aimant; boussole : échantillon de fer isque de ewlton pour la recom- DE aimant nalurel........:...... L 75 position de la lumière blanche. 6 » 6. Chaleur. — Dilatation; thermomètre 12. Electricité produite par les piles. | Les 3 tableaux, collés sur carton, avec (détermination du 0 et du 100); éva- allisre,de,eauist’Graveolta, de Bunsen, 2 appareils en nature......... 12 fr 50 TABLEAUX | MURAUX | LE SYSTÈME MÉTRIQUE M ET ÉO BR OROI L Q CG Ï ; En 4 Tableaux muraux. avec Échantillons LA COLLECTION COMPLÈTE : 2 FRANCS (La circulaire Ole M LS du 4 janvier 1897 prescrit l'étude g longueur. Mètre, chaîne d'arpenteur nat oral sp : N° 1. Mesures de ur. €, eur, Le no 0e den PRE RER eNERE ) décamètres, surfaces ; 3 échantillons en nature : mètre 4 TABLEAUX pliant en deux, double décimètre, modèle de démons- mesurant 0®,80><0®,60, collés sur carton, avec dessins en couleurs. tation AUMEITE CARRÉ ETS Ne 4 fr. N° 2. Mesures de volume. Mètre cube, slère; mesures de LA COLLECTION COMPLÈTE : 12 FRANCS capacité; À échantillon : décimètre cube démontable. | ES ï 3 fr Li T 7 RL A û : : \ « . ù va he oo re 20 N° 3. Mesures de capacité. Mesures à vin, à lait, à huile, N° 18. Phénomènes aqueux. Nuages, cirrhus, eumulus, éprouvetle graduée....-...e; FE DU PRES 2 ae stratus, nimbus pluviomètre, ee romètre, neige | N° 4. Poids en fonte, en cuivre, balance; monnaies : 15 fac- orêle Fo J8 3 fr ‘50 similés (moulages) de pièces de monnaies d'or, d'argent PDO ee d-Dnaonsosnee ben Babe à US RS Fi N° 19. Phénomènes électriques et lumineux. ee ÉUCE ONAEES huge PAGE oi GE aurore boréale, arc-en-ciel, halos........ 3 fr, 50 Chaque Tableau mesure : 0",62 >< 0",49 20220; Thermomètres et baromètres. Échelles par MASTERS mn LES rées, baromètre enregistreur, bulletin météorologique N. B. — Voir plus loin les Compendiums métriques (32, et signes conventionnels. , #44, .. 2.40. 3 fr. 50 | 45 et 80 francs). SR CHEMINS de FER de L'OUEST BAINS 2 MER #7 EAUX THERMALES (Jusqu'au 31 Octobre) De PARIS aux stations balnéaires ou thermales suivantes : A° — Billets d’Aller et Retour WALABLES PENDANE Z JOURS ALLER : le Jeudi (depuis 5 heures du soir), le Vendredi, le Samedi ou le Dimanche. RETOUR : le Dimanche ou le Lundi seulement. De PARIS aux gares suivantes : Dieppe (Pourville, Puys, Berneval), Are cl. 26 fr.,|Isigny--sur-Mer (Grandcamp-les-Bains), 1re el. 40 fr., $ »} nl K ÉDITEU DeNCI AT. 190€ 2e el. 30 fr. Touffrevill®-Criel, Eu (Le Bourg-d'Ault, Onival),|Montebourg (Quinéville, Saint-Vaast-la-Hougue), ESC 20e CI A0Etr#50> Barfleur, re cl A5 fr, 2e cl 32e. 50. — Valognes, Le Tréport-Mers, ire cl. 29 fr. 50, 2e cl. 20 fr. Averc]."45;fr., 22.cl- 33 fr. 50. (Parcours par le che- Saint-Valery-en-Caux (Veules), Cany (Veuleltes, ne départemental de Montebourg et Valognes à Les Petites-Dalles), Are cl. 29 fr., 2e cl. 49 fr. 50.| Barfleur non compris dans le prix du billet ) Fécamp (Les Pelites-Dalles, Les Grandes-Dalles,|Cherbourg, {re cl. 50 fr,, 2° cl. 36 fr. : Saint-Pierre-en-Port), Froberville-Yport, re cl. Coutances (Agon, Coutainville, Régneville), 4re cI. SD 2e cl 21tr50$ 45 fr., 2° cl.,33 fr. 50, Les Loges-Vaucottes-sur-Mer, Etretat (Bruneval), Denneville (halte), 4re cl. 50 fr. 2e cl. 33. fr. 50, Le Havre (Sainte-Adresse, Bruneval), Caen, Hon-|Port-Bail, Are cl. 50 fr., 2e cl. 34 fr. TD Avec 18 planches en couleurs Par Paul GAUBERT ER E 4 vol. broché 5 fr.franco5 fr. 55 | CARTONNÉ, TOILE ANGLAISE, 5 FR. 7 5 FRANCO GFR. 15 VIENT DE PARAITRE HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE fleur, Are cl. 30 fr., 2e el. 22 fr. Barneville (halte), 4re cl. 50 fr., 2e el. 84 fr. 50, Trouville-Deauville (Villerville), Blonville (halte), |Carteret, 4xe el. 50 fr., 2e cl. 35 fr. Axe cl:.30 fr°,-22 "cl 21ifr 50, Granville (Donville, Saint-Pair, Bouillon-Jullouville), Villers-sur-Mer, 1re cl. 30 fr., 2e cl. 22 fr. Are cle 45 fr., 2e cl. 32 fr. Beuzeval (Houlgate), Dives-Cabourg (Le Home-|Montviron- =Sartilly (Carolles, St-Jean-le-Thomas), & ÿ Varaville), 1re cl. 43 fr., 2e cl. 23 fr. frere]. 45 fr, 2ec1. 31-fr. 50% Luc (Lion-sur-Mer), Langrune, St-Aubin, Are cl, : 5 34 fr,, 2e cl. 25 fr. — Bernières, Courseulles (Ver- EAUX THERMALES sur-Mer), ire cl. 35 fr., 2e cl. 26 fr. (Ces prix com-|Forges-les-Eaux (Seine-Inférieure), ligne de Dieppe, prennent le parcours total par chemin de fer.) par Gournay, 1'e cl. 18 fr., 2e el. 12 fr. Bayeux (Arromanches, Port-en-Bessin, St-Laurent-|Bagnoles, Tessé- la- -Madeleine, par Briouze, {re cl. À sur-Mer, Asnelles), 1re c]. 36 fr., 22 cl. 26 fr. 36 fr., 2e cl.24 fr. #20 __ Billets d'Aller et Retour WALABELRS PENDANT 335 JOURS (Jour de la délivrance non compris). Bayeux, Isigny-sur-Mer, Montebourg et Valognes,|Saint-Brieue (Binic, Portrieux, Saint-Quay), dre el. Cherbourg, Coutances, Port-Buil, Denneville| 60 fr. 20. 2e cl. 40 fr. 65. (halte), Carteret, Barneville (halte), Granville, Lannion (Perros-Guirec, Trégastel-1.-Grèves), dre el. Montviron-Sartilly, La Gouesnière-Cancale, Saint-|70 fr., 2e cl. 47 fr. 25. Morlaix Nue Jean-du-Doigt, Malo-Saint-Servan (Paramé, Rothéneuf), Dinard Plougas snou-Primel), 4e c]. 72 fr. 15, 22 cL 48 fr. 70. Saint-Enogat, Sairt-Lunaire, Saint-Briac, Lancieux, Landerneau (Brignogan), Are cl. 77fr. 55, 280cl. are cl. 56 fr., 2° cl. 37 fr. 80. Dati, 5 : È È ; ASS Brest, {re c]. 8 «A0, 22 cl" 5% fr. 05: Plancoët (La Garde-Saint-Cast, Saint-Jacut-de-la- Paimpol, fre 5 fr. 20, ci cn _ ne 0. LES FILS D'ÉMILE DETROLLE } MINE FUN DE CU RENFORCÉS Mer, 1re cl. 56 fr., 22 cl. 37 fr. SE Saint-Pol-de-Léon, Are cl. 75 fr., 2° cl. 50 fr, 60. | de 100 X 135 à 3 travées : 6 Lamballe (Pléneuf, Le Val-André, Erquy), {re el.|Roscoff (ile de Batz), dre el. 75 fr. 95, 2e cl. 51 fr. 25. | de 130 X 135 à 4 travées : Sfr, 50,2 cl: 38 fr. 85; Saint-Nazaire, Are el. 59 fr. 70, 2e cl. 40 fr. 30. | Paillassons sulfatés, le mèt | carré : 4120. CATALOGUE FRA NS NOTA. — Les billets de 23 jours peuvent être prolongés une où deux fois de 30 jours, en le paiement, pour chacune de ces périodes, d'un supplément égal à 10 0/0 du prix du billet. LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES, DUR AU D PER SUOMI SNS ATOS PARIS, 46, rue du eve (Téléphone) Afin de permettre aux voyageurs venant d'Angle- Usine à vapeur, 9, rue Chanez, à Auteuil 4 terre et se rendant dans le sud de la France, en Suisse, en Italie, etc., de profiter des trains express partant de Paris dans la matinée pour ces destina- tions, les heures de départ des trains quittant | Londres le soir seront avancées comme suit à partir | du 1er janvier 1898 : Départ de Londres (Victoria-Station) 8 h. 50 du soir au lieu de 9 h. 45. Départ de Londres (London-Bridye station) 9 h. 4 | A Modèle . par la Sorbonne 1 Dans le sens de Paris sur Londres, les heures de POUR LES : à départ de Paris-Saint-Lazare ne sont pas changées TRAVAUX PRATIQUES tous les jours et toute l’année, dimanches et fètes a. CERTIFICAT D'ÉTUDE P. C. N. | à 1! et restent fixées : à 10 h. du matin et 9 h. du soir, à l’usage des Candidats au - | | | | PSE — É CONTENANT : 4 | 1 Scalpel moyen droit. 4 Pince de dissection à mors dentés, 1 Scalpel fin. 1 Pinceo rdinaire. 2 Aiguilles droites montées. 1 Sonde cannelée. Fr 1 Aiguille lancéolée montée. 1 Tranchoir pliant. P, 1 Paire de ciseaux de 13 centimètres 1 Paquet d’épingles. < droits. Lames. ME | 1 Paire de ci : | ire de ciseaux fins Lamelles. D — Le tout renfermé dans un portefeuille en gainerie avec fermoir PRIX: ES FRANCS PARIS, — IMP. F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 15 DÉCEMBRE 1898 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 283 du 15 Décembre 189S: & .Diminution de la Caïlle en France, le transit des Cailles vivantes. Macaup p’AuBussox. — La Vallisnérie. P.Harior. — Un regard sur les êtres vivants. Joseph Lacroix. — Minéraux nouveaux. P. GAusErT. — La capture des Oiseaux de proie. Henri Coupix. — La Voix des Poissons. E. Sanrinr. — ‘l'able des Matières du Douzième volume de la deuxième série 1898. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS. LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1" DE CHAQUE MOIS Éance ct'Aleérie 0e Ne et AOfre Housiés autres Days mit ER RAD NES Pays compris dans l'Union postale, . . . 11 » Pr NUMELO NRA AE NE a En) 5( Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 ce. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAI, Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS | qi “4 À { ErIX J 27 Gao franco du du Catalogue 7 * » SPÉCIALITÉ DE MATÉRIELS SOIGNÉS «& GARANTIS 7 A1 et TOUTES FOURNITURES pour lz | PHOTOGRAPHIE D'AMATEUR D eee ven aan RÉUSSITE COMPLÈTE CHA MENDE URNISSEUR DES MINISTÈRES Paris 1ige lies, Rue d'Assae HET PRATIQUE DE PHOTOGRAPHIE. un Vor. broche, ET PHOT REVUE Journal es Mature A UN FRANC P VIENT DE PARAITRE ESSAT MONOGRAPHIQUE SUR LES COLÉOPTÈRES DES GENRES PSEUDOLUCANE & LUCANE Avec 38 figures dans le texte et 16 planches hors texte PAR LOUIS PLANET 8 fr. 50 — Franco : 8 fr.75 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS 46, rue du Bac, — Paris HISTOIRE NATURELLE -- ANATOMIE -- MICROGRAPAIE -- LIBR IRI ZOOLOGIE, BOTANIQUE, GÉOLOGIE, MINÉRALOGIE MAISON ÉMILE DEYROLLE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, 46, RUE DU BAC, USINE A VAPEUR A AUTEUIL, 9, RUE CHANEZ NATURALISTES, SUCCESSEURS PARIS Les Catalogues suivants sont adressés gratis et franco sur demande $ Instruments pour les recherches des objets d'histoire. naturelle et leur classement en collection. Pièces d’anatomie humaine et comparée, en matière élastique, staff et cire. Mammifères, prix à la pièce. Oiseaux, prix à la pièce. Reptiles et poissons, prix à la pièce. Coléoptères d’Europe, prix à la pièce. Coléoptères exotiques, prix à la pièce. Papillons d’Europe, prix à la pièce. Papillons exotiques, prix à la pièce. Coquilles, prix à la pièce. Fossiles. prix à la pièce. Minéraux, prix à la pièce. Coïllections d’histoire LETE relle pour l’enseignement primaire, l'enseignement secondaire et l'ensei- gnement supérieur. MAISON 46, RUE DU Tableaux et Cabinets de Phys: ÉMILE DEYROLLE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES, SUCCESSEURS BAC, PARIS Livres d'histoire naturelle. EE: Microscopes, Microtomes, Préparations microscopiques, instruments pour la Micrographie, | Meubles pour le rangement des col- À lections d'histoire naturelle. 4 Hnstallations complètes de mu- D | sées et cabinets d'histoire naturelle. | Æableaux d’histoire naturelle, collés sur toile avec bâton haut et bas, EU 1 mesurant 1,20 X 0,90, destinés à 4 l'enseignement secondaire. A Mobilier et Matériel d’ensei- LA Ssnement, Musée scolaire pour lecons de choses comprenant 700 échantillons en nature, 3,000 dessins coloriés. sique. RE Transport en grande vitesse de messageries, Primeurs, Fruits, Légumes, Fleurs, etc, entre P Londres. Trois départs par jour toute l’année. — Les expéditions remises À la gare St- Lazare P trains partant à 3 h. 40,4 h. 10 et 9 h. du soir, parviennent à Londres le lendemain à 8 h, 45, à 9 b. matin ou à midi 45. lu 5 £ = pl = D EN == ce = LIQUEUR HOR L’Antigastralgique Winckler = e Se È est le remède le plus efficace connu contre £. ES ps mA Kola, Coca et Glycérophosphate de Chaux les douleurs et crampes d'estomac, les = 5 Aliment réparateur, reconstituant du sys RU TONE ne De ren se = Q ï = as tème nerveux et du système osseux. ne a nr après le | = = Sn sue TD Souverain contre Albuminurie, Neurasthé- | Se prend à la dose de une ou deux cuil= a es | L ONE © nier ROspRAtUrIes ee naiss de | lerées à bouche, généralement un quart Du Sa = ne J 6 ne d’heure avant le repas ou au début des = ds O à En à ER Prix du flacon pour la France : 4 fr. 50 crises. — Prix : 3 fr. 5 | L 22 =) ” 5 © « | AWINCKLER, Pharmacien. tro M ie | WINCKLER, RS AR Moxrru (Sr re S ie Se. me EAU | RE m me Li PU Een Les H _—_— = a — ee - CHEMINS DE FER DE L'OUEST 9 © de ae) se = role D mio) Es PAR ROUEN, DIEPPE ET NEWHAVEN 8 & = d fn = VOIE LA PLUS ÉCONOMIQUE Mn © En ns À = = Double service quotidien à heures fixes (Dimanche compris) n = =) © s a F3 Départs de Paris (Saint-Lazare.[{0 h. » mat.|[9h. » soir London-Bridge 10h. » mat.[9 h. © = Fe En HA Départs de 1ondres ; = FE O as HA London-Bridge Th. » soir|7h.40 mat. Victoria. .|10h. » mat.|8 h. 50,8 ou les = Arrivées à Londres} \ } : : » | © S QC s © (sa) = (| share = d = = È = = M F1 SES Ÿ Ca 6 QUE © 2 " © œ = Mi © = Ge D Los k IL, à © O ue = A Mi pes) sn f)) \ Ce [sa] QUE À El — AE = © E A sk? isac|nan Ll 5 =: ol A CÉMETEÉ = À pa © © > œ 2 = £ d 2) se ne O SE Wz:z « :!- : no. Œ © 6 :2i P © mi E e, 2 e — £ Es LA, = Le Chez LES FILS D'EMILE D HISTOIRE NATURELLE -- ANATOMIE -- NICROGRAPHIE - a RË ZOOLOGIE, BOTANIQUE, GÉOLOGIE, MINÉRALOGIE MAISON ÉMILE DEYROLLE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES, SUCCESSEURS RUE DU BAC, USINE A VAPEUR A AUTEUIL, 9, RUE CHANEZ 46, Les Catalogues suivants sont adressés gratis et franco sur demande Instruments pour les des objets d'histoire naturelle et leur classement en collection. Pièces d’anatomie humaine et comparée, en matière élastique, staff et cire. Mammifères, prix à la pièce. Oiseaux, prix à la pièce. Reptiles et poissons, prix à la pièce. Coléoptères d’Europe, prix à la pièce. Coléoptères exotiques, prix à la pièce. Papillons d’Europe, prix à la pièce. Papillons exotiques, prix à la pièce. Coquuilles, prix à la pièce. Fossiles, prix à la pièce. Minéraux, prix à la pièce. Collections d'histoire natu- elle pour l’enseignement primaire, l'enseignement secondaire et l'ensei- gnement supérieur. MAISON ÉMILE DEYROLLE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES, SUCCESSEURS 4 46, RUE DU LIQUEUR HOR | Kola, Coca eb Glycérophosphate de Chaux Aliment réparateur, reconstituant du sys- tème nerveux et du système osseux. Souverain contre Albuminurie, Neurasthé- nie, PROPpRAtUES Névralgies, Maladies de È Poitrine, Faiblesse de l'organisme. Prix du-flacon pour la France : 4 fr. 50 Bi s WINCKLER, Pharmacien. sure Lu Paris. CHEMINS DE FER DE L'OUEST PARIS # LONDRES} PAR ROUEN, DIEPPE ET NEWHAVEN VOIE LA PLUS ÉCONOMIQUE Double service quotidien à heures fixes Départs de Paris (Saint-Lazare.l10 h. » mat.|9h. » soir|7h 40 mat. London-Bridge| 7 h. Victoria 4le7h2 Arrivées à Londres) » soir.71h.50 mat. PRIX DES BILLETS : Billets simples, valables pendant ‘7 jours 1re CLASSE 2e CLASSE 3€ CLASSE 43 % 251392 m »23 fr 05 SERVICE POSTAL. — Le service postal pour l'Angleterre (vià Dieppe-New haven) est assuré train partant de Paris-St-Lazare à 9 heures du soir. Les lettres déposées avant 8 h. 95 du soir au bureau de la rue d'Amsterdam et celles jetées & boites de la gare St-Lazare (salle des pas-perdus) avant8 h. 50 sont distribuées le lendemain matin à Transport en grande vitesse de messageries, Primeurs, Fruits, Légumes, Fleurs, etc., entre PB& Trois départs par jour toute l’année. — Les expéditions remises à la gare St- Lazare | po trains partant à 3 h. 40,4 h. 10 et 9 h. du soir, parviennent à Londres le lendemain à 8 h. 45, à 9h | matin ou à midi 45. Londres. recherches » soir FA ENNEMI à SM RAT PR PARIS Livres d'histoire naturelle. 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O CR PEN RE DS : Ru SNFSI4909 x @ «9 | SR ur snoyug 299 En En oo iue vs NON en Reno SN1T019 DS LH UD vitesse. uopAury SOPOr|Opæ qd 2 o3n | CRC ST RAS ee de re 19/1581 vrdorryueds (QE QD tree SsUoS0T | 1 ENS PS NAT AVAL MDN e1J9[Y 0 CANON ONE treus “eqiodng De : ŒT È RQ NE 107e408ç0 Suis | UNIS : PR Nbr De ULHO19S D CpUe IX | s TRS TR En Ut) 4 SIC Ne Donner = ÿ | «3 arurG 0 Sal Ce D, eeombféo ee de nes | Hesse . PORT ; à 0 RTL HONTE uoydoua(] C3 ne DAS Cr 0 0SSG O0 LED 0 ur auoqdistL nuire | 4 | UO1990% So ee UU09)4 € QU DS DL D vence ee apf À DR PA vi ‘0179 z OA RD RE se {SIT D en ee ofqry DUOXIPIS =. XUIydSopnoS : ETS SuUOEUT de x? Ru CO ci Oo . EH POS DIR su10984 - Re en nt ot send] DG Z D ‘rriture SUTJUEN () : : 0 RE Eee snjadef | ei UI99UL wo {jdn is b 294wd0)0x4 SINVISIS9N ee DO do te AR O Ne HO odoures CN RUE :'EJUIN9C IN ne Sn SR nr Ur e {ina | PROMO AD D RD OT & Re D RU ET AE vu € 6 | CONTES sny20 SET RS a ANUS ARR ELOUTIO NS snruoS0304q SnJUOW)9S9IU 4 SG } : ue RARE ne : | STIUUI21S HERO) EUTAT9H (oo Son | On EEE I LE LOI OS e oO à RME RTE ER NET E te | Er ee. ee uSSITI) UHO41A Se os | VJOUOydOrIŒ (CAO NNO RSR CES LR AE grd SDS a OCIJIOH SR ee CDD DS QD D 0 60 BUU919 J C y Ce YdO[v SULUOUT9T . Re Hs de É D Lo xéaoouy CE EL Se 40201 sdoaeu x SSL CSA EN A Re ses CG 6108 strensoy « à ou ue RE Net SR SE AE RAS SINI8 11) CÉÉRE NO EIOPOOUT, CGRQE à 0) 10 SNU20[AANA ; 7 os Hero ne) a oSre NO AS PA rue Si X À pa quu ÿ DAT RO dde De EUTeZ [iLde) € ZOO aurfo) RE "Snou do nn CLLUCRE OO QU or LL CHUN A | © + da Gi SE 00 D: Den SUP UNSs9y STACTD a03svuÂq (CA 1 20) ; fl IAE DRE tipo XIIJBSN99Y SAR SN ET RENAN = vanpedy w L'EAU | ne. > D e PART NT ee VOIUOZE UF CPS AIDOUrT 0 dUTAUT > SUR on eporqdidsy A dl eo de a i G è Re Le ; à : A DA ce HoeoËT | 011 6 GT a os souvydisdo . dE € A esou d'A à (ave ‘ DE RTE, SAPIIIUOV Snrodureu vapoeuuks : : *o ee Ne RS SOIIUOY vydiopy . « g ADO or S9PIOIUO}EJ9") CE NON NES .. susuoqd[y 2 ce GA RO RE NRC ELEE *SOPI9[04 CE CA JO CRE en be aI0F * z DE A0 Lou BOULE BU ARS Holy) < 0 Do) à END D 0 HAS BIQIXCUV @ QD srssrsrssssseeee. sdox y I ojouon (06 OEM St IH 1EpoY 06 & SR (HQE ee ee CAN[VS9N Me NA et es DO IONIQUE aunn CUT KO 2 SUIPI 0$ & LE SNSCOIT DEA NON ER UEERRE J2puBH9 4 BUMOTIICD BULAOLŒ RAR AT 09 MON ORNE ee nee nue] oo ru v1qn109 oÂuy « OA dou XAI LHMIN V TI | a ans na «no j RÉ CS Le A A EE AR AGE “vaa8e7 sG PA TON RCA OGM O1 0D8UO SrinmpAouy _. GI x Pquor Us RER A eee CUT CEA RS NAT ACER ee ou e RES ÈS UOI98) 03 L NO) eo me ou € 07 RS CA TER SNIPOUIEF] GO NO LE eIuoouYy rT BIUPSUP xXA 93 doxÂy SAMAL ao CId'E GL « “tte snimon Gp D “re... oxtd & : UHTOdS9H seuurir Re SIHVd ‘2 0. RES CR SEEN © Std 00 0 On Gp SH ATIOUAO JUN) LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, PARIS HISTOIRE NATURELLE DE LA, RANCE Cette collection comprendra vingt-six volumes, qui paraitront successivement et qui formeront une Histoire naturelle complète de la France. Nous donnons ci-après la nomenclature des diverses parties de l'ouvrage : 1re PARTIE. GORE 2,9 = 5e Eu Généralités. Mammifères. 360 pages et 143 figures dans le texte, br. 3 fr. 50, franco 3 fr. 95; cart. 4.95, franco 4.15: Oiseaux. 27 planches en cou- léur et 132 figures dans le texte, br. 5 fr. 50, franco 6 francs ; cart. 6.25;franco 6.75. Reptiles et Batraciens. b5 fi- œures daus le texte, br. 2 fr. franco 2 fr. 0; cart. 2.15, franco 3 francs. Poissons, Mollusques . Céphalopodes, Gastléropodes 24 fig. dans le texte, 19 planches, br. 4 francs, franco 4 fr. 40; cart. 4.7, franco 5.20. Moliusques. Bivalves. Tuni- ciers, Bryozoaires 15 fig. dans le texte, 18 planches, br. 4 fr., franco 4 fr. 40; cart. 4.75, franco 5.20, Coléoptères. 336 pages, 27 planches, br. 4 francs, franco 4 fr. 45; cart 4.75, franco 5.25 Oxrthoptères. Névroptères. Hyménoptères. Hémiptères. 206 pages et 9 planches, br. 3 francs, franco 3 fr. 35: Cart. 3.15, franco 4.15, Lépidoptères. 236 pages, 27 planches en couleur, br. 5 fr., franco, 15 fr.145; cart. 1015, franco 6.25. Diptères. Aptères. Arachnides. 16e 17e 18° 19e o © 12 2 NO 19 œ OT & SI ND © 5e Partie. Acariens, Crustacés, Myria- podes.18 planches, br. 3 fr.50, franco 31fr. 90; cart. 425, franco 4.10. Vers, avec 203 fig. dans le texte, br. 3.50; tranco 3.90; cart. 4.95, franco 4.15. Cæœlentérés. Echinodermes, Protozoaires, etc. avec 187 fig. dans le texte,br.3.50, franco 3.90: cart. 4.25, franco! 4.170. Plantes vasculaires (Nouvelle flore de “M. Bonnier et de Layens). 2145 fig., br. 4 fr. 50, franco 4m fr #90; cart. 5.95! franco 5.70. Mousses et Hépatiques (Nou- velle flore des Muscinées, par M. Douin). 1288 figures, br. 5 francs, franco 5 fr. 30; cart. 5.15, franco 6.25. Champignons (Nouvelle flore de MM: Costantin et Dufour), 3842 figures, br. 5 fr. 50, franco 5 fr. 90; cart. 6.25, franco 6.75. Lichens (Nouvelle flore de M. Boistel). 1178 figures; br. o fr. 50, franco 5.90; cart. 6.25, me franco 6 fr. 75. Algues. Géologie. Paléontologie. Minéralogie, avec 18 planches en couleurs; br. 5 fr.; franco 5.40; cart. 5.75, franco 6.20. Technologie (Application des Sciences nalurelles). 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Ces cartes seront délivré dès que l’homologation ministérielle aura été oblent ‘10 Carle d'abonnement de plage à plage. La Compagnie de l’Ouest délivre déjà de certaines! ses gâres, situées à 25 kilomètres au moins de stati balnéaires, des cartes d'abonnement mensuelles où mestrielles sur ces stalions et comportant 40 0/0 de duction sur les prix d’un abonnement ordinaire.M qu’elle fait ainsi dans le sens pour ainsi dire perpen culäire à la mer, elle va le faire dans le sens parallèle cet effet, elle fera délivrer sous peu,dans les mêmes @ ditions de prix et de durée (un mois ou trois mois), cartes d'abonnement parallèles permettant de circu entre deux stations balnéaires voisines, distantes d moins 25 kilomètres, et de s'arrêter aux gares interm diaires. Cette faculté d'arrêt sera également étendue & abonnements perpendiculaires de bains de mer di existants. Ÿ 20 Cartes d'abonnement d'accès à la mer el d'excursions. F. Pour les personnes voulant voyager autour du lieu residence qu'elles ont choisi ou entre les diverses tions balnéaires de la Bretagne, la Compagnie de l'Ou va faire délivrer, au départ de Paris, ou de toutes autr gares payant comme de Paris, des cartes d'abonnemk d’un nouveau type, participant à Ja fois des cartes pe pendiculaires et des cartes parallèles, dont il vient d’àl question; ces nouvelles cartes comporteront, en & outre le voyage aller et retour, avec arrêts faculta entre le point de départ et l'une des gares de la lis de Granville à Brest, ou voyage a'accès à la mer, le dr de circuler sur la ligne de Granville à Brest et sur divers embranchements de cette ligne conduisant à mer. à Le prix de l'abonnement. valable pour un mois, est 100 francs en 1re classe et 75 francs en 22 classe avec duction de moitié pour les enfants de 3 à T ans. + La durée de validité pourra être prolongée d'un mb ou deux moyennant le versement de 25 0/0 du prix il tial pour chaque mois de prolongalion.à la conditions la demande en soit faite avec l'expiration de la péril pour laquelle la prolongalion est demandée et sans" la durée totale de l’abonnement puisse dépasser 15 novembre, | LE CATALOGUE L INSTRUMENTS pour la recherche : et la récolte des objets D'HISTOIRE NATURELLE M sera adressé franco sur demand | g LES FILS D'ÉMILE DEYROLLEM 46, rue du Bac, Paris | PAR ME ENTRE VIENT DE PARAITRE Précis et de Dissections Par À. 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Dr Félix RecnaurTr. — Académie des Sciences. — Erratum. — Livre nouveau. — Chronique. — Table des Matières du treizième volume de la deuxième Série. a ABONNEMENT ANNUEL | + Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, 4 LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll“ DE CHAQUE MOIS LS Miprncect Algérie. 2... ... . 10 fr.» Tous RCS QUES) DANS RAIN TEE SM ENS | Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » BAR GUPALIMER CNE ENS CSSS SON 50 TS = Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. # Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux ae BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS M on ET 8 ee Chat CL ie LS Es > DEEE » l _ equenburo ju99 so] je sotseo ezumb so “ig FER ER 12948 ‘IN9119JX9 9[QNON ‘L ‘D EEE oN SITOII} Qÿ Se] J9 SJoiseo oxjenb SO] 994 ‘ANOII9IX9 9]JQNON ‘JL ‘9 0€ ON L Fe | ‘souesy 9P9 ion ea ejete ie hece ce sep ….. RARE ST PAS Hi) SOUCIT DO POÉSIE PES ne ES nee este HA C0 UN A As Care NUL - ! - fSILOAT] XIp op sJo1s89 ozuimb se] 2948 ‘An9119/X9 2[QNON ‘9 LEE N ‘SALOA1 Sa] SUBS s191S89 o47enb so] 2948 ‘An9H9x0 9[qnoN 9 06 oN “SUB OOG ‘‘°:°:: xud ‘siorseo so sues ‘{nos 1n91197X9 9[Qn9 ‘FFE oN ‘SaJ10d 2948 SIIOIJ-SOIPRO QY 2IQNON — ‘08 ‘SIA "SArO1t-S01p9 ET 9P S[QNON — ‘TG ‘SIA “INOPUOJOI 9p Sy‘ u0 : IN9S4R] 9p 8L‘m6 :ANOJNEU 2P 88‘ m6 : 2ANSOU SIOIM]-SO1PEI JUN DU JU99 9p a1qnou 2" *S91S9 599 jue{ojdwo ue 4941} 1nod uo,j onb oSejueae j sure q1o4 uo ‘satout ezumb op saorseo XNn9p SUP JI0S ‘SIIOI] XIP 9P SAIS SI01] SUP JI0S ‘SNUSJUOI 1j JuoAnod mb SATOIT}-S01p9 oju94} ‘ineney uo ‘o9Bues onbeuyo Suep pussdwos ajqnow 9) *mopuoyoad 9p ec{u0 ‘an9848] 9P Z£‘ mp : 1N9/N8U 9P CQ'ue : 21nS9U IMb ANn9119X9 9[qNOUI un suEp sIUN9YI 79 sosodiodns 39 sosodejxnf satoaty X1p 9p sioiseo oujenb puoadtwuoo ejqnour 2 SHIOUIL-SAHONQ 06 10 S118NU S11d0d JAAŸ SulO4IL-S14009 07 10 SA1a03U [4 : LY SIUVd ‘9g np on1 ‘97 ‘ATTOHAGG ATINXA SIM SAT SIUVd ‘84 np on ‘9Y ‘ATIOUAHG M'IINAO SIM SAT 97 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, PARIS Il STUIRE NATURELLE DE LA FRANCE 4re PARTIE. Généralités. Cette collection comprendra vingt-six volumes, qui paraîtront successivement et qui formeront une Histoire naturelle complète de la France. Nous donnons ci-après la nomenclature des diverses parties de l'ouvrage : | 15e PARTIE. Acariens, Crustacés, Myria- CHEMINS DE FER DE L’OUES{' VOYAGES A PRIX RÉDUITS Excursions À L'ÎLE DE JERSEY La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest fait délivrer, par ses gares de Paris (Saint-Lazare et Montparnasse), des Billets d’aller et retour pour l’Ile de Jersey. Ces Billets sont valables un mois (non compris le 9e Mammifères. 360 pages et | podes. 1f planches, br. 3 fr.50, our de la délivra ? 443 figures dans le texte, br. | franco £ he. 90; ‘cart, 4. 25, pe mois nou eE RE ché prolongés dun 3 fr. 50, franco 3 fr. 95; cart. franco 4.70. moyennant le paiement d’un supplé- Le D franco ce 162 — Vers, avec 203 fig. dans le texte, a de 10 0/0. . seaux. planches en cou- br. 3.50: 1 7. 90; t.4.95, eurs prix sont fixés comme suit : leur et 132 figures dans le Ro en 4° Par or (toute l’anné \ à. 1 :67f texte, br. 5 fr. 50, franco CAEN ER chi e), 1 classe : 67 fr. 80 f è 6.93.f 47 Cælentérés, Echinodermes, — 2° classe : 44 fr, 75 — 3e classge : 33 fr. 30. 6 francs; cart. 6.25:franco 6.75. Protozoaires, etc. avec 187 20 Par G ill 50 4e Reptiles et enacin 55 fi- fig. dans le texte,br.3.50, franco ar Granville et Saint-Malo (toute l’année), ee nee ete 3.90: cart. 4.25, franco 4.10. {re classe : 73 fr. 85 — 2° classe: 49 fr. 60 — He cart. 2.195, | ge pineraenies (Nonyele ; A ë 37 fr. 45. Avec excursion au Mont Saint- | 5e Poissons. Le À CNICRpeUNAer ichel, ou inversement. j ayens): 2145 fig., br. 4 fr. 50, 6e Holnanee SPpralpogs He le fr. 907 ot + 95? 30 Par Carteret et Gorey (1er mai au 31 octobre), asléropodes g- dans le franco 3.10, 17e classe : 63 fr. 15 — 2° classe : 44 fr. er texte, 19 planches, br. 4 francs, F 25 franco £0fr. 40; cart 4115, 19e — monsses et Nepadqnes (Nou- 3° classe : 29 fr. 85. : veille Hore es uscinées, par ( 1 0 ; AA M DOuin). 4288 Hors par on RQ ne sus octobre), | ciers, Bryozoaires 15 fig. dans 5 francs, franco 5 fr. 30; cart. classe : 65 fr. 45 — % classe : 44 fr. 50 — | le texte, 18 planches, br. 4 fr., 5.15, franco 6.25. 3° classe : 31 fr. 70 f LE 0e Fans ae Champignons (Nouvelle flore nn Se Malo (1° maiau31 D ieo A CRE en Are classe : 71 fr. 55 — 2e n : 49 2 || ge Coléoptères. 336 ages, 21 gures, Dr. fr ranco - CA 8 D liches. . pee a 5 fr. 90: cart. 6.23, France 6.75. 3° classe : : 35 fr. 65. Avec excursion au Mont Saint- |. à fr. 43: cart 4,15, franco 5.25 | 21° — Lichens (Nouvelle flore de Michel. Itinéraire : Carteret — Jersey — Saint-Malo 9e Orthoptères. Névroptères. de ie aie figures; br. — Mont Saint-Michel, ou inversement, 40° Hyménoptères. r ranco 5,90; cart. 6.25, c : due Héraipteres. 206 pages et 9 franco 6 fr. 15. un plus de 2 onu la Compagnie de | Flänches br. 3ttrancs, franco | 22% — Algues. j see a Dors affranchie, 3 fr. 35; cart. 3.15, franco 4.45, | 23° — éologie. adressée au Bureau de la Publicité, 20, rue de Rome Pennopeee … pages, ei =. = Ho RS à Paris, un Guide indiquant, pour toute la saison planches en couleur, br. 5 fr. Eee inéralogie, avec anches été 6 2 i franco, 5 fr. 45; cart. BUS. en ee br:65 Fe franco détés oo Le Cépant des bateaux faisant le service entre Granville, Saint-Malo et Carteret à l’Ile franco 6.25. 5.40; cart. 5.75, franco 6.20. Rora 543 : u3e Diptères, Aptéres. 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Es Seize volumes sont déjà parus. Nous indiquons ci-dessous ceux parus en carac- = © SE ui m tères gras; la plupart des autres sont en préparation. = (@) Ea : [æ) == a Nous donnons ci-après la nomenclature des diverses parties de l'ouvrage : + 1 « = 10 Lu GS. 4x Partie. Généralités. 15° PARTIE. Acariens, Crustacés My- (a: e)) E & LE PE [ar 9e = Mammifères. 360 pages et riapodes. 18 planches, br. = A © :°: 143 figures dans le texte, br. 3 fr. 50, franco 3 fr, 90: cart, LH (1) D M ea Q 3 fr. 50, franco 3 fr. 95; cart. 4.25, franco 4.70. ; A, ES © LE s— (as) 4.25, franco 4.15. 16° — Vers, avec 203 fig.dans le texte us) « 2 10 Li Fa 32 — Oiseaux. 27 planches en cou- | br.3.80:fr 3 90: ? (ui d À ; iranco 3,90; cart.4.25 5 nl = leur et 132 figures dans le franco 4.75. ET (@) == Fa = Fe texte, br #51fr:: 50; franco 17e re SEnve : ES =à per T2 TT - 6 francs; cart. 6.25; franco 6.15, : ne de la) (miens ee = = — & — Reptiles et Batraciens. 55 fi- Radars lee De à 0 fe = a S te E == Lo} gures dans letexte, br. 2 francs, 3.00 cart Pope Na = = © æ L=) = franco 2 fr. 50; cart. 2.15, | jg : 184529) franco 4:10" É— = = = s oo aire — Plantes vaseulaires (Nou- = ©, *O Li 30 me PSone ie veuc fiore de MM. Bonnier et A ES as da “< = 6° — Mollusques. Céphalopodes, de. Layens). 2145 figures, br. 7, @ A A @© Gasléropod 24 4 fr. 50, franco 4 fr. 90; cart. O à < podes. 24 fig. dans le 5 98 fr ee ; Lu FH © texte, 19 planches, br. 4 francs OO EE TU mm FA © (=) Des Re ù ? | 49° = Mousses etHépati s(Nou- . ÎJ franco 4fr. 40; cart. 4.15, fran- patiques(Nou > SA A = \ Û co 3.20. velle flore des Muscinées, par === © Ho) TE & 1° — Mollnsques. Bivalves. Tuni- D Douin). 1288 figures, br. () ES ; ciers, Bryozoaires. 15 fig. dans rancs, franco 5 fr. 30; cart. em) + = A 1 le texte, 18 planches, br. 4 5.15, franco 6.25. Es ? O = LI francs, franco 4 fr, 40; cart. | 20° — Champignons (Nouvelle flore 2) RE | 4.15, francoë.20. de MM. Costantin et Dufour), jen é > ea 8 — Coléoptères. 336 pages, 21 3822 figures, br. 5 fr. 50, franco to , _ : Se planches. br. 4 francs, franco |: 5 fr. 90; cart. 6.25, franco 6.75. ; > : 4 fr. 45; cart. 4.15, franco 5.25. | 21° — Lichens (Nouvelle flore de je Ti 4 9e — Orthoptères. Névroptères. M: Boistel). 1178 figures; br. RS A0 — Hyménoptères. ; 5 fr 50, franco 5.90; cart. 6.25. x ë 11° — Hémiptères. 206 pages et 9 .franco 6 fr.15. te ere planches, br. 3 francs, franco | 22° — Algues. | 2 ; 3 fr. 35; cart. 3.15, franco 4.15. | 23° — Géologie. REN FORCÉS 4 12 — Lépidoptères. 236 pages, 21 | 24 — Paléontologie. - : | de 100 X 135 à 3 travées: Gfr. à ; : planches en couleur. br.5 fr., | 25° — Minéralogie, avec 18 planches 1 de 130 X 135 à 4 travées: 7 fr. | PE : franco 5 fr, 45; cart. 5.15, fran- en couleur; br. 5 fr., franco | Paillassons sulfatés, le mètre 1 . no 6225: « de £ 0 cart. 5.15 franco 6.20. carré A0 “ 43° — Diptères, Aptères. P — echnologie (Application des k \ : 14 — Arachnides. Sciences naturelles). CATALOGUE FRANGO CHRMINS DE FER DE L'OUPST LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES, } VELeDU NU nn PARIS, A6. eh pra (Téléphone) : ï Afin de permettre aux voyageurs venant d'Angle- Usine à vapeur, 9, rue Chanez, à Auteuil terre et se rendant dans le sud de la France, en Suisse, en Italie, etc., de profiter des trains express } | » partant de Paris dans la matinée pour ces destina- 0 ; tions, les heures de départ des trains quittant S . Londres le soir seront avancées comme suit à partir È ; _ du ir janvier 1898 : 1 * Départ de Londres (Victoria-Station) 8 h. 50 du soir au lieu de 9 h. 45. _ Départ de Londres (London-Bridye station) 9 h. û à D ex Modèle adopté par la Sorbonne Dans le sens de Paris sur Londres, les heures de POUR LES ÆRAVAUX PRATIQUES départ de Paris-Saint-Lazare ne sont pas changées À à \4 et restent fixées : à 10 h. du matin et 9 h. du soir, à l'usage des Candidats au tous les jours et toute l’année, dimanches et fêtes ! compris. } | me CERTIFICAT D'ÉTUDES P. C. N. | 9 — AS # CONTENANT !: 4 Scalpel moyen droit. s 1 Pince de dissection à mors dentés. 1 Scalpel fin. 1 Pinceo rdinaire, | 2 Aiguilles droites montées. 1 Sonde cannelée, 1 Aïguille lancéolée montée. 1 Tranchoïr pliant. LA 1 1 Paire de ciseaux de 13 centimètres | Paquet d’épingles. | droits. Lames. | 1 Paire de ciseaux fins. Lamelles. j Le tout renfermé dans un portefeuille en gainerie avec fermoir à PRIX: ÊS FRANCS PARIS, — IMP, F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17, RSS PAR LE ÉS ner “LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ”. 46. RUE DU ) D, vue dharens "PARIS Usine à vapeur INS TRUIF IENTS POUR LA RECHERCHE DES OBJETS OIRE NATUI ET LEUR CLASSEMENT EN COLLECTION ZOOLOGIE — BOTANIQUE — GÉOLOGIE — MINÉRALOGIE RRRRPPTSe (£xtrait du Catalogue Sénéral qui sera adressé sratis et TL sur demande) Aquarium (fige 4) fond marbre ou ardoise. No 1"de 022050029552 0259500) — 2 de 0.45 K 0.30 X 0.30 — 30, » — 3 de 0.50 >< 0.32 x 0.32 — 36 » — 4 de 0.60 >< 0.30 << 0.32 — 42 » — 5 de 0.70 x 0.35 > 0.32 — 54% » = 6 de 1,25 x 0.60 >< 0.60 — 250 » Fig. À Boîtes à botanique (fig. 2 et &), courroie en toile pour la récolte des plantes. 22 centimètres de longueur 2 60 4» centimètres de longueur % 50 20 Fe # 3 » | 50 = = 5 95 35 — = 3 50 55 — — 5 7ù 40 = — LS) 60 — — 6 75 Boites à botanique avec Compartiment (fig. 3) à l'extrémité pour boîtes à insectes ou à cryptogames, 0 fr. 15 en plus. Courroies en cuir pour boîtes à botanique, en plus....,....., 2 » Fig. 2 : Fig. 3 Boîte carrée en fer blanc (fig. 4) avec fond liège, pour la chasse des insectes. Grand modèle, 24 c. X 11 c. Non vernie, courroie en toile Petit modèle, 17 c. x 12 c. % La méme avec courroïeen cuir 6 5 5 7 Non vernie, courroie en toile 2 50 9 | La même avec courroieencuir #4 50 0 | Vernie vert courroie en toile 3 50 0 | Lamémeaveccourroieen cuir à 50 Vernie vert courroie en toile Lamême avec courroie en cuir Fig. & Boîtes à épingles en acajou, pouvant contenir six grosseurs sans que les épingles puissent se mélanger, même en voyage (fig. 3). 1 15 Fig. 5 La même avec 500 épingles nickel assorties...........,2 2.0 25120 La même avec 500 épingles ordinaires assorties. .......,...... 2) 50 La même avec 1000 épingles nickel assorties... .,..,.....:.. 4 50 La même avec 1000 épingles ordinaires assorties. RE rene 3 25 Bouteille plate en verre pour la chasse aux insectes, modèle DÉDOSS era nan LAN Men MED SE RE Ute HAS DID La même, avec composition de plätre et de cyanure de potassium coulés dans le fond de la bouteille... AE AN ED 225 en fer-blanc, vernies, avec une Bouteille en verre à large goulot, avec tube en verre, pour la chasse aux insectes : petit modéle, 0 fr. 50; grand modèle. ..... » 1 Bouteille à cyanure, pour la chasse aux insectes, petit modèle. 1 25 grand modèle. 1 50 Cartons vour collections botaniques (fig. 6). Grand modèle mesurant 0.46 de long X 0.30 cent. de large. N° 1 Pouvant contenir environ 200 plantes avec dos en toile JOSDIDB CON 2er Le Dur EE ee RES Chut Ce NN ne 2 25 No 2 Pouvant contenir environ 500 plantes avec dos en toile den: LONCENUNS Semi LL ES ne RE ES Te Saaison ALTO Petit modèle mesurant 0.33 de long x 0.25 de large. No 3 Pouvant contenir environ 100 plantes avec dos en toile DONDA DD CONTE a ent al R ed SRE RE Pre eu PIRE A OU 1 50 Nc-4 Pouvant contenir environ 200 “plantes avec dos en toile de 0.08 cent. ae: Lu Fig. G Cartons à insectes, liégés, recouverts en papier maroquin grenat, avec filets verts . Cartons liégés à gorge simple (fabrication ordinaire). Pelil format, 26 cent sur 19 1/2 et 6 de haut, à charnière. N° 1 bis Dessus an Couvercielen Caron ete tea ADD »'A2IDISADESSUSIduiCoUTer cle vAIER MEET REIN 1 85 Grand format, 39 cent. sur 26 et 6 de haut. No 3 bis Couvercle sans charnière, dessus en carton........... 2 » » 4 bis = __ VAT LOT ral) » 5 bis Couvercle-avec charniére, dessus en carton....:...... 2 25 » 6 bis — ee sa A EN) PARA a ee LRU 2 50 Cartons liégés à gorge simple, de fabrication soignée. Pelit format, 26 cent. sur 19 1/2 et 6 de haut, couvercle à charnière. No 1. Dessus du couvercle en carton... .. DRE OR A ER Are GET 2 » D'HPMDessusdu couverclenvitre eee AMC PR 0220 Grand format, 39 cent. sur 26 et 6 de haut. No 3. Couvercle sans chafnière, dessus en carton........-. FER » 4, — = VUDPÉ ASS MR AND TNT 3 50 » 5. Couvercle avec charniére, dessus en carton.............. 20 » 6 — — NA UN Me 28 a PE NES J10 Cartons liégés, fermeture à double gorge (fabricationtrès soignée). Petit format de 26 cent. sur 19 1/2 et 6 de haut, couvercle à charnière. No 7. Dessus de couvercle en carton........... AR PT AT An en D RDD » 8. Dessus de couvercle vitrée... , LCL Ln.er. ns tt ee MAD () Grand format, 3» cent. sur 26 et 6 de haut No 9, Couvercle sans charnière, dessus en carton......... .... 323 » 40. — — VITE Rep A NE ST PÉNALES 3 75 » 11. 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