por + Lx ca * : ; Ê LA ROC N RON e es FES PRES Te RE op rt CM Cesar. ee ER TRS METRE DS 3 ol AN mi LE NATURALISTE REVUE ILLUSTRÉE DES SCIENCES NATURELLES PRRRPREPE PERS LL SS SSSR IS SL E PSS PSS S PPS PP PR 1900 AVEC LA COLLABORATION DE MM. ALLARD, membre de la Société entomologique de France. KŒTLER (D'), professeur à la Faculté des sciences de Lyon ANCEY, membre de la Société malacologique de France. LAHILLE, docteur ès sciences. AUSTAUT, membre de la Société entomologique de France. LARBALETRIER, professeur d'agriculture. BATAILLON, préparateur à ia Faculté des sciences de Lyon. LATASTE (F.), ex-s.-directeur du musée de Sañtiago (Chili). LOCOURT, ex-conservateur des galeries de zoologie du Muséum de Paris. LECOMTE (H.), agrégé de l'Université, BOIS, assistant de Culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris. BONNET (D'), attaché au laboratoire de Botanique du Muséum de Paris. BONNIER (Gaston), professeur à la Sorbonne. BOURSAULT, géologue BOULE, assistant de Géologie au Muséum de Paris. BOUVIER, professeur au Muséum de Paris. CHAUVEACD, agrégé de l'Université. LÉVEILLÉ (H.), ex-professeur au collège colonial de Pondichéry. MAGAUD D'AUBUSSON, membre de la Société zoologique de Franco. MALART, directeur du laboratoire maritime de St-Vaast. MALIN VAUD, secrétaire général de la Société botanique de France. MALLOIZEL, secrétaire bibliothécaire au Muséum de Paris. MASSAT, attaché au Muséum. CHRÉTIEN, membre de la Société entomolosique de France. MÉNÉGAUX, agrégé de l'Université. COMBES (Paul), explorateur, MEUNIER (Stanislas), professeur de Géologie au Muséum de Paris. COLOMB, préparateur de Botanique à la Sorbonne. MOCQUARD (F,), assistant de Zoologie au Muséum de Paris. COSMOVICI (D'), de Jassy. NOEL Dr (Paul), du laboratoire d'entomslogie de Rouen. COSTANTIN, maitre de conférences à l'Ecole normale supérieure. OUSTALET, assistant de Zoologie au Muséum de Paris. COUPIN, préparateur à la Sorbonne, PATOUILLARD, membre de la Société botanique de France. CUÉNOT, docteur ès sciences, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, PIZON (A.), professeur au lycée Janson, Paris. DAGUILLON, maitre de conférences à la faculté des sciences de Paris. PLANET, membre de la Société entomologique de France. DANGEARD, maitre de conférences à la Faculté de Poitiers. PLATEAU, professeur à l'Université de Gand. DEBRAY, professeur à l'École supérieure des Sciences d'Alger. POUJADE, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. DANIEL (L.), docteur ès-sciences. POUSSARGUES (E. de), préparateur au Muséum d'histoire naturelle de Pari DISSARD (A.), docteur ès-sciences. PRIEM, agrégé de l'Université, DENIKER, bibliothécaire du Muséum de Paris. RABAUD (Et.), licencié ès sciences naturelles. DUFOUR, docteur ès sciences. RAILLIET, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, FABRE-DOMERGUL, directeur du laboratoire de Concarneau. REGNAULT, docteur en médecine. GADEAU DE KERVILLE, membre de la Société zoologique de France, RENAULT, du Muséum, GAUBERT, préparateur au Muséum. ROUY , ancien vice-président de la Société botanique de France. GIARD, chargé de cours à la Sorbonne. SANTINI (Em.), professeur de sciences. GIROD (Dr Paul), professeur à la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand. SAUVINET, assistant de Zoologie au Muséum de Paris. GLANGEAUD, attaché au Collège de France, SAINT-LOUP (Remy), maitre de conférences à l'Ecole des Hautes Etudes. GOUX, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. SCHAECK (F. de), attaché au Muséum d'histoire naturelle de Paris. GRANGER (A.), membre de la Société linnéenne de Bordeaux. SPALIKOWSKI, de Rouen. GRUVEL, chef de travaux à la Faculté des sciences de Bordeaux. TROUESSART (D'), ex-directeur du Muséum d'histoire naturelle d'Angers. HARIO'T, attaché au Muséum d'histoire naturelle de Paris. VAILLANT, profssseur au Muséum de Paris. HECKEL (D° Ed.), professeur à la Faculté des sciences de Marseille. XAMBEU (Cap°.), membre de la Société entomologique de France. HOULBERT, Docteur ès sciences. ETC ETC: JOUSSEAUME (D'), ex-président de la Société zoologique de France. TES NS A jiN EAU Ur À Le NN 77 24e , a PARAISSANT LE 1° ET LE 15 DE CHAQUE MOIS PAUL GROULT, Secréraire DE LA RÉDAGTION re (USE me 22° Année 14° Année de la 2 Série ABONNEMENT ANNUEL PA CO Re ie nie CRAN one de Pari Lee at mA on 10 fr, » AGÉTIG RUE RS RUE ENT RNA qe Te Re D 10 » Paysicompristdans mionspostale er RARE nr nr 11 Ù HOUSE SÉQULEOS DAV TA med M MAL M ns à à dalle sel mate 12 » PARIS LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS 46, RUE Du BAC, 46 1900 \o y) 29e ANNÉE 2 SÉRIE — R° 308 1 JANVIER 1900 LE NATURALISTE REVUE ILLUSTRÉE PES SCIENCES SABLIÈRE DE LA BEUVRIÈRE PRÈS DE BÉTHUNE Le tertiaire inférieur et spécialement de Landénien des géologues belges, forme par ses affleurements, une large zone de passage entre les régions crétacées de la Picardie ou del’Artois et les plaines d’alluvions des Flandres.Ce NATURELLES les collines qui entourent en partie la ville. À lest et au sud, à Beuvry, Verquin et Vaudricourt, on exploite et surtout on a exploité de toute antiquité, non seulement le sable, mais principalement les grès tabulaires subor- donnés. Tous les anciens monuments de Béthune sont cons- truits en grès; le curieux beffroi du x1ve siècle en est un bel exemple. Vue d'ensemble de la Sablière de la Beuvrière. terrain imprime aux pays qu'il intéresse, des caractères spéciaux non seulement au point de vue topographique, mais aussi à celui de la culture. Entre la craie et l'argile de Flandre, on peut dire que toutes les couches sont sableuses, sauf quelques accidents gréseux, argileux ou ligniteux, observables en quelques points et toujours sur une petite échelle. Le Landénien supérieur en particulier, qui correspond à l’argile plastique du bassin de Paris, est dans le Nord, presque exclusivement sableux, à l'inverse d’ailleurs de la puissante assise de l'argile de Flandre qui la recouvre et qui est l'équivalent des sables du Soissonnais. Les environs de Béthune se prêtent admirablement à l'étude des diverses formations tertiaires inférieures. Les sables landéniens sont exploités sur les flancs de toutes Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. Les grès, devenus assez rares par suite de cette exploi- tation ancienne et active, ne sont plus guère extraits qu'à Beuvry dans une carrière peu importante, mais très remarquable par l'abondance des végétaux fossiles qu'on trouve précisément dans les grès. Quant au sable, il est principalement exploité à lu Beuvrière, dans la carrière de M. Danaes; cette sablière est la plus belle non seulement de la région, mais très probablement aussi, de tout le nord de la France. Elle est Située à l'extrémité nord d’un promontoire tertiaire dirigé du $. O. au N. E. et formant une sorte de digi- tation transversale aux collines de l’Artois, entre les val- lées de la Lawe et de la Clarence. Ce promontoire, d’une longueur de 5 kilomètres et d'une largeur moyenne de 2 kilomètres, a sa ligne de 6 LE NATURALISTE crête légèrement inclinée vers les Flandres en passant de 100 mètres à 90 mètres d'altitude. Si on se dirige du sud- ouest vers l'extrémité, on rencontre successivement en affleurements, la craie à Micraster cor testudinariwm, les sables et tuffeaux glauconieux du Landénien inférieur, les sables glauconieux et quartzeux du.Landénien supé- rieur et enfin l'argile de Flandre; tels sont les divers ter- rains figurés sur la carte géologique; mais l’épais man- teau de limons qui recouvre la colline masque en partie les affleurements et en outre les formations tertiaires désignées sont loin de se présenter toutes ici avec leurs caractères propres; le Landénien inférieur est peu déve- loppé, et l’argile de Flandre est extrêmement réduite et même les couches attribuées à cet étage sont presque partout remaniées. Tout l'intérêt est concentré sur la formation moyenne : les sables du Landénien supérieur, à cause de leur puis- sance et de l'exploitation qui en résulte. L'examen de cette carrière doit commencer par une vue d'ensemble en se plaçant à l'extrémité méridionale, du côté le plus élevé par conséquent. La figure ci-jointe, faite d'après une photographie prise de ce point, montre non seulement la puissance des couches et l'étendue du front de carrière (près de 400 mètres), mais encore la situation générale de ce promontoire qui forme éperon à l'origine des Flandres. Le panorama, sans être des plus beaux parmi ceux qu'on peut considérer le long de la crête de l’Artois, est ici cependant plein d’ensei- gnements. La grande plaine, sensiblement horizontale, présente de place en place quelques monticules de même constitution géologique que celle dont nous nous occupons ici, et on peut même apercevoir à 25 kilomètres au nord le mont Noir et le mont des Cats, dont les sommetsqui atteignent respectivement 131 et 158 mètres d'altitude (cotes remarquables pour les Flamands) sont constitués par les couches inférieures du Pliocène. Enfin, les cheminées et pylônes des puits de mines sont là pour rappeler le con- traste qui existe entre la régularité des couches supé- rieures, secondaires, tertiaires et quaternaires (morts terrains des mineurs), et les remarquables accidents stra- tigraphiques qui ont tant compliqué l'étude des terrains primaires sous-jacents ainsi que l'exploitation de la houille. La coupe détaillée de la carrière donne de haut en bas : Lerre delDrUVere. eee ete Ce 0 m. 30 Argile panachée avec silez:..…......... 1 m. 50 Limon sableux et argileux jaunâtre. ....... 4 m. 50 Sable quartzeux blanc assez pur............ 5 m. 00 Sable: plauconieux grossier... 46e "Lee 6 m. 00 Sable slauconteux fin. 5.070 mar 4 m,. 00 On peut remarquera l'absence complète du grès. La terre végétale, quartzeuse, riche en matières orga- niques végétales à la plus grande analogie avec la terre de bruyère que l’on rencontre à la surface de presque tous les terrains sableux et en particulier sur les sables de Fontainebleau. On y trouve, en outre, une grande quantité de petits silex brisés et surtout éclatés, généra- lement plats avec patine très blanche; quelques-uns même sont entièrement transformés en cacholong. L’argile panachée est foncée, rougeûtre ou grise avec veinules blanches dans les parties suffisamment voisines du sol pour que la réduction des sels de fer ait pu être effectuée par les racines. Les silex, un peu plus volu- mineux que ceux de la terre végétale sont un peu brisés, mais à peine usés par le frottement, et ressemblent beau- coup à ceux de l'argile à silex. La couche de limon qui vient immédiatement sous l'argile en est nettement séparée, sans ondulations ni pénétrations en poches; ce limon est plutôt sableux, mais contient juste assez d'argile pour lui donner une forte cohésion. Les sables commencent enfin au-dessous. Uniquement quartzeux et blancs à la partie supérieure, ils se chargent de plus en plus de glauconie en descendant. M. Gosseiet a fait remarquer (1) que la grosseur des éléments de ce sable va en diminuant vers la base et que le fond pré- sente une régularité de dépôt qui contraste avec l’allure plus tourmentée et les entrecroisements de lits des par- ties supérieures. La teneur en glauconie décroit propor- tionnellement à l'augmentation de la dimension des graines de quartz. Ce qui frappe à première vue, quand on observe l’en- semble de la coupe, ce sont les très nombreuses zones foncées qui s'alignent avec une remarquable régularité sur toute l'étendue de la carrière; ces ligues, parfai- tement droites et horizontales, sont indépendantes de la stratification dont elles recoupent les parties inclinées ou entrecroisées. Elles sont naturellement dues aux phéno- mènes bien connus d'oxydation des parties glauconieuses et sont postérieures au dépôt du sable, Il est probable que ces modifications chimiques si régulières ont pour origine la circuiation souterraine des eaux dans les sables, depuis leur émersion. : Les zones indiquent évidemment les positions succes- sivement occupées par la surface d’une nappe souterraine subissant des fluctuations du niveau, d’abord suivant les saisons eten outre à la suite des mouvements géologiques lents; dans le cas présent il s’agit sans aucun doute de soulèvements. Tout phénomène qui se manifeste par une trace hori- zontale doit, en effet, être attribué à l’eau tranquille, comme l’est toujours celle d’une nappe circulant dans un milieu aussi homogène que les sables de cette région. Les sables de la Beuvrière appartiennent sur toute la hauteur exploitée au Landénien supérieur et corres- pondent exactement aux sables d’Ostricourt des environs de Douai. Quant aux couches supérieures : limon, argile pana- chée et silex, il paraît assez difficile de leur assigner un âge précis; les fossiles y manquent totalement, on ne peut raisonner que d’après les éléments minéralogiques, qui proviennent de la craie du Landénien et de l'argile de Flandre, Les caractères propres font défaut à ces ter rains qui semblent plutôt être le produit de la dénuda- tion et de la destruction lente sur place, ou tout au plus à la suite d’un faible remaniements des formations préci- tées, qui toutes existent ou plutôt ont existé à une alti- tude supérieure vers la crête de l’Artois. Ces destructions et par suite la formation des couches de limon et d'argile du sommet du promontoire de la Beuvrière peuvent avoir leur origine immédiatement après le tertiaire moyen, et se sont naturellement continuées sans inter- ruption depuis l’émersion définitive des roches inté- ressées. (1) Annales de la Société Géologique du Nord, t. XXVU, j page 116. ‘ LE NATURALISTE ; Les sables de la Beuvrière, dont l’active exploitation est faite par trains complets, c’est-à-dire par certaines tonnes, sont utilisés dans le nord à des usages très variés suivant la grosseur et la composition des éléments. Le sable blanc supérieur est naturellement le plus pré- cieux, il peut être utilisé pour la verrerie grossiere, mais il est surtout employé en grand pour sabler les salles basses des habitations et lieux publics; sous Île nom de grès, il sert de poudre à nettoyer dans les ménages flamands. Une carrière de cette importance est nécessaire dans ce pays où on a l’habitude de tout frotter. Les sables verts sont employés pour la construc- tion, pour le pavage ou pour le moulage des briques. On peut remarquer sur la figure combien les parois de la carrière sont maintenues verticales, par suite de la cohésion du sable. Cette propriété peut tenir à la présence d’une très faible proportion d'argile ou à la forme des éléments quartzeux ou glauconieux restant adhérents, grâce à l'humidité qui est maintenue par capillarité dans ces interstices. Cette cohésion des sables facilite beau- coup l'exploitation, mais offre souvent une fausse sécu- rité; on prend trop l’habitude d'exploiter par tranches verticales et il arrive quelquefois des glissements qui peuvent amener des catastrophes. Henri BOURSAULT. LES ‘ SAUVAGES” DE NORMANDIE Quand j'écris sauvages, je n’exagère nullement, croyez- le bien, et pour, vous le prouver, laissez-moi vous révéler les mœurs et habitudes de ces arriérés qui n'ont pu être touchés sans doute des beautés de la civilisation, C'est au cours de mes voyages anthropologiques en Normandie, que j'ai pris contact avec eux. Déjà mon collègue et ami M. Ziborowski avait le pre- mier signalé sur les confins de l’Eure-et-Loir les popula- tions cavernicoles d'Ezy. Je les ai étudiées moi-même, et je puis affirmer que tout ce qu’en a dit M. Ziborowski est rigoureusement exact. Mais en dehors des caves d'Ezy, il y a également les familles qui vivent à l’état sauvage, et cela aux portes de Rouen dans les grottes d’Orival, et dans les misérables maisons de Saint-Jacques-sur-Darnétal. À Orival il est vrai, il s’agit surtout d'ouvriers sans travail, mais à côté d'eux se trouvent de véritables tro- glodytes, se nourrissant de racines, de mets grossiers, et ne voulant pour rien au monde abandonner leur triste situation. Mais ceci n'est rien encore comparativement à ce qu'il m'a été permi d'apprendre ou de voir ailleurs. Je veux parler de la sauvagerie intime, c'est-à-dire de celle qui ne s'affiche pas comme à Ezy ou à Orival, et qui ne se révèle qu'aux rares observateurs servis par une véritable occasion Les sauvages de cette catégorie ne sortent JAMAIS de chez eux. Ils sont toujours nombreux, vivant dans la plus effrayante promiscuité, complètement nus, jamais lavés, couchant sur des feuilles mortes ou sur des brins de genêt, sans un meuble, sans un ustensille de cuisine, mangeant le pain que des voisins charitables leur appor- tent. à Leurs maisons sont des huttes abandonnées, à moitié ruinées qu'ils utilisent du mieux qu'ils peuvent, répa- rant les dégâts (le la couverture avec de la'paille ou des branches de sapin couvertes de boue. L'un des membres de la colonie est chargé d'aller aux provisions ; c'est le plus souvent un enfant qu’on affuble d’une chemise pour sortir et qu'on lui enlève quand il rentre. A Saint-Jacques, les membres de la colonie ont recu de certaines gens le nom de Canaques ! L'expression est pittoresque et juste en même temps. Près de Rouen, dans les terrains vagues qui avoisi- nent la ville, et principalement sur le territoire de la commune du Petit-Quevilly, existe un campement d'un autre genre. Les maisons sont d'anciennes roulottes de saltimbanques dont les brèches sont bouchées avec des plaques de fer-blanc, des planches, de la paille, des car- tons ramassés dans les environs. C’est la misère sous toutes ses formes, mais la misère voulue : ici l'intérêt réside en ce que tous les types humains de la création se sont donné là rendez-vous. On y voit en effet des Bohémiens pur sang, des Bretons, des Lazzaroni, des Belges, des Andalouses, des Gascons, peu de Normands, et chaque être qui se montre à son facies spécial el caractéristique, Evidemment ce serait fort intéressant pour l’anthro- pologiste de pénétrer dans ces bouges, mais la plus grande circonspection est de rigueur, et c'est le revolver en poche qu'il faudrait s’y décider. De loin, cependant, on peut voir des enfants comple- tement nus, des femmes dans le même appareil. Quant aux hommes chargés de la surveillance du camp, ils se contentent soit d’une pouche, soit d'un châle roulé autour des cuisses, ou d’un pantalon en loques. Ce sont les suobs seuls qui se paient le luxe de ce dernier accoutre- ment. Pour être complet, je dois encore mentionner les sau- vages roulants. Ceux-ci ne sont pas les moins curieux ; figurez-vous des gens qui pendant 10, 15 ou 20 ans peut- être ne sortent de leur roulotte que la nuit « quand tous les chats sont gris » et qui se prêtent leurs habits quand il leur faut absolument paraitre le jour. Je possède l’histoire de deux de ces familles qu’il serait trop long de dérouler ici, mais dont je citerai seu- lement certains épisodes, L'une de ces colonies comprenait deux hommes, dont l’un était vannier, la femme ne se montrait que le soir. Deux fillettes naquirent. Quand elles eurent trois ans, leur père les viola sans plus de facon. Transportées toutes deux à l’hospice général de Rouen dans un lamentable état, elles se rétablirent pourtant assez vite. Une enquête fut ouverte, le père était filé avec son complice et la femme. Voilà quelles sont les mœurs de certaines gens dans la province la plus proche de Paris, Il serait pourtant grand temps que la sauvagerie füt complètement éteinte, mais il est d'autant plus difficile de la faire disparaitre, que les sauvages en question se dérobent très facilement aux investigations des importuns. Dr Ed. SPALIKOWSKI, 9 LE NATURALISTE MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DU BRACHYDERES LUSITANICUS Fab. COLÉOPTÈRE DE LA FAMILLE DES RHYNCOPHORES Au printemps, lorsque les femelles du B. lusitanicus se sont accouplées, l'abdomen de certaines d’entre elles est, peu de temps après, farci de vers de Diptéres, lesquels envahissent les intestins ainsi que l'ovaire; ces femelles sont lentes dans leur marche, quelquefois mutilées, sou- vent couchées sur leurs flancs ou sur leur dos, la région abdominale de chacune d'elles est infestée d’une vinge- taine de vers dont nous donnons la description sommaire à laquelle nous ajoutons celle de la pupe : Ver, longueur 2 millimètres, largeur 0 mill. 8. Corps arrondi, légèrement arqué, jaunâtre, granuleux, convexe, atténué vers les extrémités. Téte petite, arrondie, pièces buccales réduites, le pre- mier segment thoracique très développé, les suivants courts, transverses, ainsi que les segments abdominaux dont le dernier est arrondi. Arrivés à leur complet développement, ces vers quittent le corps qui leur à donné la vie, se fixent sous un objet quelconque, puis se transforment en pupe. Pupe. Longeur 3 millimètres; largeur { millimètre. Corps suhnaviculaire, jaunâtre, convexe, lisse et lui- sant atténué vers les extrémités; les flancs élargis en forme de lame; dessous lisse, finement pointillé, seg- ment mal prolongé par deux courtes pointes; pupe inerte dont la phase nymphale a une durée de 15 à 20 jours. Lorsque les femelles du B. lusitanicus ne sont pas contaminées par les vers parasites, leur ovaire est gorgé d’un grand nombre d'œufs, une centaine environ, que la mère pond sous les pierres ou dans le sol, par groupes de dix à douze et toujours à proximité des pins; dans ce milieu sont de jeunes racines que la larve rongera pour s’en nourrir. OŒEuf. Longueur, 0 mill. 6 ; diamètre, O0 mill. 2. Oblong, jaunâtre pâle, finement réticulé, àbouts arron- dis. Œufs très petits, eu égard à la taille de la mère, mais pondus en très grand nombre et dont l’éclosion a lieu dix à douze jours après leur dépôt en terre. Tant qu’elles sont jeunes. les larves, sans être réunies, ne s’écartent pas; même au moment de leur plus grande expansion, lors de leur transformation, il n’est pas rare d'en trouver des groupes de trois à quatre. Larve. Longueur, 12 millimètres; largeur, 3 milli- mètres. Corps apode, arqué, mou, charnu, blanc jaunâtre, avec cils et spinules, clairsemés sur la surface, convexe en dessus, subdéprimé en dessous, arrondi vers les deux extrémités. Téle petite, arrondie, rougeâtre, épistome flavescent, bifovéolé, labre frangé de longues spinules rougeàtres ; mandibules fortes à extrémité noire et bidentée, lobe maxillaire court à bords pectinés, palpes biarticulés, lèvre inférieure charnue, avec trait rougeâtre crucial, prolongée par deux palpes bi-articulés, et par une courte languette garnie de quatre spinules noires; antennes très courtes de deux articles; pas de traces d’ocelles, Segments thoraciques au nombre de trois, convexes, blanchïtres, couverts de cils et de spinules, un peu plus larges que la tête, le premier avec plaque cornée jaunâtre, Segments abdominaux larges, transversalement incisés, les sept premiers formés de trois bourrelets, le huitième avec plaque jaunâtre, le neuvième, réduit à extrémité cornée et tronquée : une double rangée de mamelons latéraux longe les flancs de ces segments. Stigmates petits, orbiculaires, à péritrème corné, Dans les bois de pins des environs de Ria, cette larve, bien reconnaissable àses plaques cornées et calleuses, mène une existence souterraine : elle vit des racines du pin; à l’entrée de l'hiver, elle prend position au fond de son réduit et y passe la mauvaise saison; au printemps, elle redouble d'activité et, quand arrive juin, parvenue à son complet développement, elle se faconne dans le sol même une loge dont elle lisse les parois et s’y trans- forme. Nymphe. Longueur, 9 millimètres ; largeur, 3 milli- metres. Corps en ovale allongé, un peu arqué, charnu, blanc Jaunâtre, convexe, couvert de petites spinules, arrondi vers les deux extrémités. Dans sa loge, la nymphe repose sur la région dorsale, elle peut imprimer à son corps de légers mouvements dé- fensifs ; la phase nymphale a une durée d’un mois environ. Adulte, Ses téguments affermis, l’insecte, arrivé à l’état de perfection, sort de son réduit et d'un pas lent et comme compassé, il gagne l'arbre le plus rapproché et s'y installe Jusqu'au moment de l’accouplement, puis le mâle meurt et la femelle procède au dépôt de sa ponte dans les conditions déjà décrites. Cette espèce est à comprendre parmi les insectes nui- sibles à la sylviculture. CAP. XAMBEU. LES ANIMAUX AU THÉATRE Aimez-vous les animaux? On en met aujourd'hui dans toutes les pièces L'habitude en remonte d’ailleurs assez loin. Louis XIV, pendant sa minorité, s'ennuyait mortellement, — il s’est rattrapé plus tard. — Sa mère, ne sachant comment l’amuser, eùt un Jour l’idée de faire représenter devant lui Andromède, tragédie où la machinerie joue un certain rôle. Le « clou » de la pièce était le fameux cheval Pégase qui, pour s’accorder avec la mythologie, devait évoluer dans l'air avec la grâce d’un oiseau, L’infortuné quadru- pède s’acquitta à merveille de son rôle et ce fut vraiment un spectacle nouveau que de le voir gigoter, les quatre pieds ballants, et exécuter ses mouvements juste au moment voulu. Il cs! vrai que le directeur de la scène avait trouvé un moyen ingénieux pour exciter la verve, — si l'on peut s'exprimer ainsi, — de l'animal : il l’affa- mait par un jeûne prolongé et, au moment où il parais- LE NATURALISTE 9 sait sur le théâtre, un machiniste vannait de l’avoine dans la coulisse. Je vous laisse à penser comme le cheval hennissait et se cabrait, à la grande joie des spectateurs qui n'en connaissaient pas la cause, Le succès de Pégase fut très grand et, depuis, tous les librettistes ont cherché à introduire des animaux dans leurs pièces, assurés qu'il sont de plaire ainsi au public, autant les tout petits que les personnes âgées, — ces grands enfants. Pendant longtemps, les animaux introduits sur la scène ne furent que des bêtes, en quelque sortes banales, et, en tout cas, familières, comme des chiens, des chats, des ânes, etc, Mais ces mœurs furent bouleversées, vers 1880, par Jules Verne et Dennery avec leur fameuse pièce Le Tour du Monde en 80 jours. Je me souviens qu’à cette époque, — j'étais jeune alors — je brülais d'envie d'y assister, non pour voir des sauvages, ni un train arrêté, ni les fourberies de je ne sais quel traitre, ni les aventures fantastiques de Passepartout, toutes choses dont cependant on disait merveille. Non, ce qui me séduisait, — comme tout le monde d’ailleurs, — c'était l'éléphant. Pensez donc, un éléphant «en viande » sur la scène! Avait-on idée de ca! J'avais déjà vu beaucoup d’éléphants au Jardin d’Acclimatation et au Jardin des Plantes, et l'animal en lui-même ne m'intéressait plus. Non, c'était tout simplement de le voir sur la scène avec des acteurs, Et voilà comment on intéresse le public ! Le succès de l'éléphant fut d’ailleurs si prodigieux qu'on le fit assister au souper de centième, au Grand-Hôtel, où il reçut dignement les congratulations de tous ses cama- rades dont quelques-uns, gageons-le, étaient jaloux, Depuis Le Tour du Monde, les animaux exotiques ont été de plus en plus utilisés et je crois bien que l’on pour- rait presque faire tout un cours de zoologie, rien qu'en faisant défiler devant les yeux des élèves, toutes les bêtes qui ont paru sur scène, Et, le succès aidant, on en est venu, tant ce qui touche aux bêtes au théâtre intéresse le public, à donner leurs noms aux pièces elles-mêmes, soit que ces noms se rapportent aux animaux eux-mêmes, soit qu'ils ne s'y rattachent qu'indirectement. Ainsi : Le Crocodile, la Cigale et la Fourmi, le Tigre du Bengale, le Tigre de la rue Tronchet, l'Oiseau bleu, le Renurd bleu, le Phoque, le Loup et l’Agneau, lOie du Caire, le Lézard, le Dindon, la Tortue, l’Orang-Outang et enfin Shakspeare! qui n’est autre que le nom d'un chien, le clou de la pièce actuellement jouée aux Bouffes. De tous les animaux employés pour la scène, les plus nombreux sont naturellement les chiens dont le dressage est facile, Il est rare qu’une pièce qui se respecte en soit dépourvue. En ce moment même, on peut en voir un intéressant représentant, Toby, dans Robinson Crusoë. Ce Toby, dont le rôle principal consiste à porter les légumes du pot-au-feu que doit préparer Vendredi, a une physio- nomie très intelligente : on a pu la voir, au dernier Salon, reproduite dans un charmant tableau de Weisser. Il est, de plus, de haute lignée, tous ses ancêtres ayant obtenu des récompenses aux expositions canines : sa grand’mère maternelle, Comtesse, a même été célèbre parmi les ama- teurs de chiens. Souvent, les chiens n’ont aucun rôle à remplir, comme par exemple dans cette pièce de Molière où il est dit si crüment « qu'ils ont pissé partout », Mais souvent aussi, ils doivent, — sans être des chiens savants, — avoir un rôle plus actif, comme dans la fameuse meute de la Jeu- nesse de Louis XIV. On se souvient encore d’un beau lévrier, appartenant à Gaston Vassy, qui menait l’hallali avec une maestria superbe : aussi était-on plein d'égards pour lui; il avait sa loge, — pardon! sa niche, —- au théâtre, et, chaque soir, on le ramenait en voiture. Un bon chien acteur peut à lui seul faire réussir toute une pièce. Il acquiert de ce fait une grande valeur : il y a quelques années est mort, en Amérique, un Saint-Ber- nard, Plinlimmon, qui n'avait pas son pareil pour les mélodrames et que l’on avait payé 125.000 francs, — excusez du peu. Dans le livre d'or de la gent canine, on doit encore compter la meute infernale des Mille el une Nuits, au Châtelet. Des chiens de chasse, entièrement hibres, pour- suivaient des danois maquillés en tigres et, très obéis- sants, ne se jetaient à la curée que sur l’ordre du piqueur, qui, entre parenthèses, était l'ancien piqueur du prince Napoléon. Parmi les autres chiens applaudis, il faut encore citer Émile, le chien des Pyrénées, qui donnait véritablement la réplique aux acteurs, Quand il voulait exprimer sa peine, il poussait des hurlements à fendre l’âme. Il avait aussi une scène assez difficile dont il se tirait fort bien : 1l se dégageait de son collier pour aller voir son maitre pri- sonnier et venait y repasser sa tête quand le geôlier arri- vait. Célèbres aussi le chien Caporal, dans les Cosaques, ainsi que la levrette russe des Danicheff, le chien de berger de Panurge et les lévriers de Serge Panine. N'oublions pas non plus, — quoiqu'ils rentrent plutôt dans les animaux savants, — les chiens qui, il y a deux ou trois ans, simulaient une scène d'incendie dans un music-hall des boulevards, Rien n'y manquait : les manœuvres des pompiers, le sauvetage d'un enfant, la mort du sauveteur, le désespoir de la veuve, Parrivée des ambulances urbaines, etc. Les chats sont rarement utilisés : ils ne sont pas nés acteurs et ont le caractère très indépendant. Quant aux chevaux, on en voit très souvent, mais seu- lement comme figurants et ne servant qu'à porter des cavaliers ou à trainer des voitures. Chaque fois qu'ils le peuvent d’ailleurs, les auteurs dramatiques remplacent les chevaux par des ânes, dont le caractère débonnaire ne s’effraye pas autant aux sons de la musique. Il est même rare qu'une opérette soit dépourvue d’ânes : il n’y a rien de tel pour faire partur les fusées joyeuses du rire. Tous ceux qui ont vu jouer les Mousquetaires au couvent et les Quatre filles Aymon doivent s’en souvenir. Mais, si placide qu'il soit, l'âne retrouve parfois son naturel têtu et amène alors des mésa- ventures cruelles, comme celle-ci, survenue à Molière lui-même et dont nous empruntous le récit à M. Edmond Le Roy. « On jouait une pièce titrée Don Quichotte, Et c'était le moment où le chevalier de la Manche installe Sancho dans son gouvernement. Molière, qui faisait Sancho, attendait, monté sur son âne, et dans la coulisse. le moment de paraitre, Or, voici que l’âne, qui sans doute ne savait pas son rôle, s’obstina à vouloir devancer l'ins- tant de son entrée. On sait combien l'âne est tétu. Molière eut beau tirer sur le licol, et de toutes ses forces, il eut beau appeler à son secours tous ses camarades : « À moi, Baron! A moi, La Thorillière! ce maudit âne rétif!.. » Rien n’y fit. La fidèle La Forêt, en riant de tout son cœur, tâchait à le fixer en le retenant par la queue; mais l’opiniâtreté de maître Aliboron, après plusieurs saccades, fut victorieux de tous ces efforts : il 10 LE NATURALISTE partit comme un trait et, s’élancant sur le théâtre, il dérangea la scène non encore achevée. Cependant son maitre criait aux spectateurs, tout en caracolant : « Pardon, messieurs! pardon, mesdames! mais cette mauvaise bête, que vous voyez là, a voulu entrer malgré moi! » Comme la situation était, malgré tout, du plus haut comique, le public prit au mieux la chose, mais oncques depuis Molière ne voulut remonter sur son âne. » Dans le Voyage de Suzette, avec le cirque Blackson, on a pu voir défiler un grand nombre d'animaux, de même que dans la Revue jouée, il y a peu de temps, aux Varietés. Mais ce sont là des tours de force qui coûtent cher, même quand la pièce réussit, et les directeurs du théâtre préfèrent n'utiliser que trois ou quatre espèces animales, C’est ainsi que l’on a pu voir les lions et les ours dans le Tour du Monde. déjà cité, la Biche au bois, et les Bicyclistes en voyage. La Fermière, à l'Ambigu, ne pouvait se passer de poules et de chèvres et toute la presse a parlé du serpent vivant que portait Sarah Bernhardt dans Cléopätre. Dans Robinson Crusoé, outre le chien Toby, on peut voir une gentille petite chèvre, Blanchette, qui rappelle celle du Pardon de Ploëérmel, et un perroquet qui, à l’origine, devait répondre à Robinson et à Vendredi, mais qui, s'embrouillant d'une manière lamentable dans ses réponses, dut se contenter d’un rôle muet et être remplacé par un comparse qui parle pour lui dans la coulisse. On y voit aussi un singe, qui rappelle un peu celui de Manette Salomon, singe qui, dans les mains de Galipaux, devint rapidement célèbre. Mais, en général, on se méfie des singes qui ne pensent qu'à faire des farces et qui, d’ailleurs, dans les courants d'air des coulisses, s’enrhument trop facilement. Quant à l'éléphant, si on ne l’emploie pas plus sou- vent, c’est qu'il coùte fort cher et se trouve difficilement logeable et maniable. Car, avec lui, le succès est sûr et, à ce propos, je m'en voudrais de ne pas reproduire l’anec- dote suivante, racontée par le regretté Sarcey : « C'était au Châtelet ou à la Gaité. Il y avait dans un drame à grand spectacle un éléphant, qui faisait sa partie dans un ballet, se remuant en cadence et balançant sa trompe. On l'avait fort applaudi, et je ne jurerais pas que l'étoile de la danse n’eût conçu quelque dépit de ce succès. Le rideau baisse, et, aux acclamations du public, il se relève presque immédiatement, Ces dames étaient là, se tenant par la main et faisant force révérences. L'éléphant qui occupait le devant de la scène, juste au-dessus du trou du souffleur, n'avait pas bougé. Il nous regardait de son petit œil malicieux, sur lequel se plissait sa paupière, Il avait positivement l'air de nous dire ; « Tas d’idiots! Je vous en ménage une bien bonne! Attendez voir! » Il se retourne, et tout à coup, un cri d’effroi jaillit du trou du souffleur, où s’engouffrait un torrent. Les musiciens se sauvent effarés, emportant leurs partitions et leurs ins- truments qui ruissellent. C’est un fou rire dans toute la salle, L’énorme bête, une fois sa manifestation achevée, évolue sur elle-même, nous salue de sa trompe et se retire impassible, Ce sont là, je l'avoue, de rares bonnes fortunes. » Pour terminer, citons encore, parmi les animaux ayant figuré au théâtre, les souris de l'Homme au masque de fer, qui, un jour, grignotèrent, — pour de vrai, comme disent les enfants, — un billet de mille à un acteur, les Cygnes et les Canards de La Chatte blanche, les moutons de Panurge, la Marmotte de la Grdce de Dieu, le zèbre sur lequel arrive (cette année) la Belle Hélène, les Chameaux du Grand Mogot, les Colombes de Latude et enfin les Ramiers de Miss Robinson qui venaient se poser sur Simon Girard au son d'une musique si délicieuse : Jolis ramiers, M'écoutez-vous ? C’est pour vous que je chante. Henri COUPIN. GÉOLOGIE DE L'ENFOUISSEMENT D'UNE CHAUSSÉE DANS LE SOL Quand on trouve un squelette fossile où antédiluvien (comme on disait il y a 50 ans) enfoui dans les terrains d’alluvion, on est tenté de lui attribuer des dizaines et des centaines de milliers d'années, si l’on en croit les anciens géologues; et cependant il y a tout lieu de croire que l’on exagère considérablement son antique origine. En effet, il suffit de considérer simplement ce qui se passe actuellement sous nos veux, depuis quelques siècles seulement, pour voir qu'en moins de 2000 ans, 1500 ans peut-être, il peut se former un dépôt de plusieurs mètres de profondeur, sur le niveau du sol d'autrefois; et cela sur une étendue considérable de terrain. Entre Noyon et Soissons, il y avait jadis une chaussée romaine, qu'on dit avoir été réparée à l'époque mérovin- gienne, du temps de la reine Brunehaut; d'où son nom de chaussée Brunehaut. Cette chaussée a done à coup sûr moins de 2000 ans d'existence; d'autant plus que la chaussée romaine semble avoir été terminée sous l’em- pereur Caracalla, c'est-à-dire vers le second siècle de notre ère. Quant à Brunehaut, elle était encore dans toute sa puissance, en l'an 600. Cette chaussée traversait trois régions bien différentes : la vallée de lOise, qui est inondée souvent pendant l'hiver; puis elle longeait le pied de la montagne de Cutz, pour escalader en pente douce cette montagne, qui fait partie du vaste plateau dit montagne de Soissons. La voie romaine traversait donc une vallée humide, la pente d’une montagne et enfin le long plateau qui lui fait suite. Nous ne la suivrons pas plus loin. Très expérimenté dans la construction des routes, les Romains avaiert eu bien soin de construire ces trois troncons d'une manière tout à fait spéciale à chacune des régions qu'il s'agissait de traverser. Dans la vallée de l'Oise, c'était un véritable rempart, élevé de plusieurs mètres au niveau du sol, afin de la mettre à l'abri des inondations. Nous ne la décrirons pas davantage. Qu'il nous suffise de dire qu’elle était construite en pierres de taille du pays, de plus en plus petites, au fur et à mesure qu'on se rapprochait de la sur- face, qui était probablement recouverte de dalles, au lieu de pavés. En tous cas, les plus grosses pierres étaient au fond, à la base, comme le dit M. Peigné-Delacourt. Sur le plateau, elle était très large, surélevée au-dessus du sol, et formée de pierres nummulitiques. Mais, entre les deux, dans sa partie moyenne, sur la LE NATURALISTE 11 pente de la montagne de Cutz, entre la vallée de l'Oise et le plateau de la montagne de Soissons, la chaussée Brunehaut avait une structure toute différente; elle était formée de cailloux, et notamment de ces têtes de chat, si abondantes dans les sables du Soissonnais, et dont on se servait jadis pour empierrer les routes, avant de faire usage de la pierre bleue de Belgiqne. Peut-être même en avait-on tiré des alluvions de la vallée de l'Oise, comme le fait la compagnie du chemin de fer pour le bal- last de ses voies. Quoi qu'il en soit, la chaussée avait alors une hauteur de plusieurs mètres, et formait un puissant remblai au-dessus du sol, même sur la pente de la colline. Pourquoi un remblai en cet endroit? Certes, on com- prend très bien qu'ils aient élevé une sorte de puissant rempart, pour traverser la vallée de l'Oise à cause de ses inondations périodiques; mais tout d’abord on ne s'explique pas pourquoi ce remblai sur la pente de la colline, que la route longe sur une grande longueur, avant de se décider à grimper sur ses flancs. Cela tient à une chose fort importante, que les Romains avaient déjà observée depuis longtemps. Les montagnes se dégradent avec les siècles plus rapidement qu'on ne croit. Si donc on se contente de faire une route au pied d’une montagne, une route qui longe la base de cette montagne, elle ne tarde pas, du moins dans nos localités, où les collines sont formées des sables du Sois- sonnais, cette route ne tarde pas à être petit à petit engloutie par les terres qui descendent incessamment de la montagne, sous l'influence des agents atmosphériques. Or, c'est là précisément ce qui explique pourquoi cette voie romaine a dü être réparée, au temps de Brunehaut, 500 ans après son premier établissement. Aujourd’hui, après 4200 ans, pendant lesquels on a négligé de l’entretenir, aujourd’hui qu'on a duü construire une nouvelle route à la place, parallèlement à la voie ancienne, sur une certaine étendue, tout en l’utilisant probablement en d'autres endroits, et notamment sur le plateau où elle s'était évidemment mieux conservée; aujourd'hui, cette voie romaine est complètement ense- -velie, malgré son remblai de plusieurs mèêtres de hauteur au-dessus du niveau du sol ancien, sous une couche de terres descendues de la pente de la montagne, de plus d’un mètre d'épaisseur, Bien plus, sur la pente même de la montagne, là où elle escaladait les flancs du plateau, elle disparait com- plètement sous une couche de terre végétale de 2 ou 3 mètres d'épaisseur! Et tout cela, malgré le formidable remblai élevé par les Romains pour parer à cet inconvénient. On voit donc que, dans certaines circonstances, la pente de nos mon- tagnes descend tout doucement dans la vallée, de façon à former en moins de 2000 ans une couche d'au moins 4 mètres d'épaisseur. C’est là un fait important à retenir. D' BouGonx. DESCRIPTION D'UN COLÉOPTÈRE NOUVEAU LUCANUS SINGULARIS. == LOUIS PLANET (Nova species ) Indes orientales? Le mâle de cette espèce n'est pas connu, mais, à en juger par la femelle, il doit être voisin du Luc. lunifer, car les ressemblances entre les deux femelles sont très grandes. La plus grande différence réside dans la forme du cor- selet qui, chez le Luc. singularis, est bien moins convexe, plus anguleux aux angles médians et beaucoup plus ré- tréci en avant. Il est, en outre, plus finement rebordé. Il convient d'ajouter que les mandibules sont propor- tonnellement plus longues, etque leur bord interne, au Lucanus singularis @, collection H. Boileau. heu d'être sécuriforme, présente deux dents distinctes et espacées, que l’épistôme est plus long et plus grêle, que la granulation de la tête est moins profonde et que les élytres sont plus régulièrement paralleles. Les feuillets de l'antenne sont plus courts. Les pattes ont la même structure, mais leur granulation et leur ponctuation sont beaucoup plus faibles. Le seul exemplaire que je connaisse de cette intéres- sante espèce m'a été communiqué par M. H. Boileau et porte comme seule indication de provenance : Inde orien- tale. — La coloration de cette femelle est entièrement noire, le corselet et les élvtres sont lisses et luisants; il est probable qu'ils sont recouverts de villosité dans l'état de nature. Louis PLANET. CHRONIQUE La «muscea olearia » et la récolte des olives dans les Pouilles (Italie), L'insecte parasite musca olearia a fait cette année de tels ravages dans les plantations d’oliviers des Pouilles, de la Basilicate et du territoire d'Otrante qu'il n'y aura pas de récolte et que, sur la plupart des points, les pro- priétaires ne prendront même pas la peine de faire la cueillette des fruits gâtés. La Chambre de commerce de Gallipoli a reçu de tous les maires auxquels elle s’est adressée, notamment de 12 LE NATURALISTE Bari, Andria, Trani, Loreto, Monopoli, Mola, etc. centres de production les plus importants d'olives, la réponse presque unanime que cette année, sur le produit annuel ordinaire, on réaliserait à peine le cinquième. En présence d’un pareil dommage, le Conseil provincial de Bari vient de voter une prime de 50,000 francs à attribuer au meilleur procédé de destruction de la musca olearia, On annonce également de Rome que le gouver- nement royal a décidé, à la demande du ministre de l'Agriculture, d'ajouter à cette somme une autre prime de 10.000 francs. : Les étrangers sont admis à prendre part à ce concours. L'autorité préfectorale dans cette région à ailleurs signalé d'urgence au gouvernement la nécessité de venir en aide, dans la plus large mesure possible, cet hiver, à la population agricole en vue de parer à la disette. La diphtérie aviaire. — Une épidémie de diphtérie à été constatée chez l'homme qui a eu pour point de départ une épidémie de diphtérie aviaire si souveñt répandue dans nos basses-cours. Le microbe de la diphtérie aviaire entraine, en général, chez l’homme une maladie moins grave que celle produite par le microbe de la diphtérie toxique de Klebs Lœæffler, il peut néanmoins donner des angines qui causent la mort des personnes atteintes. On ne saurait donc trop appeler l'attention des gens qui soignent les bêtes malades et leur indiquer les précautions à prendre pour éviter la contagion. Pour lutter contre cette maladie, les mesures hygié- niques préconisées sont : la désinfection des poulaillers et la mise en quarantaine des sujets devant entrer dans les basse-cours, D'autre part un traitement qui a donné des résultats satisfaisants consiste dans l'emploi d’une dissolution de 50 grammes de sulfate de cuivre, dans 4 litres d’eau, au moyen de laquelle on badigeonne à l’aide d’une plume les muqueuses buccales et pharyngiennes des volailles malades. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 11 décembre 1899. M. Gabriel Bertrand a constaté la présence de la mau- nocellulose dans Îles tissus ligneux des plants gymno- spermes. [l avait démontré précédemment que le tissu ligneux des plants angiospermes,, monocotylédones et dicotylédones, était formé, quel que soit l'organe où on l'examine, de quatre substances principales : la cellulose ordinaire, la vasculose de Fremy, une sorte de résine probablement phénolique ou lignol, et la gomme de bois, appelée aussi xylane. À la suite de nouvelles recherches, l’auteur montre que,chez les Jjilantes gymnospermes, la xjlane,à peu près absente, est remplacée parun hydrate de carbone tout à fait différent, par delamanno-cellulose. Dans la petite famille des Gnétacées, les trois genres qui la composent n’ont fourni qu'un très petit rendement. C’est là un-fait d'autant plus intéressant que les Gnétacées ne sont pas de véritables gymnospermes, mais bien plutôt un terme de passage, un véritable trait d’union entre les deux grands groupes de phanérogames. — M. E-L. Bouvier a fait de mouvelles observations sur les Péripates américains. Les péripates américains se divisent en deux sections : à la première appartiennent des espèces qui ont 4 ou 5 papilles pédieuses; dans la seconde viennent se grouper toutes les formes qui ont 3 papilles pé- dieuses. Les premiers habitent tous les hauts plateaux de la chaîne montagneuse qui avoisine le Pacifique, l'auteur les localisés dans les îles et dans les vallées américaines situées à l’est de la chaîne, il les appelle Péripales caraibes. Les An- dicoles sont connus depuis la région de Tepec jusqu’en Boli- vie; les Caraïbes se retrouvent depuis Cuba jusqu'aux rives de l'Amazone. Les Péripates américains présentent une variété des plus grandes, que leurs espèces andicoles ne sont pas sans affinités avec les espèces caraïbes, mais qu’elles se rapprochent aussi, par plus d’un point, des espèces non américaines. — MM. Lucet et Constantin ont observé une nouvelle mucorinée pathogène. Les parasites du groupe des Muco- rinées qui attaquent les animaux supérieurs, sont encore peu nombreux. En novembre 1898, M. le Dr Lambry, de Courtenay (Loiret), soignait une femme qu'il croyait atteinte de tuber- culose; il remit des crachats de la malade, à M. Lucet, qui après examen ne reconnut pas le bacille de Koch, mais trouva des globules rappelant ceux qu’on voit dans l’Aspergillose; plusieurs examens donnèrent les mêmes résultats; la malade fut soignée par la méthode recommandée contre l’Aspergillose et guérit. Le champignon parasite est différent des espèces pathogènes connues jusqu'à ce jour. Il diffère des Mucor pusillus, corymbifer et ramosus par la présence de rhizoïdes se présen- tant irrégulièrement de place en place sur le mycélium ram- pant, quelquefois à la base des filaments fructifères, mais souvent sans rapport avec eux. Les auteurs en ont fait le type d’une section nouvelle du genre Mucor qu'ils proposent d’ap- peler Rhisomucor et comme espèce R. parasiticus. Les expé- riences faites sur leurs animaux établissent, d’une manière indéniable, le caractère pathogène de l’espèce nouvelle. — M. H. Révil adresse une note sur la Tectonique de l'extrémité septentrionale des massifs de la Char- treuse. La chaine Semnoz-Nivollet-Revard est la seule chaîne du massif des Bauges qui se continue dans celui de la Chartreuse. Les parties de ce dernier massif situées à l’ouest de l'anticlinal jurassique d’Entremont naissent au sud de Cham- béry et ne se prolongent pas vers le nord. Ces plis relaient ceux situés à l’est de la chaîne du mont du Chat, mais n’en sont pas la continuation directe, Ils ne sont que l'épanouis- sement d’un pli simple dont on voit l’axe s’abaisser peu à peu pour disparaitre ensuite avec plongement périclinal sous les assises tertiaires et les alluvions quaternaires de la vallée s'étendant de Chambéry à Aix-les-Bains. Cette dernière, formée par la réunion des synclinaux de Couz et du Mollard, se con- tinue au nord par le lac du Bourget et la vallée du Rhône; elle s'accidente de deux anticlinaux importants: celui de la Chambotte et celui du Vivier et de Roche-du-Roi. M. Ch. Glangeaud donne le résultat de ses observations sur les facies ctles conditions de dépôt du furonien de l'A- quitaine. Le Turonien se divise en deux sous-étages : le Ligé- rien et l’Angoumien. En raison de leur résistance à l'érosion, les sédiments de l'Angoumien forment de pittoresques falaises, surtout dans la région comprise entre Cognac, Angoulême et Périgueux. Devant tout l’Angoumien s'édifiérent des amas de Rudistes, véritables barres récifales atteignant parfois de grandes dimensions. Les passages latéraux des calcaires à rudistes sont fréquents et rapides dans l’Angoumien de l'Aqui- taine: à quelques centaines de mètres d'un ilot à rudistes, on a parfois une transformation pétrographique et paléontologique profonde. L’épaisseur de l'Angoumien varie entre quelques mètres et 95 mètres, c’est vers l'Océan (Charente-Inférieure) que cet étage est le moins épais. Le maximum d’extension et de profondeur de la mer Turonienne, a eu lieu à l’époque ligérienne et le minimum durant l'Angoumien supérieur, pen- dant le Ligérien et jusqu’au milieu de l'Angoumien inférieur, les eaux marines s’avancaient assez loin vers les massifs cris- tallins qui leur servaient de rivage. Le retrait de la mer se fit sentir à la fin de l’Angoumien inférieur et s’accentua durant l'Angoumien supérieur. CCS \ Séance publique annuelle du 18 décembre 1899. Prix décernés en 1899 pour ce qui concerne les Sciences naturelles et leurs applications. __ Prix Delesse décerné à M. W. Kilian, professeur à l’'Uni- versité de Grenoble, qui s’est consacré depuis dix ans avec une activité et une énergie infatigables, à l'étude des Alpes francaises. __ Prix Fontanne à M. Emil Haug pour l’ensemble de ses publications paléontologiques. __ Prix Desmazières à M. l'abbé Huë pour son mémoire appela pour cette raison Péripatles andicoles; les autres sont } sur une nouvelle classification des Lichens, fondée sur leur LE NATURALISTE 13 Sr A PE ne Un D GE US anatomie. — Une mention honorable est aussi accordée à M. Leuduger- Fortmorel pour son travail sur les Diatomées de la côte occidentale d'Afrique. — Prix Montagne. Deux prix ont été attribués : l’un à M. Jules Cardot, pour ses Recherches analomiques sur les Leu- cobryacées, l'autre, au Frère Héribaud (Joseph) pour son ou- vrage sur Les Muscinées d'Auvergne. — Prix Thore a été partagé entre M. Parmentier, pour son mémoire : Recherches sur la structure de la feuille des Fou- gères el leur ciassification, et M. Bouilhac, pour ses Recherches sur la végélalion de quelques alques d'eau douce. — Le Grand prix des sciences physiques n'a pas été décerné. — Prix Bordin, Le sujet mis au concours avait pour but l'étude des modifications des organes des sens chez les animaux cavernicoles. Le prix a été décerné à M, Viré, par son travail : Lu faune souterraine de la France. - — Prix Savigny décerné à M. Guillaume Grandidier pour son voyage à Madagascar. — Prix Barbier partagé entre MM. Houdar et Jouanin pour leurs recherches originales sur le lierre terrestre; M. La- pecque pour ses observations relatives à la substitution du chlorure de potassium au chlorure de sodium chez certaines peuplades de l'Asie; et M. Schlagdenhaufen pour ses contri- butions à l'étude du genre Coronilla, une Légumineuse. — Prix Serres décerné à M. Roule, professeur à l’Univer- sité de Toulouse, pourses trois ouvrages sur l'Embryogénie. Des mentions honorables sont, de plus, accordées à MM. Caullery et Mesnil pour deux mémoires dus à leur collaboration, sur les Annelides Polychètes et sur les Sporozoaires; à M. Beard, professeur à l'Université d'Edimbourg, pour ses deux mémoires: On certains problems of verlebraie Embryology et The span of gestation and the cause of birth. — Prix Montyon (Physiologie expérimentale); décerné à M. Le Hello, professeur au Haras du Pin pour ses éludes sur le mécanisme de la locomotion du cheval. Une mention hono- rable à été accordée à M. Quinton pour ses recherches sur la constance du milieu marin originel à travers la série animale. — Prix Lacaze Physiologie), à M. Morat pour l’ensemble de ses travaux de Physiologie expérimentale. — Prix Pourat à MM. Weiss et Carvalho pour leur mé- moire sur l'étude de la contraction musculaire, principalement dans la phase embryonnaire et la comparaison de ses carac- tères avec ceux qu'on observe chez l'adulte. — Prix Gay. L'Académie avait mis au concours, pour ce prix, l'Etude des Mollusques unis de la Méditerranée, leur com- paraison avec ceux des côtes océaniques francaises. Les beaux mémoires que, depuis 1877, M. Albert Vayssière a publiés sur ce sujet répondent admirablement à ce programme; aussi l'Académie lui a-t-elle décerné le Prix Gay. — Prix Montyon (4r{s insalubres), à M. Collin pour son travail : Elude microscopique des aliments d'origine végétale. — Prix Petit d'Ormoy (sciences physiques). Ce prix, d'une valeur de 10.000 francs, a été décerné à M. Alfred Giard, le distingué professeur d'embryogénie, comparée à la Sorbonne, pour l’ensemble de ses travaux. — Prix Æchihatchef à M. Verbeck pour ses recherches géologiques dans les iles de Java et de Madoura. — Prix Saintour à M. Lecaillon pour ses études d’embryo- génie des Coléoptères, notamment des Chrysomélides. Programme des prix proposés par les années 1900 à 1903. — Prix L. La Caze. Un prix sera décerné en 1901 à l’ou- vrage ou au mémoire qui aura le plus contribué aux progrès de la Physiologie. Ce prix est de 10.000 francs. — Prix Wilde, d’une valeur de 4000 francs, sera décerné en 1900 à la personne, sans distinction de nationalité, dont la découverte ou l'ouvrage sur l’Astronomie, la Physique, la Chimie, la Minéralogie, la Géologie ou la Mécanique expéri- mentale aura été jugé par l’Académie le plus digne de récom- pense. — Prix Delesse, d’une valeur de 1400 francs, sera décerné en 1901 à l'auteur, francais ou étranger, d’un travail concer- nant les sciences géologiques, ou. à défaut, d’un travail con- cernant les sciences minéralogiques. — Prix Fontanne, d'une valeur de 2000 francs, sera dé- cerné en 1901, à l’auteur de la meilleure publication paléonto- logique. — Prix Bordin, d'une valeur de 3000 franes, sera décerné en 1901. Le sujet mis au concours est la question suivante : Etudes sur l'influence des conditions extérieures sur le prolo- plasma et le noyau chez les végélaux. — Prix Barbier, d'une valeur de 2000 francs, sera décerné en 1900 à celui qui fera une découverte précieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique ayant rapport à l’art de guérir. — Prix Desmazières, d’une valeur de 1600 francs, sera décerné en 1900 à l'auteur français ou étranger, du meilleur et du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précé- dente, sur tout ou partie de la Cryptogamie. — Prix Montagne, deux prix d'une valeur, l'un de 1000 francs, l’autre de 500 francs. Aux auteurs de travaux im- portants ayant pour objet l’anatomie, la physiologie, le déve- loppement ou la description des Cryptogames inférieurs (Thal- lophytes et Muscinés); ce prix sera décerné en 1900. — Prix de la Fons-Melicoq, d'une valeur de 900 francs, sera décerné en 1900, au meilleur ouvrage de Botanique sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne. — Prix Thore, d'une valeur de 200 francs, sera décerné en 1900 au meilleur mémoire sur les Cryptogames cellulaires d’Europe, ou sur les sciences ou l’anatomie d'une espèce d'In- sectes d'Europe. — Grand Prix des sciences physiques, d'une valeur de 3000 francs, sera décerné en 1901. La question mise au concours est la suivante : Etudier la biologie des hématoses libres d'eau douce et humicoles, el plus particulièrement, les formes et condition de leur reproduction. — Prix Savigny, fondée par Mlle Letellier, d’une valeur de 975 francs, sera décerné en 1900 à un jeune zoologiste voyageur qui ne recevra pas de subvention du Gouvernement et qui soccupera plus spécialement des animaux sans ver- tèbres de l'Egypte et de la Syrie. — Prix da Gama Machado, d’une valeur de 1200 francs, sera décerné en 1900 au meilleur mémoire sur les parties co- lorées du système segmentaire des animaux ou sur la matière fécondantes des êtres animés. — Prix Serres, d'une valeur de 1500 francs, sera décerné en 1902 au meilleur ouvrage sur l’Embryologie générale appliquée autant que possible a la Physiologie et à la Méde- cine. — Prix Montyonm, d’une valeur de 750 francs, sera déeerné en 1900 au meilleur travail sur la physiologie. — Prix Philipeaux, d'une valeur de 890 francs, sera dé- cerné en 1900 au meilleur travail de Physiologie expérimen- tale. — Prix Gay, valeur 25(0 francs, sera décerné en 1900. Le sujet mis au concours est le suivant : Appliquer à une région de la France ou à une portion de la chaîne alpine, l'analyse des circonstances géologiques qui ont déterminé les conditions actuelles du relief et de l'hydrographie. — Prix Cuvier, valeur 1500 francs, sera décerné en 1900 à l'ouvrage le plus remarquable soit sur le règne animal, soit sur la géologie. — Prix Delalande-Guérimeau, d’une valeur de 1000 francs, sera décerné en 1900 au voyageur français ou au savant qui, l’un ou l’autre, aura rendu le plus de services à la France ou à la science. — Prix Lecomte, d'une valeur de 50.000 francs, sera dé- cerné en 1901, en un seul prix, sans préférence de nationalité : 19 aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathé- matique, Physique, Chimie, Histoire naturelle, sciences médi- cales; 20 aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. — Prix Tehihatehef, d’une valeur de 3000 francs, sera décerné en 1900 au naturaliste de toute nationalité qui se sera le plus distingué dans l'exploration du continent asiatique ou des limitrophes, notamment des régions les moins connues et, en conséquence, à l'exclusion des Indes britanniques, Sibérie proprement dite, Asie-Mineure et Syrie. P. Fucus. 14 LE NATURALISTE À MICROGRAPHIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE MILIEUX CONSERVATEURS.— LUTAGE DES PRÉPARATIONS Quand les préparations sont colorées, il ne reste plus qu'à les monter, c'est-à-dire à placer les couches dans un milieu qui conserve à la fois, autant que possible, les tissus et la matière colorante qui les imprègne, puis à recouvrir le tout d'une lamelle appropriée et, enfin, à luter la préparation, c’est-à-dire à enfermer le milieu conservateur dans une sorte de chambre qui ne permette pas son évaporation ou sa disparition d’une facon quel- conque. Les milieux conservateurs doivent être, bien entendu, parfaitement transparents, sous peine de nuire à la net- teté des observations. Les plus employés sont ou à base de résine où à base de glycérine. Quelques autres d’un usage assez fréquent pour certaines préparations ont des formules diverses. Nous allons passer successivement en revue la plupart de ces mélanges particuliers. Mélanges à base de résine. — La résine la plus employée certainement est le Baume de Canada. C’est une sub- stance solide, légèrement jaunâtre, très soluble dans le chloroforme, le xylol, l'essence de térébenthine, l'alcool, la benzine, etc. On le trouve, en général, tout préparé dans le com- merce et dissous le plus souvent dans le chloroforme ou le xylol, dans des tubes comme ceux renfermant la pein- ture à l’huile. On peut facilement le préparer soi-même en ayant soin de le conserver dans des flacons bien bouchés pour éviter l’évaporation rapide du dissolvant. C'est certainement l’une des meilleures substances pour le montage des préparations auxquelles il donne beaucoup de clarté, de limpidité et de définition. Lorsqu'on à employé préalablement le xylol comme éclaireissant, il est préférable d'employer le baume au xylol pour le montage des préparations; autrement, on peut à peu près indifféremment se servir du chle- roforme ou du xylol, les avantages et les inconvénients sont à peu près les mêmes pour l’un que pour l’autre. La solution, quel que soit le dissolvant, est légèrement colorée en ïaune. Le Dammar est également une résine soluble dans le chloroforme, le xylol, la benzine, ete., et parfaitement incolore, ce qui est un grand avantage sur le baume. Il a l'inconvénient d'être excessivement cassant. On peut remédier beaucoup à cet inconvénient en le faisant dis- soudre dans l'essence de térébenthine ou encore dans un mélange en parties égales d'essence de térébenthine et de benzine. I est préférable d'employer le dammar toutes les fois que l'on veut faire des études d’histologie fine; mais, pour la plupart des préparations ordinaires, le baume est pré- férable. On peut encore se servir de la Térébenthine de Venise dissoute à chaud pendant un mois environ dans l'alcool à 95°. Au bout de ce temps on décante, et la partie li- qude que l’on obtient ainsi peut servir avec succès au montage des préparations colorées; les couleurs s'y con- servent très bien. Mélanges à base de glycérine. — La glycérine employée pour les divers mélanges dont nous allons parler ne doit pas être prise au hasard. Il faut d’abord s'assurer de sa réaction et la prendre de préférence absolument neutre. La meilleure glycérine que l’on puisse employer seule comme milieu conservateur est la glycérine anglaise neutre. Pour l'employer seule on doit, autant que pos- sible, la prendre pure ou la mélanger avec la plus petite quantité possible d’eau distillée. On peut aussi employer le mélange en parties égales de glycérine, d'alcool et d’eau distillée. Soit pure, soit à l’état de mélange, la glycérine a le grave défaut de ne pas conserver les couleurs, surtout les couleurs à base de carmin, d’hématoxyline et même certaines couleurs d’aniline. On peut parer un peu à cet inconvénient en acidifiant légèrement le mélange avec quelques gouttes d'acide acétique. À côté de cela, ces liqueurs ont l'avantage de per- mettre une étude microscopique fine et facile et de mon- ter cirecterhent les préparations sans qu'elles aient été ni déshydratées, ni éclaircies, ce qui rend parfois d'im- menses services. Sous le nom de Gelée de glycérine, on désigne toute une série de préparations diverses sur l’'énumération des- quelles nous ne voulons pas entrer ici. L'une de celle qui nous a donné les meilleurs tats se prépare de la manière suivante : On fait dissoudre une certaine quantité de gélatine dans le double de son poids d’eau chaude, en ayant soin de bien remuer pour rendre le mélange bien homogène ; à ce moment on y ajoute, petit à petit, et en remuant toujours une quantité de glycérine égale à 4 fois environ le poids de la gélatine employée. Les préparations peuvent être montées dans cette gelée comme avec ia glycérine pure, mais à chaud bien entendu. La Gomme glycérique s'obtient en mélangeant 5 parties d'eau et autant de gomme arabique. Au bout de 24 heures, quand la dissolution est com- plète, on ajoute 5 parties de glycérine et quelques gouttes d'une solution concentrée d'acide phénique pour empé- cher les moisissures. Liquides conservateurs divers. — Il arrive quelquefois que l’on est obligé de monter des préparations de tissus frais qui ne se conservent que dans des milieux appro- priés. L'un de ces milieux conservateurs les plus impor- tants est sans contredit le sérum iodé. Dans les grandes villes et à Paris, en particulier, il est extrêmement facile de se procurer le sérum qui est l’élé- ment essentiel de cette préparation. Pour cela, on n’a qu’à faire prendre, dans les none) des utérus gravides de mammifères, aussi frais que pos- sible. On retire le liquide amniotique, on le filtre et on y ajoute soit quelques paillettes d'iode, soit de la teinture forte en plus ou moins grande quantité, selon que l'on veut obtenir un sérum plus ou moins fortement iodé. On emploie aussi quelquefois la Solution physiologique saline qui est tout simplement une solution de sel marin à 0,75 % dans l’eau distillée. résul- À. GRUVEL. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 15 LE NATURALISTE ‘SINJT SUUISOEH "1quu suredeH l \ Ps ho (Ter RE n UE es 81) RDS Ve ; ) | fOIO JUOW9HIOT SIEU soageunvfnoso8nox s917419 ‘ ox9AU09 sd409) ‘O[EWIOU OUMIOY 2p Soi -IOUOVU S9P OUI2)X0 9QO'T ; }e ose 0, ss crelr 0 sue sm °Q Sur (Ter el) SITO ONU | 9°) PW0901917) : at (tee ‘Sy aa Lier ER ‘ no o1j n91q ‘nonoo op ‘outadop sdio9 suol un u9 aSuorre Sa -IOU2BUI SOP AUI91K9 94OT UOTE An ME ECO HR (eZ *8y) PRE ES OO CAR ONUONEE) NOT (gzz ‘ Sy) soxpeu S9NUWIOIJXO T € SOO18 . -nef no soSnox saxÂts sand no jnojaed anos { soubruoo ‘soSuotre -S015 QUIQUI 9P SouU9UY )& SOTOTIIR [[ 9P SauuaqUuY e° + HUE On TU "(023 “8y) a1rux -911X9,] S104 nr quowajqou “(SAPÂT =) HA ne a no 9nSSBU U9 SOQUIUI9Y SSUUIUY nn,p S94JÂ[9 { xXno[nqo[é ‘J1e € 91901peurinansuot op seuuoquy | Ÿ "(928 59) saut9od uou sosiv} S0P $99019 SATTHHNLVN SHONAHIOS SH HNAHLIOQ *Sy) saurood sosie} s9p So sSEo) LM ILION JTUCISUHO ST > 9. epsnoetter *81) ‘sonbrypejeur ‘oxjenorq J194 Uvda | DINAN AA AT SAALdOTTO) “(S21QDU0Z =) \ 7 “(rec Sy) Sopotide [1 op souuojuy ‘qe A SUETAN Sxq ui SHUHLSATII SHAÔLLATVNV VUHANHI ‘ana euro) ‘:(e2c 81) Sa[onae G op souuaquy LE NATURALISTE 16 SOI NS 919,[ & JUOANOS JUIIJUODUII 9$ IOIWHIOP 99 9p SoUNUUO9 Snjd Sa] Sa99ds9 S9'T ‘PISWOPT) J9 SOPIOIEN Ssoiu08 so] JUOS sno) op Sjuemiodut snjd so saoagdso p ourequerenb oun nb puordwuoo ou 9jjo ‘ot suouuop e[ snou onb [191 $&: c = :S9pPnJISSIDIA S9P UOIG IQUS E SOPHOUWYPHO S9p opqiuey e] ‘onbodo 97799 smdoq (auuns y) “Jpunu» oUbay NP UONIP9 8 EI SULP ‘SOIJATOUTIS op wou 9j snos ‘nqu} op Suva ne essteqei EE ‘OISY U9 ojr99dS of[ue; oun ue ose 97109 98119 ATOA® 70 AIOA 0P O1QIUEU 97709 91d0pE ITOAR soade ‘optio ne jo ‘eJouepz oiuo$ uos sSuep so9odso Sa9 So)n0] doruoid 91 JIUN9I JHIAI[O “eanjdo"t S9p J9 SIEPADON sop oSeuisioa ne ‘SoploÂquiCI9) SOL IWIPA S9799SU1 S$99 9P 91quOou puras un 99e]d Jua1RAB sinon SU9IOUBR SO] ‘SOINOLIIXO soouosedde s99 aed sodurour *IMASTAOH LNVLSNO") do 550 anp 0 00 (fe Sy) sooquap uou sauHOJI[I} SaUU9JUY DA 76 "HPIUOTNOANT) UN E O[QUOSSOI SUISFIÂM 91008 9[ “9ATEAJUO9 NV TICE *SOUIODISUOT] 9P S9I98J L S9IQUOI9JOU SAP JUOS quosod à -w109 ex mb souioy sop jaednjd e7 onb 09 uo ojqenbiewoa so 19 97e} 01197 iqex sndope Fe / K€ orne PU URSS ( £.TOUuY S0P 21PIO,] ans ‘IQUIB ‘JUIPPISUON) 7°! 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Elle a lieu au printemps et à l'automne, époques de l’année où ces oiseaux se rendent dans le Nord pour y nicher et en reviennent pour émi- grer dans le Sud. La plupart voyagent en suivant les côtes, et s'arrêtent de préférence dans l'intérieur des baies et à l'embouchure des fleuves et des rivières, soit pour attendre là des vents favorables qui leur permet- tront de continuer leur route, soit pour se reposer quelque temps dans des lieux où le flot, couvrant et délaissant alternativement les grèves sur une grande étendue, leur entretient une nourriture abondante. Ces haltes ne sont pas sans péril; l'homme, le plus redoutable de tous leurs ennemis, s'attaque à eux de diverses façons, au fusil, au filet, à l’aide d’une foule d’engins, dont beau- coup devraient être prohibés, car si quelques espèces d’échassiers nous offrent une ressource appréciable au point de vue de l’alimentation, — encore devrions-nous en user avec une sage et utile modération — il en est qui nous rendent des services d’un autre genre et mé- ritent que nous les protégions (1). Le massacre que l’on fait de ces oiseaux dans cer- taines localités du littoral de la Manche, notamment dans la baie de la Somme et dans celle de l'Authie, située un peu plus au nord, dépasse réellement toute mesure. La tolérance administrative qui laisse libre, en toute saison, la chasse sur la côte, et dispense de tout permis de port d'armes ceux qui s'y livrent, n’est pas faite pour enrayer le mal. Il est accru par la présence sur les lieux de chasse des représentants de maisons de plumes pour mode, dont les offres assez élevées vien- nent encore exciter la cupidité des indigènes. Du 15 avril au commencement de juin, les villages de la côte déver- sent sur les grèves de la Somme et de l’Authie une légion pittoresque mais funeste de chasseurs. Pendant près de deux mois, désertant toute autre occupation, ils vivent dans la baie, terrés sous leur toile, dans l’at- tente du flot qui leur pousse le gibier. Au moment op- portun la poudre parle, de tous côtés résonnent les coups de feu. Les malheureux échassiers, rejetés de place en place, laissent partout des morts. C’est une tuerie géné- rale, qui recommencera au passage d'automne. La chasse au « hutteau » est la plus meurtrière de toutes celles qu'on peut faire, au fusil, aux échassiers. Elle repose sur la connaissance et l'exploitation des mœurs sOciables et du naturel curieux de ces oiseaux. Elle se pratique aux heures du flux. Le procédé est des plus simples. Le chasseur creuse dans le sable une tranchée de la longueur du corps, èlargie en avant pour faciliter les mouvements des bras l (1) Par exemple, le Vanneau, si pourchassé, en certains pays, pour lui-même et pour ses œufs. La question du Van- neau touche aux plus graves intérête de la sécurité de la Hol- lande, prècisément le pays où l’on fait la plus grande destruc- tion de ses nichées. Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. 2% SÉRIE — N° 309 15 JANVIER 19 CO et des épaules, Après avoir placé au fond de la fosse un mince lit de paille afin de se garantir contre l'humidité, il s’y étend à plat ventre ou sur le côté, et ramène sur lui, au ras du sol, une toile fixée par quatre piquets, en ayant soin de ménager sur le devant une ouverture pour tirer, En face, il a disposé préalablement, à une quinzaine de mètres, des oiseaux en bois ou, ce qui vaut encore mieux, des oiseaux empaillés, qui lui servent d’appe- lants, et que l’on nomme « étombis » en patois picard. Une des principales qualités du huttier est d’être bon siffieur, c’est-à-dire savoir bien imiter avec les lèvres ou à l’aide d’un sifflet taillé le plus ordinairement dans un os de mouton, le cri d'appel des differentes espèces d’échassiers. Lorsque la mer monte, le flot chasse peu à peu des sables de la baie le gibier qui se rabat alors sur le rivage. Ses bandes tourbillonnantes entendent le sifflet du hut- tier, aperçcoivent les « étombis » qu'ilsprennent pour des compagnons déjà posés, et s’abattent au milieu d'eux, Le chasseur, sous sa toile dont la couleur se confond avec celle de la grève, a tout le temps de tirer dans le tas. Cette chasse, on le conçoit, est extrêmement pro- ductive. Les oiseaux, d’abord effrayés par le coup de fusil, mais ne vovant pas leur ennemi, ne fuyent pas toujours. Hypnotisés, en quelque sorte, parles « étombis » ils retombent parfois à la même place, après avoir tour- billonné un instant au-dessus, comme s'ils voulaient compter leurs morts. On peut détruire ainsi une bande tout entière, sans bouger du hutteau, On ramasse morts et blessés après le massacre total. On se sert aussi de hutteaux mobiles qui permettent d'aller au-devant du flot et, d’échelonner les affuts, mais ces engins, dont la toile est soutenue par des cerceaux, avec un léger cadre en bois sur le devant, et qui se re- plient comme un accordéon, ont l'inconvénient d’être beaucoup plus apparents qne le hutteau ordinaire, et d’exciter la méfiance des oiseaux, surtout de certaines espèces. Dans la même région, à l'étang du hâble d'Ault, près de Cayeux-sur-mer, on fait une chasse spéciale pour ‘ prendre les petits échassiers vivants, au moyen d'un filet appelé « béquet ». Au devant d'une hutte à canards construite sur le bord, on établit dans l’eau un petit ilot allongé que l'on garnit d’ « étombis »., Un panneau est étendu à plat, au vent de l’ilot, relié à la hutte par une corde. Dans la hutte, il y a ordinairement deux hommes, un siffleur et un tendeur. Lorsque les oiseaux s’abattent, au moment précis où leurs longues jambes vont toucher l’ilot, le tendeur hale vigoureusement sur la corde, le panneau se relève, retombe sur l’ilot et retient toute la bande prisonnière. Cette chasse est une industrie de la localité qui approvisionne d’échassiers vivants les volières des amateurs et des jardinszoologiques, le surplus est étoufté et envoyé sur les marchés. On prend encore des échassiers dans es « flairons », grands filets à larges mailles, supportés par de hautes perches que l'on tend en travers de la baie par les nuits obscures, les « noirons », comme disent les pêcheurs picards et que l’on emploie surtout pour la capture des palmipèdes. Les échassiers que l’on tue communément au hutteau sont des Pluviers, des Chevaliers, des Bécasseaux, des Barges, des Courlis, le Tournepierre, le Combattant, le Sanderling, l'Avocette, la Spatule, etc. 16 LE NATURALISTE à Je vais passer rapidement en revue les différentes espèces des genres que je viens de signaler, en indiquant, pour chacune d'elles, l'époque précise de son passage, et en fournissant sur son compte quelques renseignements qui peuvent être utiles aux ornithologistes désireux de se procurer ces oiseaux ou de venir les observer sur les lieux de chasse. Pluvier doré (Charadrius pluvialis). — Commun, mais s’abat moins souvent sur la côte et dans les « mollières » que dans les marais. De passage régulier, par bandes, au printemps : en mars, avril et mai; à l'automne : en septembre, octobre et novembre. Pluvier guignard (Charadrius morinellus). — Peu com- mun dans la région de l'estuaire de la Somme, bien qu'il y passe régulièrement, chaque année, au printemps et à l'automne. Je ne l'ai jamais observé sur la grève ni dans les mollières de l’intérieur de la baie,mais on le tue tous les ans dans le marais du Crotoy, qui n’en est séparé que par quelques dunes peu élevées et peu étendues. Il sy montre de bonne heure en troupes plus ou moins nom- breuses. On le retrouve en assez grande quantité dans l'intérieur des terres, dès le mois d'août. Pluvier à collier (Charadrius hiaticula) (1). — Très commun au printemps et à l’automne le long des côtes et dans l'intérieur de la baie. Lorsque l'hiver a été doux et que le vent est favorable, on en voit de grandes bandes dès le commencement de mars. Par les vents d'est et de sud-est la baie de Somme en est parfois remplie. Pluvier gravelotte (Charadrius minor). — Rare. On ne le rencoutre dans la région que mêlé aux bandes de l'espèce précédente. Pluvier à collier interrompu (Charadrius cantianus). — Très commun. Arrive un peu plus tard, que le Pluvier à collier, en bandes. Se mêle volontiers à celles des autres petits échassiers. Niche sur la côte, et la quitte l'hiver. J'ai trouvé maintes fois le nid de ce Pluvier, simple dé- pression dans le sable parmi des débris de coquillages ou au milieu des galets, et rencontré des jeunes en duvet courant comme des souris sur la grève. Pluvier gris (Charadrius squatarola) (2). — Commun, mais on en tue relativement un petit nombre, parce que ce Pluvier, très méfiant, se laisse difficilement approcher à découvert, et tombe peu volontiers au hutteau. Ce magnifique oiseau tout vêtu de velours noir, varié, au manteau de plaques d'argent, dans sa tenue de prin- temps, narrive pas en baie de Somme avant le mois de mai, quelquefois dès les premiers jours, plus souvent vers le milieu du mois. Il se tient presque constamment sur la côte ou dans l’intérieur de la baie, et ne fait guère que traverser les marais. Il forme de petites troupes de dix, vingt, trente individus, quelquefois moins, rarement plus. Pendant la saison du passage, on entend son cri d'appel qu'il pousse soit en volant, soit posé à terre. Il repasse, mais en moins grand nombre, en août et sep- tembre. Tournepierre vulgaire (Strepsilos interpres) (3). — Com- mun, au mois de mai et à la fin de l'été. Quelques-uns reviennent dès le mois d'août. Isolé ou en petites troupes de cinq à six individus. Aime à se mêler aux bandes des autres petits échassiers et tombe facilement au hutteau. Fréquente exclusivement la grève et les sables de la baie, à basse mer. (1) En baie de Somme : Religieuse. (2) Picard : Houvière. (3) Picard : Colombe. Chevalier aboyeur (Totanus glottis) (4). — Commun au printemps, fin d'avril et mai, repasse en août et sep- tembre. Le plus souvent par paires ou en petits groupes. Sur la plage, dans les mollières, et plus fréquemment encore peut-être dans les marais et près des mares d’eau douce. Chevalier brun (Totanus fuscus) (2). — Commun. Passe isolément ou par petites bandes, au printemps, dès le milieu d'avril et en mai. On le rencontre alors dans la baie et on le tue au hutteau. Il paraît cependant préférer les marais d’eau douce. Revient à l'automne, mais le pas- sage du printemps est le plus abondant. Chevalier gambetre (Totanus calidrès) (3).—C'est peut- être l'oiseau le plus commun dans la baie de Somme, au passage du printemps. Il fait la joie du chasseur par la facilité avec laquelle il répond au sifflet et tombe au hutteau. Point n’est besoin même d’être caché pour l’at- tirer à la portée du fusil. Je l'ai vu souvent voler en cercle au-dessus de Ja tête d’un chasseur sachant conve- nablement imiter son cri d'appel, et se faire tuer avant d'avoir pu reconnaitre son erreur. Oiseau éminemment bavard, le Pied rouge anime la baie, au printemps, des notes claires et percantes de son sifflement continuel dont il multiplie et varie les accents quand il va s’abattre en compagnie. De passage en mars, avril, mai, et au retour, en sep- tembre et octobre. On en voit, dès la fin de juillet, de petites troupes sur la côte et dans les marais. En automne, il se tient plus volontiers sur la côte et dans l’intérieur de la baie que dans les marais. à Chevalier stagnatile (Totanus stagnatilis). — Ob- servé au) hâble d'Ault, au printemps. Ne fait, je crois, que des apparitions accidentelles. Dans tous les cas, passage très irrégulier et très peu abondant. Chevalier silvain (Totanus glareola). — De pas- sage en mai et ensuite en août, septembre et octobre, quelques-uns dès le mois de juillet. Au printemps, je l'ai rencontré le plus souvent isolé ou par paires; dans Île mois de septembre, au contraire, en petites troupes de cinq, six et jusqu’à dix individus. Se tient presque tou- jours dans les prairies humides et les marais, très rare- ment sur la plage et dans les mollières. Son sifflet est assez agréable et forme comme une espèce de ramage quand l'oiseau va se poser. Chevalier cul-blanc (Totanus ochropus). — Commun au printemps dès le mois de mars, surtout en avril, et dans la première quinzaine de mai. Fréquente les marais d’eau douce, le bord des fossés. Je ne l'ai jamais ren- contré sur les grèves; mais je l’ai fait lever souvent à l'embouchure de la Maye, qui se jette dans la baie de Somme au Vau de Rue, toujours isolément. Lorsqu'il part, il jette un cri perçant, tui, tui, tui. On le tue quel- quefois aux hutteaux des mollières. Chevalier guignette (Totanus hypoleucos) (4). — Com- mun, arrive en avril. Se tient le long des digues et dans les canaux des mollières. Isolé, par paires ou en petites troupes. Niche parfois parmi les jones et les herbes. Il fait entendre fort tard, à nuit close, un petit cri plaintif. La guignette blessée, qui tombe à l’eau, plonge aussitôt et va sortir un peu plus loin. Revient en août et septembre, quelques-uns en juillet. C’est le cul- (1) Picard : Tilvot. (2) Picard : Bouillard noër. (3) Picard : Bouillard, Siffleur. (4) Picard : Triot, Guerlette. ni LE NATURALISTE 1 blanc de rivière des chasseurs. Comme l'espèce précé- dente, la Guignette vient se faire tuer, par hasard, aux hutteaux des mollières. Combattant ordinaire (Machetes pugnax) (1). — Passe sur la côte et dans les marais en avril, quel- quefois dès le mois de mars. On voit d'abord des femelles, les mâles passent les dernier, En mai on trouve des mâles avec leur parure, mais souvent encore incom- plète. Repasse en août et septembre, cette fois les mâles les premiers, puis les femelles et les jeunes. Niche accidentellement dans les prairies maréca- geuses voisines de la mer. Bécasseau maubèche (Tringa canutus) (2). — Très commun, Il forme des bandes très nombreuses qui se tiennent constamment sur la côte et les sables de la baie. La Maubèche s'abat au hutteau avec une ingénuité digne de compassion. On en tue, tous les ans des quan- tités énormes. Arrive dès le mois d'avril, mais surtout en mai, Repasse en août, septembre et octobre. Bécasseau violet (Tringa maritima). — Rare. Passe en même temps que l'espèce précédente, mais on ne tue que des individus isolés ou mêlés aux bandes des Mau- bèches. Bécasseau cocorli (Tringa subarquata). — Com- mun, Passe en mai, jusqu'en juin. puis en août et sep- tembre. On rencontre rarement seuls les Cocorlis, ils se réunissent ordinairement aux bandes des autres échas- siers, particuliérement, en baie de Somme, à celles du Bécasseau brunette. C’est un oiseau essentiellement ma- ritime qui s'éloigne peu de la plage. Bécasseau brunette (Tringa torquata) (3). — Passe en grandes bandes en avril, mai, jusqu'au commen- cement de juin. Repasse, après avoir niché, dès le mois d'août et en septembre, et l’on en voit pendant toute la durée de l’automne. Cette espèce est plus petite que la forme suivante; mais, sauf la taille, et les dimensions du bec et des tarses, elle est de tout point semblable au Bécasseau cincle, et doit être considérée comme une race plus petite. Les deux types d’ailleurs passent de l’un à l’autre par des formes intermédiaires dont j'ai recueilli une série. Bécasscau cincle (Tringa cinclus). — Beaucoup moins commun sur les côtes de Picardie, que le Bécas- seau brunette, Se montre aux mêmes époques. Forme généralement des bandes à part, bien qu’on puisse tuer quelques sujets mélés aux bandes des Brunettes. Bécasseau platyrhinque (Tringa pygmæa). — Rare. De passage irrégulier, aux mêmes époques que les autres petits échassiers, On tue de temps en temps sur la plage quelques Individus isolés. Bécasseau minule (Tringa minuta). — Commun. _ De passage régulier. Mêlé aux bandes de Brunettes ou _ isolé. Bécasseau temmia (Tringa Temminckii). — De passage régulier comme l’espèce précédente, et aux mêmes époques, mais moins commun, Se mêle aussi aux bandes des Brunettes. Quelquefois isolé ou par paires. Sanderling des sables (Calidris arenaria) (4). — (1) Picard : mäle, Paon de mer, femelle, Sotte ; Cotteret garu. (2) Picard : Rousselte, Pouillette, Ouillard. (3) Alouettes de mer. (4) Picard : Guerlelle rouge ou blanche, selon la saison. — Commun. De passage régulier, au printemps : surtout au mois de mai, et à l'automne : en septembre et octobre. En troupes plus ou moins nombreuses où en compagnie d'autres oiseaux de rivage. Barge rousse (Limosa rufa) (1). — De passage régu- lier au printemps, en mai et à l'automne, en septembre et octobre. Quequefois en grandes bandes, ordinairement en petites troupes qui ne dépassent pas une douzaine . d'individus. Barge égocéphale (Limosa ægocephala) (2). — Plus commune que l'espèce précédente, se montre plus tôt, au mois de mars et en avril, repasse en septembre et octobre. Courlis cendré (Numenius arquata) (3). — Très com- mun. En bandes nombreuses, dans les mois de mars, avril et mai. Dès les premiers jours de mai, le passage commence à diminuer, et vers le milieu du mois on n’en voit plus beaucoup. Il en revient au mois d'août, parfois dès le milieu de juillet. Le passage de retour grossit en septembre, octobre et novembre. C’est un oiseau très défiant qu'il est difficile d'approcher à décou- vert, mais qui tombe assez bien au hutteau. Courlis corlieu (Numemtus minor) (4). — Moins com- mun que le Courlis cendré. Passe plus tard. Au prin- temps on n’en voit guère avant la mi-avril. Ne forme pas de grandes bandes comme le Courlis cendré, se montre en petites troupes et parfois isolément, Com- mence à repasser, comme son congénère, à la mi-juillet. Courlis à bec grêle (Numenius tenuirostris). — Rare. De passage très irrégulier. Récurvirostre avocette (Recurvirostra avocetta) (5) —. Passe tous les ans, en petites troupes, en avril et mai. On en voit ensuite en aout et septembre, mais en très petit nombre. Se tient sur les sables et fréquente aussi les grands marais voisins, Séjourne peu. Spatule blanche (Platalea leucorodia) (6). — Passe tous les ans, au printemps et à l’automne, mais en petit nombre et séjourne peu, isolément ou en groupe de trois ou quatre individus. La troupe la plus nombreuse que j'aie jamais rencontrée était composée de dix individus. La Spatule arrive quelquefois de très bonne heure, quand la fin de l'hiver est douce. J'en ai tiré dans les premiers jours de mars. Elle se montre ordinairement en avril et mai, et repasse au commencement de septembre, les sujets observés à cette époque sont presque toujours des jeunes. Tels sont les oiseaux que l’on tue habituellement au hutteau, mais cette chasse est pleine de surprises, et de temps -à autre survient au milieu des étombis quelque gibier insolite. C’est ainsi que j'y ai vu tuer l'Ibis falci- nelle, la Cigogne Noire, le Héron pourpré, des Phala- ropes dentelés, mère des Faucons pèlerins qui se jettent sur les appelants, et aussi des espèces très rares. J'ai trouvé, il y a quelques années, dans le carnier d’un hut- tier de la baie de Somme une Barge térek (Limosa terek. Temm.),oiseau quihabite la Sibérie et les côtes de l'Asie. Au mois de mai 4895, un huttier de Saint-Valery, a tué, dans les mollières du fond de la baie, deux échasses (4) Picard : Bouffarie. (2) Picard : Pilhui, Bout feume. (3) Picard : Corlu, Corleru. (4) Picard : Colteret. (5) Picard : Clette. (6) Picard : Palotlier. 18 LE NATURALISTE blanches, un mâle et une femelle (Himantopus candidus). C’est une espèce que l’on ne voit plus, pour ainsi dire, dans ces parages. Cependant le fait que cet oiseau porte en patois picard un nom spécial et bien expressif, Gam- bade, semble prouver qu'il s'y montrait autrefois moins rarement qu'aujourd'hui. Un couple aurait même niché, en 1819, dans les dunes de Saint-Quentin, à l’entrée de la baie (1). MAGAUD D'AUBUSSON. 2) Les plantes bulbeuses de la Flore française : Liliacées. nn RAR Te Les plantes bulbeuses, autrement dites plantes à oignons, ont le privilège d'attirer l'attention, d'exercer une véri- table attraction sur l'amateur. Qui n'admire les Tulipes, les Jacinthes, les Narcisses et toute cette pléiade, aussi gracieuse qu'élégante, des Liliacées et des Amaryllidées? Joignons-y les Glaïeuls, quoi que ce ne soit pas pour les botanistes des plantes bulbeuses dans l’acception rigou- reuse et exacte du mot. Il ne faudra point chercher sur le sol français ces Lis merveilleux de la Chine et du Japon, ces Tulipes de l'Asie orientale, ces Hippeastrum brésiliens ; mais, tout modeste qu'il est, le lot, que nous pouvons trouver chez nous, n'en est pas pour cela à dé- daigner et mérite bien qu'on lui consacre quelques instants d'attention. Si nous nous en prenons aux Liliacées, nous n'avons que l'embarras du choix entre les Tulipes, les Fritillaires, les Lis, les Scilles, les Gagea, les Jacinthes, les Ornitho- gales, les Muscari, l'Erythronium, le Lloydia et l Uropeta- lium des hautes montagnes et, par le fait, plus rares et dans la nature et dans les cultures : les Aulx eux-mêmes ne devront point passer inaperçus. Les Tulipes se plaisent dans la plaine; elles aiment les champs cultivés, les vignes, et la plupart d’entre elles ne sont pas, en eflet, spontanées chez nous, mais ont dû être introduites à des époques plus ou moins reculées. Les unes ont les étamines à filets barbus à la base, les autres les ont glabres. Au premier groupe appartient le Tulipa sylvestris L., belle espèce à fleurs jaunes, légère- ment odorantes, penchées avant l’anthèse, campanulées, à divisions de largeur très inégale, acumisées et barbues au sommet, à feuilles linéaires, glaucescentes, à bulbe sans stolons, donnant naissance à une tige élevée, qui dépasse un peu les feuilles. C’est la tulipe sauvage qu’on rencontre dans toute la France et qui pullule dans cer- tains vignobles, au point d'être considérée comme une mauvaise herbe. Le Tulipa gallica Loisel de Provence en estune réduc- tion à fleurs plus petites. Le Tulipa Celsiana D. C., a la fleur dressée avant l’anthèse, jaune teintée de vin exté- rieurement et les bulbes émettent des stolons. Il ap- partient à la région méditerranéenne, remonte jusque dans le Dauphiné et atteint le Maine-et-Loire ainsi que l'Ille-et-Vilaine. Au groupe des espèces à filets des étamines glâbres ap- partient le Tulipa Clusiana D.C., type d’où sont issues la plupart des formes cultivées dans les jardins. Les fleurs (1) D'après M. de Lamotte, ornithologiste très informé, de l'arrondissement d’Abbeville, qui a fourni des notes précieuses à Vieillot pour la partie ornithologique du Nouveau Diction- naire d'Histoire naturelle. Sa collection appartient aujourd’hui au musée d’Abbeville. sonthlanchesintérieurement, plus ou moins teintées de vin sur le dos. C’est une plante méridionale. Le Tulipa Oculus Solis Saint-Amans, de l’Agenais et du bassin de la Ga- ronne, est une très belle plante du même groupe, à. fleurs rouge écarlate à l'intérieur, pâle et vineux exté- rieurement, tachées de violet à la base. Au voisinage se trouve le Tulipa præcox Ten., originaire probablement d'Italie, caractérisé par ses fleurs d'un beau rouge, en coupe non évasée au sommet et à divisions très con- caves. On l’a rencontré en Provence et aux environs de Lyon. Le Tulipa Didieri Jord., de Guillestre, s'en dis- tingue par le coloris de ses fleurs, d'un beau rouge pas- sant par de nombreuses transitions au jaune pâle et mar- quées dans leur quart inférieur et en dedans d’une tache en forme de coin, bleu grisäâtre ou bien noirâtre bordée de jaune. On signale encore comme appartenant à la flore française le Tulipa Billietiana Jord., de Savoie, dédié à l’archevêque de Chambéry, le cardinal Billiet qui s’'adonna quelque peu à la botanique, à une certaine époque de sa vie. Les fleurs sont grandes, jaunes, tein- tées de rouge. Bien différentes sont les Fritillaires avec leurs fleurs brun-pourpré, brunâtres, quelquefois marquées de jaune, si bizarrement panachées de carreaux en forme de damier. Tout le monde connaît le Fritillaria Meleagris L., la fritillaire Pintade, qui orne si gracieusement, dès le mois d'avril, les prairies humides de l’ouest et du centre de la France, La région alpine des Pyrénées est la patrie du F. pyrenaica L.; le Dauphiné voit naître le F, delphi- nenis Gr. et les régions chaudes du Dauphiné, des Basses- Alpes et du Var, fleurir le Fritillaria involucrata AI. dont le damier floral est moins distinct que dans les es- pèces précédentes et les feuilles très nettement opposées et verticillées. Avec les Lis apparaissent les perles des Liliacées fran- çaises. Citons pour mémoire le Lis blanc (Lilium candi- dum 1.) cultivé dans tous les jardins et Justement popu- laire pour la beauté et la teinte virginale de sa fleur. Il n’est pas réellement spontané en France. Ses fleurs sont en cloche et dressées comme celles du Lilium croceum Chaix qui les a safranées, souvent disposées par 2-4 en ombelles au centre d’un verticille de 2-5 feuilles assez larges. De la tige, haute de 4-6 décimètres, naissent des feuilles étroites dépourvues de bulbilles à leur aisselle. On le rencontre dans la partie subalpine du Dauphiné. Ont les fleurs penchées avec les divisions roulées en dehors, le Lis Martagan, le Lis des Pyrénées et le Lis Pompon. Le Lilium Martagon L. à des fleurs roses ponc- tuées de pourpre et des feuilles verticillées largement lancéolées. I habite la région montagneuse dans toute la France et descend jusque dans la Côte-d'Or. Le Lilium pyrenaicum Gouan, de la partie élevée des Pyrénées, est caractérisé par ses fleurs d’un beau jaune, ponctuées de noir à la base, sa tige feuillée jusque dans la grappe. Quant au Lilium Pomponium L. du Var, des Alpes-Mari- times et des Basses-Alpes, sa tige, presque nue supérieu- rement est terminée par une grappe de 1-6 fleurs d’un rouge minium tirant sur l’orangé, ponctuées de noir à la base. Les Ornithogales sont plus humbles dans leur flo- raison; leurs teintes sont aussi moins recherchées et s’écartent peu du blanc ou du jaunâtre. Les fleurs y sont dispersées en longue grappe qui ressemble à un épi, très nombreuses dans l’Ornithogalum pyrenaicum L., abondant dans les bois humides de la France et dans LE NATURALISTE 19 l'O. narbonense L. du Midi. Elles sont blanches avec une bande dorsale verte dans cette dernière espèce tandis qu’elle sont jaunâtres et insignifiantes dans la pre- mière. Elles sont peu nombreuses et blanches, de grandes dimensions dans l'O. nutans Li. dispersé sur toutes les parties du territoire français, et arrivent à ne former qu'un corymbe dans l'O. umbellatum L., bien connu sous le nom populaire de Guigne midi, de Dame d’onze heures et dans l'O. arabicum L. de Provence. Le bleu appartient aux Scilles, aux Muscaris et aux Jacinthes qui forment trois genres à affinités très rappro- chées, Les divisions florales sont libres et étalées dans les Scilla où nous trouvons la jolie scille à deux feuilles (S. bifolia L.) qui décore si agréablement les bois du ju- rassique dès le premier printemps. C’est une humble plante, remplacée dans l’ouest par la Scilla verna à fleurs plus nombreuses, À la même époque deux grandes es- pèces entrent en floraison : Scilla lilio-Hyacinthus L. dans l'Ouest, l’Auvergne et une partie du centre, avec des bractées très longues et caractéristiques; Scilla hyacin- thoïdes L,, à bractées courtes dans l'extrême Midi. Plus rares sontles Scilla amæna L. etitalica L. également méri- dionales et, à l'automne apparait la S. autumnalis L avec des petites fleurs en grappes serrées et des feuilles parais- sant après la floraison. Les jacinthes on leurs fleurs à divisions conniventes soudées jusqu'au milieu et étalées. C’est la Jacinthe d'Orient avec sa variété blanche (Hyacinthus provincialis et albulus Jord.),de la Provence, dontla culture, longtemps sélectionnée, a produit les admirables plantes que nous voyons chaque hiver. Les H. amethystinus L. et fastigiatus Bertol. sont plus bumbles et appartiennent l’un aux Pyrénées centrales, l’autre aux montagnes de la Corse, On pourrait placer ici la Jacinthe de nos bois, l'Hyacinthus non scriptus L. dont on a fait le genre Endymion, aux ca- ractères ambigus, avec les divisions florales soudées seule- ment à la base mais qui se trouve mieux avec les Scilles sous le nom de Scilla nutans. La Scilla patula DC., assez fréquemment cultivée, à fleurs plus grandes et plus ou- vertes, à feuilles plus larges, appartient à peine à la flore française ; on ne l’a indiquée qu’à Bayonne, Quant aux Muscaris également de couleur bleue, leurs fleurs sont en grelots, petites, très nombreuses et serrées. Partout croît le M. racemosum DC., que le M. neglectum Guss. remplace dans le midi, et le M. comosum Mill., ce der- nier facile à distinguer à sa houppe terminale formée de fleurs stériles, tous trois à fleurs ovoides. Les M. bo- tryoides DC. et Lelievrei Bor., plus rares, les ont subglo- buleuses. Peu distincts du genre Muscari sont les Bellevalia dont les fleurs rappellent un peu celles des Jacinthes, En Provence et dans le bassin de la Garonne croit le B. romana Reichh, ; aux environs de Toulon, le B. trifoliata Kunth. Pour être complet, il nous faudrait citer encore les Allium dont deux espèces présentent quelque interêt floral, l'Allium Victorialis L., des régions montagneuses, à larges feuilles lancéolées, à ombelles com. pactes de fleurs blanc-verdâtre, à bulbe très allongé et horizontal ; l'A. neupolitanum Cyril. que le Midi expédie à profusion aux Halles de Paris; le Nothoscordum fra- grans Kuntb, de Hyères; l’Erythronium Dens-Canis L. espèce montagnarde, à grande fleur violette, solitaire, rappelant celle des Cyclamen, à feuilles maculées de pourpre, à bulbilles semblables à des dents de chien; les Gagea aux petites fleurs jaunes peu voyantes; le Lloydia serotina Richb. du Dauphiné, à fleur blanche; l'Uropeta- nm Serotinum Gaud. à fleurs jaunes, des Pyrénées: l'Urginea Scilla Steinh., des bords de la [Méditerranée, dont l'énorme oignon fournit à la pharmacie la Scille maritime. P. HARIOT. PHOTOGRAPHIE Coloration des positifs pour projections. — C’est un fait certain que la coloration toujours uni- forme des positifs sur verre est bien monotone, On sait qu'on peut modifier leur teinte générale en se basant sur les deux faits suivants : 4° un positif ordinaire, plongé dans un premier bain composé de ferrocyanure de potas- sium et d’azotate d’urane, prend une coloration qui va du brun au rouge sanguin, suivant les proportions des deux constituants ; 2° plongé ensuite dans un bain de perchlorure de fer, le diapositif passe du vert olive au bleu de Prusse, suivant la concentration du bain. On peut arriver à produire des effets variés en suivant les indications qu'a données M. A. Parfait au PAoto-club de Paris. Si l’on plonge un diapositif dans le premier bain et qu'on l'y laisse seulement le temps nécessaire pour que les demi-teintes seules soient modifiées, tandis que les parties opaques gardent leur coloration noire et restent encore pour la plus grande portion constituées par de l’argent non modifié, lorsque ensuite, on passera au deuxième bain, le diapositif, au lieu de devenir entière- ment bleu, donnera du bleu et du noir, En outre, si le sujet présente des parties absolument claires, trans- lucides, comme nous sommes ici en présence de réactions qui s’exercent aux dépens de l’argent et non en présence d’une coloration de la gélatine, les parties transparentes du diapositif, ne contenant pas d'argent, ne prennent aucune coloration. On peut donc par ce procédé pro- duire facilement sur un positif, du bleu, du blanc et du noir ; il suffit de limiter pour cela l’action du premier bain. En tirant parti de la propriété que possède le cya- nure de potassium de faire revenir un positif coloré à sa teinte noire primitive, on peut produire un nouvel effet, en passant légèrement un pinceau imbibé d’une solution de cyanure ou d’ammoniaque, sur le premier plan, de façon à créer une opposition entre le ciel et le terrain. Ces procédés de coloration conviennent particulière- ment aux vues de montagnes et permettent de rendre certains effets de nuit. Dans ce dernier cas, après le pas- sage au rouge brun dans le premier bain, on plonge le positif dans un bain très dilué de perchlorure de fer, de facon à amener au fond, dans la région des cimes, là où la couche d’argent est très mince, une très légère colo- ration bleuâtre : après avoir lavé l'épreuve on la presse sur un buvard et on passe sur le ciel un pinceau trempé dans une solution plus concentrée de perchlorure de fer pour lamener à un bleu franc, Il est important de noter que, pour qu'un positif con- vienne bien à ces transformations, il faut que la pose normale ait été dépassée, de facon que l’image soit plutôt un peu faible et le ciel légèrement grisé ; il est en effet nécessaire qu'il y ait de l'argent dans le ciel pour que la coloration puisse s’y produire. Tout ce qui précède suppose l'emploi des plaques au lactate Guilleminot; avec des plaques au chlorure, les résultats ne sont pas les mêmes. Ainsi une plaque à l’'Ilford Alpha, soumise à ces bains, a donné dans le ciel sous l’action du perchlorure de fer concentré, une colo- ration rougeûtre. H. Coupix. 20 LE NATURALISTE MICROGRAPRIE TECHNIQUE HISTOLOGIQUE La Liqueur de Pacini consiste en un mélange de sublimé avec le double de son poids de sel de cuisine, auquel on ajoute une quantité d'eau plus ou moins con- sidérable suivant le titre de la solution que l’on veut obtenir et l'usage que l’on désire en faire. Le Liqueur de Ripart et Petit peut également servir comme agent conservateur. La Liqueur de Gilson spéciale pour la conservation des préparations est formée de : Eau distillée. 0e." rreere NA LOL AE 30 gr. AÏCOOL A0 Se ur LUE eee el 60 gr. Glycérimess ere renere eee 30 gr. SUDIIME SE errereee- cer EE EEE UE 0 gr. 45 Acidesacetique.à 10 10/0 EPP IT EEE EEE 2 cc. Cette liqueur ne doit être employée que pour la conser- vation de tissus ayant été d’abord préalablement fixés avec beaucoup de soin. C’est un milieu recommandé toutes les fois que lon désire étudier la structure du protoplasme ou du noyau. Nous ne ferons que signaler en terminant : le Vert de Méthyle auquel on ajoute une trace d'acide osmique et le Picro-carmin qui est à la fois un agent fixateur, colorant et conservateur des tissus, mais nous sommes loin de les préconiser. Certainement ils peuvent dans certains cas rendre quelques services, mais il ne faut pas leur demander beaucoup. Lulage des préparations. — Lorsqu'on a versé sur les coupes quelques gouttes du milieu conservateur que l’on a choisi, 1l faut, dans la majorité des cas, recouvrir le tout à l’aide d’une lamelle. Les lamelles couvre-objet ont des formes, des dimen- sions, des épaisseurs et des formes variables et chacun emploie ce qui lui convient. Quelques conseils ne seront peut-être pas inutiles, malgré cela. Nous nous servons de deux dimensions de lamelles : les unes petites 22/22mm nous servent aux usages courants, pour l'examen à plat des tissus ou autres, mais jamais pour des préparations sérieuses. Si nous employons les petites à ces usages courants, c'est tout simplement parce qu'elles coûtent bon marché et qu'on en casse beaucoup dans une année de recherches. Pour les préparations plus sérieuses et à conserver, nous n’employons que les grandes lamelles rectangu- laires 22/32mm, Elles sont commodes, car on peut faire entrer un certain nombre de coupes au-dessous, et autant que possible nous n’employons qu’une lamelle par lame laissant tout le reste de la lame pour les indications de l'étiquette. Lorsqu'on place les coupes sur la lame, il faut autant que possible ne pas s’exposer à dépasser les limites de la lamelle que l'on désire employer ultérieurement; pour cela on se sert d’un instrument appelé du nom pompeux de photophore et qui consiste tout simplement en un bloc de bois cubique, évasé obliquement suivant l’une de ses faces sur laquelle on colle un morceau de miroir, Sur la partie supérieure est collé un simple morceau de verre à vitre sur le milieu duquel on a marqué à l'encre ou même au diamant, les dimensions de ses lamelles. On place la lame sur laquelle on veut coller les coupes, au-dessus du cadre fixé pour la lamelle et l’on peut faire ainsi pour les coupes sans s’exposer à dépasser les limites de la lamelle. Il y a des photophores beaucoup plus compliqués mais nous trouvons que le précédent l’est déjà trop, aussi nous abstiendrons-nous de les décrire, d'autant plus qu’on peut parfaitement obtenir les mêmes résultats en traçant tout simplement sur une feuille de papier blanc ou noir un cadre de la dimension des lamelles à employer et en pla- cant dessus, la lame préparée pour recevoir les coupes. C'est le procédé dont nous nous servons et quoique très primitif, nous le trouvons excellent. J'ai dit que le plus souvent on recouvre la préparation et le liquide conservateur d’une lamelle, mais on peut et même on doit s’en dispenser dans certains Cas Spéciaux, à la condition toutefois d'emplover un milieu à base de Dammar où mieux encore de Baume. C'est par exemple ce qui arrive dans les coupes de pré- parations faites suivant les méthodes de Golgi ou de Ramon y Cajal. Quand on emploie des résines et une lamelle, ou peut parfaitement se dispenser de luter les préparations, à la condition d'employer le baume ou le dammar en solu- tion semi-fluide seulement, surtout pas trop liquide, il est préférable qu’elle soit plutôt légèrement solide que trop fluide, car dans ce cas, lorsque le dissolvant s’est évaporé, il peut se produire des vacuoles qui se rem- plissent d’air et qui détériorent absolument la prépa- ration. Toutes les fois que le liquide conservateur est suscep- tible de s’'évaporer facilement, le lutage doit être fait très soigneusement faute de quoi, au bout d’un temps très court, les préparations se dessèchent et ne sont plus bonnes à rien. Nous ne saurions trop attirer l’attention sur cette opé- ration futile en apparence, mais grâce à laquelle, on peut, si elle a été bien faite, étudier des préparations, bien des années après qu'elles ont été faites et c’est là, souvent, un avantage précieux qui peut éviter une bien grande perte de temps. Le meilleur lut est celui qui adhère le plus intimement au verre. Toutes les fois que le milieu conservateur est très liquide (c’est-à-dire en somme tous, excepté ceux à base de résine) on doit primitivement faire ce que l’on appelle une cellule qui, naturellement doit avoir la forme et les dimensions de la lamelle que l’on désire employer. On trouve dans le commerce des lames où les cellules sont toutes préparées, mais il est bon de savoir soi-même les préparer. Les coupes ou autres préparations sont placées dans les limites de la cellule, on ajoute le liquide conservateur, on recouvre d’une lamelle et on lute, telle est la marche à suivre dans ce cas. Préparation de la cellule. — Les lames sur lesquelles on veut préparer des cellules doivent être bien lavées à l'alcool et bien essuyées, ce n’est qu’alors qu’on peut les placer sur la fournette. La Tournette se compose d’un châssis en bois échancré d’un côté suivant un angle dièdre droit et, de l’autre, plus élevé de façon à pouvoir appuyer la main. La partie échancrée porte, sur son plan horizon- tal, un plateau mobile sur un axe vertical. Ce plateau est circulaire et porte sur sa périphérie deux valets qui servent à fixer la lame dans une position déterminée. LE NATURALISTE 21 ee ———_——…—…—"—"…—" —"…—…"…"…"—"—"—" "…"”"—"—…"…"—"—"—"—"—"— —"—"—"—…"…——…—…—…—————————— Sur la face du plateau, qui est en cuivre, on a tracé préalablement les diagrammes des lamelles différentes rondes ou carrées que l’on emploie, et ont peut alors pla- cer la lame de facon que le diagramme voulu soit en place sous la lamelle. Si l’on à affaire à une lamelle carrée, la tournette ne justifie guère son nom pour la préparation de la cellule, car on doit immobiliser le plateau et, à l'aide d’un pin- ceau rempli de la substance dont on veut faire la cellule, passer des couches successives sur la lame en suivant le diagramme de la lamelle que l'on aperçoit par transpa- rence. Si, au contraire, on veut faire une cellule circulaire, la tournette devient alors indispensable. Dans ce cas, on place l'extrémité de son pinceau sur le diagramme de la lamelle que l’on veut employer et en le maintenant fixe par l'immobilité de la main, on n’a plus qu’à faire tour- ner le disque. On passe ainsi successivement deux ou trois couches, en avant soin de laisser sécher chaque fois la précédente, selon l’épiasseur que l’on veut donner à la cellule. La tournette sert encore lorsque, après avoir placé la la- melle sur la cellule, on veut la luter, l'opération est exactement la même que précédemment. Le lutage doit toujours être fait autant que fpossible à l’aide de la substance qui a servi à faire la cellule; mais on emploie souvent le baume de Canada pour faire la cellule et le bitume de Judée pour lester la pré- paration. ; Parmi les substances qui servent à fabriquer les luts divers, le Bitume de Judée occupe une des premières phaces. C’est une matière noire, solide et soluble dans la benzine, l'essence de térébenthine, etc. La solution ainsi obtenue n'a pas, la plupart du temps, une aflinité suffi- sante pour le verre; on augmentente sa résistance en ajoutant une petite quantité d'huile de ricin. On trouve des dissolutions de bitume de Judée toutes préparées, dans le commerce, chez les marchands de pro- duits spéciaux pour la micrographie. Le Mastic de Bell se trouve aussi tout préparé, c'est un lut excellent, il est fluide et sèche très rapidement. La Térébenthine de Venise que l’on emploie pour le lu- tage des préparations est obtenue par dissolution dans l'alcool fort, en assez grande quantité pour obtenir un mélange très fluide et filtrable. On filtre la solution et on évapore lentement au bain de sable de facon à obtenir une substance solide qui doit être employée avec un fer chaud spécial appelé fer à luter. Les fers à luter que l’on prend pour les luts à la téré- benthine de Venise, la paraffine, etc.,enfin, pour tous ceux qui doivent être employés à chaud, sont les mêmes que ceux qui servent à la fixation des blocs de paraffine sur les porte-objets microtomes. La Paraffine peut servir comme lut de deux facons, soit pure, soit mélangée à la térébenthine de Venise ou à la cire blanche. Ces deux derniers corps lui donnent une adhérence beaucoup plus grande sur le verre. Quand on l’emploie seule, il faut prendre de la paraffine fondant à 60 ou 55°, elle a plus de résistance que celle qui ne fond qu’à 40 ou 45°. Par elle-même la parafline résiste peu, surtout lorsque les préparations sont souvent maniées; aussi le plus sou- vent passe-t-on par-dessus la parafline, un autre fut obtenu par la dissolution de la Cire à cacheter dans l'al- cool fort. Ce corps ne peut guère servir que Comme vernis, peu comme fut véritable. La solution alcoolique de cire doit être presque visqueuse, car, si on l’emploie étant trop fluide, il met un temps considérable à sécher et sa force d’adhérence n’en est pas augmentée. Enfin, la Gomme laque en solution alcoolique épaisse, constitue encore un lut que l’on peut utiliser. GRUVEL. am DESCRIPTION D'UN COLÉOPTÈRE NOUVEAU LUCANUS CERVUS var. JUDAICUS-mihi (var. nova.) Ain-Tab. Cette variété ne m'est connue que par un seul exem- plaire de grand développement, qui m'a été communiqué par M. H. Boileau et que je figure ici. La coloration de ce spécimen est en entier d’un brun châtain obscur, un peu terne et d'apparence mate, sur- tout sur la tête et le thorax; sa conformation générale Lucanus cervus var. Judaïicus rappelle celle du Luc. cervus forme Syriacus que j'ai figuré pl. 12, fig. 2 du premier volume de ce travail. Elle en est même tellement voisine que, malgré quelques différences, d’ailleurs légères, dans la confor- mation du labre et de l’épistome, il me paraîtrait tout à fait impossible de séparer ces deux formes, si cette nou- velle variété (var. judaicus) ne possédait comme particu- larité de n'avoir que quatre feuillets à la massue anten- naire. Il s’agit là, en effet, d'une différence très digne d’in- térêt puisque toutes les autres variétés connues du Luc. 22 LE NATURALISTE MEURT RE EE RE ER ETES EEE OR PT PER A AN NT cervus possèdent soit 5, soit le plus souvent 6 feuillets antennaires et que cette tendance à un sixième feuillet est d'autant plus marquée que l’on s'approche de l'Orient. J'ai dit que quelques autres différences caractérisent le spécimen dont il s’agit ; il convient, en effet, de noter que le clypeus est convexe et non déprimé comme cela se voit presque toujours chez la var. syriacus, et que l’épistome, presque vertical, est fort long, ogival, nette- ment et fortement rebordé et qu'il se termine, en outre, par un petit prolongement étroit et cylindrique dont je n’ai vu l'équivalent chez aucun Lucane vrai. L'examen d’autres spécimens de la même forme déci- dera seul si cette disposition est normale ou si elle est spéciale à l'individu qui fait l’objet de cette description. La localité d'Aïn-Tab, qui est mentionnée comme pro- venance de cet insecte, est l’ancienne Antioche de Taurie. Elle est située à 90 kilomètres au N. E. d’Alep par 3703 lat. N. et 35°5° long. E. Louis PLANET. LE GUI VISCUM ALBUM Le gui est une plante parasite que l’on rencontre com- munément sur les vieux pommiers de pommes à cidre en plein vent et sur le peuplier, notamment le peuplier de Virginie. Il est excessivement rare sur les vieux chênes, Quercus robur et pedunculata, Tout le monde connaît la cérémonie de la cueillette du gui de Chêne par les druides. On a encore rencontré le gui sur les arbres suivants : poirier, aubépine, néflier, faux acacia, où tout le monde peut en avoir vu; tandis qu'il est beaucoup plus rare sur le pêcher, les arbres verts (Épicéa), l’érable, le bouleau, le marronnier d'Inde, le châtaignier, le noi- setier, etc. On l’a signalé sur plus de cent espèces différentes d'arbres ou d’arbustes. On peut le semer artificiellement sur les écorces des groseilliers, des cerisiers, etc. ; quitte à enlever artificiellement l’épiderme au besoin. On n’arrive pas encore à l’obtenir sur la vigne; mais On y parviendra peut-être un jour. On signale à Isigny le Buat (Manche), près de la ferme du Bois, un Chêne pédonculé porteur d’un pied de gui femelle, d’une puissance de végétation tout à fait extraor- dinaire. Comme le dit fort bien M. Guérin, dans le Bul- letin de la Société linnéenne de Normandie, il est vrai- semblable que, jadis, certaines variétés de chênes, actuellement devenues fort rares, étaient particulièrement aptes à la reproduction du gui sacré, de sorte que ces arbres étaient devenus des arbres sacrés pour les Gau- lois. Il suffit d’ailleurs d’une seule touffe de gui pour donner des branches de gui pendant des années, si on a soin de la ménager et de ne pas la détruire en cassant la branche du chêne qui la porte. Actuellement, on connait assez de guis vivant sur le chêne, et on peut en faire pousser au besoin (bien que cela soit extrêmement délicat et que plusieurs expérimentateurs aient échoué), pour en fournir aux cérémonies annuelles des Druides, si on était tenté de les renouveler encore aujourd'hui. Avec le goût des générations nouvelles pour la résur- rection des cérémonies antiques, notamment des céré- monies celtiques, on peut s’attendre à voir renaître, d’un jour à l’autre, la cueillette du gui sacré avec une serpe d'or. Les collèges de Druides ont encore de beaux jours devant eux, car les cérémonies antiques de nos ancêtres ont pour nous un inexprimable attrait. Le mot druide vient précisément du grec, ôpue Chêne. En gaulois, chêne se dit caer-quès ; d'où le quercus des Romains, d’après Le Maout et Decaisne. Kar, Kaer, veut dire bois en Cel- tique. Gui vient de wi, gluant, visqueux, qui a fait en latin viscosus, viscidus, et en botanique viscum, le nom du gui : le gu et le v remplaçant le w germanique ou cel- tique, dans gui, wi, viscum, visqueux. C’est du gui en effet que l'on retire la glu dont on faisait jadis les gluaux, pour capturer les oiseaux. On sait que les fruits du gui sont blancs, d'où le nom de viscum album. Les oiseaux sont extrêmement friands de ces baies. Ils en avalent les graines, comme nous avalons les grains de raisin quand nous en mangeons une grappe. Ces graines passent dans leurs fientes sans avoir été digé- rées ; de sorte que les oiseaux perchés sur les arbres vont semer les graines du gui partout où ils perchent. Les graines qui tombent à terre, sur le sol, ne germent pas ; mais celles qui tombent sur les branches d’arbre ont chance de germer, si ce sont des arbres dont l'écorce présente les conditions voulues pour que ces graines puissent germer facilement. Il semble qu'avec un peu d'habileté et d'expérience on pourrait faire pousser des guis sur une foule de plantes ligneuses, où on ne les observe pas habituellement; en ayant soin de préparer leur écorce convenablement, pour que la graine de gui se trouve dans des conditions favorables à sa germination et au développement ultérieur de la plante. La question de la nocuité du gui, sur les arbres où il est implanté, n'est pas douteuse, car tous les agricul- teurs savent à quoi s’en tenir à ce sujet. Cependant il faudrait savoir si, par hasard, la nature ne rendrait pas aux arbres d’autres services, grâce au gui, pour les arbres qui les portent. Son feuillage vert ne peut que fournir du carbone et exciter la circulation de la sève, à cause de l’absorption de l’eau par la plante parasite. En outre, les oiseaux, qui viennent manger les baies du gui, doivent dévorer une quantité infinie de chenilles, puce- rons, vers rongeurs du bois, etc. En tous cas, il serait intéressant de comparer entre eux deux vergers de même âge dans deux pays différents, l'un couvert de guis et l'autre soigneusement épuré de ce parasite, afin de voir quel est celui des deux qui donne Je plus de fruits et aussi les meilleures pommes ; sans trop regarder à celui qui porte le plus beau bois. Généralement, si le gui détériore les branches des pommiers, il ne fait pas grand mal aux peupliers. I est possible que, si un arbre était surchargé de guis, il fini- rait par en souffrir ; mais nous avons rencontré d'excel- lents pépiniéristes, qui nous ont dit, dans notre enfance, que le gui n'avait jamais fait de mal aux peupliers ; sans doute parce qu'il n'y en a ordinairement qu'un petit nombre de touffes, dans notre pays du nord de la France, sur chaque arbre. Si le gui fait du mal aux pommiers, il n’y a qu’à l'enlever dans les pays où il gène ; mais il faudrait voir d’abord si ce ne serait pas un mal pour un bien, et si le mal est plus grand que le bien, avant de prendre un parti définitif. La vérité est qu'il ny a jamais de règle sans exception, et que ce qui est bon ici peut être mauvais là-bas, et réciproquement. Ce qu'il y a de curieux, c’est que le gui est parasite sur lui-même, et que le gui porte-plante ne parait pas en souffrir du tout. D' BouGoNx. D NP LE NATURALISTE 93 ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 26 décembre 1899. — M. H. Milne-Edwards, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, est nommé vice-président de l'Académie pour l’année 1900. — M. Gaston Bonnier donne à l’Académie le résultat de ses recherches de cultures expérimentales sur l’adapta- tion des plantes au ciimat méditerranéen. Les plantes de la région méditerranéenne ont, en général, des caractères qui semblent en rapport avec le climat spécial de cette région. Ces plantes subissent le plus souvent deux périodes d’arrêt dans leur végétation annuelle : l'une en hiver, moins marquée que dans les régions tempérées; l’autre en été, par suite de la grande sécheresse. Leur organisation permet aux végétaux méditerranéens de supporter un éclairement plus grand en même temps qu'une somme de chaleur plus élevée; elles ont, par suite, une assimilation chlorophyllienne énergique et doi- vent résister à une intense transpiration. Comme un grand nombre d'espèces répandues dans les régions tempérées font défaut dans le littoral méditerranéen, et, inversement, comme la flore méditerranéenne contient un nombre considérable d’es- pèces spéciales, on peut se demander si les espèces ou les va- riétés qui croissent dans cette flore ont des caractères parti- culiers que ne peuvent acquérir les espèces ou les variétés des régions plus froides. L'auteur a recherché si, dans une cer- taine limite tout au moins, les plantes des régions tempérées ne peuvent pas s'adapter au climat méditerranéen, en modi- fiant partiellement leur forme et leur structure. Il résulte des expériences faites qu'un grand nombre d’espèces des régions tempérées peuvent, dans une certaine mesure, changer de forme pour s'adapter au climat méditerranéen. De plus, les caractères provoqués par l'expérience se révélent, bien qu'avec une intensité beaucoup moindre, comme analogues à ceux qu’on remarque chez les végétaux croissant naturellement sur le lit- toral méditerranéen, et qui donnent à la flore son aspect si spécial. — M. Albert Gaudry présente à l'Académie le résumé d’un travail de M. Erland Nordenskjold sur la grotte du Glosso- therium (Neomylodon) en Patagonie. Cet édenté nommé Neomylodon Listai, par M. Ameghino, dont on a trouvé des peaux garnies de poils et des excréments, est une espèce déjà connue à l’état fossile; ce serait le sous-genre de Mylodon, appelé Glossotherium Durwini, auquel on a donné aussi le nom de Grypolherium. M. Nordenskjold prétend qu’on n’a pas de preuves que cette singulière créature ait été domestiquée et repousse le nom de G. domesticum. Il y a plusieurs grottes auprès de la ferme Eberhardt, elles sont ouvertes dans des conglomérats formés de fragments de porphyres et d’autres roches cristallines. Le Glossotherium de la Cueva Eberhardt ne vit plus de nos jours, mais il appartient cependant à des temps moins anciens que l’époque quaternaire. — M. Railliet adresse une note sur | évolution sans hété- rogonie d'un Angiostome de la couleuvre à collier. Les Angiostomes sont le type des nématodes hétérogoniques, c’est-à-dire qu'ils offrent régulièrement deux ordres successifs de générations sexuées, savoir : une forme monoïque et une forme dioïque libre. M. Railliet a étudié un Angiostome du poumon du Tropidonotus natrix dont le développement ne comporte plus de génération libre. Ce ver, nommé par l’auteur Angiostoma fuscovenosum, se présente sous l'aspect d’une fe- melle longue de 3 à 5 millimètres, large de 150 à 190 p., de teinte blanchâtre ; le corps est cylindrique, le tégument est strié en travers ; l'extrémité céphalique est tronquée; l’intestin, for- tement pigmenté, est à peu près cylindrique. Les œufs sont pondus dans le poumon; ils évoluent et éclosent sur place. Ils donnent des embryons rhabditiformes que l’on trouve en très grand nombre, non seulement dans la cavité pulmonaire, mais aussi dans le tube digestif, qui constitue leur voie normale d'expulsion. Recueillis et conservés dans l’eau de rivière fil- trée, ces larves rhabditiformes mesurent, au bout de quatre jours, 660 y; à partir de ce moment, on les voit changer suc- cessivement d’aspect et, six jours après, toutes ont subi une mue et se présentent à l'état de larves sirongyloïdes ou filari- formes. Ces larves représentent la phase ultime de la vie libre de l'espèce, la forme qui doit réintégrer l’organisme de l'hôte. — M. Pierre Fauvel a étudié le pigment des arénicoles. I existe dans le tégument des Arénicoles deux pigments or- dinairement regardés comme complètement destructifs : 19 un lipochrome jaune, contenu dans les cellules épithé- liales, dépourvu d’éléments figurés et solubles dans l'alcool; 2° un segment noir, formé de fines granulations insolubles de mélanine, localisés dans le tiers supérieur des cellules épider- miques. C’est à ce dernier pigment que certains Arénicoles doivent leur coloration noire. L'auteur s’est demandé si la couleur noire, chez l'animal vivant, n’est pas due à une modi- fication chimique du lipochrome jaune, à l'intérieur dés cel- lules, sous l'influence d’un milieu acide. Le développement de la pigmentation noire suit la même marche que la coloration jaune. Les parties antérieure et postérieure du tube digestif sont celles qui présentent une réaction acide et leur épithél\um est en continuité avec celui des extrémités du corps. Les pig- mentations noire et jaune augmentent avec l'âge. Les espèces chez lesquelles le lipochrome est le plus abondant sont aussi les plus fréquemment atteintes de mélanisme. Il résulte, de ces remarques et des expériences faites, que la formation des gra- nulations de mélanine, dans les cellules épithéliales, peuvent être attribuées à une modification chimique du lipochrome, à l'intérieur des cellules mêmes, sous l'influence de l'acidité pro- venant soit du voisinage du tube digestif, soit de l’accumula— tion des déchets organiques, soit enfin du milieu extérieur. — M. Ed. Griffon expose les résultats de ses recherches sur l'assimilation chlorophyllienne dans la lumière so- laire qui a traversé des feuilles. Il s'agissait de voir ce que devient la fonction assimilatrice dans la lumière trans- mise après avoir traversé une, deux ou plusieurs feuilles. Der- rière une seule feuille, on a toujours observé qu'il y a dé- composition d’acide carbonique, par contre, le plus souvent, derrière deux feuilles, et dans les mêmes conditions de milieu, il y a généralement dégagement d’acide carbonique. Le pas- sage de la lumière à travers une seule feuille affaiblit néan- moins d’une nuance notable la force vive des radiations qui servent à la fonction chlorophyllienne. Les résultats varient cependant si on change les conditions de temps, de nature et d’éclairement. Lorsque la lumière a traversé des feuilles, son pouvoir assimilateur se trouve abaissé, non seulement à cause de l’absorption des radiations par la chlorophylle, mais encore par suite de l'absorption due aux parties incolores, nom- breuses et surtout au protoplasma. — M. Stanislas Meunier présente un complément d’ob- servations sur Ja structure du diluvium de la Seine. L'histoire du diluvium de la Seine apparait avec une simpli- cité et une continuité qui contrastent avoc la première con- clusion d'observations trop hätives. Là où, tout d’abord, onne voyait que des témoignages de courants monstrueux par leur volume et par leur vitesse, il n,y a que la preuve de la longue persistance du régime encore en vigueur sous nos yeux. L’ana- lyse attentive de la structure interne du diluvium suflit, à elle seule et sans le secours d'aucune autre considération, pour faire repousser toutes les hypothèses diluviennes successive- ment présentées, même avec les modifications par lesquelles, depuis Belgrand, on à essayé tant de fois de les accumuler. L'histoire de la sédimentation fluviale est une de celles où la légitimité de la doctrine actualiste apparaît le plus claire- ment. — MM. Vaschide et Van Melle émettent une nouvelle hy- pothèse sur la nature des conditions physiques de l'odorat. L'opinion classique de l’odorat est encore celle ad- mise par les anciens physiciens grecs. La condition essentielle serait que des particules des corps odorants, se détachant et se répandant continuellement dans l'air, viennent en contact interne avec la muqueuse olfactive. Les auteurs formulent une nouvelle hypothèse. L’odorat ne provient pas d’un contact di- rect entre les particules détachées des corps odoriférants et les terminaisons des nerfs olfactifs, mais d’un rapport indirect au moyen de rayons de courte ondulation, analogues mais non semblables, à ceux que nous considérons cemme la cause de la lumière, de la chaleur et des phénomènes Rüntgen, etc. Voici les principales présomptions qui plaident en faveur de la thèse. Il est certain que, en général, les sensations ne proviennent pas directement des corps, mais plutôt du milieu ambiant. Les nerfs olfactifs ont la même origine cérébrale que les nerfs optiques, leurs fonctions doivent se ressembler; les odeurs possèdent la faculté d’absorber la chaleur rayonnante ; donc rapport entre les odeurs et les rayons de chaleur; les subs- tances ne perdent pas de poids ni de volume, du moins d’une facon appréciable, sauf les substances volatiles; il y a des corps dont les particules se détachent et qui ne sentent pas, et réciproquement; on a trouvé que l'absorption des odeurs varie 2; LE NATURALISTE avec les couleurs des étoffes; la fatigue peut ne se porter que sur une odeur, tandis que l’odorat reste intact pour d’autres odeurs; l’air n’est pas le seul véhicule de l'odorat, car on peut parfaitement sentir ayant les narines pleines d'une solution odoriférante. Toutes ses remarques, fort judicieuses, semble- raient prouver la justesse de l'hypothèse des auteurs, qui pour- rait bien finir par étre admise. P. Fucus. Séance du 2 janvier 1900. — C’est M. Maurice Lévy, qui, cette année, est Président de l'Académie des sciences. — MM. P.P. Dehérain et KE. Demoussy ont étudié pendant trois annécs de culture des lupinsjblanes.Ces plantes n’acquièrent qu’un très médiocre développement quand ils ne portent pas de nodosités sur les racines, mais ces nodosités présentent des aspects très divers. Elles peuvent être petites, espacées comme les grains d’un chapelet, et se rencontrent sur les plus vigou- reux dont la teneur en azote peut atteindre 3 % de la matière sèche. Elles sont lisses, de médiocre dimension, formant par- fois des couronnes au collet: les auteurs ont trouvé dans les plantes qui les portent 2 % d'azote. Elles proviennent d’inocu- lation et sont tantôt demi-sphériques, encastrées sur les raci- nes, tantôt détachées; les plantes hospitalières contiennent 4 d'azote pour 100 de matière sèche. Elles sont énormes, ma- melonnées en forme de framboises: les plantes auxquelles elles appartiennent ne renferment que 0,6 à 0,8 d’azote pour 100 de matière sèche. La réussite des cultures de cette légumineuse parait devoir être attribuée à la présence dans le sol de bac- téries favorables à la symbiose, qui organisent pour le lupin l’azote atmosphérique. Elles semblent, en outre, s’opposer à la formation, sur les racines, d'énormes nodosités, dues à d’au- tres bactéries qui, bien qu'encore utiles, vivent cependant sur les légumineux plutôt en parasites qu'en associées. — M. A. B. Grifliths a déterminé la composition chimi- que d'un pigment vert d’Amanita muscaria (champi- gnon). Ce pigment ayant été dissous dans le chloroforme et l’éther, on évapore à sec la solution filtrée. Le pigment vert est une substance amorphe. Les analyses de ce pigment con- duisent à la formule C?° H?0 010, Les solutions de ce pigment ne donnent pas au spectroscope de bandes caractéristiques d'absorption. Le pigment rouge d'Amanila muscaria répond à la formule C1? H18 O5. — MM. Em. Bourquelot et H. Hérissey ont fait des re- cherches sur les ferments solubles produits, pendant la germination, par les graines à albumen corné. Les graines de Fénugrec (Trigonella Fœnum græcum) et de Lu- zerne (Medicago saliva), qui ont été choisies comme sujets d'étude, et probablement beaucoup d’autres graines, sécrètent pendant la germination, comme le fait la graine de Caroubier, des ferments solubles capables d’hydrolyser et de rendre assi- milables les hydrates de carbone de réserve qui entrent dans la composition de certains albumens cornés. L'action de ces fer- ments est comparable à celle de l’acide sulfurique étendu chaud. — M. Bruyant a fait, à la station limnologique de Besse, des recherches sur la variation du Plankton au lac Chau- vet. La répartition du Plankton dans le lac Chauvet n’est rien moins qu'uniforme; sil était permis de généraliser les résultats fournis par une quarantaine de pêches, l’auteur con- clurait que la majorité des espèces, c'est-à-dire les espèces qui par leur volume constituent la plus grande partie des Planktons (Entomostracées), s'accumulent pendant le jour dans la pro- fondeur pour fuir une radiation trop intense. Pendant la nuit, elles remontcraient au voisinage de la surface, tout au moins jusqu’à la zone de 3 mètres. — Mlle Marie Loyez adresse une note sur la constitution du follicaie ovarien des Reptiles. Le follicule des Rep- üles, au moins chez les Lacertiens et les Ophidiens, est com- posé de deux sortes de cellules: de petites cellules follicu- laires ordinaires, et de grandes cellules semblables à de jeu- nes ovules que l'on peut considérer comme de véritables ovules abortifs, et dont la fonction est probablement de con- courir à la formation du vitellus. P. Fucus. LES PAPILLONS ET LES CHENILLES EN FRANCE Au mois de janvier. Les papillons et les chenilles ne sont pas nombreux en janvier, on en trouve, cependant, un petit peu partout toutefois, mais surtout dans le midi de la France. Le Cerastis vaccinii, la Noctuelle de l’Airelle, se prend dans toute la France, à la miellée, ainsi que sa variété ou aber- ration polita si remarquable par ses ailes d’un roux fer- rugineux avec les dessins plus foncés. Ce papillon éclôt d’ailleurs en octobre et novembre, hiverne et reparait quelquefois à partir de janvier, L'Hybernia rupicapraria H. se prend sur les haies. Dans le midi de la France, en Provence, on peut prendre Chemerina caliginearia Ramb, sur les cites et principalement le Citus incanus ; sur les rochers on trouve Larentia multistrigaria, et sur le roma- rin (Rosmarinus officinalis), l'Eupithecia rosmarinata. Dans les champs, sur les plantes basses, on rencontre encore en Provence la Coremia basochesiata de Dupon- chel. Les chenilles sont naturellement un peu plus nom- breuses, mais on ne peut guère les signaler que dans la France méridionale. La Leucania liltoralis Curtis se trouve dans le Midi et dans la France occidentale sur Calamogrostis arenaria et sur le Triticum acutum. L'El- lopia prosapiara se rencontre sur les pins et les sapins un peu dans toute la France. Polia cœrulescens Bdv. vit dans le Midi, sur les Valérianées; Eupithecia Phœnicea- ta se trouve à Marseille et à Hyères, sur le Juniperus phœnica; Eupithecia rosmarinata sur le romarin, Eupi- thecia pumilata sur les Chenopodées aux îles de Serins. Les Mauves et Lavatères,en Provence, donnent asile à la chenille de l’Eubolia malvata et les Genêts (Genista scopa- rius surtout) à Eubolia peribolata Hubn, Toujours dans la France méridionale, on peut rencontrer sur les plantes basses ou sur les plantes potagères, l’Hadena Solieri de Boisduval, sur l'Ajonc) nain (Ulex nanus) vit le Crocallis dardoinaria etsur l'Armoise (Artemisia campestris) la Scodiona emucidaria, sur les rochers où pousse Ja Garance voyageuse (Rumia peregrina), on trouve la Coremia basochesiata. PPEFUCUS: LA DESTRUCTION DES OISEAUX EN CHARENTEÉE-INFÉRIEURE Depuis de longues années que je fréquente Royan dans la Charente-Inférieure, j'ai toujours été frappé par la quantité relativement considérable d'oiseaux utiles qui se vendent couramment sur le marché, du reste peu important de cette petite ville. Les oiseaux utiles qui ne se trouvent qu’exceptionnel- lement à l’étalage des marchands de gibier, sont : l’engou- levent, la huppe, les pics et quelques autres espèces analogues. Je ne fais que citer ces espèces car leur vente est exceptionnelle, mais il est à remarquer que les chas- seurs très nombreux du pays, ne les épargnent jamais | L LE NATURALISTE 2 5 ES PE quandils les rencontrent. Mais je voudrais surtout attirer l'attention sur la présence pour ainsi dire journalière sur le marché de nombre d'oiseaux très utiles, tels que tra- quets, bergeronnettes et surtout rouges-gorges : on trouve aussi, plus rarement il est vrai, des fauvettes et autres becs fins. Ces oiseaux sont l’objet d’un commerce éhonté, les marchands ne se donnent même pas la peine de les plumer et les vendent tels quels, sûrs de leur impunité. Il n’est pas rare au moment des passages de compter par cinquantaines leurs dépouilles, à l’étalage des deux ou trois marchands de volailles que comporte ce petit marché. Il est aussi à remarquer que tous ces oiseaux sont pris dans des pièges prohibés, car jamais Je n’ai rencontré sur eux la trace du plomb. Ces faits me paraissent intéressants à signaler, ils prou- vent que l’on tue des oiseaux aussi utiles par plaisir et sans raison, dans une région où le gibier est abondant. UN ABONNE. LES PLANTES DE FRANCE Leurs Chenilles et leurs Papillons GROSEILLER (Ribes) Ribes uva-crispi. — Vanessa C. album L., Che- nille de mai à juillet, papillon de juillet à septembre, toute la France. Sesia tipuliformis L., chenille d'avril à mai (tiges), papillon en mai, toute la France. Cerastis silene L. V.,chenille en avril-mai, papillon en septembre, octobre, toute la France. Phlogophora meticulosa L., chenille pendant toute la belle saison ainsi que le pa- pillon, France entière. Halia Wavaria L., chemille en mai- juin, papillon en juillet, France centrale et méridionale. Abraxas grossulariata L., chenille en mai, papillon en juillet, toute la France. Cidaria prunata, chemille en mai- juin, papillon de juillet à septembre, toute la France. Ribes nigrum, — Eupitheciu assimilata Doub., che- nille en septembre-octobre, papillon en juin-juillet, toute la France. Eupithecia exiguata H., chenille en septembre. papillon en mai-juin, toute la France. Cidaria associata Bdv., chenille en mai, papillon en juin-juillet, France centrale. MÉLILOT (Melilotus) Melilotus officinalis., — Acidalia punctata Tr., chenille en avril, papillon en juillèt, France méridio- nale et orientale, Lyon. BAGUENAUDIER (Colutea) Colutea arborescens, — Lycæna bætica L., che- nille en juin-juillet, papillon d'août à octobre, France centrale et méridionale. Lycæna œgon S. V., chenille en mai, papillon en juin-juillet, toute la France. Lycœna iolas, Och., chenille en mai-juin, papillon en juin-juillet- département du Var. CAILLE-LAIT (Galium) Galium verum, — Deilephila Galii S. V. et Deile- phila elpenor L., chenilles en juillet-août, papillons de Juin à septembre, toute la France, Macroglossa Stella- tarum L., chenille de mai à août, papillon au printemps et à l'automne, toute la France. Noctua plecta L., che- nille en automne, papillon de mai à août, toute la France. Acidalia emarginata, chenille en juin, papillon en juin-juillet, toute la France. Melanippe tristata Li, chenille en juin, août, septembre, papillon d'avril à juillet, France centrale et septentrionale. Melanippe ga- liata H., chenille en juillet, papillon de mai à août,toute la France, Cidaria dotata L., chenille en mai-juin, pa- pillon en juin-juillet, toute la France. Eubolia virgata H., chenille en juin et octobre, papillon d'avril à juillet, toute la France. Anticlea cucullata Huss., chenille en juillet-août, papillon en mai-juin, France centrale et orientale. Galium mollugo.— Acidalia contiquaria H., che- nille tout l'automne, papillon de juin à août, France mé- ridionale, orientale, septentrionale, Auvergne. Larentia salicata H., chenille en juin et octobre, papillon de mars à mai, août et septembre, France centrale, méridionale et orientale, Melanthia ocellata L., chenille juin et sep- tembre, papillon de mai à août, toute la France, Mela- nippe molluginata H., chenille tout l'été, papillon en mai et juin, montagnes. Cidaria suffumata H., chenille en mai-juin, papillon d'avril à juin, France centrale et orientale. Galium divers. — Agrotis multangula H., chenille en mai, papillon en juillet, France centrale méridionale et orientale. Tæniocampa gothica, chenille en juin-juillet et octobre, papillon en mars-avril, août à octobre, toute la France. Acidalia imitaria H., chenille pendant toute la belle saison, ainsi que le papillon, France centrale et méridionale. Larentia multistrigaria H., chenille en mai- juin, papillon en mars, novembre et décembre, France centrale et méridionale. Larentia viridaria F., chenille en été et automne, papillon de mai à juillet, toute la France. Anticlea rubidata, chenille en août et septembre, papillon de mai à août, France centrale, méridionale et orientale. Phibalapterix vittata, Bkh., chenille en mai, papillon en juin, France centrale, méridionale et orientale. CAROTTE (Daucus) Daucus carota, — Papilio Machaon L., chenille en mai et septembre, papillon en mai et juillet, toute la France. CERISIER (Cerasus) Asteroscopus nubeculosus Esp., chenille en mai-juin, papillon de mars à mai, France septentrionale, Alsace. Selenia bilunaria Esp., chenille en mai, juin, août, sep- tembre, papillon de mars à juillet, septembre, toute en France. DE PRIS EL CE ER De RU it OR MERE SONCRER SERRES Le Gérant: PAuz GROULT. 9 PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17, LE NATURALISTE 26 ‘(sapoououy *joui) l'IS89 94 S2p199PN ‘Wq9S BOIUIOUIUEX LL ‘st sn[ljÂG (:DAawouy9S] =) ‘WU9S BIS[ISV ‘uu9S P9S0{0Id4 FRE (-Dtaowooup =) ‘sdoÂiq ANNAINOIMANNAL AIUS VIT AQ NI **(g03 Sy) queue ua SJIDU8U99 JUIUWOIQIE] $94] ‘SoS19ASUPI] ‘SJl01J9 xn9X 2... G ca °37) quear u9 SIouru99 Juau -2[qJOu 7Z9$se S9[BAO Xn9X OU OUEN ‘8y) jouwos ne onb -U01d} SAadIe[[IXEUI sodred Sap aporqie J3IU49( °****:(89c Sy) Jowuwos ne IPuOIIe Ssoitefprxeur sodjed sop ojorat doturoq OO QUE *8y) ‘oxide ua sor8dero ‘soonb -IRUI UO1Q S9)09 © SoiJÂtT °°°" (068 y) oagraxe ‘sojoutsip nod 50,09 & soaJ{] u9 So1991791 CCC "(65 *5y) 1$aero sodreprxeu sodjed sop ojorae dotuxoq D S217949 Sooquarsoinoti97sod sassinn Dear fe QT *8y) o8uorre ‘soateprixeu soded sop ojotjie dotuie(] | 6 cnrs se (LFG *8y) snossop u9 SN[9A SOILPIPOWAOTUL J9 SANO119} -ue sosie} sop Ssoporqae so] sno onbsorq |, OL‘: ya SC GRR OO 0 89) snossop u9 7720 1nas Sasie} Sap 9[91JI8 JOLUIOP-JUEAV ‘AO BISW9PT us eIquesATUN a Que Joe ob dnio uo sodtepqxeur sodped sep ojorjit dotuao( ..{ep2" 80) SOIOUEH99 SUTOW no nd xnoX g iles SOON D TR CE *8y) SIOT}U9 xno x moreressesseseseeseeeneeee "(05 *8y) 98 -uoype souteprixeu sodyed Sop 9fot/ae JTuI19( | nee snsseses voeseetes (152 SU) (sarou2p70) saJoutsip Uelq SOINAIOU OP SOQUIO SOIJATY "Ye snipareds *Sy) soxnazou sues soonjouod soxj{im SATIAUNLVN SHINAIIS SH HNATIOQ LHHAITILIONHM F7U8ISUO0D uvda AINVAA HO SELON TON S4q | | Ki SHHILSOTII SHAÔILLAIVNV VUANHY 18 29 ANNÉE De SÉRIE — N° 310 1°" FÉVRIER 1900 Observations sur la Testudo Nigrita, Dum. Bib. Les îles Galapagos sont un groupe d'iles stériles et désertes situées dans l'Océan Pacifique à la hauteur de la République de l’'Equateur. Elles appartiennent actuel- lement aux Etats-Unis d'Amérique. - Ces iles sont d'origine volcanique à l’aspect sauvage, presque entièrement formées de masses énormes de laves noires, elles ont une flore toute spéciale renfer- mant de nombreuses cactées. SR ru, qu ; Ex Te | ii le mangée fraiche et salée et leur graisse fournissait une huile claire et limpide. Heureusement pour la science, de ces tortues ont pu être transportées dans les musées et jardins zoologiques et là être observées. C’est ainsi que deux tortues, le male et la femelle, appartenant au groupe des tortues de terre et au genre du Testudo Nigrita, Dum et Bib,ont pu être observées dans les jardins de l'hôpital de Flades- ville près Sydney, Australie, par M. Edgar R. Waite, zOologiste américain. Dans les dépendances de l'hôpital, ces chéloniens avaient toute liberté, ils se nourrissaient principalement d'herbes, mais on leur donnait aussi beaucoup de légumes, les laitues étaient particulièrement appréciées Tortue géante des îles Galapagos {Testudo nigrita). Découvertes par les Espagnols au xvie siècle, elles mériterent le nom d’ile des Tortues, par suite de la quantité de Chéloniens qui vivaient sur ces îles ;en 1797, Dampier, qui visita ces îles, parle de ces tortues gigan- tesques et dit que tous les navires s’y arrêtaient et que les matelots y restaient plusieurs mois pour chasser ces animaux et se nourrir de leur chair. En 1830, la Répu- blique de l'Équateur prend possession de ce groupe d’iles ; des déportés y furent mis et firent une guerre d’extermination aux chéloniens, et des porcs qui furent amenés dans ces iles et retournèrent à l'état sauvage détruisirent aussi beaucoup de ces animaux. En 1875, on constata que le nombre des tortues allait en dimi- nuant, il n'y en avait plus à l'ile Charles et Hood, mais quelques-unes encore dans les autres îles. Le D' Gunther qui visita ces iles en 1877, mentionne 5 espèces encore vivantes. Ces tortues étaient remarquables par leur grande taille et fournissaient à l'homme un mets savou- reux, leur chair ressemblait à celle du poulet, elle était Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. et une plante entière était prise de la main et après deux ou trois mouvements de mâchoire était avalée, Manger était leur principale occupation. Elles n’avaient pas beaucoup de goût pour le mouvement et ce n’est qu'en réponse à des coups de bâton qu'elles se remuaient. Qnand on employait ce moyen, la tortue se laissait tomber lourdement, rentrant ses pattes contre les coups de l’agresseur. Un homme employé dans l'établissement se servait de son pied pour les faire avancer, mais un jour son pied fut pris sous la carapace de la tortue et fut cruellement écrasé. Quand on retournaitle plus petit de ces chéloniens, la femelle, deux ou trois hommes étaient suffisants. Mais pour retourner le mâle il fallait cinq hommes, et en consé- quence de l'énorme poids et des forces de cet animal, ils étaient à peine capables de le retourner sens dessus des- sous. Il fallait encore plus de monde pour le placer sur la bascule et une fois là il fallait l’attacher afin de pré- venir tous ses efforts. Finalement, quand le poids correct 28 était obtenu et que l’on permettait au reptile de se remettre sur ses pattes, on voyait le sang couler entre les écailles de la carapace. Pendant le temps de la durée des observations de M. Waite, la partie supérieure de la carapace de la femelle était beaucoup usée, à cause des efforts du mâle qui avait été payé de retour. L'histoire de chacune de ces tortues doit être traitée à à part. 1° Tortue mâle. La tortue mâle était appelée communément Rotumah, du nom de l’île où elle avait séjourné longtemps. Elle provenait directement du groupe des îles Galapagos, mais on ne sait pas exactement de laquelle. Voici quelques particularités de son histoire : Vers l’année 1866, elle fut donnée au regretté Alexandre Mac Donald par le roi Georges de Tonga. C'était un cadeau royal, c’est-à-dire un cadeau échangé entre deux grands chefs égaux. Quand il fut amené de Tonga à Rotumah, ce chelonien causa une grande sen- sation parmi les naturels. Elle fut ensuite apportée à Sydney dans un baleinier appartenant à MM. Mac Donald et Smith. Le capitaine Howard qui commandait le vaisseau, avait connu cette tortue cinquante ans précédemment à Tonga où elle avait été débarquée des iles Galapagos par un baleinier américain quelques années avant. Dans la mémoire des habitants, ses dimensions n'avaient pas changé. De 1866 à 1896 cette tortue a vécu à Sydney et à cette dernière date elle était transportée en Angleterre, ayant été achetée par l’hon. Walter Rothschild pour sa ména- gerie de Tring. Quand cette tortue passa dans la posses- sion de M. Mac Donald, elle fut photographiée et c'est la reproduction de cette photographie qui accompagne cet article. Elle fut aussi mesurée et les mesures étaient inscrites sur les bords de la carapace même de la tortue. Voici ses dimensions en 1866 : Longueur du nez à la queue. ..... 1 m. 90 Carapace ere rer a Dee 1 m. 40 Tour du:corps:#2.: See ele ele 2 m. 50 POIdS RARE DA ANR ER 290 k. 500 En 1896, cette tortue fut de nouveau mesurée, ses dimensions n’avaient pas beaucoup changé : Carapace 1 m. 420 CCC ECC CRC CRC PT mais elle avait diminué de 260 k. 500. 20 Tortue femelle. Cette tortue a été apportée à Sydney en 1853 par le baleinier américain Winslow. C'était une enfant; elle pesait 15 k. 300. En 1884, des observations furent faites sur cet animal par le D' Cox. Elle mesurait, à cette époque, du bout du nez à la naissance de la queue,4m.90, En 1893, son poids était de 166 k. 780. A la fin de cette année elle fut placée dans un enclos avec le mâle et en septembre 1895 elle déposa six œufs dans un amas de décombres. Ces œufs sont parfaitement ronds, blancs et de 0 m. 065 de diamètre. En 1896, on prit de nouveau le poids de cette tortue : elle pesait alors 97 k. 905 ; il est à remarquer qu'elle avait diminué de poids. A la fin de cette année, elle mourut et elle est exposée ainsi que son squelette dans le Muséum de Sydney. Les ovaires étaient dans de bonnes conditions et il est pro- bable qu’elle aurait encore produit des œufs. poids et pesait alors LE NATURALISTE Il serait heureux que des observations de ce genre fussent faites dans nos ménageries; elles serviraient utilement la science. E. MASSAL. L'ANTIQUITÉ DE L'HOMME Le soulèvement des Alpes s'est produit au début de la période quaternaire, immédiatement avant le diluvium. A vrai dire, il s’est opéré en deux reprises différentes, pour les Alpes occidentales d'abord et le reste des Alpes ensuite; mais nous sommes obligés ici à un très court résumé, afin de simplifier les choses. D'un autre côté les alluvions du Rhône sont produites aux dépens des Alpes et des Cévènnes, c’est-à-dire aux dépens de toutes les montagnes quilimitent son bassin de toutes parts. Or, il est bien évident que cette destruction incessante des montagnes ne peut s’opérer qu'à leur détriment. Elles étaient donc autrefois beaucoup plus hautes qu’elles ne le sont aujourd’hui. On doit même admettre que leur destruction était beaucoup plus rapide autrefois qu’elle ne l’est actuellement; et cela pour deux raisons; 1° parce que les glaciers étaient beaucoup plus étendus et plus élevés, double cause pour que leur action érosive fût plus active; 2° parce que les pluies étaient plus abondantes, et que les chutes d’eau étaient à la fois plus puissantes et plus hautes que de nos jours. Il y'avait plus de glaciers et plus d’eau: double cause pour que les effets destructeurs exercent une érosion plus rapide de ces montagnes. A l’époque de ces vastes glaciers, une foule d'animaux à longs poils, spéciaux aux pays froids, trouvaient à vivre dans nos pays, du moins au voisinage de ces montagnes glacées. On les a vus peu à peu disparaître complètement ou émigrer vers le nord, au fur et à mesure de la diminution d’impor- tance de nos glaciers. Tout cela est on ne peut plus naturel, Or l’homme est arrivé sur la terre après le sou- lèvement des Alpes, dans le cours de cette époque, que les anciens géologues ont appelée la période glaciaire; bien qu'il fit alors plus chaud et plns humide à Paris qu'aujourd'hui, s’il faisait plus froid dans le Jura, la Savoie, le Dauphiné, etc., en un mot dans les régions situées autour de ces montagnes glacées. En partant d'aujourd'hui pour remonter à l’origine de l'homme, nons venons de voir disparaître l'ours des Pyrénées et des Alpes. Au début de notre ère, on voyait disparaitre l’Urus. Auparavant, c'était le Renne et le Mammouth, qui étaient remontés vers le nord en quittant nos pays: le Mammouth pour y périr malgré son abon- dante fourrure. Les hommes de l’époque des cavernes, trouvaient chez nous deux espèces d'Ours, qui ont disparu depuis long- temps, des Rennes et des Mammouths, sur les os des- quels ils traçaient des dessins, des Hyènes plus fortes que celles que nous connaissons en Algérie, et une foule d'autres animaux qui ont disparu depuis, tels que le Bison, le Cerf à grands bois, etc. Cependant le sol des cavernes présente en général ces débris d'animaux à une assez faible profondeur, au-dessous d'une ou de plusieurs couches de stalagmites, dans une sorte d'argile ou de terrain plus mou, qui a souvent été entrainé par les eaux } du diluvium ou autres, On y trouve des restes de l’homme, “LE NATURALISTE 29 ses ossements ou des débris de sa primitive industrie, : tels que des instruments en silex, des fragments de bois carbonisés, des ossements d'animaux sur lesquels il à exécuté des dessins de toute nature, etc., etc. Tout semble même indiquer que ces animaux ont vécu dans les cavernes avant lui d’abord, et ensuite qu'il a pris leur place, a vécu en même temps qu'eux, et qu'il les a chassés pour se nourrir de leur chair, Tout cela est cer- tain et ne fait l’objet d'aucun doute. Ces premiers habitants autochtones ont dùû vivre d’abord par familles isolées; c'étaient des chasseurs, Ensuite par tribus, quand ïls se sont fixés au sol par des défriche- ments, pour étendre et créer des pâturages dans les vallées afin de nourrir des moutons et des bœufs; c’é- taient des pasteurs. Enfin ces tribus se sont groupées de facon à former des peuples adonnés à la culture, avec des fermes ou métairies isolées qui ont donné naissance à des villages et à des bourgades. C’est alors que l’on arrive aux peuples historiques, aux Celtes etaux Gaulois, et puis ensuite aux Belges, aux Romains et aux Francs, qui ont successivement envahi notre pays, sans en compter beaucoup d’autres intermédiaires, venus du nord, de l’est, et même du midi, comme les Phéniciens, les Ligures d'Espagne et les Grecs d’'Ionie établis à Marseille. Les plus anciens débris de l’homme ont été trouvés chez nous dans les cavernes et dans les terrains d’allu- vions, même avant le diluvium, à l'époque quaternaire, après le soulèvement des Alpes, qui clôt l'époque ter- taire. Or, il ne nous semble pas qu'il ait fallu beaucoup de milliers d'années pour cela. C’est ce qui fait que nous croyons plutôt être au delà qu’en decà de la vérité, en disant que l’homme remonte à une dizaine de milliers d'années, à deux mille ans près en plus ou en moins; le soulèvement des Alpes étant antérieur à l'apparition de l’homme, et remontant à une époque qu'il est peu néces- saire de chercher à déterminer d'une facon précise, quel- ques milliers d'années auparavant, peut-être. “C’est, qu'en effet, en moins de deux mille ans, nous voyons dans une foule d’endroits le terrain s'être surélevé de plus de 3 mètres, alors que les débris de l’homme primitif ne sont généralement qu'à quelques mètres de profondeur, Sans doute une couche de stalagmites d’un mètre d'épaisseur peut demander, dans certains cas, dix fois plus de temps à se former qu'un mètre de terre meuble dans les villes ou au pied d'un remblai, sur le bord des routes. Mais en tenant compte largement de ces conditions si différentes, nous ne croyons pas que l'ori- gine de l’homme remonte aussi loin qu’on l’a dit depuis. D' Boucox. L'ACTINOMYCOSE (I) ET SES DANGERS POUR LES TRAVAILLEURS AGRICOLES L'actinomycose est une maladie infectieuse des ani- maux et de l’homme, produite par le développement, dans l’intérieur des tissus, d'un champignon dénommé actinomyces bovis. Ce champignon se présente sous la forme de petits grains jaune-soufre, ou brun, ou gris- (1) Extraits d’une communication faite, par M. le docteur Reboul, à la Société d'étude des sciences naturelles de Nimes, perle, que le microscope décèle aisément; il se multiplie très abondamment et presque exclusivement sur la plu- part des céréales. C'est donc au contact des céréales, plus particulièrement par les barbes d'orge, de seigle ou de blé, que l’homme et les animaux s'infectent. La maladie est fréquente chez le bœuf et la contagion par les ani- maux est exceptionnelle, Aïnsi l’homme ne contracte pas la maladie au contact des animaux qui en sont atteints; il ne s’infecte pas davantage en mangeant leur viande ou buvant leur lait; mais la maladie pourra l’envahir s’il triture entre ses dents des graines de céréales, s'il mâchonne par distrac- tion des épis, s'il aspire la poussière de l'air à battre le blé, s'il est piqué par une barbe, s'il se heurte à quelque pierre ou tronc d'arbre sur lesquels se trouve le germe du champignon, On considère même l’hordeum murimum, orge des rats, comme un véhicule fréquent du parasite. La maladie peut se montrer par suite sur les points les plus divers : gencives, poumons, mains, etc. L'actinomycose a été découverte en Italie chez le bétail, et en Allemagne chez l'homme, Elle est fréquente surtout dans ce dernier pays, mais on la rencontre à peu près dans toutes les parties du monde. M. Reboul a observé un premier cas d’actinomycose dans le Gard, chez l’homme, en 1895,et a eu connaissance de plusieurs cas sur les animaux, En France, la maladie a été observée pour la première fois, en 1888. Mais aujourd'hui que la maladie est mieux connue, on en découvre des cas plus nombreux. La contagion de l’actinomycose à l’homme par les végétaux peut se faire par trois portes d'entrées : la peau, la muqueuse digestive, les voies respiratoires, et les habi- tants des campagnes sont beaucoup plus souvent atteints que ceux des villes. L'actinomycose constitue une maladie sérieuse; les tumeurs qu'elle détermine sur les points envahis sont difficiles à guérir. Parfois même la médecine est impuis- sante. [1 importe donc de prendre des précautions en vue d'éviter le développement et la propagation de cette maladie. Voici à cet égard les conseils préconisés : 1° Ceux qui s’exposent aux poussières végétales des fourrages et des céréales doivent faire des ablutions abondantes et minutieuses ; 20 Toute excoriation, toute plaie même insignifiante produite par des pailles ou des fragments de bois sera traitée sérieusement et antiseptiquement ; 3° Il est important de ne pas négliger les soins hygié- niques de la bouche et des dents; 4 IL est dangereux de se servir de pailles ou de brins d'herbes comme cure-dents et de màchonner des pailles, des herbes, des grains de céréales ou des morceaux de bois ; 5° Les graines des céréales alimentaires ne seront uti- lisées qu'après avoir été soumises à une forte chaleur du four ou à une ébullition prolongée ; 6° La manutention des fourrages, des pailles, le bat- tage des céréales ne doivent jamais être faits dans des espaces confinés; on pourra, à la rigueur, protéger les orifices bucco-naseaux au moyen d'un masque, ou tout au moins faire des lavages abondants, à l'eau chaude, quand on se sera exposé à ces poussières végétales ; 7e Les pièces où hangars dans lesquels on aura fait ces travaux seront lavés au linge mouillé ou à la lance, mais non balayés à sec. S— 30 | LE NATURALISTE Des accidents entomologiques Un accident... Quel triste mot, éveillant d’imprévues catastrophes, d'irrémédiables pertes, sans parler de nombreuses maladresses recollées ! ce sont des insectes perdus en cours de voyage, égarés pendant une commu- nication. Un accident, c'est la tristesse d’une patte cas- sée, la constatation d’un prothorax mal appliqué sur un corps étranger ; c’est le beau Longicorne rendu disgra- cieux par la seule absence d’une moitié d'antenne, Un accident est un malheur... et le malheur nous poursuit dans les accidents qui se multiplient : vous n’évitez l’un que pour tomber dans un autre. Grâce à une attention soutenue, aidé par une dextérité remarquable, vous avez manié, piqué et repiqué des jours entiers de nom- breux insectes sans aucune catastrophe, et puis vous re- cevez une boîte contenant deux échantillons seulement ; vous l’ouvrez : avant que rien ne soit touché il existe déjà une cassure. Oh! la fragilité des insectes en route, quelle mine inépuisable de désappointements contre les- quels, hélas! la meilleure volonté ne peut rien! On a pris, on peut prendre mille précautions, emballer soï- gneusement dans une bonne couche de ouate, recom- mander l’envoi, tout cela n’y fait rien quelquefois : le funeste accident se produit encore et, au retour malheu- reux, On pourra constater que les insectes n'ont plus leur virginité du départ, Par contre, une autre fois, l'on se désole en recevant un envoi mal emballé, la ficelle pen- dante, et l’on ouvre, plein d’anxiété, pour constater... qu'il n’y a aucun dégât. Comprenez donc quelque chose aux mystères des voyages et du hasard! Si les accidents sont parfois évités malgré les imprudences, il ne faut pas conclure que les précautions sont inutiles; pour combattre les cassures trop fréquentes, il est utile de prendre le plus de précautions possible, soit chez soi, soit pour les envois. Quelques petits conseils à ce sujet ne seront pas de trop. Chez soi, il ne faut pas oublier les boîtes arrivées. Conserver trop longtemps les insectes communiqués est dangereux; à la longue, on doit s’habituer à les voir chez soi et, de là, ensuite, à les croire siens, il n’y a qu'un pas, franchissable malheureusement. Par négli- gence, il ne faut pas abandonner sur un coin de rayon, pendant des mois, sans l'ouvrir, une boite d’études, car c'est l’'exposer à servir involontairement de nourriture aux anthrènes funestes, rôdant sans relâche autour de nos boites délaissées. à la recherche d’une rareté. Pour les envois, quelques précautions sont indispen- sables. Une des plus importantes est le collage sur le dessus de la boîte (afin d'éviter qu’er cas de cassure les débris ne sortent de la boite au moment de son débal- lage), soit d’une toile gommée, soit d'une simple feuille de papier; une très bonne précaution aussi est celle con- sistant à placer, dans un coin de la boite, un petit tampon de coton fixé sohdement par une épingle, ce tampon destiné à retenir les membres cassés en route. Il est in- dispensable de boucher tous les joints qui peuvent exis- ter entre le liège ou la tourbe du fond et les parois des boites car dans ces vides peuvent s’égarer des parties de pattes ou d'antennes et même de petits insectes, Une boite dont le papier du fond est trop perforé de trous d’épingles ne vaut pas grand chose non plus ; ces trous présentent des inconvénients analogues aux vides laté- raux dont je viens de parler. Il ne faut expédier aucune boite par la poste sans l'avoir au préalable emballée soigneusement dans des petits copeaux, de la ouate, ete.: un bon emballage est nécessaire pour amortir les chocs. Ne jamais envoyer d'insectes sortant de l'ordinaire par leur rareté sans recommander l'envoi; c’est une garantie de plus pour leur sécurité. On peut employer par la poste le système plus sûr d’une double boite, c'est-à-dire envoyer la boite contenant les insectes (celle-ci plus petite) bien ouatée, contenue dans une autre plus grande qui, elle aussi, sera entourée de ouate au besoin. Il est préférable d’expédier par colis postal les insectes les plus précieux, ce mode d'expédition laissant plus de place pour l'emballage; quant aux envois de valeur, on a plus de sécurité encore en les expédiant avec déclara- tion de valeur. Dans nos relations entomologiques, il est bon de se remémorer souvent ces sages paroles : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu'il vous soit fait », qui nous engagent à travailler pour les intérêts de tous ; et nous serions même impardonnables de ne pas être plus soigneux pour le bien d'autrui que pour le nôtre propre. Les accidents pourront être quelquefois évités par les précautions prises, la négligence aban- donnée ; ne l’oublions donc pas. En résumé, nous devons continuellement avoir à l’es- prit la grande fragilité des insectes, agir pour éviter cette fragilité, la combattre par tous les moyens pos- sibles ou du moins tous ceux que nous connaissons et que nous pouvons employer. M. "PIc: Élevage des oiseaux de basse-cour en Égypte L'élevage et le commerce dela volaille se pratiquent en grand dans toute l'Egypte. Les espèces qu'on y ren- contre sont à peu près les mêmes que celles d'Europe. provinces. Les tentatives faites en vue d’acclimater dans ce pays les types européens n’ont pas réussi; généralement, dans le cours de la première année, les sujets importés con- tractent de graves maladies; le choléra, la diphtérie, qui les emportent pour la plupart. Si, d’ailleurs, par l'exiguité de sa taille, la poule indi- gène ne fournit qu'une faible quantité de chair, elle rachète largement cet inconvénient par sa prodigieuse fécondité ; ses œufs, il est vrai, sont environ la moitié de ceux des bonnes pondeuses d'Europe. La poule indigène couve volontiers ; l'incubation natu- relle est la règle dans presque tous les villages où le sys- tème des fours à incubation tend de plus en plus à dispa- raître, excepté dans le voisinage des grandes villes, * Ces fours peuvent contenir de 2,000 à 5,000 œufs et fournir annuellement une dizaine de couvées. Pour les poules, la race ordinaire, de beaucoup la plus nombreuse, ne diffère guère de la nôtre que par sa petite taille. Dans le Fayoum et dans la Haute-Égypte, il existe cependant des variétés au moins aussi développées que nos belles races de France, mais elles sont moins bonnes pondeuses et elles restent dès lors confinées dans leurs LE NATURALISTE 31 Arrivées à l’état de poulets de grain, c’est-a-dire à peine grosses comme des cailles, les bêtes sont livrées à la consommation. C’est le moment aussi où celles qu’on garde pour la reproduction ou pour la vente ultérieure commencent à chercher elles-mêmes leur nourriture, car il est très rare de leur voir distribuer des aliments, On n'’engraisse pas la volaille, les méthodes de gavage étant absolument inconnues en Égypte. Le prix de la volaille est fort peu élevé; il ne dépasse guère 1 fr. la pièce et, dans les villages, il descend à Ofr. 75 et 0 fr. 60. Il en est de même pour les œufs qui se vendent cou- ramment dans les villages 0 f. 20 la douzaine ; le prixest du double seulement dansles grands centres. L'élevage de la dinde, comme celui de la poule, est également très répandu. On rencontre les variétés à plu mage blanc et à plumage noir; cette dernière de beau- coup la plus nombreuse. L'élève de cesanimaux parait être plus facile et réussit mieux qu'en Europe. Les maladies du jeune âgesemblent pour eux moins fréquentes. On se préoccupe rarement de la nourriture des dindons. Sauf au moment de la récolte du mais, époque où cette graine leur est distribuée parcimonieusement, ils doivent chercher eux-mêmes leur subsistance. Les oïes domestiques sont beaucoup moins appréciées que les poulets et les dindes, Aussi en élève-t: on très peu. Il en est de même des canards. Ces espèces sont les mêmes qu’en Europe. L’oie vaut environ 3 fr, pièce et le canard de 1 fr. 50 à 2 francs. Quant au pigeon, il est peu de contrées où il soit aussi répandu qu'en Égypte. On en distingue deux espèces principales ; le .pigeon biset et le pigeon domestique, qui offre à son tour de nombreuses variétés. Le premier estélevé à l’état de demi-domesticité, non pas tant pour sa chair que pour la quantité de colombine qu'il fournit et qui est presque aussi appréciée sur le marché égyptien que le meilleur guano ; on la paie com- munément de 20 à 26 fr. les 100 kilogr. Les pigeonniers qui, dans la Haute-Égypte, constituent de véritables monuments, affectent la forme soit de tours, soit surtout de pyramides tronquées dont les parois sont garnies de vases oblongs en terre, superposés les uns au- dessus des autreset s’ouvrant à l'air libre, C’est dans ces vases que viennent nicher les pigeons. La hauteur de ces édifices varie de 6 à 10 mètreset leur diamètre, à la base, n’est pas inférieur à 3 mètres. Ils sont construits géné- ralement par groupes et certains villages en comptent une centaine. Le pigeon vit en pleine liberté et n’entre guère dans ces réduits que pour y passer la nuit ou pour y nicher. Il ne reçoit aucune subsistance et se nourrit au dehers. On ne le rencontre d’ailleurs jamais sur les marchés; c’est un simple producteur de’ fumier. La colombine est transportée par barques dans tout le pays et employée comme engrais pour la canne à sucre et les cucurbitacées, melons, concombres, pastèques, etc. Un seul colombier peut rapporter annuellement jusqu’à 250 livres égyptiennes, soit plus de 6.000 francs. Les pigeons domestiques dont les types sont assez nom- breux sontles mêmes qu'en Europe. Fort peu recoivent une ration au colombier. Seules les espèces de luxe, le boulant, le cravaté,le pattu, le paon, etc., sont nourris directement, Le pigeon domestique constitue pour le fellah un des principaux revenus de sa basse-cour, bien que son prix soit très modique. La paire se vend environ 0 fr. 50 à 0 fr. 60 dans les villages et à peu près le double dans les grandes villes. LA FAUNE ANTÉ-PRIMORDIALE Jusqu'à ces derniers temps, on n'avait pas trouvé de restes d'êtres organisés au-dessous du terrain Cambrien. Barrande avait donné à la faune rencontrée dans ce der- nier terrain, faune qu'il considérait comme étant la pre- mière apparue sur la terre, le nom de faune primordiale. Un fait admis depuis longtemps par tous les paléon- tologistes est que plus l’on remonte dans le passé, plus simple est la constitution des êtres que l’on y rencontre. Comme la faune primordiale présente une organisation assez complexe et très diversifiée, les paléontologistes, en se basant sur les lois de l'évolution, ont pensé qu'elle avait dù être précédée par une autre faune à or- ganisation moins compliquée. Pour eux les Trilobites, les Brachiopodes et les autres espèces que l’on trouve dans le Cambrien n'avaient pas dû apparaître subitement sur la terre comme le pensait Barrande ; ils devaient des- cendre d’une autre faune dont des recherches heureuses permettraient de retrouver les restes dans les sédiments situés au-dessous du Cambrien. Les géologues et les paléontologistes trouvèrent, en effet, dans le Précambrien un certain nombre d’em- preintes qu'ils rapportèrent à des êtres vivants. Une des premières empreintes signalées fut rencontrée dans des cipolins du Canada. Elle fut considérée comme un Foraminifère et désignée sous le nom d'EÉozoon cana- dense. Bientôt après, on fit de semblables découvertes en beaucoup de points et l’on créa un grand nombre d’es- pèces d'Eozoon que l’on désigna, d’après leur lieu d’'ori- gine, sous les noms d’'Eozoon canadense, E. bavaricum, E. bohemicum, etc. De longues discussions s’élevèrent entre les paléontologistes au sujet de l'attribution ou de la non-attribution de ces empreintes à des êtres vivants. Aujourd'hui, il est généralement admis que l'Eozoon est une concrétion minérale résultant d'une action reci- proque de la calcite, de la serpentine ou du pyroxène. D'autres empreintes, accompagnant l’'Eozoon et rap- portées à des Eponges, sont, comme ce dernier, reléguées dans le règne minéral. Les traces que M. Barrois a signalées dans le Précam- brien de Bretagne, et que M. Cayeux attribue à des Ra- diolaires et à des Spongiaires, pourraient bien ne pas être d’origine organique mais de simples nodules pyri- teux comme le soutient M. Raul. La forme soi-disant organique, d'aspect biconique, plus ou moins régulièrement striée, trouvée dans la Caroline du Nord, considérée comme un Corail siliceux et appelée Palæotrochis, n'a pas une origine animale, car elle est incluse dans une roche volcanique acide. Dans les quartzites précambriens du Minnesota, Win- chell avait trouvé une empreinte ayant vaguement l’as- pect de celle d’un Trilobite, et, à son tour, M. Van Hisey avait rencontré des formes ayant l’apparence de la co- quille écrasée d’un Brachiopode appelé Obolus. Après examen sérieux, il a été démontré que la premiere n’était 32 LE NATURALISTE pas de nature organique et que les secondes n'étaient que de petites concrétions aplaties. Dans les ardoises précambriennes de Momable, dans l'ile de Terre-Neuve, M. Billings se crut sur la trace d’être vivants par la découverte de soi-disant petits fos- siles auxquels il donna le nom d’Aspidella terranovica; mais celles-ci, bien qu'ayant l’aspect général d'un Chiton ou d’une Patelle, aplatis par la pression, n'étaient que des concrétions de vase striée par des mouvemezts méca- niques. . Dans les assises précambriennes du Grand Canyon, on avait recueilli des traces ayant beaucoup de ressem- blance avec des Stromatopores et on les avait appelées Cryptozoon. Il n'est pas encore suffisamment démontré que ces formes ont une origine organique. Le même doute subsiste également pour un certain nombre d'empreintes rencontrées un peu partout et con- sidérées comme des traces d'êtres vivants. Comme nous venons de le voir par la rapide revue qui précède, l'existence d’une faune précambrienune n'avait donc pas encore été établie d'une manière satisfaisante jusqu'à ces derniers temps. Aussi est-ce avec satisfaction que l'on a appris récem- ment les belles découvertes faites dans ce sens par M. Walcott, le savant géologue américain. C'est surtout en Amérique que l’on avait le plus de chances de rencontrer les restes de la faune anté-primor- diale. L'Amérique du Nord, en effet, est, par excellence, la région des terrains précambriens. Ceux-ci y sont très développés et y couvrent des milliers de kilomètres carrés sur des épaisseurs pouvantatteindre jusqu’à 15.000 mètres. On les rencontre dans les Montagnes Rocheuses, dans la région de Montana, dans le Texas, dansle Grand Canyon du Colorado, dans la région du Lac Supérieur, dans l'ile de Terre-Neuve, etc. - Les restes d'êtres vivants que M. Walcott a recueillis dans ces différentes régions sont nombreux mais n’ap- partiennent qu’à un petit nombre d'espèces. Sans doute, ils ne sont pas très bien conservés et leurs caractères gé- nériques ne.sont pas aussi nets que ceux des fossiles cambriens, mais cependant ils sont suffisants pour qu'on puisse affirmer qu'ils ont appartenu à des êtres organisés et qu'une faune anté-primordiale a existé. La faune primordiale se compose surtout de Crustacés du groupe des Trilobites, de Brachiopodes, de Ptéropodes, de traces d’Annélides, etc., et il est curieux de remar- quer que ce sont précisément des êtres appartenant à ces anciens groupes que M. Walcott a recueillis dans le Pré- cambrien américain. Dans les argiles du Chuar terrane appartenant à la série précambrienne du Grand Canyon, M. Walcott a trouvé de nombreux corps circulaires, discoïdes et plissés concentriquement comme si une coquille mince, délicate, presque membraneuse, avait été comprimée entre deux lames d’ardoise. La variabilité de ces corps lui a permis de les considérer comme de petites coquilles appartenant à des Brachiopodes de forme discircinoïdale auxquels il a donné le nom de Chuaria circularis. À côté de ces Chuaria, M. Walcott signale d’autres empreintes dont l’une a l'apparence d’un lobe pleural de segment de Trilobite appartenant à un genre voisin de ceux des Obolella, Olenoides où Paradoxides et dont les autres pourraient être rapportés avec quelque vraisem- blance à un Ptéropode, Mais c’est surtout dans la région de Montana, dans les schistes marneux du Belt terrane, que M. Walcott a ren- contré les restes les plus abondants et les mieux conservés d'êtres organisés. Il y a recueilli de nombreuses traces d'Annélides et des milliers de fragments de Crustacés. Les empreintes d’Annélides se présentent sous deux aspects différents : les unes consistent en des traces étroites, parfois spirales, et assez semblables à celles que des Vers, appelés Helminthoïdichnites, ont laissé dans des schistes cambriens ‘supérieurs, notamment à Gran- ville dans l'État de New-York; les autres consistent en de larges tubes cylindriques identiques à ceux que d'autres Vers, nommés Planolites, ont creusé dans cer- taines vases arénacées du Cambrien supérieur. Les nombreux fragments anguleux, souvent brisés, que M. Walcott rapporte à des débris de Crustacés sont dans un assez mauvais état de conservation, Le test, qui paraît avoir été mince, ne présente aucune trace d’or- nementation à sa surface; de plus, il a été plissé et comprimé comme une feuille de papier. Tous ces débris offrent la plus grande ressemblance avec des portions de corps des Mérostomes surtout avec ceux de l'Eurypterus et du Pterygotus. Les êtres aux- quels ils appartiennent pourraient représenter la forme ancestrale des Mérostomes dont les Trilobites ne seraient plus qu’un rejeton, ou bien ils sont la forme ancestrale de laquelle sont descendus les Mérostomes et les Trilo- bites considérés alors comme deux classes distinctes. M. Walcoot a réuni ces restes dans un seul genre, le genre Beltina. Il y a reconnu : Des segments du corps d’un Crustacé ; Un fragment d'un segment du corps ou du bouclier céphalique ; Des fragments ayant la forme de la tête d’un Eurÿ- pterus; Des pattes natatoires semblables à celles de plusieurs espèces de Mérostômes actuels; Des rameaux mobiles sans doute attachés à un appen- dice buccal; Des appendices avec articulations indiquées; Des portions d’appendices fixes avec traces de dents; Des telsons semblables à ceux des Eurypterus; Un telson présentant une épine dorsale, etc.. Si les représentants de la faune anté-primordiale ne sont pas nombreux et surtout bien conservés, il faut attribuer ce fait au métamorphisme qui, en modifiant les roches anciennes, a fait disparaitre presque complète- ment les fossiles qu’elles renfermaient. Néanmoins, grâce aux très intéressantes découvertes de M. Walcott, on peut affirmer aujourd’hui qu'une faune anté-primordiale à existé. Et il n’est pas impossible que l'on ne trouve encore une faune plus ancienne que la faune anté-primordiale dans les couches servant de soubassement au Précambrien, puisque l’on admet généralement aujourd’hui que le ter- rain primitif est un terrain sédimentaire métamorphosé mécaniquement et chimiquement. G. GARDE. MALADIES DES PRUNIERS Depuis l’été de 1897, on a constaté, sur les pruniers d’ente en Lot-et-Garonne, une maladie qui amène chez ces arbres une mortalité rapide et a produit déjà de sérieux dégâts. Jusqu'ici, LE NATURALISTE 33 le mal ne s’est pas étendu au delà de quelques localités de l’arrondissement de Villeneuve-sur-Lot. Les arbres atteints périssent par le sommet des jeunes rameaux qui perdent leurs feuilles et se dessèchent progressi- vement. On voit apparaître en même temps un écoulement abondant de gomme qui s'échappe en général par de petites perforations circulaires placées à la base des bourgeons. Sur les branches plus grosses, ces perforations aboutissent à des galeries latérales qui sont dues à un insecte Scolyte. Les auteurs n’ont pas rencontré l’insecte, étant donné l'époque tardive où il leur a été donné de faire leurs investigations. Les blessures faites par les Scolytes aux pruniers sont la cause essentielle de cette production gommeuse qui épuise les arbres rapidement et les fait périr. Cependant, les Scolytes ne s’attaquent qu’à des arbres dépé- rissants et ce n'est que par exception qu'ils envahissent des arbres sains, lorsque, par exemple, les arbres malades où ils s'étaient installés au début sont tout à fait morts. Il est pro- bable que ces choses se sont passées ainsi dans le cas actuel. Il y a, de plus, des raisons de penser que dans l’Agenais, les pru- niers se trouvent depuis assez longtemps dans un état d’affai- blissement qui a pu favoriser l'invasion des Scolytes. Ces causes de dépression sont en premier lieu une mise à fruit prématurée qui affaiblit les arbres et abrège leur existence et, en second lieu, l'influence d’une sécheresse exagérée de l'été, pendant plusieurs années, qui a aggravé l’état déjà précaire d’un bon nombre d’arbres. Le traitement préconisé comporte la destruction des insectes et l'emploi d’une méthode rationnelle de culture et d'exploita- tion des pruniers. La destruction des insectes devra se faire par le feu, l'action des substances insecticides étant, dans le cas actuel, assez incertaine. On arrachera pendant l’hiver les arbres morts ou dépérissants atteints par les Scolytes et on les brülera sur place de facon à détruire les larves qui se trouvent dans les galeries et se transformeraient en insectes parfaits à la fin du printemps. Les petites et les moyennes branches seront entiè- rement brülées; pour les très grosses et les troncs, on pourra se contenter de les écorcer. Les écorces seront jetées au feu et les corps ligneux seront grillés superficiellement. On pourra encore les utiliser. Au point de vue cultural, on devra s’efforcer d'assurer aux pruniers une végétation aussi active que possible en leur pro- diguant tous les soins requis. On ne leur ménagera pas les engrais, azotés surtout, le fumier par exemple. On évitera, par une taille raisonnée, de pousser à une production fruitière excessive les arbres qui présentent le moindre symptôme de faiblesse dans leur végétation. D'un autre côté, si l’on veut remplacer les pruniers morts, on s’abstiendra de replanter dans le même trou, car il est facile de comprendre que sur un sol qui à longtemps nourri un prunier, un autre prunier ne puisse trouver en quantité suffisante les éléments fertilisants . indispensables à une bonne végétation. DESCRIPTION D'UN COLÉOPTÈRE NOUVEAU Sandalus Bourgeoisi Thery. Longueur : 16 millimètres ; largeur : 1 millimètres. Entièrement noir, couvert d’une fine pubescence brune. Tête très grossièrement ponctuée et comme corrodée avec une fine ligne lisse sur le vertex. Mandibules pubescentes sur leur pre- mière moitié, courbées à angle droit, lisses sur l’extrémité, légèrement creusées en gouttière, palpes développées, à dernier article allongé, pubescentes, yeux saillants arrondis, très fine- ment granuleux, antennes atteignant à peine le milieu du pro- thorax, pectinées à partir du troisième article; lamelles des antennes de plus en plus larges en allant vers l’extrémité et très serrées les unes contre les autres. Prothorax très rétréci en avant, très bombé, à angles anté- rieurs droits très abaissés, entièrement rebordé sur les côtés, avec. les angles postérieurs arrondis garnis d’un petit tuber- cule latéral un peu avant l’angle, sillonné dans son milieu, impressionné au bord antérieur insinué à la base avec un lobe médian échancré, entièrement ponctué, corrodé sur le disque. Ecusson grand, à angles arrondis avec un petit triangle lisse élevé au milieu, le reste finement ponctué, pubescent. Elytres plus de cinq fois aussi longs que le prothorax, ayant leur plus grande largeur au 1/3 postérieur, brillants quoique couverts d’une fine pubescence, arrondis à l'épaule avec le calus huméral assez marqué, avec un gros bourrelet saillant à la base correspondant à la naissance des trois premières côtes internes, arrondis à l'angle sutural, relevés en gouttière au bord interne, à suture carcinéforme, ornés chacun sur le disque de 5 grosses côtes lisses irrégulières dont les 3 internes seules sont bien marquées au moins à la base; à partir du 1/3 antérieur sur ces côtes sont réunies entre elles, par de petites côtes transverses avec les intervalles garnis de gros points et sur les bords vus par transparence les élytres paraissent perforés. Dessous très pubescent, hanches épaisses, saillantes, pattes très rugueuses, tibias finement denticulés, tarses avec les 4 premiers articles très courts, le dernier très allongé, lamelles des tarses jaunes, parcheminées. Ho-chan Chine un exemplaire © de ma collection o* in- connu. Dédié à M. Bourgeois qui m'a signalé cette espèce comme nouvelle. Rhizotrogus tusculus var. Fargesi Thery. Cette variété diffère du Tusculus Buq, type par le système de coloration des élytres- Chez le tusculus les élytres sont clairs et incolores, dans la Variété Fargesi, ils sont d’un jaune brunâtre, ornés d’une large bande suturale d’un brun foncé, beaucoup plus large à la base et bordée de la même couleur. Cette variété se prend fréquem- ment à Saint-Charles, le soir, aux premières pluies d’automne tandis que la forme typique n’y existe pas, la femelle est exces- sivement rare. Je dédie cette intéressante variété an comman- dant Farges, entomologiste et archéologue bien connu. N. B. — La couleur brune envahit quelquefois la totalité du disque de l’élytre. THÉRY. MINÉRAUX NOUVEAUX La hardystonite à été trouvée dans les mines de zinc de Franklin Furnace (New-Jersey, États-Unis) à une pro- fondeur de 900 pieds. On sait que ces mines sont cé- lèbres par les nombreux minéraux qu'on y a rencontrés. Dernièrement, indépendamment .de la hardystonite quatre autres espèces nouvelles ont été décrites par M. Penfeld. Leur description est donnée un peu plus loin. La hardystonite n’a pas encore été observée en cris- taux, mais seulement en grains arrondis qui montrent trois clivages indiquant à l’aide des propriétés optiques que le minéral est quadratique. Elle est blanche et pos- sède un éclat vitreux, La double réfraction est négative. La densité est 3.397 et la dureté intermédiaire entre célle de la calcite et celle de la fluorine. La composition est la suivante : SINICE ne mnt teteuts eee sossnre ne 38,10 Oxyderde Zinc He creer. 24,30 Protoxyde de manganèse.,........... 1,50 Chaussette nee HORS 33,85 MAaPRESIE Arme eme eee do de 1,62 Sesquioxyde de fer.......... D re 0,57 Perte RER een seie teen -eies 0,52 IRotals nee eee. 100,46 C’est donc surtout un silicate de chaux et de zinc dans lequel du zinc et du calcium sont remplacés respective- ment en petite quantité par du manganèse et de la ma- gnésie. La hardystonite a été décrite par M. Wolff. MM. $S. L. Penfield et G. H. Warren ont donné la des- cription des quatre espèces minérales suivantes trouvées aussi dans les mines de Franklin. La hancockile est en masses compactes, de couleur brunâtre ; cependant on a trouvé quelques petits cristaux, 34 LE NATURALISTE ayant un demi millimètre de long sur un sixième de large. Ces derniers sont associés au grenat, à l’asinite, àla phlogopite, etc. Ils sont striés parallèlement à leur longueur et ressemblent à des cristaux d’épidote. La res- semblance cristallographique est très grande entre les deux minéraux. Ils sont l’un et l’autre monocliniques et leurs cristaux ont des angles assez voisins. L'éclat de la hancockite est vitreux et la dureté est de 6,5 à 7. La densité est de 4,03. La composition est très complexe, elle est voisine de celle de la variété de l’épidote manganésifère qu’on ap- pelle piémontite, mais une partie de la chaux est rem- placée par de la strontiane et de l’oxyde de plomb. Une analyse a donné 30,99 de silice, 17,89 d'alumine, 12,30 de sesquioxyde de fer, 1,38 de sesquioxyde de manganèse, 18,47 de plomb, 2,12 de protoxyde de manganèse, 0,52 de magnésie, 11,50 de chaux, 3,89 de strontiane, 1,62 d’eau : Total : 100,77. I1 faut remarquer que la quantité d'eau 1,62 n’y est pas à l'état d’eau d'hydratation, mais à l'état de protoxyle (HO). Au chalumeau la hancockite fond en se boursouflant et donne un globule légèrement magnétique. Avec le car- bonate de soude on obtient sur le charbon la réaction du plomb. Insoluble dans l’acide chlorhydrique. La Glaucochroïite appartient à la famille du péridot. Elle est en cristaux prismatiques et en agrégats dans une gangue blanche qui est de la nasonite (voir plus loin la description de ce nouveau minéral), Les cristaux isolés atteignent au maximum, deux millimètres de longueur tandis que les cristaux agrégés peuvent avoir un centi- mètre. Leur dureté est voisine de celle de l’olivine, la cassure est conchoidale et l'éclat vitreux. La couleur est celle de l’algue-marine. La densité est de 3,407. L'analyse a donné les résultats suivants : SUICE Nec Re to ee core te 31,48 Protoxyde de manganèse........... SP REfS Ghaus is nome se ne Stoie rite 28,95 Oxÿdexde plomb -e."-""1e0r ere 1,74 Totale en nere 100,17 L’oxyde de plomb étant laissé de côté on en déduit la formule CaMnSiO. Le minéral qui se rapproche le plus de la hancockite est la monticellite, péridot qui est un silicate de chaux et de magnésie, Dans le premier miné- ral la magnésie est remplacée par du manganèse. La nasonite est massive, de couleur blanche, et à éclat gras. Hxaminée au microscope, elle parait formée de petites lames cristallines appartenant probablement au système quadratique, La densité est 5,425 et la dureté égale à celle de la fluorine. C’est un chloro-silicate de chaux et de plomb contenant 18,5 0/0 de silice, 66 d’oxyde de plomb, 11, de chaux et 2,80 de chlore. Il est voisin de la ganomalite, minéral trouvé par A. E. Nordenskiold, à Jacobsberg et à Langban en Suède. La nasonite fond très facilement au chalumeau en don- nant un globule semi-transparent. Il est soluble dans l'acide chlorhydrique. La leucophænicite n'a pas encore été trouvée en cris- taux. Elle forme une masse cristalline à éclat et de cou- leur pourpre, La dureté est intermédiaire entre celle de l’apatite et celle du felspath orthose. Les propriétés optiques montrent que le minéral est monoclinique ou tichnique. Sa composition très complexe montre que la leucophænicite est une humite manganésifère. Elle a la composition suivante : Silicer ns LESC EE IS D'OR ET 26,36 Protoxyde de manganèse............. 60,63 Oxyderde zinc free AAA 5,67 Chaux re SR TO 6 Cu e RASE 3,87 AlCallsr tre Se Se PE 0,63 Eau sheet arte tale detolete lie le SEA 2,64 Elle fond au chalumeau en donnant un globule noir brunâtre. Soluble dans l’acide chlorhydrique. GAUBERT. CULTURE DU FIGUIER EN GRÈCE Le figuier est cultivé dans toute la Grèce, mais principale- ment dans certaines provinces méridionales du Péloponèse, notamment dans la Messénie et dans la province de Calamata, ainsi que dans quelques-unes des iles : Andros, Tinos et l’Eubée. En Messénie, le figuier est un arbre de quatre à cinq mètres de hauteur qui vient aussi bien dans les terrains argileux et calcaires que dans les sols sablonneux, et sur les collines aussi bien que dans les vallées et les plaines. Espèces de fiquiers. — Les différentes espèces de figuiers cultivés en Messénie sont : le caprifiguier (figuier sauvage), dont les fruits ne mürissent pas et ne sont pas mangeables. Les caprifigues servent exclusivement à la caprification. Ils se subdivisent en plusieurs catégories dont la meilleure est la chliveria, petites figues de couleur miel foncé qui servent à caprifier les figues des vergers. Viennent ensuite les kokinokentria, les opsimokentria et les aporokentria, ces dernières de qualité inférieure. Figuiers cullivés. — Les figuiers cultivés se distingueut par les dénominations suivantes : Avgossikia (figuier d’œuf), dont les fruits ont la forme et la grosseur d'un œuf et sont tantôt verdätres, tantôt violacés. Ces figues sont les meilleures de Calamata ; elles se mangent à l’état frais. La première catégorie est müre en mai; la deuxième, qui est la moins bonne, mürit en août et sep- tembre; Kontroumbossikia, dont les fruits vert pâle se mangent aussi à l’état frais; Vouvalossikia, figues très grandes et de couleur jaunâtre; Kokinossikia, figues petites, carminées ou violacées, très douces et fort recherchées. Ces fruits sont consommés à l’état frais; on les fait également sécher; Livanossikia, figues blanches et vertes ; Ormathossilia (figuier chapelet). C'est le figuier qui donne presque exclusivement les bonnes figues sèches de Calamata si connues dans le commerce. Ses figues grandes, de couleur verte, une fois desséchées, deviennent or paille; elles ne muürissent qu’en juillet ou août, sont beaucoup plus sucrées mais moins succulentes et moins fraiches que les précédentes ; c’est pourquoi elles se mangent à l’état sec. La multiplication des figues se fait ordinairement en Mes- sénie par boutures; elle se pratique également par la greffe, sur des caprifigues, de figues naturelles de semence ou d’autres variétés. Cullure du fiquier. — En Messénie, le figuier est cultivé soit séparément dans des vergers spéciaux, soit avec l’olivier, rare- ment avec la vigne. Les plantations se font ordinairement en octobre et en février ou mars. La culture annuelle du figuier se fait de la manière sui- vante : À la fin d'octobre, après la chute des feuilles, on pro- cède d’abord au déchaussement de l'arbre; autour de sa racine, on creuse un bassin d'un diamètre de deux à trois mètres qui est destiné à recevoir les eaux des pluies de l'automne. En décembre ou janvier, on donne un labour, puis, au mois de mars, un binage, en suivant une direction perpendiculaire à celle du labour; et un mois après, soit en avril ou mai, un hersage. Enfin, au mois de juillet, dans les terres sèches qui se trouvent sur les collines au midi, quelques cultivateurs LE NATURALISTE 39 buttent les racines afin de les préserver des rayons brülants du soleil. L'engrais n’abonde pas en Messénie, l'élevage du bétail ne correspondant pas aux étendues cultivées; aussi le figuier n’en recoit qu’une faible proportion. Cependant ceux qui sont cul- tivés sur les collines sont fumés régulièrement afin de conserver leur fécondité. On n'émonde jamais le figuier; quelquefois seulement on le débarrasse des branches, mais sans se servir de la serpe. Fructification. — La fructification est très favorisée par le climat. Presque tous les boutons à fruits se développent et mürissent, au cours de l'été, mais successivement, les uns après les autres. Les figues qui sont près de la base du bour- geon sont les premières à mürir. Ainsi il arrive à l’ormathos- sikia que les petites figues qui sont à l'extrémité des bour- geons muürissent plus tard ou tombent avant de mürir complè- ment. Cette fructification graduée s’observe surtout au capri- figuier. Chez les variétés tardives, il arrive cependant que les bourgeons à fruit n'arrivent pas à sortir à temps de leur état embryonnaire avant l'hiver et, restant ainsi sur l'arbre, se développent l’été suivant; les cicatrices des feuilles de l’année précédente donnent alors naissance aux figues précoces ou « figues fleurs », qui sont plus succulentes ordinairement que celles de l'été et se prêtent moins bien au séchage. Caprification. — La caprification est en usage dans toute la Messénie et, ainsi qu'à Smyrne, elle y est considérée comme la condition sine qua non de la culture du figuier. Et comme plus des deux tiers des figues déja formées et développées tombent de l’arbre, on applique ce procédé dans le but de conserver et de faire muürir sur l'arbre le plus de fruits pos- sible. La caprification se fait en mai ou juin, dès qué le petit ori- fice de la figue qui se trouve au centre de la partie opposée à la base, c’est-à-dire l’œil, a commencé à laisser jaillir une petite goutte de liquide dense. Alors, on accroche sur les branches une sorte de chapelet formé de caprifigues enfilées de jonc. Les caprifigues contiennent des insectes connus sous le nom de cynips psenes qui en sortent et pénètrent dans la figue par l'œil ouvert en y provoquant une irritation qui fait attirer vers le fruit une plus grande quantité de sève. L’œil alors se ferme petit à petit et le fruit grossit. Le danger de la chute est ainsi écarté et un mois après la figue est müre. La caprification n’aboutit pas si elle est faite trop tôt, quand l’œil est encore trop serré, ou trop tard, quand il est trop ouvert et que l4 chute de la figue est proche et imminente. Or, comme les figues, aussi bien que les caprifiques, ne mürissent pas en même temps, on se trouve obligé de répéter cette opé- ration au moins trois fois afin que toutes les figues puissent en bénéficier. Les caprifigues récemment recueillies sont con- sidérées comme les plus efficaces, car elles contiennent encore tous leurs insectes. Lorsque les caprifigues sont trop chères et que la caprifica- tion devient alors l’opération la plus coûteuse de la culture de la figue, les cultivateurs, pour obvier à cet inconvénient, plantent dans les vergers mêmes, et, à côté des figuiers, des caprifiguiers d'espèces analogues pour que la caprification se fasse d'elle-même. Exportation. — Pendant les années 1892, 1893, 1894, 1895, 1896 et 1897 ont été exportés de Grèce 84.473.000 kilogrammes de figues représentant une valeur totale de 16.197.000 francs, donnant ainsi une moyenne annuelle de 1%40718.927 kilo- grammes d’une valeur de 2.139.608 francs, soit 0 fr. 20 le kilo- gramme. CHRONIQUE Nouvelle maladie de la betterave à sucre, — Une nouvelle maladie de la betterave à sucre vient d'être signalèe dans les environs d'Hidelsheim et de Brunswick, dans une des régions de l'Allemagne où la culture de cette plante a le plus d'importance. La maladie s'attaque à la racine de la plante. Les feuillles conservent leur apparence normale et il est im- possible, à première vue, de distinguer les plantes at- teintes; le siège de la maladie réside dans le tissu épider- mique; la couche génératrice se trouve détruite et la croissance est arrêtée aux points attaqués. La désorga- nisation des tissus se localise en général sur une portion annulaire s'étendant plus ou moins régulièrement sur une partie ou sur la totalité du pourtour de la racine dans sa région moyenne. Au-dessous et au-dessus de cette bande, la racine continue à croître et présente par suite un étranglement plus ou moins prononcé. La cause de la maladie est encore inconnue: une étude des tissus atteints a révélé la présence d’orga- nismes divers : moisissures, bactéries, anguillules. Jus- qu'ici il a été impossible de préciser le rôle de ces divers agents dans la décomposition des tissus, il se pourrait d’ailleurs que leur présence ne fût qu'une conséquence de l’état pathologique de la racine. ; Les germes de la maladie se conservent dans le sol et la propagent d'une année à l’autre. On ne connait encore aucun moyen d'arrêter les ravages causés par ce nou- veau fléau. Captures de Lépidoptères en France. — M. G.-A. Poujade signale à la Société entomologique de France, la capture des Lépidoptères (Noctuélides) sui- vants, venus aux lumières électriques de la gare de Chantilly : Tapinostola Bondii Knaggs (le 5 juin 1899). Cette espèce paraît n'avoir pas encore été prise en France ; elle est signalée du sud de l'Angleterre et de la Grèce centrale par Staudinger. Hydrilla gluteosa Tr. (9 juillet 1899). Signalée du Va- lais, de la Hongrie et de l'Ural, cette espèce a été prise une seule fois dans Paris par M. P. Mabille. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 8janvier 1899, — Un tremblement de terre a été ressenti le 20 dé- cembre dernier à Francefort-sur-Meiïm. La secousse, assez forte, s'est produite entre 8 h. 30 et 9 heures du matin à Mayencé et à Francfort ainsi que dans différentes localités de la province de Hesse-Rhénane et principalement à Woisenau, Laubenheim et Bodenheim. A Grossgeran, Bischofsteim, Konigsstälten et Ruffelsteim, la secousse a duré environ deux secondes; sa violence a été telle que beaucoup d’habitants sont sortis précipitamment de leurs maisons. Plusieurs toitures et murailles ont été endommagées. La secousse ne s’est produite que vers 8 h. 45 dans le sens vertical, à Barnheïm, faubourg de Francfort, et n'a été remarquée que par quelques personnes qui ont cru à un affaissement de terrain, accompagné d'une sorte de crépitement. On n’a signalé aucun dégât. Séance du 15 janvier 1900. M. Pompilian communique les résultats de ses recherches sur l’'automatisme des cellules nerveuses. L'auteur s'est posé la question de savoir si l’activité des cellules nerveuses 36 LE NATURALISTE est automatique ou réflexe; de l'ensemble de ses recherches M, Pompilian croit pouvoir tirer les conclusions suivantes : « 4° Les cellules nerveuses, du fait même qu'elles vivent et qu’elles se nourrissent, dégagent constamment de l'énergie nerveuse sans qu'il soit nécessaire pour cela qu’une excitation du dehors vienne ébranler leur équilibre chimique. L'activité nerveuse est donc automatique. «2% L’activité nerveuse automatique varie d'intensité d'un moment à l'autre. «30 Les centres nerveux supérieurs exercent normalement une influence inhibitrice sur les centres inférieurs; l’activité de ces derniers centres se manifeste nettement après la destruction des premiers. «49 Il semble que, en pathologie, des faits comme les trem- blements et les convulsions pourraient être expliqués, d'une part, par une diminution du pouvoir inhibiteur exercé par les centres supérieurs. cérébraux sur les centres inférieurs médul- laires; d’autre part, par une augmentation de l’activité de ces derniers centres. » : M. Bleicher, professeur à l'Ecole de pharmacie de Nancy, adresse une note sur la dénudation du plateau central de Haye ou Forêt de Haye en Meurthe-et-Moselle. Sous le nom de pays de Haye, on comprend une partie de la bande calcaire oolithique couverte généralement de grandes forêts qui borde la lisière orientale du bassin de Paris dans la région de Nancy, et au sud comme au nord de cette ville. Le plateau central de Haye se compose d’un soubassement marneux et fer- rugineux appartenant au Toarcien, surmonté d’un puissant massif de calcaire oolithique. Le bathonien remplace vers l’ouest le bajocien, constituant ce massif oolithique; on y cons- tate de nombreuses fissures qui renferment des blocs de fos- siles, les uns du bathonien, les autres de l’oxfordien, d’autres encore du corallien. Ces fossiles n'étant pas roulés, on ne peut émettre l'hypothèse du transport de ces matériaux. Les coteaux étant à 150 mètres au-dessus des thalwegs de la Meurthe et de la Moselle, il a dû y avoir de grands enlèvements de roches. On peut donc concevoir le plateau central de Haye surélevé de 200 mètres, au minimum de toute l'épaisseur des étages bathonien, callonien, oxfordien et corallien, et rien ne prouve qu'il ne faille pas, plus tard, ajouter à cette liste les étages jurassiques supérieurs. Cette épaisseur est calculée d’après les affleurements de ces terrains aux environs de Toul et commu- niquant directement par un plan fortement incliné avec les Vosges, alors bien plus élevées qu'aujourd'hui. A la surface de ce plan incliné coulaient les fleuves aux noms inconnus, qui ont charrié les éléments arrachés aux Vosges, et, peu à peu, aidés des mouvements dynamiques dont nous retrouvons les traces, de la nature meuble du sol, des circonstances atmos- phériques, ont sillonné, creusé, démantelé, à travers les âges tertiaires, peut-être même crétacés, la couverture du plateau. — M. le commandant Flick a étudié avec beaucoup de détails le Priabonien, Eocène supérieur de la région de Kaïi- rouan (lumisie). Il existe à la partie supérieure de l'Eocène des assises à Echinolampas Perrieri. La présence de ces assises à été constatée par l’auteur sur un certain nombre de points nouveaux : dans la chaîne du Batène, au nord de l'Oued-Bogal, dans la chaîne des Somaties. Mais c’est surtout dans le Batène que les couches prennent un développement remarquable. Le Priabonien constitue les couches supérieures du dôme allongé qui forme le massif du Batène-el-Guern. Ce dôme, qui a été arasé vers le nord, montre sur ce point, deux bandes d’Eocène supérieur, entre lesquelles aflleurent les cal- Caires de l’Eocène inférieur et moyen; ces deux bandes se réu- missent vers le sud. Sur les flancs est et ouest du dôme, les assises priaboniennes forment une série de synclinaux et d’autres clinaux secondaires importants. Séance du 22 janvier 1900, — M. Péron a été nommé membre correspondant de l’Aca- démie pour la section de minéralogie. — MM. C. Bruyant et A. Euscbio ont fait des. recherches sur Ja faune halophite de l'Auvergne. On a signalé depuis longtemps déjà l’existence de plantes maritimes au bord de certaines sources de l'Auvergne; le frère Héribaud a donné l'état de cette florule à ce jour. Les auteurs ont recherché si, dans le domaine zoologique, il n’existerait pas une localisation analogue. A côté des formes ubiquistes, qui se rencontrent sur les terrains salés comme ailleurs, il à étè recueilli les espèces caractéristiques suivantes, les unes terrestres, les autres aquatiques, Amara erythrocnemis, Pogonus halophilus, Philydrus halophilus, Bledius spectabilis, Cyclonotum hispa- nicun. Cette faunule paraît, jusqu'à ce jour, assez pauvre, mais il faut remarquer que le champ de développement des espèces halophiles, est en réalité, très restreint. Quoi qu’il en soit, les auteurs peuvent affirmer, dès maintenant, qu'il existe en regard de la florule halophile, une faunule halophile, bien délimitée et caractéristique de nos eaux minérales. — M. Camille Brunotte fait part de see observations sur les téguments séminaux de quelques espèces du genre Impatiens. [l à été démontré que les graines de ces plantes sont différemment constituées chez des espèces voisines et l'auteur a recherché si, dans les téguments qui enveloppent l'embryon, il existait ou non, une similitude de structure. Il existe une grande variabilité de structure dans les téguments séminaux à la maturité, non seulement dans les graines de plantes appartenant à une même famille, mais chez des plantes d'un même genre et d’espèces très voisines. Il est vrai que cette variabilité, en ce qui concerne les espèces de Balsamines étudiées, porte surtout sur les régions externes, qui, seules, paraissent subir des modifications dues à une adaptation spé- ciale. L'écrasement, à la maturité de la graine, du tégument interne, parait être un fait constant ainsi que la présence des raphides et du mucilage, si abondant d’ailleurs dans tous les tissus de l’appareil végétatif des Basalminées. — M. Leclère, qui vient d'accomplir, au Tonkin et dans la Chine méridionale, une mission de 18 mois, a pu effectuer une exploration géologique d'environ 6.000 kilomètres de la Chine méridionale. La série des formations sédimentaires comprend: 1° le système archéen avec schistes, quartzites et phyllades, le tout souvent granitisé; 20 le système dévonien, peu développé; 3° une formation calcaire d'une immense étendue, contenant à sa base un horizon du Dévonien supérieur, puis des grès et schistes avec houille, et ensuite des horizons nettement carbonifériens, permiens et même triasiques ; 4° un trias propre- mentdit, composé d’argiles et de grès bariolés, salifères et gyp- sifères, avec cargneules ; 5° l'étage rhétien du Tonkin,surmonté par un calcaire dolomitique ; 6° les bassins lacustres miocènes et quaternaires. — M. Zoiller a étudié, les plantes fossiles de la Chine méridionale rapportées par M. Leclère lors de son explora- tion. La Chine renferme de nombreux gites de charbon, d’im- portance inégale, appartenant les uns au terrain houiller, les autres à la portioninférieure ou moyenne du terrain juras- sique. La plupart des gîtes sur lesquels des empreintes ont pu être récoltées, appartiennent à l’époque secondaire. — M. W. Kilian indique la structure de la portion méridionale de la zone du Briançonnais. La zone du Briänçonnais peut être considérée comme l’axe d’un massifcentral en éventail composé, encore pourvu de sa couverture sédimen- taire ; les accidents latéraux du Briançonnais, des environs de Guellestred, de la zone du flysch sont du même ordre que ceux que MM. Bertrand et Rether ont fait connaître sur le bord oriental du massif du Mont-Blanc et dans la partie voisine des Alpes calcaires de Savoie; ils représentent simplement un stade moins avancé de l’érosion à laquelle leur plus grande surrection a prématurément exposé les éventails asymétriques du Mont-Blanc et du Celneuf, ainsi que dans le massif du Gothard, la continuation vers le nord-est de cette même zone du Brianconnais. — M. CI. Gaillard a découvert un Nouveau rongeur miocène. Ce rongeur à été trouvé dans les inépuisables gise- ments miocènes de la Grève-Saint-Alban. Cette espèce est un Muridié qui appartient, par l’ensemble de son crâne, à la fois, à la famille des sigmodontinés ou cricétinés: mais sa dentition est très particulière et ne permet de le rattacher à aucun des genres connus. L'auteur nomme ce nouveau fossile Anoma- lomys Gaudrous. P. Fucus, | LE NATURALISTE 57 LA CULTURE DU RIZ AU SIAM Les grandes vallées des provinces méridionales et cô- tières du royaume, inondées à certaines époques de l’an- née par les innombrablee cours d’eau et canaux qui les sillonnent, sont éminemment propres à la culture du riz qui est la principale richesse du pays. La plantation du riz exige peu de frais et des travaux peu considérables, Les semailles se font de juin à oc- tobre. Le riz se sème généralement à la volée dans des petits espaces de terrains ayant la forme d’une cuvette rectangulaire, Quand il a atteint la hauteur d’un pied, on l'arrache et on le repique dans les rizières préparées. par des labourages et des hersages, puis couvertes d’une couche d’eau d’une épaisseur de quelques pouces. Chaque tige est replantée à la main et, dans l’espace de quelques centimétres qui entoure chacune d’elle et qui la sépare de sa voisine, la terre est foulée aux pieds. Un bon ouvrier plante ainsi dans sa journée un tiers d'acre(1) de rizière. Quelquefois le riz est semé directement dans la rizière et ne subit pas l'opération du repiquage; mais alors il est semé d’une facon plus régulière. Si les pluies et le soleil arrivent à temps pour faire germer la graine, la récolte peut se faire en octobre, no- vembre on même décembre, Dans certaines provinces, on fait deux récoltes : une ‘ en octobre et l’autre en janvier ou en février. Quand l’époque de la moisson est arrivée, les hommes, les femmes et les enfants envahisssnt les champs, cou- pent une à une les tiges de riz qu'ils réunissent en bottes et qu'ils lient. Si l’eau est encore stagnante dans la ri- zière, les moissonneurs n'hésitent pas à s’enfoncer dans l’eau et dans la vase : quelquefois ils sont même obligés de se servir de barques ; les épis sont alors ramassés à pleines mains et jetés en tas dans des corbeilles. Le battage du riz rappelle beaucoup celui des blés, tel qu’il se faisait autrefois dans nos campagnes ; le sol est préparé de la même façon, on rase l'herbe qui le couvre, on aplanit le terrain, on le mouille et on y répand une couche d’un enduit fait avec de la bouse de vache et de l’eau. Un piquet est planté au centre de cette aire et tout autour on dispose les gerbes de riz; des bœufs ou des buffies accouplés passent et repassent sur ces gerbes, les piétinent pendant plusieurs heures jusqu’à ce que le grain soit bien séparé de l’épi. Le vannage du riz est également une opération des plus-simples : on place le grain dans des corbeilles en osier peu profondes dont on se sert comme de vans; le paddy vanné est déposé dans de grandes bâches en van- nerie recouvertes extérieurement d’une couche de vase et sur la partie supérieure d’un couvercle en feuilles. Le paddy est utilisé sur place ou vendu et transporté par eau jusqu'à Bangkok. Dans le premier cas les femmes font subir au grain une transformation qui con- siste à écraser dans un mortier le paddy jusqu’à ce que la graine soit séparée de l'enveloppe brune qui la recouvre. Dans le second cas le paddy est décortiqué dans les moulins de Bangkok. Le rendement moyen du riz par hectare peut être éva- lué à 3,000 kilogr, Quant à la production totale, ellé est des plus variables (1) L'acre vaut 40 ares 4.671. et assez difficile à déterminer. Toutefois, en prenant pour base le chiffre des exportations, on peut, en le doublant, avoir approximativement celui de la production. EXPORTATION PRODUCTION TOTALE AO Le RATER ONE 489.124 tonnes 970.000 tonnes ABB dec amiene 463.587 — 926.000 — ATARI 454.193: — 908.000 — INR OR EL TA OR DONS 130000 — 1.104.000 — SDS ER nm be nt DADL SEL: — 1.030.000 — Le prix du riz à une tendance à augmenter chaque année; en 1894, il était de 93 fr. la tonne: en 1895 il avait baissé jusqu'à 85 fr.; mais en 1896 il a atteint 120 fr. et l’année dernière 130 fr. Ces prix payés aux exportateurs par les places étran- gères, ne sont pas de beaucoup supérieurs à ceux del'in- térieur sur le marché de Bangkok, LIVRES NOUVEAUX La nature tropicale, par J. CoNSTANTIN, maître de con- férences à l’Ecole normale supérieure. 4 vol. in-80 de la Bibliothèque scientifique internalionale, cart. à l'anglaise, 6 francs. Franco, 6 fr. 65. L'importance sans cesse croissante des questions colo- niales vient ajouter un véritable intérêt d'actualité à l'intérêt scientifique du livre curieux que publie M. Constantin dans la Bibliothèque scientifique internationale dirigée par M. Em. Al- glave. L’auteur nous révèle les secrets de la végétation puis- sante des forêts vierges, si différentes des petits bois de nos climats, et surtout les associations de vie qui s’établissent entre les plantes les plus différentes. Comme dans les sociétés hu- maines, on y voit toutes les formes de la charité, du parasi- tisme et de la solidarité. L'ouvrage se termine par l'étude scien- tifique des légendes sur le déluge qui existent dans toutes les religions, et il montre à quels phénomènes réels on peut les rattacher. Memorandum de Zoologia par CarLos E. PoRTER, direc- teur du Musée d'Histoire Naturelle de Valparaiso (Chili). Les traités de Zoologie en langue espagnole sont assez peu nombreux pour que nous signalions celui-ci qui se recom- mande par sa valeur scientifique. I1 est publié sous forme de tableaux synoptiques, faciles à lire pour les naturalistes de toutes les nations. L’auteur a cherché à résumer en quelques pages et à rendre accessibles à tous les grands traités de Zoo- logie de Perrier, Delage, Lang et d’autres, sans oublier les applications médicales qui s’adressent plus spécialement aux étudiants en médecine. La disposition typographique des tableaux est très claire et les planches qui les accompagnent facilitent singulièrement la compréhension des caractères de chaque groupe. Ce petit manuel (qui n’est que le prodrome d'un Cours élé- mentaire de Zoologie en préparation), sera publié par livrai- sons de 24 pages in-8° accompagnées chacune d'une ou deux planches contenant un grand nombre de figures dessinées par l’auteur. Les livraisons paraissent toutes les trois semaines au prix de 0 fr. 60 chaque, et l'ouvrage sera terminé en 14 livrai- sons, dont la dernière, contenant un index méthodique et un index alphabétique, paraîtra en juillet 1900. Nous avons sous les yeux les deux premières livraisons qui sont bien au courant de la science et ne laissent rien à désirer sous le rapport typo- graphique, aussi bien pour le texte que pour les planches. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, {1. ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CI-APRES DÉSIGNÉS (Ne proposer que des Insectes frais et intacts) S'ADRESSER A Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vitis. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata. Agrilus cCyanescens. — tenus. — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. Sinoxylon sexdentatum. — muricatum Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini. — oleiperda. Hylurgus piniperda. — ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. — stenographus. — laricis. — bidens. Bruchus pisi. — flavimanus. — rufimanus. — tristis. - — Jlentis. — pallidicornis. — nubilus. Rhynchites betulse. — populi. — betuleti. — conicus. — cupreus. — bacchus. Apion apricans. — craccæ. — vici®. — flavipes. — flayofemoratum. — pisi: — æneum. — tenue. — vOorax. — violaceum. — hæmatodes. — ‘pomone. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — .,lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pini. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. — Jigustici. LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, RUE Otiorhynchus rancus. — picipes. Lixus angustatus. Authonomus pomorum. — pyri. — druparum. — rubi. Orchestes fagi. — älnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. — napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaru!s. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyx heros. — scopolii. Aromia moschata. Callidium unifasciatum. Clytus arictis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberca linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica oleracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. — campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — bitterensis. Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Pseudo-Xévroptères. Termes lucifugus. — flavicollis. Hymènoptères. Vespa crabrc. — germanica. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopœus spirifex. Atta barbara. — structor. Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia rosæ. — spinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossularicæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — ribis. Lyda pyri. — sylvatica. — campestris. — erythrocephala. Lophyrus pini. — rufus. Cephus pygmæus. — compressus. Sirex gigas. Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rosæ. Lépidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassicæ. — rapæ. — napi. Deilephila elpenor. — euphorbice. Ino pruni. — ampelophaga. Trochilium apitorme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. — neustria. Porthesia chrysorrhaca. — auriflua. Ocneria dispar. — monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicee. Triphæna pronuba. — orbona. Phlogophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas grossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheinatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnophthira pilleriana. Tortrix viridana. — Cratægana. — rosana. — Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana. Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivoreila. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depressella. — nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Sehirus bicolor, DU BAC, 46, PARIS Œlia acumimata. Strachia oleracea. — ornata. Carpocoris baccarum. Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Typhlocyba rosæ. — viridipes. Psylla pyri. — buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — lanuginosa. Aphis rosæ. — cercalis. — fabæ. — pruni. — ‘persicæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim vitis. tilise. —. salicis. — persiceæ. — olæ. — caricæ. Aspidiotus conchyforme. Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. : — hmorrhoïdalis. Diptères. Tipula oleracea. Sciara piri. — analis. Uecidomya tritici. — destructor. — nigra. — pyri. —. brassicæ. Lasioptera obfuscata. Sunulium orn. 4m. — maculatum. — xeptans. Bibio Marci. — hortulanus. Tabanus bovinus. Hææmatopota pluvialis. Œstrus equi. : - — hæmorrhoïdalis.. Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum. —. ‘brassicæ. — furcata. — radicum. — conformis. — lactucæ. Pegomya acetosa. Psilomya rosæ. Hylemya coarctata. Spilographa cerasi. Dacus oleæ. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Agromiza nigripes. Platyparea pœciloptera. Chlorops lineata. — tæniopus. Oscinis frit. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques. 29 ANNÉE. IMITATION EXPÉRIMENTALE DES CHEMINÉES DE FÉES La pluie, par le seul fait de sa chute, détermine sur le sol un travail qui se traduit souvent par la désagrégation des roches et par le déplacement des particules détachées. C’est ainsi que, sur certaines substances de consistance convenable, chaque goutte laisse une dépression dont la forme permet d'évaluer avec beaucoup de précision la somme d'énergie d’où elle résulte. Le contre-moulage de pareilles empreintes se rencontre à divers niveaux géologiques et leur découverte continue à nous éclairer sur les conditions météorologiques des époques passées; on sait que ces accidents peuvent être Fig. 1. — Expérience prouvant la repro- duction artificielle des cheminées de fées. très aisément reproduits par l'expérience, Déjà, en 1802, Marcel de Serres mettait sous les yeux de l’Académie des sciences un morceau d'argile sur lequel il avait produit des empremtes semblables à celles de la nature au moyen d’une pluie artificielle. J'aiexposé, dans la collection de Géologie expérimen- tale du Muséum d'histoire naturelle, des spécimens obtenus de la même manière et, en les préparant, j'ai été amené à préciser les causes de déformations fré- quentes de gouttes de pluie géologiques. 1 Il est facile de constater, en effet, que dans les cas les plus fréquents, ces déformations tiennent à l’obliquité avec laquelle les petites sphérules d’eau sont venues frapper la matière plastique. Desgouttes envoyées obliquement à l'aide de la carafe à laver les précipités, qui porte dans les laboratoires le nom de pissette, donnent des effets tout semblables quand on les lance convenablement à la surface d’une argile peu Consistante. La conclusion, c'est que les empreintes elliptiques re- cueillies dans les couches de divers âges représentent au propre des coups de vent géologiques et font partie d’une véritable météorologie fossile. Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. de SÉRIE — N° 3 À À 15 FÉVRIER 1900 Mais le point sur lequel je me propose surtout d’ap- peler aujourd'hui l'attention des lecteurs du Naturaliste concerne une série d'expériences disposées spécialement pour étudier la faculté de transport des eaux pluviaires, c'est-à-dire tombant sur le sol, et abstraction faite de ce qui peut avoir rapport avec leur ruissellement sous la forme d'eaux sauvages. Pour le réaliser, j'ai fait usage d’une pomme d'arro- soir, toute pareille à celle que les jardiniers mettent en œuvre et qui était rattachée à un robinet à eau par un caoutchouc, comme le montre la figure 1 Joimte à cet article. Lorsqu'on fait tomber de cette façon une pluie factice sur un mélange de particules différentes les unes des autres par la taille, par la forme ou par le poids, on voit tout de suite que chaque catégorie en éprouve des effets différents. Les-petits grains légers sont emportés les pre- miers et les plus lourds résistent le mieux. Les éclats rocheux plats disposés horizontalement jouent le rôle de” . — Résultat de l'expérience prouvant la reproduction artificielle des cheminées de fées. 1/2 de la grandeur naturelle. parapluie et se constituent très rapidement à l'état de chapiteaux, de petits pilastres ayant avec les « chemi- nées de fées » des analogies de forme les plus com- plètes. En mélangeant d’une certaine quantité de plâtre en poudre la matière caillouteuse sur laquelle on opère, on obtient des spécimens qui se conservent facilement, On en verra de ce genre dans la collection de géologie expé- rimentale exposée au Muséum d'histoire naturelle : ils ressemblent à des miniatures des accidents naturels et c'est ce que montre notre figure 2? qui reproduit l'un d’entre eux. Leur étude, qui pourrait sembler superflue à cause de la simplicité de leur mode de production, a un grand intérêt au point de vue de l’idée qu’il convient de se faire du mécanisme de la dénudation subaérienne, et par une conséquence nécessaire de celui du creusement des vallées. C’est à ce point de vue surtout qu'il convient de constater que les cheminées de fées ne peuvent résulter que de pluies peu écartées de la verticale et qu'elles ne peuvent subsister que là où les eaux de ruissellement ne sont pas trop abondantes. Le moindre courant transversa 40 LE NATURALISTE d’eau les désagrège et les détruit : leur présence sur les flancs d’une série de vallons dans les pays de mon- tagnes comme à Saint-Gervais de la Haute-Savoie, à Ritton près de Bautzen, sur le Finisterbach; aux Ftats- Unis, sur le Zuni-Plateau (Nouveau-Mexique), où M. Dutton les a étudiés (1), montre avec évidence que, contrairement à l'opinion émise si souvent, les vallées ne sont pas l’œuvre de torrents ou de forts courants d’eau. Elles sont le produit d’une sorte de ciselure très délicate de la surface du sol par des eaux incapables de transport horizontal de masses un peu considérables, et l'on voit de tous les côtés les conséquences impor- tantes de ces conclusions de l'expérience. Dans un semblable cas, l'utilité de l’expérimentation apparaît par la précision jetée sur les conditions du phé- nomène. Tout ce qui concerne la constitution du terrain désagrégeable est désormais défini et surtout ce qui a trait à la forme la plus favorable du sol. Sur une sur- face horizontale ou presque horizontale, l'effet est nul à cause du séjour de l’eau au pied des pilastres de terre ; sur un terrain trop incliné, les pyramides ne peuvent persister à cause de la grande vitesse des filets d’eau sauvage. Il faut un terme moyen et la pente d’éboulement de matériaux meubles, de 35° à 400, parait la meilleure. Il résulte de là aussi la notion d'une période, dans le creusement des vallées, où la production des piliers de terre peut se déclarer et que, par conséquent, elle carac- térise. C’est pour cette raison qne,dans la plupart des cas, on ne constitue pas de cheminées de fées pour l'arrosage d’un sol hétérogène. $i les blocs contenus ne sont pas plats et si la pluie se fait obliquement, ou si (ce qui est très fréquent) le sol n’a pas la cohésion nécessaire, les blocs sont déchaussés et ils descendent verticalement pendant que les particules fines sont tout doucement emportées par les eaux de ruissellement. Il suffit, comme je l'ai fait, de suivre pas à pas les effets de cette sorte de lavage vertical, pour en voir jailür l'explication d’une foule de phénomènes qui ont souvent été mal compris et, par exemple, celle de la présence de certains blocs rocheux, parfois très volumi- neux, sur un terrain qui Contraste avec eux à tous les points de vue. On en a eu récemment un très remarquable exemple dans Paris même, par la découverte, dans le pluvium de la rue Lacépède, de gros blocs de grès faciles à identifier avec la pierre à paver exploitée à Orsay et à Fontaine- bleau, et qui dépend des formations pliocènes. M.le D'Capitan en a donné un beau spécimen au Muséum. L'étude des lieux, éclairée par les notions que nous venons d'acquérir, démontre que ces blocs, durant les progrès de la dénudation pluviaire, ont dù descendre verticalement de 75 mètres environ, correspondant à l’ablation lente et très progressive de toute la formation des sables supérieurs, puis de celles de masses de ter- rain de gypse, du travertin de Saint-Ouen et d’une partie des sables moyens. Stanislas MEUNIER. (1) Sixth annuul Report of the geological Survey of United States, p. 152 et suiv., 1884-1885. ne, nn Les Glaréoles MŒURS — CHASSE — UTILITÉ Les Glaréoles sont des oiseaux assez singuliers, des échassiers à ailes longues et à queue fourchue, dont les formes rappellent beaucoup celles des hirondelles, Aussi comprend-on qu’on ait pu les ranger autrefois parmi celles-ci (1), et leur donner, en quelques pays, le nom d'hirondelles de marais. On les a appelées dans d’autres, il est vrai, poules des sables et perdrix de mer. Cette divergence de l'opinion vulgaire à l'égard des Glaréoles a eu, en quelque sorte, une répercussion dans les méthodes. Tout en les considérant, à juste titre, comme des échassiers, les naturalistes ont beaucoup varié sur le rang qu'on doit leur assigner. G. Cuvier les regardait comme « un genre diflicile à associer à d'au- tres ». Brisson, Linné, Latham, Vieillot, Temminck, Latreille, Lesson, Meyer et Wolf, le prince Bonaparte, Nordmann, et j'en passe, leur ont attribué chacun une place différente, Un aussi grand désaccord démontre suffisamment le peu de précision qu'offrent les affinités naturelles des Glaréoles et leur droit à former dans l'ordre des échassiers un type à part. Peut-être pourrait- on, cependant, comme l’a fait Schelegel, les rapprocher des outardes et les ranger entre les courvites et les œædi- cnèmes,les Glaréoles paraissent avoir avec les coureurs à bec largement fendu plus de rapports qu'avec les autres échassiers (2). Ce genre ne renferme qu’un petit nombre d'espèces qui appartiennent aux contrées méridionales de l’ancien monde, Deux comptent parmi les oiseaux d'Europe : la Glaréole pratincole (Glareola pratincola) et la Glaréole mélanoptère (Glareola melanoptera). La Glaréole pratincole ou Glaréole à collier est un charmant oiseau au dos d’un gris brun, à la poitrine et au ventre blancs. La gorge d'un jaune roussâtre est entourée d’un cercle noir qui prend naissance de chaque côté, à la paupière inférieure et descend au-devant du cou en forme de collier. Les rémiges et les rectrices ont l'extrémité noire. La tête est d’un gris brun, le bec noir avec la base et le bord libre des paupières rouges de corail. L’œil et les pieds sont d’un brun foncé. La Glaréole mélanoptère ressemble beaucoup à sa congénère et porte comme elle un collier noir, mais la tête a plus de cendré et de roux et des lorums noirs. Le bord libre des paupières est aussi noir et le bec de même couleur passe au jaunâtre en dessous à la base et aux commissures. Cette dernière espèce habite la Russie méridionale, l'Asie Mineure, l’Arabie, et fait des apparitions en Grèce. (ae (1) Ces oiseaux sont bien caractérisés par un bec très court, convexe, à mandibule supérieure courbée, plus large que haut à la base et largement fendu jusqu’au-dessous des yeux. Les ailes sont étroites, très longues, dépassant de beaucoup la queue qui est fourchue, les tarses médiocrement allongés, minces, finement réticulés sur le côté de l'articulation tibio- tarsienne, scutellés sur le reste de leur étendue, les doigts grèles, les ongles longs, comprimés, le médium pectiné sur son bord interne. Le plumage ne varie point comme coloration chez les adultes, les jeunes ont une livrée qui les distingue. (2) Les Animaux vertébrés de l'arrondissement d'Abbeville in Mémoires de la Société d’émulation d'Abbeville (4860), p. 321. LE NATURALISTE A Je ne dirai rien de la Glaréole mélanoptère que je ne connais que pour avoir vu ses dépouilles dans les vi- trines des musées. On m'a assuré qu'on l'avait tuée en France, mais je ne possède aucune donnée précise qui me permette d'affirmer l'exactitude de cette assertion. J'ai rencontré, au contraire, assez fréquemment la Glaréole pratincole sur les plages sablonneuses de la Méditerranée. Elle y arrive au printemps en petites troupes d’une vingtaine d'individus et repart vers la fin de l’été. Dans le département de l'Aude, on voit appa- raitre ces oiseaux sur les côtes maritimes au milieu d'avril, ils y passent la belle saison, nichent et s'en vont à la fin de juillet ou au commencement d'août. Dans l'Hérault, ils arrivent aussi vers le 45 avril pour partir à la fin de juillet, Il en est de même dans les Pyrénées- Orientales où les Glaréoles s’établissent dans les sables des grèves et s’y reproduisent régulièrement. Le long des côtes du département du Gard, bordées de collines mou- vantes, d’étangs et de marais salants, on a souvent l’oc- casion de rencontrer des bandes de Glaréoles et d'en trouver les œufs. On en voit presque toutes les années dans les plaines de la Provence, et quelques couples nichent dans les parties voisines du littoral. Les Glaréoles ne se montrent qu'accidentellement dans les autres régions de la France. On les a signalées jusque dans nos départements septentrionaux. M. Marcotte fait figurer la Glaréole pratincole dans son Catalogue des oi- seaux de l'arrondissement d'Abbeville (1), affirmant son passage irrégulier sur les côtes de Picardie. Il y a-quel- ques années, j'ai vu tuer un individu isolé dans les dunes de la baie de Somme, mais c’est un fait extrêmement rare, et pendant quinze ans de chasse dans ces parages je n'ai pas eu connaissance d’une autre capture. L'habitat préferé de cet oiseau voyageur est l'Europe méridionale et orientale, l'Asie et l'Afrique septentrio- nales. On le trouveen Sardaigne, en Espagne, en Dal- matie, en Grèce, en Hongrie. Beaucoup s'arrêtent en ce dernier pays pour nicher, surtout dans la Hongrie méri- dionale. La Glaréole se plait aussi dans les plaines qui longent le Danube et le Volga, dans les steppes de la Russie et de la Sibérie. Elle se fixe volontiers en nombre considérable sur les bords des lacs du sud de la Russie et du centre de la Sibérie. Elle arrive par grandes volées sur les plages de la mer Noire et de la mer Caspienne, vers la fin de mars, et y demeure jusque dans le mois de novembre. On la rencontre encore dans l’Asie-Mineure. Je l'ai chassée dans la Basse-ligypte, surtout à l’époque de la crue du Nil. Elle passe alors aux environs du Caire et vole en troupes au-dessus de la plaine inondée des Pyramides. J'aimais à voir les Glaréoles évoluer et se jouer dans Pair. Leur vol ressemble très peu à celui des autres échassiers. Par sa variété, sa souplesse, ses brusques crochets et ses élégants détours, il rappelle plutôt les agiles cireuits et les courbes gracieuses des hirondelles et des sternes. Elles chassent ainsi les insectes aé- riens, les libellules, les sauterelles. Rien de joli comme une Glaréole poursuivant une libellule au-dessus des jones et des roseaux d'un marais. Elle monte, descend, rase légèrement l'extrémité des herbes aquatiques, suit d'une aile adroite les feintes de la fugitive, puis se pré- cipite tout à coup d'un bond rapide. On entend un ela- (1) Hirundo pratincolina, Linné, Syslema Naturæ (1), t. 166, p. 345. quement sec, la belle libellule diaprée a disparu dans le bec largement ouvert. D’autres fois elle happe en pas- sant un insecte posé sur un brin d'herbe. Mais c'est aux sauterelles que s’attaquent avec le plus d'ardeur les Glaréoles. Au moment du passage de ces orthoptères néfastes, elles les poursuivent sans reläche, les saisissent en volant et les avalent sans les dépecer. Jules Verreaux, qui a vu dans le sud de l'Afrique ces o1- seaux faire une guerre acharnée aux bandes de saute- relles, prétend qu'après avoir digéré toutes les parties assimilables de l’insecte, ils en rejettent par défécation l'enveloppe extérieure sans que la forme de la sauterelle soit en rien altérée. Dans tous les cas, ils déglutissent tout entiers les insectes qu'ils attrapent. Von der Mühle a trouvé dans l’æsophage d'une Glaréole des coléopteres si bien conservés qu'il a pu les placer dans sa collection. Ils se comportent de la sorte comme l'engoulevent et ressemblent encore à cet oiseau par leurs habitudes cré- püusculaires. C’est le soir que les Glaréoles montrent le plus d'activité. Elles chassent fort tard. Souvent en Egypte, à nuit close, j'entendais encore les cris rauques et percants qu'elles poussent en volant. Au milieu du jour, elles dorment. Dans le temps des voyages, on les voit se reposer, en longues files, sur le bord de la mer. Ce n'est pas que ces oiseaux soient plus particulière- ment attachés aux plages maritimes. Ils ne font aucune différence entre les eaux salées et les eaux douces. Le voisinage de l’eau ne leur est même pas indispensable, car on les rencontre aussi bien dans les steppes et les plaines arides, Ils aiment, cependant, à nicher près des marais, dans les pâturages, et, comme je l'ai observé, du moins en France et dans le nord de l'Afrique, sur les bords de la mer et des étangs salés. Dès que les Glaréoles sont arrivées dans les localités où elles vont se reproduire, leurs bandes se désagrègent, les couples-se forment et cherchent un emplacement pour nicher. On trouve parfois plusieurs nids de Glaréoles dans un espace assez restreint, mais non dans un voisi- sinage immédiat : chaque couple vit à part. Les nids ne leur coûtent pas de grands frais de construction. Une petite excavation tapissée de chaumes et de racines leur suffit. La femelle y dépose ordinairement quatre œufs, quelquefois deux seulement. Ces œufs sont courts et ventrus, d’un brun jaunâtre où d’un gris verdâtre, cou- verts de points, de taches, de lignes entrecoupées d'un cendré foncé d'un brun noir. Les jeunes abandonnent le nid aussitôt après leur naissance et croissent rapidement. Les parents leur témoignent beaucoup d'attachement, les défendeñt avec courage et n'hésitent pas à s'élancer avec fureur contre le chien du chasseur lui-même. Ils cher- chent à détourner l'attention de l'ennemi en courant les ailes pendantes, la queue étalée, avec toutes les allures d'oiseaux blessés. Pendant ce temps, les jeunes se rasent à terre si parfaitement qu'il est difficile de les découvrir. Les ménages des Glaréoles sont très unis : quand on tue l’un des époux, l’autre vient se poser à côté du cadavre et, si le chasseur n’est pas attendri par cette preuve tou- chante de fidélité, y tombe victime de son amour con- jugal. Après la saison des noces et de l'éducation des jeunes, les Glaréoles forment, en certains pays, des bandes très nombreuses, de plusieurs centaines d'individus qui, au dire de Nordmann, couvrent de grandes étendues de terrain dans les steppes et sur les grands chemins. Quand ils n'ont pas été trop pourchassés, ces oiseaux se mon- 42 LE NATURALISTE trent peu farouches, eton les tire facilement. A terre, ils courent par saccades en hochant continuellement la queue. Les Glaréoles, intéressantes à plus d’un titre, chassent, comme je l'ai dit, avec une activité non-pareille la saute- relle maudite, le criquet dévastateur des cultures ; elles mériteraient donc d’être épargnées. Malheureusement pour elles, les Glaréoles deviennent très grasses en au- tomne et leur chair est alors des plus succulentes. Les Grecs en font une grande consommation. Ce n'est pas tout. En Hongrie et en Russie, où ces oiseaux nichent en très grande quantité, on récolte leurs œufs sans aucun ménagement, comme en Hollande et en Belgique ceux du vanneau. Partout l’homme semble prendre à tâche de détruire ses plus précieux auxiliaires. MAGAUD D'AUBUSSON. MICROGRAPAIE TECHNIQUE HiISTOLOGIQUE MONTAGE DES PETITS ANIMAUX EN PRÉPARATION (PROTOZOAIRES, VERS, ACARIENS, ETC.) Il est des animaux qui, à cause de leur extrême peti- tesse, ne peuvent être coupés, [Il est donc de toute utilité de pouvoir en faire des préparations en totalité pour l'examen microscopique. ; Or, il n’est pas toujours facile, à cause de la grande fragilité de ces êtres, de pouvoir les préparer de facon à conserver leur forme aussi exactement que possible, La plupart des Protozoaires sont dans ce cas. L'un des meilleurs fixateurs de ces animaux est, d’une facon générale, l'acide osmique, mais les auteurs dif- fèrent beaucoup sur la facon d'employer ce réactif. D'après les uns, on ne doit employer pour ces ani- maux que l'acide osmique à 4 ou 2 0/0 au maximum. On en verse une seule goutte sur la préparation et cela suffit. Suivant d’autres auteurs, l'acide osmique, même à 4 ou 2 0/0 agirait beaucoup trop brusquement et les simples va- peurs suffisent amplement. Pour cela, on verse une goutte d’eau contenant les protozoaires à étudier, sur une lame bien propre, puis on retourne la lame sens dessus des- sous. Par capillarité, la goutte de liquide reste adhérente au-dessous de la lame. On n’a plus alors qu’à la porter à la partie inférieure d’un flacon ouvert contenant une solu- tion d'acide osmique et à l'y laisser plus ou moins long- temps suivant le degré de résistance des animaux que l’on désire fixer. Lorsqu'on emploie l’acide osmique en solutions faibles ou en vapeurs, il est bon, avant de monterla préparation, de colorer les animaux, car leur grande transparence ren- drait difficile en général l'examen microscopique. On recommande pour cela les couleurs d’aniline, et surtout l’hématoxyline, en solutions très faibles. Enfin, on peut monter la préparation dans la glycérine, en ajoutant sur la lame une goutte de ce liquide et fer- mant avec la lamelle couvre-objet. Le lutage de la prépa- ration est dans ce cas absolument nécessaire. Au bout d'un certain temps, quand la glycérine a bien pénétré les tissus des animaux fixés, un obtient une transparence suffisante pour permettre une excellente étude microscopique, et, grâce à la coloration, les divers plans sont assez faciles à saisir et à délimiter. Quelques auteurs recommandent d'employer l'acide osmique très concentré et en excès, de facon à fixer très énergiquement les tissus et à les colorer fortement en noir. Ils laissent l’acide osmique en contact permanent avec le liquide contenant les protozoaires en autrés très petits animaux, et obtiennent ainsi, au bout d’un certain temps, un mélange parfaitement noir. A l’aide d’une pipette, on prend une goutte de cette sorte de magma et on la verse sur une goutte de glycé- rine que l’on a préalablement placée sur la lame à pré- paration. On couvre avec une lamelle et on lute aussi bien que possible. Après quelques heures d'action, la glycérine rend les animaux d’une transparence suflisante pour l'examen microscopique. On obtient par cette méthode des finesses de définition qu'il est bien difficile de réaliser par d’autres procédés. Il est bien évident qu'aucune des méthodes dont nous venons de parler n’a rien d’absolu. Ilne faut pas, du reste, pour une étude microscopique quelconque se borner à un seul mode d'investigations, les résultats d'une méthode devant toujours être sérieuse- ment contrôlés par une autre, d'autant plus que la réus- site dépend le plus souvent de la nature même des animaux que l’on veut étudier et de leur réaction chi- mique vis-à-vis des différents agents fixateurs ou colo- rants. L'acide osmique n'est pas le seul que l’on puisse employer pour l'étude des Protozoaires par exemple, mais c’est certainement l’un de ceux qui réussissent le mieux. Pour certains Vers, on doit opérer tout autrement que pour les Protozoaires. Nous prendrons comme exemple la Grande Douve du foie, et nous allons indiquer comment on peut arriver à monter un échantillon sur lame. Après avoir recueilli dans un vase quelconque les échantillons de Douve que l’on vient d'extraire du foie d'un mouton, on choisit les plus petits pour en faire des préparations. On place ces petits échantillons entre deux lames de verre, à plat bien entendu, et on comprime légèrement de façon à aplatir parfaitement le vers sans cependant détruire les tissus. On fixe les lames dans cette position à l’aide de fils attachés aux deux extrémités et on plonge le tout dans un réactif fixateur que l’on doit prendre incolore autant que possible. Ceux à base de sublimé sont en général excellents, à la condition que la propor- tion de ce corps ne soit pas trop forte, car ce réactif donne parfois beaucoup d’opacité. Au bout de quelques heures, quand on juge que l'animal est fixé, on l'enlève d’entre les lames de verre, on le lave bien à l'alcool à 70° et on le met dans une teinture alcoo- lique très étendue, de préférence avec des couleurs au carmin ou à l’hématoxyline. Quand la coloration est finie,on lave à l’alcool à 700. A ce moment, on peut opérer de deux facons, suivant le milieu conservateur dans lequel on veut monter Ja pièce. On peut prendre la glycérine et, dans ce cas, on fera macérer les animaux dans ce réactif pendant au moins vingt-quatre heures. Après ce temps-là, les Douves sont | LE NATURALISTE 43 en général devenues parfaitement transparentes, Il ne reste plus qu’à les monter comme tout autre objet, en ayaut soin toutefois de fabriquer des cellules à bord assez épais pour pouvoir contenir l’animal sans le comprimer. On ajoute de la glvcérine légèrement acide, on couvre et on lute la préparation. On peut aussi monter dans le baume ou le dammar, pour cela on passe la pièce par des alcools de plus en plus forts jusqu’à l’absolu, on éclaircit dans le xylol, l'essence de girofle ou autre et on monte au baume ou au dammar. J'ai obtenu ainsi des très belles préparations et très démonstratives. Il est alors préférable de prendre des solutions liquides de dammar ou de baume, car elles pénètrent mieux à travers les tissus que si elles étaient épaisses. Il faut alors luter la préparation, ce qui est, du reste, une bonne précaution toutes les fois que la pièce à monter est un peu volumineuse, Le procédé que nous venons d'indiquer pour la prépa- ration de la Douve peut être utilisé pour la plupart des Vers plats ou ronds, à la condition, bien entendu, d'avoir affaire à des échantillons assez minces et assez courts pour pouvoir entrer dans une cellule de lame porte- objet, Quand lés animaux à étudier sont assez petits pour pouvoir être montés en préparation microscopique, mais que l'enveloppe de leur corps est chitineuse ou calcaire ou pigmentée, etc., et empêche par conséquent de voir au travers, on doit préalablement faire agir des liquides appropriés à chacun de ces cas, dont on trouvera l’énu- mération au chapitre III. Après lavage et coloration, on monte généralement dans la glycérine. Quand on a affaire à des objets aplatis et imputres- - cibles, comme par exemple les ailes membraneuses de certains coléoptères ou orthoptères, on peut faire les préparations avec de la glycérine, ou tout simplement à sec. Dans ce cas, on comprime l'aile entre la lame et la lamelle et on lute les bords. Pour les préparations des tests calcaires ou siliceux de certains Foraminifères, il est bon de prendre un milieu qui se solidifie de facon à empêcher ces petites pièces de remuer constamment sous la lamelle, On peut utiliser le baume, et dans ce cas on obtient la déshydratation, non par l’action des alcools, mais tout simplement par dessiccation rapide à l’étuve ou sur la lampe. On peut aussi les monter tout simplement dans la gélatine. On fait une solution épaisse de gélatine dans l’eau, on monte à chaud la préparation et en se refroidissant la gélatine incorpore les tests de Foraminifères et les main- tent en place sans empêcher l'examen microscopique. Enfin, il est des tissus qui doivent être conservés dans des liquides spéciaux, sans quoi ils s’altèrent rapidement, se déforment et annulent, par conséquent, les préparations que l’on à pu en faire. Le sang des Vertébrés est un de ces tissus spéciaux. Dès que les globules sanguins sont mis en contact avec l'alcool ou tout autre réactif fixateur, ils se déforment énormément et ne peuvent plus servir à des études histologiques. Pour leur conserver la forme la plus rapprochée de la forme normale, on laisse tomber quelques gouttes de sang frais dans un verre de montre dans lequel on a mis quelques gouttes de la solution physiologique saline (0,75 0/0 de sel marin dans l’eau distillée). On mélange le tout légèrement, et on remplit une cellule préparée à l’avance. Le lutage de la préparation doit être bien hermétique, sans quoi le liquide ne tarderait pas à s’éva- porer. Si l'on ajoute au mélange de sang et de solution physiologique une toute petite quantité de violet de méthyle, les noyaux des éléments sanguins (ceux qui en possèdent, bien entendu) se colorent énergiquement et leur étude devient par cela même plus facile. GRUVEL. LES PLANTES DE FRANCE Leurs Chenilles et leurs Papillons ABRICONIER (Prunus armeniaca) Abraæas grossulariata L., chenille en mai, papillon en juillet; toute la France. MEHLLEFEUNRILE (Achillæa millefoliun) Cucullia tanaceti S. V., chenille en août-septembre, papillon en septembre, juin, juillet; France centrale et méridionale. — nyssia zonaria $S, V., chenille en mai, juin ; papillon en avril, France centrale. — Geometra smaragdaria F., chenille en mai, papillon em juin-juillet; France centrale, méridionale, et orientale. Acidalia degeneraria H., chenille en avril, juillet, papillon de maï à août; Centre et Midi. — Aspilastes giluaria, chenille en juin, papillon en juillet-août; par toute la France, — Eupithecia millefoliata Rœsl., chenille en automne, pa- pillon en mai-juin; environs de Paris. — Eupithecia oxydata Tr., chenille en été et automne, papillon de juin à août; France centrale et orientale. HÉLIOHEROPE (Heliotropiun europœum) Deiopeia pulchella L., chenille en mai, août, papillon en juin, septembre; toute la France, — Acidaliu ostri- naria H., chenille en mai, juillet, papillon, en juin, août; France méridionale. MELAMPWYERE (Melampyrum) M. Nemorosum.— Melitæa athalia.Esp., chenille en mai, septembre, papillon en juin, août; toute la France. M. Pratense. — Eupithecia plumbæata H., chenille en juillet-août, papillon en mai-juin ; toute la France. MOLÈNE |Verbascum) V. Thapsus. — Gortyna flavago. S. V., chenille en juillet sur les tiges, papillon en août-septembre: France centrale et septentrionale, — Cucullia verbasci L., che- nille de mai à août, papillon en avril, mai; toute la France. V. Blattaria, — Cucullia scrophulariæ $. V., che- nille de mai à août, papillon en avril, mai; toute la France. VW. Lychnitis. — Cucullia lychnitis Ramb., chenille en août-septembre, papillon en maï-juin; toute la France, — Cucullia thapsiphaga Tr., chenille en juin-juillet, pa- pillon en mai-juin, France centrale et méridionale. — Gnophos variegata Dup., chenille en mai, papillon en juin-juillet, France centrale, méridionale et orientale. GOUET (Arum maculatum) Triphæna janthina S. V., chenille en mars-avril, pa- 4 LE NATURALISTE pillon de juin à octobre; toute la France. — Plusia mo- desta H., chenille en avril, mai, papillon en mai-juin; environs de Paris, département de l’Indre. COURGE (Cururhita) Heliothis armigera H., chenille en août-septembre, papillon de juin à septembre ; toute la France. ONONHS (ononis) @. Spinosa. — Lycæna icarus Rott., chenille en mai-juillet, papillon pendant toute la belle saison; toute la France. — Aplecta tincta Brahm., chenille en avril, papillon en juin-juillet; France centrale, septentrionale et orientale. — Heliothis ononis S. V., chenille en été; papillon en mai-juillet; Auvergne, Est. — Euclidia gly- phica L., chenille en juin, août, septembre, papillon, en mai-juillet-août; toute la France. — Nemoria viridata L., chenille en juillet, octobre, papillon en mai-juin, sep- tembre ; toute la France. — Aplasta onoraria Fues., chenille en avril, septembre, papillon de mai à août; toute la France. ©. Arvensis.— Calocampaexoletal.,chenilleenjuin- juillet, papillon en aoùt-septembre, mars, avril; toute la France. O. HRBepens. — Heliothis umbra Hussi., chenille en juillet août, papillon en mai-juin ; toute la France. CAMPANUILE (Campanula) €. "rachelium, — ÆEupithecin campanulata H., chenille en septembre-octobre, papillon de mai à août; France centrale et méridionale. €CORONELIELE (Coronilla) €. Waria, — Colias hyale L., chenille en août-sep- tembre, papillon en mai, août; toute la France. — fJles- peria comma L., chenille en juillet, papillon en août; toute la France, — Zygæna aphialtes L., chenille en mai- juin, papillon en juillet; France méridionale. €. NMfiminma Zygæna fausla L., chenille en juin, papillon en juillet-aout; toute la Franee. €. Enerus. — (inophos furvata K., chenille en avril, mai, papillon en juillet; France centrale et méridionale orientale. Divers. — Pseudolerpna pruinata Hufn., chenille en mai-juin, papillon en juillet; toute la France. — Fidonia atomaria L., chenille en juin et septembre; papillon en avril à août; toute la France. VESCRH (Vicia) VW. MultiMora. — Torocampa Craccæ S. V., che- nille en juin, papillen en juillet-août; toute la France. VW. Dumetoruwum. — Torocampa viciæ H., chenille en mai-juin, papillon en juillet; France centrale, — Acidalia trilineata Scop., chenille en mai, papillon en juin; France centrale et orientale. VW. Cracca, — Toxocampa pastinum Tr., chenille er. mai, papillon en juin-juillet, France centrale. — Acidalia strigilaria H., chenille en avril, mai, papillon en juin ; toute la France. V. Sepium, — Acidalia remutaria H., chenille en mai-juin, papillon en mai, juillet; toute la France, — Tephrina murinaria F., chenille au printemps et à l’au- tomne, papillon en mai, juillet-août; toute la France. Étude de L’'OURS & DE LA LOUTRE AU POINT DE VUE DES ÉTYMOLOGIES L'ours se disait Ber, chez les Germains ; d’où son nom Beer en allemand. Ce mot veut dire le roi des animaux sauvages, dans les forêts germaniques, à cause de sa force redoutable et de ses puissantes mâchoires. Il y en avait alors de très grands, qui avaient une tête énorme, de la largeur d’un petit pouf de salon. Aussi, bien des noms de chefs déri- vaient du mot ours : Bern, Bernard, Bernold, Bernaud, d'où Bernouilli, Berneuil, etc., etc. Tous ces noms veulent dire : le mâle, l'ours brave, l’ours hardi, bois du mâle, bois de l'ours, ete. Pris à la lettre, le mot ber, ours, veut dire le brillant seigneur, parmi les bêtes fauves. Il n’en est plus du tout de même du latin wrsus, ours. Ici l'ours, ursus, veut dire deux choses, suivant la ma- nière dont on interprète le mot primitif w, qui a eu suc- cessivement cinq sens. Ursus vient de ur-sus, sanglier à longs poils d’urus, ou sanglier antique, ancêtre du sanglier. N'est-il pas curieux de voir que nos ancêtres aient comparé l’ours à un urus, où bœuf sauvage, à cause de ses longs poils, et à un sanglier, à cause de ses formidables mâchoires, armées de dents puissantes? On voit que la théorie de l’évolution ne date pas d'hier, et que les admirateurs de Darwin nous font bien rire : il n’y a rien de nouveau sous le soleil; il n’y a que des mots nouveaux, sans une seule idée nouvelle, Qu'est-ce que la théorie de Pasteur au fond, sinon la théorie des microbes ? Or, le mot microbe est venu remplacer le mot miasme, qui avait un sens bien plus exact et d’une portée beaucoup plus grande, En effet, les microbes ne sont jamais que des miasmes figurés, tandis que les miasmes compre- naient, non seulement des corps solides comme les microbes, mais encore les corps liquides, comme les ptomaines, leuçomaines, sepsines, etc.; les corps vola- tils et même les corps gazeux, à la rigueur. Or, qui nous dit qu'à côté des microbes du savant M. Pasteur, auxquels on a été bien vite forcé de rajouter les sepsines et autres liquides séreux du même genre, il n'y a pas aussi des germes de maladies à l’état volatil? Personne. On a donc plutôt perdu que gagné au change, en abandonnant les bons vieux miasmes de nos ancêtres, pour se cantonner pendant vingt ans aux seuls miasmes figurés, les microbes. De même le mot wr, parmi les cinq sens, en a un fort important au point de vue de la cosmogonie de Laplace, qui est vieille comme le monde, beaucoup plus ancienne, à coup sûr, qu'Abraham, qui vivait 4,500 ans auparavant. En effet, ses ancêtres avaient fondé la ville de Ur en Mésopotamie, dont le sens est à la fois ville antique et ville du feu, parce qu’on y entretenait le feu sacré sur les autels, en l'honneur du soleil, le symbole de Dieu dans l’univers, le soleil vivifiant, le créateur de tout ce qui vit à la surface de notre planète. Ur veut dire primiti- vement le feu, et il ne signifie antique que secondaire- LE NATURALISTE 13 ment, sous prétexte que la terre était sortie du feu, Ainsi, il y a plus de 5,500 ans, mettons 6,000 ans, que nos pères savaient aussi bien que nous, mieux que nous peut-être, que la terre était sortie du feu, c’est-à- dire du soleil; car, enfin, la terre était trop grosse pour être sortie du feu de deux cailloux tapés l’un contre l’autre. Leur seul tort était de croire que le soleil n’était qu'une grosse lampe à côté de ia terre; de sorte qu'ils le fai- saient tourner comme un accessoire, autour du globe terrestre. Tandis que c'est le soleil qui a une masse 24,000 fois plus forte que la terre, malgré sa faible den- sité ; de sorte qu'il a un volume un million 1/3 plusgrand que notre planète, qui est toute petite à côté de lui : un petit ballon d'enfant, à côté d’une sphère bien plus grosse encore que l’Are de Triomphe, placé sur la place de la Concorde, à l’autre bout des Champs-Élysées. Cela nous montre tout de suite une chose fort intéres- sante, et à laquelle on semble ne pas avoir prêté l'at- -tention qu'elle mérite. C’est que, si nos yeux étaient un milliard de fois plus petits qu'ils ne sont, afin d’être en rapport avec la terre réduite à un petit ballon d'enfant, nous verrions les choses avec une dimension beaucoup plus petite que nous ne les voyons habituellement, puis- que de la place de la Concorde, l’Arc de Triomphe nous parait bien plus gros encore que le soleil. Nous avions déjà appelé l'attention sur ce point, en faisant remarquer qu'un enfant de 90 centimètres de haut voit le grenier d’une maison deux fois plus grand que quand il a une taille de 1"80. Cela tient à ce que, sans s’en rendre compte, les hommes rapportent la grandeur des corps à leur propre compte. Passons, maintenant, aux loutres, On a dit que la Bièvre, à Paris, devait son nom aux castors qui l’habitaient jadis, et que castor se dit Biber en allemand, d'où on a fait le mot Bièvre. C’est possible, Mais nous ne saurions trop attirer l'attention sur le point suivant : c'est que ce n’est pas si sûr que cela. En effet, le mot biber veut dire castor; mais il veut aussi dire loutre, de sorte que la Bièvre pouvait tout aussi bien être habitée par des loutres que par des castors. Il y a même plus de probabilités en faveur des loutres, et voici pourquoi. Au temps de César, on appelait Bibrax, en Gaule, une petite ville du territoire des Rèmes, qui habitaient Reims, - précisément à cause des loutres, et non des castors, qui habitaient et qui habitent encore dans la rivière de l’Aï- lette qui passe à cet endroit. Du reste, 1l serait facile de trancher la question tout de suite, en faisant remarquer que les castors habitent les rivières et non les sources des ruisseaux; tandis que la ville de Bibrax se trouve, pour ainsi dire, aux sources de l’Aïlette. Ce qui nous fait encore donner la préférence aux loutres, c’est qu'il y en a toujours euet qu’il y en a encore dans ces parages, à cause de la richesse de ce cours d’eau en poissons. Au moyen-àge, on la disait fertile par sa pisrositale uberrima : rivière très poissonneuse; ce qui explique à la fois la présence des loutres, qui ont donné leur nom de Biber à Bibrax, et la présence des buses, aiglettes, qui ont donné leur nom à la rivière de l’Aïlette. Enfin, le mot loutre, en allemand biber, de ber ours, et bei prés, veut dire animal couvert d’une toison épaisse comme celle de l'ours, ber en germanique. On voit donc que cette étymologie s'applique plutôt à la loutre qu’au castor. Certes, la fourrure du castor est aussi une des plus estimées, aussi le nom de biber lui convient-il abso- SR EN PU AT A M ME ES lument. Mais il nous semble que, s’il s'était agi de Castors et non pas de loutres, les Belges ou Gaulois du Nord, dont dépendaient les Rèmes, n'auraient pas manqué de faire allusion à sa queue plate si remarquable, qui lui sert de truelle pour cimenter ses digues. C’est un si curieux animal, qu'il semble que ce soit un assassinat que de le tuer. D'un autre côté sa fourrure est si pré- cieuse, que l’on aurait eu tout intérêt à respecter les petits pour ne pas détruire la race. Bref, il devrait y en avoir encore, s'il y en avait jamais eu; d'autant plus qu'il y a encore des loutres. D' BouGox. PONTE DE TRICHOSOMA HEMIGENUM DE GRASLIN LÉPIDOPTÈRE DU GROUPE DES CHÉLONIDES En mai, dès l'éclosion de l'adulte, le mâle se met en quête d’une femelle; son vol est lourd, bas, saccadé; dès qu’il per- coit les approches de l'une d'elles, il redouble d’activité. La femelle presque privée d'ailes, véritable paria de la création, reste stationnaire durant ce temps, elle aussi a senti les efluves du reproducteur, dans cette attitude passive, elle relève par intervalles l'extrémité de son abdomen; aussitôt les deux sexes en contact, a lieu l’accouplement, par superposi- tion, le mâle dessus; la copulation est longue, elle dure la journée entière; dès la disjonction des deux conjoints, le mâle traine une existence pénible, il est épuisé, il meurt peu de temps après, à moins qu'il ne soit au préalable happé par l’un des nombreux sauriens qui sont à ce moment de l’accouple- ment si communs sur les garrigues rocailleuses des environs de Rio où ont été faites nos observations. La femelle dès lors fécondée, traîne son lourd abdomen tout en procédant au dépôt de sa ponte qu’elle éparpille par paquets de dix à douze œufs chacun, non loin, peu distants les uns des autres; elle meurt à son tour après avoir ainsi assuré le sort de la régénération de l'espèce et laissé à la nature le soin d’en faire éclore les germes, mais sans espoir de voir naître, encore moins d'élever sa pos- térité; il est vrai de dire que la jeune chenille dispose dès sa naissance de moyens suflisants pour vivre d'elle-même sans être tenue de se mettre sous la tutelle de parents. Œuf. Longueur, 0 mm. 06 ; diamètre, 0 mm. 04. Suborbi-- culaire, blanchâtre, lisse et luisant, finement pointillé, à pôles arrondis, à coquille résistante. Quelques poils dont s’est dépilée la mère durant l'entre- temps de la ponte ont été parsemés sur les œufs, lesquels sont petits, étant donnée la taille de la femelle, mais ont été pondus au nombre de plus de 150. Leur éclosion aura lieu une quinzaine de jours après, chacun donnant naissance à une jeune chenille vive, alerte, occupée sans perdre de temps à rechercher sa nourriture, les feuilles des diverses plantes basses qui consti- tuent la végétation rabougrie de nos coteaux : ce nombre d'œufs était nécessaire pour assurer la continuité de l'espèce, parce que dès leur troisième mue les chenilles seront poursui- vies et traquées par des diptères du groupe des Muscides qui déposeront sur leur corps, dans les mailles du système pileux, des œufs desquels écloront des vers qui vivront du tissu adipeux de la chenille; de ces vers ensuite transformés, l’éclo- sion aura lieu en avril seulement, c'est-à-dire lorsque la che- nille se sera transfigurée en chrysalide : ce fait de parasites internes est particulier à beaucoup de chenilles, elles peuvent nourris dans leur corps, tout en continuant à vivro, des para- sites qui leur sont spécifiquement inféodés, et cela jusqu’au moment de leur première transformation, laquelle est suivie de mort. Ces diptères diminueront d’une quantité sensible le nombre des éclosions du papillon; pour y remédier, le créateur n'a pas voulu laisser anéantir l’espèce à la conservation de laquelle il apporte un soin jaloux, il l'a maintenue en donnant à la mère les moyens de déposer une quantité considérable d’œufs. Adulte. Dans les environs de Ria le papillon est introu- vable, il se dissimule trop bien pour qu'on puisse le découvrir; en hiver, il est possible de se procurer la chenilie, puis de 46 LE NATURALISTE ee ———————————_——————— ——"—"—"———_ — l'élever sans grandes difficultés; au printemps,en mars et avril, on peut recueillir contre les pierres la chrysalide qu’il est aisé de reconnaître à sa forme relativement petite pour une Chelo- nide, ainsi qu’au lâche réseau qui l'enveloppe. Capitaine XAMBEU. Ce CONSERVATIONS DES PHOTOTYPES, PHOTOCOPIES & PHOTOCALQUES A l’un des derniers congrès internationaux de chimie appliquée, la conservation des photographies à fait l'objet d’une question spéciale. M. Ch. Gravier, qui avait été chargé de présenter un rapport sur cette question capitale, a d’abord rappelé que MM. Davanne et Girard (1855-1864) avaient indiqué les conditions qui permettent d'assurer la stabilité des épreuves positives aux sels d'argent, conditions qui demeurent toujours exactes. Une épreuve bien lavée et fortement virée, disaient-ils, ne change pas; l’altération n’est pas la destinée normale des épreuves ; c'est un sort accidentel qu'il est toujours facile de leur épargner. M. Ch. Gravier a ensuite rappelé qu'il est indispen- sable que les surfaces sensibles qui deviendront des pho- totypes soient, depuis l'origine de leur fabrication jus- qu’au moment du fixage de l’image, conservées de facon que leur sensibilité ne soit pas diminuée par le temps; dans ce but, le mode d'emballage ne saurait être trop soigné par les fabricants en premier lieu et, ensuite, par les opérateurs. D'une manière générale on peut dire, après MM. Davanne et Girard, qu'il faut, avant tout, faire son possible pour maintenir les surfaces que l’on veut conserver, dans une atmosphère sèche et à l'abri des vapeurs acides, ammoniacaleset, surtout, de l’hydro- gène sulfuré. Pour cela, M. Gravier préconise l'emballage dans des papiers rendus imperméables à l'aide de substances stables, notamment la paraffine fondant à 72°. Les phototypes à support en métal sont de deux sortes : les images daguerriennes et les ferrotypes. Les premières sont inaltérables si elles sont recouvertes par un verre maintenu par une bordure qui évite le contact de l’air ou des vapeurs oxydantes et si, à l'abri de cette fermeture parfaite, on a eu le soin également de ne pas les exposer au soleil ou à une chaleur dépassant celle de nos climats pour éviter la volatilisation du mercure de l’amalgame qui constitue en partie les blancs. Pour les ferrotypes, il convient de les protéger par une couche de parafline d’abord et de les recouvrir d'un verre. Pour les prototypes dont le support est le verre, l’expé- rience a démontré que ceux au collodion et à l’albumine sont suffisamment protégés par les vernis durs employés; la question n’est pas encore résolue pour ceux à la géla- tine, Pour empêcher que la couche se fendille en se dé- tachant du support, M. Gravier préconise encore la pa- raffine fondant de 70° à 76°; il conseille aussi d'étudier sous ce rapport la cérésine qui paraît avoir de nom- breuses qualités pour cet objet. En ce qui concerne les photocopies, l'expérience semble pouvoir permettre d'affirmer que, lorsque la couche sensible est constituée par des sels d'argent, les images des phototypes qni sont obtenues par développe- ment sont absolument stables, M. Ch. Gravier ajoute qu'il est indispensable que l'on modifie la sous-couche actuelle des papiers dits aristotypes et qu'on la remplace par un autre isolant du papier pour continuer à satis- faire les amateurs d'épreuves brillantes. La couche de baryte que l’on emploie renferme souvent des sels de plomb qui altèrent rapidement les images fixées. C’est, en effet, à l'influence de cette sous-couche que l’on doit principalement attribuer les tons jaunes ou les blancs verdâtres, le gris bleuté des noirs, des images obtenues sur ces papiers; celui au collodion-chlorure semble ce- pendant résister plus longtemps que les papiers dits au citrate. Il convient d'étudier aussi avec soin l’action des bains combinés de fixage et de virage, auxquels semblent dues de nombreuses altérations. Les papiers aux sels de fer se divisent en deux caté- gories : ceux développables dans l’eau ordinaire, connus sous la désignation de ferro-prussiate ou papier Marion; ceux qui nécessitent un passage d'abord dans une solu- tion de ferro-cyanure de potassium, puis dans un bain acidulé, dit de dégorgement; ils sont désignés sous les noms de papier au cyanofer ou de papier Pellet. Les pre- miers, bien enfermés dans des papiers imperméables (paraffinés, cirés ou parcheminés) ou dans des boites métalliques, peuvent, s'ils ne sont pas très sensibles, se conserver environ six mois; les autres, mieux protégés par la gomme, qui amortit leur préparation sensible, ont donné des résultats satisfaisants après une année de fa- brication. Il est encore prudent de ne pas atteindre ces limites. Les papiers qui nécessitent l'emploi d'un bain de dégagement acide exigent un lavage complet pour éviter l'attaque de la cellulose; un bain alcalin pour neutraliser l'acide ne peut être employé, car il jaunirait l'image en la peroxydant. Le papier sensible aux sels de platine se conserve un mois au plus, enfermé dans des tubes en métal conte- nant du chlorure de calcium. Après le développement de l’image, on passe l'épreuve dans un bain acide; la con- servation semble assurée jusqu’à ce jour si, par des la- vages abondants, on enlève complètement toute trace d’acide ; après un lavage insuffisant, on constate, après quelques mois, que l'épreuve tombe en poussière. Les photocopies qui utilisent les sels de chrôme sont connues sous le nom de papier au charbon, papier Ar- tigue. À l’état non sensible, les couches préparées se conservent indéfiniment, si elles sont à l'abri de l’humi- dité. Le papier sensibilisé doit être employé daus les trois jours qui suivent sa sensibilisation, Après le dépouille- ment de l'image, il faut enlever soigneusement par des lavages abondants les sels chimiques renfermés dans la couche ou dans le papier. Les colorations verdâtres des épreuves, par simple transfert ou du papier Artigue, sont dues à la réduction subséquente des sels ‘sensibles non éliminés. Il convient, pour faciliter le départ de ces sels, de passer les épreuves après le deuxième lavage dans une eau alcaline. En somme, il y a encore de très nombreuses questions à résoudre dans cet ordre d'idées. H. CoupIN. LE NATURALISTE 41 ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudoiucane et Lucane LUCANUS DYBOWSKYI-PARRY Parry. Trans. Ent. Soc. London, 1873, p. 335. JAKOWLEFF.Horæ Soc. Ent. Ross., XXX, 1896, p. 171. Boileau, (Bassin de l'Amour.) Extrêmement voisin du L. Boileavi, dont 1l possede à peu de chose près la structure, le Lucanus Dybowskyi a de commun avec ce dernier l'absence de carène frontale, mais il s’en distingue immédiatement parla présence d’une échancrure aux carènes latérales ; celles-ci d’ailleurs ne décrivent pas une courbe régulière en forme d'S, mais bien une ligne brisée et la portion céphalique qu’elles cir- primé, celles-ci un peu plus allongées moins convexes ei plus rétrécies en arrière. Quant au fond de la coloration, il est sensiblement le même ; maisl'aspect de la tégumentation esttant soit peu modifié en raison de l'apparence mate que donne au cor- selet, à la tête et surtout aux mandibules, une ponctua- tion un peu plus serrée et plus rugosiforme. Par contre, la coloration des pattes esthien différente ; les pattes médianes et postérieures sont, en effet, entière- ment noires Où brunâtres,à l'exception d'un très fin Hiséré rouge orange qui les parcourt longitudinalement en leur milieu, et les pattes antérieures ont un fond de colora- tion orangée qui se percoit au travers de leur teinte brune uniforme lorsqu'onles examine attentivement; il convient enfin de noter que l'aspect général des trois paires de pattes est mat etsoyeux, tandis que, chez le Luc. Boileavi, il est nettement luisant,. Pour le reste, les parties de la bouche et les antennes sont sensiblement analogues, Luc. Dybowskyi-Parry. — 1, 2, 3, 4 mâles. conscrivent est notablement plus étendue dans le sens de la largeur. Les mandibules ont, en outre, une structure tant soit peu différente; elles sont, en effet, moins cylindriques, plus longues, à direction plus rectiligne : ce n’est pas tout : tandis que chezle Luc. Boileavi, elles s’infléchissent insensiblement en avant à partir de la dent médiane, elles continuent, chez le Luc. Dybowskyi, à s'étendre dans le prolongement du corps jusque vers la hauteur de la fourche terminale où elles s’abaissent assez brusque- ment ; enfin la dent basilaire est plus longue et plus forte que chez l'espèce précédente, et les dents des mandi- bules, outre qu’elles sont plus nombreuses, générale- ment 5 au lieu de #4, sont un peu plus robustes et plus déprimées ; il arrive aussi fréquemment que, soit à l'une des mandibules, soit à toutes les deux, deux dents voi- sines soient soudées ensemble à leur base. Le corselet et les élytres présentent également quel- ques légères différences; celui-là est un peu plus dé- Quant à la pubescence, elle parait être fort abondante lorsque l'insecte est bien frais et, de plus, elle est souvent plus blanchâtre que chez le L. Boileavi ou chez l'espèce suivante. J'ai eu entre les mains un assez grand nombre d'exem- plaires provenant de régions différentes; un seul d’entre eux qui provient de Corée, et dont je dois la communi- cation à M. H. Boileau, porte, sur les élytres, trace de deux carènes longitudinales à peine élevées, mais cepen- dant assez bien visibles. Femelle. À Elle est très voisine de celle du L. Boileavi, mais plus étroite ; les contours du corselet sont plus arrondis; la tête est moins large, subconvexe, à granulation serrée, mais peu marquée et irrégulière; les pattes sont comme dans l'espèce précédente. Les élytres portent trace d'une faible strie suturale. 48: LE NATURALISTE La coloration est uniformément d’un brun rougeûtre, plus ou moins obscur, nullement carminé ;les téguments sont lisses ; chez les exemplaires bien fraïs,ils sont par- tiellement recouverts d’une pubescence analogue à celle du mâle. La femelle du Luc.Dybowskyiest,en somme, en concor- dance parfaite avec le mâle et fait, comme lui,le passage entre l'espèce précédente et le L. Hopei; construite sur le -même modèle que celle du Luc. Boileavi, mais moins large, elle se rapproche sous ce rapport de la femelle du RP Lucanus Dybowskyi, femelle. L. Hopei qui, à son tour, s'en éloigne par sa forme plus déprimée laquelle s’exagère encore chez la femelle de la var. maculifemoratus qui est la plus large de toutes. L'habitat du Luc. Dybowskyi parait être assez étendu. Je dois à l’obligeance de M. Jakowleff deux mâles et deux femelles provenant des environs de Vladivostok, dans la Sibérie orientale; un des spécimens que M. Boileau m'a communiqués provient de la presqu'ile de Corée; j'en ai vu un de Pékin dans la collection de M. l’abbé A. David; différents exemplaires mâles figurant dansla collection de M. R. Oberthur, portent les annotations suivantes Daourie (fl. Amour). — Littusmaris Japon (42° lat. bor.), Dr B. Dybowski et À. Gadlewski 1874. — Enfin, dans la même collection, une fort belle femelle, à corselet de même forme, mais un peu plus large que celui des femelles sibériennes est notée comme suit : Ile Askold — 42° 1/2 lat.,1026 long. (Mandchourie), M. Zackowski 1878. Louis PLANET. LEPIDOPTÈRES NOUVEAUX D'ASIE 19 Oeneis (Chionobas) Elsa Auslaut. Le mäle de cette rare et intéressante espèce, a été décrit par nous dans le n° 19% du journal le Naluraliste en date du 1er avril 1895. Nous en possédons aujourd’hui une femelle ori- ginaire du Tianchan oriental. Elle est entièrement semblable à l’autre sexe, sauf que sa teinte d'un brun fauve est beaucoup plus jaunâtre sur ses deux faces et notamment sur le dessus des ailes antérieures. Nous dirons à cette occasion qu'Elsa, que nous avions d’abord comparé à Bore, est beaucoup plus voisine de Verdanda. Cependant elle se distingue d’une ma- nière très précise de cette espèce par les caractères suivants : Elle est plus grande, ses ailes sont plus opaques, d’un brun fauve chez le mâle et d'un brun plus jaunâtre chez la femelle, ainsi que nous venons de le dire. Les premières ailes sont en- cadrées d'une bordure marginale brune qui va en s’atténuant de l’apex à l’angle opposé; et le bord externe des secondes ailes montre des taches semi-lunaires plus foncées. La bande médiane du dessous ne se termine pas, comme chez Verdanda, au bord antérieur par une pointe arrondie; elle est, au con- traire, franchement coupée par le borä. Enfin le coude, que forme cette bande dans son milieu, est simplement arrondi en dehors et non terminé par cette pointe bifide, qui est carac- téristique chez l’autre espèce. Malgré ces diflérences qui sont importantes, Elsa et Verdanda sont des espèces voisines qui reconnaissent peut-être une communauté d’origine. 90 Oeneis (Chionobas) Verdanda Slgr. v. Vanda Austaut. L’Oeneis Verdanda, dont il vient d’être question, habite les montagnes les plus élevées du district de Korla dans le Tian- chan oriental. C’est un papillon d’un aspect décoloré comme plusieurs de ses congénères. Le mäle est d'un brun grisâtre livide, sans dessins bien apparents. La femelle est plus blan- châtre. Nous avons sous les yeux un autre Chionobas, origi- naire également du Turkestan, mais sans désignation exacte de localité, que nous rapportons à l'espèce précitée comme variété et que nous nommerons Vauda. Le papillon, dont il est question, appartient au sexe mâle; il est plus foncé que le type, d’un brun livide uniforme, sans trace de taches prémar- ginales aux premières ailes. Celles-ci laissent apercevoir une tache apicole noirâtre, arrondie comme chez Verdanda, plus une seconde, plus petite, vers le bord interne. Les ailes posté- rieures, par contre, sont dépourvues de la tache anale noire qui s’observe chez la forme normale; leur bord marginal est encadré de macules plus foncées. On y distingue par transpa- rence la bande médiane du dessous qui est entièrement sem- blable à celle de Verdanda, ainsi que les nervures qui appa- raissent avec une teinte plus claire. En dessous, la présente variété ressemble exactement au type, sauf que la teinte est beaucoup plus sombre, que la bande médiane des ailes posté- rieures est d’un brun foncé uniforme et que les nervures tranchent très distinctement en blanchâtre sur le fond général obscur. Nous ne connaissons pas encore la femelle de cette nouvelle forme de Chionobas qui parait constituer une race locale ou géographique de Verdanda. 30 Syrichthus Inachus Ménélries v. Thibelana Auslaul. Cette Hespéride, pour laquelle il conviendrait de créer un genre spécial, est répandue dans l'Amurland, en Mandchourie, en Corée et dans le nord de la Chine. Elle descend aussi jus- qu'au Thibet où elle vient d’être observée dans la région montagneuse qui est située au nord de Ta-tsin-lou. Mais les exemplaires de cette dernière contrée ne sont pas semblables à ceux du sud-est de la Sibérie. Leurs ailes paraissent en proportion plus courtes; elles sont en dessus d’un brun beau- coup plus foncé, presque noir, avec la série des petits points blancs qui coupe le milieu de l'aile supérieure de part en part, plus sinuée vers le bord interne. Le dessous ne présente au- cune trace de la nuance verdâtre qu’on observe le long de la côte et sur une grande partie du disque de l'aile postérieure d'Inachus. Il est d'un brun uniforme, et la double rangée, qui précède la marge de ladite aile, est formée de taches noires vivement bordées de chaque côté par des traits d’un blanc presque pur. Cette variété diffère beaucoup du type par son aspect général. Nous la désignons sous le nom de Thibetana par allusion à son lieu d’origine. 4° Anthocharis Orientalis. C'est une forme bien intéressante que celle dont nous don- nons la description ci-dessous. Elle nous a été envoyée sous le nom de Belia v. Orientalis que nous lui avons conservé et qui n'est, sans doute, qu'une dénomination in lilteris. Elle provient des bords de la rivière Viloni, dans le nord-est de la Sibérie, non loin de la jonction de ce cours d’eau avec le fleuve Léna. Au point de vue géographique, ce fait est déjà remarquable en lui-même, car jusqu’à présent aucune Antho- charis du groupe de Belia n'avait encore été observée dans une latitude aussi septentrionale. Sous le rapport des carac- tères, l'insecte dont il s'agit n’est pas moins intéressant, en ce sens qu'il s'éloigne de Belia pour se rapprocher plutôt de notre Insularis qui est spécial à la Corse ct à la Sardaigne. Le sujet que nous avons sous les yeux est une femelle. Il est plus petit qu'Insularis; ses ailes paraissent plus allongées et plus arrondies à l’apex et à l'angle anal. Le fond des ailes est blanc, les supérieures portent au sommet une tache apicale noirâtre fortement sablée de blanc, à bord ou contour interne très concave et sur laquelle on remarque une grosse tache blanche rectangulaire à la côte, et au-dessous trois autres plus petites, allongées jusqu’au bord externe. La macule cel- lulaire est très étroite et réniforme. La côte est légèrement pointillée et la base est lavée de noirätre. Les secondes ailes LE NATURALISTE 49 sont également toutes blanches, avec la base faiblement pou- drée de noir et de très petites taches de cette couleur à l’ex- trémité des nervures. Les dessins sous-jacents sont visibles par transparence. En dessous, Orientalis offre un faciès spé- cial qui l’éloigne aussi bien d’Insularis que de Belia. Elle dif- fère de toutes deux par la teinte verte générale des secondes ailes qui est beaucoup plus sombre, quelque peu noirâtre par les nervures qui sont finement écrites en jaunâtre, ainsi que par les taches d’un blanc mat qui sont confluentes dans le sens transversal de l’aile au lieu d'être séparées et arrondies, formant ainsi des sortes de bandes, irrégulières à bords den- ticulés ou découpés. Cette singulière Anthocharis, dont nous ne connaissons qu’un unique exemplaire, nous paraît trop différer de Belia pour qu'il soit possible de la considérer comme une simple variété de cette espèce. Nous l’envisageons plutôt comme une forme séparée ou indépendante, et cela avec d'autant plus d'apparence de raison qu'aucune des va- riétés de Belia ne dépasse vers l’Orient le centre de l’Asie, AUSTAUT, ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 29 janvier 1900. M. Marion, membre correspondant de l'Académie des sciences, directeur du Musée d’histoire naturelle de Marseille, vient de mourir. — MM. A. Armand et A. Verneuil donnent un nouveau procédé d'extraction du caoutchoue, contenu dans les écorces de diverses plantes et, notamment, des Lan- dolfia. Le broyage, en milieu humide, procédant par écrase- ment ou percussion, combinés avec l'emploi judicieux de l’eau chaude servant à la lévigation de la masse semi-pâteuse ob- tenue, conduit directement à l'extraction totale du caoutchouc contenu dans les écorces, et cela sans avoir recours à aucun réactif chimique. L'industrie pourra tirer un parti très avan- tageux de ce nouveau mode d’extraction. MM. Charrin et Levadité ont recherché les moyens de dé- fense de l'organisme contre les propriétés morbi- fiques des sécrétions glandulaires. La plupart des sécrétions glandulaires, des sucs digestifs, en particulier, les produits du pancréas engendrent, quand on les introduit dans les tissus, une série de lésions;le système nerveux, plus spécialement, subit cette influence morbifique. Or, ces prin- cipes pancréatiques sont quotidiennement déversés dans l’in- testin, sans provoquer, à l’état normal, le moindre accident : de quels moyens donc dispose l'organisme pour se défendre ? Les recherches des auteurs montrent que l’organisme est protégé contre les attributs nuisibles de certaines sécrétions digestives, de préférence pancréatiques, et que les modes de protection, suivant qu'il s’agit de la partie inférieure ou su- périeure de lintestin grêle, offrent des analogies et des diffé- rences. En haut et en bas, ces moyens de défense résident surtout dans l'intervention de la muqueuse, des parasites intestinaux et peut-être du sang; mais, en haut, cette dé- fense consiste, en outre, dans le maintien, à l’état du mucus ou de la couche utérine, de ces sécrétions glandulaires dans l'intérieur même du canal alimentaire, tandis qu’en bas il s’agit d’une atténuation des propriétés morbifiques de ces produits. M.F. Wallerant présente une note sur la mon-existence de minéralogie du système hexagomal. Il résulte des nom- breux exemples fournis que le système hexagonal n’existe pas dans la nature, et que ce système n'a qu’une importance pure- ment théorique. Dans tous les corps cristallisés, les particules complexes sont disposées suivant les mailles d’un réseau cu- bique ou d’un réseau pouvant se déduire de ce dernier par une légère déformation. M. Jules Garnier adresse une note sur la Géologie de l'Australie occidentale. La contrée est surtout fournie de granits en travers desquels se montrent de très longues bandes parallèles de roches dioritiques. Ces branches ont souvent comme élément, outre de l'amphibole hornblende et du feldspath, de l’or en grain presque invisible. Les zones dioritiques présentent des concentrations métalliféres formées surtout d'or natif, de fer oxydulé, galène, etc. Les zones métal- lifères se distinguent seulement à l’œil, de la diorite, par une apparence pseudo-syéniteuse. Les granits,en cassant l’ensemble des diorites, plus ou moins métallifères, se fondent souvent au contact avec ces dernières roches, et sont, parfois, aurifères eux-mêmes. Les diorites, de couleur très verte, et, par suite, à base de protoxyde de fer, forment un ensemble probablement magnétipolaire, Les eaux minéralisés pénètrent, à la longue, dans les roches les plus compactes du granit ou de la diorite, particulièrement dans leurs parties pépiteuses oufeldspathiques, formant de véritables filons d’eau en mouvement. Séance du 5 février 1900. MM. Prillieux et Delacroix ont étudié une maladie des rai- sins des vignes du Caucase. Les observations, faites sur de nombreux échantillons, ne permettent pas de nier l'existence au Caucase du véritable Black-Rot, causé par le Guignardia Bidwellii; mais elles autorisent, du moins, à affirmer que la maladie que l’on a appelée le Black-Rot au Caucase est, le plus souvent, différente de celle qui, sous ce nom, a produit, tant en Amérique qu’en France, de si grands désastres, et que les grains de raisin atteints de cette maladie sont attaqués par un champignon parasite du genre Guignardia, voisin de celui qui produit le Black-Rot, mais, cependant, d’espèce différente : le Guignardia reniformis n. s. MM. Emile Bourquelot et H. Hérissey adressent une note sur l'individualité de la séminase, ferment soluble, sé- crété par les grains de légumineuse, albumen corné pendant la germination. Les grains germés de fenugrec et de luzerne contiennent, outre une petite quantité de diastase, une pro- portion beaucoup plus grande d’un ferment particulier, agissant sur les hydrates de carbone des albumens cornés des légumi- neuses. Ce dernier ferment serait donc une espèce; comme, d’ailleurs, il parait exister dans beaucoup de semences en ger- mination, et que, de plus, les hydrates de carbone, qui four- nissent des mannoses à l'hydrolyse, ontété, quelque fois, désignés sous le nom de séminine, les auteurs proposent d'appeler ce ferment séminase. M. Ed. Bureau décrit la première plante fossile en- voyée de Madagascar. M. Joly, médecin de la marine, a fait parvenir au Muséum de Paris un petit nombre d’échan- tillons de roches portant des empreintes de plantes suflisam- ment nettes. C’est un schiste tendre, très noir, tachant les doigts et le papier, qui a été recueilli sur la côte de la baie d’Amposuidava. C’est un ÆEquiselum nouveau, auquel l’auteur propose de donner le nom de £. Jolyi, nom qui a peut-être le tort de ressembler un peu à celui d'E. Vaujolyi, mais qui est, cependant, suffisamment distinct. Bien que nouvelle, elle a des affinités nettement triasiques, et l'impression qui résulte de son examen, vient à l'appui de l’opinion de M. Boule, qui re- garde les schistes charbonneux du nord de Madagascar comme assimilables aux schistes à charbon de Karoc,-dans l’Afrique australe. M. Bleicher continue ses études sur les phénomènes de métamorphisme de produetion de minerai de fer, consécutifs à la dénudation du plateau de Hay (Met. Neo.). La dénudation du plateau s’est accompagnée et a été suivie des phénomènes de dissolution, de substitution, du métamorphisme des roches calcaires en particulier, de for- mations nouvelles de minerai de fer, dont les causes doivent être cherchées plutôt dans les circonstances géologiques qui ont accompagné ce phénomène que dans des émissions sou- terraines. P. Fucus. Le Gérant: PAUL GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. 50 Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vitus. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata, Agrilus cyanescens. — tenuis. — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. Sinoxylon sexdentatum. — muricatum Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini. — oleiperda. Hylurgus piniperda. — ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. — stenographus. — laricis. — bidens. Bruchus pisi. — flavimanus. — rufimanus. — _tristis. — Jlentis. — pallidicornis. — nubilus. Rhynchites betulæ. — populi. — betuleti. — conicus. — cupreus. — bacchus. Apion apricans. — craccæ. — viciæ. — flavipes. — flavofemoratum. — pisi. — æneum. — tenue. — vorax. — yiolaceum. — hæmatodes. — pomon£æ. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pini. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. — Jigustici. LE NATURALISTE D En EPL OT ER ES PR PR ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CIAPRES DÉSIGNES (Ne proposer que des Insectes frais et intacts) S'ADRESSER A LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, RUE DU BAC, 46, PARIS Otiorhynchus rancus. —, picipes. Lixus angustatus. ‘[ Anthonomus pomorum. — pyri. .— druparum. :— ‘rubi. Orchestes fagi. — alnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. — napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaruis. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyÿx heros. — scopolii. Aromia moschata. Callidium unifasciatum. Clytus arictis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberea linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica olcracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. —. campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — _bitterensis: Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Termes lucifugus. — flavicollis. Hymènoptères. Vespa crabrc. — germanica. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopæus spirifex. Atta barbara. — structor. Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia roste. — spinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossulariæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — ribis. Lyda pyri. — sylvatica. — campestris. — erythrocephala. Pseudo-Névroptères. Lophyrus pini. —, rufus. Cephus pygmæus. —: compressus. Sirex gigas. - Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rosæ. Lépidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassicæ. — rapæ. — napi. Deilephila elpenor. — euphorbiæ. Ino pruni. — ampelophaga. Trochilium apiforme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. — neustria. Porthesia chrysorrhaca. — aurillua. Ocneria dispar. — monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicæ. Triphæna pronuba. — orbona. Phlosophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas grossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheinatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnophthira pilleriana. Tortrix viridana. — cratægana. — rosana. — Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana. Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivorella. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depressella. — nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Sehirus bicolor. Œlia acumimata. Strachia oleracea. — Oornata. Carpocoris baccarum., Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Tvphlocyba rosæe. — ÿiridipes. Psylla pyri. — buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — lanuginosa, | Aphis rosæ. — cerealis. — fabæ. — pruni. — persicæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim vitis. — tilite. — salicis. — persicæe. —. olæe. — caricæ. Aspidiotus conchyforme, Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. — hæmorrhoïdalis. Diptères. Tipula oleracea. Sciara piri. — analis. Cecidomya tritici. — destructor. — nigra. — pyri. — brassicæ. Lasioptera obfuscata. Sinulium ornatum. — maculatum. — reptans. Bibio Marci. — hortulanus, Tabanus bovinus. H:ematopota pluvialis. Œstrus equi. — hæmorrhoïdalis. Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum. — brassicæ. — furcata. — radicum. — conformis., — lactucæ. Pesomya acetosa. Psilomva rosæ. Hylèemya coarctata. Spiloÿrapha cerasi. Dacus oles. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Asgromiza nigripes. Platyparea pœciloptera. Chlorops lineata. — tæniopus. Oscinis frit. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques. 922% ANNÉE 2 SÉRIE — N° 3 1 2 1° MARS 1900 Méduses Fossiles La forte teneur en eau du corps des Méduses, la déli- catesse de celui-ci et la facilité avec laquelle ilse décom- pose venant s'ajouter à l'absence totale de parties solides, leur enlève toute ébauche de fossilisation; il est donc très remarquable qu'on ait pu trouver quelques em- preintes extérieures fossiles de ces animaux, ce qui, du reste, n’a pu avoir lieu qu'à la faveur de circonstances extrêmement favorables. Ces conditions spéciales se sont rarement réalisées, et, On ne remarque que peu de différences entre ces divers nodules, ils sont formés d'un noyau de silice de couleur jaune ou ocre sombre; quelques-uns sont cal- caires et quand la matière calcaire a été dissoute et que l'oxyde de fer s’est développé, il reste un nodule ferrugi- neux. Ils portent à la partie supérieure une sorte d'étoile comptant de 4 à 7 branches, laquelle est l'empreinte des bras buccaux de la Méduse. En examinant le mode de vie de certaines espèces de Méduses actuelles, on à pu expliquer la formation de ces nodules ; les empreintes de méduses que l’on retrouve sont l'effet du moulage des empreintes, laissées par les Méduses vivantes sur la vase où elles vivaient. Des expériences ont été faites à ce sujet : Fig. 1, — Empreinte artificielle de Méduse. jusqu’à ces dernières années, le gisement des calcaires lithographiques de Solenhofen était le seul qui eût fourni des Méduses fossiles. Cependant, en 1886, dans une collection de fossiles provenant de la vallée de Coosa (Alabama, région du sud- ouest des Etats-Unis) se trouvaient un certain nombre de nodules, rappelant l'aspect des oursins et portant une sorte d'étoile de # à 7 rayons; ils étaient mélangés à des fragments de triobites et de brachiopodes appartenant au Cambrien moyen. Ces nodules ont été examinés par M. Walcott au ser- vice géologique des États-Unis, et après les avoir com- parés aux empreintes du Cambrien et du Jurassique de Bavière, il les a reconnus comme des empreintes de Méduses fossiles. Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. Si l’on metune Méduse dans .un vase plein d'eau et ayant son fond garni d'une couche de plâtre, et que l'on fasse écouler l’eau lentement par un ajutage latéral, la Méduse s'étale et l'on obtient sur le plâtre une empreinte de sa face inférieure : c'est ce que montre le grand dessin. On y voit l'empreinte des quatre bras qui se sont rétrac- tés, les quatre pores génitaux et la bouche. Si nous fai- sons une contre-empreinte de ce moulage, nous obte- nons, sur une surface plane, quatre bourrelets représen- tant les bras, ce qui donne, au nombre près, une empreinte semblable au Brooksella alternata Walcott, Méduse fossile du Cambrien moyen des États-Unis, représenté sur la même planche. Les Méduses fossiles ont donc été soit moulées dans la vase, ou bien leur empreinte a été marquée sur la vase 22 LE NATURALISTE comme j'ai essayé de le démontrer plus haut. Puis, cette cavité a été remplie par des infiltrations de matières cal- caires bientôt remplacées par de la silice. Si l'on fait une analyse chimique de ces nodules, on voit qu'ils con- tiennent 88,33 0/0 de silice et 3,91 0/0 de calcaire ; quant à cette silice, elle provient de débris quartzeux ou d'organismes siliceux comme les spicules d’éponges et les radiolaires contenus dans la vase marine et qui peuvent être tenus en dissolution par l’humus produit dans la décomposition de la matière organique marine. On peut se rendre compte du caractère et de l'habitat de ces Méduses fossiles en examinant la vie des Diosco- méduses appartenant au genre Cassiopée et Polyclonia, lesquelles vivent en grand nombre sur la vase. Ces Mé- Fig. 2.— Appareil employé pour la reproduction artificielle des empreintes de Méduses fossiles. duses existent dans la mer des Appalaches, le long des côtes des États-Unis, à une faible profondeur et non loin des rivages. Si l'on fait une coupe de ce fond de mer, on constate une alternance de boue calcaire et argileuse et de bancs de sable. Ces conditions sont favo- rables au plus ou moins rapide ensevelissement des Méduses. L’endoderme des Méduses actuelles Polyclonia et Cas- siopée est très résistant et supporte bien le moulage. Elles pourraient donc être recouvertes par le sable flottant, puis il se formerait une cavité par suite de la décomposition de l'animal, cavité remplie ensuite par une infiltration siliceuse ou calcaire, et l’on aurait en définitive un nodule semblable à ceux que nous possédons. Les Méduses fossiles ont existé depuis le Cambrien moyen jusqu'au Crétacé. Dans le Cambrien, les empreintes de Méduses sont nombreuses. Le genre Brooksella alternata Walcott est représenté en Amérique par un nodule sur lequel est appliqué une sorte d'étoile à 6, 7 ou 12 lobes représen- tant la trace des tentacules de la Méduse; c'est ce que montre la figure ci-jointe, d’après un échantillon de la galerie de Géologie du Muséum de Paris. Le genre Laotira Walcott se rapproche de ce dernier. Le genre Dactyloides a été rencontré dans le Cambrien supérieur ; 1l est remarquable, parce que ses empreintes, principalement trouvées sur des schistes, ont longtemps été prises pour des algues; il forme une sorte d'étoile de 5 à 7 rayons dont les extrémités sont largement ren- flées, et qui ont un aspect assez écrasé. Un très joli spécimen de ce genre est exposé dans la nouvelle galerie de Paléontologie du Muséum, à la vitrine du Cambrien; il s'agit bien là d’une empreinte de Méduse sur la vase, laquelle s’est durcie et transformée en schistes. Ce n’est pas seulement en Amérique que leCambrien contient des Méduses ; le Dr Nathorst à trouvé des sortes de pyramides étoilées à quatre ou cinq lobes qu’il considère comme ayant été produites par l'introduction d’une boue fluide dans la cavité des Méduses. Il a obtenu des formes semblables en mou- lant, avec du plâtre, la cavité interne de Méduses vivantes. On a aussi attribué à ces animaux les traces que l’on trouve sur des grès et qui sont scientifiquement connues sous le nom d'Eophytons ; ce sont sim- plement des bourrelets grossiers en Brooksella alternata, Walcott (Fossile échant. du Muséum). saillie à la surface de ces grès, et qui ont été pris tantôt pour des empreintes de plantes, tantôt pour des pistes d'animaux. Le D' Nathorst estime que ces trainées auraient bien pu être faites par des Méduses,caril a réussi à obtenir des traces semblables en faisant ramper des Méduses sur un sol peu résistant. Dans le terrain Jurassique, on ne trouve lés Méduses fossiles que dans les schistes calcaires du Jurassique supérieur de Solenhofen, à Eichstadt et Kelheïm en Ba- vière. La vase fine, qu'était anciennement le calcaire de Solenhofen, a gardé fidèlement l'empreinte de la Méduse qui venait s'échouer sur le rivage de la mer Jurassique. Ces Méduses appartiennent, d’après Haeckel, à diffé- rents genres : Rhizostomites admirandus Hack. Rhizo- stomites lithographicus Hack, appartenant aux Rhizosto- mides ; KEulithoda fasciculata Hack; Semeostomite Zitelli ; Acraspedites antiquus Hack, aux Semeostomées ; Palægina gigantea Hack, aux Æginides; Trachyne- mites deperditus Beyr, aux Trachymenides. À cette liste | D Cm LE NATURALISTE 53 il faut encore ajouter de nombreuses empreintes de Mé- duses mal conservées et indéterminables. Toutes ces Méduses ont la plus grande affinité avec leurs alliées actuelles; seule, la Palægina gigantea se distingue des Æginides vivantes par sa taille extraordi- naire et par la grosseur inusitée de ses huit bras. Peut- être même cette empreinte grossière n'est-elle que celle de la tête d’une seiche fossile. On a encore trouvé de belles empreintes de Méduses dans les silex remaniés de la craie de Hambourg, et Kner a décrit quelques mauvaises empreintes de Méduses des silex de la craie de Galicie. Par cette courte étude, on voit comment les Méduses nous sont parvenues à l’état fossile à travers les âges géologiques. Combien de zoophytes, n'ayant pas laisssé de traces, ou seulement de ces empreintes connues sous le nom d'empreintes problématiques, vivaient dans les mers géologiques ? Le rôle du géologue et de celui qui étudie les restes fossiles consiste précisément à trouver la solu- tion de ces problèmes de zoologie paléontologique. E. MAssarT. NOUVELLES EXPÉRIENCES Relatives à la désinfection antiphylloxérique DES PLANTS DE VIGNES Ce sont, on le sait, les apports de boutures de vignes qui ont grandement contribué à la dissémination du fléau phylloxérique. Déjà, au début de l'invasion du vignoble français, il y a plus de trente ans, il avait été reconnu que, partout où l'on avait constaté les foyers phylloxériques, à l'étranger aussi bien qu'en France, il avait été introduit des plants américains dans la localité. Plus récemment, en Algérie (1885), en Champagne (1890), en Lorraine (1894), de constatations faites et vérifiées, il est tou- jours résulté que les nouveaux foyers n'avaient pas d'autre ori- gine que des importations de plants provenant de pays antérieu- rement envahis. À diverses reprises, les vignerons ont réclamé un procédé certain pour désinfecter les plants tant français qu'américains racinés où non racinés. Cette question est de nouveau agitée au moment des tentatives de reconstitution en Algérie et en Cham- pagne. En 1887, M. G. Couanon communiquait précisément à l'Aca- démie des sciences, en collaboration avec MM. Henneguy et E. Salomon, le résultat d'expériences qui, s'appuyant sur les remarquables travaux de M. Balbiani, relatifs à la résistance des œufs du phylloxéra, établissaient que par une immersion dans l'eau chaude à 450 à 500 c., pendant une durée de dix minutes, on pouvait traiter préventivement les boutons non racinés. Ces expériences ont été reprises cette année en les étendant aux plants racinés, qui sont le plus fréquemment employés dans la reconstitution, et aussi les plus souvent contaminés, partant les plus infectieux. C'est de nouveau à Thomery, chez M. E. Salomon, que les expériences ont été faites. Le 31 janvier, des plants de Noah racinés d'un an d'âge ont été soumis à l'immersion dans l’eau chaude : 1° Pendant cinq minutes, un paquet de dix plants. Tempéra- ture à l'entrée : 530 c.; à la sortie 54° €. ; 2 Pendant quatre minutes, un autre paquet de dix plants. Température à l'entrée : 540 c.; à la sortie : 51° c.: 3° Pendant trois minutes, un autre paquet de dix plants. Tem- pérature à l’entrée : 530 c.; à la sortie : 54° c, À la fin des opérations, l'examen des racines semblait bien montrer que les plants n'avaient nullement souffert, Les paquets furent partagés par moitié. Quinze plants (cinq, quatre, trois minutes), auxquels il fut ajouté cinq plants témoins n'ayant pas été trempés dans l'eau chaude, furent immédiatement plantés en serre et forcés à la manière des vignes destinées à la production des raisins de primeur. Les quinze autres plants (cinq, quatre, trois minutes) furent mis en stratification pour être plantés, aussi avec témoins, à l'époque ordinaire des plantations à l'air libre, La plantation à eu lieu le 5 mai. Aussi bien, dans la serre qu'à l'air libre, le succès a été com- plet. La reprise à été parfaite. Les vignes sont aujourd'hui très belles et très bien constituées. On peut donc affirmer qu'une immersion dans l'eau chaude à 53° c. pendant cinq minutes, est un moyen pratique el économi- que pour désinfecter des plants de vignes quelconques, racines où non racines. Insectes et œufs sont tués et les plants vivent et végètent normalement, EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900 Congrès international d'anthropologie et d'archéologie préhistorique. Le 12e Congrès international d'anthropologie et d'archéologie préhistorique aura lieu au palais des Congrès, à Exposition, du 20 au 25 août 1900. QUESTIONS PROPOSÉES PAR LE COMITÉ I. Application de l'Anatomie comparée et de la Paléontologie à la question de l'origine de l'homme, Malgré la valeur des travaux déjà publiés sur la question, les documents ne sont pas assez nombreux pour permettre d'établir où même d'esquisser la phylogénie de l'espèce humaine. Aussi con- vient-il de signaler toute découverte nouvelle de Lémurien ou de Singe fossile et tous les faits anatomiques de nature à établir des relations entre les Lémuriens, les Singes et l'Homme, II: L'aurore du paléolithique. Dans ces dernières années, des publications ont été consacrées à des silex taillés provenant du Pliocène de l'Inde, de Forest bed de Cromer,de dépôts donnés comme préglaciaires del'Angleterre, des alluvions inférieures de Mesvinou dela vallée de la Somme,etc. Il serait important d'examiner sices découvertes où d'autres ana- logues, qui pourraient être communiquées, remontent à une époque antérieure à celle des espèces dites chaudes (Hippo- potame, Eléphant antique, Rhinocéros de Merck, etc.). IT. Comparaison des objets d'industrie humaine {rouvés dans les alluvions quaternaires de l'ouest de l'Europe avec les objets analogues recueillis dans les autres pays du monde. La découverte en Egypte et dans d'autres contrées de l'ancien et du nouveau monde d'instruments en pierre reproduisant tout à fait les formes des silex taillés recueillis dans les alluvions qua- ternaires de l'Europe occidentale, soulève une question des plus intéressantes : on doit se demander si tous ces objets sont syn- chroniques. Pour résoudre cette question, il est nécessaire, non seulement de comparer morphologiquement les objets dont il s'agit, mais surtout d'établir l'âge exact des gisements nouvelle- ment découverts. IV. Passage du paléolithique au néolithique. Les recherches faites au Mas-d'Azil, à Campigny, dans l'Yonne, en Ecosse, etc., ont convaincu beaucoup d'archéologues que le passage du paléolithique au néolithique s'est fait d’une facon insensible. Les harpons cylindriques en bois de renne ont été remplacés par des harpons plats en bois de cerf; des galets en partie usés ont fait leur apparition, de même que le pic et Je tranchet; la poterie se montrerait avant la hache polie, Ces faits ont besoin d'être confirmés par de nouvelles observations; la stratigraphie et la paléontologie doivent venir au Secours de l'archéologie. Enfin, le passage a dû se faire de différentes facons et à des époques diverses suivant les lieux. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre toutes les méthodes de recherches, toutes les trouvailles nouvelles pour résoudre cette importante question. et V. Description des édifices sur pilotis comparables aux habita- tions lacustres ou palalittes des Alpes, découverts dans les diverses régions de l'Europe. 54 LE NATURALISTE EE OEM E PR ER STI TRE EE DE TC COCO QE En dehors de l'étude de ces édifices et des objets qui y ont été recueillis, il serait intéressant de déterminer quelles sont les sépultures contemporaines des habitations sur pilotis. Pour la Suisse, en particulier, est-il possible d'établir un parallélisme exact entre les trouvailles faites dans les lacs et sur leurs rives ? VI. Passage du néolithique aux métaux. Les objets en cuivre pur sont-ils assez nombreux et présen- tent-ils des formes assez spéciales pour faire admettre l'exis- tence d'un véritable âge du cuivre ayant précédé l’âge du bronze? Il est à désirer que de nouvelles observations, accompagnées d'analyses chimiques, soient apportées au Congrès. VII. Rapports dela civilisaïion dite méditerranéenne : 1° avec les civilisations égéenne et mycénienne ; 2° avec les civilisations analogues de l'Europe centrale. Il n'existe pas encore de travail d'ensemble tenant compte, par exemple, des résultats découlant des recherches faites récem- ment en Egypte. Le point essentiel serait de pouvoir déterminer le centre de diffusion (européen ou asiatique) des formes imdus- Lrielles et artistiques dont on constate l'apparition vers la fin de l'époque néolithique. VIII. Aire géographique, divisions et chronologie du deuxième âge du fer. L'aire géographique de la civilisation du deuxième äge du fer est encore mal délimitée, en particulier vers le Sud-Ouest et le Nord-Est. Il serait très utile d'indiquer sur une carte les stations de cette époque. Il serait non moins utile d'apporter des obser- vations nouvelles susceptibles de confirmer ou de modifier la classification de Tischler. Enfin, la chronologie du deuxième âge du fer a besoin d'être précisée pour chaque région. Ne pourrait-on pas, dans ce but, tirer parti des trouvailles de vases grecs à figures rouges et de monnaies gauloises ? IX. Caractères anatomiques de l’homme primitif et des races humaines préhistoriques. Il convient non seulement de décrire les caractères des races préhistoriques, mais encore de les interpréter. Tous les faits nouveaux relatifs au Pithecanthropus, en particulier, présente- raient un intérét considérable. X. Survivances ethnographiques pouvant jeter quelque lumière sur les mœurs et l’état social des populations préhistoriques. La Mélanésie en général, l'Australie en particulier, l Amérique du Sud, les Pays Barbaresques,'etc., ont fourni, dans ces der- niers temps, la matière d'observations très intéressantes dans cet ordre d'idées. Ce serait faire œuvre fort utile que de classer et de comparer les données nouvelles ainsi recueillies. XI. Jusqu'à quel point les analogies d'ordre archéologique ou ethnographique peuvent-elles autoriser l'hypothèse de relations ou de migrations préhistoriques ? Il est indispensable de distinguer les faits qui s'expliquent par les mêmes états sociaux ou les mêmes milieux de ceux qui sont de nature à autoriser hypothèse d'une identité de race. N. B. De petites vitrines seront mises pendant quelques jours à la disposition des savants qui voudraient placer sous les yeux des membres du Congrès les objets sur lesquels porteront leurs communications. MM. les Congressistes sont priés d'envoyer, avant le 4er juil- let 1900, à M.le Dr Verneau, secrétaire général du Comité (rue Broca, 148, à Paris), les titres de leurs communications et de lui faire savoir s'ils ont l'intention d'exposer des objets. Ils sont invités également à préparer à l'avance les illustrations qu'ils voudraient voir figurer dans le Compte rendu de la XIT° session, afin qu'aucun retard ne soit apporté à la publication du volume. EXCURSIONS Le Comité d'organisation du Congrès international d'Anthro- pologie et d'Archéologie préhistoriques de 1900 à pensé que des excursions, qui permettraient de se rendre compte des principales richesses archéologiques de la France, offriraient un véritable attrait non seulement pour les savants étrangers qui assisteront à la XIIe session, mais aussi pour beaucoup de Français. Il serait possible d'organiser les excursions suivantes : 1° Excursions dans le centre, le sud-ouest et le sud de la France. (Retour par Lyon et Solutré.) A. Ateliers néolithiques du Grand-Pressigny. Stations paléo- lithiques et néolithiques de la Vienne. Stations et grottes paléo- lihiques de la vallée de la Vézère. (6 jours.) B. Musée de Toulouse. Grottes du Mas-d'Azil. Mégalithes de Luchon. (5 jours.) C. Causses de l'Aveyron. Gorges du Tarn. Musée de Lyon. Station de Solutré. (6 jours.) Retour à Paris. à Les Congressistes pourraient prendre part à l’excursion totale ou à une partie seulement. 20 Excursion en Bretagne. Musées de Nantes et de Vannes. Mégalithes des environs d’'Auray, de Carnac, de Locmariaker. Collections du Chatellier à Pont-l'Abbé et Aveneau de la Grancière à Pontivy. Kjokken- modding de la Torche. Camp vitrifié de Peran, près Saint- Brieuc. Retour à Paris, (Durée totale de l’excursion : 6 à 8 jours.) 30 Excursion à Amiens et à Abbeville. (Durée : 2 jours.) 49 Excursions autour de Paris. Gisements dans les alluvions, stations, camps et fonds de cabanes. Mégalithes. Retour chaque soir à Paris. Chacune de ces excursions serait dirigée par les spécialistes connaissant le mieux les régions à parcourir. La dépense s’élé- verait approximativement à 30 francs par jour, tous frais com- pris. Toutefois le Comité d'organisation ne peut encore prendre aucun engagement ferme. Sa décision est subordonnée aux adhésions qui lui parviendront. Les savants qui désireraient prendre part à une ou plusieurs excursions projetées sont priés d'en aviser, le plus tôt possible, M. le Dr Verneau, secrétaire général, rue Broca, 148, à Paris. Dés qu'un nombre suffisant d'adhésions auront été recueillies, un programme détaillé sera élaboré et adressé à toutes les personnes qui auront fait connaître leur intention de participer à l'un ou à l'autre des voyages actuellement à l'étude. ñ Congrès international de sylviculture. Un Congrès international de sylviculture se tiendra à Paris, au cours de l'Exposition universelle de 1900, dans le Palais des Congrès; sa durée sera de quatre jours, du # au 7 juin 4900, non compris le temps qui pourra être consacré à des excursions en forêt. PROGRAMME DU CONGRÈS Ire SECTION Économie forestière. 4° Traitement des forêts de sapin; transformation en sapinières des taillis à faible rendement situés en régions montagneuses. 20 Conséquences physiologiques et 'culturales des éclaircies. 3° Utilité de la culture du sol dans les coupes à régénérer (labour à la charrue, crochetages avec où sans répandage artifi- ciel de semences). 49 Traitement des taillis sous fufaie en vue d'augmenter la pro- duction du bois d'œuvre. 50 Déficit ou excédent de la production forestière dans les diverses régions du globe; étude du mouvement des importations et des exportations. 6° Législation des terrains en montagne; législation forestière internationale. 7° Examen général, au point de vue du peuplement forestier, des essences exotiques acchimatées ou naturalisées. 8° Stations de recherches et d'expériences; — bureaux d'infor- mations; — utilité, programmes et résultats. ITIe SECTION Influence des forêts au point de vue du maintien des terres, du régime des eaux et des phéno- mènes météorologiques. 1° Météorologie forestière. 20 Influence des forêts sur les eaux souterraines dans les régions de plaines. 39 Restauration des montagnes et correction des torrents. 40 Travaux de protection contre les avalanches et mesures défensives contre les dégâts causés aux propriétés inférieures par les eaux provenant» directement des glaciers. (Exemple catastrophe de Saint-Gervais.) 5° Améliorations pastorales, fruitières; réglementation des pâturages. LE NATURALISTE 5h) LL 5 dun een 60 Défense contre les érosions de l'Océan: voies de vidange dans les forêts des dunes. 1° Mise en valeur, par le boisement, des ferrains incultes et des terres épuisées. 89 Défense contre les incendies. IIIe secriox Application des sciences à la Sylviculture. 19 Unification internationale des mesures de cubage pour les bois d'œuvre; forme géométrique des tiges d'arbres; procédés de cubage. 20 Avantages comparatifs du bois et du fer (durée, conserva- tion, ré: ce). 3° Utilisation des déchets des exploitations ; — poëles à com- bustion lente; — distillation, fabrication d'alcool, — pâle à papier. 49 Sols forestiers. — Cartes botanico-forestières. 59 Amélioration des transports forestiers. Pour tout ce qui concerne le Congrès, s'adresser à M. Charle- magne, secrétaire général, 15, rue Faraday, Paris. LES PLANTES DE FRANCE Leurs Chenilles et leurs Papillons CENTAURÉE (Centaurea) Centaurea Facea, — Melitwa cinria L., chenille en avril, août, septembre; papillon en mai, juin, août; toute la France, — Melitæa Phæbe $S. V., chenille en mai, septembre; papillon de mai à juillet; toute la France, — Nyssia zonaria S. V., chenille en mai, juin, papillon en avril; France centrale, Alsace. Centaurea aspera. — Acidalin alyssumata H., chenille en mai; papillon en mai-juin; environs de Cannes. Centaurea nigra. — Eupithecia satyrata H., che- mille en septembre sur les fleurs; papillon en juin-juil- let; Basses-Alpes, Colmar. CAREX (Carex) Carex riparia,— Nonagria Algæ Esp., chenille en juillet; papillon en juillet-août; toute la France, — Apa- rophyla australis B., chenille en mars, papillon en sep- tembre-octobre, France. méridionale. — Calocampa ve- tusta H., chenille en juin; papillon en septembre, octobre, mars, avril; toute la France, — Hydrelia uncana L., chenille en août, papillon en juin, toute la France. — Plusia festucæ, L., chenille en juin, juillet, papillon en août, par toute la France. — Gnophos glaucinaria H., chenille et papillon en juillet-août; France cent., mérid. et Orient. CHANVRE (Cannabis) Cannabis sativa, — Heliothis armigera I. che- nille en août-septembre, papillon de juin à septembre ; toute la France, CHARDON (Carduus) Vanessa cardui L., chenille en juin-août; papillon en mai, juillet, septembre; partout. — Agrotis vestigialis Hufn., chenille en juin-juillet; papillon en août-sep- tembre; partout. EPILOBE (Epilobium) Epilobium angustifolium — Deilephila vesper- tilio Eys., vespertilioides B., epilobii Bork.. porcellus L., chenilles en juillet-août; papillons en juin et septembre, Epilobium palustre, — Deilephila Galii S. V., elpenor L., chenilles en juillet-août; papillon en juin et septembre; toute la France. Epilobium roseum et montanum, — Pte- rogon ænothæræ $S. V., chenille en juillet-août; papillon en juin; France mérid., cent, et orient. — Cidaria sila- ceata I., chenille de juillet et octobre; papillon de mai à août; France cent. et sept. SCABIEUSE (Scabiosa) Scabiosa succisa, — Melitwa maturna L., chenille en mai, papillon en juin, centre et nord. — Meltæa artemis L. V., chenille en avril, juillet et septembre; papillon en mai et août; partout. — Macroglossa fuci- formis L., chenille en juillet; septembre, octobre; papillon en mai et juillet, partout. — Syntomis phegea L., chenille en mai-juin; papillon en juin-juillet; Alpes. Calocampa vetusta H., chenille en juin; papillon en sep- tembre, octobre, mars et avril; partout. — Eubolia plum- baria Fab., chenille en avril et juin; papillon de mai à août ; toute la France. Scabiosa arvensis, — Calocampa exoleta L., che- milles en juin-juillet; papillon en août, septembre, mars et avril; toute la France. Scabiosaleucanthea,— Epimecia ustulata II.,che- mille en mai-aouût; papillon en juin-juillet; France mérid. — Cleophana antirrhini H., chemille en juillet; papillon en juin; centre et Midi. Sabiosa diversa, — Acidalia degeneraria H., che- nille en avril et juillet ; papillon de mai à août ; centre et midi. — Fidonia atomaria, chenille en juin-septembre ; papillon d'avril à août; toute la France, — Aspilastes ochrearia Rossi, chenille en avrilmai; papillon en mai, août, septembre, toute en France. Mouron (Slellaria) Stellacia media. — Luperina virens L., chenille en juin; papillon en juillet; partout. — Caradrina alsines Brh., superstes Tr., chenille en février-mars, papillon en juin-juillet; partout. — Caradrina laraxaci H., che- nille en février-mars, papillon de juin à septembre; partout. — Caradrina ambigua $. V., chenille en mars, papillon de juin à août; partout. — Mania maura L., che- nille en avril-mai; papillon en juin-juillet, partout. — Eupitheciu pygmæata H., chenille en juin, sur les fleurs et les graines ; papillon en mai-juin, environ de Paris, — Coremia ferrugata Clerck, chenille en juin, juillet, sep- tembre, octobre ; papillon en juillet; août, mai, partout. SUREAU (Sambucus) Gortyna flavago S. V., chenille en juill et sur les tiges, papillon en août-septembre; centre et Nord. — Urapteryx sambucaria L., chenille en avril, mai; papillon en juin, juillet, partout. — Tephrosia crepuscularia V., chenille en mai et septembre; papillon en mars, avril, juin à août; partout. — Hybernia bazaria S. V., chenille en mai; papillon d'octobre à mars; partout. BRVYONE (Bryonia) Hepialus humuli L., chenille en avril sur les racines; papillons en juin et juillet; toute la France. FOUGÈRE (Pteris) Pteris aquilina, — Lriopus pteridei Fab., chenille de juillet à octobre; papillon en juin et juillet; Indre, Gironde, Doubs, Ille-et-Vilaine. — Tephrina petraria H., 56 LE NATURALISTE chenilles en juin et juillet; papillon en mai et juin; par- tout.' GARANCE (Rubia) Rubia Himctorium, — Deilephila Gali $S. V., chenille en juillet-août; papillon en juin, septembre ; partout. Rubia peregrinma. — {oremia basochesiata Dup., chenille de novembre à mai; papillon de septembre à mars ; Cannes et Hyères. LA TERRE, SON ORIGINE, SA FIN La terre tourne autour du soleil, parce qu'elle voudrait tomber sur lui et qu’elle ne le peut pas, grâce à la force de propulsion en ligne droite à travers l’espace, qui lui a été communiquée dès l'origine de sa formation. Si la terre était sortie de l'immense masse de feu qui cons- tituait primitivement le soleil, comme un boulet sort d’un canon, suivant le rayon de cette énorme masse, c'est-à-dire per- pendiculairement à la tangente, elle aurait fait comme le boulet que nous tirons en l'air et qui retombe sur la terre : elle serait retombée sur le soleil, après s’en être écartée plus ou moins loin; à moins qu'elle n'ait été lancée avec une force suflisante pour neutraliser l’attraction du soleil et passer dans le champ d'attraction d’une autre étoile. Mais comme la masse de feu, dont la terre incandescente s’est détachée, tournait sur elle- même, elle s’en est séparée grâce à cette force centrifuge, et s'est mise à tourner autour du soleil, en s’éloignant de lui; jusqu'au moment où elle est arrivée à la distance où elle se trouve aujourd’hui par rapport au soleil. C'est-à-dire jusqu'au moment où il y à eu équilibre entre l'attraction, qui tendait à la faire retomber sur le soleil, et la force centrifuge due à sa rotation autour de lui. Une fois ces deux forces équilibrées entre elles il n’y avait plus de raison pour que la terre con- tinue à s'éloigner du soleil, ni pour qu'elle s’en rapproche ni retombe sur lui. Cela s’explique par le principe de la con- servation de l'énergie. Une fois que la terre tourne dans son orbite, il n’y a plus de raison pour qu'elle en sorte jamais. Cependant, s’il y a une force capable de la détacher du soleil et de l’amener dans son orbite actuelle, à coup sûr il y aura un jour une autre force de réaction qui la fera plus tard retomber sur lui; quelle que soit d’ailleurs cette réaction, qu'elle soit médiate ou immédiate, éloignée ou rapprochée, directe ou indirecte, peu importe. Si le mouvement de translation en ligne droite, dont la terre est animée, venait à disparaître, la terre tomberait sur le soleil, en un intervalle de temps que l’on peut calculer très exactement. Si, au contraire, l'attraction du soleil pouvait subitement disparaître, la terre filerait immédiatement en sui- vant la tangente à son orbite actuelle. 11 en résulte que la force qui retient la terre dans son orbite et l'empêche de s’en échapper, c’est l'attraction ; alors que la force qui l'empêche de tomber sur le soleil, comme une pomme qui tombe de l'arbre, c’est la force vive dont elle a été animée à l’instant même où elle a été formée, au moment où elle s’est détachée du globe de feu primitif qui lui a donné naissance. Et remarquons bien que, de tout temps, les hommes ont fait sortir la terre du feu. Cela est si vrai que, le mot wr, qui existait bien des siècles avant Abraham pour exprimer l’idée de feu, veut encore dire aujourd’hui en allemand, principe ancien temps, origine des âges : à l’origine, la terre est sortie d’une masse de feu, qui était le soleil avec les autres planètes incandescentes. On voit qu’il n'y a absolument rien de nouveau sous le soleil, et que la science d'aujourd’hui n’est qu’une réminiscence de celle des premiers hommes. Tant il est vrai de dire que l'intelligence humaine n’a pas varié et ne s’est pas développée en raison de ses merveilleuses applications pra- iiques. On a toujours su que la terre avait commencé par être un globe de feu. Comment avaient-ils pu savoir cela? Sans doute en étudiant de près la nature des volcans qui leur mon- trait que la terre n’était qu’un globe de feu à peine refroidie à sa surface. En effet, sur seize cents lieues d'épaisseur, la terre est déjà à cent degrés à une lieue de profondeur, et à deux mille degrés à vingt lieues de la surface du sol: reste toujours seize cents lieues de feu, à une température bien supérieure à celle du fer en fusion. Nous sommes sur une sphère de feu, dont la croûte solidifiée n’a que quelques lieues d'épaisseur, qui n’a absolument rien de comparable à l’épais- seur de la peau d'une orange, et qu'on ne peut même pas comparer à la fine pelure d’une pêche, c’est à peu près l’épais- seur du tissu de soie d’un gros ballon. Et encore, il faut admettre que cette écorce relativement si fine, offre de vastes cavernes, d'immenses cavités irrégulièrement réparties dans son épaisseur, qui sont plus ou moins distendues par de la vapeur d'eau. Il suffit, en effet, de descendre dans une mine, à quelques centaines de mètres de profondeur, pour se rendre compte de l'immense quantité de petites veines d’eau qui filtrent à travers l'épaisseur de la terre, et qui se réduisent en vapeur, à une lieue de profondeur : de là la fréquence des tremblements de terre, et le grand nombre des volcans, qui jouent le rôle d'évents ou de soupapes de sûreté, en lançant dans les airs jour et nuit une immense quantité de vapeur d’eau, qui retombe ensuite en pluie sur la terre, dans la mer ou sur les continents. La surface de la terre se refroidit de plus en plus, avec les milliers d'années. Nous en avons la preuve dans l'étude de la géologie, qui nous montre que le sol de Paris, par exemple, produisait autrefois les plantes de l’Algérie, et plus ancien- nement encore celles des Tropiques. Si la terre tend à se refroidir petit à petit, il arrivera un jour où la température de 100 degrés ne se fera plus sentir qu’à deux lieues de pro- fondeur, au lieu d'une; de sorte qu’il y aura là une immense quantité d’eau infiltrée dans les roches, à deux lieues de pro- fondeur au lieu d’une. Il restera donc alors, à la surface de la terre, beaucoup moins d’eau qu'aujourd'hui, et peut être plus du tout. Or, qui est-ce qui pourra vivre, quand il n'y aura plus du tout d’eau sur la terre? Personne, car alors il n’y aura plus un seul végétal, pas une herbe, pas un arbre, pas même un seul lichen. Ce sera alors la mort et l'aridité, qui règne actuellenent à la surface de la lune. La lune a été autre- fois une terre comme la nôtre, avec des plantes, des animaux et pout-être des hommes. Or, tout le monde sait ce qu’elle est aujourdhui, une solitude glacée, sans air et sans eau; alors qu’autrefois il y avait des mers avec des poissons, dont on voit encore les restes et les empreintes immenses. Et encore ne voyons-nous les traces que de ees dernières mers, alors que les continents occupaient plus de place que l’Océan. Dr Boucon. a Apparition tardive des Lampyres, en 1899 M. S. Jourdain a communiqué a la Société entomolo- gique de France une note sur l'apparition tardive des Lampyres. En Normandie, les Lampyres se montrent dans la saison chaude, au mois d’août en particulier, Cette année leurapparition a été beaucoup plustardive, et ils se sont montrés surtout au mois d'octobre, époque où la température avait conservé une douceur excep- tionnelle,. Mais, si leur apparition a étéretardée, ils ont, en re- vanche, été d'une abondance remarquable.’ Ainsi, sur le fossé d’un jardin mesurant 60 mètres, on en a, le 23 octobre, compté plus de 30, quand en temps ordinaire on en verrait deux ou trois. Cette anomalie paraît devoir être rapportée à cette particularité que l'été, très chaud, a été d’une sécheresse extraordinaire. Les pluies ne sont survenues que vers la fin de septembre,et l’insecte,arrêté dans son évolution, à pu enfin se développer. Il y a peu de temps que les Lampyres ont disparu: le 9 du mois de novembre, il en a encore été recueilli deux sur le même fossé. LE NATURALISTE 57 REPRODUCTION À BON MARCHÉ DES DESSINS Ce procédé, qui permet de reproduire à bon marché des dessins ne présentant pas de demi-teintes, a fait l'objet d'un brevet pris par M. Eugène Gay. On recouvre au pinceau un papier glacé à dessin avec : Gommerarabiquer fete, Men. 100 gr. Bichromate de potasse.............. 40 » AU E ter tee eee ete à 300 ce Carbonate de soude... TS) Le papier, séché,est exposé à la lumière sous le calque ou le dessin selon la lumière et l’opacité du papier qui porte le dessin ou le calque; cinq ou quinze minutes suf- fisent pour l'impression. On lave alors avec une éponge jusqu'à ce que les lignes apparaissent nettement. Puis on essore au papier buvard et on sèche à lair libre. On recouvre alors, à l’aide d’une éponge, avec : Gomme laque mere" 15 gr. Noirdenlampe ss Mere NE 10 » Esprit-de-vin de commerce......... 150 » et on le plonge dans un bain d'acide chlorhydrique pen- dant vingt minutes. Le dessin apparait en noir. On lave à l’eau pure. H. Coupin. Diagnoses de Coléoptères Américains et asiatiques Trichodesma nigromaculata. Un peu allongé et peu large, subparallèle, en majeure partie orné d’une pubescence blanche, celle-ci maculée de noir, avec quelques poils clairs redressés. Tête ornée d'une pubescence blanche assez fournie. Antennes roussâtres, à deux avant derniers articles assez élargis, le ter= minal long. Prothorax large, dilaté sur le milieu des côtés, en majeure partie blanc, élevé sur le disque en saillie, subarrondi au sommet et orné de poils brunâtres avec une petite tache antérieure, de chaque côté, et presque tout le milieu de la base noir, glabre, ces parties ornées d'une ponctuation granu- leuse. Ecusson blanc. Elytres pas plus larges que le prothorax, striés, les interstries ayant une ponctuation granuleuse forte; ils sont blancs ornés des macules suivantes noires : deux an- térieures, une troisième latérale postmédiane, enfin une tache apicale irrégulière. Dessous du corps foncé, orné d’une pubes- cence blanche; pattes un peu roussâtres, pubescentes. Long. 4,5 mill. Birmanie (coll. Pic). Espèce très particulière par sa forme et sa coloration bien nette, à macules foncées très distinctes. Trichodesma regale Reiïiche, des indes-Orientales, est plus large et plus robuste, le prothorax étant muni sur le disque de petites houpettes pileuses et orné d’une pubescence générale claire, les élytres plus larges sont entièrement ornés de pubes- cence dense à l'exception d’une sorte de bande médiane dé- nudée n’atteignant pas la suture. Long. 5,5-7 mill. Trichodesma goyavensis. Court et large, orné d’une pubes- cence d’un gris fauve avec quelques poils clairs dressés, à l'ex- ception du milieu postérieur du prothorax et d'une grande macule suturale antérieure d’un noir brunäâtre, cette dernière plus ou moins bordée de poils foncés dressés. Antennes parais- sant obscures. Prothorax large, élevé sur le disque en saillie subanguleuse, nettement dilaté par côté en avant de la base, marqué de noir brunâtre sur son milieu à partir de la saillie et jusque sur la base. Ecusson foncé. Elytres un peu plus larges que le prothorax, faiblement costiformes, avec les intervalles ornés d’une ponctuation subcarrée; ils sont assez largement ornés d’une pubescence d’un noir brunâtre étendue sur la suture antérieurement; cette tache plus étroite en arrière et, au-dessous de celle-ci, sont deux houpettes de poils brunâtres, placées une de chaque côté et assez près de la suture. Dessous du corps foncé, pubescent grisâtre ainsi que les pattes qui sont obscures. Long. 4,5 mill. Brésil : Goyas. (coll. Pic). Procuré par M. Donkier, ainsi qne les autres espèces de la même provenance. Voisin de gibbosa Say, mais bien distinct par son dessin. M. Pic. Serins rouges et animaux a1binos D'après de récents travaux, les colorations si variées de la peau, des poils et du plumage chez les animaux tiennent à l'alimentation. Suivant la nature des ingesta, cette coloration se modifierait. Darwin avait déjà cité un procédé des Indiens d'Amé- rique pour donner aux plumes de perroquets une belle couleur jaune; on leur arrache lesdites plumes et on inocule dans la blessure un peu de la sécrétion laiteuse de la peau d’un petit crapaud. Les plumes repoussent jaunes et elles conservent cette couleur, même si on les arrache de nouveau. L'ingestion de certains corps chimiques modifie la couleur des animaux, On aurait ainsi changé le plu- mage des pigeons en leur faisant prendre, pendant la mue, des couleurs d’aniline mélangées à des matières grasses, Avec le méthyléosine on aurait ainsi coloré des pigeons isabelle en beau rouge, avec le méthyl violet en bleu éclatant (1). La mode actuelle en Angleterre est de donner au plu- mage des canaris une teinte orange grâce à une nourri- ture spéciale. On est arrivé ainsi à obtenir des canaris couleur de cannelle. Plus cette nuance est intense, plus la va- leur de l'oiseau augmente. Les procédés varient, chaque éleveur a le sien qu'il tient secret. On emploierait la racine d’orcanette, le cloude girofle, le cachou, l'écorce de quinquina, le sang- dragon, le bois de campêche, etc., etc. Une alimentation spéciale peut également transformer la couleur. Le mais, pris pendant la mue, donne aux poulesblanches une teinte Jaunâtre. Le poivre de Cayenne donne aux oiseaux une colora- tion rouge; cette couleur se fixe également sur le jaune des œufs, Cette action serait due aux principes colorants du poivre combinés aux matières grasses et qui ne peuvent s'en séparer, Le chènevis rend noirs les bouvreuils et quelques autres OISeaux. Les Indiens de l’Amazone,en nourrissant le perroquet vert commun avec la graisse de gros poissons siluroides, lui procurent de magnifiques panaches de plumes rouges et jaunes. On ferait même varier la couleur des papillons en nourrissant les chenilles de plantes différentes (1) (Koch), Le pelage des mammifères pourrait aussi être influencé par le genre de nourriture. Nous n'en avons pas de (4) La Nature 1899, 6 décembre, p. 38. (1) Voir Hérédité de DELAGE, p. 279. 38 LE NATURALISTE Preuve directe, mais les travaux des zootechnistes nous fournissent des arguments, Les zootechnistes (1) distinguent en effet dans une espèce animale comme le bœuf, le mouton, etc., deux catégories nettement tranchées : les races rustiques et celles améliorées. Les races rustiques se contentent d’une alimentation grossière peu assimilable, Elles sont maigres et très résistantes, leur peau est épaisse, dure, très pigmentée avec des poils gros et rudes. Les races améliorées ne supportent qu'une alimenta- tion choisie alibile ; elles ont une peau fine, peu pig- mentée, une constitution lymphatique; le tissu adipeux sous-cutané est abondant, car il est en raison inverse de la quantité de pigment. Les races très perfectionnées tendent à l’albinisme : celui-ci s'accompagne d'obésité et de stérilité. Dans une certaine mesure, le cas de l’homme ne serait pas sans quelque analogie. Les blonds sont en général plus lymphatiques et engraissent plus facilement que les bruns. D' REGNAULT. NOTE SUR LES TOURBES Les combustibles si répandus que l'on désigne sous le nom de tourbes résultent, comme on le sait, de l’accu- mulation et de la transformation, sur place, de plantes aquatiques herbacées ou ligneuses, les plus récentes vi- vant sur les débris des plus anciennes ; l'étude de ces débris a montré qu'ils appartenaient le plus souvent à des plantes semblables à celles qui vivent à la surface. À mesure que l’on s'enfonce dans l'intérieur d’une tourbière, l’altération des tissus végétaux devient de plus en plus complète et on arrive bientôt (60 à 80 centimètres de profondeur) à un niveau où la composition du combus- tible semble rester à peu près constante et constitue la tourbe faite. Ce qui frappe dans l'examen microscopique de la tourbe à partir de ce niveau, c’est la ténuité des débris composés des éléments les plus résistants des végé- taux, tels que cellules épidermiques, cellules subé- reuses, vaisseaux ligneux, cuticules, spores, grains de pollen, etc., tousles tissus mous ont disparu ; étant restés en place n'ayant subi aucune trituration de la part de corps durs, il semble que l'on devrait rencontrer des por- tions étendues de membranes et de tissus résistants. La propriété que possède certaines Bactériacées de dissoudre les membranes moyennes des cellules, peut donner l’ex- plication de cette division, sur place, qui se retrouve dans d'autres combustibles plus anciens, tels que les Cannels et la Houille. Le passage de la tourbe fraîche à la tourbe faite se fait successivement sur une épaisseur de 60 à 80 centimètres à partir de la surface et l’on suit le degré d'altération des tissus à mesure qu'ils s'en éloignent. Nous pouvons prendre pour exemple, un fragment de racime de Bouleau fig. 4 enfoui à quelques centimètres ; les rayons cellulaires, les cellules de parenchyme ligneux sont souvent remplis de grains d'amidon polyédriques a, mesurant 7 à 10w, agissant encore sur la lumière UN NN Ne ere - (4) V. Traité de Zootechnie générale Cornevin 1891, Baïllière p. 24, et Mélhodes praliques en zoolechnie Pacs, 1898 Carré et Naud, p. 84. polarisée et séparés les uns des autres par un réseau pro- toplasmique. Leur altération commence par la perte de erpropriété d'agir sur la lumière, propriété qui persiste ; a Stan eease F,:eR ne se û Fig. 1. — Coupe longitudinale d'une racine de Bouleau. a, Grains d’amidon remplissant les cellules de parenchyme ligneux. b, Cloison oblique divisant un vaisseau ligneux suivant sa longueur. c, Ponctuations sur les parois cellulaires. pour les parois des cellules ligneuses moins altérables qui les renferment, les grains seramollissent ensuite soit sous l'influence de quelque diastase, soit sous une in- fluence microbienne et il ne reste de visible que le réseau protoplasmique. Les mailles du réseau se fluidifient à leur tourun peu plus bas, et le produit qui se colore souvent en rouge- brun vient tapisser d’une couche d'épaisseur variable les parois internes des cellules; d’autres fois il se rassemble en masses sphériques, un peu diffluentes, ou en globules à contours bien définis, de dimensions très inégales et con- tenus en nombre variable, dans les cellules des rayons et Fig. 2 — Racine de Bouleau plus altérée. Le protoplasma s'est modifié et s’est réuni, en globules variés a; b. du parenchyme ligneux. Ces globules ressemblent assez à des gouttelettes'de résine colorée en rouge-brun ou bien encore au Pseudocomis vitis. LE NATURALISTE 59 Souvent les globules renferment des vacuoles plus ou moins nombreuses. Si elles sont en petit nombre, elles sont sphériques ; si au contraire elles se touchent, leur pression mutuelle leur donne l'aspect de cellules polvé- driques b, quelquefois elles ont fini par se réunir et le globule prend l'aspect d'une sphère complètement creuse. Nous attribuons la formation de ces globules à la pré- sence du protoplasma entourant les grains d’amidon et à celle des grains d’amidon eux-mêmes. M. Prillieux a vu des grains d’amidon analogues s’entourer d’une mince couche de substance gommeuse qui augmente à mesure que les grains d’amidon diminuent de volume. La substance de ces globules, en s’'imprégnant d'acides tannique et ulmique si fréquents dans les tourbières acquiert une résistance remarquable à la décomposition ; on la retrouve intacte dans la tourbe faite, au milieu des produits de la destruction des cellules. Cette destructiou est due en grande partie à des Bacté- HESCRRNS Fig. 3.— Portion de cadre elliptique d’un vaisseau de ra- cine de Bouleau couverte de Microcoques. a, Membrane existant entre les épaississements rectilignes parallèles du cadre. b, Epaississements rectilignes recouverts comme les mem- branes d’un nombre considérable de Microcoques. riacées qui affectent les unes, la forme coccoide, les autres celles de bâtonnets, de Streptocoques ou de Cla- dothryx. Nous signalons aujourd’hui seulement les Mi- crocoques. Arrivées à un certain degré d’altération, les parois des cellules et des vaisseaux n’agissent plus sur la lumière polarisée et ne se teignent plus par le chloro-iodure de zinc, mais elles portent à la face interne les traces nom- breuses de Microcoques. Beaucoup de ces microorga- nismes sont encore adhérents et mesurent 0, 5 p . La fig. { montre en b un cadre elliptique de vaisseau non altéré recueilli près de la surface de la tourbière ; la figure 3 présente un cadre semblable, mais provenant d’une couche plus profonde ; les épaississements et les membranes qui les réunissent sont couverts de cette es- pèce de Microcoque que nous avons désignée sous le nom de Microcoscus paludis, var. 8 . Nous l'avons ren- contrée également sur les membranes communes des cel- lules ; elle aurait pour fonction de dissoudre les mem- branes communes et certains épaississements, une autre variété; mesurant 0,8 a 0,9 y M. paludis, var. «x, se ren- contre également sur les parois des cellules et des vais- seaux ; quelquefois les Cocci semblent disparaître dans la pulpe qui les recouvre, Les fonctions de cette variété semblent être d'attaquer les épaississements ordinaires, mais non les ornements. (À suivre.) B. RENAULT, Correspondant du ministère de l'Instructien publique. 4 ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 12 février 1900. M. Emile !Blanchard, doyen de la section de zoologie, l'ancien professeur d'entomologie du Muséum, vient de mourir à un âge avancé. C'était le successeur de Geoffroy Saint-Hilaire ; il y a 35 ans qu'il était membre de l'Académie des Sciences. M. Malaquin continue ses recherches sur l'évolution des monstrillides, ces copépodes qui vivent en parasites chez les annélides pendant la plus grande partie de leur existence et qui deviennent libres à l’âge adulte. L'ontogénèse des monstrillides présente la série des phénomènes suivants : 1° une évolution progressive de l’œuf jusqu'à la larve nauplius, à peu près typique du copépode; 20 une évolution régressive provoquée par la pénétration des nauplius dans le système sanguin d'un annélide, et qui ramène l'embryon à un état pseudoblastulaire indifférencié; 39 un parasitisme évolutif qui comprend deux phases : adaptation de l'embryon pseudoblastulaire indifférencié et formation d'un deuxième stade nauplien, parasite interne — l'évolution continue ensuite progressivement, l'ontogénèse forme les tissus et organes de l'adulte comme dans un dévelop- pement direct. Animaux PROMENÉS OU TUÉS DANS LES CIRQUES CHEZ LES ANCIENS Mongez a publié dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions (1) une longue étude sur les animaux pro- duits par les anciens dans les cirques ou les amphi- théâtres, et il m'a paru curieux et utile de résumer en quelques pages ce volumineux mémoire, tout en éli- minant néanmoins ce qui ma paru peut-être un peu hasardé dans les conjectures du savant académicien, comme on le verra en ce qui concerne l'Aigle. Julius Capitolinus, qui écrivait, sous Constantin, l'his- toire de quelques empereurs romains et lui dédia son ouvrage, nous dit, dans la Vie de Maxime et de Balbin (chap, vin), que les combats des gladiateurs et les mas- sacres d'animaux dans les jeux publics avaient eu d'abord pour but de s'assurer une protection céleste contre l'ennemi, et d’assouvir la soif de sang qui tour- mente Némésis. Il ajoute que d'autres croient que « les Romains, partant pour la guerre, avaient dû s’accou- tumer ainsi à la vue du sang d'hommes nus combattant et s’entre-tuant, afin que dans les batailles ils ne redou- ro (1) Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ; Paris, t. X, 1833, pp. 360-460, in-40. 60 LE NATURALISTE EE EE CE TE ET PSS ON tassent pas les ennemis armés, et n'eussént horreur ni des blessures ni du sang. » Du reste, ce même goût pour des spectacles de ce genre est encore aujourd'hui le nôtre. Dans la civilisation comme ailleurs, les extrêmes se touchent : la brute con- fine à l’homme aux sentiments élevés; aujourd'hui, même en France, on fait combattre sous nos yeux un taureau contre un tigre ou un lion, et surtout contre plusieurs hommes. Du reste, comme nous le verrons tout à l'heure, les combats de taureaux — corrida con muerte, — ne datent pas d'aujourd'hui, et les Espagnols auraient tort de revendiquer la paternité de ce genre de sport. Elle appartient aux Thessaliens. De quelle manière les anciens prenaient-ils les animaux nécessaires pour les hécatombes du cirque? Les écrits de Némésien, d'Oppien, de Gratien, etc., fournissent à ce sujet des détails nombreux; deux des plus curieux moyens mis en usage pour prendre les lions sont ceux-ci, que citent Pline dans son Histoire naturelle (VIT, cap. xvi) et Némésien (Cynegeticon, vers 303 et sq.) : Pline dit : « C'était autrefois une entreprise périlleuse que de prendre des lions,.et l'on employait principalement les fosses creusées à ce dessein. Sous l'empire de Claude, le hasard enseigna un moyen plus simple et bien peu digne, ce semble, d’un animal aussi redoutable : un berger de Gétulie arrêtait la fureur de l'animal en jetant sur lui une draperie., On transporta bientôt dans les jeux publics cet étonnant spectacle, et lon en croyait à peine ses yeux en voyant un animal aussi terrible tomber sou- dain dans une torpeur complète, pour le plus léger tissu qu'on lui jetait sur la tête, et se laisser lier sans opposer la moindre résistance ; sa force est, en effet, tout entière dans ses yeux, On est, après cela, moins étonné d'ap- prendre que Lysimaque, enfermé avec un lion par ordre d'Alexandre, ait pu étrangler cette bête féroce. » De son côté, Némésien dit, en parlant de la chasse en général : «Il faut, entre autres instruments de chasse, se pourvoir d’un cordon qui puisse entourer les grands bois, et renfermer dans leur enceinte les animaux effrayés par la vue des plumes qui y seront attachées ; car ces plumes, comme les éclairs, frappent de stupeur les ours mêmes, les plus grands sangliers, les cerfs fugitifs, les loups hardis, et les empêchent de franchir ce léger obstacle. Ayez soin de teindre ces plumes en couleurs différentes, de les mêler avec des blanches et de donnér beaucoup détendue à cet appareil. Choisissez de préférence la cou- leur rouge. » La glu, — généralement fatale aux oiseaux seulement, — servait à prendre la grosse bête, comme nous l’apprend Martial dans l’épigramme XI de son livre De Spectaculis. « Un ours, en se roulant sur l'arène ensanglantée, s'empêtra tellement dans la glu, que la fuite lui devint impossible. Que les épieux luisants soient mis à l'écart et cessent de montrer leur fer; que l’on ne voie plus voler de javelots lancés par une main vigoureuse : que le chas- seur aille saisir sa proie dans les airs, s’il aime à sur. prendre les animaux des forêts en recourant à l’art de l’oiseleur. » Quelques récits de voyages racontent qu'aux Indes on prendrait des tigres de cette manière, en couvrant un grand espace de:terrains avec de larges feuilles d'arbres engluées : au bout d’un instant, l'animal a les yeux et la tête couverts de feuilles, et plus il se démène et veut se frotter avec ses pattes, plus l'épaisseur de l’emplâtre augmente... Ceux qui se livraient à l’art de dompter les animaux, les mansuetarii, et de se faire obéir par eux étaient tenus en grande estime; ils laissaient volontiers supposer que c'était au moyen des amulettes dont ils ornaient ces animaux qu'ils les soumettaient à leur volonté; mais c'était réellement, comme le dit Elien (Histoire des ani- maux», livre X, ch. x), par les liens, les coups et le jeûne, et par des aliments sucrés (1% atpogix ve nat }iu®, vois Deopoïc,.…, Ta dE yhuxéta Tpopñ). Les mansuetarii faisaient des choses réellement merveil- leuses. On vit, au théâtre, des éléphants traverser les sièges des spectateurs en marchant sur une corde tendue, un homme sur leur tête (Xiphilin, Histoire romaine, LXT, XVII; — Suétone, Vie de Néron, ch. x1; — Vopiscus, Vie de Carus, etc.); Sénèque (Lettre Lxxxv, in fine) dit : Le plus petit Ethiopien commande à l'éléphant de se mettre à genoux, et même de marcher surune corde. » — « On voyait souvent des éléphants, dit Pline (VIII, un), jeter en l'air des armes que le vent ne pouvait détourner, tant était grande la force avec laquelle elles étaient lancées; lutter contre les gladiateurs; danser la pyrrhique avéc des mouvements affectés; marcher sur la corde; se placer, comme des accouchées, dans des litières portées par quatre autres éléphants; enfin entrer dans une salle à manger remplie de convives, et aller s'asseoir pres d'eux en calculant leur marche de manière à ne blesser personne. » D'autres éléphants traçaient avec leur trompe des lettres sur un tableau (Pline, VIII, m1). Elien dit en avoir été témoin (II, xt), etajouteque «les Indiens apprivoisent si bien les lions, qu'ils les conduisent en laisse et les emploient pour chasser les cerfs, les sangliers, les tau- reaux et les onagres. » J'ai déjà cité, à la monographie du lion, nombre de ces animaux jouant dans le cirque avec des lièvres. Je rap- pellerai cette épigramme de Martial (livre I, épig. 105) : « Le cou du léopard se soumet au joug; le titre sup- porte les coups de fouet, le cerf ronge un mors doré; les ours de Libye obéissent au frein; un sanglier, pareil à celui de Calydon, porte une muselière de pourpre; les aurochs (bisontes) hideux trainent des chariots ; et l’élé- phant danse à la voix de son noir maitre. En voyant ces merveilles, quine croirait assister aux spectacles des dieux? Voici cependant quelque chose de plus étonnant : les lions se fatiguent de chasser les lièvres timides; ils les lâchent, puis les reprennent; devenus maîtres de leur proie, ils l’aiment et leur gueule lui offre une retraite sûre; ils se plaisent à lui laisser des issues pour s'échapper, et à contenir leurs dents pour éviter de lui faire du mal. Une pareille clémence n’est pas un ouvrage de l’art; mais les lions savent quel est le maître qu'ils servent » — Délicate flatterie à l’adresse de Domilien. D'après Mongez, « on aurait peine à croire le fait sui- « vant, si Martial ne l’attestait deux fois : un aigle privé « s'élevait dans les airs, portant dans ses serres un « enfant sous le costume de Jupiter : Æthereas aquila puerum portante per auras Illaesum timidis unguibus hæsit onus. Dic mihi quem portes, volucrum regina? Tonantem. « IL est vraisemblable que cet oiseau était retenu par un lien, comme nos ballons captifs. » - C’est possible; mais je n'y crois pas. D'abord, cela eût LE NATURALISTE 61 été extrémement imprudent, malgré toute la bonne volonté de l'oiseau et son amitié pour le jeune enfant : il eût pu éprouver soudain de la fatigue, de la frayeur, une souffrance quelconque, et lâcher son fardeau d’une hau- teur plus où moins considérable... Or, l'enfant n’était as de bois... | ES : Et ensuite, il y a mieux. L'association de ces trois vers ferait effectivement penser qu'il s’agit ici d’un spectacle donné au cirque où à l'amphithéâtre, dans les conditions indiquées par le savant académicien; mais il n'en est rien : les deux premiers vers sont le commencement d'une épigramme qui en à huit, et que Martial intitule : LE LION DE CÉSAR; en voici la traduction : « Un aigle emporta jadis, à travers les airs, un enfant, précieux fardeau que ne blessèrent point ses serres timides (ce sont les deux vers cités; continuons :) Aujour- d'hui les lions de César se laissent attendrir par leur proie, et un lièvre se Joue sans péril dans l'énorme gueule de l’un d'eux. Lequel de ces deux prodiges vous semble le plus étonnant? L’un et l’autre décèlent ua auteur au-dessus de tous les êtres : César a produit le second; LE PREMIER EST L'OUVRAGE DE JUPITER. (Livre I, épig. V1). ; Donc, l'aigle en question était tout simplement Jupiter métamorphosé en cet oiseau, et enlevant le jeune Gany- mède pour en faire l’'échanson des dieux. Le troisième vers cité par Mongez, et accolé aux deux autres appartient à la Lv® épigramme dulivre V, qui compte quatre vers. Les voici : Dic mihi quem portes, volucrum regina? Tonantem. Nulla manu quare fulmina gestat? Amat. Quo calet igne Deus? Pueri. Cur mitis aperto. Respicis ore Jovem? De Ganymede loquor. « Dis-moi qui tu portes, roi des oiseaux? Le Dieu du tonserre. _— Pourquoi sa main n'est-elle pas armée de la foudre ? Il est amoureux. — Quel est l’objet de ses feux? Un enfant. — Pour- quoi, le bec ouvert, le regardes-tu si doucement ? Je lui parle de Ganymède. » Comment Mongez — qui connaissait bien les deux épi- grammes de Martial, à l’une desquelles il prenait deux vers, et un à l’autre, — a-t-il pu s’imaginer qu'on dégui- sait un enfant en Jupiter pour le faire enlever par un aigle? Surtout quand, dans l’une et dans l’autre, il s’agit de Ganymède? Dans la seconde, nous voyons Jupiter porté par l'oiseau, comme tant d'autres divinités sont portées par loiseau qui est leur attribut... Il est probable que cette dernière épigramme de Mar- tial avait pour objet un tableau, une statue, une œuvre d'art quelconque, représentant Jupiter sur son aigle; ni l’une ni l’autre, remarquons-le, ne se trouve dansle livre De Spectaculis. Il vaudrait mieux prendre au sérieux la Vie d’Esope, dans laquelle on voit que ce dernier faire gagner un pari au roi de Babylone Lycérus sur le roi d'Egypte Necta- nébo, en faisant enlever par des aigles privés cinq ou six enfants destinés à construire une maison dans les airs... (Voyez ma monographie de l’Aigle.) Parlons maintenant des combats d'hommes contre les animaux, ou des animaux entre eux, ou simplement des massacres d'animaux. Scipion l’Africain, ayant détruit Carthage, dit Valère- Maxime, donna au peuple romain des spectacles dans lesquels on fit périr sous la dent des bêtes féroces les transfuges des nations étrangères. (Faits et paroles mémo- rables, Hv. IT, ch. vi.) Tite-Live ajoute les fuyards aux transfuges, Plutarque dit que les deux frères Lucius et Marcus Lucullus firent combattre dans le cirque des éléphants contre des taureaux, pendant leur édilité (Lucullus, II, CXXXVI); Pline le dit aussi (VIII, vin). Sous le consulat de Marcus Piso et de Marcus Mes- sala (693 de Rome), Domitius Ahenobarbus, étant édile curule, fit combattre dans le cirque cent ours de Nubie et cent chasseurs venus d'Éthiopie (Pline, VIII, ch. xxxvi). Marcus Æmilius Scaurus fit voir pour la première fois aux Romains un hippopotame et cinq crocodiles, l'an 669 de Rome (85 av. J.-C.); on avait creusé une fosse, espèce de lac (euripus) dans le cirque pour ces derniers animaux. Il montra en même temps les ossements d'un cétacé quelconque, que l’on disait avoir appartenu au monstre marin à la fureur duquel avait été exposée la belle Andromède (que tous les peintres représentent avec une peau semée de lis, de roses et de pêches, tandis qu'elle était bel et bien négresse, en sa qualité de fille de Céphée, roi d'Éthiopie et de Cassiopée sa femme, deux nègres authentiques, si leur histoire l'est). Pline parle de ces ossements (IX, ch. v), auxquels il donne « quarante pieds romains de longueur (environ 13 mètres), une hauteur plus grande que celle des élé- phants indiens, avec un axe vertébral épais d'un pied romain et demi (environ # décimètres) ». Scaurus avait apporté ces ossements de Joppé. Pausanias ajoute à cette fable que, près de Joppé, il y avait une fontaine dont l'eau était rouge comme du sang, et que les gens du pays disaient que Persée avait lavé dans cette fontaine le sang dont le monstre blessé l'avait couvert en se débattant: d'où la couleur rouge de l’eau. L’Arioste, trouvant cette fable à son goût, s’en est emparé, et il fait jouer à Roland le rôle de Persée. Les crocodiles de Scaurus étaient sans doute appri- voisés, car, dans le nome d’Arsinoë, beaucoup de ces ani- maux, tenus en grande vénération, accouraient à la voix, et prenaient à la main la nourriture qui leur était offerte (Strabon, livre XVII). Quant aux hippopotames, Ammien-Marcellin, qui mourut l'an 390 de notre ère, dit (Histoire, XXII, xv) : « On conduisit à Rome, pendant plusieurs siècles, des hippopotames d'Égypte; à présent on n’en peut plus trouver dans ce pays; les habitants disent que ces ani- maux, las d’être poursuivis sans cesse, se sont retirés vers les Biemmyes, » Pompée, qui triompha trois fois (678, 681 et 693 de Rome), est celui des Romains qui satisfit le plus souvent la passion des fils de Romulus pour les spectacles du cirque et de l’amphithéâtre. (À suivre.) E. SANTINI DE RIOLS. Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17, 62 LE NATURALISTE ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CI-APRES DÉSIGNÉS Ne proposer que des Insectes frais et intacts) S'ADRESSER A LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, RUE DU BAC, 46, PARIS Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vitus. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata. Agrilus cyanescens. — tenuis. — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. ; Sinoxylon sexdentatum. — muricatum Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini. — oleiperda. Hylurgus piniperda. — ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. — stenographus. — Jaricis. — bidens. Bruchus pisi. — flavimanus. — rufimanus. — tristis. — lentis. — pallidicornis. — nubilus. Rhynchites betulæ. — populi. — betuleti. — conicus. — cupreus. — bacchus. Apion apricans. — Craccæ. — viciæ. — flavipes. — flavofemoratum. — pisi. — ææneum. — tenue. — vOrax. — violaceum. — hæmatodes. — pomonæ. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pini. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. ligustici. Otiorhynchus rancus. — picipes. Lixus angustatus. Anthonomus pomorum. — pyri. — druparum. — rubi. Orchestes fagi. — alnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. — napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaruis. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyx heros. — scopolii. Aromia moschata. Callidium unifasciatum. Clytus arietis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberca linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica oleracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. — campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — _ bitterensis. Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Pseudo-Xévroptères. Termes lucifugus. — flavicollis. Hyméènoptères. Vespa crabrc. — germanica. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopæœus spirifex. Atta barbara. — structor. Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia rosæ. — Spinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossularisæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — ribis. Lyda pyri. — sylvatica. — campestris. — erythrocephala. Lophyrus pini. — rufus. Cephus pygmæus. — compressus. Sirex gigas. Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. © — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rosæ. Lépidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassicæ. — rapæ. — napi. Deilephila elpenor. — euphorbi£. Ino pruni. — ampelophaga. Trochilium apitorme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. — neustria. Porthesia chrysorrhaca. — auriflua. Ocneria dispar. — monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicsæ. Triphæna pronuba. — orbona. Phlogophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas grossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheimatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnéôphthira pilleriana. Tortrix viridana. — cratægana. — rosana. — Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana. Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivorella. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depresselia. — nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Sehirus bicolor. Œlia acumimata. Strachia oleracea. — Ornata. Carpocoris baccarum. Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Typhlocyba rosæ. — viridipes. Psylla pyri. — buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — lanuginosa. | Aphis rosæ. — cerealis. — fabæ. — pruni. — persicæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim vitis. — tiliæ. — salicis. — persicæ. — olæ. — caricæ. Aspidiotus conchyforme. Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. — hæmorrhoïdalis. Diptères. Tipula olcracea. Sciara piri. — analis. Cecidomya tritici. — destructor. — nigra. — pyri. — brassicæ. Lasioptera obfuscala. Sunulium ornatum. — maculatum. —Teptans. Bibio Marci. — hortulanus, Tabanus bovinus. Hæmatopota pluvialis. Œstrus equi. — hæmorrhoïdalis. Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum. — brassict. — furcata. — radicum. — conformis. — lactucæ. Pegomya acetosa. Psilomya rosæ. Hylemya coarctata. Spilographa cerasi. Dacus olece. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Agromiza nigripes. Platyparea pœciloptera. Chlorops lineata. — tæniopus. Oscinis frit. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques. 29% ANNÉE 15 MARS 1909 LES MEULIÈRES DE MONTMORENCY La liste serait longue des hypothèses qui ont été suc- cessivement émises pour expliquer l'origine et le mode de formation des meulières des environs de Paris. Ces roches constituent en effet une singularité des plus re- marquables dans la géologie tertiaire, et leur allure, com- me leur composition chimi- que, contraste incontestable- ment avec les dépôts qui prennent naissance sous n0S yeux dans les bassins a- queux. On a pensé àen faire des productions analogues à celles qui s'accumulent dans le bassin des geysers, et le Dr Eugène Robert trouverait certainement de nouveaux arguments à l'appui de sa thèse, dans les caracteres des sources siliceuses chau- des du parc national des États-Unis,inconnues de son temps, et qui sont plus com- plets que les sprudels islan- dais. Cependant la présence des fossiles animaux et vé- gétaux dans les meulières, depuis les limnées et les planorbes jusqu'aux Chara et} aux nénufars, empêche de croire à la haute tempé- rature génératrice développée dans les sources chaudes, Fig. 1. — Rognon de meulière de près Andilly (Seine-et-Oise). 1/5 de la dimension naturelle. roche qui les empäte et c'est aussi que, dans leurs cavités, abondent des géodes où le quartz a parfaitement cristal- isé, En regardant de plus près, on constate, d'un autre côté, que la structure des meulières est plus compliquée la carrière de la Berchère, qu'il ne semblait de prime abord. Non seulement on y retrouve la forme des êtres organisés qui sont devenus fossiles, mais on y voit, de toutes parts, les inégalités sé- dimentaires des dépôts lacustres ordinaires. L'idée qui s'impose en conséquence, c'est qu'elles ont pris nais- sance dans la masse du terrain déjà déposé, comme les silex l'ont fait dans la craie et que leur origine, par conséquent, n’a rien à voir avec les conditions des lacs dans lesquels vivaient les linnées et les chara, Ce point de vue à d’au- tant plus d'intérêt qu'il vient cadrer avec la notion, tous les Jours mieux acquise de lincessante activité du milieu géologique, de la vie intense qui, au sein des couches du sol, suit son cours comme dans un tissu organise, Parmi les échantillons dont l'étude est le plus pro- pre à faire persévérer dans cette manière de voir si philosophiquement satisfai- sante, Je signalerai aujourd'hui aux lecteurs du Natura- liste ceux dont les portraits sont joints au présent article et c'est pour, cela qu'on s'est souvent rabattu sur la | et qui, grâce à M. Hérodier, exploitant à Montmorency, supposition de’grit- fons siliceux froids ou presque froids se déversant dans un lac quils ne rendaient pas inha- bitables. Cette der- nière supposition est un peu impru- dente, car les lim- nées actuelles,com- me les Chara d'au- jourd'hui, si analo- gues à leurs congé- nères tertiaires, ne s'en accommode - raient certainement pas. Et c’est vaine- ment quon à cru lever la difficulté avec M. Meugy en admettant que les meulières comme nous les exploitons n'étaient pas aussi riches en silice au moment de leur dépôt let qu'elles se sont, pour ainsi dire, concentrées par fune dissolution postérieure de calcaire. Un fait qui domine toute cette histoire, c'est que les fossiles sont ordinairement tout aussi siliceux que la Le Naluraliste, 46, rue du Bac, Paris. Fig. 2. — Rognon double de meulière de la carrière de la Berchère. 1/5 de la dimension naturelle. et queje me plais à remercier publi - quement, sont ve- nustoutrécemment enrichir les collec- tions géologiques du Muséum d'his- toire naturelle, Ces échantillons pro- viennent de la car- rière de la Berchère sur le territoire d'Andilly (Seine-et, Oise) et se signa- lent, avant tout, par la singularité de leur forme en méme temps que par leur fort vo- lume, L'un des plus simples est repré- senté figure 1.C'est un sphéroïde mesu- rant 29 centimètres de diamètre horizontalet 30 centimètres de diamètre vertical. On en trouve fréquemment de plus parfaite sphéricité; mais ce sont précisément les imper- fections qui, ici, sonti nstructives, Les principales consis- tent en bourrelets horizontaux faisant une saillie plus 64 LE -NATURALISTE ou moins considérable et quine sont pas très éloignés d'être équidistants. Leur situation horizontale est - bien celle qu'ils avaient dans la carrière et elle suffirait déjà pour montrer qu'il faut l'attirbuer au moulage par voie de silicification de certains incidents locaux de la strati- d'ailleurs disposée fication. La matière siliceuse est Fig. 3. — Rognon triple de meulière de la carrière de 1/6 de la dimension naturelle. en couches concentriques ayant tous les traits de constitution d'une matière concrétionnée. Mais ces circonstances sont affirmées d'une facon beaucoup plus nette encore par l'échantillon représenté figure 2 et qui consiste, comme on le voit, en deux boules géminées. On a cassé une des boules, celle de gauche, de facon à lui enlever une espèce de calotte et on a constaté alors, outre la structure en couches superposées de la matière, la pré- sence dans le nodule de vastes cavités ren- fermant de l'argile analogue à celle qui empâte les échantil- lons dans la carrière et quelquefois aussi, du sable fort ressem- blant à celui qui com- pose le sous-sol des exploitations et qui aépend du niveau dit de Fontainebleau. Le spécimen qui nous OCCupe à 45 cen- TA Fete, Re (san timètres de longueur horizontale. Sa hau- teur verticale parle sommet de la boule de gauche est de 2% centimètres et parle sommet de la boule de droite restée intacte, de 21. Les deux boules sont associées à une épaisse région stratifiée horizontalement et mon- jont les mêmes accidents aue le nodule isolé, la Berchère. Enfin on a sous les veux, dans la figure 3, la repér- sentation d'un rognon triple, formé de trois boules de 10 centimètres environ de diamètre intimement soudées entre elles et à une zone de concrétion horizontale qui a 19 centimètres d'épaisseur. Dans les trois'cas qui viennent d'être mentionnés, il y a des fossiles, limnées, planorbes, etc., qui sont silicifiés au même titre que la masse quiles empâte, et on ne peut qu'être très frappé des contrastes que les nodules présentent à cet égard avec l'argile ambiante dans laquelle aucun vestige fossilisé n'a jamais été rencon- tré (1). Il est très clair que les coquilles devaient, à l’origine, être distribuées d'une facon uniforme dans le dépôt la- custre, de nature argilo-calcaire, com- posant le terrain, et la preuve,c'est que, dans les pays où ce dépôt n’estpas sili- cifié, et iln’en manque pas.les coquilles aucunement petits paquets correspondant aux no- ne sont concentrées en dules dans les gitesde meulières. Donc, beaucoup de fossiles ont été dissous et n'ont laissé aucune trace de leur pré- sence. Mais ils n’ont été dissous qu'a- près la réalisation du phénomène de sihcification, et c'est ce qui nous permet de compléter la théorie des meulières qui, Jusqu'ici, Wa pas été tout à fait comprise. Tout d'abord, les vases argilo-calcaires d’un lac se sont insérant dans leur masse des coquilles, des bois, des fleurs de nénufar, des tiges de chara et d’autres plantes. Plus tard, et sans accumulées en lits horizontaux, doute beaucoup plus tard, les eaux d'imprégnation qui cir- culaient dans le sol se sont chargées de silice empruntée Fig. 4.— Rognon compliqué de meulière de la carrière de la Berchère. 1/10 de la dimension naturelle. sans doute à des amas de carapaces animales ou bien plus vraisemblablement végétales, telles qu'en sécrètent (1) Parfois on trouve des fossiles isolés dans l'argile qui rem- plit des vacules des meulières; ils sont alors tout aussi silicifiées que les meulières elles-mêmes. LE NATURALISTE 65 les diatomées. Ces eaux, obéissant à la puissance d'attrac- tion qui, dans tant de gisements divers, a déterminé la production des rognons, ont silicifié lentement certains points des couches. Il s’est fait alors des nodules d’abord parfaitement sphériques et qui grossirent très progressivement. Sou- vent, des centres de productions étaient assez rapprochés pour que leurs produits, en se développant, en soient arrivés à se souder, et il s’est fait des géminations de boules, des associations de trois, de quatre sphérules, des masses tuberculeuses complexes à forme plus ou moins bizarre, comme en présente la figure 4; enfin, des couches, entre autres, silicifiées dans toutes leurs parties sous la forme de plaques. A ce moment, le terrain consistait en lits de calcaire argilifère riche en coquilles lacustres et en débris végé- taux, renfermant des portions silicifiées plus ou moins importantes, caverneuses ou compactes, sphéroidales ou étalées; disposition que nous voyons par exemple, dans les assises du calcaire grossier de Pierrelaye prèsde Pon- toise. Et c'est alors seulement que, par suite de modifi- cations dans la géographie physique de la région, les phénomènes de décalcification prirent naissance. Ces modifications consistèrent dans la surrection du sol au- dessus des masses aqueuses et datent d'une époque que nous ne sommes pas à même d’assigner d’une facon cer- taine, Alors, les eaux pluviaires chargées d'acide carbo- nique s’introduisirent dans le sol, dévorant le calcaire là où elles purent l’atteindre. En diverses localités, l’action n'est encore que partielle, et c'est pour cela qu'on voit les meulières couronner un massif calcaire lacustre plus où moins important comme à Étampes, par exemple. Ailleurs, tout le calcaire fut enlevé comme à Montmo- rency, et le sol fut réduit à ses parties insolubles, nodules de meulière empâtés dans l'argile et dans le sable. Les coquilles, quin'avaient pas été siicifiées, furent dissoutes avec leur gangue de carbonate calcique, et c'est ainsi que la faune fut réduite à ce cantonnement qui semble si bizarre dans les portions siliceuses de la formation. Comme on le voit, les terrains de meulière méritent d'être compris dans ceux qui présentent, au premier chef, le facies continental, non pas comme se rapportant à l'époque même de leur sédimentation première, mais re- lativement aux temps où ils ont acquis leurs caractères actuels. [ Stanislas MEUNIER, Animaux PROMENÉS OU TUÉS DANS LES CIRQUES CHEZ LES ANCIENS (Suite.) Il fit paraître pour la première fois un loup-cervier (Pline, VIIT, x1Ix et xx11); cet animal venait des Gaules, et il n'y à pas trop longtemps qu'il a disparu de l’Alle- magne, dit Cuvier (Règne animal, 1, p. 162); du reste, voici ce qu'on lit dans la Cosmographie du Levant, de Thévet : « Les loups-cerviers sont trop plus cruels et furieux que ceulx dont nous avons maintenant parlé, et de cette espèce on en vit un en France, ny ha pas long- tems; lequel sortant de la forest d'Orléans, au pais du - Berry, l'an 1548, dévora plusieurs personnes, Lequel fust tué par ung gentilhomme, huissier de la chambre du Roy nommé Sébastien de Rabutin, signeur de Savigny. Or, n'estoit toutefois ledit loup (comme ledit signeur m'ha dict, moy estant à Fontainebleau, l'an 1554) semblable à nos loups communs, mais avoit le poil tirant sur le léo- pard. » Ce Rabutin était l’aieul de Mme de Sévigné. Ce fut encore dans les jeux donnés par Pompée qu’on vit un animal appelé z#rov< par les Égyptiens, dit Pline (VIII, xIx); « ses pieds de derrière ressemblaient aux pieds et aux jambes de l'homme, et ses pieds de devant à des mains. Depuis ce temps, ajoute-t-il, ces animaux l'ont plus reparu à Rome. » Il s’agit évidemment d’un singe quelconque. Pompée fit aussi paraitre dans le cirque un rhinocéros unicorne; mais On connaissait déjà cet animal, au moins : celui à deux cornes, car Agatarchide, qui écrivait au 11° siècle avant notre ère, en parle, ainsi que plusieurs autres auteurs. César donna, l’an 708 de Rome {46 ans avant notre ère), des jeux qui rivalisèrent en magnificence avec ceux de son malheureux rival, On y vit pour la première fois une girafe, que les Romains appelaient Camelopardalis, chameau-panthère. Moise est le plus ancien écrivain qui en ait parlé, du moins d’après le texte des Septante, qui appelle Camelopardalis, girafe, l'animal désigné sous le nom de pie) (Zemer), en hébreu (Deutéronome, NIV, v. 5). Les Arabes nomment cet animal zerafa;les Grecs anciens, comme les Romains, l'appelaient xaunronépèons ; les Grecs modernes le nomment fopaors. César fit encore combattre, pour la première fuis, dans ses jeux des hommes et des taureaux, spectacle immé- diatement imité en Espagne, où il est resté depuis, et d'où il tend aujourd'hui à nous envahir. Pline dit (VIII, xLv) : on attribue aux Thessaliens les combats de taureaux, Montés sur des chevaux, ils poursuivent ces animaux, et les tuent en les saisissant par les cornes et en leur tordant le cou. Le dictateur César donna, le pre- mier, ce spectacle à Rome. » Dans sa Vie de Claude (ch. xx1), Suétone parle aussi de ces sortes de jeux : « Claude fit paraitre des cavaliers thessaliens, qui poursuivent dans les détours du cirque des taureaux sauvages, sautent sur eux apres les avoir fatigués, et les abattent en les saisissant par les cornes. » En outre,César fit paraitre dans l’amphithéâtre quatre cents lions, de la variété la plus forte; deux armées com- posées de fantassins, de cavaliers et d’éléphants : de chaque côté étaient 20 éléphants, 500 fantassins et 300 ca- valiers (Suétone, Vie de César, ch. xxxIx); bêtes et gens s’entr'égorgèrent pour la plus grande satisfaction de la canaille romaine. Le dernier jour de son triomphe, César se rendit dans son palais, couronné de fleurs et précédé de plusieurs éléphants qui portaient des flambeaux. Plus tard, Auguste fit tuer, soit dans le cirque, soit dans le Forum,soit enfin dans les amphithéâtres, environ 3.500 animaux (Inscriptions des monuments élevés à Auguste par la ville d'Ancyre). Ayant, une fois, fait entrer l’eau dans le cirque de Fla- minius, On y introduisit, par son ordre, trente-six cro- codiles qu'on tailla en pièces (Dion, Hist. romaine) ; dans les jeux célébrés pour la dédicace du temple de Marcellus, commencé par César et terminé par lui, il fit tuer cents tigres. D'autres animaux,fort rares,étaient seuiement montrés SIX 66 KA + LE NATURALISTE au peuple, promenés devant ses yeux, mais non mis à mort: des tigres privés,des lions et des tigres attelés,etc.; c'est ainsi que Marc-Antoine se faisait traîner dans un char avec la comédienne Cythéris); un serpent de cin- quante coudées(environ 25 mètres !) fut montré au peuple, toujours par ordre d’Auguste, dans les comices, près du Forum (Suétone, Vie d’Auguste, ch. XLI11). L'an 759 de Rome, Germanicus fit célébrer des jeux où combattirent un éléphant et un rhinocéros; celui-ci fut vaincu. En 765, deux cents lions périrent dans d’autres jeux qu'il donna. Pline dit qu’on y vit des éléphants « se mouvoir en cadence, comme auraient pu le faire des danseurs (VIII, 11). En 790, dans la dédidace d’un temple à Auguste, Cali- gula fit mettre à mort dans le cirque 400 ours et 400 tigres (Dion, LIX, ch. vu); des chameaux attelés à des qua- driges disputèrent le prix de la course. Ce dernier spec- tacle fut aussi donné plus tard par Héliogabale (Lam- pride, ch. XXHI). Claude, ayant fait rebâtir le théâtre de Pompée,détruit par un incendie, en fit la dédicace solennelle, et — natu- rellement, 300 ours et 300 tigres furent mis à mort; les cavaliers thessaliens firent une corrida de toros, mais Suétone ne nous dit pas combien des uns et des autres restéreut sur le terrain (Vie de Claude, ch. xxx1; Pline, VIII, xvir; Dion, LX, vu); c'est à l’époque de ces jeux que l’on découvrit le moyen dont j'ai parlé plus haut, de prendre vivants les lions en leur jetant un voile sur la tête. Ce genre de chasse fut très souvent, par la suite, représenté dans les cirques : voilà pourtant un exercice que les Espagnols n’ont pas eu l'idée d adopter, eux qui pré- sentent le voile au taureau. L'an 833 de Rome (80 de notre ère), à propos de la dédicace du théâtre et des thermes qui portent encore son nom, Titus donna des jeux où le nombre des ani- maux tués (et des nt aussi) atteignit un chiffre extraordinaire. Suétone, Eutrope et Eusèbe disent 5.000 animaux ; Dion dit 9.000 (Liv. LXVI, ch. xxv) : Titus, dans les autres occasions, ne fit rien de remarquable ; mais, lors de la dédicace de l’amphithéâtre et des bains qui portent son nom,il donna des spectacles nombreux et merveilleux.Des grues se battirent les unes contre les autres; quatre éléphants, une foule d’autres animaux, tant domestiques que sauvages, au nombre d'environ neuf mille, furent égorgés, et des femmes, de basse condition, il est vrai, aidèrent à les tuer. Beaucoup d'hommes se firent gladiateurs; beaucoup aussi luttèrent en troupes dans des combats sur terre et sur mer. Après avoir tout à coup rempli d’eau cet amphithéâtre, Titus y fit paraître des chevaux,des taureaux et d’autres animaux apprivoisés, qu’on avait dressés à faire dans l’eau les mêmes exercices que sur terre. Dans le bois de Caius et de Julius, que jadis Auguste avait fait creuser pour cet effet, il y eût, le premier jour, combat de gladiateurs et massacre d'animaux, le lac ayant été recouvert d’un plancher au droit des statues, et de constructions tout alentour.Le deuxième jour, jeux du cirque.Le troisième, combat naval de 3.000 hommes et, ensuite, combat sur terre. Les Athéniens, ayant vaincu les Syracusains (ce furent les noms qu’ils avaient pris pour le combat), des- cendirent dans l'eau et emportèrent d'assaut un fort qui y avait été construit. € On eut pendant CENT JOURS ces sortes de spectacles sous les yeux... » — (Et maintenan' a tombola finale, — les animaux participèrent à la fête :. comme aujourdhui, d'ailleurs, cela se pratique) — Titus donna aussi au peuple des choses utiles; il jetait, d’un lieu élevé sur le théâtre, de petites boules de bois portant un bon; celle-ci pour quelque comestible, celle-là pour un vêtement, une autre pour un vase d'ar- gent, une autre encore pour un vase d'or, pour des che- vaux, pour des attelages, pour des troupeaux, pour ces esclaves; ceux qui les avaient attrapées devaient les remettre aux officiers chargés de la distribution, et rece- voir l’objet désigné. » Se fait-on une idée de la distribution de horions qui avait lieu tout d’abord, pour entrer en possession de ces bienheureuses boules? C'était encore là un spectacle fort agréable : on s’égorgeait,on s’étranglait, on se dévo- rait: c'était une nouvelle représentation d’un combat sur terre, mais sans armes ostensibles, unguibus et rostris : qu’on fasse cela de nos jours, et ce sera — en grand — ce que vous voyez quand une bande de gamins suivent un baptême en criant : « Vive la marraine !... » Dès qu'une poignée de dragées ou de sous est jetée,les petits bandits ne connaissent plus d'obstacles, et 1ls se gour- ment comme des Romains authentiques. Domitien donna des jeux où il fit combattre un rhino- céros bicorne contre un ours. Martial nous en parle dans la XXII épigramme de son livre De Spectaculis : « Tandis que les maitres, pleins de crainte, excitent le rhinocéros, qui rassemble pendant longtemps en lui- même une épouvantable fureur, ils désespèrent de voir se livrer le combat qu'ils ont annoncé. Mais enfin, la furie qui, une première fois déjà, s'était emparée de l'animal, éclate soudain : de sa double corne il enlève un ours pesant, aussi facilement qu'un taureau lance dans les airs les mannequins qu'on lui présente. » Trajan fit célébrer des jeux qui durèrent CENT CINQ JOURS, et pendant lesquels on tua, dit Dion (Hist. romaine, LXVIII, xv), onze mille animaux domestiques ou sau- vages. Dans les jeux que célébra Hadrien, il périt en une seule fois cent lions et cent lionnes (Spartianus, Vie d Hadrien, ch. vin). Sous Antonin le Pieux, on vit dans les amphithéâtres de nouveaux animaux, non encore bien définis aujour- d'hui : la crocuta, ou crocotta (Pline, VIII, zut et XI, xxxvii) et le Strepsiceros. — D'après Cuvier, le Strep- siceros serait l’antilope addax; quant à la Crocotta, ce serait tout bonnement l’hyène grise tachetée de noir. Dans ces mêmes jeux du pieux Antonin, on lâcha en une seule fois dans le cirque cent lions (centum etiam leones und missione edidit. J. Capitolinus, Vie d'Antonin de Pieux, ch. X). Sous l'empereur Commode, des autruches Darren dans le cirque : il les combattait lui-même et leur coupait la tête, qu'il présentait ensuite aux sénateurs pour les effrayer (Hérodien, liv. 1, ch. xLvi). Cet historien ajoute : «ces oiseaux, ayant la tête coupée, continuèrent quelque temps leur course, comme s'ils n’eussent rien souffert (6oun vod Bédous Eru mepueiv adrac, &s pnôèv maloÿoac). Com- mode fit périr une foule de cerfs, de lions, de da- mas, etc. » Dans les jeux que donna Sévère la dixième année de son règne, Dion dit qu’ « on y vit soixante sangliers combattre entre eux... On avait aussi construit dans l'amphithéâtre une vaste cage en forme de navire, dis- posée de manière à contenir 400 bêtes féroces, et à les laisser échapper toutes à la fois. À l'instant où cette DE NAMUR AURESIRE 67 machine s’ouvrit, il en sortit des ours, des lions, des lionnes, des panthères, des ours, des autruches, des ânes sauvages et des bisons (Biscoves, des aurochs d’après Cuvier), espèce de bœuf d'aspect et de mœurs barbares; de sorte que l’on vit sept cents bêtes féroces et plusieurs animaux domestiques s’entreméler dans une course affolée et y trouver la mort; car cent de ces animaux furent tués chacun des sept jours que durerent les fêtes (LXX VI, c. D ». On ne s'explique pas bien qu'il n'y ait eu que cent bêtes tuées chaque jour; en effet, 400 bêtes féroces fu- rent lâchées à la fois, en même temps, sans doute, que trois cents animaux non. féroces, puisqu'il v avait en tout 700 bêtes. Il est probable que, dès le lâchage de tous ces êtres, ils n’attendirent pas la permission du di- recteur des jeux pour s’entre-dévorer..….\ Gordien I fit paraitre en un seul jour dans le cirque, dit son biographe J. Capitolin, cent tigres d'Afrique et mille ours, Une autre fois, il donna dans le cirque une chasse où parurent 200 chevreuils (cervi palmati), dont quelques-uns étaient venus de la Grande-Bretagne, trente chevaux sauvages, cent girafes, trente ânes sauvages, cent cinquante sangliers, deux cents chamoïs (ibices) deux cents antilopes, et trois cents autruches d'Afrique peintes en rouge. Après avoir vaincu l'illustre reine Zénobie, Aurélien triompha et monta au Capitole dans un char trainé par quatre cerfs, qu'il immola à Jupiter; vingt éléphants et des bêtes féroces de Libye (tigres) apprivoisées le précé- daient avec deux cents autres animaux sauvages rame- nés de la Palestine. Il fit cadeau de tous ces animaux à des particuliers, pour ne pas priver le Trésor de l'Etat par l’entretien de ces bêtes. Venaient ensuite quatre autres tigres, des girafes et des élans, Lors de son triomphe, Probus fit dresser des arbres dans tout le cirque, et l’on enferma dans cette forêt mille _autruches, mille cerfs, mille sangliers, mille antilopes, des chamois, des girafes, et une foule d’autres animaux herbivores. Tous les spectateurs furent admis à prendre chacun l'animal qui lui convenait... Nous pouvons nous arrêter là. Ces quelques citations d'auteurs anciens suffisent pour nous montrer les ra- vages de tous genres qu’exerçait Rome sur la terre en- tière. Le mot célèbre de Tacite : ubi solitudinem faciunt, pacem appellant, était réellement vrai, non seulement pour les populations libres qu'elle détruisait pour les soumettre (éuer pour apprendre à vivre), mais même pour les forêts qu'elle dépeuplait de leurs hôtes naturels. En résumé, nous pouvons dresser la liste suivante des animaux que les anciens ont montrés, promenés ou mas- sacrés devant des foules stupides, atteintes d'une plé- thore de civilisation confinant à la bestialité la plus immonde et ne demandant, comme suprême bonheur, comme idéal, que panem et circenses — du pain et du... sang. Il était temps que les Barbares vinssent mettre un peu de vraie civilisation parmi ces sauvages, — dévas- tateurs et maitres du monde entier : Ane sauvage (zèbre, onager). Auroch. Autruche, Babiroussa (aper cornulus). Chevreuil. Chiens d'Ecosse. . Coudous (Strepsiceros), an- tilope addax. Cerf. Crocodile. Chameau. Dama (Nanguer, antilope). Chamois. Elan. Cheval sauvage, Éléphant. Chèvre sauvage. ‘Girafe. Grue. Guépard (leo non jubalus). Hippopotame, Phoque. Rhinocéros. Sanglier. Hyène. Serpents Léopard. Singes. Lièvre blanc. Tigre. Lion. Vache de Barbarie (bubalis, Loup-cervier. antilope. Et le fameux OS du monstre tué par Persée pour sauver la belle Andromède. Ours terrestre, Ours marin. Panthère. E. SANTINI DE RIOLS. LE CORDON DE LA LOGE DU THURICOLA Il existe, parmi les infusoires ciliés un petit animal appelé le Thuricola, qui présente à l'observateur quelque chose de bien extraordinaire. Qu’on s’imagine un corps ovaleire allongé, logé dans un petit étui transparent comme du verre, étui que l’on appelle une logette. Cette légette a la forme d’un cylindre ou- vert en avant et fermé en arrière comme un étui d’aiguilles à coudre. L'animal s'insère au fond de sa logette, à l’aide d’un pied épais et court. La logette elle-mème peut se fixer aux plantes aquatiques ou à des débris de toute espèce résidant au fond des eaux douces. Mais ce qu'il y a de plus curieux, c’est que l'ouverture de la logette est munie d’une petite soupape bien ronde, fermant exactement son orifice à l’aide d’une petite charnière sur le côté gauche, quand on regarde l’annnal par le dos. Or un petit cordon très mince part de la charnière et descend à gauche, le long du corps de l'animal dans toute son étendue, et vient s'insérer en bas au bout du corps de l'animal, au-dessus de son gros pied court. Voici alors ce qui arrive. Quand l'animal veut prendre l'air et chercher sa nour- riture, il s'allonge de tout son long, en sortant une partie du corps par l’orifice de la logette, dont il a refoulé la soupape à gauche. Alors il agite en liberté les cils dont il est muni, pour faire arriver jusqu'à sa bouche les particules flottant dans le liquide. Au contraire, rentre-t-il dans sa logette en se peloton- nant tout au fond, il se rétracte tout entier sur son pied, et par la même occasion il ferme sans le vouloir la soupape de l'ori- fice, en tirant inconsciemment sur le cordon. Tandis qu'une concierge, dans sa loge à Paris, tire le cordon pour ouvrir la porte, le Thuricola ferme la porte de sa logette en se pelotonnant jusqu'au fond. De cette facon, ce petit animal est à l'abri de ses nombreux ennemis, Bien plus, il peut voir, par le verre transparent de sa logette, tout ce qui se passe autour de lui. Si donc il voit à sa portée une proie qui le séduit, rien n'est plus facile pour lui que de s’allonger en butiant sa tête contre la soupape, qui s'ouvre à l'instant et lui permet de mettre le nez dehors. Là, il fait jouer ses cils et produit dans le liquide un courant, qui amène droit à sa bouche la nourri- ture qu'il avait convoitée. On voit que la nature s'est montrée une mère prévoyante, à l'égard de son enfant privilégié : il est à l’abri dans sa coque, à moins qu'il ne s’attarde trop long- temps le nez dehors. Beaucoup d’autres infusoires sont logés dans des étuis ana- logues, qui les enveloppent plus ou moins complètement; mais le Thuricola est le seul, à notre connaissance, qui soit muni d'une petite porte avec un cordon pour la fermer en tirant dessus. Ce cordon fait partie de son corps au même titre que la coque et ses autres organes. Il a sécrété sa ‘oque, comme nous faisons pousser nos ongles et nos cheveux, c'est-à-dire sans mème en avoir conscience. Il n'a pas plus construit son cordon que nous ne nous sommes fabriqué nos bras ni nos jambes. Qui donc a songé à donner à son protoplasma la pro- priété de filer un cordon pour fermer sa petite soupape; si ce n’est l'Auteur même de la création tout entière? Pourquoi, ce petit être est-il privilégié sous ce rapport, au milieu de tant d’autres qui ne le sont pas au même degré? D'autres aussi, les Operculaires, sont munis d'un opercule; mais on ne leur à pas encore trouvé de cordon, comme au Thuricola. D'autres encore ont une logette, mais n’ont pas d'opercule pour la fermer, les folliculaires par exemple. Il est vrai qu’en revanche leur logette est souvent plus élégante ct que leur corps a lui-même une 68 LE NATURALISTE forme plus gracieuse que celui d'une limace : tout avoir à soi tout seul, bien entendu. Un autre appendice bien intéressant aussi, c'est une petite collerette que présentent les infusoires choano-flagellés, autour de Jeur extrémité antérieure. Cette collerette, évasée en avant, peut être comparée à un abat-jour conique renversé, au milieu duquel part Le fouet ou le flagellum. Elle est si fine et si déli- cate, qu’elle n’a pu être révélée qu'à l'aide d'un microscope des plus puissants; donnant un grossissement énorme de 2000 fois en diamètre, soit de 4 millions de fois en surface! A cette amplification démesurée, ce que l'on avait pris pour 3 petites pointes, { médiane et 2 divergentes, représente le profil de cet abat-jour renversé, où il manque la large ouverture évasée, avec le flagellum central, où manque son bout terminal d'une finesse excessive. On comprend le rôle que joue la collerette, tout autour de l'insertion du flagellum : elle joue le rôle d’une cuvette, dont ies bords évasés recueillent les particules alimentaires, ame- nées jusque là par le remous que le flagellum exerce dans le liquide. Comprend-on ces infusoires, munis d'une assiette au- tour de leur bouche, à l'extrémité antérieure du corps, pour recueillir leurs aliments avant de les avaler, en les mettant à la disposition de l'animal pour le moment où il voudra bien les utiliser? Est-il possible de pousser plus loin la prévoyance, en faveur d'animaux qui n'ont ni bras, ni jambes, ni même de bouche. réelle; mais chez lesquels un flagellum, une collerette et un protoplasma complaisant tiennent lieu de tout ce qui pourrait leur manquer! Evidemment ce protoplasma ne pense pas et ne s’est pas créé lui-même; pas plus que notre Thuri- cola n'a songé à créer un cordon pour fermer la porte de sa logette. Qui donc y a pensé pour eux, si ce n’est la nature prévoyante, qui a donné à ce protoplasma inconscient le pou- voir de se créer à lui-mème des organes si utiles et si merveil- leusement appropriés à ses besoins? Et qu’est-ce que cette na- ture prévoyante, si judicieuse et si réfléchie, si ce n'est le Créa- teur lui-même. N'est-ce pas le cas de répéter après bien d’autres : nalura maxime miranda in minimis. C'est dans les petits êtres que nous avons tout lieu d’admirer la Nature. Mais Nature n’est qu’un mot, qui nous dissimule mal son souverain Auteur. $ Tout ce qui vit, en ce monde terrestre, ne vit que grâce aux forces actives qui se dégagent du soleil. Enlevez le soleil, et la terre n’est plus qu'une lune déserte, sans éclat et sans vie. Or le soleil est une boule de feu infiniment vaste, mais ce n'est que du feu sans intelligence par lui-même. Comment peut-il alimenter sur la terre tant de cerveaux intelligents ? Est-ce par une simple transformation des forces, et alors nous pla- cons l'intelligence infiniment au-dessous de la chaleur elle- même. Il y a donc autre chose que des forces dans l'univers, il y a une Intelligence créatrice. on ne peut pas Dr Boucox. a DESCRIPTION DE COLÉOPTÈRES Thaptor variegatus. Modérément allongé, foncé mais revêtu en dessus d'une pubescence fine et couchée, variée, cette pu- bescence faite de poils blanchätres ou jaune doré mélangés et disposés, soit en taches, soit en lignes, avec de-ci de là quelques parties dénudées ayant un aspect plus foncé. Prothorax nette- ment atténué en avant, non relevé sur le bord antérieur, net- tement sinué sur les côtés de sa base et subarqué sur le milieu. Ecusson triangulaire, pubescent de grisâtre. Elytres un peu plus larges que la base du prothorax, ayant les épaules élevées et flanquées, sur leur côté interne, d'une dépression très nette et longue, faiblement striés sur les côtés ou à l’extrémité. Des- sous du corps densément pubescent de blanchâtre. Pattes foncées. Long. 4 mill. environ. Brésil : Goyas (coll. Pic). Bien caractérisé, ainsi que les deux espèces suivantes (la dernière aussi remarquable par sa forme plus courte) par la pubescence. Thaptor tessellatus. Noir, peu diminué aux deux extrémités, et surtout en arrière, orné de macules ou fascies sinueuses d’un brun jaunâtre (rappelant un peu par son dessin Brachy- tarsus lessellalus Boh.) avec les pattes en partie roussâtres. Assez voisin de forme du précédent, mais moins atténué aux extrémités, élytres moins gibbeux, dépourvus de dépression humérale nette. Long. 3,7 mill. Brésil : Goyas. (coll. Pic). Thaptor brevipennis. Relativement court et large, assez dimi- nué aux deux extrémités, foncé mais revêtu en dessus d’une pubescence brillante, fine et couchée, à peu près uniforme, d'un gris jaunätre. Antennes et pattes roussäâtres. Prothorax court, arqué en avant, vu de dessus, échancré sur les cotés de sa base et faiblement arqué sur son milieu. Ecusson assez large. Elytres courts, bien convexes, nettement atténués à l'extrémité, un peu plus larges que le prothorax à la base avec les épaules inodérément élevées et flanquées sur leur côté interne d’une dépression moyenne, ces organes nettement striés sur les côtés. Dessous du corps obscur, finement pubescent de gris jau- nätre. Long. 3,3 mill. Brésil : Goyas (coll. Pic). Espèce, par sa forme plus courte et plus élargie sur le milieu, bien distincte des autres espèces classées dans ce groupe, et que je mets provisoirement dans le genre Thaplor Gorham. M. Prc. LES COLEOPHORA DU DORYCNIUM Le Doryenium suffrulicosum Vill. est une plante aimée des chercheurs de chenilles, qui ne ‘se montre jamais ingrate et récompense toujours la peine que l’on prend à l’examiner, Elle nourrit un nombre considérable d’es- pèces de chenilles et, en toute saison, elle offre au chas- seur un gibier aussi varié qu'intéressant. Veut-on une liste de chenilles qui se trouvent, ou spé- cialement, ou très fréquemment, sur cette légumineuse ? Leucoph. sinapis, Thecla rubi, Lyc. ægon?, argiolus, melanops; Ino statices (1), Zyg. sarpedon, stæchadis, la- vandulæ, rhadamanthus, tarniolica, occitanica : Arctia purpurata, fasciata ; Bombyx doryenii(franconica) ; Agro- tis v.neglecta, Toxoc. craccæ, Acidalia circuitaria, calune- taria ©; Pellonia calabraria, Croc. elinguaria, Synopsia sociaria, Staudingeraria, Gnophos obscuraria, Eurrh. plumistaria, Selidos. ericetaria, tæniolaria; Eubol. cata- launaria, Scod. penulataria, conspersaria; Ligia Opacaria, jourdanaria; Eupithecia phœniceata. Voilà pour les macrolépidoptères. Les micros sont moins nombreux. On peut citer : Tortrix croceana, rusticana; Cochylis simoniana, Gelechia lugubrella, Teleia sequax, Anacampsis bigut- tella, Tachyptilia hirsutella; Coleophora spumosella, ono- nidella, congeriella, acrisella, mongetella ; Butalis obscu- rella, doryeniella. Je connais encore quelques autres chenilles de micros qui mangent le Doryenium; mais,n’ayant pu en obtenir le papillon, je ne puis dire à quelles espèces elles appar- tiennent. On peut voir,par la liste des micros ci-dessus,quele genre Coleophora est celui qui a le plus d'espèces sur le Dory- enium. Je me propose de passer rapidement en revue ces dernières, afin de montrer que, si le même végétal peut nourrir plusieurs espèces du même genre, ces espèces présenteront de si notables différences qu'il sera impos- sible de les confondre, I. — Coleophora spumosella Stgr. est un papillon de 15-17 millimètres d'envergure ; ses antennes sontblanches (1) Quelque étrange que cela paraisse, cette chenille d‘?no vit très réellement sur le Doryenium. Je l’y ai trouvée à plusieurs reprises et l'en ai nourrie pendant plusieurs jours. 2 L’Acidalia submutata est aussi signalée sur le Dorycnium par quelques auteurs, mais à tort peut-être, car je la crois spéciale au Thymus vulgaris. | LE NATURALISTE 69 avec un pelit pinceau de poils jaunâtres à leur base; ses ailes antérieures sont d'un jaune paille ou jaune d’or et ornées de trois bandes argentées : une costale, plus épaisse, n'atteignant pas la base de l'aile, la seconde occupe le milieu de l'aile et s’'infléchit avant le bord externe, la troisième est dans le pli; l’espace compris entre la première et la seconde bande argentée forme comme une tache allongée, cunéiforme et rembrunie; ses ailes inférieures sont d’un gris foncé et luisant. Sa chenille est d’un brun vineux avec la tête, l’écusson du premier segment et les petites plaques cornées du second, le clapet et les pattesécailleuses d'un noir luisant. Son fourreau, fait entièrement d’un tissu et d'un enduit gommeux que la chenille dégorge, se compose d’un étui arrondi en dessus, caréné en dessous, recourbé en arrière et recouvert d'une membrane parcheminée sinuée longi- tudinalement et un peu gaufrée en avant qui rappelle celle de la Coleophora palliatella Zk. si connue. La couleur de ce fourreauest variable : les parties les plus anciennes sont brunâtres, les plus récentes sont blanchâtres. Parfois, on trouve des fourreaux presque entièrement blanchâtres ét d’autres presque noirs. Ces fourreaux se rencontrent dans l'Ardèche et sur le Dorycnium et sur l'Ononis. Les feuilles minées et devenues blanches décèlent leur présence. Cette Coleophora est à taille en mai et juin et donne son papillon en juillet, Il convient de rapporter à la Col. spumosella Stgr. la Col. ononidella Mill. dont les fourreaux, surtout au sud- ouest de la Mrance (département des Landes), sont presque blancs. 2. — La Coleophora congeriella Stgr.est un petit papil- lon de dix à onze millimètres d'envergure. Ses antennes sont annelées de brun et de blanc, avec la base garnie de poils longs et jaunâtres; ses ailes antérieures sont d'un jaune pâle et ornées de trois lignes argentées : la costale s'étend depuis la base jusqu’à l’apex, la seconde, peu marquée, occupe le milieu de l'aile, la troisième est sur le bord interne ; ses ailes inférieures sont d’un gris luisant; tête et thorax d’un blanc pur. Sa chenille est d’un grisjaunâtre, avec la tête, l'écusson du premier segment, les petites plaques cornées du deuxième et même du troisième segment qui sont bien distiactes et le clapet noirâtres, les pattes écailleuses grises. Son fourreau a la forme d’un grain de céréale avec l'extrémité bivalve un peu recourbée ; il se compose de petites folioles de Doryenium préalablement minées, perforées d’un côté à la base, appliquées obliquement et ajoutées les unes aux autres alternativement de chaque côté : quatre ou cinq folioles suffisent à ce petit fourreau. On commence à le trouver en septembre, mais la che- nille passe l'hiver et n’atteint tout son accroissement qu'en mars ou avril selon les localités, et le papillon éclôt en mai. Cette espèce prise d’abord en Espagne comme Ja Col. spumosella, doit se rencontrer partout où pousse le Doryenicum suffruticosum. Cependant, jusqu'ici on ne l'avait signalée que dans les Alpes-Maritimes. Je l'ai trouvée plus ou moins communément dans les Pyrénées- Orientales et dans l'Ardèche. 3. — La Coleophora acrisella Mill. est à peu près de la taille de congeriella ; ses antennes sont blanches avec la base garnie de poils courts, épais et blancs; ses ailes supé- rieures sont d’an brun marron à reflets dorés avec la côte d'un beau blanc; ses ailes inférieures sont d'un gris foncé, luisant, tête et thorax d’un blanc pur. Sa chenille est d’un gris jaunâtre avec la tête brun jaunâtre, l’écusson du premier segment, les petites pla- ques cornées des deuxième et troisième segments, le clapet et les pattes écailleuses brun foncé ou noirâtres. Son fourreau, arrondi en dessus, platen dessous, recourbé en arrière et contourné sur un coté, bivalve, se compose de huit à dix folioles préalablement minées, transpercées d’un bord à l’autre, puis juxtaposées transversalement les unes aux autres. C’est un singulier fourreau, car il est peut-être le seul parmi les Coleophora à présenter une extrémité à tendance hélicoïdale. Cette Coleophora a été nommée acrisella par Millière, parce qu’il pensait d’abord que sa chenille vivait sur l’'Aster (Erigeron) acris L. En réalité, elle vit sur le Dorycnium et elle est à taille en avril et mai. Le papillon éclôt en juin. A-t-il deux générations? Cette question ne me parait devoir être résolue que lorsqu'on aura trouvé des chenilles de cette Coleophora vivant et minant les feuilles du Doryenium en juillet et août. Il est certain toutefois que le papillon réapparait en septembre et peut-être plus abondamment qu'en juin. Il est aussi commun dans l'Ardèche que dans les Alpes-Maritimes. 4. — Coleophora mongetella n. sp. Cette espèce inédite est plus grande que les deux précédentes et mesure 13 à 14 millimètres. Les antennes sont annelées de blanc et de brun et garnies à la base d’un petit pinceau de poils jaunâtres; ses ailes supérieures sont d’un jaune serin clair, un peu plus foncé cependant vers l’apex, avec une ligne costale, une médiane, une plicale et le bord interne d’un beau blanc, ainsi que la tête et le thorax. La chenille qui produit ce papillon a une forme singu- lière. On dirait une petite boule, tantles segments an- térieurs et postérieurs sont amincis et les intermédiaires renflés. Elle est blanche, à tête jaune de miel clair, écusson brun clair avec des taches noirâtres au bord postérieur : petites plaques écailleuses du deuxième segment noi- râtres, clapet brun, pattes écailleuses blanchâtres. Vit dans la gousse globulaire du Dorycnium suffruticosum, qui lui sert de fourreau ; la base de la gousse porte un petit tube de soie comme ouverture du fourreau, l’autre extré- mité présente un petit prolongement trifide en guise de fermeture. Depuis un bon nombre d'années déjà, M. René Ober- thür, en cherchant des chenilles de Zygæna occitanica en juillet sur le Dorycnium, dans les environs de Vernet-les- Bains (Pyrénées-Orientales) avait fréquemmentremarqué que certaines gousses de cette papilionacée remuaient, se déplacaient motu proprio,en un mot semblaient être animées, J'avais trouvé moi-même de semblables gousses à Amboulia (Pyrénées-Orientales) en juillet 1894 et, à la forme des chenilles qui les habitaient,j'avais bien reconnu une Coleophora, mais je n’en avais rien obtenu. C'est seu- lement quelques années après que j'ai rencontré de nou- veau ces graines dans l'Ardèche où j'ai pu les examiner tout à loisir et arriver à connaitre l’évolution entière de cette intéressante espèce. Le papillon apparait dès queles boutons floraux se mon- trent au sommet des pousses du Dorycnium. Les femelles pondent sur les inflorescences. La petite chenille s’intro- duit dans une fleur, s'en nourrit et, du calice qu’elle tranche et détache de son pédoncule, elle se sert comme d'un fourreau, absolument comme fait la Pfochenusa 70 LE NATURALISTE subocellea du calice d’'Origanum, de Nepeta ou d'autre labiée qui la nourrit. Bientôt, les graines de Dorycnium ayant grossi, ce n’est plus à la fleur, au tendre ovaire, que la chenille de Mon- getella s'attaque, mais à la graine elle-même. C’est à la base même, au pédoncule, qu’elle perce la gousse, y introduit d’abord sa tête, puis ses trois premiers segments et enfin tout son corps, au furet à mesure qu’elle la vide de son contenu. Les gousses ainsi vidées sont jaunes, tandis que les gousses intactes deviennent rougeûtres ; 11 est donc facile de reconnaitre, au simple coup d'œil, la présence de cette chenille. Dans le courant de juilet, parvenue à toute sa taille, elle quitte le haut de la plante, descend jusqu'à la bifurcation des plus grosses branches, ou bien même plus bas et près de terre, sur les vieux pieds auxquels elle se fixe solidement par un tissu soyeux et ressemble alors à un vieux bourgeon non développé. Elle n’en bougera plus et attendra le retour du printemps pour se transformer. Cette opération a lieu généralement dans la dernière quinzaine d'avril et le papillon parait en mai, C’est ainsi que les choses se passent dans l'Ardèche. Pour terminer, voici une petite clef dichotomique qui fera connaître exactement et aisément à quelle espèce peuvent appartenir les chenilles de Coleophora que l'on trouve sur le Dorycnium suffruticosum (1). 1. — Fourreau sans pallium, formé de matériaux empruntés Mau DOryCALUEM AN Aer TRE MERE 2. Fourreau à pallium et formé d'une matière produite par la chenille elle-même................. spumosellu. 2. — Fourreau fabriqué avec des folioles du Dory- COLMAR rc DoAG GO DDIOS OS DER o PSS TUE 3. Fourreau fabriqué avec la gousse... ...... mongetella. 3. — Fourreau caréné en dessous, composé de quatre ou cinq folioles disposées obliquement..... congeriella. Fourreau plat en dessous, composé de huit à dix folioles disposées transversalement. ...... …...acrisella. P. CHRÉTIEN. UN CAS PROBABLE DE MIMÉTISME DÉFENSIF Chez la Ranatre On sait que d'assez nombreux Orthoptères à corps long et cylindrique imitent, souvent d’une façon remar- quable, tantôt des tiges vertes, tantôt des tiges dessé- chées. Ce sont d'abord, dans la tribu des Phasmiens, les Bacilles, tels que le Bacillus Rossii Fabr. du Midi de l'Europe et du Nord de l'Afrique dont une figure a été publiée en 1890 par le Naluraliste (2), les genres Bacteria (1) J'ai omis à desseinla Coleophora Giraudi Rag., que quel- ques auteurs font vivre sur le Dorycnium sans preuve certaine. Ayant l’intentionde faire connaître prochainementles premiers états de cette belle Coleophora, je me borne à dire aujourd’hui qu’elle ne vit sûrement pas de cette papilionacée et qu'il faut par conséquent la rayer de la liste des micros à chercher sur le Dorycnium. (2) Cuénor. Sur les moyens de défense des Aïrthropodes (Le Naturaliste 12° année, 2 série, n°72, et mars 1890, page 59 fig. 4). è Necroscia, Phibalosoma, Cyphocrana, etc., etc., desrégions tropicales, tous désignés par les zoologues anglais sous la dénomination de Walking-Stick (bâton marcheur); puis, dans la tribu des Acridiens, le genre Truæalis et les genres alliés. L'ordre des Hémiptères renferme aussi des Insectes qui, par leur forme linéaire, la lenteur de leur démarche et leur coloration, se dissimulent peut-être assez bien au milieu des végétaux. La Ranatre vulgaire, Ranatra linearis L., rentre dans ce petit groupe. En examinant la figure 1 où la Ranatre est représentée se promenant paresseusement sous l’eau, au milieu de l’enchevêtrement des plantes aquatiques et des multiples débris que le vent chasse dans les mares et les étangs, l’idée vient immédiatement à l'esprit que l’animal qui, les ailes fermées, est uniformément brun, dont le corps ressemble à une baguette et dont les pattes très grèles doivent être presque invisibles sur un fond sombre, pré- sente un cas de mimétisme défensif lui permettant d’é- chapper facilement à la voracité des Poissons, Ce qui précède n’est qu'une hypothèse; mais la Ra- natre m'a rendu témoin d’un fait positif beaucoup plus intéressant que je décrirai ci-dessous. Les Orthoptères Phasmiens cités plus haut, inquiétés par l'approche d'un ennemi ou par des secousses im- primées à la plante qui les porte, font les morts, pre- nant une attitude raide, de facon à ressembler encore plus à une tige végétale ; une seule patte étendue simu- lant parfois une petite branche latérale. Les chenilles de Lépidoptères Phaléniens qui imitent aussi des rameaux comme celles de l” Urapteryx sambucaria L., de l'Am- phidasys betularia L. (1), etc.,ne cherchent pas non plus à (1) Voyez le même article de Cuénot, déjà cité, figure 6. LE NATURALISTE 71 fuir sion touche le végétal sur lequel elles vivent Attachés par leurs fausses pattes postérieures, elles res- tent dressées ; on peut couper la branche et l'emporter sans que ces Curieux animaux changent d'attitude. Or la Ranatre offre un phénomène analogue. J'avais rapporté chez moi une Ranatre vivante et je l'avais mise dans un vase contenant de l’eau. L'Insecte se promenait lentement sur le fond. Quelques heures après, désirant l’examiner plus atten- tivement, je saisis délicatement la Ranatre par le milieu du corps en arrière du thorax, au moyen d'une petite pince. Aussitôt, l'Hémiptère prit l'attitude représentée figure 2 : les pattes de première paire, ou pattes ravis- seuses, accolées l’une à l’autre et étendues en avant, les deux filets du tube respiratoire accolés aussi et étendus en droite ligne en arrière, enfin les quatre pattes des deuxième et troisième paires raidies et réunies en un seul faisceau perpendiculaire à l'axe du corps. Une personne non prévenue, un entomologiste même n'aurait pu reconnaître immédiatement un insecte dans ce système de baguettes ayant l'aspect d’un fragment végétal sec. L'animal n'ayant été ni froissé ni blessé et n'ayant été manié que très doucement, la position qu'il donna à ses membres ne peut être attribuée à la douleur et me semble devoir être considérée comme une attitude mi- métique. Il est possible que l'observation que je viens de relater ait déjà été faite ; je n’en ai cependant pas trouvé trace dans les divers travaux que j'ai consultés. F. PLATEAU. CIMETIÈRES BE CHIENS & DE CHATS Enterrer quelqu'un « comme un chien » équivaut à dire que les obsèques ont été réduites à leur plus simple expression et que le lieu de la sépulture ne brillait pas par l’éclat du monument. C’est qu'en effet les chiens ne sont généralement pas traités après leur mort avec autant d’égards que pendant leur vie et plus d’un qui fut aimé par son maître à l'instar d’un parent va pourrir dans quelque coin isolé et ignoré du jardin. Pourquoi cette indifférence post mortem que manifeste presque tout le monde pour les bêtes domestiques, même les plus tendrement chéries? C'est un contraste bien curieux à observer et qui pourrait donner matière à de longues tirades philosophiques. Mais hic non est locus. Contentons-nous de constater que cette indifférence n’est pas générale, du moins à l'étranger. À Londres, à Victoria-Gate, tout près de Hyde-Pärk où cir- culent les plus beaux équipages de la métropole, on peut voir un enclos d’une trentaine de mètres de longueur sur vingt-cinq de large, qui jure un peu au milieu des belles maisons qui l'entoure. Si vous regardez à l'intérieur ou mieux si vous y pénétrez après avoir forcé, par votre air attendri, la consigne du gardien, vous apercevrez une série de petites tombes coquet- tement garnies de fleurs et souvent protégées par des saules pleureurs, tout comme celle de Musset, saules dont la « paleur éplorée » engage au recueillement, Cecimetière serait-il réser- vé aux tout jeunes enfants ou même à ceux qui sont morts avant d’avoir vu le jour? On est tenté de lo croire, mais on est vite désillusionné quand on lit les inscriptions que portent les pierres tombales. Une des premières sur laquelle on jette les yeux est celle-ci : « Chère vieille Priny! » non loin d’une autre encore plus bizarre : A Mandie Une vicille amie. qui fait pendant à cette inscription tout aussi laconique : A Flick Un ami fidèle. S'adressant à des humains, ces épitaphes seraient plutôt irrespectueuses. Elles deviennent compréhensibles lorsqu'on sait que les restes qui reposent sous les pierres sont... des chiens. Ce cimetière est évidemment une des curiosités de la capitale et cependant les Anglais eux-mêmes l'ignorent, Il y a là, rangées côte à côte, environ deux cents tombes où reposent les compagnons adorés de quelques nobles lords ou de quelques vieilles ladies. Les concessions en sont, paraît-il gratuites, au moins pendant quelques années, les pierres et les inscriptions étant seules à la charge des propriétaires (j'allais dire de la famille !). Les inscriptions partent évidemment d’un bon natu- rel. Pour le profane, elles paraissent plutôt cocasses. En voici quelques-unes : A la mémoire bien aimée de Roby, le carlin adoré de M. X. mort le 20 août 1896, à l'âge de treize mois et demi. Sincère et dévoué jusqu'à la mort! Pauvre Roby, mort si jeune ! qui dira jamais les causes qui vont ravi à la tendresse de M. X.? Tu dois certainement être jaloux de la belle sépulture de ton voisin Pompéi, auquel on a même consacré une citation de Byron: Pompéi le chien favori de MISS FLORENCE SAINT JOHN In life the firmest friend The first to wel come Foremost to defend. Le nom du propriétaire est ici écrit en grosses lettres, ce qui, à mon avis, est du dernier mauvais goût. Il en est de même dela suivante : A la mémoire bénie Du cher trésor JOCK Un coolie écossais mort le 31 aout 1895, figé de 15 ans. Le chien le plus intelligent, dévoué, gentil, tendre, affectueux, possédant le meilleur caractère qui existu jamais. Adoré par son ami dévouè et affligé. ‘ SIR H. SETON GORDON, baronnet. Ce qui prouve qu'on peut ètre baronnet et avoir du cœur tout de même. En passant, adressons un souvenir ému à : Paddy Le chien chéri de Mme Z. N'est pas sorti de sa mémoire. 72 LE Ainsi qu’ A notre regrelté Spot Notre ami toujours regretté. Sans oublier une chienne dont il est dit qu’ Elle apporta un rayon de soleil Dans nos existences Mais hélas ! elle l’emporta avec elle! 11 serait bien curieux de savoir si le rayon de soleil se trouve toujours avec elle dans la tombe. Souvent les épitaphes sont plus courtes. L'une d’elles est ainsi libellée : «€ Jacob! » et une autre: Chère petite Minnihin ! Je ne sais pourquoi, ces inscriptions laconiques me pa- raissent renfermer plus que les autres un abîme de regrets ! Certains propriétaires ont des concessions à perpétuité où l'on met les chiens au fur et à mesure de leur mort : Cher chin-chin et tendre Carlo! (BILLY). On remarque plusieurs inscriptions en français, par exemple celle-ci : Chère Minnie Courageuse, sensée et de rare beauté aimante et aimée. Et cette autre: A moncher Wee «.... mes pensées. Très fréquemment, il est fait allusion au genre de mort du défunt : Cher petit Peter qui mourut subitement... Ce « subitement » et ces points sont tout un poème. Une autre épitaphe dans le même genre est relative à une chatte, la seule qui existe dans le cimetière : En souvenir de ma chère petite CHATTE CHINCHILLA empoisonnée le 31 juillet! C’est une chose terrible, même pour une chatte, que de mourir empoisonnée ! Enfin, pour ne pas trop allonger ces citations, reproduisons en deux, des plus cocasses que j'ai tenté vainement de com- prendre : TOPSI CHÉRI L’ami le plus sûr et le plus dévoué compagnon de sa mère, La mère de qui ? CHER ET AIMANT DUKE (Tippy) Sa chère grand'mère ! La grand'mère de quoi ? Cruelle énigme! En Angleterre, d'ailleurs, il est fréquent de voir des parti- culiers élever, dans leur propriété, des monuments à la mé- moire de leurs chiens. C’est ainsi que, cette année même, on vient d'achever le tombeau monumental que Gladstone avait commandé ‘pour celui qui ne l’avait jamais quitté, un magni- due chien qui répondait au nom de Petz. En voici l'épi- taphe : NATURALISTE Petz né à Schwalbach, mort à Hawarden, Fidèle jusqu'à la mort. Cette attention n'est-elle pas curieuse de la part d’un homme aussi occupé que l'était le Great old man ? On sait, d’ailleurs, que lord Byron fit élever, en l'honneur de son terre-neuve favori, Boalswain, qui l’avait suivi dans ses voyages, un monument qui est encore l’un des ornements les plus remarquables de Newstead. Sur cette tombe, il fit graver ces vers : The poor Dog ! in life the firmest friend, The first to welcom, foremore to defend ; Whose honest heart is still his masters’ own; Who labours, fights, lives, breathes for him alone ! Ces vers sont précédés de l'inscription suivante (en anglais): « Près de ce lieu sont déposés les restes d’un être qui pos- séda la beauté sans orgueil, la force sans insolence, le courage sans férocité, en un mot, toutes les vertus de l’homme sans ses vices. Cet éloge, qui serait une basse flatterie, s'il était inscrit sur des cendres humaines, n'est qu’un juste tribut à la mémoire de Boatswain, chien qui, né à Terre-Neuve, au mois de mai 1803, est mort à New-Abbey, le 18 novembre 1808. » Nombreux sont d'ailleurs les littérateurs qui firent des épi- taphes pour leurs chiens. Ainsi Alexandre Dumas qui fit ins- crire sur la fosse de son chien: 1 Comme le grand Rantzau, d’immortelle mémoire, Il perdit, mutilé, quoique toujours vainqueur, La moitié de son corps dans les champs de la gloire Et Mars ne lui laissa rien d’entier que le cœur! Pour comprendre cette épitaphe, il faut savoir que le mal- heureux Pritchard dont il s’agit eut, coup sur coup, trois ac- cidents : pris dans un piège, il y laissa sa patte; un chasseur furieux de le voir lever du gibier lui envoya une charge de plomb qui en fit un petit Abeilard; enfin, pour comble de guigne, un vautour Jui creva un œil. M. Richard nous fait connaître que Juste Lipse, le célèbre érudit du xvi® siècle, composa une longue et touchante épi- taphe, à propos de la mort d'un de ses chiens favoris, Saphir. En voici la traduction libre et quelque peu abrégée : « Saphir fit les délices de Lipse. C'était un petit chien remarquable entre tous par son intelligence, sa grâce etsa beauté. Il avait plus de quinze ans quand il fut enlevé par un malheureux ac- cident: il tomba dans l’eau bouillante ! Toi qui lis cette épi- taphe, que tu sois un ami de Lipse ou que tu sois seulement un admirateur de ce qui est élégant et gracieux — et ce petit chien était un trésor de grâce et d'élégance! — eh bien, si tu ne verses pas de larmes, répands du moins sur ce sol unepoi- gnée de fleurs ! » En Amérique, on vient d'installer un cimetière pour les chiens près du Calvary Cemetery, aux portes de Long-Island City. Les terrains les mieux exposés, les plus vastes sont ré- servés aux chiens illustres ou appartenant aux grandes familles pour les bourses modestes, il y a de petits terrains, mais pas de fosse commune. La dame à qui est venue l'idée de ce cime- tière a déclaré à un rédacteur du New-York Herald qu’elle était de ceux qui croient que les chiens, les bons chiens, ont une âme, s'ils ne devaient point survivre à cette misérable existence, c’est que, alors, le mérite et la vertu seraient comptés pour rien; car le plus humble caniche est infiniment meilleur et plus affectueux que 99 0/0 des hommes. » Remarquez que ladite dame fait allusion aux hommes et pas aux représentantes du sexe faible. On édifie en ce moment, tout près de Paris, dans l'ile des Ravageurs, un cimetière pour chiens, qui, bientôt, sera aussi luxueux que celui de Londres. On y adjoindra un four créma- toire — excellente idée — et, pour que le caractère artiste et sentimental des Français ne perde jamais ses droits, un musée, véritable panthéon élevé à la gloire de la gente canine. Ce Musée contiendra, en effet, les portraits des chiens ayant opéré des sauvetages ou de ceux qui se seront signalés par leur dévouement, les objets divers les concernant (médailles, col- liers d'honneur, etc.), les tableaux consacrés aux actes accom- plis par les chiens célébres et, en général, tout ce qui sera susceptible de développer et d'augmenter, chez les humains, les sentiments d'affection pourles chiens. A cet effet, il yaura aussi peut-être, dans la salle du musée, des conférences pour les LE NATURALISTE 13 enfants, Ce cimetière, d’ailleurs, n’est pas, comme on pourrait le croire, sous la dépendance de la Société protectrice des ani- maux; celle-ci, à laquelle je m'étais adressé pour avoir des renseignements, a bien voulu me répondre « que le Conseil de la Société, estimant que la protection s’arrétait à la mort, a conclu qu’il n'y avait pas à donner suite au projet qui lui était soumis ». Les fondateurs du cimetière pensent qu'il y aura tous les ans 2.000 enfouissements de 10 à 50 francs, 415 à 100 fr. et 25 à 500 francs: 800 chiens environ seront enterrés dans la fosse commune gratis pro Deo. Si on excepte la nécropole qui existait à Sceaux il ÿ a quel- ques années, ce cimetière est une véritable nouveauté. En France, en effet, notre sollicitude pour le meilleur ami de l'homme ne s’étendait qu’à l'animal vivant : nous n'avions que divers hôpitaux pour les chiens et les chats. Le premier a été fondé par les filles de Claude Bernard, qui voulurent expier ainsi lestortures que leur père avait fait subir aux animaux de laboratoire dans ses recherches de physiologie. A Colombes, elles installèrent, dans ce but, toute une maison dont le haut était réservé aux chats et le bas aux chiens. Pour éviter les scènes dangereuses, mâles et femelles étaient séparées. Aujourd’hui, il y a plusieurs hôpitaux analogues à Paris même. L'un d’éux a été créé, aux Térnes, par Mme la baronne d'Herpent, descendante de Mirabeau et cousine de Gyp; à l'heure actuelle, elle n’a pas sauvé moins de 2.600 chiens. A Londres, il s’est formé aussi une ligue pour la protection des chats abandonnés. Au n° 80 de Park-road, Hamptead, il y a une maison de refuge entretenue par les dons des plus grands noms d'Angleterre, entre autres la duchesse de Sutherland, la duchesse de Bedford, lady Warwick, lady Dudley, lady Muns- ter, etc. On y conduit les chats errants et on les soigne avec une grande sollicitude. Ne quittons pas cette question hospitalière sans rappeler que, dans les Indes, il existe des hôpitaux... pour puces. Ce sont des Hindous fanatiques qui mettent leur sang au service de ces bestioles que Jules Renard a si bien décrites : « Des grains de tabac à ressort. » Mais revenons à la question des cimetières. Les chats, eux aussi, ont eu le leur. En Egypte, à Bubastis, il y en avait de spécialement réservés aux chats sacrés. Les fouilles que l'on y a faites dans ces derniers temps ont permis de se rendre compte que ces animaux appartenaient à l'espèce Felis maniculatus — autrement dit chat ganté — qui existe encore aujourd’hui à l’état sauvage dans le Soudan et la Nubie. Les uns étaient enroulés seuls dans des bandelettes couvertes d'hiéroglyphes à leur louange; d’autres avaient été embaumés en famille et une seule enveloppe en contenait plusieurs. À Beni-Hassan, près d'un petit temple nommé la Grotte de Diane, on rencontre aussi beaucoup d'hypogées où ont été déposés les chats con- sacrés à Pacht. Dans la plupart des tombeaux égyptiens, on trouve d’ailleurs presque toujours un ou deux chats embaumés auprès de leur maître. On sait que les Égyptiens adoraient le chat parce qu'ils croyaient qu’Isis, pour éviter la fureur de Typbon et des Géants, s'était dérobée à leurs recherches en prenant la figure du chat. Ils en étaient si convaincus qu'ils supposaient que le chat faisait autant de petits qu'il y a de jours dans le mois lunaire. [ls admettaient aussi que les portées augmentaient chaque fois de un à vingt-huit, ce qui prouvait bien qu’il y avait une relation entre la lune et le chat. Plutarque raconte cela sans rire et sans même chercher à réfuter une pareille extravagance. Rappelons aussi le mausolée que Mme de Lesdiguières fit élever à sa chatte Ménine. Ce monument avait été élevé dans le jardin de son hôtel situé rue de la Cerisaie. Il représentait un sarcophage de marbre noir, surmonté d’une chatte, noire aussi, reposant sur un coussin de marbre blanc. Au côté gauche du piédestal, on lisait : Cr Gisr MENINE, la plus aimable el la plus aimée de toules les chattes. Sur l'autre face, on pouvait lire Ci-git une chatte jolie. Sa maitresse, qui n'aima rien, L’aima jusques à la folie! Pourquoi le dire? On le voit bien. Le culte des animaux morts ne se manifeste pas seulement par l’inhumation dans la terre. Nombre de personnes font empailler leurs chats, chiens, singes ou oiseaux qui viennent à passer de vie à trépas. D'autres conservent leur squelette. Ce fut le cas du chat de Pétrarque, la seule consolation qui lui resta, dans sa retraite d’Arqua, quand il eut perdu sa bien- aimée Laure. Ce squelette est religieusement conservé au musée de Padoue. Enfin, j'ai connu, dans un village du littoral, à Saint-Vaast- la-Hougue, un homme qui ne pouvait supporter l'idée d'en- terrer les petits oiseaux qui, de leur vivant, faisaient sa Joie. Lorsque l'un d'eux venait à mourir, il l'enfermait dans une boîte de fer-blanc bien soudée et allait le jeter en pleine mer. Comme il avait de nombreux pensionnaires, il venait souvent nous demander d’ailer draguer en mer avec nous pour pouvoir pratiquer sa pieuse opération. Un jour l’un de nous — un sans-cœur évidemment — lui dit, par manière de plaisanterie que la boite avait été ramenée avec la drague. L’amateur d’oi- seaux faillit se trouver mal, et sa peine était si poignante que mon camarade le fumiste en fut tout bouleversé. Laissons dor- mir ces chers petits oiseaux au fond des mers et respectons le culte des morts sous quelque forme qu'il se présente! Henri Coupix. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 19 février 1900. MM. P.-P. Dehérain et E. Demoussy ont donné dernièrement le résultat de leurs études sur le lupin blanc; ils poursuivaient en même temps des recherches sur la Culture des Lupins bleus (Lupinus angustifolius). Les lupins bleus sont incapables d'utiliser l'azote atmosphérique: par leurs propres forces et sans aucun secours étranger. Ils peuvent acquérir un développement normal sans porter de nodosités sur leurs racines; mais, dans ce cas, ils semblent profiter du travail exécuté par les bactéries sur certaines algues. Les racines des lupins bleus portent parfois des nodosités renfermant des bactéries, qui ne travaillent pas au profit de la légumineuse et qui paraissent vivre dans ces nodosités bien plus en parasites qu'en associées. Outre ces bactéries, les auteurs ont constaté l'efficacité de celles qui existent dans la terre. Il semble que les germes de ces bactéries soient rares dans les terres arables; de là les échecs fréquents des cultures de lupins bleus; ils sont, au contraire, répandus dans les terres de bruyère. On peut probablement rendre les terres arables ordinaires aptes à cette culture en y introduisant les bactéries efficaces. — Une météorite est tombée le 12 mars dernier à Biur- bole près Borga (linlande). Le météore, dont la route peut être suivie au-dessus de toute la Suède centrale et a été calculée par le professeur d’'astro- nomie à l'Université de Helsingfors, A. Donner, perça en tom- bant une couche de glace de 0",10 d'épaisseur, projetant tout autour du trou une grande quantité d'eau et de glace, et s'en- fonça jusqu'à une profondeur de 6 mètres dans l'argile sous- jacenté baignée d'eau. Lors de l'extraction, qui, en raison de la nature du terrain, présenta quelques difficultés, on constata que le météore avait éclate en plusieurs centaines de fragments, dont une partie se trouvait dans l'argile à quelques mètres au- dessus de la masse principale. Le plus grand fragment pesait 83 kilogrammes lors de l'extraction, et le suivant 22 kilogrammes ; le poids total des fragments recueillis était, lors de l'extraction, alors qu'ils étaient encore un peu humides, d'environ 340 kilo- grammes. Une grande partie d'entre eux sont pourvus d'une croûte noire. La météorite est une chondrite, dans la composition de laquelle prédominent l'enstatite et le péridot, avec quelques rares grains de sulfure de fer et d'autres minerais. Vue au microscope, elle montre une structure nettement agglomérée et contient aussi des veines de sulfure de fer. Les chondres, dont [a grandeur varie entre 0wm,5 et 8 millimètres, sont composés principale- ment d'enstatite disposée en tiges grossières ou en fils très fins. — M. Ch. Pérez a découvert en septembre dernier, aux envi- rons de Royan, un Epicaride nouveau, parasite de Balanus perforatus, auquel l'auteur donne le nom de Crinoniscus equi- lans. La femelle adulte est uniquement constituée par un sac chitineux, hyalin et turgescent, en forme d'étoile à quatre 74 LE NATURALISIE branches, dont l'aspect rappelle un peu celui d'une fleur de lis héraldique; elle occupe une position fixe, elle se cramponne à la face dorsale de la balane comme une serre d'oiseau de proie. Le mâle présente la forme crystoniscienne typique : petit clo- porte de 1100 y de long et 450 4. de large, libre, très agile, à yeux latéraux bien développés, à antennes de neuf articles. M. Ch. Pérez a observé, dans la même localité, l’'Hemioniscus balani, parasite du Balanus balanoïdes et un Hemioniscus gré- gaire, parasite du Balanus improvisus qui parait être une espèce nouvelle. — M. Balland donne une note sur la Composition et la valeur alimentaire des Mammifères, des Oiseaux et des Reptiles. La chair des quatre quartiers des principaux mammifères concourant à l'alimentation (äne, cheval, bœuf, veau, chevreau, lapin, mouton et porc) a donné, les couches de graisse étant écartées, 10 à 18 % d'eau, 0.50 à 1.25 % de ma- tières minérales, 1:40 à 11.3 % de graisse et 3 à 3.5 % d'azote. Le cœur, le foie, les poumons et les rognons contiennent les mêmes quantités d'eau et d'azote que les viandes maigres. Dans le sang de bœuf, de veau, de mouton et de porc, il y a jusqu'à 83 % d'eau, des traces de graisse et autant d'azote que dans les viandes des quatre quartiers. Les viandes grillées ou rôties, à poids égal, sont plus riches en principes nutritifs que les viandes crues. Les viandes bouillies ou en ragoüt sont encore plus nour- rissantes que les viandes crues toujours plus hydratées. La chair des oiseaux (canard, oie, poulet) contient les mêmes éléments nutritifs que la chair des mammifères, mais en proportion. un peu plus élevée, car la teneur en eau se rapproche de 70 %. L'œuf de poule dans son ensemble contient 75 % d'eau, il fournit donc à l'alimentation 25 % de substances nutritives. Vingt œufs représentent assez exactement la valeur alimentaire de 1 kilo- gramme de viande; une poule, en: peu de temps, fournit donc ainsi son poids de substances alimentaires. La chair de gre- nouille présente exactement en eau et en matières nutritives la composition de la sole ou du brochet. Séance du 26 février 1900. M. Édouard de Janczeweski donne une note sur la pluralité de l'espèce dans le groseillier à grappes cultivé. Le groseillier à grappes est presque toujours considéré comme des- cendant d'une seule espèce spontanée habitant l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord, le Ribes rubrum. Il résulte des recherches de l’auteur que les groseilliers à grappes cultivés ne descendent pas d'une seule espèce botanique, mais, pour le moins, de trois, sans même compter les affines. Parmi leurs ancêtres spontanés, le vrai R. rubrum de Linné, confondu jusqu'à présent avec d'autres espèces bien différentes, a peu participé à la population de nos jardins. C'est le R. domeslicum de l'Europe occidentale, espèce décrite par l’auteur, qui à donné naissance à la plupart des variétés horticoles; sa-culture parait donc la plus ancienne et avoir été inaugurée dans l’un de ses pays d'origine : la Grande- Bretagne ou plutôt la France. — MM. L. Ravaz et A. Bonnet présentent le résultat de leurs recherches sur Ie parasitisme du Phoma reni- formis. La maladie des raisins signalée dans les vignobles du Caucase a été attribuée tantôt au Phoma uvicola, tantôt au Phoma reniformis. Si les spores courtes du reniformis peuvent être, à un examen superficiel, confondues avec les spores du P. uvicola, elles sont incapables de produire les mêmes dégâts. Le P. reniformis à spores normales ou courtes ne peut être la cause première de la maladie des raisins de vigne du Caucase. Il ne peut les envahir que lorsqu'ils sont déjà détériorés par une cause quelconque, où lorsqu'ils sont très mûrs. Ce champignon est loin d'envahir les organes altérés aussi vite que le Conio- thyrium diplodiella, qui, cependant, n’est lui-même qu'un demi- parasite. Dans toutes les expériences faites, le P. reniformis n'a pu se développer complètement que sur les grains meurtris ou fendus. Sur les autres organes sains, il n’a jamais produit aucune altération. I n'est donc pas un danger pour nos vignobles, dans lesquels il n'a d'ailleurs fait aucun mal jusqu'ici, malgré son extrème abondance en 1891. — M. IH. Douvillé a étudié les Fossiles rapportés de Chine par la Mission Leclère. Ces fossiles viennent con- firmer la grande unité géologique de la région chinoise et indo- chinoise. Ils mettent en évidence les analogies partielles très intéressantes avec la Perse et l'Inde à l'ouest, la Chine septen- trionale et le Japon au nord, l'Indo-Chine et les iles de la Sonde au sud. P. Fucus. OFFRES ET DEMANDES Lot de Carabiques européens : Harpalides, Féro- nides, Anchoménides, Bembidiides. 300 -espèces, 830 exemplaires, 4 cartons doubles, Prix. 65 francs. Lot de Lamellicornes européens. 140 espèces, 500 exemplaires, 2 cartons doubles. Prix. 45 francs. Lot de Clavicornes européens : Nitulides, Tro- gositides, Colydiides, Cucujides, Lathridiides, Crypto- phagides, Dermestides, Byrrhides, Parnides, etc. 285 espèces, 555 exemplaires, 2 cartons 33 X 22. 60 francs. Lot de Malacodermes européens. 170 espèces, 500 exemplaires, 3 cartons. Prix...,.... 50 francs. Lot de Ptinides et Anobiides européens. 54 es- pèces, 178 exemplaires, 2 cartons. Prix. 28 francs. Lot de Vésicants européens. 110 espèces, 305 exem- plaires,2-cartons 33 X 22. Prix...... ... 50 francs. Lot de Chrysomélides européennes : Halticides, tn mme Hispides, Cassides. 110 espèces, 380 exemplaires, PICArtONS 23022 Prix 2 RE NME DMITANCSR Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Sagra à Cryptocephalus inclus. 200 espèces, 540 exemplaires, 5 cartons. Prix........ 60 francs. Lot de Chrysomélides européennes et exoti- ques : Pachybrachrys à Zygogramma inclus. 210 es- pèces, 680 exemplaires, 6 cartons. Prix. 60 francs. Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Doryphora à Dorydera inclus, 329 espèces, 978 exemplaires, 9 cartons. Prix...... 140 francs. Lot de Cassides européennes et exotiques. 65 especes,156 exemplaires,2 cartons.Prix. 5Ofrancs. S'adresser pour les lots de Coléoptères ci-dessus à Les Fils d'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. — M. Henry Mourmant, 187, rue Solférino (Lille), offre, contre des roches de pays étrangers, des roches flamandes. — La compagnie des chemins de fer de l'Ouest pour- suivait depuis plusieurs années l'extension de ses billets d'aller et retour; la :..sure la plus récente prise à cet égard, appliquée depuis le 1° décembre dernier, avait à peu près triplé le nombre des relations appelées à profi- ter de cet avantage. Dans sa dernière séance, le Conseil d'administration, voulant donner satisfaction aux vœux très nombreux qui se sont manifestés à ce sujet, a dé-- cidé de soumettre à l'approbation de M. le Ministre des travaux publics la généralisation complète des billets d'aller et retour de toute gare à toute gare. — M.le commandant Dupuis, 80, rue Wéry, Ixelles (Belgique) est en possession denombreux ouvrages de pa- léontologie de Schimper, qu'il désire échanger contre ouvrages concernant la conchyliologie. Il offre des Co- léoptères africains contre des coquilles africaines, de préférence terrestres ou aquatiques. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17, GMT 29° ANNÉE 2% SÉRIE — N° 3 1 4 1 AVRIL 1900 LA TAILLE DES SILEX Les premiers hommes qui ont apparu sur la terre se sont servis, sans aucun doute pour se défendre contre les animaux et les attaquer eux-mêmes pour se repaitre de leur chair,de la simple branche d'arbre et du modeste caillou: ils se servaient de l'un et de l’autre soit simple- ment tenus à la main, soit dans des pièges plus ou moins perfectionnés. Mais bientôt, ayant reconnu l'utilité du coupant de certaines pierres, ils se sont mis à chercher à donner aux silex ou autres roches quils employaient une forme plus ou moins définie pour l'usage auquel ils s’en servaient. C'est dans le Miocène de Thenay que les premiers silex provenant du travail de l’homme ont ‘été trouvés, ce n'étaient que des morceaux informes de silex, taillés croûte rugueuse du caillou pour protéger la main,c'est ce qui constitue le bulbe de percussion. Ces coups de poing étaient lourds et pesaient quelquefois un kilogramme, mais leur poids moyen était de 425 grammes. Pour tailler ces instruments, il est fort probable que l'homme tenant un silex d'une main se contentait d'en frapper les bords avec un autre caillou, de façon à en faire sauter des éclats plus ou moins grands. Il ne se servait pas,comme/l’ontpensé certains auteurs, d'une sorte de ciseau en silex intermédiaire entre la pièce frappée et le percuteur. L'industrie de l’homme ne se contentait pas seulement du coup de poing,mais d’une foule d'instruments en pierre taillés qui jusqu'ici ont été méconnus et qu'à pré- sent l’on recherche; c’est ainsi que M. Tieullen, en France,fait une longue étude sur les moindres manifes- tations du travail de l’homme de cette époque etarrive à des résultats pleins d'intérêts pour la science préhisto- LS PS À M \ Ja an TN Taille des Silex. grossièrement sur leurs bords. Si l’on examine attentive- ment ces échantillons, l'on y voit une action manifeste du feu, l’homme de cette épo que le possédait et l’artisan miocène l'employait pour éclater les pierres dont les dé- bris lui servaient d'outils et d'armes. Mais bientôt acquérant plus d'habileté, il ne demanda plus au feu un travail irrégulier, et ayant remarqué que souvent deux silex frappés l’un contre l’autre donnaient une cassure coupante et plus facile à employer, il se ser- vit de la percussion pour préparer ses armes. D'abord ce furent de simples éclats, puis ils arrivèrent à donner une forme spéciale bien connue de tous, la forme en amande ou amygdaloïde qui constitue les haches chelléennes ou plutôt les coups depoings,carces instruments n'étaient pas emmanchés, mais tenus à la main. Ils ont une forme triangulaire à bords courbes, des éclats ont été enlevés à droite et à gauche de façon à donner un tranchant vif, offrant dans les premiers instruments, lorsqu'on le regar- dait sur son profil, une ligne en zigzags, mais offrant à mesure des perfectionnements une ligne presque recti- ligne. La partie par laquelle l’on prenait l'instrument était beaucoup plus épaisse et offrait une partie de la Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. Drailr 1 Sous: À CZ Z 7 Le P % Meule (Age de la pierre). rique. À l'époque acheuléenne, la forme du coup de poing se modifie, elle devient nettement triangulaire, où avait deux tranchants droits aulieu de tranchants ronds, ce qui est plus avantageux pour le travail. 76 LE NATURALISTE Notons que la forme de ces coups de poing est la même dans toutes les parties du monde et qu'on les trouve partout, soit à la surface du sol, soit dans les ca- vernes, excepté dans les régions qui ont été envahies à cette époque par les glaciers, comme en France dans la région occupée par le glacier du Rhône, en Europe dans le Nord de la Russie, en Scandinavie et dans le Nord de l'Allemagne. On utilisa bientôt les déchets de l’industrie des coups de poing et, à l’époque Moustérienne, nous voyons appa- raître des lames larges de forme ovalaire qui sont soi- gneusement retouchées sur les bords, mais d’un côté seu- lement, ce qui donne un tranchant moins fragile que la pointe moustérienne. Ces éclats, connus sous le nom de racloirs, servaient à la préparation des peaux que homme, par suite du froid très vif qui régnait en Europe, employait à se couvrir. Tous ces outils avaient un bulbe de percussion et étaient faits pour être tenus à la main. L'homme allait se servir de nouveaux matériaux ; le travail de l'os et de l’ivoire allait bientôt l’absorber et même lui faire réaliser des conceptions artistiques d'ordre supérieur; il allait un peu négliger la taille des silex gros- siers et faire des types accomplis à petits éclats et à pe- tites facettes d'un fini vraiment remarquable. Ce n'est plus par la percussion qu'il arrive à faire ces chefs- d'œuvre de la pierre taillée, mais par la pression exercée sur la pièce par un autre silex,qu'il enlève ces éclats me- nus. L'arme offre une forme spéciale dite en feuille de laurier, On trouve à cette epoque un autre genre de tra- vail qui est la pointe à ecrans, où à la base du silex était ménagéeune partie pouvant She facilement s'attacher sur la hampe ou le manche de l’arme. Mais bientôt l'industrie de la pierre taillée tombe en décadence :aulieu de ces pierres finement taillées, l'on ne trouve plus que des lames qui sont planes d’un côté et seulement taillées de l’autre ; c’est l’époque Robenhau- sienne. L'industrie de la pierre avait à cette époque ses ouvriers spéciaux et l’on pourrait presque dire ses com- merçants. C’est ainsi qu'au Grand-Pressigny, Indre-et- Loire, l’on a retrouvé la cachette d’un de ces ouvriers où étaient empilées, à la facon des biscuits sur une assiette, des lames toutes taillées qui attendaient sans doute le moment pour être vendues. L'ouvrier préparait alors un nucléus, c’est-à-dire une sorte de prisme triangulaire en silex d’où il détachait par pression ces longues lames qui avaient jusqu’à trente et quarante centimètres. On trouve au Mexique égale- ment de ces. nucléus en obsidienne avec de fort belles lames, que l’on peut admirer au musée du Trocadéro, A cette époque, l’homme allait encore perfectionner le travail de la pierre, et de la pierre taillée venir à l’é- poque de la pierre polie. Il avait sans doute remarqué le travail fait par les eaux sur les roches, polies par l’action du sable transporté par le courant de la rivière, et allait appliquer ce principe au perfectionnement de son outil- lage. Après avoir donné la forme à son instrument, il le frottait énergiquement dans un courant d’eau, en le dis- posant dans une rainure, avec du sable d’abord grossier, puis de plus en plus fin, et 1l obtenait ces haches polies qui font aujourd’hui l’ornement de nos musées, Des populations venues à cette époque de l'Asie allaient bientôt apporter avec elles une substance plus solide et plus plastique, le métal, d’abord bronze, puis fer, qui allait remplacer le travail de la pierre, et concourir ainsi au développement de l'industrie humaine. Donnons, en terminant, d'après M. A. de Mortillet, le tableau des di- vers étapes de la taille des silex : I. — Etonnement. Eclatement par le feu (Thenaysien). IT. — Percussion. À. Simples éclats (Puycourmien). B. Faces taillées (Chelléen). C. Faces retouchées (Moustérien). III. — Pression. Retouches délicates (Solutréen). IV. — Polissage. Haches polies (Robenhausien). À l’époque de la pierre polie, l'homme ne se contentait pas de la chair des animaux, il était devenu pêcheur et cultivateur; il connaissait le blé, l’avoine; et il en faisait des galettes pour sa nourriture, il avait inventé le moulin: primitif. Ce n'était sans doute, au commencement, que deux pierres informes glissant l’une sur l’autre, mais bientôt la pierre inférieure fut creusée par suite de l'usure et la pierre supérieure s’y emboita plus exactement. Et l’on eut un outil perfectionné, ancêtre des meules romaines, Cette meule acquit de petites dimensions et donna nais- sance à un mortier, qui se Composait d'un galet roulé et d'une pierre dont le creux avait été fait par l'usage, comme le montre la figure dessinée d'après un échan- üllon du Muséum. C'est dans ces mortiers que les popu- lations préhistoriques réduisaient en poudre fine les ocres dont 1ls se servaient pour se peindre comme les anciens Indiens de l'Amérique du Nord. Ils se servaient aussi de cet ocre délayé dans l’eau, pour faire des pein- tures, primitive ébauche de l'écriture comme l’a montré M. Piette. E. MassarT, Attaché au Muséum. LES PLANTES DE FRANCE Leurs Chenilles et leurs Papillons ACONIT (Aconitum). A. Napellus. — Chariclæa Delphinii L., chenille de juin à août, papillon en mai, juin; centre et sud, — Plu- sia moneta F., chenille en Juin, août, papillon de juillet à septembre, toute la France. A. Anthora. — Plusia illustris F.et uralensis Er., chenille en juin, papillon en juillet, Alpes. AERELILE (Vaccinium),. VW. myrtillus. — Lasiocampa ilicifolia L., chenille en juin, juillet, papillon en mai; centre. — Acronycta euphrasiæ Bkh., chenille en juin, septembre; papillon en mai, août; ioute la France. — Hadena rectilinea Esp., Alpes, Vosges. — Cloantha solidaginis H., chenille en juin, papillon en août, ouest. — ÆEpione advenaria, che- nille en juillet, papillon en juin, juillet; partout. — Aci- dalia contiguaria H., chenille en automne, papillon en juin, juillet, août, France cent. orient. et méridionale, — Fidonia brunneata Thur., chenille en mai, papillon en août, pays de montagnes. — Eupithecia debiliata H., che- nille en juillet, papillon en juin, centre et nord. — Ypsi- LE NATURALISTE gli ————————_——_—— —"—"—"—"—"—"—"—"—"—"——— — — —"— — — —"— — —————————— petes sordidata F., chenille en mai, papillon de mai à août; toute la France, — Cidaria populata L., chenille en juin, papillon en juillet, août ; toute la France. — Cidaria do- tata, chenille en mai, juin, papillon en juin, juillet; toute la France V. uliginosum. — Anarta cordigera Thusc., che- nille en août, papillon en mai; Savoie. AGROSTEMME (Agrostemma). A. dioica. — Acidalia agrostemmata Gn., chenille en mai, papillon en juin, juillet; centre. ACACIA (Robinia). M. hispida. — Heliothis umbra Hof., chenille en juilllet, août, papillon en mars, juin; toute la France. VIPÉRINE (Echium). E. Vulgare, — Vanessa cardui L., chenille en juin, août, papillon en mai, juillet, septembre; toute la France. — Euplexia lucipara L:, chenille en septembre, octobre, papillon d'avril à août; toute la France. E, italicum. — Stygia australis Lat., chenille en mai (racines et tiges), papillon en juin, juillet; midi. VIGNE (Vitis). Dellephila celerio L., chenille en juin, juillet, septembre, octobre, papillon en juin, septembre; midi. — Deilephila elpenor, chemille en juillet, août; papillon en juin, septembre; toute la France. VÉRONIQUE (Veronica). V. Agrestis. — Melitea dictynna Esp., chenille en mai, papillon en juin, août; toute la France. MHLLEUE, (Tilia). Smerinthus tiliæ L,, chenilles de juillet à septembre, papillon en mai, juin; toute la France. — Endromis ver- sicolor L., chenille en juillet, papillon en mars, avril; toute la France. — Platypteryæ sicula, chenille en mai, juin, papillon en avril, mai; Alsace. — Pterostoma pal- pina L., chenille en juin, août, septembre, papillon en avril, mai, juillet, août; toute la France. — Acronycta aceris L., chenille en juillet, août, papillon en mai, juin; toute la France. — Acronycta alni L., chenille de juin à août, papillon d’avril à juin; centre et est. — Asferoscopus sphynx Hafn., chenille en mai, juin, papillon en octobre et novembre; toute la France. — Xylina socia Hafn., che- nille en mai, papillon en septembre, octobre, mars: centre, sud etest. — Cidaria corylata Th., chenille d'août à octobre, papillon en juin, juillet; centre, sud et est. — Nyssia pomonaria H., chenille de mai à juillet, papillon en mars; centre et est. — Les espèces suivantes se ren- contrent dans toute la France : Tæniocampa cruda S. V., chenille en juin, juillet, papillon en mars, avril. — Xan- thia citrago L., chenille en mai, juin, papillon en août, septembre. — Eurymene dolabraria L., chenille de mai à octobre, papillon en avril, mai, juillet. — ÆEnnomos au- tumnaria M., chenille en juin, papillon de juillet à sep- tembre, — Phigalia pilosaria H., chenille en mai, juin, papillon en février et mars, — Biston hirtaria L., chenille en août, septembre, papillon en mars, avril. — Amphi- dasys Strataria H*, chenille de juillet à septembre, papil- lon de mars à mai. — Amphidasys betularix L., chenille de juillet à octobre, papillon d'avril à juillet. — Anisopte- ryx œscularia S.V,, chenille en mai, papillon en mars. — Cidaria literata H., chenille en mai, juillet, papillon en juin, septembre à novembre. S'TA'HICE (Statice). S. limonium, — Bombyx dorycnii M. N., chenille en juin, papillon en août, septembre; région méditerra- néenne. — Calocampa vetusta H., chenille en juin, papil- lon en septembre, octobre, mars, avril; toute ‘la France. SENECÇON (Senecio). S. Jacobea. — Euchelia jacobeæ L., chenille de juillet à septembre, papillon en mai, juin; toute la: France. S. viscosus,— Heliothis peltigera S. V., chenille en juin, juillet, papillon de mai à septembre; toute la France. S. nemoralis. — Hypoplectis adspersaria H., che- nille en septembre, octobre, papillon en mai, juin; centre. S. divers.— Plusia iotaL., chenille en avril, Juin, papillon de mai à août; centre, est, nord. — ÆEupithecia virgaureata Dob., chenille en septembre (fleurs); papillon en avril; centre. — Eupithecia absinthiata L., chemille en septembre, octobre, papillon en juin, juillet: toute la France, L'origine de l’homme SA PLACE DANS LE RÈGNE ANIMAL La question, dont j'écris l'énoncé en tête de cette étude, est certainement une des plus sérieuses que l’on puisse se poser. Suivant la réponse qu'on y fait, la facon d’envi- sager le. rôle de l’homme, dans la nature, varie du tout au tout. D'après une conception, qui a régné pendant tout le moyen âge et qui est encore fortement enracinée dans les milieux les moins cultivés, l’homme est placé en dehors et au-dessus du reste du monde animé. Dernier venu de de la création, il en est le roi; l'univers entier a été créé à son seul usage. C’est là un reste des conceptions an- thropocentriques et géocentriques auxquelles la décou- verte de la rotation de la Terre autour du Soleil est venue‘porter un premier coup. Quand on eut vu que, loin d'occuper le centre de l'univers, la Terre n'est qu'une des plus petites planètes d’un système solaire perdu au milieu de millions d’autres, il fallut bien reconnaitre que tout n'avait pas été créé en vue de l'homme et du globe qu'il habite. Mais, sur la Terre elle-même, l'homme pouvait encore se croire le maître incontesté de ce monde limité. Les découvertes de Lamarck, de Darwin et de la pléiade de savants qui les ont suivis vinrent, au cours de ce siècle, détruire. cette dernière illusion. L'homme n’est qu’un animal, plus parfait que les autres sous le rapport intel- lectuel, moins développé que beaucoup d’entre eux au point de vue des armes offensives et défensives, de la rapidité à la course et de la délicatesse des organes des sens. On ne saurait donc plus parler d'une supériorité absolue de l'espèce humaine sur les autres animaux : il n'y à que des différences du plus au moins. Le sort 78 LE NATURALISTE nous a simplement favorisés en nous donnant un cer- veau plus parfait qu'à nos frères, dits inférieurs. Cette “doctrine a pour conséquence que nos mépris et nos cruautés envers les animaux ne sont,en rien, justifiées : nous n'avons sur eux d’autres droits que ceux que peut donner la force. Un ouvrage récent de Haeckel (1), auquel nous ren- voyons, pour plus de détails, nous permettra d'exposer brièvement les preuves qui établissent, d’une façon absolument irréfutable, la place véritable de l’homme dans le règne animal. Ces preuves sont de trois ordres : les premières sont du ressort de l’anatomie et de la physiologie comparées, Par toute son organisation, par le mode de fonctionne- ment de tous ses organes, l'homme est un animal appar- tenant à l'embranchement des Vertébrés, à la classe des Mammifères et, dans celle-ci, à l’ordre des Primates. Cet ordre comprend, avec lui, les lémuriens et les singes véritables. L'organisme humain ne diffère que par des points de détail de celui des singes les plus élevés, les Anthropoides (Gorille, Chimpanzé, Ourang-Outan, Gib- bon). [l'est donc rationnel de faire rentrer l'espèce hu- maine dans ce groupe, et non d'en faire un règne à part, en dehors de lanimalité, comme on le voulait autrefois. Un second ordre d'arguments est tiré de la paléonto- logie. Les espèces vivantes, actuellement existantes, ne sont que les rameaux ultimes, d’une vaste floraison, qui prit naissance au moment où notre {globe, suffisamment refroidi, présenta des conditions compatibles avec le développement de la vie. Ces espèces, adaptées à des milieux et des genres d'existence les plus divers, sont allées en se diversifiant de plus en plus. Mais, à mesure qu’on remonte le cours des âges, on trouve, dans les couches géologiques, ces véritables archives de la na- ture, des formes animales de plus en plus simples et de plus en plus semblables entre elles. L'homme lui- même obéit à cette loi. Certains crânes de l'époque qua- ternire — ceux de la race dite de Néanderthal — se rapprochent beaucoup de ceux du singe. Mais, de plus, une découverte récente, celle du Pithecanthropus ereclus, trouvé parle Dr Dubois, dans les couches ter- aires de Java, vient combler une des lacunes les plus regrettables de la science, et rendre vaine une des plus fortes vbjections des adversaires de l’évolution. Cet être, en effet, par sa taille, sa station verticale et, surtout, par le volume de son crâne, est exactement l'intermédiaire tant cherché entre l’homme et le singe. C’est par une forme analogue au Pithecanthropus que l'espèce humaine à dû passer lorsqu'elle s’est élevée du stade simien à la forme réeliement humaine, Mais, dira-t-on, les espèces animales peuvent avoir, entre elles, de nombreux points de ressemblance:cela ne prouve pas qu'elles descendent les unes des autres. C’est ici qu’intervient le troisième ordre de preuves: celles tirées de l'embryologie. Tout animal parcourt, pendant son développement embryonnaire, les stades que son espèce a franchis, au cours de son évolution. Le fœtus humain n'échappe pas à cette loi. ILy a un moment où il a des arcs branchiaux, comme un poisson, une œueue comme un mammifère quelconque. D'ailleurs, au début du développement, les embryons de la tortue, du pou- A 10 7 (1) E Harcxer : Etat actuel de nos connaïssances sur l'ori- gine de l’homme, édition française. Paris, Schleicher, 1900, in-8, 62 p. let, du chien et de l’homme ne different pas sensible- ment l’un de l'autre. Enfin, si la plupart des organes inutiles disparaissent au cours du développement em- bryonnaire, un certain nombre persistent jusque chez les adultes: ce sont les organes rudimentaires. C’est, pour cela, que nous avons un certain muscle et une apophyse osseuse qui sont très développés chez les Mar- supiaux, auxquels ils servent à soutenir la poche où ils renferment leurs petits, et qui nous sont, par contre, absolument inutiles. De même encore, l’appendice cæcal de l’intestin que nous avons hérité des Mammifères inférieurs, et qui, loin de nous servir à quelque chose, peut devenir l’occasion des accidents les plus graves. Tous ces faits, développement embryonnaire et persistance d'organes rudimentaires, prouvent qu'il y a entre tous les êtres une parenté intime, que tous, y com- pris l’homme, descendent d'une souche commune, Enfin, il est un dernier ordre de faits qu'il faudrait étu- dier. L'homme, pourrait-on dire, est un animal au point de vue physique seulement; mais il se distingue de tous les animaux au point de vue moral. Seul il possede l’in- telligence, une âme, alors que les animaux ne sont guidés que par l'instinct. Je me propose d'envisager ce poiut de vue dans une série d’études sur l'instinct et l'intelligence, avec tous les développements qu'il mérite. Dr. L: LALoy. Transformation de la Loupe simple en loupe binoculaire et stéréoscopique Par le Dr Emile Berger. La théorie de cete loupe a été déjà exposée à l’Acadé- mie des sciences de Paris, le 20 novembre 1899 (note présentée par M. le professeur Lippmann). Grâce à une action prismatique très forte, deux lentilles convexes, inclinées l’une par rapport à lautre, donnent d’un objet rapproché, deux images différentes, l’une pour l'œil droit, l’autre pour l'œil gauche. Les deux images viennent se dessiner sur deux points identiques des deux Loupe binoculaire et stéréoscopique du Docteur Berger. rétines et, par suite, le cerveau les percoit comme éma- nant d’un seul objet. La différence des deux images, aussi grande qu'elle le serait, si l’écartement pupillaire était élargi, est cause de l’effet stéréoscopique très mar- qué que produit la loupe. L'appréciation du relief ne s'obtient toutefois qu'après LE NATURALISTE 19 un certain entrainement ; en général elle atteint assez rapidement une étonnante finesse. Cet effet stéréosco- pique se manifeste un peu plus difficilement chez des gens, comme les micrographes et les astronomes, qui se servent habituellement d’un instrument monoculaire. Par leur inclinaison, les lentilles produisent un astig- matisme contre la règle, égale au 1/3 desdites lentilles. Cet astigmatisme peut corriger l’astigmatisme physiolo- gique des yeux humains, dans une proportion de 90 à 9% 0/0. Dans le cas d'une surcorrection de l’astigmatisme de l'observateur par celui de la loupe, il suffit d'une deuxième inclinaison de cette loupe à la verticale, pour le diminuer dans la mesure nécessaire. La nouvelle loupe remplace la loupe monoculaire Observation à la loupe binoculaire stéréoscopique. actuellement en usage. Elle en conserve le grossissement et le foyer, agrandit le champ visuel, elle rend la vision binoculaire aux savants, artistes et ouvriers obligés d’être borgnes pendant leur travail. Elle produit un effet stéréoscopique très marqué, effet si nécessaire aux tra- vaux qui nécessitent une grande finesse d'observation ou d'exécution. Elle supprime le surmenage de l'œil qui travaillait seul et la fatigue de l’orbiculaire des pau- pières de l’antre œil qui restait fermé. Elle permet l’oh- servation de l’objet avec une très légère convergence et, dans la plupart des cas, corrige l’astigmatisme indivi- duel. La nouvelle loupe binoculaire stéréoscopique trouve son emploi dans certaines sciences (zoologie, botanique, micrographie, etc.), dans des examens techniques (grains, pierres précieuses), dans certains arts (gravure, miniature), dans un certain nombre de professions et elle sert aux malades, dont la vue est affaiblie, comme loupe à lecture. N. B. — Le prix de cette loupe est de 18 francs. (En vente chez les Fils D'Emile Devyrolle, naturalistes, 46, rue du Bac, Paris.) LES RATS EN THESSALIE ‘ La Thessalie, province productrice de blé, souffre à peu près à chaque récolte de déprédations causées par les rats. Ces ani- maux descendent pendant l'été des petites collines dont toute cette province est mamelonnée, pour se répandre dans les champs de blé et dans les prairies. Ils se terrent dans des trous de 40 à 60 centimètres de profondeur et y construisent leurs nids avec de la paille où de l'herbe fraiche. C'est dans ces excavations que les femelles mettent bas leurs petits au nombre de 6 à 12 par chaque portée et ce, cinq ou six fois par an. Ces trous sont quelquefois si rapprochés les uns des autres que la plaine envahie présente l'aspect d'un crible. Cela arrive surtout lorsque les familles de rats sont confondues et mêlées. Dans le cas con- traire, les trous de chaque famille se trouvent à une certaine dis- tance les uns des autres. Mais, dans les deux cas, les terriers correspondent souterrainement. Ces rats sont un véritable fléau pour les cultivateurs; ils se multiplient avec une extrême rapidité et peuvent détruire en quelques nuits la récolte de blé correspondant à une étendue de plusieurs milliers de stremma (2). Ils restent cachés dans leurs trous pendant la journée, ils en sortent la nuit venue, s'abattent sur les épis et sur l'herbe et emportent au fond de leur trou tout ce qu'ils ont abattu. Tous les moyens que la science et la pratique conseillent ont été appliqués pour les détruire; quelques-uns ont semblé réussir, mais leur succés n'a été que partiel. On n'est jamais arrivé à exterminer complètement ces rongeurs. Voici les principaux moyens qui ont été employés lors de la grande multiplication de ces animaux en 1892. a) Les terres envahies ont été submergées artificiellement; ce moyen est très efficace, mais le manque d'eau en quantité suffi- sante en rend l'application difficile. b) On posa des tuyaux de 3 à 5 centimètres de diamètre, con- tenant une partie d'acide arsémeux et quatre parties de farine; très peu de rats furent empoisonnés. c) On fit venir des machines spéciales au moyen desquelles on versait dans les trous du bisulfure de carbone. Les vapeurs pro- duiles par celle substance tuaient les rats. Ce moyen plus effi- cace que les précédents était très dispendieux et d'une applica- tion peu facile. Les cultivateurs se trouvaient donc dans la détresse, lorsque le ministère royal de l'intérieur apprit que M. Læffler, profes- seur d'hygiène à Greifswald, avait trouvé une lymphe détermi- nant chez les rats une maladie contagieuse et mortelle. Ce savant fut immédiatement appelé en Grèce pour appliquer en Thessalie sa méthode. Arrivé à Athènes, il donna au labora- toire microbiologique de cette ville les instructions nécessaires pour la préparation d'une quantité de sa lymphe. Voici comment on procède : Dans une chaudière contenant de l’eau ordinaire, on ajoute de la paille dans une proportion de 2 %. On fait bouillir le tout pendant deux heures et on transvase après avoir laissé refroidir. On ajoute ensuite, dans une proportion de 2 %, un mélange de peptone et de sucre de raisin dissous au moyen d'un bain à vapeur dans une petite quantité d'eau. Le liquide obtenu de la sorte doit être trois fois cristallisé, après quoi on le laisse refroidir; on y dissout un tube de lymphe de M. Loœffler, et enfin on élève et on maintient le liquide à 30° de température pendant vingt-quatre heures. M. Léœffler se rendit en Thessalie muni de quelques centaines d'ocques (3) de ce liquide et de quelques centaines de tubes de sa lymphe et, arrivé à Bacrena, village près de Larissa, y com- mença l'application de sa méthode; on faisait tremper des mor- ceaux de pain dans le liquide raticide qu'on livrait ensuite aux paysans et aux soldats. Ceux-ci les jetaient dans les trous des rongeurs. C'est ainsi que la maladie contagieuse donnée par la lymphe de Lœffler à été communiquée aux rats. Au bout de quinze jours, le travail destructif des animaux avait cessé dans toutes les pro- (1) Extraits d'articles publiés dans la Revue d'agriculture hellénique, par M. Gennadios, ancien directeur de l'agriculture du royaume. (2) Le stremma (100 mètres carrés). (3) L'ocque équivaut à 1.250 grammes. 80 LE NATURALISTE priétés où la méthode en question avait été appliquée. Les rats ne sortaient plus la nuit de leurs trous et on en trouva un grand nombre qui étaient morts dans les terriers ou dans le voisi- nage. À Cependant les rats de Thessalie n'ont pas été entièrement détruits car il en reste toujours sur les collines et dans les terres incultes. NOTE SUR LE BOIS SECONDAIRE DU Tulipier de Virginie Pendant le cours de nos recherches sur le Bois secondaire des Angiospermes Dicotylédonées, indigènes et cultivées dans la région viroise, nous avons pu étudier les caractères que présente le bois du Tulipier de Virginie (Liriodendron tulipiferum L.), arbre appartenant à la belle famille des Magnoliacées, introduit à Vire vers la fin du dix-huitième siècle par un ancien garde du corps de Stanislas, roi de Pologne. Le Liriodendron tulipiferum L..-est originaire de l'Amérique boréale, il peut atteindre, dans son pays natal, quarante mètres de hauteur. Son bois blanchâtre, odorant, quoique léger et mou vu son prompt accroissement, peut se prêter à un beau poli; de plus, on prétend qu'il n’est pas sujet à la vermoulure. Nous allons suivre, dans nos descriptions, l’ordre suivant coupe transversale, coupe longiludinale langentielle et cou pe longiludinale radiale, ce mode d’exposition nous semblant le plus rationnel et surtout le plus compréhensible. COUPE TRANSVERSALE 1. — Anneaux limilalifs d'accroissement annuel. Les anneaux limilalifs d’accroissement annuel visibles à l'œil nu sont assez régulièrement circulaires quoique n'étant pas concentriques. L'examen microscopique montre que ces anneaux sont constitués par une assise d'environ sept cellules à parois très peu épaissies; ces cellules subrectangulaires sont très apla- ties, en sorte que les côtés subperpendiculaires aux rayons médullaires sont beaucoup plus longs que ceux qui leur sont subparallèles, ces derniers étant très étroits. 2. — Zones ligneuses annuelles. Les zones ligneuses annuelles, composées des bois de prin- temps el d'aulomne, sont comprises entre deux anneaux limita- tifs d'accroissement annuel; elles présentent des Fibres ligneuses, des Rayons médullaires, des Vaisseaux et du Parenchyme ligneux. Les Fibres ligneuses sont subpolygonales où plus ou moins arrondies, leur lumen parfois rond est très grand, leurs parois sont peu épaissies. Ces fibres sont disposées en files radiales irrégulières, les plus grandes ont environ quinze millièmes de millimètre de largeur. Les Rayons médullaires sont presque droits, assez éloignés les uns des autres (on en compte cinq par millimètre); leur largeur varie suivant le nombre des files qui les composent, les plus communes de ces files ont de un à trois rangs de cellules à parois minces radialement allongées, mais elles peuvent en avoir excep- tionnellement plus. Les Vaisseaux aériens ont leur ouverture ovalaire ou plus ou moins arrondie, même subpolygonale, leurs parois sont minces, ils sont disséminés, assez grands dans les bois de printemps et d'automne, mais plus petits dans la partie du bois d'automne qui se trouve près du bord externe. Ces vaisseaux sont simples ou composés. Les vaisseaux composés se présentent souvent accolés par deux, trois, quatre, cinq et plus ; leur direction est généralement radiale, mais elle est aussi parfois plus ou moins oblique où perpendiculaire relativement aux rayons médullaires:; ces vuisseaux accolés forment aussi parfois un groupe non linéaire d'aspect diffus touchant deux rayons médullaires. Les vaisseaux aériens sont parfois envahis par des thylles. Le diamètre des grands vaisseaux est d'environ cinq à six centièmes de millimètre et celui des petits de deux à trois. Le Parenchyme ligneux est difficile à distinguer. COUPE TANGENTIELLE LONGITUDINALE Les Fibres ligneuses ont une direction plus ou moins courbe selon leur éloignement ou leur rapprochement des rayons médul- laires et des vaisseaux. Les Rayons médullaires présentent un profil fusiforme; ils sont plus ou moins larges, mais leur largeur n'est ordinairement que de trois cellules; les unes sont peu (beaucoup moins d'un millimètre) et les autres très allongés (un peu plus d'un milli- mètre); les cellules qui les composent ont leurs parois minces; elles sont plus ou moins ovales. Les rayons médullaires sont terminés à chaque extrémité par une cellule triangulaire à base arrondie et rarement par deux cellules l’une sur l’autre. Les Vaisseaux aériens sont ouverts ou fermés, ils sont réti- culés, rayés à ponctuations élargies transversalement et aréo- lées. Le Parenchyme ligneux présente des cellules courtes et des cellules longues souvent aplaties par le contact des vaisseaux, ces cellules sont lignifiées à parois ordinairement minces et ornées de petites ponctuations plus ou moins arrondies. COUPE RADIALE LONGITUDINALE Les Rayons médullaires, constitués par un parenchyme müri- forme, se montrent en bandes droites transversales superposées et parallèles, le nombre des bandes est très variable ; les cellules de ces rayons médullaires se trouvent en communication avec les vaisseaux par de grandes ponctuations aréolées lorsqu'elles sont en contact. Les cloisons transversales des vaisseaux sont ajourées en forme d’échelles dont les échelons seraient étroits et très espacés. j Les échantillons dont nous nous sommes servis pour cette étude proviennent d'un arbre cultivé depuis fort longtemps à Vire. Emile BazLré. LE MICROBE DE LA PESTE L'extrème contagiosité de la peste est connue depuis très longtemps, à tel point que les habitants des contrées infectées n’osaient pas approcher des morts. Pendant l'épidémie de Florence qui tua plus de 100.000 habi- tants, on jetait les cadavres pêle-méle dans les galeries des Campi Santi, dans des caves ou dans ü’anciennes car- rières afin de débarrasser au plus vite les rues et les places publiques. Ceux qui se dévouaient pour transpor- ter les cadavres prenaient certaines précautions, et un tableau de Zumbo nous représente un forcat,le nez re- couvert d'un bandeau, procédant au transport des cCa- davres. est seulement depuis 1894 que l’on connait le bacille qui constitue le germe de la peste. Ce bacille a été découvert simultanément par Yersin et Kitasato. Il se présente sous la forme d’un bâtonnet, court, trapu, à bouts arrondis. Lorsqu'on le traite par les couleurs d’aniline, il se colore plus vivement aux extrémi- tés qu’au milieu de telle sorte que le centre se présente comme un espace clair. Le bacille de la peste, examiné vivant, ne présente aucun mouvement. On trouve le ba- cille de la peste, en grande abondance dans les bubons, dans le sang, dans la rate et dans les crachats des ma- lades atteints de peste. Ce microbe se cultive facile- ment dans tous les milieux employés en bactériologie. Sur la gélose il se forme des colonies ayant l’aspect de taches opalines à bords irisés. Lorsqu'on ensemence la gélatine par piqure, elle n’est pas liquéfiée et 1l se déve- loppe des grains aualogues à ceux des cultures du strep- tocoque de l’érysipèle. Les cultures sur bouillon à la sur- face duquel on fait nager quelques gouttes de beurre ou d'huile prennent, ainsi que l’a montré Hafkine, un aspect LE NATURALISTE 81 tout spécial. Les bacilles forment d’abord des ilots, flot- tants à la surface, au-dessous du beurre. De ces ilots par- tent des prolongements verticaux qui descendent plus où moins bas dans la profondeur du bouillon. L'aspect rap- pelle celui des stalactites. Les cultures du hacille pesteux,injectées sous la peau de la souris, déterminent des lésions identiques à celles de la peste de l’homme. La souris meurt au bout de 1 à 3 Jours. Le bacille pesteux n’est pas détruit par les basses tem- pératures, ce qui explique que la peste puisse se dévelop- per dans des pays qui ont un climat très rigoureux. C’est ainsi que des foyers pesteux importants se sont produits dans la Transbaikalie où la température moyennne est en hiver de — 20°. Au contraire, les températures élevées sont mal supportées par le bacille. Une culture meurt à une température de 58° maintenue pendant une heure. La peste n’a jamais envahi les régions à température tropi- cale et elle disparaît en Égypte au moment des plus fortes chaleurs de l'été. La découverte de Yersin et Kitasato a permis d'intro- duire deux nouvelles méthodes dans la thérapeutique de la peste: ce sont le sérum antipesteux de Yersin et le vaccin de Haffkine. La sérumthérapie de la peste, à l'aide du sérum de Yersin, consiste à inoculer à l'homme le sérum sanguin d'animaux immunisés. Pour obtenir le sérum, on fait à des chevaux des injections intra-veineuses de cultures tuées, puis de cultures vivantes. Les animaux, ainsi . traités, deviennent malades, et il faut attendre très long- temps (un anet demi) avant de leur prendre du sérum. Le sérum de Versin a fourni de très beaux succès en Chine; mais il s'est montré moins efficace dans l'Inde. Le sérum de Yersin guérit les malades atteints de peste, mais il peut aussi être employé comme préventif. L'action préventive de ce sérum est indiscutable, mais elle est de courte durée et ne dépasse pas quatorze jours. La vaccination de Haffkine consiste à inoculer à l’homme des cultures stérilisées du bacille de la peste. Voici comment le médecin russe prépare son vaccin : on ensemence un ballon de bouillon à la surface duquel on fait flotter du beurre. Au bout d’un mois on répartit le bouillon dans des tubes qu’on chauffe pendant une heure à 70°. Pour vacciner on en injecte sous la peau du bras 3 centimètres cubes. La vaccination est suivie d’un fris- son et d’une élévation de température pouvant atteindre 40°. La région inoculée se gonfle et devient douloureuse. Ces symptômes disparaissent au bout de 24 heures. D' BERDAL. LES ORCHIDÉES INDIGÈNES Sans avoir l'éclat des orchidées exotiques, celles de notre pays n'en sont pas moins élégantes et gracieuses. Certes, il ne faut pas chercher desfleurs qui puissent entrer en comparaison avec celles des Cattleya, des Lycaste, des Odontoglossum, des Vanda; mais tel Orchis, tel Ophrys, le Sabot-de-Vénus, dans leur humilité, sont cepen- dant bien jolis, bien dignes d’admiration. Longtemps délaissées, les orchidées indigènes ont acquis les faveurs de quelques amateurs, et le Comte de Paris en avait réuni, au château d'Eu, une collection des plus in- téressantes. Tout récemment, M. Correvon de Genève, a publié, sous ce titre, Les Orchidées rustiques, un excel- lent petit livre où leur nature est décrite avec soin par un vrai connaisseur. Sur 8.000 Orchidées environ, connues jusqu'à ce jour, la France sert d'habitat à 77 espèces, non compris les va- riétés, qui sont nombreuses, et les formes hybrides don! on a fortement abusé.Il n’est pas rare de voir attribuer à l’hybridation des variations embarrassantes, sans qu'il soit possible d'apporter une seule preuve à l’appui de cette opinion. Les orchidées françaises appartiennent à 19 genres très inégalement répartis au point de vue du nombre, des espèces et de leur distribution géographique. Si quelques-uns tels qu'Epipogium, Lipavis, Chamæorchis, Cypripedium, Herminium, Goodyeru, Malaxis, Corallochiza, Limodorum, Neotlia sont monotypes, c'est-à-dire sont re- présentées, chez nous, par une seule espèce, il en est d’autres, au contraire, comme les Orchis et les Ophrys, qui sont abondamment distribués, et en forme et en nombre. Nous ne reviendrons pas sur la conformation de la fleur des orchidées; mais, pour bien comprendre la clas- sification des genres et leur groupement, nous rappelle- rons que : les orchidées sont pourvues d’une ou de deux étamines fertiles; que les filets des étamines sont soudés en colonne avec le style, formant ce qu'on appelle le gynostème, l'anthère pouvant rester libre de toute at- tache ; que le pollen forme des masses polliniques, dénommées pollinies, de consistance variable, atténuées ou non à leur base en un appendice, auquel on a donné le nom de caudicule La racine peut-être formée de fibres plus où moins nombreuses et intriquées; elle peut être grèle,rampante, rameuse, émettant des stolons; c’est quel- quefois un rhizome ramifié en forme de corailavec des ramifications munies d’écailles; dans la grande majorité des cas,elle est formée de deux tubercules, qui sont eux- mêmes composés de plusieurs racines, soudées ensem- ble, et auxquels on dor"* le nom, tout à fait impropre de bulbes. Rappelous aussi qae les pseudo-bulbes des orchidées exotiques n'ont rien à faire avec les formations bulbi- formes, et que ce sont tout simplement des portions de tiges, qui se sont modifiées et gonflées. Il nous sera facile maintenant de grouperles orchidées françaises en nous basant sur les considérations qui sui- vent : 4° Deux étamines latérales fertiles : Cypripedium L. 20 Etamine centrale fertile. «a Anthère distincte du gynostème, persistante; pol- linies sans caudicule : Néottiées. b. Anthère terminale libre et mobile, caduque; polli- nies atténuées en caudicule : Épipogium Gmel. c. Anthère terminale libre et mobile, persistante ou caduque ; pollinies sans caudicule : Malaxidées. d, Anthère continue avec le gynostème ; pollinies sans caudicule : Ophrydées. Les Cypripedium, les Néottiées et les Ophrydées pré- sentent seuls de l'intérêt au point de vue cultural, au point de vue de la grâce et de lélègance. Chez les Malaxidées et chez l'Epipogium, 1l ne faut rechercher que les bizarreries, la singularité du port et des caracteres botaniques.Signalons à nos lecteurs quelques-unes de ces plantes. Le Cypripedium (il vaut mieux dire Cypripedilum), Cal- ceolus L. est la perle de la flore terrestre en France; il 82 LE NATURALISTE est, à cette dernière, ce que le Nymphéa est à la flore aquatique. Sa grande fleur, solitaire, presque toujours à grandes divisions d’un brun pourpré, avec son labelle en forme de sabot, jaune taché et strié de, pourpre, en fait un objet d’admiration; aussi comprenons-nous la joie et l'émotion du botaniste qui se trouve tout à coup en sa présence. Ses feuilles ne manquent pas non plus d'élé- gance ; elles sont largement ovales, carénées et plissées, Le Sabot de Vénus est peu répandu en France; c’est dans le Nord-Est qu'il parait croître avec le plus de plaisir ; dans la Haute-Marne particulièrement, aux environs d’Arc-en-Barrois. Dans les Néottiées, nous trouvons quelques genres in- téressants, mais ce n’est pas là encore qu'il faut s'arrêter si l’on veut se faire une idée de ce qu'est une Orchidée. Signalons cependant le Cephalanthera.La souche est formée de fibres radicales cylindriques qui rappellent celles du Cypripedilum. Les divisions florales sont presque égales et rapprochées; le labelle, formé de trois lobes mais non prolongé en éperon; le gynostème allongé; l’anthère terminale libre. Les trois espèces qui se rencontrent en France, sont faciles à distinguer; elles croissent assez souvent ensemble, notamment aux environs de Paris. L'une d'elles se reconnaît de suite à ses fleurs rouges, c’est le Cephalanthera rubra Rich.;les deux autres les ont blanches ; mais, dansl’une, qui est de beaucoup la plus abondante, les feuilles sont ovales, les bractées florales foliacées égalent ou dépassent l'ovaire, toutes les divi- sions florales sont obtuses. Cest le cas du Cephalanthera grandiflora Bab. Dans le Cephalanthera ensifolia Rich.,les feuilles sont linéaires, distiques, les bractées beaucoup plus courtes que l'ovaire, les divisions florales plus petites et dissemblables entre elles, les trois extérieures aiguës tandis que les deux internes sont obtuses. À ce groupe des Néottiées il faut rattacher les Spi- ranthes, le Goodyera, les Epipactis, le Listera, le Limodo- rum et le Neottia. Quoique ces deux derniers genres ne présentent rien qui puisse les faire rechercher, leur bizar- rerie mérite qu'on en dise quelques mots. Le Limodorum abortivoum S\W., rappelle une grande asperge violette. La tige ne présente que des écailles, les fleurs sont grandes, dressées, violettes, disposées en grappe lâche. Quant au Neottia Nidus-avis Rich., sa racine, formée de fibres épaisses, intriquées en pelote, lui a valu son nom spéci- fique. Sa tige dépourvue de feuilles, dépourvue de chlo- rophylle, ses fleurs d’un jaune roussâtre, la teinte noi- râtre que prennent ses organes en se desséchant, font penser à un Orobanche. C’est au groupe des Ophrydées que la palme doit être réservée. Aux caractères que nous avons donnés plus baut, il faut ajouter celui qui est tiré de la présence, à l’origine des pollinies, d’une ou deux glandes visqueuses appelées rétinacles quelquefois renfermées dans un repli du stigmate qui a recu le nom de bursicule. Les fleurs y sont fréquemment pourvues d’un éperon parfois très allongé qui prolonge le labelle. Les racines sont tou- jours transformées en tubercules, La présence d’un seul rétinacle caractérise les Serapias etles Aceras. Le gymnos- tème prolongé en bec à son sommet et l'ovaire non con- tourné distinguent, à coup sür, le premier de ces genres du second dans lequel, à l'ovaire contourné, s'ajoute un gymnostème muni d'un appendice à sa partie supérieure, Tous deux possèdent un labelle à éperon, sauf dans une espèce, l’Aceras anthropophora R. Br. Dans les Serapias, le labelle, d’un pourpre noir, atteint d'assez grandes dimensions,etla fleur est pourvue de brac- tées, quelquefois démesurément développées. Le Serapias, cordigera L., de lOuestet du Midi, a un labelle largement ovale, presque en cœur; le S. longipetala Poll., du Sud- Ouest et de la région méditerranéenne, l’a lancéolé et acu- miné ; dans le S. Lingua L. il est largement ovale etaigu. Le $. occultata Gay n'est qu'une miniature, spéciale à la Provence, du précédent, qui habite la même région quele S. longipetala. Ces diverses plantes se croisent fréquem- ment entre elles. Dans les Aceras, nous pouvons nous trouver en pré- sence de plantes dépourvues d'éperon. Nous avons alors affaire à l'A. anthropophora R. Br., l'Homme pendu, à lobes latéraux du labelle filiformes,ce qui donne à cet organe une vague ressemblance avec les bras et les jambes d'un homme pendu. Dans d’autres le labelle est muni d’un éperon quiest de même longueur que l'ovaire; c’est le cas de l'Aceras pyramidalis Reichb., dont les fleurs d’un rose vif forment un épicompact et court. Si l’éperon est beaucoup plus court que lPovaire nous avons en pré- sence : l'Aceras hircina Lindi. bien reconnaissable à Ja division moyenne du labelle atteignant jusqu'à six centi- mètres de longueur, à la teinte verdâtre et à l’odeur de boue de ses fleurs ; l’Aceras longibracteata Reichb., très belle plante de Provence et de Corse, à fleurs formant un épi très ample, rose-verdâtre, ponctuées de rouge en dedans, pourprées et veinées de vert en dehors, à labelle pourpre foncé, à bractées foliacées, dépassant longuement les fleurs; l’Aceras densiflora Boiss., des mêmes régions et des Pyrénées, mais à fleurs blanchâtres avec le labelle rose et des bractées peu développées, dis- posées en un épi cylindrique étroit et très serré. Avec deux rétinacles nous trouvons les Orchis et les Ophrys. Nombreuses sontleurs espèces, aussinous borne- rons-nous à énumérer celles qui croissent dans le centre de la France, la région parisienne, d’ailleurs, très bien partagée au point de vue de l’élégance et de la beauté des représentants. Les Orchis, à cause de l'époque de leur floraison, sont souvent désignés sous le nom de Pente- côtes. Rien de gracieux comme l'Orchis purpurea Huds., qui habite les bois ombragés, avec son casque foncé, presque noir, son labelle blanc parsemé de houppes pur- purines. L'Orchis simia Lam. et l'O. militaris L., ont le casque rose cendré plus ou moins pâle avec les lobes du labelle filiformes et courbés dans le premier, plus larges dans le second. L'Orchis ustulata Li, avec ses fleurs petites, d’un beau noir, en épi très serré est une minia- ture de l'Orchis purpurea. Dans ces quatre plantes les bractées sont plus courtes que l’ovaire. Elles sont plus longues ou de même taille dans l'O. Morio L. à fleurs rose pourpre, inodores, abondant, du moins, dans les lieux sablonneux, et dans l'O, coriophora L.,de couleur rouge sale, mêlé de vert, à odeur de punaise très accentuée, qui recherche les prairies humides, Dans une forme de cette plante, l'odeur rappelle celle de Ta vanille. Toutes ces espèces ont les divisions extérieures du périanthe rap- prochées en forme de casque. Dans celles qui suivent, elles sont étalées ou réfléchies. C'’estlecas des Orchis Ma- culata L. à feuilles maculées de noir et à fleurs lilacées ou blanches avec des bractées courtes; O0, latifolia L. pourpre foncé à longues bractées, qui ont en outre les tubercules palmés. Les Orchis mascula L., laxiflora Lam. et sambucina L. les ont entiers, avec les fleurs jaunes dans le dernier, à labelle hérissé de papilles et à feuilles larges dans le premier, à labelle non hérissé et à feuilles LE NATURALISTE 83 étroites dans le second. On peut réunir aux Orchis, le Platanthera bifolia Rich. à fleurs blanches très odorantes, à long éperon filiforme arqué et les Gymnadenia. Dans ces derniers les fleurs sont petites, à odeur d'œillet et à long éperon dans le G. conopea R. Br.: à parfum vanillé, à éperon beaucoup plus court dans le G, odoratissimn Rich. Les Ophrys, eux, n'ont pas d’éperon et leur ovaire n'est pas tordu, ce qui les distingue génériquement des Orchis. De plus,leur labelle présente des formes qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. C’est ainsi qu'on distingue l’'Ophrys myodes Jacq. (Mouche); l'O. aranifera Huds. (Araignée); l'O. arachnites Reich. (Frelon); l'O. apifera Hud. (Abeille) ; l'O. Scolopax Cax. (Bécasse); O. tenthredini- fera Willd. (Tenthrede);l’0. bombiliflora (Bombyx), etc., dont les désignations spéciales rappellent l'apparence qu'on peut trouver au labelle, avec un peu de bonne volonté. Dans d’autres espèces, le nom a été tiré du coloris, par exemple pour les Ophrys fusca Link. et lutea Cav. Le Nigritella angustifolia Rich., des Alpes, appartient encore aux Ophrydées. C’est une petite plante à fleurs noirâtres, de très faibles dimensions, réunies en un épi très court et pyramidal, délicieusement parfumées. Le labelle, dans cette curieuse orchidée, est dressé et non retombant et les rétinacles non enfermés dans une bursicule. Les Orchidées s’hybrident facilement et fréquemment dans la nature, et la liste de leurs produits de croise- ment, qui est encore loin d'être close, est déjà passa- blement garnie. P. HARIOT. EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900 Un congrès international de l'Education physique aura lieu à Paris, au Palais des Congrès du 30 août au 4 septembre prochain. Il sera divisé en 5 sections : Philo- sophie, Sciences biologiques appliquées, Technique, Péda- gogie, Propagande. Voici le programme de lasection IT sur les « Sciences biologiques appliquées ». 1° Les sciences biologiques, en déterminant les effets exacts de l'exercice sur le corps humain, doivent assurer l’accord entre les moyens employés et le but de l’édu- cation : 2° Toutes les fonctions de la vie sont solidaires et dépendent du système nerveux. Les muscles ne sont que des instruments commandés par les centres nerveux ; comme conséquence en éducation, l’étude des phéno- mènes psychiques doit être placée avant celle des autres fonctions ; Réaction réciproque des fonctions psychiques sur les fonctions de la vie ; 3° Hygiène et éducation des fonctions dans leur rapport avec l'exercice ; Éducation des sens, des perceptions et des sensations ; 4° Lois de l’évolution des individus et des races humaines : 5° Influence de l’hérédité, des milieux, de l’alimen- tation et du régime, de l’activité, du repos et des habi- tudes professionnelles sur l'individu : Limites de la modificabilité de l’individu ; types carac- téristique, des spécialités professionnelles. Emprunts à la zootechnie ; 6° De l'homme considéré comme producteur @'énergie : Coefficient personnel d'énergie ; moyens de l'aug- menter : Formes différentes de l'énergie humaine : effort statique et travail musculaire ; énergie nerveuse ; Excitants de l'énergie : aliments et poisons du système nerveux ; Étude des procédés d'entrainement ; résultats. 7° Étude de la forme, des proportions, du volume et de la densité du corps suivant son adaptation à un travail donné, en particulier à la locomotion avec les mains ; 8° Parallèle des effets des exercices spontanés et des exercices rythmés et commandés ; 9° Fatigue nerveuse et fatigue musculaire. De la dépense nerveuse et de la dépense musculaire ; leur équivalence. 10° Direction et utilisation de l'énergie humaine ; Vérification de la loi du moindre effort ; 119 Mécanisme et coordination des mouvements ; Mesure du travail mécanique et physiologique ; com- paraison du travail dépensé dans les différents mouve- ments ; 12° Réalisation de l'économie du travail dans les actes de la locomotion et dans les divers mouvements profes- sionnels ; Influence prépondérante du rythme sur la quantité de travail dépensé ; 130 Effets différents de l'exercice suivant la quantité de travail dépensé, la nature des mouvements et le mode d'exécution. Les questions à l'ordre du jour du congrès pour les sciences biologiques appliquées sont : — a. Étude des réactions réciproques des phénomènes psychiques sur les principales fonctions de la vie. — b. Étude de la forme, des proportions, du volume et de la densité du corps suivant son adaptation à un travail musculaire donné. — €, Quelle est la part de dépense nerveuse et de dépense musculaire dans la production générale de travail. — d. Indiquer quelles sont les lois d'économie du travail dans les différents actes musculaires. LES DESMIDIÉES Les Desmidiées constituent, après les Diatomées, la plus jolie de toutes les familles d'algues d'eaux douces. On les trouve dans les fossés, dans les vieilles ornières, dans les mares d'eaux stagnantes, dans les fontaines et dans les rivières enchevêtrées, dans le chevelu des algues filamenteuses du groupe des Conjuguées, ou fixées contre des corps flottants en décomposition, avec des diatomées de toute espèce. Cette famille est très riche en formes de toute beauté. Elle renferme une vingtaine de genres qui se subdivisent en plusieurs cen- taines d'espèces. Mais, sous le microscope, leur belle teinte a un éclat qui rappelle souvent celui de l’éme- raude. Les grains de chlorophylle où chromoleucites des Cosmarium, par exemple, ontun éclat translucide comme les pierres précieuses de cette couleur. On les reconnaît tout de suite, du premier coup d'œil. En effet, comme leur nom l'indique, les Desmidiées sont 84 LE NATURALISTE des algues dont les cellules sont divisées en deux moitiés symétriques, reliées entre elles par un isthme plus ou moins étroit. Les deux divisions de la cellule desmidiée se nomment les deux hémisomates ou demi-corps cellu- laire. Le noyau de la cellule est dans l’isthme interposé entre eux, etil envoie dans chacun d'eux des prolonge- ments de protoplasma condensé, sous forme de bande- lettes gélatineuses rayonnées. Cette nombreuse famille se divise en deux groupes iné- gaux : les Desmidiées filamenteuses et les Desmidiées libres. Les premières sont formées de cellules alignées bout à bout sur une même file, qui s’accroissent par scissiparité, sur tous les points de leur longueur à la fois. Elles sont enveloppées d’une gaine mucilagineuse épaisse dans certains genres. Il est bon d’être prévenu du fait, afin de ne pas prendre pour une Desmidiée libre un fragment détaché d’une Desmidiée filamen- teuse. C’est peut-être ce qui arrive pour le nouveau genre Temperea que nous avons créé; cependant, nous ne l’avons jamais rencontré sous forme de filament, mais toujours à l'état de cellule libre. Ce qui nous a décidé à le maintenir comme un genre à part, c’est la disposition en zones de la chlorophylle, qui rappelle tout à fait ces stries d’émail coloré de diverses nuances que l’on voit dans les billes de verre des enfants : de là le nom de Temperea zonata, que j'ai donné à cette curieuse espèce. La chlorophylle présente une disposition toute spéciale dans laplupart desgenres, quifacilite singulièrement leur détermination. Ainsi, elle est disposée en bandes spira- lées dans le Spirotania; tout à fait comme dans les Spi- rogyra. Elle présente trois gros chromoleucites dans les hémisomates de certaines Desmidiées filamenteuses et quatre dans le Desmidium quadrangulatum. Elle est dis- posée en longs ovoilesrayonnés,dans les Cosmarium.Bref, chaque genre, pourrait-on dire, renferme une disposition particulière, en ce qui concerne ses chromoleucites. De plus, dans certains genres de la famille, on ren- contre, aux extrémités des hémisomates, un espace clair rempli de granulations rouges agitées de mouvement brownien. Cette disposition est tellement constante chez les Docidium et les Closterium, qu'on pourrait la croire naturelle. Il en est de même chez certains Cosmarium. Mais il y a d’autres circonstances où on voit ces granu- lations rouges mobiles envahir tout le contenu des Cos- marium, absolument comme le ferait un parasite. Je suis persuadé que c'en est bien un, dans ce cas tout particu- lier, car l’algue paraïitalors singulièrement malade. Nous ne savons si C’est un microbe ou une espèce de champi- gnon parasite. Enfin la paroi des cellules présente le plus souvent des ornements bizarres. Tantôt elle est découpée sur son pourtour de mille façons différentes, au point de ressem- bler à la plaque à branches multiples de commandeur d'un ordre quelconque. Tantôt elle présente des prolon- gements, des pointes, des perles, des épines simples ou ramiiées. Les genres Xanthidium, Arthrodesmut, Sau- rasirum, Cosmarium affectent de présenter ces dernières formes. Les genres Enostrum et Microsterias offrent les découpures les plus curieuses et affectent plus ou moins la disposition en étoile que nous venons de signaler tout d'abord. Ici, comme partout ailleurs, natura non facit saltus, la nature ne saute pas brusquement d’une forme à une autre; mais elle passe successivement par toutes les formes intermédiaires. Le plus fervent adepte de la fixité des espèces devient fatalement un transformiste convaincu, dès qu'il étudie les Desmidiées et à plus forte raison les Diatomées. On voit toutes les transitions possibles entre une plante qui a la forme d’une phalange ou d’un cylindre et une autre qui a la forme d’un soleil à rayons multipliés. Il est non seulement possible, mais infiniment probable que les douze mille espèces de Diato- mées dérivent d’une seule souche primitive, et que les centaines d'espèces de Desmidiées ont pour ancêtre commun une cellule ovale. Nous avons des raisons de penser que ces deux familles se sont détachées des En- glinacées, à différentes hauteurs de leur évolution. Cette théorie rend compte d’une multitude de faits, qui seraient incompréhensibles sans cela. On peut affirmer que les points rouges dont nous avons signalé l'existence nor- male chez les Closterium, par exemple, ainsi que chez les Docidium, occupent tout à fait la même place qu'ils occuperaient chez une Englène divisée en deux autres par scissiparité et se tenant encore par leur extrémité postérieure, pour former les deux hémisomates symé- triques. Ce sont les mêmes parasites qui s’attaquent aux En- glèneset aux Desmidiées. Ces parasites sont des animaux ou des champignons : des Rhizopodes, des Chytridinées et des Ancylistées. On trouve chez les Desmidiées une reproduction sexuée par Conjugaison, qui à pour résultat de créer une oospore, que l’on appelle ici une auxospore. Elle est souvent hérissée de pointes à la surface extérieure de son enveloppe. D' BoUGoN. OFFRES ET DEMANDES A vendre. Lot de Carabiques européens : Harpalides, Féro- nides, Anchoménides, Bembidiides. 300 espèces, 830 exemplaires, # cartons doubles. Prix. 65 francs. 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Lot de Cassides européennes et exotiques. 65 espèces,156 exemplaires,2 cartons.Prix. 80 francs. S’adresser pour les lots de Coléoptères ci-dessus à Les Fils D'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. M. R. Blanchard, professeur à la Faculté de méde- cine de l'Université de Paris, sera très reconnaissant aux pérsonnes qui voudront bien lui envoyer des moustiques ou cousins. Les conserver dans l'alcool à 90°, dans des tubes dont chacun ne contiendra que des exemplaires de même provenance, Introduire dans chaque tube une éti- quette en papier, sur laquelle on aura noté au crayon la date, l'heure et le lieu de la récolte, s’il existe des fièvres intermittentes dans la localité et éventuellement si les insectes ont été capturés dans la chambre occupée par un fiévreux. Dans ce dernier cas, la recherche des mous- tiques devra être faite avec un soin tout particulier. Cette prière s'adresse aux naturalistes francais, mais aussi, d’une facon encore plus pressante, à ceux des pays d'outre-mer. Adresser les envois à M, le professeur R. Blan- chard, 15, rue de l'École-de-Médecine, à Paris. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 5 mars 1900. — M. Charles Déperet fait part de ses recherches sur les Dinosauriens des étages de Rognac et de Vitrolles du pied de la montagne Noire. M. Depéret fait connaitre l'existence, dans le petit chainon de Saint-Chinian, de nouveaux gisements de Dinosauriens. En réunissant les données fournies par les découverts de Chatteron, en Provence, avec les trouvailles récentes faites en Languedoc, on connait dès maintenant, dans les assises fluvio-terrestres du Crétacé le plus supérieur du midi de la France, quatre types différents des Dinosauriens. Deux sont des Sauropodes (herbivores à os pleins) de la famille des Morosaurides, caractérisés par la disposition procælienne de leurs vertèbres caudales : c'est d’une part l'Hypelosaurus de Provence, reconnaissable à ses vertèbres caudales aplaties de haut en bas:et d’autre part le Tifanosaurus du Languedoc, dont les vertèbres caudales, très fortement procæliennes, sont com- primées dans le sens transverse. Un troisième type, le Drypto- saurus de la montagne Noire,est un Théropode de la famille des Mégalosauridés. Enfin, le quatrième, le Rhabdodon de Provence. est un ornithopode (herbivores à os pneumatiques) voisin de l’Iguanodon. — M. Thouvenin s’est proposé de rechercher quelles modifi- cations de structure peuvent se produire dans les tiges, lorsqu'on les soumet, dans le sens longitudinal, à une traction modérée. Les expériences ont été faites sur un cer- tain nombre d'individus appartenant à l'espèce Zinnia elegans. On peut conclure, pour ce qui concerne la tige de cette plante, qu'une traction modérée amène une diminution du stéréome péricyclique et retarde le développement des faisceaux libéro- ligneux secondaires. — M. Lucien Daniel a étudié les variations dans les caractères des races de haricots sous l'influence du greffage. La greffe entre races produit dans la descendance des haricots trois catégories de variations, se manifestant à la suite d’une ou de plusieurs générations : elle accentue le nanisme et permet d’obtenir des variétés plus naines; elle amène un mé- lange plus ou moins complet des caractères des races associées; elle peut provoquer la production, soit d'une variété remontant, soit d’une variété analogue à une race déjà existante. Si on com- pare maintenant ces résultats avec ceux fournis par l'étude de la descendance des greffons dans les choux, les navets, les carottes, les alliaires et les arbres fruitiers, on peut dire que la greffe amène toujours une variation dans cette descendance. Cette variation est moins marquée dans les espèces sauvages que l'on greffe entre elles, plus accentuée dans les plantes cultivées. P. Fucus. Séance du 12 mars 1900. M. L. Guignard donne le résultat de ses recherches sur l'ap- pareil sexuel et la double fécondation chez les tuli- pes. Dans un même genre, certaines espèces peuvent offrir, au point de vue de la constitution de l'appareil sexuel femelle, des caractères assez différents de ceux qui existent dans les espèces voisines. Le Tulipa Celsiana etle T. Sylvestris, comparés aux nombreuses variétés horticoles du 7. (Gesneriana, en fournis- sent un intéressant exemple. Ces deux espèces se distinguent par la faible différenciation des cellules qui, chez les autres Angio- spermes, forment le groupe des Synergides et de l'oosphère au sommet du sac embryonnaire et de celui des antipodes à la base; non seulement elles sout toutes dépourvues de membranes d’en- veloppe, mais celles qui correspondent aux antipodes restent dans la région centrale du sac embryonnaire. La double fécon- dation ne s'en effectue pas moins avec les caractères essentiels qu'on lui connait. — MM. Em. Bourquelot et I. Hérissey ont étudié les hy- drates de carbone de réserve des graines de Luzerne et de Fenugree. Ces hydrates de carbone sont comme ceux des albumens des grains de Caroubier et de Canéficier, des mannogaloctanes. Ces hydrates diffèrent les uns des autres par leur composition et par leurs propriétés. La seminase les hydro- lyse les uns et les autres, en donnant naissance à des sucres réducteurs assimilables. — M. L. Bordas continue ses études sur l'anatomie des coléo- ptères ; il présente une note sur les organes générateurs males des Coléoptères à testicules composés et fas- ciculés. Ces insectes dont les testicules sont constitués par un grand nombre de tubes courts, tronconiques ou en forme de masses s'ouvrant à l'extrémité élargie des canaux déférents, ap- partiennent aux familles des Aphodicides, Coprides, Géotru- pides, Mélolonthides, Rutélides., Lucanides, Cétonides, Chryso- mélides, Cérambycides, etc. Dans tous les genres de ce groupe, l'appareil générateur mäle est à peu près uniforme et comprend : 19 deux testicules formés de lobules composés chacun d'un nombre plus où moins considérable d’ampoules spermatiques; 29 une paire de canaux déférents cylindriques et renflés sur leur trajet pour former les vésicules séminales; 39 deux glands an- nexes ou accessoires (sauf chez les Cétonides); 4° un conduit éja- culateur impair sur tout son trajet et généralement dilaté à son origine. Séance du 19 mars 1900. MM. L. Matruchotet M. Molliard ont observé certains phé- momènes présentés par les noyaux chez les végé- taux sous l'action du froid. Cette action produit des dé- formations nucléaires qui sont en relation évidente avec la posi- tion respective du noyau et du suc cellulaire, ainsi qu'avec l'épaisseur de la couche protoplasmique qui sépare ces deux éléments. Un des phénomènes les plus apparents est une orienta- tion, généralement bipolaire, de la partie chromatique,;avec con- densation plus ou moins complète de la chromatine dans la ré- gion équatoriale. Sans vouloir établir d'homologie avec les figures de karyokinèse, il est intéressant de remarquer que cette orien- tation n'est pas sans rappeler celle qu'on observe lors de la divi- sion indirecte du noyau. P. Fucus. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 86 LE NATURALISTE EE ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CI-APRES DESIGNES Ne proposer que des Insectes frais et intacts) S'ADRESSER A LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, RUE DU BAC, 46, PARIS Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vitis. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata. Agrilus cyanescens. — tenuis, — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. Sinoxylon sexdentatum. — muricatum Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini. — oleiperda. Hylurgus piniperda. — ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. — stenographus. — Jlaricis. — bidens. Bruchus pisi. — flavimanus. — rufimanus. — tristis. —. lentis. — pallidicornis. — nubilus. Rhynchites betulæ. — populi. — betuleti. — conicus. — . cupreus. —. bacchus. Apion apricans. — craccæ. — .viciæ. — flavipes. — flarofemoratum. — pisi. — æneum. — tenue. — - VOrAX. — violaceum. — hæmatodes. — pomontæ. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pin. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. ligustici. Otiorhynchus rancus. — picipes. Lixus angustatus. Anthonomus pomiorum. —. pyri. — druparum. — rubi. Orchestes fagi. — alnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. — napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaruis. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyx heros. — scopoli. Aromia moschata. | Callidium unifasciatum. | Clytus arietis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberca linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica olcracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. — campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — bitterensis. Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Pseudo-Névroptères. Termes lucifugus. — flavicollis. Hyménoptères. Vespa crabrc. — germaniCa. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopœus spirifex. Atta barbara. — Structor. Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia rosce. — spinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossulariæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — ribis. Lyda pyri — sylvatica. — campestris. — erythrocephala. Lophyrus pini. — rufus. Cephus pygmæus. — compressus. Sirex gigas. Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rosæ. Lépidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassicæ. — rapæ. — napi. Deiïlephila elpenor. — euphorbitæ. Ino pruni. — ampelophaga. Trochilium apitorme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. — neustria. Porthesia chrysorrhaca. — auriflua. Ocneria dispar. — monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicæ. Triphæna pronuba. — orbona. Phlowophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas wrossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheimatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnophthira pilleriana. Tortrix viridana. — Ccratægana. — rosana. —. Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivorella. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depresseila. —. nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Sehirus bicolor. Œlia acumimata. Strachia oleracea. — Ornata. Carpocoris baccarum. Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Typhlocyba rose. — viridipes. Psylla pyri. — buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — lanuginosa. | Aphis rosæ. — cercalis. — fabæ. — pruni. — persictæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim viuis. — tiliæ. — salicis. — persicæ. — olæ. — caricæ. Aspidiotus conchyforme. Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. — hæmorrhoïdalis. Diptères. Tipula oleracea. Sciara piri. — analis. Cecidomya tritici. — destructor. — nigra. — pyri. — brassicæ. Lasioptera obfuscata. Simulium ornatum. — maculatum. — reptans. Bibio Marci. — hortulanus, Tabanus bovinus. Hæmatopota pluvialis. Œstrus equi. — hæmorrhoïdalis. Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum. — brassicæ. — furcata. — radicum. — conformis. — lactucæ. Pegomya acetosa. Psilomya rosæ. Hylemya coarctata. Spilographa cerasi. Dacus oles. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Agromiza nigripes. Platyparea pœciloptera. Chlorops lineata. — iæniopus. Oscinis frit. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques. 29° ANNÉE EXAMEN DE LA MÉTÉORITE TOMBÉE LE 12 MARS 1899 A BIERBELÉ EN FINLANDE Le 12 mars 1899, une chute de météorite est survenue à Bierbelé (Bjurbôle), près de Borgo, dans le golfe de Finlande. La masse, dont le poids total est d'environ 340 kilogrammes, a ouvert, dans la couche de 70 centimètres de glace qui couvrait la mer, un trou de 9 mètres de diamètre et s’est enfoncée de 6 mètres dans l'argile sous- marine. Comme on le pense, son extraction n'a pas été une petite affaire et on ne l'a obtenue que par morceaux. Ces spécimens, au nombre de plusieurs centaines et dont les deux plus gros pèsent 83 et 22 kilogrammes, sont -conservés dans les bureaux de la Commission géologi- que de Finlande, présidée par le savant M. J.-J. Seder- holm. Un haut personnage russe auquel j'en suis extré- De SÉRIE — N° 315 15 AVRIL 1900 d'arrondissement de petits fragments ; on peut les quali- fier de dynamochondres, pour rappeler le rôle des actions mécaniques dans leur production, D'autres sont des résultats de groupements d'éléments cristallins, et le nom de cristallochondres leur convient parfaitement, C’est. parmi ces derniers que figurent les globules parfoisappe- lés chondres hahniens, pour rappeler qu'un observateur allemand, le Dr Hahn, les à spécialement étudiés, mais à un point de vue spécial, aussi inexact que singulier, et d'après lequel ces objets représenteraient des fossiles météoritiques provenant d'éponges, de madrépores, et de quelques autres catégories d'animaux. Dans la météorite finlandaise, les chondres ne sont pas en contact mutuel ; entre eux existe une substance géné- rale, grise, finement grenue et qui fait à elle seule plus de la moitié du poids total de la roche cosmique. La météorite de Bierbelé est friable sous une pression Fig. 1. (1). — Chondre de la météorite de Bierbelé, constitué de gros cristaux corrodés d'olivine et de microlithes pyroxéniques. , Le) Fig. 2. — Chondre de la météorite de Bierbelé renfermant des cristaux volumineux de pyroxène augite associés à des grains d'oli- vine et à de la matière vitreuse. mement reconnaissant à bien voulu m'en envoyer un bon fragment qui m'a permis un examen complet. Sur une portion de ce fragment on reconnait la croûte noire due à l’échauffement développé par le trajet de la météorite au travers de l’atmosphère et qui est comme la livrée des pierres tombées du ciel. Cette croûte est une sorte de pellicule très régulièrement étalée, avec une épaisseur sensiblement uniforme qui n’atteint pas un millimètre et dont la couleur tranche complètement avec la nuance d'un gris clair, variée de taches ocreuses, de la roche sous-jacente. Celle-cise signale avant tout par sa structure que rend tout à fait remarquable une multitude de petits globules pierreux qui la fait immédiatement rapprocher de celle des roches qualifiées d'oolithiques. Ces globules cepen- dant n'ont aucunement la structure concentrique qui caractérise les oolithes et on les désigne généralement sous le nom de chondres, qui désigne d’ailleurs des objets d'origines certainement diverses. Il y a, en effet, des ‘chondres qui ne sont que des produits de trituration et Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. un peu forte ; sous le choc d'un faible coup de marteau elle se désagrège et on recueille, outre les fragments sub- sistants, une poussière fine et cristalline et des globules. La cassure montre des dépressions sphéroïdales corres- pondantes aux places d’où les chondres se sont détachés et souvent ces dépressions sont comme doublées d’une petite coque qui a moulé avec délicatesse les détails de surface des sphérules. Ceux-e1 sont remarquables par la régularité de leur forme et les variations assez faibles de leur diamètre, qui va de 1/2 millimètre à 2#®5, Ils don- nent assez bien l’idée de plombs de chasse et roulent comme ceux-ci sur la feuille de papier où on les a recueillis. Pour compléter les notions relatives à la structure de la masse, il est indispensable d'y tailler des lames min- ces et de les examiner au microscope. On y voit alors, avant toute chose, les relations mutuelles des chondres avec la matière générale dans laquelle ils sont empâtés. (1) Toutes 80 diamètres. les figures sont au grossissement uniforme de 88 LE NATURALISTE Er Le fait le plus saillant à cet égard, c'est que les globules sont nettement limités, parfois même cernés sur une plus ou moins grande étendue de leur contour par un liseré tout à fait noir et opaque. I1 convient d'examiner séparément la nature de la matière générale, puis la composition des chondres, pour chercher ensuite à quel type lithologique appartient la météorite de Bierbelé et tenter ainsi de restaurer les chapitres principaux de son histoire. La matière générale dans laquelle les chondres sont empâtés se signale au premier coup d'œil par sa transpa- rence imparfaite et comme laiteuse, qui contraste avec la impidité de fragments cristallins jetés sans ordre de toutes parts. C’est la structure ordinaire de toutes ces pierres qu’on a désignées quelque temps sous le nom peu précis mais bien expressif de « météorites du type com- mun ». On sait, avec certitude, à quoi elle est due depuis qu’elle s'est trouvée imitée dans les expériences de syn- thèse des minéraux météoritiques par voie de condensa- tion brusque de vapeur, et il n’y aurait pas à y revenir ici s’il ne se trouvait que quelques observateurs (1) ne la considéraient en ce moment comme de découverte récente. Les cristaux, d’ailleurs souvent imparfaits, qui résultent du processus par condensation constituent une espèce de feutre qui, par simple tassement sous son propre poids, reproduit la structure « cataclastique », comme on dit à présent. Il y a plus de vingt ans que je l'ai vue dans les poussières de pyroxène magnésien de reproduction artificielle (2). Ajoutons que cet état clastique, qui paraît tant étonner M. Renard, s'explique de lui-même quand on a constaté combien les cristaux artificiels de condensation brusque sont craquelés dans tous les sens. La moindre pression par simple tassement dans le givre ainsi produit suffit pour écarter les portions d’abord juxtaposées de cristaux. Les granules de fer et les filaments métalliques, qui y sont parfois si grêles et si longs, ne s'expliquent égale- ment que par l’existence de solutions de continuité dans lesquelles les alliages ont pu se concréter. Ces solutions de continuité résultent également de fractures dynamo- métamorphiques. En somme, M. Renard répète une assertion que M. Gredilla avait formulée à propos de la météorite de Madrid et contre laquelle je me suis élevé quand cet observateur voulait voir dans la structure dont il s’agit la caractéristique d’un type Hthologique nouveau. Ces remarques suffisent pour montrer combien ona tort, comme on le fait trop souvent maintenant, de bor- ner l'examen des météorites à leur examen microscopi- que : on perd la notion importante de leur macrostruc- ture. Quant à la composition minéralogique de la matière générale, elle résulte.du mélange de grains de péridot et de grains de pyroxène avec une substance peu transpa- rente, floconneuse, en partie inactive sur la lumière pola- risée et qui parait renfermer la majeure partie de l’alu- mine que révèlent les essais tentés sur la matière géné- rale. On voit de divers côtés de très petits grains noirs parfaitement opaques et qu’on peut séparer par lavage ; ils se répartissent en plusieurs espèces, parmi lesquelles (1) Par exemple, M. A.-F. Renard, Bull. Ac. royale de Bel- gique, n°* 9-10, sept.-oc. 1899, (2) Voir mon Mémoire dans le Recueil des savants étrangers, t, XVII, n° 5, août 1880. il faut mentionner d'abord du fer nickelé, très attirable à l’aimant, du fer sulfuré, facile à dissoudre dans les hydracides, et du fer chromé, très peu abondant, mais nettement reconnaissable au chalumeau, Les grenailles de fer sont très petites et assez écartées les unes des autres, de sorte qu’on peut choisir aisément dés éclats qui n’en contiennent pas du tout. On n’en voit pas sur les cassures et elles apparaissent seulement sur les sections polies. Les chondres sont remarquables dans la météorite de Bierbelé par la variété de leurs caractères. Parmi les types à distinguer, on mentionnera d’abord des sphé- rules (fig. 1), qui sont constitués par des cristaux d’olivine plus ou moins corrodés, parfois très corrodés, et qui cependant sont encore très mesurables : les faces g! et e sont souvent prédominantes. Les couleurs de pola- risation sont extrêmement brillantes, Les grains de péridot sont associés ensemble et soudés par un magma à grains très fins, en partie vitreux, mais où l'on recon- nait aussi parfois des microlithes pyroxéniques. La forme extérieure des chondres de cette sorte est parfois sensi- blement sphéroïdale ; elle présente aussi de temps en temps de très fortes irrégularités. Dans une deuxième catégorie de chondres (fig. 2), les cristaux d’olivine sont remplacés par des cristaux d’augite et parfois ceux-ci peuvent être d’une très grande perfec- tion : il en est qui occupent à eux seuls une très notable fraction du chondre tout entier, on y voit très nettement la forme m h! gb}. L'action sur la lumière polarisée ne laisse non plus aucun doute sur la détermination. Fréquemment les chondres sont formés d’enstatite, c'est-à-dire de pyroxène orthorhombique, et ils ont alors une structure fibreuse et rayonnée remarquable. Les plus simples (fig. 3) montrent de fines aiguilles hyalines 3, 4 f Fig. 3. — Chondre de la météorite de Bierhbelé constitué par des aiguilles de bronzite (enstatite) rayonnant d'un point situé à la périphérie du globule. très longues et non terminées, recoupées de clivages transversaux et irradiant en éventail de certains centres. Le point d'irradiation est toujours à la surface ou près de la surface du chondre, et il n’est pas rare qu'un même … chondre présente plusieurs centres dont les aiguilles x LE NATURALISTE 89 s'associent de facons variées, Il arrive (fig. #) qu'au mi- lieu d'un système d’aiguilles très concordantes, il se montre quelque longue aiguille simple ou divisée qui traverse sans se dévier les paquets de cristaux voisins. Fig. 4. — Chondre de la météorite de Bierbelé formé d’ens- tatite et présentant de longues aiguilles jetées au travers de systèmes concordants de cristaux. De semblables sphérules ont été concassés et on n’en retrouve que des fragments plus ou moins anguleux. Enfin, on trouve dans la météorite de Bierbelé et avec abondance des chondres très finement fibreux (fig. 5) et Fig. 5. — Chondre de la météorite de Bierbelé constitué par un minéral fibreux de nature feldspathique. que des essais spéciaux conduisent à reconnaitre pour être de nature feldspathique. Leurs sections sont rare- ment circulaires et bien plus souvent elles présentent un contour cordiforme. Entre les nichols il se dessine sou- vent des branches de croix noire tournante. Quelle que soit leur nature, les divers sphérules que nous venons d’énumérer, sont fréquemment délimités d’une manière très nette et même pourvus, dans bien des cas, [d’une espèce d'écorce spéciale. Souvent ils sont comme recouverts, sur une partie plus où moins large de leur surface, d'une mince pellicule de fer nickelé qui s'est insinué dans un vide étroit laissé entre les chondres et la matière générale de la météorite. Cette cancrétion métallique s'est continuée dans les fissures des chondres et de la gangue et jusque dans les plans de clivage de maints Cristaux. La densité prise à 10 degrés a été trouvée égale à 3,54; et tous les caractères de la météorite de Bierbelé se réu- nissent pour la faire comprendre dans le type lithologi- que que, depuis 1870 j'ai désigné sous le nom de Montré- Jite. Cette roche, que sa structure oolithique rend spécia- lementremarquable, est représentée dans la collection du Muséum par des spécimens provenant de plus de quarante chutes différentes. Il faut d'ailleurs rappeler que la Montréjite n’a pas seulement été trouvée à l’état de météorite homogène, mais aussi comme élément de météorites bréchiformes et complexes. On citera, par exemple, les nombreuses pierres clastiques des types dits Canellite et Banjite, et cela suffira pour montrer que le Montréjite joue un rôle spé- cialement important dans la géologie sidérale. STANISLAS MEUNIER. QUELQUES DESIDERATA DE L'ENSEIGNEMENT MODERNE DES SCIENCES NATURELLES Quand on étudie les progrès de l'esprit humain, on est étonné de voir combien les vérités les plus simples ont mis de temps pour se faire admettre. Le seul moyen de connaitre la nature est de l’observer: cette vérité, dont l'énoncé parait enfantin, ne fut reconnue qu'à une époque tout à fait rapprochée de nous. Pendant tout le moyen âge et la premiere partie des temps modernes, on avait cru pouvoir remplacer l'observation par le raisonnement, De là ces élucubrations fantaisistes, ces discussions à perte de vue qui encombrent les rayons des bibliothèques publiques — et les boites des bouquinistes. On concoit qu'une pareille méthode, ne reposant sur aucune base solide, était tout à fait incompatible avec les progrès de la science. L'autorité d'Aristote, d'Hippocrate, de Galien remplacçait l'étude directe de ja nature. Dans notre siècle, au contraire, les sciences sont en- tièrement faites d'observation et d'expérience; c’estcette méthode nouvelle, inductive et non plus déductive, quia permis leurs étonnants progrès. Il semblerait qu'un changement aussi complet dans l’objet même de la science ait dù amener une modification corrélative dans la facon de la répandre, que l’enseignement purement oral ait dù tendre de plus en plus à se transformer en lecon de choses. Certes, beaucoup à été fait dans cette voie. Partout nous voyons s'ouvrir des laboratoires, des musées, s’or- ganiser des excursions scientifiques, etc. Beaucoup de professeurs, et non des moindres, mêlent à leur cours des visites dansles galeries d'histoire naturelle ; d'autres emmènent leurs élèves faire des promenadesscientifiques à la campagne. Il semble cependant que bien des pro- grès pourraient encore être faits dans cette voie. Je suis 90 LE NATURALISTE le premier à reconnaître l'importance de l’enseignement oral, quand il a pour but d'exposer des recherches per- sonnelles encore inédites et quand il s'accompagne de nombreuses présentations d'objets, ou d’expériences, de figures, de cartes, de projections lumineuses. Quand le professeur se contente de résumer des données contenues dans ses ouvrages ou dans ceux des autres, son ensei- gnement perd une grande partie de sa valeur pour deve- nir purement livresque, sans rapport immédiat avec la nature. Les visites de Musées, telles que les ont comprises un certain nombre de professeurs du Muséum, M. Bouvier pour l’entomologie, M. Boule pour la paléontologie par exemple, ont au contraireune grande valeur éducatrice (1). Elles mettent l'élève ou l'amateur, qui n’ont guère tra- vaillé que dans les livres, en contact direct avec l’objet de leurs études, notamment avec des pièces rares qu'ils n'auraient pas Occasion de rencontrer ou dont ils ne Com- prendraient pas la valeur s'ils n'étaient guidés par les explications du professeur. Cette branche d’enseigne- ment mériterait donc d'être développée considérablement et étendue à tous les Musées d'histoire naturelle. Il en est de même des excursions d'histoire naturelle. Quoi de plus utile pour le débutant que ces promenades botaniques, entomologiques ou géologiques, où, sous la direction de maîtres aimables, il apprend à voir et à comprendre les objets naturels, à les déterminer, à les récolter et à les conserver ? Combien ensuite ses prome- nades personnelles prennent plus d'intérêt une fois qu'il a acquis ces notions fondamentales! Ce genre d’ensei- gnement, indispensable pour tout naturaliste qui ne veut pas être simplement un homme de cabinet, a éga- lement besoin de grands développements. Je n'ai jamais compris pourquoi, par exemple, aux herborisations pu- bliques, si bien comprises pour les phanérogames, il est à peu près impossible de se faire déterminer un crypto- game. Certes, les flores de Boistel, de Douin et de Cos- tantin sont excellentes et facilitent grandement la déter- mination des lichens,des muscinées et des champignons: j'en parle par expérience personnelle. Il est cependant des cas où le débutant aimerait à recourir aux conseils d'un maitre autorisé. C’est impossible à Paris en Pétat actuel des choses. L’entomologie est encore plus mal enseignée sur le terrain. Croirait-on que le Muséum n'organise qu’une seule excursion par an, dans laquelle on est censé re- cueillir des échantillons de tout le groupe des arthro- podes? Il est évident que d’un enseignement aussi écourté l'élève ne peut retirer aucune notion pratique- ment utilisable. Nous ne parlerons pas de la géologie, pour laquelle aucune critique n’est à faire. Dans de nombreuses excur- sions d’une journée, M. le professeur Stanislas Meunier enseigne d’une façon très vivante et accessible à tous la géologie du bassin parisien. Il fait en outre de temps en temps des voyages de plusieurs jours dans les régions les plus intéressantes de la France. Mais 1l y à encore un point sur lequel je voudrais dire quelques mots : c’est celui des rapports des trois sciences entre elles. Chaque professeur se cantonne trop dans sa spécialité. Ne donnerait-on pas plus de vie à ces excur- (1) Les conférences à l'usage des voyageurs qui ont lieu tous les printemps au Muséum d'histoire naturelle rentrent dans lemême ordre d'idées. sions si, au lieu de se contenter de déterminer des échan- tillons minéralogiques ou botaniques, on nous montrait les variations de la végétation avec la constitution géo- logique“ du sous-sol? La présence d’une plante donnée prouve que nous passons du calcaire à la silice, ou réci- proquement., De même, il y a des insectes des sables, des rochers, des bois ou des prairies, d'autres mêmes qui annoncent la présence d'une plante tout à fait spéciale. C’est là un ordre de recherches très intéressant à tous les points de vue et pour lequelle débutant a besoin d’être guidé, Or, je n'ai vu donner cet enseignement que d'une facon tout à fait rudimentaire dans les excursions aux- quelles j'ai assisté. Au moment où la belle saison va commencer, où de tous côtés on va se disperser à la recherche de la plante, de la bête ou du minéral, il m'a paru bon de donner ces quelques indications. Puissent-elles contribuer à donner à l'étude de la nature sur le terrain tout le développement bauquel elle a droit | Dr L. LALOY. Remèdes ignobles Plus un remède est étrange et compliqué, mieux il agit; les médecins ont souvent fait cette remarque qui s'explique bien simplement : ces remèdes frappent lima- gination du malade. Nos pères ne se faisaient pas faute d'employer ce mode de suggestion. Et notre ancienne pharmacopée est remplie de remèdes ignobles ou simplement bizarres que prescrivent encore nos sorciers de village. Le moyen-âge a connu la viande de chien, le lait de femme, la peau de serpent, les lézards. On faisait alors des pilules avec les substances animales suivantes, préa- lablement torréfiées : cheveux, urine d'homme ou d’en- fant, cœurs des ruminants, écaille de tortue, placenta humain, excréments d’une foule. d'animaux, peau d'âne, trompe d’éléphant, pattes de vautour et de tigre, vipéreset autres reptiles, crapauds, larves et cocons de vers à SOIC. En diverses provinces les remèdes suivants sont encore usités : Excréments. — On les applique sur les ulcères (Flan- dre) et sur l’érysipèle (pays d’Alost); la fiente de caille en poudre est donnée dans le haut mal, la fiente d’oie blanche sert à panser les panaris, et la bouse fraîche de vache les brüiures (Morvan). La fiente du poulet, du canard, du dindon, est usitée dans la pharmacopée chinoise. Urines. — L’urine du matin lâchée à jeun sert dans la conjonctivité. Mélangée à la sève de ficaire, elle est sou- veraine contre les hémorroïides (Flandre). I/urine du matin guérit les gercures des mains. A l'instar des Ro- mains, nos paysans pansent les ulcères avec des linges trempés dans l'urine (remède préconisé par Pline); ils guérissent les engorgements du sein chez les nourrices avec l'urine d'homme. Contre le mal de dents on place sur la dent cariée de l’urine de bœuf rouge (Morvan). Salive. — Frottez le matin à jeun les poireaux avec de la salive, ils disparaissent au bout de neuf jours (Flan- dre). Pour guérir les éruptions de la peau, les morsures des insectes, les blessures, il suffit de les lécher. LE NATURALISTE 91 Punaises. — Les anciens cotaient fort la punaise médi- catrice. Aristophane, Aristote, Pline et Dioscoride en font mention, ce dernier assurant que « sept punaises de lit avalées au commencement de l’accès sont un grand re- mède contre la fièvre quarte ». Au siècle dernier, on avalait des punaises vives pour faciliter l'expulsion du placenta (Lemery) (1). Poux. — Une infusion de poux est excellente contre la jaunisse (Piémont) (2) Un mélange de cendres et de poux facilite l'accouchement (Russie). Bien des sauvages, à l'instar des singes, mangent d’ailleurs les poux par plaisir. Cloportes. — Nos aïeux appréciaient les avantages du cloporte thérapeutique. Considérés longtemps comme diurétiques, les cloportes servaient encore au siècle der- nier pour « résoudre le tartre mucilagineux du corps, pour lever les obstructions des viscères», ete,, etc. On en devait avaler aussi « de tout entiers », depuis quatre jusqu'à douze, pour les cancers, Îes ulcères internes et externes. Araignées. — L'ingestion d'araignées facilite l’accou- chement(Kamchatka). Pour arrêter le saignement de nez, on avale une toile d’araignée frite dans la poële et arrosée de vinaigre (France), La toile d’araignée a, en effet, la réputation d'arrêter les hémorragies. Crapauds et grenouilles. — Contre les fluxions de poi- trine on mange une fricassée de têtards; ils tuent le mau- vais sang comme feraient des sangsues. Le crapaud séché et pulvérisé est excellent contre les épistaxis; bouilli et appliqué en cataplasmes sur la figure, il fait merveille contre l’érysipèle. | Lézard. — Cet animal a été employé dans la pharma- copée de tous les pays et dans tous les temps, Pline con- seillait contre l’épilepsie un lézard éventré avec un ro- seau ef séché ou rôti: aujourd’hui, dans le Morvan, on fait frire le lézard et on l’absorbe en poudre contre le haut mal; le lézard séché est encore un remède fort en honneur chez les Chinois. Taupe. — Elle est employée contre les maux de dents etles coliques; brülée et réduite en cendres, elle guérit les fistules (Morvan). On favorise la dentition des enfants en attachant à leur cou des colliers de peau de taupe. À certains jours de lune, on se guérit d’une foule de maladies en étouf- fant une taupe dans sa main (Normandie), FELIX REGNAULT. LES ŒUFS DE PAQUES Il est vraiment curieux de constater que l'origine d’une coutume aussi répandue que celle des œufs de Pâques (1) soit pour ainsi dire inconnue. On en est réduit à cet égard à des conjectures, à des hypothèses très différentes les unes des autres, ainsi qu’on va le voir. Pour certains — les plus prosaiques — l'usage en vient de ce que les poules pondent beaucoup plus fré- quemment avec l’arrivée des premiers effluves printa- (1) Le mot Pâques vient de l'hébreu passar (passage), attendu que la mort passa sur les maisons des Egyptiens et que les en- fants d'Israël passèrent de la servitude à l'indépendance. (1) Witkowski, Histoire des accouchements, p. 101-8. (2) Revue des traditions populaires, 1898, p. 239. niers. De fait, dans tous les ménages, la diminution du prix des œufs, à partir de Pâques, est bien connue; maisde là à y voir l'origine de la coutume des œufs de Pâques, c’est peut-être un peu exagéré. Ça n’est cependant pas impossible, car, autrefois, l’année commençait à Pâques et, comme aujourd'hui, on avait l'habitude, à cette occa- sion, de pratiquer le régime des petits cadeaux qui entre- tiennent l'amitié. Si l’on en croit les anciens chroui- queurs, jusqu'à Charles IV, ces cadeaux étaient presque exclusivement des œufs bien frais, dignes, comme l’on dit aujourd'hui, d'être mangés à la coque, C'était plutôt modeste et, dans ce temps-là, les bijoutiers et les confi- seurs devaient être dans le marasme.…. La chose, d'autre part, n’est pas isolée dans l’histoire, car, 1l y a quarante siècles, les Aryas disposaient des œufs sur l'autel de leur divinité, dès l'arrivée du prin- temps. La coutume des cadeaux d'œufs au jour de Pâques est attribuée par certains à ce que les œufs étaient interdits pendant le Carême, cruelle privation qui bouleversait désagréablement les menus et les matières premières des ménagères, Il en est qui voient dans l’œuf offert le jour de Pâques le symbole de la résurrection du Christ. Les uns croient qu'il faut attribuer la coutume au désir qu'avait l’Église de faire cesser chez les chrétiens l'habitude des étrennes de janvier, prohibées et qualifiées de « diaboliques » par le concile d'Auxerre (587). Les autres y voient un souvenir de l’œuf rouge que pondit, suivant Ælius Lampridius, une poulie appartenant aux parents de l’empereur Alexandre Sévère le jour de sa naissance. D'autres font remonter l'usage de l’œuf de Pâques au martyre que l’on infligeait aux chrétiens par l’ova ignita. En somme, il est probable que l'œuf a été choisi pour fêter à la fois l’arrivée du printemps et Pâques pour deux raisons : l’une parce qu'il symbolise la résurrection, l’au- tre, plus humain, parce qu'il représente un mets délicat que l’on a plaisir à retrouver après en avoir été privé longtemps par sa rareté et les exigences de la religion. Selon Jacques de Fortuny (1614), l'œuf de Pâques s’ap- pelait primitivement «l'œuf lustral» : Car il donna l'advision De se lustrer au jour de Pâques Où il faut que le chrétien vaque A servir Dieu d'un cœur lavé Où l'ord pesché ne soit trouvé. Aux x et xiv° siècles, les clercs des églises, les étu- diants des universités, les plus jeunes des différents quartiers, formant un long cortège, quétaient des œufs par les rues, avec accompagnement de tambours et de trompes, en chantant les Laudes de la liturgie catholi- que. Pour agrémenter le cortège, les uns portaient des étendards burlesques, d’autres étaient armés de lances et de bâtons. On leur donnait des œufs durs, teints en violet, en jaune, en bleu et surtout en rouge. Après les avoir fait bénir, les jeunes quêteurs les donnaient en cadeau aux enfants, aux domestiques et aux pauvres. En certaines provinces, cette procession avait lieu le jeudi de la mi-Carême; mais, comme on ne pouvait quêter d'œufs, l'usage en étant interdit, on donnait en place quelque autre denrée. Plus tard, après la messe de Pêques, on portait des corbeilles d'œufs peints et dorés dans le cabinet du roi. 92 LE NATURALISTE Celui-ci les distribuait à ses courtisans. Certains de ces. œufs étaient de vrais objets d'art. C’est ainsi que Wateau, le charmant peintre des bergeries xvire siècle, et Lan- cret, au coloris si brillant, aux compositions si riantes, ne se firent aucun scrupule d'en peindre de merveilleux pour la fille de Louis XV. On peut les voir encore aujourd’hui, conservés qu'ils sont à la bibliothèque de Versailles. Cette pratique prit fin en France en 1752, mais elle subsistait encore tout récemment dans plusieurs cours européenes, notamment en Russie, Un œufcélèbre à ce point de vue est celui offert par un artiste parisien au jeune roi d'Espagne Alphonse XIII. Il était en émail blanc et à l’intérieur était gravé en caractères micros- copiques d’une grande netteté le texte de l’évangile de la Résurrection. Un coq automate, installé au centre de l'œuf, chantait plusieurs airs d'opéra alors en vogue. Il avait couté 20,000 francs à l'artiste. Aujourd’hui, les simples œufs rouges que nos pères se distribuaient entre eux ont vécu. Ils ont été remplacés par de mirifiques œufs en sucre ou en chocolat. Non content de soigner l'enveloppe, on a aussi garni l'inté- rieur de simples bonbons ou de riches bijoux. On en est même arrivé à supprimer l'œuf lui-même et à ne donner que le contenu. C’est ainsi que les choses évoluent, et l'évolution des mœurs va vite de nosjours. En France, la coutume des œufs de Pâques est très diversement suivie. C’estla Normandie qui l'a conservée le plus heureusement. Dans les derniers jours de la Semaine sainte (d’après le Temps),les petits paysans parcourent la campagne, chantant devant chaque maison une complainte de la Passion, et,en terminant, gamins et paysans psalmodient à genoux l'hymne O Crux ave! Les enfants présentent alors une croix, entourée de fleurs nouvelles et de buis bénit, et les habitants, après l'avoir baisée, donnent des œufs aux petits chanteurs. Le samedi saint, les œufs pâquerets sont, dans les cam- pagnes,une redevance annuelle des sacristains (des sacri- tes ou custos, comme on les nomme) et des garcons meu- niers, qui,en allant les querir, souhaitent la bonne année. Dans les villes, les sonneurs viennent offrir de l’eau bénite en échange de quelque menue monnaie. Le soir de ce jour, dans les campagnes et même des grandes villes, comme Caen, des bandes de chanteurs se répandent par les rues et vont chanter devantles mai- sons la complainte suivante : Séchez les larmes de vos yeux, Le roi de la terre etdes cieux Est ressuscité glorieux. Atleluia ! Si la porte tarde à s'ouvrir, ils continuent : Réveillez-vous, cœurs endormis, Pour prier le doux Jésus-Christ, Qu'il nous conduise en paradis. Alleluia! Donnez à ces pauvres chanteurs Qui chantent les louanges du Seigneur : Un jour viendra, Dieu vous l’rendra. Alleluia ! Si les chanteurs sont de joyeux drilles, ils ajoutent : C'n'est pas des œufs que nous d'mandons, Mais c'est la fille de la maison; S'il y en a deux, nous choisirons. Alleluia ! S'ils ont recu quelque chose, ils remercient : Nous vous r'mercions, Ô gens d'honneur, D'avoir donné à ces chanteurs. Un jour viendra, Dieu vous l’rendra. Alleluia ! Mais si la porte reste close, ils se retirent en jetant ce couplet vengeur : Perrette a mis sa poul couver Afin de ne rien nous donner. Un jour viendra, l'diabl l’emportera. Alleluia ! Le jour de Pâques, les paysans mangent à leur déjeu- ner des œufs pâquerets, coupés en rondelles et servis dans du lait bouilli ; de là vient peut-être le nom de «pâque- rette » donnée à la marguerite blanche, dont la collerette est blanche et dont le centre est jaune. En Auvergne, nous apprend un écrivain local, on trouve quelque chose d’analogue. Les petits paysans s’assemblent, après les repas du soir, pendant la $Se- maine, sainte et vont chanter de porte en porte une com- plainte sur la Passion. Cette mélopée présente la cu- rieuse alternance d’un couplet en français et d’un couplet en patois du pays. Elle débute en ces termes : La passion de Jésus-Christ A qui voudra l'entendre, Entendez-la, petits et grands, En grande révérence. C'est de la prose rythmée, qui doit remonter sans doute aux mystères du moyen âge. Après la complainte, le chef de bande débite un récitatif en patois pour ap- peler l'œuf traditionnel dans la corbeille dont les chan- teurs ont eu le soin de se munir. Suivant la fortune de la maison, la maitresse du logis apporte un ou plusieurs œufs, voire quelque menue monnaie, que les jeunes Auvergnats savent estimer aussi bien que les Normands. Lorsque la collecte a été abondante — cest le cas ha- bituel — une partie des œufs est mise de côté pour servir à la confection d’une gigantesque omelette, qui est man- gée le dimanche de Quasimodo, dit Pasquette en patois. Le surplus est mis en vente et sert à compléter le menu de l’agape fraternelle. En patois, omelette est traduit par « pascade, » mot qui représente une étroite parentée avec Pâques. L'usage des œufs étant autrefois interdit pen- dant tout le carème, on se livrait sans doute après Pâques à de véritables orgies d’omelettes. La complainte de la Passion est chantée, même à la veille. Mais les jeunes citadins, dédaigneux de l’antique mélopée, ont adopté un chant beaucoup plus moderne : Peuple chrétien, d'un cœur contrit Et repentant de tous nos crimes, Adnurons de cœur et d’esprit Jésus, l’adorable Victime, Et contemplons avec douleur La passion de notre Sauveur, Ils recueillent ainsi quelque argent pour aller célébrer la fête de Pâques dans les auberges des environs. Les citadins ont aussi travesti la Passion campagnarde en Passion des cordonniers. Deux disciples de saint Crépin se narrent en patois les malheurs qui vont fondre sur eux : Tu verras la poix geler Et les formes se fendre, Tu verras le cuir augmenter Ainsi que la semence. On la chante à la porte de boutiques bien connues. Mais, au lieu d'œufs ou de gros sous, les artistes sont exposés à recevoir un baquet d'eau fraîche de la part de \ = LE NATURALISTE 93 quelque pégan irascible, atteint dans sa dignité profes- sionnelle. Mais quel rapport y a-t-il entre la « semence » et les cordonniers ? Je l’ignore. Dans plusieurs contrés, la plupart même, il y a, au sujet des œufs de Pâques, une coutume remontant à une date historique peu éloignée. Telle est, par exemple, cette vieille histoire du pays bressan : Marguerite d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, avait quitté les Flandres pour faire un pèlerinage. Arrivée au bourg, elle s'arrêta quel- ques jours au pays de Brou, en pleine forêt, avec les Alpes à l'horizon. Marguerite était à la fois très grande dame et très jolie. Son séjour à Brou donna lieu à une série de fêtes. Le lundi de Pâques, il y eut, dans la plaine de Bourg, assemblée générale et jeux de toute sorte. Les vieux tiraient ‘de l'arc, et la cible étant un tonneau plein, quand une flèche perçait la barrique, Varcher avait le droit de boire au tonneau jusqu’à merci; les autres venaient après, Les jeunes gens et les jeunes filles s’amusaient de leur côté. Marguerite, entourée de châtelaines du voisinage, assistait à cette fête villageoise. Une centaine d’œufs étaient éparpillés sur le sable et deux garcons et deux fillettes devaient exécuter, en se tenant par la main, une danse du pays. Ainsi le voulait la coutume. Si ces jeunes gens dansaient sans casser les œufs, ils étaient fiancés; la volonté même des parents ne pouvait s'opposer à leur union. Dans certaines localités de l'Ouest, les jeunes filles en quête de mari ont lhabitude de cueillir, en revenant de la messe de minuit, le jour de Noël, un petit rameau de pommier qu’elles placent dans une fiole pleine d’eau suspendue dans la chambre devant la fenêtre : si un seul des boutons vient à s'épanouir avant Pâques, la fillette à laquelle la branche appartient est sûre d’entrer en mé- nage avant que l’année soit finie. Cela s’appelle une Pâque fleurie. A ce propos, le regretté G. de Cherville a conté une historiette dont nous nous en voudrions de ne pas parler. Donc, il y avait dans la domesticité d’un château des environs d’Alencon une petite femme de chambre bre- tonne, douce et pieuse, douée de toutes sortes de vertus, mais affligée d'une bosse qui rendait son placement assez problématique. Cependant, comme il y à un cœur à l'envers d’une bosse, tout comme à l'envers d’un dos plat, Ursule, c'était le nom de la Bretonne. en revenant de l’église, profita de l'obscurité pour détacher sournoi- sement un petit rameau sur l’un des pommiers du che- min qu'elle suivait avec ses camarades, comptant se mé- nager une Pâque fleurie. Malheureusement, une autre fille, ayant surpris son secret, en régala l'office, qui ne laissa pas échapper cette occasion de s'égayer aux dé- pens de la pauvre bonne. On convint, entre ces mes- sieurs et ces demoiselles, que la mystification serait com- plète. Le samedi saint, un des aides jardiniers substitua à la branche à demie flétrie un brin de pommier tout constellé de fleurs rosées. On s’était arrangé pour que la Bretonne remontât à sa chambre pendant la journée; elle en redescendit bientôt rayonnante, tenant son bouquet à la main et criant au miracle. Les éclats de rire, les quolibets de ses cama- rades lui apprirent que Pon s'était moqué de sa crédu- lité; la pauvre enfant, confuse, tremblante, baissait la tête pour cacher les larmes qui coulaient sur ses joues, lorsque la châtelaine entra dans l'office. La lingère était allée lui raconter la présomption et la naïveté de la bonne et la dame s’était imdignée de ce jeu. — Ursule, dit-elle à la jeune fille, pour cette fois Pâque fleurie n'aura pas menti. Honnèête fille, vous serez certainement une honnête femme; mais, puisque cela ne suffit pas et qu’il faut encore une dot pour trou- ver un mari, cette dot je vous la donne, En même temps, ayant tortillé un billet de mille francs autour de la tige du rameau fleuri, elle le lui tendit. Quinze jours après, le garcon jardinier qui avait eu un rôle actif dans la plaisanterie proposa à Ursule de ‘l’épouser; mais celle-ci acheva de mettre les rieurs de , son côté en en choisissant un autre. La coutume des œufs de Pâques est très répandue à travers le monde. Ainsi, en Perse, les «mis s’envoient mutuellement des œufs peints et dorés; leur prix moyen est de trois ducats d’or. Le shah en donne plus de cinq cents dans son sérail. Les favorites les recoivent dans de riches bassins. Chaque œuf est couvert d’or, avec quatre miniatures plaquées sur la coquille. Remarquons, en passant, que le jour de Pan en Perse, le Norouz, est appelé «la fête des vêtements neufs », parce que, ce jour, on s'habille à neuf, habitude que le moyen âge avait transportée à Pâques. Cette coutume s’est perpétuée en Normandie et a donné lieu au dicton: « Sile jour de Pâques on n’étrenne rien, les pies vous crottent sur la tétel En Russie, Pâques est fètée d’une manière très tou- chante que l’on devrait bien acclimater en France. Ce jour-là, de tous les environs, arrivent dans les villes des marchands porteurs de cages où piaillent toutes sortes de petits oiseaux. La foule ne tarde pas à arriver. — À comhien tes oiseaux ? — À quinze copecks pièce. — Eh bien, donne-m’en cinq. Mais que va faire ce spectateur de ses cinq oiseaux? Il n’a pas de cage; va-t-il les mettre dans sa poche, comme je l’ai vu faire à Paris au marché aux oiseaux ? Point. À peine est-il en possession de son petit babil- lard, qu'il ouvre la main et lui donne la volée. — Sois libre, dit-il. L'oiseau ne se le fait pas dire deux fois. Il file à tire d’aile, bientôt suivi par ses autres compagnons de cap- tivité que l'acheteur s’est procurés et qui s’en va le cœur content d'avoir accompli une bonne œuvre. Quelle que soit l’origine des coutumes de la grande fête, on y ajoute toujours l'idée d’une grande rédemption mo- rale : Pâques est presque synonyme de rachat et de libé- ration. Les russes l’ont symbolisée d’une manière admi- rable par cette coutume des oiseaux et la chose est d'autant plus touchante que, souvent, ceux qui la pra- tiquent sont eux-mêmes des serfs attendant leur libé- ration. Les Russes, d’ailleurs, ne s’en tiennent pes là. Ils se font de nombreux cadeaux, des œufs et des bijoux. Et, dans les maisons, c’est le moment où l’on fabrique des babas, ainsi nommés parce qu'ils sont l’œuvre des babas (vieilles femmes) : les ménagères sont alors autant occu- pées que les Anglaises au moment de la confection des Plum-poudding de Noël. Et ce n’est pas peu dire! HENRI COUPIN. 94 LE NAT LES ARBRES DANS LES GRANDES VILLES La Revue scientifique a publié un curièux article sur les plantations d'arbres dans les grandes villes, et notamment à Paris. Nous croyons à ce sujet pouvoir donner des renseignements jutéressants pour les lecteurs du Natluraliste. D'abord, c’est une erreur trop répandue de croire que ces plantations sont nécessaires à renouveler l’air des villes en ab- sorbant l'acide carbonique, car on pourrait ajouter que, si les feuilles absorbent l'acide carbonique, c'est seulement pendant le jour, sous l'influence de la lumière solaire ; de plus, les végétaux respirent jour et nuit, comme tous les êtres vivants, en absor- bant l'oxygène qui nous est si nécessaire. Ce sont donc les vastes agglomérations végétales dans nos campagnes et les grands bois qui assainissent l'air que nous respirons, en absor- bant l'acide carbonique pour le décomposer en carbone et en oxygène, qu'elles fixent avec la vapeur d’eau, pour en former les substances hydrocarbonées et notamment la cellulose, qui est la base de la charpente même des plantes. Mais les arbres plantés dans les villes ont l'immense avantage de nous procurer, pendant l'été, un ombrage et une fraicheur salutaires, et non pas dangereux comme ceux des hautes mai- sons, où on risque d'attraper des rhumatismes et des fluxions de poitrine. En outre, cette verdure au milieu des boulevards égaie notre vue et contente notre âne. C'est un double service, au point de vue de l'hygiène. ‘ Tout le monde à pu constater depuis longtemps que les diffé- rentes espèces d'arbres ne se plaisent pas à Paris aussi bien les unes que les autres. Celles qui y poussent le mieux, ce sont les marronniers, les platanes et les sycomores. Les ormes et sur- tout les acacias réussissent mal. Les ormes n'ont bien réussi qu'aux Champs-Elysées et au boulevard de la Madeleine, là où il n'y avait pas de maisons; mais une fois qu'on a eu le malheur de bâtir sur les boulevards, les ormes ont disparu peu à peu, et aujourd'hui on ne voit plus que les derniers survivants des ormes magnifiques qu'il y avait autrefois dans ces parages. Un arbre exotique qui réussit merveilleusement bien à Paris, c’est le vernis du Japon. Cet arbre prospère’jusqu'au beau mi- lieu du boulevard des Italiens : c’est tout dire. Les Paulownias ont échoué, comme on devait s’y attendre, et les tilleuls n'ont pas été plus heureux. En somme, les arbres qui poussent le mieux à Paris sont les marronniers, les sycomores, les platanes et les vernis du Japon. Les ormes, les érables et les acacias n’ont qu'une durée moyenne de 40 à 45 ans. Pour ces arbres, il faut plus d'air et surtout moins d'abri, avec un sol plus profond que celui de Paris. Il n’y a guère qu'aux Champs-Elysées que l'on pourra se flaiter d'avoir encore de beaux ormes, dans l'avenir, si toutefois on ne finit pas par en faire des boulevards, comme on l’a déjà fait sur la moitié de leur longueur. Quels vandales ! I n’est cependant pas difficile d’avoir de beaux arbres. En général, pour cela, il faut deux choses : une forte épaisseur de terre perméable aux racines, et de l’eau à une certaine profon- deur. On peut y arriver par deux moyens bien différents. Nous allons en citer des exemples typiques. 19 Dans les marais. Voici un marais, comme l’étaient jadis les Champs-Elysées, une prairie humide où poussaient des ophioglosses, au temps de Tournefort. Accumulez-y les débris de toute espèce que l’on retire d’une grande ville. Ajoutez-y des pierres, du sable, du terrain à une hauteur suffisante. Vous aurez ainsi une couche d’eau dans le fond et une épaisse couche de terrain perméable ou meuble par-dessus. Dans ces conditions, on aura les arbres magnifiques fque l'on voyait jadis aux Champs-Elysées, ou même au jardin des Tuileries, qui se trouvaient dans des con- dilions analogues; on retrouve identiquement les mêmes condi- tions à Noyon, au cours situé entre la ville et la gare. Dans le marais situé au confluent de la Goële et de la Verse, il y eut d’abord un monastère, l’abbaye de Saint-Eloi. Plus tard, Henri IV y fit élever une citadelle, avec de hauts bastions. Grâce à toute cette terre rapportée et à l'eau du marais, on a obtenu un terrain excellent pour les arbres, où l’on trouve des ormes plus gros encore que ceux des Champs-Elysées. 26 Un autre moyen d’avoir de beaux arbres, dans un endroit non marécageux, c'est de procéder tout autrement. Au lieu de rajouter de la terre à un marais, il va falloir creuser, et voici comment. URALISTE À Saint-Paul-aux-Bois, par exemple, au lieu dit l’ancien bois de Saint-Paul, on voit des arbres qui poussent d’une singulière façon, et qui s’y développent mal. Pourquoi cela ? Examinons de près ce qui s'y passe, et nous ne tarderons pas à être bientôt renseignés. Vous y plantez des arbres. Pendant 15 ans, ils croissent admirablement, en donnant les plus belles espérances. Puis, ils ne grandissent plus, ils se contentent de grossir un peu pendant quelques années et, au bout de 40 ou 50 ans, on les voit mourir du haut. Pourquoi donc? Ah! c’est que, si l'on creuse un fossé de trois ou quatre pieds de profondeur, on s'aperçoit que la couche d'argile imperméable, qui retient les eaux, se trouve à moins de trois pieds de profon- deur, sous une couche de deux pieds de sable et de moins d'un pied de terre de bruyère. Il en résulte donc que le sol n’a pas assez de profondeur pour permettre aux racines de descendre aussi bas que descendent normalement les racines des grands arbres. Il faut donc leur donner une terre meuble, en creusant, dans cette couche imperméable d’argile, de longues tranchées profondes, que l'on remplira ensuite de terre bien meuble, avant d'y planter des arbres. Mais il faut avoir bien soin de ne pas creuser au delà du banc d'argile, afin qu'il y ait toujours à la base du sol une couche imperméable d'argile, qui retienne les eaux dans la couche profonde du terrain où pénétrent les extrémités des dernières racines. Bref, il faut deux choses pour avoir de beaux arbres : une couche épaisse de terrain meuble et de l'eau dans la profon- deur. Il va sans dire que ce que nous disons ici des arbres, en gé- néral, ne s'appliquerait pas aux sapins qui vivent très bien dans des conditions toutes différentes, de même que les hètres et certaines autres essences. Dr Boucon. 27 MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DU TRACHYPHLŒUS SCABER, LINNÉ COLÉOPTÈRES DU GROUPE DES RHYNCOPHORES Aux premières belles journées du premier printemps, les deux sexes se recherchent et s’accouplent; la copu- lation terminée, le mâle meurt, la femelle recherche un lieu propice pour le dépôt de ses œufs, le dessous d’une pierre ou le collet de la racine de divers végétaux, et confie à la nature le soin de les faire éclore. Œufs. Longueur 0 mm.8, diamètre 0 mm. 2. Allongé, subcylindrique jaunâtre, pâle, lisse etluisant, finement pointillé, à pôles arrondis, à coquille peu résis- tante. Œufs pondus au nombre de huit à dix et proportion- nés à la taille de la mère, ils éclosent une quinzaine de jours après, et la jeune larve plonge aussitôt dans le sol à la recherche de sa nourriture, laquelle consiste en ra- cines de diverses plantes; durant toute la belle saison elle progresse, change plusieurs fois de peau, puis, arrivée au terme de son accroissement, elle présente l'aspect sui- vant: Larve : Longueur 4 millim., largeur À millim. 5. Corps légèrement arqué, blanc, charnu, pubescent de roux, convexe en dessus, un peu moins en dessous, ar- rondi aux deux extrémités. Téte semi-globuleuse, jaunâtre pâle, lisse et luisante, petite, rétractile, finement ridée, avec longs poils roux épars; épistame rougeâtre, transverse, labre à bords ci- liés ; mândibules jaunâtres, triangulaires, à pointe noire et bidentée; mâchoires avec labre court et palpes de deux articles ciliés de longs poils roux; lèvre inférieure char- nue avec palpes droits rougeâtres, bi-articulés; antennes LE NATURALISTE 95 droites, très courtes, de deux articles peu distincts; pas de trace d'ocelles. Segments thoraciques au nombre de trois, charnus, blan- châtres, s’élargissant d'avant en arrière, le premier un peu plus large que la tête avec bord antérieur jaunâtre, deuxième et troisième plus larges, formés de deux bour- relets. Segments abdominaux au nombre de neuf, forme des précédents, les six premiers chargés de deux bourrelets, septième et huitième lisses, sans bourrelets, neuvième arrondi, ridé et quadrimamelonné. Dessous blanchâtre, déprimé, avee courts poils épars, chaque arceau formé d'un double bourrelet excepté aux trois derniers qui sont garnis en leur milieu d’une rangée transverse de courtes spinules, Pattes nulles, les bourrelets en tiennent lieu. | Stigmates très petits, peu apparents, de la couleur du fond. C'est en juin ainsi qu'en juillet, qu'aux environs de Rio, dans le chevelu des racines, à une profondeur de deux à trois centimètres, on trouve cette larve arrivée à lPapogée de sa puissance, en compagnie d’une foule d'autres larves radicivores comme elle ; vers la mi-juillet, dans le milieu où elle se trouve, elle se faconne une loge à parois lisses et aussitôt se transfigure. Nymphe. — Longueur 3 millimètres ; largeur 2 milli- metres. Corps ovalaire, blanchâtre, un peu arqué; front chargé de trois rangées de cils roux; premier segment thora- cique tuberculeux ; segments abdominaux garnis de longs cils, le dernier armé de deux longues spinules droites ; deux longs cils bruns émergent du joint de l'articula- tion de la cuisse et de la jambe destrois paires de pattes. Adulle. Court, renflé, brun terreux, garni de très courtes spinules : il mène une vie errante, vagabonde ; c'est en particulier sous les toutfes d'herbes et sous les pierres qu'on le trouve durant tout l'automne, l'hiver et une partie du printemps; sa robe, se confondant, par effet de mimétisme, avec la couleur des végétaux et des pierres, lui procure une immunité relative, Capitaine XAMBEU. a LES TARINS Les Tarins, très voisins des Sizerins, sont caracté- risés par leur bec pointu, leur forme trapue, leurs ailes relativement longues, leur queue courte et l’agilité de leurs mouvements. Le Tarin commun (Chrysomitris spinus) est trop connu pour qu'il soit utile d'en donner la description ; il habite le nord de l'Europe : la Suède, la Norvège et la Russie etne vient en France que lorsqu'il est chassé par les froids rigoureux. Il arrive alors en bandes plus ou moins nombreuses, selon les années, se dirigeant vers le Midi et c’est depuis la fin d'octobre que les oiseleurs le pren- nent au filet, généralement au commencement des pre- miers froids, en même temps que les Linottes, les Char- donnerets et les Pinsons d'Ardennes, Sa capture est d'autant plus facile qu'il est familier, peu défiant et peu craintif, Il recherche les forêts d'arbres verts, se nour- rissant de graines et de bourgeons; il'est toujours en mouvement, grimpant et se suspendant aux branches comme les Mésanges, En captivité, il s’apprivoise facile- mentet vit en bonne intelligence avec les autres oiseaux, surtout avec les Serins des Canaries. Quelques espèces de Tarins exotiques sont assez fré- quemment importées en France : 1° Tarin jaune (Chrysomitris tristis). — Cet oiseau, vendu parles oiïseleure sous les noms de Chardonneret jaune, Serin d'or, Chardonneret triste, Tarin jaune et noir, est de la grosseur de notre Tarin; son plumage est jaune d’or, à l'exception du sommet de la tête, des ailes et de la queue qui sont noirs. Cette espèce habite toute l'Amérique du Nord et pen- dant l'hiver descend en bandes considérables au Texas et en Mexique. Audubon affirme que pendant son séjour en Europe il croyait entendre ces Tarins lorsque le chant de notre Chardonneret venait le frapper et que, après son retour en Amérique, rien ne lui rappelait mieux l’ancien monde que la voix de cet oiseau qui ré- velilait chez lui le souvenir de l’oiseau européen, Son nid ressemble à celui de notre Tarin; il est formé extérieurement de morceaux de lichen d'arbres et feutré intérieurement avec toutes les substances douces et co- tonneuses que l'oiseau peut se procurer; il est ordinai- rement fixé aux branches d’un pommier ou aux fortes tiges du chanvre. Cette espèce est fréquemment importée, mais elle est plus délicate que notre Tarin et on n’a pu jusqu'à pré- sent la conserver longtemps en captivité. 20 Tarin du Mexique (Chrysomitris Mexicana). — Ce Tarin, qui est de la taille du précédent, a la poitrine et la face inférieure du corps d’un beau jaune, le dos, les ailes et la queue noirs, les sous-caudales brunes et le croupion blanc; le bec est couleur de corne avec Ja pointe noire. Il habite tout le Mexique et la Colombie; mais il est moins fréquemment importé que le Tarin jaune et aussi difficile à conserver en captivité. 3° Tarin rouge à tête noire (Chrysomitris cuculluta). — Cette espèce est vendue par les oiseleurs sous les noms de Tarin de la Guayra, Serin à téte noire et Petit Cardinal rouge des Indes occidentales. Son plumage est remarquable par la vivacité des couleurs : la tête, la gorge, le cou, le haut de la poitrine et la queue sont d’un noir foncé, le dos, le manteau et les épaules d’un rouge-brun, les rémiges etles couvertures noires bordées de rouge avec une bande transversale tirant sur le jaune, le croupion, les couvertures supérieures de la queue, la poitrine et toute la face inférieure d'nn rouge foncé. La femelle a la tête et la gorge d’un gris noirâtre teinté de rouge brun, le dos, le manteau, les épaules et les ailes gris-brun, une bande orangée traverse chaque aile, le croupion est jaunâtre, le dessous du corps cendré avec quelques taches d’un jaune rougeûtre. Ce Tarin habite les Antilles, le Venezuela et le Brésil; il se nourrit de graines de semence et d'insectes ; son chant a une certaine ressemblance avec celui du Char- donneret. Importé assez rarement en Europe, il s’habitue facile- ment à la captivité et on a pu obtenir plusieurs fois sa reproduction: la femelle pond 3 à 4% œufs d'un blanc bleuûtre piquetés de brun; l'incubation dure onze jours. ALBERT GRANGER. 96 LE NATURALISTE ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES … Coléopières des genres Pseudolucane et Lucane Afin de compléter l'étude publiée sur le genre Pseudo- lucane, il convient de parler de deux espèces dont je ne me suis pas occupé précédemment et qui rentrent dans ce petit genre : . La première, qui ne m'est connue que par une femelle de la collection Parry, est une espèce asiatique. La seconde, qui appartient à la faune de l'Amérique du Nord, est connue et décrite depuis longtemps, mais avait été, par erreur, considérée comme appartenant au genre Luca- nus, Il s’agit du Pseudolucanus placidus. Il importe enfin de revenir sur la femelle du Pseudolu- canus Davidis, à laquelle la description donnée, en 1878, dans nos Annales de la Société entomologique de France, ne s'applique nullement. PSEUDOLUCANUS DaAvipis. — H. Devyrolle. Dans le premier volume de ce travail, j'ai donné pl. 2, fig. 2, le dessin de la femelle du Pseudolucanus Davidis, d’après un exemplaire faisant partie de la collection du Muséum de Paris et rapporté par M. l'abbé A. David, en même temps que deux autres mâles de la même espèce. Cette femelle, que je croyais alors être le spécimen type décrit et figuré, en 1878, dans nos Annales par M. I. Deyrolle, est bien une véritable femelle de Pseudolucanus Davidis. Entièrement noire comme le mâle, possédant la même tégumentation et se rapprochant de ce dernier, autant qu'une femelle de Lucanide peut se rapprocher de l'autre sexe, elle présente, en outre, tous les caractères spé- ciaux aux autres femelles connues de Pseudolucanes asiatiques, à savoir : la tête fort petite, les mandibules déprimées, à bord interne mutique, à dent terminale acérée, le corselet court et étroit, les élytres allongées, amples et parallèles, enfin la massue antennaire com- posée de quatre feuillets grêles, étroits et déprimés (dont le premier fort petit), et plantés sur une tige rectiligne, alors que la tige antennaire des Pseudolucanes euro- péens et américains est toujours un peu arquée comme celle des Lucanes vrais. Mais si cette femelle est bien celle du Pseudolucanus Davidis, il en est tout autrement de la femelle que M. H. Deyrolle a figurée et décrite comme telle en 1878. Je n'avais pas été sans remarquer que ni la figure qui fait penser à une femelle de Lucane vrai, ni la descrip- tion qui parle, entre autres choses, de macules jaunes aux pattes médianes et postérieures, ne cadraient avec le spécimen que j'avais sous les yeux; mais, convaincu que c'était ce dernier qui avait servi à la description originale, j'avais attribué à des inexactitudes acciden- telles ce qui était en réalité le résultat d’une confusion d'espèces. Il est même très vraisemblable que j'aurais continué à rester dans l'ignorance à ce sujet si M. R. Oberthür ne s’en était lui-même apercu en remaniant ses Lucanides et n'avait appelé mon attention sur ce point en me com- muniquant la femelle incriminée, laquelle, rapportée (très probablement de Mou-Pin), par M. l'abbé A. David, en même temps que ses Pseudolucanus Davidis, avait été classée, par erreur, dans la collection de Mniszech, avec ceux des mâles de cette espèce qui étaient échus à la collection dont il s’agit. Il ressort, en effet, de l'examen de la femelle en ques- tion, que’cet insecte n'est même pas un Pseudolucane, mais bien une femelle de HLucane vrai, appartenant incontestablement au groupe du Lucanus Delavayi, et que, par suite, la figure et la description de M. H. Dey- rolle, tout en étant parfaitement exactes, ne s'appliquent pas à la femelle du Pseudolucanus Davidis. Il convient, d’ailleurs, d'ajouter que cette confusion était parfaitement explicanle car non seulement cette petite femelle est en rapport de taille avec le mâle auquel elle avait été attribuée mais, encore sa coloration, à l'exception des macules des cuisses, est pour ainsi dire identique. Enfin, en 1878, aucune des autres femelles si caracté- ristiques des Pseudoluçcanes asiatiques n’était connue, ce qui privait le descripteur de tout terme de comparai- son. On verra, à son ordre, dans la suite de ce travail, sous la rubrique : Lucanus delicatulus, ce qui à trait à la petite femelle en question; quant à la femelle du Pseudolucanus Davidis, sa description doit être libellée comme suit : Coloration entièrement noire comme chez le mâle; tête couverte d'une ponctuation fine et régulière; corselet rebordé tout autour, lisse sur son disque, couvert en entier d'une ponctuation visible à la loupe seulement, plus serrée et plus forte sur le pourtour; élytres lisses, pattes rugueuses un peu plus luisantes que le corselet. Mandibules granulées, presque aussi longues que la tête, falciformes, étroites, terminées en pointe très aiguë, privées de dents à leur côté interne ; leur face supérieure est un peu déprimée en son milieu. Tête étroite, arrondie et épaisse, plane en son milieu ; corselet étroit, infléchi latéralement, présentant le long du bord antérieur, à droite et à gauche, une dépression bien marquée ; il est, en outre, un peu rétréci en avant et rappelle beaucoup comme conformation, celui du mâle. Elytres amples et nettement parallèles, pattes des deux dernières paires grèles; tarses fins et allongés à toutes les paires. Antennes identiques à celles du mâle mais plus courtes. Pubescence du sternum d’un jaune clair très pâle, abondante et longue, mais peu serrée, visible surtout latéralement. Les spécimens du Muséum (207 et 14) portent lindi- cation : Mou-Pin. A. David, 1870). PSEUDOLUCANUS MNISZECHI. — Louis Planet. Nova species. Je décris sous ce nom une petite femelle de Pseudolu- cane, à mâle inconnu, qui se trouvait.dans la collection Parry et dont je dois la communication à M. Oberthür. Cet insecte porte l’annotation : Ind. Or. — ? Smithii Q. Sa conformation rappelle, en effet, beaucoup celle d'une petite femelle de L. Smithii et bien plus encore celle de la femelle du L. villosus, mais sa massue antennaire est tout à fait celle d’une femelle de Pseudolucane asia- tique. La coloration est noire sur les mandibules, la tête, le LE NATURALISTE 97 corselet, les pattes et les antennes; les élytres sont de la même couleur châtain que chez les mâles du L. cervus. Les mandibules, de la même longueur que la tête, sont rugueuses, robustes, de section triangulaire, et parcou- rues en leur milieu par une carène longitudinale bien marquée. Leur dent terminale est longue et très aiguë et leur bord interne est armé de deux dents en son milieu. La tête est courte, large et robuste ; son bord antérieur, sensiblement rectiligne, forme un bourrelet épais et assez large qui s'étend sur toute sa longueur; en arrière de ce Pseudolucanus Mniszechi ®. bourrelet elle est déprimée jusqu'aux carènes qui sont bien accentuées pour une femelle; toute sa surface est fortement granuleuse; la granulation du cou est plus faible et plus régulière. Le corselet est entièrement rebordé et d'apparence mate ; vu à la loupe, il apparait couvert d'une ponctua- tion régulière et assez serrée sans être dense, un peu plus forte et plus rapprochée latéralement. Les élytres sont pour ainsi dire lisses. Le dessous du corps est noir; la partie sternale est cou- verte de poils roux assez longs. Comme je l’ai dit précédemment le mâle, de cette espèce n'est pas connu; à en juger par la femelle, il doit être plus près du Pseudol. Groulti que des Pseudol. atra- tus où Oberthuri. CHRONIQUE Cours di’entomologie agricole, — M. A.-L. Clément, vice-président de la Société centrale d’apicul- ture. fait au jardin du Luxembourg (pavillon de la Pépi- nière), les mardis et samedis, à 10 heures du matin, un cours d’entomologie agricole. Le professeur traitera des caractères des insectes, or- ganisation,mœæurs, métamorphoses,classification,chasse, préparation ; insectes utiles, insectes nuisibles, M. E.-L. Bouvier, professeur au Muséum d'histoire naturelle de Paris, autorisera les personnes suivant le cours à visiter, à des dates fixées ultérieurement,les collections entomo- logiques du Muséum, et à prendre part aux excursions entomologiques qui se font sous sa direction dans le courant de la belle saison. Utilisation de l’aloès pour la destruction des altises en Tunisie. — Dans quelques régions de la Tunisie, heureusement peu nombreuses, les altises causent, certaines années, des dégâts appréciables. Il semble résulter d'essais entrepris récemment par M. Reynes, de Bir Touta, que les viticulteurs qui ont à lutter contre ces insectes, appelés le.plus souvent han- _netons verts, trouveront dans l'emploi de l’aloès un moyen de défendre leurs vignobles attaqués. Le procédé consiste à Incorporer aux bouillies cupriques appliquées contre le mildew de 100 à 130 grammes d’aloës par hecto- litre.Cette substance ne coùtant que 2 à 3 francs le kilo- gramme à Tunis, la dépense supplémentaire par hectare est insignifiante. Il n'existe pas de frais d'épandage, attendu que l'on profite de l'application du traitement contre le mildew pour épandre l’aloès sur les souches en végétation. LIVRES NOUVEAUX Eléments de Paléobotanique (1), par R. ZEILLER, ingé- nieur en chef des mines, professeur à l'Ecole nationale supé= rieure des mines. Il n'existait jusqu'à présent, tout au moins en langue française, aucun ouvrage général un peu élémentaire de paléobotanique, el ceux qui, botanistes, géologues où mineurs, sans vouloir faire une étude spéciale et approfondie des végétaux fossiles, dési- raient cependant s'initier à leur connaissance, dans un intérêt scientifique ou technique, ne pouvaient recourir qu'à des ouvrages très détaillés et volumineux, remontant, en outre, à plusieurs années déjà et offrant par suite l'inconvénient de n'être plus, sur beaucoup de points, en conformité avec les données actuelles de la science. Les inconvénients d’une semblable lacune, notamment au point de vue de l'enseignement supérieur, avaient été plus d'une fois signalés, et la publication des Eléments de paléobotanique a eu pour but de la combler, L'auteur s'est efforcé, suivant le plan adopté par lui dans les leçons de paléontologie végétale qu’il professe à l'Ecole supé- rieure des Mines, de présenter, sous une forme suffisamment condensée, les résultats les plus essentiels auxquels on est au- jourd'hui parvenu dans l'étude des plantes fossiles. Il s'est at- taché principalement à faire connaitre, pour chacune des grandes classes entre lesquelles se subdivise le règne végétal, les types les plus remarquables qui la représentent à l’état fossile, en ‘insistant surtout sur les formes éteintes, sur les rapports qu'elles ont avec les formes vivantes, dont elles se rapprochent le plus, et en ayant soin d'indiquer les niveaux géologiques auxquels on les rencontre. Il résume, d'ailleurs, dans un chapitre spécial, les caractères distinctifs de la flore de chaque terrain, montrant par quelle succession de formes on est passé peu à peu, des flores les plus anciennes qui ont laissé leurs débris dans les couches de l'écorce terrestre, à celles qui peuplent aujourd'hui la surface du globe. Il examine en terminant quels enseignements il est possible de tirer de l'étude des végétaux fossiles sur la question des liens génétiques qui peuvent exister entre eux, sans dissi- muler toutefois l'importance des lacunes qui existent à ce point de vue dans nos connaissances, et la part que peut avoir l'ap- préciation personnelle dans l'interprétation des documents re- cueillis. Une liste bibliographique détaillée, placée à la fin du volume, indique les sources originales que le lecteur, désireux d’appro- fondir davantage, peut avoir intérêt à consulter. OFFRES ET DEMANDES À vendre: Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Doryphora à Dorydera inclus, 329 espèces, 978 exempiaires, 9 cartons. Prix...... 410 francs. Lot de Cassides européennes et exotiques. 65 espèces,156 exemplaires,2 cartons.Prix. 50 francs. S'adresser pour les lots de Coléoptères ci-dessus à Les Fils d'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. (4) 4 vol. in-8° raisin de 421 pages, avec 210 figures. Prix : 20 fr. 85 franco. En vente chez Les Fils d'Emile Deyrolle. 46,rue du Bac, Paris. Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 98 S'ADRESSER À LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vius. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata, Agrilus cyanescens. — tenuis. — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. Sinoxylon sexdentatum. — muricatum. Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini. — oleiperda. Hylurgus piniperda. — ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. — stenographus. — Jlaricis. — . bidens. Bruchus pisi. — flavimanus. — rufimanus. — tristis. .— Jlentis. — pallidicornis. — nubilus. Rhynchites betulæ. — populi. — betuleti. — conicus. — cupreus. — bacchus. Apion apricans. — craccæ. — viciæ. flavipes. flavofemoratum. — pisi. — æneum. — tenue. — vorax. — violaceum. — hæmatodes. — pomonæ. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pini. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. ligustici. LE NATURALISTE ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CIAPRES DÉSIGNES (Ne proposer que des Insectes frais et intacts) Otiorhynchus rancus. — picipes. Lixus angustatus. Anthonomus pomorum. — pyri. — druparum. — rubi. Orchestes fagi. —. alnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. — napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaruis. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyx heros. — scopolii. Aromia moschata. Callidium unifasciatum. Clytus arietis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberca linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica oleracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. — campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — bitterensis. Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Pseudo-Névroptères. Termes lucifugus. — flavicollis. Hyméènoptères. Vespa crabro. — germanica. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopæœus spirifex. Atta barbara. — Sstructor. Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia rosæ. — spinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossulariæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — ribis. Lyda pyri. — sylvatica. — campestris. — erythrocephala: Lophyrus pini. — rufus. Cephus pygmæus. — compressus. Sirex gigas. Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rostæ. Lépidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassictæ. — rapæ. —: napi. Deilephila elpenor. — euphorbiæ. Ino pruni. — ampelophaga. Trochilium apiforme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. —. neustria. Porthesia chrysorrhaca. — auriflua. Ocneria dispar. —. monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicæ. Triphæna pronuba. — orbona. Phlogophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas grossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheimatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnophthira pilleriana. Tortrix viridana. — cratægana. — rosana. — Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana. Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivorella. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depressella. — nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Sehirus bicolor. RUE DU BAC, 46, PARIS Œlia acumimata. Strachia oleracea. — . Ornata. Carpocoris baccarum. Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Typhlocyba rosæ. — viridipes. Psyllä pyri. — buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — lanuginosa. Aphis rosæ. — cerealis. — fabæ. — pruni. — persicæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim vitis. — tiliæ. —. salicis. —+ persicæ. — :olæ. — caricæ. Aspidiotus conchyforme. Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. — h#æmorrhoïdalis. Diptères. Tipula oleracea. Sciara piri. — analis. Cecidomya tritici. — destructor. — nigra. — pyri. — brassicæ. Lasioptera obfuscata. Simulium ornatum. — maculatum. =) Teptans. Bibio Marci. — hortulanus, Tabanus bovinus. Hæmatopota pluvialis. Œstrus equi. — hæmorrhoïdalis. Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum. — brassicæ. — furcata. — radicum. — conformis. — Jlactucæ. Pegomya acetosa. Psilomya rosæ. Hylemya coarctata. Spilographa cerasi. Dacus oleæ. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Agromiza nigripes. Platyparea pœciloptera, Chlorops lineata. — tæniopus. Oscinis frit. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques, 29% ANNÉE 2° SÉRIE — N° 3 4 G 1°" MAI 1900 LES CHÉNES PORTE-GUI DE LA NORMANDIE - «Les Druides, qui sont les prêtres et les philosophes des Gaulois, ne pensent pas, dit Pline le Naturaliste (1), qu'il y ait rien de plus sacré que le Gui et que l'arbre sur lequel il croit, pourvu que ce soit le Chêne roure (2). Aussi choisissent-ils, pour leurs sacrifices, des forêts de Roures, et ils ne sacrifient jamais sans avoir des feuilles Gui sur un de cet arbre... Quand donc ils trouvent du acte le sixième jour de la lune, parce qu’alors cet astre est déjà dans la force de son ascendant, sans toutefois ètre parvenu à son moyen terme, qui est un terme équi- voque. Car il faut savoir que les Gaulois règlent par la lune le commencement de leurs mois, de leurs années ét de leurs siècles, et que ceux-ci ne sont que de trente ans, Le nom dont ils appellent le Gui dans leur langue, signifie remède universel. Lorsque les choses néces- saires pour le sacrifice et le festin sacré sont prêtes sous le Chêne, ils y amènent deux taureaux blancs qui n’ont Jamais été sous le joug, et que l'on attache alors par les cornes pour la première fois, Le prêtre, vêtu d'une robe blanche et armé d'une serpe d'or, monte sur l'arbre et Fig. 1. — Le Chêne porte-eni de la ferme du Bois,à Isigny-le-Buat (Manche). Reproduction directe d'une photographie de l'auteur. Roure, ce qui est extrêmement rare, ils le regardent -comme un présent du ciel et comme une preuve que cet ‘arbre est le choix spécial de la Divinité, C’est pourquoi ils cueillent le Gui avec une grande dévotion et avec de ‘grandes cérémonies, et surtout ils choisissent pour cet * (1) Histoire naturelle de Pline, traduile en françois, avec le texte latin rétabli d'après les meilleures lecons manuscriltes : “accompagnée de notes criliques pour l'éclaircissement du Lexle el d'observalions sur les connoissances des Anciens comparées avec les découvertes des Modernes, t. V, Paris, Desaint, 1772, ‘livre XVI, chapitre 4%, p. 629. :- (2) Il s'agit du Chène rouvre (Quercus robur L.). Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. coupe le Gui, qui est reçu en bas dans une casaque blanche. Ensuite ils immolent les victimes et prient Dieu de vouloir bien leur rendre utile e profitable le présent qu'il leur a fait, Ils croient que ce Gui donne la fécondité à tous les animaux stériles auxquels ils en font prendre, et que c'est un antidote contre toute sorte de poisons, tant la superstition, le plus souvent, a d’em- pire sur l'esprit des peuples, pour leur faire respecter les choses les plus frivoles! » Ce récit de Pline le Naturaliste doit-il être considéré comme l'expression de la vérité, ou bien faut-il le relé- guer parmi les multiples erreurs qui sont mélées à un 100 LE NATURALISTE grand nombre de renseignements exacts, dans l'œuvre colossale du célèbre écrivain latin? Je ne puis le dire; cependant, il est très probable que ce récit est partielle- ment véridique. De plus, il montre que le parasitisme du Gui sur le Chêne est une question qui intéresse à la fois, et grandement, la biologie et l’histoire. I1 convient de faire remarquer que, selon Pline le Na- turaliste, le Gui était extrêmement rare, dans les Gaules, sur le Chêne rouvre, c’est-à-dire sur le Quercus robur L., que l’on a séparé en deux espèces: le Chêne à glands pédonculés (Quercus pedunculata Ehrh.) et le Chêne à glands sessiles (Quercus sessiliflora Sm.). D'une part, les déboisements considérables effectués en France depuis le commencement de l’ère chrétienne, rendirent les Chênes porte-gui plus rares encore; mais, d'autre part, l'augmentation probable du nombre des oiseaux disséminateurs du Gui, par suite de l’augmen- tation de cette plante parasite qui se développe en abon- dance sur des arbres n’existant pas alors dans notre pays, a pu faire diminuer un peu la rareté des Chênes porte-gui; en conséquence, ces derniers ne sont peut- être pas, actuellement, plus rares en France qu'ils ne l’étaient aux temps druidiques. Dans le quatrième fascicule de mon ouvrage sur les vieux arbres de la Normandie, dont j'ai eu l'honneur, il y a quelques mois, d'entretenir les lecteurs de ce journal (1), J'ai décrit et représenté un Chêne porte-gui tout à fait remarquable : celui de la ferme du Bois, à Isigny-le-Buat (Manche). J'ai cru intéressant de faire suivre cette description d'une note spéciale (2) contenant tout ce qu'il m'a été possible de réunir, au point de vue documentaire, sur les Chênes porte-gui de la Normandie. C’est un résumé de cette note que je donne en ces lignes. Mes nombreuses recherches bibliographiques et les renseignements qui me furent obligeamment commu- niqués me permettent d'affirmer que la présence du Gui de chêne est tout à fait exceptionnelle en Normandie. Je ne puis mentionner, en effet, qu’une trentaine de sta- tions où, depuis un demi-siècle environ, le Gui fut si- gnalé, d'une manière certaine ou douteuse, sur des Chênes indigènes de la province normande. Cette tren- taine de stations se décompose de cette manière en les cinq départements dont la réunion est, conventionnelle- ment, appelée Normandie : Seine-[nférieure, trois stations: Eure, sept; Calvados, une ou plusieurs; Orne, sept ou huit, et Manche, huit, Dans cette trentaine de stations, le Gui fut principa- lement indiqué sur des Chênes croissant dans des bois, ou sur des individus plus où moins isolés. Il est plus rare encore dans les forêts, contrairement à ce que l’on pourrait croire, Je dois ajouter que le parasitisme dont il s’agit — également célèbre dans l’histoire et la botanique — n'existe plus aujourd'hui dans la plupart des stations en question. À l’état vivant, je n'ai constaté la présence du Gui que sur deux Chênes en Normandie : à Isigny-le-Buat, ——_—_———"—————"——]" "RE (4) N° du 1er décembre 1899. (2) Les Chênes porte-qui de la Normandie, avec deux plan- ches en photocollographie, extrait du fascicule IV de mon ou- vrage sur Les Vieux Arbres de la Normandie, étude botanico- historique, fascicule publié dans le Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen(2e semestre 1898); et tiro à part, Paris, 1899, (même pagination) arrondissement de Mortain (Manche), et à Marcilly-la- Campagne, arrondissement d'Évreux (Eure). : Le premier est célèbre: il se trouve à Isigny-le-Buat ou Isigny-Pain-d’Avoine (Manche), sur la ferme du Bois, et croît isolément dans un herbage connu sous le nom de pré du Chêne. Cette ferme appartient à M. Henri Foisil, conseiller général de la Manche et maire d’Isigny- le-Buat, qui tient beaucoup à cet arbre. J'ai étudié, le 24 avril 1898, ce Chêne porte-gui, et en ai pris la vue photographique que reproduit la figure 4 ci-contre. Le tronc parait être plein; sa mensuration m'a donné 5 m.37 de circonférence au disque blanc, soit à un mètre du sol moyen. La hauteur totale de l'arbre était de 17 m.70 environ, et je crois pouvoir dire qu'il est âgé, actuellement, d'environ 200 à 300 ans. Cet arbre, de l'espèce Chêne à glands pédonculés (Quercus peduncu- lata Ehrh.), est encore vigoureux; mais des branches sont mortes, et il dépérit visiblement. Autrefois, des malades venaient à la ferme du Bois, croyant aux vertus curatives du Gui de chêne, qui, in- contestablement, n’est autre que le Gui commun, le Viscum album L., espèce vivant en parasite sur un assez grand nombre de végétaux. La curiosité du Chêne en question réside tout particu- lièrement dans les nombreuses touffes de Gui qui se sont développées sur les branches et le tronc, et lui donnent un intérêt tout à fait exceptionnel. Sur la figure ei-jointe, on peut en compter une quarantaine, dont plusieurs ont de grandes dimensions; mais toutes ne sont pas visibles sur cette figure. La grande rareté du Gui de chêne m'a fait retourner, le 4tr juillet 1898, à la ferme du Bois, lorsque le Chêne était feuillé. Grâce à l'autorisation que m’en avait obli- geamment donnée M. Henri Foisil, j'ai fait couper une petite branche portant une touffe de Gui, que j'ai photo- graphiée sur place, afin d'obtenir une image représentant, dans toute sa fraicheur, un spécimen de ce parasitisme célèbre. La figure 2 ci-contre est la reproduction de cette icone photographique. L'autre Chêne porte-gui normand dont j'ai fait l'étude se trouve à Marcilly-la-Campagne (Eure). Il est situé dans un petit bois, parmi d’autres Chênes, au hameau du Souchet. L'arbre ne porte qu'une touffe de Gui, d'une certaine grosseur, fixée à un rameau petit et court, près du tronc et dans le tiers supérieur du Chêne. Cette touffe est du sexe femelle, et ses feuilles ont une taille moindre que la taille ordinaire des feuilles du Gui com- mun que l’on trouve sur d’autres arbres, fait que j'at- tribue, au moins partiellement, à la petitesse du rameau où elle est implantée. Le tronc du Chêne en question m'a donné à un mètre du sol, le 4° août 4899, une cir- conférence de 0 m.89, et je pense que l'arbre est âgé d'environ 50 à 70 ans. Je n’ai pas recueilli de pédoncule qui m'eût fixé sur son espèce; mais les feuilles nette- ment pétiolées du rameau que j'en ai pris peuvent faire croire que c’est un Chêne à glands sessiles (Quercus sessili- fiora Sm.). Toutefois, je ne voudrais nullement affirmer qu'il en fût ainsi. Il va sans dire que je n'ai enlevé qu'un rameau de cette touffe, tenant absolument à conserver in situ Ce spécimen de grand intérêt. Le parasitisme du Gui sur le Chêne est fort intéressant au point de vue biologique, mais je sortirais de mon sujet si je parlais, même brièvement, de cette question et des hypothèses qui furent émises pour expliquer la rareté, sur le Chêne, de ce végétal parasite, qui s’im: + LE NATURALISTE 101 ER AUOT aa À | £ plante et se développe avec tant de facilité sur un certain nombre d'arbres, Je me borne à dire que, jusqu'alors, aucune de ces hypothèses ne saurait étre considérée sont les Chènes porte-gui. Cette rareté est plus où moins semblable dans les autres provinces de la France. Je termine en souhaitant que les enquètes sur l'exis- comme exprimant indubitablement la réalité, et que, Fig. 2. tence du Gui de chène dans notre pays nous fournissent — Touffe femelle de Gui commun du Chêne porte-eui de la ferme du Bois. Reproduction directe d'une photographie de l’auteur. malgré les observations nombreuses et les multiples expériences faites à son sujet, cette question réclame de nouvelles observations et de nouvelles expériences. Étant donné le nombre énorme des Chênes existant dans la Normandie, on peut affirmer que très rares y des renseignements précis et détaillés sur ce parasitisme, que tenaient pour sacré nos lointains ancêtres les Gau- lois. Henri GADEAU DE KERVILLE. LE BITUME EN AUVERGNE L’Auvergne est la région francaise la plus riche en gi- sements bitumineux. _ Je désirerais présenter ici queiques considérations sur les plus importants de ces gisements et exposer les usages auxquels donne lieu l'exploitation du bitume. Enfin, j'es- sayerais d'expliquer l’origine, si discutée, de cette subs- tance qui commence à occuper une grande place dans l'industrie. Bitume et Hydrocarbures. — Le bitume est un hydro- carbure ou carbure d'hydrogène. Les hydrocarbures sont nombreux, On en connait à tous les états. Les uns sont gazeux comme l’acétylène, le formène ou gazdes marais; d’autres sont liquides comme les huiles de naphte ou les pétroles; d’autres enfin sont visqueux ou solides comme le bitume, l’asphalte, On admet que les hydrocarbures dérivent les uns des autres par une série d’oxydaiions ou de condensations. C'est pour cette raison que les bitumes sont consi- dérés comme des produits d'oxydätion des pétroles. En partant de cette idée, certains ingénieurs sont arri- vés à penser que le sous-sol de la Limagne renferme des nappes de pétrole. Malheureusement les différents sondages que l’on à effectués jusqu'à présent, en vue de ces recherches, n’ont pas donné de résultats bien satisfaisants, L'un de ces sondages, de 200 mètres de profondeur, pratiqué à Pont-du-Château, près des mines d’asphalte, n’a rencontré, dans tout son parcours, que du bitume visqueux sans aucune trace de pétrole. Dans un autre forage, à Pont-Battu, près Riom, on 102 LE NATURALISTE n'a trouvé pendant la traversée du calcaire de la Li- magne, épais de 220 mètres en cet endroit, que de faibles quantités de bitume et d'huile de pétrole. Ce n’est qu’à 265 mètres, à la base des arkoses formant le soubasse- ment du tertiaire de la Limagne, que l’on a constaté la présence d'un peu de pétrole. Enfin, un troisième sondage, à Macholles, près de Riom, a été poussé jusqu'à 1,160 mètres, et ce n’est qu'à un seul niveau, à 985 de profondeur, que la sonde a ra- mené de très petites quantités de bitume et de pétrole mélangés à de l’eau salée. Gisements. — La plupart des gisements de bitume de l'Auvergne sont groupés dans le centre de la Limagne. Ils sont tous situés sur des lignes de fracture de l'écorce terrestre. Les plus importants de ces gisements sont ceux de l'Ecorchade, du puy de la Poix, du puy Croüel, de Pont- du-Château, de Malintrat, de Lussat. Le gisement de l’Ecorchade se trouve à un kilomètre environ à l’ouest de Clermont-Ferrand, à égale distance de Royat et de la Chamalière, En ce point, les arkoses sont imprégnées de 5 à 9 0/0 de bitume. Le puy de la Poix est un monticule, de quelques mètres d'élévation, qui se trouve presque dans le centre de la Limagne, à 5 kilomètres environ à l’est de Clermont. Les pépérites qui le constituent sont fortement im- prégnées de bitume, et, dans les fissures de cette même roche, on trouve également de la calcédoine guttulaire et de petits cristaux d’aragonite, de mésotype, de soufre. Du centre de ce puy sort une eau minérale chargée, entre autres substances, de bitume etd'un peu de pétrole. Le bitume s'étale à la surface de l’eau en petits amas globulaires autour desquels s'amasse lè pétrole. La quantité de bitume ainsi amenée au jour par cette source est variable, suivant la saison, mais en moyenne elle peut être évaluée à 50 grammes par jour, soit envi- ron 180 kilogrammes par an. Le puy Croüelest une éminence d’une centaine de mètres de hauteur, qui se dresse tout près du puy de la Poix. Par places, les pépérites qui le forment sont impré- gnées de bitume. En été, pendant les fortes chaleurs, on voit cette substance s’étaler sur les pentes, notamment sur le flanc oriental. Pont-du-Château possède le plus riche des gisements bitumineux de l'Auvergne. Le bitume ne s’y trouve pas pur. [ imprégne un banc calcaire qu'il a transformé en calcaire bitumineux ou asphalte. Cette couche d’asphalte, épaisse de 7 mètres environ, a été reconnue sur une longueur de 5 kilomètres et sur une largeur de 1.500 mètres ; elle s'étend sous tout le Coteau qui supporte la petite ville de Pont-du-Château. L'exploitation de ce gisement se fait au moyen de ga- leries dans lesquelles on arrive par un plan incliné. Le long «les parois suinte le bitume. Il coule en véritables filets liquides et s’accumule sur le sol en une couche épaisse et solide que l’on utilise pour la préparation du mastic d’asphalte. Le calcaire asphaltique renferme de nombreuses co- quilles d'Helix Ramondi, souvent remplies de bitume pur ; il appartient donc aux assises supérieures de l'Oligo- cène. : Dans le gisement de Malintrat, situé à quelques kilo- mètres au nord-ouest de Pont-du-Château, le bitume est en relation avec des pépérites. Enfin, à Lussat, autre localité proche des deux der- nières que nous venons de citer, le bitume imprègne un sable quartzeux. Industrie. — De tous les gisements de bitume, un seul, celui de Pont-du-Château, est actuellement exploité. Dans une importante usine, bien outillée et occupant près de 200 ouvriers, on traite journellement de grandes quan- tités d’asphalte ou calcaire bitumeux. Cette usine livre ses produits sous deux formes différentes: à l’état de mastic dasphalte et à l’état de pavés d’asphalte com- primé. Le mastic d'asphalte est obtenu en fondant ensemble le calcaire bitumineux, retiré de la mine de Pont-du- Château, avec 7 0/0 de bitume pur de la Trinitad: c’est donc un asphalte dont on a enrichi la teneur en bitume. Pour la fabrication de ce mastic d’asphalte, on extrayait, il y a quelques années, par lessivage à l’eau bouillante, le bitume qui imprègne les sables quartzeux de Lussat et les arkoses de l'Ecorchade. On utilisait aussi, pour le même usage, le bitume qui exsude de la brèche pépéritique de Malintrat et qui s’ac- cumule dans la galerie qu'on avait faite pour exploiter ce gisement. Le mastic d’asphalte est livré au commerce sous forme de pains cylindriques de 25 kilogrammes environ. On l'utilise pour le dallage des trottoirs, des terrasses, ete. Pour l’employer, on le fond, de nouveau, avec 4 à 5 0/0 de son poids pur de la Trinitad et on ajoute à la pâte 68 0/0 environ de graviers bien lavés. Le tout est brassé vigoureusement et porté à une température voisine de 2409. À ce moment, la masse estassez fluide pour pouvoir être étendue sur le trottoir que l’on veut enduire de cette substance. Les pavés d'asphalle comprimé sont fabriqués avec la matière même que l’on retire de la mine; ils n’exigent donc pas d’addition de bitume pur, substance toujours tres coùteuse. Le calcaire bitumeux est d'abord broyé, puis porté à une température voisine de 120° pour le débarrasser de l'humidité et des huiles légères dont il peut être impré- gné ; enfin, il est moulé, sous une pression de 600 kilo- grammes par centimètre carré, en pavés de formes et de dimensions variables. Ceux-ci sont aujourd'hui employés par un grand nombre d’administrations, pour les trottoirs des villes, pour les quais des gares, pour les pavages des écuries, etc. Ces pavés d’asphalte comprimé deviennent d’un usage de plus en plus général et tendent à remplacer comple- tement le mastic d’asphalte. D'abord, ils n’exigent pas pour être employés, comme le fait ce dernier, un per- sonnel exercé et un matériel spécial. Puis, la haute pres- sion, à laquelie ils ont été soumis les a rendus très durs et à peu près imperméables, tandis que le mastic d’as- phalte, absorbant jusqu'à 20 0/0 de son poids d’eau, se désagrège assez rapidement. Enfin, ils ne sont pas glis- sants, même quand ils sont mouillés. Bref, un grand avenir leur est réservé, et, sous peêu, ils seront seuls employés pour les dallages et pour les carrelages. Origine du bitume. — Deux théories, diamétralement opposées, sont en présence pour expliquer le mode de formation des hydrocarbures, en général, et du bitume en particulier. L'une, surtout soutenue par les géologues anglais et américains, attribue au bitume une origine organique et. le considère comme un produit de distillation de la houille ou de végétaux enfouis dans le sol. LE NATURALISTE 103 Cette théorie, à la rigueur, peut être acceptée lorsque le gisement bitumineux se trouve dans un terrain sédi- mentaire, à proximité d’une mine de houille, mais elle n’explique pas la présence du pétrole et du bitume dans les terrains cristallophylliens où l’on n’a jamais constaté la trace d'êtres vivants, ni dans les terrains sédimen- -taires qui ne renferment pas de restes végétaux. D'après la seconde théorie, le bitume vient de l’inté- rieur de la terre, à la manière des eaux thermales qui ont formé les filons métalliferes. Ce serait donc un pro- duit éruptif, et le dégagement des hydrocarbures quel’on constate à la fin des éruptions volcaniques est un phéno- mène que l’on peut interpréter en faveur de cette hypo- thèse. Les chimistes ont essayé d'expliquer la formation des hydrocarbures dans le sein de la terre. D’après M. Ber- thelot, des métaux alcalins, dont on admet l’existence dans le noyau igné, ou pyrosphère, que l'on suppose placé au centre de notre globe, agiraient sur la vapeur d’eau et l'acide carbonique, venus de la surface du sol par les fissures de l'écorce terrestre, et produiraient les pétroles et les bitumes. Ces substances résulteraient donc d’une véritable synthèse. Et cette hypothèse est très admissible, car on est parvenu, dans les laboratoires, à préparer les hydrocarbures par des procédés identiques, Le bitume, en Auvergne, n'a pas une origine organi- que : d’abord, aucun des gisements ne se trouve en rela- tion stratigraphique avec les bassins houillers du Plateau Central, pas même avec celui de Brassac qui est cepen- dant situé dans la vallée supérieure de PAllier; puis les rares débris végétaux que renferment les terrains ter- tiaires de la Limagne auraient été insuffisants pour donner desi grandes quantités de cette substance. La théorie de l’éruptivité, au contraire, s’adapte très bien avec tous les faits observés dans l'exploitation des divers gisements bitumineux, et c'est la seule à laquelle l’on puisse recourir pour expliquer la manière d'être de nos gisements de l'Auvergne. À Pont-du-Château, c’est par trois failles, bien visibles dans les galeries d'exploitation, que le bitume vient de la profondeur. Le sondage de 200 mètres, qui a été fait dans cette localité, l’a démontré, du reste, très sura- bondamment, Dans les points où il est associé à des projections vol- caniques, le bitume a fait éruption par la même voie qu'ont suivie les roches éruptives. A l'Ecorchade, le bitume est venu de l'intérieur par une grande faille qui n’a affecté que du granite et des arkoses, roches absolument dépourvues de restes végé- taux. Ce n’est pas tout. Dans certains cas, le bitume se pré- sente avec tous les caractères d’un produit déposé par les eaux thermales, à la manière des filons métallifères, et c’est ainsi qu'on l’observe au plateau de Saint-Martial, près de la gare de Vic-le-Comte. Ce plateau est fracturé par de nombreuses failles dont les unes livrent passage à un grand nombre de sources minérales, et dont les autres sont aujourd’hui remplies par des filons. Certains de ces derniers, en général assez minces, ont leurs parois tapissées par de la pyrite ou sulfure de fer; intérieurement, une seconde gaine est formée par de la barytine; enfin l’axe du filon est rempli de bitume. N'est-ce pas une preuve évidente de l’origine interne du bitume ? Autre observation, également très intéressante, faite par M. Julien, en 1877, lors dela construction du chemin de fer de Clermont à Tulle. Une tranchée, entre Royat et Durtol, mit à nu unfilon de granulite dans le granite. Les salbandes de ce filon se montrérent tapissées par un enduit de bitume de 1 à 10 millimètres d'épaisseur, et cette substance se distri- buait en minces filets dans toutes les fissures du granite encaissant. On avait là encore une nouvelle preuve de l’origine éruptive du bitume. En résumé, nous voyons que ce produit minéral, dont les applications industrielles vont en croissant de jour en jour, n'offre pas seulement un intérêt spéculatif, mais présente encore une importance considérable, au point de vue scientifique, par les problèmes variés qu'il sou- lève. G. GARDE, Préparateur de Géologie et Minéralogie à la Faculté des sciences de Clermont. LES TERRES ALCALINES Quand on traverse les États-Unis dans toute leur largeur, on arrive à des contrées déserles où ne croit qu'une végétation sin- gulière, en raison des sels alcalins dont la terre est chargée. On y remarque surtout les trois sels de soude suivants, en propor- tion très variable, qui donnent à ces régions des aspects tout différents ; d'après la prédominance de tel ou tel de ces sels, Ce sont : 49 le sel marin ou chlorure de sodium ; 29 le sel amer ou sulfate de soude, et 30 le sel noir ou carbonate de soude; on verra tout à l'heure pourquoi cette dernière dénomination, car le carbonate de soude est bien connu de tout le monde, et il n'est pas noir. Ce dernier sel doit ici sa couleur spéciale à ce qu'il dissout l'humus, ou terre noire qui constitue le terreau ; de sorte qu'il forme des trainées noires étendues sur le sol, à côté des efflorescences blanchâtres produites par les deux autres sels. Le carbonate de soude est, en effet très hygrométrique, et il dissout l'eau contenue dans l'humus qui la retient, On trouve encore d'autres sels, associés en proportions varia- bles à ceux qui précèdent : le nitrate et le phosphate de soude, le sulfate de potasse, etc. Ces derniers sels sont favorables à la végétation : ilen est de même du sel marin, quand il n'est pas en trop grande abondance ; mais le sulfate et surtout le carbo- nate de soude ne valent rien pour la plupart de nos plantes cultivées. Chose curieuse, ces sels ne restent pas tout le temps à la méme place, par rapport à la surface du sol. Les alternatives de pluie ou de sécheresse ont pour effet de les faire descendre, en les dissolvant, dans les couches profondes du sol, où au con- traire de les faire remonter à sa surface, sous forme d'efflores- cences salines, étendues en nappe blanche sur le sol, au milieu des trainées noires du carbonate associé à lhumus qui fait corps avec lui. II y aurait donc un moyen bien simple de faire dispa- raitre tous ces sels pour rendre le sol cultivable, si la pluie est abondante où si on peut y amener des eaux à l'aide d'une irri- oation suffisante : ce serait le drainage. Malheureuse- ment ces dépôts salins se produisent précisément dans les pays où il pleut rarement. On comprend l'efficacité du drainage, parce que l'eau, qui a lavé ces terres et dissout les sels dont elles sont chargées, s'échapperait ainsi par les tuyaux de drainage, et pur- gerait le sol de toutes les parties solubles qu'il contient en excès. Il serait toujours temps de suspendre cet écoulement; car il fini- rait à la longue par épuiser le sol de tous les sels qu'il renferme, bons où mauvais pour la végétation. Ce serait l'affaire de quel- ques années seulement. a Je ne sais si nos cultivateurs se rendent bien compte de l'effet complexe du drainage. Sans doute dans nos contrées on ne draine que les terrains trop humides, que l'on veut mettre en culture en les débarrassant de leur excès d'eau. Mais aussi on perd, par la même occasion, tous les nitrates et phosphates solu- bles des engrais chimiques, qui n’ont pas été utilisés par la végétation; surtout si l'année à élé pluvieuse, Tel est le grand 104 LE NATURALISTE inconvénient du drainage, à côté de son rôle éminemment utile, puisqu'il transforme un marais, qui ne produit que des laichés, des corex ou des jones, en terres labourables ou en prairies fer- iles, là où il ne poussait que des herbes coupantes où des prêles à queue de cheval. Mais ce qui est un mal pour nos agriculteurs est au contraire une bénédiction pour les déserts alcalins, si on dispose d'une suffisante quantité d'eau; puisque le drainage les lessive en entrainant les sels nuisibles solubles, qu'elles contiennent en si prodigieux excès. Quand on y réfléchit, on ne sait ce que lon doit admirer le plus, de la Providence qui place toujours le remède à côté du mal, ou de la science qui permet à l'homme de se rendre maitre des forces inerles que la nature prévovante à mises à sa libre disposition, pour qu'il les utilise à son profil quand l'occasion s’en présentera. Drainez les déserts américains ou australiens, les alkali-lands, et vous en ferez des contrées fertiles. Sans compter qu'on peut encore utiliser la sécheresse pour recueillir les eaux de drainage dans de vastes bassins bétonnés, où le soleil se chargera de les évaporer, cn donnant un abondant précipité de sels alcalins à l'état de cristaux mélangés : sel marin, sel purgatif et sel de carbonate! Tous ces produits ont de la valeur, et cela ne coûte que la peine de les isoler les uns des autres. En Australie, dans les salt-bushs, on trouve méme une herbe succulente, fort appréciée des bestiaux, l’atriplex semibaccalum, sorte d'arroche où Bonne-Dame, qui rappelle les herbes pota- gères de nos aïeux. Si elle était bonne pour faire la soupe, elle est encore meilleure pour les animaux de boucherie, qui donnent la viande du pot au feu. Généralement le plus nuisible de tous ces sels, c'est le carbo- nate de soude, qui brûle les plantes et notamment le collet de la racine, partie correspondant à la couche superficielle du sol, où ces sels viennent affleurer parce qu'ils sont efflorescents. fes tissus périphériques sont noircis et corrodés à ce niveau. Ce qu'il y à de plus curieux, c’est que, si arrosage abondant entraine les sels dans les couches profondes, un arrosage insuf- fisant à au contraire pour effet de ramener à la surface ceux qui étaient restés dans la profondeur du sol, en venant s'y évaporer. Tous ces phénomènes mécaniques sont on ne peut plus simples à comprendre, et nos connaissances en physique pouvaient nous les faire prévoir d'avance. La composition chimique de ces sels alcalins, leur abondance en sulfates et leur pauvreté relative en magnésie montrent bien qu'ils ne proviennent pas en général du dépôt d'anciennes mers ; comme le chlorure de sodium le ferait tout d'abord supposer, à un examen superficiel, [ls proviennent surtout de la désagréca- tion des roches, en présence du sel marin, dans les régions où la pluie est peu abondante; sous Pinfluence de l'acide carbonique, de l’air et de l’eau; c'est le cas pour le carbonate de soude, par exemple. Dans nos pays, le carbonate de soude soluble est entrainé par les pluies, au fur et à mesure de sa production; là-bas, le manque d'eaux pluviales le retient sur le sol. Pour y remédier, il faut d’abord retenir l'eau qui imbibe la terre, en s'opposant.à son évaporation rapide. On y parvient en recou- vrant la surface du sol de feuilles, de fumier, de pierres plates, de mottes de terre durcie, el surtout en y semant des herbes basses à croissance rapide, formant une sorte de tapis protecteur. De cette façon, en maintenant le sol humide, on.retient toujours les sels au fond du terrain, pendant ce temps-là. Quant à ceux qui existaient primitivement au-dessus du sol, en y formant une nappe blanchâtre efflorescente, on à soin de les enlever préala- blement à la pelle, en räclant la superficie du terrain. On peut combattre directement le carbonate de soude, le plus dangereux de tous, à l'aide du plâtre, qui le transforme en sul- fate de soude, qui s'ajoute à celui préexistant déjà. Le carbonate de chaux ainsi produit ne peut pas nuire, au contraire. Enfin on a la ressource d'utiliser ces sols arides, en y cultivant certaines plantes, qui y croissent plus où moins bien : outre l’atriplex ou arroche d'Australie dont nous avons parlé et que le bétail pré- fère ; outre le Distichlis maritima qu'il mange faute de mieux, il y a le soleil, le topinambour, la belterave, l'asperge, le millet, le sorgho, Palfa, l'Eiymus condensatus; sans compter le quercus lobata, ou chêne blanc de Californie, le sycomore, l'eucalyptus, l'érable, l'amandier, l'olivier et la vigne. Telle de ces espèces prospère ou dépérit, suivant les proportions relatives de celui des trois qui y prédomine : sel marin, sulfate de soude ou car- bonate. Dr Boucox. L'IPÉCACUANHA Le nom Ipécacuanha est un mot brésilien qui signifie « racine ravée », nom justifié par les gros bourrelets que présente la racine qui le produit. Celle-ci, réduite en poudre, est employée en médecine pour ‘les propriétés énergiques qu’elle doit à la présence d'un alcaloïde ap- pelé émétine (CSI 1Az20"6). L'Ipécacuanuha provient du Cephælis Ipecacuanha, plante de la famille des Rubiacées. C'est un arbrisseau à tige ascendante, sarmenteuse, de 40 à 40 centanètres de hauteur, à feuilles opposées, ovales, lancéolées, d’un beau vert, aux fleurs petites et blanches, groupées en un capitule terminal pédonculé, et entouré à sa base d’un involucre régulier de quatre feuilles. Le fruit est une baie ovoide, noirâtre, contenant deux nucules blanchâtres, se séparant à la maturité. Cet arbrisseau croit dans toutes les provinces du litto- ral du Brésil, depuis l'Atlantique jusqu'aux tropiques du Capricorne. dans les forèts des provinces de Pernan- bucque,de Bahia et de Rio de Janciro, la province de Mallo Grosso sullisant à elle seule à la consommation de presque toute l'Europe. C’est Pisin qui, le premier, au xvr® siècle, conseilla l'emploi de l'pécacuanha dans le traitement de la dys- senterie, mais On apporta que peu d'attention à ses écrits. Le fameux remède de Talbot, le Quinquina, ayant valu à son inventeur les faveurs du roi de France et une for- tune considérable, séduit par cet exemple, un marchand français, Grenier, s’associa en 4686 avec un médecin hollandais exercant à Paris, pour exploiter l'Tpécacuanha. Ce médecin, Adrien Helvétius, expérimenta d'abord le nouveau remède sur des gens de basse condition, puis: sur le Dauphin qu'il guérit d’un flux de sang. Dès lors sa fortune fut faite, inais il en voulut garder pour lui seul les honneurs etles profits : Grenier lui in- tenta un proces, le perdit et, par vengeance, divulgua le secret, L'Ipécacuanha du commerce, où Ipécacuanha annelé, est produit par le Cephælis Ipecacuanha. On le ren- contre sous la forme de morceaux de 5 à 25 centimètres de longueur, et d’une épaisseur à peu près égale à celle d'une paille; la substance émétique existe en proportions plus grandes dans la partie corticale. L’écorce est d'un gris noirâtre à l'extérieur, grise à l’intérieur, dure et cornée; la moelle est blanc jaunâtre. Sa saveur est âcre, aromatique; son odeur forte, irritante et nauséeuse, Une autre variété dénommée par Guibourt « Ipéca- cuanha gris rougeñtre » est rougeâtre, moins foncée, moins odorante et moins sapide ;,son écorce est ordinai- rement cornée, semi-transparente, et-offre parfois des sections mates farimeuses. L'Ipécacuanha annelé de Guibourt, épais de 5 à 6 mil- limètres, marqué d'anneaux peu saillants, a été considéré comme une variété des précédents, mis cette origine est contestée. On trouve dans le commerce des sortes inférieures dénommées : CIpécacuanha strié où noir », provenant du Psychotria emetica, Rich. (Ruhiacées); « l’'Ipécacuanha blanc où ondulé » provenant du Richardsonia Scabra. Kunth (Rubiacées). | LE NATURALISTE 105 Dans quelques pays on emploie, comme succédanés de l’Ipéca, les racines de l'Euphorbia Ipécacuanha #4, de plusieurs Tonidiums, du Gillenda trifohata Monch (Ro- sacées), de l'Asclépias curassavica 4 (Asclépiadées), du Cynanchum Ipécacuanha Rich, (Apocynées). Toutes les variétés d’Ipécacuanha renferment à peu LD) pe a rl) Q7: AVE ES 16 0/0 dans l’Ipécacuanha fourni par le Cephælis Ipé- cacuanha; 9 0/0 dans une variété d’Ipéca fournie par le Psycho- tria emetica ; 60/0 dans l’Ipécacuanha amylacé fourni par le Richard- sonia Scabra. L'Ipecacuanha. près les mêmes substances, mais dans des proportions variables ; elles sont : 1° L’acide ipécacuanhique (acide voisin de l'acide gal- lique), amer, s'oxydant à l’air avec une grande facilité, surtout lorsqu'il est mis en présence d’alcalis; 20 L’émétine, alcaloide dont nous reparlons plus loin. La proportion d’émétine varie avec les diverses sortes d'ipéca ; elle est de : L'Ipéca est un médicament irritant dont l’action est sensible sur les muqueuses; quand sa poussière pénètre dans les yeux, le larynx ou les bronches, elle produit des etfets d'irritation locale très intenses et même effrayants. La moindre poussière d’ipéca répandue dans l’atmo- sphère cause, chez certaines personnes,des accès desuffo- cation et d'asthme très pénibles, mais qui, heureusement, sont passagers. 106 LE NATURALISTE Quelques médecins attribuent ces effets à des émana- tions spéciales de la racine d’Ipécacuanha, qui échap- pent à nos sens et auxquelles certains sujets sont très sensibles; il semble plutôt que ces effets soient dus à la poudre ténue et légère que l'air tient en suspension, et qui, étant aspirée, s'arrête dans les voies respiratoires, se fixe sur les muqueuses et produit les divers symp- tômes observés. L’Ipécacuanha réduit en poudre est employé à l’exté- rieur comme rubéfiant, et à l'intérieur comme vomitif, dans les cas d'empoisonnement et dans tous les cas où il est nécessaire de provoquer les vomissements. Il est toxique à une dose qui n’a pas encore été déterminée; son contre-poison est lPingestion d'une solution de ta- nin au 1/10, suivie de lavages d'estomac, Il est très utile de vérifier si la poudre d'Ipéca est de bonne qualité; suivant le Codex, traitée par l'alcool à 70°, elle doit fournir 20 à 22 0/0 d’extrait sec. Son infu- sion dans l’eau prend une teinte vert pomme par laddi- tion d’un cristal transparent de sulfate ferreux. Le principe de l’Ipécacuanha, l’émétine, qui est un al- caloïde, a été retiré de la racine par Pelletier et Magendie en 1817. Pour retirer l’émétine, on épuise d’abord la racine par l’éther qui lui enlève une matière grasse odorante, puis par lPalcoo! bouillant. On filtre la dissolution, on ajoute un peu d’eau et on distille l'alcool; il se sépare de la ma- tière grasse que l’on enlève à l’aide du filtre et l’on fait bouillir la solution aqueuse avec de la magnésie; le dépôt magnésien est recueilli, séché et traité par l’alcool bouil- lant qui dissout l’émétine. On décolore la solution par agitation avec le noir animal, puis on filtre ; on précipite ensuite l’émétine par l’ammoniaque employée en quan- üté suffisante, On purifie complètement l'émétine en la faisant digérer avec de l’acide sulfurique. L'émétine se présente sous la forme d’une poudre blanche, légèrement jaunâtre d’une saveur amère très faible; elle ramène au bleu le papier de tournesol rougi par un acide, Elle est à peine soluble dans l’eau froide, très soluble dans l’alcool, assez soluble dans la potasse et la soude caustique, peu soluble dans lammoniaque, l’éther et les huiles grasses, Elle fond à 70° en prenant une teinte brune. Exposée à l'air, elle brunit légèrement. Les acides se combinent à elle en produisant des sels incristallisables très solubles dans l’eau : seul, le nitrate d'émétine est peu soluble dans ce liquide. La solution aqueuse d’émétine n’exerce aucune action sur la lumière polarisée; la solution acide offre une fluorescence bleue très manifeste. Sous l'influence de l'acide azotique, l’émétine se trans- forme en une matière jaune résineuse et en acide oxa- lique. Le réactif de Frœhde (qui est un mélange de 1 milli- gramme de molyhdate de soude et de { centimètre cube d'acide sulfurique) dissout instantanément l’émétine en donnant naissance à une belle couleur rouge qui passe ensuite au vert. L’acide sulfurique pur et concentré la dissout aussi, mais en faisant apparaître une teinte d'un vert brunâtre. Traitée par leréactif d'Erdmann (composé d’un mélange d'acide sulfurique et d'acide azotique), l’émétine se colore en vert, puis passe au jaune. Un mélange d'acide sulfurique trihydraté et d'acide azotique, la dissout sans la colorer. Ilest souvent nécessaire de doser la quantité d'émé- tine contenue dans la poudre d'Ipécacuanha; on opère cette détermination par le procédé suivant : On épuise 15 grammes de poudre d’'Ipécacuanha à l'aide d'alcool à 85° additionné de quelques gouttes d’a- cide sulfurique. Lorsqu'on a obtenu 150 centimètres cubes de liquide, on le filtre et on en prend 400 centimètres cubes dont on chasse l'alcool par distillation. Dans la b- queur qui reste, on verse goutte à goutte le réactif de Mayer (formé d’iodure mercurique et de chlorure de po- tassium) jusqu'à cessation du précipité. Le nombre de centimètres cubes employés, multiplié par 0,0189, donne la quantité d’émétine contenue dans les 10 grammes de poudre d’Ipéca correspondants aux 100 centimètres cubes de liqueur soumis à l'expérience. L’émétineestvomitive à ladose de0,003 milligrammes, mais on lui préfère généralement l'Ipécacuanha. Telles sont l'histoire générale et les propriétés de ce médicament si employé dans la médecine française. E. MASsAT, Attaché au Muséum de Paris. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 26 mars 1900. Perturbations géologiques deJava.— Letremblement de terre qui a eu lieu dans la nuit du 29 au 30 septembre 1899 ne semble pas s'être limité aux Moluques; de fortes secousses se sont faitsentir à Java. Le centre de cette perturbation géologique paraît être la régence des Preangers, et notamment Soekaboemi, ville importante située sur un des contreforts immédiats du volcan Gedeh. Les oscillations terrestres ont été ressenties jusqu'à Bandoeng, Garoet et même Batavia. Depuis plus d'un mois, les secousses sont journalières et ont entrainé des dégâts. On re- doute une forte éruption du Gedeh. On constate en même temps à Java une sérieuse perturbation atmosphérique. La saison des pluies 1899-1900 est fort anodine et laquantité d'eau tombée sur les régions côtières est insignifiante comparalivement aux années précédentes. Sur la loi de disjonction des hybrides (M. Huco pe Vies). — D'après des principes reconnus, les caractères spéci- fiques des organismes sont composés d'unités bien distinctes. On peut les étudier expérimentalement en unités soit dans des phéno- mèênes de variabilité et de mutabilité, soit par la production des hybrides. Dans le dernier cas, on choisit de préférence des hybrides dont les parents ne se distinguent entre eux que par un seul caractère (les monohybrides) où par un petit nombre de caractères, bien délimités, et pour lesquels on ne considère qu'une ou deux de ces unités en laissant les autres de côté. Or- dinairement les hybrides sont décrits comme participant à la fois des caractères du père et de la mère. Suivant l'avis de l’au- teur, on doit admettre, pour comprendre ce fait, que les hy- brides ont quelques-uns des caractères simples du père et d’autres caractères également simples de la mère. Mais quand le père et la mère ne se distinguent que sur un seul point, l'hybride ne saurait tenir le milieu entre eux; car le caractère simple doit être considéré comme une unité non divisible. D'autre part, l'étude des caractères simples des hybrides peut fournir la preuve la plus directe du principe énoncé. L'hybride montre toujours le caractère d'un des deux parents, et cela dans toute sa force; jamais le caractère d'un parent, manquant à l’autre, ne se trouve réduit de moitté. A propos desrésultats contradictoires de M. Raphaël Dubois et de M. Vines sur la prétendue digestion chez les Népenthès. (M. E.Couvreur).— On sait queles Népenthès ont été longtemps regardés comme des plantes carnivores. On admettait que le suc qui remplitles urnes de ces plantes jouit de propriétés digestives, parce que les petits insectes tombant dans LE NATURALISTE 107 ce liquide s’y dissolvaient partiellement. M. Raphaël Dubois, en recueillant le liquide aseptiquement dans l'urne, a montré que, dans ces conditions, aucune digestion ne se produit; il attribue à une intervention microbienne les pseudo-phénomènes digestifs de l’urne ouverte. La question du pouvoir protéolytique du H- quide de l’urne des Népenthès était donc résolue par la néga- tive. Cependant, récemment, M. Vines a attaqué les conclusions de M. R. Dubois. Il a en effet, dit-il, obtenu des phénomènes de digestion en ajoutant au liquide —, d'acide cyanhydrique, ad- dition qui empêche l'action des ferments figurés. Deux choses auraient dû, semble-t-il, frapper M. Vines dans ses résultats : 1° il n'obtient des phénomènes digestifs qu'avec des albumi- noïdes crus, en l'espèce, la fibrine; 20 les phénomènes dicestifs ne sont pas arrêtés par une température de 70°C. à 80°C. et il est même nécessaire de porter à l'ébullition pendant quelques instants pour détruire l'activité protéolytique. M. Couvreur conclut que M. Vines a été induit en erreur et que c'est à tort qu'il a conclu à l'existence d’un ferment protéolytique dans les népenthès, parce qu'il obtenait des protéoses et même des pep- tones, puisque sans l’adjonction d'aucun ferment M. Couvreur a obtenu des résultats identiques. Séance du 2? avril 1900. Considérations sur les différences qui existent entre la faune des Gpistobranches des côtes ovéani- ques de Ia France et celle de nos côtes méditerra- néennes (M. A. Vayssière) — Les Opistobranches de nos côtes océaniques (océan Atlantique et Manche) sont, pour la plupart, des espèces septentrionales que l'on retrouve en abon- dance plus au Nord (côtes de l'Angleterre, de la Norvège, de la Suède et du Danemark); les types méditerranéens sont, au con- traire, des espèces méridionales qui, bien souvent représentées par de rares individus le long de nos côtes, deviennent plus fré- quentes et même abondantes dans le golfe de Naples, sur les côtes de la Sicile et de l'Algérie. Non seulement ce sont les es- pèces qui se trouvent ainsi localisées, mais même des genres, à tel point que certains d’entre eux ne possèdent pas de représen- tants dans une de ces régions. Il n'y a guère que les espèces abyssales que l’on retrouve des deux côtés, ces espèces ne pouvant être influencées par la petite différence de latitude, car elles ne subissent pas les variations de température comme les espèces côtières. Sur un nouveau microbe pathogème, Ia bactéridie myophage du lapin. (M. C. Puisarix). — Il existe chez le lapin une maladie caractérisée par une mortification plus ou moins étendue du tissu musculaire. Elle est produite par la pro lifération d’un bacille filamenteux, aérobie, dont l'inoculation reproduit les lésions musculaires. Il diffère du bacille de la nécrose de Bang et du séreptothrix cuniculi de Schmort. Aussi, à cause de sa localisation primitive dans le tissu musculaire, qui est son milieu de culture par excellence, l’auteur lui a donné le nom de bactéridie myophage et je propose de désigner la maladie qu'il provoque sous le nom de myosile nécrosante. Séance du 17 avril 1900 Recherches expérimentales sur les phénomènes physiologiques accompagnant la chlorose chez Ia Vigne (M. Grorces CurteL). — La chlorose se manifeste dans la feuille malade : 1° par un affaiblissement notable de l'aclivite respiratoire el la diminution du rapport Te des gazéchangés ; 20 par la diminution, puis la cessation de la fonction assimila- loire : les chromoleuciles étant impuissants à l'assurer; 30 par un très grand affaiblissement de la fonction transpiraloire. L’altération de cette fonction qui pour la plante remplace les organes propulseurs des liquides organiques entraine des troubles profonds de la nutrition, en particulier la disparition de la chlo- rophylle qui, ne trouvant plus les matériaux nécessaires à sa ré- génération dans une sève insuffisante, disparait au fur et à me- sure de sa destruction sous laction de la lumière, Parmi les causes pouvant agir sur l'activité de cette fonction, nous avons trouvé l'excès de calcaire du sol. Il en estheaucoup d'autres : excès d'eau, conditions climatériques défavorables, etc., et qui toutes d’ailleurs sont susceptibles d’entrainer la chlorose, si bien que ces deux phénomènes, apparilion de la chlorose, allération de la fonction transpiraloire, nous apparaissent indissolublement liés, et que logiquement on peut admettre que toute cause ca- pable de modifier l’un d'eux devra nécessairement avoir son influence sur l’autre, Subdivision du Sénonien du Portugal (M. Paur CHorrar. — Au nord de Mondége, le Turonien est surmonté par par un complexe de grès représentant le Sénoniens. 1., c'est- à-dire comprenant le Danien. Malgré tous les points douteux qui existent encore, on peut affirmer les faits suivants. Abs- traction faite du gisement le plus occidental formé par un grès franchement marin, correspondant au Campanien, ce complexe présente, dela base au sommet, une faune saumâtre mélangée, dans quelques niveaux, à des espèces marines et à des lits à végétaux flottés. Au toit du tiers supérieur se trouve un banc à faune marine contenant des Ammonites sénoniennes. Les Verté- brés appartiennent à des types du Crétacique inférieur, du Maestrichtien, du Danien et du Tertiaire, caractère qui se trouve aussi bien en dessous qu'en dessus du banc à Pseudotis- solia. Les Végétaux encore inédits, quoiqu'ils soient en partie étudiés par M. de Saporta et M. W. de Lima, présentent le même mélange que les Vertébrés, tandis que les mollusques peuvent fous être rapportés au Crétacique. La fixation de l'âge des grès de Bussaco, profondément disloqués avec le Paléo- zoïque, fait voir que la cordillière Lusitano-Castillane est pos- térieure à cette époque, par conséquent, que la meseta ibérique n'est pas restée indemne dès la fin des temps paléozoïques. OFFRES ET DEMANDES A vendre: Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Doryphora à Dorydera inclus, 329 espèces, 978 exemplaires, 9 cartons. Prix....,.. 1410 francs. 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Lot de Chrysomélides européennes et exoti- ques : Pachybrachrys à Zygogramma inclus, 210 es- pèces, 680 exemplaires, 6 cartons. Prix, 60 francs. S’adresser pour les lots de Coléoptères ci-dessus à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. 108 LE NATURALISTE ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane PSEUDOLUCANUS PLACIDUS — Say. Syn.: Lucanus placidus — Say. Say. — Journ. Ac. Phil., V, 202. Chas. Fuchs, — Synopsis of the Lucanidæ of the United- States. Bulletin Brooklyn Entom. Soc., vol. V, 1882. Syn. : L. Lentus — Castelnau. — Hist. Nal., II, p. 171. — — Burmeister, — Handb, V, p. 356. — — Dejean. — Cat. 3° éd., p. 198. L. Rupricapra — Dej., loc. cit. (Amérique boréale.) Cet insecte, qui figure dans les catalogues au nombre des Lucanes vrais, appartient bien plutôt au genre Pseu- dolucane. Sa forme courte et ramassée, ses mandibules brèves et élargies, l'ampleur de son corselet et de ses élytres, la conformation spéciale de sa massue antennaire, la brièveté de ses pattes et de ses tarses, justifient bien son classement dans ce dernier genre. Au reste, la couleur et la contexture des téguments, l'élargissement des pattes postérieures à leur extré- mité et l’étroitesse de la tête de la femelle indiquent pleinement que la véritable place de cet insecte est tout à côté du Pseudolucanus mazama. Seules les mandibules des grands mâles peuvent pa- raitre un peu déconcertantes en raison de ce qu'elles sont pluridentées, mais il convient de faire ressortir qu'elles présentent encore bien moins d’analogie avec n'importe quel autre type connu de mandibules de Lucanes vrais et que, d'autre part, leur denticulation s’atténue dès que la taille décroit, ce qui ramène la mandibule au type nor- mal. MALE Coloration. La couleur du Ps. placidus est où entièrement noire ou rougeñtre où bien noirâtre sur la tête et le corselet, avec les mandibules et les élytres d’un brun rouge plus ou moins obscur. Structure. Les mandibules sont de la même longueur que la tête, c'est-à-dire relativement brèves; leur courbure est moyenne, leur inclinaison en avant nuile : leur bord interne est pluridenté chez les spécimens de grande taille, armé d’une seule dent et de quelques denticules chez les exemplaires moyens; selon la règle, ces denticules s’effacent chez les petits mâles. La tête est assez longue, subparallèle, plus étroite que le corselet ; la carène frontale est nulle ; les carènes laté- rales sont larges, épaisses et arrondies, ainsi que cela se voit, d’ailleurs, chez les autres espèces du genre; le bord antérieur du labre est triangulaire chez les grands spéci- mens, subrectiligne chez les autres; le corselet, médio- crement arrondi, est très ample, presque aussi large que les élytres, lesquelles sont elles-mêmes courtes, ova- laires et fort larges. Les pattes sont courtes et robustes; les antérieures, tra- pues et à dents épaisses, ressemblent à des pattes de fe- melles; celles du milieu sont armées de deux épines, . mais ne présentent dans leur structure rien de particu- lier. Les postérieures, au contraire, étroites et même grêles à leur naissance, vont en augmentant insensiblement de largeur jusqu'à leur extrémité où elles présentent un élargissement très accentué, analogue à celui qui s’ob- serve chez le Pseudolucanus mazama. Les pattes de la dernière paire ne possèdent qu'une séule épine qui est située plus près de leur extrémité que de leur base. Cette épine, qui esthabituellementtrès faible, disparait chez les mâles de moyenne ou de petite taille.Les anten- nes se composent de quatre feuillets, mais les trois der- niers seuls sont bien développés: le premier, bien plus Pseudolucanus placidus (syn. lentus). Mäles. court, est frèle ; lestrois suivants sont de même longueur, avec l'intermédiaire plus mince que le précédent et que le suivant. La tête etle corselet présentent chez les grands mâles un aspect un peu luisant qui s'efface plus ou moins complètement chez les exemplaires moyens ou de petite taille, ceux-ci ayant leurs téguments habituellement plus ponetués, Vue à la loupe, la ponctuation des mandibules apparaît un peu rugueuse ; celle de la tête, très dense, mais extrêmement fine; il en est de même de celle du corselet, avec cette différence qu'elle est un peu espacée vers la partie médiane du disque qui présente en outre l'indication d'une strie médiane lisse ; la ponctuation des élytres est très dense et entremélée de strioles transver- sales et rugosiformes qui leur donnent un aspect mat; chez quelques individus les élytres présentent trace de deux faibles carènes longitudinales. En dessus, la pubescence du ‘steruum est longue et bien fournie. FEMELLE La coloration est la même que chez le mâle, mais Ja ponctuation et la granulation des téguments sont plus fortes, particulièrement sur la tête et les élytres, Les mandibules, plus courtes que la tête, à bord externe arrondi et très épais, présentent une dent un peu au delà de leur milieu et sont terminées en pointe très aiguë. Les antennes et les pièces de la bouche sont plus pe- LE NATURALISTE 109 tites que chez le mâle mais conformées de la même fa- çon ; la tête est étroite mais assez longue, un peu renflée en arrière des yeux; le corselet, les élytres et l'écusson sont comme chez le mâle; la conformation des pattes s’y rapporte également, mais les pattes postérieures pré- sentent deux faibles épines au lieu d’une. Les exemplaires figurés font partie de la collection de M. Henri Boileau. Le Pseudoluc. placidus parait être communément ré- pandu dans l'Amérique du Nord; il n’est pas rare dans nos collections européennes. M. Wickham, de qui je tiens les renseignements que j'ai consignés sur le Pseudol. mazama et sur le Pseudol. capreolus, à bien voulu me fournir sur le Pseudol. pla- cidus les indications suivantes : « La manière de vivre de sa larve n’est pas connue. “« L’insecte parfait se trouve communément dans les val- « lées du Mississipi et le l'Ohio et se reçoit également de Pseudoluc. placidus. Femelle. « plusieurs des États de l'Est. Ses mœurs sont crépuseu- « laires ou nocturnes etil vole souvent à la lumière comme les autres espèces. € Il apparaît à la même saison que le Dama. » Le classement de cet insecte au nombre des Pseudolu- canes porte à trois le nombre des espèces du genre qui vivent dans lPAmérique septentrionale, savoir : Ps. capreolus — Ps. placidus — Ps. mazama. La liste des Pseudolucanes actuellement connus doit donc être établie de la facon suivante : Pseudolucanus Davidis — IH. Devyrolle. — Chine et Thibet. : — Atratus — Tiope. — Népaul et Sikkim. = Oberthüri — L. Planet. — Thibet. — Groulti — — — Inde. — Mniszechi — — — Inde Or, — Placidus — Say. — Amér. du Nord. — Mazama — Lecomte. — New-Mexico. — Capreolus — Linné (syn. dama Fabr.). — Amér. du Nord. — Barbarossa — Fabricius. — Portugal, Es- pagne et Maroc. L. PLANET. UN CORBEAU SUR UN ARBRE PERCHE... M. P. Des Gouttes a envoyé l’histoire suivante à la Revue du T.C.S. : ï « Vraiment, en bicyclette tout arrive. L'autre jour, vers les cinq heures du matin, je pédalais allègrement sur la route de Bonneville, aux environs du pont sur la Menoge. La route est bonne à cet endroit, très ouverte et dépourvue d’ombrage. I/air était frais, le temps su- perbe, l'allure plutôt rapide. Je portais une petite cas- quette à visière, sur le devant de laquelle était épinglé l'insigne du T. C.S. Tout à coup, et sans qu'aucun bruit révélateur soit venu m'avertir, je sens ma casquette comme arrêtée par une branche; puis, avant que j'aie le temps de me retourner, elle se soulève et me quitte... ! J'apercois alors un gros corbeau, mal intentionné vis-à- vis d’elle, qui l'emporte sans vergogne. Au mouvement que je fis, reconnaissant ses torts, il se hâta de la laisser délicatement tomber dans la poussière de la route et dis- parut sans autre excuse, Ebahi, me demandant si j'étais éveillé et dans mon bon sens, je fis volte-face, mis pied à terre pour reprendre mon bien, et, ayant constaté avec satisfaction qu'il était intact, je continuai ma route en songeant au malheureux sort qui eüt pu échoir à mon innocente casquette, si son ravisseur n'eût été saisi à temps d'un salutaire remords. Mais vous avouerez que, sur une grande route, en plein jour, voir son chef être pris pour cible par les oiseaux de l'air, ce n’est pas banal pour un cycliste ! (Tribune cle Genève.) BIBLIOGRAPHIE 4. Absolon (P.-C.-K.). Kinige Bemerkungen über müh- rische Hühlenfauna. Zoolog. Anzeig., 8 Janv. 1900, pp. 1-6. 2. Barrett-Hamilton (G-.-E.). Note on the Wessel, Pu- torius (Ictis) nivalis, and some of its subspecies. Ann. Mag. Nat. Hist. Janv. 1900, pp. 41-50. 3. Bonhote (J.-L.). On Iquirrels of the Sciurus Mac- Clellandi group. Ann. Mag. Nat. Hist. Janv. 1900, pp. 50-54. 4. Boulanger (G.-A.). Descriptions of two new Atheri- noid Tishes from Mexico. Chirostoma lucius, p. 54. — Ch. sphyræna, p. 55. Ann. Mag. Nal. Hist. Janv. 1900, pp. 54-56. 5. M. Butler (Ph. D.). Où à second Collection of Butter- flies obtained by M. Edward, M. de Jersey in Nyasaland, Teracolus mulans. p. 62. Ann. Mag. Nat Hist. Janv. 1900, pp. 59-63. 6. Braun (M.). Bemerkungen über die Tascioliden Gattung Rhopolias. Zoolog. Anzseig. 8 Janv. 1900, pp. 27-29. 4. Calkins (G. W.). Mitosis in Nocticula Miliaris and its Bearing on the Nuclear relations of the Protozoa and Metozoa. Journ. of Morphol. XV, 1899, pp. 711-770, pl, XL-XLII. 8. Cameron (P.) Descripl, of new Genera aud Species of Aculeate Hymenoptera from the oriental zoological Region. Tiphia brevipennis, p. 11. — Myzile ceylonica, p.18. — Agenia diana, p. 19. — Ceropales parva, p. 20. — Tachytes interslilialis, p. 20. — T. ceylonica, p. 21. — T. brevipennis, p. 22. — T. aurificus, p. 23. — T ma- culilarsis, p. 24. — Nologonia Chapinani, p. 25. — Larra fuscinerva, p. 26. — L. iridipennis, p. 26. — L. longicornis, p. 21. — Cœlolarra appendiculala, p.29. — Leplolarra flavinerva, p.30. — L. longilarsis, p. 31. — L. reliculala, p. 31.— Spanolarra rufilarsis, p. 33. — Cratolarra femorata, p. 3%. — Odontlolarra rufivens tris, p. 36. — Scleriphron linealipes, p. 36. — Ampulex pilosa, p. 31. — A. pulchriceps, p. 38. — Oxybelus ceylonicus, p. 40. Ann. Mag. Nal. Hisl. Janv. 1900, pp. 1-41. Le Gérant: Pauz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 110 S'ADRESSER À LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, RUE DU BAC, 46, PARIS Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vitis. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata. Agrilus cyanescens. — tenuis. — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. Sinoxylon sexdentatum. — muricatum. Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini. — oleiperda. Hylurgus piniperda. — ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. — stenographus. — dJlaricis. — bidens. Bruchus pisi. — flavimanus. — rufimanus. — tristis. — Jlentis. — pallidicornis. — nubilus. Rhynchites betulæ. — populi. — betuleti. — conicus. — cupreus. — bacchus. Apion apricans. — craccæ. — viciæ. — flavipes. — flavofemoratum. — pisi. — æneum. — tenue. — VOrax. — violaceum. — hæmatodes. — pomonæ. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pini. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. ligustici. LE NATURALISTE ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CI-AÂPRES DÉSIGNES (Ne proposer que des Insectes frais et intacts) Otiorhynchus rancus. — picipes. Lixus angustatus. Anthonomus pomorum. — pyri. — druparum. — rubi. Orchestes fagi. — alnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. — napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaruis. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyx heros. — scopolii. Aromia moschata. Callidium unifasciatum. Clytus arietis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberea linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica olcracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. — campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — bitterensis. Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Pseudo-Névroptères. Termes lucifugus. — flavicollis. Hymèmoptères. Vespa crabrc. — germanica. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopæœus spirifex. Atta barbara. — structor. Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia rosæ. — spinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossulariæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — ribis. Lyda pyri. — sylvatica. — campestris. — erythrocephala. Lophyrus pini. — rufus. Cephus pygmæus. — compressus. Sirex gigas. Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rosæ. Lépidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassicæ. — rapæ. — napi. Deilephila elpenor. — euphorbiæ. Ino pruni. — ampelophaga. Trochilium apiforme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. — neustria. Porthesia chrysorrhaca. — auriflua. Ocneria dispar. — monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicæ. Triphæna pronuba. — orbona. Phlogophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas grossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheimatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnophthira pilleriana. Tortrix viridana. — cratægana. — rosana. — Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana. Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivorella. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depressella. — nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Sehirus bicolor. Œlia acumimata. Strachia oleracea. — ornata. Carpocoris baccarum. Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Typhlocyba rosæ. — viridipes. Psylla pyri. —* buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — lanuginosa. Aphis rosæ. — cerealis. — fabæ. — : pruni. — persicæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim vitis. — tilic. — salicis. — persicæ. — olæ. — caricæ. Aspidiotus conchyforme. Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. — hæmorrhoïdalis. Diptères. Tipula oleracea. Sciara piri. — analis. Cecidomya tritici. — destructor. — nigra. — pyri. — brassicæ. Lasioptera obfuscata. Sunulium ornatum. — maculatum. — reptans. Bibio Marci. — hortulanus, Tabanus bovinus. Hæmatopota pluvialis, Œstrus equi. — hæmorrhoïdalis, Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum., — brassicæ, — furcata. — radicum. — conformis. — lactucæ. Pegomya acetosa. Psilomya rostæ. Hylemya coarctata. Spilographa cerasi. Dacus olesæ. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Agromiza nigripes. Platyparea pœciloptera. Chlorops lineata. — tæniopus. Oscinis frit. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques. tt A once 19 19 e ANNÉE 2 SÉRIE — N° 3 A7 15 MAT 1900 ALPHONSE MILNE-EDWARDS Alphonse Milne-Edwards, le savant zoologiste,de répu- tation universelle, est mort, dans la nuit du 20 au 21 avril, au Jardin des plantes, où il habitaiten sa qua- lité de directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Né à Paris en 1835, il fut poussé très rapidement par son très illustre père, Henri Milne-Edwards,dans le gout des sciences naturelles. Dès sa prime jeunesse, il était grand collection - neur, surtout d’ani- maux fossiles, et, quoi qu'on en dise, c'est là une excel- lente école pour un futur naturaliste. En 1860, à l’âge de vingt-cinq ans par conséquent, il passe le doctorat en médecine, qu'ilavait préparé surtout en vue de l'étude ap- profondie de l’hom- me. En 1861 ,ilestreçu docteur ès sciences. L'annéesuivante, il entre au Muséum comme faide-natu- raliste. Bientôt après, 1l est reçu à l’agréga- tion de pharmacie (1864) et, très rapi- dement, devient professeur titulaire d'histoire naturelle à l’École de phar- macie de Paris, chaire qu'il ne de- vait plus quitter qu’à sa mort. Au Muséum, il ne tarda pas non plus à être adjoint à son père comme direc- teur du laboratoire … À de zoologie dépen- danten même temps de l'École des Hau- tes Études. En 1876, il succéda à son père — nommé à la Sor- bonne — dans la chaire de zoologie (Mammifères et Oiseaux) du Muséum qu'il conserva jusqu'à la fin de sa vie, ne se faisant suppléer que dans de très rares occa- sions, Sa parole claire et sa vaste érudition y attiraient un nombreux auditoire. Milne-Edwards est nommé ensuite membre de l’'Aca- démie des sciences (1879), membre de l'Académie de médecine (1885) et directeur du Muséum d'histoire natu- relle en 1892, Le Nuturalisle, 46, rue du Bac, Paris. ALPHONSE MILNE-ED WARDS, Directeur du Museum de Paris Mort le 21 avril 1990 (Reproduction d’une photographie de Eugene Pirou) Au physique, Alphonse Milne-Edwards avait une appa- rence chétive. Petit, maigre, fluet, il portait une tête osseuse, au front large et à la bouche volontaire. Toute sa personne néanmoins trahissait une force de volonté peu commune. Et c'est d'ulleurs là un des principaux traits de son caractère, Quand il avait résolu quelque chose, il y arrivait per fas et nefas. Aussi était-il pour ses élèves l'idéal du profes - seur. Ne füt-ce qu’à ce point de vue, il mériterait de passer à la postérité, les professeurs qui « poussent » leurs élèves ‘devenant de plus en plus des rara avis, Tous ses élèves sont arrivés, en effet, à d’excel- lentes positions; il est vrai qu'il savait les choisir. On a eu aussi un exemple de sa téna- cité dans sa belle administration du Muséum que —mal- gré de maigres res- sources — il réus- sit à embellir, tant au point de vue des animaux vivants que des collections et des laboratoires. Bien d’autres à sa place auraient jeté le manche après la cognee. C'est à lui aussi que l’ôn doit les ad- mirables campagnes du « Travalleur » et du « Talisman » qui marquent une époque dans Ja science. zoologique, En outre du mérite qu'il à de les avoir bien préparées, il a celui de les avoir conduites à bonne fin. Si l’on songe qu'il était très sujet au mal de mer, — ce mal affreux qui anéantit les plus braves, — on voit quel courage il lui à fallu pour les accompagner d'un bout à l’autre, Au point de vue scientifique, ses travaux sont consi- dérables. Milne-Edwards s’est beaucoup occupé des Mammifères, des Oiseaux, des Crustacés, portant son attention aussi bien sur les espèces vivantes que sur les espèces fossiles, Il s’intéressait beaucoup à la géographie en général et à la géographie zoologique et coloniale en 112 LE particulier : c'est lui qui a organisé cet « enseignement des voyageurs naturalistes » qui à un si grand succés. Parmi ses ouvrages les plus importants, il faut citer : Recherches anatomiques et paléontologiques pour servir à l'étude des Oiseaux fossiles de la France. Recherches zoologiques, anatomiques et paléontologiques sur la famille des Chevrotains. Études pour servir à l'histoire de la faune mammalogique de la Chine. Histoire naturelle des Mammifères et des Oiseaux de Madagasear (en coll. avec M. À. Grandidier). Observations sur l’organisation des Limules. Recherches sur la faune des régions australes. Et un très grand nombre de notes parues dans les Annales des sciences naturelles, les Archives du Muséum, le Bulletin du Muséum, etc. Veuf de très bonne heure, il w’avait pas d'enfants, et, avec lui,s’éteint malheureusement le nom des Edwards. Il avait reporté toute son affection — qui était grande, malgré son apparence froide (comme cela a toujours lieu) — sur ses neveux, qui ont heureusement été auto- risés à ajouter le nom d’'Edwards à celui non moins illustre de Dumas. Puissent-ils être comme leur oncle aussi dévoués à la science! Henri COUPIN. L'HISTOIRE NATURELLE DANS LES VÊTEMENTS DES PREMIERS HOWMES Aujourd'hui encore les femmes sauvages de la Nou- velle-Calédonie, les plus rebelles à la civilisation, portent pour tout vêtement une ceinture en fibres de Bourao, c'est-à-dire en feuilles de Pandanus desséchées, plus ou moins réduites à leur partie filamenteuse, C’est une sorte de jupe, un peu courte à nos yeux, avec nos idées sur la pudeur, mais qui leur suflit parfaitement pour éloigner les mouches. De plus, c'est un vêtement commode, simple et pratique à la fois, qui ne coûte pas cher et qui n'empêche pas de se baigner dans les ruisseaux qui inter- rompent le chemin, le long du bord de la mer, Ces feuilles desséchées ne craignent pas l’eau, etelles gagnent à s’effilocher à l'usage, Ce n’est pas comme notre calicot, qu'il faut sans cesse repriser où rapiécer, pour peu que l’on s’en serve depuis quelque temps. Si le jupon canaque est choquant aux yeux des nou- veaux venus, ils n'ont rien à reprocher aux sauvages; ceux-ci ne sont-ils pas chez eux? Ce n’est pas à nous, qui avons envahi leur île, qu’il appartient de nous cho- quer de leurs mœurs plus qu'il ne convient : chaque pays a ses usages. D'ailleurs,ils acceptent avec empressement les vêtements que nous leurs offrons, en échange de leur travail. Paix aux hommes de bonne volonté! dit l'Écriture., Les Anglais pudibonds leur offrent des couvertures à bon marché, c'est-à-dire d'une qualité inférieure, qui doit leur donner une assez piètre idée de la civilisation dont nous sommes si fiers. Les sauvages sont comme les enfants : ils ont de bons yeux; d’un seul coup d’œil, ils voient beaucoup de choses à la fois. On ne les trompe jamais, ou du moins ce n’est pas pour longtemps. \ NATURALISTE Avant d'en arriver aux étoffes de lin ou de coton, les premiers hommes ont donc pu tirer des végétaux bruts les éléments de leur habillement. D'autant plus qu'une feuille de bananier, de l'arbre du voyageur ou d'un stre- lotzia suflit à envelopper un homme comme un sucre d'orge. Le premier mouton, écorché pour servir de nour- riture, a donné une toison précieuse, qui a formé tout de suite un manteau imperméable à la pluie, ou un vêtement souple et relativement très chaud. L'idée de tisser la laine a dû venir à l'esprit des pre- miers hommes en même temps que celle de tisser les fibres de lin ou de chanvre. Les hommes et les femmes, groupés autour du foyer, où ils faisaient cuire leurs ali- ments au-dessus des braises incandescentes, ont dû remarquer bien vite la possibilité de faire des corbeilles avec des roseaux, des lianes, des tiges flexibles d'osier, ou des feuilles résistantes comme celles des monocotylé- donées (lin de la Nouvelle-Zélande, palmier, dattier, pandanus) à fibres parallèles, pour conserver les mor- ceaux de viande cuite, qu'ils ne pouvaient consommer en un seul repas. Quant à fabriquer des fils de laine, rien n'est plus simple, puisqu'il suffit d’arracher la laine d'une peau de mouton et de la rouler entre les doigts mouillés,en ajoutant toujours un peu de laine à la suite, et en enroulant le fil ainsi formé autour d’un petit bâton, de facon à en faire une pelotte : on a ainsi obtenu le premier fuseau, Ce n'est que plus tard que le rouet aura été inventé. Cet instrument a réalisé tout de suite un immense progrès, car il permet de fabriquer, en quelques minutes, autant de fil qu'on en obtenait autre- fois en une journée de travail, et un fil beaucoup plus régulier, sous tous les rapports. Tous les enfants de ma génération ont connu les rouets; et plusieurs d’entre nous se sont blessés au fuseau, en l’approchant de trop près pendant sa rotation, On sait que les rouets de nos grand- méres sont remplacés par les filatures, actionnées par des inachines à vapeur. Au lieu d’un fuseau, une filature ordinaire possède 30 à 40 mille broches! Elle fabrique en un an, à elle seule, ce que cent peuples divers n’au- raient pas produit peut-être en un siècle! Ainsi vale progrès : où s’arrétera-t{-il ? Le poil de chameau a servi, de tout temps, à faire des câbles, des cordes à puits, des longes et des traits pour les animaux. De là le jeu de mots connu, à propos de câble et de chameau, qui se disent tous les deux Camélos en grec: Il est plus difficile à un chameau (câble) de passer par le trou d’une aiguille, qu'à un riche d’entrer dans le royaume du Ciel! Pourquoi chameau plutôt qu'un bœuf? C’est qu'il s’agit d’un câble en poils de cha- meau; c'est la partie prise pour le tout, par les traduc- teurs du texte grec. La Bible nous donne des renseignements précis sur le costume sacerdotal du grand prêtre Aaron. On voit que déjà, même au temps de Moïse, on savait fabriquer de somptueuses étotfes. Les tissus indiqués sont : le lin, la pourpre, l’écarlate et l'hyacinthe. Ces derniers tissus sont indiqués uniquement par leur couleur; mais il est évident qu'il s’agit ici de tissus différents de lin, et très probablement d'étoffes de laine, et peut-être même de coton. N'y aurait-il pas aussi de la soie? Sur un caleçon de lin, il y avait une grande tunique de même tissu, sorte de chemise de toile, avec une robe d'hyacinthe, et une ceinture décorée de broderies d'or pur. En outre, sur la robe, il y avait en arrière une sorte de pèlerine, l'éphod, qui se reliait en avant avec le rational. LE NATURALISTE 113 Le rational était un riche tissu carré, étalé sur la poi- trine, de À palme, c’est-à-dire 20 centimètres environ de côté, tant en hauteur qu'en largeur. Des anneaux d’or de chaque côté, sur les bords de l’'éphod et du rational, réu- nissaient ces deux parties du vêtement sacerdotal, à l'aide de chaines d’or terminées par une agrafe et à l'aide d'un ruban d'hyacinthe dans le bas. Le rational formait ainsi un ample rabat, composé d'or, d'hyacinthe, de pourpre, d'écarlate deux fois teinte et de fin lin retors, mêlés ensemble, tissus en fils de différentes couleurs. En outre, douze pierres précieuses différentes portaient gravés les noms des douze tribus d'Israël : Sardoine, topaze, émeraude, escarboucle, saphir, jaspe, li- gure, agathe, améthyste, chry- solithe, onyx, béryl. Ruben, Siméon, Dan, Juda, Nephtali, Gad, Azer, Issachar, Zabulon, Ephraim, Manasses, Benjamin. La tunique ou robe, de couleur hyacinthe, était percée d'une ouverture pour le cou, garnie d’un riche liseré brodé, Le bas de cette robe pontificale était garni de grenades et de clochettes d'or, alternativement placées, Les grenades étaient des houppes d'hyacinthe, de pourpre et d’écarlate. Les clochettes résonnaient ensemble, à chacun des mouvements que faisait l’officiant : ce qui donnait à sa démarche quelque chose de tout spécial. Enfin une tiare recouvrait sa tête. Un ruban d'hyacinthe retenait à la tiare une lame d’or, qui recouvrait le front de l’officiant ; sur cette lame était écrit : « La sainteté est au Seigneur. » On voit que, même du temps de Moïse, on savait faire de riches costumes, avec de riches étoffes provenant des produits du sol : bêtes, plantes et pierres ou métaux. Dr BouGox. PHOTOGRAPHIE SYMPATHIQUE L'usage des encres sympathiques — amusement du jeune âge — constitue les premières notions pratiques de la chimie auxquelles se livre volontiers le collégien. L’amateur photographe, encore tout vibrant de l’enthou- siasme du néophyte, sera peut-être bien aise de savoir que la photographie, elle aussi, peut donner lieu aux mèmes phénomènes, et qu'une image apparait ou dispa- rait sur une feuille de papier selon les circonstances où elle est placée. Faites une solution de gélatine à 3 ou 4 0/0, tiède, et plongez-y une feuille de papier non collé. Au bout de quelques minutes retirez-la et faites-la sécher. D'un autre côté, préparez un bain de bichromate de potasse à 4 ou 5 0/0, et faites-y flotter votre feuille de papier gélatinée, en ayant bien soin qu’elle n'y soit pas immergée, Faites sécher le papier dans l'obscurité, car dès maintenant il est sensible à la lumière. Ce papier étant sec, exposez-le sous un cliché négatif : l’image se reproduira en jaune brun, et toutes les parties colorées sont devenues insolubles dans l’eau. Lavez d'abord l'épreuve dans l’eau froide, pour élimi- ner le bichromate de potasse non impressionné par la lumière: et puis dans l’eau chaude, pour dissoudre la gélatine qui ne forme aucune partie de l'image. Quant à celle-ci, elle apparait toujours en jaune brun. Mais trempez le papier dans un bain d'acide sulfureux, et il se décolore immédiatement, et, une fois sec, vous le voyez absolument tel qu'il était avant ces opérations successives, c'est-à-dire vierge de toute maculature, de toute trace d'image. Si maintenant vous le trempez dans l’eau, toutes les parties qui n'ont pas été tannées par la gélatine insolubi- lisée sous l'action de la lumière s’imprègnent de liquide, le boivent, et prennent une couleur foncée, tandis que l'image apparaît en blanc. Elle disparait quand le papie: est sec. A, DuMmASs. REMPDES POPULAIRES DE NORMANDIE Dans un récent numéro du Naturaliste (1), le Dr Félix Regnault entretenait les lecteurs des Remèdes ignobles encore usités aujourd'hui. Je me permettrai de com- pléter son fort intéressant travail par l'énumération des remèdes suivants journellement employés en Normandie, et tout aussi ignobles : La fiente de chat infusée dans du vin blanc sert comme fébrifuge. En lavant les seins d’une nouvelle accouchée avec l'urine d’un jeune homme, on accélère la venue du lait. L'urine d'un enfant a la même ellicacité. L'urine de génisse guérit la phtisie, Pour éviter les suites d’une chute, il faut couper la queue d’un matou noir, dont on suce le sang. La fiente du même animal mêlée à du poivre fortifie | Un verre d'urine pris à jeun prévient la paralysie. La fiente de poule, la plus blanche que l'on puisse trouver, joue un rôle actif dans les cas de rage. La matière fécale, ainsi que l'indique le D' Regnault, est appliquée en cataplasme pour les maux de doigts et la bouse de vache pour les dartres. Je l'ai vu également maintes fois employer pour guérir les plaies survenues aux chevaux à la suite d’une « {tombe » (chute). Est-ce assez dégotûtant et répugnant ! Mais je continue. La punaise écrasée sur du pain guérit de la punaisie (ozène). « Soulfrez-vous de la fièvre? Posez-vous donc une araignée sur la poitrine, Car l'araignée mange la fièvre, ou si vous préférez, prenez un crapaud vivant, dans son trou, avant le lever du soleil, mettez-le entre deux linges, le tout appliqué sur le bras jusqu'au premier frisson : « C’est ça qui coupe la fièvre! » disent les braves gens. II y à encore un autre procédé : n’en faut-il pas pour tous les goûts? — Demandez un gquérisseu : quand il sera venu, vous le verrez couper en rond une taille de pain, mordre tout autour et faire manger ce qui reste au malade (2). » J'ai vu à Rouen un enfant, qui, me disait-on, avait des vers, entouré de centaines de lombrics, qui grouil- lent autour de lui dans son lit. — Tout le monde con- naît le pigeon vivant ouvert et posé sur la tête de l'enfant atteint de méningite. La jaunisse la plus rebelle disparait lorsque le patient se frotte tous les soirs, sous les aisselles, avec deux œufs (1) 2° série, n° 315, 15 avril 1900. (2) En. Srauxowski. Paysages el paysans normands, 1 vol. 114 cuits dans du vinaigre, ou bien en urinant neuf jours de suite sur une fourmilière, ou encore en trempant des boules de gui dans l’üurine d’un petit enfant mâle et en les posant sur le haut de la tête. Trois, sept ou neuf poux du corps ont la même eflica- cité. Les jeunes flles,pour se délivrer de la même maladie, doivent pisser chaque jour sur une touffe de plantain, jusqu’à ce que la plante périsse. Ailleurs, on fait manger des souris au” enfants pour les sauver de la coqueluche. Enfin, pour la fièvre typhoïde, le paysan normand met aux pieds du malade un morceau de foie de veau qu'il laisse ainsi jusqu’à ce que la puanteur rende le séjour de la chambre inhabitable. Mais je n’en finirais pas s'il me fallait tout rapporter, D'ailleurs, le lecteur jugera facilement, par ce que je viens de raconter, que la médecine officielle a beaucoup à faire encore pour détrôner les empiriques qui font admettre, parmi le peuple des campagnes, des remèdes aussi néfastes que répugnants et stupides. Dr ED. SPALIKOWSKI. SUR l'Origine du Diluvium de la Seine CONCLUE DE L'EXAMEN DE SA STRUCTURE INTIME Le grand problème du creusement des vallées, bien plus fertile en conséquences générales qu’on ne l'aurait supposé a priori, continue de s'éclairer et de se simpli- fier en même temps, à mesure que la considération des causes actuelles s'applique plus intimement à son étude; et dans cette direction, on me permettra de considérer comme un pas qui peut être décisif, en ce quitouchela con- ception du rôle des rivières dans la sculpture de la croûte terrestre, une série d'observations que je désire résumerici très rapidement. Ce progrès consiste en notions retirées d'un examen plus détaillé qu'on n'avait cru utile de le faire de la structure intime du diluvium et que l’on pourrait qualifier d’histologique. Beaucoup d'auteurs ont parlé de cette structure, mais il semble que très peu d’entre eux l’aient examinée de près, pas plus d'ailleurs que la composition lithologique de trainées caillouteuses dont on ne donne une idée exacte dans aucun livre. Ceux-ci, en effet, répètent indé- finiment une liste de roches extraites naguère du dilu- vium par M. Roujou, dans laquelle il manque, on peut le dire, précisément le point essentiel. Ce n'est pas, en effet, le silex qui est l'élément dominant dans les graviers de la Seine, c’est le calcaire. L'analyse donne souvent plus de 60 % de calcaire contre 40 % de tous les autres éléments réunis, silex, quartz, porphyre, granit et autres roches cristallisées. M. Roujou mentionne comme très rare un calcaire blanc saccharoïde de provenance indé- terminée et on ne peut douter qu'il n'ait considéré, sur leur seule apparence, comme étant du silex, tous les graviers calcaires gris qui sont si abondants. Pour la structure, la preuve qu'elle est mal connue LE NATURALISTE ressort des expressions mêmes dont les auteurs se sont servis pour la décrire. Suivant les uns, le diluvium est «une accumulation pêle mêle de matériaux de toutes grosseurs, de toutes natures et de toutes provenances » ; pour d'autres, c'est «un dépôt à allure essentiellement torrentielle ». Il y en a qui dénient au diluvium toute stratification, c’est-à-dire toute disposition par lits superposés, et d’autres quile comparent aux débris accu- mulés dans le chenal d'un égout après le passage des eaux de chasse, Aussi n'est-ce pas tout de suite qu’on se dit qu'il y a peut-être lieu de chercher à reconnaitre quelques lois dans l'agencement des limons, des sables, des graviers et des galets diluviens. Quand cependant on s’est appliqué à cette nouvelle étude, on est véritablement émerveillé d’un résultat diamétralement opposé à celui qu'il semblait si inévi- table de rencontrer, On trouve que le diluvium est pourvu d’une structure dont la délicatesse est admirable et dans laquelle la situation de toute particule est déter- minée par des conditions dynamiques strictement définies dans chaque point, Tout d'abord, il faut remarquer que dans la très grande majorité des grévières des environs de Paris et de la vallée de la Seine, la masse du diluvium exploité se divise en trois horizons superposés. Le plus inférieur est composé de blocs et de gros galets dont le volume a tout naturellement suscité l’idée d'en rattacher le dépôt à des agents énergiques de transport. Le deuxième hori- zon est formé des sables, des graviers et des galets, à peu près ou même parfois tout à fait dépourvu de limon ; c’est un terrain admirablement lavé et débarrassé des particules très fines. L'horizon supérieur, au contraire, montre une proportion d'argile plus ou moins considérable. Or, cette différence s'explique très simplement par l'observation des conditions diverses des différents points d'une même vallée, Tandis que dans certains points le cours d’eau déplace des matériaux, dans d’autres points voisins des premiers les matériaux exondés sont soumis à la réaction des eaux d'infiltration qui en s'y insinuant introduit dans les profondeurs les limons d’origine at- mosphérique en même temps qu'elle modifie plus ou moins la structure primitive. En outre, le déplacement des eaux sauvages, et surtout les épanchements des inondations, en constituant par colmatage une portion de la terre végétale, bien liée, comme on voit, au fait même du creusement de la vallée, ce déplacement constitue au-dessus du dépôt réellement fluviaire un revêtement qui avec le temps peut acquérir une épais- seur notable. Le point à retenir, c'est qu'il peut tou- jours se constituer, à un même moment, dans le fond d'une vallée deux catégories de dépôts : les sables char- riés et déposés dans le lit fluviaire aux endroits d’eau vive et les limons épanchés dans les régions d’eau morte et dans les terres inondées en dehors du lit. Dans les points de la vallée que le déplàcement des méandres a laissés intacts depuis longtemps, le terrain de colmatage peut devenir très important. Il s’épaissit à chaque inon- dation, rappelant l'allure des alluvions actuelles de la vallée du Nil, en dehors du lit, et dans lequel des nappes entières de sable et même de galets sont apportées par le déplacements des glaces d'hiver. L'horizon moyen du diluvium, celui que nous pou- vons regarder comme franchement fluviaire — la portion, en un mot, dont l'exploitation est profitable, présente dans des carrières très diverses, appartenant aux diffé- 1 | » LE NATURALISTE 115 rents niveaux distingués par les géologues, une structure singulière à première vue. Cette portion est formée d’espèces de lentilles ou d'amandes sableuses enchevêtrées les unes dans les autres d’une façon parfois très compliquée. Dans cha- cune de ces amandes les éléments sableux sont disposés eu lits parfaitement réguliers, plus ou moinsobliques, peu ou presque horizontaux et toujours nettement parallèles les uns aux autres, La dimension des lentilles, comme l’inclinaison de leurs lits constitutifs varient beaucoup d’un point à un autre et quelques-unes sont si aplaties qu'elles figurent des couches proprement dites, mais la structure générale en est la même sur tous les points des carrières, quelle que soit leur orientation par rapport à la direction de la vallée; de façon que l'inclinaison des lits dont nous parlons est elle-même variable non seulement par sa valeur angulaire, mais par son orientation. Par- fois, dans le sens même de la vallée, le plongement peut être en des points très voisins (soit à côté, soit sur la même verticale) transversal — et aussi bien de droite à gauche que de gauche à droite. Mais le point essentiel à souligner, c’est que cette variabilité s'associe à une régularité absolue et à une délicatesse extrême de struc- ture. Dans chaque lentille, les petits lite constitutifs se poursuivent parfois sur des longueurs de plusieurs mètres, se distinguant les uns des autres par de très faibles variations dans la grosseur de leurs grains, de telle sorte qu’on les compare tout naturellement aux lits sableux composant les dunes. Le mécanisme de produc- tion est le même dans les deux cas et la seule différence est que le transport réalisé par le vent dans les dunes est accompli par le courant d’eau dans les rivières. Mais si la structure de chaque lentille est aisée à expliquer, il semble en être tout autrement de celle du terrain tout entier formé, comme on l’a dit, de lentilles enchevêtrées ; et ici la comparaison avec les dunes ne semble pas pouvoir nous procurer d'éclaircissement. C’est seulement en se mettant à l’école de l'observation des phénomènes actuels qu'on le trouve, et sa décou- verte justifie tellement la légitimité de la doctrine ac- tualiste, qu'on en arrive à poser en fait qu'il suffit d'analyser l’histologie du diluvium franc pour en tirer la démonstration complète du processus progressif et lent du creusement tout entier de la vallée. Voilà qui mérite d’être développé en quelques mots. Le résultat de l’étude du diluvium se résume en ceci qu'il représente une série très longue de remaniements successifs, opérés dans les mêmes points par le même cours d’eau animé suivant les moments d’une vitesse très inégale, La cause de cette variation de vitesse sur un même point s'explique d'ailleurs tout de suite par l'observation contemporaine des variations de volume des cours d’eau d’un jour à l’autre, et surtout elle résulte tout entière de la faculté présentée par les rivières de déplacer horizontalement leurs méandres. Il en résulte que, la rivière se déplacant, les choses se passent comme si le point considéré changeait de place par rapport aux berges du cours d’eau, supposé fixe dans sa situation, Et c’est pour rendre cette explication aussi claire que pos- sible que nous mettons sous les yeux des lecteurs du Naturaliste la figure jointe à cet article. Cette figure, qui a été dessinée d’après des documents précis et spéciale- ment d’après des photographies qu'a bien voulu prendre pour moi,dans nos grévières, un observateur très distingué, M. A. Dollot, correspondant du Muséum, permet véri- tablement de suivre pas à pas l’évolution du diluvium dans un point convenablement choisi. Par exemple, ce point, d'abord supposé dans une anse convexe, siège d’un alluvionnement en petits lits plus ou moins horizontaux représenté sous le n° 1 dans la figure I, pourra être plus tard au milieu du lit de la rivière, et alors soumis à une érosion qui lui reprendra une partie plus ou moins con- sidérable des dépôts précédemment accumulés, On voit cet état réalisé dans la figure II. La forme courbe de cette érosion, extrêmement remarquable, témoigne élo- quemment de l'extrême délicatesse du travail dont elle est le produit, et que prouve aussi l'observation fré- quemment répétée à sa surface d’un lit plus ou moins continu de graviers ou de galets représentant des maté- rlaux trop pesants pour que le courant dénudateur ait pu les emporter. Je répète qu'on est émerveillé, et cela dans toute l'épaisseur du diluvium de la Seine, de la précision des séparations réalisées successivement par les courants d’eau. Quoi qu'il en soit, le déplacement horizontal du fleuve continuant, et, avec lui, le dép lacement des filets d’eau animés de diverses vitesses, le point considéré à pu se trouver en rapport avec de l’eau qui, loin de continuer l'œuvre d’érosion, à au contraire apporté des maté- riaux de sédimentation : c’est toujours péniblement, pour ainsi dire, à bout de forces, car autrement les particules iraient plus loin. Alors la surface courbe dont nous venons de voir le mode de production est devenue la base d'appui d’un système de petits lits qui n’ont aucun lien de direction nécessaire avec celle des petits lits de l’ori- gine. Cette fois ils peuvent être obliques, et c’est ce que montre leur massif marqué du chiffre 2 dans la fig. III où on les voit en discordance sur ce qui reste du dépôt 1. Leur obliquité varierait dailleurs avec la direction de la coupe; dans un certain sens ils pourraient être hori- zontaux, de même qu'à la rigueur les lits du dépôt n° 1 pourraient être obliques suivant une orientation conve- nable. Ici encore chaque feuillet de l’ensemble traduit par la grosseur de son grain l'énergie mécanique de l’eau qui l’a engendré, Mais les vicissitudes locales continuant toujours au fur et à mesure des modifications de forme du fleuve lui- même, des érosions viennent de nouveau attaquer le fond, mordant sur le dépôt à la production duquel nous venons d'assister et parfois même jusqu'à celui qui le supporte et qui de nouveau peut perdre une partie de sa substance. La figure IV est relative à l’effet d’une dénudatiôn survenant à ce moment, Tous les sédiments fluviatiles pourraient ainsi disparaitre dans le point con- sidéré, mais il arrive fréquemment qu'une portion sub- siste et alors, par le retour de conditions convenables, une nouvelle sédimentation se produira ; ce sera le dépôt n°3 de lafig. V, en lits inclinés tout autrement que ceux du dépôt ne 2, Et cette sédimentation pourra "lus tard être dénudée, comme le montre la fig. VI dont l’analogie avec la fig. IT paraît assez caractérisée pour souligner le retour de conditions identiques avec un fond autrement cons- titué parce qu'il garde la trace de plusieurs phénomènes successifs. Nous pourrions arrêter là cette énumération de réac- tions alternatives si nous ne pensions utile de montrer par leur continuation comment une coupe réelle, visible à Petit-Créteil (Seine), a pris ses caractères résumés dans notre fig. XII. Il faut pour cela, à la suite de la disposi- 116 LE NATURALISTE tion de Ja fig. VI, admettre la sédimentation représentée fig. VII et qui concerne un dépôt n° # en lits inclinés à peu près comme ceux du dépôt n° 2et sensiblement inverses de ceux du dépôt n° 3. On y voit que, sans l’intercalation de ce dernier, la ressemblance serait si grande entre l'allure de celle de 2 et de celle de # qu'on pourrait à première vue y supposer une seule formation. Cependant, avec de l'attention, on retrouverait la ligne d’érosion de la fig. VI jalonnée par des graviers résidus de lavage et dont la présence a déjà été expliquée. Le dépôt n°4 a d'ailleurs été érodé à son tour,comme le fait voir la fig. VIII, et plus tard le dépôt n° 5 est venu circonscrire une vraie lentille en amande résiduelle du dépôtino 3. D'ailleurs, la dénudation réprésentée fig. X a été suivie du dépôt n°6 qui a complété la structure lenti- culaire si singulière de nos balastières. Comme on le voit, cette disposition « entrelacée » du diluvium franc, loin de supposer, comme Belgrand le voulait, l'intervention d'agents très violents, serait évi- demment toute brouillée par un semblable régime. Comme on serait disposé à ne pas croire facilement qu'un observateur ayant fait du terrain diluvien l’objet principal de ses études ait pu formuler une semblable opinion, on trouvera bon que j'y insiste un instant. A la page 106 de son ouvrage sur La Seine, l'auteur, constatant l'existence de lentilles sableuses dans ja ba- lastière Tarsieux, à Levallois, ajoute : « Ces bancs sont disposés en amandes; ils ont donc été amenés en masse et dans une seule crue par des eaux qui tourbillonnaient autour d'un axe vertical. » Un peu plus loin il ajoute que « cette coupe fait voir que le point du lit du fleuve était le centre d’un tourbillonnement lorsque se sont déposés les amas de sable et de gravier », Du reste, Belgrand parle à beaucoup de reprises (par exemple, p. 244) de vio- lents tourbillons qui, en même temps, auraient affouillé _le sol et déposé des sables limoneux. Il y a là une asser- tion qui semble essentiellement contraire à l'observation journalière : si un courant dénude, il ne sédimente pas au même point, sauf en laissant sur place, comme nous l'avons déjà vu, des résidus d'érosion. Il y a vraiment contradiction entre la soustraction de matériaux relati- vement grossiers et l'apport de matériaux plus fins. A chaque instant et dans chaque point, la grosseur maxima des grains arrachés par le courant érosif est rigoureuse- ment réglée par la vitesse de l’eau, De même, en chaque point de sédimentation, le volume des grains déposés est exactement déterminé : il n'y a dans ces actions aucune latitude, aucune fantaisie. Pour nous, répétons-le, ia disposition lenticulaire du diluvium témoigne d’une allure essentiellement tran- quille, quoique constamment changeante, C’est exacte- ment lallure qui existe dans le lit de toutes les rivières actuelles, et il est facile de le constater, en temps de basses eaux, dans des localités convenablement choisies. Les petits lits inclinés se voient parfaitement dans les excavations faites pour recueillir le sable actuel et j’en ai relevé, par exemple, dans le lit de l'Allier, aux environs de Coudes (Puy-de-Dôme), de tout à fait identiques à ceux du diluvium. Pour ce qui est des blocs relativement gros qui sont parfois associés à la masse du diluvium franc, il n'y a aucun doute qu'ils n'aient été apportés autrement que par l’eau courante agissant seule, comme dans le cas précédent. Parfois ils sont des résidus, restés à peu près sur place, de la dénudation subie par le sol sous l'influence des divers agents de dégradation. Fréquemment aussi, ils ont été transportés, ainsi qu’on l’a remarqué bien des fois, par des glaces flottantes, et nous pouvons observer le phénomène tous les hivers, chaque fois que la rivière charrie, suivant l'expression vulgaire. Mais des radeaux naturels constitués par les arbres arrachés des rives avec leurs racines sont également des agents de transport, sans parler des hommes qui, depuis le com- mencement des temps quaternaires, ont dû jeter bien des pierres dans la rivière, comme ils continuent de le faire aujourd’hui. Ce qui frappe, c’est la situation de ces blocs volumineux par rapport aux autres éléments du diluvium et J'ai à cet égard des documents photographiques indiscutables. Or- dinairement, ils sont placés sur des ensembles delits min- ces, horizontaux ou obliques, quin’ontpas été notablement modifiés par eux, et cela encore est essentiellement diffé- rent de l’état des choses dans les torrents, où les gros blocs sonttoujours à la tête de trainées de matériaux plus fins, ainsi qu'on peutle constater danslesravins des montagnes: disposition qui s'explique d'elle-même, puisque les blocs ont nécessairement constitué des obstacles au voisinage desquels l'allure de l’eau rapide a été toute particulière. La présence des gros blocs dans nos grévières conduit d’ailleurs à faire une remarque sur la structure des ré- sions inférieures des amas de diluvium de la Seine sur lesquelles Belgrand à émis une opinion Si insoutenable. Cet auteur constate que les gros galets, les blocs volumi- neux de toutes natures, sont volontiers concentrés dans le « gravier de fond », et il en tire des conséquences au point de vue d’un prétendu régime spécial de l’eau au début du remplissage de la vallée, remplissage qu'il semble toujours porté à comparer à l’engorgement d'un égout préalablement creusé. Frappé de l'abondance des silex taillés de main d'homme dans cette zone, il arrive à formuler (La Seine, p. 154) la supposition de deux dé- luges successifs : « En effet, ajoute-t-1l, les eaux courantes ne rassemblent jamais les objets lourds de même origine, elles les dispersent ; les objets légers, ceux qui flottent sur l’eau, peuvent atterrir en abondance à certains points favorables, mais ceux qui sont entraînés en roulant au fond avec les graviers sont dispersés comme les graviers eux-mêmes. » Sans discuter ces assertions, dont il serait très facile de montrer l’inexactitude, nous réemarquerons que bien évidemment ces régions macrolithiques du diluvium de la Seine représentent les résidus progressivement accu- mulés de la dénudation successive dont nous indiquions tout à l'heure les différentes étapes. Petit à petit les par- ties relativement fines sont emportées et les fragments plus pesants subsistent de plus en plus seuls, Les progrès de ce lavage expliquent la liaison si intime que tout le monde a constatée entre les «graviers de fond » et le dilu- vium franc ou «sables gras ». Ces mêmes progrès mani- festent en même temps la tendance à la concentration dans les plus bas niveaux de tout ce qui est lourd, galets, éclats de roche, haches de pierres, gros ossements, ete. Chaque érosion du dépôt déjà fait et qui détermine la forme inférieure d’une lentille future peut laisser comme trop pesants de certains matériaux et c’est pour cela que nous avons vu des surfaces d’érosion ainsi revêtues d’une nappe de galets. Dans les cas où le dépôt a été raviné totalement, les galets seuls peuvent subsister sur le fond. Dans aucun cas, à aucune époque, le courant de la ete) VA RERA CO e067 S'EQII | EE VA AE AT mt | PA ES EN CAPE MS PER, OR US PAPE TL CA | UPS LE NATURALISTE 117 Seine ne semble avoir pu charrier, comme le pensait Belgrand, les gros éléments du diluvium, Dans les coupes offertes à notre examen par les balas- tières, on constate que les zones qui viennent d'être décrites sont surmontées d’une épaisseur plus ou moins En tout cas, ces lits supérieurs ont pour nous un inté- rêt très spécial, car ils constituent au propre la terre végétale des plaines d'alluvion et il est fort utile de préciser leur mode de formation, À cet égard, il importe de remarquer que les portions limoneuses, quoique cail- | NS SSE SKA a — Coupes permettant de suivre l’évolution qui à amené la constitution des amas de diluvium de la Seine. ‘ Elles ont été faites d'après des photographies et des relevés sur le terrain. | grande de sables et de graviers qui passent par en haut à des limons sableux ou même caillouteux :1ils constituent la zone numérotée 7 dans notre figure XII. Belgrand leur a donné le nom de « sables de débordement », qui peut leur convenir, quoique le mécanisme du déborde- ment soit loin de coincider exactement avec celui que - l’auteur suppose. louteuses, que recouvre la terre arable se soudent par en bas d’une façon intime avec du diluvium dépourvu de la structure amygdaloïde et qui semble déjà indiquer un régime différent de celui qui a présidé à l’accumula- tion de notre « diluvium franc ». Il est facile de s'expliquer cette circonstance en se reportant par la pensée au voisinage du fleuve, sur la 118 LE NATURALISTE berge convexe d’un méandre en voie de déplacement. Les sables viennent s’y déposer de plus en plus fins à mesure que la ligne de grande vitesse s'éloigne et les limons s’y mélangent bientôt, constituant une avancée progressive de la terre ferme qu'entoure la boucle de la riviere. Celle-ci n’a pas renoncé encore à la venir sub- merger de temps en temps. À chaque inondation elle s’y épand, mais presque sans vitesse et seulement capable, bien loin de l’éroder, d'y déposer de fines particules limo- neuses : c'est le « terrain de colmatage » qui vient se su- perposer à la nappe de sable diluvien, correspondant au dernier régime de berge convexe, Cette nappe de colmatage est loin d'être homogène ; elle contient, et parfois en abondance, des sables, des galets et même des blocs de roche plus où moins volumi- neux. Mais cette particularité s'explique d'elle-même par le rôle des glaces flottantes et il suffit,par exemple,d’avoir visité la plaine d'Alfort dans des conditions convenables, c'est-à-dire lors des inondations d'hiver, pour y avoir observé, au moment du dégel, des plaques de glace pares- seusement charriées dans tous les sens et éparpillant, sur tout le fond inondé,de la boue, des sables, des pier- railles de toutes natures qui s’incorporent bientôt dans le sol, Alors que les travaux d’endiguement et de régu- lation des lits n'entravaient point, comme aujourd'hui, le phénomène, il devait se développer sur une échelle considérable qui explique bien la constitution constatée de l’alluvion. En somme, on voit d'après ce qui précède que le dilu- vium de la Seine se divise de lui-même en trois niveaux superposés qui ont été reconnus par tous les observateurs, mais qui, Contrairement à l'opinion que ceux-ci ont généralement défendue, ne supposent quant à leur ori- gine aucune condition qui ne soit actuellement réalisée, Chacun des types continue à se produire sous nos yeux : les graviers de fond dans les régions d’érosion active au milieu du lit où le lavage successif des matériaux à été poussé jusqu’à l'isolement des éléments les plus gros et les plus pesants ; les « amandes » sableuses, limoneuses ou callouteuses dans les divers points du lit à circulation active; les nappes limoneuses, arénifères supérieures, hors du lit, dans les régions accessibles aux inondations. Ces dernières, à la faveur du déplacement des méan- dres, peuvent, du reste, être destinées à subir les sépara- tions de particules qui les réduiront à l’état de dépôts francs décrits plus haut qui eux-mêmes passent peu à peu à la condition de graviers de fond. Et l’on peut résumer toute cette série de transformation en constatant que le dépôt du diluvium s’est poursuivi sans interruption, avec la même allure,pendant tout le temps du creusement de la vallée, durant lequel il n’y a nulle part la place pour un phénomène étranger à une lente évolution. D'un côté nous retrouvons la même structure avec les mêmes di- mensions, en largeur comme en épaisseur, des masses constituantes dans le diluvium des hauts niveaux comme au Kremlin, Gentilly, dans celui des bas niveaux comme au Petit Créteil, et dans les dépôts actuels de la rivière ; —et d’un autre côté nous constatons la liaison intime des divers niveaux superposés dans la formation diluvienne, A ce dernier égard, Belgrand (p. 108) remarque, à pro- pos d’une sablière de Grenelle, que les zones de sable fin, de gravier et de gros cailloux y alternent du haut en bas de la carrière et il ajoute qu’ « il est absolument impossible d'établir stratigraphiquemient la limite du gravier de fond et de l’alluvion, limite qui, il faut bien le dire, est presque toujours incertaine dans les sablières de Paris ». En somme, il y a dans toute cette intéressante his- toire une simplicité etune continuité qui contrastentsin- gulièrement avec la première conclusion d'observations trop hâtives.Là où tout d’abord on ne voyait que des té- moignages de courants monstrueux par leur volume et par leur violence, nous ne trouvons au contraire que la preuve de la longue persistance du régime encore en vi- gueur sous nos yeux. À notre sens, l'analyse attentive de la structure intime du diluvium suflit à elle seule et sans le secours d'aucune autre considération pour faire repousser toutes les hypothèses diluviennes successive- ment présentées, même avec les modifications par les- quelles depuis Belgrand on à essayé tant de fois de les amender. L'histoire de la sédimentation fluviaire est une de celles où la légitimité de la doctrine actualiste appa- rait avec le plus d’évidence. Stanislas MEUNIER. HISTOIRE NATURELLE de l’Exapate duratella v. Heyd. (MICROLÉPIDOPTÈRE) J'ai dit, dans mon article sur les «Mélèzes roussis » de la vallée de la Romanche {voir le Naturaliste du 15 sep- tembre 1899), que la chenille de l’Exapate duratella v. Heyd., espèce considérée jusqu'à présent comme très rare, avait contribué, dans une très large part, aux dom- mages qu'avaient subis ces arbres en juillet dernier. Avant done pu observer attentivement ce microlépi- doptère et le suivre dans toute son évolution, je suis à même maintenant de faire l'historique complet de ses premiers états; mais, auparavant, je crois utile de parler du papillon lui-même, car la description en a été donnée dans une publication entomologique suisse, malheureu- sement fort peu répandue. 1° Papillon. — Ce qui caractérise cette espèce d'Exa- pate et la différencie à première vue de sa congénère, Ex. congelatella CI., c'est la forme de ses ailes supérieures, un peu étroites, allongées, quelle que soit la taille des sujets, et leur couleur blanchâtre, tandis que l'Ex. conge- latella à les ailes plus larges, plus arrondies; sa cou- leur est d'un cendré rougeûtre et sa taille est générale- ment plus petite. L'Exap. duratella est de taille variable : 48 à 25 milli- mètres d'envergure. Ses ailes supérieures sont d’un blan- châtre plus ou moins assombri par des écailles brunes et parfois ont une très légère teinte violacée; les nervures sont ordinairement marquées par des écailles noires dans toute leur longueur; un empâtement brun, formant tache quadrangulaire plus ou moins bien nette, se trouve un peu avant le milieu de l'aile et repose sur la nervure mé- diane sans atteindre la côte; quelque stries brunes se voient près de l’apec, et de là une bande oblique brune, parallèle au bord externe, descend jusqu’au bord interne sur lequel on voit encore quelques stries brunes, irré- gulèrement espacées jusque près de la base de l'aile. Les franges sont brunes et ont à leur base des écailles noi- râtres formant suite aux nervures, leur extrémité est LE NATURALISTE 119: blanchâtre. Les ailes inférieures sont d'un gris soyeux avec des franges grises plus claires à leur base. Antennes brunes, palpes, tête et thorax gris foncé, pattes gris clair. La femelle est semi-aptère. Plus encore que le mâle, elle est de taille très variable. Ses ailes supérieures sont courtes, atteignant à peine la moitié de l'abdomen : lan- céolées, hérissées de poils sur les bords et même à la sur- face; le fond est de la couleur de celle du mâle; mais elles sont plus assombries par les taches brunes relativement plus grandes qui se joignent parfois de la côte au bord interne et forment des bandes. Les ailes inférieures, quoique Stainton et Heinemann affirment qu'elles fassent complètement défaut chez la Q d'Exap. congelatella, existent néanmoins chez duratella & ainsi que je l'ai constaté sur le grand nombre de sujets que j'ai examinés; elles sont représentées par une petite membrane écailleuse ronde et garnie de poils sur les bords, mais elles sont très petites et visibles seulement à l'aide d'une forte loupe (1). Les antennes sont ciliées et diffèrent de celles du mâle; les pattes sont plus courtes que celles du mâle, et les cuisses ne sont pas renflées comme celles du Das. salicellum HB.; tête et thorax gris foncé, abdomen gris clair, terminé par des poils brun jaunâtre. (1) Il faut, pour trouver des analogues à ces ailes tronquées, chercher ailleurs que parmi les tordeuses, chez lesquelles, sans doute, on voit bien quelques femelles comme celles des tortrix rusticana Tr., T. prodromana HB, dont les ailes subissent quelque déformation, quelque rétrécissement; mais ce n'est pas à comparer avec celle des Exapate. Oxypleron impar ® elle- même est relativement normale. Ces femelles, presque sans ailes, excitaient l'étonnement des anciens entomologistes, comme on le voit par les épithètes qu’ils leur accolaient : mirandum animalculum.…. miserum... fame- licum.… Le genre Exapate seul en offre un exemple parmi les tordeuses. Mais, parmi les Tinéites, où l’on compte des genres entiers de femelles complètement aptères (Talæporia, Solenobia), d’autres où les aïles des femelles sont déformées, raccourcies, surtout les inférieures comme certaines Gelechia, pleurota, même Symmoca, et principalement les Megacraspedus, dont les ailes inférieures de quelques femelles sont réduites presque à un fil, il est un genre qui rappelle, à beaucoup d’égards, celui d'Exapate : c est le genre Darystoma. Les ailes supérieures de la femelle ont la méme forme et à peu près la même longueur que celles d'£xra- pale, et les ailes inférieures, quoique un peu plus longues et lancéolées, ne sont aussi qu'une petite membrane dépouillée d'écailles. A cette liste de femelles semi-aptères de tinéites, il convient d'en ajouter une autre très curieuse qui a été découverte en Algérie, dans les environs de Bone, par M. Al. Olivier, il y a de cela une dizaine d'années. A cette époque, je débutais dans l'étude des micros, et je soumis à mon regretté collègue et ami Ragonot l'insecte que m'avait envoyé M. Olivier. Il lui était éga- lement inconnu. La mort est venue le surprendre avant qu'il eût eu le temps de l’étudier et, depuis, il m'a été impossible de savoir ce qu'était devenu l'insecte. Il est certain qu’il ne se trouve pas dans la collection léguée par Ragonot au Muséum. Tout récemment, j'ai eu l’occasion d'en voir un nouvel exem- plaire, capturé en Tunisie. C’est une tinéite, reconnaissable à sa tête fort hérissé de poils, à ses palpes courts et un peu tombants; le thorax est robuste, l’abdomen est aplati et les bords sont ca- rénés et crénelés aux segments, rappelant l’abdomen des Aly- chia ® avec un oviducte corné et saillant. Les ailes sont lancéo- lées, très courtes, repliées sur l’abdomen dont elles couvrent et dépassent à peine la moitié; elles sont noires, ayant à la base un trait blanc et une base transversale également blanche non loin de l’apex. M. Al. Olivier a trouvé cet insecte courant sur un sentier et ressemblant à s’y méprendre à un Staphylin. Nul doute qu'il ne forme un genre nouveau, et, pour cette raison, je l'appelle Gour- bia staphylinella. Ce papillon commence à paraitre dès la fin de sep- tembre et on le voit encore en novembre jusqu'aux froids un peu sérieux. L'accouplement se produit même en captivité; il peut durer une dizaine d'heures. La femelle dépose ses œufs, soit isolément, soit par petits groupes de trois ou quatre œufs,sur les différentes parties des végétaux qui doivent nourrir la chenille. 20 Œuf. — L'œuf d'Erap.duratella à la forme d'un petit ellipsoïde très aplati, à coquille très mince, à surface chiffonnée, luisante, mais sans dépressions polygonales régulières. Sa couleur est d'abord jaune, puis devient d'un beau rouge corail. Il reste ainsi tout l'hiver et son éclosion a lieu lorsque la température s’est tenue au- dessus de 40 à 12° centigrades pendant plusieurs jours et que les bourgeons commencent à grossir et se pré- parent à éclater, c'est-à-dire à l'entrée du printemps. 3° Chenille. — La petite chenille est médiocrement allongée, renflée antérieurement et atténuée postérieure- ment, de couleur jaunâtre ou orangé sale, sans ligne n1 dessins, avec verruqueux indistincts et concolores, visibles au microscope comme une petite plaque cornée luisante, mais de la couleur du fond; poils blonds un peu mutiques ; tête aplatie, noire, granuleuse, luisante; écusson bru- nâtre, pattes écailleuses noirâtres, extérieurement au moins; clapet brun clair. Après avoir pris quelque nourriture, elle devient ver- dâtre, et après sa première mue, la tête, l'écusson, les pattes écailleuses sont d’un noir luisant, et même les tra- pézoidaux ont un petit point noir au centre et sont en- tourés de clair; mais ce n’est qu'après la seconde ou la troisième mue que l’on commence à voir les lignes du dos qui s’'accentueront encore davantage dans les der- niers àges. Adulte, la chenille d'Evapate duratella mesure de 14 à 18 millimètres de longueur. Elle est médiocrement allongée, un peu épaisse, légèrement atténuée en avant, beaucoup plus en arrière; ses segments intermédiaires sont renflés. Sa couleur varie un peu selon la plante qui la nourrit : sur le mélèze, elle est d’un vert sombre, bien plus foncé que le vert de celle qui vit sur les légumi- neuses, par exemple, et qui tire un peu sur le jaunâtre, Elle a une fine dorsale blanche qui ne se voit guère que sur les quatre ou cinq premiers segments; les deux autres lignes ui inserivent les trapézoidaux sont bien plus larges et continues depuis le premier jusqu’au der- nier segment, elles sont blanc jaunätre. Les verruqueux, très faiblement saillants, se confondent presque avec la couleur du fond ; ils sont cependant un peu blanchâtres, avec un tout petit point noirâtre au milieu, portant un poil blond assez long. Tête blanchâtre avec des mou- chetures et des taches cunéiformes brun ferrugineux, principalement au sommet et autour des calottes ; ocelles noirs, épistome noirâtre en avant, antennes avec un àn- neau noir au milieu; écusson de la couleur du fond, divisé au milieu par la dorsale, marqué sur les côtés par le commencement des sous-dorsales et taché de noirâtre sur le bord postérieur; pattes écailleuses noirâtres, stig- mates noirâtres; — ceux de la chenille d’'Ex. congelatella sont plutôt jaunâtres. Cette chenille vit toujours abritée sous une toile étendue sur les feuilles plus ou moins rapprochées et rassemblées de la plante nourricière où bien sous une galerie soyeuse courant le long des tiges, des branches, 120 LE NATURALISTE selon le végétal qui la nourrit (1). Car il faut dire que cette chenille est essentiellement polyphage, attaquant les végétaux les plus divers, tels que : lurix, cotoneaster, onobrychis, astragalus, rosa, rubus, thalictrum, berberis, salix, etc., etc. Elle est à taille en juillet. Pour se transformer, elle n'observe pas toujours la mème règle de conduite; tantôt elle reste sur la plante, tantôt elle la quitte et descend à terre parmi les détritus végétaux et se fabrique un curieux cocon, long, cylin- drique et de soie blanchâtre, tout grillagé, réticulé, cloisonné, ayant au moins le double de la longueur de la chenille. 4° Chrysalide. — La chrysalide est remarquable, assez allongée, subcylindrique et d’un brun noirâtre. Le dessus du thorax présente une pièce longitudinale large faisant saillie, carénée dans son milieu et garnie de stries trans- versales très serrées. Le dessus de chacun des segments abdominaux porte deux lignes saillantes serratiformes; les dents de la ligne antérieure bien plus fortes. Ce der- nier segment est large, arrondi et porte en dessus deux fortes épines droites et à extrémité un peu dirigée en avant, En outre, quelques poils assez longs, roux et tous dirigés en arrière, se voient sur les segments abdomi- naux, surtout en dessous. Ce système de dents, de crochets et de poils à direc- tions diverses, permet à la chrysalide de se mouvoir faci- lement et dans tous les sens dans l’intérieur de son long cocon. Elle demeure dans cet état environ six semaines à deux mois. La place du genre Exapate dans la classification des microlépidoptères a donné lieu à des divergences d'opi- nions assez étonnantes, puisque parmi les microlépi- doptéristes les plus réputés les uns en-font un genre de Tinéites, les autres un genre de Tordeuses. « Hubner, dit Freyer IT, 95, hat diesen Schmetterling (Exapate congelatella) unrrichtig unter die Wicklern abgebilder. Seine ganze Gestalt, selbst seine Farbung reiht 1hm am sichersten zu Salicella. » C’est catégorique. Stainton ne l’est pas moins, puisque dans ses Tineina (Insecta Britan., p. 11) il en fait sa première famille (Exapatidæ) comprenant les trois genres Exapate, Dasys- toma et Chimabacche, dont il connaissait bien cependant la nervulation. Mais, à son époque, les nervules de l'aire dorsale des ailes supérieures n'avaient pas l'importance qu'elles ont acquise depuis aux yeux des classificateurs. Heinemann ( Die Zünsler, 65) s'exprime ainsi : « Diese Gattung (Exapate) stimmt im Rippenbau vollkommen mit den Tortricinen uberein und ist deshalb mit Recht von H. Schæffer mit denselben verbunden. » On s'explique ces divergences. Le papillon d’Exapate a un facies qui rappelle celui des Dasystoma, la femelle surtout, et il y a des mäles de Dasystoma dont la nervu- lation des ailes inférieures est pareille à celle des (1) Sur le mélèze, la chenille d'Ex. duratella se tient ordinai- rement au milieu d’une touffe d’aiguilles qu'elle mange après les avoir maintenues par des soies tendues en tous sens, mais sans les assembler ni les réunir en faisceaux, à condition naturelle- ment que la chenille de Sfegan diniana Gn lui en laisse d’in- tactes, car cette dernière espèce, qui vit en même temps ou plutôt la précède de quelques jours sur les mélèzes, réunit les aiguilles et en forme une sorte de tube dans lequel elle se retire et se lient cachée, puis en dévore l'extrémité jusqu’à ce qu’elle ne soit plus abritée. Alors, elle quitte ce tuyau et gagne un autre toufle d’aiguilles qu'elle traite de semblable façon. Exapate (1). On pourrait encore trouver parmi les Chima- bacche, Semioscopis et Epigraphia d'autres points de com- paraison et quelques caractères communs, tirés par exemple des œufs, car l’œuf d'Exapate ne ressemble guère à ceux des Tordeuses en général, pas plus que le cocon, dont je ne trouve aucun analogue parmi les Tordeuses, tandis que les Tinéites offrent plusieurs espèces de ces cocons réticulés, ajourés. Mais, ce qui doit surtout éloigner les Exapate des Tinéites, c’est l'absence aux ailes supérieures de la ner- vule 4 b dans l’aire dorsale, Par ce fait, le genre Exapate se trouve, comme dirait Comstock, plus spécialisé, tandis que les autres genres Dasystoma, Chimabacche, avec lesquels ils formait la famille des Eæxapatidæ, sont more generalized. En outre, la chrysalide, avec sa double série de dents sur le dessus des segments abdominaux et ses deux pointes redressées sur le dernier, prouve jusqu’à l'évidence que c’est bien un genre de Tordeuses, voisin du genre Sciaphila et plus spécialement du genre Doloploca. P. CHRÉTIEN. Quelques mots sur le variétisme On comprendra, je pense, la signification du mot varié- tisme (2). Les entomologistes variétistes ont inscrit dans leur programme d’études celle de la variété et, pour ce motif, ceux-ci ne craignent pas à l’occasion de publier les résultats de leurs études en nommant les variétés tout aussi bien que les espèces. Il serait sans doute intéres- sant de savoir quel est l’auteur qui, le premier, a nommé une forme jugée nouvelle en la signalant simplement comme variété. En consultant les catalogues, on constate que les grands naturalistes fondateurs de l’entomologie, comme Lanné, Fabricius, ete., sout inscrits comme par- rains d’un certain nombre de variétés, mais ces variétés ne sont que des espèces déchues, car autrefois l’impor- tance de la variété échappait aux auteurs et tout ce qui était alors reconnu différent était décrit comme forme spécifique. Le progrès dans nos études à amené à recon- naître la variété de l'espèce et à la distinguer tout d’abord. Malgré mes recherches, je n’ai pu découvrir quel a été le descripteur de la première variété nommée et décrite comme telle. Gyllenhal (Insecta Suesica) et Heer, dans son « Coleoptera Helvetica », signalent un cer- tain nombre de variétés. Le célèbre Mulsant en a décrit plusieurs dans ses « Longicornes, {re édition », c'est-à-dire dès 1839, et là se sont bornées mes recherches historiques sur ce sujet. En feuilletant les catalogues ou bouquinant de ei de là, je me suis contenté de reconnaitre que la plu- part des auteurs possédaient à leur actif des détermi- nations variétistes et j'en ai conclu que les variétés actuelles pouvaient bien avoir plus de raison d’être que les espèces d'autrefois. : Généralement, les entomologistes non variétistes s’abs- (1) La nervulation de l'aile inférieure de Dasysloma salicel- lum est variable. Souvent, on ne compte que sept nervures et quelquefois une aile en a sept et l’autre huit. C’est ce dernier qui doit être le nombre normal. (2) Étant entomologiste, j'écris cet article pour les entomo- logistes et spécialement les Coléoptéristes, mais les généralités exprimées ici peuvent s'étendre aux différentes branches de l'histoire naturelle. LE NATURALISTE 421 tiennent de décrire, mais aussi de publier des réflexions critiques ; ce sont des sages et des modestes ; mais cer- tains autres se plaisent à dire ou écrire que la variété est insignifiante et mérite tout au plus d’être imdiquée très vaguement dans les ouvrages, par exemple de la façon suivante : « Cette espèce est des plus variables et passe du clair au foncé par toutes les transitions ». Quelles tran- sitions? Pourquoi ne pas être plus précis, en mention- nant avec soin les transitions, en séparant les extrêmes tranchés des intermédiaires qui ne le sont pas? La pro- lixité n’est pas toujours une faute. Quelques entomo- _logistes ne veulent pas absolument comprendre le but des noms donnés aux variétés et ces entomologistes se montreront assez disposés cependant à décrire à l’occa- sion des espèces basées sur des caractères insigmfiants, espèces, bien entendu, qui ne sont réellement que des variétés et seront reconnues comme telles à la premiere étude sérieuse (1). À l’occasion, on ne résistera pas au plaisir d'écrire quelques phrases lapidaires contre le variétisme. « Exprimons le désir que ces créations nou- velles soient plus justifiées que celles de trop nombreux naturalistes qui démembrent à outrance les espèces sur des distinctions parfois subtiles et bien souvent insuf- fisantes (2). » Le variétisme, après cela, est écrasé, anéanti, n'est-ce pas? Combien, oublieux du passé, nom- meront à leur tour une variété! Mais on appellera celle-ci race, pour faire croire à sa supériorité, ou pour lui donner un cachet distinctif contre les descriptions des auteurs qui, plus modestes d’ambition, se sont contentés de décrire simplement des variétés. On baptisera des cas de dimorphismes sexuels, des nigripennes, alors que la nuance ordinaire des élytres est d’un bleu violet; mais tout cela ne rentre pas naturellement dans le variétisme que l’on critique... Le variétisme véritable, c'est le travail des autres, tout ce que vous n'avez pas fait vous-même, L'antivariétisme sans doute à du bon, mais sa tendance exclusiviste en faveur d'autrui seulement est mauvaise; il peut se résumer ainsi : combattre la variété chez les autres et l’accepter pour soi à l’occasion. Pourquoi l’anti- variétiste ne veut-il pas comprendre que la critique qu'il fait des variétés décrites par autrui atteint la légitimité nominale des cas de dimorphisme qu'il décrit, ou les races qu'il nomme ? Si l'on bouquine un peu et que, sans parti pris, on glane des faits dans l'œuvre générale de quelqu'un qui, parfois, n’a pas craint de publier quelques anathèmes contre les descripteurs, on sera fort étonné de rencontrer des synonymies, des variétés nommées, etc., qui contribuent beaucoup à diminuer la portée des malé- dictions lancées contre les descripteurs de variétés et leur manière de faire. Lisons, voyons et concluons! Ainsi, on se refusera à admettre qu'un nigrino nommé par un variétiste militant soit intéressant; mais que ce même nigrino soit décrit par un autre, surtout un ami, cela changera, et à plus forte raison si cet ami lui donne votre nom. Je connais certain Necrophorus qui serait bien capable de donner du noir aux esprits critiques, si ceux-ci n'avaient parfois les yeux anophtalmisés à l'avance. (1) Je pourrais citer des exemples, mais je m'en abstiens, vou- lant éviter les personnalités ; je vise les systèmes et leurs consé- quences et non pas les gens; si parfois je suis forcé de rappeler quelques extraits, je le ferai sans nommer personne et le plus discrètement possible. Je prie tous nos collègues de comprendre cet article tel qu’il est écrit : « pour l'instruction générale », et de ne pas m'en vouloir quand je ne serai pas de leur avis pour com- prendre l'entomologie. (2) Déjà mentionné dans mes matériaux, II, 1898. Ah! les pointes lancées par quelques-uns ne sont pas d'un grand poids dans la balance! On peut constater depuis quelques années une marche en avant très accentuée du variétisme.. Et je doute que si l'intérêt de la variété est toujours contesté par les empêécheurs de descriptions, ceux-ci puissent persister à fermer les yeux sur ce qui se passe. Cette marche en avant ne peut être jugée comme un recul, c’est la route vers la lumière, vers l'avenir, qui fera de plus en plus grande la part de la variété au détriment de l’espèce. Cherchons dans les nouveaux auteurs, plusieurs ont à leur actif des variétés nommées, et, ce qui est plus caractéristique encore (on peut s’en rendre compte en jugeant les faits sans parti pris), le mouvement descriptif se propage dans les sphères entomologiques plus élevées. Je relisais dernièrement avec intérêt ce qu'écrivait, il y a quelques années, lors de l'apparition d'un superbe ouvrage, un de nos vétérans : « Le nombre des variétés est réduit en général aux principales, celles qui méritent de porter un nom, et très peu de nouvelles sont indiquées ; par là est évitée justement cette manie déplorable et moderne de nos pseudo-coléoptérologues qui, suivant l'exemple de certains collectionneurs ou marchands, surtout en Lépidoptères, croient se donner une impor- tance en nommant à tort et à travers toutes sortes de variations sans valeur », Si à cette époque les désirs des antivariétistes pou- vaient passer pour des réalités, à présent les réalités marcheront-elles toujours avec les désirs exprimés au- trefois? Pour concilier le présent avec le passé, ne fau- drait-il pas classer les variétés nommées de Coccinellidæ ou de Meligethes dans une catégorie à part, catégorie acceptable parce que celle-ci serait difficilement inac- ceptée? Un entomologiste spécialiste qui, autrefois, n'a pas craint d'écrire qu'il ne pouvait suivre dans ses créations de variétés à outrance le très regretté C. Rey, n’a pas reculé tout dernièrement devant la description d’une va- riété qu'il n’a différenciée de la forme type que par la présence d’un {rés fin liséré noirâtre bordant le prothorax de chaque côté. Que signifie cette dénomination ? Ou bien cet auteur devient lui aussi variétiste, et alors il doit re- gretter de n'avoir pas compris autrefois les créations de Rey ou des autres...; ou bien cet auteur conserve son opinion ancienne, légerement atténuée, et dans ce cas quelle importance pourrons-nous accorder à de nouvelles critiques? quelle autorité sa dénomination personnelle laissera-t-elle aux critiques anciennes ? Si M. X... a bien mérité de la science entomologique en décrivant une modification quelconque basée sur un seul caractère tiré de la coloration, pourquoi d’autres collègues n'auraient- ils pas le même honneur dans leurs nominations de va- riétés analogues, et même meilleures ? Un autre auteur, qui lui aussi a mené campagne un moment contre les descripteurs, s'est rendu célèbre par la phrase suivante, précédant plusieurs de ses descrip- tions : «Cette espèce n’est qu'une variété », et a combattu ainsi lui-même ses théories par ses actes. En résumé, ce que quelques entomologistes ont pu écrire contre le sys- tème variétiste est bien loin de saper les assises sur les- quelles repose ce variétisme, ou au moins a été incapable d'entraver l’œuvre qui grandit de plus en plus impor- tante. Queiqu'un me disait dernièrement, alors que je lui annonçais une étude synoptique en cours de rédac- tion : « J'espère bien que vous ne nommerez pas des 122 LE NATURALISTE modifications insignifiantes de coloration de pattes, ab- domen, etc., sous prétexte de décrire des variétés ». On est bien d'accord pour reconnaitre qu'il:ne faut pas dé- crire des modifications insignifiantes, mais où l’on ne s'entend plus, c’est pour la signification de ce mot : insi- gnifiant. Tel reconnait comme bons caractères des chan- gements qu'un autre ne verra que comme des modifica- tions accidentelles et, de cette manière différente de voir, naissent naturellement des interprétations opposées; par- tant de là, quelqu'un décrit avec raison et celui qui ne dé- crit pas fait mieux encore: la conclusion découle naturel- lement de l'opinion de celui qui la présente. Sans doute il ne faut pas trop multiplier les variétés, mais il n’est pas juste de les laisser complètement dans le néant des in litteris, moins juste encore. de les critiquer lorsque le variétisme augmente son œuvre et surtout quand on à soi-même à son actif, ou passif si l’on préfère, des va- riétés sexualis, ou d’autres analogues. Le nombre des variélistes (j'étends le nom de varié- tistes à tout collègue qui, à l’occasion, ne craindra pas de nommer une Ou plusieurs variétés nouvelles) est grand sous le soleil et il ne diminue pas; j'ai le plaisir d’enre- gistrer parmi ceux-ci des savants estimés tels que M. A. de Semenow, L. Ganglbauer, L. Bedel. Sije ne craignais pas de paraitre trop bien informé, ou indiscret, je pour- rais ajouter à la liste des variétistes un nom, peut-être trop connu, celui d'un variétiste de la première heure (sa première description est une description de variété) et qui non seulement ne rougit pas de son passé, mais qui, cela est plus grave, instruit par l'expérience, ne songe pas à brüler ce qu'il a jadis publié. Pourquoi ce variétiste convaincu changerait1l de méthode aujour- d’hui? Pour faire mieux, insinueront quelques-uns, sans dire exactement pourquoi. En réalité, en changeant il n’ajouterait qu'une infime unité à une Catégorie d’ex- ception et je ne le crois pas assez prétentieux pour se juger capable de sortir de la généralité, pas plus du reste que pour s’attribuer le pouvoir de faire mieux en ne publiant pas. On peut encore, tout aussi sérieusement qu'on l’a déjà fait, critiquer l'esprit variétiste et après ne pas suivre dans ses actes personnels ce qu'on de- mande aux autres; les reproches, quelques abstentions ne détruiront pas ce qui existe : la variété et son étude de plus en plus approfondie et populaire. Ne pas étudier la variété, mais dans quel but? Sans doute pour revenir au temps arriéré de 1758! N'est-il pas plus logique de ne plus parler de l’insignifiante variété, mais d'étudier son vaste domaine (en se spécialisant ‘s’il le faut), de chercher à voir de plus en plus la nature complexe dans ses œuvres variables, et tant mieux si cette étude de la variété est faite au détriment de la valeur spécifique : les expériences biologiques ne tendent-elles pas à prouver que l'importance de l'espèce a été trop exagérée, où trop exclusive, dans nos précédentes études? Maurice Prec. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 23 avril 1900. Hétéroplastie. M. Nicoras ArBEertr BARBIER. — Les tis- sus d'un mammifère peuvent être remplacés par d’autres tissus empruntés à un mammifère de la même espèce ou d’espèce différente : Hétéroplastie. L'hétérosplatie est partielle ou to- 26 MAY 1900 tale, selon que l'on remplace une partie ou la totalité d'un autre tissu. La structure. du tissu emprunté doit être égale à la structure du tissu porteur. L'hétéroplastie, à l’état actuel, n'a aucun but thérapeutique; mais c'est la méthode pour une étude d'histophysiologie. Le sympathique ne subit pas l’hétéroplastie, ou du moins les opérations pratiquées n'ont pas réussi. Les gan- glions lymphatiques semblent pouvoir subir l'hétéroplastie. L'hétéroplastie des capsules surrénales et du corps thyroïde n’a donné que des résultats partiels. Le cerveau et la moelle épi- mière ne supportent aucune héféroplastie. On n'a obtenu aucun résultat en la pratiquant sur les glandes, telles que foie, glandes salivaires, etc. Un essai d'hétéroplastie totale (glandes salivaires, - corps thyroïde) est presque inutile. En effet, un de ces tissus (glandes salivaires, corps thyroïde), transporté en totalité à la place d'un autre tissu préalablement enlevé, se détruit et se résorbe. Le sympathique intercalé entre les bouts d'un nerf coupé ne rétablit jamais la fonction. Des fragments de pancréas (lapin) intercalés entre les deux parties d’une glande salivaire divisée (lapin), ou bien des fragments de capsules surrénales (chien) intercalés entre les deux parties du corps thyroïde divisé (chien), se détruisent, se résorbent si d'autres accidents ne se produisent pas. CHRONIQUE Congrès international contre la Cochylis. — Un grand nombre de viticulteurs étrangers, frappés des ravages toujours croissants occasionnés par la Cochylis, ont demandé que: cette question füt traitée avec une ampleur qu’on ne peut lui donner dans un Congrès gé- néral. Pour répondre à ce désir très légitime, la Station viticole de Villefranche a cru devoir prendre l'initiative d'organiser ce Congrès et de convoquer tous les spécia- listes dans une région qui souffre particulièrement des ravages de l’insecte. La date n’est pas encore définitive- ment arrêtée : elle sera fixée entre les 25 et 30 juin, c’est-à-dire à l'issue du Congrès international de viticul- ture et un peu avant le Congrès international d’agricul- ture, qui se tiendront à Paris à cette époque. Le Congrès durera deux jours. Il aura à nommer un jury interna- tional chargé de distribuer les récompenses accordées par la Station viticole de Villefranche aux auteurs des meilleurs mémoires sur la Cochylis. Ces récompenses consistent en médailles d’or, de vermeil et d'argent, et en ane somme de 5.000 francs qui pourra être répartie entre les auteurs ‘de mémoires présentant un caractère absolument original sur cette question, ou les inventeurs d'un procédé pratique et efficace de destruction. OFFRES ET DEMANDES A vendre: Lot de Chrysomélides européennes : Halticides, Hispides, Cassides. 110 espèces, 380 exemplaires, 2'cartons 222 Prise caen ere A ONTANCss Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Sagra à Cryptocephalus inclus. 200 espèces, 540 exemplaires, 5 cartons. Prix........ 60 francs. Lot de Chrysomélides européennes et exoti- ques : Pachybrachrys à Zygogramma inclus. 210 es- pèces, 680 exemplaires, 6 cartons. Prix. 6O francs S'adresser pour les lots de Coléoptères ci-dessus à Les Fils D'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. Le Gérant: PAuLz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. pes 2 SÉRIE — N° 318 L'OISEAU DE LA PENTECOTE : Tout le monde sait que la Pentecôte tombe exactement cinquante jours aprés Pâques, mais peu de personnes se doutent que le nom de cette fête est porté par un des plus jolis oiseaux de nos pays. L'Oiseau de la Pentecôte, comme l'appellent les paysans, surtouten Allemagne, n’est autre que le Loriot vulgaire des naturalistes, auquel on a donné son surnom, très bien choisi d’ailleurs, parce que la Pentecôte est presque exactement le moment où il nous fait l'honneur de nous visiter. C’est, en effet, à la fin du printemps ou au commencement de l'été qu'il arrive pour nous quitter dès le mois d’août et aller se réchauffer dans l'Afrique occidentale ; c'est donc un des oiseaux migra- teurs dont les visites sont les plus courtes, puisqu'il ne reste guère que trois où quatre mois dans nos parages, Tout juste le temps de se faire désirer, car il est joli, le mâtin de Loriot! Long de 27 centimètres environ, le mâle est tout de jaune habillé, d’un joli jaune doré sur lequel tranche agréablement le noir de jais des ailes et de la queue, La femelle a une livrée plus modeste quoique plus bariolée, avec son dos d'un vert de serin, son ventre blanchâtre avec des raies longitudinales brunes au centre des plumes, le cou gris cendré, les ailes brunes ainsi que la queue qui se termine par un peu de jaune. Chez tous deux, la pupille, rouge-carmin, leur donne un regard singulier. En somme, la couleur du Loriot est bien plus celle d’un oiseau des Tropiques — où il passe huit mois de l'an- née — que celle d’un oiseau de nos pays. On a besoin, a remarqué avec juste raison Toussenel, de s’appesantir sur cette circonstance d'habitat de prédilection pour s'expli- quer la richesse exceptionnelle du costume de cette espèce, qui écrase si impitoyablement les pâles habits de nos tarins et de nos canaris, lesquels, mis en regard du Loriot, paraissent bien moins des oiseaux jaunes que des oiseaux atteints de jaunisse. Il est certain que le ton de l’uniforme-jonquille ou topaze brülé du Loriot appartient à une gamme de couleur d'un diapason plus élevé que celle de nos brumeux climats, et qu'il nous serait com- plètement impossible de nous procurer chez nos autres espèces ni bleu, ni violet, ni rouge concordant avec ce jaune-là. Le Loriot préfère le recueillement des grands bois à la vie remplie de périls dans la plaine. Dédaignant les forêts de pins et de sapins dont les senteurs de résine lui sont sans doute désagréables, il hante les bois de chênes et de bouleaux. Il n’en sortirait même jamais si la gourman- dise, son péché mignon, ne l’engageait à venir dans les vergers, manger des cerises. Peu d'oiseaux — même ces bandits de moineaux — sont aussi amateurs que lui de ces délicieuses baies, et je ne serais même pas étonné qu'il ne vienne chez nous que dans le but de s’en régaler. Le Loriot et les cerises sont deux mots qui se tiennent et tous les poètes ont fait allusion à cet amour immodéré du premier pour les secondes : En juin tout s'empourpre à plaisir, Les fraises des bois et les roses: On voit comme un rouge désir Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. 1er JUIN 1900 Passer sur la face des choses. Partout aux splendeurs des couchants La note dominante éclate : Trèfles incarnats dans les champs Et pavots à fleur écarlate. Le géranium mêle aux rougeurs Des œillets ses rougeurs exquises ; Les jardins sont hauts en couleurs; Les clos sont rouges de cerises. Et dans la chaleur de l'été On entend là-bas, sous les vignes, Monter le chant clair et flüuté Du Loriot mangeur de guignes. (André THEURIET.) N'était l’attrait de manger des cerises, le Loriot ne viendrait sans doute jamais dans le voisinage des habita- tions. D'un naturel défiant et sauvage, il fuit en effet l'homme dès qu'il l’apercoit, Comme l’a noté Naumann, il saute et volète continuellement au milieu des arbres les plus épais ; rarement il reste longtemps sur le même arbre, et encore moins sur la même branche, Son agita- tion incessante le conduit tantôt ici, tantôt là; rarement il se penche sur les buissons peu élevés; plus rarement encore il descend à terre, et il n'y reste que le temps strictement nécessaire pour prendre un insecte, par exemple. Il est courageux et querelleur et se bat conti- nuellement avec ses semblables comme avec les autres oiseaux. Son vol parait lourd et bruyant, mais rapide cependant, Comme l’étourneau, il décrit de longues courbes ou une ligne légèrement ondulée. S'il n’a qu’un petit espace à traverser, il le fait en ligne droite, tantôt planant, tantôt battant des ailes. Il aime à voler, à errer de côté et d'autre ; et souvent on voit deux de ces oiseaux se poursuivre pendant des quarts d'heure. : Il semble se plaire à faire des niches. Quand il se sent poursuivi, il gazouille en ricanant, puis s'envole sans souffler mot et va chanter un peu plus loin, tandis que le chasseur, en arrivant, trouve la place vide. Tout le monde s'accorde à dire que le chant du Loriot mâle est délicieux, tandis que celui de la femelle est désagréable au premier chef. Le premier chante sans cesse des le lever du soleil jusqu’à midi, puis il se repose et ne reprend sa mélodie qu'au moment où le soleil dis- parait sous l'horizon. Ses chants rappellent par la force, l'éclat, la limpidité et la douceur ceux du merle. Son cri d'appel est jaek, jaek ou krak; son cri d'amour est bulow. Effrayé, il pousse des querr et des ehrr; mais, en temps ordinaire, ses roulades ne se composent que de ditleo, gigidaditleo. ou pipiriol. Ses noms allemands (der Pirol, die Golddrossel, der Pfingstvogel) sont des onomatopées de son chant. Comme il se déplace sans cesse, il suffit à lui seul à animer toute une forêt et c’est pour cela qu'il est partent le bienvenu. Il détruit bien un peu trop de cerises, maïs il chante si bien! En Allemagne, cette terre d'harmonie, où souvent les imaginations se laissent entraîner à des idées fantaisistes, on fait grand cas des prouesses chro- matiques du Loriot : l'introduction de son chant habituel est interprétée par les syllabes hi-de-lu, la première et la dernière longues et l'intermédiaire brève. L'oiseau fait entendre ensuite une note à demi-voix, puis s'élève tout à coup, par une progression rapide, jusqu'à une quinte au-dessus de la note de début pour descendre immédiate- ment à des tons plus bas: Hi-de-lu-a-i-a! Une seconde 124 phrase musicale, de quatre ou cinq intonations qui mon- tent et descendent brusquement, vient après, et enfin une troisième la suit, qui n’est peut-être, selon Champ- fleury, qu'un cri d'appel et ne se compose que de trois sons, Dans ce singulier répertoire, que chacun peut enten- dre à sa façon, noter ou écrire d’après sa mélographie, les imaginations germaniques ont cru reconnaitre dans la première phrase une certaine noblesse de caractère; dans la seconde, un allegretto comique d’une gracieuse familiarité, et, dans le finale, un accent de raillerie, C’est sans doute aller bien loin ; mais, en fidèle historien, je cite presque à la lettre ce que j’ai lu. Outre ces trois sortes de phrases caractéristiques, si hardiment inter- prétées, les Loriots ont une espèce de gazouillement qu'ils entremélent d’un cri qui n’a rien de bien agréable : Krèh-kré-é-éh! Je préfère, à cette onomatopée un peu forcée du langage du Loriot, la naïve interprétation du peuple d'Italie, qui croit que l’oiseau indique, par son chant, que les figues sont müres : « Contadino à matura lo fico ! » Hoëfer a su beaucoup mieux interpréter que ses devanciers le son de voix que le Loriot fait entendre d'habitude : « Il répète lui-même son nom, dit-il, Le-lo-ri-ot, et ce chant, débité d’une voix grave et sonore, rappelle à s’y méprendre, le chant du merle. » (Sabin Berthelot.) En France, les paysans sont persuadués que le chant du Loriot veut dire : Je suis le compère Loriot… qui gobe les cerises. et laisse les noyaux. Quant à la femelle, elle n’est pas mieux pourvue sous le rapport du chant que du costume, Elle n’imite, en effet, que des yo-yid-yo-6! qui ressemblent à des miaule- ments. Hoëler compare ses sons criards et enroués à ceux d’un chat qu'on étrangle. Il est certain, dit Champ- fleury, qu'on ne saurait trouver un contraste plus frap- pant entre les timbres mâle et femelle d'une même espèce que celui qui se révèle dans les conversations amoureuses du Loriot; on dirait un brillant virtuose aux prises avec une ménagère acariatre. À peine arrivés dans nos régions, les Loriots se met- tent à construire leur nid. Celui-ci est toujours placé à la bifurcation d’une branche d'arbre, C’est une sorte de bourse que l'oiseau confectionne avec des feuilles à moi- tié sèches, des brins d'herbes, des fibres d'orties, d’écorce de bouleau, de la laine, des toiles d’araignée, ete., ma- tériaux qu'il agglutine avec sa salive. Finalement, il ta- pisse l’intérieur d'herbes fines, de plumes ou de laine. Le mode d'attache aux branches est particulièrement bien compris; les câbles qui composent la charpente du nid, suspendu ainsi comme un hamac, sont enroulés autour des branches, ficellés, collés les uns aux autres de manière à en faire un tout très solide, Toussénel dit que le nid des Loriots est une merveille d'art qui pourrait bien mériter à ses auteurs le premier prix d'architecture aérienne, « Je ne sais pas de nid, en effet, ajoute-t-il, qui l'emporte sur celui du Loriot pour l'élégance de la forme, la richesse des matériaux, la délicatesse du tra- vailet la solidité de la bâtisse. » Le nid du Loriot est encore plus mignon peut-être et de moindre dimension relative que celui du Chardonneret., IL est tapissé au dehors comme celui du Pinson d’une couche de ce lichen argenté des arbres fruitiers qui lui donne l'air de faux corps avec la branche qui le supporte. Mais la demeure du Loriot est bien plus habilement dissimulée encore que celle du Pinson. Celle du Pinson est assise sur la branche dont elle augmente le volume, et elle appelle les regards. Le nid du Loriot, au contraire, est fixé par LE NATURALISTE des attaches de liane aux deux branches d’une fourche horizontale entre lesquelles il flotte suspendu, et dont l'épaisseur masque une forte partie de la muraille exté- rieure, Audubu, qui a passé des semaines entières à regarder travailler le Loriot de Baltimun, sur un arbre perché et à l’aide d’une longue vue, a constaté que ces oiseaux employaient pour tisser l’étofle de leurs matelas le même procédé que nos tisserands pour confectionner leur toile : c'est-à-dire qu’ils commencçaient par faire une chaîne et une trame, et que chacun des deux époux, comprenant les avantages de la division du travail, se chargeait de la conduite d'une des deux opérations, non de l’autre. à Ces deux sexes collaborent à l'édification du nid, mais c'est à la mère qu'est dévolu le rôle de le tapisser à l'in- térieur et d’en faire un lit bien moelleux. Elle y pond quatre à cinq œufs; fait assez rare, les taches noires qui ornent ceux-ci s’enlèvent facilement avec un linge mouillé : ils déteignent. Une fois la porte achevée, le mâle et la femelle couvent l’un après l’autre, La pre- mière surtout déploie une grande ardeur dans sa fonc- tion et il est même difficile de lui faire abandonner ses œufs. « Je visitai un nid, raconte Paesler, dont je venais de chasser la femelle, et pour en voir l’intérieur, J'abaissai les branches sur lesquelles il reposait, La femelle poussa un long cri, rauque, un véritable eri de combat, s’élanca sur moi, passa tout auprès de mon visage, et se posa sur un arbre derrière moi. Le mâle accourut : même cri, même tentative de m’éloigner. Les deux parents semblaient avoir pour leur progéniture le même amour, » Au bout de quinze jours, les œufs éclosent et, dès lors, les petits croissent rapidement, Mais les parents ont fort à faire de rapporter de la nour- riture à ces estomacs grandissants | Les Loriote, à part les cerises, qui constituent plutôt leur dessert, mangent un grand nombre d'insectes, et, sous ce rapport, doivent être protégés. On ne peut malheureusement les garder en captivité, car, au mo- ment du départ de leurs semblables, c'est-à-dire le len- demain même du solstice, ils sont pris d’une grande surexcitation, et, presque toujours, se brisent la tête contre les barreaux. Liberté, liberté chérie !.…. HENRI COUPIN. L'HISTOIRE NATURELLE & L'ETHNOGRAPHIE À L'EXPOSITION UNIVERSELLE Il y a dans l’enceinte de l'Exposition un très grand nombre d'éléments d’études, tant pour le naturaliste que pour l’ethnographe. Malheureusement ils sont dispersés dans toutes les sections; un grand nombre d’entre eux sont même cachés dans des endroits tout à fait inat- tendus où le public n’aurait jamais l’idée de les chercher. Il nous à paru bon de donner à nos lecteurs une sorte de guide qui leur permette de se reconnaître au milieu des trésors accumulés en ce moment à Paris, Nous nous attacherons surtout à leur signaler ces coins ignorés de l'Exposition dont nous parlions tout à l’heure et où ils trouveront nombre d'objets intéressants; nous ne négli- Eee gerons d’ailleurs pas pour cela les sections les plus en vue et les plus fréquentées de la foule. Il va sans dire que nous ne pouvons songer à écrire un catalogue même succinct de tous les objets d'histoire naturelle ou d’ethnographie exposés. Un pareil travail nous conduirait trop loin et serait d’ailleurs sans intérêt, car il. nous exposerait à des redites nombreuses, le même objet se trouvant exposé dans les sections les plus di- verses. Nous nous contenterons donc de signaler dans chaque pavillon ou dans chaque groupe les objets les plus dignes de remarque, ceux surtout qu'on n'a pas occasion de trouver réunis en temps ordinaire dans les collections. Mais une pareille énumération serait bien sèche; aussi l’accompagnerons-nous dans la mesure du possible de détails scientifiques ou historiques et de pho- tographies qui faciliteront l'intelligence du texte. Ainsi le visiteur sera plus à même de comprendre l'intérêt des objets qui passeront sous ses yeux, et le lecteur du Natu- raliste qui n’a pas l'intention de visiter l'Exposition s’en consolera dans une certaine mesure en complétant ses notions d'histoire naturelle et-d’ethnographie, Après müre réflexion, il nous a paru préférable d'adopter l’ordre topographique. C'est ce qui nous a em- pêché de commencer cette série d'articles plus tôt. En effet, afin d'éviter d’avoir à revenir sur nos pas, 1l était nécessaire que toutes les sections fussent ouvertes au moment de notre visite. Ainsi donc, commençant par les Champs-Elysées, nous parcourrons successivement le Trocadéro avec ses sections coloniales, le Champ-de- Mars avec les expositions des établissements scienti- fiques, les palais étrangers des bords de la Seine, et nous terminerons par les Invalides. La minéralogie, la bota- nique, la zoologie et l’ethnographie attireront tour à tour nos regards. Nous espérons pouvoir dès le prochain numéro du Naturaliste remplir la première partie de ce programme. LES PLANTES DE FRANCE Leurs Chenilles et leurs Papillons THYM (Thymus). T. serpyllum, — Nola thymula (Mills), cheñille en mai, papillon en mars et avril; midi. — Acidalia decorata (B.), chenille en avril, mai, juillet, papillon de mai à août; centre et midi. : . vulgaris, — ÆEupithecia sextiata (Mill), chenille en mai, dans les graines, papillon en avril; Provence, — Calamodes occitanaria (Dup.) et Ligia jourdanaria (de Vill.), chenille en mars, avril, papillon en août, sep- tembre; midi, — Tephrina sentularia (Dup.), chenille en avril sur les fleurs, papillon en septembre et octobre; midi. — Acidalia submutata (Tr.), chenille en avril, juillet, papillon en mai, septembre; midi, Auvergne. — Acidalia ænata (Scop.), chenille au printemps et à l'au- tomne, papillon en mai, août; toute la France. — Sy- napsia sociaria (H.), chenille en avril, juillet, papillon en mai, juin, août; centre et sud. — Hydrelia numerica (B.), chenille au printemps et en été, papillon du printemps à l'automne; midi. — Polia argillaceago (H.), chenille en mars, papillon en septembre; midi. TANAISIE (Tanacetum). T, vulgare, — Cucullia tanaceti S. V,, chenille en août, septembre, papillon en septembre, juin, juillet; centre et sud. AMANDIER (Amygdalus). A. Communis, — Papilio podalirius (L.), chenille en juin, septembre, papillon en mai, juillet, août; toute la France. — Smerinthus ocellata (L.), chenille de juillet à septembre, papillon en mai, août; toute la France. ARGOUSIER (Hippophae). H, Rhamnoiïides. — Deilephila hippophaes (Esp.), chenille en juin, juillet, septembre, octobre, papillon en juin, septembre; Dauphiné. — Synaptia sociaria (H.), chenille en avril, juillet, papillon en mai, juin, août; centre et sud. TROËNE (Ligustrum). TT. vulgare, — Sphinx ligustri (L.), chenille de juillet à septembre, papillon en juin; toute la France. — Acro- nycta ligustri (S. V.), chenille en juillet, papillon en mai, juillet; partout. — Pericallia syringaria (L.), chenille en juin, juillet, septembre, octobre, papillon de mai à août; partout. — Ennomos fuscantaria (Han.), chenille en juillet, papillon en septembre; centre. — Hybernia bajariaS. V., chenille en mai, juin, papillon d'octobre à mars; partout. — Lubophora viretata H,, chenille en août, papillon en juin, juillet ; centre, est, Alpes. —Selenia bilunaria (Esp.), et Lunaria (Schif), chenille en mai, juin, août, septembre, papillon de mars à juin, septembre; partout. SORBIER (Sorbus). S. aria. — Vanessa polychloros L., chenille en juin, août, papillon de juillet à septembre; partout. — Nola cuculatella L., chenille en mai, papillon en juin; partout, — Lophopteryxæ cucullina $. V., chenille en août, sep- tembre, papillon en mai, juin; toute la France, sauf le sud. — Rumia cratægata L., chenille toute l’année, papillon en mai, juillet, août; partout. CHARME (Carpinus). €. betulus. — ÆEndromis versicolor L. et Saturnia carpini L., chenille en juillet, papillon en mars et avril; partout. — Stauropus fagi L., chenille en août, septembre, papillon en mai, juin; partout. — Metrocampa margari- tata L., chenille en mai, juin, septembre, papillon en juillet, mai, juin; centre et nord. — Ennomos erosaria Bkh., chenille en juin, août, septembre, papillon en juin, juillet, septembre; partout. — Ennomos angularia Bkh., chenille en juin, papillon de juillet à septembre; partout. — Nyssia pomonaria H., chenille de mai à juillet, papillon en mars; centre et est. — Boarmia repandata L., chenille en avril, mai, août, septembre, papillon en mai, juillet; centre et est. — Jodis lactearia L., chenille er août, sep- tembre, papillon d'avril à juin; partout. — Asthena can- didata Schef., chenille en avril, juillet, papillon en mai, juin, août; partout. ARROCHE (Atriplex). Mamestra chenopodiphaga Rbr., chenille en mai et en hiver, papillon au printemps et en automne ; bords Médi- terranée. — Polia cærulescens B., chenille en décembre et janvier, papillon en septembre et octobre; midi. — Ha- dena chenopodii S. V., chenille de juillet à octobre, pa- _— = 2 = ER Te DNS TT D A es RE see RE sr 126 LE ‘NATURALISTE pillon en mai, juillet à septembre; partout. — Hadena atriplicis L., chenille de juillet à octobre, papillon en jum et juillet; partout. CYTISE (Cytisus). Colias edusaF., chenille en août, septembre, papillon en mai, aout; partout, —- Plusia chalcites Esp., chenille et papillon de mai à septembre; Provence. — Amphipyra effusa B., chenille en avril, papillon en mai, juin; midi. — Hemerophila abruptaria Thub., chenille de mars à oc- tobre, papillon d'avril à septembre; partout. — Hemero- phila nycthemeraria H., chenille en mars, avril, papillon en mai et août; midi. — Pseudoterpna pruinata Hubn., chenille en mai, juin, papillon en juillet; partout. — Pseudoterpna coronillaria N., chenille en avril, mai, pa- pillon en juin, juillet; centre et sud. SOLANÉES Acherontia atropos L., chenille de juillet à octobre,. papillon en mai, septembre; partout. SILÈNEZ (Silene). S. inflata. — Luperina luteago $S. V., chenille en juillet et août sur les tiges et les racines, papillon en mai, juin, aout; centre et sud. — Dianthæcia cucubali S. V., chenille en août, septembre, papillon de juin à août; partout. — Calocampa exoleta L., chenille en juin, juillet, papillon en août, septembre, mars, avril; partout. — Acidalia luridata Zeller, chenille en mai, papillon en juin, juillet; midi. S., nutans., — Dianthœcia albimacula Bkh., chenille en juin, juillet, papillon de mai à juillet; partout. — Em- melesia hydrota Er., chenille en été et en automne, pa- pillon en mai, juin; centre et sud, — Emmelesia deco- lorata H., chenille en été et automne, papillon de mai à juillet; centre, sud et est. S. viscosa. — Dianthæcia silenes H., chenille en sep- tembre, papillon en juin; midi. S. niceensis. — Dianthæcia magnolii B., chenille et papillon en juillet, août; centre. Silene divers. — Dianthæcia carpophagya Bkh., che- nille en été, papillon en juin et juillet; partout. — Dian- thœcia capsincola S. V., chenille de juin à septembre, papillon en septembre, juin à août; partout. — ljian- thœcia filigramma Esp., chenille en août, septembre, pa- pillon en juin, juillet; partout. — Eupithecia venosata F., chenille en septembre, papillon de mai à juillet; partout. GENEVRIER (Juniperus). 3. sabina. — Xylina lapidea H., chenille en juin, papillon de septembre à novembre; Provence. — Thera cupressata Dup., chenille de mai à octobre, papillon en novembre, décembre; Provence. J. oxycedrus. — Hemerophila nycthemeraria H., chenille en mars, avril, papillon en mai, août; midi. — Eupithecia oxycedrata Brub., chenille en avril, mai, no- vembre, papillon en mars, juin, octobre; midi, est. JF. communis, — Eupithecia helveticaria B., chenille en octobre, papillon en mai, juin; centre, — Eupithecia indigata H., chenille en juillet, papillon en mai, août; centre et est. — Eupithecia sobrinata H., chenille en avril, mai, papillon en juillet, août; partout. — Thera junipe- rata L., chenille en juillet, août, papillon en septembre, octobre; partout. J. phœnica. — Eupithecia phœæniceata Rueb., che- nille décembre à février, papillon en septembre; Pro- vence. LES OISEAUX NUISIBLES LA PIE Le troisième congrès ornithologique international de- vant se réunir à Paris du 26 au 30 juin 1900, il ÿ a lieu d'espérer que la quatrième section de ce congrès qui doit spécialement étudier les questions relatives à la protec- tion des espèces utiles à l’agriculture et à la destruction des espèces nuisibles adoptera des mesures efficaces pour nous délivrer des oiseaux essentiellement nuisibles, parmi lesquels il convient de placer la pie au premier rang. Aucun oiseau en France ne commet certainement au- tant de dégâts que la pie, que les paysans du Sud-Ouest nomment l'agasse et qui est l'ennemi le plus redoutable des fermiers et des chasseurs. « Curieuse, cancanière et voleuse, dit Toussenel, ayant besoin de savoir tout ce qui se passe et de parler de tout, elle commence par se choisir un poste culminant sur quelque arbre de la grande route, poste excellent pour se tenir au courant des nouvelles du jour et ramasser tout ce qui tombe des voitures des passants. De ce poste élevé elle s'éloigne peu, étant sédentaire par nature, elle inspecte avec soin tout ce qui se passe dans la plaine. Elle suit du regard le chasseur, écoute le bruit de son arme et la voix de ses chiens, observe la remise de la perdrix blessée et la place où se rase le lièvre sur ses fins. Puis, tous les importuns partis, l'instant favorable arrivé, elle appelle une ou deux compagnes, leur raconte l'aventure, leur indique les lieux. Le coup monté, les rôles distribués, toutes fondent ensemble sur la bête mise à mal. Si elles réussissent à joindre le lièvre d’assez pres, elles essaient de lui crever les yeux. » Les dégâts que la pie exerce sur le gibier sont consi- dérables : dans une propriété où je chassais fréquem- ment, j'avais remarqué qu'une troupe de pies s’abattait avec persistance dans des fougères sur la lisière d'un bois; intrigué par la présence continuelle de ces oiseaux en cet endroit, je fis de persévérantes recherches et dé- couvris, malheureusement trop tard, un nid de perdrix rouges dont les pies avaient déjà brisé tous les œufs. Les cultivateurs savent combien cet oiseau saccage de mais, de céréales, de fruits de toutes espèces, et les fermiers le redoutent également pour la dévastation qu'il exerce parmi les poussins vivant en liberté autour des fermes. Malheureusement, la défiance innée chez la pie rend sa destruction difficile : on ne peut la capturer ni par les pièges, ni par les filets; elle se tient presque toujours au milieu des grands espaces découverts et ne se laisse pas approcher par les chasseurs. On la tire généralement à l'affût le soir, à la couchée, mais elle a vite éventé le chasseur et le lendemain ne revient plus à ce gite. On a essayé de tirer des coups de fusil dans son nid; mais, outre qu'il est placé à des hauteurs considérables, sa construction le rend impénétrable; on sait, en effet, que ce nid est placé dans la fourche de trois grosses branches à le fond est composé de branches sèches entrecroisées et LE NATURALISTE 127 formant autour du nid une armure de 15 à 20 centimètres d'épaisseur sur laquelle repose une couche de terre foulée qui durcit en séchant. Sur ce fond si solide est établi le nid proprement dit, tissé de racines de plus en plus fines à mesure que l’on approche du centre. Enfin, l'édifice est surmonté d'un dôme à claire-voie formé de branches épineuses ; la masse du nid a plus de 60 centimètres de diamètre. On comprend facilement que le plomb des tireurs ne peut pénétrer cette forteresse. Toutefois, on pourrait obtenir la destruction de cette espèce nuisible en donnant une prime aux enfants des campagnes pour chaque œuf de pie qu'ils dénicheraient. Un des correspondants du journal de la Société protec- trice du gibier dans la Gironde a employé ce moyen et obtenu d'excellents résultats : « J'ai simplement, dit-il, songé à utiliser l’ardeur des gamins en leur offrant cinq centimes par œuf ou petit de pie. Dans le mois de mai et au commencement de juin 1891, et dans ma commune seulement, j'ai détruit ainsi huit cents œufs ou petits, ce qui m'a fait une dépense de 40 francs, que j'ai largement gagnée dans ma basse-cour et par les perdreaux que jai -conservés. Après la destruction de la deuxième couvée, j'ai été surpris de ne plus voir que rarement voleter quelques pies, elles semblaient avoir terreur de ma com- mune. Ce n’est que l'hiver que quelques-unes sont re- venues, mais en nombre bien moins grand que les années précédentes. » Il semble que le moyen fort simple que nous venons -de citer pourrait être mis à l'essai en France; dans tous les cas, nous espérons que le troisième congrès ornitho- logique prendra des mesures radicales pour débarrasser nos campagnes de ces oiseaux malfaisants. Albert GRANGER. LES SAUTERELLES EN ESPAGNE Les provinces de Cadix, Séville, Huelva, Cordoue et Alméria en Andalousie; Badajoz en Estramadure, ainsi que Ciudad-Réal, Alicante.et Tolède,sont très éprouvées par les sauterelles. Toutefois, les ravages ne sont pas ‘encore énormes dans l'Andalousie, à l'exception d'Almé- ria; mais, dans les autres provinces, la situation se pré- sente avec des caractères plus alarmants, Siles travaux de destruction qui se poursuivent ac- tuellement s'exécutent avec soin, il est permisde penser que le fléau diminuera et sera complètement anéantiavec les travaux du commencement de l'hiver. L'emploi de la « gazoline » pour combattre les saute- relles donne de très bons résultats. Dès que la présence de la larve à été constatée et qu’elle se met en mouvement, On réunit les insectes en une masse d'une certaine épaisseur, Avec un arrosoir de forme spéciale, on les asperge très rapidement en mar- chant contre le vent, On jette ensuite une allumette enflammée à l'endroit où sont tombées les premières gouttes de gazoline, l’inflammation se propage à mesure qu'on arrose sans qu'il se produise par volatilisation une perte sensible de liquide. Les oies du Bombyx mori, du Jambonneau (pinne marine) et de l'Araignée Les anciens se sont fait toutes sortes d'idées sur la sole. Hérodote (livre IIT) parle d’une laine plus belle et plus fine que toutes les autres, poussant sur un arbre des Indes; d’autres auteurs répétèrent cela après lui; Théo- : phraste avait même fait une classe spéciale d'arbres por- tant de la laine. Cette erreur ne doit cependant pas sur- prendre, car la grande quantité de cocons de vers à soie dont les arbres étaient chargés dans les pays où ce ver prospérait pouvait aisément faire croire à des boules de laine croissant spontanément sur le végétal; d'autant plus que les anciens ignorèrent pendant longtemps la facon dont les indigènes utilisaient le cocon. Virgile lui-même a dit dans les Géorgiques (livre IT) : Quid nemora Æthiopum, molli canentia lana ? Velleraque ut foliis depectant tenuia Seres ? « Rappellerai-je ces arbres de l'Ethiopie, brillants d’un tendre duvet? Ces laines délicates que le Sère enlève aux feuilles de ses arbres? » Plus tard, quand on découvrit le cotonnier, on crut que les étoffes de soie provenaient de cet arbre. Néanmoins, Aristote, le plus ancien des naturalistes dont il nous reste des écrits, nous parle d'un insecte qui se rapproche _ beaucoup du ver à soie; c’est en traitant des diverses espèces de chenilles qu'il nous dit (Histoire des animaux, iv. V, ch. xvir, $ 9) : « D'une certaine larve qui est fort grande, et qui a de petites cornes, qui diffère de toutes les autres, il sort, en premier lieu, par le changement de cette larve, une che- nille ; de cette chenille il sort un cocon, et du cocon un nécydale (4). Il faut six mois pour ces métamorphoses successives. Dans quelques pays, les femmes déroulent les cocons de cet animal en les dévidant, et elles filent ensuite cette matière. C'est Pamphile, fille-de Plateus, dans l'ile de Cos, qui passe pour être la première qui ait imaginé ce tissage. » Quatre cents ans après Aristote, Pline décrit, lui aussi, la même larve et diverses autres chenilles fabricantes de cocons, que les femmes utilisent pour tisser des étofles, et surtout des étoffes d’une si grande légèreté, que l'on était surpris de voir même les hommes s'en servir : « (Histoire naturelle, iv. XI, ch. 26.) Voici d'autres bombyx, dont l’origine est toute différente ; ils provien- nent d’un gros ver muni de deux cornes particulières proéminentes. Ce ver devient d’abord chenille, puis Ce qu'on appelle bombyle; de cet état, il passe à celui de nécydale, et, au bout de six mois, à celui de bombyx. « Ces insectes forment, comme les araignées, des toiles dont on fait, pour la toilette et l'habillement des femmes, une étoffe nommé bombycine (2). L'art de les (1) La signification du mot nécydale, dit Barthélemy Saint- Hilaire, est inconnue. Néanmoins, d'après l’étymologie, on peut croire qu'il s’agit ici d’un état voisin de la mort, d'un élat d'iner- tie complète. (2) Ce nom a été longtemps celui de la soie. LE NATURALISTE dévider et d'en faire un tissu a été inventé dans l'ile de Cos par Pamphile, fille de Plateus (1) : ne la privons pas de la gloire d’avoir imaginé pour les femmes une étoffe qui les montre toutes nues. « (Chapitre XXVII).On dit qu’il naît aussi des bombyx dans l'ile de Cos, les exhalaisons de la terre donnant la vie aux fleurs que les pluies ont fait tomber du cyprès, du térébenthinier, du frène, du chêne. Ce sont d’abord de petits papillons nus; bientôt, ne pouvant supporter le froid, ils se couvrent de poils, et se font contre l'hiver d’épaisses tuniques, en arrachant avec les aspérités de leurs pieds le duvet des feuilles. Ils forment un tas de ce duvet, le cardent avec leurs ongles, le trainent entre les branches, le rendent fin comme s'ils le travaillaient avec un peigne, puis le roulent autour d’eux, et s'en forment un nid qui les enveloppe. « C’est dans cet état qu’on les prend. On les met dans des vases de terre et on les y tient chauds, en les nour- rissant avec du son. Alors il leur naît des plumes d’une espèce particulière, et, quand ils en sont revêtus, on les renvoie travailler à une nouvelle tâche. « Leurs cocons, jetés dans l’eau, s’amollissent, puis on les dévide sur un fuseau de jonc. « Les hommes n’ont pas eu honte de se servir de ces étoiles, parce qu'elles sont fort légères en été. Les mœurs ont tellement dégénéré que, loin de porter la cuirasse, on trouve trop lourd même un vêtement. Toutefois, nous laissons jusqu’à présent aux femmes le bombyx d'As- syrie. » Pausanias, dans sa description des Jeux olympiques (Les Eliaques), écrite quelques années après Pline, fait une tout autre description du ver produisant la soie; il lui donne une longueur double de celle d’un scarabée, huit pattes, et cinq ans d'existence; il meurt alors, et l’on tire de son ventre plusieurs pelotons de soie. Il ajoute que ce ver est indien, et que les Grecs l’ap- pelaient 249, mot dont Hésychius, Suidas et la plupart des étymologistes ont dérivé le nom de Sbres, peuple des Indes chez lequel on se convainquit, par la suite, que naissait l’insecte. Néanmoins les Sères étaient connus bien avant le ver donnant l’étoffe dite Serica (soie), et le nom de cette dernière, comme du ver, viendrait plutôt du peuple lui-même. Clément d'Alexandrie (le Pédagogue, liv. II, ch. x), Pollux (Onomarticon, liv. VIT, ch. xvu1), Servius (Com- mentaire Sur le livre II des Géorgiques, ch. v, p. 120) et Ter- tullien (Du Voile, ch. 111), qui reconnaissaient à ce ver la même origine, paraissent mieux instruits de ses méta- morphoses que ne l'était l'historien Pausanias. Ils diffé- raient de nous en ce qu’ils croyaient l’insecte semblable à une araignée, et sur l'espèce d'arbre où il prenait sa nourriture. Plus tard, les Pères de l'Église, saint Basile entre autres (Homélie VIII), préchant contre l'excès du luxe, exhortaient les riches à penser plutôt au ver qui devait leur ronger le corps qu’à celui dont ils prenaient la substance pour s’en parer. Cependant, même à cette époque, nombre d'auteurs de mérite persistaient à croire et à dire que la soie pro- venait de plantes particulières : Pomponius Mela, Silius Italicus, Solin, Arrien, Ammien Marcelin, etc., sont de ceux-là. Claudien,dans son Panégyrique sur le consulat de 0) Ces deux personnages, le père et la fille, sont absolument inconnus, si ce n'est par cette particularité, rapportée par Aris- tote et répétée par Pline. Propinus et d'Olybrius,en parle comme du produit de cer- taines feuilles.d’arbre : « L’auguste Proba se livre à l’al- légresse et, d'une main savante, elle prépare la trabée radieuse et la toge brillante, tissues des toisons que je Sère cueille sur les arbres cotonneux et détache de la feuille chargée de ce moelleux trésor. Le duvet, sous ses doigts, s’allonge en fils déliés qu’elle enduit d'un or épais et ductile (vers 177-181). » Quant à l'écrivain grec Achille Tatius, il s'imaginait que la soie était un fin duvet laissé sur les arbres par les oiseaux. Les anciens connaissaient ou croyaient distinguer deux sortes de soies : celle qui provenait d’un ver d’As- syrie et de l'ile de Cos, appelée par eux bombycinum, et celle qui provenait d'un ver ou d’une plante des Indes, à laquelle on donnait le nom de sericum ou serica. Vers le milieu du v° siècle, l’empereur Justinien Ier, alors en guerre avec les Perses, fit alliance avec les Ethiopiens, et engagea leur souverain à envoyer de ses sujets prendre des vers à soie aux Indes pour en enrichir le commerce romain; voyez à ce sujet l'historien Procope (De la Guerre persique, liv. I, et De la Guerre des Vandales, liv. 11). C'est à deux moines que Procope fait honneur de l'importation des vers à soie; il dit que ces religieux étaient nouvellement arrivés des Indes à Constantinople, où il suppose qu'ayant entendu parler de l'embarras dans lequel se trouvait Justinien pour enlever aux Perses le monopole du commerce de la soie, ils se firent pré- senter à lui et lui proposèrent — pour se passer des Perses — une voie plus courte que celle d’un commerce avec les Éthiopiens : c’est-à-dire d'apprendre aux Ro- mains à fabriquer eux-mêmes leur soie. L'empereur, enthousiasmé, les renvoya à Serinde, ville d’où ils arrivaient, pour y faire provision d'œufs de vers à soie; et, de retour à Constantinople, les deux moines firent éclore dans du fumier les œufs qu'ils avaient rapportés ; il en sortit des vers qui furent nourris avec des feuilles de muürier blanc, et des magnaneries prospères furent bientôt établies. Le même fait est rapporté par Théophane de Byzance, avec cette différence toutefois que, au lieu de deux moines, il fait intervenir un Persan; peut-être aussi peut- il se faire que les deux moines, ou au moins l’un d’eux, fussent de Perse ou d’origine persane. Mais ce que ce dernier auteur dit d’essentiel, c’est que l'expérience fut commencée à l'entrée du printemps, — ce qui est abso- lument conforme à notre usage, — et que les Turcs qui, dans la suite, s'étaient emparés des ports par lesquels les Persans se procuraient la soie des Indes, furent très surpris, lorsqu'ils vinrent à Constantinople, de voir la manière dont on l’y recueillait, et dont on en faisait des étoffes dans le pays même. Les Égyptiens et les Hébreux connurent évidemment la soie bien avant les sauvages habitants de la Grèce et de l'Italie. Le mot sericum, pris adjectivement, se trouve une fois seulement dans la Bible : Esther, VIT, 15. — «..... et amictus serico pallio at- que purpureo » — et couvert d'un manteau de soie et de pourpre. Il y est aussi pris une fois substantivement : Ezéchiel, XXvIr, 16. — « Les Syriens ont été engagés dans votre trafic à cause de la multitude de vos ouvrages ; et ils ont exposé en vente dans vos marchés des perles, de la pourpre, de petits écussons, du fin lin, de la soie, et toutes sortes de marchandises précieuses. » LE -NATURALISTE 129 Enfin, substantivement aussi, on trouve ce mot dans l’Apocalypse, XVII, 12. — « Ces marchands d’or et d’ar- gent, de pierreries et de perles, de fin lin, de pourpre, de sote, etC. » Terminons là cet historique du précieux tissu, en fai- sant seulement observer qu’en France les premiers bas de soie furent portés par Henri IT, aux noces de sa fille et de sa sœur. Mais il existe d'autres soies non moins précieuses, qui ont fait les délices des raffinés de l'ancien temps, et même du nouveau. Divers mollusques produisent une touffe filamenteuse, au moyen de laquelle ils fixent leur coquille sur les roches ou aux plantes sous-marines. Au nombre de ces coquillages sont les moules, les pernes, les tridacnes, les marteaux, les volselles, et surtout les jambonneaux (pinne marine, pinne noble). La soie fournie par les jam- bonneaux est d’un vert brillant quand elle sort de l’eau; puis, lorsqu'elle a été exposée à l'air et lavée, d’abord à l’eau de savon, puis à l’eau pure, elle prend un aspect légèrement brun et mordoré. Les anciens en fabriquaient des étoffes légères et fort chères. Dans son Homélie VIII, Sur les riches, saint Basile, que je citais tout à l'heure à propos du ver à soie, s'élève contre le luxe extraordinaire des vêtements, et il dit : « La mer leur fournit une fleur et une coquille, la pinne marine (xivy, Aristote), dont les filaments sont plus re- cherchés que la plus belle laine des moutons », Proccpe (Edifices de J'ustinien, Liv. III) dit aussi : « .. Une chla- myde faite avec la laine, non pas de celle que produisent les brebis, mais de celle qu’on recueille dans la mer; l'usage est d'appeler pinne marine l'animal qui produit cette espèce de laine. » La couleur d’or ou plutôt jaune d’or (üroyoion) de ces filaments les faisait avidement rechercher pour en fabri- quer des étoffes, comme le dit encore Astérius, évêque d’Amasée au 1ve siècle (Discours sur saint Pierre et saint Paul). Mais mieux encore : les jeunes filles s’en faisaient des faux cheveux, des frisettes, comme nous l’apprend Manuel Philès (1275-1340) dans son poème sur la Nature des Animaux : « La pinne marine porte une espèce de chevelure ex- traordinaire qui ressemble aux toiles d’araignée; son lustre, sa teinte agréable et sa légereté donnent aux boucles de cheveux des jeunes filles un charme qui sé- duit leurs amants. » Mais les anciens n’ont pas conservé le monopole de la fabrication de postiches ou même de vêtements avec le byssus de ce coquillage; au xvuI° siècle on en produisait en assez grande quantité, dont le prix était d'ailleurs fort élevé, et qui constituaient un luxe peu accessible aux bourses du commun. En 1754, le pape Benoit XIV recut d’un des fabricants de ces précieux tissus une paire de bas dont il fut ravi, car, malgré leur extraordinaire finesse, ils préservaient ses jambes de la chaleur aussi bien que du froid. . Plus récemment, MM. Ternaux ont fait de ces étoffes avec des pinnes pêchées le long des côtes de la Corse et de la Sardaigne, et plusieurs marchands de Paris, chez qui on pouvait les voir, les vendaient jusqu’à trois cents francs le mètre. Réaumur appelait ces coquillages les vers à soie de la mer. Aujourd’hui encore, à Tarente, à Reggio, à Palerme et dans les environs de ces villes, on fabrique de mer- veilleux tissus avec ce byssus; on le file au rouet, et on en confectionne des bas, des gants, des bourses, etc. La délicatesse de ces étofles est tellement grande, qu’une pare de bas de femme peut tenir dans une tabatière de moyenne dimension. Mais ce n'est pas encore le byssus du jambonneau qui détrônera la soie; il est un autre insecte dont le produit a souvent fait rêver d'ingénieux novateurs, et, en 1708, le savant Bon, président de la Cour des Comptes de Montpellier, envoya à l’Académie des sciences des mi- taines et des bas faits avec de la soie d’araignée. En parlant de cet homme ingénieux, Valmont de Bo- mare dit, dans son Dictionnaire raisonné universel d'his- toire naturelle (Article Soie d'araignée) : « On doit, pour ainsi dire, autant de reconnaissance aux citoyens zélés qui, dans leurs travaux, ont tendu à l'utilité publique sans avoir eu le bonheur d’y réussir, qu'à ceux qui, avec lés mêmes vues, sont arrivés à leurs fins : ils ont mis sur la voie; quelquefois, il ne faut qu'un pas de plus pour la perfection; mais ce pas est réservé à la postérité. M. Bon, premier président de la Chambre des Comptes de Montpellier, a envoyé en 1708, à l'Académie des sciences, des mitaines et des bas de soie d’araignée, Ces ouvrages étaient aussi beaux et presque aussi forts que les ouvrages faits avec la soie ordinaire ». Le président Bon écrivit une brochure sur son procédé ; elle est intitulée : Dissertation sur l'utilité de la soie des araignées, par M. Bon, premier président à la Cour des Comptes de Montpellier. — Montpellier, 1726, in-12. C’est une réédition (Bibliothèque nationale : S. 11149). Voici comment il opérait : « Après avoir fait ramasser 12 à 13 onces de ces coques d'araignées (Araignées communes du Midi, épéires, etc.), je les fis bien battre pendant quelque temps avec la main et avec un petit bâton, pour en faire sortir toute la pous- sière; on les lava ensuite dans de l’eau tiède, jusqu’à ce que l’eau qui en sortait füt bien nette. Après quoi, je fis mettre à tremper ces coques dans un grand pot avec du savon et du salpêtre, et quelques pincées de gomme arabique; je laissai bouillir le tout à petit feu pendant deux ou trois heures. Je fis ensuite relaver avec de l’eau tiède toutes ces coques d'araignées pour en bien ôter tout le savon ; je les laissai sécher pendant quelques jours, et les fis ramollir un peu entre les doigts, pour les faire carder plus facilement par les cardeurs ordinaires de la soie, excepté que j'ai fait faire des cardes beaucoup plus fines. J'ai eu par ce moyen une soie d’un gris très parti- culier; on peut la filer aisément, et le fil qu'on en tire est plus fort et plus fin que celui de la soie ordinaire, et tel que vous le voyez, ce qui prouve qu'on peut s'en servir pour toutes sortes d'ouvrages. «.. Les coques d'araignées rendent, à proportion de leur légèreté, plus de soie que les autres. En voici la preuve : 13 onces en donnent près de 4 de soie nette; il n’en faut que 3 pour faire une paire de bas au plus grand homme ; ceux-c1 ne pèsent que 2 onces 1/4, et les mitaines environ 3/# d’once, au lieu que les bas de soie ordinaires pèsent 7 à 8 onces. » Quant aux propriétés de la soie d’araignée, il s’en explique ainsi : « Elle fournit, en la distillant, une grande quantité d'esprit et de sel volatil ; j'ai vu, par la comparaison que j'en ai faite, qu'elle en donnait au moins autant que la soie ordinaire, qui est, de tous les mixtes, celui qui en 130 LE NATURALISTE donne le plus. Ce sel et cet esprit volatil est très actif: il change en un beau vert d'émeraude la teinture des fleurs de mauve; il congèle et réduit en une espèce de neige la dissolution de sublimé corrosif », etc., etc. Le fameux P. Jacques Vanière, l’élégant poète du Prædium rusticum, lui adressa une églogue latine des mieux écrites, où il le comble d’éloges ; elle se trouve dans le petit volume où l'inventeur expose ses procédés. En outre, dès que le bruit de cette découverte se fut répandu, l’Impératrice, femme de Charles VI, voulut avoir des gants de soie d’araignée ; le prince de Bruns- wick écrivit à Bon le désir de l’auguste curieuse, et, en moins de quinze jours, les gants furent terminés et adressés à la souveraine. Leurs Majestés Impériales envoyèrent à Bon une médaille d'or, qu'ils avaient fait frapper à l’occasion de leur couronnement dans la ville de Prague." A la suite de l'envoi gracieux de Bon, d'une paire de mitaines et d'une paire de bas en soie d’araignée, l’A- cadémie des sciences pria Réaumur de faire un rapport sur l'utilité de cette découverte et la possibilité de lexploiter en grand. Réaumur jeta quelques gouttes d’eau froide sur l'enthousiasme général, et celui de son ami Bon en particulier; son rapport peut être lu dans PHistoire de l'Académie royale des sciences, Paris, tome de 1710, page 387, sous le titre : Examen de la soie des Araignées ; il est du 12 novembre. L'impossibilité de l’exploitation du procédé de Bon, ou de tout autre semblable, résulte pour Réaumur de trois difficultés considérables : 1° Où trouver la quantité de bestioles nécessaire pour entreprendre sérieusement une semblable industrie ? 2° Comment se procurer, au cas où la première ques- tion serait résolue, la nourriture nécessaire aux trou- peaux d'araignées qu’on parviendrait à rassembler? « Quand même, dit-il, on aurait la facilité de prendre des mouches aussi aisément qu'on le voudrait, toutes celles du royaume sufliraient à peine à nourrir assez d'arai- gnées pour faire une quantité de soie peu considérable. » — Ce qui était parfaitement exact alors, et ce qui l’est encore aujourd'hui. 3° Ces insectes sont tellement féroces que, quoi qu’on fasse, ils se dévorent toujours entre eux. Impossible donc de les tenir en nombre considérable rassemblés dans un même local, Il ajoute : « 11 faudrait 55,296 araignées pour avoir une livre de soie, lesquelles araignées il aurait été néces- saire de nourrir pendant plusieurs mois séparément, » Il disait enfin que ce n'était pas sur les coques d'araignées qu'il fallait travailler, mais sur le produit des filières, au fur et à mesure qu'il sortait. Eh bien, ces travaux extraordinaires furent repris, d’après cette indication, par plusieurs curieux, et au- jourd'hui même nous avons des magnaneries d'araignées. De 1777 à 1791, Raymonde-Maria de Tremeyer fit, en Espagne, de nombreuses expériences sur la soie de l’Epéire diadème, et réussit, avec cette substance, à fa- briquer divers objets aussi beaux et aussi brillants que s'ils eussent été fabriqués avec la soie du Bombyx mori (bombyx du mürier). Ralt, négociant anglais, avec la soie de l’Epéire dia- dème aussi, obtint, en moins de deux heures, un fil de 6.000 mètres (six kilomètres!) obtenu à l'aide de vingt- deux araignées : cela faisait une moyenne de 273 mètres par bestiole. D’Azara rapporte qu'au Paraguay il existe une arai- gnée qui fait des cocons de 3 centimètres de diamètre, de couleur orange, que l’on file et dont on fait des étoffes dont la couleur est permanente. Alcide d'Orbigny dit, dans son Voyage dans l'Amérique méridionale, qu'il s'était fait fabriquer avec des fils d’araignée un vêtement qui avait pu résister aux plus fortes fatigues ; c'était un pantalon ; il rapporta même au Muséum d'histoire naturelle des échantillons de la soie de cette araignée. Jadis Louis XIV aussi avait voulu avoir un habit de cette étoffe spéciale, dont, malgré l'extrême rareté, il se dégoûta bientôt, en raison de son peu de solidité. Laissons de côté une foule d'essais aussitôt abandonnés qu'entrepris, et arrivons au R. P. Chamboué, mission- naire apostolique à Tananarive (Madagascar). Ce savant prêtre s’est fort occupé de la soie des araignées, et sur- tout d’une grosse espèce carnassière, l'Halabé mada- gascariensis, et l'on peut voir le résumé de ses travaux dans la Revue des sciences naturelles et appliquées (n° 6, 20 mars 1892), Il reconnut que c’est après la ponte que l’Halabé fournit la plus grande quantité de soie. Après sa ponte dans une des cages d’études installées à cet effet, une de ces bestioles, soumise au dévidage, lui donna 300 mètres de fil environ, le 2 décembre; le 4 dé- cembre, environ 300 mètres; le 6, — 450 ; le 10, — 700; et le 12, — 150 mètres, Total: 900 mètres en 10 jours. Une autre Halabé en donna 1.300 mètres-en 7 jours; Une autre, 1.300 mètres en 11 jours; Une autre enfin, près de 4.000 mètres en 27 jours. Il examina le degré de ténuité et d’élasticité (allonge- ment avant rupture) de ces fils; le résultat moyen des diverses épreuves faites à une température à peu près constante de 17, et à 68° d'humidité relative, fut que le fil de l’Halabé pouvait, sans se rompre, supporter un poids de 3 gr. 26 centig., et s'allonger de 12,18 0/0. Ses essais ont été continués, dans le pays même, et avec un outillage perfectionné qui permet d'obtenir de magnifiques résultats. J’emprunte les détails suivants à M. Borel de la Révolière, qui a écrit à ce sujet, dans le Matin, une chronique remplie d'intérêt et de détails fort curieux. La femelle seule produit le fil; elle habite les grands bois de l'ile, où sa toile est à l'abri des grands vents, et s’y trouve en quantités innombrables ; néanmoins elle vit solitaire et — comme cela a lieu chez la plupart des espèces — le mâle ne s'approche d’elle qu'après avoir pris toutes sortes de prudentes précautions, pour lui faire ses offres de services, l’habitude de l’acariâtre personne étant de le croquer sur place, si elle n’est pas d'humeur causeuse, A l'École professionnelle de Tananarive, où l’on fit les premiers essais d'élevage, on avait mis 200 de ces arai- gnées dans une caisse treillissée. Aussitôt enfermées, les aranéides filèrent leur soie sur les parois du logis, et bientôt le treillis fut hermétiquement clos: plus d’in- sectes vagabonds', par conséquent, disette, famine et égorgement général — comme le disait si bien Réaumur : les dernières qui furent retirées de ce charnier étaient énormes de grosseur. L’Halabé s'éloigne rarement de son gîte et file là où elle se trouve; c’est sans la moindre difficulté et sans nécessaires au dévidage de la soie. M. Jully, architecte, directeur de l'Ecole profession- | | LE NATURALISTE 151 nelle de Tananarive, reprit ces essais quelque temps après le R. P. Camboué. Une machine, fabriquée à l'École, ne donna aucun bon résultat. M. Nogué, sous-directeur, reprit l'étude au moyen d’un appareil perfectionné, qui se compose d’une manivelle manœuvrée à la main et mettant en mouvement une grande bobine placée à l'extrémité de la machine. À l’autre bout se trouve une planche rectangulaire et ver- ticale dans laquelle sont percées huit demi-lunes, se fer- mant par des leviers à guillotine. Les araignées fileuses sont mises dans ces demi-lunes, de manière que l’ab- domen seulement soit placé du côté de la manivelle; les huit brins qu’elles donnent, réunis par un crochet métal- lique, viennent s’enrouler sur la bobine lorsque la manivelle est mise en mouvement. Le fil est ensuite doublé et tordu sur des machines ordinaires. Les manipulations nécessitées par ces diverses opéra- tions suffisant surtout à ternir la teinte d’or admirable de la soie, M; Nogué créa un autre appareil, actuellement en usage à l'Ecole, qui tord en même temps au dévi- dage les brins fournis par douze insectes traités. Cette torsion atteint 790 tours par mètre; l'appareil pèse environ 60 kilos. Le fil obtenu est doublé ensuite, de sorte que, finalement, il se compose de 24 brins. Tous les matins, les jeunes filles chargées des machines mettent des araignées plein un panier d’osier qu’elles placent près d’elles, ainsi qu'un panier vide pour y mettre les araignées après le dévidage. Elles chargent une pre- mière fois l’appareil à l'aide de douze insectes dont elles recueillent les brins, les réunissent dans le crochet mé- tallique, puis mettent la bobine en mouvement à l’aide d’une pédale. Quand une bestiole cesse de donner du fil, elles l’enlèvent et la remplacent par une autre, sans qu'il y aitarrêt, et ainsi de suite jusqu'à la cessation du travail, Les aranéides dévidées sont alors remises dans une partie du parc, et on ne les utilise pas avant une dizaine de Jours de repos. Chacune d'elles donne trois ou quatre cents mètres de brins, en moyenne, à chaque opération. On à fait la comparaison des brins de soie de l’Halabé qui ont été obtenus par le P, Camboué avec les baves du bombyx, à la commission des soies de Lyon; en voici les résultats, relativement aux vers à soie de France : Titres en grammes à 500 millimètres: vers à soie, 0,918 ; Halabés, 0,233. Elasticité: vers à soie, 19 0/0 ; Halabés, 17 0/0. Ténacité : vers à soie, 65 grammes ; Halabés, 66 grammes. Diamètre du brin: vers à soie, 3,315 : Halabés, 0,065. La couleur naturelle de la soie d'Halabé dépasse en beauté toutes les autres. Sa nuance est tellement bril- lante, qu’auprès d'elle l'or le plus pur pâlit. Attendons- nous à des merveilles pour l'Exposition prochaine: on parle déjà d’un ciel de lit éblouissant et d’étoffes qui feront rêver bien des femmes. E. SANTINI DE RIOLS. L'ACTE RÉFLEXE, L'INSTINCT & LA RAISON Une opinion encore généralement enseignée dans les ouvrages de philosophie classique est celle-ci : l'animal n'est guidé que par l'instinct, l'homme seul est doué de raison. Cette théorie avait atteint son maximum d'in- vraisemblance avec Descartes et les philosophes du xvn* siècle, pour lesquels l'animal n’est qu'un automate. Elle avait du reste un fondement religieux et c’est ce qui explique qu'aujourd'hui encore elle est implicitement ou explicitement admise par un grand nombre de nos con- temporains. Il s’agit de placer l'homme sur un piédestal, au-dessus et en dehors de la nature, d'en faire « limagé de Dieu »; et pour cela on a ravalé d’autant la bête. Comme on voit bien que les scolastiques, qui ont mis ce néfaste système à la mode, ne s'étaient jamais donné la peine d'observer le monde vivant! Certes, si l’on considère l’homme de haute culture intellectuelle et qu’on le compare à l'animal même le plus élevé, tel que le chien, le singe ou l'éléphant, la différence parait énorme. Il semble qu'il y ait entre ces êtres un fossé absolument infranchissable, l’un s’occupant des plus hautes spéculations scientifiques ou littéraires, l’autre n'étant guidé que par les idées et les passions les plus simples, celles qui ont pour objet la satisfaction des besoins physiques, la reproduction, la famille ou tout au plus le troupeau. Mais dans l'espèce humaine, combien sont rares ceux qui s'intéressent à la recherche désin- téressée de la vérité! Ne voyons-nous pas au contraire nos paysans, n0s ouvriers soi-disant civilisés, de même que la plupart des sauvages, ne songer qu’à satisfaire leurs besoins physiques, ne s'intéresser qu'à leur propre bonheur ou à celui de leur famille ou de leur clan ? Il est certain qu'entre cesgens, d’une part, auxquels tout plaisir scientifique ou esthétique est fermé, et l'animal, d'autre part, la différence est bien faible. D'autant plus qu'il est faux de dire que celui-ci soit abso- lument étranger à toute recherche désintéressée. La curiosité dont font preuve la plupart des animaux à la vue d’un phénomène nouveau pour eux n'est-elle pas l'embryon de la recherche scientifique? De même, on ne saurait dénier un goût artistique très développé à ces oiseaux d'Australie qui disposent au-devant de leur nid une sorte de jardin orné de fleurs et d'objets brillants. Dans bien des cas, d’ailleurs, les sons musicaux émis par certains animaux rentrent dans la catégorie des plaisirs esthétiques absolument désintéressés. Si nous abandonnons ces généralités pour serrer le problème de plus près, nous constatons que tout acte, suivant son degré relatif de conscience ou d’automa- tisme, fait partie d’une des divisions suivantes : il est intellectuel, instinctif ou réflexe. Sont intellectuels tous les actes combinés en vue d’un but à atteindre qui est nettement percu; de plus, ces actes ont pour caractère d’être accomplis d’une facon variable suivant les circons- tances et les individus. Il est inutile d'insister, nous accomplissons tous les jours des actes de ce genre. Moins cependant qu'on ne pourrait le croire. En effet, si l'acte est fréquemment répété, il tend à s’effacer du champ de la conscience pour devenir automatique. Ainsi l'habitant des grandes villes évite les voitures sans même s'en rendre compte, tandis que le provincial, moins accoutumé, met toute son attention pour ne pas se faire écraser. Ainsi encore les mouvements de lécri- ture ou du piano sont inconscients et automatiques chez les personnes exercées, tandis qu'ils sont voulus et dirigés par la conscience chez les débutants. On remar- quera en mème temps que, à mesure qu'un acte sort du champ de la conscience pour devenir automatique, son exécution devient de plus en plus facile. Si maintenant nous supposons qu'un acte habituel soit très utile à la conservation de l’espèce, les individus qui eu sont doués se perpétueront en plus grand nombre que les autres, en vertu du principe de la sélection naturelle, et transmettront à leurs descendants la faculté d'exécuter automatiquement cet acte quand se présenteront les cir- constances qui le rendent nécessaire. Nous aurons alors affaire à l'instinct, qui n'est en somme qu'une habitude héréditaire, ou, comme on l'a dit, une habitude de l'espèce. L'acte instinctif est accompli automatiquement et de la même facon par tous les individus semblables; d'ailleurs, en tant que faculté, l'instinct apparait souvent d'emblée sans qu'aucune éducation intervienne pour en assurer le développement. Les actes qu'il suscite sont accomplis alors même qu'ils ont cessé d’avoir un but, tels les essais de construction des castors en captivité. On a dit que l’homme n'était pas doué d’instinct. Ce- pendant, dans au moins deux circonstances importantes de sa vie il est guidé par une habitude héréditaire. Le nouveau-né qui recherche le sein de sa mère est, dès sa naissance, passé maitre en l’art de téter; s'il ne l'était pas, l'espèce s'éteindrait. D'autre part, l'instinct sexuel existe chez l’homme comme chez les autres animaux et n’a en somme rien à voir avec les enjolivements que les poètes et les psychologues ont brodés sur ce qu'ils ap- pellent l'amour. L'acte instinctif n’est, du reste, pas essentiellement dis- tinct de l'acte intellectuel. Pour employer la terminologie des philosophes, il appartient au domaine du subconscient et non à celui de l'inconscient, c'est-à-dire que, quoique très obscurcie, la conscience persiste et, en présence d’un obstacle, peut être réveillée et reprendre la direction de l’acte. Il en est, d’ailleurs, de même de l’acte habituel. Si une circonstance imprévue se présénte, l'individu qui marchait ou qui écrivait d’une facon tout automatique reprend conscience de son acte et le dirige. De même, l'animal qui accomplit une action instinctive peut, dans la plupart des cas, interrompre le cycle des actes com- mencés et les accommoder à des circonstances nouvelles. C’est pourquoi, quoi qu’on en ait dit, l'instinct est per- fectible ; nous ne citerons que le cas des animaux devenus les commensaux de l'homme, les hirondelles et les cigognes par exemple, qui, avant qu'il n’existât des mai- sons, devaient construire leurs nids dans de tout autres situations. Enfin, la variabilité des instincts est encore prouvée par ce fait que l’on peut en créer de toutes pièces ; témoin le chien d’arrêt, Si nous supposons que la conscience diminue encore, nous arrivons au domaine des actes réflexes. Une lumière trop vive nous fait cligner des yeux, sans que la con- science ait à intervenir. Bien plus, une grenouille déca- pitée se déplace si on la pince, ou bien elle essuie avec la patte gauche l'acide qu’on vient de verser sur le membre droit. Un pigeon auquel on à enlevé le cerveau vole à terre si on le jette d’une certaine hauteur. Et ce- pendant, ces animaux sont, du fait de l'expérience même, privés de toute espèce de conscience. Il y a donc chez les êtres vivants des mécanismes tout formés qui font, dans des circonstances données, agir l'organisme de la facon la plus favorable à sa conservation. Cette loi est tout à fait générale et s'étend même au règne végétal où les feuilles, par exemple, prennent toujours la position la plus propice à la fonction chlorophyllienne. Mais entre l’acte purement réflexe et tout à fait incon- scient et l’acte intellectuel le plus élevé, il y a tous les degrés intermédiaires. Nous avons vu qu’on trouve chez LE NATURALISTE l'nomme les trois genres de facultés; chez l'animal, le réflexe et l’instinct existent, cela n’est contesté par per- sonne. Quant à l'intelligence, il suffit d'avoir vécu dans l'intimité d'un chien ou d’un singe pour savoir que toutes les qualités intellectuelles ou affectives de l’homme se trouvent à l’état plus ou moins développé chez ces ani- maux. Les ouvrages classiques de L. Büchner (Vie psy- chique des bétes), V.. Meunier (L'avenir des espèces — Sélection et perfectionnement animal), Romanes (L’in- telligence des animaux), etc., fourmillent d'exemples qui mettent ce fait absolument hors de doute. Il n’y a entre l'homme et les autres animaux que des différences de degré; nous le verrons dans la suite, quand nous expo- serons les fondements anatomiques du réflexe, de l’ins- tinct et de la raison. Mais nous avons eu en vue jusqu’à présent les vertébrés et surtout les mammifères. Nous aurons, avant d'aller plus loin, à étudier l'instinct chez les insectes, qui présentent à notre observation nombre de problèmes curieux. Ce sera l'objet de notre prochaine étude. Dr L. LALOY. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 30 avril. Modifications de structure observées dans les cellules subissänt la! fermentation propre. (L. Marru- cuor et M. Morzrarp.) — On a donné le nom de fermentalion propre à la fermentation alcoolique qui se produit, en dehors de l'intervention de tout organisme étranger, dans les tissus sucrés des êtres vivants, placés à l'abri de l'oxygène. Les auteurs ont reconnu qne les cellules qui vivent dans ces con- ditions subissent des modifications de structure qui peuvent même, dans une certaine mesure, permettre de caractériser morphologiquement le phénomène physiologique de la fer- mentation propre. Grâce aux résultats nombreux et concor- dants des expériences, on peut donner un critérium morpho- logique de la fermentation propre. Toute cellule en état de fermentation propre présente : 1° un noyau très clair; 20 de la chromatine en faible quantité et disposée à la périphérie du noyau; 30 un protoplasma très vacuolisé; 4° de nombreuses gouttelettes d'huile essentielle formées à l'intérieur de ce proto- plasma, Les zones et les provinces botaniques de l'Afrique occidentale française. (M. A. Cnevaier) — Par les épaisses forêts de la Casamane, de la Bagaé et de la Volta, la flore du Sénégal se rattache à la zone des forêts de la région équatoriale de Afrique; par les plaines sablonneuses et les dunes arides du Nord, elle se lie à la flore désertique du Sahara. Entre ces deux extrêmes, la végétation présente une variété infinie d’aspects. En allant du Nord au Sud, on observe successivement : La zone sahélienne, caractérisée par quelques espèces sahariennes et des espèces ligneuses peu nombreuses, de taille souvent réduite etne formant que des taillis très peu épais. Le sol est presque partout sablonneux etnu. La zone souda- nienne, constituée en grande partie par des plateaux de /atérite presque nus en saison sèche et qui deviennent en hivernage (de juin à novembre) d’épaisses prairies ou des savanes formées de hautes graminées et de nombreuses légumineuses. Les arbres sont d'espèces très variées et souvent de belle taille. Ils ne forment jamais de forêts impénétrables ou même épaisses. Ils sont rarement enlacés par les lianes. La zone quinéenne, cons- tituée à proximité de la côte par des terrains bas et marécageux, souvent coupés de larges estuaires saumâtres bordés de palétu- viers. Dans l’intérieur, le pays est souvent montagneux et cou- vert de rivières ou de ruisseaux à courant assez rapide. Les régions basses et les vallées sont généralement constituées par de hautes forêts compactes ou même impénétrables lorsque les arbres sont enlacés de lianes. Il y existe également de grandes LE NATURALISTE 133 clairières, couvertes de hautes graminées, de rizières, de champs de mil. Les régions montagneuses et les plateaux de latérite sont couverts de faillis clairs et de savanes, comme dans la zone sou- danienne. Les cours d'eau sont souvent bordés d'un épais fouillis de végétaux, parmi lesquels dominent les Bambous, les Eleis, les Raphia. Sur les granites et syénites quartzifères à œgyrine, arfvedsonite et œnigmattie de Madagasear. (M. A. La- cRorx.) — Dans trois régions de Madagascar, très éloignées les unes des autres : — 10 de l'Ambongo, non loin de la côte occiden- tale de l’île et à environ 200 kilomètres au sud-sud-est de Majunga ; 20 des collines dominant la baie de Passandava, sur la côte nord-ouest, au sud de Nossi-Bé; 3° du bassin du Mangoro, sur le flanc oriental du massif d’Ankaratra, — se rencontrent des syénites à feldspaths exclusivement alcalins, caractérisées par l'existence de l’ægyrine associée à une ou à plusieurs amphiboles sodiques; le quartz est constant, souvent même assez abondant pour que la roche doive être considérée comme un véritable granite, comparable au natrongrande de la région de Cris- tiana. Ces syénites ont généralement la structure de la nordmar- kite de M. Brügs er ; lee en diffèrent essentiellement par l'ab- sence de mica, l'existence de l’œgyrine comme seul pyroxène. Dans les gisements de la baie de Passandava, ces granites et syénites alcalines. sont accompagnées de roches à néphéline comme en Norvège; le nombre des échantillons recueillis dans les deux autres régions est si faible qu'il n'est pas possible de tirer de conclusion de l'absence de roches similaires dans les collections étudiées. Sur les fonetions de la tige cristalline des Acé- phales. (Hexrr Courix.) — Peu d'organes ont été, autant que la tige cristalline des Acéphales, l’objet d'hypothèses différentes. Cette tigelle anhyste a été considérée, en effet, suivant les auteurs, tantôt comme un appareil copulateur, tantôt comme un organe de soutien pour la masse viscérale, un manubrium destiné à agiter les matières nutritives contenues dans l'esto- mac, une substance de réserve, un suc digestif, etc. Il résulte des expériences de l’auteur que la tige cristalline des Acéphales est un suc digestif, une sorte de comprimé de diaslases, con- lenant beaucoup d'amylase el un peu de sucrase, le tout noyé dans une malière muqueuse, laquelle à sans doute pour but d'empêcher la trop rapide dilution de la tige dans l’eau de mer contenue dans l'estomac, et peut-être aussi d'agglutiner les ma- tières solides qui flottent dans celui-ci. Séance du T mai 1900. Note sur um tubercule alimentaire nouveau du Soudan,l Ousounify (Plectranthus Coppini Cornu).M. (Maxime Cornu.) — Au commencemen t de l’année 1894,M. Maxime Cornu reçut de M. le D° Coppin, médecin des colonies au Soudan, un tubercule de couleur noire, alimentaire, farineux, qu'il déclarait analogue à la pomme de terre comme saveur. Ce tubercule dé- signé dans le pays sous le nom d’Ousounify est cultivé et vendu sur les marchés. Dès le premier développement, l'auteur re- connut une labiée. — Ces tubércules de l'Ousounify sont ellip- soides, de forme variable, plus ou moins arrondis aux deux extrémités; ils sont de couleur noire et lisses, c’est-à-dire ni rugueux, ni écailleux, — Ils sont sûrement d'origine cauli- naire: ce sont des tiges modifiées, comme cela a lieu dans la Pomme de terre et dans le Stachys tuberifera; mais dans le Plectranthus, il n'y a aucun étranglement; le tubercule n'est pas composé, il est en général simple, quoiqu'il puisse présen- ter deux ou trois extrémités végétatives arrondies, lisse et non muni d'étranglements. — Il est amylacé, ce qui le distingue du Stachys. — Il existe donc pour les pays chauds des tubercules alimentaires appartenant à la famille des Labiées, plus ana- logues à la pomme de terre qu'aucun de ceux qui sont cultivés généralement. Très faciles à cultiver et à multiplier, ils donnent un rendement abondant; ils peuvent acquérir un très gros vo- lume et peuvent sans doute être améliorés et sélectionnés par la culture, — Enfin, ils admettent un climat véritablement tropical, ce que la pomme de terre n'admet pas; ils méritent donc la plus sérieuse attention. Séance du 14 mai 1900. L’assimilation chlorophyllienne chez les plantes d’'appartement.(M. En. Griron.) — Les plantes d'appartement n'ont pas plus que nos espèces indigènes le pouvoir de dé- composer l'acide carbonique à une hunière très faible. Dans les endroits peu éclairés de nos pièces, mais où l’on peut encore -lire facilement des caractères tracés au crayon, elles n’assimilent pas. Les minima d'intensité lumineuse auxquels la fonction chlorophyllienne est encore capable de s'exercer sont variables chez elles comme chez?les plantes de nos pays et de même ordre que ceux de ces dernières; de plus, il n'y à pas de rela- tion {nette entre ces minima et les préférences qu'elles mani- festent pour des situalions déterminées à l'intérieur de nos demeures. Si cependant, à des lumières peu intenses, elles émettent parfois de l'oxygène, alors que [nos végétaux déga- gent de l'acide carbonique, c'est que leur respiration peu active n'arrive pas à masquer la fonction assimilatrice. Grâce à ce faible pouvoir respiratoire, qui tient soit à leur nature propre, soit surtout aux mauvaises conditions dans lesquelles elles ont vécu, elles peuvent résister plus longtemps que d’autres dans nos appartements; car alors, quand même elles n’assimileraient que très peu ou pas du tout, elles consomment peu de matériaux et leurs réserves s'épuisent lentement, ce qui leur permet de végéter plus ou moins misérablement sans périr et d'attendre, si l’on veut les régénérer, qu’elles soient exposées à nouveau dans des conditions plus favorables à leur développement. Séance du 21 mai 1900. Eruption du volean Mayon, dans l'ile de Luçon. — Ce volcan se trouve, par 1301440” de latitude Nord, au, nord- ouest de la ville d'Albay, dans la partie sud-est de l'ile de Luçon. Ses éruptions de 1766, 181% et 1897 ont causé de grands dégâts, détruit plusieurs villages et fait périr un grand nombre d'habi- tants. Le 3 mars dernier, à 2 heures du matin, une nouvelle éruption se produisit et prit immédiatement des proportions qui effrayèrent les populations voisines. Le volcan lançait des pierres, une lave brûlante et des cendres qui enveloppaient d'un brouil- lard épais, à une grande distance, la zone environnante. Le Mayon resta en activité tout le jour suivant. L'éruption. fut accompagnée d'une forte tourmente qui secouait les maisons comme l'aurait fait un tremblement de terre. Cette éruption n'ayant été précédée d'aucun phénomène précurseur, on ignore si les habitants des villages qui longent les flancs du volcan ont eu le temps de s'enfuir. Remarques sur certains points de l’histoire de la vie des organismes inférieurs. (M. J. Kunsrzer.) — S'il est un élément dont la manière d'être primitive et le point de départ soient obscurs, c'est sans contredit le noyau cellulaire, Universellement répandu dans l'immense majorité des cellules et absolument indispensable à leur existence, le corps nucléaire semble disparaître brusquement aux confins inférieurs du règne organique, ou, inversement, apparaitre brusquement dès “les degrés les plus humbles de l'échelle des êtres. Il existe des ana- logies étroites entre certains noyaux et certaines spores, de na- ture à attirer l'attention sur des liens de parenté possibles entre eux. S'il en était réellement ainsi, nos connaissances morpholo- giques en subiraient un contre-coup de haute importance. Le noyau cellulaire ne serait-il autre chose que le résultat de la transformation d'un bourgeon sporogène, adapté à un rôle nou- veau ? Serait-il un vestige d'un processus reproducteur détourné de son but primitif? Une semblable hypothèse a l'avantage d'expliquer la vitalité intense du noyau; elle rend un compte rationnel de l'apparition d'un élément qui, jusqu'ici, ne semblait tirer son origine d'aucun précurseur, de même qu’elle permettrait de comprendre la constitution de certains êtres plurinucléés, en quelque sorte, d'emblée. OFFRES ET DEMANDES À vendre: Lot de Chrysomélides européennes : Halticides, Hispides, Cassides. 110 espèces, 380 exemplaires, Dredrtons 33022, Prix mere. dONfrancs. Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Sagra à Cryptocephalus inclus. 200 espèces, 540 exemplaires, 5 cartons. Prix...,.... 60O francs. S'adresser pour les lots de Coléoptères ci-dessus à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. Le Gérant: PAuz GROULT. oo PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. 134 LE NATURALISTE ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CI-APRES DÉSIGNÉS Ne proposer que des Insectes frais et intacts) S'ADRESSER À LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, RUE DU BAC, 46, PARIS Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vius. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata, Agrilus cyanescens. — tenuis. — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. Sinoxylon sexdentatum. — muricatum. Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini. — oleiperda. Hy'urgus piniperda. — ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. ,— stenographus. — Jlaricis. — bidens. Bruchus pisi. — flavimanus. — rufimanus. — tristis. — Jentis. — pallidicornis. — nubilus. Rhynchites betulæ. — populi. — betuleti. — conicus. — cupreus. — bacchus. Apion apricans. — Craccæ. — viciæ. — flavipes. — flavofemoratum. — pisi. — æneum. tenue. — VOrAX. — violaceum. — hæmatodes. — pomonæ. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pini. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. ligustici. Otiorhynchus rancus. . — picipes. Lixus angustatus. Anthonomus pomorum. — pyri. — druparum. — rubi. Orchestes fagi. — alnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. —. napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaruis. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyx heros. — scopolii. Aromia moschata. Callidium unifasciatum. Clytus arietis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberca linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica oleracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. — campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — bitterensis. Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Pseudo-Névroptères. Termes lucifugus. — flavicollis. Hymènoptères. Vespa crabrc. — germanica. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopæus spirifex. Atta barbara. — structor. ‘| Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia rosæ. — Sspinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossulariæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — xibis. Lyda pyri. — sylvatica. — campestris. — erythrocephala. Lophyrus pini. — rufus. Cephus pygmæus. —. compressus. Sirex gigas. Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rosæ. Lépidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassicæ. — rapæ. — napi. Deilephila elpenor. — euphorbis. Ino pruni. — ampelophaga. Trochilium apiforme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. — neustria. Porthesia chrysorrhaca. — auriflua. Ocneria dispar. — monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicæ. Triphæna pronuba. — orbona. Phlogophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas grossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheimatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnophthira pilleriana. Tortrix viridana. — cratægana. — rosana. — Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana. Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivorella. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depressella, — nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Sehirus bicolor. 12 JUN 1900 Œlia acumimata. Strachia oleracea. — Ornata. Carpocoris baccarum. Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Typhlocyba rosæ. — _viridipes. Psylla pyri. — buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — lanuginosa, Aphis rosæe. — cercalis, — fabæ. — pruni. — persicæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim vitis. — tiliæ. — salicis. — persicæ, — olæ. — caricæ. Aspidiotus conchyforme. Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. — hææmorrhoïdalis. Diptères. Tipula oleracea. Sciara piri. — analis. Cecidomya tritici. — destructor. — nigra. — pyri. — brassicæ. -Lasioptera obfuscata. Simulium ornatum. — maculatum. — reptans. Bibio Marci. — hortulanus. Tabanus bovinus. Hææmatopota pluvialis. Œstrus equi. — hæmorrhoïdalis. Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum. — brassicæ. — furcata. — radicum. — conformis, — lactucæ. Pegomya acetosa. Psilomya rosæ. Hylemya coarctata. Spilographa cerasi. Dacus olec. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Agromiza nigripes. Platyparea pœciloptera. Chlorops lineata. — tæniopus. Oscinis ft. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques. te ni + 29e ANNÉE LE CYGNE CHANTEUR Description. — Mœurs.—Chasse — Migration. Le chant du Cygne. Les Cygnes d'Europe. Le Cygne chanteur (Cygnus musicus), le Cygne sau- vage (Cygnus ferus) dont il est question dans cet article, n’est pas, comme l’a cru Buffon, l'ancêtre du Cygne domestique. L'oiseau familier qui règne sur les pièces d’eau de nos parcs et promène sa grâce altière sur les bassins de nos jardins publics descend d'une autre es- pèce (Cygnus olor), dont les réprésentants vivent, à l'état de liberté, dans le nord de l'Europe et en Sibérie, et visitent, dans les hivers rigoureux, les côtes maritimes de nos départements septentrionaux. On en tire quel- quefois sur le littoral de la Manche, mais ils s'y mon- trent beaucoup plus rarement que le Cygne chanteur: Celui-ci est le Cygne de la légende qui, au dire des poètes, exhale en sons harmonieux les râles de son agonie. Mollia defecta modulatur carmina lingua Cantator Cygnus funeris ipse sui. (MARTIAL.) Nous verrons ce qu'il faut penser de la mélodie fu- nèbre du Cygne expirant, mais il importe de fixer avant tout en quoi ce Cygne chanteur diffère du Cygne domes- tique, le Cygne muet, le plus connu et le plus admiré. Il est d’abord de taille moins forte, de formes plus ramassées. Puis son bec est dépourvu de caroncule, jaune à la base, noir à la pointe, tandis que celui du Cygne domestique est rouge dans toute son étendue, à l'exception de l'onglet, des narines et des bords des mandibules frottés de noir, et porte en outre une pro- tubérance frontale d’un noir profond. Ces caractères suffisent pour qu'on ne puisse confondre les deux es- pèces. Les allures du Cygne chanteur sont aussi un peu dissemblables. Ses mouvements sont moins gracieux, il nage avec moins d'élégance, son cou se recourbe avec moins de souplesse et il lé tient presque constamment droit et élevé. Son plumage est d’ailleurs d’un blanc pur comme celui de son congénère, avec le sommet de la tête et la nuque légèrement teintés de jaune. Ce west pas seulement par ces marques extérieures que le Cygne chanteur se distingue du Cygne domes- tique, il s’en éloigne encore par une disposition très diffé- rente de la trachée-artère et du sternum. Chez lui la : trachée-artère, avant de se rendre aux poumons, forme deux replis qui se logent dans l'épaisseur du sternum; chez le Cygne domestique, au contraire, la trachée- artère n'offre pas de circonvolutions et se rend directe- : ment aux poumons, : = Ce Cygne habite les régions du cercle arctique et cer- taines parties de la zone tempérée de l'hémisphère bo- réal. On le trouve jusque dans le centre de l'Asie. Mais ce qui est surprenant, c’est que cet oiseau, qui appartient si évidemment à la faune septentrionale, vit aussi séden- taire en Grèce, D’après von der Müble et Lindermayer, il niche dans les lacs de Kopai et de Likari et dans les lacs de l'Acarnanie, au nord-ouest du golfe de Corinthe. Toutefois sa véritable patrie est bien la zone froide de Le Naturalisle, 46, rue du Bac, Paris. 2 SÉRIE — N° 3 1 9 15 JUIN 1900 notre hémisphère. Son aire de dispersion part de l’'Eu- rope, s'étend dans tout le nord de l'Asie, franchit le -détroit de Behring et aboutit dans l'Amérique septen- trionale. En hiver il émigre. Nous le voyons alors sur notre littoral, rarement dans l’intérieur des terres. Quel- ques-uns s'arrètent dans nos départements méridionaux, sur les étangs qui bordent la côte. Un plus grand nombre se rendent dans le nord de l'Afrique, en Égypte, en Tu- nisie, en Algérie, au Maroc. Mais la migration d'hiver la plus importante parait s'effectuer dans la direction de l'Est. On trouve, en effet, dans cette saison, une quan tité considérable de ces oiseaux sur tous les lacs de la Russie centrale, à l'embouchure des fleuves qui se dé- versent au sud et sur les lacs salés du sud-est de l’Eu- rope. Quand la glace commence à recouvrir les eaux où ils se sont établis, et même souvent avant que les fortes gelées ne soient venues les surprendre, les Cygnes, doués de cette prescience des changements de température que possèdent la plupart des oiseaux, abandonnent ces lieux d'hivernage. Les uns gagnent en toute hâte la Baltique et la mer du Nord, les autres se dirigent vers la mer Noire, ou encore plus loin, aux rives attiédies du Sud- Ouest. Ce que recherchent les Cygnes, c'est l'eau libre de glace. Ainsien Islande où le courant du Gulf-Stream et les nombreuses sources chaudes de cette ile leur mé- nagent une suffisante quantité d’eau qui ne se congèle jamais, tous n'éigrent pas, quelques-uns seulement se décident à partir. A la fin de l'hiver, les Cygnes qui ont émigré se met- tent en route pour revenir dans les pays que la rigueur du froid leur a fait quitter et où ils ont l'habitude de se reproduire, Le passage de retour à lieu pour la France et l'Europe centrale dès le milieu de février et en mars, On les revoit le long des côtes maritimes, inais 1ls sé- journent peu, à moins que la recrudescence du froid ne leur fasse craindre de trouver plus au Nord les eaux en- core prises. Au mois de février 1895, je me trouvais en déplace- ment de chasse dans la baie de Somme. Pendant une quinzaine de jours, le froid fut très vif. La mer charria des glaçons. Le flux les poussait comme un troupeau désordonné jusqu'au fond de la baie, et la retraite du flot les y laissait accumulés en facon de banquise. Ces bocs irréguliérement posés les uns sur les autres et soudés ensemble, rejoignant les deux rives ensevelies sous une neige durcie, le ciel bas et brumeux qui s’éten- dait sur tout ce coin de la côte picarde, tout donnait la sensation de quelque paysage polaire subitement ap- paru. Beaucoup d’oiseaux aquatiques, les uns arrêtés dans leur voyage vers le Nord par le retour inopiné du froid et obligés de rétrograder, les autres surpris sur les lieux mêmes, erraient à l'aventure dans ces sites dé- solés. Des oies dont j'avais vu passer les précoces ca- ravanes quelques jours auparavant avaient interrompu leur route pour venir chercher un refuge dans les mol- lières des criques. Des canards, des colverts, fuyant les étangs et les cours d’eau congelés, voletaient cà’et là, atfamés, et à haute mer l'on voyait passer, flottant au gré des vagues, des glacons chargés de milouins et de siffleurs, raides et mornes, immobilisés par la gelée. Et pourtant les chasseurs n'avaient cure de ce gibier en détresse, car, depuis la veille, de nombreuses troupes de Cygnes cireulaient dans la baie. Les efforts se concen- traient à la poursuite de ces superbes oiseaux, dont la présence insolite en telle quantité exaltait toutes les 136 LE ardeurs. De mémoire de chasseur, disait-on, on n'avait vu pareille affluence de Cygnes. Pour ma part, j'en comptai trente-deux, dans une après-midi, sur un es- pace de cinq ou six kilomètres et sur un seul côté de la baie. Ils formaient de petits groupes de trois, cinq, sept et huit individus. Bien que le froid et la faim les eussent fait se départir un peu de leur prudence habituelle, trois seulement furent abattus ce jour-là. J'en vis plusieurs longer d'un vol bas le quai même du Crotoy,et d'autres traverser le port à la hauteur des mâts des bateaux de pêche, aux yeux amusés des matelots. On en tua un grand nombre les jours suivants, un peu partout, dans la baie, surla côte et en mer. Mais pareille aubaine est tout à fait exceptionnelle, et dans les hivers ordinaires on est heureux d’en rencontrer de temps en temps quel- ques-uns. Le chasseur entend alors, au loin, à travers la brume, des notes flütées et percantes, qui, à distance, parais- sent très douces — plus pleines et rudes à l'oreille à mesure que le son se rapproche, Elles annoncent l'ar- rivée des Cygnes. Bientôt émergent du brouillard de gros oiseaux blancs, le cou tendu dans toute sa longueur, les ailes largement étalées, frappant l’air à coups re- doublés avec un bruit violent. Ils descendent sur l’eau les ailes immobiles, la touchent obliquement et, ralentis par leurs pattes qu'ils allongent à ce dessein, glissent sur elle en traçant derrière eux un long sillon. Le cou érigé, ils jettent d’abord autour d'eux des regards in- quiets, puis, quand ils sont suffisamment rassurés, font entendre de nouveau leur voix forte, au timbre argentin, mais qui, de près, n'est plus aussi agréable, Les naturalistes qui ont observé le Cygne chanteur sont d'accord pour lui reconnaitre une voix douée d’une certaine harmonie. Ils en ont comparé les notes chan- tantes, les uns au son de la trompe dans le lointain, d’autres à celui du violon, Pallas au timbre d'une clo- chette d'argent, Schilling aux sons d’une cloche ou à ceux d'instruments à vent. Ce dernier, le plus riche en détails, nous fournit d'intéressantes explications. « Lorsque, par les grands froids, dit-il, la mer est cou- verte de glace dans les endroits non occupés par les courants; que les Cygnes ne peuvent plus se rendre là où l’eau peu profonde leur garde une nourriture abon- dante et facilement accessible, alors on voit ces oiseaux se rassembler par centaines sur les points où des cou- rants maintiennent la mer libre, et leurs cris mélanco- liques racontent leur triste sort; souvent alors dans les longues soirées d'hiver, et pendant des nuits entières, j'ai entendu leurs cris plaintifs retentir à plusieurs lieues. On croit entendre tantôt des sons de cloche, tantôt des sons d'instruments à vent; ces notes sont même plus harmonieuses; provenant d'êtres animés, elles frappent nos sens bien plus que des sons produits par un métal inerte, C’est bien là la réalisation de la fameuse légende du chant du Cygne; c'est en effet souvent le chant de mort de ces superbes oiseaux. Dans les eaux profondes où ils ont dû chercher un refuge, ils ne trouvent plus de nourriture suffisante ; affamés, épuisés, ils n'ont plus la force d'émigrer vers des contrées plus propices, et sou- vent on les trouve sur la glace, morts ou à moitié morts de faim et de froid. Jusqu'à leur trépas, ils poussentleurs cris mélancoliques (1). » La légende repose donc sur des faits positifs, altérés, (1) Cité par Breun, édit. franç., Ois., t. IF, p. 725. NATURALISTE ei ————_—_—_—_—"—— …— —— transformés — si délicieusement ! — par l'imagination des poètes. En parlant des accents particuliérement mé- lodieux que l'approche de sa mort inspirerait au Cygne, nous savons maintenant que nous nous trompons, et dans quelle mesure, mais les réalités s'imposent diffiei- lement aux formes coutumières du langage. Il est pro- bable que l’on continuera encore longtemps, en dépit des dénégations de la science, à comparer au chant du Cygne expirant le dernieressor du génie près de s’éteindre, et J'avoue volontiers que je suis heureux de penser que la Renommée, peu soucieuse de la sèche exactitude des faits, ne cessera de proclamer, dans la suite des âges à venir, Virgile « le Cygne de Mantoue » et notre Fénelon «le Cygne de Cambrai », en raison de la douceur et de la suavité de leur verbe. Le chant de mort du Cygne qui, à proprement parler, ne chante pas, est une erreur, mais une erreur aimable et touchante, Malgré que cette fable ait été si souvent célébrée par les poètes et les philosophes de l'antiquité grecque et latine, les anciens eux-mêmes n’y croyaient pas tous. L'opinion de Pline me parait, sur ce point, suffisamment formelle. « Olorum morte narratur flebilis cantus; fulso, ut arbitror aliquot experimentis (1). » Virgile trouve que les Cygnes ont la voix rauque : Dant sonilum rauci per stagna loquacia cyyni. Lucrèce dit aussi: Parvus cygni canor. La langue latine possède même pour traduire les cris du Cygne un mot spécial et imitatif qui n’a rien d’har- monieux. Ovide s’en est servi dans le vers suivant : Grus gruit inque glomis cygni prope flumina drensant. Et c'est bien de l'espèce qui nous occupe que les an- ciens entendaient parler, Ses blanches flottilles vo- guaient alors, en grand nombre, sur les eaux de l'Hel- lade, comme elles se montrent encore de nos jours sur quelques lacs de la Grèce, et peuplaient les rivières et les lacs de toute l’Italie, Le Cygne tuberculé, au con- traire, y faisait des apparitions beaucoup moins fré- quentes. Mais, peut-on se demander, ces Cygnes dont parlent presque à chaque page de leurs écrits les poètes grecs et surtout latins, étaient-ils des Cygnes sauvages ou bien des oiseaux domestiques ? En un mot, les anciens avaient- ils domestiquéle Cygne? Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, qui s’est livré à des recherches sur les origines des ani- maux domestiques me semble répondre à la question d'une manière aussi décisive que peut le permettre le manque de précision des textes. « Entre les nombreux passages que j'ai examinés, dit-il, il n’en est aucun qui ne soit, ou incontestablement applicable au Cygne sau- vage, ou vague, et tel qu'on peut le rapporter aussi bien à celui-ci qu'au Cygne domestique. Il en est ainsi, par exemple, de ces innombrables allusions à la blancheur du Cygne et à son prétendu chant de mort qui reviennent sans cesse chez les poètes de l'antiquité. Quant aux naturalistes, n1 Aristote n1 Pline nedisent rien du Cygne domestique, tandis qu'ils mentionnent à chaque instant le sauvage : ils paraissent donc n'avoir connu que celui- ci. Bien plus, le moyen âge en est encore sur le Cygne où en était l'antiquité : au xrn° siècle, Albertle Grand ne fait guère lui-même que répéter et comménter ce (1) On dit qu'au moment de mourir les Cygnes font entendre un chant; lamentable erreur, je pense, c'est du moins ce qui résulte pour moi de quelques expériences. (Hist. Nat., X, xxxtr.) | LE NATURALISTE 137 qu'avait dit Aristote. Dès la Renaissance, au contraire, et sans qu'aucun auteur en parle comme d'une con- quête nouvellement faite, le Cygne domestique est men- tionné comme habituellement « nourri ès douves des chasteaux situez en l’eau ». La domestication du Cygne daterait-elle du moyen âge? Dans tous les'cas, il est peu vraisemblable qu'elle ait été accomplie dans l’ouest de l’Europe, où le Cygnus olor, souche du Cygne domes- tique qui en conserve les caractères, se montre bien muins communément que le Cygnus ferus (1) .» Les anciens auraient très bien pu d'ailleurs domesti- quer le Cygnus ferus, comme l’ont fait, depuis eux, les Russes et, avant eux, les Égyptiens des temps pharao- niques. C’est en effet l'espèce que l’on voit ordinairement en Russie sur les pièces d’eau et les étangs, à l'état de domesticité, On la préfère, à cause de sa voix, au Cygnus olor, qui est peu recherché. Les monuments de l'antique Égypte nous montrent souvent cet oiseau figuré dans des scènes de basse-cour. Il n'y était pas uniquement déco- ratif, car un personnage de l'Ancien Empire se vante d’avoir possédé mille deux cent vingt-cinq Cygnes, ce qui paraitrait invraisemblable pour un simple oiseau d'agrément. Le Cygne chanteur niche en Islande, dans le nord de la Russie, le centre de la Sibérie, dans l'Amérique du Nord. Nous avons vu qu'ilnichait aussi en Grèce. Quelques couples se reproduisent de temps à autre en Allemagne, mais ce n’est qu'une exception. Son nid est formé de jones, de roseaux et d'autres plantes aquatiques. L'inté- rieur est tapissé de duvet. Les œufs sont au nombre de cinq à sept, blancs, lavés de roussâtre ou de verdâtre, sans taches. Je vais dire quelques mots d’une autre espèce de Cygne, le Cygne de Bewick (Cygnus minor), qui, avec les deux espèces précédentes, représente le genre en Europe. Le Cygne de Bewick ou Cygne nain habite l'Islande et la Sibérie. Il descend en hiver sur notre littoral et se montre aussi en Angleterre, en Belgique et en Alle- magne. On l’a tué sur l'Escaut et sur la Meuse, et assez fréquemment sur les côtes de la Manche et du golfe de Gascogne. On le prend quelquefois vivant dans les « fleu- rons » de la baie de Somme. J'ai vu, il y a quelques années, au Jardin zoologique du Bois de Boulogne, un sujet de cette provenance. Ce Cygne fait aussi des appa- ritions dans le midi de la France, au moment des grands froids. On l'a tué, au mois de janvier, dans les environs de Marseille, et M. Lacroix signale son passage dans l'Aude, l'Hérault, les Hautes-Pyrénées, le Tarn-et-Ga- ronne, mais il le considère, à juste titre, comme un oiseau très rare (2). On reconnait facilement le Cygne de Bewick à sa petite taille et aux caractères que présente son bee. Celui-ci est proéminent à sa base, noir depuis la pointe jusques et y compris les narines, d'un jaune orange dans le reste de son étendue; cette dernière couleur se re- marque aussi sur les lorums. Son plumage est d'un blanc très éclatant. Le Cygne de Bewick a, comme le Cygne chanteur, une trachée artère formant deux circonvolutions. Ce Cygne niche en Islande. La femelle pond de cinq à sept œufs dans un nid très vaste. Ces œufs ressemblent (1) Acclimatation et domesticalion desanimaux uliles.p. 181. (2) Catalogue des Oiseaux observés dans les Pyrénées fran- - çaises el les régions limitrophes, p. 238. beaucoup à ceux du Cygne chanteur, ils sont seulement un peu plus petts et plus jaunètres, Yarrell a décrit sous le nom de Cygnus immutabilis un oiseau en tout semblable, à l’âge adulte, au Cygnus olor, sauf les tarses, les doigts et la membrane qui les réunit, d’un gris cendré ou verdâtre, Mais les jeunes offrent cette particularité que leur premier duvet etleur premier plumage sont entièrement blancs, tandis que chez le Cygnus olor les jeunes qui viennent de naitre ont un duvet plus où moins nuancé de brun, et cette teinte se manifeste également sur le premier plumage. Ce Cygne invariable n'est pourtant qu'une simple variété du Cygnus olor. On trouve parfois dans la même nichée des jeunes qui ont un duvet brun à côté de jeunes au duvet entièrement blane. IL habite l'Europe septen- trionale et se montre en bandes souvent nombreuses dans la Baltique, sur les côtes de l'Angleterre et de la Hollande. C'est le « Polar Swan » (Cygne du Pôle) des fourreurs de Londres. Magaud D'AUBUSSON. MALADIE BACTÉRIENNE DU MURIER En 1898, on signalait une maladie qui, dans la région des Basses-Alpes, atteignait, sur une longueur de quelques centimètres, les parties terminales des rameaux de müriers, Comme aspect, les parties atteintes semblaient carbomisées ; comme forme, elles étaient recourbées en crosse; puis, à quelques jours d'intervalle, toutes les feuilles devenaient à leur tour d’un brun noir, très carac- téristique et s’enroulaient suivant leur nervure princi- pale. Cette affection se manifestant après les fortes pluies des 15, 16 et 17 juin qui avaient sévi dans cette contrée, et se trouvant nettement localisée sur chaque arbre à quelques branches seulement (la partie du rameau infé- rieure à la partie atteinte offrait une végétation normale), on avait cru voir tout d’abord un phénomène physiolo- gique résultant d’un défaut d'équilibre entre l'absorption de l'eau par les racines et l’évaporation de la vapeur d’eau par les parties malades des rameaux. Ce ne fut qu'après avoir reconnu que ces caractères correspondaient exactement à ceux qui sont indiqués par M. Prillieux dans son traité des maladies des plantes agricoles et des arbres fruitiers, sous la dénomination de maladie bactérienne du mürier, et après avoir constaté que cette maladie continuait à se développer sur d'autres rameaux restés sains jusque-là, qu'on appela sur elle l'attention des sériciculteurs. D'après M. Prillieux, cette maladie serait 11 même que celle qui fut constatée par MM. Boyer et Lambert dans des pépinières de Jeunes müriers, maladie due à une bac- térie qu'ils ont dénommée bacterium mori. Dans la région on l'appelle communément maladie des branches. Déjà aussi, M. Laurent de l’Arbousset avait signalé une maladie qui attaquait la feuille de mürier à Gonfaron (Var) et offrait des caractères paraissant correspondre à ceux dont l'énumération précède. L'année dernière cette affection atteignit de nouveau un grand nombre de müriers cultivés dans la vallée de la NT ne Dee te LA CET NE A 138 Durance, Et voici, à cet effet, le traitement qui a été préconisé dans la commune de Château-Arnoux pour enrayer le mal : « Dès que la maladie attaque un rameau, on coupe ce dernier à quelques centimètres au-dessous de la partie atteinte; puis on le brüle et on termine en badigeonnant la section de taille avec une solution de sulfate de fer à 45 0/0. » Les branches ainsi traitées ont développé dans le cou- rant de la même année de nouveaux bourgeons très vigoureux. Depuis, aucune trace de maladie n'a été cons- tatée sur ces arbres. Cette année-ci, le mal en question semble avoir pris, de très bonne heure, des proportions inaccoutumées; car il est difficile, en effet, de trouver depuis le commen- cement de mai un seul mürier ne présentant aucun rameau atteint. Jusqu'à présent néanmoins, le dommage causé n'est pas appréciable, mais il est à craindre qu'à l’avenir cette maladie prenne une grande extension; il en résulterait alors une perte très sensible pour les propriétaires de muüriers, la feuille ne pouvant être utilisée; en outre, la vie de l'arbre atteint pourrait être mise en danger (1). Le rythme dans la musique Qu'il s'agisse de l'aboiement du chien, du chant des oiseaux ou de la voix humaine, il y a deux choses bien distinctes à con- sidérer dans la musique vocale où instrumentale : la tonalité ou la hauteur du son et le rythme ou la mesure, la durée que l’on donne à chacun de ces sons. Le rythme est peut-être encore plus important que le ton; en effet, on ne peut pas jouer un morceau sans mesure, tandis que l’on peut fort bien composer un morceau de musique avec un seul ton, à la condition d'y mettre le rythme convenable. C'est le cas, par exemple, pour le tambour, la grosse caisse, les cymbales, le triangle et autres instruments rendant toujours le même ton : castagnettes, tambour de basque, etc. Bien souvent un chien, quand il aboie, donne constamment la même note; et cependant son aboiement constitue un véritable morceau de musique, au même titre que le chant des oiseaux, à notes variées où non. Il n'y a que le timbre qui diffère; mais le rythme, la mesure, la valeur de chaque note au point de vue de la durée est bien autre chose que le timbre, qui est simplement le caractère propre à chaque instrument, à chaque animal, à chaque individu, C'est le timbre différent qui fait que la clarinette donne un autre ton que le hautbois, ou que la voix de tel chanteur ne res- semble pas à la voix de tel autre. Sans le rythme, le tambour ne pourrait pas jouer un morceau de musique; grâce au rythme, au contraire, il donnera la marche, l'assaut, la retraite, etc.; il fera des ra et des fla plan, plan; rataplan, plan, plan, etc. Le rythme, à lui tout seul, permet de jouer un morceau à 3 temps, de plusieurs façons différentes, tout en conservant tou- jours les mêmes notes. Ainsi, la valse si connue de Robin des Bois ne se ressemble pas du tout, suivant qu'on tient compte ou qu'on ne tient pas compte des liaisons. On sait qu'elle se compose de triolets réunis 2 à 2; et cependant elle est à 3 temps. Il semble qu'elle ne devrait être qu'à 2 temps, et pourtant on pourrait la jouer à 2 temps, à 3 temps, à 4 temps et à 6/4, en tenant ou en ne tenant pas compte des liaisons. Je ne dis pas que l’on obtiendrait autant de morceaux différents, car ce serait : ran, (1) D'après une communication de M. Th. Ruitre, maître chargé de cours à l'Ecole pratique d'agriculture d'Oraison (Basses-Alpes). LE NATURALISTE QE exagérer les choses ; mais je dis que l’on obtient deux morceaux tout à fait distincts, si on la joue à 3 temps, en tenant et en ne tenant pas compte des liaisons. Avec les liaisons, le morceau revêt un caractère harmonieux, que l’on ne retrouve dans aucun autre; précisément parce que, dans aucun autre morceau connu, on n’a eu l’idée de faire ces liaisons régulières. Or, ces liaisons lui donnent un caractère de balancement tout particulier. C’est au point qu'il devient alors difficile, à un profane, de le battre en mesure, parce que la liaison déroute tout à fait la mesure. Alors que, dans certains morceaux, la mesure est si nette que les petits enfants se mettent instinctivement à la battre sans en avoir conscience en tressautant en cadence, alors que dans cette valse, en retirant la liaison, la mesure apparait comme partout ailleurs, au contraire, en la jouant comme elle est écrite, avec la liaison voulue par l’auteur, la liaison brouille complètement la mesure, à moins que l’on n'ait l'oreille suffisamment exercée pour la rétablir. Évidemment, le musicien qui a sa partition sous les yeux n'a pas de peine à la battre, surtout à 3 temps; mais l'auditeur non prévenu éprouve une réelle difficulté à s'y reconnaitre, à cause de la liaison. Cela tient à ce que, dans un-triolet, on appuie ordinairement sur la première note; dans une mesure à 3 temps composée de 6 croches, on appuie sur la première, sur la troisième et sur la cinquième. Tandis qu'ici, à cause des triolets et de la mesure à 3 temps, on ne peut pas appuyer sur la troisième. On appuie encore sur la première, mais on ne peut plus appuyer sur la cinquième; ef, ce qui est bien plus fort, on appuie sur la qua- trième ! La vérité est que, si l’on n’appuyait que sur la première et la quatrième croches seulement, le rythme ressortirait à une mesure à 2 temps. La mesure à 3 temps, dans ces conditions, donne en réalité deux forts appuis, deux appuis secondaires el deux muettes, c'est-à-dire deux notes que l'on pourrait presque passer sous silence sans modifier le morceau, la deuxième et la sixième, sol, mi-la-sol, etc. Voilà ce que produit une liaison à contre-temps dans une mesure à 3 temps. Je dis à contre-temps, puisque la liaison se fait à la moitié du second temps, c’est-à-dire au bout d'un temps et demi ou de trois croches. J'ai entendu jouer bien des fois cette valse, et je dois dire que généralement on commet la fâute de ne pas faire assez ressortir la quatrième croche, sous prétexte qu'il y à une liaison. Si l’au- teur avait voulu marquer une aussi faible note à la quatrième croche, il aurait réuni les six croches par une seule barre, au lieu de les réunir trois par trois, à l’aide de deux barres, dans chaque mesure. C’est une pure question de nuances. Sans doute, il faut tenir compte de la liaison, mais il ne faut pas jouer le morceau comme si les six croches étaient réunies par un trait unique. Weber savait parfaitement ce qu'il faisait en mettant deux traits pour composer ses triolets et en mettant une liaison entre chaque triolet. Il voulait dire : frappez la quatrième note à contre-temps, mais ne la frappez pas trop fort; mais surtout ne glissez pas dessus, appuyez, sans tomber dans les excès con- traires, en frappant fort ou en glissant légèrement. Il en est de cela comme des dièzes et des bémols. Sur le piano, le ré dièze et le mi bémol sont la même note; et cepen- dant tous les musiciens savent bien que ce n’est pas la même chose, et que ce sont là deux notes différentes. Les naturalistes, les physiciens savent qu'il y a la différence d'un comma entre le ré dièze et le mi bémol; de sorte que, au point de vue scientifique, le ré dièze est plus bas que le mi bémol. Les musiciens, au contraire, les chanteurs surtout, croient devoir faire ie ré dièze plus élevé que le mi bémol! Cela tient à ce que, pour éviter de faire un ré naturel, ils élèvent le ré dièze tant qu'ils le peuvent ; au contraire, pour éviter de faire un mi naturel, ils baissent le mi bémol de toutes leurs forces. Ils pèchent par excès, dans la crainte de pécher par défaut; on ne peut pas leur en faire un crime. Toutefois, il est bon de savoir qu'ils se trompent et que le mi bémol doit étre au contraire moins bas que le ré dièze. De même aussi les instrumentistes, dans la valse de Robin des Bois, ont généralement le tort de ne pas appuyer assez sur la quatrième note de chaque mesure, sous prétexte de la liaison. Dr Boucox. LE NATURALISTE 139 LES COMÉDIENS DE LA NATURE La vie des animaux peut se résumer en trois fonctions principales : 1° manger; 2° se reproduire; 3° se défendre de ses ennemis. Cette dernière fonction est certainement celle qui leur donne le plus de mal, surtout quand elle doit se manifester d'une manière active, c'est-à-dire par des luttes sans relâche, Heureusement pour eux, la Nature, toujours fidèle à ses tendances économiques, à donné à certains d’entre eux des moyens de défense pas- sifs, bien faits par conséquent pour ménager leurs forces, et cependant des plus efficaces. Ces moyens passifs ont été réunis sous la dénomination de Müimétisme (de yiuoe, comédien), mot qui veut dire que les animaux imitent le milieu dans lequelils vivent ou copient la forme d’autres animaux où d'objets extérieurs : tous ces procédés con- tribuent à dissimuler l'animal; on va voir par les exemples que nous allons citer qu’ils sont fort curieux. L'un des exemples les plus connus de mimétisme nous est fourni par un insecte de l'ordre des orthoptères, la Phyllie feuille sèche, habitant des régions tropicales, Cet insecte, qui vit sur les arbres, à une forme aplatie et ova- laire. Les ailes, étalées à plat sur le dos, figurent abso- lumient une feuille, portant comme celle-ci une nervure médiane longitudinale et des nervures latérales ramifiées et anastomosées. Lorsque l'animal est posé au milieu des feuilles, il est impossible de le distinguer du feuil- lage. Non moins curieux que la Phyllie est le Collima, papillon de Sumatra. Wallace, qui s’est occupé d'une manière toute spéciale du mimétisme, en donne la des- cription suivante : « Les ailes sont, en-dessus, d'une riche couleur pourprée variée de cendré. En travers des ailes supérieures s'étale une large bande d’un orangé éclatant, ce qui rend cette espèce très apparente quand elle vole. Cette espèce n’est pas rare dans les bois secs et fourrés, et je me suis souvent efforcé d’en capturer sans succès; Car, après avoir parcouru en volant une courte distance, le papillon entrait dans un buisson, parmi les feuilles mortes, et, quel que fût mon soin à trouver sa place, je ne pouvais jamais la découvrir, à moins qu'il ne partit à nouveau pour disparaitre bientôt dans un endroit semblable. A la fin, je fus assez heureux pour voir l'endroit exact où s'était posé le papillon; et, bien que je l’eusse perdu de vue pendant quelque temps, je découvris qu'il était fermé devant mes yeux, mais que, dans cette position du repos, les ailes ainsi fermées, il ressemblait à une feuille morte attachée à une petite branche, de facon à tromper certainement même des yeux attentivement fixés sur lui. J'en ai capturé plusieurs spécimens au vol, et j'ai été à même de comprendre comment cette merveilleuse ressemblance se produisait. Les ailes supérieures sont terminées à leur extrémité par _une fine pointe, exactement comme celle des feuilles de beaucoup d'arbres et d’arbustes des tropiques; les ailes inférieures, au contraire, sont plus larges et terminées par une queue large et courte. Entre ces deux pointes court une ligne courbe et sombre, qui représente exac- tement lanervure médiane de la feuille, et d’où rayonnent de chaque côté des lignes légèrement obliques qui imitent fort bien les nervures latérales. Ces lignes se - Yoient plus elairement sur la partie externe de la base des ailes et sur le côté interne vers le sommet et vers le milieu, Elles sont produites par des stries et des marques tres communes chez des espèces voisines, mais qui Sont modifiées et renforcées, de manière à imiter plus exac- tement la nervulation des feuilles, La teinte de la face inférieure varie beaucoup, mais elle est toujours de cou- leur grisâtre ou rouge comme celle des feuilles mortes. Cette espèce a l'habitude de rester toujours sur une petite branche, parmi des feuilles mortes ou serrées, et, dans cette position, les ailes fermées et pressées l’une contre l’autre, elle présente exactement l'aspect d’une feuille de grandeur ordinaire, légèrement arrondie et dentée, La queue des ailes forme une tige parfaite et touche la branche, pendant que l’insecte est supporté par les pattes du milieu que l’on ne peut remarquer parmi les brin- dilles qui l'entourent. La tête et les antennes sont dis- posées entre les ailes de facon à être cachées comple- tement; et une petite entaille, pratiquée à la base des ailes, permet à la tête de-se retirer suffisamment. Ces divers détails se combinent pour produire un dégui- sement si complet et si merveilleux, que tous ceux qui l’'observent en sont étonnés, et les habitudes de l'insecte sont telles, qu'elles utilisent toutes ces particularités en les rendant profitables, et cela de manière à ne laisser aucun doute sur ce singulier cas d'imitation, qui est cer- tainement une protection pour l'insecte. La fuite rapide est suffisante pour le sauver des ennemis qu'il rencontre dans son vol, mais s’il était aussi visible lorsqu'il s'arrête, il n'échapperait pas longtemps à la destruction, à cause des attaques des reptiles et des oiseaux insectivores qui abondent dans les forêts des tropiques. » Personne ne pourra nier après cette description que le mimétisme du Collima soit grandement favorable à sa conservation. Cette ressemblance entre les ailes et les feuilles se rencontre aussi d'une manière très évidente chez les Ptérochrozes et les Lasiocampes. Dans nos pays, on trouve fréquemment dans les buis- sons une chenille de couleur brune munie de pattes seu- lement à l'extrémité antérieure (vraies pattes) et à l'extrémité postérieure (pattes membraneuses). Lors- qu’elle marche, cette chenille se fixe par ses pattes de devant et, recourbant son corps, elle amène près de celles-ci ses pattes de derrière. Les pattes membraneuses s'accrochant au support, le corps s’allonge et va de nou- veau fixer un peu plus loin ses pattes antérieures pour recommencer le même manège. La chenille a ainsi l'air de mesurer le terrain qu'elle parcourt ; c’est pour cela qu’on lui a donné le nom de chenille arpenteuse. Vient- on à secouér légèrement la branche où se trouve une de ces chenilles, aussitôt celle-ci se campe solidement sur ses pattes postérieures et, raidissant son corps, elle le dirige obliquement par rapport à la branche et reste immobile. A la voir ainsi dressée, on la prendrait absolument pour une petite branche; ses ennemis s’y trompent certaine- ment, car la ressemblance est si grande que, même lors- qu'on connait la présence de la chenille, — je l'ai maintes fois constaté, — il est difficile de la découvrir. Un grand nombre d'Orthoptères sont très allongés et ressemblent à des morceaux de bois, Voici quelques renseignements donnés par M. L. Gérardin sur ces « bâtons qui marchent ». I1y a des Phasmides, les cyphocrânes par exemple, qui atteignent jusqu'à vingt-sept centimètres de lon- eueur ; aussi produisent-ils invariablement une très vive impression sur ceux qui les observent, Cette impression 140 LE NATURALISTE se trouve traduite dans le nom qui leur a été donné (géoua signifie spectre ou fantôme). Les espèces du genre phasme qui représentent les types de la famille offrent des couleurs très hariolées. Elles vivent dans l'Amérique du Sud et dans les iles de la Sonde; celles du genre cyphocrâne sont aussi originaires des îles de la Sonde ; pourtant Westwood en signale une qui vivrait au Congo. Les Bacilles (de bacillus, baguette) ont le corps sec, sans ailes ni épines, des antennes filiformes et des pattes courtes. Le spectre de Rossi est une des rares espèces européennes. Ce « bâton qui marche » habite l'Italie et le midi de la France. Les Bactéries (Baxrnpia bâton), très voisines des Bacilles comme forme, sont aussi des Phasmides sans ailes. Leurs espèces extrêmement nombreuses se rencontrent sur tous les continents dans les parties chaudes. Le Bacteria arumatia à pour patrie la Guadeloupe et l'Amérique inter-tropicale; elle simule avec la plus rare perfection une longue branche d'arbre. La Diapheromera femorata est très commune aux Etats- Unis. On l’appelle « cheval dela sorcière » dans le Mas- sachusetts ; « alligator des prairies » dans d'autres Etats. Cet animal peut être exactement comparé à une paille animée, Lorsqu'aurepos son corps grêle est accolé à la tige d’un arbuste, lorsque ses pattes serrées contre le corps s'étendent en avant de la tête, il est matérielle- ment impossible de remarquer sa présence. L’œil le plus percant ne saurait le distinguer. Au réveil, la paille s’agit, les antennes frémissent, la bête s'éloigne rapide- ment avec ses pattes en aiguilles à tricoter. Si c’est une femelle chargée d'œufs, le spectacle est fort intéressant, car l’animal se hisse en se déhanchant d’une facon véri- tablement burlesque, craignant probablement de perdre l'équilibre malgré la grande surface d'appui que lui four- nissentses pattes écartées. Le Diapheroma denticrus habite le Texas méridional ; la longueur de sou corps dépasse souvent quinze centimètres. Il est moins fluet que le pré- cédent, mais aussi curieux à étudier au point de vue qui nous occupe. D'autres espèces, plus bizarres, plus caractéristi- ques si possible, vivent sous des cieux plus brülants. Leur corps est d’une extrôme ténuité, renflé seulement aux attaches des membres. Au Mexique, c’est le Phano- cles qui mesure près de trente centimètres de longueur ! Que dire de la femelle du spectre à pattes épineuses, le Phibalosoma acanthopus, qui réside à Java et qui est com- plèment dépourvue d'ailes, ou de la femelle également aptère de la Bactérie auriculée, Phibalosoma phyllo- cephalura, qui vit dans les solitudes de l’intérieur du Brésil? Elles comptent toutes deux une quarantaine de centimètres de long sur trois ou quatre millimètres de large ! Ce sont là de véritables bâtons, ou plutôt de grèles fétus marchant, minces branches, sèches et cassantes, perdues au milieu des végétaux qu'elles imitent aussi bien dans leur forme que dans leur coloration! La Phi- balosoma phyllocephalura porte à la tête une paire d’ap- pendices fort remarquables qui s’étalent comme des oreilles de chauve-souris, et son dos est muni, juste entre les deux paires de pattes postérieures, d’un aiguillon puissant dirigé vers le haut. Ces longues bêtes sont d'une extrême indolence, malgré les ressemblances protectrices qu'elles offrent à un si haut degré: leur timidité est très grande. La nuit seulement elles osent brouter les feuilles des taillis et des buissons qui les cachent à tous les Yeux. Le jour elles restent plongées dans un profond sommeil, gardant une immobilité par- faite ; le vent sud les agite, mais sans les réveiller. Toutes les formes de Phasmides que nous avons men- tionnées jusqu'ici ressemblent à de simples baguettes plus ou moins nues et régulières ; il y en a d’autres qui offrent sur le corps des expansions foliacées d'un effet véritablement étonnant. On croirait voir tantôt un rameau portant ses feuilles, — c’est le cas des Céroys du Nicaragua, — tantôt un fragment de tige avec des taches de lichens entremélées d'épines, — c’est celui des Hétéroptéryx recueillis et étudiés par Wallace à Bornéo. Les papillons de nuit vivent pendant le jour accrochés aux écorces des arbres. On sait que la teinte des ailes étalées de ces insectes est toujours de couleur brune, comme celle des écorces, et que, de plus, elles présen- tent comme elles des marbrures plus ou moins nettes. Signalons aussi un poisson d'aspect très étrange, le Phylloptéryx chevalier, dont le corps verdâtre, à l’appa- rence décharnée et pourvu de nombreuses banderoles irrégulières, se confond absolument avec les algues connues sous le nom de fucus, au milieu desquelles 1l vit. Les exemples analogues abondent : citons encore le Gastropaca quercifolia qui ressemble à des feuilles mortes, les papillons appelés Lichénés qui ressemblent aux lichens sur lesquels ils vivent posés, les Cryptorynchus du Brésil qui figurent les bourgeons des plantes sur les- quelles on les trouve, les Chlamys que l'on prendrait pour des graines, etc. | Une autre série de faits relatifs au mimétisme nous est fournie par des êtres inoffensifs ayant l'aspect d'un autre être dangereux. Ce sont là les exemples les plus frappants du mimétisme, car les êtres qui se miment ainsi sont d’une organisation très différente de ceux dont ils prennent le masque. De plus, ce n'est pas là seule- ment une ressemblance fortuite comme on pourrait en trouver entre des êtres pris en des points différents du globe, car les espèces dont il s’agit ici habitent les mêmes régions et souvent partagent la même vie. Il y a en outre ce fait général que l'espèce-copie est toujours moins abon- dante que l'espèce dangereuse. Il est de toute évidence que les êtres inoffensifs bénéficient de la crainte ou de la répulsion qu'inspirent dans le même lieu les espèces qu'ils imitent,. Dans l'Amérique du Nord existe un magnifique papillon de jour du groupe des Héliconides : c’est l'Ithomia Ilerdina. Ces papillons ont de grandes ailes décorées de briliantes couleurs; mais ils exhalent une odeur repoussante provenant d’une liqueur fétide qui suinte de leur corps. Par suite, le goût de leur chair doit être très désagréable; etles oiseaux connaissent sans doute cette particularité, car ils ne s’attaquent jamais à eux : on chercherait vainement dansles forêts des débris de ces papillons. Dans les mêmes forêts existent aussi d’autres papillons appartenant à un groupe très diffé- rent, celui des Leptalidés (Leptalis Theonæ). Les pre- miers possèdent trois paires de pattes, tandis que les seconds n'en ont que deux paires bien développées: mais, malgré cette différence anatomique et quelques autres assez peu importantes, leur ressemblance exté- rieure est tellement remarquable qu'elle a trompé au début des naturalistes cependant très exercés, tels que Wallace et Bates qui confondirent pendant quelque temps les espèces des deux groupes. Or, les Leptalidés n'exhalent aucune odeur répugnante et, à cause de leurs couleurs brillantes, deviendraient bientôt la proie des nds Été » LE NATURALISTE 141 oiseaux. Grâce à leur ressemblance si remarquable avec les Héliconides, ils sont dédaignés par les oiseaux, qui ne peuvent établir la distinction. D'autres fois, c'est l'un des sexes seulement qui est mimé : ainsile Diadema misippus femelle est fétide comme le Danais chrysippus; le mâle ne l’est nullement. Et l’on voit que c’est précisément le sexe le plus utile à la con- servation de l'espèce qui est pourvu de protection : le mâle, une fois son rôle rempli, peut mourir; la femelle doit au contraire subsister pour laisser muürir les œufs et effectuer la ponte. Un autre insecte orthoptère de nos pays, le Condiglo- dera, est inoffensif, mais ressemble à un insecte coléop- tère très carnassier, dont il partage l'habitat dans les terrains sablonneux d’une bonne exposition au soleil. Dans nos régions on rencontre aussi un grand nombre de papillons, en particulier du genre Sésie, qui ressem- blent d'une manière étonnante à des abeilles ou à des guëpes : ce n’est pas sans une certaine appréhension qu'un naturaliste même expérimenté les saisit avec les doigts. : De même les mouches du genre Eristale, abondantes en été sur les fleurs, ressemblent à s'Y méprendre à des abeilles et bénéficient sans aucun doute dela terreur que celles-ci inspirent à leurs ennemis grâce à l'aiguillon dangereux dont elles sont pourvues. : Un cas plus extraordinaire de mimétisme défensif par terrification est celui des papillons brésiliens du genre Caligo. Dans leur position normale de repos, la tête en bas, ces animaux ressemblent à s’y méprendre à une tête de chouette vigilante, les veux grands ouverts; le mimétisme est si extraordinaire que les taches ocellées des ailes reproduisent non seulement l'œil de la chouette, mais encore la tache lumineuse qui se produit normale- ment sur la cornée. Nul doute que cette apparence terri- fiante écarte de l'inoffensif papillon endormi les petits oiseaux carnivores qui, sans cette protection, en feraient infailliblement leur proie. (Le Dantec.) Le cas de mimétisme le plus remarquable par son uti- lité est peut-être celui des mouches du genre Volucelle,qui ressemblent tellement aux bourdons, au milieu desquels elles vivent, que ceux-ci les prennent pour des insectes de la même espèce et se laissent duper par eux. Les Volucelles, en effet, sous le couvertde leur déguisement, pénètrent dans les nids des bourdons sans être recon- nues et déposentleurs œufs au milieu des provisions que les bourdons accumulent pour leur progéniture, Un peu plus tard, les larves des mouches sortent et profitent de cette nourriture, aux dépens des jeunes larves de bour- dons qui en sont les légitimes propriétaires. Dans l'Amérique méridionale, beaucoup de serpents inoffensifs copient fidèlement d’autres serpents, les Elaps, par exemple, qui sont extrèment dangereux. D’après M. Ph. Francois, dans les récifs du corail des Nouvelles- Hébrides, on trouve un poisson de groupe des Muré- nides qui cohabite avec un Elaps dangeureux et lui res- semble étonnamment. Le savant Bates raconte qu'au Brésil une grande che- nille lui causa une certaine frayeur par suite de sa res- semblance avec la tête d’un serpent venimeux. On peut dans nosrégions faire des observations analogues. C'est le cas notamment d’une chenille, le Chærocampa elpenor, qui possède de chaque côté du premier et du deuxième segment abdominal de larges taches semblables à des yeux qui r’attirent pas l'attention quand l'insecte est au repos. Mais que la chenille vienne à être effrayée, immé- diatement la tête rentre dans le corps, en même temps que les taches en question donnent à la partie antérieure l'aspect d'une tête de serpent. La simulation est si bien faite qu’on retire vivement la main quand on veut la saisir, Les animaux en sont aussi effrayés. Poulton raconte qu'il offrit une chenille de cette espèce à un lézard vert bien développé. Le lézard ne savait trop s'il devait attaquer la chenille qui avait pris une attitude agressive. Il s’avança bravement; mais, effrayé tout à coup, il revint en arrière. Ce manège se renouvela plu- sieurs fois; néanmoins, à chaque tentative, il appro- chait un peu plus de la chenille. Encouragé par ’immo- bilité de celle-ci, le lézard porte une dent timide dans ce qui paraissait être la tête de la chenille. Epouvanté de son audace, il recula vivement ; mais voyant que l’insecte ne répondait pas à ses attaques, il s’avança avec résolution et risqua un coup de dent plus énergique. Après quelques morsures données avec les mêmes précautions, le pusillanime lézard s’apercut enfin qu'il n'avait rien à craindre et se mit à dévorer la chenille. La chenille du Dicranina vinula offre un phénomène analogue. Effrayée, elle gonfle sa tête, et deux taches noires qu'elle porte lui donnent un aspect terrifiant. Henri COUPIN. DESCRIPTION DU CRABIER CRABIER DES MONTAGNES OU CRABIER DES BOIS Nycticorax Violaceus (Linnée). Ardea Violacea (Wilson). OISEAU PRIS AUX ENVIRONS DE SAINT-PIERRE (MARTINIQUE) Un blanc pur couvre le front et tout le dessus de la tête, quelques plumes de cette même couleur finissent en pointe au delà du vertex et peuvent se relever en huppe. Le reste de la tête et la gorge sont d'un beau noir qui descend en pointe en arrière du cou; il en sort quelques plumes noires et longues d'environ dix centimètres, qui succèdent aux blanches de l'oc- ciput; elles sont un peu plus courtes et aussi étroites. Au-dessous de l'œil se trouve une bande blanche qui finit près de l'occiput. Le cou est d’un cendré bleuâtre et le dessous du corps un peu plus pâle. Cette même teinte colore le manteau où toutes les plumes portent une raie noire le long de leur tige. Quelques plumes très étroites partent du milieu du dos et dépassent la queue de quelques centimètres ; une bande égale- ment noire se trouve le long de leur tige. Le croupion est ausst bleu cendré. Les rémiges sont d'un noir bleuâtre et les couvertures supé- rieures de la même teinte que le manteau; la barbe externe est cendrée: les couvertures supérieures des rectrices sont de cette même teinte, mais les inférieures sont grises. Pattes d'un jaune päle; le devant du tarse et des doigts porte une légère teinte noirâtre. Bec noir et très robuste, du blanc au-dessous de la mandibule inférieure. Iris rouge. Le jeune ne porte pas de calotte blanche, celle-ci n'apparaît qu'avec l’âge; son plumage est d'un brun roux. Cet oiseau se nourrit d'écrevisses, de petits poissons de rivière et surtout de crabes qu'il rencontre sur les bords des cours d’eau. Son cri est rauque et fort. Jen ai conservé un en volière pendant plus de six mois; devant partir en voyage, j'ai dû l'empailler et il doit figurer dans une collection d'oiseaux de la Martinique que j'ai envoyée à RE RS PR ES SE AR RE ET M ITR EE RER PR RER DER RER RER RES EL ER RAS de LE CRE DEEE CEE CCE RCE ONE CR PER 142 LE NATURALISTE l'Exposition universelle de 1900. D'abord farouche, ils’y habitua ensuite et venait prendre sa nourriture dans mes mains. Lorsque l'oiseau veut manger un crabe, il le saisit par une des pinces et secoue vivement afin de la détacher du corps de l'animal; il en fait de même pour l’autre pince et pour les pattes; lorsqu'il les a toutes ainsi enlevées, il se redresse et frappe d'un vigoureux coup de bec la carapace qui saute en morceaux ; l'Ardea violacea saisit alors le corps qu'il avale aussitôt. Quoiqu'il soit assez rare, ce petit héron parait étre sédentaire à la Martinique. Édouard Tours. NOTICE SUR DEUX VARIÉTÉS INÉDITES du PARNASSIUS APOLLO Apollo Ober. Inversa AUSTAUT. Parn. Apollo Var. Eiffelensis AUSTAUT. Parn. Le Parnassius Apollo est une espèce très variable et cette cir- constance résulte ‘sans doute de deux causes principales : la première, c'est que ce Parnassius est celui qui a été le mieux observé par les entomologistes des différents pays; la seconde, c'est qu'étant répandu pour ainsi dire sur la surface du territoire paléarctique tout entier, il doit nécessairement subir l'influence d'une extrême variabilité de milieux. Aussi connait-on aujour- d'hui d'assez nombreuses variétés d'Apollo régulièrement ins- crites dans la nomenclature, telles sont : Variété Hesebalus, Alph. ; _— Transhaicalensis, Ster.; — Mongolica, Ster.: — Uralensis, Oberth. ; — Graslini, Oberth. ; — Siciliæ, Oberth. ; : Aber. Wiskitli Hon. Variété Nevadensis, Oberth ; Aber. Brillingeri, Rehf. Mais toutes ces variélés ne sont pas également bien caracté- risées et n'offrent pas, par conséquent, le même intérêt. Ainsi les variétés Transbaicalensis, Uralensis et Graslini ne diffèrent pas très sensiblement de la forme Hesebalus qui, du reste, est elle-même assez variable. La V. Siciliæ, du moins dans sa forme sexuelle femelle, la seule que nous connaissions, ne s'éloigne guère de l'Apollo typique: il n'en est pas de même de la variété Mongolica qui a un aspect bien spécial, ni surtout des aberrations Wiskitti et Brittingeri qui représentent certaine- ment des fermes extrêmes de la variabilité de l'espèce. Cette aberration Brittingeri constitue un cas de mélanisme fort curieux constaté chez les Apollo femelles qui habitent les montagnes des environs de Styr en Australie. Nous lui opposons une forme albinisante sous le nom d'Inversa, qui est entièrement semblable à l'insecte que M. Standfuss à représenté, planche 1, fig. 5, de son travail qui a pour titre : Experimentelle Zoolo- gische Sludien et qui avait été obtenu artificiellement en sou- mettant des chrysalides d'Apollo à une température relativement élevée. Cet exemplaire, quoique du sexe femelle, offre les carac- tères et l'aspect général d'un mâle ordinaire, d’une tonalité même trés claire. Celui que nous possédons et qui est originaire des Alpes du nord de l'Autriche est identique à celui du D' Standfuss, sauf qu'il est plus grand et que ses ocelles très développés sont largement pupillés de blanc. L’aberration dont il s'agit se rencontre, paraït-il, accidentellement dans son lieu d'origine, probablement pendant les années chaudes. La seconde variété inédite d’Apollo est celle que nous désignons ici sous le nom d'Eiffelensis. Elle est spéciale aux montagnes des environs de Kaisereck, dans la région connue sous le nom d’Eiflel. Cette race particulière est petite, avec la coupe des ailes plus courte ou plus large, et tous les dessins, notamment les bandes prémarginales, bien accusés en noir. Le mäle est blanc, sans semis atomique très appréciable à la base des premières ailes et avec le lavis basilaire des ailes posté- rieures très réduit. La bande marginale est plus courte et plus étroite que celle de Apollo typique, mais aussi beaucoup plus chargée d’écailles obscures, ce qui la fait paraitre noirâtre. Les ocelles sont bien cerclés de noir, carminés et largement pupillés de blanc. Les quatre taches basilaires du dessous sont très petites, et les deux plus basses manifestent une fendance à l'oblitération. La femelle de cette variété est d’une teinte très jaunâtre. La base de ses ailes est peu chargée, elle diffère de l’autre sexe par ses prémarginales plus amples, mieux écrites et par ses marginales obscures, noirâtres qui entourent entièrel ment d'une manière très continue et comme d'une bande étroite la marge des quatre ailes. Cette variété par son aspect général diffère sensiblement de la: forme ordinaire d’Apollo et mérite, pensons-nous, de porter un nom distinct. AUSTAUT. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 28 mai 1900. Les Lémuricns subfossiles de Madagascar (Guil- laume GranniniEr). — les Lémuriens dont les ossements ont élé, jusqu'à ce jour, trouvés à Madagascar à l'état subfossile sont les : Megaladapis madagascariensis (Forsyth Major). — Megala- dapis Fitholi (Guillaume Grandidier). — Peloriadapis Edwardsi (G. G.). — Propilhecus Verreauxi (espèce encore vivante). — Paleopropithecus ingens (G. G.). — Lemur intermedius (Henri Filhol). — Lemur insignis (H. F.). — Bradylemur robustus (G. G.). — Bradylemur Baslardi(G. G.). — Dinolemur Grevei (H. K.). — Lophiolemur Ediwardsi (H. F.). — Nesopilhecus Roberli (F. M.). — Thaumaslolemur Grandidieri (H. F.). — Archæolemur Majori (H. F.). — Archæolemur robustus (G. G.). — Globilemur Flacourti (F. M.). — Paleochirogalus Jullyi (G. G.). Sur le rappel à la vie obtenu par la compression rythmée du cœur (Turrien et Iarrion). — Les auteurs ont tenté avec succès un rappel à la vie momentané obtenu par la compression rythmée du cœur. « Un homme de vingt-quatre ans, opéré depuis quatre jours pour des accidents aigus d'appendicite, présentait des suites opératoires normales, lorsqu'il fut pris d’une syncope. Ayant constaté la cessation absolue des battements du cœur, nous fimes d’abord de la respiration artificielle, combinée avec des tractions rythmées de la langue. En présence de l'insuccès de ces tentatives, l'un de nous fendit le troisième espace intercostal, décolla le péricarde, el, saisissant la masse ventriculaire, il pratiqua sur elle 60 à 80 compressions rythmées. Les pulsations artérielles devinrent alors perceptibles et le patient ouvrit les yeux, remua la tête, regarda autour de lui, reconnut son médecin ; mais, au bout de deux ou trois minutes, le pouls faiblit, puis s'arrêta de nouveau et ne reprit que sous l'influence de nouvelles compressions rythmées. Ce résultat ne fut d'ailleurs que de courte durée, et, malgré un troisième essai, il fut impossible de rappeler le malade à la vie. » L’autopsie montra qu'il y avait un caillot dans la branche gauche de l'artère pulmonaire. Cette lésion a suffi sans doute pour empêcher que la vie se maintint, de sorte que le réveil passager obtenu dans cette circonstance reste encourageant, sans que l'échec final défende d'espérer un meilleur succès dans des conditions moins défavorables. LIVRES NOUVEAUX Anatomie et physiologie végétales, par Er. BeLzunG (1). Les précédents ouvrages de M. Belzung, destinés aux lycées et collèges : Cours élémentaires de Zoologie, de Géologie, de Botanique, Anatomie el physiologie animales, Notions de Paléon- lologie, de Géologie, sont bien connus et depuis longtemps appréciés des professeurs et des élèves, grâce à leurs qualités de méthode, de clarté et d'élégance, L’Analomie et physiologie (1) 1 fort vol. in-80 de 1328 pages, avec 1700 gravures dans le texte. Prix: 20 fr. 85 franco. ee EN GS 69 PRE 9 Le ee [Ye mes Um Er) ES EPS E L9 D Pme PI ELISA LES NIV SES TOI ET RCIP EST EE REEES SERRES TEESETES SERRES EEE EEE IENCENR SENS SES LE NATURALISTE 143 végétales du même auteur recevra, nous en sommes persuadés, le même favorable accueil, Nous signalerons principalement les chapitres relatifs à la Cellule végétale, à la Nutrition, à la Reproduction et à la Fructification, aux Bactériacées. L'étude de ces dernières prend, chaque jour, une importance tellement croissante, surtout pour les espèces produisant les maladies con- tagieuses, qu'elle justifie pleinement l'étendue des développe- ments que l’auteur leur a consacrés. L'ouvrage est divisé en dix parties : I"° partie, la Cellule : — II° partie, les Tissus ; — IIIe partie, les Membres des végé- taux. La IV* partie est relative à la Croissance ; la V*, à la Nutrition ; la VI°, à l’Association. Dans la VIT: partie se trou- vent groupées les connaissances essentielles relatives au Mouve- ment et à la Sensibilité des plantes. La VIII traite de la Reproduclion et de la Fructification. Dans ces huit parties, l’auteur envisage plus spécialement les Plantes phanérogames. L'étude des Plantes cryptogames forme l'objet de la IX° par- tie. La X° est consacrée aux Fermentalions. L'ouvrage se ter- mine enfin par une esquisse des Caraclères généraux des plantes qui met bien en lumière l'Unité du règne végétal. 4 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DU DERMESTES UNDULATUS, BRARM COLÉOPTÈRE DU GROUPE DES DERMESTIDES Lorsque les cadavres des petits mammifères sont sur le point de disparaître, qu'il ne reste plus que la peau et les os, le Dermestes undulatus vient prendre sa part de ces derniers débris; mâle et femelle s’y rencontrent et s’accouplent par superposition, le mâle dessus; la dis- jonction des deux sexes accomplie, la femelle éparpille dans ces mêmes débris une vingtaine d’œufs dont l’éclo- sion aura lieu une quinzaine de jours après. Œuf. Longueur : 4 millim. 5; diamètre : 0 m. 8. Allongé, subcylindrique, blanc terne, lisse et luisant, à pôles arrondis, à coquille assez résistante. . La jeune larve se développe dans ce milieu nourricier, -et lorsqu'elle est parvenue au terme de son existence elle offre les caractères suivants : Larve. Longueur : 12 millimètres. Largeur : 2 milli- mètres. Corps allongé, noirâtre, à intersections segmentaires rougeâtres, couvert de soies inégales à base bulbeuse, convexe en dessus, un peu moins en dessous, à région antérieure arrondie, la postérieure subatténuée et biépi- neuse. Téte petite, carrée, noire, finement pointillée, couverte de courtes soies rousses sur le disque, plus longues sur les joues; épistoire grand, transverse; labre court, arrondi, échancré; mandibules triangulaires, à pointe noire et bidentée; mâchoires à lobe denté et noirâtre avec palpes dont les trois premiers articles courts moni- liformes, le terminal cylindrique; lèvre inférieure bilobée, avec palpes réduits, biarticulés; antennes à premier article annulaire, deuxième cylindrique, troi- sième grêle, quatrième avec court article supplémen- taire; ocelles au nombre de cinq disposés en deux ran- gées transverses. Segments thoraciques convexes, noirâtres, couverts de cils dirigés en avant sur le premier segment, qui est grand et aussi large que la tête, droits sur les deuxième et troisième, qui sont transversalement sillonnés. Segments abdominaux bien développés, fortement con- vexes, transversalement striés, garnis de rangées de soies inégales, couverts d'une plaque noire qui les recouvre complètement, neuvième terminé par deux épines à pointe rougeûtre ; pseudopode carné. Pattes courtes, latérales, rougeâtres, terminées par un court onglet noirâtre, acéré. Stigmates petits, orbiculaires, flaves, à péritrème noi- râtre. Quand les vers de Diptère ont fait disparaitre des ca- davres de mammifères ou d'oiseaux la masse charnue, quand les Sylphes, les Nécrophores ont puisé dans ces matières putrides, il ne reste plus que la peau et les os, les tendons et les plumes qui sont la part des Dermesles ; l’accouplement et la ponte se font sur le charnier même, et cela avec une rapidité telle que dans le cours d’un seul mois les larves sont arrivées au terme de l'accroissement et se transforment, Nymphe. Longueur : 7 millimètres; largeur : 3 milli- mètres. Corps oblong, allongé, subcoriace, blane jaunâtre, cou- vert de longues soies rousses, convexe en dessus, subdé- primé en dessous, arrondi à la région antérieure, la pos- térieure atténuée et biépineuse. La nymphe repose dans sa loge sous le couvert de sa dépouille larvaire; elle peut imprimer à son corps de légers mouvements défensifs; la phase nymphale a une durée de quinze à vingt jours. Adulte. N'est pas rare durant toute la belle saison sous les restes abandonnés des cadavres des petits mammi- fères, des oiseaux, des batraciens, des sauriens et des aphidiens ; il est très agile, se dérobe par la fuite, et comme tout ses congénères il se raidit au moment du danger et fait le mort. Capitaine XAMBEU. BIBLIOGRAPHIE 9. Eisen (G.). On the Blood-Plates of the Human Blood, with notes on the Erythrocytes of Amphiuma and Nec- terus. Journ. of Morphol. X, 1899, pp. 635-666, pl. XXV, XXVI. 40. Giard (A.). Sur l'adaptation brusque de l’Epinoche (Gasterosteus trachurus) Cuv. et Val. aux eaux alterna- tivement douces et marines. Soc. de Biol. (C. R.). 20 janv. 1900, pp. 46-48. 44. Gohran (H. S.). Descriptions of new Genera and Spe- cies of Coleoptera from South Afriaa, of the section Ser- ricornia, and of the families Erotylidæ, Endomychidæ and Langureidæ. 30 nouvelles espèces. Ann. Mag. Nat. History. Janv. 1900, pp. 11-94. 12. Gotch (F.). 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SUISSE CALE » 40 T : à ; pe — reticulatum. Allemagne: HN ANENNMEReRE 4 25 ane res NO qe ÉRCErR el Dr of the Tayra 0 “breviusculum Caucase re Re RCE 8 » as arbata) with notes on abnormally coloured = NE versmannti see nn Ne TE TETE 4 » « S 2 A 93h à : & Cechenus Pyræneus. Pyrénées..............:...%124 1 25 5 Ann. Mag. Nat. Hist: Janv. 1900, pp. 145-448; Procerus gigas. Croatie..." Lettris ÉSHDE Tao opur 1 25 28. Thomas (O.). A new Bat from the Key Islands. M Syracus Syrie rer en CNET 3 50 Rhinolophus achilles. — Audonini: Crimée. se 0 de Pen 10 » Ann. Mag. Nat. Hist. Janv. 1900, p. 145. — NSCabrosus lurquie.t Re HO AMPERES 4 29. Thomas (O.). New South-American Mammals. Procrustes coriaceus. France. .... jéssssseseseeetersee » 20 Canis sechuræ, p. 148. — Sciurus stramineus quyanus, _ V. rugifer. Transylvanie RAT anure Le Es AS PAT ee AND) p. 450. — Phyllolis gerbillus, p. 151. — Rhipidomys — V. spretus. Croatie... ee NE Eu MORE VE SES 1» venustus, p. 151. — Neacomys spinosus lenuipes, SE V. Bannaticus. Hongrie .................... 1» p. 153. — V.#Subrugosus: Turquie ec eee ee 1 » Ann. Mag. Nal. Hist. Janv. 1900, p- 148-153. — ASPETALUS ee met ua ee CE NET EE) . : d pi 1 rc L 30. Tornier (G.). Beschreibung eines neuen Chamaeleons. — Banoni. Grèce ner drteseeeesessersseres : » Zoolog. Anzeig. 8 janv. 1900, pp. 21-23, Megodontus Re Dalmatie RE RS DO ON éco 2 _ FOAtICUS BOSNIE... meer eee » 75 31. Wolterstorff (W.). Ueber Discoglossus pictus und ar ns Re 1 95 glossosiphonia algira auf Corsica RSR ete 0 à NO) Ta TPS R NE PSE e RO ae _ violaceus France. MINE EEE er » 30 Zoolog. Anxeig. 8 janv. 1900, pp. 23-21. _ MiMuülleri. Espagne. CCR IAE 3 » e — V.purpurescens. France... 222.PPerrrRr » 40 ZOOLOGIE — M:rcrenatus Allemagne 2" Let REC 1 » — V. cyaneolimbatus. Alpes...... .......... 4 » 32. Anglas (J.). Notes préliminaires sur les métamorphoses FR NpreudopoacensROISnE RS SE “ D internes de la Guépe et de l’Abeille. — La Lyocytose. Œ Ye SRE Ponee re 50 Soc. de Biol. (C. R.), 2 février 1900, pp. 94-96. Se NE coque SUR HET RS CB Ent à 0 0 à 50 Ex à — . Neesii. CS rene Ritter » 32 PORTE Bemerkungen über die Metamorphose _ V. Germari. ae SR PR REA de » 15 £ LTide : LR — V. azurescens. Croatie... ..: en eee DER 1 25 Ad Jahrbücher (System), XIL, 1899, pp. 385-402, Lamprostus Calleyi. Caucase 252 RU PCA 2 » Rue ! — V. nigrinus. Caucase oriental............. 2 50 34. Boulenger (G.-A.). Descriptions of the new species of Pachystus hungaricus. Hongrie. ..... ANR SE de 0 4 » siluroid Fishes from southern Brazil, — VW. viennensis-PAutriche: RCE Her SEE PAU 4 » rt Û & LE NATURALISTE 145 SD AO EE SN A GE D 1 Re À dt D Cavernosuss ltalle 5 cn Ce eten puces 1) —. V. Rothi. Transylvanie....................... DS e MONO TURQUIE 2. Releases ce RS) — V. Lippi. Banats en NN nn At | 25 — VÉVTamer. Caucase :orientals "+..." CR) ——.Bésterl Pologne de ae Et 20 2 50 Hadrocarabus V. brevis. Espagne..................... 2 50 — LE Sibericus Sibérie Ne M Ne À | Re 1 50 Se Méhelluo--HSpasne Reese resume 2:25 HS MONIVASUS. Hongrie... br nie ni ges Mesocarabus catenulatus. Grande-Chartreuse........... » 25 — : gläbratus!: France. z 4 “#5 ee e » 50 2 Vétoallicus MOsSses REP RACE Eee ee er » Tù mn UIONUCOlAMAIDES ie : L : 5. ; A = NAASOlUtUS VOS DES RAP ner er rennes 212) ee NEMOPAlS Trance... Le ri. Rae = Rossii. Italie................... SCOR 2.59 —. V. prasinotinctus.- Pyrénées... 3 op — Gentil: Caucase re enr eene rente 3 » ee Darbalisirance ci. ee es NU » Tà Chætocarabus intricatus. Normandie .,................ » 30 mr CDTI MOAUCASe » 15 — VS bohemicus-1Bohèmen 122" er » 60 ==" ÉWwapeticus. Caucase: 2... ARS LE VéliburnicussBohémesetec-ttus 0e » 60 —. guadarramus. Espagne ..... ... ET 1 95 = Vifaneustulus Banane 22e e.treute L » — Heydeni. Portugal. ce tn se le : : , | É à 3 e Platycarabus depressus. Alpes................. ..... » 7) — hortensis. France............. Marre Fa » 40 = V-Ponellh:Piémont.i...! ner RS rue » 60 — sylvestris, France 0. ET AN ss : ! ; » 40 — HAT ATDES tement sente ere: » T5 — V. Hopei. Crimée... PÉEN ET Tes 1 95 nn Creutzeri. Alpes.................... .... » 5Ù — . lombardus. Lombardie... .......:...:,..... on) Pseudocechenus irregularis. Alpes..,........... PRO » 25 —:_ Fairmairei. Mont Viso.:....... ..:........... ñ 50 Pseudocechenus V. Montandoni. Carpathes......... 0 4050 — Dievicornis eStyiie.s 1.00 ne | ù RU Plectes prometheus. Caucase.......................... 19% — V. Tyrolensis. FOR 0e En AE 2-"» Plectes Komarovi. Caucase........................... 1205 — : carinthiacus. Carinthie............... ........ À 25 Sphodristocarabus Bohemani. Arménie.......... na T0) =» latreillen: Suisseserteacene Sr Mt. D? 1 50 Chrysocarabus hispanus. France.................. so... D» 15 rs innel Oarpathess tr + rn » 25 = DUHIANS PYTÉNCES Ati or sciere 4 » — convexus. France... .......... .......... » 25 — V. perignitus. Rép. d'Andorre........... 8 » EN NAN VISA BOS Die ee 2 nn 0. CE) Es splendens: Pyrénées "ter... nn T0) _ aAUTONITENSe lTANCe se leu ere Re) em — AUÉPICRON. Lan rment memes se 1928 — V. cupreonitens. Normandie rs. tnt 3.5 — WVAESCheniAGarpathes reset » 50 An a : — V. festivus. pie A ee pe 2.50 OF FRES ET DEMANDES — V. punctatoauratus. Pyrénées........... » 80 _— Solieri. Alpes....... en tie. en 1:25 Hverocarabus variolosus. France...................... » 50 : Fe A us melancholicus.:Maroc...:.:.1...1.: 150 À vendre: Rhabdotocarabus V. ee PYRÉNÉCS RER te ae ee » 15 | Lot de Cassides européennes et exotiques | Eurycarabus morbillosus. Espagne ................. HSE >75 NN fe : RAS ee AE À | Fe nitens ArANCE Re cam est he ete ee » 50 65 espèces 156 exemplaires,2 cartons. Prix. 5Ofrancs. | Autocarabus auratus. France.......................... » 20 Lot de Carabiques européens : Harpalides, Féro- cr V:digericnius. France-............. HER a nides, Anchoménides, Bembidiides, 300 espèces | — MAMDICIDES AT ANCEZ Re » culs ne ent tele » 50 Sn lee ra 1oubles p cie : ke | — NAeniterÉrTance science 20 xemplaires, # cartons doubles, Prix. 65 francs. | Carabus stygius. oe y ee A ER 5 > Lot de Lamellicornes européens. 140 espèces, Ptetitalte Tyrol. à 60 | 500 exemplaires, ? cartons doubles. Prix. 45 francs. —. Si re SR TOR DR SG » à Lot de Malacodermes européens. 170 espèces, RENTE EMOLA LISE LANCE AA re a eme e nisie ere 25 g Does ca ne — NV. tuberculatus. Pologne... ... re Gene st le » 60 500 exemplaires, 8 cartons. Prix... 50 francs, | —, V,-excisus. Autriche.....................:.... » 5 Lot de Ptinides et Anobiides européens. 54 es. | — V. nigricornis. Styrie...,.... ...:..........:: » 50 pèces, 178 exemplaires, 2 cartons. Prix, 28 francs. AV Aemarcinatus. 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Autriche ........ RER ALU NE AE ER » 50 MEN ES NE |DENNIS PAUITICRE. 1e eeeleerae letter ie » 60 M icon A nriehe en e n enue. » 75 Le Gérant: PAuz GROULT. | — V.Iligeri. Autriche.......... TS Re Der asc l es) - ER — V. Burghanseri. Autriche............. SR EEE ES) PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, [7. 446 LE NATURALISTE A ——— me | ON DEMANDE PAR QUANTITÉ LES INSECTES CI-APRES DÉSIGNÉS We proposer que des Insectes frais et intacts) S'ADRESSER À LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes, RUE DU BAC, 46, PARIS Coléoptères. Zabrus gibbus. Silpha obscura. — nigrita. Meligethes æneus. Byturus tomentosus. Atomaria linearis. Anoxia pilosa. — villosa. Phyllopertha horticola. Anisoplia segetum. — agricola. — austriaca. Anomala ænea. — vius. Cetonia morio. — cardui. Anthaxia quadripunctata. Agrilus cyanescens. — tenuis. — augustulus. Agriotes lineatus. — sputator. Lacon murinus. Anobiums pertinax. Apate capucina. Sinoxylon sexdentatum. — muricatum. Xylopertha sinuata. Tenebrio molitor. Meloe variegatus. Scolytus destructor. — pygmæus. — intricatus. — rugulosus. — pruni. Hylesinus fraxini, — oleiperda. Hylurgus piniperda. —.. ligniperda. Hylastes ater. Tomicus typographus. — stenographus. — Jaricis. — bidens. Bruchus pisi. flavimanus. rufimanus. tristis. lentis. pallidicornis. nubilus. nchites betulæ. populi. betuleti. conicus. cupreus. bacchus. ion apricans. : craccæ. viciæ. flavipes. flavofemoratum. Dis oh — æneum. — tenue. \vorax. SNA EL a LAC | | A Le) violaceum. hæmatodes. pomonæ. Cneorhinus geminatus. Brachyderes pubescens. — lusitanicus. Cleonus glaucus. Barynotus obscurus. Pissodes notatus. — pini. Phytonomus variabilis. — murinus. Phyllobius oblongus. Otiorhynchus sulcatus. — ligustici. Otiorhynchus rancus. — picipes. Lixus angustatus. Anthonomus pomorum. — pyri. — druparum. — rubi. Orchestes fagi. — alnis. Balaninus nucum. Baridius chlorizans. Ceutorhynchus sulcicollis. — napi. — assimilis. Sitophilus orizæ. Prionus coriaruis. Ergates faber. Spondylis buprestoides. Cerambyx heros. — scopolii. Aromia moschata. Callidium unifasciatum. Clytus arictis. Mesosa curculionides. Lamia textor. Saperda scalaris. Oberea linearis. Calamobius marginellus. Cassida viridis. — nebulosa. — equestris. Bromius vitis. — obscurus. Colaspidema atrum. Haltica oleracea. — ampelophaga. Phyllotreta atra. — nemorum. Phylliodes chrysocephala. Epilachna argus. Lasia globosa. Orthoptères. Forficula auricularia. Gryllus domesticus. — campestris. Œcanthus pellucens. Ephippiger vitium. — bitterensis. Pachytilus migratorius. Caloptenus italicus. Pseudo-Névroptères. Termes lucifugus. — flavicollis. Hymènoptères. Vespa crabrc. — germaniCa. Polistes gallicus. Tripoxylon figulus. Pelopœus spirifex. Atta barbara. — structor. Lasius niger. Camponotus ligniperda. Lasius flavus. Hylotoma rosarum. Athalia rosæ. — spinarum. Selandria morio. Blennocampa æthiops. Nematus ventricosus. Emphytus grossulariæ. Allantus marginellus. Macrophya albicincta. — xibis. Lyda pyri. — sylvatica. — campestris. — erythrocephala. Lophyrus pini. — rufus. Cephus pygmæus. — compressus. Sirex gigas. Microgaster glomeratus. Dryophanta scutellaris. — folii. Biorhiza aptera. Teras terminalis. Rhodites rosæ. Lé pidoptères. Papilio machaon. — podalirius. Pieris brassictæe. — rapæ. — napi. Deilephila elpenor. — euphorbiæ. Ino pruni. — ampélophaga. Trochilium apiforme. Saturnia pyri. Bombyx quercus. — neustria. Porthesia chrysorrhaca. — auriflua. Ocneria dispar. — monacha. Orgya antiqua. Dasychira pudibunda. Hepialus humuli. Agrotis segetum. — exclamationis. Mamestra brassicæ. Triphæna pronuba. — orbona. Phlogophora meticulosa. Hadena oleracea. — pisi. — atriplicis. Abraxas grossulariata. Hybernia defoliaria. — aurantiaria. Cheimatobia brumata. Pionea forficalis. Galleria mellonella. Achræa grisella. Œnophthira pilleriana. Tortrix viridana. — cratægana. — rosana. — Holmiana. Cochylis roserana. Teras contaminana. — Boscana. Penthina prunaria. Retinia turoniana. — buoliana. Grapholitha Weberiana. — cynosbana. — pisana. Carpocapsa pomonella. — funebrana. — splendana. Hyponomeuta podella. — malivorella. Tinea granella. Sitotroga (Alucita) cerealella. Dasycera oliviella. Plutella porrectella. Acrolepia assectella. Gracilaria syringella. Coleophora hemerobiella. Depressaria depressella. — nervosa. Cerostoma persicellum. Hémiptères. Eurygaster maurus. Schirus bicolor. Œlia acumimata. Strachia oleracea. —. ornafa. Carpocoris baccarum. Zicrona cærulea. Aphrophora spumaria. Typhlocyba rosæ. —. viridipes. Psylla pyri. — buxi. Homotoma ficus. Schizoneura lanigera, — Jlanuginosa. Aphis rosæ. — cerealis. — _ fabæ. — pruni. — persicæ. Adelges abietis. Rhizobius radicum. Forda troglodytes. Lecanim vitis. — tilisæ. — salicis. — persicæ. — olæ. — caricæ. Aspidiotus conchyforme. Dactylopius citri. — adonidum. Thysanoptères. Thrips cerealium. — decora. — hæmorrhoïdalis. Diptères. Tipula oleracea. Sciara piri. — analis. Cecidomya tritici. — destructor. — nigra. —. pyri. — brassicæ. Lasioptera obfuscata. Sunulium ornatum. — , maculatum. — reptans. Bibio Marci. — hortulanus, Tabanus bovinus. Hsæmatopota pluvialis. Œstrus equi. — hæmorrhoïdalis. Hippoderma bovis. Cephalemya ovis. Anthomya ceparum. — brassicæ. — furcata. — radicum. — conformis. — lactucæ. Pegomya acetosa. Psilomya rosæ. Hylemya coarctata. Spilographa cerasi. Dacus oleæ. Phytomiza geniculata. Tephritis onopordi. Agromiza nigripes. Platyparea pœciloptera. Chlorops lineata. — tæniopus. Oscinis fnt. Hippobosca equi. Melophagus ovinus. Myriapodes Toutes espèces nommées euro- péennes ou exotiques. | 4 22 ANNÉE 2 SÉRIE — N° 320O 1° JUILLET 1900 L'HISTOIRE NATURELLE & L'ETHNOGRAPHIE À L'EXPOSITION UNIVERSELLE LES QUAIS DE LA RIVE DROITE; LES SECTIONS ÉTRANGÈRES DU TROCGADÉRO Nous commencerons aujourd'hui les promenades à l'Exposition que nous avons annoncées dans le dernier fascicule du Naturaliste. Mais, avant d'entrer, jetons un coup d'œil sur la porte monumentale de la place de la Concorde. On ignore généralement que l'architecte s’est inspiré, pour son orne- mentation ajourée d’un si curieux effet, des squelettes treillissés des Radio- laires et des Foraminifères, qu'il est venu étudier à la bibliothèque du Mu- séum, Le seuil franchi, nous nous trou- vons à l'Exposition d'horticulture. De superbes collections de Conifères et de Ithododendrons attirent nos regards Fig. 1. — Araucaria imbricata de Californie. Parmi les premiers, les’ plus remarquables sont ces Sequoia, arbres géants de la Californie qui dans leur pays natal atteignent 130 mètres de hauteur, et ces Araucaria imbricata (fig. 1) qui, par la disposition de leurs feuilles, rappellent les Lycopodinées et les Lépi- dodendrées de l’époque houillère, dont les Conifères actuelles sont issues. L’Exposition d'horticulture se prolonge dans l'allée située entre les deux palais des Champs-Elysées. On y trouve de beaux échantillons de palmiers, Avant d'arriver au pont des Invalides, à droite de la passerelle, descendons dans un petit ravin. Nous y trou- verons une remarquable collection de plantes aquatiques et de celles qui affectionnent les rochers. Nous pourrons étudier les modifications que ces deux genres de stations si différents impriment à l'organisme végétal. Nous remarquerons les larges feuilles flottantes et la couleur vert gai des plantes aquatiques. Au contraire, chez celles des localités sèches et rocheuses (fig. 2), cactus, agave, Le Naturaliste, 46, rue du Bac, Paris. Sempervivum divers, l'organisme se replie pour ainsi dire sur lui-même pour éviter une trop grande évaporation. Les feuilles sont souvent remplacées par des épines et la plante entière a un aspect grisâtre et rébarbatif, Notons que certaines Euphorbes, par exemple E, resinifera, prennent sous l'influence de ce mode de station le port et l'apparence générale de Cactus, plantes cependant bien éloignées d’elles dans la classification. Après le pont des Invalides nous trouvons le pavillon de la ville de Paris. Ne négligeons pas d’y entrer, comme nous pourrions être tentés de le faire, Nous y trouverons de belles préparations de pathologie vétérinaire remarqua- blement exécutées par la maison Deyrolle, des coupes du sous-sol de Paris, des plans des anciennes carrières, un panorama des champs d'épandage d'Achères, des échantil- lons d’eau des diverses canalisations de la ville; enfin, tou- jours au rez-de-chaussée, une très jolie collection archéo- Fig. 2. — Groupe de plantes de localités rocheuses et sèches. 8 F logique qui nous montre l’évolution de la bouteille, du pichet, de la lampe à travers les âges, des armes et des ins truments préhistoriques trouvés dansle sous-sol parisien. Passons rapidement devant les deux palais de l’horti- culture, dont les expositions fréquemment renouvelées ne se prêtent pas à la description. Négligeons de même les attractions de la rue de Paris, et arrivous au Troca- déro. [ei, c’est surtout lethnographie qui nous arrêtera Nous visiterons successivement les pavillons étrangers et ceux des colonies francaises. Dans celui de l'Inde anglaise nous jetterons un coup d'œil sur les mannequins qui portent les uniformes de l’armée des Indes. Ces mannequins sont des portraits. Nous remarquerons que la plupart de ces personnages, malgré leur teint plus ou moins foncé, sont des Aryens et que quelques-uns seu- lemeat ont le type mongol. Les marchands indous ou cin- ghalais postés dans les étalages sont également de race aryenne, mais avec divers mélanges de sang jaune ou noir, On sait, en effet, que la population primitive de l'Inde était négroide et qu'elle a encore des représentants dans les parties montagneuses et boisées de la péninsule et de Ceylan. Cette population à été refoulée et métissée au cours des âges par des invasions de blancs aryens et de Mongols, qui ont occupé surtout le nord du pays, 148 LE NATURALISTE Au centre du pavillon de l'Inde on remarquera une grande vitrine renfermant des échantillons de la faune et de la flore du pays (fig. 3). Un éléphant empaillé semble sortir d'un fourré de bambous. Dans le voisinage, des léopards, des sangliers, une civette, un ours, des singes se livrent à diverses occupations, tandis que de magni- fiques papillons butinent sur les fleurs et que de gigan- tesques chauves-souris, des roussettes, volentdans les airs et que sur le sol le cobra, le fameux serpent à lunettes, NS Re C OP crustacés, des coquillages, des échinodermes attirent notre attention; parmi ces derniers un Solaster papposus du détroit d'Hudson, sorte d'étoile de mer à 12 branches. Notons enfin deux jeunes autruches provenant d’un éta- blissement voisin de Torento. C'est là un remarquable exemple d’acclimatation d’une espèce dans un pays bien éloigné et sous un climat bien différent de celui de sa patrie originelle. Dans un bâtiment annexe, nous trouvons du plomb AN < ee 2 NN SN S M PS Sù SK KS ADS EX NK \ l} ; A A NA \ 9 l'ig. 3. — La faune de l’Inde, animaux naturalisés (Pavillon de l'Inde", s'apprête à s’élancer, Des vitrines plus petites, placées sur les côtés, complètent cette remarquable collection. Le Canada à envoyé une belle série zoologique oiseaux divers, ours, loups, phoques, dont quelques-uns à longue fourrure, lÿnx, loutres, gloutons arctiques, castors, renards argentés, élans de près de 2 mètres de hauteur au garrot. On sait qu'une espèce voisine existait en Europe aux époques préhistoriques et qu’elle a même été décrite par Jules César sous le nom d’Alces. Il y a une très jolie collection ichthyologique, entr'autres le fameux Lepidosteus, couvert de plaques émaillées et rap- pelant par là les poissons de l’époque carbonifère. Des argentifère, de belles plaques de mica provenant de la province de Québec et, dans des vitrines couvertes de forts barreaux de fer, du quartz avec des veines d’or et de l’or d’alluvion. On sait, en effet, que le précieux métal est exploité aussi bien dans les gisements primitifs, où il est englobé dans le quartz, que dans les alluvions, où il a été déposé après délitement de la roche par les agents atmosphériques. C’est même par ces derniers gisements, plus riches et plus faciles à exploiter, que l'extraction commence toujours. On remonte aux veines d’origine quand les alluvions sont épuisées. Nous passons ensuite à l'ile Maurice où nous revoyons ST RTE TEE CONTES CROSS DEP EN EEE CRE SRER CRUE 1 les quartz aurifères, et à l'Australie où nous sommes encore dans le pays de l'or. Nous y retrouvons les quartz aurifères et l'or‘d’alluvion, et de plus un autre minerai, le telluride d'or. Nous y voyons aussi de l'or en barre pour une valeur de près de 300.000 francs. Le poids de ces lingots est, du reste, tel qu'il n’y a guère de danger qu'ils soient enlevés. Au rez-de-chaussée se trou- vent de magnifiques échantillons de bois de karri et de Jjarrah, arbres du groupe des eucalyptus. Au premier étage, 1l faut voir, outre les minerais d’or, une belle col- lection d’huitres perlières, avec les appareils perfec- tionnés (scaphandre) qui servent à les récolter. Dans l'escalier qui réunit les deux étages du pavillon, nous remarquons des photographies de cette malheureuse race australienne que les Anglo-Saxons sont en train de détruire, comme ils en ont fait disparaître tant d’autres. Il faut voir aussi les flèches barbelées en bois et les fameux boumerangs, ces instruments ressemblant à des sabres en bois dont la lame serait courbée à angle obtus. Les indigènes savent lancer cette arme de telle sorte qu'après avoir frappé le gibier elle revienne tomber près du chasseur. En réalité, par leurs instruments en bois, sans armature de pierre, les Australiens se trou- vent en quelque sorte inférieurs à nos ancêtres de l'époque paléolithique. Avec l'Egypte, c'est l'Orient qui nous attire. Malheu- reusement, au moment de notre visite, rien n'était encore prêt dans ce pavillon. Voici cependant l'orchestre qui joue à l'entrée du théâtre : deux tambours et quatre instruments en bois, sortes de clarinettes à sons nasil- lards. C’est l'Orient farouche et réveur qui vit dans ces bizarres mélopées. Comparons le type des exécutants fellahs à celui du cicérone, très nettement sémitique. Les Fellahs reproduisent le type des anciens Égyptiens, resté intact malgré les invasions arabes. Quoique nous nous soyons en général interdit tout ce qui peut ressem- bler à une réclame en faveur d’un établissement payant, disons cependant que le spectacle qui se joue à l’inté- rieur du théâtre égyptien mérite d’être vu. Reposons-nous un instant dans le jardin japonais et Jetons un coup d'œil sur les arbres centenaires, pins et thuyas (fig. 4) cultivés en pots et maintenus rabougris par un art encore inexpliqué. On sait que l'idéal d’un Japonais est d’avoir un jardin représentant en petit un paysage très tourmenté, où des arbres échevelés bordent des précipices en miniature. Remontons maintenant vers le Trocadéro, passons devant la ferme hoer et les établissements des chercheurs d’or qui lui font une triste antithèse, et arrivons à la belle exposition de l’Asie russe. Voici d'abord des vues des sources de pétrole du Caucase, et des mannequins représentant les populations si originales de la région : Géorgien portant une outre de vin sur le dos, Avare couvert d’une pelisse de mouton, Khevsoure revêtu d'une armure moyenageuse. Remarquez tout près de là les poteries en forme d'animaux et les instruments de musique de ces peuples; et surtout jetez un coup d’œil sur les cadres renfermant un herbier de la flore du Caucase, sur les rocailles avec des oiseaux et sur les vi- triues à insectes. Après avoir monté l'escalier, nous trouvons en nous retournant un très beau groupe de mouflons, de chamois et de vautours. Nous voici maintenant en Asie centrale; passons rapi- dement et arrivons à la Sibérie proprement dite, où nous trouvons un tableau complet de la vie dans les régions LE NATURALISTE 149 polaires, Remarquons surtout les renards blancs et le groupe de chats-huants blancs; ce sont là des animaux qu'on n'est pas habitué à voir dans les collections euro- péennes. Ils sont, avec les ours blanes et le lièvre polaire, un bon exemple de cette loi du mimétisme qui veut que, dans un but de défense, le pelage d’un animal soit de même couleur que le terrain où il est appelé à vivre. Remarquons les moulages de têtes et les mannequins de Samoyèdes et constatons que toutes ces populations de l'extrême Nord sont de race mongole, L’ethnographie est du reste très bien représentée dans cette galerie par des modèles d'habitations des Ghiliaks de l'Amour et des Aïnos de Sakhalin, par des traineaux, des vêtements et des instruments de toutes sortes. Ur groupe tres intéressant est celui qui représente la danse du chamane devant un groupe de fidèles. Ce prêtre ou sorcier est surchargé de sonnailles, de bouts de chif- à UE) ae. à de . v FER CU QUTA Fig. 4 — Arbre nain du Japon. fons et d’amulettes de toutes sortes; il frappe à tour de bras sur un tambour dont la poignée porte des clochettes, Au bruit tintamaresque qui s'ensuit, les divinités ohéis- sent et les fidèles n’ont plus qu'à combler le sorcier de cadeaux qu'ilest censé faire parvenir aux dieux. Au fond de la galerie, ne négligeons pas d'entrer dans une petite salle où se trouve un très bel herbier des en- virons d'Akmolinsk. Enfin, dans le pavillon des apanages impériaux, regardons les cadres d'herbiers pendus aux murs, et surtout le magnifique bison empaillé qui se trouve à l'entrée. On sait que cette espèce animale autrefois répandue dans toute l'Europe n’est plus con- servée pour les chasses du tsar que dans une forêt de la Lithuanie. Remarquons que le bison d'Europe est plus haut et plus élancé que son congénère d'Amérique et no- tons que le sort des deux espèces a été à peu près le même. Créées pour jouir des libres espaces, elles n'ont pu résister à l’intrusion de la vie civilisée et ne sout plus 150 LE NATURALISTE conservées que d’une façon tout artificielle. Jetons enfin un coup d'œil sur le village russe où se trouvent réunis de nombreux objets ethnographiques dignes d’intérêt : costumes anciens et modernes, ustensiles de ménage, broderies, harnais, voitures, etc. De là nous passons à la Chine. Nous y trouvons des modèles d'habitations et de bateaux, des armes, des meubles en bois sculpté et une très jolie collection de statuettes représentant les divers actes de la vie, Elle est à rapprocher d’une collection analogue, concernant le Japon, qui se trouve au musée d'anthropologie du Jardin des Plantes. Un second pavillon renferme une collection de costumes sur mannequins de grandeur naturelle. Nous redescendons maintenant et nous jetons un coup d'œil sur les Indes Néerlandaises. Dans le pavillon de droite nous remarquons des pioches et des haches en fer em- manchées sur des manches recourbés à la facon de cer- taines pièces de l’époque du bronze, de curieuses poteries, notamment des vases doubles communiquants, qui rap- pellent certains objets préhistoriques d'Europe. Mais l'objet le plus intéressant de ce pavillon est un essai de reconstitution du Pithecanthropus erectus, ce fameux fos- sile de Java, ancêtre présumé de l'espèce humaine. Il est de grandeur naturelle et porte à la main des instru- ments en bois de cerf. Tout au pourtour de la salle règne une frise formée de marionnettes découpées, et dans un coin est toute une collection de ces curieux objets aux membres mobiles qui servent à représenter des pièces de théâtre très com- plexes. Au milieu du pavillon on voit les éléments d’un orchestre et des mannequins de danseuses et d'acteurs. Dans le pavillon de gauche se voient des modèles d’ha- bitations et de fortifications, des collections d'insectes, de bois et de minéraux. Les deux pavillons, d’un style très curieux, ont une toiture en fibres de palmier. Passons à travers les expositions du Transvaal et du Portugal, non encore ouvertes au moment de notre visite, et arrivons au pavillon des Missions catholiques. Ne nous arrêtons pas à l'espèce de Musée de cire qui se trouve au rez-de-chaussée, Remarquons seulement, au milieu de cette salle, une couffa, barque ronde tressée en fibres végétales et recouverte d'asphalte, à l'instar de l'arche de Noé. Ces embarcations sont en usage sur le Tigre et, pour le dire en passant, la persistance jusqu’à nos jours de ces revêtements de bitume sur les bateaux, dont parle déjà la Bible, prouve que la légende du déluge a pris naissance en Mésopotamie et avait probablement pour origine un raz de marée dans la vallée du Tigre et de l’'Euphrate. Au premier étage de ce pavillon se trouvent des collec- tions d'ethnographie chinoise, turque et océanienne. À noter dans cette dernière un manteau de chef maori tissé en plumes noires et blanches : c'est un objet très rare. [Il ÿ à également des colliers de coquillages et des peignes en bois qui, par leur hauteur, rappellent les objets analogues de l’époque du bronze. Nous passons maintenant à l'extérieur de l'aile orien- tale du Trocadéro; nous trouvons des habitations colo- niales, et, dans un petit pavillon, à droite, une exposition de divers minerais et des instruments employés par les peuples les plus éloignés pour laver les alluvions auri- fères, Nous laissons sur notre droite l'exposition de Madagascar que nous réservons pour une prochaine visite et nous pénétrons dans le palais du Trocadéro par l'aile occidentale, celle qui se trouve en aval. À l'entrée du Musée d’ethnographie du Trocadéro, jetons un regard sur l'Exposition lithuanienne. Le fond est occupé par une scène d'intérieur des plus caractéris- tiques. Dans les vitrines et aux murs se trouvent de remarquables travaux de broderie et d’orfèvrerie. On sait que les Lithuaniens, autrefois rattachés à la Pologne, sont maintenant incorporés à la Prusse et surtout à l'empire russe, qui les opprime impitoyablement. Leur langue, qui se rapproche davantage du sanscrit que les autres langues indo-européennes, est frappée d'interdit. Un grand nombre d’entre eux ont dû émigrer en Amé- rique. Ce peuple, qui refuse obstinément de mourir, mérite toutes nos sympathies. Pénétrons maintenant dans la porte qui donne accès à la classe 113, à peu près en face de la Lithuanie, et arri- vons à la section danoise. Nous y trouverons réunies des collections magnifiques, propriété presque exclusive du gouvernement danois, Cette exposition mérite de tous points d'être visitée en détail. Elle a trait aux iles Færoë, à l'Islande et au Groenland, ces territoires colonisés depuis plus de 1000 ans par les Scandinaves, en même temps que l'Amérique du Nord était découverte par ces intré- pides navigateurs. Pendant le moyen-âge, le Groenland resta abandonné à lui-même et bientôt, la civilisation scandinave s’atténuant insensiblement, les Eskimos en redevinrent les maitres. En Islande, au contraire, 1l se développa une remarquable civilisation, dont témoignent les manuscrits et les ouvrages imprimés dans le pays, ainsi que les ruines nombreuses qu'on y rencontre. Quant au Groenland, soumis de nouveau à l'influence européenne, les Danois ont eu le bon esprit d’y intro- duire une civilisation lente, propre à conserver à la race eskimo son caractère original. Les objets exposés rentrent dans les catégories sui- vantes : ! 1° Plans, cartes, vues de pays, portraits des habitants. A noter le caractère mongol du type physique des Eski- mos. 2 Produits naturels. Belle collection de spath d'Is- lande, peaux et crânes de phoques et de morses, d'ours blancs, de renards, oiseaux empaillés. Dans une vitrine, une collection d'empreintes végétales fossiles qui mon- trent que ces régions, actuellement si déshéritées, étaient bien plus favorisées aux époques géologiques précédentes. 3° Ethnographie et archéologie. Vêtements d'Islandais et d'Eskimos, couverts de broderies très remarquables, instruments de chasse et de pêche, grands filets montés sur des fourches et servant à prendreles oiseaux marins. Harpons groenlandais en ivoire de morse, kajaks avec tous leurs accessoires, notamment l’outre qui sert au pêcheur à emporter de l’eau potable et la longue lamière de cuir qui retient le harpon; modele d’oumiak ou bateau servant exclusivement aux femmes; traineau attelé de chiens, En ce qui concerne l'Islande, on remarquera une selle taillée dans une seule plaque de tourbe, et, dans les vitrines, des serrures et des clefs entièrement en bois. L’une des parties les plus remarquables de cette expo- sition consiste dans les modèles d'habitations anciennes et modernes de l'Islande. On s'arrêtera devant ces fermes etces églises aux murs épais formés de couches de tourbe et de pierre alternées, aux toits couverts de gazon et aux fenêtres rares, Les petites coupoles en pierre situées à côté des fermes servent à conserver les légumes et autres produits alimentaires. À noter également l'abri pour les moutons, formé de plaques de lavesuperposéesen rotonde, PORT OT Pre: doit — —— LE NATURALISTE La salle de festin des anciens Normands retiendra aussi l'attention, avec ses murs de tourbe et son foyer allongé caractéristique. On a trouvé des ruines semblables non seulement en Islande et au Groenland, mais sur la côte occidentale de l'Amérique du Nord, à qui ces hardis explorateurs avaient donné le nom de Vinland (terre du vin). De même que celui de Groenland (terre verte), ces noms prouvent qu'à l'aurore du Moyen Age toutes ces régions étaient encore bien plus chaudes qu'aujourd'hui et que le froid les envahit d’une facon lente et progressive. DC LALOY. LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU PLANTES NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES MOIS DE OU L’ON L'ANNÉE TROUVE RE Chenilles Papillons HABITAT FRANÇAIS PARVIFLORUS.. .... EUROPÆUS.......... NAN US PNR ue die Are VULGARIS... vu: de con MARITIMUM. ....:,.... BELLIDIFOLIUM ..... .. FRUCTICOSUM.......... CoTULA, ARVENSIS..... Ajome .. |Polia Argillaceago H. .|Heliothis Peltigera S. V. Heliothis Armigera IH. Spintherops Cataphanes H. Crocallis Dardoinaria Donzel. Pseudoterpna Coronillaria H. Acidalia Mediaria H. Selidosema Perspersaria Dup. Eubalia Peribolata H. Alchemille Melanippe Rivata I. Alysson Acidalia Cervantaria Mill. Anarrhine Hadena Treipschkei B. Ancolic Polia Chi L. Ansérine Mamestra ChenopodiphagaRbr. Hadena Chenopodii S. V. Hadena Sodæ Rmb. Eupithecia Subnotata H. Eupithecia Pumilata H. V. Pa- rvularia H. $. Pelurga Comitata L. Anthémide Cucullia Chamomillæ $S. V. Sterrha Sacraria L. Camptogramma Fluviata H. Anthrisque Nemoria Pulmentaria Gn. Larentia Didymata L. .|Tanagra Atrata L. Arbousier Charaxes Jasius L. Boarmia Selenaria H. Ephyra Pupillaria H. Eupithecia Unedonata Mab. Ulex Mars. Juin, juillet. Août, septembre. Mai. Janvier. Avril, mai. Juin. Avril (fleurs). Novembre à avril. Alchemilla Juin. Alyssium Avril, juin. Anarrhinuum Jun. Aquilegia Mai, juin. Chenopodium Mai, hiver. Juillet à octobre. Août, septembre. Octobre, novembre. Janvier, février. Septembre, octobre. Anthemis Juin à août. Printemps, automne. Février, mars. Authriscus Belle saison. Mai, juin. Mai, juillet. Arbutus Mars à mai. Juin, juillet, septembre, octobre. Belle saison. Octobre, nov. (fleurs). Septembre. Mai à septembre. Juin à septembre. Juillet, août. Juin à août. Juin, juillet. Juillet. Septembre. Août, septembre. Mai à juillet. Mai, juillet. Mai, août. Juin, juillet, septembre. Printemps, automne. Mai, juillet, août, sept. Mai. Juin, juillet. Avril, mai. Juillet, août. Mai à juillet. Belle saison. Juil, à nov., fév., mars. Belle saison. Juin, juillet. Juin, juillet. Mai, août, septembre. Mai, juin, aout. Belle saison. Mars. France méridionale. Toute la France. Basses-Alpes, Pyrénées-Orien- tales, Auvergne. Marseille. Francecentrale et méridionale. Provence, Pyrénées-Orientales. France méridionale. France centrale et méridionale. Toute la France, Cannes. France méridionale, Toute la France. Méditerranée. Toute la France. Méditerranée. Toute la France. Iles de Lérins. France centr.,sept.etorientale. France centrale et méridionale. Toute la France. Ardèche. Montagnes. Montagnes. Provence. Paris, Chalon-sur-Saône, Cannes. France centrale et méridionale. Cannes, LE NATURALISTE LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN 1899 Durant l’année 1899, les mouvements du sol que nous désignons sous le nom de tremblements de terre ont été assez fréquents; il n’y a heureusement pas eu de ces catastrophes terrifiantes que l'histoire enregistre dans ses annales et dont les populations épouvantées con- servent le souvenir, mais des accidents nombreux et d'une certaine gravité se sont pourtant produits, et ont couté la vie à des centaines de victimes. Notre vieille Europe n’a ressenti que des secousses assez légères et sans conséquences graves. En France, les mouvements du sol ne sont pas rares, mais ne présentent qu'une faible intensité : la première secousse s’est fait sentir dans la nuit du # au 5 mars, à Barcelonnette, dans le département des Hautes-Alpes, On peut encore ranger dans la catégorie des tremble- ments de terre français celui qui s’est fait sentir dans le sud de l'Alsace, le 17 février, et dont les secousses ont été fortes dans la région de Markolsheim, dans la partie sud des Hautes-Vosges. Le sud de l'Italie a été quelque peu éprouvé; une se- cousse qui n’a duré que quelques secondes a été ressentie à Pise et à Florence dans la nuit du 27 au 28 juin; le 10 novembre, des secousses aussi légères ont été obser- vées dans la ville de Livourne où il n’y aeu aucun dégât matériel sérieux ; mais comme cette date du 10 novembre coincidait avec celle prédite cette année pour la fin du monde, il y eut une panique qui occasionna quelques accidents parmi la partie peu éclairée et encore supers- tiieuse de la population. Cette crédulité qu'a rencontrée l’annonce de la fin du monde cet hiver n’est pas digne d'un siècle aussi scien- tifique que le nôtre. Les Tremblements de terre en 4899, en Europe. vers 2 h. 30 du matin, et a été suivie par un roulement assez fort; mais il n’y à eu aucun dégât. Dans le même mois de mars, le 23, un mouvement analogue s'est fait sentir en Touraine. La région de la Méditerranée a été agitée par une secousse dans la nuit du 28 juillet, vers minuit, de Toulon à Draguignan; mais la durée du phénomène a été très courte, et il n’y a eu aucun accident à déplorer. Une oscillation plus forte à été ressentie en Bretagne, le 40 octobre, vers # heures du matin, à Quimper, à Douar- nenez et sur tout le littoral de là baie jusqu'au cap Sizun. Elle à duré 3 ou 4 secondes et a été accompagnée d'un bruit souterrain d’une certaine intensité : les meubles ont été fortement agités, dans les maisons, et plusieurs personnes se sont réveillées. Un département extra-continental de la France, la Corse, a éprouvé deux secousses, dans la région de Corté; elles ont été accompagnées d’un bruit sourd sem- blable au roulement lointain du tonnerre; quelques mai- sons ont été ébranlées, mais il n’y a eu aucun accident de personnes. C'est surtout sur le littoral du bassin méditerranéen que les tremblements de terre ont été fréquents. Le 16 janvier, à Santander, dans le sud de l'Espagne, les vitres des fénêtres ont été brisées par une forte secousse; six mois après, en août, une autre se faisait sentir en Portugal, à Oporto. Mais à Rome les secousses ont été plus violentes. Le 19 juillet, trois fortes secousses ont eu lieu : à 2 h. 19, 2 h. 20 et 2 h. 35; les oscillations ont été suivies d’une forte pluie. La longue durée du phénomène a épouvanté la population : on sentait le sol trembler sous les pas, et, dans les rues, les réverbères oscillaient comme des ro- seaux, Beaucoup de maisons et d’édifices ont été lézardés, endommagés; les palais Sciarra et Chigi ont beaucoup souffert; au Vatican également la secousse a été vio- lente. Elle a été très forte dans la province de Rome, à Rocca-di-Papa : plusieurs maisons ont été endomma- gées, mais on n’a signalé aucune victime. A Castel-Gandolfo une partie de l’église s’est écroulée; à Marino la secousse a été très forte; elle a été légère à Fiumicino. Aux collines du Latinium, où beaucoup de | LE NATURALISTE 153 Romains vont en villégiature, elle a été très forte et s’est fait sentir sur un large rayon : c'était là le centre du phé- nomène, À Genzano et à Civita-Lavinia quelques mai- sons ont été lézardées; à Frascati on a ressenti deux se- cousses très violentes : presque toutes les maisons ainsi que les édifices publics ont été fortement endommagés. À Monte-Compatri le tremblement de terre a causé des dégâts à l’église et aux maisons : nombre d’entre elles ont été lézardées, mais le mal a été très exagéré et il n’y a pas eu de victimes. À la même époque, au mois de juillet, l'Etna a eu une éruption; une grande colonne de fumée et de sable s’est élevée du cratère. On peut se demander si ce fait est en corrélation avec le tremblement de terre assez violent qu'on à constaté. (Chronique météorologique de la Na- ture.) Dans le fond de l’Adriatique, deux secousses ont eu lieu, l’une à Laybach, dans la Carniole, le 18 janvier, à 9 h. 45 du soir, l’autre le 30 avril, vers midi, à Léoben en Autriche, dans les Alpes de Styrie. En Grèce, le nord du Péloponèse a été particulière- ment éprouvé, Le 24 janvier, à Kyparissia, quelques mai- sons se sont effondrées; le nombre des victimes a été restreint. À la même époque, la ville de Nissi a été très ébranlée et de nombreuses maisons ont été lézardées. Mais, aux environs de Kyparissia, il y a eu des dégâts considérables, et cinq villages ont été complètement détruits. De nouvelles secousses eurent lieu dans le Péloponèse le 15 avril; le # mai il y eut un nouveau tremblement de terre dans le sud-est de la même région. La ville de Ligondista a été très endommagée, de nombreuses mai- sons se sont écroulées, . En Turquie, un tremblement de terre s’est fait sentir le 22 septembre dans le village d’Aïdin et a causé la mort de plus de cinquante personnes. : Si nous passons au bord sud de la Méditerranée, nous voyons que le 8 février, vers 2 heures du matin, deux secousses ont été ressenties entre Sousse et Sfax sur la côte tunisienne. Quant aux autres régions du globe, nous nous borne- rons à citer les tremblements de terre tout à fait excep- tionnels. Dans le nord-est de l'Inde, à Darjiling, au pied de l'Himalaya, une forte secousse s’est fait sentir et a causé de grands dégâts; plusieurs plantations de thé ont été détruites. Le nombre des victimes a été de 100 à Dar- jiing, de 200 au marché de Phul qui a été détruit par les éboulements et de 40 à Tamsong-Bustée. Au mois d'octobre, un tremblement de terre agitait la côte sud de l’ile de Ceram, l’une des Moluques, et détrui- sait complètement la ville d'Amalsei. Le nombre des morts a été évalué à 4000 et celui des blessés à 500 pour cette seule catastrophe. Au Japon, il ne se passe jamais huit jours sans qu’on sente le sol trembler sous soi; cependant un tremble- ment de terre exceptionnel s’est produit le 6 mars; les localités éprouvées par les terribles secousses de 1891 l’ont été de nouveau; on a signalé de nombreuses vic- times. Dans le centre du Mexique, une oscillation violente qui a duré 3 minutes a eu lieu à Mexico, le 25 janvier, vers 5 heures de l'après-midi. Plus de 200 maisons ont été endommagées ; dix ont été complètement détruites ; il - y a eu plus d’une centaine de blessés. \ L'Afrique n’a pas été épargnée; un tremblement de terre a eu lieu au Cap de Bonne-Espérance. Il a été res- senti à Capetown le 15 septembre, à midi 25, et à Simons- town, situé à 8 lieues plus au Sud, vers la même heure. La secousse a duré plusieurs secondes, et a été assez vio- lente, sur certains points, pour jeter à terre quelques personnes. Les mouvements du sol ont été accompagnés d'une violente dépression atmosphérique. Le dernier tremblement de terre qui ait été digne d’être noté, au Cap, remonte à 1857. Quoique nous n’ayons cité que les principaux trem- blements de terre survenus pendant le cours de l’année 1899, on constate par ce court résumé que l’activité in- terne subsiste toujours dans notre vieille planète, et que souvent ses réveils sont terribles. E. Massar. L'ACÉTYLÈNE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE Dans son numéro du 27 mai dernier, le journal l'Acétylène se plaint avec raison de l'emplacement qui a été attribué à cette branche d'industrie dans des régions inconnues de l'Esplanade des Invalides. Il est évident qu'on n'y peut arriver qu'avec une carte excellente, une bonne boussole ou un pilote connaissant bien les amers de ces parages. En outre, personne ne se hasarde à aller faire {oc toc à la solide porte de cave, de prison ou de poudrière qui sert d'entrée à l'installation; on se figure que le monument est une resserre d'outils ou de tonneaux d'arrosage, ou peut-être bien un quelconque bureau administratif, et l'on tire au large respectueusement. Que si pourtant quelque explorateur hardi pénètre dans le temple, «il se bouche le nez, dit notre confrère, et se sauve en s'écriant : ça sent l'ail! » Ces rares visiteurs sont vraiment singuliers: l’acétylène ne sent pas l'ail; il exhalerait au contraire une vague odeur d'œufs pourris, comme le gaz acide sulfhydrique; et sentirait-il l'ail à plein nez que je l’en féliciterais, car j'adore cette liliacée, à laquelle j'ai consacré un long article dans le Naturaliste. Notre confrère rejette d'ailleurs le méfait de ces exhalaisons sur un bar-cuisine voisin, « où mijotent, dit-il, des viandes épicées en même temps que sont bues des liqueurs d’un goût extra-fort; ces odeurs et ces arômes s'engouffrent dans la section, et voilà lPexplication du phénomène ». Que sera-ce donc, cher confrère, quand s'ouvrira l'énorme restaurant moyen-âgeux qui couvre tout un côté de la section? J'ai goûté à la cuisine de Mme Germaine, propriétaire du bar en question, et j y ai vainement cherché de l'aioli où du sau- cisson à l’ail; cuisine excellente d’ailleurs, café dont l'arôme réveillerait Voltaire, liqueurs exquises. Quant à elle, elle ne se plaint pas, ni ses clients non plus, de l'odeur de l’acétylène, par la bonne raison que les appareils ne fonctionnent pas. Donc, les visiteurs qui crient « à l'ail! » sont des intrigants; il n'y en à ni dans la section, ni dans le bar. Cette exposition est fort curieuse à voir; elle est située contre la porte 27 bis, presque en face de la rue de l'Université, contre le Ministère des affaires étrangères, près de la gare des Inva- lides (vous y éêtes?...). L'éclairage à l'acétylène entrera dans la pratique courante à une époque qui n'est certainement pas bien éloignée; ce sera l'électricité des petits ménages; et il est très regrettable qu'on ait relégué l'exposition de cette industrie dans des terrains encombrés de simili-ruines et de prétendues recons- titutions de l’ancien art des provinces bretonnes et berrichonnes, où l'on n'entend, du matin au soir, qu'un épouvantable chari- vari du cors de chasse et de binious. Ces terrains eussent pu étre mieux utilisés. Jusqu'à présent, dans cette partie de la classe 75, c'est une véritable cohue de gardiens, de surveillants, d'alguazils, d’ins- pecteurs, etc., etc., galonnés jusque dans le dos. Que diable gardent, surveillent et inspectent tous ces gens-là? Va-t-on bientôt amener de l'artillerie? — De public, point. E. SanTint DE RioLs. LES PLANTES ET LES NOMS DE LIEUX Les noms de lieux ont un sens précis, souvent peu connu, et dont l’origine n’ese pas toujours facile à déter- miner. Autant il est facile de déterminer la signification d’une localité telle que les Lilas, par exemple, autant il peut être diflicile de reconnaître l’étymologie du village de Cutz, jadis appelé Jérusalem, que les Arabes traduisent dans leur langue par El Kods, la sainte, la ville sainte; de là le nom de Couts ou Cutz, rapporté chez nous par les Croisés, à leur retour dans nos pays. Les plantes ont parfois donné leurs noms aux localités où elles croïissaient en ‘abondance, tant en France qu’à l'étranger : Rosenthal, Lilienthal, Lilacsbush, la vallée des Roses, la vallée des Lis, le buisson des Lilas; Hei- delberg, la montagne des Myrtilles, etc. Mais nous nous bornerons aux localités de nos pays, le plus souvent, A côté de localités telles que Fougères, la Fougeraie, le clos Faverolles ou Féverolles, il en est d’autres dont l’étymologie ne saute pas toujours aussi facilement aux yeux. Ainsi, par exemple, Quennevière, Chenneviere, signifie la Chanvrière, lieu planté de chanvre, qui pro- duit la graine de chènevis. Certains endroits, appelés la Folie, ne veulent pas toujours dire une folle exploi- tation, mais viennent de folium, feuille, et signifient la feuillée, sous le feuillage des arbres, la feuillade. On est toujours très exposé à commettre des erreurs quand on se livre à des recherches de ce genre. Ainsi la Haie-Sainte à une signification qui peut être très dilfé- rente de celle de La Haye, qui peut être la hague, hau- teur fortifiée sur le bord de l’eau. Fresne, la Fresnaye, lieu des fresnes, ne doit pas être confondu avec la frette, le Frestoy, la Ferté, lieux jadis entourés d’une enceinte palissadée de pieux aigus. Le chène des partisans, le chène Herbelot, le chêne tourteux, le chêne populeux, sont autant de noms connus dont le sens se retrouve encore dans Caïisne, le Quesnoy, la Chesnaie, lieux plantés de chênes ; comme Rouvres, Rouvroy, la Rouvraie, lieux plantés de chênes rouvres, à glands sessiles, par opposition aux chênes à glands pédonculés. Quiersy, Kiersy, nous paraît dérivé du celtique Kaer, arbre, lieu boisé, ou encore de Kaer quès, bel arbre, lieu planté de beaux arbres, d’où les Latins ont tiré le mot quercus, chêne. Cependant il ne faudrait pas en conclure que la province du Quercy vienne du latin quercus; car ce mot provient de l’élision du mot Cadurci, les Cadur- ques, nom de la peuplade gauloise qui l’occupait autre- fois. Le Coudray, la Coudraie signifie une plantation de noisetiers ou cCoudriers. La Châtaigneraie, l'Aulnoie, l'Aulnaye, se comprennent aussi aisément : lieu planté de châtaigniers ou d’aulnes. La Pommeraye est évidem- ment un lieu planté de pommiers. Voici maintenant des étymologies plus délicates, d'autant plus intéressantes qu'elles sont plus difficiles à découvrir : Breuil, Broye, Broglie, signifie petit bois, brég oil, Breuil par élision. Breteuil, Breit-euil, signifie grand bois. Moreuil nous parait se traduire par bois sombre, comme Sombreuil, de mor, noir. Noureuil peut signifier bois de noisettes, de faines ou de glands, Nonteuil, LE NATURALISTE bois marécageux, bois humide. Auteuil serait plutôt le bois sur la hauteur. Berneuil est le bois du mâle, Bern, de Ber, Béer, ours, le roi des animaux sauvages de nos antiques forêts. Le pont de Lorgueil, près du canal au- trefois, avant les travaux du canal de Saint-Quentin, est une dégénérescence pour Longueil, long bois. Luxeuil si- gnifie bois célèbre, plutôt que bois ensoleillé. La Pinède est un endroit planté de pins. On sait que Lifou-le-Grand se disait jadis Latofao ou Locofao, lieu des hôtres, bois de hêtres, fagus. C’est même du pluriel fagi, les hêtres, prononcé fagui par nos ancêtres, que viennent les noms de localités telles que Fay, Faillouel, Fayel, lieu des hêtres, bois des hêtres. De là aussi les noms de Tarlefesse, pour Taillefesse, Taillefays, taillis de hêtres; et de Fontaine-Belle-fesse, Belle-fays ou fontaine des beaux hêtres. On signalait autrefois quelques gros hêtres, qui poussaient autour de cette source; et le dernier a été connu de la génération qui a précédé la nôtre. Est-ce que Estay, Estouilly ne signifieraient pas aussi lieu des hêtres, et lieu du bois des hêtres? Nous laissons à de plus compétents que nous le soin de résoudre cette question. On sait que le torrent du Cédron doit son nom aux cèdres, Cédar, qui jadis ombrageaient ses bords; de Cédar, noir, arbre à sombre feuillage, chez les Hébreux. La Phénicie doit peut-être aussi son nom aux dattiers Phœænix, qui y croissaient autrefois en grand nombre, comme l’a dit un des collaborateurs de cette revue. Nous pensons que ce serait plutôt l'inverse; de sorte que le mot Phénicie viendrait lui-même de la pourpre, goé, que l’on récoltait jadis sur ses rivages, des mollusques du genre Murex, que l'on y rencontre principalement. Ce mot vient lui-même des mots gevw, tuer, wovos, Carnage, qui donnent l’idée du sang et de sa couleur rouge pour- prée. Le village de Presle doit son nom aux prêles qui crois- sent dans les parages humides. Salency parait dériver de Salicium acus, champ de saules. On sait que c’est la patrie de saint Médard, qui y institua le couronnement de la rosière. De là le nom de Rosière, donné à un lieu dit; où se trouvait le fief de la rose. Rosières-en-Santerre vient-il de roses où de ro- seaux? Nous pencherions pour cette dernière étymologie. En tous cas, nous la retrouvons dans la rivière de l'Aronde, arundo, roseau en latin. C'est du nom saule que viennent les noms de lieux tels que la Saussaie, le Saussoy, lieu planté de saules, salix, plante qui pousse sur le bord des eaux, al-lis en celtique. Jonchères, Jonquières, le Jonquoy, la Joinquière, ete., viennent du mot jonc, et signifient également lieu humide où les joncs poussent tout seuls. Le bois des Ajeux est le bois des ajoncs. Peut-être que l’une des localités telles que Genvrvy, Genlis, etc., dérive aussi du mot gen, buisson, genêt, genévrier, qui a formé ac-gen, ajonc, buisson épineux, chez nos ancêtres gaulois. Brières, Bruyères, de brueriæ, broussailles, signifie les bruyères, et indique un terrain aride, provenant d’un bois poussant sur une terre sablonneuse, mélange de sable et de terre végétale propre à l’éclosion des bruyères. Lespinay, Lespinoy, l'Epinoy, etc., indique un lieu couvert jadis de plantes épineuses, telles que des ronces, des rosiers, des prunelliers, des aubépines. Cormeilles, Cormiers, est une localité où croissaient ces arbres drus LE NATURALISTE 15 de la famille des Pomacées. Alise vient peut-êre aussi des Alisiers, qui sont de la même famille; nous y trou- vons une racine gauloise, al-tse, qui signifie boisson des oiseaux, fruits aigrelets, comme ceux du sorbier des oi- seaux : de sor, âpre, ou de sorbere, boire. D' BouGox. LA LONGUE-VUE MICROSCOPE Ce n’est pas sous le nom de «longue-vue microscope » que le nouvel appareil a été exécuté et décrit par M.A.Des- champs, appareil qui a fait l’objet d’une communication à l'Académie des sciences ; son nom véritable est le « Télé- microscope (1) » ; mais la forme de l'appareil, son emploi, semblent plutôt justifierle nom quenousindiquonsentitre. C’est une véritable longue-vue qui sert non seulement pour examiner des objets de 25 centimètres à 2 mètres, mais même pour observer à 15 lieues en mer, et dans Le Télémicroscope (reproduction d'une photographie) d'excellentes conditions; pour les objetsrapprochés jusqu'à 2 mètres par exemple, c’est une loupe à longue portée : pour voir à 20 kilomètres, c’est une longue-vue parfaite. À 25 centimètres de distance, le grossissement est de 12 diamètres environ, plutôt même davantage. (1) Cet instrument est en vente chez Les Fils D'Emile Deyrolle, * 46, rue du Bac, Paris. © Le Télémicroscope a un objectif formé de deux lentilles achromatiques. Ces lentilles peuvent être plus ou moins séparées par le jeu des tubes, la séparation augmentant l'achromatisme. Cette distance restant cependant toujours inférieure à la distance focale de la plus convergente, elles continuent à agir comme une seule lentille. Un bon rap- port entre leurs distances focales est de 25 à 18 centi- mètres. La plus convergente, placée à l'intérieur, con- dense le faisceau lumineux et rend plus nette l'image, qu'elle porte renversée au delà du foyer de l'oculaire qui la redresse. Cet oculaire est formé de quatre verres. Le verre d'œil à été choisi aussi convergent que le permet la netteté, qui doit être absolue. Cette convergence aug- mente à la fois le grossissement et l'étendue du champ. Avec lalongue-vue microscope on pourra facilement étu- dier les mœurs des insectes sans les faire sortir de leurs habitudes et saisir, pour ainsi dire, leur vie sur le fait. À 30 centimètres, les moindres détails sont visibles : fa- cettes des yeux composés, poils les plus ténus, organes les plus minimes de l’animal ou de la plante, rien n’é- chappe à l'œil de l'observateur armé du Télémicroscope. Cetinstrument est appelé à aider puissamment au pro- grès des sciences naturelles. Combien de secrets de la na- ture, grâce à lui, seront, à l'avenir, dévoilés! Au point de vue du pittoresque, l'instrument n’est pas moins précieux. Nous avons sans cesse autour de nous la source des plus douces jouissances : une fleur, une touffe de gazon, quel- ques brins de mousse,une colonie d'insectes, une eau trans- parente, offrent des tableaux d’une grâce, d’une fraicheur, d'une magnificence inconnues. S'il s’agit des plantes, les détails ressortent avec un relief merveilleux ; les couleurs sont plus vives, le rouge plus intense, le bleu plus délicat, le blanc plus pur. Une simple fleur de sauge des prés porte un manteau royal de velours bleu-violet brodé de perles d’une richesse inouie. Une araignée guettant, sai- sissant, sucant une mouche sur une fleur est un spectacle étonnant. Quelques mouches se délectant d’un morceau de sucre, une fourmilière vaquant à ses multiples occu- pations, voilà autant de spectacles merveilleux dont le Télémicroscope permet la contemplation ; et on peut les varier à l'infini. Enfin, le Télémicroscope donne un tel relief, non seu- lement aux solides objets, mais encore aux gravures, aux photographies, qu'il peut presque tenir lieu de stéréo- scope. On a donc dans cet instrument léger et portatif comme un œil nouveau auquel n'échappent que les infini- ment petits. LES OISEAUX NUISIBLES LE GEAI Après la pie, le geai est assurément l’un de nos oiseaux les plus nuisibles et dont la destruction ne saurait être trop recommandée. Le geai recherche les fourrés, la lisière des forêts, les bouquets de bois et spécialement les bois de chêne. Son cri bien connu est rauque et peut être exprimé par le mot raek ; toujours aux aguets, il répète ce cri lorsqu'il remarque la présence d'un chasseur où d’un chien dans le bois qu'il habite ; à son cri, les autres geais accourent et organisent un concert discordant ; on dit qu'il imite 156 LE NATURALISTE aussi le chant des autres oiseaux et le miaulement du chat. Il se nourrit de glands qu’il avale entiers pour les ramollir dans son jabot, puis les régurgite et les fend ; il brise méme des noisettes à vigoureux coups de bec; il pille les champs, les jardins et les vergers qui avoisinent les forêts, dévorant les fruits et les semences et enfouis- sant, comme la pie, le produit de ses vols. « Quand vous le voyez passer, dit Toussenel, au dessus de la vallée, en automne, tenant en son bec une pomme, une châtaigne, une noix, c’est qu'il se rend vers la cachette qu'il a choisie pour y déposer son épargne. Cette cachette est tantôt un vieux nid de pie ou un nid d’écu- reuil ou bien encore quelque cavité d'arbre. Les chênes qui poussent quelquefois dans le sein des vieux saules proviennent des glands apportés là et, plus tard, oubliés par le geai. » Malheureusement il ne se borne pas à se nourrir de fruits et de semences, c'est un destructeur d'oiseaux aussi redoutable que la pie; il ravage également les nids de perdrix et s'attaque surtout aux nids d'oiseaux utiles : merles, rossignols, fauvettes, dont il brise les œufs ou mange les petits. « Que fait ce chevalier errant, ce rusé compagnon, ditle naturaliste allemand Trinthammer, pendant toute la saison des amours ? Il va d'arbre en arbre, de buisson en buisson ; il ravage les nids, boit les œufs, dévore les petits, déchire les jeunes qui l'ont imprudemment laissé approcher. L'épervier, les pies-grièches sont, eux aussi, de cruels assassins, mais aucun ne cause autant de mal au peuple chantant de la forêt que le geai, Ce qui a échappé à la serre de l'oiseau de proie, à la dent de la marte ou de la belette, succombe sous sescoups. Où il se montre, les couvées sont détruites. Le forestier, qui tient à voir les petits oiseaux détruire les chenilles et la ver- mine contre lesquels, seul, il serait impuissant, doit acti- vement surveiller l’ennemi acharné de ces êtres si utiles, le geai, et mettre un terme à ses déprédations. » Rusé, alerte et toujours en mouvement, le geai est assez difficile à tuer et aucun piège ne pourrait être employé avec succès pour le capturer; on peut cependant le tirer en se cachant et en imitant son cri ou en fixant sur un buisson une chouette vivante ou empaillée dont on imite la voix ; le moment le plus propice pour l'affût du geai est le soir, lorsque ces oiseaux se réunissent en troupes avant de chercher un refuge pour la nuit. Il est assez difficile de détruire sa nichée, car il place son nid sur les chênes, les châtaigniers, les hêtres, à une hauteur d'environ huit mètres, Le geai est heureusement moins commun que la pie, mais il est au moins autant nuisible et mérite d'être détruit sans pitié. Tandis que de nombreux oiseaux utiles sont sacrifiés pour satisfaire aux usages de la mode et parer les chapeaux de leurs dépouilles, ne devrait-on pas employer de préférence les ailes du geai qui sont ornées de jolies plumes bleues et remplaceraient avantageuse- ment les ailes d’hirondelle ou de chardonneret ? Albert GRANGER. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 11 juin 1900. Tremblement de terre au Mexique en décem- bre 4899. — Le 19 décembre dernier, un tremblement de terre ouvrait une profonde crevasse à 2 milles au sud du rancho de Cardona, à l'ouest de la capitale de l'État de Colima. Cette crevasse ne fut découverte que récemment par un laboureur, et l'on s’est aperçu qu'elle donnait accès dans une galerie souter- raine continuée par toute une série d'autres galeries plus longues et plus larges. Le sol en est formé d'une sorte de pâte minérale solidifiée, les voûtes sont décorées de sculptures en relief. Dans un angle d'une galerie du fond on a trouvé un monceau d’osse- ments humains, des objets en terre cuite et beaucoup d'idoles en pierre. Sur les embryons du blé et de l'orge pharaoniques (M. Edmond Ga). — Les graines répandues dans le commerce sous le nom de blé de momie ne présentent aucune authenticité. Tout le monde admet comme sans valeur l'expérience du comte de Sternberg qui croyait avoir obtenu la germination de deux grains de blé pharaonique. D'autre part, Alphonse de Candolle ne considère pas comme impossible qu'une graine ait pu garder pendant quarante ou cinquante siècles sa faculté germinative. Il suppose en outre implicitement que les blés pharaoniques n'ont pas subi de préparations leur enlevant le pouvoir germinatil avant leur dépôt dans les hypogées. Laissant ici de côté celte dernière question et toute autre question connexe, l'auteur s'est proposé de vérifier, par l'examen microscopique d’un grand nombre d'échantillons, si véritablement les grains pharaoniques de diverses origines avaient parfois conservé une organisation interne compatible avec la possibilité d'un réveil germinatif. Il faut constater qu'extérieurement les grains pharaoniques sont ordinairement d’un très bel aspect. Le seul caractère externe un peu notoire consiste le plus souvent dans une teinte rouge bru- nâtre déjà signalée. En résumé, par suite des observations de M. E. Gain, il résulte que les céréales pharaoniques, malgré leur apparence extérieure de bonne conservation, ne possèdent plus une organi- sation cellulaire compatible avec un réveil germinatif. Leurs réserves sont souvent chimiquement bien conservées et utili- sables par un germe viable, mais l'embryon à subi une trans- formation chimique très accentuée el n'est plus viable. Cette altération chimique indique même que la vie ralentie du grain est abolie depuis très longtemps. Séance du 18 juin 1900. Sur l’hydrate de carbone de réserve de la graine de « Trifolium repens » (M. H. [Hérissey). — A la suite de recherches sur les albumens de plusieurs graines de Légumi- neuses, M. Bourquelot et M. Hérissey ont montré que les hydrates de carbone de réserve, qui entrent dans la composition des albumens étudiés, sont constitués, au moins pour la plus grande portion de la masse, par des mannogalactanes, c'est-à- dire par des substances donnant à l'hydrolyse du mannose et du galactose; il a été établi, en outre, que la digestion de ces hydrates de carbone de réserve se fait sous l'influence d’un fer- ment soluble appelé séminase. Les recherches effectuées sur la graine de Trifolium repens permettent d'étendre les conclusions relatives aux résultats qui viennent d’être mentionnés. L'hydrate de carbone de réserve des graines de Jrifolium repens est une mannogalaclane; cette mannogalactane se rapproche, par ses propriétés, de celles de la Luzerne et du Fenugrec; elle est hydrolysable par la séminase qui la transforme, au moins par- tiellement, en sucres réducteurs assimilables, Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE. 17. 157 NATURALISTE LE Fe EE) Le “SAGITTIOSVA ‘XI CS -nel su$ un,p soxj{fe {9)W9ax0,T % uoxodg qnos un { sosstueSio uou Y “sa[oxs surowuno snjd ‘soo9Suore soie *SHGINOIHAUD °X "(1 *8y) sounaq no so8n04 s91JÂ[9 { soddoroa9p uotq suododg xnop 9948 9)WI94X9 I % sorsarte soquel { any anod segstu -V$10 SaJSn{oi sSUIOU no sud s97)e4 GED EN OR CI EN OR eo Er (9 Sy) juopoogad a] onb pureas snjd sinofnoz ‘11e aoruaop * OTQUIICA OUIMOY 0P SOIeIrIXEU sodfe{ mo OO TNT ONE (& *81) oçois snjd no quopoooid ne je$9 oporae or -19p ‘sonbraputyfo soareppreeur sodirq DS \ ge °° (r 8y) pHuoaxo e soqor X09P JUEU -10J 19 SUUPOP U9 Sop[no1oquy soNqpurIg RTS Es G ‘(8 87) onuonxe F S99Tou829 UOU ‘saxgrjua sonqipuezy ‘Y68V ‘SUEA ‘94 np onx ‘94 « OTOA9G OIL P SIT S9T » °qiT k ‘T4 87 ‘o8-UI ‘U901q ‘04 4 S2491d09109 2p soyquü/ sagpdiourd ‘(g'4y)snossopuo opqinoooz ojanoo | auto uo guturo] no oxgrre u9 onbrnu ‘oyonoq ej snos oure uo goutar uou‘oddojoapp nod wnuaog "SAGIHALV'IA De sonores ses (x ‘3y) op8uore oqurod oun aed 9IQTII U9 QUI] 939 auyonod te] Ssnos onbsnf OUT] u9 | gsuojord ‘oddopoaop uorq umuaas | : J9n8u1SIP 9p jourad IUBAMS nvo]q{e} 97 onb soppruez ozu0 owio sodnoi$ xn9p 599 op o[quosuo ‘SapI{911/S0{ Sop Soyyoo4ddez 8 uonb soqprurez so] sognoy puorduwroo 91MNL,[ : S9JIUOIH9") S9p adnox8 91 184 Sopuoqelq xne juowonbrouySopkyd jrnoqe Jo (*979 “sapauhjopg ‘saprs —hohupy ‘sauoum)) one op sowaoposeemy sojqequaa so ouroquoi un j ‘ xned “und sodnors Xnop puardu09 anomuaaoovivn auras ef ‘(y) SOAIP] SOP S91919B4LI SOT ANS S99PUOF SUOIBAPPISUO9 Sap soude p ‘11 9114879 SuOAB [ Snou onb 9Jj0L € "SACIUALVTT — “SAGINOIHANT) — "SATITTISVG — "SAIAOHAdATAT, "SAGIUXANVT — SHGIIHOVIVN — "SAIAAT) —"SAGINILA — ‘SHOTIAONV -— "SHIHIIULSON HAOIMAGON V'IVA AIUTS (SATIAUNLVN SHINHIIS-SH HAALIOQ L'AHMIHTILIOE JUUISU0I TON VA A4 SHALdO10N HEHLSA'TII HAOILAIVNV VUHANAHIY NATURALISTE LE 7 158 — Antennes rapprochées à leur insertion ou légèrement écartées ; tète recouverte en ‘totalité ou en partie par un rebord très mince du prothorax (fig. 9).. .......... VIT. LAMPYRIDES. Antennes écartées à leur insertion ; tête non par le rebord du prothorax. (Res M0) Re erEeRE T eo bn don de 10 Tête plus ou moins enfoncée dans le pro- D ï ; Cd thorax, sans cou distinct (fig. 11)..... CE Tête séparée du prothorax par un cou distinct (fe) ere eCE bats ae nanas OS Prothorax presque carré, aplati ou très peu con- (NES ne vexe en dessus/(fig. 48)... .. dre PS Prothorax globuleux, comme voüté d'avant se =— en terrine (fig lé). t : = 0e) } Avant-dernier article des tarses antérieurs bilobé ou échancré; 4° art.strès petit, caché dans l’échancrure du 3° (fig. 15)... Avant-dernier art. des tar- ses antérieurs ni bilobé ni échancré (fig. 16)..... CLÉRIDES. VIII, TÉLÉPHORIDES, 12 LV. LYMEX YLONIDES, — id à di M « és. dd satin de à Se ane dd À AS at ot à 14 AU et, 19 Corps court; pattes allongées; antennes insérées sur le front en dedans des yeux MALACHIIDES. Gode MR AA A OT à ; (incl. Dasylides) 9) Corps allongé, cylindrique (rarement court); antennes insérées au devant des yeux sous le rebord du front (fig. 48)...,..... HT. PTINIDES Tarses de 5 articles dont le pre- nier estle plus allongé (fig. 19). IL. ANOBIIDES. 10! (incl. Sphindides.) Tarses de 3, 4 ou 5 articles, dont le pre- mier est le plus court (fig. 20-21). I, BOSTRICHIDES. (incl. Lyctides et Cisides.) CROTE 21 (A suivre.) ConsTANT HOULBERT. (==) =) => a Es ES (æ = 99e ANNÉE 2e SÉRIE — N° 32 1 15 JUILLET 1900 CONTRIBUTION à l'étudede la faune dela Roumanie . Depuis 1881 continuellement je collectionne les ani- maux, surtout des Invertébrés, que je trouve en Molda- vie (Roumanie), et je cherche à les déterminer moi- même. 11 s'ensuit que, jusqu'à présent, je n'ai publié que très peu de choses sur la faune de mon pays et que je suis un peu devancé par d'autres naturalistes qui s'occupent de la même faune, mais dans l’autre partie de la Rou- manie, en Valachie. Je dois ajouter que ces derniers se sont adressés à différentes personnes de l'étranger pour leur faire les déterminations, ce qui facilite beaucoup la besogne et on avance rapidement. Ainsi M. Jaquet, de Bucharest, s’est adressé, pour lui déterminer les Myria- podes, à M. Carl Verhoff, de. Bonne; pour les Crustacés, à M. A. Dolfus, de Paris; pour les Aranéides, à M. P. Pavesi, de Pavia; pourles Vers, à M. Rosa, de Turin, et pour les Insectes, à MM. Frey-Gessener et Poncy, de Genève. Jusqu'à présent j'ai publié, de la faune de la Rouma- nie, une liste de Rotifères, cueillis, étudiés et déterminés par moi, et une liste non complète de Lépidoptères diur- nes. Leur publication fut faite dans le Naturaliste et dans une brochure en Roumanie. _ Je viens de déterminer et classer, avec l’aide de M. À, Gorescu, assistant à mon laboratoire, presque tous les Insectes recueillis (excepté les Diptères), et je me propose d'envoyer bientôt un mémoire à la Société zoologique, pour les faire connaitre aux entomologistes. Un aperçu sur l’ensemble de cette collection d’Insectes se trouve déjà publié dans l'Annuaire de l'Université de Jassy (1898-1899). Pour le moment, je présente un ensemble sur la faune carcinologique de mon pays, genres et espèces que j'ai collectionnés, classés et déterminés avec l’aide de Mlle Annette Fuduri, assistante au laboratoire. Et, pour terminer, j'ajoute que j'ai,en cours de prépa- ration, une collection assez riche d’Arachnides, de Vers et de Protozoaires.Pourtant, quand bien même j'arriverais à publier tout ce que j’ai amassé, il ne s'en suivra pas que notre faune ait été complètement étudiée. Il nous faut encore beaucoup de recherches à faire et que d’au- tres naturalistes me viennent en aide, ne pouvant plus continuer seul cette pénible besogne, avec toute l'ardeur qu'elle demande et que je désire. La faune carcinologique. La faune carcinologique de cette partie de la Rou- manie n'est pas si riche, vu le nombre restreint de 39 espèces que j'ai déterminées jusqu'à présent, sans compter l’Ecrevisse et les quelques Amphipodes que j'ai aperçus. J'avoue que, malgré moi, j'ai été forcé de créer quel- ques nouvelles espèces, vu les confusions des ouvrages descriptifs. Même je me permettrai d'observer aux personnes qui se décident, chose fort louable, à nous donner un en- semble, aussi complet que possible, de tout ce qui con- Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. cerne un groupe quelconque d'animaux, comme par exemple les Copépodespubliés dans das Fierreich, Berlin, 1898, qu'ils nous donnent au moins une figure complète de la faune de chaque genre et un dessin parfait de l'organe choisi, comme ayant les caractères spécifiques. De la manière dont ces publications sont faites, il est certain qu’elles n'atteiguent pas le but voulu, Elles sont plus qu'insuffisantes. Les spécimens déterminés sont pour la plupart des Entomostracés, spécialement des Cladocères, Ostracodes et Copépodes. Parnn les Edriophthalmes je n’airecueilli que quelques Isopodes. à Je commence par ces derniers. I. — ISOPODES. J'ai trouvé trois genres : l’un de la famille des Asel- lides : Asellus aquaticus (Geofr.), espèce fort commune dans les eaux stagnantes et dans les petits ruisseaux. Le second de la famille des Oniscines : Frichoniscus pusillus (Brandt), trouvé une seule fois, dans la vallée de Viischoara (Rapedea-Jassy), au mois d'avril 189%. Le troisième de la même famille : Oniscus murarius (Cur.), très commun. ÎTI. — BRANCHIOPODES. Nous avons trouvé le Branchipus stagnalis (Lam.) et l’'Apus cancriformis dans les eaux stagnantes des environs de Jassy. Je dois ajouter qu'on ne les trouve pas tou- jours. III. — CLADOCÉRES. En suivant la classification de Bohuslar Hellich (1), jJaitrouvé dans les eaux stagnantes et courantes des environs de Jassy et d’autres localités de la Moldavie huit genres et dix-huit espèces de Cladocères, des fa- milles suivantes. a) Famille Daphnidæ (Sars). Cinq genres de cette famille : 1° Daphnia et cinq espèces : D. pulex (Müller), fort commune danslesbassins mêmes de la ville (Cossou). D. magna (Strauss),tout aussi abondante que la précé- dente et parfois les individus atteignent 5 millimètres de diamètre. D. longispina (Leydig) dans les mares près de la Douane (Jassy), dans la rivièré Bahlui et dans le lac de Cristesti (1898), surtout au mois de février. Il y a des spécimens avec l'épine caudale plus courte, d'autres l'ayant plus longue et jamais de la longueur de D. longispina représenté comme type, par M. Jules Ri- chard (2). D. sima (Fischer), différente de Simocerhalus vetulu de Hellich qui en fait un synonyme. Se trouve dans le ruisseau Ciric (1889) et Bahlu (1890). D. Schæfferi (Baird), gros specimens fort communs. A deux reprises, J'ai trouvé cette espèce dans un bassin du milieu de la ville de Jassy.' Probablement ont été (1) Die Arbeilen der Zoologischen Abtheilung : die Cladoce- ren Bohmens. Prag, 1871. (2) Ann. Sc. nal. Paris, t. I, 1896, fig. 8, pl. 22, 160 LÉ NATURALISTE EEE CT ES PE = TR disséminés à l’état d'œufs d'hiver, dont on les voit assez souvent chargés. 20 Ceriodaphnia (Dana),une espèce : C. reticulata (Jurine), trouvé dans une flaque d’eau,tout en haut de Barnova, à la fin du mois de mai 1895. 3° Simocephalus (Schædler), deux espèces, et je dois faire une variété : S. Serrulatus (Koch), ruisseau de Ciric. S. Vetulus (O. Fr. Müller), étang Beldimau, 28 jan- vier 1900. S. vetulus var. : Brandtii. L’exemplaire trouvé en jan- vier 4899 dans l'étang de Beldimau est un Simocephalus suivant les caractéristiques de Hellich, ressemble, seule- ment en ce qui concerne la forme de la tête et de l'abdo- men, au Daphnia sima de Fischer (2), espèce considérée par Hellich comme Simocephalus vetulus (loc. cit., p. #1); diffère de cette dernière par la conformation de la cara- Fig. 4. — Simocephalus vetulus var. Brandtii (n. var.). pace, ressemblant, à ce point de vue, au Daphnia Brandtii de Fischer (loc. cit., t. V, fig. 1). Pour ces motifs, je considère mon spécimen comme une variété du S. vetu- lus et, pour confirmer les caractères de l’une (D. sima) et de l'autre (D. Brandtii), je lui ai proposé le nom donné (v. fig. 1). 4° Scapholeberis (Schœdler), une espèce : Se. mucronata (O. Fr. Müller), trouvé au mois d'avril au bord de l'étang de Scobälteni (Pod-Iloæi). Dans l’eau, ces Daphnies sont d’un brun noir, assez intense. Sous le microscope n’ont pas cette couleur. Il est difficile de nous expliquer cette coloration. 5° Moina (Baird), deux espèces : M. brachiata (Jurine), trouvé au mois de juillet 1890 à Babiceni (Dep. Botochany) et au mois de janvier 1899 dans l'étang de Beldimau. M. rectirostris (O. Fr. Müller), étang de Beldimau. b) Famille Lyncodaphnidæ (Sars). Deux genres : 1° Lathonura (Liljeborg), deux espèces et une va- riété : L. rectirostris (O. Fr. Müller), dimau. L. rectirostris var. : dorsispina (n. v.). L'individu trouvé dans le même étang, au mois de juin 1898, porte en plus des épines sur les 3/4 de larête dorsale des valves. Comme dimensions, mes exemplaires sont bien plus pe- tits, n'ayant que 0 c. 40 comme longueur, Pour le mo- ment je le considère comme une variété, quoique l’en- semble de l’organisation puisse nous permettre de le considérer comme une nouvelle espèce. Le naturaliste IHellich considère le Daphnia mistacina de Fischer commeidentique à son Hathomera rectirostris. Dans ce cas-là, les antennes de notre spécimen diffe- rent de ceux dessinés par Fischer, n'ayant des denti- cules qu’au bord terminal de chaque article, tandis que Fischer en dessine plusieurs rangs sur chaque article antennaire. dans l'étang de Bel- 2° Macrothrix (Baird), deux espèces, dont une nou- velle : M. vosea (Jurine), dans l'étang de Beldimau, 28 fé- vrier 1900. Ces individus à cette époque sont remplis d'embryons et j'ai observé, d'une part, que les valves sont extensibles et que l'animal les contracte en quelque sorte, d'autre part, qu'elles se laissent distendre par les embryons et l’animal devient fort voüté. J’ai observé encore que le museau assez allongé de l'animal est mo- bile. M. magnantennulata (n.sp.). Ce sont des individus bien plus petits que les Macrothrix en général. Ils n’ont que tout au plus 2 millimètres comme longueur et les antennules, assez haut fixées sur les joues de l'animal, sont excessivement longues (9 millimètres), par rapport au corps (fig. 2), très mobiles et paraissent formées de deux parties : l’une basilaire, terminée par unepointe, et l'autre terminale, par une touffe de gros bâtonnets. Ces Fig. 2.— Tête du Macrothrix magnantennulata (n. sp.). antennules sont si caractéristiques, que je les ai choisies comme criterium de spécification. c) Famille Lynceidæ (Sars). Un seul genre et deux espèces, dont une nouvelle : 1o Chydorus (Baird). Ch. sphæricus (O. Fr. Müller), rivière Bablui (1888), : ruisseau Ciric (1889), lac Cristesti (1895). Ch. elavatus (n. sp.). L’exemplaire trouvé au mois de septembre 1888 dans la rivière Bahlui doit être considéré comme une nouvelle espèce de Chydorus. À première vue,il ressemble au Ch.latus, mais diffère aussi bien par la ï taille que par la conformation du post-abdomen. Notre | exemplaire n'a, comme longueur, que 1 millimètre et | 9 millimètres comme hauteur. La tache oculaire plus grande que l'œil; les griffes terminales du post-abdomen sont très longues et non pectinées à leur base. Enfin le post-abdomen à la forme d’une massue allongée et porte latéralement une rangée d’épines de plus en plus courtes, vers le talon; sur les crêtes mêmes qui bordent la face anale de cette région, se trouvent de très petites dents. HA) 4 PTIT NY Fig. 3. — Chydorus clavatus(n. sp.). ê Cette forme caractéristique de l’abdomen m'a servi comme criterium de spécification (fig. 3). IV. — OSTRACODES. . Jusqu'à présent je n'ai trouvé, comme Ostracode, que le genre Cypris de la famille des Cyprisidæ,représenté par huit espèces dont quatre nouvelles. ù Cypris. 19 C. aurantia (Desmarest), abondante dans la rivière Bahlui (1889) où on la trouve même au mois de janvier. Les individus n’ont pas la même grandeur. Il y en a des grands et des petits. 29 C. conchacea (Desm.), surtout au mois de septembre (1888), Bahlui (Jassy). 30 C. cribrum (n. sp.). Je l’ai trouvé au mois de sep- tembre (1888) dans Bahlui. Comme forme générale res- semble à l'espèce trouvée aux environs de Saint-Péters- bourg et nommée par Fischer C. sinuata. Diffère, pre- miérement par la couleur uniforme, terre de Sienne, secondement par la conformation des valves qui sont complètement criblées de petits trous, plus où moins ronds; enfin les poils du bord des valves, largement espacés, sous un fort grossissement se montrent distri- _ bués, par deux, par trois, de nouveau par deux, ensuite par un seul, pour recommencer le même cycle de dis- LE NATURALISTE —————————————…………——… …— —……—.——_—.————————. —————————— 161 tribution (fig. 4). Vu la manière d’être des valves, je lui ai proposé le nom spécifique de cribrum.Comme longueur, 1 millimètre. 49 C.villosa (Desm.), très fréquent dans le lac de Cris- testi, trouvé pour la première fois en 1891. 5° C. unidentata (n.sp.). Le spécimen ressemble comme NRA AR RE Fig. 4. — Cypris crbrum (n. sp.). couleur et comme forme au C. villosa. Ressemble aussi beaucoup à l'espèce C. pubera (Fischer), Diffère des deux espèces citées par une bordure blanchâtre, tout le long de la marge ventrale des valves; par le nombre de 12 pointes que les valves ont sur la bordure buccale, contre les 6 ou 7 qu'en a le C. pubera,et à la pointe anale des valves mon espèce porte de chaque côté une petite touffe de poils, précédée par une pointe. Donc des carac- tères différents de pubera de Fischer. Ces deux pointes anales m'ont servi comme criterium de spécification (Hg. 5). Se trouve dans Bahlui où je l'ai trouvé premièrement en novembre 1889. Fig. 5. — Cypris unidentata (n. sp.). 6° C. perforata (n. sp.). Cette espèce se caractérise par la présence, tout près de la marge des valves, en haut comme en bas, de gros poils portés sur des petits tubercules. Ensuite le bord dorsal et la surface des valves sont äépourvus de poils, tandis que sur la marge ven- trale ils portent des poils fins et rares. Enfin, outre une fine réticulation [à la surface des valves, il y a des perforations ovales, largement espacées , de 1à la déno- mination spécifique que je lui ai donnée (fig. 6). Longueur, 2 millimètres. Se trouve dans Bahlui, surtout au mois de mars 1890. 162 LE NATURALISTE 70 C. fuscata (Desmarest), Assez abondante dans le lac de Cristesti 1898. 8° C. tridentatu (n. sp.l. Cette espèce assez voüûtée, d'une couleur jaune pâle uniforme, velue, se caractérise par une inflexion en dedans des marges des valves, tout du Jong du bord supérieur (buccal); par la bosse dé- poilue qui se trouve en arrière de l'œil, par des poils sur des tubercules intercalés à d’autres plus fins et sans tu- bercules, tout du long de ce bord supérieur, et à l'opposé (bord anal), par trois dents épaisses sur chaque valve, dont la première, à partir du bord ventral, est pointue, la Fig. 6. — Cypris perforata (n. sp.). seconde,intermédiaire, plus petite, et la dernière, dorsale, plus épaisse. À partir de cette dernière, marchant vers le bord dorsal, l’espèce porte encore dix autres dents plus petites (fig. 7). Les poils de la surface des valves sont alternativement distribués, Fig. 1. — Cypris tridentata (n. sp.). Les trois dents du bord anal m'ont servi comme ca- ractéristique de spécification. Trouvé au mois de mars 1892, dans un bassin, près du muséum de Jassy. Remarques. — Généralement au dégel et à l'automne, on trouve presque toutes les espèces de Cypris. Plus ra- rement pendant les grandes chaleurs. Vivent et se mul- tiplient facilement dans les petits aquariums du labora- toire. (A suivre.) Dr LÉon C. Cosmovrcr. Curiosités botaniques Tout le monde connait l’épine-vinette, dont le nom s'explique facilement : un buisson épineux portant des petites baies aigrelettes, avec lesquelles on fait du vin, si on en laisse fermenter le jus, comme on fait du vin avec du raisin ou avec des grains de cassis. Avez-vous déjà bu du vin d’épine-vinette ou du vin de cassis? Ce n'est pas que cela vaille le Château-Yquem ou le Cham- bertin, tant s’en faut; mais enfin c’est bien du vin, et un vin qui vaut mieux que ces épouvantables liqueurs que l’on voit vendre à Paris sous le nom de kirsch dans certaines maisons de détail. Ces liqueurs frelatées sont simplement du mauvais trois-six (si encore c'était du vrai trois-six!)}, additionné d'eau et aromatisé avec quelques gouttes d'essence de mirbane, dont nous nous servors pour empoisonner les insectes dans nos col- lections. Mais pourquoi a-t-on eu l'idée de donner à l’épine- vinette le nom de Berberis, au lieu de Spina vinifera, je suppose? Qu'est-ce que veut dire ce mot qui rappelle Birihi? Berberis vient de ber, ours, et beri, baie, en gaulois, qui veut dire baie d'ours, raisin d'ours. C’est du gaulois latinisé, car, en latin, on dirait uva ursi, pour dire baie ou raisin d'ours. Il faut croire que les ours étaient friands de ces petites baies, quand nous en avions encore dans nos montagnes, La vérité est qu'ils ne se génaient pas pour descendre de leurs montagnes et venir dans la plaine pour dérober le véritable raisin dans nos jardins. Les ours ont bon gout et sont très friands. A défaut de raisin, ils mangent des baies d’épine-vinette, sans faire de tort à personne ; car, je le répète, c’est un fruit bien insignifiant pour faire du vin et on le laisse perdre sans l'utiliser, les trois quarts du temps. Voici maintenant quelque chose de bien curieux et de bien extraordinaire, que l'histoire nous raconte sérieu- sement, et qui nous à toujours beaucoup intrigué. Nous pensons que nos lecteurs l’apprendront avec intérêt, car il est connu de bien peu de personnes; cependant, il aurait besoin d'être vérifié avant que l’on puisse y ajouter foi. Les auteurs nous rapportent que, sous le règne de l'un des nombreux rois de la première dynastie, qui dura près de trois siècles et demi, on vit, une belle année, les fruits noirs du sureau donner des grappes comme du raisin. Dans les pays du nord de la France, en effet, on culti- vait autrefois la vigne sur une très grande échelle, notamment dans le Noyonnais, qui comprenait une petite partie des départements de l'Oise, de l’Aisne et de la Somme, Comme le raisin ne muürissait pas très bien tous les ans, on y ajoutait des baies de différents ar- bustes, telles que celles de l’épine-vinette, du troëne et surtout du sureau, et notamment de l’hyèble, qui ne pousse pas en bois comme les autres espèces de sureau. Il paraît donc qu’on vit, cette année-là, les fruits du sureau à baies noires, du Sambucus nigra et plus parti- culièrement du Sambucus ebulus (yèble), se développer sur une efflorescence en grappe, comme le raisin Jui- même, au lieu d’être disposés en corymbe comme d’ha- bitude. L'histoire ne dit pas si ces baies ont donné, avec le jus de raisin, un vin meilleur que d'habitude; cepen- dant elle le laisserait supposer. On comprend que ce LE NATURALISTE 163 singulier phénomène émut tellement les populations de nos campagnes, que les narrateurs ne manquérent pas de signaler ce fait dans leurs écrits. Maintenant est-ce vrai ou n'est-ce pas vrai? On com- prend que nous ne pouvons pas le garantir plus que cela. Cependant, il est à croire qu'il n'y a pas de fumée sans feu, et que, s'il ne s’était rien passé d'extraordi- naire à ce sujet, on se serait bien gardé d’en parler. Quoi qu'il en soit, les observateurs de cette époque ont bien certainement remarqué quelque chose qui n’était pas habituel; et il serait intéressant, pour les personnes qui habitent la campagne, de regarder si parfois les diverses espèces de sureau à fruits noirs ne présente- raient pas quelques particularités bizarres dans leur inflorescence dans certaines années. En effet, ce qui a été général, à une certaine époque, devrait quelquefois s’'observer isolément dans certains cas. En cherchant bien, on ne trouverait peut-être pas de grappes, mais on aurait chance de découvrir autre chose, qui serait aussi intéressant, sinon davantage encore. Nos ancêtres ont consigné peu de faits de ce genre dans leurs écrits dans notre pays. C’est pour cela qu'il serait intéressant de les vérifier. N’est-il pas bien remar- quable de voir que chaque espèce donne généralement, non seulement les mêmes fleurs et les mêmes fruits, mais encore constamment la même inflorescence, c'est-à-dire toujours la même disposition des fruits entre eux, par rapport à la tige qui les porte? Ici telle espèce donne des fruits isolés, là elle les donne en touffes défi- nies ou non; telle espèce les donneen grappe, telle autre les donne en ombelle, d'autres les donnent en corymbe, Jugez donc quelle stupeur si on voyait un jour, je sup- pose, les grains de raisin disposés en corymbe, au lieu d’être en grappe! Certaines gens crieraient à la fin du monde, ou à l’arrivée prochaine d'une comète; que sais-je encore? Que n’a-t-on pas déjà imaginé à propos de l'influence possible, ou même impossible, exercée par la queue d’une comète sur l'air de notre atmosphère! En tout cas, il s’agit ici d’un fait précis. Ne pourrait-on pas essayer de le contrôler? D: BOUGoN. AU SUJET D'UN MOINEAU x M. le capitaine Treille, de l'infanterie de marine, pu- blie dans le « Bulletin du Muséum d'histoire naturelle de Paris » une note assez curieuse sur un moineau arrivé à une certaine éducation musicale. Un mâle du moineau franc, le pierrot de nos jardins et de nos rues, tombé du nid en août 1899, couvert de plumes, mais incapable de prendre son essor, était recueilli par des mains chari- tables, désireuses de lui éviter une mort cruelle sous les dents des chats ou les pierres des enfants. Élevé facile- ment, vite apprivoisé, Kiki (tel fut le nom de l'orphelin) grandit loin de ses congénères, dans une chambre close, sortant de sa cage, allant, venant dans l'appartement, recherchant la société de ses maitres, dont il fait les délices. Très gourmand, insolent, d'humeur détestable et piquant dur à la moindre contrariété, on lui passe ses défauts à cause de ses qualités musicales, qui touchent au phénomène. En effet, sous les premiers rayons du soleil printanier de 1900, les maitres de Kiki le virent, avec un profond étonnement, s’essayer à des sifflements très doux. Il écoutait attentivement les oiseaux chanteurs voisins et s’ingéniait, avec une patience remarquable, à reproduire leurs chants. Peu à peu, il étendit sa gamme, on lui serina quelques airs connus, et aujourd’hui notre maitre Pierrot est en possession d’un répertoire assez varié, qui cause une grande stupéfaciion à tous ses auditeurs. Kiki commence par des gazouillements en sourdine, qui ne sortent pas de la gorge comme le chant du tarin ; puis il passe au doux sifflement du bouvreuil, aux trilles du serin, pour monter au persiflage de la grive, Comme le merle aussi, il prend de haut des bribes d'airs con- nus. C’est un oiseau moqueur par excellence, Il est regrettable que, depuis les beaux jours, par les fenêtres ouvertes, il se soit mis en communication avec ses pareils dont il connaît bien les cris et piaillements expressifs; mais, s’il en assaisonne aujourd'hui ses tirades, il revient bientôt à des motifs plus harmonieux et plus agréables aux oreilles. Bien des personnes ont été témoins, à Brest, des chants de Kiki. Perdrait-il ses qualités s’il était transporté dans un autre milieu ? Il est peu probable, car, comme tous les oiseaux bien soignés en cage, il manifeste surtout son contentement et sa joie et salue de ses chants l’eau fraichement versée, les grains appétissants, la salade tendre, et la prison éclairée par les chauds rayons du soleil, PHOTOGRAPHIE La photographie et l’étude des nuages. — Sous ce titre, M. Jacques Boyer vient de publier un inté- ressant opuscule où l’on trouvera l'étude scientifique des nuages faite à l’aide de la photographie et notamment les recherches de M. Teisserenc de Bort sur la hauteur des hydrometènes. En ce qui concerne la photographie proprement dite, M. Boyer dit que chaque fois qu'on a des nuages sombres sur un fond bleu ou blanc, il n’est pas difficile d'obtenir de bonnes épreuves avec des plaques quelconques au gélatino-bromure d’argent et à l’aide d’un obturateur permettant de courtes poses (1/50 à 1/100 de seconde). D'après M. A. Angot, un excès de pose est préférable, car il est toujours facile d'affaiblir le cliché. Mais pour la photographie des nuages blancs et légers, tels que les cirrus et les cirro-cumulus, lorsqu'ils se dé- tachent sur un fond du ciel bleu clair, les difficultés com- mencent, On peut se servir d'un écran jaune qui ne per- met pas au bleuducield'impressionner la plaque, etenne se servant que de plaques sensibles au jaune. M. Hilde- brandsson, d'Upsal, employait comme écran une cuve renfermant une solution de gomme-gutta additionnée d'un peu de sulfate de quinine. MM. Augot et Teisse- renc de Bort emploient le liquide suivant, indiqué par Léon Vidal : Sulfaté AeCUIVIE.. se... sers 175 grammes. Bichromate de potassium....... 11 — Acide sulfurique.............. ; 6 centigrammes, DENON Ne le elle telele . d00 grammes. Malheureusement, les rayons ayant à traverser des substances d'indices de réfraction différents, l'interposi- tion des écrans altère un peu les images, ce qui est dé- 164 LE NATURALISTE sastreux pour des recherches précises, car les perturba- tions sont irrégulièérement distribuées. Une autre méthode a été signalée par M. Riggenbach, de Bâle. Elle est basée sur le phénomène de la polarisa- tion. La lumière bleue du ciel étant partiellement pola- risée principalement à 90° du soleil, si on regarde le ciel à travers un analyseur orienté de facon convenable, on éteindra une grande partie des rayons émis par le bleu sans diminuer notablement l'intensité des nuages. Les contrastes sont alors plus accentués et on obtient de belles épreuves. L'analyseur peut être un nicol ou une glace noire faisant avec l'axe optique un angle égal à l'angle de polarisation, La glace est supportée par une monture qui lui permet de tourner autour de cet axe. L'inconvénient de ce procédé réside dans ce fait que, si on emploie le nicol, le champ est très diminué, et que si on utilise la glace noire, sa position devant l'objectif rend difficile l'orientation de l'appareil. En outre, ce mode opératoire n’est pas général, puisque le degré de polari- sation du ciel varie suivant la direction. Il donne de bons résultats quand on opère, comme M. Riggenbach, au sommet de montagnes élevées. Là, le ciel étant foncé, la différence entre les actions photochimiques'des nuages et du ciel est plus accentuée. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS vViCINUS. Hope. Hope. Catal. Luc. 1845, p. 10. Burmeister. Handb. der Entom., vol. V, p. 527-28. Syn. Luc. Whitei. Thomson. Cat. Luc., p. 394. Luc. Smithii, Parry. Proc. Ent. Soc.1862, p. 1080. Parry Trans. Ent. Soc. 1862-63, p. 416. — Catal. 1864-66, pu 10,3pl 40h02. Généralement désigné dans les collections sous le nom de Smithii que lui a donné Parry, ce Lucane n'est autre que le Luc. vicinus, ainsi que M. R. Oberthür a pu le constater l’année dernière, à Londres, en examinant la collection de Hope. Ce Lucane était, au reste, voué aux changements de noms, car Thomson lui ayant attribué dans son Cata- logue le nom de Luc. Whitei, Parry qui, pas plus que ce dernier, n'avait reconnu le Luc, vicinus, avait réclamé, en termes plutôt secs, la priorité en faveur de son Luc. Smithii. Voici, en effet, ce qu’il dit à ce sujet dans les Trans. Soc. of. London 1862-3, p. 446 : Remarques du major F. I. Sidney Parry sur le Catalogue des Lucanides de James Thomson : « Cette nouvelle espèce avait été originairement nom- « mée par moi-même après m'avoir été si gracieusement « donnée par le Président de notre Société. J'en avais « préparé une description destinée à être publiée. « M. Thomson a montré plus de courtoisie pour «M. Adam White qu’à mon égard. » Il est assez difficile d’assigner une place exacte au Luc. vicinus, mais e ne crois pas que l'opinion de Parry qui le rapproche du villosus, « allied to L.villosus, Hope », soit exacle. Ni la forme des mandibules, ni la saillie intermandi- bulaire ne me paraissent autoriser ce rapprochement; quant à la villosité, qui est évidemment très serrée et abondante chez les exemplaires bien frais du Luc,vicinus, elle ne saurait suflire; à ce compte le Luc, Hopei est tout aussi-Villeux; je crois plutôt que la place du Luc. vicinus est tout à côté du Luc. Cantori. Si l’on fait, en effet, abstraction de la différence de taille qui est considérable, on remarquera que la struc- ture des mandibules, du labre et de l’épistome est très voisine, et que le prothorax et les élytres présentent également de grandes analogies avec ceux de cette der- nière espèce; la forme même de la tête, bien que dis- tincte, se rattache au même type; en effet, chez l’une comme chez l’autre espèce, elle est fort étendue en -lar- geur, affectant la forme d’un parallélogramme plus large que long, tandis que chez les Luc. Westermanni, villosus, lunifer, ete., elle est plus ou moins rétrécie en arrière en forme de V. MALE Coloration La couleur foncière du Luc. vicinus qui est, en entier, d'un brun noirâtre un peu terne, plus clair et plus rou- geâtre sur les élytres, est presque complètement dissi- 1. — Luc. vicinus 2.— Luc. vicinus - (Syn. Smithii) (type de Parry) mulée chez les exemplaires bien frais par une pubes- cence d’un jaune doré, d'aspect poussiéreux, qui est courte et très fine, mais extrêmement serrée et abon- dante; seuls de tout le corps, les deux derniers tiers des mandibules sont dénués de pubescence. En dessous ce revêtement pileux est encore.plus long et plus fourni, surtout sur la région sternale. Les pattes sont de la même couleur que les mandi- bules, c'est-à-dire d’un brun noirâtre; chez beaucoup d'exemplaires la partie médiane des cuisses est un peu plus claire et plus rougeûtre que le pourtour, Structure Mandibules de la même longueur que la tête et le thorax réunis, larges et bombées à leur naissance, puis se rétrécissant faiblement jusque vers la grosse dent mandibulaire qui est située un peu au delà du milieu; | | LE NATURALISTE 165 elles s’élargissent de nouveau après cette dent pour se rétrécir de nouveau jusqu’à la fourche terminale qui est très brève, peu ouverte et composée de deux dentssub- égales et superposées. La première portion de la mandibule est de section triangulaire, à contours arrondis; la seconde est beau- coup plus déprimée; chez les grands spécimens la grosse dent des mandibules est précédée dedeux à trois faibles denticules souvent peu distincts, Elle est suivie, vers le milieu de la partie qui s'étend entre elle et la fourche terminale d’une seule dent assez forte, parfois précédée d'un petitdenticule; chezles spécimens plus petits, telsle type de Parry (v.fig. ci-dessus) cette dispositionest moins accentuée et donne naissance à une structure un peu dif- férente que Parry a très bien caractérisée comme suit : « mandibulis... ante medium lobo tridentato armatis. » Quant au contour extérieur des mandibules, il est sen- Lucanus vicinus Exempl. de Pedong (collor R. Oberthür) siblement le même que chez le Luc. Cantori;la dent infra- mandibulaire est courte, large à sa base et subeylin- drique à son extrémité. La tête, bien moins plane que dans l'espèce précé- dente, est fort large, à carène frontale étendue et élevée mais fine, à carènes latérales un peu plus larges et bien arrondies ; le clypeus est un peu excavé et bien plus ver- tical que chez le Luc, Cantori; le labre a son bord anté- rieur un peu en demi-cercle; l’épistome est très court et de forme ogivale; l'œil est petit, dépassé par les carènes postérieures; le prothorax, entièrement et finement rebordé, est sinueux en avant et en arrière; il présente en son milieu une série longitudinale peu enfoncée; son bord postérieur est fortement rabattu latéralement sur les élytres; ses côtés sont fortement inclinés; l'écusson est arrondi, les élytres souvent assez parallèles, bien arrondies en arrière, présentent, surtout lorsqu'on les examine de biais, une dépression semblable à celle des élytres du Luc.Lunifer, mais. cependant beaucoup moins profonde. ‘ Les pattes sont finement granuleuses; le dernier ar- ticle des tarses est très large. Ainsi que l’on peut s’en rendre compte en examinant les figures, les très petits mâles s’éloignent considé- rablement comme aspect dela formenormale et,n’étaient le tranchant de leurs carènes et la longueur de leurs pattes, pourraient être assez facilement pris pour des Pseudolucanes si l’on n'avait en mains des matériaux suffisants pour établir le passage. FEMELLE La femelle du Luc, vicinus possède la même coloration et la même pubescence que le mâle. Les mandibules, presque aussi longues que la tête et fort larges, sont nettement sécuriformes, à bord interne très déprimé et tranchant, lisse sur une assez grande surface; le restant de la mandibule est granuleux ; le labre est assez court, en forme de triangle arrondi, La tête est large, robuste, renflée en arrière des yeux, Lucanus vicinus (femelle) assez bien détachée du corselet: les carènes sont bien indiquées, le disque fortement rugueux; l'antenne est plus courte que chez le mâle,mais conformée dela même façon. Le corselet est long et large et entièrement re- bordé ; il est situé en avant et en arrière, fortement ar- rondi aux angles antérieurs; les élytres sont assez al- longées et ovalaires; les pattes fortement rugueuses. Le Luc, vicinus habite le Sikkim etle Rritish Bootang; comme localité précise, je eiterai Maria Basti; il parait être très répandu dans les régions où il se trouve. Louis PLANET. OFFRES ET DEMANDES — On demande : Pontes, larves, nymphes, et toutes autres pièces se rapportant à l’évolution des insectes utiles ou nuisibles, sauf Lépidoptères. Adresser les propositions à Les Fils D'Emile Deyrolle, naturalistes, 46, rue du Bac, Paris. — À vendre: Lot de Cassides européennes et exotiques. 65 espèces,156 exemplaires,2 cartons.Prix. 50 francs. Lot de Carabiques européens : Harpilides, Féro- nides, Anchoménides, Bembidiides. 300 espèces, 830 exemplaires, # cartons doubles. Prix. 65 francs. — On demande des Minerais de plomb: Galène à grandes facettes, Galène à petites facettes, Galène argentifère. Donner prix par 100 kilogr. S’adresser à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46,rue du Bae, Paris. 466 LE NATURALISTE ILES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU PLANTES CRETE TES Arbres forestiers Arbres fruitiers NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Cossus Ligniperda F. Zeuzera Æsculi L. Orgyia Gonostigma $S. V. — Antiqua L. Trigotephras B. Demas Coryli L. Liparis Dispar L Monacha L. CS some ls Auriflua S. V. Laria V., Nigrum Esp. Dasychira Pudibunda L. Bombyx Cratægi L. Bombyx Neustria L. Bombyx Quercus L. Lasiocampa Quercifolia L. Aglia Tau L. Lophopteryx Camelina L. Pygæra Bucephala L. Acronycta Psi L. Tridens L. Rumicis L. Auricoma $. Tæniocampa Gothica L. Cosmia ea ne IBA Angerona Prunaria L. Odontapera Bidentata Clerck. Crocallis Elinguaria L. V. Ennomos Autumnaria Werner. Ennomos Alniaria L. Biston Hirtaria L. Amphidasys Strataria Hufn. Amphidasys Betularia L. Boarmia Gemmaria Brahm. Acidalia Bisetata Hufn. Acidalhia Incanaria H. Hybernia Marginaria Bkh. Hybernia Defoliaria L. Cheimatobia Brumata L. Cidaria Siterata Hufn. Cidaria Prunata L. Leuconea Cratægi L. Aglaope Infausta L. Cossus Ligniperda F. ZLeuzera Hecali L. Demas Coryli L. Liparis Dispar L. Chrysorrhæa L,. Auriflua $. V. Bombyx Cratægi L. Neustria L. Catax L. Lasiocampa Quercifolia L. Saturnia Pyri S V. Salurnia Pavonia L. Diloba Cæruleocephala LE. Acronycta Psi L. Tridens L. Tryphæna Comes H. Angerona Prunaria L. Nyssia Pomonaria I. Nyssia Hispidaria F. Amphidasys Strataria Hufn. - Amphidasvs Betularia L. Boarmia Gemmaria Brahm. Numeria Pulveraria L. Hybernia Marginaria Bkh. Hybernia Defoliaria L. Cheimatobia Brumata L. Eupithecia Insigniata H. Eupithecia Rectangulata L. Cidaria Prunata L. ‘Mai, juillet, MOIS DE Chenilles RE ———— Mai, jou (troncs). août. Mai, juin. Juin, septembre. Juillet. Juin, juillet. Septembre, octobre. Mai. Juin. Juin. Juin, juillet. Juillet, août. Juillet à octobre. Belle saison. Août, septembre. Juin à septembre. Juin, jus septembre. Juin, juillet, octobre. Mai, juin. Mai, juin. Août, septembre. Avril, mai. Juin. Juin, juillet. Août, septembre. Juillet à septembre. Juillet à octobre. Mai, juin, août, Avril à juillet. Belle saison. Mai, juin. Mai. juin. Mai. Mai, sept. juillet. Mai. jun. Avril, mai. Mai, juin. Mar, Juin (troncs). Mai, juin (troncs). Juin, septembre. Juillet. Juin. Juin. Mai. Jun. Juin. Juin, juillet. Août. Juillet. Mai. Belle saison. Août, septembre. Mars, avril. Mai. Mai à juillet Mai. Juillet à septembre. Juillet à octobre. Mai, juin, août, sept. Juin, ‘septembre. Mai, juin. Mai, juin. Mai. Juin. Aril, mai. Mai, juin. L'ANNÉE TROUVE ES TT Papillons nes Juin, juillet. Juillet, août. Juin, août, septembre. Juin, juillet. Avril, mai, juillet, août. Juillet, août, Juin, juillet Mai. Août, septembre. Juillet. Juillet. Juillet. Mars, avril. Mai, juin. Mai, juin. Mai à août. Mai, juin. Avril, juin, août, sept. Avril, mai, juillet, août. Mars, avril, août à oct. Juillet. Juin, juillet. Aril, mai, Juillet, août. Juillet à septembre. Août, septembre. Mars, avril. Mars à mai. Avril à Juillet. Mai, juillet. Mai à août. Belle saison. Novembre, fév., mars. Oct., nov., fév., mars. Novembre, décembre. Juin, septembre, oc- tobre, novembre. Juillet,août,septembre. Juin, juillet. Juin, Juillet. Juin, juillet. Juillet, août, Avril, mai, juillet, août. Juillet, août. Juin, juillet. Juin, juillet. Août, septembre. Juillet. Mai, septembre. Juillet. Aril, mai. Mars, avril. Octobre. Mai à aout. Mai, juin. Juin à septembre. Juin, juillet. Mars. Mars, avril. Mars, avril, mai. Avril à juillet. Mai, juillet. Avril, mai, juillet, août. Novembre, fév., mars. Oct., nov., fév., mars. Novembre, décembre. Juillet. Juin, juillet. Juillet à septembre. HABITAT FRANCAIS Toute la France. France méridionale. Toute la France. Toute la France. France centrale et AURAS -[Toute la France. France centrale et méridionale. Toute la France. France centrale France centrale Toute la France. et orientale. et orientale, France centrale Toute la France. et orientale. Doubs, Châteaudun. Toute la France. LE NATURALISTE 167 CREER DE L'AABILLEMENT CHEZ LES ANCIENS Je ne veux pas faire ici l’histoire du vêtement; trop d'ouvrages, et d'excellents, ont été écrits sur ce sujet : je me propose tout simplement de passer en revue, — et alphabétiquement, — les matières premières dont les an- ciens se sont servis pour fabriquer leurs habillements ordinaires ou leurs vêtements de parade et de luxe. Castor. — « Nous recherchons, dit saint Ambroise (De la dignité du sacerdoce), les étoffes de castor et de soie, celui-là se croit le plus distingué parmi les évêques qui porte les vêtements les plus brillants », ete. — Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont-Ferrand (ve siècle), désigne même par ce seul mot, castorinati (vêtus de castor), les hommes qui vivaient dans le luxe (lettre VII); depuis fort longtemps la fourrure de cet animal était un objet de luxe fort recherché des Romains, et les castors étaient chassés aussi bien pour leur poil que pour leur castoréum : « Les castors du Pont, dit Pline (Histoire naturelle, VIII, 47,et XXXII, 13), se châtrent eux-mêmes quand le péril les presse, car ils savent qu'on les poursuit pour leur castoréum ». Ils étaient plus intelligents qu'aujourd'hui, Chanvre. — Hérodote parait être le premier qui ait parlé du chanvre, et peut-être Homère et Hésiode ne l’ont-ils pas connu (900 ans av. J.-C.), car ces deux au- teurs contemporains n’en parlent pas; c’est pourtant une raison bien faible pour supposer leur ignorance à cet égard. Hérodote (484-406 av. J.-C.) dit que ce végétal croissait en Scythie, et que les Thraces en faisaient des vêtements si semblables à ceux que l’on fabrique avec le lin, qu'il fallait une bien grande expérience pour les distinguer (liv. IV, ch. 74). Dioscoride en parle aussi dans les chapitres 165 et 166 du livre III de sa Matière médicale, etc. Coton. — On lui donnait souvent le nom de laine des arbres, mais il était plus communément appelé byssus. Pollux (iv. VII, ch. xvu), saint Jérôme (swr Kzéchiel, ch. xxviIn), Isidore (Origines, xIX, 27) reconnaissent le byssus comme une espèce de lin, — et non pas comme une étoffe teinte en pourpre, comme bien d'autres au- teurs l'ont cru : « Byssus, dit Isidore, genus est quoddam lini nimium candidi et mollissimi », « le byssus est un genre de lin très blanc et très doux ». Il était d’ailleurs connu en Égypte dès la plus haute antiquité : les ban- delettes dont les Egyptiens entouraient les cadavres après l’'embaumement étaient en coton, et l’on en re- connait facilement les fibres, au microscope, de celles du lin avec lequel il est souvent mélangé, Philostrate (ue siècle), dans sa Vie d’Apollonius de Tyane (liv. II, ch. 10), et Strabon (liv. IV, ch. 17) en parlent comme d’une petite gousse chevelue croissant sur un arbuste ; les étoffes fabriquées avec cette plante étaient réservées aux personnages d’un rang élevé. Pline nous parle de sa culture en Egypte, en Arabie et dans l’Inde. . Saint Jérome regarde l'Egypte comme la véritable patrie de cette plante : Byssus in Ægypto quam maximé nascitur. Arrien, Méla et Tertullien disent que c'est un lin où une laine produits par un arbrisseau de l'Inde, de PArabie et de l'Egypte. Théophraste le décrit ainsi (His- toire des plantes, liv. IV, ch. 9) : « L'ile de Tylus pro- duit encore beaucoup d'arbres qui portent de la laine ; ils ont des feuilles qui ressemblent à celles de la vigne, mais plus petites; ils ne produisent aucun fruit qui serve à la nourriture, Ce qui renferme la laine est de la grosseur d'une pomme, parait au printemps, et est comprimé. Quand cet objet est mur, il s'ouvre et la laine est en- levée; on la recueille pour en faire des toiles, les unes communes, les autres du plus grand prix ». Pline en parle aussi au livre XIX, ch. 2, de son Histoire natu- relle : « La partie supérieure de l'Egypte, dit-il, du côté de l'Arabie, produit un petit arbrisseau nommé par quelques-uns gossipion, et par la plupart æylon (bois), d'où l’on appelle xylines les étoffes qui en proviennent. Il est petit, et porte un fruit semblable à une noix barbue; l’intérieur contient un duvet que l’on file; au- cune étoffe n’est préférable à celle-ci pour la blancheur et la souplesse; on en fait les vêtements favoris des prêtres de l'Egypte », etc. Écorces d'arbres. — Pline (XIT) parle des Indiens, qui tiraient des arbres leurs vêtements, sans donner au- cune explication à ce sujet. Strabon le dit aussi des Mas- sagètes (liv. XI, ch. 8, $ 7); « faute de bêtes à laine, ils tissent leurs vêtements avec l'écorce des arbres ». Il ne donne non plus aucun renseignement sur la manière dont ils s’y prenaient pour fabriquer ces étoffes. Les an- ciens connaissaient aussi les tissus faits avec les fila- ments du bananier, de l’aloës, de certains palmiers, etc. Feutre. — Le feutre se fait avec de la laine ou du poil, ou un mélange des deux, fouléet durei parle tartre, l'acide acéteux, ete. Les anciens le fabriquaient pour em faire des meubles ou des vêtements (Voyez plus bas, au mot laine) et des cuirasses, Hyacinthe, bulbes divers. — Théophraste, par- lant des plantes à racines bulbeuses, nous dit (1. VIT, ch. xt) : QI y en a plusieurs espèces... Celles qui diffè- rent le plus des autres sont celles qui portent de la laine; il y en a une espèce qui nait sur le bord de la mer, et qui renferme un duvet sous ses premières enveloppes, entre la partie extérieure et celle qu'on mange. On fabrique avec ce duvet des chaussures et des vêtements, car il est laineux; mais celui des Indes est de la nature des poils. » Athénée rapporte ce texte mot à mot au livre IE ch. xxu1, de son Banquet des savants. Pline aussi s’est approprié ce passage de Théophraste au livre XIX, ch. x, de son Histoire naturelle. Laine. — On a filé la laine dans les temps les plus reculés ; la Bible en fait mention douze fois: Deutéronome, XVII, 4; XXII, 2, — J'uges, VI, 37; — Psaumes, CXLVIN, 16:— Proverbes, xxx1, 135 — Isaïe, 1,.18; LI, 8 ; — Ezé- chiel, XXVIL, 183; XXXIV, 3; — Daniel, VII, 9; — Osée, It, 5, 9. Voici les divers passages de Strabon où ce géographe nous parle de laines renommées dans l'antiquité : «Il nous venait aussi anciennement beaucoup de tissus ef d'étoffes de la Turdétanie. Aujourd'hui, leurs laines elles- mêmes sont plus demandées que les laines caraxiennes ; il est de fait qu'il n'y a rien de plus beau, et l'on s'explique en les voyant qu'un bélier reproducteur de Turdétanie se paie un talent iv. TT, ch. 11, 6). .« La laine dont ils (les Gaulois) se servent pour tisser leurs épais sayons appelés lænæ est rude, mais très longue de poils. Les Romains réussissent pourtant, et cela dans les parties les plus septentrionales de la Bel- gique, à obtenir une laine passablement soyeuse en fai- sant couvrir de peaux les brebis (Liv. IV, ch. 1v, N 3). « La laine, la laine fine, est plus belle aux environs de Mutine et de la rivière Seutanna que partout ailleurs; de 168 LE NATURALISTE plus, on tire de la Ligystique et du pays des Insubres une laine dure et grossière dont on habille presque tous les esclaves en Italie ; quant à cette autre laine -de qua- lité moyenne, intermédiaire, qu’on emploie principale- ment pour fabriquer les tapis de prix, les gausapes et autres tissus analogues, pelucheux des deux côtés ou d'un côté seulement, c'est des environs de Patavium (Padoue) qu'on la tire (liv. V, ch. 1, S 12). .….. @ Le territoire de la Daunie est éminemment favo- rable à l'élève des chevaux et des moutons ; les laines qu’on en exporte ont moins de lustre peut-être, mais assu- rément plus de moelleux que celles de Tarente (VI, ch. 1, $ 9). …. « Le territoire de Brentesium est plus fertile que celui de Tarente ; on en vante beaucoup le miel et les laines (VI, ch. 1m, $ 6). .…. La Gazélonitide est une contrée fertile, où tousles genres de culture réussissent. Ajoutons qu'elle possède de nombreux troupeaux de moutons donnant cette laine hypodiptère, si moelleuse et si douce, qui manque abso- lument dans toute la Cappadoce et le Pont (XII, ch. 1m, $ 13). « 11 pousse aussi dans l’Inde de la laine sur certains arbres. Il s’agit de la laine qui, au dire de Néarque, sert à faire dans le pays ces toiles à trame si fine, si serrée, mais que les Macédoniens employaient pour bourrer leurs matelas et leurs selles à bâts (il s'agit du coton). » Etc., etc. Pline nous dit dans son Histoire naturelle (VIII, 73) : «€ La laine la plus renommée est celle d’Apulie; en second lieu, celle qu’on appelle laine grecque en Italie, et ailleurs laine italienne; en troisième, lieu, la laine de Milet. La laine d’Apulie est courte, et n’est célèbre que pour Ja fabrication des pænula (manteaux contre la pluie); on estime le plus celle des environs de Tarente et de Canusium, et, en Asie, une laine de même espèce, celle de Laodicée ; aucune laine blanche n’est préférée à celle des environs du Pô; jusqu'à présent, aucune laine n'a dépassé cent sesterces la livre (21 francs). » «On ne tond pas les moutons; on a conservé dans quelques endroits l'usage d'arracher la laine. Elle a différentes couleurs : on n’a même pas assez de mots pour en exprimer les variétés. «.…... En foulant la laine on fait le feutre, étoffe qui, imbibée de vinaigre, résiste au fer même; bien plus, la laine résiste au feu dans le dernier apprêt qu'elle subit, car elle sort des chaudières des dégraisseurs pour être em- ployée à faire des matelas, invention qui, je crois, est gauloise; du moins est-ce par des noms gaulois qu'on distingue les différentes espèces de matelas; je ne puis dire à quelle époque l'usage en a commencé. « Nous avons vu nous-même des toisons, sur l'animal vivant, teintes en pourpre, en écarlate et en violet, un demi-pied carré de chaque, comme si la nature les pro- duisait ainsi pour la satisfaction du luxe ». L’expérience dont parle Pline ici fut renouvelée, en 1808, par trois savants, Huzard, Tessier et Roard: ils plongèrent trois brebis dans une cuve de bleu,et les enveloppèrent dans des espèces de fourreaux de toile ; la couleur se conserva parfaitement jusqu’à la tonte. Ce serait peut-être à ce procédé que Virgile aurait fait al- lusion dans le vers 45 de son Eglogue IV : Sponte suä sandyx pascentes vestiet agnos… « Un vermillon naturel vêtira l'agneau dans les pâturages. » Le feutre de laine est désigné par Suidas sous le nom de nimua, et l'un en faisait déjà usage du temps de Platon (387 av. J.-C.) : « Dieu, dit ce philosophe, pensant que la substance osseuse était d'une nature trop sèche et trop rigide, et que, tantôt échauffée et tantôt refroidie, elle se carierait et corromprait bientôt la tumeur qu’elle renferme. .., forma les chairs.... pour la préserver des chaleurs excessives, la mettre à l'abri du froid, et, comme le font les vêtements de feutre, la mettre à l'abri des chutes et des coups, en cédant mollement et facile- ment sous le choc des corps (Timée, 74). » Au mot roc de son Lexique, Suidas dit : « On dit AUSSI réinpa..…. — Ils portent sur la tête leurs cutrasses feutrées (bwoaxas mnroc), dont la forme reste inaltérable à cause de la bonté du feutre. »— Ils’agitici, ainsi que l’a fait remarquer Juste-Lipse en commentant ce passage du lexicographe (qui cite lui-même un autre vieil auteur inconnu), de soldats qui, dans une marche, avaient ôté leurs cuirasses à cause de la chaleur et la portaient sur la tête. Thucydide nous dit (IV, 34) : « Leurs casques (des Lacédémoniens) ne suflisaient plus pour les garantir des flèches qu'on leur lançait en si grande quantité, qu'ils ne pouvaient plus regarder devant eux, » — « Ces casques, dit un commentateur grec qui vivait entre les règnes d'Hadrien et de Valentinien II, étaient d’étoffes de laine feutrée, semblables à celles des plastrons que nous portons sur la poitrine. » (Édition de Thucydide de Pappo, t. II, part. 2, page 73.) — Les armures en feutre de laine étaient donc communes,non seulement du temps de Thucydide, mais encore bien plus tard, du temps de son commentateur, qui vivait environ vers l’an 350 de notre ère. LIVRE NOUVEAU * Les räcces et les peuples de la terre (1). — Eléments d'anthropologie el d'ethnographie, par J. Deniker. Un des traits caractéristiques de notre époque, c’est l'intérét que provoquent dans le grand public les études concernant les races et les peuples primitifs où même civilisés, études si étroi- tement liées à celles des questions sociales et de la colonisa- tion. Cependant, on n'avait pas, jusqu'à présent, de bon résumé de l'état actuel des sciences ethno-anthropologiques. L'ouvrage que vient de publier l’anthropologiste bien connu, M. Deni- ker, comble donc une véritable lacune. Le savant bibliothécaire du Muséum. est parvenu à condenser dans un petit volume de 692 pages tout ce qu'il y a d’important à savoir en Anthropolo- gie et en Ethnographie. Dans un langage simple et précis à la fois, en expliquant les termes scientifiques, il traite des carac- tères physiques de l’homme et de ses caractères linguistiques et sociologiques (vie matérielle, vie psychique, vie familiale, vie sociale). I! donne ensuite un aperçu des classifications et passe en revue les races et les peuples de la terre. Les nombreuses notes bibliographiques au bas des pages permettent à ceux qui voudraient compléter les notions élémentaires par une étude plus approfondie defaire un choix judicieux des ouvrages à con- sulter. Les tables des principales mesures du corps humain, an- nexées au volume, seront surtout appréciées par les spécialistes, tandis qu'un index très complet facilitera à tous les recherches à faire dans le texte. Les illustrations, pour la plupart des pho- togravures d’après les sujets authentiques, sont choisies et exécutées avec un grandsoin. Elles complètent d’une facon heu- reuse cet excellent ouvrage qui devra se trouver entre les mains de tous ceux qui, spécialistes ou non, s'intéressent à l'étude de l'homme. (1) 4 vol. in-f0, cartonné, avec 116 planches et figures, et deux cartes, 12 fr. 50, franco 13 fr. 35. En vente aux bureaux du journal, 46, rue du Bac, Paris. Ed de) _— GS Sn nn ssose (9 *8t) (‘sp -1819) ‘Saotwoid xn9p $2p a1npnos ef 9p 971ns aed sopore ç op oouoivdde ue sosae] * S94)VS mo Toi ou (cz Sy) SJOUTISIP DS SOTOTIIE Y 9 p SASAE] SOU -11d9p 49 gSuorre sdio -snox no soun1q'sallou SAT 2ITIUAO Sd4101) | ea FE ‘IAA SnJ9ÂT rrsescser(eyg Sy) JUOWOTUOS SOJA — -18 G op oguo} souuoqur s2p onsseN Le Ds) ee æ G HOTELS NRENrS *8y) (sapuvdy) SO[9 < TT At g Op e6guwIO} SeUUQJUE S0p ONSSEJI / FA ea = sossrresseeseeseserees see (22-TG 87) squozedde sojorjit y no € ep SosIeIT, — sasrentsessrersosesttree((z 87) quod soay stojaed jros aorwoad o7 nb uorq ‘J1e G OP SQUAIO} JUOWEJOUTISIP SASIUL *SINQUI SOUIQUI S9] JUEPYS -sod sreur ‘sojuoppogid so] onb sorva snjd s099d$0,p oureznop oun quouuorduwuoo JUION °P SNuW20)20 J9 UOLyJIEAUUX ‘sNJUOpOEdOUY Sa1U98 SI01] S9] UTJUH “pnoqed sounutuo9 s94} quos jaednjd ef juop J9 suougrdureyo $9] Sup jueAlA o7fte oj1od op 099459 Qg 2p snjd oudoJuoL TN EIp RH 19 SNINEPIIT : UOSUIOU], 1Ud S09919 SUOISIAIPANS So 9048 ‘SID 91098 9] 1SJO[O{f SO] SUEP aJuEPUOE SA1] SIOJ red 50 o1je sreux ‘saproyarysog x ‘ooadsa ones oun nb ourojuol ou snydetforAx TT ‘Siuessosgqur soiuog sinoisnpd puorduoo Jr Soprr) S0P odnou3 ne Juen() -sounurt09 nod $099ds0 y puordur09 IT: (6787 QOUDLIT 0p WOQUA *20$) OIAUPN-UHANN Id 9910 »19 eyyiodopÂx o1u08 0] sMADA T9 Son quos sounurwoo snjd so {soiqie S9p $991099 S9[ SNOS J9 SIOUING SOT SUEP JUVATA mb s999dso bu no oaenb snqortjsog o4u08 91 SUep oSuez u0 my pinoîny “HANJPPUIUOU E[ SUP S9[[ONUTUOI SUOISNFUOD 9P 991008 ET 919 & SUOU SOP oggusnlur uorsodsuex] 9199 ‘942H)S0{ 9P WOU 9] 91404 ou a1u98 UOS AT[{U19 2 ÂOIJOO") R 1A4OS juorear Imb s999ds0 sop ounone nb 97108 op ‘£O1)An0} Jed 971419 op (nugn ‘g) o29dso opuosos tj R SAUSI/IH D WOU O1 EWQU ,P EUUOP I {oau93 np odAjojoad e7 31839 mb (saurondno *g) Â017099 9p 999ds8 oxgrwoud e[ r 4247 p UIOU 9[ EUUOP SOPIA[ONS 0p S099ds9 soure/199 AnOd 8291804 9P UOU I quejdope uo qno7 ‘snroriqe onb JjieS UQ ‘(TOLT ‘S220SU S9p IST) KOïy000 48d uorea49 S simdop suotyeogipou sopuoyoid 39 sosnoIquiou 9p IqnS 8 SNYITIIS0Œ O1U98 9T . "QUSIA 9P SJUOULIES SO] ANS JUAAIA SJ : JUOISNIAINOU SOLE FUOS (-dso 7) uopAxOUIS so «sye89p sonbjonb 1osn89 jnod [1 NO SaroSIOŒ SOT SUCP TA mb srynn9 -ou»9 ‘7 4s0 enpuredor snjd 8j juop so9odso y quouonos puoiduo) JE: STI e oonquyqe ea im oub ooueqiodtur | muy,panofne snd eu SnJ2ÂT o1u05 9'T :soçqismu sed juouoqeigugs JUOS ou So[jo UOAXOUIS S07 19 SnJoÂT so] Jed re ste ‘suousldueuyo So SUCP n0 S949118 SI0{ S9] SUBP JU9AIA S999d$9 S9] S9NOJ, ‘UOITAUI so99ds0 .p ourequex10s oun 404 sfed onou suep soquosordos quos mb xnedturnd soiuos op outez1p oun puaidu09 o119 ‘(80£-908 ‘dd ‘ounv) jeuuooneyx AN 0P 2224) V9 æp/94S04 épyoñiy xue puod -$94109 ‘LI SUOUUOP M SNOU onb SAJIUIT S0] SUPP ‘SOPIUILSOY SOP OITITUUZ ET (jouuoonex ‘&pIT) *2PIHOIISOH *2p1947) (erouon — oarewuare;g 90 TEA np ‘boeuf — ‘SIAILVAY — ) (gasr ‘sarpoanqeu sorte) OTTOXJET SHAIHIIHLSOH — UE I SATIAUNLVN SHONYIIOS SH HAALIOU LYHAHHTINONH FU8ISUOO AONVUA A4 SHHLdOT10) HALSATII AAOILATVNV VAHNHD LE NATURALISTE Ë | | | Prothorax ct élytres d’un ro massue des antennes pectiné 170 Corps allongé; prothorax bleu; élytres rouges ART) ete ds Corps allongé ; prothorax et élytres noirs (fig. 28.).. Antennes de 9 articles (fig. 29). Antennes de 10 articles (fi Antennes de 11 articles (fig. 31 Deuxième art. des tarses beau- coup plus long que le 3°. g. 30 et 36). (ig .32) Deuxième art. des tarses sensi- blement égal au 3° (fig. 33)... Massue des antennes formée d’ar- ticles allongés en dedans(fig. 30) Massue des antennes formée d'ar- ticles arrondis (fig. 34). Prothorax et élytres noirs ; massue des antennesformée d’art- perfoliés (fig. 28 et …. uge brun ; es (fig. 30et Psoa Herbst. Stephanopachys PK. (—Dinoderus.) = Xylopertha Guér. Hendecatomus Muls. Sinoxylon Duft. Bostrychus Gcof. (= Apale Fab.) Rhizopertha Stéph. Stephanopachys Pk. (1) (= Dinoderus) (1) Ce genre est donné deux fois, parce qu'il existe des divergences de vues entre les auteurs relativement au nombre des articles aux tarses. Antennes qe 8 articles (fig. 37)... CD Octotemnus Mell. (= Orophius Redt.) 9{ Antennes de 9 art. (fig. 38)....… Ennearthron Mellié. Antennes de 10 art. (fig. 39). se 10 Jambes aplaties en lameset munies d’un sillon à ; - oblique pour loger les tarses (fig. 40)..... Se : Xilographus Mell. 10 À Jambes arrondies, sans sillon 1 ODITqUEr (DEA) EME Re ne à root (4 \ Troisième article des antennes plus long que .. leo) Te dr CIS [El 4 art, des antennes égal au 4 (fig. Rhopalodontus Mel \ 19 19 e ANNÉE 1° AOÛT 1900 LES PLANTES BULBEUSES DE FRANCE LES AMARYLLIDÉES Moins nombreuses que les Liliacées et les Orchidées, dont nous avons parlé précédemment, les Amaryllidées n’en sont pas moins intéressantes, et cependant la culture les a relativement délaissées. Les Tulipes, les Jacinthes sont toujours les plantes favorites du premier printemps et, dèsle commencement de l’été,onlestrouve partout, au jardin et dans l'appartement. Il n’en est pas tout à fait de même des Narcisses qui sont délaissés chez nous, tandis qu'en Angleterre les Daffodils sont l’objet d'un véritable culte. Les Galanthus, les Leuvcoium, les Pancra- tium., les Sternbergia se rencontrent de-ci de-là chez les amateurs, mais pas aussi souvent qu’ils le méritent. Comment distingue-t-on une Amaryllidée? Les affi- nités ne sont intimes qu'avec les Liliacées; mais l'ovaire est supère dans ces derniers, tandis qu'il est infère dans les Amaryllidées, et offre de suite une différence nette- ment marquée. Pas de confusion possible avec les Orchi- dées. On distinguera les Iridées par leurs étamines au nombre de trois, etleurs stigmates dilatés, pétaloides. Les Amarylidées, en effet, ont six étamines, et les stigmates ne présentent rien de particulier. Quant aux genres représentés dans la flore francaise, ils sont au nombre de cinq, naturellement répartis en deux tribus fondées sur la présence et l'absence d’appen- dices à la gorge du périgone : 4» Amaryllidées. — Périgone à gorge dépourvue de cou- y 5 gorge de ronne ou de tube pétaloide. 2e Narcissées. — Périgone muni à la gorge d’une cou- ronne ou d'un tube pétaloide. Au premier groupe appartiennent les Galanthus, Leu- coium ou Sternbergia; au second les Narcissus et Pancra- tium-Galanthus. — Le Galanthus nivalis L.,la seule es- pèce du genre qui appartienne à la flore francaise, est bien connu sous le nom de Perce-Neige, de Goutte-de-Lait. C’est, en effet, une des premières fleurs qui paraissent dès le mois de février, au commencement de mars au plus tard. Toutle monde connait cette jolie petite fleur blanche, solitaire, penchée, à divisions de deux sortes : les exté- rieures, concaves, demi-étalées, entières; les intérieures, plus courtes environ de moiué, dressées, cunéiformes, échancrées au sommet, portant à la face externe une tache verte en forme de croissant et à la face interne des lignes vert jaunâtre. Le Perce-Neige croit dans l’ouest de la France (la Normandie, la Bretagne), la Touraine, le Sud-Ouest, les Pyrénées. Aux environs de Paris, où on l'a indiqué, à Versailles particulièrement, il parait pro- venir d'anciennes cultures. ï Si le Galanthus n’a, en France, qu'un seul représentant, le genre voisin, Leucoium, est plus riche en espèces. On n'en signale pas moins de six qui comptent au nombre des plantes les plus rares de notre flore et ne se rencontrent que dans les Alpes-Maritimes, le Var ou la Corse. Les Leucoium se distinguent essentiellement des Ga- tanthus par la fleur à six divisions égales, de même forme, ovales, soudées à la base, Sur les deux espèces qui se trouvent assez fréquemment et ne sont pas localisées, Le Naluralisle, 46, rue du Bac, Paris. l’une, le Leucoium vernum L., comme son nom l'indique, fleurit à peu près à la même époque que le Galanthus; c'est la Nivéole à fleur blanche, solitaire, qui recherche les bois montueux de la Lorraine, de l'Alsace, des Vosges, du Jura, de la Côte-d'Or, de la Champagne (Haute Marne), du Dauphiné. Dernièrement on l’a découvert dans le département de Oise. C'est en mai et Juin que fleurit l’autre espèce, le L. æstivum. C'est une plante dont Ja tige atteint de 3 à 5 décimètres, et porte à son sommet de trois à six fleurs, tout à fait blanches, tandis qu’elles sont maculées de vert au sommet dans l'espèce précédente. On rencontre le L. œstivum dans le midi de la France, le sud-ouest et dans le département de Loir-et-Cher, où il abonde sur un espace très restreint, ce qui semble indiquer qu'il n’y est que naturalisé. Présentant beaucoup d'affinités avec le L. æstivum, le L. Hernanderii Cambess, ils’en distingue par ses feuilles plus étroites, par ses fleurs moins nom- breuses (i-3), de moitié plus petites, à divisions plus étroites, nettement tachées de vert au sommet, par sa floraison beaucoup plus précoce, qui à lieu en février. Connu iongtemps, seulement aux Baléares et en Sar- daigne, on l’a signalé, il y a quelques années, à Hyères et aux environs de Bastia, La Corse présente comme espèces qui lui sont propres les Leucoium roseum Lois., longifolium J. Gay. La pre- mière est nettement caractérisée par ses fleurs roses, s0- litaires, penchées, très petites, ne dépassant pas 1 centi- mètre de longueur, portées par une tige filiforme, haute de 10 centimètres au plus. Quant au Leucoium longifo- lium, il fleurit en mai et Juin, tandis que le précédent montre ses fleurs dès le mois de février; de plus, sa taille est au moins du double; ses fleurs, souvent au nombre de deux, naissent dans une spathe à deux divisions; la tige, sans être épaisse, n'est plus filiforme; enfin les fleurs sont blanches. Le Leucoium roseum habite la région littorale, tandis que le L, longifolium se plait dans les lieux élevés, entre 1500 et 2000 mètres. Dans les Alpes maritimes, dans les rochers qui s’é- tendent entre Nice et Menton, on a chance de trouver, en mars-août, une charmante petite amaryllidée, le Leucoium hyemale D. C., qu'on à distrait du genre Leu- coium, pour en faire le type d'un nouveau genre Ruminia, qui ne semble pas avoir sa raison d’être. C'est du L. lon- gifolium qu'il se rapproche, mais il s’en distingue bien par ses feuilles plus larges, sa tige plus épaisse, ses pe- doncules floraux non capillaires, sa capsule deux fois plus grosse, oblongue-piriforme au lieu d’être sub-glo- buleuse.Cette petite plante aurait, paraital, été retrouvée par Fabre, dans le Vaucluse, sur les pentes nord du mont Ventoux. Encore à la tribu des Amarylilis appartiennent le Stern- bergia lutea Gawl.; l'Amaryllis lutea L., qui, malgré lin- dication donnée aux environs de Toulon ei d'Agen, ne semble pas être d’origine française. On le cultive fré- quemmeut dans les jardins, etil sert à faire d'élégantes bordures qui se couvrent de fleurs jaune d'or, au mois de septembre ou d'octobre. La fleur est grande, solitaire, longue de # à 5 centimètres, tubuleuse, en forme d’en- tonnoir ; les feuilles sont larges et entières,munies à leur base d'une gaine tronquée. Cette très belle plante, qui nous donne jusqu'à un certain point l'idée de ce que sont les Amaryllidées exotiques, est de culture facile, très résistante et se naturalise facilement.On l'a trouvée LE NATURALISTE dans ces conditions en Vendée, à l'ile de Noirmoutier. Les trois genres dont nous venons de parler se dis- tinguent facilement comme suit : Strenberqia. re É inégales (fleurs blanches), Galanthus. S souroses. | ; ee LE an { égales (fleurs blanches ou roses), rie è sions. . : érigone à dIVISIO Leucoium. Dans le deuxième groupe, celui des Narcisses, nous ne trouvons que deux genres : Pancratium et Narcissus. Dans les Pancratium, plantes de la région maritime, le périgone est en forme d’entonnoir,muni à la gorge d'une couronne dentée, les étamines sont portées par les dents ou par la face interne de la couronne. Ce sont des plantes très ornementales à grandes fleurs blanches, très odorantes, portées au nombre de 2 à 40 au sommet de la tige; le bulbe est volumineux et peut atteindre 5 à 7 centimètres de diamètre. Des deux espèces françaises, le Pancratium maritimum L. habite les sables de l'Océan, la Charente-Inférieure, la Vendée, les Basses-Pyré- nées,etc., ainsi que le littoral méditerranéen et la Corse. Dans le P. ülyricum L.,de Corse, la tige est moins élevée, les feuilles plus larges,les fleurs plus petites et habituel- lement plus nombreuses (5 à 10), d’un blanc sale, à divi- sions du limbe d’une à trois, plus larges que la couronne dont les lobes sont lancéolés-étroits et bifides-subulés. Les Narcisses forment un vaste genre représenté chez nous au moins par une vingtaine d'espèces réparties en un certain nombre de groupes, mais dont le caractère général est d'avoir le limbe du périgone en forme de coupe et la gorge munie d’une couronne où d'un tube campanulé et pétaloïdé, les étamines sont insérées sur le tube du périgone au-dessous de la couronne ou à la base du tube. Les fleurs sont blanches ou jaunes avec la cou- ronne diversement colorée. Dans une section Bulbocodium, nous n'avons à inscrire que le Narcissus Bulbocodium L. comme espèce à fleur jaune, solitaire, à couronne très grande, conique, dépas- sant le périgone qui est étroit. Cette jolie plante habite les landes du sud-ouest de Bordeaux à Bayonne, l'Age- nais, les Hautes-Pyrénées. Une autre section a pour type le Narcissus pseuda-nar- cissus L., l'espèce la plus commune et la plus ancienne- ment connue, celle qui orne de ses grandes fleurs jaunes les bois de la région parisienne dès le mois de mars. La culture en a tiré de nombreuses formes, soit par sélection et semis, soit par croisement avec d'autres espèces. Quoi qu'il en soit, la fleur, dans les plants de ce groupe, est grande, à tube ohconique, à couronne campanulée éga- lant à peu près les divisions du périgone; les feuilles sont larges et planes, la tige uniflore, Le N. major Cun., de la Provence, ne s'en distingue guère que par sa fleur plus large, habituellement double, à couronne de même couleur que le limbe, tandis que ce dernier, dans la pré- cédente espèce, varie du jaune pâle au blanc, la couronne restant toujours d’un beau jaune. Le Narcissus incompa- rabilis Mill, est aussi du même groupe, avec des divisions florales blanches et une couronne d'un beau jaune. Est- il le produit du croisement du N, pseudo-narcissus avec le N. poeticus L.? Est-il, au contraire, autonome ? Il est diflicile d'être fixé, d'autant plus que les deux Narcisses précités s’hybrident fréquemment. Le N. incomparabilis a donné de nombreuses variétés horticoles, cultivées surtout en Angleterre. Le Narcisse des poètes, le N. poelicus L., sert de type à une petite section caractérisée par le tube de la fleur, étroit et très allongé avec les divisions en étoile, la cou- ronne très courte; les fleurs solitaires, géminées ou plus nombreuses. Le N. poeticus a la fleur grande, très odorante, d'un beau blanc, avec la couronne jaunâtre très courte, étalée en coupe, à bord ondulé et d’un beau rouge. Le N. biflorus Curt. lui ressemble, mais avec la fleur blane jaunâtre et.la couronne entièrement jaune. Il est disséminé en France, tandis que le N. poelicus afflue surtout dans les prairies fraiches de la région monta- gneuse. La jonquille caractérise un groupe à feuilles subulées ou cylindriques, à tube floral étroit et très allongé. C’est là qu'on trouve le N. jonquillus L. au parfum pénétrant, souvent échappé des jardins ;le N. juncifolius Req. du midi de la France; le N.odorus L., à fleurs grandes comme celles du N. pseudo-narcissus et jaunes aussi; le N. serotinus L. de Corse, blanc de neige, etc. Avec le Narcinus Tazetta L., nous abordons la dernière section à fleurs habituellement nombreuses : jaunes dans le. N. chrysanthus D. C. et aureus Lois. du Var: entièrement blanches dans le N. niveus Lois., polyan- thos Lois., refleæus Lois.; les deux premiers de la Pro- vence, le troisième qui n’a encore été trouvé Jusqu'à ce jour que sur un seul point du globe, aux îles Glénans ; blanches avec la couronne jaune dans les N. patulus Lois. d'Hyères et Tazetta L., qui habite toutela région méditer- ranéenne et la Corse. Ce dernier est de plus polymorphe: c'est lui qui constitue ge Narcisse de Constantinople des fleuristes dont on rencontre, dans les cultures, de nom- breuses formes légitimes ou provenant de croisements. P. HARIOT. x UNITÉ OU PLURALITÉ DES RACES FRANCAISES On connait la fameuse discussion, qui est loin d’être terminée d’ailleurs aujourd’hui, sur le monogénisme et le polygénisme. Je ne veux pas revenir ici sur ce débat, bien que je n'hésite pas à me déclarer partisan convaincu de la seconde théorie. Pour le moment, ce qui doit nous intéresser le plus, c’est de savoir ce que deviendront, dans un avenir plus ou moins prochain, les races qui com- posent, dans leur ensemble, la nation francaise. C’est là un problème d'autant plus passionnant qu'il confine de très près à la politique, à la sociologie, et qu'il pourrait même faire naître une doctrine nouvelle qui ne serait autre que le pangallicisme. Représentons-nous la France d'aujourd'hui comme un territoire englobant dans son sein une quantité de petits États ayant chacun leur langue (je devrais dire leur pa- tois), leurs coutumes et même leur religion. Ces petits États, vous les connaissez tous, ce sont certaines pro- vinces, plus où moins éloignées de l’ancienne Ile de France, dont les habitants restent groupés pour la défense de leurs idées, de leurs traditions, comme aussi de leurs aspirations. Je citerai seulement les plus importantes ou les plus typiques : la Picardie, la Normandie, la Bre- tagne, l'Auvergne et la Provence. Bien qu'administrativement ces fragments de la mére « dun ae 26 de nl done nd. té + © médias nid)“. je RE LE NATURALISTE 173 patrie ne se distinguent pas des autres, il n’en est pas moins vrai que, pour l’ethnologue, la séparation est des plus marquées, Si, en sortant de Paris, vous pénétrez en Normandie, en Bretagne, en Provence, je vous défie de ne pas remarquer cette différence, non seulement en écoutant l’idiome spécial à ces contrées, mais en obser- vant encore les mœurs, et même en étudiant le facies des gens. En fondant l'unité de la patrie française, la Révolution avait, certes, une idée généreuse, mais la réalisation en était plus diflicile : la preuve en est que, depuis plus de cent ans, le progrès dans certains cantons, surtout, est nul où à peu pres, Tant qu'un peuple conserve sa langue, il n’est pas vaincu ; tant qu’une province s'attache à son patois, elle n’est pas assimilée; notez bien ce fait quim'a toujours frappé. L'isolement de certains habitants ne provient souvent que de leur langage. J'ai connu des jeunes gens, garçons et filles, qui n’osaient quitter leur départe- ment,craignant, d'abord, de servir de risée et des’ennuyer de ne plus entendre le patois du pays. Les coutumes ont la même influence. Interrogez les conscrits bretons qui souffrent de nostalgie à Paris, trois fois sur quatre ils vous feront invariablement lamême réponse : «Nous regrettons la veillée, les pardons, les promenades, les danses du di- manche, les pelerinages, etc. » La Bretagne proprement dite ne vient qu'en second lieu. Voyez encore les Auvergnats et Limousins, qui tra- vaillent l'été dans la capitale ; ils ne se quittent pas du- rant la saison, ils choisissent comme lieu de rendez-vous tel ou tel café, tenu de préférence par un ancien pays. et le dimanche soir on y cause, on y boit, on y danse, à la mode de chez nous. Supprimez à ces gens leurs dis- tractions favorites et leurs réunions habituelles, pas un ne consentira à séjourner plus longtemps parmi les étrangers. En somme, la France a des colonies sur son propre sol, et ces colonies ne sont pas à dédaigner, puisqu'elles four- nissent le meilleur blé, le meilleur vin, souvent le plus fort chiffre d'impôts et de bons soldats. 11 faut done mé- nager les colons, mais aussi il faut les franciser. Di- lemme épineux, j'en conviens. Pour galliciser, il n'y a qu'un moyen radical : par exemple, multiplier les écoles primaires dans les dépar- tements arriérés, combattre à tout prix l'usage du patois, et, je vais encore plus loin, extirper les vieilles coutumes, Je sais que le remède est barbare, aussi suis-je certain d'avance qu'il ne sera pas appliqué. On a cru que l'extension des réseaux de voies ferrées suffirait à umifierle pays : les résultats n'ont été guère sa- - tisfaisants ; les grandes villes desservies par les chemins de fer se sont seules modifiées; mais, dans tous les temps, les cités n’ont-elles pas donné lexemple du progrès? En revanche, les campagnes, les hameaux, non sillonnés par les locomotives, sont restés isolés et, par là même, en retard. J'ai vu des villages où l’instituteur était le seul homme qui püt parler passablement le francais, et sou- vent encore le magister ne se génait-il guère pour parler patois en dehors de la classe. Ceci ne devrait pas exister; je souhaiterais que l’insti- tuteur ait conscience du rôle important qu'il joue, et fa- vorise par tous les moyens en son pouvoir la divulgation de la langue officielle. En somme, de longues années s'écouleront encore avant que la France présente une cohésion digne d’un grand pays. Il faudra beaucoup d'efforts, de décrets et de lois pour renverser les barrières qui séparent encore les pro- vinces frontières du centre de la civilisation,et, pour cela, il n'y a qu'à commencer, dès maintenant, la décentrali- sation. Qu'est-il arrivé depuis un siècle? L’élite des intel- ligences que renfermait la province a fui vers Paris. Ar- tistes, savants, penseurs, ont déserté leur village natal, tandis qu'au contraire leur devoir était de rester chez eux pour se faire les apôtres du progrès, de la civilisation, de l'instruction. On se plaint de l'ignorance des paysans, mais l’on ne fait rien pour eux, On parle de diffusion des services, et il n’y à que les instituteurs pour remplir cette lourde tâche, qui exigerait le concours de milliers de dévouements, Une société s'est fondée récemment dans le but d’instruire les populations, en les initiant aux secrets des sciences physiques et naturelles de l'école primaire, mais l’apathie est si grande que la progression est lente (1), Tout le monde parle et personne n'agit. Attendons-nous donc à lire longtemps encore les lé- gendes des folkloristes, les rapports des anthropologistes et les récits des journalistes locaux, sur les inepties cou- tumières aux paysans ienorants, plus à plaindre qu'à blâmer, Paris a des facultés, des cours libres, des écoles de toutes sortes. Quelques grandes villes ont des univer- sités, quelques autres des universités populaires, les chefs-lieux de canton n'ont rien, et l’on s'étonne que tout y soit ridicule! Ce n’est pas ainsi qu'on fusionnera les races françaises, etles savants de cabinet, qui affirment que, dans notre pays, il n'y a plus qu'une race homogène, se trompent grossièrement et se tromperont longtemps encore. Dr Ed. SPALIKOWSKI. UNE PETITE TACHE DU SOLEIL Le soleil présentait, le jour de la Pentecôte, une toute petite tache, située sur son bord droit. C'était une petite tache qui se trouvait placée à une certaine distance d’une autre, 6 Jours avant, au moment de l'éclipse du 28 mai. Cette dernière avait donc complètement disparu, de l'autre côté du soleil, le jour de la Pentecôte. - IL est intéressant d'observer une tache au voisinage du bord du soleil, car sa forme se modifie de plus en plus. De cireu- laire qu'elle était tout d'abord, on la voit devenir elliptique ; et cette ellipse s’amincit de plus en plus, au point de se réduire à son diamètre vertical, quand la tache est arrivée sur le bord du soleil, C'est la preuve matérielle, la plus évidente que l'on puisse donner, que le soleil est une sphère et non un disque aplati. C’est alors que l’on constate le mieux que ces taches sont creusées dans la photosphère, qui manque à leur niveau, comme une orange où on aurait fait un trou dans l'épaisseur de l'écorce : on verrait alors la chair du fruit. Sur le soleil, à travers ce trou béant, la chair du fruit parait noire. En tout cas, elle est incom- parablement moins éclairante que la photosphère, ou écorce, qui l'environne. Disons cependant qu'une vive lumière électrique, placée devant le soleil et regardée à travers une lunette, parait noire, comme les taches du soleil. De sorte qu'il pourrait bien se faire que le fond des taches fût aussi brillant qu'une puis- sante lumière électrique : cela ne les empêcherait pas de paraitre chseures, par comparaison avec l'éclat de la photosphère. { Malgré l'énorme distance qui nous sépare du soleil, puisqu'on (4) IL s’agit de la Société pour la diffusion des sciences phy- siques el naturelles. dont la fondation est due surtout à l'ini- tiative généreuse et zélée de M. J. Courjault, aujourd’hui secrétaire général de la Société. — Lui demander des rensel- gnements à Mortiers, par Léoville (Charente-Inférieure). 174 pourrait placer près de 12.000 globes de la grosseur de la terre entre cet astre el nous, on ne peut pas regarder le soleil dans une lunette astronomique sans avoir la conscience que l’on se trouve devant un globe infiniment grand, de flammes gigan- tesques, qui est le centre d'où nous rayonne une prodigieuse quantité de chaleur. On demeure confondu, à la pensée que la terre n'en reçoit qu'une quantité infinitésimale, et que la presque totalité de cette chaleur s'en va dans les espaces interplané- taires et au-delà, pour produire évidemment des effets prodi- gieux dont nous ignorons absolument les résultats. Evidemment cette force n’est pas perdue. Alors à quoi peut-elle bien servir, si l’espace ne s’échauffe pas en route? D'un autre côté, toutes les étoiles de l'univers sont autant de soleils, qui nous envoient aussi une certaine quantité de chaleur, de sorte qu'il y a très. certainement échange de forces entre notre soleil et tous les autres soleils de l'univers sans exception. Ceux-ci ont beau ne nous envoyer chacun qu'une infime quantité de chaleur, ils se rattrapent par leur nombre (1); de sorte qu'il n'y à pas de raison sérieuse pour que le soleil ne reçoive pas des autres étoiles autant de chaleur ou de force qu'il en perd. Il peut en recevoir plus, il peut en recevoir moins; mais il est probable, pour ne pas dire certain, que tout finit par s’équi- librer, tôt ou tard. En effet, si par hasard il en recevait moins qu'il n'en perd, il se refroidirait, jusqu'à ce qu'il arrive un moment où l'équilibre entre la perte etle gain de chaleur fini- rait par 4vd HONVAA AU SHAHLdOM ON) S4q HULSATII HAOILAIVNV VHANHO Ée FPerrogquet Dans son traité : De la nature des animaux (livre XIII, chap. XVI), Élien dit à son tour : « Dans les Indes... on voit, dans les maisons et les jardins, divers oiseaux libres de tout lien et exempts de toute servitude, allant cà et là selon leur idée et construisant leur nid où il leur plait. Là aussi sont nourris des perroquets allant et venant autour du roi, Et pas un [Indien ne se permet- trait de manger un seul perroquet, quoique ces oiseaux soient très nombreux, parce qu'ils sont réputés sacrés, et qu’en outre le perroquet seul imite à la perfection la voix humaine. « (Liv. XVI, chap. 11.) — Il naît aux Indes plusieurs oiseaux, et parmi eux les perroquets, dont je me suis occupé plus haut; je vais compléter ce que j'en ai dit. Il y en a trois espèces. Les uns imitent et répètent comme des enfants tous les mots qu'ils ont appris, etils imitent parfaitement la voix humaine et la parole; mais dans les forêts, ils n’émettent aucun son propre; ils n’articulent rien, ne compreunent rien et ne savent rien. » On trouvait un certain goût à la chair du perroquet, — sans doute parce que l'oiseau coûtait un prix élevé, — et on le servait sur la table des gens riches ou excentriques, Dans sa deuxième Invective contre Eutrope, Claudien dit : SAT Juvenes venere protervi, Lascivi senes, quibus est insignis edendi Gloria, corruptasque dapes variasse decorum ; Qui ventrem invitant pretio, traduntque palato Sidereas Junonis aves, ef, si qua loquendi Gnara coloralis viridis defertur ab Indis, Quæsitos trans regna cibos; quorumque profundum Ingluviem non Ægæus, non alta Propontis, Non freta longinquis Mæotia piscibus explent. (V. 331-339.) « Soudain on voits’y porter (chez Eutrope) une jeunesse arrogante et des vieillards débauchés, qui ne connaissent d’autres succès que ceux de la table, d'autre gloire que celle de varier des mets empoisonnés. Ce n’est qu’à force d'or qu'ils excitent leur appétit; ni l'oiseau radieux de Junon, ni l'oiseau au plumage vert, habile à parler, qui nous vient des Indes, n'échappent à leur voracité qui, dans ses désirs, franchit les bornes mêmes de l'empire; et les poissons de l'Egée et de la Propontide, réunis à ceux qui peuplent les profondeurs lointaines des Palus- Méotides, ne sauraient satisfaire leur insatiable estomac, » Quant à Lampride, dans sa Vie d'Héliogabale, chapitre xx, il nous dit de ce fou couronné : « … Il faisait servir aux officiers du palais des plats immenses remplis d’entrailles de mulets, de cervelles de phénicoptères, d'œufs de per- drix, de têtes de perroquets, de faisans et de paons. Il nourrissait des chiens avec des foies d’oie », ete., ete. Il paraît que le gibier était moins rare qu'aujourd'hui. Priscien aussi (Périégèse, vers 1033-34) parle des Indes comme lieu d'origine du perroquet : Psittacus hic viridis decoratus torque rubenti Nascitur, humanæ simulat qui verbera linguæ. « Là (dans l'Inde) naît aussi le vert perroquet, paré de Le Naturaliste 16 rue du Bac, Paris. 1° OCTOBRE 1900 son collier de pourpre, et dont le gosier imite les éclats de la voix humaine, » Saint Isidore de Séville (Etymologiarum, lib. XII, Cap. VI) nous décrit ainsi le perroquet : « Cet oiseau nait sur les territoires des Indes; il est vert, avec un collier pourpre, une langue épaisse et plus large que celle des autres oiseaux, ce qui fait qu'il peut articuler des mots de telle facon que, si on ne le voit pas, on croit que c'est un homme qui parle. « IL est dans sa nature de saluer, et il se sert pour cela des mots Ave, ou yaips. De là ces deux vers : Psittacus a vobis aliorum nomina discam : Hinc per me didici dicere : Cæsar, ave! (1) On voit que les anciens étaient persuadés qu'il était de l'essence du perroquet de saluer, surtout les empereurs, comme l’affirme Pline. Hraban Maur, archevêque de Mayence, répète mot à mot ce passage d’Isidore de Séville dans son ouvrage De Universo (Hb. VIII); Hugues de Saint-Victor (1097-1140) imite cetexemple, et n'oublie pas une virgule du passage cité (2), dans son De bestiis et alüs rebus, lib. IIT; il y ajoute ce que Pline et Apulée nous ont déjà appris : «.… La durété de son bec est telle que, lorsqu'il se préci- pite d'une grande hauteur sur les rochers, il le fait sur le bec. Il s’étudie à parler et apprend très facilement; il retient très bien tous les mots qu'on lui enseigne. » Sainte Hildegarde, dans la Physica (lib. VIIT, de Avibus), nous parle de notre oiseau en termes légèrement apoca- lyptiques, selon son habitude d’ailleurs : « Le perroquet est très chaud, et humide en même temps. Il a quelque chose du vol du griffon et de la force du lion (?); mais ni dans le vol ni dans la force il n’est audacieux. Il connait les temps des temps (fempora tem- porum novit, l'avenir? le passé?) et il se conduit et chante suivant l'événement. Ses plumes sont diversement colo- rées, suivant la chaleur de son fiel (??). Du reste, il ne vaut rien pour la médecine, car par lui-même il n’a aucune vertu, sa nature étant très diverse. » Pierius Valerius, au ivre XX1I, ch. x1v, de ses Hiero- glyphicques, nous dit que, chez les anciens, le perroquet signifiait l Éloquence : 6 «Ien'ay rien trouvé touchant le Perroquet aux escripts des Ægyptiens, dont l'ay appris quelque chose : mais les autheurs des autres nations n'ont pas laissé en arrière cest oyseau plus admirable que tous autres à contrefaire le parler de l'homme. « Chap. xv. Éloquence. — Car ils signifioyent par la figure d'iceluy l'homme éloquent et disert, tel que Ciceron dit n’auoir pas rencontré; attendu que nul animal entre les irraisonnables n'exprime point plus distinctement les paroles humaines que luy. Ce qu'il fait pour ce qu'il a la langue large, charnuë, & presque semblable à celle de l’homme. Car ceux qui l'ont estroitte ne sont pas capables de proferer les letres. Or est-il bien vray-semblable qu’il tenoit le premier rang entre ceux que Psaphon de Lybie nourrissoit et dressoit, Car, bien que ce feust vn tres- meschant homme, souillé de toutes manieres d’ordures et pollutions, trouua neantmoins non seulement moyen (4) « Perroquet, j'apprendrai de vous d'autres mots; je n'ai appris que de moi-même à dire : « César, salut! » — C'est la 13° épigramme du livre XIV de Martial. (2) Seulement, ni Maur ni Hugues ne citent le nom d’Isidore de Séville. Re ER SENTIER QE ESA RACE RES AIRE OT RCE SAUT SE CRE SR SR ESERNT EE ERORR EE RRERERRCE EURE R EE 220 LE NATURALISTE de se purger d'infamie, mais de se faire aussi donner des honneurs et tiltres diuins après sa mort. Il enferma crant nombre d’oyseaulx en vn cabinet à l’escart, & les appriuoisant au desceu de tout le monde, leur apprit a gringotter en griec : Psaphon est un grant dieu. Puis, venant à mourir, ordonna qu’aussi-tost qu'il auroit rendu l'ame, on enfoncast les fenestres du cabinet, & par ceste fourbe les oyseaulx s’enuolants par toute la ville & la campagne d’alentour, chantonnants ce qu'il leur auoit appris, aduint qu'il fut estimé Dieu, & honoré de temples et sacrifices pour l’adorer, » C'était excessivement adroit, convenons-en. Plus tard, au temps des croisades, les riches barons avaient des perroquets pour orner leur demeure solitaire ; on leur apprenait à parler, comme on peut en juger par cette citation de Christian von Hameln : « Je voudrais qu'il puisse parler comme le perroquet en cage (1). » # # * Naturellement, les poètes ne pouvaient négliger un pareil thème; comme Catulle avait pleuré la mort du moineau de sa Lesbie, Ovide décréta de déplorer la mort d'un perroquet qu'il avait donné à l'une de ses amies. Voici comme il s'exprime dans les Amores (lib. IT, elegia VI) : « Ce perroquet venu des Indes orientales (Eois Indis), qui babillait si bien, il n'est plus! Oiseaux, arrivez en foule à ses funérailles. Venez tous, pieux habitants des airs; frappez-vous la poitrine de vos ailes, et, de vos ongles aigus, sillonnez vos têtes délicates! À défaut de pleureuses qui s’arrachent les cheveux, déchirez à l’envi vos plumes hérissées ; à défaut des accents funèbres du clairon, faites entendre des chants sinistres. «Toi plus que tout autre, tourterelle chérie, exhale tes plaintes lugubres. Toute sa vie, il fut en parfaite intelligence avec toi, et sa fidélité à toute épreuve ne se démentit jamais! Ce que fut le Phocéen Pylade pour son ami Oreste, la tourterelle, tant que tu vécus, le fut pour toi, aimable perroquet! », etce., etc. Ovide fait ici allusion à cette croyance où l'on était alors que certains oiseaux d'espèces différentes éprou- vaient les uns pour les autres une vive sympathie, et vivaient volontiers ensemble, non comme parasites, mais en commensaux; la tourterelle et le perroquet étaient de ceux-là; les paons et les colomhes, les merles et les tourterelles, etc. Il le répète encore dans ses Héroïdes (épit. xv, v. 38) : Et niger à viridi turtur amatur ave. Pline dit aussi (livre X, ch. xCxvI, $ 74) : « Rursus amici pavones et columb:æ, turtures et psittaci, merulæ et turtures », Autre perroquet mort, autres plaintes poétiques; c'est Stace qui nous les fait entendre dans ses Sylves (livre IT, Chv)E a LE PERROQUET D’ATEDIUS MELIOR « Perroquet, roi des oiseaux, toi dont la voix habile charmait ton maitre, adroit imitateur de la parole humaine, quel destin jaloux a sitôt glacé ta langue? Hier encore, pauvre victime sous le coup de la mort, nous te voyions partager nos repas, recevoir le prix de tes talents, voltiger de lit en lit pendant plus de la moitié de —————_—_—_—_—————————_—_—_—————_—_—_— (1) Breun, La Vie des animaux illustrée . la nuit. Tu répondais à nos paroles, tu répétais les mots qu'avait étudiés ta mémoire. Aujourd’hui ta voix sonore s’est éteinte dans l'éternel silence du Léthé!.. Qu'on cesse de me vanter l'ami de Phaéton : le cygne n'a pas seul le don de chanter son trépas.. Ce perroquet, vert et brillant souverain des contrées de l’Aurore, dont la beauté défiait le favori de Junon, avec sa queue de saphirs, et l'oiseau du Phase glacé, il n’est plus. II n’est plus, celui qui saluait les princes et disait le nom de César! », etc. Décidément, la qualité la plus remarquable chez le perroquet, c'était de saluer César. Voici une pièce d’un poète grec inconnu, Crinagoras, que je découvre dans l’Anthologie Palatine (chapitre 1x, épigramme 562) : « Un perroquet imitateur de la voix humaine, fuyant les cages d’osier, vint dans un bois avec ses ailes sem- blables aux fleurs. Il avait médité dans son cerveau le nom de César, et sa mémoire ne l'avait pas oublié, Tous les autres oiseaux accoururent à l’envi, cherchant qui dirait le premier : « César, salut! » Orphée entrainait les bêtes féroces sur les montagnes; mais toi, César, tu vois tous les oiseaux courir sur tes pas, de leur plein gré. » ‘ L'Anthologie latine de Burmann (tome {I, page 441) nous offre une autre épigramme ayant notre oiseau pour sujet; ici, c'est un perroquet qui entonne une fanfare en son propre honneur, et qui demande à Apollon de révo- quer ses cygnes pour lui donner leur emploi : « Je suis né aux rivages empourprés de la terre indienne, rendus ensuite étincelants par le mouvement du globe (ce perroquet était bien savant!); engendré au sein des parfums offerts aux dieux, j'ai quitté un chant barbare pour les sons plus doux du Latium. Renvoie tes cygnes, à dieu de Delphes, Apollon : ma voix est plus digne que la leur de se faire entendre dans tes temples! » Dans le célébre poème de Philomela, longtemps attribué à Ovide à cause du nom de son auteur (Albus Ovidius Juventinus), et qui peut être daté du IVesiècle, ilest aussi question du perroquet et de ses saluts. Ce poème, de 70 vers hexamètres et pentamètres, est entièrement con- sacré à la voix des animaux; voici pour le perroquet : Psittacus humanas depromit voce loquelas, Atque suo domino yaïpe valeque sonat. (V. 31-32.) « Le perroquet répète les discours de l’homme; il dit méme à son maitre : Salut! et Adieu! » Dans le Prologue de ses Satires (vers 8 à 15), Perse dit encore : Quis expedivit psittaco suum ape, Picasque docuit verba nostra conari ? [Corvos quis olim concavum salutare?] Magister artis ingenique largitor Venter, negatas artifex sequi voces. « Qui délie la langue au perroquet pour lui faire dire son « bonjour », et qui apprend à la pie à essayer nos paroles? [Comme jadis à des corbeaux à saluer d’une voix caverneuse?| Le ventre, la faim, un grand maitre, qui fait trouver la voix refusée par la nature. » Enfin, Castel n’a eu garde de l'oublier dans son poème des Plantes (chant Il) : Parmi les lataniers qu’agite le zéphire La perruche bruyante et le lori vermeil Sautent sous la feuillée à l’abri du soleil. D'aras majestueux un éclatant nuage S'abat en rayonnant et remplit le bocage. LE NATURALISTE 224 Tantôt sur les palmiers leur bec dur et retors Des cocos mürissant entr’ouvre les trésors, Tantôtun ananas qui sort du sein des herbes Rassemble autour de lui ces convives superbes. Il est de fait que, partout où il vit, — et c'est toujours en bandes parfois considérables, — le perroquet est con- sidéré comme un pillard désastreux et impitoyablement mis à mort. En Cochinchine, quand je tenais garnison au poste de Taÿ-Ninh, en 1868, en pleine forêt, nous avions des mil- liers de petites perruches, grosses comme des moineaux, qui couvraient l'abri en paillotte de notre cuisine en plein vent, ramassaient insolemment les miettes de pain de nos tables et picoraient les graines échappées aux lèvres de nos chevaux, sans aucun souci des corbeaux, qui visitaient la cuisine et dérobaient des morceaux de viande au cuisinier annamite, ni des gypaètes qui guet- taient, au large, quelque bonne aubaine. Tous ces volatiles s’entendaient à merveille, aux heures des repas, pour venir nous dire leur yaïpe. C'était la trêve du ventre. * + x Abordons maintenant le côté anecdote; il est inépui- sable et dénote chez le perroquet une intelligence très remarquable. Bien entendu, ici comme partout, l’exagé- ration de certaines histoires porte à douter de la réalité de faits authentiques; ainsi, comme je vais le dire plus loin, certains auteurs citent des exemples de perroquets sou- tenant une conversation suivie avec quelqu'un; il n'y a rien de vrai là-dedans; ou bien alors c'était une conver- sation apprise réplique par réplique, par phrases courtes et alternées, soigneusement classées dans la mémoire de l'oiseau, et les personnes qui entendirent cette conversa- tion furent tout bonnement mystifiées, Le plus souvent, il s'agit de faits qui n'ont jamais existé, mais qui se trans- mettent de livre en livre en s’agrémentant de quelques détails : la Renommée, dit Virgile, vires acquirit eundo. Très souvent, — et cela se voit tous les jours, — l'oiseau dit une parole tellement à propos, qu’il a positivement l'air d'être au courant de la conversation et de com- prendre ce qui se dit autour de lui; mais c’est toujours là un pur hasard. Un de mes amis, conseiller municipal de Levallois-Perret, possédait un gros perroquet gris qu'il avait raméné du Brésil, et qui bavardait en indien, en portugais et en français, Son jeune enfant s’oubliait quelquefois, la nuit, et obligeait sa mère à mettre les matelas et les draps au soleil; quand le père rentrait, la maman n'oubliait pas de lui dire : « Tu sais ? Paul a fait pipi au lit, » Un jour, comme nous entrions chez lui pour déjeuner, après les premières salutations à la dame et une caresse à l'enfant, je m'approchai du perroquet pour lui gratter la tête, quand soudain, levant doctoralement une patte comme pour appeler mon attention, il s'écria : — Tu sais? Paul à fait pipi au lit! Et précisément c'était vrai : le matelas était à la fenêtre. L'enfant, furieux, se précipita vers lui en disant : « Est- ce que ça te regarde, espèce de rapporteur! » Il était persuadé que le perroquet savait, et avait pré- médité la délation. Le chevalier Temple rapporte qu'un vieux perroquet parlait réellement et répondait à toutes les questions qui lui étaient adressées. Il parlait la langue de son pays natal, le brésilien; le prince de Nassau se l’étant fait apporter, comme il était accompagné de plusieurs domes- tiques, le perroquet dit en les regardant : — Quelle compagnie d'hommes blancs est-ce là? On lui demanda, en lui montrant le prince, s'il le con- naissait. — C'est quelque général, répondit-il sur-le-champ. — D'où viens-tu? lui demanda le prince, — De Surinam. — Et que fais-tu, en ce moment? — Je garde les poulets, Le prince s'étant mis à rire, comme si le perroquet eùt fait un quiproquo, l'oiseau ajouta : — Tu ris? Je puis bien les faire venir aussi! Il contrefit le cri d’une personne appelant la volaille et cinq ou six poulets accoururent aussitôt. C’est idiot. Le Père Labat, dans sa Description de l'Amérique, parle d'un religieux dont le perroquet le suivait jusqu'à l’autel, et se tenait pendant toute la messe sur le marchepied, d'où il était impossible de l’arracher. Un jour que ce reli- gieux se faisait soigner, le perroquet, croyant qu’on avait blessé son maitre, se jeta sur le chirurgien et le mordit cruellement à la jambe. Même histoire : un petit Américain en avait élevé un en Amérique. Après neuf ans d'absence, l'oiseau, trans- porté par sa maitresse à Paris, reconnut parfaitement le jeune homme occupé à faire des armes; s’imaginant qu'on en voulait à la vie de son ami, le perroquet se jeta sur son maitre d'escrime et lui enleva un morceau de nez; il vola ensuite sur l'épaule de l'Américain, lui fit toutes sortes de caresses et prononca plus de vingt fois de suite son ancien petit nom d'enfant. La sœur de Buffon avait un perroquet qui aimait tout particulièrement la fille de cuisine. Il la suivait partout, la cherchait dans les endroits où elle pouvait être, et finissait toujours par la trouver; c'était alors un babil- lage joyeux qui n'en finissait plus. S'il y avait longtemps qu'il ne l'avait vue, il grimpait jusqu'à ses épaules, lui faisait mille caresses et ne Ja quittait plus, quelque effort qu'elle fit pour s'en débarrasser; si elle parvenait à s'éloigner de lui, l'instant d'apres elle le retrouvait sur ses pas. Cette fille fut un jour atteinte d'un panaris, et la dou- leur lui faisait parfois pousser des cris plaintifs; le per- roquet ne quitta plus sa chambre; il pleurait avec elle et exhalait les mêmes plaintes, puis il la caressait comme pour la calmer. « Dans une ville de Normandie, dit Lemaout, une bou- chère battait impitoyablement tous les jours son enfant, à peine âgé de cinq ans, L'enfant succomba sous les mauvais traitements. La justice des hommes ne s’en émut pas; mais un perroquet gris, qui habitait la maison d'un cordonnier en face de celle de la bouchère, se chargea du châtiment de cette mère dénatrrée, Il répé- tait continuellement le cri que poussait le pauvre enfant quand il voyait sa mére courir sur lui, la verge à la main : « À cause de quoi? à cause de quoi? » Cette phase était articulée par l'oiseau avec un accent si dou- loureux et si suppliant que les passants indignés entraient brusquement dans la boutique du cordonnier et lui reprochaient sa barbarie. « Le cordonnier se justifiait en montrant son perro- quet et en racontant l'histoire de l'enfant. « Après quelques mois, la bouchère, poursuivie par la phrase accusatrice et par les murmures de l'opinion publique, se vit obligée de vendre son fonds et d’aban- donner la ville. » Tréville rapporte un fait du même genre dans ses Mer- veilles de l'instinct et de la nature « Une femme napolitaine grondait et battait souvent pour rien son petit garcon, qui se lamentait et pleurait en désespéré. Le perroquet d’une boulangère voisine contrefit si bien les accents douloureux de l'enfant mal- traité, qu'un passant entra un matin dans la boutique, et dit à la maitresse : « Il faut que vous soyez bien méchante pour traiter de cette sorte un pauvre innocent ! » « Riant sous cape de l’erreur : C'est vrai, dit la boulangère; mais avancez un peu, et voyez par vous- même le bon sujet auquel vous vous intéressez... » «Le particulier s'avance, en effet, et aperçoit l'oiseau vert qui, d'une voix cassante, lui dit : « Ote donc ton cha- peau, croquant! » Scaliger rapporte que le magnifique perroquet blanc de Henri VIII étant tombé à l’eau, se mit à crier de toutes ses forces : — « Un bateau! vingt livres pour un bateau ! » Un batelier rama vigoureusement dans la direction de la voix, et saisit par une aile le bavard, qui commen- çait déjà à couler. Comme il reconnut le perroquet du roi, il le porta au palais et réclama les vingt livres promises par le favori à plumes, Le roi trouva la somme plutôt forte. Il ques- tionna le perroquet pour savoir si, effectivement, il s'était engagé à la faire payer. L'oiseau, prenant alors l'air impertinent du parfait courtisan, qui promet beaucoup et tient rarement ses promesses, répondit d’un ton négligé : : — Que l'on donne quatre pences à ce maroufle ! Ne füt-ce pas une fumisterie de quelque ventriloque présent à la scène? Le D' Franklin cite ce fait : un superbe ara bleu doublé de jaune vivait dans une maison où se trouvait un enfant nommé Arthur; l'enfant allait à l'école et revenait tous les soirs à # heures. À peine montait-il l'escalier que l'oiseau reconnaissait le pas de son jeune ami, et s'écriait de toutes ses forces : « Arthur! Arthur! » L'enfant mourut et, depuis ce jour-là, le perroquet ne prononça plus une seule fois le nom qu “l avait si souvent au bec. — « Était-ce pour ne point affliger sa pauvre mére?» se demande le bon docteur. Le perroquet de la marquise de Pompadour chantait sans se tromper ces couplets galants du cardinal de Bernis : Que ne suis-je la fougére Où, sur le soir d’un beau jour, Se repose ma bergère Sous la garde de l'amour! (bis), etc. Dans son Tubleuu de la nature (volume des Oiseaux), Louis Figuier cite aussi quelques faits curieux de cer- tains perroquets : « Au dix-septième siècle, un cardinal paya cent écus d’or un perroquet, parce qu'il récitait cor- rectement le Symbole des apôtres. M. de la Borde raconte qu'il a vu un perroquet suppléer l'aumônier sur un navire: en effet, il récitait aux matelots la prière et le rosaire. Levaillant a entendu une perruche réciter le Pater, en se tenant couchée sur le dos, et joignant les doigts des deux pieds, comme nous joignons les mains dans l’action de la prière. » Willougby cite un perroquet qui, lorsqu’on lui disait : LE NATURALISTE Riez, perroquet! éclatait de rire aussitôt, et s’écriait un instant après : Oh! le grand sot, qui me fait rire! Le marquis de Langle dit, dans son Voyage en Espagne : € J'ai vu à Madrid, chez le consul d'Angleterre, un perroquet qui à retenu une foule de choses, un nombre incroyable de contes, d'anecdotes qu'il débite, qu'il articule sans hésiter, Il parle espagnol, il écorche le français, il sait quelques vers de Racine, le Benedicite et la fable du Corbeau. Il a coûté trente louis. On ose à peine suspendre sa cage aux fenêtres : lorsqu'il y est, qu'elles sont ou- vertes et qu'il fait beau, ce perroquet ne cesse de parler; il dit tout ce qu'il sait, apostrophe tous les passants (excepté les femmes); il parle politique. En prononçant le mot Gibraltar, il rit aux éclats; on jurerait que c'est un homme qui rit. » Voici maintenant un trait cité par Brehm, dans sa Vie des animaux illustrée, et qui nous montre le perroquet sous un jour tout nouveau : « Un de mes amis, raconte Wood, avait un perroquet gris qu'il laissait en liberté. Dans le jardin de son maitre était un bouquet de rosiers entouré d’une palis- sade et entremélé de plantes grimpantes; un couple de pinsons y avait fait son nid, et les gens de la maison les nourrissaient, Ce manège n'échappa pas à Polly (le per- roquet), qui résolut de suivre ce bon exemple. Il imita à s'y méprendre le cri d'appel du pinson, et se mit à rem- plir de nourriture le bec des jeunes. Mais ces témoignages d'amitié étaient trop bruyants pour les parents; effrayés par ce grand oiseau qu'ils ne connaissaient pas, ils dis- parurent, abandonnant leur progéniture aux tendres soins de Polly. Celui-ci rentra moins souvent dans sa cage, il restait jour et nuit auprès de ses enfants adoptifs et eut la joie de les élever, Une fois qu'ils purent voler, ils se perchaient sur la tête et sur le cou de leur père nourri- cier qui se promenait gravement, tout fier de cette charge. Mais, lorsque leurs ailes furent assez fortes, ils s’envoiè- rent et disparurent. « Le pauvre Polly en fut tout triste, mais bientôt 1l se consola : il avait trouvé de Jeunes fauvettes orphelines; il s'en chargea, les apporta l’une après l’autre dans sa cage et vécut avec elles en fort bonne harmonie. » Quelle est la durée de la vie du perroquet? Elle est à peu près égale à celle de l’homme, Veillot dit en avoir vu un, près de Bordeaux, âgé de 80 ans; les Mémoires de l'Académie des sciences de Paris font mention d’un de ces oiseaux âgé de 110 ans. D le préjugé tient beau- coup, comme dit Chesnel, à préciser les mesures, et il affirme que le perroquet vit cent ans el un jour, si la maladie, les accidents, l’homme ou le persil ne viennent abréger son existence. À propos de persil — cet éternel et violent poison de l'oiseau vert — je puis affirmer en avoir donné à des per- roquets qui en mouraient si peu, que la vue seule d’une petite brancheles attirait aux barreaux de leur cage. Par une mauvaise curiosité d'enfant (j'avais huit ans), et pré- cisément parce qu'on m'avait dit que le persil était fatal à ces oiseaux, j'en donnai une brindille à un énorme ara dont on venait de faire cadeau à mon père. Puis une deuxième. Puis une troisième. Bref, le perroquet man- geait toujours la moitié du persil qui entrait à la cuisine, et la bonne était obligée de le soustraire à ma voracité (j'étais censé le brouter moi-même). J’ai renouvelé Perponence sur d’autres perroquets, plus tard. Ils ne s’eri sont pas trouvés plus mal. Que devient alors cette légende répétée à satiété de LE NATURALISTE 293 tous les livres? Est-ce bien le persil qui fit mourir la première victime? N'était-ce pas l'æthusa cynapium (per- sil de chien, persil de chat, persil bâtard, petite cigué)?.…. Je sais d’ailleurs que je ne suis pas le seul à avoir fait cette expérience; un savant médecin a fait même mieux que cela: il a donné des décoctions de persil à des per- roquets: ils sont encore vivants. E. SANTINI DE RIOLS. LES ANIMAUX A L'ATTAQUE DES SERPENTS On se demande parfois comment il peut encore exis- ter un seul animal, dans un pays infesté de serpents ve- nimeux, dont la piqure est souvent mortelle à l’homme lui-même. Or le fait s'explique au contraire fort bien, si l'on étudie de près la manière dont s’y prennent les ani- maux pour détruire les reptiles. Mettez par exemple une vipère dans une petite basse-cour bien close, où l’ani- mal ne puisse pas se cacher. Tout d'abord, on verra les poules se sauver, en manifestant une vive frayeur, Des petits poulets peut-être se laisseraient approcher dans leur inexpérience, et encore! Un seul cri de la mère, à défaut de leur propre instinct, les ferait bien vite se ré- fugier sous ses ailes. Cependant, au bout de quelques minutes, on voit le coq, suivi de quelques-unes de ses poules, témoigner de moins en moins de crainte. Leurs plumes se hérissent, le coq entonne un chant de plus en plus audacieux, et on voit manifestement que le courage commence à venir à l'esprit de ces pauvres bêtes. Le coq approche, et essaie un coup de patte, Il évite avec beau- coup de soin la tête du serpent, que celui-ci projette de son côté, en se sauvant à chaque fois. À la fin, il fait tant de ses longues ailes et de ses pattes qu'il étourdit l'animal de ses cris et de ses coups, et finit par lui don- ner un coup de bec. Quelques poules en font autant de leur côté, et Lientôt le serpent finit par ne plus présen- ter que des débris, dévorés avec fureur par toutes les volailles de 11 basse-cour. Ici, ce qui préserve le coq, ce sont surtout ses ailes, dont les longues plumes recoivent les coups de dents du reptile, qui s'épuise en efforts im- puissants, et qui voit le nombre de ses blessures aug- menter de plus en plus, à chaque coup de patte ou de bec qu’il recoit sur toutes les parties du corps. Les porcs s'en régalent, en croquant la tête de la vi- père avec des grognements satisfaits; après avoir posé tout simplement la patte sur les anneaux du reptile, pour l'empêcher de bouger. Souvent il est piqué dans sa graisse, mais cela le laisse complètement indifférent. Il en est de même pour les sangliers, pour lesquels tout est bon. Pour eux, un gros serpent non venimeux, comme un python, serait bien plus dangereux que les serpents venimeux, généralement petits; alors qu’un gros reptile non venimeux pourrait les étouffer en enroulant les anneaux autour de leur corps. Les mangoustes, malgré leur faible taille, n'hésitent jamais à attaquer les serpents les plus venimeux, comme les cobras, quand elles ne peuvent éviter la lutte. Evi- demment, elles préféreraient ne pas se battre; mais elles ne manifestent jamais la moindre crainte; tandis . que le serpent en a une peur terrible. Il est même éton- x nant de voir qu'il manifeste plus de terreur à l'aspect d'une mangouste qu’à la vue d’un homme. Du reste, tout le monde a connu l’histoire de ce boa qui avait peur d’un lapin, parce qu'il l’avait une fois piqué au nez avec ses gritfes, alors que le serpent s'apprétait à l’avaler bien tranquillement, sans penser à mal. Les animaux res- semblent à un enfant qui, ayant avalé une arête, ne voudrait plus jamais manger de poisson. Une bonne lecon les dégoute pour longtemps, sinon pour toujours. Quoi qu'il en soit, ce boa de ménagerie ne pouvait plus souf- frir les lapins, et il en avait peur; il lui fallait des pi- geons, des poulets ou de la volaille, pour les remplacer. Peut-être avait-il pris goût à cette nouvelle alimentation, Il est probable qu'à l’état sauvage les choses ne se se- raient pas passées ainsi, et qu'il aurait fini par reprendre goût pour les lapins. On verra, dans la Revue Scientifique de la fin d'août, un curieux article sur la manière dont s’y prend la mangouste pour attaquer les reptiles venimeux des Indes. Ses mouvements sont très vifs, elle hérisse ses longs poils qui lui forment alors une épaisse fourrure, où se perdent les crochets des serpents, et elle saisit leur tête dans ses mâchoires. Seulement, comme sa bouche n'est pas très grande, il arrive souvent que ses mâchoires s’entrecroisent avec celles du reptile; mais elle croque alors sa mâchoire supérieure, tandis que le reptile ne peut pas lui croquer sa mâchoire inférieure. C’est là ce qui donne à la mangouste un avantage décisif sur son redoutable adversaire. Quant à être piquée par les cro- chets du serpent, elle l’est bien parfois; mais deux choses lui viennent en aide. D'abord, elle est déjà plus ou moins immunisée par des piqures antérieures. En- suite, elle trouve alors le moyen de croquer la poche à venin, avant que le serpent n'ait eu le temps de la vider tout entière dans sa morsure. Elle en est réduite à ava- ler ur peu de venin; mais n’avale-t-elle pas le venin des denx poches du serpent quand elle Jui dévore la tête sans avoir été une seule fois piquée par lui? Autre chose est d’avaler du venin de serpent venimeux et de le digérer, en le décomposant dans son estomac; autre chose est de faire passer le venin intact dans la circula- tion par une inoculation directe, comme une piqure de serpent. On n’a jamais vu personne incommodé pour avoir avalé le venin d’une vipère en suçant la blessure. Il est vrai qu'alors on en avale si peu! Mais enfin le ve- nin ne peut pas agir de la mème facon dans l'estomac que dans une blessure ; cela est évident. Cependant il ne faudrait pas s’y fier, car on ne sait jamais ce qui peut arriver. J’avalerais bien volontiers le venin contenu dans les glandes à venin d’une vipère, oui; mais à la condition de boire en même temps deux ou trois verres de rhum un peu fort ou délayé avec un peu de perman- ganate de potasse, qui détruit en partie son effet. Bien d’autres animaux, et en particulier des oiseaux, arrivent à détruire les serpents. Tout le monde con- nait le serpentaire, soit pour l'avoir vu dans les ménage- ries, soit pour en avoir entendu parler dans les livres d'histoire naturelle, Voici la curieuse histoire citée dans la Revue Scienti- fique. Elle me raccommoderait avec les chats, si c'était chose possible. Un colon anglais aux Indes avait un chat qui faisait la chasse aussi bien aux cobras qu'aux rats, Certain jour, entendant un de ses enfants éclater de rire, il courut à la salle de bain, d'où venait le bruit; et là, il découvrit le chat qui se battait avec ce genre de serpents veni- 224 meux. Le chat était assis sur son derrière, dans latti- tude de la boxe! C’est cela qui provoquait les éclats de rire de l’enfant dans la piscine. Chaque fois que le cobra jetait sa tête en avant, le chat, d’un vif coup de patte, la rejetait de côté; et au moment où le serpent, s’efforcant de fuir, abaissait la tête, le chat, protitant de l’occasion, se précipitait sur le reptile et lui infligeait un bon coup de dents, qui l’'obligeait à se mettre sur la défensive et à relever la tête. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que le ser- pent füt épuisé. On voit que les animaux sont souvent plus ingénieux que l’homme lui même, quand il s’agit de se défendre et de sauver leur vie; car un coup de dents du cobra aurait tué le chat instantanément, s'il avait été atteint. Le plus joli là-dedans, c'est que le chat s’y pre- nait de telle sorte que le serpent ne pouvait pas se sau- ver; bien que ce ne fût pas l'envie qui lui manquût. Dr BouGox. Méthode employée pour combattre le phylloxera EN ALLEMAGNE Grâce à la surveillance de tout instant exercée par les autorités locales, le phylloxera ne s'est attaqué, dans ces dernières années, qu'à quelques rares vignobles isolés soumis dès le premier moment aux mesures de précaution préventives et répressives prévues par la con- férence de Lausanne en 1878, et dont les décisions ont été rendues obligatoires par le congrès international de Berne à la date du 3 novembre 1881. Ces mesures consistent dans l'emploi de sulfocarbure et du pétrole dont voici l'application : on coupe jusqu'à la racine les ceps infectés en ayant soin de les brüler ensemble avec les échalas. Après avoir nivelé le terrain, on creuse de mètre en mètre des trous ayant de 60 à 10 centimètres de profondeur, dans lesquels on verse du sulfocarbure dans la proportion de 300 à 400 grammes par mètre carré; on bouche les trous et la dernière opé- ration consiste à arroser légèrement le sol avec du pétrole. Ces procédés font d’ailleurs l’objet des lois d’empire des 6 mars 1875 et 3 juillet 1883 relatives à la recherche des foyers phylloxérés et aux moyens propres à com- battre le fléau. Pour donner plus d'efficacité aux mesures prophylac- tiques, une ordonnance impériale a institué dans chacune des nombreuses localités riveraines du Rhin, si petite qu'elle soit, une commission permanente composée du maire de l’endroit, du maître d’école et d’un tonnelier expert : cette commission est chargée de visiter périodi- quement les. vignobles de son ressort afin de s'assurer de leur bon état et, le cas échéant, de prendre sans délai les mesures qu’exigent les circonstances. : Il existe, er outre, dans toutes les villes et villages situés sur les bords du Rhin des sociétés locales de vignerons « Vinzervereine » qui dans leur propre intérêt et à leurs frais surveillent les vignes avec le plus grand soin. Grâce à la méthode sévèrement appliquée pour com- battre les progrès du fléau phylloxérique, l'apparition du phylloxera n'a été que passagère dans les régions viti- coles de Francfort et principalement dans le Rheïngau : les dégâts commis n'auraient entrainé que des pertes LE NATURALISTE minimes étant donnée l’exiguité des terrains infectés. En effet, depuis le mois d'octobre 1898, le phylloxera ne se serait montré que dans trois petites vignes, les deux premières situées dans l'arrondissement de Bingen (Hesse Rhénane) et la troisième près d’Eltville dans le Rheingau. . LES CHÊNES AU POINT DE VUE FORESTIER |!) Le genre chêne (quereus) est l’un des plus intéressants au point de vue forestier. C'est aussi lan des plus importants du règne végétal par le nombre de ses espèces. Je me hâte d’ailleurs de dire que, parnu les très nombreux chênes exotiques, très peu me paraissent mériter d'être introduits en forêt. Nos chènes indigènes donnent en effet des produits qui répondent à tous nos besoins. Le quercus rubra, qui est très rustique, croit rapidement et se reproduit très bien de semences, et le quercus paluslris, qui prend chez nous de belles dimen- sions et fourmt un bois de bonne qualité, me paraissent, au point de vue forestier, les plus intéressants des chênes exotiques. J’ajoute que le quercus ilicifolia où Banisleri, qui est de petite taille, mais très rustique, très peu exigeant au point de vue du sol et qui se mulliplie assez loin par glands d’une façon remar- quable, me semble pouvoir rendre des services pour le boise- ment des sols siliceux à consolider. Le genre chêne est naturel- lement très représenté dans les jardins botaniques. Nous allons maintenant passer rapidement en revue les espèces les plus répandues en suivant la classification adoptée par Ma- thieu dans sa flore forestière et par Mouillefert dans son Traile des arbres el arbrisseaux . ; I. -- CnèNEs A MATURATION ANNUELLE El A FEUILLES CADUQUES A. Espèces de l'ancien monde. On rencontre dans la plupart des arborelum plusieurs variétés quercus pedunculata Ehrh., entre autres : fasligiala, que l'on a multipliée sans grande raison, à mon avis; laciniala; pur- purea..……. Le quercus robur Wäilld. (sessiliflora Sm.) a donné aussi naissance à quelques variétés; le quercus tozza Bosc., essence du sud-ouest de l'Europe, mais cette essence craint beau- coup les grands froids du nord; Le quercus conferta Kit. (Far- nello Ten.), espèce du sud-ouest de l’Europe, est très voisin du précédent; il fournit, dans son pays, un bois de bonne qua- lité. Le quercus lusilanica Lmk., dont l'aire est très étendue, est encore plus sensible aux geléés; le quercus Mirbeckii Dur. (chéne zeen des Arabes) remplace le chène rouvre en Algérie et en Tunisie, où son bois et son écorce sont très estimés ; il vient mal dans le Nord. Aussi peu rustique estle qguercus infecloria. Oliv., petit chêne de l'Asie Mineure qui fournit la noix de galle; On peut voir aussi, à Heidelberg et à Kew, le quercus macran- thera Fisch. et Mey., qui habite l'Arménie et la Persé..…… B. Espèces américuines Le quercus alba Lin., Sarg, aux feuilles lobées, pâles et glabres en dessous, se rapproche un peu de notre pédoncule. C'est, par ces produits, le chêne le plus important des Etats- Unis. Chez nous, il végète assez mal, ainsi qu’on peut la cons- tater aux Barres, où cette essence est cependant représentée par plusieurs sujets de 12 à 15 mètres de haut sur 0 m. 30 et 0 m.40 de diamètre. Il ne mérite donc pas, à mon avis, d’être planté dans nos forêts. Le quercus oblusiloba Michx. (s{ellata Wang., minor Saprg. est un arbre de deuxième grandeur, aux feuilles ordinairement cinq-lobées, pubescentes en dessous. Ccmme le précèdent, ce chêne se comporte assez mal dans nos pays. Le quercus macro- carpa Michx., aux très grandes feuilles, assez profondément sinuées, ne vient pas mieux en Europe. Ce chêne figure, comme les deux précédents, dans tous les jardins botaniques que j'ai visités; mais les sujets bien venant et de grande taille sont assez rares. La variété olivæformis Torr., Sarg. (quercus olivæ- formis Michx.), est très peu répandue .Le quercus lyrala Walt., Sarg., aux feuilles cunéiformes à la base, profondément cinq à neuf-lobées, ordinairement blanc d'argent en dessous, est peu (1) Extrait du Bulletin du ministère de l'agriculture. LE NATURALISTE 225 rustique et par suite difficile à élever. Le quercus bicolor Willd. (qguercus prinus tomealosa Michx.), quercus platanoides Sud- worth., Sarg.), aux feuilles dentées ou lobées, tomenteuses et ordinairement d’un gris blanc en dessous, ne se comporte guère mieux. Le quercus prinus Lin., Sarg. (quercus prinus mon- ticola Michx.), aux feuilles acuminées, dentées, vient un peu mieux, mais redoute les grands froids. Le quercus acuminala Sarg, (quercus prinus acuminala Michx.), aux feuilles égale- ment acuminées, souvent d'un blanc d'argent en dessous, est beaucoup moins commun; Le quercus prinoides Willd., Sarg. (quercus prinus Chinquapin Michx.), aux feuilles cunéi- formes à la base, également d'un blanc d'argent en dessous, dif- fère peu du précédent. é IT. — Cnênes 4 MATURATION ANNUELLE ET A FEUILLES PERSISTANTES A. Espèces de l'ancien monde. Le chène vert (quercus ilex Lin.), espèce du midi de l'Europe, a donné naissance à plusieurs variétés, nolamment : ballola, quercus ballota Desf. Le chène-liège (quercus suber . Lin.\ est encore moins rustique dans le Nord ; à Bonn, ilest élevé en pots. Certains auteurs considèrent le quercus occidentalis Gay. comme une variété à maturation bisannuelle du guercus suber. Le quercus alnifolia Poech., petit chêne de l'ile de Chypre, est très rare. R. Espèces américaines. L’arborelum de Kew possède : le quercus reticulata Humb. et Bonpl., Sarg., aux feuilles cordiformes ; le quercus agrifolia Nees, Sarg., aux feuilles orbiculaires; le quercus virginiana Mill. ou quercus virens Michx., aux feuilles elliptiques; le quercus pumila Walt.…., chênes américains dont les feuilles persistent ordinairement jusqu à l'apparition de celles de l’année suivante. Ces essences sont d'ailleurs peu cultivées. TITI. — CHÊNES A MATURATION BISANNUELLE ET A FEUILLES CADUQUES A. Espèces de l'ancien monde. Le quercus cerris Lin. est représenté dans tous les jardins botaniques par de nombreuses variétés, dont plusieurs sont éti- quetées comme espèces. Les arborelum des Barres et de Kew, les promenades de Baden, le parc de Carlsruhe, possèdent de trés beaux sujets de cette essence, qui malheureusement est sujette aux gélivures dans nos régions. Le quercus castaneæ- folia C. A. Mey.(l’affarès des Kabyles) est très voisin du cerris; c'est une essence importante en Algérie; ce chêne figure à Aschaf- fenbourg et à Kew. Le quercus Fontanesii Guss. (quercus pseudo-suber Santi) est aussi une espèce du midi de l'Europe et surtout d'Algérie; il est rare dans le Nord. Le chêne Velani, quercus Ægilops Lin., aux feuilles dentées- serrées,' fortement tomenteuses, est un bel arbre d'Orient. Bien qu’assez peu rustique, il vient bien aux Barres, où on peut en avoir un bel échantillon de 15 mètres de haut sur 0 m. 45 de diamètre, mais n'y fructifie que très rarement. Le quercus Libani Oliv., aux feuilles rappelant en petit celles du châtaignier, est plus résistant et pourrait peut-être donner un bois de bonne qualité, mais les sujets de grande taille sont éncore rares dans les cultures; Le quercus serrata Thunb. est un petit chène japonais dont les feuilles ressemblent beaucoup à celles du châtaignier ; il est très rustique ; Le quercus dentala Thunb. (quercus daymio des horticul- teurs), aux pousses robustes et aux larges feuilles, peut être étudié dans la plupart des arborelum, notamment aux Barres, où il fructifie; je n'en connais pas d'échantillon de grande taille. Un autre chêne japonais, le quercus glandulifera Blume, se rencontre aussi dans quelques collections, en particulier aux Barres et à Kew; il’ est toutefois moins cultivé, quoique rus- tique. B. Espèces américaines. Le plus répandu des chênes américains est certainement le quercus rubra Lin. On le trouve partout, et il n'est pas rare, aussi bien en France qu'en Allemagne et en Angleterre, d'en voir des sujets mesurant de 15 à 20 mètres de hauteur sur Om. 60 et plus de diamètre; l'arborelum des Barres en possède un qui a 0 m. 75 de diamètre. L'abondance et la vigueur des semis naturels que donne aux Barres ce chêne, élevé en massif, m'au- torise à le considérer comme naturalisé en France. Son bois ne vaut pas ceux du rouvre et du pédonculé, mais n'en est pas moins propre à de nombreux emplois. Aussi, par sa rusticité, par la vigueur et la rapidité de sa croissance, par sa facilité à se régé- nérer naturellement, le chêne rouge me paraît devoir rendre des services, notamment pour le boisement des sols siliceux. Les plantations qui ont été faites, aussi bien en France qu'en Alle- magne, donnent jusqu'à présent de bons résultats. La variété ambiqua(quercus ambiqua de Fougeroux), à écorce lisse, parait peu distincte du type. Le quercus coccinea Michx., Sarg., dont les feuilles sont découpées par de larges sinus arrondis, et le quercus tinctoria Michx (quercus velulina Willd., Sarg.), dont les feuilles grandes ont des lobes presquefentiers, sont très voisins du quercus rubra. Comme lui, ils figurent dans tous les arboretum que j'ai visités et souvent en beaux échantillons; le domaine des Barres en renferme plusieurs qui n'ont pas moins de 45 mètres de hauteur sur Ü m. 30 à 0 m. 40 de diamètre. Ils donnent, l’un et l’autre, un bois très analogue à celui du chêne rouge. Mais ils croissent moins rapidement, paraissent plus exigeants au point de vue du sol et semblent devoir se réensemencer moins facile- ment. Le quercus palustris Michx., Sarg., dont les feuilles, pro- fondément sinuées, présentent des lobes élargis, est, à mon avis, plus intéressant. Très rustique, de croissance rapide fructi- fiant régulièrement et abondamment, il est susceptible de prendre chez nous de fort belles dimensions: l’arboretrim des Barres en possède des échantillons remarquables, dont l’un mesure 2; mètres de hauteur sur 0 m. 60 de diamètre; le jardin de Kew en a aussi de beaux. Il convient d’ajouter que cette essence donne unbois de bonne qualité C'est donc, à mon avis, parmi les chênes exotiques, nn de ceux qui méritent le plus d’être intro- duits dans nos forêts, surtout dans les sols humides, qui lui conviennent particulièrement. Le quercus Calesbæi Michx., Sarg., petit arbre dont les feuilles sinuées ont des lobes aigus, élargis, et le quercus nigra Ling., Sarg.(quercus aquitica Michx.), aux feuilles spatulées, glabres, sont plus rares et beaucoup moins intéressants. On trouve la variété laurifolia du quercus aquatica, dont Michaux et Sargent font une espèce propre. Egalement assez rare et d'ailleurs asssez mal défini est le quercus helterophylla Michx. f., Sarg. Le bois de cette essence est très peu connu. Le quer- eus ferrugina Michx. (marylandica Sarg., nigra Willd.), aux feuilles obovales, épaisses, rudes au toucher, ferrugineuses en dessous, vient très bien aux Barres où on peut voir quelques sujets de 20 mètres de haut sur 0 m. 35 de diamètre ; il figure également à Aschaffenbourg, à Bonn et Kew. Malheureusement, son bois est réputé de médiocre qualité. Le quercus falcata Michx. (quercus cuneata Wangenh., quercus digitata Sudw., Sarg.), dont les feuilles pubescentes en dessous ont des lobes allongés et ordinairement falqués, est représenté aux Barres par un arbre de 20 mètres de hauteur sur 0 m. 65 de diamètre; Bonn et Kew le possèdent aussi. Ce chène donne un bois ana- logue à celui du chène rouge. Il pourrait être introduit en forêt, à titre d'essai. La forme triloba, de Michaux, ne parait pas devoir être distinguée du type. Le quercus ilicifolia Wangenh, quercus Banisteri Michx., gquercus nana Sarg.), est un petit, arbre à feuilles obovales, petites, pâles en dessous, ordinaire- ment à cinq lobes aigus. Il est très rustique, très peu exigeant au point de vue du sol, et ses glands petits et très abondants, transportés assez loin par les oiseaux, réussissent parfaitement. Ce chêne, qui peut être considéré comme naturalisé en France, nous parait susceptible de rendre des services pour le boisement des landes siliceuses arides. En outre, le chêne de Banister forme des massifs peu élevés, peu accessibles, que recherche le gibier surtout le faisan, avide de ses glands. Le quercns phellos Lin., Sarg , aux feuilles entières, rétrécies aux deux extrémités, gla- bres, rappelant celles des saules, est assez répandu. Il vient très bien dans nos pays et y prend même de fort belles dimen- sions. Malheureusement, ce chène est sujet aux gélivures dans le Nord. Il se comporterait probablement mieux dans le Midi, où il pourrait être employé, à titre d'essai, pour boiser les landes sablonneuses. Le quercus imbricaria Michx , Sarg., aux feuilles allongées, entières comme celles du phellos, mais plus larges, vert foncé en dessus, pubescentes en dessous, vient également assez bien et figure dans tous les arboreltum. Mais son bois est reputé de médiocre qualité. Le quercus cinerea Michx. (brevifolia Sarg.), aux feuilles entières, recouvertes en dessous d’un fomentum grisàtre, est plus rare et du reste moins intéressant. IV. — CHÈNE A MATURATION BISANNUELLE ET À FEUILLES PERSISTANTES A. Espèces de l’ancien monde. Le quercus coccifera Lin., petit arbre de la région méditer- ranéenne, dont l'écorce fournit un tan de première qualité, est RO 19 = LE NATURALISTE ———— © —————————.—— —————. _ _— "TT difficile à élever dans le Nord. Ce chêne a donné naissance à plusieurs variétés dont plusieurs sont considérées par cer- tains auteurs comme des espèces propres, en particulier : le quercus pseudo-coccifera Desf., — le quercus Auzandei Gren. et God., — le quereus Paleslina Kotschy. On rencontre encore, dans quelques arboretum, à Kew par exemple, plusieurs espèces du Japon ; quercus glabra Thunb., — quercus glauca Thunb., — quercus cuspidata Thunb., — quercus acula Thunb., — quercus thalassica Hance..... Enfin, j'airemarqué à Heidelberg, sur une des terrasses du parc du vieux château, quelques chênes encore plus rares : quercus incana Roxb., arbre du Népaul; — quercus dilatata Lindi., qui croit dans l'Himalaya et dont les feuilles rappellent celles du houx; — quercus striala Sieb., originaire du Japon... B. Espèces américaines. L' arborelum de Kew possède le quercus Wislizeni D. C., Sarg., aux feuilles entières, et le quercus densiflora Hook. et Arn., aux feuilles également entières, tomenteuses en dessous. PAnpé. LA PHOTOGRAPHIE DES OISEAUX DE COLLECTIONS Pour photographier les oiseaux et les nids, certaines dispositions sont à prendre. L'essentiel est d'obtenir une bonne mise au point. Un Oiseau, vu de face, présente des plans bien différents de la tête à la queue, et cette différence s'accentue d’autant plus sur l'image qu'on opère généralement à une petite distance. S'il s’agit d'un exemplaire isolé, on a avantage à le placer de profil ou à peu près, pour montrer les lignes du corps, la forme du crâne et du bee, la position des ailes et des rémiges, la forme de ces dernières, etc... I faut toujours beaucoup diaphragmer, quitte à poser un peu plus longtemps, et tenir compte de l'intensité de coloration, un plumage sombre ou à couleurs ternes né- cessitant une plus longue durée d'exposition de la plaque sensible qu'un plumage clair. Si l’on veut reproduire un groupe composé du mâle et de la femelle près du nid ou entourés de leurs jeunes, quand plusieurs sujets se trouvent sur d'autres plans, on a de réelles difficultés pour mettre au point, et si l'on ne parvient pas à donner au groupe une position satis- faisante pour opérer, il faut déplacer les sujets de leurs supports, les ramener sur des plans suffisamment rap- prochés et faire, au besoin, une mise au point intermé- diaire, On conserve au nid la position la plus avantageuse ; pour les nids de la Mésange à longue queue ou du Tro- slodyte, on peut montrer leur entrée latérale, et pour les habitations en forme de coupe, Fauvettes et Chardon- nerets, 1l est bon de faire voir les matériaux qui com- posent l'intérieur du nid sans l'élever trop sur son sup- port, en l'inclinant, si possible, légèrement du côté de l'objectif. Dans bien des cas, qu'il s'agisse de constructions basses ou appartenant à des espèces nichant près du sol, on peut figurer sur le même cliché les œufs dans le nid. Autrement, pour prendre les œufs séparément, on les dispose sur un support horizontal ou, ce qui vaut encore mieux, vertical, en les fixant à l’aide de petites boules de cire. Nous renvoyons à la notice sur la photographie des échantillons Journal (1). Il est indispensable, pour les Oiseaux et les nids, de se servir de très petits diaphragmes. Quand on tient à représenter des Oiseaux percheurs dans leur vrai milieu, on fixe du feuillage aux branches; ou bien à l'aide de petit gravier ou de sable répandu autour des Oiseaux de rivage, on imite, sans peine, le bord des eaux. On obtient plus aisément toute la netteté désirable en prenant de petits clichés, soit réductions des objets; la plaque 9 par 12 centimètres est d'un usage courant, Les petits formats se prêtent, en général, mieux aux publications, ainsi qu'aux projections, puis l'on a la res- source de les agrandir ensuite, les amplificateurs auto- matiques se trouvant aujourd'hui à la portée de tous. Si l’on dispose, cependant, d'une chambre à objectif 18 par 24 centimètres, on peut reproduire sur la plaque entière beaucoup d'espèces et leurs nids, de grandeur naturelle. Dans ces conditions, l'emploi du verre dépoli gradué (2), d'après M. Gustave Le Bon, pour reproductions à taille déterminée, nous à donné les meilleurs résultats. d'histoire naturelle, publiée dans ce F. de SCHAECK. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance «du 10 seplembre 1900. Sur le bois de conifères des tourbières (M. L. Gé- NEAU DE LaAMARLIÈRE). — Dans le bois de Conifères des tour- bières, la lame intercellulaire, formée de composés pectiques et de lignine, reste intacte alors que la portion interne des mem- branes des trachéides a été fortement attaquée et modifiée par l'action microbienne. La lignine et la cellulose, décomposées pro- bablement par l'action microbienne, ont disparu. Il ne reste qu'une substance amorphe soluble dans la potasse, l'ammo- niaque, etc., après l’action du chlore. Cette matière présente les principales propriétés de la callose sans que l’on puisse affirmer cependant qu'il y ait identité entre les deux substances. Influence du milieu sec et du milieu humide sur la structure des végétaux (M. Escruxarpr). — Dans une note précédente, l’auteur a indiqué quelles sont les modifications externes que le milieu sec et le milieu humide peuvent apporter . dans le développement des végétaux, par rapport à l’air normal. Le but de la présente note est de montrer quelles sont les modi- fications que ces mêmes milieux produisent dans la structure anatomique. ; Par rapport à l'air normal, l'air sec à pour effet : 1° D'aug- menter l'épaisseur de la cuticule épidermique et le nombre des stomates; 2° de rendre plus précoce la formation du liège; 30 D’augmenter la production du tissu ligneux; de hâter la diffé- renciation des tissus de sclérenchyme, aussi bien dans la moelle que dans l’écorce; 40 D: provoquer dans la feuille un développe- ment plus considérable du tissu en palissade. Dans l'air humide, la plante présente, au contraire, une différenciation moindre que dans l’air normal, surtout en ce qui concerne l’appareil de sou- tien. ) Voir le Naluraliste, 1°" Janvier 1899, p. 14. (1 (2) Voir Albert Lonpe. Aide-Mérm. prat. de phot., p. 26. LE NATURALISTE ILES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU PLANTES ARVENSIS......... RUE VULGARIS NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Bouleau Platypteryx lalcataria L. Curvatula Bkh. Sicula $. V. Lacertinaria. Stauropus l'agi L. Mætodonta Dictæa L. Dictæoides Esp. ZLigzag L. Tritophus $. V. Notondota Dromedarius L. Bicolaria S. V. Ptilophora Plumigera $. V. Cymatophora Fluctuosa H. Flavicormis L. Acronycta Leporina L. Megacephala $. V. Strigcosa S. V. Alni L. Asteroscopus Nubeculosa Esp. Euperia Paleacor Esp. Xylina Furcifera Hufn. Brephos Parthenias L. Motha H. Metrocampa Honoraria Schiff. Margaritaria L. Selenia Lunaria Schiff. Tetralunaria Hufn. Ennomas Alniaria L. Amphidasys Strataria Hufn. Betularia L. Boarmia Repandata L. Boarmia Consortaria F. Tephrosia Livrieata Bkh. Punctularia H. Geometra Papilionaria L. Iodis Lactearia L. Hemithea Fimbrialis Scap. Ephyra Porata F. Punctaria L. Pendularia L. Acidalia Strigaria H. Cabera Pusaria L. Hybernïa Marginaria Bkh. Defoliaria L. Cheimatobia Boreata H. Oporabia Autumnata B. Melanippe Hastata L. Coremia Designata Rott. Cidaria Corylata Thnb. Truncata Hufn. Brize Leucania Turca L. Brôme Eubolia Limitata Scap. Bruyère Saturnia Pavonia L. Acronyeta Euphrasiæ Bkh. Agrotis Agathina Dup. Porphyrea S. V. Noctua Neglecta H. Cerastis Spadicea Gn. Anarta Myrtilli L. Amphipyra Effusa B. Boarmia Cinetaria Schiff. Acidalia Ostrinaria H. Imitaria H. Strenia Immorata L. MOIS DE OU L’ON EE — — Chenilles Betula Mai, septembre. Mai, juin. Juin, septembre. Août, septembre. Juin, septembre. Juin, octobre. Juin à septembre. Juillet, septembre. Juin, octobre. Août, septembre. Mai. Mai, juin, août. Juin, juillet, sept. Juin à octobre. Août, septembre. Mai. Juin à août. Mai, juin. Juin. Juin, juillet. Avril, août, sept., oct, Mai, juin, septembre. Mai, juin, août, sept, Juin, juillet. Juillet à septembre. Juillet à octobre. Avril, mai, août, sept. Mai, août, septembre. Mai. Juin. Juin, septembre. - Août, septembre. Mai. Juin, septembre. Juillet, septembre. Juin, septembre. Mai. Juin, septembre. Mai, juin. Août. Juin, sept., octobre. Août à octobre. Avril, août. Briza Février, mars, avril Bromus Avril, mai. Erica Juillet. Juin, septembre. Mai. Mai, juin. Avril, mai. Mai, juin. Eté, automne. Avril. Mai, juin, aout, sept. Mai, juillet (Fleurs). Belle saison. Avril. L'ANNÉE TROUVE Papillons Avril, mai, juillet, août. juil. Avril, mai, juin, Avril, mai. Avril, mai, juillet, août. Mai, juin. Mai, juillet. Mai, juin, août, Mai, Juin, août. Avril à juin, août, sept. Mai, juin. Juin, novembre, déc. Juin, juill., sept., oct. Mars, avril, août. Mai, juillet, août. Mai, juin, août. Juin. Avril à juin. Mars à mai. Juillet. Sept., oct., Printemps. Mars. Avril. Avril, mai, octobre. Mai à juillet. Mai à septembre. Août, septembre. Mars, avril, mai Avril à juillet. Mai, juillet. Avril, juillet. Juin. Mars à mai. Mai, juillet. Avril à juin. Juin, juillet. Mai, août. Juin, août. Mai à août. Nov., février, mars. Oct., Octobre, novembre. Novembre. Mai, juin. Mai, juillet, août. Juin, juillet. Mai à août. Août. Juin, Juillet, août. Mars, avril. Mai, août. Juin, août, septembre. Juin à aoûl. Août, septembre. Septembre, oct., avril. Printemps, été. Mai, juin. Avril, mai, juillet, août. Juin, août. Belle saison. Mai, juin. sept. nov., fév., mars. | HABITAT FRANCAIS France centr.et septentrionale. Toute la France. Alsace, Aube. France centrale et orientale. Toute la France. m me Toute la France. France septr., centr. et orient. France centrale et orientale. France septentrionale. Autun. Re te l'oute la France. France centrale et septentrion. France centrale et orientale. France septentrionale. Alsace. France centrale et septentrion. Toute la France. France centrale et septentrion. Toute la France. France centrale et orientale. Toute la France. France septentrionale, Paris. Toute la France. France centrale el orientale. Toute la France, France sept., centr. et orient. France centrale et septentrion. Toute la France. France centr., sept. et orient. Toute la France. Toute la France. Toute la France. Toute la France. France centr. mérid. et orient. Toute la France. France méridionale. Toute la France. France méridionale. France centrale et méridionale 298 LE NATURALISTE ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane DU LUCANUS DELAVAYI. — FAIRMAIRE ET DES ESPÈCES QUI S'Y RATTACHENT Avec le L. Lunifer, le L. Boileavi, le L. Cantori et le Luc. Planeti considérés comme chefs de groupes, nous avons vu une série de Lucanus, pour la majeure partie de grande taille, d'apparence toujours robuste, possé- dant une structure un peu spéciale et souvent assez complexe, et dont les téguments sont fréquemment re- couverts d'une pubescence abondante, voire même de poils couchés, longs et serrés. Avec le Luc. Delavayi, nous voyons apparaitre un groupe de Lucanus de taille plus petite mais de forme très gracieuse, et qui, malgré leurs proportions réduites, possèdent tous, à l'exception d’un seul (le Luc. Delavayi), de longues mandibules et un grand développement cé- phalique. Il convient d'ajouter que leur coloration, bien qu'en- core sobre et un peu sévère, est moins obscure que chez les autres Lucanus et qu’elle présente des teintes très délicates et en harmonie parfaite avec l'élégance de ces petits insectes. Quant à la pubescence, elle est, pour lordinaire, fort peu abondante, dans tous les cas à peine visible, et comme elle se confond parfaitement avec la couleur foncière, l’aspect de l’animal ne s’en trouve ni modifié ni alourdi. LUC. DELAVAYI, — Fairmaire. Yunnan L. Fairm. Bulletin de la Société entomol. de France, p. XXXVII Séance du 9 février 1887 et Ann. Soc. Ent. Belg. XXX, 1887, p. 98. Diagnose originale. « Luc. Delavayi, — long. 32-38 mill.,—oblongus, niti- dus, capite prothoraceque piceis, pallido sericeis, ely- « tris fulvis, sutura margineque infuscatis, subtus fus- « cus, sericans, pedibus fulvo-testaceis, femoribus sub- « tus, tibiis intus tarsisque fuscis; capite utrinque acute « carinato, ante oculos parum angulato, antice minus « acute carinato, mandibulis apicem versus parum den- « tatis, prothorace linea media lævi; elytris subtilissime « dense punctulatis. » À l’époque où cette diagnose fut publiée, le Luc. Ober- thuri n'étant pas connu, M. Fairmaire prit le Luc. For- tunei comme point de comparaison de son Luc. Dela- vayi. « Cet insecte, dit-il, est très voisin du L, Fortunéi: il « en diffère par la coloration claire des élytres qui sont « plus finement ponctuées, par le corselet ayant au mi- « lieu une ligne très lisse, etc... » La découverte du Luc. Oberthüri — mihi, n'a fait que confirmer tout ce qu'il y a de vrai dans cette manière de voir qui, à première vue, pourrait surprendre, les plus « grands exemplaires du L. Delavayi étant d'une taille et surtout d’un développement mandibulaire et céphalique bien inférieurs à ceux des plus petits exemplaires connus du L. Fortunei. Le Luc. Delavayi, le plus petit des Lucanus connus, est, au reste, un charmant insecte, de coloration claire et très agréable, que l’exiguité de sa taille, le peu de largeur de sa tête et la brièéveté de ses mandibules pour- raient faire considérer comme la forme mineure d’une espèce dont le grand développement serait inconnu, si le très grand nombre d'individus qui ont été reçus en Eu- rope et les différences insignifiantes que ces spécimens présentent entre eux ne permettaient d'affirmer que ce Lucane constitue bien une espèce de taille et de dévelop- pement toujours minimes. D'ailleurs le Luc. Oberthüri, qui, de prime abord, au- rait pu être envisagé comme la grande forme du Luc. De- lavayi, constitue en réalité une espèce bien distincte. Non seulement, en effet, la couleur des pattes est d’un rose carmin assez obscur chez le premier et d’un beau jaune clair chez le second, mais encore la provenance des deux espèces n'est nullement la même puisque le Luc. Oberthüri provient de la région thibétaine de Siao- Lou, alors que le Luc. Delavayi est originaire du Yun- nan. De plus, tous les exemplaires que j'ai vus de la pre- mière de ces deux espèces étaient parfaitement frais et aucun d’eux ne possédait la pubescence argentée très abondante qui se constate chez les individus frais du Luc. Delavayi. Enfin la femelle est complètement différente; celle du Luc. Oberthüri est, pour ainsi dire, entièrement noire, tandis que celle du L. Delavayi a la même coloration que le mâle; la structure de ces deux femelles n’est, d’ail- leurs, pas la même, celle du L. Delavayi étant sensible- ment plus parallèle et ayant son corselet bien moins ar- rondi. MALE Coloration. Les mandibules, la tête et le prothorax sont d’un brun carminé assez clair; la base des mandibules, la tête, le corselet et l’écusson sont couverts de poils blancs un peu argentés, surtout abondants et bien visibles sur la tête et sur l’écusson; le pourtour du prothorax est un peu rembruni, presque noirâtre. Elytres faiblement brillantes, d’un jaune paille, d’as- pect soyeux, un peu rembruni latéralement, entourées de tous côtés et le long de la suture d'une fine bordure noire; ‘épipleures de la même couleur que le pourtour des élytres. Palpes, antennes et tarses noirâtres; cuisses d’un beau jaune paille, largement bordées de noir; pattes de la même couleur, mais la bordure noire n'existe que le long du bord externe. Dessous du corps d'un brun rouge obscur plus ou moins dissimulé par la villosité, Structure. Mandibules ponctuées, courtes et peu développées, larges à la base, se rétrécissant graduellement jusqu'à leur extrémité; elles présentent bien au delà de leur milieu, tout près de la fourche terminale, une dent grêle et brève, souvent précédée chez les grands spécimens. d’une dent un peu plus étroite; les dents de la fourche: dont la supérieure est un peu plus épaisse que l’infé- D ET PT PETY PEN © LE NATURALISTE 999 rieure, sont également fort courtes; antennes longues, grêles et élégantes; les quatre feuillets de la massue sont grèles et allongés; palpes de longueur médiocre; labre court, coupé carrément, un peu relevé; épistome noir, Court, un peu incliné, en ogive large; tête assez Fig. 1 et 2 — Luc. Delavayi — mâles — 3 — id. id. — femelles étroite, sans carène frontale, rétrécie en arrière; les au- tres carènes sont étroites, tranchantes et bien indiquées; thorax subconique, à côtés arrondis; élytres amples et allongées; tête et corselet finement granuleux; vues à l'œil nu, les élytres sont lisses, considérées à la loupe; elles sont très finement ponctuées ponctuation des pattes très faible. ; FEMELLE L'ensemble de la coloration est le même que chez le mâle, mais les mandibules, la tête et le corselet sont bien plus obscurs, presque noirâtres par intervalles. La couleur jaune des élytres est beaucoup plus rembrunie, en particulier vers les épaules; la coloration des pattes est la même que dans l’autre sexe, Mandibules et tête faiblement granuleuses, cette der- nière avec l’indication de deux carènes postérieures ar- Fig. 4 et 5 — Luc. Oberthüri — mâles rondies; thorax couvert d'une ponctuation fine, assez dense latéralement, mais à peine visible à l'œil nu; ély- tres luisantes, apparemment lisses, avec l’indication de deux faibles côtes, couvertes, lorsqu'on les regarde à la loupe, d'une ponctuation très fine et très espacée, Les mandibules sont à peu près de la même longueur que la tête, elles sont assez larges, épaisses sécuri- formes. La tête est petite, étroite et à peine convexe; le cor- selet est épais, bombé, plus évasé en avarit qu'en ar- rière, infléchi sur les côtés, avec ses bords latéraux assez fortement relevés, surtout en avant; la sinuosité TETE SEE OO NON ES SL TO A gs du bord postérieur est faible, les élytres sont assez lon- gues, ce qui les fait paraître assez étroites bien qu'en réalité elles soient plus larges que le corselet. LUCANUS OBERTHÜRI-MIHI Depuis l’époque où j'ai decrit cet insecte, M. R. Ober- thür en a reçu un lot assez considérable, comprenant des mâles de toutes tailles et des femelles; je donne ici la figure de deux mâles plus petits que le type, lesquels ont été acquis de M.R. Oberthür par M. Boileau, LOUIS PLANET. OFFRES ET DEMANDES S'adresser pour les collec tions et lots ci-après indiqués à Le Fils D’Emile Devyrolle, 46, rue du Bac, Paris. Collection de Coléoptères d’Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 1.730 es- pèces, 4.700 exemplaires renfermés dans 25 boites doubles, en bois verni, mesurant 35 X 28 X 9. Cette collection, formée par M. Silbermann, a servi à établir le catalogue des Coléoptères d'Alsace et des Vosges que cet entomologiste a publié en collaboration avec M. Wencker, L'état de conservation des insectes est excellent; l'étiquetage, fait très soigneusement, donne des noms rigoureusement exacts et des rensei- gnemeuts sur la rareté des sujets, ainsi que le nom des plantes sur lesquelles se trouveut habituellement les espèces. Des espaces laissés vacants permettent d'aug- menter la collection sans lui faire subir de remaniements. Le catalogue de Wencker et Silbermann accompagne la chliéctiom-Prit.s ane el 500 francs. Collection de Macro- et Microlépidoptères d'Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 595 espèces, 1.123 exemplaires de Macrolépidoptères et 84 espèces, 151 exemplaires de Microlépidopteres, le tout enfermé dans 26 boîtes. Plus le catalogue des Lépidoptères d'Alsace, par H. DE PEYERIMHOFF. Cette collection est identique comme boites et plan de classification à la collection de Coléoptères. Bonnes CSDÉCES METIER er FO NN her tire 400 francs. Nota. — Les deux collections prises ci-dessus en- semble seront comptées au prix de 800 francs. Collection de Cicindélides et Carabides euro- péens. 381 espèces, 1.324 exemplaires, 19 cartons. PRIRENT re era re 85 francs. Collection de Dytiscides, Gyrinides et Hydro- philides européens. 157 espèces, 629 exemplaires, MCATLONS PER Un Rem 35 francs. Collection de itaphylinides à Hétérocérides inclus. 419 espèces, 1.195 exemplaires, 17 cartons, AND A LU RS RARE TE PTE 75 francs. Collection de Lucanides et Lamellicormes eu- ropéens. 225 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons. 1 AD RE ES LE OR ENT ER ATEN 65 francs, Collection de Buprestides et Elatérides euro- péens. 136 espèces, 403 exemplaires, 7 cartons. RTIX ENS Nr ee en ed o o aeenlee 45 francs, Collection de Malacodermes et Térédiles eu- ropéens. 100 espèces, 281 exemplaires, 5 cartons. TRS EE A ER An etre 25 francs. Collection d Hétéromères européens.1#8 espèces, 350 exemplaires, 10 cartons. Prix....:.. 40 francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens. 368 espèces, 951 exemplaires, 15 cartons. PTS ee SEE EE Ur EE 95 francs. Le Gérant: PAUL GROULT PARIS. — IMPRIMERIE F. JEVÉ, RUE CASSETTE, 17. NATURALISTE LE 230 *IMAATOOH INVLSNO) (rauans y) 6 : | TÉECL LC ere enr ciel “(#01 “2y) (sayuau 9 £2 [es] £ T L 70} -f109) syuawuSos q Juawepnes JUEIJUOU u9WOPAY L : + nicleteie etats RD ET dan (cor 89) syuoedde £or squow$os 3 J'IoWOIN2QQUt JUEIFO UOWOPAY : (-y099 snu219 =) qi $9POU9II, Pa RS Pa are NES Ro 85) enbiuoo ù anssewu oun dvd sooulWdo) Sauuaru y ‘aeT sulidO TOL psc: (107 ‘8y) o98uoyre ons ) -seœu aun 464 SoauIUId9) SeUU2,JUY \| 100 >| D PEN AC DO CEE CELL D CEEICRC CEE (007 ‘8y) SOAtUE -xeu sodped xne xne$o soad nod e xnerqe] sedirq ‘1e SNUIISEUEU I, DO CRC TOR OT( *8y) 934n09 9907 ‘ 08418, Z9SSP XPIOWJO14 ‘AO SnIILL G y (a / OO MATE ROLE OCALIOIOECE ee (GG 20) SOITe[[IXEUI | -yed so onb s$uor snjd dnooneeq xnelqer sodeq “yosiA sdouog “7 :*: ("16 *8ÿ) 298u0Te sea} 079) ‘ J1O4Je XUIOW)0Iq QU RU CA EE 6 ES A RSS I AP NE TR NT EE EE PE EN I AE EE NC DS CPE TE CS CUS ; Hd S és de ‘8 ‘d G6gy ‘eorsojomoque vout[[00817q) 2nbuyvwaslis arbojgowoqua,p 2pnJ2 * 1DS40] 2W9]ShS 97 — ‘LUHATNOH ‘9 ‘atOAÀ (7) (ADO 5 eHtole cl faiete elcleiete RAT GEST) *puo9os o[ ded 9you9 uou sosie] $9p [01e deIW91q 8 VS TRUE **(96 “$y) puosos o7 aed J194n0991 Ju9w99fd -1u09 no j1jod soi} sosie} SOP O[O1II8 JOTW9IY POI RIDIONO RCE ‘8y) quouwopnes squordde f$o[otqie % 9p Sosdel], si ess. 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L'’excavation a été ouverte sur le flanc du coteau, dans l'épaisseur des couches de sables, dits de Beauchamps, qui reposent dans la région sur le calcaire grossier supérieur; les boules pierreuses étaient noyées dans les sables et inégalement espacées les unes des autres. A première vue, ce sont des nodules de grès, et la rencontre de semblables masses est si fréquente dans de sable, pouvait les réunir en une masse cohérente. La substance dont il s’agit est le plus ordinairement du car- bonate de chaux ; mais elle peut être aussi de la silice, de l’hydrate de fer et quelques autres matières encore. Ce qui est intéressant, et ce qu'on ne peut contester, c'est que les dissolutions, filtrant au travers des sables, rencontrent, de temps en temps, des points qui exercent surelles comme uneattractionirrésistible : elles y déposent leur matière dissoute, et successivement le germe de concrétion s'enrichit de nouveaux dépôts et grossit de facon à acquérir parfois des dimensions très grandes. On ne peut douter que les énormes masses dans lesquelles sont ouvertes de grandes carrières de grès, comme à Fon- tainebleau, par exemple, à Orsay, à Rambouillet, et bien ailleurs, ne soient tout simplement des nodules qui ont assez grossi, et qui résultent aussi de la soudure de H Fig. 1 — Concrétion gréseuse extraite du sable moyen dit de Beauchamps, lors des récents travaux de dégagement de la gare du chemin de fer de Puteaux (Seine). D'après une photographie de M. Dollot. les sables de tous les niveaux géologiques qu'elle ne serait, en aucune facon, digne d’être signalée, si elle ne s’'accompaguait, cette fois, d'une particularité tout à fait remarquable. Il se trouve, en effet, que ces nodules, au lieu d’être pleins, sont creux, et cela, comme je vais essayer de le faire comprendre, complique leur histoire d’une facon extrêmement considérable. On admet,en effet, comme conséquence des observations et aussi des expériences, que la constitution des nodules ordinaires, c’est-à-dire pleins, s’est réalisée dans les masses de sable d’une facon très simple, Ces sables, à une époque postérieure à leur dépôt, ont été traversés par des dissolutions variées, capables d'abandonner une substance conjonctive qui, solicifiée entre les grains Le Naluralisle, 15, rue du Bac, Paris. progressive de nodules primitivement distincts. Cette histoire est bien merveilleuse, pleine encore de détails inexpliqués, tels que la fréquence de deux nodules de grès superposés, entre lesquels le sable est resté parfai- tement libre; tels que la forme cristalline propre au carbonate de chaux, que certains nodules de grès mani- festent d'une mamière évidente, etc. Mais le point essen- tiel est fort compréhensible; il est, pour ainsi dire, sen- sible aux yeux et personne ne le conteste. Mais si nous essayons d'appliquer ces résultats à l’his- toire des nodules creux, nous rencontrons des difficultés spéciales. Pour bien comprendre le problème, j'ai fait dessiner d’après nature (fig. ?) un des nodules en question, et 23 % LE NATURALISTE qui, grâce à la très grande amabilité de M. A. Gaudriot, conducteur principal des ponts et chaussées, fait maintenant partie, avec quelques autres, des collections du Muséum. C’est, comme on le voit, une boule un peu ovoide, dont le diamètre horizontal mesure 85 centi- mètres, et le diamètre vertical, 67 environ; mais c'est une boule qui comprend une simple coque de grès très solidement cimentée et très dure, de 5 à 8 centimètres d'épaisseur, suivant les points, et un noyau sableux tout à fait meuble, et qui laisse sa place vide quand le tuber- cule est brisé. Evidemment, en présence de ces boules creuses, l'explication de tout à l'heure ne peut pas être adoptée sans modification, car il semblerait qu'on entre dans le domaine de la pure métaphysique si l’on admettait, un instant seulement, l'hypothèse d'un centre de concrétion tout d’abord la production d’une concrétion ordinaire, c'est-à-dire engendrée autour d'un centre, et gros- sissant progressivement jusqu'à un certain volume. On doit croire qu'elle est produite par une petite quantité de matière agglutinante, et qui, le plus souvent, est du car- bonate de chaux. À un certain moment, et par suite d’un changement de régime et de composition des eaux de l'infiltration, cette concrétion prend beaucoup plus d'activité : autour d'un noyau très faiblement cimenté, il se fait une coque d'une roche beaucoup plus riche en ciment, et cette circonstance est de la même catégorie que celle qui produit des zones concentriques dans un même rognon, par exemple dans un rognon d’agate, quoique l'effet en soit ici bien différent. Cette coque plus cimentée, et dont le ciment peut être également du calcaire, devient bientôt, et justement à cause de sa Fig. 2, — Concrétion gréseuse creuse des sables moyens de Puteaux (Seine) au 1/10e de la dimension naturelle. — Echantillons du Muséum d’histoire naturelle de Paris. qui v'agirait qu'à distance, et qui déterminerait la préci- pitation du calcaire, ciment des grès, à un énorme in- tervalle tout autour de lui, mais non pas à son voisinage immédiat. L’embarras du théoricien parait même s’augmenter encore quand il réfléchit que le cas des nodules de Pu- teaux est loin d’être isolé et qu'on connait d'autres boules creuses et présentant d'autres compositions minéralo- giques. Il suffira de mentionner, à cause de leur célébrité les Ætites ou Pierres d'aïgles, auxquelles tant de super- stitions ont été rattachées, et qui consistent, comme on le sait, en une coquille d'oxyde de fer enveloppant de toutes parts un noyau argileux ou sableux, trop petit pour le remplir, au point que, par l'agitation, il y ballotte comme le battant d’un grelot Eu étudiant ces curieuses productions, on peut, cepen- dant, en reconstituer l’histoire, dont chaque étape se trouve illustrée, démontrée pour ainsi dire, par des spécimens bien connus. On arrive ainsi à admettre richesse en carbonate de chaux, le siège d’un travail interne de cristallisation, qui a pour effet de l’enriclur encore, même si le liquide conjonctif cesse d'arriver, et il doit en résulter un appauvrissement en calcaire des régions voisines, Cette attraction du sel de chaux sur là masse enveloppée peut contribuer à lappauvrir pro- gressivement en ciment et à rendre au sable qui la compose tout ou partie de sa mobilité primitive. Dans le cas des ætites, il se passe quelque chose d'ana- logue, mais de plus net encore, car il y a substitution du ciment ferrugineux, ou ciment primitif, qui est de nature toute différente. De plus, l'argile emprisonnée peut subir un retrait consécutif à la perte d'une partie de son eau, et dès lors, elle devient beaucoup moins volu- mineuse que sa prison et acquiert ainsi la mobilité que nous avons rappelée. En tous cas, le mécanisme dont il s'agit inter ViCNÉ M dans un grand nombre de circonstances, el c’est pour M cela qu'il nousa paru tout à faitindiqué de le signaler IC STANISLAS MEUNIER. LE NATURALISTE 233 DÉSINFECTION ANTIPAYLLOKÉRIQUE DES PLANTS DE VIGNES Ce sont, on le sait, les apports de boutures de vigne qui ont grandement contribué à la dissémination du fléau phylloxérique. Déjà, au début de l'invasion du vignoble français, il y a plus de trente ans, il avait été reconnu que, partout où l’on avait cons- taté les foyers phylloxériques, à l'étranger de même que chez nous, des introductions de plants d'Amérique avaient été faites. Plus récemment, en Algérie (1885), en Champagne (1890), en Lorraine (1894), de constatations faites et vérifiées, il est tou- jours résulté que les nouveanx foyers n'avaient pas d'autre ori- gine que des importations malheureuses de plants provenant de pays antérieurement envahis. À diverses reprises, les vignerons ont réclamé un procédé certain pour désinfecter les plants, tant français qu'américains, racinés ou non racinés. Cette question est de nouveau agitée au moment des tentatives de reconstitution en Algérie et en Champagne. En 1887, M. G. Couanon commu- niquait précisément à l'Académie des sciences, en collabora- tion avec MM. F. Henneguy et E. Salomon, le résultat d’expé- riences qui, s'appuyant sur les remarquables. travaux de M. Balbiani, relatifs-à la résistance des œufs du phylloxera, éta- blissaient que, par une immersion dans l’eau chaude de 45 à 50 degrés, pendant une durée de dix minutes, on pouvait traiter préventivement les boutures non racinées. Cette année, ces expériences ont été reprises en les étendant aux plants racinés, qui sont le plus fréquemment employés dans la reconstitution et aussi lés plus souvent contaminés, partant les plus infectieux. C'est de nouveau à Thomery, chezM. E. Salomon, qu'elles ont été faites. « Le 31 janvier, disent les auteurs, nous soumettions des plants de Noah racinés, d'un an d'âge, à l'immersion dans l’eau chaude : 1° Pendant cinq minutes, un paquet de dix plants. Température à l'entrée : 53 degrés; à la sortie : 51 degrés; 29 Pendant quatre minutes, un autre paquet de dix plants. Tem- pérature à l'entrée : 53 degrés; à la sortie : 51 degrés. 30 Pen- dant trois minutes, un autre paquet de dix plants. Température à l'entrée : 53 degrés; à la sortie : 51 degrés. À la fin des opérations, l'examen des racines semblaït bien montrer que les plants n'avait nullement souffert. Les paquets furent partagés par moitié. Quinze plants (cinq, quatre, trois minutes), auxquels il fut ajouté cinq plants témoins n'ayant pas été trempés dans l'eau chaude, furent immédiatement plantés en serre et forcés à la manière des vignes destinées à la produc- tion des raisins de primeur. Les quinze autres plants (cinq, quatre, trois minutes), furent mis en stratification pour être plantés, aussi avec témoins, à l'époque ordinaire de la planta- tion à l’air libre. La plantation a eu lieu lé 5 mai. Aussi bien dans la serre qu'à l’air libre, le succès a été complet. La reprise a été parfaite, Les vignes sont aujourd'hui très belles et très bien constituées. On peut donc affirmer qu'une immersion dans l’eau chaude à 53 degrés, pendant cinq minutes, est un moyen pratique et éco- nomique pour désinfecter des plants de vignes quelconques, racinés où non racinés. Insectes et œufs sont tués et les plants vivent et végètent normalement. » LES CHOTTS SALÉS DE L'ALGÉRIE Aujourd’hui que la Tunisie est sous la dépendance de la France, les lacs qui s'étendent de l’est à l’ouest, à partir de Ga- bés, se trouvent tous compris dans notre domaine colonial; de sorte que le percement du seuil de Gabès est pratiquement réa- lisable, pour transformer la région des chotts en une mer inté- rieure, de 100 lieues de long sur 25 lieues de large, en moyenne. On sait que chott veut dire lac, en arabe, et qu'il y a deux espèces bien différentes de lacs en Algérie : les chotts ou lacs d'eau douce, situés dans la région des plateaux, entre le grand et le moyen Atlas; et les chotts salés situés au sud du grand Atlas, dans le nord du Sahara, à l’est de notre colonie algérienne, jusqu'à la Méditerranée, en passant par le milieu de la Tunisie. M. de Lesseps, avec le grand bon sens qu'on lui connait, s'é- (1) Extrait du Bulletin du Ministère de l'agriculture. tait vivement préoccupé de cette intéressante question. Il avait compris en effet que le développement d’une mer intérieure, dans la partie la plus chaude de l'Algérie, au sud de la région habi- tée par les Européens, aurait pour effet d'amener une évapora- tion d'eau tellement considérable qu’il en résulterait bien vite des nuages et des pluies fertilisantes, dans ces régions arides. Or la pluie aurait pour effet d’entretenir une abondante végéta- tion capable de fixer les sables, et d'empêcher les dunes de s’é- tendre plus loin. Bref, la formation d'une mer intérieure, dont ces lacs salés ne sont que les débris (de gigantesques flaques d'une mer intérieure ancienne, envahie par les sables sous l'in- fluence des vents), aurait pour effet de produire successivement de la pluie, de la végétation et l’immobilisation des sables. La restitution de cette mer intérieure serait ainsi une bénédiction pour notre colonie africaine. Cela est d'autant plus facile à comprendre que tous ces lacs salés sont à une moyenne de 20 mètres au-dessous du niveau de la mer. Il suffirait donc de couper le seuil de Gabès par un large canal pour que l’eau de la mer afflue dans les chotts et les fasse déborder plus ou moins loin au nord et au sud, jusqu'à la cote d'altitude 0, au lieu de — 20. Il en est qui sont même à plus de 38 mètres au-dessous du niveau de la mer. En certains endroits, la mer pourrait gagner jusqu'à 4 ou 5 lieues, de chaque côté des chotts, pour former une mer intérieure continue, avec des golfes, des caps, des isthmes, des presqu'iles. Sans compter qu'il y a de nombreux cours d’eau qui se jettent dans ces lacs, dont quel- ques-uns formeraient de véritables fleuves. Actuellement, il est vrai, quelques-uns de ces cours d'eau se perdent dans les sables avant d'arriver aux lacs; maïs avec l'augmentation du régimé des pluies, qui serait la conséquence immédiate de cette mer intérieure, on ne tarderait pas à leur voir débiter assez d’eau pour qu'ils arrivent à se jeter dans cette ancienne mer naturelle, artificiellement restaurée. Pour nous, il n'y a pas de doute que cette mer existait, du temps des Carthaginois, et que ce sont des déboisements intem- pestifs, opérés par les Romains ou par leurs successeurs, qui ont permis aux sables du désert de prédominer sur la végéta- tion, privée de pluie par ces déboisements. Ilen est tout à fait de méme en Palestine, dont la terre était si fertile autrefois, et qui a été rendue stérile par le déboisement de ses montagnes, opéré sous la dominalion romaine. Dans ces conditions, de ré- gulier qu'il était autrefois, le cours desrivières se transforme en torrents, et la végétation s’appauvrit de plus eu plus, tandis que le vent permet aux sables du désert de s'étendre de plus en plus sur des terrains d’une fertilité proverbiale autrefois. On frémit en pensant que des terres, aujourd'hui si arides, ont produit jadis des grappes de raisin constituant la charge de deux hommes! Aujourd’hui, un seul homme pourrait porter dans un panier bien des grappes de raisin du pays de Chanaan! Or rien ne serait plus facile, avec un peu de bonne volonté, de rendre à ces terres appauvries leur fertilité primitive. Pour en revenir à l'Algérie, la base de la végétation, c'est l'eau. Or on peut se procurer de l’eau de trois facons différentes : par des puits artésiens; par l'ensemencement de plantes appro- priées au sol, afin d'arrêter les sables et de les recouvrir d'un manteau de verdure quelle qu'elle puisse étre; et enfin par le percement du rempart que ces sables ont fini par former, à l'an- cien détroit de Gabès, par où cette mer intérieure communiquait avec les syrtes ou golfes de la Méditerranée, à l’est de la Tunisie. Ainsi il a suffi d’une accumulation de sables, au niveau de ce détroit, pour empêcher le renouvellement de l’eau de la grande mer dans la merintérieure.Celle-ci s’est évaporéeen partie,pendantque les sables du désert,poussés par le vent,venaient combler cette mer en certains endroits, de façon à la morceler en grands lacs salés, ou en ces grandes flaques qu'on à nommées des chotts. Ce n’est que grâce aux rivières descendues du grand Atlas que ces lacs se sont conservés jusqu'à nous, dans le pitoyable état où ils se trouvent actuellement : de grandes flaques d'une eau amère, au milieu des sables. Il suffirait donc d'agir en sens inverse pour rendre à ces ré- gions leur fertilité primitive. Aujourd'hui que la Tunisie est sous notre domination, on ne se trouve plus arrété par des considéra- tions d’ordre politique, comme au temps de M. de Lesseps, pour résoudre cette intéressante question. C'est à nos ingénieurs qu'il appartient de rendre à l'Algérie la fertilité qu'elle a perdue, dans des siècles barbares. C’est le meilleur moyen de montrer les avantages de notre ci- vilisation moderne sur la barbarie des temps anciens. Le Parle- ment ne refuserait pas les quelques millions qui seraient néces- saires pour réaliser le problème; en considération du résultat 234 considérable qui en serait la conséquence, dans un temps donné. On verrait successivement les petits cours d’eau, qui se pertlent actuellement dansles sables avant d'atteindre les chotts, finir par se jeter directement dans cette mer intérieure, Ensuite on y fe- rait aboutir les deux grands fleuves du sud de l'Algérie, qui viennent mourir honteusement aujourd'hui dans les sables, l'Oued-Djédi, à l'ouest, et l'Oued-frharrhar, au sud. Alors on aurait la satisfaction de voir à Gabès le cours d’eau, dans le ca- nal d'alimentation, changer de direction, et aller de l'Algérie dans la Méd'terranée, aulieu d'aller en sens inverse, c'est-à-dire de celle-ci à la mer intérieure. Enfin on ne tarderait pas à voir les sables se fixer et se recouvrir d'une végétation de plus en plus abondante et touffue. Biéntôt on la verrait s'étendre au loin de plus en plus, en même temps que le régime des pluies se modifierait à la longue. Enfin les oasis finiraient par se joindre les unes aux autres ct par ne plus en former qu'une seule, qui recouvrirait cette partie du Sahara tout entière, et triplerait l'étendue de la surface cul- tivable, dans notre grande colonie africaine. « Manent ea fata nepotes »; telles sont les destinées réservées à nos successeurs. Dr Boucon. LES ÉRABLES AU POINT DE VUE FORESTIER Le genre érable (Acer) est certainement, parmi les feuillus, un des plus intéressants pour le forestier. Mais, en France, les érables exotiques sont encore peu répandus, peu connus. Il n’est pas rare, en Allemagne et en Angleterre, de voir les érables américains entrer dans la composition des parcs et des avenues. Les espèces les plus cultivées sont : Espèces de l'ancien monde, non compris le Japon. . Nous ne parlerons pas des acer campestre Lin., plalanoides Lin., pseudo-plalanus Lin. et monspessulanum Lin., qui sont indigènes et suffisamment connus, ni de leurs nombreuses varié- tés. L’acer opulifolium Will. a donné naissance à deux varié- tés que l'on rencontre assez fréquemment dans les parcs el jar- dins. Ce sont : l'acer neapolilanum Ten., et l’acer oblusatum Kit. L'acer creticum Tourn., oblusilobum Sibth., est un petit arbre dont les feuilles trilobées rappellent‘celles de l’acer mons- pessulanum. L'acer colchicum Hartw., pictum Thunb., aux feuilles à cinq lobes entiers, aigus, est de plus grande taille; il est aussi plus rustique et plus décoratif. Aussi est-il relativement commun. On confond souvent avec cette espèce l'acer Lobelii Ten., qui croit en Italie. Egalement voisin de l’ucer colchicum est l’acer Heldreichii Boiss., observé dans plusieurs arborelum, notamment à Bonn et à Kew; il habite la Grèce, la Serbie. L’acer lataricum Lin. est un petit arbre à feuilles non lobées ou faiblement trilobées. Etant très rustique, il est assez répan- du. Bonn et Kew possèdent une autre variété à très petites feuilles, l'acer Semenowii Rgl. et Herd., qui croît au Turkestan. L'acer insigne Boiss. et Buhse ou acer velulinum Boiss., érable de Perse; l’acer hyrcanum Fisch. et Mey., essence de l'Asie occidentale, et l'acer Volxemi Masters., qui vient dans le Cau- case, sont beaucoup plus rares. Espèces japonaises. Les érables du Japon sont encore peu connus. Le plus répan- du est l'acer palmatum Thunb., polymorphum Sieb. et Zuec. C'est un petit arbre à feuilles très polymorphes qui a donné naissance à une foule de variétés ornementales. L'arboreltum de Segrez en France et celui de Kew en Angleterre possèdent un grand nombre de ces variétés qui, dans le catalogue de Kew, sont rangées sous trois groupes: palmatum, seplemlobum et dissectum. Cet érable parait avoir peu d'intérêt au point de vue forestier. L’acer japonicum Thunb. est assez voisin du précé- dent, mais avec des feuilles plus grandes. L’acer rufinerve Sieb. et Zucc., aux feuilles à cinq lobes dont deux très petites, forte- ment ridées à la surface. L’acer cralægifolium Sieb, et Zucc.. aux feuilles allongées, dentées, à peine lobées, s’observe à Darmstadt et à Kewe Kew possède aussi la variété Veitchii. L'acer carpinifolium Sieb. et Zucc. peut être étudié à Bonn et à Kew. L'acer diabolicum Blume, pulchrum Hort., aux feuilles plissées à la surface, se voit à Darmstadt, à Kew et à Norbiton. Bonn et Kew possèdent encore l’acer micranthum Sieb. et Zucc. aux feuilles petites, ridées; l’acer nikoense Maxim., aux feuilles LE NATURALISTE hispides, à trois lobes entiers ; Pacer dislylum Sieb. et Zucc. etc. : Espèces américaines. Le plus répandu des érables américains est certainement l'acer dasycarpum Khrh., eriocarpum Michx., saccharinum Lin. et Sarg., qui se recommande par sa rusticité et par la beauté de ses feuilles profondément cinq-lobées, blanches en dessous. Cet érable figure en échantillons de grande taille dans les prome- nades de Baden, au « Palmen garten » de Francfort; dans les parcs et avenues des environs de Londres. Le porc du vieux château d'Heidelberg en possède un qui ne mesure pas moins de 0 m. 55 de diamètre. Son bois n'a pas grande valeur. L'acer wu- brum Lin. et Sarg., aux feuilles à trois ou cinq lobes finement dentées ou pinnalifides, est également assez commun; son bois est de qualité supérieure à celui du précédent. L’acer sacchari- num Wang., barbalum Saxrg., à feuilles à trois ou cinq lobes, d'un vert Jaunâtre en dessus, d'un vert glauque en dessous, cst une essence précieuse aux Etats-Unis par son bois qui est recherché pour l'ébénisterie et par le sucre que l’on extrait de sa sève. Il en est de même de sa variété nigrum, acer nigrum Michx., dont il existe dans le jardin de l’école forestière d'As- chaffenbourg deux beaux sujets de 20 à 25 mètres de haut sur 0 m. 40 de diamèlre. Sargent considère aussi comme une va- rièté de l'acer barbalum Vacer grandidentatum Nutt. qui rap- pelle un peu l'acer campestre. L'acer pensyloanicuim Lin., Sarg.. srialum Lmk., Michx., petit arbre à feuilles trilobées et dont l’écorce présente des stries blanches, est assez rustique el assez répandu. Il en est de même de l'acer macrophylluim Pursh., Sarg., aux larges feuilles profondément cinq-lobées. Et de l'acer spicalum Lin., Sarg., monlanum Ait., petit arbre à feuilles non lobées et trilobées, finement dentées. L’acer glabrum Torr., Sarg., petit arbre à feuilles profondément trilobées, finement dentées, et l'acer cürcinalum Pursh., Sarg., petit arbre à feuilles de sept à neuf lobes, sont plus rares. Enfin l'acer ne- gundo Lin., érable à feuilles composées, est très commun par- tout et de croissance rapide ; il a donné naissance à plusieurs variétés ornementales. PHOTOGRAPHIE DÉCORATION DU CELLULOÏD ET DE L'IVOIRE PAR LA PHOTOGRAPHIE Nous allons indiquer un procédé pour reporter les épreuves photographiques sur le métal, l'ivoire, le celluloïd, le bois et les étoffes Il est dû à M. Josz (1). On prépare une surface sur laquelle on veut obtenir l’image photographique, en la recouvrant d'une couche mince et régulière de vernis à base de gomme résineuse; on laisse sécher cette couche jusqu'à ce qu’elle soit gluante au toucher. On prend une épreuve photographique sur papier quelconque, préalablement vernie au recto avec le même vernis. Sur l'image photographique; on pose le côté vernis gluant, sur lequel on veut reporter l’image photographique, et on la fait sécher pendant trois ou quatre heures dans une étuve chauffée à 40°-450 R. On porte ensuite la plaque ayant l'épreuve photographique dans un bain composé de : Faure enahets EL DOMDATHIÈSS Soude caustique...…....... TND D NES Alcoolrectiiée term ANA 100 — Acide tacétique terre Po \ On laisse reposer dans ce bain pendant 15 minutes. On lave à l’eau courante, et avec un tampon plat recouvert de feutre fin, on frotte légèrement sur toute la surface. Le papier amolli par ce bain se détache au fur et à mesure, laissant intacte sur la sur- face vernie du support la couche d’albumine ou de platine ayant porté l'épreuve photographique sur papier. On lave à l’eau cou- rante et on plonge l'épreuve dans une solution faite avec: } Aluneniee Eau:’: 15 grammes. 1.000 — À (1) Monileur scientifique du DT QUESNEVILLE. N D PTLSUN | LE NATURALISTE 235 surface. On sèche à l'air et on fait subir une nouvelle pression entre deux plaques métalliques polies pour unir la surface. Pour obtenir le report de l’image photographique en plusieurs couleurs, on applique les couleurs à l'huile et au siccalif, soit sur l'épreuve photographique vernie décrite plus haut au pinceau ou à la presse lithographique, soit en appliquant les couleurs sur la base vernie devant recevoir l'épreuve; dans l’un ou l’autre cas, la couleur étant séchée, on procède comme nous l'avons indiqué ci-dessus. La Flore des Tétards de Saules DANS LA VALLÉE DE LA SEINE Dans la vallée de la Seine, les saules sont fréquem- ment coupés en tête et l’on donne aux arbres, qui ont subi cette mutilation, le nom de Tétards. Ce sont surtout les Salin alba et fragilis qui se prêtent à cette transfor- mation, qui facilite la poussée de nouveau rameaux utili- sés pour faire des liens La tête du saule têtard, souvent excavée, se remplit de terreau, en plus ou moins grande quantité et devient rapidement l'habitat d’un grand nombre de végétaux. En Allemagne et en Angleterre ont été publiés plusieurs travaux sur cette flore adventive et, en France, M. le pro- fesseur Magnin, de la Faculté des Sciences de Besancon, a fait connaitre la dispersion des végétaux sur les têtes de saules de la région lyonnaise, Dans la vallée de la Seine, nous avons, pendant de lon- gues années, noté les plantes qui se rencontrent dans ces conditions et la liste que nous pourrions publier, à de rares exceptions près, s'accorde avec celle de M. le pro- fesseur Magnin. Et d’ailleurs ce n’est pas la liste des végétaux qui s’accommodent de cette vie spéciale, qui est particulière- ment intéressante, mais la facon dont ils sont arrivés sur ces têtards, l’origine de cette végétation épiphytique, La moindre observation montre de suite que cette origine n'est pas la même pour toutes les plantes et que c’est dans le mode de dispersion des graines qu’il faut en chercher les différences. Avec M. le professeur Magnin et les principaux botanistes qui ont traité de ce sujet, nous adopterons la classification suivante : Jo Plantes à fruits charnus (ou à grosses noix), pro- pagées par les animaux, notamment les oiseaux ; 20 Fruits pourvus d’appendices adhérents pouvant s’ac- crocher au plumage ou à la fourrure des animaux; 3° Fruits ou graines pourvus d’appendices, ailes ou aigrettes, facilitant la dispersion par le vent; 4° Graines légères et petites, pouvant être dissémi- nées par le vent; 50 Fruits à mécanisme explosif, pouvant projeter les graines à une certaine distance; 6° Moyens de dispersion médiocres ou douteux. C’est au premier de ces modes de dispersion qu'il faut . rapporter, dans la vallée de la Seine, la présence sur les têtards de saules des végétaux suivants : Solanum Dul- camara, Lonicera Xylosteum, Ribes Uva-crispa, Rubus cæsius, Rosa canina, Ribes rubrum, etc. Les groseilliers . sont surtout abondants. On sait que les oiseaux sont très friands de leurs fruits, aussi n'est-il pas étonnant qu'on le rencontre aussi fréquemment en dehors des jardins. À propos du groseillier à grappes, il n’est pas sans in- térêt de faire remarquer que certains bois de la vallée de la Seine en sont littéralement peuplés, y formant de véritables sous-bois. Le Rosa canina y est infiniment plus rare et nous ne l’avons observé qu'une seule fois, le long d’un affluent de l'Yonne, l'Armançon, près de Saint-Florentin (Yonne). Quant à la Douce-Amère, comment se propage-t-elle ? A-t-elle pour les oiseaux la même saveur désagréable et nauséeuse que pour l’homme? N'est-ce pas plutôt sa fréquence autour des saules qui est l'agent véritable de sa dissémination et de son adaptation à la vie épiphyte ? La même observation pourrait être faite au sujet du Lierre, que l’on trouve quelquefois sur les saules têtards. Le Lonicera Xylosteum est fort peu répandu et nous ne l'avons encore constaté que sur les bords de l'Aube, près de Bar-sur-Aube. Dans la série des plantes à fruits accrochants, le Ga- lium Aparine et le Galeopsis Tetrahit ne sont pas rares. Pour le Galium,ses fruits hérissés s'accrochent facilement au plumage ou à la fourrure des animaux; pour le Galeopsis,ce sont probablement les deux piquants du calice qui aident à la dissémination. Le vent est ur important agent de propagation des végétaux. Dans la région ivonnaise,il est!le disséminateur de 37 espèces. Dans la vallée de la Seine, le nombre en est moins élevé. Il nous faut citer parmi les plus intéres- santes, le Pissenlit, le Sonchus arvensis, le Houblon, lPOrme champêtre, l’Angelica sylvestris, etc. Dans ce groupe,les fruits etles graines sont pourvus d'appendices, Dans un autre,les graines sont petites et légères et c’est leur légèreté même qui leur permet de s'envoler. Le Mouron des oiseaux, les Orties, le Capsula Bursa-Pas- toris, le Malachium aquaticum et le Polypodium vulgare appartiennent à cette catégorie. Dans la région crayeuse de la Champagne, qui se prête peu à la végétation des Fougères, le Polypode ne se rencontre jamais que dans le creux des saules. Dans le même pays, les Asplenium Tri- chomane et Ruta-muraria, la Scolopendre n’habitent jamais que les puits, où leur présence parait n'être qu'acciden- telle, les spores étant très vraisemblablement introduites avec les pierres, qui ont servi à établir les parois et à murer l'intérieur. Le mécanisme explosif des fruits permet d'expliquer la présence du Geranium Roberlianum et des Violettes. Quelques doutes semblent cependant exister en ce qui concerne la Violette odorante. « Il importe de faire re- marquer, dit M. le professeur Magnin, que la projection des graines déterminée par le mode de déhiscence de ces fruits n’est pas suflisante pour les porter au sommet des saules ayant deux à trois mètres de hauteur,et qu’elle doit être complétée par un autre moyen de transport ». Quant aux plantes, dont le mode de dissémination n’est pas certain, en raison de leurs moyens de disper- sion médiocres ou douteux, c’est parmi elles qu'on trouve le Lierre terrestre, le Ranunculus repens, le Stachys sylra- tica et encore le Galeopsis Tetrahit que nous avons égale- ment placé dans une autre catégorie. Il nous semble qu'on pourrait faire entrer en ligne de compte les inondations qui transportent les graines et les fruits tombés sur le bord des rivières et qui, dans la vallée de la Seine, sont quei- quefois assez considérables pour recouvrir où tout au moins venir jusqu'au niveau des têtes de saules. PR RE | | | | | | SO Te EN EVE 6 CR ie mn re ts: je, QE RE rt ot tn er RE D PRÉ RER ot net pb 226 ; LE NATURALISTE Nous avons dit que l'humus s'accumulait dans les excavations des têtards; c'est grâce à cela que les graines peuvent germer, ce sol artificiel restant assez frais et conservant bien l’eau nécessaire à la végétation. Souvent même il s'établit un tapis protecteur de mousses. Les plantes amenées ne trouvent aucune difficulté à prospérer dans ces conditions; il n’en est pas de même des arbres et des arbustes, dont les racines traversent facilement la couche d’humus accumulée et arrivent au contact des tissus du saule. Faut-il faire venir ici l’in- tervention des Mycorhizes? La discussion nous entrai- nerait trop loin. L'épiphytisme peut également s'exercer sur d’autres arbres. Nous n'avons pas fait suffisamment d'observations à ce sujet pour pouvoir en parler. M. Magnin cite des Peupliers, des Frênes, des Sapins, des Tilleuls, des Chênes, des Acacias. Les Tilleuls du cours de Pontarlier, qui n’ont jamais été étêtés, servent d'habitat à une véri- table flore adventive qui s’est établie, tantôt à la bifurca- tion de deux ou trois branches, tantôt dans un creux produit par la décomposition d’une section decesbranches. On n’a pas trouvé moins de 19 espèces, réparties entre 3 et 15 mètres de hauteur. Nos observations portent à 28 le nombre des espèces croissant sur les têtards de saules dans le département de l'Aube; principalement aux environs de Méry-sur-Seine. Toutes ces plantes se retrouvent dans la région lyonnaise, sauf une, le Ranunculus repens que M. le Prof. Magnin n'y a pas indiquée, Il est certain que cette flore spéciale pos- sède des représentants plus nombreux dans notre région, ce que de nouvelles recherches viendront confirmer. Enuméralion des espèces obseruées. Renonculacées. Rubiacées. Ranunculus repens. Galium Aparine. Crucifères. Composces. Sonchus arvensis. T'araxacum officinale. Capsella Bursa-Pastoris. Caryophyllées. Malachium aquaticum. Solances. Stellaria media. Solanum Dulcamara. Violarices. Labiées. Viola odorata. Glechoma hederacea. Géraniacées. Stachys sylvatica. Geranium Robertianum. Galeopsis Tetrahit. Rosacées. Polygonées. Rubus cæsius. Rumex obtusifolius. Rosa canina. Ulmacées. Ribésiacées. Ulmus campestris. Ribes Uva-crispa. Urlicacées. — rubrum. Humulus Lupulus. Ombellifères. Urtica urens. Angelica sylvestris. — dioica. Chærophyllum tenellum. Graminées. Araliacées. Hedera Helix. Caprifoliacées. Lonicera Xylosteum. Brachypodium sylvaticum. Fougères. Polypodium vulgare. P. Harior. LE DRESSAGE DES ANIMAUX Quand il s'agit d'apprivoiser un animal, l'opération est en général longue et compliquée. Il importe tout d'abord de mettre le sujet en tel état qu'il ne pense ni à se défendre ni à fuir. Pour cela divers procédés peuvent être employés. 4) On fatigue outre mesure l'animal. Quand un Tar- tare veut dresser un cheval sauvage, il monte sur son dos et s'y maintient en une course folle jusqu'à ce qu’il soit épuisé. En d’autres pays, on dompte le cheval en attachant la queue à la courroie du licol (1) et on ramène la tête contre le flanc. Abandonné à lui-même, le cheval se met à tour- ner jusqu’à ce qu'il tombe étourdi; alors on peut le manier. 2) On prive l'animal de nourriture. Le maitre lui apporte à manger, et l'animal finit par s’habituer à lui et mange dans sa main. Ainsi on fait jeuner le faucon, et les ani- maux des ménageries. 3) On l'affaiblit par divers moyens. On donne aux bêtes féroces des drogues stupéfantes, des narcotiques et on les pollue(?) (2);on les bâillonne même. . 4) Mais.au début, s'il s’agit d’un animal dangereux, le point capital est de n'avoir pas peur de lui, mais au contraire de l’intimider. Le secret du dompteur est de n'avoir jamais peur, de conserver toujours son sang-froid, de dominer les ani- maux par le regard, la décision des mouvements, l'énergie du geste, la parole ou le fouet. Le dompteur aborde la cage en frappant sur les bar- reaux un coup brutal avec son fouet, ilentre brusquement et cingle à tort et à travers sans merci. Si un lion menace et se prépare à attaquer, le domp- teur doit marcher vers lui, le regarder en face, l’intimi- der par la voix, le fouet, et enfin par es détonations du revolver. Si l'animal voit qu'on a peur, qu'on hésite, il attaque. Les chutes dans la cage sont fort dangereuses, le lion alors se précipite. Le dompteur doit sortir à reculons sans quitter du regard les bêtes féroces. Il y aurait de sa part une véri- table suggestion de la peur, car plusieurs se dilatent la pupille avec de l’atropine pour rendre le regard plus étrange. Il faut en rapprocher ce fait : sous l’empereur Claude, on domptait le lion dans l'arène en lui jetant un man- teau sur la tête, le lion privé de la vue se laissait enchai- ner sans résistance (3). Age. — L'animal qu'on dresse doit toujours être jeune : un chien à l’âge de six ou huit mois, un cheval à quatorze ou dix-sept mois. Ce sont des lions capturés jeunes ou élevés dans les ménageries qu'on dresse le plus souvent: ils ont tété une chienne, on les a caressés, on s’est occupé d'eux, ils sont moins sauvages, D'ailleurs l'animal jeune est plus souple, il n'a point pris d'habitudes opposées au but et qu’il faut déraciner. Etre trop jeune serait aussi nuisible, car alors il ne com- prend pas : toutes les punitions infligées à un chien de deux mois ne l’empécheront pas de salir un appar- tement (4). Ilimporte de choisir la race qu'on veut dresser. Car les aptitudes s’y fixent. Tout chien est sans doute assez intelligent pour qu'on en obtienne le service que l’on désire, mais ce sera d'autant plus difficile qu'on n'y sera pas aidé par une prédisposition atavique. (1) Voir la Nature, Masson édit. 1887, 1er sem., page 1. (2) V. Dicrionnaire encyclopédique de Larousse, article Domp- teur (3) Voir la Nature, Masson édit. 1888, €. I, p. 81 et 153. (4) Voir Cornevin, Zootechnie, J.-B. Baillière éditeur, p. 677. LE- NATURALISTE 237 Les mâtins et les dogues sont chiens de garde, les lévriers chiens de courre, les épagneuls et les braques chiens d'arrêt, etc. Le dressage est facile s’il s’agit de ne donner que quelques habitudes simples à l’animal. On lui fait des lecons de choses et on les répète assez fréquemment pour qu'il associe une sensation perçue à un acte à accomplir. Il ne faut pas laisser de trop grands intervalles entre les leçons, sinon tout serait oublié et à recommencer. On habitue ainsi très vite le chien à ne pas toucher aux aliments qu'on place à sa portée, à ne pas aboyer à tort et à travers, à ne pas mordre les passants, à ne pas chercher querelle aux autres chiens. On accoutume le cheval à être caressé, on l’habitue à l’attache, on lui lève le pied et on lui frappe quelques petits coups pour le disposer à la ferrure. On habitue même les poissons à venir manger au son d’une clochette. Quand on veut dresser les animaux à des actes com- plexes, le difficile est de leur faire comprendre ce qu'on demande. Il faut s’armer de patience et répéter un grand nombre de fois l’acte devant eux. Mieux vaut encore que l'acte soit montré par un animal de même espèce. Quand il est possible d'atteler les jeunes chevaux de trait côte à côte avec un cheval fait, ils se modèlent sur lui et l'éducation s’accomplit sans difficulté. On peut encore le placer entre deux chevaux dressés. De même pour le dressage du chien, le faire tra- vailler avec un vieux chien dressé est une garantie de succès. Si l’animal est inattentif, il convient de le châtier, mais avec modération ; sinon on ne développera en lui que la crainte qui paralysera tous ses moyens. Il vaut mieux le récompenser par des caresses et des friandises quand il a obéi. Quand les mouvements auxquels on veut habituer un animal sont par trop complexes, il faut procéder gra- duellement : d'abord actes simples, puis de plus en plus compliqués. Pour dresser un cheval de selle, on l’affuble d’abord du harnais et on l’habitue à sentir le mors, on lui place sur le dos un cavalier de bois aux fourches duquel viennent aboutir les rênes et d'où partent une croupière et des courroies : l’animal s’accoutume à se sentir touché de divers côtés sans s’effrayer. Puis on le dresse dehors, il trotte et galope avec le cavalier de bois; on l’arrête, on le fait repartir. Puis on accroche au cavalier de vieux vêtements qui lui battent les flancs. On essaie avec un petit groom qu'on met en selle, qu'on redescend et qu'on remonte deux et trois fois lentement. Pour dresser le faucon (1), on lui couvre la tête d’un capuchon et on lui lie les pattes, puis on le fait jeuner vingt-quatre heures, on le met sur le poing, on lui tend un petit oiseau à manger. Peu à peu on augmente la distance. Ensuite on porte l'oiseau attaché à la filière, ficelle dont la longueur est ainsi graduellement aug- mentée de 20 à 150 mètres et on lui montre le leurre (pigeon mort) ; s’il fond dessus, on le lui enlève, mais on (1) Nature, 1887, t. Ie, p.61; et Renicheff, L'activité des ani- maux, Nassau, édit., 1900. lui donne un petit morceau de viande sur le poing du fauconnier, enfin un oiseau vivant mais aux ailes rognées. Ceux qui au bout de deux mois restent rebelles ne sont pas aptes à l’affaitage; il faut au dresseur fau- connier de la patience, de l'exactitude, de la douceur et de l'amour de ses oiseaux. Les dresseurs arrivent à des résultats merveilleux : les chiens savants marchent sur lespattes de devant, gardent l'équilibre sur une boule, font le saut périlleux, jouent à la raquette, tiennent en équilibre une boule placée sur un bâton horizontal, ete, (1). On arrive à tout avec de la patience, Dr FÉLIX REGNAULT. LES THUYA Les thuya sont très communs dans nos parcs et jardins ; le public confond d’ailleurs souvent sous ce nom les libocedrus, les biota et les chamæcyparis. Le fhuya occidentalis Lin., espèce américaine, est le plus cultivé. Il a donné naissance à de nom- breuses variétés ornementales que l’on peut voir dans la plupart des jardins botaniques, entre autres : wareana où {huya cauca- sica Hort., ellwangeriana, Spaethii, aurea, lutea... Il est très rustique, mais n’atteint pas chez nous les dimensions qu'il pré- sente aux Etats-Unis. Les plus beaux sujets que je connaisse ne dépassent guère 40 mètres de hauteur; ceux qui ont été plantés à Weinheun ont à peu près cette taille. Il convient d'ajouter que le {huya occidentalis supporte très bien la taille et convient pour faire des haies vives. A cette espèce, je préfère de beaucoup, aussi bien au point de vue décoratif qu'au point de vue forestier : le {huya gigantea Nutt., Sarg.; thuya Meuziezii Dougl., Carr.; thuya Lobbi des horticulteurs. Il est, en effet, tout aussi rustique, de croissance plus rapide et susceptible d'acquérir des dimen- sions beaucoup plus belles. Cette essence est assez répandue, et il n'est pas rare d'en voir des sujets bien venants de yrande taille; le parc des conifères, à Heidelberg, en possède un de 25 mètres de haut sur 0 m. 40 de diamètre; l'arborelum des Barres en à aussi de très beaux, qui donnent quelques semis naturels, Ceux qui ont été plantés à Weinheim ont environ 15 mètres de haut et sont en bon état de végétation. C’est donc une des essences résineuses qui me paraissent les plus dignes d'être introduites en forêt. Elle donne d'ailleurs aux Etats-Unis un bois léger assez estimé. Comme le {huya occidentalis, le thuya gigantea est un magnifique arbre d'ornement; comme lui, il a donné naissance à plusieurs variétés, notamment aurea, aureo-variegata, pendula…. que l'on peut observer dans la plu- part des jardins botaniques. Le {huya plicata Don., Beissn., aux rameaux comprimés, est de moins grande taille. Il est moins cultivé que les deux précé- dents; je l’ai étudié à Segrez, à Carlsruhe, à Aschaffenbourg, à Bonn et à Kew. Assez rare aussi, bien que très rustique, est le {huya Slan- dishi Carr., Beissn., petit arbre japonais qui rappelle en petit le lhuyopsis dolobrata; il existe à Carlsruhe, à Heidelberg, à Aschaffenbourg, à Bonn, où il est représenté par un sujet de 1 mètres de haut, et à Kew. (1) Exercices de Miss Doré. Voir La Nature, 1896,t. Tor, p. 294. RP PI RE RE RS RES EE RER Re ee du Ce De nt D 2 238 LE NATURALISTE IES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES oO QC OO | ESPÈCES NOMS D'ARBRES OU PLANTES GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Bruyère VULEARIS INC UMEES Scodiona Belgaria H. — Selidosema Tæniolaria H. _ Aspilates Strigillaria H. — Pachycnem. HippocastanariaH. ScoPARIA, ARBOREA ...|Eupithecia Seopariata Rmb. VULGARIS et TAe — Nanata H. — — Goossensiata Mab. ARBOREA eee tee = Ericcata Rmb. = Eubolia Plumbaria F. Buglosse Euplexia Lucipara L. Buis SEMPERVIRENS . ....... Cerastis Daubei Dup. = Polia Cærulescens B. Buplèvre PALCATUMS en ee Nemoria Pulmentaria Gn. — Hemithea Fimbrialis Scop. — Eupithecia Campanulata H. $. Pimpinellata H. Calamagrostide ARENARTA NZ Su tee uit Leucania Littoralis Curtis. Calament NERETA Sen Tee Eupithecia Nepetata Mab. Camphrée MOoNTPELIACA ...,..... Agrotis Obesa B. Canche CŒSPITOSA TI AIRES Miana Arcuosa Haw. Cardère DYLVESTRIS een Cidaria Truncata Hufn. Caryophyllées Neuria Saponariæ Bkh. Dianthæcia Carpophaga Bkh. — Capsincola $.V. CAPSULES ER Rte Emmelesia Affinitata Steph. Hydrata Tr. Centranthe Ruser, Cararropa...|Polia Cœrulescens B. Cérastie Cétérach OFFICINARUM,.....,... Eriapus Latreillei Dup. Chêne Thecla Ilicis Esp. — Pruni L. — Quercus L. IDEX ANNE ER Es Smerinthus Quercus P, V. MOIS DE L'ANNÉE OU L'ON TROUVE Chenilles (Erica) Mai. Eté, automne. Printemps, automne. Octobre à février, juin. Octobre. Juin, octobre. Mars, avril (fleurs). Avril, juin. (Anchusa) Septembre, octobre. (Buxus) Mai. Décembre, janvier. (Buplévrum) Belle saison. Mai. Septembre, octobre. Octobre. (Calamagrostis) Mai, juillet. (Calamintha) Octobre, novembre. (Camphorosma) Juin, juillet. (Aira) Mai, juin. (Dipsacus) Avril, août. Juillet, août. Eté. Juin à septembre. Septembre. Eté, automne. (Centranthus) Décembre, janvier. (Cerastium:) Juin. (Ceterach) Belle saison. [((Quercus) Mai. Juim Juillet à septembre. Papillons Juin, juillet. Juin à septembre. Mai, juillet, août. Belle saison. Avril, mai, juillet, août. Mai, août. Septembre, octobre. Mai à août. Avril à août Novembre, décembre. Septembre, octobre. Belle saison. Juin, juillet. Mai à août. Juillet, août. Juin, août. Août à octobre. Août, septembre. Juin, juillet. Mai à août. Mai à juillet. Juin, juillet. Septembre, juin à août. Mai. Mai, juin. Septembre, octobre. Avril, mai. Mai, juin. Belle saison. Juin, juillet. Mar. HABITAT FRANÇAIS France centrale et occidentale. France centrale et méridion. Toute la France. France centr., mérid. et occid. Toute la France. Paris. France méridionale. Toute la France. Toute la France. Montpellier. France méridionale. Ardèche. Toute la France. France centrale et méridion. Paris. Rivages. France centr., mérid. et orient. France méridionale. Loiret, Touraine, Alsace. Toute la France. Toute la France. France centrale et orientale. France centrale et méridionale. France méridionale. Toute la France. Paris. France méridionale. Toute la France. France centrale et orientale. Toute la France. LE NATURALISTE 9239 ACADÉMIE DES SCIENCES © Sur Ja mutabilité de l'Œnothera Lamarckiana . (M. Hugo de Vries). — Presque toujours, les espèces à l’état sauvage se montrent-à notre observation directe comme immua- bles, quoique très polymorphes ; c'est-à-dire que les graines d'un même individu peuvent reproduire toutes les formes, tandis que, dans une espèce douée de mutabilité, il apparait des indi- vidus ayant de nouveaux caractères, et qui, isolés, reproduisent uniquement la forme apparue. Dans les plantes cultivées, la mutabilité n'est ordinairement, en grande partie, qu'apparente ; c'est plutôt un état de polymorphie qu'un phénomène de chan- gement. Les formes vraiment changeantes de nos cultures doi- vent presque toujours cette propriété à l'hybridation. Il est très rare de trouver une espèce pure à l'état de mutabilité. L'Œno- thère de Lamarck, cultivé par l’auteur depuis plus de douze années dans un jardin d'expériences, a présenté cette mutabilité. Elle produit constamment des formes nouvelles La plupart sont incapables d'un développement normal et périssent bientôt sans arriver à produire des graines; d’autres sont complètement sté- riles. Les annotations, faites annuellement sur cette culture et sur les semis des graines. d’un certain nombre des individus transformés, ont conduit aux conclusions suivantes : 10 Les es- pêces nouvelles se montrent subitement, sans intermédiaire ni préliminaire ; individu transformé offre tous les caractères du nouveau type, quoiqu'il soit issu lui-même de parents et de grands-parents tout à fait normaux. 20 Les graines des individus transformés donnent toutes le nouveau type, sans retour aux caractères de l'O. Lamarchkiana. Elles restent fixées des leur première apparition. On peut donc les considérer comme des espèces nouvelles. 30 Les formes nouvelles se distinguent presque dans tous leurs caractères de l'espèce mûre, et correspondent par là aux petites espèces des fleuristes, et non aux variétés des plantes cultivées. 40 Les espèces nouvelles se montrent ordinai- rement dans un nombre assez grand d'individus, soit dans une même génération, soit dans une série de générations. On peul évaluer leur nombre à environ 1 à 3 pour 100. 5° Les caractères des espèces nouvelles ne présentent aucune relation évidente avec ceux des variations ordinaires de l’espèce mère. La muta- bilité semble être indépendante de la variabilité. Observations d'un boiide dans la soirée du 24 sep- tembre 4960. (Lettre de M. Jean Mascart à M. le Secrétaire perpétuel.) Le lundi 2% septembre, entre les stations de Meudon et de Bellevue, à 10 h. 6 m. 15 s. environ temps moyen de Paris, le ciel s’étant dégagé, je fus témoin du phénomène suivant : Une nuée lumineuse, d'aspect analogue à celui d'une nébuleuse vue dans une lunette, apparut au sud-ouest de l'étoile & Poisson austral pour s'étendre, en traînée curviligne, jusqu'au sud de x Poisson austral. La tête, stellaire et très lumineuse, apparut nettement que vers le milieu de la trajectoire et le phénomène entier dura quatre secondes à peu près. Lors de la disparition, il n'y eut pas d’éclatement appréciable, mais quelques éclairs lumineux semblaient être projetés du centre. Le temps me fit défaut pour apprécier le diamètre apparent de la tête; son éclat était comparable à trois fois celui de Vénus, dans les meilleures conditions, la coloration de l’ensemble étant très intense, vert bleuâtre, un peu lavée de blanc dans la queue. La courbure de la trajectoire était très forte, car, semblant provenir, à l'origine, de 4 Capricorne, la disparition se faisait à l'opposé de y ou même 1 Verseau. C‘inq minutes après, le ciel était entièrement caché par des nuages se formant sur place, pour devenir plus clair, mais variable, vers 10 h. 30. Oxycelluloses du coton, du lin, du chanvre et de la ramie. (M. Léo Vignon.) On admet que les fibres textiles purifiées provenant du coton, du lin, du chanvre et de la ramie sont constituées par de la cellulose : il était intéressant de rechercher comment se compor- tait la cellulose préparée par ces différents textiles, quand elle est soumise à la méthode d’oxydation en vue de l'obtention de l'oxycellulose. Il résulte des études faites par M. Léo Vignon que les celluloses provenant du coton, du chanvre, du lin, de la ramie donnent sensiblement les mêmes produits par oxydation. Les différences numériques constatées entre les propriétés des oxycelluloses obtenues sont relativement faibles, et peuvent s'expliquer, soit par les conditions d'état physique propre à chaque textile, soit par les condensations de la molécule C5H10 0%), qui ne sont pas tout à fait identiques pour les extiles considérés. OFFRES ET DEMANDES S’adresser pour les collections et lots ci-après indiqués à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris; Collection de Coléoptères d'Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 1.730 es- pèces, 4.700 exemplaires renfermés dans 25 boites doubles, en bois verni, mesurant 35 X 28 X 9. Cette collection, formée par M. Silbermann, a servi à établir le catalogue des Coléoptères d'Alsace et des Vosges que cet entomologiste a publié en collaboration avec M. Wencker, L'état de conservation des insectes est excellent; l'étiquetage, fait très soigneusement, donne des noms rigoureusement exacts et des rensei- gnements sur la rareté des sujets, ainsi que le nom des plantes sur lesquelles se trouveut habituellement les espèces. Des espaces laissés vacants permettent d'aug- menter la collection sans lui faire subir de remaniements. Le catalogue de Wencker et Silbermann accompagne la collection Prix. UT RARE .::... -:B00 francs. Coïlection de Macro- et Microlépidoptères d'Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 595 espèces, 1.123 exemplaires de Macrolépidoptères et 84 espèces, 151 exemplaires de Microlépidoptères, le tout enfermé dans 26 boites. Plus le catalogue des Lépidoptères d'Alsace, par H. DE PEYERIMHOFF. Cette collection est identique comme boites et plan de classification à la collection de Colécptères. Bonnes CSDECES PTIX EN nn eren te Dane 400 francs. Nota. — Les deux collections prises ci-dessus en- semble seront comptées au prix de 800 francs. Collection de Cicindélides et Carabides euro- péens. 381 espèces, 1.324 exemplaires, 19 cartons. PRET RE Arras ets Dos De ee .. 85 francs. Collection de Staphylinides à Hétérocérides inclus. 419 espèces, 1.195 exemplaires, 17 cartons, PRE MERE PNEU R MR are eat ai à 25 francs. Collection de Lucanides et Lamellicormes eu- ropéens. 225 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons. PT EE METAL EU FA PES na RER net 65 francs. Collection de Buprestides et EHlatérides euro- péens. 136 espèces, 403 exemplaires, 7 cartons. PR MAN ee LR san aitu 45 francs, Collection de Malacodermes et Térédiles eu- ropéens. 100 espèces, 281 exemplaires, 5 cartons. PRÉSENTE RER CORRE EMEA PTS 25 francs. Collection d'Hétéroméres européens.148 espèces, 350 exemplaires, 10 cartons. Prix....,.. 40 francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens. 368 espèces, 951 exemplaires, 15 cartons. OA DS AIN NE SRE NES DA .:" 95 francs. Collection de Longicornes européens. 173 es- pèces, 593 exemplaires, 10 cartons. Prix. 65 francs, 240 LE NATURALISTE Collection de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 362 espèces, 1.490 exemplaires, 15 car- tons Prix us rene Nan de 75 francs. Nota. — Les collections ci-dessus désignées sont ren- fermées dans des cartons presque neufs, mesurant 25 X19 X 6. Doubles de Coléoptères européens provenant des collections ci-dessus annoncées Environ 1 100 in- dividus, en partie nommés, renfermés dans 14 cartons 26X 19% 6, vitrés et non vitrés. Prix... 5O francs. Lot de Carabiques européens : Harpalides Féronides, Anchoménides, Bembidiides. 300 espèces, 830 exemplaires, 4 cartons doubles. Prix.... 50 francs. Lot de Lamellicornes européens. 140 espèces, 500 exemplaires, 2 cartons doubles. Prix. 40Q francs. Lot de Malacodermes européens. 170 espèces, 500 exemplaires, 3 cartons. Prix........ 40 francs. Lot de Ptinides et Anobiides européens. 54 es. pèces, 178 exemplaires, 2 cartons. Prix. 20 francs. Lot de Vésicants européens. 110 espèces, 305 exem- plaires,2.cartons33 X 22.:Prix..... %.- 5O:francs. Lot de Chrysomélides européennes : Halticides, Hispides, Cassides. 110 espèces, 380 exemplaires, AUTOMNE MO) PTS RES er MS DNITANCSS Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Sagra à Cryptocephalus inclus. 200 espèces, 540 exemplaires, 5 cartons. Prix........ 60 francs. Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Pachybrachrys à Zygogramma inclus. 210 es- pé:es, 680 exemplaires, 6 cartons. Prix.. 60 francs. Lot de Cassides européennes et exotiques. 65 espèces, 156 exemplaires, 2 cartons: Prix. 50 francs. Staphylinides provenant des anciennes collections Reiche : Lot n° 1 à 13 inclus. Environ #10 espèces représentées Léôt nos 15 à 25 inclus. Environ 267 espèces, grand nombre d’exempiaires, 10 cartons. Prix... 40 francs. Lot n°$ 26 et 26 bis. 4 cartons contenant un très grand nombre de doubles en partie nommés. Prix, 25 francs. Lot de Staphylinides du Missouri.65 espèces, 190 exem- plaires;"4Carton. PRIX DER EN SRE RON 10 francs. Comme toutes les anciennes collections, celles de Reiche laissent à désirer comme classement et comme préparation; mais elles conservent une {valeur scienti- fique indiscutable du fait que toutes les espèces ont servi, aux entomologistes les plus célèbres, pour la ré- daction de leurs travaux. Lot de Lépidoptères du Vénézuela. 500 Papil- lottes. Excellente occasion. Prix. ......, 125 francs. S'adresser pour les lots et Collections ci-dessus à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. — M. Dequanter, 29, place de l'Industrie à Bruxelies, offre des coquilles marines en échange des coquilles ter- restres. — On demande : Pontes, larves, nymphes, et toutes autres pièces se rapportant à l’évolution des insectes utles et nuisibles, sauf Lépidoptères (S'adresser aux bureaux du journal), — On demande des Minerais de plomb: Galène à grandes facettes, Galène à petites facettes, Galène argen- tifere. Donner prix par 100 kilogr. (S’adresser aux bareaux du journal). — On demande un ouvrier ostéologiste. S’adresser à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. — À vendre: La Feuille des jeunes naturalistes, revue mensuelle d'histoire natuelle, collection complète de 1870 à 1891, soit 21 années, en feuilles, prix 45 francs. (S'adresser aux bureaux du journal). — À vendre, Un exemplaire du Genera des Coléoptères BIBLIOGRAPHIE 52. Rogeron (G.) Observation sur le canard sauvage : particularités de son plumage. Soc. nal. Acclimal. (Bull.), 1899, pp. 201-211. 53. Simon (E.). Ergebnisse einer Reise nach dem Pacific (Schauinsland 1896-97) Arachnoiden. Melanophora pacifica, p. 412. — Chelifer Laysanensis, p. 4l4. — Misumena nesiotes, p. 416. — Plerclas Schuin- slandi, p. 418. — Lycosa hawaiensis, p. 419. — Amaurobius marlius, p. 421. — Badumna subfasciata, p.422. — Orsinome australis, p. 423. — Uliodon frena- lus, p. 425. — Lycosa Schauinslandi, p. 428. — L. tre- mula, p. 429. — Trile planiceps, p. 430. — Tr. binolala p.431. — Triaænyx obesus, p.431. — Amaurobius cha- lhamensis, p. 433. — Dolomedes Schauinslandi, p. 436. — Dasylobus auslralis, p.437. Zoolog. Jahrbücher (System.), XIT, 1899, pp. 411-437. 54. Spaeth (T.). Uebersicht der polarktischen Arten des Genus Notiophilius Duméril. N. Hauseri, p. 521. Verh. K. K. Zool. Bol. Wien, 49, 1899, p. 510-523. 55. Thomas (Oldfeld). Description of a New Fruit-Bat from New-Guinea. Cephalotes ællo, p.216. Ann. Mag. Nat. Hist., Février 1900, pp. 216-217. 56. Thomas (Oldfield). Descriptions of new Neotropical Mammals. 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R Journ.of Bot., Janv. 1900, pp. 1-3, pl. 405. 63. Planchon (L.) Influence des divers milieux chimiques sur quelques champignons des Dématiés. Ann. Sc. Nat. (Bot.), XI, 1900, pp. 1-64, fig. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS — IMPRIMERIE F. IEVÉ, RUE CASSETTE, 11. EP TE TEE OS Te ST TEE PT TT PE EE PE Re tt ee D de D ae De me A. PE = a eû L AIN POP E _ Li S# ei "EMHATAOH LNVLSNO") (ous y) ‘ae wuntjdouF Polo enene "(80r 31) oBurJ0 ounef un,p soxyÂ[g ‘ 98n01 9p 9pa0q JUSTE ITOU XBIOUIOLT DES: 8 (‘Sapi07Saut49([ =) La CR à a ‘987 eanordoumi0 - L 2or À """"(LOr *87) sonerq soa4fe { 28n01 104044 ‘uds sndredonedg VE Mn Min COS (CEVT “$y) sonorq sorte WW :e8n01 xesogjoad ‘equtod ue gutuue} \ quewonsuot'frixeu sodred op ‘1e aoiuxo ; à Sr ::(907 ‘8y) suepep us sagur9od ‘so[otide S1047 En A) : a Z 77 ep onssewu opuexs aun | Le ded soguiudoy souuaquy )L — ‘urdS erqorsaN x 777 uk "7": °: (Carr ‘$y) Jowuwuos ne pnbuoay | : AE RACE 007 ‘urdg , = a nel UAS SNUOIEOELP Li nr Aie re es NRONES AE =) OUHOJIENT ‘apS8u0r[e onsseUI En aun ded soguiutio} sauuaquy << FA Fa . : ! a —— = utdS saga {10 —);) "CT ‘$y) ogoeq op euuoy | ue sorrepqrreu sodjed Sep 901118 TOTUIo(T SATIAHNLVN SHONAIOS SH HAHLOOU 2 i ELYAHTINOE J1uU8I1SU09 uvd : a = LAVAL AE SATILdOTI0) TU9s0Y SNIOITIET RO) PERS DE ‘::"(0ir ‘8y) ongouod quowroioz xe10} #, L OL k. il € 4 kL ‘oseq ®I R AU9P SUPS SOI] SOP SJ0H204/) 6 S4@ DO O0 NO NO OS MIO ONE (607 *8y) aseq te] R Auep 9J4107 SUN,P SIUNU So8IE) SP S$1942019 HULSATII AAÔILATVNV VHANHO = O7 Da HE ms mm arme rm mr ES a il J 1 8. 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S9 S9InJ[n9 Sep ano[n0o e7 ‘oo ‘xnognodo Joodse un ojuasaid ce ££ NÉTCR AUTSS ee TES DE QE ‘opdurexe ad ‘outeuny osopnoioqny e[ ap ,qodiu np ann? e{ | OS I LE Rte et t-opriouos 9180007 ‘ormoqueue ‘suorjeedoid 6z onb 1Sure 352,9 ‘esouSeipeç anod sosnorsaud suoryeolput S9p JU0S 41971007 S91998189 $99 ‘91nJ[N9 E[ 9p a4njeu e[ ‘onbrdoosoioetu UawueXx9 - Jed ‘ena o1otwoid doutwuuejop ep eayyeuiod jnod mb ‘onbr] S31VI934S SN011931109 -S19198489 ‘Jar(notaed J9odse un quo saqodoru 9p sain[no S9 QÙSS ren ae: None a 000€ . OURS on er eme a ee y 000€ ; OOLT RUE ee SR M NE ee + O0OE ù OS£ Re ne RD a ire e Mio Se 00€ > STI nie VON FA En TU Rene PU PR etes O0! 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La station est située sur le flanc de la colline de Saint- André, couvre une superficie de 4,500 mètres carrés envi- ron au nord du village du Râle, et domine la route qui relie La Roquille au Pont de la Bauze, en bordant le Bréjou ou ruisseau des Sandaux en cet endroit. GÉOLOGIE L’étage du sous-sol de la station appartient à l’ère ter- tiaire, étage Tongrien. Les assises visibles sur les lieux sont les suivantes en partant de la base: 1° Mollasse sableuse du Fronsadais, sur laquelle coule le Bréjon. 20 Au-dessus vient le calcaire lacustre de Castillon, contenant des bancs de silex et quelques dents fossiles que leur mauvais état de conservation rend indétermi- nables. L'ostréa longirostris et quelques débris de bois sili- cifié sont les seuls fossiles caractéristiques. La couche pleistocène, à une altitude un peu supérieure à la station, contient de nombreux petits cailloux roulés ; les fossiles animaux y font absolument défaut. Avant d’entrer dans le vif de mon sujet, il n’est peut- être pas inutile de faire, en passant, une remarque géné- rale sur un point méconnu trop souvent. Pour que des fouilles entreprises en un gisement préhis- torique soient fructueuses et utiles à l’avancement de la science, il est urgent tout d’abord de soumettre les pièces trouvées à de minutieuses comparaisons, non seulement avec les types classiques, mais encore avec des outils d’époques différentes et de provenance régionale. Ainsi, seulement, il sera possible d'arriver méthodiquement, par des comparaisons répétées de proche en proche, à découvrir la filiation certaine des formes etles foyers des diverses industries préhistoriques. Souvent aussi, lorsque le hasard nous fait découvrir, isolés, quelques types nouveaux, on hésite à les décrire, n'ayant pas toujours de termes de comparaison pour baser son étude. En soi, la raison, toute logique qu'elle paraisse, n’est pas admissible, car, il ne faut pas l'oublier, ce n’est qu'à force de descriptions et d'observations que l’on arrive à un résultat positif. Une étude, négative à première vue, peut mettre des chercheurs sur la bonne voie et provoquer des comparai- sons d'où Jaillira la lumière. Un silex de taille indéterminée, aussi bien qu'un simple ossement humain, peuvent avoir leur valeur un jour ou l’autre ; les résultats ne sont pas toujours immé- diats. Il ne faut pas l'oublier, souvent des petites causes ‘naissent les grands effets. Le Naturalisle, 46, rue du Rac, Paris. Ce sont ces considérations qui me déterminent aujour- d'hui à écrire le résultat de mes recherches; d'autant plus, qu'à ma connaissance, c’est le premier gisement campignien qui ait été étudié en Gironde et même dans le sud-ouest de la France (1). INDUSTRIE Les différents outils que l’on rencontre dans la station, à fleur de terre, sont éclatés dans un silex calcidomeux blanchâtre, assez translucide, d'apparence cireuse ou cornée, veiné parfois de rose, et d'origine locale. Leur surface n'est pas recouverte de patine, en revanche, presque toutes les pièces sont mordues de petites incrustations ferrugineuses qui établissent pé- remptoirement leur authenticité, TRANCHETS L'outil le plus caractéristique est le tranchet. Sa hauteur varie entre 4 cent. minimum et 15 cent. maximum. L'aspect de ces pièces est très variable (fig. 1 et 2). S RSS Se as SE ee = ans SDS à SS RES > = = ST HSE = RE FAN ES = LD 2e = A —_ 0 a = ML Hip: Lorsqu’elles présentent un travail sur toute leur surface, c’est ordinairement le cas des gros tranchets, il est exé- cuté grossièrement et à grands coups (fig. 1). Dans presque toutes les pièces, il est rare que la par- tie abrupte de la surface du silex ne paraisse pas par plaques (fig. 1 et 2). Ordinairement le tranchant de l'outil est obtenu par (1) N.-B. « En France, les départements du Midi et ceux qui bordent nos côtes de l'Atlantique ne paraissent pas avoir encore fourni le campignien»; ex Bulletin de l'Ecole d'Anthropologie, année 1898, page 406. Fouille d'un fond de cabane au Campigny | | REC L \ RE EE ES PR dt me LS TO NL PDR SIT PAT LINE EI ER PL ME RE PASSES RIT EE SES PR SR pe D LS ET SRE ES CAL ES LE -NATURALISTE ( percussion transversale, déterminant une arête aiguë à sa jonction avec le bulbe de la face opposée. | Un tranchant émoussé ou mal obtenu est souvent re- touché à petits coups. Les deux types caractéristiques et extrèmes sont déter- minés par les figures 1 et 2; entre eux se classent de nombreuses formes intermédiaires taillées à grandes facettes. Le tranchet n° 1 est éclaté à grands coups dans un silex corné, piqué de quelques concrétions ferrugineuses ; hau- teur 15 centimètres, tranchant 7 centimètres, De tous les tranchets que j'ai dans ma collection, c’est le mieux taillé et, quoiqu'il n'ait pas été trouvé sur l'emplacement même de la station, mais dans un champ voisin à peu de distance, je le décris ici. L'autre type de tranchet, de beaucoup le plus commun, est représenté par la fig. 2. Dans ce dernier cas, l'outil est plus rudimentaire ; une face est lisse et constituée par une simple bulbe de percussion, tandis que l’autre est fruste jusqu'à sa rencontre avec le biseau toujours déterminé par un coup transversal. C’est, à proprement parler, une lame hiseautée et quelquefois retouchée sur les bords. De cette forme on peut rapprocher une sorte de tran- chet en éventail, à tranchant convexe, qui a pu servir de racloir ou bien, emmancheé, être utilisé comme hachette. Ces derniers outils sont rares : L'arête des tranchets est tantôt très eflilée et d’autres fois.obtuse et irrégulière. L’usage de ces outils est douteux: certains semblent rappeler un usage domestique, tandis que d’autres réclament une destination plutôt guerrière. Les deuxhypo- thèses ont peut-être chacune leur part de vérité. GOUGES — CISEAUX Ce qui vient d'être dit pour les tranchets convient en général pour les gouges et ciseaux qui, à part leur forme, ont, dans la plupart des cas, le même mode de fabrication. Ce ne sont d'ordinaire que des biseaux éclatés dans des lames plus ou moins retouchées. Le tranchant de ces outils est quelquefois retaillé comme dans les tranchets. Leur taille varie entre 3 et 8 cent. de hauteur avec tranchant de 1 à 5 cent. E À la suite de ces instruments, il est utile de décrire une pièce très Caractéristique et assez commune (fig. 3). C’est un bloc de silex dont la base seulement a été taillée, de manière à offrir un biseau très résistant, Ces outils sont tous de grandes dimensions et portent à leur partie supérieure trace de martelage. Le silex de cette catégorie, représenté par la fig. 3, montre à sa partie médiane une encoche évasée qui per- met de le tenir commodément de la main gauche, tandis y YA RY Le D dy DL ee — es El oe Co que, de la droite libre, on pouvait aisément, avec une autre pierre, frapper dessus pour obtenir plus de force. Les nombreuses étoilures qui couvrent la surface supé - rieure, ainsi que l’encoche, démontrent rigoureusement cette destination. PICS Ce sont des outils de taille assez forte, grossièrement Fig. 4. éclates et terminés en biseau, quelquefois coudée légère- ment à la manière des leviers à ouvrir les caisses (fig, 4), LE NATURALISTE 245 Certains spécimens sont même constitués par de simples rognons de silex dont l'extrémité seule est biseautée. RACLOIRS — GRATTOIRS Les racloirs, grattoirs sont très abondants et aussi variés par leurs formes que par leurs dimensions, On peut les classer en deux groupes principaux : 14° Groupe paléolithique ; 20 Groupe néolithique. 1° A cette première catégorie se rattachent : Les racloirs, de type moustérien, ainsique de larges lames racloir, copie assez exacte des lames racloir du moustier. Puis les grattoirs et racloirs de forme solutréenne et magdalénienne. Grattoirs en éventail de dimensions variables atteignant parfois jusqu’à 7 cent. de corde. J’ai retrouvé ce dernier type, mais en plus petit, à la station magdalénienne de Gabastou (Dordogne), On peut ajouter à ce même groupe les encoches et grattoirs en pointe communs au magdalénien et persistant dans le pays jusqu’en plein néolithique. ; 2° Ce groupe comprend des grattoirs discoides de type néolithique. Cette forme, par la suite, se retrouve en abondance dans toute la région, associée aux haches polies. BURINS Les burins sont assez grossiers et atteignent parfois de grandes dimensions. Les plus communs sont les burins de type moustérien, Le burin magdalénien classique est assez rare ; on trouve en revanche assez de pointes à extrémité en biseau déli- cat (fig. 5) qui sont comparables et presque identiques à des pièces semblables, de provenance magdalénienne, trouvées à la station de Gabastou (Dordogne), où elles sont nombreuses, Une autre forme constante et assez caractéristique de burin est représentée par la figure 6; c’est un outil qui paraît avoir été assez commun. Ces dernières pièces de dimensions variables atteignent jusqu'à 12 cent. de long. Des silex semblables ont été découverts, il y a quelques années, dans un gisement d'époque douteuse situé près du Fleix (1) (Dordogne). Un autre burin de facies pur magdalénien est le bec de perroquet. Celui de la fig. 7 est terminé à sa partie infé- rieure par un grattoir. (1) De ce gisement, deux pièces seulement m'étant parvenues, je n'ai pu le classer. Il serait peut-être campignien ?: AUTRES PIÈCES En tête de cette dernière liste la pointe moustérienne mérite à juste titre le premier rang. Taillées plus irrégulièrement qu'à l’époque du moustier, ces pièces très typiques n'en sont pas moins un calque parfait de ce modèle (fig. 8). Très remarquable aussi est le tranchoir racloir de Fig. % et 8. la fig. 9. — Il est souvent difficile de classer surement un silex sous l’une ou l’autre de ces dénominations, les deux pouvant également et indifféremment convenir à ZX ES e- Fig. 9. un même outil usité à deux fins — taillé ävec soin sur les bords et à dos large, assurant pour la préhension un point d'appui solide à la paume de la main. Ce dernier caractère est particulier aux silex de cet endroit et existe quand bien même aucun but utilitaire ne le réclame, imprimant à l'outil un cachet bien per- sonnel, Malgré leur galbe particulier, ces silex, quoique taillés en général sur les deux faces, ne sont pas sans avoir une certaine analogie, bien qu'un peu lointaine, il est vrai, avec lesracloirs tranchoirs moustériens, — type en demi- RSR SRE ER RARE ER RETIRE AR PER PRE REC PER RE CR RS CEE SOS ER ER RE CRE RE CRE ENTER Len ERP OT ESP TRE ET ER I A SE ET PE RL ne EE PE ET ER CRE ES SR, SRE PE PR RE RE EE EE RE 246 LE NATURALISTE cercle, —ceux par exemple que l’onrencontre au Gendre, près le Fleix (Dordogne). Les perçoirs n'ont rien de caractéristique; ce sont tantôt des lames appointées et retouchées avec soin, ou bien de petits blocs de silex éclatés en pointe, Certains spécimens par l'usure de leurs bords témoi- gnent d'un long usage. Une lame lancéolée (fig. 10), assez rare dans la station, Fig. 10. attire aussi l'attention, A cette forme on peut rattacher de petits éclats retouchés (fig. 11) qui apparemment ont dû servir de pointes de flèches. Ajoutons, pour finir la nomenclature, une pointe (fig. 12), sorte de lame à dos abattu et sans retouches, qui à une grande analogie avec certaines pointes néolithiques, abondantes sur toute la rive de la Dordogne entre Bergerac et Libourne. La flèche vraiment néolithique n'existe pas, mais cer- tains types s’en rapprochent beaucoup. En terminant, il est aussi utile de relater l'existence Fig. 11 et 12. d'un instrument assez rare, sorte de hache moustérienne rudimentairement éclatée, Ne serait-ce pas la reproduc- tion fortuite d'une forme paléolithique ? L'hypothèse n’a rien d’invraisemblable. COUTEAUX Certains sont d'aspect moustérien, d'autres magdalé- - nien ; les petits spécimens ne sont pas rares, ainsi que les types à bords retouchés. Les lames-scies se trouvent en assez grand nombre. ÉCLATS DIVERS A part ces formes voulues, il existe une foule.d’éclats de toutes formes et de toutes dimensions aux bords intacts où ébréchés par l'usage. NUCLEIT Les nuclei sont bien éclatés et témoignent, par la min- ceur du bulbe des lames enlevées, en faveur de l’adresse des ouvriers campigniens, qui est cependant loin d’égaler celle des tailleurs de silex magdaléniens. PERCUTEURS — ENCLUMES Les percuteurs, taillés en général à grandes facettes, n'ont rien de particulier. Il existe aussi des enclumes, gros blocs à base plane recouverts d’étoilures. POTERIE Ilne m'a été donné de trouver qu'un seul fragment de poterie assez grossière et de couleur noirûtre. CONCLUSION Si maintenant on compare cette industrie à celle de la station type du Campigny, à en juger par les figures publiées en décembre 1898 dans le Bulletin de l'École d'anthropologie de Paris, on ne peut que constater l'identité de la plupart des formes, mais au Râle la taille parait être plus grossière, Pour lever le doute sur ce point, il faudrait comparer les originaux. Les figures, en effet, quelle que soit l’exacti- tude qu'on y apporte, ne peuvent remplacer les pièces elles-mêmes dans une comparaison rigoureuse. Ce point de détail n’en laisse pas moins subsister la similitude générale. Ainsi, cette nouvelle étude sur l’époque campignienne confirme en tous points les précédentes et montre, par son mélange simultané d'industries paléolithiques et néolthiques, que c'est une période de transition bien caractérisée, se rapportant, du moins dans ce cas parti- culier, autant de l’une que de l’autre de ces formes. En archéologie préhistorique comme en histoire natu- relle, l'évolution est la grande loi à laquelle tout obéit. Natura non facit saltus. L'intime parenté qui unit les diverses industries préhistoriques et que contrôle la paléontologie nous le démontre suflisamment ; depuis les outils gisant à la base du pleistocène aux belles haches polies du néolithique, il y a eu progression lente et con- tinue. Grâce à ces débris de primitive industrie, il nous est permis de suivre pas à pas le développement du génie naissant de l'humanité. Mais, me suis-je souvent demandé, s’il a fallu à l’homme préhistorique traverser le long espace de temps qui sépare l'Elephas antiquus du Cerf, pour arriver à la pierre polie, et ce même homme se révélant, dès le début du quaternaire, assez adroit pour tailler les silex de Chelles et de Saint-Acheul, quelle longue et obscure évolution n'a-t-il pas dü subir anté- rieurement pour s'élever de l'embryon de l'intelligence à ce point-là, pourtant bien rudimentaire à nos yeux de civilisés ? C'est à l'homme tertiaire qu'il faut remonter pour ré- soudre le probleme. Son existence peut encore nous être longtemps révélée, comme pour ses congénères du quaternaire, par la présence des vestiges de son industrie. Mais, n’arrivera-t-1l pas un moment où ses outils trop rudimentaires ne sauraient être pereus scientifiquement ? Ne parait-il pas en effet logique de croire, qu’au début de l'humanité, l’homme, avant de tailler le silex et de connaitre l'usage du feu, se soit simplement servi de ses dents et de ses ongles et n’ait eu en fait d'outils que le bâton ou le vulgaire caillou qui se trouvaient sous sa | | | | | | | | LE. NATURALISTE 247 main ? C’est dès lors à la paléontologie humaine à lever tous les doutes. Nos collections naissantes sont encore, il est vrai, bien muettes sur ce point, mais il ne faut jamais désespérer: de la longueur de l’étape on ne doit pas conclure à l'issue du voyage. La découverte du Pithecanthropus erectus, faite à Java par le Dr Dubois, est un premier pas dans cette voie difficile qui promet d'être féconde. P. AUG. CONIL. LE SENS MORAL CHEZ LES ANIMAUX Les animaux ont-ils le sens moral, c'est-à-dire la notion pré- cise du bien et du mal? L'observation répond pleinement à cette intéressante question. Voyez une mouche importune, que l'on chasse et qui revient à la charge en bourdonnant (j'allais dire en bougonnant), de plus en plus fort à mesure qu'on la chasse. Elle sait très bien qu’elle importune; mais l’appät qui l’attire est plus fort que son bon sens ne l'indiquerait, et elle finit par se faire écraser. Quand des chats errent dans une cour où dans un jardin, on peut être sûr que c'est pour commettre quelque vol, au préjudice du propriétaire de cet immeuble. Il n’y a qu’à les regarder pour voir qu’ils ont conscience de leurs méfaits. Tout, dans leur atti- tude sournoise et embarrassée, montre qu'ils ont la notion du mal qu’ils cherchent à commettre. Ils ont une mine de sacri- pant qui s'attend à recevoir un coup de pierre ou un coup de tique. On voit qu’ils prennent déjà leurs dispositions pour dé- camper au premier signal. Ef même si l’on fait semblant de ne pas les apercevoir, on voit qu'ils ne sont pas rassurés du tout, et qu'ils ne souhaitent qu’une seule chose; c’est de vous voir partir, afin de continuer leurs méfaits. Je voyais dernièrement une bonne vieille maman, en province, qui montrait à ses visiteurs une portée de six jeunes lapins nou- veau-nés. La chatte de la maison les examinait aussi, avec des regards flamboyants. « Méfiez-vous du chat, dis-je àla bonne grand'mère, — Oh! me répondit-elle, il n'y à pas de danger: Minette sait trop bien qu’elle me ferait de la peine! » Le lendemain, on retrouvait encore le chat dans la basse-cour ; seulement les jeunes lapins avaient disparu! Il fallait voir avec quelle rapidité s'est enfuie cette chatte, quand on l'a appelée dans la cabane aux lapins! Dès qu'elle a vu que les soupçons allaient se porter sur elle, elle s’est sauvée dans le grenier, où elle avait eu soin de cacher une partie de son larcin, qu'elle n’avait pas encore eu le temps de dévorer. Il y a quelques années, dans les ruines de la Cour des comptes à Paris, nous avons aperçu plusieurs chats, Il n’y avait qu'à regarder leur tenue embarrassée pour comprendre tout de suite que c'étaient des maraudeurs. Mais que pouvaient-ils bien voler, dans ces ruines? Nous levons la tête, et nous voyons des mil- liers de petits oiseaux perchés les uns contre les autres, au som- met de ces ruines. La crête des murs en était remplie : d’un coup de fusil avec de la cendrée, on en aurait pu tuer une centaine, en se mettant à longue portée, pour permettre au plomb de s’épar- piller en tous sens. Nos chats n’attendaient qu’une chose: c’est que ces oiseaux, en se battant et en se disputant, ne finissent par se blesser et tomber par terre. Quelle joie alors, dans le monde des chats! Certains d'entre eux levaient la tête en l'air, atten- dant qu'un oiseau tombe à portée de leurs griffes. D'autres me regardaient, avec des yeux de chats surpris au beau milieu de leurs mauvaises actions. Oh! non, à coup sûr, ils n'avaient pas du tout l’air d’avoir la conscience tranquille! Bien loin d’avoir un regard angélique, ils avaient une mine de fripons s’attendant à recevoir une bonne fessée, Leurs yeux ronds ne plaidaient pas en leur faveur, et l’âme innocente n’a jamais fait de ces yeux-là. Les chats sont comme les Chinois, il n'y a pas d'animal plus traître au monde. Aussi est-il bien rare qu'un chat ne se sauve pas, en voyant sur ma figure ce que je pense de lui: quel sour- nois ! c'est tout au plus si sa fourrure peut le faire estimer pour quelque chose. Sa chair en civet n'est bonne qu'avec du vin et des oignons; et encore, à condition qu'on croie manger du lapin : c'est la foi qui sauve ! Il est trop carnassier pour que sa chair ait la saveur de celle des animaux herbivores. C'est un tigre mal développé. C'est l'hypocrisie incarnée, dans sa manifestation la plus pure et la plus complète. Chats et Chinois se ressemblent trop pour pouvoir s'entendre mutuellement. Ils se mangent l'un Pautre, à tout âge. Les Chinois ne laissent rien perdre ; aussi ne trouve- t-on guère de chats errants en Chine; on leur a bientôt fait la chasse! D'un autre côté, ceux-ci se rattrapent sur les cadavres, soit sur les enfants abandonnés, qui n’ont pas encore été dévorés par les porcs, soit dans les tombeaux posés au ras du sol, à tra- vers les planches disjointes. Les chats sauvages détruisent une innombrable quantité d’oi- seaux, tant de jeunes que de vieux, blessés où morts. Ils mon- tent merveilleusement aux arbres. Leur façon de grimper n'est pas très élégante, car ils glissent à chaque instant; mais ils avan- cent plus vite qu’ils ne reculent, et ils ne tardent pas à être au sommet de l'arbre. De là, de branche en branche, il par- courent les sommités des arbres de toute une forêt : gare aux jeunes oiseaux qui piaillent dans leurs nids, en attendant la becquée de leurs parents! Aussi conseillons-nous de détruire les chats errants, par tous les moyens possibles. Le chasseur qui tue un chat sauvage pré- serve la vie de centaines et de centaines d'oiseaux de toutes tailles. C’est le plus beau coup de fusil qu’il puisse faire dans sa journée. On n’en tuera jamais assez; il en restera toujours trop! Dr Boucox. PHOTOGRAPHIE TIRAGE INDUSTRIEL DES CLICHÉS PHOTOGRAPHIQUES C'est un fait évident que les épreuves photographiques sont beaucoup plus jolies et plus fines que les photogravures qu’elles servent à faire. Malheureusement ces dernières coûtent fort bon marché, tandis que les premières deviennent fort cher, surtout en raison du temps que les opérateurs doivent consacrer au tirage. C'est ce qui a donné l'idée de tirer mécaniquement les épreuves; l’appareil existe déjà en Allemagne et en Amérique. Nul doute que, lorsqu'il sera un peu plus perfectionné et plus connu, il n’amène une véritable révolution dans l'illustration des livres cet surtout des revues. On emploie des rouleaux de papier au gélatino-bromure, de 900 mètres de long sur 0"60 de large. Les clichés choisis, de densité égale, sont placés côte à côte sous un plateau de verre fixé sous un tambour portant des lam- pes à incandescence. Tout l'appareil est placé dans une chambre éclairée à la lumière rouge. Les clichés étant disposés chacun avec leur cadre, on fait pas- ser au-dessous d'eux le papier sensible. À ce moment, un déclan- chement l’applique contre eux en même temps qu'il provoque pendant un instant l'allumage automatique des lampes à incan- descence. Celles-ci s'éteignent plus où moins vite, suivant que le temps est bien calculé à l'avance. Le rouleau se met de suite en marche et impressionne une nouvelle bande. Quand le rouleau est entièrement imprimé, on le transporte dans une autre pièce où on le développe mécaniquement. Pour cela on le fait passer dans une série de cuves qui n'a pas moins de 30 mètres de long. La bande passe ainsi successivement dans un bain de développement vieux, un bain neuf, de l'acide citri- que, de Peau, de l'hyposulfite, de l’eau et de l’alun. Finalement, le rouleau s’enroule sur des cylindres chauffés où il se sèche rapidement. Puis les ouvriers le découpent à la main; mais cette opération pourrait aussi sans doute se faire à la ma- chine. La vitesse du papier pour le développement et le fixage est de 3 mètres à la minute. En dix heures on peut tirer 157.000 épreuves! 28 LES MOYENS DE COMBATTRE LA COCHYLIS DE LA VIGNE PAR LES TRAITEMENTS D'HIVER Depuis plus d’une dizaine d'années, on a constaté dans le vignoble bordelais, comme dans d’autres régions viti- coles de la France, une recrudescence des invasions de la Cochylis qui était restée longtemps sans produire de dégâts sérieux. L'intensité de ces invasions à subi pen- dant cette période, comme il arrive toujours, des varia- tions importantes qui sont en relation avec des condi- tions atmosphériques plus ou moins favorables, Mais, dans ces dernières années, on a observé une particularité notable qui s’expliquait difficilement : tandis que le fléau s'atténuait considérablement en certains points, il s'aggra- vait fortement dans d’autres, souvent peu éloignés des premiers, comme cela est arrivé en 1889, où les vignobles situés au nord de Bordeaux ont été à peu près indemnes, alors que ceux du sud ont été dévastés. La cause de cette différence est dans la présence de deux insectes de pro- priétés biologiques différentes. En effet, à côté de la Cochylis omphuciella ou Tinea ambiguella, depuis long- temps présente dans le Bordelais, s'est implantée récem- ment une autre tordeuse de la grappe, lEudemis botrana, à laquelle sont dues presque en totalité les pertes de l’année derniere, Les deux insectes très voisins que nous avons à Com- battre, et que l’on peut désigner sous le nom générique de Cochylis, sont sujets, pendant l'hiver, à des causes naturelles de destruction qui peuvent devenir très impor- tantes dans certaines années, comme en 1899, où les trois quarts au moins des chrysalides formées en automne ont péri. Il est évident qu'il faut bien se garder de compter beaucoup sur ces influences naturelles, car on sait qu’elles sont vite compensées par la prolifération considérable de ces insectes. Les ichneumons et les moi- sissures sont, en général, les deux principaux agents de destruction naturels : pour le premier, on n’entrevoit pas actuellement la possibilité de s'en rendre maitre, la nature seule est capable de le faire varier dans un sens ou dans l’autre; pour le second, il n’en est pas de même, et l’on peut chercher à l’accentuer en propageant les germes des moisissures parasites. Les essais dans ce sens doivent être faits dès l'automne, afin que ces germes, provenant de cultures artificielles, aient le temps de s’acchimater au nouveau milieu où on les place et de se développer ensuite pendant l'hiver en exerçant leur action lente. Ce n’est, il est vrai, qu'un moyen indirect dont la réussite dépend de beaucoup de circonstances, mais ne mériterait-il qu'un rôle d'adjuvant des autres procédés de destruction, son étude ne doit pas être négligée. Les moyens directs de traitement qui peuvent être employés avec succès sont au nombre de trois : le décor- ticage et l’ébouillantage doivent être indiqués en pre- mière ligne; quant au badigeonnage, son étude mérite d'être poursuivie encore; cependant, en attendant d’avoir des résultats supérieurs à ceux obtenus, on peut faire usage du mélange de chaux, d’huile lourde et de sulfure de carbone, sans crainte de nuire à la plante, surtout si, pour plus de précautions, on l'applique peu de temps avant le réveil de la végétation. Il n'est donc pas douteux qu'actuellement, avec les | LE NATURALISTE moyens que nous avons à notre disposition, on peut arriver, par une action générale et bien comprise, à atté- nuer, dans une large mesure, les invasions des Cochylis à la première génération, et, par suite, à favoriser consi- dérablement la lutte contre les générations suivantes. Il est facile de comprendre que cette action générale est indispensable, car, si les propriétaires qui s'appliquent à faire des traitements d'hiver restent plus où moins isolés, il est évident que leurs efforts n'auront que des résultats très limités, à cause des invasions venues de chez leurs voisins réfractaires (1). DISPARITION DU GIBIER DANS LE DÉPARTEMENT DE LA SEINE-INFÉRIEURE Tous les ans, les chasseurs constatent que le gibier dans notre département devient de plus en plus rare ; le fait est reconnu de tous ceux qui vivent aux champs; essayons donc de démontrer la cause de cette disparition, nous verrons ensuite s’il n'existe pas un moyen d'y remédier. LA CAILLE La caille n'habite pas chez nous l'hiver, elle émigre vers le mois de septembre pour se rendre en troupes nombreuses en Afrique, puis revient chez nous vers le mois de mai. Or, c'est au moment où les cailles entrent en France qu’elles sont capturées en masse et livrées à la consommation. Voici comment on s’y prend. Sur les bords de la Médi- terranée existent de petits villages où certains habitants savent très bien par habitude par où se fera la passée des cailles. Or, on dispose entre deux rochers resserrés des filets très grands en forme de pochette où toutes les caïlles arrivent se prendre en tas énormes; comme elles pour- raient facilement,malgré leurs fatigues,passer au-dessus du filet, on a soin de faire voler assez haut des cerfs- volants ayant la forme d'oiseaux de proie ou mieux de lancer en l’air des plaques de bois spéciales qui imitent parfaitement l'oiseau de proie, ce qui permet avec un peu d'habitude de diriger en quelque sorte les grands voliers de caïlles juste dans les filets. M. Noury, ancien directeur du Muséum d'Elbeuf, avait rapporté d'un de ses voyages dans le Midi toute une série très curieuse de ces plaques de bois. Les cailles étant dans le filet, on confectionne aussitôt des pâtés de gibier avec celles qui sont tuées sur le coup ; les autres sont placées dans de vastes caisses plates recouvertes de toile, pour qu’en sautant elles ne se brisent pas le crâne, et nourries de graines, Comme il serait impossible d'arriver à plumer en peu de temps un nombre aussi considérable d'oiseaux, on les garde vivants le plus longtemps possible, et celles qui semblent le mieux survivre à cet exil sont envoyées vivantes dans toutes les grandes épiceries de France où il s’en vend encore d'assez grandes quantités. Or,suivant que le coup de filet a bien ou mal réussi sur (1) Extrait d’un rapport de M. Laborde. LE NATURALISTE 249 les bords de la Méditerranée,nous avons ou nous n'avons pas de cailles dans la Seine-[nférieure. Or, cette année le coup de filet paraitavoir fort bien réussi, car plus de vingt-cinq chasseurs à qui j'en ai parlé et qui avaient chassé dans différentes parties du département n'en ont presque pas tué et nous sommes loin d’avoir toutes les cailles que nous devrions avoir. On va peut-être m'objecter que j'exagère un peu et que si l’ou consulte les registres de l'octroi on verra que,pour la journée seulement de l'ouverture, il est entré à Rouen un certain nombre de cailles; à quoi je répondrai que ce chiffre est absolument erroné, puisque l’octroi enregistre souvent les râles pour des cailles : deux râles que j’ai tués et entrés à Rouen y ont été enregistrés comme cailles, LES LAPINS Certes,chez nous les lapins sont détruits par les bracon- niers, qui sont arrivés à être de véritables maitres dans l’art de la chasse; il m'arrive souvent, en me promenant la nuit dans la campagne à la recherche d'insectes, de rencontrer des braconniers et, j'ose le dire, j'éprouve un plaisir très grand à causer avec eux et même à les voir opérer. Voici ce que l’un d'eux me disait dernièrement : « D'abord, moi je ne braconne pas,je ne chasse pas, je ramasse tout simplement des lapins et seulement la veille du marché; je n’ai ni fusil,ni furet :un malheureux sac pour les mettre, et c’est tout. — Mais comment diable faites-vous ? — C’est bien simple : je vais au bois dans le jour voir où sont les terriers, je reviens tout doucement le soir à pas de loup avec des poignées d'herbe, je bouche les ter- riers en ayant soin d’enfoncer ma poignée d'herbe le plus loin possible dans le trou, la longueur de mon bras tout entier ; lorsque j’en ai bouché tous les trous, je vais un peu plus loin dans le bois, je casse une branche et j'en frappe partout en faisant le plus de bruit possible ; aussitôt tous les lapins rentrent au terrier, mais ne peuvent pénétrer jusqu'au fond, grâce à mon bouchon, et ensuite je viens les prendre très tranquillement avec Ja main, les uns après les autres. « Hier encore, j'en ai pris dix-sept. » Mais ce procédé n'est rien en comparaison de celui dont je viens vous entretenir et qui prend des propor- tions très grandes dans notre département. Chaque fois qu’un petit fermier est auprès d’une propriété riche en lapins, ou d’un bois, ou d’une forêt de l’Etat,il peut avoir quelques pommiers ou quelques choux mangés par les lapins du voisinage, et voici comment il les capture. Il entoure une partie de sa propriété avec du grillage métallique, en ayant soin non pas de placer son grillage tout droit, mais bien en pente en dedans de sa propriété, si bien que les lapins peuvent y venir, mais ne peuvent s’en aller; il pousse même la coquetterie jusqu’à enfermer dans cet enclos quelques femelles de lapins domestiques qui servent en quelque sorte d’appelants pour les mâles du voisinage. On peut voir un peu partout dans notre département des enclos-pièges de ce genre, il y en a même de beau- coup plus ingénieux dont je ne parle pas pour cette fois. Or, ce sont ces braves gens qui, sans trops’en douter, -dépeuplent nos bois et nos forêts; il est vrai qu’en revanche ils alimentent le marché, mais, malgré tout, le chasseur n’y trouve plus son compte. PERDRIX Des centaines de cultivateurs ne considèrent pas comme un délit de chasse de tirer de temps à autre un pauvre petit coup de fusil sur une compagnie de perdrix ; aussi tous où presque tous le font et n’ont pas le moindre permis de chasse, et voici comment ils opèrent. Chaque cultivateur, au moment de la chasse, laisse dans son champ une longue bande de terrain, de trois ou quatre mètres de large, recouverte de trèfle ou de sarrasin ; cette bande de terrain est généralement peu éloignée de la ferme et autant que possible dans les envi- rons d'une haie. Le paysan a le soin de placer aux deux bouts de cette réserve un écriteau : Défense de chasser, Or, tous les chasseurs des environs effrayent les perdrix qui natu- rellement viennent se blottir sur la bande de terre étant unie partout et souvent trouvent là un endroit très pro- pice pour se reposer. Mais le paysan est blotti derrière sa haie et à chaque compagnie qui arrive une détonation retentit : les chasseurs lui servent tout simplement de rabatteurs ; il n’y à dans tout cela que demi-mal. Mais la nuit venue, surtout dans les premiers moments de l'ouverture de la chasse, les perdrix passent la nuit en compagnie nombreuse sur ces bandes réservées, et les braconniers n’ont plus qu'à faire usage du traîneau pour ramasser d’un seul coup toutesles couvéesde l’année, d'autant plus qu'un traineau de cinq mètres de long suffit très bien pour couvrir ces bandes étroites. Voilà en quelques mots pourquoi nous n'avons plus de gibier; voyons maintenant comment on pourrait pro- téger le gibier. La géographie de notre département nous fait voir combien il est propice à la propagation du gibier ; les cultures correspondent bien avec l’alimention de chaque espèce animale, et pour repeupler les chasses il suffit tout simplement de protéger le gibier contre les braconmiers, peut-être aussi un peu contre les chats errants. Il serait bon qu'avec le permis de chasse il soit donné un insigne quelconque, annuel, que le chasseur devrait toujours porter en vue, soit à la boutonnière, soit au chapeau. Que les gardes champêtres soient chargés de faire dis- paraître tous les enclos-pièges dont nous avons parlé plus haut pour capturer les lapins. Que des mesures soient prises dans le Midi pour sup- primer la capture en masse des cailles et qu’enfin tout cultivateur ne puisse mettre sur une parcelle de terrain quelconque : Défense de chasser, sans avoir au préa- lable acquitté un droit à la mairie de sa commune, quien échange lui délivrerait l’écriteau. Ces quelques arrêtés supprimeraient bien des ennuis, bien des chicanes; tout le monde y gagnerait, chasseurs et gibier. Paul Noë. LE NATURALISTE LE TIR AU CANON CONTRE LA GRÊLE EN SUISSE Un premier essai de tir au canon contre la grêle à eu lieu, au mois de juillet dernier, dans le canton de Berne, à l’école d'agri- culture de la Rütti, et les résultats ont été satisfaisants. Les propriétaires des régions les plus ra vagées par la grêle auraient intérêt à organiser le tir contre la grêle d'une façon assez pra- tique pour que les frais du personnel, de surveillance, etc., soient réduits au minimum. Actuellement, on est encore à la période de début; on peut donc donner à ce sujet des règles défi- nitives. Voici cependant ce que l’on peut considérer comme indispensable dans l’organisation en question. Il faut, pour obtenir des résultats, grouper au minimum six ou huit stations de tir d’un canon chacune, en tenant compte de ce fait déjà établi qu'une station protège une surface d'environ 25 hectares. Ces bases étant données, si dans une commune viticole par exemple on veut organiser une défense par le tir, il faudra diviser le vignoble en secteurs, dans chacun desquels on déter- minera l’emplacement le plus convenable pour le canon. Chaque canon est servi par deux hommes, l'un procédant au tir, l’autre au chargement; on obtient ainsi un tir plus rapide, ce qui est, parait-il, une condition de succès. Cependant, à la rigueur, un seul homme peut suffire. Les désignations de service se font à l'avance; on choisit comme canonniers des personnes travaillant habituellement dans le secteur où se trouve le canon à servir. Le plus souvent, la menace d’un orage est assez visible pour rendre, en apparence, inutile un service de signaux d'alarme. Cependant, comme il s’agit d'une action d'ensemble, et que, dans une région déterminée, tout le monde doit être à son poste au même moment, il est nécessaire de convenir d’un système de signaux donnés par le directeur du tir. De Jour, ces signaux sont donnés au moyen de drapeaux hissés au sommet d'un mât, en un point déterminé et bien en vue. Les canonniers s'enga- gent à surveiller ce mât et à se conformer aux indications fournies par lui. Au premier signal qui est, en somme, le « garde à vous », les hommes de service se rendent à teurs postes, mettent leur canon en état de fonctionner et demeurent à proximité de leur station. Un deuxième signal, donné de jour à la fois par un drapeau convenu et par un coup de canon, appelle les canon- niers à leurs pièces. Enfin, le poste central donne le signal de commencer le feu en tirant lui-même deux coups de canon con- sécutifs. Le danger conjuré, on donne le signal de cesser le feu. De nuit les signaux se font au moyen du canon et des fusées. Si la gréle vient à tomber, il faut continuer et même accélérer le tir, et non l’arrêter. On le voit donc, il n'y a rien d’excep- tionnellement compliqué dans ce fonctionnement, et si les expériences sont favorables, ce n’est pas de ce côté que vien- dront les difficultés (1). / L'ÉLEVAGE DE L'ISATIS OU RENARD BLEU Le Renard bleu est intéressant au double point de vue de ses mœurs qui sont des plus cocasses, ainsi qu'on le verra plus loin, et de sa fourrure qui, à certains mo- ments, vaut très cher. C’est cette dernière considération qui a engagé quelques chasseurs à en tenter l'élevage, ce en quoi, d’ailleurs, ils ont parfaitement réussi. Autant notre Renard est fin et rusé, autant le Renard bleu des régions polaires est bête et peu malin. Par sa conformation physique, cependant, il lui ressemble beau- coup, avec un air bien moins intelligent et surtout une toison épaisse. Les pattes courtes, le museau obtus et fort, les oreilles petites et rondes, il n’a que 65 centime- (1) Extrait de la Revue Suisse. tres de long avec une queue très fournie de 33 centimè- tres. Son pelage est blanc en hiver, de manière à se con- fondre avec la neige environnante. En été, il est gris avec des reflets bleutés, parfois à peine visible. I1 y a d’ailleurs de nombreuses variétés locales ; dans certaines régions même, le pelage change à peine dans le cours d’une même année et reste toujours gris bleuté. Les peaux de la variété blanche sont les plus com- munes et ne valent que de 3 à 20 francs : on en importe de 25 à 60.000 par an du Groenland, du Nord-Amérique et de Sibérie. La variété bleue est beaucoup plus esti- mée : en 1888, elles ne valaient pas moins de 300 à 350 francs ; le prix moyen des peaux d'assez belle qua- lité est de 100 francs; on en vend en moyenne #.000 à Londres, 1.000 à Copenhague et 2,000 à Irhit. Le Renard bleu — souvent appelé aussi Isatis, Pessez ou Petit-chien (chez les Russes), Aïl-tilkoc ou renard blanc (chez les Tartares), Kyrrsa (chez les Iakoutes), Kiœæn (chez les Ostiaques), Tschitara (chez les Tun- guses), Noga et Sellero (chez les Samoyèdes) — est essentiellement carnivore. Il se nourrit surtout de petits rongeurs, tels que les lemmings, des poissons rejetés par le flot, d'œufs d'oiseaux de mer; souvent il pénètre dans les maisons et emporte tout ce qui tombe à sa portée. On le rencontre dans toutes les contrées polaires et, partout, ilest détesté des habitants auxquels il fait mille niches. Il a l'habitude de cacher les aliments qu'il dérobe, avant de s’en repaitre, « La première impulsion du Renard, quand on lui donne de la nourriture, raconte le capitaine Lyon, est de la cacher aussitôt que possible, même s'il a faim et même s'il est seul et n’a point auprès de lui de compagnon de captivité dont la probité pourrait lui inspirer des doutes. Dans ce cas, il fait grand usage de la neige : rien de plus facile que de l’entasser par-dessus la provision cachée, puis de la presser forte- ment avec le nez, J'ai souvent observé mon Renard user d’un stratagème ingénieux, quand il n'avait pas de neige à sa disposition : il prenait toute sa chaine dans sa bouche, puis l’enroulait sur elle-même soigneusement, à terre, de manière à cacher la viande, En s’éloignant, satisfait de la besogne accomplie, il déroulait sa chaine, naturellement, et découvrait la viande; alors ilse remet- tait à la besogne avec beaucoup de patience, la recom- mençant jusqu'à cinq et six fois de suite jusqu'au moment où, irrité de cette affaire, il finissait par se résoudre à avaler sa proie sans l'avoir, au préalable, rendu plus appétissante par un séjour sous terre. » Le Renard bleu est donc un des rares carnassiers fai- sant des provisions. Il cache dans des trous les lemmings qu'il a tués d’un coup de dent et ne s'en repait qu’au bout d'un certain temps. H.-W. Feiden raconte avoir ainsi . trouvé des cachettes de 20, 30 et même 50 lemmings, À défaut de petits rongeurs, il s’adresse à des moules d’eau douce. ù ‘ Seul entre les canidés, il émigre en bandes nom- breuses, presque toujours à la suite de celles des lem- .mings, dont il fait un véritable carnage. En temps ordi- naire, il vit un peu partout, mais souvent dans le voisi- nage des villages; comme il ne fait de mal à personne, on le laisse vaquer en paix, tout en l’éloignant quand il manifeste trop de curiosité et cherche à pénétrer dans les maisons pour y dérober quelque objet, par exemple ! un pantalon ou des chaussures, objets ne pouvant lui : être d'aucune utilité. « Ces animaux, dit Brehm, ne sont pas trop mal partagés sous le rapport de l’intelli- 3 E: LE NATURALISTE 251 gence, mais ils présentent dans leurs habitudes des con- tradictions si frappantes qu'on ne sait-souvent à quelle opinion s'arrêter sur leur compte. Tous ceux qu'on à observés faisaient preuve de ruse, de jugement, d'habi- leté, et, d'un autre côté, montraient une bêtise que l’on ne voit chez aucun autre animal, J'ai pu moi-même m'en convaincre. À Doverspeld, mon chasseur norwé- gien et moi, nous rencontrâämes après le coucher du soleil un Renard bleu; nous fimes feu sept fois sur lui ; la nuit qui tombait nous empêchant de le bien viser, nous le manquâmes; loin de prendre la fuite, il nous suivit encore pendant vingt minutes comme l'aurait fait un chien bien dressé, et ce n’est que lorsque nous fùmes “arrivés hors des rochers qu'il jugea à propos de faire retraite ; nous lui jetâmes des pierres qui l’atteignirent, sans lui faire activer sa marche. Mon chasseur me raconta qu'il avait souvent attrapé avec ses mains de ces renards qui étaient venus s’asseoir devant lui, en le regardant avec curiosité ; une fois même, ils rongèrent la peau de renne dans laquelle il était enveloppé; tous les hivers ils pillaient sa cabane qui était isolée dans la mon- tagne, et il était obligé de prendre toutes sortes de me- sures pour se garantir de ces animaux. Il ne cite ces faits qu’en passant, pour montrer que partout le Renard bleu est le même. » Steller donne des détails encore plus typiques sur les mœurs de ce singulier animal, « Les seuls quadrupèdes, dit-il, que l’on trouve dans la terre de Behring, ce sont les Renards bleus qui y sont certainement arrivés apportés par les glaces et qui, se nourrissant de ce que la mer rejette sur la plage, s'y sont multipliés d’une manière incroyable, Pendant le malheureux séjour que nous y fimes, j'ai eu toute occasion d'observer les mœurs de cet animal, qui surpasse de beaucoup notre renard en impudence, en adresse et en ruse, Les tours qu’ils nous ont joués ne sont comparables qu'à ceux des singes d'Albertus Julius, à l'ile de Sarambourg. Le jour comme la nuit, ils pénétraient dans nos habitations, y volaient tout, même des choses dont ils ne pouvaient se servir, des couteaux, des bâtons, des sacs, des souliers, des bas. des bonnets, etc. Ils enlevaient de dessus nos tonneaux de provisions un poids de plusieurs livres, et y volaient la viande, et cela avec un tel art qu'au commencement nous ne pensions pas à les accuser de ceslarcins. Quand nous dépouillions un animal, nous tuions toujours deux ou trois renards à coups de couteau, ils venaient nous enlever la chair jusque dans nos mains. Enfouissions- nous quelque chose, même profondément, en la revétant de fortes pierres, ils poussaient les pierres à côté en s’ai- dant les uns les autres; la mettions-nous sur une co- lonne élevée, ils la minaient en dessous, la renversant. ou bien l’un d'eux y grimpait comme un chal ou un singe, et jetait en bas ce que nous voulions ainsi conserver. Ë Ils observaient toutes nos actions, nous accompa- gnaient partout. La mer rejetait-elle un animal, ils le dévoraient avant qu'un de nous eût eu seulement le temps d'arriver; s'ils ne pouvaient tout manger, ils enle- vaient le reste à nos yeux, le transportaient dans la montagne, l'y enfouissaient sous terre; pendant ce temps, les autres faisaient sentinelle pour signaler l'ap- proche de l’homme. Si quelqu'un s’approchait, ils creu- saent tout le sol, y enterraient un castor, un ours blanc, et si bien qu’on n'en pouvait plus trouver la place, La vaient nos bonnets, nos gants, les peaux qui nous ser- vaient de couvertures; nous nous couchions sur les cas- tors que nous avions abattus pour qu'ils ne vinssent pas nous les voler, et sous nous ils leur dévoraient les en- trailles ; nous ne nous endormions qu'avec un bâton sous la main pour pouvoir chasser ces hôtes incommodes. Lorsque nous faisions une halte, ils nous attendaient, jouaient mille tours sous nos yeux, puis, s’'enhardissant de plus en plus, s'approchaient jusqu’à ronger le cuir de nos chaussures. Si nous nous couchions comme pour dormir, ils venaient nous flairer au nez pour voir si nous étions morts où non ; si nous retenions notre souffle, ils cherchaient à mordre, A notre arrivée, ils mangèrent à nos morts ie nez et les doigts pendant que nous creu- sions leurs fosses; ils attaquèrent aussi nos malades et nos blessés. Chaque matin, on les voyait courir au milieu des phoques et des ours blancs qui étaient couchés sur le rivage, sentir s'ils étaient morts ou endormis, et quand ils trouvaient un cadavre, ils se mettaient aussitôt à le dépecer. Les phoques, pendant la nuit, écrasent souvent leurs petits : les renards le savaient bien, et tous les matins ils allaient inspecter chacun l’un après l’autre et enlevaient les morts. Ils ne nous laissaient reposer ni jour ni nuit; cela nous aigrit et nous irrita au point que nous les tuions tous, jeunes et vieux; nous les tourmentions, les martyrisions de toutes les manières. Le matin, en nous réveillant, nous en avions toujours deux ou trois assommés à nos pieds; et pendant tout mon séjour, j'en ai bien abattu deux cents à moi seul. Le troisième jour après mon arrivée, j'en tuai en trois heures plus de soixante-dix dont les peaux servirent à garnir le toit de notre cabane. Ils sont si voraces qu'on pouvait d'une main leur tendre un morceau de viande, et de l’autre leur donner un coup de hache. Nous nous tenions à côté d’un ca- davre de phoque, armés de bâtons, fermant les yeux, faisant semblant de ne point voir; ils arrivaient aussitôt, se mettaient à manger, et s'y laissaient assommer sans qu'aucun essayât de fuir. Nous creusions un trou, dans lequel nous jetions de la viande; à peine avions-nous les talons tournés, que déjà le trou était plein de renards, qu'il nous était facile d'assommer à coups de bâton. Nous ne tenions aucun compte de leur belle fourrure, nous ne les dépouillions même pas, cependant nous étions avec eux en guerre continuelle comme avec nos plus grands ennemis, Tous les matins, nous trainions par la queue, devant la caserne, sur la place d'exécution, ceux que nous avions pris vivants; aux uns on leur coupait la tête, aux autres on leur brisait les membres, à d’autres en core on leur crevait les yeux, où bien on les pendait deux à deux par les pieds, et ils se mordaient alors l’un l’autre jusqu'à la mort; on brülait les uns, on faisait périr les autres à coups de fouet. Le plus amusant était d'en tenir un par la queue et de la lui couper, tandis qu'il tirait de toutes ses forces pour se sauver; il faisait alors quelques pas, et tournait plus de vingt fois en rond. Cela ne les éloignait cependant pas de nos habitations, et finalement on en vit dans l’île un grand nombre sans queue, Où Courant sur deux ou trois pattes. Quand ils ne pouvaient se servir d’un objet nous ap- partenant, d'un vêtement par exemple, ils urinaient dessus, et aucun ne passait sans faire la même chose. On peut bien conclure de cela que ces animaux ne savaient nuit, lorsque nous dormions en plein air, ils nous enle- U pas ce que c'était que l'homme, et que la peur de RES De. À D PPT he dd de PL TR OR AVS ER CORTE EEE RES RS ER SRE RE RESTE CORRE GE OS LE -NATURALISTE l’homme n’est pas chez les animaux un sentiment inné, mais bien une idée acquise, » Dans les régions tout à faif sauvages, les Renards bleus se creusent des terriers, autant que possible abrités par une roche. Les mères adorent leurs petits et les défen- dent avec courage quand on veut les prendre. Mais, sou- vent, elles ne font qu'attirer l'attention sur eux en allant au-devant du chasseur et en aboyant comme un petit chien. Les mâles se livrent entreeux des combats violents ; avant d'en venir aux mains,ils miaulent, puis se jettent l'un sur l’autre et se mordent jusqu'à ce que l’un d'eux reste sur le carreau. Mais cela n’a lieu qu'à une période de l'année. On les capture à l’aide de trappes ou en les cherchant à coup de bêche dans les couloirs qu'ils se creusent dans la neige, Aussitôt découverts, le chasseur les saisit par la queue et, les faisant tournoyer, leur brise la tête contre une pierre. C'est la célèbre société pour l'exploitation des four- rures, l'Alaska Commercial Company, qui en a tenté l’éle- vage, aux environs de Kadiak, dans des iles devenues ainsi de véritables a fermes de Renards bleus ». Les fermes, dit M. Henri de Varigny dans la Revue sicentifique, sont très simples à la vérité. L'élevage consiste essentiellement en ceci : que la Com- pagnie nourrit ses renards durant la mauvaise saison; qu'elle les protège contre leurs ennemis naturels, et ne les capture et tue que dans les conditions qu'elle a prescrites. Pour être en état de surveiller ses protégés, elleles place dans des conditions telles qu'ils ne puissent se dérober, Elle en a capturé un certain nombre sur terre ferme, et elle en à introduit quelques couples dans un certain nombre d’iles, où l'espèce n'existait pas auparavant, et d’où ils ne peuvent s'échapper. Et elle pourvoit à leurs besoins en créant des stations dans ces îles, où des employés spéciaux vont porter des aliments destinés aux animaux. Ces aliments consistent principalement en poisson, frais ou desséché, ou bien conservé ‘dans l'huile; pas de poisson salé; on croit qu'il nuirait à la beauté de la fourrure. Ce poisson est abandonné tous les jours de l’année aux mêmes endroits; les renards es connaissent et viennent y chercher leur pâture, Très ingénieusement, la Compagnie fait disposer cette nour- riture dans des trappes qui ne sont point agencées pour la capture. Les animaux s’habituent donc à celles-ci le mieux du monde; ils y entrent sans aucune défiance, et le jour où lon veut les prendre, on fait le nécessaire, on dispose la trappe de manière qu'elle se referme, et le tour est Joué de la manière la plus simple, Les aliments sont donc fournis aux renards toute l’année durant: on en donne autant qu'il en a besoin, en jugeant des exi- gences des renards d’après la rapidité avec laquelle ils consomment ce qui leur est offert. C’est en mai, juin, juillet, qu'on donne le plus de provisions; car c’est le moment dela mise-bas, et par conséquent le moment où les femelles ont besoin de beaucoup d'aliments. Quand le pelage est dans la condition voulue, on attrape les renards de la manière qui vient d’être dite, en met- tant les trappes en état de fonctionner. Les femelles sont épargnées, pour favoriser la multiplication; elles sont remises en liberté après avoir été marquées d’un coup ae ciseaux dans le panache caudal; les mâles qui pré- sentent une fourrure satisfaisante sont tués. Pourtant on remet aussi en liberté quelques mâles particulièrement beaux pour améliorer la race. Il convient de remarquer que les renards ne vivent pas seulement des provisions qui leur sont fournies. Ils se nourrissent aussi de ce qu'ils trouvent, ce qui leur fait un menu varié. Car ils se promènent sur le rivage et récoltent ce que la mer veut bien leur apporter sous forme de poissons morts. Ils font la chasse au saumon; ils suivent les ours et se repaissent de ce que ceux-ci n'ont pas voulu ; ils donnent la chasse aux petits rongeurs, aux souris en particulier, qui, dans certaines iles, dans certaines fermes, ont entièrement disparu. On ne donne pas communément aux renards les parties les plus recherchées du poisson ; mais enfin c’est surtout de saumon qu'ils sont nourris; des têtes, des intérieurs, enfin tout ce qui n’est pas séché ou conservé pour la consommation de l’homme. Il semble que tous les renards ne sont toutefois pas également sensibles aux bons et aux mauvais procédés de l’homme. Car, dans la plupart des iles, il est des individus qui ne consentent point à venir prendre les aliments que l’homme leur distribue et qui évitent ceux-ci et les trappes, vivant uniquement de ce qu'ils arrivent à trouver eux-mêmes. Les renards des fermes sont assez nombreux pour qu'on les aperçoive en se promenant; ils sont du reste curieux et sans grande timidité. Dans une ile du détroit du Prince- William, il y a une ferme de 50 à 60 adultes qui sont nourris de saumon et de flétan ; inutile de leur offrir de la morue : ils n'en veulent pas. Là, on les a habitués à venir chercher leur pâture dans une petite maison qui sert de trappe au moment où l’on veut les prendre, c’est- à-dire pendant la courte période où le pelage est le plus beau, du 20 décembre au 10 janvier à peu près. » À l'ile Saint-Georges, on a cherché à augmenter la quantité de Renards bleus en leur donnant de la nourri- ture pendant la mauvaise saison où leur existence est bien précaire. On à bien réussi en leur donnant des biscuits additionnés d'huile de phoque, ainsi que des cadavres entiers de phoques. Ceux-ci sont donnés sur- tout au moment de la capture : on sait que le pelage n'est vraiment beau que du 20 décembre au 10 janvier environ. Un peu avant cette courte période, on les habitue à venir se repaître en un point déterminé, où, ensuite, il est facile de les capturer. Pour ne pas effrayer les sur- vivants avec le sang de leurs congénères voués au trépas, on va tuer ceux-ci dans un bateau, en mer. HENRI COUPIN. —— ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 15 oclobre 1900. Sur la morphologie de l'appareil respiratoire de la larve et de la nymphe du Bruchus ornaltus Bôhm (M. L.-G. SEURAT). — La larve et la nymphe du Bruchus ornalus pré- sentent dans la morphologie de l'appareil respiratoire un certain nombre de particularités qui les distinguent très nette- ment de celles des Curculionides : ‘ce sont la forme arrondie des stigmates, qui sont en même nombre et placés de la même façon que chez les Curculionides; l'existence d'un anneau pro- thoracique complet réunissant les troncs latéraux; celle de dix anastomoses transversales latéro-ventrales, dont trois thora- ciques; les anastomoses latérales des troncs latéro-dorsaux abdominaux (chez les Curculionides, ce sont les troncs latéro- ventraux qui présentent ces cn Roses et enfin la longueur moins grande des troncs longitudinaux latéraux, qui, chez les Curculionides, se continuent jusque dans la région antérieure du onzième segment du corps. Les différences sont encore plus accentuées si l’on ne considère que les larves : les larves des Curculionides (Calandra orizæ L., Baridius chlorizans Germ.) n'ont pas de trachées dilatées en ampoule, et les troncs stigma-. tiques de la neuvième paire ont une origine normale, LE NATURALISTE 25e » Je OFFRES ET DEMANDES S’adresser pour les collections et lots ci-après indiqués à Les Fils D’Emile Deyrolle, #6, rue du Bac, Paris: Collection de Coléoptères d'Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 1.730 es- pèces, 4.700 exemplaires renfermés dans 25 boites doubles, en bois verni, mesurant 35 X 28 X 9. Cette collection, formée par M. Silbermann, a servi à établir le catalogue des Coléoptères d'Alsace et des Vosges que cet entomologiste a publié en collaboration avec M. Wencker, L'état de conservation des insectes est excellent; l'étiquetage, fait très soigneusement, donne des noms rigoureusement exacts et des rensei- gnements sur la rareté des sujets, ainsi que le nom des plantes sur lesquelles se trouvent habituellement les espèces. Des espaces laissés vacants permettent d'aug- menter la collection sans lui faire subir de remaniements. Le catalogue de Wencker et Silbermann accompagne la CONCOMBRE ete is 500 francs. Collection de Macro- et Microlépidoptères d'Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 595 espèces, 1.123 exemplaires de Macrolépidoptères, et 84 espèces, 151 exemplaires de Microlépidoptères, le tout enfermé dans 26 boites. Plus le catalogue des Lépidoptères d'Alsace, par H. DE PEYERIMHOFF. Cette collection est identique comme boites et plan de classification à la collection de Coléoptères. Bonnes ÉSDÉCES MIA NE ee entueies ee daéioie e7 400 francs. Nota. — Les deux collections prises ci-dessus en- semble seront comptées au prix de 800 francs. Collection de Cicindélides et Carabides euro- péens. 381 espèces, 1.324 exemplaires, 19 cartons. PRÉ M Len nn. ... 85 francs. Collection de Staphylinides à Hétérocérides inclus. #19 espèces, 1,195 exemplaires, 17 cartons, RTS A een ele email De MANS ere de 95 francs. Collection de Lucanides et Lamellicornes eu- ropéens. 225 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons. 18e AE RE MEN lors a ae 65 francs. Collection de Buprestides et Elatérides euro- péens. 136 espèces, 403 exemplaires, 7 cartons. BARS ne en ut RAR ED STE GE DUR 45 francs, Collection de Malacodermes et Térédiles eu- ropéens. 100 espèces, 281 exemplaires, 5 cartons. DB TRE AR A TE RL NRA ESC IET 25 francs. Collection d'Hétéromères européens.148 espèces, 350 exemplaires, 10 cartons. Prix....... 40 francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens. 368 espèces, 951 exemplaires, 15 cartons. RAPIDE De ORNE AE NO PES AIDE 95 francs. Collection de Longicornes européens. 173 es- pèces, 593 exemplaires, 10 cartons. Prix. 65 francs, Collection de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 362 espèces, 1.490 exemplaires, 15 car- LONS PER RER rte SIA Re 95 francs. Nota. — Les collections ci-dessus désignées sont ren- fermées dans des cartons presque neufs, mesurant 26 X 19 X 6. Doubles de Coléoptères européens provenant des collections ci-dessus annoncées. Environ 1.100 in- dividus, en partie nommés, renfermés dans 14 cartons 26 X19% 6, vitrés et non vitrés. Prix... 50 francs. Lot de Carabiques européens : Harpalides, Féronides, Anchoménides, Bembidiides. 300 espèces, 830 exemplaires, 4 cartons doubles. Prix... 50 francs. Lot de Lamellicornes européens. 140 espèces, 500 exemplaires, 2 cartons doubles. Prix. 40 francs. Lot de Malacodermes européens. 170 espèces, 500 exemplaires, 3 cartons. Prix........ 40 francs, Lot de Ptinides et Anobiides européens. 54 es. pèces, 178 exemplaires, 2 cartons. Prix. 20 francs. Lot de Vésicants européens. 110 espèces, 305 exem- plaires,2 cartons 33 X 922, Prix... .... RD OMrAnCse Lot de Chrysomélides européennes : Halticides, Hispides, Cassides. 110 espèces, 380 exemplaires, ARCANLON SOC 20 PTIT UN ET 35 francs. Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Sagra à Cryptocephalus inclus. 200 espèces, 540 exemplaires, 5 cartons. Prix........ 60 francs. Lot de Chrysomélides européennes et exo- tiques : Pachybrachrys à Zygogramma inclus. 210 es- peces, 680 exemplaires, 6 cartons. Prix.. 60 francs. Lot de Cassides européennes et exotiques. 65 espèces, 156 exemplaires, 2 cartons. Prix. 50 francs. Staphylinides provenant des anciennes collections Reiche : Lot n°% 1 à 13 inclus. Environ 410 espèces représentées par un grand nombre d'exemplaires, 15 cartons. Re ce mt le a Ce eo a 70 francs. u Lôt nos 15 à 23 inclus. Environ 267 espèces, grand nombre d'exemplaires, 10 cartons. Prix... 40 francs. Lot n°S 26 et 26 bis, 4 cartons contenant un très grand nombre de doubles en partie nommés. Prix, 25 francs. Lot de Staphylinides du Missouri.65 espèces, 190 exem- Diaires Carton, Prix A Fe Re Ne, 10 francs. Comme toutes les anciennes collections, celles de Reiche laissent à désirer comme classement et comme préparation; mais elles conservent une valeur scienti- fique indiscutable du fait que toutes les espèces ont servi, aux entomologistes les plus célèbres, pour la ré- daction de leurs travaux. Lot de Lépidoptères du Venezuela. 500 Papil- lottes. Excellente occasion. Prix........ 125 francs. S'adresser pour les lots et Collections ci-dessus à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. — On demande : Pontes, larves, nymphes, et toutes autres pièces se rapportant à l’évolution des insectes utiles et nuisibles, sauf Lépidoptères. (S'adresser aux bureaux du journal.) — On demande des Minerais de plomb: Galène à grandes facettes, Galène à petites facettes, Galène argen- tifere. Donner prix par 100 kilogr. (S'adresser aux bureaux du journal.) — On demande un ouvrier ostéologiste, S'adresser à Les Fils D'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. — À vendre: La Feuille des jeunes naturalistes, revue mensuelle d'histoire natuelle, collection complète de 1870 à 1891, soit 21 années, en feuilles, prix 45 francs. (S'adresser aux bureaux du journal.) — À vendre. Un exemplaire du Genera des Coléoptères d'Europe de J. du Val et Fairmaire, pl. col., bel ex. PRIX STE ee te eh lereiele dise 180 francs. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. —- IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. AE Var à: RER RER Se me ee TT eme any Te ee eyes CRETE MN PL TESTS RS M CONS ED PRES PRES SA TASER PE ALES ES Er LE NATURALISTE "LHAATOOH LNVLSNO”) (ouuns y) ‘u9p{op,p on80je)e9 9[ SUeP S27nN/nPTD UOU 9 5270709 g1qdea8o}10 19 oau98 09 (€) “quespnpy aed guuop 919 1ssne v anoç imb soua/norsa4 ep wou of no, (2) “anbr$oçoydiou anoçea ojneg es juorauoo jrnb jueyne querooadde ue qnoj ‘rates juiod souwos uo snou ou snou 19nbanod 359,9 ‘saJiout s009d$0 0] Ans OIIOUJIP UOTEOHTI9A AUN,p JUETAP ‘SOJUEATA soogdse So ans do410$qO % el19ej s91) ‘o19J08480 09 SU SUOTJASE(] SP SUSIUORIEIT SO, 1208 -u1}s1p anod 1oKodure € 9197908189 Ano[[TUr 2[ JtRIOS Ssatjiosxo So[nouodeo sap oouoso9id er] (J) COR Eee CORTE — (L71 39) sJounistp uorq so[9 -1j1e Yf OP S99WIOJ souuoqu y !Y ‘1H sn1901edy OF DE Poe oe. *(91r Sy) squoredde Sa[91JIE (I 9P S99WHIOF SaUU9UY ‘(a "sn af OJOUQUT 10 70900 wap ur uobunynstoqun uamydnibououz) OY8Y u° uosqorrg ad sogio 939 quo ‘(-dso g) sdopfozx, ‘(‘dso g)(g) sagopon ‘(‘dso 3) sagsaroqy ‘(‘dso c) sndoreyn ‘(‘dso 8) snægqa ‘(‘dso y) snwoosogquy ‘(‘dso Gy) snpey Soiuos so ‘Sa]n041 Sp pioq np no Soraiead Sop saquoy So[ Jueqoney uo oouepuoqe uo juaanos puoad uo j onb so29dso 6x uoaraue juou -9[pon)9e OUHOJUOI OUQU-IN] 91098 97 ‘(ELLE ‘WNAOJPIYMNIA DUOIS/S) SULOIIQRA Jed 9919 juotuoatrund ‘snty9erex 21098 np Suodop xne si]qeJ9 979 JU0 sno7 mb ‘xnediound soiuo8 op eurezumb oun puordwuos nqu 8j ‘o[quiesus uos sue *(3) AAUOLOA ® 117410$ o4tey juaanod spi nb*{(sanauouno) soSnoux sopnoiso4a op ‘sdioo np S9)09 soj Ans ‘oouosgad ej sed jnoqans Jo sorqe]8 S91JÂ9 Sino[ aed $s9s119798409 JuOS nqiy 97799 Juosoduo9 mb sopoosut so SNSIHOVIVN — "NSIAL il “Cerr'$y)soquerrres s9109 op sorudes sreurel sretu ‘ojruoayxo ane e soossrd stojonbronb ‘soorir -urod juoweuy no sossty ‘soaqe|8 onbsoad soaj{s /& SNAILASVO G) SNHHOVIVUA *(s1q 787) (s24/apr) sareurpnyt8uor s209 sogrjod op soouxo so1ÂTT RE Anne, ‘8t) syu99 -soqnd eutod r no sorqe]é seajÂts J9 sdao9 si ‘(#17 39) sonubrdde osna -[IV99 ooue9soqnd oun,p no Sossoip. s[tod s$uol 9p 3194009 s94Âf9 39 sdxo9 SNAILASVO “Jo4edos so e sosnyoi quos os ‘oymag op 9[duoxo j à ‘sanaqne,p dnooneoq onb soprioydo[og SOj 2048 Sooue[quuoSSoI SOpUBAS IS 9P JUOIJO SOPILUICICE S9'T “suonñsnq SOI 39 SUMIMDIT S2I : SUEIIY XN9P u9 suredor 979 quo ‘sindop s29940 e uo nb sodn09 sosnolquiou So 2048 ‘S94U98 S97) “RGLT uo sagAseg oauo8 o7 emnole À pnyfeq ‘ sue 1° e16AZ ‘SnIU9EIEN : °I[UC] 07109 SUP Juowoqnos Saiuos £ PNBUHSIP JIUAB SNIOTI,] “onbroavored ouney ej 8 juouuorredde ‘surour ne ‘sion Xn9p Se] quop sa9ads9 00€ ep snjd puordwos mb opqruuey oun jueudoy SI XNEJ9894 SO ANS juouuwuonboiy aaquoouox uo | onb SI91SSRUIRI S9729SU1 S9p JUOS SAPIIUIR]EH S9'T CGYST “TOJNM O1Q ‘voernisnv tune) ‘Œue}po4 SHOIIHOV'IVN — IA SATIAUNLVN SHINAIIS SA HNYLIOQ LHATINOH FU8ISU0D HVd HONVAAI AU SHAALdOMIO) S4xq HAULSAQTII HAOILAIVNV VHHNHD - faible courbure dirigée de droite à gau- 29° ANNÉE 9% SÉRIE — N° 329 15 NOVEMBRE 1909 OIE DOMESTIQUE A TÊTE ANOMALE J'ai eu l’occasion d'acheter à un cultivateur, à Gom- merville (Seine-Inférieure), près de Saint-Romain-de- Colbose, une oie femelle dont la tête offre une curieuse anomalie que je décris etreprésente dans cet article. Cette Fig 4: D oie, qui était de la race domestique ordinaire, à plumage gris et blanc, provenait d’une couvée éclose en mars 1899, et composée de huit jeunes, dont les sept autres étaient normaux. Pendant plusieurs mois, j'ai conservé cette oiïe, la montrant à des naturalistes, et, finale- ment, je l’asphyxiai par le chloroforme. Cette oie n'offrait extérieurement aucune autre partie anomale que sa tête, etl'examen anatomique, non minu- tieux, que j'ai fait de son corps, ne me révéla pas d'anomalies internes d’une certaine importance. Les deux figures ci-jointes sont la reproduction directe des photographies que j'ai prises de cette tète anomale, et la représentent aux quatre septièmes de la grandeur naturelle. La figure 14, reproduction d’une photographie faite aussitôt après la mort de l'animal, montre la tête telle qu'elle était pen- dant la vie. et la figure 2 représente l'anomalie disséquée. La tête et le bec sont très légèrement dissymétriques par rapportau plan ver- tical passant parleur grand axe médian. Cette dissymétrie consiste en une très che, de la partie antérieure du bec à la partie postérieure de la tête. - Sauf cette dissymétrie, la tête et la mandibule supé- rieure sont normales. L’anomalie consiste dans la moitié antérieure de la langue qui, au lieu de se trouver entre Le Naturaliste, 46, rue du Race, Paris. les deux mandibules, est logée dans une poche membra- neuse existant au-dessous de la mandibule inférieure, comme on le voit très nettement sur la figure 1. Cette poche membraneuse est double, se composant d'une poche externe constituée par l'extension de la couche externe de la membrane reliant les deux branches de la mandibule inférieure, et d'une poche interne formée par la couche interne de cette mem- brane, et renfermant la moitié anté- rieure de Ja langue, dont le premier üers est libre dans cette poche interne. La poche externe, d’une teinte pâle, est nue sur les côtés et en dessus, et garnie, en dessous, de très courtes plumes blanches, Quant aux poches externe et inter- ne, elles étaient unies par des brides de tissu conjonctif. De temps à autre, l'oie faisait exé- cuter des mouvements de protraction et de rétraction à sa langue, et par suite à la double poche. En outre, la conformation anomale de la partie anté- rieurê de sa tête avait déterminé une particularité dans sa manière de pren- dre la nourriture, ci, pour ce faire, elle inclinait la tête de côté. Le figure 2 montre la partie ano- male disséquée, la moitié antérieure de la langue étant refoulée, avec la poche interne, entre les deux mandi- bules, tandis que, sous la mandibule inférieure, se voit la poche externe qui, alors, est vide. Il convient d'ajouter qu'il existe, à la partie antérieure de la poche externe, une petite éminence arrondie et de quelque dureté, sorte de kyste bien visible sur la fig. 1. Eros? Quant aux papilles cornées qui se trouvent aux deux bords de la langue (fig. 2), elles existent normalement à la langue des oies. Dans les travaux tératologiques que j'ai consultés, je n'ai trouvé ni la description, ni la représentation de cette curieuse anomalie. J'ai lieu de penser qu'elle est très rare, et je suis heureux de la faire connaitre aux lecteurs de ce journal. HENRI GADEAU DE KERVILLE. LES RACES DU SÉNÉGAL ET DU SOUDAN Voici, d'après le docteur Lasnet, médecin de première classe des colonies, auteur d’une notice très documentée sur les races du Sénégal, leur répartition géographique : Maures. — Les Maures habitent la rive droite du Sénégal depuis Bakel jusqu'à la mer; leur limite est rigoureusement fixée au Sud par le fleuve qu'ils ne doivent pas dépasser (traité de 1858 avec Faidherbe). Ils sont divisés en un grand nombre de tribus dont les plus bre sont : les Trarzas, les Braknas, les Douaïchs. Les Trarzas occupent un espace d'environ 400 ki- lomètres sur le bord du Sénégal au-dessus du Oualo; Dagana est l’escale où ils apportent leurs marchandises. Les Bras s'étendent sur un espace double en longueur, au nord du Dimar et du Fouta ; leur escale est Podor. Les Douaichs occupent une région à peu près aussi étendue au nord-est du Damga, et viennent faire leurs échanges à Kaédi. Au nord de ces trois groupes se trouvent les oasis de l'Adrar et du Tagant, qui entretiennent quelques relations avec le gouvernement du Sénégal, et diffé- rentes tribus qui viennent rarement aux escales Ouled-Nasser, Ouled-Taïd, Ouled-Allouch, Ouled-Embareck, Sidi-Mahmoud. Le chiffre très approximatif de la population maure est de 80.000, tous musulmans. Peuls. — Les Peuls, Pouls, Fellahs, Foulas, Foulbès, très ré- pandus dans l'Afrique septentrionale, forment une longue trai- née depuis le lac Tchad jusqu'au Sénégal; ils sont épars en tribus plus ou moins puissantes, depuis le Darfour jusqu’au Fouta, le plus souvent très clairsemés et perdus au milieu des races noires. Au Sénégal, ils constituent la majeure partie de la population de la haute Casamance et de la haute Gambie, sont mélés aux Toucouleurs dans tout le Fouta, et forment de nom- breux groupements disséminés en pays Ouolof. Leur population peut être estimée à 110.000, dont 80 000 sont musulmans et les autres fétichistes. Les Laobès, inséparables des Peuls, quoique de race diffé- rente, sout par groupes épars au milieu des populations étran- gères ; ils sont environ 40.000, dont la moitié sont musulmans et les autres fétichistes. Toucouleurs. — Les OU couleurs forment la plus grande partie de la population du Fouta, sur le moyen Sénégal, depuis Bakel jusqu’à Dagana ; ils occupent les provinces du Damga, du Fouta, du Toro, du Dimar. Ils sont tous musulmans, et Et nombre dépasse 100.000. Mandingues. — Les Mandingues habitent les bassins de la Casamance et de la Gambie; ils constituent la population do- minante du Niani, du Ouli, du Tenda, du Gamon; en Casa- mance, ils occupent le Pakao, le Boudhié, le Jacine, le Bras- sou, le Balmadou, le Sound; on les trouve aussi dans le Bou- ladougou et le Firdou mélangés à des Peuls, dans le Boudou mélés aux. Saracolès et aux Ouolofs, dans le cercle de Nioro avec des Sérères. Ils sont presque {ous musulmans. Sarracolès. — Les Sarracolès, autrefois nombreux et puis- sants, sont épars aujourd'hui au milieu des autres races; ils habitent de nombreux villages sur les bords du Sénégal, entre Kaëédi et Bakel, mais c'est entre Bakel et Bafoulabé qu’ils pré- sentent les populations les plus pures et les plus compactes; ils occupentles pays de Galam, Guidiaga, Guoye ; on en retrouve également éparpillés dans le Sud, au milieu des Mandingues et des Peuls, depuis les contreforts du Fouta-Djallon jusqu’au Bambouk. Tous sont musulmans. Khassonkès. — Les Khassonkès, métis de Maudés et de Peuls, vivent dans les environs de Médine, habitent le Khasso, le Gui- : dimaka, le Kamera, le Nadiaga; ils sont très mélangés de Sar- racolès, Bambaras et Toucouleurs; tous sont musulmans. Le chiffre approximatif des populations de race mandé qui LE NATURALISTE habitent le Sénégal jusqu'à la Falémé est AG 10.000 (Mandingues, Sarracolès ou Khassonkès). Ouolofs. — Le pays occupé par les Ouolofs come les provinces du Oualo, du Cayor, du Djolof et une partie du Baol. Il est limité au nord par le Sénégal qui le sépare des Maures: au sud, vers le cap Vert, il touche au pays des Sérères: à l'ouest, il donne sur l’océan Atlantique, et à l’est, sur le Fouta des Toucouleurs, couvrant un espace à peu près quadrilalère de 220 kilomètres nord-sud sur 150 kilomètres est-ouest, Dans le Rip, le Oui, le Bambouk, en Casamance(Carabane et Sedhiou), on trouve en outre de nombreuses agglomérations de la même race, débris du vieil empire Djolof ou colonies de formation récente, constituées par des traitants venus pour échanges et installés définitivement dans le pays. Le nombre des Ouolofs est de 440.000, dont 2 ou 3.000 sont catholiques et tous les autres musulmans. Sérères. — Les Sérères s'étendent au sud du Cayor, depuis le cap Vert jusqu'à la Gambie, embrassant tout le bassin du Saloum et une partie de celui de la Gambie. Leur territoire, qui mesure 12.000 kilomètres carrés, comprend les régions du Baol, du Sine et du Saloum; ils se divisent en deux grandes fractions : les Sérènes None du cap Vert à Joal sur Ja côte et les Sérères Sine dans le bassin du Saloum. La population sérère est d'environ 180.000 individus, presque tous fétichistes. Diolas. — Les Diolas occupent la plus grande partie de la basse Casamance entre la Gambie et le Cachéo, jusqu'au Songrougou et à Zighinchor où commencent les Bamounkas : au nord, Se sont en rapport avec les Mandingues de la Gambie anglaise, au sud avec les races portugaises des Papels et des Mandiagos, à l'est avec les Baniounkas. Les renseignements que l'on possède sur leur nombre sont très incomplets : on peut estimer ce nombre à près de 80.000. dont quelques-uns sont chrétiens et tous les autres fétichistes. : Baniounkas. — Les Baniounkas occupent les deux rives de la Casamance, entre les Diolas à l’ouest, les Mandingues au nord-est, les Balantes au sud-est. Ils sont environ 25.000, dont la moitié complètement soumis aux Mandingues du Boud- hié et du Yacine et devenus musulmans: les autres, sauf quelques chrétiens, à Zighinchor, sont restés fétichistes. Balantes. — Les Balantes occupent la rive gauche de la Casamance, entre les Baniounkas à l'ouest et les Mandingues à faire des l'est; ils s'étendent au sud dans les hauts pays du Geba et du Cacheo. Le chiffre approximatif de leur population est de 15.000; tous sont fétichistes. SUR L’ABUS DES SUPPOSITIONS GLACIAIRES EN GÉOLOGIE La découverte, due à Agassiz et à ses collaborateurs, que des glaciers ont agi en beaucoup de cas dans des ré- gions d’où ils ont maintenant disparu est une des plus belles conquêtes de la géologie : ses conséquences ont été nombreuses et larges et ont permis de jeter du jour sur la condition de la surface du globe à différentes époques. Mais, comme il arrive si souvent pour les bonnes choses, on s'est plus d'une fois laissé aller jusqu’à l'abus des considérations glaciaires, et on n’a pas reculé devant la supposition d’une époque, d'ailleurs récente, où la plus grande partie des surfaces continentales auraient été couvertes d’une calotte glacée comparable à l’Inlandsis du Groenland, mais beaucoup plus vaste encore. Aussi avons-nous des cartes géologiques, et par exemple celle de la Suisse qui laissent au terrain glaciaire une surface représentant une importante fraction de la région entière qu'elles représentent. Des observations que j'ai poursuivies maintenant de-= puis plusieurs années me conduisent à protester énergi- quement contre ces conclusions irréfléchies et à tenter de LE NATURALISTE 257 ramener les esprits à une plus exacte interprétation des choses. Les arguments principaux sur lesquels on se base sur- tout pour reconnaitre le terrain glaciaire sont de deux catégories : d’abord la forme générale du sol, qui,suivant l’heureuse expression de Desor, constitue un paysage morainique, et en second lieu la présence dans les dé- pôts superficiels de galets polis et striés associés à de la boue et à du sable sans aucune stratification réguliere. Au paysage morainique appartiennent ron seulement des moraines de diverses catégories : frontales, margi- nales, médianes, profondes, ainsi que les blocs erra- tiques; mais des surfaces rocheuses polies, cannelées et striées. Les stries se retrouvent donc de tous les côtés, et Agassiz en était arrivé à dire que la découverte d’une strie sur une pierre suffit pour en démontrer l'origine glaciaire. Or, il y a très certainement à faire un choix parmi moraines frontales bien constituées comme bourrelets barrant des vallées ne se produisent pas, à ma connais- sance, de cette facon ; mais des amas faciles à confondre avec les moraines latérales ou avec des moraines pro- fondes en résultent au contraire très aisément. C’est ce que démontre l'observation de maintes localités de mon- tagnes ainsi que les résultats d'expériences qui ont été naguëre décrites aux lecteurs du Naturaliste. Celles-ci, sur lesquelles je ne veux pas revenir,ont montré non seu- lement l’origine des placages caillouteux, pris si souvent pour des moraines, mais celle de fragments rocheux de toutes tailles qui peuvent prendre toute l'apparence des blocs erratiques. Enfin, pour ce qui concerneles stries qui, au dire d’Agas- siz et de ses élèves, donnent aux galets de ces terrains le caractère le plus évidemment glaciaire, je rappel- lerai que ‘out concourt à démontrer qu'elles sont dues à un tout autre phénomène, intimement Hé à la dénuda- Ses ESS NRA NT Fig. 1. — Galet strié du terrain caillouteux {des Préalpes du canton de Vaud, recueilli à Blonay, près de Vevey. 1/2 de grandeur naturelle. Collection du Muséum. ces divers accidents, Pour ce qui est des surfaces polies, cannelées et striées des parois et des fonds de vallées, le plus souvent elles sont en effet glaciaires, et il n’y a guère à en distinguer que des miroirs de failles qui sont parfois au jour, mais qui sont d'habitude très faciles à reconnaitre, surtout à cause de leur forte inclinaison sur l'horizon. Des glissements de terrain en masse en ont aussi produit quelquefois,mais le fait est exceptionnel. Relativement.aux moraines et aux blocs erratiques, il y à évidemment lieu d'éviter des erreurs qui ont été très souvent commises, Il se trouve, en effet, comme j'y ai déjà insisté, que la glace n’est pas le seul agent de trans- port qui peut accumuler en certains points les matériaux hétérogènes constitutifs des moraines.Les épanchements boueux en font tout autant et dans bien des cas sur une échelle extraordinairement considérable, et avec une fré- quence qui fait de ce phénomène un véritable trait essen- üel de la physiologie des chaines montagneuses. Les tion souterraine. Sans revenir en détail sur ce point qui m'a déjà occupé dans ce journal, il convient cependant de résumer quelques observations tout à fait nouvelles et qui confirment pleinement les premières. Tout d'abord la figure 1 jointe à cet article reproduit d'après une photographie l'apparence d’un galet calcaire poli et strié recueilli aux pieds des Pléiades au-dessus du village de Blonay, à # kilomètres au ncrd de Vevey. On remarquera la prodigieuse abondance des stries et leurs directions extrêmement variées; il faut ajouter que toutes les faces des galets sont également polies etstriées. D'ailleurs, tous les galets calcaires contenus dans le sol sont semblables à celui-ci par l’état de leur surface, mais les roches plus dures, grès, granulite, serpentine, etc., ne sont pas striées ou ne le sont que d'une manière {tout à fait exceptionnelle. J'ai insisté sur l’incompatibilité de cette ubiquité des stries sur les galets calcaires avec l'hypothèse glaciaire, le striage par les glaciers ne pou- 258 LE NATURALISTE vant intéresser que la très petite minorité des matériaux constitutifs des moraines. Les géologues suisses n’ont pas voulu accepter ma conclusion, qui contrarie en effet les enseignements de la carte géologique ; mais l’un des plus distingués parmi eux, M. le D: Hans Schardt, professeur à l'Université de Neufchâtel, a tenté de concilier les faits d'observation avec la théorie, en émettant l'avis que les stries sont dues à un recouvrement du terrain caillouteux sous un glacier subitement accru et qui en a fait une moraine profonde. Il pense qu'alors l'écrasement de la masse suffit pour expliquer les stries. Mais, outre qu'on ne voit pas pour- quoi le glacier aurait subi cet accroissement sans laisser les traces (non striées en masse cette fois) de sa plus grande extension, il est clair que l'orientation générale des stries devrait indiquer celle de la pression supposée. Or on vient de voir que les stries sont dans tous les sens. D'ailleurs, la pression du terrain, aussi forte qu’on le sup- posera, mais sans écoulement, ne saurait produire la moindre strie et c'est ce que démontre l'expérience. Avant d'aller plus loin, il est d’ailleurs très utile d’intro- duire ici uneremarque qui, à elle seule, semble réduire à néant l'hypothèse que les stries des galets calcaires sont dues à l’action des glaciers :e estque si telle était en effet leur origine, si par conséquent elles dataient d’une anti- quité de quelques milliers d'années seulement, elles auraient depuis longtemps disparu par le fait de la cor- Fig. 2. — Tranchée ouverte suivant la ligne de plus grande pente à Brent, sur la rive droite de la baie de Clarens, Suisse. M, mollasse d’eau douce ; AB, région du terrain caillouteux où les galets calcaires ne sont jamais striés et sont accompagnés de lits boueux intercalés avec des inflexions rappelant la structure des deltas ; BC, régionou les galets calcaires très rarement striés sont uniformément mélangés à la boue; C D, région où les galets calcaires sont tous striés et uniformément associés à de la boue peu abondante comparati- -vement à la région BC. rosion réalisée par les eaux d'infiltration et qui sont tout naturellement chargées d'acide carbonique. Ce qui concerne les stries s'applique d’ailleurs, et a fortiori, au poli si remarquable des galets. J'ai fait disparaitre, en moins d'un an, le poli et la plupart des stries de galets que j'avais abandonnés dans la terre végétale à toutes les alternatives saisonnières. On voit donc qu'il faut chercher ailleurs que dans le mécanisme glaciaire non seulement la cause d’où dérivent les stries, mais encore celle qui a déterminé le pol. C'est pour cela que j'ai développé déjà ce résultat dans un article antérieur, que le striage des galets calcaires non seulement dans les placages caillou- teux des Préalpes, mais jusque dans les moraines les plus authentiques, comme celles des Vosges et du Jura, sont l'effet de la dénudation souterraine, et je n’aurais pas à y revenir si je n'avais à signaler, comme confirmation des plus précieuses, les particularités qui m'ont été offertes récemment par une coupe rencontrée inopinément et dont les détails principaux sont résumés par notre figure 2. Cette coupe a été prise sur la rive droite du torrent ap- pelé la Baie de Clarens, qui descend du pied $S. O. du mont Folly pour se jeter dans le lac Léman. Les travaux de la nouvelle route qui doit joindre Blonay à Charnex ont nécessité la coupure et l'exploitation d’un énorme placage de terrain caillouteux auquel on a emprunté des blocs pour les muraillements, des éclats pour le ma- cadam et du sable pour le mortier, Ce placage a été re- coupé en face de Brent-par une tranchée de 200 mètres de longueur dont les parois sont très instructives. Il se trouve en effet qu'au lieu d’intéresser le terrain qui nous occupe, comme dans les autres localités, tan- gentiellement au flanc des montagnes où l’on ouvre des routes avec une déclivité aussi faible que possible, on l'a recoupé cette fois suivant la pente du sol et il en est résulté des enseignements très précieux. Comme on le voit par la figure, cette ligne de pente est très inégalement inclinée suivant les points : tandis que de C en D'elle plonge très vite, de À en B au contraire elle est bien moins éloignée de la direction horizontale. Et la conséquence c’est que les eaux d'infiltration ruis- sellent dans la masse avec une activité très inégale ici et là et que le travail de la dénudation est très loin d’être uniforme d’un point à l’autre. Pendant que sur le flanc du coteau la soustraction des poussières souterraines est très rapide et que les tasse- ments consécutifs producteurs des stries sont continus et étendus, — plus haut, au contraire, ce travail est très modéré et peu sensible. Aussi, dans le premier cas, et toutes choses égales d'ail. leurs, voit-on la boue beaucoup moins abondante pendant que les galets calcai- res sont très richement striés, tandis que dans l’autre cas on observe des interca- lations de niveaux limoneux et un excès de boue qui, bien loin de présenter la structure des moraines, permet de retrou- ver des formes de deltas superposés; en même temps, on reconnait que les stries font défaut à peu près complètement. C’est au même ordre de faits qu'il faut rattacher l'apparence nettement stratifiée que présente de loin l’amas de terrain caillouteux d'En-Saumont, un peu au-des- sus de Brent, mais sur la rive gauche du torrent et que J'ai eu l’occasion de décrire il y a déjà plusieurs années. Tout le monde sent à quel degré ces faits, dont la vé- rification est facile, sont incompatibles avec l’hypothèse glaciaire et concordent au contraire avec ma nouvelle manière de voir. Eu effet, quelle raison pourrait-il y avoir pour que le nombre des blocs striés, si le glacier en était l'auteur, variât avec la distance au thalweg actuel dela vallée ? Au contraire, en rattachant les stries à l’intensité de la dénudation souterraine en chaque point, on aurait pu prévoir avec précision les faits observés; car cette inten- sité varie avec la forme du terrain en ce qui concerne le cube de matière dont elle détermine la soustraction et, par suite, en ce qui concerne la puissance des tasse- ments résultants. En somme, les arguments se multiplient si rapidement et leur éloquence est si grande qu’on peut prévoir comme très prochain le moment où les géologues restreindront beaucoup la zone d'action des glaciers disparus. STANISLAS MEUNIER. à L'IVRs La He Cane RE LE NATURALISTE 259 LA CHEMATOBIE BRUMEUSE (Chematobia Brumosa.) Depuis une dizaine d'années, plusieurs communes du département de la Seine-Inférieure ayant, un grand nombre de pommiers complètement ravagés par la che- mille verte de la chematobie brumeuse (chematobia bru- mata), je crois utile de faire connaître que ces chenilles proviennent d'œufs pondus sur les branches de pom- miers aux mois d’octobre et de novembre précédents. Ces œufs orangés, après avoir passé l'hiver, sur les- quels les intempéries de cette saison n’'exercent aucune action destructive, donnent naissance, à compter de la mi-avril jusque vers la fin de mai, à une chenille, qui tout aussitôt se met à dévorer les bourgeons, puis les feuilles, et s'attaque même à l'écorce, faute de mieux. Cette chenille est, au sortir de l’œuf, d'une couleur noire verdâtre et mesure environ { millimètre de lon- gueur. Après sa première mue, elle est d’un vert grisâtre, sa tête et l’écusson de la nuque sont noirs. Lorsqu'elle est parvenue à son entier développement, elle mesure alors de 15 à 20 millimères de longueur. Sa tête est d'un brun clair et luisant, sa ligne dorsale devient fine et foncée et s’entoure de chaque côté d'une bordure blanche. Mais elle peut varier du vert au rose, suivant qu'elle a mangé des feuilles ou des pétales. Les pommiers ravagés par cette chenille ont un aspect lamentable ; complètement dénudés, ils semblent avoir subi les atteintes d’un violent incendie. La chenille de la chematobie continue ses dégâts avec une voracité étonnante jusque vers le 10 juin, époque où elle atteint son entier développement; elle se laisse alors descendre à terre au moyen d'un fil de soie semblable à celui d’une araignée et s'enfonce sous le gazon à une profondeur de 5 à 6 centimètres entre les radicelles de l'herbe; puis, après avoir changé de peau, elle se trans- forme en une chrysalide et reste en cet état fout l'été et une partie de l’automne. Cette chrysalide est d’un brun jaune et armée à sa pointe de deux petites épines tournées en dehors. À compter du 15 octobre jusque vers le 25 novembre, cette chrysalide donne naissance à l'insecte parfait ou papillon. Celui-ci appartient à la famille des Phalénides. Le mâle mesure environ 3 centimètres d'envergure, il a les ailes supérieures grises, barrées de gris plus foncé, et les ailes inférieures blanchâtres. Il est ailé et son seul rôle consiste à féconder la femelle, il meurt peu de temps après cette opération ; quant à la femelle qui est aptère et possède deux moignons avortés et un corps énorme pro- portionnellement à sa grosseur, elle s’'empresse de faire l'ascension du tronc des pommiers, pour de là gagner les branches sur lesquelles elle déposera ses œufs. Or, le seul moyen de préserver les pommiers des attaques des chenilles de la chematobie est d'empêcher la femelle d'arriver aux parties branchues de l’arbre où elle opérerait sa ponte. AÀ cet effet, on entourera, du 15 octobre au 25 no- vembre, le tronc des pommiers, à environ 150 du sol, d’une bande de papier épais d’une largeur de O0m20 à Om25, qui sera maintenue au moyen de deux bouts de ficelle ou d’osier posés l’un à sa partie supérieure et l’autre à sa partie inférieure, puis l'on badigeonnera cette bande avec la composition suivante : On place dans une casserole 400 grammes de dégras ordinaire servant pour le graissage des essieux de voi- tures, que l’on fait chauffer fortement pour chasser toute l'eau qu'il contient. Il est bon d'opérer, malgré cette petite quantité de dégras, dans une casserole de ÿ litres à cause de l’effervescence qui se produit lorsque la chaleur atteint une certaine élévation. Ensuite on ajoute 400 grammes d'huile de poisson; on remet le tout sur le feu, puis on verse peu à peu 1 kilo de colophane en poudre grossière, Aussitôt la colophane dissoute, on retire du feu, on laisse refroidir et le mélange peut servir le lendemain. Par ce procédé, on opposera aux chematobies femelles un obstacle infranchissable, dans lequel elles s'englue- ront et trouveront la mort; mais il est nécessaire, après cette opération, de gratter vigoureusement la partie du tronc comprise entre le sol et la bande pour faire tomber les œufs qu'un grand nombre de femelles pourraient y avoir déposés, parce que les chenilles qui en écloraient au printemps monteraient à l'arbre en passant sur la bandelette desséchée. Les résidus provenant du grattage devront être recueil- lis sur une toile et brülés avec soin. Il serait bien également de faire usage de la bande engluée du {mai au 15 juin, époque de léclosion des chenilles, car il pourrait se faire que quelques femelles aient réussi à franchir l'obstacle, pour que les chenilles qui naîtraient des œufs déposés sur les branches par ces femelles (une femelle pond en moyenne 200 œufs) rendent inutiles les précautions prises à l'automne précédent. On devra donc, du 4 mai au 15 juin, secouer les branches de pommiers aux fins de faire tomher les chenilles que l'on recueillera dans une bâche tendue à cet effet au pied de l'arbre; il sera alors facile de les détruire, soit en les brülant, soit en les écrasant; les bandes engluées auront pour but de retenir celles de ces chenilles qui se seraient échappées et chercheraient à regagner sur le pommier la place d'où elles sont tom- bées. On est sûr, en se conformant strictement aux instruc- tions qui précèdent, d’avoir des pommiers complètement épargnés par la chenille de la chematobie. Ce procédé de destruction est peu coûteux, il revient (prix de la matière et de la main-d'œuvre) à 0 fr. 15 par arbre pour toute la période de son emploi. PAUL NOEL. LA GUINÉE FRANÇAISE ET SES PRODUITS NATURELS Caoutchouc. — Ce produit est le plus riche de la Guinée : la première qualité récoltée dans le pays est le Red Nigger où caoutchouc rouge, comportant dix à douze boules au kilogr., et valant en Europe 8 francs à 8 fr. 50 le kilogr.; viennent en- suite le Twist, livré en boules formées de lanières enroulées (huit à dix boules au kilogr.) et valant en Europe 7 francs à 7 fr. 50 le kilogramme; le While Nigger, plus blanc, plus humide et moins soigné dans sa préparation que les précédents. Amandes de palme où palmistes. — Ce sont les graines des 260 LE NATURALISTE fruits des palmiers; la préparation, quoique peu compliquée, en est longue; elle exige de l’espace, de la main-d'œuvre et des soins; il en résulte une surélévation du prix de revient qui n'est pas toujours suffisamment compensée par la valeur mar- chande du produit sur les marchés de l'Europe. On estime que cette valeur doit dépasser 20 francs les 100 kilogrammes pour procurer un bénéfice. Gomme copal. — Ce produit, vendu en Europe à raison de 2 francs à 3 fr. 25 le kilogramme, est utilisé dans la fabrication des vernis et dans l'apprêt des tissus. Cuirs. — Les cuirs proviennent surtout du Foulah et de la vallée du Haut-Niger, où l'élevage est pratiqué et se développe de jour en jour depuis la pacification du pays. Ces cuirs sont petits, ne pèsent guère plus de 3 kilogr. 500 à 5 kilogrammes secs, et se vendent sur le pied de 1 fr. 50 pièce environ. Ils sont néanmoins très appréciés en Europe : 300 tonnes ont été exportées en 1899 sur les marchés de Liverpool, de Marseille et de Hambourg. Sésames. — Graines oléagineuses donnant une huile très fine, recherchée en horlogerie. Elles sont vendues en Europe, notamment sur les marchés de Marseille et de Hambourg, 28 à 30 francs les 100 kilogrammes. L’exportation s’est élevée en 1897 à 540 tonnes. La culture des sésames, qui exige des soins, a tendance à être délaissée par les indigènes, qui préfèrent s'adonner à la récolte plus rémunératrice du caoutchouc. Huile de palme. — Cette huile, préparée en Guinée par l'ébullition, est en grande partie consommée dans le pays. Il en a été cependant exporté 184 tonnes pendant l’année 1898 en Europe, où ce produit est utilisé dans la savonnerie fine et diverses autres industries, L’huile provenant de Conakry est très appréciée sur les marchés de Hambourg et de Liverpool, où le prix moyen de vente est d'environ 60 francs les 100 kilo- grammes. Arachides. — L'arachide a été peu exploitée en Guinée, surtout dans les rivières, au cours de ces dernières années, à cause de la qualité inférieure de la graine indigène et de l’élé- vation des frais généraux. Des expériences tentées récemment avec des graines importées de Gambie au Nünez ont donné des résultats satisfaisants; 240 (onnes ont été exportées en 1897; en 1898, la récolte s’est élevée à 400 tonnes, et il est permis d'espérer que le chiffre de la production s'élèvera cette année à 4.200 ou 1.400 tonnes. L’arachide de Guinée est vendue en Europe de 20 à 22 francs les 100 kilogrammes. Cire. — Les abeilles abondent dans toute la Guinée; mais, en général, les indigènes ignorent ou négligent l'exploitation raisonnée de cette ressource. La préparation de la cire, livrée aux factoreries, laisse beaucoup à désirer, et occasionne des déchets qui pourraient être atténués dans une proportion sen- sible. L'exportation s’est élevée, en 1898, au chiffre de 34.000 francs; le prix de vente en Europe est en moyenne de 3 francs le kilogramme. Ivoire. — L'ivoire recueilli en Guinée est presque toujours vert, et provient de défenses généralement de petites dimensions. L'exportation s’est élevée, en 1898, à 3 tonnes et demie, et le prix de vente sur le marché d'Anvers oscille entre 15 francs et 22 francs le kilogramme. Café. — Les plantations de café se sont localisées le long de la rivière Dubréka. Elles sont encore, d’ailleurs, dans la période de préparation et d'essais; les résultats obtenus jusqu'ici ne permettent pas d'espérer pour l'avenir l'extension de cette cul- ture intéressante et un rendement avantageux. L'exportation ne s'est élevée, en 4898, qu'à deux tonnes et demie tout au plus. Le mil. — Vulgairement appelé sorgho, ie mil se sème en juillet, et se récolte en novembre. Il sert exclusivement à l’ali- mentation des indigènes, et les factoreries n'en reçoivent qu'une quantité insignifiante. ‘ Le riz paille où riz indigène non décortiqué : est employé pour l'alimentation des noirs qui le préfèrent au riz de l'Inde. Il fait l’objet d'un commerce très actif dans les factoreries qui l’échangent contre des palmistes. Il est cultivé surtout dans les régions basses et acheté par les caravanes venant du haut Pays. Les holas. — Les noix de kola sont l’objet d'un commerce d'échange prospère avec le Foutah-Djallon et le Soudan. Elles se vendent en moyenne à raison de 300 où 350 pour 5 francs ; mais ce taux est variable, et il s'élève d’une façon très sensible en cas de mauvaise récolte. Or. — L'or traité en Guinée provient du Bouré et du Bam- bouck; il se présente en bagues roulées et en petits anneaux. Il n'en est pas exporté plus de 40 kilogrammes par an. Payé aux indigènes 2 fr. 50, il est revendu. 3 fr. 10 le ( Europe. gramme en MINERAUX NOUVEAUX DU GROENLAND M. Flink a rapporté, de son expédition géographique et géologique au Groënland, un grand nombre de miné- raux, parmi lesquels se trouvent un certain nombre d’es- pèces nouvelles, Toutes ces dernières se rencontrent dans des syénites néphéliniques, qui forment une ré- gion assez étendue à Julianehaab. Le reste de la partie explorée du Groënland est formée par des granites et des gneiss, qui sont très pauvres en minéraux. 4° Carbonates. — Les minéraux nouveaux appar- tenant à ce groupe sont au nombre de deux : la cordylite, qui est une parisite barytique, et l’ancylite, qui est un carbonate double de strontium et de cérium. La cordylite a une couleur jaune pâle, est translucide et se présente en cristaux de à X 4mm, ayant la forme d'une massue, par suite de leur renflement à l’une de leurs extrémités. C’est à cause de cette particularité que le nom de cordylite a été donnée à l'espèce (de yopèdan, massue, sceptre). Comme les cristaux de parisite, ceux de la cordylite appartiennent au système hexagonal et offrent ies faces du prisme qui sont très développées. Clivage parallèle à la base du prisme. La cordylite est optiquement négative. La densité est de 4,31 et la dureté 4,5. La composition estla suivante : acide carbonique, 23,47; thorine, 0,30; oxyde de cérium, 23,72; oxyde de lan- thane et de didyme, 25,67; oxyde ferreux, 1,43; baryte, 17,30 ; chaux, 1,91; eau, 0,80; fluor, 4,87. La formule. Ce?2F?2BaC*O? représente la composition de ce minéral, qui se rapproche de la parisite de Muso, Une partie de la chaux est remplacée par de la baryte. L'ancylile se présente en cristaux très petits, ayant des faces courbes et offrant l’octaèdre du système ortho- rhombique. Les cristaux montrent deux types : les uns sont presque sphériques et atteignent à peine un demi- millimètre de diamètre, les autres ont 4millimètres etdes formes distinctes. Leur couleur est jaune orange, brune ou verdatre. Ils forment souvent des croûtes verdâtres sur du feldspath et sur de l’'œgyrine. Eclat vitreux sur les faces et gras sur les cassures. Subtranslucide mais transparent, en lames minces, à moins que l’échantillon examiné ne contienne des inclusions d’œgyrine. Pas de clivages. Le plan des axes optiques est parallèle à la base du prisme et la bissectrice aiguë coincide avec l’axe b. Le minéral est positif. Densité, 3,95. Dureté, 4,5. Une analyse a donné les résultats suivants : acide car- bonique, 23,28; thorine, 0,20; cérite, 22,22;.oxydes de lanthane et de didyme, 24,04; protoxyde de fer, 0,35; strontiane, 21,03; chaux, 1,52; eau, 6,52; fluor, traces. En négligeant le fer, la chaux et la thorine, on a la formule 4Ce(OH) CO + 3SrCO* + 33H20, qui se rapproche de celle de la weybyeite de Brogger. 2 Silicates.— Ce sont laspodiophyllite etlatainiolite, La spodiophyllite a l'apparence d’une chlorite: elle est en petits cristaux atteignant un centimètre de longueur, se chivant comme les micas, et appartenant au système rhomboédrique. qe Les lames de clivage sont triangulaires. La couleur est gris de cendre. | | | LE NATURALISTE 261 La spodiophyllite est uniaxe et à double réfraction négative faible. Densité, 2,633; la calcite. La composition chimique est la suivante : silice, 53,61 ; sesquioxyde de fer, 11,24; alumine, 4.27; protoxyde de fer, 413; protoxyde de manganèse, 0,64; magnésie, 10,16 ; soude, 8,55 ; potasse, 7,80. Total, 100,40. On est conduit à la formule : (AL, Fe}? (Mg,Fe,Mn}(Na?,K?2)Si80?: qui indique une composition voisine de celle de l'œgy- rine. La fainiolite est en petits cristaux, ayant la forme d’une lame allongée. Elle appartient au groupe des micas. Les cristaux sont souvent maclés suivant p. L'angle des axes optiques est voisin de ne La biréfringence est faible, Densité, 2,86 ; dureté, 2,5 à 3. L'analyse a donné les re suivants : alumine, 2,7; protoxyde de fer, 0,6; protoxyde de ma- gnésium, 19,1; potasse, 11,5; soude, 1,8; lithine, 3,8; eau, 8,7, Total, 100. La formule est (MgOH}(K.Na,Li) S50$8 + H20 La tainiolite fond au chalumeau, en colorant la flamme en rouge. Elle est lentement, mais complètement dé- composée par l'acide chlorhydrique. 3° Silico-titanates. — Ceux-ci sont les plus nom- breux. La lorenzite se présente toujours en petits cristaux, ayant au plus 4 millimètre de long sur 1/10 de large. Ils appartiennent au système orthorhombique. Les cristaux sont prismatiques, allongés suivant l’axe vertical, et ter- minés par une pyramide. Ils sont transparents, optiquement positifs. Le plan des axes est parallèle à h!, L'angle des axes 2V est de 72°. Densité, 3,42. Dureté un peu supérieure à celle des feldspaths. La composition est la suivante : silice, 34,26; titane, 35,15; zircone, 11,92; coude, 17,12; potasse, 0,37. La formule est donc Na20, 2 (Ti, Zr) O?, 28i O2, La lorenzénite est facilement fusible au chalumeau en donnant un globule noir et n’est soluble que dans l'acide fluorhydrique. Le minéral a été dédié au minéralogiste danois J. Lorenzen. La leucosphénite se présente en cristaux de couleur blanche ayant la forme d’un coin et appartenant au sys- tème monoclinique. Les plus gros ont 5 millimetres de long sur un ou deux de large. Ils sont aplatis suivant la base du prisme et allongés suivant l’arête pg!. Macles fréquentes. Face d’as- sociation suivaut p. Un cristal tourne de 180° autour de l'axe perpendiculaire à ce plan. Clivage distinct paral- lèlement à y!. Optiquement négatif. La bissectrice aiguë coïncide avec l’axe cristallographique vertical. Densité, 3,05. Dureté un peu supérieure à celle de l’or- those. La composition est la suivante : Silice, 56,94; acide titanique, 13,20; zircone, baryte, 13,75; soude, 11,14; potasse, 0,56. Elle est représentée par la formule BaO, 2Na20, 2 (Ti,2r) OZ, 10,Si0? qui est analogue à celle de la pétalite, mais il n'existe dureté un peu supérieure à celle de silice, 52,2; 3,50; aucune relation cristallographique entre les deux miné- raux. La narsarsukite est quadratique, Les cristaux sont aplatis ou ont presque la forme cubique. Leur couleur est jaune de miel. Polychroique. Double réfraction posi- tive. La composition est la suivante : Silice, 61,63; acide titanique, 14; sesquioxyde de fer, 6,30; alumine, 0,28; protoxyde de manganèse, 0,47; magnésie, 0,24; soude, 16,12; fluor, 0,71; eau, 0,29, Négligeant le manganèse,la magnésie et l’eau, on tire la formule T2Si202Nañ Fer. L'épistolite se présente en cristaux ayant la forme de lames rectangulaires de 20mm >< {mm, de couleur blanche et appartenant au système monoclinique. Les cristaux sont aplatis suivant la base du prisme. Ils sont si fra- giles qu'ils se pulvérisent entre les doigts. Il existe un clivage suivant la face p et un autre moins parfait sui- vant les faces du prisme. Le plan des axes est parallèle au plan de symétrie. Optiquement négatif. Biréfringence très forte. Densité, 2,885. Dureté intermédiaire entre celle du talc et celle du gypse. La composition est la suivante : Silice, 27, none pique, 33,56 ; acide titanique, 7,22: protoxyde de fer, 0,20; protoxyde de manganèse, 0,30; chaux, 0,77; ipucse, 0,13; soude, 17,59; eau, 11,01; fluor, 1,98. La formule 19Si0?, 4TiO?, 5Nb?05, (Ca, Mg, Fe, Mn) O,10Na°0, 21H20, 4NaF, représente approximativement cette composition qui n’a aucune analogie avec celle d'un minéral connu. M. Flink a en outre trouvé dans l's mêmes régions d’autres espèces nouvelles : la chalcolamprite, la britholite, l’endeiolite et la schizolite. Elles ont été décrites par Flink, Bæggild et Winther; leur description détaillée sera publiée dans un prochain numéro du Naturaliste. P. GAUBERT. LES PIERRES CREUSES DE PUTEAUX Le remarquable article du célèbre professeur du Muséum, M. Stanislas Meunier, sur les pierres siliceuses creusées de trous éncrmes, comme les peules romaines, découvertes dans les travaux d’'agrandissement de la gare de Puteaux, nous a déterminé à prendre la plume, pour ajouter quelque chose à ses recherches; si tant est que nous ayons à y rien ajouter qui n'y soit déjà partiellement indiqué. Ce qui nous frappe, c'est précisément de voir un aussi grand nombre de pierres présentant les mêmes particularités de creu- sement en un endroit très limité. Or il nous semble qu'il y aurait un moyen bien simple d'expliquer à la lois ce travail d'affouillement si singulier, et la présence d'une aussi grande quantité de pierres creuses dans un tout petit espace. Si l’on examine les sources de la fontaine à Ressous (1), dans les sables supérieurs du Soissonnais, immédiatement au- dessous et non au-dessus du calcaire grossier, comme le sont les sables de Beauchamp, on voit ces sources sortir de terre en cascatelles bouillonnantes, comme leur nom l'indique (fontaine à Ressous, ressauts, ressacs), à cause de la déclivité du terrain (1) La fontaine à Ressous est à Salency, près Noyon, lieu de naissance de saint Médard, l'instituteur de la Rosière dans ce grand village antique. 262 LE NATURALISTE et de l’abondance de leurs eaux. Cette eau, chargée de sable, agit puissamment contre tous les obstacles résistants qu'elle rencontre sur son passage; et elle devrait finir à la longue par creuser les roches les plus résistantes, comme les pierres silico- calcaires. Que l'on imagine un grand nombre de ces rognons siliceux empâtés de carbonate de chaux (il y en a beaucoup dans les sables du Soissonnais), sur le trajet de ces violents cours d’eau souterrains, et il sera facile de comprendre que, avec le temps, ces rognons pourront être creusés au point de former de grandes cavités arrondies et régulières, comparables aux meules romaines, creusées dans les grès ou dans d’autres roches dures, grâce à l’action continue du pilon. Evidemment, ce n’est là qu'une des causes possibles de l’affouil- lement des roches, et il y en a beaucoup d’autres. Ainsi M. Sta- nislas Meunier nous montre les eaux de pluie, chargées d'acide carbonique et d’autres acides organiques, provenant de la décomposition des végétaux à la surface du sol et dans la pro- fondeur de l'humus, dissolvant les bases qu'elles rencontrent sur leur passage, carbonate de chaux, magnésie, sels de fer et d'albumine, etc., etc.; eaux qui laissent déposer les sels qu'elles tiennent en dissolution, au fur et à mesure qu’elles perdent l'excès d'acide carbonique qui leur permettait de les dissoudre. De là, ces empâtements de silice et la formation de roches dures ou de rognons silico-calcaires, têtes de chat et autres. De là des affaissements et des vides possibles en certains endroits, et par suite des blocs renfermant de vastes cavités, parsemées de géodes à leur intérieur. Le savant professeur nous montre encore ces roches attaquées plus tard à leur tour par d’autres eaux de composition différente, pouvant les corroder en les dissolvant, après leur avoir donné primilivement naissance. À ces diverses causes, susceptibles de produire des cavités dans des roches siliceuses artificielles, nous ajoutons l’action mécanique des eaux souterraines, qui peuvent les creuser en sphère sur une grande épaisseur, en grand nombre, dans un espace relativement restreint, comme le quart d'un hectare et même bien moins encore. Peut-être y a-t-il encore d'autres causes qui nous échappent, et que l’on reconnailra plus tard. Dans notre enfance, les ouvriers carriers prétendaient qu’ils trouvaient parfois des crapauds renfermés vivants dans les cavités naturelles de ces rognons siliceux. Le fait est vrai, et nous avons eu occasion de l’observer nous-même; seulement c'est l'explication qui est fausse. Ce n'est pas le crapaud qui s’est trouvé enfermé dans la pierre, pendant sa solidification et son empâtement par du carbonate de chaux : pour cela, il lui aurait fallu vivre des milliers d'années sans pouvoir manger ni respirer. Mais on voit les crapauds se réfugier sous le sable, dans les sablières, durant la chaleur du jour, et de là se fau- filer dans la cavité de ces rognons ouverte dans le sable. Que les carriers fendent ces rognons siliceux en position, in situ, et ils y verront un ou plusieurs crapauds, sans faire attention que ces animaux y ont pénétré par en dessous. Nous avons parfois rencontré, dans ces carrières de sable, servant à l'extraction des têtes de chat, jusqu'à quinze crapauds, enfouis sous le sable à une petite profondeur; surtout là où il y avait de ces rognons laissant entre eux un certain espace vide. Une fois même, un de ces animaux était arrivé à se blottir dans une cavité de tête de chat ouverte par en dessous. C'est alors que nous avons compris l'erreur des carriers, en même temps que la justesse du fait lui-même. Il y à toujours une part de vérité dans les erreurs des hommes ; c'est ce qui me rassure en écrivant ces lignes, et en en faisant une judicieuse application pour moi-même. D' Boucox. LE CACAO À MADAGASCAR La culture du cacaoyer a été entreprise depuis une douzaine d'années dans la région côtière de l'Est où le développement de la plante s'opère dans des conditions de vigueur remarquables. Le cacaoyer est également cultivé avec succès à Sainte-Marie. C’est une culture qui ne demande pour ainsi dire pas de soins et n'exige qu'un peu de patience pour devenir très rémunératrice. On calcule qu’un hectare planté de 600 cacaoyers rapporte à son propriétaire environ 1.200 francs, déduc- tion faite de tous ses frais de culture. Le cacaoyer a été importé à Madagascar de Maurice et de la Réunion. En raison de l'importance qu'est appelée à prendre à Madagascar la culture du cacaoyer, nous croyons bon de donner sur elle quelques indications complémentaires que nous empruntons à une excellente étude sur la question, publiée par M. Prudhomme, le distingué chef du service de l’agriculture de la colonie, dans la Revue de Madagascar. Le commerce du cacao s’est développé dans une pro- portion extraordinaire dans la deuxième partie de ce siècle. En France, les importations, qui ne s’élevaient, en 1850, qu'à 2.000 kilogrammes, dépassent aujourd'hui 33 mil- lions de kilogrammes, sur lesquels 700.000 kilogrammes seulement nous sont fournis par nos colonies; le reste provient du Brésil, du Venezuela et des possessions an- glaises qui, à elles seules, nous expédient environ 7 mil- lions de kilogrammes, Madagascar ne produit à l'heure actuelle qu'une quan- tité complètement négligeable de cacao; mais le régime météorologique et la nature des terres d’une partie du versant oriental permettent de considérer la culture du cacaoyer comme une des plus recommandables dans cette partie de l'ile, et d'espérer que les plantations de ce genre y prendront un jour une extension considé- rable, grâce au débouché qui leur est largement ouvert en France, Les cacaoyers en rapport sont déjà nom- breux à Madagascar. Si l’on n’exporte encore que tres peu de cacao, c’est que la plupart des graines sont utili- sées par les producteurs pour établir de nouvelles ca- caoyères, ou vendues aux nouveaux colons pour com- mencer leurs plantations. Il existe un certain nombre d’espèces de cacaoyers, mais la plus cultivée, et par suite la plus importante, est le Theobroma cacao. Le cacaoyer ne pousse que dans les régions franche- ment tropicales, c’est-à-dire très chaudes et très hu- mides. La température du sol ne doit pas être inférieure à 24 ou 25 degrés, et doit rarement s’abaisser au-dessous de 19 degrés, pour qu'il puisse se développer convena- blement. Il exige, en outre, des chutes d’eau abondantes, atteignant un minimum de 2 mètres à 2m. 50 par an, et . ne peut supporter, sans les plus graves inconvénients, des sécheresses un peu prolongées. On ne peut guère, sans exception assez rare, planter le cacaover au-dessus de #00 mètres d'altitude sous l'équateur; cette limite s’abaisse naturellement au fur et à mesure qu'on s’en éloigne. Dans ces conditions, la culture du cacaoyer à Madagascar peut être entreprise sur le versant Est dans une zone occupant une bande de terre de 900 kilomètres de long, bornée à l’est par la côte, et à l’ouest par une ligne. sensiblement parallèle au rivage, mais ne s’élevant pas à plus de 300 mètres de hauteur à la latitude de la baie d’Antongil, à 250 mètres sur le parallèle d'Andevorante, à 180 mètres sur celui de Mahanoro et à 100 mètres seulement dans le voisinage de Mananjary. En tenant compte de ces indications, les peuvent être sûrs d'obtenir d'excellents résultats. colons Rs er at da PET, A TE EN PEN PE PP Cu Dr te e LE NATURALISTE 263 LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU PLANTES ROBUR EN tu SUBERP A Eee ÎTEX, SUBER, ... 42 ee NUSTRICA ee danse NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Chêne Sesia Conopiformis Esp. — Asiliormis Rott. — Ichneumoniformis F. Zygæna Trifolii Esp. Halias Prasinana L. — Quercana S.V. Nola Strigula S. V. — Confusalis H. $S. Lithosia Quadra L. Limacodes Testudo S. V. — Asellus $S, V. Liparis Rubea S. V. Cnethocampa Processionea. Bombyx Populi L. — Catax L. — Rimicola $S. V. Lasiocampa Pruni L. — Betulifolia Rbr. — Suberifolia Rbr. Saturnia Pavonia L. Platypteryx Falcataria L. _ Curvatula Bkh. — Sicula S. V. — 3inaria Hufn. — Cultraria F. Stauropus Fagi L. Hybocampa Milhauseri Esp. Notodonta Tremula S. V. — Dromedarius L. — Chaonia L. V. Le Querna $. V. _ Dodonæa $. V. — Argentina $. V. Drynaleia Velitaris Hufn. — Melagona Bork. Pygæra Bucephaiaides Och. Cymatophora Ruficollis $. V. = Diluta $S. V. — Flavicurnis L. — Ridens F. Diphtera Orion Esp. — Ludifica L. Acronycta Aceris L. Asteroscopus Sphinx Hufn. Mamestra Persicariæ L. Tæniocampa Incesta Hufn. — Stabilis S. V. — Gracilis S. V. — Miniosa S. V. — Munda $S. V. Tæniocampa Cruda S. V. Orthosia Ruticilla Esp. — Lævis H. Anchocelis Rufina L. Cerastis Vaccinii L. Scopolosoma Satelliria L. Hoporina Croceago $. V. Euperia Paleacea Esp. Cosmia Trapezina L. Dicycla Oo L. Epunda Scoriacea Esp. Agriopis Aprilina ]:. ; Phlogophora Meticulosa L. Hadena Occlusa H. — Roboris B. — Monochroma Esp. — Saportæ B. — Protea $. V. — Æruginea H. — Convergens S. V.- Xylina Furcifera Hnfn. — Ornithopus Hufn. MOIS DE OU L’ON Chenilles Quercus Avril, mai (souches). Mai, juin. Septembre, octobre. Mai. Mai, juin. Août à octobre. Juillet. Juin, juillet. Mai. Juin. Mai, juin. Juin. Août, septembre. Juin. Juillet. Mai, septembre. Mai, juin. Juin, septembre, oct. Août, septembre. Juillet, août. Juin, octobre. Mai, juin. Août, septembre. Juillet à septembre. Juillet, août. Juillet, sept., octobre. Juillet, septembre. Août à octobre. Juin, septembre, oct. Mai, juin. Juin, juillet, sept. Juin, septembre. IAoût, septembre. [Juin, septembre. Juillet, août. Mai, juin. Septembre. Juin à septembre. Mai, juin. Juin, juillet. Mai, juin. Mai. Mai, juin. Juin. Mai, juin. Mai. Belle saison. Mai. Mai, juin. Mai. Juin. Mai. Juin. Mai. L'ANNÉE TROUVE Papillons Juin. Juin, juillet. Juillet. Juin, juillet. Mai, juin. Juin, juillet. Avril, juin, juillet. Avril, juillet. Juillet, août. Juin, juillet. Juin, juillet. Août. Octobre, nov., déc. Mai, septembre. Soir bre octobre. Juin, juillet. Avril, mai. Août. Mars, avril. Avril, mai, juillet, août. Avril à juillet. Avril, mai. Avril à août. Mai, juin. Mai. Avril à juin, août, sept. Avril, mai. Juin. Avril à juin. Mai, septembre. Mai à juillet. Mai, juin. Avril, mai, septembre. Août à octobre. Mars, avril, août. Avril, mai. Mai, juin. Mai, juillet, août. Mai, juin. Octobre, novembre. Mai, juin. Février, mars. Mars, avril. Octobre. Septembre. Août à octobre. Oct. à janv., mars,avril. Septembre, octobre. Sept., oct., mars, avril Juillet. Juin, juillet. Septembre, octobre. Avril, sept., octobre. Belle saison. Octobre à décembre. Octobre. Août, septembre. Octobre, novembre. Septembre, octobre. Septembre. Août à octobre. Sept., oct., Printemps. Septembre à novembre, mars, avril. HABITAT FRANCAIS Toute la France, Paris, Alsace, Autun. Toute la France. Doubs. France méridionale, Autun. Toute la France. France méridionale. Toute la France. France centrale et septentrion. Toute la France, Alsace, Aube. Toute la France. France centrale et septentrion. Toute la France. France orientale. Toute la France. France sept., centr. et orient. France méridionale. France centrale et orientale. France centr., septr. et orient. Toute la France. France orientale et occiden:. Toute la France. France mérid. Noirmoutiers, Paris. Saône-et-Loire. Toute la France. France centrale et septentrion. Toute la France. Montpellier. Toute la France. France mérid., orient. et occid. France centrale et occidentale. France méridionale, France méridionale et occid. Toute la France. Dauphiné, Charente. France centr. et septentrionale. Toute la France. A EG EL EN AR EN BR RE SL PEINE RE RE RES RES RP RE QE ————————————————É POISSONS FOSSILES DES ENVIRONS DE PARIS Depuis l’époque Silurienne jusqu’à nos jours, les mers ont été peuplées de poissons. Ces poissons, d'abord eou- verts d'écailles épaisses, comme nacrées,ont constitué la classe des ganoides, qui étaient enfermés dans une véritable carapace n'ayant que peu de squelette interne. Mais peu à peu ce squelette s'est formé, d'abord les côtes, puis les vertèbres; pendant cette évolntion, les armures dermiques évoluent en sens contraire : formées d'abord d'écailles solides, elles deviennent de plus en plus minces pour former cette croûte écailleuse qui recouvre nos poissons actuels. Mais malgré le grand nombre de poissons qui devaient vivre dans les mers anciennes, et les conditions où ils étaient pour se conserver, toute bonne fossilisation s'étant effectuée au sein des eaux, les restes de poissons LE NATURALISTE RL A CO TR ES à à que les dents palatales de certains poissons, qui ont une forme de sphère aplatie ou de haricot, prenaient le nom de Buffonistes, Batrachites, pierres de crapaud ou yeux de serpent, Dans le tertiaire des environs de Paris, c’est surtout dans les couches du calcaire grossier que l'on trouve les empreintes de poissons, les couches sableuses ont donné seulement des dents dé squales. Nous allons passer en revue les principales espèces que l’on y trouve. Dans l’Yprésien, représenté par les sables nummutiques du Soissonnais, dont les sables de Cuise-la-Mothe forment le gisement principal, on trouve une raie Milyobatides Micropleurus, dont on rencontre les plaques dentaires des mâchoires ; ce sont des lames plates formant sur les cûtés une sorte de mosaique. On retrouve également des restes de piquants, qui se trouvent derrière la nageoire dorsale. Ce sont de grands piquants plats à la partie infé- rieure, convexes en haut et pourvus de côtes longitudi- nales, garnis de chaque côté d'une rangée de fortes épines Poisson du genre Labrou, en calcaire grossier de Gentilly. sont relativement rares. C'est que les débris de poissons sont très fragiles, si les poissons ganoïdes se sont bien conservés, grâce à leur carapace les protégeant contre: les chocs des sédiments, et que la plupart se sont déposés sur des argiles qui, par suite du métamorphisme, sont devenues des schistes comme il y a lieu de le voir pour les Paléoniscus du Permien d'Autun. Mais apres l’époque primaire, les débris de poissons deviennent plus rares. Déposés sur des sédiments cal- caires, les ossements de poissons ont été détruits; c’est ce qui est arrivé pour le calcaire grossier des environs de Paris, où les débris de poissons sont rares et le plus souvent mal conservés. Au contraire, des sédiments fins ont souvent conservé des empreintes de poissons avec tous leurs détails. C’est ainsi que l'Eocène de Monte- Bolca, près de Vérone (Italie), offre des empreintes de poissons fossiles de toute beauté. Les”"débris de poissons ont de tout temps appelé l'at- tention des naturalistes. Bernard de Palissy (1510-1589) examina avec attention les débris de poissons qu'il avait à sa disposition; c'était principalement des dents de squales, et il leur donna leur véritable place, tandis que d’autres naturalistes de son époque les considéraient comme des jeux de la nature et leur donnaient le nom de Glossopètres, langue de serpent, langue de vipère, tandis recourbées en arrière. Le Sannoisien,ou étage du Gypse, a donné deux epèces de poissons : le Smerdis ventralis et le Sargus Cuvieri, qui ont été trouvés à Montmartre. Le genre Smerdis est un genre éteint. Il était constitué par de petits poissons à tête épaisse et à grande nageoire caudale profondément divisée; ils habitaient les eaux saumâtres. On en rencontre de très nombreux spécimens dans les couches gypseuses de l’Oligocène d'Aix (Bouches- du-Rhône). Le genre Sargus est formé de poissons de la famille des Sparidæ, de couleur bigarrée, à écailles cténoides, finement dentelées, portant des dents en forme de pavés. L'étage Luttéien, ou du calcaire grossier, a fourni la plupart des poissons que l'on recueille aux environs de Paris. Le G.Labrax a fourni le Labrax Major, que l’on trouve dans le calcaire grossier de Passy et de Sevres. L'échantillon que nous représentons provient du cal- caire grossier de Gentilly; c'étaient des poissons d'une assez grande taille, celui représenté dans la figure ci- contre mesure 48 centimètres de long sur 18 centimètres de large. Ces poissons possèdent des dents dans tout l'intérieur de la bouche, sur les mâchoires, le palatin, le vomer et la langue. Les individus actuels de cette espèce vivent sur les LE NATURALISTE 265 côtes de l'Amérique et du nord de l'Europe. Les espèces du G. Lates ont fourni le Lates Macrurus du calcaire grossier de Sèvres; c’étaient des poissons acanthopté- rygiens de la famille des Perches. Les espèces actuelles vivent dans le Nil, le Gange et les côtes de l'Australie. Le Dentex Fanjani a été trouvé à Nanterre; c’étaient des espèces allongées assez grandes, dont il existe encore de nombreuses espèces actuelles, La famille des Squamipèdes renfermait des poissons celles du Lamna, obliques ou droites ; il y a, en outre de la grande pointe médiane à bords tranchants et lisses, deux petites pointes accessoires. La racine est grande et bilobée. Si nous voulons nous faire une idée de la faune ichtyo- logique des environs de Paris pendant l’époque Eocène, nous pouvons considérer cette faune comme une faune de mer chaude; les espèces vivantes que nous pouvons mettre en parallèle avec les espèces fossiles Carcharodon Otodus appendiculatus Oxyrhina Lamna Vanieri elegans Dent de squale du calcaire grossier. pourvus de couleurs magnifiques, recouverts de petites écailles cténoides et ayant les nageoires presque entière- ment couvertes d'écailles. Un genre de cette famille, le genre Holacanthus, a fourni l'Holocanthus macroce- phalus, du calcaire grossir de Châtillon, Cette espèce est recouverte d’écailles de moyenne taille, et porte à la nageoire dorsale 12 à 15 piquants. Le G. Holacanthus renferme, au moins, #0 espèces vivantes, qui habitent principalement les mers chaudes, au voisinage des récifs de coraux. À la même famille appartient le Macrostoma altum (Ay),du calcaire grossier de Nanterre. Le G. Hemyrunchus est représenté par l'Hemvrunchus Deshayesi, dont l'espèce a été établie par Agassiz sur les magnifiques empreintes trouvées à Nanterre, et qui sont exposées dans le vestibule de la galerie de géologie du Muséum. Ce sont des poissons allongés et déprimés, comprimés latéralement, au museau étiré en un long bec, à mâchoire édentée ou à denticules très petits, à na- geoire dorsale courant tout le long du dos et à nageoire anale courant de l’anus à la queue. Dans les parties sableuses du calcaire grossier on trouve principalement des dents de squales dont plusieurs genres habitaient la mer Eocène, qui sont faciles à distinguer par les caractères de leurs dents. Le G. Oxyrhina possédait des dents étroites linguli- formes, pointues sans denticules accessoires, à racine bien développée et plus ou moins bilobée. Le G. Lamna avait des dents étroites et pointues à racine bilobée portant un côté convexe et un côté aplati avec plus ou moins de stries ; l'animal portait comme les requins actuels plusieurs rangées de dents les unes der- rière les autres. Il renfermait les squales les plus grands et les plus voraces. Dans le G.Carcharodon, les dents sont excessivement grandes, quelquefois comme le creux de la main, trian- gulaires, à bords latéraux, uniformément dentelées, à racine haute et échancrée vers le milieu. Les dents de l'Otodus sont un peu plus larges que habitent à l'heure actuelle l'océan Indo-Pacifique, la mer Rouge, et pour la plus petite partie le bassin de la Méditerranée. E. MAssaT, Attaché au Muséum. LIVRES NOUVEAUX Notre Globe, par E. Sur. — Voici un livre (1) comme il en faudrait beaucoup. Sous son titre simple, que de choses il comporte, et, dans sa rédaction soignée, quel charme de lecture il nous offre! De chaque page on retire un enseignemeut, et l'on peut dire hardiment que la science déployée dans NOTRE GLOBE par M. Sieurin, loin de nous rebuter, nous attire, Et qu'est ce volume au fond? Rien autre chose qu'un cours complet de géographie. Mais combien la présentation de ce sujet est différente de celle des ouvrages analogues! On sort de là, possédant sur LA TERRE toutes les notions souhaitables sur notre demeure; nous en pénétrons tous les recoins. L'Origine de la Terre suit la description brillante de son relief, avec l'ex- plication de tout ce qui a constitué ce dernier et agit encore sur lui. La physique du globe s’y entreméle avec sa physiologie, si l’on peut ainsi dire. Puis ce sont les mers, les côtes, les climats, les eaux douces, fleuves et lacs qui défilent sous nos yeux l'avis. Après avoir ainsi dépeint notre habitat, M. Sieurin nous expose, avec le même attrait, la vie qui s'agite à sa surface : la flore, la faune et enfin l'homme, les races et les peuples. L'’au- teur, s’élevant de plus en plus dans son exposé magistral, met ainsi l’homme en face de la Nature; il nous explique l'influence du milieu; les étapes de l’humanité à travers les £ges viennent alors faire le pendant aux étapes mêmes de la formation ter- restre. C’est l’action de l’homme sur la nature, la réaction de la nature de l’homme. Nous assistons aux incessants progrès du génie humain arrachant ses secrets à la Terre qu'il traduit en applhcalions qui le font paraitre comme créateur à son tour. Le volume s'achève sur un chapitre spécial qui excitera la curiosité de chacun; il suffit d’en énoncer le titre : « L'AVENIR DE LA TERRE ». Nous avons du négliger de mentionner bien des chapitres suca (1) L vol. br. avec gravures et cartes, franco 2 fr. 20. En vente aux bureaux du Journal. 266 LE NATURALISTE cessifs au cours desquels bien des matières sont traitées, où rien n'est omis: c'est le guide le plus précieux que nous puissions avoir pour connaitre notre planète; tout y est précis, positif et attrayant. De nombreuses gravures et deux cartes en couleurs viennent à l'appui du texte. é Quiconque aura lu ce livre aura beaucoup appris, car il s'adresse à tout le monde par son prix autant que par sa clarté d'exposition. Ajoutons que le soin apporté à l'édition ajoute encore à ce volume que nous voudrions voir dans toutes Îles mains. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur les échanges gazeux entre les plantes entières et l'atmosphère (Th. Schlæsing fils). L'auteur a étudié précédemment les échanges gazeux qui s’ac- complissent entre l'atmosphère et des plantes entières, considé- rées pendant une période étendue de leur existence. Dans ces études, les plantes avaient toujours été alimentées, sous le rap- port de l'azote, avec des nitrates. C'est là un mode d’alimenta- tion très commun dans les champs cultivés. Mais, dans bien des sols (sols de forêts, de landes, de prairies, etc.), la nitrification n'a pas lieu, ou n’a lieu que fort incomplètement; les nitrates sont, par suite, absents ou rares. Les échanges gazeux des plantes avec l’atmosphère en sont-ils modifiés? M. Schlæsing a voulu contribuer à résoudre cette question -en examinant le cas où l'on n'offre aux plantes, comme source d'azote, qu’un sel ammonia- cal. Il résulte des expériences qu'on constate d'abord (ce qu'on: savait déjà) que les plantes sont capables de s'accommoder de l'azote ammoniacal, à peu près comme de l'azote nitrique. Le développement des sarrasins s’est trouvé sensiblement meilleur avec l'azote nitrique; la différence a été en sens inverse pour les capucines. Les teneurs en azote sont du même ordre pour les diverses plantes. Comme dans tous les essais précédents, les plantes entières ont dégagé en volume plus d'oxygène qu'elles n’ont décomposé d'acide carbonique. Ce fait apparait de plus en plus comme général, et il doit étre une condition nécessaire au maintien d’une composition fixe de notre atmosphère; car la destruction des matières végétales, opération inverse de la syn- thèse des plantes, consomme plus d'oxygène qu'elle ne dégage d'acide carbonique. L’excès d'oxygène dégagé sur l'acide car- bonique absorbé tient en particulier à la réduction des sels minéraux tirés du sol. Quand l’'ammoniaque remplace comme aliment azoté l'acide azotique, on doit s’attendre à voir dimi- nuer cet excès; on constate ici le fait expérimentalement; il est méme arrivé que l'excès d'oxygène à été très faible. Ce qui précède met en évidence que les échanges gazeux qui accom- pagnent la formation de la matière végétale sont en relation avec la composition minérale des dissolutions au contact des- quelles vivent les racines. Cas de transformation rapide de bois en une sub- stance semblable à un combustible fossile (M. Garth). Il s'agit d'un morceau de bois de gaïac parfaitement sain, qui avait été placé au fond d'une gaine en bronze, pour servir de-pivot à une turbine donnant 112 tours par minute. Sans être immergé nullement dans l'eau, le pivot est toujours humide, étant placé au-dessous des orifices par lesquels l’eau s'écoule. Après six mois de marche, l'appareil fut démonté. Le bois de gaïac fut trouvé parfaitement intact dans le bas, mais la partie supérieure, sur laquelle reposait l'arbre de la turbine, était transformée en une substance noire, fendillée, se brisant facile- ment ea petits morceaux, présentant tout à fait l'apparence de certains combustibles minéraux. Par sa composition, de même que par ses propriétés, le produit noir se placerait entre Îles lignites proprement dits et les houilles les plus récentes, riches en oxygène, dont il se rapproche déjà par son pouvoir calori- fique. Il est intéressant de remarquer le court cspace de temps nécessité par cette transformation, évidemment effectuée sous l'influence de la pression et d’une élévation modérée de tempéra- ture (provoquée par le frottement) en présence de l'humidité, c’està-dire sous l’action des agents qu'on a l'habitude de faire intervenir pour expliquer la transformation progressive des ma- tières ligneuses en lignite et en houille. Et il résulte de cette constatation que, dans des circonstances bien favorables, le temps nécessaire pour réaliser ces modifications est beaucoup moindre qu'on ne l’admet généralement, et peut très bien ne pas atteindre la durée des longues périodes géologiques dont il est généralement question. OFFRES ET DEMANDES S'adresser pour les collections et lots ci-après indiqués à Les Fils D’Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris : Collection de Coléoptères d’Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 1.730°es- pèces, 4.700- exemplaires renfermés dans 25 boîtes doubles, en bois verni, mesurant 35 X 28 X 9. Cette collection, formée par M. Silbermann, a servi à établir le catalogue des Coléoptères d'Alsace et des Vosges que cet entomologiste à publié en collaboration avec M. Wencker. L'état de conservation des insectes est excellent; l'étiquetage, fait très soigneusement, donne des noms rigoureusement exacts et des rensei- gnements sur la rareté des sujets, ainsi que le nom des plantes sur lesquelles se trouvent habituellement les espèces. Des espaces laissés vacants permettent d'aug- menter la collection sans lui faire subir de remaniements. Le catalogue de Wencker et Silbermann accompagne la colleCHon Prix ER AE AE ... 500 francs. Collection de Macro- et Microlépidoptères d'Alsace et des Vosges de M. Silbermann. Comprenant 595 espèces, 1.123 exemplaires de Macrolépidoptères, et 84 espèces, 151 exemplaires de Microlépidoptères, le tout enfermé dans 26 boites, Plus le catalogue des Lépidoptères d'Alsace, par H. DE PEYERIMHOFF. Cette collection est identique comme boïtes et plan de classification à la collection de Coléoptères. Bonnes espèces MPrIX En RE LE TS RÉ ....... ÆOO!francs: Nota. — Les deux collections prises ci-dessus en- semble seront comptées au prix de 800 francs. Collection de Staphylinides à Hétérocérides inclus. #19 espèces, 1.195 exemplaires, 17 cartons, Prix. 75 francs. Collection de Lucanides et Lamellicornes eu- ropéens. 225 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons. À 2 0 D EN CARS A GE re Se ‘:-.5 105)1Tancs: Collection de Buprestides et Elatérides euro- péens. 136 espèces, 403 exemplaires, 7 cartons. TE un D ON LE A5 francs, Collection de Malacodermes et Térédiles eu= ropéens. 100 espèces, 281 exemplaires, 5 cartons. PT AN AE Peu ER AE VAE He -2 HR ODNITANCSs Collection d'Hétéroméres européens.148 espèces, 350-exemplaires, 10 cartons. Prix....... 40 francs. Collection de Curculionides et Xylophages européens. 368 espèces, 951 exemplaires, 15 cartons. PIRE A nee Abe RARES .5 francs. Collection de Longicornes européens. 173 es- pèces, 593 exemplaires, 10 cartons. Prix. 65 francs. Collection de Chrysomélides et Coccinellides européennes. 362 espèces, 1.490 exemplaires, 15 car- TON SP LIRE LR NNNI ERERt Te 75 francs. Nota. — Les collections ci-dessus désignées sont ren- fermées dans des cartons presque neufs, mesurant 26 X 19 X 6. us Doubles de Coléoptères européens provenant - des collections ci-dessus annoncées. Environ 1.100 in- dividus, en partie nommés, renfermés dans 14 cartons : | 26 19% 6, vitrés et non vitrés. Prix... 50 francs. Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. 3 29e ANNÉE SUR UN GISEMENT DE PLANTES FOSSILES DE L’ARGILE PLASTIQUE AUX ENVIRONS DE PARIS Bien que les environs de Paris aient été, au point de vue géologique et paléontologique, explorés d’une facon remarquablement minutieuse, bien que des hommes comme Cuvier et Brongniart, qui publièrent en 1810 une description géologique des environs de Paris, d’une grande précision, dans laquelle les couches sont décrites dans leurs détails les plus intimes, et malgré les recherches plus récentes d'un grand nombre de savants dont plu- sieurs dirigent, avec un zèle infatigable, depuis de nom- breuses années, des excursions publiques du plus haut intérêt, il est encore possible au chercheur persévérant de trouver à glaner après cette récolte cependant si riche de faits et d'observations, car l’activité de la vie moderne, Fig.1.— Ficus eoce- Fig. 2. — Ficus ortho- nica, Wat. nervis. Wat. l'extension toujours croissante de différentes industries qui empruntent aux entrailles de la Terre leurs matières premières, nécessitant ainsi la multiplication des tra- vaux, il se trouve de ce fait que des localités qui, jus- qu'ici, n'avaient offert qu'un intérêt médiocre ou nul, se trouvent, par suite de l'ouverture de nouvelles exploita- tions, prendre une importance toute particulière et dévoiler aux yeux de l'observateur des trésors ines- pérés. Il arrive, en effet, bien souvent, qu’une couche offrant, dans une localité connue, certains caractères, tant au point de vue du facies que de sa richesse en fossiles ani- maux Ou végétaux, en montre de tout différents dans un autre Canton. ; Telle couche est là dépourvue de débris organiques, qui sera très fossilifère dans une localité plus ou moins rapprochée : c'est le cas qui se présente pour le gisement . d'argile plastique qui fait le sujet de cet article. Nous ne Le Naluralisle, 46, rue du Rac, Paris. 2 SÉRIE — N° 330 1°" DÉCEMBRE 1900 saurions donc trop engager les personnes qui s'occupent de géologie à ne négliger aucune occasion de visiter, Fig. 3.— Ficus Deshayesi. Wat. scruter avec soin, la plus petite carrière, l'exploitation la moins intéressante en apparence semblant au premier abord ne devoir présenter qu'un intérêt médiocre, car elle peut, dans bien des cas, sion l’étudie avec plus d'attention, offrir, contre . toute attente, au chercheur con- sciencieux des trouvailles qui le récompenseront amplement de ses peines. Fig.4. — Artocarpidium conocephala. Fig. 5. — Laurus excel- Sap. lens. Wat. C'est ainsi qu'ayant eu l’occasion de passer quelques jours dans une petite localité des environs deVillers-Cot- 268 LE NATURALISTE terets et qu'herborisant dans les classiques prairies maré- cageuses de Silly-la-Poterie, nos pas furent dirigés au hasard de la promenade vers une carrière d’où l’on extrayait de la glaise; à première vue, rien de bien par- Fig. 6. — Laurus regularis. Fig. 1. — Persea parisien- Wat. sis ? Wat. ticulier ne signalait ce gisement à l'attention du géo- logue, on y voyait la superposition habituelle du calcaire grossier et de l'argile plastique avec une couche de glau- conie sableuse à dents de squales et à polyp'ers sépa- DE Fig. 8. — Persea Brongniarti. Wat. rant ces deux formations; disposition que l’on peut voir à Vaugirard, à Arcueil et dans bien d’autres localités de nos environs; mais notre attention fut attirée par des blocs d'argile desséchée laissés là par les ouvriers et sur lesquels on pouvait distinguer des empreintes végétales très nettes; en regardant avec plus d'attention et ayant brisé quelques-uns de ces blocs d'argile, nous püûmes nous rendre compte de la richesse inattendue de ce gise- ment; on sait, en effet, que les débris végétaux sont des raretés en général, et que dans l'argile plastique, bien qu'ils y fussent signalés de longue date, leur état de con- f r Fig. 10. — Autre Cinna- momum. Fig.9. — Cinnamo- mum Larteti. Wat. servation est fort défectueux et rend les déterminations excessivement douteuses, souvent même impossibles. C’est pourquoi nous croyons devoir attirer l'attention des personnes qui s'intéressent à cet objet sur le gise- ment de Silly-la-Poterie, gisement situé aux confins mêmes de la forêt de Villers-Cotterets, au-dessus de la gare de la localité précitée. Nous devons dire par avance que les débris végétaux Fig. 12. — Grewia suessonensis, | Fig.11. — Aff.Andromeda. Wat. rencontrés dans l'argile plastique l'ont été dans les : bancs supérieurs de cette formation constituant les : Fausses Glaises, ou dans les couches argileuses qui sup- portent l'argile plastique et qui appartiennent à la forma. LE NATURALISTE 269 tion du glomérat de Meudon, formation que l’on n’observe que dans quelques localités privilégiées, ou bien encore dans l'étage des lignites, si développé dans le départe- ment de l'Aisne. On connait bien la flore des lignites du Soissonnais par les recherches de Wattelet, maisles végétaux décrits par cet auteur provenant des grès qui surmontent les lignites proprement dits, dont les bancs aujourd’hui épuisés étaient exploités à Belleu et à Pernant, près Soissons; ces végétaux étant, par la nature de la roche encaissante, dans de mauvaises conditions de fossilisa- tion, il se trouve que les espèces faites par Wattelet d'après ces échantillons sont quelquefois hasardées. Fig. 14. — Salix ind. Fig. 13. — $Sterculia ind. Dans le gisement de Silly, au contraire, les feuilles se présentent dans un très bon état. Le parenchyme lui- même existe encore sur bon nombre des échantillons; par conséquent la détermination est plus facile ; de plus, ce gisement représente un horizon d'âge relativement plus ancien et qui vient se placer entre le conglomérat de Meudon et les fausses glaises, c’est-à-dire au niveau exactement de l’argile plastique proprement dite. La flore du conglomérat de Meudon n’a pas été, à ce que nous sachions, Pobjet d’une étude spéciale, mais elle doit offrir les plus grandes analogies avec la flore de Sézanne, si bien décrite par M. de Saporta. C'est donc dans cette dernière, ainsi que dans la flore des grès supérieurs aux lignites, que nous devrons re- chercher les analogues de nos espèces de Silly-la-Pote- rie, qui, pour nous, sont des jalons entre les deux flores précitées. Nous allons essayer, d’après les matériaux que nous avons recueillis en quelques visites à ce gisement, de donner une idée de la flore orthrocène de Silly. Nous donnons ci-contre les figures des espèces les plus remar- quables. Les Morées sont représentées par les genres Ficus et Artocarpidium, qui nous ont fourni, le premier, trois espèces de Ficus eocenica Wat., le F. Orthonervis Wat. et le beau F. Deshayesi du même auteur, et, le second, deux seulement, l’Artocarpidium Desnoyersi de Wat. et l'A. conocephala. sap. qui se retrouve à Sézanne. Les Laurinées semblent être plus nombreuses ; nous avons recueilli trois Laurus,deux Persea, trois Cinnamo- mum, Parmiles premiers nous citerons Laurus belenen- sis Wat., L. excellens Wat., et L. regularis Wat.; les seconds sont le Persea parisiensis de Wat, et le second, plus douteux, le P. Brongniarti, du même. Les cinna- momum devaient être assez nombreux; nous en avons recueilli trois, un peut être identifié sans aucun doute au Cinnamomum Larteti Wat.;les deux autres pour raient peut-être donner lieu à des espèces nouvelles. Une autre empreinte nous a semblé appartenir à l'espèce désignée par de Saporta sous le nom de Magno- lia inæqualis. Enfin, nous citerons encore les genres Grerovia, Ster- culia et Juglans, ainsi que le genre Salix dont nous n'avons rencontré qu'un échantillon incomplet; nous Fig. 15. — Magnolia inæqualis. Sap. citerons enfin une fougère qui nous a paru appartenir à Asplenium Wiegmanni, de Sézanne. Par la liste précédente on peut se rendre compte que c’est dans la flore des grès de Belleu que nous trouvons le plus d'analogues aux espèces de Silly; celles qui peu- vent être rapportées à des types de Sézanne sont beau: coup moins nombreuses; il est vrai de dire, cependant, que ces rapports changeraient sans doute si les espèces du gisement de Silly étaient connues en plus grand nombre. Cette florule indique qu'un climat chaud et humide devait prévaloir dans nos environs à l'époque de l'argile plastique où la végétation était encore for: luxuriante, bien qu'en général les formes soient moins amples que celles conservées dans les tufs de Sézanne. Nous ferons remarquer à ce sujet les différences qui ont dù se produire dans les conditions climatériques entre l’époque de l'argile plastique et celle du calcaire grossier dont les végétaux sont tous de tailles fort exi- guës et dénotent, suivant de Saporta, un climat très chaud et fort sec. Comme on peut le voir par ce qui précède, le gisement de Silly-la-Poterie est fort intéressant et il n’est pas 270 LE NATURALISTE douteux que des recherches attentives faites dans la même région ne procurassent des faits intéressants et nouveaux pour la Paléophylotogie, science malheureuse- ment trop délaissée chez nous des personnes qui s'inté- ressent aux études d'histoire naturelle. Paris, 12 octobre 1900. P.-H. FRITEL, Attaché au Muséum de Paris. L'EAU NATURELLE Il est curieux de voir qu'une foule de personnes instruites se figurent que l’eau n’est qu'une simple combinaison d'oxygène et d'hydrogène, sans avoir seulement l'air de se douter que l’eau naturelle n’est pas plus de l’eau chimiquement pure que le pain n’est de la farine. Pour un peu elles diraient que l’eau est inco- lore parce que l'oxygène et l'hydrogène le sont! Et cependant l'eau renferme mille et mille autres choses encore, sous une foule de formes, animées ou non. Ainsi elle renferme des gaz, et quelquefois beaucoup. Par exemple, nos eaux minérales de Vals renferment bien souvent plus de gaz acide carbonique que d’eau. Elles peuvent renfermer 3, 4, 5 fois leur volume de gaz, et plus encore. Indépendamment de ce gaz, il yen a d’autres tels que ceux que l'on trouve dans l'air ou dans le sein de la terre, tels que l'oxygène, l'azote, l'argon, l'acide sulfureux, l'acide sulphydrique, etc., suivant les sources : Barèges, par exemple; Bagnols contient particulièrement de l'azote, en fait de gaz dissous, et nous avons la conviction que l’on y découvrira de l’argon, quand on voudra se donner la peine de l’y chercher. Les eaux de Bagnols de l'Orne sont d'autant plus intéressantes qu'elles renferment de la gélose et de la silice en quantité notable, provenant des algues d’eau douce. La faible quantité de principes sulfureux qui les minéra- lisent est justement due à l'action des algues sur les sulfates des terrains qu'elles décomposent. Du reste, dans une foule d’endroits, là où il y a des sulfates de chaux, on obtient une eau minérale sulfureuse à l’aide des algues qui y vivent. Les algues peuvent faire des eaux sulfu- reuses, comme les ferments fabriquent du vinaigre ou de l’alcool, tandis que jamais les champignons n’agissent ainsi, parce qu'ils mourraient dans un milieu rempli de soufre, résultant du produit de leurs décompositions. Les naturalistes savent tous que l'eau renferme une infinité d'animaux et de plantes de toute espèce. Ces plantes sont généralement des algues; mais il faut bien savoir qu’il y a un petit nombre de familles de champi- gnons capables de vivre dans l’eau: ce sont nécessairement des champignons d'ordre inférieur. Citons entre autres quelques Chytridinées, les Saprolégniées, etc. Nous classons aussi parmi les champignons ces êtres singuliers que l'on avait pris pour des animaux, des monades, connus sous les noms de Monas vinosa, Clathrocystis, Bacterium rubescens, elc., qui sont tellement voisins des algues que le professeur Marchand les a toujours classés dans ce groupe, pendant que Baillon m'écrivait, encore avant de mourir, que c'étaient des animaux! Et cependant ce sont bien des champignons; car ils se comportent comme tels, malgré leur pigment rouge, qui leur donne un faux air d’algues. Par exemple, nous émettons une hypothèse quand nous admet- tons que leur pigment rouge, identique à la phyco-érythrine, leur a été donné pour leur permettre de vivre dans un milieu aquatique, chargé de produits sulfureux dus à la décomposition des sulfates par les algues d'eau douce. Ce sont ces champignons qui colorent en rouge de sang, en rouge vineux toncé, le fonds de nos étangs ou des fossés des fortifications anciennes. Nos ancêtres considéraient comme des présages funestes cette trans- formation curieuse, qui produit des eaux ensanglantées, dont tout le sang se serait déposé au fond, sur les feuilles immergées et tous les débris aquatiques confondus dans la vase. Ce qu'il y de certain, c'est que les eanx de la porte du Huez, à Noyon (porte du faubourg du Gué), furent ainsi ensanglantées, quelques semaines avant la destruction de cette ville par les Espagnols, qui pénétrèrent justement par cette porte. Mais hâtons-nous de rassurer nos lecteurs, en leur disant que nous avons vu de superbes exemples analogues, sans qu’il soit jamais arrivé de sinistres à la suite. Un sceptique dirait que les dieux s’en vont! La vérité est qu'il ne faut pas faire intervenir à chaque instant le Créateur de l'univers dans les actes qui se passent normalement dans la nature. Il lui a donné des lois, qu'elle suit imperturbablement, et que l'homme s'applique à étudier, afin d’en tirer profit, s’il y a moyen. Nous croyons qu'un jour on pourra faire des eaux sulfureuses naturelles, comme on fait de l'alcool, avec des algues d’eau douce et des sulfates alcalins. Mais une autre classe. de substances contenues dans l’eau naturelle, ce sont les sels dissous, et notamment les carbonates alcalins, qui ont une si grande importance à tant de points de vue. Laissant de côté les eaux alcalines, dont Vichy est le type bien connu, nous dirons que nos eaux de table en général contiennent des carbonates de potasse et de soude en dissolution, et que ces carbonates nous rendent les plus grands services, tant dans le lavage du linge que dans la cuisson des légumes, tant pour les bains de propreté que pour faciliter la digestion. L’eau distillée est lourde et indigeste, tandis qu’une eau alcaline est légère à l'estomac; d'autant plus qu'elle contient de l’acide carbonique en excès, pour transformer les carbonates alcalins en bicarbonates solubles. Il n’y a que le carbonate de chaux qui soit mauvais, dans nos eaux de sources ; et on va bien vite comprendre pour- quoi. Les légumes, tels que les haricots, les pois, les lentilles, les fèves, etc., contiennent une huile en petite quantité, qui est saponifiée par les alcalins, comme toutes les graisses possibles; de sorte que ces légumes durcissent quand leurs acides gras sont saponifiés par du carbonate de chaux, qui forme un savon insoluble; tandis que les carbonates de soude et de potasse forment des composés solubles avec ces mêmes principes hui- leux. Il est même bien probable que, si l’impératrice Elisabeth d'Autriche prenait des bains d’eau distillée, c'était bien moins pour écarter des microbes imaginaires que pour purifier des eaux chargées de carbonate de chaux. En effet, c'eût été une faute de distiller des eaux de bonne qualité pour prendre un bain de propreté, attendu que ces eaux renferment des carbo- nates de potasse et de soude, qui forment, avec les corps gras sécrétés sur la peau par nos glandes sébacées, des savons solubles, qui la nettoient exactement comme le ferait le meilleur savon naturel! Faire distiller une bonne eau de source pour prendre un bain, c'est retirer à cette eau les principes excel- lents qu'elle contenait pour laver notre corps d’une facon com- plète. En effet, la matière sébacée est attaquée par les alcalis, qui s'emparent de ses acides et mettent sa glycérine en liberté. Les alcalis forment, avec les acides gras, des savons solubles qui se répandent, avec la glycérine qui en résulte, dans l’eau du bain. Sans eux, on serait obligé de se laver le corps à grand renfort de savons, trop souvent irritants pour notre peau. D: Boucox. MINÉRAUX NOUVEAUX A la fin de l’article sur les minéraux nouveaux du Groënland (1), quatre autres espèces nouvelles ont été mentionnées. Leur composition est très complexe, à l'exception de celle de la schizolite. La schizolite se présente en colonnes prismatiques,dont la couleur varie du rose au brun, par suite de l’altération plus ou moins profonde du minéral, Elle est demi-trans- parente et cristallise dans le système monoclinique. Les cristaux sont allongés suivant l’arête selon laquelle se rencontrent la base du prisme et la face produite par troncature sur l’arête À. Il existe un clivage facile paral- lèlement à la base p et à Al. La densité est de 3,089 et la dureté un peu inférieure à celle de l'orthose. Le plan des axes optiques est dans le plan de symétrie. La biréfringence est assez forte et l'angle des axes op- tiques 2E est de 82°40° pour la lumière du sodium. PANNES PTE EC APE R EEE SERRES (4) N° du 1°r nov. 1900. LE NATURALISTE 271 L'analyse a donné les résultats suivants : silice, 51,06; acide titanique, 0,68; oxyde de cérium, 1,47; protoxyde de fer, 2,79; protoxyde de manganèse, 12,90; chaux, 19,48 ; soude, 10,71; eau, 1,36. Total, 100,45. La formule 15 (Si, Ti) 02,10 (Ca, Mn, Fe, Ce)O,4(Na,H)20 représente ces résultats, C'est donc une pectolite manganésifère. La chalcolamprite se présente toujours en petits cris- taux octaédriques. dont les plus gros ont 5m de côté. Ils ont souvent des fentes remplies d’aiguilles très fines d'œgyrine, Leur couleur est gris foncé inclinant sur le rouge. Les faces possèdent l'éclat métallique et offrent des irisations rouge de cuivre et vertes. L'éclat est gras sur la cassure. Opaque et translucide en écailles très minces. Pas de clivages. La densité est 3,75 et la dureté intermédiaire entre celle de l’apatite et celle du feldspath. La composition, qui esttrès complexe, est la suivante : acide niobique, 59,65; silice, 10,86; acide titanique, 0,52; zircone, 5,71; sesquioxyde de cérium, 3,41; sesquioxyde de fer, 1,87; protoxyde de manganèse, 0,44; chaux, 9,08; potasse, 0,38; soude, 3,99; eau, 1,79; fluor, 3. La formule empirique R'Nb?O6F2 + R'S103 représente les résultats de l'analyse. R” désigne les mé- taux Ce, Fe, Mn, Ca, etc. Ce minéral appartient par con- séquent au groupe du pyrochlore. L'endéiolite est assez voisine du minéral précédent; elle se montre aussi en octaèdres réguliers, implantés sur des cristaux d’œgyrine sur lesquels ils sont fixés par leur face octaédrique. La couleur est brun chocolat, et celle de la poussière est gris jaunâtre. En lamelles très minces l'endéiolite est un peu transparente et possède alors une couleur rougeâtre. L’éclat est métallique. La macle suivant la face de l’octaèdre {macle des spinelles), qui n'existe pas dans les autres minéraux du groupe du pyrochlore, est assez fréquente dans l’endéiolite. Il n'existe pas de clivages. La densité est de 3,44 et la dureté est à peu près égale à celle de la fluorine. La composition est la suivante : acide niobique, 59,93; silice, 11,48; acide titanique, 0,76; zircone, 3,78; ses- quioxyde de cérium, 4,43; sesquioxyde de fer, 2,81; protoxyde de manganèse, 0,37; chaux, 7,89; potasse, 0,43; soude, 3,58; eau, 4,14; fluor, 0,29. La formule R'Nb?O6(HO)+ R"SiO# représente cette composition et indique que l’endéiolite appartient comme l'espèce précédente au groupe du pyrochlore. La britholite appartient au système orthorhombique. Par suite de l’existence de macles identiques à celles de l’aragonite, les cristaux se présentent en prismes hexa- gonaux. Ceux-ci sont formés de six individus dont les plans des axes optiques se coupent suivant l’axe vertical du prisme hexagonal. Pas de clivages. Ja couleur est brune et les cristaux sont opaques, Biréfringence faible, Cristaux optiquement négatifs. Bissectrice aiguë parallèle à l'axe vertical, Plan des axes optiques dans g!'. Angle des axes optiques petit. La densité est de 4,446 et la dureté un peu moindre que celle de l’orthose. L'analyse a donné les résultats suivants : silice, 16,77 ; acide phosphorique, 6,48; sesquioxydes de cérium, de lanthane et de didyme, 60,54; sesquioxyde de fer, 0,43; chaux, 11,28; magnésie, 0,13; soude, 1,85; fluor, 1,33. En supposant que l'acide phosphorique est combiné avec le cérium, comme dans la monazite et le fluor avec le sodium, on est conduit à la formule très complexe 3 [4S102,2(Ce, La, Di, Fe)*O3, 3(Ca, Mg) OI, O,NaF1, eau, 1,275 2 [P20ÿ, Ce20i] M. Flink a aussi rencontré un grand nombre d’autres minéraux renfermant des terres rares, et en particulier la parisite qui a une apparence, des propriétés physiques et une composition un peu différentes de celles de la parisite de Muso. Elle est plus réfringente, plus légère (densité, 4,302 au lieu de 4,355). La composition de la parisite de Nasarsuk (Groënland) est représentée par la formule CeFCaC?206, alors que celle du même minéral de Muso correspond à CeF?CaC30. L’apatite yttrifère est aussi intéressante. Elle contient 3,36 d'yttria et 1,52 d'oxyde de cérium. Les cristaux sont toujours très petits, et c’est à peine s'ils atteignent 1 millimètre, P. GAUBERT. LES RACES DE MADAGASCAR A l'Exposition universelle de 1900, à l'exposition de Madagascar, existait un détachement réunissant la plu- part des races habitant la colonie et se composant comme suit : = 1° Hovas. —-Ce sont eux qui forment la race la plus intelligente de Madagascar. Leur domination s’exerçait sur une grande partie de l'ile et c'est contre leur hégé- monie qu'a été dirigée l'expédition de 1895. Ils occupent la province de l’Imerina dont le chef-lieu, Tananarive, était la résidence de Ja reine, comme il est maintenant le siège du gouvernement général. 2 Betsileo. — Les Betsileo sont aussi intelligents que les Hovas, mais de nature moins résistante. Ils habitent le sud du massif central dont la ville principale est Fiana- rantsoa. Ils se livrent surtout aux travaux de culture et au tissage des soies. 30 Siahanaka. — Les Siahanaka sont peu nombreux. La contrée qu'ils habitent au nord du massif central, en remontant sur Diego-Suarez, estmarécageuse etmalsaine, Ils s'occupent de pêche et un peu d'élevage. 40 Tankarana. — Ce sont les habitants de la pointe nord de l'ile. Ils sont denuis de longues années en contact avec la civilisation et gardent dans la langue, les mœurs et même le costume, les traces de l'influence laissée par la colonisation arabe. Ils sont plutôt mous et paresseux. 3° Sakalava du nord-ouest, — Ces habitants sont aussi très civilisés. Leur principale occupation :st la pêche. Beaucoup d'hommes s'engagent sur les bâtiments de guerre ou de la marine marchande. Les femmes s’occu- pent à des travaux de vannerie. Cette population est plutôt de mœurs dissolues. 6o Sakalava de l’ouest. — Autant les Sakalava du nord-ouest subissent volontiers l'influence de l'Européen, autant les Sakalava de l’ouest y sont rebelles, D’un naturel sauvage et nomade, ils ont résisté contre nous avec un acharnement dont on n'est venu à bout qu'après de nombreux etsanglants combats. Aujourd’hui la région qu'ils occupent est tout à fait calme, mais nécessite toutefois que le vainqueur se tienne en éveil. 70 Mahafaiy. — Population occupant les vastes contrées du sud-ouest de Madagascar, dont le centre est le port de Tuléar. Notre installation n’est pas encore complète dans la région et les habitants nous en sont peu connus. Le caoutchouc s’y trouve en grande quantité. 8° Tanosy. — Les Tanosy habitent la région du sud- est, dont la capitale est Port-Dauphiu. Ils sont, par tradi- tion, une popalation guerrière; leurs ancêtres ont lutté au dix-septième siècle contre notre influence, représentée alors par Flacourt. Ils sont Jen outre bons cultivateurs. 99 Taimorona. — Ce sont des descendants directs des Arabes. Ils occupent la côte Est, et leur capitale est Farafangana. Travailleurs, et volontiers nomades, ils quittent facilement leur province pour s’employer aux travaux des routes. 10° Betsimisaraka, — Race qui s’affaiblit et décroit de jour en jour par l’abus des alcools. Les Betsimisaraka, qui occupent tout le reste de la côte Est, sont à la fois pêcheurs et bücherons, suivant que leur caractère nomade les pousse à la côte ou dans la forêt. Ils devraient vivre heureux et prospères grâce à la fertulité de leur sol, mais ils sont minés par leur vice d’ivrognerie qui les rend paresseux. 119 Tambahoaka. — Petit groupe d'habitants de la grande ile qui se sont constitué un petit fief autour de Mananjary. Ce sont des métis provenant de l’émigration arabe la plus récente. IA CŒAIILILE DANS LE DÉPARTEMENT DE LORNE Cet oiseau, qui séjourne chez nous d'avril à septembre, y est beaucoup moins abondant qu'autrefois, et d'année en année les chasseurs en constatent avec regret la diminution, M. Paul Noël vient d’en indiquer la cause : le braconnage effréné dans le midi de la France; il aurait pu ajouter en Italie, en Espagne et sur tout le littoral de la Méditerranée. (E. OUSTALET : La protection des Oiseaux, p. 25.) Mais voici sur la dispersion actuelle des Cailles, dans le département de l'Orne, un fait bien observé et qui pourrait expliquer pourquoi elles sont aujourd'hui très rares, où même inconnues, sur beaucoup de points de la Normandie. On n’en voit plus dans le Pays d’Auge, et elles restent encore relativement assez communes dans les grandes plaines du centre du département, à Alencon, Sées, Argentan. Quelle en est la cause ? Je l’attribue aux modifications apportées dans les cultures depuis près de vingt-cinq ans. Pour des raisons d'intérêt bien compris, les cultivateurs ont à peu près complètement délaissé les céréales et transformé leurs champs en prairies ou en herbages, tandis que dans nos plaines on fait toujours du blé, de l'orge, de l’avoine et du sarrasin. Or, c’est là surtout que les Cailles se plaisent; elles nichent rarement ailleurs que dans les blés; aux mois d'août et de septembre, elles cherchent dans les chaumes et les sarrasins un lieu de refuge et les graines dont elles sont friandes. Aussi n'est-il pas surprenant que ces oiseaux aient déserté une contrée ne leur offrant plus ni l'habitat qui leur con- vient, ni l'alimentation qui leur est nécessaire. | LE NATURALISTE Dès le siècle dernier, notre vicil auteur Magné de Marolles avait fait des observations analogues sur le Râle de Genêt aux environs de Carrouges. De vastes genétraies ayant été défrichées et remplacées par des champs de sarrasin, les Râles s’éloignèrent d’un canton où ils ne trouvaient plus leurs retraites préférées. A.-L. LETACQ. Un champignon rose vénéneux DE FRANCE (!) Les empoisonnements par les champignons sont assez fréquemment observés pour qu'on signale à l'attention des cultivateurs une espèce de champignon rose dont la confusion avec le champignon de couche peut amener des accidents sérieux. Il s'agit du stropharia coronilla, sur la comestibilité duquel Ja plupart des flores sont muettes. Ce crypto- game doit être classé parmi les champignons dangereux. Bien que sa toxicité soit loin d'égaler celle des amanites vénéneuses, elle est cependant suffisante pour le faire rejeter des espèces comestibles. Le stropharia coronilla ne peut être confondu qu'avec le champignon rose ou psalliota campestris, dont il se distingue assez facilement par la teinte vineuse des lames ou feuillets, par l’adhérence assez tenace du pied au chapeau qui empêche la séparation de celui-ci sans déchirure des lames,contrairement à ce quise passe dans le « vrai rose »; enfin, par la teinte ocracée du chapeau. De plus, quand on coupe le stropharia, sa chair jaunit légèrement, tandis que la chair du vrai champignon rose tend à prendre le rose même des feuillets. Voici, d’ailleurs, en regard, les divers caractères qui permettent de différencier le « vrai rose », ou psalliota campestris, du « faux rose », ou sfropharia coronilla : PSALLIOTA CAMPESTRIS blanc, ou blanc grisätre, blanc ocracé, finement poilu, non visqueux; diamètre variable, pouvant atteindre d'assez grandes dimensions. $ STROPHARIA CORONILIA Chapeau jaune ou fauve, ou jaune citrin pâle, quelque- fois peu accentué au centre avec périphérie blanche-gla- bre, légèrement visqueux par les temps humides. Son dia- mètre varie de 3 à 5 centi- mètres. Pied pourvu d'un anneau blanc généralement à stries viola- cées fines. Pied court, ne dépassant pas le diamètre du chapeau. pourvu d’un anneau bianc sans stries violettes. court, ne dépassant pas généra- lement le diamètre du cha- peau. Pied blanc, légèrement et brus- quement rétréci au-dessus de l'anneau plutôt gréle. Lames blanches, puis d’un rose vineux ou roses violacées, puis brunes violacées, jamais franchement roses, devenant en vieillissant brunes viola- cées. Lames adhérentes au pied qui est difficilement séparable du chapeau. Lames. — Sont ordinairement disposées en rayons incurvés dans le même sens, du pied à la périphérie. Chair blanche, tendant à jau- nir. blanc, uniforme dans son dia- mètre, ou du moins ne pré- sentant pas de rétrécissement brusque marqué, plutôt évais. franchement roses (le rose peut être plus ou moins accentué), devenant en vieillissant brun pourpre. libres, c’est-à-dire non adhé- rentes au pied qui est facile- ment séparable du chapeau. sont rectilignes, ou à peu près, du pied à la périphérie. blanche, tendant à se colorer en rose. (4) Communication du Ministère de l’agriculture, LE NATURALISTE 213 APERÇU SUR LA FLORE DU SÉNÉGAL ET DU SOUDAN Par les épaisses forêts de la Casamance, de la Bagoé et de la Volta, la flore du Sénégal se rattache à la zone des forêts de la région équatoriale de l'Afrique ; par les plaines sablonneuse et les dunes arides du Nord, elle se lie à la flore désertique du Sahara. À part les vallées de l'extrême sud de la colonie qui conservent toute l’année leurs frais bouquets de palmiers et de bambous, leurs forêts épaisses et verdoyantes aux arbres séculaires, couverts d’orchidées et enlacés de lianes, l'aspect général du pays est monotone et parfois désolé pendantles six mois de la saison sèche. Des arbres isolés, donnant une ombre légère, ou même dépourvus de feuilles une partie de l’année, de petits buissons épineux, quelquefois de maigres lianes aux branches tortueuses, par places de monstrueux baobabs ou de gigantesques ficus, des herbes sèches brûlées en beaucoup d'endroits par les incendies de la brousse dont les lueurs s’apercoivent de tous côtés la nuit, puis des nappes de latérite, formant de vastes plateaux ferrugineux dénudés, des espaces sablonneux également dépourvus d'arbres, telle est la physionomie du Sénégal et du Soudan pen- dant une partie de l’année. À l’arrivée des premières pluies, en mai, au sud de la colonie, en juillet dans l'extrême-nord, l'aspect du paysage change immédiatement. La brousse se couvre de graminées et s'émaille de fleurs appartenant surtout aux familles des composées et des légumineuses ; de bril- lantes orchidées terrestres, des aroïdes bizarres, de Jolies plantes bulbeuses comme le crinum, d’éclatants phryniums, des commélinées fragiles, fleurissent dans les endroits ombragés dépourvus d'herbe, Les arbres se cou- -vrent de nouvelles feuilles ; les fourrés de lianes sont embaumés par les fleurs du sala ou fausse liane à caout- chouc (Landolphia senegalensis) qui existe un peu partout, L'indigène, indolent le reste du temps, travaille avec activité; les chamy:, incultes une partie de l’année, sont ensemencés et les curéales s’y développent avec une rapi- dité prodigieuse, En novembre, après l’hivernage, la plupart des herbes se dessèchent ; beaucoup d'arbres perdent leurs feuilles et achèvent de mürir leurs fruits, tandis qu’un acacia en forme de parasol, le « Kade » (Acacia albida), qui, en beaucoup d’endroits, forme le fond de la végétation, se couvre de feuilles et de fleurs et constitue ainsi l’une des nombreuses bizarreries de la flore de ces pays ; puis, la nature reprend pour six mois encore son aspect brülé, aride, désolé. C'est pourtant cette saison sèche, durant les trois premiers mois surtout, qui est la plus favorable à l'Euro- péen. C'est celle où les grands produits, le caoutchouc, l’arachide, la gomme, les palmistes, arrivent à nos comp- toirs ; c'est aussi celle où nos plantes d'Europe exilées, nos légumes de France se développent le plus vigoureu- sement, quand on les arrose avec soin, et apportent un appoint agréable à la nourriture du colon africain. Il n’y à qu’une seule liane à caoutchouc depuis la côte de la Sénégambie jusqu'à l'extrémité orientale de nos possessions de la Haute-Volta. Cette liane est le Landol- phia Heudelotti A. D. C., appelé toll au Sénégal, goïine au Soudan. Un arabe du littoral de la Sénégambie et de la Casa- mance, le Ficus Vogelii Hook ou dob, est également exploité, mais il ne fournit qu'un caoutchouc de qualité inférieure. Des expériences faites sur le latex d'une quinzaine d'arbres ont donné des résines ayant parfois l'aspect des guttas, mais n’en possédant pas toutes les propriétés. Quelques-unes donnent du caoutchouc en assez grande quantité et pourraient être utilisées dans les industries qui n’exigent pas une substance élastique de première qualité. L'arachide, ou pistache de terre, constitue une des richesses du Sénégal ; mais ce n’est pas la seule plante donnant des matières grasses que l’on puisse exploiter. Dans tout le Soudan moyen, on rencontre en très grande abondance le karité ou arbre à beurre qui fournit une graine végétale employée par les indigènes pour la préparation de tous les mets. Son fruit ressemble à un marron. On a cultivé autrefois, en vue de l'exportation, le pour- guère ou pignon d'Inde et le béref ou pastèque, qui réussit bien. On pourrait cultiver en beaucoup d’endroits le ricin et les sésames. On achète encore en Casamance les noix palmistes, graines du palmier à huile (Elæis guineensis), dont les régimes incisés à la base donnent le vin de palme et dont le gros bourgeon terminal constitue un bon chou palmiste. Les autres végétaux donnant des graines oléagineuses sont : l’owala (Pentaclethra macrophylla Benth), bel arbre de Casamance ; le mana (Lophira alata), dont le feuillage ressemble à celui du karité. Les bonnes gommes sont fournies uniquement par l’'Acacia vereeck Guill et Perr, arbre très commun dans tout le nord de nos possessions, depuis le Cayor et le Sahel des Trarzas jusque bien à l’est de Tombouctou. Les autres sécrétions gommeuses qu'on y mélange dé- précient la qualité des gommes arabiques. Nombreux sont les arbres du Sénégal qui laissent exsuder de la gomme lorsqu'ils sont blessés ; on peut citer presque toutes les légumineuses arborescentes, les mal- vacées térébinthacées, les méliacées, etc. Ces gommes ont des propriétés diverses. Les unes sont presque insolubles dans l’eau et inodores, d'autres con- tiennent des résines odorantes comme l'albarcante ou myrrhe de Tombouctou. Il en est qui ressemblent à la gomme adragante, d’autres ont l'aspect des gommes copal, plusieurs pourraient probablement recevoir une utilisation industrielle, Le cotonnier serait rémunérateur au Sénégal et son produit susceptible d'exportation si l’on constituait une race bien adaptée au pays et à soie uniforme. Ce résultat pourra être obtenu en sélectionnant les cotonniers du Niger moyen du groupe Gossypium hirsutumn ou en les hybridant avec les cotonniers du groupe Gos- sypium barbadense qui semblent bien s'acchimater sur le littoral du Sénégal. De nombreuses plantes à filasse existent dans le pays. Ce sont surtout des malvacées, des légumineuses, des tiliacées ; le jute est cultivé en plusieurs endroits et jusque dans les terres alluvionnaires de la région de Tombouctou où il réussit bien, mais jusqu'à présent on 274 s’est contenté d'en manger les feuilles en guise d'épi- nards. Les Indigofera ou plantes à indigo sont nombreux au -Sénégal et au Soudan et deux espèces sont cultivées autour de chaque village pour l'usage tinctorial, Il faut surtout remarquer le Lonchocarpus cyanescens où caraba, grande liane qui croît de la Casamance au Gabon et dans tout le sud du Soudan et qui fournit un indigo très appré- cié des noirs. D'autres végétaux du Sénégal donnent des couleurs rouges, jaunes, noires, utilisées par les indigènes. Il existe quelques petites plantations de canne à sucre (Saccharum officinarum L.) dans la presqu'ile du Cap-Vert et en basse Casamance. Les plantes viennent bien et sont utilisées par les indigènes, qui en sucent le suc. Cette culture pourrait être faite sur une vaste échelle en beaucoup de points de la colonie, en Casamance, dans la Volta, dans l’ancien pays de Samory, etc. Le sorgho à sucre (Andropogon saccharatus Brot.) se cultive dans la vallée du Niger, où l’on rencontre égale- ment une plante, le bourgou, qui sert à fabriquer une boisson sucrée très appréciée à Tombouctou. C’est une véritable canne à sucre aquatique qui croît à l'état sauvage en telle abondance qu’elle est parfois un obstacle pour la navigation au moment de l'hivernage et dont les indigènes tirent une mélasse et même un sucre grossier. L'industrie pourrait trouver là une matière première venant sans culture en extrême abondance, et le sucre obtenu serait facile à écouler chez les populations de PAfrique centrale. Le tabac réussit surtout dans la vallée du moyen Niger. Il est très recherché des indigènes du Soudan, hommes et femmes, qui le fument, le prisent et le mâchent. Les céréales sont représentées par le mil, constituant, lorsqu'il est pilé, le couscous, qui forme la base de la nourriture du noir dans l'Afrique occidentale ; le millet, le fonio, le riz, qui se cultive surtout en Casamance, dans le sud des anciens Etats de Samory et dans la vallée du Niger, près des lacs de la région de Tombouctou ; le mais, cultivé principalement autour des habitations ; le blé et l'orge, que l'on rencontre en petite quantité dans la région Nord. Comme plantes à tubercules, on peut citer le manioc, divers ignames, les patates, dont le goût sucré fatigue vite les Européens, les colacases ou choux caraibes, l'oignon, l'ail et un certain nombre de plantes sauvages. Il existe enfin un grand nombre de plantes médicinales ou toxiques. LA CONSERVATION DES CHENILLES EN COLLECTION S'il est intéressant de posséder une collection d'insectes parfaits, il est certainement beaucoup plus intéressant encore au point de vue biologique de posséder, dans les collections entomologiques, auprès de l'insecte parfait, ses œufs, sa larve, son cocon et, quand on le peut, des spécimens de ses dégâts. On sait depuis longtemps conserver les insectes par- LE NATURALISTE faits, malheureusement il n’en était pas de même des larves où chenilles, qui se recroquevillent et brunissent en vieillissant, à tel point qu'il est à peu près impossible de les reconnaitre après quelques jours de dessiccation. Plu- sieurs cependant pouvaient se conserver dans l'alcool, dans le formol, dans le bichlorure de mercure; mais ces produits ont le très grand défaut de détruire les couleurs tendres, vertes, roses ou jaunes; de plus, les larves ou chenilles velues deviennent méconnaissables dans un de ces liquides; et c'est pour cette raison que beaucoup d'entomologistes avaient renoncé à placer dans leur col- lection les larves à côté des insectes parfaits. Voici un procédé de conservation qui me donne des résultats surprenants, et que je suis heureux de faire connaitre aux lecteurs du Naturaliste. Lorsque je capture une chenille ou une larve que je désire conserver, voici comment j'opère : je coupe d’abord de petits morceaux de papier buvard de 10 cen- timètres de côté. Sur un de ces papiers placé sur une table, je dépose la chenille que je désire préparer. Avec l'index de la main gauche je lui maintiens la tête sur le papier, et, à l’aide d'un tube de verre plein, je lui presse l'extrémité opposée du corps, de façon à faire sortir les déjections en même temps que l'intestin tout entier, puis, en roulant deux ou trois fois mon tube sur la chenille, j'arrive à la vider complètement. Les déjections et les liquides sont absorbés au fur et à mesure par le papier buvard; et il ne me reste plus que la peau de cette larve. Prenant alors un tube en verre très finement effilé par un bout, j'enfonce ce bout dans l'intestin ressorti de la chenille, et, à l’aide d’un peu de fil, je le noue à la partie eflilée du tube. Il me suflit donc alors de souffler légère- ment dans le tube pour que l'air, entrant dans la che- nille, lui redonne sa forme primitive. Il ne reste plus qu'à dessécher la larve ainsi gonflée d'air, pour qu'elle garde indéfiniment sa forme et sa couleur ; pour cela je me sers d’un appareil spécial, qui se compose d'une lampe à alcool chauffant une petite chau- dière de cuivre, large de 10 centimètres et profonde de 15, A la partie supérieure se trouve un rebord qui descend jusqu’au bas de la chaudière, de manière à rete- nir la chaleur perdue, et permet d'obtenir une chaleur égale dans toute la capacité de la chaudière. Cette petite chaudière, en somme, n’est autre chose qu'une sorte de capsule, dans le creux de laquelle la lampe, qu'on allume au-dessous, dégage une cha- leur assez forte pour cuire et dessécher le tégument extérieur de Ja chenille. De petits montants sont pla- cés pour maintenir la peau de la chenille fixée au bout du tube dans l'espace plein d'air chaud, sans qu'il y ait contact avec les parois de la chaudière, pendant le temps voulu pour la dessiccation ou cuisson. Je dois noter qu'il serait imprudent de gonfler ainsi certaines chenilles en soufflant avec la bouche (Bombyx, processionnea, pytiocampa, quercus, etc., etc.), parce que les poils de ces chenilles sont très vésicants, et, en entrant dans les chairs de la figure, provoqueraient des éruptions, des érysipèles et pourraient occasionner des désordres assez graves. Aussi est-il préférable d’em- ployer, pour cette insufflation, de petites poires en caout- chouc, analogues aux vaporisateurs usités pour la toi- lette. On évite ainsi les inconvénients dont je parlais tout à l'heure. F LE NAÂTURALISTE 275 Aussitôt que la peau de la chenille est devenue dure et cassante, on la retire, on la pique par le milieu du Corps avec une épingle, en ayant soin d'ajouter en-des- sous une petite goutte de gomme arabique, de facon à empêcher la larve de tourner autour de l’épingle ; et l’on possède ainsi des larves et des chenilles, grosses ou petites, velues ou non, parfaitement conservées. Pour celles qui ont des couleurs vertes, roses ou jauues, il est essentiel de les suspendre un peu au-dessus de l'appareil de facon à les faire cuire très lentement pour ne pas altérer les couleurs. Pour conserver le plus longtemps possible les chenilles vivantes, on se sert de sortes de cages en fine toile mé- tallique ; on y place à l'intérieur des pots à fleurs. Dans la terre du pot à fleurs est placée une petite bouteille pleine d'eau, où l'on met une branche de la plante ou de l’arbuste sur lesquels la chenille a cou- tume de vivre. On peut ainsi avoir, pour les préparer, des chenilles à divers âges, et, par conséquent, sous leurs divers aspects, car les larves changent souvent même de couleur après chaque mue; et rien n’est plus curieux que de voir ainsi toute l’évolution de chacun de ces petits êtres. J'ajoute que cette collection de larves m'a permis de faire en même temps une autre collection tout aussi intéressante. Je veux parler des parasites des chenilles et des larves; fréquemment, en effet, en vidant une chenille on aperçoit dans la masse liquide qui en sort de petites larves ayant les formes les plus bizarres et les plus curieuses ; il y en a de courtes (Microgaster, etc.), et d'autres qui sont deux, trois et même dix fois plus longues que la larve qui les nourrit (Gordius aquati- cus,etc.). J’ai pu ainsi me procurer un assortiment très curieux et peu connu d'insectes, la plupart du temps ignorés des chercheurs. Peut-être pourrait-on croire que cette collection de larves est d'un aspect moins beau qu'une collection d’in- sectes parfaits; c'est là une grave erreur, et il suffit de voir quelques chenilles de Cossus ligniperda, Liparis, salicis, et tant d’autres, pour se convaincre du con- traire. PAUL NOEL. LA GUADELOUPE ET SES PRODUIXS PRINCIPAUX Sucre. — La principale production de la Guadeloupe est le sucre de canne. La canne à sucre, graminée de grande taille, dont le port ressemble un peu à celui du mais, y occupe des milliers d'hectares; les travaux de la culture et surtout de la récolte font vivre la plus grande partie de la population; l'ex- traction du jus sirupeux de la plante et sa transformation en sucre cristallisé alimentent l’activité de plusieurs usines. Cette industrie était plus importante encore jadis, et a longtemps fait la fortune des Antilles; le sucre de canne n'avait pas de concur- rent sur le marché européen, et les colons réalisaient, presque sans effort, de magnifiques bénéfices. La découverte du sucre de betterave, l’essor presque immédiat qu'a pris cette nouvelle fa- brication en Europe même, ont porté un coup fatal à la richesse de nos vieilles possessions. Atteintes déjà, en 1848, par la crise de la main-d'œuvre que détermina l’affranchissement des es- claves, épuisées par l’abus même de la culture de la canne, elles n'ont pas pu jusqu’à présent, et ne pourront de longtemps en- core retrouver leur ancienne prospérité. Le mal dontelles souffrent n'est-il pas plutôt destiné à s’aggraver ? La production du sucre de betterave va en croissant chaque année, accentuant de plus en plus la dépréciation d'une denrée autrefois coûteuse. Sans doute, il est vrai, les raffineries de la métropole, qui ont besoin de sucre de canne pour leurs opérations, assurent à nos colonies un notable mouvement d’affaires ; sans doute, le gouvernement fran- ais, par des mesures bienveillantes, a amené une certaine dé- tente dans la situation : la délaxe de distance, en allégeant les frais de transport, place le sucre colonial, sur le marché fran- çais, à peu près dans les mêmes conditions que le sucre métro- politain; le boni de fabrication permet à l'importateur créole d'introduire, sous un régime de faveur, environ la cinquième par- tie de sa production. Mais ces remèdes diminuent le mal, ils ne le font pas disparaitre. Les Antilles françaises ne sont pas encore acculées à la ruine comme les Antilles anglaises, leurs voisines, où rien n'a été tenté; mais elles languissent, et le malaise éco- nomique y est la principale cause de ces perturbations sociales qui les ont récemment agitées. Rhums. — Puisque la production du sucre n’est plus suffi- samment rémunératrice et menace de le devenir de moins en moins, il n'existe qu'une issue à la situation : produire autre chose. Mais il n'est pas facile de modifier subitement toute l'ac- tivité agricole d'un pays; une telle transformation demande du temps, des capitaux : or, la misère presque générale exige des solutions immédiates, et en même temps ne permet pas de rien tenter de considérable. L'un des moyens les plus simples qui se présentaient était, sans révolutionner les cultures, de fabriquer du rhum au lieu de fabriquer du sucre; le rhum, en effet, est d’un écoulement facile ; il se vend bien et, provenant exclusive- ment de la fermentation du jus de canne, ne craint pas la con- currence d’une industrie européenne rivale. Il n'y avait donc qu'à modifier un peu l'outillage des usines, en y ajoutant des appareils de distillation. Cette manière de procéder a donné de bons résultats à la Martinique. Elle a moins réussi à la Guade- loupe. Les rhums de la première de ces colonies jouissent sur le marché français d’une réputation que les autres ne possèdent point. La Martinique bénéficie-t-elle encore du souvenir de cette préférence que lui accorda jadis la métropole, et qui lui valut le nom de « la reine des Antilles »? Ou bien ses produits, grâce à un secret de fabrication, sont-ils réellement supérieurs ? Il n’est pas facile de trancher cette question. Mais, grâce à l'initia- tive des distillateurs de la Guadeloupe, qui s’efforrent de ré- pandre de plus en plus leurs marques, grâce aux progrès que fait chaque jour leur industrie et qu'elle fera encore, grâce enfin aux études entreprises par nos savants sur les propriétés des diverses levures par lesquelles s'opère la fermentation des vesous, il est à espérer que les rhums de la Guadeloupe acquer- ront, s'ils ne les ont déjà, toutes les qualités qui font préférer des produits d'autre origine, et prendront dans le commerce la bonne place à laquelle is ont droit. Cafés. — Le café tient une place importante, Il serait à sou- haiter qu'il en obtint une plus importante encore, et que, sui- vant les conseils de la mère patrie, les colons se décidassent ré- solument, partout où la substitution serait possible, à étendre cette culture en restreignant celle de la canne. Il fut un temps, dit-on, où les planteurs, hallucinés par les bénéfices merveilleux de la sucrerie, arrachaient leurs caféières pour semer partout le précieux roseau; c’est le contraire qu'il faudrait aujourd’hui : mais l'opération est moins aisée; la canne donne immédiatement son plein rendement, tandis que le caféier demande au moins cinq ans pour être entièrement productif. Peu de propriétaires sont à même d'attendre aussi longtemps, et ce n'est que petit à petit que la transformation pourra se réaliser. Tout semble d’ailleurs inviter nos colons à porter leurs efforts dans ce sens. Sur plus de 100 millions de kilogrammes de café consommés en France, nos possessions nous en fournissent tout juste un million; pourtant, les cafés des colonies françaises bénéficient à l’impor- tation d’une détaxe considérable, bien faite pour les aider dans la lutte contre la concurrence étrangère. Le planteur créole ré- clame plus encore: il voudrait la franchise complète de tous droits de douane. Nul doute qu'une pareille mesure ne soit de pature à donner un nouvel élan à la culture du café; mais ce qu'il faudrait surtout, c’est un peu plus de décision, un peu plus d'initiative personnelle. L'on reconnaitra toutefois que la Gua- deloupe occupe, à ce point de vue une place tout à fait prépon- dérante parmi nos possessions ; sa production représente presque les trois quarts de la production totale des colonies; la Marti- nique même lui achète pour sa propre consommation. Il faut 276 LE NATURALISTE dire aussi que l'excellente qualité de ses cafés leur a valu, bien plus que leur bon marché, le succès éminent qu'ils obtiennent partout. On peut citer les-très intéressants résultats obtenus par M. Guesde, qui introduisit dans la colonie, en 1894, le caféier d’Abyssinie, plus robuste et mieux adapté au climat que le ca- féier d'Arabie, exclusivement cultivé jusque-là; là où son con- génère souffre du soleil, il réussit parfaitement; une importante plantation a été réalisée à la Grande-Terre (partie orientale de l'ile) dans des régions situées à 18 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cacaos. — Une autre production qui, quoique à un moindre degré, serait susceptible de donner un regain de vitalité à notre colonie, est celle du cacao. Cette plante précieuse existe surtout à la Guadeloupe proprement dite (partie orientale), où elle fait vivre un nombre appréciable d’exploitations. A la Martinique, la culture en a été à peu près complètement délaissée: dans des pays voisins, au contraire, notamment à la Trinidad et au Vene- zuela, elle constitue l'un des principaux éléments de richesse. Le cacao récolté à la Guadeloupe est de très bonne qualité. Vanilles. — La vanille de la Guadeloupe est de qualité hors ligne. Sur nos marchés, celle du Mexique est la plus appréciée et se vend fort cher. Il est bon de savoir que la presque totalité des vanilles de notre colonie est achetée par des Américains, qui les introduisent à New-York et les revendent ensuite comme pro- duits du Mexique : supercherie grandement préjudiciable aux intérêts de la Guadeloupe, qui devrait pouvoir écouler directe- ment comme siennes, et à un prixenrapport avec leur qualité, les denrées excellentes qu'elle récolte sur son propre sol. La cul- ture de la vanille est de celles qui, presque sans effort, peuvent se développer d’une façon considérable. Cette odorante orchidée pousse, en effet, dans des caféières, sans frais et, pour ainsi dire, sans qu'il soit nécessaire de s’en occuper. Il suffirait d'assurer des débouchés aux planteurs, pour provoquer presque immédia- tement un accroissement corrélatif de la production. Epices. — La petite cuture aurait encore à la Guadeloupe un aliment facile dans les épices, girofle, cannelle, poivre, mus- cade. L'exploitation en a été malheureusement à peu près com- plètement délaissée, Fruils. —— Par contre, une certaine extension a été prise, dans les dernières années, [par le commerce des fruits frais et con- servés, Les arbres fruitiers sont en grand nombre à la Guade- loupe; ils poussent pour la plupart sans culture, dans toutes les parties de l'ile. Les principaux sont le bananier, dont il existe plusieurs variétés, le goyavier, le manguier, originaire de l'Inde, l'ananas surtout, qui nécessite certains soins, largement compen- sés par l'exportation considérable à laquelle il donne lieu dès à présent. Il va sans dire que bien d’autres sortes d'arbres frui- tiers, en dehors de celles que l’on vient d’énumérer, se ren- contrent à la Guadeloupe: l'arbre à pain, le pommier de Cythére, par exemple, ou des espèces plus connues encore, l'abricotier, le citronnier, l'oranger. Ils ne donnent pas lieu à une exploitation digne d'être signalée. On remarquera cependant, parmi les pro- duits qui pourraient être susceptibles d'une plus grande utilisa- tion commerciale, le shrub, vin de liqueur parfumé avec des écorces d'oranges, dont on dit grand bien. Bois. — La Guadeloupe est d’ailleurs féconde en richesses naturelles, dont la plupart sont encore peu connues ou à peu près négligées. Ses forêts constituent assurément l’une des prin- cipales. Grâce à la splendeur invariable du climat, une végéta- tion exubérante — arbres séculaires, troncs magnifiques, fou- gères arborescentes, lianes enchevêétrées, fourrés impénétrables de bambous — couvre de sa verdure perpétuelle les flancs des märnes et des collines. Les bois d’ébénisterie, les essences pré- cieuses s’y rencontrent en abondance. l’acajou, ce bois si es- timé, s'y trouve communément ; on l’'emploie même à la fabrica- tion d'objets de ménage. De même, le laurier-rose montagne, l'ébène verte, le noyer des Antilles, très recherchés dans l’in- dustrie du meuble, y croissent un peu partout. A citer encore le gaiac, dont le cœur est si résistant et si dur, qu'il émousse les meilleurs instruments; le courbaril noir et raboteux, dont le bois résineux est excellent pour la charpente. Il n’est pas jus- qu'aux lianes qui ne puissent fournir les éléments d'une utilisa- tion commerciale; on en fabrique déja des cannes, et elles pourraient être employées à la construction de meubles légers: petits bancs, chaises de jardin, etc. CHRONIQUE Vente aux enchères publiques des livres d'histoire naturelle de la bibliothèque Ch. 1 Brongniart. — Les 20, 21 et 22 décembre prochain 3 aura lieu à la maison Sylvestre, 28, rue des Bons-En- * fants, à 8 heures très précises du soir, la vente aux k euchères publiques dela bibliothèque de feu Ch. Bron- - gniart, assistant au Muséum de Paris, notre regretté ‘4 collaborateur. Cette bibliothèque renferme un grand 3 nombre de bons ouvrages, notammenten ce quiconcerne : M l’'entomologie. Ses belles recherches sur les insectes fos- 4 siles sont bien connues et tous les documents qu'il a f consacrés à cette partie sont restés dans sa bibliothèque. 4 La vente est faite par le ministère de M° Maurice à Delestre, commissaire priseur, assisté de Les Fils d D'Émile Deyrolle, experts naturalistes, 46, rue du Bac, chez lesquels se trouve le catalogue, qui sera adressé à 1 toute demande. ACADÉMIE DES SCIENCES La distribution des sexes dans les pontes de f Pigeons. (M. L. Cuénot.) Le On sait qu'à chaque ponte les Pigeons domestiques et les Co- pi lombins exotiques donnent toujours deux œufs, qui éclosent en même temps; une tradition très ancienne, qui remonte au moins à Aristote, veut que ces deux œufs fournissent ordinairement, l'un un mâle, l’autre une femelle. Pour élucider la question, M. L. Cuénot a examiné 65 pontes de pigeons voyageurs (C. livia); il a trouvé 17 fois deux mâles, 14 fois deux femelles et 34 fois les deux sexes. Il n’y a donc aucune loi de distribution des sexes dans les pontes de Pigeons. Une autre tradition attribue aux pontes bisexuées une particula- : rité des plus curieuses : Aristote avait remarqué que c'était le 4 plus souvent le premier œuf pondu qui donne le mâle. L'auteur g a étudié 30 pontes bisexuées, dans les conditions suivantes : les j deux œufs, qui sont pondus à un ou deux jours d'intervalle, L: étaient dès leur apparition marqués d’un numéro sur la coquille ; pour reconnaitre le sexe, les jeunes étaient disséqués un ou deux jours avant qu'ils éclosent; on ne pouvait se tromper, ni sur le sexe, facile à reconnaître par dissection, ni sur le numéro d'apparition de l'œuf. Or, sur les 30 pontes, le premier œuf dans 15 cas a donné un mâle, et dans les quinze autres a donné # une femelle. Il y a donc autant de chances pour que la première # naissance soit male que pour qu'elle soit femelle. Sur le parasitisme du Ximenia americana L. (M. Edouard Heckel.) ‘2 Dans une précédente communication, M. KE. Heckel a fait con- 3 naître le singulier phénomène qui accompagne la germination, des graines de Ximenia americana L. et qui est surtout carac- térisé par la transformation des deux premières feuilles en o: écailles radiciformes pénétrant par géotropisme positif dans la Ÿ graine entre les cotylédons inclus auxquels elles s’accolent défi- : nitivement. \ g Ô Mais quelques nouvelles expériences sur ce parasitisme des “h Ximenia ont démontré que cette plante, uhiquiste dans les Le régions tropicales, ne fixe pas indifféremment ses suçoirs sur toutes les plantes au voisinage desquelles on la place en serre chaude. Il résulte d'une première série d'expériences : 19 qu'une seule espèce, parmi cinq mises en cause, a donné lieu à une manifesta- tion évidente de parasitisme de la part du Ximenia, bien que, dans tous les cas, les racines des deux espèces mises en pré- sence fussent enchevètrées étroitement dans le même pot; 2° que, partout ailleurs, les suçoirs tantôt se sont formés sur les racines de Ximenia sans se fixer sur la plante à parasiter, tantôt ne se sont pas formés du tout. ° LE NATURALISTE 977 Dans ce dernier cas, le développement normal des Ximenia à semblé étroitement lié à la formation de nodosités ou tubercules qui paraissent jouer un rôle dans la nutrition de la plante para- site : ce rôle est à éclaircir comme la nature de ces tubercules qu'on pourrait rapprocher de celle des tubercules de Légumi- neuses. Sur l’ordre de formation des éléments du cylindre central dans la racire et la tige. (M. Gaston BoNNiIER.) — Dans ses recherches, devenues désormais classiques,sur la symétrie de structure des plantes vasculaires, M. Van Tieghem à déter- miné d'une manière précise les caractères des trois membres de la plante : racine, tige, feuille. On peut résumer dans les phrases suivantes les conclusions de cette étude fondamentale : 1° La racine à une symétrie vasculaire par rapport à un axe, et des faisceaux libériens centripètes altérnant avec des faisceaux ligneux également centripètes; 2° La tige a une symétrie vascu- laire par rapport à un axe, et des faisceaux libéro-ligneux à liber externe et centripète, à bois interne et centrifuge; 39 La feuille a une symétrie vasculaire par rapport à un plan et des faisceaux libéro-ligneux qui, dans le limbe, présentent le liber du côté inférieur (ou externe) et le bois du côté supérieur (ou interne). Ces trois structures sont comme imprimées par une hérédité lointaine dans les trois membres de la plante. La crois- sance dans des milieux différents, les adaptations spéciales, qui modifient profondément la nature et la répartition de tous les tissus, restent sans effet sur les lois de symétrie qui viennent d'être énoncées. N'y a-t-il donc aucune relation entre ces trois structures? Les fonctions générales d'absorption de la racine, de conduction de la tige, d'assimilation et de transpiration de la feuille sont-elles sans aucune corrélation avec ces trois disposi- tions des tissus vasculaires? Sans vouloir résoudre, M. Gaston Bonnier s’est proposé simplement d'exposer quelques remarques anatomiques et physiologiques qui paraissent de nature à mettre les chercheurs sur la voie de la solution. L'auteur ne s’est occupé que des plantes phanérogames. Il résulte des études faites que le cylindre central présente le même plan général de struc- ture chez la tige et chez la racine : la constitution et l’ordre de développement des tissus sont les mêmes pour les deux cas, La seule différence réside, comme l’a établi M. Van Tieghem, dans la position des pôles ligneux, qui, dans la racine, sont comme rejetés vers la périphérie du cylindre central. Il s'ensuit que le premier vaisseau formé près d'un pôle ligneux de la racine prend naissance non loin de l'écorce primaire, c’est-à-dire au voisinage de ce tissu régulateur du courant d’eau qui va des poils absorbants aux vaisseaux ligneux. Pour se rendre compte de cette différence, l'hypothèse la plus simple consiste à admettre que, dans la racine, il existe une corrélation entre la disposition du tissu vasculaire et l'absorption de l’eau par ce membre de la plante. ° Séance du 19 novembre 1900. Sur l'exosmose de diastases par les plantules.{Jules Laurenr.) — Il résulte des recherches et expériences de l'au- teur que les graines en germination peuvent répandre autour d'elles une partie des diastases nécessaires à la digestion de leurs réserves et utiliser ainsi certaines matières organiques in- solubles, comme l’amidon, qui peuvent se trouver à leur portée. Mais ce phénomène cesse avec la période de germination, et, comme l'avait déjà montré M. Duclaux, les racines sont in- capables dejrejeter au dehors des quantités appréciables d’amylase. UN EXEMPLE DE LONGÉVITÉ de Ja Graine La graine est un être vivant. Sa vie reste à l’état latent tant que des circonstances particulières ne la rendent pas apparente. Alors se produit la germination qui exige de l’eau, de l'air et de la chaleur : De l’eau, pour ramollir les enveloppes, faire gonfler l'embryon et servir de véhicule aux éléments nutritifs; De l'air, pour enlever le carbone de la graine par la formation d'acide carbonique et faire que la fécule devienne un aliment sucré et soluble ; De la chaleur, pour stimuler l’action de l’eau et de l'air. Garantissez les graines du contact de l’air ; à cet effet, enfermez-les dans un sac en toile, comme le font les marchands grainiers ; elles ne germeront pas. Mettez-les au contraire sur une éponge humide, la germination ne tardera pas à se produire. La terre ameublie est perméable à l’eau et à l'air. Donc, lorsque cette terre possède une chaleur suffisante, la graine qu'on y enfonce est en état de germer, pourvu toutefois que l’enfoncement ne soit pas trop considérable, car alors le milieu qui enveloppe la graine manque d’eau et d'air, c'est-à-dire de deux agents indispensables. Les graines perdent leur pouvoir germinatif, mais il est difficile de préciser à quel moment. Certaines ne peuvent germer que pendant quelques jours (Lauriers, Pruniers) ou pendant quelques mois (Ombellifères). D'autres conservent leur vitalité pendant deux, trois, dix ans et plus (Légumineuses, Malvacées, Grami- nées). Des graines de Melon germent encore au bout de quinze ans. On a cité des exemples de longévité extraordinaire. Par exemple, du blé en silos, datant des Romains, a germé 1500 ans après sa maturation. Des haricots, que Tournefort avait placés dans son herbier, ont été plantés avec succès après un siècle. Des graines de Luzerne lupuline, de Bluet et d'Hélio- trope, a dit M. Charles Desmoulins, ont été trouvées dans des tombeaux romains remontant aux premiers siècles de notre ère; elles ont donné naissance à des individus dont le développement s’est effectué norma- lement. Lorsqu'une plante, pour végéter, exige un élément dont le sol manque, sa graine sommeille jusqu’à ce que l’engrais approprié décide de son évolution. C’est ainsi qu'une prairie dépourvue de Légumineuses se couvrira de Trefle ou de Luzerne lupuline si on y répand des engrais chimiques. Un labour profond, ramenant le sous-sol à la surface, a souvent pour conséquence de modifier la composition du tapis végétal. , C'est done une mauvaise pratique que d’enfouir des plantes nuisibles approchant de leur maturité, Au pre- mier labour, on ramène les graines à la surface et on voit reparaitre en plus grand nombre le végétal qu’on croyait avoir détruit. Notre, regretté confrère et collaborateur Soulat- Ribette a fait sur la vitalité des graines une observation fort intéressante que nous citons textuellement : « De 1860 à 1862, j'avais exploré avec soin tous les étangs, mares, jones, cours d’eau, etc., de la Compagnie de Piégut-Pluviers (Dordogne) sans y trouver la moindre trace de Ranunculus ololeucos Lloyd (Renoncule blanche). Aussi quelle fut ma surprise, au mois de mai 1863, de découvrir en abondance cette belle espèce, presqu’'à l'entrée de Piégut, dans le lit d’un étang converti en pré depuis plus d'un siècle! L'année précédente on y avait creusé une petite mare; la terre limoneuse qu’on avait extraite en recouvrait les bords. Tout autour de cette mare, On voyait maintenant une guirlande de fleurs blanches, formée presque entièrement de R. ololeucos. C'était magnifique. « D'où venait cette plante? non certainement des sta- 278 LE NATURALISTE POI ne En pin PUR EL ST EE A NE TO EE UE AE UT tions déja connues, la distance étant trop grande, mais du sol même où avait été creusée la mare. Ainsi les graines de Renoncule blanche, placées en dehors des influences atmosphériques, avaient — sans altération — conservé pendant cent ans et plus toutes leurs vertus végétatives, et n’attendaient qu'une occasion favorable pour venir briller av soleil. » On se demande quelquefois l'origine de colonies de plantes apparaissant inopinément dans des lieux maintes fois explorés, en tous sens et à toutes les époques, par des botanistes expérimentés. En voilà l'explication. Du reste, en Limousin, chaque fois qu'on remet en culture des terrains occupés par des châtaigniers sécu- laires, on voit apparaître les plantes accompagnant ordi- nairement les céréales. Leurs graines avaient dormi plus longtemps que la Belle au bois dormant et il avait fallu l'intervention de la charrue pour les réveiller. Ch. LE GENDRE. L'AGRICULTURE AUX ILES PHILIPPINES L'archipel des Philippines s'élend sur une superficie de 99 millions d'hectares, sur lesquels 3 millions à peine étaient cultivés avant les événements de la dernière guerre, c'est-à-dire un peu moins de la neuvième partie de ce vaste territoire. La fertilité du sol est extraordinaire, car les conditions natu- relles y sont très favorables à la culture. Toutes les grandes îles qui forment l'archipel ayant une origine volcanique, les montagnes y abondent et les cours d eau y sont nombreux ; l’ir- rigation des plantations est donc aisée à entretenir pendant la saison sèche, tandis que la saison des pluies assure, pendant six mois, une aliondance d’eau très utile dans certaines régions. Les principaux produits agricoles de l'archipel sont au nombre de cinq : le riz, le sucre, l'abaca, le tabac et le coprah. Quant au café, qui avait une grande importance il ya dix ans,ila presque entièrement disparu. EDS Le riz, qui est la base de l'alimentation des indigènes et qui par conséquent devrait être la culture la plus étendue, ne suffit pas à la consommation locale qui est obligée de demander aux pays voisins le surplus nécessaire aux besoins des habitants. Il faut rechercher la cause de cette insuffisance de production dans la difficulté des communications qui s'oppose au transport des produits des nombreuses régions situées loin des côtes ou des grands cours d'eau. En raison de l'impossibilité pour les culti- vateurs de ces parties abandonnées de l'intérieur des îles de vendre les produits de leurs récoltes, ils renoncent à ce genre de culture où ne plantent que le strict nécessaire à l'alimentation des villages avoisinant leurs champs. La culture de la canne à sucre a, de tout temps, occupé le premier rang, etla fabrication du sucre, quelque arriérés que fussent les procédés employés, mettait ce produit en tête des tableaux d’exportation de ces îles. Ce sont les îles Bisayas, au centre de lParchipel, où la culture de la canne était le plus développée; mais depuis ces deux dernières années on constate que la production tend plutôt à diminuer. ['abaca ou chanvre de Manille est devenu rapidement un article d'exportation d'une très grande importance. Le sol vol- canique de ces îles est propice au développement de cette plante; c’est, en effet, dans les régions avoisinant les volcans en activité ou les anciens cratères que l'on récolte les meilleures qualités d'abaca. Le tabac est encore une des plantes qui tiennent le premier rang dans la production agricole de cette contrée; toutefois, au point de vue de la qualité, il est inférièur à celui que produisent les provinces avoisinant la Havane. La préparation du coprah est devenue une industrie très lucrative: aussi la culture des cocotiers et la récolte des cocos sont-elles pour les Indiens une source de profits qu'alimentent sans cesse les nombreuses demandes de l'étranger. Le café avait été autrefois un des produits importants de l'exportation, mais depuis une dizaine d'années la culture des caféiers a diminué au point que les quantités récoltées annuelle- ment suffisent à peine pour la consommation locale. C’est à la suite d'une maladie dont a été atteint cet arbuste dans les pro- vinces de j'ile de Luçon (qui produisait les meilleures qualités) que les habitants ont peu à peu renoncé à combattre le mal et négligé par la suite cette culture. En dehors des productions ci-dessus énumérées, les iles cul- tivent aussi Je maïs, le blé, le cacao, la canelle, la noix muscade, la palate douce, la pomme de terre, les racines, le coton, etc. ; mais tous ces produits servent à satisfaire la population locale et ne participent pour ainsi dire pas au mouvement d'exportation de ce pays. © OFFRES ET DEMANDES S'adresser pour les Collections et lots ci-après indiqués à Les Fils D'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris: Collection de Staphylinides à Hétérocérides inclus. 419 espèces, 1.195 exemplaires, 17 cartons, PRISES 95 francs. Collection de Lucanides et Lamellicornes eu- ropéens. 225 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons. PRIRENT 65 francs. Collection de Buprestides et Elatérides euro- péens. 136 espèces, 403 exemplaires, 7 cartons. PRIX DA ne AS MT Pt . 45 francs, Collection de Malacodermes et Térédiles eu- ropéens. 100 espèces, 281 exemplaires, 5 cartons. 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S'adresser pour les lots et collections ci-dessus à Les Fils D'Émile Deyrolle,46, rue du Bac, Paris. — On demaude : Pontes, larves, nymphes, et toutes autres pièces se rapportant à l'évolution des insectes utiles et nuisibles, sauf Lépidoptères. (S'adresser aux bureaux du journal.) — On demande des Minerais de plomb: Galène à grandes facettes, Galène à petites facettes, Galène argen- tifèére. Donner prix par 100 kilogr. (S'adresser aux bureaux du journal.) — On demande un ouvrier ostéologiste. S'adresser à Les Fils D'Émile Devrolle, 46, rue du Bac, Paris. — À vendre: La Feuille des jeunes naturalistes, revue mensuelle d'histoire natuelle, collection complète de 1870 à 1891, soit 21 années, en feuilles, prix 45 francs. (S'adresser aux bureaux du journal.) — À vendre : Un exemplaire du Genera des Coléoptères d'Europe de J. du Val et Fairmaire, pl. col., bel ex. PRIX AC DH AREE LT NN tre nr er LS OFIRDIESS Le Gérant: PaAuz GROULT. PARIS — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 11. ‘le calice et la corolle sont 29e ANNÉE 2e SÉRIE — N° 33 1 15 DÉCEMBRE 1900 LES ÉCORCES MÉDICINALES (L'Angusture vraie) L’angusture vraie est une écorce employée en méde- cine qui est fournie par deux arbres de la famille des Rutacées, tribu des Cuspariés : le Galypea officinalis Hancock et le Galypea Cusparia de Candolle. Le Galypea Cusparia est un arbre majestueux de 20 à 23% mètres de haut, dont les feuilles sont formées d’un pétiole de 30 centimètres de long, terminées par trois folioles sessiles ovales lancéolées et très aromatiques dont celle du milieu éga- le la longueur du pétiole. Les fleurs sont blanches et l'inflorescence est une grappe qui se trouve si- tuée à l'extrémité des ra- meaux. Le Galypea officinalis estune espède voisine de la précédente, ou même simplement une forme de cette dernière plante. C'est un arbrisseau de # à 5 me- tres de haut dont la taille n'excède pas 10 mètres. Les feuilles ont trois fo- loles oblongues et ponc- tuées, longues de 15 à 20 centimètres,portées sur un pétiole de même lon- gueur. Les fleurs sont blanches et poilues, l'in- florescence est également une grappe. ê Les fleurs dans ces deux espèces sont régulières, présentant 5 pétales, 5 sé- pales et 5 étamines dont deux au moins sontstériles; très courts, les anthères sont simples à la base. C’est de Humboldt et Bompland qui, les pre- miers, ont rapporté le Galypea Cusparia à la famille des Rutacées en lui donnant le nom de Cusparia Febrifuga.De Candolle lui assigna ensuite celui de Galypea Cusparia. Baïllon, dans son dictionnaire de botanique,est revenu à la première dénomination. Le Galypea Cusparia forme de vastes forêts sur les deux rives de l’Orénoque, principalement aux environs de la ville d'Angostura (Vénézuéla). C'est du nom de cette ville que vient celui d'angusture qui a été donné à la plante. On transporta la culture de cet arbre dans l'ile de la Trinité sur les côtes du Vénézuéla d’où l'écorce fut introduite en Angleterre vers 1788. La partie du végétal employée est, comme nous lPavons déjà dit, l'écorce. Elle se présente dans le com- merce sous forme de gros cylindres ou en plaques. La face est d’un jaune verdâtre et parsemée soit de très (alypea Le Naturaliste, 46, rue du Rac, Paris. L’angusture vraie Cusparia) petites taches blanches, soit de taches noires irrégu- lières. La face interne s'exfolie facilement, elle est brune et lisse, plus ou moins parsemée de petits cristaux mica- cés et brillants d’oxalate de chaux, La cassure de l'écorce est nette et les bords sont souvent taillés en biseau. On confond souvent cette écorce avec celle du vomi- quier qui est produite par le Strychnos,un vomica de la famille des Loganiacées qui, contenant de la strychnine et de la brucine,est, à l'inverse de la précédente, un poison violent. Cette écorce, que l’on nomme fausse angusture, a la face externe rougeâtre et est couverte de verrues. La face interne estbrune comme celle de la vraie angusture, mais elle est striée en long. Quand l’on casse l'écorce, les bords sont droits, la saveur en est très amère. L'angusture vraie est employée sous forme de poudre, de teinture et d'infusion. Pour préparer la poudre d’angusture,qui est la préparation la plus communément employée, on pulvérise d’abord gros- sièrement l'écorce, puis on l’expose à la chaleur dans une étuve pendant au moins 12 heures, on achève Ja pulvérisation par contusion et l’on passe la poudre au tamis de soie. Cette poudre offre une couleur jaunâtre analogue à celle de la rhubarbe, une odeur nauséuse et une saveur amère et aroma- tique un peu âpre, laissant sur la langue une sensa- tion de chaleur et de pi- cotement. On a substitué quelque- fois à la poudre d’angus- ture celle du vomiquier, dite fausse angusture, qui est excessivement véné- neuse et a causé des acci: dents graves. On reconnait cette frau- dé aux caractères suivants, La poudre de vomiquier est d’un blanc jaunâtre, légèrement inodore,très amère et dé- pourvue d’âcreté, L'infusion de cette poudre ne décolore pas le tournesol; la potasse et le sulfate ferreux lui com- muniquent une teinte vert bouteille, l'azotate d'argent donne un précipité noir verdâtre, l'acide nitriaue la colore en rouge orangé et le chlore et l’eau chlorée ne lui font éprouver aucun changement. La poudre elle-même prend une teinte rouge après quelques instants de contact avec l'acide nitrique, La poudre d’angusture, elle, n'est pas colorée par l'acide azoteux. Son infusé détruit la couleur du tournesol, prend une teinte jaune orangé avec la po- tasse, donne un précipité gris avec le sulfate ferreux et est colorée en rouge foncé par l'acide nitrique, le chlore et l’eau chlorée. Nous allons résumer dans un tableau ces diverses réactions très importantes, 280 RÉACTIFS ANGUSTURE VOMIQUIER Éd Jaunâtre. Décolorée. Jaune orangé. Gris. Rouge foncé. Rouge foncé. Rien. Blanc jaunâtre. Rien. Vert bouteille. Vert bouteille. Rouge orangé. Rien. Noir verdâtre. Couleur. Teinture de tournesol Potasse. Sulfate ferreux. Acide nitrique. Clore eteau chlorée. Azotate d'argent. Le principe de l’angusture vraie a été découvert par Saladin et appelé Cusparin. Pour l'obtenir, on traite l'écorce d’angusture préalablement pulvérisée par l’al- cool absolu froid et on laisse cristalliser. On obtient une substance non azotée neutre aux réactifs, de couleur blanche, de saveur très amere, d’odeur nauséeuse cristal- lisant en tétraèdres, insoluble dans léther et dans les huiles, peu soluble dans l’eau, mais soluble dans l'alcool fort, les acides faibles et les solutions alcalines concen- trées, L’acide sulfurique la colore en rouge brun et le nitrate acide de mercure en rouge pourpre. Le Cusparin est précipité de ses solutions par la teinture de noix de galle. C'est comme succédané du quinquina que l’angusture vraie a été employée, elle est stomachique, digestive et fébrifuge, mais à un degré moindre que ce dernier. Au commencement du siècle il était importé en Angleterre par an 40,000 livres de cette écorce, et, en 1803, on la payait jusqu’à 40 francs le kilog. À notre époque cette écorce n’est que peu employée et, associée au Quassia amara, n'entre que dans la composition d’un vin médi- cinal. Elle a cédé le pas au quinquina et à la quinine qui sont si communément employés äujourd’hui, mais il était bon de rappeler l'histoire scientifique et médicale de cet ancien médicament. E. MAssarT. LE DAHOMEY&SES PRODUITS Parmi les produits d'exportation provenant de l’ex- ploitation agricole de la colonie du Dahomey, il faut mentionner, en premier lieu, l'huile et les amandes de palme qui constituent, dans tout le bas Dahomey no- tamment, la principale et pour ainsi dire l'unique ri- chesse du pays. Dans les environs de Porto-Novo en particulier, le palmier à huile, mieux cultivé que par- tout ailleurs, donne des produits de qualité supérieure, bien cotés sur les marchés d'Europe. Il produit, dans les bonnes années, 1? à 14 régimes de noix comptant chacun 150 noix environ; une pre- mière récolte se fait en janvier, février, mars et avril; une seconde, moins importante, a lieu en août et sep- tembre. On compte environ 100 palmiers à l'hectare donnant un rendement de # à 5 francs par an. Les noix, une fois müres, sont récoltées et mises dans un récipient où les indigènes les écrasent avec les pieds. Après avoir laissé reposer douze heures, on fait bouillir l'huile dans de grandes marmites pendant vingt-quatre heures ; on laisse refroidir, puis on décante l’huile pure venue à la surface et on Ja livre au commerce au prix moyen de 5 à 6 fr. 50 la mesure de 20 litres, suivant le cours des marchés d'Europe. L'huile est exportée dans des futailles de 450 litres (ponchons) ayant déjà servi au LE NATURALISTE transport de l'alcool, ou dans des fûts spéciaux (Liver- pool) de 750 à 800 litres. La pulpe des noix, qui contient encore une fo pro- portion d'huile, est utilisée par les indigènes pour la cuisson de leurs aliments. Quant au noyau, il est d’a- bord séché au soleil pendant plusieurs jours ; on le casse ensuite, et on en retire l'amande qui fait l'objet d'un commerce considérable. Les amandes, expédiées en Europe, soit en vrac, soit en sacs de 70 à 75 kilogrammes, valent sur place 150 à 200 francs la tonne; triturées en Europe, elles donnent une huile abondante et le tourteau est employé pour la nourriture des bestiaux. Après l'huile et l'amande de palme, nous citerons : L'arachide qui, semée en mars et avril, est récoltée en juin et juillet. Ce produit n’est pas encore un article d'exportation : sa valeur est de 0 fr. 30 à 0 fr. 35 le kilo- gramme non décortiqué. Le cacao. — Cette plante originaire du Para (Brésil) se sème en pépinière et demande à être très arrosée. Au bout de six mois, elle peut être transplantée à l'abri du soleil autant que possible près d’un cours d’eau et dans un sol humide non sujet à inondations. C’est seulement au bout de trois années que le cacao peut commencer à produire. Le café. — Le café qui provient en général de Libéria ou de San Thomé est cultivé avec soin au Dahomey, no- tamment dans les plantations de Porto-Novo et de Ouidah dont le nombre et l’importance augmentent chaque jour; il est mis en pépinière pendant un an en- viron et planté ensuite entre les mois d’avril et de juin. Les fleurs apparaissent vers le vingtième mois, mais on les enlève pour donner plus de force au jeune arbuste; bien que les fruits commencent à se former dès la deuxième année, on ne peut espérer obtenir une récolte qu'au bout de quatre années révolues. À cette époque, chaque pied peut donner de 1 à 3 kilogrammes nets, vendus à raison de 2 fr. 50 à 3 francs le kilogramme. Le caoutchouc, — Le caoutchouc est très répandu au Dahomey, soit à l’état d'arbres, soit sous forme de lianes, mais l'exploitation n’en est encore qu'à ses dé- buts, Le latex, abondant, de bonne qualité et se coagu- lant à l'air libre, est récolté principalement en septembre, octobre et novembre, Sa valeur courante est de 5 francs: le kilogramme. Le coprah ou amande de coco séchée et concassée, dont on extrait une huile employée dans la stéarinerie et la savonnerie, n’est guère exploité au Dahomey que depuis deux ans. Le commerce de ce produit parait devoir se développer rapidement. Le coprah san et sec est vendu à raison de 200 francs les 1.000 kilogrammes et expédié sur Marseille. Le coton. — Le coton, qui semble être d’une bonne qualité commerciale, est cultivé surtout dans le haut Dahomey. Semé en avril, il est récolté en décembre et livré sans aucune préparation aux tisserands du pays. La fibre est courte. Le prix moyen du kilogramme est de O fr. 30. L'indigo. — L'indigo qui se récolte dans toute la co- lonie est très employé par les indigènes pour la teinture de leurs vêtements; il vaut de 2 à 3 francs le kilo- gramme. Le karité. — L'arbre à karité pousse dense et en très grande abondance dans le haut pays (à partir de Savalou) où il remplace pour l’indigène, au point de vue 4 pont se sg des) mais « RS EE NE 17 NN /T Mess fl LE. NATURALISTE 281 de l’alimentation et de l'éclairage, le fruit du palmier. La récolte a lieu en juin, Les noirs mangent la pulpe du fruit et conservent l'amande d’où ils tirent un corps gras connu sous le nom de beurre de karité. Ce produit qui fera certainement l'objet d'un commerce très impor- tant, lorsqu'il pourra être transporté à la côte, est vendu à peu près 1 franc le kilogramme sur les marchés indi- gènes. * La kola. — La kola du Dahomey se reconnait à ce que chaque fruit, rose, rouge ou blanc, se divise en quatre ou cinq parties. Elle est consommée sur place et coûte ac- tuellement de 2 fr. 50 à 3 francs le kilogramme. Le maïs. — Le maïs, blanc ou jaune, est cultivé en grand dans toute la colonie où il sert de base à l'alimen- tation des habitants. Les semis se font en mars, en avril et en octobre; la récolte, presque toujours abon- dante, a lieu en juin, juillet, décembre et janvier. Le prix courant est de 4 à 5 francs les 100 kilogrammes, Le manioc. — Le manioc est consommé dans une large proportion par les indigènes; les boutures sont plantées en mars et avril; la récolte se fait en septembre; la va- leur est d'environ 0 fr. 10 le kilogramme. Le mil blanc et le mil rouge sont récoltés surtout dans le haut pays où le mil rouge notamment forme la nour- riture à peu près exclusive des chevaux, Le mil blanc vaut à peu près 0 fr. 05 et le rouge 0 fr. 04 le kilo- gramme. Le tabae en feuilles. — Le tabac, cultivé surtout aux environs de Savalou, est de qualité assez inférieure. Les semis ont lieu en avril et la récolte en janvier. En feuilles, il vaut de 4 franc à 1 fr. 50 le kilo- gramme; écrasé et mélangé avec de la potasse, il est vendu à raison de 3 francs le kilogramme. LES RACES DES COMORES Géographiquement les Comores n’appartiennent ni à Madagascar ni à l'Afrique : elles constituent un groupe à part, ayant même une certaine originalité dans sa flore et dans sa faune, tout en comprenant un certain nombre des espèces des pays voisins. Toutefois, elles ont surtout subi l'influence de Zanzibar. L'identité de race et de religion a, en effet, créé entre les deux pays des liens d’une solidité exceptionnelle et a donné naissance à des relations commerciales dont l’activité déjà ancienne ne s’est jamais ralentie. Au point de vue des habitants, on doit considérer que le fond de la population a été composé de Malgaches, d'Arabes, d'anciens esclaves provenant de la côte d'Afrique, de marchands indous, etc. Il en résulte donc une race extraordinairement variée dans ses types, mais ayant cependant quelques traits communs. Les Comoriens sont de taille élevée, de teint jaunâtre; leur front est étroit mais haut, leurs lèvres grosses sans être bouffies, leurs cheveux crépus. La population de l’Archipel est d'environ 80,000 âmes. À Mayotte, l'élément malgache a dominé et les habi- tants sont plus noirs ; dans les autres iles, le type sémi- tique apparait davantage. La langue des indigènes est le souahéli, idiome parlé à Zanzibar, auquel on a adapté tant bien que mal les caractères de l'alphabet arabe, et qui a subi, en passant la mer, de nombreuses déformations par suite de la diversité des races qui peuplent notre colonie. LA SÉDIMENTATION SOUTERRAINE Sous le nom de sédimentation souterraine, je désigne un modespécialde constitution des couches géologiques, qui à passé jusqu'ici à peu près inaperçu et qui Joue cependant un rôle de grande importance dans de cer- taines conditions. On peut le définir en disant que les assises auxquelles il donne naissance sont constituées par les résidus d’une dissolution partielle, qui s'opère sous le sol, de couches préexistantes. Pour l'ordinaire, ces couches préexistantes sont surtout calcaires et leur résidu n’a qu’un très faible volume par rapport au leur; l'agent de dissolution est l’eau d'infiltration, provenant des pluies eten conséquence chargée d'acide carbonique ; le phénomène ne peut donc guère prendre naissance que dans le sol de régions exondées, continentales ou insu- laires : les fonds de mer en sont préservés, Le dépôt de ces résidus se fait successivement de haut en bas, c’est- à-dire dans le sens inverse des sédimentations ordinaires ; ses progrès sont accompagnés d’un affaissement général du sol, ils s’accomplissent d’ailleurs avec une régularité qui se traduit par la persistance d’une apparence strati- fiée, parfaitement normale. J’ajouterai, avant d’insister sur ces phénomènes dont il sera aisé de faire ressortir la portée, que leur annonce a provoqué beaucoup de résistances chez plus d’un géo- logue, Je vais montrer que toutes les objections présen- tées se résolvent de la manière la plus satisfaisante, et je me flatte que la démonstration que je me propose de faire sera complète pour tous les lecteurs. Tout d’abord, il convient de décrire une région où le phénomène a acquis une grande ampleur et où, par con- séquent, on peut observer les traits les plus caractéristi- ques des formations de sédimentation souterraine. Je choisirai la localité de Prépotin, située à peu de distance de Mortagne (Orne), et où j'ai eu l’occasion de faire des études minutieuses. Pour nous borner ici aux faits les plus essentiels, il suffira de rappeler que la région dont il s’agit est consi- dérée comme crétacée et que les assises de la craie turo- niennes y sont exploitées en bien des points. La figure 1 jointe au présentarticle montre (1) comment, à Prépouin,la colline est, sur une épaisseur de 14 mètres, composée de couches fort régulières d'argile recouvrant des couches de sable. Sous la terre végétale se présente une argile à silex, ocreuse et très impure, exactement semblable à celle qu'on rencontre dans d'innombrables localités dont le sol est constitué par la craie sénonienne. C'est l'argile à silex de Dreux par exemple, et tout le monde est d’ac- (1) Cette coupe n'est pas visible, je l’ai conclue des résultats fournis par trois puits posés jusqu'à 15 mètres de profondeur avec un diamètre de 4m. 50. La figure montre donc comme une interprétation raccordant les données prouvées par les trois points qui étaient essentiellement distants de 100 mètres envi- ron. 282 cord maintenant pour y voir un résidu de la décalcification subaérienne de la craie blanche. Son épaisseur est fort variable à Prépotin; car, tandis qu'elle manque totale- ment en certains points, elle peut ailleurs atteindre et dépasser une puissance de 4 mètres. Elle porte dans notre coupe le n° 6. Au-dessous se présente une formation qui s’en distin- gue très nettement, mais par un caractère dont l’im- portance absolue est évidemment assez faible, par sa couleur. C’est en effet une argile blanchâtre, et non plus une argile ocreuse ; mais, à cela près, elle ressemble à la couche n° 6 d’une facon très intime. C’est la même composition générale et le même mélange avec des LE NATURALISTE commencent des lits sableux dont l’examen est encore plus instructif. Ce sont d’abord des sables quartzeux qui, en certains points (3 de la coupe), sont d’une blancheur parfaite et se présentent comme du cristal de roche en poudre plus ou moins mélangé demica, mais qui, en d’au- tres points, comme 3 d et 3 e, sont plus ou moins ferru- gin eux et même ailleurs (3 b) transformés en grès _ocracés, désignés sous le nom de grignard. Ce qui leur donne un intérêt très considérable, c’est que, parfois et. spécialement en 3 c, ils sont pétris de fossiles, circons- tance qui réclame que nous nous y arrêtions un instant. Ces fossiles se signalent avant tout par leur apparence corrodée, qui n'empêche pas leur détermination spéci- Fig. 1. — Coupe du sol prise à Prépotin, près Mortagne (Orne). — No 1. Sables rouges ‘sans fossiles. — 2. Sables ocreux avec Inoceramus problemalicus silicifiés. — 3. Sables quartzeux parfaitement blancs devenant ocreux dans la région marquée 3 a, et se cimentant en grès ferrugineux (dits grignards) en 3b; en 3 c, ils sont un peu jaunâtres et sont remplis de tests silicifiés de l'Ostrea columba (variété gigas); ils sont jaunâtres et sans fossiles dans les parties 3 d et 3e. — 4%. Argiles parfaitement blanches (terre de pipe) passant,en 4 a, à la nuance jaunâtre et, en 40, à une nuance rosée — 5. Argile blanchâtre mélangée de silex. — 6: Argile ocreuse à silex. — Echelle de 1/3000 pour les épaisseurs et de 1/30000 pour les distances horizontales. rognons siliceux qui, ici comme plus haut, sont épuisés, c’est-à-dire devenus spongieux par la dissolution d’une partie de leur substance par les eaux d'infiltration. Aussi, en présence d'une semblable identité, ne saurait-on se refuser à voir, dans cette couche n° 5, un produit des mêmes actions quiont déterminé la production delacouche n°6.C’estévidemmentencoreuneassise de craie quia perdu son calcaire, quis’est réduite à ses seules parties insolu- bles etqui, étant moins ferrugineuse que la craie généra- _trice de la couche 6, a donné un produit moins coloré. Mais cette constatation a déjà de quoi contrarier bien des préjugés. Cette deuxième argile à silex atteint 3 mètres d'épaisseur et les dépasse même en bien des points, et elle est réglée comme une formation normale, de sorte qu'à l'examen ordinaire elle se présente comme plus ancienne que la couche 6 qui repose sur elle, Et cepen- dant son mode de génération va rigoureusement à l’en- contre de cette interprétation ; elle n’a pu commencer à prendre naissance,cela vasans dire,qu’après la décalcifica- tion de la craie d’où résulte l’assise 6, et dès lors cette argile n° 5 n'a commencé à apparaître, par isolement progressif, qu'après la complète constitution de 6. La couche 5, quoique plus profonde, est plus récente que la couche 6 ; elle dérive d’une assise de craie plus ancienne que celle qui à engendré la couche 6, et appartenant sans doute également à l'horizon sénonien. Mais ce n’est pas tout, et, au-dessous de ces niveaux, fique : ce sont des tests de Gryphœæa (Ostrea) columba de la variété gigas tout à fait spéciale à certaines couches turoniennes. En les regardant, de plus près,on reconnait que ces valves de coquilles sont entièrement silicifiées, ce qui suppose une modification profonde dans leur com- position subie depuis l’époque de leur enfouissement. Leur surface est fréquemment toute couverte de ces tubercules aplatis,à couches concentriques, qui ont été décrits souvent sous le nom d'Orbicules et qui manifes- tent les traits essentiels des concrétions. Fréquemment une valve est réduite à l’état de deux plaques siliceuses correspondant aux deux surfaces primitives, interne et externe, dutest et comprenant entre elles un vide qui s’est converti parfois en véritable géode où le quartz à cristallisé. Souvent, dans cet intervalle des deux épi- dermes silicifiés, on observe comme des stalactites et des stalagmites en miniature de substance quartzeuse ayant le plus singulier effet. Malgré son apparence stratifiée et sa richesse en fos- siles, la formation sableuse dont je viens de donner une si rapide description vient se ranger à son tour dans les masses dont l’origine constitue un phénomène de sédi- mentation souterraine : elle est le résidu pur et simple de la décalcification lente d’une épaisse assise de craie turo- nienne, dont les Ostrea columba,en partie silicifiées avant la dissolution de calcaire, ont en conséquence laissé des traces non équivoques de leur présence. Le sable quart- \ LE NATURALISTE 283 zeux lui-même, par le mica qu'il contient en notable pro- portion, décèle sa descendance de la craie micacée si fré- quente à ce niveau dans cette région de la France, et il se montre, en outre, augmenté de débris siliceux et quartzeux concrétionnés ou cristallisés dont l’origine est éclairée par les phénomènes de silicification constatés tout à l'heure pour les tests de mollusques. Il suffit de supposer que ces tests, extrémement friables, ont été brisés par les tassements du sol pour comprendre, dans le niveau qui nous occupe,la présence d'innombrables grains d'apparence sableuse et qui se sont, pour ainsi dire, constitués sur place en vertu des phénomènes que j'ai antérieurement analysés en détail. Comme on le voit, le sable à débris d’Ostrea columba n’a pu se former qu'une fois isolées déjà les assises argileuses superposées; il est donc géologiquement plus récent qu'elles, et il faut d’autant plus y insister que cette conséquence a provoqué des résistances chez quelques géologues. D'abord on a dit que l'argile des assises 4, 5 et 6 étant imperméable, l'attaque des craies sous-jacentes par l’eau d'infiltration était impossible, et que, par conséquent, toute la théorie sédimentaire sou- terraine était fausse. Mais il y a simplement là une assertion inexacte de la part de mes contradicteurs : l'argile, malgré sa réputation, est loin d’être absolument imperméable, et il suffit d'un temps plus ou moins long pour que l’eau la traverse sur des épaisseurs quelconques. C’est ce dont je me suis assuré par des expériences spéciales répétées sur des variétés très diverses de roches et qui mériteront une description ultérieure. Du reste, les sortes d'argile que nous venons de citer au-dessus des sables à Ostrea columba sont très loin de compter parmi les plus imperméables, et la présence de rognonssiliceux de même que celle d'innombrables grains sableux con- tribue sans doute à leur grande porosité relative. Du reste, on a fait beaucoup d’autres objections que j'examinerai rapidement dans un instant, voulant d’abord terminer la description de la coupe naturelle. On trouve, en effet, au-dessous des sables à huitres, l’assise n° 2 de la figure et qui a fourni quelques tests silicifiés parfaitement reconnaissables de l’Inoceramus problematicus, c'est-à-dire de l'un des membres les plus caractéristiques de la faune turonienne. D’après ce que nous venons de voir,il est évident que cette assise résulte de la décalcification lente d’un massif de craie à Inoceramustoute pareiïlle à celle qui est restée intacte dans maintes contrées voisines et que cette décalcification n’a pu se déclarer etse poursuivre qu'après la dissolution de la craie superposée et qui renfermait les tests d’'O. co- lumba. Le sable très stratifié qui résulte de cette opéra- tion ne s'est isolé, n’a pris, par conséquent, son auto- nomie stratigraphique, qu'après la constitution du sable à Ostrea et, par conséquent, il est plus récent que les masses qui le recouvrent : conclusion qu’il est très utile de répéter indéfiniment, Dans la coupe de Prepotin, on voit,au-dessous des lits précédemment décrits et à 15 mètres au-dessous de la surface du sol, se développer des sables rouges non fos- siifères: c'est ce que nous trouvons de plus récent dans le pays; ils représentent le produit de décalcification de couches non déterminées, mais qui étaient évidemment plus anciennes que la craie à Inoceramus. É Tous ces détails, dans lesquels il pourrait sembler que nous avons laissé s’introduire des redites, ne sont certes pas de trop dans un sujet aussi nouveau que celui qui 5 nous occupe, car on lui a opposé les objections les plus diverses et les plus imprévucs. C’est ainsi qu'un géo- logue belge est ailé jusqu’à prétendre que les matériaux si correctement déposés les uns sur les autres ne résul- tent pas d'une sédimentation. Il a écrit, à propos d’un cas comparable à celui de Prépotin et qui concerne une loca lité où la craie grise est surmontée de dépôts tertiaires (landéniens) : « En supposant que le landénien et le quaternaire soient d'anciens sables calcaireux décalcifiés, on devrait se borner à dire que le quaternaire a été altéré avant le landénien et le landénien avant la craie grise; mais l’ordre de formation de dépôt de sédimen- tation de ces différentes assises est bien celui qu'indique l'ordre de superposition de bas en haut. Si leur altéra- tion subséquente, sous l'influence des eaux météoriques, Fig. 2. — Reproduction expérimentale des particularités prin- cipales de la coupe de Prépotin : sédimentation souterraine ar- tificielle. — A, Tampon d'amiante déstiné à séparer] par un lit perméable la portion principale d’une éprouvette à pied, de son réservoir inférieur, — M, Mélange de carbonate de chaux préci- pitéet de fer oxydulé en grains extrèémement fins ; les proportions sont telles que ce mélange est gris clair. — €, Petit lit mince de fer oxydulé provenant de la décalcification de la partie supé- rieure de ce mélange. — D, Petit lit de grains quartzeux pro- venant de la décalcification d'un mélange de calcaire précipité et de sable quartzeux très fin. — «&, Petit lit de fer oxydulé très fin provenant d’une seconde couche du mélange M, eatièrement dé- calcifiée. — $, Sable quartzeux. — L, Liquide destiné à tra- verser la colonne de substances superposées. s’est faite en sens inverse, il n’y a pas lieu d'introduire iei la notion nouvelle de sédimentation souterraine avec succession de haut en bas. Je le répète, ü n'y a pas là sédimentation ; on ne peut appeler sédimentation un enlève ment de substance. » Ce sont là des critiques sans base, car il suffit d'un instant de réflexion pour reconnaitre qu'il n'y à aucune différence essentielle entre le cas dont il s’agit et celui de sable siliceux, déposé actuellemen, s 284 LE NATURALISTE par la mer, à Dieppe (localité prise au hasard comme exemple) au pied de la falaise crayeuse. Ce sable, lui aussi, est un simple résidu de la craie soumise à une altération dont l'artisan est la mer. Le déplacement de ce résidu est horizontal, tandis que, dans le cas de la sédi- mentation souterraine, il est vertical, mais là se borne la différence et, dans tous les cas, il y a dépôt de résidu sur un support sous-jacent et par conséquent sédimen- tation. Il m'a paru très utile de soumettre mes études sur la sédimentation souterraine au contrôle, toujours sidécisif, de la méthode expérimentale, et les résultats que j'ai obtenus ont été absolument satisfaisants. Privé ici de la place qui serait nécessaire pour la développer complète- ment, je me bornerai à en extraire ce qui est immédia- tement applicable aux points étudiés tout à l'heure. La figure 2 représente l’une des très nombreuses dispo- sitions qui ont été successivement adoptées, On y voit une éprouvette à pied dont l’étranglement a été occupé par un tampon d'amiante À et qui a reçu successivement : 1° une couche d’un mélange gris très clair de carbonate de chaux précipité et de fer oxydulé très fin; 2 une couche d'un mélange de carbonate de chaux précipité et de très fins grains de quartz; 3° une nouvelle couche de mélange à fer oxydulé qui vient d’être indiqué ; 4 du sable quartzeux jusqu’au goulot. La colonne de sub- stances diverses ainsi préparée, et qui avait été mouillée au fur et à mesure dans toute sa hauteur, a été arrosée par un peu d’eau aiguisée du 30° de son poids d’acide chlorhydrique. Au bout d’un temps convenable on a vu la portion supérieure du mélange indiqué sous le n° 3 se limiter par en haut d’un fin liséré noir entièrement com- posé de fer oxydulé débarrassé par dissolution du carbo- nate de chaux auquel on l'avait mélé. L'attaque s’est faite si doucement qu'il fallait la loupe pour apercevoir quelques bulles d'acide carbonique se dégageant entre les grains du sable supérieur. Au bout de cinq jours, la couche de mélange, qui avait 2 centimètres d'épaisseur, était entièrement réduite à un lit de 2 millimètres envi- ron de fer oxydulé parfaitement régulier et ayant tout à fait l'allure d'une couche qu'on aurait placée dans l’éprouvette avant de la recouvrir du sable S. En même temps le niveau supérieur de ce dernier sable s’est abaissé de 18 millimètres sans perdre son horizontalité eta maintenu par son poids la régularité du petit lit noir. En continuant d’arroser avec de l’eau acidulée pour remplacer la solution de chlorure de calcium qui vient se réunir dans le réservoir inférieur de l’éprouvette et qu'on peut évacuer par le tube de l'ouverture latérale D, on voit le mélange de carbonate de chaux et de sable quartzeux, numéroté tout à l'heure 2, qui commence à s'attaquer par en haut, ce qui se reconnaît à l'apparition d’un très mince lit de grains cristallins tranchant forte- mentavecle blanc matdesrégionsrestéesintactes.Progres- sivement ce lit va en s’épaississant, mais la couche qui le fournit s’amincitet le niveau supérieur du sable S descend peu à peu. Bientôt les 3 centimètres du mélange pri- mitif sont réduits à { centimètre environ de grains quartzeux marqués b sur la figure, et on voit le mélange 1 qui commence à s'attaquer de facon à se limiter par le petit lit noir c de fer oxydulé. C’est à cet état qu'on a arrêté l'expérience représentée. On voit qu’un observateur non prévenu penserait que l'éprouvette a recu les lits qu’elle contient dans un ordre de succession représenté par la série ascendante des lettres, c'est-à-dire M, puis c, puis b, puis à, puis Si tandis que l'ordre d'ancienneté relative de ces petites couches est M, S, a, b, c; ce qui est tout à fait différent et comporte des conséquences tout autres sur les vicis- situdes de régime que le point sédimentaire peut avoir éprouvées. Ces expériences, modifiées convenablement, ont permis d'imiter un grand nombre de formes de sédimentations souterraines et, par exemple, la disposition de certains sables quartzeux ou phosphatés et de certaines argiles à l'intérieur de poches ou de conduits (puits naturels, ca- vernes, etc.), excavés dans des roches partiellement cal- caires. Et c'est comme conséquence directe de ces résul- tats que se sont dégagés des résultats sur l’origine de cer- tains amas de substances exploitables telles que des lits de rognons phosphatés (coquins des Ardennes) ou des assises de divers fossiles désignés souvent sous le nom anglais de bonebeds et fréquents, par exemple, dans les régions inférieures du terrain Jurassique. Mais il est une dernière conséquence de ces études, beaucoup plus importante au point de vue de la géologie générale et que je veux signaler en terminant cet article déjà assez long. C’est la notion qui peut résulter de l’ob- servation des sédiments souterrains en ce qui concerne la détermination du facies continental. On sait comment Constant Prevost, dans un mémoire qui fiten son temps une forte impression parmi les natu- ralistes, insista sur ce fait qu'aucune couche du sol ne présente des preuves du régime continental, interrom- pant le régime marin ou lacustre, c'est-à-dire aqueux. L’illustre promoteur de la doctrine des causes actuelles énumère les traits de la surface actuelle du sol pour montrer quon ne les observe jamais en profondeur : ce qui d’ailleurs pourrait s'expliquer parfois par l’écroûte- ment que la mer fait assez ordinairement subir aux ré- gions continentales qu’elle envahit. Or, les observations précédentes nous montrent que le régime continental ne se borne pas à donner à la surface du sol un caractère particulier; il imprime souvent au sous-sol et successivement à des profondeurs de plus en plus grande, par les eaux météoriques qui s’y infiltrent, des traits facilement reconnaissables et dont l’un des plus frappants est la décalcification. Par conséquent si l'on retrouve, à des niveaux quelconques, des assises ma- nifestant les effets de cette soustraction du calcaire avec concentration de résidus insolubles, on sera autorisé à y rechercher des indices du régime continental et à en faire des documents utilisables pour la paléogéographie. La place me manque aujourd'hui pour développer ce grand sujet et je dois me contenter jusqu'à nouvel ordre de l'avoir indiqué. Stanislas MEUNIER. LA VANILLE A MADAGASCAR La culture du vanillier est l’une des plus intéressantes de ia côte Est, en raison des bénéfices élevés qu’elle pro- cure dans l’état actuel du marché et malgré les nombreux aléas auxquels elle est exposée certaines années. La préparation des gousses de la précieuse orchidée, qui est NP ES TU ee DU UE NES TU 4“ dos ne di ns a fit LE NATURALISTE 285 chose fort délicate et nécessite l'intervention de spécia- listes d'une expérience éprouvée, paraît avoir été heureu- sement réalisée dans la plupart des lots exposés. La vanille peut être cultivée avec succès dans une grande partie du versant nord-ouest, à Nossi-Bé et les îles voisines, dans le Sambirano et même dans la province de Majunga. On plante le vanillier au commencement de la saison des pluies par boutures : il faut de deux ans et demi à trois ans pour que les plants fleurissent ; ceux-ci donnent trois ou quatre récoltes et meurent. La culture du vanil- lier réclame des soins méticuleux; elle convient plus particulièrement aux colons possédant des capitaux qui leur permettent d'attendre les premières récoltes : elle les rémunère ensuite largement de leurs soins et de leur attente. La province de Vohémar est une région où la culture de la vanille paraît appelée à un grand avenir. ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES Coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane LUCANUS PARRYI, — Henri Boileau. Extrêmement voisin du Luc. Oberthüri, le Luc. Parryi se distingue immédiatement de ce dernier par la colora- tion noire de sa tête, de son corselet et de ses mandi- bules ; il n’en est pas moins un charmant insecte auquel cette livrée un peu obscure donne je ne sais quel cachet qui puise son charme dans cette sévérité même. M. Boileau, qui ale premier signalé cette gracieuse et intéressante espèce, a bien voulu me communiquer, pour ce travail, la description et la figure qu'il en a préparées et qu'il destine à un ouvrage important qui doit être pu- blié ultérieurement dans nos Annales. © Luc. Parryi. — Insecte de taille moyenne, voisin du « Luc. Fortunei — Parry, et, plus spécialement, du Luc. « Oberthüri — L. Planet. « Tête large, plane, finement granuleuse. Bord frontal « concave, à peine sinueux, angles antérieurs saillants, « non aigus, Yeux assez gros, à demi divisés par les « canthus; mandibules moyennes, peu infléchies, régu- « lièrement arquées et finement granuleuses.La dent ter- « minale de la fourche apicale est plus longue que l’autre, « la dent médiane est assez grêle; elle est précédée et « suivie de plusieurs petits denticules. Le bord antérieur « du labre forme un angle obtus, l’épistome est très bref, . «© Antennes longues, assez fortes, dont le scape est « moins cintré que chez le Luc. Oberthüri, Les articles « pectinés, au nombre de quatre, sont plus développés « que chez ce dernier. « Leprothorax, sinueux latéralement, rétréci en avant, « coupé presque droit en arrière, est régulièrement gra- « nuleux ; l’écusson, arrondi, est finement ponctué. « Les élytres, sensiblement plus courtes que chez les « espèces affines (Oberthüri, Delavayi, etc.), sont lisses; « l’angle huméral est épineux, la bordure latérale très « développée. a En dessous, l’insecte est entièrement dépoli; le men- « ton, assez large, est assez régulièrement arrondi en « avant; la saillie du prosternum est petite, mais bien « marquée, elle est formée par une carène étroite, cou- « pée droit en arrière et dont la pointe fait saillie vers « le bas. Fig. 1. Luc Oberthüri, femelle. Fig. 4. Luc. Parryi, mâle. « Les pattes, sur leurs fémurs, sont presque lisses; « elles sont longues et grèles ; les tibias antérieurs, sen- « siblement cintrés, sont armés extérieurement de dents « assez faibles, inclinées en avant, et entre lesquelles « existent des denticules ; les médians portent trois ou « quatre épines aiguës, bien développées, dont les infé- « rieures sont les plus longues ; les postérieures portent « trois épines peu saillantes. « L’insecte est entièrement d’un beau noir profond; « seules les élytres portent chacune une tache oblongue, « jaunâtre, ne couvrant guère que le tiers de leur sur- « face, « La femelle, encore inconnue, est probablement en- « tièrement noire et très voisine, comme aspect, de « celle du Luc. Oberthüri. « Je connais deux mâles de cette espèce, rapportés « tous deux de la Chine méridionale (Kualin) par M. de « Latouche, lequel a bien voulu me céder le plus grand « des deux que je décris ici. » L'autre ©”, d'un développement mandibulaire beau- coup moindre, présente la même coloration noire du corps et des pattes ; les taches élytrales ne sont pas sen- siblement plus faibles ; la structure est notablement plus robuste que celle des Luc. Oberthüri de même dévelop- pement. FEMELLE Ainsi que je l’ai dit précédemment, cette femelle dif- fère grandement de celle du L. Delavayi; sa forme est beaucoup plus élégante, le corselet étant bien plus large et plus arrondi et la forme des élyÿtres plus ovalaire ; les pattes antérieures sont puissamment armées, leurs dents sont longues, nettement triangulaires et terminées en pointe acérée. La coloration est fort intéressante, car elle diffère en- tièrement de celle du mâle; elle est, en effet, toute noire, 286 LE NATURALISTE sauf vers l'extrémité des élytres, dont une très petite partie apparait faiblement orangée lorsqu'on examine l'insecte sous un certain jour. C'est peut-être à cette espèce qu'il convient de rap porter deux petites femelles, en tout cas voisines, que je figure ici et qui ont une histoire assez amusante. Rapportées toutes deux par M. l'abbé A. David, et venant très probablement de la région de Mou-Pin, elles s'étaient trouvées réparties, l’une dans la collection de M. de Mniszech, l’antre dans la collection du Muséum de Paris. Or, la première, devenue par la suite la propriété de M. R. Oberthür, est précisément celle que M. H. Dey- Fig, 2 et 3. — Luc Oberthüri. femelles (?). rolle avait, par erreur, figurée et décrite, en 1878, dans nos Annales comme étant la femelle du Pseudoluc. Davi- dis. ; Quant à la seconde, elle avait été placée au Muséum côte à côte avec le Luc, Boileavi type (le même que Parry avait faussement pris pour un L. Dybowskyi), et je m'é- tais, à mon tour, fourvoyé en la considérant comme une femelle de petite taille du L. Boileavi. Les deux femelles dont il s’agit diffèrent bien un peu l'une de l’autre par la structure de leur corselet, mais si l’on tient compte que leur tête a exactement la même conformation, que leurs antennes sont identiques, que leurs autres organes et la nature de leurs téguments ne manifestent que les différences que peuvent présenter deux individus distincts d’une même espèce, je ne crois pas qu'on puisse les séparer spécifiquement. Chez l'une comme chez l’autre de ces femelles, la tête est courte, déprimée, très plane sur son disque, à granu- lation fine et régulière, mais, tandis que chez la pre- mière, le corselet est simplement rétréci en arrière, à bord postérieur subrectiligne, il est, chez la seconde, plus court et beaucoup plus arrondi, rappelant davantage celui de la femelle du L. Oberthüri. Cette seconde femelle diffère en outre de la première par les caractères suivants : Les élytres sont moins am- ples et plus ovalaires, les pattes postérieures sont nette- ment arquées en dehors, la coloration est légèrement submétallique et les macules jaunes des cuisses sont bien plus larges et plus tranchées. Chez l'une comme chez l’autre, le dessous du corps est finement villeux. L. PLANET, CHRONIQUE mer Destruction des souris en Suisse. — À la suite d'hivers assez doux, les souris des champs se sont telle- ment multipliées ces dernières années dans différentes localités de la Suisse, et notamment dans plusieurs communes du canton de Zurich, que les moyens ordi- naires de défense ont été absolument insuffisants pour arrêter leurs ravages. Parmi les différents moyens mis en pratique pour combattre ce véritable fléau on a eu recours de préfé- rence à l’avoine saccharinostrychninisée qui, d’après de nombreuses expériences, paraissait être le procédé le meilleur et le plus simple. Son action est en effet extré- mement rapide puisqu'au bout de vingt à trente minutes après l’avoir répartie on peut voir des souris mortes sur le terrain. Pour faire la préparation, on emploie de l’avoine mon- dée (gruau) que l’on soumet préalablement à la vapeur surchauffée, ce qui transforme alors l’amidon en dex- trine, Ensuite, les grains attendris sont plongés dans une solution de strychnine fortement colorée en rouge, puis sucrés avec de la saccharine pour masquer le gout amer du poison, et enfin séchés. L'application de l’avoine-poison ne se fait pas simple- ment à la main; ceserait en effet un travail long et pénible, car il faut se baisser constamment. Mais on a recours à un instrument spécial appelé communément « fusil à souris ». La partie importante de cet instrument est la soupape qui, à chaque pression ou rotation d'un levier, laisse tomber un certain nombre de grains em- poisonnés : six, huit, dix. Dans le haut se trouve un ré- servoir conique destiné à recevoir une provision d'avoine. Munis de cet appareil, les cultivateurs, mis en ligne, s’avancent régulièrement de facon à répandre le grain sur le territoire au préalable délimité. Il n’est, cependant, pas nécessaire de déposer du poison dans tous les trous de souris, il suffit d'en déposer dans les principales en- trées. Le canon du fusil est introduit dans le trou, on exerce une pression ou rotation et le travail est fait. Les rapports des communes qui ont mis en pratique ce système en parlent d’une facon très favorable et con- statent que c’est le moyen le meilleur et le plus efficace qui a été employé jusqu'à présent pour la destruction des souris. OFFRES ET DEMANDES S'adresser pour les collections et lots ci-après indiqués à Les Fils D’Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris: Collection de Staphylinides à Hétérocérides inclus. 419 espèces, 1.195 exemplaires, 17 cartons. PIX enr D ee AE eee AO NITANCs: Collection de Lucanides et Lamellicornes eu- ropéens. 225 espèces, 806 exemplaires, 14 cartons. PNR ER EN ER ne ....... 65 Irancs. Collection de Buprestides et Elatérides euro- péens. 136 espèces, 403 exemplaires, 7 cartons. Pr nee Me A Out Be UV On 45 francs, Le Gérant: PAuz GROULT. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17. LE NATURALISTE LES PLANTES DE FRANCE LEURS PAPILLONS & LEURS CHENILLES ESPÈCES D'ARBRES OU PLANTES ILEx.. nel ee : ICERISUBER 7 ; | a | LE | — | re C2 4 | PES | Three CREUSER | st? | EE | LE TPE MSUBERS ne eue ME Mes ILex, SuBER, CocciFERA ILEx.. .|Ophiodes NOMS GÉNÉRIQUES ET SPÉCIFIQUES Chêne .[Xylina Socia Hufn. Brephos Parthœnias L. Notha H. Amphipyra Pyramidea L. Perflua F. Cinnamomea Bkh. Catephia Alchymista Geoff. Catocala Conjuncta Esp. Sponsa L. Dilecta Bkh. Promissa $. V. Nymphæa Esp. Diversa H. Nymphagaga Esp. Luczgrio S. V: Cepioné Advenaria H. Metrocampa Honoraria Schiff. Margaritaria L. Eurymene Dolabraria L. Selenia Bilunaria Esp. Lunaria Schiff. Tetralunaria Hufn. Odontopera Bidentata Clenk. Crocallis Elinguaria L. Ennomos Autumnaria Werner. Erosaria Bkh. Angularia Bkh. Himera Pennaria L. Phigalia Pilosaria H. Nyssia Pomonaria H. Hispidaria F. jAmphidasys Strataria Hufn. Betularia L. Synopsia Sociaria H. Var. Propinquaria B. Boarmia Ilicaria H. Umbraria H. Roboraria Schiff. Consortaria F. Tephrosia Consonaria H. Laridata Bkh. Jodis Vernaria H. -Lacteria L. Phorodesma Pustulata Hufn. Hemithea Strigata Mueller. Ephyra Pupillaria H. Porata F, Punctaria L. Trilinearia Bkh. Asthena Candidata Schiff. Thamnosioma Contaminaria H. Cabera Pusaria L. Macaria Notata L. Calamodres Occitonaria Dup Hybernia Lencophæaria $S. V. — Aurantiaria Esp. Marginaria Bkh. Defoliaria L. Anisopteryx Aescularia $S. Aceraria S. V. Oporabia Dilutata S. V. Eupithecia Irriguata H. MassiliataD.et Mill. Coccifera Mill. V: Dodoneata Cn. Phibalapterix Lupidata H. Cidaria Siterata Hufn. Chèvrefeuille. Limenitis Camilla S. V. Sibylla L. Abbreviata Steph. MOIS DE L'ANNÉE OU L’ON TROUVE Chenilles (Quercus) Mai. Juin, juillet. Mai. Mai, juin. Août. Mai. Mai, juin. Mai. Juillet. Avril, août à octobre. Mai, juin, septembre. Mai, juin, août à octob. Mai, juin, août, sept. Août, septembre. Avril, mai. Juin. Juin, août, septembre. Juin. Mai, juin. Mai, juin, juillet. Mai. Juillet à septembre. Juillet à octobre. Avril, juillet. Mai, juin. Fév.,mars, juillet, août Mai, août, septembre. Juillet. Mai. Mai, septembre. Août, septembre. Mai. Belle saison. Juin, septembre. Juillet, septembre. Juin, septembre. Avril, juillet. Mai, juin, sept.octobre. Juin, septembre. .| Mars, avril. Mai, Juin. Mai. Mai, juin. Mai (fleurs). Juin. Printemps. Mai, juillet. (Lonicera) Avril, mai. Mai. . à Papillons Septembre, octob.,nov. Mars. Avril. Juillet. Août. Avril, juill. à sept.,nov. Mai, juin. Juillet, août. Juillet. Mai, juin. Juin, juillet. Avril, mai, octobre. Juillet, mai, juin. Avril, mai, juillet. Mars à juillet, sept. Mai à septembre. Avril, mai. Juillet, août. Juillet à septembre. Jun, juillet, septembre. Juillet à septembre. Octobre, novembre. Février, mars. Mars. Mars, avril. Mars à mai. Avril à juillet. Mai, juin, août. Juillet, août. Avril, septembre. Avril, juillet, Avril, mai. Juin. Mai à juillet. Avril à juin. Juin, juillet. Belle saison. Mai, août. Avril à juin, août. Mai, juin, août. Juin à septembre. Mai à août. Mai, août. Aout, septembre. Février, mars. Octobre, nov., février. Novembre, févr.,mars. Oct., nov.,févr., mars. Mars. Novembre. Octobre, novembre, Avril, mai. Mars, avril. Mars. Mars, avril. Septembre, nov., déc. Juin, septembre à nov. Juin à août. Juin, juillet. HABITAT FRANCAIS France centr., sept. et orient. Toute la France. France septentrionale. Toute la France. France méridionale, Aube. Toute la France. France centrale et Toute la France. France centrale et méridionale, Provence. France méridionale, Toute la France. méridion. France centrale et septentrion. Toute la France. France centrale et orientale. Toute la France. France méridionale, Beaune-la-Rolande. France centrale et méridion. Provence, Montpellier, Toute la France. France centr., sept. et orient. France septentrionale, Paris. France centrale et méridionale. Toute la France. Lyon, France centrale et méridionale, Toute la France. France centraie et orientale, Toute la France. France centrale et méridionale. Toute la France. France méridionale. Toute la France. France centrale et septentrion. Toute la France. France centr., sept. et orient. France centrale et septentrion. France centrale et orientale. Cannes. Provence, Ardèche. France centr., mérid,etorient. France centrale et méridionale, Toute la France. Toute la France. France centrale et septentrion. QT LE NATURALISTE, REVUE ILLUSTRÉE D£S SCIENCES NATURELLES TABLE DES MATIÈRES DU QUATORZIÈME VOLUME DE LA DEUXIÈME SÉRIE 1900 Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Poissons GÉNÉRALITÉS Animaux promenés et tués dans les cirques chez les anciens, B/Santini de R10]1S 7200 MSA EEE ent PS PAR ARR 59, Au sue t/dN MON e AUS TRS RE PR Chasse des Echassiers au Hutteau sur les grèves de la Manche, les espèces qu'on y tue, Magaud d’Aubusson................... Description duiGrabiers Tone been tee nee Disparition du gibier dans le département de la Seine-Inférieure, PAUL NO PRES Ne Cm LP en a AA ARR ETS AS Elevage des oiseaux de basse-cour en Egypte................... Etude de l'ours et de la loutre au point de vue des étymologies, HD BOUSON ET M ele cela véle ere Ne Sense tan ein ete Te La caille dans le département de l'Orne, A.-L. Letacq............ La destruction des oiseaux en Charente-Inférieure, Un abonné... Latloutre 1DHABONRON MERS eee NE nie antiquitérde l’homme DABougon. nee ice ere La propreté du logis chez les animaux, H. Coupin............... Le cygne chanteur, Magaud d’Aubusson......................... Leïdressase-des'animaux. DriRegnaulté 0eme Le groupe des oiseaux nageurs, De Schaeck..................... L'élevage de l’Isatis ou renard bleu, H. Coupin..... > Eros o eperroquel ASantini RAA res mne nr Rene BA Le sens moral chez les animaux, D' Bougon...................... Les animaux à l’attaque des serpents, Dr Bougon............... Fes fanmmauxiauvthéatre :HACOUpin cer eeecr cc Lésétangsinoissonneux d'autrefois. -: ue -mmeen eueesenele Les Glaréoles (mœurs, chasse, utilité), Magaud d'Aubusson....... Les Grèbes, espèces francaises, description, mœurs et chasse, Masaud id AUDUSS ON TAN TN RE eee EU Les oiseaux nuisibles, le Geai, Albert Granger.................. Les oïseaux nuisibles, la Pie, Albert Granger................... Les races des Comores Losraces des Madarascan ee ee RO CET Les races du: Sénépal-et du-Soudan.s 4.2. cree Les Rats en Thessalie CC CC Arthropoiles, Mollusques, Rayonnés, etc. GÉNÉRALITÉS Apparition tardive des lampyres en 4899................. ...... Conservation des chenilles en collection, Paul Noël.............. Contribution à l’étude de la faune de la Roumanie (fig.), moviei pere Ts ten se (ef lea ele loterie siela siens epeiele to re faiel sis o 07 ele Mie lele tele le laiers vpeneheiekeleslañorele.s ele fo lsie.e le ereretete niet ne pates ele se ee CRC nn eoe COCO sen sn stone Lépidoptères nouveaux d’Asie, Austaut...,..........,,..,........ Les Coleophora du Dorycinum, P. Chrétien.,......" 1.0 Les moyens de combattre la cochylis de la vigne par les traite- ments d'hIVEr.. sur meteo tee Le) DOTE NE UE T ENREE Les Papillons et les Chenilles en Krance au mois dé janvier, LNFUCUS RE ete site to Os DA EE Les plantes de France, leurs Chenilles et leurs Papillons.... 925, SRE 43, 55, 16,125, 151, 166, 199, 199, 244, 227, 238, 263, LesiSauterelles ten Espagne tra Penee LR COUNTER RE NCENE Méthode employée pour combattre le Phylloxéra en Allemagne... Mœurs et métamorphoses des Brachydères lusitanicus, Cap Xam- beu Mœurs et métamorphoses du Dermestes undulatus, Xambeu..... du Trachyphlœus scaber, Cap. Xambeu. Notice sur deux variétés inédites de Parnassius apollo, Austaut... Ponte de Trichosoma hemigenum, Cap Xambeu................. Un cas probable de mimétisme défensif chez la Ranâtre (fig.), Pla- LEAUS TR RER remercier eee RCE Ne TIC PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES AnODHdAeS EE... Less 158, 181 Malachides........,.. 158, Anthocharis orientalis (n. s). 48 | Mylabrides................. Bostrichidess-#iettetr 158,. 169, || Œdémerides "14... .P6he Brachyderes lusitanicus..... 8 |"1Æneistelsa/{(ns)..."...#1x Gebrionides er EPA AMÈE 157 — verdanda var. vanda Chematobia brumosa....... 259 (DIS) en Chydorusclavatus(n.s.) (fig.). 461 | Parnassius apollo v. inversa CLÉS PEN ere 158, 218 EHebuSIS rare cents Coleopnora tele reterete 68 | Pseudolucanus Mhniszechi Cyclops viridis (fig.).,...... 175 (fig)... Cypris cribrum (n. s.) (fig.).. 161 — placidus (fig.). — perforata (n.s.) (fig.). 162 | Ptinides.............. 158, — tridentata(n.s.) (fig.). 162 | Ptinus Groulti (n. s.)........ — unidentata(n.s.)(fig.). 461 — obscuripes (n. s.).... DÉROIGÉE Mo oo cotes 157 | Sandalus Bourgeoisi (n. s.).…. Doermestes undulatus.... .. 143 | Simocephalus vetulus (fig.).. Diaptomus furca (n.s.) (fig.). 175 | Syrichtus inachus var. thibe- — Rumanæ (n. s.) tana (Nes) ere (Ar NAME 175 | Tapinostola Boudii......... Elaterides mere men 157 | Thaptor brevipennis (n. s.).. Hydrilla gluteosa........... 35 — tesselatus (n. s.).... Pimpyrides nee ee 158 — variegatus (n. s.)... Lucanus cervus var. Judai- Delephorides ee tee CUS) (AP) Re re 21 | Trachyphlœus scaber.....,. Lucanus Dybowskyi (fig).... 47 | Trichodesma nigromaculata — Delavagi (fig.)..... 229 a. SORA — Oberthuri {(fig.)..., 229 — regalis goyaven- — singularis(fig.)(n.s.). 11 DS er — _ vicinus (fig.)....... 164 Fe hemigenum .... Lymexylonides............. 158 Macrothrix magnantennula (UE RE DE Et De A 160 Botanique GÉNÉRALITÉS Apercu sur la flore du Sénégal et du Soudan........ Shtodobarose A propos de l'article. Curiosités botaniques, Dr J. Marcel Jeanty. Culture "du figuier en (Grèce -crreeeteeerceLreerre tr Curiosités botaniques, Dr Bougon.......................... DbI80 La coque du Levaut ffig.), E. Massat.................... 5590000 L’Actinomycose et ses dangers pour des travailleurs agricoles... Pa'culturefdu Riz aus Siam eee cer ere RCE CCE CEE La Cculture/duitabac'eniGrèce MP EME CEE ERP RER trs La Flore de têtards de saules dans les vallées de la Seine, P. Ha- REPTOT IR R CIN ie nee PS LES A PES SLR SE RES La vanille à Madagascar........ CODEN Porto dons osLone Le cacao à Madagascar.......... Se Bb Ron 0 oo naucco D > 19 ON LE NATURALISTE Pre Gui (Vescum album), D' Bougon............................ PE microbe de la peste, Dr Berdal...:..4......3%.2. 2... … Les Desmidiées, Dr Bougon........ lé À … L'Ipecacuanha (fig.), E Les arbres dans les grandes villes, D' Bougon.................. Mes Chènes au point de vue forestier...:..:.:.....:...<.. one Les Chènesporte-gui de la Normandie (fig.), H. Gadeau de Kerville. Les écorces médicinales, l’angusture vraie (fig.) Massat........... Les Erables au point de vue forestier... HésiOrchidéesaindisenes, P. Hariot.:1=.::.12::.2....4..3..20.. Les plantes bulbeuses de la Flore francaise, Liliacées, Hariot..... Les Plantes et les noms de lieux, Dr Bougon..............,...... Les Plantes bulbeuses de France, P. Hariot.. iées Plantes myrmecophiles (fig), P. Hariot.:.....:.......7.... Les Thuyas....... Mie MA SS At ne en mere en eve RS TE Maladie bactérienne du Mürier.....,..2. 148%. secure: je D (à ( LS # | — Nouvelles expériences relatives à la désinfection antiphylloxérique 1h ps Al “ Galypea cusparia (fig)....... L « Actinomyces bovis.......... 29 24 1 MAIS SADLUNIOLS RE Net etant cms elrieis lemme lereiele ele siape » Note sur le bois secondaire du Tulipier de Virginie, Emile Ballé. HESÉDI AIS AT MVIBITE : 22 ie maiee cie cemaee cie spectre sie ee Üncnampignon rose vénéneux en France....................….2 Un exemple de longévité de la graine, Ch. Le Gendre........... PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Jpecacuanhar(figr)re is... PATACÉ ES SEE eureen rer Myrmecodia (fig.)........... Psalliota campestris........ Stropharia coronilla........ Viscum album........ Amanitis musCaria.......... 2 Amaryllidéess,. si... Araucaria imbricata (fig.)... Dorycnium suffruticosum... 68 Géologie, Minéralogie GÉNÉRALITÉS Ancienneté dellPhomme,:Dr Bougon....,5.,,. tes, Congrès géologique international de 1900........ Examen de la Météorite tombée le 12 mars 1899 à Bierbelé en Finlande, Stanislas Meunier.........:..,...,.,,. Géologie de l’enfouissement d’une chaussée dans le sol, D' Bou- OP DR D AS nn te eee ae eo palat a a lerape ea 0 La ut ete tan expérimentale des cheminées des fées (fig.), Stanislas MEUNIER PART ane diese der eessovee ete de dr Late eee DE DL2 Faune ante-primordiale, G. Garde...:..........,...... nee La Sédimentation souterraine (fig.). Stanislas Meunier........... artalle des suex (fie), Massat.............. La Terre, son origine, sa fin, D'Bougon.............,...,..,,., PerbitumesensAuvergne; Gr: Carder 2... 4%. eue. Le Campignien en Gitonde, station du Rale (fig.), P. A. Conil.... Les Chotts salés de l'Algérie, Dr Bougon...............,........ Les meulières de Montmorency (fig.), Stanislas Meunier.....,.., Les pierres creuses de Puteaux, D' Bougon........,..........,. Mes terres alcalinessDr-Baugons.......,...,...0.., 1,0 LL li Les tremblements de terre en 1899 (fig.), E. Massat......,,...,.. Notetsurdles-Tourbes (fig) Renault........,,..........12.5..... Poissons fossiles des environs de Paris (fig.), E. Massat........, Remarquables nodules de grès (fig.), Stanislas Meunier.......... Sablière de la Beuvrière près de Béthune (fig.). H. Boursault.... Sur l'abus des suppositions glaciaires en géologie (fig.), Stanislas NTÉUNIER SR RP Sr eee Datieaetele ne le die rente ae £ur l’origine du Diluvium de la Seine conclue de l’examen de sa structure intime (fiz.), Stanislas Meunier... ..... nel ne Sur un gisement de plantes fossiles de l'argile plastique (fig.), Fri- Al sise Tote REMONTER saurai sion cie ie ei Transformation rapide de bois en une substance semblable à un combustiblé fossile: (Grarth})..::.4:.5.:.:.,4....,... OO TON PRINCIPALES ESPÈCES DÉCRITES OU CITÉES Aneglité..i.......,........ 260 | Laurus excellens (fig.)...... Artocarpidium conocephala — regularis (fig.)...... (RAP RENAN. 267 | Leucophænicite ............ Britholite. sr: 261 127116" Leucosphéenite 2e: .1. 0.00 Chalcolamprite........ 261, 211 | Lorenzite............ JÉTBOER Cinnamomum Larteti (fig.). 268 | Magnolia inæqualis (fig.) Cordylite....... HABUUORE 20 2600) PNarsarsukite eee. Endécolite............ 26121 NaASONITE Re een e Re Epistolite RDS SPA eee au 261 Parisite.ss- secoue ee * Fjcus eocenica (fig.)........ Persea parisiensis (fig.)...,. + — orthonervis (fig.)...... — Brongniarti (fig.).... —- Deshayesi (fig.)....... 261 | Salix (fig.)..:.. nn ete evete IE Glaucochroïte.............. 34; | Schizolite..:.........1: 261, 1h Grewia Suessonensis (fig.).. 268 Spodrophyllite ..........,.. MUHancockite:.......:........ 334) Stercuha (fo)... de P'Hardystanite..….........….. 33 | Tamiolite.................. Fi RER Divers Alphonse Milne-Edwards (fig.). Nécrologie, H. Coupin.......... Cimetières de chiens et de chats, H. Coupin:......:..,!........ Coloration. de positifs pour: projections. ............,..,,.,.... Congrès international d'anthropologie et d’archéologie préhisto- PUR UE MR ee retira SE Done — de:léducation physique..:...::...,....… Conservation des phototypes, photocopies, photocalques, H. Cou- EE LUE en UT Eventaïls photographiques, H. Coupin...................:...... Influence de l’Eclipse du soleil sur les êtres vivants, D' Bougon.. L’acétylène à l'Exposition universelle... ......,.............:... La photographie des Oiseaux en collection, Deschaeck...,..... Beaumaturelle ADMBOURON Er ee Meme eee de Le DahomMmeyetiSeSPrOdUIESE RL ses meme root Le langage sifilé, H. Coupin Lie tir. au canon contre la grêle en Suisse. .........7....,:.....:. Herythmerdans la musique; DYBougon.:.... m2. Les comédiens de la nature, H: Coupin........::..5..,.:...,,... Bes œufs ide Paques 2 COUPIRES PR -ecee-tieeee. Les soies du Bombyx mori, du Jambonneau et de l’Araignée, HE NÉS SAR ARR SR SE A de Pate r delete D en en craie L'histoire naturelle dans les vêtements des premiers hommes, D'ÉBOUSONE M Le seems does — et l'Ethnographio à l'Exposition universelle de 1900, D'Laloy.. :.: 192, 141, 183:195, Micrographie. Milieux conservateurs, lutagedes préparations, Gru- NAN ARS dre D DE OR PTT DEL 14, — Montage de petits animaux en préparation, Gruvel. Photographie et étude des nuages..." 2008 dec eneunen — sympathique Ar DUMAS ER RL ee Ouelquesmotsisurleïvariétisme, MPic eme ae Remédesaenobles FDEÉReonaultere + terme neue. ee — populaires de Normandie, D'E. Spalikowski.......... Reproduction à bon marché des dessins, H. Coupin............. Tirage industriel des clichés photographiques....,...,............ Transformation de la loupe simple en loupe binoculaire et stéréos- CODIQUE RS RAR ue à A Re tee ie ut D Un Corbeau sur un arbre perché.... Une petitetacheé-du soleil, DBougon:......1.;040.,..208 Chronique Capture-de Mépidoptéres en Erance net Rene dem. nee Congres international:contre la lCochylis.".,......1.,.. 40: Coursidentomolosi ie aorICOle ER CNET ARE DeStTUCtIONIdeS SOUTISNCN SUISSES re eee ee ceetdesmre en ÉARDIDITÉTIC AVNIAITE den eme een ec ment Mae La Musca olearia et Ja récolte des olives dans les Pouilles (Italie). Nouvelle maladie délabetteraye asucre. , ...45....2. 27.2. Utilisation de l’aloës pour la destruction des altises en Tunisie... Vente aux enchères publiques des livres d'histoire naturelle de la bibliotheque Bronentantr REC PEER ren - Bibliographie Académie des Sciences Zoologie Automatisme des cellules nerveuses RO) st a SAR Composition et valeur alimentaire des Mammifères, Oiseaux et Reptiles (Balland)......... 1 Mn dite OO Re Can o tt Constitution du follicule ovarien des Reptiles (Mlle Loyez)........ 289 142 97 31 204 20% 168 87 265 290 Défense de l'organisme contre les propriétés morbifiques des sé- crétions granulaires (Charrin et Lavadite)....,.......... rss Effets du travail de certains groupes musculaires sur d'autres groupes qui ne font aucun travail (Kronecker et Cutter)... Epicaride nouveau (Ch. Perez)...... inseseseseseesterseeesesee Evolution des monstrillides (Malaquin).......................... — sans hétérogonie d’un Angiostome de lacouleuvre à col- Her (Ratlhet) nee er Terme eee Existence du Ceratitis capitata v. hipaméne de Brême, environs de Paris (Giard). LAN etienne ele Rance mena Faune halophite de l'Auvergne (Bruyart et Eusebio)............. Hermaphroditisme et la parthénogenèse chez les Echinodermes (Viguier) Sn ALURMAURE Rien re se eees son eneseseee nee Hétéroplastie (N. A. Barbieri)...... ADO Lana dE on rss Hypothèse sur la nature des conditions physiques de l'odorat (Vaschide et Van Nielle)................... ent ani La distribution des sexes dans les pontes de pigeons, Cuenot..... Morphologie de l'appareil respiratoire de la larve et de la nymphe du Bruchus ornatus (Séurat} ee SEE EE LEE Observations sur les Péripates américains (G. L. Bouvier)...,.... Opistobranches des côtes océaniques et des côtes méditerranéennes (A. Vayssière).......................4.44.....: note those Organes générateurs mâles des Coléoptères et testicules composés et fasciculés (BOrdas) ere MR ER RUIES bons ne Sur les fonctions de la tige cristalline des acéphales (H. Coupin). Variation du Plankton au lac Chauvet (Bruyant)................ Vie des organismes inférieurs (Kunstler)........................ Botanique Action de l’air sec et de l'air humide sur les végétaux (Eberhardit). — de la pression totale sur l'assimilation chlorophyllienne (Friédel) Rene rEUr NON UD PIE bio dteaone Appareil sexuel et la double fécondation chez les Tulipes (Gri- ei Den DO PE DR OEM DO TN CHU CAD non chlorophyllienne chez les plantes d'appartement (Griton)e en REC Rennes LOE 20 UE MÉCENE DOME Assimilation chlorophyllienne dans la lumière solaire qui a tra- versé des feuilles (Ed. Griffon)................................ Bactéridie myophage du lapin (Phisalix)............. SAONE RE Composition chimique d’un pigment vert de l'Amanie muscaria — (GriMtts) PRE ARE Re eee see cseet _ de l’albumen de la graine de Févier d'Amérique (Go- PET) rl eee M ererte elelateneieliene ele le one eielo he cie inst Culture ne dite sur l’adaptation des plants au climat médi- terranéen (G. Bonnier)...........:.............4.4. — des lupins bleus (Dehairain et Demoussy)............... — des lupins blancs (Dchairain et Demoussÿ)............... Echanges gazeux entre les plantes entières et l'atmosphère (Schloæ- Sinon) Se ee Me anne ttes eee aies Ferments ue produits pendant la germination par les graines albumen corné (Bourquelot et Hérissey)....................... Hydrate de carbone de réserve des graines de Luzerne et de Fe- nugrec (Bourquelot et Hérissey)............................... Individualité de la séminase (Bourquelot et Hérissey)...... DSP U Les zones et les provinces botaniques de l'Afrique occidentale francaise (Chevalier) rene Re Re PR Rene RAR tee Le Maladie desraisins des vignes du Caucase (Prillieux et Delacroix). Modification et structure de tiges soumises à une traction modérée (Dhouvenin) nero merde observées dans ies cellules subissant la fermentation propre (Matruchot et Mol- Hard) ME rene conne erletess Mutualité de l'Œnothera Lamare-Kiana (Hugo de Vriès)...... — Nouveau procédé d'extraction du caoutchouc (Armand et Verneuil). Nouvelle mucorinée pathogène (Lucet et nr Rte lle ne Oxycellulose du coton, du lin, du chanvre_et de la ramie (Vi- EnON) AR ae Re lee Te ee AN M CU ER Ne R re 132 239 48 12 LE NATURALISTE Parisitisme du Phoma remiformis (Ravaz et Bonnet) / CICCCECEC ETC ECC" - Phénomènes présentés par les noyaux chez les végétaux sous l’ac- tion du froid (Matruchot et Molliard) Présence de la manno-cellulose dans les tissus ligneux des plantes gymnospermes (G./Bertrand) PSE ER ETES EEE REER EE Phénomènes physiologiques accompagnant la chlorose chez la veneriGiCurtel een IT ERA EE UNE PNR TEE Pluralité de l’espèce dans le groseillier à grappes cultivé (de Jane- zeweski) ; Prétendue digestion des Nepenthès (E. Couvreur)................ Rappel à la vie obtenu par la compression rythmée du cœur Sur la loi de disjonction des hybrides (Hugo de Vriès)........... Sur les embryons du blé et de l'orge pharaoniques (Gain) Sur le parantisme du Ximenia americana. Heckel...:... HAS ALEA Sur les limites de possibilité du greffage chez les végétaux (Daniel). Sur l’exosmose de diastases Dar Sur l’hydrate de carbone de réserve de la graine de Trifolium repensriHérisseyionntliusela rene a RE ET CPE Sur l’ordre de formation des éléments du cylindre central dans la racine etla tige, (GastontBonnier)}ieeEn tte Ce ee UT Téguments séminaux de quelques espèces du genre Impatiens (GA Brunotte) PURES RNA AR RCA ECRIRE ES Tubercule alimentaire nouveau du Soudan (Max Cornu).......... Variation dans les caractères des races de haricots sous l'influence du greffage (L. Daniel) see e eee e eo 0 0 60 0 0 00e 0e ee ne lee) es ln lee lelntele otele sta eh ohalelole one ele Géologie Dénudation du plateau central de Haye (M.-et-Moselle) Bleicher. Dinosauriens des étages de Rognac et de Vitrolles au pied de la moniapne Noire (C#Deperet) ester MR ee CRC Eruption du volcan Mayon dans l’ile de Lucon.................. Exploration géologique dans la Chine méridionale (Leclère)...... Fest condition de dépôt du Turonien de l’Aquitaine (Glan- geaud) at Rene Penn Co D CPU PET TE CUT Fossiles rapportés de Chine par la mission Leclère (Douvilli).... Géologie de l’Australie occidentale (Garnier).,..........,....... Clossotherium (Neomylodon) en Patagonie (Albert Gaudry) Les lemuriens subfossiles de Madagascar Météorite tombée à Bjurbole près Borga (Finlande).............. Non-existence en minéralogie du système hexagonal (Walleraut). Nouveau rongeur miocène (Gaillard)....... RDS da IS dei PO Observation d’un bolide dans la soirée du 24 septembre 1900 (J. Mascart) Observation sur la structure du diluvium de la Seine (S. Meunier). Perturbatonspéolopiquesde Java tr RCE EP EEE TT Phénomène de métamorphisme de production de minerai de fer consécutif à la dénudation du plateau de Hay (Bleicher)....... Plants fossiles de la Chine méridionale (Zeïller)................. Première plante fossile envoyée de Madagascar (Bureau)......... Priabonien, Eocène supérieur de la région de Kairouan (Tunisie). Structure de la portion méridionale de la zone du Brianconnais (Kilian) sr RE er CE PT EC LC Subdivision du Senonien du Portugal (P. Choflat)................ Sur les granites et les syenites quartzifères à œgyrine, arfnedso- nite et œnigmathe de Madagascar (Lacroix)........:.......... Tectonique de l'extrémité septentrionale des massifs de la Char- treusei (HR OI) 20000 NN Ne EE ee nn Tremblement de terre au Mexique Divers. 1% JANVIER 1900 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction AVIS Nous prions ceux de nc abonnés qui ne nous ont pa encore adressé le montai =, SOMMAIRE du n° 308 du 1° JANVIER 1POO : Sablière de la Beuvrière, près de Béthune. Henri BoursauLr. — Les « Sauvages » de Normandie. D' Ed. Spartxkowsxt. — Mœurs et Métamorphoses du Brachyderes Lus de leur abonnement pol sitanicus Fab. coléoptère de la famille des Rhyncophores. Dæsse TamBer. — Les | 7900, de vouloir bien nous animaux au Théâtre. Henri Courix. — Géologie de l’enfouissemsnt d'une chaussée | + : à Ë dans le sol. D' Boucon. — Description de coléoptères nouveaux. L PLANET. — faire parvenir sans retar Chronique. — Académie des Sciences. P. Fucus. — Micrographie technique, histo- l'échéance de Janvier étai logique. À. GRüvEL. —- Genera illustré des Coiéoptères de France: Gonsiant Houf- plus chargée, = BERT ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS. LES ABONNEMENTS PARTENT DU Il‘ DE CHAQUE MOIS Francetl Algérie. ne 2 40 fn.» TOUSNCS A UIRES DANSE SR MD ETES Pays compris dans l’Union postale. . , , 11 » PRIS USNUMELO ES Se 0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL ‘Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS di RER Der a 10J1j-So1pe9 9ZuINb-9JUEXI0S SA] 19 SA9IS So] 9948 fINOTI9IXO OIGNON ‘Saurif GLF tt... CR tete: xd ‘satoan sa] sues ‘saroary ezumb AP S191SP9 S104} SO] J9 SITOUT XIP 9P SI9ISPI SI047 SO, 2048 ‘INOH9IX9 9[{NOF < » CAS eu, | *Satoat) CL 9P UOJUOIJ & [ANT — *£Z SIA ‘In9puOJOid 9p (L'u0 : AN9818] 9P OQL'‘wp :109/N84 9P OL‘ : 2INS9U [I : SATOA1 XIP 9P SA9ISE9 S1017 J9 SAOA 2ZuMb op 101889 s1017 puaidw09 ‘oyaqe] OUMOJ ÿeIIES U9 Seq np Inoo Juop ‘sdioo xnop u9 uoJuOIy e 9Jqnau 97) prete 9]S91 9] Re u9 150 S9109 SO] 19 opedey e] ‘sajaod € R QUIIA SHIOUIL-S3409 52 30 3XN1 30 S31ENAN ON SP SuISUD £ JUBUQAAUICD NDUQJUE SEA OUR,P 00H) 05 EE 69 | | ANA ANNO SHLNOMNS SHIOBIL-S3HON9 0€ 30 SHT803M 67 SIHVA ‘984 np om ‘97 ‘ATIOHAHG AIN ST SAT SIUVd ‘984 np ont ‘O0 AIIOUAG MIN SU SAT 87 15 JANVIER 1900 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction AVIS Nous prions ceux de no me em || dUONNCS QUISne NOUS Ont pa SOMMAIRE «4 ° 309 d 135 JANVIER 1900 : : Re RS de — - | encore adressé le montar Chasse des Echassiers au Hutteau sur les grèves de la Manche : les espèces qu’on y : y tue. Macau» d'Augusson. — Les plantes bulbeuses de la Flore française : Liliacées. de leur abonnement pou P. Harior. — Photographie. Henri Cour. — Micrographie technique, histologique. | 7900, de vouloir bien nous 1 A. GrRuveL. — Description de coléoptères nouveaux. L. PLaner. — Le Gui, Viscum ; à album. Dr Boucon. — Académie des Sciences, P, Fucus. — Les Papillons et les faire parvenir sans retard Ohenilles en France au mois de janvier. P. Fucus. — Les Plantes de France, leurs | /’échéance de Janvier étan Chenilles et leurs Papillons. Destruction des Oiseaux en Charente-Inférieure. — I ñ Genera illustré des Coléoptères de France. Constant HourBerr. É plus chargée. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ii” DE CHAQUE MOIS Éranceel Aloérie 2. ee © 10m» | Housiles autres pays SES eo fre Pays compris dans l'Union postale. . , : 11 » RECU MUMÉTO 0 ES RSC ete 0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 e. à la dernière bande. Te ne € à mme Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAI Au nom de « LES FILS D’'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS JP SŸ mp : univ Te *sonbrdoosornu suoryexedord anod saoxjra seqaod v j9 1101 e 2QneN — ‘C8 ‘SIN | “red e sopsod suoneredouid 008: 07 1187 mb 99 ‘sonbrdoosoion suoryeredaud 96 un9EU9 JOUIOJUOI JUBANOd SITOHY JU99 9P S998UVI Ç JUOIJUON oo 97) SAJULIA S3140d JAAY SAIOAIL 00€ 10 3180U TG SIUVA ‘984 np ont ‘97 ‘ATTIOUAAQ ATINAG STI SAT RER SOUPIF G6S RES — 9 LU VU AU TE v PESTE S SEA op sooSuez € ins SosodSsIp JUOS SAIO11} SOU ‘FE mQ ANOPUOJOId QE up “IN9S -J0] ‘ GL'uf ‘inomney : juPINSOUI ‘SJU9P9991d XNE 9[{RIQUIOS 9JQNAN LS oN SuOtJIUT9rd 09G'Z J10S AN0H9 SNOLLYEYdIHd C7 HNOd SHIOUIL 08) 10 11801 ‘opueuwop ans soÂoAU9 jJuodos x11d $97 ‘saqaod sues n0 994 ‘SUOISUOUIP S9/N07 9P OUI} S0] JUOUWO[ES9 SUOANO SON ‘919 ‘29 ‘SIOQ S81JnE,p U9 79 SUOIS p u9 Soqnouwu Sotuou $99 19nbriqe 9p eau 8 SEUIWOS SNON Ÿ -U9WUIP Sant ‘ *sitoat} gj ep sonbrdoosozoru suoreredoid nod e1qnopt — ‘78 ‘ST « "(08T 36 0 9£°0 87 0 0YYT 09 98 CORSA 36 0 960 860 EGVY 8y C8 (GOT Ye 0 96°0 8c 0 798 96 78 COTE Gc'0 0%°0 96 0 JEQ YG (a (QC t9 Ge 0 (A) Sc 0 (41 Sy C8 COS Sa-0 0%°0 1G'0 S8G ca! 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Bib. E. MassarrT. — L'antiquité de l’homme. AVIS Nous prions ceux de nos abonnés qui ne nous ont pas encore adressé le montam de leur abonnement pour Dr Boucon. — L'Actinomycose et ses dangers pour les travailleurs agricoles. — Ë ’ Des accidents entomologiques. M. Pic. — Elevage des oiseaux de basse-cour en UE qe tenons bien nous le Egypte. — La faune anté-primordiale. G. Garpe. — Maladie des Pruniers. — Des- faire parvenir sans retard, cription d’un coléoptère nouveau A. THÉRy. — Minéraux nouveaux. GauBerr. — | /’échéance de janvier étan Culture du Figuier en Grèce. — Chronique. — Académie des Sciences. P. Fucus. — : La culture du Riz au Siam. — Livres nouveaux. la plus chargée. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS FrancéretAleéne 2 0 40 frs | Toussleés autres pays te RUN OM freein Pays compris dans l’Union postale. . . . 11 » RÉREdUNUMÉTO AA PAR EE 0 50 Pour changement d'adresse, joindre O fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D’'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46. RUE DU BAC. PARIS LA D en CR NE a LT fe, DRE 4e Lx tt DE SS | “onqeqe ojtqour apeSey ET J9 911) ATOAT) UN JUETJUOU 9 ESSONNE CES S PTE Tnt LL ti |] (l nl ni ITR SA HN) INT 72 RIT LIL TT TT 772 re TN IT ZZ 277 TA f LULU LL SSSETSSS SNS GNU CAPE ET ENNTT in] PTT 22 zz DU FE OUEN EEE HAE Î | Re nn (NL ELA vai : sed juaquouwap os au LG ‘ge ‘ec Qu so" ‘J919 e JUEUIO] soulo|d sojaod sop aed/suoïerduoi snou onb satour sop sopeoer so] suowu -11ddns snou ‘orne suep ‘3 oan8y ej onbipur | aWWwO09 1041) 9j 1041 Jn9A uo nhsio] ‘juaqieqea 2 oiAIM9I u9 Soigluaey9 XNap 1ed 9]qnouw ne S99XIf SALOA] SOp Sopr9ey Se] “UN SUEP : SJU9LAIP SaW9JSAS xnop ‘olarssnod eJ 2p qe] Re Sub|d jo sojieo So ouqjou anod ‘oinjouae; ewuwo9 49Âo/due jnod uQ ‘Joidnod u9 59 puoy 9] ‘ augyo u9 juos snssap 9] 19 S9109 so] ‘opeÿez E] 91n0], “239 “omof-ur Spuval ‘surssop ‘sum sonbydouhoah ‘sanbrlojool say sap quoweSura 91 anod ejqno SAVE Ÿ SHLUV HO d SAHETAN 66 SIHVd ‘984 np on1 ‘97 ‘ATIOHANG HTIINAG SIM SAT ‘JUaJUOUWAP 929$ Sa4]ne Sa] "SouRIy 08 “‘: XI JIOdSUI 9] d0}INIOE} UUIUU € *‘ouIssop anod ofrqour neayerd j2 aroary 004 ‘senbiydeaSoaonmEsepnio anod ejqex, — 193 ‘SM ‘CLnQ : danoneH ‘090 *O0fwf : Inon8u0 an9 SET] ‘Souri OZ : XL ‘n] 9p 1oy901ddex re] ep no JAUS10[9, 2P AN9JEAIDS(O, | L ISULE JOUA 79 ‘[RIUOZHOU 79 [ROHIOA SU9S OI SUBP 99IANQULU 9179 Jn0d 97101487 97199 ‘S91J9WU99 (% X (£ 2P JUOS 9]{7 EI ap anaed 97700 op suoisuewuip so[ { sonbiqdeaSoroiu suissop soj sojiejaed epn] -1]98X9 9UN 19 9]IPOWUWOP aUN 2948 9/N99X9,pjouod mb 09 1outmexo volqo quejiod odoosoiiu np ourjejd tj op nvoaAiu ne 9949[9 9419 1nod a[qe} EI] 9p snssop np ouacd oun ‘oeroods uoiisodsip aun 484 ‘s|1n0 sa sed 010H1979p ou 1e ‘oupuoy sujd o7 ruxed 1s10yo ‘vo fsioq o1qne jn0] & 949J94d 979 Jotpdnod 2] {aiou ua jura} o1jdnod uo Jo snssap 97 ‘ouguyo uo juos Spoid so[ J9 IC4 94 ‘S91100I0{E] so Suep 9)dope opppou of 150 suoquosoadoi snou onb 91{199 ‘onbuead 9 opt10s ojqey oun aroaep sonbiqdeaSouoim sopni9 soj anod ojqesuodsipur JS9 II SANUHdYESOUIIN S10N11 HNOd UIVAYUL 10 1TAYI ‘opuvwop Ans S9ss91pe JU019S SutId J9 SIA9P S9[ ‘uOU no e[{e}UoWYp o[quou uo sjIe} 0179 quoanod snoj, ‘9799 “oAou ‘nofeoe onb jo} ‘sioq o11n8 1007 uo J9 suorneaedoid 000007 vnbsnf aiuojuoo queanod sonsojeur sejqnotu Sop 191N99X9 O4IEJ OPUEWIP ANS SUOANOË SNON ‘1JUOWIP 98 Jnod ou aqnotm o7) ‘Jut[q SIO{ u9 JS9 Jo xnvouued 8 oluouw 359 9[{Neu np PUOJ Of : SJU9P99 -914 soqnetu sp 9/29 8 onbruopi JS9 UOTE] AN9] : AUQUI U9 JUOS 9[{NOU 99 9Pp SALOIY SOP SOpedey S2[ 19 S9)09 SO] ‘opeovy ET JO[9 & JUEUMO sou19]d soquod 9948 ‘sonbrdoosoiiu suonesedoid soj aurez anod sofoçdus sympoud sop juouogues o[ anod o1ressaogu amour 91104 oun ‘seq np sdaoo 07 : Jopa R JUEUIOF S991JIA S9J10A 29AL ‘SILOI] So] jueuoadwuos ‘jney np Sdioo &I :Se[qisIAIPUI soraed xnop juoruoo (1 ‘6e oan8y ej onbrpur] ewuuwo) Re I SIUVA ‘904 np où1 ‘Oÿ ATIOUAAG MINE SIA SAT CG en 29° ANNÉE 2e SÉRIE. — R° 11 15 FÉVRIER 1900 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction AVIS: Nous prions ceux de nos abonnés qui ne nous ont pas encore adressé le montant SOMMAIRE dun 311 du 1% FÉVRIER 1900 : Imitation expérimentale des Cheminées de Fées. SranisLas Meunier. — Les Glaréoies, | de eur à mœurs, Casse utilité. MaAGAuD p’AUBUssoN. — Micrographie technique, histologique k abonnement pour A. GruveL. — Les Plantes de France, leurs chenilles et leurs papillons. — Etude de 1900, de vouloir bien nous le l’ours et de la Loutre, au point de vue des Etymologies. — D: Boucon. — Ponte de Trichosoma Hemigemum,de Graslin (lépidoptères du groupe des Chélonides.) Capi- faire parvenir sans retard : taine XamBeu. — Conservation des photypes, photocopies et photocalques H. Coupin. l'éché : : dy — Essai monographique sur les coléoptères des genres Pseudolucane et Lucane. échéance de Janvier étant | Louis PLANET. — Lépidoptères nouveaux d'Asie. AUsrauT. — Académie des Sciences. lb! 2 P. Fucus: 5 a plus chargée. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, 4: - LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS 1 France et Algérie . SU eee ALT AS AO) Lt TC) louslEs autresipays.n. se < 2 SN RS D fr > Pays compris dans l’Union postale. . . , 11 » BRU RUMETO 7. Ut ee Us a 0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. ee + nes Ê Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS É- à | ; D H01] 160 0 10 S9IUUIU) TUUS SOI SU + PIUI) SUCS ue ol SL oo xd ne gg 10 X LE‘uQ 2p jueyooadde syewuoy So] 1onbuqey suoanod snoN *SOpueW9p quateies stiou inb syew10 so] sUoJoJN29x9 sNnOU ‘pUPWUO9 ANS : 98NOI ‘JIIA ‘najq juos sogjisn snjd so] : sano(noo Jarded ap sJ19AN0991 JuOS SU0J189 91) ; AV: E TS Che Za GE LL 76 YG | a 08 ï xG ra 6 G° I %a LO nee %G Sn04} 2948 u0)1T9 np xH4q Sn01 2948 uOJJE9 np xd uoJJo np XI sno17 9p Sno1 2p ouquon [°PSNOIL 2I(LWUON ‘“24n099p uoyieo onbeyo ep xud eo 39 ‘eg'u0 X L£‘mO :}UBINSOU SU07189 S9] 1n0d quepuodsoi109 21qWOu 0 28AB SNO1} S9P 91}9WP1P 9] S9AdB-19 SUOUUOP SNON S411IVO3IM YNOd S34N093G SNOLUVO bn *GTO'u0 cinopuoyoid ‘GG m0 “INOSUE] : LE‘wQ ‘ANONSUO] :JUOWOINIMOUI SANSOU ATOAT] enbey) ‘09 ‘Se[[IEpoU ÉsSOIEUUOUL 9p SU01J221[09 ANQd STOA1) QY OP AANON — ‘06 SU = SSSR = 07 76 «06 66°0 69/0 LYADERE 0G 66 (209 660 660 Ly 0 0 C6 (C_ 6E 660 6c 0 Ey°0 f 16 in9810T ce SI1OXY 9P 2IQUON| soN *SITO1I] S2[ IANO,P Juey2odwe 9709 9j ANS o4nJoUHIO} UN P SIUNU SN0] JUOS SI] ‘UN9EU2 S110J1) (03 2P S998U8I XN9P ANS 187 9S SITOI) (7 9P 2[{NAUW 9'T *SILOII] 9P 998 U8I 9[N9S eUN ANS JUOJ 9S SAIOAT) (18 ‘OF ‘E 2P SOJ{NOU S97] ke ‘Soleuuou so] S099e/d quos sjonbse] suep ‘sodno99p suoyreo so siidwuoos sed juos ou snossop-19 sonbipui xud se] Sup ‘aU9U9 U9 SJIN1]SU09 JUOS S2nbYPUSUUNU SU01997/09 SO] ANOd Se]qnau S9T out SATHVAAN “SALVNNON AG SNOLLIATI09 4NnO0d S31an3N ce SIUVd ‘20g np ons ‘9ÿ ‘ATIOUAAG ATINAA STI SAT ; UT D jo au RRENmACE 27 pl 0G 81 97 8 augu) XIHd AU4I9 ANIHO NA SHAINNOLAVIO :SU0I89 DZ 9P dOlUUOJIED — ‘88 "SLT suolito p 2IQWON ä In2pu0JOId An9840T In9)nuf * SU094D0. 88] SlAdWO9 }U98 SNOSS2p-19 XIAd Sa] sunq “oiquears 9JIPI[OS oUN p 0 2QUS$1OS 91} O1 29n1]SU09 AUN p JUOS SI['S2PI[OS SULOUW S9P j9 sosnon)dsJop Sn[d Sep jueJ9 uororay -SU09 no] ‘SI0U9 dog] a109u9 JUOS 9918 uoq no o18çeuu ‘nb 39 xudseqe snpuoa au9$ 2WQU NP S0[0110 SO 29A8 9ITPFLUIS 9p ul JUOU SIDIUUOJILO SO[QNOU SON SUHINNOMLUV) ISJUPITGC RS RMS restes: xd ‘Jojn R JUEUME] S9710d 29AV ‘E9 N SOUCI QUE Nue : XI ‘9909 O[ ans 911Se[Id R 91NJOWU9F 99AV ‘9 N SOUPITOGSE EU *SourIJ L88 Some hotelleciateie meet e.. 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D: Boucon. — Apparition tardive des Lampyres, en 1899, — Reproduction a bon marché des dessins H. Coupin. — Diagnoses de coléoptères Américains et asiatiques. M. Pic. — Serins rouges et animaux albinos. D’ Recnaurr. --Note sur les tourbes. B. RenaweT: — Académie des Seiences. P. Fucus, — Animaux promenés ou tués | dans les Cirques, chez les Anciens. E. SaNTINI DE RioLs. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, Ë LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1‘ DE CHAQUE MOIS France et Algérie. , . . . 0 tr. se » Tous les autres pays. ter ACIDE Ê Pays compris dans l'Union postale. . , A1 » Prix du numéro . > chose DE NESN Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. AFPNETF Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS RSR PRET PEAR SP ; “souod xd (O8 00 “PUOJOAd (OL n0 TEL {00 ‘ut INEH "LE oN *SOINIIOS 29AP S991IJIA sayod “Jorydnod u9 puoy fauguyo u9 59109 79 OPEÈEA ‘SAJOSUO9 79 sa10d 2048 axpuodsns e anbaqjot(qig *‘saqaod sues arpuodsns © e onbaylotiqi 96 "SUL UOy ‘oU942 déc) S9100 : Je prie, -souez G9 :saq10d 994€ oxpusdsns e onboujotjarg 66 “ST Fr = SHNOHHLOT IAA *SOHOLEU L JUE[NOI JOI[ROSG — FE *OTA ‘4j 8 snjçd uo ‘sjueuinoy 19108 994Y otux0}-,,e1d | sogozeu et °p 2p anoqnerj | o1quoN 21810] ianoyne ff SLNVINOA SAATTIVISE SHC XTAd *"Sodtuez Xn2p R SIDI[PIS9 Jnod xud suoxioauo snou opuewap ans ‘ odurez ones oun 9948 quowu -o[eJ9u9S Je ‘SJUPUINO SJO[ES 094 no SJ9JE8 SUES JUO; 9S SIL ‘ouau9 u9 1n07 JUOS SJUEJNOI SISI[EIS9 S9'T SINÜIHLONEIS HNOd SLNVINOU SUNNIS SIUVd ‘og np on ‘9ÿ HTIOUAGQ ATUMAG SIM SAT 66 *sour. 7" ge queaAnod ‘€9 ‘uw 0 pe OL” ‘U ( moBre : RE “wu Y AnoqneH ‘ I1041] NP 9UIOW ‘9INIIS PR JOIE 20AL ‘S9JJOME R SAOI 9 9P S[ANON ‘GE A ‘SOU € eIQNON — ‘46 SU ‘9109 OJ ins onjouwi9y aun snjd ep e o[qneuw 9") ‘Sao So do7nsuos Anod ajiqou 3s0 opeirez E] 9P oraed oun sojuap9994d So] sup 2WW09 ‘J9[9 R JUBUHOIJ peus a18ura) oaqne oun sed 99eçd ue senuejuieur jU9ANOAY 0S S9]8UrI) S9[ S9}N07 “LOI NP ope9ez e[ SUBP 99[1eJU9 750 o[8ur17 e] ‘oINJOUIO} op OWQSAS 9] Jed sjuoposaud sep 9419tp 1! {Sou9y Sop Alu9ju09 e QuIJSOp Juowoeso So SnOSSop-19 o[qnou 97 S3H914 V A114an1MN SIHVd ‘98g np om ‘97 ATIOUAAG A'TINAG SIL S47 8€ 92 ANNÉE : œ SÉRIE. — N° 313 15 MARS 1900 Zn SUR URRS À à ANA NN = «> (R RTE té D Z = D — NE ZE Ze PARAISSANT LE 1° ET LE 15 DE ICHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction < SOMMAIRE dun 313 du 15 Mars 1900 : Les Meulières de Montmorency. STANISLAS MEUNIER. — Animaux promenés ou tués dans les Cirques chez les Anciens. E. Sanrini DE Rrors. — Le cordon de la loge du Thuricola. Dr Boucon. — Description de coléoptères nouveaux M. Prec. — Les Co- leophora du Doryenium. P. CHRÉTIEN. — Un cas probable de mimetisme défensif chez la Ranatre. F. Prarrau. — Cimetières de chiens et de chats. Henri Courin. — Académie des Sciences. P. Fucus. — Offres et demandes. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°” DE CHAQUE MOIS Hrnee et AlSÉrIe Ce PR re HOUSTés a Ines DANS. A Nr PRES 2 RS Pays compris dans l’Union postale. .°. , 11 » DE UNUMIÉTO NS NN NES tn) 50 Pour changement &’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 4G, RUE DU BAC. PARIS ” @II. 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ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1* DE CHAQUE MOIS ” Hiance et Algérie 4.4 00. ddr, » | Mouse autres pays. MANN 0 ae Pays compris dans l’Union postale. . . . 11 » Pre durnumerone ie tenter rt) s6 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAI ‘Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS TS es à à « PTE CRE TE RSS RE MIT ER SN EP EC CPE TERRE k ns é DAS ae LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, PARIS HISTOIRE tE NATURELLE DE IA FRANCE Cette collection comprendra vingt-six volumes, qui paraîtront successivement et qui formeront une Histoire naturelle complète de la France. Nous donnons ci-après la nomenclature des diverses parties de l'ouvrage : re PArTie. Généralités. Je — Mammifères. 360 pages et | 143 figures dans le texte, br. | 3 fr. 50, franco 3 fr. 95; cart. 4.25, franco 4.75. 16e Oiseaux. 27 planches en cou- leur et 132 figures dans le texte, br. 5 fr. 50, franco | J7%e 6 francs; cart. 6.25;:franco 6.75. Reptiles et Batraciens. 55 fi- gures dans le texte, br. 2 fr. franco 2 fr. 50; cart. franco 3 francs. Poissons. Moliusques . Céphalopodes , Gasléropodes. 24 fig. dans le texte, 19 planches, br. 4 francs, franco 4% fr. 40; cart. 4.7, franco 5.20. à Mollusques. Bivalves. Tuni- ciers, Bryozoaires. 15 fig. dans le texte, 18 planches, br. 4 fr., franco 4 fr, 40; cart. 4.75, 20e franco 5.20. Coléoptères. 336 pages, 27 planches, br. 4 francs, franco 4 fr. 45; cart. 4.15, franco 5.25 Orthoptères. Névroptères. Hyménoptères. 11° — Hémiptères. 206 pages et 9 planches, br. 3 trancs, franco | 22° 3 fr. 35; cart. 3.75, franco 4.15, | 23° — Lépidoptères. 236 pages, 27 | 24° planches en couleur, br. 5 fr., | 25e franco, 5 fr. 45; cart. 5.75, franco 6.25. Diptères, Aptères. 26° Arachnides. EE Fe, le IE æ e ®œ II 13e en dm — MOBILIER MATÉRIEL Catalogue gratis LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE AG, rue du Bac, 4G PARIS CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX À DISQUE OBTURATEURS, FLACONS A BOUCHONS, ETC. DONNANT UNE FERMETURE HERMETIQUE & IMMÉDIATE S’EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -=LUT le kilogramme..... 14 fr. 50 le1/2 kilogramme. 8 fr. les 250 grammes....., 4 fr. 50 EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEVROLLE,NATURALISTES AG, rue du Bac, Paris | 15e Parrie. Acariens, Crustacés, Myria- podes.1° planches, br. 3 fr.50, franco | EMfr. "90; ncart. 4,23, franco 4.70. Vers, avec 203 fig. dans le texte, br. 3.50; rranco 3.90; cart. 4.25, franco 4.13. Cœælentérés, Echinodermes, Protozoaïires, etc. avec 187 fig. dans le texte,br.3.50, franco 3.90; cart. 4.25, franco 4.70. Plantes vasculaires (Nouvelle flore de “M. Bonnier et de Layens). 2145 fig., br. 4 fr. 50, franco 4 fr. 90: cart. 5:95, franco 5.10. Mousses et Hépatiques (Nou- velle flore des Muscinées, par M. Douin). 1288 figures, br. > francs, franco 5 fr. 30; cart. 5.15, franco 6.25. Champignons (Nouvelle flore de MM. Costantin et Dufour), 3842 figures, br. 5 fr. 50, franco 5 fr. 90; cart. 6.25, franco 6.75. Lichens (Nouvelle flore de M. Boistel). 1178 figures; br. 5 fr. 50, franco 5.90; cart. 6.25, franco 6 fr. 75. Algues. Géologie. Paléontologie. Minéralogie, avec 18 planches en conleurs; br. 5 fr.; franco 5.40; cart. 5.75, franco 6.90. Technologie (Application des Sciences nalurelles). Histoire Naturelle LA FRANCE CŒLENTÈRES 1 volume broché... LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ÉCHINODERMES PROTOZOAIRES AVEC 131 FIGURES DANS LE TEXTE Par Albert GRANGER ÉDITEURS 46, RUE DU BAC, PARIS 3 fr. 50, franco 3 fr. 90; Cartonné,toile anglaise,4 fr. 25, franco 4 fr. 10 CHEMINS DE FER DE L'OUEST VOYAGES A PRIX RÉDUITS Excursions À L'ILE DE JERSEY ||} La Compagnie des chemins de fer de l’Ouest fait délivrer, par ses gares de Paris (Saint-Lazare et Montparnasse), des Billets d'aller et retour pour l'Ile de Jersey. Ces Billets sont valables un mois (non compris le jour de la délivrance) et peuvent être prolongés d’un nouveau mois moyennant le paiement d’un supplé- ment de 10 0/0. Leurs prix sont fixés comme suit : 1° Par Granville (toute l’année), 1"°classe : 67 fr. 80 — 2° classe : 44 fr, 75 — 3e classe : 33 fr. 50. 2° Par Granville et Saint-Malo (toute l’année), re classe : 73 fr. 85 — 2° classe : 49) fr. 60° — 3e classe : 37 fr. 45, Avec excursion au Mont Saïnt- Michel, ou inversement. 3° Par Carteret et Gorey (1°" mai au 31 octobre), 1" classe : 63 fr. 15 — 2e classe : 44 fr, 251— 3e:classe : 29)fr. 85. 49° Par Carteret et Granville (1% mai au 31 octobre), re classe : 65 fr. 45 — 2e classe : 44 fr. 50 — 22 Classe el re 010; 5° Par Carteret et Saint-Malo (1er maiau 31 octobre), Mk re classe : 71 fr. 55 — 2e classe : 49 fr. 35 — 3° classe : 35 fr. 65. Avec excursion au Mont Saint- | Michel. Itinéraire : Carteret — Jersey — Saint-Malo — Mont Saint-Michel, ou inversement. Pour plus de renseignements, la Compagnie de l'Ouest envoie franco sur demande affranchie, adressée au Bureau de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris, un Guide indiquant, pour toute la saison d'été, les heures de départ d2s bateaux faisant le service entre Granville, Saint-Malo et Carteret à l'Ile de Jersey, ainsi que l'horaire des trains entre Gorey et Saint-Hélier. PE CATALOGUE INSTRUMENTS pour la recherche et la récolte des objets D'HISTOIRE NATURELLE A sera adressé franco sur demande A LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE 46, rue du Bac, Paris Le prie de Fiostentant ei rem * bourtl par Ki Cowpapnies VAue DEEE & 29: ANNÉE 2% SÉRIE. — N° 316 PARAISSANT LE 1" ET LE 15 DE (CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du mnm° 316 du 1° Mai 1900 : Les Chênes porte-gui de la Normandie. Henri Gapeau De KERvVILLE. — Le Bitume en Auvergne. G. Garpe. — Les Terres Alcalines. D'Boucon. — L'Ipécacuanha. E. ï Massar. — Académie des sciences. — Offres et demandes. — Essai monographique sur les coléoptères des genres Pseudolucane ,et Lucane. L. PLaNEr. — Un corbeau sur un arbre perché... — Bibliographie. ii € ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rie du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS ART Rat nnc IP TS Pr du nUMEÉTO NO AREAS RUE) 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande. France et Algérie. .... .... 4 40fr » | Tous les autres pays. . , . . Pays compris dans l’Union postale, . , . 11 » Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS ee #1. f] de1301)9d sopn2 sa anod gurmoqu isure qiw4J9s ad09s0J91U1 af ‘S9S1049 S[I E 39 ‘9SIAIP 9[9199 994E anosÂjeue oJ1e{n00 un _ ‘auveçd eç ans queydepe,s asjeuoruos un ‘uoryestaerod ap jraiedde un queynofe uq _ JJRGIL _C[ 2P An8H Ua 998]d JO} UN SUCP SIUMOJUII JUOS S9JI0$$999P S9] { S91NJ19] 39 Permis sseseotere sense ser ere retreeneesreeerses *:*9110q ogus1od 994b ‘94NJ9S e ‘U9U9 U9 9J10{ AUN SUPP NUIJUO9 9ANO1 9S 2d0950 191 979 ‘979 ‘SUQUI -1ods saoryvardoid ‘sopouuer ‘souer ‘aourd ‘sjodpeos ‘saypingie : sairosso90y ‘ow211U99 ne Ju99fqo a1jeWoi01N — ‘o41e(9 91queq9 — ‘sjn9ofqo story e enbrewoqne 12310404] ‘9SSIA 2[919AN09 994P 91AIN9 U9 9JI0{ SUN SUPP UD9PU9 SNU9JUOI JUOS UOISIAUUL L SJIJ99{q0 597 ‘oanjewus] P 2U912 U9 9}0q eun suep SaSue1 jUOs 995 e sJ199{q0 s97] ‘1QIUPIP OSSI WNWIXEU JUSSISSOIS ‘aU98 -OWOU UOISISUWUWUL © Of oN NP9 EP UOISIOUUI P G ,N ‘205 P ‘8 ‘2 ‘9 ‘Ce ‘+ ‘€ ‘SF soN Y Cm à : sosoduo9 isute sjr9ofq0 Q+ 9p 9 91904191 (z °N 97) Un JuOp ‘#4 ‘£ ‘& °F soN Ÿ S9I1P[N90 % : 9p 2S0dW09 9S } oN 9[2pou pueis odo9so191y np onbndo arsed e7 ‘paid ans odnoj opueuë eunp uefowu ne Jrej os sonbedo sd1o9 s9p 98e110/09 7 ‘adaltunf 9P SJ9J9 Sa] Snoy Jouuop op iStte jueyjowuiod ‘suorisod Sseo[ sajnoj suep 91Jjew es jnod jrub uoôez 9j op ajuour 759 [1 ‘oxqne | ep 2489009 39 9309 un,p uejd exp -8-759,9 ‘9[QNOP A10J1U. uUn,p u9 OU ne J1ej Js9 sjuosedsues} sd109 S9p 98PJIIC99 7] 297111qiS -U9S 9U91]X9 AUN,P J9 uoisi9941d epueais auû p juos ‘odoosoioru un suep aoueqoduit epuriÿ 1S ounp ‘SJuowaanowu xn2p 529 ‘anbujewoJoim siA aed jua] jueweanou [ J9 ‘aiampemuous aun ded j1eg os ‘quiod ne os ef anod ‘opides juowaanouu 9] ‘2IU004 & ptwunddns 9119 jnod an97esuapuo9 27 ‘aJ1e[n9419 Ja jeso3er ‘onbujusoxe juewsanou p 4359 sowSeiqdetp-o710d 2j ‘inoyesuepuos 9 aufed -W0998 sut owSeiqderp un { 219{[[PW1910 eun,p 9PIP.] P 9JUO[OA 8 NPU99S2P no JjUoUI 04179 jnod 39 eutyejd ef snos oanouy os ‘a1nJ9an0 p a[8ue t ‘in9jesUopu09 puis uf ‘sapioe sep 1o[due j anod aurou onbejd oun p enAINOd J59 J9 ojueuanoy 759 ourjejd 7 ‘SaW94JXe 9JIPIF LI SUN P J2 A1PI[OS eun. p 359 J9 UOISI991d 9948 JINAJSUO9 59 9[JO1Â( 8119S EL 8P XN99 SN0J SWWO9 ‘qua -QASUI 399 ‘oguuop 539 e my mb uonisod ej suep edoosoioiur af juewnçosqe juary “UBUI ‘JUAWNAIJSUI 399 © gnofe suoae snou anb ‘rate e joie 7 ‘epequozuou | e,nbsnl 2[89n4194 e[ sindop ‘suorisod saç sajnoy o1puaud 8p 49 Jautjour,S 2PJU2UUNASUL] R JUL] “jaur19d ‘ojuo|OA Re Joie 9948 ‘9XE INS QJUOU ‘SAUUO[OI XN9p ans Juesodoi auuot -9aj1od ojepou puri$ un 3589 ‘(x Sy) F5 où ojopour pueiS odo9so419pig RPARPPAPRPRIS (einjseano p sorfue spueaf e sr302(qo) 3HIOLVHONIV I 30 S3dOOSOHOIN SHSOdMNON SHdONSOI STUVA ‘98g np ona ‘95 ÉATIOUANA TTIKNT A CIN CAT A l SIUVd ‘98 ND ON ‘or ÉHAINONIE NT an À orttr cart LEE Ne ‘ 15 x f LEE STONES LEP LUN 7 RER NET rat TERRE [ PErance ct AloéTIe meurs à A0 fr. » | Boucles autres pays eo 120 Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du m° 31S du 1°: Juin 1900 : L'oiseau de la Pentecôte Hexrr Courix. — L'histoire naturelle et l'Ethnographie a l'exposition universelle. — Les plants de France, leur Chenilles et leurs Papillons. — Les oiseaux nuisibles. La Pie. ALBERT GRANGER. — Les sauterelles en Espagne. — Les soies du Bombix mori, du Jambonneau (pinne marine) et de l'Araignée. E. SaNTINI DE Riors. — L'acte réflexe, l'instinct et la raison. Dr L. LaLoy. — Academie des sciences. Offres et demandes. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1‘ DE CHAQUE MOIS 2 » Pays compris dans l’Union postale. . , . A1 : » ER dUANUMÉRC De 4. 00 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux | BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs . 46, RUE DU BAC. PARIS 99{qo ser * 009 WNUIXEU JUOUWOISSISSOIS ‘F 49 & soU SOIICIN0O & J9 L 9 Y so SJ09[{0 & 2p 750 onbndo uouisoduros e[ ‘anore eutuveiSojepeaed np epre,j e que onbrjeurororu JUALU9ANOU :[VOIJIOA JUALUOANOUT P J9 9SSI[NO9 ® sowSvaqdep-710d où oyepour SdO9SOUDIEY HANOIHAVHIDOUIIN ÆALLHHIOd EI 1h)0d 10 1d0)S04)IA SIHVd 984 np om 97 HATIOUANG INA SIM SAT GA PK SIUVd ‘eg np ont ‘9 aan AM O SIA SA rl ones RE = Payable en un mandat à France et Algérie a ee = + A0 D Tous les autres pays Pays compris dans l’Union postale. . . . 11 » 15 JUIN 1900 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 319 du 135 Juin 1900 : Le Cygne chanteur, description, mœurs, chasse, migration; le Chant du Cygne; les cy° gnes d'Europe. Macau» n' AuBusson. — Maladie bactérienne du mürier. — Le rythme dans la musique. D' Bouson. — Les Comédiens dela nature. Henrt CouriN. — Description du crabier En. Touin. — Notice sur deux variétés iné lites du Parnassius Apollo {Parn. Apollo Aber. Inversa, Austaut et Parn. Apollo v.Eiff:lensis). AusrauT.— Académie des Sciences. —Livres nouveaux.— Mœurs et métamorphoses du Dermestes undulatus, coléoptère, du groupe des Dermestides. Capitaine XAmBEeu. — Biblio- graphie. — Arrivages de coléoptères de provenances diverses. — Offres et demandes: ABONNEMENT ANNUEL S Prix du numéro. Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Ce rene eme etetena l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1!‘ DE CHAQUE MOIS chalrertereertaiierteltel. dl: 0 12 fr. » 50 esse ae Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS BUREAUX DU JOURNAL Re 0 RATER ER PAS : + OIAIMO oguStod jo ounaxos e nofvoe 9J[0q <006 € O8E 2P JU2WUSSISSOIS UN JUEUUOP ‘INJIANO P ojgue uo{ou e sjr9ofqo % ‘gazreynoo € ‘seqeiava Sounqieano owuSezqdeip ‘sonbedo sdioo sop o8e118[991 amod ‘perd ans odnoç ‘oar9u09 79 ue|d eçqnop xioaiur ‘oSeit} 9[qnop e 9qn} 9JUe] quiod ne ostu e[ anod onblajgwodoiut SIA ‘uoJnoq 21qN0p 919/1EW949 ‘In9neu 9p w D£E JUPANSOU 9[9POU PULIS ‘HE POIL ‘IUSUWOSAISAUTI E odO09S0J191N FR OO RO ID DA) Pb) CAC-CIC CN TEOIC NEC ECHO NICE CEE EEE LCR CONS NTe) 9P UN UUTX EU ‘I OS JUAUTESSISSOIS UN JUEUUOP ‘SEIEINOO & Ja SJ1J99/{0 & 2948 ‘OUIQUI 9'T ‘AJ se Horreur tale re Men etre et To leo 21104 <0 0 2p JU2WESSISS018 unqueuuop senbrjewoiyoe sa[pquo] € 2p 9WA0} J100(q0 j ‘exe pno0 F ‘sonbedo sd109 sop oSetej09,j anod eoynore odnoy ‘squozedsuez} sd109 sop a8e4re/99,j anod 1ortur ‘uoynoq 2jqnop e 219freuous ed qurod ne estu ‘anaqney 9p X 008 JUEANSOU ‘9[{NOP auUu009 E 91NJUOU ‘(25 °SU) H PORN JUSWOSJIOAUSI E 2409804191 ‘H 'PON — &E SH ‘1) ‘PON — ‘'9E ‘ST ‘I OT ‘0€ °p WnwuIxeu JUOWESSISSO18 UN JUPUUOP SJ199/[q0 € 2948 ‘eu 9 Sort os er esse eee dre. e eee ‘I Se DS noie) 2J10q ua ‘00% 39 08 op squowessissoi? sep juvuuop ‘sonbrewoigoe sjJ00(q0 & ‘oxien90 y ‘sapioe sep ioyduo,] anod ‘oyruogo,p onberd oun,p ajioano9ox ourje|d ‘so[qerieA Soinyioano ® otuSeauderp ‘sonbedo sd:109 sep oSeurepoo | anod odnoy ‘squozedsuvaj sduoo sep oSeua -18192,7 20 9AB9U09 Jto4rtu ‘Uoynoq 21qnop e orgjpeueus ed quiod ne osru ‘anoqney op %X OLX queinsour (9 °Sy) xD 'POIU ‘AUOUWUOSJISAUSI E OdOSSOIIIIU QmVa eg np on (9F (TTIOULAQ AT LAC SIM SAT OI ‘JSZ ‘‘‘°""096 9P WNWIXEU JUAWOSSISSO1S UN pue JULUUOP S2IIP[N200 Z Je sJ199[q0 x 2948 awoUu 97 En (S o A ASUS ve EE Rte CRDI ES SD SLT = WU IF EE nofeoe — O4 a)10q ‘00€ 32 002 9P SJUSUIESSISSOIP Z JUEUUOP - : LA 4 sonbryeworqoe sejquer € 9p aW40j JH9ofqo F Je soi : a A -IR[N20 % ‘So[qereA soinqiaano e sotuserqderp ‘sonb -edo sdioo sop o8ez1e199 | inod adnor ‘sjuozedsuez} sdioo sep 0884181097 1nod oagouoa xtoxu ‘uonoq ro) D) o[qnop e 9uepetwuouo ded quiod ne est ‘ooutjour NEA aurl0[09 ‘anojney 9P % 092 JUeansou ‘(ax Sy} A ‘A ‘POIU JUSWUOSIOAUDTJI &E 9dÏO092SO0JIDIEN A (\ ee H 2IPON — ‘PE ‘SM G °IPPON — ‘STE ‘SHA | 1 | il | | | “IJ RS nofese a110q‘O7F 2p JUWsSISS01S Un JUEUUOP F199/40 F ‘11Cn90 j ‘squoed -sueay Sd109 sop oSeateo9,j anod ueyd aroatur ‘oxgpprewo4 ed jutod ne osrur ‘inoyney ap % 08 Jueansout ‘(ZE °SU) TE SIRPOU QUOWHSIOAUII & SOVSOA101EY BLOC OO DID OT OI ON HO NOIOINOS OO PO NTIC OETAONOEONEO CE CIOIOEOIOOPOEOPTEONEOEOICEO “y OT °° ‘*'nofeoe ajloq ‘06 9p Jueuwossissois ‘Sa[[lJUe] € 9P PUMOJ quoofqo p ‘oztegnoo jf ‘syuored -sueu] sdaco sep eSeure199, anod uejd aroarut ‘eseppremuous 1ed quiod tre ostu ‘inoqney 7 op % O6F JURINSoU (SH °Syu) Œ ‘POIN JUOSUWIDSJIOAUDI & OÜOOSOADIEQ LNIMNASHIANIH V SIdOO9SOUOIMN 6 ‘oruva ‘oeg np ont ‘gr ‘TTIO AQU ATINAQ SIM SAT EEE TT France et ASérien sr le ne ne PARAISSANT LE 14* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAEIRE du n° 320 du 1° Juillet 1900 : L'Histoire naturelle et l'Ethnographie à l'Exposition Universelle. D' L. LaLoy. — Les plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — Les tremblements de terre en 1899. E. Massar. — L’acétylène à l'Exposition Universelle. E. SANTINI DE Rio1s.— Les plantes et les noms de lieux. D. Boucon. — La longue-vue microscope, — Les oiseaux nuisibles, le Geai, Albert GRANGER. — Académie des sciences. — Genera analytique. Coléoptères de France, par Constant HouLBErT. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, -46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1‘ DE CHAQUE MOIS A0 fr.» Tousles autres pays hp 2 Pays compris dans l’Union postale. . . . 411 » ERÉCAUNUMÉROR ES AAA ARRET) 50 Pour changement d'adresse, joindre O fr. 50 c. à la dernière bande. Re es ne Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS Lialadies de [Estomac | L’Antisastralsique Winckler | est le remède le plus efficace connu contre | les douleurs et crampes d’estomac, les | digestions difficiles, les gastralgies, gas. trites, dyspepsies, vomissements après le 4 | repas et pendant la grossesse. Se prend à la dose de une ou deux cuil- : | lerées à bouche, généralement un quart d'heure avant le repas ou au début des Be | crises. — Prix : 3 fr. 5 | WINCKLER, pharmer, Monranuir (Seine). VIENT DE PARAITRE ESSAT MONOGRAPHIQUE SUR LES COLÉOPTÈRES DES GENRES PSEUDOLUCANE HISTOIRE NATURELLE -- ANATOMIE -- MICROGRAPHIE -- LIBRARI] ZLOOLOGIE, BOTANIQUE, GÉOLOGIE, MINÉRALOGIE MAISON ÉMILE DEYROLLE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES, SUCCESSEURS ‘46, RUE DU BAC, PARIS USINE A VAPEUR A AUTEUIL, 9, RUE CHANEZ Les Catalogues suivants sont adressés gratis et franco sur demande Instruments pour les recherches des objets d'histoire naturelle et leur classement en collection. 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SANTINI DE Riocs. — Livre nouveau. — Genera analytique illustrée des Coléoptères de France, par Constant HouLgErr. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS BErinceelt Algérie. ...... 4... . "A0 fr. » | Tous les autres pays. ele De dO flan - Pays compris dans l’Union postale. . , , 11 » Écednuméro es see 0 50 - Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. : Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS DELTE L “ rar or weuo a dipuesse anod EU e ayuoBroatp OTIIJUT ‘ syoofqo snoy 9p 1oçdus j jueyowuuod ‘josxoarun sed e sygoelqo-a710d ‘sp10[09 sue199 ‘ane7esu9puo9 79 sur ouSeaqdeip 9048 ‘(a g& Sy) srqdeuiSogoudoïrotrmg ©Pp nouedde."z *A Sjorea Say sed enuaqureur oAno1 os uoresedoud e7 ‘19-1199 2p 22UEJSIP ap nod e ‘inoyesuepuoo np anejney © Je queae uo 999ed enbuoojonb esneutun] e01nos oun Jed oure[09,s jozedde/'y ‘ineyesuepuoo un 3599 ouy4ed 8] ‘ouSesqderp un js q u° { N enbuyeworomu juoweanow un,p tunu j190{qo,j 2981d es O u4 RETAIT | (9 cc ‘8y) onbydeiSojoud o9ofqo,r ep a0e[d{je nolj XNe o1BUIPIO a1OU 21quepo aun Ans 9x os (q CG *8y) prosedde 399 : ‘QJTOU 9JIQUEUI 97N0} ANS J9J0epE,S JUPANOG JIHdV49OLOHdONIN 10 1118Vadÿ ‘I OS ouuor9opiod 9 oyipduts ‘o[a pou neoAnOU ‘oOXIUI0S 9d092S04191I °4] Er LÉOROES QE OT OIDOIOOIOEOIDIOO DID DC DICO OICIDIOIONO CO CIO OCR EOR SO ORNE T ‘“eddez op SIA ‘oJ9Ifemau ‘otalun-aq10d 9018 ‘(w ga Sy) SaAlUIOS SdO2SOAOIEN SXXIV'IOS SAdO2SOUDIN SIHVd ‘284 np ont ‘or AITTIOQUEMA ATINA A C'IIN CAT FT * Qi .….. …. 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Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » 2e SÉRIE. — N° 322 1 AOÛT 1900 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire-de la Rédaction SOMMAIRE du n° 322 du 1° Août 1900 : Les plantes bulbeuses de France. P. HartorT. — Unité ou pluralité des races francaises. D: Ep. SPAzKowskI. — Une petite tache du Soleil. D'Boucon — Contributions à l’é- © tude de la faune de la Roumanie. Léon C. Cosmovicr. — La culture du tabac en Grèce. — Photographie: Eventails photographiques. — Les Grèbes : espèces fran- caises, description, mœurs et chasse. MacauD D'Augusson. — De l’habillement chez les anciens. E. Sarini De Riozs. — Genera analytique illustrée des Coléoptères de France, par Constant HouLBert. | ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU !l‘" DE CHAQUE MOIS exe o)Ke tete ( os T2 Prix du numéro. . . RCD SUPER roc PE D Pour changement d’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DUO JOURN AIL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC. PARIS » 50 8 fe ÉR RERO ET RE GT rrretetre st sa O€ etre : _ : ep 99npeas ‘09q et jo pord & 9339aAn041d# Es k "TS ROMA MAT TAN EP Ontqore TOnETelss BUS ‘Sy) JÉOUUOIU | OF © OZ € nn EPA MER D) ‘a « JONAERR ‘& « OF © eg € rates « SL € SR SO AT ANT &£ © _« ge ….., etre ST soN OTIEU OT Ju99 oT ejrru br (‘2Seq y 352 [oHOIU a juop oc ‘Eux XNPJoUI sinotsn[d op oSeIJe un : |. $ u9 SIew ‘jeu 91214 mb and quour -n[osqe joyoru ua sed juos au so -UId9 $97) ‘oxoiu sorSurdsy {C FA GX O RUE A US DA (2 « SLT OO 68L9G%YE € SU de QU Nr x SES RO "IN OJ{LU Of Juo9 ef (@S ' Sy) Jnensuot 9p S21}9UIFILUU y NO 9€ 9p ‘osIPOULIJ UO1JP911 de 9 eg Gps PO -CJ ‘soouuorj9opod sorSurdsy LS EH se ee N ee eee TTINTO CT 2; È x trsretisseses ee: one) D ç SE ‘°°: 7": [esIaAIUN 941J9W0JI9Y g OS ut 0007 0 9P JUEJIC G 9p o19s CI JPJAI Jed S91Q1JU09 S9179W009[Y CPR De RTE * ‘91TPUIPI0 91} 0091V : S9.12Q IS u9 ‘I OS 39 OH ‘ 91194 9[ 10dn09 anod queuwuer SF ST UNI Ce SUD EE 000 syolqo sozjne J9 94194 of donb -dewx anod ‘sonbrdoosoio TU suorjeiedoid op sotur] SAT Ans JoAra5 anod ‘(GY% °Sy) oJuoux JUuEUuuC I OG JF ‘JU99 CG IMOBR] ‘1099 0% ‘SUOJ‘U0INO 2948 ‘a0e[S uo Jejd oj9494n09 9942 ‘(sy ‘Suy) outer -NSUuEI991 97P9ANT CITE UE (er it) vo) ont ay ‘AJ Fe) 2 0. e ° . » (9% Sy) uoynoq sues jeté O[219AN09 994 S2ANJENMD ANOÛ IIOSITUIS1A1 WELL RY JO ‘sSuoreiedo1d so[ amano0o anod ‘uoy -n0qe ‘(% ‘Sy) osseq su201» 'SIHVd ‘2eg np on ‘95 “YTIOUXAQ ATINAG STI SAT SI *:t®tt:"2QTmQ UOIAUD ep “OEu0 UOITAUQ ‘,ney ‘uomnoq e odo9s0J9Iu Anod 242019 OO à a 09 =— Ja 00£--|&2 E OFF — 00 9 = 085 —|OS KE : —= Ur — S&< = 098 —|$8 E == OFF — 90 € : = 0 |OS TL | hr 007 09 & : = 0e —|OE E : = 06. — O7 à Fe 008 —|O06S © : ÉTS 08 — O% & ‘WrIpop X 0810{| SL ® ‘WEP 9p % 09 920 (3% Sy) 9S8air PUOJ & ‘9J419A U9 UOIPI9SSIP 9P S929anP ‘JJ RE Ana 9Pp JEU GOF 9 |S£ ‘yo ‘°°: "wep 9p ‘TE (89 89 1 © fo 0 |O7 AO DE Os £S£ JJO ‘WEPOP HUOGO(IGE ‘A © WEIPEP JIU 0720 (SZ Sy) oIJOA U9 SAIOSINIU IST IJ C& DO POI IDD ROIS .. 4 oN 9d09s01o1u np 9SS1[N09 © souéraqdep-suod xne dnoe 9139 Jnod An9)esu9p -U09 9;) ‘21nJ19An0 9puBA1S S941} E XNOUIUUNT SUOKEI OP NE90SIEJ un JULUUOP ‘eJINO9 S:1J 2]LI0F 2OUPISIP L AN9)PIJU9IH09 UN U9 JUAUO[[OTUOSS9 JUEJSISUO9 ‘urpavwfNnŒE An9FUSU9IpPUOT LFP ‘SU os ‘4} © Se uisis late sise 2 PES TOTAUO NT opmnor»D-93dmi0rp OZ I & ‘sonbruozeue SUOT JR. edoid mod suy (&% Su) — Æ RCD QUE EE CCE US ‘InonsUOt 9p seu gr 9pP — 0e TITI QE NES °° :AN9nFUO] 0p SA1J9UU09 +} 2P (5% Sy) soqunoo xne3s1D FF ‘SU OP SU 6£ ‘Si ECO Me AH PA THOE ET PAT AA EL EN LA TEA FR HU TNTul TE tin DAUIGTUT TRAITENT EN td ir Hi sl e ‘1 & (0% °85) sonbruoyeur suoreaedord Anod sut} = = “1} ou 9100 TU ‘orne, 9p A ‘qnoq un D nju1od ‘9J9pOur NP2ANOU ‘S9TJQWIU99 €} 9p — => SL y & GROS DR PRE nonsUO] 9pP SOU U99 87 9P — — ITS “Imonsuog 20 au YF} 9P 9[2pou juod ‘(&£ ‘Sy) sIo1p Xnwos19 ‘AT La Sopra tetetehehennse ee & 00€ op ‘OR “I & € 0 op Soosnel oJeseD Si ee TO CIO DIDIDIDIOIDIOIDIDIDIDNCIDINE OT OT ON ONE O0 d'ONG odo9so41orur np due o[ Suep snuojuoo sjafqo soj ouissap ianod ‘oouuonoomod cures s1quegp j' A RAM Ar LT SINVd 084 np om ‘9% ‘ATIOHAIG ANA SIA SAT 22° ANNÉE 2° SÉRIE. — N° 323 © 15 AOÛT 1900 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 323 du 15 Août 190O : L’histoire naturelle et l’ethnographie à l’Exposition universelle. D' L. LaLoy, — La Loutre. D' BouGon. — A propos de l’article « Curiosités botaniques ». Dr Marcez JEANTY. — Congrès géologique international de 1900. — L: Coque du Levant. E. Massar. — Le groupe des oiseaux nageurs. F. ne ScHAEoK. — Les étangs pois- sonneux d'autrefois. — Les plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — Genera analytique illustré des Coléoptères de France, par Constant HouLBerr. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU l‘ DE CHAQUE MOIS Hranceiet Algérie 4 a. A10-fr. -» | Tous les autres pays. . , 0... . +. 49 fr. Pays compris dans l’Union postale. . , , 11 » Enxidunumeéro ts 0 Pour changement d'adresse, joindre O fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS » 50 CO UE (22 ‘8y) 9ITEUIPAO syuoofqo S Anod I0A[OAOS “IX ‘(92 e gz ‘Sy) ‘aueurpio o[epou ‘ou9qe eyoureu ‘ax ae] so dress ‘4j OZ ‘‘‘°:S910[09 xneouur sop seugurououd soj sno} Juexjuouu souedord xneJ -SU9 9p 919$ UN Jo U99 9942 (OZ ‘Sy) Ssoureuwrinoz & oe9urdI OS Te So 0 OO AC (&G9 Sy) sou suono9ssip Anod soouid 69 SU , EE LL « & ess Less enr tmo rss s asser ns ss. ‘::'(Ss9 Sy) 97m _.-91JX9 AN9[ R JUAWOINANIUI SY[LC} SJLIOIP SJNOQ R ‘HOTIDOSSIP & SOOUIX Ge GT 08° GES 08° saqn} 9948 | S2qn] SUBS NA M M GU ‘Snssop-ne 19 « ÉcR OS '& rose QAR OR APN OO KE) oo soi SOII9Id QUE B ELQ ‘terrier ecee pese. 6,00 BD AE op s00nop Salt ‘29 ‘suor9ossip op sjno ‘sjodyeos anod «osim$re & s101% RE 2 X O8 M ‘'tricnero-reeeseresirerresee HÉTbaDsoNDo0 do ddene DITOU 21IOU CT'& 8 X OO 39 UDURIQ 91JIOU ‘‘UTIJU99 G ANS ‘WIU99 (8 2p SuIeo2410d op onberx cer 97 X 08 ‘OR & — SEC ER REE uodiey nv9non 9 « c8 F €r X 0Z k OS & NP ES QE °*°'X[NEJ U9 NnC9/Nn09 G « G8'T LI X 0% Ë OZ & — (9 ‘S1y) : 41994 9p nro/n09 & C ÉPAS RS | ARse (OR & Te (9 Au) JoHeN opens À seqny 9946 | soqnu.suus|| soqm 9088 | RQ SES || soreunurueseqn À . £ ouoqo ojoueu a su rot 2 avoynoD ‘ N soqu} 0€ saqn} 08 saqn 07 sop A æ MNO4 SAANL-ALHO4 SAT XIUd Six F2 SU : SUOISUOUUT(T D NE osodwo9 9do9soJ9iu 21 Snos SU01998SIP anod (Z oN 9[ JUOW9]PIQUYS) 2IIE[NIO UN 99AP QUIQUOI ‘ANDSSOAPOIA OUISIAI I OOo *au9q9 uo sououeu Ins SaJUOU JUOS uoisiooid ep sjuewunasur sed s00 (99 . ue go ‘Sy) sonbrdoososoim suoresedoid Je suoroossip anod smo D A EN UP RER ES EN EC SR ! | SIuVa ‘eg np ont ‘y ‘ATIOHANG AIINAG STIX SAT se |1 SIUVA ‘84 np où ‘97 AITOHANG ANA SIL SAT A PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 322 du 1 Septembre 1900 : L’histoire naturelle et l’ethnographie à l'Exposition universelle. D' L. LaLoy. — De l’habillement chez les anciens. Æ. SanTiNI DE Riozs. — Les plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — Note sur les Oiseaux de proie observées dans la région de l'estuaire de la Somme. Macaur Dp'AuBusson. — La propreté du logis chez les animaux. Henri CouriN. — Géologie : Ancienneté de l’homme. D' Boucox. — Livres nouveaux. — Arrivages de Coléoptères de provenances diverses. — Offres et demandes. — Bibliographie. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1!‘ DE CHAQUE MOIS HrnceretAlmérie nn ae Se 10 fr» Tous les autres DANS Se Ca ele Den En Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » ÉTÉ A UE NUMIERO NE 0e Er 0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS |. ‘xofou ‘nofese nb SO} “St D U t TO D STAT9U 09 jueAnod senSojeue saçqnour S9p 197099X9 JE; ‘opueWp Ans ‘SUOANOd SNON ‘002 PR UD TES RAA PO OT TEST OT U9 159 Jo xneouued _ fJUOUu $0 9JqNaU np PUOF of :SJU9p99941d soçqnour sop 9100 e enbquapr 759 uoryeo _-Hqey anoç ‘nofese ue jros ‘19 KOU ua j10s ‘Je1p997R0 wo J10s juos SIIOJI} SAP S9)09 SOI _‘eugu9 u9 Juos 9[qnau 99 9p SAOIT} SOp SOPEŸE, SO J9 59709 SO “OpUUE ET ‘JO € Jueuwuoy soutojd sojiod 9o4e ‘sonbrdoosoioru suoryesedoud so oxrey mod sofojduro Sympoud sop juawoSuez 9j anod ouressooou ourowue ajod eun ‘seq np sdioo a] JoI9 R JUPUM OZ SoguprA sojuod 9e4e ‘sxroary saj jueuordwo9 jney np sduoo of {saçqisra -Ipur sorjaed xnop Jjuomuos [1 ‘oayuo9-19 o1n8y € enbrpurj ewuwu00 { mopuoyord op ‘Ju29 0€ ‘W Q ‘AN9B JET 9P ‘JU90 GY ‘UF JNEU OP ‘JU99 OF ‘UT & ENSQUI 2[qNOU 99 ‘erd re sapsod suorezedord 008‘0y 31e mb 09 ‘sonbidoosozorux suoryexedosd 9g un2eyo JOUAOJUOI JUEANOd SAIOIY JU99 0p So9PUEI sIo1 juarjuoo (6 ‘Fy) ajqnowu SUIOUIL 006 4AQ J'IQHN ANVUHI 08F SYT S0r FE 0 3£°0 7e" 0 ii 1! 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Mince et Aléérie, ce ou A0fr | Tous Tes CIRE DAYS. 207 0 SE AO M 0 Pays compris dans l’Union postale. . , , 11 » Pre RQUMErQ ES Re RS C0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREHAUX DU SOURNAI Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS F opu9}) SoSnoutpuey sofn][e °-SUOPUSL — IN *+2-*"69790 {ur xnodripe sanqo7 corse drenteieee ee 9maue) -10 4 R S910[09 xnodipe sofnqo"t *::::"(onbruso aproe) uoofd -1d9,y suep xnodipe sopnqort ss ses. sosnodipe So[NI[e) ‘xnodipe nsSsSLE — A TRE ° S99190SSIPp SOS NOUIpU9} SAIT | ‘22: °°"oqu9 9P S91qA °:*:2"1: ouor[jouoluos nssiy «C GC ‘ynouofuoo nssiEL — AI *2Sn98S0 9[[8OW PJ 2P So[NI29 “+22: 9180194 es als ee DEA NET TIE qeyd s0 un,p ajesioasues} edn0r) .... 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E. Sanrint DE Riocs, — Les animaux à l’attaque des serpents. D: Bou- &on. — Méthode employée pour combattre le phylloxéra en Allemagne. — Les chênes au point de vue forestier. Parpx. — La photographie des oiseaux de collec- tions. — F. DE ScHAEoK. — Académie des sciences. — Les plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — Essai monographique sur les coléoptères des genres Pseudolucane et Lucanc. — Louis PLaner. — Offres et demandes, — Genera analy- tique illustré des Coléoptères de France. Constant HourBerr. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°” DE CHAQUE MOIS Hrance el Algérie ee M0 fre Tous les autres pays. PEL du AUuMÉrO TE NE RR _ Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux ee CHAT 180 « Fe ST AREA A (EE .« g ‘UOISEA ep opouox “orne “(so197rum eq) DEN free enesii e (STTOSSIOG) enbrjsn09e jou np suoré -ULS SOp SOSNaAIOU Sa[n[120 1° °t40 7 aed ousoaduur ‘or DE TC Te) axe, e ojoeaed uoîewur] np odno) °:°:""oud9X9 JijIpne JINpu0) °t+e tee e#aie10] 9p 2[nq0T ‘Jupe rloaeddw — 'IAXX …...... “onbrdo jaou np sdno SRE STATS TON ENT -,P 2U1J9I E] 9P uoreusordu] srssttesese ses crounoa eL °p ajuowusid wmrou}tdq Fret eee es 'OUIO[ P WU ‘‘uide] np outjoi e] ep odno tree TS) uoyJrI I) OuT91 EI 9P S9I0SI SJUSUSIA °771:°7(99940 uoquy) euro | 2p 9Atezjsuowop edno Re "29ejuns EI 2P NE9aAIU ne ojjoruosue] odno9 ‘%9] “10 ‘998jans EI € 9118norpuod -10d odn09 ‘ogu109 e7 ap SJION M :SUHOIURIQUuo UT odAy ‘or ess °°° ‘‘oarepnosnd -109 odÂy ‘soxy sopnoo sop d0 7 ed oarisod uoreusoidur ‘:'":"soxy SOJNTI99 Sap quos su aed 2AneSou uorjeus9idu] ttttrtattee!ooud00 e[ op SOUE[ S9P 2H 21nJon1S Re no EU een °n) 99U109 BJ 9p Sa[eANJNs S91QLT ‘:''::"'eUUWOH,] 2p o9u109 e1 ep oxrepnorpuodaod odno7 °°°" "anou9ysod wnroqytd bot “+1: "990109 8 op anouoque twuntjouJid *°::"‘onbyotopos eç ep odnon Cr 9p nodeddy —' AK ... ° ‘19109 ‘980 oqing ‘SJIJ98J[0 sjiou sop odno7 ‘1:40 p 9INIO[q) ‘W9 : ‘oureJimyrd osnonbny 000900 wmroyyrda Sense. 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Boucon. — Les Erables au point de vue forestier. — Photographie ; décoration du celluloïd et de l'ivoire par la photographie. — La Flore des Tétards de Saules dans la vallée de la Seine. P. Harior. — Le dressage des animaux. D' Félix Reanauzs. — Les Thuya. — Les plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — Académie des Sciences. — Offres et demandes. — Bibliographie- —Genera analytique illustré des Coléoptères de France. Constant HourBerr. Î ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll‘ DE CHAQUE MOIS Rénce ét Algérie, 4 hu. sen. A0 fr» Nous leSRautres pays en Ho Te Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » ÉTÉCURNUMEÉRO Re A eee (À 50. Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux | BUREAUX DU JOURNAI. Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs s 46, RUE DU BAC, PARIS *sn9sN} SNOSIJOQUISAU — ‘UnuouJeSaur SN] ‘SLINOS E[ 9p a1w991des Feses 9AIOUX ET 9P 9JII984 él Es ‘R1M9YET SAT[I984 LR ‘urder à np 9SNoUPIQUOU 9JH9JUAT 9Pp — "TT 9P SITE De “Joqni SNOIPUL — ARS i * ‘SNJOAOU SnJJI984 ‘XNP9SI0 S9p ol9o1dos E 9P 9111004 ‘snosn} Sn{[l984 “orpmouous 8j op otuoordes e[2p aIIL084 *S9JNP SU99S9ION — ‘sniodso1q}Â19 SnI[1984 ‘0104 9p J9$n01 np 911984 ‘SN9S11S SIIPIPIOPUS — *SUPUIOFIOSIP SAIT ‘eumuo 9p o9Judip FF 9p — ‘su0931d sop o9udip e[2p — ea ‘neIq J1ET NP eIII984 ‘snosnjoourÂ9 — *BPIOIINOIUND — ‘snuo$nds SSNSe19 SN][I904 ‘sapnod s9p 8191049 np 9J[1984 ‘(onbru -o1doid uorjequourzoy) ploraro — *SOPIOOPIUJUE — “J9yio7a 2p snyensdeo sn][1984 “onbuÂinq uorjequeurue; ej op 2[I0e4 ‘SN9UNIG SRITI0E4 ‘UOqIU9 NP 2][L084 ‘(porq -I004 9P WOU 9] SNos onuuo9 soroqe SP 9IPE[EUI E[ 9P 9108) 19A[E SNI[I9EY “onbrJ9e] uorequaurie; eJ op 2[[L284 \ "SNJNODY 2UU9r) SOŒOIOIN COQ. RO RS 0S € QX ‘‘"""""".... 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E. Massar, — Le Dahomey et s2s pro- # Fe duits. — Les races des Comores. — La sédimentation souterraine. Stanislas Msunrer. + — La vanille à Madagascar. — Essai monographique sur les Coléoptères des genres fi A Pseudolucane et Lucane. Louis PLANET. — Chronique. — Offres et demandes, — Les j é plantes de France, leurs papillons et leurs chenilles. — Table des Matières du qua- : A torzième volume de la deuxième Serie. ABONNEMENT AMBNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE 9EYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, [ae LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll‘ DE CHAQUE MOIS Fe Prince et AMloërie 0 té ne .10fr » Tous és autres pays: 20.12 UE 19 (RS) É Pays compris dans l’Union postale, . , . 11 ) BELL nm ÉTO ee DNS EC ER ET 71 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAHE Au nom de « LES FILS D'EMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU 3AC, PARIS D ‘2[0S 9p — ‘2]J9SSN0Y 9Pp — ‘949194 9P — ‘2puewulT 9Pp — ‘eimsuvy,p nt0q ‘UOPABN 9p — — ‘adien 9p — — ‘29194 9P — — *2[0S 9p SO910SI S9][LE2H ‘(odnoo) umboy op jueq :(odnoo) ayonjaoy ep 1u°q ‘SHS041491q sndue20oddiy; ‘(suraore) srutoorpenb sn4,09 ‘(suofique) adxe) "SUOSSI0T ‘O[[INOU9I8 9p — *JJO[OXE | 2p 3ueS ‘XNOuUOqIEUI UE ‘JEI NP — ‘n}10} 9P uI9Y *U9I9 9P — ‘an)10} ] 2P ne9q ‘910 | op o8eydoso ‘OnJ107 9P — ‘Jeyo np onsueT ‘qeI NP 91918 UIJSOJUI *SaUIU9 -IHj 9948 SOJPINISNU S9IqU *SIANOP 99AE UOJNOU 9P — ‘0107 9P — ‘JU4 NP 9104 Pos op sewosq ‘OI0 | 9p tunuapon(] ‘0n)10} E[ 2P AND) SUOUPII0SSP 79 Salnor ‘SNSSUT É . 2918dW09 9IW0JEUY ‘9n)10} 9p 21913 UIJSOJUI ( ("17 9) out9A 9€ ‘uoq -Iey2 NP Sal9eq 2948 — ce *SOIIBI[IdE9 XNEOSSIEA Y£ ‘9190SSIP UCe (‘17 9) uopuoL 3£ ‘Xnouuoqieyo SUES Le ‘Sue 0€ ‘oun94 66 ‘SANI9UW O8 —., 93 "UL9Y LG "ANAULU 9P — 9% *XN9[N9J9NY — (4 ‘uIeS UOWNOd YG ‘pad EG ‘UlEU EP] 9P NE94 TG ‘O[BuO IG *S9IOST our9ÂU R SJION 08 *S99J0SI S9[N][[99 = ON ‘oxotuidé oJPON 87 *sarrded ‘onsue] LI ATET 97 “o1ois unSoJUI CV ‘opolut — y "0104 €T ‘(sogpost)sossy — = UrOl ‘(:49 9) So911)s Saxrepnosnu soiquA FF "(:TOSL) Sa9ra7s Soxiepnosnu Soi O7 “2RW0S4 ‘UN922") *(qa94 9) — — +(: ‘o) njeAoU9 am ‘In 0") ‘IUE 9p Sapnosndi0n ‘ ‘S9[0ST SJU9UWU9T9 ne ‘NC9A49") ‘9108 9419J1V 1 ON M Y 2Q © = © SUUWOH,I 2P 2IWOJUUY | 31901007 CS A L : srydeufoxorwojoug enbeyo ep xu4 “onbifquorss opniuonxe esnounolrs oun p 2 o1pio 1nwoud op senbuydpaboron Suoyvandeud sop s000 senuoigo 97e quo senbrydoabioumuogoyd sane 527 SNOILILOHPFOUdX HUUAHA dns Jnod ! 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