2 ES eye sdrs as or SNS Es = RTS ea Er sa re , 4 - L " È - nn : DT ee et Le SRE Sas se RENE S ares DAC = Ke + A À AE ue an © A + D ns ST 2 ne NE TOE es LE op PE yEE Pr"T as 3; ee SRE sara 5 rabether 5; : ’ : sr Le o a “ a s . ue CR dut asei Ce ms L + C SE < ë « 55 2 La pie ré SEPT mer à n LE NATURALISTE REVUE ILLUSTRÉE DES SCIENCES NATURELLES 1906 AVEC LA COLLABORATION DE MM. ANCEY, membre de la Société malacologique de France. AUSTAUT, membre de la Société entomologique de France. BATAILLON, professeur à la Faculté des sciences de Dijon. BERDAL, docteur en médecine. BOIS, assistant de Culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris. BONNET (D'), attaché au laboratoire de Botanique du Muséum de Paris. BONNIER (Gaston), membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne. BOURSAULT, memhre de la Société géologique de France. BOUSSAC (H.). BOULE, professeur au Muséum de Paris. BOUVIER, membre de l'Institut, professeur au Muséum de Paris. CHAUVEAUD, agrégé de l'Université. CHRÉTIEN, membre de la Société entomolosgique de France. COLOMB, préparateur de Botanique à la Sorbonne, COSMOVICI (D'), professeur à l'Université de Jassy. COSTANTIN, professeur au Muséum de Paris. COUPIN, chef de travaux à la Sorbonne, CUÉNOT, docteur ès sciences, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, DAGUILLON (Aug.) professeur-adjoint à la Sorbonne. DANGEARD, professeur à la Faculté de Poitiers. DAGUIN, Président honoraire de la Société des sciences naturelles de la Haute- Marne. DENIKER, bibliothécaire du Muséum de Paris. DUFOUR, docteur ès sciences, s.-directeur du laboratoire de biologie végétale d'Avon. : KFABRE-DOMERGUE, directeur du laboratoire de Concarneau. FRITEL (P.-H.), attaché au Muséum de Paris. GADEAU DE KERVILLE membre de la Société zoologique de France, GARDE (G.), de la Faculté de Clermont. GAUBERT, assistant de minéralogie du Muséum de Paris. GIARD, professeur à la Sorbonne. GIROD (D: Paul), professeur à la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand. GLANGEAUD, professeur à l'Université de Clermont. GRANGER (A.), membre de la Société linnéenne de Bordeaux. GRUVEL, maitre de conférences à la Faculté des sciences de Bordeaux. HARIOT, attaché au Muséum d'histoire naturelle de Paris. HECKEL (D' Ed.), professeur à la Faculté des sciences de Marseille. HOULBERT, docteur ès sciences, directeur de la Station entomologique armo caine. JOUSSEAUME(D:), ex-président de la Société zoologique de France. KŒHLER (D), professeur à la Faculté des sciences de Lyon. LALOY (D° L.), bibliothécaire de la Faculté de médecine de Paris. LATASTE (F.), ex-s.-directeur du musée de Santiago (Chili). LECOMTE (H.), agrégé de l'Université. LÉVEILLÉ (H.), ex-professeur au collège colonial de Pondichéry MAGAUD D'AUBUSSON, membre de la Société zoologique de France. MALARD, directeur du laboratoire maritime de St-Vaast,. MALIN VAUD, secrétaire général de la Société botanique de France. MASSAT, attaché au Muséum. MÉNÉGAUNX, Assistant de zoologie au Muséum de Paris. MEUNIER (Stanislas), professeur de Géologie au Muséum de Paris. MOCQUARD (F.), assistant de Zoologie au Muséum de Paris. NOEL (Paul), D' du laboratoire d'entomologie de Rouen. PATOUILLARD, membre de la Société botanique de France. PIC (M.), membre de la Société entomologique de France. PIZON (A.), professeur au lycée Janson, Paris. PLANET, membre de la Société entomologique de France. PLATEAU, professeur à l'Université de Gand. POUJADE, du Muséum d'histoire naturelle de Paris. PRIEM, agrégé de l'Université. RABAUD (Et.), licencié ès sciences naturelles. RAILLIET, directeur de l'Ecole vétérinaire d'Alfort. REGNAULT, docteur en médecine. ROUYX , Président d'honneur de l'Association française de Botanique. SANTINI (Em.), professeur de sciences. SAUVINET, assistant de Zoologie au Muséum de Paris. SAINT-LOUP (Remy), maitre de conférences à l'Ecole des Hautes Etudes. SCHAECK (F. de), préparateur de zoologie au Musée de Genève. TROUESSART (D'), ex-directeur du Muséum d'histoire naturelle d'Angers. VAILLANT, professeur au Muséum de Paris. VAUTIER, attaché à la bibliothèque du Muséum de Paris. XAMBEU (Cap°), membre de la Société entomologique de France. ETC., ETC. 77 7 7 1 # ANT, NN WU PARAISSANT LE 4° ET LE 15 DE CHAQUE MOIS PAUL GROULT, Sscrérame pe LA RÉébacrioN 28° Année 20° Année de la 2° Série ABONNEMENT ANNUEL ÉTANCe eee cat A DR ee Last tente à 5 MR Ua 10 fr, » SN EE 0 ER RE RS a TR 10 » Pays étrangers compris dans l’Union postale. .... ............ Rnb s il » PARIS LES FILS D'ÉMILE :DEYROLLE, EDITEURS 46, RUE DU BAC, 46 1906 \ 28° ANNÉE - 2e SÉRIE — N° 452 1° JANVIER 1906 LE NATURALIS E REVUE ILLUSTRÉE DÉS SCIENCES NATURELLES LES PRODUCTIONS MINÉRALES ACTUELLES du sous-sol de Paris Les récents travaux exécutés dans Paris pour l'éta- blissement du chemin de fer métropolitain ont fourni un nombre considérable d'observations géologiques intéres- santes. Les plus frappantes, sans doute, consistent dans des preuves multiples et variées de l’activité actuelle dont le sous-sol est le théâtre et qui peut se traduire par des genèses minéralogiques diverses, On sait depuis longtemps qu'il n’y a guère de point de la surface du terrain, dans l’en- ceinte actuelle de Paris, qui n'ait été remanié par ses anciens ha- bitants : partout on voit des tra- ces de fouilles ou de remblais et souvent avec des dimensions 300 cents mètres de longueur selon la voie ferrée, et sur 12 mètres de hauteur, les couches du sol sont franche- ment entaillées au travers des lits de gypse marneux tout pareil à ceux qu'on à atteints, par exemple, et en ce moment, par les galeries souterraines de Bagneux (Seine). A cet égard les échantillons procurés au Muséum par les travaux du Métropolitain et grâce à l’ardeur dé- vouée de M. A. Dollot qui s’est consacré à l'étude du sol parisien, sont de première valeur pour l'établissement d'une théorie définitive de la pierre à plâtre. Dans la rue de Meaux, non loin de l'hôpital Saint-Louis, on a recoupé à une dizaine de mètres sous le pavé, des galeries d'exploitation soigneusement remblayées selon considérables. Tout le monde connait de réputation, sinon pour les avoir visités, ces réseaux de galeries souterraines connues sous le nom de Catacombes, et d’où tout l’ancien Paris étaitsor. ti sous la forme de moellons et de pierre de taille; tout le mon- de sait que les parcs de Mont- souris et des Buttes Chaumont sont établis sur de vieilles car- rières qu'on a eu la bonne idée de transformer en élégants jar- dins au heu de les combler pour y construire des maisons. Mais ce qu'on ne sait pas aussi géné- ralement c'est qu'une notable partie des quartiers les plus corrects sont établis sur des points naguère bouleversés par les carriers et dont toute la sur- face est du terrain rapporté: A cet égard, il y a un vif intérêt à constater l'ampleur des travaux d'exploitation de la pierre à plâtre tout le long des boulevards extérieurs du nord de Paris ; sur les boulevards de Rochechouard, Barbès, de la Chapelle et jusqu’à la place de la Nation, le tracé du chemin métro- politain passe à travers des vestiges de carrières dont les dimensions sont parfois énormes. Au boulevard Barbès, par exemple, les remblais sont gigantesques et on retrouve sous eux le profil des escarpements artificiels laissés par les ouvriers, À quelle époque remontent les débuts de ces ouvrages? C’est ce qu'il n’est pas facile de préciser; on sait seulement que beaucoup d’entre eux se sont con- tinués jusqu’au XVIIe siècle et même jusqu’au commen- cement du XIXe. Sous le boulevard de la Chapelle et sur plus de 4” Fig. 1. — Argile noire criblée de cristaux blanchâtres, extraite du sous-sol de la place de la République (2/3 gr. n.) à Paris. la méthode encore employée aujourd’hui. C'est le pendant exact.des galeries recoupées dans le sud de Paris, le long du boulevard Saint-Jacques, par exemple, mais qui sont percées dans le calcaire grossier et se rattachent intime- ment aux Catacombes proprement dites. A côté de vieux travaux d'exploitation minérale, les tracés du chemin métropolitain ont entaillé des vestiges de remblais destinés à faire disparaitre les inégalités du sol et à favoriser ainsi l'extension progressive de la cité. Certains d’entre eux ont présenté un intérêt tout à fait exceptionnel. C’est dans le sous-sol de la place de la République et dans les régions circonvoisines que les exemples les plus frappants ont été signalés. Immédiatement sous le pavé,ice qu’on rencontre avant 6 LE NATURALISTE tout, c’est une énorme épaisseur de remblai, et l’on sait que celui-ci eut pour but de combler les fossés qui bor- daient la ville au temps de Charles V, tout le long du boulevard Saint-Martin. L’ancienneté de ces travaux est toute relative, et au point de vue géologique elle ne compte réellement pas du tout. Cependant elle suffit pour que des phénomènes chimiques du plus haut inté- rêt aient réalisé la production d'effets qui jettent un grand jour sur des genèses minéralogiques. Les eaux filtrant de la surface du sol, toutes chargées des impuretés résiduelles, sont venues agir très lente- ment, mais sans relâche, sur la substance des remblais. Ceux-ci étaient surtout composés de fragments de vieux plâtras provenant de démolitions et chacun sait bien Fig. 2. — Cristaux de l'argile noire (grossis 3 fois). que le plâtre est du sulfate de chaux. Sous l’influence des matières organiques en dissolution ou en suspension dans les suintements aqueux, cette matière s’est décom- posée, elle a donné des composés sulfurés divers et, ce qui est beaucoup plus remarquable encore, elle à pro- voqué la mise en liberté d'une très notable quantité de soufre pur. Il y a maintenant une couche, de plusieurs mètres d'épaisseur, qui s'étend sur une vaste surface et jusque dans la rue Meslay et qui consiste en plâtras si sulfuri- fères, qu'ils rappellent les tufs de la Solfatare de Pouz- zolles et qu’ils pourraient, comme eux, être soumis à une distillation industrielle. Les réactions qui viennent d’être décrites — et qui avaient déjà été signalées par le fondateur de la cristal- lographie, l'illustre abbé Haüy, sur cette même « place du Château-d'Eau », comme on disait à son époque, — expliquent la production dans le sol de Paris, de filets d'eaux sulfureuses dont, malgré leur origine plutôt répu- gnante, vu le rôle qu'y jouent les eaux vannes et même les exsudations des fosses d’aisance, les propriétés thé- rapeutiques ont été offertes aux malades comme équiva- lentes à celles des sources d'Enghien ou d'Aix en Savoie. L'histoire du gisement sulfurifère de la place de Ja République a d’ailleurs été singulièrement élargie par les trouvailles faites au cours des travaux du Métro- politaia, et il y a d'autant plus lieu de les mentionner qu'elles concernent des effets réalisés non plus dans les plâtras, c’est-à-dire dans des matériaux artificielle- ment accumulés, mais dans les couches sous-jacentes d’argile naturelle. Celles-ci constituaient le fond du fossé etaussile fond du marais, qui a donné à tout le quartier le nom qu'il porte encore aujourd'hui, Grâce aux tra- vaux récents, le Muséum possède de nombreux spéci- mens de ces argiles noires et on en retire des fragments de roseaux et d'herbes, des coquilles de limacons et d’au- tres mollusques qui vivaient à l'époque de Charles V et qui, tout naturellement, sont identiques à leurs congé- nères actuellement vivants. Or, en pleine masse de ces argiles retirées de leur gise- ment originel, on trouve, comme dans les plâtras, d’in- nombrables géodes de soufre cristallisé et parfois en si grande abondance qu’on a été jusqu'à parler de la « sou- frière » de la place de la République. Même ce nom a, par parenthèses, ému bien des personnes tout à fait igno- rantes des choses de la géologie et qui ont cru à la pré- sence sous le pavé de Paris de quelque laboratoire volca- nique plus ou moins analogue à la soufrière de la Martinique. La mise en liberté du soufre dans les argiles doit évi- demment être rattachée à l'extension des plâtras au-dessus d'elles et à la petite quantité de sulfate de chaux que ceux-ci ont fourni aux infiltrations pénétrant plus bas, au contact des matières organiques, végétales ou ani- males dont nous avons mentionné l'abondance. Toute- fois, ce travail chimique a été compliqué dans cette singulière localité, d'une facon aussi imprévue qu'inté- ressante. Il se trouve en effet que l’un des lits de l’argile noire est criblé de minéraux blancs (fig. 1), anguleux, de la grosseur d'un grain d'avoine et où l'on retrouve, jusque dans les détails, la forme caractéristique des cristaux &e ce sul- fate de strontiane que les spécialistes qualifient de « Cé- lestine » (fig. 2). Ce joli nom est bien justifié pour les belles variétés provenant des célèbres mines de soufre de la Sicile, par la couleur azurée du minéral, et c’est un des plus remar- quables ornements des collections de minéralogie que les géodes jaunes par leur soufre et bleues par leur célestine que fournissent les gisements de Girgenti. A Paris toutefois, les cristaux ne sont pas bleus, et un examen attentif conduit à reconnaître que si la forme est celle de la célestine, la composition en esttout autre : l'analyse n'y montre que de la calcite et on ne peut douter que les échantillons ne représentent des moulages de célestine disparue par du carbonate de chaux plus récent. C’est là un exemple intéressant de pseudomor- phose ou d’épigénie, comme on voudra le qualifier, et sa production est digne de nous arrêter un moment. S'imagine-t-on le travail lent mais incessant qui s’ac- complit dans la masse des roches et, dans le cas présent, dans la masse de Pargile noire, pour qu'il se réalise les effets qui viennent d’être résumés? D'abord, les suinte- ments apportent du sulfate de chaux en dissolution et, il faut le dire, en dissolution extrémement étendue, homéopathique, si l’on veut. Cette dissolution rencontre, en de certains points, des composés solubles aussi et renfermant de la strontiane. Cette matière est relative- ment assez rare; cependant, les analyses, suffisamment LE NATURALISTE fl délicates, permettent de la déceler dans la pierre à plâtre et c’est, sans aucun doute, de là qu'elle provient. Il se fait alors de la célestine, et celle-ci, qui est comple- tement insoluble, se dépose au fur et à mesure de sa production. Mais (et ceci est tout à fait merveilleux) les atomes qui se précipitent ainsi, au lieu de rester distincts les uns des autres et de se répartir uniformément dans le sol, se. recherchent comme s'ils étaient soumis à une attraction secrète et viennent se réunir en tel point plutôt qu’en tel autre. En outre, ils se groupent régulièrement et s’'arrangent de façon à constituer ces édifices sur les- quels peuvent s'exercer les mesures géométriques et qu'on appelle des cristaux. Les cristaux grossissent peu à peu, comme gros- sissent les cristaux de sel qui se produisent par l’évapo- ration lente de l'eau salée, mais, répétons-le, dans des conditions que l’insolubilité du produit doit rendre cependant fort différentes. Progressivement, ils attei- gnent plusieurs millimètres. Tout cela est fort étrange et nous présente le sous-sol comme une région qui n’est pas si immobile, si morte, qu’on se le figure volontiers. Mais cette curieuse histoire n’est pas terminée encore pour cela. Voilà, qu'à un mo- ment donné, et en conséquence de circonstances qui nous échappent jusqu'ici, les conditions du milieu sou- terrain changent tout à fait. Les cristaux cessent de s’accroitre, et même bientôt ils subissent une action corrosive qui les dissout et qui remet en circulation leur substance constituante. Soustraits peu à peu au sol argileux dans lequel ils étaient enclavés, ils laissent vide l’espace qu'ils remplissaient, et abandonnent des ca- vités qui ont exactement leur propre forme. Cela sup- pose dans le réactif inconnu qui est intervenu autant de délicatesse que d'énergie, car s’il dissout la célestine pratiquement insoluble, ils recherchent absolumten l'ar- gile ambiante. Plus tard enfin, les petites chambres ainsi vidées se sont trouvées toutes préparées pour recevoir les incrustations calcaires qui composent les épigénies et, qu'à première vue, on prendrait pour des cristaux ordinaires. On peut croire, d’ailleurs, que la célestine n’a pas été seulement dissoute mais bien plutôt décomposée et, sans doute, réduite de telle facon que c’est son soufre consti- tutif qui s’est isolé en certaines régions de l'argile noire; pour donner naissance aux géodes brillantes que nous mentionnions au début. En y réfléchissant, nos lecteurs nous pardonnerons l’aridité des détails dans lesquels il nous a fallu entrer, en considération de l’éloquence avec laquelle les mêmes phénomènes qui nous ont arrêté, en témoignant de l’ac- tivité intense et continue des régions souterraines, jus- tilient le puissant intérêt que nous nous sentons disposé à accorder de l’ensemble des faits qui constituent au propre, la physiolegie de la Terre. STANISLAS MEUNIER. À PROPOS DE LA CAPTURE d’un Pétrel glacial Sur Les côtes de Normandie ; À la suite des tempêtes qui ont sévi pendant le mois de novembre, j'ai recu, du cap d’Antifer, un oiseau péla- gien que l’on ne voit pas fréquemment sur notre littoral. C'est le pétrel glacial (Procellaria glacialis, Linné) ou fulmar, Le sujet qui m'a été envoyé, tué au pied de la falaise, paraissait, m'écrit-on, être très fatigué et avoir beaucoup souffert du mauvais temps ;1l volait pénible- ment au-dessus de l’eau et se laissa tirer de très près. Cette espèce, en effet, ne fait guère d'apparition sur nos côtes que poussée par les ouragans, et c’est le plus sou- vent à l’état de cadavres que l’on recueille sur nos plages des victimes, assez rares du reste, de la tempête. Pendant mes longues années de chasse sur nos côtes septentrio- nales, particulièrement sur celles de Picardie, je n'ai jamais rencontré, en aucune saison, le pétrel glacial. Jai su qu’à différentes reprises, on en avait trouvé quelques- uns morts ou mourants sur le bord de la mer, mais je ne crois pas que ce pétrel se montre dans ces parages, s’il n'y est entrainé par une forte perturbation atmos- phérique. Dans ce cas, il est même emporté plus loin, car on l’a vu en Suisse, et M. Lacroix le signale, dans son Catalogue, comme l'ayant recu de Cette le 18 dé- cembre 1860 (1). C'est au contraire un oiseau très commun dans les hautes régions du Nord et les îles septentrionales de la Grande-Bretagne. Les baleiniers le connaissent bien, et savent avec quelle audace et quelle voracité il se préci- pite sur un morceau de lard. Lorsqu'ils dépecent l'énorme cétacé, des nuées de fulmars les entourent, s'abattent sur l’eau et nagent autour d'eux, dans l'espoir d'attraper quelques débris rejetés par les opérateurs. Leur gourmandise et leur gloutonnerie leur font mépriser tout danger, etils viennent si près, qu'on pourrait en tuer des centaines, dit Holbüll, à coups d’avirons et de gafïfes (1). Ils s’approchent aussi sans crainte des navires et les accompagnent longtemps, grâce à la puissance et à l’aisance merveilleuse de leur vol, poursuivant le loch à coups de bec ou pêchant les proies qu'on leur jette sur la croupe des vagues. En Islande, quand M. le docteur Labonne passa près des rochers à oiseaux qui avoi- sinent le cap Reykjanes, des troupes innombrables de pétrels, mélés à d’autres espèces, vinrent tournoyer jusque dans les voiles de son bateau, Le même voyageur les observa aussi en très grand nombre aux Færæer (2), Les habitants leur font une chasse active, comme aux autres oiseaux de mer, pour s'emparer des œufs et des jeunes. Dans le nord de Stromü et d'Osterü dont la faune ornithologique est d’une grande richesse, à l'ile de de Store Dimon, dans d’autres ilots solitaires qui ne sont que des montagnes à oiseaux, de hardis dénicheurs (1) Catalogue raisonné des Oiseaux observés dans les Pyré- nées françaises el les régions limitrophes (1873-1875), p. 278. (2) Ornithologischer Beitrag zur Fauna Groenlands ({S6). (3) L'Islande et l'archipel des Færæer 1S91). g LE NATURALISTE se font attacher par une corde solide, et, suspendus entre ciel et terre, au risque de la vie, fouillent les excavations des rochers escarpés où se trouvent les nids. Ce pétrel est aussi très abondant aux iles Hébrides et, comme aux Færæer, les habitants ont coutume de re- chercher les œufs, les jeunes et les adultes. A l'exemple des Faroiens, ils se font descendre au moyen d’une corde tenue par un compagnon au sommet de la falaise abrupte, et visitent toutes les anfractuosités. Ils récoltent les œufs qu'ils mettent dans un panier, étourdissent les adultes à l’aide d’un court bâton, et les tuent en leur renversant brusquement la tête sur le dos. Ils recueillent aussi l'huile qui remplit l'estomac de ces oiseaux, el s’en servent comme huile de lampe. Pour cela, ils font dégor. ger leurs victimes en leur tenant la tête en bas, et re- coivent cette huile fétide dans une petite outre faite avec l'estomac d'un Fou de Bassan, la ficellentet la suspendent aux poutres de la maison. Les jeunes, qui sont très gras, produisent, après avoir été bouillis, une graisse abondante que lon ramasse et qu’on utilise pour divers usages. L'huile et la graisse sont employées comme spé- cifiques contre les rhumatismes. Cette chasse se pratique surtout à l’ile de Saint-Kilda, celle des Hébrides qu'affec- tionnent tout particulièrement les oiseaux marins pour y établir leurs nids. Il en estde même, d’après Faber, dans les iles Manoë, près de l'Islande (1). Les habitants, vers la fin d'août, se répandent sur les écueils, tuent par milliers les pétrels et les salent pour l'hiver, ce que font également, au rap- port d’autres voyageurs, les indigènes de la baie de Baffin et de la baie d'Hudson. Malgré l'importance de ces massacres, le nombre des fulmars ne parait pas diminuer dans ces froides régions. Il y a beaucoup de retraites inaccessibles qui suffisent à maiatenir une copieuse reproduction, Le pétrel glacial niche encore au Spitzherg, et jusque dans] l'archipel de Francois-Joseph. L'expédition de l'Etoile Polaire (1899-1900) en vit à l’ile du Prince- Rodolphe, dans la baie de Teplitz, d'où ils ne repar- tirent que vers la fin de septembre (2). On le trouve sur les côtes et dans les baies du Groen- land, il s'avance peu au delà et ne fréquente guère, d'après Greely, les détroits de Kennedy et de Robe- son (3). Morton l'avait signalé, il est vrai, le 22 juin 1854, au nord du cap Constitution et, bien avant lui, Parry l'avait observé, le 16 juillet 1827, par 82,27 et quelques jours plus tard par 829,45", mais c'est à peine si Feilden, le naturaliste de l'expédition de Nares (1875-1876), en aperçut un à la plage aux Flobergues (820,27), son com- pagnon Egerton en ramassa un autre sur la neige. Bessels ne l’a presque jamais vu, En dépit de son nom de glacial, cet oiseau s'éloigne plutôt des vastes champs de glace, et en général sa pré- sence est un signe certain, pour l'explorateur des mers polaires, du voisinage des eaux libres, S'il en était autrement, comment vivrait-1l? Il se nourrit principale- ment de mollusques, de crustacés pélagiens, et de toutes espèces d'animaux marins, se jetant avec avidité sur les cétacés morts, quand il en trouve l'occasion. Ce n’est (1) Prodromus der Isländischen Ornithologie od. Geschichte der Vôgel Islands (1822). (2) Expédition de l'« Étoile Polaire », Édit. Franc. (1904). (3) Dans les Glaces arcliques…. (1881-1884). Édit. Franc. (1889), Appendices. donc, pour ainsi dire, qu'exceptionnellement, en voya geur isolé, qu'il pousse, dans la belle saison, lorsque la - glace se disloque, jusqu'aux solitudes désolées de l’ex- trême nord. Oiseau essentiellement social, il vit toujours en grandes bandes, aussi quand on rencontre des indivi- dus isolés doit-on les considérer comme des égarés. Le fulmar ne pond qu’un œuf, assez gros et tout blanc, sans aucune tache. Cet œuf, qui mesure environ 0 m. 067 sur Om. 050, conserve pendant fort longtemps, après avoir été vidé, comme du reste celui des autres procella- ridés, une odeur de musc très prononcée. M. Gerbe pos- sédait de ces œufs qui n'avaient pas encore perdu cette odeur particulière après plus de quinze ans. Les pétrels arrivent sur les places à nids, au milieu de mars ou au commencement d'avril, suivant les localités. La ponte a lieu ordinairement en mai. A la fin de juin, et au plus tard dans les premiers jours de juillet, tous les jeunes sont éclos. Vers la fin de ce mois, 1ls sont re- couverts d’un long duvet d’un gris bleuûtre, et à moitié développé; à la fin d'août, ils peuvent prendre leur vol. Ils sont alors extrêmement gras, mais exhalent une odeur des plus désagréables, qui ne les protège guère cependant contre la rapacité des chasseurs. Ajoutez que, lorsqu'on veut les saisir, ils vomissent contre l’agresseur, aussi bien que les adultes, un liquide infect, et cela avec une telle force, que le jet atteint à plus d’un mètre. Au mois de septembre, jeunes et vieux abandonnent les ro- chers et gagnent la pleine mer qu'ils ne quittent plus qu'au printemps. Leur vol, plus léger et plus souple que celui des lari- dés, a une remarquable vigueur. Ils luttent contre la tempête, et il faut qu'elle ait une durée et une violence tout à fait insolites pour qu'ils soient désemparés. On les voit voler presque continuellement et glisser, en pla- nant, sur la crête des vagues, car ils ne battent des ailes que pour s'élever. Ils nagent avec beaucoup d'adresse, aussi bien dans les courants les plus rapides que sur des eaux tranquilles, mais ne plongent jamais. À terre, ils ont de la peine à se mouvoir et se trainent plutôt qu'ils ne marchent, ils ne vont d’ailleurs sur la terre ferme que pour nicher, comme je lai dit, sur les corniches des falaises ou sur quelque écueil battu par les flots. Le pétrel glacial a le dessus du corps d'un cendré bleuâtre, avec les rémiges brunes, la queue un peu plus claire que le dos, la tête, le cou et le dessous du corps d’un blanc pur, le bec jaune taché d'orange sur le tube nasal et de verdâtre à la base de la mandibule inférieure, les pieds jaunes nuancés de bleuâtre, l'iris brun. En hiver, la tête et le cou se teintent de cendré clair et les parties supérieures du corps sont d'un cendré plus foncé. Les jeunes de l’année ressemblent aux adultes sous cette livrée plus sombre, avec les plumes du dos légèrement bordées de gris. : La taille de cet oiseau est assez variable. Le spécimen que j'aireçu de la côte normande mesure : longueur to - tale, de l'extrémité du bec à celle de la queue, 0 m. 46; longueur des ailes, 0 m.33; iongueurde la queue, 0 m.12; envergure, 1 m.05. Mais certains sujets, vieux mâles, atteignent jusqu’à 0 m.52 de longueur et 1 m.10 d’en- vergure, La femelle est un peu plus petite (1). - MAGAUD D'AUBUSSON. (1) Le pétrel glacial appartient à un ordre d'oiseaux pélagiens | intéressants, par les mœurs et les caractères, les Procellari- CHRONIQUE & NOUVELLES L'adaptation au milieu chez les plantes grasses. — Leurs adaptations défensives. — Une graminée qui fabrique de Pacide prussique. — La variation de la Pulmonaire et la statistique. Les plantes grasses n'ont pas des idées comme les autres végétaux. Au lieu de prendre cet aspect élancé qui fait le charme de nos bois et de nos prairies, elles se gonflent d’eau et deviennent hydropiques, tandis que leurs feuilles disparaissent et se fout remplacer par de méchants piquants. En agissant ainsi, elles ont voulu s'adapter au milieu dans lequel elles vivent, et se défendre contre les diverses causes de destruction qui les en- tourent. M. Massart vient de fort bien résumer ces « adaptations » quise manifestent aussi bien à l’intérieur qu'à l'extérieur. Elles sont bâties d'une manière si épaisse et si mas- sive, qu'elles n'ont guère besoin de se prémunir contre les effets du ventet de la pesanteur. Pourtant, les espèces arborescentes sont obligées de renforcer leur tronc par du bois secondaire; c'est, notamment, ce qui a lieu pour les grands Opuntia : les raquettes qui entrent dans la constitution du tronc forment du bois dur et deviennent cylindriques. Les plantes à tige charnue ont renoncé aux feuilles et ont réduit ainsi leur transpiration. Mais il faut pourtant que leur surface d’assimilation soit suffisante; heureuse- ment, une lumière aveuglante règne dans les déserts, et les plantes peuvent se contenter d’une surface verte assez réduite. Chez beaucoup d'Euphorbia, chez les Stapelia et les genres voisins, la surface verte est constituée par les bases des feuilles qui deviennent confluentes et forment des côtes. Chez les Cactacées, ce sont des saillies sur- montées par les vestiges de la feuille: ces saillies peuvent également devenir concrescentes et former des côtes ou des ailes. Chez les Opuntia à raquettes, l’aug- mentation de la surface assimilatrice tient à l’aplatisse- ment des tiges. Certaines plantes agrandissent leur surface d’assimi- lation en allongeant les entre-nœuds. C’est notamment ce qui se passe chez l'Euphorbia Tirucalli et chez le Cereus hamatus. Ce dernier dérive certainement d'une Cactacée à entre-nœuds courts, et l’allongement de la tige est secondaire. I] n’en est pas de même pour d’autres plantes grasses à longs entre-nœuds, par exemple pour Sarcostemma viminale : cette Asclépiadacée dérive sans doute d’une plante grimpante ayant déjà les entre-nœuds longs. Le Ceropegia dichotoma représente un stade plus avancé de cette évolution; il ne grimpe plus et sa tige a encore formes où Tubinares, nommés aussi Procellariens, Oiseaux de tempête. Ils diffèrent des autres oiseaux par leur bec formé, en apparence, de plusieurs pièces distinctes et par leurs narines tubulaires. On peut établir dans cet ordre deux subdivisions, l’une comprenant les espèces.chez lesquelles le pouce est nul, et qui forment le groupe à pieds tridactyles : tels les Pélécanoïdes et les Diomédeidés ou Albatros; l'autre renfermant les espèces où le pouce est remplacé parun ongle, etqui composent le groupe à pied tétradactyles : tels les Ossifrages, Pétrels, Daptions, Prions, Thalassidromes, Puflins. Quant aux narines, elles peuvent s'ouvrir à l'extrémité d'un tube unique ou de deux tubes. Chez les Albatros,les narines sont très séparées l’une de l’autre, et s'ouvrent à l’extrémité de tubes très courts, situés de chaque côté de la mandibule supérieure. Chez les Procellaridés propre- ment dits, les uns, comme les Pétrels,les Thalassidromes, ont des narines séparées intérieurement par une cloison mince et réunies en un seul orifice ; les autres, comme les Puffins, des narines sé- ‘ parées par une cloison épaisse, ouvertes à l'extrémité de deux tubes adossés. LE NATURALISTE J grossi. Ces Asclépiadacées ne sont pas les seules lianes devenues charnues : le Cissus quadranguluris (vitacée) et deux lianes congolaises, un Cissus et un Adenia (Passi- floracée) ont effectué la même évolution; dans ces deux familles, il y à aussi des plantes qui ont complètement renoncé à grimper et qui ont une tige verte fortement renflée. É On a calculé qu’un Echinocactus transpire environ 6.000 fois moins qu'une plante ordinaire de même poids. Cette énorme diminution de la transpiration des plantes grasses tient à tout un ensemble de causes : réduction de la surface, rareté des stomates, épaississement notable de Ja cuticule (Gasteria), développement d'une couche cireuse (Agave, Cctylédon) ou de poils feutrés (Kleinia Haworthii). De plus, certaines Cactacées s’enfouissent com- plètement sous terre pendant la saison sèche : les Ario- carpus et divers Mamillaria ont une grosse racine tubercu- leuse qui se raccourcit fortement à l'approche de la sai- son sèche ; comme elle est solidement fixée au sol par son bout inférieur, sa contraction a pour effet d'attirer les organes aériens sous terre; les rides transversales, dues à la contraction, se voient très bien chez Mamillaria zephyranthoïdes. Il est inutile d’insister sur les provisions de liquide de la tige, des feuilles et des écailles du bulbe, qui sont bien manifestes. Disons seulement que certaines Cactacées, par exemple Cereus Gregqi, possèdent encore une notable réserve de liquide dans des tubercules souterrains, La plupart des plantes grasses se débarrassent des déchets de leur nutrition de la même facon que les plantes à structure ordinaire : elles profitent de la chute des vieilles feuilles. C’est le cas pour toutes les plantes à feuilles charnues, ainsi que pour les Peireskia et les Euphorbia à feuilles bien développées. D'autres perdent les rameaux vieillis, par exemple les Euphorbia et les Cereus en forme de candélabre, Chez les Opuntia, les raquettes qui ont fait leur temps se désarticulent et tombent. Mais il y a aussi des plantes qui ne laissent mourir aucune partie de leur appareil végétatif, par exemple beaucoup d'Echinocactus, les Melocactus, les Ariocarpus et les autres Cactacées qui ne se ramifient pas ou quine se ramiient que pour se propager; tous les déchets de leur nutrition s’amassent de plus en plus ct, à leur mort, les tissus sont encombrés de quantités énormes d’oxalate de calcium et d’autres produits de désassimilation, %* *X # Les plantes grasses sont certainement celles qui sont le plus exposées aux attaques des animaux herbivores : elles habitent le plus souvent des déserts où l’eau est d'une rareté excessive et inaccessible aux animaux, Les plantes, grâce à leurs racines, peuvent exploiter l'eau qui imprègne les couches profondes du sol ou celle qui est amenée par les pluies éventuelles. Quant aux ani- maux désertiques, ils sont obligés de prendre aux plantes toute l'eau dont ils ont besoin, et ils dépendent du règne végétal à la fois par leur nourriture solide et pour leur boisson. Aussi, la lutte entre plantes et herbivores est-elle ici plus âpre qu'ailleurs. Les plantes grasses ont donc besoin d’être particulièrement bien défendues contre leurs ennemis, Les principaux moyens de protection consistent dans une armure de piquants où dans la pro- duction de poisons, ou, enfin, dans la faculté de « faire le mort », comme le dit spirituellement M. Massart. Les Agave et les Aloë ont des épines sur les feuilles; les Euphorbia ont souvent des épines dérivant de stipules ou de pédoncules d'inflorescences; les Cactacées ont des aiguillons sur les aréoles. Les piquants occupent toujours la portion la plus sail- Jante, qui est évidemment la plus avantageuse. Ainsi, quand la tige est pourvue de côtes ou d'ailes, les épines 10 LE NATURALISTE sont sur les arêtes; même, si les ailes sont sinueuses, les piquants les plus grands sont sur le sommet des proémi- nences (Euphorbia grandicornis). Les épines qui arment les feuilles des Aloë et des Agave se postent également aux points les plus avancés. Quand il n’y en a qu'une, elle est droite et occupe le bout de la feuille (Agave filifera) : le plus souvent, il y a en outre des épines crochues qui garnissent les bords (Agave ame- ricana, Aloë glauca); quand il y.en a beaucoup, elles défendent aussi les faces (A loë ferox). La différenciation des aiguillons, telle qu’elle s'effectue chez beaucoup de Cactacées, a toujours pour effet d’aug- menter leur efficacité comme armes défensives : les aiguillons centraux les plus longs {ils ont plus de 10 cen- timètres chez Cereus Coryne) sont perpendiculaires au corps; d’autres divergent dans tous les sens; les aiguil- lons marginaux sont régulièrement rayonnants et couvrent le sommet des saillies et les creux séparant celles-ci. Particulièrement désagréables sont les bles- sures des aiguillons courbes (Echinocactus cylindraceus. Echinocactus corniger), des aiguillons en forme d’hame- con (Mamillaria senilis) et des aiguillons barbelés (Opuntia). Pour que la protection conférée par les piquants soit aussi efficace que possible, 1l faut qu'ils couvrent surtout les organes les plus jeunes, qui sont plus délicats et plus exposés aux attaques des herbivores. Aussi les piquants naissent-ils très tôt lors du développement des feuilles et des saillies foliaires ; ils forment un bouquet qui couronne le sommet de la tige (Euphorbia echinata, Eughorbia Bojeri, Pilocereus strictus). Chez beaucoup d'Euphorbia et de Cactacées, le sommet est même dé- primé : il est ainsi d'autant mieux protégé par les piquants qui couvrent les côtes et les saillies (Euphorbia virosa, Echinocactus Grusonii Mamillaria). La précocité des épines est aussi marquée chez les plantes à feuilles charnues. Chez les Agave, elles ont déjà atteint leur complet développement sur des feuilles très jeunes; comme celles-ci sont fortement serrées, les épines de chaque feuille s’imprimenten creux dans les faces supé. rieures et inférieures des feuilles précédentes et sui- vantes. Pas mal de Cactacées et d’autres plantes grasses, cependant, ont perdu leur armure. Il faut donc que ces espèces possèdent d’autres moyens de défense contre les herbivores. Les Gasteria ont les feuilles couvertes d'un épiderme très dur et très épais, qui est le plus fort le long des bords et qui y forme souvent une sorte de scie. La dureté de la couche périphérique suffit sans doute à écarter les ennemis. La même chose se remarque chez Ariocarpus. Ailleurs, ’immunité vis-à-vis des herbivores est assu- rée par l'habitat de la plante. Les Rhipsalis et les Phyl- locactus ont quitté le sol pour aller vivre dans la cime des arbres, où les herbivores ne peuvent pas les poursuivre. De même, les Cactacées-lianes, par exemple Cereus hama- tus, ont dù renoncer aux aiguillons. D'autres encore ont remplacé la défense à l’aide de piquants, par la faculté de se rendre invisibles, comme nous allons le voir plus loin. Enfin, il én est qui ont acquis des matières toxiques ou très désagréables au goût. Beaucoup de plantes grasses, en effet, ont un goût extrèmement désagréable, qui suffit à les faire éviter par les herbivores (Aloë plicatilis, Agave altenuata). Chez les Euphorbiacées, les Asclépiadacées et certains Mamillaria (Mamillaria centricirrha), les substances repoussantes et toxiques sont contenues dans un liquide spécial, généra- lement blanc, le latex, qui s'écoule en abondance à la moindre blessure. I y a un grand nombre de Cactacées qui échappent à la vue de leurs ennemis. Ils n’ont pas l'aspect des plantes vivantes, pleines de sèves et bonnes à manger, mais de plantes mortes et desséchées ; de même, le plus souvent, leur couleur se confond avec celle du sol, et, par ce fait, elles deviennent invisibles. Tantôt, ce sont les aiguillons de teinte grise, jaune ou brunâtre, qui cachent les organes verts sous-jacents (Mamillaria stellata), tantôt les épines ont pu disparaitre complètement; c'est dans ou sous l’épiderme que siège la coloration protectrice (Pele- cyphora aselloides, Echinocactus myriostigma). Pour bien se rendre compte de la facilité avec laquelle on confond ces plantes avec le sol ou avec des plantes mortes, il ne faut pas les regarder dans une serre, où elles sont culti- vées en pots, mais en plein air, où elles se trouvent parmi des rocailles. Il ya plusieurs espèces, pourtant de grande taille, qui passent inaperçues au premier abord (Cereus aggregatus, Cereus dubius). Après qu’on les a trouvées, on se demande encore si l’on a sous les yeux des plantes vivantes ou hier de petits tas de brindilles enchevétrées. * x * Les graminées sont en général ou utiles ou indiffé- rentes. Il parait cependant qu'il peut en exister de. toxiques; c’est du moins ce qu'a reconnu M. E. Boman, qui vient de décrire deux stipa comme susceptibles de sécréter de l’acide cyanhydrique — vulgo acide prussique — qui n’est pas précisément à boire dans un petit verre. Ces deux stipa sont indifféremment appelés par les indi- gènes Viscachera. Ils sont sporadiques et assez rares dans la République Argentine et dans le sud de la Bolivie ; il y à généralement plusieurs dizaines de kilomètres entre un endroit où l’on trouve des Viscacheras et un autre. Elles poussent toujours au pied des montagnes ou dans les étroites vallées formées par elles (Quebradas) dans un terrain d’alluvion très pierreux. L'effet toxique de ces graminées est très puissant : les chevaux, les mulets, les ânes qui en mangent, meurent deux ou trois heures après en avoir pris, même en petite quantité, Les Indiens disent que les lamas aussi bien que les bœufs peuvent en manger sans danger, mais 1l est plutôt probable que ces bêtes n’en margent pas. Ce sont seulement les animaux étrangers qui broutent les Viscacheras, ceux du pays n’en mangent pas, ce qu’on peut d’ailleurs aussi constater pour d’autres plantes véné- neuses. M. E. Boman a assisté seulement à un cas de mort occasionné par la Viscachera. C'était à Pucara, dans le département de Rinconada (Puna de Jujuy), à 3.000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un Indien, allant en Bolivie, y passait la nuit à la belle étoile, au pied d'une colline couverte de touffes de Stipa leptostachya. Comme tous les Indiens du haut plateau, il voyageait à pied, ses bagages chargés sur un âne. Laissé en liberté pendant la nuit, l’âne mangea de la Viscachera et mourut. M. Boman vit l'animal dix minutes avant sa mort; il était couché sur le sol, les jambes et la tête raides et étendues ; on observait de temps en temps des contrac- tions musculaires assez violentes. La respiration était difficile et irrégulière, les yeux de l’animal vitreux et les pupilles dilatées, tout le corps était mouillé de sueur. Les routes qui mènent à la République Argentine en Bolivie traversent les steppes arides du haut plateau de la Puna de Jujuy; de nombreux troupeaux de mulets, portant des marchandises, ou conduits en Bolivie pour y être vendus, fréquentent ces routes. À un endroit nommé Barrancas, on voit le long du chemin beaucoup de Stipa hystricina; les muletiers connaissent bien cet endroit, et ils font toujours passer au grand galop leurs bêtes pour qu'elles ne mangent pas de Viscachera. Un fait curieux est que, dans certaines régions du haut plateau, sauvages et méfiants sont presque entièrement à l'abri des visites des étrangers par la Viscachera qui forme une véritable barrière autour d'eux. C'est ainsi que les Indiens de Susques (Puna de Atacuma) ont réussi LE NATURALISTE 14 A jusqu’à nos jours à rester presque indépendants des trois républiques : Bolivie, Chiliet Argentine, qui, chacune à leur tour, ont prétendu exercer leur souveraineté sur eux ; 1l y a deux ou trois ans encore, ils avaient conservé leur communauté indépendante au milieu des labyrinthes des montagnes. : Les Viscacheras conservent leur toxicité même lors- qu'elles sont sèches, bien que les Indiens prétendent qu'elles sont plus vénéneuses lorsqu'elles sont vertes, L'élément toxique est l'acide cyanhydrique. Pa On sait que chez la Pulmonaire, de même que chez la primevère officinale, où le fait est bien connu, ily a deux sortes de fleurs, les unes à court style et les autres à long style. M. Edmond Gain (1) s’est proposé d'étudier ces curieuses variations par la méthode de la statistique. Voici comment il faut procéder : Dans une localité dé- terminée, on récolte un grand nombre de tiges de Pul- monaires, prises sur des rhizomes éloignés de deux ou trois mètres de distance. Sur chaque tige, on prélève une fleur complètement épanouie. On mesure très exacte- ment la distance du stigmate à l’anthère, la taille du style et celle de l’étamine. On constate que certaines dimensions sont plus fréquentes et d’autres beaucoup moins. Les chiffres qui expriment la fréquence relative, pour chaque dimension enregistrée, permettent d'établir les polygones de variation. Sur la ligne des abscisses, on place des points équidistants qui expriment les dimen- sions en demi-millimètres. On élève, en chaque point, des perpendiculaires dont les hauteurs sont proportion- nelles aux chiffres qui expriment les fréquences cons- tatées. Voici les principales conclusions que M. Gain a pu tirer sur l’hétérostylie de la Pulmonaire. A. La distance moyenne du stigmate à l’anthère est aussi la distance la plus fréquente. Chez les Pulmonaires brévistylées, cette distance est plus faible d’un tiers de ce qu'elle est chez les brévistimonées, Pour quatre sta- tions des environs de Nancy, ces deux valeurs sont res. pectivement de 3 mm. 02 et 4 mm. 45. Elles sont donc entre elles comme 100 est à 147, Les distances extrêmes qui ont été constatées, sont 0 et 8 mm. 5. Dans les diverses stations, les quatre distances moyennes ont varié respectivement, suivant les races _ géographiques locales, de 2 mm. 74 à 3 mm. 8% pour les brevistylées, et de 3 mm. 66 à 4 mm. 80 pour les brévis- témonées ; l’hétérostylie est donc plus ou moins accusée chez les divers individus et chez les diverses races. Sur 1000 individus, on a même trouvé une plante brévistylée où la distance du stigmate à l’anthère était presque nulle. B. La longueur du calice et la longueur du style sont deux qualités qui varient ordinairement en un sens inverse, chez les deux types brévistylés ou brévistémonés. HENRI COUPIN. Observations SUR LA LARVE ET LA NYMPHE du PROCRUSTE CHAGRINÉ DEUXIÈME PARTIE Les notes qui suivent ont trait à une larve dont je ne pus obtenir la nymphe, mais dont je suivis et notai l’évo- lution presque jusqu’au moment de la nymphose. (1) Revue générale de botanique, 1905. Au moment de sa capture, le 42 janvier, cette larve, légèrement plus petite que les précédentes, était occupée à dévorer un escargot. Instruit par celte circonstance, tout autant que par les expériences précédentes, je placai donc mon nouvel élève dans des conditions identiques à celles où j'avais élevé ses deux congénères. Toutefois, le retour du froid m'ayant empêché de lui trouver de nourriture appropriée, je me trouvai dans l'obligation de laisser jeüner ma larve pendant une douzaine de jours, ce qu’elle eut l’air de supporter assez aisément, bien que le rapprochement de ses anneaux indiquât un amaigris- sement certain. Le 24 janvier, ayant pu lui procurer deux limaces de petite taille, elle se précipita dessus aussitôt et les dévora Fig. 1. — Larve grossie du Procruste chagrine. très rapidement; elle fit subir le même sort à une grosse limace de cave que je lui donna! le soir, mais, bien qu’elle eût commencé à la couper en deux et ceci avec beaucoup de promptitude, elle continua de s’en nourrir durant trois jours. Il est vrai que ce repas lui fut d’un profit très réel, car elle se mit à enfler beaucoup, au point que ses tégu- ments membraneux devinrent apparents entre chacun des anneaux de chitine. À dater de ce moment, elle aban- donna le peu qui restait de la limace et s’enfouit sous terre ; je fus donc obligé peu après de la déranger afin de pouvoir l’examiner, et le 29, au soir, l’ayant prise dans la main, le temps d'humecter la terre du bocal, je remar- quai que sa peau était crevassée longitudinalement sur les trois premiers arceaux et que la tête semblait vouloir se dégager; je la replaçai donc aussitôt dans le bocal afin d'observer sans interruption ce qu'elle allait faire. Depuis ce moment, elle se plaça tantôt sur le dos, par- fois sur le ventre, se recourbant, dans l’un et l’autre cas, en arc de cercle, c’est-à-dire rejetant brusquement en arrière la tête et les arceaux de l’abdomen, avec des mouvements sensiblement analogues à ceux de certains clowns. Ces différents mouvements eurent très rapide- ment pour effet de fendre la peau vers l'extrémité de l'abdomen et, une heure après, la larve avait réussi à dégager la tête ainsi que les trois premiers et les trois derniers arceaux du corps. À ce moment toutes ces par- ties étaient d’un très beau blanc, à l'exception des yeux qui étaient noirs ; quant à la larve, elle était sur ses pattes, relevant ses derniers arceaux, baissant la tête vers la Es Ê 12 LE NATURALISTE terre et faisant tous ses efforts autant pour fuir la lumière de ma lampe que pour se débarrasser du restant de sa dépouille. Le 30 au matin, à 7 h. 1/2, je la trouvai entièrement dégagée et devenue d’un brun rouge obscur, presque noir; la tête paraissait plus courte et plus large et les mandi- bules plus robustes qu'avant cette nouvelle mue, Le {er février je lui donnai une limace moyenne, puis une grossele 4, qu’elle se mit à manger mais sans grand faim, car elle en avait encore des restes le 7 auxquels elle cessa même complètement de toucher. Le 8 au soir, l'ayant trouvée au fond de la terre du bocal où elle s'était aménagé une loge, je la dérangeai pour me rendre compte de ce qu’elle faisait, et deux jours après je la retrouvai au fond du bocal où elle avait re- commencé une loge semblable à la précédente. Je la repris alors et afin de pouvoir l’observer tout à mon aise, je retirai l1 majeure partie de la terre de mon Fig. 2. — Tête grossie vue par sa face inférieure. flacon, et tassai le reste très fortement. La larve chercha bien à plusieurs reprises, pendant les jours suivants, à creuser de nouveau pourse terrer, mais elle finit par y renoncer et rester à la surface, C'était bien le résultat que je voulais obtenir, mais la larve avait dû pâtir de ces dérangements et de ces efforts inutiles, car ses anneaux s'étaient fortement resserrés, preuve d’amaigrissement, ainsi que nous l’avons dit précédemment. Le 17 au matin, l'ayant trouvée sur le dos, les pattes raidies et écartées latéralement comme on le remarque chez les larves qui vont se transformer, je pris la précau- tion de lui creuser une légère cavité à parois bien battues et de l’y placer étendue sur le dos, mais quelques instants après je la retrouvai essayant de creuser la terre pour s'enfouir de nouveau. Toutefois celle-ci était trop tassée et trop dure pour être entamée facilement par un animal aussi proche d’une transformation, et lescir, en effet, je retrouvai ma larve ayant mué à la surface sans avoir pu avancer son travail. Cette fois, par exemple, la dépouille, en parfait état de conservation, n'était fendue que sur le dessus des trois anneaux du thorax; quant à la mue, elle devait remonter à plusieurs heures, car la larve était déjà d’un brun noir sale. — Il est bon de signaler que les mandibules et les pointes terminales du dernier arceau de la dépouille étaient couvertes de terre qui s'était des- séchée et y était restée adhérente. Cette particularité in- dique, .en effet, d’une façon bien évidente que la larve, au moment de changer de peau, s’archoute fortement sur ses pattes en prenant comme point d'appui, d’une part, la tête qui mordle sol, de l’autre, les pointes abdo- minales qui s’ancrent dans la terre. À partir de cette mue, la seconde que je constatais depuis sa capture, la larve se mit à manger avec vora- cité toutes les limaces que je lui fournissais, à ce point que, vers les derniers jours de février, lui en ayant donné une fort grosse, elle l’attaqua sans hésitation et la dévora entièrement en moins de seize heures. Quelques limaces plus petites eurent ensuite le même sort, puis la larve chercha à s’enfoncer, se livrant à de violents soubresauts chaque fois que je voulais l’en empêcher et surtout que je plaçais mon bocal au jour ou à la lumière pour l'examiner plus commodément. Le 20 mars s'étant néanmoins écoulé sans qu’elle se fût transformée, je la plaçai le soir même sur de la terre fraiche, au fond de laquelle je la trouvai tapie le lende- main matin ; cette fois je la laissai agir à sa guise etje fis bien, car j'assistai à quelque chose de curieux : le 22, en effet, je pus constater que la terre du bocal était sou- levée en son milieu en une sorte de dôme et que, tout autour de la base de ce monticule, la larve avait aménagé Fig. 3. — Patte de la 3° paire vue par sa face inférieure, 6 trous ronds disposés à intervalles parfaitement régu- liers et aboutissant évidemment à une loge centrale. A. l’'ane des ouvertures apparaissait la tête de la larve comme étant à l'affut d’une proie quelconque. Cependant les jours suivants s’écoulèrent sans modi- fications appréciables, la larve continuant à se tenir tantôt sur le ventre, tantôt sur le dos, inclinant de temps à autre sa tête sur sa poitrine, comme toujours prête à se transformer et ne se transformant en somme jamais. Bref, à partir du 12 avril, soit que mes observa- tions eussent jeté du trouble dans son organisme, soit par suite des effets de la captivité, la malheureuse larve commença à donner des signes évidents de dépé- rissement. Le plus marqué fut l'odeur infecte qu’elle se mit à répandre chaque fois que je la touchai pour une raison quelconque, odeur fétide très analogue à celle que répandent les grandes espèces de Dytiscus, mais plus désagréable encore s’il est possible. Or jamais auparavant, elle n'avait dégagé d'odeur ap- préciable si ce n'est celle du liquide que les larves de Carabes rendent habituellement par la bouche pour se défendre. Enfin, quelques jours après, soit le 25 avril, je la trouvai morte sans qu'elle eût même eu la force d'ébau- cher cette métamorphose définitive qui ouvre aux larves des arthropodes les portes du paradis des insectes. LOUIS PLANET. LA MOUCHE DE GOLOUBATSS J'ai reçu, il y a quelque temps, de M. Attila de Gérando, de Palfava (Hongrie), la communication suivante concernant une petite mouche appelée par les Hongrois mouche de Goloubatss, mais dont le nom scientifique est Simulia Kolumbaczensis, qui cause pendant six semaines de l’année de terribles ravages parmi les personnes et les animaux habitant le défilé du Bas-Danube. La mouche de Goloubatss est à peine longue de 2 mm. 5 et est parente du moustique (Mosquito) et de la mouche tsétsé qui désolent l'un l'Amérique du Sud, l’autre l'Afrique centrale. Elle se nourrit exclusivement du sang d'animaux à sang chaud et s’en montre fort avide. Pour satisfaire cette avidité, elle possède tout un arsenal d'armes offensives, c'est-à-dire d'instruments de perforation et de succion d’une perfection admirable et d'une grande puissance relative. Ces organes sont placés dans sa bouche. La piqûre d'une mouche de Goloubatss provoque une enflure qui atteint chez certaines personnes la grosseur d'une noix avec accompagnement dé fortes démangeaisons et même de fièvre. Cela ne tient pas seulement à ce que la peau a été entamée. Quand elles font une piqüre, les mouches de Goloubatss ont l'habitude d'y faire couler de leur bouche une espèce de salive que leur fournissent des glandes spéciales; le but de cette opéra- tion est d'éclaircir le sang et de le rendre plus facile à pomper. Or, ce liquide est fortement vénéneux. Un certain nombre de piqüres simultanées peut amener la mort. Aussi, quand un animal est attaqué par tout un essaim de ces mouches, son salut dépend du succès de la défense qu'il leur oppose. L'homme est le mieux organisé pour cette défense; il est donc rare qu’il périsse, mais on a des exemples d'enfants au berceau, qui, laissés seuls en plein champ, ont été tués par les mouches de Goloubatss. On cite aussi le cas d’une femme court vêtue, qui fut tellement piquée aux jambes, qu’elle en mourût. Tous les ans, les mouches de Goloubatss font des victimes, surtout parmi les bêtes à cornes, et l’on cite certaines années où leurs ravages ont été considérables et où des centaines de bes- tiaux sont morts des suites des piqûres qu'ils avaient reçues. Quand un essaim de ces mouches aperçoit un bœuf ou une vache, elles s’abattent sur tout le corps de la bête, mais se fourrent plus particulièrement dans les plis de la peau et re- cherchent aussi de préférence la tête, le cou, le poitrai!, le ventre, les Jambes, les organes génitaux, tous les endroits où le poilest ébouriffé ou rare. Dès qu'une mouche s’est frayé un passage à travers le poil jusqu'à la peau, d’autres en foule se pressent à sa suite et viennent s'entasser autour du même point qu'elles se mettent toutes ensemble à piquer et à sucer. Chaque paquet de mouches compte trente à soixante individus, et il y a trois ou quatre de ces paquets sur un espace grand comme la main. Une fois repues,les mouches se laissent tomber à terre et meurent bientôt. Cependant, les plaies de l'animal se mettent à enfler, au bout d'une demi-heure son corps est couvert de tumeurs plus ou moins grosses (hautes de 1 à 2 centimètres et d’un diamètre de 3 à 4 centimètres) où le poil se redresse, hérissé, et d'où le sang ruisselle avec abondance. L'animal éprouve de vives souffrances et tombe bientôt malade. Trois ou quatre heures plus tard il expire. Les mouches de Goloubatss font leur apparition dans le défilé du Bas-Danube vers la fin d'avril ou le commencement de mai. On les rencontre alors dans tous les endroits habités, frais et humides. Quelques jours après leur apparition, elles quittent en masse le défilé, réparties en plusieurs essaims énormes comptant chacun plusieurs millions d'individus. Les essaims se dirigent tous dans le méme sens, tous remontent le défilé, se laissant por- ter par le vent qui, au printemps, souffle constamment d’aval en amont. Ils vont ainsi à travers les terres, rasant champs et pâturages. Contre les animaux isolés, ils expédient des détache- ments, s'ils rencontrent un troupeau suffisamment considérable, l'attaque est générale. Toutes les mouches se gorgent de sang et puis meurent. A celles qui n’abandonnent pas le territoire, incombent le soin de perpétuer l'espèce. C'est dans les affluents et sous-affluents des rivières principales que les mouches de Goloubatss déposent leurs œufs sur un brin d'herbe, une pierre, ou tout autre objet immergé dans le ruisseau ou constamment lavé par son onde. Ces œufs forment, avec la matière visqueuse et gélatineuse qui LE NATÜRALISTE | les tient agglutinés, une découvre plusieurs milliers. La ponte à lieu dans la seconde quinzaine de mai ou dans la première quinzaine de juin. De chaque œuf, après une série de transformations accomplies toutes dans l'eau, nait finalement une mouche au printemps de l’année suivante. Vers la fin d'avril, les jeunes mouches sortent de leurs enve- loppes, se sèchent au soleil, prennent leur vol et commencent à peupler le défilé. Différentes précautions sont prises par les cultivateurs sou- cieux pour préserver leurs bestiaux des atteintes des mouches de Goloubatss. Pendant le jour, ils les enduisent aux parties les plus exposées, de pétrolé, d'huile rance, de graisse rance, ele. Les bestiaux enduits de la sorte sont en outre conduits de pré- lérence pour paitre au bord de cours d'eau assez profonds pour qu'ils puissent y entrer jusqu'au ventre, et sur divers points du pâturage, on dispose des feux à fumée épaisse, près desquels le troupeau se réfugie instinctivement à l'approche des mouches. En dehors de ces précautions, diverses tentatives ont été faites dans le but de supprimer le mal dans son germe, c'est-à-dire de restreindre où même d'empêcher totalement l'éclosion mouches de Goloubatss. Mais aucun des procédés employés n’a donné de résultats. Il est même reconnu à présent que l'on visait un but tout à fait chimérique. peüte boule où le microscope en des Pauz Noer. LA CULTURE DU CAOUTCHOUC AUX ILES HAWAI Depuis l'annexion de ce pays aux États-Unis, les capitalistes espérant un grand essor économique, se sont efforcés d'y établir de nouvelles industries pour créer, en dehors de la canne à sucre, de nouvelles sources de richesse. Nous pouvons relever divers essais : sisal, ananas, banane, vanille, café, cacao, tabac, ricin, etc., dont les résultats ont été plus ou moins encourageants. La culture nouvelle qui semble être appelée à une grande exten- sion, est celle des arbres à caoutchouc. L'idée de la culture des végétaux producteurs du caoutchouc est toute récente, elle est due à la consommation extraordinaire et sans cesse croissante que l'industrie fait de ce produit employé maintenant dans les arts et les industries sous les formes les plus diverses; des milliers d'objets sont maintenant manufacturés, dans lesquels le caoutchouc et la gutta-percha entrent d'une facon indispensable. En particulier, depuis l'emploi du caout- chouc aux garnitures des roues des véhicules, vélocipèdes, voi- tures et automobiles, au pavage des rues, aux chaussures imper- méables, aux tuyaux el courroies, aux tissus élastiques imper- méables ou isolateurs d'électricité, aux cylindres de diverses machines, aux balles pour jeux divers, aux machines à écrire, à des instruments de chirurgie, à des objets vulcanisés, enfin aux tables des billards, la consommation menace de dépasser la pro- duction. Cette production a dépendu jusqu'ici presque uni- quement d'arbres sauvages que le trop fort rendement qu’on veut leur faire donner menace de détruire. L'Europe consomme la moitié de la production totale (évaluée, en 1904, au chiffre de 123.518.000 de livres), les Etats-Unis seuls ont consommé en cette même année 59.015.551 de de caoutchouc brut, plus une valeur de 821.562 dollars de caout- chouc manufacturé. Maintenant, comme chaque année voit surgir de nouvelles applications, non seulement les prix haussent considérablement (62-14 cents par livre en 1892 à $ 1,57 au 4er janvier 1905, en Amérique, et à 6 schillings et 9 pence à Singapoure), mais encore on prévoit que d'ici trois où quatre ans la production du monde entier sera devenue tout à fait insuffisante, et que les industries qui emploient le caoutchouc seront très menacées si l’agriculture ne vient pas à leur secours. Aussi a-t-on proclamé la nécessité de sauvegarder les arbres sauvages et de cultiver les végétaux producteurs. Déjà plusieurs États ont fait des efforts dans ce sens. Jusqu'à présent, les entreprises de cultures les plus considé- rables et les mieux réussies paraissent se trouver à Ceylan et dans la péninsule Malaise. Des tentatives sont faites dans divers autres pays, et l’on a pu dire: « Le caoutchouc est le produit agricole le plus admirable qui existe... et de toutes les cultures livres 14 LE NATURALISTE ——_———————ñ“ñ————— connues c’est celle qui, en proportion des frais de production, commande les prix de vente les plus élevés, de façon à être à la longue bien plus largement rémunératrice et plus sûre même que le sucre. » A Havaï, les premiers essais remontent à l’année 1893, alors que les graines de Ceara et de Ficus, reçues par la station agri- cole, furent semées sur des terrains d’expérimentation au-dessus d'Honolulu, ou distribuées à quelques agriculteurs. La croissance des plantes prouva que le climat était bon, et que tous les soins qu'on y apportait accélérait beaucoup la végétation. Des essais privés furent tentés à Nahiku, sur l’île de Maui, les arbres poussèrent très rapidement, la sève même d'arbres de sept ans fut très abondante et d'une excellente qualité. Des com- pagnies importantes se sont formées pour continuer et étendre cetle culture, en outre beaucoup de petits propriétaires et de colons ont planté isolément des végétaux producteurs de caout- chouc. Cette exceptionnelle production est probablement due à la situation excellente dont jouit Nahiku qui, par son sol volca- nique, favorable au drainage, offre au Ceara qui n'aime pas les eaux stagnantes, le meilleur terrain pour sa croissance rapide. Les plantations s'y élèvent en pente douce du bord de la mer, jusqu'à une élévation de 1.100 pieds. La température y varie de 70 à 90 degrés Fahr., la quantité de pluie y atteint 250 pouces par au ; de plus, les plantations y sont très accessibles et bien à la portée des voies de transport. Le nombre de variétés connues d’arbres produisant le caout- chouc est assez considérable comme il appert d’une monographie très complète, publiée par le Tropenpflanger (mai 1905), et il semble y avoir des variétés adaptées à toutes sortes de climats et à toutes sortes de terrains. En Hawaï, les principales espèces essayées, sont celles dites : Ceara (Manihot, Glazowi, Muell) et Hevea Brasiliensis. Le Ceara s'adapte facilement à des conditions très diverses; sa croissance est rapide, et dès la troisième année son rendement est bon et augmente jusqu'à la vingt-sixième année. Ses graines sont de la grosseur de noyaux de cerises et moirées comme celles du ricin. Leur germination est longue et difficile si on n’a pas eu la précaution d'entamer avec un coufeau l'écorce très dure qui les entoure. Le Hevea produit la qualité supérieure connue sous le nom de caoutchouc Para, sa croissance est beaucoup plus lente que celle du Ceara. Il est plus gros et atteint un meilleur rendement. Les plantations se font par semis ou par drageons. Dans les plantations systématiques, on plante les caoutchou- quiers en quinconce à des distances variant depuis 6 par 10,jus- qu'à 12 par 15 pieds, ce qui donne 240 à 726 arbres par acre. Il n'est pas avantageux, au point de vue de la sève, de les tenir trop serrés. Les frais de défrichement et plantation s’élevant à 10 et à 15 dollars par acre, le prix de revient de chaque plante germée est environ de 30 cents (1 fr. 55). La culture de ces arbres est très élémentaire. Elle exige seu- lement quelques sarclages; quelquefois on plante entre les caoutchouquiers pendant leur croissance, des caféiers ou des cacaoyers qui sont enlevés plus tard, la production du caout- chouc étant beaucoup plus rémunératrice que celle du café ou du cacao. La récolte du caoutchouc se fait par clarification, au moyen d'incisions longitudinales pratiquées dans l'écorce sans entamer le bois, accompagnées par d'autres incisions courtes, -demi- transversales ou en forme de V. Ces incisions sont rafraichies de temps en temps pour activer l'écoulement de la sève qui est recueillie au bas de l’incision verticale. Cet écoulement atteint son maximum quatre ou cinq jours après la scarification et con- tinue pendant plusieurs mois. L'’écorce repousse ensuite et recouvre ces incisions, de telle sorte que, six ou sept mois après, de nouvelles scarifications peuvent être pratiquées sur les anciennes. Le travail de scarification est simple et facile ; il peut être fait par des femmes ou des enfants. Le suc est recueilli dans des récipients placés au bas de chaque incision. On ajoute à ce suc quelques gouttes d'acide acétique pour activer la coagulation, après quoi on en forme des pains qui sont séchés au soleil, Les compagnies de Nahiku posséderont d'ici deux ans 500.000 arbres parfaitement enracinés. Les premiers bons rende- ments commenceront vers 1912. On avait attribué aux caoutchouquiers l'avantage de ne pas avoir d’ennemis ni de parasites, cependant les planteurs de Nahiku ont constaté l'apparition d’un petit insecte sauteur qui attaque les graines, mais qui a été facilement exterminé. Les compagnies de Nahiku vont essayer encore d’autres espèces : le Castilloa Nicoyansis et le Castilloa elastica, ainsi que le Ficus elastica de la Malaisie qui, dit-on, pousse encore plus rapidement que le Ceara, mais dont le suc est d’une qualité fort inférieure. Cependant, si la pratique prouve la bonne accli- matation du Hevea, les planteurs remplaceront petit à petit toutes les autres espèces par ce dernier, qui produit le suc de meilleure qualité. : D'autres essais ont été faits dans d'autres îles de cet archipel, notamment dans les îles d'Oahu à Koolau, ou sur Hawaï et sur Kauaï, De tous côtés, on cherche à étendre cette culture qui, comme on l’a vu, présente d'énormes avantages : frais de culture et d'entretien réduits au minimum, après la première installation, et presque nuls quand l'arbre est arrivé à son développement normal; mode de récolte très simple, permettant l'emploi des bras les moins habiles, par conséquent, frais très minimes; par contre : production sûre, régulière, constante et de longue durée ; débouchés toujours assurés; produit facile à manier et n'exi- geant pas d'outillage. Le succès des plantations de caoutchouc à Ceylan et en Malaisie démontre les avantages que cette culture pourrait vraisemblablement présenter pour les colonies françaises de l’Indo-Chine et de l'Afrique tropicale si elle y recevait les encouragements de l'administration. La récolte du Ceara à Maui et à Samoa prouve indubitablement que ce même arbre pourrait, en fort peu de temps, permettre la création d'une nou- velle et importante industrie à Tahiti, aussi bien qu'à Madagas- car, où se trouvent des conditions de sol et de climat très sem- blables à celles existant en Hawaï, ACADÉMIE DES SCIENCES Emersion crétacée en Grèce. — (Note de M. Pu. Necnis, présentée par M. ALBERT GAupRY). L'absence de l'Éocène et mème des couches plus récentes au- dessus du crétacé d’une grande partie de la Grèce Orientale con- duit à la conclusion qu'avant l’Éocène eut lieu une grande émer- sion considérable. Cette émersion d’après, les recherches de l'auteur, s'est faite suivant une direction nord-est. Bien que cette orientation se retrouve souvent sur les couches crétacées les plus superficielles, au milieu de beaucoup d’autres, comme cela ressort des données recueillies par M, Gaudry (1), les plissements plus récents semblent avoir surgi avec plus d’inten- sité sur ces couches et masquent généralement le mouvement crétacé. Au contraire, dans les couches plus profondes, {les plisse- ments plus récents ont eu, paraît-il, moins de prise, comme cela est arrivé en Provence, en France, et l’on trouve alors l’orienta- tiou nord-est bien nette. Avec les plis crétacés ont interféré, plus tard, les plis pyré- néens, en donnant lieu à des chevauchements grandioses, dont nous n'avons reconnu ci-dessus qu'une partie. Les plis pindiques ou alpins sont encore venus compliquer davantage la tecto- nique de la région, mais le substratum trahit le plissement cré- tacé nord-est en dépit des plissements plus récents. Le gisement de Vertébrés fossiles de Maragha. (Note de M. de MecouEnE», présentée par M. ArBerr GAuDry.) M. de Morgan, délégué général du ministre de l'Instruction publique en Perse, ne s’est pas contenté de faire les belles décou- vertes archéologiques que l’on connait; il s’est également préoc- cupé de rechercher des documents pour l'avancement des sciences naturelles; c’est ainsi qu'il a chargé M. de Mecquenem d'étudier le gisement de Vertébrés fossiles de Maragha, dans la province d’Azerbeidjan. 4 L'auteur a passé une partie de 190% à explorer ce gisement, et a dressé une carte géographique et géologique de la région. Grâce à la bienveillance des autorités persanes, il a pu faire une ample récolte d’ossements. Ces ossements ont été envoyés au Muséum d'histoire naturelle où le laboratoire de Paléontologie, dirigé par M. Boule, l’aide avec beaucoup de talent et d'activité à la préparation des fossiles. Ce long travail ne sera achevé que dans quelques mois; mais, dès maintenant, on peut se rendre compte des nombreuses espèces représentées, parmi lesquelles l'auteur cite : une tortue et un oiseau de la famille des Ratités; des carnivores tels que la Hyœæna eximia et l'Iclitherium hippa- EIRE ER PERS PE (1) Géologie de l'Attique, p. 391. LE NATURALISTE 15 rionum ; l'Ictitherium robustum, un Hyænarctos, un Felis et le Machawodus orientalis: de nombreuses espèces d’antilopes, parmi lesquelles la Gazella brevicornis, le Tragoceros amal- theus, le Palæoreas Lindermayeri; puis l'Urmiatherium Po- laki, l'Helladotherium Duvernoyi, une girafe, le Sus erymant hius, l'Hipparion gracile, un Macrotherium, Y'Acerotherium Persiæ, le Rhinoceros Morgani, le Mastodon Penltelici etle Mesopilthecus Pentelici, Les espèces de Maragha sont, en général, voisines de celles de Pikermi et de Samos. L'auteur cite et décrit l’Urmialherium Polaki etie Rhinoceros Morgani, qui sont jusqu'ici spéciaux à cette faune. Recherches sur une prétendue ovulase des sperma- tozoïdes. — (Note de M. AnroxEe PizoN, présentée par M. Yyes DELAGe.) Parmi les diverses théories qui ont été formulées dans ces der- nières années sur les causes de la segmentation de l'œuf, une des plus séduisantes est celle de Piéri qui fait intervenir comme fac- teur déterminant de la segmentation ovulaire, l'action d'un ferment soluble qu'il a appelé l'ovulase et qu'il aurait préparé en agitant tout simplement pendant un quart d'heure du sperme d'oursin (Strongylocentrotus lividus et Echinus esculentus) dans de l'eau de mer ou dans de l’eau distillée, Ce liquide filtré à travers un filtre en papier, puis mélangé avec des ovules contenus dans de l’eau de mer ordinaire, aurait provoqué un certain nombre de segmentations jusqu'au stade morula. L'auteur s'est livré à son tour à des recherches sur le même sujet, en suivant une technique sévère échappant aux critiques que celle de Piéri soulevait. Orles conclusions qui se dégagent de l’ensemble de ses recherches, c’est l'absence bien nette d'un fer- ment soluble d’origine spermatique qui provoquerait la segmen- tation de l'œuf. Un nouvel ennemi des caféiers en Nouvelle-Caiédo- nie. — (Note de M. I. GarrauD, présentée par M. Gasron BonNiEr.) Il s’agit dans cette note d’une maladie ayant fait récemment son apparition dans les plantations de caféiers de Moindon sur la côte occidentale de l'ile. Cette maladie est occasionnée par un champignon Pellicularia Holeroga. Ce champignon estun parasite superficiel, les filamcnts rampent à la surface du caféier, et tous les organes aériens (tiges, feuilles, fleurs et fruits) présentent à leur surface des filaments allongés, brun clair, qui fréquemment s’étalent en une sorte de pellicule de couleur jaune brun. De place en place on remarque des spores sessiles, rondes, échinulées, placées latéralement par rapport aux filaments. Cette maladie se développe à l’époque des pluies, au moment où les arbres sont en pleine vigueur, on voit les feuilles pâlir et bientôt l’arbre tout entier dépérit et meurt. Le fait que ce parasite est uniquement superficiel, permet d’es- pérer qu'on pourra trouver un traitement efficace contre cette maladie, puisqu'on peut facilement atteindre le parasite sans grand danger pour son hôte, Sur l'existence de laticifères à caontchouc dans un genre de ménispermées. — (Note de M. Jacours Maxeu, présentée par M. Gurenan».) Différentes espèces de Tinomiscium renferment dans leurs pa- renchymes des conduits remplis d’une substance élastique, pos- sédant tous les caractères du caoutchouc. Ce sont des tubes pou- vant atteindre une longueur de 125 à 150u, sur un diamètre de de 12p à 40 y, disposés dans le sens de l'axe où ils s'étendent parallèlement les uns aux autres en restant isolés ou en chemi- nant côte à côte. Les parois minces, cellulosiques, n’offrent aucune différencia- tion spéciale et jamais, même dans les bourgeons ou les jeunes rameaux, on ne rencontre de parois {ransversales séparant les volumineux noyaux. On est donc ici en présence de laticifères paraissant inarticulés. Ces laticifères se meltent en contact les uns avec les autres, soit par leurs parois longitudinales, soit par leurs extrémités en biseau. Les membranes en contact s’amincissent et, comme elles n'offrent plus à la pression du latex qu'une faible résistance, elles se courbent dans la cavité de l’un des laticifères et finissent par se rompre. Les débris de la membrane rompue flottent dans la cavité cellulaire ou disparaissent complètement. Le latex est opaque, granuleux; il est insoluble dans l'eau ; l'alcool absolu n'en dissout qu'une faible partie constituée par des résines. Il se dissout complètement dans le chloroforme, le sulfure de carbone, le benzène, le xylène, le toluène. Il n’est pas complètement soluble dans l’éther comme la gutta. Cette matière est résistante et élastique, à tel point que, si l’on brise une écorce, un rameau ou un limbe, les fragments restent unis par de nombreux filaments blancs el soyeux, La localisation de ces laticifères dans les divers organes de la plante est très nette. La majorité des espèces actuellement connues du genre Tinomiscium montrent dans leurs parenchymes des laticifères inarticulés. C’est la première fois qu'on signale la présence d'organes sécréteurs de cette nature dans la famille des ménis- permées. MALADIES DE L'IMMORTELLE À la suite de recherches faites par divers savants et notamment par M. le professeur Mangin, de Paris, M. le D' Moursou, dans une communication qu’il a faite à la Société d'agriculture, d'horticulture et d’acclimatation du Var, a rangé les affections de l’immortelle en trois groupes principaux parfaitement caractérisés. lo Maladies venant du fait de l'apparition des pucerons dans l'épaisseur des diverses couches de l'écorce de la tige et des principaux rameaux de l’immortelle malade. Ces pucerons se présentent tantôt à l’état isolé, tantôt associés sous forme de plaques. Leur grandeur varie de un demi-millimètre à 1 millimètre et demi et leur colo- ration du brun chocolat au blanc argenté suivant leur vitalité et leur état de dessiccation. 20 Maladies provenant de vers blancs. Ces petits vers blancs ou larves attaquent et rongent, d'après M. Claude Brun, les racines de l’immortelle, tandis que MM. Mangin et Moursou, à la suite d'examens répétés déclarent que les racines des pieds examinés étaient absolument sains, c'est la tige seulement à partir du collet, qui montre soit dans la moelle, soit dans le bois des galeries remplies de sciure de bois compacte, indiquant le passage des larves d'insectes. Comme le fait remarquer M. Moursou, on ne saurait trop insister sur l'importance de la localisation du mal dans une partie de la plante plutôt que dans une autre, car si les racines proprement dites sont dévorées par les larves de préférence à la tige et à ses divisions, divers insecticides notamment le sulfure de carbone, injectés dans le sol au pied de la plante devraient pouvoir arrêter leurs ravages, tandis que ce procédé n'aurait aucune efficacité si l'insecte dépose directement son œuf, d’où sortira la larve, dans la tige et les principales branches aériennes de la plante. L'insecte qui donne naissance à la larve auteur des dégâts signalés est inconnu à MM. Mangin et Moursouet les recherches de ce dernier vont tendre à la surprendre dans son œuvre de destruction, pour ensuite la déter- miner. 3° Maladies provoquées par les anguillules découvertes par M. Mangin dans les capitules de la fleur et connues sous le nom de maladies de la rouille. D'après M. Mangin qui a examiné des échantillons de plantes atteintes de cette maladie, beaucoup de capitules paraissent sains, d’autres plus petits présentent dans le cœur la tache brune caractéristique. Si on écarte les fleurs ligulées, on voit qu'elles présentent à leur base une teinte brune plus ou moins foncée, et les fleurons du centre sont frappés d'un arrèt de développement, les : poils pluri-cellulaires du calice, les pétales sont marbrées 16 LE NATURALISTE de taches dues à la masse protoplasmique contractée et brunie. On n'apercoit pas trace de champignon ou de bactéries parasites, mais si l’on dissèque avec soin les fleurs brunies, on voit dans chacune d'elles un certain nombre d’anguillules contournées sur elles-mêmes et en état de vie ralentie; leur nombre varie pour chaque fleuron de 1,8 ou 10, et dans chaque capitule malade on peut en compter plusieurs centaines. On remarque que les régions des fleurons où sont ré- fugiées les anguillules ne sont pas altérées, c'est à l’ex- térieur, sur les poils du calice, sur la corolle et sur les pétales, qu’on aperçoit les taches brunes caractéristiques, les anguillules n'ont sans doute pénétré dans les fleurons que pour y chercher un refuge contre la dessiccation pro- gressive des capitules et c’est là qu'elles ont pris létat de vie ralentie. Quand les capitules sont envabhis avant le développe- ment des fleurons, ceux-ci avortent tous etles anguillules vont se nicher entre les fleurs ligulées les plus internes et à la base, Dans tous les échantillons observés, les tissus envahis sont frappés de nécrose « sans hypertrophie » des tissus sous-jacents. M. Mangin ignore encore le mode de pénétration et les conditions de vie de ce parasite, car à l'époque où cet observateur a fait connaître les remarques qu'il avait faites concernant cette maladie, la période de végétation n'était pas encore avancée. Cependant l'intégrité du pé- doncule floral exclut l’idée d’un cheminement du parasite à travers les tissus; c’est par l'extérieur que les capi- tules sont infestés. Voici du reste comment M. Mangin conçoit ce chemi- nement. Les anguillules parviennent aux capitules de deux facons : ou bien en grimpant le long de la tige dans le feutrage des poils qui la couvrent et au moment où les capitules sont très jeunes, ou bien la pluie faisant saillir les fines particules terreuses, dépose quelques anguillules au voisinage des capitules, au moment où celles-là vont pondre, et les jeunes, dès l’éclosion, s’insi- nuent dans la partie centrale de ceux-ci. Ce ne sera que lorsque l’on connaïitra mieux le moment exact de l'apparition de la maladie et les diverses évolutions du parasite qui l’occasionne que l’on pourra à coup sur employer les moyens qui parai- tront les plus eflicaces pour les combattre. Bibliographie 294. Adelung (N.). Symbola nova ad cognitionem Blatto- deorum (Orthoptera) Africæ orientalis. Ann. Mus. Zool. de St-Petersb., IX, pp. 417-489. 295. Assheton et Stevens. Notes on the Structure and the Development of the Elephant’s Placenta. Quart. Journ. Micr. Sc. 49, part. I, 1905, pp. 1-38, pl. I-V. 296. 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C’est ainsi qu’on peut rencon- trer à Digne les Adela cuprella Thnb., mazzolella Hb., et rufifrontella TT., à une altitude de 6 à 700 mètres, et capturer, dans les Hautes-Alpes, les Ad. ochsenheimerella Hb. et fibulella F., vers 1.800 mètres environ. Mais s’il n’est pas riche en Adèles, le Midi en possède une qui lui est bien particuhère : l'Adela australis H.S. Parses brillantes couleurs, cette jolie Adèle peut rivaliser avec les nôtres, les septentrionales, car elle ne leur cède ni en éclat, ni en grâce. Sa taille n’égale point celle de Viridella, moins encore celle de Degeerella L., mais elle les surpasse, la première surtout, par la vivacité et la richesse de son coloris. Ses longues antennes blanches à base noire, ses ailes supérieures largement empourprées, avec la base d’un brillant métallique cuivreux et une bande médiane transverse d’un blanc pur, sont d’un bel effet. Ce microlépidoptère est commun dans le Midi et, à son époque, on le voit voler de toutes parts. L’Adela aus- tralis, en effet, ne parait pas avoir de localité préférée. On la rencontre parfois dans les endroits boisés, mais non sous bois comme l’Ad. Degeerellu ou dans les ches- naies, comme la Vüiridella. Les pentes brülées par le soleil lui conviennent aussi bien que celles qui sont exposées au Nord et partant plus fraiches, Disséminée un peu partout, près des touffes de Rhus cotinus, dont les inflorescences semblent lui plaire beaucoup, près des thyms fleuris ou des buissons solitaires de lentisques, de ronce, de prunellier, de troène, ou même de plantes basses comme les Galium, elle ne vole jamais en troupes nombreuses, en essaims tourbillonnants, comme l’Ad. viridella. En outre, son vol n’est ni élevé, ni très rapide. Son apparition dure depuis avril jusque fin juin, suivant les localités et les expositions. C’est dire qu'elle naît avec les fleurs. Bien que très répandue et commune, cette espèce était demeurée ignorée sous ses premiers états. Aussi un de mes premiers soins, après avoir trouvé cette Adela, fut- il d'essayer d'en obtenir la ponte, pour en faire l’éduca- tion. Grâce à l'expérience que j'avais acquise en élevant les Nemophora, Nemotois et Adela, par exemple : Ad. fibu- lella, degeerella, viridella, etc., de la faune parisienne, il me fut facile d'arriver à un bon résultat. J'ai déjà raconté par quels procédés on obtenait les pontes des Adélides et comment ces pontes s’opéraient dans les tiges des végétaux, grâce à la tarière ou oviscapte, dont est munie l'extrémité de l'abdomen des @ & de ce groupe. Je n’y reviendrai pas. Mais, à propos de l’Adela viridella, j'ai une rectifica- tion à faire. M. le Dr Chapman voudra bien me permettre de lui signaler une inexactitude qui s’est glissée dans 2% SÉRIE — N° AS > 15 JANVIER 1906 _ son intéressant article sur cette Adela, dans l’Entomolo- gist monthly Magazine de février 1892. « I find, dit le Dr Chapman, in Le Naturaliste for 4889, a paper by M. P. Chrétien on the life-history of Nemoph. panzerella, by which it appears that he had determined that that species pierced the succulent stems for ovipe- sition, thus anticipating D' Wood’s and my own obser- vations in Micropteryx. He also, appears to be well acquainted with the larva of viridella on the ground, but he had not determined its oviposition. » ; Pardon, j'ai parfaitement connu l’oviposition de l'Ad. viridella, je l'ai même signalée en même temps que celle de Nemoph panzerella dans le Bulletin de la Société entomologique de France, séance du 23 mai 1888, uu an avant mon article du Naturaliste. Après avoir raconté comment j'avais fait pondre des ® ® sur des plantes vivantes, dans ma chambre d'éducation, j'ajoutais : « Une dernière objection pouvait encore se soulever : Ces bestioles agissaient-elles de la même facon à l’état libre? Pondaient-elles sur les tiges de plantes basses, comme elles le faisaient en captivité? A cela je répondrai que, le 44 mai dernier, j'ai pu surprendre une femelle d’Adela viridella voletant parmi des touffes d'orties, puis s'arrêtant tantôt sur une tige, tantôt sur une autre, près du sommet; abaissant alors l'extrémité de son abdomen, elle enfonçait sa tarière dans le végétal et y déposait son œuf, exactement de la même manière que je l'avais vu faire chez moi. » C'est assez clair, — je crois. — M. le Dr Chapman, préoccupé par ses belles recherches, ses importantes observations sur les Lépidoptères — travaux que j'apprécie et admire tout le premier — est très excu- sable de n'avoir pas remarqué cette petite note. On ne peut tout lire. Ilaurait été vraiment singulier que je n’eusse pas connu le mode de ponte de l’Adela viridellu, espèce si commune aux environs de Paris. En raison de son abondance et de la facilité qu’elle offre à l'observation, c'estau contraire une des premières que j'ai étudiées et si, son « oviposition » une fois signalée, je ne me suis plus occupé d'elle, c’est parce que, grâce aux descriptions et aux remarques de Becker et de Breyer dans les Annales de la Société entomologique belge (1860, p. 95), la chenille de l'Adela viridella m'a paru suffisamment connue, tandis que celle de Nemophora panzerella, dont j’ai donné l’histoire, ne l'était pas du tout. : Cela dit, il est temps de revenir à notre Adela aus- tralis. Le fait lui-même de l'extrême dispersion de l’Adela australis et de son indifférence en matière de végétaux était un indice significatif de polyphagie de la part de la chenille. Autrement, comme l'on voit, par exemple, les Adela rufimitrella fréquenter assidüument les Alliaria et les Cardamines en fleurs, Adela rufifrontella se reposer sur les Valerianelles, Adela cuprella rechercher les cha- tons femelles des Saules, j'aurais pu voir, un jour ou l’autre, les Adela australis voleter toujours dans le voisi- nage de la même plante et s’y arrêter souvent. Ce qui n'eut jamais lieu. J'en conclus que la chenille d’australis était polyphage et qu'il était indifférent de présenter aux australis $ une plante plutôt qu'une autre. La plante choisie fut le Teucrium chamædrys, qui présentait cet avantage d'avoir des tiges assez dures et presque sous-ligneuses à la base, mais 18 LE NATURALISTE suffisamment tendres à l'extrémité, permettant de se rendre compte de la puissance et de la force de pénétra- tion de l’oviscapte des femelles. Quelques femelles étant emprisonnées avec cette plante et placées dans les conditions les plus favorables pour la ponte, ne tardèrent pas à opérer. Comme les autres Adela, elles appuient l'extrémité de leur abdomen sur le végétal, enfoncent leur tarière par un mouvement de droite et de gauche, et dans l'ouverture ainsi pra- tiquée déposent un œuf, occasionnant un petit renfle- . ment de la tige. Or, au bout de quelques jours, ce ren- flement paraît grossir, — très peu, il est vrai L’œuf s’accroit-1l en volume, empruntant par endosmose un peu de liquide au végétal ? Ou bien, la blessure du végétal détermine-t-elle un afflux de sève, et par suite un gon- flement ou durcissement des tissus ? Je ne sais. Mais, il est un fait certain — il en est même deux — c’est que les œufs d'Adela qui restent nus, à l'air libre, se dessèchent et n’éclosent pas, etensuite que les renflements subsistent sur les tiges desséchées des plantes, formant de petites uodosités. J’en ai conservé un échantillon. . L'œuf des Adela a donc besoin d’être placé dans un milieu humide, et cela est si vraique j'ai vu des Adela Q sur le point de périr, alors que la partie antérieure de leur corps était déjà devenue inerte, conserver encore à l'extrémité de l'abdomen unreste de vigueur permettant à l’oviducte de déposer quelques œufs dans la terre de mes pots. Cette terre fréquemment arrosée était pour ces œufs un milieu favorable et ils éclosaient. Œuf. —L'œuf d'Adelaaustralis est un ellipsoïde allongé et sensiblement atténué à un pôle; sa surface est presque lisse ou faiblement chagrinée et luisante; sa couleur blanche. Chenille. — Deux ou trois semaines environ après qu'il a été introduit dans un végétal, il sort de cet œuf une petite chenille toute blanche, sauf la tête et les écussons d’un jaune de miel pâle, avec une petite éminence sur le 10e segment déjà sensible, qui tombe à terre presque immédiatement et, se trainant sous les feuilles flétries, mortes, se met à la recherche de très menus objets, grains de terre, parcelles de détritus, etc., pour se couvrir. C’est son premier soin ; après, elle mange. À la base des plantes, il existe toujours d'anciennes feuilles, flétries d’abord, pourries ensuite : c'est parmi elles que s’établissent et se tiennent constamment nos chenilles. Existe-t-il, en outre, quelque fissure ou petite cavité dans la terre, elles s’y blottissent et s’y enfoncent, tant elles aiment à être cachées. Leurs vivres sont tou- jours à leur portée, les matériaux pour le fourreau éga- lement. Quoi de plus, alors ? Du reste, ces chenilles paraissent bien peu actives. On ne se douterait pas que l’on a des élèves dans les pots où elles se trouvent. Pour les voir, il fautécarter les détritus, gratter la terre même. Et encore ne voit-on que des fourreaux, car au moindre mouvement, au moindre froissement des feuilles qui les recouvrent, nos chenilles ferment leur fourreau et ne bougent mais. On conçoit que, dans de telles conditions, il est presque impossible de compter leurs mues. Je ne l'ai pas tenté. Mais j'ai constaté l’accroissement des fourreaux, et cela mérite de retenir un instant l'attention. On sait que le fourreau des Adela est en général folli- culaire, c’est-à-dire formé d’un ou de plusieurs morceaux de feuille sèche découpés en demi-lune ou en croissant par la chenille et ajoutés bout à bout. Le fourreau de "Adela australis forme exception. Aucun morceaularge de feuille n’entre dans sa confection. Tel il est lorsque la petite chenille le fabrique tout d’abord, tel il reste : ses dimen- sions seules s’accroissent. En effet, il peut atteindre 9 à 10 millimètres de long sur # à 5 de large. C’est unellip- soide allongé, étroit, plat, formé de menus grainsdeterre, de fines rognures de détritus, mélangés et comme feutrés avec de la soie grisâtre. Ils’accroit sur les bords et de tous les côtés, de sorte que le fourreau initial fait par la petite chenille est au centre et, si on donnait à la chenille des matériaux de différentes couleurs, terre ferrugineuse, par exemple ou schisteuse, ou calcaire, on aurait des fourreaux à ellipses multiples et bariolées, exactement comme on peut obtenir des fourreaux multicolores de Tinea fuscipunctella Hw. ou pellionella L., en donnant à leurs chenilles des morceaux de laine blanche, rouge, jaune ou noire, etc., ou bien encore comme on voit sur les troncs d'arbres des capuchons de Talæporia zonés de vert, de blanchâtre ou de noirâtre, selon la couleur des lichens qui entrentdans leur composition. Eclosehabituellementen juin, lachenille d’A dela austra- lis arrive à tout son développement avant l'hiver, et même dès le mois d'octobre. Adulte, elle mesure, à peau tendue, 9 à 10 millimètres. Elle a la forme habi- tuelle des chenilles d'Adélides, c'est-à-dire courte, moni- liforme, à segments renflés au milieu et à divisions pro- fondes, atténuée antérieurement, depuis et y compris le 4e segment, et très rétrécie postérieurement, du 10e au dernier segment; les segments 5 à 9 sont les plus épais et égaux. Le corps est arrondi largement sur le dos, mais aplati en dessous ; il subit une certaine dépression en forme de croupe vers les 8° et ,e segments, pour se rele- ver au 10°en une faible éminence; par contre, en des- sous, il y a un renflement progressif du 3e au 5e segment, puis une atténuation légère jusqu’au 9°, lequel est le plus saillant. Sa couleur estblanchâtre, sans ligne ni tache : à peine peut-on distinguer la vasculaire dans le ton géné- ral. Les verruqueux sont médiocres et de la même teinte que le corps : les trapézoidaux sont presque indis- tincts; par. contre, ceux des côtés sont fort saillants et forment de petits mamelons arrondis dans toute la région stigmatale; seuls, ceux-ci ont des poils blonds assez longs. On dirait que les poils des verruqueux dorsaux sont usés par les frottements occasionnés par le va-et- vient dela chenille dans son fourreau : aussi, n’en voit-on pas sur les trapézoïidaux. Tête un peu plate, plus petite que le premier segment et d’un brun rougâtre foncé et même noirâtre vers l’épistomeet les organes buccaux. Le Aer écusson est large, de la même couleur que la tête, mais avec une éclaircie jaunâtre dans le milieu du bord antérieur et une ligne claire médiane; 2° écusson de couleur beaucoup plus claire et blanchôtre, à part les côtés qui sont d'un brun presque aussi foncé que le 4er segment; enfin, le 3° écusson est plus clair encore, corné, assombri sur les côtés. Le clapet est corné; les pattes écailleuses sont fortes, les {°° et 2e articles ren- flés, le dernier grêle et un peu crochu ; leur couleur, ainsi que celle des plaques chitineuses qui les accom- pagnent en dessous des premiers segments, participe à celle des écussons du dos ; les pattes membraneuses sont réduites à des crochets sessiles disposés transversalement, ceux de la quatrième paire ventrale sont de beaucoup les plus nombreux; pattes anales rejetées en arrière formant avec le clapet une sorte de mucron trigone et arrondi. Chrysalide. — Son fourreau reposant à terre ou même LE NATURALISTE 19 enfoncé en terre et fixé aux différents objets qui l’entou- rent, la chenille d'Adela australis se transforme à l’appro- che du printemps en une chrysalide assez allongée, d'un brun jaunâtre clair, à surface presque lisse, lui- sante; extrémité des enveloppes des ailes, des pattes et des antennes libre, ces dernières enroulées, laissant voir très distinctement leurs articles crénelés ; le bord antérieur de chaque segment abdominal présente en dessous une rangée de fines stries et saillies longitudi- nales terminées par de petites pointes brun foncé. Mucron large, portant de chaque côté une grosse corne, courte, presque horizontale et, en dessous, deux autres cornes plus petites, plus rapprochées à leur base et presque verticales. Quelques semaines après, le papillon s’en échappe et la dépouille de la chrysalide démeure à moitié dégagée du fourreau. P. CHRÉTIEN. Remarquables traces de pas sur un banc de Gypse Grâce à la générosité de M. Chambroux (de Chelles), la collection de géologie du Muséum vient de s'enrichir d'un bien curieux échantillon. C’est un bloc de gypse, ou pierre à plâtre, mesurant 4 m. 40 sur 0m. 50 et qui provient du Pin, près de Villevaudé (Seine-et-Marne). On peut le voir maintenant dans la galerie publique, exposé dans une cage de verre. Ce qui en fait toutl'intérêt c’est la présence, sur l’une de ses faces, d'empreintes disposées sous forme depiste et quitémoignent certainement du passage au Pin, à l'époque du dépôt dela roche, d'animaux marchant sur la boue. Outre ce magnifique spécimen, M. Chambroux nous en a adressé un autre plus petit qui est représenté dans la figure ci-jointe. l i de Montmorency, m'a fait visiter fréquemment les carriè- reset m'a mis à même de préserver de la destruction un grand nombre de débris intéressants de ces animaux. Je ne tardai pas à m'apercevoir que les points les plus riches en ossements, que les surfaces mêmes sur lesquelles ces portions de squelettes ou même des squelettes entiers de mammifèreset d'oiseaux avaient été déposés, contenaient aussi des cavités en forme d’amandes, disposées par grou- pes etse reproduisant à de certaines distances parfois régulières, Ces sortes d'amandes étaient toujours impri- mées en creux à la surface supérieure du banc et en re- lief à la surface inférieure des bancs supérieurs, Leur forme et leur grosseur étaient très variables ; elles attei- Empreinte de pas d'oiseau sur une plaque de gypse provenant des carrières .de pierre à plâtre du Pin, près Villevaudé (Seine-et-Marne. Echantillon récemment donné au Muséum national d'Histoire naturelle par M. Chambroux et exposé dans la galerie de géologie. — (Moitié de la grandeur naturelle.) Déjà on a recueilli dans le gypse des pistes d'animaux et on doit rappeler que l'attention des observateurs a d'abord été appelée sur ce sujet si intéressant par les re- marques faites par Jules Desnoyers aux environs de Mont- morency. C’est en 1859 que le célèbre naturaliste informa la So- ciété géologique de la trouvaille qu’il venait de faire : « Depuis longtemps, dit-il, le désir de vérifier sur place le mode d'enfouissement des ossements fossiles qu'on trouve en assez grande abondance dans les plâtrières de la vallée gnaient quelquefois plusieurs centimètres de profondeur et de diamètre. Elles n'étaient jamais complètement dé- tachées des bancs de plâtre; elles faisaient corps intime avec eux et ne pouvaient être, par conséquent, un objet étranger, un fossile quelconque enveloppé dans la pâte du gypse. Elles ne pouvaient être, non plus,une concrétion gypseuse, ou une agrégation minérale comparable aux silex ménilites ou aux nodules de strontiane des marnes du même terrain, puisque la partie concave était tou- jours à la face supérieure des couches et la partie convexe 20 LE NATURALISTE > toujours en saillie sous la face inférieure du banc super- posé. On en devait conclure, au contraire, qu’elles repré- sentaient une impression passagèrement laissée et ainsi reproduite en relief, au contact de certains blocs. » M. Desnoyers, après avoir hésité longtemps sur la si- gnification de ces traces, remarqua entre les groupes d'amandes, des trainées sinueuses qui ressemblaient à la trace qu'aurait laissée la queue d’un animal rampant, tel que les reptiles ou les batraciens. A force de recherches l’auteur rencontra, outre les traces simplement amygda- loides, des empreintes d'une forme définie, pouvant être reconnue. Parexemple, il en était de bisulquées de façon à rappeler l'impression qu’eüt laissée sur un sol mou le pied des Anoplotherium. De plus grandes, soit en creux, soit en relief, partagés en plusieurs lobes et terminéespar des phalanges unguéales, représentaient complètement les grandes doigts des Ornithichnites si bien étudiés dans le trias du Connecticut par Hithchkock et Deane et si luxueusement représentées dans des planches in plano et qui, après avoir passé pour des foulées d'oiseaux (ainsi que leur nom le consacre) ont été rapportées ensuite avec certitude à d'énormes reptiles dinausauriens. D'autres vestiges du gypse de Montmorency trouvés par Desnoyers, rappelaient la conformation du pied des grands et des petits échassiers et montraient, mais avec moins de netteté que celles que nous signalons aujour- d'hui, trois doigts fort allongés, articulés et garnis d’on- gles très pointus. L'auteur en distingua qui offraient d’une manière évi- dente la forme de pieds de carnassiers plantigrades de dif- férentes tailles : « L’une d’elles, disait l’auteur dans son mémoire, dela taille d’un grand chien, avec un large talon présentait le carnassier qu’on a rapporté au genre Ptero- don et dont une mâchoire a été découverte dans les plâ- trières de Sannois. » Onsait, pour le dire en passant, com- bien l'étude de ce mammifère a été perfectipnné par des découvertes successives et comment il s'estrévélé comme un marsupial, ayant avec le loup à bandes ou Thylacine de l'Australie des analogies intimes. Les traces de reptiles ayant paru à M. Desnoyers les plus nombreuses parmi les vestiges procurés par les carrières de Montmorency, ce naturaliste s’adjoignit la collaboration du professeur Auguste Duméril pour en tenter la reproduction artificielle, Grâce aux ressources offertes par la ménagerie du Muséum, on fit marcher ou ramper divers animaux, tortues, lézards, crocodiles, sur des vases amenées à un état convenable de consistance et on obtint des reproductions tout à fait satisfaisantes des pistes de Montmorency. C’était, comme on le voit, inaugurer une méthode de recherches qui a été reprise avec éclat dans ces derniers temps par plusieurs savants et spécialement par M. Nathorst; il est juste d’en rappor- ter l'honneur à nos compatriotes. On remarquera que, depuis l’époque où M. Desnoyers a fait son importante publication, on n'a guère continué l'examen des pistes fossiles que peuvent offrir les envi- rons de Paris. C’est certainement un grand tort, et il nous a paru utile d'appeler sur ce sujet l'attention des obser- teurs. Il en ressort aussi que les échantillons recueillis par M. Chambroux ait un prix tout spécial. En les examinant on reconnait bientôt qu'il s’agit cer- tainement d’une foulée d'oiseau et selon toute apparence d'unéchassier. Dans les listes déjà publiées par Cuvier, les échassiers sont nombreux. On y voit la bécasse (ou une forme bien voisine), un Tringa, un Peliana, un héron et le Numenius gypsosum qui est spécialement caractérisé. Choisir entre ces formes n’est pas facile, et laquestion est même de savoir s’il ne s’agit pas d’une forme nouvelle. I faudrait disposer de matériaux plus abondants, pren- dre des empreintes sur place avant que les transports aient fait disparaitre certains détails délicats. La chose n’est pas très facile, car au Pin, le banc à empreinte fait partie de la seconde masse du gypse et n’est atteint que par galeriessouterraines. En tout cas les nouveaux échan- tillons constituent de précieux documents pour les étu- des futures. Ajoutons qu’on n'avait pas encore cité comme fournis- sant des empreintes la localité que nous venons de si- gnaler. La moins éloignée peut-être est Dammartin où quelques trouvailles ont naguère été faites. Clichy et Pantin peuvent être nommés aussi à la suite de Mont- martre qui, comme on sait, ne produit plus rien. C’est doncunfaitintéressant que l'existence en Seine-et-Marne des conditions qui ont paru longtemps être l’apanage des entours de Montmorency. La vallée de Montmorency reste cependant encore la région d'élection; ses deux flancs sont également riches et sensiblement au même niveau. A l’est, du côté de la forêt, depuis les carrières de Montmorency jusqu’à celles de Saint-Leu et de Frépillon, les trouvailles ont été fré- quentes; ilen est de même à l’ouest depuis Argenteuil et Sannoiïs jusqu'à Herblay. Desnoyers avait reconnu dans le gypse cinq ou six ni- veaux superposés procurant des empreintes quoique avec une très inégale abondance; de toutes c’est la haute masse qui est de beaucoup la plus riche; un banc remar- quable y est subdivisé en deux lits par une ligne d’em- preintes qui ont souvent pénétré par l’effet du poids du corps et de la mollesse de la pâte, jusqu’à plusieurs cen- timètres de profondeur. C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler que les animaux qui nous ont laissé dans les empreintes de leurs pas un témoignage si net de leur existence n’ont jamais circulé sur des dépôts de sulfate de chaux ayant la composition et surtout la structure de la pierre à plâtre saccharoïde exploitée aujourd’hui. Tous les faits d'observations con- duisent à cette conclusion que le sol a énergiquement tra- vaillé depuis son premier dépôt ; il devait consister d’abord en une masse analogue à tous égards à la boue gypseuse qui fait le fond des lagunes au bord des mers soumises à une évaporation progressive. Par conséquent la subs- tance en était un mélange à peu près homogène de sul- fate de chaux, de carbonate de chaux et d'argile. Sous l'influence des circulations aqueuses, continuées pendant des laps detemps considérable depuis la période gypseuse et jusqu'au moment oùle soulèvement du sol n’a plus permis la pénétration que des eaux froides de la surface, les éléments minéraux se sont déplacés. Il s’est sur- tout réalisé la concentration des matières les plus facilement cristallisable, et c’est ainsi que la masse s’est convertie en alternance de lits de gypse cristallin et de marne plus ou moins calcaire. Les lits sgypseux fortement influencés par la présence de sel gemme qui pendant bien longtemps imprégna le sol, devinrent saccharoïdes, tendirent par épaississements successifs à se souder ensemble et à faire des bancs de plus en plus épais et les cristaux constitutifs en devin- rent de plus en plus volumineux. C’est ainsi que se firent les pieds d’alouettes qui sont si caractéristiques de cer- tains niveaux. Même dans les lits épais de marne qui LE NATURALISTE 21 sont le contrecoup nécessaire de l’épaississement pro- gressif de bancsde gypse, —tellement que du haut en bas les gros bancs de marne sont apposés avecdegros bancs de gypse, pendant que les lits minces de l’une des roches accompagnent les lits minces de l’autre, — dans les lits épais, disons-nous, les mêmes attractions des solutions à la fois salées et séléniteuses ont déterminé la cristallisa- tion de ces énormes fers de lance que tous les observa- teurs ont admirés. Ce qui nous permet d’être aussi affirmatif à cet égard, c’est le contrôle décisif qui a été procuré à la question par l'application de la méthode expérimentale et par exemple la mise en lumière de l'influence qu'a l’eau salée sur la genèse du gypse saccharoïde et qui est main- tenant absolument incontestable. Aussi tout ce qui concerne la strueture ou la manière d’être de ce terrain si singulier de la pierre à plâtre doit- il être noté avec soin, non seulement comme document de détail, mais encore et surtout comme élément d’une théorie définitive du gypse. STANISLAS, MEUNIER. CHRONIQUE & NOUVELLES Les variations des infloreseences et des fleurs. — La toxicité de l'acide carbonique pour divers animaux. Au jardin botanique de Bruxelles, on vient de consacrer . une partie du terrain à une collection phylogénique, des- tinée à démontrer les facteurs de l’évolution chez les végétaux. Rien ne sera plus intéressant pour les visiteurs qui veulent s’instruire, et pas seulement contempler une armée de piquets, comme dans nombre d'établissements analogues que je pourrais citer. A titre d'exemple, voici les points sur lesquels on ap- pelle l'attention en ce qui concerne les inflorescences et les fleurs. Trois plates-bandes portent les variations qui inté- ressent l’inflorescence tout entière, soit que certaines fleurs sont remplacées par d’autres, où même par des organes essentiellement différents, soit qu'une inflo- rescence simple se ramifie, soit que les bractées de- viennent semblables à des feuilles. Les variations exposées permettent de comprendre l’évolution spécifique des inflorescences. Ainsi, on connait des plantes où, dans chaque inflorescence, certaines fleurs prédestinées sont stériles, et beaucoup plus apparentes que les autres : ce sont les fleurs terminales de Muscari comosum. les fleurs périphériques de Viburnum opulus et d'Hydrangea hortensis. On comprend que des plantes qui ne peuvent pas laisser de progéniture sont incapables de soutenir efficacement la lutte pour l'existence et qu’elles disparaitraient donc bien vite dans la nature; aussi ne se maintiennent-elles que grâce au soin que l’homme prend de les greffer et de les bouturer. C’est aussi par propagation végétativeque se procréent d'autres végétaux privés de fleurs fertiles; mais ici, la plante assure elle-même sa propagation. Ainsi l’ognon donne des graines, tandis que la Rocambole (Alliun cepa aggregatum) ne donne que des bulbilles. De même que certaines composées(par exemple Senecio vulgaris) ont perdu, par sélection naturelle, les fleurs unilabiées périphériques, de même la sélection artificielle a fixé des variétés sans fleurs périphériques chez des espèces de composées où le type les possède (Matricaria inodora discoidea). D'autre part, il arrive aussi qu’à des fleurs unilabiées périphériques se substituent des fleurs tubuleuses de grande dimension (Chrysanthemum carinatum tricolor). La transformation de fleurs tubuleuses en fleurs ZYg0- morphes, est souvent présentée par les fleurs tubuleuses du centre du capitule (improprement appelé « fleur double » par les horticulteurs). Chez la Pâquerette, les fleurs tubuleuses, normalement jaunes, sont transformées en fleurs unilabiées, ayant la même teinte, blanche ou rose, que les fleurs périphériques. La variation est plus curieuse chez Pyrethrum roseum : le plus souvent les fleurs centrales s’agrandissent beaucoup et deviennent de plus en plus bilabiées. Diverses inflorescences simples peuvent devenir com- posées par ramification ; par exemple, l’épi de blé de miracle (Triticum turgedium). Chez Bellis perennis, « mère de famille », de nouveaux capitules se développent aux dépens des bourgeons situés à l’aisselle des bractées de l'involucre du capitule normal. Enfin, chez une variété, trouvée dans la nature, de Scabiosa columbaria, et chez Trifolium repens perumbellatum, fixé par M. H. de Vries, il y a de nouvelles inflorescences qui naissent à la place de certaines fleurs. Ailleurs, on voit les bractées, organes qui dérivent des feuilles, redevenir semblables à celles-ci, par exemple sur l’involucre de Pyrethrum Parthenium. La variation est plus intéressante chez Plantago media monstruosa : les fleurs avortent, l’axe de l’épi se raccourcit et les brac- tées foliacées forment une sorte de rosette à l'extrémité de la hampe florale. Quant aux variations de la fleur, elles ont été sélec- tionnées activement par les horticulteurs en vue d'obtenir des fleurs plus grandes et plus brillantes. Elles sont donc très nombreuses et l’on peut choisir parmi elles les plus démonstratives. Ce sont aussi celles qui nous intéressent le plus au point de vue de l’évolution, puisque la classi- fication est presque toujours fondée sur des caractères floraux. Citons, parmi les variations spécifiques que les fleurs ont subies dans le cours de l’évolution, celle que la sélection artificielle a fixées au sein d’une même espèce, — La couleur est d'ordinaire un caractère très constant pour l'espèce, etles espèces d’un même genre ont souvent des teintes différentes (par exemple Primula). — Chez beaucoup de plantes anciennement réunies sous le nom d’apétales, l'apétalie est secondaire et tient simplement à ce que les pétales avortent, par exemple les Parony- chiacées, qui ne sont que des Dianthacées privées de pétales : or, on assiste aussi à l'avortement des pétales chez certaines espèces. Le sexe des fleurs est également très constant dans beaucoup d’espèces, de genres et mêmes d'ordres. Mais il y a des plarites où le sexe des fleurs est assez flottant. — Certains genres sont carac- térisés par une multiplication du nombre des verticilles de la fleur (par exemple Mesembryanthemum) où par la multiplication des pièces dans chaque verticille (par exemple Sempervivum). Les fleurs doubles nous font voir comment cette évolution s’est faite. D’autres fleurs dou- bles montrent des sépales devenant pétaloides, comme chez beaucoup de Clerodendron, ou des étamines se transformant en pétales, comme chez Nymphæa. Même on peut voir, en parcourant les plates-bandes, que les variations conservées par la sélection artificielle, dépas- sent de beaucoup les limites des variations qui sont utiles à l'individu et qui ont chance d'être conservées par la sélection naturelle : lorsque les variations apparaissent dans la nature, les individus qui les portent succombent bientôt dans la lutte pour l'existence. On remarque que parmi les variations qui se produisent de temps en temps et qui ont été fixées par la sélection artificielle, il n'y en a guère qui ont de l'importance comme caractère de famille ou d'ordre ; c’est l’unisexua- lité. Mais précisément celle-ci apparait aussi à Pintérieur 1O 19 LE NATURALISTE de certaines familles, et y caractérise soit des genres (par exemple Melandryum), soit même quelques espèces dans un genre (par exemple Valeriana dioïica). Quant aux par- ticularités d'importance primordiale, telle que la gamo- pétalie, l’inférovarie, la périgynie, qui caractérisent, chez les Angiospermes, des ordres ou même des groupes supérieurs aux ordres, elles ne varient guère à l’intérieur d'un genre. D'ailleurs, s’il en était autrement, ces caractères perdraient leur valeur par la diagnose des grands groupes. Ceci revient à dire que la gamopétalie, l'inférovarie, etc., n'apparaissent que fort rarement et que nous n'avons guère de chance de les rencontrer. Pourtant, dans la série des Cucurbita maxima, qui sont cultivés comme exemple d’origine de variétés, il en est qui ont l'ovaire semi-infère (courge « Giraumon ») et non complètement infère. * # On sait que l'acide carbonique n’est pas précisément bon à respirer pour nous. Il ne l’est pas plus pour les animaux, mais il y a chez eux des tolérances plus ou moins grandes, ainsi que vient de le montrer M. Sté- phane Gréhant, dans une thèse dont nous allons résumer des conclusions. La carpe résiste quatre heures et demie dans une eau contenant par litre 850 d'acide carbonique, 12 d'oxygène, 6,5 d'azote. Les poissons (carpes, cygnes, barbeaux, goujons, anguilles), soumis à l’action de l’acide carbonique dissous dans l’eau à la pression ordinaire, succombent à l’action de ce gaz dans des temps va- riables. Les amphibiens (grenouilles, crapauds) ont été placés dans une atmosphère d'acide carbonique et d'oxygène, de composition déterminée, dans de l'air confiné, de l’eau nor renouvelée et dans de l’eau tenant de l'acide carbonique dissous à la faveur d’une augmentation de pression. Dans toutes ces conditions, les grenouilles ont présenté une résistance remarquable, dans l’air humide en particulier il faut atteindre la proportion d'environ 40 % pour voir apparaitre des phénomènes mortels, et, à ce moment, la quantité d'acide carbonique fixée par le muscle est sensiblement constante. ; L'expérience montre que les reptiles (tortue, lézard, couleuvre) sont très résistants. Au bout de seize heures d'un séjour dans une atmosphère d'acide carbonique pur la tortue ne perd pas sa sensibilité et si, à la fin de l'expérience, l'animal est sérieusement malade, cet état ne subsiste pas et il se trouve rétabli le lendemain. Ces animaux ne succombent que placés dans des mélanges sous pression, et, de fait, on a dù arriver jusqu'à des pressions de cinq à six atmosphères pour voir les ani- maux périr. À ce moment la quantité d'acide carbonique fixée par le muscle est élevée. Pour les oiseaux (pigeons, canards), la résistance à l’acide carbonique est tout à fait diverse. Alors qu’un mé- lange à 35 % est fatal pour le pigeon en un temps relati- vement court ne dépassant pas trente minutes, le canard peut respirer impunément ce mélange pendantune heure, et 1l faut atteindre la proportion de 70 à 75 % pour que les animaux succombent. La proportion d'acide carbo- nique fixée par le muscle chez le pigeon est plus con- sidérable que chez le canard, alors même que le mélange plus pauvre eut été respiré moins longtemps. Ces diffé- rences sont bien d'accord avec ce que l’on sait sur la résistance bien connue des canards, à l’asphyxie, les autres Ciseaux y étant par contre très sensibles. Il est à noter que l’anesthésie n’a pas été constatée chez les oi- seaux au cours de la respiration de mélanges même mortels. Pour les mammifères (hérisson, lapin, cobaye, chè- vre, chien) l'expérience a conduit à des résultats tout à fait imprévus. Le hérisson a présenté une résistance extraordinaire à l’action de l'acide carbonique. La pro- portion de 79 % de ce gaz et de 21 % d'oxygène respirée: - par cet animal pendant une heure amène l’anesthésie, mais l'animal remis à l’air se réveille au bout de deux. minutes et ne présente aucun symptôme d'empoisonne- ment si on élève la proportion jusqu’à 95 % d'acide car- bonique, et le reste 5 % d'oxygène, l'animal peut encore vivre trois quarts d'heure sous une pression de deux atmosphères et avec un mélange de 79 % d'acide carbo- nique et le reste, 21 % d'oxygène, la mort arriveen. quarante minutes. La quantité d'acide carbonique fixée par le muscle est relativement petite. Ces don- nées sont intéressantes à rapprocher de ce fait que les hérissons sont des animaux hivernants., Raphaël Dubois estime en effet que la cause du sommeil hiber- nal comme d'ailleurs du sommeil normal, est une auto- narcose, c’est-à-dire une intoxication par l'acide carbo- nique réglée par l’animal lui-même au moyen des nerfs du sympathique. Le lapin résiste également bien à l’action de l’acide carbonique, mais sans toutefois pouvoir être comparé au hérisson. La proportion de50 % n’est mortelle qu'en une heure. On constate l’anesthésie dès les premières minutes de respiration du mélange gazeux. Le cobaye, quoique faisant partie du même ordre que le lapin, est beaucoup plus sensible. La proportion de 25 % seulement est mortelle en quarante minutes. La chèvre résiste bien, et il a fallu un mélange à 60 % pour amener la mort de l’animal. Fait à noter : l'animal n'est pas anesthésié et la sensibilité est conservée jus- qu'au moment de la mort. Chez le chien, la résistance est assez grande. La pro- portion de 50 % n’amène pas l’anesthésie et est respirée sans grand danger, sauf des convulsions au moment du retour de la respiration à l'air pur. Un mélange à 60 % peut être respiré une demi-heure. On obtient alors l’anesthésie. Le mélange à 70 % est mortel en une heure. La température s’abaisse considérablement jusqu'à 32°. HENRI CoUPIN. L'ANOBIUM PERTINAX Dans le Pas-de-Calais, les Vrillettes (Anobium) ont fait leur- apparition en grand nombre et détruisent les meubles. À Mar- seille, il en a été de même encore l’année dernière. Les Anobium ont généralement la tête enfoncée dans le cor- selet; leurs palpes sont filiformes, assez courts, antennes fili- formes insérées près des yeux, de onze articles, les trois derniers. écartés, très allongés, épais. Corselet court, bombé, écusson petit; élytres convexes, allongées, pattes moyennes, tarses fili- formes, à premier article long, les autres un peu aplatis, courts, presque cordiformes. Les Anobium portent vulgairement en français la dénomination de Vrillettes. { Le nom latin d'Anobium exprime une des particularités qu'offrent ces insectes, celle de feindre la mort au moindre dan- ger, et de rester dans la plus parfaite immobilité pendant des heures entières, afin que leurs mouvements ne trahissent pas. leur existence, de sorte qu'ils ont en apparence la faculté de. ressusciter, de leur nom tiré du grec, dit Chenu, aya, de nouveau, de rechef, bioæ, je ressuscite ; quant au nom français de Vril- lette, c’est un diminutif de vrille, instrument propre à percer le bois et à y former un trou rond comme une tarière. Il a été imaginé par Geoffroy, ainsi qu’il le dit lui-même à cause de la particularité suivante : on voit tous les jours de vieilles tables dans les maisons et les vieux meubles de bois percés de trous ronds et tout vermoulus, si l’on aperçoit à l’ouverture de l'un de ces petits trous, un amas de poussière fine de bois, on peut conjecturer que la larve de l’insecte est dans ce trou; si on coupe peu à peu ce bois par lames pour découvrir le fond de ce LE NATURALISTE 23 trou, ou de ce canal que l'insecte a percé, on trouvera la larve qui ressemble à un petit ver blanc, mou, à six pattes écailleuses avec deux fortes mâchoires dont elle se sert pour déchirer le bois dont elle se nourrit et qu'elle rend ensuite par petits grains qui forment cette poussière de bois vermoulu dont j'ai parlé. Ce n'est pas seulement dans nos maisons que les bois sont percés par les vrillettes. Certaines espèces de ce groupe attaquent les arbres vivants, sur pied, dans les campagnes, les jardins, et causent d'assez grands dégâts. C’est surtoutles bois de conifères, des peupliers, des tilleuls, des bouleaux et des aulnes que per- forent de préférence ces insectes. La plupart des anobium sont de petite taille et de couleur terne, et ils cherchent encore à dissimuler leur existence par l'instinct qu'ils ont de se contracter, de tomber et de rester immobiles au moindre danger, de sorte que les ‘oiseaux par exemple ou les autres animaux qui voudraient en faire leur proie, ne trouvant qu’un corps sec, un peu arrondi, inanimé, qui ressemble plutôt au résidu des aliments de quelque autre animal qu'à un être vivant, ne cherchent pas à s’en nourrir. D'ailleurs, si l’on vient à les toucher, ces insectes semblant doués d'une crainte salutaire, gardent le repos le plus absolu, ils tombent dans une catalepsie complète avec les membres fortement con- tractés. Ces insectes ne se trouvent pas exclusivement dans le bois, ils s’accommodent de toutes les matières dures, pourvu toutefois qu’elles ne soient pas de matière pierreuse, et ils ne sont pas rares dans les collections d'animaux conservés. C’est ainsi qu’on le trouve dans le corps des insectes desséchés, dont les muscles sont volumineux et dans les nids de quelques hyménoptères, Ces corps deviennent pour eux tout à la fois un séjour commode et une nourriture convenable, et ils s’y développent comme ils le feraient dans le bois. Quelque peu propres que semblent des parcelles de bois sec à la nourriture d’un être organisé, elles n'en sont pas moins recherchées par un grand nombre d’Ano- bium et d’autres insectes, ainsi que je le dirai. Les coléoptères de ce genre subissent leurs métamorphoses dans l'intérieur des galeries qu'ils se creusent et qu'ils tapissent de quelques fils de soie pour y passer leur état de nymphe. On suppose qu'avant de se transformer, la larve a soin de s'assurer une sortie commode en se creusant d'avance une issue, et c’est ainsi quil faut concevoir le fait rapporté par MM. Kirby et Spence, d'une galerie percée par l’un de ces insectes dans une bibliothèque publique, au travers de vingt-sept volumes, de telle sorte que l'on aurait pu, en faisant passer une corde en dedans, enlever les vingt-sept volumes. On doit admettre toutefois, dans ce cas curieux où que la Vrillette s'était transformée à l'entrée de la galerie, et qu’elle s'était nourrie du papier de ces livres, ou qu'elle ne s'était frayé un passage au travers de cette substance - compacte que pour en sortir à l'état parfait. La direction de la galerie, parfaitement droite, semble prouver que l’insecte cher- _chaït à se frayer une issue et que ne pouvant sortir d’un autre côté, il s'était trouvé forcé d'entreprendre un aussi long travail. La larve doit vivre longtemps avant de se transformer, et elle passe très probablement l'hiver sous cette forme ; sitôt que les larves sont écloses, elles commencent à se former une galerie qui, d'abord, presque imperceptible, prend bientôt de l'extension à mesure que les larves grossissent, les galeries sont longues, communiquent entre elles, et se communiquent par une petite bourse et contiennent une poussière noirâtre. Quand l’insecte va se transformer, il agrandit encore sa galerie, agglutine la pous- sière et se forme ainsi une loge ovale qui, dans un de ces points, n’est séparée de l'extérieur que par une mince pellicule. C’est ce faible obstacle que l’insecte parfait détruit pour sortir de sa pri- son; mais toutefois, les femelles semblent y rester jusqu'après l’accouplement. Le seul moyen de destruction qui ait, jusqu'à présent, donné de très bons résultats, consiste à laver les boiseries attaquées avec une solution de bichlorure de mercure à raison de un gramme par litre d'eau. Cette solution qui a l'avantage de ne donner aucune odeur, tue immédiatement les larves et les œufs de ces insectes, Pauz No. Les Plantes NOMBREUSES SUPERSTITIONS AUXQUELLES ELLES ONT DONNÉ LIEU LE MELON Le melon [gran (abalichim), némuv, unioméruv, Cucumis, melo, L4bs (bittikh),] était-il connu de l'antiquité grecque et latine ? Je ne crois pas; du reste la suite de cet article mettra le lecteur à même de se faire une conviction, ne serait-ce que celle du doute, Le mot melo ne se trouve pas une seule fois dans la traduction de la Bible par saint Jérôme (la Vulgate), et Von n’est aucunement certain qu'abalichim, du texte hébreu, désigne le melon plutôt qu’une autre cucurbi- tacée : concombre, courge, potiron, pastèque, etc. Dans les Nombres (xt, 5) le mot pinw (kischsym) est pris pour concombre : « Il nous souvient des poissons que nous mangions en Egypte sans qu'il nous en coùtât rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. » Le mot kischiym signifierait donc des concombres, selon la plupart des interprètes, et abatichim, qui suit immé- diatement, voudrait dire des melons. Les Septante ont traduit ces deux espèces de fruits par ouxbous xx mémwvec. Il faut remarquer, dit Scheuchzer (1) à ce propos, que l’on ne doit pas entendre ici les concombres et les citrouilles si communs en Europe, et dont les Orientaux usent moins pour se nourrir eux-mêmes que pour engraisser les cochons (2) : ici il s’agit de toutes sortes de fruits délicats du genre des concombres, car les anciens avaient coutume d'exprimer généralement toutes les plantes de cette espèce PAT otxVous al HÉRwVES, ctxVoUS xal unomemwves, COncombres et melons; c'est ce que prouve Saumaize (Hyle Iatr.,c. XXXV, p. 37, et In Solinum, p. 728), qui cite à ce sujet plusieurs auteurs, entre autres Palladius. Dans la suite des temps, l’on a attaché à ces noms des idées et des caractères particuliers. Selon Columelle, les concombres sont réputés mauvais et funestes : Lividus at cucumis, gravida qui nascitur alvo, Hirtus, et ut coluber nodosa gramine tectus, Ventre cubat, flexo, semper collectus in orbem, Noxius exacuit morbos aestatis iniquæ. (De Re Rustica, v. 389.) « Quant au concombre livide, naissant avec un gros ventre couvert d’aspérités, et, comme le serpent, se cachant dans son noueux feuillage, toujours ramassé en rond, et pernicieux, il rend plus aiguës les maladies pro- duites par les chaleurs excessives de l'été. » Aujourd’hui même on n’en fait pas grand cas et il n’en paraît guère sur les tables, à moins qu'ils ne soient ten- dres, cueillis avant le temps et encore verts, ou confits dans du vinaigre. C’est ce qu'on appelle des eornichons. Columelle nous apprend encore qu’auirefois « on pré- férait en Italie les plus petits et les plus verts, et, dans (4) Scseucazenus (J.-J.). Physica sacra. Augustæ Vendeli- corum, #4 vol. in-folio, 1731. (2) Dont il leur est défendu de manger; qu'il leur était même défendu de toucher. FA RE ER DIV TE VOD EST COUE D 7 91 LE NATURALISTE les provinces, les jaunes et les noirs. Alpinus Prosperus | (De Plantis Ægypti liber, cum observationibus et notis, etc. Patavii, 1640, in-40, p. 114) représente ainsi qu’il suit le concombre dont il s’agit : « Il est plus grand, moins dur, et d’une couleur différente du concombre commun; il a les feuilles plus petites, plus blanches, plus molles et plus rondes. Il produit un fruit fort différent du nôtre; il est deux fois plus long et plus vert; l’écorce en est unie, molle et égale partout. Il est d’un goût plus agréable et d’une digestion plus facile. Les habitants des pays où il croît, prétendent qu'il est salutaire à ceux qui en mangent et qu'il est excellent pour le corps, cuit ou cru. » « Les melons sont beaucoup plus délicats que les con- combres, dit encore Scheucherius, Ce mot a passé en usage dans nos langues, du latin Melones, Melopipones ou Pepones. Saumaise (Hyl. latr., p. 38) prouve encore ici que les anciens Grecs les appelaient oixvor oncpuarttou. Il ne paraît même pas que l'antiquité les ait distingués du concombre par le genre, mais par l’âge ou la grandeur; le mot grec rérwy signifie en général tout ce qui est tendre, délicat, de bon suc et facile à digérer; de là vient le proverbe & rérwv, en parlant d’un entretien doux, affable, humain, tel qu’on doit l’attendre d’un homme grave, qui a de l’âge et de l'expérience, Il est certain que les anciens faisaient beaucoup plus de cas des melons que des concombres, si nous en croyons Columelle. » Voici ce que dit cet agronome : At qui sub trichila manantem repit ad undam, Labentemque sequens nimio tennatur amore, Candidus, effœtæ tremebundior ubere porcæ, Mollior infuso calathis modo lacte gelato, Dulcis erit, riguoque madescit lateus arvo, Et feret auxilium quondam mortalibus ægris. (De Re Rustica, Lib. X, c. 394.) « Pour celui qui, de la treille, se traine Vers l’eau cou- rante, et, la suivant dans son cours, semble exténué par l'excès de son amour pour elle, blanc et plus tremblant que le pis d’une truie qui vient de mettre bas, souvent plus mou que le lait coagulé au moment où on le verse dans Îles formes, il deviendra doux, prendra la couleur du safran sur un sol arrosé, et pourra un jour venir au secours des mortels malades. » Dans son Traité des Simples, Tbn-el-Beithar cite l’opi- nion de Galien snr le melon : € GALIEN, livre des aliments. — Le melon (xéruv) est froid et très humide. Il est un peu détersif. C’est pour cela qu'il est diurétique et qu'il passe plus facilement que les citrouilles et les mélopépons (1). On peut s’as- surer de ses propriétés détersives à ce que, en frictions sur le corps, ille débarrasse de ses impuretés et le rend propre. En vertu de cette propriété, il fait disparaitre, en frictions, les taches légères et le lentigo superficiel de la face. La graine est plus détersive que la pulpe du fruit, à ce point qu’elle convient aux reins affectés de graviers. Les sucs alimentaires qu'il fournit au corps sont de mauvaise nalure, surtout quand il n’est pas parfaitement mûr, il peut même alors engendrer des affections cholé- riques. » Or, le savant orientaliste L. Leclerc, traducteur d’Ibn- (1) Donc, contrairement à ce que dit plus haut Scheucherius, les pepones et les mélopepones n’étaient pas du tout le même fruit. el-Beithar, fait suivre ce paragraphe et les deux autres extraits que nous allons donner, de la remarque sui- vante : : « Nous pensons que l'article de GALIEN devrait être rap- porté au CONCOMBRE plutôt qu'au MELON. C'est le sicuos de Galien, le sicus de Diocoridis; c’est le « concombre des jardins », comme on le lit dans la traduction arabe du grec de Dioscoride. » Or, Galien s'est servi, dans le passage cité, du mot rérwy, Que nous avons eu soin de mettre entre paren- thèses; réruv serait-il synonyme de otxvç ?.. Alors, où est le concombre, où est le melon, où sont les citrouilles, et tant d'autres. cucurbitacées?.. Nous verrous tout à l'heure que le latin est plus clair, ou du moins le parait. Continuons la citation d’Ibn-el-Beithar : Diosconipes, Il, 163. — Le melon, mangé mür, est diurétique. Employé sous forme de cataplasme, il calme l’inflammation des yeux. L’écorce est appliquée avec succès sur la tête des enfants dont le cerveau est pris d’inflammation; on l’applique aussi sur le front contre l’afflux des humeurs à l’œil. Si l’on fait du melon tout entier avec les graines une masse, en y joignant de la farine de froment, qu'on la fasse sécher au soleil, et que l'on en frictionne la face, on en fait disparaitre la livi- dité. La racine du melon, desséchée et administrée à la dose de deux drachmes avec de l’hydromel, provoque le vomissement, Pour vomir sans effort après le repas, il suffit d'une dose de deux oboles de la graine. Appliquée avec du miel, elle guérit les ulcères faveux. » EL-IsRaïLy. — L'écorce du melon est émolliente. Elle convient pour déterger les vaisseaux. Employée comme succédané de la soude, elle détruit la fétidité de l’haleine et fait disparaître l’odeur du vin. Si l’on prend l'écorce fraiche et que l’on s’en frictionne au bain, elle déterge la peau et sert contre la gale. Introduite dans les prépa- rations culinaires acides et exposée au refroidissement, elle fait passer promptement les bouillons à l’état de gelée. L’odeur de la pulpe du melon rafraichit le cer- veau; cette pulpe, cuite avec la chair du bœuf, fait passer rapidement les aliments dans l'estomac. — Si l’on fait sécher l'écorce du melon, puis qu’on le mette dans la marmite avec des viandes réfractaires, elle les fait cuire et se dissoudre promptement. » E.-N. SANTINI DE RIOLS. LA PRÉHISTOIRE EN FRANCE (Suile.) II PÉRIODE ROMAINE Elle comprend deux phases : 40 La belle époque romaine ou Lugdunienne ; 20 L'époque de la décadence ou Champdolienne. Il n'entre pas dans le cadre de la préhistoire de s’oc- cuper des grands travaux des Romains sur le sol gaulois, des monuments grandioses d'Arles, de Nimes, d’O- range, etc., des voies romaines et de leurs bornes mi- liaires, des restes de villas avec leurs riches mosaïques, les camps, les thermes. Mais la préhistoire néanmoins doit pouvoir faire le diagnostic différentiel entre ces tombeaux, les objets ro- mains et ceux des époques précédentes et suivantes. LE NATURALISTE 25 Armes romaines. On les trouve assez fréquemment dans les camps... le casque romain est bien connu, il en est de même du pi- lum et des autre objets d'équipements. Épée romaine. Les Romains avaient adopté l’épée espagnole, courte, solide, et à deux tranchants. Art gallo-romain. On trouve de fort beaux spécimens de l’art romain, mais à côté des produits inférieurs de l’art local. Les ou- vriers gaulois instruits par les Romains sont devenus fort habiles dans l’art du métal et de la terre cuite, mais l’art gallo-romain manque de souplesse et de grâce, même quand il imite les vases grecs. Ceci est encore vrai pour la sculpture et les figurines de terre cuite. Souventdes monuments reflètent des conceptions par- ticulières empruntées à la religion celtique au moyen de types-figures empruntés à l’art gréco-romain. Nous ci- terons, par exemple, le menhir autel de Kernuz sur le- quei sont sculptées des figures mythologiques; à côté de Mars et d'Hermès se retrouve Cérumos, le dieu cornu. Céramique. Elle comporte une foule d’objets très variés comme matière et comme travail; nous citerons lestypes princi- paux : 1° Céramique vernie avec ornements en relief; 2° Objets de terre blanche (vases en forme d'objets va- riés, figurines); \ 39 Vases jaunes avec figures en relief (Ex-voto de Ne- ris); 4° Objets en terre noire (figurines); 5o Objets en terre grise; 60 Objets en terre blanche (vases de forme d'objets va- riés, de pomme depin); 1e Objets en terre blanche recouverte d’unenduit, d’un vernis métallique; 8° Poteries brunes et noires avec décorations blanches; 9° Vases à glacures rouges improprement appelés Sa- miens. Les ornements étaient obtenus au moyen de moules, c’est la substitution de l’industrie à l’art. On appelle faux samien une imitation inhabile et terne; 10° Poteries avec décors en blanc (et inscriptions ba- chiques). : Les formes les plus fréquentes sont le bol, l’écuelle sans anse, des moules de vases à reliefs, des roulettes à imprimer des oves, des briques, des lampes funéraires et des urnes. Ces objets sont souvent signés. Vases de verre. É Nous avons déjà signalé les unguntariums, citons en- core des vases de verre de forme différentes, Tasses, coupes, bols, urnes, urnes funéraires avec leur couvercle, gobelets, carafes, bouteilles, fiasques. . existe des verres de couleur avec pastillage en larmes. Les objets de verre antique présentent une irisation particulière, quelquefois admirable d'effet. Cela tient à la dévitrification du verre qui se clive,enlamelles comme du mica et que la lumière irise en se décomposant ; par- fois ces lamelles prennent l'apparence d’une couche ar- gentée. Objets de bronze. Ils sont fort nombreux: citons, par exemple, des bouts d’enseignes (le sanglier), des fibules de bronze en forme d'animaux, des cloches, des anneaux. Modes de sépulture à l’époque romaine. 19 TOMBEAUX A INCINÉRATION Les morts étaient brülés et les cendres placées dans des urnes cinéraires en verre, en argile ou en plomb; parfois le réceptacle de l’urne est un cylindre de pierre avec couvercle conique. D'autrefois, l’urne de verre con- tenant les cendres, la lampe d’argile, la petite fiole de verre, faussement appelée « lacrymatoire » et qui est un unguentarium sont placées dans une amphore de terre fendue dans la longueur. Les cendres peuvent être encore placées dans de petites caisses de pierre. Quelques tombes romaines sont faites de briques pla- cées en chevrons et renfermant les vases. 20 SÉPULTURES À INHUMATION On trouve dans ce genre des tombesenplomb,en pierre, en forme de cercueil, des tombeaux en brique contenant avec le squelette, des tasses avec une coquille d'œuf, des coupes contenant des os d'animaux sacrifiés. On a trouvé des inhumations secondaires dans les dol- mens, avec des vases à anse de poterie rouge grossière, des ampoules de verre, des monnaies de Vespasien et de Théodose (69 à 395 après J.-C.). III PÉRIODE MÉROVINGIENNE Elle coïncide avec l’ère des grandes invasions, aussi peut-on appeler l’époque qu’elle forme, Epoque germa- nique, franque ou burgonde, ou Époque wabenienne, à cause du cimetière de Waben qui a donné de précieux documents. La civilisation mérovingienne nous a surtout été con - nue par les mobiliers funéraires descimetières. On en con- naît plus de 600 sur le territoire gaulois, comme ceux d'Andresy, Cherizy, de Jouy-le-Comte, de Chelles, de Lizy et de Caranda (Aisne), de Waben (Pas-de-Calais), qui a donné son nom à l’époque, de Compiègne, de Luzeau (Aisne), de Soudin (Marne), de Champ-Dolent et Alberges (Seine-et-Oise), Londiniens, Evermien (Seine- Inférieure), Cambrome-Gurry (Oise), Montdidier (Somme). Sépultures. Les Mérovingiens ont élevé des sépultures sous tumu- lus, mais ils ont laissé aussi de beaux ‘sarcophages de pierre. A l'intérieur, on voit parfois une sorte d'oreiller de pierre, faisant corps avec la tombe et destinée à sou- tenir la tête du défunt; parfois, ils présentent des croix à l’intérieur. | Les dalles supérieures sont taillées comme des toitures ou absolument planes. Elles portent alors des dessins exécutés en creux: croix, rosaces, haches, poignards, serpents, oiseaux, isolés ou entrelacés; rarement des ébauches de quadrupèdes, et une fois unc cavité que lon dirait faite pour le moulage d’un celt. Elles peuvent renfermer un, deux, trois et même quatre squelettes. Elles possèdent un riche mobilier funéraire, compre- nant des armes, des bijoux, des vases de terre et de verre, des pièces de monnaie. Les Francs ont enterré 26 LE NATURALISTE les guerriers avec leurs armes, et après leur conversion au christianisme, ils y ont ajouté des symboles de la nouvelle religion. Armes mérovingiennes. Elles comprennent la hache proprement dite: La Francisque ou hache mérovingienne; L’Angon, lance longue et étroite au fer barbelé; Le poignard; Le couteau, des pointes de lance, de javelot, de flèche; Les umbo, ou pointe de bouclier; Les pointes de flèches en silex (Chelles, Lizy) qui doivent être la preuve de la persistance de rites anciens. Épée mérovingienne. L’épée mérovingienne ou sacramasaxe, courte, lourde, à un seul tranchant, avait le dos habituellement arrondi ou canelé. C'était plutôt un couteau qu’une épée. Les chefs faisaientusage d'une épée à deux tranchants. Ornements. — Objets d'équipement et de parure. Nous citerons surtout : Les plaques de ceinturon et les boucles ornées de relief et de gravures; Les agrafes de bronze et de fer, les boucles et surtout les fibules qui, souvent, comportent une ornementation en filigrane d’or. On trouve encore des perles de verre de différents émaux; Des peignes en os; Des pinces à épiler en bronze. Parmi les bijoux mérovingiens, nous devons signaler le collier orné d’abeilles, trouvés dans le tombeau de Chil- déric, à Touruay. Dr ETIENNE DEYROLLE. UN CAS DE RÉSISTANCE VITALE chez les Coléoptères ns Les intéressantes rotes sur la longévité des insectes, publiées tout récemmentici parM.le capitaine Xambeu (1), nous ont remis en mémoire un cas curieux de vitalité que nous avons été à même de constater. Il y à quelques années, MM. Deyrolle fils recevaient du Benguela un lot d'insectes; ces insectes, renfermés dans une solide boite en bois parfaitement close, étaient, de toutes parts, entourés de sciure de bois bien tassée, si bien tassée même que les chocs recus en cours de route n'avaient pu produire le moindre vide dans la boîte. Aussi, grande fut notre surprise, lorsque, après avoir fait tom- ber la couche de sciure superficielle qui recouvrait les insectes, nous mimes à jour un bel exemplaire de Diplo- gnatha gagates F., sinon très vigoureux, du moins par- faitement vivant. Or, cette Diplognatha, comme tous ses compagnons de voyage, avait, au moment de sa capture, été soumise aux émanations de cyanure de potassium, et l’action du poison avait été suffisante pour faire croire au collecteur qu’elle avait succombé. C’est dans cet état, c'est-à-dire aux trois quarts asphyxiée et dans les conditions indiquées plus haut, qu’elle effectuait, par PRET PP ESP a (1) Voir le Naturaliste, n° 450, du 1°" décembre 1905. porteur, de l'intérieur du pays à la côte, et par pa- quebot de la côte en Europe un voyage qui ne dura pas moins de trois mois, Cette Cétonide vécut encore deux jours après sa récep- tion. E. BusIGNY. LIVRES NOUVEAUX Les grandes plâtrières d'Argenteuil. — HistTorQue, Genèse £T DISTRIBUTION DES FORMATIONS GYPSEUSES DE LA RÉGION PARISIENNE, par AUGUSTE DozLor, P. Gogvize Er G. Ramonr. — En vente chez les Fils d'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac. Prix, $ francs ; franco, 5 fr. 50. Depuis quelques années, les travaux d'extraction de la pierre à plâtre dans les grandes exploitations du territoire d'Argenteuil, ont modifié l'aspect des fronts de taille et ont procuré des don- nées nouvelles. Dans leur travail, les auteurs ont cherché à ana- lyser en détail et à mesurer rigoureusement toutes les couches accessibles de la butte classique d'Orgemont. Avant d'aborder cette étude, quelques considérations générales sur le mode de formation du gypse sédimentaire étaient néces- saires. Les auteurs expliquent cette précipitation sédimentaire du gypse dans les lagunes naturelles par une comparaison avec ce qui se produit journellement dans les marais salants exploités sur nos côtes aux environs de Montpellier pour la Méditerranée et dans la région du Croisic pour l'Océan. Les eaux abandonnées par la mer, entre deux périodes de grandes marées, exposées à une température, à un climat sec ef aux vents, s'évaporent en plus ou moins grande quantité, le résultat de cette évaporation est une concentration des sels en solution, et un dépôt de ces sels lorsque la concentration aura été poussée assez loin. Le gypse peu soluble se déposera tout d'abord, et si la concentration lagu- naire se trouve interrompue par des crues, le gypse cessera de se déposer. Les eaux fluviales troublées par les particules limo- neuses, laisseront déposer celles-ci dès que le mélange avec les eaux lagunaires, plus denses, s’opérera. Ainsi s'expliquent les alternances de lits de gypse et de marnes qu'on rencontre dans les couches inférieures ou supérieures aux épaisses masses de gypses. Lors du dépôt des gypses parisiens, la concentration n’a élé que rarement poussée assez loin pour amener la précipitation du sel marin; toutefois, il s’en est déposé à diverses reprises, mais il a été ensuite dissous; on trouve, en effet, dans les bancs de gypse, des traces de cristaux cubiques groupés en trémies. C'est à partir de l'Eocène moyen seulement que les dépôts gypsifères, tertiaires, se manifestent dans le bassin de Paris; les auteurs étudient alors les dépôts de gypse du tertiaire pari- sien et leur répartition dans le temps et en superficie. Et comme l’histoire géologique des buttes qui dominent la vallée d'Argenteuil, sorte d'ilots ayant résisté aux érosions quater- naires, et qui ne sont autre chose que de véritables témoins d'une plaine élevée, disparue depuis longtemps, se confond avec l'histoire même de la Géologie parisienne, la description géolo- gique spéciale de ces buttes exploitées pour l’extraction de la pierre à plâtre présente un puissant intérêt, dont les auteurs ont su tirer un admirable parti. Des coupes remarquables et des photographies de coupes des carrières de Vaucelle, de Volembert, accompagnent ce mémoire : La carrière de Volembert, notamment a été l’objet de la part des auteurs d’une coupe détaillée et d’une très grande précision. Promenade scientifique au pays des Frivolités, étude pittoresque des Frivolités fournies par la Nature à la Mode, à la Parure et au Luxe, par Herr Courin. — Un beau vol. 28 x 19 centimètres, illustré de 238 jolies gravures et orné d’une aquarelle. Broché # francs; franco 4 fr. 85; relié, genre amateur, 6 fr.; franco 6 fr. 85; relié amateur, 10 fr. ; franco 10 fr. 85. Il serait difficile d'imaginer un livre plus varié et plus intéres- sant que celui de M. Henri Coupin offre cette année à ses jeunes lecteurs. Ce n’est pas une simple « promenade », comme il le dit LE NATURALISTE 97 D de | ee modestement, mais tout un voyage qu’il leur fait faire, sans les déranger. Sa plume, d’une documentation toujours sûre et éclec- tique, aidée du crayon d'habiles dessinateurs, les transporte tour à tour un peu dans tous les mondes et dans toutes les sciences. Et l'on voit ainsi comment les trois règnes de la nature ali- mentent une quantité invraisemblable de travailleurs et d'ar- tistes, depuis le producteur de fleurs jusqu'au pêcheur de perles, du chimiste qui distille les parfums les plus subtils jusqu’au ser- tisseur de l’éblouissant diamant ; comment, en un mot, la Nature nous fournit les mille et une frivolités qui constituent notre superflu, cette « chose si nécessaire » comme Flappelait un aimable philosophe. ACADÉMIE DES SCIENCES MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE PRIX DÉCERNÉS EN 1905. Prix Delesse.— La Commission estime que, conformément au texte du donateur, il y a lieu, cette année, de décerner le prix Delesse à M. G. Frienez, pour l’ensemble de ses travaux de minéralogie. Les travaux de M. G. Friedel comportent des synthèses, par voie humide à 500 on 600°, partiellement opérées en collabora- tion avec C. Friedel; diverses monographies minéralogiques. dont une particulièrement remarquable, sur l'eau de composition des zéolites; enfin, des recherches théoriques et pratiques sur la symétrie, les réseaux cristallins et les macles. Prix Fontannes. — Ce prix aété attribué à M. Gusrave Dozrus, qui, comme l’éminent fondateur de ce prix, s’est voué à l'étude des coquilles tertiaires. Prix Alhumbewt. — Pour répondre avec succès à la ques- tion posée en vue du prix Alhumbert, c’est-à-dire la délermina- tion de l'âge des dernières éruptions volcaniques de la France centrale, il convenait de joindre, à une connaissance appro- fondie de toute la région, la science d'un pétrographe, le coup d'œil d’un homme rompu aux difficultés de la straiigraphie, l’habileté d'un paléontologiste, enfin la compétence d’un préhis- torien. Par surcroît, en présence des appréciations divergentes des auteurs, la sagacité d’un critique n’était pas moins néces- saire. Par une heureuse rencontre, cet assemblage de conditions s'est trouvé réalisé chez l’auteur du Mémoire que récompense l'Académie. Enfant du pays, dont ïl connait les moindres re- coins, et où depuis longtemps le service de la carte géologique de France utilise son activité, M. Marcellin Boule à mené de front, sous la direction de M. Michel Lévy, l'étude microsco- pique des roches et celle de leurs relations sur le-terrain. Il eût presque suffi à M. Boule, pour répondre au programme du prix, de présenter la collection de ses travaux antérieurs, Il a fait mieux, en rédigeant tout exprès un Mémoire qui débute par un remarquable résumé de l’histoire volcanique du massif central. BOTANIQUE Grand prix des sciences physiques. — Ce prix a été attribué à M. DanceaR». Dans l'espoir de provoquer la découverte de faits nouveaux permettant de résoudre l'intéressante et difficile question de la sexualité chez les Champignons supérieurs, le sujet suivant avait été mis au concours. Rechercher et démontrer les divers modes de formation et de développement de l'œuf chez les Ascomycètes et les Basidiomycètes. Le travail de M. P. Dangeard comprend plusieurs mémoires et notes déjà publiées et un atlas de 49 planches inédites où sont représentées, avec une abondance et une continuité rare- ment égalées les divers stades de développement dans les diflé- rents groupes d’Ascomycètes. C’est un travail considérable qu’un observateur expérimenté, rompu aux méthodes de culture et d'investigation usitées dans les meilleurs laboratoires pou- vait seul conduire à bonne fin. : Dans la question proposée pour !le concours l’expression for- mation de l'œuf est prise dans le sens qu'on donne ordinaire- ment au mot fécondation : la combinaison de deux corps pro- toplasmiques pourvus de noyau. Les observations de M. Dan- geard n'ont pas apporté de faits en sa faveur, et sous ce rapport n'ont pas répondu à la question. Bien au contraire ces obser- vations appuient l'opinion que cette sorte de sexualité n’existe- rait pas chez les Champignons supérieurs. En tout cas elle y serait réduite à un fort petit nombre d'exemples, D'autre part la fusion nucléaire d’où résulte la formation de la baside et de l’as- que est assez différente de la fécondation ordinaire pour qu'on la désigne sous un autre nom. C’est en particulier ce qu'a fait M. R. Maire, auteur de recherches spéciales sur la cytologie des Champignons supérieurs el qui, pour le reste, est d'accord avec M. Dangeard. Ces réserves faites et laissant à l'avenir la tâche de concilier les appréciations divergentes qui existent en ce moment, il est Juste de reconnaitre que la karyogamie intracellulaire décou- verte par M. Dangeard, « la fusion de Dangeard », comme écrit M. Juel, est, par, sa généralité, d’un intérêt incontestable. «€ Comme il se produit à un stade défini de la vie de l'individu, à la période qui précède immédiatement la formation des spores et qu'il ne semble pas y avoir d’exception, il est évident que ce phénomène est d’une importance considérable dans la vie des Champignons supérieurs. » Prix Desmazières. — Ce prix a été attfibué àM. Fernr- NAND RENAULD. Parmi les ouvrages adressés au concours pour le prix Des- mazières, la Commission a distingué l'envoi de M. Ferdinand Renauid comme particulièrement remarquable. Il se compose d'un volume intitulé : Prodrome d'une Flore bryologique de Madagascar, accompagné d'un atlas faisant partie de l'Histoire physique et naturelle de Madagascar, publiée par M. Alfred Grandidier et d'une étude manuëcrite sur l'anatomie, la classifi- cation et la distribution géographique des Leucoloma. Prix Momtagme. — Ce prix a été partagé entre M. Lurz pour l’ensemble de ses travaux sur l'emploi des substances or- ganiques comme source d'azote pour les végétaux, et M. is. GALLAUD pour ses travaux sur les mycorhizes endotrophes. Prix Ehore. — Ce prix a été décerné à M. pe Irsvanrr, professeur à l'Université de Budapest, déjà lauréat de l’Acadé- mie, pour ses travaux relatifs à divers Champignons qui atta- quent les vignes cultivées en Europe. Pris Petit d'Ormoey. — La Commission a décerné ce prix à M. Jucren CosranTin, pour l’ensemble de ses travaux portant sur les parties les plus diverses de la botanique et pour ses nombreux ouvrages faits seul ou en collaboration, notamment pour ses recherches sur l'influence du milieu sur le développe- ment des plantes et ses importants travaux sur les Champi- gnons. ANATOMIE ET ZOOLOGIE Prix Lastigny. — La Commission propose d'attribuer le prix Lastigny à M. Crarces GRAVIER qui a entrepris à ses frais l'exploration de la baie de Tadjourah d’où il a rapporté une magnifique moisson d'Hydroméduses, de Coralliaires, de Vers, de Mollusques, de Poissons, tous admirablement conservés Des types perdus de Lastigny ont été retrouvés, des espèces qui n'avaient pas encore été signalées sur la côte d'Afrique ont été recueillies. PHYSIOLOGIE Prix Momtyom: — La Commission a décerné déux prix à M. Lerèvre et M. LAURENT M. J. Lorëvre a publié, depuis dix ans, sur la chaleur animale, une suite d’études qui se sont imposées à l’attention{des physiologistes. La Commission a distingué dans cette œuvre une série de sept Mémoires sur la Distribution des températures chez les animaux supérieurs dits à lempérature constante où homéothermes. L'ensemble constitue, tant au point de vue cri- tique qu'au point de vue expérimental, une œuvre remar- quable qui a pris, dès à présent, sa place dans les répertoires physiologiques et qui à fait de son auteur le savantle mieux qua- lifié danscet ordre de questions. Jusqu'au moment où M. Lefèvre a commencé son travail, le problème de la Topographie thermique n'avait été étudié que dansle cas particulier où l'animal à sang cha ud es placé dans des conditions normales, dans un milieu tempéré. GC est à ces circonstances que se rapporte le célèbre travail de Claude Bernard, , M. Lefèvre a envisagé le cas général, Il a voulu fixer la loi qui règle le jeu des températures dans les conditions ambiantes 28 | LE NATURALISTE les plus diverses sous l'effet de réfrigérations de plus en plus considérables. Depuis plus de dix ans, M. J. Laurenr s’est fait connaitre par des travaux nombreux et importants sur des points très délicats de Physiologie végétale. Jusqu'en ces derniers temps on admeitait généralement que la totalité du carbone assimilé par les plantes vertes a le gaz car- bonique pour origine, tandis que les végétaux sans chlorophylle utilisent exclusivement les matières organiques. A l’aide de méthodes variées, par des procédés expérimen- taux très précis et d'une grande élégance, M. J. Laurent a éta- bli que le glucose, le saccharose et la glycérine sont utilisés soit directement, soit indirectement par les végétaux à chlorophylle ; il a montré, en même temps, que le glucose et lesaccharose favo- risent la formation de la chorophylle, L'humate de potassium intervient dans la nutrition de la plante, en activant la fonction chlorophyllienne. Enfin, les plantes vertes sont incapables de sécréter les diastases nécessaires à la digestion externe de la dextrine et de l’amidon, En cela, elles semblent différer essentiellement des Champi- gnons; mais sinous admettons, avec Brown et Morris, que cette sécrétion externe des diastases se manifeste comme un procédé de résistance à l’inanition, on peut penser qu'en assu- rant la nutrition carbonée de la plante, la chlorophylle arrête la sortie, peut-être aussi la production de ces diastases et que ce caractère, une fois établi héréditairement, ne peut plus être modifié expérimentalement, que par des cultures nombreuses dans des conditions toutes différentes de milieu. Prix Philipeaux. — Ce prix a été décerné à M. Vicror Henri. Une mention est accordée à M. Lucien Butte pour son mémoire intitulé Recherches sur les fonclions glycogéniques du foie. La Commission, en décernant le prix à M. Vicror HENRI, a voulu signaler le mérite des études publiées par ce savant, depuis quelques années, sur les applications à la Biologie, des méthodes nouvelles de la Chimie physique. M. Victor Henri, qui est un physicien et un chimiste en même temps qu’un biologiste, a appliqué les ressources qu'offrait le développement des pro- cédés nouveaux à la connaissance de diverses questions très controversées en Biologie générale : actions des diastases, l’agglutination, l'hémolyse. Prix ELallemamd. — La Commission à partagé ce prix entre M. Er Môe Laricoue et M. Juzes Voisin. Le travail de M. et Mme Lapicque tire sa valeur de l’impor- tance du problème traité, qui est, en même lemps, l'un des plus ardus de la physiologie générale. Il s’agit de l'excitabilité des nerfs et des muscles et de la manière dont elle est mise en jeu par l'électricité. Une partie du prix est attribué à M. Jules Voisin pour ses travaux sur l'Epilepsie. Prix Pourat. — Ce prix est décerné à M. Marco Jpour, ses travaux sur Les Origines du glycogène musculaire. GÉOGRAPHIE Prix Gay. — Ce prix a été décerné à M. le Dr CureAU pour son œuvre comprenant trois séries de déterminations géogra- phiques effectuées dans notre colonie du Congo. Prix Techihatchef. — La Commission a attribué ce prix au commandant MasseneT que la mort vient de frapper tandis qu'il dirigeait la mesure de l'arc de Quito, Le commandant Massenet, alors capitaine, a été envoyé en Indo-Chine en 1901 et pendant trois ans il a conçu, exécuté ou dirigé une grande triangulation réunissant le Tonkin à l'Annam et se reliant au réseau que les Anglais avaient poursuivie dans l’est de la Birmanie. Ce travail dont l'étendue dépasse 2.000 kilomètres embrasse les positions données par les hydrographes Cochinchine et les diverses liaisons se sont faites avec une exactitude inespérée. 220. 32%. 326. 328. 329. 330. DA. 33%. 338. 334. 335. 336. 38". 338. 339. Bibliographie Man (D' J. G. de). Diagnoses of new species of ma- crurous decapod Crustacea from the « Siboga Expe- dition ». Tijdschr. d. Ned dierk. Ver., IX, 1905, pp. B87- 614. . Marshall (F.-H.-A.). The Development of the Corpus Luteum. Quart. journ. Micr. Sce., 49, part. 1, 1905, pp. 189-202. . Masters (M.-T.). Notes on the Genus Widdringtonia. Journ. Linn. Soc. Lond., Bot., XXXVII,1905, pp. 267-274. . Minchin (E.-A.). Report on the Anatomy of the Ssetse-fly (glossina palpalis). Proc. Roy. Soc. Lond. Ser. B,n° 512, 1905, pp. 531-547, fig. . Moulay (A.). Un arbre à caoutchouc du Brésil. Le Ma- nisoba (Manihot glaziovii). L'Agric. pral. des pays chauds, n° 31, 1905, pp. 298-310, fig. Nieuwenhuis (D' A.-W.). Forschungsreisen in Nie- derländish Borneo. Vügel. Notes from the Leyden Mus., XXVI, 1905, pp. 1-154, À cart., pl. LÉ Oort (D' van). Beitrag zu Osteologie des Vogels- chwanzes. Tjidschr.d. Ned. dierk. Ver.,1905, pp. 1-144, pl. I-V . Pardi (D' F.). Intorno alle cosidette cellule vaso-for- mative e alla origine intracellulare degli eritrociti. I Ricerche sul grande omento dei Mammiferi. Intern. Monatsschr. f. Anal. und Physiol., XXII, 1905, pp. 233-264, pl. XIT. Péron (A.). Note stratigraphiqne sur l'étage aptien dans l’est du bassin parisien. Bull. Soc. Géol. Fr., V., 1905, pp. 359-378. Pic (M.). Notes sur diverses espèces d'anthicides de Motschulsky et descriptions de plusieurs nouveautés du même groupe. Ann.Mus. Zool. de St.-Petersb., IX, pp. 490-494. Popta (D' C.-M.-L.). Haplochilus sarasinorum. Notes from the Leyd. Mus., XXV, 1905, pp.239-247, Popta (Mlle). Suite des descriptions préliminaires des nouvelles espèces de poissons recueillies au Bornéo Central parle D' Nieuwenhuis. Noles from the Leyden Mus., XXV ; 1905. pp. 171-186. Prain (D.). Mansonieæ, a new Tribe of the Natural Order Sterculiaceæ. Journ. Linn. Soc. Lond., Bot., XXXVII, 1905, pp. 250- 263, pl. X Prud’homme (E.). La sériciculture à Madagascar (suite). L'Agric. prat. des pays chauds, n° 31, 1905, pp. 327-340. Rawitz (B.).Beiträge zur mikroskopischenAnatomie der Cetaccen. E Intern. Monatschr. f. Anat. und Physiol., XXII, 1905, pp. 265-292, pl. XIIT, XIV. Ritzema (C.). The hiterto known African-species of the Genus Helota. Notes from the Leyd. Mus., XXV, 1905, pp. 203-218. Robertson (M.). Pseudospora volvocis, Cienkowski. Quart. Journ. Micr. Sc., 49, part. 1, 1905, pp. 213-230, pl. XII. Satunir (K.). Neue Katzenarten aus Central-Asien. Ann. Mus. Zool. de St-Pétersb., IX, pp. 524-537. Satunin (K.). Trichælurus, eine neue Feliden-Gattune, und die Arten derselben. . Ann. Mus. Zool. de St-Pélersb., IX, pp. 495-506. Schlumberger et Douvillé. Sur deux foraminifères éocènes. Lituonella Roberti, n. gen. et sp. Bull. Soc. Géol. Fr., V.,1905, fasc. 3, pp. 290-304, pl. IX. Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 117, rue Cassette. 28° ANNÉE Les Méduses Fossiles! Dans notre premier article sur les méduses fossiles nous nous sommes occupés des types les plus anciens, c'est-à-dire de ceux qui ont laissé leurs traces dans les sédiments de l’ère primaire et nous avons pu voir que ces types sont étrangement voisins d’un certain nombre de ceux qui vivent de nos jours. Les formes qui font l’objet du présent article, bien que beaucoup moins anciennes que les précédentes, n'en sont pas moins fort intéressantes, car elles semblent apparte- nir à des groupes d’une organisation plus élevée. Ces formes se sont rencontrées, pour la plupart, dans les plaquettes de calcaire lithographique de la Bavière, bien connues des amateurs pour la belle conservation des êtres remarquables dont elles recèlent les débris. Nous renverrons nos lecteurs à l’article précédent pour la classification des méduses fossiles en général et en particulier pour les méduses jurassiques telle que l’a établie le D' Ammon. Comme lindique ce tableau, ces restes peuvent se répartir en deux sous ordres : les Semostomæ de L.Agassiz etles Rhizostomæ de Cuvier, qui comnrennent en tout quatre familles dont trois pour le premier groupe etune seule pour le second. Chacune de ces familles ne comporte d’ailleurs qu’un genre, sauf la dernière, celledes Lithorhizostomæ, qui en “réunit deux et peut-être même trois. : Le tableau ci-joint donne l’ordre dans lequel doivent être classées les Discoméduses jurassiques. = = 5 | sous-ornres FAMILLES | GENRES 5 | & ES | CR & Lithosemidæ Semæostomites, Hæckel 2 / Semostomæ { Eulithotidæ Eulithota, Hæckel TD | Pelagidæ Acraspedites, Hæckel. = 8 Rhizostomites, Hæckel 2 (Rhizostomæ : Lithorhizostomeæ { Hexarhizites,? Hæckel = | Leptobrachteis Hæckel Genre Semæostomites. — Ce genre ne comporte qu'une espèce S. Zitteli qui a été décrite pour la première fois par Hæckel, en 1874. C’est une méduse à disque circulaire de 80 millimètres de diamètre. La bouche est entourée par quatre bras nourriciers qui mesurent environ 80 millimètres de longueur et 10 millimètres de largeur. La cavité stomacale présente quatre poches tricornées de 10 à 12 millimètres de diamètre disposées radiale- ment. Entre celles-ci on observe quatre poches génitales _elliptiques de 8 à 40 millimètres de diamètre. On compte de plus, dans cette espèce, seize canaux radiaux, non ramifiés, dont quatre perradiaux, quatre interradiaux et huit arradiaux, disposés comme les rayons d’une roue et reliés entre eux par un canal cir- culaire qui fait l'office de jante. Les bords de l’ombrelle sont découpés par 120 à 128 lobes marginaux étroits entre lesquels se présente, en nombre égal, des tentacules marginaux de 30 millimètres (4) Voir le Naturaliste, n°3 450 et 45T, ne Da: US Die FÉVRIER 1906 qua HAL de longueur. L figure T ci-contre donne un schéma de cette méduse restaurée par Hæckel, et réduite aux trois cinquièmes de ses dimensions réelles. Fig. 1. — Semæstomiles Zilteli, Hæck, réduite de 2/5. a, cavité stomacale et ouverture buccale, — D, bras oraux, — c, papilles adradiales. — d, sacs stomacaux. — e, canal cir- culaire à la périphérie des poches stomacales et génitales. — f, la zone unie, — g, poches génitales. — A, canal circu- laire. — i, lobes marginaux. — #, canaux radiaux : À, per- radiaux; 2, interradiaux; 3, adradiaux. — /, tentacules mar- ginaux. Genre Eulithota. — Comme le précédent ce genre ne renferme qu'une seule espèce, le E. fascicuslata de Hæckel, qui le décrivit quelques années plus tôt, en 1869. Cette espèce, remarquable par la belle conservation de l’'exemplaire qui a servi à Hæckel pour l'établissement de sa diagnose, ne parait pas avoir atteint à une taille bien considérable, les figures que donne cet auteur, tant pour l'empreinte elle-même que pour la restauration qu'il en fait, ne mesurent guère que 55 millimètres de dia- mètre. On peut constater sur cette empreinte la présence de huit yeux, de huit touffes de tentacules, de seize glandes Fig. 2. — Section verticale d'un Rhizostomites, restauré d’après Brandt, génitales, de seize bras radiaux et probablement de quatre bras oraux simples. Mais d'un autre côté rien de précis n’a été déterminéen ce quiregarde la forme dela bouche, l'estomac et le système de canaux destinés à procurer la nourriture à chaque rayon. Ilest par conséquent impossible de déterminer avec certitude tous les caractères génériques de cette méduse, et tout ce que l’on sait sur son or anisation à pu être 30 LE NATURALISTE déduit de la forme et du bon développement des lobes marginaux, ainsi que de leur structure suffisamment reconnaissable. On peut déduire de toutes ces indications que ces restes proviennent d’une forme appartenant à la division la plus élevée des méduses, c'est-à-dire à celles que Gagen- baur nomme Acraspedæ et dont Eschscholtz a fait son groupe des Phanerocarpæ. L'Eulithota fasciculata a été rencontrée dans les cal- caires lithographiques de Bavière. Genre Acraspedites. — Tout d'abord ce genre fut désigné par Hæckel sous le nom de Medusites, puis, en 1869, l'espèce unique fut à nouveau étudiée par ce savant sous le nom de Acraspedites antiquus, Hæckel. Les carac- tères fournis par cette espèce dénotent une forme voisine des Aurelidæ ou des Cyanidæ actuelles. L'empreinte laissée par ce fossile sur une dalle de L, /L S TE LS K = 4 Ke PE à | ) LV) 4 j} h LE) 221) Al (1) ÿ est celle qui a servi de type à Hæckel- pour l’établisse- ment de son genre Rhizostomites, car ce n’est qu'avec doute qu’il placait la seconde dans ce genre. La diagnose du genre telle que la donne le Dr Brandt est ainsi CONÇUE : À Disque de 0 m. 40 de diamètre, avec 128 lobes margi- naux externes, autant de tentacules marginaux. Tronc oral rudimentaire, ordinairement de la forme du disque oral, et entouré par huit bras. Quatre cavités génitales. Cavité cœlentérique simple, centrale,avec voûte sphéro- quadratique, Ouverture buccale large, peut-être jamais complète- ment oblitérée, cruciforme, avec huit branches. Localité : Eichstädt. L’original se trouvant au Musée géologique royale de Dresde. Notre figure 2 représente d’une facon schématique la Fig. 3. — Rhizostomiles admirandus, Hæck. au 1/3 de gran- Fig. 4. — Rhizostomites lithographiens, Hæck, au 1/6 de gran- deur naturelle. deur naturelle. D. B., disque buccal avec empreinte cruciforme de la bouche, — à. i., aire interradiale du disque buccal. — à .p., aire parradiale du même. — g, opercule subgénital. — k, bord marginal du même. — b, impression de la base des bras. — s, sillon adradial. — Z. u., zone circulaire unie. — c. c., emplacement du canal circulaire, — Z. s., zone circulaire sillonnée. — m. c., cicatrices des muscles circulaires. — €. p., canal perradial. — €, &., canal interradial, — 0, sinus pour organe des sens (vue?), — J, l', lobes marginaux. calcaire lthographique de KEichstädt ressemble à une rosace composée de deux rangs circulaires et concen- triques de lobes qui sont au nombre de huit dans chaque rangée, accompagnés extérieurement par deux bourrelets également circulaires et concentriques qui paraissent représenter le bord marginal de l’ombrelle. Au centre une impression circulaire qui parait corres- pondre à la place occupée par l'estomac et la bouche. Genre Rhizostomites. — Ce genre, le plus remar- quable parmi les méduses fossiles, a été signalé pour la première fois par Hæckel en 1866. Il comporte deux espèces À. admirandus, Hæck. et R. lithographicus, Hæck.;la première de ces deux espèces section verticale d'un Rhizostomites, elle est copiée sur celle du Dr Brandt. En A on voit le dôme du disque ou ombrelle dont la courbure est ici absolument hypothétique ; B représente le disque buccal ; C, les pédoncules oraux. D, la base des pédoncules précédents; F, F', la zone périphérique de l’ombrelle ; L, les bras qui entourent la bouche ; a indique le centre du disque oral avec rudiment de la bouche centrale ; c indique les bras secondaires ; f, la cavité cœlentérique centrale. La forme donnée LE NATURALISTE 31 ici à cette cavité est d’ailleurs tout hypothétique. Les deux espèces comprises dans ce genre sont bien voisines l’une de l’autre ; en effet aussibien dans R. admi- randus (fig. 3), qui peut être considéré comme type, que dans R. lihographicus (fig. 4), on voit le centre du disque occupé par quatre bras radiaux vigoureux et courts qui peuvent être considérés comme des branches du tronc gastral; et il est probable que dans l’une et l’autre espèce ces quatre bras principaux étaient divisés en deux courts bras secondaires. Les bords du disque sont découpés à intervalles égaux par huit indentations (quatre radiales et quatre interra- diales) qui semblent représenter des organes de sens. En dehors de ces huit incisions principales, les bords de l’ombrelle sont encore divisés, comme nous l'avons dit plus haut, par 120 autres lobes radiaux de 22 milli- mètres de longueur et 9 millimètres de largeur. Certains auteurs admettent la similitude entre R. admi- randus et R. lithographicus, mais considérant ce fait qu'aucune forme intermédiaire n’a été jusqu'à ce jour, rencontrée, ils recommandent la distinction des deux formes. C’est ainsi que le D' Ammons donne de ces deux espè- ces les caractères distinctifs suivants : Dans R. admirandus la zone sillonnée est un peu plus large que dans LB. lithographicus. Les sillons circulaires de cette zone sont aussi plus nombreux et plus également distribués, ce qui n’est pas le cas dans R. lithographicus. Cette dernière espèce présente, comme R.admirandus, une large zone unie où se montrent les cicatrices rayon- nantes laissées par les huit bras oraux, en travers des- quelles on remarque de nombreuses stries serpentant en zigzag et qui peuvent être regardées comme les emprein- tes laissées par des touffes d’appendices semblables à ceux que nous avons signalés dans le genre Eulithota. Dans R. admirandus ces franges sont plus courtes et plus rétrécies, et cette espèce parait être dans son en- semble une forme plus élargie que R. lithographicus. (A suivre.) P.-H. FRITEL. Les Plantes NOMBREUSES SUPERSTITIONS AUXQUELLES ELLES ONT DONNÉ LIEU LE MELON (1) S'agit-il réellement du melon et de son écorce? Il ne faut jurer de rien. Or, dans un article de tête du Petit Journal du 19 août 1905, je vois une monographie du melon dans laquelle je relève le passage suivant : « Les Grecs, paraît-il, prisaient fort le melon; quant aux Latins, ils en raffolaient, c'était une véritable passion. Ainsi, l'empereur Tibère, entre autres, en mangeait à tous ses repas, même en hiver; les colonies d'Afrique se chargeaient de fournir la table impériale. » Malheureusement, il s’agit tout simplement du CON- (1) Voir le numéro du 15 janvier 1906. COMBRE, qui s'appelle CUCUMIS, en latin; voyons d’abord Columelle (De re rusticä, lib. EI, cap. 1x) : « Plusieurs agriculteurs délayent dans de l'eau le suc exprimé du concombre serpentaire (cucumeris anguinei) et de sa racine broyée, et suivent, pour le reste, la méthode que nous venons d'indiquer. x (Lib. X, v. 284.) — Le concombre (cucumis) tortueux et la courge (cucurbita) au ventre arrondi rampent sur le sol. (Liber X, cap. 11.) — Le concombre (eucumis) et la courge (cucurbita) demandent peu de soins lorsqu'on a de l’eau en abondance, car ils ont besoin de beaucoup d'humidité. Si, au contraire, on est obligé de les semer en terrain sec, où l’on ne puisse pas les arroser conve- nablement, on fera, dans le mois de février, des sillons d’un pied et demi de profondeur; après les ides de mars, on remplira de paille pressée le tiers environ de cette cavité, puis on étendra dessus, jusqu’à la moitié du sillon, de la terre fumée dans laquelle on enfoncera les pépins, auxquels on donnera de l’eau jusqu’à ce qu’ils soient levés. Lorsque la plante commencera à prendre de la force, on la rehaussera, en raison de sa crue successive, avec la terre du sillon, jusqu'à ce qu'il en soit rempli... On peut même, si le produit dédommage de la peine, adapter des roulettes sous des vases de grande dirnen- sion, afin de les faire sortir et de les rentrer ensuite à la maison avec moins de peine. En outre, on devra les couvrir de vitraux pour qu'on puisse les exposer au soleil, même pendant le froid, lorsque le temps est serein. Au moyen de tels procédés on offrait, presque toute l’année, des CONCOMBRES (cucumeres, et non pas melones) à l’empereur Tibère. A son tour, Pline nous dit (Naturalis historia, lib. XX, cap. XL) : — Les bulbes des scilles, si l’on s’en frotte au soleil avec du vin ou du concombre (cucumis) cuit, fait disparaitre le lentigo. (Lib. XIX, cap. xx1u1.) — Les concombres (cucumeres) sont du genre cartilagineux et viennent hors de terre; l'empereur Tibère les aimait avec passion, et il en avait tous les jours; car les jardiniers, les cultivant dans des caisses munies de roues, pouvaient les exposer au soleil et, quand venait l'hiver, les retirer sous la protection des pierres spéculaires (1). LES Au moment où j'écris, on vient d'en obtenir en Campanie (2) une variété qui a la forme d’un coing; on m'apprend qu'un premier individu naquit ainsi par hasard (3), et ensuite que la graine en a fait une espèce ; on nomme ces concombres melopepones ; ils ne sont pas suspendus, mais ils s’arrondissent sur le sol, etc. (1) C’est la sélénite transparente (sulfate de chaux) qui rem- plaçait généralement le verre, très rare aux fenêtres, chez les anciens; on en fait encore des vitres dans quelques parties de l'Europe. Martial parle de ces sortes de vitraux (Epigr., lib. VIT, 14). Pallida ne Cilicum timeant pomaria brumam, Mordeat et tenerum fortior aura nemus; Hibernis objecta notis specularia puros Admitttunt soles, et sine sole diem. « Pour garantir tes vergers venus de la Cilicie des frimas qui la menacent, pour que le vent n'ait pas de prise sur ces arbres encore tendres, on a opposé à la bise des barrières transpa- rentes à travers lesquelles pénètrent un soleil pur et une lumière toujours bienfaisante. » Da (2) Ce n’est donc pas ceux dont raffolait Tibère. (3) Un pépin s'était sans doute trouvé parmi d’autres graines de provenance orientale, Re te me — TT NT) D LT UE. Nicolardot, dans son Histoire de la table, page 76, n’a pas fait comme les auteurs modernes qui veulent que Tibère ait adoré les melons : — « Tibère, dit-il, se prit de passion pour les COMCOMBRES ; donc nécessité d’en garnir sa table tous les jours. Pline raconte qu'on les cultivait dans des caisses suspendues sur des roues, afin de pouvoir facilement les exposer au soleil, et les retirer en hiver dans des serres garnies de vitrages. » Parmi les poètes anciens qui ont parlé du concombre seulement et non pas du melon, je citerai Virgile : ….. tortusque per herbam Cresceret in ventrem cucumis… e «.… Et le concombre au ventre creux presserait l'herbe où il se torden grossissant.… » (Géorg. IV, v, 122.) Est pendeus junco cærulens cucumis « Le concombre aux flancs d'azur pend à sa tige tor- tueuse, » (Copa, vers 22.) Varron (Dé re rustica, Lib. I, cap. 11, in fine), nous' dit : — « Agrasius, qui pensait bien connaître les écrits de Saserna père et fils, demanda en quoi donc consistait leur mérite ? Stolon reprit comme il suit : On y apprend d’abord comment on peut détruire les punaises; faites tremper un concombre sauvage (cucumerem anguineum) dans l’eau; répandez cette eau dans le lieu que vous voulez purger des punaises ; le succès est[infaillible, » Plaute (Casina, acte V, se. Ir, v. 133) nous fait assis- ter au dialogue suivant : CLEOSTRATA, Eloquere, OLYMP1I0, At pudet. CLEOSTRATA. Num radix fuit ? OLYMP10. Non fuit. CLEOSTRATA. Num cucumis ? OLYMP1I0. Profecto, Hercle, non fuit quidquam olerum ; Nisi, quidquid erat, calamitas profecto adtigerat ; \ [nunquam ; Ita, quidquid erat, grande erat.… ; CLÉOSTRATE. « Explique-toi. OLYMPION. Je n'ose. CLÉOSTRATE. Etait-ce une racine ? = OLYMPION. Non. CLÉOSTRATE. Un concombre ? 32 LE NATURALISTE OLYMPION. Non, certainement; ce n’était rien du genre légume, Quoi que ce püt être, la grêle ne l'avait toujours pas endommagé, car L’était bien gros. » D'un autre côté, voici les quelques auteurs qui parlent du melon : Palladius (De re rusticà, Ub. IV, cap. 1x) : — IH fautmain- tenant (en mars) semer les melons (melones) de loin en loin; les pépins seront placés à deux pieds l’un de l'autre, dans un terrain labouré ou faconné et surtout dans le sable. Vous les ferez tremper pendant trois jours dans de l'hydromel et du lait, etvouslessèmerezquandils seront secs: vos melons auront ainsi un goût délicieux. Vous les parfumerez en mettant les pépins, pendant plu- sieurs jours, dans des feuilles de roses sèches, » Vopiscus (Vie de Carinus, ch. xvI1) : — « Souvent, dans un seul repas, on servait sur sa table cent livres d’oi- seaux, cent livres de poissons, et mille livres de viandes diverses; le vin y était versé à profusion, Il nageait parmi les pommeset les melons (melones). » Julius Capitolinus (Vie d’Albinus, ch. x1) : = « Il était glouton, au dire de Cordus, qui s'attache à ces sortes de détails dans ses écrits. Ainsi, dit-il, il mangea, un jour, à jeun, une quantité de fruits prodigieuse pour un homme : cinquante figues séchées au soleil, que les Grecs appellent callistruthies ; cent pêches de Campanie ; dix melons (melones) d'Ostie; vingt livres de raisin de Lavican; cent bec-figues et quatre cents huîtres. » Or, dans ses notes et remarques sur Julius Capitoli- nus, et notamment sur cette assertion ridicule de la goinfrerie d’Albinus, Casaubon déclare carrément que les melons ont été inconnus de toute l'antiquité. Après avoir mangé 50 figues sèches, 100 pêches, 20 livres de raisin et 100 bec-figues, est-il même pos- sible d’absorber une tranche de melon? Et Albinus en aurait mange dix ?... C’'étaient sans doute dix grains de millet. Valton, professeur au lycée Charlemagne, traducteur de Capitolinus, dit également : «Les melones ou melopepones n'avaient rien de commun avec nos melons, qui furent inconnus à toute l'antiquité. » Écoutons maintenant Jacques Pons, conseiller méde- cin du roi Henry IV et doyen dés médecins agrégés au collège de Lyon (Traicté du melon, 1680, in-16, page 3): « Pour ce qui est de leur nom, les Grecs les ont com- pris sous le mot de otxvoc, qui semble estre derive de ces deux mots sevein, qui signifie inciter et provoquer, et kuein, qui veut dire concevoir et porter un enfant, et cela à contresens, ce qui est assez ordinaire aux Grecs, qui nomment assez souvent les choses au contraire de leurs vertus; comme quand ils appellent par ceste même figure d’antiphrase l’humeur froide et pituiteuse de notre corps, les flegme, du verbe ghlegô, qui signifie je brule ou J'enflamme, quoy que ceste humeur soit la moins propre de toutes à s’enflammer. E. SANTINI DE RIOLS. LE NATURALISTE 33 LES MANMIFÈRES ET LES OISEAUX ALBINOS DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE BORDEAUX L’albinisme est une dégénérescence spéciale des types organiques qui est le plus communément attribué à l'influence de la domestication. Il est vrai que les espèces domestiques présentent ce phénomène bien plus fré- quemment que les formes sauvages. Toutefois, 1} est loin d’être rare que cette manière d'être puisse être constatée chez les gibiers de nos pays. À ce point de vue, il peut être intéressant de faire connaître la liste des Mammi- : fères et Oiseaux albinos qui ont pu être mis dans les ‘ collections du Muséum d'histoire naturelle de Bordeaux. Ces sujets peuvent être divisés en deux catégories géné- rales : les albinos proprement dits, d’un blanc pur, et les individus jaunâtres, de couleur isabelle, Parmi les oiseaux toutblancs que nous possédons, nous citerons un Geai (Garrulus glandarius, L.), un Moineau (Passer domesticus, Brin.), un Pinson (Fringilla cœlebs, L.), une Bécasse (Scolopaæ rusticola, L.), deux Merles (Tur- dus merula, L.), un Merle mauvis (Turdus iliacus, L.), une Draine (Turdus viscivorus, L.), un Traquet motteux (Saxicola œnanthe, L.), et toute une série d'Hirondelles. Parmi les Mammifères, citons un Renard (Canis vul- pes, L.), un Blaireau (Meles taxus, Schr.), un Rat et une Souris. Parmi les Oiseaux dont la dégénérescence pigmen- taire n’a pas été poussée aussi loin et qui présente une couleur isabelle, nous citerons une Pie (Pica caudata, Li), un Moineau (Passer domesticus, Briss), un Brüant des roseaux (Cynchramus schæœniclus, L.), une Alouette des champs (Alauda arvensis, L.), ur Pipi farlouse (Anthus pratensis, L.), une Bécassine (Gallinago scolopacinus, L.) et un Canard sauvage (Anas boschas, L.). J. KUNSTLER et J. CHAINE. LA PIÉRIDE DES CHOUX et la diminution du prix du bétail. Croirait-on que ce petit papillon blanc a joué, il ya douze ans, un rôle important dans la diminution du prix des bestiaux? J'ai déjà entretenu les cultivateurs de ce papillon et montré comme quoi cet insecte allait devenir, pour la culture des crucifères, un redoutable fléau, tout simple- ment en modifiant sa facon de pondre. Qu'il me soit donc permis de faire connaître aux nombreux lecteurs du Naturaliste les renseignements suivants : Autrefois, en effet, ce papillon pondait ses œufs en paquet sur les choux et les maraïichers les détruisaient très facilement, aidés, dans cette besogne, par les oiseaux ; maintenant la Piéride des choux, pond ses œufs séparément, un sur chaque feuille de chou et, par suite, il est impossible de les détruire; aussi, tous les ans, cette espèce augmente-t-elle d’une façon inquiétante. Or, il y a quelques années, un grand nombre d’éle- veurs se voyant privés de fourrages par la sécheresse précédente et constatant la cherté excessive du foin, ont eu l’idée de cultiver en grand des rutabagas, de façon à pouvoir, au moins pendant quelque temps, nourrir leurs bestiaux avec cette crucifère, Malheureusement, les rutabagas furent immédiate- ment attaqués par les chenilles de la Piéride des choux. J'ai reçu à cette époque, à ce sujet, de tous côtés, des lettres on ne peut plus alarmantes; des champs entiers ont été dévastés en quelques jours, notamment à Tour- ville, près Pont-Audemer (Eure), chez M. de Tourville. Comme on le voit, les insectes jouent un très grand rôle en agriculture et les négliger est une faute énorme. Voici un moyen très pratique de détruire la chenille qui nous occupe, ce moyen consiste tout simplement à placer quelques fourmilières dans les champs attaqués ; cette méthode de mettre en présence des insectes utiles et des insectes nuisibles, rendra, dans un avenir pro- chain, des services immenses à nos cultivateurs. J'ai trouvé à ce sujet, dans un journal publié par le département de l’agriculture de la colonie du Cap (nu- méro du 2 juin 1892}, un article intéressant qui met en évidence la haute portée des études entomologiques pour venir en aide dans la lutte incessante que les agricul- teurs ont à soutenir contre les ennemis des végétaux cultivés. L'introduction de la coccinelle de Californie (Vedalia cardinalis) dans l'Afrique Australe, parait devoir faire époque dans la culture des orangers, citron- niers et autres arbrisseaux du genre Citrus, tout en promettant de sauver les arbres forestiers qui devaient fournir ün nouvel asile à la cochenille dévastatrice originaire d'Australie (Icerya purchasi) Mas-Kel ou (Dorthesia characias) Westwood. Dispersées sur toutes les parties du végétal, protégées par une carapace inattaquable et douées d’une prolifica- tion considérable, les cochenilles offrent aux substances insecticides une résistance bien difficile à vaincre. Il a donc fallu recourir aux services, trop souvent méconnus, des insectes carnassiers pour arrêter l’enva- hissement de ces bestioles menaçant certains genres d’arbrisseaux d’une complète destruction. Un grand nombre de nos coccinelles indigènes se rencontrent dans tous leurs états parmi les colonies de pucerons dont elles modèrent l’effrayante multiplication. Peut-être devrons- nous aussi songer un jour au développement de ces auxiliaires pour établir un équilibre que nous détruisons sans cesse par la prépondérance que nous établissons d'une même espèce végétale. PAUL NOEL. LA PRÉHISTOIRE EN FRANCE (Suite.) Poterie mérovingienne. On connaît surtout des échantillons grossiers, dont les formes principales sont : le bol, le pot à ouverture éva- sée et à panse large, le pot à panse sphérique et à goulot cylindrique, assez large, et enfin la cruche à anse avec toutes les formes de passage. La couverte en est le plus souvent noirâtre, avec des ornements graves en creux et des cercles horizontaux en relief. Il existe aussi des vases à couverture grise. On connaît des tuiles mérovingiennes avec Je chrisme, >P< (combinaison du X et du P grec). Verrerie mérovingienne. Elle présente des types nouveaux à côté des types romains, verre, gobelet; certains verres de couleur sont fort beaux. RE Se DESERT EEE NE RENTE EP D. cé PRESS TN de RE 24 LE NATURALISTE Art mérovingien. L’art de l’époque mérovingienne, qui va de la fin du 1ve siècle au vite, est relevé par l’orfèvrerie. Ilest frère de l’art byzantin, et fils de l’art sassanide, qui brilla en Perse au rie siècle après Jésus-Christ. Il montre pourtant des traces de l'influence des artistes hallstattiens. Il se caractérise en outre par l'emploi : 49 De la verroterie cloisonnée d'or; 20 Des pierres précieuses (grenats, zirconites, etc.), dans la décoration du métal. L'ornementation mérovingienne a toutefois un aspect barbare; c’est ainsi que les ornements d’un coffret de bronze rappellent ceux de l'époque celtique ; mais certains vases de bronze sont fort beaux. En outre, des figures décoratives déjà citées, on voit le cheval figurer sur les boucles wabeniennes. Gisements Burgondes. Nous ne connaissons guère de lacivilisation burgonde que des tombeaux, plus particulièrement les tombes de Charnay. (Comme les Francs etles Wisigoths, ils enter- raient les guerriers avec leurs armes.) La civilisation burgonde était jumelle de la civilisation franque. Bijoux. Parmi les bijoux burgondes trouvés à Charnay, nous devons signaler la célèbre fibule d'argent à tête rectan- gulaire, portant à l'envers une inscription runique et une fibule circulaire avec un camée romain au centre. Monnaies mérovingiennes. Les rois mérovingiens ne frappèrent guère que des monnaies d’or : le sou d’or, le demi-sou, le tiers de sou, et aussi de petits deniers d'argent Saigas, les petits bronzes romains devant former la petite monnaie. La face porte souvent le nom et la tête du roi: l’autre face une croix latine au début, haussée par.un perron ou un globe, puis vers les derniers temps par un chrisme (monogramme du Christ avec l'alpha et l'oméga) auquel suc- cède la croix ancrée. A l’avers on voit souvent divers ornements : perles, boules, croix, croisettes, rarement des figures humaines, debout où assises. Les lettres sont parfois défigurées; le C en carré, l'O en losange, le D en triangle. À partir du troisième roi de la dynastie mérovingienne, le peuple franc entre définitivement dans l’histoire; il a ses chroniques dans une langue qui deviendra la langue française, l'ère de la préhistoire est définitivement close pour la France. AGE DU CUIVRE ÉPOQUE DURFORTIENNE Plusieurs archéologues ont admis un âge du cuivre antérieur à l’âge du bronze. Il est en effet plausible d'admettre que nos ancêtres aient fait usage au début de l’âge des métaux, d’un métal pur au lieu d’un alliage qui ne se rencontre pas dans la nature. On à en certains pays imité en cuivre les haches de pierre, c’est le cas d’un instrument de ce genre trouvé dans un tombeau étrusque, mais peut-être n’y a-t-il là qu’une superstition comme celle qui faisait attacher une pointe de fièche de silex aux colliérs d’or étrusques. On en a retrouvé de semblables à Troie, en Chypre, dans PR — —— l'Archipel, en Autriche-Hongrie, en Scandinavie, en Irlande, à Royat. Il en existe un au Musée de Toulouse. On a trouvé récemment en Russie, en Espagne, en Bretagne tout une série d'instruments de cuivre, mais en tout cas, ils sont peu nombreux, et il faut en conclure qu'ilexiste un âge du bronze de courte durée, ou que l’on esten présence de lingots coulés dans des moules usuels, ou qu'enfin l’étain a manqué momentanément dans la région. = L'or qui se trouvait à l’état de pépites dans plusieurs rivières de la Gaule, a été connu à l'origine de l’ère des métaux, tandis que l'argent n'apparaît qu'avec le fer. C’est l’or que l’on trouve associé au cuivre dans un cas- tellet près d'Arles. Les puits funéraires de la Marne appartiendraient à cette époque ainsi que certaines sépultures de l'Aveyron . (une perle de cuivre) et des Cévennes (une spirale pene- annulaire, une pointe de flèche ou un poinçon losan- gique très allongé), les allées couvertes de la Blaque près d'Aix (une lame de poignard en bronze rouge ou en cuivre avec une plaquette d’or), la motte de la Hallade (une petite lame d’or), la sépulture de la Roquette (Hérault), (des pendeloques de cuivre ou de bronze), les grottes sépulcrales de Saint-Jean-d’Alcas et Durfort. Il est à remarquer que, au début de l'importation ou de l'exploitation du cuivre et €u bronze, il était rare, donc précieux, aussi l’a-t-on réservé pour les bijoux. Plus tard on à du l'économiser encore, et pour cela l'emploi sous forme de poignards qui demandent moins de matière que les haches et les épées. En faveur d’un âge du cuivre, M. Cartailhac pense que la forme évasée du tranchant de certaines haches de pierre a pu dériver de la copie de cette forme obtenue par le martelage sur ie tranchant des haches de cuivre. AGE DU BRONZE OU PÉRIODE BOHÉMIENNE OU CELTIQUE Cet âge comprend : 1° la période Morgienne ou du fon- deur ; 2° la période Larnaudienne ou du marteleur ou du chaudronnier. Celle-ci a vu évoluer les cités lacustres; à ce point de vue elle comprend toute la deuxième période lacustre. En réalité l'apparition du bronze a dû précéder de peu celle du fer, mais au début le fer mal réduit était de qualitéinférieure ; on a dû le réserver à la fabrication des outils agricoles et préférer le bronze à la fabrication des armes. Eu effet, si une épée de bronze ne vaut pas une épée d'acier, elle reste toujours préférable à une mauvaise épée de fer; aussi il serait plus logique d'em- ployer l'expression « Période des armes de bronze » à celle d'âge de bronze. Il y a lieu de remarquer que, pendant cette période, les hommes ont continué à se servir de la pierre polie et d’une manière identique à celle de l'époque Roben- hausénienne. Origine de l’industrie du bronze en France. Il est probable qu’elle n’a pas pris naissance sur place dans un paysoù l’étain n'existe pour ainsi dire pas, comme c'est le cas pour l'Europe si l’on excepteles gisements que les Phéniciens ont fait exploiter aux iles Cassitèrides (1). D'autre part, comme les poignées des épées de bronze et les bracelets sont très petits, on peut admettre que les (1) M. Kerforme de Rennes vient de signaler un felon en Ille-et Vilaine. De LE NATURALISTE 35 gens qui se servaient de ces armes avaient les extrémités fines. Or, les races à petites mains et les gise- ments d'étain nous conduisent dans l’Inde. De plus, MM. Chantre et Guimet ont montré l’analogie d'objets trouvés dans les cités lacustres, d’autres provenant de l'Inde, ce sont des animaux mobiles portés sur des crosses munies d’une douille. On admet que les Tsiganes, habiles fondeurs de bronze, étameurs nomades, munis d'une provision de métaux, race aux mains petites, sont les descendants de la race nomade qui a introduit le bronze en Europe. . Mais si cette opinion est assez générale parmi les archéologues français, elle est repoussée par John Evans. ÉPOQUE MORGIENNE OU ÉPOQUE DU FONDEUR Haches de bronze. Lorsque à l’âge du bronze on substitua, à la hache de pierre, la hache coulée en bronze, on lui donna une forme rappelant beaucoup celle de la hache de pierre. M. de Mortillet a démontré, avec une grande netteté, la succession des formes querevêtirent les nouvelles haches pendant cette longue période de l’âge du bronze. Elle reste l'instrument le plus commun et pour la France, sur 35.000 objets de cet âge, la hache revient 10.000 fois environ. Pendant la première partie de l’âge du bronze, la plus ancienne en date est la hache en bronze à bords droits. Sur l’une et l’autre de ses faces, cette hache présente, de chaque côté, vers le milieu de sa longueur, un petit re- bord plus ou moins saillant. Dans l’espace compris entre ces deux rebords, s’insérait l’une des deux lèvres taillées à l'extrémité d’un manche recourbé en bois. Des ficelles enroulées autour des bords et de la portion terminale du manche, finissaient d'assujettir les deux parties de l'ins- trument. = Durant la deuxième moitié de l’époque morgienne, on remplaça la hache à bords droits par la hache à talon, dont la moitié supérieure,la plus étroite, est creusée, sur chaque face, d'une espèce de gorge, limitée par un arête saillante, droite ou courbe que M. de Mortillet a appelée talon. “a Les deux lèvres de l'extrémité du manche étaient en- clavées dans chacune de ces gorges; elles buttaient ‘contre les talons et étaient maintenues par des corde- lettes enroulées. : £ : Les haches de ces formes ont été appelées celts, du bas latin celtes ou celtis, ciseau. Dr ÉTIENNE DEYROLLE. CHRONIQUE & NOUVELLES Genèse de l'instinct esclavagiste de certaines espèces de fourmis. — Les oiseaux utiles et les oiseaux nuisibles. — L'amour maternel et le parasitisme. … L’esclavagisme chez les fourmis est peut-être l'instinct le plus extraordinaire que nous offre le monde si curieux des insectes. On a cherché à l’expliquer par nombre de théories, dont aucune en résumé ne résout la question. C’est ce que montrele Père Wasmann qui vient de publier sur ce singulier instinct, un travail dont nous allons don- ner le résumé d’après M. Pierron, qui y a ajouté, de son côté, quelques remarques personnelles. L'examen de 410 colonies de Formica sanguinea a mon- tré que, plus la colonie était abondante, moins il y avait d'esclaves, le rapport tendant à être toujours inverse entre maitres et esclaves. Lorsqu’elles sont très nom- breuses, on peut rencontrer ainsi des colonies homogènes, sans esclaves. L'utilité de l'esclavage est donc ici toute limitée. Quant au Polyergus rufescens, en offrant à une colonie mixte de Polyerqus-Formica rufibarbis des nymphes les plus diverses, représentant l'entrée fortuite, on re- marqua que toutes les espèces suivantes furent tuées ou mangées à l’état de nymphe, à savoir : Formica rufa, Bormica exsecta, Formica truncicolu, Formica sanguinea, Lasius emarginatus, etc. En revanche, si quelques nymphes ne restèrent pas indemnes, la plupart des Formica fusca, rufibarbis et pratensis furent acceptées, et une colonie mixte fut constituée (15 % de Polyergus rufescens, 18 de Formica fusca, 30 de Formica rufibarbis et 40 de Formica pratensis). Ce choix ne paraît pasexplicable par un hasard initial. Pour résoudre la question, il fallait autant que pos- sible étudier la formation des colonies nouvelles, à par- tir d'une mère fécondée après le vol nuptial. Un assez grand nombre d'espèces ont leurs colonies fondées par les soirs d'une femelle isolée. Telles sont. Formica fusca, Formica rufiburbis, Myrmica rubra, Lasius niger, Lasius flavus, Camponotus ligniperdus, Camponotus herculeanus, Camponotus pensylvinicus, Crematogaster scutellaris, Tem- nothorax recedens, Liometopum microcephalum Atta sex- deus. À cette liste, M. Pierron ajoute l'Aphæwnogaster bar- bara, var. nigra, dont les femelles fécondées fondent seules leur nid, ou parfois plusieurs en collaboration, mais sans aide d’ouvrières. Chez d’autres espèces, il est rare que de nouvelles co- lonies puissent être fondées; il n'y a guère que des fon- dations de branches, de rameaux de la colonie initiale. Telles sont Formica rufa et Formica pratensis, dont l’ha- bitat est considérable, s'étend sur plusieurs centaines ou milliers de mètres carrés, et dont les colonies peuvent comprendre des millious d'individus. Après le vol nup- tial, la femelle fécondée tombe dans le domaine de sa fourmilière, et par conséquent reçoit l’aide des neutres. Chez toutes ces espèces, il n’y a pas d'instincts escla- vagistes, mais il peut y avoir acceptation de la vie d’es- clave. C’est parmi les Formica fusca, rufibarbis, pratensis que se recrutent en général les esclaves, qui ont l'instinct passif de subir l'esclavage, instinct que l’on n’a pu encore expliquer. k Mais prenons la Formica truncicola, dont l'habitat se trouve en général dans les régions riches en Formica fusca et sous les pierres où celles-ci ont leur nid. Les femelles fécondées ne peuvent fonder seulesune colonie. Mais elles peuvent recevoir l'aide de Formica fusea qui les adoptent, et on rencontre ainsi des nids, dans lesquels une femelle de Formica truncicola est entourée d’ou- vrières de Formica fusca. On a affaire à une « Adoptions Kolonie » à son premier stade. Ensuite, en plus de la femelle et des ouvrières, se ren- contrent des œufs, larves, nymphes de {runcicola, soi- gnées par les fusca. À un troisième stade, on à noté la coexistence de la reine de truncicola avec des ouvrières de fusea et des jeunes ouvrières écloses de truncicola; c'est l'état auquel se trouve la colonie, de la fin de la première jusqu’au début de la quatrième année. À ce moment, les dernières fusea sont mortes, et la colonie de Formica truncicola devient homogène; vers la cinquième année, des mâles et des femelles apparaissent et se fé- condent dans le vol nuptial, après lequel de nouvelles GA TE LS 36 < LE NATURALISTE colonies se reformeront à partir du premier stade. Il n’y a pas esclavage proprement dit, mais adoption. Chez d'autres espèces, on peut rencontrer, bien que ce soit rare, des alliances, soit de deux femelles fécondées d’espèces différentes, soit de deux jeunes colonies ( « Al- liance Kolonie »). On a ainsi des colonies mixtes sans esclavage. Remarquons à ce propos que M. Forel citait récemment un Cas où il avait obligé, malgré leur répu- gnance, à cette communauté, des Colobopsis truncata et des Dolichoderus punctatus en ne leur offrant qu'un habi- tat insuffisant dans des branches de noyer évidées. Mais la Formica truncicola peut, dans des cas rares, devenir esclavagiste, et ses colonies peuvent présenter un sixième stade, après le retour à l’homogénéité. On voit des ou- vrières aller ravir des nymphes de fusca, c’est-à-dire de l'espèce qui a servi à la fondation de la colonie par son aide, sur adoption de la femelle fécondée. Et ce phéno- mène est extrêmement important : il nous montre la genèse ontogénétique de l'instinct esclavagiste, qui repro- duit l’évolution phylogénétique. La colonie d'adoption, pour se perpétuer, faute de femelle de l'espèce auxiliaire, exige des rapts, des conquêtes de nymphes, et c'est ainsi que la « Raub Kolonie », dérive de l’« Adoption Kolo- nie », En Amérique, où l’on trouve les mêmes phénomènes que précédemment dans l’association de Formica conso- cians incerta, une espèce de Formica, la Formica Was- manni, nous montre une association avec la Formica sub- sericea, qui éclaire mieux encore et complète les données fournies par la Formica truncicola. En effet, cette fourmi débute par les mêmes stades de la colonie d'adoption: seulement, ce qui n’est qu'un accident chez la Formica truncicola, à savoir, après la mort des premières auxi- liaires, la conquête de nymphes qui donneront naissance à des ouvrières capables de prendre la succession des disparues, est une règle constante chez ces fourmies ; l'esclavage ÿ apparaît bien comme un fait régulier, seu- lement il est temporaire, ce qui la différencie de la For- mica sanguinea européenne qui marque, par la continuité du phénomène, un degré plus élevé de l’évolution phylo- génétique des instincts esclavagistes, En elfet, la Formica Wasmanni ne conserve des auxiliaires que tant que sa colonie n’est pas assez abondamment fournie d’ouvrières homogènes. Mais quand un nombre normal est atteint, elle ne garde plus d’étrangères, et on revient à une co- lonie entièrement homogène comme chez Formica trun- cicola. Les colonies mixtes de Formica truncicola-fusca avaient paru une anomalie à Forel et à Wasmann lui-même autrefois, alors que c’est un stade de leur évolution. I] est d'ailleurs vraiment curieux de voir, d’après les nom- breuses et intéressantes observations de Wasmann sur les colonies mixtes de truncicola ,leurs animaux myrmé- sophiles et les relations « internationales » de ces divers insectes avec des colonies très différentes, que les For- mica fusca sont plus braves, plus guerrières que les For- mica truncicola dont elles semblent être les esclaves (parce que la reine est une truncicola) et dont elles sont plus réellement des collaboratrices (car le rapt ne porte jamais sur des adultes, mais des nymphes). En effet, une Musca vomitoria, introduite dans le nid d’une colonie mixte, était attaquée par les fusca et mettait en fuite les truncicola. . Quelques faits sont d’ailleurs intéressants à noter en passant, tel celui présenté par une colonie mixte, dont les neutres tuent les dernières fusca auxiliaires, et vont ensuite ravir des nymphes dans un nid de fusca pour remplacer par des esclaves ou auxiliairesnées les dernières de la fondation. Le président de la République vient de rendre un dé- cret pour approuver la convention que le Sénat et la Chambre des députés ont adoptée, pour la protection des oiseaux utiles à l’agriculture, signée à Paris, le 419 mars 1902, entre les gouvernements de la France, de l’Alle- magne, de l'Autriche et de la Hongrie, de la Belgique, de l'Espagne, de la Grèce, du Luxembourg, de Monaco, du Portugal, de la Suède et de la Suisse. Voici, comment on a divisé les oiseaux au point de vue de leur utilité ou de leur nocivité, LISTE N° 1. — OISEAUX UTILES Rapaces nocturnes. — .Chevêches et Chevéchettes. — Chouettes. — Hulottes ou Chats-Huants. — Effraie com- mune. — Hiboux brachyotte et Moyen-Duc. — Scops d’Aldrovande ou Petit-Duc. Grimpeurs. — Pics et toutes les autres espèces. Syndactyles. — Rollier ordinaire. Guépier. Passereaux ordinaires, — Huppe vulgaire, — Grimpe- reaux, trichodromes et sitelles. — Martinets. — Engou- levents. — Rossignols. — Gorges-bleues. — Rouges- queues. — Rouges-gorges. — Traquets. — Accenteurs. — Fauvettes de toutes sortes, telles que : Fauvettes ordi- naires, Fauvettes babillardes, Fauvettes ictérines (Hypo- laïs), Fauvettes aquatiques, Rousseroles, Phragmittes, Locustelles, Fauvette cisticole. — Pouillots. — Roitelets et Troglodytes. — Mésange de toutes sortes (Parus, Pa- nurus, Orites, etc.). — Gobe-Mouches — Hirondelles de toutes sortes. — Lavandières et Bergeronnettes. — Pipits. — Becs-croisés. — Venturons (Citrinella) et Serins, — Chardonnerets et tarins. — Etourneaux ordi- naires et Martins. Échassiers. — Cigognes blanches et noires. LISTE N° 2. — OISEAUX NUISIBLES Rapaces diurnes. — Gypaète barbu. — Aigles, toutes les espèces. — Pygargues, toutes les espèces. — Balbu- zard fluviatile. — Milans, Elanions et Nauclers, toutes les espèces. — Faucons, Gerfauts, Pèlerins, Hobereaux, Emerillons, toutes les espèces, à l'exception des Faucons Kobez, Cresserelle et Cresserine, — Autour ordinaire, — Epervier. — Bussard. Rapaces nocturnes. — Grand-Duc vulgaire. Passereaux. — Grand Corbeau. — Pie voleuse. — Geai glandivore. Echassiers. — Héron cendré et pourpré. — Butors et Bihoreaux. Palmipèdes. — Pélicans. — Cormorans. — Harles, — Plongeons. Ces listes sont bien sommaires. * x x Dans un très intéressant article de la Revue des idées, M. Giard fait connaître d’intéressants détails sur les ori- gines de l’amour maternel, C’est ainsi qu’il montre que l’éthologie comparée fait voir de la facon la pius nette, que les rapports entre l'organisme parent et sa progéni- ture sont dans le principe absolument les mêmes que ceux qui existent entre un animal parasité et son para- site, et qu'après une période d'équilibre instable, où l’un ou l’autre des deux organismes en contact se trouve lésé ‘au profit de son associé, il tend à s'établir une position définitive d'équilibre mutualiste où les deux partenaires trouvent dans l'association un avantage pour la lutte contre l’ensemble des causes communes de destruction, soit cosmiques, soit bionomiques. Il est facile de constater, en effet, que toutes les fois qu'une disposition anatomique se trouve réalisée pour permettre l'incubation, l'organe nouveau ainsi créé est tout aussi propre à servir de logis à un parasite qu'à abriter la progéniture. M. Giard à cité maints exemples SANTE LE NATURALISTE x #] de ce parasitisme substitutifs dans ses travaux sur la castration parasitaire; citons-en seulement quelques-uns des plus significatifs. La cavité incubatrice des Actinies peut héberger un Copépode de grande taille, le Stamosoma parasiticum. Celle des Amphiura loge souvent des Orthonectides du genre Rhopalura. La progéniture de la Synapte est souvent remplacée par le singulier mollusque parasite Enfoconcha mirabilis. La cavité atriale des Ascidies composées est fréquem- ment bourrée de Copépodes de diverses espèces. Les crustacés décapodes brachyoures et Pagures portent parfois, à la place de leurs paquets d'œufs, soit une sac- culine, soit un Peltogaster, et ces Rhizocéphales unis à leurs hôtes par une véritable placentation de prolonge- ments rhizoïdes sont défendus contre les ennemis exté- rieurs par les mêmes réflexes qui serviraient à défendre la progéniture. Lorsqu'on cherche à toucher du doigt la ponte d'un crabe femelle en gestation, celui-ci parait entrer en une vive colère : il repousse énergiquement l’agresseur avec ses dernières pattes thoraciques en même temps qu'il ouvre ses pinces d’une façon menaçante. Toute cette mimique est impressionnante et donne l'illusion d'une mère dévouée qui cherche à défendre ses petits. Mais si lon répète l'expérience sur une femelle, qui, au lieu d'œufs, porte sous la queue une sacculine parasite, on voit qu'elle manifeste la même indignation. Il est pro- bable que, dans un cas comme dans l’autre, la sensation perçue par le crabe est identique. Peut-être même la contraction du parasite excité détermine-t-elle sur les centres nerveux de l'hôte une action plus énergique en raison des liens organiques et qui n'existe guère dans le cas où il s’agit de la ponte. On croirait constater chez tous ces animaux un véri- table amour maternel pour le parasite ! Aussi, est-il arrivé fréquemment que le parasite a été pris par les naturalistes pour la progéniture légitime de l'hôte qui en est infesté. Et cette erreur a été commise parfois par des observateurs très exercés et des zoolo- gistes de premier ordre, C’est ainsi que les Euniciens parasites ont été consi- dérés comme les jeunes d'Annélides vivipares. Les em- bryons de l’Isopode Liriope ont été décrits comme étant ceux du Peltogaster qu'il attaque ; le célèbre Johannes Mueller n’a pu débrouiller l'énigme de l’Entoconcha, dont il prenait les larves véligères pour les embryons de la Synapte. Chez les Médusaires, les Cunina parasites ont été con- sidérés longtemps comme la descendance des Geryonides par lesquelles elles se font charrier. HENRI COUPIN. ESSAIS DE CULTURE D'ARBRES À CAOUTCHOUC EN INDO-CHINE La Feuille de renseignements de l'Office colonial - publie un rapport de M. Capus, directeur de l’agricul- ture et du commerce de l’Indo-Chine, relatif à une étude très documentée de M. G. Vernet, chimiste à l'Institut Pasteur de Nha-trang, sur l’Hevea Brasiliensis, sa culture et son exploitation dans le Sud-Annam. Une première conclusion à tirer de l’étude de M. Ver- net se rapporte incontestablement à la conscience avec laquelle elle a été faite, et à l'esprit scientifique qui en a dirigé la méthode. Il est tout à fait réjouissant de voir de tels travaux sortir du laboratoire nouvellement organisé de Suoi-Giao, concurremment, avec les travaux spéciaux auxquels se livre l’Institut Pasteur de Nha-Trang. Pour qu'il en soit ainsi, 1l faut que le laboratoire fasse corps avec la plantation et qu'il en soit la raison d’être sur les” lieux mêmes où la matière expérimentale se créé et évolue. Je ne connais pas de plus admirable institution de ce genre, quele S’Land Plantentuin de Tjikeumeuh, près de Buitenzorg, qui fait partie de cet institut bota- nique des Indes Néerlandaises auquel on a reproché, tout récemment, d’être trop scientifique! Comme si toute entreprise culturale, quelle qu’elle soit, n’était pas astreinte, sous peine de cécité, à s’éclairer des données de l'expérience et de l’acquit scientifique ! C’est à Tjikeumeuh, et autant dans la cornue du chi- miste que dans la pépinière du jardinier, que furent étudiées, avec succès, jusque dans les derniers temps, les grandes cultures industrielles qui modifient la vie économique d'un pays. Dans une proportion moindre, c'est Suoi-Gia qui, première institution du genre, à pu réaliser ce desideratum que nous poursuivons, avec la lenteur inévitable à toute création administrative d’inté- rêt direct peu démonstratif — de la plantation d’essai scientifiquement conduite avec un outillage approprié. Parmi les observations de M. Vernet, nous relevons la remarque de la variabilité du type Hevea Brasiliensis dont les représentants cultivés à Suoi-Giao ne présentent pas les mêmes caractères morphologiques que ceux décrits par divers auteurs sur des échantillons de provenances diverses. Nous n’irons cependant pas jusqu'à admettre une variété asiatique; nous constaterons seulement que voici une espèce qui semble plastique au point de vue morphologique, d'où nous eoncluons à la probabilité de l'existence de variétés physiologiques à rendements en latex eten caoutchouc différents. La variabilité de la plupart des types spécifiques des cultures tropicales ne le cède en rien à celle des types de cultures de zone tempérée. L'adaptation tellurique de l’Hevea semble plus facile que la climatérique Les terres de Suoi-Giao sont parmi les meilleures, là ma connaissance, de l’Indo-Chine et les plus heureuses, au point de vue principes nutritifs et hydrologie. Moins favorables et surtout moins favorisées, comme régime des eaux, sont les terres de Ong-Yem en Cochinchine, et les différences de cette nature dans l’une et l’autre de ces deux stations sont assurément beau- coup plus grandes que le sont proportionnellement les différences de bonne venue entre les Hevea qui y sont cultivés. Plus éclectique est la latitude faisant intervenir, avant tout, la température, Si Hué, qui jest à 46°30 de lat. N. ne permet plus à l’Hevea de se développer, c'est qu'il y fait trop froid en hiver, ainsi que deux expériences l'ont démontré à M. Jacquet, directeur de l'agriculture en Annam. M. Vernet, en choisissant judicieusement ses graines d'Heveu pour semences, a obtenu des levées de 90 à 95 %. C'est là un fort beau résultat, très rassurant pour l’ex- tension possible de cette culture en Indo-Chine. Suoi- Giao, en effet, produit d'ores et déjà des quantités con- sidérables de graines, etle planteur, en quête de semence, n'aura plus besoin de s'adresser à de lointaines sources d'approvisionnement, alors que la faculté germinative de RTE ie nd = RE te RE dt 7 ART) RS 38 LE NATURALISTE a graine d'Hevea ne se conserve pas au delà de cinq à six semaines. Je note encore, dans l'étude de M. Vernet, les obser- vations suivantes, se rapportant à la plantation du Suoi- Giao : Le repiquage des jeunes plants d'Hevea, issus de semis, est moins favorable à leur bon développement que le semis en place. Les animaux déprédateurs de grande taïlle, domes- tiques ou fauves, sont plus à craindre que les maladies parasitaires, et il convient de s’en défendre au moyen d’une clôture appropriée. Comme partout ailleurs, on a observé ici d'inexpli- cable inégalités dans le développement des arbres, appa- remment placés dans les mêmes conditions d'existence. Il y a lieu de penser qu'il y a là un effet de la qualité va- riable des semences non sélectionnées transmettant héréditairement les qualités de vigueur ou de richesse en latex de leurs parents, ceci, d'autant plus que les diffé- rences individuelles, en rendement de caoutchouc, ne dépendant pas du développement de la circonférence des sujets, les moins forts donnent parfois le meilleur rende- ment. La sélection des graines acquiert de la sorte une importance de premier ordre. Les saignées répétées amènent, dans l'écoulement du latex, une première période d’hésitation, ensuite un maximum de rendement suivi d'une période de dimi- nution. La dilution du caoutchouc dans le latex est progres- sive. La proportion du latex va aussi en diminuant, au fur et à mesure que l'heure de la journée s’avance, que la température augmente et que la quantité du latex, disponible dans l'arbre, diminue. Il est avantageux de raviver la plaie de la lèvre infé- rieure seulement. L'âge minimum des arbres pour les saignées est de six ans; à septans, ils peuvent être exploités sans dis- tinction de taille ou de circonférence. La meilleure époque de l'exploitation va de juillet à février. La base du tronc donne plus de latex à la saignée, On recommande des incisions en V imparfait et l'emploi de godets fixés au tronc, à l’aide d’une pâte d’argile. L'emploi de l’acide acétique, pour la coagulation du latex, a donné les meilleurs résultats. Enfin le rendement des arbres de six à sept ans est évalué, en moyenne, à 312 grammes de caoutchouc sec : ce chiffre est considéré comme faible et devant augmen- ter avec l’âge des sujets. Telles sont les principales conclusions à tirer de l'étude de M. Vernet. Comme le dit son auteur, cet étude n’est pas complète, et M. Vernet se propose de consacrer une deuxième série de travaux aux questions de physiologie et de biologie végétale relative à la production et au rôle du latex. Nous saurons, alors peut-être, mieux que par l'affirmation de son avis, que je ne partage pas, si la montée du latex est un phénomène de capillarité. Ilest une autre appréciation d’ordre économique, que je ne partage pas davantage : celle relative à l’abandon, d'ores et déjà escompté de futures plantations à caout- chouc, en prévision d’une surproduction menacante. C’est là, vraiment, une crainte déconcertante, au début de n'importe quelle culture ne constituant pas pour son propriétaire un monopole mondial. Je ne connais pas beaucoup de cultures industrielles qui jouissent, comme celles des espèces à caoutchouc, d'un pronostic d'avenir également favorable. La « fièvre d'Hevea » qui s’est emparée des planteurs de Ceylan et de la Malaisie et qui produira, cette année-ci, quelque chose comme 500 tonnes de caoutchouc, n’est pas encore parvenue à baisser le prix du kilogramme de Para-rubber, ni celui de l’Assam-rubber, et il est à prévoir que l'augmentation de la demande du caoutchouc brut progressera suivant un coefficient supérieur à celui de la production. Il faut considérer également que la culture des lianes, en dépit de tous les efforts, n’est point encore pratiquée et que, d'année en année, les réserves naturelles des lianes sau- vages diminuent dans les centres d'exploitation de plus en plus saccagés. De plus, lorsque, comme en Malaisie, le rendement à l’hectare d'une plantation d'Heveas est calculé, dans le bilan de culture, à raison d’un bénéfice net de 2.500 fr., il reste encore une marge assez grande pour un manque à gagner, qui ramènerait le bénéfice net à celui de cultures richescommele cacao, le café, lethé, le coton ou le tabac. Lorsque la plantation de Suoi-Giao aura livré au mar- ché sa première récolte commerciale, elle nous fera con- naître sans doute les chiffres de son bilan de culture, dont l'excédent de recettte est l’ultima ratio des efforts du colon planteur. On voit, par exemple, que sur le domaine de Suoi-Giao, les conditions de main-d'œuvre sont assez précaires, bien que les prix des salaires ne soient pas très élevés, à l'unité. Or, on conçoit aisément qu'une main-d'œuvre régulière attachée à la concession, mais se payant un peu plus cher, sera plus profitable, sans que les bénéfices en soient nettement accusés dans le bilan de culture. Nous avons inauguré ce système d’attache- ment des coolies à l'établissement, dans nos stations d'essais, qui s’en trouvent bien. > L'auteur rappelle ce qu’il écrivait, il y a six ans, au sujet de la culture de l'Hevea en Indo-Chine; il esti- mait, comme aujourd’hui, que, parmi les espèces exo- tiques, on pouvait recommander la culture du caoutchou- tier du Para et s'attacher à en répandre les plantations. Mais il estimait aussi, sans que son sentiment, à cet égard, se soit modifié aujourd'hui, que la culture et la multiplication du Ficus elastica s’imposait à l'attention de nos colons planteurs, avec plus d'autorité, parce que la plante sud-américaine a des exigences de milieu et de culture que le gommier ignore, étant rustique et apte à couvrir des milliers. d'hectares, depuis la Cochinchine jusque dans le Haut Tonkin ; ces terres si vastes, sou- vent impropres à d'autres cultures, dites riches, se prê- tent à celle du Ficus alors que, depuis le 15e de latitude, elles se refuseraient à celle de l’Hevea. Quant aux terres si propices à la culture de l’Hevea, M. Vernet a indiqué sommairement quelques cultures intercalaires possibles. Il croit également à la possibi- lité de l'association heureuse, dans une même exploita- tion,mais sur des terrains séparés, des deux espèces, icien cause sinon en rivalité. Quoi qu'il en soit, il estsage de ne pas confier l'unique espoir de la réussite à une monoculture.Il convient aussi de ne pas accepter de formules intransigeantes, d’enthou- siasme hâtif, avant de pouvoir autoriser son jugement d’études et de résultats d'expériences aussi intéressantes et consciencieuses que celles du laboratoire de Suoi* Giao. LE NATURALISTE 39 ACADÉMIE DES SCIENCES Prix proposés pour les années 1907, 1908, 1909, 1910, 1911 GÉOGRAPHIE Prix Gay (1.500 fr.). — L'Académie a mis au concours pour sujet du prix Gay qu'elle doit décerner en 1907, la question sui- vante : Etude des conditions nalurelles dans les régions polaires. Prix Tchihatchef (3.000 fr.). — M. Pierre Tchihatchef a légué à l’Académie des Sciences la somme de 100.000 francs, dont les intérêts sont destinés à offrir annuellement une récom- pense ou un encouragement aux naturalistes de toute natio- | nalilé qui se sont le plus distingués dans l'exploration du conti- nent asiatique (ou iles limitrophes), notamment des régions les moins connues et, en conséquence, à l'exclusion des contrées suivantes : Indes Britanniques, Sibérie proprement dite, Asie Mineure et Syrie, contrées déjà plus ou moins explorées. Les explorations doivent avoir pour objet une branche quel- conque des Sciences naturelles, physiques où mathématiques. Sont exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, ete. IL est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés doivent être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes, et non des œuvres de simple érudition. Prix Bimoux (2.000 fr.). — Ce prix annuel, attribué alter- nativement à des recherches sur la Géographie ou la Naviga- lion et à des recherches sur l'Histoire des Sciences, sera dé- cerné, en 1908, à l’auteur de travaux sur la Géographie où. la Navigation. Prix Delalande-Guérimeau (1.000 fr.). — Ce prix biennal sera décerné en 1908 « au voyageur français ou au savant qui, «l'un ou l’autre, aura rendu le plus de services à la France ou « à la Science ». Prix Gay (1.500 fr.). — L'Académie à mis au concours pour sujet du prix Gay, qu’elle doit décerner en 1908, la question sui- vante : Etudes géologiques sur le Maroc. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE Grand prix des sciences physiques. — L'Académie met au concours pour l’année 1907, la question suivante : Les abîmes et les cavernes; élude générale des eaux souterraines, notamment au point de vue de l'hygiène. La question proposée pour l’année 1909 est la suivante : Les stades d'évolution des plus anciens quadrupèdes trouvés en France anis e Prix Delesse (1.900 fr.). — Ce prix biennal sera décerné dans la séance publique de 1907, à l’auteur, français ou étranger, d’un travail concernant les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. Prix Fontanmes (2.000 fr.). — Ce prix sera attribué, en 1908, à l’auteur de la meilleure publication paléontologique. Prix Bordin (3.000 fr.). — La question mise au concours pour 1908, est la suivante : Etude des poissons fossiles du bas- sin parisien. BOTANIQUE Prix Desmazières (1.600 fr.). — Décerné à l’auteur de l'ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la Cryptogamie. ‘: Prix Montagne (1.500 fr.). — Décerné aux auteurs de travaux importants, ayant pour objet l’'Anatomie, la Physiologie, le développement ou la description des Cryptogames infé- rieures. Prix Thore (200 fr.). — Décerné au meilleur travail sur les Cryptogames cellulaires d'Europe. A ———— "NS EE 2, Prix de Coimey (900 fr.) — Décerné à un ouvrage de Phanérogamie écrit en latin ou en francais. Prix de la Fons-Mélicocq (900 fr.). — Décerné au meilleu ouvrage de Botanique sur le nord de la France, c’est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne. ANATOMIE ET ZOOLOGIE Prix Savigny (1.300 fr.). — Sera décerné à de jeunes zoolo- gistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du Gouver- nement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans vertèbre, de l'Egypte et de la Syrie. Prix Thore (200 fr.). — Sera décerné, en 1908, au meilleur travail, sur les mœurs et l'anatomie d’une espèce d'Insectes _ d'Europe. Prix Da Gama Machado (1.200 fr.) — Ce prix sera décerné, en 1909, au meilleur Mémoire sur les parties colorées du système tégumentaire des animaux ou sur la matière fécon- dante des êtres animés. PHYSIOLOGIE Prix Montyon.— Ce prix est décerné annuellement parl'Aca- démie à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, de Physiologie expéri- mentale, qi lui parait répondre ie mieux aux vues du fondateur. Prix Philipeaux (900 fr.). — Ce prix annuel est destiné à récompenser des travaux de Physiologie expérimentale, Prix Lallemand (1.500 fr.). — Ce prix annuel est destiné à « récompenser ou encourager les travaux relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots ». Prix Pourat (1.000 fr.). — La question proposée pour l’an- née 1907 est la suivante : Ulilisalion des pentanes dans les or- ganismes animaux. L'Académie met au concours pour l'année 41908, la question suivante : La destination immédiate de l'énergie consacrée à l'entretien de la vie chez les sujets à sang chaud. Déterminer, en vue de l’élude expérimentale de celte ques- lion, l'influence de la soustraction de l'organisme animal à toute déperdilion calorique sur sa dépense énergétique, appré- ciée d’après les échanges respiratoires. Les moyens d'empêcher les déperdilions de chaleur sont laissés au choix des expérimentateurs. On recommande toute- fois l'emploi de l’éluve chauffante à air saturé d'humidité utilisée par Delaroche et Claude Bernard dans leurs recherches sur la morl par échauffemen. Prix Z. La Caze (10.000 fr.) — Ce prix biennal sera décerné, dans la séance publique de 1907, à l’auteur, français ou étranger, du meilleur travail sur la Physiologie. I] ne pourra pas être partagé. Prix Martin-Damourette (1.400 fr.). — Ce prix biennal, destiné à récompenser l’auteur d'un ouvrage de Physiologie thérapeutique, sera décerné en 1908. PRIX GÉNÉRAUX Prix Cuvier (1.500 fr.). — Ce prix {riennal, attribué à l'ou- vrage le plus remarquable sur la Paléontologie zoologique, PAnatomie comparée ou la Zoologie, sera décerné, dans la séance annuelle de 1909, à l'ouvrage qui remplira les conditions du concours, et qui aura paru depuis le 1‘ janvier 1906. Prix Petit d'Ormey (Deux prix de 10.000 fr.). — L’Acadé- mie a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Or- moy, elle décernera fous les deux ans un prix de dix mille francs pour les Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs pour les Sciences naturelles. Elle décernera les prix Petit d'Ormoy, dans sa séance publique de 1907. Prix Leconte (50.000 fr.). — Ce prix doit être donné, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence de nationalité : 4° Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle, Sciences médicales ; 20 Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, appli- cations qui devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. L'Académie décernera le prix Leconte, en 1907. PS LEE pu Me ee PU 40 LE NATURALISTE Sur les Copépodes recueillis par la mission Charcot et communiqués par M. Bouvier. — Note de M. Quipor, pré- sentée par M. Yves DeLace. La mission Charcot a recueilli des richesses zoologiques d'une valeur inestimable, destinées à combler bien des lacunes dansles collections du Muséum. Cette appréciation générale de la pénible et fructueuse campagne du Français s'applique, en particulier, au groupe des Copépodes étudié dans cette note. Il à été recueilli dans le voisinage de l'ile Wandel quelques- unes des espèces trouvées précédemment par l'expédition de la Belgica: Balanus propinquus, Euchæta antarclica, Harpacticus brevicornis. La mission a rapporté, en outre, quatre espèces nouvelles : l’une pélagique capturée par le filet de surface, Phyllopus Tur- queti (n. s.); deux autres draguées dans la baie de Carthage par une profondeur de 20 mètres : Porcellidium Charcoti (n. s.) et : Porcellidium afjfinis (n.s.); enfin une espèce parasite, Anchorella inlermedia trouvée dans la cavité buccale d’un Nofhostlenia.- Appareil respiratoire pour l'exploratiou des milieux remplis de gaz irrespirables. — (Note de M. GuGLiELMr- NETTI, présentée par M. D'ARSONVAL.) L'auteur décrit un appareil respiratoire autonome, c'est-à-dire qui rend l'homme indépendant de l’air extérieur, en mettant à sa disposition une quantité d'air largement suffisante, non seu- lement pour séjourner, mais pour untravail de deux heures dans un milieu irrespirable, sans le moindre inconvénient. Il est basé, à cet effet, sur la régénération d'air par absorption de l’acide carbonique éliminé par les poumons et le remplacement de l’oxy- gène consommé par le sang d'après les expériences classiques de Regnault et Reiset. En même temps que l’acide carbonique, les ptomaïnes sont absorbées par la potasse. Sur l'indépendance de la métamorphose vis-à-vis du systèmenerveuxchezles Batraciens. — (Note de M. P. WinNTREBERT, présentée par M. ALFRED Gap.) Lœb, en 1896, étudia l'influence du système nerveux sur la mé tamorphose d'Amblystoma ; il sectionna la moelle cervicale et constata dans la tête et le tronc les changements chronologiques habituels de la transformation. Cette expérience démontre seulement l'indépendance de deux parties du corps vis-à-vis l’une de l’autre dans la métamorphose et non l'indépendance de chacune d'elles vis-à-vis de son sys- tème nerveux particulier. Il est nécessaire, pour obtenir ce der- nier résultat, d'extirper un ruban de moelle avec les ganglions spinaux correspondants et d'observer ensuite la métamorphose des territoires paralysés. De ses diverses expériences faites sur les Urodeles (Salaman- dra maculosa),surles Anoures(Rana viridis, Alytesobstetricans), l’auteur a été amené à conclure que l’ablation de Ja moelle et des ganglions spinaux démontre, chez Salamandra maculosa, 'in- dépendance complète de la métamorphose vis-à vis du système nerveux ; que, malgré l'absence de ses centres médullaires, la queue des larves de Rana et d'Alyles présente les phénomènes normaux de la régression ; et que chez les larves d’Alyles opé- rées très tôt on n'observe pas de régression prématurée de Ja queue dont la forme est conservée; l’atrophie, résultant de para- lysie, détermine seulement une dégénérescence et une disparition plus rapide de l'organe au temps de la métamorphose. Sur la présence de trachytes et d’andésites à hyper- stkène dans le Carbonifère de Corse. — (Note de M. Deprar, présentée par M. Micuez Levy.) Les auteurs ont déjà indiqué l'existence en Corse d'importantes éruptions trachytiques (orthophyres) d'âge carbonifère, ayant donné naissance à de nombreux filons et coulées ; ces dernières avec tufs trachytiques surbordonnés s’observent en nappe, dans la partie supérieure du Carbonifère d'Osani. En étudiant ces roches au point de vue pétrographique, les auteurs y ont observé des types intéressants et notamment des trachytes à hypersthène. La présence des roches volcaniques à pyroxène rhombique dans le carbonifère de Corse parait un fait assez intéressant. Il est intéressant de rappeler que des gisements également paléo- zoïques de roches analogues ont élé signalés en quelques points. Ainsi dans le Tyrol méridional, près de Klausen, on a signalé des porphyrites à enstatite ; dans le Houiller de la Nahe, des types similaires ont été constatés. Aux environs de Figeac, M. Michel Lévy a décrit des basaltes à bronzite (mélaphyres) houillers. Enfin dans le Paléozoïque des Iles Britanniques on a signalé une série d’andésites à hypersthène, notamment des laves anciennes des Stapeley Hills (Shropshire) du Vieux Grès rouge des Cheviots Hills, de Carn Boduan (Caernarvonshire), du Fifeshire, etc. On peut également en rapprocher l’andésite à enstatite dite pierre de Bourran dans le bassin houiller de Decazeville, étudiée par M. Gentil et signalée par divers auteurs. LIVRES NOUVEAUX Les Bêtes chez elles et dans le monde, par HENRI Coupi. Broché, 2 fr. 50; fo, 3 fr. 35; relié genre amateur : 4 fr; fe, 4 fr. 85. En vente chez les Fils d'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris, Les animaux ne sauraient être mieux dépeints que par des naturalistes célèbres ou par des voyageurs dignes de foi et savants. Aussi l'auteur a-t-il fait de ce volume comme une galerie à peu près complète d'animaux où chaque « sujet » est présenté en un tableau composé d’un passage choisi dans un auteur compétent, que précède une courte notice, qu'accompagne un et parfois plu- sieurs dessins et que suivent quelques brèves notes. C'est original, vivant, très instructif et tout à fait attrayant, Le Pigeon messager (dit voyageur) au XX° siècle, par LÉoN Gérarpin. Beau volume in-12 carré, orné de 24 figures. En vente chez les Fils d'Émile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. 2 fr., franco 2 fr. 20. La Colombophilie française est en plein progrès; les grandes épreuves au long cours qui viennent d’avoir lieu en 1905, sous la direction de M. J. Rosoor (de Tourcoing), ont montré que nos pigeons ont été beaucoup perfectionnés depuis 1870. La poste par relais et la poste en mer ouvrent des horizons nouveaux au Pigeon messager du XX° siècle. C'est ce qu'a démontré l’auteur de cet opuscule en y rassemblant, sous la forme la plus attrayante, tous les documents qui peuvent inté- resser les colombophiles chaque jour plus nombreux, tant en France qu'aux colonies. On y trouvera, pour la première fois, l'Histoire naturelle complète du pigeon, avec les résultats mer- veilleux déjà obtenus par son dressage raisonné... <— Bibliographie 340. Sluiter (C.-Ph.). Zwei merkwürdige Ascidien von der Siboga-Expedition. Tijdschr. d. Ned. dierk. Ver.,IX, 1905, pp. 325-327, fig. 2414. Termier (P.). Les Alpes entre le Brenner et la Val- teline. Bull. Soc. Geol. Fr., V, 1905, fasc. 3: pp. 209-289, pl. VII et VIII. 8342. Thims (H.-W.-M.). The Development Structure, and Morphology of the Scale in some Teleostean Fish. Quart. Journ. Micr. Sc., 49, part. 1, 1905, pp. 39-68, pl. VI. 343. Tournouër (A.). Restauration des pieds antérieurs de l’Astrapothérium. Bull. Soc. Geol. Fr., V, 1905, fasc. 3, pp. 305-307, fig. 344. Van Lidth de Jeude (T. W.). Zoological results of the Dutch scientific expedition to Central Borneo. Rep- liles. Notes from the Leyd. Mus., XXV, 1905, pp. 187-202. 345. Worthington (J.). The Descriptive anatomy of the Brain and Cranials Nerves of Bdeilosloma Dombeyi. Quart. Journ. Micr. Sc., 49, part. 1, 1905, pp. 157-182, pl. VIII-XI. 346. Zang (R.). Passalidarum synonymia, Kritische revision der von Kuwert und anderen autoren aufgestellten Gattungen und arten. Notes from the Leyd. Mus., XXV, 1905, 221-932. 347. Zang (R.). Zwei neue Passaliden aus den Gattungen Comacupes und Aceraeus. Notes from the Leyd. Mus., XXV, 1905, pp. 233-238. Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette. 27 FEB.1906 . 28° ANNÉE Les Méduses Fossiles! Genre Hexarhizites. — Ce n’est très probablement qu'à titre de variété de l’une des espèces précédentes que ce genre doit être considéré. En effet, comme le dé- montre le Dr Ammons, en dehors de la symétrie hexa- AN À\ MALE WIN AA NN Fig. 5. — Hexarhiziles insignis, Hæck., aux 2/3 de la gran- deur naturelle. a, b, Cicatrice buccale. — c1-6, Points de bifurcation des 6 bras, — di-12, Bords externes des cicatrices brachiales. — el-12, Angles latéraux des 6 cavités génitales. — f1-6, Connexité centrale du contour extérieur des 6 cavités génitales. — 91-6, Contour interne des 6 cavités génitales {opercules subgéni- taux). — À, Contour périphérique de la zone génitale. — 1, Contour de la zone unie (canal circulaire). — #1-6, Portion périphérique des 6 canaux perradiaux. — /1-6, Même portion des canaux interradiaux. — m, Dépressions marginales perra- diales. — n, Mêmes dépressions interradiales. y \ {l il 1 | Ù RUE mérique de cette espèce tous ses caractères concordent avec ceux des deux espèces du genre Rhizostomites. Or si l’on tient compte du grand nombre des anomalies qui Fig. 6. — Croquis du Leptobrachites trigonobrachius, Hæck., réduit et restauré par Brandt. À, B, C,E, Quatre bras oraux distincts, D, cinquième bras problématique. — M, Face supérieure de l’ombrelle. — N, Face inférieure de la même. — b, Son bord. — c'-”", Lobes margi- naux. — f, Empreinte de la cavité cœlentérique centrale. — i, Lèvres de la bouche. — o, Zone circulaire avec 0'-" ouver- tures des cavités génitales. — P, Place du passage du tronc dans l’ombrelle. — Q, Contour du tronc. — R, Passage du tronc dans la base des bras oraux. s’observent sur les méduses vivantes, il semble très admissible de ne regarder H. insignis, Hæckel, (fig. 5.) que comme synonyme de R. admirandus. (4) Voir le Naturaliste, n° 454. SÉRIE — N° 455% 15 FÉVRIER 1906 Genre Leptobrachites.—Les traces pour lesquelles Hæckel a créé ce genre ne sont pas d’une très grande netteté, et leur interprétation a donné lieu à des diver- gences assez prononcées quant au sens précis des organes qui y sont représentés. Cependant les différents auteurs qui se sont occupés de ces fossiles, semblent d'accord pour y voir l'impression d’une méduse couchée sur le côté et qui paraît bien voisine des genres étudiés précé- demment et particulièrement des Rhizostomites admirandus et lithographicus. Nous nous contenterons ici de repro- duire au trait le croquis donné par le Dr Brandt et qui accompagne l'essai de restauration de ces restes problé- matiques (voyez fig. 6). Nous ajouterons que Hæckel en a lui-même donné une figure très voisine de celle que nous mettons sous les yeux de nos lecteurs et qui, peut- être mieux encore que celle-ci, traduit la véritable si- gnification des organes imprimés dans la pierre. Genre Medusina. — Walcott a proposé ce nom en remplacement de celui de Médusites, plus anciennement appliqué, mais qui correspond à des restes fossiles dé- / Fig. 7. — Restauration de Medusina alava, d'après Pohlig. crits par le professeur Germar en 1826, lesquels furent postérieurement reconnus Comme appartenant au genre Lumbricaria de Goldfuss. Le genre Medusina comporte dix espèces dont trois se rencontrent dans le Cambrien, une dans le Permien, et les six autres dans le Jurassique. Fig. 8. — Medusites lalilobatus, Amm., dans un rognon de Silex du Crétacé supérieur trouvé dans le Diluvium de Ham- bourg. Il convient d'ajouter ici, à titre d’incertæ sedis, les Me- ] ) dusites cretaceus, Kner., A. latilobatus, Amm. et M. Helgo- landicus, Brandt, toutes trois du Crétacé supérieur. 42 LE NATURALISTE Les trois espèces cambriennes sont : Medusa costata, Torell (sp.); — princeps, Torell (sp.); — radiala, Linnarsson, (sp.); La synonymie de ces trois formes est relativement compliquée. La première espèce a d’abord été prise pour un oursin, puis rangée dans les Crinoides. La seconde a été tout d'abord décrite sous le nom de Protolyellia, puis sous celui d’Astilospongia qui servit également de nom générique pour la troisième espèce. Nous avons dit plus haut que les sédiments permiens avaient fourni une méduse, cet être a reçu du D' Pohlig, qui la décrivit en 1892, le nom de Medusites atavus. Le croquis ci-joint (fig. 7) reproduit la restauration donnée par cet auteur de ce fossile qui vient du Rothlie- gende supérieur de Thuringe. Quant aux espèces rencontrées dans le Jurassique, ce sont : Medusina deperdita, Beyrich. — quadrata, Hæckel. — bicincta, — — Staurophora — —— circularis — — porpilina — La première de ces espèces, qui est la plus ancienne- ment connue, a tout d’abord été décrite comme acalèphe en 1849. Cette détermination fut abandonnée par Hæckel en 1865, mais le Dr Brandt, dans les Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l’Académie impériale de Saint-Péters- bourg, reprit en1871 le premier nom et étudia à nouveau cette forme sous le nom de Acalepha deperdita. Les autres espèces n'ont rien de bien particulier qui puisse retenir notre attention. Quant aux formes douteuses dont nous parlions plus haut et qui sont comprises sous la dénomination géné- rique de WMedusites, nous n’en dirons également que quel- ques mots, car leurs traces sont encore assez probléma- tiques. L'une de celles qui laissent le moins de prise au doute parait être Medusites latilobatus, Amm., que nous repro- duisons (fig. 8) d'après un dessin du savant qui l’a dé- crite. On voit que ce fossile n’est pas sans analogie avec certaines empreintes considérées comme provenant de véritables méduses, avec Medusina deperdita,Beyrich, par exemple, ou bien encore avec Acraspedites antiquus, Hæckel. Les plus belles empreintes de médusites se rencontrent dans les silex de la craie supérieure rencontrés à l’état remaniés dans le diluvium des environs de Hambourg. Il en a été également rencontré dans la craie de Ga- licie, mais celles-ci sont inférieures aux précédentes, comme état de conservation. P.-H. FRITEL. MŒURS ET MÉTAMORPHOSES ! DES ESPÈCES du genre MAGDALINUS Germar. COLÉOPTÈRES DU GRAND GROUPE DES RHYNCOPHORES Reproduction. — Le printemps arrive avec ses belles journées ensoleillées, c'est le moment venu pour l'adulte nouvellement éclos dans sa loge nymphale, d’en profiter pour apparaitre au dehors, libre, au prix de dix longs mois de réclusion passés soit à l’état d'œuf, de larve ou de nymphe ; son premier soin, une fois délivré, consistera à parachever le raffermissement de ses téguments, à leur faire ainsi acquérir la consistance nécessaire pour parer aux accidents, puis il gagnera la tige la plus voisine de l'arbre nourricier et y séjournera à l’état d’expectative apparente. Que ce soit sur une brindille ou sur une branche d’es- sence forestière où fruitière, la nitée à laquelle appar- tient notre nouveau-né ne tardera pas à faire comme lui, à se faire voir, de telle sorte qu’il en résultera sur un même point, une réunion d'individus de sexes différents, et comme l’adulte a pour mission finale de reproduire sa propre espèce, il s’ensuivra un rapprochement désiré par l’un comme par l’autre ; aussi dès que mâle et femelle se trouveront en contact, commenceront les préludes de l’accouplement, le mâle après quelques attouchements des antennes et des pattes, montera sur sa femelle et dès lors aura lieu la copulation; si rien ne vient à déranger le couple, une journée entière y sera consacrée, la fécon- dation sera ainsi assurée, puis le copulateur n'aura que le temps de quitter le plan de superposition pour aller non loin terminer ses jours, son rôle est achevé; la femelle recherchera aussitôt un lieu propice pour le dépôt de sa ponte, une branche morte, ou la tige mourante de l’arbre affecté à la nourriture de sa nitée; à cet effet, Le point choisi pour le dépôt de son premier œuf, l’aisselle d’un bourgeon, d’une feuille ou d’une tige, selon l'espèce, elle perfore avec ses mandibules la place de toute la longueur de son rostre, se retourne, met en communica- tion son oviducte avec l’orifice creusé et accompagne son son œuf jusqu’au fond du trou qu’elle comble ensuite de débris arrachés à l’orifice dont elle réunit les lèvres afin de le dérober ainsi aux convoitises des ennemis du dehors ; ce travail accompli, elle passe à une autre branche, dépose un deuxième œuf dans les mêmes con- ditions eten l’entourant des mêmes précautions, ce tra- vail se continuant jusqu’à épuisement de l'ovaire qui contient de vingt à vingt-cinq œufs, alors seulement la régénération de l’espèce est assurée et la mère n’a plus qu’à se laisser mourir à son tour abandonnant à la nature le soin de faire éclore ses rejetons,; dix à douze jours, si la température n’est pas inclémente, sont nécessaires pour mener à bien ce travail d'incubation, et c’est ainsi qu'après son éclosion la larve se trouvera en contact direct avec l’élément nourricier qui lui est nécessaire pour parfaire sa croissance jnsqu’à son entier dévelop- pement. CARACTÈRE GÉNÉRAUX, — LARVE Longueur de 4 à 6 millimètres, largeur deOmm,8 à 1mm,5, Corps arqué, charnu, blanchâtre ou jaunâtre, glabre, LE NATURALISTE 43 0 lisse et luisant, très finement pointillé, ridé, convexe à la région dorsale, la ventrale déprimée, arrondi vers les deux extrémités, la postérieure faiblement lobée, l’anté- rieure élargie. Téte petite, cornée, jaunâtre clair, avec traits sous- cutanés flaves, luisante, striée, ligne médianeflave bifur- quée sur le vertex en deux traits aboutissant à la base antennaire ; lisière frontale rougeâtre, droite, épistome large, transverse, flavescent, labre semi-elliptique, cour- tement frangé; mandibules courtes, presque droites, à base rougeâtre à pointe noire et obtusément bi ou tri- dentées; mâchoires géniculées à lobe continu et courte- ment frangé, à palpes biarticulés peu développés ; menton charnu, renflé, avec suture médiane plus ou moins rem- brunie; lèvre inférieure accentuée bilobée, circonscrite par une suture brunâtre ; palpes réduits biarticulés, lan- guette en forme de masse charnue; antennes de deux courts articles rétractiles, l’article basilaire globuleux rougeâtre, le terminal petit avec soie au bout; pas de traces d’ocelles; quelquefois en arrière de la base an- tennaire est un petit point peu apparent. Segments thoraciques jaunâtres, fortement convexes, larges et transverses, plus larges que les segments abdo- minaux, le premier transversalement incisé en son milieu, les deuxième et troisième un peu moins larges, bitrans- versalemeut incisés, à flancs dilatés. Segments abdominaux arqués, convexes, jaunâtres, les sept premiers bitransversalement incisés, par suite formés de trois bourrelets dont le supérieur le plus ac- centué, moins larges que les précédents, à flancs légère- ment dilatés, le huitième n’a qu'uneincision, le neuvième en manque, il est réduit, arrondi, fortement pointillé et terminé par un petit lobe. Dessous déprimé, les segments thoraciques garnis d’un tubercule calleux, à milieu incisé, à l'emplacement des pattes, les segments abdominaux transversalement in- cisés, par suite relevés en un double bourrelet dont le supérieur le plus accentué; mamelon anal à cloaque sail- lant, à fente en travers : un double bourrelet latéral longe les flancs délimitant la zone d’action des deux régions dorsale et ventrale. Pattes nulles remplacées par les tubercules sous-thora- ciques. Stigmates petits, elliptiques, flaves, à péritrème roux, la première paire sur la membrane latérale qui relie les deux premiers segments thoraciques, les suivantes au- dessus du bourrelet latéral et au milieu environ des huit premiers segments abdominaux. Dès son éclosion, laquelle correspond en mai ouen juin selon l’espèce, la jeune larve attaque de ses faibles mandibules le bois si bien mis à sa portée par la pré- voyante mère et gagne la moelle ou le cœur dans lesquels elle s'enfonce, rongeant, corrodant sa galerie qu'elle comble successivement et au fur et à mesure qu'elle avance de débris ligneux, de ses propres déjections, ne s’arrétant dans cette œuvre que dans l’entretemps des mues qui sont au nombre de trois à quatre : durant ces longues heures qui se succèdent dans le cours de la belle saison, notre larve prospère, grandit en même temps que l'automne arrive, que la fraicheur des nuits com- mencera à se faire sentir, mais notre larve ne les redoute pas ces fraicheurs parce qu’elle est alors parvenue à son plus grand développement, mais elle a à se pourvoir contre la rigueur de la saison hivernale ; à cet effet, elle prolonge sa galerie, puis prend position au fond de son [ réduit après s’être retournée, dans ces conditions elle peut passer sans danger le temps des frimas; — janvier et février sont franchis, mars arrive emmenant avec lui le réveil de la végétation, les froids ne sont plus à redouter, notre larve sort de sa torpeur, elle songe au sort qui l’at- tend, elle pressent sa transformation prochaine, mais il lui reste encore un impérieux devoir à accomplir, voici en quoi il consiste. Si après la transmutation nymphale, l'adulte se trou- vait au fond du réduit, au point occupé par la larve, de ses courtes mandibules il ne pourrait perforer le trou qui lui serait nécessaire pour effectuer sa sortie, sa mort s’ensuivrait ; le créateur, dans son admirable prévoyance, a pourvu à tout en vue du maintien de l'espèce, il a chargé sa larve de préparer à l'avance avant sa transfi- guration, la porte qui doit lui livrer passage. — Que fait en ce cas notre larve en vue dela délivrance de l’adulte?.… d'instinct et comme poussée par une force impulsive, elle creuse dans la couche de l’aubier une galerie oblique qu'elle continue jusqu’à toucher presque l'écorce, voilà le passage assuré, l'adulte n'aura plus qu’à longer ce couloir et qu'à ronger cette faible cloison qui le séparera du dehors : le passage ainsi assuré, il faut maintenant que la larve opère son changement; que lui reste-t-il à faire encore ? Reculer le long de sa galerie, en gagner le fond, puis, de ses mandibules, se faconner en la rongeant au profit de son alimentation une loge oblongue où elle s'installe et prend la position qui lui est favorable pour opérer son travestissement : — c’est de cette manière que la sage nature a agi envers sa faible créature, l’aidant ainsi dans son travail dont le but final est la conservation de l’espèce : dans l’état d’expectative où se trouve notre larve, son corps quitte un peu la forme courbe pour devenir droit, sa couleur passe au blanchâtre, le travail intérieur des phagocytes commence, «des con- tractions se produisent suivies de dilatations de plus en plus énergiques et cela se continue jusqu’au moment de la transfiguration, qui d’un ver va nous donner un corps si différent de lui à tous les points de vue, la nymphe. Nymphe. — Longueur 4 à 5 millimètres, largeur 1 à {mm 5. Corps allongé, un peu arqué, mou, charnu, blanchâtre, glabre ou à peu près, transversalement ridé, convexe en dessus, un peu moins en dessous, arrondi à la région antérieure, la postérieure atténuée et faiblement bifide. Téte affaissée, rostre allongé sous la région sous-thora- cique, front proémiment, pointillé, premier segment thoracique quadrangulaire, fortement convexe, ridé, à angles accusés, à bord antérieur garni de très courts cils subbulbeux et épars, deuxième court, avancé en pointe arrondie sur le troisième, lequel est plus développé et à milieu canaliculé; segments abdominaux fortement con- vexes, transverses, atténués vers l'extrémité, les flancs des huit premiers relevés en légère crête, neuvième ré- duit, arrondi, prolongé par deux très courtes pointes latérales ;: dessous subconvexe, ridé; antennesnoduleuses, reposant par leur bout près du milieu des cuisses de la première paire de pattes, genoux en légère saillie; seg- ment anal bivalve. Dans sa loge, la nymphe repose sur la région dorsale, l'extrémité postérieure appuyée contre la dépouille lar- vaire acculée au fond du réduit; elle peut imprimer à son corps de légers mouvements défensifs lui permettant de se retourner dans son abri; douze à quinze jours sont nécessaires pour la complète exécution de la phase SES RS ES FSC RE ÉLIRE ISERE TES Ge re à do me + 44 LE NATURALISTE nymphale, deux à trois journées encore pour le raffer- missement de ses téguments; — l'insecte est dès lors arrivé à l’état parfait, il n’a plus qu’à gagner le couloir de sortie aménagé par la larve, ronger la mince couche d’écorce qui le sépare du monde extérieur et apparaître au dehors; mais ce n’est pas encore tout, il lui reste un dernier devoir à accomplir, assurer par un rapproche- ment la rénovation de sa propre espèce. Peu de larves et de nymphes du genre Magdalinus sont connues, celles qui ont été décrites ont été bien obser- vées : nous mentionnerons les remarques queles auteurs ont faites à leur sujet. Adulte. Nous ne nous occuperons pas des détails descriptifs des espèces dont nous donnons les premiers états : ils se trouvent consignés dans la monographie des Magdalinus d'Europe de M, J. Desbrochers des Loges parue dans l’Abeille, tome VII, 1870. DESCRIPTION DES ESPÈCES 4. — Violaceus, Linné. Desbrochers, Mon., 1870, p. 26. Larve, Ratzeburg, die Fortins, 1837, 1, p. 126, pl. IV, fig. 3. L'auteur allemand donne des détails très succincts sur la description de la larve, laquelle description corres- pond, sans bien s’en écarter, aux caractères généraux que nous avons indiqués. L'accouplement a lieu en mai; les œufs sont déposés. dans les interstices des écorces d'arbres de diverses essences teiles que : aubépine, vigne et sapin plus parti- culièrement. La larve a pour parasites le Sphathius brevicaudis, Ratz. et le Calyptus rugosus, Ratz. 2. — Phlegmaticus, Herbst. Desbroch., loc. cit., p. 19. La larve offre des ressemblances parfaites avec celles du genre : dans nos montagnes pyrénéennes, elle vit dans le branchage mort du pin: elle est parasitée par le Cœnocælius agricolatar, Linné. 3. — Carbonarius, Fab. Desbroch, loc. cit., p. 12. Larve. Perris, Ann. Soc. ent. Fr., 1856, p. 253, fig. 333 à 339. Corps, longueur 9 millimètres, mou, charnu, courte- ment cilié, région thoracique bien plus épaisse que la sui- vante; tête éparsement ciliée, jaunâtre, deux fossettes entre les deux lignes médianes bifurquées et une troi- sième plus grande en dessus; mandibules obtusément tridentées; un point ocellaire peu apparent. La larve vitet se transforme dans le branchage des pins morts; sa transformation a lieu en mars. Nymphe. Corps glabre, peu arqué, le premier segment thoracique garni de trois fins cils à base subbulbeuse, les segments abdominaux couverts aux huit premiers de six légères protubérances surmontées de très petites épi- nes roussâtres disposées en rangées transverses, le neu- vième n'en porte que deux, mais se prolonge en deux courtes pointes, Adulte. Paraîten mai ainsi qu'en juin. 4. — Ruficornis, Linné. Desbroch., loc. cit., p.45, Larve, Rosenhauer, Stelt. ent. Zeit., 1882, no 37, p. 135. Longueur, 4 millimètres; largeur, 2 millimètres. Corpsarqué, blanchâtre, lisseet luisantavec poils épars ; tête petite, mandibules bidentées, les dents noires ; points ocellaires assezbien distincts, tubercules sous-thoraciques bien développés, cunéiformes. La larve vit dans les brindilles des rosiers, des pru- oo niers, des abricotiers dont elle attaque les branches à leur naissance, à l’origine des petites brindilles latérales : les galeries qu’elle creuse sont rapprochées et intéressent l’aubier ; lorsque plusieurs larves travaillent de pair sur la même branche, celle-ci casse au point contaminé au moindre coup de vent. La nymphose a lieu en mars et en avril au fond dela galerie aménagée par la larve. Nymphe. Longueur, 3 millimètres; largeur, 1-2 milli- mètres. Corps peu arqué, blanchâtre, mat, glabre, segment anai obtusément tronqué. Adulte. Est abondant sur le branchage des arbres où il a vécu comme larve. 5. — Aterrimus, Linné. Desbroch., loc. cit., p. 39. Larve, Rosenhauer, Stettin ent. Zeit., 1882, 36, p. 139. Longueur, 5-6 millimètres ; largeur, Omm8 à 4 milli- mètre. Corps blanc, jaunâtre, brillant, éparsement cilié, à ex- trémité postérieure rétrécie, moins large que l’antérieure ; tête petite, luisante; ocelles indistincts, le derrière de l’occiput est occupé par une ampoule. Cette larve vit dans le branchage de l’orme, elle ronge d’abord le liber de la branche, puis, plus grande, elle pro- longe sa galerie dans l’aubier, ce travail se continuant jusqu'aux approches du printemps, alors elle évase le fond de son réduit où elle subira sa transformation nym- phale, ce qui a lieu en mars. Nymphe. Longueur, 4mm5 ; largeur, 1mmÿ, Corps blanchâtre brillant, plus clair vers l’extrémité postérieure, très éparsement cilié, segment anal en pointe arrondie, muni en dessous d’une double petite apophyse pointue. La phase nymphale a une durée de trois semaines en- viron. Adulte. On le trouve de fin mai à milieu de juin sur l’orme dont 1l ronge les feuilles en les criblant de petites entailles rondes ; dès le mois de juin a lieu le dépôt de la ponte ; la femelle au moyen de son rostre creuse des petits trous dans les interstices des écorces voisines des nœuds, au fond de chacun desquels elle dépose un œuf; le germe ainsi pondu l’orilice du trou est bouché par la mère qui ronge les bords de l’orifice dans lequel elle fait entrer les détritus rongés et comble de cette facon le trou de manière qu'il soit plein ‘et que son extérieur se con- fonde par sa couleur avec celle de la surface de l'écorce ; d’après Rosenhauer, ce n’est pas tout, la mère achève la protection de l’œuf en dégorgeant sur le tampon un li- quide agglutinatif. 6. — Cerasi, Linné. Desbroch., loc. cit., p. #1. Larve. Xambeu, Revue d'entomot., 1901, p. 14. Corps. Longueur, 3"m3; largeur, 1mmÿ, Allongé, blanchâtre, peu arqué, finement pointillé, peu luisant, avec courts cils roux épars, arrondi vers les deux extrémités, l’antérieure la plus large. Téte petite, jaunâtre, imperceptiblement striée, quel- ques points en arrière de la lisière frontale; mandibules tridentées, palpes labiaux avec suture roussâtre; pas d'ocelles; segments thoraciques fortement développés, finement ridés, le premier avec plaque jaunâtre, les flancs des deuxième et troisième fortement tuméfiés. Cette larve vit dans les rameaux et dans les brindilles du pommier cultivé dont elle ronge le liber et l’aubier en de larges galeries irrégulières; mi-mars, elle creuse LE NATURALISTE 45 plus profondément l’aubier, le façonne en forme d’une loge oblongue au fond de laquelle aura lieu sa transfor- mation ; les mêmes tiges contaminées peuvent être occu- pées par plusieurs larves sans que leur travail de chemi- nement se confonde. Nymphe. Longueur, 3mm ; largeur, 1 millimètre. Corps allongé, peu arqué, blanchâtre, luisant, avec courts cils roux, peu atténué vers les deux extrémités, Pantérieure arrondie, la postérieure bi-épineuse, le sep- tième segment abdominal armé en son milieu de deux courtes spiuules roussâtres, le huitième est avancé en pointe surle neuvième qui est réduit, arrondi et bimame- lonné. . La nymphe mâle est plus petite et ses flancs dorso- abdominaux sont tachés de brunâtre aux sept premiers arceaux; la phase nymphale dure un peu au delà de trois semaines; l’adulte parait en mai. Au point de vue de l’agriculture, les dégâts commis par les larves et par les adultes du genre Magdalinus sont insignifiants, ils se réduisent à mettre hors d'em- ploi des branches déjà mortes et inutilisables. Capitaine XAMBEU. DÉCOUVERTE DU TERRAIN ÉOCÈNE EN TRIPOLITAINE La Tripolitaine est un pays fort peu connu jusqu'ici au point de vue géologique. Les voyages y sont spécialement difficiles à cause de la mauvaise volonté du gouverne- ment turc, et la plupart des explorateurs y ont fait tout autre chose que de la géologie. Cependant plusieurs auteurs ont décrit un certain nombre de points d'où il - résulte que le terrain crétacé, représenté par plusieurs de ses niveaux les moins anciens, joue un rôle notable dans sa constitution, On est parti de là pour admettre que tout le sol du pays est fait de dépôts secondaires, et c'est une notion quise trouve consacrée, par exemple, dans la feuille récemment parue de la carte géologique internationale de l'Europe qui dans son cadre comprend l'Afrique du Nord. ne Ayant reçu récemment, au Muséum d'Histoire natu- relle, une petite collection de roches rapportées de plu- sieurs points, du Djebel Nefousa par M. de Mathuisieulx, j'ai été frappé de l'apparence spéciale des échantillons recueillis dans les parties hautes du pays. Ce sont sur- tout des calcaires blanchâtres, médiocrement cohérents, et qui ont une analogie tout à fait intime avec les maté- riaux provenant d’une large partie du Sénégal, où ils sont nettement éocènes, ainsi que je l’ai reconnu à plu- sieurs reprises. Cette ressemblance, purement extérieure, fut pour moi comme un avertissement d’avoir à étudier de plus près les spécimens tripolitains, afin de voir si les assises se- ‘condaires qui font le sol du pays au Nord comme au Sud de la grande chaîne de Djebel Nefousa, ne seraient pas recouvertes, vers la ligne de faite, par des formations plus récentes. Je me mis donc à concasser les blocs, d’ailleurs fort peu LE nombreux dont je pouvais disposer, et je fus enfin assez heureux pour mettre à découvert le fossile représenté dans notre figure 1, ci-jointe. Cette figure a été dessinée sous mes yeux et d'après nature, par M. Bideault, avec toute l’exactitude et tout le talent qui caractérisent cet artiste si avantageusement connu des naturalistes. r On peut voir qu’il s’agit d’une valve droite d’un pelecy- Fig. 1. — Modiolaria sulcala, Lamk., rencontrée dans un bloc de calcaire recueilli par M. de Mathuisieulx au Gariana, dans le Djebel Néfousa en Tripolitaine. Grandeur naturelle. pode de la catégorie des mytilacées. L’échantillon est détérioré, mais il a conservé les traits de structure les plus utiles pour sa détermination. En l'étudiant, je lui ai reconnu les caractères d’une des espèces les plus carac- térisées du terrain lutécien. C’est, à n’en pas douter, le Modiola (Modiolaria) sulcata, Lamarck (1). Pour que l’exa- men soit plus commode, j'ai mis à côté du fossile tripo- litain, le portrait (fig. 2) d’un individu de Modiola sulcata provenant de Grignon (Seine-et-Oise) que j'ai choisi de la même taille et du même côté, entre divers spécimens qui sont conservés, les uns au Muséum et les autres Fig. 2. — Modiolaria sulcata, Lamk., des sables calcaires luté- tiens de Grignon (Seine-et-Oise). Grandeur naturelle. dans diverses collections particulières. À ce dernier égard, je dois des remerciements bien sincères à plusieurs collectionneurs parisiens, parmi lesquels je citerai tout spécialement MM. Braun frères, et M. A. Bonnet, pour la communication de leurs échantillons. En examinant le fossile africain, on constate qu'il répond, trait pour trait, à la description classique du fos- sile parisien. Ce qui frappe tout d’abord, c'est la disposi- tion si spéciale des stries à la surface de cette coquille, ovale-oblongue, de la forme générale des moules ou spa- tulée, c’est-à-dire élargie vers sa portion postérieure. Ces stries, en effet, divisent la valve en deux régions conti- guës, mais d'aspect très différent. La région postérieure qui est la plus large, montre un éventail de fines stries rayonnant du crochet jusqu'au bord inférieur où chacune (1) On a négligé d'éclairer les deux échantillons du même côté; la ressemblance alors eût été bien plus absolue encore. 16 LE NATURALISTE —————————————— d’elles donne lieu à une crénelure. L'autre région semble lisse; on n'y voit que des lignes d’accroissement concen- triques et parallèles au bord. On voit tout contre ce crochet, dans une partie de l'échantillon qui est malheu- reusement mutilée, un indice de nouvelles stries rayon- nantes qui, chez les échantillons intacts des environs de Paris, forme un deuxième éventail, très petit, mais qui rappelle le premier. Toutes ces dispositions sont exactement celles des spécimens fournis par le calcaire grossier de Grignon, de Damery (Marne), de Mouchy (Oise) et de quelques autres localités du même âge géologique comme Parnes et la ferme de l’Orme. Par contre, on ne rencontre cette coquille à aucun autre niveau stratigraphique (1). Dans de pareilles conditions, n’est-on pas autorisé à penser que la coquille qui a été recueillie entre 509 et 513 mètres d'altitude au-dessus du niveau de la mer, dans le Gnariana, qui fait partie du Djebel Nefousa et Tripolitaine ne peut pas être crétacée? Empâtée dans une roche que l’on confondrait sans hésitation avec les calcaires Jutétiens de Baol, au Sénégal, elle conduit à faire admettre que la mer éocène a baigné une région qu’on s’est trop pressé sans doute de considérer comme définitivement exondée dès le début des temps tertiaires. La découverte d'un horizon éocène en Tripolitaine, constitue un résultat stratigraphique dont on appréciera certainement la portée. STANISLAS MEUNIER. LE RÉGIME ALIMENTAIRE DE L'ANOBIE DU PAIN Anobium paniceum L. L'Anobium paniceum L., ou Anobie du pain, Vrilette de la farine, etc., doit son nom à ce fait que sa-larve fut tout d’abord observée dans cette denrée où elle se trouve, en effet, fort souvent; on ne peut cependant pas dire que le pain constitue sa nourriture exclusive, car on rencontre cette larve plus fréquemment encore dans quantité d’autres matières farineuses. Pourtant, s'il est hors de doute que de tout temps la larve de l’Anobie se soit indistinctement attaquée à des substances amylacées très diverses, il semble aussi que plus on remonte dans le passé, plus elle devait s’atta- quer de préférence aux pains de toute espèce pourvu qu'ils fussent parvenus à un certain degré de dessicca- tion, une des caractéristiques de cet insecte étant une préférence marquée pour les substances desséchées. Autrefois, en effet, au bon vieux temps, les boulan- geries familiales étaient la règle, tout au moins dans les campagnes. Chaque habitant fabriquait lui-même son (1) Deshayes, dans sa Description des animaux sans vertèbres découvertes dans le bassin de Paris, etc. (t. II, p. 15, 1864), ajoute qu'il n'existe plus dans la nature actuelle, aucune espèce de modiole qui représente exactement le groupe auquel celle-ci appartient ; ce groupe, composé de quatre espèces, est spécial au bassin de Paris!! _ pain pour une durée assez longue, deux ou trois semaines environ, il en résultait que le pain tendre était assez rare et que, par suite, les restants de pain durci étaient nombreux ; aussi l’Anobie du pain devait-il trouver là d’une facon constante une table abondamment servie à l'usage de sa progéniture. Il en est tout autrement aujourd’hui où la plus petite ville possède une ou plusieurs boulangeries commer- ciales qui desservent quotidiennement le moindre hameau. Il en résulte fatalement que les boulangeries individuelles tendent, de plus en plus, à disparaitre et, avec elles, le grenier d’abondance de l’Anobie du pain. Un autre lieu de prédilection de notre insecte lui est également fermé ou lui est, en tout cas, devenu beau- coup moins hospitalier. Nous entendons parler des magasins de denrées militaires où l’on conservait jadis durant de longues années, dans des caisses plus ou moins closes, plutôt moins que plus, les biscuits dits « de soldat ». C'était l’âge d’or des Anobies! Maintenant, instruite à ses dépens, et... à nos frais, en raison des dégâts considérables causés par ce coléoptère, l'Administration militaire ne conserve plus aussi long- temps en magasin cet aliment de réserve et surveille plus attentivement sa mise en caisses et sa conservation. Privé ainsi, tout au moins partiellement, de sa nourri- ture préférée, n'est-il pas présumable que l’Anobium paniceum se soit vu forcé d'apporter certains change- ments à son régime alimentaire et se soit mis en devoir de s’en prendre aux graines et autres matières végétales plus souvent qu’il le faisait auparavant? C’est probable, car il est à remarquer que les insectes de très petite taille semblent ne pouvoir subsister qu'en se muitiphant à outrance, sans doute afin de parer à la disparition de l'espèce qui se produirait fatalement s'ils ne savaient s’accoutumer à une nourriture différente de celle qui leur est habituelle. À vrai dire, nous ne croyons pas que la larve de l’Anobie ait eu beaucoup de peine à modifier son régime dans le sens que nous venons d'indiquer, car si parmi les larves d'insectes, il en est une qui puisse motiver le dicton populaire : à défaut de grives on mange des merles, c'est bien à coup sûr celle de ce coléoptère. Dans les habitations particulières où elle ne trouve généralement pas en abondance de nourriture qui lui convienne, on la voit se substanter des matières les plus invraisemblables. C’est ainsi que M. Paul Groult, direc- teur du Naturaliste, a eu entre les mains une loupe dont la monture de corne portait les traces indiscutables de la larve de l’Anobium, et que M. Poujade, du Muséum, a pu constater que cette larve ne craint pas de s'attaquer à un métal tel que le plomb. Nous l’avons vue nous-même rongeant de l’étain en feuille, aussi bien que de l’opium d'Egypte; nous en avons vu manger le cadavre momifié d'un petit vertébré qui nous avait servi à élever des larves de Dermeste, et d’autres s’'accommoder d’une serviette de cuir, d’un cha- peau de feutre, de laine lavée et en suint, d’étofies de laine, d'insectes desséchés, de zoocécidies, de pa- piers, etc. On remarquera que cette énumération comprend seules les substances que l’on peut s'étonner, à juste titre, de voir constituer l’aliment d’une larve originaire- ment végétarienne, car il faudrait un véritable volume pour dresser la liste des produits végétaux dans lesquels on est susceptible de la rencontrer. LE NATURALISTE 47 TS ip De SEE EEE Au point de vue climatologique, l’Anobie du pain ne fait pas moins preuve d’une grande faculté d'adaptation. Les effets pernicieux que peuvent avoir sur les orga- nismes les extrêmes de température n’ont sur lui aucune action apparente, et le froid des régions même très septentrionales, pas plus que l'extrême chaleur des tro- piques ne peuvent arrêter sa dissémination. Aussi peut- on dire de cet insecte qu'il est susceptible d’être ren- contré partout où l’homme a établi sa tente, E. BUSIGNY. CHRONIQUE & NOUVELRHES Effet de l'essence de camomille sur l’escargot. — La sensi- bilité aux diverses odeurs. — A quelle distance l’escargot sent-il ses aliments ? — Les époques de ponte des pois- sons de rivière. — Une plante cruelle, — La fécondation croisée est-elle utile ? — La grotte du fort Clauzel. M. Emile Yuneg, le savant et ingénieux professeur de Geneve, vient de faire de très intéressantes expériences sur le sens olfactif des escargots. Il a surtout expéri- menté avec l'essence très odorante de la camomille, en approchant de l'animal un pinceau imbibé de cette subs- tance. À 4 millimètres, déjà les grands tentacules sont prévenus de la présence de cette dernière et le mani- festent soit par un violent recul,soit en s’invaginant plus ou moins complètement. Si l’on maintient le pinceau à la même distance pendant quelques secondes, le tenta- cule s’invagine ordinairement et l'animal se détourne de la source odorante, changeant la direction de sa marche. Cependant, en insistant encore, l’escargot finit par tolé- rer le pinceau à une moindre distance, et il semble l'examiner de près, sans, d'ailleurs, jamais le toucher. L’essence est franchement désagréable au tentacule, car si on en dépose ure goutte sur le bouton terminal, il s'invagine violemment, entraine le retrait des autres ten- tacules et de toute la partie antérieure du corps qui rentre pour un moment dans la coquille; il se produit une abondante sécrétion. Mais au bout de quelques mi- nutes, le train antérieur s'étale de nouveau à l’exception du tentacule touché. Celui-ci témoigne longtemps encore, une demi-heure et au delà, une extraordinaire sensibi- lité et se rétracte aussitôt à l’approche du pinceau. Les résultats sont identiques pour les petits tenta- cules, quoiqu'ils ne se retirent nettement que si le pin- ceau odorant en est approché de 3 ou 2 millimètres. A coup sûr, ils sentent l'odeur, mais l’acuité de leur sensi- bilité paraît être un peu moindre que celle des grands tentacules. Du reste, le bouton terminal des tentacules supérieurs et inférieurs n’est point le siège exclusif de la sensibi- lité en question. En effet, quand on approche le pinceau sur le côté du grand tentacule à peu près vers le milieu de sa longueur, on voit celui-ci s’incurver déjà à une distance de 2 millimètres environ, la pointe du pinceau se trouvant dans la concavité de la courbe; si on la rap- proche davantage de la peau du tentacule, celui-ci s’in- vagine alors plus ou moins entièrement. Il s’agit bien là d’un phénomène dû à l'odeur dont le pinceau est enduit, puisque imbibé simplement d’eau, le tentacule n’estaffecté que dans le cas où le pinceau est approché du bouton ter- minal. Quand on porte le pinceau à la base du tentacule, il se produit au bout d’un instant une dépression sur la por- tion de la peau la plus voisine de sa pointe. Et si l’on continue de la sorte l'examen de la peau, on s’aperçoit qu'elle est sensible sur toute la surface du corps. Partout à l'approche du pinceau, et sans que le contact soit né- cessaire, la peau se contracte. Toutefois, cette sensibi- lité varie d’acuité selon les régions ; tandis que pour qu’il se produise une fossette sur le dos, il faut que le pinceau s'approche jusqu’à un millimètre, la réponse est donnée à 2 millimètres sur le bord du pied plus sensible en avant qu'en arrière; le bord du pied s'éloigne du pinceau d'autant plus que celui-ci s'approche davantage, et il se produit ainsi une échancrure plus ou moins profonde et qui peut atteindre 6 à 8 millimètres. Le bord des lèvres est impressionné à 3 millimètres, etc, L’escargot sent donc les odeurs par la surface entière de son corps. * x * M. Yung a expérimenté d’autres substances odorantes. À cet égard on peut dire, d’une facon générale, que les odeurs jugées fortes par l'odorat humain, sont aussi celles qui excitent le plus vivement et à plus grandes distances les tentacules et la peau del’escargot. Pendant que l’essence de girofle ne provoque à la distance de 4 millimètres que le recul ou le retrait du seul tentacule dont on l'approche, l’essence de moutarde, à 10 milli- mètres, entraine la brusque invagination du tentacule visé. laquelle invagination est aussitôt suivie de celle des autres tentacules. S'il existe une proportionnalité entre la réaction et l'action, il faut bien admettre que dans le cas de l'essence de moutarde, la dernière est plus in- tense que dans le cas de l’esseuce de girofle. Avec du temps, toutes les odeurs finissent par être perçues à des distances un peu plus grandes. Ainsi, le pinceau imbibé d'essence de moutarde était maintenu à une distance de 20 millimètres de l’un des grands tenta- cules, celui-ci le sent au bout de vingt à trente secondes. Un autre fait à noter est que l’escargot semble s’habi- tuer assez rapidement à des odeurs qui, au premier abord, l'avaient vivement affecté. L’essence de moutarde, par exemple, perçue une première fois, produit un vio- lent retrait des tentacules; au bout d’un instant, ceux-ci se dévaginent et alors répondent moins vivement et moins rapidement à une récidive du même excitant où à la présentation d’un autre excitant moins fort que l'essence de moutarde. Lorsqu'on place sur sa route une goutte odorante, l’escargot ne s’en écarte guère qu'aux distances que nous avons indiquées pour les grands tentacules, car il est clair que, dans la règle, ce sont ceux-ci qui sont les pre- miers informés de sa présence. Cependant, il arrive par- fois que la tête ayant passé à une distancé suffisante de l'odeur pour ne pas la sentir, le pied s’en approchant da- vantage, c'est celui-ci qui s’en aperçoit le premier et est seul à s’en écarter. Supposons, par exemple, un morceau de camphre posé sur le chemin d'un escargot rampant tous tentacules dehors. L'animal s’en approche jusqu'à la distance d’un centimètre environ, sans donner aucun signe qu'il se soit aperçu du camphre. En decà d’un centimètre, on voit ses grands tentacules s’agiter, se redresser et la marche de l’escargot se ralentir ; à 5 ou6 millimètres del’obstacle, les tentacules se rétractent, ils sont évidemment excités par l’odeur du camphre, mais insuffisamment pour de- meurer rétractés et pour que l'animal s'arrête. Dès ce moment pourtant, les petites tentacules et la face anté- rieure de la tête étant affectés à leur tour, l'escargot se détourne légèrement et évite de la sorte la rencontre du camphre. Mais le changement de direction qu'il effectue, pour brusque qu'il soit, n’est point considérable, le mol- lusque côtoie pour ainsi dire le morceau de camphre, 48 LE NATURALISTE trainant son pied assez près de lui pour le toucher, si le bord de cet organe ne se contractait au fur et à me- sure, de manière à s’en tenir distant de 2 à 3 millimètres. L’escargot peut ainsi passer entre deux morceaux de camphre sans y toucher, * * x M. Yung s'est encore demandé à quelle distance les escargots perçoivent l'odeur de leurs aliments. Pour cela dans une grande salle dont le sol est cimenté et main- tenu humide par de fréquents arrosages, il disposait douze escargots à la périphérie de cercles tracés à la craie en ayant soin d'orienter leurs têtes vers le centre du cercle. Puis il plaçait sur ce dernier point une subs- tance alimentaire qui lui semblait a priori devoir exercer sur les escargots une attraction. Puis il attendait le ré- sultat dont voici les conclusions : L'escargot ne sent le fromage qu’à très petite distance allant de quelques millimètres à 2 centimètres, et n'est pas attiré par lui, au contraire, il s'en éloigne aus- sitôt qu'il en à connaissance. L'odeur du chou n'est perçue par les escargots qu'à très courte distance qui ne va pas au delà de 15 à 20 centimètres et que, par conséquent,ceux qui dévorent les choux dans les jardins ne sont pas guidés de bien loin vers eux par leur sens olfactif. La laitue, moins odorante que le chou, n’est perçue de certains escargots, qu’à la distance maximum de 5 à 6 centimètres. L'escargot percoit les fraises et les pommes de terre à 1 ou 2 centimètres, le melon à 40 ou 50 centimètres, * x * On n’a, en général, que des idées assez vagues sur le moment où pondent les poissons d’eau douce ; un article de M. P. Huet va nous permettre de donner des indica- tions précises sur la question. Le premier poisson que l’on peut observer en rivière, au printemps, est la Perche qui dépose ses œufs aux environs du 15 avril, au moment où la température de l’eau marque + 14 à 15° C.; ce poisson fraye toujours la nuit et ses frayères sont dissimulées avec un soin merveilleux pour déjouer l'attention de l’homme. Cette espèce dépose ses chapelets d'œufs sur des herbes qui commencent à pousser à cette époque de l’année, et au bout de trois ou quatre jours, cette frayère est envelop- pée dans ces herbes comme dans un manteau protecteur, devenant de la sorte invisible : c’est le berceau de la future génération. La disposition particulière de la frayère de la perche est curieuse; elle consiste en un sac ouvert aux deux extrémités, dont la largeur et la longueur varient suivant la dimension du poisson reproducteur; l'assemblage des œufs consiste en des anneaux dont le diamètre égale à peu près celui de l’index humain; chaque anneau comporte sept à neuf œufs reliés entre eux par un travail digne de celui d’une dentellière. Il est difficile de fixer le nombre d'œufs que peut pondre un couple de cette espèce, ainsi d’ailleurs que pour les autres espèces, car il est subordonné à la taille des reproducteurs. À partir de cette époque, la température tend à se ré- chauffer de jour en jour, sous l’action du soleil qui monte au Zénith, la température de l’eau s'élève, mais non parallèlement à celle de l'atmosphère; vers le 25 mai, la température de l’eau atteint + 170 C. C'est alors que l’on assiste à la reproduction de deux autres espèces : la Brême (Abramis brama) et le Gardon (Leu- ciscus rutilus). C’est le deuxième groupe qui fraye pendant la pé- riode du printemps, et parmi toutes les espèces de nos poissons de rivières, ce sont les plus faciles à observer pendant cinq ou six jours. La température de l’eau continue à monter, et lors- qu’elle marque 18°5 vers le 10 juin ou un peu plus tôt, deux nouvelles espèces viennent se livrer à la reproduc- tion ; ce sont : la Carpe (Cyprinus capio) et le Rotengle (Scardinius erythrophtalmus). Lorsqu'on ala chance de se trouver au bord de l’eau le jour du frai de la carpe, c’est un coup d'œil curieux, surtout lorsque ce poisson est abondant. La rivière en est tout agitée, et l’on entend un fort bruit. Cet état de choses se produit vraisembla- blement dans toute l’étendue d’un cours d’eau, car si l’on relève la température de l’eau en deux points espa- cés, de 75 à 100 lieues, cette température est exactement la même; les mêmes causes produisent certainement les mêmes effets dans le cas dont il s’agit ici. Lorsque la température atteint + 19° à + 220, les es- pèces qui se livrent à la reproduction sont : La Chevaine, du 20 juin au 30 juin + 19% Le Barbeau, du 25 — 5 juillet + 20° Le Goujon, du — 10 — + 22 La Tanche, du — — CDs L’Ablette, du — — ee ne 20 La Bouvière, du — — ee 20020 C’est, à ce moment, la période la plus active de la re- production. * *X # Nombreuses sont les observations sur le rôle que pa- raissent jouir les insectes dans la fécondation des Asclé- piadées. Ce sont surtout les botanistes qui ont appelé l'attention sur la faculté qu'ont les Hyménoptères, les Diptères, les Lépidoptères, visitant les fleurs, d’emporter les pollinies, et qui se sont attachés à faire ressortir l'importance de leur intervention dans la fécondation et, en particulier, dans la fécondation croisée. Les entomo- logistes ont été particulièrement frappés du fait, que sou- vent les insectes étaient captivés par les fleurs des Asclé- piadées, et même certains d’entre eux leur ont donné les noms caractéristiques de « plantes cruelles » ou de « plantes souricières ». Au cours de la mission que M. Kuuckel d'Herculais a rempli dans la République Argentine, il aété à même de rencontrer, aussi bien dans les jardins de Buénos-Ayÿres et de ses environs, que dans la campagne de la Provence, au milieu des bois et parmi les haies, une Asclépiadée bien connue, l’Arauja sericofera, en pleine floraison, le parfum suave et vanillé qu’elle exhale, décelait sa pré- sence, Il a donc eu, à maintes reprises, l’occasion de suivre les manœuvres des insectes, et en particulier, celles des Lépidoptères, qui fréquentaient leurs fleurs pour y chercher le nectar aromatique et sucré dont elles étaient gorgées; mais ce qui le frappa surtout, ce fut le spectacle que luioffrait leur capture; quelques-uns, après quelques tiraillements, réussissaient à s'échapper, mais les autres, et c'était le plus grand nombre, malgré tous leurs efforts, ne parvenant pas à dégager leur trompe, ne pouvaientreconquérir leur liberté ; ils étaient condamnés, après une lente agonie, à mourir de faim misérablement devant une table servie. En effet, leur trompe, une fois engagée dans la coulisse qui sépare les expansions la- mellaires des étamines recouvrant les nectaires, est sai- sie comme dans ün étau ; si l’on cherchait à venir en aide au malheureux captif, en le tirant par le corps ou par les ailes, on ne réussissait qu’à le décapiter. 1 En visitant journellement l’Arauja, M. Kunckel a pu, en peu de temps, faire une véritable collection de papil- lon de la République Argentine : Pierides, Nymphalides, Vanesses, Hespérides, Sphingides, Noctuelides de toutes espèces, ete., auxquels vinrent se joindre des abeilles et autres apides indigènes, même des Coléoptères (Lebia). Si l’on cherche à tirer les conclusions de ces multiples LE NATURALISTE 49 observations, on constate : 1° que les puissants sphin- gides (Celerioeuphorbiarum, Protoparcesexta,etnotamment Pholus labruscæ), doués d’une grande force musculaire, sont incapables de se dégager en emportant les pollinies et sont irrévocablement condamnés à mort; ce n'est donc pas, comme on pourrait ie supposer, les seuls Lépi- doptères désarmés par leur faiblesse qui sont capturés; 2° que, parmi les Papillons qui ont réussi à entrainer des pollinies, nombre d'entre eux seront incapables d'opérer la fécondation croisée, car dans leurs efforts pour s'échapper ils ont, en opérant des mouvements de giration, entortillé leur trompe, séparant en deux les mâchoires qui la constituent; 3° que, de toutes façons, la capture des papillons, en diminuant leur nombre, ne sauraient favoriser la fécondation sur place ou croisée. Li # x On admet généralement, depuis les célèbres expériences de Darwin, que, pour obtenir le maximum de bonnes graines, il faut transporter le pollen d’une fleur sur les stigmates d'une autre fleur. M. P.-P. Richer, de la Faculté des sciences de Paris, vient de reprendre la question en expérimentant sur un grand nombre d'espèces qu'il enfermait dans des sacs de mousseline et sur lesquels il pratiquait la fécondation expérimentalement, c’est-à-dire en transportant le pollen de certaines fleurs sur d’autres. Il à ainsi reconnu que la conclusion de Darwin est exa- gérée. S'il est des fleurs, en effet, qui ne donnent de bons résultats que par la fécondation croisée, il en est d'autres aussi qui donnent d'aussi bonnes graines quand elles ont été fécondées par leur propre pollen. Chaque espèce a, à cet égard, ses préférences, et l’on ne peut rien déduire a priori, de la forme de leurs fleurs; l’expérimen- tation seule peut renseigner sur la nécessité ou l'inutilité du transport du pollen sur d’autres fleurs que celles dont il provient. x # * Vers. la partie est de la chaîne du Gourraya, à gauche du fort Clauzel, à Bougie, dans une assise de rochers ap- partenant au crétacé supérieur, M. A. Debruge a com- mencé le dégagement d’une vaste grotte dont les diverses ramifications se perdent dans l'inconnu. L'entrée princi- pale regarde le sud et fait face à la ville basse ou Camp- Inférieur. . Deux couches archéologiques ont été envisagées jusqu’à 2 mètres de profondeur en moyenne, on ren- contre de nombreux débris de poterie, d'une industrie romaine, mais copiée du grec. Jusqu'à 4 mètres de profondeur, le terrain de remplissage est nettement ar- gilo-ferrugineux, et il repose sur un limon rouge dans lequel on ne constate plus de matières organiques. Vers le plan horizontal de # mètres et en descendant, on a recueilli dans une large faille d'accès, des charbons, des ossements fort lourds et fossilisés, quelques débris de poterie néolithiques, l’or poli, le silex, ainsi qu’une hache polie, en ophite. La nourriture des anciens troglodytes, consistait surtout en coquillages marins, dont la faune est assez riche. Parmi les ossements d'animaux, il faut mentionner le gnou et le lion des cavernes. On se trouve en présence de l’industrie maintes fois signalée et appar- tenant au néolithique ancien. La rareté des objets re- cueillis fait supposer que la fouille préparatoire n’a porté que sur un important couloir d’accès à la grotte proprement dite. Quelques ossements humains trouvés au cours de la fouille permettent d'espérer d’intéres- santes découvertes pour l'anthropologie. HENRI COUPIN. LE TYROGLYPHUS FARINÆ À Anvers, les greniers à blé ont étéenvahis par un acarien nommé le Tyroglyphus farinæ qui a causé aux” grains d'importants dégâts. D'après M. Crispo, Directeur du Laboratoire agricole de l'Etat, cette invasion s’est produite dans les circons- tances suivantes : après l'incendie de la maison hanséa- tique, les compagnies d'assurances ont fait vendre publi- quement la quantité considérable de grain qui avait été avariée par le feu et par l’eau. Ce grain était attaqué par le Tyroglyphus farinæ qui avait pu se développer d’une façon prodigieuse grâce au ramollissement que le blé avait subi. Les parties les plus avariées ont été utilisées comme engrais et les moins avariées ont été emmaga- sinées pour servir, après nettoyage, en brasserie ou ail- leurs. Partout où le grain a séjourné, le tyroglyphe a tout infesté. Un grand magasin de la ville a été envahi dn fond en comble. Les tyroglyphes formaient sur les planchers une couche de poussière mouvante et traver- saient ceux-ci ; ils tombaient comme une pluie dans les étages inférieurs. Il suffisait de s'arrêter quelques ins- tants pour en être couvert et les propager au dehors. Aussi, ce hideux animalcule est aujourd'hui très ré- pandu à Anvers et probablement aussi dans les environs où le grain a servi d'engrais. On l’a retrouvé dans la farine de beaucoup d’épiciers et surtout dans les brisures de riz et la farine de sarra- sin qu'il semble.affectionner particulièrement. C’est un animal éminemment migrateur ; après s'être gavé, il part à l'aventure et résiste longtemps à la famine, 1l s'adapte aux différents milieux, sait absorber de fortes quantités de graisse et peut devenir quatre fois plus volumineux que s’il reste dans la farine. Le grain et la farine envahis par le Tyroglyphus étant repoussants et sans aucune valeur, il importe de détruire au plus tôt ceux qui contiennent cet acarien et de désin- fecter ensuite les locaux oùilse sera montré. M. Crispo ait que les gaz et les liquides ont peu d'action sur les tyroglyphes et que c’est par des jets de vapeurs que l’on peut plus aisément les détruire. PauLz NOEL. Histoire Naturelle DES OISEAUX EXOTIQUES DE VOLIÈRE Famille des Pipridés. Manakin jaune et noir. — Pipru aureola (L.). Get oiseau a la tête, toute la partie supérieure du corps et la queue d’un noir bleuâtre, les pennes latérales de la queue mélangées de blanc, le front et toute la face infé- rieure du corps jaune d’or; chez la femelle le plumage est vert sombre. I1 habite le Brésil et la Guyane; ses mœurs sont celles de tous les autres Manakins; ces oiseaux recherchent les grands bois et n’en sortent jamais pour aller dans les lieux découverts, ni dans les campagnes voisines des ha- bitations. Leur vol, quoique assez rapide, est toujours 50 LE NATURALISTE court et peu élevé; ils ne se perchent pas au faîte des arbres, mais sur les branches à une moyenne hauteur, voletant de branche en branche comme les mésanges. Le matin ils se réunissent en petites troupes de huit à dix individus, et c’est alors qu'ils font entendre leur gazouil- lement fin et agréable. Pendant le reste du jour ils gar- dent le silence et évitent la grande chaleur en se retirant dans les endroits les plus ombragés des forêts; le soir ils ne se réunissent pas de nouveau et on ne les trouve en bandes plus où moins nombreuses que depuis le lever du soleil jusqu’à 9 ou 10 heur°s du matin. Ils ne fré- quentent pas le bord des cours d’eau, mais ils recher- chent les terrains humides et frais; ils se nourrissent de baies et d'insectes. On ne possède aucun renseignement sur la propagation de cette espèce en liberté. Importé de temps à autre, ce Manakini est assez délicat; on doit le nourrir avec la pâtée des insectivores et y joindre des fruits tels que : oranges, raisins, bananes, figues. Manakin tije. — Chiroxiphia pareola (L.). Cette espèce est à peu près de la grosseur de notre moineau friquet, le plumage du mâle est d’un noir velouté, à l'exception du dos et des petites couver- tures des ailes qui sont d’un bleu de ciel; la tête est sur- .montée d’une huppe rouge écarlate que l'oiseau peut élever ou abaisser à volonté; le bec est noir et les pieds jaunâtres. Le plumage de la femelle est d’un vert uni- forme. Le Manakin tijé est commun depuis Bahia jusqu’à la Guyane; il recherche les forêts épaisses et celles qui offrent des clairières; il se nourrit exclusivement de baies: sa voixest un simple cri d'appel. Schomburgk, quitrouva son nid aux mois d’avrilet de mai, dit qu'il était grossièrement construit de mousse et de duvet de certaines plantes et renfermait deux œufs. Plus rare dansle commerce que le précédent, il faut, pour le conserver en captivité, lui donnerla même nour- riture que nous avons indiquée pour le Manakin jaune et noir. Manakin à longue queue. — Chiroxiphia cau- data (Shaw). Chez cette espèce la queue est longue avec les rectrices médianes prolongées en brins, le plumage est bleu de ciel, avec les joues, le cou, les ailes et la queue noires ; les couvertures de la queue et les plumes médianes sont également bleues ; le front et l'occiput sont d'un rouge brillant ; le bec est brun rougeâtre, les pieds bruns. Le mâle a18 centimètres de long;la femelle est un peu plus petite ; tout son plumage est d’un vert uniforme, les pennes des ailes et les extrémités des pennes caudales seules sont brunâtres. Ce Manakin habite le Brésil où iln’est pas rare. « Dans les épaisses forêts de la province de Bahia, dit le prince de Wied, j'ai souvent rencontré des bandes de ces oiseaux; dans lesautres contrées je ne les aitrouvés que par paires. Ils se tiennent sur les arbres les plus élevés et sur les buissons. D'un naturel craintif, ils se cachent dès que se montre le chasseur, mais le sifflement bref qu'ils font entendre les trahit. Au commencement de mars je trouvai une femelle qui couvait. Son nid, établi sur un arbre peu élevé et à la bifurcation d’une branche, complètement à découvert, était très petit, plat, gros- sièrement construit avec des brindilles, des herbes, de la laine, des mousses et renfermait deux œufs assez grands, d’un jaune grisâtre, à points clairs, marqués au gros bout d’une couronne de taches brunes. » Très rarement importé, ce charmant oiseau exige des soins en captivité; on doit lui donner la pâtée des insec- tivores et des fruits selon la saison, principalement de figues et des bananes. COLOMBIDÉS Les Colombidés sont caractérisés par leur bec de lon- gueur moyenne, faible, corné seulement à la pointe ou à la base, recouvert d’une cirrhe, leur queue composée de douze pennes, arrondie ou tronquée à angle droit. Plusieurs espèces ont une taille trop grande pour pou- voir être placées dans une chambre d'oiseaux ; nous n’indiquons que les petites espèces ou celles qui, malgré leur taille, sont complètement inoffensives et peuvent être mises sans danger avec des oiseaux beau- coup plus petits. Colombi-moineaux. Cette famille a été ainsi nommée par Reichenbach parce qu’elle renferme les plus petites espèces dont quelques-unes sont de la grosseur du moineau. Colombe passerine.— Chamæpelia passerina (Lin.). Vulg. Colombe moineau. Cette Colombe n’a que 18 centimètres de longueur: la coloration générale du plumage est brun grisâtre ; le sommet de la tête et la nuque sont gris cendré, le croupion brun-roux, la gorge blanchâtre; les plumes de la poitrine sont bordées de brun, les rémiges de brun foncé avec les barbes internes rouge brun; les rectrices sont noires, les externes bordées de blanc en dehors ; les couvertures supérieures de l'aile sont semées de taches brunes arrondies, à reflets métalliques; le bec est rouge pâle, plus foncé à l'extrémité, les pieds sont couleur de chair, La femelle n’a pas la teinte brune du plumage du mâle, elle est d’un gris terne. Cetteespèce habite les Etats-Unis d’oùelle s'étend jusqu’à la Jamaïque où elle vitsédentaire, tandis qu’elle n’est que de passage dans le Nord. On la rencontre dans les pâtu- rages et les plaines herbeuses par bandes de quatre à vingt individus. Dans la Floride Orientale elle vient près des villages et s’établit volontiers dans les petits bois d'orangers. Pour roucouler, elle se perche sur quelque lieu élevé, sur les haies qui entourent les champs; on peut alors l'observer aisément, tandis qu’elle échappe facile- ment aux regards quand elle court sur le sol; à terre elle rivalise de vitesse avec les poules; aussi les Améri- cains la nomment-ils Pigeon de terre; elle ne va jamais loin et ne parcourt jamais plus d’une dizaine de mètres d'une seule traite, en rasant le soi. Quand un individu de cette espèce s’envole, tous ceux qui font partie de la bande le suivent, mais bientôt tous redescendent vers la terre et reviennent à l'endroit d'où ils ont étéchassés. Le chant de la Colombe passerine consiste en un roucoulement assez fort et plaintif; son nid, qui n’est pas difficile à découvrir, est placé sur un buisson peu élevé; il est grand, solide, formé extérieurement de branches sèches et tapissé intérieurement d'herbes ; la femelle y dépose deux petits œufs d’un blanc éclatant. La Colombe passerine se nourrit de petites graines de diverses espèces et, d'après Audubon, de riz et de baies; elle avale des grains de sable pour faciliter la trituration des aliments, comme les poules; elle creuse des trous LE NATURALISTE 91 dans Le sable et souvent on voit les individus composant une bande, couchés l’un près de l’autre,comme une com- pagnie de perdrix. La chair de cet oiseau est très esti- mée ; aussi on le chasse au fusii, au filet et aux gluaux, eton en capture des quantités considérables. La Passerine est fréquemment importée et s’acclimate facilement, mais, comme la plupart des Colombidés; dans les premiers temps de sa captivité, elle se montre farouche et se débat violemment, il arrive alors fréquemment qu’elle se tue en se frappant la tête contre les parois de la volière. Elle se reproduit et niche facilement, cons- truisant son nid dans une petite corbeille avec quelques brins de paille. Elle élève elle-même ses jeunes et est inoffensive pour les autres oiseaux. On la nourrit de millet, d’alpiste, de navette et de chènevis. Colombe Talpacoti. — Chamæpulia Talpacoti. Vulg. Colombe couleur cannelle, Colombe collin (S. W.). Cette espèce est de la même taille que la précédente, avec laquelle elle offre une certaine ressemblance ; son plumage est d’un brun cannelle, plus foncé en dessus, plus clair en dessous ; les rémiges sont noires, lisérées de blanc, les rectrices noires terminées de fauve, à l’ex- ception des deux médianes qui sont de la même couleur que le corps; la queue est noire, le bec couleur de corne, noir à l’extrémité, les pieds sont jaunes. La femelle ne diffère que par la teinte plus grise de son plumage. Cette Colombe habite le Mexique et on la trouve éga- lement au Brésil; elle recherche les pâturages et se nourrit de graines vertes et de baies; ses mœurs sont celles de l'espèce précédente. Importée assez fréquemment, elle est plus délicate que la Colombe passerine et se montre aussi farouche à son arrivée, après quelques jours de captivité, elle devient aimable et familière; mais on n'a pas encore obtenu sa reproduction. On doit la nourrir comme l’espèce précédente. A—_—_—_——_— — Congrès International d’Anthropologie et d'Archéologie préhistoriques La treizième session du Congrès international d'Anthropologie et d'Archéologie préhistoriques. doit avoir lieu du 16 au 21 avril 1906 inclusivement à Monaco. Les importantes découvertes faites dans la région, notamment celles dont la science est redevable à l'initiative du prince de Monaco lui-même, donneront à cette session un intérêt tout par- ticulier. En outre, depuis la dernière réunion du Congrès à Paris, en 1900, plusieurs questions ont surgi, qui s'imposent à l'examen des préhistoriens, et d’autres se présentent aujourd’hui sous un aspect nouveau. Le Comité d'organisation de la treizième session à pensé qu'il convenait de faire figurer en première ligne au programme les questions locales, tout en y inscrivant diverses questions qui lui ont paru mériter une discussion approfondie. Les questions proposées par le Comité sont les suivantes : PREMIÈRE PARTIE La Préhistorique dans la région de Monaco. 1o Grottes des Baoussé-Roussé (Statigraphie et paléogéogra- phie; paléontologie, anthropologie et archéologie). — Le type humain de Grimaldi (négroïde) et ses survivances ; 2 L'époque néolithique ; 3° Les enceintes dites ligures. 11° PARTIE Questions générales. 4° Etude des pierres dites utilisées ou travaillées aux temps préquaternaires ; 2 Classification des temps quaternaires au triple point de vue de la stratigraphie, de la paléontologie et de l’archéologie. 3° Documents nouveaux sur l’art des cavernes ; 4° Etude des temps intermédiaires entre le paléolithique et le néolithique ; 5° Origine de la civilisation néolithique. Les premières céra- miques ; 6° Géographie des civilisations de Hallstatt et de La Tène; 7° Les civilisations proto-historiques dans les deux bassins de © la Méditerranée (Egéen, Minoen, Mycénien, etc.) ; 8° Les industries de la pierre en Asie, en Afrique et en Amé- rique ; 90 Unification des mesures anthropologiques. Des excursions seront organisées, notamment aux Grottes des Baoussé-Roussé et à quelques enceintes préhistoriques, où des fouilles pourront être pratiquées en présence des Congressistes. En vertu du règlement, font partie du Congrès et ont droit à toutes ses publications, les personnes qui en font la demande et ont acquitté la cotisation. Le montant de la cotisation est fixé à 45 francs (1). Des demandes seront faites auprès des Compagnies de Che- mins de fer pour obtenir des réductions sur le prix des billets. ENSEIGNEMENT COLONIAIL Muséum national d'histoire naturelle de Paris. PROGRAMME POUR 1906 CONFÉRENCES SUR L'INDO-CHINE FRANÇAISE. Les conférences ont lieu à 2 heures de l'après-midi, les mardi et jeudi, dans l’Amphithéâtre de la nouvelle galerie d'Anatomie comparée. Entrée directe par la porte de la place Valhubert,. 20 février. Insectes nuisibles au riz, J. Kunckel d'Herculais. 22. — Anthropologie de l’'Indo-Chine (Les Tsiamps et les Tsiams), Hamy. 27. — Recherches sur les minéraux en Indo-Chine, P. Gaubert. 4er mars. Les mammifères de l'Indo-Chine, Ménégaux. 6. — Les caoutchoucs en Indo-Chine, D' Dubard. 8. — Anthropologie de l’Indo-Chine (Laotiens et Siamois), Hamy. 13. — La minéralogie de l’Indo-Chine, De Romeu. 15. — Algues fixées, algues flottantes, leur importance, Mangin. 20 mars. Les grandes cultures de l’Indo-Chine, Capus, Direc- teur général de l’agriculture en Indo-Chine. 22. — Anthropologie de l’Indo-Chine (Annamites et Chinois), Hamy. 27. — Les mollusques producteurs de nacre en Indo-Chine, Seurat. 29. — Notions pour la recherche des animaux invertébrés en Indo-Chine, Joubin. 3 avril. La forêt en Indo-Chine, Capus. 5. — Les oiseaux de l'Indo-Chine, Ménégaux. 10. — Les moteurs animés aux colonies, commandant Annet. 26. — Etat de nos connaissances sur la flore de la Cochin- Chine, H. Hua. k der mai. Chimie végétale indo-chinoise (Plantes textiles ali- mentaires), L. Bourgeois. 3. — Les Bovins de l’Indo-Chine, P, Dechambre, professeur de Zootechnie à l'Ecole nationale de Grignon. 10. — La Ramie, Henri Lecomte, professeur aux lycées Saint- Louis et Henri-IV. 15. — Chimie végétale indo-chinoise (Plantes tinctoriales et médicinales), L. Bourgeois. 17. — L’envenimation et son traitement, principalement dans les colonies indo-chinoise, Dr Achalme. Directeur du Laboratoire colonial. 22, — Maladie de l’Indo-Chine, principalement les maladies qui se transmettent par l’eau, D' Clarac, directeur du Service de santé du corps d'armée des troupes coloniales. 29. — Maladies de l’Indo-Chine, principalement les maladies qui se transmettent par l’eau (Suile), D' Clarac, direc- teur du Service de santé du corps d'armée des troupes coloniales. 31. -— Plantes alimentaires de l’Indo-Chine. Légumes et fruits, Bois. (1) Envoyer les cotisations au trésorier M. Henri Hubert, 74, rue Claude-Bernard, Paris. ES NAS MERE 59 LE NATURALISTE ACADÉMIE DES SCIENCES L'assimiliation de l'acide carbonique par les chrysa- lides de Lépidoptères.— (Note de Mlle Marta voN LiNDEN, présentée par M. ALrreD GraRD.) En 1883 Engelmann trouva une Vorticelle diffusément colorée en vert qui avait la faculté d’absorber et de décomposer lacide carbonique contenu dans l’eau et qui dégageait de l'oxygène sous l'influence de la lumière. C'était la première fois qu’on voyait une cellule animale assimilant l'acide carbonique de la même manière que les plantes, sans être aidées de cellules végé- tales, comme cela a lieu dans de nombreux cas de symbiose de Protozoaires avec des Algues. L'auteur ayant trouvé que les Chrysalides de Lépidoptèrés (Vanesses) supportaient facilement un séjour dans une atmo- sphère d’acide carbonique même concentré, qu'elles y perdaient moins de leurs poids que dans des conditions normales et qu’elles devenaientmême plus lourdes tandis que l’acide carbonique dimi- nuait de volume, fit des recherches sur ce sujet afin de mettre en évidence ce phénomène de l'assimilation de l'acide carbonique par les chrysalides de lépidotères à la façon des végétaux. Les expériences ont porté sur des chrysalides de Papilio poda- lirius, Sphinx euphorbia, Lasiocampa pini et sur des chenilles de Botys urticata etde Vanessa urlicæ. L'auteur se servait d’un mélange d’air atmosphérique et d'acide carbonique de 5 à 30 %. Les chrysalides restaient enfermées pendant deux à vingt-quatre heures dans la même atmosphère. A la fin des expériences, l’auteur constatait que le volume de gaz à la disposition des chrysalides avait presque toujours diminué et observait les changements suivants dans la composition de l'atmosphère respirée : lorsqu'on se servait de l'air atmosphéri- que pur, la production d'acide carbonique par les chrysalides était plus grande la nuit que le jour. Quand l'atmosphère contenait de l'acide carbonique, on obser- vait souvent une absorption accompagnée, au printemps, d’une exhalation d'oxygène. = Le processus d’assimilation avait plus souvent lieu le jour que la nuit tandis que la respiration était plus forte la nuit que le jour. Sur le parallélisme entre le phototropisme et la par- thénogénèse artificielle. — (Note de M. GEorGes Bonn, présentée par M. Azrren Granp.) M. Giard a provoqué la parthénogénèse de certains œufs (As- téries) en les desséchant avec du papier buvard et en les replaçant ensuite dans l’eau, et a montré que les solutions salines et l'acide carbonique agissaient également comme déshydratants. La pri- vation d'eau, qu’elle soit obtenue par un procédé physique ou par un procédé chimique, déterminerait un état de ralentissement vital de l'œuf ou d’anhydrobiose après lequel l’action excitante de l’eau deviendrait maxima et pourrait produire la parthéno- génèse. Les animaux supra-littoraux, lorsque la mer reste à des ni- veaux peu élevés, peuvent subir eux aussi, soit une dessiccation physique, soit une déshydratation chimique, et entrer ainsi dans un état d’anhydrobiose dont ils sortent lorsque la mer revient jusqu’à eux : les manifestations vitales deviennent alors exces- sivement intenses, les altractions par les surfaces d'ombre sont très prononcées, et il en résulte un phototropisme négatif des plus marqués. C'est ainsi qu'on voit les Liltorina rudis sur les rochers su- pra-littoraux de Wimereux fortement insolés, subissant une des- siccation intense sous l'influence de laquelle ces mollusques s’en- ferment dans leurs coquilles pour y mener sous l’opercule une vieralentie en milieu confiné. Mais qu'arrivent les grandes marées et que la mer vienne recouvrir les rochers les littorines sortent alors de leur torpeur, se mettent à ramper sur les rochers humi- des et subissent sans pouvoir s’y soustraire les attractions par les surfaces d'ombre. Les Kediste diversicolor des estuaires saumâtres du Boulon- nais se comportent de même, mais sous l'influence des variations de salure de l’eau. Les Harpactlicus fulvus subissent, enété, pendant les périodes de morte-eau, dans les mares supra-littorales de Concarneau, dont l'eau non renouvelée est le siège de putréfactions organiques, une intoxication intense, sous l'influence de laquelle les mouvements de ces crustacés se ralentissent beaucoup. Cet état cesse dès que les vagues des grandes märées viennent balayer les impuretés et renouveler l'eau. Les Copépodes se mettent alors à nager très activement et en quelques instants se portent en masse du côté opposé à la surface la plus éclairée. Ainsi donc chez ces mollusques les phénomènes sont essentiel- lement les mêmes : au moment de la reprise de l’activité vitale sous l'influence de l’eau. les mouvements excessivement actifs de ces animaux sont uniquement d’origine oculaire, et se font sui- vant des lois précises vers les ombres. Il y a plus, ces phénomènes eux-mêmes sont liés d’une façon absolue à la périodicité vitale déterminée par les oscillations de la marée. Si l'on isole les animaux de leur habitat naturel, on les voit, dans les cristallisoirs, au moment précis où les vagues vien- nent recouvrir après la morte-eau cet habitat, bien que l’eau pure n'arrive pas dans ces cristallisoirs, bien que la dessiceation ou l'intoxication y persistent, on les voit sortir de leur torpeur et se diriger vers les ombres. Les idées de M. Giard sur l’anhydrobiose, qui ont jeté une vive lumière sur beaucoup de phénomènesbiologiques, qui ont permis de comprendre en particulier le mécanisme de la parthénogénèse artificielle, s'appliquent donc utilement à la question du phototro- pisme et permettent d'établir un parallèle complet entre la par- thénogénèse artificielle etle phototropisme. Sur un nouveau genre de Champignon de l'Afrique orientale amglaise. — (Note de MM. P. Harior et N. PA- TROUILLARD, présentée par M. Bonxer.) Le Muséum a reçu de M. Maurice de Rothschild un certain nombre de champignons recueillis au cours de son voyage d'ex- ploration dans l'Afrique orientale anglaise. Un d’entre eux est particulièrement intéressant en raison des caractères spéciaux qu'il présente et constitue un nouveau genre de Pyrénomycètes. Il se présente sous l'aspect d’une masse hémisphérique creuse dont la surface estmarquée de crêtes très saillantes dirigées d’un pôle à l’autre et séparées par de larges sillons. En examinant ces crêtes de plus près, on remarque qu’elles délimitent de grandes avéoles, très irrégulières, marquées elles-mêmesde sillons rayon= nants séparés les uns des autres par des crêtes secondaires. La coloration de toutes les parties saillantes est blanchâtre, tandis que celle des parties profondes est noirâtre. Sur une coupe transversale, on remarque une série de bandes noires disposées en fer à cheval dans la trame générale blan- châtre près de la face supérieure; ces bandes sont entièrement formées de périthèces charnus et noir, fortement pressés’ les uns contre les autres. La forme de ces périthèces est celle d’une bou- teille large surmontée d'un col grêle qui vient s'ouvrir à la sur- face par un ostiole à peine saillant. Le noyau des périthèces est noirâtre et composé d’asques à huit spores séparées par des para- physes. Ce champignon s'éloigne de tous les genres de sphériacées actuellement connus et constitue un type que les auteurs ont dé- dié à M. le professeur Mangin, Genre Colletomanginia. De la décomposition des albuminoïdes par les Cla- dothrix (Actinomyces). — (Note de M. E. Macé.) Dans le sérum sanguin liquide, le Cladothrix chromogenes se développe bien, brunissant fortement le milieu et produisant cette odeur spéciale à plusieurs des espèces du même type, in- termédiaire entre l’odeur de terreau et l’odeur de moisi. Après plusieurs mois, le milieu est devenu bien plus fluide, ne prenant plus en gelée par la chaleur ; il donnait simplement par ébulli- tion un léger précipité floconneux. ! Le liquide contient alors de l’ammoniaque, des propeptones tandis qu’il a déposé des cristaux de tyrosine se présentant en longues aiguilles isolées, du glycocolle en prismes rectangulaires aplatis et des sphéro-cristaux de leucine. ; Cette espèce très abondante dans la terre arable, apparaît comme un des facteurs puissants de la transformation des ma- tières albuminoïdes et vraisemblablement, de la production des composés ulmiques. Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette. 28° ANNÉE 44 MAR 1906 2 SÉRIE — N° 45 5 1% MARS 1906 Le Lièvre d'Égypte Des oreilles démesurément grandes, ua corps allongé, les pattes de devant plus courtes que celles de derrière, l’intérieur de la bouche et le dessous des pieds velus, une queue minuscule et relevée, tels sont les principaux ca- ractères du lièvre. À une ouie d’une finesse extrême, ce rongeur joint la propriété de dormir les yeux ouverts (1). Epris de solitude et de silence, prudent jusqu’à la timi- dité, à moins d'y être forcé, il ne sort de son gîte que la auit pour chercher sa nourriture composée d'herbes, de racines, de plantes au suc laiteux, etc. quetée de noir, dans sa partie supérieure, est d’un blanc pur en dessous. Nous le retrouvons avec la même forme et les mêmes couleurs, courant à travers la steppe (fig. 1) dans les scènes de chasses représentées sur les parois des syringes. Quoique assez répandu dans le désert ou ses abords, il est très difficile de le prendre au gite à cause de la couleur de sa robe qui se confond avec celle du sol, S'il est mis en éveil par un bruit dû à la présence de l’homme, le lièvre d'Egypte ne s’en émeut point, il se borne à ga- gner lentement le premier buisson venu, et s’y couche, les oreilles dirigées vers l'endroit suspect, Mais quand un chien, un loup ou ‘un chacal se lancent sur sa piste, il s'enfuit et court aussi rapidement que le lièvre d'Europe. Si parlois il échappe, du haut des airs, un ennemi autre- PHippolyte-Roussac del Fig. 1. — Le lièvre d'Egypte, peinture thébaine. Les anciens Egyptiens le nommaient Sekhat, la Bible le désigne par le nom de Arnébét, les Arabes par celui de Arnab-biri, les Grecs l’appelaient Lagos. Les monuments pharaoniques nous offrent des repro- ductions sans nombre de ce quadrupède ; mais ces images, soit peintes, soit sculptées, semblent n’appartenir qu’à une seule espèce, celle du lièvre d'Egypte, Lepus Ægyp- tius, E. Geoffroy. Je n'ai rencontré figuré nulle part le lièvre blanc de Libye dont parle Pausanias (2). Plus petit que celui d'Europe, le lièvre d'Egypte me- sure 43 centimètres du museau au bout de la queue; il a les oreilles proportionnellement beaucoup plus grandes que celles des autres espèces. Sa coloration fauve ti- (4) « Il ne faut pas conclure, dit M. Gerbe (Dict.univers.d'hist. nat., VII v., p. 357) que le lièvre, au contraire de ce qui à lieu chez tous les animaux, puisse dormir les yeux ouverts; seu- lement on doit croire qu’averti du danger au moindre bruit par son ouie, qui est très fine, il ouvre les yeux, et retenu par la pa- resse, il reste dans la position du sommeil et cherche à deviner le danger qui vient le menacer. » Sans contredire cette opinion, nous continuerons à regarder le lièvre comme possédant une fa- culté, sur laquelle repose presque tout son mythe. (2) ArcaDIE, Liv. VII, ch. xvn. Sur les hiéroglyphes, le lièvre est toujours peint en jaune, quelquefois taché de noir. ment redoutable, l'aigle, fond sur lui au moment où il s'engage dans la plaine découverte et l'enlève malgré sa résistance. La fécondité prodigieuse de ce quadrupède, la rapidité de sa course, l'extraordinaire acuité de son ouie ne man- quèrent point d'attirer sur lui l'attention des Egyptiens; appréciant, en outre, la faculté qu’il possède seul, de pouvoir dormir les yeux ouverts, ils lui assignèrent, dans leur panthéon, une place en harmonie avec ses mœurs nocturnes, en firent un génie infernal et le con- sacrèrent à Osiris. Sans insister sur la mythologie égyptienne, il est bon toutefois, pour l'intelligence de ce qui va suivre, de mentionner brièvement celles des attributions d'Osiris ayant avec notre sujet un rapport immédiat. Après qu’il avait disparu derrière la chaine libyque, le soleil était considéré comme un astre mort, descendu sous terre, dans la région infernale, séjour des Occiden- taux (1); il portait alors le nom d'Osiris. Le rôle de cette (4) Les habitants de l’autre monde, les défunts dont les tom- beaux sont habituellement à l'Occident, creusés dans la chaine libyque. | 1k FA A | | | l | | DA LE NATURALISTE divinité, personnification la plus populaire du soleil noc- turne, consistait à illuminer, du feu de ses yeux, la re- traite des mânes, à prononcer les sentences en vertu desquelles les justes recevaient leur récompense, les impies leur châtiment. Osiris était donc le dieu des morts, « le maître du silence »: dans les textes il est fré- quemment appelé seigneur des seigneurs, dieu auguste, très bienfaisant, prince de l’Eternité (1). On le représente ordinairement la tête couronnée de l'atef, le corps emmaillotté comme celui d’une momie, les mains seules dégagées tenant le flagellum etle pedum insigne de sa puissance (fig. 2). Les nus, c’est-à-dire le JUN A GE RATE RER ER Fig. 2 — Osiris. visage, les oreilles et les mains, sont généralement peints en vert, couleur des chairs cadavériques ou en noir pour accuser leur caractère sépulcral. Osiris se confond avec Ptah, dieu primordial et quelquefois aussi avec Khons- Luous, le dieu-lune des Egyptiens, figuré avec les mêmes insignes et sous un aspect mumiforme. Sa carrière nocturne terminée, le soleil se montre de (1) P. Gureysse et E. Leresure Papyrus funéraire de Sou- timès, pl. I, lig, 5, 6, nouveau à l'Orient où, complètement rajeuni, il se lève plein d'éclat sous le nom d’Horus. C’est ainsi que du s0- leil diurne les Egyptiens faisaient une même manifes- tation lumineuse de la divinité. Le soleil renaissant se nommait aussi Khépra; dans ce cas, il est représenté par un dieu scarabéocé- phale ou simplement par l’image du scarabée (1). Voilà SR Fig. 3. — La syllabe Oun. pourquoi cet insecte se trouve si étroitement uni à Osi- ris dans les vieux mythes de l'Egypte. Les litanies d'Osiris désignent ce dieu par une infinité de dénominations parmi lesquelles nous retiendrons celles-ci : « Osiris, ouvrant la tranchée de la double terre; ouvreur des chemins du Sud..., ouvreur des che- mins du Nord maître du ciel (2). » Indépendamment du nom de Sekhat, le lièvre avait en Z. NN Ra 2 Fig. 4. — Oun, ouvrir. core la valeur phonétique un ou plutôt oun (3); dans ce cas, ilest généralement représenté accroupi et sert à composer une infinité de mots; ainsi s'expliquent les = Fig. 5. — Oun-noul, portier. fréquentes reproductions de ce quadrupède dans les textes hiéroglyphiques où il joue un rôle considérable. Isolé et sans adjonction d’autres ‘signes, oun signifie être, exister et forme la première syllabe du mot Ounne- (1) Voir le Scarabée sacré dans le Nafuraliste, no* du 15 juin et du 4°" juillet 1905. à ; (2) Livre des Morts, ch.cxLu,section À, lig. 5; section D,lig.24, 25. a (3) La voyelle w se prononce ow en égyptien. LE NATURALISTE a fer, Etre bon, par lequel on désigne quelquefois Osiris, l'Etre bon par excellence. Le groupe composé du lièvre et du plan de maison se lit oun-pa et veut dire la de- meure de l'existence, le tombeau. ! 0 ue F CRIER 5 Æ | _ À ( D s TT ‘ a Fig. 6.— Génie à tête de lièvre gardant l’une des portes del’Enfer. Nous trouvons également le lièvre dans le nom de Ou- nas, dernier pharaon de la Ve dynastie. D’après Horapollon, la faculté qu'avait ce rongeur de dormir toujours les yeux ouverts (fig. 4),le fit considérer par les Egyptiens comme l’image d’une ouverture quel- Conque, témoignage pleinement confirmé par les textes et dont voici quelques exemples. NS À a EŒ Fig. 8, — Oun-nou, ouvrir les jambes, les étendre. = BA EE Fig 9. — Oun-nou, l'inondation. ST IRAN SN Il Fig. 10. — Oun-tôt, avoir la main toujours ouverte, être large, généreux, Le mot ouvrir s'écrit avec le lièvre suivi d'un battant de porte {fig. 4), accompagné de deux battants (fig. 5), l'ensemble se prononce oun-nout et sert à désigner un portier. Aussi n'est-il point rare, dans les papyrus funé- raires, de voir un génie à tête de lièvre garder l’une des portes du mystérieux séjour (fig. 6). Oun-hi (fig. 7) se dit pour découvrir la tête, la dégager de bandelettes; oun- nou (fig. 8), ouvrir les bras, les jambes, les étendre; avec le bassin comme déterminatif (fig. 9),il désigne l'inon- dation; oun-tôt (fig. 10), main ouverte, être généreux, large, libéral, etc., etc. Boussac. | 56 LE NATURALISTE HISTOIRE NATURELLE DU SOLENOBIA LARELLA CHrér. Quand on a fait deux ou trois fois l’ascension de Peña Lara, le plus haut sommet (2.431 mètres) de la chaine de Guadarrama, en Espagne, on se demande si cela vaut vraiment la peine de monter si haut pour trouver si peu. Et cependant, fin juin, juillet et commencement d'août, c'est bien le meilleur moment. En parvenant à cette hauteur, par des sentiers longs et parfois rudes et pé- nibles à gravir, le naturaliste, qui a l'habitude des mon- tagnes, ne se fait guère illusion. Il sait bien que sur les sommets la faune entomologique est excessivement res- treinte, tout à fait pauvre. La Peña Lara ne saurait faire exception. Pourrait-il en être autrement? Comment et de quoi vivraient les insectes sur ces rocs dénudés, brülés par le soleil le jour, glacés par le froid la nuit, balayés par le vent en tout temps, où ne pousse qu'une maigre végéta- tion, incapable d’engraisser les pauvres’ moutons non moins maigres qui viennent la brouter, la tondre à ras, de temps à autre ? Il est vrai qu’on y trouve de jolies fleurettes, l’'Armeria cœæspitosa, par exemple. Il est vrai qu'on y jouit d'une vue invraisemblable, sans limites. Ce plateau de Castille que l’on domine de si haut, n’estplus, malgré ses dépres- sions, malgré ses collines, qu'une plaine unie, immense : Camporum patentium æquord. Mais un tel panorama, tout impressionnant qu'il soit, ne fait pas l'affaire de l’'Entomologiste, et le moin- dre micro serait mieux de son goût. Sans doute, avant d'arriver là, 1l a pu, sur le chemin, faire quelque bonne capture. Il a pu rencontrer, dans la région du Pin sylvestre, quelque Graellsia Isabellæ Graëlls, le plus bel insecte de l'Espagne et de notre vieille Europe ; plus haut, parmi les Genista purgans, il a pu prendre l'Orgyia auro- limbata, v. Guadurramensis Sigr.,ou capturer sa chenille, ou bien encore voir par terre se chauffer au soleil l’Arctia Latreillei God., ou cueillir sa chenille brunâtre sur les fleurs jaunes du Senecio Tourneforti, si abondant en cer- tains endroits. Mais, près du sommet? Rien ou presque. C’est le désert. C’est alors que, malgré sa 7 on se décide à sou- lever les pierres, à fouiller les touffes naines des plantes, à chercher sur terre, puisque dans l'air rien ne se montre, rien ne vole. Se baisser, se relever des cen- taines de fois : travail pénible; s’érafler la peau aux dures aspérités du granit, se piquer jes doigts aux aiguil- lons des Cirsium : sensations peu agréables. Qu’y faire ? N'est-ce pas la seule pratique capable de donner des résultats à peu près certains. On trouve toujours quelque chose par ce procédé et, si peu que ce soit, on l'emporte comme souvenir du voyage. Mon souvenir, cette fois, s'est présenté sous la forme d’une Solenobia, qui vit là-haut en grande abondance, s’il faut en juger par la quantité de fourreaux que l’on trouve fixés au-dessous des pierres, aussi bien les petites, plates, qu'un enfant prendrait pour jouer au palet, que sous les grosses qu’un homme, usant de toute sa force, aurait peine à soulever. C’est vers la fin de juin que ces fourreaux furent récol- tés, la plupart renfermant déjà des chrysalides, très peu ayant encore leurs chenilles. Descendus à San Ildefonso, il sortit de ces fourreaux, une douzaine de jours après, des papillons & &, des © © aptères, presque en nombre égal; il y eut des accouplements, des pontes, enfin toute la série, de facon que l’histoire de cette bestiole peut être donnée au complet. Solenobia larella n. sp. Imago. — %, de taille variable : 11-14 millimètres d'envergure. Ailes supérieures étroites, prolongées, mais arrondies à l’apex, d’un gris jaunâtre clair, assom- bri par des écailles brunes envahissant l’espace basilaire, couvrant les nervures ou disposées en nombreuses lignes ou stries transverses, formant de petites taches sur les bords externe et interne et une plus grande transverse au bout de la cellule ; frange jaunâtre à la base, divi- sée par une ligne brune près de la base, le reste gris. Ailes inférieures grises à frange jaunâtre à la base, puis gris clair, sans division brune distincte. Dessous des ailes d’un gris plus ou moins sombre. Tête poilue, jau- nâtre, ayant d'assez longs poils en dessous, réunis par- fois en petites touffes; antennes n'atteignant pas le milieu de l'aile, finement ciliées, brunes; cils à peine plus longs que l'épaisseur du flagellum; thorax et abdo- men brun noirâtre, extrémité de ce dernier gris jaunâtre ; pattes gris jaunâtre. : La © est fusiforme, tête noirâtre, trois premiers seg- ments bruns, cornés, luisants ; abdomen verdâtre, portant sur le dessus de chaque segment une bande brune échancrée au milieu, sur le dessous,de semblables bandes brunes largement interrompues; le dessous des deux derniers segments est garni d'une touffe anale de poils blancs très serrés; l'oviducte est court, large, corné et noirâtre; pattes brun foncé. Les $ & naissent souvent avortés, avec des ailes mal développées; ils éclosent généralement le soir et lanuit ; les ® ® apparaissent le matin. Elles sortent de leur fourreau et se placent dessus, l’oviducte tendu et un peu relevé, attendant les à &. l’existence de ces papillons est de courte durée : après l’accouplement, les & à volent peu et tombent épuisés; les ® & pondent immédiate- ment et se vident. Leur abdomen reste gonflé d'air pendant quelque temps, puis se contracte et finalement la bestiole meurt et se dessèche. Les œufs sont déposés dans la chrysalide vide, qui est ensuite bouchée, ainsi que le fourreau, par la bourre soyeuse dont est garnie l'extrémité de l'abdomen dela 9. Il est arrivé que des ® ® tardives sont écloses lors- qu'il n’y avait plus de & & pour les féconder. Immobiles sur leurs fourreaux, elles ont attendu longtemps, c'est-à- dire plusieurs jours, la venue des & &. Ceux-ci nese pré- sentant pas, elles ont péri et se sont desséchées sans s'être débarrassées de leurs œufs. Cela joint au nombre des && presque égal à celui des @ ® qui me sont éclos, semble indiquer, chez cette espèce, l'absence à peu près certaine de la faculté parthénogénétique que pos- sèdent d’autres espèces du même groupe. -Œuf. — L'œuf de la Solenobia larella est un ut ellipsoide assez régulier et un peu allongé; sa surface présente des traces à peine perceptibles de facettes polygonales, elle est lisse et luisante; sa couleur est blanche. Un bon mois après la ponte,les œufs éclosent. Je n’en ai pas fait l'éducation, puisque j'avais déjà la chenille. LE NATURALISTE 57 En voyage, on ne peut matériellement pas élever toutes les bestioles intéressantes que l’on trouve : il est nécessaire de faire un choix et de se borner à celles que l’on n’a pas encore en collection. Chenille. — La chenille de Sol. larella m’a paru être plus allongée, moins dodue, moins épaisse que celle des autres Solenobia : Sol. pineti %., trique trella F.R., Mannii Z., par exemple. Adulte, elle mesure 6 à 7 millimètres, à peau tendue; elle est d’un blanc lai- teux avec la tête noire, luisante,les écussons des trois premiers segments d’un noir moins intense et tournant au marron : le premier large, couvrant tout le dessus du segment, le deuxième un peu moins large, le troisième réduit à deux plaques écailleuses que je trouve plus largeset plus colorées que chez les autres espèces de Sole- nobia.Ces deux écussons sont appuyés latéralement d'une petite plaque écailleuse de même couleur qu'eux. Plaques des verruqueux peu distinctes et de moins en moins colorées en brun, à mesure qu’elles appar- tiennent aux derniers segments; poils blonds. Pattes écailleuses noirâtres, avec les plaques postérieures mar- ron, pattes ventrales très petites, sessiles ; pattes anales fortes et clapet brun noirâtre. À n’en pas douter, cette chenille se nourrit des nom- breux détritus de végétaux quisont ou autour ou au-des- sous des pierres qui les abritent; au besoin, elle doit y joindre les débris d'insectes et particulièrement de coccinelles, en grande quantité sous les mêmes pierres, Fourreau. — Le fourreau de Sol. larella ressemble en petit à celui de Sol. triquetrella: il est triquètre, à angles ou arêtes bien prononcés, relativement court et large, surtout celui des © ©, couvert de petits grains de terre ou de pierre, les plus gros toujours sur les arêtes des angles où les grains de quartz mêlés à quelques pail- lettes de mica prédominent, la partie antérieure souvent garnie de débris chitineux de vieilles chrysalides, rare- ment de fragments d’élytres de coléoptères. Chrysalide. — La chrysalide est d’un brun jaunûtre, plus foncé sur le dos, plus clair en dessous, à extrémité des enveloppes des ailes et pattes libre ; surface pres- que lisse sur les ptérothèques et le thorax, rugueuse sur la partie antérieure des segments abdominaux; pénul- tième segment portant en dessous à son bord postérieur un mamelon bifide ; dernier segment sans mucron, pré- sentant. en dessous un double mamelon plus petit que le précédent ; ces deux derniers segments sont en outre garnis de quelques poils mutiques, c’est-à-dire sans cro- chets. La chrysalide de la © offre des rudiments de ptéro- thèques très distincts, quoique la © elle-même soit com- * plètement aptère; de plus, les mamelons du dessous des derniers segments sont beaucoup moins prononcés que sur la chrysalide du ©. La nouvelle espèce est voisine de Solenobia incon- spicuella Stt.; mais, elle en diffère par sa taille plus grande, par ses nervures 6 et 7 très séparées aux ailes inférieures et la forme de son fourreau. Elle diffère des autres espèces par ses ailes notablement plus étroites, plus allongées, par sa couleur générale et sur- tout ses franges claires. Je dois, en outre, mentionner que, sur tous les sujets de S. larella dont j'ai examiné la nervulation des ailes supérieures, il m'a été impossible de constater la pré- sence de la cellule appendiculée, P. CHRÉTIEN. CHRONIQUE & NOUVELLES Les parures des mâles. — La déchéance des femelles, — L'origine des couleurs sexuelles. Il est certain que, chez les races humaines les plus civilisées, c’est le sexe féminin qui déploie le luxe le plus considérable, tandis qu’au sexe masculin est dévolu une tenue de plus en plus simple, de moins en moins voyante. Ce fait est exactement l'opposé de celui qui s’est mani- festé dans une grande partie du règne animal, où le sexe masculin est par excellence favorisé. C’est cette no- tion que M. Edmond Perrier vient de développer dans un brillant discours. Dans la mer abondent des vers agiles, — du groupe des Annélides polychètes, habituellement pourvus d’un luxe extraordinaire de soies, de tentacules, de panaches colorés des teintes les plus vives et les plus variées; quelques-uns, les Sabelles et les Serpules, ressemblent à des fleurs peureuses qui fermeraient leur corolle à la moindre alerte. Certaines espèces (appartenant aux familles des Syllidiens, des Phyllodociens, des Néréi- diens, des Cirratuliens), humblement vêtues et cachées dans la vase durant l'hiver, se transfigurent au prin- temps : leur agilité s’accroit, leurs couleurs s’avivent, leurs yeux s’agrandissent, leur tête s’empanache, leur corps se frange d'une multitude de minuscules avirons. Mais cette métamorphose n’atteint tout son luxe que chez les mâles; elle est presque insignifiante chez les femelles. De même, les mâles d’un grand nombre de poissons se parent au retour de la belle saison; le petit Vairon de nos ruisseaux prend alors des teintes pourprées ; l'Epinoche, quand il fait son nid d'herbes, le Macropode de la Chine, quand il construit son radeau d’écume, brillent de telles couleurs, que ce dernier a recu le nom de Poisson de Paradis. Une arête élégamment dentée se dresse, à l'époque de la multiplication, le long du dos des sala- mandres aquatiques et, parmi les oiseaux, les Combat- tants, en quête d’un compagnon, revêtent un plumage de luxe. Ces parures temporaires deviennent permanentes chez beaucoup d'insectes. « C’est alors une véritable orgie de couleurs. Les ailes des Morpho, magnifiques papillons du Brésil, semblent découpées dans l’azur même du ciel; d’autres paraissent faites de lames de velours vert, jetées ‘sur un fond somptueux de velours noir; d’autres encore mêlent à d’éclatantes teintes mates tous les reflets de l'or et de l’argent; dans nos forêts même, le Grand-Mars et le Petit-Mars ont des ailes d’un bleu changeant, rap- pelant celles des Morpho, et nos innombrables petits Argus balancent sur les fleurs des champs leurs délicates ailes d’un bleu pâle. Dans toutes ces espèces, le sexe féminin, quoique assez luxueusement vêtu, ne présente jamais de teintes changeantes, et le coloris des ailes ne dépasse pas les notes sobres. » Les femelles de beau- coup d’autres insectes — les Chematolies, par exemple — sont encore plus déshéritées, puisqu'elles sont privées d'ailes : elles trainent péniblement à terre un corps presque difforme, tandis que leurs brillants époux s'abattent dans les airs. Mais c’est surtout chez les oiseaux qne les privilèges masculins sont éclatants, « Sila Nature, comme on disait naguère, s'est bornée à carminer le pourtour du bec du Chardonneret, la gorge du Linot et du Bouvreuil, à tein- ter d’un jaune brillant les ailes du Loriot, à forcer jus- qu’au noir le plumage du Merle, et à passer de l’ocre sur son bec, elle a jeté à foison les plumes et les couleurs brillantes surles Coqgs, les Faisans, les Paons, les Oiseaux 58 LE NATURALISTE ne de paradis, les Oiseaux-mouches, et jusque sur les Autruches, altières aigrettes, jabots étincelants, ondu- lants panaches de plumes légères sous les ailes, superbes éventails se déployant à l’arrière du corps, rien n'a été mesuré, — et sur ces aigrettes, ces jabots, ces panaches, ces éventails, a été versé sans réserve tout ce que le soleil peut faire miroiter de couleurs, de gemmes, de nacres. L’acier bruni, le cuivre, le bronze, l’argent, l'or, et, pourrait-on croire une gamme prodigieuse d’insaisis- sables métaux rouges, verts, bleus, — tout exprès sortis de creusets inconnus des chimistes, — sont venus enri- chir de magnifiques incrustations eette resplendissante palette. Le plumage tout entier a fini par prendre part à cette féerie, si bien qu'il a fallu emprunter leurs noms au rubis, à la topaze, à l’émeraude, pour désigner les plus jolis des Oiseaux-mouches et des Colibris. » I] faut bien dire, cependant, que le tableau que nous venons de tracer des brillantes facultés du sexe mascu- lin, ne s'applique qu'aux classes supérieures du règne animal : il a eu contre-partie dans les classes inférieures. Déjà dans les ruches des Abeilles, les nombreux « faux- bourdons », les princes-consorts, comme les appelle M. Edmond Perrier, incapables de tout travail, sont mis à mort par les ouvrières dès qu'approche l'hiver. Les grêles époux des plantureuses Araignées font très souvent de leur propre chair les frais du repas nuptial. Dans beaucoup d'espèces, les individus du sexe masculin n’ont qu'une existence éphémère, et cette brièveté relative de leur vie est peut-être très générale, Dans beaucoup de cas, chez les Moustiques, par exemple, les mâles sont à ce point dénués d'importance, qu'ils sont incapables de prendre, aucune nourriture; ailleurs, leur taille diminue si bien que, les trouvant accrochés au corps de leur compagne, ou réfugiés dans quelque repli de son orga- nisme, des naturalistes, cependant experts, ont pu les prendre pour de minuscules parasites : tels sont les mâles des Bopyres, crustacés isopodes cachés sous la carapace des crevettes, qu'ils soulèvent en une bosse latérale, ceux des crustacés copépodes de la famille des Chondracauthides, les mâles complémentaires des Cirrhi- pèdes, les mâles microscopiques de la Bonellie, qui est grosse comme une noix, tandis qu'eux-mêmes se logent dans son tube rénal. * # # Quelle est la cause d’une pareille déchéance? Les mères sont, en réalité, sacrifiées à leur progéniture, à qui profitent tout à la fois leur longévité relative et leur ap- parente puissance physiologique; tout ce qu'elles ont de facultés est uniquement tourné vers ce but : assurer l'avenir. « Toute leur activité physique et physiologique est employée à créer aux jeunes de sûrs abris, à les pro- téger contre le froid ou la sécheresse, à accumuler autour d'eux de larges provisions; et, quand elles n'ont pas autre chose à donner, c’est tout ce qui pourrait orner leur personne, c’est leur personne. même qu’elles aban- donnent. Les unes poursuivent les gros animaux, pour en humerle sang ;les autres s’attachent à eux, s’abaissent à l’état de parasite, et subissent alors toutes les consé- quences dégradantes de l’inactivité et de la suralimenta- ton, de la paresse et de la gourmandise; leurs yeux s'atrophient, leurs membres se réduisent à de tristes moignons, incapables de tout mouvement; leur corps démesurément gonflé n’est plus qu’un sac informe dans lequel tous les organes dégénèrent au profit des œufs devenus innombrables; ces œufs peuvent éclore dans le corps même de la mère, et alors les viscères sont dévorés par les petits, à qui les téguments de leur victime four- nissent longtemps encore un abri. » * + # Cela est bien clair, Mais, au contraire, tout semble contraste, contradiction, paradoxe, quand il s’agit du sexe masculin. Ce sexe a pourtant, lui aussi, sa caracté- ristique précise. Ses brillants atours, ses prestigieux moyens ne sont, en somme, qu'un vain étalage de parties mortes, le signe d’une dépense inconsidérée, d’une pro- digalité démesurée de l’organisme, la marque d’un tem- pérament qui extériorise, mais ne connait pas l'écono- mie. « Les somptueuses couleurs des papillons ont pour siège de menues écailles, élégantes sans doute, mais sans aucune vie et couvrant des ailes à peu près inani- mées ; les couleurs des oiseaux se développent dans leurs plumes qui sont tout à fait mortes. Dans les deux cas, les bleus changeants ou mats, les couleurs irisées ou métalliques sont les reflets d'éléments vides et usés, dont les membranes extérieures persistent seules et produisent les mêmes jeux de lumière que les délicates parois des fugatives bulles de savon. Les rouges, les jaunes, les orangés, les bruns, les verts, les noirs, sont des amas de granules microscopiques, de pigments, derniers résidus de la substance vivante qui remplissait jadis les enve- loppes mortes où ils demeurent retenus. Ces matières colorantes proviennent chez les papillons de la substance verte des feuilles que mangeaient les chenilles et repré- sentent des degrés divers de son altération, La com- tesse Marie de Linden, récemment couronnée par l’Aca- démie des sciences, a déterminé le degré d’altération auquel correspondent ces diverses couleurs, l’ordre dans lequel elles se sont développées et comment se sont gra- duellement formés les dessins dans lesquels elles se groupent; elle a pu de la sorte suivre pas à pas les trans- formations des espèces primitives et lire la généalogie des papillons sur leurs ailes. Les écailles des papillons, les aigrettes, les panaches, les éventails de plumes des oiseaux sont le résultat d'une multiplication rapide, exa- gérée, dépense bien inutile par l’organisme, des éléments déjà presque inertes et à demi cornés de leur épiderme ; cette même multiplication produit d’ailleurs une foule d’autres caractères masculins : la crinière des lions, la barbe à laquelle les monarques assyriens donnaient tant de soins et les extravagants appendices dont un grand nombre d'insectes sont surchargés. » Et M. Edmond Perrier conclut que le sexe féminin est, en quelque sorte, le sexe de la prévoyance physiologique, de l’économie, de la richesse ; le sexe masculin, celui de la dépense luxueuse mais improductive. Je rappelle qu'il s’agit des animaux... HENRI COUPIN. PERIENTOMUM MORTUUM, HAGEN (MEUN.) Archiptère Psocidæ du Copal fossile de Zanzibar A l'exception des travaux de Pictet et Hagen, les Psocidæ fossiles ‘n’ont guère été étudiés par les paléon- tologistes. Berendt, Burmeister, Gravenhorst et Guérin se sont bornés à signaler la présence de ces archiptères dans le succin de la Baltique et la simétite ou ambre du mio- cène de Sicile. s Notre connaissance des espèces actuelles, particuliè- rement celle concernant les formes exotiques, a fait d'énormes progrès depuis la publication des minutieux travaux du Dr G. Enderlein, de Berlin (1). (1) Die copeognathen des Indo-Australischen Faunengebietes (Ann. Hist. nat. Musæi Nalionalis Hungarici, Bd. I. Buda- pest, 1903). LE NATURALISTE EE UN Ce distingué spécialiste admet que la faune du succin (il ne considère queles Psocidæ\ est composée de formes dont les plus proches parents vivent encore actuellement dans les régions tropicales. L'étude de plusieurs millions de diptères de l’ambre du Samland m'a montré queparmi les inclusions de cette résine il y a une forte proportion de types paléarctiques et des espèces voisines de celles dont l'habitat est confiné aux Etats-Unis ou dans les régions asiatiques (S. L.). Il est prématuré de trop géné- raliser ces intéressantes remarques, sommairement es- quissées par H. Low en 1850, les travaux sur les inclu- LR RUPRLYILTALELT K FRERES Fig. 6. Fig. (2 Fig. 2 — Partie basale de l'antenne de cet archiptère (2 Fig. 3. — Aile antérieure du même (250 et 358 d.). Fig. 4.— Aile postérieure dece névroptère (250 d.). Fig. 5. — Articles tarsaux antérieurs (124 d.). Fig. 6. — Articles tarsaux postérieurs (124 d.). sions de cette résine oligocène étant encore trop peu avancés. Hagen décrit comme suit Perientcmum mortuum du copal de Zanzibar (1) : « This species is similar to P. trichopteryx in form, size and colours. Thus I should not have separated it, but for a difference inthe details of the reticulation. In the inferior wings the transverse vein on the anterior margin is emitted from the superior branch (1) while in P. trichopteryx it is emitted before the point whence this branch departs. Iadmit that this difference alone is perhaps too slight A} The Entomologists Monthley Magazine, vol. IT. London 1865-6, p. 152. 59 to justify the formation of a distinct species, especially as in one individual out of five of P. trichopteryx now before me, the transverse vein is emitted precisely from the point of departure of the superior branch (1); butas the determination of insects in copal is always rather difficult, I have thought it best to note the species as distinct until more materials shall prove to the con- trary. In gum copal (animé), from Zanzibar. One specimen, received from Baron von Osten-Sacken. Cette note n’a d'autre but que de préciser les carac- tères morphologiques de ce curieux Lepidopsocidæ et de donner les dessins de la topographie alaire de cet ar- chiptère. Il se trouvait dans une petite collection d’in- sectes du copal fossile de Zanzibar, soumise à mon examen par M. Evers gr. de Altona-Barenfeld (Ham- bourg). Le tableau suivant donne la répartition stratigraphi- que des Psocidæ. TERRAINS QUATERNAIRES Copal fossile { Thylax fimbriatus, Hag. (1865). de Amphientomum incultum, Hagen (1865). Zanzibar (2). ( Perientomum mortuum, Hag. (1865). TERRAINS TERTIAIRES Ambre ES Psocus, Guérin (1831). Miocène. ! Psocus, Berendt, (1845). | — Burmeister (1831-32-36). — Gravenhorst (1835). + Elipsocus abnormis, Hag. (1882) — Psocus eod. (1854-56). Ambre + Epiposeus ciliatus, Hag. (1866-1882) — Pso- dela cus, eod. Pictet (1854-56) (1). ; + Caecilius proavus, Hag. (1866-$2) — Psocus Baltique eod. (1854-56). — + Palæopsocus tener, Kolbe (1883) — Epipso- oligocène cus, eod Hag. (1866) — Psocus, eod.(1854- DRE 56-1889). inférieur + Cæcilius debilis (Hag. 1882), Epipsocus, eod. = Hag. (1866) — Psocus, eod. Pictet (1854-56). (Faune + Psocus affinis, Pictet, 1854-56 ; Hagen (1866-82). ae + Elipsocus Kühli, Kolbe (1883). REA + Amphientomum paradoxum, Pictet (1856). supérieur). | + Empheria reticulata, Hag. (1854-56 ; 1865-66 ; 1882). + Archipsocus puber, Hag. et Kunüw (1882). + Sphæropsocus Kunüwi, Hag. (1882-53). + Atropos succinea, Kunüw. (1882-83). — resinata, Hag. (1865), TERRAINS SECONDAIRES Pas de Psocidæ connus actuellement. Perientomum mortuum, Hagen (Meun.).Tête très large- Yeux grands, assez proéminents, à facettes très appré- ciables et ornés de cils bien distincts. Vertex large et cilié de chaque côté au sommet, le long des yeux et muni à la partie médiane, d'un sillon longitudinal et latérale- ment d’une suture transversale oblique, se terminant à la partie supérieure des yeux. Les trois ocelles disposés en premiers placés tout à fait à la partie inférieure du ver- tex et environ aussi éloignés de la ligne médiane que du triangle, Les deux (1) Echelle non déterminée. (2) Enderlein, G. , | Epipsocus ciliatus Hagen, eine Psocide des Bernsteins und die recente peruanische Epipsocus nepos, nov.sp. Berl. Ent. Zeit- 1 schrift, Bd. XLV, Jahrg. 1900, p. 108-112 et 3 figures). ren Later. > 60 LE NATURALISTE bord postérieur des yeux. Le troisième ocelle se trouve sur lefront à peu de distance du sillon médian. Clypeus semi-lunaire, très distinct. (Le labre et le clypeolus ne sontpas visibles.) Les antennes sortent à quelque dis. tance de la partie inférieure des yeuxet sont donc bien éloignées des ocelles. Elles sont ciliées, plus courtesque . les ailes avec les deux premiers articles ovoides et sail- lants ; le restant de l'organe est grêle et composé d’arti- cles sub-cylindriques (la fossilisation ne permet pas de compter le nombre de leurs articles. Palpes maxillaires très robustes et paraissant être composés de trois arti- cles (1), le dernier saillant, piriforme. Palpes labiales in- visibles. [Chez P. Morosum, Hagen (Enderlein), ils ont deux articles (2).] Thorax et corps robustes. Antedorsum de thorax petit, triangulaire, Tarses de trois articles (Pso- cidæ. Trimera, Enderlein). À la paire antérieure, le métatarse est un peu plus long que les deux articles suivants réunis. Métatarses des pattes médianes et postérieures très distinctement plus longs que les deux autres pris ensemble. Crochets tar- saux robustes et paraissant simples(358 d.). Ailes lancettiformes, les antérieures plus longues que les postérieures. Bord périphérique longuement cilié et orné d’une zone assez large, de petits points arrondis (3) (Ils sont un peu altérés par la fossilisation, ce qui empêche de décrire le détail de leur aspect morphologiques.) Ner- vures alaires assez longuement ciliées et champ de l’or- gane garni de cils moins longs que ceux des nervures. La surface des ailes antérieures est irrégulièrement parse- mée de petits points arrondis (4). Sion étudie la topogra- phie de cesorganes, suivant la nomenclature de Needham et Komstock et admise par Enderlein, on observe les nervures et les cellules suivantes : A. Âiles antérieures : I. Nervures : 1. Une costale ou marginale (bord antérieur alaire). 2. Une sous-costale (sc.) qui n’atteint pas le bord cos- tal. 3. Une distale (d) qui se réunit au bordantérieur avant le milieu du champ alaire. 4. Le radius qui comprend trois rameaux : le pre- mier est simple (rt), les deux autres forment une fourche (r2 et r3). 5. La médiane (m!) est simple jusqu'au milieu du champ alaire, puis bifurquée (m?et m3). 6. Le cubitus est fourchu (cu! et cu?). 7. L'anale est simple (an). 8. L'axillaire est à peine indiquée sur le fossile (ax). B. Cellules : 1. A la base de Paile, il existe une cellule radiale in- terne (Ri) et une externe (Re), puis deux autres cellules radiales situées au bord antérieur, R! et R2. 2. Une cellule arale (An). 3. Une cellule cubitale (Cu) et l’«areola postica (Cu!)». 4. Trois cellules médianes, M!, M?, M3. (1) Enderlein donne à ces points le nom de « Becher » ou godet. (2) Enderlein les appelle « Schüppchen » ouécailles. (La fossi- lisation empêche de décrire leur aspect.) (3) Elles ont été faites à la chambre claire d'Abbe par Mme Fer- nand Meunier. (4) La fossilisation ne permet pas de déterminer le nombre de points de ces articles. C. — Aïles postérieures : 1. Une nervure sous-costale (sc) n’atteignant pas le bord costal alaire (à 358 d. elle paraïtciliée). À 2. Une radiale qui présente une nervule oblique (ra- meau radial ou Radial Ast) (r!) qui s’anastomose au bord costal. La radiale est fourchue (r? et r3) à l'extrémité de l'aile (son rameau inférieur (1) est à peine éloigné de la pointe de l’aile). 3. Le cubitus est simple (cu). 4, Une médiane fourchue (m! et m?). Le champ de cette paire d’ailes est orné de rares points (Becher) et on constate la présence à la base d’une petite cellule radiale (R). Taille de l’insecte 3/4 millimèe- tre. Par l’ensemble de sa nervation, Perientomum mor- tuum Hagen (Meun.) a des traits de ressemblance avec P. Biroianum décrit avec grand soin et si bien figuré par M. Enderlein. Aux ailes postérieures, la médiane est simple chez cette dernière espèce et fourchue chez celle incluse dans le copal. Qu'il mesoit permis d'adresser mes plus vifs remer- ciements à M. le Dr G. Enderlein, de Berlin, dont les importants travaux sur les Psociens exotiques m'ont permis de reconnaître, à coup sür, la véritable place systé- matique de ce curieux névroptère. F. MEUNIER. LES PEUPLES DE LA RUSSIE L'opinion publique suit avec intérêt depuis longtemps l’évolution de la Russie, ce vaste empire qui a une super- ficie de 5.515.055 kilomètres carrés et est à elle seule plus grande que l’autre moitié de l’Europe. Elle est composée d’une grande agglomération de peuples dont la psychologie est bien différente. Le fond de la popu- lation est Slave, mais autour se sont groupés un grand nombre de peuples, les uns encore à l’état demi-sauvage, comme les Lapons et les Samoyèdes, les autres ayant une grande civilisation comme les Polonais et les Fin- landais qui sont plutôt des peuples annexés à la Russie que des Russes eux-mêmes, et qui, à l'heure actuelle, demandent leur autonomie. On comprend qu'un mélange de races si diverses et ayantdes aspirations si différentes soient difficiles à réunir sous des mêmes lois. Ce que je voudrais examiner dans cet article c’est l’énumération des diverses races qui composent le peuple russe, leur distribution à l’intérieur de l'empire, l’anthro- pologie et la psychologie de ces différentes races. Voici le tableau des différents peuples qui habitent la Russie classés selon leur importance numérique: 10/LesiS1aves re MMM 76.588.000 individus. 2° Les Finnois : Finlandais, La- 4 DONS MELON ARE NUE 5.489.000 — 3° Les Gréco-Latins.....:..... 5.954.000 — 4° Les Turcs ou Tartares....... 3.836.000 — DorLes, Sémitess te smetnEsRrn 3.281.000 —- 60 Les Germains : Allemands, SCandinaves enr RE 1.616.000 — 7° Les Mongols : Kalmouks, etc. 139.000 — 8° Les Caucasiens : Armé- THENS, TEL. RE NT 59.000 — (7) S'il en existe encore un à la base, il doit être vraisembla- blement rudimentaire. LE NATURALISTE Gi Ces peuples ne sont pas cantonnés dans des districts particuliers, ils se coudoient dans la plupart des provinces surtout au centre de la Russie, où l’on voit dans certaines grandes villes un mélange hétéroclyte de Russes, Tartares, Finnois, Allemands, Juifs, etc., il en est ainsi dans les gouvernements de Saint-Pétersbourg, Kasan, Orembourg, Perm, etc. Cette population n'est pas également répartie sur tout le territoire de l'empire, tandis qu’elle est de 2.000 à 2.500 individus par myriamètre carré au centre de la Russie d'Europe (Moscou), elle atteint 180 par myria- mètre carré à Astrakan, 18 à Arkangel et seulement 2 à à 4 pour la même superficie en Sibérie, Examinons maintenant en détail ces diverses races. Nous laïsserons de côté les Slaves qui forment le fond de la nation russe, et que nous examinerons plus en détail à la fin de ces notes, nous étudierons les autres peuples en faisant le tour de l'empire Russe, partant de l’extrême Nord, allant au Sud, puis revenant au Nord le long du Caucase et de l’Oural. En effet, la répartition des différentes races en Russie peut être envisagée ainsi : un noyau central, formé des Slaves proprement dits et tout autour, des races diverses qui en forment les bords, soit qu’elles aient été repoussées de l’intérieur du pays, comme les Finnois, soit qu'elles soient venus s’y ajouter, comme les Caucasiens. À Pextrême Nord-Est de l'empire se trouve la Laponie russe ; région de solitude glacée qui s'étend au delà du cercle polaire arctique, où vivent du produit de leurs rennes les Lapons; ils se divisent en Lapons suédois et en Lapons russes, bien que la détermination ne soit pas facile à établir dans cet espace qui s'étend entre la fron- tière russo-suédoise jusqu'aux bords de la mer Blanche, vers le Sud ils s’étendaient assez loin, mais ont été re- poussés par les Finnois. Les Lapons sont de très petite taille, de chétive appa- rence : tête grosse, poitrine large, jambes courtes, extré- mités fines, la face et le front larges et peu élevés, yeux grands, bruns et profonds, nez court et plat, très large à la base, les cheveux sont courts, noirs, ils ont peu de barbe, le teint pâle suivant les uns, jaune brun suivant les autres. Ils vivent en nombreuses troupes, s’occupant principalement de leurs rennes dont ils tirent leur sub- sistance, et faisant un petit commerce de peaux, de lait et de fromage de rennes. Plus au Nord, le long des rivages de la Baltique, nous voyons les Finlandais composés de plusieurs peuplades qui ont donné leurs noms aux diverses provinces en bordure de la Baltique : Esthoniens, Livoniens, etc., s'étendant dans l’intérieur du pays jusqu’au cours moyen du Volga et entrant aussi dans le groupe slave qui forme l’inté- rieur du pays. Les Finlandais ont les cheveux longs, ordinairement rougeâtres, et forment le trait d'union entre les types blonds de l’Europe et de l'Asie, cette cou- leur tourne au jaune blond doré, et les Volyakes de l’Obi, qui eux aussi appartiennent à cette race, ont les cheveux d’un rouge ardent. Barbe rare, ordinairement rousse, sourcils épais, yeux enfoncés de nuance bleu gris, bleus ou châtains, teint blanc chargé de taches de rousseur, nez droit, narines petites, pommettes saillantes, menton rond, oreilles hautes, larges et plates. Taille au-dessus de la moyenne, plus élevée que celle des Lapons, une mince poitrine, étroite, aplatie, bras longs, maïs larges, jambes courtes, grêles et efli- lées. Les Finlandais sont un peuple sédentaire, actionné an à la chasse et à la pêche dans ce pays qui n’est presque composé que de lacs. Les villes en Finlande sont nom- breuses et composés d’un élément ‘instruit auquel viennent se joindre un grand nomhre d’Allemands et de Suédois. Plus au Sud, dans la région Ouest de la Russie, se trouve la Pologne annexée définitivement à l'Empire russe en 1830. Les Polonais sont d’origine slave, mais plus où moins mélangé de sang ouralien et de sang mongol; robustes. de belle stature, de taille moyenne, le teint clair, les cheveux blonds, les yeux bleus, ils sont attachés à leur pays et à leurs traditions sociales. En Pologne vivent un très grand nombre de Juifs entre les mains desquels est localisé le commerce, envi- ron 300.000 sur les 700.000 Juifs que comprend la Russie. Plus au Sud-Est se rapprochant de la mer Noire, nous voyons la partie la plus petite du territoire russe, c’est la Podolie, le territoire de l'Ukraine, le grenier de la Russie:qui fournit le blé à toute l'Europe, expédié par le port d’'Odessa. Cette partie de la Russie est habitée par des Roumains mélangés à des peuplades d'origine asia- tique, les Cosaques et les Kalmouks. Les Roumains ont une origine diverse selon les auteurs, pour les uns ce serait des descendants directs des Romains comme leur nom l'indique, ce serait donc des Latins, pour d’autres ils seraient d’origine slave mélangés d'éléments grecs. Ils sont de haute taille, les membres robustes, les cheveux noirs et longs, les sour- cils épais et bien arqués. E. MASSAT. LIVRES NOUVEAUX Tableau analytique de la Flore française ou Flore de poche de la France, par H. Léveirré, , corres- pondant de l'Académie pontificale romaine des Nuovi Lincei et de l'Académie royale des sciences et arts de Barcelone, se- crétaire perpétuel de l'Académie internationale de Géographie botanique, Directeur du Monde des Plantes. Un volume in-17 cartonné toile anglaise. En vente chez Les Fils d'Emile Deyrolle. Prix: 5 francs; franco: 5 fr. 45. On nous demandait, depuis longtemps, une Flore de France claire, d’un format commode et portatif et d'un prix modique. Le Tableau analytique de la Flore de France où Fiore de poche de la France que nous publions aujourd’hui, répond à ce triple desideratum et permet de déterminer facilement et rapidement les plantes de France. 1 On sait que les Flores existantes sont, où d’un prix inabor- dable aux bourses modernes, où difficilement portatives. Par une heureuse innovation, des conseils et avis pratiques ont été placés en tête de chaque famille. Enfin l'indication des méthodes les meilleures de dessiccation et de conservation des plantes servent d’annexe au présent ouvrage. Une courte préface expose les idées de l’auteur sur la Flore de France et renseigne les débutants aussi bien que les botanistes sur les meilleures conditions d'herboristerie Sur la transmissibilité des caractères acquis. — Hypothèse d'une centro-épigenèse, par EucExio RiGNaNo, ingénieur, associé de l'Institut international de Sociologie. Un volume in-18 de la Bibliothèque de Philosophie Contem- poraine. En vente chez Les Fils d'Emile Deyrolle : 5 francs ; franco : à fr. 70. Dans le premier chapitre de ce livre, M. Rignano donne l'in- dication sommaire de la voie inductive par laquelle l'auteur, partant de la loi biogénétique fondamentale, en est arrivé à la conception de son hypothèse. Dans les trois chapitres suivants, en sont recueillis et ordonnés, avec toute la concision possible, ceux des principaux phénomènes biogénétiques qui, complète- ment étrangers au fait toujours controversé de la transmission des caractères acquis, servent le mieux à éclaircir et à préciser cette hypothèse, et qui, trouvant en elle leur explication la plus complète, ont pour effet de la confirmer directement ou indirec- tement par voie déductive. . Le cinquième chapitre est un examen rapide de la question de la transmissibilité ou non des caractères acquis; le sixième, un exposé critique des principales théories biogénétiques actuelle- ment en vigueur. Dans le dernier chapitre, l’auteur montre que le phénomène élémentaire hypothétique, pris comme base subsidiaire de la nouvelle théorie biogénétique, peut, en même temps, rendre compte du phénomène psychique fondamental, qui est la mé- moire, et même des propriétés les plus caractéristiques du phénomène vital en général. Aussi ce phénomène élémentaire hypothétique semble-t-il apte à recueillir dans sa sphère et à réduire à l’unité, non seulement tous les phénomènes biogéné- tiques, mais indistinctement tous les phénomènes de la vie dans le sens le plus étendu du mot. Les biologistes et les naturalistes ne pourront qu'accueillir favorablement l'étude de M. Rignano. ACADÉMIE DES SCIENCES Epreuve générale sur la nutrition amidée des plantes vertes en inanition de gaz carbonique. — (Note de M. Jures LErèvRe, présentée par M. G. Boxnier.) L'auteur à déjà mis en évidence la croissance des phanéro- games vertes à l’abri de CO?, en sol amidé à dose non toxique, et a prouvé la réelle inanition des plantes vertes en gaz carbo- nique sous l'influence de la baryte, l’inutilisation de ce gaz par les racines, l'augmentation de poids sec qui prouve la synthèse des amides par la plante verte, enfin l’arrêt de croissance et de l'augmentation du poids sec, c’est-à-dire de la synthèse amidée, à l'obscurité. L’auteur's'est alors proposé de grouper et de syn- thétiser tous ces importants résultats dans une même expé- rience. : Ses expériences ont été faites sur des Tropæolum majus, var. nanum, cultivées dans du sable siliceux en trois pots de culture, minéralisés par la formule de Detmer : dans deux de ces pots on ajoutait en plus des amides (0 gr. 9 d’amides : tyrosine, oxa- mide, glycocolle, alanine, leucine). Ces cultures ont été faites en milieu stérile, c’est-à-dire indépendamment de toute interven- tion d'autre organisme vivant, et en absence complète de gaz carbonique qui était absorbé par de la baryte. Un des deux pots ayant reçu des amides a été placé à l'obscu- rité au bout de quelques jours de germination. Ces expériences, conduites pendant quarante jours en dé- cembre 1905 et janvier 1906, ont amené l’auteur aux conclusions suivantes. Privées d'amides et de gaz carbonique, les plantules perdent une notable proportion de leur poids initial (poids des graines) : cette perte est celle de la respiration. Absorbé par la baryte, l'acide carbonique de la respiration échappe à l'assimilation chlorophyllienne : en sol amidé et à la lumière, malgré l’inanition de gaz carbonique, les plantules se développent, augmentent leur poids sec, et font une importante synthèse de principes immédiats aux dépens des amides du sol, tandis que celles bien développées d'abord en sol amidé, puis placées ensuite à l'obscurité, n'augmentent ni de taille ni de poids sec. La synthèse des amides exigeant la lumière apparait donc ainsi comme un travail chlorophyllien. Nouveau champignon parasite, Trematovalsa Matru- choti, causant le chaucre du Titleul. — (Note de M. Nicocas JACOBESCO, présentée par M. Gasron Boxer.) Le tilleul argenté (Tilia argentea) des forêts de la plaine de Valachie est actuellement ravagé par un redoutable champignon parasite, qui n'a pas encoré été signalé ou décrit, Ce parasite est un ascomycète du groupe des Sphériacées, présentant des carac- tères intermédiaires entre les Trematosphæria et les Pseudo- valsa. L'auteur en fait le type d’un genre nouveau Trematovalsa 62 LE NATURALISTE ET —— et donne à l'espèce qui fait l’objet de cette note le nom de T. Matruchoti. Sur le tronc des arbres qui n’ont pas encore leur rhytidome ainsi que sur les grosses branches, apparaissent d’abord de petites fentes longitudinales, en forme de boutonnière, noires en leur milieu La fente s'élargit de plus en plus et d'autres appa- raissent à côté d'elles. Ensuite, comme le bois s’hypertrophie, l'écorce crève perpendiculairement à la direction des fentes et le chancre prend naissance. Dans ces petites fentes et surtout dans les chancres, on observe un abondant mycélium, jaune de miel. Ce mycélium donne naissance à diverses formes imparfaites de reproduction, et au printemps, surtout sur les bords des chancres âgés, à des groupes de pustules noires, qui sont le stroma à péri- thèces. : Les asques de ces périthèces sont cylindriques, à double con- tour, accompagnés de paraphyses. Ils renferment huit spores fusiformes, d'un brun olivâtre ou jaunâtre, divisées transversale- ment en quatre cellules contenant chacune une grosse goutte d'huile. Ce champignon, par l’ensemble de ses caractères, peut être regardé comme une forme de transition entre trois familles du groupe des Sphæriacées : les Mélanconidées, les Valsées et les Amphisphæriacées. Sur le passage à travers les ganglions spinaux de faisceaux provenant des racines motrices et se rendant aux nerfs dorsaux, chez les Batraciens. — (Note de P. Winrreserr, présentée par M. A. Grarp.)} L'existence des fibres motrices pénétrant les ganglions spinaux est facile à constater au moyen de coupes en série, colorées par les procédés habituels chez les Urodèles ‘et chez les Anoures. Il est aisé de suivre les faisceaux moteurs à travers le ganglion ; ils restent suffisamment compacts et visibles pour qu'on puisse affirmer leur continuité avec les nerfs dorsaux. 10 Le faisceau perforant peut s’isoler vers la moelle, chez Rana viridis, jusqu'à former une racine ventro-latérale accessoire, intermédiaire avec deux autres racines et dont l’origine mé- dullaire s’observe à la partie la plus latérale et la plus externe de la région motrice. 20 Les faisceaux perforants subdivisent la substance ganglion- naire et traversent souvent la zone des fibres sensitives. Ils cons- tituent ainsi les racines motrices des nerfs dorsaux. Le nerf spinal sous-ganglionnaire, appelé nerf mixte, n'est que le éronc mixte des fibres ventrales. 30 Les fibres qui constituent les nerfs dorsaux ont un trajet subordonné à la conservation de leurs rapports anatomiques ; la traversée du ganglion, que ne gênent point les groupes de cel- lules nerveuses orientés latéralement, représente la voie la plus directe qu'elles puissent suivre vers leur terminaison périphé- rique ; les nerfs antéro-externes des Urodèles ne parviennent encore à la cloison myomérique antérieure qu'en traversant la corne antérieure du myotome ; les nerfs postérieurs des Anoures, malgré l'empiétement du ganglion sur le nerf mixte (Lenhos- sèk) et la grande obliquité du myotome, doivent toujours con- tourner en avant l'apophyse transverse qui limite en arrière l’es- pace où ils sont situés. Sur l’anatomie et l’histologie des Ixodes. (Note de M. À. Bonxer, présentée par M. ALFRED GraRp.) Cette note se rapporte à l'étude de l'œil et des glandes veni- meuses des Ixodidæ ainsi qu’à celle de certains organes particuliers de ces Acariens dont la signification n'a pas encore été établie jusqu'à maintenant. I. Aire poreuse. — On sait qu'à la face dorsale, vers la base du rostre, on trouve chez les femelles des Ixodidæ deux dépres- sions finement ponctuées appelées aires poreuses. En raison de sa structure, il ne paraît pas douteux que l’aire poreuse ne représente un organe sensoriel qui peut être rap- proché des organes lyriformes et analogues des Arachnides. Toutefois, il y a une spécialisation plus marquée, puisque cet organe n'existe que chez les femelles. : II. OŒil. — Les yeux des Ixodes sont du type des yeux sim- ples, c’est-à-dire qu’ils sont constitués par une lentille ou cris- tallin, du corps vitré et des cellules rétiniennes. Les yeux des Ixodes s’écartent par certaines dispositions de ceux des Arachnides et sont caractérisées : 1° par la grande épaisseur de la lentille et la forte courbure du cristallin ; 2° par la présence de pigment noir dans le cristallin ; 3° par l'absence de pigment entre les cellules rétiniennes et dans la zone irisée ; 4° par la grande dimension des cellules nerveuses. IT. Glandes venimeuses. — Entre les alvéoles pluricellulaires des glandes salivaires on trouve un certain nombre de cellules pyriformes volumineuses, qui se distinguent des autres cellules glandulaires par leur affinité pour les colorants acides. Sur une faune d’'ammonites néocrétacée reeueillie par l'expédition antaretique suédoise. — (Note de M. W. KizraN, présenté par M. A. DE L'APPARENT.) Les Ammonoïdes, au nombre de plus de 230, réunis en 1902 par l'expédition antarctique que dirigeait O. Nordenskjold pro- viennent d’une série de localités situées entre les îles Seymour et Snow-Hill près de la côte Nord-Est de la terre de Graham. Tous ces gisements appartiennent à la même formation géologique et ont fourni une faune assez homogène. — L'auteur cite un cer- tain nombre d'espèces particulièrement abondantes. Cette faune est remarquable par le grand développement des espèces du groupe des Holodiscus dont les formes en constituent, au point de vue numérique, l'immense majorité. Il est particulièrement intéressant d'assister ici à l’épanouis- sement de ce groupe, qui, après avoir disparu des mers euro- péennes à l’époque barrémienne, devient, dans les mers néo- crétacées indopacifiques, le point de départ d'une multitude de formes, chez lesquelles les modifications de l’ornementation pro- duisent des convergences très curieuses avec des types apparte- nant à dessouches fort différentes. La plupart de ces formes sont ou identiques ou très semblables à des espèces caractéristiques des assises de Trichinopoly (couches supérieures), d’Aryaloor et de Valudayoor dans l'Inde, c'est-à-dire du SÉNONIEN ; quelques espèces seulement (Gaudryceras cf. Marut Stol. sp., Holcodiscus cf. Cliveanus Stol. sp., Holc. moraviatoorensis Stol. sp. et Pachydiscus rotalinus Stol. sp.), du reste rares et isolées, indi- queraient un niveau inférieur, celui des couches supérieures d'Ootator dans l’Inde, équivalentes du Turonien ; mais il faut remarquer que les formes les plus caractéristiques (Schlænbachia Acanthoceras, etc.) de ce niveau font défaut. La présence de Pachydiscus gemmalus Huppé sp., de Lyloceras Kayei et Phyll. ramosum Meek ainsi que celle d’un grand Pachydis- cus voisin de P. Quiriquinæ Steinm. et de P. colligatus, v. Binck., à l'ile Seymour, évoquent un rapprochement avec les souches de Quiriquina (Chili). Ainsi le type indopacifique du Crétacé supérieur s'étend jus- qu'aux contrées antarctiques ; il est très probable qu’une commu- nication marine reliait par cette région, et en passant au sud du cap de Bonne-Espéranee, le bassin pacifique Sud-Oriental avec l'extrême Sud de l'Atlantique. CONVENTION POUR LA PROTECTION DES OISEAUX UTILES À L'AGRICULTURE Une convention pour la protection des oiseaux utiles à l’agriculture a été établie à Paris entre les gouverne- ments de la France, de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Hongrie, de la Belgique, de l'Espagne, de la Grèce, du Luxembourg, de Monaco, du Portugal, de la Suède et de la Suisse, et les conclusions suivantes ont été adoptées : ARTICLE PREMIER. — Les oiseaux utiles à l’agriculture, spécialement les insectivores et notamment les oiseaux énumérés dans la liste n° 1 annexée à la présente con- vention, laquelle sera susceptible d’additions par la légis- lation de chaque pays, jouiront d’une protection absolue, de facon qu'il soit interdit de les tuer en tout temps et LE NATURALISTE 63 de quelque manière que ce soit, d'en détruire les nids, œufs et couvées. En attendant que ce résultat soit atteint partout, dans son ensemble, les hautes parties contractantes s’en- gagent à prendre ou à proposer à leurs législatures res- pectives les dispositions nécessaires pour assurer l’exécu- tion des mesures comprises dans les articles ci-après. Art. 2. — Il sera défendu d'enlever les nids, de prendre les œufs, de capturer et de détruire les couvées en tout temps et par des moyens quelconques. L'importation et le transit, le transport, le colportage, la mise en vente, la vente et l’achat de ces nids, œufs et couvées seront interdits. Cette interdiction ne s’étendra pas à la destruction, par le propriétaire, usufruitier ou leur mandataire, des nids que des oiseaux auront construits dans ou contre les maisons d'habitation ou les bâtimeuts en général et dans l'intérieur des cours. Il pourra de plus être dérogé, à titre exceptionnel, aux dispositions du présent article, en ce qui concerne les œufs de vanneau et de mouette. ART. 3. — Seront prohibés la pose et l'emploi des pièges, cages, filets, lacets, gluaux, et de tous autres moyens quelconques ayant pour objet de faciliter la cap ture ou la destruction en masse des oiseaux. ART. 4. — Dans le cas où les hautes parties contrac- tantes ne se trouveraient pas en mesure d'appliquer immédiatement et dans leur intégralité les dispositions prohibitives de l’article qui précède, elles pourront ap- porter des atténuations jugées nécessaires auxdites pro- hibitions, mais elles s'engagent à restreindre l'emploi des méthodes, engins et moyens de capture et de destruc- tion, de facon à parvenir à réaliser peu à peu les mesures de protection mentionnées dans l’article 3. ART. 5. — Outre les défenses générales formulées à l'article 3, il est interdit de prendre ou de tuer, du 1er mars au 15 septembre de chaque année, les oiseaux utiles énumérés dans la liste n° 4 annexée à la conven- tion. La vente et la mise en vente en seront interdites également pendant la même période. Les hautes parties contractantes s'engagent, dans la mesure où leur législation le permet, à prohiber l’entrée et le transit desdits oiseaux et leur transport du 1er mars au 15 septembre. La durée de l'interdiction prévue dans le présent ar- ticle pourra, toutefois, être modifiée dans les pays sep- tentrionaux. | ART. 6. — Les autorités compétentes pourront accor- der exceptionnellement aux propriétaires ou exploitants de vignobles, vergers et jardins, de pépinières, de champs plantés ou ensemencés, ainsi qu'aux agents préposés à leur surveillance, le droit temporaire de tirer à l’arme à feu sur les oiseaux dont la présence serait nuisible et causerait un réel dommage. Il restera toutefois interdit de mettre en vente et de vendre les oiseaux tués dans ces conditions. ART. 7. — Des exceptions aux dispositions de cette convention pourront être accordées dan: un intérêt scientifique ou de repeuplement par les autorités com- pétentes, suivant les cas, et en prenant toutes les pré- cautions nécessaires pour éviter les abus. Pourront encore être permises, avec les mêmes condi- tions de précaution, la capture, la vente et la détention des oiseaux destinés à être tenus en cage. Les permis- | | | : 61 LE NATURALISTE sions devront être accordées par les autorités compé- tentes. ART. 8. — Les dispositions de la présente convention ne seront pas applicables aux oiseaux de basse-cour, ainsi qu'aux oiseaux-gibier existant dans les chasses réservées et désignés comme tels par la législation du pays. Partout ailleurs, la destruction des oiseaux-gibier ne sera autorisée qu’au moyen des armes à feu et à des époques déterminées par la loi. Les États contractants sont invités à interdire la vente, le transport et le transit des oiseaux-gibier dont la chasse est défendue sur leur territoire, durant la période de cette interdiction. ART. 9. — Chacune des parties contractantes pourra faire des exceptions aux dispositions de la présente con- vention : 1° Pour les oiseaux que la législation du pays permet de tirer ou de tuer comme étant nuisibles à la chasse ou à la pêche; 20 Pour les oiseaux que la législation du pays aura désignés comme nuisibles à l’agriculture locale. A défaut d’une liste officielle dressée par la législa- tion du pays,le 2° du présent article sera appliqué aux oiseaux désignés dans la liste n° 2 annexée à la présente convention. ART. 10. — Les hautes parties contractantes pren- dront les mesures propres à mettre leur législation en accord avec les dispositions de la présente convention dans un délai de trois ans, à partir du jour de la signa- ture de la convention. ART. 11. — Les hautes parties contractantes se com- muniqueront, par l'intermédiaire du Gouvernement français, les lois et les décisions administratives qui auraient déjà été rendues ou qui viendraient à l'être dans leurs États, relativement à l’objet de la présente convention. ART. 12. — Lorsque cela sera jugé nécessaire, les hautes parties contractantes se feront représenter à une réunion internationale chargée d'examiner les questions que soulève l'exécution de la convention et de proposer les modifications dont l'expérience aura démon- tré l'utilité. ART. 43. — Les Etats qui n’ont pas pris part à la présente convention, sont admis à y adhérer sur leur demande. Cette adhésion sera notifiée par la voie diplo- matique au gouvernement de la République francaise, et par celui-ci aux autres gouvernements signataires. ART. 44. — La présente convention sera mise en vigueur dans un délai maximum d'un an, à dater du jour de l'échange des ratifications. Elle restera en vigueur indéfiniment entre toutes les puissances signataires. Dans le cas où l’une d'elles dénoncerait la convention, cette dénonciation n'aurait d'effet qu'à son égard et seulement une année après le jour où cette dénonciation aura été notifiée aux autres Etats contractants. ART. 15, — La présente convention sera ratifiée et les raufications seront échangées à Paris dans le plus bref délai possible. ART. 16. — La disposition du deuxième alinéa de l’ar- ticle 8 de la présente convention, pourra, exceptionnel- lement, ne pas être appliquée dans les provinces septen- trionales de la Suède, en raison des conditions climato- logiques toutes spéciales où elles se trouvent. LISTE N° 1 OISEAUX UTILES Rapaces nocturnes. Chevèches (Athène) et Chevèchettes (Glaucidium). . Chouettes (Surnia). Hulottes où Chats-Huants (Syrnium). Effraie commune (Strix flammea 1). Hiboux brachyotte et Moyen-Duc (Otus). Scops d'Aldrovande ou Petit Duc (Scops giu Scop.). Grimpeurs. ; ne (Picus, Gecinus, etc.), toutes les espèces Syndac- yles. - Kollier ordinaire (Coracias, Garrula), Guêpiers (Merops). Passereaux ordinaires. Huppe vulgaire (Upupa epops). Grimpereaux, tichodromes et sitelles (Certhia, Ticho- droma, Sitta). Martinets (Cypselus). Engoulevents (Caprimulgus). Rossignols (Luscinia). Gorges-Bleues (Cyaneculu). Rouges-Queues (Ruticilla). Rouges-Gorges (Rubecula). Traquets (Printarola et Saxicola). Accenteurs (Accentor). Fauvettes de toutes sortes, telles que : Fauvettes ordi- naires (Sylvia); Fauvettes babillardes (Curruca); Fau- vettes ictérines (Hypolaïs); Fauvettes aquatiques, Rous- seroles, Phragmittes, Locustelles (Acrocephalus, Cala- modyta, Locustella), etc.; Fauvettes cisticoles (Cisticoln). Pouillots (Phyllosropus). Roitelets (Regulus) et Troglodytes (Troglodytes). Mésanges de toutes sortes (Parus, Panurus, Orites, etc.). Gobes-Mouches (Muscicapa). Hirondelles de toutes sortes (Hirundo, Chelydon, Cotyle). Lavandières et Bergeronnettes (Motacilla, Budytes). Pipits (Anthus, Corydala). Becs-Croisés (Loæia). Venturons et serins (Citrinella et Serinus). Chardonnerets et tarins (Carduelis et Chrysomitris). Etourneaux ordinaireset martins{Sturnus,Pastor,ete.). Echassiers. Cigognes blanche et noire (Ciconia). LISTE Nc 2 OISEAUX NUISIBLES Rapaces diurnes. Gypaète barbu (Gypactus barbatus L.). Aigles (Aquila, Nisaetus) ; toutes les espèces. Pygargues (Haliaetus) ; toutes les espèces. Balbuzard fluviatile (Pandion haliaetus). Milans, Elanions et Nauclers (Milvus, Elanus, Naucle- rus) toutes les espèces. Faucons : Gerfauts, Pélerins, Hobereaux, Emerillons (Falco); toutes les espèces, à l’exception des Faucons kobez, Cresserelle et Cresserine. Autour ordinaire (Astur Palumbarius L.). Eperviers (Accipiler). Busards (Circus). Rapaces nocturnes. Grand-Duc vulgaire (Bubo maximus Flem.). Passereaux ordinaires. Grand Corbeau (Corvus corair L.). Pie voleuse (Pica rustica Scop.). Geai glandivore (Garrulus glandarius L.). Echassiers. Hérons cendré et pourpré (Ardea). Butor et Bihoreaux (Botaurus et Nycticorax). Palmipèdes. Pélicans (Pelecanus). Cormorans (Phalacrocorax ou Graculus). Harles (Mergus). Plongeons (Colymbus). Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette, — ——— 24 MAR 1906 28° ANNÉE 2e SÉRIE — N° 457 15 MARS 1906 LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles On désigne sous le nom de ZOOGÉOGRAPHIE, la science qui étudie la répartition des espèces animales à la sur- face du globe terrestre, et qui cherche à établir les lois générales qui ont déterminé cette répartition. T’étude des faunes actuelles (Distribution dans l’espace) est la base principale de cette recherche, mais la Paléontologie nous apprend que ces faunes ont varié d'une manière considérable aux époques géologiques antérieures, de telle sorte que l’étude des faunes fossiles (Distribution dans le temps), devient le complément indispensable de l'étude des faunes actuelles : la Paléontologie prend plus d'importance encore lorsque l’on veut connaitre les origines, les migrations et l’évolution générale de ces faunes. Pour arriver à ce résultat, il convient d'étudier d’abord les faunes actuelles qui sont mieux connues et nous in- téressent plus directement : on recherchera ensuite les origines de ces faunes en passant en revue les faunes paléontclogiques qui les ont précédées dans la même région géographique ou sur d’autres points du globe. Il est peu d’études qui exigent desconnaissances aussi étendues et aussi variées que la Zoogéographie. Les scien- ces que l’on peut considérer comme facteurs de celle qui nous occupe ici sont multiples. La Géograghie botanique est d’une importance capitale, puisque les animaux tirent leur nourriture directement ou indirectement des plan- tes ; les plantes à leur tour tirent leur nourriture du sol, etles animaux eux-mêmes ne s’accommodent pas de tous les climats : la Minéralogie, la Géologie, la Météorologie, la Géographie physique ne sont donc pas moins indispen- sables à cette étude, et la Paléontologie nous donne la clef des transformations qu'ont subies les flores et les faunes sous l'influence des causes géologiques anciennes. — La Zoologie descriptive nous apprend à distinguer les espè- ces, à connaître les métamorphoses et les variations lo- cales ou saisonnières que subit chacune d’elles.— Enfin, l’Anthropologie nous montre dans l'espèce humaine un dernier facteur et non le moins important, bien qu'il soitle plus récent de tous: à partir du moment où l'homme s’est emparé de la surface du globe, sa main industrieuse n’a cessé de modifier les flores et les faunes pour les adapter à son usage, portant même son action, inconsciente ou raisonnée, sur le relief et le climat des contrées qu'il habite : culture du sol, construction des villes etdes grandes voies de communications,percement des isthmes,canalisation des cours d’eau,desséchement des marais, déboisement des montagnes, migrations des peu- ples et colonisations lointaines, — tous ces faits ont dû avoir, sur la Zoogéographie des diverses contrées du globe, une influence incontestable et dont il est néces- saire detenir compte dans l'étude de la distribution géo- graphique des animaux à l’époque actuelle. CHAPITRE PREMIER Notions générales : facteurs zoogéographi- ques actuels considérés plus particulière- ment chez les animaux terrestres. Les facteurs zoogéographiques de l’époque actuelle peuvent se ranger sous cinq chefs différents que nous étudierons dans l'ordre suivant, en allant du plus simple au plus composé : io Moyens de locomotion des animaux (point de vue zoologique); 20 Rapports avec les plantes dontles animaux se nour- rissent (Géographie botanique) ; 3e Rapports avec le sol et l'atmosphère (Nature du sol et climat) ; 40 Rapports avec la configuration des continentset des mers (Géographie physique) ; 50 Rapports avec l'homme (Influence de l'espèce humaine surla distribution géographique des animaux). $ I. — POINT DE VUE ZOOLOGIQUE : MOYENS DE LOCOMOTION DES ANIMAUX. Ce facteur, qui dépend de l’organisation même de cha- que espèce animale, est un de ceux qui présente le plus d'importance et de variété à l'époque actuelle. Aire de dispersion des types zoologiques. — On sait que chaque espèce occupe à la surface du globe une étendue plus ou mois grande et plus ou moins nettement circons- crite mais dont elle ne dépasse jamais volontairement les limites lorsque les conditions géologiques restent constantes : c'est ce qu'on appelle son aire de dispersion. Cette étendue est très variable d'une espèce à l’autre : il en est dont le domaine se trouve réduit à quelques lieues carrées (Perroquets de certaines iles de la Polynésie) ; d’autres sont à peu de chose près comospolites (Chouette vulgaire, Strix flammea). Plus rarement, cette aire de dis- persion présente des interruptions, espèce étant répan- due sur plusieurs points éloignés, et faisant défaut sur les points intermédiaires; on dit alors qu’elle forme des colonies (1); tel est le cas pour la Corneille mantelée (Cor- VUS ÇORVIS), d'après H. Schlegel. Les espèces qui pré- sentent cette particularité sont désignées sous le nom d’es- pèces disjointes.On doit supposer queleslocalités intermé- diaires, où l'espèce fait défaut, ne présentent pas les condi- tions favorables à la vie de l'espèce. En général, les espèces ont une aire de dispersion plus restreinte que le genre auquel elles appartiennent, — les genres une distribution plus étroite que la famille dont ils font partie et ainsi de suite. Centre d'évolution et de dispersion. — On désigne sous ce nom la localité où chaque type d'organisation (famille, genre ou espèce) présente à l’époque actuelle, le plus grand nombre de représentants (genres pour les familles, espèces pour les genres, individus pour les espèces). Or- dinairement, cette localité représente le point du globe ou de la région zoologique que l’on étudie, dont le centre offre les conditions les plus favorables à l’existence du type en question. Que ce type soit forcé de changer (1) Ce terme de colonie est employé ici dans le sens ordi- naire du mot et non pour désigner des Associalions animales comme on le fait chez les Invertébrés. Fr | | PR ges 2e 2e 0 jo Er min 66 LE NATURALISTE d'habitat par une cause quelconque, on remarque cons- tamment qu'il semodifie et presque toujours dans un sens défavorable à l’évolution du type: sa taille s’amoin- drit, ses caractères distinctifs perdent de leur netteté, en un motilse dégrade. Ces modifications sont indépen- dantes de l’influence du climat,car elles se produisentsur une même espèce, originaire des régions tempérées, aussi bien lorsque cette espèce se rapproche des pôles que lors- qu'elle se rapproche de l’Equateur. La famille des Cerfs (Cervidæ) nous en offre un exemple frappant. On sait que ce type d’organisation, caractérisé par ses bois ou cornes se renouvelant chaque année, est originaire de la grande zone de forêts de l'hémisphère septentrional (1). C’est là que se trouvent les espèces à bois le plus développé (Rangifer tarandus, Alces machlis, Elaphürus davidianus et parmi les espèces éteintes Cervus sedgwicki, Megaceros giganteus). Cependant les cerfs ont pénétré,en Amérique, jusque dans la partie australe de ce continent en suivant la chaîne des Andes,et dès le Mexique,on constate que la taille et le développement des bois décroissent rapide- ment (Cariacus mexicanus). Au Brésil malgré l'expansion des forêts tropicales, le fait s’accentue encore (Blastoce- rus paludosus, Bl. campestris). Enfin la dégradation est complète chez le Coassus simplicicornis de la Plata dont les bois sont en forme de dague. — On peut donc for- muler cette loi générale : c’est que, toutes choses égales d'ailleurs, chaque type d'organisation présente son complet développement sur le point du globe qui corres- pond à la fois à son centre d’évolutionet à son centre de dispersion. C’est ce que l’on appelle aussi le foyer zoogénique de l'espèce ou du type dont ons’occupe. Moyens de locomotion. — La faculté que possèdent cer- tains types zoologiques de se déplacer plus ou moins rapidement, grâce aux moyens de locomotion dont ils sont pourvus, exerce une influence de premier ordre sur leur distribution géographique. ; Les animaux pourvus d'ailes et plus particulièrement les Oiseaux, en sont un exemple remarquable, bien que tous ne soient pas également doués sous ce rapport. Il n’en est pas moins vrai que tous les oiseaux à ailes bien développées peuvent échapper à certaines causes de destruction (tremblements de terre, inondations, submer- sion des continents) qui font disparaître les autres ani- maux terrestres, en allant coloniser des terres plusou moins éloignées et séparées par des mers d’une étendue considérable. C’estainsi que les archipels de la Polynésie possèdent une faune presque entièrement composée d’oi- seaux et de chauves-souris, tandis que les mammifères terrestres leur font complètement défaut. La rapidité du vol, chez certains oiseaux, est réelle- ment prodigieuse : des observations authentiques en font foi. Quatre pigeons voyageurs (Columba domestica), appar- tenant au comte Karolyi, sont venus de Pesth à Paris (1293 kilomètres) en sept heures (2), ce qui suppose une vitesse de 185 kilomètres à l'heure et de plus de 51 mètres par seconde, vitesse double de celle des trains les plus rapides. Comme conséquence, nous voyons que la famille des Pigeons (Columbidæ) est absolument cosmopolite et très abondamment répandue dans toutes les îles de la Polynésie (plus de 50 espèces). (1) G. Jzæcer un» E,. Bessecs, Die Geographische Verbreilung der Hirsche mil Bezug auf die Geschichte der Polärlander (Petermann’s Mittheilungen, Bd XVI, 1870, p. 82). (2) J. Jackson. Tableau de diverses vilesses exprimées en mètres par seconde (Nice,. 1893). Les Hirondelles ont un vol encore plus rapide et qui : peut atteindre 67 mètres par seconde ou 240 kilomètres à l'heure (d’après les observations de Spallanzani), Même en considérant ces chiffres comme des maxima qui sont rarement atteints, on admettra sans peine que les Hiron- delles, lors de leur migration d'automne, puissent fran- chir la Méditerranée et passer d'Europe en Afrique en une seule nuit. Les Martinets (Cypselidæ) sont probable- ment les plus rapides de tous les oiseaux et de tous les êtres vivants : d’après Spallanzani, un Martinet peut franchir 88 mètres par seconde, vitesse comparable à celle d'un corps tombant à la surface de la terre d’une hauteur de 300 mètres. Les Hirundinidæ et les Cypselidæ sont cosmopolites (1). Certains oiseaux, moins bien doués que les précédents sous le rapport de l'aile, peuvent cependant lutter long- temps contre le vent. C’est ainsi que des espèces propres à la faune de l'Amérique du Nord (Coccyzus americanus, Loxia leucoptera, Turdus migratorius) ont été entrainées accidentellement par des tempêtes jusque sur les côtes d'Europe : la distance est de 3 à 4.000 kilomètres, et les ouragans les plus violents, capables de déraciner les arbres (40 mètres par seconde), mettent plus de vingt- quatre heures à franchir cette distance. On doit admettre que l'oiseau enveloppé par ce rapide courant atmosphé- rique a dû se maintenir constamment sur l'aile, suivant le mouvement sans cesser de se diriger, faute de quoi il se serait infailliblement noyé dans la mer, comme un navire qui cesse de gouverner et présente le flanc à la tempête. Les Chauves-Souris, beaucoup moins aptes au vol que les oiseaux, puisqu'elles n’ont pas les os pneumatiques et les sacs aériens de ces derniers, accomplissent cepen- dant de lointains voyages. Les Roussettes de l'Inde (Pteropus medius, Cynonycteris amplexicaudata) font, chaque nuit, à l'automne, de dix à dix-huit lieues (40 à 70 kilomètres) et autant au retour, pour aller chercher dans une autre localité les fruits mürs qui font défaut dans celle qu’elles habitent (2). On comprend, d’après cela, que de nombreuses espèces de Chauves-Souris aient pu se répandre sur les îles de la Polynésie, à l'exemple des oiseaux, et que l'unique espèce (Atalapha Grayi) signalée aux iles Sandwich, situées à 800 lieues du côté de la Californie, appartienne à un genre strictement américain, D: TROUESSART. (A suivre.) Le Lièvre d'Égypte" Le domaine d’Osiris était divisé en quatorze localités ayant chacune sous la garde d’un génie spécial, son affec- tation particulière. Armé d’un arc et de flèches, le lièvre veillait sur la treizième de ces régions, la demeure de l’eau dont les mânes ne sont point maîtres. « Son eau est du feu,son courant est de la flamme elle est feu et flamme et incandescence, afin qu on ne s’abreuve pas de (1) Cependant les Cypselidæ manquent à la Nouvelle-Zélande, ce qui tient probablement à la rareté des Diptères sur ce petit continent. (2) Dozsox. Catalogue of Chiroplera in Brit. Mus., 1878, p, 78. — Troussartr, Distribulion géographique des Chiroptères (Annales des Sc, Nat. Zool., 1879, t. VIII, p. 3). (3) Voir le Naturaliste, n° 456. LE NATURALISTE 67 son eau et que ceux qui y sont n’en étanchent pas leur soif, pour accroitre sa crainte chez les mânes et sa ter- reur. Les dieux, les mânes, les morts voient son eau courir et ils n’apaisent pas leur soif, et ils ne satisfont pas leur cœur pour qu’on n’approche pas d'elle. Les dieux craignent de boire de cette eau, dans leur marche, plus encore que les mânes (1). » parfois la place du crocodile (fig. 11}, En d’autres cir- constances, substitué au dieu Seb, emblème de la terre, il est placé à l'avant de la barque du soleil et lui sert de guide au cours de son voyage à travers l’autre monde. Enfin au temple de Denderah, assis sur un trône et ar- mé de glaives étincelants, il figure parmi les divinités de l'Egypte qui torturent l’ennemi, les maîtres de l'écha- Fig. 11. — Vignette d'après un papyrus funéraire. Cependant cette eau, rien moins que potable, le lièvre, semble-t-il, avait le pouvoir de la rendre aussi bonne et aussi digestive que nos meilleures eaux minérales,comme le peut faire supposer la prière qui lui est adressée par le défunt: « Salut à toi, dieu de la demeure de l’eau, s'écrie- t-il, je viens à toi, fais que je m'empare de l’eau, que je _boive de l’eau ainsi que tu fais pour un dieu (2). » En sa qualité de custode, le lièvre évoquait toutes les idées de vigilance, de protection, de soutien. On ne rencontre point de gens toujours amènes dans [ ( | ( [ r | I 1 1 1 [ | [ l Î 1 1 1}; Ï } Il 1 | l ll [ 1 [ | | faud, chargés de veiller sur la maison d’or où va s’accom- plr le plus saint des mystères, la résurrection d’Osiris (fig. 12) (1). Le lièvre jouait aussi un rôle lunaire, non seulement comme emblème d'Osiris, mais parce que, pour les Égyptiens, il possédait des propriétés analogues à celles de la lune à laquelle, avec tous les peuples de l'antiquité, ils attribuaient d'heureuses influences. Succédant à la chaleur du jour, la lumière de cet astre répand, croyait- on, une salutaire fraicheur, qui humecte les corps, les Fig. 12. — Bas-relief du temple de Denderah, les enfers; voilà pourquoi, lors de ses pérégrinations à travers le sombre Tiaou, le défunt était exposé à se trouver face à face avec le crocodile, le serpent et le taureau sauvage, trio malfaisant qu'il n’arrivait à se con- _cilier qu’à l’aide de paroles magiques ou d’abondantes of- _frandes, Les papyrus funéraires nous montrent le lièvre associé à ces gardiens redoutables parmi lesquels il tient (1) Livre des Morts, ch. exuix, lig. 54 à 56. (2) Livre des Morts, ch. exuix, lig. 57, 58. dilate, ouvre les pores, sature la terre; versée dans l’at- mosphère en rosée abondante, son humidité nécessaire à l’accroissement des boutures, des plantes et des arbres, concourt aux progrès de l’inondation. Toutes ces idées d'ouverture, de fécondité évoquées par la lune, son rap- port avec l’inondation, se retrouvaient également chez le lièvre, lequel, doué d’une vue infatigable, pouvait encore, à cet effet, être comparé à la lune qui, toujours (1) Marerre. Denderah, t. IV, pl. Lxxxm. arme me = ASAFIS STE & LES RTE RE Ets. sens cs DER QE FPT OIESS } Il (l PR ET l La 1 f 1 À PR TT TP TE rs ee ST MS es Ne PIORS MARIE Et 68 LE NATURALISTE ° AOIAANE y P-Hippolyte-Boussac del Fig. 13. — Scène dionysiaque, l'œil ouvert, accomplit son éternelle veille dans la nuit étoilée. Sur des statuettes de bronze, il n’est pas rare de ren- contrer l'image du lièvre courant dans le champ du disque lunaire, surmontant la tête de Khons-Lunus. Mais là ne se bornaient point de ce quadrupède les seules attributions, dans la pyramide d'Ounas, ce pha- raon est proclamé le chef, le directeur des heures. Dès l’ancien empire, les Égyptiens pratiquaient donc l’as- tronomie et connaissaient la manière de mesurer le temps Ils marquaient les heures au moyen d'un instru- ment nommé Sheb, probablement une clepsydre, Par suite de son analogie avec la lune, considérée comme mesureur du temps, puisque chacune de ses phases cor- respond à un nombre de jours déterminé, le lièvre fut associé à l’idée d'heure, Mais en sa qualité de génie des ténèbres, il ne pouvait évoquer que des heures nocturnes dont le siège, on le verra plus loin, était situé dans les enfers, où règne une éternelle nuit. Elles sont habi- tuellement représentées par un lièvre accompagné d’une ou de plusieurs étoiles ; ainsi formé, ce groupe se lit ounnout, suivi du plan d’un temple, il a le sens d’ho- roscope. C’est sur la Grande-Ourse que les Égyptiens semblent avoir réglé leurs clepsydres; aussi, lors de la fondation d’un monument, est-ce à l’aide de cette constellation que le roi déterminait l'heure à laquelle commencaient les travaux : « Mon regard a suivi la marche des étoiles, est-il dit dans un texte d'Edfou, j'ai observé la Grande- Ourse, moi le mesureur du temps, le calculateur du merekh et j'ai déterminé les angles du temple.» L’instru- ment dont il s’agit ici, sorte d'astrolabe munie d’un fil à plomb, servait à prendre la hauteur des étoiles au-dessus de l'horizon; il était si étroitement uni à l’idée d'heure que, dans une crypte du temple de Denderah, son image est précédée d’un génie à tête de lièvre. Comme la Grande-Ourse est la constellation septen- trionale par excellence, c’est dans la région la plus sep- tentrionale des Enfers que les Egyptiens avaient placé Ount, le pays des heures. Il était habité par des vipères chargées dele défendre et avaitpour chef suprême le dieu Ounti (1). En s'infiltrant dans lesreligions dela Grèceet de Rome, lemythe du lièvre subit quelques altérations sans perdre entièrement les traits caractéristiques de son rôle pri- mitif. Enclins à trouver l'équivalent de leurs divinités dans le panthéon pharaonique, les Grecs assimilant Dionysos à Osiris, les images du lièvre sont très fré- quentes dans les mystères dionysiaques. Une peinture nous montre Bacchus assis, le thyrse d’une main et dans l’autre un canthare; devant lui, le jeune Kômos et Ariane; derrière le dieu, la tragédie tenant un thyrse à la main droite, présente, de la gauche, un lièvre accroupi (fig. 13). Ce quadrupède figure aussi le plus souvent dans les scènes d'initiation. Du sanctuaire de Bacchus, le lièvre ne tarda pas à prendre rang dans son cortège composé d'êtres ignobles, gens débauchés, lubriques, aux mœurs abjectes. Dès lors nous le trouvons en compagnie de fauves, de bacchantes, de satyres; il figure dans les scènes d’érastes et d’éromè- nes ; emblème de volupté, offrir un lièvre constituait une déclaration d'amour qui, d'ordinaire, ne s’adressait point aux femmes. De nombreux tableaux de ce vice, importé d'Orient en Hellade et à Rome, étalés sans mystère sur les monu- ments figurés de l’antiquité grecque, révèlent une cou- tume généralement admise et à laquelle on ne trouvait rien de choquant. Voiciune peinture représentant un in- dividu appuyé sur un bâton, de la main droite iltient une bourse, de la gauche il présente un lièvre à un éphèbe (4) Voir le « Sphinx », année 4900, 4e vol. p. 1. Le pays des heures, par LEFÉBURE. Fig. 14. — Peinture sur une coupe grecque. rieux, suspendu au bras droit et bien en évidence, un liè- vre, présent d'amour qu’on vient de lui offrir (fig. 15). A Fig. 15. — Ephèbe victorieux, peint sur une amphore, l'intérieur d’une coupe de Tanagra, un homme barbu, cou- ronné d'ache, le bas du corps drapé d'une chlamyde, est LE NATURALISTE debout devant lui (fig. 14). Sur une amphore, un jeune homme, paré de la couronne de myrte et des ténies, distinctions attribuées aux vainqueurs de l’un de ces jeux en honneur chez les Grecs, porte,comme un trophée glo- 69 couché sur un lit, la tête renversée en arrière et la bou- che entr'ouverte. Sa main gauche lient des crotales, dela droite abandonnée et pendante,ilcaresse un lièvre (fig. 16). L'inscription, raôwv y&Auore, placée dans le champ, ne Fig. 16. — Fin de banquet, coupe de Tanagra. laisse aucun doute sur la moralité du personnage qui, le festin terminé, mis en gaité par les vapeurs de l'ivresse, chante ces vers de Théognis : ù Vre L FOURS EN ? Q naidwv xAÂAOTE AQU IUEPOENTATE TAVTWY, GT0 ? aÜTod xai (Lou madp’ Endxoucov Er. «O le plus beau et le plus aimable de tous les enfants, Arrête-toi ici et écoute de moi quelques paroles (1). » Boussac, LES PEUPLES DE LA RUSSIE ” Le long des rives de la mer Noire, nous trouvons toute une population d’origine mongole, ce sont des peuples qui vivent dans des immenses steppes principalement de l'élevage du bétail et des chevaux, ce sont les Cosaques, les Kalmouks,les Tartares. Les Cosaques habitent l'Ouest de la mer Noire, l'Ukraine, la rive droite du Don. Ils sont de taille moyenne, de constitution robuste, les yeux bleus, les cheveux roux, l’ensemble de leur physionomie rappelle le type tartare. Ils s’administrent eux-mêmes sous la direction d’un chef nommé directement par l’empereur de Russie, ils sont des cavaliers consommés et beaucoup fournissent des cavaliers à l’armée russe. (1) Ces deux vers 1365-1366 ont été retrouvés par U. Koecer. Voir Mittheilungen des deuts: Arch. instin Athen, 1884, p. 1. Cozzienon, Catalogue des vases peints du Musée de la Socièlé archéologique d'Athènes, n° 469. (2) Voir le numéro 456 du Naturaliste. RD rss | 1 | | 70 LE NATURALISTE Les Kalmouks qui habitent plus à l'Est du Don entre le fleuve et le Volga sont d’origine mongole. Ils sont de taille moyenne, maigres, laids, ont la tête large et plate, les yeux étroits, les lèvres épaisses, le nez écrasé, les cheveux noirs, le teint basané ; ils sont doux, hospita- liers, mais paresseux, sales et rusés, habitent sous des tentes et sont nomades. Ils se livrent principalement à l'élevage des troupeaux et fournissent à la Russie quelques troupes de cavalerie légère. Mélées à ces populations d'origine mongole setrouvent des populations d’origine turque, ce sont les Tatars ou Tartares qui se divisent en plusieurs tribus, les plus importantes sont les Nogaiïs et les Kirghiz. Les Nogais sont répandus tout le long de la mer Noire, mélangés aux populations précédemment décrites, depuis le nord du Caucase jusqu’au Danube, ils vivent en tri- bus, les uns s’adonnent à la vie pastorale, les autres à l'agriculture, ils ne s’allient guère qu'entre eux, ils sont mahométans de la secte des Sumnites. Les Kirghiz, eux, habitent la partie du Turkestan aujourd’hui dépendante de la Russie, ils sont divisés en hordes et tribus et habitent les steppes s'étendant entre le fleuve Oural, la mer Caspienne et la mer d’Aral. Ce sont des hommes actifs, vigoureux, toujours à cheval, pasteurs, chasseurs, et au besoin exerçant le brigan- dage, ils professent l’islamisme. De l’autre côté du Caucase existent des peuples russes de religion chrétienne, ce sont les Georgiens et les Armé- niens. Les Arméniens habitent la partie du Caucase et de l'Asie Mineure qui forment l'Arménie russe et le Pat- chalik d'Olkasitké ; leur pays est traversé de montagnes couvertes de neige, dernières ramifications du Caucase parcouru par des vallées fertiles. Les Arméniens ont un caractère simple, poli, insinuant ; très adonnés au com- merce, ils sont répandus dans presque tout l'Orient. Ils sont chrétiens depuis le 1ve siècle et forment une Eglise particulière. Les Georgiens se rapprochent par le type des Armé- niens, ils habitent plus au Sud du Caucase que ces der- niers, ils sont très braves, féroces, pillards, adonnés à l’ivrognerie. Les femmes georgiennes sont célèbres dans tout l'Orient pour leur beauté. Ils professent la religion des Grecs orthodoxes. Repassons maintenant le Caucase, traversons le fleuve Oural et remontons le long de la chaine de ce nom, nous trouvons un grand espace : le gouvernement de Perm habité par les Slaves proprement dits, puis en nous rap- prochant de l’océan Glacial arctique nous retrouvons une population d’origine finnoise, les Samoyèdes. Ces Samoyèdes habitent surtout sur le Mézenc, fleuve qui se jette dans la mer Blanche et de là s'étendent jus- qu’en Sibérie. Ils habitent sous des tentes dites yourtes, petits, très laids, vicieux, idolâtres. Ils sont peu nom- breux, se livrent à l'élevage du renne et à la chasse des animaux à fourrures. On les confond souvent avec les Lapons. Parlons maintenant des Slaves proprement dits qui habitent le centre de la Russie et qui s'étendent depuis la Finlande jusqu’à l'Oural et dela mer Blanche à la mer Noire. Ils comptent plus de 67.000.000 d'individus et se divisent en trois branches : les Grands-Russiens, les Petits-Russiens et les Blancs-Russiens. Les Grands-Russiens habitent la plus grande partie de la Russie, les Petits-Russiens sont cantonnés dans les | provinces du Sud-Ouest, Poltava, Kharkew, Kiew où ils sont mélangés aux Cosaques, quant aux Blancs-Rus- siens ils habitent plutôt la partie de la Russie comprise entre la Pologne et Moscou, les districts de Vitebsk, Smolensk, Grodno, Ces trois divisions du peuple slave ont été pendant longtemps en disputes et pour faire cesser ces querelles en 1840 l’empereur Nicolas décréta l'identité des trois branches du peuple russe. Tous ces Slaves ne forment point une race bien pure, ils sont mélangés à leurs voisins, notamment aux Fin- _nois; on considère cependant les Grands-Russiens comme le type des anciens possesseurs du sol russe. Les Grands-Russiens ont une taille au-dessus de la moyenne 1640, pour les hommes, forts, bien musclés, larges d’épaules, au cou gros et court, figure large, gros nez Camus, pommettes saillantes, yeux gris vifs, forts sourcils, chevelure et barbe couleur châtain abondante. De caractère bon, compatissant,mais obéissant à des sen- timents plutôt forts que délicats, C’est surtout un homme à extrème, travaillant jusqu’à épuisement et n'étant pas non plus modéré dans ses plaisirs, le moujick décrit par Negressof «travaille jusqu’à en mourir et boit jusqu’à en être demi-mort ». Il raisonne mieux qu'il n’agit, il subit l'influence de son milieu : famille, village, pouvoir, et le jour où éclate une révolte, il suit la foule, et la révolte est terrible, mais il manque son but car il ne sait ce qu’il veut. Les Petits-Russiens ont une taille plus haute, 165 à166 pour les hommes, sont” plus maigres que les Grands-Russiens,sont les traits plus réguliers,lenez petit, aquilin, les yeux bruns, les joues creuses, les cheveux brun foncé. Ils ont subi l'influence des Polonais et des Turcs et ont gardé de ces derniers un fond assez grand d'indolence,mais ils saventce qu'ils veulent,plus person- nels et plus indépendants que les Grands-Russiens qui agissent en masse. Si le Grand-Russien est colonisateur et forme le fond de la population russe de la Sibérie, le Petit-Russien ne s’acclimate pas en dehors de la région et n’a pas franchi les monts Ourals. Les Blancs-Russiens se rapprochent plus de la popu- lation du vieux sol de la Russie, c’est un peuple qui, opprimé depuis longtemps par les Polonais et les Juifs, ne s’est pas encore relevé de sa servitude. De taille petite, 1M610 à 1m611, aux yeux gris, plus souvent bleu clair, au nez court et aplati, la chevelure blonde comme du lin, la barhe peu fournie. Ils sont doux et résignés, soumis à leur impuissance et recherchent trop souvent dans l’eau-de-vie l'oubli de leurs maux. Nous avons essayé d’esquisser les caractères ethniques et psychologiques des différentes races de la Russie, occupons-nous maintenant du Russe instruit qui forme la classe supérieure de la population. Il a une grande aptitude d’assimilation, une vive intelligence et comprend les peuples plus civilisés que le sien, son cœur tressaille à chaque grand mouvement de l'humanité, mais la forme de son gouvernement ne lui laisse pas la liberté d'agir, c’est plutôt un penseur qu un actif. Il aime à analyser et à disséquerles moindres actions de sa vie, c'est ce qui fait la gloire des romanciers russes. La femme russe dans le bas peuple est soumise au plus dur labeur, tandis que dans les classes instruites elle jouit d’une liberté absolue. Douée d’une forte instruction, qu’elle va souvent com- pléter à l'étranger, elle se passionne ainsi que son compa- gnon pour toutes les questions humanitaires. D 6 RUE PTS LE NATURALISTE TL ———————— Si la jeunesse russe est très idéaliste et très généreuse, la femme russe y est pour beaucoup. Telle est l’histoire anthropologique succintce des races de la Russie. Souhaitons que l'évolution qu'elle subit en ce moment se termine à son avantage et qu'après avoir été séparés, les peuples de la Russie puissent trouver,dans une paix intérieure l'élément nécessaire pour s'élever àla hauteur des autres peuples européens. E. Massa. CHRONIQUE & NOUVELLES Utilité du vairon dans les pièces d'eau. — Les Carnassiers de Madagascar. Le vairon est un petit poisson que l’on dédaigne trop, ainsi que le dit M. Maurice Cales dans un article à lui consacré. . On lui donne dans les campagnes les noms les plus divers : arlequin, gravier, sardine, verdelet, etc. D'une longueur de 7 à 8 centimètres, il a le dessous de la tête d’un vert noir, le dos d’un bleu clair; les raies va- riées de bleu, de jaune, de noir, lui font une robe multi- colore; les lèvres, la gorge, la base des nageoires et même une partie du ventre deviennent d’un rouge écar- late à l'époque du frai, surtout chez une variété spéciale qu’on désigne communément sous les épithètes bizarres de gendarme ou de charbonnier. La chair du vairon, bien qu'ayant un arrière-goût un peu amer, n'en est pas moins tendre et salubre. On pêche le vairon avec un simple scion, une ligne de crin très fin, une plume très légère, et trois ou quatre hame- cons de 18 ou de 20, avec un seul plomb. Toutes les amorces sont bonnes pourvu qu’on les offre au gourmand par petites quantités. Le ver de terreau, coupé par petits bouts, semble être encore celle qui réussit le mieux. Le vairon est très vorace; il faut « ferrer » dès que la touche est indiquée. Dans les rivières, on trouve le vairon de préférence près des arches de ponts, des lavoirs, à l'embouchure de tous les petits cours d'eau. On le pêche également à la bouteille et avec le filet à vif. Il y a très peu de pays en France où il ne soit relativement facile de s’en procurer. Dès lors se pose, pour les pisciculteurs, la question de savoir si le vairon doit être propagé dans les étangs, où il vit et se développe parfaitement, bien qu'il préfère, à n'en pas douter, les eaux courantes des ruisseaux. Il Court, au sujet du vairon, une légende inexplicable qu'il - cogvient de réfuter. Eu égard à sa petite taille, à sa valeur marchande presque nulle, le vairon n’est utile dans un étang qu'au point de vue de l'alimentation des carnivores. Or, on a prétendu que ce petit poisson, si commun, si répandu dans nos rivières, offert en somme par la nature comme une sorte d’aliment naturel pour les poissons destructeurs, était fort nuisible aux truites. Au contraire, celles-ci s’en nourrissent avec une grande ardeur. Le vairon est excellent pour l'alimentation de tous les: Salmonides. Il se reproduit abondamment tous les ans. Si le vairon avait un défaut, il consisterait dans la rapi- dité avec laquelle il se multiplie. Il faudrait bien se gar- der, par exemple, de l'introduire dans un étang de dimensions restreintes, Où il n’y aurait ni brochet, ni perche, ni truite, ni chevesne, ni anguille. N'ayant à redouter aucune cause de destruction, il ne tardeyait pas à se propager d’une façon inquiétante et à accapaker toute la nourriture naturelle aux dépens des Cyprinides, qui, moins agiles et craignant davantage les bords, seraient bientôt réduits à la famine. et un 2 LE ie à Mais, d’une manière général, il faut éviter d'élever, dans une pièce d’eau naturelle, une ou deux espèces de poissons, à l'exception de tout carnivore. La présence du brochet en petit nombre, est indispensable dans tout étang. Le rôle du « requin d'eau douce » est de faire voyager le poisson, de le forcer, par conséquent, à prendre plus de nourriture, et de l'empêcher de sentir la vase. La quantité de poisson utile qu'il est amené à détruire, sera sensiblement diminuée par l'introduction du vairon, auquel il conviendra de ménager quelques frayères artificielles, siles herbes faisaient défaut sur les bords. Au point de vue de l'alimentation des carnivores, il faut le préférer de beaucoup à la bouvière. * *k + M. G. Grandidier vient de faire connaître queiques détails sur les carnassiers de Madagascar, qui appar- uennent à des espèces spéciales. Le plus connu est le Fosa ou Cryptogrocta ferox ; c'est aussi le plus puissant, Malgré son nom terrifiant, il n’est guère dangereux pour l’homme : ses seules proies sont les chèvres et les volailles. Le Fosa est un chat planti- grade ; son pelage rappelle beaucoup celui du Perma ou Lion d'Amérique; sa dentition, la forme de son corps, quoiqu'il soit assez bas sur pattes, son allure générale sont tout à fait celles d’un félin, c'est-à-dire d’un digiti- grade, et cependant la plante de ses pieds est nue comme celle des Ours et des Blaireaux. Le Cryploprocta est donc un type curieux. Sans être commun, On le trouve dans toute l'ile et il inspire une certaine crainte aux Malgaches, qui racontent toutes sortes de fables sur son compte, mais qui, en réalité, le redoutent surtout pour leur basse-cour. Lorsque les indi- gènes parviennent à s'emparer d’un de ces animaux, ils le mettent à mort avec mille raffinements de cruauté et après lui avoir brülé les moustaches, afin, disent-ils, de le déshonorer. En général, les Fosa ont trois ou quatre petits à la fois ; la mère les met au monde dans la cavité d’un vieux tronc d'arbre tombé à terre ou sous un abri formé par des rochers éboulés, où elle a préparé un lit chaud et moelleux. Quelquefois, dans la région occidentale de l'ile surtout, où il ya de grandes plaines dénudées, le nid du Fosa est installé à plusieurs mètres au-dessus du sol dans un trou accidentellement formé dans le tronc d'un arbre, C’est ainsi qu’on voit de temps en temps des baobabs dont l'écorce est lacérée par les griffes des Cryptoprocta qui grimpent, pour atteindre leur gite, en s'accrochant le long du tronc. La femelle a des soins délicats et dévoués pour sa progéniture qu’elle doit quel- quefois, dans les premiers temps, défendre cbntre le père lui-même. Tant que ses petits ne peuvent pas la suivre à la chasse, elle leur apporte les proies les plus succulentes et emploie pour les abreuver un procédé tout particulier; elle va, dit-on, tremper dans l’eau, sa longue queue poi- lue, et la roulant ensuite sur elle-même, la rapporte à ses enfants qui s’'empressent de la lécher. La chose me paraît bien douteuse... On trouve encore à Madagascar d’autres carnassiers intéressants : d’abord deux eivettes dont l’une,la Viverra Schlegeli, est voisine d’une des civettes de l'Inde, et dont l'autre, la Viverra fossa, est devenu très rare, Les derniers exemplaires de celle-ci vivent aux environs de Fort- Dauphin où leur nom donne souvent lieu à des confusions avec les indigènes qui l’appellent du même nom que le Cryptoprocta avec lequel le petit carnassier n'a aucune ressemblance; ensuite de gracieux animaux appartenant aux genres Galidia et Galidiatis qui, par leurs caractères zoolcgiques, se rapprochent de la mangouste d Egypte ou rat de Pharaon. Ils sont tout à fait dignes d attention et on devrait chercher à empêcher leur destruction, car ils pourraient rendre des services. Plusieurs d'entre eux- SES € me 12 LE NATURALISTE sont très doux et seraient facilement domesticables ; ils seraient capables de remplacer avantageusement les chats pour la destruction des rats, comme le font les man- goustes aux Antilles et aux Indes, Il faut enfin citerun autre petit carnassier certainement rare, qui, par sa dentition, sa nourriture qui se compose presque exclusivement de vers de terre, et ses mœurs, forme transition avecles Insectivores. On nelerencontre plus guère que dans les grandes forêts: c’est l’Eupleres Goudoti, que l'on doit rapprocher des Ichneumons. HENRI COUPIN. UN BEAU LIVRE rare La Bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle de Paris vient de recevoir, grâce à la générosité posthume de M. Bishop, de New-York, an magnifique ouvrage que je crois bou de signaler avec quelques détails aux lec- teurs du Naturaliste. Cet ouvrage a pour titre The Bishop Collection, investi- gutions and studies in Jade (1). Ila été tiré sur papier à la forme en in-plano et seulement à 100 exemplaires, non mis dans le commerce, destinés aux souverains ou chefs d'Etat, à quelques grands établissements et à un petit nombre d'amis ou proches parents de M. Bishop. Voici d’ailleurs la traduction d'une petite note imprimée en tête de chaque exemplaire : « Les exécuteurs testa- mentaires de M. Bishop certifient que cette édition de Investigations and studies in Jade (Collection Bishop) comprend 100 exemplaires imprimés sur papier fait en Amérique; 98 de ces exemplaires sont pour faire des présents et 2 pour le dépôt légal. Après l'impression, les caractères ont été redistribués et tout le matériel employé à la préparation de ce travail a été détruit sous la surveil- lance des exécuteurs testamentaires. » La France, pour sa part, a été très favorisée, puis- qu’elle à obtenu trois exemplaires déposés à la PBiblio- thèque nationale, au Louvre et à la bibliothèque du Muséum, Les planches, dont un certain nombre manus- crites exécutées par des artistes chinois, sont de véri- tables œuvres d’art par leur finesse de dessin, de coloris et d'impression. Chaque pièce de la collection Bishop est représentée par une ou piusieurs planches en couleurs et par de nombreux dessins dans le texte, ce qui donne à cet ouvrage un double intérêt artistique et scientifique. Quelques chiffres donneront une idée du luxe apporté dans l'exécution de ce travail : l'édition à 100 exem- plaires a coûté 100.000 dollars, c’est-à-dire un peu plus de 5.000 francs par exemplaire; si on ajoute environ 1.000 francs pour la reliure de chacun d'eux, laquelle est en maroquin plein avec fers spéciaux, doubles gardes sole, etc., nous atteindrons 6.000 francs par exem- plaire. VICTOR VAUTIER. A ————————_]_]—]—_ (1) Recherches et études sur les Jades de la collection Bishop. Le jade appelé yu par les Chinois varie du blanc verdâtre au vert émeraude. Le grain en est très fin et susceptible d’un beau poli. Ces pierres qui sont translucides et peuvent être même presque transparentes sont sculptées et fouillées par les Chinois qui en font des objets d’art d'une grande beauté et de grande valeur. On cite une coupe de cette matière estimée 72,000 francs, lors de l'inventaire de la Couronne en 1791. LES VÉGÉTAUX LUMINEUX ET LA IAMPE VIVANTE "= Comme beaucoup d'animaux, un certain nombre de végétaux appartenant à la classe des Champignons et à celle des Bactériacées peuvent, quand on les place dans certaines conditions physiologiques, émettre de la lumière, devenir phosphorescents. On corinait actuellement une trentaine de Bactériacées photogènes (Bacterium phospho- reum, Bacillus pholas, Bacterium pelagia, ete...) etune quin- zaine d'espèces de Champignons (Agaric couleur de miel, Agaric de l’Olivier, quelques Polypores, etc...) jouissant de la même propriété. On sait également que la phosphorescence du bois en décomposition (du bois pourri) n’est pas due au bois lui- même, mais bien à l’appareiïl végétatif filamenteux (mycé- lium) d'un champignon qui le pénètre (Agaricus melleus). De même, les feuilles de chêne, de hêtre, etc..., se dé- composant dans un milieu humide, émettent par places et rarement sur toute leur surface, une lumière, parfois assez vive et de teinte blanchâtre, grâce à la présence d’un champignon qui vit dans le parenchyme foliaire. Pareillement, les phénomènes de phosphorescence observés sur la viande, sur certains poissons en putréfac- tion (Morues, Pleuronectes, etc...), sur les cadavres d’ani- maux marins en décomposition, etc..., sont dus à des vé- gétaux microscopiques photogènes : c’est ainsi que le Bacterium phosphoreum pullule parfois sur certaines viandes des boucheries, des abattoirs, voire même de nos cuisines, et que le Pseudomonas lucifera se rencontre abondamment sur les poissons marins en putréfaction. On a, en outre, constaté que bon nombre d'animaux phosphorescents (Pholades, Insectes, Vers, Myriapodes) peuvent produire des phénomènes de luminosité, même après leur mort. C’est ainsi que des traits d'écriture, tracés avec la substance phosogène des Lucioles, rede- viennent brillants sous l'influence de l'humidité. Les or- ganes lumineux des Lampyres (Vers luisants), desséchés et conservés dans le vide, ne luisent pas; mais, si onles retire du videet qu’on les humecte, ils émettent soudain une lumière brillante, continue, régulière et de teinte vert blanchâtre. On a cherché à utiliser la lumière produite par les vé- gétaux photogènes, et c'est à R. Dubois que revient l'honneur d’avoir, le premier, réalisé un appareil d’éclai- rage vraiment curieux, une lampe vivante, qui trouvera certainement, dans l'avenir, de nombreuses applications pratiques. Pour construire cette lampe, il suffit de prendre un ballon de 1 à 2 litres de capacité, dans lequel on verse de 200 à 400 centimètres cubes de gélatine peptonisée. Le ballon est ensuite stérilisé et bouché avec un tam- pon d’ouate ou de coton. Après refroidissement et avant la solidification complète de la gélatine, on l’ensemence, avec une aiguille de platine, d’une culture fraiche de Bacterium phosphoreum ou de Pseudomonas lucifera. On fait ensuite tourner lentement le ballon sous un robinet d’eau fraiche, de façon à amener la solidification de la gélatine et la production d’une mince couche gélatineuse sur toute la paroi interne, Après un séjour d’un ou de deux jours dans une chambre fraiche, on voit se déve- LE NATURALISTE 73 lopper, à la surface de la gélatine, de nombreuses colo- nies de Bactéries qui émettent une lumière continue, ré- gulière, plus ou moins intense et de teinte vert bleuâtre. = Cette lampe vivante peut conserver son éclat pendant deux semaines (de quinze à vingt jours). Sa lumière permet de lire nettement les caractères ordinaires d'imprimerie, un livre, un journal, de distinguerles degrés d’un thermo- mètre, de voir l'heure à une montre, etc... Le ballon, sorte de phare vivant, est facilement aperçu, dans l’obs- curité la plus complète, à plus de 60 mètres de distance. La lampe vivante, très économique, pourrait d’après Molisch, être utilisée et rendre de nombreux services dans la pratique. Elle serait avantageusement employée comme veilleuse, et de plus sa lumière constante, régu- lière, sans dégagement de chaleur et son absence de tout danger recommanderaient son usage pour les pou- drières, les travaux des mines et pour une foule d’autres applications. R. Dubois, Fischer, Forster, etc..…., ont montré qu'on peut photographier à la lumière bactérienne qui agit, comme la lumière naturelle, sur les sels d'argent, La lampe vivante permet la production de bonnes images de divers objets : bustes, thermomètres, feuilles d'impression... On peut même obtenir la photographie des bactéries dans leur propre lumière. R. Dubois a éga- lement exécuté de fort beaux clichés au travers des corps opaques {lamelles de bois, papier, carton, très min- ces feuilles d'aluminium) en se servant de la lumiere émise par les Pholades et les Microbes. Les photographies obtenues au travers d’une planchette de bois, laissent voir avec la plus grande nettetéles divers détails de struc- ture interne, absolument invisibles à la surface. Il est presque certain, bien que le fait ne soit pas en- core prouvé, que les phénomènes de luminosité ou phos- phorescence sont identiques chez les animaux et chez les végétaux. Dr L. BORDAS. LA CULTURE DU COTON EN ABYSSINE . Le rapport de la mission commerciale allemande en Abyssinie contient les renseignements suivants au sujet de la culture du coton dans ce pays : Dans beaucoup de régions chaudes d’Abyssinie, il pousse une variété de coton à l'état sauvage, et dans toutes les parties du pays de véritables champs de coton ont été plantés par les indigènes. Le produit, quoique n'étant pas cultivé sur une vaste échelle, est souvent de très bonne qualité. Il est filé et tissé par les indigènes, et on obtient parfois un tissu très joli et moelleux. Der- nièrement, des Français ont pris l'initiative de faire plu- sieurs essais de culture rationnelle; on croit qu’ils don- neront des résultats favorables, et que le produit ne se montrera pas inférieur au coton égyptien. On a pris des ‘mesures pour étendre cette culture, et on prévoit le dé- veloppement d’un commerce d'exportation. LA PRÉHISTOIRE EN FRANCE RRPP PPS SPIP ÉPOQUE LARNAUDIENNE OÙ ÉPOQUE DU CHAUDRONNIER Pendant cette époque qui forme la deuxième partie de l’âge du bronze, on fabriqua d’abord les haches à ailerons. Ce sont des haches à bords droits mais très élevés qui sont rabattus sur le manche de manière à figurer un cylindre complet ou non, suivant que les bords se re- joignent ou ne se rejoignent pas, et deux gouttières de chaque côté. Certaines de ces haches présentent, à la partie supé- rieure, un lien qui embrassait les lèvres du manche et fixait celui-ci plus solidement. Dans la deuxième partie du Larnaudien, les haches à ailerons sont remplacées par les haches à douilles, dont la plupart sont garnies d’un anneau qui servait à atta- cher l'instrument à son manche par des liens allant au coude de celui-ci. La douille dont l'ouverture, souvent carrée, mais pouvait être ronde, recevait l’extrémité du manche coudé à angle droit. La hache à ailerons a été aussi appelée psaltuve. On doit noter l'opinion de John Evans à qui il parait évident qué le celt à rebord dérive du celt plat en offrant d’abord des rebords presque imperceptibles produits par le martelage des côtés pour arriver au celt dont les rebords sont produits par le coulage. Le développement d'une saillie d'arrêt entre les bords finit par aboutir à la « psaltave ». La psaltave, avec ailes rabattues en demi- cercle, de manière à former une sorte de poche latérale, a produit le celt à douille. Epées de bronze. Les premières épées véritables datent de l'époque Morgienne. Ces épées sont courtes, robustes, en forme de feuille de saule terminées par une pointe aiguë. Elles n'ont guère que 065 de long avec la poignée. Elles sont presque invariablement garnies de nervures en re- lief, convergent en angle aigu, en suivant les bords à peu près parallèlement. Elles ne laissent rien à désirer sous le rapport de la confection et de l'élégance. Quelques épées ont pourtant des bords droits. Les poignées sont d'un métal plus rouge et plus tendre | que celui de la lame : elles sont tantôt plates, tantôt massues. La poignée est toujours fabriquée à part et fixée par des rivets. Des poignées plates, il ne nous est resté que la soie dont les contours sont gracieusement façonnés et munis de rebords, pour recevoir une garniture, de bois proba- blement. La poignée massive peut être comparée à une bobine renflée par le milieu de la hauteur. Cette poignée porte le nom de bouton quand les deux rebords sont perpendi- culaires à la lame. On l'appelle poignée à antenne quand son rebord inférieur se rabat sur la lame et quand les bords supérieurs se relient pour se terminer en boule ayant la forme de spirale. Parfois elle est enrichie d’autres métaux or ou argent, mais en ce cas elles doi- vent être de la fin de l’âge du bronze. Un caractère très remarquable de l'âge du bronze est la petitesse de la poignée, qui semble faite pour une main RRRSERS RL TE QUE tre SERRE TRES AIRE ESS eo —— re mt 1 = enfantine, fait qui démontre que l'épée de bronze a été introduite par une race à irès petites mains, venue des régions les plus orientales de l'Asie et dont on a voulu voir les descendants dans les gypsies ou bohémiens, chaudronniers errants et rétameurs. En outre, des caractères particuliers des épées de bronze les ont fait classer suivant plusieurs types. 10 Type de Courtavant : très allongé, à rivets; sans soie. 2° Type de Villeneuve-Saint-Georges : très allongé, à rivets ; soie mince. 3° Type d'Annecy : très allongé, à rivets; soie mince munie d’un gros bouton (exceptionnel). 4° Type de Baresia (du Tumulus) : très allongé, à rivets; soie à rivet, petite, plate, relevée sur les bords. 5° Type de Penhouet I : court, arête centrale, cran peu pro- noncé, trou circulaire pour rivet. 6° Type Penhouet II : court, arête centrale, cran, trou supé- rieur ovale. 19 Type de Moselle : soie plate, offrant deux disques séparés par une petite tige à croissant. 8° Type de Vaudevanges (Prusse Rhénane). 9° Type de Trévoux : variété de Vaudevanges. 10° Type de Humes : double cuvette et rivet. 110 Type d’Alles (Cantal) à antennes enroulées. 129 Type de Sigean : pommeau surmonté d'un disque. Poignards de bronze. Les poignards de bronze ont été classés dans l'ordre suivant pour les poignards des dolmens du Finistère : 19 Type du Lessart. 2° Type de Plouguescaut : exceptionnel de forme et de dimen- sion; poignard de sacrifice. Il vaut mieux distinguer les deux types suivants : 1° Type à soie : comme celui de la caverne de Boumas, près de Fontvielle. 20 Type à rivets : comme ceux trouvés à Douges (Loire-Infé- rieure) et au tumulus-dolmen de Carnoël (Finistère). Autres armes et outils. Pointes de lance. — Klles peuvent se rattacher à quatre types. I. La pointe simple en forme de feuille plus ou moins allongée, avec une douille percée de trous destinés à recevoir des rivets servant à la fixer au manche. On a trouvé ce type dans la Seine à Paris, et à Alise- Sainte- Reine, où la douille est ornée d’anneaux. IT. La pointe à boucles placées de chaque côté de la douille, au-dessous de la lame et sur le même plan. Ces pointes sont généralement du genre à lame droite longue et étroite. Unexemplairede ce type a été retiré dela Seine. III. La pointe avec boucles placées dans l’angle formé par le tranchant de la lame et la douille type qui existe aux musées de Carcassonne et de Saint-Germain. IV. La pointe présentant des trous dans la lame — type qui existe dans la collection Boucher de Perthes, à Abbeville, Ciseau, — Le ciseau est un outil assez semblable à la hache, qui ne diffère guère du ciseau de menuisier mo- lerne, si ce n’est parce qu'il est à douille. Marteau. — On a rencontré un autre instrument à douille sans tranchant, masse prismatique, qui devait servir de marteau. Couteaux. Rasoirs. — Ils sont fort nombreux. Leur lame mesure de 10 à 20 centimètres, elle est parfois décorée de dessins gravés. Ils sont munis d’une soie destinée à être introduite dans un manche de bois ou de corne de cerf ou d’une douille. Faucilles. — Quelques instruments tranchants fort LE NATURALISTE recourbés sont des faucilles, chose qui n’a rien d’extra- ordinaire puisque dès l'époque néolithique on cultivait les céréales et le lin. Aiguilles. — On a trouvé également des aiguilles dont le chas est situé à l'extrémité ou autiers de la longueur. Hameçons. — Les hameçons sont simples ou doubles munis de barbes. Harpons. — On a rencontré des harpons de bronze. Vases. — Les vases de bronze sont assez fréquents. Objets de parure. Epingles à cheveux. — Ce sont les épingles à cheveux qui sont les plus abondants; plusieurs milliers ont été trouvés, de dimensions variables, atteignant 50 centi- mètres. La tête est ronde, plate ou cylindrique, terminée par une anse où se meut un anneau, simples ou décorées de trous, de ciselures, de têtes de clous, en torsades. Bracelets. — Très abondants également, ils se divisent en trois catégories : 4o Bracelets ouverts, et leur extrémité se termine par des boules; 20 Bracelets ouverts dont une extrémité se termine par un anneau et l’autre par un crochet. Lac du Bourget; 3° Bracelets complètement fermés. Ces bracelets sont parfois très artistiques, ils peuvent se composer d’un anneau unique ou de plusieurs fils tordus ou rattachés les uns aux autres. On se rappelle qu'ils sont très petits. Torques. — Ils sont de fermeture variable comme les bracelets et se composent : 49 D'un simple fil; 2° De quatre fils tordus sur eux-mêmes. Pendeloques. — Elles sont nombreuses et très variées dans leur forme, elles sont triangulaires ou circulaires, pleines ou percées à jour, simples ou composées de plu- sieurs pièces fixées entre elles ou mobiles; le plus sou- vent elles sont ciselées. Autres objets de bronze On a trouvé encore fréquemment une foule d'objets ne rentrant pas dans les catalogues précédents : Ce sont des disques, des anneaux à relief (phalères de chevaux); Des rouelles; Des agrafes de ceinture; Des anneaux isolés ou en grappes; Des spirales de bronze qui étaient peut-être une mon- naie primitive; Des fibules ; Des moules de hache en bronze, comme il en existe en terre ou en pierre; Une figurine virile; Des roues en bronze avec leurs rayons; Un bout de timon de char, etc. Facies divers. Certains instruments en bronze d’une forme exception- nelle en France, ont été trouvés quelquefois dans le Nord, tels sont les ciseaux à soie, les faucilles à douille, les couteaux à douille à deux tranchants. Les couteaux à soie a un seul tranchant abondent dans les stations lacustres du Midi. A la région du Nord appartiennent encore les épées en forme de feuille et de rapière, et les bouterolles. Les lances à anneaux sur la douille ou à la base de la BAT OT LE NATURALISTE 15 lame sont très rares en France. La forme creuse des bracelets en bronze faits d’une plaque mince courbée de manière à présenter une section demi-circulaire se ren- contre très rarement dans le Nord. Tout cela indique une sorte de division de la France de l’âge du bronze en deux provinces : celle du Nord, à types anglo-germaniques, et celle du Midi à types italo- suisses. Dr ETIENNE DEYROLLE. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur un mode nouveau d'extraction de l'huile de badiane. — (Note de M. Px. EBERHARDT, présentée par M. Gasrox BonNiEr.) L'huile de badiane est extraite des fruits de l'Illicium verum et non dé l'Illicium anisatum qui doit être considéré comme une espèce vénéneuse. Ce n’est même que lorsque dans l'huile extraite ‘de l’I, verum on a, par fraude, mélangé de l'huile de l'J. anisatum que l'on a pu constater les phénomènes d'empoisonnement carac- térisé qu'on a signalés à la suite de l'absorption de certaines anisettes ou absinthes. — L'auteur, ayant étudié anatomique- ment les feuilles de l'I. verum. constate que les cellules du mé- sophylle sont aussi riches en gouttelettes d'huile que les cellules du péricarpe des fruits; en distillant ces feuilles, il obtient une huile essentielle très odorante et d’une belle couleur. Il montre l'intérêt qu'il y aurait de mélanger à l'huile des fruits cette huile des feuilles plutôt que d’autres huiles pouvant être plus ou moins dangereuses. Les glandes salivaires de l'escargot (Helix pomatia). — (Note de MM. Pacaur et P, Vigier, présentée par M. Joanxes CHATIN.) On décrit généralement chez l'Escargot une seule paire de glandes salivaires, organes aplatis et lobés, d'aspect foliacé, dis- posés à la surface de l'æsophage et de la partie antérieure de l'estomac, déversant leur produit dans la cavité buccale par l'intermédiaire de deux longs canaux excréteurs, qui s’abouchent dans la paroi supérieure du bulbe buccal, de chaque côté de l’œsophage. En réalité, l'appareil salivaire de l'Escargot est plus complexe : la salive résulte du mélange de la sécrétion des deux glandes salivaires proprement dites et de celle de deux organes, découverts par Nalepa et, depuis, à peu près complètement oubliés, car on ne les retrouve mentionnés par aucun des auteurs qui ont étudié les glandes salivaires des Mollusques, si ce n’est par Amaudrut. Ces organes que l’auteur propose d'appeler glandes de Nalepa sont logés symétriquement, dans la paroi même du bulbe, sur le trajet des canaux des glandes proprement dites. Ils résultent de la juxtaposition d'un grand nombre de glandes unicellulaires, longuement pédiculées, qui débouchent toutes directement et sé- parément dans chacun des deux canaux excréteurs des glandes sali- vaires. Les corps de ces cellules, reportés à la périphérie, forment autour de chaque canal un manchon glandulaire, parfois subdi- visé par la pénétration du tissu conjonctif ou des fibres muscu- laires du bulbe; toutes ces cellules déversent directement leur produit dans la lumière du canal salivaire. Le mode suivant lequel ces cellules se sont différenciées de l’épithélium de revêtement du canal, est le même que celui sui- vant lequel se différencient les cellules des glandes salivaires proprement dites. La glande salivaire proprement dite est le siège d’une réno- vation incessante de ses éléments sécréteurs, rénovation plus ou moins rapide : à mesure que les cellules usées, épuisées, dégé- . nèrent ou se transforment, de jeunes cellules se différencient aux dépens de l’épithélium même des canaux excréteurs, sur tout le trajet des branches qui se ramifient dans l'espace. Ce mode de rénovation s'effectue non par karyokinèse, mais par amitose. Il en résulte que dans cette glande salivaire les cellules sécré- trices sont disséminées, intercalées entre des éléments épithé- liaux de revêtement. ; La constitution de la glande de Nalepa n'a dès lors rien qui puisse surprendre. Ces deux sortes de glandes, glandes salivaires et glandes de Nalepa, sont formées de glandules unicellulaires résultant de la différenciation locale de l'épithélium du même canal salivaire. La communauté d’origine de ces deux glandes s'affirme en outre par les caractères de leurs éléments sécréteurs, qui sont fondamentalement les mêmes. Dans l’une et dans l’autre, on distingue en effet des mucocyles et des zymocyles, qui élaborent du mucus et des ferments, et dont les phases d'évolution sont très comparables d'une glande à l’autre. Il y a bien entre les cellules des deux glandes des différences de formes: mais il est possible de les rapporter à des différences dans les condi- tions de milieu où elles évoluent. C’est ainsi que, dans la glande proprement dite, les cellules non gênéés dans leur développe- ment et librement baïgnées par l’hémolymphe, sont globuleuses, rattachées aux ramifications des canaux excréteurs par un pédi- cule court, tandis que, dans la glande de Nalepa, les cellules comprimées entre les faisceaux conjonctifs où musculaires de la paroi du bulbe fusent dans la profondeur. Mais ces différences ne sont pas suffisantes pour empêcher de considérer la glande salivaire proprement dite (topographique- ment postérieure) et la glande de Nalepa (topographiquement antérieure) comme le résultat de la différenciation locale d'une même invagination épithéliale. Aussi, bien qu'elles soient, au point de vue purement des- criptif, parfaitement séparées et individualisées, on ne peut pas homologuer les glandes de Nalepa avec les glandes sali- vaires antérieures, génétiquement distinctes, qui existent chez d'autres Gastéropodes, en particulier chez certains Prosobranches. Pour les mêmes raisons (similitude d'origine et de structure), il faut repousser l'hypothèse d'Amaudrut, qui tend à considérer ces amas glandulaires comme les homologues des poches buc- cales des Diotocardes. Si l’on devait retrouver chez les Pul- monés l’homologue de poches buccales, il serait facile de le voir dans la dépression constante, en forme de sillon, au fond de laquelle s'ouvre le canal salivaire et qui, d'autre part, com- munique largement avec la cavité buccale, Sur les levures sporulées de champignons à péri- thèces (Glæosporium). — (Note de ‘MM. P. Viara et P. Pacorter, présentée par M. L. GuiGxanp.) La formation par les Saccharomyces de spores endogènes, assimilées aux ascospores, a été considérée comme un caractère bien particulier aux vraies levures. Ce caractère a servi de base à Hansen pour les classer en espèces. Les spores endogènes ont été signalées aussi pour des mycolevures ou des mycodermes. L'idée si longtemps discutée, de la possibilité de l’origine plus ou moins lointaine des levures aux dépens de Champignons fila- menteux a été rejetée à la suite de travaux de Hansen, Schon- ning, Klocker. L'absence de sporulation endogène chez des levures de diverses moisissures était le fait essentiel sur lequel était basée cette dernière opinion. . Les recherches sur l’Anthracnose de la Vigne, confirmées actuellement par celles sur l’Anthracnose du Platane, démontrent que la sporulation des levures n’est pas seulement particulière aux vrais Saccharomyces, puisqu'elle a lieu pour des Champi- gnons ‘parasites, le (Glæosporium amepelophagum Saccardo (Manginia ampelina Viala et Pacottet) et le G. nervisequum Saccardo (Gnomonia Veneta Klebahn). < L'isolement et les nombreuses cultures, pendant trois années successives, du G. ampelophagum avaient permis aux auteurs d'observer, pour cette espèce un polymorphisme très complexe z conidiophores, spermogonies, sclérotes et macroconidiophores pyenides, chlamydospores, kystes, tous organes qu'on retrouvait ensuite dans le vignoble. Les auteurs n’ont jamais pu observer dans la nature ou obtenir dans leurs cultures les périthèces à asques de cette espèce qui se rattache au groupe des Ascomy- cèles Sphæriacées. A Quand on sème des spores (spermaties des conceptacles, sper- mogonies), dans des milieux sucrés, le mycélium fin et filamen- teux se divise bientôt par un grand nombre de cloisons qui limitent des articles ; ceux-ci finissent, au bout d'un temps plus ou moins long, par se séparer en cellules qui se mettent à bour- geonner comme des levures. Les premières générations de levures, ainsi obtenues, transportées successivement sur des milieux sucrées, continuent à se multiplier par bourgeonnement. En repartant d'une cellule de levure unique, il est possible de revenir aux mycélium filamenteux, et de là aux divers organes du &. ampelophagum, mais ce retour à la forme primitive est d'autant plus lent que la levure provient de séries plus éloignées du point originel de transformation du Champignon à levure. a = 24 et TE PR h Er 76 LE NATURALISTE Les auteurs ont obtenu, dans les mêmes conditions de milieu que pour G. ampelophagum, des levures avec le G. nervisequum. | Le passage à la levure bourgeonnante du mycélium filamenteux est même plus rapide avec cette dernière espèce. Le retour au mycélium, en partant de la levure unique, a été obtenu de même façon et a été aussi lent. Les voiles et les cellules durables ont été observés dans les mêmes conditions. La sporulation du G. nervisequum se produit comme celle du G. ampelophagum. Les spores endogènes sont plus nombreuses; leur nombre varie un peu (2 à 12), mais il est, le plus souvent, de 8. Ces spores sont plus sphériques que celles des levures de la Vigne. Elles donnent de petites levures dont les générations ultérieures acquièrent vite les dimensions normales. Tous les Champignons analogues aux deux Glæosporium étu- diés ne sont pas susceptibles de donner des levures bourgeon- nantes et des levures sporulées. En cultivant l’Ascochyta Pisi Lib., cause de l’Anthracnose des pois, on obtient, au bout de huit mois, la fragmentation mycélienne en milieu sucré. La sporulation des levures observées sur deux Champignons (G. ampelophagum et nervisequum), qui présentent un polymor- phisme complexe d'organes de reproduction et dont l’un a des périthèces à asques et à vraies ascospores, permet de mettre en doute la nature ascogène attribuée aux levures des Saccharo- myces. Cette observation pose à nouveau la question, énoncée par Pasteur, de l’origine première, aux dépens de Champignons filamenteux, des levures sauvages et industrielles. D'ailleurs, ces levures sont peut-être fixées, par une longue accoutumance, dans leur état actuel, état d'où il paraît difficile, mais non impossible de les ébranler. Bibliographie 348. Beauverd (G-). Plantae Damazianac brasilienses. Bull. de l’herb. Boissier, nov. 1905, pp. 1077-1084, 6g. 349. Bergh (R.). Die Opisthobranchiata der Siboga-Expedi- ton. Siboga Expedilie, ivr. XXV, 1905, 248 pp., 20 pl. 350. Blackman (M. W.). The Spermatogenesis of Scolopen - dra heros. Bull. Mus. Comp. Zool. 48, n° 1, 1905, pp. 1-138, pl. I- IX; 354. Bôhm (Dr J.). Die äusseren genitalien des Schafes. Morphol. Jahrb, 34, 1905, pp. 248-320, pl. VIII-IX, fie. 352. Bouin et Ancel. La glande interstitielle du testicule chez le Cheval. Arch. de Zool. expér., XXXIITI, n° 4. 1905, pp. 391-433. pl. XI-XIV. 352 bis. Bouvier (E.-L.). Nouvelles observations sur les Glaucothoés. Bull. Mus. océanogr. de Monaco, n° 51, nov. 1905, pp. 1-14. 353. Brasil (L.). 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Levé, 17, rue Cassette. 28 ANNÉE 1 A 2e SUR LA PRÉSENCE DES FAUSSES GLAISES DANS LA BANLIEUE SUD-EST DE PARIS La vallée de la Bièvre, dans sa partie qui traverse les communes de Gentilly et d’'Arcueil-Cachan, est bien connue de tous les géologues parisiens, car ses flancs sont entaillés par de nombreuses exploitations à ciel ou- vert creusées dans toute l’épaisseur du calcaire grossier et dont la base, pour certaines d’entre el'es, atteint même l'argile plastique qui est, en ce lieu, également exploitée par des puits. Bien que l'extraction de ces deux roches remontât àune époque déjà ancienne et que les carrières de la vallée de la Bièvre aient été de longue date fréquentées par les géologues, la présence de certains horizons stratigra- phiques, bien définis aux environs immédiats de Paris, à été cependant complètement méconnue dans cette partie de la banlieue parisienne. C'est ainsi que la présence des fausses glaises, au sud du bombement crétacé de Meudon, était jusqu'ici mise en doute (1). \ RSS S Z DZ 2/4 D= LL SZ OOD au inonadant 1e. f or dde @ L BL RE Figure 1.— Coupe prise dans la carrière du Cimetière, à Arcueil (décembre 1904). — 6. Calcaire grossier glau conieux; 5. Glauz conie grossière à dents de squales ; 4. Argile noire feuilletée, ligniteuse, ép. 1 mètre; 3. Argile noire compacte, ép. 0 m.10; 2. Poche de sables quartzeux cimentés, au sommet, par de la marcasite, avec galets et bois flottés, ép. 0 m. 35; 1. Argile plastique grise visible sur 1 m. 50 à 3 mètres. Or la figure ci-dessus représente une coupe relevée par nous en décembre dernier dans la carrière dite du Cime- tière d'Arcueil, aujourd'hui en partie envahie par les eaux. = On voit, d'après cette figure, qu'immédiatement au- dessous de la mince couche caïllouteuse et glauconieuse, à dents de squales, qui constitue l'extrême base du Lu- tétien, il existe à Arcueil une couche très bien caracté- risée d'argile noire feuilletée ligniteuse, dans laquelle se montrent d'assez nombreuses empreintes végétales. C’est de ce niveau que provient la fronde de palmier que nous avons signalée et aécrite, ici même, sous le nom de Sabalites lignitorum (2). (1) G. PLzanré. Bull. Soc. géol. de France (2°), t. XXVII, p. 204 — Munier CnaLmas in BErrranp. Bull. Soc. géol. de France (3°), t. XVII, p. 845. — Dorrrus. Bull. Soc. géol. de France (3°), t. XXVII, p. 142. (2) Frirez. Naturaliste, n° 415 du 15 juin 1904. SÉRIE — N° 4158 1 AVRIL 1906 D Le plus souvent au-dessous de cette argile ligniteuse apparaît la glaise ou argile plastique bleutée, sans que l’on puisse soupconner la présence des sables quartzeux dits sables d'Auteuil. C’est qu’en effet ces derniers ne se présentent plus ici en couche continue, comme à Vanves et à Passy, mais, comme le montre notre croquis, en lentilles plus ou moins vastes qui toutefois sont promptement absorbées par l’exploitation; ce qui explique, selon nous, la diffi- culté de l’observation. Ces sables présentent à Arcueil quelques particularités remarquables qui jettent, croyons-nous, une certaine clarté sur leur origine probable. La lentille sableuse que nous avons pu observer à la carrière d’Arcueil présente, en effet, à sa partie supé- rieure, des amas gréseux dont le ciment est constitué par de la marcasite, qui ne tarde pas à se transformer, au contact de l'air, en sulfate ferreux ou mélantérite (1), De plus, ce ciment pyriteux.empâte quelquefois, avec quelques galets avellanaires tels que celui représenté en € fig. 2, d'assez nombreux fragments de bois, ayant ap- Figure 2. — (a) Fragment de branche avec nombreuses perfora- tions dues à l’action des tarets; (b) Macle interne, pyrilisé, des tarets des sables de l'argile plastique; (c) Galet avellanaire de silex empâté dans un rognon de marcasite. Le tout gran- deur égale. paremment subi l’action du flottage et qui se retrouvent également dans les parties sableuses restées meubles. M. Hamelin, de Villejuif, nous ayant obligeamment remis quelques échantillons de ces bois, nous avons pu nous assurer, à la suite d’un examen attentif, que ces fragments pour la plupart constitués par des branches, étaient criblés de perforations dues à l’action des tarets (fig. 2 &). (1) A. Lacroix, Le gypse de Paris et les minéraux qui l’accom- 1 paguent. Nouvelles Archives du Muséum, t. IX (1897), p. S7. 78 LE NATURALISTE En brisant avec précaution quelques-unes de ces branches, nous avonstrouvé,en place dans leurs cavités, les moules internes de ces animaux transformés en py- rite (voir en b fig. 2). € La formation de cette pyrite est due, selon M. le pro- fesseur Lacroix, à la réduction des tissus animaux lors de la fossilisation (1). Si l’on cherche à identifier ces fossiles aux espèces déjà rencontrées dans des couches sensible- ment du même âge, c'est-à-dire aux couches à térédines de la Champagne, on voit que les tarets d’Arcueil ne ré- pondent point exactement au signalement de l'espèce si commune dans le Sparnacien champenois : Teredina per- sonata, Lmk. Nous pensons que les moules pyriteux d’Arcueil se rapportent bien plutôt à l'espèce qui se montre dans les sables thanétiens de Jonchery et de Châlons-sur-Vesles, décrite par Deshayes sous le nom de Teredina Oweni. Ce rapprochement ne doit être fait toutefois qu'avec Les plus grandes réserves, étant donné l’état de conservation dé- fectueux des échantillons qui proviennent des bois flot- tés d'Arcueil. Quant aux bois, bien que nous ayons eu entre les mains un nombre assez considérable d'échantillons, ils se trouvent dans un tel état de décomposition qu'il est impossible d'en déterminer la nature exacte. Cependant, pour quelques fragments, dont nous avons pu faire des coupes minces, nous avons cru reconnaître la structure des bois de conifères. L'existence d'un bois de cette nature concorderait d'ailleurs avec la constatation, faite par nous, de l’exis- tence du genre Sequoia dans des couches du même âge. En effet, nous avons reconnu, dans un lot d'empreintes provenant de l'argile plastique de Gessoy (Seine-et-Marne), qui nous avait été remis par MM. Braun frères, la pré- sence de rameaux qui peuvent êtres rapportés au Sequoia Langsdorffi (Heer) ou à une espèce fort voisine. La présence de galets et de bois flottés et perforés par des tarets, dans la masse des sables de l'argile plastique peut aider, comme nous le disions plus haut, à la con- naissance de leur origine. En effet, alors qu'à Vanves, par exemple, M. Cayeux (2; découvrait au sein de ces mêmes sables les débris d'une faune saumâtre marquant l'origine lagunaire de la for- mation, nous pensons que les particularités ci-dessus mentionnées indiquent, pour Arcueil, une situation plus littorale, car des faits analogues à ceux observés se repro- duisent aujourd’hui sur certains points du globe. Nous citerons, entre beaucoup d’autres, l'ile de Jan Mayen où Carl Vogt signale qu'une quantité considérable de bois flotté et d'épaves de toute sorte couvre les plages basses de l'ile. Le barrage des lagunes en est parsemé et l'on en voit mêéine à leur intérieur. Tous ces bois reviennent sans doute de l'océan Arctique après y avoir été portés par les branches extrêmes du Gulf-Stream. Peut-être est-il permis de supposer que les bois flottés d'Arcueil furent amenés sur les bords des lagunes spar- naciennes par des courants venant de l'Est, c'est-à-dire de la Brie et de la Champagne où des bois perforés par des Térédines se sont rencontrés à maintes reprises. Quoi qu'il en soit, nous avons cru bon de signaler (1):Id., 4d., p\89: (2) Caveux. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, l'attention des géologues la présence des sables de l’ar- gile plastique dans la banlieue sud-est de Paris, ce qui doit faire regarder indubitablement l'argile noire feuille- ‘tée qui leur est superposée comme représentant l'horizon des fausses glaises dont l'existence, dans cette région, avait été méconnue jusqu’à ce jour, comme nous le di- sions au début de cet article. P.-H:FRITEL;, LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Kossiles Parmi les animaux marins, il en est beaucoup qui peuvent se déplacer avec une vitesse qui le cède peu à celle des oiseaux. Sans parler des Poissons que l’on a peu étudiés sous ce rapport, les Baleines nous en offrent un exemple remarquable, On a vu des Cétacés de beaucoup moindre taille, des Dauphins par exemple, accompagner des bateaux à vapeur marchant à grande vitesse pendant des heures entières, et même faire pendant tout ce temps, et comme en se jouant, le tour du navire, ce qui suppose une vitesse triple de celle de celui-ci. Aussi les Cétacés sont-ils au nombre des animaux que l'on peut considérer comme cosmopolites, bien que la température élevée des mers tropicales, à l’époque actuelle, ait séparé nettement les espèces de l'hémisphère austral de celles de l’hémisphère boréal ; mais les quatre grandes espèces du genre Balæna, dont deux à grosse tête et deux à petite tête, se représentent si bien dans les deux hémisphères, qu'il est difficile de nier leur commune origine, remon- tant à une époque géologique antérieure et ieur disjonc- tion qui date des temps modernes (2). Par opposition aux animaux pourvus d’ailes et qui vivent presque constamment dans les hautes régions de l'air, les animaux fouisseurs, qui mènent une vie souter- raine, peuvent être cités comme exemples de types dont l'habitat est très restreint. C’est ainsi que, de l’extrémité occidentale de l’Europe au Japon à travers le Continent Eurasiatique, on a pu distinguer jusqu’à dix espèces de Taupes (Talpa), nettement séparées par leur dentition comme par leur habitat, bien qu'on puisse les considérer toutes comme des modifications d’un même type spéci- fique. Ce sont des variétés locales dont les caractères se sont exagérés par leur isolement au point de devenir spécifiques ou même génériques. Si nous passons en Amérique, nous voyons que les Taupes sont représentées par des genres bien différents (Scalops, Condylura). Au contraire, plusieurs espèces de Chauves-Sauris, insecti- vores comme les Taupes (Vesperugo serotinus, par ex.), s'étendent sans variations bien sensibles sur tout l’hémi- sphère nord des deux continents. Les animaux grimpeurs nous montrent des faits du (4) Voir le Naturaliste, n° 451.) (2) Trougssanr, La Géographie zoologique, 1890, p. 289. LE NATURALISTE 79 même genre : en raison de leur conformation spéciale et des habitudes qui en sont la conséquence, ils restent confinés dans les forêts et les montagnes qui sont leur séjour habituel. Les animaux coureurs etsauteurs habitent les plaines, les déserts et les steppes, tandis que les animaux nageurs s'éloignent peu des cours d'eau et des lacs. D'une facon générale, on peut dire que, dans chaque groupe zoologique, ce sont les espèces de grande taille qui présentent la répartition géographique la plus éten- due. Cela tient à ce que, mieux pourvues des moyens de locomotion, ayant besoin d'une plus grande quantité de nourriture, ces grandes espèces ont porté plus loin le cercle de leurs excursions, colonisant peu à peu de nou- veaux pays, partout où la concurrence vitale, c'est-à-dire la présence d’une autre espèce ayant la même taille et les mêmes besoins, ne s’est pas opposée à leur extension graduelle, Ainsi, il n'existe en Afrique qu'une seule : espèce d'Éléphant, une seule espèce de Girafe (1), tandis que les Zèbres et surtout les Antilopes ont de nom- breuses espèces, généralement cantonnées dans des contrées distinctes. - Le Lion et le Tigre, qui sont les deux plus grands carnivores de l’époque actuelle, occupent sur l'Ancien Continent une vaste étendue de pays que l'Homme a déjà singulièrement réduite et qu'il réduit encore chaque jour. Le Lion s’étend du Sud de l'Afrique au Sud de la mer Caspienne et aux provinces occidentales de l'Inde; le domaine du Tigre commence là où finit celui du Lion et s'étend, à l'Est, sur tout le Sud et le centre de l'Asie, remontant vers le Nord jusqu'à la vallée de PAmour et à l’ile Sakhaline. Bien que les limites respectives de leur aire de dispersion, se touchent ou s’entre-croisent dans lAsie Occidentale, ces deux grandes espèces, douées sensiblement de la même force et des mêmes instincts, s’excluent mutuellement des pays qu'elles habitent, laissant même entre leurs domaines respectifs une sorte de territoire neutre qui évite tout conflit. Le Léopard (Felis pardus), plus faible et ayant des habitudes différentes, accompagne le Tigre aussi bien que le Lion dans la plus grande partie de cette vaste étendue, maisil ne remonte pas, vers le Nord, aussi loin que le Tigre : dans les régions montagneuses de l’Asie centrale, et sur les confins de la Sibérie, il est remplacé par une autre espèce, mieux adaptée au climat froid de ces régions, l’Once ou Felis irbis. Autour de ces grandes espèces de Félins dont l'habitat est très étendu et qui sont communes à plusieurs faunes, gravitent, comme des satellites, des espèces de plus petite taille et plus nombreuses, mais dont l’habitat est plus restreint et qui sont souvent spéciales à chacune de ces faunes, C’est ainsi que, dans la Mongolie,le Tigre est accompagné par Felis irbis, Felis manul et quelquefois Felis lynx, tandis que, dans la région Caspienne, ces espèces sont remplacées par Felis pardus, Felis torquata, Felis chaus, et dans l’Inde et la Malaisie par d’autres encore. En Asie Mineure, le Lion est entouré par Felis pardus, Cynailurus jubatus, Felis caracal, et, de plus, en Afrique seulement par Felis serval, Felis caligata, Felis neglecta (2). C’est que les besoins des petites espèces (4) Tout récemment, cependant, on a distingué en Afrique, plusieurs espèces de Girafes et deux espèces d'Eléphants. (2) Severtzow. Sur la Classification mullisériale des Carni- vores,spécialement des Félidés (Revue et Magasin de Zoologie, t. IX et X, 1857-1858). sont restreints, et comme leurs moyens de locomotion le sont également, elles ont dû subir plus que les grandes espèces les influences locales résultant de la Ségrégation. Les espèces d'un même genre qui se remplacent ainsi d'une faune à l’autre, jouant un rôle identique dans l’éco- nomie générale de cette faune, sont désignées sous le nom d'espèces représentatives (A. Milne-Edwards). On remarque, en outre, que les espèces d’une même faune appartenant au même type d'organisation ont, ou des habitudes un peu différentes, ou une faille graduée, comme si la concurrence vitale avait forcé les espèces les plus faibles ou les moins courageuses à se contenter d'une nourriture moins abondante, et que cette condition précaire ait exercé une influence décisive sur leur déve- loppement. Si les grandes espèces ont l’avantage, dans une faune donnée, au point de vue de la lutte pour la vie, il semble d’un autre côté qu’elles portent en elles une cause de ruine résultant des conditions mêmes deleur grandeur et de leur force. Les animaux de grande taille grandissent lentement et par suite se reproduisent à de plus longs in- tervalles ; ils représentent des types arrivés à leur sum- mum de développement et qui n'ont plus la plasticité nécessaire pour s'adapter à de nouvelles conditions d'existence ; enfin, ils échappent difficilement aux pour- suites de l'Homme quidétruit les espèces utiles aussi bien que les espèces nuisibles, et achève de nos jours l’œuvre commencée par les dernières révolutions géologiques, C'est un axiome démontré en Paléontologie que les espèces de la plus grande taille sont celles qui ont eu le moins de durée (1), évidemment parce qu'elles n'ont pu se transformer ni s'adapter aussi facilement que les espèces de petite taille. Ainsi, parmi les Mammifères d'Europe, les espèces actuelles, appartenant à ce qu’on appelle la petite faune sont identiques à celles de l’épo- que quarternaire tandis que tous les grands Mammifères de cette époque (Mammouth, Rhinocéros à uarines cloi- sonnées, Cerf à bois gigantesque, Bœufs et Chevaux sau- vages), ont disparu sous l'influence combinée des causes géologiques et de la main de l'Homme. Le Lion, qui vivait encore en Macédoine à l’époque d’'Hérodote, a reculé jusqu’en Perse, tandis que des Carnivores plus petits et plus faibles, se rattachant comme lui à la faune africaine, vivent encore en Europe : le Chacal en Morée, la Genette dans l'Ouest de la France, la Mangouste en Espagne. Dans les Iles Britanniques l'Ours, le Loup, le Renard, le Sanglier, le Cerf ont depuis longtemps dis- paru, et les Mammifères sauvages se trouvent réduits à la petite faune. On reviendra sur cette question en trai- tant de l'influence de l'Homme. cnrs SIT POINT DE VUE BOTANIQUE : INFLUENCE DU BESOIN DE NOURRITURE SUR LA DISTRIBUTION DES ANIMAUX D'une façon générale, on peut dire que tous les ani- maux tirent leur nourriture du règne végétal, car les animaux herbivores ou frugivores (phytophages) se nour- (1) Gaupry. Essai de Paléontologie philosophique, 1896, p, 53 et suivantes. 80 LE NATURALISTE rissent de plantes et les animaux carnivores(créophages), se nourrissent de ceux qui sont phytophages. La distribution géographique des animaux se trouve donc sous la dépendance étroite de celle des plantes, et cette considération a beaucoup plus d'intérêt, au point de vue qui nous occupe ici, que celle du climat dont on a longtemps exagéré l'importance. D’une façon générale, on peut dire que le climat n’exerce son activité sur les animaux que d’une façon indirecte, et par l'entremise du règne végétal. Il-est facile d'en citer de nombreux exemples. Lorsque les Martinets (Cypselus apus) quittent notre pays dès les premiers jours d'août, c'est-à-dire au milieu de l'été, ce n’est certainement pas la crainte du froid, mais la trop grande sécheresse de la saison chaude ayant pour conséquence la disette des Insectes, qui les pousse à émigrer. Il existe un rapport constant entre l'humidité de l’air, l'épanouissement du règne végétal et l’abon- dance des insectes, trois conditions qui se trouvent réa- lisées seulement au printemps dans le centre de l'Europe. Les trois mois que dure cette saison favorable suffisent aux Martinets pour élever leurs couvées : ils reprennent ensuite leur vie vagabonde. Nous avons dit que le Lion se montrait encore nonloin des rives méridionales de la mer Caspienne et le Tigre dans la vallée de l'Amour, au Sud-Est de la Sibérie. C’est grâce aux forêts qui couvrent ces deux régions que ces grands carnivores peuvent y vivre. Les forêts de Chênes du Farsistän offrent aux sangliers une abon- dante récolte de glands, et ce sontces hordes nombreuses de Sangliers qui fournisent au Lion la nourriture fraiche dont il a besoin, tous les deux jours, d’après Blan- ford (1). Le même gibier attire le Tigre dans les forêts au Nord de la Mongolie et sur les hauts plateaux du Tibet, où la longue fourrure dont ce grand félin se couvre en hiver lui permet de résister au froid. On a considéré longtemps les Singes comme exclusi- vement adaptés aux régions chaudes du globe. Les explorations récentes de l'Asie centrale ont montré que plusieurs espèces, appartenant aux genres Semnopithecus et Macacus, passaient l'hiver dans les forêts de Conifères qui couvrent les hautes chaines 'de montagnes du Tibet et du Cachemyr, s’y nourrissant des fruits, des bour- geons et des feuilles que ces arbres leur offrent en abon- dance, et courant sur la neige pour passer de l’un à l’autre. Une longue fourrure garantit également ces Singes contre le froid des hautes régions. Ainsi donc, c’est bien plus la question de nourriture que la question de température qui détermine la distri- bution géographique des animaux à l’époque actuelle, ce qui ne veut pas dire que tout animal puisse s'adapter brusquement à un climat donné : mais lorsque la transi- tion est graduelle et favorisée par des circonstances favo- rables, cette adaptation est généralement possible pourvu que l’animal trouve autour de lui la nourriture qui lui convient. (A suivre.) D' TROUESSART. (1 Paracky. Desrelations de la Géologie avec la distribution, des Animaux. (Congrès International de Zoologie, Paris, 1889, Comples Rendus des séances p. 160). Le Mécanisme ÉRUPTIONS VOLCANIQUES $ Jer Hypothèses anciennes et théories modernes. Les éruptions volcaniques doivent certainement être rangées parmi les plus grandioses, les plus impression- nants et les plus terribles phénomènes que présente notre globe. Tout concourt à leur donner cette redoutable supré- matie. C’est l’imprévu de leur apparition; c’est l’apparat colossal qu'elles prennent; c’est tout ce feu qui, tout à coup, porte la mort alors que quelques moments aupara- vant régnait la tranquillité la plus absolue. Ces terribles convulsions ont toujours vivement frappé l'imagination des peuples, et leur apparition est encore une énigme pour les savants; de nos jours, un grand nombre d’entre eux ne savent encore qu'en penser et errent entre les hy- pothèses les plus opposées. Or, si parmi les théories actuelles, il y en a de très sensées, nombreuses sont aussi celles qui ne valent que les naïves explications des premiers temps de l’histoire. Pour les anciens, les volcans étaient des montagnes hantées, et leurs éruptions étaient l’œuvre d’êtres puissants qu’elles abritaient dans leurs entrailles. Si l’Etna se mettait en éruption, c'était que l'indus- trieux forgeron des dieux avait quelque importante com- mande de foudres à livrer au plus vite à son maitre, et les redoutables détonations que l’on entendait, n’étaient autre chose que le retentissement des coups terribles que les Cyclopes, ses aides, portaient sur les enclumes; tous les autres volcans étaient habités par d’autres géants ou d’autres monstres, plus ou moins terribles. La science moderne bannit des entrailles des volcans Titans, Cyclopes et Dactyles; mais, jusqu’à présent, elle n’a pas encore réussi à substituer à l’absurde conception mythologique une explication vraiment scientifique. Or la question volcanique a une importance capitale, parce que, selon la conception que l’on peut se faire de leur rôle dans l’économie générale, il faut y conformer toutes les théories relatives à la formation et à la consti- tution de la terre (1). Malheureusement toutes les théories exposées jusqu'à présent, même celles qui sont le plus en vogue, pré- sentent encore de grandes lacunes qui laissent la porte ouverte aux hypothèses les plus opposées. Et cependant les volcans ont toujours été l’objet de bien des études qui constituent, tant elles sont nombreuses, toute une littérature. Soit qu'on examine les vieux in-folio exposant les théories d'il y a déjà un siècle, soit qu’on feuiilette les (1) La division de l’enseignement géologique en écoles dis- tinctes plus ou moins antagonistes les unes des autres (division qui entrave énormément les progrès de la science), résulte pres- que entièrement de la manière d'envisager le rôle des volcans. manuels sans prétention de notre enseignement officiel, qui débitent les théories actuellement en vogue, on trouve avec quelques variantes toujours le même schéma. C’est toujours la même montagne percée du même trou, à peu près vertical, aboutissant à la nappe des matières laviques fondues. Et en ces quelques mots on croit avoir tout expliqué. Ce serait comme si l’on ne voulait accorder aucune utilité à la chaudière et aux pistons d’une machine quel- c z ER = LR RES NN RTS ET EE EF TT RER | | RESTE E eme — FRS Pr ee EE EEE 82 LE NATURALISTE long de 73 et large de 9 kilomètres avec des épaisseurs qui, en quelques points, étaient de 500 pieds. M. Pfaff calcula que ces deux seules coulées (qu'il évalua à 11 ki- lomètres cubes à peu près), laisseraient un vide de 100 mètres de hauteur sur une étendue de 110 kilomètres carrés. Vide insignifiant, comme le remarque M. le pro- fesseur de Lapparent, auquel j'ai emprunté cette note, si on le considère réparti dans toute la pyrosphère, très grand s’il s'agit de foyers localiséset indépendants. Il faut ajouter que ces coulées de lave ne repré- sentent presque toujours qu'une partie de la lave rejetée par le volcan. Dans toutes les grandes éruptions, la plus grande partie des émissions sont constituées par des cendres, des lapillis, etc. D'où il s'ensuit que le chiffre exposé par M. Pfaff doit être au moins doublé. Ajou- tons que, 90 années après, le même volcan en rejeta presque autant. Le Krakatoa, dans sa colossale éruption de 1883, a vomi une masse de lave, évaluée à 18 kilomètres cubes. L'explosion du Timboro, en 1815, causa la mort de presque tous les habitants de l'ile Sumbava : il couvrit de cendre une superficie à peu près égale à celle de toute l'Allemagne; et d’après les calculs donnant les chiffres les moins élevés, la lave émise aurait surpassé l'énorme volume de 200 kilomètres cubes (1). Si l’on se met à calculer la masse totale des éjections solides vomies par certains volcans, on trouve des chiffres formidables. Presque toutes les montagnes volcaniques, même les plus colossales, sont entièrement constituées de cendre, lapillis et coulées, qui se sont accumulées autour du cra- tère; certaines d’entre elles ont commencé leur travail au fond même de la meret n’en élèvent pas moins leur sommet à des hauteurs prodigieuses. De ce nombre est l'Etna. Ce célèbre volcan a com- mencé à entrer en activité pendant l’époque tertiaire; c'est-à-dire il y a quelques millions d'années. Peu à peu, ses déjections comblèrent la mer qui l’en- vironnait; puis, sur ce support, amassant torrents de lave sur torrents, lits de scories sur lits, il forma son cône qui constitue le plus imposant amas de matières volca- niques de toute l’Europe. Son sommet s'élève à 3.313 mètres au-dessus du niveau de la mer, et sa base occupe une superficie de 1.400 kilo- mètres carrés. Sa masse pourrait s’'évaluer par le res- pectable chiffre de 1,540 kilomètres cubes. Il faudrait encore ajouter à cela le volume indétermi- nable des coulées sous-marines qui en forment le sous- bassement et celui de toutes les poussières que les vents ont dispersées. Si, comme le comporteraient les théories de M. Hop- kins, de Sterry Hunt et de Mollet, le foyer de ce vol- can, la source d’où jaillirent toutes ces émissions, était localisé dans une région limitée de la croute terrestre, cette poche füt-elle de la capacité des plus grands lacs d'Europe, même du lac Ladoga, le plus grand de tous, (1) Le nuage de cendre était tellement dense que le soleil resta trois jours totalement obscurci; et non seulement au-dessus des contrées qui environnent le volcan, mais aussi au-dessus de toutes les autres îles qui se trouvent dans ces parages, et jusque dans l'ile Médoera, éloignée du volcan de 500 kilomètres. L'ile Lombock située à plus de’120 kilomètres au large de Sumbava fut recouverte d'une couche de cendre haute de 60 centimètres, qui détruisit toutes les récoltes, et 44,400 personnes y moururent de faim. serait vidé depuis bien des siècles, et, par suite, l'Etna serait passé dans la catégorie des volcans éteints; pourtant comme tout le monde le sait, il ne se montre nullement disposé à renoncer à son vieux nom quisignifie l'ardent ! L'Etna, à lui seul, constitue le plus probant démenti de toute théorie volcanique, basée sur l'hypothèse des réservoirs laviques isolés (1). Cela posé, il faut admettre que la lave forme au-des- - sous de la croûte terrestre, une nappe continue. Quant à établir si toutes les matières qui se trouvent au-dessous de cette nappe sont dans un état de fusion plus ou moins complèt (théorie de la pyrosphère), ou si, au-dessous de la couche lavique, il y a un noyau solide, ce sont des questions que nous ne désirons nulle- ment soulever. Il nous suffit d’avoir démontré que la lave fondue doit former une nappe fluide ayant la facilité de circuler, au moins, dans la mesure nécessaire pour remplacer les vides locaux produits par chaque érup- tion (2). Professeur FRÉDÉRIC CORDENONS (A suivre.) DE PADOUE. CHRONIQUE & NOUVELLES Les fonctions multiples de la pince des forficules. — Les facteurs de la structure chez les vegétaux et la turges- cence. — Action de la radioactivité sur les larves de gre- nouilles. M. H. Gadeau de Kerville a présenté à la Société z00- logique de France une note sur le rôle de la pince des perce-oreilles, insectes peu sympathiques. Ce rôle est multiple. La pince est d’abord un organe de défense et d'attaque. On sait que, lorsqu'ils sont inquiétés, les for- ficulidés relèvent leur pince et en écartent les branches d’une façon menaçante. Ce moyen leur réussit très bien auprès de beaucoup de personnes qui n’osent pas alors les prendre avec les doigts. Quand on saisit par saspartie antérieure un Forficularia auricularia, il s'efforce de pin- cer la peau. Très généralement, il ne cause pas de dou- leur ; mais le contraire a lieu parfois et certaines espèces pincent jusqu'au sang. À ce propos, M. G. A. Baer a fait connaître la manière de se comporter d’une espèce exo- tique, l'Apterygidia linearis. « Dans les derniers jours de novembre, raconte-t-il, cette espèce était extrêmement abondante et diverses personnes de la maison de mon hôte en ont recu des piqüres soit au cou, soit à la figure, le soir, au lit, sans doute en cherchant à écarter de la main l'insecte qui les chatouillait en courant sur la peau. La piqüre double, qui fait sortir régulièrement deux gout- (1) De son côté M. Lowthian Green a estimé l'ensemble des déjections solides du volcan d'Hawaïi à 11.000 kilomètres cubes ce qui suffirait pour couvrir l'Angleterre tout entière d’une couche de basalte de 83 à 84 mètres) et celles du volcan des iles Sandwich à 300.000 kilomètres cubes; ce qui serait suffi- sant pour couvrir l’Europe entière d'une nappe de 32 à 33 mètres d'épaisseur. (2) Dernièrement M. Alphonse Stübel a tenté de remettre à la mode la vieille théorie de M. Hopking. Quoiqu'il la présente sous un jour nouveau, c'esttoujours la même chose (Voir Ein Wort über den Silz der vulkanisce Kräffe in der Gegenwart, brochure publiée dans le Mittheilung aus dem Museum für Volkerkunde zu Leipzig, 1901). LE NATURALISTE 83 telettes de sang, produit l'effet d’une brülure, la douleur se dissipant assez rapidement, la plupart du temps; elle laisse deux points rouges très marqués et, souvent, il survient une inflammation indurée blanchâtre, de peu détendue, qui persiste pendant plusieurs jours. Mon jeune chasseur qui dormait dans une chambre située sous les toits, où ces perce-oreilles, attirés par la lumiere, étaient particulièrement abondants, en était sérieuse- ment incommodé; le matin il portait souvent plusieurs paires de piqüres fort visibles sur les côtés de la figure. Il reste à savoir s’il s’agit là pour l'insecte d’un véritable moyen de défense, ou s’il implante ses deux pinces dans la peau uniquement pour ne pas tomber lorsquon cherche à l’écarter. Quand on prend l’insecte dans le creux de la main, il ne cherche jamais à piquer. J'ignore s'il s’agit là d’un fait non encore signalé; je n’ai eu l’oc- casion de l’observer qu'à Santa-Ana où ces perce-oreilles entraient dans les maisons, le soir, par milliers. Dans les autres localités du Tucuman que j'ai visitées, ils étaient bien moins abondants et on n’en était nullement incommodé. » re Sila pince des forficulidés est, d’une façon générale, inoffensive ou à peu près pour l’homme, eile constitue néanmoins un bon organe de défense à l’égard des petits animaux, ce qui est confirmé par le fait que la pince est aussi un organe d'attaque. En effet, les forficulidés ne se nourrissent pas seulement de substances végétales vivantes et mortes et de substances animales mortes, mais ils mangent aussi des bestioles vivantes, et, dans ce cas, leur pince leur est souvent très utile. Dans une note concernant le Labidura riperia, M. Malcolm Burr a fait connaitre qu'ayant captivé un mâle de celte espèce, il l'avait mis dans une petite bouteille et le nourrissait avec des mouches que le perce-oreille dévorait avide- ment. Un jour, il lui donna une grosse mouche bleue. Comme il la laissait tomber dans la bouteille, l’insecte releva de suite, rapidement et verticalement sa pince avec laquelle il saisit solidement la mouche dont le corps fut entièrement pénétré par une branche de la pince. La mouche était tombée sur la partie postérieure du corps du perce-oreilles, et, cependant, ce dernier la saisit ins- tantanément et avec beaucoup d'adresse, comme s'il l'avait vue venir. Le fait a été confirmé par plusieurs autres naturalistes. La pince sert aussi à maintenir les deux sexes pendant . l’accouplement ou plutôt pendant les préliminaires. Enfr, la pince est employée pour le déploiement et le reploiement des aïles et le soulèvement des élytres. L’ob- servation en a été faite par M. Paul Noël, qui, un soir, guettait des Forficules grimpant à un piquet : « Arrivés au sommet, ils ouvraient leurs élytres, puis, en recour- ‘“hbant en avant la partie postérieure de leur corps, ils déployaient leurs ailes à l’aide de leur pince et s’envo- laient. J'en ai vu certainement une vingtaine pendant cette soirée, mais je n'ai pas eu, depuis, l’occasion d’ob- server de nouveau ce fait intéressant. » De son côté, M. Grant Allen a montré qu'à une certaine phase du reploiement des ailes, les branches de la pince suppléent à l’action des muscles des ailes, l’insecte relevant soudai- nement sa pince, écartant ses branches et appliquant l'extrémité pointue de ces dernières au bout des ailes, mouvements qui s’exécutaient très rapidement. Et M. G. Morrin a observé bien des fois chez un Forficule que la pince, relevée, servait invariablement à soulever les courtes élytres avant le déploiement des ailes, mais n’était pas utilisée pour déployer ces dernières. # x On sait, depuis les expériences de M. Gaston Bonnier et de ses élèves, que la structure des plantes varie beaucoup avecle milieu. M. J. Laurent vient de chercher | } à faire la synthèse des résultats obtenus, et s'efforce de montrer qu'ils sont sous la dépendance : 1° des change- ments de pression osmotique qui occasionnent des chan- gements de turgescence ; 2° de la nature spécifique des substances capables d'agir osmotiquement. Les travaux de Costantin sur la structure des plantes aquatiques, ont permis d'établir que l’eau gêne la ligni- fication. Ce résultat indiscutable est d'autant plus curieux que les vaisseaux par lesquels l’eau circule, sont tou- jours les premiers et parfois les seuls éléments lignifiés. Mais si l’on remarque que les vaisseaux du bois comptent parmi les premiers tissus différenciés, on pourra penser que la lignification est antérieure au courant d’eau, et qu'au moment où celui-ci s'établit, la différenciation est déjà accomplie. Inversement, les cultures de Laurent sur glucose, sac- charose et parfois aussi glycérine, montrent qu'un excès de composés carburés exagère la lignification. En rap- prochant ces deux groupes d'observations, on peut donc conclure que les tissus les plus fortement imprégnés de lignine, seront à la fois pauvres en eau et riches en com- posés hydrocarbonés. On comprend ainsi les résultats obtenus par Lhôtelier dans ses recherches sur les plantes à piquants, car chez les végétaux cultivés dans une atmosphère sèche, la transpirationse trouve considérablement activée, etla cir- culation de l’eau (qui apporte des sels minéraux) dans le corps de la plante, devient plus rapide sans que, néan- moins, la turgescence parvienne à s'établir; il y a donc élaboration d’une forte proportion d'hydrates de carbone et lignification hâtive, capable de suspendre la croissance. Inversement, les végétaux développés dans une atmo- sphère saturée la vapeur d’eau, et mieux encore, les plantes aquatiques transpirent faiblement, absorbent peu de sels minéraux et fabriquent moins de matières su- crées; on comprend que la lignification y soit d'autant moins avancée que les tissus sont plus riches en eau. Chez un certain nombre de monocotylédones, telles que le maïs ou l'iris, le retard dans la lignification des cellules de l’endoderme de la racine situées en face des faisceaux ligueux est de mêmela conséquence du courant d’eau qui se dirige vers les vaisseaux. Enfin, l'exception offerte par les monocotylédones marines qui, seules parmi les plantes aquatiques, ont des tissus bien lignifiés s'explique naturellement par la concentration saline de l'eau de mer, et surtout par sa richesse en sels de potas- sium, qui facilitent l'élaboration des composés hydro- carbonés. On sait que les plantes étiolées sont caractérisées à la fois par l'allongement anormal de la tige qui reste grêle avec des cellules longues et étroites, et par la réduction de l’appareil de soutien, c’est-à-dire des dessous ligmifiés ; d'après Rauwenhoff, les cellules sont deux ou trois fois plus longues chez ces végétaux que chez les mêmes espèces cultivées à la lumiere. De Vries ayant constaté que les tissus étiolés sont plus riches en acides organiques, avait pensé tout d’abord que la turgescence y était plus forte; mais les recherches précises de Stange ont montré au contraire que la pres- sion osmotique interne, déterminée par des expériences de plasmolyse, y est sensiblement moindre. Ainsi avec Helianthus annuus, la plasmolyse est obtenue avec une solution de salpêtre renfermant les 25 % du poids molé- culaire de ce sel par litre chez les plantes étiolées, tandis que chez les plantes vertes, la concentration de la solu- tion plasmolysante doit atteindre 55 à 60 % du poids moléculaire. Il y a aussi pour ces dernières un excès de pression osmatique de 10 à 12 atmosphères. On comprend ainsi la croissance rapide de la tige et la forme particulière des cellules à l'obscurité. On peut remarquer d'autre part que, dans le développement à l'obscurité, sur solutions exclusivement minérales, la ESS ee ER 84 LE NATURALISTE fonction chlorophyllienne faisant défaut, la plante ne peut utiliser que les hydrates de carbone provenant de la digestion des réserves de la graine; il y a donc moins d'hydrates de carbone dans les tissus qui sont en outre plus riches en eau à cause de leur transpiration ralentie ; on a eu souvent diminution de pression osmotiqueinterne et de la proportion de matières sucrées, phénomènes qui expliquera suffisamment la croissance rapide et l'absence de lignification. Les cultures expérimentales de M. G. Bonnier à la lumière continue, conduisent à des conclusions diamé- tralement opposées à celles fournies par les cultures à l'obscurité. Il est certain que la continuité de la fonc- tion chlorophyllienne, détermine une production plus élevée d'hydrate de carbone qui pourra être, ilest vrai, partiellement précipités sous forme d’amidon, mais qui provoquera nécessairement une augmentation de pres- sion osmotique interne. A la lumière continue, les plantes sont plus courtes et plus charnues, et les cellules présentent en général un plus grand diamètre. Quant au retard dans la différenciation, malgré une proportion plus grande d’hydrate de carbone, il faudrait connaître la proporlion d'eau contenue dans les tissus pour arriver à l'interprêter. * x M. P. Wintrebert a étudié l'influence des eaux radio- actives sur la croissance et la métamorphose des larves de la grenouille verte. Il à fait, pour cela, choix des eaux de Plombières qui, d'aprés MM. Curie et Laborde, sont des plus riches de France en émanations radio- actives; elles sont, d'autre part, pauvrement minéralisées et conviennent parfaitement à l'élevage des animaux aquatiques; leur analyse ne décèle, en dehors des éma- nations, aucune substance active à qui leurs effets puissent être rapportés. Les têtards furent apportés d’un étang voisin et séparés pour chaque expérience en deux lots, comprenant chacun un nombre égal de larves au même degré de développement. Pour chaque expérience, un des lots fut placé dans l'eau thermale refroidie ; l’autre lot, formé d’un nombre égal de têtards semblables, fut mis dans l’eau de ruissellement de la région, aussi peu minéralisée que la précédente. Des herbes, retenant un peu du fond boueux de l'étang, étaient renouvelées pério- diquement dans les récipients et les animaux trouvaient ainsi leur nourriture habituelle. M. Wintrebert conclut de ses expériences, que les eaux radio-actives de Plombières, déterminent une accé- lération de la croissance et de la métamorphose chez les larves de la grenouille verte. Cette accélération se mani- feste le plus vivement quand, avec une radio-activité très faible, longtemps} prolongée, les conditions biolo- giques les plus favorables sont réalisées. HENRI COUPIN. Le Lièvre d'Égypte" La nature lascive et prolifique du lièvre, le fit aussi consacrer à Aphrodite; on le voit parfois accroupi à côté de cette déesse ou dans les cérémonies relevant de son culte. On a trouvé des lièvres de bronze offerts en ex- voto à Apollon de Priène. Malgré cette transformation le lièvre conserva la plu- part des attributions dontil était revêtu dans le mythe osi- ES RE AT PR el (1) Voir le Naturaliste, n°5 456 et 457. rien. Sur un scarcophage romain du 11e siècle (4) deux lièvres placés l’un à droite, l’autre à gauche de l’inscrip- tion funéraire veillent auprès du défunt pour détourner de lui les influences funestes, le protéger contre les malé- fices. D’après Pausanias, ce fut Diane, c’est-à-dire la lune qui conseilla aux exilés chassés de leur patrie de fonder une ville autour d’un buisson de myrte où ils verraient un lièvre se réfugier (2). Voici, en outre, un marbre grec nous montrant le lièvre dans son rôle à la fois in- fernal et lunaire. Il représente une triple Hécate tenant, à la main gauche, un lièvre par les pattes de devant (3). (fig. 17). Or cette divinité était la personnification de la = DU ) 7 VA ) A 2|, = : Fig. 11. — Hécate, sculpture grecque. lune triste, voilée, dont la lumière débile, en se projetant sur les tombeaux, leur donne des formes fantastiques, objetsde terreur et d’épouvante. Ces impressions sinistres la firent pareillement considérer comme déesse des évo- cations infernales et compagne de Perséphone. Ce furent, sans doute, les gnostiques d'Alexandrie qui introduisirent le lièvre dans le christianisme. Divers monuments de l’antiquité chrétienne : lampes, pierres gravées, dalles sépulcrales etc., nous montrentle rôle de ce rongeur transformé à nouveau; mais quoique sa signi- fication soit restée quelque peu incertaine, on s’accorde à lui reconnaître un caractère empreint de mysticisme. Courant vers le monogramme du Christ ou vers une colombe qui, au bec, porte un rameau d’olivier couvert de feuilles et de fruits, le lièvre symboliserait la course de la vie au bout de laquelle le chrétien trouve sa récom- pense. Poursuivi par un chien, il serait l'emblème des tribulations de la primitive Eglise; enfin, on a vu l’image (1) L. Mic. Voyage dans les départements du Midi de la France. Paris, 1807. Atlas, pl. XXVIII. (2) Pausanras. Laconie, liv. III, ch. 22. (3) Pacraunio. Monumenta Peloponesia, t. IT, p. 188. RTS RIRES 7 \ des félicités paradisiaques dans un lièvre mangeant un raisin, gravé sur le tombeau d’un enfant (4). Le symbolisme du lièvre fit également sentir son in- fluence sur l'imagination des conteurs; de nombreuses fables nous en ont conservé le souvenir. Dans l’Aigle et l'Escarbot, d'Esope, le lièvre poursuivi par un aigle va se réfugier auprès du gite de l’escarbot lui demandant son appui. Intercédant en faveur de son protégé, l'insecte supplie l'aigle de l’épargner, mais sourd à ses prières, l'oiseau de proie se ljette sur sa victime et la met en pièces. Indigné d’une semblable injure, l’escarbotne cesse dès lors d’exercer contre le ravisseur une vengeance implacable ; il le persécute jusqu’au giron de Jupiter où, malgré l'intervention du maître de l’Olympe, il lui refuse toute miséricorde. Tel est le résumé de cette fable dans laquelle l’escarbot, qui est le scarabée sacré des anciens Egyptiens, nous révèle une provenance pharaonique. On a vu plus haut quel rôle joue le lièvre auprès d'Osiris. Or, celui-ci est le soleil qu'on symbolisait quelquefois par le scarabée (2). Ce coléoptère représentait donc aussi Osiris, lequel ne pouvait, sans injustice, refuser sa pro- tection à un animal qui, non seulement lui était consa- cré, mais encore se présentait en suppliant, venant implorer le droit d'asile. Quant à l’autreépisode du même récit, le lièvre dévoré par l’aigle, on en trouve la plus lointaine origine dans une image seulptée sur les rochers d'Euiuk en Cappa- doce (3). Elle représente l'aigle bicéphale tenant un lièvre dans chacune de ses serres; nous rencontrons le même emblème arboré comme étendard, par les Sassa- nides (fig. 18). Des tétradrachmes d’Agrigente, portant Fig. 18. — Etendard sassanide. aussi deux aigles en train de dévorer le lièvre, pourraient servir d'illustration à ce passage de l'Agamemnon d'Eschyle : « Aux rois de la flotte, un roi des oiseaux au noir plumage, puis un autre blanc sur le dos, près du palais, somptueuse demeure, ont apparu du côté où se porte la lance. Ils dévoraient une hase pleine, prête à mettre bas. Toute une génération de lièvres, ainsi sur- (1) Perrer. Les Calacombes de Rome, vol. IV, PI. xvr, n°° 43,44; vol. V, PL. xr, n°4. — Borpetri. Osservazioni sopra À cimileri le santi Martiri, ete., lib. IT, ch. 11, p.310. — Marri- any. Dict. des antiqg. chrétiennes, p. 426. (2) Voir le scarabée sacré dans Le Naturaliste, n°* du 15 juin et du 1er juillet 1905, (3) Perrot et Guirraume. Exploration archéologique de la Galatie et de la Bilhynie, vol. I, PI LXVIII. LE NATURALISTE 85 a A hp prise, avait couru pour la dernière fois. » Sur une coupe de bronze, découverte à Ninive, les aigles sont rempla- cées par deux vautours. Enfin, le lièvre déchiré par un aigle, est fréquemment reproduit sur le revers des monnaies de l’Elide. En s’appropriant les traditions de l'Egypte, les Grecs leur donnèrent une diffusion extraordinaire; c'est ainsi qu'après la conquête de la Bactriane par Alexandre le Grand, la plupart d’entre elles pénétrèrent dans l'Inde où, malgré leur transformation, on en trouve encore quelques réminiscences. Ce fut le cas pour le mythe lépo- ride, lequel a inspiré des fables qui, tout en conservant ill | M) de (ll Se ns te = (= (eut me jeu = en = — em un dun ent eu eme me Fig. 19. — Bas-relief ninivite. un écho lointain de la version primitive, s'étendent de préférence sur la phase lunaire de ce mythe. Des exemples feront mieux comprendre le sens de mes paroles. D’après une légende boudhiste, Indra, deman- dant un jour l’aumône, déguisé en pèlerin, se présenta devant le lièvre qui, n'ayant rien à lui offrir, se jeta vo- lontairement dans le feu pour lui servir de nourriture. Emerveillé d’une aussi belle action, le dieu voulant en récompenser l’auteur, le métamorphosa aussitôt et fit de lui la lune. Dans un conteindien, s'adressant au roi des éléphants pour l'inviter à mettre un terme à l'écrase- ment des lièvres vivant sur les bords du lac de la lune, c'estau nom de celle-ci que le lièvre formule sa demande, Un autre passage du même conte déclarant le roi des lièvres, Vigayadatta, comme dieu de la mort, ayant la lune pour résidence, pourrait servir de commentaire à ces disques de bronze, ornés d’un lièvre courant, qui surmontent la tête de Khons-Lunus. On a vu qu'Osiris, Se SI À af fr DL | 86 LE NATURALISTE dont le lièvre était l'emblème, représentait aussi le dieu des morts. Des récits mongols, slaves ou esthoniens ont, de nos jours encore, conservé des traces du lièvre-lune. D'autres histoires nous montrent le lièvre protecteur du faible contre le fort; prenant sa revanche sur des animaux dont il eut à subir les cruautés; où le voit, tour à tour, triompher du lion par la ruse, se moquer de l'aigle sur le point d'expirer en se plaignant d’être percé d'une flèche faite avec les plumes d’un oiseau de sa race; venger enfin ses petits par l’anéantissement des aiglons en déracinant et faisant tomber l'arbre où se trouve leur nid, L’extrême fécondité du lièvre fit croire à une superfé- tation de sa progéniture et donna lieu à de ridicules his- toires qu'il serait oiseux de rapporter ici (1). Ce ron- PHippolyte-Boussac del: Fig. 20. — Retour de la chasse, sculpture thébaine. geur a toujours eu quelque chose d’occulte, et il n'y a pas longtemps encore, il passait pour un être ensorcelé. Considéré comme impur, le lièvre fut interdit aux Hébreux par la loi mosaique (2); une raison semblable en défend l’usage aux sectateurs de Mahomet ; les Abys= siniens rejettent cette viande, et tous les Orientaux, de n'importe quelle religion, s'abstiennent d'en manger. Il n'en était pas de même chez les Assyriens ; capturé avec l’arc, comme le peut faire supposer un bas-relief ninivite, le lièvre figure parmi les provisions de bouche, oiseaux, sauterelles, raisins, grenades et autres vic- tuailles, destinées au festin royal (fig. 19). Les Egyptiens qui, pareillement, le chassaient pour s’en nourrir, le prenaient à coups de flèches ou le forcaient au chien courant. Une sculpture memphite, où figure un lièvre (4) Pune. Hist. nat., VIII, 81, 1. faut pas emprunter à usure, 4. (2) Lévilique, ch. x1, v. 6. Deutéronome, ch. xrv, v. 1. — PLurARQUE. Qu'il ne porté vivant dans une cage, nous autorise à croire que le piège était aussi quelquefois employé. Sans nous attarder à la description des tableaux cyné- gétiques, assez fréquents dans les syringes, nous signa- lerons, entre autres sujets du même genre, un bas-relief colorié représentant le retour de la chasse. Accompagné de son chien, un piqueur aux formes élégantes porte sur ses épaules une gazelle dont il ramène, avec la main droite, les quatre pattes vers sa poitrine, à la main gauche pend un lièvre que, sans facon, il tient par les oreilles. Ce groupe harmonieux dans son ensemble et d’une irréprochable facture, dénote chez son auteur un sens très développé du pittoresque joint à une grande habileté d'arrangement (fig. 20). Aucun texte ne nous apprend de quelle manière les Egyptiens accommodaientle lièvre; mais d’après Archis- trate, cuisinier célèbre cité par Athénée, il y avait plu- sieurs manières de le préparer; la meilleure était de le servir brûlant, un peu rouge après l’avoir saupoudré de sel en le tirant de la broche; les autres procédés, selon P Hippolyte- Bou ssac del: Fig. 21. — Tapisserie copte. lui, constituent une cuisine à peine) bonne pour les chats (1). Avec ses oreilles fantastiques et son corps oblong, le lièvre possède une silhouette empreinte d'originalité, plu- tôt amusante, et facile à saisir. Aussi, dès la plus haute antiquité, figure-t-il comme motif ornemental sur des objets de toute provenance et de toute nature. Cérami- ques égyptiennes, coupes de bronze découvertes à Ninive poteries grecques archaïques, mosaïques de l'Afrique romaine, nous le montrent, soit seul, soit disposé en théories alternant avec d’autres animaux, dans des frises superposées. Ce dernier principe de décoration nous est également offert par des vases de terre cuite fabriqués à Lutèce. Des monnaies de Messine portent, au revers, un lièvre courant à droite; enfin notre moyen âgeena fait maintes fois usage dans son armorial. Les Coptes voyant dans le lièvre un élément décoratif fort pittoresque, l’employèrent fréquemment, et souvent (1) Arusnée. Banquet des Savants, liv. IX, ch. 14. LE NATURALISTE 87 RER NERO ee ee tn) UM 4 avec bonheur, dans leurs stèles sculptées etleurs tapisse- ries (fig. 21). Mais ce furent les artistes contemporains des pharaons qui, surtout, excellèrent dans la représentation de cequadrupède. Servis parune incomparable technique, ils ont rendu le lièvre de leur pays avec son caractère si bien déterminé, une telle précision dans le détail, un sentiment de vérité si extraordinaire que placées dans nos musées, la plupart de leurs images figureraient très dignement à côté des œuvres d'art les plus remarqua- bles. P. HIPPOLYTE BoussaAC. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur le gisement huîtrier naturel de la Macta (Algé- rie) et le régime d'écoulement de cette rivière. — (Note de M. J. Bounurior, présentée par M . ALFRED GiaRD. La Macta débouche au fond du Golfe d'Arzew après avoir cheminé parallèlement au rivage pendant plus de 5 kilomètres. Sur près de 6 kilomètres à partir de l'embouchure se trouvent fixées sur les végétations et les débris végétaux immergés qui encombrent les bords de la rivière des huitres en quantité consi- dérable. (Ostrea lamellosa el Ostrea edulis). Ce qu'il y ade cu- rieux c’est que parmi ces innombrables huîtres recueillies sur le bord de la rivière on n’en rencontre jamais que de très jeunes, âgées de quelques mois à un an, dont la coquille mince, rapide- ment développée un diamètre de 2 centimètres à 4 centi- mètres environ, et cela seulement en automne, vers le com- mencement de décembre ; tandis qu’au printemps au contraire, c’est-à-dire vers mars à avril, on ne trouve plus de mollusques vivants. Il y a donc une cause destructive agissant en hiver c'est-à-dire pendant la saison pluvieuse algérienne. Or à ce mo- ment la Macta subit des crues considérables, Dans les 6 der- niers kilomètres de son cours, son écoulement, très lenten temps ordinaire, devient plus rapide, son eau saumätre devient presque complètement douce : or c’est à ce changement brusque dans la salure de l’eau qu'il faut attribuer les hécatombes périodiques d’huitres. Mais un dernier point restait à élucider. Si tous les animaux mouraient très jeunes chaque hiver, d'où provenaient les em- bryons qui, tous les printemps, repeuplaient avec une étonnante rapidité le cours inférieur de la Macta? Il y a des huitres dans le golfe d'Arzew et il était d’abord à penser qu'à certaines époques les courants marins superficiels pouvaient en amener un certain nombre dans la rivière. Il parais- sait cependant bien difficile d'expliquer ainsi ce repeuplement, en quelque sorte automatique et se faisant partout à la fois sur six kilomètres. Or en explorant le fond du fleuve qui est partout très profond (4 mètres à 6 mètres environ), on y trouve de nombreuses huîtres, volumineuses celles-là, et de tous les âges. encore fixées sur les supports, qui, après s'être détachées du bord, avaient roulé au fond. Ces huitres sont toujours bien vivantes et pour cause : la densité de l’eau y est toujours sensiblement constante. Etude chimique sur les graines dites « Pois de Java ». — (Note de M. Eure Konn-ABresr, présentée par M. Gur- GNARD. L'auteur a étudié la quantité d'acide cyanhydrique contenue dans les graines désignées sous le nom de Pois de Java, analo- gues à celles du Phaseolus lunatus. Le mélange sur lequel ont porté les expériences comprenait au moins neuf _variétés de graines, différentes par leur couleur. Ces graines, mises à macé- rer dans l’eau ordinaire, abandonnent de l'acide cyanhydrique ainsi qu'on l’a constaté pour le Phaseplus lunatus et pour d'autre graines analogues. Les proportions d'acide cyanhydrique pro- duites différent très notablement, selon les variétés des graines et selon les conditions de l'expérience. Par simple macération dans l’eau pendant quelques heures, la majeure partie de l’acide cyanhydrique que peuvent fournir les graines, est mise en liberté. La graine qui fournit le plus d'acide cyanhydrique est celle d'une variété brune, très claire avec des taches noires. L'acide cyanhydrique ne semble pas exister dans le végétal à l’état libre, sinon en de très faibles proportions. $Si l’on distille les graines en présence d’une solution d'acide lartrique à 5 pour 100, on n'obtient que des traces d'acide cyanhydrique. L'action de l'acide chlorhydrique à petites doses conduit à des résultats intéressants. Tandis que, avec l'acide assez concen- tré, on met en liberté des doses importantes d'acide cyanhy- drique, ainsi qu’il a été dit plus haut, ‘et comme l’orit déjà cons- taté Dunstan et Henry sur les graines du Phaseolus lunalus, au contraire la distillation en présence de solutions chlorhydriques très faibles, (0,8; 0,4; 0,2 et 0,13 pour 100) ne fournit que de Minimes quantités d'acide cyanhydrique. Ces quantités sont faibles, même si on laisse macérer les graines pendant assez longtemps à l'étuve dans les solutions chlorhydriques très diluées. L'acide chlorhydrique, dans ces conditions, paraît donc para- lyser l’action hydrolytique qui donne naissance à l'acide cyan- hydrique. L'auteur se propose d'étudier et d'isoler la matière qui donne naissance à l'acide cyanhydrique. Sur le caractère chimiqne des vins provenant des vignes atteintes par le mildew. — Note de M. E. Man- CEAU, présentée par M. Troosr. Dans les vins des vignes attaquées par le Mildew, on trouve moins d'alcool, plus d’acidité totale, une proportion très élevée de matières organiques azotées ; plus de matières minérales, de potasse, d'acide phosphorique et beaucoup moins d’acide tartri- que libre que dans les vins des vignes sulfatées non infestées par le champignon. Il résulte de ces recherches et des observations faites depuis dix ans, que les vins provenant de vignes atteintes par le Mildew ne présentent pas d’altération microbienne spéciale et que leurs altérations microbiennes ne se confondent pas avec la maladie de la tourne comme on le croyait généralement. Ces vins présentent tout simplement une composition chimi- que anormale, qui peut leur donner une saveur particulière et qui les rend moins résistants que les vins normaux à l'oxyda- tion et à l'attaque des germes de maladie. Sur la durée de persistance de l'activité du cœur isolé. — Note de M. LAmBErT. Des divergences d'opinion subsistent entre les différents expé- rimentateurs au sujet de l'interprétation du mode d'action des milieux artificiels, notamment en ce qui concerne les sels, la néces- sité de l'oxygène, la valeur nutritive de substances diverses pour la survie du cœur de grenouille isolé. Kronecker etses élèves n’ont cessé de soutenir la nécessité d'un apport de potentiel énergétique, tandis que d’autres (Gaule, Ringer, etc.) croient le cœur capable de travailler aux dépens de sa propre substance. Comme la preuve directe de la consommation de l'aliment supposé ne peut pas être donnée en raison de sa faible grandeur, on a cherché à la déduire de la reprise des battements d'un cœur arrêté par sub- sttution d'un liquide nutritif à un liquide non nutritif. Cette reprise, ou le renforcement de l'énergie cardiaque (Heffter), dans les conditions où elle à été observée, parait susceptible d'interprétations différentes. Quoi qu'il en soit, que le cœur où circule une solution exclu- sivement saline lire son énergie soit de réserves intracellulaires, soit de résidus extracellulaires, mais très adhérents au tissu cardiaqne,’si la solution suffit à assurer les échanges matériels, il parait vraisemblable que la rapidité de l’épuisement du cœur doit dépendre de la grandeur. de l’utilisation de ses réserves énergétiques. L'auteur a ainsi été amené à rechercher s’il existait une rela- tion entre la durée de survie du cœur isolé et le travail qu'il accomplit. Lorsque le cœur n’a à lutter contre aucune pression, les batte- ments spontanés peuvent persister fort longtemos et cela d'au- tant plus que l'expérience aura été conduite aseptiquement, cas auquel on les observe aisément pendant plus de cinq jours. En comparant entre elles les expériences exécutées avec des pressions différentes, on constate que l'efficacité des battements manifestée par l'écoulement du liquide à l’orilice artériel cesse d'autant plus rapidement que la pression est plus forte, Les contractions continuent sans que lécoulement se produise pen- dant un certain temps, puis s’arrétent. te dé cl ms en 88 LE NATURALISTE Siace moment on abaisse l’orifice du tube artériel et qu'on laisse circuler du liquide de manière à renouveler celui qui se trouvait au contact du cœur, on observe bien une reprise, mais elle est de courte durée et la cessation des battements spontanés est bientôt définitive. La raison principale de l'arrêt du cœur paraît donc être l'épuisement de ses réserves et non l’accumu- lation de substances fatigantes, éliminées par le lavage. La durée de persistance de la puissance du cœur dépend sur- tout de la pression qu'il a à surmonter. Dans des expériences comparatives où cette puissance était analogue, elle s’est main- tenue très peu de temps ou quelques heures suivant que la pression était forte ou faible tout en étant comprise entre des limites physiologiques. Le travail total effectué était donc beaucoup plus considérable dans ce second cas. Il semble par suite que l'on n’est nullement autorisé à apprécier par le travail extérieur accompli l'énergie dépensée par le fonc- tionnement du cœur. Le débit cardiaque diminue à mesure que la pression s'élève et par suite le travail est maximum, toutes choses égales d’ailleurs, quand la pression atteint une valeur égale à la moitié de la pression maxima. La consomma- tion d'énergie parait dépendre plus de la pression que du débit, de telle sorte que le travail oplimum n’est pas, si l’on considère des durées suffisantes, celui où l'effet extérieur est le plus con- sidérable. Effectivement la pression normale du sang dans l'aorte chez la grenouille est inférieure à la moitié de la pression maxima que peut développer le cœur. Si la principale cause de l'arrêt du cœur isolé où circule du liquide de Ringer est bien l’épui- sement de ses réserves, il doit, avec un liquide aseptique et con- venablement nutritif, maintenir longtemps en dehors de l’orga- nisme une pression voisine de la pression normale. Bibliographie 39. Massalongo (C.). Teratologia e patologia delle foglie di alcune piante. Malpighia, 19, 1905, pp. 316-328. 380. Mollison (Dr Th.). Die Rückendrüse von Dendrohyrax terricola. , Morphol. Jahrb., 3%, 1905, pp. 240-245, pl. VII. 881. Naegeli et Thellung. Die Flora des’Kantons Zürich. T'Teil: Die Ruderal und Adventivflora des Kantons Zurich. Vierteljahrsschrift der Naturf. Gesellsch. Zurich., 1905, pp: 225-305. 8382. Neumayer. Die Koprolithen des Perms von Texas. Palaeontographica, Bd., 51 1905, pp. 121-128, pl. XIV. 883. Noelli (A.). 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Levé, 17, rue Cassette. 28° ANNÉE ÉTABLISSEMENT DES CARTES GÉOLOGIQUES Reproduction de la surface sphérique sur le plan. On sait les difficultés inhérentes à la projection sur un plan des détails de configuration d’une surface sphé- rique, et c'est la cause des particularités offertes par les cartes géographiques comparées aux formes vraies qu’elles prétendent représenter. La géologie étant aussi intéressée que la géographie aux questions de cette nature, j'ai été amené à faire à leur occasion quelques remarques qu'on me permettra de résumer ici d’une facon extrêmement succincte. Un théorème de géométrie tout à fait élémentaire c’est que la surface de la sphère est égale à quatre fois celle d’un grand cercle de la même sphère. Il suffirait donc de reporter sur quatre cercles, ayant le rayon du globe qu’on veut projeter, tous les détails de celui-ci pour avoir une Fig. 1. — Vue perspective d’un globe géographique sur lequel on à dessiné la face A, B, C du triangle tétraédrique ayant pour centre le pôle boréal P. Les trois bissectrices PA, PB et PC ont été divisées en dix parties égales par des arcs de cercles parallèles aux côtés du triangle. (Les triangles paral- a. semblent inéquidistants, mais c’est un effet de perspec- üve. carte qui aurait la même surface que son modele. Il con- vient donc de diviser la surface sphérique en quatre parties égales; chacune d'elles aura une surface équiva- lente à celle du grand cercle et il n'y aura qu'à y répartir tous les détails de celui-ci. Or, la détermination de ces quarts de surface sphé- rique peut être réalisée très simplement, en déterminant les sommets du tétraëdre inscrit et en les joignant deux à deux par des arcs de grand cercle, On peut placer le tétraèdre d’une manière absolument quelconque; pour fixer les idées, nous pouvons examinerun cas particulier. Adoptons pour l’un des sommets le point polaire aus- tral, puis choisissons trois méridiens équidistants, c'est-à- dire à 120° d’écartement, et arrétons-les à leur ren- contre avec le 20° parallèle nord, 1 MN 1906 2 Sur — n° 459 15 AVRIL 1906 EEE Si l’un de ces méridiens suit la direction moyenne de la côte occidentale de l'Amérique du Sud, de façon à aboutir au 20° parallèle, dans les environs de Cuba (4), les deux autres rencontrent le même parallèle, lun auprès de La Mecque et le dernier en plein Pacifique, au sud-est de Camira, dans l'archipel d'Anson. En joignant ces trois points : Cuba, La Mecque et Camira, par des arcs de grands cercles, nous délimiterons quatre triangles Sphériques, dont chacun a la même surface qu'un grand cercle et jouit d’un périmètre égal à la circonférence de celui-ci. Dans la figure 1 ci-jointe, on a représenté un globe terrestre vu par le pôle nord et sur lequel on a marqué, sur le 20e parallèle, les trois points précédemment définis, À, B et C,et on les a réunis par les arcs de grand cercle de façon à dessiner le triangle sphérique. Le centre de ce triangle est le pôle P ; c’est le point de rencontre des trois bissectrices PA, PB, PC. Dans la figure 2, on a tracé un cercle de même rayon Fig. 2. — Cercle de rayon égal à celui de la sphère (et dont la surface est en conséquence le quart de la surface totale de celle-ci) sur lequel ont été transportés tous les détails conte- nus dans le triangle sphérique de la figure 1 qui a le même périmètre qué lui. Les trois rayons à 120° d'écartement mutuel A'P, B'P, C'P, correspondent aux trois bissectrices; on les divise en dix parties égales par des circonférences concen- triques. Les points d’entre-croisement de ces circonférences et des rayons A, 1, 2, 3, 4, etc., eorrespondent aux points d’en- tre-croisement des bissectrices et des triangles parallèles et fixent les points géographiques. que le globe de la figure 1 : sa surface est égale à celle du triangle sphérique ABC et sa circonférence est égale au périmètre de celui-ci. De son centre P, nous traçons trois rayons PA, PB, PC, mutuellement écartés de 120° et qui correspondent aux trois bissectrices du triangle; si on dessine dans le cercle dix circonférences concentriques et équidistantes, elles correspondront aux dix triangles de la figure 1 où (1) Par suite d'une inadvertance dont on Ssest aperçu trop tard, le dessinateur n’a pas correctement placé le point B sur la - figure. * FR Fe 90 LE NATURALISTE A —————— ils sont représentés en perspective, ce qui masque leur équidistance réciproque. Cela fait, rien ne sera plus facile que de dote tous les points correspondants d’une figure à l’autre, en portant sur la sphère des méridiens en nombre égal à celui des rayons qu’on tracera sur le cercle. Déjà on peut juger par un coup d'œil sur nos deux figures du caractère le plus général du résultat obtenu, mais il est intéressant de se faire une idée au moins approximative des déformations ainsi produites. On remarquera avant tout que les distances prises sur les côtés du triangle seront exactement représentées par les longueurs prises sur la circonférence du cercle; et comme cette circonstance se reproduira pour toutes les circonférences et pour tous les triangles qui leur corres- pondent respectivement, la carte sera la représentation exacte du globe dans tous les cas où il s’agira des dis- tances prises parallèlement aux côtés du triangle sphé- | rique. Au contraire, il y aura contraction de la carte par rap- port au globe dans le sens des méridiens ou plus exacte- ment dans le sens des rayons correspondant aux bissec- trices. En outre, cette contraction variera suivant que le rayon considéré correspondra à la bissectrice ou à l’'apothème qui en est le prolongement, ou à d'autres lignes rayonnant du pôle du triangle. Par exemple, pour une sphère de 118 mm. 5 de rayon, la bissectrice du triangle mesure 152 millimètres. Elle devra donc subir un raccourcissement de 33 mm. 5, ce qui correspond à 22 p. 100. Mais dans les autres direc- tions la contraction sera bien plus faible. Par exemple l’apothème ne mesurant que 133 millimètres, son raccour- cissement ne sera plus que de 14 mm. 5, ce qui corres- pondra seulement à 10,9 p. 100. Les lignes inter- médiaires, c'est-à-dire tracées à partir du pôle du triangle entre la bissectrice et l’apothème, donneront des résultats intermédiaires; la moyenne ne dépassera pas 12 à 13 p. 100 des dimensions linéaires, et la déformation résul- tante sera incomparablement moins forte que celles qui résultent de quelques-uns des modes ordinaires de projec- tion géographique et par exemple du système de Mercator. Il importe d'ajouter que le système ne concerne pas nécessairement des cartes ayant la surface correspon- dant à un grand cercle; on peut les construire aussi restreintes que possible, mais il faut les orienter d'après une règle qui dérive des considérations précédentes. Il faudra choisir un point central qui sera le pôle de la carte ; on en fera rayonner trois droites mutuellement écartées de 120° et qui, par conséquent, compren- dront entre elles tout l'horizon. Cela fait, par des points également distants de ce pôle et pris sur les trois rayons on tracera des arcs de grand cercle qui seront alors parallèles aux côtés du triangle tétraédrique qui, sur la sphère entière, aurait pour centre le point choisi. Il n’y aura qu'à calculer le rapport de longueur des bissectrices du triangle tracé à celle des bissectrices du triangle tétraédrique pour se retrouver dans les conditions pré- cédentes et pour pouvoir opérer de même. Parmi les applications générales, l'établissement du planisphère sous la forme de quatre cartes circulaires correspondant chacune à chacun des triangles tétraé- driques mérite d'être mentionné, à cause du peu de déformation relative des contours. STANISLAS MEUNIER. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles! Les Migrations des animaux sort sous la dépendance immédiate du besoin de nourriture : mais comme le plus ou moins d’abondance de nourriture dans une région donnée dépend à son tour des conditions de température et d'humidité qui caractérisent cette région, on peut dire que ces migrations périodiques sont réglées par l’alterna- Jive des saisons, c’est-à-dire par le climat. On traitera des Migrations dans le paragraphe suivant. Si l’on examine le globe terrestre au point de vue de la distribution des végétaux, on remarque tout d'abord que ces végétaux sont répartis par grandes zones sensiblement parallèles à l'Équateur et dans les- quelles alternent, d’une facon plus où moins régulière, les régions de forêts et les régions de plaines ou de prai- ries, Chacune des ces régions présente une faune qui lui est propre. Aux régions de forêts appartiennent les ani- maux grimpeurs (Singes, Écureuils, etc.) et les herbi- vores à pied large quise plaisent sur un sol humide et se nourrissent de racines, de tubercules, de fruits ou de feuilles plutôt que d’herbages (Sangliers, Cerfs, etc.). Dans les plaines couvertes de gazon, on trouve les ani- maux coureurs, dont le pied étroit s’accommode mieux d'un sol sec et résistant (Chevaux, Antilopes, etc.) cu les animaux sauteurs (Gerboises, Kangourous), qui parcourent aisément de grandes étendues de pays à la recherche de leur nourriture, C'est là aussi et plus par- ticulièrement dans les plaines desséchées désignées sous le nom de déserts et de steppes, que vivent les animaux fouisseurs qui ont besoin d'un sol sablonneux pour y creuser les terriers qui leur servent de retraite. Les grands Carnivores se tiennent ordinairement à la limite des forêts et des plaines qui leur offrent concurremment les animaux phytophages dont ils font leur proie, ou, de préférence, dans les régions qui présentent l’aspect d’un parc, c'est-à-dire dans les prairies entrecoupées de buis- sons et de taillis où ils se mettent à l’affut. Enfin les animaux amphibies où nageurs habitent les vallées arrosées par de grands cours d'eaux, régions qui corres- pondent généralement aux zones de forêts. Souvent, par suite de la configuration d’un pays et de la nature particulière de sa flore, les animaux qui cons- tituent sa faune présentent tous nettement les mêmes caractères, et sont, par exemple, tous où presque tous grimpeurs, sauteurs ou fouisseurs. C’est ce que l’on a désigné sous le nom du Caractère faunique (2). Aïnst, Madagascar et la Nouvelle-Guinée ont pour caractère faunique de n’être guère habitées que par des Mammi- fère grimpeurs : la Nouvelle-Hollande ne possède que des Mammifères sauteurs,; grimpeurs ou fouisseurs, à l'exclusion des animaux Coureurs ; au contraire, dans les déserts de l'Afrique et les steppes de l'Asie centrale, ce sont les types coureurs et sauteurs qui prédominent. (1) Voir le Naturalisle, nos A5T et 458. (2) E. Trougssarr. La Géographie zoologique, p: 459. LE NATURALISTE 91 ————_—_—_—_—_—_—pZpZpZEZELE C’est surtout dans la classe des Insectes et parmi les types phytophages de cette classe que l’on trouve de nombreux exemples d'espèces dont l'existence est sous la dépendance de celle d’une seule ou d’un très petit nombre d'espèces de plantes appartenant toutes à la même famille. C’est que leslarves de ces insectes vivent aux dépens des feuilles ou du tronc de ces végétaux : on trouve l'adulte partout où existent ces espèces végé- tales et nulle part ailleurs. Les grands Coléoptères des familles des Scarabeidæ, Cerambycidæ, Curculionidæ ne se trouvent que dans la, zone forestière du Brésil, du Sou- dan et de l’Asie méridionale, caractérisée par la présence des Palmiers et des Bananiers, parce que les larves de ces gros insectes vivent dans le tronc de ces arbres ou d'autres appartenant àla même flore (Calandra palma- rum dans le tronc des Palmiers, Sphenophorus hirsutus dans celui du Bananier, Prionus cervicorne dans celui du Fromager). Ces grandes espèces font défaut à l'Australie comme à Madagascar, ce quicoincide avec la rareté des Palmiers etla présence d'arbres qui perdent leur écorce; le plus grand Coléoptère d'Australieestun Batocerai Longi- corne à peine plus gros que notre Lucane cerf-volant. Si l’on se place à un point de vue plus général, la rareté des Insectes xylophages est à son tour la cause de l'absence des Pics (Picidæ) qui s'en nourrissent en per- çant l’écorce des arbres à coups de bec, et qui man- quent à la Nouvelle-Hollande comme à Madagascar. Les animaux marins dépendent beaucoup moins du règne végétal. La flore marine n’est abondante que sur les côtes et presque tous les vertébrés marins de grande taille sont carnivores. Mais, dans les eaux douces, la proportion des espèces phytophages se rétablit, notam- ment dans la classe des Poissons. Parmi les mammi- fères marins, les seuls qui soient phytcphages (les Siré- niens) se tiennent à la limite entre les eaux douces et la mer, habitant lesestuaires où croissent les grandes algues dont ils se nourrissent et remontant les fleuves jusqu’à une grande distance de la mer. Cependant il existe une flore pélagique ou floitante, représentée par les algues des mers de Sargasse et par le Plankton végétal, flore dont la-faune est spéciale ainsi que nous l’indiquerons dans un autre chapitre. Dans tous les cas, l'influence de la flore marine est beaucoup moins grande que celle de la flore terrestre sur la distribution des animaux. III. — INFLUENCE DE LA NATURE DU SOL ET DU CLIMAT SUR LA DISTRIBUTION DES ANIMAUX Nature du sol : point de vue géologique et minéralo- gique. — La nature chimique du sol exerce une grande influence sur la flore et par contre-coup sur la faune, mais la nature physique et géologique des terrains, leur plus ou moins de dureté, leur cohésion et leur densité, toutes ces conditions qui les rendent plus ou moins sen- sibles aux actions atmosphériques (chaleur, vent, pluie, inondations), exercent aussi une influence directe sur les animaux. Suivant leur organisation, leurs mœurs, leur genre de nourriture, :i en est qui préfèrent les terrains humides, d’autres les terrains secs et résistants, d’autres encore les terrains sablonneux et friables. Malheureusement, la distribution géographique des animavx n’a pas encore été examinée à ce point de vue, d'une manière générale, bien que E. FORBES ait noté que les Mollusques se plaisent mieux sur un sol calcaire ou - sablonneux que sur un terrain argileux ou schisteux. On ne peut guère citer que le travailde Hans Gadow (1), qui se borne aux Reptiles et Amphibiens de la péninsule Ibérique, et n’est, d'après l’auteurlui-même, qu’un essai. En Espagne, le terrain qui semble le plus favorable aux Amphibiens et aux Reptiles est le Grès rouge (Per- mien); viennent ensuite, pour les seuls Amphibiens, le Granit, le Tertiaire, le Paléozoïque et enfin le Calcaire mésozoique qui est le moins favorable de tous; le Pa- léozoïque est six fois moins favorable que le Grès rouge. Pour les Reptiles, la gradation est différente : après le Grès rouge, vient le Calcaire mésozoique, puis le Granit, le Tertiaire et enfin le Paléozoïique. D'ailleurs, l’auteur avoue que l'altitude, la moyenne annuelle de tempéra- ture et la moyenne des pluies ont ici plus d'influence que la nature même du sol. Cependant, il ne faut pas l'oublier, cette altitude du sol est sous la dépendance étroite de la nature géologique des terrains : les couches primordiales et paléozoiques sont, à peu d’exceptions prés, plus élevées que les couches tertiaires et quaternaires. C’est dans l’étude approfondie de ces conditions géologiques que l’on trou- vera, sans doute, l'explication de certains problèmes encore obscurs de la géographie zoologique; par exemple, les causes de l'extinction du Cheval américain à l’époque quaternaire. Nous y reviendrons à propos du climat et du rôle de la Période Glaciaire sur la distribution des animaux dans l'hémisphère nord des deux continents. Pour nous en tenir à l'étude de la faune de l’époque actuelle, il est facile de voir que, les hauts plateaux et les massifs montagneux ont une population animale dif- férente de celle des plaines basses et des vallées. Si nous examinons la distribution actuelle des Equidæ sur l'an- cien continent, nous voyons que toute la région qui s'étend du désert de Gobi à la Colonie du Cap à travers l'Asie Centrale et l'Afrique Orientale, région qui est à l’époque actuelle la patrie exclusive des chevaux sau- vages, des Hémiones, des Anes et des Zèbres, est une suite ininterrompue de plateaux et de steppes élevés de 1.000 mètres et plus au-dessus du niveau de la mer. Au contraire, les déserts du nouveau continent, désignés sous les noms de Prairies ou de Llanos estacados dans l'Amé- rique du Nord, sous celui de Pampas dans l'Amérique du Sud, sont des plaines basses n'ayant le plus souvent que 200 mètres d'altitude et atteignant rarement 1000 mètres. On ne peut donc les comparer, sans inexactitude, aux véritables steppes de l’ancien continent. Cette diffé- rence, à elle seule, suffirait pour expliquer l’extinction des Chevaux qui habitaient encore l'Amérique au début de l'Epoque Quaternaire, et qui ont disparu, comme dans l’Europe Occidentale à la même époque, sous l'in- fluence combinée des causes multiples qui ont privé ces pays de tous les grands herbivores qui faisaient aupara- vant partie de la faune. Influence du climat. —- C'est surtout au climat que les anciens géographes attribuaientles différences qui carac- térisent la faune des diverses régions du globe. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, cette manière de voir est trop exclusive, parce que l'effet du climat sur les ani- maux s'exerce surtout par l'entremise du règne végétal DRE LOT RT 10 PERRET SR EUIP RER RSR EE fr (1) Hans Ganow. On the Nature of the Geological Terrain as an important factor in the Geogr. Distrib. of Animals (Report British Association, 1888, p. 701). 1 i EZ 7 92 LE NATURALISTE mm (question de nourriture), et que les végétaux à leur tour sont, avant tout, sous la dépendance du degré d’humi- dité de l'air et du sol dans la région qu'ils habitent. C'est donc surtout le régime des pluies qui règle la distribution géographique des plantes et par suite celle des animaux, quand on étudie cette distribution au point de vue du climat, Cela est tellement vrai, que si l'on s'en tenait à l’an- cienne division par zones adoptée par les géographes (zones arctique, tempérée, subtropicale, équatoriale), on serait tenté de croire que la zone équatoriale est la région la plus sèche du globe, comme elle en est la plus chaude. Or, il n’en est rien, comme le prouve le simple examen des faits : la zone équatoriale est au contraire celle où le chiffre de la moyenne annuelle des pluies est le plus élevé, et c’est ce qui explique l’exubérance de la flore et de la faune qui caractérise cette région. Par contre, c’est la zone intertropicale bordant de chaque côté cette région équatoriale, qui est la plus pauvre en pluies : aussi est-ce la zone des déserts et des steppes. Il existe une relation si directe entre le régime des pluies et la végétation des régions correspondantes du globe que l’on peut établir un parallélisme parfait entre les divisions fondées sur le chiffre de la hauteur an- nuelle des pluies et les grandes zones à la fois bota- niques et zoologiques que l’on a proposé ailleurs ({i) de substituer aux zones purement climatiques des géo- graphes, C’est ce qu’indique le tableau suivant : Influence du Régime des Pluies sur la distribution des Organismes. ZONES HAUTEUR ANNUELLE |, ZONES BOTANIQUES ET HYGROMÉTRIQUES DES PLUIES Z00LOGIQUES ER Arctique Neige (pluies rares.)| Zone des Toundras (déserts glacés). Tempérée Nord..| De 0,60 à 1 m. Zone des forêts septentrionales. Subtropicale N...| De 0,25 à 0,60 | Zone des déserts Intertropicale N..| Moins de 0,25. let des steppes. Equatoriale Delm.àa2m.etplus.| Zone des forêts équatoriales. Intertropicale Sud.| Moins de 0,25. |. Zone méridionalde Subtropicale $...|] De 0,30 à 0,90 (déserts. Tempérérée $....| De 0,90 à 1,50. Zone des forêts australes. Zone déserte an- larctique. Antarctique Neige ou pluie La plus grande proportion de pluies dans l'hémisphère austral tient à la prédominance des Océans sur les con- tinents dans les zones subtropicale et tempérée. Cette alternance régulière et symétrique des zones qui se correspondent des deux côtés de l'Equateur est des plus remarquables, bien qu’elle ait son explication natu- relle dans la distribution de l'humidité atmosphérique à la surface du globe. Il convient de s’y arrêter un instant. S1 nous allons d’un pôle à l’autre, sur l’ancien comme sur le nouveau continent, nous rencontrons successive- ment des zones de plaines ou de forêts dont chacune a sa faune particulière (2). Au Nord ce sont les plaines gla- cées de la zone arctique, Toundras de la Sibérie, Barren grounds du Canada. Puis vient la grande zone de forêts qui couvre le Nord de l’Eurasie et de l'Amérique septen- (1) E. Trousssarr. La Géographie zoologique, p. 163: (2) Trouessanr, loc. cit, p. 164 et seq. trionale, zone singulièrement éclaircie par les progrès de la civilisation. Plus au Sud est la zone des déserts du Tropique du Cancer, berceau de cette civilisation (pour- tour de la Méditerranée, Sahara, Arabie, Steppes Tou- raniennes, désert de Gobi), représentée eu Amérique, par les Prairies et les Llanos du Nord du Mexique. La zone des forêts équatoriales est représentée par le Sou- dan, l’Inde et la Malaisie, la Nouvelle-Guinée, puis de l’autre côté du Pacifique par l’Hylæa ou domaine des forêts vierges du Nord du Brésil. La zone méridionale des déserts comprend le Kalahari, dans l'Afrique aus- trale, le petit désert de l’Orombé, dans le Sud de Mada- gascar, le désert central de l'Australie, puis les Pampas et les déserts de la Patagonie dans l'Amérique méridio- nale.. Au Sud de cette zone, on retrouve, bien que sur une moindre échelle, en raison de l’amincissement des continents, la zone forestière tempérée de l'hémisphère Nord représentée par les régions montagneuses de la Colonie du Cap, les forêts de là Tasmanie, de la Nou- velle-Zélande et celles de la Terre de Feu. Enfin la zone antarctique est comparable à la zone arctique, mais sa faune est plus pauvre encore. Nous avons dit que les animaux, en général, étaient plus sensibles au besoin de nourriture qu’à l’excès du froid ou du chaud qui semble constituer, au premier abord, la principale différence des climats. C’est qu'en effet la plupart de ces animaux ont la faculté de se sous- traire à l'influence fâcheuse des températures extrêmes par des moyens qui varient beaucoup d’une espèce à l’autre. Dans les régions froides, les uns se couvrent d’une : fourrure épaisse comme nous l’avons vu pour le Tigre : d’autres s’endorment d’un sommeil profond qui peut durer plusieurs mois (hibernation), comme c’est le cas pour beaucoup de Rongeurs, de Chiroptères et même de Carnivores. C’est ainsi que dans la zone arctique, la femelle de l’Ours blanc (Helarctos marilimus), près de mettre bas, se creuse en décembre un trou dans la neige ets’ y laisse recouvrir d'un blanc linceul, attendant tran- quillement le moment de sa délivrance. Les petits une fois nés, elle n’abandonne pas cette retraite que la cha- leur de son corps élargit, son haleine entretient avec l'air extérieur un passage en forme de cheminée dont l'ouverture extérieure trahit souvent sa présence. Au mois de mars seulement, elle sort de ce singulier ter- rier, suivie de ses petits. D: TROUESSART. (A suivre.) a ——_— DESCRIPTIONS DE COLÉOPTÈRES NOUVEAUX Dorcus Meeki, n. sp. ; ©* Mandibules longues, falciformes, d'abord presque droites, puis régulièrement courbées et fortement aplaties à partir des trois cinquièmes de leur longueur. La, pointe terminale est simple, sans aucune trace de denticule apical. La dent basale est aiguë, moins prononcée que chez Parryi Thomson, et de forme plus symétrique. La carène inférieure du bord interne est bien développée et présente un: très petit denticule à mi-distance de la dent basale et de la pointe. Tête un peu élargie en avant, à la fois plus longue et moins large que chez Parryi; bord frontal imerme, légèrement arqué, convexe en avant, épistome concave avec les angles extérieurs assez. saillants et aigus. Angles antérieurs arrondis; canthus LE NATURALISTE 93 ie |) arrondis en avant, peu développés, n’entaillant pas la moitié de l'œil ; joues presque droites; milieu du disque céphalique sensi- blement renflé. Menton fortement trapézoïdal avec les angles antérieurs très arrondis et le bord libre légèrement concave, très finement et régulièrement granuleux avec quelques points en- foncés épars le long de la marge antérieure. Antennes beaucoup plus grêles que chez Parryi; lamelles du peigne peu allongées, septième article dépourvu desaillie conique. Prothorax encore plus transversal que chez Parryi; bord antérieur presque entièrement rebordé et non arrondi au milieu; angles antérieurs arrondis, côtés concaves jusqu’à la dent médiane, celle-ci plus large et plus voisine de l'angle postérieur que chez Parryi; bord postérieur nettement concave, raccordé oblique- mentaux angles postérieurs qui sont bien marqués sans être très aigus. ‘Toute la surface supérieure des mandibules, de la tête ou du prothorax est très finement et très régulièrement granuleuse. Ecusson triangulaire à angles arrondis, partiellementgranuleux et ponctué. Elytres régulièrement ovalaires portant une granulation écrasée, dépolies sauf au voisinage immédiat de la suture. Chacune pré- sente deux lignes bien visibles, légèrement déprimées, d'aspect mat. La base est fortement ponctuée, l'angle huméral nettement épineux. Le prosternum est plus plan que chez Parryt: les tibias antérieurs sont armés de dents assez faibles, rapidement crois- santes vers l'extrémité, ils sont denticulés entre ces dents. Les tibias médians ne portent qu'une faible épine, les postérieurs sont inermes. Les tarses sont bien garnis de soies. Fig. 1. — Dorcus Meeki. ® La femelle est également très distincte. Le bord antérieur de la tête est droit ; les angles antérieurs offrent un contour re- marquablement arrondi, ainsi que les canthus. Ceux-ci entaillent l'œil à demi. Les bosses frontales forment un renflement trans- versal et sont indistinctes. La tète est ponctuée, finement en _arrière, plus fortement en avant, mais non grossièrement rugueuse comme chez Parryi. Le menton est presque rectangulaire, avec les angles antérieurs arrondis ; sa surface est couverte de très gros points enfoncés. Les antennes ont le peigne relativement plus développé que chez le mâle; le septième article est élargi, mais non pourvu d'éperon. Le prothorax est à la fois plus étroit, moins brillant et-moins ponctué que chez Parryi, les côtés en sont plus parallèles et la troncature derrière l'angle postérieur plus concave. ; Les élytres présentent une sculpture très caractéristique, cha- cune portant quatre bandes lisses, brillantes, entre la suture et la marge externe. Ces ‘bandes s’effacent à l'extrémité sans se réunir. Les intervalles sont plus plats et paraissent mats; ils sont en réalité ponctués et conservent les traces à peine visibles de côtes secondaires dont la plus voisine de la côte principale est la plus distincte tout en restant toujours ‘très faible ét inter- rompue- L’angle huméral est relevé et épineux. Les tibias antérieurs sont plus larges et plus concaves extérieurement que chez Parryi, avec des dents plus serrées et plus régulières. Les autres tibias Sont armés d’une épine, faiblement développée sur les postérieurs. Les tarses sont revètus de soies assez longues. Cette remarquable espèce a été prise à Owgarra (Nouvelle- Guinée anglaise), par M. Meek, à qui elle est dédiée. Les trois mäles que je possède et dont le plus grand est ici figuré, différent peu comme aspect malgré une assez forte varia- tion de taille ; aucun ne présente les caractères des exempiaires mineurs. Je n’ai vu qu’une seule femelle. Les dimensions de ces exemplaires sont les suivantes : ©" Longueur totale, mandibules incluses : 48 à 62 millimètres; longueur des mandibules : 14,5 à 19 millimètres : largeur maxima, au prothorax : 18 à 22,5 millimètres. $ Longueur totale, mandibules incluses : 28 millimètres; lar- geur maxima aux élytres : 11,3 millimètres. H. BorLeau. Le Mécanisme ÉRUPTIONS VOLCANIQUES An IT Rôle de la vapeur. Déjà, vers le milieu du xvirre siècle, des savants très distingués avaient reconnu que chaque éruption est causée par la vapeur qui s'échappe du foyer volcanique, et qui, dans sa fougue, entraine la lave qui entrave son passage. Quelques chimistes prouvèrent même que chaque éruption est constituée par les 3/4 au moins de vapeur d’eau. D’autres démontrèrent que les produits gazeux, dégagés par les volcans, sont précisément ceux qui ré- sultent de l'évaporation ou de la décomposition de l’eau de la mer. Du fait que presque tous les volcans s'élèvent ou dans des îles ou au bord de la mer, et n’en sont jamais très éloignés, on a fini parse convaincre que c'était la mer qui fournissait presque toute l’eau néces- saire pour la production des phénomènes volcaniques. De son côté, M. Daubrée, une des gloires de la France, a démontré par des expériences ‘très caracté- ristiques que l'infiltration de l’eau à travers la croûte terrestre est possible, et même que la grande chaleur que cette eau trouve dans les couches inférieures, au lieu d’en entraver le passage, le favorise au contraire (1). Vu l'intérêt de ces expériences, je vais me permettre de les rappeler brièvement. Daubré imagina un appareil composé de ‘deux chambres cylindriques, placées l’une au-dessus de l’autre, séparées par un diaphragme, formé d'un disque de grès à grain fin et compact de 16 centimètres de dia- mètres et de 2 d'épaisseur. La chambre supérieure, ouverte, contenait de l'eau, l'inférieure était vide et par- faitement étanche. Il soumettait tout l'appareil à une température de (4) A. Dausrée. Études synthétiques de géologie expérimen- tales. Paris 1899. ET 94 LE NATURALISTE 1600 degrés centigrades ; après quelque temps, il trouvait que la chambre inférieure, parfaitement étanche au début de l'expérience, était pleine de vapeur d’eau à une pression de 2 atmosphères ; etcomme cette pression était de beaucoup supérieure à celle que pouvait donner la seule imbibition du diaphragme, il en déduit qu’une haute température attirait l’eau du haut en bas, expli- quant ce phénomène par la nécessité de rétablir l’équi- libre entre la portion supérieure du disque de grès, con- tinuellement imbibée d’eau, et l’inférieure exposée à une dessiccation constante. Par d’autresexpériences, ce savant démontra que cette attraction de l’eau par capillarité, à travers le disque continue trés loin, et que la vapeur qui peut atteindre dans cette chambre des pressions consi- dérables y est emprisonnée et ne peut reprendre le che- min inverse de bas en haut à travers le disque de grès, même si l’on vient à retirer toute l’eau de la chambre supérieure de l'appareil. Ces résultats sont d'une grande importance, puisque les conditions dans lesquelles se trouve la croûte terrestre sont à peu près les mêmes que celles du susdit disque. Le disque de grès joue le même rôle que les roches de la surface de la terre, la cuvette supérieure remplie d'eau à pour équivalents les mers et les dépressions lacustres; quant à la chambre fermée par le diaphragme de roches, elle représente les cavités qui doivent néces- sairement se trouver réparties en très grand nombre sous l'enveloppe des roches constituant la croûte terrestre. Ces célèbres expériences, ou plutôt les déductions qu'on en trait, ont été l’objet de bien des critiques dont deux surtout méritent d'être envisagées. On objecta d’abord, qu’en distillant de l’eau de mer elle abandonnait ses sels,et que ce même phénomène de- vait se produire au contact des dernières couches de la croûte terrestre, au moment de la transformation de l'eau en vapeur. Je ne vois pas là une objection sérieuse, car dans les vapeurs émises par les volcans, on trouve des gaz qui ne sont autre chose que les produits résultant de la décomposition des sels marins: ce qui tend à prou- ver, au contraire, l’origine externe et superficielle de l’eau qui a donné ces produits. La seconde objection a été exposée par M. de Lappa- rent dans son célèbre Traité de gévlogie. Cette dernière repose sur laprésence de volcans à l'intérieur des terres, lesquels sont situés à de grandes distances de la mer ou de bassins lacustres. On répondra à cette objection que bienides régions dépourvues d'eaux superficielles sont au contraire très riches en nappes d'eaux internes {1}, de telle sorte que les cas cités par M. de Lapparent (cas déjà très rares) ne peuvent plus être invoqués pour nier la nécessité d’eau pour les manifestations volcaniques. M. de Lapparent, reconnaissant lui-même le rôle important que joue la vapeur d’eau, et mettant en doute l'existence de l’eau d'infiltration, pense que la source de cette eau est dans les laves elles-mêmes, c'est-à-dire dans ia mer lavique. Selon lui, les laves se seraient imbibées d'une énorme quantité d’eau dans les époques primitives, alors que la croûte terrestre était très mince et que la pression at- mosphérique était considérable (250 atmosphères environ, RMS PR EE ee en (1) Voir à ce propos le chapitre intitulé : La nappe d’eau profonde, dans la Géologie générale de M. le professeur Sra- NISLAS MEUNIER. selon M. de Lapparent). Cette vapeur se serait trou- vée combinée aux laves, et aurait conservé une ten- sion en rapport avec cette pression originelle, dans les limites d’une dissociation facile devant provoquer les éruptions volcaniques. Tout dernièrement, M. Gautier, un autre savant très distingué, a fait de très intéressantes expériences de laboratoire, à la suite desquelles il a pui s'assurer que toutes les roches, même les roches cristallines ont, non seulement leur eau d’imbibition, mais renferment aussi, en quantité plus ou moins grande, une autre eau qu'il ap- pelle eau de cristallisation ayant une origine toute diffé- rente. Cette eau ferait partie intégrante de la roche, du moment même de sa formation ; elle aurait la propriété d'être mise en liberté à la température du rouge sombre sous une pression normale. M, Gautier a été entraîné à accorder à cette eau un rôle prépondérant dans les érup- tions volcaniques (1). Ces hypothèses donnant les solutions de l’origine et de la provenance de la vapeur d’eau cause des éruptions laviques sont admissibles toutes les trois. À mon avis cependant, il semble que ce soit l’eau d’imbibition qui doit jouer le principal rôle, étant donné qu'elle sursature pour ainsi dire toutes les roches de toutes les couches, même les plus profondes, car cette eau d’imbibition ne tarit jamais, tandis que l’eau de constitution, de cristal- lisation, une fois épuisée, ne peut plus se renouveler. Mais quoique dans le problème volcanique la question de l’origine de ces eaux soit d’une très grande importance, dans le sujet que je me propose de traiter, elle est re- jetée au second plan. Ce que je veux étudier avant tout, c'est la disposition intérieure des foyers volcaniques, et montrer que c’est par suite de cette disposition que les éruptions prennent l'allure d’explosions et peuvent se renouveler après des périodes plus ou moins longues de parfait repos. Ce point n’a pas été éclairei, ni même abordé. Ilest bien évident qu'en admettant qu'’au-dessous de la croûte terrestre peuvent s'accumuler de très grandes masses de vapeur et de gaz, on doit aussi admettre que lorsque leur tension se sera suffisamment élevée, elles vaincront la force de résistance qui les contient, et arri- veront à se créer une issue; leur mise en liberté se fera alors sous une forme explosive. Mais si cette explication () Selon les expériences de M. Gauthier, un mètre cube de roche granitique, portée au rouge, de sa seule eau de composi- tion peut donner jusqu'à 89 mètres cubes de vapeur d’eau et 20 de gaz divers. Ce sont des chiffres respectables. Mais il n’a pas considéré que les assises inférieures par ce fait même qu'elles se trouvent en contact direct avec le foyer sont conti- nuellement exposées à une température bien supérieure au rouge de ses expériences et que, par suite, elles doivent être presque tout à fait dépourvues non seulement de l’eau d'imbibition mais aussi de l’eau de composition. De là la nécessité d'admettre que la plupart des vapeurs et des gaz qui alimentent les foyers volcaniques se dégagent non des couches intérieures mais des moyennes. Et ce sont les couches moyennes qui — en règle générale — constituant un tout parfaitement étanche fonctionnent comme le disque de grès de l'appareil célèbre de Daubrée. Selon d'autres expériences de M. Gauthier, it résulte que presque toutes les eaux thermales très chaudes nous viennent le long de fentes qui s'irradient jusqu'à 15 kilomètres à peu près. Les couches inférieures doivent être sillonnées par des failles d’égale importance. Ce sont ces dernières qui livrent le pas- sage aux gaz et aux vapeurs et mettent en communication di- recte les foyers avec les couches hydratées. LE NATURALISTE 98 —————— parait suffisante pour expliquer une première éruption volcanique, elle est tout à fait insuffisante pour expli- quer l'apparition d’autres phénomènes de ce genre; car soit que l’on opte pour l'une ou pour l’autre des théories signalées, on est toujours amené à considérer la forma- tion de gaz et de vapeur à l’intérieur de la terre, comme étant absolument constante et continue, et, par consé- quent, une fois que cette vapeur se sera créé une issue, iln'y aura aucuneraisOn pour que cette issue soit obstruée à un moment donné. Si même, dans son premier effort, elle s’est ouvert une voie bien supérieure à celle qui était nécessaire à son débit normal, avec le temps, elle en réduira peu à peu les dimensions, mais elle ne laissera jamais se produire la fermeture complète. Si on suppose que la cheminée volcanique est telle qu'on l’a toujours représentée dans les traités, après la première éruption, l’orifice vertical doit se maintenir béant, tout au moins dans la mesure néces- saire pour permettre l'issue aux vapeurs se dégageant nor- malement dans les foyers volcaniques. Or, une des caractéristiques les plus constantes de presque tous les volcans, c’est d’être intermittents, d’où fermeture complète de la cheminée et cessation totale de toute manifestation volcanique y compris les fumerolles, quitte à reprendre, après plusieurs années d’absolu repos, la scène terrible de destruction. Ces deux termes, repos absolu et reprise brusque d'activité, sont deux faits qui se présentent en opposi- tion formelle avec les causes lentes, qui certainement, au moins dans la période géologique actuelle, règlent toutes les forces exogènes et endogènes de la terre. Tout dernièrement, M. le professeur Stanislas Meunier a essayé de tourner cette difficulté à l’aide de i'hypo- thèse suivante qu’il a exposée dans sa Géologie générale et dans sa Géologie expérimentale. La nouveauté de sa théorie consiste en ce que les reprises seraient occasionnées par des chutes acciden- telles dans le magna lavique de grands blocs de roches fortement hydratées, qui communiqueraient à la lave fondue une espèce d’effervescence temporaire capable de produire les explosions volcaniques. « L'’ascension des laves jusqu’au sommet de l’Etna, « c’est-à-dire à 3.000 mètres de hauteur, est en tout point « comparable à l’extravasement d’une eau gazeuse ou du « vin de Champagne hors de sa bouteille restée debout, « mais dont le bouchon a été brusquement enlevé. » _ Nul doute que les assises inférieures de la croûte ter- restre, de cette immense voûte qui nous soutient, soient sujettes à des éboulements. J'ai jadis démontré, dans une étude qui a été publiée . dans les Archives des Sciences physiques et naturelles (Ge- nève, 1883), que bien des tremblements de terre endo- gènes, et spécialement un grand nombre de ceux qui bouleversent de très vastes étendues étaient occasionnés par de grands éboulements dans les couches inférieures de la croûte. _ Mais si on admet que les cheminées volcaniques ont la conformation très simple qu'on leur suppose générale- ment, et que M. le professeur Meunier trouve pleinement conforme à ses vues, chacun de ces éboulements devrait alors être immédiatement suivi d'une éruption. Or, on peut assurer que cette coincidence ne se produit ja mais, L'histoire enregistre des tremblements de terre qui ont couvert d'immenses étendues correspondant à un affais- sement de millions de mètres cubes de roches dans la fournaise lavique sans constater en même temps l’appa- rition de manifestations volcaniques intenses. D'autre part, avec cette théorie, on se trouverait dans l'impossibilité absolue d'expliquer la régularité des émissions des volcans persistants, Il faudrait supposer : que les éboulements des roches hydratées se succè- dent à des intervalles réguliers, et que chaque éboule- ment apporte dans les foyers la même quantité de ma- tières, ce qui nous entraînerait dans l'absurde, Le grand tort de toutes ces théories est d’être trop particulières ; elles se montrent en défaut dans bien des cas. Or, en matière de science, il est de toute nécessité qu'une théorie se rattache non pas à un cas particulier, mais à la généralité des phénomènes se rapportant à un même cas. Il faut donc orienter différemment ses re- cherches. C’est ce que je vais essayer de faire. Professeur FRÉDÉRIC CORDENONS (4 suivre.) DE PADOUE. CHRONIQUE & NOUVELLES L'amour paternel chez les Poissons. — L'incubation chez les Serpents. — La biologie des plantes phanérogames para- sites. Dans une intéressante étude sur lesorigines de l'amour maternel, M. Giard donne quelques détails bons à con- naître sur la reproduction des Poissons. Chez eux, on sait que l'affection des parents pour la progéniture apparait le plus souvent chez le sexe mâle. C’est celui-ei qui travaille le plus énergiquement à la construction et à la défense du nid, quand il ÿ à un nid véritablecomme chez l'Epinoche, le Cycloptère et nombre d'espèces des régions tropicales appartenant aux groupes des Labridés, des Gobiidès, etc. Des castle viviparité oud'ovoviviparité sontconnus chez certains Squales où l’on peut même observer une sorte de placentation chez une Blennie et chez les Cyprino- dontes. Dans ces divers cas, il y a fécondation interne, etle développement peut se faire entièrement dans le corps de la mère (Anableps). Mais il faut se garder de prendre pour de l'amour ma- ternel l'attention que les femelles de certaines espèces (Gibius minutus) semblent donner à leur ponte déposée sous une coquille ou sous quelque objet solide. Les très ingénieuses expériences de Mlle Goldsmith ont prouvé que ces petits Poissons sont bien plus attachés à leur domicile qu’à l’amas d'œufs qu'ils y ont déposé. On sait, et Dollz a mis le fait merveilleusement en lumière, que, chez les Poissons, les dispositions pour la protection des œufs et des jeunes sont très sporadique- ment réparties dans les groupes les plus divers. Des poches ventrales, de structure et d'origine anatomique très variables, existent chez les mâles des divers Lopho- branches. Tantôt, comme chez les Phyllopteryx, les œufs sont simplement adhérents à la face inférieure de la queue, tantôt ils sont contenus dans une sorte de poche caudale formée, soit par deux plis latéraux ne se rejoi- gnant pas sur la ligne médiane (Nanno campus), soit par deux plis latéraux se rejoignant, mais non soudés d’une | ee ed DATES PE apne … * 96 LE NATURALISTE DRE PR A 2 RE A té NE NU PR ER OA façon permanente (Syngnathe), soit encore par deux plis latéraux soudés ensemble d'une facon permanente et ne laissant plus entre eux qu'une étroite ouverture anté- rieure (Hippocampe). La formation d’une poche incubatrice abdominale nous offre dans le même groupe des étapes parallèles à celles de la poche caudale. Chez les Nerophis mâles, les œufs sont simplement adhérents à la face inférieure de l’abdo- men; chez les Microphis, la poche est formée par deux plis latéraux ne se rejoignant pas sur la ligne médiane; chez les Doryrhamphus, les deux plis se rejoignent, mais ne sont pas soudés d’une facon permanente. Dans ces diverses poches incubatrices, les œufs trouvent généra- lement une protection mécanique, mais parfois aussi leur présence détermine, par irritation locale, une proliféra- tion cutanée et une véritable greffe placentaire sur l'or- ganisme paternel. Toutes ces formations ont été consta- tées chez le sexe mâle; mais chez les Solénostomides, c'est la femelle qui porte la poche. Il en est de même chez le Siluride Aspredo batrachus où les œufs sont adhé- rents à la face ventrale du corps et des nageoires ven- trales libres. Une poche ventrale incubatrice a été aussi signalée chez certains Téléostéens du genre Doryichtys et l'existence d’une semblable disposition est très vrai- semblable, d’après Dollo, chez les Nototheniidæ du genre Racovilzaia. Chez un grand nombre de Téléostéens appartenant plus particulièrement à la famille des Siluridés et à celle des Cichlidés, on connaît une incubation buccale qui peut apparaître également dans les deux sexes bien que, dans certains groupes, elle ait été observée uniquement soit chez le sexe mâle, soit chez le sexe femelle. Pellegrin a publié récemment un excellent résumé de nos connais- sances sur cette intéressante particularité éthologique qui a donné lieu à bien des erreurs. Parfois, en effet,en rencontrant dans la cavité buccale de certains Poissons, des œufs ou des alevins de leur propre espèce, on s’est trop empressé de les comparer à Saturne, père dénaturé, dévorant ses rejetons, alors qu'on avait affaire à des parents dévoués assurant, par ce mode. bizarre, mais d’une réelle efficacité, le parfait développement de leurs petits et la perpétuité de leur race. Il ÿy a lieu de remarquer que, chez ces Vertébrés comme chez les animaux inférieurs, le lieu d’incubation des jeunes est aussi un poste de prédilection pour cer- tains parasites de grosses tailles, les Crustacés Isopodes Cymothoadiens, qu'on rencontre fréquemment dans la bouche de nombreux Poissons où ils vivent dans une symbiose comparable à celle des alevins. Le cas du Macropode de Chine (WMacropodus vüridi-aura- tus) est particulièrement intéressant. Les mœurs de cette espèce nous ont été révélées par les observations du Carbonnier, qu’il est facile de vérifier en aquarium. Le mâle ne porte pas les œufs d’une façon permanente dans la cavité buccale. Il ne fait que les prendre de temps en temps, en apparence pour les changer de place et les aérer. Mais, ea réalité, il se débarrasse ainsi d’un mucus- dont la sécrétion est fort exagérée au moment des amours, qui est aussi celui où le Poisson revêt une livrée de noces brillante, grâce à la sécrétion surabon- dante également de pigments de diverses couleurs. A l'instar de Démosthènes qui roulait des cailloux dans sa bouche pour n'être pas gêné en parlant par la salive, le Macropode produit avec son mucus buccal des bulles d'air qu’il rassemble en une sorte de nid en forme de dôme sous lequel les jeunes sont projetés comme des ludions minuscules. II y a là en quelque sorte une pre- mière ébauche de la sécrétion du jabot des oiseaux qui dégorgent et de la sécrétion lactée des Mammifères. * # x : M. Giard donne aussi quelques renseignements sur les | Batraciens et les Reptiles, considérés au même point de | vue. Les Batraciens nous offrent des formes très variées d'endotokie. L'incubation est généralement confiée à la femeile qui peut être vivipare (Salamandra atra), mais elle a lieu parfois, grâce aux soins du mâle (Alytes obste- tricans) sur le corps de celui-ci ou même dans des sacs incubateurs propres au sexe mâle. Le Pipa est un nouvel exemple de placentation tout à fait de même nature que celle observée chez les Ascidies, chez les Péripates et les Lophobranches, et qui deviendra générale chez les Mam- mifères supérieurs. Ici, c'est sur la surface cutanée dorsale que se greffent les œufs par le même processus. irritatif que nous avons vu exister déjà, d’une façon moins évidente, chez les Syngnathes. L'incubation des serpents parait connue depuis long- temps dans l’Inde,et on en trouve l'indication même dans les contes populaires. La première confirmation scienti- fique de ce fait curieux est due à Lamarepiquot, qui, dans la traversée de Chandernagor à l'ile Bourbon, observa qu'un grand serpent de l'Inde, au contraire des Reptiles de nos contrées, se plaçait sur ses œufs, les échauffait et développait pendant ce temps une chaleur considérable. Communiquée à l'Académie des sciences, cette observa- tion avait été accueillie avec une certaine incrédulité. Mais, en 4841, Valenciennes étudia avec un soin et une précision très remarquables l'incubation prolongée sans interruption pendant près de deux mois d'une femelle de Python à deux raies, vivant à la ménagerie du Muséum, où elle s'était accouplée à la fin de février. Le 4 avril, elle changea d'épiderme et refusa de manger. Dès lors, son ventre grossissait malgré un Jeune continu. Le 5 mai, l'animal, ordinairement doux et tranquille, devint plus excité et cherchait à mordre; le lendemain la ponte commençait à 6 heures du matin et s’achevait à 9 h. 1/2. Elle comprenait quinze œufs de forme ovale, d’une lon- oueur de 12 centimètres et mesurant 7 centimetres de petit diamètre. La femelle livrée à elle-même dans sa boîte, sous sa couverture, rassembla tous les œufs en un tas autour duquel elle enroula la partie postérieure de son corps; elle se replia ensuite sur ce premier pli et finit pär s'enrouler en une sorte de spirale dont tous les tours contigus formaient un cône au sommet duquel était sa tête ; elle cacha ainsi tous les œufs, si bien quon nen apercevait plus un seul; par les contractions violentes des muscles du tronc, elle repoussait la main qui la tou- chait, et en se serrant, empéchait qu’on püt atteindre aux œufs : elletémoignait vivement son 1mpatience, tellement: qu’elle eût peut-être fini par mordre si l’on n eût pas agl près d'elle avec prudence. Par des mesures thermométriques prises avec beau- coup de méthode, sur Îles avis de Gay-Lussac, Valen- ciennes constata que, pendant les premiers Jours de l'in- cubation, le thermomètre placé sur le corps de l’animal et au centre du cône contenant les œufs marquait #1°, la température sous la couverture étant seulement de 22° et celle de la chambre de 20° ; la température de l’animal était donc de 21° au-dessus de l’air extérieur, où de 19° au-dessus de l’air retenu autour de lui entre les plis de la couverture. Elle baissa graduellement par la suite, mais malgré des nuits assez fraiches pendant Le mois de mai, la température est toujours restée entre les plis du ser- pent, même vers la fin de l'incubation, constamment su- périeure de 12° à 14° à celle de l’air de la chambre ou 10° à 120 au-dessus de celle de l’air confiné sous la cou- verture. L'éclosion des petits eut lieu après cinquante- six jours, le 2 juillet. Pendant toute cette période, la femelle n'avait pas voulu manger; mais, le 31 mai, après vingt-trois jours de couvaison, le gardien Vallée, homme très soigneux et très intelligent, la voyant plus inquiète que de coutume, remuer sa tête, lui présenta de l’eau LE NATURALISTE rl So dans un petit bassin et l'animal but avec avidité. Elle à ensuite bu cinq fois pendant le reste du temps de sa couvaison. Le 3 juillet au matin, on a vu que la couveuse témoignait le désir de manger et elle a avalé, en tenant encore les œufs dans ses derniers replis, cinq à six livres de bœuf, Elle a quitté alors ses œufs qui commencaient à éclore, elle a passé sur la couverture dont la tempéra- ture n’était plus que de 3° à 4° inférieure à celle de son corps, et, dès lors, ajoute Valenciennes, elle n’a plus montré aucune affection pour ses petits, après cependant les avoir couvés avec tant de soin, d’assiduité et montré même qu'elle les défendrait au besoin. Les petits ont changé de peau dix à douze jours après la sortie de lœuf; pendant ce temps, ils n’ont pas mangé, mais ils ont bu plusieurs fois et se sont baignés; pendant ce temps ils ont grandi, et après avoir changé de peau, ils ont mangé. * # # M. À. Fraysse vient de passer une thèse sur la biolo- gie de quelques plantes phanérogames parasites, encore mal connues à ce point de vue. Nous allons en faire connaitre les conclusions principales. L’Osyris alba, l'Odontites rubra, l'Euphrasia officinalis, se fixent à l’aide de nombreux suçoirs, sur les racines ou rhizomes qu'ils peuvent atteindre. Les végétaux aptes à leur fournir en grande quantité le carbone organique dont ils ont besoin, sont particulièrement affectables comme hôtes. Ce sont les végétaux à nodosités bacté- _riennes, à mycorhizes, à tubercules, à kystes amylifères, à glucosides, humicoles, etc. Le Lathræa squamaria et le Laihræa clandestina ont les mêmes préférences, Le volume des sucoirs est subordonné à la nature de lor- gane hospitalier; leur forme, leur durée, sont détermi- nées par les exigences des plantes parasites. Les sucoirs latéraux où terminaux sont simples ou composés, la structure de ceux qui ont une longue durée est complexe. Les suçoirs de l’Odontites, de l’Euphrasia, rappellent les mêmes organes jeunes de l'Osyris. Les sucoirs ont une origine plus ou moins profonde, Elle est parfois péricyclique ou endodermique, et le noyau procambial apparait souvent en face d’un faisceau ligneux primaire. Ils représentent probablement des racines modifiées et adaptées à un mécanisme particulier d’ab- sorption. L’invasion du parasite peut déterminer : une zone cambiforme destinée à isoler le cône de pénétration; la formation d'un liège cicatriciel; le développement d’élé- ments scléreux et fibreux ;lasuractivité de l’action libéro- ligneuse normale ; la production d’un liège périphérique épais; la production de thylles dans les vaisseaux du bois ; le dépôt de mucilages et de gommes dans divers éléments. Certaines plantes à chlorophylle (Osyris, Odontites) empruntent à leur hôte une partie de l’aliment minéral, et une partie du carbone organique; d’autres (Euphrasia) recherchent exclusivement l'aliment carboné. Parmi les plantes dépourvues de matière verte, le Cytinus, par exemple, puise dans la plante nourricière tout ce dont il a besoin. Cependant, pour toutes ces plantes, le méca- nisme physiologique de la nutrition est le même. Le pa- rasite ne puise pas indistinctement toutes les substances renfermées dans l'organe nourricier; il choisit, et, grâce aux diastases qu’il sécrète, il les transforme pour prendre toujours les mêmes éléments auxquels il fait subir une élaboration spéciale. L'observation directe de la nature, l'expérimentation et les réactions microchimiques montrent que les sucres réducteurs sont immédiatement absorbés par osmose et utilisés par le parasite. Le glucose apparait comme la source principale du carbone : a) les sucoirs de l'Odonti- les arrivent jusqu’au rte des racines envahies lors- qu'elles sont pauvres en aliment carboné ; mais ils ne dépassent pas la zone corticale quand celle-ci renferme beaucoup d’amidon (racines de Leontodon autumnalis, de Trifolium repens, de Ranunculus repens); b) les corps haustoriaux de l'Euphrasia officinalis ne dépassent pas habituellement le parenchyme cortical de la racine nour- ricière (racines de Taraxacum, de Trifolium repens, etc.) ; c) les sucoirs de l’Osyris alba, généralement complexes, ont une structure plus simple lorsqu'ils peuvent se pro- curer facilement le carbone (sucoirs fixés sur tubercules d'A ceras anthropophora). L’amidon de l'organe envahi est solubilisé par des diastases et transformé en sucres. Il disparait de tout le secteur qui délimite le rayon d’acti- vité haustoriale ; il y est remplacé par le glucose. Le sucre réducteur, arrivé dans le mamelon, est utilisé immédiatement par le parasite (Odontites, Euphrasia, Cytinus), ou bien il subit une transformation inverse et s'immobilise une seconde fois sous la forme amylacée (Osyris Lathræa). Le tanin est souvent un produit d'élimination; dans le Cytinus, il paraît être un agent de nutrition et de défense. Les matières grasses sont abon- dantes dans les éléments des sucoirs lorsque le parasite veut se défendre contre des substances toxiques renfer- mées dans l'hôte. Les cellules haustoriales s’accolent aux tissus de l'hôte, les perforent et pénètrent à leur intérieur, grâce à l’action de certaines diastases. Ces diastases, parmi les- quelles on peut distinguer, par leurs effets, la cellulose et le ferment gommique, sont localisées dans des régions déterminées. Elles agissent activement lorsque l'organe attaqué oppose à la pénétration du cône perforant une grande résistance. HENRI COUPIN. LA PRÉHISTOIRE EN FRANCE (Suile.) Céramique à l’âge du bronze. Poterie. — La céramique du bronze est bien supé- rieure à celle de l’époque néolithique, bien que Pusage du tour fut encore inconnu. La forme des vases se régu- larise, devient plus élégante; si la pâte des grandes pièces reste mélangée de fragments de quartz qui en augmente la solidité, celle des petits vases est très fine. Ornementations. — L'ornementation est rudimentaire, mais plus fréquente qu’à l’époque précédente; elle con- siste en rebords écaillés, lignes parallèles, chevrons, triangles, rangées de points. On trouve de vrais anses, bien supérieures aux mame- lons perforés ou non de quelques vases néolithiques. Supports. — Les vases ont encore le fond conique et ne peuventtenir debout ; ils devaient donc être suspendus, placés dans le sol ou introduits dans un support que l'on a retrouvé : c’est une couronne de terre cuite où s’engageait la base conique. Boutons. — On a trouvé des boutons formés de disques en terre cuite, renflés sur une face et percés de trous, ce qui indique l'usage de vêtements. Céramique des stations lacustres. — On ÿ a rencontré des vases et des anneaux-supports. La décoration en est uniquement géométrique; la couverte en est grise ou » Ÿ IS ———" no ets RIRSSSEE LEZ, RE RS ie nt er ESP EE = SEE RE CRE 23 ere __ | n 18 "7 LE a he dm + AS à rage TEE … 47 RE LEE LE, — u a — Sr re to pe pie rs - 98 LE NATURALISTE a ——————— "© —————————————.—.————————.———.——.—.— noire, Quelques vases moins grossiers paraissent faits au tour et parfois rappellent les meilleures formes des dolmens. On y a rencontré aussi une grande quantité de pesons et de fusaiïoles. Animaux domestiques. Les ossements trouvés dans les diverses stations de l’âge du bronze ont permis de reconnaître : deux races de chiens; deux races de chevaux (on a retrouvé des mors de bronze dans les plus anciennes stations); l'âne, la poule et le canard. L'agriculture reste aussi prospère que nous l'avons vue à l'étude des stations lacustres néolithiques. Gisements néolithiques. M. Ernest Chantre a divisé les principaux dépôts de l’âge du bronze trouvés en France en trois catégories auxquelles il a donné le nom de Trésors, de Fonderies, de Stations. À. Trésors. — Les premiers se composent d'objets n'ayant jamais servi et sont des cachettes, ayant un caractère de dépôts personnels ou de marchands. Les principaux sont ceux de Realton, de Ribiers, de Beau- rières, de Manson, de Frouards et sont caractérisés par la présence d'instruments à douille. B. Fonderies. — Ce sont des dépôts composés d'objets brisés. M. Chantre en a examiné une cinquantaine; dans le Nord de la France, plus que dans le Midi, on y retrouve les instruments à douille. C. Stations. — Elles sont considérées comme repré- sentant les habitations de l’âge du bronze, bâties sur la terre ferme. « Cachettes. On a trouvé souvent des moules dans des cachettes contenant également des objets fondus ef des lingots de métal. Lorsque le fondeur devait voyager, il laissait en dépôts dans ces cachettes des provisions qu’il trouvait à son retour, évitant ainsi le transport d’un poids considé- rable. Ceci permet de penser que l'industrie du fondeur était le monopole de quelques individus peut-être étran- gers, sûrement romades, sans cela l’industrie se serait localisée dans des ateliers appartenant à des tribus qui eussent conservé l'outillage, les matières premières et les produits de l’industrie, sans avoir besoin d’user de ruse pour les cacher. Villages fortifiés. Les hommes de l’époque du bronze ont su fortifier leurs villages, ce que ne paraissent pas avoir fait ceux de l’époque néolithique, bien qu’on ait donné le nom de camp aux endroits élevés où l'on a retrouvé des habita- tions néolithiques. Tantôt les habitations s'étendaient en dehors de l’en- ceinte fortifiée soit qu’elle fût trop petite ou qu’elle ne fût qu'une sorte d'acropole. Ces fortifications s’élevaient sur des plateaux de faible altitude, mais ayant des vues étendues et toujours au voisinage d'un point d'eau, ce qui est naturel. Là où les défenses naturelles et les talus à pic faisaient défaut, on a complété la fortification par des murailles épaisses de 2 à 3 mètres. Les cabanes ressemblaient à celles de l’époque néoli- thique, couvertes de branchages ou de roseaux couverts d'argile, reposant sur des solives, mais avec des murs de pierre ou de terre. Stations lacustres. Nous avons vu que beaucoup de cités lacustres datent de l’âge du bronze; mais à cette époque les grands lacs furent insuffisants à cause de la densité de la population et ils élevèrent des constructions sur pilotis dans des étangs et des marais. Ces stations sont nommées : Sfa- tions palustres où marines ; elles ressemblent aux cons- tructions lacustres, mais sont plus soignées. De plus, la plate-forme qui supportaitles cases, plus accessible aux envahisseurs, était entourée de pieux fichés dans le sol et assujettis par des poutres formant une palissade défensive Une autre particularité distingue ces stations palustres des cités lacustres : c’est l'absence, entre les pieux, de débris de cuisine et autres détritus; ceux-ci eussent, en effet, comblé les marais, aussi les a-t-on transportés sur les rives du Danemark où ils se sont accumulés en véri- tables kjæœkken-mœæddings qui ont fourni des pesons de métiers à tisser, des boutons, des grilles de foyer en terre, de grandes meules de pierre, etc. Monuments mégalithiques de l’époque du bronze. La civilisation dolménique était en pleine ftoraison lorsque l’on commenca en Gaule à employer le métal ; elle ne disparut pas brusquement. Les plus riches sépul- tures mégalithiques sont celles où le bronze parait à côté de la pierre polie et de la poterie indigène. Toutefois sur certains points, en particulier dans le Finistère et dans les Côtes-du-Nord, on constate une modification sporadique des rites funéraires : l’incinéra- tion s’y substitue à l’inhumation. Cet indice joint à l’ap- parition des métaux a fait conclure à la présence, sur le territoire de la Gaule, de quelques groupes étrangers encore clairsemés, appartenant à une civilisation diffé- rente et dominés par d’autres idées religieuses, quoique les rites funéraires aient pu se modifier sur place. Les sépultures de l’âge du bronze ont souvent un riche mobilier, À Gourillach (Finistère), on a trouvé par exemple : 2 admirables pointes de flèche en silex et 1 poignard de bronze ; & poignards en bronze et un grand nombre de silex taillés au tumulus-dolmen de Carnouët (Finistère). On a souvent trouvé dans les dolmens de cette époque des objets de : Silex (pointe de flèches, de lance, lames de poignards); Or (clous d’or très petits qui devaient orner le manche des poignards de bronze); Bronze (poignards); Argent (spirales). Rochers gravés. Il existe en France un certain nombre de rochers gravés : en Seine-et-Marne, dans les Vosges, dans le Tarn (statues-menhirs de l’abbé Hermet), dans divers départements du Midi, dans les Deux-Sevres, près de Saint-Aubin-d'Aubigné; à la ferme de La Vaulx, il en existe une quarantaine (Delauney). Dans cette localité, les roches non dégrossies ont été usées de facon à compléter l'aspect zoomorphe de cer- tains d’entre eux. D'autres ne comportent que la figuration des doigts. D’autres enfin rappellent les statues-menhirs du Tarn et surtout la déesse-chouette des grottes de la Marne, dont elles ont les deux seins en cercle, le collier, la bouche Il LE NATURALISTE 99 ÿ en a qui ont un « type poupée », une tête ronde, un élargissement aux épaules et aux hanches, un rétrécis- sement au cou et à la taille. Ces figures sont accompa- gnées de dessins d'animaux, d'un cavalier; une des figures paraît porter un enfant. Ils comportent de nombreux autres signes : la croix +, la croix de Saint-André X, la croix surmontant un cercle &, la croix inscrite dans le cercle æ) des sortes d'E, des V renversés(A). des sortes d'M, des traits paral- lèles — ou |||||, des signes rappelant le psi grec ren- versé # où l’oméga minuscule renversé (®). On peut les faire remonter avec quelques réserves à la fin de l’âge du bronze. : On a également trouvé dans l’Aveyron (Les Maurels, Saint-Sernin, Pousthomy) et dans Île Gard, des sortes de menhirs anthropoides appartenant au début de l’époque des métaux et représentant avec une grossièreté enfan- tine des personnages drapés debout. En dehors des curieuses sculptures de ceux du Mor- bihan, on a trouvé quelques sculptures dans les dolmens. Dans celui de Lisières, près de Pamproux, on a trouvé les figures de deux canards et sur la dalle d’un dolmen des environs d'Uzès, on croit reconnaitre une figure de femme, Une figure qui se refrouve souvent sur les rochers gravés est le pied humain. C’est ainsi qu'au Rocher des Pieds, à Lans-le-Villard, on voit à côté des cupules 23 paires de pieds accouplés. En Savoie, on peut citer encore la Pierre de Saint-Martin (La Muraz), la Pierre Passadiable (Reignier) ; dans l'Ain, la Pierre à Samson, la Pierre à Passon, sur le Reculet; dans les Vosges, au Haut-Doucn, au Charlemont, sur la Pierre à Mulot, où l’on voit une paire de pieds à côté d’une écuelle; même fait au dolmen de Petit-Mont en Arzon (Morbihan). ÉPOQUE MŒRINGIENNE OU LAUNACIENNE On peut donner le nom d’Époque Mœæringienne (M. Chantre) ou Launacienne (Cazales de Fondouce) à la période intermédiaire entre l’âge du Bronze et l’âge du BE Parmi les monuments et les trouvailles rapportées à cette époque, citons les tumuli de Belvezet (Gard), amas de pierrailles circulaires, hautes de 0 m. 80 environ, sur un diamètre de 8 à 20 mètres, sertis d’un cromlech de petite dimension. Ils ont fourni des ossements, des tessons d’une poterie gris-souris, travaillée à la main, avec de petits fragments de quartz dans la pâte, tessons déposés intentionnellement, et un bracelet fermé de bronze orné de dessins élégants, traits parallèles et dents de loup. Dans des amas de pierrailles analogues, MM. Bleicher et Barthélemy, en Lorraine, ont ren- contré des ossements, du charbon, des bracelets de bronze et une tige de fer. Ces tumuli particuliers se retrouvent sous le nom de Mergets, à Meul, dans le canton de Lignières (Cher); ils -ont fourni là encore des ossements, des dents, des bra- celets de bronze ouverts ou fermés. Cette époque tire son nom de la station lacustre de Mæringen, étudiée par M. Chantre, et d’une cachette de fondeur trouvée à Launac. Il est possible que ces objets ne soient pas des épingles à cheveux; il est peu probable qu’elles aient servi à rat- D tacher les diverses pièces du vêtement, elles sont trop- volumineuses pour cela. Il est très probable, d'après M. de Beaupré, que ce soient de simples broches à rôtir, la tête servant de contrepoids pour la bien équilibrer dans la main et permettant de lui imprimer un mouve- ment de rotation, les ornements en saillie du tiers supé- rieur servant à arrêter la graisse brûlante; une partie Sénéralement plus usée au tiers moyen indique l'endroit où la viande était enfilée. Dr ETIENNE DEYROLLE. ACADÉMIE DES SCIENCES Les volcans du Livradois et de ln Comté (Puy-de-Do- me). — (Note de M. Pr. GLANGEAUD, présentée par M. Micnez Lévy.) L'auteur à déjà signalé que les volcans quaternaires des en- virons de Clermont étaient situés sur des failles qui avaient dû s'élargir, par places, sous forme de fentes éruptives, permettant ainsi l'ascension du magma fondu interne. La situation particu- lière de ces volcans n’est pas une exception, et un assez grand nombre de volcans du Puy-de-Dôme, présentent une situation analogue. La région qui s'étend au sud du département est spécialement favorisée à ce point de vue; elle comprend la contrée désignée sous le nom de Comté (de Vic-le-Comte) et le Livradois (région cristalline s'étendant entre l'Allier et la Dore). Les plaines de Sauxillanges, de Sugères et de Monglien, s’enfoncent comme un coin entre les deux pays et sont dominées de toutes paris par des collines aux contours les plus variés. À l'Est s'étagent les hauteurs du Livradois, formées de crou- pes de granulite entourées de schistes cristallins. Au Nord, dominent les schistes et le granite; au Sud et à l'Ouest l'oligo- cène. Ces diverses formations semblent servir de piédestal à un grand nombre de pitons basaltiques. Tous ces puys, restes d’an- ciens volcans réduits à leurs cheminées, ne sont pas distribués d'une manière quelconque; ils sont généralement alignés sur dés dislocations de direction Nord-Sud, Nord-Est ou Nord- Ouest. La disparition complète des appareils de projection, le dé- mantélement des coulées font penser tout d'abord que ces vol- cans sont assez anciens el qu’on pourrait peut-être les consi- dérer comme édifiés à la même époque (miocène) que ceux du versant occidental de la Limagne. Cependant en l'absence de do- cuments paléontologiques, et les modifications du relief ne pa- raissant pas aussi considérables, M. Glangeaud les considère comme pliocènes, mais pliocène ancien, les coulées phonolitiques étant postérieures aux coulées basaltiques.: L'auteur présente une coupe de cette région passant par les puys de Mercurol (711), de la Chaux-Montgros (761), de Cor- deloup (784), de Saint-Jean et de la Garde (796). Sur les glaciers pléistocènes dans l-s vallées d'An- dorre. — (Note de M. Marcez CHEVALIER.) Les glaciers pléistocènes ont laissé des traces. absolument nettes dans les vallées de la petite république d'Andorre : C'est ainsi que le Valira del Oriente prend sa source dans un beau cirque glaciaire (cirque dels Pessons) dominé par des crêtes granitiques très ravinées par l’action du ruissellement. Toute la vallée jusqu'à Andorra la vella conserve sur ses flancs des restes de moraines anciennes, des roches moutonnées, polies et striées. On en observe les plus beaux exemples à Solden, Ca- nillo, Angulastès, Las Escaldas, Andorra. Dans la vallée du Falira del Norte, les traces glaciaires sont aussi nettes, et représentées par des dépôts morainiques, des roches moutonnées, striées et polies, observés surtout à Ordino et au Pont- Sant Antonio où la vallée affecte une forme en U caractéristique, Pendant la période maxima d'extension des glaces, un grand glacier constitué par la réunion près d’Andorra des deux gla- ciers occupant respectivement la vallée du Valira del Norte et la vallée du Valira del Oriente, s'est étendu, après un parcours de 29 kilomètres, jusqu'aux environs de Santa Colonia (1030 m&- 100 ù —————_—_—_———————_—— tres) où il a laissé une moraine frontale aujourd’hui remaniée et en partie effacée par l’action ultérieure des agents almosphé- riques et aussi par le Valira. Ce dernier, postérieurement à la disparition du glacier, arrêté dans sa course par la moraine, a formé derrière cette dernière un lac inondant toute la plaine d’Andorra. Ce lac s’est vidé quand les eaux ont pu se frayer un passage à travers le dépôt morainique. La disparition des glaciers en Andorre ne s’est pas faite d’une façon continue. Il y eut des moments d’arrêt dans le’ recul des glaciers. Ces temps d'arrêt sont marqués par des moraines fron - tales abandonnées à divers endroits dans les vallées des Valira. On ne peut pas affirmer qu'il y eut dans cette partie des Py- rénées deux extensions glaciaires séparées par une phase intra- glaciaire. Partout, en effet, les dépôts dus aux glaciers reposent sur des terrains paléozoïques. Lors de l'extension maxima des glaces pléistocènes dans les vallées d’Andorre, cette partie des Pyrénées fut couverte par une énorme calotte de glace et de neige, d'où émergeaient les plus hauts sommets, de 500 à 600 mè- tres plus hauts qu'aujourd'hui. L'important massif granitique situé à l'est d'Andorre formait un centre de dispersion des glaciers qui descendaient des flancs du massif suivant une direction rayonnante. Sur une nouvelle maladie myxosporidienne de Ia ‘truite indigène. — (Note de M. L. LÉGER, présentée par M . ALFRED GARD.) On connaît déjà chez les truites trois espèces de myxospo- ridies dont deux paraissent provoquer des maladies graves. Ce sont le Myxobolus cerebralis agent du tournis des Salmonides, le Myxobolus neurobius qui a été rencontré dans les nerfs et la moelle épinière de truites de ruisseaux de la Forèt Noire et en- fin le Hennequya Nüsslini dont Schubert et Schræœder ont ob- servé seulement deux kystes, à la base de la nageoire dorsale du même hôte. L'auteur signale ici l’existence d’une nouvelle myxosporidie qui habite dans la vésicule biliaire de notre truile indigène Trutta fario et qu'on rencontre d’une façon constante chez les sujets atteints par une maladie à forme chronique se terminant le plus souvent par la mort. Cette maladie, qui a été observée dans des bassins d'élevage d’un important établissement de pisciculture du Dauphiné, -sévit depuis plusieurs années sur des truites déjà grosses, du poids de 100 à 300 grammes. Le poisson malade perd peu à peu l'appétit et est bientôt atteint d’une diarrhée jaune brunâtre en même temps qu'il mai- grit et devient indolent. Peu à peu les nageoires et les parties normalement claires de la peau, notamment les aisselles et la face ventrale, prennent une coloration jaune bien caractéris- tique. La maladie se prolonge ainsi pendant de longs mois au bout desquels le poisson amaigri et anémié finit par succomber. A l’autopsie, le foie est décoloré, la vésicule biliaire énormé- ment distendue avec une bile jaune rougeâtre. Des suffusions biliaires se produisent dans les organes voisins de la vésicule ; les muscles de la paroi abdominale sont parfois colorés en jaune et comme tannés par la bile. En même temps, l'intestin présente tous les caractères de l'entérite chronique. Dans la vésicule et dans les conduits biliaires se trouvent une quantité innombrable de myxosporidies libres, de tailles variées, qui, par leurs spores sphériques tétracapsulées, appartiennent au genre Chloromyxum. Ce Chloromyxum de la truite est très voisin de CAl. fluviatile de Squalius cephalus. Mais l'auteur pense qu'on à affaire ici à un parasite spécial à la truite pour lequel il propose le nom de Chloromyxum trutlæ, n. sp. Il est impossible d'affirmer que cette myxosporidie soit l’a- gent pathogène de cette grave maladie, mais tout le fait suppo- ser surtout étant donné que les truites bien portantes de ruis- seaux voisins ne montrent aucun parasite dans leur appareil biliaire. Sur l'action de quelques alcaloïdes à l’égard des tubes polliniques. — (Note de M. H. Courin, présentée par M. Gaston BonNier.) Etant donné la facilité avec laquelle la plupart des grains de pollen germent sur l’eau pure additionnée de diverses subs- tances nutritives, de sucre par exemple, on peut se demander pourquoi ces grains, qui peuvent germer sur les stigmates de fleurs appartenant à des espèces différentes de celles dont ils proviennent, sont bientôt arrêtés dans leur développement et ne peuvent ainsi produire de nombreux hybrides. On est ainsi amené à considérer que dans les stigmates et les styles d’une LE NATURALISTE ‘ques et que, de plus, la toxicité des alcaloïdes n’est pas la même “Action de l'acide carbonique sur la vie latente de ‘gique, car elle apporte un criterium pour décider si, dans ce espèce donnée existent des substances toxiques aux éléments polliniques étrangers. En entreprenant une série de recherches sur la germination des grains de pollen dans un certain nombre de liquides de composition. variée, l’auteur est arrivé à montrer que la plu- part des alcaloïdes étaient très toxiques pour les tubes pollini- pour tous les grains de pollen. D'autre part les mêmes alcaloïdes bien que très toxiques à une certaine dose, peuvent, à une dilution plus faible, devenir un aliment pour les tubes polliniques. quelques graines desséchées. — (Note de M. Pauz Bec- QUEREL, présentée par M. Gaston BoxniER.) L'action de certains gaz irrespirables, tels que l’acide carbo- nique, l'azote, l’oxyde de carbone, sur la vie latente des orga- nismes, animaux ou végétaux, a une certaine importance biolo- cas particulier, les phénomènes physico-chimiques de la vie sont complètement arrêtés où simplement ralentis. Car si des organismes plongés pendant un certain temps dans des gaz asphyxiants sont susceptibles de revenir à la vie, on peut avoir la certitude qu'au moins les échanges respiratoires sont devenus impossibles et que dans ces conditions la vie doit être vraisem- blablement suspendue non ralentie. Les expériences de Giglioli et de Romanes qui avaient fait séjourner des graines dans de l’oxyde de carbone, de l'azote, de l'hydrogène semblaient permettre de conclure à la vie suspen- due. Mais ces auteurs avaient expérimenté sur des graines très desséchées et, par cela même, avaient rendu imperméables aux gaz ci-dessus les téguments de leurs graines. L'auteur a recommencé les expériences de Giglioli et de Ro- manes, mais avec des graines décortiquées ou perforées, pour être absolument certain que le contact entre le gaz irrespirable qui était ici de l’acide carbonique et l'embryon ait été parfaite- ment assuré. Il opérait sur une dizaine de graines réparties en trois lots. Les graines du premier lot avaient subi une immersion d’un quart d'heure dars l’eau. Celles du deuxième lot se trouvaient dans l’état de dessiccation naturelle qu’elles possèdent au bout d'une année de leur récolte; enfin celles du troisième lot avaient été desséchées pendant un mois, dans le vide avec de la baryte caustique, à une température de 45°, Voici quels furent les résultats : toutes les graines du premier lot qui avaient été légèrement humectées furent tuées. Par contre, la plupart des graines du second lot, et toutes celles qui avaient été desséchées artificiellement, levèrent et donnèrent de fort belles -germinations. ; Or comme les cotylédons des graines sont très poreux, on ne peut pas douter que le gaz acide carbonique ait pénétré dans l'intérieur de l'embryon. Mais est-ce que le gaz a pu pénétrer par les communications protoplasmiques, dans l'intérieur de l'embryon? C’est une question qu'il est très difficile de résoudre : s’il en était ainsi on se trouverait en présence indiscutable du cas de la vie suspendue. Bibliographie A1. Castellani et Willey. Observations on Hæmatozoa in Ceylon. Quart. Journ. Micr. Sc., n° 194, nov. 1905, pp. 383-402, pl: XXIV. AA. Chaine (J.). La langue des Oiseaux. Etude de Myologie comparative. : Bull. scient. de la Fr. el de la Belg., XXXIX, 1905, pp: 487-504. : 413. Chaine (J.). Le dépresseur de'la mâchoire inférieure, son étude comparative chez les Vertébrés, sa significa- tion morphologique. Bull. scient. de la Fr. et de la Belg., XXXIX, 1905, pp. 1-56, 2 pl., fig. j V. VAUTIER. Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette. ONE CAE MAY 1906 MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DES COLÉOPTÈRES DU GROUPE DES MYCÉTOPHAGIDES PREMIÈRE PARTIE GÉNÉRALITÉS Régime nutritif. — Les insectes qui composent ce groupe vivent à l’état adulte ainsi qu’à l’état larvaire de matières diverses : ainsi dans les tissus de divers cham- pignons, dans les fumiers, les fruits en désagrégation, dans les moisissures des lieux obscurs, caves, celliers, dans les grottes, dans les fourmilières, dans les nids de guépes et de bourdons, et des chenilles sociales, quelque- fois sur les fleurs, le dessous des pierres accidentelle- ment; leur genre de vie parait donc assez varié, mais en général ils font pièce de végétations cryptogamiques ou de détritus animalisés contenant des principes azotés : nombreux en espèces et en individus, ils réduisent à rien et en peu de temps les produits nutritifs dont ils s'alimentent; on les trouve en toute saison, de jour comme de nuit, plus particulièrement en automne etsur- tout au printemps, époque à laquelle a lieu le rappro- chement des deux sexes. Reproduction.— Le momentdelapariade, correspondant avec les belles premières journées du printemps, est ar- rivé : dès lors, les deux sexes se recherchent; que ce soit sur un champignon ou sur toute autre matière, le mâle, sans hésitation aucune, monte sur le dos de sa femelle, aussitôt, et sans préambule aucun, se produit l’accou- plement dont la durée est de une journée environ : pen- dant le premier acte de la reproduction, le régénérateur reste sur le plan de la superposition le temps suffisant pour que ses organes génitaux soient mis bien en con- tact avec ceux de sa compagne, puis, sans cesser la copu- lation il passe au second acte, il quitte le dessus de la position, pour se placer bout à bout avec elle par juxta- position et y reste Jusqu'à ce que s’accomplisse le troi- sième acte, la disjonction des parties sexuelles, : alors seulementla femelle est fécondée. Elle songe aussitôt à assurer le sort de sa progéniture en déposant sa ponte dans un milieu convenable et approprié aux besoins vi- taux de la jeune larve, champignons, débris végétaux ou résidus divers, puis comme finale de la reproduction, elle gagne un abri où se terminera son existence par ce fait achevée; son rôle est rempli, elle n’a que le temps de disparaître de la scène de la vie renouvelée, sans qu'il lui soit donné de surveiller l'existence de sa jeune nitée, le Créateur lui a dénié ce soin ; lui si prodigue envers les faibles, s’est réservé la protection de sa nouvelle géné- ration à laquelle rien ne manquera, étant donné que les aliments du début ont été parcimonieusement mis à la portée de la jeune larve qui se trouvera en même temps placée dans des conditions de sécurité absolue : le mâle a disparu aussitôt après l’accouplement. Œuf.— L'œuf des Cryptophagides affecte la forme sui- vante : Longueur : 0 mm. 6 à 8; diamètre : 0 mm, #4 à 5. Ovalaire, généralement blanchâtre, très finement poin- tillé ridé, à pôles arrondis, à coquille peu consistante, Pondus au nombre de 15 à 20,ces œufs de dimensions restreintes et difficiles à voir, éclosent, selon l’état de la température, une quinzaine de Jours après, donnant la vie à de jeunes larves dont la préoccupation première consistera à s’assimiler, en les absorbant, les végétations cryptogamiques ou les matières végétales sur lesquelles elles sont nées; — elles vivent, progressent, ne s’arré- 2 SÉRIE — N° AGO 1°" MAI 1906 —————_—_—_—_—_—nn qui sont au nombre de trois ou quatre; cette phase de leur changement de peau est critique, toutes ne la fran- chissent pas sans accident; la substance alimentaire ne leur faisant jamais défaut, elles n’ont pas besoin de se déplacer, aussi acquièrent-elles en peu de temps le déve- loppement voulu pour les conduire à la veille de leur transformation en nymphe : c'est ce moment que nous allons prendre pour en donner les caractères généraux. Larve, — Longueur, # à 6 millim.; largeur, 0 mm. 8 à 1 millimètre. Corps charnu, allongé, linéaire, jaunâtre ou blanchâtre, plus où moins lisse ou luisant, finement pointillé, avec Courts cils épars, convexe en dessus, subdéprimé en dessous, plus ou moins atténué vers les deux extrémités, l’antérieure arrondie, la postérieure armée de deux cro- chets ou de deux filets (Cryptophagides) ou mutique (genre atomaria). Téte petite, cornée, arrondie, jaunâtre ou brunâtre, pointillée, éparsement ciliée, ligne médiane obsolète, pâle, bifurquée en deux traits aboutissant à la base an- tennaire ; disque parfois incisé: épistome court, trans- verse, bord relevé, labre semi-elliptique, courte ment frangé de cils roux ; mandibules courtes, arquées, à base plus claire que l'extrémité qui est dentée avec courte pointe à la tranche interne; mâchoires géniculées, à tige continue, à lobe réduit frangé et parfois denté, à palpes coniques, triarticulés; menton accentué, convexe, lèvre inférieure constituée par une masse charnue, bilobée, avec courts palpes biarticulés et rudiment de languette; antennes détachées à premier et deuxième articles courts, le troisième bien plus développé, à bout dilaté avec très court article supplémentaire au bout de la troncature, quatrième grêle réduit; ocelles constitués par des points parfois peu apparents, d’autres fois noirs, arrondis ou réniformes, au nombre de un, ou de deux, ou de trois, suivant l’espèce, placés en arrière de la base des man- dibules. Segments thoraciques convexes, avec incision latérale relevant les flancs en un léger bourrelet cilié, le premier très développé, ovalaire, transversalement ridé, un peu plus large que la tête, deuxième et troisième égaux, transverses, avec double incision transversale bien peu accentuée, Segments abdominaux convexes, forme des deux précé- dents, légèrement arqués, pointillés ridés, peu atténués vers l’extrémité, avec légère incision latérale ciliée et double impression transverse peu accusée, le neuvième armé de deux styles ou crochets, plus ou moins arqués, à pointe rembrunie. Dessous subdéprimé avec cils épars, finement pointillé, le premier segment triangulairement incisé, les deuxième et troisième à milieu dilaté, les segments abdominaux à flancs incisés, à milieu renflé, le segment anal avec pseudopode plus ou moins saillant, sur lequel s'appuie la larve pendant son déplacement, à cloaque bilobé et fente en long : un double bourrelet latéral longe les flancs servant de trait d'union aux deux régions dorsale et ven- trale. Pattes bien développées, arquées, ciliées, hanches massives, trochanters courts, coudés, cuisses et jambes comprimées, tarses en long, onglet noirâtre et arqué. Stigmates petits, orbiculaires, flaves à péritrême plus clair, la première paire sur le bourrelet de séparation latéral des deux premiers segments thoraciques, les sui- vantes au-dessus de ce bourrelet et au tiers a:térieur des huit premiers segments abdominaux. Complètement développée, notre larve est prête à su- bir sa transformation en nymphe. En prévision de cette attente, elle se façonne dans le milieu ou sous la subs- tance nourricière même, une loge oblongue dont elle lisse les parois au moyen des pressions qu’elle exerce à tant dans leur expansion que dans l’entretemps des mues ? l’aide de son corps; elle s’installe dans ce réduit, se PR anne en M NE Rai 1 vues eu Ven eus. ne SR Ven 9 NP ANUS Mr me. cynmumeen EE, 2 1 EE À ne Er Sn ee Ge ir 102 LE NATURALISTE couche sur le côté et se prépare en cessant tout mouve- ment à franchir la phase transitoire qui précède la trans- figuration ; aussitôt commencent des dilatations suivies de contractions de plus en plus énergiques jusqu'au mo- ment où la peau se distend le long de la ligne médiane, quelques contractions encore et cette même peau alors ratatinée et acculée contre le fond de la loge servira de coussinet au corps du nouveau protée. Les larves’ des Mycétophagides ont en général une taille un peu plus avantageuse que celle de l'adulte; elles perdent de leur volume au moment de la nymphose, c’est un fait particulier à certains groupes, surtout chez les larves ou chez les chenilles qui se filent des coques Ptinides, Cionides, Bombycides; ce qu’elles dépensent d’un côté elles le restituent de l’autre. Dans les larves dont les nymphes ont leur segment anal prolongé par des styles ou par des papilles, et c’est le cas de celles qui nous occupent, les crochets des lar- ves qui au moment de la transformation se fixent en un point de l'abri servent de fourreau à ces styles qui y demeurent ainsi engagés, ayant pour but de retenir la nymphe et faciliter plus tard la sortie de l'adulte du mur qui le séparait du dehors. Nymphe. — Longueur, 3-4 millimètres; largeur, 4 mil- lHimètre. Corps allongé, charnu, jaunâtre ou blanchâtre, poin- tillé et éparsemeut cilié, les cils quelquefois subbulbeux, convexe en dessus, plus ou moins déprimé en dessous, arrondi à la région antérieure, la postérieure atténuée et bifide. Téte arrondie, déclive, à pourtour cilié, premier seg- ment thoracique très développé, rectangulaire, à bords ciliés, à angles antérieurs arrondis ou non, les posté- rieurs dentés; deuxième court, transverse; troisième plus développé, même forme; segments abdominaux subdéprimés, garnis de cils plus ou moins longs, les sept premiers courts, transverses avec légère incision latérale relevant les arceaux en un léger bourrelet; huitième sans incision, neuvième réduit, prolongé par deux courts styles grêles,ténus ou apophyses parallèles ; dessous sub- déprimé, glabre, antennes noduleuses, reposant par leur bout, près des genoux de la première paire de pattes, genoux des trois paires peu saillants, biciliés. Dans leur loge, les nymphes reposent sur la région dorsale. Inquiétées ou dérangées dans leur abri, elles peuvent imprimer à leurs segments abdominaux de lé- gers mouvements défensifs; la phase nymphale a une durée subordonnée à l’état de la température, de douze à quinze jours au plus; l'adulte est alors formé, mais ses téguments, mous encore, n'ont pas la consistance voulue pour lui permettre de se frayer un chemin à travers le réseau qui l’enserre ; trois ou quatre autres journées lui sont nécessaires pour bièn affermir ce corps si grêle, alors seulement il sortira de son réduit, stationnera quelque temps sur ces lieux quile virent naître et croître, et lorsque les besoins de la reproduction inciteront ses sens, il se lancera dans l’espace, volant à la recherche de l’un de ses semblables avec lequel 1l puisse s’accoupler, et c'est ainsi que dans le monde entomologique se renou- velle l’immuable espèce. À la suite de ces généralités, nous allons décrire les larves ainsi que les nymphes connues de nos jours, en ne faisant ressortir d'elles que les particularités qui leur sont propres, les caractères généraux étant com- muns à toutes, moins les exceptions que nous signale- rons. Nous ne donnerons pas la description de l'adulte comme ne rentrant pas dans le cadre de notre travail; l'ouvrage le plus complet sur ce groupe de coléoptères est d'abord W. Erichon Naf. ins. Deuts., 1846, puis les tables de détermination de Reitter, Best, tab. d. europ., XVI. Ile PARTIE DESCRIPTION DES LARVES ET DES NYMPHES Genre Anterophagus, Lat. Les poils dont sont couvertes les larves de ce genre sont spatulés. 1.— Silaceus, Herbst, Erichs. Ins. Deuts., 1846, p. 344. Larve. Perris, Larves de coléoptères, 1877, p. 73. Corps. Longueur 6-7 millim. Charnu, subdéprimé, presque linéaire, : éparsement cilié, deux fossettes arquées sur le front; épistome et labre peu distincts ; petite dent sur la tranche interne des mandibules ; lobe maxillaire grand, un peu arqué; article supplémentaire antennaire très petit, émergeant de la troncature du troisième ; points ocellaires peu sail- lants, de la couleur du fond; crochets terminaux relevés, coniques, peu arqués, contigus à leur base; mamelon anal bilobé. Larve agile et remuante vivant des déjections dépo- sées dans les nids de Bombus Sylvarum, Fab., dépouilles larvaires, détritus divers, elles se tiennent dans les feuil- lets des alvéoles qu'elles désorganisent. La larve de l’Ant, nigricornis, Fab. qui n'a pas encore été décrite, vit au même titre, dans les nids de Bombus montanus, Lepell, Ces deux espèces ainsi que la suivante sont donc des vidangeuses des nids d’hyménoptères. , 2. — Pallens, Oliv. Erichs. Ins. Deuts., 1846, p. 345, Larve.V. Gernet, Hor. soc. Ross., 1860, p. 21, pL. 3, fig. 8. Corps. Longueur, 7 millimètres. Charnu, les deux derniers arceaux subcoriaces, pres- que cylindrique, blanc jaunâtre, couvert de poils épars ; tête brunâtre, deuxième article antennaire fort, clavi- forme ; mandibules arquées, dentées, avec petite dent au- dessous de la pointe et dentelure au bord intérieur; lèvre inférieure échancrée; ocelles peu apparents, leur emplacement brunâtre ; les segments thoraciques et le segment anal ont leurs flancs plus ciliés ; crochets ter- minaux faiblement arqués. On trouve cette larve en nombre en août dans les nids de Bombus muscorum, Smith. Cette larve ayant été décrite d’après un sujet conservé dans l’acool, l’auteur, V. Gernet, ne mentionne pas l’ar- ticle supplémentaire antennaire qui a dû se rétracter dans le troisième : au reste il s'en réfère pour les détails à celle de l'An. silaceus, décrite plus haut par Perris. Genre Cryplophagus, Herost. Les poils dont sont couvertes les larves de ce genre sont effilés : ces larves ont toutes une telle ressemblance qu'il est difficile de trouver des caractères différentiels propres à chacune, seulsles crochets ou styles terminaux les lobes maxillaires etles mandibules les font quelque- fois distinguer entre elles. 41.— Lycoperdi, Herbst.Erichs. Ins. Deuts., 1846, p. 349. Larve, Bouché, Naturg., 1834, p. 191. Corps. Longueur, 3 mm. 3. Cylindrique, luisant, un peu arqué, charnu, blanchä- tre, avec cils épars et incision latérale ; tête semi-orbi- culaire, antennes cylindriques, onglet des pattes subulé ; épines terminales fortes et courtes ; pseudopode saillant. Ontrouve cette larve en automne dans les tissus char- nus du Lycoperpon bovistæ, dont elle se nourrit. 2. — Pilosus, Gyll. Erichs. Ins. Deuts., 1846, p. 352. Larve, Erichs, loc. cit., p. 348. Corps charnu, éparsement cilié, tête déprimée, man- dibules arquées, à pointe accentuée, avec dentelure à la tranche interne, lobe maxillaire triangulaire, frangé ; antennes courtes, de trois articles, le deuxième cylindri- que, le troisième grêle, lequatrième à échappé à Erich- son, ainsi que l’article supplémentaire ; ocelles nuls ; segments abdominaux avec plaque médiane, huitième et LE NATURALISTE 103 A ———————_—_—…—…—— …—…——…—…— —…—— ———…——…—…— neuvième coriaces, ce dernier avec deux pointes recour- bées et cornées ; pseudopode tubuleux. 3. — Acutangulus, Gyll. Erichs.Ins. Deuls., 1846, p. 362. Larve. Perris, Ann. Soc. ent. fr., 1862, p. 192, fig. 544. Corps. Longueur, 4 millimètres; largeur, Omm. 6. Linéaire, subdéprimé, blanchâtre, avec poils roussâtres épars; tête testacé clair, bord antérieur plus foncé, un ocelle réniforme ; segment anal profondément échancré, prolongé par deux crochets cornés brusquement relevés, la face dorsale de ce segment creusée en gouttière ; au fond de l’échancrure est un petit tubercule corné ferru- gineux, pseudopode saillant ; anus bilobé. Cette larve a beaucoup de ressemblance avec celle du Cryp. abictis, Payk, décrite plus loin, elle vit dans les vieux troncs de pin en voie de désagrégation, dans les galeries creusées par les larves de Longicornes dont elle recherche les déjections pour s’en nourrir et au milieu desquelles elle subit sa transformation nymphale. Nymphe. Corps mou, blanchâtre, couvert de poils épars subbulbeux, segment anal prolongé par deux papilles charnues assez longues. 4. — Rufus. Bris. Abeille rép. 48, p. 161. Larve, Rey, Larves de Coléop., 1887, p. 52. Corps. Longueur, 3 millimètres. Allongé, semi-cylindrique, testacé pâle, avec longues soies éparses ; épistome séparé du front par un mince bourrelet; un seul point ocellaire lisse, pâle, peu appa- rent, les huit premiers segments abdominaux avec bour- relet latéral, segment anal armé de deux forts crochets acérés, divergents, arqués, avec soie au milieu de leur tranche postérieure. C’est au printemps, sous l'écorce d’un Thuya mort qu'a été trouvée cette larve avec l'adulte : elle vit des déjec- tions des larves de Bostryches qui attaquent les Thuyas. 5. — Badius, Sturm. Lrichs, Ins. Deuts., 1865, p. 357. Larve. Xambeu, 11e mémoire 1891, 4, p. 19. Corps. Longueur,5 mm. 1; largeur, 1 millimètre. Linéaire, jaunâtre, avec cils épars ; tête brunâtre, poin- tillée, deux incisions sur le disque; épistome à bord relevé, ocelles un point noir géminé, segments abdomi- naux avec bourrelet latéral et double impression trans- verse, le neuvième prolongé en dessus par deux crochets arqués, à base jaunâtre, à pointenoire, eten dessous par un fort pseudopode, tarses allongés, à bout arqué et noir. Cette larve vit dans les substances animales ou végé- tales en voie de décomposition, dans les lieux secs et ombragés, le dessous des rochers, l'entrée des grottes, rongeant tout l'automne et une partie du printemps; fin mai, parvenue àson entière croissance elle se façonne une loge où elle subit sa transformation nymphale. Nymphe. Corps. Longueur, 4 millimètres ; largeur, 1 millimètre. Allongé, charnu, jaunâtre, pointillé, cilié de roux, les sept premiers segments abdominaux avec cils allongés et incision latérale, neuvième prolongé par deux courts styles grêles parallèles, très ténus. Dans la loge, la nymphe repose surla région dorsale et peut se défendre à l’aide de légers mouvements im- primés à ses segments abdominaux. 6. — Distinguendus, Sturm. Erichs., loc. cit. p.365. Larve. Xambeu (16° mémoire, en préparation). Corps. Longueur, 5 millimètres ; largeur, 1 millimètre. Allongé, linéaire, jaunâtre, pointillé, avec courts cils roux épars ; tête cornée, rougeâtre, mandibules à pointe noire et dentée, lobe maxillaire large, frangé, dépassant les palpes, quatre petits points ocellaires noirs, trois en arc, un quatrième en arrière, incision latérale des seg- ments accentuée, segment, anal tronqué, deux très courts styles à la base de ce segment, pseudopode sail- lant avec fente cruciale. On trouve cette larve au printemps au Canigou dans les vieux bois de sapin désagrégés, vivant des débris animalisés. La forme des palpes, le nombre des ocelles etles styles caudaux éloignent cette larve de celles de ses congé- nères ; aussi nous ne la donnons qu'avec réserve, quoi- que nous l’ayons trouvée nous-même avec l'adulte et dans le même milieu. Nymphe. Longueur, # millimètres ; largeur, 0 mm. 9. Corps allongé, charnu, jaunâtre, lisse, avec cils roux à base subbulbeuse, deux apophyses sur le disque cranien, une sur le flanc de chaque segment abdominal, et deux plus accentuées prolongeant le segment anal. Ces apophyses constituent des traits particuliers à cette nymphe. Cäpitaine XAMBEU. (A suivre.) UN NOUVEAU GENRE DE PSYCHODEDÆ et une mnmouvelle espèce de DACKFWYEOËLABES (Wipulidæ) de l’ambreée de la Baltique Les deux diptères dont il est question dans cette no tice paraissent être très rares dans le succin de la Bal- tique. Phlebotomus tipuliformis Meun., a été décrit dans la monographie des Psychodidæ du succin. Il doit être con- sidéré comme type d’un nouveau genre se séparant des vrais Phlebotomus par les palpes et la longueur de la cellule basale. Le second diptère est un Tipulidæ du genre Limno- phila Macquart (sous-genre Dactylolabis Osten-Sacken) se distinguant, à première vue,des autres espèces fossiles(1), par ses ailes distinctement tachetées (2). I. — PSYCHODIDÆ. Genre, Phlebotomiella, nov. gen. Ce minuscule diptère a de grandes affinités avec Phle- botomus papatasii Rondani. Il en diffère par des palpes Fig. 1. — Aile de Limnophila (Dactylolabis) eleganhssima nov. sp. 935 d. plus courts, à quatrième article seulement un peu plus long que le troisième. De plus, la cellule basale anté- (1) Meuxer (F.). Monographie des Tipulidæ de l'ambre de la Baltique (en cours de publication). (2) Parmi les riches documents de Tipulaires fossiles, soumis à mon examen par M. le prof. Dr R. Klebs, cette espèce est la seule qui présente des macules, très caractéristiqués. sur le champ alaire. On doit se borner à signaler la distribution de ces taches, leur couleur étant altérée par la fossilisation. RE RER TPE SEA ï [8 1 } EE ét je ee ee rat 104 | LE NATURALISTE rieure se termine au milieu du champ alaire. Le troi- sième article des antennes est aussi long que les quatre suivants pris ensemble ætile premier articles .des tarses est un peu plus long que les autres réunis. Suivant M. A.-E. Eaton, l'aspect des organes copulateurs de ce fossile se rapproche de celui de Phlebotomus minutus. Phlebotomiella tipuliformis, Meun. Phlebotomus eod. (1905). Ann. Musei Nationalis Hungarici, Budapest, 1905, t. III, pl. VI, fig. 14, 15, 16, 17, 18; Nos 6143, 3105. 1II, — Trpuxinzx. Limnophila, Macquart. Sous-genre Dactylolabis, Osten-Sacken. Dactylolabis elegantissima, nov. sp. o’Antennes n’atteignant pas le milieu de la longueur du thorax et composées de seize articles : le premier cylin- drique, le deuxième rond: ces deux articles robustes ; le Fig. 2. — Antenne de ce Tipulidæ. 124 d. troisième sub-ovoïde et de plus fort diamètre que les suivants qui sont sub-cylindriques (un peu renflés) et verticillés de chaque côté. Palpes robustes, un peu ci- liés : le premier article plus court que le deuxième, ce- lui-ci plus long que le troisième, ce dernier distincte- ment plus court que le quatrième. Aux ailes, le pétiole de la nervure sous-marginale (seconde nervure longitu- dinale) assez court. Fourche commencant exactement en dessous de la nervure auxiliaire (nervule assistante), hulpader ou vena mediastinalis). Oinq macules partent Fig. 3. — Balancier de cet Oréhorapha. 66 d. du bord costal et se dirigent vers le bord postérieur de l'aile : la première se trouve près de la: petite nervule transversale basale de l'aile et ne dépasse pas la pre- mière longitudinale ; la deuxième commence avant le point de départ de la deuxième nervure longitudinale; elle s’élargit à partir de la troisième nervure et atteint le bord postérieur, la troisième macule (elle a à peu près. la même largeur) part du milieu du champ alaire; la ! quatrième s’élargit à partir de la troisième nervure jus- qu’à la cinquième et est plus étroite à la partie où elle se réunit au bord postérieur. La cinquième macule atteint aussi le bord postérieur de l’aile. Ces taches ou macules délimitent deux larges bandes hyalines dont une à la base et l’autre en son milieu ; le bout apical de l’aile est aussi transparent. Dans la région médiane, il existe une tache hyaline aux bords antérieur et postérieur et sur le champ apical on en voit quatre dont une envahit une partie de la cellule discoïdale et les trois autres sont pla- cées perpendiculairement.Abdomen, fémurs et tibias bien distinctement ciliés. Balanciers très longs, le bouton api- cal fusiforme, cilié. Organes copulateurs robustes(1). Long. du corps, 6 millimètres; long. alaire, 7 milli- mètres ; larg., 2 millimètres. Coll. D: K. Klebs de Kænigsberg. N° 375 (2). ® Inconnue. FERNAND MEUNIER. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES AN 5M À U X Vivants et Fossiles Le froid parait avoir une influence plus directe sur cer- taines espèces qui ne s'engourdissent pas pendant l'hiver, Il rétracte, en quelque sorte, leurs extrémités (pattes, queue, oreilles), qui paraissent d'autant plus réduites que l’animal se couvre en même temps d’une fourrure plus longue et plus touffue. Tel est le cas pour l'Arvicola rutilus, petite espèce de Campagnol qui habite le Nord des deux Continents et dont l’aire de dispersion est très étendue. J.-A. Allen et Elliot Coues ont constaté (4) que les individus de cette espèce provenant des régions gla- cées de la baie d'Hudson avaient une taille moindre que ceux des Etats-Unis et que cette-diminution portait sur- tout sur les extrémités, de telle sorte que les proportions ordinaires de l’espèces en sont altérées : mais on trouve tous les intermédiaires. La diminution générale de la taille: peut tenir à la disette de nourriture, mais le raccourcis- sement relatif des extrémités dépend surtout du froid et des habitudes plus sédentaires qu'il impose à l'animal. Dans les régions chaudes de la zone équatoriale, c’est contre l’ardeur du soleil que les animaux ont à se dé- fendre ; un pelage ras ou même dépourvu de poils (Elé- phants, Rhinocéros, Heterocephalus), permet à la transpi- ration cutanée de se faire librement. La plupart de ces animaux, d’ailleurs, se soustraient par le Noctambulisme à la trop grande chaleur du jour. C’est par l’Estivation (contre-partie de l’Hibernation) que les Poissons de ces contrées peuvent échapper aux conséquences de la cha- leur qui dessèche les lacs et les cours d’eau. Le Proto- pterus s’enveloppe d’un véritable cocon de vase qui lui permet d'attendre le retour des pluies. Ces cocons, sem- blables à de gros œufs d'argile desséchée, ont été trans- portés du Sénégal en Europe; mis dans l’eau qui les ramollit promptement, on en voit le Poisson sortir par- faitement vivant et se mettre à nager. En Birmanie, le régime torrentueux des cours d’eau expose souvent le (1) La fossilisation ne permer pas de décrire le détail de ces organes. (2) Les figures ont été exécutées à la chambre claire d’Abbe par Mme F. Meunier. (3) Voir le n° 457 du Naturaliste et suivants. (4) J.-A. ArLen et Ezxior Coues, Geographical Variations among North-American Mamimals (Bull. Geol.and Geogr. Sur- à vey of the Territories, vol. IT, 1876). voyageur à des surprises de ce genre : repassant, après une pluie d’orage, par un sentier qu'il a franchi la veille à pied sec, il est surpris de voir son chemin barré par un large étang peuplé de nombreux Poissons ; c'est que la terre n’était desséchée qu'à la surface et sous cette croûte solide, une vase encore humide permettait aux Poissons de vivre dans un état d'inactivité complète. Des faits analogues ont été observés en Europe sur de petits Crustacés d'eau douce (Apus, Lepidurus), qui appa- raissent subitement dans les fossés et les ornières des routes à la suite d’une pluie d'orage. — Grâce à leurs métamorphoses, les Insectes supportent encore plus facilement les alternatives du froid et du chaud, s’en- fonçant dans la terre ou dans l’intérieur des végétaux alors qu'ils sont sous forme de larves, et se transformant en insecte parfait lorsque la température est favorable. L'influence de la température sur la distribution des Animaux a été étudiée par HART MERRIAM dans l’Amé- rique du Nord, continent qui, par sa configuration mas- sive et sa vaste étendue, se prête mieux que l'Europe à une recherche de ce genre. L'auteur a reconnu d’abord qu'il ne suffit pas de tenir compte de la température moyenne, mais qu'il faut aussi tenir compte des extrêmes, et que c’est la température coincidant avec l’époque du développement et de la reproduction qui est la plus importante. Il a pu en conclure que la limite septentrionale des espèces est réglée par la quantité totale de chaleur distribuée pendant la saison de crois- sance et de reproduction. D'autre part la limite méridio- nale des types boréaux est déterminée par la somme de Chaleur extrême, c'est-à-dire la moyenne des maxima d'été. Ce qui permet aux types des deux régions boréale et méridionale (de l'Amérique du Nord) de coexister dans une même zone, c’est l'uniformité relative de la tempé- rature, c’est-à-dire l’existence d'une somme totale assez élevée sans maxima estivaux exagérés. En résumé, dans l'hémisphère boréal occidental, la distribution des orga- nismes est régie par les deux lois suivantes : 10 la limite septentrionale est déterminée par la quantité totale de chaleur; 2° la limite méridionale est déterminée par la température maximale (1), Comme conséquence on voit qu'il est plus facile aux types méridionaux de s’avancer vers le Nord qu'aux types septentrionaux de s'étendre vers l'Equateur, à moins de circonstances exceptionnellés, C’est ainsi que la côte occidentale des Etats-Unis (versant du Pacifique) présente une tempé- rature estivale exceptionnellement basse, eu égard à la latitude et à l’altitude, ce qui permet aux types boréaux de descendre jusqu’à 35° de latitude; en même temps la somme totale de chaleur annuelle est très élevée en comparaison de la latitude, ce qui permet aux types mé- ridionaux de remonter très haut vers le Nord. Ce n’est pas le froid de la Période glaciaire, mais la trop grande humidité de la fin de cette période, qui à fait disparaître de l'Europe Occidentale les grands Mam- mifères qui l’habitaient à cet époque. Le Mammouth (Elephas primigenius), le Cheval sauvage (Equus caballus fossilis), étaient organisés pour vivre sous un climat sec et froid comme celui des toundras de la Sibérie, où la température de l'hiver descend jusqu'à — 50°, tandis que celle du court été de ces régions dépasse rarement 25° (4) Harr Merriam. La Distribution géographique des Ani- maux et des Plantes et la Température (Revue Scientifique, 4e série, t. III, p. 499, 1895). LE NATURALISTE 105 e (climat continental). Lorsque ces animaux ont pé- nétré dans l’Europe Occidentale, jusqu'aux pieds ides Pyrénées et dans la Grande-Bretagne, ils venaient, comme le Renne, du Nord ou du Nord-Est. La pré- sence de ces deux espèces caractéristiques de la faune quaternaire a été constatée dans la zone arctique sur les deux Continents. Dans la baie d’Eschscholtz (Kotzebue Sound), au Nord-Ouest du détroit de Behring, sur le territoire d’Alaska, les naturalistes du voyage de Beechey (1825-28) ont trouvé des os d’Elephas primi- genius et d’Equus caballus (!) mêlés à ceux du Renne et de l’Ovibos moschatus. C'est à l’échancrure du grand Continent Holarctique (Eurasiatico-Américain) et à l'extension de l'océan Atlantique vers le Nord, phéno- mène géologique survenu pendant la période quater- naire, que De Lapparent et Vézain attribuent l’exten- sion des glaces sur l’Europe Occidentale. L'arrivée de courants d'air chargés d'humidité, les pluies et les inon- dations qui en furent la conséquence, sont la véritable cause de la disparition des grands Mammifères adaptés à un climat sec et froid. Enfin, la formation tardive du Gulf-Stream releva la température de l'Europe Occiden- tale et lui donna ce climat « maritime », à la fois doux et humide, qui règne encore actuellement sur notre pays. — On voit par cet exemple combien sont mul- tiples les facteurs qui régissent le climat, surtout lors- qu'on l'étudie au point de vue de son influence sur les êtres organisés. D' TROUESSART. (A suivre.) CHRONIQUE & NOUVELNRES La faune et la flore glaciaires du point culminant de l'Ar- denne. — L'intelligence collective des abeilles et le rôle des butineuses. — L’extinction des espèces végétales. Au plateau de la Baraque-Michel, le point culminant de la Belgique, la faune et la flore ont un caractère glaciaire très particulier, ainsi que vient de le montrer M. Léon Frédéricq, le savant directeur de la classe des sciences de l’Académie royale de Belgique. Nous le sui- vrons dans cette excursion, en prenant d’abord un che- min qui dévale, au pont rustique de la Hoegne, sous lequel coule une eau dont la teinte légèrement brunâtre trahit l’origine tourbeuse. C’est là que l’on trouve Aga- bus congener, un des Coléoptères aquatiques les plus ca- ractéristiques de la faune nivéale, ainsi que Corymbites virens, Somatochlora alpinu, Polyommatus amphidamas. Les Mollusques y sont rares, mais, par contre, l’Am- blève, la Roer, la Warche, la Salm, en contiennent plus. Le plus intéressant est sans contredit la Mulette perlière (Unio margaritifer), qui fait encore actuellement lobjet d'une pêche plus où moins active de la part des riverains. Les perles qu'on y rencontre, sans valoir les perles orien- tales, trouvent cependant à s’écouler chez les bijoutiers liégeois, L'Unio margaritifer doit être cons:lérée comme un survivant authentique de l’époque glaciaire, à en. juger par son habitat actuel : c’est une espèce de plaine (1) La détermination de ces ossements, conservés au British Museum, à été vérifiée par Lypekrer (Catalogue of Fossil Mam- malia, IT, p. 13, 80 et seq.), 1886. — De même on a trouvé de nombreux ossements du Cheval sauvage mêlés à ceux du Tigre et du Mammouth aux iles Liakhoff, au Nord de la Sibérie. 106 LE NATURALISTE dansles régions circumpolaires, une espèce de montagne de l'Europe centrale, Mais si la Hoegne ne contient pas de Mollusques, on y trouve en revanche des larves d’insectes, et surtout un ver turbellarié, le Polycelis cornuta, qu'on doit, à l'égal d'Unio margaritifer, regarder comme un témoin survivant de l’époque glaciaire. Polycelis cornuta est très commun sous les pierres, dans tous les ruisseaux qui descendent du plateau. Plus bas, c'est-à-dire à partir de laltitude de 300 mètres environ, par exemple au bord du lac de la Gileppe, Polycelis cornuta disnarait et est remplacé par Planaria gonocephala, espèce post-glaciaire, que l’on ren- contre abondamment jusqu’à Liège, dans tous les ruis- seaux qui se jettent dans l’Amblève, dans l'Ourthe et dans la Verdre. Polycelis cornuta est une espèce glaciaire parce qu’elle remonte fort haut dans les Alpes, et parce que sa reproduction sexuelle ne se fait qu’en hiver. Ce sont les mêmes raisons de distribution géographique, jointes àla reproduction hivernale, qui doiventfaire consi- dérer la Truite commune (Salmo fario) comme ur repré- sentant de cette même faune glaciaire. Gagnons, maintenant, les prairies humides de la rive gauche en avant du pont. Nous marchons sur une couche moelleuse de Sphagnum du plus beau vert, d'où émergent les élégants panaches du Trèfle d’eau, les pompons de la Bistorte, les hampes fleuries des Orchidées blanches ou pourpres, les fleurs de Coucou, les Myosotis et les corolles brunâtres de Geum rivale. Voici Oxycoccos palus- tris, Andromeda polifolia et les houppes blanches des Linaigrettes. Dans les parties un peu moins humides, Vacciñium myrtillus et Vaccinium Vitis-Idæa; enfin les espèces plus spécialement alpines, telles que Arnica montana, Vaccinium uliginosum, Narthecium ossifraga, Trientalis Europæa, Viola palustris. Sur toutes ces plantes, voltigent des papillons apparte- nant aux espèces alpines et boréales, telles que Colias Palæno, Argynnis aphirape, Argynnis, arsilache, Argynnis Ino, Erebia Medusa, Polyommatus Helle, Polyommatus, Hip- pothoe. ‘ Parfois, on fait lever un Coq de bruyère solitaire (Tetrao tetrix), qui fuit de son vol lourd et saccadé. Un autre représentant de la faune glaciaire, la Grouse d’Ecosse est bien plus fréquent. Il n’est guère possible de faire une promenade quelque peu prolongée sur la Fague, sans en rencontrer plusieurs couples. La Grouse d’'Ecosse (Lagopus Scoticus) est très voisine du Lagopède qui existait en Belgique à l’époque quaternaire. Ce beau gibier ne figurait plus sur la liste de la faune indigène. Il a été introduit au plateau de la Baraque-Michel, il y a quelques années, par M. Herrfeld, qui en fit venir d’Ecosse plusieurs couples et les lâcha sur la Fague La Grouse y a trouvé en abondance l’Erica tetralix dont elle se nourrit et y a prospéré à souhait. En résumé, la Fagne actuelle est peut-être la partie du sol belge où s’est le mieux maintenu le caractère primitif et original du paysage, la main de l’homme n’y ayant jamais contrarié la nature. Les conditions particulièrement rudes du climat ont conservé sur le plateau de la Baraque-Michel une petite colonie d'espèces animales et végétales franchement gla- ciaires, dont les analogues ne se retrouvent que dans l’'Extrême-Nord, ou sur les montagnes beaucoup plus hautes du centre de l'Europe. Si la température moyenne venait à se relever de quelques degrés dans nos régions, cette colonie unique, qui vit à l'extrême limite de ses conditions physiques d'existence, disparaîtrait à tout jamais. Sa persistance, depuis l’époque glaciaire, nous montre qu’un tel relève- ment n’a pu se produire dans le passé, et que jamais, depuis les temps quaternaires, le climat n’a été chez nous notablement plus chaud qu’à l’époque actuelle. Cette donnée scientifique contredit une opinion fort répandue, d’après laquelle notre climat se serait refroidi depuis les temps historiques. À côté de sa florule et de ses faunules spéciales arc- tiques-alpines, le plateau de la Baraque-Michel nous offre un grand nombre de plantes ou d'animaux ubi- quistes, que l’on rencontre communément dans la partie basse du pays; leur présence aux sommets les plus froids de l’Ardenne nous fait supposer qu'eux aussi ont vécu à l’époque quaternaire, mais qu'ils n'avaient pas les mêmes exigences au point de vue de la température que les espèces alpines-arctiques et qu'ils ont pu se maintenir là où le relèvement de la température a fait fuir la faune nivéale. Quant aux espèces assez nombreuses de la plaine belge qui manquent au plateau de la Baraque- Michel, elles nous représentent sans doute l’élément fau- nistique récent et nouveau, immigré postérieurement, et provenant probablement des steppes asiatiques. * x x M. Gaston Bonnier,qui connait si bien tout ce qui con- cerne la vie des Abeilles, appelle l'attention sur ce qu'il appelle avec raison leur intelligence collective, qui fait que l'abeille isolée ne peut rien parelle-même. Lorsqu'une abeille «chercheuse » chargée de reconnaitre toutobjet nou- veau, trouve quelque chose de remarquable, une subs- tance utile à récolter par exemple, elle retournera immé- diatement à la colonie, et si on l’a marquée avec une poudre colorée, on la verra, quelques minutes après, revenir avec des butineuses pour leur indiquer la place favorable. La chercheuse n’a pas fait preuve d'initiative individuelle ; elle était chargée de chercher, elle cherchait par ordre. Mais, lorsque les butineuses guidées par elle, organisent un va-et-vient entre la substance à récolter et la ruche, l'intelligence collective de l'association se manifeste aussitôt. C’est ainsi que, sil’on met du miel dans des roses, fleurs qui ne sont pas visitées par les abeilles, car elles ne renferment pas sensiblement de nectar, les chercheuses sauront reconnaitre le miel et attireront les butineuses sur les roses. À Suivant la quantité de substances à récolter, suivant la distance où se trouve cette substance, c’est un nombre déterminé de butineuses qui sera affecté à ce travail. Il ne faut pas croire que la découverte par les chercheuses d’un carré de Sainfoin nouvellement en fleurs va faire précipiter sur ces plantes mellifères toutes les butineuses de la colonie : il n’en viendra que le nombre nécessaire. Si ce petit champ de Sainfoin est à 100 mètres de la ruche, il y viendra le nombre d’ouvrières disponibles pour effectuer la récolte du nectar sur ces plantes. Mais si la même surface de Sainfoin se trouve à une distance plus grande, à 400 mètres par exemple, toutes les autres conditions de récolte restant les mêmes, on verra un plus grand nombre de butineuses dévolues à la récolte de cette même quantité de plantes mellifères. Si l’on note avec soin les directions que prennent les diverses butineuses au sortir de la ruche, et si l’on va observer en détail la récolte des abeilles sur les diverses plantes d’alentour, on constate que les ouvrières se dis- tribuent proportionnellement à la fois au nombre des plantes d’une même espèce et à leur richesse mellifère. On les voit aussi se répartir, suivant les cas, entre les fleurs et les feuilles des arbres, lorsque ces dernières exsudent ce liquide sucré appelé « miellat » que les abeilles vont y recueillir. M. G. Bonnier cite, à cet égard, des observations per- sonnelles tout à fait caractéristiques. « Au printemps, en Normandie, dit-il, j'ai vu les Abeilles abandonner la plu- part des fleurettes des bois, dont les corolles fournissent encore du nectar sucré, pour aller sur les stipules necta- rifères des feuilles, dans les champs de vesces non encore fleuries. Au mois d’août, dans la région des Landes, aux environs de Captieux, j'ai fait des remarques suivies au LE NATURALISTE 107 sujet de cette distribution. A cette époque de l’année, la plupart des espèces de Bruyères sont en fleurs dans cette contrée, mais le matin, de 9 heures à 11 heures seule- ment, les clairières semblent toutes jaunes, par suite de la floraison d’un Hélianthème, petite plante qui, dans cette région, est très mellifère. A partir de 11 heures, toutes les fleurs éphémères de l’'Hélianthème sont fanées, les pétales tombent et elles ne renferment plus que très peu de nectar. Le lendemain matin, sur les mêmes plantes, d’autres fleurs s'épanouiront et se faneront dans le même temps. Or, cette floraison simultanée des bruyères qui demeurent nectarifères pendant toute la journée et des Hélianthèmes dont la récolte ne peut être que matinale, persiste dans les Landes pendant plusieurs semaines successives. Mais le nectar de l’'Hélianthème donne du miel supérieur à celui des Bruyères, les abeilles en sont plus friandes ; de plus, la récolte du liquide sucré des Hélianthèmes est plus expéditive que celle des Bruyères. Lorsque les deux plantes sont à la fois en fleurs, les abeilles préfèrent donc les premières aux se- condes. On remarque, en effet, que la distribution du travail se règle admirablement dans le but de faire ré- colter aux butineuses le meilleur nectar disponible dans le moins de temps possible. Le matin, jusqu'à environ 9 heures, j'ai constaté que les bruyères étaient couvertes d’abeilles, puis le nombre des butineuses diminue sur ces fleurs à mesure que s'épanouissaient en masse les fleurs jaunes des Hélianthèmes. Avant 10 heures, il n’y avait presque plus de butineuses sur les Bruyères avoisi- nantes; elles avaient abandonné cette espèce pour aller récolter le nectar des fleurs d’'Hélianthèmes. Vers 11 heures, à mesure que ces dernières se fanaient, on voyait des butineuses reparaitre sur les fleurs de Bruyères et bientôt reprendre la récolte du liquide sucré sur ces fleurs comme auparavant. » M. G. Bonnier cite un autre exemple analogue. « La Phacélie est une plante de l'Amérique du Sud que cer- tains apiculteurs considèrent comme très mellifère et cultivent autour des ruchers afin que les abeilles viennent y puiser le liquide sucré qui se trouve au fond des co- rolles, Lorsque les Phacélies sont en fleurs et qu'il n'y a pas à leur portée des plantes plus avantageuses, on voit, en effet, les abeilles chercher le nectar des fleurs de Pha- célie, mais elles éprouvent quelques difficultés pour l’atteindre, car elles sont gênées dans leurs mouvements par les longues étamines de la plante qui sont dressées au-dessus des corolles. Un champ de Phacélie est en fleurs et couvert d’abeilles. Le lendemain, les faux aca- cias fleurissent. Le surlendemain, les butineuses ont abandonné les fleurs de Phacélies, qui sont cependant restées très nectarifères pour aller sur les grappes blanches des acacias, où le nectar est plus abondant et surtout plus facile à récolter. » *+ # x M. Henry Correvon vient de publier une curieuse étude sur l'extinction de certaines espèces de plantes. Il cite cet exemple frappant d’un arbre, dernier de sa race, qui a été conservé à l'histoire naturelle, grâce au fait que Napoléon Ier s’est assis à son ombre. Il s’agit d’un petit arbre de l’ile de Sainte-Hélène, Psiadia rotundifolia, qui n’est beau ni par son port, ni par ses fleurs, mais qui est la seule espèce vraiment arborescente appartenant à la vaste famille des Composées. Il est seul de son espèce. Les autorités du Royal Kew Gardens ont cherché en vain à le faire fructifier pour le multiplier; on a essayé d’en faire des boutures, mais tout a été inutile; l'espèce n’a plus la force de se reproduire. Les iles de l'Atlantique renferment d’ailleurs beaucoup d'espèces qui sont sur leur déclin, par exemple, le Juni- perus cedrus, des îles Canaries, qui en habite les plus hautes montagnes et dont il ne reste plus que quelques échantillons. Dans les hautes régions de Ténériffe, à 2.000 mètres de hauteur et dans la Caldera de l'ile de Palma, on voit encore quelques exemplaires qui se sont réfugiés dans les parois inaccessibles où ils sont encore persécutés par les paysans quien font des meubles d’une grande valeur. Leur malheur, c'est que le bois renferme une essence aromatique qui lui communique un parfum exquis, beaucoup plus agréable que celui du Genévrier de Virginie dont on fait le bois de crayon. Il est, dans ces mêmes Canaries, tout un groupe de plantes qui excitent le plus vif intérêt de botaniste, Ce sont les fameux Sfatice, guère bien connues et dispersées le long de la Méditerranée et dans l'Asie centrale, mais dont ce groupe d’iles renferme des types arborescents extrémement curieux et qui leur appartient en propre. Ces Statice arborescents (Statice arborescens, Stalice fruti- cans, etc.) sont également des types anciens qui vont à la mort. M.le D" Perez aflirme que plusieurs d’entre eux sont sur le point de disparaitre et qu'il n'en reste plus que quelques pieds qui se sont réfugiés sur des roches inaccessibles du cap de Ténériffe où les chèvres leur font encore une guerre à mort. Il cherche à les pro- téger et à les cultiver chez lui à Puerto Orotawa, mais éprouve de grandes difficultés à les reproduire, car ces types vieillis donnent très peu de graines fertiles. Le jardin botanique d'Orotawa qui en cultive aussi quelques rares exemplaires, éprouve les mêmes difficultés. HENRI COUPIN. Le Mécanisme DES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES EXPOSITION DE LA NOUVELLE THÉORIE PREMIÈRE PARTIE VOLCANS NORMAUX SI Volcans intermittents. Pour se faire une idée approximative de la force d'ex- plosion qui se manifeste dans les grandes éruptions des volcans intermittents, il faut considérer : 1o Que, dans chaque cas, la lave provient d'une grande profondeur d'au moins 50 kilomètres; 20 Que la force expulsive, c'est-à-dire la tension des vapeurs et des gaz, est si considérable, qu’elle pulvérise non seulement l'immense colonne de laves fluides qui occupe la base des cheminées volcaniques, mais aussi la lave solidifiée et très résistante qui en obstrue les par- ties supérieures, et qu'elle les projette à d'énormes bau- teurs de 12 ou 13.000 mètres ; 3° Que la phase d’éruption dure souvent des mois entiers, et que la quantité de matières expulsées est considérable. On doit évidemment conclure que ces vapeurs et ces gaz, quel que soit leur lieu d’origine, doivent préalable- ment se concentrer de manière à former une même masse, et que cette concentration doit se produire en des conditions telles, que la force élastique puisse s'é- — RES EE me mn Ke R EE 108 LE NATURALISTE force élastique puisse s'élever graduellement à des pres- sions énormes; ce qui ne peut avoir lieu que dans des endroits très vastes et parfaitement clos comme cela se produit dans les chaudières des machines à vapeur. Il faut en outre que la cheminée volcanique soit dis- posée de telle manière qu’elle puisse, à un moment donné, fonctionner comme un robinet d'échappement. Il suffira, pour cela, de quelque cavité interne; une fissure quelconque de la croûte terrestre pourra alors fonctionner comme robinet d'échappement, pourvu que sa branche inférieure en temps normal, c'est-à-dire dans les périodes de calme, plonge dans la mer de laves, et que l'extrémité supérieure soit en communication avec l'atmosphère. On a toutes les raisons de supposer qu'en maints en- droits, ces conditions se trouvent réaliser, on peut le déduire de la position géographique même des volcans : ils s'élèvent dans les replis concaves de la croûte ter- restre (replis que les géologues ont nommés synclinaux) et précisément le long des ruptures qui se sont formées dans la croûte pour seconder ces plissements. On a même démontré que les cheminées volcaniques devaient être considérées comme des témoins de ces fissures, c’est-à-dire des points où une, parfaite soudure ne s’est pas encore établie. Lorsqu'on admet qu'au-dessous de la croûte terrestre il existe une nappe continue de lave liquide, on doit admettre aussi que le niveau de cet océan est constant, et plan comme la surface libre de tout liquide. La partie interne dela croûteterrestre doit certainement présenter des rides,des courbesanalogues à celles de la su- perficie de la terre engendrant d'immenses cavités, d'im- menses grottes internes, plus ou moiasremplies par la lave. Là, les vapeurs et les gaz vont se concentrer et y acquérir une pression toujours croissante, à moins qu'il ne s’y trouve une issue immédiate etlibre, auquel cas ils s’échappent en produisant seulement des fumerolles. La voûte avec ses puissantes assises, forme un tout iné- braulable; aussi la pression interne exerce-t-elle son action sur la surface libre delanappeliquide qui s’abaisse graduellement, et l'éruption a lieu lorsque le niveau su- périeur du bain de lave arrive à l’orifice inférieur de la fissure qui forme la cheminée volcanique. Lorsque ces masses de vapeurs arrivent dans la che- minée, elles soulèvent, entraînent, pulvérisent la lave qui s'y trouve, et c’est ce premier échappement qui donne la première éruption. Les explosions suivantes sont produites pour la raison bien simple qu’au-dessous de la cheminée la lave fonctionne comme un piston. Ces puissantes masses de laves réagissent contre cette pression; entre ces deux éléments, s'engage une lutte; lutte qui se termine toujours par la victoire de la lave, parce que la tension de la vapeur va sans cesse en dimi- nuant par suite des pertes qu’elle subit à chaque éruption. La force élastique des vapeurs n'étant plus suffisante pour abaisser le niveau des laves jusqu’à l’orifice de la cheminée, celui-ci se trouve de nouveau obstrué par les laves; avec la fermeture définitive de la cheminée, la période de forte éruption cesse complètement. Le tout se réduit à l'émission plus ou moins turbulente de va- peurs et de gaz. Et cette phase persiste assez longtemps encore. La source de ces vapeurs est dans cette masse de lave qui occupe la base de la cheminée, et qui, ayant été bouleversée par le courant de vapeurs, en reste longue- ment imprégnée. D'ailleurs, je renvoie le lecteur à la figure ci-jointe (fig. 2). à Cette figure représente la section schématique d’un volcan intermittent ordinaire. La chaudière À est placée sous un anticlinal, la che- minée K s'ouvre dans un synclinal, et, par ce fait, plonge dans la mer lavique. Fig. 2. Schéma des volcans normaux intermittents. Que les vapeurs et les gaz se dégagent des roches ou du magna lavique, peu importe, elles viennent se con- centrer dans la chaudière G, au-dessus du bain de lave. L'éruption aura lieu lorsque, dans la chaudière, le niveau de la lave aura rejoint la ligne C D. Sa force sera en proportion directe de la différence de hauteur entre le niveau normal À Bet le niveau forcé © D; et la durée dépendra de la tension des vapeurs, et surtout du volume de la cavité. : L’éruption sera terminée lorsque la chaudière se sera débarrassée de sa surcharge de vapeur, c’est-à-dire au bout. d’un temps plus ou moins long qui varie avec la capacité de la grotte. SII Volcans persistants. Le mécanisme des volcans persistants est sensible- : ment le même que celui des volcans intermittents que nous venons de schématiser. Le propre de ces volcans persistants c’est de n’entrer jamais dans un parfait état de repos; de plus leur activité est limitée à de petites explosions, qui prennent une allure rythmique et se renouvellent en des temps très rapprochés, qui varient de quelques minutes à quelques heures. De tousces volcans répartis dans les contrées du monde les plus diverses, le plus célèbre sinon le plus imposant est le Stromboli. Placé à mi-chemin entre Naples et Palerme, 1l a été étudié plus particulièrement que les autres, tous trop éloignés de nous. D’où sa renomméeremontant d’ailleurs à la plus haute antiquité : sa colonne de fumée, resplen- dissante le jour, étincelante la nuit servait de guide, de phare et d’horoscope aux marins qui s’aventuraient dans ses parages. Le premier qui alla s'établir sur les pentes de ce vol- can pour en étudier systématiquement les intéressants phénomènes fut Spallanzani, rendu depuis célébre par ses beaux et intéressants travaux. Je vais les résumer ; et d’abord parce que, quoique LE NATURALISTE 4109 vieux d'un siècle, c’est le plus complet ouvrage qui existe même actuellement sur cette question, et ensuite parce que tous les volcans persistants présentent à peu près la même. suite de phénomènes et qu'étudier le Stromboli c'est étudier tous les autres. Les petites explosions du Stromboliserenouvellent en temps normaltoutes les quinze minutesenviron. Toutefois il peut se faire qu'elles n'aient lieu que toutes les heures ou même au bout d’un temps plus long, ou encore qu'elles se succèdent très rapidement au point de devenir continues tout au moins en apparence. Mais tandis que les grandes explosions sont accompagnées, de projection, de laves et de matières ignées, les petites au contraire se réduisent à l'émission de simples fume- zolles. Toutes ces phases alternent à intervalles presque régu- lière, et de ce que les petites éruptions sont plus fré- quentes que les grandes, il s'ensuit qu’il y a compensa- tion dans la quantité de matières émises en des temps égaux ; si bien qu'on peut considérer comme constante la quantité de gaz, de vapeurs et de lave rejetée par le volcan dans l’espace d’un an. En m'eappuyant sur la théorie que j’ai exposée plus haut, il va m'être facile de donner une explication rationnelle de ces étranges phénomènes (fig. 3). Fig. 3. Schéma des volcans persistants. Pour les volcans intermittents nous avons vu que la cheminée plongeait profondément dans la mer de laves, dans le cas que nous étudions maintenant, la chemi- née (K) débouche très légèrement au-dessous du niveau (A B) normal de la masse liquide des laves, de telle sorte que les vapeurs contenues dans la cavité (G) mont qu'une très faible résistance à vaincre pour arri- ver à l’orifice de la cheminée. On conçoit facilement que la moindre modification de. ces conditions suffit pour donner une autre allure aux manifestations extérieures (1). La marche des phénomènes est d’ailleurs identique- ment la même que pour les volcans intermittents. & III Solfatares ou soufrières. Nous avons vu comment un volcan intermittent peut à la longue se transformer en volcan persistant par suite de l’abaissement du niveau des laves liquides par rapport (1) Nul doute que la pression atmosphérique exerce quelque influence sur l'allure du Stromboli. Lorsque la pression est grande, son panache est moins étendu ; par contre, lorsqu'elle est faible, ses bouffées sont plus considérables. . Ce fait démontre aussi que l'équilibre est sensible à des variations de pression même minimes comme les variations de pression atmosphérique. à om à la position occupée par l’orifice de la cheminée. Ce sont des modifications du même genre qui vont engen- drer les solfatares. Qu'est-ce que c’est qu’une solfatare ? C’est un volcan:qui ne peut plus donner d’éruptions parce que son mécanisme s'est peu à peu transformé.et tend vers un régime régulier (fig. 4). , CA / Fig. 4, Schéma des soufrières. L’orifice de la cheminée ne plonge plus du tout dans le bain de lave, comme je l'ai représenté dans le schéma ci-contre ; si bien que les vapeurs contenues dans la cavité (G) que j'ai comparée dans les autres cas à une chaudière, ne trouvant aucun obstacle, s'échappent au fur et à mesure de la formation : il n’y a donc plus con- centration de ces vapeurs, en un point où elles acquièrent des pressions considérables et par suite plus d’explosions ni d’éruptions. On a seulement un dégage- ment continu de fumerolles (1). Professeur FRÉDÉRIC CORDENONS, (A suivre.) de Padoue. Histoire Naturelle Chalcopélies. Ces Colombes sont caractérisées par des torses élevés et la couleur métallique qui orne les ailes. Colombe du Cap. — CEna Capensis (Lin.). Vulg. (1) En règle générale toutes les solfatares ont été des volcans intermittents. Le fait est démontré par la constitution de leurs cônes, qui,présentent des coulées plus ou moins puissantes, épaisses couches de cendres lapillis absolument identiques à ceux des volcans persistants. Outre cela, l’histoire enregistre plusieurs cas de volcans inter- mittents qui se sont transformés en solfatares. Un cas typique est celui du Papandajan de Java. Ce volcan avait de très longues périodes de parfait repos suivies d’explo- sions violentes ; mais, depuis sa terrible éruption de 1772, il est devenu un immense solfatare continuellement en activité. Les sifflements des fumerolles et les bouillonnements gazeux pro- duisent un bruit semblable à celui d’une usine; d'où le nom de Papandajan que les insulaires donnent à ce volcan, nom qui dans leur langue signifie forge. S'il était possible d'évaluer la masse des matières qui s’'échap- pent chaque année à l’état de vapeurs de cette sollatare, on constaterait que cette masse est équivalente des matières qui s’échappaient dans le même espace de temps du cratère, alors que celte solfatare était encore volcan intermittent. BAR een ha] den & A | LIT Th DL ee F10 LE NATURALISTE Colombe à masque de fer, Tourterelle à cruvate-notre, Tour- | telette. La grosseur de cette espèce est à peu près celle de notre Pie-grièche écorcheur, mais, grâce à la longueur de sa queue, elle mesure 28 centimètres. Elle a la tête d'un gris bleuâtre clair, ainsi que les joues, les côtés du cou et les ailes, dont le dessous est marron avec les grandes pennes noires bordées de brun; trois taches à reflets métalliques ornent les ailes ; toute la partie supé- rieure du corps est gris brun: la partie inférieure du dos est ornée de deux bandes, l’une noire, et l’autre Jaune; la queue est très longue, gris bleuâtre en dessus, noire en dessous ; toute la face inférieure du corps est blanche; un masque noir couvre le front jusqu'aux yeux et des- cend en bavette jusqu’à la naissance de la poitrine; le bec est rouge à la base, orangé à la pointe, les pieds sont rouges. Le plumage de la femelle est plus pâle, le cou est d’une nuance brune; les deux bandes dorsales sont d’un blanc sale et d’un noir enfumé. Cette Colombe habite le sud de l'Afrique. Levaillant, qui lui avait donné le nom de Tourtelette, dit qu’elle se trouve dans une grande partie de la colonie du Cap où elle n'arrive cependant que dans la saison des chaleurs pour y faire sa ponte et s’en relourner pendant l'hiver. Ainsi elle n’est que de passage du côté du Sud, tandis qu'on la trouve toute l’année chez les grands Namaquois. Elle séjourne la plupart du temps sur le sol, ne se per- chant sur les arbres que la nuit et pendant le repos de midi. Elle niche dans les buissons à peu d’élévation, par- fois sur les arbres; son nid est plat et composé de büchettes; comme l’est généralement celui de tous les Colombidés, les femelles y dépose deux œufs blancs. La Colombe du Cap joint à la familarité la grâce et l'amabilité, mais elle est frileuse et délicate et ne peut supporter l'air extérieur pendant la mauvaise saison. Elle est d'une douceur excessive envers ses compagnons de volière et est moins disposée à les maltraiter qu'à en être la victime : mais elle se reproduit très difficilement. On la nourrit comme la Colombe passerine. Colombe à masque blanc. — Aplopelia Larvata (Tem.). Cette espèce est de la grosseur de la précédente, mais au lieu d’un masque noir, elle a toute la face, la tête et le cou blancs ; le reste du plumage est brun roux à reflets irisés sur le dos, roux plus clair en dessous. Les ailes sont ornées de taches métalliques, la queue est brune, moins longue que celle de la Colombe du Cap. Le bec est bleuâtre et les pieds rouges. Cette colombe habite également le Sud de l'Afrique. « Elle ne se trouve que dans les grands bois, dit Levail- lant, où, se tenant toujours à terre, on l'apercçoit difficile- ment à travers le fourré ; lorsqu'on la fait partir, on l’en- tend souvent s'envoler avec grand bruit sans pouvoir la découvrir,car elle ne se perche guère que sur les branches basses des arbres ou sur les buissons. » On ne possède pas d’autres renseignements sur ses mœurs en liberté. Très rare dans le commerce. elle s'acclimate assez faci- lement, mais ne se reproduit pas. On doit la nourrir comme les espèces précédentes. Colombe Africaine.— Chalcopelia Afra (Lin.). Vulg. Colombe émeraudine, Pigeon nain. La taille de cette espèce est de 20 centimètres. Elle a la tête gris bleuâtre, la gorge et le ventre blancs, la poi- trine d’un rose vineux clair, le dos brun terreux à reflets olivâtres, le croupion noir, les rémiges d’un brun noir avec la base et les barbes internes roux cannelle, les rémiges secondaires d’un bleu noirâtre à reflets métal- liques, les rectrices médianes d'un brun terreux comme le dos, les rectrices externes noires; le bec est noir et les pieds rouges. La femelle porte la même livrée que le mâle. Cette colombe habite le Sud et l'Est de l'Afrique ; elle est commune dans les vallées du Nil bleu et dans celles du Samhara et des montagnes de l’Abyssinie. « Ces Chalcopélies habitent par couples les buissons très touflus ; jamais on ne les voit dans la cime des arbres élevés. On peut dire que ces oiseaux passent leur vie au sein des fourrés, car ils ne les quittent que pour quelques minutes, quand la soif les y contraint. Partout où ils sont communs, on entend sortir de chaque buisson leur roucoulement particulier ; en s’approchant avec pru- dence on parvient à les apercevoir, à découvrir leur nid. Les allures de la Chalcopélie Africaine sont des plus élé- gantes. C'est un oiseau paisible qui vit retiré dans les buissons; chaque paire ne semble avoir besoin pour sub- sister que d'une vingtaine de mètres carrés de surface. Le pays qu'habite cet oiseau est riche en graines de toute espèce ; les lianes et les plantes grimpantes, surtout, qui font des buissons une espèce de tissu serré, portent tant de graines que notre pigeon n’est pas astreint à de longs voyages pour trouver sa nourriture. Il s'établit générale- ment près d'un cours d’eau et il a alors à sa portée tout ce qu'il lui faut pour vivre heureux. Le cri de la Chal- copélle ne comporte que la seule syllabe: dore, mais l'oiseau la répète dix à quinze fois de suite, lentement d’abord, puis avec une rapidité, une précipitation qui va toujours croissant. Je n'ai jamais entendu la Chalcopélie Africaine produire d’autres sons; hors le temps des amours, l'oiseau est silencieux. La Chalcopélie niche dans un buisson très épais, presque à ras du sol, sur un tronc d'arbre renversé ou dans le creux de quelque arbre. Son nid ressemble à celui des autres pigeons; il est géné- ralement mieux construit quand il est à découvert que lorsqu'il est placé dans une cavité ; dans ce dernier cas, il ne se compose que de quelques branches formant la couche où reposent les œufs. Le 14 janvier je trouvai un de ces nids: il renfermait un œuf petit et d’un blanc jaunâtre. » (Brehm.) Cette espèce est assez fréquemment importée, elle est rustique et vit en volière à air libre ; on peut obtenir sa reproduction. Sa nourriture est celle des autres espèces. Colombe aux ailes bronzées. — Chalcopelia Chal- cospilos (Wag.). Cette Chalcopélie pourrait être considérée comme une variété de Ja précédente : elle est de taille un peu plus petite : le plumage est presque le même : face inférieure du corps d'un rose vineux, dessus d’un brun sombre, tête grise. Elle diffère par les six taches métalliques des ailes qui sont d’un vert cuivré et non pas bleues comme chez l'Emeraudine. Le bec est rouge et les pieds d’un jaune orange. La femelle est un peu plus petite et a les cou- leurs plus ternes. Elle habite la côte occidentale d'Afrique, le Sénégal et la Guinée; ses mœurs sont celles de l’espèce précédente, Importée assez fréquemment, elle est robuste et facile à acchimater; on peut la faire reproduire en volière, On la nourrit comme les autres Chalcopélies. Colombe écaillée. — Scardafella squamosa (Tem.). Vulg. Tourterelle écaillée. LE NATURALISTE Cette colombe est à peu près de la taille de la Chalco- pélie Africaine, dont elle diffère par ses formes ramassées qui la rapprochent des Palombes; elle a les épaules larges, le cou allongé, les pattes courtes, le dos est bleuâtre, parsemé de lignes noires arrondies qui simulent des écailles; les ailes sont marquées d’écailles noires et bordées de blanc; la tête, le cou et la poitrine sont d’un joli rose vineux; le collier est formé d'une maille de petites écailles blanches bordées d’un filet noir; le bec est gris, les pieds rouges. Cette espèce habite le Brésil et principalement la pro- vince de Bahia; ses mœurs sont celles des autres colombes américaines. Elle est assez souvent importée, surtout par le port de Bordeaux; robuste et insensible au froid, elle est facile à acclimater, En captivité elle se montre vive et gaie, mais d’un naturel farouche; on a néanmoins obtenu sa reproduction. Sa nourriture consiste en graines variées, Colombe Tambourette. — Tympanistria bicolor (Tem.). Cette espèce est de la même grosseur que la précédente, le mâle a toute la partie supérieure du corps d’un brun noir soyeux et toute la partie inférieure, y compris la face et la gorge, d’un blanc brillant; le bec et les pieds sont rougeûtres, La femelle a le blanc du plumage plus mat et le noir moins brillant, la délimitation des cou- leurs est moins tranchée. _ Cette colombe habite le Sud de l'Afrique ; elle recherche les grands bois et niche sur les arbres élevés. Son chant, qui lui a fait donner le nom de Tambourette, consiste en un roucoulement plaintif prolongé et tremblotant. « C’est, dit Levaillant, une suite de sons langoureux : cou, cou, cou, répétés à perte d’haleine et en baissant insensiblement le ton. Ces sons remplissent tellement l’air environnant que, malgré que l'oiseau les exprime souvent près de vous, car il est peu farouche, on a peine à distinguer le lieu d'où ils partent. » On ne possède aucun autre détail sur ses mœurs en liberté. Très rarement importée, cette espèce peut être accli- matée, mais on n'a pu encore obtenir sa reproduction. Sa nourriture est celle des autres Chalcopélies. Albert GRANGER. (A suivre.) ACADÉMIE DES SCIENCES Le Khaya de Madagascar. (Note de MM. H. Jumerre et PERRIER DE LA B\rure, présentée par M. Gasron Bonnier.) Le genre Khaya n’est actuellement bien connu que sur la côte occidentale d'Affique où il est représenté par deux espèces : Je Khaya senegalensis, cail-cedra où acajou du Sénégal, et le Khaya anthotheca qui, dans l’'Angola, est le cababa des Mahun- gos. Sur la côte occidentale, ce n'est qu'avec doute que la pré- sence de la première de ces deux espèces est admise, d'après des spécimens très incomplets. Cette incertitude sur l’extension du genre au delà de l'Afrique occidentale, n’en rend que plus intéressante la découverte d’une troisième espèce appartenant à la flore de Madagascar que les auteurs signalent dans cette note, et pour laquelle ils proposent le nom de Khaya Madagascariensis. | C’est un grand. et bel arbre de 20 à 30 mètres de hauteur, à tronc très droit et cylindrique, à écorce brunâtre, maculée de gris. IL Les feuilles groupées aux extrémités des rameaux sont plus pelites sur les vieux pieds que sur les jeunes où elles peuvent avoir 1 mètre de longueur. Elles sont glabres, paripennées et composées de six à sept paires de folioles. . Les fleurs apparaissent en septembre, elles ont quatre sépales Jaunâtres, quatre pétales blancs, environ cinq fois plus longs que les sépales. Le tube staminal a huit lobes arrondis entre lesquels s’insèrent huit étamines incluses, sessiles et jaunâtres. Le style blanc se termine par un stigmate discoïde. L’ovaire est à quatre loges multiovulées. Les fruits sont des capsules fortement ligneuses. Le tronc sécrète une gomme qui se concrèle sur l'écorce, sous l'aspect de petites stalactites, dont los uues sont jaune clair, les autres plus brunes, et d'autres verdâtres. Cette gomme, récoltée depuis quelque temps, contient 21 % d'eau. Supposée sèche, elle se compose de 85 parties solubles dans l’eau chaude et de 13 parties gonflables, mais insolubles. La portion soluble dans l’eau chaude reste dissoute après refroidissement et donne des solutions épaisses, mais encore parfaitement liquides, en présence de douze fois son poids d’eau, Ces solutions, plus ou moins colorées, ont l'aspect de solutions de gomme d'Acacia Senegal ; étendues en couche sur le papier, elles lui donnent une certaine adhésivité. C'est une gomme sans tanin; elle est, du reste, sans odeur ni saveur. Sur l'origine vésuvienne du brouillard see observé à Paris dans la matinée du mercredi A4 avril 1906. — (Note de M. SranisLas Meunier.) Tout le monde à remarqué le brouillard sec et Jaunâtre qui s'est étendu sur Paris dans la matinée du mercredi 11 avril; la navigation de la Seine en a été génce, et le soleil en avait pris un aspect tout à fait particulier. Dans la pensée que ce phénomène pouvait se rattacher à l’éruption actuelle du Vésuve, l’auteur avait disposé, sur le toit de la maison qu'il habite au quai Voltaire, des plaques glycérinées destinées à retenir les poussières. Ces plaques, traitées par l’eau, ont donné un dépôt assez abondant où l’on voyait, à l'œil nu beaucoup de suie et de matière organique. La portion fine, séparée par la liqueur lourde de Thoulet, a donné un sable extrémement fin dont l'examen microscopique à confirmé ses prévisions. La comparaison avec la cendre rejetée par le Vésuve, en 1822, et dont il avait.un échantillon sous la main, a révélé avec l’échan- üllon actuel une identité complète. La principale différence con- siste dans la présence, dans la poussière parisienne, de quelques globules parfaitement sphériques de fer oxydulé. On doit done admettre que le brouillard de jour était causé par la chute à Paris d'une pluie de cendres très fines rejetées par le Vésuve. Genèse d’an mincrai de fer par décomposition de la Glauconie. — (Note de M. L. Caxeux, présentée par M. Mrcuez Levy.) On a exploité pendant longtemps, dans l'arrondissement de Vouziers, et notamment à Grandpré (Ardennes), un minerai en grains, subordonné à l'Aptien et souvent désigné sous le nom de minerai de fer hydroxydé oolithique, formant des couches d’une épaisseur moyenne de 1 mètre à 1 m.50 et quelquelois de 2m. 50 à 3 mètres. Ce minerai de Grandpré renferme des minéraux variés aux- quels s'ajoutent des organismes et du ciment dans les échantil- lons cohérents. Les matériaux nettement élastiques sont repré- sentés par une proportion très notable de grains de quartz angu- leux ou arrondis de toutes dimensions; les plus gros mesurent jusqu'à 2 et 3 mètres. Les minéraux les plus répandus sont la Limonite et la Glauconie. Ce dépôt de Grandpré était originellement très glauconieux, et si la plus grande partie des grains ferrugineux ne laissent voir aucun vestige de Glauconie, ilr’en est pas moins vrai que toute la Limonite du dépôt dérive de ce minéral. C'est le seul minerai de France qui dérive directement de la Glauconie, sa structure et son origine l’éloignent des minerais oolithiques avec lesquels il avait été confondu. ; Sur les glaciers pléistocèmes dans les vallées d'An- dorre et dans les hautes vallées espagnoles envi- rommantes. — (Note de M. Marcez CHrvaLien.) En remontant la vallée de la Sègre jusqu'à Puigcerda, l’auteur PES ES 5 ee Ep mme 112 LE NATURALISTE —_———_—————————————— a pu faire quelques observations sur l'extension des glaces pen- dant le quaternaire. Si les glaciers ont pu assez largement s’étaler en Andorre, cela tient surtout à la situation particulière du petit Etat. Tout le pays, situé entre deux hautes crêtes sensiblement parallèles et orientées ouest-est, forme une sorte de bassin fermé qui fut très favorable à l'accumulation de la glace. . Le versant espagnol ne commence en réalité que sur le flanc sud de la crête jalonnée par les pics de Campcardos, Tossa, Plana, Pedrajitta. Ce versant qui forme toute la rive droite de Puigcerda à la Seu d'Urgell, est sillonné de petites vallées per- pendiculaires à la vallée principale orientée ouest-est. Toutes ces vallées né portent de traces glaciaires que dans leur cours Île plus supérieur. Quant à la vallée principale de la Sègre, on n'y observe aucune trace glaciaire dans son cours, de la Seu d'Urgell à Puigcerda: elle servit probablement le déversoir au lac qui occupait les Cerdagnes actuelles, antérieurement à la période glaciaire. Cette dissemblance de l’extension des glaciers sur le versant français (vallées de l'Ariège et de ses affluents) et sur le versant espagnol (vallée de la Segré et ses affluents) est due surtout aux conditions climatériques. Contribution à la flore tertiaire du Maroc septen- triomal. — (Note de M. En. Bonxer, présentée par M. Ze1..- LER.) L'auteur a étudié les fossiles provenant de quatre gisements différents : Environs de Tanger, calcaire grisâtre compact, avec empreintes de Zonarites alcicornis ; bords de l'oued Baroud,entre Tetouan et le Fondouk, calcaire grisâtre avec nombreuses empreintes de Chondriles arbuscula; environs de Tetouan, calcaire bianc, friable, avec empreintes de Ch. Targionii, Ch. arbuscula, Ch. intricatus ; un dernier gisement situé entre le cimetière juif et le cimetière arabe, est constitué par des tufs calcaires, pliocènes dans lesquels se rencontrent Apollonias canariensis, Cinnamo- mum Scheuchzeri, Salix angusta. Des observations qu’il a pu faire sur cette flore, l’auteur con- clut qu'au Maroc septentrional, de même que dans le Nord-Est de l'Espagne, les conditions climatériques ne s'étant pas sensi- blement modifiées, ont permis à certaines espèces telles que les Cinnamomum Scheuchzeri et Salix angusta, de persister jusque dans le pliocène, alors que, dans l'Europe centrale et la vallée du Rhône, elles avaient, par suite du changement de climat, dis- paru dès la fin de la période pliocène. Bibliographie 414. Colson et Chatel. Le Manioc. Culture et industrie à la Réunion (suile). L'agric. pral. des pays chauds, n° 32, 1905, pp. 404- 419, fig. 41%. Delacroix (G.). Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds. 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Ruta mura- ria n’est autre chose que lPAsvlenium Ruta muraria, la fougère bien connue; quant au Muscus crustaceus,1il s'agit de l’usnée des crânes, un Lichen que l'on recueillait ;adis sur le crâne des pendus. L'auteur de cette note, Martin Bernhard, raconte qu’é- tant à la chasse avec le roi Casimir, aux environs de Zakrozim, en Pologne, il trouva un crâne ancien sur lequel s'étaient développées de place en place de nom- breuses touffes d’un Lichen et qui de plus présentait sur la suture du temporal droit un pied de Ruta muraria. AD OBS Li TA MURARIA CUM MUSCO CRUSTACE A + CRANIO HUMANO ANNO;6%2 INVE Cette dernière fougère croissait d’ailleurs à quelques pas sur les ruines d’un temple antique. Bernhard fit dessi- ner le crâne en question et une planche lui est consacrée dans les Miscellanées de l'Académie des curieux de la na- ture, Les naturalistes anciens, amis du merveilleux, ont fré- quemment cité des cas singuliers de ces végétations extra- ordinaires; mais le plus remarquable est celui qu'ont re- laté Borellus et le Père Kircher. Il s’agit d’un Espagnol qui était tombé d’un arbre au milieu de buissons d'épines, à l’automne. Il ressentit bientôt une forte douleur dans la région costale sans que rien apparut au dehors ; mais, au printemps, se produisit une tumeur qui s’accrut avec une telle rapidité dans l’espace de quelques semaines qu'elle donna naissance à une production rameuse rap- pelant un végétal qui se mit à fleurir et à fructifier, Les racines de cette plante merveilleuse descendirent jusque dans la hanche et la cuisse produisant un tel désordre au milieu des muscles et des tendons que le patient finit par succomber. N'oublions pas de signaler que la croissance était tellement rapide qu'il avait fallu procéder à un élagage comme pour un arbre ordinaire. Les incisions et les scarifications faites en vue d’enlever la racine n'avaient pas été couronnées de succès. — CS Ter) Aristote et Théophraste n'ont-ils point parlé d'un lierre qui avait poussé entre les cornes d’un cerf? Plu- tarque à vu une tige d'orge qui s’était développée dans la vessie d’un malade. Et les pois qui ont germé dans les oreilles humaines, aussi bien que des noyaux de cerise et des graines de mürier? Les auteurs anciens en citent des exemples. Un brave homme — que la chose a dû gèner — se serait vutransformé en jardin portatif, pré- sentant des fleurs xpparues soudain dans sa bouche, dans son nez et dans ses oreilles. Mais revenons à notre Muscus cruslaceus, à ses pro- priétés, à ses usages. On le trouvait, avons-nous dit, sur le crâne des pendus, des suppliciés, des gens qui avaient succombé à une mort violente. Paracelse lui donnait le nom d’Usnea et Libavius l’appelait la Fleur des Crânes. Mais la mousse des crânes n’était pas com- mune et les médecins la recherchaient avidement, cer- tains de la vendre au poids de l'or. Ils n'avaient pas tou- jours la chance qui était incomhée à Chemnitzius. Ce dernier dit dans un catalogue des plantes du Brunswick, qu'il avait trouvé de l’usnée sur huit crânes de soldats tués dans un combat et abandonnés au milieu d’une fo- rêt pendant dix-sept ans. Il existait, paraît-il, deux espèces différentes d’usnée des crânes : l’une herbacée, assez longue, rappelant les mousses qu'on trouve sur les toits et qui croissait de préférence sur les crânes exposés dans les lieux hu- mides; l’autre crustacée adhérant aux os, ayant plutôt de l’analogie avec la production qui recouvre les rochers et les pierres et à laquelle les botanistes ont donné le nom de Lichen saxatilis. Cette dernière était la véritable usnée, celle qui avait des propriétés à nulle autre pa- reilles. L'usnée guérissait en effet l’épilepsie et les affections du cerveau. On lui substituait quelquefois, quand on ne pouvait se procurer la panacée, le crâne lui-même des pendus et surtout l’osselet triangulaire, ossiculum trian- gulare qui se rencontre exceptionnellement au voisinage de la suture lambdoïde. Les hémorragies nasales étaient également incapables de lui résister et aucun médecin ne se permettrait d'en douter : quod. omnibus medicinam profitentibus est notum. On fabriquait pour cet usage une pâte avec l’usnée, la graisse de porc, la gomme adragan- the (dissoute dans de l’eau de frai de grenouilles) : on en confectionnait des boulettes que l’on introduisait dans le nez des malades, le sang s’arrêtait et les ago- nisants revenaient à la vie. Il n’y avait aucun inconvé- nient à y ajouter du bol d'Arménie, du sang-dragon, de l'albumine d'œuf et du vinaigre. Unzerus prétendait qu’il suffisait même de tenir de l’usnée dans la main pour être guéri de l’hémorragie. On pouvait-aussi se suspendre au cou, dans le même but, un sachet de soie rouge, véritable amulette, ren- fermant un mélange de mousse du crâne humain, de cendre de crapaud, de pierre hématite, de corail rouge, . de racines de Bistorte, de Tormentille, de Bourses à Pasteur (Capsellala Bursa Pastoris), de fleurs de Pâque- rettes et de Mourron rouge (Anagallis phœænicea). Mais la suprême élégance consistait à traiter les hé- morragies nasales par des bracelets et des colliers fa- briqués avec une pâte à base d’usnée que l’on pouvait aussi façonner en plaquettes ou en boules. Ces dernières se tenaient à la main et on avaitsoin de les y garder jus- qu'à ce qu’elles fussent chaudes. Quant aux plaquettes, on se les appliquait sur le front, sur la poitrine, ou dans DEEE 2 SONY RE SERRES 114 LE NATURALISTE le dos, suivant qu'il s'agissait d'hémorragie nasale, de fièvres chaudes ou d’hémorroides. Jusqu'ici, le traitement est purement externe. I de- vient interne avec des pilules dans la composition des- quelles entrent, en sus de l’usnée, Pivoire: fossile: et l'o- pium et que l’on prenait au moment de se coucher. On ne se contentait pas de les argenter, comme on fait de nos jours, on les dorait : c’est ce qu'on pouvait appeler dorer la pilule. Nous sommes obligés de passer sous silence quelques usages qui, certes, ne manquent pas d'intérêt, mais qui demandent à être lus dans le texte latin lui-même. La dysenterie était arrêtée par l’usnée et les bles- sures, d’où quelles vinssent, se fermaient à l’envie par l'emploi d’une poudre composée où entraient entre autres substances du sang-dragon, de l’encens, du bol d'Arménie, de la terre sigillée, du gypse, des poils de lièvre coupés fin, de Falbumine d'œuf, des éponges tor- réfiées, etc. Becker v ajoute même de l’aloès: Helmon- tius préparait toujours avec l’usnée son Periapton salutis magneticum, doué de propriétés tellement puissantes qu'il suflisait de le toucher du bout de la langue pour être radicalement et à tout Jamais guéri. Et pour montrer jusqu'où pouvait aller: la crédulité de nos ancêtres, nous traduisons textuellement quelques lignes de la note de Bernhard : « L'’usnée trouvée sur le crâne des pendus entre aussi dans l’Unguentum Armarium qu'on appelle aussi Martiale et Magneticum, parce que de même que l’aimant attire le fer par une propriété occulte et cachée, ainsi par une force inconnue, les blessures sont guéries par cet onguent. On lui donne encore le nom d'Armarium et Martiale, parce qu'on ne l’applique pas directement sur la blessure, comme c’est le cas habi- tuel, mais au moyen des armes qui ont fait la blessure et auxquelles adhère encore du sang. Quand les armes manquent, on prend une tige de bois ou de fer qu'on imprègne de sang provenant de la blessure et qu’on laisse sécher; on y applique de l’onguent et on recouvre, à certains jours, la blessure d’un linge neuf imbibée de l'urine du blessé. » Paracelse serait l’inventeur de cet onguent. Quand faut-il recueillir l’usnée dés cranes ? On a écrit que le vendredi, avant le lever du soleil, était le meilleur jour. En ajoutant quelques prières de circonstances et en plaçant un peu de ladite usnée sous son aisselle gauche, on devient invulnérable. Mais Bernhard juge sévèrement cette prétention qui sent son paganisme; « de telles superstitions ne conviennent pas à un chré- tien, et j'aime mieux, dit-il, croire à une conjuration qu’en faire l'essai moi-même au péril de mon corps et de mon àme ». L'usnée étant toujours rare, peut-on arriver à s’en procurer en quantité plus ou moins considérable? Ber- nhard connaît des gens — et plus d’un même — qui ont essayé, en plaçant à l'humidité sur la terre des crânes provenant d'hommes ayant succombé à une mort vio- lente. Les uns choisissaient les rochers des hautes mon- tagnes où croit en abondance une production crustacée analogue qui adhère aux pierres. D'autres cherchaient à favoriser le développement de l’usnée en recouvrant les crânes de cailloux recouverts de lichens. D’autres encore recueillaient la mousse sur les tuiles et les pierres, la mélaient à de l’eau de pluie ou à de la rosée, en impré- gnaient les crânes qu'ils abandonnaient ensuite sur un mur dans un lieu élevé pendant trois ans au moins. Cnoffellius préférait le vin d’Espagne très généreux à l’eau de pluie; 1l avait commencé une expérience, mais. le crâne mis en œuvre fut dérangé et perdu pendant une: période de guerre avec les Suédois. Terminons par une citation empruntée encore à Bernhard et traduite littéra- lement. « I y a déjà sept ans que, causant de ce sujet avec un de mes amis, bon observateur, ce dernier m'af- firma presque sous serment, qu’il avait trouvé un moyen d'obtenir rapidement et en quantité la mousse des crânes. en les enduisant soigneusement d'huile d'olive, en les plaçant ensuite dans un lieu écarté et sauvage sur di- verses pierres recouvertes de cette même mousse crus- tacée (pierres que l’on trouve souvent ramassées en tas dans les localités désertes) et en les abandonnant dans ces conditions pendant un an. » Les résultats auraient éte toujours favorables. Quant à la mousse des crânes, mousse crustacée, usnée, c'est bien un Lichen qui doit être rattaché au genre Parmelia, sous le nom de Parmelia saxatilis. P. HARIOT. LA GISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles‘ Dans les Océans, l'influence de la température de l'air: sur les animaux est beaucoup moins grande que sur les Continents. Ainsi, dans la zone arctique, alors que la faune terrestre est actuellement d’une pauvreté extrême, la faune marine est presque aussi variée que la faune des. régions chaudes ou tempérées du globe. Nous examine- rons les causes de cette différence en traitant, dans un autre chapitre, de la Faune marine. Migrations des animaux. — Les migrations périodiques que beaucoup d'animaux opèrent chaque année, à des époques précises en rapport avec le renouvellement des saisons, sont avant tout sous la dépendance de la fonc- tion de reproduction. Les espèces migratrices, apparte- aant pour la plupart aux types les mieux doués sous le rapport des moyens de locomotion, choisissent pour se reproduire le pays qui convient le mieux à l'élevage des jeunes : par suite, on doit considérer ce pays comme la véritable patrie de l'espèce. Les Oiseaux nous offrent le üype le plus parfait de ces migrations périodiques. Dans une faune donnée, on distingue généralement les espèces sédentaires, qui passent toute l’année dans le même pays, les espèces qui nichent et se reproduisent dans ce pays, mais passent une parte de l’année dans. d’autres con- trées, enfin les espèces simplement de passage, qui vont. se reproduire plus au Nord: ou:plus au Sud. Ici encore, c'est la question de nourriture plutôt que la question de température, qui détermine la patrie ou le. soi natal de l'oiseau. En: effet les: jeunes oiseaux ont presque tous besoin d’une nourriture spéciale, surtout d'insectes, et les parents doivent se procurer une nour- riture abondante pour ‘eux et leurs petits, tant que ceux-ci ne peuvent quitter le: nid. C’est pour cela: que le: printemps doux et humide de l’Europe: tempérée est si (1) Voir le n° 457 du Naturaliste et suivants. LE NATURALISTE 115 RE TS men done ne à US Ut ee RU ana favorable aux espèces insectivores (Hirondelles, Marti- nets, Coucous, etc.), qui viennent y nicher, et qui nous quittent pendant l'hiver, époque où les insectes aériens disparaissent presque complètement. La cause de cette migration, ou plutôt l'explication qu’il convient d'en donner, a beaucoup exercé la saga- cité des naturalistes. On y a vu la preuve de l'existence en Europe d’un climat plus chaud et plus uniforme à une époque géologique antérieure (1). On a lieu de supposer qu'au début de la période ter- taire l'hiver des régions cireumpolaires était encore chaud et humide comme celui des régions intertropi- cales, et que les Oiseaux insectivores y trouvaient en toute saison une nourriture abondante. Les migrations annuelles de ces mêmes Oiseaux seraient la conséquence de l’abaissement de température qui s’est produit dans le Quaternaire et dont l'Europe continentale a gardé les hivers secs et froids qui caractérisent son climat actuel. Pendant la période glaciaire, la faune arctique que nous savons avoir été, dans le tertiaire, beaucoup plus riche que de nos jours, aurait émigré en grande majorité vers les régions plus voisines de l’Équateur, les types incapables d'opérer cette migration s’éteignant sur place. Puis, le climat s'adoucissant peu à peu, les Oiseaux insectivores seraient revenus peu à peu vers leur patrie d’origine. Ce qui s’est passé dans l'hémisphère boréal paraitavoir cu lieu également, mais à une autre époque géologique et probablement sur une moindre échelle, dans l'hémi- sphère austral où des migrations du même genre s’ob- servent sur les Oiseaux et les Mammifères marins : ces animaux se rapprochent de l’'Equateur pendant l'hiver et retournent vers le pôle pour se reproduire pendant le court été de la zone antarctique. Mais, ce qu'il est inté- ressant de signaler, c’est que l’Orientation de certaines espèces s’est modifiée à partir du moment où elles ont franchi l'Équateur pour s'acclimater en quelque sorte dans l’autre hémisphère. Parmi les Oiseaux, les Hirondelles et les Coucous, bien que cosmopolites à l'époque actuelle, peuvent être considérés comme originaires de l'hémisphère horéal. Cependant une Hirondelle (Æirundo nigricans) et deux Coucous (Chrysococcyx lucidus, Eudynamys tahitensis) vont se reproduire sur le petit continent de la Nouvelle- Zélande, pendant l'été tempéré de ce pays situé à nos antipodes. Ils passent le reste de l’année en Australie ou dans le centre de la Polynésie. Or la Nouvelle-Zélande est à 1.400 kilomètres de l'Australie ou des archipels les -plus rapprochés de lOcéanie, sans aucune terre intermé- diaire où ces oiseaux puissent se reposer. Ce fait semble prouver que ces Oiseaux ont eu avantage à changer bout pour bout leur orientation et à traverser, d’une seule traite, une vaste étendue de mer, plutôt que de remonter vers le Nord, à travers les continents, comme le font la plupart des espèces migratrices de la même famille. Les Chiroptères, comme les Oiseaux, ont des espèces migratrices qui, au lieu de passer l'hiver dans les cavernes comme la plupart des représentants de cet ordre propres à la zone tempérée, préfèrent se servir de leurs ailes pour se rapprocher de l’Équateur à l'exemple des Hirondelles. Dès l’année 1857, BLASIUS et KOLENATI avaient constaté (4) H.-B. Trisran. The Polar Origin of Life (The Ibis, 1887, p- 236; 1888, p. 204). — E. Trousssarr. La Géographie z00- logique, p. 28, 261. le fait sur Vesperugo borealis, espèce du Nord de l'Europe qui s’avance jusqu’en Suisse et dans le Piémont, et qui est de passage régulier dans le Nord de l'Allemagne. Plus récemment, HART MERRIAM (1) a constaté le même fait sur deux espèces de l'Amérique du Nord (Atalapha cinerea et Vespertilio noctivagans). La première, qui habite le Canada et les États-Unis, va passer l'hiver dans la Caroline du Sud, poussant quelquefois jusqu'aux Ber- mudes. Au Nord de New-York elle ne se montre pas avant le 48 mai, ni plus tard que le 8 octobre. Les migra- üons de Vespertilio noctivagans sont moins étendues, mais il est prouvé qu’elle se montre aussi aux Bermudes et sur d’autres îles des côtes de l'Atlantique où l’espèce est seulement de passage à des époques déterminées, plus spécialement en automne. Sur une échelle plus réduite, on constate que beaucoup d'espèces considérées comme sédentaires, opèrent de petits voyages, allant de la montagne à la plaine et réciproquement, suivant l'al- ternative des saisons, pour se procurer leur nourriture. Des migrations comparables à celles des Oiseaux s'observent chez les animaux marins, notamment chez les Otaries qui sont manifestement originaires du pôle Sud, mais se sont propagés jusque dans le Nord du Paci- fique, au cours de la période tertiaire. S'ils n'ont pas envahi de la même manière le Nord de l'Atlantique, c'est que cet Océan ne s'est creusé que dans la période qua- ternaire, comme nous l'avons vu ci-dessus. Or à l'époque actuelle, les différentes espèces qui se rap- prochent de l'Équateur pendant l'hiver, remontent régu- lièrement vers les pôles pour s'y reproduire pendant l'été : les Otaries des côtes de la Californie et du Japon se rendent aux iles Pribilov et au Kamtchatka; celles des côtes de l'Amérique du Sud de l’Afrique et de l'Aus- tralie vont aux iles de la Terre-de-Feu, à la Géorgie du Sud, aux iles Auckland,Kerguelen, Crozet, et aux autres iles qui forment la ceinture septentrionale de l'Océan antarctique. Le changement d'orientation est bien mani- feste pour les Otaries de la mer de Behring, car tous les autres Pinnipèdes des mers arctiques sont des Phoques ou des Morses. Les migrations irrégulières que l'on observe chez les Insectes (Criquets migrateurs), chez les Lemmings (Lemmus) et chez les Antilopes de PAfrique australe, sont sous la dépendance exclusive du besoin de nourriture et ne sont pas comparables à celles des Oiseaux et des Mammifères marins. Celles-ci se rattachent étroitement, comme nous l'avons montré, à la fonction de reproduc- tion et aux besoins particuliers qui en sont la consé- quence. Dissémination des organismes par les Uiseaux et les Insectes migrateurs (2). — Aux migrations des Oiseaux et des autres animaux pourvus d'ailes se rattachent un grand nombre de faits qui prouvent que la faune origi- nelle des continents et des îles a pu s’accroître ou se for- mer par des importations étrangères, bien avant que l'Homme ait apparu à la surface du globe. Les Oiseaux transportent, attachés à leurs pattes ou à lenrs plumes, des animaux de petite taille, des statoblastes ou des (4) Harr Menrran. Do any Canadian Bats migrale ? Evidence in the affirmative (Trans. Roy. Soc. Canada, section IV, 1887, p- S5). (2) Voyez : R. Braxcran, article Dissémination dans La Grande Encyclopédie, XIV, p. 677. BEÈES SRE l ( } \f (! 116 LE NATURALISTE œufs (1). On conçoit facilement que ce mode de dissémi- nation ne puisse s'appliquer aux organismes de grande taille. Ce sont souvent des animaux d’eau douce qui sont ainsi transportés, et c'est ce qui explique pourquoi les Crustacés inférieurs et les Mollusques, qui habitent les lacs et les cours d’eau, présentent si peu de différences d'une région à l’autre. Plus rarement des œufs de Batra- ciens ont pu être transportés de la même manière, fixés aux pattes des Echassiers migrateurs. C’est ainsi que l’on explique la présence aux îles Sandwich du Bufo dialo- phus, crapaud qui se rattache à un type américain. — Les courants marins peuvent aussi transporter des orga- nismes terrestres (Insectes, Reptiles) sur les troncs d'arbre ou la pierre ponce qui flotte à la surface de la mer : à la suite du tremblement de terre de Krakatoa, des Reptiles d'assez grande taille (Serpents) ont été transpor- tés ainsi par des bancs de pierre volcanique jusqu'à Madagascar et sur la côte orientale d'Afrique, Les Insectes à l’état de larves sont de même introduits par les troncs d’arbres, les fruits (noix de coco), et tous les débris végétaux qui flottent à la surface de la mer et viennent échouer sur les côtes. Ces végétaux se trouvent donc disséminés sur les îles et les continents en même temps que les parasites qui se nourrissent à leurs dépens. Nous reviendrons sur le rôle des courants marins en traitant de la distribution des organismes au sein des mers. $ IV. — INFLUENCE DE LA CONFIGURATION DES CON- TINENTS ET DES MERS SUR LEA. DISTRIBUTION DES ANIMAUX. Barrières maritimes. — Si la présence de vastes Océans n'est pas un empêchement à la dispersion des animaux pourvus d'ailes comme les Oiseaux, par contre un bras de mer de quelques kilomètres de large est un obstacle presque infranchissable pour les animaux ter- restres qui ne se hasardent à la nage que très exception- nellement et qui seraient submergés par les vagues. Les animaux migrateurs eux-mêmes ne franchissent au vol que les mers intérieures comme la Méditerranée ou les Océans semés d’archipelsnombreux comme le Pacifique ; les Oiseaux migrateurs d'Amérique: vont de l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud, comme ceux de l'ancien continent vont de l'Europe à l'Afrique, et les rares in- dividus que les tempêtes jettent de temps en temps sur nos côtes, sont fatalement destinés à périr. D'une facon générale, les migrations s’opèrent toujours dans le sens du méridien, ou suivant une ellipse plus ou moins allon- gée dont ce méridien constitue le grand diamètre. La division générale des terres en deux continents (Ancien et Nouveau) séparés par deux grands océans (Atlantique et Pacifique), est d’ailleurs très ancienne bien que la configuration et les limites réciproques de ces Continents et de ces. mers ait beaucoup varié aux différentes époques géologiques. Si l’on jette les yeux sur une Planisphère terrestre, on voit que la séparation en deux grands continents, très nette dans l'hémisphère austral et sous l’Equateur, devient beaucoup moins sensible à mesure que l’on se rapproche du pôle Nord. Outre que la plus grande masse des terres émergées, à l'époque actuelle, se trouve dans l'hémisphère boréal, on remarque entre les deux con- tinents une sorte de convergence, bien indiquée par (1) J. ne Guenne. Revue scientifique, 1888, 1. XLI, p. 455. l'orientation des chaines de montagne et des îles qui représentent les sommets de massifs montagneux en- vahis par la mer. Ceci nous montre que la séparation entre les deux continents septentrionaux est d’une époque relativement récente, et la comparaison des deux faunes confirme ce fait géologique. L’étroite parenté que la faune des Mammifères du Canada et des Etats-Unis présente avec celle de l'Europe, a depuis longtemps frappé les naturalistes : on peut dire que ces faunes sont moins dissemblables’ que celle de la Chine, par exemple, comparée à celle de l'Europe, bien que ces deux dernières appartiennent à un même continent. De même, sur les deux versants du Pacifique, les faunes du Japon et du Kamtchatka ne diffèrent que par des traits secondaires de celles de l'Alaska et de la Colombie britannique. Or, comme l’évolution des Mammifères s’est opérée pendant la période tertiaire, on doit admettre que la séparation du Nord des deux continents est pos- térieure à cette période. Tout autre est le résultat de l’examen des continents de l'hémisphère austral et de leur faune. L'Amérique méridionale, l'Afrique australe et l'Australie, largement séparées par de profonds océans, nous présentent trois faunes mammalogiques bien distinctes. entre elles et distinctes également de celles des continents septen- trionaux. On doit en conclure que ces masses continen- tales sont restées séparées pendant la plus grande partie de la période tertiaire et que la réunion de l'Amérique du Sud à l'Amérique du Nord, celle de l'Afrique méri- dionale à l'Europe et à l'Asie occidentale ne datent que de la fin de cette période. Les renseignements fournis par la géologie et la paléontologie concordent parfaite- ment avec les données de la géographie zoologique, telles que nous venons d'en tracer les grandes lignes, si bien que l’on a pu dire que tous les problèmes de la Zoogéo- graphie seraient résolus « si nous connaissions parfaite- ment la forme des Continents et la composition de leur flore et de leur faune à toutes les époques géologiques, et si nous pouvions suiwre pas à pas les changements qui se sont produits dans l’une et dans l’autre depuis les. temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1) ». Récipro- quement, la géographie zoologique peut confirmer ou corriger les résultats fournis par la géologie, toutes les fois que ces résultats ne présentent pas, par eux-mêmes, une certitude absolue. Faunes insulaires (2). — L’étude de la faune des îles présente un très grand intérêt lorsqu'il s’agit de savoir si les îles ont été réunies, à une époque antérieure, au continent dont elles sont le plus rapprochées, ou st elles en ont été constamment séparées. Entre ces deux alternatives s’en place une troisième qui ne s'applique ordinairement qu'aux îles d’une grande étendue : on est conduit à admettre que ces iles ont été tantôt réunies, tantôt séparées des continents, suivant l’époque géolo- gique à laquelle remonte l'origine de leur faune, ou plutôt celle des éléments multiples qui constituent cette faune à l’époque actuelle. Presque toujours la compa- raison avec les faunes voisines permet de résoudre ces questions d’origine. 5 Par suite, les îles peuvent être divisées au point de vue zoogéographique en deux catégories, savoir : 1° Les. (1) Trougssarr. Géographie zoologique, p. 309. (2) Wazrace. Islande Life (Londres, 1880), 4 vol. in-80, avec fig. et cartes. îles qui se rattachent manifestement aux continents voisins par la composition générale de leur faune; 2° les _ îles qui possèdent une faune en majeure partie bien dis- tincte et ne présentant que des rapports éloignés avec celle des continents les plus rapprochés. Quant aux iles dont la faune présente un mélange d'espèces endémiques (c'est-à-dire propres à cette faune) et d'espèces: impor- tées ou identiques à celles du Continent voisin, ilny a pas lieu d'en faire une troisième catégorie : suivant la prédominance de l’un ou de l’autre des éléments de leur faune, on peut presque toujours les faire rentrer dans l’une des deux catégories précédentes. Les îles qui, par leur faune, se rattachent aux conti- nents voisins, doivent être considérées comme séparées depuis peu de ces continents. Ainsi, par exemple, en Europe, les iles Britanniques et toutes les îles de la Méditerranée; — en Asie, les iles de l’Archipel de la Sonde (Malaisie et Indo- nésie) jusqu’à Célèbes et Lombock exclu- sivement, Ceylan et le Japon; —en Amé- rique, Terre-Neuve, les Antilles et la Terre- de-Feu; — en Australie, la Nouvelle-Gui- née et la Tasmanie, — toutes ces iles, gran- des ou petites, doivent être considérées comme n'ayant été séparées des continents ‘que postérieurement au début de la période tertiaire, attendu que leur faune mamma- logique est à peu de choses près identi- que à celle de ces continents. D'ailleurs l'isolement de ces îles peut avoir eu lieu à “des époques sensiblement différentes pour chacune de ces localités étudiées séparé- LE NATURALISTE ment. Les îles qui présentent une faune en majeure partie spéciale ou se rattachant plutôt à des continents éloignés, présentent beaucoup plus d'intérêt, car on peutles con- sidérer comme le reste de continents plus où moins étendus ayant eu une existence distincte à une époque géologique anté- rieure, ou comme l'indice de connexions anciennes entre des continents nettement séparés à l’époque actuelle. Dans le premier le foyer ou le centre de dispersion de for- mes animales qui ne sont représentées que par des types isolés ou qui font complètement défaut sur les continents. Telles sont Madagascar par rapport à YAfrique, la Nouvelle-Zélande par rapport à l'Australie: ‘et sur une plus petite échelle, les îles Mascareignes par rapport à Madagascar, les iles Gallapagos par rapport à l'Amérique, les iles Sandwich par rapport aux autres archipels de la Polynésie. Les caractères fauniques qui permettent de considérer ces îles ou ces archipels comme des foyers zoogéniques distincts, ont d’ailleurs une va- leur très inégale mais généralement proportionnelle à Vétendue de terre que représente chaque île ou chaque groupe d’iles à l’époque actuelle. Dr TROUESSART. (A suivre.) 117 PENTACEROS NOUVEAU La collection de Géologie du Muséum s’est enrichie du bel échantillon que représente la figure ci-jointe : C'est un fragment de silex sur lequel se présente une belle empreinte d'étoile de mer. Ce silex gisait, à Fon- taine-Saint-Simon (Eure-et-Loir), dans les argiles rem- plies de pierres qui font, dans une partie du Perche, un recouvrement si constant au terrain de craie blanche et qu'on exploite activement pour en retirer du macadam. Les pierres dont il s’agit proviennent de couches de craie, maintenant supprimées par l'érosion lente et pro- 1 vressive à laqueejl procèdent sans relâche les eaux de la Silex provenant du terrain superficiel dela craie de D Cas surtout, on peut les considérer comme (Œure-et-Loir), et renfermant une empreinte de Pentaceros dilata ? (grandeur naturelle). pluie chargées de l'acide carbonique atmosphérique. Avec largile qui les emballe, ces silex représentent sous leurs quelques mètres de puissance, le résidu de dissolution d’une épaisseur énorme de couches crayeuses, qui for- maient la surface du pays pendant le tempsrelativement long depuis lequel il subit le régime continental. Quant à la craie, on sait quelle n’est autre chose qu'une vase marneuse, déposée dans les grands fonds d'un océan des temps secondaires. Notre certitude à cet égard résulte de son identité avec les sédiments qui, aujourd'hui encore, s'accumulent lentement dans les abimes des grands océans et que les naturalistes ont pu recueillir à l’aide d'instruments spéciaux aux cours des croisières scientifiques, dont tout le monde à entendu parler. : Il est vrai qu'à première vue, on peut croire qu il y a dans la composition de la craie, des particularités qui s'opposent à l'assertion que nous venons d'émettre, car sa dissolution dansles acides donne lieu à l'isolement de | débris siliceux ou quartzeux, donnant l'idée de grains de 118 | LE NATURALISTE sable qui supposeraient l'intervention de courants marins et par conséquent la proximité du rivage. Mais, j'ai reconnu par une série d'observations et d'expériences, que ces grains pierreux se sont engendrés dans la masse de la craie bien après son dépôt et en conséquence des réactions chimiques dont le tissu des roches est inces- samment le théâtre. Le liquide qui baigne les roches et qui circule lente- ment dans leurs pores, contient de la silice en dissolu- tion proûigieusement diluée. Au contact du calcaire et spécialement du calcaire cristallisé, comme il ne manque pas de l’être dans ie test des mollusques ou des échino- dermes qui ont commencé à se fossiliser, la silice ainsi dissoute est arrêtée au passage. Elle se constitue à l’état de concrétions qui grossissent peu à peu, et qui,en mêine temps, changent tout doucement de composition, perdant l’eau qui, d’abord, lui était combinée en énorme excès et devient ainsi de l’opale, puis du silex, puis de la calcé- doine, et enfin du cristal de roche. C’est celui-ci que les acides séparent et qui peut s’isoler aussi par le la- vage à l’eau de la roche pulvérisée, et qu’on a pris pour des grains de sable. Cette histoire merveilleuse de la silice au sein de la craie, comprend comme l’un de ses incidents les plus connus, la production des rognons de silex qui dessinent sur les falaises qui s'y ouvrent des lignes horizontales noires qui rappellent les rayures du papier à musique auxquelles on les a souvent comparées. La concrétion de la silice se fait dans ce cas autour de certains points qui, très souvent, ne sont pas autre chose que des débris or- ganiques, fossiles animaux ou végétaux. Il est fréquent de trouver dans les rognons, des huitres, des bélemnites, des brachiopodes, des oursins et mille autres objets. C'est par le même mécanisme que s’est produit notre silex de Fontaine-Saint-Simon, et nous pouvons en con- séquence refaire aisément, depuis le commencement, l'histoire de notre échantillon. Dans la mer de l’époque crétacée, vivait une étoile de mer, habitant les régions abyssales comme beaucoup d'animaux analogues le font à l’époque actuelle. Après sa mort, elle échappa à la destruction par son enfouisse- ment dans la vase crayeuse du fond, qui la recouvrit au cours des siècles, de couches fort épaisses. Le temps s'écoulant, des dépôts différents se superposèrent les uns aux autres et nous les classons dans la série tertiaire, En même tempsla température dela couche de vase crayeuse se modifia beaucoup. Quand cette couche fut recouverte de quelques centaines de mètres de couches plus récentes, les choses se passèrent pour elle comme si elle avait été enfoncée dans la terre à quelques centaines de mètres de profondeur, c’est-à-dire que sa température s’éleva beau- coup et que l’eau qui y circulait par porosité acquit des propriétés chimiques de plus en plus énergiques. Elle apporta beaucoup de substances dissoutes et entre autres de la silice qui se concrétionua cà et là sous la forme de rognons plus ou moins branchus. L'un de ces rognons choisit pour centre notre étoile de mer de tout à l’heure et la moula parfaitement, puis l'empâta de manière à la faire complètement disparaitre. C'est longtemps après que le sol se souleva et que toute la région qui, jusque-là, s'était trouvée sous le bassin de la mer dont elle constituait le fond, devint con- tinentale. Alors, pendant que les êtres terrestres, plantes et bêtes, s’établissaient à sa surface, un régime tout nou- veau se faisait sentir sur la substance de ses roches. Sans qu'il y paraisse tout d’abord, le pluie en tombant sur elle en changea les conditions essentielles. Les couches furent attaquées les unes après les autres en commencant par les plus superficielles ; tout ce qu'elles renfermaient de calcaires fut dissous, tout cé qu’elles avaient d'oxydable fut brülé. Et c’est ainsi, qu'après bien des vicissitudes, la couche de craie débarrassée de l’épais manteau de sédiments qui l'avait recouverte, fut réduite dans ses régions supérieures à ses résidus de dissolution, c’est-à-dire à de l'argile renfermant les ro- gnons de silex. C’est l’état actuel; c’est là qu'en sont les choses, et. notre étoile de mer resta dans la masse au sein du silex, jusqu’au jour où le coup de masse d’un cantonnier l’a mise au jour. En elle-même, cette étoile de mer est fort intéres- sante. L'étude à laquelle je l’ai soumise, montre qu’elle appartient au genre Pentaceros, Linck. L'échantillon consiste dans le moulage par la matière siliceuse de la face dorsale; elle a sans doute été défor- mée par la pression, car elle ne présente pas de con- vexité sensible. Le disque est régulièrement pentagonal, et, de ses angles, partent cinq brastrès courts et dont deux au moins, nous montrent leur extrémité, non pointue comme chez beaucoup d’astéroïdés, mais au contraire dilatée d’une manière très sensible et terminée en demi- cercle. are Le disque est recouvert de plaques dont le diamètre moyen ne dépasse pas deux millimètres. En les repre- nant avec de la cire à modeler, on reconnait à la loupe que leur surface est recouverte de ponetuations fort ré- gulières. Les plaques marginales sont bien plus grandes et peuvent mesurer jusqu'à quatre millimètres de large. Les plaques marginales se continuent le long des bras, mais au passage du disque au bras, on remarque dans la disposition de leur file des particularités remar- quables. Sur lessections produites par la fracture du silex, on constate en effet en plusieurs points, que la file mar- ginale de l’entre-rayon se laisse recouvrir par une file su- perficielle d'un bras. Dans les bras complets, on voit une file médiane et une file marginale. La file médiane de l'un des bras devient file marginale du bras suivant par la cessation progressive de la file sous laquelle elle se trouvait primitivement. C’est ce que montrent très bien les deux bras complets, les autres ayant été sectionnés dans une région trop superficielle pour que la disposition y soit bien visible. Je n'ai retrouvé le fossile que je viens de décrire ni parmi les échantillons conservés au Muséum ni parmi ceux qui sont décrits dans les traités spéciaux. S’il est nouveau, comme tout me porte à le croire, je proposerai de l'appeler Pentaceros dilatatus, à cause de la dilatation de ses bras. STANISLAS MEUNIER. CHRONIQUE & NOUVELLES La culture et l'exploitation du Henequen. — Les causes du blanchiment de certains mammifères en hiver. Une plante textile, le Henequen, croit en abondance dans la péninsule du Yucatan et constitue une de ses richesses. D’après les renseignements recueillis par M. de Périgny, le courant d’eau douce souterrain qui traverse toute la péninsule, a suppléé au manque de LE NATURALISTE 149 rivières et permis de construire de tous les côtés des fermes, d'établir de vastes exploitations. Partout, sur chaque point du territoire, il suffit de creuser à une pro- fondeur plus ou moins grande, variant de 10 à 100 mètres, pour trouver de l’eau fraiche et potable. Les Indiens Marjas pratiquaient déjà, mais en petit, la culture du Henequen, dont ils tiraient des fibres pour faire des cordages. Elle est d’ailleurs fort simple. Après avoir défriché le terrain, on plante les jeunes plants sur des rangées parallèles à un intervalle variant de 1 m. 50 à 2 mètres. Chaque mécame (404,50 mètres carrés) con- tient huit ou dix rangées avec un total de 100 plants. Il faut ensuite attendre sept, et parfois huit ans, avant de mettre ces champs en exploitation, c'est-à-dire de couper les feuilles. Pendant ce temps, il faut faire un nettoyage complet du terrain chaque année. Après, on fait régu- lièrement tous les ans, pendant au moins dix-huit ans. On coupe généralement de 24 à 30 feuilles à chaque plante, d’une seule fois ou à plusieurs reprises dans le courant de l’année. Ce sont les Indiens qui se livrent à cette besogne à l’aide de leur machette, sabre court à lame épaisse. Ils arrivent à couper 2.000 feuilles par jour, et reçoivent de 1 fr. 25 à 2 fr. 50 par 1.000 feuilles. Les Américains du Nord ont essayé, à plusieurs reprises et à différents endroits, d’obtenir des plantes dont les fibres auraient les mêmes qualités de résistance que celles du Henequen. Ils n’y ont pas réussi; aussi les demandes continuelles du marché de New-York ont porté très haut le prix du Henequen et le maintiennent à un taux relativement élevé. Ce débouché sûr et impor- tant a donné un développement considérable à cette cul- ture et créé de grandes fortunes dans le pays. La parte industrielle est aussi simple que la culture elle-même. C’est en 1785, que l’on fit un premier envoi de fibres en Espagne. À ce moment-là, le Henequen n’était cultivé que par petites étendues; principalement sur la côte, et le défrichage se faisait d’une facon très imparfaite et surtout très lente. On placait la feuille sur une planche et on la grattait avec une lame d'acier pour la dépouiller des matières grasses. Ce n’est que vers 1830-1835 que l’on commenca l'exploitation en grand. On remplace la lame d'acier par la roue Solis, une roue en bois avec plusieurs lames d'acier à intervalles égaux, Un Indien tenait une feuille à la main et la présentait aux lames de la roue qui était actionnée à la main. Cette méthode était fort dangereuse ; de plus on ne nettoyait qu'une moitié de la feuille, et le nombre de feuilles défi- brées n’était que de 10.000 par jour, avec deux ouvriers travaillant pendant dix heures. La roue Solis fut peu à peu perfectionnée en machine. Le principe est toujours le même : une roue avec des lames en bronze, à cause du jus très corrosif que contiennent les feuilles. Celles- ci, amenées sur une pente douce, sont prises une à une par une chaîne sans fin en bronze, broyées et pliées en deux parties retombant de chaque côté. Deux roues semblables, l’une à droite, l’autre à gauche, tournent constamment et défibrent ainsi complètement chaque feuille. De cette façon, on arrive à défibrer 10.000 feuilles, parfois 15.000 par heure. On porte ensuite les fibres au séchoir où on les étale sur des fils de fer. Une fois sèches, on les presse en ballots, généralement de seize arobas. La plupart de ces ballots sont envoyés aux Etats-Unis pour fabriquer des cordages de toutes dimensions. On sait que M. Metchnikoff a montré que la décolo- ration de nos cheveux est due à des phagocytes qui en mangent le pigment. Pour savoir si les faits se passent de la même manière chez les mammifères qui blan- chissent pendant l'hiver, M. Trouessart à étudié l’her- mine qui est l'exemple type, et l’écureuil des montagnes de la Suisse et de l'Italie, qui est noir en été et devient Plus ou moins gris en hiver, comme le petit gris du nord de l'Europe. Sur ces deux espèces, le phénomène est identique, bien que moins accusé chez l’écureuil. Si l’on prend une peau d’hermine présentant encore partiellement la colo- ration rousse de l'été, et qu'on arrache quelques-uns de ses poils roux pour les examiner au microscope, on constatera d’abord que les cellules pigmentées, que l’on aperçoit nettement à travers la couche corticale, mince, incolore et transparente comme du verre, au lieu de former,comme chez l’homme, une colonne centrale d’une seule pièce, restent toujours distinctes. Elles sont empi- lées très régulièrement sur plusieurs rangs dans la partie la plus renflée du poil, comme des briques dans une che- minée d'usine ; dans les parties les plus étroites, elles alternent sur deux rangs, puis, à l’extrémité, elles ne forment plus qu'un seul rang, comme les ménisques d’une colonne vertébrale. Lorsque le poil commence à blanchir, on observe deux faits principaux : 1° l'extrémité ‘du poil semble se vider des cellules pigmentées qui la remplissent primiti- vement ; 2° la couche corticale devient trouble et, à un fort grossissement, on constate que cet aspect est dù à de longues trainées de graines de pigments qui la font paraitre irrégulièrement striée. Sous l’action du froid, il se produit donc tout d’abord une rétraction du cône médullaire; les cellules en forme de vertèbres, ou plutôt d'éponges empilées, qui remplis- saient la pointe du poil, se dessèchent et se désagrègent ; elles s’allongent et forment des fuseaux irréguliers, lais- sant des vides entre eux. Cette rétraction atteint bientôt toute la hauteur du poil, car on constate, dans la partie la plus reuflée et même à la base, qu'il s'est formé un vide entre la moelle et la couche corticale. La moelle tombe littéralement dans la lumière du poil comme un liquide pâteux qui se rétracte, par dessiccation, dans un moule de verre; un vide semblable à celui de l'extrémité distale se produit également dans la partie proximale, au-dessus du bulbe. La rétraction de la couche corticale, conséquence de ce vide interne, donne alors à la surface du poil, l’aspect écailleux, « en stipe de palmier », à sculpture élégante, qui résulte de la conformation de cette couche corticale (troncs de cônes emboités et à bords dentelés). FIN En même temps se produit la phagocytose qui doit amener la décoloration du poil. On voit le pigment s'ac- cumuler à l’un des bouts des grosses cellules médul- laires; puis, emporté par les cellules chromophages qui s’en détachent, ce pigment passe à la périphérie, formant ces longues trainées noirâtres dont nous avons parlé plus haut. Ces chromophages descendent jusqu au bulbe et passent dans le tissu conjonctif, ou sortent simple- ment en écartant les bords des cônes emboîtés de la couche corticale. Sur les poils devenus complètement blancs de l’'Hermine, la couche corticale a repris toute sa transparence, et l’on voit au centre la moelle formée de cellules mortes, desséchées et décolorées, sauf aux deux extrémités du poil où ces cellules ont complètement disparu. | Chez les mammifères, l’action du froid subit et intense peut amener le blanchiment du pelage en très peu de temps. Voici ce que Ross rapporte à ce sujet dans son voyage au Pôle Nord, au sujet d'un Jemming, gardé en cage à bord du navire. « Ayant remarqué que, dans la chambre chauffée, il conservait sa fourrure d'été, je fus conduit à essayer l'effet du froid en l’exporant pendant quelques jours à la température de l'hiver. Je le plaçai en conséquence sur le tillac le 4er février, et le matin suivant, après avoir été exposée à une température de 30 degrés au-dessous de zéro, sa fourrure sur les joues et une plaque sur chaque épaule étaient parfaitement blanches. Le jour suivant, les plaques des épaules s'étaient considérablement étendues, et la partie poste- ? rieure du corps et des flancs était devenue d'un blanc TD 120 LE NATURALISTE sale. Au bout de la semaine, l'animal était entièrement blanc, sauf un espace en forme de selle qui resta foncé sur le dos. L'animal finit par dépérir et mourut. Les par- ties blanches du pelage étaient plus longues que le reste; en coupant lextrémité des poils avec des ciseaux, le palage semblait avoir repris sa couleur foncée primi- tive. » Ces faits s'accordent bien avec ce que M. Trouessart a observé sur l’hermine et sur l'écureuil des montagnes de Suisse ; sur ce dernier, on voit que l'aspect tiqueté ou givré du pelage est dû à l'extrémité des poils gris qui dépassent les poils noirs. On remarquera que le vide remplacé par de l’air qui se produit dans l’intérieur du poil, doit contribuer à donner à la fourure l'aspect moel- leux et léger qui en fait le prix; en outre, la couleur blanche est,en grande partie du moins, l'effet dela trans- parence du poil, comme dans la neige, dont les cristaux paraissent blancs par leur superposition. HIENRI COGPIN. MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DES COLÉOPTÈRES DU GROUPE DES MYCÉTOPHAGIDES 1 Ana ane 7. Reflexicollis. Reïtter, Brisout, Ann. Soc. ent., 1882, D-:28;: Larve. Xambeu, 5e mémoire 4896, p. 58. ‘Corps. Longueur, 3mm 5; largeur, Omg, Allongé, parallèle, gris terne, avec mombhreuses soies rousses. Téte petite, brune, épistome réuni au front par un léger rebord; mandibules à pointe bidentée, un point noir ocellaire, rémiforme; deuxième et troisième segments thoraciques transversalement incisés, les sept premiers segments abdominaux marginés de blanchâtre à leur bord postérieur, neuvième déclive, terminé par deux courtes épines testacées à bout rougeâtre ; pseudopode large. Dans de vieux restes de figues sèches et moisies, dis- posées comme appât, on trouve en automne cette larve qui vit de la pulpe de ces fruits; parvenue à son entière croissance, elle se transforme dans le milieu même où elle à vécu et où elle s'est faconnée une loge proportion- née-au volume de son corps. Nymphe. Corps. Longueur, 2mm3 :'Targeur, Om, Allongé, blanchâtre, pointillé, avec longs cils subbul- beux; tête diversement incisée; premier segment thora- cique réticulé, à bords latéraux denticulés, à angles sail- lants; segment anal armé de deux courtes pointes paral- lèles ; mamelon anal bivalve. Les mouvements défensifs que cette nymphe peut imprimer à son corps, lui permettent de se retourner dans sa loge. L’adulte parait en mai. 8. Dentatus, Herbst. Erichs., loc. cit., p. 364. Larve. Perris. Ann. Soc. ent., 1851, p. 575, pl. IV, fig. 41-45, Corps roussâtre clair, subcorné, linéaire, deux fossettes frontales longitudinales, arquées, avec poils épars ; pointe des mandibules suivie d’une petite dent; ocelles, une tache noirâtre réniforme; pointes analés en forme de crochet peurelevé, ferrugineux ; pseudopode peu saillant; tarses en forme d’onglet peu acéré. On trouve cette larve dans la toiture des chaumes vivant des déjections d’une foule de vers et de larves et (1) Voir numéro 460 du Naturaliste. des substances cryptogamiques qui végètent dans ce même milieu, aussi sous les écorces de certains arbres, châtaigniers, chênes. Nymphe. Image de l'adulte, elle ne porte comme par- ticularités que les poils blancs à base glanduleuse qui bordent la marge de son premier segment thoracique, les bords latéraux abdominaux et les genoux; segment anal prolongé par deux assez longues papilles charnues. 9. Saginatus, Sturm., Erichs., loc. cit., p. 354. Larve. Xambeu, 9e mémoire 1898, p. 9. Corps. Longueur, 3m» 4; lareeur, À millimètre. Charnu, linéaire, jaune orange, à intersections segmen- taires orangées, avec longues soies dorées, ligne médiane bifurquée, avec une forte impression entre les deux lignes bifurquées; épistome bicaréné; ocelles figurés par un point jaunâtre corné; épines terminales longues, arquées vers l'intérieur. Cette larve est très agile; issue en automne d’une génération pondue en été, elle vit, progresse sous les écorces en décomposition de vieux peupliers morts, se nourrissant des diverses substances animales et végé- tales abondantes en ce milieu désagrégé ; on la trouve toujours en nombre; vers la mi-avril parvenue au terme de son existence larvaire, elle se faconne la loge qui lui servira d’abri et de protection durant son existence nymphale. di. Nymphe. Corps. Longueur, 2mm2 ; Jargeur,1 millimètre. Charnu, orangé, allongé, légèrement arqué, éparse- ment cilié, les cils à base subbulbeuse, segment anal, prolongé par deux grêles filets droits, cylindriques, peu écartés. La phase nymphale est de courte durée, huit à dix jours suffisent, puis l’adulte apparait après avoir traversé la couche de détritus qui avait protégé ses premiers âges. Adulte. On le trouve dès le mois de mai, sous les écorces sous lesquelles il avait vécu comme larve, il ne les quitte que rarement, il s’accouple même sous leur couvert, et c’est ainsi que l'espèce se renouvelle dans un même circuit, tant que la matière nutritive ne fait pas défaut : au printemps, on prend aussil’adulte sous divers abris, dans les lieux frais et légèrement humides où abondent des végétations cryptogamiques. 10. Scanicus, Linné. Erichs, loc. cit.,p. 356. Larve. Xambeu, 9e mémoire 1901, p. 27. ù Corps. Longueur, 4 millimètres ; largeur, 4 millimètre. Linéaire, jaunâtre, strié, avec cils inégaux et variés; tête jaunâtre clair, disque relevé par deux incisions en arrière de la lisière frontale; mandibules faiblement bidentées ; ocelles, loin et en arrière de la base anten- naire deux taches noires, distantes ocelliformes; seg- ments thoraciques, couverts d’une plaque jaunâtre, le premier marqué de deux petites taches médianes, aux deuxième et troisième ces taches noires sont plus déve- loppées ; aux cinq premiers segments abdominaux, ces taches sont remplacées par deux gros points noirs ; seg- ment anal prolongé par deux courtes épines à pointe noire et recourbée en dedans ; le milieu des segments thoraciques garni en dessous d'une petite plaque jau- nâtre, une petite tache noire sous le bourrelet latéral des deuxième et troisième segments abdominaux; cloaque saillant, bivalve. Issue d’une génération pondue durant la belle saison, cette larve vit des déjections produites sous les écorces par des larves de Xylophages ; en hiver, elle suspend son activité jusqu'aux premiers jours de mars, époque à laquelle elle reprend son existence momentanément interrompue; elle se transforme aux premiers jours d'avril. Nymphe. Corps. Longueur, 3 millimètres; largeur, 1 millimètre. Allongé, blanc jaunâtre, avec cils noirâtres à la région thoracique, roussâtres à la région abdominale, angles LE NATURALISTE postérieurs du premier segment thoracique très accusés, styles anaux à bout roussâtre et divergent. La phase nymphale prend fin vers la mi-avril, quelques jours après, l'adulte est complètement formé. 14. Subdepressus. Gyll, Erichson, loc. cit., p. 368. Nymphe. Xambeu, 9° mémoire 1901, p. 16. Corps. Longueur, 2? millimètres; largeur, Omm9. Oblong, blanchâtre, ridé, couvert de cils subbulbeux, déprimé aux deux régions dorsale et ventrale; premier segment thoracique, clypéiforme, à angles antérieurs aigus, à bord postérieur relevé; les sept premiers seg- ments abdominaux à flancs relevés en un bourrelet chargé de deux cils subbulbeux à chaque arceau; seg- ment anal prolongé par deux épines parallèles, à pointe un peu dressée en avant. Les crochets terminaux de la larve ont persisté chez cette nymphe qui provient d’une larve issue en automne sur les grandes végétations cryptogamiques qui poussent au pied des micocouliers recépés et qui vit de la subs- tance charnue de ces champignons dans lesquels elle creuse des galeries irrégulières; c’est au fond de ces galeries qu’elle se transforme vers la mi-mars. La larve dont je n’ai vu que la dépouille est jaunâtre, striée en travers, couverte de cils roux, à tête jaunâtre clair, à mandibules noirâtres et bidentées. 12. Pubescens, Sturm, Erichs., loc. cit., p. 370. Larve, Rey, larves de Coléoptères, 1887, p. 53. Voisine de celle du C. Saginatus, elle s’en éloigne par sa taille un peu plus avantageuse, sa forme un peu plus déprimée, sa teinte plus sombre; segments abdominaux allongés, étranglés à leur intersection, segment anal avec crochets acérés et arqués; styles de la nymphe un peu arqués. On trouve cette larve en automne, dans les nids de ‘guêpes, vivant en toute sécurité au milieu de la popula- tion de ces irascibles hyménoptères. 13. Abietis, Payk. Erichs., loc. cit., p. 372. Larve. Perris ins. pin marit., 1853,p. 111, fig. 144-151. Corps. Longueur, 4 millimètres; largeur, Omm6,. Linéaire, subcoriace, déprimé, blanchâtre avec poils roussâtres épars, deux petites fossettes frontales arquées et convergentes, lobe maxillaire pointu, garni de petits cils spinuliformes ; ocelles en forme de tache noirâtre, réniforme, pointes anales en forme de crochet peu relevé; pseudopode peu saillant. On trouve cette larve au printemps dans les nids en forme de bourse de la chenille processionnaire du pin, Cnetocampa Pilyocampa, S. V., vivant des déjections et des dépouilles de ses habitants; en mai, parvenue à sa complète croissance, sans quitter le nid nourricier, elle prend position en un coin retiré etisolé, et c’est là qu'elle se transforme. Nymphe. Corps mou, blanchâtre, couvert de cils blancs bulbeux, en particulier au bord antérieur du pre- mier segment thoracique, sur les genoux et sur les flancs ; segment anal prolongé par deux longues papilles charnues. On trouve l’adulte en nombre au moment de la pariade, c’est-à-dire en mars et en avril, dans les nids qui ont été le théâtre de ses premiers états, ainsi que sur les fleurs de l’ajonc, Ulex europaeus, Linné. G. Atomaria, Stephens. Les larves de plusieurs espèces de ce genre pullulent dans les fumiers et dans les matières végétales en voie de décomposition ; leurs espèces mélangées en rendent ainsi l'identité difficile; une seule est connue, elle a été décrite. 1 1. A. Nigripennis, Payk, Erichs., ins. Deuts., 1846, p. 390. Larve. Erichson, Loc. cit., p. 376. Corps. Longueur, 3 à 4 millimètres. Court, charnu, massif, blanchâtre, couvert de longs 121 cils denses et dressés ; tête cornée, déprimée, lèvre supé- rieure saillante, arrondie, débordant en partie les man- dibules qui sont à extrémité bidentée, lobe maxillaire arqué, terminé par deux crochets grêles et frangés; palpes de trois articles, menton quadrangulaire avec palpes labiaux biarticulés et large languette arrondie; antennes courtes de trois articles, le premier court, annulaire, deuxième cylindrique, troisième gréle avec longue soie au bout, article supplémentaire petit, accolé à la base de cet article ; ocelles, un seul de chaque côté, segment anal mutique; pseudopode peu saillant. Cette larve est lucifuge, elle est agile et se plait dans les lieux frais et obscurs; elle a un goût particulier pour les débris de pain oubliés dans les caves. De la description qui précède, il est facile de constater que les larves du genre Atomaria ont des traits caracté- ristiques qui les éloignent de celles des Antherophagus et des Cryptophagus ; leur corps est massif et non linéaire, les mandibules ont leur pointe bidentée, leurs palpes maxillaires se terminent par deux grêles crochets, leurs antennes ne sont que de trois articles, les ocelles d’un seul et leur extrémité anale est dépourvue de toute pointe ou de crochet. La connaissance d’autres larves de ce genre s'impose afin de déterminer exactement sa place. Capitaine XAMBEU, Le Mécanisme ÉRUPTIONS VOLCANIQUES (1) MÉCANISME DES VOLCANS ANORMAUX S IV Volcans intermittents. Après avoir passé en revue tous les genres de volcans normaux et après avoir montré que ma théorie se prête admirablement à expliquer tous les phénomèmes qui les caractérisent, il me reste àdémontrer qu’elle se prête éga- lement à expliquer le mécanisme des volcans anormaux. On peut les répartir comme je l'ai fait pour les volcans normaux, en trois catégories, savoir : volcans anormaux intermittents, persistants et solfatares anormales. Comme j'ai commencé cette étude par les volcans intermittents, je vais suivre dans cette seconde partie la même marche. Nous avons vu que les éruptions des volcans normaux intermittents passent successivement par les trois phases que j'ai décrites. Première phase bruyante, accom- pagnée de violentes explosions, phase paroxysmique; deuxième phase, où les manifestations sont plus régulières et que, vu les ressemblances qu'elles présentent avec celles qu’on observe chez le Stromboli, je pourrais quali- fier de stromboliennes ; troisième phase, solfatarienne, se réduisant à l'émission de simples fumerolles. Pour ce quiest des volcans anormaux, la plupart du temps les phénomènes sesuccèdent avec la même régula- rité, mais ce qui les caractérise c’est que, souvent, après une éruption plus ou moins forte, et alors qu'ils semblent s'acheminer vers la période de repos, ils se ressaisis- sent d’une nouvelle force brutale, entrent dans un état de violente éruption et nous offrent alors le triste spectacle d’effrayants cataclysmes. (1) Voir le n° 458 du Naturaliste et suivants. 122 4 Tel est le Vésuve. Il entra en éruption en dé- cembre 1871, il y eut d’abord une série de petites explosions nullement inquiétantes auxquelles succéda bientôt la a phase strombolienne qui dura environ trois mois, lorsque D tout à coup il se réveilla et se remit en mouvement ; et, ce retour à l’activité était tellement imprévu que bon nombre de curieux qui s'étaient aventurés trop près du cratère y perdirent la vie ensevelis sous la cendre ou j engloutis par la lave. Lorsqu'en 1883 éclata le Krakatoa, quatre moiss'étaient fé déjà écoulés depuis le jour où il était entré en éruption. cl, Cette éruption, commencée le 20 mai avec une violence extrême, ne causa cependant pas grande inquiétude, étant donné la masse colossale de ce volcan et le long repos dont il sortait (deux cent trois ans). Et le fait est qu'il commençait déjà à se calmer et laissait espérer un prompt terme à son agitation lorsque subitement il entra en fureur et fit tout à coup explosion comme une mine (1). La montagne Pelée nous donne un autre exemple de ce curieux phénomène, seize jours après la première explosion etalors que tout le calme semblait revenu, une seconde plus forte eut lieu et causa le sinistre que tout le monde connaît (2). Quelles peuvent être les causes de ces étranges phé- nomènes ? C’est toujours le même mécanisme et le même fonctionnement. Toutefois, comme dans ce cas, le phéno- mène est double ; nous allons retrouver cette même dif- férence dansla construction de cette colossale machine. Au lieu d'une seule chaudière, ily en a une seconde qui, entrant en jeu après la première, renforce son action et cause ces terribles éruptions du second degré. tn ul ent QUE ru J — Schéma d'un volcan intermitlent à éruptions anormales. AB, niveau normal de la mer lavique. — CD, niveau d’explo- sion de la chaudière Cl. — EF, niveau d'explosion de la chaudière C*. — C1, chaudière qui donne les éruptions nor- | males. — C?, chaudière qui donne les éruptions anormales. — K, cheminée. l19.9. On conçoit aisément que dans des contrées éminem- ment volcaniques, telles que celle des iles de la Sonde, des Antilles, de l'Islande et des environs de Naples, puisse exister la combinaison de plusieurs chaudières travaillant chacune pour son propre compte, indépen- dantes les unes des autres et n'ayant de commun que la cheminée (fig. 5). ; (1) La violence de l'explosion a été telle que l’ébranlement de l'atmosphère a fait deux fois le tour du monde. Le fond de la mer qui entoure l'ile se souleva à plusieurs reprises comme une poitrine haletante sous un grand effort, et le raz de marée qui s'ensuivit fut si fort que de terribles vagues inondèrent toutes les côtes voisines et envahirent les terres sur une assez grande étendue, détruisant tout et ravageant tout. (2) Dans ce cas encoreil y eut un terrible raz de marée coïn- ù cidant avec la grande explosion : Je fond de la mer au large de l'ile j: J fut animé d’un remous considérable, les câbles sous-marins furent Le ne LE NATURALISTE J'ai représenté par un schéma la constitution la plus simple qu'on puisse imaginer, celle de deux chaudières (G' et G') placées de part et d'autre de la cheminée, AB étant le niveau normal de la mer lavique. Étant donné que les deux chaudières n’ont pas le même volume et que, par suite, les conditions de l'une ne peuvent étreexactement, les mêmes que celles de l’autre, les pressions internes seront différentes de lune à l'autre, et tandis que G’ par exemple ayant acquis son maximum de pression provoquera une éruption, la pres- sion continue à augmenter dans la chaudière G?; il arri- vera un moment où cette pression sera suffisamment élevée pour que des causes étrangères à G?, telle que l'explosion de G' provoque la rupture de l'équilibre et par suite une nouvelle explosion, d'autant plus puissante, celle-ci qu’elle est la résultante de deux forces consi- dérables (1). SV Volcans persistants. C'est le même schéma pour expliquer Îles éruptions anormales des volcans persistants. Il ya deces volcans persistants qui entrent tout à coup en grande agitation et donnent l'apparence d'une réelle éruption, nullement en rapport avec leur vie paci- fique normale. Ces éruptions revêtent l'allure de celles des plus grands volcans intermittents. Dans ce cas encore il y a au moins deux chaudières qui entrent en jeu. L’une d’elle, celle qui fonctionne à l'état latent engendre les éruptions qui se manifestent continuellement tandis que l’autre G? se maintient tran- quille en temps normal. Cela peut provenir d’une diffé- rence de constitution : le point de communication de cette cavité G' avec la cheminée peut plonger plus pro- fondément que G’ dans la mer lavique, par suite ses vapeurs ont une force de résistance beaucoup plus considérable à vaincre, et la mise en activité de ce secoud organe du volcan demande un temps de repos beaucoup plus long. $ VI Solfatare. Je vais expliquer absolument de la même manière les éruptions anormales des solfatares, quoique ces der- nières présentent une allure un peu spéciale. Le propre de ces singulières éruptions c’est que chaque explosion grande ou petite s'effectue en deux temps suc- cessifs. D'abord dans l’intérieur de la soufrière, à une brisés et la houle l'archipel. Comme conséquence de ce fait que les chaudières sont tou- jours éloignées de leur cheminée respective, il est à remarquer que certains phénomènes accompagnant les éruptions volca- niques sont plus manifestes à de grandes distances du volcan lui-même. C'est ainsi que les raz de marée volcaniques ont leur origine au large; lors de l'éruption du Vulcano en 188 , la mer bouillonnait et s’agitait à 324 kilomêtres au large de l'ile et de même au moment de l'éruption du Cotopaxi en 1817, les déto- nations furent entendues moins distinctement au pied de la mon- tagne qu'à Quito et Guayaquil, situés à 350 kilomètres de la montagne. Au moment de l'éruption de l'Ostrima au Japon, un tremblement de terre fortement ressenti à Yokohama et Yeddo, passa complètement inaperçu dans les environs du cône. (1) Parmi les causes déterminantes, il faut ranger en pre- mière ligne les oscillations de la croûte et l'abaissement tempo- raire du niveau de la mer lavique : ces faits possibles tous deux. Les grandes éruptions font trembler des zones plus ou moins vastes. Dans notre cas, ces oscillations peuvent se propager de se propagea de proche en proche dans tout LE NATURALISTE 123 grande profondeur et en second lieu à l'extérieur. On observe l'émission. de laves soit sous la forme de cendre ou sous celle de lapilli et même de: blocs volumineux, mais jamais de vraies coulées de lave n’ont été signalées. Les solfatares qui présentent ce phénomène sont très rares ; il y en a deux ou trois à Java; on en trouve quelques-unes encore dans d’autres districts volcaniques notamment dans les Antilles où la plus importante est celle de Saint-Vincent qui tout dernièrement, en mai 1902,.est entrée en éruption (1); la plus célèbre de toutes est celle de Vulcano. Cette seliatare est située dans une petite ile qui fait partie du groupe dit des Lipari ou Eoliennes. Comme presque toutes les solfatares, c'était un volcan intermittent, mais à une époque déjà très re- culée, puis le volcan est entré: dans la phase solfata- rienne. Ce qui ne l'empêche pas de donner de temps en temps de vraies éruptions. ir AE SP A 2) Ê 74 13 Fig. 6. — Schéma des volcans persistants à ér uptionsanormales. AB, niveau normal de la mer lavique. — GD, son niveau d’é- ruption. — EF, son miveau critique. — K, cheminée. La dernière eut lieu en 1888 ; elle a été pour nous l’objet d’une observation très intéressante : M. le profes- seur Silvestri, un savant compétent, nous en a laissé une étude très détaillée. Puisque tout conduit à admettre que toutes les érup- : tions anormales des autres solfatares se comportent de la même manière, je pense qu’il est nécessaire de donner ici un résumé de l'étude de M. Silvestri. Il fauf dire avant tout que les éruptions anormales de cette soufrière sont très rares, et qu'après chaque érup- tion le Vulcano reprend son allure paisible normale. Avant 1888 l'extraction du soufre, qui constitue la principale ressource de l'île, y était très prospère; on avait construit des baraques pour ranger le matériel, dans le circuit du cratère.- Dans les derniers jours de juillet de:1888 se mani- festèrent les premiers symptômes d'éruption. Peu après les agitations souterraines prirent une telle extension que les ouvriers furent contraints. d'abandonner leurs baraques et dese retirer. L'explosion eut lieu le 2 août. Elle se manifesta avec une extraordinaire violence. La solfatare projeta une colonne de fumée et de cendres jusqu’à une hauteur de : \ 1.500 à 2.000 mètres. la portion de croûte qui constitue la voûte de la chaudière G1 à celle qui couvre la chaudière G11. De même, puisqu'il est certain que chaque éruption doit pro- duire un grand abaissement temporaire du niveau de lx mer ]Ja- vique dans toute la zone entourant la chaudiere quise décharge, si ce dénivellement — qui ne peut aussitôt s'aplanir à cause de la viscosité du magma lavique — atteint la seconde chaudière, ce fait pourra la déterminer à la faire entrer en action, si toutc- fois la pression y est assez considérable. (4) Voir à ce propos l'œuvre de M. le Pr Lacroix sur la mon- tagne Pelée et les autres volcans des Antilles. DER Un En PETER Cette première éruption fut suivie par d’autres de moin- dre importance, et peu après lui succéda la phase strom- bolienne qui ne dura pas moins de dix-huit mois : puis la soufrière reprit son allure normale ; c'est-à-dire son allure Solfatarienne, absolument comme si son impétuo- sité des Jours précédents n'avait été qu'un hors-d'œuvre Un « inmtermezzo lirico », qui ne la regard : M. 0.Silvestri, qui était alors professeur de géologie à l'université de Catane et directeur de l'observatoire de 1 Etna, alla étudier sur place le phénomène ; il y arriva le 20 janvier alors que la phase violente était déja passée et en pleine phase strombolienne, eelle qui est Carac- térisée par de rares mais fortes explosions. Il y alla accompagné de quatre de ses élèves; arrivés au Sommet du cône, ils trouvèrent ais le bord supérieur ait nullement. ément une place dans du cratère où ils pouvaient être admi- rablement situés pour observer le phénomène. Voici ce qu'ils ont pu observer. Le cratère qui présentait auparavant un fond presque plan et horizontal, percé de petits soupiraux par lesquels s’échappaient les fumerolles, était transformé en un abime sans fond, de 300 mètres environ de diamètre, aux parois raboteuses, tout à fait semblables à celles d'un grand trou de mine ouvert dans une Carrière. Les éruptions se suCcédaient après des périodes plus où moins longues de tranquillité parfaite. Elles étaient devancées par des petits tremblements de terre et par un sourd grondement prolongé, sem- blable à un coup detonnerre, Puis apparaissait unnuage énorme forcé de vapeurs, de cendres et de lapillis: grâce à sa forme initiale de propulsion, il s'élevait à plusieurs mètres de hauteur et se détendait aussitôt remplissant toute l'étendue da cratère comme une ma- tière élastique jusqu'alors comprimée. À cette première bouffée en succédaient bientot d'autres jusqu'à six ou huit, et toutes présentaient la même suc- cession de phénomènes ; après quoi tout rentrait dans le calme le plus complet. Ces périodes de repos duraient assez longtemps pour que les vapeurs &ient le temps de se dissiper, entraînées au loin par la brise marine de telle sorte que le trou central apparaissait dans tous ses moindres détails. M. Silvestri et ses élèves purent alors observer que bien que chaque éruption entrainât une notable quan- tité de laves à l’état pâteux, de lapillis ou de gros blocs, jamais il n’y avait de véritables coulées de laves et que la cheminée entre deux éruptions apparaissait béante sans qu'on y vit le moindre bouillonnement de laves comme on en aperçoit à une légère profondeur dans le cratère des autres volcans. Le même schéma, la même théorie expliquent parfai- tement tous ces phénomènes, Nous sommes ici encore en présence de deux énorme cavités, deux énormes chaudières, mais tandis que l’une communique directe- ment avec la cheminée (solfatare normale), l'autre est close de toutes parts et notamment dans la partie infé- rieure par la mer latique. Les vapeurs et les gaz quise dégagent dans la première chaudière G', s’échappent immédiatement par la cheminée et donnent naissance aux fumerolles persistantes : tandis que dans la seconde cavité, les gaz sont empri- sonnés et ne peuvent s'échapper que lorsqu'ils ont atteint une tension suffisante pour leur permettre vaincre l'obstacle que leur-offre le niveau des laves. Les bruits de chaque explosion souterraine se réper- de “x LS sb 194 LE NATURALISTE cutent sur les parois du gouffre, et tous ces bruits et leurs échos se combinant entre eux produisent cessourds srondements semblables à ceux du tonnerre. Et voilà comment on peut expliquer tous les phéno- mènes observés par M. Silvestri et ses élèves. Les petits tremblements de terre qui précèdent les éruptions sont les résultats du travail que fait la vapeur pour se frayer une route de l’une à l’autre des deux chaudières (de G° en G”). He UN ns PAU AU an A Fig. 7. — Schéma d'une solfalare à éruptions anormales. AB, niveau normal de la mer lavique. — G', chaudière qui donne les phénomènes solfatariens. — G”", chaudière qui donne les éruptions paroxysmiques ; C D, son niveau d’explosion. Quant à la lave, toute celle qui se trouve entrainée par Pexplosion passe directement de la première chau- dière dans la seconde et non directement dans la chemi- née, ne subissant aucune nouvelle impulsion dans cette seconde chaudière, elle s'arrête, et c’est pourquoi on observe jamais de véritables coulées de laves. La seule lave qui peut apparaitre dans le cratère est celle qui — plus ou moins pulvérisée — peut être entrainée par le tourbillon. * + x Et ainsi, après avoir passé en revue tous les principaux phénomènes volcaniques, après avoir démontré que tous trouvent leur explication dans ma théorie, il me semble que j'ai bien rempli la tâche que je m'étais imposée. J'aurais bien d’autres faits à ajouter à cela pour appuyer mes vues ; mais à quoi bon insister davantage ? Pour tous ceux qui n’ont pas des préventions ce que j'ai dit suffit; quant à ceux qui ont leur parti pris et jurent in verba magistri, si la parole ne leur vient d’en haut, pour ceux-là mon article ne sera l’objet que de critique. Je m'en remets donc aux hommes bonæ voluntatis et j'attends tranquillement leur jugement. Prof. FRÉDÉRIC CORDENONS de Padoue. ACADÉMIE DES SCIENCES Are Le cœur du roi Ramsès IE (Sésostris). — (Note de M. Lorrer.) Il y a quelques mois, l'administration des Musées nationaux du Louvre après mille difficultés, faisait l'acquisition des quatre vases canopes ayant renfermé les viscères du roi Ramsès IT, le Sésostris des Grecs. Trois de ces vases, remplis de bandelettes de linge, très ser- rées et collées par du natron et des substances aromatiques, rési- neuses, de couleur rougeätre, avaient dû renfermer très proba- blement l’estomac, l'intestin et le foie du grand roi. Ces viscères n'étaient plus représentés que par des substances granuleuses indéterminables, mélangées à une grande quantité de natron pulvérulent. Un des vases canopes, cependant, celui dont le couvercle de- vait porter une tête de chacal, contenait une pièce extrêmement intéressante : le cœur du monarque. Cet organe est transformé en une plaque ovalaire, longue de S centimètres à peu près et large de 4 centimètres. La substance du cœur est devenue très dure, cornée. Il a fallu employer la scie pour en faire des sections. On a pu alors, au moyen du rasoir, obtenir des coupes assez minces pour permettre l'examen micros- copique. On a pu constater ainsi que cette substance cornée est bien formée de fibres musculaires parfaitement reconnaissables etentre-croisées en faisceaux comme le sont toujours celles du muscle cardiaque. Cette disposition spéciale ne se rencontrant dans aucun autre muscle de l’économie si ce n'est la langue, et la momie de Ramsès IT conservée au Caire laissant voir cet or- gane, on peut affirmer, sans aucun doute possible, que la pièce trouvée dans le vase canope est bien le cœur aplati et trans- formé en une substance cornée par un long séjour dans le natron. Le roi Ramsès IT est mort en 1258 avant notre ère; il y a donc aujourd’hui 3164 ans que son cœur a été embaumé dans le natron mélangé à des substances résineuses aromatiques et cependant, malgré tant de siècles écoulés, la texture anatomique de l'organe est encore admirablement conservée, a Sur de grands phénomènes de charriage en Sicile. — (Note de MM. Maurice Lucron et ÉMILE ARGAND, présentée par M. Mricuez Lévy.) Dans les madonie et dans toute la partie occidentale de l'ile. on conslate sur les régions ordinairement élevées, la présence de massifs calcaires secondaires, entourés par des territoires plus bas, constitués par des terrains tertiaires. Cette note a pour objet de montrer que toutes ces masses de calcaires secondaires des madonie et de la Sicile occidentale, ainsi que celles de l'archipel des Egades, appartiennent à une immense nappe de charriage plus où moins compliquée ; elles ne sont que des lambeaux de recouvrement ou des lames de charriage supportées par l’Éocène moyen plus où moins enfouies dans ce dernier. Bibliographie | 444. Maury et Caziot. Etude géologique de la presqu'ile Saint-Jean (Alpes-Maritimes). Bull. Soc. Géol. Fr., V, 1905, pp. 581-599, fig. Michaelsen (W.). Revision von Heller’s Ascidien- Typen aus dem Museum Godeffroy. Zool. Jahrb.. suppl, VIT, 1905, pp. 71-120, pl. IV. 446. Miquel (J.). Essai sur le Cambrien de la montagne noire. Coulouma. — L’acadien. Bull. Soc. Géol. Fr., V,1905, pp. 465-483, pl. XV. 44%. Moulay (A.). Un arbre à caoutchouc du Brésil. Le Manisoba (Manihot glaziovii). L'agric. pral. des pays chauds, n° 32, 1905, pp. 368- 316, fig. 448. Noël (E.). Note sur la faune des galets du grès vosgien. Bull. Soc. des Sc. de Nancy, 1905, n° 3, pp. 46-73, pl. A.-B. 449. Parrot (D'). Eine reise nach Griechenland und ihre ormthologischen Ergebnisse. Journ. f. Ornilh., 1905, pp. 618-669. 450. Paulsen (O.). On some Peridineae and Plankton- Diatoms. Medd. fra Komm. f. Havundersogelser. Ser. Plankton. Bd. I, n° 3, 1905, pp. 1-7, fig. 454. Petersen (C.-G.). Larval Eels Leptocephalus breviros- tris of the atlantic Coast of Europe. Medd. fra Komm. f. Havundersogelser, ser. Fisk., Bd. I, n° 5, 4905, pp. 1-5. 452. Pettit (A.). Description des encéphales de grampus griseus Cuv., de Sleno frontatus Cuv., et de Globice- phalus melas Trail, provenant des campagnes du yacht Princesse Alice. Résultats des camp. scient. Monaco, XXXI, 1905, pp. 1-56, pl. I-IV. Ç 453. Pfeffer (G.). Die zoogeographischen Beziehungen südamerikas, betrachtet an der Klassen der Reptilien, Amphibien und Fische. Zoo!. Jahrb., suppl., VILLE, 1905, pp. 407-442. 443% Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette. À 4er JUIN 1906 7 AE » LÉ SION 98° ANNÉE 1906 2 SÉRIE — N° 4G2 - L'HISTOIRE NATURELLE de LARENTIA VERBERATA $c. Lorsqu’en juillet 1896, dans les Hautes-Alpes, j'ai vu voler pour la première fois cette Larentia, observé ses mœurs, parcouru les lieux qu’elle fréquente à des alti- tudes diverses, « voilà une bestiole, me suis-je dit, dont la larve ne doit pas vivre comme nos auteurs l’indiquent; 51 va falloir l’étudier dans tous ses états. » Ce ne fut pas chose des plus faciles. Sans doute, ce papillon vole parmi les arbres résineux, les mélèzes. Est-ce une raison pour Croire que la chenille vit de ces arbres? L'Erebia euryale vole également parmi les mé- lèzes, elle aime même à se poser sur les branches pour passer la nuit ou s’abriter du mauvais temps. Il ne vien- drait à l'esprit de personne de penser un instant que la chenille de cette Erebia puisse vivre sur un résineux. Mais la Larentia se prend non moins fréquemment dans les prairies alpines, parmi les hautes ou basses herbes et loin de toute espèce d’arbres ou même d’ar- bustes. Si sa chenille pouvait manger des résineux, ces derniers ne seraient donc pas sa nourriture exclusive. Vous prenez une femelle de L. verberata, vous la mettez vivante dans un tube de verre ou dans une petite boîte. Au bout de très peu de temps, cette ® a pondu; mais ses œufs ne sont pas fixés, ne sont pas collés : ils sont libres. Comment alors pourraient-ils tenir sur les aiguilles d’un résineux? Si la chenille devait manger les feuilles d’un arbre, il est d’une nécessité évidente que les œufs devraient au préalable être fixés sur une feuilie, sur une branche ou sur le tronc de l'arbre; autrement, ces œufs tomhberaient à terre et les petites chenilles auraient toutes les chances de périr de faim. La che- nille de L. verberata vit donc de plantes basses. Enfin, comme on ne connaît pas d'exemples d’es- pèces chez lesquelles la poute ait lieu de cette facon et dont la chenille se nourrisse d’un végétal unique, par cela même que la © de L. verberata ne prend pas la peine de fixer ses œufs, qu’elle les dissémine, elle nous enseigne que sa chenille, non seulement, vit sur les _ plantes basses, mais est polyphage. Après ces déductions, je me figurais réussir aisément l'éducation ab ovo de cette chenille. C'était une illusion. L'insuccès fut complet la première fois. Les œufs obtenus en nombre cependant et parfaitement fécondés n’éclorent point. On verra plus loin pourquoi. Sur le bord des sentiers qui montent en zigzag à travers les prairies alpines, à l’orée des bois de sapins ou de mélèzes qui s’accrochent aux flancs des montagnes, si l’on cherche parmi les plantes basses qui y foisonnent, ombellifères, chicoracées surtout, on ne tarde pas à trouver quatre espèces de chenilles vertes de Géomètres, qui vivent aux mois de mai, de juin ou même jusqu'en juillet, selon les altitudes. - 4o Une chenille allongée, eflilée en avant, d’un vert blanchâtre sur le dos, ayant les premiers segments et la tête roulés en crosse et le dernier segment prolongé en deux pointes anales: 20 Une chenille un peu moins allongée, d’un vert Le URArL HIT sombre, avec la tête marquée de taches brunes, parais- sant avoir cinq lignes brunes sur le dos, la stigmatale blanche et une ventrale blanche ; 3° Une chenille plus épaisse, d'un vert franc, avec la tête moins rembrunie, paraissant n'avoir que trois lignes vert foncé sur le dos, et une seule ventrale blanche, le clapet vert; 4° Enfin la plus commune et la plus précoce, épaisse également, d'un vert franc, avectête claire, pointillée de brun, paraissant n'avoir que trois lignes d’un vert plus foncé sur le dos, une stigmatale et trois ventrales blan- ches, le clapet rougeûtre ou rosâtre. Le chenille n° 1 est celle de la Larentia truncata Hfn., chenille essentiellement polyphage et ayant deux géné- rations dans l’année, La chenille n° 2 est celle de la Larentia didymata, L., polyphage également. Je l’ai rencontrée surles Gentianes, les Anémones et diverses Ombellifères. La chenille n° 4 est celle de l’Odezia atrata L., qui vit sur les Ombellifères, le Chærophyllum sylvestre, princi- palement. Les chenilles n°°1, 2 et 4 m’étant bien connues, il ne me restait qu’à élever à part celles qui ressemblaient au n° 3. Toutes me donnèrent des L. verberata Sc., et je fus fixé sur le compte de cette Larentia. La petite clef dichotomique suivante peut servir à faire reconnaître ces quatre chenilles : 1. Chenille verte n'ayant pas de pointes anales au déATICSECMENt. ee Me NN AR que 2 Chenille d'un vert blanchâtre sur le dos, ayant le dernier segment terminé par deux pointes Dalles enr lret tete Larentia truncata. 2. Une seule ligne ventrale blanche, clapet vert... 3 Trois lignes ventrales blanches, clapet rOUSeALTE, - 2eme her nee Odezia atrata. 3. Cinq lignes brunes ou vert olive foncé SUrAle OS, re M nee Lar. didymata. La dorsale seulement vert foncé.... Lar. verberata. Maintenant, pourquoi donc l'éducation ab ovo de la Lar. verberata que je désirais faire avait-elle raté? Tout sim- plement parce que les œufs de verberata n'avaient pas été placés dans des conditions semblables ou à peu près, à celles qu'ils trouvent dans la nature. Au lieu d'avoir séjourné à terre même et parmi les plantes, soumis à toutes les variations du temps, ils étaient restés enfermés dans un tube, et les chenilles, quoique formées dans l’œuf, comme on pouvait le voir à tra- vers la coquille, y périrent sans éclore. Je devais en faire une triple et malheureuse expé- rience, puisque pareil fait s'était déjà produit pour une espèce d'Erebia et pour Pygmæ fusca. De nouveaux œufs, pondus en juillet, furent placés sur des pots avec des plantes basses vivantes et abandonnés à leur sort. Ce ne fut pas avant quatre mois, en novembre sui- vant, que les premières chenilles se montrèrent, mais le plus grand nombre des œufs passa l'hiver et les chenilles en sortirent au mois de mars seulement. OŒuf. — L’œuf de Lar. verberata a la forme d'un ellipsoide renflé au sommet, élargi à la base, comprimé latéralement, avec une grande dépression centrale; sa surface est presque lisse ou à peine finement chagrinée, sa couleur est d'un beau vert clair, devenant vert olive rembruni. PAS fn oriental z Pr grep) ire pnetmqmere + A L'œuf de Larentia truncata a aussi la forme d’un ellip- soide tronqué au sommet, compriné latéralement veca surface finement chagrinée; sa couleur est jaune pâle. Celui de Lar. didymata est un ellipsoide court, un peu comprimé latéralement, avec une grande dépression centrale; surface chagrinée; couleur jaunûtre. Celui d'Odezia atrata est un ovale assez régulier avec un profond sinus longitudinal ; surface très finement chagrinée; couleur vert pâle, presque mat, devenant couleur de liège. Il passe l'hiver (1). Chenille. — Venant d’éclore, la petite chenille de Lar. verberata est médiocrement allongée, moniliforme et un peu renflée antérieurement; sa couleur est jaunâtre et devient verdâtre quand la chenille a mangé; le dos pré- sente trois lignes : la dorsale, assez fine, continue et les sous-dorsales larges, toutes trois d’un brun verdâtre et très nettes, les dernières un peu festonnées; région stigmatale blanchâtre; verruqueux indistincts, poils courts, roussâtres; tête un peu forte, d’un jaune de liège, écusson et clapet beaucoup plus clairs, de la couleur du fond; pattes écailleuses concolores. Cette petite chenille m'a paru manger d'abord des feuilles tendres de graminées; mais sa nourriture prin- cipale, sinon exclusive, a été les chicoracées : Taraxacum, Leontodon, Hieracium, plantes, du reste, sur lesquelles on a trouve presque toujours dans la nature. Elle est très lucifuge et se tient presque toujours cachée parmi les feuilles. Durant son existence, elle subit trois mues, très inéga- lement espacées selon la température : sept jours peuvent être pris comme minimum et trois semaines comme maximum. Adulte, la chenille de Lar.verberata mesure environ 26 millimètres. Elle est légèrement atténuée en avant. Sa couleur est verte avec l’incision dessegments jaunes, par suite du repli de la peau. Le dos paraît sillonné de lignes longitudinales : la vasculaire d’un vert foncé et, de chaque côté, six lignes plus ou moins distinctes, alter- nativement vertes et jaunâtres. Stigmatale blanche, ventrale blanchâtre, bandes sous-ventrales très peu dis- tincies ; verruqueux très petits brun jaunâtre, poils des trapézoidaux bruns, ceux des segments postérieurs sur les côtés sont plutôt blonds. Tête vert pâle, avec de légères mouchetures brun ferrugineux au sommet des calottes, organes buccaux légèrement roux, ocelles très séparés, petits, noirâtres ; écusson et clapet concolores ; pattes vert clair ou vitreux ; stigmates jaunes. Cette chenille ressemble beaucoup à celle de Lar. didymata. On l'en distinguera, d’abord, à sa teinte géné- rale d’un vert plus clair. En effet, les lignes du dos de la chenille de didymata sont brunâtres ou vert olive. Ensuite, elle est un peu plus épaisse, moins atténuée antérieurement que la chenille de didymata; sa tête est beaucoup moins chargée de mouchetures brunes; sa bande stigmatale est moins large et moins blanche, enfin ses verruqueux sont à peine saillants, tandis qu'ils le sont sensiblement chez didymata. Chrysalide. — C’est dans un léger cocon à la sur- face de la terre que se transforme la chenille de Lar. (1) L'Odezia atrala n’est pas, comme on pourrait le croire, une phalène de grande montagne. Elle vit dans certaines localités à une altitude de 300 mètres — ce que j'ai pu constater, à ma grande surprise, dans les environs immédiats de Saint-Pons-de- Thomières. 126 LE NATURALISTE verberata. Sa chrysalide est médiocrement allongée atténuée postérieurement, d’un brun jaunâtre, fine- ment chagrinée à la partie thoracique, plus fortement sur la partie antérieure des segments abdominaux; nervures des ptérothèques légèrement saillantes; partie anale brun noirâtre, avec mucron terminé par une forte épine assez longue et renflée au milieu. Environ trois semaines après, a lieu l’éclosion du papillon. P. CHRÉTIEN. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE ANIMAUX Vivants et Fossiles LA Influence de la Ségrégation sur les faunes insulaires. — La ségrégation, c’est-à-dire l'isolement des espèces animales dans les îles, a une influence manifeste sur leur évolution ultérieure. Ce qui frappe tout d’abord c’est l’absence de mammifères de grande taille dans les iles qui sont sépa- rées depuis une époque reculée (Nouvelle-Zélande, Ma- dagascar, Nouvelle-Guinée). Dans celles dont la sépara- tion est récente (Iles Britanniques, Malaisie, Ceylan), ces grandes espèces sont facilement détruites par l’homme. De même, les espèces de taille moyenne ou petite se font remarquer par l’amoindrissement de leur taille lorsqu'on les compare aux espèces ou variétés correspondantes du continent voisin : les Rhinocéros de Java (Rhinoceros son- daïcus) et de Sumatra (Rh. sumatrensis) sont plus petits que le Rhinocéros de l'Inde; les Cerfs de la même région semblent des races amoindries des grandes espèces de l'Inde: Cervus philippinus et C. Alfredi peuvent être con- sidérés comme des variétés de petite taille du €. Aristo- telis du continent asiatique. Cette dégradation de la taille atteint même les animaux domestiques transportés dans les iles et qui s’y reproduisent à l’état demi sau- vagé : tout le monde sait que les plus petites races de Chevaux (Poneys) proviennent de Corse, d'Islande et des îles de la Sonde. L'influence d’une nourriture insuffi- sante ou précaire et le manque de choix parmi les mâles reproducteurs, sont les principales causes de cet amoin- drissement de la race. D'une facon générale, on peut dire que la variété de la faune et la taille de ses princi- paux représentants est toujours en rapport avec l'éten- due du pays qui constitue le domaine de cette faune. La ségrégation dans les îles peut aller jusqu’à chan- ger complètement les caractères d’une espèce importée, au point d'en faire une espèce nouvelle, C’est ce qui s’est passé pour le Lapin de Porto-anto (iles Madères), dé- signé par Hæckel sous le nom de Lepus Darwini (2), et qui ne se croise pas avec le Lapin domestique d'Europe. Cependant la tradition attribue l’origine de l'espèce insu- laire à un couple de ce même Lapin domestique apporté d'Europe à Porto-Santo en 1419. Ainsi moins de cinq (4) Voir les n° 457 du Naturaliste et suivants, (2) Darwin, La Variation des animaux et des plantes (1868). LE NATURALISTE 127 siècles ont suffi, dans ces conditions, pour créer une espèce distincte. D'autres fois, au contraire, la ségrégation dans les îles semble nous avoir conservé dans son intégrité le type primitif d’une espèce qui s’est dédoublée sur le continent voisin. La Belette (Mustela vulgaris) et l Hermine (M. her- minea) sont, comme on sait, les deux plus petits Carni- vores de la faune d'Europe. La première habite les plaines, l’autre les régions montagneuses de notre pays. Un petit animal du même genre habite l'Irlande, grande île couverte de collines d’une faible altitude; pendant longtemps les naturalistes ont hésité à rapporter cette espèce à la Belette ou à l'Hermine. Un naturaliste an- glais, O. THomaAs (1), après un examen approfondi de cette forme insulaire, vient de montrer qu'on doit la considérer comme une espèce distincte (M. hibernica), intermédiaire à la Belette et à l’'Hermine, mais bien dis- tincte de l’une et de l’autre. N'est-il pas naturel d’ad- mettre que cette espèce insulaire représente le type pri- mitif des deux espèces continentales qui ont pu se dis- joindre en prenant peu à peu et sous l'influence de causes géologiques (période glaciaire), des habitudes dif- férentes, tandis que la ségrégation dans uneile dont le cli- mat présente une grande uniformité (climat maritime), a conservé dans la forme d'Irlande l’intégrité des caractères primitifs de l’espèce ? Quoi qu'il en soit, M. hibernica nous représente une espèce intermédiaire aux deux autres espèces qui sont ses plus proches alliées. Les animaux terrestres, habitant des îles de faible di- mension, ne peuvent parcourir une aussi grande étendue de pays que ceux qui habitent les continents. Il en résulte, dans leurs habitudes, et par suite dans leur con- formation, des modifications notables. À Madère, Woz- LASTON a remarqué que, dès que le vent souffle, tous les Coléoptères se tiennent cachés sous les pierres et dans l'herbe, comme s'ils craignaient d’être emportés en pleine mer : aussi la plupart de ces insectes ont-ils leurs ailes complètement atrophiées : le fait est général chez les Coléoptères des iles. — Il en serait de même chez les Oiseaux terrestres : PUCHERAN donne comme caractère faunique de la Nouvelle-Zélande, la présence d’un grand nombre d’Oiseaux à ailes courtes ou atrophiées (Apteryæ, Strigops, Notornis, Ocydromus). Le même carac- tère se retrouve aux îles Mascareignes, si riches autrefois en Oiseaux aptères (Didus, Aphanapteryx, Pezophaps), et l’on serait conduit ainsi à admettre que les grands Oiseaux brévipennes (Sfruthio, Casuarius, Dinornis, Æpyornis) ont dü subir leur évolution dans des régions insulaires, et que l’atrophie de leurs ailes est la consé- quence des habitudes sédentaires auxquelles ils se sont façonnés peu à peu, dans la suite des temps. Barrières naturelles continentales. — Sur les conti- vents ce sontles montagnes, les déserts etlescours d’eau qui constituent les principales barrières naturelles. Les grandes chaînes de montagnes, et surtout celles dont l’arête est formée par des soulèvements remontant à la période primaire (massifs cristallins), constituent de sérieuses barrières pour les organismes habitant les plaines. C’est ainsi qu'en Europe, la limite entre la faune européenne proprement dite et la faune méditer- ranéenne est formée par les chaines de montagnes (1) O. Tomas et G. E. H. BarretT-Hamizron. The Irish Stoat distinct from the British Species (Ann. and Mag. Nat. Hist., XV3 1895, p. — ; — The Zoologist, 1895, p. 124). alignées de l'Ouest à l'Est et de l'Atlantique à la mer Caspienne (Pyrénées, Alpes, Carpathes, Balkans, Cau- case). La faune spéciale des montagnes doit, comme on le conçoit facilement, échapper à cette règle : les ani- maux montagnards se retrouvent généralement sur les deux versants d’une chaine, mais ne s’avancent pas dans les plaines, à moins de circonstances exceptionnelles (froid rigoureux, période glaciaire). Ces animaux se retrouvent également aux deux extrémités de cette chaine, surtout lorsqu'elle est orientée dans le sens parallèle à l’Équateur (uniformité relative de la faune des monts Himalaya). Si l'on jette les yeux sur une carte oroyraphique du globe, on voit que l'orientation générale des grandes chaînes de montagne est différente sur l’ancien et sur le nouveau continent. Dans l'hémisphère oriental (an- cien continent), les chaînes principales sont, comme nous l'avons déjà dit, parallèles à l’Equateur (Alpes, Himalaya). Dans l'hémisphère occidental (nouveau continent), les grandes chaines (Cordillière des Andes, monts Alleghanys) sont, au contraire, dirigées dans le sens du méridien, c'est-à-dire du Nord au Sud. Cette différence fondamentale ne pouvait manquer d’avoir son retentissement sur la faune des continents. Nous savons que les migrations se produisent plutôt dans le sens du méridien que dans le sens des parallèles. Or, sur l’ancien continent, les chaines de montagnes ont pu s'opposer à ces migrations parce qu'elles formaient de véritables barrières : encore aujourd'hui l'Himalaya et les Alpes forment la limite entre des régions ou sous-régions bien caractérisées. Il n'en est pas de même en Amérique : à partir du moment où le soulèvement des Andes a réuni l'Amérique du Sud à l'Amérique du Nord (cet évére- ment géologique a dû se produire pendant le Miocène), on voit l'Amérique méridionale envahie par les Lamas (Auchenia), les Cerfs, types originaires du Nord et qui vivent encore dans la région Néotropicale, ainsi que par des Mastodontes et des Chevaux qui s’y sont éteints dans le Quaternaire, Réciproquement, l'Amérique du Nord a recu de l'Amérique du Sud les Rongeurs hystri- comorphes, les Edentés et les Didelphes qui ont pénétré jusqu'aux États-Unis. Le Mexique présente un mélange complet des deux faunes. La chaîne des Andes a donc servi littéralement de pont entre les deux Amériques. Par contre les faunes des deux versants (Atlantique et Pacifique) de l'Amérique présentent au Nord comme au Sud des différences notables :les montagnes reprennent donc ici leur rôle de barrières naturelles mais sur une échelle moindre et dans une autre direction que sur l'ancien continent. Inversement, la faune marine est sensiblement la même des deux côtés de l’isthme de Panama, ce qui semble en rapport avec l'émersion rela- tivement récente de cet isthme. De même, partout où l’on trouve une faune terrestre identique sur les deux versants d'une chaîne de montagne, on a de fortes pré- somptions pour croire que le soulèvement de cette chaîne est postérieur à la constitution de cette faune. Les mers intérieures et les grands lacs ne font pas généralement obstacle à la distribution des animaux terrestres. Tel est le cas pour la Méditerranée dont l'existence serait très ancienne, On sait que la faune du pourtour de cette mer intérieure présente une grande uniformité du Nord au Sud et de l'Ouest à l'Est. La géologie et la paléontologie nous donnent les raisons de | cette uniformité. C’est que, pendant la période tertiaire, 128 LE NATURALISTE cette vaste mer était déjà représentée par des lacs com- parables à l’Aral et à la Caspienne, lacs autour desquels les animaux qui ont laissé leurs restes à Pikermi, par exemple, et dans l'ile de Samos, pouvaient circuler librement sur de larges espaces continentaux dont la péninsule de Gibraltar, la Corse jointe à la Sardaigne, la Sicile avec Malte et Tunis, la Grèce et ses îles, enfin la Crète et Chypre, représentent les derniers débris. Les déserts sont, comme les mers, tantôt des barrières et tantôt des grandes routes qui s'opposent aux migra- tions animales ou les facilitent, suivantles circonstances. À l'époque actuelle c’est le Sahara et non la Méditer- ranée qui forme la limite entre la région Paléarctique et la région Ethiopienne (Afrique australe). De même, en Amérique, ce n’est pas la mer des Antilles, mais le dé- sert des Prairies, au Nord du Mexique, qui forme la limite entre la région Néarctique et la région Néotropi- cale, À une autre époque, probablement dans le Pliocène, c'est la zone de déserts qui s'étend du golfe Persique à travers l'Arabie et la Haute Égypte jusqu’au cœur de l'Afrique, qui doit avoir ouvert la route aux grands mam- mifères herbivores qui peuplent actuellement l'Afrique et dont les ancêtres se retrouvent dans la faune éteinte des morts Siwaliks, de la vallée du Nerbuddah et de l'ile de Périm. La faune actuelle de l'Afrique est fille d’une faune tertiaire en grande partie asiatique et pour le reste européenne. Les grands cours d’eau sont généralement une faible barrière pour les animaux terrestres qui les franchissent aisément à la nage. Cependant, lorsque l’on connaitra mieux, dans ses détails, la faune du Brésil Amazonien, on constatera peut-être que les grands fleuves de cette région, débordés une partie de l’année et formant alors de véritables bras de mer, limitent l'habitat septentrional ou méridional de beaucoup d’espèces. Les Singes no- tamment paraissent dans ce cas : certaines espèces ne se trouvent que sur l’une des deux rives de l’Amazone ou de ses affluents, et sont remplacées sur l’autre rive par des espèces distinctes, bien qu'appartenant au même genre. $ V. — INFLUENCE DE L'HOMME SUR LA DISTRI- BUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX L'Homme modifie la faune des diverses régions du globe de deux manières bien distinctes : 4° En transpor- tant partout avec lui les animaux domestiques et les plantes cultivées ainsi que les insectes qui s’en nourris- sent; 2° en détruisant les animaux sauvages qui lui sont utiles ou nuisibles. 19 Dissémination des animaux domestiques et des plantes cultivées. — Les animaux domestiques qui sont les com- mensaux et les serviteurs de l'Homme où dont il fait sa nourriture, ont été transportés sur tous les points du globe où se sont fondées des colonies. Lechien, le cheval,le bœuf, le cochon, la chèvre, échappés de captivité, sont redevenus sauvages sur des continents ou des iles où ils n’existaient pas autrefois, Souvent il est difficile de distinguer ces races redevenues sauvages de celles qui le sont toujours restées : le bœuf blanc des parcs d'Ecosse (Bos taurus, var, scoticus)descend-il directement du Bos primigenius quaternaire, l'Urus de Jules César, ou représente-t-il sim- plement les derniers descendants d’une race autrefois domestiquée dans la Grande-Bretagne ? Le cheval sau- vage des Vosges dont ELISÉE ROESSLING signale la pré- sence, en 1593, dans le Nord-Est de la France, était-il un cheval marron, c’est-à-dire le descendant de chevaux domestiques échappés de captivité, ou représentait-il la race primitive de l’'Equus caballus quaternaire, répandu à l’époque néolithique sur tout le Nord et le Centre de l'Europe ? C’est ce qu'ilest impossible de décider aujour- d'hui. Les commensaux de nos habitations, les Rats et les Sou- ris, Ont été transportés parles navires européens sur tous les points du globe, et, bien avant les grands voyages de découvertes des Européens, les Polynésiens avaient transporté involontairement sur leurs pirogues des espè- ces du même genre originaires de l’Inde ou de la Malai- sie. La présence du Rat Kiori (Mus maorium) à la Nou- velle-Zélande a longtemps intrigué les naturalistes, car ce Rat est le seul Mammifère non pourvu d'ailes qui existàt sur ce petit continent avant l’arrivée des Euro- péens. Ce n’est que tout récemment que THoMAS a mon- tré que ce Rat ne différait en rien du Mus exulans de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie, et qu'il avait dü accompagner les Maoris dans leur migration vers la Nouvelle-Zélande. -— Beaucoup de petits Carnivores voisins des Genettes et des Mangoustes (Herpestes) sont élevés par les nègres d'Afrique pour remplacer nos chats et faire la chasse aux souris, aux reptiles et aux insectes qui infestent leurs habitations. Ces espèces se sont ainsi propagées et ont été introduites dans des iles, notam- ment à Madagascar : il est souvent difficile de les dis- tinguer de celles qui sont réellement indigènes. Le lapin de garenne (Lepus cuniculus) est P’exemple le plus net que l’on puise citer d’une espèce de mammifère sauvage transportée par l’homme sur tous les points du globe, et qui s’est si bien acclimatée partout où elle trou- vait un terrain favorable, qu’elle est devenue un véritable fléau pour les cultures, notamment à la Nouvelle-Hollande et à la Nouvelle-Zélande. Bien plus, dans le premier de ces pays, sous l'influence de la pullulation de l'espèce et de la concurrence vitale, il s’est formé, paraît-il, une variété de lapins qui grimpe aux arbres comme les écu- reuils et dont les griffes sont devenues aussi aiguës que celles de ces derniers. Nous avons déjà parlé des lapins de Porto-Santo considérés par HÆCKEL comme une espèce distincte (Lepus Darwini), bien qu’elle descende de nos lapins d'Europe. : Le Moineau domestique (Passer domesticus), importé aux Etats-Unis à titre d’auxiliaire de l’agriculture, dans le but de restreindre le nombre des insectes, s’est égale- ments multiplié au point de rendre sa présence dange- reuse pour les cultures que l’on cherchait à préserver. — D'autres animaux ont été introduits dans un but de pur agrément : c’est ainsi que le Cyprin doré ou Poisson rouge pullule aujourd'hui dans toutes les rivières du pla- teau central de Madagascar. Il est bon d’être averti de ces importations et d'en rechercher avec soin l’origine pour ne pas établir des rapprochements erronés entre des régions zoologiques qui n’ont jamais eu, de relations naturelles. lo Animaux dits cosmopolites. — Un grand nombre d’In- sectes, d'Arachnides et même de Reptiles, comme les Scinques et les Geckos, sont transportés par les navires et débarqués avec les marchandises qui font partie de la cargaison: ces animaux s'acclimatent et forment de nouvelles colonies. C’est ainsi que beauconp d’espèces sont devenues cosmopolites, De même, un certain nombre d'animaux exotiques, et plus particulièrement des in- | \ | Ï LA À Ë 4 È _ l À ‘4 | | LE NATURALISTE 129 sectes et des vers de terre, sont importés en Europe dans la tige des plantes et dans la terre qui entoure leurs racines, ou bien avec les divers produits commer- ciaux dont ces animaux se nourrissent. Les collection- neurs d'insectes et surtout de coléoptères savent très bien que les quais et les docks de nos grands ports de commerce sont des localités où l’on a chance de faire d’heureuses captures d'insectes exotiques parfaitement vivants. Avec un peu d'habitude, on arrive facilement à distinguer ces espèces importées des espèces indigènes, d'autant plus que les premières, même lorsqu'elles se sont acclimatées, ont peu de tendance à pénétrer dans l’intérieur du pays, ou ne sy observent que dans les grands centres commerciaux. C'est là le critérium de ces espèces prétendues cosmopolites et qui sont dans le même cas que les parasites et les commensaux de l’homme. Dr E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum de Paris, (A suivre.) REMARQUES SUR L'HERMINE L'Hermine (Mustela herminea) est une espèce rare dans le département de la Gironde dont le climat tempéré et humide ne lui semble pas favorable. Grâce à de grands efforts, nous avons cependant réussi à en constituer une collection intéressante, remarquable même. Les pièces montées que nous conservons au Muséum d'histoire naturelle de Bordeaux sont très belles et méritent une mention spéciale. L’une d’elle atteint des dimensions remarquables pour l'espèce. Elle est plus haute et sur- tout beaucoup plus lorgue que ses congénères; sa tête est plus grosse et sa longue queue est très touffue. Cet individu mesure 49 centimètres et demi de longueur, dont 19 pour la queue; de telles dimensions n'avaient jamais été constatées pour cette espèce,'etil nous à paru intéressant de signaler le fait. Ce sujet a été capturé dans la commune de Gradignan, à 9 kilomètres de Bor- deaux, à la fin de l’automne. Son pelage est bigarré, d’une teinte générale isabelle avec des touffes blanches qui apparaissent : c’est le point de départ de la livrée hivernale. Au point de vue de la livrée hivernale, le Muséum possède un individu, dont il vient de s'enrichir, qui est bien remarquable par une blancheur immaculée, sauf le bout de la queue qui est d’un brun foncé. Un autre indi- vidu est aussi entièrement blanc, à l'exception du bout de la queue qui est noire et de deux zones, en manière de lunettes, qui entourent les yeux. Ce sujet a été cap- turé dans la commune de Talence, limitrophe de la ville de Bordeaux; il mesure 44 centimètres de longueur, dont 14 pour la queue; ce sont là les plus grandes dimen- sions que l’on ait constatée pour cette espèce. Un qua- trième individu est complètement roux, et le Muséum possède aussi tous les passages entre le pelage d'été net et le pelage d'hiver le plus immaculé. Ces faits ne manquent pas d'un certain intérêt, étant donné que dans une région bien centralisée et aussi méridionale que la Gironde, il semble exister une véritable colonie d’Hermines, n’ayant rien perdu de leur caractère des pays froids et pouvant prospérer dans des conditions où le gibier ordinaire a complètement disparu. J. KUNSTLER et J. CHAINE. CHRONIQUE & NOUVELLES La théorie des mutations et l'amélioration des céréales. — Ressemblance entre un Lépidoptère et son parasite. On sait que M. Hugo de Vries attribue la production d'espèces nouvelles, non à une variation lente, mais à une variation brusque : c’est ce qu'il appelle le principe des mutations, que ne connaissent pas assez les agricul- teurs. À ce propos, il attire l’attention sur des travaux très intéressants de M. Nilsson. La station expérimentale agricole de Svalüf, où celui-ci travaille, a été fondée il y a une vingtaine d'années. Au début, la sélection y suivait les préceptes ordinaires, le choix des meilleurs individus et le semis de leurs gaines en mélange. Sur tous les autres points, la méthode y était soumise à une étude rigoureuse, et la culture des champs d’élite aussi bien que l'appréciation des caractères de sélectionnement, y ont fait dés progrès remarquables. Mais les résultats ne répondaient pas aux espérances. Quelques-unes furent améliorées, mais d’autres se montraient récalcitrantes. L'influence de l’expérimentateur paraissait devenir de plus en plus restreinte, et plus les méthodes devenaient rigoureuses et précises, plus le résultat ne semblait ne pas dépendre d'elles, mais être dù presque tout à fait à des hasards imprévus. C'est dans ces conditions que Nilsson trouvait les expériences, lorsque, en 1880, il fut chargé de la direc- tion de la Station. Au commencement, il poursuivait la même voie que son prédécesseur. Mais bientôt il se prit à douter de la validité de la méthode. Il entreprit une revue critique de toutes les sélections et fut bientôt con- vaincu du rôle prépondérant du hasard. Rien ne pouvait être prédit avec certitude, et les problèmes les plus brü- lants restaient insolubles. II commencait les sélections partant de nouveaux épis initiaux, et espérait venir à bout en évitant toutes les fautes. Mais le résultat restait le même et il était sur le point de désespérer de jamais atteindre le but. Mais alors une observation accidentelle vint changer tout l'aspect de la question. Parmi des centaines de par- celles d'élite, qui toutes portaient un mélange plus ou moins varié de types, il y en avait quelques-unes qui se montraient parfaitement pures et homogènes. Nilsson avait tenu registre de tous ses semis, et voilà qu’en le consultant, il découvre que ces parcelles pures prove- naient chacune d’un seul épi, tandis que toutes les autres portaient la progéniture d’un mélange de grains. Le prin- cipe était trouvé et fut aussitôt mis à l’épreuve sur une échelle aussi grande que possible. Des centaines d’épis furent choisis sur les champs, aussi différents du type moyen que possible, et les grains de chaque épi furent semés séparément. L'année suivante c'était presque un miracle. Jusque-là la variabilité avait paru régner par- tout; maintenant, c'était l’uniformité. Presque chaque parcelle était pure, portant un type bien défini et bien différent des autres. Sans doute, il y avait quelques exceptions, mais les études ultérieures ont montré qu'elles provenaient d’épis hybrides comme il s’en trouve toujours dans les champs. On peut donc les négliger et conclure à cette règle, qu'un épi noté normal et non hybride donne une progéniture homogène. Cette homo- généité se conserve dans les générations suivantes, et les descendants d’un tel épi forment une race constante et pure. Tout mélange d'épis, au contraire, peut donner une race variable et de purification difficile. En fait, il y a d’autres moyens de la purifier, que d’avoir recours au principe même, de choisir dans cette race de bons épis, et d'en semer les grains séparément pour chacun d'eux. | | Î arr a ee em 130 LE NATURALISTE Voilà donc le moyen de se procurer des races homo- genes et constantes, C’est la sélection initiale qui décide. Toute sélection ultérieure est absolument superflue, voire même simplement impossible, La sélection répétée Ou continue, si hautement vantée par les agriculteurs allemands, est une pure illusion. La répétition n’est, ni nécessaire, ni même possible. Voicimaintenant une seconde découvertede M. Nilsson, qui est, pour ainsi dire, le complément de la première. Pour bien la comprendre, essayons de dépendre l’état de variabilité de nos races actuelles d’après le principe sué- dois que nous venons d'exposer. Chaque épi donnant, par autofécondation, origine à une race uniforme, la promiscuité à graine qu’on voit dans les champs, doit provenir du mélange d’un nombre considérable de races, Intrinsèquement pures, mais méconnues jusqu'ici, et un autre se mêlant continuellement par la fécondation croisée. Quelques-unes de ces races dominent, d’autres ne sont représentées qu’en des quantités très petites. Pour chaque variété prétendue, il y a quelques compo- | sants caractéristiques à côté d’un nombre très grand de types plus rares. On peut appeler ces composants les races élémentaires de la variété. La variabilité de cette dernière repose donc sur le nombre et la différence de ses éléments constituants. Or, M. Nilsson, en étudiant l'étendue de cette variabi- lité, a découvert qu’elle surpasse tout ce qu’on en pen- sait, et même tout ce qu'on oserait en espérer. Pendant de longues années, lui et ses aides-naturalistes de la Sta- tion de Svalof ont parcouru les champs au temps de la récolte et en ont rapporté tous les épis et toutes les grappes d'avoine quiparaissaient excellents sous un rap- port quelconque. Ils en ont semé les grains isolément et ont obtenu des milliers de types différents, uniformes et bien définis. Parmi ceux-ci, beaucoup étaient seulement de valeur negligeable, ne surpassant les races déjà exis- tantes que sur des points secondaires. Mais beaucoup d’autres étaient vraiment excellentes. Celles-ci diffé- raient entre elles dans presque toutes les directions et à tous les degrés voulus. Par là elles répondaient à presque toutes les exigences des agriculteurs et pou- vaient suflire à tous les usages, sur tous les terrains et sous tous les climats si différents de la Suède. On n'avait qu'à faire un choix parmi eux pour trouver ce qu’on désirait, * * x Au cours d’une mission qu’il a remplie dans la Répu- blique Argentine, M. J. Künckel d'Herculais s’est trouvé à même d'observer de singulières similitudes organiques existant entre hôte Lépidoptère et son parasite Diptère, et de reconnaître les conséquences physiologiques qu'avaient ces similitudes dans les actes de même nature que tous deux doivent accomplir. À l’automne, c’est-à-dire au mois de juin, les cocons de la Sibine bonaerensis ne sont pas rares sur les arbres fruitiers, notamment les poiriers, dans les quintas des environs de Buenos-Avyres; grâce à leur coloration et à leur forme, ils se dissimulent sur les écorces des arbres, mais, malgré ce mimétisme; comme ils sont générale- ment placés à l’aisselle des branches, un œil exercé peut les découvrir. Si, pendant les mois d'hiver, on ouvre ces cocons, deux cas peuvent se présenter: dans le pre- mier, on trouve la chenille du Lépidoptère, contractée, immobile; elle restera ainsi jusqu’à la belle saison, époque où elle se transformera brusquement en chrysa- lide; le Papillon éclosant huit à dix jours après ; dans le second cas, on rencontre à sa place la larve du Diptère parasite, elle aussi contractée, immobile; elle demeurera ainsi jusqu'à la saison chaude, époque où elle se chan- gera en nymphe pour devenir adulte quelques jours après, laissant apparaître le Systropus conopoïdes. Les larves de l'hôte et du parasite sont donc toutes deux dans cet état d’engourdissement et de somnolence que M. Künckel d'Herculais a appelé l'hypnodie;-par contre: la chrysalide du premier, la nymphe du second sont l’une et l’autre actives et capables, à un moment donné, de déployer une énergie sans pareille pour sortir de leur prison. Les chenilles de Sibine bonaerensis, comme celles des autres Limacodides, ne préparent aucun opercule pour faciliter la sortie du Papillon; les cocons sont des coques dont le tissu parcheminé est homogène. Il faut donc que les insectes; hôtes ou parasites, aient un moyen particulier pour s'ouvrir une issue. À cet effet chrysalide et nymphe sont munies à la région frontale d'une pointe conique fortement chytinisée, absolument similaire. La pointe frontale de la chrysalide du Sibine a en réalité la forme d’un tétraèdre dont les faces supérieure et inférieure sont très élargies par rapport aux faces latérales qui sont au contraire étroites; la face supé- rieure s'appuie sur le préscutum et fait salle en avant, elle s’incurve de chaque côté pour faire place à l'insertion des étuis des antennes, puis Ss'élargit et s’avance devant les yeux sous la forme d’un fer de lance à bords curvilignes; la face inférieure s’étend entre les yeux et se rétrécit peu à peu pour passer entre les étuis des palpes labiaux et venir reposer sur la base du labium; les faces latérales, très étroites, s’appuient sur les yeux; les arêtes du tétraèdre en se soudant consti- tuent un biseau légèrement dentelé à la base. La pointe frontale de la nymphe de Systropus à égale- ment la forme d’un tétraèdre, dont les faces supérieure et inférieure sont très élargies par rapport aux faces latérales qui sont au contraire très étroites; la face supérieure s'intercale entre les yeux sous la forme d’une pièce triangulaire à bords curvilignes qui s’incurve de facon à constituer une gouttière percée d’un petit trou; de chaque côté de la gouttière, elle se redresse pour s'avancer devant les yeux; la face inférieure formant gouttière se fusionne avec chacune des pièces basilaires des antennes ; les faces latérales étroites et triangulaires s'appuient sur les yeux; les arêtes du tétraèdre en se soudant constituent un biseau à bords presque tran- chants. Si l’on examine de plus près cette pointe frontale du Systropus et si on analyse la description précédente, on }jne tarde pas à constater qu'elle est constituée par deux parties accolées et soudées, bien indiquées par les gouttières médianes et le trou médian. D’après cela, il est évident que la pointe frontale de la chrysalide du Sibine est formée comme celle de la nymphe du Systropus par deux pièces paires, mais la fusion des parties est telle qu’on n'en saurait découvrir la dualité. Cette pointe frontale du Lépidoptère et du Diptère, de même que celles des embryons de Puces, d'Osmyles, de Pentatomes,de Friganes, de Faucheurs, y est l’homologue de la pièce si développée qui existe sur le front des larves de crustacés, les zoés du Cancer Mœnas et du Bernard l’hermite, des jeunes Homards, etc,, l’homo- logue du rostre qui persiste pendant la durée de la vie chez les palémons et autres crustacés macromes. Il est assez curieux de voir réapparaitre chez les représentants de deux groupes distincts d'Arthropodes un organe spé- cial s’adaptant à des fonctions spéciales. Hôte et parasite, ainsi armés, s’arc-boutent, puis im- priment à leurs corps de violents et rapides mouve- ments de giration, en appuyant la pointe frontale sur la paroi de l'extrémité antérieure du cocon et en pivotant alors à la facon d’une toupie sur les tubérosités lisses que porte le dernier anneau de l’abdomen; dans un temps relativement assez court, chrysalide et nymphe | LE NATURALISTE 131 arrivent à découper très habilement dans le cocon une calotte sphérique aux bords nettement tranchés, de dimension proportionnelle à une taille. Il y a là, on le voit, un curieux cas de convergence. L'observation apprend quel est le mécanisme phy- siologique qui permet aux prisonniers de déployer le maximum d'énergie et les transforme en vilebrequins vivants. La nymphe du Systropus et l’insecte lui-même sortant de la nymphe ont un volume tel qu’ils offrent par la largeur de leur thorax et surtout de leur abdo- men, l’apparence des Anthrax et des Bombyles; ce n’est qu'après l’éclosion que le Systropus adulte prend une forme svelte et se montre sous l'aspect trompeur d’un Conops. En effet, la nymphe a la faculté de remplir son tube digestif d'air, ce qui lui donne le moyen, sous laction des muscles, de comprimer la masse sanguine remplissant la cavité générale; elle dispose d’une véri- table pompe à air; l'augmentation de volume des in- sectes adultes au moment de l’éclosion tient au gonfle- ment du tube digestif par l’air et un peu à la dilatation des trachées. CoupPIN. LES ARMURES D'ANIMAUX Les hommes et les singes sont, on le sait, les êtres qui ont le don de l’imitation poussé au suprême degré. Mais il est peu de côtés de l'existence humaine où l’homme ait été plus prévenu, on pourrait même dire surpassé par les animaux de races inférieures que dans l'invention des armures. Dans cet ordre de choses, les découvertes les plus ingénieuses n’ont jamais rien eu qui fût original. Examinons les armures habilement aménagées du xve siècle, Vous remarquerez que le corps ainsi que tous les membres du corps se trouvaient protégés par des plaques de fer jointes les unes aux autres avec une admirable précision. Et ces jointures étaient si ingénieusement arrangées qu'elles s’emboitaientles unes dans les autres, librement, bien qu’en protégeant toutes les parties du corps qu’elles étaient destinées à défendre des coups. - Oneüt dit d’écailles si habilement superposées qu’elles arrêtaient les coups de l'ennemi quelque bien portés qu'ils fussent. Tout, en un mot, était habilement aménagé pour assurer la sécurité du chevalier, sans toutefois gêner enrienses mouvements. Aïnsi caparaconnés, les guerriers n'avaient à craindre ni les coups d’épée ou de hache, ni la pique des lances. Ces armures sans gêner le moins du monde la liberté des mouvements du corps, étaient en réalité le chef-d’œu- vre de la science de l’armurier. Regardez maintenant la queue du homard et vous remarquerez que les découvertes habiles de l’imagina- tion humaine avaient été depuis fort longtemps inventées par la nature et qu’elles n’offraient même qu’une pâle imitation des moyens de défense employés par de vul- gaires crustacés. La gorgette et la visière, les jambières et le haubert se meuvent aisément chez ces paladins du roc, les mâles aux teintes d’un bleu-noir. Quand aux armadillos de l'Amérique du Sud, leurs corselets si flexibles les rendent absolument invulnérables. Il est intéressant de remarquer qu'il en est des plantes et des animaux piquants comme de ceux qui sont cou- verts d’une armure : des types d'espèces entièrement différentes et n'offrant aucun lien de parenté présentent dans leur ensemble des armures d’une analogie frappante. On en rencontre partout, sauf dans l'espèce des oiseaux. Mais à cette exception près, il n’est pas de groupe d'animaux qui ne compte parmises membres, un où plusieurs individus ainsi caparaconnés. La ressemblance est quelquefois même telle entre espèces totalement distantes les unes des autres qu’un naturaliste seul saurait découvrir ce qui différencie ces similitudes apparentes dans la configuration extérieure. C'est ainsi que le mollusque chiton ressemble à s’y méprendre au cloporte. Le pangolin à courte queue, ou fourmilier à écailles qu’on rencontre dans le Sud de l'Afrique et aux Indes, offre cette particularité parmi les animaux couverts d'armure, que dans ses tactiques belliqueuses, il possède l'offensive du hérisson et la défensive prudente de la tortue. Le Pangolin, comme la plupart des êtres qui peu- plent le Centre et le Sud de l'Afrique, n’évoque pas des qualités intellectuelles transcendantes : il est même assez stupide comme animal, et sa seule supériorité réside dans sa carapace solide. Elle consiste en larges écailles tranchantes qui se surmontent les unes les autres comme les tuiles ou les ardoises d’une toiture. L'origine et le caractère de ces écailles sont en eux- mêmes les points les plus étranges qu’on remarque chez cette créature bizarre, Elles se composent de poils pous- sés côte à côte et attachés par une sécrétion organique. Mais si la surface supérieure est bien garantie, la partie inférieure ne l’est point, et pour protéger ce côté qu'il sait être faible, le Pangolin se roule en boule comme le hérisson. Mais s’il offre avec cet animal certains points de res- semblance, il est juste de dire aussi qu'il en diffère entièrement au point de vue de l'espèce. Le hérisson est un insectivore, tandis que le Pangolin appartient à un très ancien groupement d'animaux dis- parus aujourd'hui, les mammifères sans dents qui cou- vraient jadis la terre, et dont on ne rencontre quelques spécimens que dans des contrées éloignées et rebelles aux progrès de la civilisatton. Les zoologistes savent tous que le Sud de l'Afrique, l'Amérique du Sud, les Indes et l'Australie sont des régions qui très anciennes sont aussi très en retard : les animaux qui y habitent appartiennent également à des espèces retardataires qui, jadis, couvraient l'Europe, l'Asie, le Nord de l'Afrique, et le Nord de l'Amérique. Il est curieux de remarquer que les huit ou dix espèees connues de Pangolins habitent toutes au Centre et au Sud de l'Afrique, aux Indes, à Java et dans la Chine méridionale. Ils sont les survivants éparpillés d'une grende race de même que les Finlandais et les Lapons en Europe, les Esquimaux en Amérique et les Samoyèdes en Sibérie. Dans l'Amérique du Sud on rencontre un autre spéci- men d'animal couvert d'armure. C’est l’Armadillo qui, bien que rappelant le Pangolin, en diffère cependant par plus d’un point. C'est ainsi, par exemple, que son armure n’est plus 132 LE NATURALISTE comme celle du Pangolin d’une nature cornée due à des poils agglutinés; chez l’Armadillo elle est osseuse, for- mant de véritables petits boucliers superposés. Il est un insecte aussi qui, en petit ressemble étonnamment à l’'Armadillo et que les savants ont d’ailleurs appelé « Armadillidium », c’est le Wood-louse qu'on trouve dans les vieux bois longtemps demeurés sur le sol humide. Comme le Hérisson, le Pangolin et d'Armadillo, ils ont la faculté de se recroqueviller sur eux-mêmes à l'approche du danger. On peut dire aussi que ce sont des crustacés terrestres qui ont une analogie quelque peu distante cependant avec le crabe et le homard. Ce sont des végétariens en- durcis,ne se nourrissant que de feuilles mortes, bien qu'ils montrent aussi une prédilection marquée pour les végétaux. Parmi les plus connus des animaux à armure, il faut citer la tortue dont la carapace défensive est toute différente et beaucoup moins perfectionnée que celle du crocodile ou de l’alligator, bien qu’il soit permis de supposer que ces deux espèces si différentes descen- dent d'une même espèce de lézards disparue depuis longtemps, et dont les conditions d'existence devaient être très variées. À côté de la tortue il fautaussi mentionner le homard et la langouste, qui offrent cette particularité que, dans leurs moyens de défense, ils sont mi-armadillos, mi- porcs-épics, tandis qu'ils unissent les tactiques de la tortue à celle du hérisson. Il faut aussi faire rentrer dans la catégorie des ani- maux à armure tous les coquillages, les crabes, les crevettes, les scorpions ainsi, du reste, que les colima- çons, les escargots, et ce souffre-douleur des écoliers, le hanneton. Nous avons cru intéressant de noter ces armes dé- fensives que la nature a fournies à certains animaux, ces armures protectrices que n'avaient point inventées, après tout, nos chevaliers d'autrefois lorsqu'ils étaient armés de pied en cap (Adapté de l'anglais de Grant Ellen par H.-R. Wozsryn.) L'ARGAS REFLEXUS Plusieurs plaintes me sont parvenues sur un acarien ayant occasionné à différents propriétaires de colom- biers, des piqüres sensibles sur diverses parties de la figure. ; Les lecteurs du Naturaliste me sauront gré, je l’espère, de leur faire connaître les mœurs de cet animal, qui n’est autre que l’Argas refleæus, et qui, lorsque le nombre en est important, cause la mort de beaucoup de pi- geons. L'’Argas reflexus mesure de 5 à 6 millimètres, son corps est ovalaire, la bouche est située en avant et tout à fait à la partie inférieure du corps, les palpes sont composées de quatre articles et les pattes de six. Sa couleur est d’un gris à reflets rougeâtres avec les bords blan- châtres. Cet acarien vit dans les colombiers, où il attaque les pigeons. Pendant le jour, il reste caché dans les mu- railles, et peut, par les fissures, pénétrer dans les appar- tements voisins. C’est de cette façon qu'ils se sont cer- tainement introduits dans la chambre à coucher d’une personne piquée, laquelle chambre était contigué à une petite pièce servant de colombier. À la suite des piqüres du parasite, la mort des pigeons n’est point rare, ainsi que l'ont constaté des observateurs. L’Argas reflexus acquiert un grand développement lorsqu'il s’est gorgé de sang ; il devient alors d’une cou- leur noirâtre. Les femelles sont d'une excessive fécondité et lorsque l'acarien s'est une fois établi dans le colombhier, _ il devient extrêmement difficile de s’en débarrasser. D'après le docteur Planchon qui a publié une note sur l'Argas reflexus, le docteur Kawalerski, de Lodève, dé- terminé colombophile, eut ses pigeons attaqués par l’Argas. La pièce dans laquelle les pigeons étaient enfermés. était vaste, bien aérée et d’une propreté parfaite, M. Ka- walerski s’apercevant que ses pigeons dépérissaient et mouraient, que les œufs pondus par ces derniers étaient toujours clairs et souvent brisé, observa les volatils et découvrit enfin le parasite. Il commenca dès lors à faire: tous les matins l'inspection de son pigeonnier. Il écra- sait quotidiennement vingt-cinq à trente Argas, la plu- part gorgés de sang; de plus, en regardant les pigeons jeunes, on trouvait sur leur corps de quarante à cinquante: points noirâtres disséminés, cà et là, plus nombreux au cou et au jabot. Ces points noirâtres n'étaient autre chose: que le dos des Argas enfoncés dans la peau, les pattes étendues; une véritable petite incision avec une épingle était nécessaire pour les retirer. Au fond des nids on trouvait de nombreux individus de tailles diverses. Ja- mais on ne voyait d'Argas sur les gros pigeons, mais aucune observation ne fut faite la nuit, et l’on sait queces animaux ont des habitudes nocturnes. Les parasites observés sur les jeunes s’y trouvaient en permanence jour et nuit. Peu à peu, les Argas s'étaient répandus par les fentes, les fissures, les dessous de porte et on en ren- contrait assez souvent cà et là sur les murs de la maison dans le voisinage du colombier, etc. Après diverses tentatives de destruction faites contre ces acariens et dont le résultat fut négatif (car les tiques montrent une extraordinaire résistance, elles prennent au raoindre contact, à la moindre alerte, l’immobilité la plus absolue avec toutes les apparences de la mort et pendant des minutes, parfois des heures, les pattes re- pliées sous le corps, elles restent sans mouvement jus- qu'après le danger ou jusqu’à la mort). M. Kawalerski procéda par la famine, et les pigeons furent retirés du colombier. Un an et demi à deux ans après la suppression des pigeons du colombier, des Argas furent encore trou- vés sur les murs en état de vie. Il était donc prouvé, une fois de plus, que les Argas. gorgés de sang pouvaient rester sans manger un temps très considérable. Hermann cite en avoir gardé pendant huit mois et même plus. Une période de quatre ans a été notée par MM. Laboulbène et Mégnin. M. Riley en a gardé vivants sans nourriture pendant deux années et ne les a pas vu mourir, ces acariens s'étant trouvés égarés. J'en ai eu au laboratoire enfermés dans un petit tube en verre muni d’un bouchon pendant plus de cinq mois; sortis du tube ils se promenaient et ne paraissaient nullement incommodés de cette assez longue période de jeûne. LE NATURALISTE 133 Quoiqu'il ne semble pas que le goùt de l’Argas pour le sang le pousse beaucoup à attaquer l’homme, il n’en existe pas moins des observations positives. Brehm en indique quelques-unes (Les Merveilles de la nature, les myriapodes, les arachnides, page 767). Blanchard en cite également quatre, et le fait dont j'ai été témoin au mois de mai dernier ne laisse aucun doute à cet égard. La partie piquée offre l'aspect d’un point rouge, un peu boursouflé et cause de fortes démangeaisons. PAUL NOEL. Histoire Naturelle DES OISEAUX EXOTIQUES DE VOLIÈRE Colombe tranquille. — Geopelia placida (Gould). Un peu plus grosse que la précédente, cette espèce. a la queue moins longue; la tête, le dos et les ailes sont brun clair rayé de lignes ondulées, plus foncées, le front gris perle, la poitrine gris rosé, le cou orné d'un collier formé de zébrures noires très fines sur un fond gris clair, s’étendant d’une épaule à l’autre et descendant en cercle sur la poitrine; le ventre est blanc, la queue blanche en dessous, grise en dessus et terminée par une tache noire; le bec est noir, les pieds rouges; l'œil est entouré d’une peau nue verdâtre. La femelle a la même livrée que le mâle et ne s’en distingue que par la tache de l'extrémité de la queue qui est brune, tandis qu’elle est noire chez le mâle. Cette espèce habite l'intérieur de l'Australie, mais on ne possède aucun renseignement sur ses mœurs. Très rare dans le commerce, elle n'a été importée que depuis 1884. Robuste et vive, elle s'acclimate bien et se reproduit en volière, où elle est inoffensive pour ses compagnons de captivité. On la nourrit comme la précé- dente. Colombe zébrée. — Geopelia striata (Lin.), vulg. Colombe striée, Pigeon épervier. Cette Colombe a 25 centimètres de longueur; son plu- mage offre une certaine analogie avec celui de la Co- lombe tranquille; il est couleur de terre claire, avec le dos et le ventre rayés; toutes les plumes de la partie supérieure du corps sont bordées de noir et celles de la face inférieure finement rayées de la même teinte; le front et la gorge sont d’un gris cendré, le ventre et le croupion blanchâtres, les ailes et les couvertures moyennes d’un brun bronzé, les petites couvertures d’un brun rouge, légèrement marquées de noir, les rectrices latérales noires à la base, blanches à l'extrémité. Le bec est jaune clair, les pieds d'un jaune foncé. La femelle ne diffère que par la taille qui est plus petite et par la teinte du plumage qui est plus terne. La Colombe zébrée habite Madagascar, Maurice, les iles de la Sonde et les Moluques; les Javanais aiment à la tenir en cage et croient que sa voix agréable préserve leurs maisons des maléfices des sorciers. Ce chant, que l'oiseau fait entendre particulièrement dans l'obscurité, n’a cependant rien d’agréable. Importée très fréquemment, cette espèce est délicate et sensible au froid ; aussi a-t-on pu rarement obtenir sa reproduction, mais elle est d'un caractère timide et doux, même en compagnie d'oiseaux plus petits qu'elle, On la nourrit de millet et de riz. Mélopélies. Ces Colombidés rappellent les Tourterelles par leurs formes et les teintes de leur plumage ; ils ont les ailes assez longues, la queue longue et légèrement arrondie, l'œil entouré d’un cercle nu, très large. Colombe mélode. — Melopelia leucoptera (Lin.), vulg. Colombe aux ailes blanches, Kukuli, Cette espèce a 33 centimètres de longueur; elle a la partie supérieure du corps d'un brun cannelle à reflets olvâtres, l’occiput brun foncé, le croupion bleuâtre, le devant du cou et de la gorge rouge brun, avec des reflets verdâtres, la poitrine et le ventre d’un blanc sale, les rémiges d’un brun foncé bordées de grisâtre, les rectrices noirâtres avec une bande noire en avant de leur pointe qui est blanche, une tache noire ovoide sous l'oreille ; le bec est noir, les pieds sont rouges. La femelle ne diffère du mâle que par sa taille qui est petite. Cette Colombe habite les Antilles, principalement la Jamaïque ; on la retrouve jusqu'au Pérou. « Ce Pigeon, dit Tschud se distingue par son chant mélodieux et mélancolique, consistant dans les syllabes : Zu, Eu, li, ré- pétées trois fois. Quelques individus le répètent plus souvent, mais rarement puis de cinq à six fois; j'en ai entendu un cependant qui le répéta quatorze fois. C’est ce cri qui à valu à‘cet oiseau son nom vulgaire de kukuli. On le tient en cage; plusieurs personnes ont pour cet oiseau une véritable passion et le payent fort cher. Leur prix varie selon le nombre de fois qu’ils répètent leur chant; c'est surtout le matin et le soir qu’ils se font entendre. » On ne possède pas d’autres renseignements sur ses mœurs en liberté. Cette espèce est assez rarement importée et d'un prix assez élevé dans le commerce; elle s’acclimate assez facilement et supporte très bien le froid; mais on n’a pu obtenir encore sa reproduction. Elle est alerte, vive et demande à être placée dans une grande volière où elle puisse voler facilement. Sa mourriture est celle des autres Colombidés. Colombi-Gallines ou Colombi-Perdrix. Ces Colombes, que l’on désigne aussi sous le nom de Pigeons-Poules, ont des formes trapues, des ailes courtes, des tarses assez semblables à ceux des Gallinacés. Elles courent généralement à terre, comme les Perdrix, et ne se perchent que rarement, principalement la nuit pour dormir. Colombi-Perdrix cyanocéphale. — Siarnænas cyanocephala (Lin.). Colombe à tête bleue, Colombe à cra- vate noire. | Cette belle espèce est à peu près de la grosseur dela Perdrix grise, mais elle est plus ramassée, à tarses moins élevés, avec le cou plus court. Le sommet de la tête et les joues sont d'un bleu ardoise ; toute la partie supérieure du corps est d'un brun chocolat, la face inférieure d'un brun vineux très brillant ; les rémiges sont d’un brun foncé, bordées en avant de brun rouge, avec un reflet gris cendré à leur em ——— SJ = = me En 134 LE NATURALISTE face inférieure. Le bec est rouge de corail à la base,’ bleuâtre à la pointe; les pieds sont d’un rouge bleuâtre. La femelle ne diffère du mâle que par sa tête plus petite et par le bec un peu moins long. La Colombe à tête bleue est originaire de l’île de Cuba d'où elle se répand au nord jusque dans la Floride, au sud jusqu'au Vénézuéla. Burmeister dit l'avoir rencontrée au nord du Brésil, aux bords du fleuve des Amazones ; mais elle ne s'étend pas plus loin vers le sud. Ces oi- seaux vivent en bandes dans certaines saisons et re- cherchent les pois doux dont ils vident les cosses. Au- dubon en rencontra dans la Floride, au voisinage de l'eau, occupés à picoter dans le gravier, mais ils s’en- fuirent rapidement dans le fourré et, malgré des re- cherches patientes continuées pendant un jour, il ne put les retrouver. Ils construisent leur nid au milieu des plantes parasites, dans les forêts épaisses de haute futaie, dépourvues de buissons. «Le Colombi-Perdrix vit très retiré dans les forêts vierges de l'ile de Cuba où il est très difficile de le ren- contrer, soit que le défrichement des forêts, qui éclaireit chaque jour la campagne, le porte de plus en plus vers les lieux inaccessibles aux chasseurs, soit que la chasse meurtrière que lui fait, en tout temps, le créole avide de son excellente chair ou de l’argent de sa vente, ou plu- tôt ces deux causes réunies, tendent à en détruire l’es- pèce. Il faut être matinal pour chasser cet oiseau, car il se perche dès la pointe du jour, sur les branches les plus élevées des plus grands arbres, dans les parties exposées à l’est. La rosée, très abondante pendant les nuits aux Antilles, le pénètre, comme au temps des pluies, d’une humidité dont il a besoin de se débarrasser; aussi cherche-t-il les premiers rayons du soleil. C’est alors qu'il faut, sans bruit, le rechercher et le tirer de bien loin ; car son oreille, douée d’une finesse extrême. avertit du plus léger bruit, vers lequel sa vue se dirige à l'instant ; alors vous voir et vous fuir est pour lui un mouvement aussi prompt que la lumière. Plus tard, on rencontre ces oiseaux dans l'épaisseur des forêts, sur les branches touffues, fuyant la chaleur du jour, recherchant de préférence les bords des rivières où ils viennent se désaltérer ; ils sont alors moins craintifs et semblent se croire en sureté, cachés par les feuilles, la chaleur dimi- nuant leur activité, mais s’il est plus facile de les appro- cher, il est aussi plus difficile de les apercevoir et l’on est peu disposé à les poursuivre, l’excessive chaleur du jour forçant bientôt le chasseur, comme le gibier, à se réfugier sous le feuillage. » (Ricord. Histoire de l'ile de Cuba.) Cette espèce est assez rare dans le commerce, elle s’acclimate facilement, supporte assez bien le froid, mais craint l'humidité. Elle se plait dans une volière assez vaste où elle court tout le jour sur le sol, comme jes Perdrix, et ne se perche que la nuit ; on a pu obtenir sa reproduction. On la nourrit de graines. auxquelles on doit ajouter de temps à autre des vers de farine. Phapes. Cette famille est caractérisée par la brièveté des tarses et la longueur des doigts. Ces Colombes, qui ont des ha- bitudes terrestres, sont assez grandes, vigoureuses, à ailes longues et pointues et dont les couvertures ont des reflets métalliques. Colombe Longhup. — Ocyphas Lophotes (Tem.). vulg. Colombe huppée, Lophote. Cette belle espèce a la tête, le devant du cou, la poi- trine et le ventre gris cendré, la tête surmontée d’une huppe composée de plumes d’un cendré noirâtre, minces, couchées en arrière et recourbées ; la nuque est cendrée à reflets vineux; le dos et les petites couvertures des ailes sont brun cendré, rayés d’une bande noire à leur extrémité et terminés de cendré roussâtre ; les grandes couvertures sont terminées par une plaque vert brillant à reflets métalliques et lisérées de blanc ; les pennes se- condaires et les rémiges sont d’un gris cendré très foncé, avec une grande tache d’un pourpre brillant; les rectrices sont d’un noir lustré à reflets verts et violets, terminées de blanc. Le bec est noir, les pieds rouges; l’œ1l est en- touré d’une peau également rouge. Cet oiseau a 35 cen- timètres de longueur. La Colombe huppée habite l’intérieur de l'Australie, dans les montagnes Bleues; elle fréquente de préférence les terrains inondés dans lesquels elle séjourne une partie de l’année. « l'élégance de son port, la présence de la huppe, tout concourt à faire de cette espèce un des plus beaux oiseaux de l'Australie. Il est commun dans les plaines de la vallée de Wellington et au voisinage de Morumbhidschi ; il semble rechercher les marécages et sa présence est un signe que la contrée est riche en eau. L'endroit le plus près de la côte où je le rencontrai fut les bords du Murray il y est assez commun, mais il habite surtout en grande quantité les plaines en arrière de la baie de Moreton et les rives du Namoiï. Souvent il se réunit à ses semblables et forme de grandes bandes. Lorsque celles-ci, pendant la sécheresse, arrivent aux bords des lacs ou des rivières, elles s'éta- blissent sur certains arbres ou certains buissons ; ces oiseaux s’y tiennent serrés les uns contre les autres. Tous s’envolent à la fois pour se diriger vers l’eau. En volant, ils sont si rapprochés qu'on peut en tuer une douzaine d’un seul coup de fusil. Leur voi est extrèmement rapide; ils s'élèvent en battant les ailes avec précipitation, puis ils continuent leur course aérienne sans paraître agiter les ailes. Au moment de prendre leur essor, ils lèvent la queue et rentrent la tête entre les épaules. Le 23 sep- tembre je trouvai un nid d'Ocyphas huppé; il était sur un petit arbre dans la plaine de Gundermein, aux bords du Namoi. Ce nid ressemblait à celui des autres Pigeons et renfermait deux œufs blancs que la femelle était en train de couver. » (Gould. Oiseaux d'Australie.) Cette Colombe est assez fréquemment importée, facile àaacclimater, vive, robuste et exigeant peu de soins. Non seulement elle se reproduit facilement, mais malgré sa taille assez grande elle est sans danger pour ses petits compagnons de volière et l’on a constaté que les plus petits Bengalis poussaient la témérité jusqu'à vemir, pendant les temps froids, se blottir auprès d'elle sans qu'elle s'inquiétât de leur présence, On peut la nourrir de toutes les graines que l’on donne aux Tourterelles. Colombe Lumachelle.— Phaps chalcoptera (Lath.), vulg. Lumachelle, Pigeon bronzé. La taille de cette espèce est d'environ 36 centimètres. Le mâle a le front jaune chamois, la tête violette, la nuque et les côtés du cou gris bleuté clair avec une bande blanche au-dessous de l'œil, la gorge et la poi- trine d’un rouge vineux tirant sur le gris au ventre, le dos brun, les couvertures de l'aile semées de taches allongées d’un bronze cuivré à reflets métalliques, deux ou trois rémiges secondaires marquées de taches vertes brillantes, les couvertures médianes de la queue brunes, les autres gris foncé; le bec est noirâtre, les pieds rouge LE NATURALISTE 135 OR D NE CAD SE Un D ee CU 5 ne carmin. La femelle est d’une teinte générale plus grise; elle n’a pas le front gris ; les taches des ailes sont plus petites que chez le mâle. « La Lumachelle se rencontre dans toute l’étendue du continent australien, mais elle n’est que de passage dans certaines contrées. Ce sont des ciseaux qui fré- quentent de préférence les bois de moyenne taille où on les rencontre en grand nombre, surtout dansles bois de Wattels dont ils mangent les graines. Il est assez com- mun d’en voir plusieurs ensemble et plus souvent sur le sol que perchés ; ils causent assez de dégâts dans les ter- rains nouvellement ensemencés ; car comme le Pigeon domestique, ils aiment le blé, l'orge et l’avoine. Ils font généralement leur nid dans les buissons et à fort peu de distance du sol: aussi ces nids et leurs œufs sont-ils souvent détruits par les Dasyures. » (J. Verreaux.) Cette Colombe se tient surtout dans les plaines arides couvertes de. buissons et de bruyères. La saison des amours cCoincide avec notre automne qui est le prin- temps de l'Australie. La première couvée a lieu au mois d'août, la dernière quelquefois au commencement de février. À la fin de janvier, les jeunes se réunissent en grandes bandes, qui parcourent la contrée et fournissent aux chasseurs un gibier excellent. Le Phaps Lumachelle est lourd, mais il peut parcourir d’une traite un grand espace. « Avant le lever du soleil, dit Gould, on le voit traverser rapidement la plaine, se dirigeant vers les ra- vins où il va s’abreuver. Quand on connaît ses habitudes, on peut d’après ses allures, savoir si l’on est près de l'eau, même dans les endroits les plus arides, ces Pi- geons volant toujours du côté ou ils vont s’abreuver. La nuit et le matin on entend leur roucoulement fort et bas, qui ressemble un peu au mugissement lointain d'une vache. » 3 Cette espèce est importée fréquemment aujourd’hui ; facile à acclimater, elle se reproduit bien en volière. On peut l'introduire sans danger dans une chambre d’oi- seaux. « Le caractère extrêmement placide de la Luma- chelle la laisse sans défense contre les attaques ; elle ne dispute assez que la tranquille possession de son perchoir et de son nid, mais à coups d’aile seulement, c’est-à-dire sans énergie suffisante à se faire entièrement respecter. Son naturel timide la prédispose on ne peut mieux envers ses compagnons de captivité, caractère qui, joint à sa beauté, à l'élégance de sa taille, la fait rechercher vive- ment par tous les amateurs. » (Marquis de Brisay.) On peut lui donner la même nourriture qu'aux Pi- geons. ALBERT GRANGER. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur l’éraption du Vésuve et en particulier sur les phénomènes exglosifs. — (Note de M. A. Lacrorx) (1). Les phénomènes volcaniques qui dévastent les flancs du Vésuve et ont jeté l'inquiétude jusque dans Naples, constituent la phase paroxysmale d’une période d'activité qui a débuté le 97 mai 1905. À cette date, une fissure s’est ouverte dans le cône terminal, à peu près à l'altitude de la station supérieure du funi- culaire, et a donné naissance à une coulée; l’épanchement la- vique a été depuis lors à peu près continu, mais soumis à des variations d'intensité et de points de sortie, ces derniers restant d’ailleurs localisés dans la région N.-N.-0. supérieure du cône. La caractéristique essentielle du paroxysme actuel, qui est (4) Naples, 20 avril 1906. a probablement l’un des plus violents qui se soient produits jus- qu à présent, réside dans la coexistence de deux ordres de phé- nomèênes qui, tous deux, ont été intenses et destructeurs : 1° Production d'importantes coulées de laves épanchées rapi- dement ; ‘ 2° Phénomènes explosifs extrêmement violents. Voici quelques renseignements sur les dates de la production des coulées de lave. Le 4 avril, alors que fonctionnait encore la bouche N.-N.-O. du cône, s’en est ouverte une nouvelle sur le flanc sud, à environ 1.200 mètres d'altitude. Dans la nuit du 4 au », une autre fente se produisit à une altitude voisine de 800 mètres; elle fournit une coulée dévalant sur les pentes de la montagne. Le 6, près de Cognoli (à environ 500 mètres d’alti- tude), s'ouvre une nouvelle bouche, d'où part une coulée; dans la nuit du 7 au 8, elle livre passage à un afflux considérable de lave très liquide qui, à 4 heures de l'après-midi, s'arrête près du cimetière de Torre Annunziata, après avoir détruit et enseveli une partie du bourg de Boscotrecase. En résumé, la sortie des laves s’est effectuée de plus en plus bas par des ouvertures situées de plus en plus vers l'Est. Il est vraisemblable qu'il y a eu, en outre, des épanchements sur le flanc nord du cône. Jusqu'à la nuit du 1 au 8,le cratère central puis les bouches nouvelles en activité ont été le siège d'impors tantes explosions stromboliennes (Mercall). Dans la nuit du 7 au 8 s’est produite la grande explosion qui, elle, a ravagé le flanc N.-E. de la Somma. Vers 7 heures du soir, les lapillis ont commencé à tomber sur Ottajano. Leur chute a été en augmentant d'intensité; elle a eu son maximum après minuit et a duré jusqu’au matin. Une énorme quantité de lapillis, parmi lesquels se trouvent quelques blocs, a couvert un large secteur, dont le centre est à peu près à Ottajano et s'étend du côté du N.-0. jusqu'au dela de Somma-Vesuviana, du côté du Sud jusqu’au delà de San Giuseppe. Ces lapillis ont atteint, pa- rait-il, Avellino, situé à environ 35 kilomètres du cratère. Tandis qu’à l'observatoire, placé à environ 2 kilomètres N.-N.-O. de celui-ci, il n’est tombé qu'une quantité de lapillis relativement faible, à Ottajano, au contraire, leur épaisseur à été d'environ 0 m. 60 en rase campagne, alors que, dans la ville même, par suite de causes locales, l'accumulation de matériaux solides a été bien plus importante. Un examen sommaire des lapillis fait penser que cette grande explosion a projeté surtout des matériaux anciens, débris du sommet du cône, qui parait avoir perdu une centaine de mètres et peut-être davantage. Cette grande explosion a été suivie d’autres plus faibles, qui se poursuivent sans interruption, mais en diminuant d'intensité. Suivant la direction du vent, des cendres très fines sont transportées au loin. Il est bien probable que la direction du vent a aussi exercé une influence sur la direction prise par les lapillis, mais il paraît aussi vraisemblable qu’en outre l’éruption ne s'est pas faite verticalement, mais s’est produite dans une direction oblique. Les explosions donnent naissance à des volutes d'un gris blanc, épaisses plus ou moins opaques, montant verticalement, atieignant parfois de grandes hauteurs, mais dans d’autres cas s'élevant peu au-dessus du cratère. Ces volutes volent parfois comme suspendues sur le sommet de la montagne, mais généra- lement elles ne tardent pas à se dissocier. La nmidification des abeïlles à l'air libre. — (Note de M.E.-L. Bouvier.) L’abeille commune n’a pas coutume de nidifier à l'air libre : domestiquée, elle construit ses rayons dans les ruches ; redevenue sauvage, elle établit sa demeure dans les troncs creux, dans quelque anfractuosité de roche, parfois dans les cheminées, ce qui la protège contre les intempéries. Quand l’essaim émigrant ne trouve pas de refuge, il se fixe sur une branche et cherche à y édifier ses rayons : mais alors ses contructions sont toujours réduites, et sans doute, il périt bientôt, victime du froid, de la faim et des conditions atmosphériques défavorables. A cette règle on connaît des exceptions, rares, il est vrai, mais par là d'autant plus curieuses : Curtis (1) décrivit une nidification aérienne établie sur un rameau, à deux pieds du sol, au voisinage de Sopley, en Angleterre. En 1904, ce curieux phénomène se présenta au Jardin des plantes : dans le tronc (1) British Entomology (1838) volume des Jlyménoptères, pl. 769. 136 LE NATURALISTE EE CI ICE PE PSE NP EC CNT RENTE VE PEUT DIRE ARTE TEE SEEN ENT ATEN ENT LEE TT PATES IEEE RES EE PSE SN I creux d'un Sophora japonica se trouvait installée, depuis fort longtemps une colonie des plus actives : en mai 1904 cette co- lonie jeta un essaim qui s'établit à demeure sur un autre Sophora tout proche, et y édifia une gigantesque architecture dont l'ensemble des rayons ne mesurait pas moins d’un mètre carré. Un autre essaim provenant probablement d'une colonie au- jourd’hui encore très florissante, installée à l’intérieur d'un Catalpa de la petite école. de botanique, se fixait l’année dernière dans la cour d'une habitation particulière rue de la Pitié, où il nidifiait à 1 mètres de hauteur. M. Bouvier a pu recueillir cette seconde nidification aérienne; en l'étudiant de très près et en la comparant avec la nidification du Sophoru et avec la figure de Curtis, l’auteur à pu établir des faits qui jettent un jour nouveau sur le talent architectural et sur l'industrie des abeilles. Nombre et forme des gâteaux. — Dans les deux nidifications, les gâteaux sont au nombre de six, tous verticalement disposés et, presque partout, à la même distance les uns des autres que dans une ruche ordinaire. Les plus grands sont au centre, les plus petits à la périphérie. Chacun d'eux présente à peu près la forme d'une demi-ellipse fixée au support par son axe trans- versal, et libre sur ses bords partout ailleurs. Dans la nidifica- tion du Sophora, l'axe basal de l’ellipse est bien plus allongé que l'axe vertical, tandis qu’on observe le contraire dans la ni- dification établie sur le marronnier. Sur le Sophora le nid était fixé à une énorme branche qui lui offrait un soutient solide et considérablement étendu. Sur cette grosse branche. les rayons sont largement fixés, souvent con- fluents à leur base, quelquefois réunis par des anastomoses; par contre sur le marronnier, la nidification était simplement sus- pendue à une petite branche munie de deux bifurcations voi- sines : au lieu d’une large et forte branche qui constituait un toit continu et inébranlable, la colonie n'avait ici pour base d'attache qu'un rameau axial de 30 millimètres pour fixer solide- ment son édifice à ce toit précaire elle eut recours aux artifices les plus variés; à force d'ingéniosité et de travail, elle réussit à transformer en un plafond solide la double fourche du marron- nier. Dispositions protectrices. — Dans l’immense édifice construit sur le Sophora, les gâteaux externes avaient manifestement un rôle protecteur : ils ne servaient pas à l'élevage et leurs alvéoles, de dimensions anormales, avaient des parois épaisses qui leur permettaient de résister aux intempéries. Comprises entre les autres gâteaux, les chambres d'élevage et d'habitation étaient largement ouvertes dans la partie inférieure du nid. Dans la seconde nidification, les alvéoles.des gâteaux sont tous semblables et du diamètre des cellules ouvrières ; tous, dès lors, auraient pu servir à l'élevage; mais ceux directement exposés restèrent vides et simplement protecteurs. Au surplus, pas d'épaississement spécial dans ces cellules protectrices et,sur le toit bien solide, des hiatus et des trous de vol qui doivent quelque peu livrer passage à la pluie; maintes fois détruite et réédifiée en grande hâte, cette nidification n'a pu recevoir les mêmes soins que la première. Destinée de ces colonies. — Il n’y avait pas de cellules de mâles dans ces deux nidifications et, dès lors, on pouvait crbire que leurs colonies n’élevèrent jamais de reines et n’émirent pas d’essaim. Les abeilles limitèrent leur activité à l'élevage du cou- vain d’ouvrières qui leur fournissait des travailleuses, à l’édifica- tion des gâteaux et à la mise en réserve de provisions pour les mauvais jours. Construire près d’un mètre carré de rayons qu'il fallait épaissir ou relier par des traverses, récolter une abondance de propolis pour donner des attaches solides à l'édifice, activer l'élevage pour multiplier les travailleurs, telle fut la lourde tâche de nos colonies. Mais c’est aux dépens du miel que s'effectue la sécré- tion de la cire, et c’est au moyen de pollen et de miel que les abeilles nourrissent le couvain. Dès lors, édifiant sans mesure et dépensant une grande partie de leur récolte aux soins de l’éle- vage, les abeilles se trouvèrent dans les conditions les plus facheuses pour accumuler suffisamment de réserves. L'hiver étant venu, elles -burent leur mie] jusqu'à la dernière goutte, et privées de cette source de calorique, périrent de froid parce qu'elles avaient faim. En fait, c’est aux premiers jours du prin- temps, et non en hiver, que s’éteignirent les dernières survi- vantes. Ainsi, notre abeille domestique n’est pas incapable de nidifier en plein air et, alors, en grande hâte, elle modifie plus ou moins heureusement son architecture, de manière à se bien protéger. L’alvéole sert toujours d’élément fondamental à ses constructions: mais très divers suivant les besoins, et formant les associations les plus variées. Sur un cas d'organe vert dépourvu de pouvoir assi- milateur. — (Note de M. J. FRrieper, présentée par M. G. Bonnie.) L'ovaire de l'Ornithogalum arabicum a une coloration verte très intense tournant presque au noir. Une coupe pratiquée dans organe frais permet de constater la présence de corps chloro- phylliens très abondants : ceux qui sont situés en profondeur ont la teinte verte habituelle, ceux qui occupent une position périphérique sont noirâtres. De nombreuses expériences ont montré que cet ovaire était dépourvu de pouvoir assimilateur ; à la lumière comme à l’obscurité, il a toujours une activité res- piratoire considérable. L'auteur a été amené à comparer les échanges gazeux de l'ovaire de l’Ornithogalum arabicum à ceux de l'ovaire d’une plante du même genre O0. umbellatum. Or l'ovaire de cette dernière, bien que d’un vert moins foncé que celui: de l'O. arabicum, à un pouvoir assimilateur considé- rable. Cette différence doit s'expliquer par une altération super- ficielle de la chlorophylle chez l'O. arabicum. Les chloroleu- cites noirâtres de la périphérie formeraient un écran empé- chantle fonctionnement des chloroleucites verts normaux situés en profondeur. Les maladies du Caféier au Congo indépendant. — (Note de M. E. pe Wicpeman, présentée par M. Gurexano.) Cette note a pour objet l'étude de quelques champignons para- sites des caféiers au Congo indépendant. Les matériaux qui ont servi à cette étude avaient été rapportés par la mission bota- nique et agricole d'Em. et M. Laurent. Ces champignons ont été étudiés par M. le Pr Hennings, du Jardin botanique de Berlin. Dans ces récoltes, ont été trouvés le Pellicularia kole- roga et le Hemileia vastatrix. Ces deux champignons semblent n'avoir été observés au Congo que dans les régions où le caféier est très ombragé et par suite dans les stations très humides. À côté de ces deux champignons vraiment dangereux, la mission Laurent a rapporté sur les feuilles de Coffea les es- pèces de champignons suivantes, toutes nouvelles pour la science : Seplobasidium coffeicola, Paranectria Wildemaniana, Microthyrium Laurentiorum, Microthyrium Leopoldvilleanum, Diplodia Coffeæ, Helminthoparium ubangiensis, Spegazzinia Coffeæ, dont on ne connait pas encore l'importance au point de vue de la biologie du caféier. Sur le genre « Mascarenhasia ». — (Note de M. MarceL Duran», présentée par M. Gasron Bonnier.) Le genre Mascarenhasia, de la famille des Apocynées, est représenté surtout à Madagascar où il joue un rôle important dans la production du caoutchouc. Les Mascarenhasia sont des arbres recherchant les sols humides, croissant surtout en abondance sur la côte orientale de Madagascar. Exceptionnellement, certaines espèces ont une végétation buissonnante ou affectent un port de liane. Les rameaux floraux sont de nature sympodique et les feuilles très polymorphes. Les caractères floraux les plus intéressants sont ceux fournis par le tube de la corolle sur lesquels est basée la classification et par le disque; ces derniers sont pré- cieux pour la diagnose des espèces. Sur les Abannets, de Nismes (Belgique). — (Note de MM. E.-A. Marrez et E. VAN DEN Brœck, présentée par M. Azserr Gaupry.) Les excavations naturelles et verticales sur les hauts plateaux calcaires de Nismes et de Couvin ne sont que les bas-fonds de points d'absorption d'eaux courantes, remontant à une antiquité considérable. Ces eaux coulaient à un niveau beaucoup plus élevé que celui des plateaux actuels ; on ne saurait tenter d’éva- luer ce niveau, qui s’est abaissé au fur et à mesure de la déca- ‘pitation, aujourd'hui complète, de lancienne Ardenne, jadis colossalement plus élevée que de nos jours. Ainsi les Abannets, curiosité hydro-géologique et paléo-géo- graphique de la plus grande importance, sont une irréfulable preuve additionnelle : 1e De l'ancienneté très reculée du cavernement des calcaires; 96 J'une continuité absolue dans l’enfouissement souterrain etla réduction progressive des eaux courantes extérieures. oo Le Gérant : PAUL GROULT. - Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette. 28 ANNÉE au. RD 2 SÉRIE — LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles" 2° Animaux détruits par l'homme. — Par suite de l’ex- tension des cultures, beaucoup d'animaux ont vu leur aire de dispersion considérablement réduite : d’autres ont été complètement détruits depuis les temps historiques, et l’on connaît approximativement l’époque de leur extinc- tion. Ce sont, presque exclusivement, des animaux de grande taille (Mammifères, Oiseaux, Reptiles) qui ont été ainsi exterminés par l’homme, pour se nourrir de leur chair, s'emparer de leurs dépouilles ou se débarrasser de voisins dangereux et gênants. On remarque, tout d’abord, que la plupart des espèces animales que lon serait porté à considérer comme la souche de nos espèces domestiques n'existent plus, no- tamment dans les régions où ces espèces domestiques sont universellement répandues à l’époque actuelle. Bien plus, pour certaines de ces espèces domestiques, on ignore quelle est exactement leur origine, et l'on est contraint de la faire remonter à l’époque Quaternaire et de l’attribuer à des espèces qui ne sont plus connues qu'à l’état fossile : tel est le cas, notamment pour le chien, de l’avis de beaucoup de naturalistes. On conçoit d’ailleurs facilement que l’homme, après avoir domesti- qué un animal, ait eu intérêt à détruire la souche sau- vage de l'espèce, ne fût-ce que pour préserver la race asservie de tout croisement avec les individus restés libres. On sait combien facilement les chiens et les che- vaux sont redevenus sauvages, sur le point du globe où l’homme les a transportés, toutes les fois que les condi- tions du nouveau milieu se sont trouvées favorables. Si Jes Chevaux (Equus Przewalskii) et les Chameaux (Camelus bactrianus) qui vivent encore, en très petit nombre, à l'extrémité Nord-Est du @ésert de Gobi, sont bien, comme on le suppose, les derniers survivants de la souche sauvage du Cheval et du Chameau domestiques, on peut dire que ce sont les deux seules espèces dont on connaisse exactement le type primitif. Dans tous les cas, leur aire de dispersion est singulièrement réduite, puisque le cheval s’est avancé, dans le Quaternaire jusqu'aux Pyrénées, le chameau jusqu’en Algérie. Le Bœuf domestique descend certainement du Bos primige- nius, qui vivait encore dans la forêt Hercynienne, au commencement de notre ère; c'est l’Urus de Jules César; mais il est difficile d'admettre que le bœuf blanc (Bos scoticus), qui vit encore dans un état de semi- liberté dans les parcs d'Écosse, représente les descen- dants directs de l'espèce quaternaire. L’Aurochs (Bison europæus), décrit également par le conquérant des Gaules, n’a survécu, sur un point du Caucase, que grâce à la protection du gouvernement russe. Le Buffalo (Bison americanus), qui représente l’Aurochs dans l’Amé- rique du Nord, et qui couvrait, au siècle dernier, de ses troupeaux innombrables, tout le territoire des États-Unis et du Mexique, s’avançant presque jusqu'à (1) Voir le n° 458 du Naturaliste et suivants. N° 46G3 15 JUIN 1906 l'Atlantique, a reculé peu à peu vers l'Ouest, devant la poursuite des chasseurs. L'espèce n’occupe plus qu'un territoire tout à fait restreint, au Sud des montagnes Rocheuses, et sa destruction marche si rapidement que le gouvernement de Washington a dù prendre des mesures prohibitives pour parer à son extinction complète. On a dù réglementer de la même manière la destruction des Otaries aux iles Pribilov. Beaucoup d'espèces de Pinni- pèdes, notamment les Macrorhinus ou Éléphants marins, sont en voie d'extinction, sinon déjà détruites comme d’autres pour lesquelles il n’existe plus aucun doute. Le Rytine de Steller (Rytina Stelleri) est dans ce cas: cette grande espèce de Sirénien fut exterminée par les marins, dans la mer de Behring, dès la fin du siècle dernier. Les Baleines et la plupart des grands Cétacés, l'Élé- phant d'Afrique, si recherché pour son ivoire, sont menacés d’une disparition prochaine, à moins que les nations civilisées ne s'entendent pour édicter des lois internationales ayant pour but de réglementer et de limiter la destruction d'animaux qui se reproduisent si lentement. Les espèces même de moindre taille n’échap- pent pas à cette destruction : le Couagga (Equus quagga), espèce de Zèbre très répandue dans le nord de la Colonie du Cap, à la fin du dernier siècle, n’est plus connu que par quelques peaux bourrées, conservées dans les musées d'Europe. Dans son pays natal, l'espèce est éteinte depuis plus de cinquante ans, Le Lion qui vivait encore en Macédoine et probable- ment dans les Pyrénées (HARLÉ), au commencement des temps historiques, n'existe plus en Europe. En Algé- rie, où sa tête est mise à prix, il diminue d'année en année. On peut prévoir qu'avant dix ou vingt ans, l’es- pèce ne sera plus représentée qu'au Sud du Sahara. Les Oiseaux n'ont pas échappé à l’action dévastatrice de l’homme. Il suffira de citer les Oiseaux brevipennes des îles Mascareignes, dont le Dronte est le mieux connu, et qui constituaient les genres Didus, Pezophaps, Aphanapteryx, etc.: le grand Nestor de l’ile de Norfolk; le grand Pingouin du Nord (Alca impennis) dont les der- niers spécimens vivants ont été vus vers 1840, et beau- coup d’autres. Parmi les Reptiles, on peut citer les Tortues terrestres gigantesques de Rodriguez et des îles Gallapagos. Tous ces animaux, incapables de se défendre ou confinés dans des iles de peu d’étendue, ont été facilement et rapidement détruits, souvent sans grand profit pour leurs agresseurs. D'une manière indirecte, l’homme modifie la faune d'un pays en défrichant les forêts vierges et déboisant les montagnes. En France, l’Ours, le Lynx et d’autres Mammifères s’avançaient autrefois jusque dans les Vosges, les Cévennes et le massif du Centre; depuis longtemps, ces animaux se sont retirés sur les Alpes et les Pyrénées, c'est-à-dire sur les montagnes les plus élevées. Dans les îles Britanniques, ces Carnivores et d’autres, habitants des forêts et des plaines, tels que le Loup et le Renard, ont été exterminés, et les Herbivores (Sanglier, Cerf, etc.) le sont également. Par contre, certaines espèces de Mollusques qui s’attachent à la quille des bateaux (Dreissensia fluviatilis) se sont répan- dues peu à peu, par les rivières et les canaux, dans toutes les eaux douces de l’Europe. Enfin, le percement des isthmes, qui met en communication deux mers, teud à mélanger des faunes marines, restées jusque-là sépa- rées : c’est ce que l’on observe déjà à Suez où deux faunes distinctes, celle de la Méditerranée et celle de la 138 LE NATURALISTE To ed TO Co NE NE mer Rouge, ont déjà fait des échanges, malgré la date récente à laquelle remonte le percement de cet isthme. Ces exemples suffisent pour montrer de combien de manières différentes l'influence de l’homme s'exerce sur la faune actuelle du globe. Résumé. — On peut résumer les considérations qui précèdent en disant que les causes qui déterminent la composition de la faune d’une région zoologique, peuvent se ramener à l’un des quatre chefs suivants (A. MILNE- EDWARDS) : 1° Le mode de locomotion auquel les animaux qui composent cette faune sont appropriés; 2° Les relations géographiques de cette région, consi- dérée comme foyer zoogénique, avec les parties circon- voisines du globe ; 3° L'aptitude de ces régions (suivant les conditions de chmat, de nourriture, etc.) à être habitées par des immigrants ; 4 L'époque géologique à laquelle remonte le type zoologique réalisé par ces êtres; Cette dernière considération que nous n'avons fait qu'effleurer dans ce chapitre, sera étudiée de plus près dans le chapitre suivant. D: E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum de Paris, (A suivre.) NOTE SUR LA CASTAGNOLE La Castagnole est un fort beau poisson accidentel sur nos côtes océaniques ; n0s avons pu nous.procurer récem- ment un spécimen de cette espèce, qui actuellement, monté avec soin, est conservé dans les vitrines du Muséum d'histoire naturelle de Bordeaux. Le corps de la Castagnole est de forme ovale, la ligne du dos est fortement arquée surtout en avant; la hau- teur est environ le tiers de la longueur totale. Ce pois- son est très comprimé, l’épaisseur n'était contenue que trois fois et demie à quatre fois dans la hauteur. Toutes les parties du corps, sauf seulement lPespace interorbi- taire, le museau et le limbe du préopercule, sont recou- vertes d’écailles cycloïdes d'assez grandes dimensions ; elles sont cependant petites sur le maxillaire supérieur et les nageoires dorsale et anale. Les écailles de la Casta- gnole ont de remarquable que leur forme générale varie avec la région du corps. On compte de 75 à 80 écailles dans une série longitudinale et 34 à 36 dans une série transversale. La tête est arrondie en avant et le front est à peu près vertical ; elle est un quart plus haute que longue ; le mu- seau est très court et convexe; la bouche, de forme arquée, a une direction générale très oblique d'avant en arrière, presque verticale quand la mâchoire inférieure est relevée. La mâchoire supérieure, moins avancée que la mandibule s'étend en arrière jusqu'au niveau du dia- mètre vertical de l'œil; les deux branches de la mandi- bule forment en se réunissant un tubercule oscillant au-dessous de la symphyse du menton. Les dents sont longues, aiguës et très nombreuses; elles sont disposées en cardes fines sur les deux mâ- choires, celles des rangées externes étant plus fortes que les autres; souvent, à la mâchoire inférieure, existent 2 ou 4 dents plus allongées que leurs voines. Les pala- üns sont dentés, mais les autres parties de la bouche sont dépourvues de ces organes. Les dents pharyngiennes sont en velours ou en carde fine. L'orifice antérieure de la narine est situé près de la ligne médiane, il est ovale; le postérieur est plus éloigné de la ligne médiane et se trouve placé près du bord anté- rieur de l'orbite, c'est une fente étroite, légèrement oblique souvent difficile à voir. L’œil est situé au centre de la tête, environ à égale distance des bords dorsal et ventral, du brut du museau et de l’opercule; il est assez gros, son diamètre est égal au quart de la longueur de la tête. L'iris est jau- nâtre. Les ouies sont largement fendues, la fente operculaire s'étendant jusque sous le milieu de la mandibule; la membrane branchiostège est soutenue par sept rayons aplatis. Il n'existe qu'une seule nageoire dorsale ; elle est très longue et débute au-dessus de l'insertion postérieure des pectorales et se termine en arrière en même temps que l’'anale. Elle est formée de trois rayons épineux et de 30 à 33 rayons mous, ces derniers se ramifient et se pro- longent en des filaments noirâtres rappelant le crin par leur aspect. Les premiers rayons mous sont très allongés et constituent une pointe saillante; dans tout le reste de son étendue la nageoire est basse. La nageoire anale est longue bien que cependant plus courte que la dorsale, elle est aussi moins haute. Elle comprend 2 piquants et 27 à 30 rayons mous. Ceux-ci se terminant comme ceux de la dorsale. Les premiers rayons mous sont plus longs que les autres et forment encore ici une pointe saillante. La nageoire caudale est profondément échancrée; à ses origines dorsale et ventrale, elle possède cinq piquants assez courts ; sur le reste de son étendue, on compte dix- sept rayons mous très développés. Les pectorales sont longues, leur longueur égale à peu près celle de la caudale; elles sont relevées sur les côtés et leur partie interne, près de la base est reliée au corps par une membrane recouverte d’écailles. Elles possèdent dix-neuf à vingtrayons mous, elles n’ont pas de piquants. Les ventrales sont très courtes, elles sont situées sous les pectorales. Elles comprennent un piquant et cinq rayons mous. Les spécimens d'Europe ont une teinte générale d’un blanc argenté, nuancé de gris ou de brunâtre dans les régions supérieures; le dos est assez foncé, les côtés bleuâtres, le ventre argenté. Les nageoires dorsale et anale sont argentées sur les parties écailleuses, noirâtres à leur bord libre. Les pectorales et les ventrales sont d'un gris jaunâtre très pâle. La longueur varie de 30 à 75 centimetres; on a cap- turé des individus pesant 4 kilogrammes; Cuvier cite même une Castagnole du poids de 10 livres. Ce poisson est pélagique, il vit en haute mer et peut descendre à de très grandes profondeurs. Il est bon à manger, sa chair est tendre, légère et déli- | cate. L'aire de répartition de la Castagnole est très répan- due; on trouve ce poisson dans toutes les mers du globe, mais partout il est peu commun. On le rencontre sur _toutes les latitudes depuis les îles Feroë jusqu'au cap de Bonne-Espérance. Dans la Méditerrannée il est assez rare, bien qu'on le pêche fréquemment dans le golfe de Gênes. Il est acci- dentel sur les côtes européennes de l'Atlantique (1) et rarissime dans la Manche, la mer du Nord et sur les côtes d'Angleterre. Il existe sur toutes les côtes occidentales d'Afrique ; à Madère, il est appelé Freira et aux Canaries Pampano moriseo. Il est accidentel sur les côtes améri- caines de l'Atlantique où il a été signalé aux Bermudes, en 1880; par le docteur Goode et sur le Grand Banc (grand Bank); par contre, il a été plus souvent observé sur les côtes du Pacifique et de l'Amérique, aussi bien au nord qu'au sud. Il a été également signalé dans l'océan Indien (Cuvier) et dans les mers du Japon. La Castagnole varie avec son lieu d'origine, c’est ainsi que les espèces américaines ont une pectorale un peu plus courte et des écailles moins larges que les espèces d'Europe; la coloration est aussi différente, d'où les divergences de description que l’on peut constater dans les auteurs. Mais les ichtyologues semblent d'accord pour ramener ces différents individus à la même espèce. J. KUNSTLER ET S. CHAINE. . LA CETONIA STICTICA Nous avons à redouter depuis quelques années sur- tout, les ravages d’un ennemi très dangereux pour le pommier, la cétoine stictique ou drap mortuaire (Cetonia stictica). Jamais à ma connaissance cet insecte n'avait . été aussi commun; j'en ai reçu de tous les côtés, On en trouve de grandes quantités dans les couches à semis, composées surtout de débris de feuilles et d’autres ma- tières végétales ; plus de 3.000 ont été ramassés dans une seule couche d’un mètre carré. Ce petit hanneton noir, un peu aplati et tacheté de blanc et dont voici la des- cription scientifique : Moitié plus petit que la cétoine dorée, noir en dessus et en dessous, avec un reflet légè- rement bleuâtre ; il est en outre marqué de points blancs sur les élytres et sur le corselet; c'est sans doute en raison de ces points blancs sur un fond noir que Geoffroy lui a donné le nom de drap mortuaire; sortira de sa retraite dans les premiers jours d'avril et n'aura, aussitôt scrti, d'autre occupation que de ronger les étamines des fleurs de pommiers. Il y à une dizaine d'années, M. Reiset avait constaté en Normandie la destruction des fleurs de pommier par la cétoine stictique, mais bien avant déjà ses dégâts avaient été signalés. En 1873, une expérience très concluante avait été faite par un entomologiste distingué, M. Perris. Un industriel se plaignait de ce que les fleurs de ses pommiers et poiriers étaient ravagées par la cétoine stictique qui depuis deux ans supprimait totalement la récolte; Perris déclara qu'il devait y avoir dans les environs de la plan- tation quelque tas de fumier ou de terreau de feuilles qui nourrissait les larves des cétoines. En effet un tas de détritus de végétaux servait de couches à plusieurs plantes exotiques; le tas fut boule- versé et livré aux poules qui firent disparaitre toutes les larves. L'année suivante, il ne parut plus de cétoines et les pommiers se couvrirent de fleurs, Je ne puis que recommander ce procédé très pratique et peu coûteux; mais comme il peut se faire que des (4) Le sujet que nous avons étudié et qui fait l’objet de ce travail, provient du golfe de Gascogne, près du bassin d’'Arca- chon. LE NATURALISTE 139 cétoines soient déjà sorties de terre, il sera indispensable si l'on constate leur présence de secouer le matin les branches de pommier sur lesquelles elles se sont réfu- giées. Il faudra procéder comme pour le secouage de l’anthonome, c'est-à-dire étendre au-dessous du pom- mier une toile ou bâche fendue jusqu’au centre de facon à y faire entrer le tronc de l'arbre, puis à l’aide d’un bâton terminé par un crochet dirigé de haut en bas, secouer les branches, les cétoines engourdies par la frai- cheur du matin se laisseront choir facilement dans la bâche. On devra alors les ramasser avec soin et les brüler. PAUL NOEL. CHRONIQUE & NOUVELLES L'évolution des os de la face. — Causes de la réduction des dimensions des maxillaires. — Les affinités médicinales des plantes. On sait combien la face diffère d’un animal à l’autre chez les Mammifères et contribue à leur donner un aspect caractéristique. Quelle est l'évolution des os de cette région? C’est ce que cherche à expliquer M, Le Double dans un intéressant travail. Pour lui,le développement des dents entraine chez tous les Mammifères celui des maxillaires et détermine la plupart de leurs modifications morphologiques et des modifications morphologiques des os avec lesquels ils sont articulés. De sorte qu'il est per- mis, en fin de compte, de soutenir que, dans lespèce humaine, il y a une corrélation intime entre la plupart des variations des os faciaux et les fonctions de la mas- tication. Dans l’ordre des Primates, plus les incisives sont volu- mineuses, plus les mâchoires deviennent massives et saillantes en avant. Chez les Singes, on remarque dans le développement des maxillaires des différences dont l’im- portance est en rapport avec celies des dents et principa- lement des dents antérieures. Les dents de lait de l'Orang sont beaucoup plus grosses que les dents de lait du Chim- panzé et les dents définitives de l'homme. Or, les mà- choires du jeune Orang proéminent davantage en avant que celles du jeune Chimpanzé et que celles de l'homme fait. Les Basques orthognathes se distinguent par la petitesse de leurs dents ; les Australiens, les Néo-Calédo- niens si prognathes, ont des dents relativement énormes et plus voisines en réalité de celles de certains Simiens que de celles des Européens modernes.Flower à d’ailleurs divisé, en se basant sur le volume des dents, les races humaines en deux classes : les Microdontes ou Européens et les Mégadontes parmi lesquels il a rangé les Austra- liens, les Néo-Calédoniens, etc. Les nègres sont ortho- gnathes dans l'enfance, c'est-à-dire tant qu’il n'y à qu'une différence à peine appréciable entre leurs dents et celles des blancs; ce n’est qu’au moment de la seconde denti- tion que se produit chez eux l'avancée des maxillaires et que se forment les sutures incisivo-maxillaires. Ce n’est donc pas, comme le déclarent plusieurs an- thropologistes, Magitot entre autres, le prognathisme, qui est la cause du plus grand développement des dents, il en est l'effet, et le degré d’accentuation de ce progna- thisme est, dans tous les Primates, en rapport avec le mode de mastication de chacun d’eux, en relation avec son genre de vie, avec ses moyens d'attaque et de défense dont le système dentaire est un des plus importants. En admettant que la grandeur relative de la face est en rapport avec le développement des organes de la vue, RER nr SES LS ESS 140 LE NATURALISTE de l’odorat et du goût, qui sont contenus dans cette par- tie de la tête, Cuvier s’est également trompé. Le volume de la face dépend avant tout de la grandeur de la cavité buccale qui est une conséquence du développement plus ou moins prononcé des maxillaires, qui est subordonné lui-même à la grosseur, au nombre et à la disposition des dents et n’a rien à voir avec le perfectionnement des sens de la vue, de l'odorat et du goût. Les Mammifères dont la face acquiert le maximum d’étendue proportion- nellement au crâne —fla Baleine et le Cachalot par exemple — sont précisément ceux chez lesquelles la vue, l'odorat et le goût sont le plus imparfaits,etles Poissons sont de tous les Vertébrés les moins bien partagés à cet égard, bien que leur face soit comparativement au crâne, plus grande que dans aucune autre classe. Dans tous les Mammifères, les muscles s’adaptent aux mâchoires comme celles-ci s'adaptent aux dents. Ces muscles sont forts et multiples, mais leur puissance res- pective et leur direction varient suivant la nature du régime alimentaire. Les ptérygoidiens des Carnassiers et surtout ceux des Félins, sont faibles, mais leurs mas- séters et leurs temporaux sont, par contre, énormes, Ces derniers sont encore bien prononcés chez les Frugivores et les Omnivores, mais diminuent de volume chez les Herbivores et disparaissent presque complètement chez les Rongeurs, dont la mandibule est dépourvue d’apo- physe coronoïde. Les masséters seuls conservent partout leur importance. L'hypertrophie des lignes temporales, l'apparition d'une crête sagittale sur le crâne des Anthropoiïdes, l’ex- tension de l’arcade zygomatique, la saillie plus pronon- cée de l’os malaire de l’Orang, sont la conséquence du développement plus grand des masséters, mais principa- lement des crotaphites dans les Anthropoides que dans l'espèce humaine. Il y a toutefois, à cet égard, moins de différence entre l'enfant simien et l’enfant humain, qu'entre le singe adulte et l’homme adulte. [L'un et l'autre n’ont pas de crête sagittale, et les muscles crota- phites qui en déterminent la formation par leur ascension graduelle jusqu’au vertex dans les singes anthropoides, sont aussi réduits et situés aussi bas chez l’un que chez l’autre. Les rapports constants de volume et de puissance qui existent tant chezles animaux que dans l’espècehumaine, entre les éléments de l'appareil masticateur, dents, os maxillaires, muscles, sont démontrés, non seulement par l'observation, mais encore par l’expérimentation. L’apo- physe coronoïde du maxillaire inférieur humain n’a pas la même forme, ni les mêmes dimensions, ni la même direction chez le vieillard édenté, dont le crotaphite a perdu plus ou moins de sa force que chez l’homme adulte. M. Anthony a pu produire sur des chiens des modifications analogues de l’apophyse coronoïde, provo- quer même des malformations plus complexes des parois latérales du crâne et des branches montantes de la mandibule en sectionnant ou en réséquant tel ou tel faisceau de l'un ou l’autre des masséters ou des crota- phites. * X x On vient de voir l'importance de la réduction lente et progressive des dimensions des maxillaires. Quelles en ont été les causes? M. Le Double les énumère ainsi : 1° Le développement parallèle de l’encéphale. L’artère carotide interne, pour nourrir la masse pulpeuse du cer- veau et du cervelet, a dû emprunter à la carotide externe une partie du sang destiné aux mâchoires. Cette espèce de lutte entre le crâne et les mâchoires est un fait géné- ral qu’on peut suivre, dans la série des vertébrés, depuis les Poissons et les Reptiles jusqu’à l’homme. 2° La diminution simultanée du nombre et du volume des dents déterminée par l’adoucissement des mœurs, le choix des substances alibiles, l'habitude de les préparer et de les faire cuire, ce qui a rendu la mastication si facile, qu'aujourd'hui la bienséance prescrit d’atténuer le plus possible les mouvements qu’elle nécessite. Peut- on en douter quand on sait que les gouttières alvéolaires se moulent pour aïnsi dire sur les follicules dentaires au cours du développement et que la longueur des maxil- laires est aussi bien chez l'enfant et le vieillard que chez l’homme adulte en rapport exact avee le nombre et le volume des dents? À ces deux causes, il faut ajouter l’hérédité, que l'on peut définir : une adaptation provisoirement fixée. Un dernier et nouvel argument favorable à la relation qu'il y a entre les pièces du squelette facial et les fonc- tions de la mastication, est fourni par la coexistence fréquente de beaucoup de ces variations, avec des irrégu- larités du système dentaire ou avec l’allongement d’ar- rière en avant de chacun des deux maxillaires ou seule- ment de l’un ou l’autre d’entre eux. Et cet argument n'a pas moins de valeur que les précédents puisqu'il est cor+ roboré aussi par les vices de conformation des mâchoires des animaux. Les os wormiens de la face sont plus communs chez eux que dans l'espèce humaine, alors que c'est l'inverse pour les os wormiens du crâne. La divi- sion des sus-nasaux en deux fragments unis où non entre eux au moyen d’une suture, s'observe principale- ment parmi les Equidés et les Suidés, où l'étendue antéro- postérieure des sus-nasaux, si considérable qu’elle paraisse, n’est cependant que proportionnée à celle de la mâchoire supérieure. L’inguis des nègres est plus petit que celui des blancs dont le maxillaire supérieur est moins saillant en avant et moins incliné en arrière. Schaus attribue les déviations non pathologiques de la cloison des fosses nasales à des accroissements anor- maux du squelette de la face pendant la seconde denti- tion. Nombre d'anomalies de l’antre d'Highmore sont la conséquence de la poussée défectueuse ou du défaut de descente des dents. L’angle mandibulaire se rapproche d'autant plus d’un angle droit que l’évolution dentaire est plus avancée et plus parfaite. Dans toutes les races, le bec-de-lièvre unilatéral ou bilatéral, simple ou com- pliqué, s'accompagne généralement d'une augmentation numérique des incisives. C’est dans les races les plus prognathes, les Australiens, les Tasmaniens, les Néo- Calédoniens, qu'on note d'ordinaire la présence de dents en excès, etc. Il est aussi impossible de reconstituer la généalogie de l'homme en se basant sur les malformations des os de sa race que sur celle des os de son crâne ou sur celles de ses muscles. Tout ce qu’elles nous apprennent à ce pro- pos, c'est que, si, parmi elles, comme parmi celles des os du crâne et des muscles humains, il existe des mal- formations réversives, ataviques, théromorphiques ou d'héritage que relient étroitement l’homme aux animaux, il existe également des malformations qu'on peut rap- procher des malformations d'ordre mécanique des 0s du crâne et des muscles humains, des malformations pro- gressives ou par adaptation qui l’en éloignent de plus en plus chaque jour, telles que le raccourcissemeñt des os du nez, le redressement du lacrymal et ses rapports plus étendus avec la lame papyracée de lethmoïde par suite de l'accroissement des dimensions de celles-ci, l'absence et l’état rudimentaire de l’hamule unguéal. Li x On sait qu'il y a souvent une certaine relation chi- mique entre la composition chimique des espèces végé- tales voisines. M. À. Aclocque donne à ce sujet quel- ques remarques intéressantes. L'équipage d’un navire anglais naviguant dans l'océan Pacifique était atteint du scorbut et on n'avait aucun remède sous la main, quand le botaniste de l'expédition, Forster, découvrit une plante de la famille des Crucifères, un Lépidium ; il pensa qu’elle devait posséder les mêmes propriétés antiscorbutiques que ses congénères d'Europe et en fit l'essai, qui réussit pleinement. Dans une situa- tion analogue, Labillardière trouva une ombellifère semblable à notre Cerfeuil et procura à ses compagnons de voyage un mets agréable et sain. La simple réflexion conduit à supposer théoriquement la concordance des propriétés et des formes : il est, en effet, logique d'attendre deseffets semblables d’une orga- nisation semblable. Mais l'observation et l'expérience directe viennent ici avec force à l'appui de la théorie. L'observation a appris que les mêmes végétaux parasites peuvent assez fréquemment vivre indifféremment sur les diverses espèces d'un même genre et quelquefois d'une même famille : ce qui conduit à déduire l'existence des mêmes principes et des mêmes propriétés dans les espèces affines. Ainsil Uredo rosæ vit sur tous les rosiers, l'Œcidium violarium sur toutes les violettes, le Sphæria graminum sur toutes les Graminées. Le bœuf sait distin- guer les Labiées pour n’y point toucher; les moutons, les chèvres, les chevaux refusent de brouter les Solanées. Par contre, tous les herbivores mangent sans hésiter les différentes Légumineuses et les Graminées, Les insectes, quoique souvent astreints étroitement à. un petit nombre d'hôtes, ont également un instinct qui les conduit avec süreté à reconnaitre les affinités natu- relles de leurs plantes alimentaires. Le ver à soie mange avec le même plaisir les feuilles de tous les muüriers; la psylle des joncs ne fait pas de différence entre les divers joncs, pourtant nombreux; certains Cynips attaquent toutes les roses, ou tous les chênes, ou tous les saules ; les Cantharides, si elles n’ont pas de frênes à leur dispo- : sition, dévorent les lilas, les troênes, les oliviers, arbustes de la même famille, mais elles refusent les jasmins, quoique très analogues, comme appartenant à une famille différente. La Piéride du chou passe du chou à la rave, aux giroflées, aux autres crucifères et même à la capu- cine, révélant ainsi aux botanistes des affinités auxquelles ils n’auraient peut-être pas songé. La comparaison avec les végétaux exotiques a révélé dans quelques-unes de nos plantes des vertus longtemps ignorées : ainsi l’ipécacuanha a conduit à trouver dans nos violettes un produit purgatif et émétique, la rhu- barbe a fait connaître les propriétés de nos Patiences, la Scammonée celle de nos Liserons. D'une manière géné- pale, on a reconnu que plusieurs médicaments peuvent se retirer indifféremment de plantes analogues, et que chaque famille fournit certains principes semblables. Ainsi, il existe de la gomme arabique dans divers aca- cias, de la gomme adragante dans plusieurs astragales, de l’amidon dans un grand nombre de Graminées, Tous les Cochléarias sont antiscorbutiques, toutes les Mauves émollientes, tous les Aconits vénéneux; la plupart des Rubiacées sont fébrifuges, les Labiées en grande partie stomachiques et aromatiques. On a retiré de la rhubarbe d’un certain nombre de Rheum, de l’opium de cinq ou six pavots, du quinquina de tous les Cinchona. Toutefois, il ne suffit pas de reconnaitre, en gros, une certaine analogie entre les propriétés et les formes; il faut ne s’en servir qu'avec discernement. L'application imprudente de la théorie conduirait à de graves mé- comptes. Il est nécessaire, d’abord, de bien déterminer la plante que l’on veut employer afin d'éviter l'erreur de cet herboriste de Toulon, qui vendit pendant longtemps la Renoncule scélérate pour le Menyanthe trèfle d’eau. Quoique moins grossières, des méprises sont fréquentes, à cause de la grande ressemblance de certaines espèces, de propriétés très différentes, la Petite Ciguë est souvent prise pour le Persil, le Laurier-Cerise pour le Laurier | LE NATURALISTE 141 d’Apollon, la Fausse Oronge pour la Vraie Oronge. En second lieu, il faut se garder de rien présumer des vertus d’une plante avant d'avoir bien fixé sa place dans la série végétale. Ainsi, autrefois, on rangeait le Ményanthe dans la famille des Primulacées, et on s’éton- nait de ce que cette plante, par une exception unique parmi les parentes qui lui étaient attribuées, offre des propriétés fébrifuges. Aujourd’hui, l'étude plus approfon- die de ses caractères botaniques a conduit à la placer parmi les Gentianées; et comme celles-ci sont plus ou moins ameres et fébrifuges, il est logique que le Mé- nyanthe n’y fasse pas exception. Il faut noter encore que, dans un même groupe, l’analogie des propriétés n’a chance de se vérifier que si on considère le même organe ou le même appareil d'organes; de même que les vertus peuvent différer avec les organes. C'est ainsi que l’albu- men de la graine de Ricin fournit une huile douce et laxative, tandis que celle de l'embryon de la même graine est âcre et drastique. De même, les tubercules de la pomme de terre procurent un aliment sain, tandis que les baies qui succèdent aux fleurs sont vénéneuses. L'obligation de ne comparer que des organes semblables entraine à connaître les lois de l’organographie végétale. La pulpe de vanille, par exemple, possède des qualités aromatiques qui lui donnent une grande valeur au point de vue économique. Mais cette pulpe est une sécrétion très accessoire des graines, elle n’a qu’un rôle très effacé au point de vue de son utilité à la plante qui la produit, et on ne saurait s'étonner qu'elle n'existe pas chez les autres Orchidées. La vanille ne forme donc, dans cette famille, qu'en apparence une exception. Les tubercules et renflements qui se produisent sur les racines sont des dépôts accidentels de principes nutritifs, et, par suite, peuvent exister ou faire défaut chez des espèces très voisines. Ils sont énormes chez la pomme de terre, tan- dis que nombre d'autres Solanam n'en présentent pas trace. Les propriétés peuvent encore différer dans une même espèce ou un même groupe, suivant les conditions où croissent les individus ; aussi d'ordinaire, les Ombelli- fères qui vivent dans les marécages, ont un principe vénéneux répandu dans leurs tiges ou leurs feuilles (Phellandrium Cicuta), tandis que celles qui croissent dans les endroits secs sont dans les mêmes parties, aroma- tiques et stimulantes (Angelica archangelica, Anethum fœniculum). En général, l'absence de lumière atténue les propriétés bonnes ou mauvaises des plantes. Les pousses des asperges, les jeunes feuilles de laitue, de pissenlit, de chicorée, que l’on soumet à l’étiolement, les tubercules souterraines de la pomme de terre, doivent à l'obscurité d'échapper à l’amertume fréquente des Asparaginées et des Chicoracées, ou aux qualités vénéneuses des Sola- nées. Enfin, il faut remarquer que les propriétés sont dues souvent à plusieurs principes existant côté à côte, et peuvent varier considérablement dans des espèces très voisines, suivant qu'y prédomine l’un ou l’autre de ces principes. Ainsi s'explique pourquoi les Convolvulacées nous donnent, à côté des tubercules alimentaires des Patates, les tubercules purgatifs du Jalap; pourquoi l’Arum maculatum a une racine très àcre, et l’Aruwm escu- lentum une racine féculente et alimentaire. HENRI COUPIN. ) Soi ET 142 k LE NATURALISTE LA CAPTURE DES ÉLÉPHANTS AU SAN Nos colonisateurs professent à l’endroit de l'éléphant, une théorie curieuse qu’ils ne manquent pas de mettre en pratique. Elle consiste à tuer ce pachyderme pour en obtenir l'ivoire qui fait prime sur les marchés euro- péens, ou à lui faire la chasse, comme au fauve, unique- ment par sport. Le résultat de ces méthodes barbares est que l’élé- phant tend à disparaître sur les continents où on se plait à l’abattre par plaisir ou par lucre, et que, dans un ave- nir peut-être plus rapproché qu'on ne le pense, ce sera là encore une de ces races qui disparaissent rapidement et dont les jardins zoologiques seuls conservent de rares spécimens. Ces méthodes n'existent point au Siam; toutefois, les éléphants y meurent de leur belle mort, et malgré cela les Siamois y trouvent et leur sport etleur récolte d'ivoire, tout en mettant aussi à contribution la force énorme de ces animaux, qui servent alors de bête de somme ou de guerre. Il y a longtemps, d’ailleurs, que l'éléphant a été élevé au Siam à l’honneur de servir d'emblème à ce royaume, dont les souverains, de temps immémoriaux, ont interdit le massacre de ces pachydermes sous peine de mort. Sous d’autres parties de l'Asie également, leur destruc- tion est sévèrement châtiée, car les rites bouddhistes la condamnent formellement. La chasse à l'éléphant, au Siam, loin de causer sa mort, est des plus lucratives, la valeur marchande de ces animaux, quand ils sont vivants, variant de 5.000 à 7.500 francs. « Le kraal des Éléphants — le terme siamois est Paneat — à Aynthia, présente deux fois par an un spec- tacle unique au monde; on y capture les éléphants, en gros pour ainsi dire. Des opérations similaires ont aussi lieu aux Indes, dans l’île de Ceylan et dans la presqu'ile malaise, mais nulle part cependant elles ne sont aussi grandioses qu’au Siam. Dès le début de la saison des pluies, le chef du service des Eléphants, à Bangkok, donne l’ordre de réunir les troupes d’éléphants à jour fixe, et cette nouvelle se répand rapidement dans tout le pays. Les employés de ce service spécial s’éparpillent sur le delta, allant du Menam au fleuve Bang-pa-Kong d’une part,et de l’autre, de Bangkok au monts Korat et couvrant un vaste espace de 50 kilomètres sur 80 environ. C'est là qu'ils commencent leurs opérations qui consistent à chasser devant eux les troupeaux pour les amener dans un centre commun, et c'est là aussi que le Stud des éléphants royaux demeure en liberté, respecté de tous. Quand arrive le jour fixé [pour amener ces éléphants âu Paneat, le troupeau ainsi poussé comprend deux cents animaux pour le moins. Le centre des opérations se trouve à Aynthia,ancienne capitale du Siam, et c’est ici que se rendent des habi- tants venus de tous les points du royaume pour assister à cette fête et prendre part aux réjouissances qui l’ac- compagnent. À une distance de 3 à # kilomètres, on aperçoit un rideau de bambous que vient déchirer un éléphant de dimensions énormes, armé d'une défense seulement et monté par deux cornacs. Il est suivi de deux autres élé- phants non montés; ce sont les appelants qui vont, le plus innocemment du monde, guider la marche du trou- peau tout entier et l’amener au piège qui l'attend. Les animaux passent au travers des bambous, se ramassent derrière leur chef de file, — tel un troupeau de moutons — encadrés qu'ils sont par un cordon d’élé- phants, montés par des cornacs armés de lances et char- gés de les empêcher de s’enfuir. À peine apercçoit-elle la troupe, que la foule lance un formidable eri de Chang-Ma (voici les éléphants) et l’exci- tation est à son comble. Le cortège s’avance majes- tueusement jusqu’au bord du fleuve qu'il hésite un ins- tant à traverser, car les bêtes fatiguées par leur longue route, ont déjà eu à traverser de nombreux cours d’eau. L'exemple de leur leader les engage cependant à le suivre, et bien que le fleuve ait près de 2 mètres de pro- fondeur, elles y entrent et montrent bientôt leur conten- tement, car la fraicheur de l’eau leur rend moins diffi- cile à supporter la chaleur suffocante et leur est un palliatif à leurs fatigues récentes. Sur l’autre rive, les éléphants montés serrent de plus près leurs compagnons sauvages, les groupent et les pressent en les poussant dans la seule direction qui leur reste à prendre, celle du grand enclos carré, bordé de toutes parts d'immenses poutres de bois dur profondément plantées en terre. Ici, par un chemin de barrière, les appelants suivis du troupeau, passent dans un second enclos. Les élé- phants montés qui ferment la marche y pénètrent enfin, on ferme solidement la barrière avec d'énormes solives de bois dur, et le tour est joué, les éléphants sauvages se trouvent pris au piège. Le Paneat proprement dit, est un enclos carré qu’en- cercle une muraille de # mètres environ d'épaisseur et haute de plus de 3 mètres, et l’on ne peut y pénétrer que par une entrée dont la largeur est de 3 mètres seulement. Les appelants la franchissent lentement, suivis bientôt de la troupe des éléphants qui se pressent, se bous- culent, s’écrasent, le tout au milieu du vacarme assour- dissant de leurs voix. Lorsqu'ils se sont enfin rendu compte qu'ils ont été les dupes des appelants, ïls les cherchent pour se venger sur eux; mais C’est en vain, car ceux-ci ont jugé prudent de s’éclipser par une sortie- guichet aménagée dans les poutres et dont la construc- tion est des plus curieuses : elle consiste en quatre rangées parallèles de solives très hautes, conduisant du dernier enclos à la muraille extérieure, par un étroit passage; les deux rangées intérieures de ces solives sont suspendues à des barres de fer à leur sommet et glissent sur des rainures à leur base. Fermées, un homme a peine à y rasser, ouvertes, un éléphant peut tout juste s’y frayer un chemin. À Mais les éléphants, voyant qu'ils sont forcés d’aban- donner tout espoir de vengeance contre les appelants, se mettent tranquillement à tourner en rond autour d’une tour qui forme le centre du Paneat, et du haut de laquelle le directeur du service des éléphants donne ses instruc- tions. Le repas des éléphants consiste en jeunes pousses de bambous qu'on leur donne à profusion, puis on les laisse se reposer jusqu'au lendemain. Aux premières lueurs du jour, une demi-douzaine d'énormes éléphants montés de deux cornacs, l’un armé d'une lance et l’autre d’une sorte de lazzo de cuir attaché LE NATURALISTE 143 à un long bambou pénètrent dans le Kraal. A leur vue, les éléphants sauvages se montrent terrifiés et vont en groupe se réfugier dans un des angles de l’enclos. C'est le moment de choisir les jeunes éléphants qu'on veut capturer. Les chasseurs manœuvrent, tandis que les bêtes se poussent, se bousculent au milieu d'un vacarme indes- criptible. Mais voici qu'on s’est emparé du premier éléphant, un jeune âgé de trois ans à peine, en lui glissant adroi- tement le lazzo sous une patte : on tire le nœud coulant, la corde tombe à terre et quelques hommes s’élancent, s’en saisissent et l’enroulent solidement aux poutres plantées en terre, la bête est prise. Elle a beau faire pour tenter de s'échapper, elle ne peut y parvenir, même avec l’aide de ses compagnons. On met le trou- peau de nouveau en mouvement, et l'opération recom- mence pour les autres éléphants désignés pour être cap- turés. S'ils sont trop rapprochés, les captifs, rendus furieux, se rejettent l’un sur l’autre la faute de leur prix, et veulent lutter entre eux, mais les éléphants montés y mettent bon ordre. Ces derniers d’ailleurs sont là pour faire la police dans le kraal et, tout à l’heure, vont placer les captifs un à un entre eux et les mener solidement liés par des cordes aux écuries royales, où on les attache par le cou et par une patte à des solives gigantesques plantées en terre. Il faut trois ans pour amener l’éléphant à une docilité parfaite, et durant ce temps, ilne peutse mouvoir qu’avec cette solive comme pivot, à moins que son dompteur en ait décidé autrement. Lorsque les meilleures bêtes ont été ainsi prises, on en capture d’autres encore, mais en liberté cette fois. La chasse dure le lendemain encore, puis on relâche ce qui reste du troupeau d’éléphants, et jusqu’à l’année suivante à pareille époque ils redeviennent libres de nouveau. C’est au mois d'avril qu'ont lieu ces chasses curieuses; elles ne sont pas sans danger et il est rare qu’elles ne soient pas accompagnées de morts d'hommes. Adapté de l'anglais de T. Cocxerorr, par H.-R. Wossryn (Pearson’'s Magazine). LA SCIENCE CONFUSE.. D’après le chroniqueur scientifique d’un grand jour- nal quotidien, nous voyons que, décidément l’espèce humaine semble dégénérer, mais surtout, parmi elle, la catégorie des scientifiques et encore plus spécialement les paléontologistes. En effet les savants de toutes ca- tégories n’ont-ils pas voulu nous faire avaler les théories les plus monstrueuses, et nous, pauvres esprits, n’avons- nous pas tout accepté sans broncher. Nous avons bien voulu croire jusqu'à présent que la terre tournait autour du soleil, qu’à l’origine cette terre sur laquelle nous vivons n'était qu'une immense masse en fusion, puis que celle-ci s'était refroidie peu à peu et qu'il avait fini par. se former à sa surface une espèce de croûte solide sur laquelle notre humanité gravite aujourd’hui, et bien d’autres choses encore. Mais tout ceci est faux, il suffit de réfléchir un instant pour s’en convaincre et s'assurer que tout ce qui existe n'est indubitablement di qu’à l’œuvre de quelque désœuvré qui se trouvait là comme par hasard, bien avant que notre monde existe. Ainsi moi qui vous parle j'étais resté dans cet état d'esprit, je croyais bénévolement tout ce qu'avait ra- conté nos plus illustres savants, ainsi considérés comme tels par le monde entier; aujourd’hui, je vois clair que tout jusqu'à ce jour n'avait été qu'erreurs sur erreurs, Mais, me direz-vous, comment se fait-il que tout à coup, après avoir admis les choses comme elles étaient enseignées, vous les réfutiez avec tant de véhémence. Je vous attendais là, chers lecteurs, et lorsque vous aurez pris connaissance des quelques lignes qui vont suivre, je ne doute pas un seul instant que vous serez de mon avis pour renverser l'édifice des opinions ultra-scientifiques admises par vous tous présentement. En effet pour en arriver à l’état d'esprit où je suis, il m’a suffit de lire les quelques lignes que consacre un grand quotidien à la vulgarisation des sciences, par l’organe d’un chroniqueur pseudo-scien- üfique, qui, au moyen d'arguments soi-disant irréfuta- bles, tapait à tour de bras sur ce qui avait été dit jus- qu'alors. Vous avez sans doute appris que l’on venait de décou- vrir certaines empreintes mystérieuses dans l’intérieur d'un bloc de grès, à Warnambool (Australie). Un savant docteur, professeur de faculté étrangère à qui l’on avait communiqué la découverte, très intrigué du fait, n'avait pas hésité à faire le voyage tout exprès, pour étudier avec plus de certitude ce mystère insondable. Après avoir examiné, de visu ces empreintes, il en avait conclu qu'eiles appartenaient a l'espèce humaine et qu'elles avaient été laissées là, par le pied d’un de ces représentants d’une époque ancestrale. Eh bien, vous allez juger la valeur de tout ce qui précède. Tout comme vous peut-être, j'avais bien voulu croire à ces derniers comptes rendus comme à ceux dont je vous entretenais plus haut; mais il m'a fallu me rendre à l'évidence de ma trop grande crédulité. Je vous vois d'ici, chers lecteurs, vous attendez avec impatience comment tout cela va tourner et vous crai- gnez déjà d'être obligés d'abandonner vos idées sous peine de rester dans l'erreur. Voici, j'arrive au fait, et pour cela je me fais l'inter- prète du chroniqueur scientifique cité plus haut, celui dont le raisonnement marqué au coin du bon sens, m'a enfin ouvert les yeux, et qui disait à peu près ceci: Savez- vous à quelle époque le déméloir a été inventé et quel était son premier usage ? | Je vous vois sourire, craignant déjà d’avoir affaire à un fou, et mettre votre cerveau à la torture pour trouver le rapport qui peut exister, entre un « peigne » et des empreintes fossiles. Voici l'explication du rébus. «Vous connaissez sans doute les « bilobites »; vous avez bien voulu croire que ces empreintes étaient des moulages d’algues tertiaires (sic). Pauvres d’esprit, n’avez-vous denc pas compris que ces vestiges étaient l’œuvre d'une manière de Pithécanthrope de cetemps-là, qui s’est amusé à effleurer les vases des marais avec un... déméloir (!?) ni plus ni moins que nos joyeux babys, qui font des petits pâtés avec le sable de nos plages, au bord de la mer. Êtes-vous convaincus? Non certes, me direz-vous. En effet il s’agit maintenant de remettre les choses au point. Comme nous l’avions toujours supposé, les « bilobites » sont bien des muulages’ laissés par des algues sur les 14% LE NATURALISTE vases submergées; mais ils sont de l’époque primaire, du silurien inférieur, et non pas dutertiaire, quoi qu'en dise le chroniqueur scientifique en question. À cette époque je ne pense pas que les peignes fussent inventés. Rien que ceci démontre, que pour tourner les sciences en déri- sion et couvrir de ridicule nos savants les plus autorisés, il ne suffit pas d’être doctus cum libro, mais qu’il faut savoir interpréter les livres, ce qui est plus difficile que de vanter à ses congénères un philtre enchanteur, qui doit les rendre forts comme une fourmi. CRUZIANA. Histoire Naturelle DES OISEAUX EXOTIQUES DE VOLIÈRE Colombe grivelée. Vulg. Colombe Wonga. Cette Colombe s'éloigne des espèces précédentes par ses tarses plus élevés, ses formes plus arrondies, la tête — Leucosarcia picata (Lath.). plus forte et le bec plus long. Sa taille est de 41 centi- | mètres. Le cou et le ventre sont blancs; le dos, le dessus des ailes et de la queue sont d'un bleu ardoisé ; la gorge est ornée d’un large collier blanc qui commence en pointe au-dessous des oreilles pour s'étendre en fer à cheval sur la poitrine; les flancs sont parsemés de tache trian- gulaires noires à reflets métalliques, qui ont valu à cet oiseau le nom de Colombe grivelée; les rémiges sont brunes les rectrices inférieures de la queue d’un brun foncé, à pointe plus claire. Le bec est noir pourpré, les pieds rouge carmin., La femelle est un peu plus petite; elle se distingue par la teinte brunâtre du dos et des ailes et par la calotte blanche de la tête qui est moins étendue que celle du mâle. La Colombe grivelée habite l'Australie où les indi- gènes la nomment Wonga-Wonga; elle perche peu, mais court sans cesse à la recherche de sa nourriture au mi- lieu des contrées couvertes de buissons qui avoisinent les bords de la mer. « Cet oiseau, dit Gould, mérite de fixer notre attention. Il est fort beau, et sa chair est un des mets les plus délicieux. Il est fort regrettable qu'un oi- seau aussi excellent ne soit pas répandu sur toute la sur- face du pays. On le chercheraït en vain dans les plaines et sur les collines découvertes ; il n’habite que les buis- sons, le long de la côte. Ses tarses élevés indiquent qu'il vit sur le sol; il s’y tient, en effet, toujours caché dans les fourrés les plus serrés, {s’exposant rarement aux rayons du soleil. Pendant que je parcourais les forêts, je fus souvent surpris par le bruit que faisaient des Wongas- Wongas en s’élevant comme des Faisans. Leur vol n’est pas de longue durée; l'oiseau ne vole que pour échapper à un danger pressant ou pour se poser sur quelque branche. » Assez rarement importée, cette espèce s’acclimate fa- cilement et supporte très bien le froid ; elle est robuste et d’une longévité remarquable. D'un naturel craintif, elle est sans danger pour ses compagnons de captivité, mais on à pu rarement obtenir sa reproduction. On la nourrit de graines variées. Colombe marquetée. — Geophaps scripta (Tem. ) Vulg. Colombine marquetée. La taille de cette espèce est de 33 centimètres; elle est de la grosseur de notre Perdrix grise ; le dos et la poi- trine sont brun clair, le reste de la partie inférieure du corps d’un gris cendré; les flancs blancs, les plumes du ventre d’un brun jaunâtre, les couvertures des ailes fran- gées de brun-jaune ressemblant à de petites plaques de marqueterie, au milieu de chaque aile un petit miroir frangé, à reflets pourpres,entouré d’un filet noir ; la gorge, une bande s'étendant de l'œil à la mandibule inférieure et une tache sur les côtés du cou d’un blanc de neige ; sur le fond clair du plumage se détachent des lignes noires ressemblant à des caractères d'imprimerie; l’œil est entouré d’un cercle gris bleuâtre, le bec est noir et les pieds rouge vineux. Cette Colombe habite l'Australie; elle est surtout commune entre le fleuve de Murray et la côte du Sud. « Ces oiseaux, qui se rencontrent en assez grand nombre dans les bois et les ravins, sont communément par paire et on les voit toujours sur le sol, cherchant parmi les détritus les baies et les graines qui composent leur nourriture, le plus souvent dans les localités humides et près de l’eau. Leur vol est assez lourd, car elles courent plus qu'elles ne volent, et ressemble à celui de la Perdrix ; leur nid est généralement sur le sol, au pied de buissons épais, et se compose de petites bü- chettes; il est très plat. Leur chair est estimée et d'un goût délicat. » (J. Verreaux.) Gould, qui a observé également cette Colombe, dit : «C’est un des meil- leurs oiseaux que j'ai mangés pendant mon séjour en Australie ; il ne le cède même, sous ce rapport, à au- cun autre oiseau. Quand on les approche, ils fuient en courant avec une grande vitesse et rasent la terre. Quand ils se lèvent, ils produisent avec leurs ailes un fort bruissement. Généralement ils se réfugient vers quel- que autre endroit de la plaine; souvent aussi ils se DEEE sur quelque branche horizontale, s’y tapissent et s’y cachent si bien qu'on a de la peine à les cpenee voir. » La Colombe marquetée est rare encore dans le com- merce et d'un prix élevé. Elle est délicate et redoute le froid, maiselle se montre d’une grande docilité en vo- lière et bien disposée à s’y reproduire. On la nourrit comme les autres colombidés. Colombe poignardée. (Loth.). Cette espèce mesure 25 à 28 centimètres de longueur ; elle est de la grosseur de notre Tourterelle des bois, mais sa queue est plus courte et ses formes plus ramassées, Elle a le front gris, la tête violette, le cou et le dos gris bleu à reflets rouges et verts, depuis la nuque jusqu'aux épaules. Les ailes sont gris perle et barrées de brun roux ; la queue est d'un gris bleu et terminée par une bande couleur de chocolat. Toute la face inférieure du corps est blanche et la gorge est ornée d’une tache cra* moisie, figurant une blessure d'où le sang s’écoulerait et qui a valu à cet oiseau le nom de Colombe poignardée. — Phlogænas cruentata Le bec est noirâtre et les pieds rouge brun. La femelle est un peu plus petite, la tache sanglante de la poitrine est plus pâle et moins étendue. La Colombe poignardée habite les iles Philippines et les Célèbes; mais ou ne possède aucun renseignement sur ses mœurs en liberté. Très rare autrefois, elle est importée plus fréquem- ment aujourd'hui; elle est facile à acclimater et se repro- duit en volière. On lui donne pour nourriture diverses graines : millet, navette, alpiste, chènevis, et de temps à autre, des œufs de fourmis et des vers de farine. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur l'identité d’«Hemipygus tuberculosus » etd’ «Hemi- cidaris crenularis ». — (Note de M. Secuin, présentée par M. DE LAPPARENT.) Le Séquanien coralligène des environs de Bourges est riche en Echinides gnathostomes. L’Hemicidaris crenularis et surtout l’'Hemipyqus tuberculosus y sont abondants. Cette note a pour objet de montrer que l’'Hemipygqus lubercu- losus n’est que le jeune âge de l’Hemicidaris crenularis. Pour ‘établir ces faits, l’aufeur a étudié toutes les modifications dans l’évolution de l’apex, et a été conduit par cette étude à constater que toutes les formes de passage existaient entre l'Hemipyqus tuberculosus et l'adulte typique Hemicidaris crenuluris. I y a donc lieu de retrancher de la méthode l'espèce Hemipyqus tuber- culosus. £ Les terrasses de Ia vallée du Rhône en aval de Lyon. — (Note de M. ne Lamorxe.) Les terrasses des environs de Lyon, Saint-Rambert et de Valence, au lieu de plonger rapidement vers l’aval et de s’effacer à une faible distance de la limite des anciens glaciers, s'étendent jusqu'à la mer en conservant les mêmes altitudes relatives. Si on remarque en outre que MM. Sevastos et Schaffer ont récem- ment retrouvé dans le bassin du Danube la série des niveaux de l’Isser, on est fondé à admettre que les déplacements du niveau de base à partir du Pliocène ancien ont été concordants dans toute l’étendue du bassin de la Méditerranée; que la formation des terrasses est liée exclusivement à ces déplacements, et qu’elle est par suite complètement indépendante des oscillations des glaciers; enfin, que l’on doit retrouver sur la rive nord de la Méditerranée les mêmes lignes de rivage que sur la côte algé- rienné. Une invasion d'algues méridionales (« Colpomenia sinuosa”») sur les huîtres de la rivière de Vannes. — (Note de Fabre DoMERGuE, présentée par M. Borner.) Ces Colpomenia sinuosa, auxquels les ostréiculteurs dela région avaient donné le nom « fort justifié » d’ailleurs de Ballons, affectent la forme de petites outres d’un brun verdâtre qui, micros- copiques au début, atteignent assez rapidement le volume d’un gros œuf de poule. Formées d’une paroi très mince, élastique et assez fragile, ces outres, habituellement pleines d’eau, s'affaissent sur elles-mêmes au moment de la basse mer; elles se vident alors de leur contenu par les déchirures de leur enveloppe, mais en raison de l’élasticité cette outre, ainsi vidée, se remplit d'air. Il en résulte qu'au retour du flot, l’algue forme ainsi un véritable petit flotteur, dont le volume est plus que suffisant pour soulever l’huître qui lui sert de support. à . Or, comme à chaque grande marée, au moment où les parcs, situés généralement assez bas, découvrent totalement, les huitres, munies de leurs ballons dûment gonflés d'air, montent à la surface des eaux dès que revient le flot et sont emportées par lui, On conçoit quel énorme préjudice peut causer à l'ostréiculture, l’in- vasion de ce nouveau commensal. Cette plante est répandue dans toutes les mers chaudes. Elle abonde dans la Méditerranée ainsi que dans les parties immédia- tement voisines de l'Atlantique. C’est à Cadix qu’elle a été signa- lée pour la première fois au commencement du siècle dernier. Depuis lors, elle ne semble pas avoir été sûrement trouvée plus au nord. M. Lazaro é Ibiza l'a bien signalée dans plusieurs localités entre Santander et Vigo, mais cette indication ne sau- rait être admise sans quelque réserve. En effet, M. Sauvageau qui a visité la côte cantabrique n'a pas rencontré le Colpomenia, LE NATURALISTE 145 mais seulement le Leathesia difformis Aresch. qui lui ressemble assez pour que la confusion soit possible si l’on n’en étudie pas la structure. Or, le Leathesia n’est pas cité dans le catalogue de M. Lazaro. Le Colpomenia n'existait pas autrefois dans le golfe du Mor- bihan. Ni Prouhet Le Lièvre de la Marinière, ni Liloyd, ni Thuret ne l'y ont rencontré. On se trouve donc en présence d'un cas d’acclimatation fortuit, dû certainement aux conditions particulières de la mer intérieure qu'est le golfe du Morbihan. Le Colpomenia, venu là sans doute sur la coque d’un bateau, a trouvé dans ces eaux chaudes et vaseuses un milieu éminemment favorable, car il y croit avec vigueur et les échantillons de cette provenance, étudiés par M. Bornet, se sont montrés couverts de pores fructifères d’où essaiment des myriades de zoospores. Parmi les moyens proposés pour la destruction des algues (chaulage, mise en silo des huitres, etc.), aucun n’a donné de résultats appréciables. Seul le balayage des huitrières avec des fagots épineux qui crèvent les « ballons » et en détruisent, par conséquent, l'effet nuisible, a permis de lutter avec quelques succès contre ce fléau d’un nouveau genre. Il est d’ailleurs pro- bable que le Colpomenia ne s’attardera pas indéfiniment dans les eaux bretonnes et que le premier hiver un peu rude l’anéan- tira complètement. Pour la même raison, on est en droit d’espé- rer que l'espèce ne sortira pas de la région où elle est actuelle- ment cantonnée. Sur les spores d’un «Streptothrix ». — (Notede MM. Broco- Rousseu et M. Prerrre, présentée par M. G. Boxnier.) Le Streptothrix Dassonvillei qui est une cause générale d’al- tération des graines et des fourrages, se cultive aisément à con- dition de lui donner un milieu nutritif suffisamment riche en azote organique et en présence de l'oxygène. Le champignon emprunte dans la nature l’azote aux matières albuminoiïdes des végétaux sur lesquels il se développe. Sa sporulation se traduit par la formation à la surface des cultures d’une efflorescence blanc grisätre, d'aspect crayeux. Si on fait des cultures en bouillons, de façon que l'accès de l'oxygène soit le plus grand possible, il se forme à la surface du bouillon une multitude de croûtes légères, blanc grisätre, présentant la structure d’un faux tissu; ce sont des efflorescences presque exclusivement composées de spores : par suite, il est facile d'éliminer tous les flocons mycéliens en siphonant le liquide en dessous des efflorescences et en le remplaçant à plu- sieurs reprises par de l’eau distillée. Les spores sont ainsi recueillies. Les spores recueillies sont lavées à neutralité. Elles sont séchées à 1109 pour être analysées. En masse, elles se présentent sous forme d’une poudre grisâtre. L’épuisement à l’éther enlève 1,35 p. 100 d'une substance soluble très vivement colorée en jaune et qui cristallise en grande partie. Le phosphore constitue à lui sful plus de la moitié des cendres. Il existe à l’état de combinaison organique; une faible partie se trouve combinée à la chaux. Il est intéressant de cons- tater aussi la présence de silice dans les spores. L'absence de chlore est très remarquable, car les cultures ont été faites dans un bouillon salé (5 grammes de NaCI par litres. Lasporuiation paraît donc être, au point de vue chimique, untravail bien spécial, puisque le champigon fait un choix parnn les minéraux mis à sa disposition. Le chlore et le chlorure de sodium ne semblent donc pas séjourner dans le cytoplasme d'une façon générale ; ce sont des éléments d'inhibition, des éléments extra- cellulaires; de plus, l’absence totale de chlore incite à penser que ce corps n’est pas nécessaire à l'être futur, au moins au début de son développement. Il a été démontré, du reste, que les chlorures sont non seule- ment inutiles, mais même nuisibles à la végétation. L'absence de soufre est encore plus inattendue, car ce corps existe dans la plupart des matières albuminoïdes. Ces recherches sur les spores d’un champignon inférieur con- tribuent à faire connaitre la composition chimique de la sub- stance de l'être pendant ce passage à l’état de vie ralentie où s'opère une condensation des éléments strictement nécessaires à une régénération plus où moins proche. 146 LE NATURALISTE LIVRES NOUVEAUX Troisième édition de la Flore complète de la France, par M. Grasrox Bonnier, professeur de Botanique à la Sorbonne, membre de l'Institut, et G. pe Lavews, lauréat de l'Académie des Sciences. En vente chez les Fils d'Émile Deyrolle. Broché, 9 francs, franco 9 fr. 90; relié, 10 francs, franco, 11 francs. La Flore complète de la France, dont le succès a été, comme or sait considérable, vient de paraître à sa troisième édition. Le volume a été complètement refondu et renferme des centaines de corrections et additions. M. Gaston Bonnier a été aidé dans ce travail de revision par MM. Molliard, Houdaille, Dufour et Masclef. L'ouvrage comprend près de six mille figures dans le texte, et les tableaux illustrés conduisent avec une exlrême facilité, et sans l'emploi de mots techniques à la détermination des espèces. La revision de cette nouvelle édition a porté aussi sur la dis- tribution géographique des plantes, et une disposition typogra- phique «spéciale permet au lecteur de transformer à son gré cette flore complète et une flore locale. Une carte des régions de la France aide encore à cette spécialisation. On a dit avec raison que cet ouvrage avait causé une révolu- tion dans l'étude de la Botanique descriptive française. Atlas colorié des plantes et des animaux des côtes de France, par Dr M. LanGeron. 1 vol. in-8, avec 24 planches, comprenantenviron 250 figures coloriées cartonné, 7 fr. 50 franco 1 fr. 95. En vente chez les Fils d'Émile Deyrolle. L'Atlas colorié des plantes et des animaux des côtes de France, de M. Maurice Langeron. sera un guide précieux pour les naturalistes et les amateurs d'histoire naturelle qui désirent se familiariser avec la connaissance de la flore et de la faune. Dans une première partie, se trouvent décrites les plantes caractéristiques de la flore côtière, c’est-à-dire vivant au voisi- nage de la mer ou dans les endroits qu’elle envahit périodique- ment. Dans une deuxième partie se trouve la description des algues marines, les charmants. végétaux qui séduisent à la fois par la variété de leurs couleurs et l'élégance de leurs formes tous ceux qui s'intéressent aux choses de la nature. La troisième partie à trait à la faune marine : éponges, actinées, polypes, méduses, étoiles de mer et oursins, vers, crustacés, coquilles et mollusques, bryozoaires et poissons. Vingt-quatre planches, comprenant environ 250 figures, repré- sentent tous les types d’animaux et de plantes et permettent d'arri- ver à une détermination facile des espèces récoltées. C'est un excellent ouvrage d'initiation qui répondra à tous les desiderata des simples amateurs d'histoire naturelle. Les natura- listes eux-mêmes trouveront profit à le consulter, au cours de leurs promenades au bord de la mer, quitte à avoir recours plus tard aux ouvrages de l'Histoire naturelle dé la France publiés par la maison Deyrolle pour les déterminations, de toutes les espèces, Évoluiion et transformisme ou les lois de l'Umivers, par ALBERT ET ALEXANDRE Mary. Tome I. — Evolution et Transformisme. Exactitude du Trans- formisme dans son application à l’évolution du Type Ammo- nite. 1904-1905, in-80, frontispice, 3 pl. hors texte, 4 arbre généalogique. Prix : 1 franc, franco 1 fr. 10. Tome IT. — Contribution au Polyphylétisme par l'étude anato- mique et généalogique des Mollusques. 1905, in-8°, 14 pl. chromolithographiques hors texte, 4 arbres généalogiques, Prix 3 fr. 50, franco 3 fr. 85. De leur important ouvrage sur l'Evolution et le Transfor- misme, MM. Albert et Alexandre Mary n'ont encore publié que les deux premiers fascicules, c’est-à-dire l’Introduction de ce vaste travail, entrepris sur un ensemble de questions scienti- fiques, philosophiques, sociologiques, qui embrasse toute l’éten- due des connaissances humaines. La première partie de cette Introduction : Exactitude du Transformisme,etc., établit, dès l'abord par une étude générale, puis, par celle de l'Evolution paléontologique des Céphalopodes Testacés, choisis comme exemple, la réalité des faits de Trans- formisme. D'ailleurs d'un grand intérêt scientifique, ce premier fascicule « populaire » démontre surabondamment, en effet, que la théorie évolutionniste, en général, et transformiste en particu- lier, n'est pas comme l'ignorance ou la mauvaise foi le prés tendent, une « hypothèse sans fondement », mais bien, selon l'expression très-juste de C. Flammarion, « une constatation de faits ». Et certes, l'ignorance prétentieuse et la mauvaise foi, la mauvaise foi surtout, ne trouvent pas grâce devant les auteurs du Transformisme, et c'est justicel Tandis que la première partie de l'Introduction expose « quelques-uns des principes généraux dont l’ensemble de l'ou- vrage ne sera que le développement » et répond à la question : «YŸ a-t-il Evolution et Transformisme ? », le second fascicule, Contribution au Polyphylétisme, etc. », censidère une autre face du problème naturaliste, et, reprenant quelques constatations déjà formulées dans le tome Ier, répond à cette seconde ques- tion : « Comment l’état actuel de la science permet-il de com- prendre l'Evolution et le Transformisme ? » En regardant l’évo- lution des groupes vivants comme isolée (de là le terme de polyphylétisme), les deux naturalistes beauvaisins anéantissent l'objection paléontologique opposée à l'Evolutionnisme moniste, et ce n’est pas sans une certaine surprise, peut-être, que l’on voit à quel point l'Embryologie corroboreleurs vues. Selon MM. Mary, les prototypes des groupes sont dus à des actes réitérés de géné- ration spontanée, c'est-à-dire au développement embryogénique, dans les milieux naturels, de Monères formées par la combinai- son chimique des éléments du Protoplasma. Le Transformisme moniste, désormais, peut donc se passer bien volontiers des intermédiaires si äprement réclamés par ses adversaires. Ajoutons enfin que le deuxième fascicule renferme également : le Plan général de l’ouvrage, ainsi que le premier chapitre de la première partie, où sont exposés quelques-uns des résultats des très nouvelles études des auteurs sur une forme sarcodaire d’eau douce découverte par eux. Les tomes suivants développeront d'ailleurs longuement et de façon la plus documentée, les principes synthétisés d’une si attachante façon dans l’Introduction, et nous ne croyons pas nous exagérer la valeur si réelle de l’œuvre de MM. Albert et Alexandre Mary, en disant dès maintenant que très probable- ment, leur conception évolutionniste se différencierà autant de celle de l’école du vénéré Haëckel, que la conception de cette dernière s'est différenciée de, celle de Lamarck et de Darwin. Le transformisme appliqué à lagriculture, par J. Cosranrin, professeur au Muséum d'Histoire naturelle, A vol. in-8°,avec 105 figures dans le texte, cartonné à l’anglaise, 6 francs, franco 6 fr. 70. En vente chez les Fils d'Emile Dey rolle. La fin du xixe siècle à été marquée par une découverte impor- tante, celle de la mutation des plantes. Cherchée vainement pour les métaux, la transmutation est une réalité maintenant scientifiquement établie pour les êtres vivants. On peut donc dire que la preuve expérimentale du transformisme est aujour- d’hui trouvée : c’est ce que l'auteur établit en premier lieu par un ensemble solides de preuves. Il montre ensuite que contrairement, à ce que l’on pourrait attendre d’un problème d'apparence aussi théorique et philoso- phique, des conséquences pratiques de premier ordre découlent de cette notion nouvelle de la mutation. L'étude approfondie des méthodes de sélection employées au laboratoire de Svolôf en Suède établit que l’agriculture la plus fondamentale (celle qui se rapporte aux semences des céréales) ne peut plus se désinté- resser de ces questions qui vont devenir capitales. La découverte de variétés nouvelles quand il s’agit de planter, essentielles à l'alimentation ou à l'industrie de l'humanité, peut avoir une importance primordiale. Il est donc du plus haut inté- rêt de rechercher les lois qui président à leur apparition. C’est là une question toute nouvelle qu'aborde H. Costantin dans la seconde partie de son livre. On peut recommander tout particu- lièrement l'étude du rôle de la culture, de l'alimentation, des mutilations, de la sélection. L'auteur termine par l'examen de la question, si pratique et si capitale du changement de graines. Le {ransformisme appliqué à l'agriculture est à la fois un livre très théorique et très pratique. Le penseur y verra la marche en avant dans la société des idées de Darwin. Le prati- cien, l’horticulteur, l'agronome, y trouveront une ample moisson de faits nouveaux dont ils pourront tirer profit dans une multi- tude de circonstances. LE NATURALISTE 147 CE ee À Maladie des Glands M. Laboulbène a faït 1} y à quelques années une communica- tion à la Société nationale d'Agriculture sur l’examen auquel il s’est livré de glands de chéne récoltés sur la lisière du départe- ment des Landes. Ces glands qui servent à la nourriture des porcs et qui sont même l’objet d'un commerce aussi important, étaien! impropres à la vente parce qu'ils étaient déformés, devenus brunâtres et offraient des altérations dans leur intérieur. M. Laboulbène avait pensé d'abord qu'il s'agissait des atla- ques d’un coléoptère charansonite, le Balaninus glandium. Mais, aprés avoir coupé les fruits du chêne, il les a trouvés non seu lement plus petits, parfois atrophiés, de coloration changée, mais de plus, vers leur base ou sur les côtés, il y avait des portions de tissus très fortement indurées et bosselées. Les altérations avaient atteint le tiers, au plus la moitié, jamais la totalité des grains. En ouvrant les portions dures, on voyait plu- sieurs petites loges renfermant toutes une larve fortement in- curvée, blanchätre. Cette larve ne présentait pas les caractères d'une larve de coléoptère; elle offrait ceux d’une larve d’hymé- noptère producteur de galles de la famille des Cynipides. Il s'agissait en réalité d'un insecte gallicole développé dans le gland du chène et qui ne quitte point l'endroit où il a vécu. L’insecte parfait sort de la loge même où il s’est transformé. M. Joseph Giraud est le premier qui ait fait connaitre les altérations des glands dont il s’agit et qui les ait rapportées à PAndricus glandium. L'attaque des glands de chène par cet insecte est signalée, croit M. Laboulbène, pour la première fois dans notre pays. Le petit hyménoptère d’un brun luisant, éclos des larves et sorti des renflements galliformes, ne produit que des ravages limités, D'autre part, les parasites qu'il doit avoir comme ses congénères ne tarderaient pas à arrêter ses déprédations. M. Laboulbène ne pense pas que les glands renfermant les larves de l'Andricus dans leurs loges soient impropres à la nourriture des porcs. Probablement, elle ne peut pas être nuisible pour cet animal qui mange si facilement les petits cadavres de rats et tant d'au- tres aliments grossiers sans être incommodé. Les porcs avalent tous les glands qu'ils rencontrent à terre ayant eu ou non des larves d’insectes dans l’intérieur du fruit; au plus, dit en termi- nant M. Laboulbène, pourrait-on conseiller pour rendre absolu- ment des larves inoffensives de faire bouillir les glands suspects avant de lés donner aux animaux domestiques. D'après le directeur de l'Ecole pratique d'agriculture de Pau, cet hyménoptère particulier au chêne Cerris a attaqué dans le Lot-et-Garonue les glands du chèue-liège dont la glandée est aussi recherchée que le maïs pour l’engraissement des porcs. On avait d'abord attribué à la présence des larves contenues dans le fruit du chêne une maladie qui sévissait dans la con- trée sur la race porcine. L'enquête à laquelle on s’est livré a démontré que les animaux avaient soin de ne manger que la partie saine des glands. Bibliographie 454. Pratt (E.). The Digestive Organs of the Alcyonaria and their Relation to the Mesoglœal Cell Plexus. Quart. Journ. Micr. Sc., n° 19%, nov. 1905, pp. 327-362, pl. XX-XXIF. 455%. Prudhomme (E.). La sériciculture à Madagascar (suite). : : L'agric. prat. des pays chauds, n° 32, 1905, pp. 395-403. 432 bis. Rathbun (Miss M.-J.). Les Crabes d’eau douce (Potamonidæ). Nouv. Arch. du Mus. d'hist. nat. Paris, VII, 1905, È pp. 159-321, pl. XIII-XXII. 456. Retterer (E.). Structure et histogénése de l'Os. Journ. de l'Anat. el de la Physiol., nov.-déc. 1905, pp. 561-640, fig. 45%. Schmidt (J.). On the Larval and post-Larval stages of the Torsk (Brosmius brosme Ascan). Medd. fra Komm. f. Havundersogelser, ser. Fisk., Bd. I, n° 8, 1905, pp. 1-10, pl. I. 458. Schmidt (J.). The Pelagic Post-Larval Stages of the atlantic species of Gadus, part. I. Medd. fra Komm. f. Havundersogelser, sér. Plankton, Bd. I, n° 4, 1905, pp. 1-17, pl. I-ÏIL, fig. 459. Sloane (T.). Revisional notes on Australia Carabidæ. Part. II. | Proc. of the Linn. soc. of N. S. W., 1905, pp. 103-135. 460. Spengel (J.-W.). Betrachtungen über die Architek- tonik der Tiere. Zool. Jahrb., suppl. VIII, 1905, pp. 639-654. 4614. 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Levé, 17, rue Cassette. 148 LE NATURALISTE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7°) VIENT DE PARAÎTRE : HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE 1" PARTIE GÉNÉBRALITES L'Enchaïînement des Organismes Introduction à l'Histoire Naturelle PAR GASTON BONNIER Membre de l’Institut, Professeur à la Sorbonne Ouvrage renfermant 576 figures inédites Prix, broché : 4 fr. — franco : 4 fr. 50 Cartonné : © fr. 5 en plus Cet ouvrage est conçu suivant un plan entièrement nouveau. Au lieu d'insister sur les distinctions entre les Procket Lépidostee Perche Esturgeon Intermédiaires entre la queue à deux parties très inégales et la queue à deux parties égales, chez divers Poissons, diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d’une manière frappante, les liaisons qui s'établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l'état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C'est un volume d'une lecture suggestive, accompagné è Jbes olfactifs ter NN Zémisphères "mIsphel NN couvrant Le 4émispheres. : ee ur opliques lobes el u7e plques. à . du cervelet cervelet-" + pulheT KANGUROO ADULTE TRÈS JEUNE CHAT CHAT ADULTE Comparaison du cerveau d'un Kanguroo avec celui d’un très jeune Chat et celui d’un Chat adulte de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécian lement pour cet ouvrage. En rédigeant l'£nchaînement des Organismes, le savant. membre de l’Académie des Sciences ne s’est pas laissé 1 limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur n’a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il à mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. | M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som: maire des formes principales, et décrit plus particulières ment les formes intermédiaires, les transitions entre les R divers groupes et entre les diverses parties constitutives à des animaux et des végétaux. ; Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un expos suceinet de l’organisation du corps humain, et, avant K série végétale, un résumé de l'étude d'une plante. Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con: À cerne la description des organes, des fonctions et du déve À loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté | tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d’être lu pan tous et par toutes. En présentant, d'une manière aussi simple que possible, } les liaisons éntre les formes animales ou végétales, vivantes. NE Ne Û nl CRIER CAINTYA oh RAI ÿ} ST Nos LA ( 1 2 [3 | 4 NUS Ÿ à S à S RÙ | ER N Monocotylédones Dicotylédones : Diverses feuilles montrant les transitions entre les Monocotylédones et les Dicotylédones. | ou fossiles, M. Gaston Bonnier n'a exposé aucune théorié Les faits sont mis sous les yeux du lecteur ; il en tirera lé conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant. son état d'esprit. : | Il n’est donc question ni d’origine ni de parenté des êtres | dans cet ouvrage qui n'a pas d'autre prétention que dé chercher à répandre le goût des Sciences naturelles. 28° ANNÉE gs Le Vésuve Géographie physique. — Géologie. Eruptions anciennes et modernes. Supposons un moment que nous nous élevions en ballon au-dessus de la baie de Naples. Au fond nous apercevrions les derniers contreforts des Apennins venant mourir dans la plaine des environs de Naples, et envoyant un prolongement au Sud-Est pour former la presqu’ile de Sorrente qui sépare le golfe de Naples du golfe de Salerne et qui est terminé par l'ile de Capri. Enire les derniers contreforts des montagnes et la mer se trouve une plaine richement arrosée qui ferme la Campanie, d’une largeur de 20 kilomètres environ, mais qui s'étend sur une assez grande longueur entre les montagnes et la mer. Sur le bord de la mer une région tourmentée et dénudée offrant l’aspect d'une contrée qui aurait été dévastée par un vaste incendie et qui fumerait encore, c’est la région volcanique comportant deux parties dis- tinctes : le Vésuve. qui représente la partie active, et les Champs Phlégréens, champs maudits-des anciens avec leurs solfatares qui représentent une phase moins active des phénomènes volcaniques. Cette région se prolonge dans la mer par les iles de Procida et d’Ischia, fermant le golfe de Naples. Entre les Champs Phlégréens et le Vésuve s'élève au bord de la mer, en amphithéâtre dans lé cratère d’un ancien volcan dont la moitié se serait effondrée, la ville de Naples comme un diamant enchâssé dans la lave. Le Vésuve est situé à environ 10 kilomètres de Naples; on l’aperçoit de tous les coins de la ville, il offre distinc- tement deux sommets, le premier dont l'altitude immuable est de 1.020 mèties constitue Ja Somma. le second est le Vésuve proprement dit et sujet à des variations de hauteur incessantes. Durant les petites éruptions, le sommet du Vésuve tend à s'élever par suite de l'apport de matériaux, tandis que dans les grands cataclysmes, par suite des explosions, ce même sommet est continuellement démantelé et sa hauteur s’abaisse d’une facon notable. Si nous entreprenons l'ascension du Vésuve, nous partirons du village de Resina et en trois quarts d'heure nous atceindrons les premières laves à l'altitude de 676 mètres. Durant la première partie de cette ascension nous parcourrons une région on ne peut plus riche en cultures, principalement en vignes. En effet, c’est sur les flancs du Vésuve que l’on récolte le fameux vin de Lacryma-Oristi. Toute cette région est étonnamment fertile, le sol est composé de matériaux volcaniques, qui par leur décomposition donnent un sol riche en potasse fertilisant au premier chef : cest pour cela que les popu- lations qui sont chassées par les éruptions du volcan ne tardent pas à reprendre la culture sur cette terre dan- gereuse, qui leur rend cependant leur peine au cen- tuple. On continue l’ascension et après avoir gravi environ 2 SÉRIE — IN° AGÆ 1°" JUILLET 1906 EE ENS A + | 300 mètres, on arrive à la hauteur de 876 mètres où se trouve l'observatoire près duquel existe une auberge. La dernière partie de l'ascension se fait au moyen d’un petit chemin de fer funiculaire. En douze minutes, le petit ferrovia conduit les touristes à l'altitude de 1.200 mètres, de là on monte au cratère, 1.300 mètres : en un quart d'heure. Dans cette dernière partie de l’as- cension, on monte, l’on peut dire, en pleine lave et l’on a devant les yeux comme une éruption volcanique soli- difiée. La contemplation du cratère est très impressionnante. On se trouve au bord d’un gouffre taillé presque à pic d'où s'échappent des vapeurs de soufre et de la vapeur d’eau au fond ; en certaines occasions, on peut voir la lave bouillonner, tandis que, de temps à autre, une petite explosion fait tressaillir le spectateur. Le cratère du Vésuve n’est pas le seul endroit par où le volcan rejette des matières en fusion; lors des érup- tions, il se fait souvent des cratères adventifs, la lave peut aussi percer le cratère par un long couloir et s’é- couler par une ouverture de ses flancs. Toujours en mouvement et toujours changeant, tel est la physio- nomie du Vésuve. Dans les temps anciens, le Vésuve avait-il l'aspect qu'il a aujourd'hui ? Bien des hypothèses ont été émises sur ce sujet. Les anciens ne l’avaient jamais connu en éruption jusqu’à l'an 79, où furent détruits Herculanum et Pompéi. Son aspect cependant leur laissait penser que le feu avait été pour queique chose dans sa formation, ils en faisaient la demeure de Vulcain. Vitruve parle des ponces et des pouzzolanes qu'il pensait être des roches cuites ; Strabon en parle et dit qu'à cause des roches scoriacées la montagne a dû être le siège d’un embrasement. Quant à sa configuration, d'après Secchi, le cône formé par la Somma présentait, du côté sud, un escarpement abrupt et son sommet était plat. D'après Daubeny et Lyell, il y avait un cône régulier avec un cratère très abrupt vers l'intérieur de la cavité. Strabon se borne à dire que le fond était plat; il ne parle pas de cavité ; pour Van Roth, le Vésuve avait déjà en 79 sa forme actuelle, la Somma serait la surface plane décrite par Strabon. Un premier tremblement de terre eut lieu en 63 sous le règne de Claude ; les habitants de Pompéi notamment réparèrent leurs maisons, il leur fut accordé des privilèges à cette occasion. En 79 après Jésus-Christ eut lieu la célèbre éruption qui ensevelit sous une pluie de cendres Herculanum et Pompéi et coûta la vie à Pline l'Ancien dit le Naturaliste. Ces deux villes demeurèrent ense- velies sous, leur manteau de cendres durant dix-sent siècles et ne furent exhumées de leur tombeau qu'au commencement du siècle dernier. Puis le volcan rentra dans le calme, une nouvelle éruption eut lieu en 203 sous Sévère, une autre en #72 qui fut racontée par Pro- cope, puis les éruptions se succédèrent : 512, 685, 993 1139, 1500, puis la mémorable éruption de 1631 ; dans toutes ces éruptions les dégâts, durent être médiocres, car les pentes étaient couvertes en 1631 d’une riche végétation et dans le cratère existait une forêt de vieux arbres. En 1631 eut lieu une formidable éruption : le 15 septembre de cette année, après de nombreuses secousses, le volcan entre en éruption, des cendres furent projetées en grande abondance, le vent les porta jusqu’en Grèce, C'est à cette éruption que la lave apparut pour la première fois elle fut produite en abondance ER 150 LE NATURALISTE et couvrit le Vésuve d’une hauteur de 7 à 8 mètres. C'est cette lave qui est exploitée à l'heure actuelle pour la construction de la ville de Naples. Ce cataclysme couta la vie à trois mille personnes. Cette éruption causa un des plus grands changements dans la hauteur du Vésuve. Avant l’éruption, le Vésuve dépassait la Somma de 70 mètres, et après l'éruption, il était de 130 mètres au-dessous de cette dernière, ce qui fait une différence de 200 mètres. Nouvelles éruptions en 1660, 1681, 1694, 1697, 1698, 1734, celle-ci importante, car le cratère s’abaissa de nouveau ; l'éruption détruisit Torre del Greco, envahitla ville et s’écoula dans la mer. Une pluie de cendres cou- vrit tous les environs de Naples. À partir de cette époque, le volcan entra dans une phase tout à fait active et ne cessa de rejeter de ja fumée. Du 14 au 19 mai 1737, les tremblements de terre et grondements souterrains augmentèrent;le 20, la mon- tagne était complètement embrasée, et à 9 heures du soir une énorme crevasse se forma dans la montagne entre le sud et l’ouest ; 1l se forma un torrent de feu qui se dirigea sur le village de Resina ; cette éruption se continua jusqu'au 29 mai, mais le volcan ne rentra dans le calme que vingt-deux jours après sa première éruption. ù De nouveaux paroxysmes se produisirent en 1822, 1839, 1850, 1855, 1861, 1865 ; en 1872 eut lieu une érup- tion plus importante. Déjà durant toute l’année 1871, il y eut de nombreuses secousses de tremblement de terre; le commencement de 1872 fut signalé par des explosions assez fortes. et des projections de bombes volcaniques ; le 24 avril de cette année, les laves sortirent du cratère et descendirent jusqu’à l’Atrio del Cavallo, vallée qui sépare la Somma du Vésuve. Dans la nuit du 24 au 26, de nombreux touristes allèrent contempler ce mer- veilleux spectacle de la lave en fusion, lorsqu'il se produisit une terrible explosion et quatre-vingts per- sonnes furent tuées. La coulée de lave n'atteignit pas Torre del Greco, mais détruisit en partie Massa et Sebastiano. En 1883, le cratère était entièrement comblé et à sa partie supérieure était une cuve peu profonde qui lan- cait, avec des vapeurs, des morceaux de lave pâteuse et incandescente. En 1889, puis de 1891 à 1894, le volcan ne cessa d'émettre des laves, ui s’échappaient, non par le cratère, mais à sa base ar un long couloir fai- sant communiquer l’intériey. de celui-ci avec l’Atrio del Cavallo. En 1895, le cône du Vésuve se fendit du haut en bas sur une longueur de 1.600 mètres ;les laves s'y livrèrent passage durant trois où quatre jours, elles s'épanchèrent ensuite durant plus d’un an et demi par un petit côte situé à 750 mètres d'altitude, En 1897, 1898, l'émission de lave se porta 40 mètres plus haut. Le point d'où s'écoule la lave ne se trouve donc plus à présent au sommet du Vésuve, mais dans l’Atrio del Cavallo où s'élève un beau cône de débris qui est sensiblement plus élevé que la Somma. Une période plus intense s’est produite en 1900, et depuis cette époque jusqu’à aujourd'hui le volcan n'a _essé chaque année de donner lieu à des manifestations volcaniques dont j'ai rendu compte dans la revue des uemblements de terre que le Naturaliste veut bien publier chaque année. Ces jours derniers, une éruption beaucoup plus importante a eu lieu et à causé la mort de nombreuses personnes. Comme l'annoncent depuis quelque temps de sourds grondements et l’Observation des instruments sismolo- giques de lobservatoire, une éruption était à craindre. Le 5 avril dernier, un nouveau cratère s'ouvre au sud de la base du Vésuve et menacele village de Bosco Tre- case; un large torrent de laves s’en écoule, et poussant sa marche dévastatrice à raison de 100 mètres à l'heure, une pluie de cendres couvre Résina, Portiei et Naples; un nouveau cratère s'ouvre à côté du premier, lançant de gros blocs qui détruisent la gare inférieure du funi- culaire. Le 7 avril, de nouveaux cratères s'ouvrent à la base du volcan ; la lave coule en abondance et menace Bosco Trecase et Pompéi, un autre torrent de lave se porte sur Resina et Torre del Greco. Sur le versant N.-E. vers Ottojano, neuf cratères s'ouvrent et la lave s’écoule, dans la direction de ce village, sur une largeur de 600 mètres. Le 8 avril, l'éruption continue avec des explosions formidables et la chute de nombreux rochers, une pluie de cendres et de lapilli (petites pierres) obscurcit l'air, les poussières volcaniques couvrent Portici, Avellino, Santa-Anastasia. Les cendres tombées dans la nuit, à Ottojano, atteignent 0 m. 50 de hauteur. La lave atteint une largeur de 200 mètres et une hauteur de 7 mètres de front. Ë Le 9 avril, l'éruption redouble, d'activité ; le grand cône est ruisselant de feu, les vapeurs jaillissent en épais tourbillons, la poussée interne a fait craquer de toutes parts la cheminée centrale du volcan, les flancs de la montagne sont entièrement crevassés et l’on ne peut compter les fissures d’où jaillit la lave. Les cratères supérieurs produisent deux à trois fois par minute de fortes détonations pareilles au roulement du tonnerre, les cratères inférieurs font entendre une série de bruits éclatants distincts les uns des autres qui se succèdent sans trêve ni repos. Une de ces explo- sions plus violentes détermina la destruction de deux cratères regardant Somma Vesuviana, Le cône central lance des laves qui sont particulièrement boueuses ; elles sont projetées en l’air à une hauteur de 700 à 800 mètres et retombent à des distances considérables. Entre San-Sebastiano et Santa-Anastasia, les cendres se sont accumulées en telle quantité qu’elles envahissent les maisons de campagne. La lave s'avance dans toutes les directions en masses compactes, vers Torre del Greco;elle s’est engagée dans un ravin accidenté et s’est précipitée en cascades d’une hauteur de 6 mètres;le cou- rant de lave envahit Torre-Annunziata, et à son contact, les maisons flambent comme de la paille. À Naples, portes et fenêtres sont ébranlées par les secousses de tremblement de terre; à Baïna, Scafati, les maisons menacant ruine sont évacuées, et à San-Giuseppe, l’é- olise s’est écroulée sur les malheureux habitants, qui imploraient la clémence divine, et fait 120 victimes. Le même jour, le marché de Monte-Oliveto, à Naples s'écroule sous le poids des cendres, et l’on retira de des- sous les décombres 12 cadavres et plus de 150 blessées, Le 10 avril, la pluie de cendres continue, les rues sont obscurcies ; la ville de Sarno, dans la province de Salerne, est détruite par la pluie de cendres et de lapillis, la lave lancée par le volcan retombe sous fcrme de filaments nacrés, connus sous le nom de Cheveux de Vénus, mais la cendre tombe avec plus d’abondance et par suite d’un orage amené par les phénomènes électriques consécutifs de l’éruption, la ville de Naples est transformée en un vaste bourbier.De l’autre côté du Vésurve, à Ottajano, le village aété soudainement envahi parla laveet les cen- dres, et le nombre des morts s’est élevé à au moins 200. Le 11 avril, la pluie de cendres et de pierres continue; l'éruption entre cependant dans une période de calme, la lave envahit la ligne du chemin de fer entre Torre del Greco et Naples. Le 12 avril, la pluie de cendres diminue, de légères secousses se font sentir à Somina Vesuviana, Les jours Suivants, l’éruption a presque cessé, les populations désolées tâchent de retrouver sous les cendres leurs maisons etleurs biens, et, sauf quelques petites secousses sans importance aujourd'hui, tout est rentré dans le calme. Cette éruption est une des plus importantes qui ait eu lieu; jamais le volcan, si ce n’est en 79, n’avait rejeté, une aussi grande quantité de cendres et si les secours n'étaient venus à temps, nombre de villages seraient devenus de nouvelles Pompéi: Des observations faites à l'observatoire de Portici sur le cône de projection du Vésuve montrent que le panache épais de sable projeté par le volcan jaillissait le 13 et le 14 avril à la hauteur de 4.300 mètres, la vitesse initiale était de 6 mètres à la seconde, et le diamètre de la colonne à la sortie du cra- tère mesurait 750 mètres de diamètre. On n’a pas encore pu évaluer le chiffre des morts qui ne doit pas être inférieur à 500; les blessés sont en quantité innombrable, et les pertes matérielles ne peuvent se compter. Telle est la vie de ce volcan et le récit de sa dernière éruption ; je voudrais maintenant jeter un rapide coup d'œil sur son évolu- tion,afin de tirer quelques conclusions pour son histoire à venir. Nous voyons au fur et à mesure que le volcan avance en âge les éruptions et phénomènes volcaniques augmenter d'intensité : une phase de calme avant 79; jusqu’en 1631, éruptions assez es- pacées ; à cette époque, apparition des premières laves, puis les éruptionssont plus rapprochées; à partir de 1734, le volcan sera toujours surmonté d’un panache de fumée, et les éruptions se succèdent presque annuellement jus- qu’à l’éruption actuelle, la plus grande qui se soit manifestée. Le Vésuve, à mesure qu'il vieillit, ne tend pas à entrer dans une période de repos, mais à prendre de jour en jour une nouvelle activité. LE NATURALISTE 15 = me LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE ES ANIMAUX Vivants et Fossiles! CHAPITRE II La distribution des animaux dans le temps et dans l’espace envisagée au point de vue de leur genre de vie et de la classe à la- quelle ils appartiennent. $ I. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE DES ANIMAUX MARINS La vie a pris naissance dans la mer : c’est là une pro- position sur laquelle tous les naturalistes sont d'accord. Les premiers organismes qui aient apparu à la surface du globe, végétaux ou animaux des temps primaires, étaient incontestablement marins. L'étude de la faune marine présente donc une grande importance au pointde vue de l’évolution du règne animal, et c’est par elle que nous cCommencerons ce chapitre. Nous passerons ensuite à l'étude de la faune des eaux douces et de la faune ter- restre qui dérivent en grande partie de la faune marine. Conditions d'existence des animeux marins. — Les ani- maux marins se divisent en deux grands groupes 1° ceux qui respirent l'air dissous dans la mer; 2° ceux qui respirent directement l'air atmosphérique, Ce dernier Souhaitons que la science puisse Fig. 1. — Baudroie (Lophius piscalorius); A. forme larvaire apprendre à connaître les nouvelles pélagique; B. adulte, forme littorale (vues dorsales), d'après Agassiz. manifestations volcaniques de la mon- tagne ardente, et puisse en conjurer les nombreux ca- taclysmes pour la sécurité des populations italiennes qui l'entourent. IE. MASssAT. groupe ne comprend que des vertébrés supérieurs adap- tés à un genre de vie exceptionnel. La grand: majorité des animaux marins rentre dans le premier groupe dont on s’occupera plus spécialement ici, et qui comprend les invertébrés marins et les poissons, c'est-à-dire les repré- sentants typiques de la faune marine. Le milieu marin présente beaucoup plus d'uniformité que le milieu terrestre. Presque tous les animaux qui (4) Voir les n°5 458 du Naturalisle et suivants. vivent dans la mer sont munis d'organes de locomotion bien développés. Ceux-là même qui, à l'âge adulte, vivent fixés (Polypes, Echinodermes, Cirrhipèdes, etc.), ont passé par un stade larvaire libre qui leur permet de nager et dese transporter à de grandes distances,ou d’être entraînés par les courants marins. Les poissons eux-mé- mes présentent des formes larvaires de ce genre (fig. 1), chez des espèces qui, à l’âge adulte, mènent une vie sé- dentaire et s'éloignent peu des côtes. La distribution géo- graphique des animaux marins est, par suite, beaucoup plus semblable à celle des animaux pourvus d'ailes (Oiseaux, Insectes aériens) qu'à celle des animaux ter- restres (Reptiles, Mammifères). L'influence de la température de l’air et de l’échauffe- ment produit par le soleil ne se fait sentir que dans les couches les plus superficielles de la mer: dans les grands fonds, la température reste toujours très basse (voisine de 0v), même sous l'équateur, et les courants froids venus des pôles glissent sous les couches superficielles plus chaudes, conformément aux lois de la physique, contri- buent à refroidir les couches intermédiaires. La zone chaude équatoriale, où la température s’élève à 300, n’a qu'une épaisseur relativement très mince, car la chaleur du soleil cesse de se faire sentir entre 100 et 200 mètres de profondeur, suivant les localités et la pureté du ciel. Il en résulte que, pour vivre presque constamment dans un milieu à température égale, il suffit aux animaux marins de s’enfoncer dans la mer ou de se rapprocher de la surface. Dans la zone intertropicale, on a remarqué depuis longtemps que beaucoup d'animaux marins ne venaient à la surface que pendant la nuit, et s’enfoncaient pendant le jour pour échapper à l’ardeur du soleil. Enfin, les barrières naturelles formées par la présence des grands massifs terrestres, peuvent être évitées, grâce aux cou- rants qui Contournent ces continents et font communi- quer les océans entre eux. — La distribution géogra- phique des animaux marins est donc soumise à d’autres lois que celle des animaux terrestres, et cette distribu- tion n’est comparable qu’à celle des animaux aériens. Courants marins. — Les courants contribuent singulié- rement à égaliser les conditions du milieu au sein des Océans. On sait que les courants venant des pôles, viennent sans cesse refroidir les eaux de la zone équato- riale, et qu'à leur tour les eaux qui se sont échauffées sous l'équateur, vont réchauffer les zones tempérées et froides, formant ainsi, dans chaque hémisphère, un tourbillon sans fin, Chaque courant froid est côtoyé par un contre-courant chaud qui coule à côté ou au-dessus de lui, et réciproquement, chaque courant chaud a son contre-courant froid qui coule à côté ou au-dessous de lui. De là, un mélange continuel tendant à uniformiser les températures. Au début des époques géologiques, alors que les con- tinents n'étaient encore représentés que par des îles de peu d’étendue, formées par les roches cristallines qui sont comme le noyau de ces continents, les courants marins devaient couler avec une régularité presque par- faite, dans le sens que le mouvement de rotation de la terre et leur température propre leur imposaient. Le courant équatorial n’était arrêté par aucune masse con- tinentale comparable à l'Afrique ou à l'Amérique cen- trale, et coulait librement dans le sens opposé au mouve- ment du globe, c’est-à-dire de l'Est à l'Ouest, se mélan- geant peu à peusur ses bords avec les eaux plus froides ; au contraire, les courants polaires venant vers l'équateur, LE NATURALISTE s'infléchissaient dans le sens opposé et coulaient oblique- ment vers l'Est. En se mêlant et se superposant, ces cou- rants devaient former, de chaque côté de l’équateur, de grands tourbillons dont la résultante était de réchauffer les régions polaires et d’abaisser la température des ré- gions intertropicales. Aujourdhui, les choses se passent autrement. Par suite de la présence, dans les deux hémisphères, de masses continentales formant barrière au grand courant équatorial (isthme de Panama, Afrique, archipel de la Sonde), ce courant se trouve divisé en trois tronçons qui, se réfléchissant sur les continents qui lui forment bar- rière, se dirigent dans l’océan Atlantique, vers le Nord (origine du Gulf-Stream), — dans l'océan Atlantique éga- lement vers le Nord (origine du Kuro-Siwo), — et dans l'océan Indien, complètement fermé au Nord, vers le Sud (origine du canal de Mozambique). Il s’est formé ainsi, dans l'hémisphère austral, trois tourbillons qui remplacent le tourbillon probablement uniquede l’époque primaire. D'autre part, lestourants froids venant du pôle Sud, par suite de leur inclinaison vers l'Est, refroidissent les côtes occidentales des trois continents : Amérique occidentale, Afrique occidentale, Australie occidentale, tandis que les côtes orientales des mêmes continents sont réchauffées par les branches des trois courants équato- riaux qui se réfléchissent vers le Sud. De même et inver- sement dans l’hémisphère Nord, les courants venant du pôle, repoussés par les courants chauds (Gulf-Stream et Kuro-Siwo), s’infléchissent vers l’'Ouestet apportent leurs eaux froides sur les côtes orientales de l'Amérique du Nord et de l'Asie septentrionale, tandis que les côtes occidentales de l'Amérique septentrionale et celles de l'Europe, sous la même latitude, sont réchauffées par le Gulf-Stream ou le Kuro-Siwo. — Tel est, dans ses traits essentiels, la direction des grands courants à l’époque actuelle. Nous verrons par la suite que cette distribu- tion des eaux, chaudes ou froides, dans les grands océ- ans, explique la plupart des faits de géographie zoolo- gique que nous montrent les animaux marins et beau- coup de ceux que l’on observe chez les animaux ter- restres. Flore pélagique : su faune. —,La flore marine est plus abondante qu’elle ne le semble au premier abord. S'il est vrai que les algues fixées au fond ne $e trouvent que sur les côtes, il ne faut pas oublier qu’au centre même des tourbillons formés par les courants marins, on trouve de vastes prairies d’algues flottantes appelées Sargasses. Ce sont des algues brunes détachées des côtes et qui se sont adaptées à la vie pélagique, formant des rameaux longs parfois de plusieurs kilomètres et qui continuent à croitre, soutenues à la surface par les flotteurs ou vé- sicules aériennes dont leur thalle est muni; elles se laissent entrainer ainsi par le vent et les courants, tour- nant sans cesse dans le même cercle. La principale «mer de Sargasses » se trouve dans l’Atlantique, au Nord du courant équatorial et à l’Est de l’origine du Gulf-Stream, entre les Canaries, les Acores et les Ber- mudes. Il en existe d’autres dans l'Atlantique austral, au Nord des iles Falkland, dans le Pacifique au Nord des iles Sandwich et dans le Sud du même Océan, sous le. parallèle de la Terre-de-Feu. Une mer de Sargasses plus étendue encore (Long Kelp des Anglais) se trouve dans le Sud de l’océan Indien autour des iles Crozet et Ker- guelen. La faune qui vit à l’abri de ces longs rubans de Sar- gasses, est plutôt littorale que pélagique et formée sur- tout de types qui ont abandonné les rivages en même temps que les algues et se sont adaptés à la vie péla- gique. Elle n'en est pas moins assez variée. Un petit poisson, l'Antennarius marmoratus, très singulier par ses nageoires digitées et ses appendices dorsaux, construit son nid au milieu des algues en le fixant à l’aide de fila- ments muqueux très résistants. Des Syngnathes, des Diodons, des Castagnoles (Sparus) se cachent sous le thalle des Sargasses; des Crabes (Neptunus Sayi, Nauti- lograpsus minutus) s'y cramponnent, et des Palémons (Palemon natator) nagent à l’entour. Des Amphipodes, des Mollusques (Scyllea pelagica), une Eolde (Litiopa bombyx) rampent à leur surface; enfin des Hydraires, des Membranipores, des Spirorbes, quelques Annélides, une Planaire, une petite Actinie complètent cette faune (A. MILNE-EpwaRps). La plupart de ces animaux pré- sentent un curieux mimétisme : pour échapper à la vora- cité des poissons carnivores qui rodent autour de ces algues, ils ont revêtu la couleur brun olivâtre, formée par un mélange de taches vertes, jaunes et brunes, qui est celle de ces varechs et que l’on a nommée la livrée des Sargasses. Ces teintes ternes sont d'autant plus re- marquables ici qu'elles tranchent nettement sur la cou- leur bleue, livrée ordinaire des animaux pélagiques, qui se montre sur l'Hippolyte ensiferus (M.-£dw.), espèce de crevettes plus nageuse que les autres, et qui èst d’un bleu si intense qu’on ne la voit pas quand elle est plon- gée dans la mer. Les jeunes des poissons volants (Exo- cetus), qui se développent à l'ombre des Sargasses, pré- sentent des taches brunes qui disparaissent chez l'adulte pour faire place à une teinte d'un bleu uniforme (K. BRANDT). On sait qu'à partir dela profondeur de 500 à 600 mètres, toute végétation fixée fait défaut, tandis que des ani- _ maux nombreux et variés vivent encore à 5.000 mètres et plus. Mais, en dehors des bancs de Sargasses, qui sont - des végétaux flottant à la surface de la mer dans cer- taines régions, on trouve, sous toutes les latitudes, une flore et une faune microscopiques flottant entre deux eaux et dont on désigne l’ensemble sous le nom de Plankton. : Plankton (1). — Ce nom qui signifie en grec « matière errante », sert à désigner cette poussière vivante que l’on recueille au filet fin dans la mer, lorsqu'on promène ce filet à la surface ou à des profondeurs variées, Dans le filet, cette substance forme une sorte de purée plus ou moins épaisse. Examinée au microscope, on y distingue une foule d'algues de très petite taille (Diatomées, Des- midiées, Péridiniacées, etc.) et des animaux appartenant surtout au groupe des Protozoaires (Foraminifères, Ra- diolaires, etc.). Ces organismes pélagiques ou détachés du fond par les vagues, se laissent entraîner par les cou- rants, exactement comme la poussière terrestre soulevée par le vent. En effet, comme l'indique le mot Plankton, cette poussière bien qu’en grande partie vivante, est presque entièrement passive : la route que suit le Plank- ton est indépendante de la volonté des animaux qui le composent. Mais avec cette poussière, le filet fin recueille souvent une grande quantité de petits Crustacés (Copé- | (1) W. Hxæcxer. Planklon composition (lena Zeitschr., 1893. | XXVIT, p 559.— Hrexsex. Mitlh. Ergebn. der Plankton-Exped., | Verh. Ges. deutsch. Naturf., LXV, p. 124,et Ergebn. der Plank- | {on Expedition, Bd. I et V, 1893-96). LE NATURALISTE ————————————_—_—_—_—_—_—_—_]_—_—_—_—_—_Â_—_—pZpZEZEZEE me 153 podes, Amphipodes), de Mollusques nageurs (Ptéropodes), d’Acalèphes (Méduses, Siphonophores), et surtout des larves de ces animaux, qui suivent volontairement ou inconsciemment le Plankton pour s'en nourrir et qui deviennent, à leur tour, la proie des Cétacés et des Pois- sons qui recherchent ces petits animaux et les englou- tissent en quantité innombrable. On voit que le Plankton, si longtemps négligé des naturalistes, joue un rôle impor- tant dans l’économie des océans, puisqu'il constitue la nourriture de la plupart des animaux pélagiques (Sar- dines, Harengs, Baleines). Il se trouve dans toutes les mers, des pôles à l’équateur. HÆCKEL distingue du Plankton, ou Haliplankton, le Nekton formé par les animaux qui nagent et peuvent lut- ter contre le courant, et le Benthos (du grec « profon- deur »), formé par les animaux qui rampent sur le fond où s’y fixent. C’est surtout par leurs stades larvaires que les animaux de ces deux derniers groupes contribuent à former le Plankton. Quant à la poussière organisée qui tombe dans les grandes profondeurs (au delà de 400 mètres), elle est presque toujours morte et constitue des dépôts stratifiés comparables aux couches fossiles. — On peut distinguer dans la mer trois régions : 1° la zone pélagique, allant de la surface à la limite de pénétration de la lumière solaire en plein jour : elle se compose de Plankton et de Nekton et présente une abondante vie végétale; 20 la zone néritique, qui va de la côte à environ 1.000 mètres, à l'exclusion du Plankton, et comprend surtout du Benthos, sa faune est très variable suivant les localités ; 3° la zone abyssale, qui fait suite à la précédente et s'étend jusqu'aux grandes profondeurs (8.500 mètres); elle ne comprend que du Benthos et du Nekton (HÆC- KEL). (A suivre.) D' E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. LES EUMENES L'Eumène pomiforme appartient comme FOdynère, dont j'ai décrit les mœurs dans une précédente étude, au groupe des Hyménoptères paralysants. Comme lui, il nourrit sa larve avec des chenilles. Mais son industrie est toute différente. Au lieu de creuser dans un talus de terre ou entre les pierres disjointes d’un vieux mur une galerie qu’il cloisonnera ensuite, l'Eumène construit de toutes pièces une poterie qui servira de logement à. sa larve. Comme apparence extérieure, l’'Eumène est une guêpe chez laquelle le pédicule qui relie l'abdomen au thorax est très long et renflé en poire en arrière, Ses allures sont plus lentes et plus maladroites que celles des véritables Guëpes. Le 8 juillet 1905, j'ai trouvé à Seine- Port, à la face interne d’un volet häbituellement fermé, trois loges d'Eumène pomiforme; les deux premières sont déjà fermées, la troisième est encore ouverte et présente son goulot caractéristique. Le 9 juillet, celle-ci est fermée à son tour et un quatrième pot est commencé. Je puis assister en détail à toutes les phases de sa construction. L'Eumène arrive d'un vol lourd, tenant entre ses man- dibules une grosse pelote de boue. Il s’abat sur le rebord 154 e de la fenêtre, passe à pied sous le volet, remonte sur sa face interne, passe sur les nids déjà fermés et vient pla- cer ses matériaux à côté du dernier de la série. Il étale sa boue de facon à former un mur circulaire. Ses mandibules la pétrissent à l’intérieur, tandis que ses pattes la tapotent à l'extérieur. Chaque pelote forme environ le tiers de la circonférence du pot; vers la fin de la construction, lorsque la paroi revenue sur elle-même, tend à se fermer, une pelote suffit pour faire le tour complet. Ce n’est pas de la boue gâchée avec de l’eau, car ce mortier prend très vite. La substance qui a été déposée la première est déjà sèche, quand l'Eumène ap- porte sa troisième boulette. Il est probable que linsecte récolte de la poussière qu'il gâche avec sa salive vis- queuse. Comme on peut le voir facilement, le pot, de 12 mil- limètres de diamètre environ, forme une voûte surbais- sée. Ce qu'il a de plus remarquable, c’est le goulot dont il est temporairement pourvu, Ce goulot de 2 milli- mètres d'ouverture tout au plus, a des bords rabattus en dehors. L’'Eumène le construit en tournant sur lui- même et en mâchonnant la boue avec ses mandibules. Une pelote suflit pour la partie droite, une autre pour la partie évasée. Ceci fait, l'Eumène quitte le nid, des- cend du volet, fait une courte promenade à pied sur le rebord de la fenêtre, puis revient, plonge la tête dans son pot comme pour examiner £i tout est en ordre, Enfin il se retourne, introduit l'extrémité de l'abdomen dans le goulot, en se cramponnant avec ses pattes à la surface du nid. Il reste dans cette position pendant près de deux minutes. Ainsi. contrairement à ce qu'affirme Fabre dans ses Souvenirs entomologiques (2e série, p. 69), la ponte a lieu avant le dépôt des vivres. Nous savons qu'il en est de même chez l'Odynère (Naturaliste, t. XXVII, 1905). On ne peut voir l'œuf en regardant par le goulot ; d’autre part, la position de l'Eumène, dont labdomen est recourbé vers le haut, permet de penser que l’œuf a été projeté vers la partie la plus élevée du dôme. Il doit, en effet, y avoir projection et non dépôt de l’œuf contre la paroi, car l’abdomen de l’insecte est trop gros pour péné- trer dans la partie rétrécie du goulot. Je détache de son support la première loge remplie précédemment par l’Eumène et je constate que le tas de chenilles paraly- sées occupe bien le bas du dôme, tandis que, au-dessus d'elles, la larve, appendue à un ruban qui représente les débris de l’œuf, a déjà entamé sa première chenille. Le 10 juillet, mon Eumène a approvisionné et clos sa quatrième loge sans que j'aie pu assister à ces opérations. Il est en train d’en construire une cinquième à côté de la précédente; l’ensemble des loges occupe unelignebrisée, légérementascendante, J’assiste de nouveau à la ponte qui dure deux minutes un quart et pendant laquelle l’insecte très absorbé ne se laisse pas déranger, même lorsque je l’'examine de tout près. Cette loge commencée le matin est terminée et a recu son œuf à 10 h. 1/2. Mais la recherche des chenilles demande du temps; la première est apportée à 11 h. 1/4. L'Eumène la tient entre ses inaudibules, la tête dirigée en avant et le ventre de la chenille regardant le ventre de l’Eumène. La chenille est assez longue pour dépasser en arrière l'abdomen de l’in- secte. Il marche en se guindant sur ses hautes pattes; arrivé au nid, il introduit la tête de la chenille dans le goulot, la saisit un peu plus bas et la refoule sans diffi- culté et très rapidement dans l’intérieur du pot,en la LE NATURALISTE tassant avec ses mandibules. Il est probable que l’enton- noir du goulot sert à faciliter cette introduction de la proie. Les provisions sont complètes vers 3 heures de l’après-midi, mais l’outre reste ouverte. L'Eumène, vic- time sans doute de quelque accident, ne reparait pas. Le lendemain, cette loge est déménagée par des fourmis qui se mettent jusqu’à trois pour retirer les grosses chenilles; l'œuf a naturellement aussi disparu. Il me reste donc finalement quatre loges pourvues chacune d’un œuf et de provisions consistant en six à huit chenilles vertes et glabres, de 8 à 10 millinetres de longueur environ. Elles sont donc bien plus grandes et bien moins nombreuses que dans le cas observé par Fabre, ce qui prouve que l’insecte est assez indifférent sur le choix de sa proie et qu'il sait s’accommoder de chenilles plus ou moins grosses en en variant le nombre. Il n’y a pas de différences notables en ce qui concerne l'approvisionnement des diverses loges. Les chenilles sont imparfaitement paralysées, car dans la loge que j'ai retirée de son support et où l’œuf a dù être détruit par mes manœuvres, la plupart des chenilles ont tissé leur cocon; elles ne se sont cependant pas transformées en papillons. Je n'ai pas assisté à la chirurgie de l’Eumène et ne peux donc dire quelle méthode il emploie pour piquer ses chenilles. Je n'ai pas vu non plus linsecte fermer ses pots. Il semble que, pour le faire, il emploie une partie des matériaux du goulot, car sur les pots clôturés, celui-ci n’est plus représenté que par un rudi- ment peu reconnaissable. Comme sur la loge que j'ai retirée de son support, j'ai détruit l'œuf, je n'ai pas osé enlever les autres loges avant que la larve ait eu le temps de grandir. Malheu- reusement son évolution est plus rapide que je ne le pensais. Lorsque, le 22 juillet, j'ai détaché une autre loge, j'y ai trouvé une nymphe, incolore, mais semblable de forme à l'adulte. Elle n’a pas de cocon et est enroulée en demi-cercle. Le 3 août cette nymphe commence à se colorer; le 8 août je retire l’insecte adulte par l’ouver- ture béante de la base du dôme. Le 9 août les deux loges laissées en place donnent à leur tour naissance chacune à un adulte qui a perforé près de la base du dôme un orifice irrégulièrement arrondi. L’Eumène a en effet deux générations par an. De l'œuf à l’éclosion de l'adulte l’évolution de l’insecte dure donc environ un mois. Le fait le plus important à retenir de cette observa- tion est que la ponte a lieu avantle dépôt des provisions. Ceci semble devoir rendre l'introduction de celles-ci plus difficile, car le moindre frôlement détruirait l'œuf ou le détacherait de son support. L’insecte a obvié à cet inconvénient en plaçant sur son pot un goulot évasé, dont l'utilité n’avait pas été reconnue jusqu’à ce jour. D: L. LaALoy. CHRONIQUE & NOUVELLES La pœcilogonie chez les insectes et notamment chez les Lépi- doptères. — L'attraction du Macroglosse pour les papiers colorés, les écrans à fleurs, les fleurs artificielles. — Un nouveau poisson volant des eaux douces africaines. Chez certains animaux, les divers individus ou les diverses générations d'une même espèce considérés en des points variés de la distribution géographique, aux LE NATURALISTE 155 diverses saisons de l’année, ou dans des conditions de nutrition différentes, ont des larves qui ne se ressemblent pas, bien que l'adulte reste constamment semblable à lui- même, ou ne présente que des modifications très légères. C'est la particularité que M. Giard a désignée naguère sous le nom de Pæœcilogonie, et sur lequel il vient de publier un très intéressant mémoire. Nous ne parlerons que du passage de celui-ci relatif aux insectes, auxquels s'intéressent particulièrement nos lecteurs. Chez les insectes, des phénomènes de pæcilogonie ont été signalés depuis longtemps chez les Pucerons, les Cynipèdes, les Cécidomyides et les Chironomides. Ces développements pœcilogoniques sont déterminés en partie par les facteurs primaires température et alimen- tation. Mais dans un grand nombre d’autres cas moins bien étudiés jusqu’à présent, il est plus difficile de démêler les causes qui ont occasionné le polymorphisme (généra- lement polychroisme) des états jeunes d’une même espèce. C'est un fait bien connu de tous les entomologiques que certains insectes, très semblables à l’état adulte, ont des larves fort différentes, De nombreux exemples de cette particularité ont été signalés, principalement chez les Lépidoptères, Heliothis maritima et Heliothis dipsacea, Acronycta psi et Acronycta cuspis sont des Papillons qu'on a quelque peine à distinguer, mais dont les chenilles sont bien caractérisées. Cucullia lactucæ et Cucullia lucifuga ne pourraient, pour ainsi dire, pas être séparés si On ne les avait élevés de chenilles qui sont très differentes. Tous les insectes à métamorphoses complètes peuvent présenter les mêmes phénomènes et, s’il est beaucoup plus rare chez les Ametabola, c'est que, chez ceux-ci, le passage de l’état larvaire à l’état parfait, se faisant gra- duellement d’une facon insensible, la larve et l’imago sont soumis à peu près aux mêmes adaptations. Au point de vue pratique, il n’est pas toujours bien commode de décider si les deux formes ressemblantes sont des espèces pæcilogoniques ou des espèces conver- gentes. La difficulté est parfois presque insurmontable lorsque l'on ne connait pas la bionomie des types en dis- cussion. Dans certains cas, cependant, la destruction est facile et le doute n’est pas permis. Lorsque, par exemple, les espèces qui, par une lente sélection, sont devenues convergentes, appartiennent à des genres suffisamment éloignés, les caractères anatomiques profonds et les carac- tères embryogéniques ne sont pas altérés par la conver- gence au point d’être méconnaissables. La ressemblance n’est que superficielle, et si les anciens naturalistes ont pu être trompés par l'aspect similaire des adultes exami- nés superficiellement, l'erreur n’est plus possible aujour- d'hui. Le mimétisme si parfait cependant des Leptalis et des Ithomia, celui de Papilio paradoxa et d'Euplæa mida- mus, l’imitation des Danaïdes ou des Acrœides pardiverses espèces de Papilio ou de Diadema n’en imposent plus à aucun entomologiste. Parmi les papillons indigènes, la ressemblance, d'ailleurs moins exacte, de Dichonia apri- lina et de Moma orivn est encore un exemple du même genre. Même lorsque la convergence des adultes a lieu chez des espèces congénères, ce qui nous prive en grande par- tie des indications de l'anatomie comparée, on peut encore dans bien des cas reconnaitre l’origine nettement distincte des deux espèces et établir que leur ressem- blance est due à l'action du milieu sur l’imago. C’est ce qui a lieu, par exemple, dans les cas d'isotypie. Quelques voisines quesoient des formes, telles que Pieris brassicæ et Pieris rapæ, les divers Euplæa, le fait que ces espèces fréquententles mêmeslocalitéssans se confondre et sans se croiser indique clairement que les différences larvaires qu’elles présentent dans des conditions de milieu identiques sont des différences phylogéniques anciennes. La chose est encore bien plus évidente lorsqu'il s'agit d'Hyménoptères parasites isotypes, dont les larves ont habité dans une mêmehôte oude parasites des végétaux, dont les larves ont vécu côte à côte sur la même plante. Hormomyia caprææ se distingue à peine à l’état adulte d'une autre Cécidomie (Rhabdophaga) vivant également sur le Saliæ caprœæa. Mais les larves de ces diptères demeurent distinctes et produisent des galles très diffé- rentes sur les feuilles du même arbre. Il n’y a donc nul doute que la ressemblance des adultes est une simple convergence et n'indique pas une parenté immédiate, Lorsque, au lieu de vivre dans un même milieu, les larves ont un habitat différent, la question devient beau- coup plus délicate à résoudre. Guénée a considéré comme espèces distinctes deux types, Bombyx spartii et Bombyæ callunæ, qui représentent lune une forme méridionale, l’autre une forme septentrionale de Bombyx quereus. Si l’on examine une collection un peu étendue de Bombyx quercus, on voit facilement qu'il est à peu près impos- sible de séparer les adultes deces trois espèces, certaines formes de Bombyx quercus passant manifestement soit à Bombyx spartii, soit à Bombyx callunæ. Guénée a décou- vert que la chenille jeune de Bombyx callunæ diffère de celle de Bombyx quercus, mais que les divergences ne tardent pas à diminuer après les premières mues et finissent même par disparaitre. On pourrait être tenté de voir dans cette dissemblance des larves à l’état jeune, une preuve de la séparation primitive des deux espèces. Mais l'habitat différent suffit à expliquer cette diver- gence ; l’une des deux formes, sans doute Bombyx cal- lunæ, a gardé la livrée de la première larve ancestrale qui s’est altérée chez Bombyæ quercus et Bombyx spartü, et ces espèces doivent vraisemblablement être considé- rées comme des formes pæcilogoniques fixées et légère- ment modifiées à l’état adulte. M. Giard pense qu'il en est de même pour Eriogaster lanestris, Eriogaster arbusculæ et Eriogaster senecta, dont la ressemblance à l’état adulte est très grande, bien que les chenilles divergent considérablement. On a d’ailleurs des preuves directes et indiscutables de l'existence de la pœcilogonie chez les Insectes. Port- chinsky a démontré que la vulgaire Musca corvina pré- sente deux formes larvaires distinctes dans les diverses parties de son vaste habitat. Dans le nord de la Russie, cette Mouche coprophage pond généralement vingt-quatre œufs de taille moyenne, d’où sortent des larves qui pré- sentent deux phases très nettes d'évolution. En Crimée et dans le sud de la Russie, où les insectes coprophages sont plus abondants et par suite la concurrence vitale plus intense, le même Diptère ne pond plus qu'un œuf très volumineux, dont la métamorphose très rapide et condensée rappelle celle des Pupipares, la larve arrivait presque d'emblée à sa dernière phase évolutive. Des faits analogues sont d’ailleurs connus chez divers Lépidoptères, etnotamment chez le ver à soie du mürier. Dans le sud de l'Europe, cette espèce fournit une race intéressante, dite Trevoltini, qui non seulement donne plusieurs générations annuelles, mais se distingue du type en ce que les chenilles ne subissent que trois mues au lieu de quatre. Cultivée dans le Nord, cette race ne tarde pas à reprendre les caractères ordinaires de l’es- pèce, la seconde ou la troisième année. Comme la che- nille en question varie peu en grandissant, la particula- rité physiologique de la suppression d'une mue ne frappe guère les yeux ; mais, dans d’autres cas, les modifica- tions morphologiques sont plus apparentes. Th.Goossens asignalé plusieurs exemples parfaitement nets de pœcilogonie géographique chez les Lépidoptères. La chenille de Deilephila euphorbiæ ne présente pas dans 156 LE NATURALISTE l'Ardèche et dans le département du Var le pointillé jaune ordinaire, et les taches rosées sont remplacées par des taches jaune pâle. La chenille d'Heliothis marginata, blonde ou verte dans le Nord, est le plus souvent d'un brun presque noir en Provence. Dans le Midi de la France, la partie dorsale de la chenille de Zygœæna fausta est presque toujours fauve; à Paris, cette partie est vert d’eau. LS x # M. Félix Plateau, poursuivant ses recherches sur les rapports des insectes et des fleurs, dont nous avons parlé à plusieurs reprises, vient de publier un travail sur le Macroglosse, ce papillon si agile et à la trompe si longue, que tout le monde connaît par son impétuosité. Il s'est demandé, entre autres, si ledit Papillon pouvait être attiré par des fragments colorés de papier ou d’étoffe. L'ensemble de ses septexpériences au moyen de papier conduit aux résultats suivants : .1° Les Macrogiosses observés et les autres insectes arrivèrent directement aux fleurs et pas aux papiers; 20 Sur six Macroglosses dont on peut suivre le mouve- ment, cinq ne firent aucune attention aux papiers. Un seul, vers la fin d’une longue station sur les Phlox (il visita 318 fleurs), exécuta, à intervalles et par deux fois, un rapide vol ascendant le long du papier bleu foncé et fit un unique crochet à signification douteuse devant le papier violet. 3° Sur de multiples insectes visitant les fleurs près ou entre lesquelles étaient situés les papiers colorés, insectes appartenant à divers ordres, un seul Papilio Machaou et un seul Bombus indéterminé semblèrent pré- ter un instant très court d'attention au papier plus foncé, tous les autres agirent comme si les papiers n'existaient pas. En somme, sauf dans quelques rares cas exceptionnels, les papiers colorés ne se sont guère montrés plus attrac- üifs que les fragments d’étoffes grands et petits. M. Plateau a également fait des expériences avec des écrans portant des fleurs peintes. Les résultats de l’en- semble des treize expériences à l’aide de ces écrans peuvent se résumer ainsi : 1° Malgré l'éclat des couleurs des fleurs représentées et la surface assez grande des écrans, aucun des six Macroglosses observés n’y a prêté attention. 20 La même chose a été constatée pour un grand nombre d'insectes appartenant aux espèces suivantes : Bombus hortorum, Megachile ericetorum, Anthidium mani- catum, Pieris diverses, RhodoceraRhamni, Papilio Machaou, Vanessa Urticæ, Vanessa pollychloros, Vanessa lo, Eristalis lenazx. ; 30 Cinq insectes en tout, une Vanessa polychloros, une Vanessa urticæ, une Apis mellifica, un Anthidium mani- catum, une Vespa, se sont placés un instant sur l’un des écrans pour se reposer; la Vanessa urticæ, sur la face postérieure qui ne portait aucune peinture; les autres non sur les fleurs peintes, mais sur le fond général. Ce qui démontre qu'il s'agissait bien de repos, c'est que les Vanesses se posaient les ailes fermées et la tête en bas, ainsi qu’elles le font sur les troncs d'arbres. 4° Enfin, comme semblants d’erreur ou d'attraction, deux insectes en tout ont manifesté quelque chose : une Apis mellifica a effectué, pendant un instant très court, un vol ascendant et descendant devant un des écrans portant, par hasard, des fleurs analogues à celles du pom- mier, et une Vespa indéterminée s’est comportée de méme durant quelques secondes devant un autre écran, actes qui, de la part de la Guêpe au moins, ne signifient rien, les Hyménoptères de ce genre .effectuant souvent cette sorte de vol devant des surfaces verticales quel- conques. Dans les diverses conditions où M. Plateau s’est placé, l'effet attractif des fleurs peintes sur des surfaces a donc été à très peu près nul. Les Macroglosses ne se laissent pas non plus attirer par des fleurs artificielles nombreuses, variées et bien imitées. k x # M. Jacques Pellegrin attire l’attention sur un poisson volant, le Pantodon, des eaux douces africaines. Le Pantodon doit son nom générique. qui se peut traduire par « Tout en dents », à sa dentition extraordinairement développée. Les dents, en effet, de forme conique, quoique petites, sont répandues partout dans la bouche, non seulement sur les mâchoires, mais sur les princi- paux os de la cavité buccale, vomers, palatins, ptéri- goides, parasphénoïde, etc. Il y en a même jusque sur la langue. Comme on le voit, cette dentition luxuriante peut suppléer dans une certaine mesure à la faiblesse de ce poisson, dont la taille est généralement comprise entre 5 à 8 centimètres, Mais ce n'est pas là la seule particularité qu'il pré- sente. Les nageoires du Pantodon sont fort remar- quables; la dorsale est très courte et située très en arrière; mais les pectorales, à rayons peu nombreux, sont, par contre, extrêmement grandes : leur longueur égale la moitié environ de la longueur totale du corps. Elles se replient horizontalement comme les ventrales, qui sont aussi fort développées et prolongées en longs filaments. La caudale est pointue, très grande; ses rayons médiaux sont deux fois aussi longs que la tête. Quant à la livrée de ce petit poisson, elle est des plus chatoyantes. C’est un véritable papillon aquatique. Les parties supérieures du corps sont olivâtres ; le ventre est jaune argenté, rehaussé de carmin. Il existe parfois des bandes transversales foncées sur le dos. Les nageoires sont rose vif, avec de petites taches rondes d’un brun violacé, qui forment des bandes transversales sur les pectorales ; celles-ci sont teintées de violet à la face intérieure et à l'extrémité. Parmi les documents recueillis par la mission Fou- reau-Lamy, M. Foureau signale, parmi les animaux du bas et moyen Chari, dans les environs du lac Tchad, une sorte de poisson volant : « Ce dernier, dit-il, très petit, s’élance hors du liquide et parcourt à fleur d’eau, en battant l’eau de ses nageoires pectorales et en y tra- cant un petit sillon rectiligne, une distance qui, d’ordi- naire, est de 4 à 5 mètres, mais que j'ai vue parfois atteindre une quinzaine et même une vingtaine de mètres. » M. Pellegrin croit qu'il s’agit là du Pan- todon. : HENRI COUPIN. LES MINES DE SEL DE WIELICZKÀ Le sel était jadis, on le sait, l’un des impôts les plus importants. La gabelle rapportait beaucoup à l'Etat, et la contrebande du sel jusqu'au commencement du xixe siècle était punie des peines les plus élevées, voire même de mort. Ce condiment si ordinaire et si peu coûteux aujour- d'hui nous est le plus souvent fourni par la mer. On le rencontre aussi parfois ailleurs, et c’est ainsi qu'il existe dans le monde des mines de sel des plus curieuses. Celles de Wieliczka, en Galicie, sont les plus connues et les plus justement fameuses. LE NATURALISTE ‘457 Il faudrait un mois au moins pour visiter en détail cette cité de sel, ville souterraine où des êtres humains travaillent sans relâche, de génération en génération depuis des siècles. Les chevaux qui y sont employés v naissent et y meurent sans jamais avoir vu la lumière du jour. À Wieliczka, tout est silencieux et sombre, sauf quand l'écho des voix vient résonner sous les voûtes nom- breuses et parmi les voies tortueuses ou lorsque la torche d'un guide vient jeter sa clarté sur des merveilles mas- sives et brillantes. Wieliezka est une toute petite ville située à une dizaine de kilomètres environ de Cracovie, dans la Po- logne Autrichienne, et c’est là le centre de l’industrie du sel de Galicie, Les mines se trouvent placées sous le contrôle direct du ministère des Finances du gouverne- ment d'Autriche-Hongrie. Cette cité souterraine bien qu'en existence depuis une époque indéterminée, n'a commencé à être travaillée que vers l’année 1044, et depuis lors les mineurs de Wieliczka ont transformé ses noires profondeurs en un royaume féerique de toute beauté. Ce ne sont partout que salles spacieuses, chapelles, autels, statues, candé- labres, lustres, escaliers gigantesques, colonnes artiste- ment travaillées, trônes majestueux, le tout taillé à même le sel et d’une beauté unique au monde, Les mines couvrent aujourd’hui un espace de quatre kilomètres. À demi aveuglé par l'obscurité, presque effrayé par l'écho fantastique du bruit de ses propres pas, le voyageur - qui descend dans les mines de Wieliczka en quittant Pascenseur qui l'y amène, entre tout d'abord dans des salles de dimensions colossales percées par les mineurs . selon des plans savamment tirés par les ingénieurs. Sans guide pour vous en indiquer la direction, on se perdrait presque dans ce dédale de salles immenses. C’est tout d’abord la grande salle de bal de Letow aux décorations murales, aux galeries illuminées de lustres, dont la beauté dépasse tout ce que peut rêver l’imagina- rion. [1 semble que quelque bonne fée ait ici touché les parois souterraines de sa baguette magique pour en faire surgir soudain ces merveilles. La salle Letow date de 1750 et doit son nom à un cer- tain Letowski qui dirigeait les mines à cette époque, Des fêtes magnifiques y furent données à plusieurs reprises, quand des hôtes de distinction s’y sont rendus : car Wieliczka se flatte, à bon droit, d’avoir recu la visite de nombreux souverains, et la salle Letow possède même une stèle fameuse, un véritable trône où siègent les hôtes de marque qui viennent visiter les mines. Cette salle de bal se trouve exactement située à 72 mè- tres au-dessous de la surface terrestre, et c’est là le pre- mier des sept étages de la mine, dont trois galeries seulement peuvent être visitées, les galeries « Bono », « Empereur François » et « grand-duc Albrecht ». En quittant la salle Letow, on passe du gai au sérieux, car nous voici maintenant dans la quiétude qu'amène la prière. Au détour de l’un des corridors principaux se trouve la chapelle de Saint-Antoine taillée dans le roc salin et consacrée depuis 4698. L'entrée en est symétriquement formée, et de belles statues, sculptées à même le sel, l'ornent de chaque côté. L'intérieur comprend un autel décoré d’une sculpture représentant la Crucifixion, et deux statues, figurant des moines agenouillés reposent sur les marches de cet autel. Les bas côtés de cette chapelle possèdent aussi d'autres statues de moindres dimensions. On y célèbre des services religieux à plusieurs époques de l’année, mais c’est à la date du 3 juillet qu'une messe solennelle y est dite chaque année, à laquelle nemanquent pas d'assister tous les paysaus des environs de Wieliczka. Cette fête si curieuse est également si célèbre qu’elle attire bon nombre de visiteurs venus des grands centres. Les cantiques entonnés par les prêtres auxquels répond la voix des pieuses ouailles, sont d’un effet solennel, et les majestueux saints de sel semblent contempler de leur muette compassion la foule qui vient pieusement s'agenouiller devant les images saintes. Il est impossible, si l’on n’a pas assisté à cette fête, de s'imaginer le majestueux grandiose de ces chants reli- gieux répercutés, à des centaines de pieds sous terre, par les voûtes de la mine. On passe par différentes salles. par des corridors nombreux et tortueux pour arriver à la chapelle de la Reine, dont l’ornement principal est une reproduction de Bethléem $culptée à même dans la paroi de sel. : L'éclairage de la mine, quand on vient la visiter, c’est. -à-dire l'illumination des lustres magnifiques qui con- tiennent des milliers de bougies, est à la charge des tou- ristes, et revient à une centaine de francs environ. Lorsque les guides allument des feux de Bengale, ces lueurs font scintiller le cristal de myriades de rubis, de saphirs et d'émeraudes dont l'effet est merveilleux. Par des escaliers sans nombre, on parvient aux gale- ries du troisième étage où se trouvent la station de che- min de fer et le restaurant-buffet, car après cette longue visite, on éprouve vraiment le besoin de se restaurer quelque peu. Le concessionnaire de ce buffet fait d’ail- leurs de fort bonnes affaires, et, en été, il n'est pas rare de voir les tables occupées par des groupes de dineurs qu'amuse l’imprévu d’un repas souterrain. L'une des attractions principales des mines de Wie- liczka, en dehors de la voie ferrée qui couvre plus de 40 kilomètres et pénètre dans toutes les galeries, est un lac souterrain, à 260 mètres au-dessous du niveau du sol. Les eaux en sont sombres, épaisses et lourdes, et tandis qu'un bachot à fond plat flotte à sa surface, elles viennent battre sourdement les parois de la mine. C’est d'un effet sinistre qui ne manque pas de donner le fris- son, par son silence de mort. Involontairement, on vient à songer aux eaux d’un Styx imaginaire. Les minescontiennent seize lacs semblables, mais celui- ci, situé dans la grotte du prince Rodolphe, est le seul sur lequel on navigue. Le bachot, qui est plutôt un bac, peut contenir un assez grand nombre de personnes et se meut au moyen d’une corde. Il est d'usage, lorsqu'on est parvenu au milieu de ce lac, à un point qui est exactement, parait-il, le centre de ces mines, de tirer un coup de fusil, et pendant plusieurs minutes, on entend les répercussions de ce bruit, répétées par tous les échos d’alentour. La voix même du bate- lier semble être celle d’un géant qui se ferait entendre dans les profondeurs du chaos. Les galeries inférieures de la mine sont exploitées par un millier de travailleurs dont le labeur est d'une durée de huit heures. La moyenne de production annuelle est de soixante-cinq tonnes de sel. Des catastrophes terribles se sont produites à Wie- liczka, à différentes époques : en 1510, en 16%ket en 1815, des incendies dus à la malveillance ou à des imprudences de la part des mineurs, causèrent la mort par asphyxie d’un grand nombre de travailleurs. L’incendie de 164% dura plus d'une année, En 1868, les mines furent inondées par un grand lac de sel liquide qui vint à crever. Récemment encore, un immense bloc de sel,ne pesant pas moins de 200 tonnes, vint à se détacher des voûtes. Mais tous ces accidents sont relativement rares. Tout le travail est payé aux pièces, et les mineurs y gagnent bien leur vie. Ils travaillent debout ou couchés, et dans les galeries élevées, on les voit perchés sur de hautes échelles, Disons enfin que l'air des mines de Wieliczka est très sec et des plus purs, aussi les mineurs en sont-ils pour la plupart exempts de maladies. (Adapté de l'anglais par H.-R: Worsryn.) LES RACES DE L'INDE Les Kumbys, les Danjas, les Katsyars, les Charons, les Bhath et les Dhéras sont des populations du Guzerate et des pays voisins. Les Kumbys, originaires de l'Inde supérieure, s'adon- nent à l’agriculture. Ils furent facilement subjugués lors de l'invasion aryenne et formèrent avec une partie des peuples conquis la classe des Sudras. Les Danjas ou Danus s’adonnent à la chasse, à la pêche et à la récolte des fruits sauvages des forêts, Adorateurs de démons, ils résistèrent assez vaillamment aux Arvas. Décrits comme géants dans les légendes sanscrites, ils sont en réalité petits, mais robustes et actifs. Accusés de sorcellerie et passant pour s’adonner à la magie, ils ins- pirent une certaine frayeur aux autres races, mais pas au point d'éviter les mauvais traitements de la part de ceux-ci qui, volontiers, leur coupent le nez ou les oreilles. Les Kattys où Kattyars ont donné leur nom à la con- trée qu’ils habitent : le Kattywar. Venus de l'Asie cen- trale, ils firent une première halte sur les rives de l’In- dus: d’où ils viennent se fixer dans le Guzerate. C’est une belle race aux Yeux bleus et à la taille athlétique. Les Charons vivent de commerce. Ils s'occupent de transporter, grâce aux nombreux Chariots et bœufs qu'ils possèdent, les grains et le sel. Ils cultivent la poésie et sont initiés aux mystères de Siva, ce qui leur donne une énorme influence sur les Rajpoutes qui les entourent. [ls usent et abusent de cette influence en pratiquant le chantage. Il est vrai que c’est à leur détri- ment. Car sachant que les Rajpoutes sont persuadés que la mort violente d'un Charon amène les plus grands malheurs, s’ils n’obtiennent pas ce au’ils demandent, ils tuent un de leurs parents ou se tuent eux-mêmes. Ils sont d’ailleurs tous prêts à sacrifier leur vie pour sauver l'honneur de leur famille ou de leur caste. C’est le beau côté de leur caractère. Aussi sont-ils pris comme garants des contrats et comme protecteurs des voya- geurs. Si le fameux cuisinier Vatel se tua pour un ser- vice défectueux, le Charon a recours au suicide s’il ne LE NATURALISTE DR TR as EEE NS A RE SE parvient pas à remplir sa mission ou à tenir sa parole Les Charons, divisés en deux tribus, ne comptent pas moins de cent vingt castes entre lesquelles il n’y ajamais d'alliance. Les Balh, chargés jadis de garantir la rentrée des im- pôts, connaissent bien la vanité humaine. Aussi vivent- ils à ses dépens. En effet, ils flattent et comblent de louanges ceux qui sont généreux à leur égard. Leur re- fuse-t-on la somme demandée, ils prennent un long bambou, y suspendent une savate surmontée de l'effigie de leur ennemi et la promènent dans tout le pays en y joignant des chants satiriques et en débitant les plus grossières injures jusqu'à ce qu'on ait acheté leur silence. Il n’y à pas de loi sur la diffamation pour eux. Les Dhéras sont des serviteurs nés du public, chargés du transport des bagages et de guider les voyageurs. Ils vivent de la chair des animaux crevés et se livrent aux besognes les plus répugnantes. Ce sont les parias de la contrée. H. LÉVEILLÉ. ACADÉMIE DES SCIENCES Loï de l'accroissement en volume dans les arbres. — (Note de M. Francors KôNessi, présentée par M. GasTon Bonwier.) L'auteur à étudié l'accroissement d’un tronc de Robinia pseudo- acacia, dont la croissance et les principaux facteurs biolo- giques avaient été observés depuis sa plantation (1890). Après avoir déraciné cet arbre et en avoir lait des coupes transversales, de mètre en mètre, afin de déterminer la marche de l'accroissement en volume, la surface des anneaux annuels correspondant à chaque groupe a été mesurée à l’aide d’un plani- mètre. D’après ces mesures, on trouve que le rayon de cercle limité par l'anneau formé chaque année ne s’accroit pas d'une façon constante, mais que l'accroissement est une fonction linéaire du temps. En: faisant une section longitudinale du même tronc, pour déterminer la croissance annuelle en hauteur, on voit que cette croissance n’est pas rigoureusement proportionnelle au temps, bien que, dans des conditions biologiques constantes, cette crois- sance düt être représentée par une ligne droite. Recherches sur le développement du Botrytris Cine- rea, cause de la pourriture grise des raisins. — (Note de M. J.-M. GuizroN, présentée par M. PRiLLIEUx.) La pourriture grise des raisins, due au Botrylis cinerea, cause chaque année des dégâts considérables. Il a été possible à l’au- teur d'étudier, par quelques expériences de laboratoire, le mode de développement du champignon : tout grain blessé sur lequel viennent à tomber quelques spores vivantes de Botrytis est fata- lement appelé à pourrir, au bout d’un temps variable de trente- six heures à trois jours après l'infection, si l'humidité de l'air est suffisante; lorsque le Botrytis se développe normalement au contact d’un grain sain, il arrive constamment à traverser l’obs- tacle constitué par la pellicule et à contaminer le grain; l’infec- tion de proche en proche ne peut se faire que pour les grains en contact; elle est à peu près impossible, en raison de l’agita- tion de l'air, à une certaine distance, et par suite s'étend peu sur les grappes à grains espacés, et quand l'infection y parait, elle est souvent limitée à des grains isolés. Note sur les Némertiens bathypélagiques recueillis par S. A. le prince de Monaco.— (Note de M. L. Jousix.) Au cours des dernières croisières océanographiques de S. À. le prince de Monaco, plusieurs Némertiens bathypélagiques ontété capturés dans les parages des iles Açores et Canaries et dans la mer des Sargasses. Ils ont été pris entre la surface et 4.000 mètres de profondeur; en outre une espèce a été recueillie au nord de l’Island par 3.310 mètres. # Les Némertiens bathypélagiques actuellement décrits se réduisent à six espèces, réparties dans quatre genres, et sont représentés par des échantillons souvent uniques; aussi les cap tures du prince de Monaco sont-eiles fort intéressantes parce qu'elles accroissent beaucoup l'étendue de nos connaissances sur ces animaux. La plupart de ces Némertiens sont cependant représentés par un trop petit nombre d'échantillons pour qu'il ait été possible d’en faire une étude complète qui aurait néces- sité leur destruction. L'auteur répartit ces animaux dans trois des quatre genres connus. Au genre Planktonemertes Woodworth, il rattache six espèces nouvelles de formes et de tailles variées, dont le corps est dépourvu de cirrhes latéraux et la trompe de bulbe stylifère ; P. Grimaldii, P. Alberti, P. Zonala, P. Rhomboïdalis. Au genre Nectonemertes se rattachent trois espèces nouvelles caractérisées par des cirrhes latéraux de taille variable : N. CAa- vesi, N. Grimaldii, N. Lobata. Le genre lelugonemertes n’était représenté jusqu'ici que par deux espèces, provenant de l'expé- dition du challanger. L'auteur en signale une nouvelle, P. Richardi dont le corps foliacé, transparent, très large et arrondi en avant, contient un intestin rameux, d’un rouge extré- mement vif. Sur l'identité. de structure des galles involucrales et des galles des pousses feuillées chez les Eu- pherbes. — (Note de M.C. Houarp, présentée par M, Gas- TON BONNIER.) Chez un certain nombre d'Euphorbes, les larves d’un diptère de la famille des Cécidomyidés, le Perrisia capsulæ, produisent deux sortes de cécidies, les unes situées à l'extrémité des pousses feuillées, les autres engendrées aux dépens des involucres. Comme les bractées soudées involucrales ne sont autres que des feuilles adaptées à une fonction spéciale, il était intéressant de rechercher par la méthode anatomique si le cécidozoaire agissait de façon identique dans ces productions gallaires formées toutes les deux aux dépens d'éléments ayant même origine. .. La Galle de l’involucre a été signalée par divers auteurs sur Euphorbia Cyparissias L., Æ. Esula L. et E. Pithyusa T.. Les cécidies des deux premières Euphorbes affectent la forme d’une bouteille allongée ou ventrue, de 5 à 8 millimètres de hauteur; celle de la dernière a l'aspect d’une corne effilée et recourbée, atteignant jusqu’à 15 millimètres de longueur. Les larves du Perrisia capsulæ engendrent à l'extrémité des pousses feuillées de trois espèces d'Euphorbes (ÆE. Cyparissias, E. Esula et E nicæensis All.) des cécidies cylindriques, en forme de capsule brusquement rétrécie dans la région apicale. Ces galles sont verdâtres, glabres, longues de 10 à 15 millimètres et d’un diamètre transversal de 3 à 5. L'auteur montre que l’action cécidogène engendrée par les larves du Perrissia capsulæ agit de façon identique tant sur les feuilles de l'extrémité des pousses des Euphorbes que sur les bractées soudées de leurs involucres, et les transforme en galles. Dans les deux cas, la grande épaisseur des parois gallaires tient au cloisonnement actif des cellules sous-épidermiques internes; dans les deux cas aussi, la différenciation précoce des nouvelles cellules formées donne naissance à une couche nourricière (interne), voisine des parasites et à une couche scléreuse protec- trice (externe) en rapport avec la région vasculaire. Sur la rapidité de l'érosion torrentielle. — (Note de M. E.-A. MarrTer, présentée par M. Azgertr GAuDRry.) La perte et la rivière souterraine de Bramabiau (Gard) ont subi, en quelques années (depuis 1884 que le phénomène est étudié), des changements manifestes. L'objet de cette note est de signaler les modifications vraiment profondes qui se sont produites en ces six dernières années. A la partie supérieure, l'issue du tunnel de la Baume (depuis longtemps abandonné par le torrent) a continué de se démolir si activement, par suite de l'infiltration des eaux pluviales, qu'on ne peut plus approcher du bord du précipice sur lequel il débous chait. À Ja sortie de Bramabiau, un éboulement a emporté le sentier qui accédait à la grande diaclase par où la rivière reçoit le jour; dans cette diaclase, les crues souterraines ont dégradé les strates formant corniches naturelles d'accès (sur 200 mètres de profondeur), où l'on avait posé, en 1899, des mains-courantes et LE NATURALISTE 159 + ACTES —————_—_—_—_—__——_— RS PP ro garde-fous en fer, qui n'existent déjà plus; enfin la grande cas- cade, par où le Bramabiau effectue son septième et dernier bond souterrain n’est plus reconnaissable, si l'on compare les photo- graphies de 1884 et même de 1899 avec celles de 4906. Il ya vingt-deux ans, cette chute s'épanchait en arc de cercle par-des- sus une saillie du rocher formant tablette convexe; maintenant, el à volume égal d'eau, elle est logée tout entière dans une rigole en gouttière, profondément excavée sur la rive droite de la saillie, tablette dont tout le surplus est à sec. La cascade large tend à se transformer en rapide élroit. Tout ceci n'a rien de particulier en ce qui touche les effets bien connus de l'usure des roches par érosion mécanique : mais le point de vue nouveau peut-être, c’est que la friabilité et la fis- suration extrême des calcaires bruns de l'infra-lias à Bramabiau permet à ces effets de se produire avec une rapidité très grande. Sur les schistes graphitiques du Morbihan. — (Note de M. Pussenor, présentée par M. Cu. Barrois.) M. Barrois a décrit dans la légende de la feuille de Vannes de la carte géologique des bancs de schistes graphitiques inter- calés dans les micaschites primitifs du Morbihan et disposés sui- vant trois bandes parallèles. La première s'étend de Landévant à Pluneret, la seconde de Locoal-Meudon au sud d'Arradon, la troisième de Ploermel à Kergoneno et à l'ile d'Arz. Mais, des explorations complémentaires ayant été entreprises à ce sujet, des affleurements nombreux et rapprochés ont été découverts. Ils jalonnent sur le terrain huit bandes englobant les trois précé- dentes et orientées de E.-S.-E. à O.-N.-0: Les deux premières s’observent, l’une dans les falaises de Conleau où on reconnait qu’elle n'est que la tranche d’une couche à disposition synclinale mise en évidence sur la lèvre d’une faille perpendiculaire au pli, l’autre sur le rivage opposé, à Ker- bourbon, où elle montre nettement la disposition précitée. Les quatre suivantes sont groupées en un faisceau qui s'étend entre Ladévant et Saint-Armel sur plus de 40 kilomètres de longueur. Elles sont remarquablement distinctes et continues des bords du Morbihan à Kernanec, soit sur 20 kilomètres environ. À partir de ce point, les nombreuses lentilles granuli- tiques et granitiques qui les interrompent, les morcellent et les forcent en raison de leur moindre dureté à constituer les flancs et les fonds de vallées que les alluvions recouvrent. La sixième passe par Kergoneno et le sud de l'ile aux Moines. La dernière dessine autour de Locoal-Meudon un triangle dont le sommet est tourné vers Auray. L'épaisseur de ces bandes est plus grande qu'on ne lavait cru jusqu'ici et atteint, en un grand nombre de points, de 30 à 50 mètres. Dans les affleurements entiers, on remarque que le graphite est disséminé plus ou moins abondamment dans toutes les varié- tés de roches micaschiteuses et gneissiques. Ces schistes doivent être considérés comme ayant appartenu à une couche unique, plissée très approximativement dans l'ordre, suivant: pli anticlinal passant par Plœren, Vannes, Noyalo: pli synclinal par Copleau, Séné; pli anticlinal par Branderion, Plæœren, Le Hezo; pli synclinal double par Landevant, Saint- Armel ; pli anticlinal par le Gouarde, et le sud d’Arradon. | Sur le flanc sud de cet anticlinal, principalement vers l’ouest, divers plis dont il ne reste plus que la racine du synelinal de Locoal-Meudon. Puis toute la couche plonge sous la granulite suivant la ligne Plærnel, Kergoneno et sud de l'ile aux Moines. Elle ne reposait plus que de l’autre côté de l’anticlinal Arzon- Locqmariaquer où les deux lambeaux qu'on y observe enclavés dans la granulite marquent probablement les deux bords d'un autre syclinal. Ainsi reconstituée, cette couche est constamment supérieure à toutes les grandes masses d’amphilobites des iles et des bords du Morbihan : elle est donc plus récente. Mais elle est contemporaine du faisceau de pyroxénites de Roguidas, 160 LE NATURALISTE , In Bull. Mus. Harv. Coll., 46, n° 11, 1906, pp. 203-208. 503. Gilles. Etude morphologique et anatomique du Sablier (Hura Crepitans L.). : Q . Ann. Inst. col. Marseille, 1905, pp. 41-120, pl. et fig. Bibliograph 16 504. Gorjanovic-Kramberger. Die Herisdehe Fisch- fauna von Hallein in Salzburg. \ Beilr. zur Paläontol. und geol., XVIII, Heft 3-4, 1905, pp. 193-224, pl. XVII-XXI. 505. Grafe (D' E.) 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Les Infusoires ciliés sont les seuls qui nous intéressent actuellement. Ils sont divisés en plusieurs ordres, carac- térisés par la forme, les dimensions et la disposition des cils. Les Holotriches sont ceux dont les cils sont partout semblables. Chez ces derniers, en effet, les filaments cilaires, qui sont à la fois des appareils locomoteurs et Fig. 1, — Schéma d’un Infusoire carnassier appartenant au groupe des Holotriches. Le protoplasme est divisé en deux régions : l’endoplasme E au centre et l’ectoplasme e à la périphérie. Contre l’ectoplasme, se trouve une mince cou- che p. c. de plasma cortical. — ph.,pharynx,avec baguettes pha- ryngiennes b, formant la nasse pharyngienne ; v. a., vacuole alimentaire; v. p., vacuole pulsatile; N, gros noyau; n, petit noyau ou micronucléus; c., cils de même taille, recou- vrant toutle corps; é. 0.,trichocystes offensifs ; £, d., trichocystes défensifs. préhenseurs des aliments (V. fig. 1), recouvrent unifor- mément tout le corps et se continuent même dans une dépression antérieure, sorte de pharynx dont les parois contiennent de petites baguettes b, formant ainsi une nasse pharyngienne. L’orifice anal n’est pas permanent et n'apparaît qu'au moment de l'expulsion des résidus de la digestion (excreta). 2e SÉRIE — IN° 4G 2: A DV JUILLET 1906 Parmi les afüsoires hôlotriChes (à cils semblables) se trouve un petit animalcule, la Paramécie, très com- mun dans toutes les mares, dans les infusions des plantes, des feuilles sèches et des fleurs,etc. La bouche‘de cette dernière est un simple enfoncement irrégulier ou infundibuliforme de la surface du tégument. Cet orifice buccal s’élargit démesurément quand il fonctionne. Le mode d'alimentation est très particulier et consiste en proies diverses capturées par la Paramécie (Proto- zoaires ou [nfusoires presque aussi gros qu’elle-même). Cette dernière, comme du reste la plupart des Infusoires holotriches, est pourvue d’une armature pharyngienne (nasse pharyngienne), constituée par une série de baguettes chitineuses situées dans le plasma cortical, disposées parallèlement au pharynx et lui formant une sorte de garniture externe. Cette arma- ture, qui donne une certaine rigidité au pharynx, lui per- met de se projeter hors de la bouche, de se dilater et de saisir plus facilement les proies en les enlaçant étroite- ment (V. fig. 1). Les trichocytes sont de minuscules armes défensives (tri- chocystes défensifs) ou offensives (trichocystes offensifs) logées en partie dans l’ectoplasme et en partie dans le plasma cortical (V. fig. 1,4.d. et t.0.). Les trichocystes défensifs sont disposés régulièrement sur toute la surface du corps. Ils ont la forme d’un ovoide allongé dont la grosse extrémité est surmontée d'une petite pointe conique, destinée sans doute à transmettre lexcitation externe et à déterminer l'explosion. Brusquement alors le trichocyste se dé- veloppe en une longue aiguille, mince et à pointe acérée, dépassant la paroi du corps et la bordure ciliée et blessant ainsi les proies ou l'ennemi environnant (V:fig. 2, à, b, d). Fig. 2. — a, b et d, trois lrichocystes défensifs (d'ap. Maupas). — R, coupe d'une portion de la paroi du corps d'un Infu- soire cilié, avec l'endoplasme E, l'ectoplasme e, le plasma cortical pé, les cils c. et les trichocystes défensifs é. Les trichocystesoffensifs sont des sortes de flèches à extré- mité amincie,desarmesredoutables dont l’Infusoire se sert à volonté et qu'on peut comparer, pour les effets qu'ils produisent, aux nématocystes des Cœælentérés,. Ils sont disposés au pourtour de l’orifice buccal et peuvent être projetés au loin à l’aide d’une brusque contraction du corps de l'animal, Ce sont des armes constituées par du protoplasme durci que l’Infusoire emploie pour atteindre et capturer sa proie. Quand il rencontre des animaux susceptibles de lui servir de nourriture (habituellement des Infusoires), il leur décoche prestement ses dards empoisonnés qui les hypnotisent et les paralysent sans cependant les tuer. Les proies, ainsi immobilisées par les 162 liquides venimeux entraines par les trichocystes offen- sifs, vivent encore, car leurs vésicules pulsatiles conti- nuent à battre; mais, réduites à l'impuissance, elles ne tardent pas à être dévorées par l’Infusoire carnasster, De semblables appareils de défense, appelés nématocystes, se rencontrent également chez les Actinies, les Siphono- phores et, en général, chez tous les Cœlentérés. Des trichocystes offensifs et défensifs, analogues à ceux des Paramécies, existent aussi, d’après Maupas, chez les Tillina, Nassula Pleuronema, Lagynus, Dilepsus, Didi- nium, etc... Parmi les Hétérotriches, les Strombidiumen possèdent également ; les Épistylis, de l'ordre des Péritriches, sen sont de même pourvus. Enfin, dans la section des Infu- soires tentaculifères, on ne rencontre guère des tricho- cystes que parmi les Ophiodendrons. D: L. BoRDAS. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX ivants et Fossiles" Protozoaires marins. — Les Rhizopodes et les Infu- soires se trouvent partout dans la mer, dans les eaux saumäâtres et dans les eaux douces. Cependant ils sont plus abondants dans les mers chaudes, comme le fait est général pour tous les Invertébrés marins. ‘Ils constituent en grande partie le Plankton.Ona cru pendant longtemps que les Rhizopodes se contentaient de ramper sur le fond et sur les algues qui s’y trouvent fixées. Les naturalistes de l'expédition du Challenger, WYVILLE THOMSON et MURRAY, ont montré les premiers que les Globigérines vivent en réalité à la surface et jusqu'à une profondeur de 150 à 200 mètres où on les recueille à l’aide du filet fin. Elles se soutiennent à ceniveau en étendant les pro- longements filiformes de leur protoplasme. Les espèces pélagiques ont une répartition très étendue et sont sou. vent cosmopolites (BRADY). Les coquilles de ces animaux que l’on trouve en si grande quantité mêlées au sable du fond et qui constituent, dans l'Atlantique du Groënland jusqu’à Tristan d’Acuna et probablement au delà, un vaste bas-fond formé en grande partie de ce que l’on a appelé la « Vase à Globigérine », sont des coquilles pri- vées de leur protoplasme, des Globigérines mortes, et qui même ont dû servir à la nourriture d’autres animaux qui les ont rejetées après avoir digéré les parties molles. On sait que l'estomac des Holothuries est rempli d’une boue presque entièrement composée de Foraminifères. — Les Radiolaires se tiennent généralement à une plus grande profondeur que les Foraminifères, au moins en pleine mer. Leur nombre s’accroit à la profondeur de 1.500 à 2.000 mètres ; les espèces de surface deviennent plus abondantes et beaucoup de types quimanquent à la surface se trouvent à ce niveau, et de là jusque dans les grandes profondeurs; leurs tests constituent une « Vase (1) Voir les n°5 458 du Naturalisle et suivants, LE NATURALISTE à Radiotaires » (MuRRAY), comparable aux dépôts formés parles Foraminifères et qui,dans l'océan Glacial Antare- tique, couvre une surface de 10 millions de milles carrés où les débris de Radiolaires représentant 50 % du dépôt qui s'effectue au fond de la mer. D'après les recherches de MURRAY et IRVINE (1892), les Radiolaires ne manquent que dans le voisinage immédiat des côtes, notamment aux embouchures des rivières. Dans le canal des Feroë, en 1880, une pêche de surface a fourni les genres Acan- thomitra, Xiphacantha, Heliosphæra, Thalassicola, Spongo- discus et beaucoup d’autres, Les Protezoaires sont au nombre des plus anciens or- ganismes qui aient vécu à la surface du globe, mais ceux qui étaient pourvus d'une coquille calcaire ou siliceuse ontseuls pu se conserver dans les couches sédimentaires anciennes, C’est ce qui explique pourquoi les Foramini- fères sont plus rares dans les terrains primaires que dans les couches secondaires et tertiaires. En effet, les Ami- boides à protoplasme nu et sans coquille, ont dù précéder les Rhizopodes à squelette dur. Laissant de côté l’Eozoon du Laurentien de l'Amérique du Nord et les organismes, non moins problématiques, que l’on a réunis sous le nom de Receptaculidæ, il nous faut arriver jusqu'au cal- caire carbonifère pour trouver de véritables Foramini- fères représentés par des bancs entiers de Fusulina qui se retrouvent en Russie, dans l'Amérique du Nord, en Chine, au Japon, aux Indes, à Sumatra, en un mot sur presque tous les points du globe. Dès lors, on en trouve dans toutes les formations marines, postérieures à cette époque, mais c'est surtout dans le Crétacé que cette classe prend une grande extension :les Globigérines et les Milio- lides forment de véritables bancs dans la craie blanche. Les Miholides inperforées et les Alvéolines prédominent dans le Tertiaire, mais ce sont les Nummulites, les plus grands des Perforés, qui caractérisent l’Éocène, notam- ment dans le bassin de la Méditerranée. Cette époque marque le point culminant de l’évolution des Foramini- fères. Dans le Pliocène on trouve les mêmes genres, et sensiblement le même nombre d'espèces que dans la faune actuelle. D'ailleurs, l'évolution de ce type semble avoir été fort lente : la plupart des genres fossiles ont encore des représentants à l’époque actuelle; ainsi Lituola, Dentalina, Valvulina, Lagena, etc., qui datent du carbonifère,sont encore vivants. Ce fait nous indique que les conditions d'existence ont peu varié dans les grands océans. La plupart des Foraminifères sont microsco- piques; cependant les Nummulites atteignent une grande taille relative, même à l’époque actuelle. L'évolution géographique des Rhizopodes est plus nette que leur évolution géologique. Ainsi les formes de grande taille (Nummulites, Alveolina, Loftusia) sont non seulement en voie d'extinction depuis le Miocène, mais les rares représentants actuels deice groupene se trouvent plus que dans les …1mers tropicales. (Or, les Nummulites éocènes ont formé de véritables assises géologiques en Europe (Pyrénées, Alpes, Carpathes, Caucase), dans l’Inde, en Egypte, etc. Ceci nous indique que les mers de l’Europe centrale, à l’époque éocène,avaient une tempé- rature plus élevée que denosjours, ce que confirment les changements subis par les autres représentants de la faune marine (Coralliares, Mollusques), dans cette même région du globe. À l'époque actuelle, le géant de la classe des Foraminifères est le Cycloclypeus guembelianus, es- pèce de Nummilitide, qui vit dans les grandes profondeurs du Pacifique et qui atteint 6 centimètres de diamètre, taille comparable à celle des grandes espèces éocènes. Les Foraminifères, nous l'avons dit, ont formé d'épaisses couches géologiques, quiconstituent en grande partie le sol de la France, et que l’homme exploite pour se construire des habitations. Le Calcaire grossier ter- tiaire dont sont bâties la plupart des maisons de Paris et du centre de la France, est rempli de Miliolides &u sous-genre Quinqueloculina (G. saxorum), et l'on pourrait faire un curieux rapprochement entre cette poussière fossile, qui se soulève sous nos pas dans les rues de Paris et que nous respirons involontairement, et la pous- sière de Globigérines vivantes, qui forme le Plankton de l'Atlantique. En se déposant peu à peu au fond de l'Océan, celle-ci constitue de nouvelles assises géolo- giques qui serviront peut-être un jour à bâtir de nou- velles cités dans les siècles à venir. MAX SCHULTZE à calculé que l’on trouvait actuellement 50.000 coquilles de Foraminifères dans un gramme du sable du môle de Gaète. La sédimentation qui se continue au fond des mers actuelles ne diffère en rien de celle qui s'opérait dans les mers mésozoïques. Les Radiolaires fossiles sont moins bien connus que les Foraminifères, et les espèces vivantes n'ont pas été complètement étudiées jusqu’à ce jour. Nous nous con- tenterons de signaler la famille des Cyrtidæ comme ayant probablement atteint son apogée à l'époque tertiaire et dans les mers équatoriales (ZITTEL). — Quant aux Infu- soires, ils n’ont laissé que des débris insignifiants dans les couches géologiques. . Spongiaires marins. — À l'opposé des Protozaires, les Éponges sont des organismes toujours fixés à l'âge adulte : mais lés larves se déplacent et se laissent dissé- miner par les courants marins. Elles sont plus abon- dantes dans les mers chaudes, et c’est là que leurs colo- nies atteignent de grandes dimensions, jusqu'à un mètre et plus de hauteur pour une seule éponge. On en trouve aussi dans les mers tempérées, mais elles disparaissent peu à peu à mesure qu'on se rapproche des régions arctiques. Ce sont des animaux essentiellement côtiers, ou plutôt de fond, car on les trouve depuis la zone des marées jusqu'aux plus grandes profondeurs. Celles qui ont ce dernier habitat sont toutes du groupe des Éponges calcaires et siliceuses, ce qui les rapproche des types fossiles les plus anciens. Sur les côtes on les trouve fixées aux rochers, aux coquilles et aux algues ; quel- ques-unes se fixent simplement dans la vase et par suite se déplacent facilement sous l'influence des courants. Plusieurs espèces sont cosmopolites. Les Eponges se nourrissent des corpuscules orga- nisés formant le Plankton qu'entrainent les courants et qui pénètrent par les pores inhalants, attirés par le mou- vement des cils vibratiles qui les garnissent. Les Éponges calcaires sont exclusivement marines et limitées à la zone des rivages jusqu'à 3 et 4 mètres de profondeur : au delà elles deviennent très rares. Les Éponges vitreuses (Hexactinelles) habitent au contraire les grandes pro- fondeurs, et comme la température est plus égale à ce niveau, on les trouve aussi bien dans les mers tempérées (iles Féroë) que dans les mers intertropicales. Les | Eponges à spicules siliceux, notamment les Lithistides (éponges pierreuses), vivent entre 160 et 500 mètres, et les Eponges fibreuses dans la zone des rivages et même dans les eaux saumâtres. Les Eponges fossiles peuvent toutes se rattacher à ces LE NATURALISTE RO 163 que l’on connaisse (dans le silurien inférieur du Canada se rapportent aux Lithistides et aux Hexactinellides. Les premières éponges fibreuses se montrent dans le calcaire carbonifère d'Écosse, Les Lithistides sont très abondantes dans le Jurassique supérieur d'Europe et les Eponges calcaires dans le crétacé inférieur, notamment dans le Cénomanien de l'Ouest de la France. La faune crétacée d'Europe semble se retrouver dans le Miocène du Nord de l'Afrique avec des Hexactinellides et des Lithistides prédominantes, et dès la fin du tertiaire on passe à la faune actuelle, dont les six ordres principaux datent de l'époque paléozoique. Les éponges fibreuses ou cornées, dépourvues de squelette solide, ne se sont pas généralement conservées à l'état fossile, La comparaison entre les faunes anciennes et la faune actuelle, ne présente d'intérêt qu'au point de vue géologique, les mœurs comme les formes des Éponges étant restées stationnaires : la présence, dans un sédiment, d'Hexac- tinellides et de Lithistides fossiles indique une forma- tion de mers profondes. Les Éponges calcaires (Pharé- {rones) au contraire indiquent une faune de rivage. Coralliaires ou Polypiers. — Ces animaux jouent dans les formations géologiques d'origine marine un rôle non moins important que les Foraminifères. A l’époque actuelle les Coralliaires n'ont leur complet épanouisse- ment que dans la zone intertropicale et même dans la zone torride entre 15° nord et 15° sud de chaque côté de l'équateur. C’est là que se trouvent les bancs et les récifs de coraux qui forment de véritables iles appelées Atolls, et sur lesquels nous reviendrons plus loin. Ces immenses sociétés de Polypes, réunies sur une base commune qui s’accroit lentement, mais d'une facon continue (Colonies de PERRIER), ont besoin pour vivre d'une température qui ne s’abaisse jamais, même dans les mois les plus froids de l’année, au-dessous de 20°, Partout où des courants froids abaissent la température normale des côtes, comme sur les rivages occidentaux de l'Amérique du Sud, de l'Australie et de l'Inde, les grands bancs de Coraux font défaut, tandis qu'ils existent ailleurs sous le même parallèle. Les récifs des Bermudes (par 330 lat. nord) sont les plus éloignés de l'équateur; au Sud, les récifs coralliens ne dépassent pas 290 de lat. On peut distinguer, de part et d'autre de l'équateur, deux zones, l'une torride, limitée par l’isochimène de 2304 où toutes les formes Coralliaires prospèrent éga- lement: l’autre subtorride, limitée par l’isochimène de 200, où les Madréporaires, qui sont le type des Poly- piers constructeurs d’Atolls, font défaut, où les Astréa- cées et les Fungies deviennent rares, tandis que les Porites, plus résistants aux basses températures, finis- sent par prédominer. En outre, avides d'oxygène et de lumière, ne vivant que dans l'eau la plus pure, les Madréporaires ne se trouvent pas à une profondeur de plus de 50 mètres et ne s'installent jamais sur les rivages vaseux où dans l’eau trouble des estuaires. D'après Dana, les régions de récifs coral'iens sont vrès particulières et ne coïncident avec aucune autre division : il en admet trois : 4° L'océan Indien avec la mer Rouge; 2° les iles du Pacifique avec les côtes adjacentes de l'Australie; 3° les Antilles avec les Ber- mudes. Cette dernière est la plus isolée, mais chacune renferme des formes spéciales, ce qui est d'autant plus remarquable que pour d’autres groupes (Mollusques) la faune de l'océan Indien se confond avec celle du divers types des mers actuelles. Les plus anciens restes ÿ Pacifique. de donner un apercu de géographie botanique sur les d'explorer. suffisante pour le parcours, car il ne faut point:compter sole, un bon fusil, avec munitions et des haches, armes composent de lard salé, de conserves, de biscuits, 464 LE NATURALISTE On peut, d’après leur:genre de vie, diviser les Madré- poraires en deux grands groupes : les Coraux de mers profondes, dont la distribution est beaucoup plus large, vivent indifféremment à des profondeurs de 400 à 3.000 mètres et jusque sur les côtes d'Europe, étant moins sensibles auxiconditions de température. Ce sont des Polvpiers simplement branchus, dressés ou ram- pants, ne constituant jamais de grandes masses calcaires (récifs) : tels sont les Turbinolides, les Oculinides et le Corail lui-même, qui:appartient au groupe des Alcyo- naires; les Coraux ‘de récifs, qui forment le second groupe et auxquels s’appiiquent les généralités que nous avons indiquées plus haut, vivent au contraire à une faible profondeur, et par conséquent sur les côtes, rare- ment au delà de 50 mètres. A l'époque actuelle les cons- tructeurs de récifs appartiennent aux genres Madrepora, Porites, Turbinaria, Pocillopora, aux Astréides, tels que Mæandrina et aux Fungides. Les bancs de coraux sont en outre constitués par l’association et l'enchevétrement d'Algues calcaires (nullipores), d'Alcyonaires (Heliopora), d'Hydroïdes (Milleporidæ), de Bryozoaires, de Mol- lusques acéphales, etc. (A suivre.) D'Æ.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. : CHRONIQUE & NOUVELLES Dens les forêts de l'Amérique du Nord. — Les essences | forestières du Canada. — Les dangers de la chasse au | bujfle. { M. T. Obalski, chargé de mission ‘scientifique, vient | forêts du Nord Amérique, qu'il a en l'occasion | | Ilest malaisé de voyager à travers ces forêts sans fin, | coupées de grands cours d'eau à marche rapide et péril- | leuse, par des tourbières, et pourtant on s’y aventure, | les uns à la découverte de quelque gisement minier qui | doit donner une fortune ‘facile, les autres pouf “i chasses, les pêches, si fécondes en émotions, d'autres, enfin, par goût pour cette vie étrange.et libre partagée | avec les sauvages. Pour entreprendre une longue -excursion de ces forêts ! pendant la belle saison, il est nécessaire de s'organiser ! d'avance. Il ne serait pas possible de s’avancer seul, et, pour chaque explorateur en partance, il faut un Indien et un Canadien qui serviront de porteurs et de guides. | On doit se munir d’une tente légère pour le campe- ! ment, d'un canot d’écorce pour la descente des rivières et des rapides, de provisions de bouche en quantité se ravitailler en route, bien que la chasse:soit cependant d'un utile secours alimentaire. Il faut :anssi une bous- puissantes. dans la main du Canadien.Les provisions.se d’alcoo!, de thé, de sucre, d’allumettes. La ‘hache et les allumettes sont les armes indispen- sables du ‘trappeur; la hache lui servira et pour la chasse et pour s'ouvrir un Chemin; ‘elle Jui sera ‘utile ‘pour monter -en ‘halte un -canrp auprès duquel la précieuse allumette lui permettra d'établir un fen absolument nécessaire, car sa chaleur atténuera la fraicheur delair et la fumée chasseraïles terribles moustiques du Nord: qui'vous harcèlent sans cesse. On loit prendre le plus grand soin de tes allumettes :si utiles ; aussi les entoure- t-on de tout ce quipeut les préserver de l'humidité. La marche en forêt est très pénible; le sol couvert d'épaisses couches de mousses et de fougères fonce sous les pas des voyageurs; des arbres morts, décomposés, barrent la route et obligent à une gymnastique fatigante sous la charge que l'on doit nécessairement porter. D'horizon, on n’en voit ‘point; la vue est continuelle- ment masquée par ume forêt de :mâts ; aussia-t-on besoin de faire tant de :détours qu’on ‘est rompu après une courte route. A la ‘halte du soir, on ‘établit un campe- ment sommaire pour passer, à Ja. belle étoile, près d'un grand feu, ‘une nuit souvent troublée par l'approche des fauves. On évite le plus possible la marche épuisante à travers bois en suivant en canot d’écorce le cours des rivières. Ce n’est pas que le chemin soit plus court en lui-même, mais le ‘temps passé en forêts ne compte guère comme facteur; ‘on ‘y vit inconscient des jours, comme hypnotisé sous ‘un ‘charme singulier qui fait aimer le silence et la vie indépendante et naturelle.de l'Indien. La vie dans ces forêts septentrionales n'est point dangereuse ; les trappeurs sont inoffensifs et les fauves ne sont pas à craindre, Lie sauvage est un compagnon en général taciturne; il ne sait que quelques mots d'anglais et de français, est peu pressé et paresseux; il a son utilité comme guide -dans les canots d’écorce, qu'il manie admiralilement. Ces canots sont très légers et flexibles, ils sont faits avec l'écorce du bouleau et n'ont guère plus de.3 m.80 de long'sur 70 centimètres de large; ils peuvent contenir trois personnes installées dans le fond avec leurs bagages. L’Indien, assis à une extrémité, le conduit avec un petit aviron. Sur ce léger et frêle esquif, on parcourt de longues routes liquides et Jon descend les rapides, pentes d’eau torrentueuses, s'étendant parfois sur plusieurs kilomètres de longueur, obstruées par des battures, suite incohérente de rochers ‘saillants ‘entre lesquels Jeau cascade, Ces rapides sont toujours dangereux à parcourir, mais l'Indien manie si facilement son canot, qu’on les passe -sans trop d'avaries. Mais Ja route que l’on recherche n'existe pas toujours; il faut alors se tailler un chemin dans la forêt à travers laquelle on n'avance que lentement. Les premières ‘heures du voyage offrent quelques nouveautés; puis, la forêt devenant bientôt de plus en plus dense, la vue se fatigue, bornée qu'elle ‘est ‘par les quelques arbres, toujours à peu près semblables, :qu'on a devant soi. Pour :se mieux‘kguider, on gravit des points élevés; l'œil se repose alors, en pleine lumière, sur une immense mer de verdure et sur des chainons monta- gneux simulant une ‘succession de vagues géantes. Les sommets les moins éloignés semblent être tout proches, et la distance qui les sépare facile à franchir; c’est là une illusion qui disparaît bientôt. En effet, en regardant plus attentivement, on distmgue dans les vallées comme de grandes plaines à herbages riches, de teinte plutôt jaunâtre, tranchant sur de vert foncé de la forêt, ou d'autres plaines, d'aspect «différent, couvertes d’une végétation d'allure «étrange, rasant ‘un sol plat et uxi- forme, comme -des savanes æt.des fourbières. Après une longue æt difficile pérégrination sous le couvert de Ja forêt, pn est agréablement surpris, en découvrant ces ‘larges æspaces; la route, ‘tout à l'heure encombrée, paraît désormais libre et facile, on se croj- rait sur de bord nn lac ‘aux eaux verdoyanies immobilisées; la forêt, en effet, ‘s'arrête tout court, découpée suivant ke «corttour de ces plaines. Le paysage -estioriginal Fig. 4. — Insecte pélagique (Hemiptère) Halobates micans. Bryozoaires. — Ces animaux, qui se rattachent par leur organisation aux Mollusques, vivent, comme les Coralliaires, en colonies nombreuses fixées au fond, aux algues ou aux rochers, dans la zone littorale. Surles bancs sous-marins, ils forment de véritables prairies, semblables à celles observées par HALLEZ (1) dans le dé- troit du Pas-de-Calais, notamment sur le haut des Pla- tiers fond rocheux formant saillie par 28 mètres de pro- fondeur en facele Touquetetl'embouchure de la Canche. Les Bryozoaires s'y mêlent aux algues calcaires du genre Lithothamnium, aux Floridées, aux Sertulaires, aux Eponges, aux Ascidies, etc., et revêtent la colline sous-marine d’une variété de couleurs vives, allant du rose au rouge vif et au carmin, du violet et de l’orangé au vertetau gris bleuâtre, de manière à rappeler l'éclat des récifs coralliens de la zone intertropicale. On n’a pas trouvé moins de 128 espèces de Bryozoaires sur ce seul point de nos côtes. — Les Bryozoaires se trouvent dans outes les mers, au Nord jusque sur les côtes de la Nou- velle-Zemble, par 70° de lat. N. La plupart des familles ont cosm opolites ou du moins très largement dispersées sur le globe: cependant les Diastoporidæ prédominent dans le Nord tandis que les Selenaridæ sont exclusive- ment tropicales, et les Celleporidæ des mers tempérées des denx hémisphères ; les Catenicellidæ et les Vincula- ridæ sont confinées au Sud de l’Equateur. Certaines formes vivent dans les grandes profondeurs : tel est Na- resia cyathus qui rappelle les Dictyonema, Hydroïdes de la faune primordiale. Les Bryozoaires marins étaient nombreux dés l’époque paléozoïque où les Cyclostomes précèdent les Cheïlos- tomes, tandis que les types d’eau douce sont tout à fait modernes. Dans le Crétacé, on a décrit plus de 700 es- pèces, dont un tiers seulement appartient aux Cheilos- tomes ; mais ceux-ci prédominent dans le tertiaire et à l’époque actuelle. Par ailleurs, l’évolution de ces animaux semble avoir été fort lente : plusieurs genres actuels datent du Jurassique, la plupart remontent au Crétacé. Beaucoup d'espèces passent sans changement d'un étage ou d'une période à l’autre: deux outrois espèces crétaci- ues et soixante du tertiaire vivent encore dans les mers d'Europe. (A suivre.) D' E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. ) P. Harrez, Draguages effectués dans le Pas-de-Calais Fo. Biol. du Nord de la France, 1888-89, II). on LE NATURALISTE 19T LE FLAMMANT ROSE Sa raréfaction en France. — Mœurs et habitudes. — Comment il niche et comment il couve. — Les flam- mants de la Camargue. — Distribution géographique. — Les flammants du lac Menzaleh. On pourrait définir les Flammants: des païmipèdes lamellirostres à jambes d'échassier, ou des échassiers palmipèdes à bec de lamellirostre. Ils ont, en èffet, les pieds palmés, le bec dentelé, le plumage serré et appli- qué contre le corps des cygnes, des oies et des canards, mais ils poussent jusqu'à l’exagération le caractère do- minant des échassiers : la longueur et la gracilité des tarses. Aussi ont-ils été ballottés par les nomenclateurs d’une division dans l’autre, tantôt placés à côté descygnes dont le cou rappelle un peu le leur, tantôt colloqués dans le voisinage des spatules et des ibis. S'ils ne trouvent définitivement nulle part droit de cité, encore doivent-ils tout au moins former un groupe intermédiaire, reliant les palmipèdes aux échassiers, De hautes jambes grêles, un cou démesuré et serpentiforme, un bec extravagant, donnent à ces oiseaux, qui charment d'autre part par la beauté du plumage, une physionomie un peu caricatural. Le bec est très épais et comme brisé vers le milieu, légè- rement infléchi à la pointe, et les deux mandibules, gar- mes sur les bords de petites lames transversales très fines, s’emboitent l’une dans l’autre, l'inférieure étant plus large, plus renflée que la supérieure. On l'a comparé à “une de ces tabatières, faconnées dans un coquillage que l'on voit souvent à l’étalage des bazars, la mandibule in- férieure représente la tabatière, la supérieure figure le couvercle. Ce bec bizarre loge une langue grande, épaisse et adipeuse dans sa moitié postérieure, allant en s’amin- cissant d’arrière en avant, et remplissant tout le bec, moulée, pour ainsi dire, par la mandibule supérieure. Ce type excentrique ne date pas d'hier, c’est au con- traire une forme très ancienne remontant à des ancêtres de l’époque miocène, mais en voie de disparition sur la surface du globe. Une famille, un genre, cinq ou six espèces. Une seule est propre aux régions méditerranéennes et à la France, le flammant rose (Phenicopterus roseus Pallas), le phéni- coptère des anciens, l'oiseau aux ailes de pourpre (1). (4) L'oiseau que quelques auteurs ont distingué sous le nom de Ph. antiquorum forme avec ph. roseus une seule et même espèce. Les différences de taille et de coloration qu’on avait cru reconnaître sont l'effet de l’âge, du sexe et de la saison. PA. erythrœus, de l'Afrique occidentale et méridionale, espèce décrite par +. Verreaux (Prev. et Mag. de Zool. 1855, p. 221), ressemble beaucoup au flammant rose, mais il est plus petit et de couleurs plus vives; sous ce dernier rapport il établit une transition entre ph. ruber d'Amérique et ph. roseus. Ph. minor, Geoffroy Saint- Hilaire, beaucoup plus petit que ph. roseus, a pour patrie VAfrique méridionale et occidentale ; on le trouve dans la Séné- gambie et en Guinée. Ph. ruber, Linné, la plus grande de toutes les espèces, entièrement rouge, habite l'Amérique septentrio- nale, centrale et méridionale. Ph. chilensis, ignipalliatus, Is. Geoffroy, à bec jaune, noir däns sa partie antérieure, plus petit, est répandu dans l'Amérique méridionale, le Chili, la Répu- blique Argentine. — Gray a décrit dans l’Ibis (4869, p. 443, pl. 14, fig. 5) sous le nom de ph. glyphorhyncus un flammant ren- contré aux iles Galapagos. Ph. rubidus, Feilden (Ibis, 1869, p. 442, pl. 43, fig. 3), cf. Ph. rosens, Jerdon, The bird of India, p. 115 ; ph. minor, Jerdon, Catalogue of the Birds of the peninsula of India, p. 374. 2 Le phénicoptère a, en effet, un plumage blanc nuancé de rose et le dessus des ailes d’un rouge ardent avec les rémiges noires, des pieds d’un rouge passant au rose, du rose encore répandu sur le bec à pointe noire et du rouge cerclant l’œil jaune. Il est donc bien nommé flammant rose à cause de la couleur dominante de son costume, phénicoptère en raison du rouge éclatant qui décore ses ailes. Dans le même ordre d'idées, le nom actuel de flammant est une modification de celui de flambant qu'om lui donnait autrefois « parce que sa couleur rouge le faig paraître comme en feu ». La femelle est plus petite que le mâle et a les teintes roses et rouges moins vives. Les jeunes, en premier plumage, sont gris mouchetés de noirâtre sur le dessus des ailes, avec le bec grisâtre à pointe brune, les pieds livides, l'iris d’un jaune très clair. A mesure qu'ils avancent en âge, leur plumage se colore en rose et em rouge, mais ce n’est qu'à trois ans qu'ils revêtent la superbe livrée des adultes. — Les poussins en duvef n’ont pas la cassure du bec. La Camargue était autrefois, en France, le lieu d'élection du flammant rose, et c’est eucore dans les grands étangs salés qui eutrecoupent le delta du Rhône qu'il se plait parfois à venir nicher. Mais les flammants de la Camargue ont beaucoup diminué depuis un demi- siècle, et leur nombre va toujours en décroissant. Le jour est prochain, s’il n’est pas arrivé, où ils seront devenus des hôtes plutôt rares dans ces lagunes qu'ils peuplaient jadis à des époques déterminées, car Îles flammants, erratiques ou migrateurs selon les pays, aiment à varier leurs villégiatures, Dès longtemps, Îles poursuites acharnées des chasseurs qui en ont fait, aux jours passés d'abondance, de stupides massacres, sans épargner les nids dont ils pillaient les œufs, ont éveillé leur méfiance, et de continuels dangers les ont éloignés peu à peu de ces lieux hostiles, où ils ne trouvaient plus la tranquillité recherchée par leur naturel prudent et indispensable aux conditions de leur vie. Ils dispa- raissent, comme tant d’autres animaux, devant les progrès de notre civilisation; progrès des armes à feu, des engins de toutes sortes, des améliorations agricoles entreprises pour fertiliser les terres marécageuses, notamment par la culture du riz qui a pris, en Ca- margue, un développement rapide; sans parler des importants vignobles constitués en des terrains dessalés à une époque où le phylloxera était partout menaçant. Que pouvaient faire de malheureux flammants contre l'alliance offensive de Cérès et de Bacchus? Chercher des retraites plus sûres... et ils ont fui. A regret, faut-il croire, car plusieurs d’entre eux, fidèles aux habitudes anciennes, ont refusé d'abandonner le plus vaste des étangs du Delta. Valcarès voit encore s’abattre sur ses rives des troupes de flammants, et des couples persistent à y étaler leurs nids. Ils choisissent des endroits découverts et retirés où lon ne peut aborder en bateau à cause du peu de profondeur de l’eau, ni arriver à pied-à cause du fond mou et vaseux, et où se trouve en abondance une coquille bivalve du genre Cardium. Là ils se construisent avec de la boue, sans adjonction d'herbe d'aucune espèce, des nids coniques, hauts de 30 centimètres environ Au sommet, une excavation peu profonde reçoit les œufs. Autour de chaque nid circule un petit fossé creusé par les flammants en prenant la terre 192 LE NATURALISTE nécessaire à leur construction. La dépression terminale du nid est tapissée de débris de cardium, dont les coquilles brisées jonchent le sable environnant. On reconnait l'emplacement d'anciens nids au fossé, qui forme sur le sol aplani comme une couronne dépourvue de débris de cardium (1). (À suivre.) MAGAND D'AUBUSSON. PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES Volcans des Nouvelles-Hébrides À l'histoire des troubles volcaniques d’Ambrym se rattachent des faits et des légendes intéressants. Dans le courant de cette année 1902, à la mission d'Olal située sur la côte S.-0. d'Ambrym,le R. P.Suas faisait percer un chemin donnant accès de la mer à la mission, À un certain endroit, il fallut creuser une tranchée profonde. Après avoir enlevé sur une épaisseur de 2 mètres, le sable noir et les cendres qui couvrent uniformément le sol de cette partie de l'ile, il tomba sur une terre rouge ayant l'aspect de la brique, dure comme un roc et qu’il fallut attaquer du pic et de la hache. Sur une épaisseur de # mètres, on eut affaire à cette roche qui semble s'étendre sur toute cette région, puis on retrouva un sable analogue à celui de la surface. En continuant à creuser on découvrit bientôt de larges pierres plates entassées comme celles qui recouvrent aujourd'hui les tombes des indigènes. «Tiens, les morts !» dirent en plaisantant les Canaques. Quels ne furent pas leur étonnement et leur terreur, lorsque, ayant enlevé ces pierres, ils eurent, en effet, mis au jour des cadavres humains. Ils s'en- fuirent. Le KR. P. Suas examina ces restes. Ils étaient si friables qu’en les touchant seulement, on les réduisait en poussière : 11 fut impossible d'en conserver des pièces intactes. Cependant, à l'ouverture de ces tombes, on reconnaissait nettement que les morts avaient été ensevelis dans la position accroupie, les jambes croisées en tailleur. Or, ce mode d’ensevelis- sement ne se retrouve plus actuellement chez aucun peuple des Nouvelles-Hébrides, mais il s’observe chez les Australiens. Enfin dans ces sépultures, le R. P.Suas ne trouva comme vestige de civilisation que des débris de poteries ornées de dessins. Ces débris frappèrent beaucoup les indigènes, car actuellement on ne fabrique plus de poteries aux Nou- velles-Hébrides, sauf un peu à Espiritu Santo, à Poussey. On en fait aux îles Salomon. Mais à Pentecôte on trouve parfois des fragments semblables à ceux d'Olal. C’est une poterie grossière faite d'argile rouge mélangée d'un peu de terre à sable noir, épaisse de 1 centimètre et ornée de dessins rudimentaires faits de simples traits. En les voyant, les indigènes dirent spon- tanément au missionnaire : « Les très anciens racontent que les très vieux avant eux ont entendu parler d'hommes qui habitaient le pays avant l’arrivée des gens de notre race. Ces hommes fabriquaient des pote- ries; mais le secret de cette fabrication ne nous a (1) Observations de M. Goubie. À f pas été transmis. Ces morts qn'on vient de trouver appartiennent sans doute à ces premiers habitants du pays. » Le fait paraît évident. Avant la venue des habitants actuels, une race industrieuse occupait l'ile; elle fut détruite par les envahisseurs et par les éruptions qui les engloutirent ou les mirent en fuite. Il semble, en effet, qu'un certain nombre d’entre eux se réfugia dans le sud de l’ile Pentecôte où, nous l'avons déjà dit, on trouve des restes de poteries identiques à ceux décou- verts à Olal. D'ailleurs, à Pappui de cette opinion, s'ajoute ce fait qu'il existe à Ambrym des noms de villages dont la signification est perdue pour les gens d'Ambrym et qui ont conservé un sens dans le langage de Pentecôte. Ce qui laisserait encore penser que les volcans d'Am- brym sont d’origine relativement récente ou tout au moins que leur activité a été intermittente, et en effet les indigènes disent que les anciens leur ont conté qu'autrefois l'ile était paisible ; que les gens d’Aoba étaient alors, au contraire, victimes de leur volcan. Or, ajoutent-ils, ils s’en rendirent maîtres et, une nuit, l’apportèrent en pirogue sur l’ile d’'Ambrym. Enfin, pour en finir avec Ambrym, voici une dernière légende se rattachant aux phénomènes géologiques de cette ile. À quelques kilomètres de Batin se trouve dans les terres un village. Autrefois, ce village s'élevait sur le bord de la mer. Les habitants s'y nourrissaient de poisson qui abondait sur la côte. Mais, parmi ces pois- sons, dit la légende, il en était un «tabou » (c'est-à-dire sacré, interdit), auquel les esprits défendaient de tou- cher. Or, une femme, enfreignant l'ordre, en mangea certain jour. Aussitôt la terre gronda et la mer, à tout jamais, s’éloigna du village. L'ile Pentecôte est séparée d’'Ambrym par un détroit relativement resserré. Dans sa majeure partie, elle est composée de coraux. Cependant son arête centrale et surtout le tiers sud sont d’origine ignée. Dans l’extré- mité méridionale, on trouve deux volcans éteints. L’un situé sur une ligne joignant la baie Huomo àla baie Barrier est éteint depuis un temps immémorial; une végétation superbe, des arbres énormes ont cru dans son cratère, un village s’y est installé. Un peu plus au Sud, en face de la baie Wartilli se rencontre l’autre volcan. Celui-ci s’est éteint plus récemment; de très vieux indigènes actuellement en vie se souviennent de l'avoir vu en activité, Enfin dans cette ile se trouvent des sources chaudes. À Truchy-point, par exemple, se rencontre une source sulfureuse dont la température est telle qu'on n'y peut mettre la main. Aoba s'élève brusquement à 1.200 mètres d’ stade! Cette ile est en grande partie volcanique. Le sommet formé par un plateau est occupé par deux anciens cra- tères. Ils sont aujourd’hui éteints et remplis par deux petits lacs d’eau froide et potable, dans lesquels il ÿ a du poisson. Une végétation encore rudimentaire envahit ce sommet. Cependant, non loin des lacs se trouvent des fissures par lesquelles s’échäppent des vapeurs et des fumées. ï Dans les îles Banks, l'ile Gana, haute de 700 mètres, est un volcan depuis longtemps éteint. Vanua Lava, de même nature, présente des solfatares permanentes avec sublimation de soufre qui firent, il y a quelques années, de la part d'une société française, l’objet d’une tentative d'exploitation. Elles constituent deux groupes sur le versant de la montagne, l’un élevé à 6 ou 700 mètres, l'autre à 800 mètres d’alti- tude. Le cratère éteint occupe presque le sommet par 914 mètres. Après avoirtraversé une végétationluxuriante au milieu de laquelle cascadent des torrents d'eaux, les unes rouges, les autres d’un bleu lactescent, on arrive dans de vastes brèches dénudées où fument les solfatares. Les roches y ont subi des modifications chimiques, une sorte de kaolinisation, d'autant plus intenses qu'on ap- proche davantage du point d'émissions sulfureuses. Des amas de soufre sublimé s'échappent en sifflant des jets de vapeurs et de gaz. En plusieurs points bouillonnent et s'évaporent de vastes mares d’eaux boueuses gris ver- dâtre. Tout à côtésort, bouillanteetfumante, l’eau bleuâtre qui court plus bas à travers la forêt se mêler à l'eau rouge dans de larges vasques qu'entourent les fougères arbo- rescentes. Plus au Nord enfin, Ureparara représente l'élément volcanique près du groupe corallien des îles Torrès. Il est depuis longtemps inactif. Dans les Nouvelles-Hébrides fut signalé, en 1897, un volcan sous-marin. Depuis lors, ses manifestations furent intermittentes. Il est situé « sur la partie Nord du banc Laika, dans le Nord de l'ile Tongoa, à neuf enca- blures dans le Sud 45° Ouest du sommet de l'ile Tevala, et dans le Nord 37° Ouest de la pointe Boiling ». C’est en mai 1897 qu'il fut aperçu lançant des pierres, des fumées, des vapeurs. Peu à peu il émergea, formant une île; puis il s’éteignit, s’affaissa et disparut sous les eaux. De nou- veau, il se manifesta en 1900-1901. Il effleurait et émet- tait alors de la mer bouillonnante, des colonnes énormes d’eau. Il dura peu de temps, et depuis lors, on n’en voit plus traces. Dans les autres îles, actuellement, on ne signale point de volcans. Le corail paraît en constituer la plus grande partie. C’est ainsi que les vastes et si riches plaines d'Espiritu Santo sont de nature corallienne. La rivière Sarakata roule sur un lit de coraux presque depuis sa source. Vers le cap Cumberland s'élevait, d’après les récits de plusieurs voyageurs et d’après la légende qu'ils avaient établie, la ville immense et fortifiée construite par les Espagnols compagnons de l'explorateur Quiros à la fin du xvre siécle, ville dont les ruines grandioses au- raient subsisté jusqu’à nos jours. Or, ces fameuses ruines sont tout simplement de hauts rochers coralliens à pic et déchiquetés donnant en effet de loin l'impression véritable de murs démantelés. Cependant, une explora- ton méthodique de toutes les îles révélerait certainement de nouveaux volcans que laissent soupconner les apports des rivières, par exemple dans cette même ile Santo, la rivière Belehif qui roule des quartz et des roches ignées provenant probablement des monts Tongoa. Naturellement, dans cette région volcanique, les phé- nomènes sismiques sont très nombreux. Il serait fort intéressant de les étudier méthodiquement. Dans toutes les îles, on observe fréquemment des tremblements de terre. À Vanua Lava,ils s’'accompagnent souvent de raz de marée violents. Mais c’est surtout au centre du groupe, autour des principaux foyers Tonoa et Ambrym, qu'ils sont les plus fréquents. On peut dire, d’une façon générale, qu'il ne se passe pas un mois sans qu'on ne ressente des secousses plus ou moins fortes dans les îles environnantes. Mais c'est surtout de LE NATURALISTE 193 décembre à mai, pendant la saison chaude correspondant au maximum des pluies qu'on note le maximum d'in- tensité et de fréquence des tremblements de terre. Cependant, l’année 1902, qui fut remarquable par la fré- quence et l'intensité des tremblements, fut notablement moins pluvieuse que la moyenne des années précédentes. Les principaux points de départ des secousses semblent être Tanna et Ambrym, et leur direction de Tonoa vers Port Vila (Vaté), de Ambrym vers Port Sandwich (Mal- licollo). Lorsqu'un tremblement de terre se produit, on l'entend venir. I1 s'annonce par un grondement, une sorte de mugissement semblable à celui de la vague qui déferle au loin. Ce bruit, les animaux et les indigènes le connaissent bien; les coqs rappellent comme lors- qu'un oiseau de proie passe au-dessus d'eux; les chiens hurlent; les chevaux et le bétail se campent sur leurs pieds et s’immobilisent les jambes tendues; les indigènes crient; puis la secousse attendue arrive. Le plus sou- vent, les ondulations se propagent assez lentement pour qu'on puisse les suivre de l’œil : on voit les coteaux, les arbres se pencher les uns après les autres jusqu'au moment où l’onde passe sous vos pieds. Mais parfois aussi, beaucoup plus rarement, la secousse est verticale, venant immédiatement éclater sous vos pieds; elle est alors subite, forte et courte. Les espèces les plus violentes furent observées en 1886 et 1894, époques de grande éruption du volcan d'Ambrym. Généralement, les secousses sont peu vio- lentes, assez toutefois pour incliner les arbres et lézar- der les maisons. Durant l’année 1902, la fréquence et l'intensité des phénomènes sismiques ont paru plus con- sidérables que durant les années précédentes; en février, mars principalement, où il y eut des séries de huit et dix jours où les mouvements ne cessèrent pas. Il y eut alors des secousses de plus d'une minute de durée. Cependant, elles furent peu intenses, il n'y eut rien de grave, et l’on ne relève pas de coïncidence patente avec la crise des Antilles. : En résumé, l'importance volcanique de ce groupe qui fut jadis considérable, est en régression. L'activité autre- fois intense de ses bouches semble progressivement s'étendre. Cependant, de temps en temps, des manifes- tations, des accès éruptifs éclatent; ils sont intermit- tents et semblent se présenter périodiquement tous les huit ans : 1886, éruption d'Ambrym et de Mai; 1894, éruption d’'Ambrym; 1901-1902, volcan sous-marin entre Api et Tongoa. Dr P-R. JoLY, Correspondant au Muséum de Paris. ACADÉMIE DES SCIENCES Production d'une espèce élémentaire nouvelle de maïs par traumatismes. — (Note de M. L. BLARINGHEN, présentée par M. Gaston Bonnier.) L'auteur a souvent signalé l'importance des mutilations pour la production des monstruosités végétales. Cette méthode expéri- mentale vient de le conduire à la production d’une espèce nou- velle de maïs complètement stable depuis son apparition en 1903. C'est une forme très précoce qui, dans le nord de la France, mürit ses graines à la fin du mois d'août, alors que la variété fourragère dont elle dérive ne donne de graines müres que dans les années sèches et chaudes et lorsque la culture en est pro- longée jusqu'à la fin d'octobre. | (nl } Î 494 LE NATURALISTE En juillet 1902 la tige du maïsde Pensylvanie, Zea mays Pensylvanica, avait été sectionnée au ras du sol au moment où la panicule mäle allait apparaitre. Des rejets se développèrent immédiatement après la section dont plusieurs anormaux. L'un d'eux était terminé par une grappe florale dont les épillets mâles étaient tous métamorphosés en épillets femelles et donna à la mi-octobre 60 graines müres. Plantées en 1903, ces graines donnèrent 28 plantes dont 20 présentaient en août, sans mutila- ton nouvelle, des anomalies analogies à celles de la plante mère et parfois beaucoup plus accentuées. Parmi elles l’auteur récolta nour les plantations de 1904, faites à la fois dans le nord de la France et aux environs de Paris, un épi à dix rangs de petites graines terminant un rejet : toutes les plantes dérivées de cette grappe anormale montrèrent dès ce moment les caracteres de la nouvelle espèce de maïs, Zea mays præcox. Dans les cultures de 1904, 1905 et 1906, ce type est resté constant et aucun retour à l’ancien type n’a été observé. C'est une espèce nouvelle : elle diffère de toutes les variétés de mais précoces antérieurement décrites. Zea mays prœcox : Grain jaune brillant, à pointe arrondie aussi épais que large, à embryon ovale, large, très ridé à la sur- face. Epi court, de S centimètres à 12 centimêtres presque cylin- drique, portant 8-12 rangées de 15 à 25 graines peu serrées; enveloppe de 7 à 10 bractées courtes et rares (1 à 10). Tiges gréles, élevées de 1 mètre à 1 m. 20, atteignant 4 m. 50 en terre ierule et humide, couvertes de 8 à 10 feuilles courtes et pointues et portant 2 épis fertiles. La liquéfaction*de l'acide carbonique volcanique en Auvergne. — La fontaine empoisonnée de Montpen- sier. — (Note de Pn. GLANGEAUD, présentée par M. pe Lar- PARENT.) Les nombreux dégagements d'acide carbonique qu'offre l’Au- vergne constituent, comme on le sait, une des dernières manifes- tations de l'activité volcanique dont ce pays a été longtemps le théâtre ; toutes les sources minérales de cette région renferment ce gaz en quantité notable. Ces sources sont distribuées sur des cassures-failles de l'écorce errestre, qui sont des chemins faciles d’ascension de l’eau. M. Glangeaud avait depuis plusieurs années attiré l'attention sur ce fait qu'il se dégage, par jour sans profit, en Auvergne, des milliers de mètres cubes d’acide carbonique. En liquéfiant ce gaz, qui ne coûte rien à préparer, puisqu'on n'a qu’à le puiser dans le sol, et qui est en outre plus pur que je gaz artifi- ciel qui renferme fréquemment des produits toxiques (oxyde de carbone, arsenic), tandis que le gaz naturel ne renferme que de loxygène et de l'azote, on utiliserait un élément de richesse irès notable. Ces idées d'ailleurs sont réalisées depuis long- iemps dans les régions volcaniques de l’Allemagne (Eiffel, Westphalie). Elles viennent en France aussi de recevoir un com- mencement de solution pratique : ce sont les sources de Mont- pensier qui ont été à ce sujet l’objet d’une étude spéciale et qui fourniront bientôt le précieux liquide réfrigérant et antisep- tique, dont les applications deviennent de plus en plus nom- breuses. La quantité de gaz dégagée est actuellement d'environ 500.000 litres par jour, mais l’auteur estime que des recherches bien conduites augmenteront beaucoup ce débit. L’auteur étudie ensuite les particularités paléontologiques de cette région, rendues apparentes par les travaux de captage. Les cassures sur lesquelles se trouvent les sources intéressent des marnes-calcaires oligocènes qui ont livré près de là une faune très riche en Mammifères (rhinocéros, crocodiles, tor- tues, etc.). Deux de ces sources offrent des particularités très curieuses. Elles sourdent au fond de cavités de plusieurs mètres de profon- deur, au milieu d'une boue argileuse consolidée, par places, par des filons d’aragonite. Or, dans les travaux de captage, on à recueilli, à 4 m.50 de profondeur, des vases gallo-romains, puis un squelette humain complet, plusieurs squelettes de bœuf, de cheval, de mouton, qui ont reçu un commencement de fossilation. À 5 mètres, on à rencontré un squelette de Mammouth (Elephas prümigenius), avec ses molaires, ses défenses et les os des membres qui dénofent un animal de taille considérable. Il était accompagné de débris d'ossements de Bison (Bos priscus). Ces poches ossifères résultent de l'élargissement local de la cassure par laquelle arrivent l’eau minérale et l'acide carbonique, Leur profondeur doit être d'au moins 20 mètres. Elles ont été d'abord remplies par des dépôts de ruissellement, par une sorte de lœss plus ou moins argileux, à travers lequel l’eau et le gaz se faisaient jour. Le remplissage de ces poches s’est fait à diffé- rentes époques, puisqu'on trouve des squelettes datant d’envi- ron 2.000 ans, superposés à des fossiles tels que le Bison et le Mammouth, d'âge pléistocène supérieur, c’est-à-dire ayant au moins 50.000 ans. Ces animaux et l’homme qui les accompagne n’ont pas été entraînés par ruissellement dans les cavités à eau minérale. Ils ont dû y descendre naturellement, comme le font les animaux d'aujourd'hui, pour s’y réfugier ou y boire, car les cavités étaient très accessibles et ils ont dü y ébre asphyxiés par l'acide carbonique. C’est là un gisement fossilifère unique en son genre, bien qu'il rappelle à certains points de vue les fentes sidérolitiques et les poches à phosphorites du Quercy. Le Gault et le Cénomanien du bassin de la Sey- bouse et des hautes plaines limitrophes (Algérie). — (Note de M. J. Broyac, présentée par M. DE LAPPARENr.) Depuis le mémoire de Coquand, le Crétacé moyen de la ré- gion orientale de la province de Constantine n’a fait l'objet d'aucun travail original. L'auteur a reconnu dans le bassin de la Seybouse la présence du Gault et du Cénomanien, que Coquand avait brièvement signalés en {trois endroits et a découvert le Vraconnien. L'auteur étudie ces différents terrains et signale, les fossiles qu'il y a rencontrés. Sur la formation de la glace de fomd. — (Note de M.J. DE ScHokALskY, présentée par M. Bouquer DE LA GRYE.) Le phénomène de la formation de la glace au fond des bas- sins lacustres et des rivières est connu depuis longtemps, mais il n'a presque pas été étudié jusqu'à présent. La glace de fond se rencontre partout dans la Russie d'Europe, en Sibérie, au Turkestan. Dans la plupart des cas on l’observe dans les rivières, mais elle se trouve aussi dans les lacs. C'est à la fin de l’automne que se forme la plus grande quantité de la glace de fond qui précède l’'embâclement des eaux. Des observations sur le phénomène de la formation de glace de fond ont été faites en 1905 aux bords du lac Ladoga, près de Saint-Pétersbourg. Les premiers vestiges de la glace de fond ont été observés en mi-novembre, puis on l'observa couramment jusqu’au moment où, en février, la surface du lac fut couverte de glace pendant une trentaine de jours; puis le phénomène s'est reproduit vers le milieu du mois de mars quand la glace de surface fut rompue. La nature de la glace de fond est toute différente de la glace ordinaire de surface : elle est constituée d'une multitude de cristaux. La glace de fond observée dans le lac Ladoga peut être divisée en quatre catégories. La première se rencontre au com- mencement de la formation de la glace de fond : ce sont des morceaux sans structure déterminée constitués par de petits cristaux globulaires avec des incrustations de gravier, du sable et de la vase. Plus tard il se forme d’autres espèces de glace de fond; tantôt les cristaux prennent des formes d'écaille de poissons, chacune de 3 à 5 millimètres, qui se réunissent en morceaux; ces mor- ceaux prennent sous la glace de surface la forme d’une plaque avec une épaisseur de 0 m. 015-0 m.120 et jusqu'à 1 mètre de grandeur dans tous les sens. La forme qui est la plus commune est constituée par des lamelles de 1 à 4 centimètres légèrement soudées l’une à l’autre, souvent sous des angles de 60°. Comme base elles ont une agglo- mération de cristaux granuleux sur lesquels sont disposées des lamelles très fines et de formes variées. Enfin on observe de grands morceaux de glace de fond, cons-- titués uniquemeut par un ensemble de grandes lamelles. Par exemple, on trouva, le T janvier 1906, un pareil morceau ayant jusqu'à 1 m. 60 de longueur, 1 m.12 de largeur et 0 m. 35 d'épaisseur ; les lamelles étaient assemblées en groupes dont les lamelles voisines s'étaient soudées, formant en tout un grand morceau. La glace de fond en forme de lamelles s’incruste aussi dans la glace dela surface où on observe souvent des groupes de lamelles quelquefois avec de petits cailloux. La grandeur des lamelles augmente avec la marche de l'hiver. L'épaisseur de la couche de la glace de fond atteint de 0 m.13 à 0 im. 18, mais quelquefois elle forme au fond une couche de 0 m. 35-0 m. 45, puis la force ascensionnelle devient suffisante et elle se détache du fond et est emportée par le vent et les vagues. Les conditions de la formation de la glace de fond sont dans la plupart des cas les suivantes. La température de l'air est comprise entre —2° et —12 C. et celle de l’eau 0° C. jusqu'au fond et peut-être un peu pius basse au fond. - L'état du ciela’est pas en relation avec le phénomène de la formation de la glace de fond. L Il est encore impossible de préciser la cause du phénomène observé; quelques observations semblent prouver que la tempé- rature du sol est un peu au-dessous de 00. Sur la graisse des vins. — (Note de MM. E. Kayser et E. Manceau, présentée par M. Müxrz.) L'auteur s'est proposé de préciser les substances attaquées par les ferments de la graisse des vins ainsi que les produits de transformation. Il constate que les substances attaquées sont les sucres, notamment le levulose, puis le glucose, saccharose. Les produits formés varient avec le sucre attaqué : le levulose donne de la mannite, de l’acide lactique et de l’acide acétique avec trace d'acides supérieurs ; le glucose de l’acide lactique et des acides volatils ; enfin le saccharose donne les produits de ses deux constituants. Tous les ferments gras donnent naissance aux mêmes pro- duits, avec des variations de l’ordre de celles qu'on trouve chez les diverses levures alcooliques. Au point de vue pratique, il résulte de cette étude que le viti- culteur exposé à avoir des vins gras aura intérêt à effectuer son ensemencement artificiel avec une levure exempte de lévulose qui fera disparaitre une des principales causes de la maladie. Ces ferments peuvent être accoutumés à supporter des doses de plus en plus élevées d’acidité, sans donner toujours naissance à la formation de glaire. Sur les principes cyanogénétiques dun « Phaseolas lunatus ». — (Note de M. Konn-ABresr, présentée par M. GuiGxarp.) L'objet de cette note est de montrer qu'il y a dans les mé- langes dits pois de Java de nombreux glucosides cyanogéné- tiques; sans doute autant qu'il existe de variétés de ces représen- tants du Phaseolus lunatus L. Ce fait estintéressant à signaler, car il s'ajoute à ceux que l’on constate souvent dans l'extraction des bases végétales, notamment des aconitines et des digitalines dont les variétés sont des plus nombreuses. Sur la présence du néon parmi les gaz de quelques sources thermales. — (Note de MM. Cuarres Moureu et Rosert Brouarp, présentée par M. DesLanDres.) Les auteurs ont recherché le néon dans vingt-deux sources thermales et dans toutes ils ont pu mettre cet élément en évidence; ils en concluent que le néon doit se rencontrer, comme l’argon et l’hélium, dans la généralité des sources et mélanges gazeux issus du sein de la terre. Pigmentation des chevenx et de la barbe par Îles rayons X. — (Note de MM. A. Ivserr et H. Marquis, pré- sentée par M. Boucuarp.) Diverses observations avaient amené les auteurs à supposer que les rayons X exerçaient une action sur la pigmentation des cheveux.-Mais aucun fait précis ne leur avait encore permis d'affirmer le phénomène jusqu'au jour où le fait suivant leur à fourni une confirmation de leur hypothèse. Ce fait est relatif à un homme de cinquante-cinq ans qui était soumis à un traitement radiothérapique pour lupus de la joue gauche. Pour des raisons particulières, il ne fut fait usage, durant les premiers mois du traitement, d'aucun écran limitateur de la surface à irradier, si bien que les cheveux tombèrent sur une étendue de plusieurs centimètres tout autour de l'oreille; quant aux poils de la moustache, plus éloignés de l’ampoule à rayons X, aucune chute appréciable ne fut observée. Or les cheveux tombés ont depuis longtemps repoussé, et tous sont presque entièrement et complètement noirs dans les régions les plus voisines de l’oreille; la pigmentation nouvelle va d’ailleurs en s’afténuant pour les cheveux situés plus loin, mais elle est cependant manifeste. Quant à la moustache, la moitié gauche est aussi nettement moins blanche que la moitié droite qui était située plus loin du centre d'émission des rayons X. Depuis que cette pigmentation nouvelle s’est produite, les che- veux onf été taillés à diverses reprises; ils ne sont plus, depuis de longs mois, soumis à l’action des rayons X, mais ils repous- sent toujours avec la même teinte foncée. Il s’agit donc d’un effet LE NATURALISTE 195 ——————————…—…——…—.—.…— —.——… _—…… … …" …"…"…"…"— ….….….…….……….——————.——.—_—._—_—_—_——— .…—.— ————.—.—.—...—.—..—..—.—— —. ————_—_—_—_.——— durable, différent, de la pigmentation bien connue et passagère de la peau sous l'influence du traitement radiothérapique et que” l'on peut obtenir sans chute préalable des poils. D'autres faits autorisent à ajouter que la teinte des cheveux blonds se fonce sous l’action des rayons X. Quant au mécanisme suivant lequel se produisent ces phéno- ” mènes de pigmentation, action directe sur les chromophages ou autres, on ne peut actuellement rien dire encore de précis. VIE CONGRES INTERNATIONAL DE ZO0LOGIE BOSTON. U. S. A Le sixième Congrès international de zoologie, qui s’est. tenu à Berne en 1904, a accepté l’invitation, faite par la Société des zoologistes américains, de tenir le septième Congrès en Amérique, au mois d'août ou de septembre 1907, sous la présidence de M. Agassiz. Le Comité de la Société des zoologistes américains, qui est chargé de l’organisation du septième Congrès, se compose de MM. Alexandre Agassiz, président ; Samuel Henshaw, secretaire; W. K. Brooks, H. C. Bumpus, E. G. Conklin, C. B. Davenport, C. H. Eigenmann, L. O. Howard, D.S. Jordan, J. S. Kingsley, F. R. Lillie, E. L. Mark, C. S. Minot, T. H. Morgan, H. F. Osborn, G. H. Parker, R. Rathbun, J. Reighard, W. E. Ritter, W. T. Sedgwick, C. W. Stiles A. E. Verrill, C. O. Whitman, E. B. Wilsonet R.R, Wright. Les premières sessions auront lieu à Boston, où se tiendront les séances scientifiques et d’où se feront des excursions dans les environs, à l'Université Harvart et autres endroits intéressants (1). À la clôture des sessions de Boston, les membres du Congrès se rendront à « Woods Hole », Massachusetts, pour visiter la « Station du Bureau des pêcheries des Etats-Unis », le « Laboratoire biologique de la marine », et les points de la côte environnante, où l’on trouve des spécimens, Puis le Congrès se rendra à New-York en bateau, par le détroit de « Long Island ». A New-York, les congres- sistes seront reçus par «l’Université de Columbia », par le « Musée américain d'histoire naturelle » et par la « Société de zoologie de New-York », De làïls iront vi- siter « l'Université de Yale », celle de Priceton et la Sta- tion d'évolution expérimentale Carnegie ». Enfin, les congressistes se rendrout de New-York à Philadelphie età Washington. Des excursions seront organisées pour visiter les chutes du Niagara, les Grands Lacs, Chicago et l'Ouest. Il est à espérer que les lignes de transports transatlan- tiques et américaines accorderont des réductions aux membres du Congrès. La première circulaire officielle annonçant le pro- gramme préliminaire du Congrès sera publiée en octo- bre 1906. (1) Toute demande de renseignements doit être adressée à G. H, Parker (Septième Congrès International de zoologie) Cambridge, Massachusetts, U. $. A. 196 LE NATURALISTE LIVRES NOUVEAUX Nous avons reçu un ouvrage publié par le Musée d'Histoire maturelle de Valparaiso, et qui contient l’ensemble des travaux accomplis pendant l’année 1905, sous la haute direction du dis- #ngué professeur M. Carlos E. Porter. Cet ouvrage contient en plus grand nombre encore que les années précédentes des articles originaux, des descriptions d’es- pèces nouvelles faites par les spécialistes les plus éminents sur la faune, la flore et la géologie du Chili; de nombreux dessins et figures accompagnent la plupart de ces articles. On trouve aussi dans cet ouvrage des comptes rendus, des extraits d'articles de publications étrangères et une bibliogra- phie pour tout ce qui concerne les sciences naturelles. Nous remarquons particulièrement les nombreux articles du très distingué professeur Carlos E. Porter, accompagnés de figures, Sur Les récoltes el la conservation des arachnides et des myriapodes, sur une carcinologie du pays, des leçons d’his- toire naturelle professées à l'Ecole navale, tout un mémoire sur Re Musée de Valparaiso et de nombreux articles de bibliogra- pluie. Il nous paraît intéressant de citer aussi l’article du docteur Alosio Sodiro sur les Aroïdées des régions équatoriales et celui d'anthropologie du docteur Luis Vergara Flores. — Tout cet easemble d'articles et de notes fait honneur au distingué direc- teur du Musée d'Histoire naturelle de Valparaiso, le professeuf Œ- Carlos Porter. Bibliographie 4. Ancey (C.-F.). Notes critiques et synonymiques. 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Levé, 11, rue Cassette. 28° ANNÉE EE: SEP Rte Les Poissons fossiles des environs de Paris LES TÉLÉOSTÉENS Comme nous l'avons dit (1) cette sous-classe est repré- sentée parmi les poissons fossiles de la région parisienne par un ou plusieurs genres appartenant à chacun des ordres qu'elle renferme. C’est ce dont on se rendra parfaitement compte si l’on veut bien se reporter au tableau que nous donnions dans l’article ci-dessus mentionné. … Parmi les Plectognathes, c'est au sous-ordre des Sclé- rodermes, représenté actuellement par les Ostracions (poissons coffres) et les Balistes, qu'il convient de rap- porter les restes décrits sous le nom de Cælorhynchus rectus et qui consistent en aiguillons trouvés, assez rare- ment d’ailleurs, dans les sables yprésiens du Soisson- nais. Ces aiguillons sont grèles, allongés, insensiblement rétrécis en avant et creux au centre; leur coupe est cir- - Fig. 1. — Hypsodon lewesiensis, Ag. de la craie blanche. culaire et leur surface sillonnée de profonds segments longitudinaux. Les Physostomès, qui comprennent aujourd’hui : les Silures, les Brochets, les Harengs, les Saumons, les Cyprins, les Exocètes ou poissons volants, etc., sont également représentés dans les strates crétacées et tertiaires de nos environs, Les restes qui se rencontrent dans la craie appartiennent à deux familles étein- tes aujourd'hui, les, Saurocéphalidés et les Stratodontidés. _ A la première se rapportent les débris douteux qu'Hébert a signalés à Meudon et qu'il nomme Saurocephalus dispar, Héb. A cette famille appartiennent également des restes, provenant de la craie de Meu- don et du département de l'Oise et qui peuvent être identifiés à ceux décrits paf Agassiz sous le nom de Hypsodon Lewe-. _siensis, Ag. Ce sont des fragments de mâ- choires d'assez grande dimension portant des dents pro- _portionnellement courtes, coniques, assez semblables ESS EN LES A ARE ES (4) Voir le Naturaliste, n° 407, 15 février 1904, p. 43. 2% SÉRIE — N° A16GS 1° SEPTEMBRE 1906 — ————— ———— ————————_—_————— ——————————" comme taille les unes aux autres, et qui présentent une base épaisse, arrondie, solidement implantée dans une profonde alvéole. (Voir fig. 4 et 2.) La famille des Stratodontidæ ne semble représentée que par le seul genre Enchodus qui ne comporte lui-même qu'une espèce, l’Enchodus Halocyon, Ag. (fig. 3), d’ail- leurs assez rare et représentée par des fragments de maxillaires qui portent un certain nombre de dents espacées les unes des autres et fixées sur des socles épaissis. Les dents antérieures sont plus fortes que les autres, toutes sont grêles et pourvues d’arêtes longitudi- nales qui ne se correspondent pas. Dans les terrains tertiaires, les restes de Physostomes sont plus nombreux. Les Siluridés ont été signalés par M. Leriche tout d'abord dans les sables à Teredines de la Champagne, mais il y aurait, de l'avis même de cet auteur, quelques doutes à émettre sur la valeur réelle de ces restes auxquels il avait appliqué les noms d’Arius Dutemplei et de Pimelodus Gaudryi. - Il n’en est pas de même pour les piquants que signale M. Priem dans le Bartonien, il est évident que ces organes ont bien appartenu à des Silures, et ce savant Fig. 2. — Hypsodon lewesiensis, Ag. de la craie blanche. n'hécite pas à les rapporter au genre Arius qui vit au- jourd’hui dans les eaux douces tropicales. L'espèce décrite par M. Priem sous le nom d’Arius Fig. 3. — Enchodus halocyon, Ag. de la craie blanche. Bonneti devait vivre à l'embouchure des cours d’eau et au voisinage de la côte; elle se montre, en effet, dans des couches qui renferment une faune malacologique carac- térisantles eaux saumâtres. 198 LE NATURALISTE La famille des brochets est représentée par le genre Sphenolopis, qui a été rencontré dans les plâtrières de Montmartre, illustrées par les travaux de Cuvier sur les .ossements fossiles; il a été retrouvé depuis dans diffé- rentes localités de nos environs où le gypse est exploité. Sphenolepis Cuvieri, Ag. (fig. 4) avait le corps très grêle et très allongé, la tête, qui était courte, ressemblait beaucoup à celle d’une truite, les nageoires étaient rela- tivement petites. La nageoire dorsale (d) qui s’insère un peu en arrière des ventrales (v) n’occupaitque la septième ou huitième partie du dos. La caudale (c), composée de deux lobes, est arrondie. L’anale (a) commence au delà de l'extrémité de la dorsale, les ventrales, comme nous l'avons vu sont placées un peu en avant dela dorsale. Les LE pectorales (p) nous sont mal connues mais devaient étre courtes et larges. Cette espèce, d’après de nouvelles recherches semble devoir être rapportée au genre Notogoneus, c'est sous ce nom que nous la faisons figurer dans notre tableau, mais elle se placerait alors dans la famille des Ganorhynhiidæ qui n’est représentée dans la nature actuelle que par une RSS ques. Le genre Osmeroïides devait présenter de grandes analogies avec les saumons actuels. Aux Cyprinodontes doit être rapporté le poisson du gypse de Paris que Cuvier avait nommé Pœcilia Lame- theriei et que M. Priem, dans ses consciencieuses études sur les poissons fossiles, place dans le genre Labeo. Ce genre se caractérise par une dorsale longue, comme dans les carpes, mais sans épines, les barbillons labiaux sont absents et les lèvres sont charnues et souvent crénelées : comme on le voit ce sont des caractères fort difficiles à distinguer sur le fos- sile. Les Labéons vivent dans le Nil et'dans l'Inde. L'espèce fossile doit prendre le nom de La- SE beo Cuvieri, Priem. La famille des La- EE N 4 ne TT bridés, constituée par les Labres ou pois- sons perroquets, est . — Sphenolepis Cuvieri, Ag. du gypse représentée dans les arisien. P mers actuelles par plu- sieurs genres compre- nant chacun de nombreuses espèces, qui, toutes, se font remarquer par leur brillante parure, à la richesse et à la diversité de laquelle elles doivent le surnom appliqué à ces animaux. Presque tous les Labres habitent les mers tropicales, vivant aux abords des récifs coralliens. Les branches de coraux leur servent de nourriture, ainsi que les nom- 72) ( ÉTCLC EE OW, 7 LA F 4 LS C Fig. 5. — Osmeroides lewesiensis, Ag, de la craie blanche. seule espèce vivant sur les côtes du Japon et de l’Aus- tralie. Les Clupeides semblent représentés, à l’époque du calcaire grossier par l'unique genre Cœlogaster, d’ailleurs mal connu, et placé dans la sous-famille des Elopiens, de Valenciennes, laquelle comprend les deux genres vivants Elopes et Megalopes. À la famille des Salmonidæ dont les représentants se distinguent des Clupeides par une nageoire adipeuse, il convient de rapporter les restes, rencontrés dans la craie blanche de Paris et de l'Oise, qui se rapportent à l'espèce décrite par Agassiz sous le nom de Osmeroides lewesiensis (fig. 5); elle est représentée par de grandes écailles, arrondies en arrière et ornées d’ondulations concentri- ( breux coquillages qui fréquentent ces parages. La con- formation de leurs dents pharyngiennes est en effet admirablement appropriée à ce mode de nourriture (fig. 6). Dans les terrains des environs de Paris cette famille est représentée par le genre éteint Phyllodus et peut-être aussi par une espèce douteuse de Scare : Scarus tetrodon, Pomel. Les Phyllodus s’éloignent de tous les genres actuels par la fusion de leurs os pharyngiens supérieurs. On cite - cinq espèces de ce genre dans les sables nummulitiques du Soissonnais, mais ces espèces sont toutes représen- tées uniquement soit par des dents isolées, soit par des fragments plus ou moins incomplets d'os pharyngiens, ce qui doit rendre très circonspect dans l'attribution des débris rencontrés à l’une ou l’autre espèce dont voici les noms : Phyllodus marginalis, Ag., P. Duvali, Pom., P. in- constans, P. latidens,P. Levesquei. C'est Pomel qui a men- tionné ces espèces, mais il n'en a pas donné les caractères; elles ont toutes été trouvées dans les sables yprésiens de Cuise-Lamotte (Oise). Le genre Scarus, dont nous figurons une portion de la mâchoire, a les dents soudées les unes aux autres; sur les os palatinsil y a des dentsen pavés. Comme nous le disions plus haut l'espèce fossile : Scarus tetrodon est douteuse; elle provient, comme les Phyllodus, des sables nummulitiques de Cuise-Lamotte et figurait dans la Fig. 6.— Os pharyngiens de : 1, semi-cassyphus reticulatus. 2, Tantoga. 3, Scarus. Tous de grandeur naturelle, collection de l’abbé Levesque qui avait fouillé ce gise- ment d'une facon toute particulière. Comme les espèces précédentes celle-ci avait été nommée par Pomel sans qu'il soit resté trace d’une description. Il n’en est pas de même pour quelques espèces de Labridés représentées par des restes qui proviennent de l'Eocène tout à fait inférieur des environs de Reims. Ce sont des plaques pharyngiennes recueillies par le Dr Lemoine et décrites par M. Priem, qui les rapporte aux espèces suivantes : Phyllodus Gaudryi, Priem; Eger- tonia isodonta, Cocchi; Nummopalatus Vaillanti, Priem ; et N. paucidens, Priem. M. Leriche avait déjà signalé dans les sables à térédines de la Champagne deux autres espèces de même genre : N. Sauvagesi et N. trapezoidalis. Dans le conglomérat de Cernay (Marne) on peut encore recueillir d’autres fragments de plaques pharyngiennes qui, moins bien conservés, sont par conséquent plus douteux. M.- Priem les attribue à des espèces de la famille des Embiotocidés, représentée aujourd’hui par des poissons vivipares qui habitent en Amérique sur les côtes de l’océan Pacifique et sur celles du Japon; une autre espèce vit dans les rivières de la Californie cen- trale. LE NATURALISTE 199 ———_— Ces derniers fossiles ne sont pas sans présenter quelque analogie avec les os pharyngiens que nous représentons dans notre figure 6 et qui appartiennent au genre Semi- cossyphus. Nous citerons enfin pour terminer des plaques pharyn- giennes, provenant également du conglomérat de Cernay, et qui, quoique d’une conservation défectueuse, peuvent faire admettre, comme le pense M. Priem, l'existence à cette époque d’un genre très voisin des Tautoga (fig. 6) actuels qui eux se rencontrent sur la côte atlantique des Etats-Unis. P.-H. FRITEL. MEURS ET MÉTAMORPHOSE des espèces du genre DERMESTES, Linné COLÉOPTÈRES DU GROUPE DES Dermestiens PREMIÈRE PARTIE. — Généralilés. Régime. — A l'état adulte, et plus spécialement comme larves, les espèces connues du genre qui nous occupe ont pour mission de faire disparaitre les restes des cadavres abandonnés sur le sol, dont les vers de Diptères ont absorbé les masses charnues, dont les Silphes et les Nécrophores ont fait disparaitre les par- ties fluides, cadavres que les Dermestes attaquent avec voracité, rongeant de jour, comme de,nuit, les tendons, les peaux, ces matières dures et desséchées que les larves Saprophages n’ont pus’assimiler, qu’elles vont chercher jusque dans nos magasins de pelleteries, _de fourrures, nous causant ainsi des dommages appré- ciables, d'autant plus grands qu’elles rongent, qu’elles corrodent dans l'ombre et sans qu'aucun indice ne trahisse leur présence ; il en est qui dans nos dé- penses attaquent nos provisions de lard et de viande; d’autres vont fouiller dans nos collections zoologiques, aussi dans les vieux nids d'oiseaux où elles trouvent des débris animalisés, des restes de cadavres; dans les nids de chenilles vivant en société; les magnane- ries ne sont pas à l’abri de leurs déprédations,les nids Hyménoptères non plus àl’occasion,pressées par le besoin, elles savent se contenter des dépouilles d’autres larves ainsi que de leurs résidus et de leurs déjections. Reproduction. — C'est au milieu de cet ensemble de produits si divers que se poursuit l'œuvre de la repro- pagation de l'espèce; c’est au milieu de ces amas ‘informes et sordides, que sous l'excitation des désirs sexuels, mâle et femelle se recherchent, le printemps et plus particulièrement l’été sont des époques marquées pour'le renouvellement de la progéniture: au reste, l'apparition de l'adulte est subordonnée à l'abandon sur le sol des premiers cadavres, et lorsque ces corps, grands et petits mammifères, volailles, oiseaux, poissons, reptiles, couleuvres et lézards sont sur le point de dis- paraitre, qu'il ne reste plus de ces débris azotés que des peaux ratatinées, des tendons corrodés, des plumes frippées, des poils en désordre, des os désarticulés, alors a lieu la pariade; les préludes n’en sont pas bien longs; 200 LE NATURALISTE | quelques légers attouchements dejla tête etides antennes, et le mâle prend position sur le dos de sa femelle qui, dès lors, reste immobile et aide le mouvement d'intromission du pénis dans les organes sexuels ; du- rant tout le temps de la copulation le mâle conserve la position de pronation, il se maintient sur ce plan de su- perposition au moyen de deux petites épines sous-abdo- minales qui l’aident à assurer son adhérence sur le dos de sa femelle. — Combien de temps dure l’accouplement ? C’est ce qu'il n’est pas aisé de préciser, étant donné d'un côté que l'acte s’accomplit sous le couvert des matières qui rendent les conjoints invisibles; d'autre part, un rien, le moindre des déplacements provoque la disjonction des deux sexes : un jour environ est nécessaire à cet acte de la conjonction, puis le couple se désunit, le mâle subit le sort réservé en pareil cas aux créatures du jmonde ento- mologique, il meurt épuisé; la femelle, dès lors fécondée, procède au dépôt de sa ponte qu'elle éparpille dans l’in- térieur de ces amas nourriciers, collant ses œufs sous les plis, dans les rides des peaux, dans les faisceaux de plu- mes ; douze à quinze œufs sont ainsi abandonnés aux hasards de la situation, non sans être exposés à de nom- breux risques du fait surtout des fourmis que la pré- sence des cadavres attirent et qui les recherchent pour s'en nourrir; quinze jours après, cet œuf éclôt et la jeune larve trouve aussitôt la pitance appropriée à ses besoins, si bien mise à la portée de ses mandibules; c’est à elle qu'incombera désormais la mission peu enviable de faire disparaitre les ultimes restes du charnier. Œuf. — Longueur, 1 mm. 5 à 2 millimètres; dia- mètre, 0 mm. 8 à 1 millimètre. Allongé, subcylindrique, blanchâtre, un peu terne, lisse et luisant, longitudinalement et imperceptiblement sillonné, à pôles arrondis, à coquille assez consistante. À la veille de l’éclosion, ces œufs sont'circulairement rayés de jaunâtre en regard de l'intersection segmen- taire, et, fait particulier, les ocelles bien apparents sont figurés par des points noirs au nombre de quatre à six. Sous le couvert du bloc nourricier, notre jeune larve travaille sans relâche en vue de son alimentation, ron- geant de jour comme de nuit au moyen de ses puissantes mandibules, les peaux, les tendons, ongles, cornes et autres produits, aussi sa Croissance est-elle rapide; sa démarche est vive ; elles sont souvent très nombreuses sous un même cadavre, mais elles savent se partager le travail de destruction, sans se nuire, sans se gêner, ne s’arrétant momentanément dans leur œuvre, même lors- que des larves étrangères viennent prendre leur part au festin, que dans l’entre-temps des mues qui sont au nombre de trois à quatre : — après chacune de ces mues la dépouille abandonnée reste ouverte à la tête et aux segments thoraciques, conservant intactes toutes les par- ties intérieures ; c'est par cette fente que la larve quitte sa vieille peau ; à ce moment, son corps est mou et blan- châtre, mais en peu de temps il prend la teinte qui lui est propre en rembrunissant ; — grandes, ces larves de- viennent voraces au point de faire pièce de toute matière, elles vont jusqu’à absorber la dépouille qu’elles quittent après la mue; — leurs déjections affectent la forme de longs filets composés de granules irréguliers reliés en cordon les uns à la suite des autres; — ces déjections quelquefois nombreuses n’exhalent aucune odeur désa- gréable, ce qui est dù à la rapidité de la digestion, la- quelle ne permet pas aux substances ingérées de se décomposer ; — tant que la pitance abonde, et il n’y a | pas de raison pour qu’elle fasse défaut en‘temps normal, notre larve acquiert en peu de temps, en moins d’un mois, son grand développement, ce qui correspond en mai Ou en juin; — parvenue alors au terme de son évo- lution, sous l'impression de sa transmutation prochaine, elle gagne un coin du charnier, s'établit entre deux peaux ou dans leur repli, ou sous un abri quelconque ; tout en- droit lui est bon, le milieu même de ses propres déjec- tions ; là, sans s’astreindre à former de coque, elle prend position et se prépare à changer de forme; mais avant d'aller plus loin donnons-en une description générale ap- pliquée à toutes les larves connues du genre. Larve. — Caractères généraux. Longueur, 11 à 14 millimètres ; largeur, 2 à 4 milli- mètres, suivant l'espèce. Corps allongé, un peu arqué, charnu, jaunâtre, avec plaques cornées noires, luisant, couvert de cils roux iné- gaux qui le rendent velu, convexe en dessus, déprimé en dessous, atténué vers les deux extrémités, l’antérieure arrondie, la postérieure bi-épineuse. Téte petite, affaissée, cornée, noire ou brune, transver- salement ovalaire, finement ponctuée, couverte de longs cils roux émergeant de fins granules, ligne médiane pro- fonde bifurquée au vertex, en deux traits aboutissant en arrrière de la base antennaire ; épistome transverse, fla- vescent, labre semi-elliptique échancré en son milieu qui est frangé de courts cils; mandibules courtes, ar- quées, à base rougeûtre, à pointe noire et bidentée avec rainurelle de séparation entre les deux dents ; mâchoires courtes, à tige droite, à lobe petit, frangé, avec palpes rougeûtres annelés de testacé, un peu arqués en dedans, de trois articles globuleux, le terminal acuminé ; la base incisé des palpes maxillaires et des palpes labiaux pour- _rait faire croire qu'il y a quatre articles aux premiers et trois aux seconds, quand ils ne sont réciproquement que de trois et de deux; — menton grand, quadrangulaire, déprimé, lèvre allongée, bilobée avec courts palpes bi-ar- ticulés et languette saillante ciliée ; antennes courtes, latérales, rougeâtres, à premier article membraneux, le deuxième globuleux, le troisième allongé à milieu renflé, quatrième petit, acuminé avec eii au bout et petit article supplémentaire en dessous ; océlles au nombre de cinq : trois en première rangée, deux en arrière ; leur couleur obscure en fait quelquefois compter moins. Segmentsthoraciques jaunâtres, convexes, couverts d’une plaque noire ou brunâtre, finement pointillés, couverts de cils inégaux, le premier un peu plus large que la tête, s'élargissant d'avant en arrière, couvert de cils, les an- térieurs dirigés vers la tête, les postérieurs en-arrière, les latéraux droits, deuxième et troisième segments courts, transverses avec rangée de cils dirigés en arrière, ceux des flanes groupés par touffes. Segments abdominaux larges, transverses, convexes, s'élargissant jusqu'au troisième pour s’atténuer ensuite vers l'extrémité, jaunâtres, avec plaque noirâtre terne, couverts d’une rangée transverse de cils inégaux dirigés en arrière et d’une touffe latérale de cils droits ; segment anal inerme où bien prolongé en dessus par deux courtes épines ou crochets noirs, parallèles à bout rougeûtre, et en dessous par un fort mamelon pseudopode, charnu, susceptible de se dilater et sur lequel s'appuie la larve durant sa marche; — la plaque dorsale gagne insensi- blement la région abdominale en dessous jusqu’au neu- vième arceau qu'elle couvre entièrement ; les poils d’une | | | LE NATURALISTE EE —_—_—_—— ——_—_—_—— —————— ——"———————"———_—“_———— même rangée sont inclinés dans une même direction; ils portent quelquefois dans le sens de la longueur de pe- tits cils coniques visibles à un fort grossissement ; — les épines ou crochets caudaux constituant un système dé- fensif pour nos larves, on est en droit de se demander pour quelle raison les unes en sont pourvues et les au- tres non. Dessous déprimé, jaunâtre, les segments abdominaux couverts de cils épars inégaux disposés en rangées trans- verses, incisés en long, segment anal corné, avec cils plus longs, fente anale longitudinale: un fort bourrelet parcourt les flancs délimitant la zone d’action des deux régions dorsale et ventrale. Pattes courtes, robustes, rougeâtres, ciliées, hanches rentrées, à milieu canaliculé, trochanters courts, coudés, cuisses larges subcomprimées, jambes un peu moins courtement spinulées, tarse en court onglet rougeûtre acéré. Stigmates petits, elliptiques, flancs à péritrème corné et noir, la première paire un peu plus grande sur la mem- brane de liaison des deux premierssegments thoraciques au-dessous du bourrelet latéral, les suivantes au-dessus de ce bourrelet et au milieu environ des huit premiers segments abdominaux. Les préludes de la transformation en nymphe com- mencent par des mouvements peu prononcés de systole et de diastole; comme la nymphe ne sera pas ici protégée par une coque, il faut, pour mettre à l'abri la créature à venir, que la peau larvaire s'entr'ouvre, mais qu'elle ne soit pas ramenée en arrière du corps, comme c'est le cas général pour les coléoptères, les contractions doivent donc être mesurées, les dilatations aussi ; dès que l’enve- loppe larvaire a cédé, qu'elle s’est fenduesuivant la ligne médiane du corps, les mouvements convulsifs sont moins accentués, puis cessent quand le corps de la nymphe est en partie dégagé de la peau entr'ouverte, les derniers segments abdominaux continuant cependant à être re- couverts par la dépouille larvaire entre laquelle et le corps il reste un léger vide en fin d'opérations. Nymphe. — Caractères généraux. Longueur, 8 à 9 millimètres; largeur,2 mm. 5 à 3 milli- mètres suivant l'espèce. Corps allongé, oblong, subcoriace, blanc jaunûtre, granuleux, couvert de longues soies rousses, convexe en dessus, subdéprimé en dessous, arrondi à la région antérieure, la postérieure atténuée et bi-épineuse. Téte petite, arrondie, déclive, avec courts poils roux tomenteux; premier segment thoracique clypéiforme, couvert sur le disque de gros granules roux et sur les côtés de poils roux tomenteux, ligne médiane obsolète, pâle; commune aux segments suivants, deuxième court, transverse, cilié et granuleux, avancé en pointe arrondie sur le troisième qui est plus grand, cilié et couvert de granules ; segments abdominaux courts, larges, trans- verses, atténués vers l'extrémité, leurs flancs dilatés et ciiés, les six premiers à fond jaunâtre, à milieu cou- vert de petites aspérités ciliées ainsi que de courts poils et sur leurs côtés de longs poils tomenteux, le deuxième avec une marge postérieure jaune subcornée ou cartila- gineuse, les troisième à sixième avec marge antérieure jaune, arquée et marge postérieure plus allongée, carti- lagineuse, septième à neuvième blanchâtres, membra- neux avec poils courts au milieu, longs sur les côtés; segment anal prolongé par deux épines arquées, à base 201 re mt jaunâtre, à pointe acérée et noirâtre: dessous subdé- primé, segments thoraciques et abdominaux éparsement ciliés, genoux peu saillants, biciliés, antennes obliques dissimulées par le rebord prothoracique, leur massue reposant sur les cuisses de la première paire de pattes. Dans son lit de repos, cette nymphe git la région dor- sale en dessus, elle peut imprimer à ses segments abdo- minaux de légers mouvements défensifs; le travail de résorption des organes internes demande, suivant la température, une période de dix à douze jours au bout desquels l'adulte est formé, deux à trois journées encore sont nécessaires pour amener à donner à ses téguments la consistance voulue ainsi que la couleur particulière à l'espèce ; — la nymphe conserve les épines caudales de la larve, elles lui servent d'appui et amortissent les chocs qui pourraient se produire. Adulte. — À l'état parfait toutes les espèces qui com- posent ce genre sont nombreuses en individus, certaines un peu plus que d’autres, les campagnardes moins que les urbaines; on les trouve sous toutes espèces de cadavres réduits par les vers de Diptères à l’état de sque- lette, c'est-à-dire ne conservant plus que les os et la peau, chargés ainsi de faire disparaitre ces ultimes restes ; là ils festinent en silence; là ils s’attablent sans crainte d’être dérangés, dans leur œuvre de désagréga- tion de ces corps repoussants, rongeant de jour comme de nuit à l'aide de leurs puissantes mandibules, passant d’un cadavre à l’autre ; ils volent bien, et quoique lents d’allures, une fois posés, ils se faufilent si bien partout qu'en un clin d'œil ils disparaissent lorsqu'on met à jour l'abri sous lequel ils se tiennent; surpris, ils fontle mort en contractant pattes et antennes et en baissant la tête, restant dans cette position jusqu’à ce que soit passé le sujet de la crainte. — Si à l’état de larve leur couleur était sombre, peu brillante, à l'état parfait, leur corps couvert de courtes écailles est paré de bandes, de fas- cies, de couleurs diverses que rehausse la teinte blanche tachetée de points noirs ; une aréole de poils émergeant au-dessous des troisième et quatrième arceaux cCarac- térise le sexe mâle ; l'adulte hiverne et non la larve. C'est.à l’intérieur des matières qu'ils rongent qu'on les trouve, qu'ils stationnent, rarement à la sur- face; c’est ainsi qu'ils se dérobent à nos regards et cela d'autant mieux qu'ils ne se déplacent que de nuit; — dans les champs, dans les divers terrains sur les- quels les cadavres ont été réduits et convertis en déjec- tions, les plantes bénéficient de ces restes que les pluies font diffuser dans le sol au prolit de la végéta- tion ; — en achevant de réduire à leur plus simple expression des cadavres de toute sorte, les Dermestes larves ou adultes font encore œuvre de voirie en débarrassant l’atmosphère d’émanations fétides; — au point de vue de l’entomologie appliquée à la méde- cine, ils nous donnent des indices sur la date présumée de la mort des cadavres laissés sur place après accident ou mort violente ; — malheureusement les méfaits qu'ils commettent dans nos magasins de fourrures, dans nos entrepôts de peaux, dans nos magnaneries, dans nos collections, font oublier les faibles avantages qu'ils procurent; — pour mettre à l'abri de leur voracité peaux et collections, il faut souvent les battre, les retour- ner, puis les exposer au grand air; l'immersion à de certains acides nocifs n’a pas donné les résultats que l’on en attendait ; — la maison Deyrolle, de Paris, pro- tège ses peaux de mammifères et d'oiseaux en les sou- 202 LE NATURALISTE mettant une fois par an aux vapeurs d'acide sulfureux et en les conservant le reste du temps dans la naphtaline sublimée : elle se trouve bien de ce procédé. Pour la description détaillée de l'adulte, nousrenvoyons aux Scuticolles, de Mulsant, de son Histoire naturelle des Coléoptères de France, parue en 1867. (A suivre.) Capitaine XAMBEU. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Kossiles Brachiopodes (2). — Ces animaux vivent à l’âge adulte, fixés sur le fond des mers; avant que l’emploi de la dra- gue se füt généralisé, on les considérait comme de grandes raretés: d’ailleurs ils sont rares dans les mers actuelles, relativement à leur abondance dans les mers paléozoïques. Ils se fixent aux rochers, aux branches de coraux, dans la cavité d’autres coquilles et même dans des anfractuosités étroites où leurcoquille ne peut croître qu’en se déformant. Ils vivent en sociétés plus ou moins nombreuses et sont très abondants sur les points où ces colonies se sont installées, les jeunes s’attachant à la co- quille de leurs parents. Les Lingulidæ sont les seuls qui puissent se déplacer à l’âge adulte à l’aide de leurs soies faisant office de rames: les autres ne font qu'osciller autour de leur pédoncule. On en trouve dans toutes les les mers et à des profondeurs variables : Lingula anatina, Terebratulina caputeserpentis et quelques autres dans la zone du balancement des marées, la pluparc sont dra- guées entre 10 et 800 mètres ; quelques-unes (Terebratula Wyvillei par ex.) se trouvent à des profondeurs de plus de 5.000 mètres. Un petit nombre se trouvent dans les estuaires, mais jamais dans l'eau complètement douce. Quelques Brachiopodes vivent dans les mers polaires, chaque hémisphère ayant ses espèces propres, sauf Tere- bratulina caput-serpentis qui se trouve dans les deux hémisphères. On remarque que les espèces les plus lar- gement répandues dans le sens horizontal, comme cette dermière, le sont aussi dars le sens vertical (T.caput-ser- pentis de 0 à 2.160 mètres). Les espèces sont plus nom- breuses dans les mers tempérées et chaudes, et particu- lièrement dans la zone bathymétrique dite « des Bra- chiopodes et des Coraux », de 72 à 500 mètres : leur nombre décroit au-dessus comme au-dessous de cette zone. La faune de l’époque actuelle ne compte plus que 125 espèces, tandis que le chiffre des espèces fossiles dépasse plusieurs milliers, Une douzaine de genres, dont (1) Voir le Naturaliste, n° 458 et suivants. (2) Œuzerr in Fiscuer, Manuelde Conchyliologie, Appendice, p. 1243-1955. Cara plusieurs encore vivants (Lingula, Discina, Rhynchonella), datent du Cambrien d'Europe et de l'Amérique du Nord. C’est dans le Silurien supérieur que les Brachiopodes acquièrent leur plus grande richesse de formes : on en connait de tous les points du globe à cette époque (Nord des deux Continents, La Plata, Australie). Dans le Juras- sique les Terebratulidæ et les Rhynchonellidæ forment de véritables bancs généralement d'espèces peu variées Dans le Crétacé leur nombre diminue déjà et la faune du Sud de l'Europe, déjà distincte dans le Trias, se sépare nettement de celle du Nord de ce Continent. Dès le tertiaire on constate l’ordre de choses actuelles, c'est- à-dire la rareté des Brachiopodes relativement aux véri- tables Mollusques. Les familles des Obolidæ, Trimerellidæ, Productidæ, Spiriferidæ, etc., n'ont pas dépassé la période mésozoïque ; les Theridiidæ et Terebratulidæ, qui datent du Silurien, sont relativement modernes. Cette classe est celle dont le développement a été le plus précoce et le plus vite arrêté, parmi tous les Invertébrés marins. Mollusques (1). — Ce vaste sous-embranchement ren- ferme des animaux dont les mœurs sont très différentes suivant la classe à liquelle ils appartiennent : les Cépha- lopodes, les Ptéropodes, les Hétéropodes et quelques Gas- tropodes (Janthinæ, Phyllirhoe) sont pélagiques; les Pélé- cypodes où Lamellibranches (Acéphales) et la plupart des Gastropodes ainsi que les Scaphopodes appartiennent aux faunes littorales. Leur régime est également très variable suivant les familles et les genres. Les Céphalopodes renferment les plus grands de tous les Invertébrés marins et les plus élevés de tous les Mol- lusques. A l’époque actuelle deux genres de petite taille (Argonauta, Nautilus) ont seuls conservé une coquille externe. Ces animaux pélagiques, carnivores, faisant leur proie des Poissons et des Crustacés sont au nombre des plus redoutables représentants de la faune marine. Ils vivent ordinairement à une certaine profondeur, venant rarement à la surface. C’est ce qui a fait mettre en doute l'existence des grandes espèces qui sont cepen- dant connues depuis longtemps et dont les genres prin- cipaux, appartenant au groupe des « Calmars-flèches » (Ommustrephidæ), sont représentés dans toutes les mers, au Nord comme au Sud de l’Equateur. Autour du banc de Terre-Neuve vit l'Architeuthis princeps, de 12 mètres de long : le corps seul a 2 m. 50 et 2 m. 12 de tour; c’est l'espèce qui vient s’échouer quelquefois sur les côtes d'Europe. Elle est représentée dans le Sud du Pacifique par l'A. Verrilli (Kirk) du détroit de Cook, dont le corps a 3 mètres de long et les bras plus de 8 mètres; le Steen- strupia Stocki, plus élancé, a le corps long de près de 4 mètres. Le Mouchezia Sancti-Pauli, du Sud de l'océan Indien, est probablement un Architeuthis; le spécimen que l’on conserve dans les collections de la Faculté des Sciences, à Paris, avait plus de 7 mètres de long, et les bras n'étaient probablement pas entiers. Un bras isolé, conservé à Londres, et qui provient du second voyage de Cook dans les mers du Sud, a 10 mètres de long; on le rapporte à l’Enoploteuthis ou Cucioteuthis unguiculata de Molina. Une autre espèce (Enoploteuthis Hartingi) du Pacifique est très redoutée des plongeurs polynésiens qui recherchent les Mollusques autour des bancs de coraux. L'Onychoteuthis robusta, également de grande taille, est des mers de Sargasses. On trouve aussi de ces animaux gigantesques dans les mers du Japon. Quant aux espèces (1) Fiscuer. Manuel de Conchyliologie, 1887, p. 117, 303. LE NATURALISTE 203 plus petites (Calmars et Poulpes), ils abondent sur toutes les côtes. Certaines formes (Cirroteuthis Bathyteuthis) sont abyssales. Les Céphalopodes à coquille externe sont rares à l'époque actuelle : le genre Argonauta à dix espèces des mers chaudes : l'A. argo est presque cosmo- polite (de la Méditerranée au Cap, dans l'Atlantique). Le genre Nautilus n’a plus que quatre espèces vivantes dans le Pacifique et l'océan Indien : on prend ces animaux à la drague, par des profondeurs de 550 mètres. Il en est de même des Spirules à coquille presque entièrement cachée par le manteau : on en a décrittrois espèces des mers tro- picales (Pacifique, Antilles); ces animaux, rares dans les collections, sont ramenés par la drague de profondeurs qui varient de 600 à 1.700 mètres. Les Céphalopodes fossiles avaient une coquille plus développée que les espèces vivantes. Certaines Ammo- nites de l’époque secondaire ont une coquille enroulée de dimension énorme (2 mètres de diamètre), ce qui suppose un animal peu inférieur, pour la taille, aux grands Calmars de l'époque actuelle. Il est probable que ces animaux pouvaient, à l'exemple du Nautile, ramper sur le fond, ou nager à volonté, la coquille formant carène en avant, et s’élancer par la force impulsive de l’eau rejetée par l’entonnoir. Protégées par cette coquille, les Ammonites devaient avoir des habitudes assez séden- taires et probablement littorales ; les Bélemnites, au con- traire, qui atteignaient aussi une grande taille, avaient les mœurs pélagiques des Calmars et des Seiches. Des deux ordres de la classe des Céphalopodes, ce sont les Tétrabranches (représentés par les Nautiles) qui appa- raissent les premiers dans le Cambrien du pays de Galles. On connait six ou sept cents espèces de Nautiloïides dans le Silurien supérieur, époque où ce type atteint son apogée, pour diminuer dans le trias et n'être plus repré- senté dès lors que par le genre Nautilus, qui compte de nombreuses espèces fossiles (du trias à l’éocène), et très peu à l’époque actuelle, Les Ammonites sont plus nom- breuses encore (on en connait plus de 4.000 espèces), et si les précédents sont Paléozoïques, on peut dire que les Ammonites sont Mésozoïques.Ce type commence dans le Dévonien et s'éteint au commencement du tertiaire. C’est dansle Trias, le Jurassique et le Crétacé que les Ammo- nites ont leur plus grand développement : on enconnaitde toutes les régions du globe. Les Dibranches (Belemmites) ressemblaient davantage aux Céphalopodes actuels : ce type apparait dans le Trias avec les Phragmophora qui précèdent les Chondrophora ; les premiers diminuent dans le Crétacé et n’ont plus que quelques genresattardés, dont Spirula, dans le tertiaire et à l'époque actuelle. Ainsi les Céphalopodes munis d’une poche à encre se sont beau- coup moins modifiés que les autres; à part la « plume » ou coquille interne qui montre de légères différences, les Calmars et les Seiches de l’époque actuelle doivent avoir la forme extérieure et les mœurs des espèces jurassiques. Le genre Acanthoteutis des schistes lithographiques de Bavière est rapporté aux Octopoda dépourvus de plumes, c'est-à-dire au même groupe que l’Argonaute, genre qui se montre pour la première fois dans le pliocène d'Italie. Ptéropodes, Hétéropodes. — Les Ptéropodes sont des Mollusques essentiellement pélagiques puisque p'Or- BIGNY à constaté, sur les côtes du Chili et du Pérou qu'ils n'approchent jamais à plus de 10 milles du rivage, et que la distance est plus grande encore dans le Sud de l'Atlantique. Cependant sur les côtes d'Europe, la dis- tance où l'on rencontre ces animaux en pleine mer est beaucoup moins considérable. Ces mollusques nagent avec une grande aisance à l’aide des expansions de leur pied céphalique dont les mouvements rapides ont été comparés à ceux des ailes d'un Papillon. Leurs œufs même sont pondus en longs cordons qui flottent à la surface de la mer, et les larves sont libres et nageuses comme les adultes : les Ptéro- podes nous représentent, par conséquent, le type le plus parfait d'un Mollusque pélagique. Ces animaux sont nocturnes et viennent, en bandes nombreuses nager à la surface, à partir de 5 heures du soir, dans les mers tro- picales : chaque espèce a son heure, et les grandes espèces sont plus tardives que les petites (D'ORBIGNY). Avant le jour toutes se laissent tomber sur le fond en attendant la nuit suivante. Les Ptéropodes se nourrissent du Plankton et plus particulièrement des petits Crustacés (Copépodes) qui en font partie. À leur tour, ils servent de nourriture aux Poissonset aux grands Cétacés : ainsi, la Limacina arctita et le Clio borealis sont la proie des Balæna mysticetus et Balænoptera boops dans les mers du Groënland. On en trouve dans toutes les mers, aussi bien dans l'océan Arctique que dans les mers tempérées et in- tertropicales. Dans les profondeurs, on drague des Mol- lusques pélagiques vivants jusqu’à 2.500 mètres environ, mais au delà on ne trouve plus que des coquilles vides. Le type des Ptéropodes est très ancien, car on en signale déjà 20 espèces dans la faune primordiale (Cambrien), constituant les genres Hyolites, Aspidella, etc.; les Conu- laria du Silurien ont été les géants de ce groupe, car leur coquille atteint jusqu'à 20 centimètres de long. L'évolution de beaucoup de genres est restée station- naire; les Styliola du Silurien différent à peine du Sty- liola recta qui vit dans les mers actuelles. Les Hétéropodes, bien moins doués que les précédents sous le rapport des moyens de locomotion, sont cepen- dant pélagiques; ils vivent en troupes, nageant par des mouvements ondulatoires comme les Annélides : ils sont carnassiers, et surtout abondants dans les mers chaudes, où ils viennent le soir à la surface. Leur coquille mince et délicate se conserve mal à l’état fossile : on n’en con- naît guère, avec certitude, que dans le tertiaire (Cari- naria, Atlanta). Cependant les genres Bellerophon, Maclurea, etc., qui sont paléozoïiques, sont rapportés, avec doute, à cet ordre en raison de la forme de leur coquille qui rappelle celle des Atlanta, tout en étant plus massive et plus solide. D' E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. (A suivre.) LE XII CONGRÉS INTERNATIONAL d'Anthropologie et d'Archéologie préhistoriques La 13° session du Congrès international d'Anthro- pologie et d'Archéologie préhistoriques, qui s'est tenue à Monaco dans le premier semestre de cette année, a été remarquable à la fois parle nombre des adhérents et par 204 LE NATURALISTE la valeur de leurs communications, témoignant l'intérêt croissant qui s'attache à l’histoire de l'homme. Le prince de Monaco, qui avait offert aux congressistes l'hospitalité de ses États, avait fait les choses avec la munificence qui lui est ordinaire au service de la science. Grâce à lui et au zèle des organisateurs (1), le plus heureux travail a pu s'effectuer dans le plus beau cadre. Il était émouvant d'ailleurs de venir évoquer l'antiquité humaine sur ces mêmes côtes d'une mer, où la plupart des civi- lisations que nous connaissons ont eu leur berceau et où, peut-être un jour, on trouvera celui de l'humanité. Comme pour préciser davantage cette gratitude, c’est au musée Océanographique, dans le palais de la Mer, que l’Anthropologie à trouvé accueil. L’ampleur des questions qui furent discutées au bord des flots, la grandeur, physique et intellectuelle des horizons aperçus ont montré que cette science était digne d’un tel voisinage. Nous nous arrêterons uniquement ici à la partie scientifique du Congrès, au travail effectué pendant les séances, sans rien dire des fêtes brillantes, ni des excur- sions qui ont suivi et précédé les journées de travail. De cette partie accessoire, il nous faut cependant signaler deux conférences très applaudies, qui paraitront in extenso dans les comptes rendus du Congrès, l'une du professeur Osc, MONTELIUS sur l’Age du bronze en Suède, autre du D' CapiTAN sur l'Art des Cavernes. Conformément au programme, les travaux se répar- üssent en deux groupes, suivant qu'ils ont trait à la région monégasque ou à des questions d'ordre général. D'ailleurs, par la portée des conclusions, les premiers ne le cèdent en rien aux seconds. Au point de vue préhistorique, la région de Monaco est surtout remarquable par les célèbres grottes de Men- ton, ou des Baoussé-Roussé. Tant au cours des séances que pendant l’excursion qui leur a été spécialement consacrée, ces grottes ont donné lieu beaucoup moins à une véritable discussion qu’à l'exposé des résultats acquis par les fouilles récentes, magistrale exploration qui a permis à leurs auteurs, MM. BOULE, VERNEAU et DE VILLENEUVE, de tirer des enseignements complets et définitifs des découvertes heureuses, mais peu poussées, ébauchées autrefois par MM. FOREL (1860) et RIVIÈRE (1870-1875). À des procédés imprécis, les derniers tra- vailleurs ont compris qu'il fallait substituer une méthode rigoureusement scientifique. Par leurs soins et grâce aux subventions du prince de Monaco, les couches ont été déblayées et étudiées une à une, des repères indiquant le gite exact des objets qu'elles pouvaient contenir et que l'on était assuré, par un examen minutieux et systé- matique, de ne pas laisser échapper; en même temps, des témoins des couches enlevées étaient laissés contre les parois, de facon à permettre aux visiteurs une vérifi- cation rapide des points acquis. On sait combien, dans les recherches préhistoriques, étant donné le petit nombre des objets soumis à l'étude, il y a d'importance à ce qu'aucun doute ne soit possible sur leur gisement exact, une découverte n'ayant pour ainsi dire aucune valeur tant qu’il peut subsister le plus léger soupçon sur son authenticité. Les nouvelles fouilles des Baoussé- (1) Je dois remercier M. le D° Verneau, professeur à l'Ecole d'Anthropologie, secrétaire général du Congrès, de l’obligeance avec laquelle ïl a bien voulu me communiquer lès matériaux de ce comple rendu. Roussé sont sur ce point à l'abri de toute critique et présentait une valeur considérable. MM. BOULE, VERNEAU, DE VILLENEUVE ont exposé les résultats de leurs recherches dans un splendideouvragé actuellement en cours de publication et qui doit être entièrement consacré aux Grottes de Grimaldi. Déjà, le D' VERNEAU a publié le fascicule dont il est l’auteur et qui traite des résultats anthropologiques. Devant le Congres, les trois collaborateurs ont rapidement donné le résumé et les conclusions de leurs travaux. Les dépôts de remplissage des grottes fouillées par les soins du prince Albert sont quaternaires. Dans leurs couches, qui, à part les superficielles, étaient très nettement stra- tifiées et non remaniées, on observe très nettement, au dire de M. BOULE, la superposition de deux niveaux fau- niques. Le premier, appartenant par sa partie basse, au pleistocène inférieur (couches de Chelles), est caractérisé par la présence de l'Eléphant antique, du Rhinocéros de Merck et de l’'Hippopotame, — c'est-à-dire par des ani- maux de climat chaud; il faut noter d’ailleurs qu'en dépit de son âge-nettement donné par la faune qu'il contient, les débris d'industrie humaine que l’on y ren- contre sont äe type moustérien et non pas chelléen. C’est pour la première fois que l'industrie moustérienne est montrée contemporaine de la faune chaude. Le second niveau montre au contraire une faune froide, caractérisée par le Renne, signalé ici lui aussi pour la première fois. Les couches que surmontent le pléistocène à faune chaude embrassent le pleistocène moyen (grotte du Prince) et le pléistocène supérieur (grotte des enfants). L'étude détaillée des dépôts géologiques et notamment des formations marines contemporaines de l’Eléphant antique permettent à M. BOULE d’affirmer que pendant le pleistocène inférieur, au début des temps quaternaires, la topographie des côtes méditerranéennes était bien différente de ce qu'elle devait être par la suite et jusqu'à nos jours. La mer s'était probablement retirée assez loin pour laisser entre elle et les escarpements calcaires des Baoussé-Roussé, une zone littorale, favorable aux démarches des grands Pachydermes. Des phénomènes analogues se sont produits simultanément sur plusieurs points du pourtour méditerranéen, la surface du bassin occidental de cette mer se trouvant par conséquent sen- siblement restreinte et les passages, les changements de faune facilités du continent européen vers le continent africain. En ce qui concerne les débris humains recueillis aux Baoussé-Roussé, M. le D' VERNEAU montre que. l’origine quaternaire de leurs sépultures est désormais indiscutable; elles prennent dès lors un intérêt particu- lier, car elles prouvent que le culte des morts n’est pas comme on l’a cru quelquefois une invention récente, néolithique, mais qu'il existait déjà aux temps paléoli- thiques, avec des rites appropriés. On nesera donc plus fondé à l'avenir à nier l’âge «uaternaire d'un squelette uniquement parce qu’on observera destraces rituelles dans la façon dont il a été enterré. Il y a aux Baoussé-Roussé deux types ethniques qui se sont succédé. Les deux squelettes des couches inférieures sont d’une race petite, 4 m. 50 à 1 m. 60, avec la face et le crâne négroïdes, ainsi que le bassin, la proportion des membres et la saillie des talons ; ce ne sont pas des individus anormaux mais des types sains d’une race qui à laissé des traces jusqu’à l’époque néolithique et dont l’atavisme fait se reproduire parfois encore les caractères dans les popula- | tions rhodamiennes ou du nord de l'Italie. Au-dessus LE NATURALISTE vient le type de Cromagnon, bien représenté et fort net dans les caractères des os longs du crâne et de la face. La taille est beaucoup plus élevée, 1 m. 87 environ; le bassin est celui de l’Européen moderne, cependant ils présentent peut-être une parenté avec la race précédente, comme cela semble résulter de certaines particularités céphaliques et de la proportion de leurs membres, inter- médiaires entre ceux des nègres et des blancs. Enfin, plus haut encore, un squelette du niveau supé- rieur de la grotte des enfants, présentant encore quel- ques traits de Cromaguon, marque un acheminement vers le type dolichocéphale de l’époque néolithique. Ainsi les différentes couches des grottes de Grimaldi ja- lonnent à grands traits l'évolution humaine sur les bords méditerranéens. Nous nous contenterons de signaler sans insister l’intéressante étude de M. CARTAILHAC sur les niveaux industriels des Baoussé-Roussé:; nous avons indiqué plus haut le caractère moustiérien des objets appartenant à la faune chaude; c’est là le fait le plus marquant. Une discussion fort intéressante, à laquelle ont notamment pris part MM. OBERMAIER, PIGORINI, REINACH, VERNEAU, GAUDRY et CARTAILHAC, s’est élevée au sujet de la coloration rouge que présentent les osse- ments humains des Baoussé-Roussé et qui certainement est intentionnelle. C’est un rite mortuaire qui semble caractéristique d’une civilisation rayonnant autour de la Méditerranée; il est fort probable que les cadavres, non décharnés, étaient enterrés ainsi à dessein dans une fosse remplie de matière ocreuse. Cet ensevelissement explique d’ailleurs en partie la coutume qu'avaient les hommes de l’époque quaternaire de continuer à habiter dans la même caverne que leurs morts. Cette promis- cuité étonnante s’observe encore de nos jours chez des peuplades de l'Ouest africain. Si longuement que nous nous soyons déjà étendus sur les grottes des Baoussé-Roussé, nous ne devons pas les quitter sans signaler une observation de M. Al. GAUDRY. L'étude de la dentition du jeune sujet de la double sé- pulture de la grotte des enfants lui a révélé des carac- tères rappelant ceux des Australiens. On aurait pu se demander s’il n’y avait pas là un signe de l’origine aus- trale de l'humanité. Maintenant on peut affirmer que l’homme n’a pas dû apparaître sur le continent austral. En effet, l’étude des fossiles patagoniens a montré que, tandis que l’évolution des mammifères se déroulait d’un mouvement continu dans le monde boréal, elle s'était au contraire ralentie et arrêtée dans le monde austral, en Patagonie, en Australie, à Madagascar. Là il n'y a eu apparition ni de pachydermes, de ruminants, de soli- pèdes ou de proboscidiens, ni de singes anthropomor- phes, ni d'homme, Celui-ci a évolué dans l'hémisphère nord et loin d’être sorti du monde austral, lorsqu'il y est allé, il à subi à son tour un arrêt et s’y trouve aujour- d'hui demeuré dans un état préhistorique. Nous devons passer rapidement sur les travaux rela- tifs au néolithique dans la région de Monaco, où il faut attendre la fin des recherches de MM. JANIN et DE ViL- LENEUVE et sur les enceintes faussement dites ligures, étudiées par MM. GoBy, D' GUÉBHARD, DE SAINT VE- NANT, ISSEL, etc., et où l’on semble s’accorder à voir des monuments militaires ou religieux plutôt protohis- toriques que préhistoriques. JEAN LAFFITE. (A Suivre.) 19 © ©t CHRONIQUE & NOUVELLES Ce que nous apprend le chameau. — La faune et la flore des lacs. — Les lacs des Alpes. On croyait Bernardin de Saint-Pierre mort depuis long- temps saas progéniture. Il n’en est rien, ainsi que vient de nous le révéler une revue consacrée à l'amour des bêtes et dans laquelle un auteur vient de pondre — anonymes ment — un article bien senti sur le chameau, animal à la fâcheuse réputation. Voici, en effet, ce qu’il dit de ce noble coursier : « Le désert deviendrait inhabitable, et il faudrait le quitter, si la nature n’y eût attaché un animal d'un tempérament aussi dur et aussi frugal que le sol est ingrat et stérile, si elle n’y eût placé le chameau. Aucun animal ne présente une analogie si marquée et si exclu- sive à son climat : on dirait qu'une interttion préméditée s’est plue à régler les qualités de l’un sur celles de l’autre. Voulant que le chameau habitât un pays où il ne trouverait que peu de nourriture, la nature a économisé la matière dans toute sa construction. Elle ne lui a donné la plénitude des formes ni du bœuf, ni du cheval, ni de l'éléphant : mais, se bornant au plus étroit nécessaire, elle lui a placé une petite tête sans oreilles au bout d'un long cou sans chair (çà, par exemple!) ; elle a ôté à ses jambes et à ses cuisses tout muscle inutile à les mou- voir; enfin, elle n’a accordé à son corps desséché que les vaisseaux (?) et les tendons nécessaires pour en lier la charpente. Elle l’a muni d’une forte mâchoire pour broyer les plus durs aliments; mais, de peur qu'il n’en consommäât trop, elle à rétréci son estomac (heureuse bête qui ne craint pas la dilatation dudit!) et l’a obligé à ruminer. Elle a garni son pied d’une masse de chair qui, glissant sur la boue, et n'étant pas propre à griruper, ne lui rend praticable qu'un sol sec, uni et sablonneux comme celui de l'Arabie. Enfin, elle l’a destiné visible- ment à l’esclavage en lui refusant toutes défenses contre ses ennemis. » Si, après cela, vous n'avez pas un vif respect pour le chameau ! * X + Les animaux qui peuplent les lacs ont une origine tantôt ancienne, tantôt récente, et il est souvent bien difficile de la discerner. C’est cependant ce que vient de tenter Mlle Rina Monti pour quelques lacs des Alpes (1), où elle est assez nette. Au voisinage des glaciers, il se constitue des cuvettes abandonnées aux eaux de fusion par le recul des glaces; or, les glaciers ne cessent de reculer ou d'avancer, et, lorsqu'ils avancent, ou assiste alors à la disparition du lac, envahi par la glace, jusqu'à ce qu’un nouveau recul permette au lac de se reconstituer. Au cours de ses explorations limnologiques en mon- tagne, où elle emploie un bateau pliant très pratique, Mie Monti a rencontré toute une série de petits lacs répondant bien à ces conditions de vie transitoire dans le massif du Ruitor. Elle a parcouru ainsi sept cuvettes situées à des altitudes voisines et très inégalement peu- plées, et elle a recherché les causes de ces différences dans le peuplement en même temps que les lignes géné- rales de la genèse des faune et flore lacustres, dans ces hauteurs glaciaires. (1) Annales de biologie lacustre, analz. in Rev. scient. 206 LE NATURALISTE ; Le nombre des espèces est tout à fait indépendant de l'altitude, comme le montre le tableau suivant : NOMBRE NOMBRE TOTAL d'espèces desespèces des ALTITUDE végétales anciennes espèces LaceViertin sise 2.600 11 24 32 Lac Gris nee 2.600 $ 1 23 Lac de Pierre Rouge. 2,550 11 17 28 Lac de Ste-Marguerite 2,402 17 26 43 Lac des Sérass....... 2.370 5 0 5 Lac:d'Arpy.s# 0x 2.050 10 21 31 L'abondance des êtres vivants (qui va généralement de pair, dans les lacs étudiés par Mile Monti, avec la richesse dans le nombre des espèces) semble être en beaucoup plus étroit rapport avec la température des eaux, : + + # On sera tenté de penser que la température devra dépendre surtout de l'altitude: mais ces lacs ne sont pas des étangs, et la température des eaux y dépend étroite- ment de celle que ces eaux possèdent lorsqu'elles s’accu- mulent dans le lac-réservoir, avant de s’écouler dans les vallées ; un lac qui recoit directement les eaux de fusion d'un glacier aura une température plus basse qu’un autre lac, qui, plus élevé, recoit des eaux d’origine plus lointaine, et provenant parfois elles-mêmes d’un autre lac. En outre, l'exposition au Nord peut maintenir gelé un lac plus longtemps et abaisser nettement sa tempéra- ture par rapport à un autre Jac exposé au Sud. C'est ainsi qu’à 2.600 mètres d'altitude, le lae Vert a présenté, en septembre, une température uniforme de 11°, alors que, au-dessous de lui, le lac des Séracs avait, en surface, des eaux à 1°, et en profondeur à 4e. Or, le lac Vert possède trente-deux espèces et des individus très abondants, et le lac des Séracs ne possède que cinq espèces. Mais ce lac des Séracs, nous allons le voir, doit ètre mis à part. Il reste donc les lacs suivants : TEMPÉRATURE ALTITUDE surface profondeur d'espèces Lac de Pierre Rouge. 2.550 6° ÿo 28 Lac'Gris mers 2.600 go 49 23 Lac d'Arpy. 7. ra 20000 go 70 31 Lac Verte 09-000 110 110 32 Le lac Sainte-Marguerite est éliminé de ce. tableau parce qu'il n’est pas comparable aux autres, avec ses quarante-trois espèces pour une température identique à celle du lac d’Arpy (9 et 7°); en effet, les rivages de ce lac sont déjà gazonnés et des troupeaux y viennent paitre, ce qui, avec les alluvions torrentielles qu'il recoit, facilite le peuplement. Tous ces lacs, par rapport à d’autres, placés dans d’autres régions alpines, sont relativement pauvres en espèces, ce qui tient, facteur global, à la nature du fond dans lequel leurs cuvettes ont été creusées, formations anagénétiques du houiller particulièrement impropres à la vie, avec manque absolu de calcaire, ce qui s'oppose à la présence des mollusques. Mais ces lacs sont particulièrement intéressants au point de vue de la genèse de leur colonisation. Ce sont tous des lacs post-glaciaires et dont la formation s’est effectuée à l’époque actuelle. Ilest vrai que cela représente encore un nombre res- pectable d'années. Mais, parmi eux, il y en a qui se sont formés beaucoup plus récemment, tel le lac Gris dont l'existence est périodique, qui disparaît sous le glacier et reparait dès que le glacier recule. Enfin, à côté du lac du Ruitor qui présente de grandes oscillations, et tandis que le lac d'Arpy disparaît, le lac des Séracs s’est constitué à une époque très voisine, de mémoire d'homme. Et c’est pourquoi il faut le mettre à part, car sa pauvreté biologique tient à ce qu’il commence seulement à se peu- pler : il ne possède pas encore une seule espèce animale, et sa flore ne comprend que des diatomées et une pal- mellacée. C’est le premier stade de la colonisation. HENRI COUPIN. LE FLAMMANT ROSE La ponte est de deux œufs, à coquille d'un blanc mat, sans taches, à surface rude et crayeuse, mesu- rant 0 m. 080 sur 0 m. 050, quelquefois un peu plus. Les flammants couveut accroupis sur le nid, ramenant sous eux leurs longs tarses, dont le talon, dans cette position, dépasse la queue, et non les jambes droites de chaque côté du nid, comme on l’a cru longtemps. Cette erreur, résultat d'observations incomplètes, provenait sans doute de la forme toute spéciale du nid qui, dans certaines localités, atteint, dit-on, jusqu’à plus de 50 centimètres de hauteur, et semble inciter à l'incubation à califourchon, comme plus commode, un oiseau juché sur de grandes échasses, ensuite, parce qu'on à vu probablement quelque couveuse, fatiguée des travaux de l’incubation, étendre momentanément au dehors une de ses longues pattes pour se délasser. M. Crespon (1) à aflirmé que les individus qui se reproduisent dans le Midi de la France ne construisent pas de nids, ce qui est assurément inexact, comme on vient de le voir. La femelle, d’après lui, ponürait sim- plement sur une petite élévation afin de préserver sa progéniture des eaux, et le plus souvent sur un chemin étroit, entre deux fossés. Le fait peut être vrai, mais on ne doit l’admettre qu’à titre d'exception. Les Arabes du lac Menzaleh ont remarqué cependant que, lorsque le flammant établit son nid loin de l’eau, une simple dépression lui suflit, et qu'il la tapisse alors avec des débris de roseaux. Quoi qu'il en soit, il est certain aujourd'hui que les flammants couvent comme les autres oiseaux, en repliant les jambes sous leur corps. Il paraît aussi que le mâle partage avec la femelle, sinon toujours, du moins très souvent, les soins de l'incubation, Celle-ci dure de trente à trente-deux jours. Peu après l’éclosion, les petits vont à l’eau conduits par leurs parents et nagent ; ils ne tardent pas à courir très bien, mais la croissance tardive de leurs ailes ne leur permet de voler qu’au bout de quelques mois. Les adultes eux-mêmes ont chaque année, au mo- ment de la mue, à subir une crise dangereuse pour leur sécurité, à cause ,de la chute simultanée des rémiges primaires. En 1828, des pêcheurs quiexploitaient l'étang de Valcarès en prirent plusieurs à la main, et M. Cres- pon s'étant rendu sur les lieux en captura une trentaine à l’aide de longs bâtons, munis de crochets. Tous ces oiseaux étaient en mue et ne pouvaient voler par suite de la perte de leurs rémiges. Le froid joue aussi de vilains tours à ces oiseaux, quand il survient à l’impro- (1) Ornilhologie du Gard et des pays circonvoisins.— Faune méridionale (1840-1844). LE NATURALISTE 207 LR EEE RE viste. « En 1839, raconte le même auteur, des chasseurs assommèrent un grand nombre de flammants qu'ils trouvèrent pris par les pieds dans la glace d'un étang, près d’Aigues-Mortes. Semblable aventure était déjà arrivée dans cet étang en 1789 (1). La raréfaction du flammant s’est opérée à la même époque qu'en Camargue dans nos autres départements du littoral méditerranéen. Ainsi dans l'Aude, on en signale encore quelques-uns, mais ils ne nichent pas, dans l'Hérault où cet oiseau était très commun, il ya cinquante ans, il ne niche plus que de loin en loin. Il semble s'être un peu mieux défendu dans les Pyrénées- Orientales où quelques couples nichent régulièrement. Mais là, comme ailleurs, les flammants battent déci- dément en retraite et finiront par disparaître. On ne voit plus depuis longtemps ces bandes nombreuses qui, au dire de M. le docteur Louis Compaigno, s’abattaient encore en 1862 sur les marécages et les étangs du Roussillon (2). Quelques individus égarés ont été tués à différentes époques sur plusieurs points de la France, ce sont presque toujours des jeunes oiseaux inexpérimentés qui, remontant le Rhône, arrivent quelquefois jusqu'au Rhin : on en a tué près de Strasbourg. D'autres sont jetés par quelque accident loin des lieux qu'ils ont cou- tume de visiter et viennent périr dans l'intérieur du pays, en Champagne par exemple où deux individus ont été abattus aux environs de Vitry-le-François, en Auvergne même et dans les montagnes de la Savoie. On ne sait jamais jusqu'où peut aller un oiseau quand il est bousculé par le vent et désorienté par le mauvais temps (3). Mais hors ce cas de force majeure, l'aire de dispersion du flammant rose ne dépasse pas, au nord, le Midi de la France. Plus au sud, il fréquente les étangs salés de la Sardaigne, au voisinage de Cagliari, les lacs de la Sicile et se plait en Espagne dans les immenses plaines inondées qui s'étendent à droite et à gauche du Guadalquivir, près de son embouchure dans l'Océan, les Marimas de l'Andalousie (4). On le rencontre aussi dans les golfes tranquilles et semés d'ilots de la mer Caspienne et près des grands lacs du centre de l'Asie, d'où il descend sur les côtes méridionales de cette partie du monde. Quand on passe en Afrique on trouve le flammant rose installé au Maroc, en Algérie, en Tunisie, dans la Tripolitaine, en Egypte, dans tous les grands lacs de la côte méditerranéenne. C'est là, avec l'Asie occidentale sa véritable patrie, d'où sont venues les colonies établies dans le sud de l’Europe. Dans ces lieux favorisés cepen- dant on a constaté une diminution croissante des peu- plades de flammants roses. Ces oiseaux diminuent par- tout, etil en est de même des espèces qui vivent en Amérique. On peut donc prévoir dans un avenir moins éloigné peut-être qu’on n'aimerait à se le figurer l’en- (4) Op. cit. ; (2) Histoire naturelle du département des Pyrénées-Orien- tales, t. III, p. 229 (1863). (3) On m'écrit que dans le courant du mois de décembre un flammant rose a été tué aux environs de Boulogne-sur-Mer, mais mon correspondant ne me fournit aucun détail précis sur cette capture. Il se pourrait très bien que cet oiseau se füt échappé de la volière d’un amateur ou de quelque jardin zoologique des régions du Nord. (4) Les colonies de Flamants de l'embouchure du Guadalquivir out été observées par un naturaliste anglais, M. Chapman. tière disparition de cette famille d'oiseaux intéressante à plus d'untitre. En Egypte le flammant rose est encore abondant. Il se montre assez rarement sur le Nil même; bien qu’à l'époque où le fleuve déborde j'en aie rencontré de petites troupes dans la plaine inondée des Pyramides, mais dans les lacs salés de la Basse-Euypte, au Fayoum même, il forme des établissements très importants. Depuis quelques années, les flammants ont un peu déserté le lac Maréotis au profit sans doute du lac Men- zaleh dont les lagunes donnent asile à la plus grande partie des flammants égyptiens. On en voit souvent d’interminables files, mais on les voit surtout de loin, car ces oiseaux sont extrêmement prudents et prennent mille précautions pour ne pas se laisser surprendre. Ils sont gardés par des sentinelles qui veillent à tour de rôle et ne laissent jamais arriver un canot à portée de fusil. Au surplus la chasse à tir est défendue au Men- zaleh. La chasse et la pêche de cette vaste nappe d’eau en communication avec la mer sont affermées aux indi- gènes par le gouvernement égyptien, qui retire de cette amodiation un revenu très considérable. A l’époque des migrations principalement, le Menzaleh et ses rivages sont littéralement couverts de palmipèdes et d'échas- siers, et on en fait de formidables rafles au filet, mais afin de ne pas effaroucher ce précieux gibier qui cons- tue, avec le poisson, la fortune de toute une popula- tion riveraine, ilest interdit de faire parler la poudre. Seuls quelques privilégiés, pachas, hauts fonctionnaires ou membres de la famille khédiviale, ont licence d'y faire de temps à autre le coup de feu. Les flammants bénéficient dans une certaine mesure de cette interdiction, qui ne s'étend pas malheureuse- ment aux engins silencieux mis en œuvre à la faveur des ombres de la nuit. Leur méfiance n’en est pas moins éveillée pendant le jour. Ils ne cherchent leur nourri- ture que dans les eaux découvertes d’où la vue peut s'étendre sans obstacles et évitent avec soin de s’ap- procher des bouquets de roseaux qui pourraient leur cacher un ennemi. On ne peut donc les observer qu'à grande distance et à l’aide d’une longue-vue, mais on a devant soi un charmant spectacle. Les uns nagent, d’autres sont debout sur leurs longues jambes ou, au repos, une des pattes seulement supportant le poids du corps, l’autre fléchie et ramenée contre le ventre, pos- ture propre au flammant, le cou replié en nœud, la tête renversée sur le dos, enfouie sous les plumes. Sous le soleil d'Orient, on croirait voir des fleurs blanches et rouges flottant à la surface de l’eau ou poussées sur une nième tige de pourpre. Ordinairement ils se tiennent, dans l’eau, jusqu’au-dessus des tarses, et lorsqu'ils se mettent en rang, les uns à côté des autres, ils figurent une longue ligne de feu d’un magnifique éclat. A la moindre alerte, ils redressent vivement le cou dans toute sa longueur, regardent à droite et à gauche avec inquiétude, poussent de grands cris rauques et durs et s’envolent, C’est alors un nuage peint de rotge, de rose, de blanc, qui monte vers le ciel, puis les oiseaux se rangent en file ou en triangle et leur longue caravane glisse flamboyante vers l'horizon, Le flammant vole, les pattes et le cou étendus, aussi parait-1l extrêmement long et mince, et comme ses ailes étroites se déploient vers le milieu de sa longueur, il fait l'effet de loin d’une croix de feu emportée dans les airs. Dans les lieux où on a pu approcher de plus près les 208 LE NATURALISTE flammants, on a remarqué la manière dont ils se com- portent pour saisir leurs aliments. Quand ils parcourent les eaux basses, ils marchent à petits pas et remuentavec leurs pattes le fond vaseux afin de faire sortir de leurs retraites les petits animaux dont ils se nourrissent. Pour explorer la vase ainsi agitée, ils recourbent leur long cou et barbotent de telle façon qu'on comprend alors l'utilité de leur bec singulier, Ils ramènent pour cela la tête sur le même plan que les pieds et enfoncent dans la vase la mandibule supérieure du bec, puis avançant, re- culant, ouvrant et fermant alternativement le bec, ils tâtent avec leur langue toutes les substances qu'ils ont attirées dans l’intérieur, tamisent, pour ainsi dire, ce mélange hétérogène et retiennent les matières qui peu- vent convenir à leur nourriture. Ces aliments se compo- sent principalement de mollusques, de vers, de crustacés, de petits poissons, et même de quelques matières végé- tales. Malgré les difficultés que présente leur chasse, les pé- -cheurs du lac Menzaleh prennent une assez grande quan. tité de flammants. Ils les capturent la nuit au moyen d’un filet. Ces oiseaux sont vendus vivants à des marchands de Port-Said et d'Alexandrie qui les expédient en Eu- rope où ils vont orner les jardins zoologiques. La chair du flammant qui est aussi colorée en rose, a souvent un goût huileux fort désagréable, elle n’en est pas moins appréciée dans le nord de l’Egypte,et ona fait longtemps une chasse active à cet oiseau pour en appro- visionner les marchés. Les anciens Romains faisaient aussi grand cas du flammant, on le servait dans les fes- ins les plus somptueux. C’est Apicius, selon Pline, qui découvrit à la langue du phénicoptère cette saveur ex- quise dont raffolait tellement l’empereur Héliogabale qu'il entretenait des troupes chargées d'en pourvoir sa table. La langue du flammant, charnue et'grasse, est, en réalité, un morceau très délicat (1). MAGAUD D'AUBUSSON. RÉUNION EXTRAORDINAIRE de la Société Géologique de France, dans les Pyrénées occidentales, en 1906 LUZ, GAVARNIE, LES EAU X-CHAU DES La Société géologique de France tiendra dans les Pyrénées, du 6 au 13 septembre, la réunion extraordimaire de 1906. La Société tiendra ses séances : à Luz, le jeudi 6 septembre, à 9 heures du matin; — à (Gavarnie, le samedi 8 septembre, à 8 heures et demie du soir; — à Pau, le mardi 11 septembre après midi : — aux Eaux-Chaudes, le jeudi 13 septembre, à 8 heures et demie du soir (clôture). PROGRAMME DES EXCURSIONS Jeudi 6 septembre. — Réunion à Luz; à 9 heures, séance d'ouverture de la réunion extraordinaire: élection du bureau : exposé sommaire des excursions de la réunion. Déjeuner à onze heures. Départ de Luz pour Pierrefitte par le tramway élec- trique. Coupe de Pierrefitte à Lourdes : Zone coblentzienne du col d’Aubisque. Synclinaux calcaires des environs d'Argelès. Contact du Dévonien inférieur et des (1) E. Geoffroy Saint-Hilaire rapporte qu'il a souvent vu le lac Menzaleh couvert d'une multitude de barques destinées à la chasse des flammants. Ces barques, dit-il, reviennent remplies d'oiseaux auxquels les Arabes arrachent la langue, afin d’en ex- traire par la pression une substance graisseuse qu'ils emploient en guise de beurre. Je n'ai pas entendu dire que les fermiers ac- tuels du lac Menzaleh assaisonnassent leurs mets à la graisse de langue de flammants, mais les temps sont changés. terrains secondaires à Boo-Silhens. Coupe entre Boo-Silhens et Lourdes. Calcaires à Réquiénies, Schistes ardoisiers crétacés. Ophites et dolomies de Lourdes. Retour de Lourdes à Luz en chemin de fer et tramway. Diner et coucher à Luz. Vendredi 7 septembre. — De Luz à Pierrefitte : Passage du Silurien au Dévonien aux environs de Luz. Étire- ment des schistes gothlandiens entre le Pène-Nère et Saligos. Marbre dévonien de Larisse et Coblentzien fossilifère. Schistes à Graptolites de Saligos et calcaire noir à Orthoceras pyre- naicum, etc. Anticlinal ordovicien des pics de Viscos et de Sar- ramouzet. Filons de microgranulite et de diabases labradoriques. Syncelinal dévonien du Pont-de-l’Echelle. Schistes à Phacops et calcaires blancs dolomitiques du Dévonien moyen. Anticlinal de Soulom. Schistes et quartzistes ordoviciens de Soulom. Passage de l'Ordovicien au Gothlandien. Schistes carburés gothlandiens d'Uz à Graptolites. FEU Déjeuner, diner et coucher à Luz. Samedi 8 septembre. — Environs de Luz : Schistes et calcaires coblentziens de Som, de Pène de Viella et de la Courbe à Pleurodicytum problematicum, Spirifer Pellicoi, Atrypa reticularis, etc. Renversement du Coblentzien sur le Dévonien moyen et supérieur et sur le Carbonifère. Cal- caires à Goniatites et à Orthocères du Dévonien supérieur. Lydiennes à nodules phosphatés. Couches de passage du Dévo- nien au Carbonifère entre Luz et le Pont Napoléon. Schistes ardoisiers et calcaires de Saint-Sauveur. Barrégiennes et cal- caires du Pont Napoléon. Calcaires colorés carbonifères du Pas- de-l'Echelle. : Déjeuner à Luz. Départ de Luz pour Gavarnie en voiture. Synclinal dinantien de Sia. Quartzites de Sia, Schsites à macles de Pragnères. Dévonien moyen de Pragnères. Barré- giennes dévoniennes du Roc de Rhodes. Dévonien inférieur fossilifère de Gèdre et de Barada. Schistes et quarzites granitisés entre Gèdre et Gavarnie. Filon de pegmatite tourmalinifére. Gédrite et cordiérite. Calcaires à Hippurites et Spbærulites du plateau de Coumély et de Saugué. Schistes gothlandiens macli- fères à Graptolites de Saugué. Calcaires blancs et gris du Dévo- nien moyen. Coupe du Pain de Sucre et de Pène Blanque. Coupe du massif de Sucagnac et du Soum Blanc. [Isoclinaux dévoniens empilés sur le Crétacé supérieur. Diner et coucher à Gavarnie. — Séance le soir. Dimanche 9 septembre. — Environs de Gavarnie : Coupe sur les parois de la vallée de Gavarnie et du cirque de Gavarnie. Anormalité de contact du Crétacé supérieur et du Paléozoïque entre la Hourquette d'Alans et le port de Gavarnie. Carbonifère fossilifère du port de Gavarnie, du Pic-Blanc et de la vallée des Especières. Calcaires viséens à grandes Goniatites : Glyphioceras crenistria, Prolecaniles Henslowi, Pronoriles cyclolobus, etc. Calcaires à Polypiers siliceux. Dévonien fossi- lifère des environs de Gavarnie (Pic de Mourgat). Déjeuner emporté par porteurs. — Diner et coucher à Ga- varnie, : Lundi 10 septembre. — De Gavarnie à Gèdre et à Heas. Plate-forme silurienne granitisée. Granite amphibolique d'Héas. Schistes gothlandiens maclifères à Graptolites (Maillet). Cal- caire dolomitique dévonien formant les parois du cirque de Troumouse. Schistes coblentziens. Calcaires à Hippurites et .Sphærulites des cabanes de Cot. Déversement des plis vers l'Espagne (Pic de la Munia, Pic de Mount Henran). Recouvre- ments et charriages. Déjeuner à Gèdre. — Diner et coucher à Luz. Mardi 41 septembre. — De Luz à Pau en tramway et chemin de fer. Déjeuner, diner et coucher à Pau, — Séance l'après-midi. Mercredi 12 septembre. — Départ de Pau pour Pont-de- Béon en chemin de fer. De Pont-de-Béon aux Eaux-Chaudes : Trias et ophites. Carbonifère. Calcaires eiféliens de Louvie- Soubiron et de Geteu. Calcaires frasniens à Goniatites. Ardoises à Nereites de Gédre et de la vallée du Canceigt. Coblentzien fos- silifére des environs de Laruns. Ecailles dévoniennes des gorges du Hourat. Coblentzien du pont Crabé. Poudingues permiens du pont Crabé. Nappes empilées sur le Crétacé supérieur. Déjeuner à Laruns. — Diner et coucher aux Eaux-Chaudes. Jeudi 13 septembre. — Environs des Eaux-Chaudes : Crétacé supérieur des Eaux-Chaudes à Hippurites pelroco- riensis, H. Moulinsi, etc. Dolomies de Goust. Glaciaire de Goust. Recouvrement des calcaires à Hippurites par le Paléozoïque et par le Trias. Nappes empilées et déversées vers lé sud. Lam- Ds de recouvrement du Bose Nècre et du Courzy-de-Brèque. Trias et ophites du col de Lardé. Contact du granit bo lique et du crétacé à la Tume et au pont d'Enfer. Permien de la Tume. Ophite et Flysch de Miegebat. Massif du Pic de Bergon. Déjeuner emporté par porteurs. — Diner et coucher aux Eaux-Chaudes. — Le soir, séance de clôture. Le Géran/ : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette. 28° ANNÉE NOTE 45 SEP 1906 SUR LA NYMPHE DU LUCANUS CERVUS 48 SEP 1906 J'ai eu l’occasion en 4890, ce n’est pas hier, de donner dans cette même revue (n° 8% du 15 septembre) une figure au trait, etla description d'une nymphe de Lucanus cervus mâle, correspondant de façon évidente à la forme moyenne de cette espèce, forme capra des au- teurs (1). Cette nymphe appartient actuellement à mon excel- lent maître M. Poujade, et une nymphe, sensiblement de même taille, figure, mais piquée et conservée par dessic- cation, dans la magnifique collection de Lucanus de M. René Oberthür. Ce n’est pas sans peine que j'avais obtenu, par éduca- tion, la nymphe dont il s’agit, car, ainsi que je le disais dans le numéro du Naturaliste que je rappelle ci-dessus, ce n’est qu'après cinq an- nées d'élevage que j'avais réussi à mener à bonne fin cet unique exemplaire; or mes efforts avaient porté sur un nombre de larves extrêmement considérable. . À cette époque, en effet, _le Bois, dans le voisinage de la Porte-Maillot, était une véritable pépinière de Lucanes, et le nombre de très vieilles souches mi- nées par les larves de cet insecte était tel qu'avec de faibles efforts il était loisi- ble de faire sauter ces sou- ches et de récolter autant de larves à tous états que lon pouvait le désirer. Depuis, les choses ont bien changé. Je n’en ai pas moins eu plusieurs autres larves, mais j'ai éprouvé dans mes nouvelles tentatives tout autant de difficultés, et c’est encore avec beaucoup de peine que j'ai obtenu la nymphe femelle dont je donne ici la figure. Il ne faut pas se dissimuler, d’ailleurs, que l'éducation en captivité des larves de Coléoptères est en général chose malaisée, surtout lorsqu'elle à pour objet l'étude des différentes mues auxquelles la larve peut se trouver soumise et, plus encore, les évolutions qui précèdent la nymphose. Autre chose, en effet, est de placer une larve dans des conditions aussi rapprochées que possible de celles où elle vit habituellement, puis de laisser agir la nature, autre chose de surveiller cette larve, de la déplacer fré- quemment afin de noter comme elle se comporte. Mais de toutes les larves de grande taille que j’ai pu Fig.1.—Nymphede Luc.cervus femelle. (1) Pour les détails qui concernent toutes les modifications du Luc. cervus, voir la Monographie des Lucaneset Pseudolucanes, 2 vol., avec 233 fig. dessinées par l'auteur, éditée par Les Fils d'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac, Paris. AS ; DÉSr. A5 SEPTEMBRE 1906 étudier aucune ne m'a paru plus sujette aux difficultés que celles du Lucane. Non seulement en effet, il faut bien veiller à ce qu'il ne s’introduise pas de fourmis dans les récipients où elles se trouvent, mais encore il faut compter avec une mauvaise assimilation de la nour- ‘ riture, ce qui résulte le plus souvent de ce que le terreau ou les morceaux de souches dont ces larvesse nourrissent tendent à se dessécher;il convient surtout d'éviter l'excès d'humidité, car dans ce cas la moisissure ou les végétations cryptogamiques ont vite fait de couper court aux obser- vatiOns. Enfin ces larves se blessent très facilement et, à l’en- contre des larves de Cetonia qui vivent bien en société, elles se tenaillent avec leurs fortes mandibules, meurent presque aussitôt et fermentent avec la plus grande rapi- dité, ce qui infeste leurs voisines, Il importe donc de toujours les isoler. : Pour en revenir à la nymphe de la femelle, on remar- quera qu'elle ne diffère guère de celle du mâle que dans la mesure où les adultes se différencient eux-mêmes l’un de l’autre; c’est dire qu’elle donne bien l’image de ce que -sera l’insecte parfait. Toutefois en dehors de l'absence de grandes mandi- bules inclinées en avant, elle se distingue surtoutim- médiatement par la dispari- tion de la large et longue enveloppe contournée sur elle-même qui,chez la nym- phe du mâle, sert de récep- table aux organes géni- taux (1). On remarquera: 1° la coupe des enveloppes alaires et élytrales avec pointe très aiguë et dirigée en arrière; 20 la forme nettement dépri- mée, et bien évasée à l’ex- trémité, des fourreaux tar- sals ; 3° les plissements, en forme destriescontournées, de certaines parties, et sur- tout des parties latérales des derniers arceaux de l’abdo- men; enfin 4° les quatre proéminences qui terminent l'abdomen, les deux supérieures sensiblement dirigées dans le sens du corps, les deux inférieures subperpen- diculaires. Elles sont notablement moins longues que chez la nymphe du mâle, La partie dorsale des anneaux de l'abdomen présente également de fortes stries contournées qui sont évidem- ment appelées à permettre à la nymphe d'effectuer dans sa loge les mouvements et les faibles déplacements qui peuvent lui être utiles pendant le cours de sa vie nym- phale. Autant que j'ai pu en juger pendant le grand mois que j'ai conservé cette nymphe à dater de son éclosion, jus- qu'au moment où je l'ai plongée dans l'alcool, ses mou- vements sont en effet généralement assez faibles et ne se produisent que très rarement, à l’encontre de ceux de bien des nymphes de coléoptères qui ont souvent des Lucanus cervus femelle. (4) Nous rappellerons qu'une disposition analogue s'observe chez la nymphe mäle du Dorcus parallelepipedus (Naturaliste, nos 80 et S1 des 1er et 15 juillet 1890). 210 LE NATURALISTE soubresauts de l'abdomen extrêmement rapides et d’une grande brusquerie. Quant à la vie nymphale du L. cervus, elle parait être d'assez longue durée, de six semaines au moins, peut- être bien davantage; aù bout d’un mois, en effet, a “ymphe de femelle dont il est question ici n'avait en- core que les yeux, l’extrémité des mandibules, les join- tures et les épines des pattes, enfin les divisions tarsales, qui eussent commencé à se colorer, les yeux en noir, les autres parties en Carmin foncé; le pourtour du cor- selet et les épaules des élytres avaient également üne téinte carminée. Un accident survenu tandis que je sortais cette nÿm- phe de l'alcool où je l'avais mise la veille, accident qui m'avait fait brusquement arracher la gaine d’une des dernières paires tarsales, me permit de constater que les tarses étaient déjà parfaitement conformés, bien qu'ils ne fussent encore colorés que sur le bord. L'étude que j'ai faite de cette nymphe m'engage à donner ici une indication que je crois utile à ceux qui s'intéressent à l'étude des métamorphoses. Le dessin des nymphes à téguments incolores ou fai- blèment teintés, telles que celles de beaucoup dé dip- tères, hyménoptères ou coléoptères est toujours très ardu et la difficulté s’accentue du fait que ces téguments (exception est faite pour ceux des anneaux de l'abdomen) sont, tout au moins au début de la métamorphose nym- phale, semi-diaphanes ou translucides. Mais, si l’on attend quelques jours, cette blancheur et cette transpa- rence s’atténuent de plus en plus aù fur et à mesure que s’avance le travail de pigmentation. Il est donc bon, avant de vouloir procéder à la figuration de la nymphe, d'attendre un certain nombre de jours qui varie avec la rapidité que ce travail met à s’effectuer, Alors la forme réelle des différents organes et des intervalles qui les séparent, S’'accentue, prend de la netteté, et le dessin ne peut que gagner en facilité d'exécution. Il conviendra néanmoins, de ne pas trop attendre de peur que la phy- sionomie primitive et caractéristique de la nymphe ne vienne à subir trop de modifications. Je terminerai en signalant la petite observation sui- vañte que j'ai été à même de faire cette année; on sait qu'à l'encontre des Melolonthes, Cétoines et autres La- mellicornes, les Pectinicornes adultes, Lucanes et Dor- cus, sont extrèmement propres, je veux dire qu'ils ne souillent pas de leurs déjections les boites ou les réci- pients dans lesquels on les enferme; cependant les L. ceérvus, lorsqu'ils sont fraichement éclos et qu’on les extirpe de leur trou d’éclosion, se vident par un jet d’un gris rougeatre analogue à celui que connaissent bien les lépidoptéristes qui élèvent des papillons. Je n'avais ja- mais observé ce fait sur cet insecte, bien que je ne compte plus le nombre de ceux que j'ai capturés de cette façon, mais il ne faut pas perdre de vue que, comme beaucoup de coléoptères, le L. cervus est le plus souvent éclos depuis déjà-fort longtemps lorsqu'il se décide à faire son apparition au dehors du sol. LOUIS PLANET. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE ANIMAUX Vivants et Fossiles! mr Gastropodes, Lamellibranches. — La plupart des repré- sentants de ces deux grandes classes des Mollusques appartiennent à la faune httorale, èt présentent une répartition géographique presque identique. Dans pres- que toutes les familles on trouve des types herbivores ou omnivores et d’autres carnivores. Comme on l’observe dans presque toutes les classes du règne animal, c’est dans la zone intertropicale que les Mollusques atteignent leur plus grande variété et leur plus grande taille, et c'est dans le Sud des Continents que les faunes litto- rales présentent les différences les plus tranchées. Les dix-huit provinces de WOopWarD peuvent être groupées en trois grandes régions, qui s'appliquent d’ail- leurs à presque tous les animaux marins lttoraux : Jo Atlantique, 2° Indo-Pacifique, 3° Amérique Occiden- tale. On sait que les courants froids venant du pôle Sud sont la cause des différences qui existent entre cette dernière région et le reste des côtes baïgnées par le Pa- cifique : œétte région est exceptionnellement pauvre, n'ayant presque aucun genre qui lui soit propre. — La ré- gion Atlantique unit les faunes de la côte Est d’Améri- que à celle du Sud de l’Europe et de l’Ouest de l'Afrique, la faune de la Méditerrannée n'étant qu'une dépendance de celle de l'Océan. La zone Nord — tempérée est plus distincte, ayant plusieurs genres qui lui sont propres. Au contraire, la région de l'Amérique occidentale pourrait être rattachée à la région Atlantique : 60 genres sont communs aux deux régions et lesespèces seules sont dif- férentes : il n’y à pas d'espèces communes entre les deux versants Est et Ouest de l'Amérique Sud intertropicale, tandis que, dans l'hémisphère Nord, plus dé 50 espèces se retrouvent des deux côtés del’Amérique septentrionale, et beaucoup d’autres, dites représentatives, pourraient être considérées comme de simples variétés. Dans la Médi- terranée, il est douteux qu'il existe une seule espèce qui ne se retrouve pas dans l'Océan et 70 à 80 es- pèces sont identiques à celles de la mer Rouge. — La région Indo-Pacifique est la plus riche de toutes : 100 espèces au moins se retrouvent sur toute son étendue, attestant l'unité de cette faune ; 30 genres importants lui sont propres et 20 sont plus particulièrement inter- tropicaux. L'influence de la température est très mar- quée : c’est dans cette zone intertropicale du Pacifique que l’on trouve ces énormes coquilles bivalves du genre Tridacna, dont on peut faire des bénitiers, et! qui vivent fixées aux récifs coralliens, ainsi que des Gastropodes de grande taille (Cassis, Conus, Strombus, Cerithium, Campanile), etc.). Cependant ,dansle genre Voluta,les plus grandes espèces sont extra-tropicales (Nouvelle-Zélande). On remarque aussi que la faune malacologique de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande est très différente de celle de l’Europe : nous avons vu que c'était le contraire pour les Crustacés. (1) Voir les n°s 458 du Nafuralisté et Suivants, LE NATURALISTE 211 Enfin, siles espèces des mers froides et tempérées sont généralement plus petites et de couleurs plus sombres, elles compensent cette infériorité par l'abondance des individus d’une même espèce. Enfin, dans les grandes profondeurs, on trouve des formes qui rappellent les es- pèces des mers arctiques par leurs couleurs ternes et appartiennent à des types d'une haute antiquité géolo- gique(Arca, Leda, Dentalium, Trochus, Pleurotomaria, etc.). Les Gastropodes datent de Cambrien (faune primor- diale) : on n'y compte pas moins de 113 espèces appar- tenant aux familles des Pleurotomariidæ, Trochidæ, Sola- rüdæ, Capulidæ, Pyramidellidæ encore représentées dans les mers actuelles. Les Scaphopodes datent du Silurien. Les genres Pleurotomaria, Capulus, Natica, Narica, Emarginula, re- présentés dans les mers actuelles, existaient déjà dans la faune primordiale. À l’époque paléozoïque, les Proso- branches ho lostomes etles Ptéropodes prédominent, et les Siphonostomes n'apparaissent que dans le Trias (époque mézoique). Dans le Jurassique d'Europe, le caractère de la faune change nettement par l'apparition des Cerithiidæ, Nerineidæ, Aporrhaïdæ, Strombidæ, qui se développent surtout dans le Crétacé supérieur et le Tertiaire ; dès le Pliocène, la faune renferme plus de 50 % des espèces actuelles. Cette faune tertiaire, étudiée surtout en Europe, présente des particularités intéressantes les Gastro- podes éocéniques appartiennent à des types représentés actuellement dans les mers intertropicales; ceux des mers intérieures miocéniques (bassin de Vienne) ont leurs plus proches alliés actuels dans la mer des Antilles ; ceux - de la fin du Miocène et du Pliocène se rapprochent de plus en plus de la faune actuelle de la Méditerranée et de l'Atlantique. A toutes les époques géologiques les formes cosmopolites sont très rares, ce qui n'a rien d'étonnant chez des animaux littoraux et par conséquent sédentaires. Des 600 espèces décrites dans le Silurien de PAmérique du Nord, 250 au plus se retrouvent en Europe. La proportion est plus faible encore dans le Crétacé et le Tertiaire. Les espèces ont été de courte durée : les genres, au contraire, ont eu une grande lon- gévité, autant qu’on en peut juger du moins d'après la forme de la coquille : Dentalium, Chiton, et ceux que nous avons cités plus haut de la faune primordiale ont vécu de l’époque paléozoïque jusqu'à nos jours. Malgré tout, le développement des Gastropodes est relativement moderne (Tertiaire), surtout lorsqu'on les compare à celui des Mollusques bivalves. Les Lamnellibranches (Pélécypodes ou Acéphales) sont aussi anciens que les Gastropodes et les Scaphopodes, mais dès l'époque Paléozoïque et plus encore à l’époque Mésozoïque, ils ont joué un rôle beaucoup plus impor- tant, comparable à celui des Coralliaires. Cependant on n’a encore signalé que trois espèces de très petite taille dans le Cambrien, chiffre inférieur à celui des Gastro- podes et surtout des Brachiopodes à la même époque. Les familles des Aviculidæ avec les genres Pterinea, Am- bonychia et Avicula (encore vivant), des Arcidæ, des My- tilidæ, des Nuculidæ, des Pholadomyidæ, ete., sont repré- sentées dans le Silurien. Dans le Trias, de nouveaux genres paraissent, et les Monomyaires font leur appari- tion avec le genre Huiître (Ostrea); les Peignes, les Limes, les Avicules, etc., prennent un développement qui s’ac- centue dans le Jurassique et le Crétacé inférieur. Les Chamidæ et les Rudistes apparaissent et les Huiîtres attei- gnent tout leur développement, particulièrement dans le | Cénomanien, époque qui marque un grand changement entre le Crétacé inférieur et le Crétacé supérieur. Dès le Tertiaire on constate une transition graduelle vers l'état de choses actuel. Les Monomyaires, si nombreux à l’époque secondaire, deviennent plus rares ainsi que les Asiphonides; au contraire les Siphonides et les Sinupal- liata se diversifient. Parmi ces familles modernes, on peut citer les Tridacnidæ, Donacidæ, Solenidæ, Mactridæ, Myidæ, Pholadidæ, etc. De même que pour les Gastro- podes, on constate que les Lamellibranches Eocènes d'Europe ont leurs analogues actuels dans la région Indo-Pacifique, tandis que les espèces Miocènes et Pliocènes se rapprochent de celles de la Méditerranée et de l'Atlantique. Le genre Huitre (Ostrea) joue un grand rôle dans les couches sédimentaires de toutes les régions du globe, ses coquilles épaisses et d’une conservation facile for- mant d'énormes bancs où se sont empilées pendant des siècles des générations successives, Ces bancs se trou- vent en Europe, notamment dans le Lias (calcaire à Gryphées, Gryphæa arcuata), l'Oolithe (Alectryonia gre- garia), le Crétacé (Argile ostréenne, Ostrea Leymeriei, O. arva, etc.), et le tertiaire (0. crassissima). Des bancs analogues se formaient aux mêmes époques sur d’autres points du globe, notamment dans l'Amérique du Sud, à La Plata (AMEGHINO, VON JHERING). — Les Budistes (qui n'étaient peut-être pas des Lamellibranches) avaient des coquilles encore plus massives qui forment de puis- santes assises dans les couches crétacées du Sud de la France. Ainsi l'Hippurites cornu-vaccinum avait une coquille pyramidale atteignant 1 mètre de haut, et l’H. organisans a bâti de ses coquilles accumulées comme les pierres d’un mur, de véritables récifs comparables aux récifs coralliens, près de Gossau, en Suisse, et dans le département du Var. Ces lourds organismes n’ont pas survécu à l’époque secondaire. Tuniciers. — Ces animaux singuliers, considérés comme des vertébrés dégradés, présentent un genre de vie aussi varié que leurs formes. Les uns sont fixés dans la zone littorale (Ascidiacés), s’attachant aux rochers, aux co- quilles, aux galets et aux algues; les autres sont péla- giques (Thaliacés) et nagent en pleine mer isolés ou for- mant ces colonies que l’on a désignées sous les noms de Pyrosomes et de « chaînes de Salpes ». Les uns et les autres se nourrissent de particules aliméntaires très petites, analogues à celles qui constituent le Plankton. Oz trouve des Tuniciers dans toutes les mers, et leur distribution géographique est soumise aux mêmes lois que celle des Mollusques, suivant que ces organismes sont littoraux ou pélagiques. Ces derniers sont très lar- gement distribués, aucun genre n'étant spécial à une région océanique et plusieurs espèces étant cosmopolites. Une seule forme de Thaliacés (Octacnemus bythius) appar- tient à la faune des grandes profondeurs entre 2,000 et 4.000 mètres) et peut être considérée comme type d'une famille à part. Elle a été découverte par le Challenger dans l'océan Pacifique. Plusieurs Ascidiacés (Hypoby- thius calycodes, etc.) se trouvent fixées entre 3.000 et 3.000 mètres, On ne connaît pas de Tuniciers fossiles, Poissons (1). — Sauf quelques particularités qui leur sont propres, les Poissons obéissent, dans leur distribu- tion géographique, aux mêmes lois que les Mollusques (1) Pazacxy. Die Verbreilung 'der Fische. Prague, 1891, — A. Günraer. Introduction to the Stdy of Fishes, 1880. 212 LE NATURALISTE etles Crustacés marins. La plupart des types franchement carnivores sont pélagiques et largement distribués dans les océans; les types phytophages, au contraire, sont littoraux ou même d’eau douce, et pour la première fois nous rencontrons des animaux marins qui émigrent périodiquement et régulièrement chaque année dans les eaux douces. Les types littoraux ont une distribution beaucoup plus étroite que les types pélagiques, et l'influence des courants chauds ou froids qui baignent les côtes des continents, exerce une influence décisive sur la composition de la fau ne.Sur quatre-vingts familles de Pois- sons marins, il en est cinquante qui sont cosmopolites et plusieurs autres sont communes aux deux grands océans (Atlantique et Pacifique) dans la zone intertro- picale, Mais d’après JORDAN, il n’y a que 6 % des espèces des côtes de l'Amérique du Nord qui soient communes à l'Atlantique et au Pacifique. La région indo-pacifique possède dix familles qui lui sont propres, tandis qu'au- cune famille importante ne caractérise la région atlan- tique, qui paraît comprendre, comme pour les Mollusques, les faunes littorales des deux versants de l'Amérique céntrale et méridionale, beaucoup d'espèces étant communes aux côtes Est et Ouest de ce continent. Par contre, SAUVAGE à signalé ce fait intéressant que le district japonais de GüNTHER (entre 37 et 30° lat. Nord dans le Pacifique) présente une faune ichtyologique très semblable à celle de la Méditerranée. Cette ressemblance s’étend même aux types des grandes profondeurs : sur dix-neuf espèces draguées par le Challenger dans les mers du Japon, quatre se retrouvent dans la Méditer- ränée. PALACKY explique cette ressemblance en faisant remarquer que la plupart des types communs aux mers du Japon et à la Méditerranée doivent être considérés comme cosmopolites : ainsi Serranus cabrilla (espèce très ancienne, puisqu'on la trouve à Monte-Bolea, dans l'Eocène) existe non seulement dans l'océan Indien, mais aussi dans l'Atlantique sur les côtes de France, aux Antilles, au Cap et même à l'ile Saint-Paul. De même Anthias oculatus se trouve à Madère et à la Martinique ; Caranx punciata au Cap Vert, aux Antilles, à Saint- Hélène et au Brésil; Auxis Rochei à la Jamaïque aussi bien qu'à Amboine, et de plus sur les côtes d'Angleterre, des Etats-Unis, à Zanzibar et en Australie. Coryphæna hippurus, Thynnus thunnina, Seriola Dumerili sont égale- ment des espèces pélagiques, d’origine très ancienne, et que l’on peut considérer comme cosmopolites à l’époque actuelle : il en résulte que la Méditerranée peut avoir recu sa faune, comme on l’admet généralement, de l'Atlantique et sans qu'il soit nécessaire d'admettre une immigration marine à travers la mer Rouge, l'Asie Mineure et le golfe Persique, à l’époque Crétacée, comme SAUVAGE est porté à l’admettre. Il est incontestable, d’ailleurs, que la faune ichtyologique de la Méditerranée a conservé des types qui ne se retrouvent plus que dans les mers intertropicales : ainsi les Pomacentridæ mangeurs de Coraux y sont représentés par le genre Heliases. Pour PALACKY, on peut reconnaitre dans la Méditerranée un mélange de trois faunes qui se sont confondues dans le Crétacé : 19 Un élément circumpolaire caractérisé par les Gadidæ, Esocidæ, Gasterosteidæ, Salmonidæ, etc.; 2° un élément provenant des lacs d’eau saumâtre (Caspienne) par la mer Noire et comprenant les Cyprinidæ, Gobiidæ, Accipenseridæ, etc. ; 3° enfin un élément tropical, qui se retrouve dans l'Atlantique, et qui comprend, par exemple les Cyprinodontidæ, les genres Lamna, Oæyrhina, etc., types | communs à l'Amérique du Nord et à l’Europe. La période | glaciaire en Europe a détruit les Cyprinodontes au Nord des Alpes, tandis qu'en Amérique ces poissons remonterit vers le Nord. Cinq familles seulement sont propres aux mers tempérées et arctiques des deux hémisphères, dont deux (Accipenseridæ, Cyclopteridæ) sont spéciales au mers tempérées septentrionales. Cette tendance au cosmopolitisme qui caractérise la plupart des famillés de Poissons marins, s’explique par existence de formes larvuires à habitudes pélagiques, même chez les espèces littorales. ALEX. AGASSIZ à fait une étude spéciale (1) de ces formes larvaires qui sont d'autant plus intéressantes qu’elles changent complète- ment la forme de l'animal, au point, par exemple de transformer un Poisson symétrique en Pleuronecte, un Poisson hétérocerque en homocerque {Labrax lineatus) un Poisson volant en Poisson de fond à forme des plus lourdes (Lophius piscatorius). Les mœurs sont en rap- portavec ces modifications morphologiques : beaucoup de Poissons littoraux déposent leurs œufs en pleine mer et toujours pendant la nuit, de sorte qu'on les trouve flot- tant à la surface; le jeune, qui a toujours besoin d'une grande quantité d'oxygène, est placé dès sa naissance dans les meilleures conditions pour se développer rapi- dement, mais il peut aussi être entrainé au loin par les courants, de manière à coloniser les rivages éloignés de son lieu d’origine. Ces transformations adaptatives, qui sont de véritables sub-métamorphoses, ont un autre intérêt : elles reproduisent, dans le développement onto- logique, des formes que l’on retrouve chez les Poissons fossiles, depuis les Cephalaspidæ et les Palæoniscidæ jusqu'aux Pycnodontes et aux Ganoïdes. Certaines de ces formes larvaires sont si étranges que lon n’est pas encore fixé sur leur véritable nature : tels sont les Leptocéphales, Poissons pélagiques et à corps linéaire et translucide, que l’on rencontre dans toutes les mers, ef que GüNTHER considère comme des formes pélagiques persistantes et très modifiées de différentes espèces de Murænidæ, incapables d’ ailleurs de perpétuer leur race, ar elles ne présentent pas trace d'organes génitaux. je migrations que certaines espèces de poissons mia- rins (Härengs, Maquereaux, Sardinés) présentent, sans passer comme le plus grand nombre, de l’eau salée à l'eau douce, sont encore très mal connues. Les faits contredisent l'opinion ancienne qui considérait ces mi- grations comme s’accomplissant dans le sens longitu- dinal, c’est-à-dire du Nord au Sud où de l'Ouest à l'Est, Eu réalité ces migrations ont lieu simplement dans le sens vertical; les Maquereaux séjournent dans les pro- fondeurs de la mer et viennent au printemps vers les côtes pour y déposer leurs œufs; il en est de même des Haréngs et des Sardines. En outre ces poissons suivent les bancs de Plankton que les courants entrainent le long dés côtes et dont ils font leur nourriture ; c'est l’abon- dance plus où moins grande de ce Plankton sur un point donné qui détermine la direction des migrations; On prétend mêmé que la Sardine se nourrit non seulement de Copépodes, d'Amphipodes et d’autres petits animaux, mais surtout du frai des autres poissons dont elle serait très friande. En résumé, ces migrations sont analogues à celles des poissons qui remontent les fleuves pour (1) A. Acassiz, On the Young Stages of some Osseous l'i hes 3 Parts, Proc. Amer. Acad., 1818-82, t. XIII, XIV, XVII, ‘de LE NATURA LISTE 213 frayer dans l’eau douce, ou à celles de beaucoup d’ani- maux terrestres qui passent de la montagne ou dela forêt à la plaine, suivant les saisons, pour se procurer leur nourriture. On trouve des Poissons dans les grandes profondeurs jusqu’à plus de 5.000 mètres (Bathyophis ferox). Certaines familles (Macruridæ, Ophidiidæ, Scopelidæ, etc.) sont très riches en types abvssaux, et les Sfomiatidæ sont ceux qui paraissent le mieux supporter les fortes pressions des grands fonds. Une seule famille, celle des Bathytrissidæ est spéciale à cette faune; la plupart des autres sont des types cosmopolites et pélagiques que l'on rencontre à des profondeurs très variables dans tous les océans, ce qui explique que certains d’entre eux se soient habitués peu à peu à la vie abyssale. Tous d’ailleurs sont carnivores, puisque les plantes marines font défaut dans les grandes . profondeurs. L'étude des Poissons fossiles présente un grand intérêt, car cette classe a été beaucoup plus variée aux époques Paléozoïique et Mésozoïque que de nos jours. Des types inférieurs de la classe, les Leptocardes et les Cyclostomes seuls sont modernes, peut-être parce que les restes de ces animaux n'ont pu se conserver. Les Plagiostomes, les Dipnoïques, les Ganoïdes ont eu leur plus grand dé- veloppement du Dévonien au Crétacé. Seuls les Téléos- téens représentent un type plus récent qui ne date que du Trias, du Jurassique et même, pour la plupart des familles, du Crétacé. Les plus anciens poissons que l’on connaisse sont du Silurien inférieur de Russie (Palæodus, Archodus) et supérieur d'Angleterre. Ceux-ci sont des Plagiostomes (Requins des genres Plectrodus et Thelodus) et des Ganoïdes d’un type complètement éteint, muuis d’une cuirasse osseuse beaucoup plus épaisse que les types actuels (Pferaspis, Cephalaspis). Ces Ganoides cui- rassés et les Placodermes à nageoires également cuiras- sées, puis les Crossoptérygiens (seuls encore vivants) ont leur entier développement dans le Dévonien d'Europe. Dans l'Amérique du Nord à la même époque, on trouve les mêmes types sauf les Cephalaspidæ et Pleraspidæ, ce qui tient peut-être à ce que le Dévonien d'Amérique est un dépôt de mer profonde et le vieux grès rouge d'Eu- rope un dépôt littoral. Tous ces poissons primitifs sont cartilagineux, Dans le Carbonifère, les poissons cartila- gineux prédominent encore : ce,sont des Sélaciens (Hy- bodontes et Cestraciontes), des Batoïdes (Psammadontes et Pétalodontes), des Ganoides (Acanthodidæ), des Cros- soptérygiens,des Palæoniscidæ, etc. Les Dipnoiques y font probablement leur première apparition (Ctenodus). (A suivre.) Dr E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire riaturelle. CHRONIQUE & NOUVELLES Origine des êtres lacustres. — Une graminée malfaisante. Ischokke a signalé dans le lac supérieur d’'Ong une seule espèce animale, un rhizopode thécalobosi, et Mlle Monti, au lac Tignaga, près du Mont-Rosa, à 2.369 metres, lac presque toujours gelé, mais plus ancien que le lac des Séracs, a trouvé, outre les algues, plu- sieurs rhizopodes, qui font justement leur nourriture des diatomées. Tels sont donc les premiers stades de colonisation. Les diatomées, qui décomposent l'acide carbonique dis- sous dans les eaux et particulièrement abondant dans les eaux écumeuses des torrents,s’adaptent les premières, aux conditions de vie lacustre, et permettent ensuite à d’autres êtres de s’en accommoder à leurs dépens, et, de proche en proche, faune et flore se développent. Mais, ces diatomées primitives, d'où viennent-elles ? et d'où proviennent les autres êtres qui, une fois suscep- tibles de s’accommoder aux conditions de vie, doivent être apportés dans le milieu? Il ne peut s'agir d’une faune reléguée ou d’une faune subglaciaire, d'autant que, au début, il n’y a aucune faune. Il faut donc des migrations, Celles-ci peuvent s'effectuer de facon active : lorsqu'un lac nouveau est en communication avec un lac plus ancien, les habitants de ce dernier peuvent émi- grer dans l’autre. Et, par les ruisseaux qui s’écoulent du lac dans les vallées et atteignent des rivières, il peut y avoir également des espèces fluviales qui remontent le courant et atteignent le lac originaire. Ainsi, la Planaria alpina à pu, par ce moyen, pénétrer dans les lacs de Sainte-Marguerite et de Pierre-Rouge, ainsi que quelques coléoptères. Mais, dans le cas des lacs étudiés par Mlle Monti, cette voie n'a guère pu être suivie, à cause des barrages, des cascades, qui constituent ae sérieux obstacles à cette remonte. Mais alors, quelle voie peuvent prendre les migra- tions d'espèces aquatiques? Il ne peut s'agir que d’une migration passive, d'un transport : le vent, qui entraîne des poussières et des sables emporte aussi des graines, du pollen, des germes, et parfois amène avec des gouttes d'eau des animaux adultes; d'autre part, les animaux terrestres et surtout aériens servent de véhicules de dis- sémination, tels les coléoptères et surtout les oiseaux : on à vu des oiseaux de passage sur les lacs du massif du Ruitor. Le Cincle plongeur (Cinclus aquaticus) doit remonter jusqu'aux lacs. L’Anthus spipoletta vient chasser les insectes sur le lac Vert à 2.600 mètres, et, dans le lac des Séracs, le chamoiïis vient parfois se baigner, % “ + Dans l'Amérique du Sud, depuis la Patagonie jusqu'à Bahia-Blanca, une graminée qui n’a que de noirs des- seins, ainsi que vient de le dire M. Blanchard. C'est un Stipa dont les glumelles inférieures des épillets ont 75 millimètres de tour. Chacune de ces glumelles pré- sente à la base des poils tournés et se termine par une soie qui se tord sur elle-même. Lorsque le vent souffle, les glumelles sont entrainées au loin, mais s'accrochent à tout ce qu'elles rencorn- trent. Si, notamment, elles se logent dans les cheveux ou la barbe, elles se tortillent comme ver et ne tardent pas à pénétrer dans la peau, ce qui n’a rien d’agréable. Et si on tente de les arracher sans précaution, elles se brisent et continuent leur trajet en tire-bouchon. Néanmoins, l'homme arrive généralement à se mettre à l'abri de leurs piqüres, mais il n’en est pas de même des animaux auxquels elles jouent toutes sortes de mau- vaises farces. Elles pénètrent notamment dans les yeux des moutons et les crèvent, ce qui fait que les malheu- reuses bêtes deviennent aveugles et, incapables de trouver leur nourriture, meurent de faim. Les fléchettes des Stipa pénètrent aussi dans la peau des moutons, les lardent véritablement et provoquent des ulcérations très douloureuses. Elles entrent aussi avec un sans-gêne inoui dans les canaux salivaires des herbi- vores et transforment leur bouche en pelotes d’aiguilles. Tant de noirceur peut-elle résider dans le cœur d’une graminée ? ” HENRI COUPIN, 214 LE NATURALISTE MŒURS ET MÉTAMORPIIONEN des espèces du genre DERMESTES, Linné COLÉOPTÈRES DU GROUPE DES Dermestiens (Suite.) 2e partie, — Description des larves. Classification. — Nous classerons nos larves suivant la conformation des épines dont est armé le dernier seg- ment abdominal : c'estle trait qui les caractérise le plus; secondairement, nous aurons recours au pseudopode anal. à la taille, à la couleur, à la densité des poils, comme pouvant aider à différencier les larves que nous allons décrire. A. Epines caudales nulles. Pseudopode allongé: 4. — D. laniarius Ilig. Muls, loc. cit., p. 47. Larve., — Rosenhauer, Stett. ent. Zeit., 1882, 5, p. 9. Longueur, 12-14 millimètres; largeur, 3 mm. 5. Corps subeylindrique, brun noir, brillant, mat, avec longs cils denses, tête jaunâtre avec poils de cette cou- leur; premier segment thoracique avec plaque cornée brillante, brunâtre, et cils raides et rougeûtres ; segment anal inerme ; pseudopode allongé, brunâtre, poils très longs et denses aux derniers segments ; dessous blanc jaunâtre avec courts cils. Larve reconnaissable à sa couleur et à ses longs cils; l’auteur allemand dit qu'elle est dépourvue d’épines cau- dales, cependant il les mentionne sur la nymphe : on la trouve dans le cours de l’été sous les cadavres en décom- position, vers la mi-août a lieu la nymphose. Nymphe. — Longueur, 12 millimètres ; largeur, 3 milli- mètres. Corps subeylindrique, blanchâtre brillant, avec plaques cornées aux segments abdominaux et cils brun rou- geatre, les latéraux tomenteux ; épines caudales brunes. La phase nymphale dure de quinze à vingt jours, Adulte. — On le prend dans les mêmes lieux où il a vécu comme larve ; apparaît à la fin août. Pseudopode peu saillant. 2.— D. mustelinus, Erichs. Mulsant, loc. cit, 6, p. 44. Larve, — Rey, Essai sur les larves, 1877, p. 57. Longueur, 8 à 9 millimètres. Corps subcylirdrique, à région antérieure roussâtre, hérissé de très longs poils ciliés fauves et très serrés, plus longs vers l’extrémité ; tête roussâtre brillant, ma- culée de noir, avec aspérités cilées ; ocelles testacés bril- lants au nombre de six, quatre en premièrerangée, deux en deuxième, vus selon Roy sur la dépouille larvaire ; premier segment thoracique fauve avec tache obscure transverse ; neuvième segment noirâtre, tronqué inerme; pseudopode peu saillant,. Cette larve caractérisée par ses longs poils, vit de pré- férence sous les cadavres de petits mammifères, taupes, rats, hérissons dont elle ronge les tendons et les peaux. Adulte. — Se prend dans les mêmes milieux que sa larve, dévore aussi les ultimes restes des cadavres des- séchés. 3. — D. tesselatus, Fab. Mulsant, loc. cit., 11, p. 52. Larve.— Rosenhauer, Stett. ent. Zeit., 1882, 9, p.11. Longueur 6 à 7 millimètres ; largeur, 2 à 3 millimètres. Corps subeylindrique, allongé, brunâtre brillant en des- sus, blanchätre en dessous avec poils épineux blanchà- tres; tête jaunâtre avec taches sous-cutanées brunes; plaques dorsales des segments cornées brunâtre brillant, neuvième segment inerme; cependant l’auteur allemand mentionne des épines caudales sur la nymphe comme pour le D. laniarius, si ces épines existent sur la nymphe à priori sur la larve, elles ont dü, en ce cas, passer ina- percues ; pattes robustes armées de courtes épines. En juillet, on trouve cette larve dans les nids de Lipa- ris Chrysorrhœæa, Linné, dont elle ronge les dépouilles et les déjections vidées par les chenilles; en août elle se transforme. Nymphe. — Longueur, 7 millimètres ; largeur, 3 milli- mètres. Corps subcylindriqne, renflé, charnu, blanchâtre bril- lant, finement cilié ; épines caudales brunes. La phase nymphale dure de douze à quinze jours. Adulte. — Fréquente le dessous des écorces et l'inté- rieur des troncs d'arbres creux, partout où il y a des débris de peaux de chenilles de Liparis. B. Epines caudales courtes, droites. Pseudopope gros. 4. — D. aurichalceus, KErichs. Mulsant, loc. cit., 12, p, 54. Larve. — Perris, Ins, pin marit., 1853, p. 116, fig. 152- 160. Longueur, 11 à 12 millimètres. Corps noir terne en dessus, blanc livide en dessous, les trois derniers segments noirâtres ; tête arrondie, deux impressions sur le disque, troisième article antennaire légèrement arqué en dedans ; pattes ferrugineuses, han- ches noirâtres, articulations blanchâtres ; épines caudales droites, noires à bout rougeâtre, pseudopode gros, cylin- drique. Cette larve qui se distingue par sa couleur et par ses pointes caudales droites, habite les nids des chenilles processionnaires du pin, Cnetocampa pityocampa, S. V., vivant des dépouilles et des déjections de leurs habitants; vers le milieu de juin, lorsque les chenilles ont quitté leurs bourses, la larve parvenue à son entière croissance, prend position dans un coin du nid et s’y transforme. Nymphe. — Corps conique, blanchâtre; tête et premier segment thoracique frangés de petits poils, avec bandes transverses jaunâtres dorsales ; épines caudales coniques. Adulte. — On le trouve pendant les mois de mars et d'avril dans les nids des chenilles processionnaires du pin. Epines caudales droites un peu arquées. Pseudopode court. 5. — D. undulatus, Brah. Mulsant, doc. cit., 5, p.39. Ponte. — Xambeu, 9° mémoire, 1901, p. 13. L'accouplement a lieu au printemps, la copulation dure la journée, la femelle fécondée dépose sa ponte qu’elle éparpille sous les matières nourricières, au hasard de la situation ; l’éclosion se fait douze à quinze jours après. ŒEuf.— Longueur, 1 mm. 5; diamètre, 0 mm. 8. Allongé, subcylindrique, blanc terne, lisse et luisant, imperceptiblement etlongitudinalement sillonné, à pôles arrondis, à coquille assez résistante ; à la veille de son LE NATURALISTE éclosion, cet œuf est ombré de jaunâtre en regard de l'intersection segmentaire et ses points ocellaires sont apparents. Larve, — Xambeu, 6° mémoire, 1894, p.111. Longueur, 6 à 7millimètres ; largeur,2 à 3 millimètres. Corps allongé, subcoriace, subcylindrique, noirâtre, à intersections segmentaires rougeâtre, couvert de soies inégales émergeant d’une petite aspérité rougeûtre ; tête cornée, noire, pointillée, avec soies rousses ; impression triangulaire et deux petites protubérances sur le disque céphalique; ocelles vitrés, au nombre de cinq comptés sur une dépouille larvaire sur laquelle les points étaient bien dessinés ; trois légères protubérances médianes sur le premier segment thoracique ; épines caudales courtes, assez rapprochées à peu près droites ; pseudopode court, corné, subcylindrique ; hanches tachetées de noirâtre; faux stigmate au milieu du troisième segment thora- cique. | L'’éclosion de cette larve a lieu en juin, dès la fin de juillet parvenue à son entier accroissement, elle se transforme. Nymphe.— Longueur, 6 à 7 millimètres; largeur, 2 mm.5 à 3 millimètres. Corps oblong, allongé, blanchâtre, couvert de granules roux et d'assez longues soies rousses; premier segment thoracique chargé de gros granules et de poils latéraux tomenteux ainsi que les segments suivants, les deuxième à sixième avec marges cartilagineuses ; épines caudales arquées. La phase nymphale dure quinze à vingt jours. Adulte. — N'est pas rare durant toute la belle saison sous les restes abandonnés des cadavres des petits mam- mifères, des petits oiseaux et des gros reptiles; dévore aussi les chairs desséchées des poissons que la marée rejette sur les rives. C. Epines caudales arquées en avant. Pseuäopope allongé. 6.— D. Sibiricus, Erich. Muls., loc. cit., 2, p. 32. Larve. —Rosenhauer, Sfett. ent. Zeit.,1882, 7, p. 10. Longueur, 13 millimètres ; largeur, 3 millimètres. Corps subcylindrique, brunâtre, velu, atténué; tête petite, arrondie, brune avec ligne médiane claire et poils jaunûtres ; ocelles lisses luisants ; premier segment tho- racique grand, brunâtre, avec ligne médiane claire com- mune aux segments suivants avec courts poils et spinules jaunâtres sur son pourtour ; segments abdominaux cou- verts de plaques brunes avec spinules postérieures diri- gées en arrière et longs poils jaunâtres; épines termi- nales courtes, arquées en dessus ; pseudopode allongé ; pattes fortes. Adulte. — Cette espèce qui est sibérienne a été intro- duite en France avec les peaux importées dans notre pays. Epines caudales fortes arquées en avant. Pseudopode court. 7. — D, bicolor, Fab. Mulsant, loc. cit., 14, p.60. Larve. — Rosenhauer, Stett. ent: Zeit., 1884, 4, p. 7. Longueur, 11 millimètres ; largeur, 3 millimètres. Corps allongé, subcoriace, noir en dessus avec cils iné- gaux, blanchâtre en dessous avec courts cils roux, lui- sant, ponctué, tête noire, parsemée de gros points, à milieu jaunâtre, troisième article antennaire prolongé en pointe sous le quatrième; six points ocellaires en deux rangées de trois chacune; segments thoraciques 215 protégés par une plaque noirâtre, bord antérieur des cin- quième à huitième segments abdominaux avec arête den- telée de courtes aspérités ; épines caudales noires, fortes, à bout rougeâtre, arquées en dessus en forme de crochet; pseudopode court, noirâtre, rétractile ; segments thora- ciques marquées en dessous d’une tache géminée noi- râtre ; hanches striées. On trouve cette larve sous les chairs et sous les rési- dus desséchés des cadavres, même dans les nids dont les oisillons sont morts; en juillet ou en aout, elle se trans- forme en nymphe dans un abri faconné de toutes pièces ; elle va plus loin; dans les colombiers, à défaut de vivres, elle ronge le bout de l’aile des jeunes pigeons, puis la peau et les muscles déterminant ainsi la mort des pigeonneaux. Adulte. — On le rencontre dans les lieux même où se sont écoulés ses premiers états, commettant dans les pi- geonniers les mêmes méfaits que sa larve. D. Epines caudales arquées en arrière. Pseudopode fort, court. 8. — D. Frischi, Klug. Mulsant, loc. cit., 3, p. 33. Larve. — Frisch, Beschr. ins., 1720, p. 35-37, pl. X, fig. 1et 2. Longueur, 44 millimètres ; largeur, 2 mm. 5. Corps très allongé, noirâtre en dessus, jaunâtre en dessous, verruqueux, couvert de plaques dorsales noires, avec aspérités ciliées; lisière frontale légèrement relevée, lèvre inférieure à milieu déprimé; ocelles brunûtres, poils très longs, très forts à l'extrémité postérieure, couchés en arrière; épines caudales courtes, noires, arquées en arrière, pseudopode court, fort. Dès le mois de juin, cette larve abonde dans les cadavres des petits mammifères, des oiseaux et des lézards ; en un mois environ, elle atteint son complet développement puis se transforme. Nymphe. — Longueur, 9 millimètres; largeur, 2 mm. 5. Corps oblong, blanchâtre, couvert de courtes soies rousses ; tête petite, déciive ; premier segment thora- cique, grand scutiforme, finement pointillé, deuxième et troisième courts, transverses, granuleux, segments abdominaux atténués, les deuxième à septième avec arête cartilagineuse jaunâtre, striée au bord antérieur et marge jaunâtre au bord postérieur; épines caudales courtes, noires, arquées, à pointe très acérée. La phase nymphale dure de quinze à vingt jours. Adulte. — On le trouve en nombre au printemps ainsi qu'en automne sous les cadavres desséchés des petits mammifères et des sauriens, quoique de forme massive, il échappe par une prompte fuite en se dissi- mulant sous le moindre abri. Epines caudales arquées en arrière. Pseudopode court. 9. — D. Vulpinus, Fab. Mulsant, loc. cit., 1, p. 27. Larve. — Rosenhauer, Stett. ent. Zeit., 1882, 8, p. 11. Longueur, 11 à 14 millimètres; largeur, 2 à 4 milli- mètres. Corps épais, brun, nuancé de roux, avec poils raides, redressés, brunâtres, divergents et par faisceaux; tête ferrugineuse, ruguleuse, labre brunâtre, palpes rous- sâtres ainsi que les antennes, cinq points lisses, ocel- laires ; premier segment thoracique brunâtre avec ligne médiane et flancs testacés; épines caudales fortes à pointe acérée et recourbée ; pseudopode court. 216 LE NATURALISTE 5a forme courte, ramassée, à soies courtes, sont des traits particuliers à cette larve que l'on trouve sous les cadavres, sous les peaux : elle a été observée en nombre, à certaine époque, à la gare des marchandises de Lyon ; lanymphose a lieu dans une loge à parois lisses. Nymphe, — Corps mou, blanc jaunâtre, avec fine pubescence redressée, tomenteuse, couvert de granules ferrugineux, les deuxième à sixième segments abdomi- naux avec bourrelet postérieur rougeâtre, les trois sui- vants avec arête cartilagineuse; épines çcaudales très accentuées. La phase nymphale commence eu juillet, elle dure trois à quatre semaines. Adulte. — On le trouve dans nos habitations, mais plus particulièrement au dehors sous les cadavres. Epines caudales arquées en arrière. Pseudopode plus long que les épines. 10. — D. Peruvianus, Lap. Mulsant, loc. cit, 13, D:20 Larve. — Mulsant, Seuticolles, 1867, DArD 0e Longueur, 6 à 7 millimètres ; largeur 4 mm, 5 à 2 mil- limètres. Corps allongé, subcorné, brun noirâtre luisant, hérissé de poils roussâtres: tête légèrement ridée, couverte de poils obscurs clairsemés, palpes avec lobe interne, six ocelles ovalaires peu distincts: segments thoraciques noir luisant, épines caudales fortes redressées, à pointe recourbée vers le bas; pseudopode court, tronqué, plus long que les épines. On trouve cctte larve dans nos maisons, parmi les matières animales abandonnées sans soin, parmi les os aussi dont elle ronge les parties charnues. Adulte. — Fréquente les lieux hantés par sa larve. Epines caudales fortes, arquées en arrière. Pseudopode conique. 11. — D. Lardarius, Linné. Mulsant, loc. cit., 14, p.62. Larve, — De Géer, Mém., 1764, t. IV, mém. 5. P:. 192, pl. VII, fig. 4, 14. ® Lorps allongé, velu, noir brunâtre en dessus, blan- -châtre en dessous, garni de poils roussâtres ; tête écail- leuse, brun marron, ocelles au nombre de six disposés ‘en deux rangées arquées ; épines caudales fortes, arquées en dessous ; pseudopode conique, tronqué. Cette larve est d’allures dégagées, toute viande sèche ou fumée, lard, peau d'oiseau où de mammifère, d’in- secte sec, tout lui est bon, ne laissant abandonnés des uns et des autres que les téguments les plus durs; fré- quente plus particulièrement nos maisons, nos dépenses, nos magasins, nous procurant ainsi les plus grands dommages ; en juillet, à son entier développement, elle se transfigure après s'être retirée dans un coin du réduit et sans autre préparatif en une nymphe à corps oblong, blanchâtre, courtement cilié, arrondi aux deux extrémités. La phase nymphale à une durée de trois semaines. Adulte. — On le trouve dans les mêmes conditions que sa larve. E. Epines caudales horizontales. Pseudopode court. 12. — D. Cadaverinus, Fab. Mulsant, loc. cit., p. 31. Larve. — Rey. Insectes magnan., 1877, p. 7, pl. I, fig. 4. Longueur 8 millimètres. Corps subeylindrique, brunâtre, hérissé de longues soies obscures émergeant de courts granules et disposées en faisceaux ou en rangées transverses ; tête noirâtre, brillante, rugueuse, ridée et ciliée; ocelles lisses, brunâ: tres, au nombre de six, segments thoraciques brunâtres avec tache roussâtre, segments abdominaux noirâtres avec fortes et courtes épines caudales horizontales, divergentes, dessous testacé; pseudopode court, tronqué. Dans les filatures, dans les dépôts de cocons de vers à soie venant de l’Extrême-Orient, on trouve cette larve qui vit des chrysalides et des papillons de divers Bomby- cites importés, Nymphe, — Corps blanchâtre pâle livide, finement pubescent, granuleux; pointes caudales peu arquées, ver- ticales. Adulte. — D'importation exotique, il se cache dans le bloc des cocons de vers à soie qu'il ronge, à l’état de chrysalide, ainsi qu’à l’état parfait. Sous le nom de D. Chinensis, synonyme de Cadaverinus, M. LHERMINIER (Ann. Soc. ent. Fr., 1837, p. 498) nous apprend qu’à La Guadeloupe, la larve de cette espèce attaque le papier et les vieux livres; la femelle pond en septembre au milieu des débris lacérés, puis la larve s'ouvre en la rongeant pour son alimentation, une galerie dans le corps du livre, au fond de laquelle a lieu sa transformation, puis l'adulte sort de son réduit en perçant les livres, soit sur la tranche, soit sur les côtés, les mettant ainsi hors de service : à La Guadeloupe, l'es- pèce y est très commune. Epines caudales ? BOUCHÉ n’en parle pas, MULSANT les place au-dessous du pseudopode ; dans ce cas douteux, nous reléguons cette larve à la fin de notre travail sans lui assigner une place au point de vue de la classification. 13. — D. murinus, Linné. Mulsant, loc. cit., 4, p. 36. Larve. — Bouché, Natur insect., 1834, p. 189. Longueur, 9 millimètres. Corps oblong, allongé, de couleur obscure en dessus, Jaunâtre en dessous avec rangées de cils raides, rou- geñtres à chaque segment, très allongés aux trois der- niers arceaux; antennes courtes, épines caudales rou- geatres ; pseudopode court. Cette larve se nourrit de matières animales mortes et desséchées; le réduit qu’elle se faconne en vue de sa transformation est de forme elliptique et composé de poils confondus avec ses propres déjections : elle a été prise une fois dans le nid d’un Hyménoptère, le Philan- thus apivorus, Lt. Adulte.— Se plait à stationner sous les cadavres et dans les chantiers d’équarrissage. Les épines caudales dont sont pourvues les larves qui nous occupent, peuvent être plus ou moins droites, plus ou moins arquées; les indications à cet égard, qui précè- dent, ne sont pas données d’une manière absolue : elles . ne peuvent que ‘servir de guide pour une meilleure et plus précise classification de nos larves à venir. Rôle actif. — Adultes comme larves, ies Dermestes concourent à l'œuvre de salubrité générale en faisant disparaître des restes insalubres sans emploi, débarras- sant ainsi l'atmosphère des émanations putrides que ces corps dégagent encore; malheureusement 1ls dépassent le but assigné par le Créateur en s'introduisant dans nos magasins, où ils mettent hors d'usage nos peaux de toute sorte, nos fourrures, n0s provisions, nos collections ; ce n'est que par des soins minutieux que l’on arrive à préserver ces objets de la dent de ces implacables rava- geurs, dont les dégâts se cliffrent en certaines anmées par des sommes très élevées, LE Aire de dispersion. — Dans tous les pays, dans toutes les contrées, se sont diffusées les nombreuses espèces du genre Dermestes:; elles étendent maintenant leurs ravages dans toutes les régions de la terre où elles ont été transportées avec les marchandises par les vaisseaux et par les caravanes: et certaines de leurs espèces sont les mêmes partout, les pays d'immigration n'ayant apporté aucune modification dans leur mode d'existence, encore moins dans leur forme et leur vestiture. Capitaine XAMBEU. LE XIH° CONGRES INTERNATIONAL d’Anthropologie et d'Archéologie préhistoriques Parmi les questions d’ordre général qui ont été abor- dées ensuite et qui formaient la seconde partie du pro- gramme, venait au premier plan celle des éolithes, ou pierres utilisées ou travaillées par l’homme avant les temps quatérnaires. On sait que l'on a voulu voir dans ces pierres, où l’on croyait trouver des signes indiscu- tables d’altération volontaire, la preuve tant cherchée de l'existence de l’homme à l’époque tertiaire, Quoique fer- * mement convaincu de cette existence au point de vue philosophique, M. BOULE, professeur au Muséum, a montré la non-valeur de ces pièces comme pièces pro- bantes. Il a rappelé au Congrès sa récente communica- tion à l’Académie des Sciences où, avec sa clarté ordi- naire, il a établi que, de nos jours, il se forme des pierres en tout point semblables aux éolithes, jusque dans les prétendues retouches où l’on croyait trouver la preuve manifeste de l'intervention humaine, = et il a cité à l’appui de sa thèse les observations faites par lui à l'u- sine à ciment de Mantes. Nous nous abstiendrons donc de revenir sur la question, d'autant plus que de la dis- cussion où MM. OBERMAIER, RUTOT, BOULE, BREUIL, Hamy, J. Evans ont pris la parole, il ne résulte aucun argument nouveau, — on ne peut en effet considérer comme telles les risibles accusations de truquage qu'un auteur— dont,nous préférons taire le nom, puisque aussi bien lui-même a cru devoir se cacher sous l'anonymat — a colportées dans les journaux étrangers. On doit, nous semble-t-il, s’en tenir actuellement aux conclusions de M. BouLe : des pierres toutes pareilles aux éolithes peu- vent se produire et se produisent encore en dehors {de toute intention humaine; — cela ne prouve rien contre l’existence d'un homme tertiaire, mais si probable que soit celle-ci au point de vue philosophique, il faut autre chose pour en démontrer la certitude scientifique que des débris aussi douteux, On doit espérer d’ailleurs que l'homme saura se découvrir un jour de meilleures lettres de noblesse. Dans un spirituel article du Correspondant, M. DE LAPPARENT a fort bien montré quelle sorte de préoccupation peu scientifique expliquait la hâte avec laquelle certains anthropologistes se sont jetés sur le premier argument venu, de nature, pensatent-ils, à les satisfaire. On pourrait d'autant plus regretter de tels faits que des savants de haute valeur. tels que M. RUTOT, NATURALISTE 247 oo dont la bonne foi et le désintéressement métaphysique ne sauraient faire de doute, se sont trouvés ainsi in- consciemment portés vers une voie d'erreur d’où ils sem- blent ne plus vouloir sortir. Mentionnonsensuite brièvement les communications et . discussions relatives à la classification des temps qua- ternaires, à l’art des cavernes, aux temps intermédiaires entre le paléolithique et le néolithique. Les deux pre- mières de ces trois grandes questions mériteraient ce- pendant que lon s’y arrêtât davantage. Ainsi MM. BouRr- LON, BREUIL et RUTOT ont été conduits d'un commun accord à reconnaitre l'existence d’un niveau archéolo- gique caractérisé entre le moustérien et le solutréen et ils lui donnent le nom d’awrignacien ou de présolutréen. De même, au sujet de l’art des cavernes, M. l'abbé Breuil à caractérisé deux séries évolutives parallèles des figures peintes et gravées, aboutissant chacune à des figurations symboliques, stylisées, à signification reli- gieuse ou décorative. Les travaux dont nous venons de parler s'intéressaient à l’homme de l’époque quaternaire ou paléolithique. Ceux qui vont suivre se rapprochent davantage de nos jours, ils sortent des temps géologiques pour entrer dans les temps actuels, âges de la pierre polie, du bronze et du fer. Il y a bien des obscurités sur l’origine de la vie des civilisations néolithiques. C'est M. L. SIRET qui à fait à ce propos la plus importante communication. Dans l’ancienne région espagnole des Turdétans que traver- sait le fleuve Bétis, aujourd’hui le Guadalquivir, il cons- tate deux civilisations parallèles, l’une faisant usage de la pierre éclatée et continuant sans interruption l’indus- trie de l’époque quaternaire, elle est contemporaine à la _ fois de l’industrie magdalénienne et de celle de la pierre polie, — l'autre caractérisée par la pierre polie, d’un travail parfait, et dont les matériaux ont été apportés de loin. Cette dernière civilisation aurait été apportée avec le polissage, l'agriculture et l’art de tisser, de la partie orientale de la Méditerranée et, dit M. L. SIRET, vers l'an 3000 avant notre ère. Dans le sud-est de l'Espagne, d'après le même auteur et son frère H. SIRET, le bronze et la métallurgie auraient été apportés par un peuple qui brülait ses morts, peuple aryen, apparenté aux tribus doriennes, tandis que les envahisseurs de l’époque néoh- thique étaient méditerranéens; d’ailleurs il est certain qu'avant cette invasion dorienne, dès 4000 ans avant Jésus-Christ, les indigènes connaissaient la métallurgie de l’argent. Ces vues intéressantes ont été d'ailleurs combattues, au moins en partie, par M. A. Evans et par M. DECHELETTE qui, lui, n’admet pas de relations entre l'invasion de la Grèce par les tribus doriennes et l’intro- duction du bronze en Espagne. D'autre part, en ce qui concerne la présence en Turdétanie de deux civilisations parallèles pendant le néolithique, M. PIGORINI apporte une sorte de confirmation aux idées de M. SIRET en si- gnalant des faits de même ordre pour l'Italie et s'accorde avec cetauteur pour considérer la civilisation de la pierre polie comme étrangère à l'Europe occidentale, En effet, les débuts de la civilisation néolithique, d'après M. MON- TELUS, semblent remonter à Suse à environ 20.000 ans, et à 14.000 ans dans la mer Egée d’après M, A. Evans. Ce dernier auteur pense donc que les chiffres de M. Sr- RET sonttrop faibles et ses conclusions discutables. En- fin M. HOLMES cherche à mettre un peu de lumière dans ces questions obseures par l'étude des poteries néoh- 218 LE NATURALISTE thiques; il en conclut que les premiers émigrants de l’Europe centrale ont dù venir au sud et qu'ils étaient de race méditerranéenne, ensuite ils auraient été refoulés par les peuples pasteurs du nord de l'Europe, race peut- être indo-européenne, apportant avec Soi un nouveau style. Les recherches de M. Ar. Evans surles civilisations protohistoriques du bassin oriental de la Méditerranée ont heureusement conduit à des données plus précises Nous nous contenterons de résumer ici très rapi- dement le résumé que cet auteur a donné lui-même au congrès et où il montre notamment les différences des termes égéen. minoen et mycénien. Le plus général d'entre eux, égéen, ne s'applique pas à une civilisation homogène. C’est surtout à Knossos, en Crète, que le néolithique est connu sur une longue période ; là, il res- semble à celui d'Asie Mineure, mais on n’en saurait rien conclure. Vers sa fin, dans le nord de la civilisation égéenne, c'est-à-dire dans ure province allant de la Thessalie à la Crimée et englobant les Cyclades et la Troade, le néolithique attardé est marqué par l’appari- tion d’une poterie coloriée, décorée de spirales, tandis qu'en Crète commence la civilisation minoenne, d'abord propre au monde crétois et où l’on travaille les métaux. Contemporaine des premières dynasties égyptiennes, cette civilisation subit nettement des influences afri- caines, égyptiennes et libyques; plus tard,ce sera la civilisation septentrionale qui, au contraire, agira sur elle. Mais le fait surtout marqué est le débordement de la culture minoenne, d'abord sur les Cyclades, puis sur le continent. Le mycéuien, rejeton attardé du minoen, s’amalgamant avec des traits de la civilisation indigène grecque, prévaudra à son tour sur le pur type mi- noen, et, en se répandant, lui aussi, sur les îles, il précédera directement l'arrivée de la civilisation dorienne. Très intéressantes également sont les communications qui se rapportent aux civilisations de Hallstatt et de la Tène, aux débuts de l’âge du fer. En étudiant la réparti- tion des objets de fer en Hongrie, M. L. DE MARTON reconnait trois districts de culture hallstattienne, qui tendent à s’unifier un peu plus tard, à l’époque de la Tène, et confirme l’ancienne hypothèse d’une civilisa- ton scythique parallèle à celle de Hallstatt. M. le D' HOERNES, que nous avons déjà mentionné plus haut, s’est occupé aussi de cette époque. Il montre que l’Italie a fourni des modèles à Hallstatt et que cependant la civilisation de cette partie de l'Europe cen- trale, privilégiée par sa position sur une route de rela- tions entre la haute Italie et les peuples de l’Europe sep- tentrionale, était bien originale et nullement, comme on l’a cru, un facies d'une culture bhellénique ou italienne. Pour ne pas surcharger ce travail déjà long, nous ne pouvons que mentionner les diverses communications relatives aux industries de la pierre en Asie, Afrique et Amérique, particulièrement au Sahara, au Laos, en Lydie, aux Antilles, ete. Un certain nombre de questions qui n'avaient pas été inscrites au programme, ont fait l’objet de communica- tions intéressantes. Nous avons déjà signalé celle de MM. SIRET au sujet des temps protohistoriques espa- gnols. La place limitée dont nous disposons nous oblige à ne pas nous attarder sur les travaux de MM. MULLER, FROEHLICHER, LALANNE, COTTE, baron DE LOÉ, DE SAINT-VENANT, DE BEAUREGARD, BLOCH, GAUDRY, PAPILLAULT, etc., qui mériteraient certainement tous autre chose qu’une si brève mention. Force nous est cependant de nous borner. JEAN LAFITTE. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur la structure du test dans les Fusulines. — (Note de M. Henri DouviLré, présentée par M. R. ZæïLLer.) L'auteur a étudié toute une série de calcaires à Fusuline recueillis en Indo-Chine; dans l’un d’entre eux recueilli à Pang- Oa, les Foraminifères sont remarquablement conservés : la roche est entièrement formée d’une accumulation de Fusulina, Schwa- gerina verbecki, Doliolina craliculifera; ce dernier fossile est identique aux formes des monts Semenow dans le Turkestan Russe: mais il existe en outre une petite espèce nouvelle de Doliolina fusiforme ayant de 5 millimètres à 6 millimètres de longueur, sur 1 mm. 75 de diamètre, qui se fait remarquer par les grandes dimensions des mailles du réseau superficiel, qui atteignent de 30 à 40u, les intervalles ayant seulement de 7 à 14 p. Les coupes normales montrent que le test est formé par une mince couche superficielle imperforée, soutenue par des pou- trelles, minces d'abord, s'élargissant et s’arrondissant ensuite du côté interne: elles constituent des sortes d’alvéoles corres- pondant aux lignes pleines du réseau ou intervalles des mailles. C'est exactement la disposition que M. Douvillé a déjà décrite dans Loflusia, Orbitolina. Dictyoconus et qui se rencontre fré- quemment dans les Imperforés arénacés : ici seulement les pou-" telles sont renflées et arrondies à leur partie intérieure et leur intervalle est rempli par un dépôt de chaux carbonatée transpa rente, qui se distingue bien des poutrelles elles-mêmes, toujours plus foncées, plus opaques. Les Fusulinidés ne sont pas des Perforés comme on l’admet généralement, mais des Imperforés arénacés présentant une tex- ture particulière du test, que l’on peut désigner comme réticulée ou alvéolaire. Ils se rapprochent en somme des Loftusia et se rattachent dès lors aux Alvéolines comme l'avaient indiqué autrefois Parker et Jones. La classification de ce groupe se trouve ainsi notablement simplifiée, les deux branches des Fusulines et des Alvéolines se trouvant réunies en une seule etles Fusulinella reprenant leur place normale tout à côté des Fusulina, les différents genres sont alors distingués par les caractères habituels, nature du test compacte, arénacée ou alvéolaire, forme de l'ouverture simple ou multiple, existence de dépôts secondaires à l'intérieur des loges et forme de ces dépôts (squelette interne). On voit en outre que la nature réticulée où alvéolaire du test n'est pas un caractère de famille, mais un simple cas particulier de la texture arénacée et un nouvel exemple de l’économie dans les constructions, si souvent mise en pratique par les êtres vivants. Quand on étudie les Foraminifères carbonifériens, il est frap- pant de voir que tous les individus paraissent présenter une grande loge initiale ; il semble que les formes microsphériques manquent. Si cette observation se généralisait, elle indiquerait que les Foraminifères paléozoïques ne se reproduisaient encore que par scissiparité, la reproduction par sporulation ne s'étant établie qu'à l'époque secondaire. Le mouvement de bascule des valves de certains Acéphales pendant leur ouverture et leur ferme- ture et ses conséquences morphogéniques. — (Note de M. F. Marceau, présentée par M. £nmonn PERRIER.) Les expériences faites par l’auteur ont montré que le mou- ‘vement de bascule des valves des Acéphales peut tenir à deux causes pouvant agir isolément ou simultanément suivant les cas: 19 à l'amplitude différente des mouvements des deux bords de ces valves, alors que ceux-ci s'effectuent pendant le même temps ; 20 à la non-simultanéité des mouvements de ces deux bords, leur amplitude pouvant être à peu près la même. 1° Chez les Dimyaires siphonés dont les siphons sont assez LE NATURALISTE 219 développés, il existe, lors de l'ouverture et de la fermeture des valves, un mouvement de basculé consistant en ce que le bord postérieur de ces valves, correspondant aux Ssiphons, s'ouvre plus rapidement et se ferme plus lentement que le bord anté- riéur et effectue un déplacement plus considérable. Le phéno- mène est particulièrement accentué chez les Lufraria elliplica, Mactra glauca.Psammobia vespertina, Venus verrucosa. Il est moins marqué chez le Tapes decussatus. Il faut noter que les mou- vements de bascule sont surtout accentués au début de l'ouverture ou vers Ja fin de la fermeture des valves, c'est-à-dire lorsque celles-ci sont peu écartées, tandis qu'ils sont bien moins marqués quand les valves bäillent largement. 20 Chez les Dimyaires siphonés dont les siphons sont très minces (Dosinia exoleta) etchez les Dimyaires asiphonés (4no- donta Cygnea, Unio margariläna), les mouvements de bascule sont inappréciables quand les valves effectuent des mouvements étendus ; mais, les valves étant fermées, par suite du reläche- ment non simultané des deux muscles adducteürs, un bord peut s'ouvrir alors qué l’autre réste fermé, ou bién ils s'ouvrent iné- galement. Le plus souvent, c’est le bord postérieur, correspon-: dant aux siphons, qui s'ouvre alors que le bord antérieur reste fermé, mais l'inverse se produit également, surtout chez les Asiphonés, 39 Chez les Monomyaires (Ostrea edulis Pectens) et chez les DimyaireS añisomyaires qui, au point de vue fonctionnel, se comportent comme des Monomyaires (Mylilus edulis), l’auteur n’a constaté aucune trace de mouvement de bascule des valves. Ces mouvements de bascule dont la production était liée, chez les ancêtres des Mollusques actuels, à la nécessité de vivre dans des conditions particulières, ont entrainé peu à peu chez eux des dispositions spéciales qui se sont transmises ensuite par héré- dité. - \ Chez les Acéphales dont les valves effectuent des mouvements dé bascule accentués pendant leur ouverture et leur fermeture, le ligament externe, fibreux, et surtout le liganient interne, élas- tique, ont une longueur très réduite et cette réduction est en rape port direct avec l'amplitude de ces mouvements (Lüfraria ellip- - tica, Maélra glauca, Venus verrucosa, Mya ärenaria). On peut même, à la seule inspection de la charnière d’un Acéphale, pré- voir sises valves peuvent exécuter où non des mouvements de bascule. Chez les Solen, par exémple, dont le ligament élas- tique et surtout le ligament fibreux sont très allongés, il n'existe aucun mouvement de bascule des valves. Chez les Mytilus edulis et surtout chez les Peclen, la longueur du ligament fibreux et sa largeur très réduite maintenant les bords dorsaux des valves étroitement en contact s'opposent également à l'existence de mou- vements de bascule. Chez l'Huitre, où la longueur des ligaments fibreux et élastique est faible, c’est là solidité du premier et la rigidité du second qui empêchent les mouvements de bascule de se produire. L'existence des mouvements de bascule éténdus à entrainé encore chez les Dimyäires une disposition spéciale des muscles adducteurs que l’auteur signale pour la première fois: Le muscle adducteur postérieur est un peu plus long que le muscle adducleur antérieur. el Son axe est un peu plus rapproché de la charnière que celui de ce dernier. Cette double disposition fait que le bord postérieur a des mouvements plus étendus que le bord antériéur, les coefficients de raccourcissement des deux muscles étant identiques. Elle est très nette chez les Lulraria elliptica, Psammobia vesperlina, Mactra glauca, Tapes deéus- satus, Venus vérrucosa. Chez les Anodonla Gygnea, Unio mar- garitana, Dosinia exolela, elle est bien moins acceñtuée. Sur l'amylase et la maltase du sue paneréatique. — (Note de MM. Brerry et Graz, présentée par M. Dasrre.) Le suc pancréatique recueilli chez le chien, par fistule tempo- raire après injection de sécréline est nettement alcalin; cette alcalinité est due, en partie, au carbonate de soude. Ce suc est incapable d'hydrolyser le maltose. A très petite dose, il agit instantanément sur l’amidon soluble préalablement porté à 400, pour donner du maltose. Ce mème suc additionné d'acide acé- tique ou d'acide chlorhydrique jusqu'à réaction légèrement acide transforme très rapidement l’amidon et le maltose en glucose. Il est donc possible de méttre en évidence l’amylase et la mal- tase du suc pancréatique, et, par suite, de montrer leur spéci- ficité et d'étudier leur action, À L'amylase agit mieux en milieu très légèrement alcalin. Le suc pancréatique dialysé sur sac de collodion en présence d'eau distillée de façon à faire disparaître toute trace de sel et d'acide perd son pouvoir sur l’amidon et le maltose. En ajoutant un électrolyte convenable, on rend au suc dialysé ses propriétés. Il suffit d'ajouter un peu de éhlorute de sodium pour constater aù bout de deux heuréS une réduction intense de Fehling. Divers électrolytes ont été essayés à dosè équimoléculaire ; il semble que la base du sel soit indifférente etque l'acide seul intervienne. Les sulfates, acétates, phosphates de divers métaux n'influencent pas Paction du suc dalysé sur l’amidon, mais la digestion commence dès qu'on ajoute un chlorure, ou un azotate du méme métal. . Le suc dialysé perd aussi tout pouvoir sur le maltose : l’addi- tion d'un électrolyte rend à la maltase ses propriétés. la liqueur de LIVRES NOUVEAUX Précis de botanique moderne. Anatomie el Dhysiologie végétales, notions d'agricullure, classification des plantes, questions posées au brevet élémentaire, pour la préparalion au brevet élémentäire, par Henrr Cour, docteur ès sciences, chef des travaux de botanique à la Sorbonne. Un vol. 18/1920, avec 169 gravures, relié toile. (En vente chez les Fils d'Emile Deyrolle, 46, rue du Bac.) Prix : 1 fr. 25; franco, 1 fr. 43. Dans la plupart des Manuéls en usagé pour la préparation à la partie scientifique du brevet élémentaire, on trouve, en ce qui.concerne les sciences naturelles, de véritables hérésies, qui avaient cours jadis, mais qui sont aujourd'hui abandonnées c'est ainsi qu'en botanique, presque tous les ouvrages parlent encore d'« Acotylédones » et de « Périspérme » (au lieu d’al- bumen), appellent « respiration diuineé » là « fonction chloro- phyllienne », décrivent la Pomme de terre comme üne « racine », Sont muéts sûr la € Structure » élémentaire des organes, con servent pour les inflorescences et les fruits une classification désuète, confontdent la « racine » et l’« axe hypocotylé » en un seul organe, décrivent la semence du blé comme une « graine », alors que c'est un « fruit », attribuent aux familles des carac- tères invraisemblables, etc. Toutes ces fautes, dont les élèves ne peuvent naturellement pas s'apercevoir, font le plus mauvais effet quand on vient à les répéter à des examinateurs, et il en résulte un véritable préjudice pour les candidats. L'auteur a tenu à les éviter dans cet opuscule, qui renferme des notions très exactes : on peut les apprendre et les répéter en toute con- fiance. A la fin de l'ouvrage, on trouvera des renseignements sur la manière de conserver les plantes en hetbier, ainsi que sur les plantes médicinales. Bibliographie 38. Habéerlandt (G.). Bemerkungen zur Statolithentheorie. Jahrbüch. f. Wiss. Bot; XLII, 2, pp. 321-355. 39. Haller (B.). Ueber das Nephrogonocülom von Fissurella Nacéllà und Chiton. Jen. Zeitschr. f. Naturw., 44, 1906, pp: 159-184, pl. XII- XIII. 46. Hampson (G-F.). On new Thyrididae and Pyralidae. Ann. Mag. of Nat. hisk., avril 1906, pp. 344-359. 44. Hirst (A -S.). À new species of Orycteropies. O. leptodon. Ann. Mag. of Nat. hist., avril 1906, pp. 383-384. A: Holtz (L.) Neue Fundorte von Characeen Auf der Insel Sizilien, Nuova Notarizia, 1906, pp. 57-60: 43. Jacubowa (L.): Polycladen von Neu-Britannién und Neu-Caledonien. Jen. Zeitschr. f. Nälurw., A, 1906, pp. 113-158, pl. 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Trillat, Etude historique sur l'utilisation des feux et des fumées comme moyen de défense contre la peste, detrès intéressants ren- seignements sur les procédés employés anciennement pour la désinfection en temps d’épidémie, et qui mon- trent une fois de plus qu'il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les anciens reconnaissaient pour causes aux épidémies décrites sous le nom de pestes une corruption de l'air; aussieurent-ils tout d’abord l’idée de purifier l’air en allumant des feux. Plus tard, ils adjoignirent le traitement par les fumées. Thucydide, parlant de la peste d'Athènes disait qu'elle avait son principe dans «un venin pestilentiel répandu dans l'air »; de là, la théorie des miasmes qui a fait florès jusqu’au milieu du xIx* siècle. On attribuait les pestes et les typhus à diverses causes dont les principales étaient : entassement d’hom- mes sains ou malades dans des lieux resserrés (prisons, hôpitaux, camps); putréfaction de corps morts en plein air ou exhumation de cadavres en décomposition; exha- laisons s’échappant des eaux stagnantes, des cloaques ; habitation dans des rues étroites, malpropres et mal aérées. L'action favorisante de l'humidité était prise en sérieuse considération. Ne croyait-on pas, il y a peu d'années encore, que la fièvre jaune était due à une cor- ruption de l’air provenant d’émanations du sol, facilitée par une chaleur et une humidité excessives? La notion du mauvais air était toujours liée dans l'esprit des an- ciens à celle de la présence des épidémies; cette opinion persista jusqu’au siècle dernier,et c’est seulement à cette époque qu'on commence à admettre que la puanteur n'était pas la compagne forcée et nécessaire des épidé- mies. L'idée de contagion se trouve déjà dans les plus anciens auteurs. Thucydide dit que «les Athéniens s'infectaient comme des brebis malades ». Hippocrate parlant de la peste d'Athènes, a écrit à propos des malades, « ceux-ci ne s’apercevant pas d’abord qu'ils étaient atteints du Je- vain contagieux, sortaient de leurs maisons pour vaquer à leurs affaires et le communiquaient sans le savoir aux personnes qu'ils touchaient ». La contagion des épidé- mies fut cependant mise en doute par des esprits sérieux tels que Plutarque et Tite-Live et plus récemment par Boccace qui s’étonnait qu'on put prendre la peste en touchant ce que des malades avaient touché ou en cau- sant avec eux. L'idée de la contamination par les vête- ments et celle de la désinfection de ces derniers par des parfums ne vinrent que plus tard, bien après la désin- fection de l'air. C’est sur ces données de miasmes et de contagions que reposent les procédés de fumigation qui ont été employés à travers les siècles. Les feux devaient bruler directe- ment le germe pestilentiel ; les fumées formaient agent désinfectant. Les parfums devaient remplacer la mau- vaise odeur. Le venin existant dans l'air, les anciens chercheront d’abord à le médicamenter suivant l’expres- sion de Pestalozzi. Ces procédés reposaient tous sur un principe scientifique et n'avaient plus rien à faire avec les pratiques qui avaient pour but de chasser les démons ou les génies. C'est Empédocle et Acron qui paraissent les premiers avoir préconisé l'emploi des feux en faisant incendier des forêts entières dans le but de préserver les villes de la contagion. Hippocrate ne vint qu'après dans la peste 2 SÉRIE — N° 47 O 1% OCTOBRE 1906 d'Athènes. Ses disciples l’imitèrent dans toute la Grèce. Plus tard on reconnut l’action désodorisante des fumées et les feux allumés agissaient en produisant de la fumée. Rhasès recommanda le vinaigre brülé, et l'usage s’en conserva pendant très longtemps. Paracelse y joignait le soufre qu'Homère aurait déjà signalé, En 1347, le col- lège des médecins de Paris fit brüler des sarments de vigne, des branches de lauriers, À Marseille, au cours des diverses épidémies, on recommanda un mélange de soufre, de résine et de poix noire, de graines de lierre et de genièvre mêlés à du foin auquel on mettait le feu. Dans la même ville, en 1720, on fit des fumigations de poudre et d’arsenic dans les appartements. À Moscou on employa des bains de genièvre et du gaiac râpé. La désinfection était une opération qui avait pour but, d'après les anciennes idées, de détruire les qualités nui- sibles de l'air; elle visait l’air dans ses propriétés chi- miques et l’air altéré par des principes délétères. C’est lui qu'il s'agissait de purifier puisqu'il contenait le prin- cipe même de la maladie, Quelles étaient les substances préconisées et quelles étaient les principales méthodes employées? On peut les diviser en trois catégories : 1° les plantes et les baies telles que lPabsinthe, l’aloès, le girofle, le gaïac, le ge- nièvre, la lavande, le laurier, la sauge et le sapin; 2 les gommes, les résines et les baumes, l’assa fœtida, le camphre, l'encens, le baume du Pérou, la myrrhe, la poix, le succin; 3° les produits d’origine animale comme le miel. Les sarments, les fagots, l'établissement de fours à chaux étaient recommandés. Le procédé le plus répandu était d'allumer une botte de foin et d'y répandre les plantes et les baies auxquelles on adjoignait un par- fum. On projetait le vinaigre sur des cailloux chauffés préalablement. Il existait en outre des parfums en casso- lette, en pastilles, des torches pour la production de la fumée. On désinfectait les gens soupconués de peste en les enfermant dans une chambre hermétiquement close et dans laquelle était disposé un bücher qu’on alimentait avec des produits végétaux. Il exista bientôt des recettes dont quelques-unes fu- rent conservées secrètes. Certaines d’entre elles étaient fort compliquées, témoin la suivante : soufre, poudre à canon, poix résine, poix noire, arsenic blanc, cinabre, antimoine, réalgar, grains de genièvre et de lierre. Cette formule serait due au Père Léon qui vers 1669 était em- ployé officiellement pour guérir les gens atteints de la peste; les substances minérales y dominent. L'application des parfums comportait # phases: la composition dont nous avons parlé; l'heure à laquelle on devait la produire, de préférence le matin; la durée qui variait selon l’âge, le sexe, la saison, la constitution; la manière. Dans les Avis e{ précautions contre la peste de Marseille, il est dit : « Nous conseillerons de porter dans la chambre de celui qui doit être parfumé, auprès de son lit même, un peu de feu dans un petit réchaud qui soit bas de pied et la matière ci-dessus nommée à brüler en parfum, qu’on lui mette sur les épaules et au- tour du col un grand drap plissé qui l’environne bien et qui traine par terre, afin que la fumée ne s'échappe point. On mettra ensuite le parfum dessous. On aura soin aussi de lui faire prendre des habits ou entièrement neufs s’il est en état, ou dûment parfumés. » Un autre procédé du Père Léon consistait à faire détaner un mé- lange de poudre et de diverses autres substances, afin que les corps gazeux pénétrassent dans les interstices des tissus par les pores qui avaient servi à la pénétra- tion des miasmes eux-mêmes. Des mesures préventives étaient prises par les méde- cins et les confesseurs: vêtements de camelot ou de soie, sans plis et trainant à terre; prohibition de la laine, du coton, des fourrures, du velours ; appareils à parfum disposés devant le visage. Certains médecins se faisaient » 222 ee précéder d’un serviteur portant une torche de poix et faisaient placer entre eux et les malades un réchaud sur lequel brülaient des grains de genièvre. Le prêtre don- nait l’hostie au moyen d’une longue baguette de bois pour supprimer tout contact suspect. En même temps on désinfectait le linge qu'on étendait sur des cordes, les étables, les auges avec un balai et du vinaigre, le papier et les livres qu'on plaçait dans une boîte de fer-blanc au fond de laquelle se trouvaient des brasiers ardents et les substances destinées à produire la fumée, les bâtiments, marchandises et personnes ve- nant d'Orient et aux quarantaines. Les Marseillais pas- saient pour d'excelleuts désinfecteurs,et en 1675 l’ordre de Malte en fit venir un certain nombre. Les Vémitiens flambaient avec une torche allumée les parois intérieurs des vaisseaux. Une constatation très intéressante peut être tirée de la pratique des désinfections. Pestalozzi disait qu’on peut médicamenter l'air en détruisant l’exhalaison véné- neuse par un correctif et l'empêcher de se charger de ce levain vénéneux per un défensif. N'est-ce pas la notion de l'action infertilisante et de l’action microbicide telle qu'on la comprend aujourd'hui? L'emploi des feux et des fumées s'était transmise jus- qu'au commencement du siècle dernier. La condamna- tion des vieilles méthodes résulta des travaux de Guyton de Morveau, Fourcroy, Vauquelin, Berthollet, etc. Les méthodes chimiques vinrent les remplacer. Guyton pré- conisa le chlore gazeux et prétendit comme les autres chimistes que les fumigations au moyen de végétaux n'étaient désinfectants que par l'acide pyroligneux qu'elles dégagent. On était arrivé même à soutenir que le feu se bornait à agiter l’air et à dissiper l'humidité. Vicq d’Azyr fut un des rares savants qui restèrent fidèles aux vieilles idées. Avait-il raison? M. Trillat a montré dans une étude antérieure que la combustion de certains végétaux dégage des fumées assez riches en formol pour produire une désinfection par- üelle, Si l’on examine de près la liste des substances et la manière d'opérer des anciens, on voit qu'on était ar- rivé à choisir les substances susceptiblee de donner le plus de formol par combustion incomplète et plus en- core à faire intervenir les facteurs les plus favorables, Les baies de genièvre fournissent une quantité très ap- préciable de formaldéhyde; 1l en est de même des ra- cines riches en saccharose et du miel qui en donne jus- qu'à 2 à 30/0 de son poids. C’est encore le cas du vinaigre brülé sur des cailloux chauflés préala- blement, pratique que Desgenettes avait fait revivre pen- dant l'expédition d'Egypte. Le vin se comporte de la même facon et donne en plus de l’aldéhyde acétique. La disposition des appareils était aussi favorable que possible ainsi que l'élévation de température que né- cessitait la pratique des combustions. En répétant ies fumigations dans un appartement, on procédait à une stérilisation continue. On a démontré en effet que des traces de formol trop faibles pour stériliser des germes en une seule fois, devenaient microbicides au bout d’un certain nombre d'applications. Les fumées agissaient aussi comme désodorisantes; leur pouvoir de désodorisation s'explique scientifique- ment par la production d’aldéhyde formique qui se com- bine instantanément avec les produits odorants se déga- geant des matières organiques en putréfaction. Ces com- binaisons sont inodores. D'ailleurs la pratique de la désodorisation par les fu- mées n’a pas disparu. Ne brüle-t-on pas du sucre ou des baies de genièvre dans la chambre des malades? Les pui- satiers allument des brasiers dans les puits. On peut conclure de tous ces faits que les anciens n'avaient pas tort et que leurs procédés ont été utiles dans les temps d’épidémie ; « on peut ajouter que pour LE NATURALISTE nos ancêtres, lorsqu'ils vivaient dans des tanières, ces. fumées ont été un agent d'assainissement et de désodo-- -risation qui, non seulement à contribué à atténuer la contagion des épidémies, mais a rendu supportable la cohabitation au milieu de tant de causes de fermenta- tions putrides.. l'application des anciennes méthodes pourrait encore rendre service dans certaines circons-- tances ». Le tabac lui-même donne des quantités appré- ciables d’aldéhyde formique. Le fumeur se désinfecte douc en fumant. Que répondra à cela la Société contre l'abus du tabac. : P. HARIOT. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles Avec le Trias, qui commence la période secondaire, au milieu d’une faune de Plagiostomes, de Crossoptéry- giens et de Paæloniscidæ, issue de la faune précédente,on voit apparaître les Lépidostées, à écailles d'émail, dont quelques-uns ont survécu jusqu’à nos jours, de puissants Dipnoïques (Ceratodus), et les premiers Téléostéens (Megalopterus, Leptolepis). Dans le Jurassique on trouve les Pycenodontes et les Amiadæ, ces derniers encore vivants dans les mers actuelles. Les Plagiostomes con- tinuent à se développer, mais les formes anciennes sont remplacées par iles Lamnidæ et les Carcharidæ plus. modernes, C’est dans le Crétacé que les Ganoïdes sont. complètemeut supplantés par les Téléostéens, parmi lesquels les Clupeidæ et les Hoplopleuridæ (ces derniers éteints) sont les plus précoces. Dès le Crétacé supérieur, douze familles de l’époque actuelle sont représentées et presque toutes les autres le sont dans l’Eocène. Dès lors. la faune des mers d'Europe ressemble à celle de l’époque actuelle, sauf que beaucoup de genres tertiaires ont émigré vers les régions intertropicales. Les grands Requins (Carcharodon) pouvaient atteindre une taille- double ou triple de celle du C. Rondeleti, le géant de la faune actuelle. Dans l’Eocène du bassin de Paris on signale encore un Lepidosteus, Ganoïde qui n’a survécu que dans les eaux douces de l'Amérique du Nord, A Monte Bolca (Italie), on trouve encore des Pycnodontes. Comme on pouvait s’y attendre d’après l'examen de la faune actuelle, les Ganoïdes (Clastes) et les Amiadés (Pappichthys) subsistent dans l'Amérique du Nord, mais ils y sont déjà confinés dans les eaux douces. Amia (Notœus) fait une dernière apparition dans le gypse lacustre de Montmartre, et bientôt le type des Ganoïdes disparait du Nord de l’ancien continent. Dans le Miocène d'Europe,la faune prend son caractère actuel : les espèces diffèrent, mais les genres sont voisins ou identiques à ceux de l’Atlantique et de la Méditerranée. En résumé nous voyons que,des faunes ichtyologiques. anciennes, ce sont les Plagiostomes (Requins, Raies, Holocéphales) qui se sont le moins modifiés, vivant (1) Voir le n° 458 du Nafuraliste et suivants. LE NATURALISTE 223 D D 2 222 D qe mo encore dans toutes les mers et renfermant les plus puis- sants carnivores que l’on connaisse dans la classe des Poissons. Les Dipnoïques se sont cantonnés, probable- ment dès le Crétacé, dans les eaux douces intertropicales où ils vivent encore. Des Ganoïdes, il ne reste plus que les Chondrostés, les Polyptères, les Lépidostées et les Amiadés; mais les Physostomes, très répandus dans les eaux douces, s’y rattachent selon toute apparence. Les Chondrostés, représentés par les Esturgeons (Accipenser) et les Spatularidæ peuvent être considérés également comme propres aux eaux douces, bien que les Estur- geons passent périodiquement de la mer aux rivières. Les Polyptères, voisins de l’Osteolepis dévonien de Russie et du Megalichthys carbonifère d'Ecosse, ont émigré dans les fleuves d'Afrique. Les Lépidostées et les Amia ne se trouvent plus que dans les fleuves de l'Amérique du Nord, de l'Amérique Centrale et de Cuba. Cette réléga- tion presque absolue (l'Esturgeon fait une exception plus apparente que réelle) des types archaiqyes dans les eaux douces, est une des particularités les plus intéres- santes de la faune ichtyologique de l'époque actuelle. Les Amphibiens (Batraciens) n’ont pas de représentants dans la faune marine et n’en ont probablement jamais eu, en raison de leurs métamorphoses, qui s’opèrent tou- jours dans les eaux douces. Vertébrés supérieurs marins. — Les Reptiles, les Oiseaux et les Mammifères à respiration pulmonaire fournissent, par adaptation, à la faune marine un certain nombre de représentants qui sont ou pélagiques ou littoraux, et le plus souvent pélagiques pendant la plus grande partie de leur vie, littoraux à l’époque de la reproduction. Les Reptiles marins de l’époque actuelle sont les Tortues des familles des Chelonidæ et Dermochelydidæ et les Serpents de celle des Hydrophidæ. Les premières sont réellement pélagiques, les trois genres Dermochelys (Sphargis), Chelone et Thalassorhelys étant répandus dans toutes les mers du 44° de lat. N., au 50° de lat. S.; sauf qu’elles font défaut dans les mers froides des deux hémisphères, les Tortues marines sont donc pélagiques au même titre que les Cétacés. Il n’en est pas de même des Hydrophidæ : les Serpents de mer appartiennent plutôt à la faune littorale du Pacifique, dans la zone intertropicale (de 30° lat. N. à 40° lat. S. environ); ils se trouvent dans l’océan Indien, dépendance du Pacifique, mais font totalement défaut dans l'Atlantique. Quant aux types qui habitent les rivages de la mer, passant une partie de leur vie dans l’eau, à la recherche de leur nour- riture, ils sont plus variés, mais ne peuvent étre consi- dérés comme réellement marins : tels sont le curieux Rynchocéphale (Hatteria) de la Nouvelle-Zélande, un des types archaïques les plus remarquables de la faune actuelle, l’Amblyrhinchus cristatus des îles Gallapagos qui se nourrit d'algues, les Crocodiliens qui vivent volontiers dans les eaux saumâtres, etc. Nous verrons qu'aux époques géologiques antérieures les Reptiles marins étaient plus nombreux. Les Oiseaux marins où nageurs sont les Manchots (Sphe- nisccidæ) et les Pingouins (A/a), deux types à ailes trans- formées en nageoires et qui se représentent mutuelle- ment dans les mers polaires, les Manchots étant origi- naires de l’océan Antarctique, les Pingouins de l'océan Arctique. C’est grâce aux courants froids venant du Sud que les Manchots ont pu coloniser toutes les terres aus- trales des deux continents, et que le Spheniscus mendi- Catus a pu s'étendre jusqu'aux iles Gallapagos, situées sous l’Equateur (A. MILNE EpwaRps) (1). De même, les Pingouins originaires du Nord ont colonisé les côtes froides de l’hémisphère septentrional, s’avançant dans leurs migrations d'hiver jusque sur les côtes de la Manche, en Europe, jusque sur celles de la Californie, en Améri- que, mais retournant au printemps vers le Nord. pour se reproduire sur les côtes du Groënland et du Spitzherg, alors débarrassées des glaces. L'influence des courants marins n'est pas moins ma- nifeste lorsqu'on étudie la distribution géographique des Mammifères amghibies (Phoques et Otaries), qui se repré- sentent de la même manière que les Pingouins et les Manchots, sauf des différences de détail. Les Otaries (Ofaridæ) sont originaires du continent antarctique comme les Spheniscidæ. Les courants froids partant du pôle Sud les ont portés sur les côtes de tous les conti- nents dans l'hémisphère austral : le Courant d'Australie sur celles de la Nouvelle-Zélande et de la Nouvelle-Hol- lande, le Courant du Cap sur celles de l'Afrique australe, des iles Kerguelen et d'Amsterdam, et le Courant Chi- lien sur celles de la Terre-de-Feu et de l'Amérique du Sud. Puis le Courant de Humboldt, qui prolonge ce dernier sur les côtes Gu Pérou, et qui est un courant froid, les a fait parvenir jusqu'aux iles Gallapagos, sous l'Equateur, tandis que, dans l'Atlantique, ces animaux ne dépassent pas les iles Auckland et l'embouchure du Rio de la Plata. Dans le Pacifique, au contraire, les Otaries ont passés dans l'hémisphère Nord : on les retrouve sur les côtes de la Californie, et de là jusqu’au détroit de Beh- ring. Mais ce n’est pas par la route directe, des Gallapa- gos à la Californie, que ces Pinnipèdes y sont parvenus, car on n’en à jamais vu sur la côte Ouest d'Amérique, entre le Pérou et le Mexique, sur une étendue de plus de 20° ; d’ailleurs, les Otaries de Californie appartien- nent à des espèces et même à des genres différents de ceux des Gallanagos (Otaria jubata et Arctocephalus australis aux iles Gallapagos ; — Eumetopias Stelleri et Zalophus californianus sur les côtes de la Californie). Ici, comme pour d’autres animaux, le courant équato- rial s’est opposé, comme une véritable barrière, aux mi- grations des Otaries, et c’est par une voie détournée qu’ils ont pénétré dans le Pacifique : ne pouvant y arri- ver par l'Est, ils y sont entrés par l'Ouest, c’est-à-dire par les côtes de l'Australie et l'océan Indien. C’est en effet au genre Zalophus qu'appartiennent les Otaries de cette région, et le Z. lobatus, qui se trouve dans les parages de l’ile Melville (Australie N.), se re- trouve sur les côtes du Japon. C’est par les passes des Moluques et le détroit de Macassar, point où Maury place l’origine du Kuro-Sivo, grand courant circulaire du Nord-Pacifique, que les Otaries ont dû pénétrer dans cet Océan (E. TROUESSART) (2). Une fois installés dans le Pacifique, les Otaries ont obéi au même instinct naturel que nous avons déjà si- gnalé chez les Oiseaux ; dans leurs migrations annuelles ils ont changé le sens de leur orientation : actuellement, (4) A. Mue Enwarps. Recherches sur la Faune des Régions Australes (Bibliothèqne de l'École des Hautes-Etudes, t. XX et XXI, 1879-80). — E. Trouessarr. Géographie Zoologique, p. 40 et seq. (2) E. Trouessarr. Du rôle des courants marins dans la dis. tribution géographiquedes Mammifères Amphibies (Comptes ren- dus de l’Académie des Sciences de Paris, 1881, t. XCIT, p.4118 : Bulletin de la Société d'Eludes Scient. d'Angers, XI, p. A). 224 LE NATURALISTE c’est dans la mer de Behring, notamment aux îles Pri- bilov, que ces animanx viennent au printemps de chaque année, passer l'époque de la reproduction. Des considérations analogues s'appliquent aux Pho- ques, originaires du Nord, et qui ont opéré des migrations du même genre. Ainsi le Pelagius monachus de la Médi- terranée, est représenté dans la mer des Antilles par le P. tropicalis. Ce genre, avec ses deux espèces, est celui de la famille des Phocidæ,qui s’avance le plus près de l’Equa- teur; ses représentants sont sédentaires et n'exécutent pas de migrations comme les Phoques du Nord. La dis- jonction de ces deux espèces et la ressemblance que nous avons constatée entre la faune Malacologique ac- tuelle des Antilles et la faune Miocène de l'Europe cen- trale s'expliquent par les mêmes causes. Ces deux faits nous reportent à l'époque où l'Atlantique était, comme l'océan Indien, borné au Nord par un vaste continent (continent Holarctique), de telle sorte que les rivages de la Méditerranée et ceux du golfe du Mexique ne for- maient qu'une seule région zoologique. La distribution actuelle du genre Macrorhinus est plus compliquée. Ce genre des Phocidæ se montre, comme Zalophus, des deux côtés de l'Equateur dans le Pacifique. La présence du G. cystophora dans les mers du Nord est la preuve de l’origine boréale des Macrorhines, et l’on peut admettre deux migrations successives. La première; dans l'Atlantique et du Nord au Sud, a fait passer ces animaux dans l'hémisphère Sud; la seconde, en sens contraire et plus récente, s’est opérée vraisemhlablement par la même voie que celle des Otaries, et a permis aux Macrorhines de venir fonder sur les côtes de Californie, une nouvelle espèce, le Macrorhinus angustirostris. Quant aux Morses, ils sont confinés dans les mers boréales. Les Siréniens, en raison de leur régime herbivore, ne s’éloignent pas des rivages où croissent les algues dont ils se nourrissent; par contre, ils remontent volontiers les fleuves. Les Lamantins (Manatus) habitent la zone inter-tropicale des deux côtés de l'Atlantique et la côte Sud-Est de l'Afrique jusqu’à l'embouchure du Zambèse se tenant dans les estuaires d’eau saumâtre. On a dis- tingué, peut-être à tort, de l'espèce du Sénégal (M. afri- canus), une race ou variété, encore très mal connue, qui vit dans le lac Tchad (M. Vogeli). Les Dugongs (Halicore) de l'océan Indien, de la mer de Chine, etdes côtes Nord et Nord-Est d'Australie, sont plus franchement marins mais ne dépassent guère la limite des algues du côté de la pleine mer. L'espèce de l'océan Indien et de la mer de Chine parait se retrouver sur les côtes du Pérou, si l’on s’en rapporte au témoignage d'HERNANDEZ. Le Rhythine (Rhytina borealis) qui représentait ce type dans le Nord du Pacifique est éteint depuis plus d’un siècle. Les Cétacés sont les plus marins de tous les Mammi- fères : ils appartiennent à la faune pélagique pendant la plus grande partie de leur existence, mais les femelles sur le point de mettre bas se rapprochent de la zone littorale et recherchent les eaux calmes des golfes et des baies étroites pour que le jeune puisse y passer les pre- miers jours de son existence, à l'abri des dangers de la pleine mer. Les Baleines franches (Balæna) sont canton- nées dans les mers froides et tempérées des deux hémi- sphères, ne s’approchant jamais de l’Equateur qui est pour elles comme « un cercle de feu», suivant l'expres- sion de Maury.Les Balæna mysticetus et B. byscayensis du Nord ont pour espèces représentatives dans les mers australes les Balæna antipodarum et B. australis, et la ressemblance que présentent celles-ci avec les races du Nord est assez grande pour qu'on puisse attribuer leur origine à ces migrations qui se seraient produites à une époque géologique antérieure. Au contraire le Cachalot (Physeter) est propre aux mers équatoriales et se trouve dans tous les océans, entre 50° latitude Nord et 55° lati- tude Sud. Les Baleinoptères (Balænoptera) sont cosmo- polites, mais les petites espèces sont généralement propres à des régions marines plus ou moins bien déli- mitées, du Pôle à l’Equateur, tandis que deux grandes espèces, dont la taille égale celle des Baleines franches (Megaptera boops et surtout Balænoptera Sibbaldi), ont été rencontrées dans toutes les mers. Les Delphinidæ et les Ziphiinæ de plus petite taille, sont dispersés dans tous les océans, mais les espèces ont ordinairement un ha- bitat assez restreint; le genre Phocæna, commun dans le Nord, est rare au Sud de l’Equateur et les Platanistidæ sont des Dauphins d’eau douce. Enfin certains types remarquables, tels que le Narval (Monodon) et le Beluga sont propres aux mers arctiques. Somme toute, et malgré la vaste étendue des mers australes, l'hémisphère Nord semble l'emporter sur l'hémisphère Sud par le nombre et la variété des types de Cétacés qu’il possède. (A suivre.) Dr E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. CHRONIQUE & NOUVELLES Les loirs qui dorment en été. — Leur sensibilité pendant le sommeil. — Comment ils nidifient. — Singuliers nids de Rossignols. « En 1877, raconte le Dr Forel, de Zurich, on m'offrit deux loirs dont le propriétaire voulait se défaire, en ayant été mordu. Il me les donna en hiver et je fus assez étonné de ne pas les recevoir endormis. Au con traire, ils étaient très vifs, ce que j’attribuais à la chaleur de la place. Je les mis dans une grande cage en tôle métallique, haute de 5 à 6 pieds, au milieu de laquelle se trouvait un petit sapin. Je laissai aussi les animaux. courir dans ma chambre, tout l’hiver ils demeurèrent vifs et alertes, mangeant une quantité énorme de noix et de noisettes. Lorsque l’un d’eux avait péniblement rongé: une noix, l’autre arrivait en tapinois et cherchait à la lui ravir. Ils demeurèrent méchants, cherchant toujours à mordre. Après s'être repus pendant tout le printemps, ils demeurèrent très gras, et je ne fus pas médiocrement étonné de les voir l’un après l’autre tomber, au mois de mai, dans leur sommeil léthargique, qui, d’après ce que: j'avais lu dans tous les livres, ne devaient se produire qu’en hiver sous l'influence du froid. Le sommeil de nos loire, interrompu de temps à autre par une Journée ou quelques heures de réveil, plus ou moins complet, pen- dant lequel ils mangeaient un peu, dans une grande partie de l'été et finit par cesser petit à petit, entièrement au mois d'août. Mes loirs avaient dormi pendant les plus grandes chaleurs de juin et juillet. Vers la fin de leur sommeil léthargique, ils avaient considérablement maigri, moins cependant qu'on aurait pu s’y attendre. » Cette curieuse observation a engagé M. Arthur Man- sion à faire quelques observations pour expliquer ce sommeil estival; elles sont notées dans un travail pos-- thume qui vient de paraitre. En mai 1893, il se procura deux loirs bien vigoureux et il les sépara afin de pouvoir les alimenter de facons différentes. Les deux cages. furent placées dans la même chambre, chauffées à la température de 16 à 18 degrés centigrades. L'un de nos. LE NATURALISTE pensionnaires reçut, pendant tout l'été, des noix et des noisettes à volonté; l’autre fut traité avec infiniment moins de prodigalité et n'eut à sa disposition qu’une nourriture suffisante pour ne pas le faire trop souffrir de la faim. Le premier prit un énorme et rapide embonpoint -et devient littéralement obèse. A la fin de novembre, il tomba en léthargie pour ne se réveiller définitivement -qu'à la mi-mai de l’année suivante. Le second, resté très maigre, et pour cause, passa l'hiver sans s'endormir. En avril, je lui donnai des noix et des noisettes en abon- dance. Il en fit une grande consommation, augmenta rapidement de poids et de volume, si bien, qu'au mois de mai, il était devenu très gras et qu'il ne tarda pas à -s’engourdir à son tour, pour ne se ranimer complètement qu’à la fin de septembre. Des deux prisonmiers, l’un, sous l'influence du régime de la suralimentation, tom- bait en léthargie à la fin de l'automne, l'autre, par suite d’une nourriture insuffisante pour lui permettre des réserves adipeuses, demeurait actif durant tout l'hiver, pour ne s'endormir qu'en mai à la suite du gavage, au moment même où son compagnon terminait sa période -d’engourdissement,le contraste frappant entre les époques d'activité et du sommeil des deux animaux, joint à ce fait remarquable que la léthargie paraît corrélative de l’obé- -sité, militant en faveur de l’hypothèse que le sommeil des loirs tient surtout à leur nutrition. Pendant le sommeil de ces petits animaux, M. Man- “sion fit diverses observations qui, sans apporter des faits inédits, confirment cependant les remarques faites par d’autres naturalistes. La somnolence gagne progressive- ment les rongeurs, et leur activité diminue de plus en plus pendant les quarante heures qui précèdent son anéantissement. Dans cet état de mort apparente, les yeux se ferment, la température s’abaisse, les mouve- ments respiratoires se ralentissent et les muqueuses du nez et de la bouche prennent un aspect cyanosé carac- téristique. Les sécrétions sont très peu abondantes, les déjections nulles. Bien que, entièrement immobiles, les animaux demeurent néanmoins sensibles : si on les excite en les brülant ou les piquant, ils manifestent leur douleur par des mouvement réflexes et par un léger gro- gnement ou sifflement, dont l'intensité augmente avec la durée de la sensation. Une excitation prolongée les tire -de leur torpeur, ils ouvrent les yeux, cherchent à mor- dre, se redressent sur leurs pattes, vont et viennent dans leur cage en quête d’un morceau à se mettre sous la dent. Qu'on leur donne alors une noix ou une noisette débar- rassée de son écaille, ils la mangent aussitôt, mais dés ‘qu'on cesse de s'occuper d'eux, ils retombent bientôt dans leur lethargie. Forel rapporte une très curieuse “expérience réalisée sur ses captifs. « Je pris, dit-il, un de mes loirs engourdi et le plaçai au sommet du sapin qui se trouvait au milieu de leur cage. Bien qu'il fut en- dormi, il me suffit de faire toucher une branche mince par la face plantaire des pattes de l’animal pour provo- -quer chez lui une contraction réflexe, qui lui fit empoi- gner la branche, comme il l’eût fait instinctivement -étant éveillé. Jele lâchai alors, le laissant ainsi suspendu à sa branche. Il retomba petit à petit en somnolence. Les muscles de la patte accrochée se détendirent lente- ment, la face plantaire s’allongeant commençait à ne plus tenir la branche que par son extrémité près des -ongles, et je croyais que mon loir allait tomber, mais au moment de perdre l'équilibre, une sorte d’éclair ins- tinctif traversa son système nerveux et une autre patte saisit la branche inférieure le plus à sa portée, de facon Que l’animal ne fit que descendre d’un cran. Alors le même manège se répéta. Mon loir descendit ainsi, en dormant, sans se laisser choir, tout le sapin de haut en t© 19 © … bas, jusqu'à ce qu’il eut atteint le plancher de la cage, où il demeura en léthargie. » M. Mansion a soumis ses deux sujets d'expériences à des épreuves analogues : les résultats obtenus corroborent pleinement ceux du savant, professeur de Zurich. La durée et l'intensité du sommeil hivernal varient d'une espèce à l’autre. Le lérot ne dort que quatre mois, de décembre à avril, sa torpeur est si peu profonde qu’il se réveille et mange ses provisions chaque fois que la température se radoucit, pour retomber dans son engour- dissement à la reprise du froid. Le loir reste en léthargie pendant cinq mois environ, de fin novembre à commen- cement de mai, il traverse le plus souvent cette période sans reprendre son activité. Le muscadin reste plongé dans l'hypocon six ou sept mois, de novembre à juin, son état d’anéantissement est tel qu’on peut le prendre dans la main, l'y tourner et l'y retourner, sans qu'il donne aucun signe de vitalité. » k + M. Mansion donne aussi quelques détails sur la nidification. A cet égard, les trois espèces n’ont pas le même instinct. Très développé chez le muscardin, Part de s’édifier un nid analogue à celui des oiseaux ne se révèle nullement chez les autres myoxidés. C’est généra- lement dans une haie ou dans les branches basses d’un noisetier que le gracieux et minuscule animal construit, avec des herbes qu’il entrelace fort habilement, son loge- ment d'été qui sera aussi le berceau de ses petits, Ce nid, d'environ 15 centimètres de diamètre, n’est ouvert que par le haut; il est mollement rembourré de mousse etde feuilles sèches etenvironné de toutes parts d’une végé- tation qui en dissimule très bien l'emplacement. A la fin de l’automne, avant la chute des feuilles qui dérobent sa demeure aux regards, le muscardin transporte ses pé- nates dans un lieu plus sûr, mieux abrité et toujours situé à proximité de son magasin de réserves alimen- taires. Ce nid d'hiver est sphérique, fait de petites brin- dilles, de feuilles mortes, d'herbe et de mousse. Aucun artifice de végétation n’en peut plus masquer les abords, mais l'endroit est si bien choisi que c’est un vrai hasard que de le découvrir. Le lérot et le loir ne nichent pas, mais se tapissent sim- plement dans le creux des troncs, les troncs des mu- railles, les fentes des rochers, où ils se font un lit de mousse et de foin. Cependant la femelle du lérot, quelque temps avant de mettre bas, peut-être sous la poussée de quelque atavisme, se met en quête d’un vieux nid de corbeau, de pic ou d'écureuil,le capitonne demousse et de poils arra- chés à son pelage et, au moyen d'herbes sèches, en rétré- cit l’orifice au point de ne plus laisser qu'une ouverture suffisante pour le passage de son corps. Ce nid est fort mal tenu et son odeur fétide le trahit à distance. Cette simple velléité de nidifier ne se retrouve même plus chez le loir, qui élit domicile dans quelque cachette, où il à entassé ses provisions d'hiver et où il s'endort bientôt d’un profondsommeil. Les provisions que ces rongeurs accumulent pour parer aux éventualités de la faim, quand ils se réveillent momentanément consistent surtout en noix, noisettes, faines et châtaignes. A l’époque du rutles mâles se disputent pour la pos- session des femelles, en sifflant, grondant, et se poursui- vant d'arbre en arbre. De paisibles qu’ils sont d’ordi- naire, ils deviennent alors querelleurs et féroces. Ils se livrent des combats acharnés, au cours desquels ils lut- tent avec tant d’ardeur qu’il leur arrive de tomber enla- cés du haut des arbres et de se tuer dans leur chute. L'accouplement a lieu en mai chez le loir et le lérot, en juillet chez le muscardin. Après une gestation d'environ quatre semaines, la femelle met bas de trois à six petits, 226 LE NATURALISTE nus et aveugles, qui croissent promptement et atteignent à la fin de l'été, une taille équivalente à celle de leurs parents. x # # M. Henri de Parville raconte avoir vu un couple de rossignols s'installer, il y a quelques années,en plein jar- din, dans une grande boîteen bois juchée sur quatre pieds et destinée à abriter des instruments enregistreurs, baro- mètres, thermomètres, hygromètres. En une matinée, le couple avait bâti son nid; la femelle regarda M. de Parville sans émoi. fl ferma la porte etcessa les observa- tions. Une autre année ce fut le tour de sa boite aux lettres,ce qui fut plus gênant. L’aimable savant souscrivit tout de même à ce caprice des rossignols. Et le facteur fut prévenu. Cette année, les petits rossignols ont été se loger dans la niche en osier d'un chien minuscule. Le chien a dû déménager; mais il ne fut pas content et rôda autour de sa demeure. Les oiseaux conservèrent la place, sans témoigner le moindre effroi. La nichée s’est envolée en Juin. Un cas plus extraordinaire vient d’être observé au Mans, dans le parc du collège de Notre-Dame-de-Sainte- Croix, par M. Léveillé. Vers le milieu de mai, un couple s'installa sans facon dans le pantalon d’été d’un jardinier de l’établissement. Le pantalon était pendu à un clousous un appentis. Ses œufs prirent place dans le nid impro- visé et sous la protection du personnel la jeune famille vint au monde. Cinq œufs sur six vinrent à éclosion. Le dernier resta dans le fond du pantalon. Avouons que tout cela n’est pas banal. ; HENRI COUPIN. LES MALADIES DE LA VIUNE EN ALLEMAGNE Dans la province du kRhin La viticulture en Allemagne, et notamment dans les provinces du Rhin, est considérée à juste titre comme la partie la plus délicate, en même temps que la plus pénible, de l’agriculture. Les soins que nécessitela vigne dans un pays où la rudesse du climat ne semble pas pro- pice à ce genre de culture sont méticuleux et souvent très laborieux. Les vignobles établis en gradins sur les bords escarpés du Rhin et de la Moselle ne permettent pas, comme dans certaines régions plus privilégiées, l'emploi de la charrue ou de machines agricoles. Tous les ans, la terre entrainée par les eaux doit être reportée ; les engrais se transportent à dos d'homme par des sen- tiers grimpants et rocailleux ; de même la vendange est difficile. Aucun perfectionnement n’a pu être jusqu'ici apporté à la fabrication du vin, si ce n’est le foulage mécanique et les pressoirs hydrauliques mus par l’élec- tricité. Mais, jusqu’à présent, le viticulteur n'avait pas eu trop à se plaindre ;son vin, péniblement obtenu, jouissait par contre d’une certaine renommée. Protégé par les droits de douane contre la concurrence des vins étran- gers, il trouvait presque toujours des débouchés avan- tageux. D'autre part, les mesures énergiques prises par le gou- vernement en vue de combattre le phylloxera avaient empêché ce dangereux insecte de se répandre. Il n’en est pas de même toutefois des maladies de la vigne dont la rapide propagation cause des pertes énormes aux propriétaires de vignobles. Ces maladies sontcryptogamiques ; ce sont la peronospora et l’oidium. La première s'est répandue depuis quelques années; elle semble même avoir beaucoup empiré, surtout dans la région de la Moselle. Le champignon, qui d’habitude n'apparaissait que sous la feuille, a gagné, en 1905, jus- qu'au grain. Par suite des désastres causés par ce dan- gereux cryptogame, certains viticulteurs n'ont fait que le vingtième de leur récolte habituelle; dans la seule région de la Moselle les dégâts ont été évalués à 23 mil- lions de marks. Cette année on constate que la perono- spora se répand avec une rapidité extraordinaire, non seulement dans la région précitée, mais dans tous les vignobles du pays rhénan. La température tiède et humide de cet été parait favoriser singulièrement son développement, L'emploi répété de la bouillie bordelaise renforcée {à 2% de sulfate de cuivre) est considéré comme un remède souverain contre cette maladie. Certains wticul- teurs s’en servent avec succès, mais beaucoup d’autres, ennemis des innovations, persistent à considérer ce pro- duit comme nuisible à la qualité du vin. Par suite de cette aberration, leurs vignes deviennent un foyer de propagation pour les propriétés voisines, où, malgré les sulfatages continuels, il est impossible d'arrêter les pro- grès de la maladie. Aussi les viticulteurs éclairés réclament-ils, comme pour le phylloxera, l'application de mesures rendant le sulfatage obligatoire. L’oidium est également considéré comme un agent destructeur important ; on le combat à peu près généra- lement par l'emploi du soufre pulvérisé, bien que le soufre exposé au soleil aurait, dit-on, l'inconvénient de corroder quelquefois les ceps. Mais ces maladies, au dire des viticulteurs, seraient moins néfastes que les ravages causés par les chenilles du « Tortrixz ambiquella », ou sphinx de la vigne, qui s’at- taquent à la fois à la fleur et à la graine dont elles pro- voquent la fermentation acide, une des principales causes de la mauvaise qualité du vin. Jusqu'à présent, on n’a trouvé aucun procédé capable de détruire effica- cement ce dangereux insecte. Toutes les mesures obli- gatoires prescrites par les autorités sont restées sans résultat. On alla même jusqu’à prescrire de racler chaque pied de vigne et chaque échalas pour détruire les larves ; on envoya tous les enfants des villages le soir à l’époque de la métamorphose afin de prendre les jeunes papillons. Des millions d'insectes furent détruits de cette facon. On se servit aussi dans ce but de lampes à réflecteurs dispo- sées au-dessus de bassins contenant un liquide où le papillon, attiré par la lumière, allait se noyer. Eafin, on prescrivit de fouiller chaque graine à l'aide d’une aiguille et d’une petite pince, mais ce travail par trop minutieux ne put être exécuté. Malgré les efforts tentés par les viticulteurs, le « Tor- trix ambiguella » se propage de plus en plus dans les vignobles. Autrefois, 1l n'apparaissait en quantité notable qus périodiquement ; mais, depuis sept ou huit ans, ses larves semblent se multiplier chaque année et l’on craint qu’elles ne finissent par ruiner peu à peu la viticulture eu Allemagne. Dans le Palatinat, les dégâts constatés sont évalués au tiers de la récolte qui était, en 1905, de 16.138.120 marks. Par suite, l’insecte en question aurait fait des dégâts pour une somme de 8.069.060 marks environ. On a remarqué, en outre, qu'il s’attaquait de préférence aux régions produisant les meilleurs crus. D'après ce qui précède on comprendra facilement que la production du vin en Allemagne soit peu prospère. Qu'en conclure, sinon que les vignobles allemands s’'appauvrissent, qu’ils ne seront pas aisément renou- velés, puisqu'il est interdit d'introduire des plants de l'étranger, et qu'enfin la grande ressource du viticulteur sera le coupage. Comme il s’agit surtout d'augmenter la teneur en alcool, sans enlever aux crus leur bouquet LE NATURALISTE 227 caractéristique, on s’est surtout servi de vins d'Italie, d'Espagne et de Portugal et même, en prévision de l’aug- mentation des droits d'entrée sur les vins de ces deux derniers pays, on en à fait venir en 1905 d'assez fortes quantités. Un congrès des associations viticoles allemandes s’est réuni dernièrement à Bingen, en vue de faire modifier la loi sur les vins actuellement en vigueur et d'inviter le gouvernement à combattre d'une façon rigoureuse les mélanges et les manipulations illicites. Pendant long- temps, en effet, on s’est livré surles vins du Rhin et de la Moselle à des falsifications plus ou moins avouables, afin d'en augmenter la quantité plus encore que pour en améliorer la qualité. Aujourd'hui un contrôle assez sérieux existe déjà,et il serait à souhaiter que son action fût encore plus efficace, car, en n’autorisant que les cou- pages avec des vins naturels, il favoriserait l'entrée de vins de provenance étrangère dont l'addition aux crus locaux semble, si l’on considère les ravages causés par les maladies précitées, toujours plus nécessaire. L’'HELIOPHOBUS LOHI Dans le Doubs, les herbages ont été ravagés par la chenille de l’Heliophobus lohi. L’insecte parfait est un papillon qui mesure de 35 à #0 millimètres. Les ailes supérieures sontd/un gris bistré avec toutes les nervures blanches et les taches ordinaires jaunâtres à centre gris. Les lignes médianes sont noires, géminées, la subter- minale jaunâtre précédée de traits sagittés noirs. Les ailes inférieures sont grises, avec le disque blanc dans le mâle et seulement un peu plus clair dans la femelle. La chenille est épaisse, cylindrique, glabre, de couleur noire rayée de jaune, à tête globuleuse. Cette chenille vit en mars, avril et mai, presque enterrée à la base des graminées dont eke dévore les racines et les premières feuilles, elle cause de grands dégâts aux prairies en détruisant l'herbe qui les garnit. Elle se renferme en juin dans une coque peu solide et se change en chrysalide dans le sol. Le papillon apparaît en juillet, août et septembre. Il n’est guère facile de détruire cettechenille au moyen de pulvérisations, car elle reste cachée pendant le jouret cen’est que le soir qu’elle se montre un peu; le plus sûr moyen,pour éviter la ponte de la femelle et une nouvelle génération de chenilles, serait de capturer le papillon au moment de son éclosion à l’aide du réflecteur que j'ai décrit dans le Naturaliste il y a quelques années. Une véritable invasion de ces chenilles appelés aussi Heliophobus popularis s'est étendue dans le Nord de la France et y a commis d'immenses dégâts. J’emprunte au Bulletin de la Société Entomologique de France le passage suivant concernant cette invasion : « La région envahie est située sur la limite des départements du Nordet de l'Aisne. Elle constitue un foyer assez localisé embrassant quelques centaines d'hectares. Cetteinvasion peut revêtir deux formes différentes. Dans la première les chenilles s’avancent de front, sous forme üe cordon se déroulant sur une longueur de 80 à 100 mètres. La largeur de cette bande grouillante est en moyenne de 1 mètre à 4 m. 50, sans compter les nombreuses chenilles qui restent en arrière du gros de l’armée sur un espace assez considé- rable. La zone qui suit immédiatement le front de la lande est la plus dense. Là, sur une largeur de 15 à 20 centimètres, c'est un grouillement inexprimable surtout lorsque le soleil vient exciter de ses rayons l'allure de la horde rampante, leur nombre est alors si considérable qu’elles chevauchent les unes sur les autres. En un endroit près de Nouvion (Aisne), elles étaient amoncelées en ligne sur 3 centimètres d'épais- seur. « Il est facile de supposer les dégâts que doivent occa- sionner ces bandes de chenilles affamées luttant de vitesse pour retrouver l’herbe qui disparait derrière elles à mesure qu’elles progressent, on peut évaluer à plus de 100 hectares l'étendue de prairies qui ont été ravagées par elles en une quinzaine de jours. Toute la partie de la prairie se trouvant derrière le cordon est rasée et pré-, sente l’aspect d’un champ brülé par une sécheresse per- sistante, De là résulte que chaque cordon d’invasion se traduit de loin par une ligne de partage bien tranchée entre la prairie verte qui se trouve au-devant de lui et la prairie dévastée et rousse qu'illaisse en arrière. « Une seconde invasion se révèle dans les prairies par la présence d’ilots contrastants par leur teinte rousse avecla verdure qui les entoure, dans ce cas, la marche du fléau est beaucoup plus insidieuse, et lorsque les che- nilles ne sont pas trop nombreuses, elles conservent leurs mœurs nocturnes et sont pendant le jour entière- ment dissimulées sous la mousse. » Pourcombhattre ces chenilles et arrêter leur invasion, le meilleur moyen est celui qui a été mis en pratique dans les prairies deCartignies par les soins de la Société d'agriculture du Nord et qui consiste à creuser des fossés de ;ou5 mètres en avant de la ligne d'invasion; ces fossés doivent avoir 45 à 20 centimètres de profondeur sur 15 centimètres de large et présenter des parois verti- cales. Les chenilles arrivées au fossé s’y précipitent et s’entassent dans le fonds, où il devient facile de les détruire par un procédé quelconque, avec de la chaux vive par exemple. PauL NOEL. Un nouveau légume L'HÉLIANTI M. Eugène Lécaillet a présenté à la Société d’horticul- ture et d’histoire naturelle de l'Hérault une note inté- ressante sur un légume nouveau, l'Hélianthi, note que nous analysons ci-après : Ce légume nouveau l'Hélianthi, -’est suivant les uns, l'Helianthus doronicoides Lamark, suivant les autres, l’'H. decapetalus Darl. En dehors de ces deux espèces et du Topinambour, on cite encore l'Helianthus yiganteus et H. strumosus dont les tubercules sont probablement comestibles. L'Helianthi se rattache à la famille des composées et au genre Hélianthus ou Soleil vivace; on pourrait presque dire, à proprement parler,qu'ii n’a pas d'histoire; M. Ra- phaël de Noter nous le décrit en quelques lignes, et voici ce quil nous apprend, concernant l'introduction, toute récente de ce légume en Europe. « Il y a trois ans, dit-il, nous recevions de l'Amérique du Nord des plantes emballées dans de la mousse; en défaisant cette mousse, nous y avons découvert quelques fragments de racines d'une plante inconnue pour nous; aussi notre curiosité fut-elle aussitôt mise en éveil, et aussitôt nous plantions ces petits bouts de racine, espé- rant que peut-être il en surgirait une plante inconnue; cet espoir ne fut pas déçu, car nous vimes se développer en avril quelques tiges, menues d’abord et qui acquéri- rent en automne des proportionsinattendues, puisqu'elles atteignirent 3 m. 50 de hauteur, et un diametre de 0 m. 15 à la base; et il nous fut permis d'admirer des géants monumentaux au suprème degré; le résultat était 228 LE NATURA LISTE certes déjà beau, mais ne devait point s’arrêter là; c’est alors seulement que notre surprise fut extrême en cons- tatant que si la production foliacée et ornementale était très forte, la production en tubercules était en proportion de son énormetaille; et nous nous trouvâmes, non sans stupéfaction, en présence d’un végétal à racines tubé- reuses ; en effet, en déchaussant le pied, on mit à décou- vert sur un diamètre de 0 m. 80 une masse de tubercules, qui nous rendit réveur un moment; et il y avait de quoi, certes! « Il nous fut permis de constater la présence de six cent cinquante rhizomes, parfaitement constitués, pe- sant ensemble 9 kilogrammes. «À quel usage appliquer semblable production ? « La nature n’ayant rien créé d'inutile, nous pensèmes que cela pouvait être comestible, et, de fait, un essai dans ce sens ayant été fait, nous constations que ce nouveau légume était exquis et digne de nos tables, et depuis bon nombre de personnes ont dégusté l'Hélianthi, tel est le nom que nous lui avons donné, et toutes ont été unanimes à reconnaitre que rien de meilleur ne pouvait être présenté aux gourmets. « Le jour où eut lieu cette expérimentation, nous vé- cûmes véritablement dans une heure délicieuse, ajoute M. Raphaël de Noter, en songeant que le hasard nous mettait à même, à notre tour, d’être utile à nos sem- blables. » L'Hélianthi, du genre Helianthus ou Soleil vivace, outre sa production en tubercules comestibles, pourra facile- ment disputer à ce dernier une place égale pour l'orne- mentation desgrands jardins d'agrément, puisqu'il atteint 3 mètres à 3 m. 50 de haut; sa tige est garnie de feuilles amples, rugueuses et très riches en matières azotées; ses fleurs sont larges, nombreuses, d’un jaune vif, n’appa- raissant qu'à l’automne en ombelles vastes et décora- tives. En dehors des précieuses qualités comestibles qu'il possède, et de son ornementation, nous trouvons dans son feuillage un appoint très précieux pour l'élevage des lapins et des bestiaux, qui en sont très friands, et j'aime à croire qu'un jour plus ou moins proche, la grande culture s'emparera de l’Hélianthi et qu'il nous sera permis de voir des champs entiers de cette plante her- bacée, comme nous voyons des champs de mais ou autres. Comme la pomme de terre, il nous vient d'Amérique, mais contrairement à cette dernière sortant des contrées très chaudes, il nous vient des régions les plus froides, où le thermomètre descend de 30 à 40 degrés au-dessous de zéro. Ses tubercules sont généralement longs de 20 à 25 centimètres, sans formes et pour ainsi dire sans yeux et d’un nettoyage facile, puisqu’en quelques mi- nutes on peut en préparer facilement pour l'alimentation de plusieurs personnes. La racine est d’une teinte jaune brunâtre, la chair est blanche et cassante, et la cuisson s'opère en un instant. L’Hélianthi se plante dans tous les terrains, mais s’il est possible de lui donner les trois éléments suivants : azote, acide phosphorique et potasse, les tubercules de- viennent de plus forte dimension, et le rendement se trouve être augmenté naturellement, Le meilleur moment pour la plantation est novembre et décembre, quoiqu’elle puisse se continuer jusqu’à fin avril'au plus tard. Le terrain doit être béché à 0 m. 30 de profondeur, en divisant le sol le mieux possible, ce qui maintient mieux la fraîcheur et active la végétation. Le terrain bêché, préparé, tendre un cordeau, et tous les mètres, on creuse à la bèche un trou de O0 m. 20 de pro- fondeur; on y dépose et à plat les rhizomes (sans se préoccuper si l’œil est en bas ou en haut), puis on re- couvre de 0 m. 10 de terre bien meuble, ce qui réserve une cuvette de 0 m. 10 que l’on recomble plus tard, pour consolider la jeune plante en cours de développement, en attendant le tuteurage qui doit être fait rigoureusement par rapport aux grands vents, qui ne manqueraient pas de déraciner ces nouveaux géants de nos jardins. L’arrachage des tubercules doit se faire au fur et à mesure des besoins et non en une seule fois; voici, à mon avis, la meilleure façon de procéder à l’arrachage : la racine étant très cassante, se servir pour ce travail du crochet, après avoir déchaussé la tige centrale sur un diamètre de 0 m. 80, passer les dents du crochet sous la tige et soulever le tout: par ce moyen bien simple, on obtient l'extraction presque totale des tubercules. Je vais ajouter, dit l’auteur, quelques recettes culi- naires, qui permettront d'apprécier ce nouveau légumes CUISSON. — Aussitôt après l’arrachage, on lave les tubercules, on les gratte à la manière des salsifis, puis on les lave de nouveau. Durant cette opération, on a mis bouillir une casserole contenant de l’eau légèrement salée pour couvrir les racines; dès qu’elle est en ébulli- tion, y mettre,les Hélianthis, avoir soin de voir l'heure exacte, car la cuisson est complète en cinq ou six mi- nutes; détail à noter, il faut que les tubercules fléchis- sent à peine sous la pression du doigt, autrement ils ne seraient utilisables qu’en sauce ou en purée. Ce précieux tubercule peut être présenté sur nos tables en friture, en purée ou en savoureux beignets et sous diverses autre formes, ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement, de reconnaissance, etc. L'ESCARGOT Sans amis comme sans famille, Ici-bas vivre en étranger, Se retirer dans sa coquille Au signal du moindre danger, S'aimer d’une amitié sans bornes, De soi seul remplir sa maison ; En sortir, suivant la saison, Pour faire à son voisin les cornes; Enfin chez soi, comme en prison, Vieillir de jour en jour plus triste, C’est l'histoire de l’égoïste, Et celle du colimacon. Cette boutade d’un poète exprime l'exacte vérité. Naturellément, ce mollusque universellement répandu, a été connu de toute antiquité; Abel et Caïn devaient déjà lui dire : Escargot, escargot, Montre-moi tes cornes (bis), comme les galopins d’aujourd’hui. Les Hébreux nommaient l’escargot bybaui, shablul; les Grecs : xoyhiac, x6yhoc, noyhiov, oyhis, xoYABtov, xauéÈVTNE: xoyxoc; les Latins : cochlea, limax, ‘helix ; ils avaient également des mots dérivant de ces derniers pour dési- gner ce qui est en vis, comme les escaliers, la vis d’Archimède, servant à élever l’eau, etc. : ën cochleam, en limacon, en spirale, vis de pression; cochlis, escalier en limacon; cochlearium, parc ou réservoir à colima- cons, etc. Ces diverses acceptions étaient usitées aussi dans l’hébreu : III Rois, 8. —La porte du milieu des bas côtés était au LE NATURALISTE 229 côté droit du temple, et l’on montait par un escalier tournant (per cochleam) en la chambre du milieu, et de celle du milieu en la troisième. Ezéchiel, XL1, 7. — Il y avait aussi un espace et un degré fait en rond qui allait d'étage en étage, montant jusqu’à la chambre la plus haute toujours en tournant (per cochleam). C’est pourquoi le temple était plus large en haut qu’en has. Psaume LVIIT, 9. — Ils s’en iront comme un limaçon qui se fond; comme l’avorton d’une femme, ils ne verront pas le soleil. La Vulgate et les Septante traduisent faussement Shablul par xnoès, cera, cire. L’Arabe appelle l’escargot Je hallazon ; en Algérie, on le désigne par Jhsax - bou djourlal. Voici comment s'exprime Aristote au sujet de cet animal : (Histoire des animaux, liv. IV, ch. 1, $ 4) : Les testacés ont la peau analogue à l’huître. Ceux-là ont la partie charnue à l’intérieur, la partie solide au dehors; mais cette partie solide se casse et se brise; elle ne se déchire pas : tel est le genre des limacons et des huîtres. (Livre IV, ch. 1v, $ 1) : Les testacés, tels que les limaçons de mer, et tous ceux qu’on appelle des coquil- lages, ont la partie charnue, quand ils en ont, organisée comme les crustacés; chez eux, cette partie est à l’inté- rieur; la coquille est au dehors; de telle sorte qu’à l’inté- rieur il n’y a rien de dur... L’estomac.de ces animaux est placé immédiatement après leur bouche, et celui des limacons de mer (1) est tout à fait pareil au jabot d'un oiseau. : (Livre V, : ch: x, $ 3) : C'est au‘printemps l'automne que les limacons sont remplis d'œufs. (Livre VIII, ch. xvt, $ 3) : La saison où les animaux se retirent n’est pas la même pour tous. Ainsi les lima- cons se cachent en hiver, les pourpres et les buccins se cachent dans la canicule, ete. (Livre IX, ch. vi, $ 7) : Un cerf mordu par une araignée-phalange ou par quelque autre insecte de ce genre, va chercher des escargots qu'il mange, Une telle nourriture serait peut-être bonne aussi pour les hommes, mais elle serait d'un goût repoussant… (Aristote n’aimait pas les escargots.) (De la génération des animaux, liv. II, ch. x, $ 2) : Comme les testacés ont une nature qui correspond à celle des plantes, ils ne marchent pas sur terre ; ou, du moins, ce n'est qu'une petite espèce de testacés, celle des coli- maçons, ou telle autre espèce, analogue à celle-là. (Livre IT, ch. x, $ 44) : Le seul testacé dont on ait observé l’accouplement est le colimaçon. Mais on ne sait pas très bien encore si c’est de cet accouplement que naissent ces animaux ou s'ils n'en naissent pas. Si l’on voulait en faire une étude régulière, il faudrait se demander qu’elle est en eux la partie qui se constitue pour les produire matériellement. et à Pline va nous dire par qui furent créés les parcs à escargots, et d’où provenaient les plus appréciés de ces mollusques : (Histoire naturelle, liv. VIII, ch. LIX) Les escar- gots se cachent en hiver; ils ont un second sommeil mc ES AN EE a (1) On ignore quel coquillage veut désigner Aristote par cette dénomination (Barthélemy Saint-Hilaire). pendant l'été, et ils adhèrent fortement aux pierres ; Si une violence les fait tomber, ils ne sortent pas de leur coquille. (Livre IX, ch. LxxxH) : Fulvius Hirpinus établit des parcs d’escargots dans le territoire de Tarquinie, peu de temps avant la guerre civile entre César et le grand Pompée; il en sépara même les espèces, mettant à part les blancs qui proviennent de Réate ; ceux d'Illyrie, qui sont les plus gros; ceux d'Afrique, qui ‘sont les plus féconds, et les Solitans, qui sont les plus renommés. Il imagina aussi le moyen defles engraisser avec du vin cuit, de la farine et autres substances; de la sorte, les escargots engraissés devinrent un objet de gastronomie, et l’art de les élever obtint de tels succès que la coquille d’un seul atteignait la capacité de 240 cyathes (1). Apicius Cœlius, dans son traité de cuisine intitulé De obsoniis et condimentis, 'sive ‘de arte coquinarid (Londres, 1705, in-12), donne ainsi qu'il suit les recettes des Romains pour apprêter les escargots : « Escargots nourris de lait. — Prends des escargots, nettoie-les; enlève la membrane qui les obstrue, afin qu'ils puissent sortir, mets-les dans un vase avec du lait salé, pendant un jour, les autres jours donne-leur du lait pur; à toute heure nettoie leurs déjections. Lorsqu'ils seront bien engraissés, fais-les frire dans lhuile. « Ils peuvent être également nourris avec de la pâte du lait. ; « Tu pourras aussi les faire frire dans l'huile avec du sel; tu les assaisonneras avec le suc résineux du laser- pitium, de l'huile et du poivre. « ‘Autre : Fais-les rôtir, en les arrosant largement de jus, de poivre et de cumin. « Autre : Mets tes escargots dans du lait additionné de pure farine de froment. Dès qu’ils en sont gavés, fais-les cuire. » Dans son Idylle XIV, Théocrite met en scène deux amis, Eschine et Thyonicus. Le premier se plaint à son ami des dédains de la belle Cynisca, et décrit un festin au cours duquel il a allongé une magistrale paire de gifles à sa maitresse qui faisait de l'œil et du pied à un jeune convive; il dit entre autres choses : Boï6oc, xreic, xoyAlacs éEnpéln. fs motos GDVc. « L'oignon et le frais escargot nous altéraient et rendaient le vin plus doux, » A son tour Horace dit que le limaçon excite la soif des buveurs : Sostis marcentem squillis recreabis et Afra Potorem cochlea... (Satires, lib. IT, 1v, 59.) « D'un buveur ‘qui s'endort, vous ranimerez la lan- gueur avec des squilles rôties et des escargots d'Afrique. » Au livre XIV de ses Epigrammes, épig. 121, Martial dit, en parlant du Coquetier : Sum cochleis habilis, sed nec minus utilis ovis ; Numquid scis potius cur cochleare vocer ? « Je sers à qui mange des escargots, mais aussi à qui mange des œufs : apprends-moi donc pourquoi je dois plutôt mon nom aux escargots ? » {i) Dix litres huit décilitres. Ces coquilles n'ont jamais existé; leurs dimensions seraient plus considérables que celles des deux coquilles qui servent de bénitiers à l’église Saint- Sulpice, de Paris, et qui furent offertés à François I*' par la République de Venise; ce sont deux Tridacnes gigantesques. Sous Louis XIV, le curé Languet les fit accorder à son église. » (l 230 LE NATURALISTE Les escargots étaient particulièrement en usage dans les repas funèbres; d’après quelques antiquaires, et entre autres Ch. Bonnucei, des amas de coquilles de ces mol- lusques, trouvés dans les cimetières de Pompéi, n'étaient que les débris des repas faits sur les tombes de leurs parents ou amis par les antiques habitants de cette ville. Voici maintenant, d'après Varron, comment on élevait les escargots dans les pares créés à cet effet(Dere rusticd, hib.IIT, cap. x1v): De cochleis. « Appius a fort diminué la tâche de notre ami Merula, dit Axius, puisque voilà le second acte, qui a pour objet la chasse, exposé en peu de mots, je m'inquiète peu de ce qui reste à dire sur les escargotset lesloirs,car c'estun point depeu d'importance. «— Moins simples que vous ne croyez, mon cher Axius, reprit Appius; car il faut choisir pour les escargots un heu environné d’eau, afin de n'être pas obligé de chercher non seulement leurs petits, mais les escargots eux-mêmes que vous y auriez mis pour la reproduction. Il faut donc, disais-je, les entourer d’eau, sous peine d’avoir besoin d'un fugitivarius (1). L'endroit le plus convenable est celui qui n’est pas brülé par le soleil, et où la rosée peut facilement pénétrer; quand le sol n'offre pas naturelle- ment ces conditions (qu’on ne rencontre presque jamais dans les endroits exposés au soleil), et qu'on n'a pas à sa disposition un lieu habité, comme le pied d’un rocher ou d’une montagne, arrosé par un lac ou une rivière, il faut avoir recours à l'humidité artificielle. A cet effet, on dispose un tuyau de manière à recevoir d’une sorte de petit bassin, de l’eau qui, tombant sur une pierre, rejaillit en rosée. On ne s’occupe pas de la nourriture des escar- gots; il leur en faut peu, et ils la trouvent en rampant, non seulement sur la terre, mais encore sur les murs, quand l’eau ne les empêche pas d'y arriver; d’ailleurs ils vivent longtemps en se nourrissant de leur propre subs- tance, et 1l suffit de leur jeter quelques feuilles de laurier et un peu de son. Aussi, le plus souvent, le cuisinier qui les fait cuire ne sait-il s'ils sont morts ou vivants. Il y à, en Afrique, des escargots qu'on nomme Solitannæ, et qui sont tellement grands, que leur coquille peut contenir jusqu’à quatre-vingts quadrantes de liquide (2). » Cette inutilité de la nourriture, dont parle plus haut Var ron, pour le Himaçon, se retrouve dans une lettre adresée par Symmaque à Ansoue (Lettres, liv. I, lettre XxIn) : A AUSONE « On dit que les escargots, quand ils ont soif et que la rosée du ciel ne descend pas sur eux, se nourrissent de leur propre fluide; cette chose m'est arrivée à moi- même, car, privé de la nourriture de tes discours, je me nourris actuellement de ma propre rosée. Tu as beau- coup écrit et fait de beaux travaux, mais je crains bien que ton affection pour moi n’en ait été diminuée. Si je me trompe, fais en sorte de laisser un instant tes nom- breuses occupations et de trouver le temps de me répondre. » Dans un opuscule de douze pages petit in-4°, Daigne parle ainsi du mollusque qui nous occupe (3) : (4) Individu chargé de poursuivre et de ramener au logis les esclaves fugitifs. (2) Le quadrans valait environ 81 grammes. Quatre-vingts quadrantes valaient donc 64 kg. 080. Combien se mettait-on pour manger un seul de ces escargots ? (3) Darexe (Etienne), seigneur de Beaulvois en Berry. Singu- dier traité contenant la propriété des lorlues, escargole, gre- nouilles et arlichautz. Paris, 1530, in-4°. On le vend par Galliat CHAPITRE VI. Des escargotz ou limaz — Les escargotz ou limaz, que on appelle en latin cochlee, ou limaces, ne sont moins plains de dignité et excellence que les tor- tuez : les aulteurs veullent mettre difference entre les limaz et escargots : car ils disent que limaces sont ceulx qui n’ont point descailles ou couuerture, et les cochlees en ont; iacoit que elles conviennent en nature. Les escargotz anciennement estoient morseaulx frians et viandes exquises, et furent appelees de plusieurs nobles Rommains; en sorte que ils avoient reservez pour les nourrir et faire engresser, ainsi que Varro tesmoigne au troisiesme liure de son agriculture; et les nourrissoient de feilles de laurier et de son, c’est-à-dire de bran et grosse farine. Ung Rommain nomme Fuluius Lupinus trouua la facon de les engresser et de leur faire garder et reseruatifz pour les nourrir : iacoit que les escargotz soient bestes laides, ce neantmoins ne sont si horribles que tortuez, ne si deshonnestes, car ilz ne se paissent que de choses nettes et nullement venimeuse (1), iacoit que dantiquite est este en vsage pour manger, ce neant- moins pour en faire son past et viande quotidienne, 1e ne loue ce, veu aultres choses communes et vulgaires estre de plus grand nourrissement et meilleure subs- tance; et pour cognoistre la nature d’iceulx, nous faut veoir les especes. CHAPITRE VIT. Des especes des escargotz ou limaz. — 11 y a plusieurs sortes de escargotz, terrestres, aqua- lisz, et buissonniers, de grans, menus et moyens. Des grans comme en Alffr:cque, ainsi que dict Varro au troi- siesme liure de la chose Rusticque. Il y a des escargotz marins comme terrestres, les aucuns sont appelles selon le lieu et aussi la place ou ilz croissent, comme illyricques, affricains, sicules et aultres noms. Aristote dict au VIII livre de son Histoire des bestes, Cap. XII, que les escargotz terrestres se cachent l’hyuer en leur escaille comme silz estoient mors. Au IXe livre, dict que on ne trouue pas de porceaulx ne de perdris la on sont les escargotz, car les porceaulx et les perdris les man- geussent. Les escargotz ont de petites dens agues et menues, ce que on puist coniecturer, car ilz rongent les fueilles et bourgeons des vignes. Pline dict que leurs cornes leur servent de yeulx, car quand ilz cheminent, ilz tatent de leurs cornes si trouuent rien qui leur nuyse. Reste a present a veoir l’vsage d'iceulx. CHAPITRE VIII. De lusage des escargotz et de la vertu medicinale. — Les escargotz terrestres, ainsi que récite Dioscorides au second liure, sont bons à lestomach. Les plus à louer sont ceulx de Sardine, Lybie, Cecile, Astypalee, ceulx de Ligurie, c'est à dire du pais de genevois. Les escargotz marins sont bons aussi à lesto- mach. Les escargotz aquaticques et fluviaticques sont de nulle valeur. Ceulx aussi qui viennent es buissons et qui sont adhérens aux espines, sont reprouvez, car ilz nuysent à lestomach et prouoquent vomissement. Les escargotz bruslez proufitent à plusieurs choses, car la cendre d’iceulx vault à faire exulcération. Elle vault à la vene, etc., etc. » E. SANTINI DE RIOLS. A suivre.) du Pré, au premier pilier de la grand sale du Palais; et par maître Pierre Vidoue, en la rue perdue, près la place Maulbert. (1) M. Reussi cite pourtant un empoisonnement qui eut lieu dans Je Milanais, et fut produit par trois limaçons qui avaient mangé de la ciguë et de la belladone. -dans LE NATURALISTE ACADÉMIE DES SCIENCES Sur les progrès de la mouche des fruits (Ceratitis capitata) aux environs de Paris. — (Note de M. ALFRED GraRD.) L'auteur signalait il y a six ans la présence d’un diptère exotique (Ceratilis capitata), grand ravageur de fruits dans la banlieue parisienne. L’insecte était très rare, il n'avait attaqué à cette époque que quelques abricotiers des jardins de Cour- bevoie, et il eût été facile à peu de frais d'empêcher son accli- motation. En pareil cas les moyens énergiques, employés dès le début de l'infestation, sont généralement efficaces. Cependant l'insecte a poursuivi insidieusement ses ravages ct, à l'heure actuelle, les éventualités redoutées en 1900 se sont en partie réalisées : les pêches sont sérieusement atteintes en diverses localités des environs de Paris, etil n’est que tempsd’agir si l'on veui éviter de voir se produire, à la faveur de quelques étés secs, des désastres analogues à ceux que la Mouche des fruits à causés pendant plusieurs années au cap de Bonne-Espérance. La présente note n’a d'autre but que de jeter un nouveau cri d'alarme. Il est en effet très difficile de combattre le Ceratilis là où il s’est solidement implanté. La biologie de l'insecte pré- sente encore bien des lacunes, et il importe de savoir si elle ne se modifie pas sous notre climat. Des recherches s'imposent pour déterminer dans quelles conditions et à quel etat a lieu l’hivernage de Ceratitis. Il serait très important aussi de savoir si, dès aujourd'hui, l’insecte n’a pas envahi quelque fruit sau- vage au voisinage des vergers, ce qui expliquerait la multipli- cation des générations qui précèdent la maturité de nos fruits comestibles. Enfin il reste encore à vérifier si des introductions nouvelles ne sont pas possibles, chaque année, par l'importation de fruits étrangers (oranges, etc.) provenant de pays con- taminés. Toutes ces questions ne peuvent être résolues qu'avec le con- cours des cultivateurs dont l’attention n’est trop souvent attirée sur les fléaux qui les menacent qu'au moment où ceux-ci ne peuvent plus être évités, ni même combattus utilement. Sur une ma'adie de la pomme de terre produite par « Bacillus phytophthorus». — (Notede M. Grorces DeLa- croix, présentée par M. PrirLiEux.) Cette maladie de la pomme de terre, de nature bactérienne, est fréquente, semble-tl,en Allemagne, en Angleterre, en Dane- mark, en Hollande eten Russie. Il y a deux ans on n’en con- naissait pas encore l'existence en France. L'examen fait de quelques échantillons envoyés depuis cette époque à la station pathologique végétale, à Paris, examen corroboré par l'étude de la culture de la bactérie, permet d'affirmer l'existence de cette maladie, d'ailleurs peu répandue encore. La maladie produite sur la pomme de terre pendant la période de végétation de cette plante présente certaines ressemblances avec celle que l’auteur a déjà décrite sous le nom de brunissure maladie causée par le Bacillus solanincola. Il est intéressant d'établir le diagnostic différentiel entre ces deux maladies : la période d'évoluuon ne semble pas coïncider pour ces deux cas pathologiques. La maladie produite par Bacillus phylophthorus est sensiblement plus précoce, quant à son apparition, que celle du Bacillus solanincola, la première étant une maladie de la fin du printemps, la seconde du milieu de l’été et du commencement de l'automne. Ces périodes sont évidemment un peu différentes avec les variétés. Les caractères extérieurs sont assez semblables pour que l’on ne puisse guère proposer de se servir de ces données pour séparer les deux maladies. À un moindre degré, ilen est de même pour les caractères fournis par l'examen microscopique. Dans les deux cas, en effet, la bactérie, qu'il s'agisse du Bacillus solanincola, où du Bacitlus phylophthorus, est presque tou- jours accompagnée d’un mycélium de Fusarium : ce mycélium, que l'expérience ne montre pas comme un parasite, n'apparait, un cas comme dans l’autre, que secondairement et ne sé rencontre pas sur la plante lorsque la maladie est à son début. À : Dans ces deux cas de maladie bactérienne, on trouve le même mode de défense de la plante, avec réaction identique, cons- tituée par la production de thylle et de gomme de blessure, aux dépens du parenchyme ligneux vivant périvasculaire. On comprend ainsi que la spécification de la bactérie reste le seul critérium pour Je diagnostic précis de la maladie. Les deux 231 bactéries peuvent, d’ailleurs, être différenciées sans difficulté : le Bacillus phylophthorus est une bactérie courte, presque un coccus, qui liquéfie rapidement la gélatine ; le Bacillus sola- nincola est, au contraire, un bâtonnet qui ne liquéfie pas la gélatine, quand ilest en culture pure. Au point de vue pratique, ces faits n'ont en réalité aucune importance, car le traitement de la maladie, purement préventif, est le même dans les deux cas. Sur l'origine de l’oxyde de carbone contenu dans le Sang normal et surtout dans le sang de certains anémiques.— (Note de MM. R. Lerèvre et BouLun.) Le professeur Gréhant a établi l'existence, dans le sang nor- mal, de traces de gaz combustible, et M. de Saint-Martin. puis M. Nicloux ont montré que ce gaz est en grande partie de l’oxyde de carbone. Ultérieurement M. Nicloux en a trouvé une proportion assez forte dans le sang de chiens vivant en pleine mer, et l'an dernier, les auteurs l'ont constaté en proportion très forte chez des anémiques graves. Cette note a pour but de mon- trer qu’il faut en chercher la source dans l'acide oxalique, qui existe normalement dans l'organisme et dont l'excrétion, en quantité exagérée, a été signalée chez les malades anémiques et cachectiques. Recherchrs sur les échanges gazeux d’une plante verte développée à la lumière en inanition de gaz carbonique dans un sol artificiel amidé — (Note de M. Jures LEFÈVRE, présentée par M. Gaston Boxnier.) L'auteur à montré la possibilité de faire développer des plantes vertes en inanition de gaz carbonique dans un sol convenable- ment amidé; non seulement les plantes croissent et multiplient leurs organes, mais leur poids sec augmente jusqu'à tripler ou quadrupler la valeur primitive ; la lumière leur est nécessaire, et à l'obscurité les plantes dépérissent rapidement en diminuant leur poids sec. Ces résultats prouvent l'existence à la lumière d'une synthèse amidée, d’un travail qui parait essentiellement chlorophyllien. L'objet de cette note était de rechercher si le phénomène était accompagné d'un dégagement d'acide carbonique. Toutes les expériences faites dans ce but conduisent à conclure qu'en ina- nition de gaz anhydride carbonique, mais en sol amidé, une plante verte peut se développer à la lumière et tripler son poids sec, sans qu'il y ait dégagement d'oxygène. Pendant toute la durée du développement l’analyse ne révèle pas autre chose qu'un phénomène de respiration. Sur les canses de l'apparition des formes dites anomales. — (Note de M. P. Vurirremn, présentée par M. Gaston Bonnier.) Lorsqu'on vient à couper au ras du sol diverses essences fo- restières, les rejets de souche portent un grand nombre de feuilles ascidiées. M. Blaringhem, ayant fait de telles observa- tions sur les Tilia silvestris, Corylus Avellana, Acer, Fraxi- nus, etc., en conclut que le traumatisme produit des feuilles en cornet, de même qu'il joue, suivant le même auteur, un rôle im- portant dans l'apparition d’autres anomalies. Il existe évidemment une relation entre le recépage et l’appa- rition_ des formes exceptionnelles de la végétation, Mais cette relation n’est pas simple et uniforme ; elle se fait même sentir sur les plantes qui croissent à côté des arbustes taillés : c’est ainsi qu'on observe dans des coupes récentes, de véritables « épi- démies » de Viola alba à deux éperons. Pour nous en tenir à l'apparition des ascidies, elle est parti- culièrement abondante sur les plantes récépées et il est légitime d'invoquer le traumatisme comme cause. Mais ce n’est qu'une cause occasionnelle, suppléée, dans d'autres circonstances, par des causes différentes et agissant diversement selon l'espèce considérée : il ne saurait être envisagé comme un agent térato- génique direct. Le traumatisme en modifiant la vigueur des ra- meaux amène la manifestation de caractères qui "estent latents sur les pousses développées dans les conditions les plus com- munes et qui sont des caractères spécifiques rares plutôt que des anomalies au sens propre du mot. Le traumatisme, en créant un excès de vigueur, amène l’appa- rition des formes les moins exceptionnelles, telles que des feuilles ramifiées chez l'Orme, des feuilles ascidiées chez le Tilleul et le Noisetier. Le même traumatisme, en provoquant secondaire- ment l’atrophie de certains rameaux et de certaines feuilles, en- traine la réalisation plus rare des ascidies chez l'Orme, La cause déterminante de ces formes rares est donc complexe 232 LE NATURALISTE comme celles des caractères spécifiques. La méthode expéri- ment ale nous renseigne sur des causes occasionnelles, qui, en écartant la plante des conditions habituelles de la végétation, favorisent le développement des formes spécifiques relativement insolites. Bibliographie 93. Abel (O.). Fossile Fugfische. Jahrb. Geol. Reichsanstalt, LVI, 1906, pp. 1-88, pl. I-TIT. 94. Andersen. On the Bats of the Genera Micronycteris and Gliphonycteris. Ann. Mag. of Nat. hist., july 1906, pp. 50-65. 95. Annandale (N.) Two new Barnacles dredged in 1905- 1906 (Ship Invest.). Dichelaspis transversa, bathynomi. Ann. Mag. of Nat. hist., july 1906, pp. 44-47, fig. 96. Arrow (G.-J.). 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Dollot, correspon- dant du Muséum, qui nous à procuré beaucoup de maté- riaux obtenus au cours d’explorations poursuivies dans un but industriel. De leur côté, MM. Billiot et Gaden, ingénieurs-sondeurs, nous ont remis des produits extraits d’un puits très profond qu'ils ont foré dans la ville même de Saint-Louis. Il résulte de ces différentes sources d'informations, qu'une grande partie du sol du Sénégal est constitué par des formations d'âge tertiaire : elles sont d’ailleurs très - variées et presque partout recouvertes par un manteau Fig. 1: — Ostrea Friryi, Stan. Meun. du terrain lutétien de Balol, entre Kaël et N'Gahaye, Sénégal. (Grandeur naturelle.) plus ou moins épais de roches tout à fait récentes et dont la production se continue même sans doute à l’époque actuelle. Ce sont d’abord des sables et des argiles plus ou moins sableux; et ce sont aussi ces roches à la fois ferrugi- neuses et alumineuses si largement étendues à la surface de l'Afrique et qu’on désigne sous le nom uniforme de latérites, bien qu’elles aient des compositions très diffé- rentes et que, très vraisemblablement, elles se rattachent à plusieurs modes de formation. Les sables, plus ou moins purs, suivant les points, varient en épaisseur de zéro jusqu'à 40 mètres, dévelop- pement qu’ils ont présenté dans un puits ouvert à Louga, entre Thiès et Dakar, et sur lequel nous allons avoir à revenir; par places ce sable est agglutiné en grès généra- lement très friable, Dans leur masse, les argiles font des lambeaux plus ou moins continus et qui leur commu- niquent, par places une certaine imperméabilité. D'après M. le capitaine Friry, c'est à cette circonstance que diverses localités doivent de posséder des céanes qui — N° 47 1 15 OCTOBRE 1906 assurent leur approvisionnement en eau et y ont rendu possible l'établissement de villages. Quant à la latérite, elle est de son côté d’une épaisseur très variable qui ne dépasse cependant pas une dizaine de mètres. L'une de ses variétés, répandue par exemple à Thiès, est sensiblement imperméable. Si nous arrivons maintenant aux assises tertiaires nous constaterons que leur portion la plus élevée est constituée dans la région étudiée par des argiles compactes renfer- mant de nombreux rognons de silex, Cette formation est d’ailleurs fort mince et ne parait pas dépasser 2 mètres d'épaisseur; elle manque fréquemment. Les silex y forment des rognons parfois mal définis et qui se fondent par transition dans la masse ambiante. Fig. 2. — Plagiopygus daradensis, Lambert, du terrain lutétien de Balol, entre Kaël et N'Gahaye, Sénégal. (Grandenr naturelle.) C'est sous cette assise argileuse que se présentent des couches calcaires qui sont peu épaisses mais dont l’ex- tension horizontale parait considérable et qui sont pétries de fossiles. Cette circonstance les rend exception- nellement intéressantes et justifiera les quelques détails dans lesquels il nous paraît utile d'entrer à leur égard. Les échantillons dont nous disposons à leur égard proviennent de Balol {entre Kaël et N’Gahaye)et de Kaolak. À Balol, localité située sur la limite commune du Baol et du Séloum oriental, les spécimens, recueillis par M. Friry, ont été procurés par une excavation de 2 mètres de profondeur. Ils consistent en fragments de calcaire empâtant divers fossiles dont l'extraction et le nettoyage ont demandé quelques soins. La roche est un calcaire blanchâtre ou très légèrement ocracé en certains points et dont la ressemblance d'aspect est frappante avec la pierre à bâtir des environs immédiats de Paris et spécialement de Vanves, d’Arcueil et de Gentilly. Par dissolution dans les acides, la roche abandonne une forte proportion d'argile facilement rubéfiée au contact de l'air et une très petite quantité de grains sableux dont la plupart sont ferrugineux. En lame mince, au microscope, ce calcaire manifeste une structure tout à fait semblable à celle de la roche parisienne et dans laquelle intervient tout aussi large- ment la collaboration biologique. Aux débris de coquilles s'ajoutent divers micro-organismes et particulièrement des foraminifères. Pour ce qui est des mollusques, dont les vestiges sont très nombreux, 1ls constituent un ensemble où se signale la très grande prédominance numérique des huîtres. Parmi ces animaux, on en remarque tout d'abord un qui se rapproche beaucoup d'Ostrea Friryi et qui, tout en montrant le même allongement, la même charnière et les mêmes crénelures marginales au voisinage de celle-ci, est pourtant plus allongé et moins large. Des individus » 234 LE NATURALISTE de petite taille d'Ostrea elegans, Desh., espèce commune aux environs de Paris, se présentent en nombre, avec l'aspect des échantillons que M. Mayer-Aymar a recueillis en Égypte et qui sont exposés dans la galerie de paléon- tologie du Muséum. Il y a enfin de petites huîtres plissées qui, malgré leur analogie évidente avec O. elegans et O. flabellula, si abondantes dans le calcaire grossier de Paris, semblent présenter des caractères spéciaux légiti- mant l'admission d’une espèce nouvelle. Nous l’inscrivons en conséquence sous le nom d'Ostrea Friryi, en l'honneur du courageux voyageur auquel nous la devons (fig. 4). Peut-être pourrait-on être tenté de considérer ce fossile comme une simple variété d'O. elegans qui est beaucoup plus abondante dans le gisement. Cependant notre coquille se distingue par plusieurs caractères fort nets. Tout d’abord, sa valve supérieure, débordée de beaucoup par l’autre valve, est bien moins striée que dans l’elegans, les stries sont larges et lâches au lieu d'être fines et serrées. Quant à la valve inférieure, elle présente des côtes divergentes bien moins nombreuses et bien moins régulières que celles de sa congénère; elle ne montre pas les lignes d’accroissement si abondantes dans l’elegans et en revanche, son test affecte une struc ture lamelleuse qui lui est spéciale, D'une facon géné- rale, O. Friryi est beaucoup plus mince et plus délicate que 0. elegans. Avec ces huitres, et quelques autres, qui devront être examinées, la collection des fossiles de Balol comprend divers échantillons très différents et par exemple un moule interne de mytilacé, un débris de Modiola pectinata, Lamk., pareil à des échantillons originaires de Parnes et de Grignon, une Ancillaria très allongée et qui fait penser à certains spécimens d'A. canalifera de Paris, un moule interne d'un gastropode qui pourrait être voisin de Natica acuta, Desh., etc. j Mais dans toute cette faune, qui s’est enrichie par des produits provenant d’autres points que Balol, nous devrons une place à part à un oursin qu’à première vue j'avais pris pour Nucleolites Grignonensis, Defrance. Heureusement, sans m'en fier à cette appréciation, j'ai eu l’idée de le soumettre à notre grande autorité echino- logique moderne, à M. le président J. Lambert, et ce savant paléontologiste a vu dans l’échantillon qu'il a bien voulu étudier, le type d’une espèce nouvelle à laquelle il impose le nom de Plagiopyqus duradensis. On sait que Daradus est le nom antique de fleuve Sénégal, d’après Ptolémée. Dans la lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'adresser à cette occasion, M. Lambert donne du fossile la diagnose suivante (fig. 2) : k « Espèce plus longue que large, presque régulièrement arrondie en avant et en arrière ; face supérieure COnvexe, médiocrement renflée, ayant sa plus grande hauteur à peu près vers l’apex, qui est nettement excentrique en avant, pas de carène postérieure; face inférieure concave avec péristome s'ouvrant à peu près sous l'apex, par conséquent excentrique en avant. Ambulacres tous semblables, bien que l’impair soit un peu plus étroit et moins long que les autres; ils forment des pétales très apparents, lancéolés, légèrement convexes, rétrécis, mais non fermés à leur extrémité et sont composés de pores inégaux, nettement conjugués, dont les externes sont allongés ; zones interporifères larges, plus du double des zones porifères et garnies des mêmes granules et des mêmes tubercules, scrobiculés, que le reste du test. Les zones porifères sont inégales et, au moins en arrière, les postérieures sont plus courtes que les autres. Péristome subpentagonal, transverse, à phyllodes bien développés et bourrelets assez saillants. En arrière du péristome, l'aire interambulacraire impaire présente une bande médiane finement granuleuse avec encore .quelques tubercules près du péristome. Cette bande granuleuse se prolonge même sur l’ambulacre impair. Bien que la face postérieure soit assez mutilée (4), on aperçoit la partie la plus élevée du cadre du périprocte et elle ne forme aucune saillie au-dessus de ce dernier, qui, postérieur, peu élevé, parait avoir été nettement trans- verse, Les caractères indiqués suffisent pour caractériser une espèce du genre Plagiopygus. On sait que le véritable type du genre Pygorhynchus établi, décrit et figuré dès 1839 par Louis Agassiz est le P. obovatus, Agassiz (Catopyqus) espèce crétacée à péristome oblique. Les espèces tertiaires, à péristome pentagonal, ont été plus tard confondues à tort dans le même genre, dont on retranchait bientôt le type pour en faire successivement un Pygurus, puis un Botryopygurus.lJ’airestitué en 1896 au type du néocomien son nom générique de Pygorhynchus en créant pour les espèces tertiaires le genre Plagiopyqus. On a critiqué cette solution en disant qu'Agassiz avait à l'origine compris dans ses Pygorhynchus des espèces tertiaires. C’est possible, mais en 1839 on ignorait lesquelles, et l’auteur n'en a cité qu'une seule, son P. scutella, l’un des types du genre Echinanthus de Bregn. et qui ne pouvait en conséquence passer dans un genre nouveau. La présence de la bande lisse à la face inférieure, la forme des pétales et celle transverse du périprocte ne permettent aucun doute quant à la situation de l’oursin étudié dans le genre Plagiopygus. Ce P. du Sénégal que je nommerai en conséquence P. daradensis, est surtout voisin des P. Grignonensis, Defrance (Nucleolites) du lutétien des environs de Paris et P. Desnoyersi, Desor. de l’éocène moyen de Fresville; il est cependant moins allongé, ses pétales plus renflés sont plus larges, plus lancéolés; les postérieurs sont plus courts; ses zones porifères sont plus inégales. Enfin chez l'espèce du Cotentin, la bande lisse, plus étroite, est plus nettement limitée et plus finement grauuleuse. Plus voisin par sa forme de l’espèce de Balol, P. Desori, d’Archiac (Pygo- rhynchus) du Bartonien a ses pétales bien plus longs et plus étroits. Dans la faune d'Egypte, M. de Lauriol n’a rien décrit de comparable au P. daradensis. Gitolampas tunetana, Gauthier (Pliolampas), de l’éocène tunisien, en diffère pro- fondément par son rostre postérieur, son périprocte ar- rondi, ses longs ambulacres subégaux, superficiels, à zones porifères égales, sa bande lisse non prolongée au devant du péristome. L'espèce de Balol, n’a donc que des analogies lointaines, pas même une identité géné- rique avec les oursins connus du continent africain. Les rapports sont plus étroits avec les espèces d'Europe. En Asie, il n’y a pas de Plagiopygus typique; on y trouve seulement des formes à bord supérieur du péristome un peu saillant et parfois, mais à tort, confondues avec (1) Depuis la description de M. Lambert j'ai reçu des exem- plaires intacts (S. M.). LE NATURALISTE 235 Phynchopygus, genre à bande sternale vermiculée (1). — Les prétendus Pygorhynchus de Forber (P. testudo, P. planulatus) avec leur périprocte allongé, n'appartien- nent même pas au groupe qui nous OCCupe. Une espèce que je connais mal, mais qui serait un Plagiopygus typique, a été rencontrée dans l’éocène de la Géorgie (États-Unis). On en doit conclure que dans l’état actuel de nos connaissances, ce genre est, par ces espèces typiques, une forme atlantique, comme il est par ses espèces à bord postérieur subrostré, une forme indo- pacifique. L'individu recueilli à Balol confirmerait la règle, puisqu'il appartient à la forme atlantique. In- connus dans le crétacé, les Plagiopygus se sont déve- loppés pendant l’éocène, où paraissent s’être éteintes les formes typiques, tandis que la forme indo-pacifique vit encore dans nos océans. » Ces mêmes roches renferment d’ailleurs un très grand nombre d’autres fossiles qui ont en général un faciès très parisien et dont la description nous entrainerait beaucoup trop loin. Mais il nous reste à montrer les rapports existant dans la géologie du Sénégal entre les couches que nous venons d'énumérer et des formations géologiques différentes. Ce sera l’objet d’un prochain article. STANISLAS MEUNIER. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles À Vertébrés marins pulmonés fossiles. — À l’époque où les Cétacés n’existaient pas encore,les Reptiles ont fourni à la faune pélagique un certain nombre de types, actuelle- ment éteints, et qui semblent avoir été, dans l'économie générale de la nature, les précurseurs de ces grands Mammifères. Les plus anciens de ces Reptiles marins sont les Ichtyosauria (Ichtyosaures et Plésiosaures) qui ont vécu du Trias au Crétacé et qui avaient des représen- tants dans toutes les mers, car on en connaît de l’Aus- tralie et de la Nouvelle-Zélande. Les plus grands atteignaient 10 mètres de long; ils étaient carnivores et vivipares. D’autres Reptiles marins moins différents des Sauriens et qui ont apparu un peu plus tard, sont les -Phytonomorphes, à corps plus allongé encore que celui des Ichtyosaures, à nageoires postérieures plus petites que les antérieures et à queue très développée : cet allon- gement du corps leur a valu le nom vulgaire de « ser- pents de mer » (Cope). Les Pythonomorphes, dont quel- ques-uns (Clidaster tortor, Liodon haumuriensis) avaient jusqu’à 30 mètres de long, ont vécu dans toutes les mers Crétacées du globe, et l’on en connait aussi de la Nou- velle-Zélande. — Les Crocodiliens eux-mêmes ont com- _mencé par être marins avant de se cantonner dans les (1)JM. Gaururer a parfaitement reconnu quecesformes n'étaient pas des Rhynchopygus. Il a, en conséquence, créé pour elles son genre Giropygus, sans valeur suffisante à mon avis, tous les prétendus Giropyyus étant en réalité des Plagiopygus de la : forme indo-pacifique. (Note de M. Lambert.) (2) Voir le Naturaliste, n° 458 et suivants. © ——— 2 ———— ——- eaux douces : les Parasuchia de l’époque Mésozoïque avaient les narines reculées vers les yeux, ce qui devait faciliter la vie aquatique : certains de ces Crocodiles marins (Teleosaurus), possédaient une cuirasse plus com-, plète que leurs représentants actuels. — Les Tortues marines, enfin, étaient représentées dès l'époque secon- daire, non seulement par des Chelonidæ pélagiques, mais aussi par deux familles de Tortues de rivage (Che- lonemydidæ et Thalassemydidæ) actuellement éteintes et formant le passage des Tortues marines aux Tortues d'eau douce. Celles-ci prédominent dans le Tertiaire. Beaucoup d’autres Reptiles éteints ont dù avoir des habi- tudes littorales. Les Oiseaux à dents de l'époque Crétacée appartenant Soit aux ODONTOLCÆ (Hesperornis), soitaux ODONTORMÆ (Ichtyornis), ont dû avoir des habitudes marines, et les premiers étaient exclusivement nageurs, avec le membre antérieur presque atrophié. Le Palæeudyptes de l'Eocène de la Nouvelle-Zélande était un Manchot de grande taille, ce qui montre que dès cette époque les Spheniscidæ appartenaient, comme aujourd'hui, à l'hémisphère aus- tral. Il en était de même des Palæospheniseus, Parapte- nodytes, etc., de MORENO et d'AMEGHINO qui ont laissé leurs débris dans le Tertiaire de Patagonie, et des nom- breuses formes de la même famille dont les débris ont été rapportés, plus récemment, des terres antarctiques. Les plus anciens Mammifères marins que l’on con- naisse sont les Zeuglodondes Eocènes, animaux qui, tout en conservant des caractères reptiliens bien accusés, se rapprochent plus, par leur dentition, des Pinnipèdes que des Cétacés. On en connaît d'Europe, d'Amérique, d'E- gypte, et de la Nouvelle-Zéiande. Le Zeuglodon cetoïdes de l'Amérique du Nord pouvait atteindre 20 mètres de long. On a des raisons de croire que la peau portait des plaques ossifiées, et l’on doit rappeler, à cette occasion que KUKENTHAL a trouvé des vestiges de cuirasse dans la peau d’un Cétacé encore vivant le Phocæna (Neomeris) phocænoides. — Les Squalodontes qui sont venus plus tard (Miocène et Pliocène d'Europe, d'Amérique et d'Aus- tralie) sont de véritables Cétacés Odontocètes. Les Balei- nes à fanons et les Dauphins débutent dans le Miocène, et tous les groupes de Cétacés actuels sont très nombreux dans le Pliocène, notamment dans le Crag d'Anvers qui nous montre la faune des mers d'Europe à cette époque comme beaucoup plus riche en Cétacés qu’à l’époque actuelle : les Physeteridæ (comprenant les Ziphiinæ) et les Balænidæ étaient beaucoup plus variés. : Les Siréniens datent de l’Eocène (Prorastomus de la Jamaïque). En Europe ils ont été représentés, dans l'Eocène et'le Miocène, par le genre Halitherium et quelques autres moins bien connus qui se rattachent au Dugong (Halicore) de la mer des Indes beaucoup plus qu'au Lamantin (Manatus) américain et africain. Le Ribo- don du Tertiaire de Patagonie est également un Siré- nien. On peut suivre chez ces animaux non seule- ment l'atrophie du système dentaire, mais encore celle des membres postérieurs : ainsi l'Halithéïium Schinzi montre encore des traces d’un bassin assez développé pour donner insertion à des membres en voie de régres- sion comme ceux des Pinnipèdes. Ceux-ci, c’est-à-dire les Phoques et les Otaries, font leur première apparition dans le Miocène et montrent dès cette époqueleurrépartition actuelle géographique : des Otaries fossiles ont été trouvées dans l'Amérique austraie et à la | Nouvelle-Zélande; en Europe, on n’a jamais trouvé que 236 LE NATURALISTE des Phoques, le genre Mesotaria Van Beneden n'ayant, malgré son nom, aucun des caractères distinctifs des Otaries. Les genres Pristiphoca et Monatherium se rap- prochent beaucoup du Pelagius actuel de la Méditerra- née, et prouvent que ce type s’étendait à l’époque plio- cène jusque dans la mer du Nord. Des Morses (Alacthe- rium, Trichecus) se sont avancés, à la même époque, jusque sur nos côtes ; le Trichecus rosmarus des mers arctiques se trouve dans le Crag d'Anvers et d’Angle- terre, avec des espèces éteintes et le T. virginianus dans le quaternaire de l'Amérique du Nord. Quant à l’origine de ces types marins, il semble évident que les Pinni- pèdes et les Siréniens dérivent de Mammifères primitive- ment terrestres ; mais rien ne prouve qu'il en soit de même des Cétacés qui peuvent descendre de Mammifères très anciennement marins et qui auraient eu deux paires de membres comme les Phoques et les Pythonomorphes. Résumé de la faune marine. — La revue rapide, et pour- tant déjà longue, de la faune marine que nous venons de faire, nous à semblé nécessaire pour bien montrer l’uni- formité relative que cette faune présente, à toutes les épo- ques, lorsqu'on la compare aux faunes d’eau douce et terrestres qu'il nous reste à examiner. Cette faune est répartie entre deux grands bassins maritimes (Atlantique et Pacifique), et encore le premier de ces bassins pour- rait-il être considéré, de même que l’océan Indien; comme une expansion moderne du Pacifique, car il n’a guère que des caractères négatifs. Les faunes littorales et pélagiques ne se différencient nulle part par des carac- tères essentiels : on peut dire qu’elles sont filles l’une de l’autre. Il en est de même de la faune des grandes pro- fondeurs et même de cette faune des Sargasses que l’on pourrait appeler une faune insulaire marine : on y trouve à la fois des types pélagiques (Glaucus, Phyllirhoë, Lepas), et des types Httoraux (Hydrobia, Helcion, Lepeta, Co- rambe), et ie Challenger a recueilli, en pleine mer un Amphioxus (Branchiostoma pelagicum), type cosmopolité, mais que l’on considérait jusqu'alors comme littoral, — De même, la faune des grandes profondeurs, si l’on met à part les Crinoides, qui semblent avoir toujours eu le même genre de vie, se montre composée de types émi- grés soit de la faune littorale, soit de la faune pélagi- que. Ainsi, parmi, les Poissons, les Ophidiidæ sont en partie littoraux, en partie parasites et pélagiques (Fieras- | fer) : ils ont même des représentants d’eau douce (Luci- fuga). Les Macruridæ et les Scopelidæ sont pélagiques. Très peu de formes sont spéciales. Il est évident que des migrations fréquentes, facilitées par la nature du milieu, ont contribué à uniformiser singulièrement la faune des océans. Les animaux qui respirent l’air par des pou- mons, les Serpents marins, les Pinnipèdes, les Siré- niens et les Cétacés, par exemple, n’ont pas échappé à cette loi générale, et nous avons noté le rôle si impor- tant que les courants ont joués dans la distribution géographique de ces animaux. La paléontologie nous montre que cette loi n’est pas nouvelle et qu’elle régis- sait déjà la zoogéographie des mers aux époques géolo- giques antérieures. ECHINODERMES (1). — Les Astéridées ou Etoiles de mer appartiennent à la faune littorale : cependant on connait plusieurs types propres aux grandes profondeurs :ilen est (1) Toute cette partie concernant les Echinodermes a été oubliée dans le n° 466 du 1°r août 1906. de même des Ophiures. Parmi les Astéridées, les genres qui sont cosmopolites sont ceux qui renferment le plus grand nombre d'espèces et que l’on peut considérer par suite comme les plus plastiques (E. PERRIER) ; tels sont: Asterias, Pentagonaster, Asterinæ, Astropecten.Le Pantago- naster semilunatus est la seule espèce commune à l’Atlan- tique et au Pacifique ; un seul Oursin (Diadema setosum) est dans le même cas. De même, à l'exception d’une seule es- pèce douteuse, aucune espèce n’est commune à la Méditer- ranée et à la mer Rouge :la faune de cette dernière se rat- tache à celle du Pacifique.On connaît cependant plusieurs espèces de mollusques qui se trouvaient déjà des deux côtés de l’isthme de Suez avant le percement du canal. Au contraire, la plupart des espèces de la Méditerranée se retrouvent dans l'Atlantique. Dans le Nord de cet Océan, six espèces se retrouvent des deux côtés en Eu- rope eten Amérique, mais à partir du cap Cod et de l'ile Nantucket, la faune américaine est différente. La faune du Pacifique est beaucoup plus riche que celle de lAt- lantique, sans doute à cause du grand nombre d’iles que présente la Polynésie dans la zone intertropicale ; un seul genre de l'Atlantique (Hippasteria) manque au Pacifique. } En résumé, les deux grandes régions Indo-Pacifique et Atlantique sont bien distinctes (1). — Les formes fossiles se rattachent étroitement aux formes actuelles, et ce fait est manifeste dès le Silurien où les Astéries, Ophiures et Euryales sont déjà représentées, bien que moins net- tement séparées que de nos jours. Comme pour d’autres groupes, les types de grande taille ont émigré vers les mers intertropicales à partir de la fin du Tertiaire. Les Echinoïides ou Oursins sont, comme les Astéridées, confinés dans la zone littorale, avec des représentants à presque toutes les profondeurs. Ces animaux vivent en sociétés nombreuses, sur les fonds de sable et de rochers dans les eaux peu profondes et se déplacent rarement. Leur distribution géographique actuelle est tout à fait comparable à celle des Astéridées. La faune des grandes profondeurs présente un faciès archaïque très prononcé, comme pour les autres Échinodermes. Ainsi les Echino- turidæ y sont encore représentés par Asterosoma (Calxe- ria) et Phormosoma ; les Ananchytinæ, si répandus à l’épo- que Crétacée et que l’on croyait éteints semblent avoir émigré dans les mers profondes (entre 600 et 4.000 mè- tres). Cidaris a des espèces litiorales et d’autres qui ne vivent que dans les grandes profondeurs. Les Holothuries (vulgairement « Concombres de mer »), animaux mous et qui rampent sur le fond, ont une dis- tribution géographique analogue à celle des Oursins: elles sont abondantes dans les grandes profondeurs. Les types fossiles ne se sont pas conservés en raison de la mollesse des téguments. Vers ou Annélides. — Les Vers marins habitent pour la plupart les zones littorales où ils se tiennent ordinai- rement cachés dans le sable, les trous de rochers, les bancs de coquilles, ou des tubes soyeux, cornés ou cal- caires qu'ils se construisent eux-mêmes : la plupart sont nocturnes et se nourrissent d'algues et d'animaux mi- croscopiques que beaucoup d’entre eux avalent avec le sable ou la vase au milieu de laquelle ils vivent. Un cer- ‘tain nombre de types, appartenant surtout aux Chéto- (1) E. Perner. Etude sur la Répartition géographique des Astérides (Nouv. Archiv. du Muséum d’Hist. nat: 2e SSI, | p: 1 Paris, 1878. LE NATURALISTE 231 podes et aux Polychètes (Alciopidæ, Tomopteridæ) sont- | pélagiques. Aphrodites, Nereides, Torrea, Briarea. Les Heteronereis présentent deux formes, l’une péla- gique et de petite taille, l’autre littorale, sédentaire, vi- vant dans des tubes et atteignant une taille double de la première. Dans le groupe des Némertiens, certaines es- pèces atteignent une longueur de 4 à 5 mètres et plus, mais le corps est toujours très grêle, dépassant rarement la grosseur du doigt. Très peu d’espèces se rencontrent dans les grandes profondeurs. — La distribution géogra- phique des Annélides est très vaste : les mêmes types se retrouvent du Pôle à l’'Equateur. Le cosmopolitisme des genres est la règle (DE QUATREFAGES). Les côtes grani- tiques sont plus riches que les côtes calcaires, ce qui dépend sans doute du plus grand développement de la flore sur les premières: les Annélides abondent dans les prairies de Zostères. Les espèces pélagiques elles-mêmes viennent sur les côtes pour se reproduire. D'après EHLERS, qui a étudié la distribution bashymé- trique des Vers marins, les espèces les plus répandues dans le sens vertical sont aussi celles qui ont l'habitat le plus étendu à la surface du globe : tel est Trebellides stremu qui s'étend de 69 à 197 mètres de profondeur dans l’Adriatique, vivant à des températures variables de 8 à 90, et qui se retrouve dans les mers arctiques, Ce fait est conforme à la théorie et s'accorde avec ce que l’on ob- serve sur les espèces terrestres des hauts sommets. Quelques espèces (Læna abyssorum, Placostequs benthe- lianus ont été découvertes à des profondeurs de plus de 5.000 mètres dans le Pacifique. — Le nombre des Anné- lides connues à l’état fossile est trop restreint pour qu'il soit possible d'en tirer des conclusions au point de vue de leur évolution géologique et géographique. S II. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX D'EAU DOUCE Les animaux d’eau douce tirent manifestement leur origine de la mer. Si l’on met à part la classe des Amphi- biens ou Batraciens, qui fait une exception si remarquable sous ce rapport, il n’est guère de groupe à habitudes aquatiques, dans la série animale, qui n'ait des repré- sentants à la fois dans les eaux salées et dans les eaux douces, soit à l'époque actuelle soit aux époques géolo- giques antérieures. En outre, on constate que beaucoup de types émigrent, d'une facon régulière, de la mer aux eaux douces, poussés apparemment par le besoin de trouver un fond plus tranquille pour y déposer leur pro- géniture. D’autres, plus rares, semblent avoir été oubliés par la mer dans de grands lacs autrefois salés et dont la salure a diminué peu à peu par l'apport incessant des eaux douces provenant des pluies et de la fonte des neiges. C’est dans les vastes estuaires, plus communs aux époques géologiques antérieures que de nos jours, que les animaux marins ont pu s’habituer à vivre dans l’eau douce. Ils y trouvaient, un double avantage : d’abord ils échappaient plus facilementaux grands carnivores à habi- tudes pélagiques (Requins, Ichtyosaures, etc.), puis ils pouvaient déposer leurs œufs dans des eaux moins agitées et où les petits nouveau-nés étaient exposés à moins de dangers. Encore aujourd’hui, les Cétacés recherchent les baies aux eaux calmes et les entailles des côtes pour y mettre bas et allaiter leurs petits. Le passage de la mer à l’eau douce des fleuves et des lacs a eu du reste une conséquence qui montre bien iusqu’à quel point ce nouveau séjour offrait plus de sécu- rité pour la conservation de l'espèce. Dans presque tous les groupes où les animaux marins présentent des méta- morphoses compliquées, ces métamorphoses ont dis-, paru d’une facon plus ou moins complète chez leurs représentants d'eau douce : il y a eu, suivant l’expres- sion consacrée, accélération dans le développement embryonnaire; et, comme conséquence naturelle, au lieu de ces nuées de jeunes larves nageuses dont la grande majorité est destinée à périr dans la mer où elles deviennent la proie de nombreux ennemis, les femelles ont donné naissance à des œufs plus gros et en moins grand nombre, d’où sortent des jeunes plus déve- loppés, plus semblables à leurs parents, ayant comme eux des habitudes sédentaires qui les exposent à moins de dangers. L'Ecrevisse (Asfacus fluviatilis) nous offre un exemple frappant de cette accommodation aux eauxadouces. Chez les représentants marins (Homarus), de cette famille des Astacidæ, on sait que le jeune sort de l’œuf sous forme de Zoé, larve de petite taille, très différente de l'adulte, et qui nage en haute mer avant de se transformer. Chez l’écrevisse d’eau douce, les choses se passent tout autre- ment : la femelle garde sa ponte fixée aux fausses pattes de l’abdomen; les œufs se développent lentement et le jeune qui en sort mesure 1 centimètre de long, est pourvu de pattes marcheuses et ressemble déjà à sa mère, sous l'abdomen de laquelle il continue à se réfugier jusqu’à ce qu’il soit assez grand et assez fort pour se sullire à lui- méme. On trouve d’ailleurs des intermédiaires, représen- tés, par exemple, par le Parastacus qui vit dans l’eau sau- mâtre des estuaire de l'hémisphère sud, Les Poissons qui émigrent annuellement dans les fleuves, ne passent pas brusquement de l’eau salée à l’eau douce. Ils séjournent quelque temps dans l'estuaire d’eau saumâtre s’habituant peu à peu au nouveau milieu dans lequel ils sont appelés à vivre. Beaucoup d'espèces semblent affectionner particulièrement l’eau saumâtre : telles sont l’Epinochette (Gasterosteus pungitius), le Flet (Pleurocnetes flesus), qui y dépose ses œufs; et ces deux espèces se pêchent dans les rivières très loin de la mer. Le Brochet (Esox lucius) vit dans l’eau faiblement salée du sud de la Baltique. Tous ces types appartiennent à des familles qui ont de nombreux représentants dans les océans. ; Le principal danger auquel sont exposés les organis- mes d’eau douce, au moins dans les régions tempérées de l'hémisphère nord, c’est d’être pris dans la glace. Ce danger n'existe pas dans la zone intertropicale, et lon sait qu’à l’époque, relativement très ancienne, où s’est constituée la faune des eaux douces, il en était de même sur tout le globe : à l’époque secondaire une température plus égale et plus élevée régnait d'un pôle à l'autre. Même à l’époque actuelle, les Mollusques ct les Poissons de nos rivières et de nos lacs échappent à la congélation en s’enfonçant dans la vase pour y attendre le dégel : c’est un mode d’hibernation qui rappelle l'hilernation des animeaux terrestres, Reptiles et Mammifères. Dans les pays intertropicaux dont les cours d'eau subissent des variations considérables, allant du régime torrentueux à la dessiccation complète, les organismes d’eau douce échappent, par le même instinct, à la mort quiles menace : ils s’enterrent dans la vase à la surface de laquelle la chaleur du soleil forme bientôt une croûte résistante et protectrice : c’est ce qu'onnomme l’estivation. En Birmanie, racontent les voyageurs, on est souvent 238 LE NATURALISTE surpris de se trouver arrêié par un véritable lac, peuplé de nombreux poissons, en traversant un chemin que l'on avait franchi à pied sec quelques jours auparavant. D'où viennent ces poissons ? Ils étaient simplement en- terrés dans le sol, et c’est une pluie torrentielle qui, ravi- nant le terrain en quelques heures, les a fait sortir de leur léthargie et les a rendus à leur élément naturel. On apporte souvent du Sénégal en Europe de singuliers œufs de grande taille dont la coquille est formée de terre glaise. Chacun d'eux renferme un poisson adulte (Proto- pterus annectens, qui, se trouvant dans les conditions de sécheresse dont nous venons de parler, s’est enveloppé d’un cocon de mucus qui s’encroûte de terre argileuse, et y attend patiemment sa délivrance. Il peut ainsi sup- porter un voyage de plusieurs semaines. Qu'on plonge cet œuf d'un nouveau genre dans l’eau tiède, et dès qu’il sera suffisamment ramolli, on en verra sortir le poisson qui se mettra immédiatement à nager. Sur une plus petite échelle, des faits du même genre ont été signalés dans nos climats tempérés. L'apparition soudaine de petits Crustacés des genres Apus et Lepidurus dans des mares, des fossés ou de simples flaques d’eau précédemment desséchées et récemment remplies par la pluie, a longtemps intrigué les naturalistes. On sait au- jourd’hui que ces Crustacés à métamorphoses ont des œufs d'assez grande taille qui peuvent rester longtemps enfouis dans la vase et résister à la dessiccation en gar- dant, même plusieurs années, leur vitalité latente. Que l’eau revienne emplir le fossé où ils sommeillent, et l’on verra ces œufs éclore, les larves qui en sortent se méta- morphoser avec une rapidité qui semble tenir du prodige et se montrer bientôt sous forme d'adultes. La distribution géographique des animaux d’eau douce et les conséquences qui en découlent au point de vue de l’évolution des formes animales, avaient tout spéciale- ment frappé DARWIN, et il n’est pas sans intérêt de rap- peler ici quelques-uns des faits sur lesquels il appelle l'attention dans son livre célèbre sur l'Origine des Es- pêces (1\: « Quelques espèces de Mollusques d’eau douce ont une très vaste distribution... Lorsque je recueillis, pour la première fois les produits des eaux douces du Brésil, je fus frappé de la ressemblance que j'y trouvais avec ceux de l'Angleterre, tandis que les productions terrestres en différaient complètement...» C’est par le transport par les oiseaux que ce fait peut s'expliquer. « Ayant suspen- du une patte de canard dans un aquarium où un grand nombre d'œufs de Mollusques d’eau douce étaient en train d’éclore, je la trouvai couverte d'une multitude de petits coquillages tous fraichement éclos, et quis’y étaient cramponnés avec assez de force pour ne pas se détacher lorsque je secouais la patte sortie de l’eau... Ces Mollusques, tout récemment sortis de l'œuf, quoique de nature aquatique, survécurent de douze à vingt heures sur la patte du canard dans un air humide, temps pen- dant lequel un Héron ou un Canard peut franchir au vol un espace de 900 à 1.100 kilomètres. Or, s'ilétait entrainé par le vent vers une île océanique ou vers un point quel- conque de la terre ferme, l'animal s’abattrait certaine- ment sur un étang Où un ruisseau. » «N'oublions pas non plus, ajoute DARWIN, qu’un grand (1) CHarces Darwin. L'Origine des Espèces, Edition défint- tive, traduction Ed. Barbier. Paris, 1906 (Schleicher frères), p.451 et suiv. — Je me permets de faire quelques changements à cette traduction qui laisse à désirer. nombre d'espèces d’eau douce ont probablement été autre- fois disséminées, autant que ces productions peuvent l'être, sur d'immenses étendues, puisqu'elles se sont éteintes ultérieurement dans les régions intermédiaires, » Ces considérations générales, si succinctes qu’elles soient permettront de mieux comprendre les particularités qui se rattachent à la distribution des animaux d’eau douce. Dr E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. (A suivre.) LE LOPAYERUS ;:RINI Dans la Haute-Marne, des plantations entières de pins ont été ravagées par le Lophyrus pini. Le mâle de cet hyménoptère a une longueur de 9 mil- limètres, la tête et le thorax sont noirs, les ailes sont transparentes à nervures brunâtres, les pattes et les cuisses noires et le reste jaunâtre, les antennes noires se composent de vingt articles. La femelle mesure 10 millimètres : la tête est brune le thorax d’un jaune clair avec trois taches noires, l’ab- domen jaune, noirâtre au milieu en dessus, d’un jaune clair en dessous; les ailes sont transparentes avec ner- vures brunes, les pattes d’un jaune clair avec quelques taches noires. La larve ou fausse chenille a une longueur de 25 mil- limètres, sa couleur est d’un vert pâle, chaque anneau présente trois rangées transversales d'épines fines de couleur noire, les pattes thoraciques sont noires, les pattes membraneuses ou fausses pattes sont marquées à leur base de deux ou trois taches noires, la tête est noirâtre. Les larves du Lophyrus pini exercent leurs ravages à deux époques de l’année. Les femelles font une ponte en mai, juin et juillet, et celles de la génération suivante en septembre et octobre, en insérant leurs œufs dans le parenchyme des aiguilles de conifères; chaque feuille peut contenir de 20 à 30 œufs, deux ou trois semaines après la ponte, ces œufs donnent naissance à des larves qui s’attaquent aussitôt aux feuilles et aux aiguilles de l’arbre. Deux fois par an, à la fin de leur état larvaire, les larves ide Lophyrus pini cessent de manger et se filent au bout des rameaux des cocons soyeux, simple, d’une couleur jaunâtre et dans lesquels les fausses chenilles se tiennent courbées, contractées et immobiles; celles d’été ne restent que peu de temps en cocon, celles d'automne y passent l'hiver, et ce n’est que peu de Jours avant l’éclosion qu'a lieu la transformation en nymphe. Les adultes de la première génération volent dès le commencement d'avril et ceux de la seconde éclosion dès la fin de juillet. Le moyen général de destruction consiste à couper en hiver, avec un sécateur, les amas de cocons groupés au bout des branches, les rassembler en taset les brüler. £ On pourra aussi secouer, pendant la période d’exis- tence des larves les branches des pins, de facon à faire tomber sur une toile tendue à terre, les larves de Lophyrus que l'on brülera ou écrasera ensuite, PAUL NOEL. LE NATURALISTE 239 CHRONIQUE & NOUVELLES Les excitants de la division cellulaire. — Des poissons sau- teurs. — Les divers usages que les araignées font de leur soie. — La capture et le transport de la proie par les araignées. Mile Maltaux et M.J. Massart ont étudié l'influence de divers excitants sur la division cellulaire en prenant surtout pour matériaux d’études un infusoire, le Chilomo- nas paramæcium. Quand on élève la température d’une culture de cet organisme, la durée de la division cellu- laire diminue notablement. De même, lorsqu'on ajoute de l’alcool'à la culture. Il semble qu’il n’y ait pas d’op- timum, puisque l'accélération de la division augmente au fur et à mesure que la température s'élève et que la - concentration de l'alcool devient plus forte. La chaleur modifie aussi le « tonus » de la cellule de Chilomonas : à température élevée, tous les phénomènes qui doivent préparer la cellule à se diviser s’accom- plissent beaucoup plus vite. Un échauffement brusque agit comme excitant du « mérisme » : sous son influence, un grand nombre de cellules se mettent en division. Il existe un seuil d'intensité d’excitation au-dessous duquel l’échauffement ne produit aucune réaction. Ce seuil est compris entre l’échautfement de 4° et celui de 20. Il y a aussi un comble d’excitation, c’est-à-dire une valeur d’échauffement au-dessus de laquelie l'excitation reste ineflicace : le comble est compris entre l’échauffe- ment de 44° et celui de 200. Le temps de latence diminue quand l'excitation augmente. Pour produire un effet, l’échauffement doit agir pen- dant un certain temps minimum : le seuil d'exposition est compris entre deux et trois minutes. Le temps de latence est plus court pour une exposition de quatre minutes que pour une exposition de trois minutes. L’intensité de la réaction, représentée par le nombre total de cellules qui se mettent en division sous l'in- fluence d’un échauffement, est plus grande quand l’é- chauffement est plus fort et quand les cellules y restent exposées plus longtemps. Les expériences précédentes montrent un échauffe- ment suflisant et agissant assez longtemps, qui provoque une réaction de la part des Chilomonas et qu'immédiate- ment apres la culture revient à son état initial. Quand on chauffe les Flagellates plusieurs fois de suite, chaque excitation détermine une réaction correspondante. D'une facon générale, l'addition d'alcool donne la même réaction que l’échauffement, Mais le nombre des cellules qui se mettent en division est plus considérable. Ainsi, quand on ajoute à la culture 6 0/0 d’alcool, toutes les cellules se sont déjà divisées dès la première heure, et la réaction n’est pas encore épuisée, car il y a 48 0/0 des cellules qui se divisent une nouvelle fois. On voit douc que la division celluiaire de Chilomonas paramæcium peut être considérée comme un réflexe non nerveux dont on connaît les principales phases, et dont on peut à volonté faire varier l'intensité. x * * M. André Dumesnil appelle l'attention sur les poissons sauteurs qui se rencontrent fréquemment en divers points du littoral de la péninsule hindoue et qui sont bien connus, notamment à Bombay, où l'on en vend des quantités considérables sur les marchés; les pêcheurs les emploient pour servir d'appâts vivants. Si ces poissons, du genre Gobius, demeurent sur les plages à la marée descendante, c'est pour subvenir à leur nourriture. Ils s’'alimentent en effet presque exclusive: ment de petits crustacés, de mouches et de divers in- sectes, Pour les chasser commodément, ils sautent de place en place, à la surface des endroits vaseux où ils se trennent de préférence, et s'aventurent ainsi jusque sur les vieux débris de bois qui se trouvent à la côte. Lorsqu'ils ne se livrent pas à cet exercice, ils demeurent tranquillement au repos sur le sol, inspectant soigneuse- ment les alentours pour se garder de tout accident; ils sont en effet très craintifs et, dès qu'on les approche, ils se retirent précipitamment vers les trous où ils se blot- tissent, par petits bonds successifs, très rapides. Le mécanisme de cette progression est assez simple. L'animal reploie vers sa gauche la partie postérieure de son corps qui se bande ainsi à la façon d’un arc. Puis il redresse brusquement tout son Corps, ce qui détermine un mouvement en avant. En même temps, il s'enlève en l'air en faisant effort sur le sol au moyen de ses deux na- geoires pectorales, dont il se sert en somme d’une facon analogue aux membres antérieurs du phoque. Cet em- ploi des membres antérieurs pour la saltation est déjà un fait vers des caractères d'animaux plus élevés. La con- vergence ne se borne pas là, elle se marque encore dans leur structure même, la longueur des os étant très exagérée. Enfin, au repos même, ils les utilisent d’une manière inédite chez les poissons, en s'appuyant dessus, pour se hausser et inspecter plus à lPaise ce qui les entoure. Un autre trait remarquable de leur organisation est la disposition de leurs yeux. Ils sont très proéminents à la partie supérieure de la tête, comme s'ils étaient sor- tis de leurs orbites, et cette disposition facilite beaucoup pour lanimal la recherche de ses aliments. Lorsque celui-ci rentre dans l'eau, son véritable élément naturel, les yeux reprennent eux aussi leur position normale ef sont recouverts d'une membrane protectrice. * + *# M.A. Lécaillon poursuit, depuis quelques années, d’in- téressantes recherches sur la psychologie des araignées, sujet palpitant et sur lequel on s'étonne de ne pas voir plus souvent de travaux. Il vient de condenser les prin- cipales conclusions auxquelles il est arrivé en les réunis- sant à celles de ses devanciers. D'abord, la soie. Elle sert beaucoup plus qu’on ne le croit généralement. C’est ainsi qu'elle peut être em- ployée ; 49 A la construction des toiles servant à la capture des proies; : 20 À la confection de tubes ou de cachettes, souvent à plusieurs ouvertures, qui ont pour effet de dissimuler l’araignée et de lui permettre de se dérober facilement, à ses ennemis. Ces tubes ou cachettes sont souvent annexées à la toile où les proies viennent se prendre; 3° À la construction de logettes spéciales, complète- ment closes, dans lesquelles les deux sexes se renfer- ment ensemble, à l’époque de l’accouplement. On peut observer ce fait, très facilement, chez Chiracanthium punctorium conservé en captivité. On constate que le mâle et la femelle prennent tous deux part à la confec- tion de la logette, filant alternativement ou simultané- ment le tissu qui formera la paroi de celle-ci. Après l’accouplement, qui dure pendant plusieurs heures, les deux sexes sortent de la logette en rompant sa paroi; 40 À construire des chambres spéciales dans lesquelles les femelles se renferment à l’époque de la ponte des œufs. Il en est ainsi, par exemple, chez les Chiracan- thium punctorium et carnifex. Dans ces deux espèces, la femelle construit une cellule complètement close, y pond ses œufs dans un cocon spécial, et y reste ensuite ren- fermée pendant très longtemps. Les petites araignées, après leur sortie du cocon, demeurent égalementpendant 240 LE NATURALISTE an certain temps dans la cellule maternelle. Dans Ange- lena labyrinthica, 11 y a parfois aussi construction d’une vaste chambre spéciale dans laquelle le cocon ovigère est déposé, et dans laquelle la femelle se tient ensuite égale- ment. Ordinairement cette chambre n’est pas com- plètement close, mais chez certains individus elle est entièrement fermée. Dans Theridium lineatum 1] y a aussi construction d’une chambrede ponte formée aux dépens d’une feuille ecroulée et dontles bords sont maintenus au moyen de fils de soie. Ici la femelle reste aussi dans la chambre après la ponte, et les petits y séjournent après leur naissance ; à 5° À construire des cocons destinés à contenir les œufs. Ce fait est bien connu, car il estextrêémement géné- ral. On doit noter qu'après leur naissance, les petits res- tent aussi dans le cocon pendant uu temps qui peut être considérable. Dans Angelena labyrinthica, les petites araignées passent l'hiver dans le cocon ou les enveloppes qui entourent celui-ci; elles ne scrtent qu'après être ainsi restées enfermées pendant trois mois environ ; 6° Au transport du cocon qui renferme les œufs ou les petites araignées. Ainsi, les Lycosidæ attachent leur cocon à leurs filières au moyen d’un faisceau de fils très courts et le transportent avec elles. Le Théridium rayé trans- porte le sien au moyen de fils pouvant au contraire être beaucoup plus longs: 7° A ligotter la proie, ce qui facilite la capture défini- tive de celle-ci, ainsi que cela se voit chez beaucoup d'araignées sédentaires ; 8° À transporter la proie. Le Theridium lineatum trans- porte ainsi sa proie de la même manière qu'il trans- porte son cocon. Le Lisaura mirabilis peut entourer sa proie d’une enveloppe soyeuse et porter ainsi le tout au moyen de ses chélicères, exactement comme lorsqu'il s’agit du transport de son cocon; 99 Comme moyen de locomotion, Ce fait est bien connu : beaucoup d'araignées se déplacent au moyen de fils qui pendent dans l’espace ou même sont envolés sous l’influence du vent (fil de la Vierge) ; 10° Comme moyen d'orientation. M. Lécaillon en cite un cas très démonstratif. Si l’on place un Theridium linea- tum, avec son cocon ovigère, sur une surface plane, par exemple au centre d’une table circulaire et horizontale, l'araignée fixe l'extrémité d'un fil de soie surson cocon et s'éloigne, en étirant le fil, jusqu'à ce qu’elle rencontre un objet plus élevé que le niveau de la table. Elle fixe alors la deuxième extrémité du fil à cet objet, puis retourne à son cocon, en suivant le fil, pour attacher un nouveau câble à son sac à œufs d’une partet à un autre objet d'autre part. Si l’on a soin d'enlever tous les objets placés sur la table, l’araignée arrive au bord de celle-ci et le suit sans trouver le point d'attache pour la deuxième extrémité de son fil. Mais elle peut encore retrouver facilement son cocon, même quand elle s’en est éloignée de plus de 50 centimètres, grâce au fil quila relie toujours à celui-ci. Si l’on coupe le fil conducteur, on constate que l’araignée se trouve dans l'impossibilité, malgré ses efforts, de regagner son point de départ. Ici, manifestement, l'insuffisance de la vue se trouve com- pensée par le moyen d'un simple fil de soie servant à gui- der l’animal. * # M. Lécaillon remarque aussi que, dans la manière de capturer et de transporter la pruie, il y a des différences importantes suivant que l’on considère telle ou telle espèce. L'’Araignée domestique saisit avec ses chélicères la proie prise dans sa toile et la transporte dans la cachette tubuleuse où elle se tient habituellement. Si on la dé- range pendant qu'elle le mange, elle l’abandonne ets’en- fuit sans emporter. L’Agélène labyrinthique mange sa proie à l’entrée de son tube de retraite ou même de la région élargie de sa toile. Si on la dérange, elle l’abandonne pour s'enfuir. Le Théridion rayé emporte sa proie dans la région centrale où 1l s’abrite (sous une ombelle de fleurs, par exemple), au moyen de nombreux fils de soie qu'il attache d’une part sur le corps àtransporter, et de l’autre sur les diverses parties de la plante où il se tient: en tirant ensuite sur les fils tendus, il parvient à hisser son fardeau à l’endroit où ille mangera. L'opération du transport est compliquée et se fait lentement, mais l'animal peut déplacer ainsi des fardeaux considéra- bles, eu égard à sa petite taille. Dans les espèces non sédentaires,particulièrement dans les Pisauridæ et les Lycosidæ, il se produit un phéno- mène curieux : les araignées saisissent leur proie, et, si elles sont obligées de fuir, l’'emportent en la tenant avec leurs chélicères. On est obligé d'employer la force pour arriver à la leur enlever; on doit, par exemple, tenir l'araignée d’une part, et d'autre part, exercer des trac- tions sur la proie. Si l'on saisit celle-ci avec une pince, l’araignée reste cramponnée,même quand on la soulève en l'air. L'explication de ces faits est très facile à trouver. Les espèces sédentaires, qui s’enfuient sans emporter leurs proies, retrouvent celle-ci quand, le danger passé, elles reviennent sur leur toile. Les espèces vagabondes, au contraire, douées d’une vue très imparfaite, ne pou- vant capturer leur proieque quand le hasard les amène à proximité de celle-ci, doivent nécessairement la conser- ver même quand elles sont obligées, de s'enfuir. Pour ces espèces, en effet, toute proie quittée serait une proie perdue; on comprend donc que la sélection naturelle ait favorisé les espèces ayant pris l'habitude d’emporter avec elles les aliments, — aliments difficiles à se procu- rer — qu'elles tiennent avec leurs pièces buccales,ou, ce qui revient au même, qu’elle leur ait imposé d'instinct d'emporter leur proie lorsqu'elles sont obligés de fuir. HENRI COUPIN. ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement de reconnaissance, etc. L'ESCARGOT On a vu plus haut qu'il est question des yeux des escargots, organes qui seraient situés à l'extrémité de leurs tentacules. Bien des personnes nient l'existence de ces organes, entre autres Louis Figuier, qui se base sur ce fait qu'une lumière subite et éclatante n'influe en rien sur le limacon. La raison n'est pas absolument péremp- toire, et il en est sans doute pour les yeux du limaçon comme pour ceux de la taupe. Quoi qu’il en soit, on place généralement les yeux de l'animal au sommet des deux plus grands tentaäcules : c’est l'avis de Claus (1), de Swammerdam (2), du Dr Thomas Brown (3), etc. (1) Traité de zoologie, traduit par Moquin-Tandon. Paris, 1884, in-80. (2) Collection académique, t. V, passim. (3) Essai sur les erreurs populaires. Paris, 1733, 2 vol. in-12. LE NATURALIST 241 Au livre IT de son Banquet des savants, Athénée n’a garde d'oublier l’escargot : €On lit, dit-il, dans Phylillus : « Femme, je ne suis ni « cigale, nilimacon (1). » (I dit ailleurs : « Des mendoles, des maquereaux, des « limaçons, des coracins. » « Hériode appelle l’escargot « porte-maison ». «Anaxilas à dit : « Tu es plus méfiant que les lima- « ÇOns qui portent partout leur maison. de peur qu'on «ne la leur enlève. » « On propose quelquefois, dans les repas même, cette espèce de gryphe ou d’énigme sur le limacon : « Je suis « enfant des bois, sans piquants, et privé de sang, lais- «sant toujours de l'humidité sur ma route. » « Théophraste dit, dans son Traité des animaux qui se retirent dans les trous : « Les limaçons s’y retirent en « hiver, et surtout l'été; mais les pluies d'automne les font « paraitre en grande quantité. C’est dans la terre ou dans « les creux d'arbres qu’ils vont se cacher ». . Voici une autre énigme, de Symposius, sur l'escargot; c'est la XVIIIe de son opuscule : COCHLEA Porto domum mecum, semper migrare parata ; Mutatoque solo, non sum miserabilis exul, Sed mihi consilium de cœlo nascitur Ipso. « Je porte ma maison avec moi, toujours prêt à émigrer; mais quoique je change de contrée, je ne suis pas pour cela un misérable éxilé : c’est au ciel lui-même que je demande conseil (2). » Cicéron, en parlant du langage apocalyptique de certains auteurs, a écrit aussi sur l’escargot une phrase qui constitue une véritable énigme : (De Divinatione, lib. II, cap. Lx1V). — « Héraclite est inintelligible, Démocrite est fort clair. Les comparerez- vous l’un à l’autre? C’est dans mon intérêt que vous m'avertissez, de manière que je ne comprenne pas: pourquoi alors m'avertissez-vous, si je ne dois pas com- prendre ? C'est comme si un médecin, au lieu de prescrire à son malade ce que les hommes appellent un escargot lui ordonnait de prendre : Terrigenam, herbigradam, domiportam, sanguine cassam... » (Un enfant de la terre rampant sur l'herbe, portant une maison, et dépourvu de sang.) Plaute parle deux fois du colimacon dans ses Comédies: _ Les Captifs, acte T, scène 1 : Quasi quum caletur, cochleæ in occulto latent Suo sibi succo vivunt, ros si non cadit. « De même que, pendant les chaleurs, les limacons languissent enfoncés dans leur coquille et se nourrissent de leur propre substance, tant qu'il ne tombe pas de rosée... v F Le Carthaginoïis, acte III, scène 1, vers 29 : « Si je vous avait dit de venir diner au temple, vous devanceriez les cerfs à la course, et vos jambes s’allonge- raient comme des échasses; mais parce que je vous prie de m'assister et de me servir de témoin, vous êtes gout- teux. et un limaçon se traîne moins lentement. » GE SRE PEAR RE NE SNE EREEN RE R EVE (1) C'est-à-dire : je ne vis ni d'air ni d’eau; il me faut du vin. . (2) Ce dernier vers s'entend sans doute de ce que le colimaçon semble dresser la tête et examiner le ciel, pour savoir si, au cas d'une trop forte chaleur ou d'une tempête prochaine, il doit plier sa tente et déménager préalablement. y Dans ses Hiéroglyphes (1), chapitres xxx et xx1, Jean- Pierre Valérien nous indique ce qu’il faut penser du limaçon -en langage hiéroglyphique (je dois prévenir qu'Horus Apollo ne les mentionne aucunement dans son commentaire grec des hiéroglyphes d'Egypte) : CHAPITRE XXX. — Adioustons icy le limasson, que les pauures gents mangent en guise de poissons, lequel toutefois habillé par les anciens et serui sur leurs tables, augmenta jadis les délices des Romains. La force musculaire de l'escargot est vraiment prodi- gieuse. On à vu de ces animaux, de taille ordinaire, attachés par un fil à un verre plein d’eau, le traîner sans effort apparent sur une table; et l’on peut affirmer sans exagération que le poids du corps ainsi mis en mouve- ment représentait 150 ou 200 fois celui de l'animal ; c’est comparativement, comme si un homme pesant 75 kilo- grammes trainait une masse de 11.000 à 15.000 kilo- grammes. | Mais 1l y a mieux. ; Certains escargots creusent des excavations dans des roches très compactes, La première observation de ce genre (2) fut faite par le Pr Buckland à la réunion de la Société géologique de France, à Boulogne, en septem- bre 1840, où son attention fut appelée par Greenougbh sur un nombre considérable d’excavations d’une forme par- ticulière que présentait, à sa surface inférieure, le bord d'une roche carbonatée. Au premier abord, on aurait pu les prendre pour les trous que creusent les pholades ; mais y ayant trouvé un grand nombre de coquilles de l’'Helix aspera, il en conclut qu’elles avaient été faites par ces derniers, et que probablement elles étaient le travail de bien des générations. Ce mollusque emploierait, pour creuser ces excavations, la même opération à laquelle à recours le Patella vulgata lorsqu'il se creuse une demeure dans la pierre calcaire, et qui consiste dans l'emploi d’un acide sécrété par un organe spécial. S'il fallait s'en rapporter à Voltaire (3), ce qu’il faut faire le moins possible quand il s’agit de science ou d'histoire, la décollation serait sans nul effet sur les escargots ; tout au plus leur rafraichirait-elle les idées, en provoquant la venue d’une deuxième tête pour remplacer la pre- mière : É « Si vous voulez quelque chose de plus extraordinaire, dit-il, quelque chose de plus digne de l'observation des philosophes, regardez le colimacon, qui marche un mois, deux mois entiers, après qu’on lui a coupé la tête, et au- quel ensuite une tête revient, garnie de tous les organes que possédait la première. Cette vérité, dont tous les enfants peuvent être témoins (4), vaut bien l'illusion des polypes d’eau douce (5). Que devient son sensorium, sa mémoire, son magasin d'idées, quand on lui a coupé la tête? « Comment tout cela revient-il? Une âme qui renaitest un phénomème bien curieux! » IL y revient plusieurs fois, notamment à la fin de l'article SERPENT; au chapitre 1v des Singularités de la (4) Prius Varerus. Les Hiéroglyphiques de lan-Pierre Valérian, vulgairement nommé Piérius. Lyon, 1615, in-folio. (2) Revue Britannique, juin 1842, p. 431. (3) DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE, au mot Polypes. (4) Pourquoi seulement les enfants ? (5) Voltaire était persuadé que les polypes étaient des plantes, et non pas des animaux; il avait une foule de croyances de ce genre qu'il imposait doctoralement à ses lecteurs. (ll 242 LE NATURALISTE nature, intitulé : Des limacons ; dans sa lettre 7.304 au comte d'Argental, du 27 juillet 1768; dans sa lettre 7.375 à M. de Chabanon, du 2 novembre 1768, et enfin dans l’opuscule intitulé : Les colimacons du R. P. Lescarbotier, Puis, à la fin du Dictionnaire philosophique, il fait la rétractation suivante : « Ma première rétractation est sur les ciseaux avec lesquels j'avais coupé plusieurs têtes de limacons. Toutes leurs têtes revinrent en 1772 ; mais celles que je coupai en 1773 ne sont jamais revenues. Des gens plus habiles que moi m'ont fait apercevoir que lorsque mes têtes étaient ressuscitées, je n’avais coupé que la peau de leur visage, et que je n'avais pas entamé leur cervelle, qui est la source de leur vie, tout comme chez nous. Lorsque j'ai coupé la tête entière avec plus d'adresse, cette tête ne s’est point reproduite; mais c'est toujours beaucoup d'avoir fait naître des visages (!! 1). » Le célèbre avocat Linguet, qui avait eu, dès 1770, con- naissance des affirmations erronées du patriarche de Fer- ney sur l'escargot, publia, dans le Mercure de France de juin de cette année, page 153, une lettre dans laquelle il s'élève contre la possibilité de trancher la tête aux escargots sans les faire périr. Néanmoins, si Voltaire et Linguet avaient connu l’Holothurie, — qui se divise volontairement en deux fragments, lesquels reconstituent bientôt deux zoophytes entiers et complets, — ils se seraient mis d'accord sur les ressources infinies que possède la nature pour la réintégration de certaines parties du corps, et même de la tête, enlevées à des ‘êtres placés tout à fait au bas de l'échelle animale. Dans une réimpression d’un vieil almanach, le Com- post de 1410, se trouve une figure assez singulière signa- lée par M. Nisard qui a essayé d'en donner l’expli- cation. C'est un château-fort assiégé par une troupe d'hommes d'armes, au milieu desquels est une femme qui semble les commander et qui brandit une quenouille. Sur l’esgargaite, ou tourelle du bastion du château, setient un escargot, les tentacules dehors, et se tenant tout droit. Au-dessus de l'image se trouve l'inscription : Le débat des gens d'armes et d'une femme contre un lymasson. Au-dessous, les trois strophes suivantes : LA FEMME A HARDY COURAGE Vuide ce lieu, très orde beste, Qui des vignes les bourgeons manges Soit arbre ou soit buisson. Tu as mangé jusques aux branches De ma quenouille. Si tu t'avances Je te donrrai tel horion, Qu'on l’entendra d'icy à Nantes. LES GENS D'ARMES Lymasson, pour tes grands cornes Le chasteau ne lairrons d’assaillir, Er si pouvons te ferons fuir De ce beau lieu où tu reposes. Oncques Lombard ne te mangea A telle sauce que nous ferons ; Nous te mettrons dans un beau plat, Au poyvre et aux oignons. Serre les cornes, nous {e prions, Et nous laisse entrer dedans : Autrement nous t’assaudrons De nos bastons qui sont tranchans. LE LYMASSON Je suis de terrible façon; Et si ne suis qu'un lymasson Ma maison porte sur mon dos, Etsi ne suis ne chair ny dos, J'ai deux cornes dessus ma teste, Comme un bœuf, qui est grosse beste De ma maison je suis armé, Et de mes cornes embastonné. Si ces gens d’armes-là s’approchent, Ils en auront sur leurs caboches ; Mais je pense, en bonne foy, Qu'ils tremblent de grand peur de moy. M. Nisara dit que «la position qu'occcupe l’escar- got sur la tour, le langage des soldats qui le somment de les laisser entrer dans le château, la réponse de la bête, qui s’y refuse et menace d'appeler la garnison à la rescousse contre les assaillants; enfin l’organisation particulière de l’escargot, qui l'oblige à adhérer forte- ment aux objets sur lesquels il rampe et à y rester im- mobile jusqu'à ce qu'il en soit chassé par la force ou le besoin, tout indique que l’on a fait jadis du colimaçon l'emblème de la sentinelle de guerre, et que le nom d'escargaite, devenu par corruption escargot, lui en est resté ». Littré et Diez n’acceptent pas cette étymologie un peu fantaisiste ; ils pensent qu'escargot viendrait plutôt de l'espagnol caracol, venant lui-même de karkara, tourner, en arabe, à cause des circonvolutions de sa coquille. En médecine, l’escargot avait jadis, et trouve encore, de nombreux emplois. C'était surtout un remède pour l'intérieur; leur décoction, très mucilagineuse, passe pour éminemment pectorale, et s’administre principale- ment dans les maladies de poitrine, encore aujourd’hui dans le Midi, comme nous le verrons tout à l’heure pour le ténor Laborde. Galien enseignait que, appliqués sur le ventre, ils guérissaient l’anasarque. PLINE, uu cha- pitre xv du livre XXX de son Histoire naturelle, nous dit : «Un des meilleurs remèdes pour l'estomac est de man- ger des escargots. Il faut leur faire jeter un bouillon en les laissant intacts, puis les faire griller sur les charbons sans y rien ajouter; ensuite, les prendre avec du vin et du garum. Les escargots d'Afrique sont les meilleurs. On a récemment reconnu l'efficacité de ce moyen sur nom- bre de personnes. On fait aussi la recommandation de les prendre en nombre impair (1). Toutefois, ils ont un suc qui rend l'haleine forte (2). Pour les hémoptysies, on ôte la coquille, on écrase l'animal, et on le donne dans de l'eau. Les plus esti- més, parmi ceux d'Afrique, sont ceux du promontoire du Soleil, puis ceux d’Astypalie, puis ceux de Sicile, pourvu qu'ils soient de médiocre grosseur; car les gros sont durs et sans suc; puis ceux des Baléares, nommés Cavatiques parce qu’ils viennent dans les cavernes. Parmi les escargots des iles, on estime ceux de Caprée. Mais, de toutes ces espèces, aucune, ni vieille ni fraiche, ne fait un met agréable. Les escargots de rivière et les escargots blancs ont une odeur fétide. Les escargots des bois font mal à l'estomac et relâchent le ventre, comme tous ceux d’une petite espèce. Avaler des escargots crus, pilés dans trois cyathes d’eau tiède (14 centilitres) apaise la toux. (Livre XXX, ch. xzm). — Les escargots, pris en aliment, accélèrent l'accouchement; appliqués avec du safran, ils accélèrent la conception ; avec de l’amidon et de la gomme adragante, en topique, ils arrêtent les (1) Chez Pline, la superstition ne perd Jamais ses droits. (2) Surtout quand on les farcit d'ail et de persil. | LE NATURALISTE 243 0 pertes. En aliment ils sont bons pour les règles ; ils remé- dient aux déplacements de la matrice, avec un denier de moelle de cerf et autant de souchet pour chaque escar- got. Ils dissipent les gonflements de la matrice, tirés de leur coquille et écrasés avec de l'huile rosat. (Livre XXXII, ch. x1x). — La chair, crue ou cuite, des escargots de rivière, est bonne contre les piqüres de scorpions ; plusieurs, à cet effet, en gardent de salés. On s'en sert aussi en topique surles plaies mêmes. SERENUS SAMMONICUS (De medicina præcepta, Ch.XXxXHI) s'exprime ainsi: «.…. Si la conception a lieu, la femme fera bien, pour se procurer un accouchement fa- cile et sans suites fâcheuses, de boire une infusion de dictamme et de manger des escargots. » EL GHAFEKY, médecin arabe, cité par Ibn-el-Bethar dans son Traité des simples, donne les indications sui- vantes : «La chair des escargots et des coquillages estutile contre les morsures des chiens enragés. Triturés et appliqués sur les tumeurs indurées, ils les résolvent. On fait un mélange de myrrhe et d’aloès avec le mucus des escargots, etce mélange, appliqué sur le front, dessèche les humeurs qui viennent de la tête aux yeux. Pour extraire ce mucus, on prend les escargots à l'étatfrais, et, les approchant du feu, on les pique avec un fer pointu jusqu’à ce que le mucus s'écoule, » E. SANTINI DE RIOLS. (A suivre.) CEMYOSTOMA SCITELLA (LA TACHE NOIRE) J'ai reçu cette année des plantes de Montmerency (Seine-et-Oise) au sujet des ravages occasionnés par la Cemyostoma scitella, plus connue sous le nom vulgaire de tache noire. Je crois donc intéresser les lecteurs du Naturaliste en leur donnant ici la description, les mœurs et moyens de destruction de cet insecte. Description. —5 à 6 millimètres d'envergure; ailes droites à la côte, à fond gris perle brillant, traversées vers l'extrémité par deux lignes géminées jaune d’or brillant, qui s'appuient sur üne sorte d'œil formé d’un point bril- lant argenté entre deux gros points noirs ; la partie api- cale traversée par plusieurs lignes brunes en forme de rayons d'étoile, tête, thorax et corps gris perle brillant. Mœurs. — La chenille vit entre les deux épidermes des feuilles du poirier où elle forme une tache noire qui s'agrandit en cercles concentriques plus ou moins régu- liers, mais se rapprochant toujours d'une manière nota- ble de la forme circulaire et là se nourrit de la chloro- phylle. Les feuilles de poirier privées de chlorophylle végètent et noircissent; si l’on regarde par transnarence on apercoit bientôt la chenille longue de 2 à 3 milli- mètres, qui ressemble beaucoup à un petit asticot. Arrivée à sa taille, cette chenille quitte la mine, se suspend à un fil et attend que le vent l’amène contre le tronc de l’arbre ou le mur voisin. Elle file alors une petite coque de fine soie blanche très renflée au milieu, très fine aux deux extrémités, d'où l’insecte parfait sort d'avril à juillet, suivant que la chenille s’est développée plus tôt ou plus tard. Moyens de destruction. — Lorsque les feuilles sont atta- quées, ce qui se reconnaît facilement aux indices indi- quées plus haut,le meilleur moyen consiste à les enlever aussitôt qu'on les apercoit et à les brüler avec soin. Puis au mois de mai, suspendre de place en place dans les arbres attaqués, de petites bouteilles de our 100 grammes, remplies de sulfure de carbone, les va- peurs de ce composé tuent les papillons et les larves, et comme les vapeurs qui se dégagent de ces fioles se répandent dans tout l'arbre, on peut facilement, en deux années successives, détruire complètement cet insecte qui, sans cette précaution, deviendrait un fléau redou- table. ACADÉMIE DES SCIENCES Sur l'existence de formes-levures stables chez « Ste- rigmatocystis versicolor » et chez « Asperg'llus fu- migatus » et sur la pathogénéité de la levure issue de ce champignon. — (Note de M. G. Onin, présentée par M. GASTON BoNNiEr.) M. Odin avait obtenu antérieurement la transformation de spores de Penicillium et de Coremium en des formes-levures stables. En étendant ses recherches à des espèces différentes de champignons telles que certains Sferigmatocystis et Aspergillus, il est encore parvenu à transformer les spores de ces deux espèces en des formes-levures stables qu'il n'a pas été possible jusqu'à présent de ramener à leur type primitif. La première espèce qui a donné ce résultat est Sferigmalo- cystis versicolor. Le procédé employé pour ce champignon est identiquement le même que celui employé pour les Penicillium et les Coremium cités plus haut : culture en chambre humide hermétiquement close et en milieu sucré. Les dimensions de ces formes-levures sont d'environ 4 à 5 y de long sur 2 à 3 y de large. La deuxième est Aspergillus fumigatus. Pour cette espèce, les cultures sont faites en chambres humides, tantôt en milieux sucrés, tantôt dans du bouillon de poumon de pigeon (stérilisé), additionné d'un peu de glucose (2 gr. 7 par litre). Pour lun et l'autre milieu, les chambres humides sont placées dans une étuve dont la température varie entre 36°,5 et 390. É Ces cultures ont donné d'une part : des spores normales, fortement colorées et disposées en plumeaux ; d'autre part : à l'extrémité de certains filaments occupant surtout la périphérie de la goutte de culture, des spores plus petites, non colorées, réfringentes et présentant un point brillant vers leur centre. En laissant vieillir les cultures, ces dernières spores réfrin- gentes, qu'on peut dire anomales, ont bourgeonné en levures. Quelque temps après les spores normales à leur tour ont bour- geonné en levures. Toutes ces levures reprises dans la culture en cellule Van Tieghem et reportées sur milieu solide, tel que carotte ou pomme de terre, se sont juqu à présent maintenues « levures ». Etant données les propriétés pathogènes des spores d'Asper- gillus fumigatus, il était intéressant de se rendre compte si les levures qui en provenaient présentaient les mêmes propriétés que leur type ancestral : c'est en effet ce que l’auteur à pu constater en injectant de ces levures débarrassées de leur moût dans la veine marginale de lapins. Remarques au sujet du développement artificiel de | « Ascaris vitulorum ». — (Note de MM. L. Jammes et A. Marri, présentée par M. Azr. Grarp.) Les auteurs signalent les résultats de leurs expériences sur le développement de l’Ascaris vilulorum. La réceptivité de l'hôte de l'Ascaris vitulorum parait dépendre d’abord de sa température. La nature des sucs digestifs intervier: ensuite. La succession d’un milieu acide et d’un milieu alcalin constitue une condition favorable; l'œuf subit dans l'estomac une action stimulante au contact du suc gastrique, le passage de l’œuf en milieu alcalin peut être défavorable quand l'embryon est insuf- fisamment développé. La rupture de la coque est un phénomène physique dont la production ne dépend pas de l'âge de l'embryon, une rupture prématurée entraine la destruction de l'œuf. Les changements dans la composition des sucs digestifs selon les hôtes où les anomalies fonctionnelles. qui peuvent se pro- duire sur chacun d’eux doivent nécessairement créer des états de réceptivité inégaux. De là découlerait une explication pos- sible de l’existence d'hôtes favorables où défavorables: de la réceptivité inégale d’un même hôte à ses différents âges. Il est à penser que les autres Helminthes présentent des conditions de développement analogues à celles constatées pour l'Ascaris vilulorum. Les différents modes évolutifs des Vers sont certainement régis par une loi générale simple. Les hôtes vivants ne sont pas des terrains prédestinés, mais des milieux où les éléments, devenus, par une longue adaptation, néces- saires à la vie des Helminthes, se trouvent réunis. Sur Ja composition histologique de la lymphe des Rumimamts.— (Note de M. E. ForGroT, présentée par M. A. CHAUvEAU.) Actuellement il est admis par les histologistes et les physio- logistes classiques que la lymphe est un liquide incolore ou à peine ambré et qu’elle ne contient qu’un seul élément figuré, le globule blanc. Cependant, dès 1670, Elsner avait trouvé, à la suite de la ligature des vaisseaux lactés, au lieu de chyle un liquide rouge comme du sang. En 1774, Hewson montra que la lymphe issue de la rate con- tient des globules rouges ; il les trouva aussi dans le vaisseau efférent d'un ganglion lymphatique. Tiedmann, Gmelin, Gürlt trouvèrent de la lymphe rouge dans les lymphatiques du bassin. D'autre part, Lane et Ancell (1840), Gulliver (1846) virent des globules rouges dans la Iymphe et les considérèrent comme des globules jeunes. Malgré ces recherches, la plupart des histologistes et des physiologistes admettent que la lymphe recueillie purement ne contient pas d'hématies; si la lymphe est rouge c'est qu'elle est souillée pendant l'établissement de la fistule ou par suite du reflux du sang dans le canal thoracique. Pour Colin, « les globules rouges ne se trouvent pas dans la lymphe si elle est pure, sauf dans celle de la rate. Ceux qui s'y trouvent mêlés par accident y deviennent souvent dentelés et y éprouvent une réduction de diamètre que Ch. Robin évalue à l'où 2». : Depuis, Retterer (1901) a montré que la ligature du tronc lympathique cervica! d’un chien ou d’un lapin, saigné préalable ment, provoque l'apparition des globules rouges dans la lymphe des ganglions et des lymphatiques ligaturés. L'auteur s’est proposé de rechercher la composition de la lymphe en différents endroits du corps chez les Ruminants. Les expériences l'ont amené à conclure qu'en dehors du chyle ne contenant pas de globules rouges, on trouve, dans l'organisme des Ruminants, deux sortes de lymphe : 10 Celle qui n’a pas encore traversé un ganglion lymphatique et ne contenant qu'un seul élément, le globule blanc et qui ne renferme jamais à l’état normal, de globules rouges; 29 La lymphe sortant des ganglions et qui est susceptible de contenir un nombre variable de ces éléments. Les ganglions lymphatiques des Ruminants ne sont donc pas seulement des centres leucopoiétiques; ils peuvent aussi contri- buer à la formation des hématies. Bibliographie La Touche (J.-D.). Field-Notes on the Birds of Chin- kiang, Lower Yangtse Basin-I. The Ibis, 1906, pp. 427-450. : . Livanow (N.). Acanthobdella peledina Grube, 1851. Zool. Jahrb., ablh. anat., XXII, 1906, pp. 631-866, 434. pl. XXXITI-KLIT. 4236. Marchal (P.). 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C’est ainsi que dans certaines espèces on rencontre des coquilles à spire épaissie et d’autres à spire aplatie; ce fait doit être considéré comme une différence sexuelle, les coquilles présentant le premier caractère pouvant être atribuées aux individus femelles, alors que les autres seraient ce qui reste des mâles. Les différences qui s’observent dans l'ornementation proprement dite des tours de spire, c'est-à-dire l'absence ou la présence de plis, de côtes, d'épines ou de tuber- cules, ou le degré de développement de ces différents ornements, sont dues, non plus au sexe de l'animal, mais à son âge, tout au moins dans une cer- taine mesure. : D'autre part, il y a lieu de faire remarquer que, si l’on examine un nombre suffisant d'exem- plaires de tailles variées, on constate aisément que lemême mode d'ornementation peut se mon- trer sur des individus arrivés à des stades de développement très différents. Alors que, chez les uns, les tubercules et les côtes qui parais- sent représenter l’âge moyen sont nettement accusés, bien que la coquille n’ait qu’un tres faible diamètre, chez d’autres, au contraire, d’un diamètre beaucoup plus considérable, cette ornementation est à peine ébauchée. De même cette ornementation peut persister, sur certaines coquilles, bien plus longtemps que sur d’autres, et l’on voit alors des individus de très petite taille présenter les caractères de la vieillesse : époque durant laquelle les ornements sont en voie de régression. Il nous paraît donc rationnel d'admettre que les carac- tères fournis par l’ornementation, bien que temporaires chez certains individus, peuvent atteindre, chez d’autres, un degré de fixité suffisant pour faire regarder ces derniers comme des variétés constantes d’un type donné. C’est du moins ce que nous croyons avoir reconnu dans l’examen d’une série d’Acanthoceras Milletianum d'Orb. sp. que nous avons eu à notre disposition et qui ne comportait pas moins d'une centaine d'individus, à tous les degrés de développement. Le type d'Acanthoceras Milletianum, tel que l’établit Al. d’Orbigny en 1840, dans sa Paléontologie française (Terrains crétacés, t. I, p. 263), présente les carac- tères suivants, que nous transcrivons textuellement : « À. testà discoideâ, transversim costatà; costis alter- « nantibus unâ longâ, intermedusque 1-brevibus ; dorso, « subcarinato; ultimo anfractu 42/100 ; aperturâ subro- « tundatà, anticè truncatà biangulatâ , septis acqualibus « lateraliter trilobatis. « Coquille discoidale, peu comprimée, ornée en tra- « vers, par tours, de 31 grosses côtes saillantes, droites « alternativement ; les unes, partant du bord de « l’ombilic, passent sur le dos, tandis que les autres, 9 SÉRIE — IN 472 1. Individu vu de côté ; 2. le même vu du côté de cloison grossie; 4. vu du côté de la bouche, montrant le dessus d’une cloison. Réd. de motié. 1° NOVEMBRE 1906 «intermédiaires, ne commencent qu'au tiers interne de « la largeur de chaque tour. Toutes sont également « espacées sur le dos, où elles forment, de chaque côté, « un angle marqué. Spire composée de tours subqua- « drangulaires, apparents dans l’ombilic sur les 2/3 de « leur largeur ; le dernier a les 42/1400 du diamètre « entier. « Observations. — Les côtes sont d'autant plus rappro- « chées et d'autant plus anguleuses que les individus « sont plus jeunes ; aussi, en vieillissant, les côtes « s’éloignent de plus en plus, et les tours deviennent « moins embrassants chez les mâles, plus larges chez les « femelles. » Dimensions : Diamètre......,.... sa 0,039 HDAISSEURE- ne 2 CUS 0,019 Largeur du dernier tour. 0,016 A cette description, d’'Orbigny joint des figures qui constituent la planche LXXVII de son atlas et que nous reproduisons exactement ci-après : Fig. 1. — A. Milletianum d'Orb. G. Fig. 1. — Reproduction exacte de la planche LXXVII de la Palconto- logie française. (Terrains crélacés, t. I.) la bouche; 3. un un jeune individu, vu de côté; 5. le même, Comme il était facile de s’en rendre compte par l'examen de cette figure et la lecture de la description, aucun des individus qui existent dans la série que nous allons étudier ne correspond exactement autype tel qu’il a été déterminé par d'Orbigny. Donc, après avoir réparti les exemplaires soumis à notre examen en neuf groupes composés d'individus dont le diamètre suivait une progression décroissante, du 4°r au 9°, nous avons alors recherché dans chacun de ces groupes les formes qui se ressemblaient par le mode d’ornementation, et nous sommes arrivés à constituer ainsi quatre séries assez distinctes. La constance des caractères extérieurs qui se montrent sur les individus qui composent chacune de ces séries nous engage à les considérer comme des variétés suffi- samment fixes pour être désignées par ur qualificatif particulier. C'est, d’ailleurs, ce qu’indique le tableau suivant, qui donne, en même temps, par groupes et par variété le nombre d'individus observés. Nous donnons ci-après l’énumération succincte des caractères qui distinguent ces différentes formes. 1o Var. I, plesiotypica, Nob. Variété qui parait assez voisine du type, avec côtes 246 LE NATURALISTE épaisses, moins régulièrement disposées et un peu plus flexueuses, comme le montre notre figure 2 qui la re- présente. VARIÉTÉS » & ECHELLE DES TAILLES a A > NOMBRE DES INDIVIDUS] 2 À PAR VARIÉTÉ é À 5 © D s En 5 s| 45 © haie a DIAMÈTRES | 21 $! dl xx s 5 HFRSESES]) 2 a DES INDIVIDUS OBSERVÉS | re lireleien [4] d A E Fa © = Le Lo] ES É CES | Ces LL | RD | 1 de 0,045 à 0,040 2 2 0 5 2 0,039 0,035 4 2 3 3 12 3 0,034 0,031 3 1 ù 4 13 #4 0,030 0,028 5 3 5 4 17 5 0,027 0,025 3 1 6 5 15 JR 0,025 0,024 3.1 4 lle 15) #44 7 0,023 0,021 0 1 6 / 12% 8 0,021 0,019 0 2 o L 5 9 0,018 0,016 0 l k 1 6* Totaux par variétés,des in- dividus observés........ DORA SG UIMOT 96 * Dans chacun de ces groupes, 4 exemplaire a été mis de côté, comme défectueux, ce qui portait le total de la série observée à 100 exemplaires. Fig. 2. — À. Milletianum, d'Orb. sp. Var. plesiotypica. Certains individus, appartenant à cette variété, sont ornés sur le pourtour de l’ombilic d’un rang de tuber- cules arrondis et bien accusés, alors que sur d’autres ces tubercules sont plus atténués et un peu allongés dans le sens de la côte qui y aboutit ; côtes fortement mar- quées sur le ventre. 20 var. Il, elegans, nob. Côtes légèrement plus flexueuses que dans la forme précédente , elles sont aussi beaucoup plus serrées et par conséquent moins épaisses. Tubercules du pourtour ombilical très nettement accusés, allongés dans le sens des côtes. Sur quelques rares individus on soupçonne l'apparition de tubercules médians; sur les flancs du dernier tour de spire ; côtes peu accentuées sur le ventre ou ne le traver- sant pas (fig. 3). 3° Var. III, clavata, nob. Côtes en général assez voisines de celles du type Fig. 3. — À. Milletianum, d'Orb., sp. Var. elegans. comme grosseur et conformation, quelquefois aussi plus serrées et plus fines. Flancs du dernier tour de spire ornés de deux rangs de tubercules arrondis, relativement petits, mais aigus et formant des épines très nettes sur certains exem- plaires. L'un de ces rangs est exactement situé au pour- tour de l’ombilic, alors que l’autre occupe la partie mé- diane des flancs; ce dernier est quelquefois à peine ébauché, et les individus qui comportent cette modifi- cation peuvent être considérés comme forme de passage entre la Ile et la IIIe variété; ils paraissent d'ailleurs assez rares. Sillons ventraux peu accentués ou nuls (fig. 4). Fig. 4. — A. Millelianum, d'Orb. sp. Var. clavata. 4° Var, IV, nodosicostata, nob. Côtes épaisses, peu nombreuses, flancs des -tour$ de spire présentant une ornementation identique, comme disposition, à ce qui se voit dans la variété précédente, mais composée ici de tubercules très gros, arrondis et mousses, constituant de véritables nodosités, fortement accusées et subégales dans chacune des deux rangées existantes. Côtes toujours bien accentuées sur le dos qui est assez. fortement arrondi (fig. 5). Il est plausible de regarder cette variété comme étant constituée par les individus © de la précédente. RE ER SEE ENCRES RECETTE SET EE DEEE EEE EEE CEE Pers ‘les voir aussitôt s ’endormir. LE NATURALISTE 247 Fig. 5. — À. Milletianum, d'Orb. sp. Var. nodosicostata. Comme l’indiquent les chiffres donnés dans le tableau précédent, ce sont les variétés III et IV qui paraissent les plus répandues dans le gisement de Algermissen (Hanovre), d’où proviennent les individus de la série examinée par nous. P.-H. FRITEL, E—_—_—_—_—_—_———————_—— La Fascination chez l'homme ET CHEZ LES ANIMAUX Tous les vétérinaires savent aujourd’hui que l'hystérie se manifeste chez les animaux au même titre que chez l’homme. On a cité chez eux plusieurs exemples d'éry- thème, de chorée, de tics, de convulsions, de paralysies. Bien plus, certaines races domestiques ont été soigneu- sement sélectionnées en vue de renforcer les symptômes hystériques : tels sont les pigeons trembleurs et les pigeons culbutants qui ne cessent leurs culbutes que lorsqu'on leur souffle sur le bec, Telles sont, parmi les chiens, les levrettes qui, presque ‘toutes, manifestent un tremblement héréditaire, parmi les souris, la petite race grise japonaise qui, à chaque instant, tourne en circuit sept à huit fois sur elle-même. De même, chez l’homme, certaines familles exaltent leur hystérie en s’alliant tou- jours entre elles. Mais l'existence de l’hypnotisme chez les animaux et son importance dans l'étude de leurs phénomènes men- taux est moins connue des naturalistes. On sait que, chez l’homme, certains sujets peuvent être aisément endormis par les hypnotiseurs. Il suffit de les fixer dans les yeux, de leur ordonner le sommeil, pour Ce sommeil ainsi provoqué n’est pas ne sem- blable au sommeil naturel. Il occasionne des phénomènes de catalepsie; les membres du sujet gardent exactement la position qu'on leur donne. On peut hypnotiser les animaux, au moyen d’une lumière vive, d’un bruit subit. Déjà en 1646, le Père Kir- cher endormait les poules en leur liant les pattes et en les maintenant quelques instants immobiles devant une ligne tracée à la craie. On réussit plus simplement en plaçant la tête de la poule sous son aile et en la balan- çant quelque temps. De nos jours, les physiologistes savent endormir les animaux les plus divers, depuis la grenouille et l’écre- | ) à visse jusqu'au cobaye et au moineau. Ils mettent l’animal dans une position inhabituelle, sur le dos par exemple, et l'immobilisent quelque temps en exercant sur lui des pressions douces. Les animaux les plus hypnotisables sont ceux jeunes ou malades (Gley). Les médecins savent qu'on peut faire passer un sujet endormi de l’état cataleptique à un autre état dit somnan- bulique en lui comprimant le vertex : les muscles qui étaient flexibles, prennent alors sous l'influence du moindre contact, d’un léger souffle,une rigidité absolue : leur contracture résiste aux efforts les plus puissants. C’est ainsi que, dans les foires, on pose le sujet sur deux chaises où s'appuient sa tête et ses pieds, et on monte sur lui, sans que fléchisse sa contracture qui le transforme en barre rigide. On peut faire de même avec les serpents. Les char- meurs d'Égypte ou psylles savent comprimer la tête de la vipère rayée, ils la mettent ainsi en contracture et lui donnent l’aspect d’un bâton. De même, quand on prend un orvet, celui-cise raidit dans la main et se brise comme verre. Les sorciers chez les tribus sauvages font de cette expérience un tour de prestidigitation. Les voyageurs nous l'ont souvent décrit : ils présentent une baguette qui semble bien être en bois, tout à coup cette baguette se transforme en serpent menacant. Dans la Bible, Moïse et Aaron font de même. Si l'hypnose se produit chez les animaux normaux, elle n’est pas chez l'homme spéciale aux hystériques. Elle peut se produire chez des personnes normales, _elle est simplement plus accentuée dans l'hystérie. Passons rapidement sur ces faits qui ont été souvent cités pour insister sur deux états spéciaux du sommeil hypnotique : la fascination et la léthargie qui sont extrè- mement communs chez les animaux. Étudions d'abord la fascination chez l'homme : le fas- ciné suit le charmeur, les yeux fixés à ses yeux, il ren- verse, avec une force incroyable, tout obstacle qui se dresse entre lui et l’hypnotiseur. Certaines personnes ont la réputation de fasciner, elles ont le mauvais œil, disent les Napolitains. Et ceux-ci ne sont pas seuls à le craindre, On observe.cette superstition chez les Austra- liens, les Néo-Calédoniens, les peaux-rouges Enr plupart des sauvages. On redoute comme fascinateurs les personnes qui ont un aspect étrange, qui effraie : ce sont les maigres au visage creux, au teint pâle, aux yeux gros pour les Napolitains; celles au nez long et crochu, et au cou long pour les Siliciens ; celles aux gros yeux vairons pour les Espagnols ; celles dont les sourcils se rejoignentau-dessus du nez pour les Hongrois ; celles qui ont la barbe rousse pour les Egyptiens…. En réalité, on craint surtout les gens dont le type s'éloigne beaucoup de celui de la race au milieu de laquelle ils vivent. En réalité, ceux qui faseinent le plus aisément ont l'iris de couleur aussi foncée que la pupille, ou encore un iris dilaté donnant une pupille énorme (professeur Pierret, de Lyon). Le caractère le mieux trempé éprouve un sentiment de gêne en se sentant regardé par de tels yeux. Les hypnotiseurs peuvent les obtenir en s’instillant dans l'œil quelques gouttes d’atropine. La fascination hypnotique est identique à celle que les EN 248 LE NATURALISTE serpents exercent sur leur proie. Pour fasciner,la pupille de la vipère se dilate. D'ovale et gris bleuâtre dans la vie ordinaire, elle devient noire, brillante, large et ronde. Cette pupille exerce sur la victime le même pouvoir que la lumière sur les insectes (1) et les oiseaux. Les uns viennent se brüler à la lampe, les autres s’assommer au phare qui brille dans la nuit. Les serpents ne sont pas les seuls animaux qui tirent profit de leur pouvoir fascinateur. Fabre dans ses souvenirs entomologiques en a observé de nombreux exemples. La mante religieuse arrive notamment à saisir le criquet bien plus rapide qu'elle. Elle prend une attitude terrifiante, et le criquet ne songe pas à fuir. Romanès, l'illustre auteur de l’évolution mentale chez les animaux, a vu des lièvreset des lapins se laisser attraper en rase campagne par la belette. Ils ne se sauvent pas à toute vitesse, mais trottinent paisiblement et la belette finit par les rejoindre. Le cas de la mouche cancrelat cité par le docteur Rochard est plus curieux encore. À Taïti, on voit cette mouche couper les antennes du cancrelat; et cette bête cinq ou six fois plus grosse que la mouche se laisse doci- lement mener ? D’après M. E. Caustier, le coucou fascincrait les autres oiseaux pour arriver à leur imposer ses œufs. En effet, le passereau jette tout œuf qui n’est pas le sien; pour accepter celui du coucou, il faut qu'il soit intimidé. Or, le coucou pendant toute la durée de l’incubation reste dans le voisinage du nid, et au moment de l'éclo- sion, il brise les autres œufs. Seul son rejeton profite de la nourriture apportée par les parents. On pourrait multiplier les exemples : l’araignée monstre du Brésil, attirerait, par son regard, le colibri pour en faire sa proie ; le jaguar pourrait fasciner le caiman et le dévorer sans que celui-ci remue. Le cra- paud jouirait d'un grand pouvoir fascinateur, c’est pour- quoi les sorciers l’ont en haute estime, etc. (2). Si les animaux se fascinent entre eux, ils peuvent également se laisser fasciner par l’homme. L’exemple le plus connu est celui des charmeurs de serpents. Ils ont existé de toute antiquité; l'Ecriture parle de leur pouvoir, l'Egypte eut les Psylles, l'Italie les Marses, Chypre les Ophiogènes. Tous gardaient soigneusement leur secret, car Galien prétend que les Marses ne possédaient aucune recette sacrée, leur talent se bornait à tromper le peuple par l'adresse et la fraude {Galien, de theriac. ad Pison). D’autres avec Pline (Hist. nat., liv. VII, ch. n1) croyaient à l'emploi d’une substance odorante, apte à engourdir les serpents. Les charmeurs de serpents actuels de l’Inde nous ont révélé leurs procédés. Il s’agit d’une véritable fascina- tion due aux sons d’une musique douce. En l’entendant, le cobra sort de son panier, déroule lentement ses anneaux, lève sa tête, gonfie sa gorge, et se balance har- monieusement, ne pensant plus à frapper. Les charmeurs savent encore prendre les serpents sans se faire mordre. Les naturalistes qui ont manié des vipères savent que si on ne fait pas de mouvements brusques et qu’on les saisisse d’un geste assuré, on n’est pas mordu. (1) Ce sont les insectes mâles qui sont le plus attirés par la lumière. (2) Pour plus de détails, voir Mélusine, Paris, t. IV, p. 414. Ceci explique le jugement de Dieu autrefois pratiqué dans l’Indoustan. On met un serpent dans un pot de terre profond,avec un anneau, l'accusé est tenu de-retirer ce dernier. Le serpent le mord-il, ilest déclaré coupable, dans le cas contraire, innocent. La crainte fait trembler le coupable, ses mouvements heurtés irritent le serpent, l'assurance que donne l'inno- cence supprime au contraire ces fâcheux à-coups. La garantie n'est pas absolue, le serpent peut mordre le charmeur; or, le cobra possède ses crochets, on ne les lui a pas enlevés, et sa blessure est généralement mor- telle. Mais le charmeur la supporte aisément. Le Dr Cai- mette, pendant son séjour à Saigon, a trouvé l’expli- cation de cette immunité., Les charmeurs s’inoculent une très légère quantité de venin du serpent. Cette pratique ne les immunise que pendant un temps assez court, il faut la renouveler souvent. (Communic.à la Société de l’Internat, 1906.) Enfin, les charmeurs, notamment aux Antilles, savent trouver les serpents dans les maisons. Ici, il s’agit simplement d’un odorat exceptionnellement développé qui reconnait l'odeur fade spéciale à ces reptiles. La fascination du lézard est également des plus curieuses. Certaines personnes y réussissent en s’appro- chant doucement de l'animal, sans crainte ni mouve- ments heurtés. Les nègres des Antilles réussiraient à fasciner le lézard en approchant lentement de leur tête un brin d'herbe enroulé en anneau et parviendraient à le lui passer autour du cou. Pour le Dr Rauzier, qui cite ce fait, le brillant de l'herbe hypnotiserait l'animal. Cette pratique nous donne l'explication d’un chef- d'œuvre de l'antiquité : l’Apollon sauroctone, exécuté par Praxitèle et dont le musée du Louvre possède une réplique. On ne s'était pas entendu sur ce qu'Apollon voulait faire au lézard. On avait pensé qu'il voulait le tuer, d’où le nom de sauroctone. Déjà, en 1824, Emerie David avait proposé une autre interprétation : le lézard est un animal consacré au soleil, la statue est une allégorie, Apollon personnifiant cet astre, réveille le lézard de ses rayons symbolisés sous forme d'une flèche qu’il tient entre les doigts. Je proposerai une troisième explication. Apollon fas- cine le lézard, il lhypnotise avec ses rayons. On s’expliquerait ainsi l’air attentif et les mouvements harmonieux et sans brusquerie d'Apollon, de même que l'attitude du lézard qui fixe la flèche. Cette explication complète d'ailleurs celle d'Emerie David, loin de lui être opposée, cet acte étant pris ici dans un sens allégorique. É On le voit, toutes les sciences se touchent : natura- listes et psychologues peuvent à l'occasion rendre service à l’archéologue. Dr F. REGNAULT. (A suivre). Li = 08 Es LE NATURALISTE 249 LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles Protozoaires. — Si l’on met à part les types parasites, qui ne doivent pas nous occuper ici, la grande majorité de ces animaux a des habitudes exclusivement marines. Cependant les Amibes et les Flagellés ont de nombreux types d’eau douce, appartenant d'ailleurs aux mêmes familles, souvent aux mêmes genres que les types marins (Dimorpha, Platytheca, Poteriodendron, Monas, Cladonema, Anthophysa, Uroglena, Amphimonas, Diplomita, Cladosmo- nas, Tetramitus, Bodo, Anisonema, Chilomonas, Phalanste- rium, Codosiga, Hirmidium, Salpingæca, Protospongia, etc.). — Les Infusoires Ciliés 'sont presque tous d'eau douce ; les types marins semblent ici l'exception, mais beaucoup d’entre eux vivent indifféremment dans l’eau douce ou l’eau salée (Lionotus, Chilodon, Pleuronema, Ophrydium, Metopus, Chœtospira). Le genre Vorticella a des espèces d'eau douce et d’autres marines; Stylonychia pustulata vit à la fois dans la mer et dans les eaux douces. — Les Tenta- culifères (Acinètes) ont également des espèces, souvent de même genre, qui habitent les unes l’océan, les autres les rivières et les lacs (Acineta, etc.). Si nous passons aux Protozoaires à coquille, nous voyons que les Héliozoaires, en grande partie marins, ont aussi des types d’eau douce (Dactylosphæra, Actinophrys, Sphœrastrum, Acanthocystis, etc.). Les Radiolaires et les Foraminifères sont plus exclusi- vement marins. Cependant ces derniers ont des formes d’eau douce caractérisées par un test simplement chiti- neux, tandis que les espèces marines s’entourent de corps étrangers ou sécrètent une enveloppe calcaire. Les types d’eau douce appartiennent au genre Gromia, qui possède aussi des espèces marines. En résumé, ce vaste groupe ne présente aucune par- ticularité saillante, au point de vue qui nous occupe ici, en dehors de ce fait que ces animaux semblent s’accom- moder indifféremment à des milieux différents (eau salée eteau douce). En outre, la plupart semblent cosmopo- lites. Quant à leur paléontologie, nous nous contente- rons de dire que le rôle joué par les Protozoaires dans les eaux douces semble avoir été aussi insignifiant qu'il a été considérable dans les océans, ainsi que nous l'avons montré précédemment (Voyez p. 162). Spongiaires. — Les Éponges d’eau douce, peu nom- breuses et peu variées, appartiennent toutes à un groupe particulier dont le squelette est cornéo-siliceux (CHoN- DROSPONGIA), et l’on en forme un sous-ordre à part sous le nom de Potamospongiæ. La Spongilla lacustris qui en est le type est cosmopolite; Ephydatia fluviatilis est com- mune dans les rivières d'Europe. D'autres genres sont propres à l'Afrique et à l'Amérique du Sud. Ces types mènent une vie obscure ou misérable si on les compare aux grandes éponges marine qui atteignent parfois un mètre de diamètre, et l’on peu en conclure que l’eau douce est impropre aux conditions d'existence que ré- clame l’organisation si particulière de ces colonies ani- males. AL AR A SP ER (4) Voir le n° 458 du Naturaliste et suivants. Polypes ou Cœlentérés. — Dans ce vaste groupe, à formes si variées, les Hydroides, comprenant les Hydro- méduses, sont la seule classe qui renferme des types d’eau douce. Les Hydres (Hydra) qui en représentent la forme la plus simple et la plus primitive, constituent un ordre à part, qui est à l’époque actuelle confiné dans les eaux douces. Les espèces de l'Amérique du Nord sem- blent bien distinctes de celles d'Europe. — Parmi les formes qui constituent des colonies fixées par des sto- lons, ramifiées, et qui se reproduisent par des gonophores nageant librement (Méduses des anciens naturalistes), un des plus intéressants est le Cordylophora lacustris, qui a manifestement passé, en quelques années, de l’eau salée à l’eau douce. « Lorsque j'étais étudiant, dit SEMPER (1), en 1854, le Cordylophora lacustris n’était connu que dans les estuaires et à l'embouchure des fleuves où l’eau est plus ou moins saumâtre. Cette espèce fut découverte presque simulta- nément en Angleterre, en Belgique et bientôt après dans la baie de la Schlée (Sleswig). Depuis cette époque, l’espèce a émigré dans les fleuves; on l’a trouvée dans la Seine, à Paris, et même dans les aquariums d’eau douce du Jardin des Plantes, où elle n’est pasrare. Ses migra- tions dans l’Elbe sont encore plus remarquabies. Après avoir atteint Hambourg... elle prit possession de la grande conduite d’eau de cette ville, où elle se développa, associée avec le Dreissensia polymorpha, en si grande abon- dance que le tuyau fut engorgé. Ce faitest d'autant plus intéressant que ce Polype est un animal à peau molle, ce qui ne l’a pas empêché de résister à la diminu- tion dela salure dans l’eau où il a continué à vivre, alors que ce changement causa manifestement la mort d’ani- maux en apparence plusrobustes. » L'espèce a été récem- ment signalée dans la mer Caspienne dont la salure décroit du sud au nord. Le Cordylophora est un Polype de petite taille ; aussi ses gonophores ou « Méduses » sont-elles très petites. C'est aussi le cas pourles autres Méduses d’eau douce ré- cemment découvertes. Tel est le Limnocodium Sowerbyi qui fut trouvé, il y a quelques années, dans le bassin de la Victoria regia à Regent’s Park, à Londres, et dont les Méduses ont été décrites sous le nom de Craspadecustes. Comme la plante elle-même, cet hydroïide doit provenir des fleuves du Brésil. On en a signalé également dans lAmérique du Nord. Plus récemment on a pu constater que les grands lacs de l'Afrique centrale possédent aussi une Méduse d’eau douce. Le Limnocnida tanganyicæ du lac Tanganyica semble indiquer que ces grandes mers intérieures d'eau douce ont été autrefois en communication avec l’océan Indien ou la mer Rouge, ce que les données géolo- giques ne contredisent pas. Le disque de cette Méduse limnophile ne dépasse pas les dimensions d'une pièce de 2 francs, environ 3 centimètres. Tous les autres groupes de Cœlentérés, notamment les Coralliaires, les Madréporaires, les Siphonophores, les Cténophores et les Acalèphes (ou véritables Méduses), sont exclusivement marins. Il en est de même de tous les représentants de l’em- branchement des Échinodermes . Vers . — On rattache aujourd’hui à cet embranchement 1. Karz SEemrer. Animal Life (London, 1881), p. 152. 250 LE NATURALISTE les Rotifères qui sont presque tous habitants des eaux douces. Ces animaux microscopiques se fixent volon- tiers aux corps étrangers, et de plus certaines espèces résistent plus ou moins longtemps au desséchement, de telle sorte qu'elles peuvent être transportées, par les oiseaux aquatiques, à de grandes distances. Leurs œufs d'hiver remplissent le même but, à défaut de l'adulte. Il en résulte que leur distribution géographique est fort étendue et que beaucoup d’espèces paraissent cosmopo- lites. Au point de vue paléontologique, nous ne savons rien de leur évolution, ces animaux microscopiques ne lais- sant pas de traces dansles couches géologiques ; mais la ressemblance que certains d’entre eux (Trochosphæra æquatorialis, par ex.) présentent avec la larve Trocho- sphère des Annélides, a fait admettre à quelques natu- ralistes que les Rotifères représentent le type primitif de toutle groupe des Vers et même de celui des mo- lusques. Les Bryozoaires que l’on rapproche quelquefois des Mollusques (sous le nom de Molluscoïides), appartiennent au groupe des Vers par la forme de leurs larves. Les types d’eau douce possèdent en outre un mode asexué de développement une sorte d'œuf d'hiver muni d'un organe de flottaison, qui lui permet de surnager à la surface des eaux stagnantes et qu’on appelle Statoblaste. Cesorganismes, quelquefois asseznombreux, à l'automne, pour donner à l’eau une couleur de rouille (Alcyonella fungosa), s’attachent aux pattes et aux plumes des oiseaux nageurs et migrateurs et sont transportés ainsi à degrandes distances. A l’âge adulte, tous les Bryozoaires forment des colonies. Les formes marines sont les plus nombreuses. Un seul ordre (Phylactolæmata) est propre aux eaux douces (Plumatellu, Alcyonella, Lophopus, Cris- tatella, etc.). On n’a guère étudié jusqu'ici que les espèces propres à l'Europe et à l'Amérique du Nord. Les Brachiopodes, exclusivement marins, ne peuvent nous arrêter 1ci. Les groupes se rattachant à cetype d'organisation, dont il nous reste à parler, méritent plus justement, par leurs formes, le nom de Vers ou d’Annélides, Ils ont des repré- sentants marins, d'eau douce ou terrestres, et quelque- fois il est difficile de dire dans quelle catégorie l'animal doit être placé. Comme règle générale, on peut remar- quer que les types marins (Némertiens), ou terrestres (Oligochètes), atteignent une beaucoup plus grande taille que les tynes d’eau douce. Les Polychètes, Annélides fouisseuses, ou vivant dans des tubes qu’elles se fabriquent elles-mêmes, sont pour la plupart marines. Cependant, dans la famille des Serpu- lidæ, on a signalé des espèces qui vivent dans l’eau douce, se construisant un tube de mucus et de vase (Haplobran- chus speciosus, Coubangia Billeti). Les Géphyriens, au con- traire, semblent exclusivement marins. Les Oligochètes, dontle type le plus parfait est repré- senté par nos « Vers de terre », ont un certain nombre de formes d’eau douce (Nais, Tubipes, etc.). Pachydrilus vit indifféremment dans l’eau et dans la terre humide et Enchytræus est marin. Le Psammoryctes barbatus vit dans les conduites d'eau de Paris, s’enroulant autour des tiges de Cordilophora fixées sur les coquilles de Dreissensia qui encombrent ces larges tuyaux, comme nous l’avons rap- porté ci-dessus. Dans la famille des Lumbriculidæ dont tous les représentants sont d’eau douce, on peut signaler l'Eclipsidrilus frigidus qui vit dans les montagnes de la Californie à une hauteur de 10.000 pieds. Les Sangsues (Hirudinées) constituent un groupe bien défini, dont la plupart des représentants sont d’eau douce ou terrestres. Le fait que l'instinct de ces animaux les pousse à s'attacher à la peau ou aux muqueuses des Vertébrés, peut expliquer la dispersion de certaines es- pèces. C’est ainsi que l’'Ozobranchus Quatrefagesi a été trouvé dans la bouche de Tortues, de Crocodiles et de Pélicans. On peut citer pour sa grande taille, relative- ment aux autres espèces du groupe, l'Hæmenteria Gilhiani qui vit dans l'Amazone, et atteint 30 centimètres de long. Les Turbellariés, Vers plats désignés sous le nom de Planaires, ont à peu près les mêmes mœurs que les Sang- sues. Ils sont marins, d’eau douce on terrestres. Le sous- ordre des Paludicola, qui renferme le genre type (Plana- ria), n’a que des espèces d’eau douce. Les genre Mesosto- mum et Prorhynchus, qui appartiennent au groupe de Rhabdocèles, sont dans le même cas, et leurs espèces semblent cosmopolites. S'il est un groupe que l’on a considéré longtemps, comme exclusivement marin, c'est bien celui des Némer- tiens, qui renferme de grandes Annélides serpentiformes et vivement colorées, atteignant quelquefois une taille considérable (3 à # mètres de long). Ce groupe renferme cependant des espèces d’eau douce, mais d’une taille in- fime. C’est en 1852 que Du PLESSIS trouva, à sa grande surprise, une petite espèce du genre Tetrastemma, dont les autres représentants sont marins, sous des pierres, au bord du lac de Genève (T. lacustre). Peu après, J. DE GUERNE (1) faisait à ce sujet les re- marques suivantes : « Des Némertiens ont été observés dans l'eau douce assez fréquemment pour que leur exis- tence hors de la mer ne doive plus être aujourd’hui l'ob- jet d'une grande surprise... C’est en France que ces ani- maux ont été découverts, aux environs de Montpellier, par DuGès, qui les décrivit et les figura dès 1828 (2). Ce fut DE QUATREFAGES qui donna, en 1847, les premiers renseignements précis sur un Némertien d'eau douce, appelé parlui Polia Dugesi. L'animal vivait à Paris même, dans le canal Saint-Martin... » D’autres Némertiens d’eau douce, identiques aux précédents ou constituant des espèces différentes furent signalés par Max SCHULTZE à Berlin, et dans ure tourbière à Greifswald, par LEIDY, à Philadelphie (Emea rubra), par SCHARDA, dans le lac de Nicaragua (Nemertes polyhpolia), par SILLIMANN, aux Etats- Unis (Tetrastemma aquarum dulcium), et ce dernier na- turaliste suppose que la plupart de ces espèces sont identiques, bien que provenant de localités si distinctes. « Une pareille distribution géographique, ajoute dJ. DE GUERNE, n’a rien qui doive étonner, si l’on songe à bien des faits analogues connus pour un certain nombre de Rhabdocèles d’eau douce. Beaucoup d'Hirudinées sont sans doute plus répandues qu’on ne le croyait jusqu'ici. Il en est de même des Hydres que les naturalistes voya- geurs retrouvent dans des contrées fort éloignées les unes des autres, pour peu qu'ils prennent soin de les re- chercher. Une foule de Rotifères sont dans le même cas. SU ET EP SLR PR A tn LR RS (1) Compte rendu de la Société de Biologie, 30 avril 1892. (2) Sous le nom de Prostoma clepsinoideum qui, d'après VarzLanr, poit prendre le nom de Tetrastemma clepsinoideum; dont Geonemertes serait génériquement synonyme. Ce dernier genre a des espèces plutôt terrestres. LE NATURALISTE 251 Enfin les Crustacés d’eau douce fournissent à cet égard des exemples très remarquables. € Quoi qu'il en soit, un Némertien fluviatile observé par VON KENNEL, en Livonie, offre un intérêt particulier. Ce cas montre, en effet, d’une manière saisissante, le mode de pénétration d'un Ver marin dans l’eau douce. C’est dans une branche morte de l'Embach, affluent du lac Peipous, qu’a été trouvé le Némertien dont il s’agit. Or, le Peipous est, à n’en pas douter, un ancien bras de mer séparé du golfe de Finlande et dontles eaux ont peu à peu perdu leur salure. D'après Vox KENNEL, le Né- mertien recueilli par lui dans l'Embach serait très voi- sin du Tetrastemma obscurum Max Schultze, espèce franchement marine dans la mer du Nord, mais qui d'autre part, se trouve être la seule capable de supporter l'extrême réduction de salure des eaux du golfe de Fin- lande. On a rencontré cette espèce jusqu’à Revel et Hel- singfors, Elle vit en ces parages, dans un milieu à peine saumâtre, avec des Planaires, des Oligochètes et divers types nettement fluviatiles. N’est-il pas légitime d’en conclure que, sinon T. obscurum, du moins une ou plu- sieurs formes voisines, se sont peu à peu et définitive- ment accoutumées à l’eau douce, s’y répandant avec le temps et de proche en proche, comme c’est la règle pour les animaux fluviatiles. » Ajoutons que des espèces ter= restres de ce genre Tetrastemma et du genre voisin Geo- nemertes, ont été trouvées aux îles Palaos, aux Bermudes à l’île Rodriguez etdans les racines d’un palmier (Corypha) transporté en Europe, et provenant sans doute d'Aus- tralie, Ces faits montrent comment les organismes doués d'une certaine plasticité, comme les Némertiens et les Oligochètes, peuvent passer de la vie marine à la vie dans les eaux douces, et de celle-ci à la vie terrestre. Un dernier groupe de Vers, les Nématodes!, est formé d'espèces parasites, mais qui passent, tout au moins, une certaine partie de leur existence dans les eaux douces. Le Gordius aquaticus, connu sous le nom vul- gaire, mais impropre de Dragonneau?, est un Ver effilé et de couleur noirâtre, de 20 à 40 centimètres de long, et qui, dans beaucoup de campagnes est l’objet d’une crainte supersttieuse. Il apparait subitement dans les fontaines et les abreuvoirs, et son aspect qui est celu d'un cordon de caoutchouc étroitement entortillé sur lui-même, — comme le serait la « queue du Diable » d'après la légende, — à fait imaginer qu'avalé par mé- garde avec l’eau, il pouvait se transformer en Serpent dans le corps de l'Homme ou des animaux domestiques. En réalité, le: Gordius représente la forme adulte d’un Ver dont la larve a passé la première partie de sa vie dans le corps de divers Insectes aquatiques, de Mol- lusques et même de Poissons. Cette larve en sort au printemps et achève son évolution dans l’eau douce des ruisseaux et des fontaines; arrivée à l’âge adulte, elle Sy accouple et y fait sa ponte. Le genre Gordius est cosmopolite. - D: E.-L. TROUESSART, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. (A suivre.) Re à it | «AG Me Meg nn 1. D'après les classifications les plus récentes, les Gonnracés forment une classe à part bien distincte de Nématodes auxquels on les réunissait autrefois. Ils n’ont que deux genres : Gordius le genre type et Mectonema qui est marin. : 2. Ce nom de « Dragonneau » appartient à la Filaire de Médine, Nématode parasite de l'Homme. SUR UN NOUVEAU GISEMENT de lELEPHAS PRIMIGENIUS DANS LA VALLÉE DE L'AA À l’occasion des travaux effectués par la Poudrerie nationale d'Esquerdes, près de Lumbres, j'ai eu l’occa- sion de relever la coupe d’une importante terrasse qua- ternaire. Cette terrasse bien développée supporte une couche légère de terre végétale. Elle repose sur d’épaisses couches de craie à Micraster breviporus (Turonien supé- rieur). Les dépôts quaternaires sont formés de plusieurs couches de gros graviers alternant avec des couches stalagmitiques, formant à certains endroits des blocs énormes de poudingue à ciment calcaire. Ces blocs de poudingue sont nombreux et bien visibles dans le fond de la carrière. Voici le détail de la coupe : Une première couche est formée de graviers sableux, au-dessous de la terre végé- tale, À la suite, existe une couche d'argile de 25 centi- mètres environ; au-dessous de cette couche argileuse, une première couche de graviers assemblés par le ciment dur avec calcite dont il a été parlé plus haut. Vient ensuite une assise de graviers meubles de grandes dimen- sions, son épaisseur est de 0 m. 60 à { mètre. Sous cette assise, une autre couche compacte qui fournit les plus gros blocs de poudingue et qui est plus épaisse que la similaire. Enfin, une dernière épaisseur de graviers meublés d'environ 0 m.50 à 0 m.80 complète les dépôts quaternaires. Les lentilles stalagmitiques sont irrégu- lières, elles sont très bien visibles et se dissocient en lambeaux à certains endroits. Le tout repose sur une couche de 42 mètres de craie à Micraster breviporus avec nombreux silex pyromaques. Vers l’ouest, l’épais- seur des dépôts diluviaux diminue et se réduit beaucoup. Les ouvriers, en creusant pour faire des remblais, trouvèrent dans la couche de graviers meubles reposant sur le Turonien deux molaires d’Elephas primigenius et des fragments d'os que M. Paul, employé à la Poudrerie nationale, a eu l'extrême obligeance de vouloir bien mettre à ma disposition. Les fragments osseux appartiennent au bassin d’un jeune Mammouth, on y voit encore une partie de l'ilion et de l’ischion, ainsi que la cavité cotyloide. — L'une des dents appartient à un animal jeune également, c’est une dent de lait du maxillaire inférieur avec longue racine et table courte. Le bassin et la dent paraissent avoir appartenu au même individu. — La seconde molaire appartient à un animal adulte. Les lames très nom- breuses sont caractéristiques de l’Elephas primigenius ; la dent était à peine sortie de l’alvéole quand lanimal est mort, car il n’y a qu'une table très courte et deux lames apparaissent seulement en coupe. C'est une molaire du maxillaire supérieur. Il est intéressant de signaler ce nouveau gisement qui montre que la vallée de l’Aa est riche en débris de la faune quaternaire. J’ai déjà cité l’Elephas primigenius dans d’autres points de la région assez éloignés les uns des autres, ce qui prouve que son habitat a été de longue durée dans le Nord. Dr PONTIER., « ERRATUM AU N0 470. Page 222, col. 2, ligne 9 de La Distribution Géographique : au lieu de : « les Amiadæ, ces derniers encore vivants dans les mers actuelles... » lire : « les Amiadæ, ces derniers encore vivants dans la faune actuelle. LES RACES DE L'INDE LA DÉMONOLATRIE La démonolâtrie est le culte le plus ancien de l’Inde. C’est encore actuellement le culte des races aborigènes très spécialement de celles qui vivent dans les montagnes et les forêts. Le brahmanisme à l'origine combattit et répudia ce culte. Dans ses légendesles démons sont dépeints comme les ennemis des hommes, comme les instigateurs des sacrifices humains. Dans le cours des siècles les brah- manistes finirent pourtant par adopter les pratiques de la démonolâtrie. Les principaux démons, comme jadis les dieux de la Grèce devenus ceux de Rome, étaient des êtres humains remarquables par leur cruauté ou parleurs vices, dont la vie odieuse fut terminée par une mort vio- lente. C'est ainsi que le Français Lallais, mort au service de Tippou-Sahib et plus tard un collecteur européen détesté des indigènes furent placés au rang des démons. On s'efforce d’apaiser ceux-ci par des offrandes et des sacrifices. Le culte des démons règne plus particulièrement dans les chaînes des Ghattés. Ils portent le nom de Boutams. A défaut de sacrifices humains, aujourd’hui interdits, on leur offre des animaux, du riz teint de sang et des liqueurs rouges. On retrouve le culte démoniaque dans le nord de Asie, la Sibérie et la Mandchourie. Il n’a a ni prêtre, ni sacri- ficateur particulier. Hommes ou femmes peuvent indiffé- remment en remplir la fonction. Nous empruntons à M£r Laouenan, dans son savant livre du Brahmanisme et de ses rapports avec le Judaïsme et le Christianisme, le récit d’une de ces scènes de démo- nolâtrie : « Le sacrificateur étant désigné, il se revêt des orne- ments et des habits propres à la circonstance : vêtements de couleurs variées et voyantes, bonnet pointu, trident, clochettes au son criard attachées à ses habits. Les musi- ciens ajoutent à la solennité diabolique de la cérémonie les sons aigus de leurs instruments et les coups répétés de leurs tambours. Mais l'instrument musical employé de préférence en ces occasions est une sorte d’arc énorme, auquel sont attachées des clochettes de dimensions variées ; les cordes de l’arc sont tendues de manière à rendre une certaine note musicale quand elles sont frappées par un archet grossier; l'arc lui-même repose sur un vase d’airain vide, dont l'orifice est fermée par une peau tendue comme celle d’un tambour. Quand il veut jouer de ce singulier instrument, le musicien d’une main frappe avec l’archet les cordes de l’arc et du même coup fait sonner les clochettes, et de l’autre main fait retentir la peau étendue sur le vase d’airain; tandis que un second musicien complète cette sauvage harmonie en marquant la mesure avec des petites cymbales; quelque- fois, c’est le sacrificateur lui-même, qui, tout en dansant, tient l’arc d'une main et de l’autre en fait sonner les clochettes. » Les hommes-orchestres que l’on rencontre parfois dans les rues de nos cités européennes se seraient-ils un peu inspirés des musiciens indous? Mais reprenons la narration du savant auteur : « Quand tout est prêt on immole la victime; c’est un LE NATURALISTE a coq ou une oie, où un bouc dont la tête est tranchée et le sang répandu en l'honneur du démon. Puis la musique commence, d’abordlente et indécise; le sacrificateur semble impassible, triste, hésitant; ou bien il se tient immobile, ou il s’agite dans un sombre silence. Graduel- lement, la musique prend une allure plus accentuée, plus vive, plus stridente; le danseur devient plus excité, quelquefois, afin d'accélérer la surexcitation frénétique qu’exige la circonstance, il prend des drogues violentes, il se déchire et se coupe les chairs, il se frappe le front, presse sur sa poitrine une torche allumée, boit le sang qui découle de ses plaies, ou celui de la victime qu’il a précédemment offerte, et met dans sa bouche la tête du coq ou de l’oie qu'il a décapitée. Alors, comme Si un sang nouveau et diabolique coulait dans ses veines el lui infusait une étrange vie, il commence à agiter les clo- chettes qui pendent à ses babits, il danse et saute d’un mouvement de plus en plus rapide, sauvage et irrégulier, il renifle avec force comme un taureau furieux ; il tourne rapidement sur lui-même; son regard devient fixe et bestial : le démon a pris possession de lui. Quoiqu'il conserve une certaine conscience de ses actes, c’est le démon qui l'anime, le dirige, le fait parler. À cette vue, les assistants poussent des cris confus; ils se prosternent et adorent le démoniäque; chacun lui fait son offrande et le consulte, qui sur sa maladie, qui sur ses désirs secrets, qui sur la santé ou le sort de ses parents et de ses amis absents. On lui demande quelles sont les offrandes qui lui plaisent davantage et les moyens qu’il faut employer pour éviter tels ou tels maux; et ses réponses, si con- fuses qu’elles soient, ne manquent pas d’être intreprétées selon les vœux de chacun. Enfin la surexcitation qui le transporte parait se calmer; il tombe dans une sorte d’épuisement léthargique, et la scène se termine ainsi, » Il se passe vraiment dans l'Inde des choses bien étranges. Nous avons connu aux Indes un pauvre enfant paien qui mettait le feu partout où il passait, aux chaises, aux tables, aux pankas, voire même aux palmiers. Un brahme ayant essayé de l’exorciser, car le brahmanisme admet certains exorcismes, mal lui en prit, le feu prit à sa barbe et notre brahme s'enfuit sans demander son reste. L'Inde et le Thibet sont le théâtre de mystérieux phé- nomènes et les pays privilégiés des sciences occultes. HECTOR LÉVEILLÉ. ANIMAUX Mythologiques, légendaires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement de reconnaissance, etc. L'ESCARGOT «J'ai connu, ditle D'Rémond dans la Collection Acadé mique (t. VII, 1688, p. 509, in-4o), une femme attaquée d’une phtisie confirmée et désespérée, qui fut guérie en mangeant pendant quelques jours des escar- gots, et qui vécut encore six ans après. Lindenius rap- porte qu’une jeune fille fut guérie d'une phtisie con- | | LE NATURALISTE 253 firmée, en très peu de temps, par l'usage des escargots, et que, depuis, elle s'était mariée et avait eu plusieurs en- fants, Tulpius cite un exemple à peu près semblable et Borellus parle d’un phtisique qui guérit en mangeant du melon. » D'un autre côté, Louis Figuier, dans sa Vie et mœurs des animaux, Paris, 1866, in-8° (p. 386), mentionne le fait suivant : , « Pendant ma jeunesse, quand j’étudiais la botanique dans le modeste jardin de l’École de pharmacie de Montpellier, je voyais venir tous les matins le chanteur Laborde, notre compatriote, qui, souffrant de la poitrine, se soumettait au régime thérapeutique des escargots. Nous nous empressions de lui dénicher, dans les trous du vieux mur du jardin, ou sous les feuilles, des escar- gots vivants. Le ténor à la voix compromise écrasait ces mollusques sur une pierre; il les débarrassait de leur coquille, puis il les roulait dans du sucre en poudre et avalait le tout de confiance, sans faire aucune gri- mace. Ce n'était pas ragoütant, mais c'était évidemment efficace, puisque, vingt ans après, Laborde tenait encore son emploi de ténor et chantait sur le théâtre de Bruxelles et à l'Opéra de Paris avec la plus délicieuse voix blanche qui ait jamais modulé les accents de {a Chaste Suzanne (1) et de la Favorite » — À bon enten- deur, salut. Parlons maintenant de cette abominable plaisanterie qui eut nom : les escargots sympathiques. Dans les numéros du journal la Presse des 25 et 26 octobre 1850, un journaliste aussi ignare que l'énorme majorité de ses confrères, le nommé Jules Alix, déclara que l'électricité, qui commençait à peine son rôle dans la télégraphie, avait définitivement vécu. Par quoi allait-on la remplacer ? Par des escargots. Par les escargots sympathiques. Deux énormes feuilletons, que Girardin eut la naïveté de recevoir, mirent le public au courant de ‘cette exhi- larante découverte : « Depuis que j'ai eu l'honneur, disait l’Allix en ques- tion, d'annoncer la découverte de MM. Jacques Toussaint Benoît (de l'Hérault) et Biat-Chrétien (Américain) mon admiration, pour leur nouveau système de communica- tion universelle et instantanée de la pensée n’a fait que s’accroitre, Le fait, c'est ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le dire, la découverte d’un nouveau système de communica- tion de la pensée, par suite’ duquel tous les hommes vont pouvoir correspondre instantanément entre eux, à quelque distance qu'ils soient placés les uns des autres d'homme à homme ou plusieurs ensemble simultanément, à toutes les extrémités du monde, et cela sans recourir au fil conducteur de la communication électrique, mais à l’aide seulement d’une machine ‘essentiellement portative (2), ————————— (1) La chaste Suzanne, opéra-comique en quatre actes ; pa- roles de Carmouche et F. de Courcy, musique de Mompou, représenté sur le théâtre de la Renaissance le 27 décembre 1839. Haute-contre : Laborde; basse, Suzet; Mme Anna Thillon et Mlle Ozy. Le livret est d'une inconvenance telle que le public de la Renaissance n’a pu le tolérer, malgré le charme de la partition. (2) Celle que construisit le fumiste Toussaint Benoît avait 3 me- tres de haut, 1 m.50 de large, et pesait 50 kilogrammes. Très portative, en effet. que les inventeurs nomment boussole pasilalinique sym- pathique, et qui peut d’ailleurs accepter (i) toutes les dimensions et revêtir toutes les formes. « Et quant à l'expérience (2), je pourrais sans doute me borner à la raconter pour en constater le succès(!!!); mais comme dans ce mémoire, qui ne s’adresse pas seu- lement à la France, mais au Monde, je me propose en même temps de la faire comprendre, autant que pos- sible, dans ses moyens et dans ses causes, je vais établir d'abord l’origine de la découverte au double point de vue de la science (? ? ?) et de la pratique. » Après un fort long discours servant de préambule, et où viennent se mêler, avec fort peu d'harmonie d'ailleurs, les phénomènes physiques relatifs à l'élec- tricté et d’incohérentes citations de la Bible, la décou- verte (la pseudo-découverte) de Galvani et le magné- tisme animal, le sermon du P. Lacordaire et des expé- riences de télégraphie, l’auteur aborde péniblement son sujet, et nous apprend que cette communication de la pensée se fait par l'intermédiaire de la sympathie gal- vano-magnétlico-minérale animale et adamique. Comprenne qui peut. L’inventeur,le nommé Toussaint Benoît, qui avait aussi inventé un collaborateur américain du nom de Biat-Chré- tien, qui n’exista jamais et fut vainement réclamé dans toutes les parties de toutes les Amériques, prétendait qu'après avoir marié deux escargots, il existait entre ces hermaphrodites un lien tellement délicatet puissant que tout ce qu'éprouvait l’un, l’autre le ressentait, comme les deux Frères Corses d'Alexandre Dumas. On mettait donc vingt-cinq escargots dans une ma- chine, chacun dans un compartiment distinct, et leurs époux ou femelles, comme on voudra, dans un instru- ment semblable. D’après Benoît, si l’on touchait un coli- maçon de l’un des instruments, son camarade de l’autre machine exécutait immédiatement une danse fréné- tique : il n’y avait plus qu’à noter la lettre qu'il répré- sentait, et ainsi de suite pour la suite de cette dépêche apocalyptique. Ce pauvre homme avait été complètement abruti par les ouvrages d’occultisme des Eliphas Levietautres farceurs du même genre, qui se persuadent bénévolement que « c’est arrivé», et qui poussent l'amour de l’hébreu, dont ils ne connaissent pas la première lettre de l'alphabet, jus- qu’à se décerner pompeusement le titre étonnant de « docteur en kabbale ». Toussaint Benoit,était un fou ou un escroc. Le jour où Girardin voulut lui faire expérimenter en public sa belle découverte (3), il disparut subitement, et jamais plus on ne l’a revu. Lesdieux ont dü le métamor- phoser en escargot, Ajoutons, à la gloire des Parisiens, peuple le plus gobeur du monde, que pendant six mois, la prétendue invention du pauvre individu eut les honneurs de l'en- thousiasme général:des discussions acerbes, a’où l’urba- (4) Accepter est sublime. C'est le lapin qui demande à être écorché vif. (2) Qu'il ne put jamais voir, attendu que le fumiste n’essaya pas de la faire, et pour cause majeure. (3) Girardin lui avait promis 40.000 francs pour sa peine, et les entrées payantes dans la salle affectée à cette expérience eussent facilement produit cette somme. 254 RE ER 6 nité était sévèrementbannie, eurent lieu dans les journaux (les plus bêtes criaient le plus fort) ; des familles se brouil- lèrent; on se battit dans les rues. E. N. SANTINI DE RIOLS. CHRONIQUE & NOUVELLES PRPPPRPPS PSP Pre Les époques de ponte des poissons en rivière et en eau dor- mante. — L'araignée femelle mange-t-elle le mâle après l'accouplement. Les poissons de rivière ne pondent pas à la même époque, suivant qu'ils sont en eau courante ou en eau dormante. C'est là un ‘sujet sur equel on n’a que des idées très vagues, et il faut savoir gré à M, P. Hüet qui vient de le traiter avec précision pour quelques es- pèces. Dans les eaux à - 440, il n’y à qu'une seule espèce, la Perche. En eau dormante, ce poisson dépose ces œufs dans les derniers jours de mars, époque à laquelle on constate, certaines années, la présence de ces frayères ; mais ce n’est en réalité que vers le 10 avril que l’activité de la reproduction se manifeste: elle dure tout le mois d'avril et une partie du mois de mai, montrant un ralen- tissement pendant ce mois et prenant fin vers le 10. La durée de la ponte de cette espèce est done d'environ six semaines, pendant lesquelles on voit, presque chaque jour, apparaître de nouvelles frayères indiquant que de nouveaux reproducteurs ont effectué leur ponte. Tandis que la plupart des autres poissons se réunissent en bandes pour déposer leurs œufs, la Perche n'agit pas de la même façon. Elle dépose ses œufs pendant Ja nuit, et c'est une seule femelle qui confectionne la frayère. Celle- ci est constituée d’une seule pièce, em forme de sac ouvert aux deux extrémités. En rivière, la Perche pro- cède à la ponte aux environs du 15 avril, plutôt après cette date; les observations à ce sujet présentent les plus grandes difficultés ; seule, la présence des alevins permet de préciser la date de la ponte, La différence de l’époque de ponte, entre les deux milieux, est ici insensible, parce que la température des deux sortes d'eaux est la même au début du printemps. Dans les eaux à -L 470 figurent deux espèces, la Brême et le Gardon, qui, en eau dormante, déposent leurs œufs les 9, 10 ou 41 mai: ces trois dates, surtout celle du 41, sont vérifiées tous les ans pour ainsi dire sans exception ; elles marquent le début d’une période de ponte qui se prolonge pendant cinq à six jours pour la Brême, et dix à douze pour le Gardon. Les deux espèces sont confon- dues en bandes nombreuses sur les mêmes herbiers, déposant leurs œufs, qui restent fixés aux herbes, En eau courante, le dépôt des œufs est effectué par ces deux espèces, au plus tôt, le 25 mai, soit quinze jours plus tard que dans le cas précédent; on ne constate plus ici la promiscuité observéeen eau dormante:la confusion des reproducteurs de ces deux espèces n'existe pas, et on relève leur présence sur des hérbiers assez rapprochés les uns des autres, mais toujours distincts. Dans les eaux à —L 185, on rencontre la Carpe et le Rotengle, qui,en eau dormante, pondent du 45 au 20 mai. Dans ce milieu, la Carpe pond pendant trois jours. Elle pond, en rivière, vingt jours plus tard, lorsque la tempé- ature est déjà plus assise. En eau dormante, les deux espèces se livrent à la reproduction pendant que le deuxième groupe précédemment décrit (celui des eaux à 7 17°) va se préparer en rivière aux mêmes actes: il y a donc ici une avance d'environ vingt jours, qui va encore LE NATURALISTE s’accentuer sur le groupe suivant, qui présente de nom- breux cas spéciaux relatifs au séjour de nos poissons indigènes dans l’eau dormante. Ce groupe offre encore cette particularité de se livrer à la reproduction, en eau dormante, pour ainsi dire au même moment que le deuxième groupe, et ce fait ne peut pas se produire en rivière, où le deuxième groupe a terminé sa ponte lorsque le troisième vient pondre à son tour. Cette situation est provoquée par la hausse rapide de la température de l’eau dormante au moment où le deuxième groupe a commencé sa ponte : ces deux groupes se présentent presque simultanément dans ce cas. En rivière, la Carpe et le Rotengle pondent du 5 au 10 juin, et cette ponte s'effectue, pour la Carpe, en un seul jour, commençant un peu après le lever du soleil, prenant toute son inten- sité de 6 à 10 heures, pour prendre fin avec la grande chaleur, vers 11 heures. Dans les eaux à + 19° ou + 22°, se trouve un groupe dont la ponte est effectuée, en eau dormante, du 25 mai au 10 juin, et, en eau courante, du 15 juin au 45 juillet. On y compte cinq espèces pour la reproduction en eau dormante et six pour la reproduction en eau courante. En eau dormante, ces espèces sont: le Chevaine et le Goujon, dont la reproduction n’aboutit pas; l’Ablette commune, dont la reproduction est douteuse; la Tanche et la Bouvière, dont la reproduction donne des résultats. Ces cinq espèces se préparent à la reproduction, mais elles se bornent à l'intention si les conditions ne sont point favorables. Elles se rassemblent peu de jours après la ponte du troisième groupe, alors qu’en rivière leurs rassemblements manifestent des écarts de vingt à qua- rante jours suivant l'espèce. Les pontes du Chevaine et du Goujon deviennent stériles. La Tanche, qui figure dans ce groupe, offre cette particularité de se reproduire deux fois en eau dormante, pendant la belle saison; elle effectue sa première ponte fin mai ou, au plus tard, les premiers jours dejuin,etune deuxième à l'époque où elle procède à sa ponte unique en rivière, vers le 15 juillet et au delà. D’autres espèces possèdent également cette faculté de reproduction double, telles quela Bouvièreetle Gardon ; mais, pour ce dernier, la chose est d'ordre moins général et ne présente que des cas particuliers sans importance réelle : c’est là une caractéristique des modi- fications que l’eau dormante impose aux mœurs des poissons de nos rivières. En eau courante, la Chevaine pond le 20 juin ; le Barbeau, le 25 juin; le Goujon, le 10 juillet; l’Ablette commune, le 10 juillet ; la Bouvière, le 10 juillet, et la Tanche, le 15 juillet. En rivière, la Tanche dépose ses œufs en plusieurs pontes échelonnées à plusieurs jours d'intervalle, alors qu’en eau dormante elle la répand en une seule journée. En outre, quelques sujets déposent leurs œufs à une époque très reculée, et, cette année, M. Hüet a pu observer une Tanche de rivière à la date du 28 juillet, qui était en pleine période de ponte. C’est donc pendant la saison chaude et des jours longs que l’on peut constater la plus grande acti- vité dans la reproduction des espèces vivant enri vière. Les rapports entre les sexes chez les araignées a déjà fait l’objet de nombreux travaux, mais il semble qu'il y ait eu dans ceux-ci beaucoup d’exagération, surtout lors- qu'ils accusent les femelles de manger toujours les mâles après l’accouplement, ce qui ne se fait pas dans la bonne société. M. A. Lécaillon vient, avec succès, de tenter de remettre les choses au point en étudiant trois espèces, qui présentent le triple avantage d’être très com- munes, d’être de grande taille et de s’accoupler en capti- vité; ce sont : Agelena labyrinthica, Chiracanthium punc- torium, Pisaura mirabilis. | LE NATURALISTE 25 © TETE TRE NET RSC EEE PERRET © ETC PT Avant d'interpréter la maniere dont se comportent vis- à-vis l’un de l’autre le mâle et la femelle des araignées à l’époque de l’accouplement, il faut se rendre compte des rapports qu'ont entre eux Ces animaux en temps Ordi- naire. Pendant toute la période où les petites Araignées restent ensemble, d’abord dans le cocon, puis dans le nid ou sur le dos maternel, elles ne prennent aucune nourri- ture. Dès que le besoin de se nourrir survient, il y a séparation, et chaque individu vit isolément. Comme pour tous les animaux exclusivement carnassiers, il n’est pas étonnant que les espèces voisines et même parfois les individus de même espèce se détruisent réciproquement. A ce point de vue, les Araignées ne font donc que suivre la loi générale. Mais il est facile de voir, qu'au moins pour les individus de même espèce, cette loi ne s'applique pas aussi rigoureusement qu'on à pu le croire. On peut mettre ensemble, pendant longtemps, soit des individus de même sexe, soit des individus de sexes contraires, et on constate que certains ne sont mangés par les autres qu’en l'absence de toute autre proie. Il est donc facile de prévoir que les prétendus dangers courus par le mâle au moment de l’accouplement sont faibles ou même nuls. C'est bien, en effet, ce que montre l’observation rigôu- reux des faits. Dans Agelena labyrinthica, le mâle se rend dans la toile de la femelle. On rencontre aussi les deux sexes ensemble vers le milieu de juillet. En capturant les mâles et les femelles trouvés ensemble,ou même recueillis 1s0- lément, on peut ensuite, au moment voulu, suivre à volonté tous les détails de l’accouplement. Lorsque celui- ci est commencé, les Araignées ne l’interrompent pas pendant qu'on les observe de près, même à la longue, On constate qu'au début, c’est le mâle qui cherche à s’ac- coupler; il poursuit la femelle sur sa toile, jusqu'à ce qu’elle se prête à l’accouplement. Cette poursuite peut durer pendant un temps assez long, quelques heures par exemple; pendant cette période, le mâle secoue son abdomen d’une manière spéciale, tandis que la femelle se borne à s’enfuir à une petite distance, sans jamais se laisser approchér. À un moment donné, la femelle se tient complètementimmobile ; alorsle mâle s’en approche, la saisit avec ses pattes, la couche sur le côté, et même parfois la transporte un peu plus loin, à un endroit plus favorable de la toile. Puis, l’un des deux appareils copu- lateurs est appliqué au niveau de l'ouverture génitale femelle, et la copulation proprement dite commence. Quand celle-ci est terminée (au bout de deux heures en moyenne), le-mâle retire son palpe copulateur et retourne de l’autre côté la femelle toujours complètement inerte. Il approche alors, de l'orifice femelle, son deuxième appareil copulateur et la copulation recommence comme précédemment. Enfin, au moment même où celle-ci est définitivement achevée, il quitte la femelle en s’éloignant brusquement à une petite distance. La femelle, qui est ainsi restée pendant quatre heures complètement immo- bile, s’élance brusquement à la suite du mâle, Mais elle ne le poursuit pas plus loin et, on peut ensuite laisser ensemble les deux araignées, sans danger pour aucune d'elles. En variant les ‘expériences on constate que le mâle aussi bien que la femelle peuvent s’accoupler à plusieurs reprises. Chez Chiracanthium punctorium, les phénomènes, sont très semblables à ceux que l’on observe chez l'espèce précédente. La différence la plus importante à noter est que les deux sexes, dans les moments qui précèdent ou qui suivent la copulation, restent au contact l’un de Vautre; leurs pattes sont même habituellement plus ou moins entremêlées ensemble. Ici, l'harmonie la plus par- faite règne donc entre les sexes, et on ne constate pas entre eux la moindre hostilité. C’est le ménage idéal à en faire venir des larmes de joie à M. Bérenger. 3° Dans Pisauria mirabilis, il n'y a pas non plus, au l début, d’hostilité entre les deux sexes, et la copulation se fait fondamentalement comme dans les deux espèces précédentes. Ici encore, on peut conserver indéfiniment, ensuite, le mâle et la femelle, sans qu'il se manifeste aucune hostilité entre eux. En résumé, les prétendus dangers couru par le mâle qui cherche às’accoupler, ne reposent sur aucun fait réel. La phase pendant laquelle la femelle mangerait le mâle qui vient de s’accoupler, n'existe pas chez les Araignées. Il est certain que quand l’accouplement a lieu, chez ces animaux, en liberté et non en captivité, le mâle peut généralement se retirer ensuite sans aucun danger. . L’immobilité absolue de la femelle pendant la copula- ton s'explique avec la plus grande facilité. La partie de l'organe copulateur qui doit pénétrer dans l’orifice femelle, est très courte; le mâle doit pouvoir appliquer très étroitement son palpe contre cetorifice, et le moindre mouvement de la femelle l’en empécherait. En outre, la situation de l’orifice femelle sous le ventre et l'obligation où se trouve le mâle d'atteindre cet orifice, expliquent l'habitude qu'a dû prendre le mâle de placer lui-même la femelle dans la position rendant possible Paccouple- ment. HENRI COUPIN. ACADÉMIE DES SCIENCES Nouveaux exemples de Rosacées à acide cyanhy- drique. — (Note de M. L. Gurenann). La propriété de fournir de l'acide cyanhydrique considérée d'abord, chez les Rosacées, comme spéciale aux espèces qui possèdent des fruits à noyau et font partie de la tribu des Prunées, a été constatée ensuite chez diverses plantes appartenant à deux autres tribus de la même famille. Dans celle des Pirées, on en trouve des exemples chez les Malus, Cydonia, Mespilus, Sorbus, Cralæqus, Cotoneaster, Eriobotrya, Chamæmeles, Amelanchier, Osteomeles et Helero- meles ; dans celle des Spiréées, le genre Spiræa est le seul qui en présente quelques-unes. Chez la plupart de ces plantes, le glucoside (amygdaline où composé analogue), qui donne nais- sance à l'acide cyanhydrique, n'existe qu’en très faible propor- tion et seulement dans une partie des organes ou à certaines périodes de leur développement. A ces exemples, l’auteur en ajoute près d'une vingtaine de nouveaux. Plus de la moitié d'entre eux appartiennent aux genres Pholinia et Stranvæsia de la tribu des Pirées, Exo- chorda, Kerria, Rhodolypus et Neviusa de celle des Spiréées les autres viennent augmenter le très petit nombre des espèces à acide cyanhydrique déjà connues dans les genres Coloneaster et Spiræa. Comme le dosage de l'acide cyanhydrique avait été laissé de côté dans les précédentes observations, l’auteur a jugé utile de donner un aperçu des variations que l’on peut rencontrer, à cet égard, chez une même espèce, suivant les conditions de végéta- tion et chez un même individu, aux différentes périodes de leur développement. Parmi les organes végétatifs de ces plantes, ce sont presque toujours les feuilles qui fournissent la proportion la plus élevée d'acide cyanhydrique et, dans certains cas, cette proportion atteint presque celle qu'on obtient avec les feuilles de laurier-cerise. Action directe de la lumière sur la transformation des sucres absorbés par les plantules du ( Pinns pinea. » — (Note de M. W. Lurimenxo, présentée par M. Gasron BonNiERr.) Sous l’action d’une faible lumière, les plantules du Pinus pinea transforment le glucose, absorbé par elles dans le milieu nutritif, de façon à augmenter leur poids sec dans une grande proportion. On obtient un résultat analogue avec le saccharose: A partir de l'obscurité, cette transformation s'accroît avec to © (en) l'intensité de la lumière, mais elle présente un maximum qui correspond à une intensité lumineuse très faible, car cette inten- sité n’est pas encore suffisante pour que l'appareil chlorophyllien puisse déjà commencer la décomposition du gaz carbonique. A une intensité lumineuse plus forte, l'assimilation s'a/ffaiblit; mais en même temps commence la décomposition du gaz carbo- nique par l'appareil chlorophyllien, et le poids sec des plantules augmente de nouveau. Cette dernière augmentation du poids sec provient de l’assimi- lation chlorophyllienne, et il résulte des expériences précédentes qu'on doit considérer cette augmentation de poids comme due à d'autres réactions que celles qui ont les sucres comme point de départ, Les expériences précédentes mettent en évidence l'existence d’une nouvelle série de réactions photochimiques qui se pro- duisent dans la cellule végétale indépendamment de l'assimila- lion chlorophyllienne. Ces résultats se rattachent aux phéno- mènes déjà signalés dans les intéressants travaux sur l’assimila- tion des matières organiques par les plantes supérieures, dus à M. J. Laurent, à M. Molliard et à M. J. Lefèvre. Sur les dégâts de «Loxostega (Euryereon) sticticalis » dans les cultures de Betteraves du Plateau cen- tral. — (Note de M.A. Grarp.) Toutes les Betteraves du Plateau central sont atteintes par un parasite redoutable, le Loxostega sticticalis, la Pyrale de la Betterave. Depuis plusieurs années déjà, ce Loxosteqa sticlicalis est bien connu comme un ennemi dangereux de la Betterave dans l'Amérique du Nord, plus récemment, il a occasionné de grands dégâts dans les cultures de Betteraves de la Russie mé- ridionale et jusque dans les provinces danubiennes. Comme le Silphe opaque, le Loxostega sticticalis semble avoir une préférence pour la Betterave sucrière; d'après les rensei- gnements obtenus par le Dr Auzat, en certaines régions du Midi, la plupart (90 %) des Betteraves sucrières sont mortes fanées, rongèes et pourries sous les coups de l’insecte dévastateur, Toutes les variétès sont atteintes d’ailleurs, et l’on pourrait citer tel agri- culteur de la Limagne d'Auvergne, grand producteur de Bette- raves et grand distillateur, qui, sur plusieurs hectares de culture, n’a pu trouver une seule Betterave indemne! La pousse entière de la Betterave est attaquée; toutes les ais- selles des feuilles sont ravinées de galeries profondes ou à ciel ouvert ; le parenchyme des pétioles est rongé jusqu'à 8 ou 10 centimètres de leur base. L’œil est ratatiné, racorni, fuli- gineux; friable au sommet, il est réduit à la base en une sorte de cambouis mou offrant l’aspect d’un pourridié infect. Le collet lui-même ést attaqué etdes galeries perpendiculaires y pénètrent à 2 ou 3 centimètres entraînant avec elles le pour- ridié ci-dessus. En écartant les feuilles, en dilacérant l'œil pourri ou en fendant longitudinalement la Betterave pour voir les galeries du collet, on aperçoit, très agiles et à divers degrés de leur dé- veloppement, de deux à dix chenilles qui fuient et se laissent tomber en filant par la bouche un léger fil de soie auquel elles se suspendent. Les plus petites ont quelques millimètres; les plus grandes, celles qui semblent près d'atteindre la taille de la nymphose, ont de 10 à 12 millimètres; elles ont de finessoies sur le dos avec une teinte rose ou gris sale. Elles ressemblent à s'y méprendre au ver de la pomme. En présence de ce désastre il importe de rechercher les pal- liatifs à la situation présente, les remèdes et les mesures préven- tives à appliquer pour l'avenir. Il serait bon d’arracher le plus tôt possible, avant que les chenilles ne soient arrivées à tout leur développement, et de faire consommer aussitôt par les bestiaux les Betteraves fourragères et celles d’autres sortes qui sont devenues impropres à un usage industriel. Les fanes et les déchets de Betteraves malades devront être ramassés avec soin et brûlés séance tenante avant que les che- nilles aient pu chercher quelque abri pour la nymphose. Au moment de l’éclosion des papillons, il conviendra d’em- ployer les pièges lumineux, dont l'usage a donné de bons résul- tats dans la lutte contre la Pyrale de la vigne. Peut-être dans certains cas sera-t-il possible d’attaquer direc- tement les chenilles à l'aide d'émulsions de savon et pétrole ou de crésyl; mais il est peu probable qu'il faille attendre beau- coup de cette méthode dans le cas actuel : le développement des LE NATURALISTE —————————————————... "TT chenilles se fait d’une facon très inégale, il serait difficile de fixer l'époque où il conviendrait de faire les pulvérisations, plus difficile encore d'atteindre les larves dans leurs galeries. Enfin on ne saurait trop recommander les soins culturaux les plus scrupuleux et les plus vigilants. Il faut à tout-prix enlever des champs de betteraves les nombreux Chenopodium indigènes qui y végètent si souvent et qui pourraient servir de nourriture et d'abri au parasite, assurant ainsi la reproduction pour l’année suivante. Peut-être est-ce aux sarclages et binages répétés et à l’entre- tien intelligent de la propreté des cultures que les agriculteurs du Nord de la France doivent l’immunité dont ils ont joui jus- qu'à présent à l'égard de L. sticticalis. Bibliographie 160. Woodward (A.-S.). On a Tooth of Ceratodus and a Dinosaurian Claw from the Lower Jurassic of Victoria Australia. Ann. Mag. of Nat. hist., juil. 1906, pp. 1-3, pl. I. 161. Zugmayer (E.). Beiträge zur Herpetologie von Vorder- Asien. Zoo. Jahrb., ablh. Syst, XXIII, 1906, pp. 449-486. 463. Ancey (C.-F.). Additions au relevé des Mollusques terrestres et fluviatiles de la Péninsule Arabique. Journ. de Conchyl., LIV, 1906, pp. 24-96. 464. Ancey (C.-F). Sur divers Mollusques terrestres de la Chine et du Japon. Journ. de Conchyl., LIV, 1906, pp. 12-23. 465%. Antipa. Die Clupeinen des westlichen Teiles des Schwarzen Meeres und der Donaumündungen. Denschriften Akad. Wiss. Wien, LXX VIII, 1906, pp. 1- 56, pl. I-III. 466. Arrow (G.-J.). On Lamellicorn Coléoptera from Por- tuguese West africa with descriptions of new species. Ann. Mag. of Nat. hist., août 1906, pp. 127-136. 467. Bavay (A.). Note au sujet de Pecten de la République Argentine. Journ. de Conchyl., LIV, 1906, pp. 1-14, pl. I. 16S. Becker (L.). Une chasse de nuit en 1859. Mém. soc. ent. Belg., XII, 1906, pp. 97-98. 469. Boulenger (G.-A.). On a second species of the silu- rid Genus Mochocus. Ann. Mag. of Nat. hist., août 1906, pp. 147-148. 1%0. Braus (H.) Vordere Extremität und Operculum bei Bombinator-larven. Morphol. Jahrb., XXXV, 1906, pp. 509-590, pl. XV- XVII. 431. Choffat (P.). Espèces nouvelles ou peu connues du Mésozoïque portugais. Journ. de Conchyl., LIV, 1906, pp. 33-41, pl. IT-IIT. 472. Dautzenberg (Ph.). Liste de coquilles marines d'Am- bodifoutra (Côte Est de Sainte-Marie de Madagascar), Journ. de Conchyl., LIV, 1906, pp. 27-29. 143. Dautzenberg (Ph.) Sur l'identité du grand cône du Pleistocène méditerranéen et du C. testudinarius Hwass. Journ. de Conchyl., LIV, 1906, pp. 30-32, fie. Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 17, rue Cassette, 28° ANNÉE La Léthargie chez l'homme ET CHEZ LES ANIMAUX 27 NOV.1906 Les naturalistes savent que la léthargie est fréquente chez les animaux. C’est une torpeur, un sommeil, une vie latente qui survient aux époques où ils ne peuvent trouver leur nourriture. Ils se conforment au proverbe populaire : « Qui dort dine. » Deux causes principales peuvent amener la disette : la sécheresse et l'hibernation. La sécheresse provoque la léthargie du protoptère (protopterus annectens) ; ce curieux poisson de la Séné- gambie vit dans les marais ; au moment de la saison sèche, il se retire dans la vase à environ 50 centimètres de profondeur et s’entoure d'un cocon muqueux qui l’en- ferme. La motte de terre où il se trouve est traversée par un canal en trou de souris, à paroi lisse, qui aboutit à une région du cocon plus mince et plus perméable que le reste. À l’intérieur du cocon, le protopterus est replié sur lui-même, toute la surface de son corps étant revêtue d’une couche très mince de mucus coagulé. À la fin de la saison sèche qui dure neuf mois, le protopterus sort de l’état de torpeur pour reprendre la vie aquatique. L'’escargot, dans la saison sèche, en fait autant. On cite aussi la léthargie des tanrecs, des échidnés, des grands serpents, animaux qui vivent dans les pays ‘chauds et que la disette de vivres oblige au sommeil. L'hibernation existe chez le loir, la marmotte, le hams- ter, la gerboise, le hérisson, la chauve-souris, le saumon et nombre d'insectes comme la fourmi. Ils s’endorment aux premières atteintes du froid pour s'éveiller aux premières chaleurs. La fonction léthargique n'appartient pas en propre à certains animaux à l'exclusion des autres. Il en est qui ne sont pas sujets à la léthargie, mais peuvent y tomber accidentellement. On a observé ce fait chez l’hirondelle etle marünet, lorsque, pour une cause quelconque, ils ne peuvent émigrer aux approches de l'hiver. Des mou- tons perdus sous la neige auraient pu vivre dans un état voisin de l'hibernation et auraient été retrouvés vivants trente-septjours plus tard (professeur Dewar). Tout ceci est fort connu des naturalistes, je les éton- nerai davantage en leur apprenant que le sommeil hiber- nal existe chez l'homme. En cas de famine, les paysans russes passent l'hiver couchés et dorment pendant quatre à cinq mois. Des districts entiers sont ainsi plongés dans le silence; le sommeil ne s’interrompt que pour les choses strictement nécessaires et, aussitôt, tout rentre dans le calme, Ce n’est là, il est vrai, qu'un degré léger de léthargie. Mais il faut observer que la léthargie n’est pas toujours complète chez les animaux. On l’observe à divers degrés d'intensité. Aussi pendant sa léthargie, la marmotte a des réveils fréquents pour évacuer son urine et ses excréments. Mais si on crée une fistule vésicale, la mar- motte ne s’éveille plus (Dubois). Pendant la léthargie, certains animaux sont capables d'exécuter quelques mouvements automatiques. Le loir, en léthargie sur un arbre, descend sans en avoir cons- cience : une patte lâche, il en fixe une autre; arrivé à terre, il continue à dormir. 2 SÉRIE — N° 47 è 7 1h a: ut! A " 4 43 NOVEMBRE 1906 Il en est dont l’hibernation consiste en un simple engourdissement : tels l'ours et l’écureuil. Mais l’homme peut éprouver une léthargie aussi pro- fonde que celle des animaux. Pour le fakir indou, c’est un honneur insigne de tomber en léthargie : seuls y parviennent ceux qui sont les favoris des dieux. Aussi, voulant passer pour tel aux yeux de ses compatriotes, il se soumet aux pratiques les plus pénibles. | Il s'entraine en espacant ses repas et en mangeant le moins possible. Il prend du haschischet d'autres drogues dont il garde le secret. Il espace les inspirations et en: diminue l'amplitude. Quand le moment est arrivé, il se bouche les narines et les oreilles avec de la cire, avale sa langue mobilisée par la section du frein, prend une des poses prescrites par le livre sacré et s’hypnotise en regardant fixement le bout de son nez. Au début, il per- coit des sons, voit des anges, sa physionomie exprime la béatitude. Peu à peu le sommeil survient, le corps se refroïidit, le cœur cesse de battre et « l'esprit va rejoindre l’âme du monde ». On peut alors enterrer son corps, la tête seule sortant de terre, ou enterrer sa tête, le corps restant dehors, l'enfermer enfin dans un étroit caveau, il sera mort durant des mois, on pourra faire pousser le blé sur sa tombe; mais à l'époque prescrite, il reviendra à la vie. Des officiers et des savants ont pu, à diverses reprises vérifier ces faits étranges. Ils paraissaient autrefois incroyables, aujourd'hui les études de physiologie comparée nous les expliquent par- faitement. La léthargie des hystériques ne diffère en rien de celle des fakirs : on a vu certaine léthargique, comme celle de Thenelles, rester pendant des années plongée dans un sommeil profond; on était obligé de l’alimenter et elle ne participait en rien aux événements extérieurs : elle ne se réveilla que pour mourir. Qu'il s'agisse de la léthargie de l’homme ou de la léthargie des animaux, les symptômes sont les mêmes : la circulation se ralentit, les pulsations sont moins fré- quentes et moins amples; le sang abandonne les vais- seaux périphériques et s’accumule dans le cœur et les gros vaisseaux thoraciques. La respiration se ralentit et devient à peine percep- tible. Il y a diminution des échanges chimiques. La consommation d'oxygène est trente à quarante fois moindre. Le rapport de l’oxygène à l'acide carbonique, qui, à l'état de veille, s'élève à 1, n'est plus que de 0,5; il y a donc augmentation relative d'acide carbonique. Il y a abaissement de la température périphérique du corps, la peau est froide et glacée, On a observé que, chez la marmotte, elle peut tomber de 37°6 à 4°6 et même à 4060. Le retour à la température normale est rapide au réveil : en dix minutes une marmotte passe de 14 à 32 degrés. L'étude de la léthargie a une grande importance pour le médecin. Cet état peut simuler la mort au point qu'on s'y trompe. On possède des histoires authentiques de léthargiques ainsi enterrés vifs. Aussi a-t-on recherché un signe pratique qui permette de reconnaitre la mort réelle. Le docteur Icard, de Marseille, en a trouvé deux qui sont excellents. On injecte sous la peau une solution de fluorescéine. Si la mort est apparente, la circulation continue à se faire, on voit l’œil se colorer en jaune. | k 258 LE NATURALISTE Le second moyen est plus pratique encore. Les gaz sulfurés, produits précoces de la décomposition cadavé- rique, se forment plus spécialement et en très grande abondance dans les poumons d’où ils s'échappent par les fosses nasales. Il suffit donc, pour avoir la preuve spon- tanée de la réalité de la mort, d'introduire dans une des fosses nasales ou de déposer sous une des narines un petit morceau de papier réactif à l'acétate neutre de plomb dont le changement de coloration, sous l’action des gaz sulfurés, fournit aux moins instruits et automa- tiquement la preuve de la réahté de la mort. L'étude de la léthargie nous explique les prétendues résurrections. L'hystérique plongé dans cet état peut garder une demi-conscience et entendre ce qui se passe autour d'elle. Elle assiste ainsi aux préparatifs de son enterrement sans pouvoir S'y opposer. Une personne autorisée, un médecin versé dans l'art del'hypnotisme peut, par simple commandement, réveiller la léthargique. Ainsi Charcot pouvait, par ordre verbal, faire passer ses hystériques dans les différents états hypnotiques catalepsie, somnambulisme, léthargie et finalement les réveiller. Ce prodige s'est maintes fois accompli; et on en trouve bien des exemples dans l’histoire. Nous lisons dans Apulée, 4, qu'un médecin Asclépiade, voyant passer un convoi (le visage du défunt était à découvert, suivant la coutume encore en usage dans quelques parties de l'Ita- lie) s'écria que l’homme qu'on portait au bücher n'était point mort, il fit arrêter les porteurs et le ranima. Empédocle, d'après Diogène Laerce, ressuscita aussi une femme morte de suffocation utérine., De même, la légende d'Alceste ressuscitée par Hercule peut provenir d'une histoire vraie; une femme qui s'offre à la divinité pour sauver son mari est fort capable de tomber en léthargie si elle voit ses vœux exaucés ; rien d'étonnant alors qu'un personnage comme Hercule profite de son réveil pour faire croire qu’il à chassé la mort. Le biographe d'Apollonius de Tyane, thaumaturge qui vécut au premier siècle de notre ère, nous a donné le récit détaillé d’une léthargique réssuscitée : « Une jeune fille nubile passait pour morte, son fiancé suivait le lit mortuaire en poussant des cris, comme il arrive quand l'espoir d’un hymen a été trompé, et Rome tout entière pleurait avec lui, car la jeune fille était de famille consulaire. Apollonius s'étant trouvé témoin de ce deuil, s'écria : « Posez ce lit, je me charge d'arrèter « voslarmes. » Et il demanda le nom de la jeune fille. Presque tous les assistants crurent qu'il allait prononcer un discours, comme ii s'en tient dans les funérailles pour exciter les larmes. Mais Apollonius ne fit que toucher la jeune fille et balbutia quelques mots; et aus- sitôt cette personne, qu'on avait crue morte, parut sortir du sommeil, Elle poussa un cri et revint à la maison paternelle, comme Alceste rendue à la vie par Hercule. Les parents firent présent à Apollonius de cent cinquante mille drachmes, qu'il donna en dotà la jeune fille. Main- tenant, trouva-t-il en elle une dernière étincelle de vie, qui avait échappé à ceux qui la soignaient? Car on dit qu'il pleuvait et que le visage de la jeune personne fumait. Ou bien la vie était-elle en effet éteinte,et fut- elle raliumée par Apollonius? Voilà un problème difficile à résoudre, non seulement pour moi, maispour les assis- tants eux-mêmes.» Par cette comparaison de phénomènes d’hibernation, qui sont normaux chez les animaux, et de faits patholo- giques chez l'homme, nous avons voulu montrer de quelle utilité peut être l'histoire naturelle pour le psy- chiatre. D' FÉLIX RÉGNAULT. NOTES SUR LE MURS DES ABELLLES LA DISTRIBUTION DU TRAVAIL D'après M. G. Bonnier (1), il sort de la ruche le matin des abeilles qui vont explorer les environs. D'après le ré- sultat de cette enquête, chaque groupe d’abeillesa sa tâche déterminée pour la journée; les unes vont chercher de l’eau, les autres recueillir le nectar du sainfoin, les autres s'approvisionner de pollen sur d’autres plantes, etc. Elles ne se détournent de leur consigne au cours de la journée sous aucun prétexte. J’ai reproduit, sur la foi°du maitre, cette mauière de voir dans mon ouvrage Parasi- tisme et mutualisme dans la nature, page 176 ; des observa- tions personnelles m'ont montré depuis qu'elle est sinon tout à fait inexacte, du moins très exagérée, Il n’y a pas dans les travaux des abeilles cette rigidité voulue par M. Bonmer. Elles savent très bien se détourner de leur chemin pour profiter d’une aubaine. Le 27 juin 1906, par une sécheresse qui règne depuis le commencement du mois, je me trouve dans le haut de mon jardin, territoire absolument desséché et très éloigné des réservoirs d'eau. Je pose à côté de moi l'ar- rosoir dont je viens de me servir. Aussilôt, je vois une abeille s’en approcher et venir lécher les gouttelettes restées adhérentes à la pomme, Évidemment, cette abeille n’était pas à la corvée d’eau dans cette partie sèche de mon jardin : elle butinait et a profité de l'occa- sion qui se présentait pour faire provision d'eau. Mes abeilles connaissent fort bien le chemin des réservoirs d’eau que j'ai disposés cà et là près des ruches et elles y sont en foule lorsque le temps est sec. Mais, à maintes reprises, j'ai constaté que, lorsqu'en un endroit tout dif- férent l’occasion se présente de faire provision d'eau, elles savent fort bien profiter de l’aubaine, L'’arrosoir placé en un point quelconque du jardin est d’ailleurs visité non seulement par des abeïlles, mais par d’autres hyménoptères, notamment des guêpes. Il y a une dizaine d'années, 1l existait dans le XIII° ar- rondissement de Paris un petit rucher, dont les abeilles butinaient plus souvent à la raflinerie Say que sur le maigre gazon des «fortifs ». Tous les jours, je les voyais s’approvisionner d’eau surle macadam de la place Jeanne- d'Arc, dès que l’arrosage de cette place avait eu lieu. Comme cet arrosage se faisait vers le milieu de la jour- née, des exploratrices sorties le matin de la ruche n'au- raient pas eu connaissance de cette zone humide. Parmi les abeïlles qui s’y trouvaient en si grand nombre, les unes la découvraient par hasard, en revenant de la raf- finerie vers leur rucher; les autres y venaient sans doute guidées par le souvenir d’une précédente visite. En tout cas, si la théorie de la distribution du travail par des abeilles exploratrices était exacte, cette zone d'humidité (1) La Revue (ancienne Revue des Revues), 15 janvier 1906, p. 200. LE NATURALISTE 259 quifne prenait naissance que vers le milieu de la journée n'aurait pas dû être exploitée par les abeilles. Si on place dans le voisinage des ruches des matières sucrées, elles ne sont, d’après M. Bonnier, consommées que le lendemain, parce que, le jour du dépôt, chaque abeille a déjà sa tâche assurée; le lendemain matin seu- lement les exploratrices les voient et les signalent aux autres. En réalité, il n’en est pas tout à fait ainsi et les résultats sont très variables. En 1905, la saison a été très défavorable; dès que je mettais à quelque distance des ruches des débris de rayons renfermant du miel, ils étaient presque instantanément couverts d’abeilles ; le soir même ils étaient nettoyés. Cette année où la miellée est plus abondante, il m'est arrivé de voir du miel entièrement dédaigné. En tout cas, les abeilles se rassemblaient en moins grand nombre sur les assiettes le renfermant. Il n’y avait pas plus d’abeilles le second jour que le jour même du dépôt. Le 28 juin, au cours d'une longue période de sécheresse, je place, vers midi, à une vingtaine de mètres du rucher, un cérificateur solaire renfermant des débris de cire; une heure après, il est couvert d’abeilles qui cherchent à y pénétrer. Le 18 septembre, après plusieurs jours de pluie, le temps s’est remis au beau, À 9 heures du matin, je place dans un des réservoirs d'eau situés au milieu des ruches un bouquet de bruyères. La température est de 12; il y a très peu d’abeilles dehors. À 10 heures, le soleil paraît; les abeilles sortent en masse. Un certain nombre va recueillir de l’eau dans le bassin; aucune ne touche aux bruyères, Ceci semble confirmer les idées de M. Bonnier. Mais il n’en est rien : les jours suivants, alors que le bouquet a dû être découvert par les exploratrices, l’abs- tention continue. Les abeilles sont très nombreuses sur le champ de bruyères situé à 2 kilomètres du rucher. Pour une raison qui m'échappe, elles refusent le bouquet que j'ai cueilli dans ce champ. Enfin, ce qui vient encore contredire la théorie des exploratrices et de la division stricte du travail, c'est qu'on voit souvent des abeilles qui portent des culottes de pollen et qui butinent sur des fleurs à nectar. Elles ont d’abord récolté du pollen; rencontrant des plantes nectarifères, elles en profitent pour rapporter double récolte. Ce fait, loin d'être une exception, s’observe journellement. Là encore, il n’y a pas cette fixité dons les travaux exécutés, qu'admet M. Bonnier, En résumé, ces observations prouvent que l'intelligence, qui permet de varier les actes suivant les circonstances, joue dans les travaux de l’abeille un rôle au moins aussi grand que l'instinct machinal. Quant aux abeilles dites exploratrices, elles n’ont pas d'existence réelle. Toutes les abeilles sont à l'occasion exploratrices : les premières réveillées vont ie matin à la découverte des dépôts alimentaires du voisinage et entraînent à leur suite un plus ou moins grand nombre d’abeilles vers chacun d'eux. Mais au cours de la journée les rôles s’intervertissent suivant les circonstances telle qui récoltait du pollen se met à pomper du nectar ou à recueillir de l’eau. En tout cas, il n’y a pas de distri- bution des travaux par ces sortes de chefs de chantiers que représenteraient les exploratrices. Le fonctionna- risme répugne aux abeilles. D' L. LaLoy. LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANIMAUX Vivants et Fossiles" Mollusques. — Tous les animaux d’eau douce que nous avons passés en revue jusqu'ici ont des téguments mous ou sont de trop petite taille pour avoir laissé des traces de leur existence à l’état fossile ; il n’en sera plus de même des Mollusques dont la coquilie se conserve par- faitement, et par conséquent nous pourrons essayer d'établir les lois qui ont présidé à leur évolution phylo- génétique. Les Gastropodes sont marins, fluviatiles (et lacustres), ou terrestres ; d’autres préfèrent les eaux saumätres, et, dans presque tous les grands groupes, on trouve des types très voisins (appartenant à la même famille), qui ont des représentants à la fois dans la mer et dans les eaux douces. Ainsi, dans l’ordre des Prosobranches qui est si ancien (Pleurotomaria datant de Ja période pri- maire), la famille des Neritidæ, à côté de Nerita qui est marin, nous présente Smaragdia qui habite les eaux sau- mâtres, Neritina, Theodoxia et Septaria qui sont fluvia- tiles ; Neritina fluviatilis se trouve dans les rivières de France. Dans la famille voisine des Hydrocenidæ, le genre type (Hydrocena) est des plages d’eau saumâtre, tandis que Georissa se trouve, dans l'Inde, à 4.000 pieds d'altitude. Enfin les familles des Helicinidæ et des Pro- serpinidæ sont pulmonées et terrestres. Les Paluttinidæ (Paludina communis) sont lacustres et les Cyclophorridæ (renfermant Pomatias) terrestres. Les Ampullaniidæ, qui possèdent à la fois une branchie et une cavité pulmo- naire, et qui sont les plus grands mollusques d’eau douce, sont propres aux régions intertropicales du globe. Parmi les Littorinidæ marines, on peut signaler le Cremnoconchus syhadrensis qui habite la chaine des Ghates dans l'Inde. Les Cyclomastidæ sont terrestres, mais vivent dans les lieux humides. Les Hydrobtidæ habitent les eaux douces où saumâtres, mais elles en sortent souvent pour se promener à l'air libre sur les plantes de la rive. Cette famille est cosmopolite. Valvata piscinalis est également d’eau douce. Les Melaniidæ et quelques familles voisines sont dans le même cas. La famille des Nassidæ, enfin, a quelques espèces d'eau douce (Canidia Jullieni). On voit, par ces exemples, com- bien ce type si ancien des Prosobranches présente de plasticité pour se plier à toutes les conditions d’exis- tence, et remonter, en quelque sorte, des grandes pro- fondeurs de l'océan jusque sur les montagnes les plus abruptes. Les genres d'eau douce appartenant aux familles des Hydrobiidæ, Paludinidæ, Melaniidæ, Neritidæ sont cosmopolites, et ces deux dernières familles sont représentées jusque dans les archipels de la Polynésie. Au point de vue phylogénétique, on sait que les Pro- sobranches sont les plus anciens des Gastropodes, et que plusieurs types encore vivants datent du Cambrien (Pleurotomaria), où du Silurien (Natica). Les Pulmonés plus ou moins terrestres (Pupa, Zonites), ayant apparu (4) Voir le n° 458 du Naturalisle et suivants. 260 LE NATURALISTE dès le carbonifére, il est permis dé supposer que les types d'eau douce, qui doivent théoriquement former là transition entre les types marins et les types terrestres, datent aussi de cette époque. Cependant c'est seulement dans l'Oolithe (Jurassique moyen), que les dépôts d’eau douce se montrent nettement et que l’on peut constater avec certitude l'existence des genres Neritina, Paludina, Hydrobia, Melania, qui continueront à se développer jus- qu'à nos jours et dont l’ancienneté est le principal fac- teur de leur cosmopolitisme actuel. Dans le Crétacé supérieur le système des eaux douces se développe en- core davantage, mais la faune garde, en Europe, un faciès tropical : c’est ainsi qu'on y trouve le genre Cy- clostoma dont les représentants actuels habitent la zone torride. Les Ampullaria, si difficiles à distinguer de cer- taines Naticidæ, ont été marines à l'époque du Lias ; elles deviennent lacustres à partir du Crétacé supérieur. Les alternances lacustres et tertiaires, qui se sont produites dans beaucoup de bassins tertiaires de l'Europe centrale, ont dû favoriser l’évolution des types d’eau douce, mais en même temps elles ont fixé, en quelque sorte, ces formes dont beaucoup n’ont plus varié jusqu’à l’époque actuelle : c’est là une des particularités caractéristiques de la faune des eaux douces. Un fait remarquable dans ce groupe est la rareté des #spèces cosmopolites, aussi bien à l’époque paléozoïque que de nos jours; de même très peu d'espèces ont eu une grande longévité géolo- gique, faits d'autant plus remarquables que les genres, au contraire, présentent à la fois une grande fixité et une dispersion géographique très étendue. Les Pulmonés, qui constituent pour les modernes un ordre à part des Prosobranches, sont en grande majorité terrestres (Escargot), mais renferment aussi des familles d’eau douce (Limnæœidæ, Chilinidæ). C'est à la première de ces deux familles qu'appartient le genre Planorbis qui joue un rôle important à l’époque tertiaire (PI. multi- formis), notamment dans le calcaire d’eau douce (miocène supérieure) de Steinheim, qui en est presque entièrement pétri. De même Limnœus longiscatus abonde dans le calcaire de Saint-Ouen, près Paris. Les genres Limnœus, Planorbis et Ancylus vivent encore dans les eaux douces de notre pays. Le Opisthobranches et les Scaphopodes sont exclusive- ment marins. Les Lamellibranches (Mollusques bivalves, Acéphales ou Pélécypodes) sont tous marins où d’eau douce. Dans l’ordre des Toxodontes, le genre marin Arca est représenté dans les eaux du (ange par Scaphula. Dans celui des Anisomyaria (qui renferme les avicules et les moules marines), il faut citer Byssanodonta et surtout Dreissensia polymorpha qui sont fluviatiles. Nous avons déjà parlé de cette dernière espèce, sorte de moule d’eau: douce, qui venant de l'Orient aurait envahi peu à peu, depuis un siècle, toutes les eaux douces de l’Europe. Auparavant, elle n’était connue que dans le sud de la Russie (Caspienne). En 1825, on la signale en masses innombrables dans le golfe de Courlande (eau saumâtre), dans les cours d’eau qui s’y jettent, jusque dans les lacs des environs de Postdam, et dans la Sprée, à Berlin. Son apparition dans le Danube date de la même époque (1824). En 1826, elle se montra à l'embouchure du Rhin et dans les docks de Londres : aujourd’hui elle remonte jusqu’en Ecosse. De la Hollande elle à pénétré dans la France septen- trionale et de là jusqu’à Paris où, comme nous l’avons vu, elle obstrue de temps en temps les conduites d’eau d'alimentation. Elle a passé également dans la Loire, et sans doute elle s'étend plus loin encore. Cette curieuse migration ne semble pas avoir été volontaire : on suppose que le mollusque, s’attachant par son byssus à la carène des navires, a été transporté de canal en canal, et même à travers la mer du Nord et la Manche, jusqu’en Angleterre, à moins que l’on r’admette son transport au milieu des bois de construction formant la charge de quelques-uns de ces navires (1). Dans l’un comme dans l’autre cas, il est certain que l'espèce présente une grande force de résistance et une facilité remarquable à pulluler dans les milieux les plus variés. Les huîtres (Ostreidæ) sont exclusivement marines, mais il n’en est pas de même des représentants de l'ordre des EVLAMELLIBRANCHES, qui renferme une impor- tante famille dont tous les types sont propres aux eaux douces (Unionidæ). Les Unionidæ (ou NAYADÉES des anciens naturalistes), connues sous le nom vulgaire de « mulettes », habitent les eaux douces de l’Eurasie et de l'Amérique surtout septentrionale, où elles comptent de nombreuses espèces (Unio, Anodonta, Margaritana, etc.). Les Ætheriidæ, dont la coquille lamelleuse rappelle celle des huîtres, se trouvent dans les fleuves de la zone équatoriale (2). Les Cycladidæ, enfin, sont de très petits bivalves qui habitent les rivières et les-étangs, s’attachant aux plantes aqua- tiques (Cycles, Pisidium). — Lies CÉPHALOPODES sont exclusivement marins. Au point de vue paléontologique, les Lamellibranches sont moins précoces que les Gastropodes : ils sont encore peu nombreux dans le Silurien, et les types d'eau douce ne se montrent guère avant l’époque tertiaire. Les Anthracosia du terrain houiller sont problématiques ; quelques rares Unionines et Cyrenes sont plus certaine- ment lacustres ou fluviatiles dans le trias, le jurassique et le crétacé. Mais dans le tertiaire, les genres Unio, Ano- donta, Sphærium, encore vivants, prennent déjà un grand développement. Quant à leur phylogénie, on admet que ces types d’eau douce se rattachent aux Carditidæ par les Cardinüdæ (Anthracosia) d'eau saumâtre, qui datent du Silurien de l’époque houiïllère ou du trias, et qze les anciens auteurs ont décrits sous les noms d'Unio et d'Anodonta, tant la forme de leur coquille rappelle celle des Nayadées modernes. Celles-ci seraient donc d'ori- gine très ancienne,et c'est ce qui explique le cosmopoli- tisme du genre Unio et des genres voisins. Arthropodes d'eau douce. — Ce que nous avons dit des mollusques peut s'appliquer également aux Crustaces. Presque tous les groupes de quelque importance ont à la fois des représentants marins d'eau douce et même ter- restres, ce qui montre la facilité d’accommodation que ces animaux présentent à des milieux différents. Nous avons indiqué déjà l'influence que le séjour dans les eaux douces exerce sur les métamorphoses que beaucoup de ces animaux présentent : les stades larvaires sont abré- (4) Dans son Histoire naturelle du Jura, I, p. 557 (1863), le Frère OGérIEN rapporte qu'il a introduit l'espèce à Lons-le- Saunier en l’apportant vivante de Paris et la jetant dans Ja Vallière où elle s'est naturalisée. C’est là une opération dont l'utilité peut être contestée, en raison des mœurs de ce mollusque, qui obstrue si facilement les conduites d’eau. (2) L'Ælheria tubifera, du Congo et de l'Oubangui, est édule et mangée, comme nos huîtres, par les nègres et les blancs. Nes LE NATURALISTE 261 ER — en. gés:ou supprimés (écrevisse). Enfin, la plupart des Crus- tacés d’eau douce ont des dimensions bien inférieures à celles de leurs parents marins ou même terrestres, de sorte qu'ils ne jouent qu’un rôle insignifiant dans cette faune. Tel est le cas pour les Copépordes qui ont dans la même famille (Calanidæ) des représentants marins (ce sont les plus nombreux), d’autres d'eau saumâtre ou d’eau douce (Diaptomus castor, Poppella Guerneï, etce.), et d'autres qui semblent indifférents à la saiure de l’eau (Limnocalanus macrurus, Eurystemora lacinulata). Les Harpartidæ, Cyclo- pidæ et Argulidæ ont aussi des représentants dans les eaux douces. Il en est de même des Ostracodes (genres Cypris, Notodromas, Candona) et des Cladocères ou « Puces d’eau », dont presque toutes les familles ont des formes très abondantes dans les eaux douces (Daphnia, Lantona, Lynceus, Leplodora). Une espèce (Sida cristallina) se trouve à la fois dans l’eau salée et dans les lacs des Alpes. Tous ces types sont de très petite taille : les Phyllopodes sont déjà plus grands, et la plupart d’entre eux habitent l’eau douce (Branchipus, Apus, Estheria, Limmnetis) où les étangs saumâtres au bord de la mer (Artemia salina). Nous avons déjà signalé les faits si remarquables qui se rattachent à la reproduction des espèces d’eau douce (Estivation). Les Amphipodes ne sont guère représentés dans les eaux douces que par les Gammaridæ ou « Crevettes des ruisseaux » dont le genre type (Gammarus) renferme aussi des espèces marines, Crangonyæ sublerraneus vit dans les eaux souterraines avec plusieurs espèces de - Niphargus. Les Isopodes ont également des formes caveruicoles (Asellus cavaticus), très voisines de celles qui vivent dans les cours d’eau à l'air libre (A. aguaticus). Dans la famille des Oniscidæ (Cloportes), dont la plupart des espèces sont terrestres ou vivent au bord de la mer, Ligidium agile et L. hypnorum habitent les étang de l'Eu- rope centrale et méridionale. Sphæroma fossarum, d'un genre presque exclusivement marin, habite les marais Pontins dont l’eau douce n’a plus, depuis longtemps, de mélange avec l’eau de mer. Les Décapodes rénferment, à l’époque actuelle, les plus grand de tous les Crustacés, aussi bien dans la mer que dans les rivières et les lacs. Les MACROURES sont les plus nombreux. Les Palæmonidæ où « Salicoques », pour la plupart marins, ont quelques espèces d’eau douce : Palemon fluviatilis vit dans le lac de Garde, P. varians dans les étangs d’eau douce ou saumâtre. Les Atya sont presque tous d’eau douce, et Caridina, qui en est voisin, à une espèce (C. Desmaresti) qui vit dans la plupart des rivières de France, au milieu des Potamo- gelon et autres plantes aquatiques, faisant la chasse aux Daphnies et aux Cyclops dont elle se nourrit. Le Troglo- caris Schmidti, qui est aveugle, vit dans les eaux sou- terraines de la grotte d’Adelsberg près de Trieste. Les véritables « Crevettes », que l’on confond souvent avec les Palémons ont, dans le genre Crangon, des espèces (C. vulgaris) qui remontent les fleuves jusqu'à une grande distance de la mer : c’est ainsi qu’on en pêche, à la balance, dans la Garonne, à Bordeaux, c’est-à-dire à 80 kilomètres de l'embouchure de la Gironde. Les Astacidæ sont représentés en Europe par l’Ecre- visse d'eau douce (Astacus fluviatilis) dont nous avons signalé tout l'intérêt au commencement de ce chapitre. Cette espèce est le type d'un groupe dont on peut faci- lement suivre les migrations de la mer aux eaux douces, mais dont la distribution géographique, à l'époque actuelle, est très caractéristique et présente une grande importance au point de vue de la délimitation des régions , zoologiques. « Le genre Asfacus, qui renferme nos écre- visses d'Europe, s'étend sur une grande partie de la région Paléartique et se retrouve dans le bassin de l'Amour et au Japon. Il n’y a d’écrevisses ni dans la région africaine mi dans la région indienne, mais le genre Astacus se retrouve de l’autre côté du Pacifique, sur le versant occidental des Montagnes Rocheuses, de l'Orégon à la Californie. Le reste de la région Néan- tique est habité par le genre Cambarus qui pénètre dans la région néotropicale, s'étendant des Grands-Lacs au Guatémala. Les Parastacinæ sont surtout abondants en Australie, où certains Parastacus atteignent, sans quitter l’eau douce, la taille de nos homards. Engæus vit en Tasmanie et Paranephrops à la Nouvelle-Zélande et aux iles Fidji. Le genre Parastacus se retrouve au Chili et dans le sud du Brésil. Enfin, le genre Astacoides repré- sente Parastacus dans le sud de Madagascar (1). » Lorsque nous aborderons la distribution géographique des Poissons et celle des Reptiles et des Mammifères, nous verrons que des relations de même nature se retrouvent entre les deux versants du Pacilique aussi bien que dans la faune des régions australes des continents. Les Brachiures (Crabes) ont aussi leurs espèces d'eau douce qui constituent la famille des Telphusidæ. Une espèce (Telphusa fluviatilis) habite le sud de l'Europe, mais la plupart des genres (Paratelphusa, Hydrotelphusa, Boseia, Epiloboceras) sont des régions intertropicales des deux continents où chaque espèce est cantonnée dans un bassin hydrographique plus ou moins restreint. Ces Crabes peuvent aussi s'adapter à la vie souterraine : en creusant des puits artésiens, en Algérie, on en à vu sorur des Telphusa fluviatilis avec d'autres organismes d’eau douce. Au point de vue paléontologique, il y a peu de à dire des Copépodes et des Ostracodes d'eau douce, que ces derniers se montrent déjà dans le Wealdien. Les Isopodes, au contraire, ont cela de remarquable que leurs plus anciens représentants sont d’eau douce et de grande taille (Præarcturus du Vieux Grès Rouge, Arthro- pleura du terrain houiller), tandis que les Isopodes actuels n’ont d'espèces gigantesque que dans les grandes profondeurs des océans (Bathynomus). On a donc Île droit de supposer que ce type d'organisation, à l'opposé de ce qui a lieu pour les autres Crustacés, s'est développé d’abord dans l’eau douce ou saumâtre et a émigré tardi- vement d’une part dans la faune terrestre, de Pautre dans les faunes marines littorales et des grandes pro- fondeurs. Les rares Amphipodes fossiles que l’on con- naisse proviennent des couches d’eau douce (Gammarus æningensis, tertiaire). On n’en connait pas des dépôts plus anciens. Les Gigantostracés de l’époque primaire, qui ont vécu du Silurien au Carbonifère, sont les plus grands Crus- tacés que l’on connaisse. Ils atteignaient la grosseur d’un homme et près de 2 mètres de long. Comme on les trouve dans la formation houillère avec des Amphibiens d'eau douce, on est en droit d'admettre qu'ils ont vécu d'abord dans la mer, puis dans les eaux saumâtres et les chose sinon (1) TrouEssarr. La Géographie zoologique, 1890, p. 256. 262 LE NATURALISTE eaux douces. Ils se sont éteints dans le Dyas, et leurs plus proches parents actuels, les Limules, sont marins. Les Décapodes macroures ont des représentants dès le Dévonien (Palæopalæmon), et les genres Crangopsis et Anthrapalæmon des formations houillères peuvent être considérés comme de véritables « Salicoques ». Les Astacidæ (Ecrevisses) ont leurs premiers représentants dans Eryma et Pseudastacus qui sont du Lias et du Juras- sique. Les types d’eau douce (Astacus, Cambarus) datent du Tertiaire sur les deux continents, et leur distribution géographique est déjà celle de l’époque actuelle. Les Brachyures d’eau douce (Telphusa speciosa) se montrent également dans le Miocène (calcaire d’eau douce d'Œningen). Arachnides, Acariens. — En raison de leurs mœurs spéciales, les véritables Araignées ne semblent guère faites pour la vie aquatique. Cependant on peut citer l'Argyroneta aquatica qui file dans l’eau douce une toile imperméable, en forme de cloche à plongeur et remplie d'air. Par contre les Acariens ont toute une famille (Hydrachnidæ) dont les représentants vivent dans les rivières et les lacs, et dont quelques-uns même (Ponta- rachne) sont marins. Les Halacaridæ, au contraire, pres- que exclusivement marins, ont des représentants qui s’avancent dans l’eau saumâtre (Halaarus spinifer ou Basteri du canal de Caen à la mer) et même dans les marais de la Thuringe (Trouessartella violacea). Les Myriapodes n'ont pas d'espèces aquatiques à l’époque actuelle, mais à l’époque Carbonifère il existait de grandes espèces (Acantherpestes major), pourvues non seulement de stigmates, mais aussi de branchies, et qui très probablement étaient amphibies, vivant dans les marais d’eau douce de l'Amérique du Nord, où elles ont laissé leurs débris dans les dépôts houillers de l'Illinois. Insectes. — De nombreux types, appartenant à plu- sieurs des ordres de cette grande classe, habitent les eaux douces (Dytiscus, Gyrinus, Hydrophilus, Donacia, Nepa, Naucoris, Ranalra, Corisa, Nofonecta, etc., et même dans les groupes où l’on s’attendrait le moins à en ren- contrer (Hyménoptères, Lépidoptères), on peut signaler quelques types aberrants qui vivent dans l’eau, non seu- lement à l’état de larve, mais aussi sous leur forme d’adulte, nageant en quelque sorte avec leurs ailes. Mais les formes qui passent dans l'eau la première partie de leur existence sont beaucoup plus nombreuses, surtout dans les deux ordres des Orthoptères (Pseudo-Névrop- tères) et des Diptères. Il suffit de citer les Libellules, les Ephéméres, les Cousins, etc. Les larves de certains Diptères vivent même dans l'eau salée. Le groupe des Ephemeridæ présente un intérêt parti- culier en raison de ce fait que la larve aquatique pré- sente des trachées branchiales disposées des deux côtés du corps comme de petites ailes. En outre, la Nymphe qui reste active présente déjà des ailes parfaitement développées, dont elle se dépouille cependant avec sa peau de nymphe pour prendre enfin son essor sous forme d’Insecte parfait. Un genre voisin (Prosopistoma) est en- core plus curieux : la larve du P. punctiformis a été con- sidérée longtemps comme un petit Crustacé; c’est le « Binocle à queue en plumet » de Geoffroy, qu'il décrit dans ses Insectes des environs de Paris. Cette larve res- semble en effet, au premier abord, par sa forme renflée, aux petits Crustacés tels que les Apus et les Argulus, et sa Nymphe active est pourvue de véritables ailes très déve- loppées. Un autre Pseudo-Névroptère de la famille des Perlidæ, le Pteronarcys regalis du Canada, conserve, à l’âge adulte, des branchies, concurremment avec des stigmates; il est par conséquent véritablement am- phibie. Grâce à cette structure, il peut à volonté vivre dans l’eau, sous la pluie des cascades, ou voltiger dans l'air (NewporrT). La ressemblance que ces lames bran- chiales des Ephémères et des Perlides présentent avec les ailes à nervures de la plupart des Insectes, a fait sup- poser que ces ailes ne sont que des branchies transfor- mées, de telle sorte que les Hexapodes se seraient déve- loppées dans les eaux douces. Leurs ailes ont pu être des rames avant de leur permettre de s'élever dans l'air. La paléontologie apporte son appoint à cette opinion. On sait que l’on a dù créer pour les plus anciens In- sectes un ordre synthétique, celui des Palæcodictyoptera, qui renferme des types primitifs ressemblant aux Né- vroptères, aux Orthoptères ou aux Hémiptères, mais que leurs caractères ne permettent pas de ranger dans ces groupes modernes. Or, il est bien probable que ces Paléodictyoptères avaient des larves aquatiques plus ou moins semblables à des larves d'Ephémères et des nymphes actives ne différant guère de l'adulte que par la faculté que celui-ci possédait de voler. Tel fut, sans doute, le gigantesque Titanophasma Fayoli, du Carboni- fère de Commentry, dans l'Allier, dont le corps avait 30 centimètres de long, les ailes 50 centimètres d’enver- gure, et qui ressemblait à une énorme Libellule. Les Mantes et les Phasmes de la faune actuelle seraient les descendants bien dégénérés du type d'organisation que représentaient, à l'époque primaire, ces magnifiques Insectes. Les Libellules actuelles, dont les larves sont aqua- tiques, peuvent être considérées, même sous leur forme d'adultes, comme des animaux d’eau douce. Ces brillants Insectes, que leurs mœurs font comparer aux Hirondelles, malgré les migrations signalées chez quelques espèces, ne s'éloignent guère, de plus de quelques centaines de mètres, des cours d’eau où ils ont passé leur enfance et où ils doivent déposer leurs œufs. Aussi, malgré la rapi- dité et la puissance de leur vol, chaque espèce est-elle cantonnée dans une étroite région zoologique. (A suivre.) Dr TROUESSART, Professeur au Muséum. L'Agrotis Constanti mil. . C’est dans l'Ardèche que Millière a découvert cette belle Agrotis. La faune de Celles-les-Bains, localité devenue classique pour la foule de beaux et rares lépi- doptères qu’elle offre aux chasseurs, a paru à Millière, .qui s’y connaissait, puisqu'il a habité Cannes de longues Ï S années, comme une prolongation de la faune du Littoral et de la Provence, « de l’extrême-midi de la France ». On peut s’en convaincre par la liste des espèces qu'il énu- mère dans son Iconographie, t. Ir, p. 167. L'Agrotis Constanti en est encore une preuve nouvelle. Elle n’est pas spéciale à l'Ardèche. Cette grosse espèce a un habitat plus étendu que la lisière du Languedoc sur la rive droite du Rhône. Toute la Provence, haute et basse, la revendique également. En 1901, à Digne, notamment, j'ai capturé sa chenille et j'ai obtenu une petite série de papillons oo et 9 ©. Millière n’a connu que le o” de sa Constanti et par con- LE NATURALISTE 263 séquent n’a pu rien dire ni de la ©, ni de la chenille. Avant de les décrire, il convient de faire remarquer que la race provencale de l'Agr. Constanti, comparée à celle de l'Ardèche, offre quelques variations chez le mâle: dans la teinte générale des ailes supérieures, qui est d’un Jaune argileux plus vif; dans les taches costales plus foncées, la tache de la réniforme plus accentués, l'ombre médiane plus nettement indiquée, l’extra-basilaire visi- blement géminée avec un petit point brun à l'angle extérieur du milieu, indice de la claviforme, la subtermi- nale mieux dessinée et enfin dans les points terminaux le plus souvent obsolètes. La femelle de l'Agr. Constanti a les antennes filiformes brun jaunâtre, Ses ailes supérieures sont moins allon- gées, plus arrondies à l’apex; elles ont la même teinte que celles du mâle, mais toutes les lignes et taches sont beaucoup moins distinctes. Quant aux ailes inférieures, elles sont naturellement bien plus foncées, brunes, à l'exception dela base qui est blanchâtre ; leur frange est d’un blane pur. Le dessous des ailes supérieures ne présente pas la grande tache triangulaire brune aussi nettement délimi- tée que chez le o’: le brun envahit l’espace subterminal sous forme de bande vague. Le dessous des inférieures est blanc aussi, mais il est parsemé d’écailles d’un argi- leux pâle qui-en ternissent la pureté, surtout vers le bord externe où elles dessinent une bande subterminale. Une lunule discoïdale de même couleur est aussi très faiblement indiquée. Chenille. — Dans son tout jeune âge, la chenille de l’Agrotis Constanti n'a pas l’aspect habituel des chenilles d’Agrotis; elle ressemblerait plutôt à une chenille de Polia. Et ce qui ajoute encore à l'illusion, c’est qu’on le trouve en compagnie de la Polia venusta B. et de la Polia flavicineta, v. meridionalis B., sur les mêmes plantes et dans les mêmes conditions d'existence. Elle est, en effet, de forme assez allongée, et de couleur vive, verte, avec bande blanche sur les côtés. Plus tard, c'est-à-dire en avril et mai, sa couleur se ternit, s’assombrit par le fait de nombreuses mouche- tures grisâtres; mais elle conserve la teinte claire de la région dorsale et sa large bande blanche stigmatale. Cette chenille, dans le cours de son existence, offre donc deux aspects principaux qu'il convient de décrire séparément. Jeune, elle est d'un vert blanchâtre au milieu de la région dorsale et sous le ventre et d’un vert grisâtre ou rembruni sur les côtés jusqu'aux stigmates; la dorsale est très fine, très interrompue, à peine visible si ce n’est sur les premiers segments; elle est blanche et bordée de erisâtre. Les sous-dorsales sont blanches, larges, mais peu distinctes et fondues dans la couleur de la région dorsale; par contre, la stigmatale est large, bien délimi- tée et forme une bande d'un blanc presque pur et lui- sant, Les verruqueux sont très petits, noirs et entourés de blanchâtre, avec un poil brun ou noir. La tête est vert jaunâtre; l’écusson est jaunâtre avec le commencement des lignes très’ peu marqué en blanchâtre: les pattes écailleuses d’un corné clair; les membraneuses bien dé- veloppées, la première paire un peu plus courte que les autres, leurs crochets sont roussâtres ; toutes sont robustes, indiquant que la chenille peut grimper sur les plantes et s’y tenir solidement accrochée. La vésicule de Bonnet est très longue, dépassant les organes buccaux. Adulte, cette chenille peut atteindre 50 et 55 milli- mètres de longueur, à peau tendue, Corps subcylin- drique, un peu aplati en dessous, épaissi très sensible- ment aux quatre premiers segments; sa couleur est d'un gris argileux verdâtre, surtout en dessous; la région - dorsale est aussi plus claire comme dans le jeune âge et les côtés plus assombris. Les lignes dorsale et sous-dor- sales sont presque indistinctes ; les sous-dorsales seules se laissent deviner par des taches claires appuyées de brun au commencement des segments, surtout des der- niers. La belle bande blanche stigmatale a presque disparu et est remplacée par une bande blanchâtre mal déterminée et salie de mouchetures grisâtres, comme tout le reste du dos. Verruqueux très petits, noirâtres, poils bruns. Tête petite, brun jaunâtre ou fauve avec une large liture en avant sur le bord des calottes de chaque côté du delta ; ocelles noirs, organes buccaux et épistome de la couleur de la tête. Écusson court et étroit d’un brun noirâtre luisant, partagé au milieu et sur les côtés par des lignes blanchâtres, amorces des lignes dorsale et sous-dorsales, c'est celle du milieu qui est la plus nette. Clapet brun noirâtre, partagé également par des lignes blanchâtres. Pattes écailleuses d'un corné clair; mem- braneuses concolores, à crochets roux. Stigmates noirs, très visibles. La chenille de l’Agrotis Constanti, qui est polyphage, vit sur les plantes basses et même les arbrisseaux. Jeune, elle se tient constamment dans les touffes ou sur les tiges; adulte, elle se cache le jour au pied de la plante et grimpe la nuit parfois jusqu’à un mètre de haut. Les plantes sur lesquelles je l'ai vue le plus souvent sont les Thymus vulgaris, L. Dorycnium suffruticosum Vill. et Genista cinerea D. C. Elle acquiert tout son développement en mai et juin et s'enfonce alors en terre pour se métamorphoser. Chrysalide. — La chrysalide de lAgr. Constanti est relativement courte et épaisse, de couleur marron, et très luisante ; sa surface est presque lisse; les stigmates gros, un peu saillants et noirs; l’extrémité de l'abdomen est très obtuse, à mucron très court et épais, armé de deux épines noires, droites et parallèles assez rappro- chées l’une de Pautre. L’éclosion du papillon a lieu en août et septembre. P. CHRÉTIEN. Sur la-présence du CHEVREUIL (C. Capreolus) dans le quaternaire de la vallée de F’Aa. Le chevreuil est considéré comme race rare dans les alluvions quaternaires., On le signale du Chelléen seule- ment associé à l'Elephas antiquus. On l’a trouvé à Chelles dans la station classique, de même à Montreuil près de Paris. Il a été de même trouvé à Norfolk dans le Forest Bed, et on l’a rencontré dans la grotte de Grumaldi. En Italie, il est au contraire commun, et ou le cite de nombreuses localités. M. G. de Mortillet insiste même sur l'absence du chevreuil dans le Moustérien du Nord de la France et de l’Angleterre. Il pense qu'après le Chelléen, le Chevreuil a émigré dans le Sud pour se maintenir dans ces régions pendant la fin du quater- naire et reparaitre dans le Nord de l'Europe pendant le Néolithique. Le climat qui lui convient est un climat très tempéré, il s'ensuit que sa présence dans le Chelléen indique un climat assez chaud. Actuellement, il existe 264 LE NATUIE tALISTE en Europe dans toute la partie centrale et ne se trouve pas dans le Nord où les hivers sont très froids. Quand il lui est possible, il recherche donc de préférence. une température moyenne. J'ai fait dernièrement une constatation intéressante, ayant rencontré deux bois de chevreuil dans les couches non remaniées du Moustérien. Ces deux bois très faciles à reconnaitre et bien conservés, proviennent des allu- vions caillouteuses d’Arquès près de Saint-Omer; ils se sont rencontrés en compagnie de la faune suivante : Elephas primigenius ; Rhinoceros Tichorhinus ; Bos primigentus ; Bison priscus ; Equus Caballus. Cette faune est caractéristique. des alluvions mousté- riennes. La conservation des bois est absolument iden- tique à celle des autres pièces provenant des animaux que je viens de citer, Comme le niveau est rigoureuse- ment certain, il faut admettre que dans la région du Nord de la France, le chevreuil s’est maintenu pendant le Moustérien, ce qui semblerait indiquer que la tempé- rature n’atteignait pas une rigueur exceptionnelle. En tout cas, la chose est très intéressante à signaler, car je ne sache pas que le chevreuil ait été trouvé dans d’autres gisements moustériens du Nord de la France, D' G. PONTIER. MŒURS BE MÉTAMORPHONES des espèces du genre SILPHA, Linné COLÉOPTÈRES DU GROUPE DES Sylphides PREMIÈRE PARTIE — GÉNÉRALITÉS Régime. — La plaine, les coteaux, la montagne jusqu’à ses plus hautes altitudes, possèdent bon nombre d'espèces du genre Silpha, chacune ayant son habitat avec son régime spécial : — en plaine, sont plus particulièrement celles qui recherchent les cadavres, les charognesen voie de désagrégation, mammifères grandsetpetits, oiseaux de toute sorte, sauriens et batraciens; — en montagne, on en trouve d’herbivores comme ilen est aussi qui préfèrent les mollusques, hélix, limaces et les vers de terre qu’elles savent aller dépister jusque dans le sol; —— d'autres chassent les chenilles sur les arbres, leur fontune guerre sans merci; — il en est encore qui attaquent nos légu- mineuses, nos fruits ; — pour les unes comme pour les autres, l'époque de la reproduction correspond avec les premières belles journées d'avril et de mai pour la plaine, un peu plus tard pour les espèces montagnardes; successivement chaque espèce se réveille de son sommeil hivernal, compense par une forte alimentation les pertes vitales éprouvées durant la saison des frimas, puis songe à la rénovation de l'espèce à laquelle elle appartient en propre. Reproduction. — Quand ce moment de la pariade est arrivé, les deux sexes se recherchent, se mettent en rela- tions; les espèces qui habitent la plaine n’ont pas de peine à seréunir,ellessonttoujours eo nombre sous les cadavres, sous les amas végétaux ; les montagnardes battentles bois, les taillis, parcourent les découverts des forêts, points de passage où abonde leur nourriture ; — dès que mâle et femelle se trouvent en contact commencent aussitôt les préludes de l'accouplement ; le régénérateur s'approche de sa compagne, la palpe du bout de ses antennes qu’il agite avec vivacité, relève par intervalles sa tête, puis sans hésiter, sous l’excitation des désirs sexuels, il prend position sur le dos de sa femelle qui, passive, immobile, relève ses organes génitaux, ouvre les vulves, facilitant ainsi l'intromission du pénis dans le vagin; tels sont les. préludes : une fois les organes bien en contact, les pan- ties de l’armure génitale des deux conjoints font saillie et leur adhérence est intime; le mâle dès lors campé, bien assujetti sur sa position, se laisse transporter partout où va sa compagne; les espèces qui se trouvent sous les proies nourricières ne quittent pas jieur place, elles s'im- mobilisent dans leur abri et continuent quoique unies à festiner ; les carnassières de proie vivante et les herbi- vores se réfugient Sous une pierre ou sous un rebord de terrain ou sous tout autre abri, touffes, amas de plantes ou de détritus, les unes et les autres continuent leur co- pulation; pendant cette phase de la conjonction, les organes génitaux sont si bien unis et si adhérents qu'on peut prendre ou déplacer le couple sans en provoquer la disjonction : — une journée entière est consacrée à l'exécution de cet acte de la copulation, puis a lieu la séparation des parties sexuelles ; le mâle épuisé quitte un corps sur lequelil n’a plus la force de se maintenir, il n’a que le temps de se rechercher un coin de terrain où il terminera son existence après avoir rendu au créateur, en échange de sa vie, une progéniture en germe ; sa COm- pagne, dès lors fécondée, ira déposer le fruit de son union dans un lieu sûr, convenable à sa nitée à venir, lieu dans lequel sera assurée la substance alimentaire aux jeunes nourrissons; pour celles qui hantent les masses putrides, ce sera ce milieu même,; pour les autres, les lieux frais où grouillent vers et mollusques, ou encore à proximité des végétaux nourriciers. Ponte. — Ce lieu choisi, notre mère, à l’aide de son long oviducte bivalve, noir, corné, à rebord supérieur denti- culé ou prolongé par des pointes biarticulées, dépose un premier œuf peu profondément enfoncé soit dans les chairs en décomposition, soit au-dessous, dans ce milieu azoté où règne une chaleur tempérée, soit dans les lieux frais, au pied des touffes des végétaux, dans ces endroits où abondent nombreux vers et tendres mollusques, passe à un autre rayon du cadavre ou du terrain, dépose dans les mêmes conditions un deuxième œuf, puis un troi- sième et ainsi des autres Jusqu'à épuisement de l’ovaire; les œufs qui ont été confiés dans les blocs nourriciers sont beaucoup moins espacés que ceux qui ontété pondus dans le sol, au pied des plantes: ces derniers sont tou- jours éparpillés et recouverts d’une légère couche ter- reuse qui les met ainsi à l’äbri du danger; dès ce moment, la mère, sa mission achevée, abandonne à la température le soin de les faire éclore; devenue dès lors bête inutile, elle disparait de la scène où elle vient de jouer le premier rôle. Œuf. — Longueur, 1 mm. à 2 millimètres; dia- mètre, 0 mm. 8 à À mm.#4, Gros, ovoide, un peu renflé, blanc jaunâtre luisant, très finement pointillé, à pôles arrondis, à coquille assez consistante. OEufs proportionnés à la taille de la mère, pondus au nombre restreint de huit à dix, dont l’éclosion a lieu dix à douze jours après, donnant ia vie à une jeune larve de couleur plus ou moins noirâtre, de suite prédisposée soit à entamer les chairs corrompues si bien mises à sa por- tée et qu’elle s’assimile aussi bien. à son profit qu’au point de vue de la salubrité générale; soit à rechercher la nourriture particulière à l'espèce. Nous venons de voir que l'œuf de nos Silphes demeure peu de temps à l’état d’incubation, dix à douze jours pour chacune des espèces connues, cela tient aux dangers auxquels il est exposé; c’est un morceau friand, tou- jours recherché des fourmis ainsi que des larves carnas- sières qui savent les découvrir; — le moment venu, pur une forte poussée, la jeune larve ouvre la coquille au pôle correspondant à sa région céphalique, se frayant ainsi le Passage qui lui assurera sa liberté; elle cherche de suite à se mettre en contact avec les substances alimentaires nécessaires à son développement; pour les saprophages, cette nourriture est toute trouvée, elles n’ont pas à quitter leur place pour en chercher une autre, les vivres sont tous servis; à l'occasion après les chairs seront entamés les nerfs, les tendons; — pour les carnassières de proie Yivante et pour les herbivores qui éclosent plus tard, leur temps estlimité: leur phase larvaire commencée plus tardivement doit cependant s'achever avant l’arrivée des froids; faut-il encore compter pour les unes comme pour les autres l'entre-temps des mues qui sont au nombre de quatre au moins, une journée de préparation à la mue, une autre après, chaque mue les laissant dans un état de faiblesse assez marqué pour que la larve reste sans prendre de nourriture. Si, après la mue, la couleur de la larve est blanchâtre pour toutes les espèces, la peau qu’elle vient de quitter. dont elle vient de se dépouiller ne change pas de teinte, “elle participe de la couleur noire ou brune particulière à l'espèce. { Il faut donc que les larves, les dernières à se transfor- mer, fassent preuve d’un redoublement d'activité et de vie dans la recherche incessante de leur nourriture : pour celles-ci, dont l'alimentation est particulière, nous en ferons connaitre les détails à la partie descriptive de l'espèce. Notre larve grandie, son complet développement acquis, se présente sous les traits suivants : Larves. — Caractères généraux. Longueur, 10 à 20 millimètres ; largeur, 3 à 6 milli- mètres selon l'espèce. … Corps plus ou moins ovalaire, plus ou moins allongé, de couleur variable, passant, selon les espèces, du testacé brunâtre au vert bronzé et au noir brillant, pointillé, granuleux ou couvert d'aspérités, glabre ou éparsement cilié, avec soies raides sur les côtés, les arceaux en entier recouverts en dessus par une plaque écailleuse plus où moins convexe, déprimé à la région ventrale, laquelle est membraneuse, atténué versles deux extrémi- tés l'antérieure arrondie, la postérieure tronquée et bifide. Téte petite, penchée, convexe, arrondie, cornée, de couleur variable suivant l'espèce, pointillée ou réticulée, ligne médiane sombre, bifurquée au vertex en deux traits aboutissant à la base antennaire; épistome confondu avec la lisière frontale qui est légèrement courbe et épar- sement ciliée, labre massif. triangulaire, à angles arron- dis, à milieu échancré, frangé de courtes soies roussâtres ; mandibules cornées, arquées, minces, bidentées, la dent Supérieure aiguë, puis biseautées, la dent interne petite à base excavée; mâchoires à tige coudée, à lobe détaché, corné, luisant, légèrement arqué en dedans, denticulé et frangé de cils très denses; palpes triarticulés, ciliés, les deux premiers articles obconiques, le terminal fusi- forme, un peu arqué en dedans; menton transverse, convexe, lèvre courte, bilobée avec palpes biarticulés, le premier article court à bout renflé, le deuxième coudé, obtus; languette formée par deux petites masses char- nues, ciliées, à bout arrondi, séparées par une échan- crure; antennes assez longues, obliques, courtement ciliées, de quatre articles, le premier court, annulaire, les trois suivants très allongés, le troisième avec protu- bérance ou échancrure membraneuse au bout intérieur masquant un rudiment d'article supplémentaire plus ou moins prononcé suivant les individus; comme cet article est plus ou moins saillant sur les sujets d’une même espèce, ne serait-il pas rétractile? Ocelles, un peu en arrière de la base antennaire sont quatre gros points arrondis, cornés, rougeûtres, disposés en carré; au- dessous et en arrière sont deux autres gros points placés LE NATURALISTE ocelles dés Silphes, au nombre de six, quoique de teinte rougeâtre, sont quelquefois difficiles à bien apercevoir; aussi rien d'étonnant à ce que certains auteurs n’en aient signalé que trois, quatre ou cinq. Segments thoraciques larges, plus ou moins convexes, pointillés ou granuleux, avec courte pubescence serrée et ligne médiane bien marquée, en entier protégés par une plaque cornée, le premier plus large que la tête, s’é- largissanten s’arrondissant d'avant en arrière, à bord an- térieur saillant, à côtés relevés en légère carène, à angles postérieurs avancés en forme d'aileron plus ou moin épineux, deux traits obliques en avant, et deux en forme de crochet en arrière; deuxième et troisième un peu plus larges, transverses, à angles antérieurs droits, les postérieurs en saillie accentuée sur les segments suivants. Segments abdominaux transverses, convexes, en entier protégés par une plaque cornée, pointillés ou granuleux, glabres où avec pubescence courte, ligne médiane bien marquée aux huit premiers segments dont les flancs avancés en forme d'aileron sont prolongés par une épine plus ou moins accentué», le bord latéral plat, caréné et éparsement cilié, neuvième épineux à disque renflé, à flancs prolongés par deux styles cylindriques biarticulés. à direction particulière à l'espèce, émergeant d’une échan- crure de l’angle du segment qui est tronqué et muni d'une petite dent ciliforme, l’article basilaire long, cy- lindrique, plus où moins spinuleux, le terminal plus peti'. Dessous de couleur pâle, éparsement cilié et pointillé, quelquefois avec petites plaques ou aspérités aux seg- ments thoraciques &t stries transverses aux segments abdominaux qui sont rebordés sur leurs flancs par la larve en saillie des arceaux dorsaux; segment anal pro- longé en dessous par un court pseudopode cylindrique, granuleux, servant à la progression, cilié, à cloaque rentré, à fente en travers, l'angle de chaque segment avancé en légère saillie plus ou moins dentée; une forte impressiou longe les flancs, marquant la ligne de sépara- tion des deux régions dorsale et ventrale. Pattes latérales, allongées, courtement ciliées et spinu- lées, hanches longues, cylindriques, trochanters courts, coudés, cuisses coniques, jambes un peu déprimées, tarses en fort onglet acéré muni d'une épine en dessous. .Stigmates petits, arrondis, flaves, à péritrème noir, la première paire grande, sise au bord inférieur du premier segment thoracique sur le rebord latéral denté, les sui- vantes sur la même ligne au bord antérieur et sous le rebord latéral saillant des huit premiers segments abdo- minaux. L'alcool dénature souvent la forme de ces larves en agissant sur le corps qui d'ovalaire peut devenir un peu allongé. Nos larves de Silphes sont alertes, vagabondes ; elles ne mâchent pas leur proie, eiles la sucent; quoique noc- turnes, on les trouve souvent de jour; celles qui s’at- tablent sous les cadavres ne quittent pas leur place jus- qu'à leur complète croissance; les vivres sont en rapport avec leurs appétits et suffisants pour les nitées qu’elles abritent; quand les matières nutritives leur feront défaut, elles s’attaqueront aux chairs de l’ossature dont les cavités recèlent toujours un restant de provisions; — les campagnardes qui habitent les lieux où sont amon- celés des détritus végétaux, dans les champs, dans les jardins, au bord des routes, des chemins, des sentiers, et cela durant toute la belle saison, vivent de cette innombrable population qui hante les lieux frais et humides, vers de toute sorte, chenilles, mollusques, ne craignant pas d'aller la nuit rôder autour des plates- bandes de nos jardins à la recherche des petits limacons si funestes à nos tendres salades, à nos jeunes semis; lun derrière l’autre et plus ou moins apparents; les À quelques-unes nous sont nuisibles, d'autres et c’est le 266 LE NATURALISTE plus grand nombre, nous sont utiles par la consommation qu'elles font de toute cette peste qui ravage nos récoltes; cette catégorie de larves arrivées vers la fin du printemps au terme de leur évolution biologique se transforme; — les montagnardes, moins nocturnes, errent de jour à la recherche de leurs aliments préférés, gros lombrics, mollusques, chenilles rases ou velues, passant d’une proie à l'autre sans jamais paraître être rassasiées; leurs appétits augmentant avec l’âge, elles déploient à la fin de leur existence une activité fébrile pour parfaire leur croissance ; comme elles ne paraissent que lorsque la belle saison est déjà avancée, elles ont besoin d’hiver- ner pour se mettre à l'abri du froid; — à cet effet, elles prennent position sous les pierres, sous les buissons, sous les détritus amoncelés au collet des arbustes et franchissent ainsi dans une loge la rude période des frimas; au retour des premières belles journées printa- nières, elles reprennent leur vie active qu’elles mènent jusqu'en juin, époque à laquelle dans les lieux élevés qu'elles habitent, inquiètes sur le sort transmutatif qui les attend, elles errent de jour à la recherche d'un acco- tement de terre friable ou de tout autre lieu dans lequel le sol meuble leur permettra de s'enfoncer à une profon- deur de 6 à 8 centimètres; là, à l'abri, elles se façon- neront une loge oblongue dont elles lissent les parois; — sous le couvert de cet abri, elles arquent un peu leur corps, se couchent sur un de leurs flancs, et quelques jours après, le travail phagocytaire achevé, de ces larves plus où moins allongées ouovalaires, surgira un pygmée blanchâtre portant déjà en lui-même les principaux traits caractéristiques de ce qu’en perspective sera plus tard l’insecte à l’état parfait, et cet ensemble de disposi- tions prises pour assurer la sécurité de la nymphose s'exécute avec des variantes appropriées au milieu de l'existence, pour toutes les larves du genre Silpha arri- vées à la veille de leur transformation. Capitaine XAMBEU. (A suivre.) ; CHRONIQUE & NOUVELLES L'origine des animaux d'eau douce. — Influence de la pluie sur les animaux marins. M. Paul Pelseneer, de Gand, vient de publier un tra- vail sur l'origine des animaux d’eau douce. Il remarque, entre autres, que les formes des animaux marins se retrouvent quelquefois dans les eaux douces, mais inéga- lement suivant les régions considérées. Von Martens, en exprimant autrefois l’opinion que la ressemblance de la population fluviale avec celle de la mer est plus grande sous les Tropiques que dans les zones froides, expliquait cette «ressemblance » en disant que les fleuves et rivières offrent, dans les contrées tro- picales plus que dans les pays froids, des conditions @e chaleur (c'est-à-dire une constance de température) sem- blables à celles de la mer. Rütimeyer lui a déjà reproché de n'avoir examiné qu'une seule face de la question, en ne considérant que le facteur calorifique seulement: et ce n’est pas, en effet, de ce côté qu'apparaît la solution. Car on sait, aujourd’hui, que les mers froides possèdent une constance de température au moins aussi grande que celles des Tropiques, et que les mers tempérées, seules, présentent une grande amplitude de variations thermiques. Mais on sait également que, dans ces régions tempérées, les formes marines et leurs larves sont rela- tivement très eurythermes, beaucoup plus, en tout cas, que celles des mers chaudes ou froides : c’est-à-dire qu’à ce point de vue, les habitants des diverses provinces zoologiques sont sensiblement placés dans des conditions équivalentes. Puisque ce n’est pas le facteur « température » qui est prépondérant dans ces phénomènes de pénétration ou de non-pénétration, c’est le facteur « salinité » — et la den- sité résultante, — quiestessentiellement actif dans cette circonstance, par suite de son action différente sur les divers organismes d’une même mer. On peut, par consé- quent, prévoir que l’acclimatation fluviale des êtres océaniques sera facilitée dans les régions où la différence de salure est moindre qu'ailleurs, si peu que ce soit, entre la mer et les cours d’eau qui y débouchent, et où, en même temps, la population animale marine est riche en nombreux éléments constituants. Ce serait ainsi, surtout hors des océans et des mers le moins salés, que la migration peut se produire. Voyons si l'observation des faits est d'accord avec ces déductions théoriques. On peut reconnaitre, comme contrèes caractérisées par un maximum d'introduction de formes massives: a) dans la région tempérée,le pourtour de la mer Noire ; b) pour la zone tropicale, l’Indo-Chine, avec les côtes voisines, du golfe de Bengale, de la mer de Chine et des îles indo-malaises. Or, on connait la faible salure de la mer Noire: en moyenne 1,83 % à la surface (densité : 1,044) et moins encore près des côtes. Cette mer, reste occidentale de la dépression aralo-caspienne, avait cessé, à partir du Sarmatique (Miocène supérieur), d'être en communica- tion avec la Méditerranée, en constituant le bassin ponto- aralo-caspien du commencement du Pliocène. La salure y baissa beaucoup (notamment dans la partie caspienne, devenue un lac saumâtre); et lorsque, aux temps pléis- tocènes, la mer Noire fut remise en communication avec la mer Egée, ses espèces sarmatiennes et pontiennes n'ont pu s'adapter à la salure actuelle, et une partie d’entre elles envahirent alors les fleuves tributaires, tan- dis que la mer Noire se peupla de formes méditerra- néennes. S1, d'une façon générale, il y a une faible teneur en sels au large de divers estuaires tropicaux; c’est, parmi toutes les régions tropicales, précisément la péninsule indo-chinoise, qui est entourée par les eaux les moins salées et les moins denses du monde, car elles présentent un cinquième d’eau douce de plus que les océans les plus salés. C’est donc là que l’eau de mer offre, à ce point de vue, le moins de différence avec l’eau des fleuves. Et si les eaux marines de cette contrée sont moins denses que partout ailleurs ; si, d’autre part, ce même territoire offre, plus qu'aucun autre, un grand nombre de formes d’origine marine, récemment immigrées dans ses eaux intérieures, il est clair qu'il y a, dans cette simultanéité, autre chose qu'une simple coincidence; l'observation et l'expérience montrent, toutes deux égale- ment, que le second fait est bien la conséquence du pre- mier. Le x # Quant à l’origine de cette faible salure, elle se trouve elle-même dans la région des pluies des pays dont il s’agit. En effet, sur l'Est de la mer Noire, il tombe annuellement plus de 2 mètres d’eau de pluie, et, d'autre part. le Sud-Est de l'Asie est caractérisé par le nombre et l’importance de ses précipitations atmosphé- riques ; car c’est de la terre entière, la province naturelle le plus arrosée des pluies. Malgré l’évaporation due à une chaleur élevée, on s'ex- plique ainsi que la densité de l’eau de mer y soit moindre qu'aux pôles et que, de toute la surface des océans, ce soit de beaucoup la partie la moins salée. Dès lors, i LE NATURALISTE n'est pas étonnant que là, plus facilement et en plus grand nombre qne partout ailleurs, des animaux aient pu pénétrer dans les estuaires, et, de là, dans les eaux fluvio-lacustres, et s'y habituer à y vivre. On arrive donc à cette règle, qui semble paradoxale à première vue, ou, du moins, dans laquelle il n’y a pas de relation immédiatement sensible entre les deux termes qui y figurent : c'est que les districts d'immigration maximum sont ceux où il pleut le plus. Cette relation, en apparence peu importante, du régime des pluies avec l'acclimatation fluviale des animaux marins, est, cepen- dant, toute naturelle, puisque c’est dans les régions des grandes pluies, non seulement que la salinité des mers est la plus affaiblie, mais encore que prennent naissance les plus larges cours d’eau, c'est-à-dire les meilleures voies de pénétration. Mais la distribution des pluies, ainsi que celle des mers voisines des terres et celles des por- tions de continents proches des océans, n’ont pas été toujours ce qu’elles sont aujourd'hui. Et, à des époques précédentes, d’autres contrées que l’Indo-Chine ont pu être le centre d'introduction dans l'eau douce, d'orga- nismes marins, que de longs fleuves ont fait rayonner alors dans toute l’éteudue des terres continentales. HENRI COUPIN. ACADÉMIE DES SCIENCES La teigne de la Betierave,« Lita ocellatella ». — (Note de M. Are» GARD). Le parasite de la Betterave signalé par M. Alfred Giard dans une note précédente doit être rattaché au genre Lila et à l’es- pèce Lila ocellatella. Quoi qu'il en soit, étant données la simili- tude de mœurs et la proche parenté zoologique, ce changement de nom ne modifie en rien les conseils prophylactiques et les remèdes indiqués dans cette précédente note C'est en 1875 que M. P. Mabille fit connaitre le premier, dans le Bulletin de la Société entomologique de France, le danger possible que créait Lila ocellatella pour la culture de la Bette- rave. Il avait observé le parasite sur les Betteraves cultivées comme légumes dans les jardins aux environs de Paris, à Billan- court, Boulogne et Sèvres. À Les détails donnés par cet excellent entomologiste concordent absolument avec ce qui a pu être constaté, soit en ce qui concerne les mœurs de la chenille, soit en ce qui a trait à l'époque de son apparition. « Elle vit, dit-il, pendant tout le mois d'août, une partie de septembre, et le papillon commence à éclore dans les premiers jours d’avril de l’année suivante. Il y à des éclosions jusqu'au mois de mai. » D'après ce qui a pu être observé,surles échantillons provenant du Plateau central chaque Betterave renferme, vers la fin de septembre, un grand nombre de larves à tous les états de déve- loppement, ce qui semblerait indiquer à la fin de l'été des géné- rations successives et en quelque sorte subintrantes dont le nombre varie peut-être avec les conditions météorologiques et resterait à déterminer d'une façon précise. L'auteur insiste sur une particularité éthologique deschenilles de Lila ocellatella qui présente une certaine importance pratique. C’est la facilité avec laquelie ces larves se glissent entre les fis- sures Jes plus étroites et s’échappent de tout récipient qui n’est pas très hermétiquement clos. Même dans des cristallisoirs à bords rodés à l’émert et couverts d'une plaque de verre à rainure assez pesante, on les voit s'insinuer en s’aplatissant entre les bords-et le couvercle, là où il y a le moindre écart. Elles sortent très aisément d’un boite de-carton ordinaire enveloppée dans deux ou trois feuilles de papier. À moins de prendre les plus grands soins de clôture, il est donc fortimprudent d'expédier dans un pays où la Betterave est cultivée largement des échantillons de ces chenilles vivantes qui pourraient s'échapper et contaminer une localité antérieurement indemne. L'auteur signale en outre deux particularités intéressantes de la chenille de L. ocellatella; c'est d’abord la rapidité avec la- quelle s'opère le changement de couleur du pigment des lignes longitudinales dorsales qui commence dès que les chenilles sor- 267 tent de leurs retraites et semble dépendre de l’action dela lumière. L'autre particularité à trait à la distinction des sexes qui peut se faire à une époque très précoce, à l'œil nu, vers la troisième mue. On aperçoit sur les chenilles mâles, au tiers pos- térieur environ de la longueur du corps, deux taches dorsales foncées qui indiquent les testicules visibles par transparence. Ces testicules, vus au microscopes à un faible grossissement, sontréniformes, divisées en quatre loges par des cloisons trans- . et revêtus d'une épaisse membrane fortement colorée en run. Variations de l’assimitation chlorophyllienne avec la lumière et la température. — (Note de M. W. Lurr- MENKO, présentée par M. Gasrox Boxnier.) M. Lubimenko s’est proposé de déterminer la marche de l’as- similation chlorophyllienne des plantes ombrophiles et ombro- phobes exposées au même éclairement mais à des températures différentes. Pour faire la comparaison aussi exactement que possible, dans toutes les expériences les feuilles étaient exposées aux rayons directs du soleil. Dans une série d'expériences, les rayons étaient parallèles à la surface de la feuille; dans une autre, ils étaient inclinés à 45° et dans la troisième à 90° par rapport à cette surface. Pour chacune de ces trois intensités lumineuses, l'énergie assimilatrice a été déterminée successive- ment à 20°, à 250,a 30°, à 35°et à 38° C. La durée de chaque expé- rience était de quinze minutes; comme l'éclairement était très intense, dans l'évaluation de la quantité de gaz carbonique dé- composé, la petite quantité de ce gaz dégagé par la respiration était négligeable sous l’action des rayons parallèles à la surface de la feuille, c'est-à-dire à la plus faible intensité lumineuse étu- diée, l'énergie assimilatrice s’accroit régulièrement avec la tem- pérature jusqu'à 38° chez les plantes ombrophobes comme Robinia et Betula ainsi que chez les plantes ombrophiles, comme Tilia. Sous l’action des rayons inclinés à 45°, c'est-à-dire à une intensité lumineuse moyenne, chez toutes les espèces, en général, l'assimilation s'accroit avec la température jusqu'à une valeur maximum et pus s’affaiblit à partir d'une certaine température, qui est différente pour les diverses espèces. L'auteur conclut que dans les conditions où se passent les réac- tions chimiques à l’intérieur d'une plante vivante, la lumière et la chaleur agissent en général dans le méme sens sur l'énergie de décomposition du gaz carbonique; qu'il ÿ a, pour la chaleur, comme pour la lumière, une intensité optima au-dessus de la- quelle l'énergie assimilatrice s’affaiblit; que la diminution de l'assimilation, au delà de cette intensité oplima, est beaucoup plus fortement prononcée chez les plantes ombrophiles que chez les plantes ombrophobes. Les Dolichopodide de l'ambre de la Baltique. — (Note de M. FErnano Meunier, présentée par M. DE LAPPARENT.) L'étude des diptères de cette famille, commencée il y a près de quinze ans, permet à l’auteur de formuler les conclusions sulvantes : La faune des Dolichopodidæ de l'ambre est paléarctique, elle comprend ausst quelques formes néarctiques ; il n'y a pas de type néotropical ; Elle ne représente qu'une partie de celle, vraisemblablement très riche en espèces, ayant habité le territoire ambrifère : Les Prochrysotus, Palæochrysotus et Gheynius étaient encore en pleine évolution à l’époque tertiaire (une forme américaine actuelle, le Chrysotus vividus Lœw, rappelle le genre Palæo- chrysolus). Les espèces sont éteintes mais frès voisines des formes récen- tes, les genres tous bien représentés dans la faune actuelle. Le relief stéréoscopique en projection par les réseaux ligmés. — (Note de M. E. EsranAve, présentée par M. G. LIPPMANN.) Pour obtenir la sensation du relief au moyen d'images deux conditions sont nécessaires : 19 Observer binoculairement deux épreuves répondant à deux perspectives d’un objet ; 2° Observer ces épreuves de telle façon que celle qui est des- tinée à l'œil droit soit vue seulement par l'œil droit à l'exclusion de son congénère, de même pour l'image destinée à l'œil gauche. Si ces conditions sont réalisées, le relief apparait. D'après cela, l’auteur à imaginé un écran spécial de projection, sur lequel on projette deux images stéréoscopiques, de façon à mettre.en coïnciden‘e les points les plus éloignés, la ligne d’ho- 268 LE NATURALISTE a rizon par exemple. Les images des points plus rapprochés ne se superposent pas et présentent un écart horizontal d'autant plus prononcé que les objets qu'ils représentent sont plus voisins de l'observateur. Cet écran spécial est formé de deux réseaux lignés à lignes parallèles, séparés par un écran transparent, une glace dépolie par exemple. On projette sur cet écran les deux images stéréosc opiques d'un objet de façon qu'elles soient superposées, ce à quoi l’auteur est arrivé en disposant deux objectifs prisma- tiques devant les deux images stéréoscopiques. Les réseaux lignés servent à masquer à chacun des yeux l'ombre qui ne le concerne pas, l’un sert à tramer les images stéréoscopiques projetées sur la glace dépolie, l’autre sert à effectuer la séparation des images ainsi imbriquées ; en regardant par transparence sur cet écran, à une distance convenable, chaque œil perçoit l'une des images à l'exclusion de l’autre et le relief apparaît. Grâce à cet écran, il n’est besoin d'aucun instrument à inter- poser devantles yeux, et c’est d’une grande facilité dans l’obser- vation, l'observateur voit en relief sur l'écran le sujet dont on a placé devant les objectifs les images stéréoscopiques. AS Bibliographie 4%4. Delacroix (G.). Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds (suile). 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Cinquième contribution à l'étude des algues d’eau douce de Bulgarie. La Nuova notarisia, oct. 1906, pp. 151-161. Le Gérant : PAUL GROULT. Paris. — Imp. F. Levé, 11, rue Cassette. OBSERVATION, LA GÉOLOGIE TERTIAIRE du Sénégal (Suite) (1). Les formations tertiaires que nous venons de décrire et qui sont si remarquables surtout par l'abondance de ieurs fossiles, paraissent être, en certaines localités, sur- montées par des couches, dont plusieurs se signalent par leurs caractères lithologiques et parfois aussi par les applications industrielles possibles de leurs éléments. Ce qui y domine, c’est une alternance de lits d’argiles ou marnes magnésiennes souvent remplis de rognons siliceu x, remarquables à plus d’un titre et des niveaux d'apparence de faluns remplis de débris organiques et donnant à l'analyse une proportion très remarquable de phosphate de chaux. La coupe ci-jointe (fig. 1) d’un puits ouvert récemment à Diélor, près de Louga, par M. le capitaine Friry, peut être regardée comme typique à cet égard. Ce puits de Diélor (2), établi à l'altitude de + 22 m. 26 atteint la profondeur de 74 mètres; son fond est donc à — 51 m. 76. Cette remarque est intéressante à cause de la rencontre dans la coupe d'échantillons singulièrement analogues à ceux que j'ai étudiés déjà en 1892 et qui pro- venaient des falaises bordant la mer, à 40 kilomètres au Nord-Est de la pointe Sarène et par conséquent bien loin de Diélor. Dans le puits, on trouve, sous le sable superficiel qui est récent, et après une dizaine de mètres de marnes et d’argiles, un massif de 35 mêtres d’une roche feuilletée blanche, dont la composition va nous arrêter dans un moment. Plus bas se présentent des assises blanchâtres, oolithiques, riches en débris fossiles et surtout en dents de poissons qui, avec 12 mètres de puissance, reposent sur de nouvelles strates feuilletées comme les précé- dentes, alternant en profondeur et à plusieurs reprises avec le falun phosphaté. Cette roche remarquable, à débris de poissons, forme deux nouveaux bancs, mesurant successivement 1 m. 40 et 3 m. 50. () Voir le Naturaliste du 15 octobre 4906. — Dans cet article il y a une faute importante à corriger : page 233, 2 colonne, 4 lignes à partir d'en bas, il faut lire Ostrea Fraasi au lieu d'Ostrea Friryi: En outre, page 234, 1r° colonne, ligne 26, il faut ajouter à la description del’Ostrea Friryi: «Ostrea Friryi diffère d’O. flabellula parce que ses côtes rayonnantes sont plus grosses et plus écartées les unes des autres. D'un autre côté, sa région voisine de la charnière ne présente pas une pointe comme dans flabellula ; elle est au contraire très obtuse. » (2) Disons ici qu'en certaines localités, comme à Fandène, à Toul, à N'Doukoumane, par exemple, il semble y avoir intercala- tion entre les marnes n° 7 de la coupe et les argiles et sables à latérites superposés (n°95 8, 9, 10) d’un niveau de calcaire fossili- fère: Il s’agit d'une roche blanchâtre, souvent assez friable et dans laquelle sont des huîtres et d’autres fossiles à faciès fran- chement lutétien. On pourrait être porté à rapprocher ce niveau de celui de N'Gahaye; mais il est probable qu'il est plus récent. D'ailleurs, on n’y a pas trouvé jusqu'ici le Plagiopygus décrit précédemment, ni d’autres fossiles abondants à Balol. La ques- tion de l’âge relatif des deux calcaires doit d'ailleurs être réservée, 98e ANNÉE ) DEC 1006 2e SÉRIE — N° A7Æ 1 DÉCEMBRE 1906 Il suffit d’ailleurs d’un simple coup d’œil sur les maté- riaux provenant de toute la côte depuis Dakar jusqu’à Joal, pour établir avec les roches de Diélor des compa- raisons tout à fait intéressantes (1). On ne peut douter Cate =+29"96. a mes re Œ m Da = I = ë — RE — — PR D KZ — £ Re D —— — ss = — me = TE D Se em Le P— + PE = E — É ne — s me re | | | | Si —_ a = DFE >, = _ LD <» Pays compris dans l’Union postale. . . , 11 » | RUN ee OÙ 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. . Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux ; BUREAUX DU JOURNAL. Au nom de « LES FILS D’'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 4G, RUE DU BAC, PARIS COLÉOPTÈRES EUROPÉENS EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES 46, rue du Bac, Paris Scaphidium L=maculatum-e Scaphium immaculatum......... Scaphosoma agaricinum........... ASS e sp e Dole RARE RER Tolyphus granulatus............ Phalacrus IMeArIUS EE Lee CATICIS Re ne Olibrus mullefolne er cree. Bauduenie sense DICOLOLE Er RER EN “nescens re re ee ANSE Lines pyemæustte "hic PALICEPS ECM CRE CORICANIS Creer rre LESLACEUS EL ere oblonaus FPE ee Mollat er der RULLTONS- Ar CEE bipustulata .......7... BUPES Pere CL : ICOlOreE ER RNReE Gyrtotriplax bipustulala "1." Lycoperdina UCI AE EE To ONE IE nn AE DANAUE Endomychus armeniacus coccineus picinus Vaporiorum Mycetæa hirta Agyrtes Sphærites glabratus. CO EI NE Hydnobius punctatissimus. ....... Colænis IMMUNAAR EEE 7 Bonnaïrels 2-20 Agaricophagus Cephalotes re" Anisotoma humerals ere AXILATIS EE SEC RRES castanea....... L'ÉPOEANE OTDICUIATIS: EST Amphicyllis Agathidium nigripenne DNS ar edge onde lævigatum badium Cybocephalus pulchellus . .... politus rufifrons Parmulus DESIRE docmosoe 0 des nanus Arthrolips humilis DICEUS ARRET Er re Sericoderus Jateralis eee Corylophus cassidoides Orthoperus brunnipes picatus Rhypobius VElOX, RS NE A MÉLRRE » Nossidium pilosellum....... EL D) Ptenidium PUSLIUMRERERREEE D) punctatum, ..:........ » DICITUME EEE » Oligella foveolatar re 1 JevicolNisR EEE » NOR Homer ane » Diplocælus ETS RE IE EE MIE Die » Telmatophilus DPArS AN ee ee re » GANICIS A SCC RIEN » (PRET ECPE MENACE » SCORE EE ER ER » Leucohimatium elongatum......... co D Antherophagus nigriCOTDIS ...4....... » SIlaceus ee ee Ne » Pallens RES) Emphylus glaber Ms ob D de a » Paramecosoma melanocephalum ...... » Cryptophagus ICOpPErERREE Er rRRReE » RUOSUSS RE EEEE EN ED) SCHL IN Eee » AMIS ER EC NPA )) Cellaris. 22e NA acutangulus........... » badius ..... Sen » fASCIALN SRE » distinguendus......... » SCULEN ANUS REP » dentalus re Re EE » subvittatus .:..... à » SCANICUS Re ee CE » pubescens etre rire » VIN AEE a er » PerniSte terres as » abietis etes nn ) Setaria SETICe dr nn -» Gænoscelis ferruginea.,.-..:".. 1 Atomaria Nnelan ee PTE » UMDRINAR EEE EPA" » MSVENtRISe PE » TINEATIS EEE » mMesomelas.. » BUCAREST EME E » SrAVIQUIAN 1 EPS » fUSCA TA EEE ENS » OT = NN ND D Or e © [=] NV, NN) 19 N ND © 19 N RON RNEN NRC b = 2 do e 2 So = ID NN D 1 CHCTNERC no 1 e ©‘ atricapilla......... ARR ER Per ae FM Pella tartare eee DUSTIA REP REEREER ER nigripennis ........... APICAIS = Eee ELEC Ce . TUHCOrNIS 0 PRES Ephistemus elobulus verre Be CXISUUSE EEE TEE Colnocera formicariar ere punctata....... OHoEe do Merophysia formicaria....... Orientalis. eee Holoparamecus Bertoutl ee cree CAULARUME PP AE NUESE SINSUlATIS RE CE Anommatus 12-striatus........... ë Dasycerus SUICALUS A ETES Lathridius lardarius see P eee angusticollis....... Fe CONSIRICIUS ER EU EE TOUTE ER ee ne Enicmus QUES ee ET transversus........... Cartodere eloncata et re LUCOINS LR PEER MNOLMISR EEE Sa Metophthalmus Ragusæ. Hi re Gorticaria pubescens ............ Grenulatas te Er n denticulata eee . SeLL AIR Cr Re Melanophthalma SIDDOS ae MERE fUSCUl AR AT ARE Pseudotriphyllus SUIUNANIS EEE NN Litargus CONNEXUS ER ere Tritoma quadripustalata ....... IDÉES PRE Don 0 à 08 decempunctata........ atomaria ...... PAPE quadrieuttata ......... multipunctata......... Typhæa UMA PERRET Cercus pedicularius .......... dalmatinmus rer etre rufilabris........... se Heterhelus rubiginosus -........ à demereuse en UnICOlON EEE hide URÉCR ee LES pallipes ...... Sendo Carpophilus immaculatus......... . hemipterus .:......... sexpustulatus ...... Epuræa decemguttata ........ à ÉMNEbo op os bass o oo : déletas Reese obsoleta....... RS PUS ARE ErE ER EE flored Ses MENT Micrurula melanocephala........ Nitidula bipunctata.......... do flavomaculata......... CATDATIA PE PE RER ï Soronia punctatissima......... HIS Te dulcamaræ ......... a Meligethes DrASSICRNPENTEER EEE viridescens........... SYMPRISIÉEMERR EEE SRE DICIDES SN PEER CRE pedicularius ....... ue rotundicollis........ se ER SR RNA RES Pocadius ferrugineus........... Cychramus 4-punclatus....... Do gé IUtEUSE RES ARERRERCE Cryptarcha tnigatar FRERE te Glischrochilus quadripunctatus....... quadriguttatus........ quadripustus.......... Rhizophagus TEPrESSUS ER EEE : dispar........ TOBÉ AO bipustulatus .....…. 00e DONUSE FERRER 2e LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7°Arr*) VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France ARAIGNÉES Par LOUIS PILANE'T Membre de la Société Entomologique de France Spécimen des planches. 1 volume in-80 de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant y un total de 372 figures. ÿ Prix: broché, 5 francs ; franco, 5 fr. 50. Cartonné, O fx.'75 en plus. Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. IL est certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Histoire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d’engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu'elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au liltérateur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 372 figures, toules dessinées par l'auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. 4, Epeira marmorea 9, 20 %. — 2. Epeira marmorea, var. Scala- LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria 9, 15%,5. — 4. EÆEpeira sclopetaria ®, 19 %. — 5. Epeira cornula ®, 20 %. — 6. Epeira EDITEURS; dianta ©, 9%. — 7. 7 i , 11%.-— 8. Epeir dodo k 2 —s.Hpadodasen. + 46, rue du Bac, PARIS, 7 E CRIESHABER & C'° AMATEURS PHOTOGRAPHES ESSAYEZ ET Note ADOPTEREZ TRÈFLE” PARIS, 1O, rue du Trésor (IV USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) [| 1es PTE PAPIERS RER C2 24° PARTIE X FOSSILES Invertébrés et Vertébrés (PALÉONTOLOGIE) Par P.-H. FRITEL Attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris 1 volume de 379 pages, avec 27 planches hors texte et 600 dessins | dans le texte formant un total de 869 figures broché, 6 fr.; franco, 6 fr. 60: cartonné, O fr. 75 en plus Prix ESSAI DE PALEOGÉOGRAPHIE Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS Application de géologie nouvelle et de géologie comparée : Par F. Canu, membre de la Société de géologie de France. L atlas. — Un volume in-4° raisin de 56 cartes en noir donne à l'échelle unique du millio- nième : 1° La restauration des mers anciennes à toutes les époques correspondantes aux sou étages et aux étages des ères mésozoïque et néozoïque; 2° toutes les restaurations tien. d’après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell Maill d, none etc. L’atlas est en français et en latin. É è a nn. e tex e.— Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux parti 1è i Vexposé des principes fondamentaux de la Poe et la hole De ja restauration rapide des rivages et des accidents topographiques. La seconde est la just tion discutée des contours adoptés pour chaque carte. : ee Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément. Prix : texte et atlas, 10 francs En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs 46, rue du Bac, Paris. : CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS A BOUCHONS, ETC, DONNANT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT | MOBILIER ET MATÉRIEL SCOLAIRES le kiloscramme 14 fr. 50 ; le 1/2 kilogramme 8 fr. CÉTACORDE RATE les 250 grammes 4 fr. 50 LES FILS D'’EMILE DEYROLLE EN VENTE CHEZ ÆS FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES 46, rue du Bac, Paris 46, rue du Bac, 46 PARIS Naturelle de la France PARIS. — IMPRIMERIE FE. LEVÉ, RUE CASSETTE 11. e—— CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. ) La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest qui de: les Stations balnéaires et thermales de la Normandie la Bretagne fait délivrer jusqu'au 31 octobre, par gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après comportent jusqu'à 50 % de réduction sur les pris tarif ordinaire. 2 1° Bains de mer eteaux thermales. Ë Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 jou ces derniers donnent, le droit de s'arrêter penda 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choi l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une ous deux périodes de 30 jours, moyennant supplément |à 10 % pour chaque période. A %Exrcursions sur les côles et à l’île de Jersey. Billets circulaires valables un mois (non compri jour du départ) et pouvant être prolongés d'un nou mois moyennant supplément 10 %. Dix itinéraires différents dont les prix varient 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francsih deuxième classe, permettent de visiter les points les pl} intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de de Jersey. F Pour plus de renseignements consulter le livret Guiifh} illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 30, dans les bliothèques des gares de la Compagnie. É ON DEMANDE! À ACHETER | FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIRER (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) M} S'ADRESSER : e LES VIS D'ÉNILE DAYROLLE, NATURALIS I 46, rue du Bac, PARIS n || \ = de Normandie, en Bretag CHEMINS DE FER DE L'OUES!T} CARTES D'ABONNEMENT D'EXCURSIONS EN BRETAGNE Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait dél vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spécialéh permettant de partir d’une gare quelconque (grandes ligne] | du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des ligné désignées ci-dessous en s’arrêtant sur le parcours; de ci culer ensuite à son gré pendant un mois, non seulemel] sur ces lignes, maïs aussi sur tous leurs embranchemeni} qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l'excursion tel minée de revenir au point de départ avec les mêmes fac} lités d'arrêt qu'à l'aller. ! n Cartel. —Surla côte Nord de Bretagne : lreclasse, 100.) 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Gr ville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et les embram à D | France chements de cette ligne conduisant à la mer. À lays F Carte II. — Sur la côte sud de Bretagne : 1re classeh 100 fr.;2e classe, 75 francs. — Parcours : Gares de ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les embrai chements de cette ligne conduisant à la mer. nil Carre III. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagnes} 1re classe, 430 francs; 2e classe, 95 francs. — Parcours Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, D@ et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande et/d lignes d'embranchements conduisant à la mer. ee | Carre IV. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagne] lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-Malof} Redon: 1re classe, 150 francs ; 2e classe,110 francs. —Parcoul Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, Do: Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et des lig d'embranchement vers la mer, ainsi que celles des lignes Dol à Redon, de Messac à Ploëérmel, de Lamballe à Renn de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, deE déac à Carhaiïix, de Morlaix et de Guingamp à Rospordonk… li 15. JANVIER 1906 ne PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction _ SOMMAIRE du n° 233 du 15 janvier 1906 : Histoire naturelle de l’Adela Australis, H. S. P. Chrétien. — Remarquables traces de 1 É pas sur un banc de gypse. Stanislas Meunier. — Chronique et nouvelles. Henri Courin. | |. — J'Anobium Pertinax. Paul Norc. — Les Plantes : Nombreuses superstitions aux- quelles elles ont donné lieu. Le Melon. E. Sanrint pe Riors. — La Préhistoire en France. D: Etienne Devrorre. — Livres nouveaux. — Académie des Sciences. — | . Bibliographie. | ABONNEMENT ANNUEL- Payable en nn mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll‘ DE CHAQUE MOIS France et Algérie . ne nl MONT Housles autres pays mnt. 0 Dors [L Pays compris dans l'Union postale. . , , 411 » Prix do numéro. 7 0 50 | \ Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande. Î Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux * BURKHAUX DÜÙ JOURNAL, L Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 24 K ù 46, RUE DU BAC, PARIS UT PEUT LÉPIDOPTÈRES PALÉARCTIQUES provenant de la Collection de M. E. à vendre 4 19 pièce chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Néturaliste 46, RUE Papilio podaliruis, —= tamerlana, — alxanor. — xuthus. == v. xuthulus. — mac. V. aslatica. Luehdorfia puzilor. Hypermnestra helios. Parnassius ap. v. sibirica. — nomion. — discobolus. — ab. © nigricans. — V. insignis. — v. Romanovi. = ap, v. alpinus, — Bremeri. = del. v. intermedius, = aCtUS — V. Cæsar. — ab. actinobolus. = ep. v. aksuensis. — v. Mmercurius. — v. altynensis, = sim. v. poedromius. = v. simulator. — delphius. — v. 1llustris. — Szechenyi. - Orleansi. — Hardwicki. — -, tenedius. = Felderi. — . clarius. — , mne. vV. gigantea. — stub. v. tartarus. Aporia hippia. — Davidis. — peloria. Pieris bras. y. Cheiranthi. — Canidia. — rap. v. orientalis. — ergane. — leucodice. : — dap. v. raphani. — v. bellidice. Euchloë belemia. — v. glauce: — belia. — v.alaica. — Falloui. — pyrothoe. — NBieti. — eupheno. — euphenoides. Zegris eupheme. — fausti. Teracolus fausta, Leptidia amurensis. Colias pal. v. orientalis. — nastes. — cocandica, — melivos. — sifanica. — y. nebulosa, — èrat. v. hyaloides. — hyb. chrysodona, — ab. © pallida. —— by. v. Sareptensis, — Romanowi. — ab. maculata. — Sue — Maureri. — un — eogene. — thisoa, In, DU BAC. NOTA: =D Une cest de 50 0/0 est consentie sur les prix marqués. Chaque espèce. porte une étiquette indiquant sa provenance. (ou = Le NOTE E © © & SR Ù D» Lo) GRAN Q GA AAA A A Q AA AR QAR ARR LR LR RQRLAQRE QAR À RRAVLRLARRE æ no) ex aaaaaa 10 Ge CO —1 Y » Les prix sont marqués en francs et centimes. + +0 +0 HO 25 40 44 = 1 Ot -7 ES LD 18 ùN - Colias v. magna, — Fieldi. — aurora. —— arida. — Heïldreichi. — Wiskotti. — V. separata, — aur. V. transcaspiCa. | Gonopteryx aspasia. — farinosa. — rh. v. amurensis. Charaxes jasius. Apatura nycteis. — ir. v. Bieti. — il. v. bunea. — v. metis. — V. substitua. Limenitis Lepechinr. = ca. v. reducta. = pop. v. tremulæ. — sidyi. — v. latefasciata. — Doerriesi. — Amphyssa. : — Homeyeri. — Helmanni. Noise Pryeri. lucilla. — y. ludmilla. —.. SHEMENE — philyroides. thisbe. AÏdamia Raddeï. Pyrameis indica. = v. vulcanica. Vanessa io v, antigone, — urt. v. ichnusoides. — ab. nigrita, — v. ichnuisa. — v. polaris. — 1. album, — xanthomelas, — ant. v. hygiæa. Fo ane ©. aureum. C. al. v. iterocites Araschnia, burejana. Melitæa iduna. — ichnea. — aur. v. Sibirica. — cin. v. Heynei. — ph. y. ætherea. — Sax. v. lunulata. -— did. v-ala. — mat. — part. v. alatanica, — protomedia. — minerva. — arc. v. chuana, — pamira. — ast. v. pallida. — v. solona. EURE angarensis. hegemone. — © V. erubescens- == pal. v. generator. — V. sifanica. — amphilochus. — eva. — hec. v. alaïca. — in. vV. amurensis. — eug. v. rhea. _— nio. v. orientalis. — ad. v. pallescens. = sagara. — pandora. PARIS. v. Wolfensbergi. RRRQALRQQAQRAY LLLRRLRRAGAQGGRQRA RL QAR QQ QAR A LAR VAL QAR 6 » 5) 9 » 45 » 20) 20 » 18 » 18 » & 50 en ES : Q9 O0 «© OT Où 9 Or © 19 ND ra DO ONIINXO _ 19 © © N Lei = h = QI 9 CE IN O7 NO Qx Do O7 EX =) 9 QE LE = DE DO =T QT 9 » 1 (214 [=] +0 401010 +010) +0 +040 #0 +0 +0. + 10404040 TOHO1O "HO +0. 104040404010 42 » 10 .» ALES), 3 15 k' y 250 7 50 25 » Di) À » 492» 7 50 15 » 45 » 12 » 50 » » 75 k » 6 » HS 10 » 4 50 42 » 7 50 7 50 7 50! 7 50 1270 44 » 12 » 45 » 2 » 7» 15 » 25 » 10 » 12 » LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (T°Arr') 14 PARTIE Spécimen des planches. \l _ÿ 1. Epeira marmorea ®, 20 %. — 2. Epeira marmorea, var. Scala- ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria Q®, 15%,5. — 4. Epeira sclopetaria Q, 19 %. — 5. Epeira cornuta ®, 20 %. — 6. Epeira adianta ©, 9%. — T1. Epeira adianta ®, 11 X. — 8. ÆEpeira diodia ©*, 4 %. — 9. Epeira diodia 9, 6 %- VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France ARAIGNÉES Par LOUIS PILANE'"T Membre de la Société Entomologique de France 4 volume in-8o de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant un total de 372 figures. Prix:broché, 5 francs: franco, 5 fr. 50. Cartonné, 0 fx. 75 en plus. Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire : sur les Araignées de France. Il est . certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Histoire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d'engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont:les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu’elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littérateur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 3172 figures, toutes dessinées par l’auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ÉDITEURS, 46, rue du Bac, PARIS, 7° PE ee GRIE Ra EE VX LA las l | PARIS. 1O. rue di Î SINE MODE RER à [S,) AMATE x 'lrésor (IV PLAQUES PAPIERS li 2 j t-Maur (Seine) FTRRE NT LES Ü EPRTTET SEEN TM rOEUEE, \aturelle de la France US 24 PARTIE ANIMAUX FOSSILES ‘Invertébrés et Vertébrés (PBALÉONTOLOGIE) Par P.-H. FRITEL Attaché au Muséum d'Histoire Nat roue de Pare 1 volume de 379 pages, avec 27 planches hors texte et 600 dessins dans le texte formant un total de 869 figures broché, G fr.; franco, 6 fr. 60; cartonné, O fr. 75 en plus Prix ESSAI DE PALÉOGÉOGRAPHIE Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS . 5 Application de géologie nouvelle et de géologie comparée. Par F. Can, membre de la Société de géologie de France. : L'atlas. — Un volume in-£° raisin de 56 cartes en noir donne à l'échelle unique du5 millio- nième : 1° La restauration des mers anciennes à toutes les époques correspondantes aux sous- étages et aux étages des ères mésozoïque et néozoique; 2° toutes les restaurations anciennes d'après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell Maillard’ Ro pore etc. sous est en français et en latin. : + e texte.— Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux parties, Ï i exposé des principes fondamentaux de la Paléogéographie et la De boue nn Mie la restauration rapide des rivages et des accidents topographiques. La seconde est la justificati discutée des contours adoptés pour chaque carte, 1 ca Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément. Prix : texte et atlas, 40 francs En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs 46, rue du Bac, Paris. : CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS A BOUCHONS, ETE, DONNANT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT | MOBILIER | ET MATÉRIEL | le kiloscramme 14 fr. 50 le 1/2 kilogramme 8 fr. CATALOGEE CRÉES les 250 grammes 4 fr. 50 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE 46, rue du Bac, 46 PARIS EN VENTE CHEZ ES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES AG, ? ( rue du ac, Paris URS PHOTOGRAPHES ! ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ .chements de cette ligne conduisant à la mer. PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17. CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest qui desse les Stations balnéaires et thermales de la Normandie et dh la Bretagne fait delivrer jusqu’au 31 octobre, par Si gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qi comportent jusqu à 50 % de réduction sur les prix dl tarif ordinaire. js . 1 1° Bains de mer eteaux thermales. ÿ Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 joursh| ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pendan 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choix dph l'itinéraire suivi et peuvent étre prolongés dlune ou d deux périodes de 30 jours, moyennant supplément di 10 % pour chaque période: 2Excursions sus les côles de Normandie, et à Vile de Jersey. | Billets circulaires valables un mois (non compris L jour du départ) et pouvant être prolongés d'un nouveal} | moismoyennant supplément 10 %. ÿ Dix itinéraires différents dont les prix varient entnf || 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francs ep deuxième classe, permettent de visiter les points les plu intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de LI de Jersey. | Pour plus de renseignements consulter le livret Guid illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 30, dans les b bliothèques des gares de la Compagnie. en Bretagn | ON DEMANDE A ACHETER FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIRES! (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) S'ADRESSER : LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALINTEN! 46, rue du Bac, PARIS EEE EN EE EE CHEMINS DE FER DE L'OUEST | CARTES D'ABONNEMENT D'EXCURSIONS : EN BRETAGNE Abonnements individuels. j La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait déli= vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spéciales permettant de partir d'une gare quelconque (grandes lignes) du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des lignes}h désignées ci-dessous en s’arrétant sur le parcours; de cir=} culer ensuite à son gré pendant un mois, non seulement} sur ces lignes, maïs aussi Sur tous leurs embranchements} qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursion ter} minée de revenir au point de départ avec les mêmes facis4 lités d'arrêt qu'à l'aller. & à Carre l.— Surla côte Nord de Bretagne : 1'e classe, 100 fr: 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Gran=l ville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et les embran=} tu chements de cette ligne conduisant à la mer. | tm Carte IL. — Sur la côte sud de Bretagne : 1re classe, ly 100 fr.; 2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares de lah : ligne du Croisicet de Guérande à Châteaulin etles embran=# Carre III. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagne } jre classe, 130 francs: 2e classe, 95 francs. — Parcours :4 Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande et desd lignes d'embranchements conduisant à la mer: | Carre IV. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagne ets} lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-Malo à} Redon: 1reclasse, 150 francs ; 2e classe, 110 francs.—Parcoursih Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, Dol et# Lamballe),.de Brest au Croisic et à Guérande et\des/ lignes} d'embranchement vers la mer, ainsi que celles des lignes de} Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à Rennes, de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, de Lou-W déac à Carhaïix, de Morlaix et de Guingamp a Rospordonk = 2 FeB.1906 | 2 Sère — N° 454 {5 FÉVRIER 1906 (D à > EL REZ TL PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE (CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 24824 du 1° février 1906 : Les Méduses fossiles. P.-H. Frirez. — Les Plantes, nombreuses superstitions auxquelles elles ont donné Jieu : Le Melon. E. Sanrmnt ne Riois. — Les Mammifères et les oiseaux albinos du Muséum d'histoire naturelle de Bordeaux. J. KunsrLer et J. CHAINE — La piéride des choux et la diminution du prix du bétail. Paul Noëz. — La Préhistoire en France. D" Etienne Deyrorce. — Chronique et nouvelles. Henri CouriN. — Essais de ‘culture d'arbres à caoutchouc en Indo-Chine. — Académie des Sciences. — Livres nouveaux. — Bibliographie. | ABONNEMENT ANNUEL. Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS: D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°" DE CHAQUE MOIS France et Algérie. . ..! . , : ,.. A0 fr » Fous les autrés pays... 2... 12/1 Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » Pr du NUMIÉEO® 4 ee. - . à ee. 0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL Au nom de « LES FILS D’'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS _ LÉPIDOPTÈRES PALÉARC TIQUES provenant de la Collection de M. EE a) vendre à 14 pièce chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturaliste. 46, RUE DU BAC. NOTA. — Une remise de 50 0/0 est consentie sur les prix marqués. Chaque espèce : porte une étiquette indiquant se provenance. Papilio podaliruis. — tamerlana. — alxanor. — xuthus. — v. xuthulus. mac. V. aslatica. Tuehdorfa puziloi. Hypermnestra helios. Parnassius ap. v. sibirica. — nomion. _ discobolus. — ab. © nigricans. — V. inSignis. — v. Romanovi. — ap. v. alpinus. 4 — Bremeri. _ del. v. intermedius, actius. — V. cæsar. — ab. actinobolus. — ep. v. aksuensis. — v. mercurius. — v. altynensis, — Sim. v. boedromius, — v. simulator. —— delphius. = v.illustris. = Szechenvi. Orleansi. 22 Hardwicki. — tenedius. — Felderi. — clarius. — mne. v. gigantea, — stub. v. tartarus. Aporia lippia. — Davidis. — peloria, Pieris bras. v. Cheiranthi. — Canidia. — rap. v. orlentalis. — ergane. leucodice. — dap. v. raphani. — v. belhdice. Euchloë belemia. — . v. glauce. — belia. — v.alaica. — Kalloui. — pyrothoe. — Bieti. — eupheno. — euphenoides. Zegris eupheme. — fausti. Teracolus fausta, Leptidia amurensis. Colias pal. v. orientalis. = nastes. — Cocandica. — melivos. =— sifanica. — v. nebulosa, — erat. v. hyaloides. — hyb. chrysodona. — ab. © pallida. — hy. v. sareptensis. — Romanovwi. — ab, maculata. -- Staudingeri. — v. Maureri. — pamira. — eogene. — thisoa, REPAS DEN 2 UNE 49 1 © © À (er) É SeNNVAROCOwOR ES 22020888888208488009 8099898990 00009Q @ LRUX QQQQ Ve VIN ON DD == © D OX Q,Q, = 19 19 aaaa ea DD IG = EEE Q 2 50 » 1010. 10 4101010. +0 +0 K +0 +10 15 20 40 44 (Oo) > 19 ot -1 = oo 18 IN 18 Cr | ee | ee Colias v. magna. — | Fieldi, AUTO = aride: — Heildreichi. — Wiskotti. —ANON- SÉDala(e — aur. V. transcaspica. Gonopteryx aspasia. —- farinosa. — rh. v. amurensis. Charaxes jasius. Apatura nvcteis. ir. v. Bieti. — il. v. bunea. — ‘v. metis. — v. substitua. Limenitis Lepechini. = ca. v. reducla. == pop. v. tremulæ. — sidyi. — V. uata = Doerriesi. — Amphyssa. — Homeyeri. Helmanni. Neptis Pryeri. ne — ludmilla. = us — phiyroides. thisbe. AÏdamis Raddei. Pyrameis indica. == v. vulcaniCa. Vanessa 10 v. antigone. — urt. V. ichnusoides.. — ab. nigrita. — v. ichnuisae — v. polaris. — 1. album. == xanthomelas, — ant. v. hygiæa. Polygonia C. aureum. — C. al. v. interposita. Araschnia burejana. Melitæa iduna. — ichnea,. ——) aur. v. sibiriCa. "hic. vi Heyner: — ph. v. ætherea. — sax, v. lunulata. A Aa R “© mat. ve Wolfenshersi. — part. v. alatanica. — protomedia. — minerva. —— arc. V. chuana. , — pamira. — ast. v. pallida. — y. solona. Argynnis angarensis. — hegemone. — v. erubescens. — pal. v. generator. — V. Sifanica. — amphilochus. — eva. — hec. v. alaica. — in. v. amurensis. = eug. v. rhea. © — nio. v. orientalis. — ad. v. pallescens. — sagana. — pandora. LS TP lé En ma cm0 LS er ÉCRAN PARIS. 244240840800 488408404084004008Q0 = do © = = £ C0 00 «© Or Où 9 O7 C0 NO > 00 ES > NDÈTOR = OAIIIE Or > = æ 10 = WVOWXHDEz SOU EN EN QAAQRQQQRAARRANQ ARQQQRY QAR L 19 © © 9 Et RO C7 U O7 O7 = 1 ? ? +10 101070 HOHO.. + +0 +040 +0 TO 1040. » +0 40 101010104010 be) +0 +0 +0 +0 1 sl 2 0 1 = = ÿ 9 IN 9 © O0 O0 Cr © IS A LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE. Éditeurs. 46, rue du Bac, PARIS (TArr‘) | VIENT DE PARAITRE : Ébistoire Naturelle de la France 14 PARTIE ARAIG Par LOUIS PILANE'T Membre de la Société Entomologique de France Spécimen des planches. ë 2 4. Epeira marmorea ©, 20 %. — 2. Epeira marmorea, var. Scala- ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria ®, 15%,5. — 4. Epeura sclopetaria ©, 19 %. — 5. Epeira cornuta Q, 20 %. — 6. Epeira adianta ©, 9%. — 1. Epeira adianta Q, 11 X. — 8. Epeira diodia O*, # X. — 9. Epeira diodia ®, 6 %. 1 volume in-8° de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant un total de 372 figures. Prix : broché, 5 francs ; franco, 5 fr. 50. Cartonné, O fx. '75 en plus. - = Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. IL est certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Histoire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d'engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu'elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littérateur. Cet ouvrage ‘comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 372 figures, toutes dessinées par l’auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Ghernètes, les Scorpions et les Opilions. LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ÉDITEURS, 46, rue du Bac, PARIS, 7° SORT CRD PP RON TE CRIESHARER & C'°Ù AMATEURS PHOTOGRAPHES ! ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ | USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) || LES PAPIERS “AS DE TRÉFLE” 7 PARIS, LO, rue du Erésor (I) PR CAES Histoire Naturelle de la France es 24 PARTIE ‘OSSILES Invertébrés et Vertébrés (PALÉONTOLOGIE) Par PE FRITEL Attaché au Muséum d'’ Histoire Naturelle de Paris | volume de 379 pages, avec 21 planches hors texte et 600 . dans le texte formant un total de 869 figures Prix : broché, G fr. : franco, 6 fr. 60: cartonné, O fr. 75 en plus ESSAI DE PALÉOGÉOGRAPHIE Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS Application de géologie nouvelle et de géologie comparée. Par F. Canu, membre de la Société de géologie de France. L'atlas. — Un volume in-4° raisin de 56 cartes en noir donne à l’échelle unique du 5 millio- nième : 1° La restauration des mers anciennes à toutes les époques correspondantes aux sous- étages et aux étages des ères mésozoïque et néozoïque; 20 toutes les restaurations anciennes, d’après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell, Maillard, de Saporta, etc. L’ atlas est en français et en latin. Le texte.— Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux parties. La première contient Vexposé des principes fondamentaux de la Paléogéographie et la méthode analytique permettant {a restauration rapide des rivages et des accidents topographiques. La seconde est la justification discutée des contours adoptés pour chaque carte. Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément. Prix : texte et atlas, 10 francs. En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, Paris. CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS A BOUCHONS, ETC, DONNANT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT MOBILIER ET MATÉRIEL SCOLAIRES le kilosramme 14 fr. 50 4 CATALOGUE GRATIS le 1/2 kilogramme 8 fr. fi les 250 grammes 4 fr. 50 à ; LES FILS D’ ÉMILE DEYROLLE EN VENTE CHEZ [ 46, rue du Bac, 46 LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES | PARIS 46, rue du Bac, Paris D ANA En IST TE PAST à - CR HR, CRU PCR SR 2 RL 7 PRE LIU TR EEE RIT CURE UE 5 DS 2e) LA AT PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17. CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. Ù La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest qui desk les Stations balnéaires et thermales de la Normandie el la nn e fait délivrer jusqu'au 31 octobre, par gares:et bureaux de. ville de Paris, les billets ci-après comportent jusqu'à 50 % de réduction sur les prix! tarif ordinaire. | 1° Bains de mer eteaux thermales. Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 jo ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pendi 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choix, l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une ow deux périodes de 30 jours, moyennant supplément, 10 % pour chaque période. 2°Excursions sur les côtes de Normandie, en Breta et à l'ile de Jersey. . Billets circulaires valables un mois (non compris jour du départ) et pouvant être D d'un nouvye mois moyennant supplément 10 © Dix itinéraires différents dont “ls prix varient en 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francsl deuxième classe, permettent de visiter les points les p intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de ? de Jersey. Pour plus de renseignements consulter le livret Gui illustré du réseau de |’ Ouest vendu 0 fr. 30, dans less bliothèques des gares de la Compagnie. à ON DEMANDE A M FOSSILES DES TERRAINS PRIMAIRE (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) S'ADRESSER : LES FILS D'ÉMILE DEYROLEE, ATURALISN 46, rue du Bac, PARIS 4 DS SO M Re DM | CHEMINS DE FER DE L’'OUES À b 1 1 1 4 À CARTES D'ABONNEMENT D’ EXCURSIONS EN BRETAGNE Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait déj vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spécial permettant de partir d'une gare quelconque (srandes ligné du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des gl désignées ci-dessous en s’arrêtant sur le parcours; de ci culer ensuite à son gré pendant un mois, non seuleme sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embranchemeï qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursion té minée de revenir au point de départ avec les mêmes fac lités d'arrêt qu'à l'aller. Carrel.—Surla côte Nord Bien re classe, 100: fl 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Gr | ville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et les embral chements de cette ligne conduisant à la mer. Carre II. — Sur “la côte sud de EEE re class 100 fr.; 2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares deu ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les embral chements de cette ligne conduisant à la mer. Carre III. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagne ire classe, 130 francs; 2€ classe, 95 francs. — Parcours Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, D et Lamballe) “et de Brest au Croisic et à Guérande et d lignes d'embranchements conduisant à la mer. 4 “Carre IV. — Sur les côtes Nord et Sud de és À lignes mtérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-N al} Redon: 1re classe, 180 francs : 2e classe, 110 francs. —Parcotl Gares des lignes de Gr anville à Brest (par Folligny, Dolp Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et des lis ga} d’embranchement vers la mer, aïnsi que celles des lignes | Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à Renr de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, de déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à Rospo 0 006 | | 21 c Ep. Un. | à Séme. — N° 4ASS 15 FÉVRIER 1906 MTL2X Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 24858 du 1 février 1906 : Les Méduses fossiles. P.-H. Frirez. — Mœurs et métamorphoses des espèces du genre Magdalinus Germar. Coléoptères du grand groupe des rhyncophores. Capitaine XAmBEu. — Découverte du terrain éocène en Tripolitaine. Stanislas MEUNIER. — Le régime ali- mentaire de l’Anobie du Pain. Anobium paniceum. Lin. E. Busienx. — Chronique et nouvelles. Henri Cour. — Le Tyroglyphus Farinæ. Paul Noëz. — Histoire naturelle des oiseaux exotiques de valière. — Congrès international d’Anthropologie et d’Archéo- logie préhistoriques. — Enseignement colonial, Muséum d'histoire naturelle. — Aca- démie des Sciences: k ABONNEMENT ANNUEL- Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1° DE CHAQUE MOIS Hhance et Algérie) 5.0. 200.02. 10.» | Tous les autres DANS OR OS ARE SANS is Pays compris dans l’Union postale. . . . 11 » Pos duneméron Lo Asito 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BURRHAUX DÜU JOURNAL Au nom de'« LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS CL LÉPIDOPTÈRES PAL ÉARCTIQUES provenant de la Collection de NM.E 4 vendre à là pièce chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes 46, RUE DU NOTA. — Une remise de 50 0/0 est consentie sur les prix marqués. Chaque espèce porte une étiquette indiquant sa provenance. ‘Papilio podaliruis. =} tamerlana: — alxanor. — xuthus. — v. xuthulus. a mac. V. aslatiCa. Luehdorfa puziloi. Hypermnestra helios. Parnassius ap. v. sibirica. = nomion. — discobolus. — ab. ® nigricans. — V. insignis. — v. Romanowvi. — ap. v. alpinus. ——, Bremeri. — del. v. intermedius, — actius. — V. CŒæSar. — ab. actinobolus. — ep. v. aksuensis. — : v. mercurius. — v. altynensis, — sim. V. boedromius. = v: simulator. —— delphius. <= v.illustris. — Szechenvi. — Orleansi. — Hardwicki. tenedius. — Felderi. = clarius. — mne. v. gigantea. — Stub. v. tartarus. Aporia hippia. — Davidis. — peloria, Pieris bras. v. Cheiranthi. — Canidia. — rap. v. orientalis., — ergane. — Jeucodice. — dap. v. raphani. — v. bellidice. Euchloë belemia. — v. glauce. — belia. — v. alaica. — Falloui. — pyrothoe. — Bieti. — eupheno. — euphenoiïides. Zegris eupheme. — fausti. Teracolus fausta, Leptidia amurensis. Colias pal. v. orientalis ——inastes: — cocandica. — melivos. — sifanica. — v. nebulosa. — erat. v. hyaloides. — hyb. chrysodona. — ab. © pallida. — hy. v. sareptensis. = Romanovi. — ab. maculataï — Staudingeri. — Y. Maureri. — pamira. — eogene. — thisoa, NB, BAC. — rl Qt (RO) = OCR ES © 10 CON) O0 TC PAIE © 6 » © 2:50 CSD) © 9 » CAO) œil 5 » ©2050 ©? 12 » O7 2500 OLD © 12 » OMA90) ©! 18 » ©! 30 » ©! 35 » © 6 » ©? 15 » ©! 30 » © 30 » ©! 8 » ©? 12 » CHE o7 #50 CAIDNES) Ch) © 10 » OR ONE) OLD) ©! 5 » ONE) CONS OT 1 25 © 4 » O7 » 50 C2 o! 2 » Of! ©” @f! Où © of Of (ORNE NUS (of! 5 » CE 250 C0) o7 10 » (opt PANNES C2 000 OL200 5 C1 22150 CAPES OA (ON Cf TA) OAS ES) Oo» OA à » +0 +0 KO +0 +0 12 O£ 2 _18 —. Les prix sont marqués en Colias v. magna. — Fieldi. — aurora. —— arida. —— Heïldreichi. £ :— Wiskotti. —— V. separata. — aur, \. transcaspica. Gonopteryx aspasia. — farinosa. — rh. v. amurensis. Charaxes jasius, Apatura nycleis. — ir. v. Bieti. = il. v. bunea,. — v. metis. — v. substitua. Limenitis Lepechini. — ca. v. reducta. — po». v. tremulæ. = £id yi. De v. latefasciata. = Doerriesi. —= Amphyssa. — Homeyeri. — Helmanni. Neptus Pryeri, — Jucilla: — v. ludmilla. — | Speyeri. — philyroides. thisbe. Aa Raddei. Pyrameis indica. = v. vulcanica. Vanessa 10 V. antigone. — urt. V. ichnusoides. = ab. nigrita,. — v. ichnuisa — V. post -— 1. album. — xanthomelas, — ant. v. hygiæa. Polygonia C. aureum. — C: al. Araschnia burelana. Melitæa iduna. — ichnea, — aur. v. sibirica. = cin, v. Heyneiï. — ph. v. ætherea. - sax. v. lunulata. ide vealar =. mat. — part. v. alatanica. — protomedia. Te miInerva. - 7 — arc. v. Chuana. —. pamira. 2 ast. v. pallida. — Y. Son Argynois angarensis. — hegemone. — v. erubescens. — pal. v. generator: i— V. sifaniCa. — AOC — eva. — hec. v. alaica. — in. V. amurensis. = eug. v. xhea. … — nio. v. orientalis. — ad. v. pallescens. — sagara. — pandora. PARIS. v. interposita. v. Wolfensbergi. francs et centimes, 248094494844000Q 489009 aa _ = O2 00 «© OT © I) O7 © 10 9 > QRARAXN AGIR IAE LRQQRQARQQLAQQARQRQA A _— NEO eDUIINGA > Ù © © eo 2x 1 25 Cd © NN = NON LOXWNENTXE IN = 19 © x 00 > +0. 104010 10 +0 10 104040, 4 40 40. +0 1010101010 10404010 ” = ÿ IN ND © 00 00 Or 12 » 40 » 1 » 3 75 k » ADM 1 50 25 » 500) 405) 12) 7 50 15 » 45 » 12 » gra maisinte LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (T°Arr°) VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France 14° PARTIE ARAIGNE Par LOUIS PILANET Membre de la Société Entomologique de France Spécimen des planches. 1 volume in-80 de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant un total de 372 figures. ÿ Prix: broché, 5 francs; franco, 5 fr. 50. Cartonné, 0 fx. '75 en plus. Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. Il est 53 a : 4 certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Hisloire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d'engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance : qu'elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littérateur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texle, mais dans le texte même, le tout formant un total de 372 figures, toutes dessinées par l’auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. Ü Rint 2 ; 1, Epeira marmorea ©, 20 %. — 2. Epeira marmorea, “var. Scala- LES F ILS D'ÉMILE DEYROLLE ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria Q, 15%,5. — 4. Epeira Ë pe sclopetaria Q, 19 %. — 5. Epeird cornuta ®, 20 %. — 6. Epeira : EDITEURS, adiant , 9%, — 7. Epeira adianta Q, 11 %. — 8. Epeir ÿ Dao dE 0 Ana d da 0 PT 46, rue du Bac, PARIS, 7° POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES PA TR OA OP NN TS LT PO PE ST ET NET IR ICONE SEE A RE NP AE E SRIESHABER & C'° ANATEURS PHOTOGRAPHES ! ESSAYEZ EI VOUS ADOPTEREZ PARIS, LO. rue du Trésor (4) USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) RER ER Histoire Naturelle de la France Den Lys PLAQUES 24° PARTIE ANIMAUX FOSSILES Invertébrés et Vertébrés (PALÉONTOLOGIE) Par P.-H. FRITEL Attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris Î volume de 379 pages, avec 27 planches hors texte et 600 dessins | dans le texte formant un total de 869 fiqures broché, G fr.; franco, 6 fr. 60: cartonné, O fr. 75 en plus Prix : ESSAI DE PALÉOGÉOGRAPHIE Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS Application de géologie nouvelle et de géologie comparée. Par F. Canu, membre de la Société de géologie de France. L'atlas. — Un volume in-4° raisin de 56 cartes en noir donne à l'échelle unique du5 millio- nième : 1° La restauralion des mers anciennes à toutes les époques correspondantes aux sous- étages et aux étages des ères mésozoîique et néozoïque; 2° toutes les restaurations anciennes d'après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell, Maillard, de Saporta, etc. L'atlas est en français et en latin. ; L Le texte.—Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux parties. La première contient Vexposé des principes fondamentaux de la Paléogéographie et la méthode analytique permettant fa restauration rapide des rivages et des accidents topographiques. La seconde est la justification discutée des contours adoptés pour chaque carte. Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément. Prix : texte et atlas, 10 francs. En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, Paris. CIMENT-LUT MOBILIER ET MATÉRIEL FLACONS A BOUCHONS, ETE, DONNANT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT le kilogramme 14 fr. 50 CATALOGUE GRATIS le 1/2 kilogramme 8 fr. ne : les 250 grammes 4 fr. 50 LES FILS D EMILE DEYROLLE 46, rue du Bac, 46 PARIS EN VENTE CHEZ 6, rue du Bac, Paris PARIS, — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17. , —, ‘lignes d’embranchements conduisant à la mer. \ CHEMINS DE FER DE L'OUEST < à Voyages à prix réduits. | La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest qui des} les Stations balnéaires et thermales de la Normandieke] la Bretagne fait delivrer jusqu’au 31 octobre, par gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après! comportent jusqu'à 50 % de réduction sur les prix tarif ordinaire. 1 1° Bains de mer eteaux thermales. ; Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 jo ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pend 48 heures à l’aller et au retour à une gare au cho l'itinéraire suivi et peuvent étre prolongés d'une 0 deux périodes de 30 jours, moyennant supplèmen 10 % pour chaque période. 4 2°Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretd el à l'ile de Jersey. \ Billets circulaires valables un mois (non compri jour du départ) et pouvant être prolongés d’un nou mois moyennant supplément 10 %. Dix itinéraires différents dont les prix varient el 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100/franck deuxième classe, permettent de visiter les points les intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de de Jersey. | Pour plus de renseignements consulter le livret Gu illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 30, dans lesh bliothèques des gares de la Compagnie. 1 ON DEMANDE: A ACHETER FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIRI (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) S'ADRESSER : | LEN VUS D'ÊMILE DSYRUILE, MATURAUIN 46, rue du Bac, PARIS | RER CHEMINS DE FER DE L'OUES!} CARTES D’ABONNEMENT D'EXOURSIONS!| EN BRETAGNE | Abonnements individuels. If La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait d vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spéci pernéltant de partir d'une gare quelconque (grandes/igis du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des lg} désignées ci-dessous en s’arrêtant sur le parcours; deu culer ensuite à son gré pendant un mois, non seulem sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embranchemé} qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursions minée de revenir au point de départ avec les mêmes} lités d'arrêt qu'à l'aller. : 4 Carrel.— Surla côte Nord de Bretagne: 1re classe, 100) 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Ga ville à Brest (par Folligny, Dollet Lamballe) et les embals chements de cette ligne conduisant à la mer. Re: | Carte IL. — Sur la côte sud de Bretagne : 1r6 claf 100 fr.:2e classe, 75 francs. — Parcours : Gares deh ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les embn chements de cette ligne conduisant à lamer. CARTE IL. — Sur les côtes Nord et Sud ire classe, 130 francs; 2e classe, 95 francs. — Parcor Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny,4h et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande et m0: "| A Carre IV. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagnk lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint=-Ma} Redon: 1eclasse, 150 francs ; 2e classe, 110 francs :=—Paret} Gares des lignes de Granville à Brest (par Rollieny, Dh Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et\des li} d'embranchement vers la mer, ainsi que celles des ligne} Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à R de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, d déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à Rospoï | 42 BE PE Franc Pays | de Bretagl RS li Da SH MÜES S ; si C : TP Vi 2 Série. — N° 456G DN = PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 2456 du 1° mars 1906 : Le lièvre d'Égypte. P. Hippolyte Boussac. — Histoire naturelle de Solenobia Larella Chrét. P. CxrÉTIEN. — Chronique et nouvelles. Henri CouriN. — Perientonum mortuum Hagen (Meun.). Archiptère Psocidæ du Copal fossile de Zanzibar. F. Meunier. — Les peuples de la Russie. E. Massar. — [Livres nouveaux. — Académie des Sciences. — Convention pour la protection des oiseaux utiles à l'Agriculture. à ABONNEMENT ANNUEL- Payable cu un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°” DE CHAQUE MOIS France et Algérie . a en dos Pays compris dans l’Union postale. . . , 11 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande. A0 fr. » Tous Tes aulresipays 0 -. . . 0. dif ET UENAMÉRO 0 E .d + eo 0 50 D} Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL. Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS a RTC RS AIRES MODEM ISUER LINE 17 46, RUE DU BAC. — __ Une remise de 50 0/0 est consentie sur les prix marqués. Chaque espèce porte une étiquette indiquant sa provenance. NOTA. Papilio podaliruis. — tamerlana. — alxanor. — xuthus. — v. xuthulus, mac. v. aslatiCa. Luehdorfa puziloi. Hypermnestra helos. Parnassius ap. v. sibirica. — nomion. —— discobolus. — ab. © nigricans. —— v. insignis. — y. Romanovi. — ap. v. alpinus. - — Bremeri. — del. v. intermedius, - actus. = V. Cæsar. — ab. actinobolus. — ep. v. aksuensis. — v. Mercurius. = v. altynensis. 2 sim. V. boedromius. — v. simulator. —— delphius, v. illustris. — Szechenyi. Orleansi. — Hardwicki. — tenedius. ee Felderi. = clarius. _ mne. V. gigantea, — stub. v. tartarus. Aporia luppia. — Davidis. — peloria, Pieris bras. v. Cheiranthi. =) Canidia. — rap. v. orientalis. — eérgane. — leucodice. — dap. v. raphani. — y. bellidice. Euchloë belemia. — v. glauce. — belia. — y. alaica. — Falloui. — pyrcthoe. — Bieti. — eupheno. — euphenoiïdes. Zegris eupheme. — fausti. Teracolus fausta, Leptidia amurensis. Colias pal. v. orientalis. 2 NO — cocandica. — melivos. — sifanica. — v. nebulosa. — erat. v. hyaloides. — hyb. -ebrysodona: — ab. © pallida. — hy. V. sareptensis. — Romanovi. — ab. maculatal — Staudingeri. — Y, Maureri. — pamira. — eogene. — thisoa. à vendre 2 1 pièce chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes QUO QURE Q, _ Re ND & © © & © _ a8900802098980804089Q 4840900 900a09000a0Q «à un je NN © © N © co ARR A RER AR RG A QQQ » 40 +040. +040 +040) © : 40 +O 15 20 40 k4 = 19 Où 3 18 25 IN Co Colias v. magna. — Fieldi. — aurora. — arida. — Heïldreichi. —. Wiskotti. — V. Separata, — aur, V. transcaspica. Gonopteryx aspasia. — farinosa. — rh. v. amurensis. Charaxes jasius,. Apatura nycteis. = ir. v. Bieti. - — il. v. bunea. — v. metis. — v. substitua. Limenitis Lepechini. — ca. v. reducta. — pop. v. tremulæ. — id yi. — v. latefasciata. = Doerriesi. .— Amphyssa. — Homeyeri. Helmanni. Neptis Pryeri. — ludmilla, = Spvert. — philyroides. thisbe. Atanre Raddei. Pyrameis indica. — y. vulcanica. Vanessa io v. antigone. — urt. V. ichnusoides. — ab. nigrita, — Y. ichnuisa. — v. polaris. — 1. album. — xanthomelas, — ant. v. hygiæa. Polygonia C. aureum. — C. al. v. interposita. Araschnia burejana. Melitæa iduna. — ichnea. — aur. v. Sibirica. — cin. v. Heyuei. — ph. v. ætherea. : sax. v. lunulata. — did. v.ala. — mat. v. Wolfensbergi. — part. v. alatanica. — protomedia. — minerva. — arc. v. chuana. — pamira. — ast. v. pallida. — y. solona. Argynnis angarensis. — hegemone. — v. erubescens. = pal. v. generator. — v. sifanica. — amphilochus. — eva. — hec. v. alaïca. —- in. V. amurensis: — eug. v. rhea. — mio. v. orientalis. — ad. v. pallescens. — sagara. — pandora. PARIS. 248440404404 4 ALQQQQQQQAQQQAQAQAQQAA, \ = sers ; Q2 00 «© UT © 9 O7 © 10 NO 7 00 00 © IN O7 «© x © NT = DEUX OReODAIINX OO > D © © Æ a + IN DOUURNOTER LD OTn) O7 O7 I > SARA RAR EQ RQ RQ QAR RQ 19 © O7 00 = 10 101040 4010 LÉPIDOPTÈRES PALÉARCTIQUE provenant de la Colleetion de M.F'° 40 +010 4#0 10 HOHO4O 4 Lo) 12 » 40 » TD 3 75 4 » 25 » 7 50 25 » 5 » A » 412 » 7 50 45 » 15 » 128) 6 » 5) 18 » 8 » 10 » DES 2 50 3 » » 15 4 » 6 » 7 50 10 » k 50 12 » 7 50 7 50 7 50 1 50 1226) A1 » 12 » 15 » DNS T0 15 » 25 » 10 » 12 » 6 50 PARA LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7° Arr‘) VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France 14° PARTIE ARAIGNE Par LOUIS PILANET Membre de la Société Entomologique de France 1 volume in-8 de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant un total de 372 figures. F ÿ Prix: broché, 5 francs; franco, 5 fr. 50. Cartonné, O fx.'75 en plus. Spécimen des planches. Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. Il est certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Histoire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d’engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu'elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littérateur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 372 figures, toutes dessinées par l’auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. arr 1, Epeira marmorea ®, 20 %. — 2. Epeira marmorea, var. Scala- LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria ®, 15%,5. — 4. Epeira À sclopetaria Q®, 19 %. — 5. Epeira cornuta Q, 20 %. — 6. Epeira EDITEURS, adianta ©", 9 %. — 7. Epeira adianta ®, 11 %. — 8. Epeira _diodia ©", 4 me Gi D é = 46, rue du Bac, PARIS, 4 ; E CRIESHAPER & C° AMATEURS PHOTUGRAPHES | ; ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ PARIS. 1O, rue du Trésor (IV) hero Saint ur (no titi AS DE TREPLE” © Voyages à prix réduits. e e : | : . La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest quid : les Stations balnéaires et thermales de la Normandi la Bretagne fait délivrer jusqu’au 31 octobre, p gares et.bureaux de ville de Paris, les billets ci-aprés comportent jusqu'à 50 % de réduction sur les pri 2 —— — : : = tarif ordinaire. : 1° Bains de mer eteaux thermales. : Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 ; ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pen 94° PARTIE 48 heures à l'aller et au retour à une gare au choix l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d’une. ou deux périodes de 30 jours, moyennant supplèm 10 % pour chaque période. 2°Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagi : et à l'ile de Jersey. Billets circulaires valables un mois (non comp jour du-départ) et pouvant être prolongés d'un no 5 D y y mois moyennant supplément 10 %. Invertébrés et V'ertébrés Dix M ces différents dont les prix varient € _ | 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francsee f . | deuxième classe, permettent de visiter les points l'es plih (PALEO N TOLOGIE) intéressants de la Normandie, de la Bretagne et del de Jersey. : É- Pour plus de renseignements consulter le livret Gu illustré du réseau de l'Ouest vendu 0fr. 30, dans les Par P.-H. FRITEL bliothèques des gares de la Compagnie. Attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris Ô N D Ë M - N D E E 1 volume de 379 pages, avec 27 planches hors texte et 600 dessins dans le texte formant un total de 869 figures A ACHETER | CHEMINS DE FER DE L'OUEST ee: Prix + broché, 6 fr ; franco, 6 fe. 60: | FOGGILESDESTERAAINS PRIMAIRE cartonné, O fr. 75 en plus : +R — (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFERE) 1 ame S'ADRESSER : 4 ESSAI DE PALÉOGÉOGRAPHIE | fs D'ÔILE DINMUE, TATURA LINE Restauration des contours des mers anciennes 46, rue du Bac, PARIS EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS O ==" Application de géologie nouvelle et de géologie comparée. m Par F. Canu, membre de la Société de géologie de France. CHEMINS DE FER DE L'OUEST L'atlas. — Un volume in-4° raisin de 56 cartes en noir donne à l'échelle unique du5 millio- ee LÉ nième : 4° La restauration des mers anciennes à toutes les époques correspondantes aux sous- : à étages et aux étages des ères mésozoïque et néozoïque; 2° toutes les restaurations anciennes, CARTES. D'ABONNEMENT D'EXCURSIONS d’après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell, Maillard EN BRETAGNE : de Saporta, etc. L’atlas est en français et en latin. ; ie. Le texte.—Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux parties. La première contient Abonnements individuels. Le Jexposé des principes fondamentaux de la Paléogéographie et {3 méthode analytique permettant La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait dé la restauration rapide des rivages et des accidents topographiques. La seconde est la justification | vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnément spé discutée des contours adoptés pour chaque carte, permettant de partir d’une gare quelconque (grandes lig Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément. Prix : texte et atlas, 10 francs. de PET . l'Ouest pour a Pa É choix es rte : ) DT ésignées ci-dessous en s’arrêtant sur le parcours; de En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, -| culer ensuite à son gré pendant un mois, non seul 46, rue du Bac, Paris. sur ces lignes, maïs aussi sur tous leurs embranche qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursio minée de revenir au point de départ avec les mêmes lités d'arrêt qu'à l’aller. É 2 Cartel. — Surla côte Nord de Bretagne : 1reclasse, 100 à SE St ; 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Gr ville à Brest (par Follieny, Dol et Lamballe) et les em ; MOBILIER chements de cétte ligne conduisant à la mer. : Carte II. — Sur la côte sud de Bretagne : {re cla | PR 100 fr.; 2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares dt ET MATERIEL ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les em : chements de cette ligne conduisant à la mer. ; Carte III. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagn Ê 1re classe, 130 francs; 2e classe, 95 francs. — Parco Gares des lignes de Granville à Brest (par Follieny et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande re lignes d'embranchements conduisant à la mer. 1 Carte IV. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretag CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS A BOUCHONS, ETC, DONNANT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT le kilozramme 14 fr. 50 lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-M le 1/2 be de 8 a CATALOGUE GRATIS Redon:1reclasse, 150 francs ; 2e classe, 110 francs. —Par Pia D LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE Dire es a EN VENTE CHEZ 46, rue du Bac, 46 ent la aa as que celles des lien a Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à Re LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES PARIS de-Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, dell 46, rue du Bac, Paris Amen | dé2c à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à R É PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 11. +. — LR - EE SIL IER 15 MARS 1906 INT Ps = = NS — NE ZE PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE (CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la-Rédaction SOMMAIRE du n° 457 du 15 mars 1906 : La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. D' Trouessarr. — Le lièvre d'Égypte. P. Hippolyte Boussac. — Les peuples de la Russie. E. Massar. — Chronique et nouvelles. Henri CouriN. — Un beau livre. Victor VaurIER. — Les végé- taux lumineux et la lampe vivante. D' L. Bonpas. — La culture du coton en Abyssinie. — La Préhistoire en France. Dr Etienne Dryrorre. — Académie des Sciences. — Bi- bliographie. — Offres et demandes. : ABONNEMENT ANNUEL. Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT OU ll‘ DE CHAQUE MOIS France et Algérie. ie _ Pays compris dans l’Union postale. . . . 11 » Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. A0» Tous les autres pays. ie ee «0e D VA (ln ÉTIX AUMÉRO TE à en D SÙ Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DÜU JOURNAL. LE Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs : 46, RUE DU BAC, PARIS provenant de la Collection de M. EF" à veridre à l&/pièce chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes 46, RUE DU BAC. PARIS. NOTA Papilio podaliruis. » 40 : | Colias v. magna. OO NOM — tamerlana. ©? 10 | — Feldi. ORND A RDROETDEE) — alxanor. CESR ON Se | = aunora CAAIESS) — xuthus. HO DD OMPE ES) | — arida. CAES — v. xuthulus. O7 12 PO E DE e — Heïldreichi. CHA S — mac. V. asiatica. 4 pa | — Wiskotti. o7 20 » Luehdorfa puziloi. © 46 0 | — y. separata, o7 18 » Hypermnestra helios. Cf: 0-1) en AUT-N transcaspica, o7 18 » Parnassius ap. v. sibirica. © A0 | Gonopteryx aspasia. Oro ÉD OH 00) == nomion. O'IAUTEN : == farinosa. CAMP ND MONEETIE — discobolus. CDS DA — rh. v. amurensis. O7 250 © # » — ab. ® nigricans. 18 » Charaxes jasius. o7 3 75 — V. insignis, en He) Apatura nycteis. AO ADD OM E) — v. Romanovi. cé) _ ir..v. Bieti. o7 12 » — ap. v. alpinus. CAO ROME) — il. v. bunea, OS CNE) = Bremeri. OA ED RON 0) — v. metis. CHR OSCAR 0 — del. v. intermedius, CÉMPORO ECS — v. substitua. CROSS) — actius. o7 12 » Limenitis Lepechini. OS NO CE PERS) == V. Cæsar, ON 251 5) — ca, v. reducta. OS DO On) —— ab. actinobolus. O7 30 » — pop. v. tremulæ, 4 » — ep. v. aksuensis. CHA2) = sidyi. OÉCUEE) _ Y. mercurius. OLA) OO SES) — v. latefasciata. CAMÉRA OPMOES, — v. altynensis, O7 18 » = Doerriesi. CDD MO 250 — sim. v. boedromius. ©7 30 » © 49 » _— - Amphyssa. OMR OMAE > — y. simulator. C5 — Homeyeri. CHRO UM OIDES) — delphius. O7 6 » Helmanni. o7 7 50 — v. illustris. O7 15 » Neplis Pryeri. C0: — Szechenyi. O7 30 » © E4 » pee Cho) — Orleansi. ©? 30 » = . ludmilla, OS) —- Hardwickt. CCE) — da OPEN) — tenedius. o7 12 » — philyroides. CRE) — Felderi. DAOM25SES) thisbe. CHASSE) = clarius. ©1900 And Raddeiï. CEMIPIE — mne. v. gigantea. ©? 4 50 Pyrameis indica. 6 » — stub. v. tartarus. COCOON REES — v. vulcanica. ù » Aporia hippia. Gr 2 NO 50 Vanessa io v. antigone. 18 » — Davidis. CHAUDS) — urt. V. ichnusoides. 8 » — peloria. CHAOPOMOPAR ESS) — ab. nigrita. 10 » Pieris bras. v. Cheiranthi. CLS) — v. ichnuisa, 2 » — Canidia. CD, — v. polaris. 2 50 — rap. v. orientalis. C2) OS) — l'album. 3 » = (€rgane. CAT) — xanthomelas, » T — leucodice. ©1125 — ant. v. hygiæa. — dap. v. raphani, oO k » Polygonia C. aureum. 7 — v. bellidice. CHANSON — C. al. v. interposita. 6 » Euchloë belemia. CUP) Araschnia burejana. 7 50 — V. glauce. CAR 25 Melitæa iduna. o 2 » — belia. OO TD — jichnea. O5 —1 y. alaica. o7 14 50 — aur. v. sibirica. o7 6 » ©® 10 » — Falloui. CAPES = çin.v. Heyuei. o7 2 50 — pyrothoe. CHEN — ph. y. ætherea. 9 #50 er © BIC CAD D OMS En) — sax. v. lunulata. OÙ HA OO AD ES — eupheno. 25 02280 dd v 4e CSD OO == ctbhene des CUS) — mat. v. Wolfenshergi, CIDRE) Zegris eupheme. 4 » — part. v. alatanica. CSD — fausti. Q 10 » — protomedia. CSD ONE 50 Teracolus fausta, CORPS ES minerva. CH 2850 Leptidia PIS GS » = arc. v. Chuana, © 5 » ® 7 50 Colias pal. v. orientalis. CR PRO T5 — pamira. 1 50. _ ee OLD — ast. v. pallida. CE) — cocandica. © 10 » — v. solonma, CL MS DOMINER) — melivos. CAL D AOMIeU) | Argynnis angarensis. OA RE Ode - sifanica. oO! 20 » ie hegemone. CERN O0) — y. nebulosa. CODE) | ne NV. erubescens. OMS ACMESS — erat. v. hyaloides. O1" 250 Se pal. v. generator. OL DSAR OMS — hyb. chrysodona. © 12 » = v. sifanica. OS CET -— ab. © pallida. DES 2e amphilochus. CAE) ; : — hy. v. sareptensis. OMS OO Le eva. CADET NOMESS — Romanovi. RAS NE = “ec v. alaica. OMS — ab. maculata OL TS 0 SES in. V. AMUreNSIS. ONE —. Staudingeri OUAS MONO Ses eug. v. rhea. OLAS AN ROMOSIEES) ee Ne AMEUTe OLA ins nio. v. orientalis. O4 5 RONDES — pamira. T'AS OMR, — ad. v. pallescens. CR co — eogene. QUE) — Sagara. CHERS ON ENT — thisoa CUS) — pandora. PRPPPPPPRPPPPP REPRISE ERP PIPPSPIIITE PSS k * £ at ag — Une remise de 50 9/0 est consentie sur les PE marqués. Chaque espèce porte une étiquette indiquant sa provenance... £ LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7°Arr‘) VIENT DE PARAÎTRE 14° Histoire Naturelle de la France PARTIE ARAIGNÉES Par LOUIS PILANET Membre de la Société Entomologique de France Spécimen des planches. 1, Epeira marmorea Q®, 20 %. — 2. Epeira marmorea, var. Scala- ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria 9, 15%,5. — 4. Epeira sclopetaria ®, 19 %. — 5. Epeira cornuta ®, 20 %. — 6. Fpeira adianta ©", 9 %X. — 1. Epeira adianta 9, 11 X. — 8. Epeira diodia o*, 4 K. — 9. Epeira diodia ®, 6 %- 1 volume in-8 de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant un total de 372 figures. ÿ Q r Ÿ Prix :broché, 5 francs; franco, 5 fr. 50. Cartonné, O fx. '75 en plus. Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. Il est certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Hisloire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d'engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu’elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littérateur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 372 figures, toutes dessinées par l'auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. Lane LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ÉDITEURS, 46, rue du Bac, PARIS, 7° enr (| i ER CRIESHARER € C'°Ù AMATEURS PHOTOGRAPHES PARIS, LO. rue du Trésor (If) ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ orne onu Gene Ari AS DE TREFLE” ASS VENTE AUX ENCHÈRES PUBLIQUES LIVRES D'HISTOIRE NATURELL DE LA BIBLIOTHÈQUE DE IL. PIERRE Directeur du Jardin botanique de Saigon CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. La Compagnie des Chemins de fer de l Ouest qui les Stations balnéaires et thermales de la Normand la Bretagne fait délivrer jusqu’au 31 octobre, pa gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-apr -| comportent jusqu'à 50 % de réduction sur les pr tarif ordinaire. | 1° Bains de mer eteaux thermales. Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pendan} 48 heures à l’aller et au retour à une garesau Choix l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une © deux périodes de 30 jours, moyennant suppléme 10 % pour chaque période. 2Excursions sur les côtes de Normandie, en Breb et à l’île de Jersey. Billets circulaires valables un mois (non compri jour du départ) et pouvant être prolongés d'un noue mois moyennant supplément 10 %. - Dix itinéraires différents dont les prix varient 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 fran deuxième classe, permettent de visiter les points les intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de de Jersey. Pour plus de renseignements consulter le livret G illustré du réseau de l'Ouest vendu 0fr. 30, dans les bliothèques des gares de la Compagnie. Va 4 ON DEMANDEU QUI AURA LIEU A PARIS "MAISON SYLVESTRE SALLE 3 2S, Rue des Bons-Enfants, 28 A 8 HEURES TRÈS PRÉCISES DU SOIR LES 26 ET 27 MARS 1906 PAR LE MINISTÈRE DE M° MAURICE DELESTRE, COMMISSAIRE-PRISEUR S, rue Saint-Georges, Paris ASSISTÉ DE LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, EXPERTS-NATURALISTES | FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIRÉ | (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) S'ADRESSER : 1 | d | 4 AG, rue du Bac, Paris CHEZ LESQUELS SE DISTRIBUE LE CATALOGUE ——————— ——————————— ESSAI DE PALÉOGÉOGRAPHIE Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS Application de géologie nouvelle et de géologie comparée. Par F. Canu, membre de la Société de géologie de France. L'atlas. — Un volume in-#° raisin de 56 cartes en noir donne à l'échelle unique du 5 millio- nième : 1° La restauration des mers anciennes à toutes les époques correspondantes aux sous- étages et aux étages des ères mésozoique et néozoïque; 2° toutes les restaurations anciennes d’après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell, Maillard. de Saporta, etc. L’atlas est en français et en latin. S < Le texte.— Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux parties. La première contient exposé des principes fondamentaux de la Paléogéographie et 1&. méthode analytique permettant permettant de partir d’une gare quelconque (grandes ligni la restauration rapide des rivages et des accidents topographiques. La seconde est la justification | du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des li discutée des contours adoptés pour chaque carte. désignées'ci-dessous en s’arrêtant sur le parcours; de Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément. Prix : texte et atlas, 10 francs. culer ensuite à son gré pendant un mois, non seule En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embranchemeh 46, rue du Bac, Paris. : 2 qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursion minée de revenir au point de départ avec les mêmes. | AlitCS ALT AU A ALLIE TS 3 ; E. | Carrel.—Surla côte Nord de Bretagne : 1e classe, 1004 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Ga ville à Brest {par Folligny, Dol et Lamballe) et les embra MOBLIX,: ER chements de cette ligne conduisant à la mer. Carre II. — Sur la côte sud de Bretagne : dre cl e 100 fr.:2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares di ET MA'TERIEZL ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les embrei chements de cette ligne conduisant à la mer. | . Carre III. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagné}_ à 1re classe, 150 francs; 2e classe, 95 francs. — Parcouf \ Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, Di et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande etdf : lignes d'embranchements conduisant à la mer. ! Carre IV. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagne lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-M LES FILS D'ÉMLE DEYROLLE, NATURALE 46, rue du Bac, PARIS CHEMINS DE FER DE L'OUES1) | | CARTES D'ABONNEMENT D’EXCURSIONS. | EN BRETAGNE 4 Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait d vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spée CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT LÉ À TE É DE a CATALOGUE GRATIS | er cet AT —Pa Re : É De Gares des lignes de Granville à Brest (par! Folligny, les 250 grammes x fr. 50 LES FILS DEMILE DEYROLLE Lamballe), e Brest au Croisic et à Ca te de EN VENTE CHEZ 46, rue du Bac, 46 RS ln ea ges is ol à Redon, de Messac à Ploërmet, de mballe à LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES PARIS de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, d 26. rue du Bac. Paris deac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à Rosp A4, 2 AC3 = PARIS. — IMPRIMEBRIE EF. LEVÉ, RUE CASSETTE 417. - ANNÉE 7 ner RO 4 Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 de Série. — N° A4A5S {& AVRIL 1906 71A I re mi 7 / PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE ‘CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 2$S du cr avril 19O06G : Sur la présence des fausses glaises dans la banlieue Sud-Est de Paris. P.-H. Frirez. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. D' Trourssarr. — Le mécanisme des éruptions volcaniques. P* Frédéric Cornexons. — Chronique et nou- , velles. Henri Cour. — Le lièvre d'Égypte. P. Hippolyte Boussac: — Académie des Sciences. — Bibliographie. V. VAüTIER. è ‘ ABONNEMENT ANNUEL- Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1!” DE CHAQUE MOIS 424 Fr: » AO RD | Tousles autresipaysi# 2" U 50 France et Algérie . . . . . . . . . . . . PTE AUINMURMMEROË eee » Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURN A EL: Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS LÉPIDOPTÈRES PALÉARCTIQUE provenant de la Collection de M. vendre à là piece chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes 46, RUE DU BAC. — PARIS. NOTA. — Une remise de 50 0/0 est consentie sur les prix marqués. Chaque espèce porte une étiquette indiquant sa provenance. Papilio podalirus. M A == tamerlana. ©?’ 10 == alxanor, @f: 9 — xuthus. (Of A7 LE v. xuthulus, © 12 HT mac. V. AslatiCa. Luehdorfa puziloi. Hypermnestra helios. et. 6 Parnassius ap. v. sibirica. 2 nomion. _ discobolus. Gr — ab. © nigricans, : = V. inSignis. CH — Y. Romanovi. (OH) — ap. v. alpinus, CH 2 Bremeri. OS — del. v. intermedius, OHE2 — actius. o7 12 — V. Cæsar. O25 == ab. actinobolus. ©? 30 — ep. v. aksuensis. CMP == V. mercurius, o7 12 — r. altynénsis, o7 18 — sim. v. boedromius. - ©? 30 — v, simulator, o7 35 — delphius. OH — v.-illustris. ©! 15 — Szechenyi. ©? 30 _ Orleansi. ©? 30 — Hardwicki. o7 8 — tenedius. o7 12 —— Felderi. ee clarius. CUS — mne. V. gigantea. oO 4 _— stub. v. tartarus. oo 6 Aporia luppia. OMS — Davidis. ©? 10 — peloria. of NE Pieris bras. v. Cheiranthi. ONE — canidia. OH — rap. v. orientalis. o7 -2 — ergane. ON? — leucodice. (of nl — dap. v. raphani. Oo" 4 — v. bellidice. (of Euchloë belemia. ©! — v. glauce. ©! — belia. CH) 0 Nr HiEnCAs CM — Fallou. ©7125 — pyrothoe. CMS — Bieti. ©? 10 — eupheno. ot 1 — euphenoïdes. OH] Zegris eupheme. —{austi. Teracolus fausta, OS Leptidia amurensis. CAE Colias pal. v. orientalis. o,9 = HHPTAStes: OMS —CoOCandica. ©’ 10 — 0 melivos. CHA = NSItanic as ©? 20 —\ y. nebulosa. O120 == erat. v. hyaloides. Gi 9 — hyb. chrysodona. (ete) — ab. pal lli\da —. hy. v. reptensis. @f él == Romano OURS Wu ab. maculata (OAI — Staudingeri. o? 18 — y. Maureri. OMS — pamira. Gi" 112 == eogene — | thisoa CHE N B —, Les prix 9 N ÿ +0 +0 40 50 +0 + +0 +0 KO » ® » 9 ? sont marqués en francs et centimes 15 20 44 Le 9 Or = 18 9 25 18 5 Colias V. Magna. — Fieldi. —"Waurorar — arida. — Heïldreichi. — Wiskotti. — v. separata. — aur. V. transcaspica, Gonopteryx aspasia. — farinosa. — rh. v. amurensis. Charaxes jasius. Apatura nycteis. — ir. v. Bieti. — il. v. bunea. — v. metis. — v. substitua. Limenitis Lepechini. D ca. v. reducta. — pop. v. tremulæ. — sidyi. — v. latefasciata. — Doerriesi. — Amphyssa. — Homeyeri. Helmanni. Nepuis Pryeri. lucilla. — v. ludmilla, — Speyeri. — philyroides. thisbe. Aer Raddeiï. Pyrameis indica. == v. vulcanica. Vanessa io v. antigone. — urt. V. ichnusoides. — ab. nigrita, — v. ichnuisa. — y. polaris. — 1. album. — xanthomelas, ant. V. hygiæa. Polyaonia C. aureum. C. al. v. interposita. Araschnia burejana. Melitæa iduna. — ichnea, — aur. v. sibirica. =} Gin. v Heyuer — ph. v. ætherea. 2. Sax. v. lunulata. a oi iles — mat. v. Wolfensbergi, — part. v. alatanica. — protomédia. — minerva. — arc. V. Chuana, — pamira. — ast. v. pallida. — y. solona. _ Argynnis angarensis. — hegemone. — v. erubescens. — pal. v. generator. — v. sifanica. — amphilochus. == eva. — hec. v. alaica. — in. V. amurensis. — eug. v. rhea. — nio. V. Orientalis. — ad. v. pallescens. == sagara. — pandora. 224249289000 2000099 aa LRLRQRQGALRQAQ LLRAQQQRQRQQRRAQRAQQ = = O2 00 «© O7 CD 10 O7 CS 9 9 æ DR ORNE Or = DO XN Æ = Æ Æ N WORDS OU U EN UE 1 IN OT 9 O7 Q9 O7 OX 1 +0: 101040 40 40 +0 4 +0 +0 +0 +0 a a Ÿ O2 IN NN © O0 00 rt _ HO1010 : + 12 » 410 » D) 3 75 4 » 25 » 7 50. 25 » ) 05) À » 42 » 7 50 (LE 45 » A no] IG 10 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7°Arr!) VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France 14° PARTIE ARAIGNEÉES Par LOUIS PILANE'T Membre de la Société Entomologique de France Spécimen des planches. 1 volume in-8 de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant un total de 372 figures. ÿ Prix: broché, 5 francs; franco, 5 fr. 50. Cartonné, O fr.'75 en plus. Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. Il est certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Hisloire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d'engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes qué sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu'elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littérateur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 3172 figures, toutes dessinées par l’auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. Anar LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE SR RE — 5. Epeira cornuta @. 20 7x. — 6. Epeira ÉDITEURS, MONTE ir ] , %« — 8. Epeir o Godin à 0 Bpadanan dom A à 0 | 46, rue du Bac, PARIS, 7 il à : PRO CAM PPT EE NP ANEER ' ; & Ce] AMATEURS PHOTOGRAPHES ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ ASDETRÈFLE" Lee ca a mn | |E CRIESHABET | | | PARK, 1O, rue du Ærésor (IV) USINE MODÈLE à DATANT TE EN PSC MO MEN RATE | LEA 1Ù — À RE dr sine pe Le = 24 PAR PR L'AT ÉRCOOR R e Tn EE | em fe Prix : Saint-Maur (Seine) PLAQUES PAPIERS — LES TIE ANIMAUX FOSSILES Invertébrés et Vertébrés (PALÉONTOLOGIE) Par P.-H. FRITEL Attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS Application de géologie nouvelle et de géologie comparée. Par F. Canu, membre de la Société de géologie de France. L'atlas. — Un volume in-4° raisin de 56 cartes en nième : 4° La restauration des mers anciennes à toutes les é étages et aux étages des ères mésozoïque et néozoïque; 20 d’après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hé de Saporta, etc. L’atlas est en français et en latin. discutée des contours adoptés pour chaque carte. noir donne à l'échelle unique du 5 millio- poques correspondantes aux sous- toutes les restaurations anciennes, bert, De Lapparent, Lyeil, Maillard, Woure texte.—Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux Vexposé des principes fondamentaux de la Paléogéogr la restauration rapide des rivages et des accidents topographiques. La seconde est la justification aphie et 1& Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément, Prix : texte et atlas, 10 francs. En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs 46, rue du Bac, Paris. : CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, : DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT-LUT le kilosramme 14 fr. 50 Je 1/2 kilogramme 8 fr. les 250 grammes 4 fr. 50 EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES AG, rue du Bac, Paris a Eur SESNERS. | MOBILIER ET MATÉRIEL SCOLAIRES CATALOGUE GRATIS LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE 46, rue du Bac, 46 PARIS Histoire Naturelle de la France 1 volume de 379 pages, avec 27 planches hors texte et G00 dessins dans le texte formant un total de 869 figures broché, 6 fr.; franco, 6 fr. 60: cartonné, 0 fr. 75 en plus ——_—_—_—_—Ù —— ESSAI DE PALÉOGÉOGRAPHIE parties. La première contient méthode analytique permettant PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17 RE a CHEMINS DE FER DE L'OUEST Normandie, en Bretagi 4 Voyages à prix réduits. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest qui dessé les Stations balnéaires et thermales de la Normandie et la Bretagne fait délivrer jusqu’au 31 octobre, pars gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-aprèsk comportent jusqu'à 50 % de réduction sur les prix tarif ordinaire. ; 1° Bains de mer eteaux thermales. à | Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 jours ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pendan}} 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choix l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une où deux périodes de 30 jours, moyennant supplément 10 % pour chaque période. 2°Excursions sur les côles de et à Vile de Jersey. | Billets circulaires valables un mois (non compris jour du départ) et pouvant être prolongés d’un noué mois moyennant supplément 10 %. 4 Dix itinéraires différents dont les prix varient ent 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francske} deuxième classe, permettent de visiter les points les p intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de L de Jersey. ; s Pour plus de renseignements consulter le livret Guidi} illustré du réseau de l'Ouest vendu Ofr. 30, dans less bliothèques des gares de la Compagnie. è A ACHETER | DES 4 FOSSILES DES TERRAINS PRIMAIRE (SILURIEN, DEVONIEN, CARBONIFÉRE) S'ADRESSER : 1 LES FILS D'ÉMILE DEYROLELE, NATURALISEER 46, rue du Bac, PARIS 1 n ï CHEMINS DE FER DE L'OUEST} CARTES D'ABONNEMENT D'EXCURSIONSM EN BRETAGNE 1 Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spéc permettant de partir d’une gare quelconque (grandes lis du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des li désignées ci-dessous en s'arrêtant sur le parcours; de culer ensuite à son gré pendant un mois, non seule sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embranchemt qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursion 9e classe, 15 fr. — Parcours : ville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et les emb France chements de cette ligne conduisant à la mer. à Carre II. — Sur la côte sud de Bretagne : 1re class} Pays 0 100 fr.:2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares desk ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les embral chements de cette ligne conduisant à la mer. Carte III. — Sur les côtes Nord et Sud de Breta jre classe, 130 francs; 2e classe, 95 francs. — Parc Gares des lignes de Granville à Brest (par Kolligny, et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande ‘ete Redon:/1reclasse, 150 francs ; 2e classe, 110 franes.—Parcoi Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, Dol Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et des d’embranchement vers la mer, ainsi que celles des lign Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à Be de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, d déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à Rosp 15 AVRIL 1906 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction [ D | | SOMMAIRE du n° 259 du 13 avril 1906 : un Etablissement des cartes géologiques. Stanislas Meunier. — La distribution géographi- Re pee que des animaux vivants et fossiles. D' TrouEssant. — Descriptions des coléoptères ne. nouveaux. H. BorLeau. — Le mécanisme des éruptions volcaniques (à suivre). Pr |. Frédéric CornexoNs. — Chronique et nouvelles. Henri Cour. — La Préhistoire en LR 6 : k France. Dr Etienne Devroie. — Académie des Sciences. — Bibliographie: V. VAUTIER, ne . ABONNEMENT ANNUEL. Lo en un mandat à l'ordre de DES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, | 4 LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°” DE CHAQUE MOIS Phance et Algérie . ee ee Ur» |" Jous les autres pays or AD ren hi compris dans l’Union postale. . , . 11 » PR dune ed ee ee 0 80 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande, Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL. L Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs ES _ 46, RUE DU BAC, PARIS TT M LÉPIDOPTÈRES PALÉARCTIQUES provenant de la Collection de ME à vendre 2 là pièce chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes 46, RUE DU BAC. — PARIS. , , NOTA. — Une remise de 50 0/0 est consentie sur les prix marqués. Chaque espèce porte une étiquette indiquant sa provenance. Papilio podaliruis. » 40 Colias v. ne CHE 5) ONE) — tamerlana. o7 10 — Fieldi. k C5 OA) — alxanor. OH ED) ONE — aurora. OMAN) — xuthus. CH ONCE — arida. CAE) = y. xuthulus, CMP DE O0) — Heïldreichi. CAE TE» — mac. V. asiatiCa. CS) — Wiskotti. où 20 > Luehdorfia puziloi. ® 16 » — YV. separata. OASIS) Hypermnestra helios. O4 617 — aur. v. franscaspica. CAMES) Parnassius ap. v. sibirica. ® 40 » COR aspasia. O7 4 50 © 7 » De nomion. Q 10 » farinosa. CHA AD OA _ discobolus. CAL 280) — rh. v. amurensis. CAD MO EE — ab. ® nigricans. 18 » Charaxes jasius. SO HAN TI — V. InSignis. CH DD) Apatura nycteis. CHA CO Sr — v. Romanovi. C0) — ir. v. Bieti. CHE) — ap. v. alpinus. CHAUDS DR OMS 5 — il. v. bunea, CCE) _ Bremeri. OS DO N207) : —_ v. metis. OS DO 750 = del. v. intermedius, OPA OMO EEE NE — v. substitua. ©! 9 » — actius. CA200 Limenitis Lepechini. OMIS TO 05 _ V. Cæsar. O7 25 ,» — ca. v. reducta. OS ADO D) = ab. actinobolus. O7 30 » — pop. v. tremulæ. ee 1e — ep. v. aksuensis. O2) — sidyi. : CAES) — V. Inercurius. 142%) 00951) = v. latefasciata. O7 6 » ® 12 » = v. altynensis. . © 18 » — Doerriesi. O5 O1 7050 — ue boedromius. ©7 30 » © 40 » — Amphyssa. CH MPSOMOME ED — simulator. O7 35 » _— Homeyeri. CRE OUEST) — due OR O Helmanni. O1 100 — v. illustris. CMD Neptis Pryeri, OA A0ED _ Szechenyi. O7 30. » 9? 44 » nos ON ASSOS — Orleansi. O7 30 » — ludmilla, ot» . — Hardwicki. CHASSE — oo 20 90 — tenedius. O2 — philyroides. CHF — : Felderi. COEUR) thisbe. CAT AO ES) — clarius. o7 15 » ns Raddeiï. OP — mne. v. gigantea. O7 4 50 Pyrameis indica. ; 6 ». = stub. v. tartarus. OR OEM ONMAO 2) = v. vulcanica. , ; 5 » Aporia lippia. CHE ONE TNT) Vanessa 10 v. antigone. 18 » — Davidis.: o7 10 » — urt. V. ichnusoides. 8 » — peloria, CROP MONDES) — ab. nigrita. 10 » Pieris bras. v. Cheiranthi. CAES — V. Fchnuisa, 5 D — canidia. OL DES = v. polaris. 2 50 — rap. v. orientalis. OR S)IO NEO NE 0 — 1. album. : 3 » — ergane. O2) — xanthomelas, te DT — leucodice. C2) — ant. v. hygiæa. — dap. v. raphani. oO 4 » Polygonia C. aureum. ; 4» — v. bellidice. OL DE 0 — C. al. v. interposita. 6 » Euchloë belemia. OIL RE) Araschnia burejana. 7 50 — y. glauce. CRD) Melitæa iduna. CORRE — belia. O7 ».75 — ichnea, O7 5 — v.alaica, o7 4 50 — aur. v. sibirica. : CREED CMNDE) — Falloui. O2 — cin. v. Heynei. NOTA 00 : — pyrothoe. CSN OT 50 — ph. y. ætherea. RE — D O7 10 » © 145 » — sax. v. lunulata. CDD RO ANS) — eupheno. OS ONE 0 — did. v. ala. CFD DOTE 0 — euphenoïdes. OA A0 — mat. v. Wolfensbergi, ONDES Zegris eupheme. & » — part. v. alatanica. O7 829 : fausti. © 10 » — protomedia. CD O7 END Teracolus fausta, CÉROD — minerva. ©o7 2 50 Leptidia amurensis. OS) = Arc.wv. Chuana,. CN) 7 50 Ce pal. v. orientalis. CMOS ON OMS ETE — pamira. 7 50 — nastes CHE) — ast. v. pallida. CAS __ cocandica. ©! 10 » == y. solona. CM) © DE — melivos. O7 120) 7 O8 18) Argynnis angarensis. CLR OMR) — sifanica. © 20 » SAR hegemone. Mode 7) — v. nebulosa. OA) __ | v. erubescens. OLA He AEES — erat. v. hyaloides. ©1%721150 — pal. v. generator. O2 AE 250 0 28» — hyb. chrysodona. 1905 7 v, sifanica. | O7 So — ab. © pallida, 3 = amphilochus. O7 25 DEEE — hy. v. sareptensis: © 1 95 ON EE eva. © 10 » © 45» Romano vi. OR) NE hec. v. alaica. CSD IEEE ; — ab. maculata OS 2 in. V. amurensis. CHATS EN 2e — Staudingeri OLALISN D ECM) — eug. v. rhea. © 18 » ç 2 — y. Maureri. CAE — nio. v. orientalis. CHAOS 40 » — pamira. NOM MOIS RES — ad. v. pallescens. ONE Ne — eogene. OT, a sagana. oO 250 ® 6 50 — thisoa. Of BE) SL pandora. : no N. B. — Les prix sont marqués en franes et centimes EEE errant st Dont RS EE RL el ET LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7°Arr) VIENT DE PARAITRE Histoire Naturelle de la France 14° PARTIE ARAIGNEES Par LOUIS PILANET Membre de la Société Entomologique de France Spécimen des planches. 1 volume in-80 de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant y un total de 372 figures. } Prix : broché, 5 francs; franco, : | 5 fr. 50. Cartonné, O fr.'75 en plus. Voici un ouvrage qui vient de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. Il est certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Hisloire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d’engager les amateurs el tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu'elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santies à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littéraleur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 372 figures, toutes dessinées par l’auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. 4, Epeira marmorea ©, 20 %. — 2. era marmorea, var. Scala- LES FILS D'EMILE DEYROLLE ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria 9, 15%,5. — %. Epeira se ®, 19 %. — 5. Epeira cornuta 9, 20 %. — 6. peus ÉDITEURS, adianta ©, 9%. — 7. Epeira adianta ®, 11 X. — 8. Epeira ° diodia ©, 4 %. — 9. De diodia ®, 6 %. 46, rue du Bac, PARIS, 7 E CRIESHABER & C'°|| AMATEURS PARIS, 1O©. rue du Trésor (IV | USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) PLAQUES LES DAPIERS \aturelle de la France 24° PARTIE Invertébrés et Vertébrés (PALÉONTOLOGIE) e : Par P.-H. FRITEL. Aîtaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris 1 volume de 379 pages, avec 27 planches hors texte et 600 dessins dans le texte formant un total de 869 figures broché, 6 fr.; franco, 6 tr. 60; cartonné, O fr. 75 en plus Prix : ———_—_—_— = = DE PALÉOGÉOGRAPHIE Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS Application de géologie nouvelle et de géologie comparée Par F. Canu, membre de la Société de géologie de France L atlas. — Un volume in-4° raisin de 56 cartes en noir donne à l'échelle uni ue du milli mième : 1° La restauration des mers anciennes à toutes les époques er a se étages et aux étages des ères mésozoïique et néozoïque;: 2° toutes les restaurations en a d'après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell Maillard de Saporta, etc. L'atlas est en francais et en latin. $ ï JP Le texte.— Un volume in-8° raisin avec figures, divisé l'exposé des principes fondamentaux de la Paléogéographie la restauration rapide des rivages et des accidents topograp discutée des contours adoptés pour chaque carte. Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément. Prix : texte et atlas, 10 francs En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE éditeurs 46, rue du Bac, Paris. 7 : ESSAI en deux parties. La première contient et {à méthode analytique permettant hiques. La seconde est la justification CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, _ FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT-LUT | MOBILIER ET MATÉRIEL SCOLAIRES | le kilogramme 44 fr. 50 G le 1/2 kilogramme 8 fr. CATALOG RTS les 250 grammes 4 fr. 50 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE 46, rue du Bac, 46. PARIS EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES AG, rue du Bac, Paris PHOTOGRAPHES ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ ASDTRÈME" CHEMINS DE FER DE L'OUEST . Voyages à prix réduits. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest quides les Stations balnéaires et thermales de la Normandi la Bretagne fait délivrer jusqu’au 31 octobre, p gares et bureaux de ville de Paris, les billets cr-ap comportent jusqu'à 50 % de réduction sur les p tarif ordinaire. : 1° Bains de mer eteaux thermales. Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 35 ces derniers donnent, le droit de s'arrêter p 48 heures à l'aller et au retour à une gare au ch l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une deux périodes de 30 jours, moyennant suppléme 10 % pour chaque période. 2Excursions sur les côles de Normandie, en Br et à l'ile de Jersey. : Billets circulaires valables un mois (non compris jour du départ) et pouvant être prolongés d'un now mois moyennant supplément 10 %,. & Dix itinéraires différents dont les prix varient eénti} 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francs | deuxiéme classe, permettent de visiter les points lesplik=… intéressants de la Normandie, de la Bretagne et des de Jersey. 5 Pour plus de renseignements consulter le livret G illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 30, dans lesb}p bliothèques des gares de la Compagnie. En 1/7 ÔN DEMANDE} À ACHETER FUSSILESDES TERRAINS PRIMAIRES (SILURIEN, ie. see 1 LES US D'ÉNILR DEVRONLE, MATURALNIR] 46, rue du Bac, PARIS n || #- CHEMINS DE FER DE L'OUEST) CARTES D'ABONNEMENT D'EXCURSIONS" EN BRETAGNE Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de FOuest fait vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spéc permettant de partir d'une gare quelconque (grandes lig du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des li désignées ci-dessous en s'arrêtant sur le parcours; de culer ensuite à son gré pendant un moïs, non seule sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embranchem qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursion minée de revenir au point de départ avec les mêmes lités d'arrêt qu'à l'aller. #. £ : Cartel. —Surla côte Nord de Bretagne : l'eclasse, 10 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de G ville à Brest (par Follieny, Dol et Lamballe) et les embre chements de cette ligne conduisant à la mer. Le Carre II. — Sur la côte sud de Bretagne : 1re class 100 fr.: 2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares di ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin etles emb chements de cette ligne conduisant à la mer: D Carte IL — Sur les côtes Nord et Sud de Bretag: Are classe, 130 francs: 2e classe, 95 francs. — Parco Gares des lignes de Granville à Brest (par Rollign et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande ét lignes d'embranchements conduisant à la mer. SEE Carre IV. — Sur les cotes Nord et Sud de Bretasn lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint= Redon :1lreclasse, 150 francs; 2e classe 110 francs: —Pare Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny, D Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et des/li d'embranchement vers la mer, ainsi que celles des lien Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à R de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à Rospc { MAI 1906 1 | i (its L PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Éd Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction EE | SOMMAIRE du n° 460 du 17 mai 1906 : L=Æ ee 2e Mœurs _et métamorphoses des coléoptères du groupe des Mycétophagides. Capitaine ls Res. _ KamBeu. — Un nouveau genre de Psychodidæ et une nouvelle espèce de Dactylolabis È (Tipulidæ) de lambre de la Baltique. Fernand Meunrer. — La distribution géogra- phique des animaux vivants et fossiles. Dr Trourssanr. — Chronique et nouvelles. Henri Cour. — Le mécanisme des éruptions volcaniques. Pr Frédéric Connexos. — Histoire naturelle des oiseaux exotiques de voliers. Aïbert-CrRANGER. — Académie | _ des Sciences. — Bibliographie. ABONNEMENT ANNUEL- | Payablo en an mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, | LES ABONNEMENTS PARTENT DU !” DE CHAQUE MOIS nee Ale PIE no le) | Tous les autres pays. -. . =... . 19 fr à ys compris dans l'Union postale. . , , 11 » PER dE TUMEÉED ER 0 oo. () 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DÜU JOUR AE. de Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS. 2! D, LÉPIDOPTÈRES PALÉ provenant de la Collection de M. Fe a vendre 2 12 pièce chez LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Naturalistes 46, RUE Papilio podaliruis. = tamerlana. — alxanor. — xuthus. — v. xuthulus, ee mac. V. aslatiCa. Luehdorfia DAzloE Hypermnestra helios. Parnässius ap. v. sibirica. — nomion. — discoholus. — ab. ® nigricans. — V. insignis. — v. Romanovi. — ap. v. alpinus. — Bremeri. == del. v. intermedius, ee actius. — V. Cæsar. — ab. actinobolus. — ep. v. aksuensis. = v. MercurIus. altynensis. = V = sim. v. boedromius, — : v. simulator. —— delphius. — v. illustris. — Szechenyi, — Orleansi. — Hardwicki, — tenedius. — Felderi. — clarius. — mne. V. gigantea. — stub. v. tartarus. Aporia hippia. — Davidis, — peloria, Pieris bras. vw. Cheiranthi. — Canidia. — rap. v. orientalis. — ergane. — Jleucodice. — dap. v. raphani. — v. bellidice. Euchloë belemia. — y. glauce. 2 = pelia. — y. alaica, — Falloui. — pyrothoe. — Büeti. — eupheno. — euphenoiïdes. Zegris eupheme. — fausti. Teracolus fausta, Leptidia amurensis. Colias pal. v. orientalis. — nastes. — cocandica. — melivos. — sifanica. — y. nebulosa. — erat. v. hyaloïdes. — hyhb. chrysodona. — ab. ® pallida. — hy. v. sareptensis. — Romauo vi. — ab. maculata: — Staudingeri. — v. Maureri. — pamira. — eogene, — thiso», M Q & CLICS AaQQ NPEN SIN ENTONREN NBN EN Q0Qaaa “ 2228888800080089000009 998809488889090 000 LS ND I C2 © ee re NNXROSEEr UC = Ho] ROVER tr (2e) Ù D > NC DIT 50 DU +0 +0 +0 o.9 +0 +0 +0 10 » 15 20 18 40 50 BAC. Colias v. magna. — Kieldi. ——. aurora. — arida. —. Heildreichi. — Wiskotti. separata. — aur, Ÿ. transcaspicu. Gonoptervx aspasia. — farinosa. — rh. v. amurensis. Charaxes jasius. Apatura nycteis. — ir. v. Bieti. _ il. v. bunea. — v. mefis. — v. substitua. Limenitis Lepechini. … — ca. v. reducta. — pop. v. tremulæ. — sidyi. — v. latefasciata. — Doerriesi. — Amphyssa. — Homeyert. Helmanni. Guns V. Nepuis Pryeri.. — QuRs — ludmilla, = ven — philyroides. thisbe. A Raddei. Pyrameis indica. — v. vulcanica. Vanessa 10 V. antigone. — “urt, v. ichnusoides. — ah, nigrita. — Y. ichnuisa. — y. polaris. — l. album. — xanthomelas, — ant. v. hygiæa. Polygonia C. aureum. — Cal 2. interposita. Araschnia burejana. Melitæa iduna. — ichnea. —. aur. v.sibirica. — cin. v. Heynei.. — ph. v. ætherea. — Sax. v. lunulata. — - did. v. ala. — mat. v. Wolfenshbergi, — part. v. alatanica. — protomedia. — minerva. — arc. y. chuana. — pamira. — ast. v. pallida. — y. solona. Argynnis angarensis. — hegemone. — v. erubescens. — pal. v. generator. — V. Sifanica. — amphilochus. — eva. — hec. v. alaica. — in.-v. amurensis. == eug. v. rhea. — nio. v. orientalis. — ad. v. pallescens. — sagana. = pandora. PARIS. NOTA. — Une remise de 50 0/0 est consentie sur les prix marqués. Chaque espèce 4 porte une étiquette indiquant sa, provenance. ‘ N. B. —. Les prix sont marqués en francs et centimes QAR IQ QAR IR AQU ,2998228899098000, æ RRQ AG QAR ARE LA RRT IR QAR CHSICACER CCR SEE TOUR = = O2 00 «O0 > ND 7 Go 0 NO D DÉDUIT or. es CHER) æ + IN ES 19 © O7 > N & © NN +0 101040 AO TOMNTO 40 +0 40 40 40 +01040 +0 Le) 40 410104010101 +0 4040 +0 = & IN 9 © GO 00 Or ©? LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7°Arr') EE VIENT DE PARAITRE : Lhstoire. Naturelle de la France 14 PARTIE ARAIGNÉES . Par LOUIS PILANE'T Membre de la Société Entomologique de France Spécimen des planches. 4 volume in-80 de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures dans le texte, formant un total de 372 figures. {f * } Prix :broché, 5 francs ; franco, Bfr. 50. Cartonné, 0 fr. 75 en plus. Voici un ouvrage qui viént de paraître et qui est encore le pre- mier de ce genre: il n'existe, en effet, aucun ouvrage élémentaire sur les Araignées de France. Il est certain que l'apparition de ce nou- veau volume de l'Hisloire naturelle de la France aura pour heureux ré- sultat d'engager les amateurs et tout le monde enfin à considérer de plus près ces merveilleuses petites bêtes que sont les Araignées; il fera tomber cette répugnance qu'elles inspirent, sans raison, à beaucoup de personnes. Les araignées, en effet, sont extrêmement intéres- santes à étudier, leurs mœurs sont des plus curieuses. L'ouvrage de M. L. Planet n’est pas rédigé en un style aride d’uniques descriptions; les observations sont nombreuses et le naturaliste a souvent laissé la place au littérateur. Cet ouvrage comporte un grand nombre de figu- res, non seulement dans les plan- ches hors texte, mais dans le texte même, le tout formant un total de 312 figures, toutes dessinées par l'auteur. Cet ouvrage traite des quatre ordres des araignées de France, qui comprennent : les Araignées vraies, les Chernètes, les Scorpions et les Opilions. PR P PI PTS o 2 1, Epeira marmorea 9, 20 DO. Epeira marmorea, var. Scala- LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE ris ®, 20 %. — 3. Epeira carbonaria 9, 15%,5. — 4. EÆEpeira : É sclopetaria ®, 19 %. — 5. Epeira cornuta ®, 20 %. — 6. Epeira DIREURSS adianta ©, 9%. — 7. Epeira adianta ®, 11%. — 8. Epeira oi on 0 D Doc aa ot A & 46, rue du Bac, PARIS, 7° ee JE, CRIESHABER & (|| AMATEURS PHOTOG | PARS, 1O. rue du Erésor (NV) | USINE HoDËLE à Saint-Maur (Seine) || LES 4 5tgRS ERRNENS ter Ne SRE nee MU YaS ET 24° PARTIE Invertébrés et Vertébrés (PALÉONTOLOGIE) Par P.-H. FRITEL Attaché au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris L volume de 379 pages, avec 27 planches hors terte et 600 dessins dans le texte formant un total de 869 figures Prix : broché, G fr.; franco, 6 fr. 60: cartonné, O fr. 75 en plus a —— E PALÉOGÉOGRAPHI Restauration des contours des mers anciennes EN FRANCE ET DANS LES PAYS VOISINS Application de géologie nouvelle et de géologie comparée Par F. CANv, membre de la Société de géologie de France ue L atlas. — Un volume in-#4° raisin de 56 cartes en noir donne à l'échelle uni ue du 5 milli ième : 4° La restauration des mers anciennes à toutes les époques corres dt Re lages et aux étages des ères mésozoique et néozoïque: 20 toutes les RC . he après MM. Bertrand, Collot, Fabre, Gosselet, Guillier, Hébert, De Lapparent, Lyell Maillard: e Saporta, etc. L'atlas est en français et en latin. ; PP ee Me Le texte:— Un volume in-8° raisin avec figures, divisé en deux exposé des principes fondamentaux de la Paléogéograph : restauration rapide des rivages et des accidents topogr iscutée des contours adoptés pour chaque carte. Le texte et l’atlas ne sont pas vendus séparément, Prix : texte et atlas, 10 francs En vente chez, LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, — ESSAI s parties. La première contient te et 1& méthode analytique permettant aphiques. La seconde est ja justification 46, rue du Bac, Paris. [MOBILIER ET MATÉRIEL SCOLAIRES CIMENT-LUT DUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETE, NNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT le kilogramme 14 fr. 50 CATALOGUE GRATIS le 1/2 kilogramme 8 fr. ra les 250 grammes 4, fr. 50 PES FILS D EMILE DEYROLLE 46, rue du Bac, 46 PARIS EN VENTE! 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La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest quid les Stations balnéaires et thermales de la Normand la Bretagne fait délivrer jusqu’au 3{ octobre, | gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci=a comportent jusqu à 50 % de réduction sur les tarif ordinaire. : : 1° Bains de mer eleaux thermales. : Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 3° ces derniers donnent, le droit de s'arrêter -pend 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choï l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une deux périodes de 30 jours, moyennant supplém 10 % pour chaque période. ea 2Æxrcursions sur les côles de Normandie, en Bre et à l'ile de Jersey. 3 Billets circulaires valables un mois (non compris jour du départ) et pouvant être prolongés d'un noue mois moyennant supplément 10 %. ; Dix itinéraires différents dont les prix varient 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francs deuxième classe, permettent de visiter les points les intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de detersey.. Tee Be Pour plus de renseignements consulter le livret Gui illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 30, dans les: A ACHETER FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIRE (SILURIEN, de ë a LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURAL 46, rue du Bac, PARIS : ETS NSENR CHEMINS DE FER DE L'OUEST CARTES D'ABONNEMENT D'EXCURSIONS EN BRETAGNE 1e Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait. vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spécial permettant de partir d’une gare quelconque (grandes lignes] du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des li désignées ci-dessous en s'arrêtant sur le parcours; de @ culer ensuite à son gré pendant un mois, non seuleme sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embrancheme qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursion à minée de revenir au point de départ avec les mêmes fx 7. ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les embran chements de cette ligne conduisant à la mer. < CARTE III. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretag 1e classe, 130 francs; 2e classe, 95 francs. — Parco Gares des lignes de Granville à Brest (par Follieny, et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande. et lignes d'embranchements conduisant à la mer. - Fè Carre IV: — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagne. lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-Malo Redon: 1e classe, 150 francs ; 2e classe, 110franes.—Pare Gares des lignes de Granville à Brest (par Follieny, D Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et dés li d'embranchement vers la mer, ainsi que celles des ligne Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à Ren de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, de déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à | De CémE. — 5 MAI 1906 . PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS | Se : Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction . SOMMAIRE du n° ZGI du AS mai 1906 : La mousse des Cranes. P. Harior, — La distribution géographique des animaux vivants | nee et fossiles. D: Trouessart. — Pentaceros nouveau. Stanislas Meunier. — Chronique | ct nouvelles, Henri Courrx. — Mœurs et métamorphoses des coléoptères du groupe des Mycétophagides. Capitaine Xamseu. — Le mécanisme des éruptions volcaniques, Frédéric Conpenoxs. — Acaldenue des Sciences. — Bibliographie. vf ABONNEMENT ANNUEL. Payable ea un mandat à l’ordre de LES FILS D'EMILE- DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1° DE CHAQUE MOIS [L France et Algérie . a ee AO “ous es Autres pas #5... +. , , à. A12fr | Pays compris dans l'Union postale. . , , 11 » EX UMR + 0 0 | Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande, I ee À Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux - BIREAUX DU) JOUR AE, Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS COLÉOPTÈRES EUROPÉENS EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES Nemosoma elongatum...:.-...:.. Trogosita cœrulea eee Tenebroides mauritanicus.......... Ostoma EOSSUMERE PCR ferrugineum.......... Thymalus LMPALUS PRESENT Orthocerus MUCUS ES PER Apistus Ronan ee ee Dechomus SUICICOISE EAN EEE Pycnomerus terebrans ere ae DICÉUSÉP EEE EMA Tarphius SIDDUIUS RES EEE Langelandia anophthalma.......... Synchita juelandis "re Cicones Variegatuss nee PICtUS ea cer Se Endophlœus SDIRUIOSUS ES 2 PE Colobicus marginatus.......... Ditoma crenata JelSk Re Colydium clongatumi rt" c Aulonium Aglenus DrMDeUS 2 UNE Oxylæmus Teredus cylindricus » 50 40 20 25 20 20 46, rue du Bac, Paris Bothrideres SPINICOINSÉ RER RER » CONTACUS LE EEE EE » AÛ ester een ns RE QU DieckP Reese 4 Philothermus quadricollis 638 mao do » ; DICIDES RARE RARE Re) Montandoni......... M DE) PHÉUR Se ! Gnathoncus Ceryion ; rotundatus............ » SAGE ER ee » 25 histeroides............ » 20 Teretrius ferrugineum ........:. » 20 DiCipeSt nee » impressum......... DS ninulus ee » deplanatum--"e#t02 » 25 nigricornis..... ...... S Rhysodes Lucanus eSATA Er TE Er 2 50 CETYUS ETES » 50 à 1 SUICALUS EEE 2 50 V. capreolus DT ACROSS » : 1DETICUS PE PR ne 2 Prestomis s tetraodon........... DTA) mandibularis ......... » 40 Dorcus Gucujus : J parallelepipedus ...... » cinnabarinus.......... 2 00% Enusimons rue 9 hæmatodes "#7. 2 » Systenocerus Pediacus : carahoides-+ #00" » depressus ere 2 » ; Geruchus -Phlæostichus He chrysomelinus ........ 2 denticoliste AreErree 1 » 7 à Æsalus Læmophlœus Eu … | :scarabæoides ....:... 2 DIOMNS PEER » 25 | | : NISPICONIS ERA ASERRE 1 » Sinodendron (ESACEUS EEE » 20 ER duplicatus Cie » 28 cylindricum......... en) fernuaineus:e. #0 » 25 Ateuchus alternans 26720000 » 60 fractipennis........... » 50. 1e FEcoee FRS GRR 2 Hypoboriie » 50 puncticollis STE C Tee » clematidis ......... ... » 25 | Semipunctatus......... 2 variolosus............ » Lathropus 5 : Sisyphus SEDICOla EE cr D SD) à BONNE ES EE » Hyliota Boschnakiee EE » planatuserr tt . » 20 Gymnopleurus Psammæcus . pilufarius,....... 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AMEN mensnodeaaene MOMUS EE CNE EE Doubles crte stercorarius.......... £ SPINIS RE EC CCR IMULALOREEE FETE EEE hypocrita..... sylvaticus .. "2. Vernalis "ner. v. autumnalis.. …..... MRIDIRUSEEREEE CEE v. splendens........:. pyrenæus corruscans IIS AIUSE Eee Lee hemisphæricus..... #50 Brancziltuie eee TOHCXUSERRREEECEE TE : marginatus.,....... ÉG Lethrus scoparius geminatus..:......... cephalotes-# "#10 ITIOTAE ER ER ER EE 5 punctatus dispar | | | Re | ( Viner als Phy!lognathus è raie SHENUS eee re : ne Rtrabus, Elaphocera fraplec Bedeaui c*............ malacensis © mauritanica G. à —— = Chormiocerus Ascanii. Re. AO » 40 Liosoma validirostris te » 25 Hoffmanni A ee er 1 » - à AJOITUS RE ARE ER ETE E » 20 se < MTOSTIS PAR TEE TE »25%|Frubicundus .......... » 25 -horrens Sator Sos : 20 circumeinctus......... 1 50 GRR nt » 25 | y. fomentosus......... 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Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- tères de détail. C'est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces.» Prix : Broché 4 fr. 75; relié 5 fr. Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46 Prix : 29 , rue du Bac, franco, broché 5 fr. 20: franco, relié 5 fr. 75 Paris CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE O3TURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMETIQUE & IMMÉDIATE S’'EMPLOYANT A CHAUD FRIX DU CIMENT-LUT MOBILIER ET MATÉRIEL SCOLAIRES le kilogramme 14 fr. 50 le 1/2 kilogramme 8 fr. CATALOGUE GRATIS les 250 grammes 4 fr. 50 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE 46, rue du Bac, 46 PARIS EN VENTE CIHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES Æ$, rue du Bac, Paris E. CRIESHABER & C°| AMATEURS PHOTOGRAPI S ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ —ÈZ TRÈFLE” .du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des ligne) 'e classe, 130 francs; 2° classe, Gares des lignes de Granville à Brest (par Follieny, CHEMINS DE FER DE L'OUEST orme à prix réduits. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest qui les Stations balnéaires et thermales de la Normandie la Bretagne fait delivrez jusqu’au 31 octobre, pa gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-aprè comportent jusqu à 50 % de réduction sur les p tarif ordinaire, 1° Bains de mer eleaux thermales. F Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 jo ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pen 48 heures à l'aller et au retour à une gare au choix l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une ou@i} deux périodes de 30 jours, moyennant supplément ( | 10 % pour chaque période. Ë 2ÆExcursions sur les côles de Normandie, en Brel (ll el à l'ile de Jersey. ES. Billets circulaires valables un mois (non conprs jour du départ) et pouvant être prolongés d'un nouv® mois moyennant supplément 10 % Dix itinéraires diflérents dont les prix varient en 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francs deuxième classe, permettent de visiter les points les-nll intéressants de la Normandie, de la Bretagne et des 4 de Jersey. Pour plus de renseignements consulter le livret Gui illnstré du réseau de l'Ouest vendu Ofr. 30, dans les. b SR des gares de la Compagnie. TRS RES ON. DEMANDE( À ACHETER FOSSILES DES TERRAINS PRIMAIRE) (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) L S'ADRESSER : 254 LS FIX D'ÉNILE DIVROLLE, WATTRATINI 46, rue du Bac, PARIS } CRUEL TETE TEE Ez CHEMINS DE FER DE L' HOURSE CARTES D'ABONNEMENT D’ EXOURSIONS | EN BRETAGNE Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait dé vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spécia permettant de partir d'une gare quelconque (grandes lign désignées ci-dessous en S'arrétant sur le parcours; de ex culér ensuite à son gré pendant un mois, non seulemi sur ces lignes, mais aussi sur (ous leurs embranchen qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l’excursion, mince de revenir au point de départ avec les mêmes fa lités d'arrêt qu'à l'aller. $ Carrel.—Surla côte Nord de Bretagne : lreclasse, 100% 2e classe, 75 fr. — Parcours : Gares.de la ligne de Gx ville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et les embra chements de cette ligne conduisant à la mer. Ë Carte II. — Sur “la côte sud de Bretagne : 100 fr.; 2e classe, 15 francs. — Parcours : ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin et les emb chements de cette ligne conduisant à la ner. Carre III. — Sur les côtes Nord et Sud de Brelagn 95 francs. — Parco et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande et lignes d'embranchements conduisant à la mer. “Canre IV. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretag lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-M Redon: Arcclasse, 150 francs ; 2e classe, 110 francs. —Parcot Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny. D Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et des d'embranchement vers la mer, ainsi que celles des lien Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamballe à Renn de Dinan à Questemhert, de Saint-Brieuc à Auray, del déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à es NE KNEZFE ZIP SOMMAIRE du n° 262 du 1° juin 1906 : L'histoire naturelle de Larentia Verberata Sc. P. Curérienx. — La distribution géogra- phique des animaux vivants et fossiles. Dr TrouEessarr. — Remarques sur l’hermine. — Chronique et nouvelles. Henri Courin. — Les armures d'animaux. H.-R. Wosryx. — L'argas reflexus. P. No. — Histoire naturelle des oiseaux exotiques de volière. Albert GRANGER. — Académie des Sciences. : ABONNEMENT ANNUEL. | Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU l”’ DE CHAQUE MOIS BrancerelAilsérie 5 Reute A0r 0 Housles tres pays es ADN tre Pays compris dans l’Union postale. . A4 » Prndunumeron 40e. NS AS QE "50 8 Pour changement d’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux : BUREAUX DU JOURNAL: ° Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS SARA MBA EAP ï É ne cœruleocephalus LUE » 25 | ISPARE PAR ARE » 60 CO L FO ue E R ES E U R O D a E N S olivaceus, DES NE D 501 | bimaculata » 25 Ï DUDESCEN SPEARS DLADN PAVARTA, SE RAR » 25 EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉN DÉRUSLUS PER EMRPE ER DOM MMPNCONNIS-: ÉPENES » 25 [LE DEYROLLE, NATURALISTES SONCOUS PRET DIADMIMoYeolat ae EE EEE » 20. 2 DANUSE TER EP UT » 40 ê 46, r 7 ue du Bac, Paris SENMANICUSIE TE IEEE » 40 Caryoborus x | pauxillus.....:...:.° » 25 | Lallemanti .........., A) ænOvirens ............ » 25 ; à “ ITS DÜSDUTEUS A LEE ER CES » 20 Spermophagus Baris pelluscens tree DOM AtAMATISCIS EE EE DO NE tber » 15 du l PNR ; SU D A RAR OO EN 0 AUDE «CE AA SERRE RL ee Mn quadraticollis ......... » 16011 PAMISCATIE EEE CSN EEE ES » 25 | centromaculatus ...... » Tù cupreus » 25 die tal ee : De OMS 00 DER ne 1 ! 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Dryocætes a | autographus Se ne = E FABLE RTE EE = © mn = n Coccotrypes Mactyliperda .......... |: Xyleborus D IN 19 ND So © © 25 20 >0 Rhamnusium DICOlLO RPM ES » T5 v. glaucopterum....... 4 25 Oxymirus CUTSOTAT EPA AE ASE » 25 DIT ADS EAU 2 50 Toxotus meridianus ........... » 25 QUELCUS SR ANNEE » 60 Acimerus SChATETI ER MIE 5 » Pachyta l'amed ir enespiens 5) quadrimaculata ....... » 25 Brachyta interrogationis........ » 95 Clathrata he eee » 25 Acmæops PrACNSIS AE EE AREAS » 60 CONATIS PEN PARUS R » 20 Gaurotes MATSIN En » 20 Cortodera STATE KT ne Rent 2 50 umbripennis.......... 2 50 flavimana, A RAeUeE 2 » Pidonia Mo ET EE A A Er eee » 20 Nivellia sanguinosa...:........ 4 50 Leptura RUES PE Pr ETES » 25 v. exclamationis ...... 1 50 URIDUNCtATA EEE » 25 ISLeVeNT ALAN » 75 Midas Rae ares » 20 FUIT ERA » 50 maculicornis.......... » 25 TD Rare ER A EE a » 20 CORSA A AT » 25 SCUtelA ta NN » 25 VIENS NE ares » 25 SÉpaGUla ta APE PENSE" 25) dUD Ia Re en ete » 25 sanguinolenta......... » 25 : cerambyciformis....... » 20 ERRATICA A NTARE A NNREETt » 25 NV eryObrurase nee » 50 Sexmaculata ne DE rer » 25 quadrifasciata......... » 20 INA CU AA EEE ER » 20 RIMIONS EP EEE » 25 12 cutta ta PAR DD) PUDESCENnS RARE TI » 60 melanura Penn 1. y» 20 Difascra tar ep anne » 20 ne M bear ee die » 20 attenuata rer enr » 25 Allosterna (HabaCICOlor eee » 20 Grammoptera US ATARI » 40 MURCONNIS ATP AREREE » 25 Necydalis MAN OR AE M MINES 1025 Cænoptera Brachypteroma ottomanum :.......... » 60 Stenopterus DUSUS PE LUCE 109520 CHRONO A Re » 50 Dilus US ARMELLE » 50 Callimus anoulatuSe eee AVR). 1925 femoratus er Lee 1 25 Cartallum ebulNumers 7 PTE » 25 Obrium brunneumi "verre » 25 Leptidea brevipennis 2e 000e » Tà Gracilia DONS 4e 50e ne Giono e » 25 Exilia NI a RE Pan 25) Cerambyx velutinus ee terne 1 95 CELAO PAR AN ANNEE » 50 MATE EN RE Rue » 75 nodulosus 2 » AURAS Re 7 vie 2 » SCOPOlIE AS ee » 20 Hesperophanes GLISCUS ALP EC TE LEE 22) Stromatium LUIVUME ATP CRETE EE » 40 Griocephalus TUSTICUSE RS RES UEURS MOD 25 Asemum STIAtUME 1 PCR » 25 Tetropium lur'dume ee Er rree NES Phymatodes Slabratus EPP SEC EEr » 73 PASCIATUSS EMEA AT » 40 CV ARE AOC LIRE » 25 rufipes, Dana es del dc do » 50 Pyrrhidium SAanguiNEUM.......-... » 20 Gallidium ÆNEUN MN APN » 50 violaceum is. ..:.... » 25 CONACeUMER PCA 2 50 Semanotus UNAALUS RE PPDA PAU A » Sympiezocera auras Men eee 12 » Hylotrupes Da uUS er RAR EAN EE » 20 Rhopalopus IMSUDrICUS EE RE 1895 CLAVIPES UNE ARE » 25 MACTODUS CSL IAE » 40 Rosalia Alpina ETAT 60 à 41 25 Aromia MOSCOAA EME AN ER » 20 Purpuricenus DUENSIS CREME VEN DU(LNIS RS ME v. hungaricus ........ fe rUCINeUS ee Koehlenr eee Plagionotus TeREUS AR LA RER ATCUA LUS EEE LEAVE Bobelayi ste SCATATIS AD MANU floraison Xylotrechus rusticus antilope ATLOIS SR A res lama ES SUN VARIE RE AT tfASCIAtUS Lee ÆVDHACUS NE RAIUE SALLOLÉ AE RREIAPREE HEUREUSE PEER UE SPECIOSUS PAR Bepelletrenmmeee Anaglyptus SibDoOSUS APE IYSUICUS A RENE sexguttatus’.........., Parmena bal feu sine nr Solieri Dorcadion Carinatum EAP ÆUMIOPS A EP OERES fulvum CASE De 8 dog oo dote septemlineatum........ ferruginipes....:...... DISrItATSe ee Penn SCOOP ENTIAPEET v. convexicolle........ Murray PARA eERES arenarium v. abruplum.......... femoratumes rt "rer à DETESILE EEE EE SCLICATUME ZI AN fuliginator............ VAAMONTCOlaR ERP VAVIttTISenuM eee VnaAvArICUM CRE v, atrum infernale MONO EPS Neodorcadion bilimeatumieemmmte nee INvVOIVENnS rene Morimus PUMELEUSE EME ETES Monohammus REMONTER D CE AO NI e Acanthoderes » Acanthocinus RAS MMM CE 25 à Liopus neDUlOSUuS A Pr CAUCASICUS EE TEE femoratus ren Hoplosia fENNICAR RENE Exocentrus AUSPDETSUS EE CA lusitanus Pogonochærus hispidulus ee er hispidus- eee Perroudi Niphona PICHICONNIS EE EEE Ménierumes pere 8 Anæsthetis testacea MESSE NEA RAR ‘'Agapanthia IMROPA TA NRA TRae* SOLOP Er SR Kirby Mens ASPhOLEl A ECM EE latéral nimes Saperda CARChAL ASE Re SINISTRES MONA POPUIN ER ER E RER e CEE SCalarIS er eee REC 8-punctata............ Menesia bipunctata rec tett præusta GVÉD ES PP PAIE Stenostola ferrea DIODES en re Oxylia Duponcheli Coniozonia MATE ERA SN RSR Guerini 2 50 20 25 bi) »0 20 PARIS, 1O, rue du Trésor (IF) CAE Histoire Naturelle de la France ! 18° * PARTIE 3$ NOUVELLE FLORE TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT |! D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle k UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES D PAR ‘à GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT j « Dans sa Lettre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l’on décrit en détail tous les caractères de la physiono- … mie d'un individu, on ne le reconnaîtra pas ; si on vous le présente, on le toujours. La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- tères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces.» Prix : Broché 4 fr. 75: relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac. Prix : franco, broché 5 fr. 20: franco, relié 5 fr. 75 Paris CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX À DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE | S'EMPLOYANT A CHAUD _ PRIX DU CIMENT-LUT | MOBILIER | ET MATÉRIEL SCOLAIRES | le kilosramme 14 fr. 50 le 1/2 kilogramme 8 fr. 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Billets circulaires valables un mois (non comprish M jour du départ) et pouvant être prolongés d'un: nou} mois moyennant supplément 10 %. b : Dix itinéraires différents dont les prix varient el 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 francs deuxième classe, permettent de visiter les points les intéressants de la Normandie, de la Bretagne et del de Jersey. ; | Pour plus de renseignements consulter le livret Gui illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 30, dans les! bliothèques des gares de la Compagnie. | "ON DEMANDE A ACHETER FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIRI (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) LES FILS D'ÉMILE DAYROLLE, NATURALIS 46, rue du Bac, PARIS CHEMINS DE FER DE 7 CARTES D'ABONNEMENT D'EXCURSIONS. EN BRETAGNE Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait déh vrer jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spécia permettant de partir d'une gare quelconque (grandes lignl du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des lig désignées ci-dessous en s’arrétant sur le parcours; de culer ensuite à son gré pendant un mois, non seulem! sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embranchemel qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l'excursionM minée de revenir au point de départ avec les mêmes fa} lités d'arrêt qu'à l'aller: \ Carrel.— Surla côte Nord de Bretagne : l'eclasse, 1004 | 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Gr ville à Brest (par Kollieny, Dol et Lamballe) et les embra chements de cette ligne conduisant à la mer. N Carre II. — Sur la côte sud de Bretagne : Are clas 100 fr.: 2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares de ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin etles embra chements de cette ligne conduisant à la mer. de, Carre IT. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagn 1re classe, 130 francs; 2e classe, 95 francs. — Parcout Gares des lignes de Granville à Brest (par Folligny,M et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande et“q lignes d'embranchements conduisant à la mer. Carre IV. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretag lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint- Redon :1reclasse, 150 francs ; 2e classe, 110 francs —P Gares des lignes de Granville à Brest (par Follieny, Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérandeet des\l d’embranchement vers la mer, ainsi que celles des lign Dol à Redon, de Messac à Ploëérmel, de Lamballe à Re de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, de déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à Respo F l 2° SÉRIE. — N° AG 15 JUIN 1906 PARAISSANT LE 14* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 263 du 1% juin 1906 : La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. D' Trousssanr. — Note sur la Castagnole. J. Kunsrzer Er S. Onamne. — La cetonia stictica. P. Norr. — Chronique et nouvelles. Henri Cour. — La capture des éléphants au Siam. — La science confuse. CrRuzIANA. — Histoire naturelle des oiseaux exotiques de volière. Albert GRANGER. — Académie des Sciences. — Livres nouveaux. — Maladies des glands. — Bibliographie: ABONNEMENT: ANNUEL- Payable en an mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1” DE CHAQUE MOIS RnecenAleemen, AA EU ADS ter Mousles autres pays ete 2 0) Mr Pays compris dans l’Union postale. . . . 11 » | BED AU AUMÉRON NN The he Lie EU 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. re Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DE) JOURNAL. Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS BLACK SE APN AMENER » 7 COLÉOPTÈRES EUROPÉENS |": Colaspidea EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES | Savons... » 60 s MÉLALICAPE AREA EP ORE » 40 46, rue du Bac, Paris ; purpurascens.......... crassimarga Or or ONVACe A ERA RAREE ; vernalis Sahlberci. "0" » 15 hæmoptera. » 20 AO 042 UE bare » 23 | v. unicolor.......... » 60 | phil ODION STATE EPA » 25 OUI EE SE TEE » 60 In Ha ta Anse » 15 L=) Pilemia PLOPINQUA AS PEER » Mirsutu lat ere Rene » 60 PUÉA 2e PANNE » Phytœcia decipiens PEAR » lucidas re tREsen » APICALIS EE PER PRSR EEE » 40 bimaculatus rase » 60 Adoxus CIS MONET » 20 ODSCURUS PETER » 20 IMPETIAlS EAP ARNE 4 25 VEN LIS TS AMAR EEE RAA » 30 ot (= humeralis ..::.:..."°0 » 175 D À 1 D & ©t ©t longimana:. "ex » | bipunctatus » 20 ; 3 ; A » 60 1 ; ipunctatus 625" sœttingensis.......... 20: | | PR rubripennis........... DH 0N M bis uttatus. men » 25 Chrysochares; L ; vi j | uncticollis........... PE) ie © ste ee : 3 AM DaTA EEE RE » 20 P Ë 2 Guennier PRET » | rucicollis » 40 20 À nt 4 ALTO eee 2 50 à ose O D Diet 010 )u 6 OS } ASTAUICA EE PET L » : ü se » 50 \ : PR ETe L v. trifoveolata.. 112.20 1 50 SCNATETE ALT MMIRNES » 25 isci D TU NAN à | ET volgensis............. ( ne al ire ; discipennis ....... » | A PE ES sericeus 9 Chrysochus : Kurdistana........".- 5 » à 20 DE Y Banks tar men Re » 25 : globicollis ....... 5 virgula............... » 40 Macrolenes BIODRONNSe D Staphylea#0"te 0" » 20 li pustulata............: » 40 aureolus.............. DU eypsophilæ........... » 50 PRELIOSUS PERTE EEE » 40 : RUCOÏS REC EAN AEN ». 20 hypochoeridis......... » 20 Pseudocolaspis | Tufimana...-.....-... » 4 | < sanguinolenta......... » 20 il RL ‘ CONCOl OM PP RARE » 25 GR LES < : : ephippium............ » 50 Titubæa : cylindrica............. DA) marina er EC PerEre » 25 VIOIACEUSE REP EEE » 20 Leprieuri STATE le do 2) car. v. cœrulescens.... » 60 V. provincialis........ » 50 OP il cylindrica ...........- ». 25° |} sexmaculatai :........ » 40 à | TT ï 15 à 2 maræinellus........... ». a nigricornis......-.--: » MACLOPUS ER EE » 40 % © : AUS APR CN TA 25 À cœrulescens....,.:..:.. »120 Mbioullata eee een » 40 jee 2 2 Golaphes + Oberea Vo CO e Maude ‘0 jee 2e pupillata.............. » 40 | 8-punctata............ » 50 signatipennis ......... 1 » Wu Uran SPP CRESRERSEE 1 25 alpinus te ENS 10) ANA EE 4 50 ve Ë peHenOnans Lachnæa CunVilne ee 1 25 Colaspidema oculata............:.. » 2 { linearis......-......." » 25 ’ erythrocephala...; ..: 25 5-punctatus.:......... » 60 HAVIDES ARR P APP NERE » 20 ALU DR A nn » 40 paradoxa Sen SORA » 50 VAVICINENE A AR ECS » 25 É ; D OU dou » 49 | tUrCICUS.............. » 40 20 frONLAlIS APRES » 60 crythromera .......... » 15 o OMICHAICIAR ER EEE » 40 eat NPPELICI I PEREEEREEES » 40 Ets REIN AC SA AE ANA » 60 Orsodacne pubescens ............ » OCellaA US EME ETAPE » cerasi...:...-..-.:.:: » 20 | sexpunctata........... » 20 lineolar ere CEE » 25, | cylindrica............. » 50 v. humeralis ......... » 25 | puncticollis........... » 50 Hæmonia Yabolosa see. ea » T5 NOTE ONE > TS Entomoscelis À É RON A RTE » 40 see appendiculata MÉRAS AE » TÙ Clythra se e ATONIIS AREA PAEARQNE » 20 labiatus PAR EEE » : £ NON AREA ACETENERE » 20 polygonisec;.;."" » 20 Cerealis RSS » 20 [=] | 2 . 0 Donacia valeri ol pbilinealtus ren 000 ee DO Re D ENE ou ARE NE de S à AJCLIAN ER. 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ODA EN EAES SE du dogacue » 20 ÉÉnniCa en U UOR » 40 VATIAIS ee eee » 7ù populi IAA AE EN DE 0.00 ». 0 tenebricosa ........... » 25 DOlLATE AMRPARARENRES » 20 : semicuprea.......-.-.. » 20 |himbata "02 » 20 | pusillus ROSES SAN MAUE SR Read DE) Eros AE » 95 Simple te ec ie » 50) |ACOncOlOr LE » 50 | v: Marshami.......... De pimelioides ........... ». 60 | Iævipennis............ 1 25 Plateumaris RS A AR 1 Pachybrachys lævigata CHOCO OO TROIE 1 25 lu Cid sens EE » 60 CONATIS EEE PEAR » 25 UE DEA RE NE 1 25 seriCea ..........-.-.. » 20 Mimipunetata ere D 460 MMA ZEUS RES CLÉ ELLE 1 2% a Re A ere » 15 Orina V. festucæ. PES AA » ci gratiosa . Re RENE » 60 RiÉROEPIQUS SET » 2 en De a cs j VAAINICANS ERREUR » 40 JUdarCan ce SARA LES v. tristis SRB AT MED » 25 Violaceonima re ee » 95 nent » 15 4 Y- AnMAtA ere ce » 21 SAC ENeee » 923 pallidulus RL mg » 0 A at an < de PL A L % un es | À a AO PL PAU » : no. AR den " interstiialis. 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Ds EU Mas » 25 æneopicta............. » 73 | Minutissimus.......... » 25 | montanus............. 1 » speciosissima OI E UNE 0 - » 25 a mauece PSN Rene D CU tue CRE 2 50 rotundatus. ........... 1508 10y; Letneni RS AU || | tibialis............... 1 » scopolina BANDE ee NII » 20 Lamprosoma PURCOTNISE RNCS 4 50 CAnvergens.....-..-.-": en 60 jen 12-punctata........... » 20 Ne où Chr 1 elOnPALA ER AEREEREEE » 50 A£-punctala........... » 25 Cryptocephalus | enom eee te È nes _. | frigida ............... » 60 = at£ € GMA Ho oIb d'p'bicn ob aa tro ) A » 50 pére a à 25 Phytodecta Anaraet M » 20 re esse. > 60 INpIlosus PE eee 201 ertusas ER AD EVIMInAS PAC ELAÉEEPEE » 2Ù “a FR < PQ Er AR NE » 40 a AC » 25 Cœrulea re RATE n 2501 v- Grade EEE AERE » 40 Labidostonis AE NAS ° se MÉRAuus AIS EE LA l = lichenis..…. AA ARS SAMI UV a EEE ER se D 60 ohne dv ee SN UE Al ) : a RE TE AT EE A REZ » 2 Y. carpathica RARE RAR » 40 rufipes LEURS D PNR » 25 Ne ne Re SPP RER : à vi eue BA NES 08 see D à rufa.... PRÉ AA » KO | nIVOSS CLASS » 40 k Re DUR Des ne God d'A re Edo : és PIERRE D'ÉTÉ DOS » si marcasitica........... » 60 VATLADIIS RME » 50 AL SR PART E) 15 CYINATICUS ER ER AE MDI DS Vlureida ee ER D NICORS v.æerota:. CR (l A de » Séka a DER » 53% Soin » MA IILUT A... -.......... » Mbpunctata..:-........ » # . pli 2e 0 SRB CLONES » Phyllodecta à ulgatissima.......... » MIS ci fl cms » Cho latoler alalntale oûe) e » Ebealn telle ellat cllole le ete » Hydrothassa eVehanale he ste ein ete 01e » nc 06 Moi ins » Énainelanse » hannoverana.......... » Prasocuris Hhellandrit..::.:.... » dist. v. marginicollis » 6 C'ti nr cuir Cr EMI AIGIIONSESSS » Sclerophædon anpathicus. ru 77. » aeniolicusse NP » Phædon MUIOSUS EL A » MOUSE eee. 0e » cochleariæ en e » ca obesus......... AS Ifémoriacæ............ » Msalicinus... 1.1... » | Plagiodera | Ersicolora 1. 2 » | Melasoma na AE ep » | lv. hæmorrhoidalis.... » …… OCDE » | |20- SpunCiata nn. » | ONÉÉORRESERRRS » | OINOR SOMMES » (Rremulæ....:...:..... » le Agelastica DOS AC ARS » 4 Malacosoma HSitaniCa.... 1... ... » HICOIIS Mmes TE » th. v. Gandioni....... » Aulacophora äbdominalis........... » Phyllobrotica adrimaculata ....... » D en AE LT » Luperus Migrofacciatus. ........ » Meuse ee » flavipennis............ » | Hncolar 7... » lo Hentalsen eo. ue » AUIŒILIS 2... . 02. , à » le: Revelieri ............. » là Dyrenæus::...1:..... » Fe ulphuripes DURS EE » xanthopus ............ » armeniacus ........... » Sa: » a 10 » » » » » Lochmæa capreæ. Te 0 09 06 0 0 SO » 40 SULURA IS RER ES » 25 CALE RE PP LCR » 20 Galerucella VIDUTDI ERREUR » 20 NYMPPERE RE RE » 20 lineola Reset » 2 Iuteolar eme » 25 calmariensis .......... » 20 puSila Beer » 25 tenella encres » 25 Diorhabda ClODE AA EP RER » 20 Leptosonyx SIIPhOÏdes ee te 2 » Galeruca Darbaras paper » 15 MIONTICOLA ANRT » 50 TAN ACER nEr » 20 DAURIC A EE Re DE) AN AUS LA SRE AUTRE » T5 CircumAatA ne EN » 40 rtlorahs serre re » 75 POMONR FAN RCE » 20 Sermyla HAleRSIS RSS ES ER » 95 Euluperus CHANENS EEE EPP LE » 25 Monolepta erythrocephala........ » 40 Podagrica MES Se Mocbonenes » 25 MAY ER EnRRr » 20 V- ænescens.......... » 25 SEMILU AR MERE » 50 intermedia,........... » 40 Menetriesi............ » 15 discedens 722207 » 25 Derocrepis BUPES rer rec » 25 Crepidodera femoratas tree » 50 melanostoma.......... » Tù transversa............ » 25 IDIPreS Sa Er Ce iee » 25 ferrusineas reel » 20 Arrhenocæla lneatatretoraberen » 50 Ochrosis Ventrallss en t » 25 SalCAr en rt ee » 25 Epitrix PUDESCENS REC PEER » 25 ALOPRRA EEE eee » 20 Chalcoides cemmata EP (DES) Splendens Peer » 25 AA lee DAS RE SE CE PR » 25 VA Saudens er er » 0 HelxMeES TA PAPER » 20 AULALA TS MER NA R » 25 CHIOTIS TA NE ER API » 25 Orestia HAMPEL ERP ERERTERE 2 » AlpNa en ÉPRERRIR 1 25 Hypnophila Gbesa: rs enmasnnNer » 25 impuncticollis......... 1e) Mantura Matthewsi ............ » 60 T'US IC APE 2 CPE » 25 ODIUS AA ET PP MAN » 40 Chætocnema chlorophana .......... » 40 semicærulea.......... » 40 vV.femoralist "12/07 » 40 VANS alice tete AR » 40 CONCINNa PUR PIE » 25 TASER EEE PRES » 25 CONAUCLA EP PRES » 50 depressa ra tee 12) PrOCenula ne AN » 25 meridionalis .......... » 25 aridula oo DO 0 dortideao » 20 ADI AA nes AU ane » 60 NOrLENSIS MM PRENRES » 25 Psylliodes CUCUL AA RP ARS » 40 glabras rt traque » 50 Attenta ta er APP » 25 CUPEC AA REP PARA ENRE » 60 chrysocephala ........ » 40 Vanelican Ariane » 40 CyYANnOPiere Eee » 60 CAS DIS RENE » 40 ODSCUTAN PE PAUVRE » 40 GUPREA EE PERS » 60 PUIS ARR A A EEE » 25 MAN CIT A ARE PA EE ARE » 50 dulcamaræ: PETER » 25 hyos. v. chalcomera... » 25 puncticollis........... » 60 lue ol ar Me AA » 25 DI CIN AR RARE » 50 Lithonoma Jin aa Etes » 73 Haltica quercetorume er » 25 bicarmata 0er » 75 ampelophaga.......... » 25 TIC EE Ent » 60 RATS OS RS ANA Lean » 25 LAMATISCIS EN ME EURE » 50 OleraCE a MP RENTE » 20 puSillar ren ete » 25 JAUTICA EE CRETE » 60 Hermæophaga MEPCUTIA NS PAPERS » 25 CCI ER ONE ES » 25 Batophila DU SNS E AA AE » 20 RAA PSE Ne » 40 Va llax Aer rte » 50 Phyllotreta SISMODHIE EE PAUL L » exclamationis......... » 95 V- CAUCASICA MT PA EN 1 25 tetrastieman net » 40 MAduata are nee » 40 HERO SAN EME EUR » 25 SIQU AT A PA ME CARS » 25 VaRIDenniS ee Ce » 00 parallel latente » 40 SAUUOIES LCR MERE EL » 20 UNAUlAtA MALE VEN » 20 NEMOLUMER EE CAEN » 20 ENLEVER MARIE RUE ER » 25 CLUCITETÆ AE UE » 20 diademata ren ere » 40 DROCEr A ER A ELEC » 25 NÉAESIAUE 420 100060 » 25 Aphthona Cparissie A : » 925 EEE SLR vos » B0 HAVICEPSE RER rer PAIE ana cute bee nIgriCeps . ...... REC EE lutescens pseudacori Venustula 22e PICIPES AE pygmæa Cyanellan serre Erichsoni cærulea OA LAS SSI A Re ee herbigrada lacertosat tt risotto ele el ototete rectilineatus .......... DALNUIUS RASPARERREANNS APICAUS NPC CESR Drunneus PRE RUDEILUS EE MEENErER IURTAUS RE RE EE AA AS lateripunctatus........ dorSaliS RNA EEE MAS TUL EE EN TOP SULUTALIS UNE ARICIIUS REED RAS exoletUS APM REC VeLDasSCI ere lycopodi PEATENSIS CEE AE tabIAUS ERP Apteropeda ORDICUlA TAN EEE Mniophila MUSCOLUMPM EMEA Te Sphæroderma CeStAC er PAPE UT UN AMP RAEPEE cardui Argopus SULUT AIS NN biplagiatus ........... Ahrensie Pret pie sanguinosa rubiginosa 20 inquinatd en rc » 50 StemMmaticar ee » 60 TULOVIRENSE Ce » 15 sanguüinolenta ........ » 25 OLA AR A EME » 40 subferruginea......... » 20 PUS APE RARE eNNeE 11625 pupillata ressens » 25 Vittata rien SEE » 25 NOPILIS ES MERS ER ER » 20 margaritacea ......... » 25 deffexicolliss ere » 75 Ithone hexaspilotar rene re 125 Epilachna chrysomelina ......... » 20 ATEUSI MR » 25 ANUS ICONS AURA » 40 Subcoccinella 4-punctata........... » 20 V. Saponariæ,. ......... » 25 VAMENOtALAR ANR » 40 v. meridionalis ....... » 25 v. 25-punctata........ » 25 Cynegetis “impunctata Pt. » 25 VANDAlUS IIS EME » 40 Hippodamia tredecimpunctata...... » 25 Adonia: arlecata Eee ee » 20 VMSsmaculatar tre » 235 v. constellata......... » 25 VPACATPINT ere » 25 vineslectas #10. » 25 VÉAUS Ua LA PER » 25 AMEN rer » 50 Anisosticta A9punctata "er "te » 20 Semiadalia Nota ta EM PPMEE D AD UTE 1HEnota AT AMENER » 25 v. 9-punctata. ........ » 25 Adalia Oblterata ere Cr » 20 VATLVI da RE En » 40 V2 6-notabtatr Mer eMernr » b0 v. fenestrata.........! » 75 DoOINICA MA AMAPEEEAEE » 25 bipunctata............ » 20 VANHELDS LIEN CRUE » 25 v. 6-pustulata......... » 25 VAMEMaCUulA ta ER » 25 Alpina APP ENEE ER » 15 Coccinella fépunctatat Aer ere » 20 D=punctata...:... "7 » 20 VER OSSI INR TENTE » 40 undecimpunctata ..... » 40 v. Menetriesi......... » 50 VAMASNIICA EE RARE » 0 INIFASCIAt ARR EEE » )0 hieroglyphica......... » 25 decempunctata ....... » 40 v. 4-punctata ......... » 29 v. subpunctata........ » 40 v. 6-punctata ......... » 25 v. 8-punctata......... » 2 v. 12-punctata........ » 25 VA NUMETALIS MEET » 25 VAS SCD RECENT » 60 v.“bimaculosar » 23 v. 10-pustulata ......: D 25 cet 0e LE US De FX ANT SCIE ARMOR A PAP EOMRRNNNT PORTES RON OT Lo E CRIESHARER & C’° PARIS, 1O©, rue du Trésor (IV : LEA CARRE NEENIE k istoire Naturelle de la France VAS. AA 18 PARTIE ALBUM de la NOUVELLE FLORE TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT REPRÉSENTANT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES PAR CASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Lettre sur la Boïanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l’on décrit en détail tous les caractères de la h SiO mie d'un individu, on ne le reconnaîtra pas ; si on vous le présente, on le A toujours. La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la détente Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les cara tères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a 7. combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les he » Prix : Broché 4 fr. 75; relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Prix : franco, broché 5 fr. 20: franco, relié 5 fr. 75 Paris CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETE, ET MATÉRIEL DONNNAT UNE FERMETURE MERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD k SC0 L AIRES PRIX DU CIMENT-LUT |} AIVOE. | MOBILIER le kilogramme 14 fr. 50 le 1/2 kilogramme 8 fr. 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Billets valables suivant la distance 3, 4, 10 ou 33 j0 ces derniers donnent, le droit de s'arrêter pen 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choïx l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d'une ou deux périodes de 30 jours, moyennant supplément! 10 % pour chaque période. à 2°Excursions sur les côles de Normandie, en Breta et à l'ile de Jersey. k Billets circulaires valables un mois (non compris jour du départ) et pouvant être prolongés d'un nou} mois moyennant supplément 10 %. Dix itinéraires différents dont les prix varient elh 50 et 115 francs en première classe et 40 et 100 franc deuxième classe, permettent de visiter les points les intéressants de la Normandie, de la Bretagne et de de Jersey. \ | 4 Pour plus de renseignements consulter le livret Gulli illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 30, dans les4h bliothèques des gares de la Compagnie. A ACHETER | FOSSILES DES TERRAINS PRIMAIR (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) 4} S'ADRESSER : | LES FILS D'ÉMILE DEVROLLE, ATURALISE 46, rue du Bac, PARIS | | ! | = CHEMINS DE FER DE L'OUES! CARTES D'ABONNEMENT D'EXCURSIONS. EN BRETAGNE | Abonnements individuels. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait di vrer Jusqu'au 31 octobre, des cartes d'abonnement spécie permettant de partir d’une gare quelconque (grandes lign du réseau de l'Ouest pour une gare au choix des ligl désignées ci-dessous en s’arrêtant Sur le parcours; de} culer ensuite à son gré pendant un mois, non seulem} sur ces lignes, maïs aussi sur tous leurs embranchemel} minée de revenir au point de départ avec les mêmes fah lités d'arrêt qu'à l'aller. 1 Cartel. — Surla côte Nord de Bretagne : Areclasse, 100% F 2e classe, 15 fr. — Parcours : Gares de la ligne de Grh lan ville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et les embrks Pays chements de cette ligne conduisant à la mer. à Carte II. — Sur la côte sud de Bretagne : 17e clas} 100 fr.; 2e classe, 15 francs. — Parcours : Gares dék ligne du Croisic et de Guérande à Châteaulin etles embr chements de cette ligne conduisant à la mer. >| 10 CARTE III. — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagnk ire classe, 130 francs; 2e classe, 95 francs. — Parcou Gares des lignes de Granville à Brest (par Follieny,MIh et Lamballe) et de Brest au Croisic et à Guérande et lignes d'embranchements conduisant à la mer. ‘| Carre IV: — Sur les côtes Nord et Sud de Bretagne}, lignes intérieures situées à l'Ouest de celle de Saint-Mal} Redon: lreclasse, 150 francs ; 2e classe, 110 francs. —Parcol Gares des lignes de Granville à Brest (par Kolligny, Lamballe), de Brest au Croisic et à Guérande et des hgfn d’embranchement vers la mer, ainsi que celles des lignes} Dol à Redon, de Messac à Ploërmel. de Bamballe à Remik de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Auray, de E déac à Carhaix, de Morlaix et de Guingamp à Rospord a \ 1° JUILLET 1906 BOMMAIRE du n° 464 du Ac juillet 1L9OG : Le Vésuve, géographie physique, géologie, éruptions anciennes et modernes. E. Massar. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. D° Trouessarr. — | : ; Les Eumènes. Dr Laroy. — Chronique et nouvelles. Henri Courin. — Les mines de | À _sel de Wieliczka. — Les races de l'Inde. H. Léverzé. — Académie des Sciences. — | Bibliographie. : : ES D Bin Er ] ABONNEMENT ANNUEL- où : Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'ENMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU l°” DE CHAQUE MOIS Bianco et Algérie. . . A 4) | A0fr » Hous les autres) Days AU, ie A fre Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » PridunUum eos 050 | ? HAL ea Pour changement d'adresse, joiadre 0 fr. 50 ce. à la dernière bande. Aûresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU) JOURN A TI: : Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs ) 46, RUE DU BAC, PARIS uouL aus] déve] lent fn men limite lA fs SIuYd ‘98 0 104 97 ‘11104410 111W10 S111 S31 Z3H9 JINJA NI OZ ‘U L oouey ‘09 ‘onbyljueros uor) à b Rte SH | | -voyisseyo op ozpio sarde p so9sodsip jus suot)9ap[09 saj so]nor, ‘099d$9 | ep ureT se e el uo sus °p sdnoo sonbjenb 1ed soowaioysuez] 49 S09110[09 onbyruetos wou 9] Juejiod ‘999SU1] JueA9p ‘sogoe|d ‘Jogsuq soyjenbrj9 9248 ou? jueanod soateorpdxe soumaeu LS 204% sosed ÿ9y-11x op ‘wo ÿy/cg etunjoA uA soaSuei Simolnoy jU0S SU0198]|00 se] aarvajuo9 91p4o,p sulou y ‘e0adsa,] op HO JNUSUL Op 1epane a[ ouuop mb ‘uot997100 ef 8 equiof aqs1[ oun e queqroddes os a1p410,p Cgwuu un apessod euuoqOS e] & onbiutjog ep XNEABIT, Sep JU ‘SOOU2196 $2 An9700(T de enpeqo 08 et no une eus al He À ‘quo pal s 7 : soojduoo quos sogenhri9 so ‘osodsa onbeyo jueaop e9oejd jo3suq 971enb139 oun NIdNO9 HUSH 484 Jed SJWUWOUYP JUOS $27298U1 S2] 0 : SO1QIUEUI XN9P 9p S0YSUEI JUOS SUO1J29[109 S9/T INOLUVd SINNUWO9 SI4L SILNVId 00 ie au suoj1v9 so] ‘soauSisop Saide-19 SU01)99/09 sep xd 97 sue ‘2991d 06 ‘1j & JU91009 10 2HIVNWOS z:qn13 : ‘uoÿey awgwu ej 2p sJINAISUO9 ‘JeUIIOY J1od 9p Suojie2 Se] ‘29914 SOUCIJ J}U9]EA ‘(arernods uoneoruqe) 98108 a[qnop e oanjouria} ‘e19LUIC9 8 2[949AN09 ‘S9JJIA JEUWUOF sean bidxe SJ ne] L S97 : À | puess suojieo so ‘Suo199/j00 sop oouejaodur] jueains ‘(98 X 67) Jewuoy jrjod op no (93 X 6£) 1EWI07 pueis 9P SP1JIA SUOJILCI S9p SÜEP S998SE[9 JUOS SUOIJ99][09 SO'T -sanbrd£A3 snjd soj suowrioods so] tmuued sistouo 39 sanbris11998489 usiq soureduoxe sop onb juayiodwuoo ou soude-19 S29[[I839P SU01799/[09 So] S9JNOI, — 008‘ " — 000 - — 009 ‘7 — 0007 — aanL13.0 SNOIL9371109 * 141IV4Vd 3Q LN3IA nn AS me 000r FE FnRUler 2 Pme 00 Se DR CO mm US x = O0 er Se e00C Le 2 a ee 0e ee 00e — ne 8 DO GRAN Lee 19109 Sisde12df CARE Re vjenswI29pes 008& ‘x9 006% — 000€ — — 000% *X2 O0CL — 0008 RSR en de 3 H — 000 *‘""""" — 000€ re = pŸgg ’"""" Une ES CT $ Ne eIZI[EH — 00S °X9 OOSI — 000 ee OST “x 00 — ee A de Cr RRCREoer unypyound em « D viqnioa/n] Dre DE *: 272[(000 Dee ss 000 ee à 09 CR RUESRE s1SeA1pI[[ed sidseufe = Oe : = L 10 0006 De Re A Be : 6Td st}eUY OS ‘X2 OL 008 — — QLZ. ‘X9 OOSF — 000! 5 08 « SIENS de SU tes. ten 00f Te = 00G re — 0007 ee (I Ge esse snoousez | 09 € °°°": snjeusis0790 | Ge € 81000 9UOrGO A 2 g9é = — CET ‘X9 08 — 006 _ ee ee ttodranf A suumi1g eISÂN ë ; ee Si me ae 0 = CR NS SUSONAQNS A a a Pa do Fe ERA on 00 GE AA NO OST 00€ RS L LE DR Rens : 3 DS er a SORSEQURE OR AE — 2 . de RE, 00% SAT LS 0% OO DID EI SR 00€ Lt Ce I sors. suyepoods 06 (SEEN fe siuuodrasru À 08 « ss... *“eejound-27 À — € BE 007 ee me ee $ ee QE ob oeouonpuos d QC AE eejoundturoopes PGO EEE SE ‘ds9 Q01 9P UOl99][07) ‘dj ot DST so9adso ue 9P U01799/[[09 ae AS e. : CRE OPA OSEO ee À SIASEIIIN SHAÔILOXH SHUXIdOHTON HdOMNAHA SHHXLAOMTON cc Sn}85N 419] DG "re SIJUIOI} ‘A : L 5 snuwA9s RAC suounsip'a | SL € ‘5: uJeUO109 ‘A DAC SRE SES sunyeJuon1o DA * suyemmsnd-7 (TRES TAOU9SJCUILT SDTAON SNUOUIOXY uæIng :X9 0087 — 0061 GE mt 90 006 su LE ; > 00 — BE 07 Su... 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Amphioxus Lamproie Requin: Colonne vertébrale coupée en travers chez des Vertébrés inférieurs de plus en plus perfectionnés. diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d’une manière frappante, les liaisons qui s’établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C’est un volume d’une lecture suggestive, accompagné de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- lement pour cet ouvrage. En rédigeant l'Enchainement des Organismes, le savant membre de l’Académie des Sciences ne s’est pas laissé. limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur n'a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. renflement Vraie Fe une. A Formation des poumons aux dépens d’un renflement latéral de l’œsophage M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som- maire des formes principales, et décrit plus particulière- ment les formes intermédiaires, les transitions entre les divers groupes et entre les diverses parties constitutives des animaux et des végétaux. Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un exposé suceinct de l’organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l'étude d’une plante. Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- cerne la description des organes, des fonctions et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d’être lu par tous et par toutes. En présentant, d’une manière aussi simple que possible, les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes si k > be a ei Ÿ À È -S Q + È .È -Ÿ ÈS d sS NS Ÿ ‘Q L Y Q 1 EU à Y è È à, è S Q Ÿ EU Q À, "È $ & Ÿ S So à à à. Ce Ùù S Ÿ a DRE ut 9180 De Cr ê ste 3 =] 3 cd 4; 2 Serie d’intermédiaires entre le sépale et le carpelle groupés à la suite les uns des autres, et provenant de diverses fleurs anor- males de Renoncule. ou fossiles, M. Gaston Bonnier n’a exposé aucune théorie. Les faits sont mis sous les yeux du lecteur ; il en tirera les conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant son état d'esprit. Il n’est donc question ni d’origine ni de parenté des êtres dans cet ouvrage qui n’a pas d'autre prétention que de chercher à répandre le goût des Sciences naturelles. 1 volume de 359 pages, avec 600 figures dans le texte. Prix : broché Æ fr. franco, Æfr. 50 ; cartonné O fr. 75 en plus LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS FAQ A ES CEE OT ER EPA CALE R EME INDE IA QUE x PRINT I PE E CRIESHABER & Ce] AMATEURS PHOTOGRAPHES ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ ea Saint-faur (Seine) 15 Finn AS DE TRÈFLE” PARIS. LO, rue du Trésor (IV USINE NO RE RO ER RE NOUVELLE FLORE TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle _ UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES PAR GASTON BONNIER PROFES 5 SEUR DE BOTANIQUE AÀ LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Lettre sur la Boïanique, le spirituel philosophe B AUTO comparables aux personnes. Si l'on ds en détail De de le put mie d’un individu, on ne le reconnaïtra pas ; si on vous le résente, on le ON ER toujours. La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la din et Lorsqu on voit 1 aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas er tères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des Ratios ne combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de ae les ne. Prix : Broché 4 fr. 75; relié 5 fr. 25 | Chez les Fils d'EMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 fr. 75 CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMETIQUE & IMMÉDIATE S’'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT MOBILIER ET MATÉRIEL | LAIRES le kilosramme 14 fr. 50 : le 1/2 kilogramme 8 fr. Ë CARE ROSUE SERRES les 250 grammes k fr. 50 ® LES FILS D'EMILE DEYROLLE EN VENTE CHEZ 46, rue du Bac, 46 LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES PARIS 46, rue du Bac, Paris ‘ cursion du Mont Saint-Michel. Les billets valables: FOSSILESDES TERRAINS PRINAIRÉ | CHEMINS DE FER DE L'OUEST Excursions à l'Ile de Jersey. E Dans le but de facilitera visite de l’île de Jersey Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait délivrer départ de Paris, des billets directs d'aller et ret valables un mois permettant de s'embarquer à Carterel à Granville ou à Saint-Malo. . 3 Billets valables par Granville à l'aller et au retoum Are classe, 63 fr. 15; 2° classe, 44 fr. 25; 3e classe, 29 fr8) Billets valables à l'aller par Granville et au retoux Saint-Malo ou inversement : dre classe, 14 fr. 85; 29 class 50 fr. 05: 3e classe, 31 fr. 30. 4 Billets valables par Carteret à l'aller et au retou Ar classe, 63 fr. 15 ; 2e classe, 44 fr. 25; 3e classe, 29 fr.8| Billets valables à l'aller par Carteret et au retours} Granville ou inversement : l'e classe, 65 fr. 45; 2° class} 44 fr. 50; 3e classe, 31 fr. 10. % Billets valables à l'aller par Carteret et au retoux Saint-Malo ou inversement : dre classe, 12 fr. 55; 2° clés 49 fr. 80; 3e classe, 35 fr. 50. Les billets délivrès à l'aller par Granville ou Carl et au retour par Saint-Malo, permettent d’effectuer 4 Granville et Saint-Malo sont délivrés toute l’année ;,0 valables par ‘Carteret sont délivrés du 19 mal 1% octobre. Pour plus de renseignements consulter livret Guide-illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr: dans les bibliothèques des gares de la Compagnie: Li | | | f A LE LATE LA A A PE ON DEMANDES A ACHETER | | | | | (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) S'ADRESSER : 1 LES HIS D'ÉMILE DEXROLLE, NATURALIN 46, rue du Bac, PARIS | | . | | CHEMINS DE FER DE L'OUES! | : Voyages d’excursions. D || La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest fait dé yrer pendant la saison d'été par ses gares et bureaux} ville de Paris, des billets à prix trés réduits permet} aux Touristes de visiter la Normandie et la Bretagl} savoir : _ | jo Excursion au Mont Saint-Michel par Pontors avec passage facultatif au retour par Granville. Bill 2e classe, 35 fr. 15; 3e classe, 26 fr. 10. ; Pr 90 Excursion de Paris au Havre avec trajet en b dans un seul sens entre Rouen etle Havre. Billets Pr et retour valables 5 jours : Are classe, 32 fr.; 2€ 23 fr.; 3e classe, 16 fr. 50. 30 Voyage circulaire en Bretagne Billets délivré —— presqu'ile bretonne : 17° classe, 65 fr.; 2e classe, 50% Itinéraire. — Rennes, Saint-Malo, Saint-Servan, Dim} | Dinard, Saint-Brieuc, Guingamp, Lannion, Roscoff, Brest, Quimper, Douarnenez, Pont-l’Abbé, 0} carneau, Lorient, Auray, Quiberon, Vannes, Sa ven Le Croisic, Guérande, Saint-Nazaire, Pont-C Redon, Rennes. Réduction de 40 0/0 sur le tarif ordi accordée aux voyageurs partant de Paris pour rejoi itinéraire ou en revenir. 5 À Pour plus de renseignements consulter le livret Cf illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr: 50, dax bibliothèques des gares de la Compagnie. A 2e SÉRIE. — N° 4165 {5 JUILLET 1906 Moyens de défense et d'attaque de quelques infusoires. D'° L. Bornas. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. D° Trousssarr, — Chronique et nou- velles. Henri Coupin. — Les races de l'Inde. H. Léverrzré. — Les tremblements de terre en 1905. E. Massam. — La lutte contre les insectes nuisibles. Dr L. Larov. — SOMMAIRE du n° 4635 du 135 juillet 1906 : | “Académie des Sciences. — Histoire naturelle des oiseaux exotiques de volière. Albert Grancer. — Congrès préhistorique de France. — Livres nouveaux. — Bibliographie. ABONNEMENT ANNUEL- Payable ea un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, & | LES ABONNEMENTS PARTENT DU Il‘ DE CHAQUE MOIS 4 Hincecb Algérie. es 1 2 AOfr -Lousiles autrespaystat. ee Mt 2eir > Pays compris dans l'Union postale. . , , 11 30 Pradunumero tee 0 50 Pour changement d'adresse, Joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. - Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux à BUREAUX DU JOURNAL ie Au nom de’« LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS {C 00€ 0€ 0G GT GY Gy @Y ce 7 “asuodx3 — :SU0I}921109 op JEU9Y J9 9JU97 52" (adASioinvn) qracssepy op 911018 ‘orworu ep 93e, © °° "11011: 7"(9Iu0pa[e)-9ff9An0N) opel uo oryod euoey| v OF DO ON TN LONDON OO CODE 0 0 "(a1U0pa|e)- 2[f2ANON) SU “t1V Sop eJUI219 na vI.0P auruedios u9 sarçod soyoep c''tejd s (sosoid :) Sainie) xoyis ‘(ojuouvyn) st S9JJ015) ame L) euguo ‘yejd dns soy9or; ep sojuiod ‘arstun], ee dl ‘juid'rns So19JLuu eu 2p sJuau =asso ‘ais ‘xnvojnoo ‘Sajutod ‘(ojuervuo) SLR -S971045) PDT AUOT ‘JPA ans ‘979 ‘saqurod * JIO[OLI ‘4107 “Je18- -enbst( ‘(1949-19-1107) A1sTO ‘soaypea sep wuran]iq Re 0 nn di I ne ‘JIOI9 -01 ‘anopnoiod ‘(184)-19-110) So9|PA sop puoy up s10d9q D UD “Jefd dus sorrod Saqoeu + ‘(oo1vqn) Xneajejd sop s1o1ope spuear RU nr ele “jejd ins sajurod ‘saroquas ‘soogtd 9 ‘(ajuaieuyn) apjou10q ej ep uowo( ue ierd Jns J1O[9 241 39 sojuiod ‘saogtd % ‘(ez9a1on) Ssoatig ‘sriqu-soyjour) ‘ouguo ‘7epd ans s20g1d # tossiod ‘(uoryrsuvuy 9p S2991d) sorpod soyoeq ‘(aquaietqn) xuvoytd SUP S19119J2 Spuvar) ee rou ed ans ‘: urew æ Sojuiod ‘aroyqeug ‘aubs1p ‘soogid #(1947-19-110 1) S091eA Sap pue; np 30d9q SHSAMAIG SHIHHS ‘J9118ues op osu9]9p ‘ uoL1o 9p 9RT [IX EU * U91t9 9p eIqu} ‘o10d 9p oueixeu ‘soureuin sosuvreud ‘991099p 211904 9p juotwuseiy ‘noj> op 979] “RO? 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Au lieu d’insister sur les distinctions entre les CHEVAL RHINOCEROS DAUPHIN TAPIR Comparaison des os qui terminent les membres antérieurs chez divers Mammifères. diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met. en évidence, d’une manière frappante, les liaisons qui s'établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C'est un volume d’une lecture suggestive, accompagné de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- lement pour cet ouvrage. En rédigeant l'Ænchainement des Organismes, le savant membre de l’Académie des Sciences ne s’est pas laissé limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur na fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a | x 46; RUE DU BAC. PARIS RAITRE mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som- maire des formes principales, et décrit plus particulière- ment les formes intermédiaires, les tra: -itions entre les divers groupes et entre les diverses pariies constitutives des animaux et des végétaux. Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un exposé succinct de l’organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l'étude d’une plante. _ d'eux code \ un cotyledon Ti PEUNIS ù resque cotylédon #4 ee base conplercrient : BUBE ER ARE ‘ séparés JuSqu a la Base Giroflee Benoneule Dauphinelle Di cotylédones Ficaire 7 Monocotyledones Germinations montrant les (ransitions entre les Monocotylédones et les Dicotylédones, Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- cerne la description des organes, des fonctions et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d'être lu par tous et par toutes. En présentant, d’une manière aussi simple que possible, les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes ou fossiles, M. Gaston Bonnier n'a exposé aucune théorie. Les faits sont mis sous les veux du lecteur; il en tirera les conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant son état d'esprit. Il n’est done question ni d'origine ni de parenté des êtres dans cet ouvrage qui n’a pas d'autre prétention que de chercher à répandre le goût des Sciences naturelles. 1 volume de 359 pages, avec 600 jigurés dans le texte. Prix: broché Æ ir, franco, Æfr. 350 ; cartonné O tr. 75 en plus LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS PARS., 1©. rue du Trésor (IV) | | | | | USINE MODÈLE à FH Saint-Maur VIENT DE PARAITRE: 2: [8° ** PARTIE ALBUM de la NOUVELLE FLORE REPRÉSENTANT TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES . PAR GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Leilre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l'on décrit en détail tous les caractères de la physiono- mie d'un individu, on ne le reconnaîtra pas ; si on vous le présente, on le reconnaïitra toujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer Lorsqu'on viot l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- tères de détail. C'est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. Prix : Broché 4 fr. 75; relié 5 fr. 26 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 îr. 20; franco, relié 5 fr. 75 CIMENT-LUT | MOBILIER POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, | À FLACONS A BOUCHONS, ETE, | ET MATÉRIEL DONNNAT UNE FERMETURE HERMETIQUE & IMMÉDIATE S’'EMPLOYANT A CHAUD SCÛ LAIRES PRIX DU CIMENT-LUT le kilosgramme 14 fr. 50 CATALOGUE GRATIS le 1/2 kilogramme 8 fr. PE EN VENTE CHEZ 46, rue du Bac, 46 LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES PARTS AG. rue du Bac; Paris Vs Ve à AMATEURS PHOTOGRAPHES ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ Gens) [[us is ASDE TRÉFLE” aturelle de la France | PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 11. | G fr. 25: 4 La France én Chemin de fer (6 [tinéraiés CHEMINS DE FER DE L'OUEST ï VACANCES À Dans le but de faciliter à nos lecteurs lechoïx d'unex giature, nous leur rappelons que la Compagnie de l'O dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne, stations balnéaires de la Manche du Tréport à Bresl qu'elle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l'exemplaire, d les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de Vi les principales Agences de voyages de Paris, un q illustré de son réseau. à Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gravi contient les renseignements les plus utiles pour le voya (Description des sites et lieux d’excursion de la Norm et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. Tab des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche: P des principales villes. Liste des hôtels restaurants, et En outre, la Compagnie de l'Ouest met en vent publications illustrées suivantes : 1° Guide la ban ouest : 0 fr, 25: 2° Guide-album du Mont-Saint-M 0 fr. 95 : 3°-Brochure illustrée « Les Stations balnéaire chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du résèm 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr, 40. Toutes ces publications sont adressées franco à do nie contre l’envoi de leur valeur, en timbres poste, au SerWi de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. ON DEMANDE W A ACHETER 1 | ja DES 4 | FOSSILES DES TERRAINS PRIMAIRES, (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) M _ S'ADRESSER : LES FILS D'ÉMILE DAYROLLE, NATURALISIAI 46, rue du Bac, PARIS à F1 CHEMINS DE FER DE L'OUEST EXCURSIONS EN BRETAGNE à À Facilités accordées : | par Cartes d'abonnement individuelles et de famil . valables pendant 33 jours. : © La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivre la veille de la Fête des Rameaux au 31 octobre, des cartih d'abonnement spéciales permettant de partir d'une gd | quelconque de son Réseau pour une gare au choisi lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s’arrêtant s parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant un r non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous | embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une l’excursion terminée, de revenir au point de départ avec le mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. j | Carte valable sur la Côte nord de Bretagne : 1re class 100 francs: 2e classe, 75 francs. — Parcours : Lignew Granville à Brest (par Folligny, Dol et Lamballe) et embranchements de celte ligne vers la mer. | Carte valable sur la Côte sud de Bretagne : 100 francs; 2e classe, 75 francs. — Parcours : Croisic et de Guérande à Châteaulin et les embran ments de cette ligne vers la mer. Pays Carte valable sur les Côtes nord ct sud de Bretag re classe, 130-franes; 2e classe, 95 francs. — Parcou Lignes de Granville à Brest (par Folligny, Dol et Lamba et de Brest au Croisic et à Guérande et les embranchemenl}== de ces lignes vers la mer. : ) Carte valable sur les Côtes nord et sud de Bretagne lignes intérieures situées à l’ouest de celle de Saint-Malo Redon : Are classe, 150 francs; 2° classe, 110 francs. Parcours : Lignes de Granville à Brest (par Rollisny;, D et Lamballe) et de Brest au Oroisic et à Guérande et embranchements de ces lignes vers la mer, ainsi que lignes de Dol à Redon, de Messac à Ploërmel, de Lamb à Rennes, de Dinan à Questembert, de Saint-Brieuc à Au de Loudéac à Carhaix, de Morlaix etde Guingamp à R porden. ; Por plus de renseignements consulter le livret G illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dans les b thèques des gares de la Compagnie. : Cd Le 28° ANNÉE 2° SÉRIE. — N° 46GG 1% AOÛT 1906 SN \ de \ a NL 1) W TT PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOI: Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 466 du 1° août 1906 : Lesgrottes de Lacave et l’Igue Saint-Sol (Lot). P.-H. Frirez. — Les races d° l'inde (suile). H. Léveizré. — Description de nouveaux coléoptères. M. Pic. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. E.-L. Trouessarr. — Chronique et nou- velles. Henri Cour. — Phénomènes volcaniques, volcans des Nouvelles-Hébrides. _ Dr P.-R: Jorx. — Les araignées à soie de Madagascar. I{.-R. W@æstyn. — Académie des sciences. ——— ABONNEMENT ANNUEL. Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, : LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°’ DE CHAQUE MOIS n biinee eRAlSérIe. 0. A0 fr» Pousles "autres pays 0.7. 0. . 42 11» _ Pays compris dans l’Union postale. . , . 14 » Prix dUMUMÉrO NN. es 20) 50 Pour changement d’adresse, Joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. | Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL, Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS a _ 6SHedxA — ‘SUOIJD2]l0) ap Jeu,y je Jo « 008 :’’:‘(e1d48g-91ner) yesessex ap a7J018 ‘erwotu 9p 918 L € Q£ °°": ""(aruoparep-9pjeanon) opel us arjod aoeH & O8 BOF" "+": (ouoPIlED-2/8ANON) seu - =2AV S9P 971979 nq43 eJ op euruodies ua sofod soyoey C Sy ‘red 's (seord ?) sarie xaqis ‘(oquaaeyn) staqe-sajou7) C Gp ‘°°’ "(s00a1d 2) auguo ‘Jejd ans soyoaqy ep sajuiod ‘orstuny, € Gp ‘°°°: "aug ‘ed ans saJajiwweuw op sue -2sS0 ‘o1os ‘xne93n09 ‘Saju10q ‘(aju91eyn) st1qe-S917049 € 08 ‘°°° "euggo ‘jeid ans ‘939 ‘saqurod ‘ofora ‘sto] -J015-onbs1q ‘(1949-39-1107) ÂTS1O ‘seoqjea sop winian|iq ZT RS RE Et CS Ar 010 IIOÏ9 -U1 ‘an9pno1od ‘(199-19-1107) seg[eA sop puoyz np Sjodaq « CI RE nn eo ouou) “jeçd dns sar|od Suqoeu 4 ‘(opuouvyn) xneoged sep sioyoge spuea & OZ RE On uoleend ns saju io ‘stone ‘sooard 9 ‘(ojueityn) 2701194 e[ 2p uowu0q € GF cu eds op) “1 19 saquiod ‘seogrd % ‘(azaa1on) soatig ‘suqe-soyoun © SF ‘euoqo ‘jejdans soogtd + ro,s11od ‘(uorisueuy 9p saoa1d) Sai[od ES Pessesesesesceteseeteetee + ouBIUOJI9S OP JOHOUCU p "0" "tt": "(ousiy) as1ur) ‘SH104900J91-S91q & ‘‘‘"Saijounua9 gp 8 OF ‘(aUSOpPIO(j) SOC) — & ‘‘‘Juoo gF e O7 ‘(uouisueay op sjrno) Set|od soyotH ‘°°°? 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Au lieu d’insister sur les distinctions entre les Lobes oflactifs \ Démisphèces NX j e _Jobes oHactifs. En it 4 hemisphères. Î L NN zecouvrant | 1 les Lobes ( À optiques | ik Ds ZX 1 À } le # | Ve pen ï h Fe Ces. x | Pleuraspidotherium Aretoeyon Cainotherium Gazella ( ÆEocène 7e) ( Æocene 274) ( Miocene i1f5) ( Miocene Sup 5) Comparaison des cerveaux de divers Mammifères fossiles de plus en plus récents. diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d'une manière frappante, les liaisons qui s’établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur . développement à partir de l’œuf. C'est un volume d’une lecture suggestive, accompagné | VIENT DE PARAITRE: ; de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- lement pour cet ouvrage. En rédigeant l'Enchainement des Organismes, le savant membre de l’Académie des Sciences ne s’est pas laissé limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur n'a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som- maire des formes principales, et décrit plus particulière- ment les formes intermédiaires, les transitions entre les divers groupes et entre les diverses parties constitutives des animaux et des végétaux. Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un exposé succinet de l’organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l’étude d’une plante. mucilage. an fhérozoide. et 2 Anthéridies Anthérozoïdes À rchégones 2 4, Anthéridies d'Hépatique, celle de droite laisse échapper la masse des anthérozoïdes. —9%, Anthérozoïdes devenus libres (plus grossis qu’en 1). — 3, Archégones de la même Hépatique: un anthérozoïde pénètre dans l’archégone de droite (Vu au microscope). Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- cerne la description des organes, des fonctions.et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d'être lu par tous et par toutes. En présentant, d'une manière aussi simple que possible, les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes ou fossiles, M. Gaston Bonnier n'a exposé aucune théorie. Les faits sont mis sous les veux du lecteur ; il en tirera les conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant son état d'esprit. Il n’est done question ni d’origine ni de parenté des êtres dans cet ouvrage qui n'a pas d'autre prétention que de chercher à répandre le goût des Sciences naturelles. 1 volume de 859 pages, avec 600 figures dans le texte. Prix: broché Æ fr., franco, Æfr. 50 ; cartonné O fr. 75 en plus LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS E CRIESHARER & C'<] AMATEURS PRO PARIS, 1O, rue du Trésor (IV USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) ie LES VIENT D store Naturelle de la France a —— 18 PARTIE ALBU de la NOUVELLE FLORE REPRÉSENTANT TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT : D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES PAR GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Lellre sur la Boïanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont romparables aux personnes. Si l'on décrit en détail tous les caractères de la physiono- mie d'un individu, on ne le reconnaïtra pas; si on vous le présente, on le Sn . toujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer Lorsqu'on viot l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les ça tères de détail. C'est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes Ka ie combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les es Prix : Broché 4 fr. 75; relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'EMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 fr. 75 CIMENT-LUT. POUR LUTER BOCAUX À DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S’EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT | MOBILIER | ET MATÉRIEL SCO LATRES le kilogramime 44 fr. 50: CATALOGUE GRATIS le 1/2 kilogramme 8 fr. a les 250 grammes 4 fr. 50 LES FILS D'ÉMILE DEYROËELE 46, rue du Bac, 46 PARIS EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES AG, rue du Bac, Paris PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE T0 ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ | AUX AMATEURS + me [: ] GRAPHES ? ere rs VACANCES 1:42 Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix diuné gature, nous leur rappelons que la Compagnie den dessert toute la Normandie, une partie de la Bret stations balnéaires de la Manche du Tréport à qu'elle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l'exempl les biblothèques de ses gares, dans les bureaux d es principales Agences de voyages de Paris, unMe illustré de son réseau. Ce guide de plus de 300 pages, illustré, de 126 gra contient les renseignements les plus utiles pour le vox (Description des sites et lieux d'excursion de la Nox et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. Mal des marées. Cartes cyclistes du littoral de la ManchesB des principales villes. Liste desthôtels restaurants, ete En outre, la Compagnie de l'Ouest met en ven publications illustrées suivantes : 1° Guide la banliel ouest : O fr, 23; 2 Guide-album du Mont-Saint= |A 0 fr. 25: 3 Brochure illustrée « Les Stations balné | ‘ 0 fr. 25; 4° La France en Chemin de fer (6 Itinéraik] chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du réséi 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40. ? | Toutes ces publications sont adressées franco à don contre l’envoi de leur valeur, en timbres poste, au Set de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. L STE SNTA CHEMINS DE FER DE L'OUES! EXCURSIONS EN BRETAGNE "h Facilités accordées e | par Cartes d'abonnement individuelles et de fa ri valables pendant 33 jours. 4 La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivrer la veille de la Fête des Rameaux au 31 octobre, des@& d'abonnement spéciales permettant de partir d'unë quelconque de son Réseau pour une gare au choï lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s’arrêétantssl parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant unm@}} non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous IE embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une l’excursion terminée, de revenir au point de départ aWE0Mp mêmes facilités d'arrêt qu'à l'aller. : Porr plus de renseignements consulter le livret GX illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 80, dans les bibl thèques des gares de la Compagnie. - 1] A T. DE CARTES POST En raison du succès obtenu par la première série de ce postales reproduisant en couleurs les plus belles aff illustrées établies pour son service entre Paris et Londa via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vien faire procéder au tirage d'une seconde série de carte présentant ses affiches illustrées les plus remarqua éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagn Les deux séries de huit cartes sont mises en vente rément dans toutes les bibliothèques des gares du de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande chie adressée au service de la Publicité de la Comp 20, rue de Rome, à Paris. A ACHETER FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIR (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈRE) S'ADRESSER : NS LES FILS D'ÉMILE DEXROLLE, NATURAL 46, rue du Bac, PARIS ie de SÉRIE. — N° A6G7 15 AOÛT 1906 PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n° 4G7 du 15 août 1906 : Théorie générale de la différenciation suturale chez les ammonites. Jean Larirre.— Note sur la nymphe du Solenius vagus, Lin. Louis Pcaner. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. E.-L. Trouessarr.— Le flammant rose. MAcaup n'Au- BUSSON. — Phénomènes volcaniques, volcaus des Nouvelles-Hébrides. D P.-R. Jorx. — Académie des Sciences.— vire Congrès international de zoologie (Boston U. S. A.}. — Livres nouveaux, — Bibliographie. Ù J D É ABONNEMENT ANNUEL- Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll” DE CHAQUE MOIS HéancelereNieérie. 1,69 00 406 fr Fousles autres pays... . -.... ... 125%» Pays compris dans l’Union postale. . , . 41 » PES NUMERO Re NU sn 00 50 Pour changement d’adresse, Joiadre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU) JOURN AE; Au nom de « LES FILS D’'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs. 46, RUE DU BAC, PARIS LES FILS D'ENILE DEYROLLES, ÉDITEURS, 4, RUE DU BAC, PARIS 1 VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France 4. PARTIE à 4 28° 1 PAR | PH RRITEL. Attaché au Museum d'Histoire Naturelle Un volume in-8° de 391 pages, 250 figures dans le texte, 29 planches représentant 80 coupes géo- logiques, 17 cartes et près de 200 fossiles avec une carte géologique de la France comportant la division en départements. Prix : Broché, 6 fr. — Franco, 6 fe. 60. — Cartonné, O fr. 78 en plus. Dans les deux ouvrages écrits par P.-H. Fritel, que nous avons publié précédemment pour l'Histoire natu- relle de la France, PargonroroGie et ParéosoraniQue, l’auteur a étudié les organismes animaux et végétaux qui vécurent sur le sol de notre pays avant l'apparition de l’homme. S : : Ge | Lu = rs + ri+ + = — fes Lies, * a ” LA SE RS AE ds Ardénnes uouN | À Tes TO Fi ARS are 1: 2! DT Fig. 19.— Disposition d’un gite concrétionné : e, e, épontes du filon: Fig. 97. — Coupe théorique du bassin de Paris. . $, s’, salbandes ; q, g, q”, quartz; ©’, c', calcite; 4, 1” pyrite de 1, terrains primaires : 2, (urassique ; 3, crétacé; 4, thanétien ; 5, spar- fer; 2, 2, barytine, blende et galéne avec «druses » où poches nacien ; 6, yprésien; 7, lutétien ; 8, bartonien ; 9, ludien ; 10, san- à cristaux. ; noisien ; 11, Stampien ; 42, aquitanien. (P. Godbille.) 1 Fig, 214.— Fossiles du pliocène de Biot (Alpes-Maritmes). a. Murex spinicosta. b. Murex trunculus. c. Triton affine. Bronn. Linné. Desb. Dans le présent ouvrage, la Géologie de la France, La seconde partie, divisée en chapitres, dont cha- : SPAEE : ; Z PRE : M. P.-H. Fritel s’est proposé d'étudier la structure de | cun a pour objet l'étude d’une région naturelle, est ce sol, d'énumérer les formations tant éruptives que | exclusivement consacrée à la Géologie descriptive de Ù à sédimentaires qui entrent dans sa composition, d’en | la France. di indiquer le faciès régional et d'énumérer pour ces for- de mations secondaires ceux des fossiles qui caractérisent L'auteur décrit successivement d’abord les régions init le mieux les subdivisions qu'on y distingue sous le nom d'étages. Dans une première partie, l’auteur donne quelques gé- néralités qu'ilétait indispensable de mettre sous les yeux du lecteur, sans toutefois trop s'étendre sur des matières qui sont plutôt à leur place dans un traité de Géologie. presque entièrement constituées par des terrains an- ciens, comme le Massif Armoricain, les Vosges, le Plateau Central, etc., puis les régions dans lesquelles dominent des terrains de formation beaucoup moins ancienne, comme les bassins Parisien, Aquitanien où - Rhodanien. k … : L | sue. FA “ à | | | \ | | LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU. BAC, PARIS VIENT DE HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE 1° PARTIE GÉNÉRALITÉS des Organismes Introduction à l'Histoire Naturelle PAR GASTON BONNIER Membre de l’Institut, Professeur à la Sorbonne Ouvrage renfermant 576 figures inédites Prix, broché : 4 fr. — franco : 4 fr. 50 Cartonné : O fr. ‘75 en plus Cet ouvrage est conçu suivant un plan entièrement nouveau. Au lieu d’insister sur les distinctions entre les è does X ers -27ne2ux 6 Fig, 118 à 121,— Développement de l'œuf d’une Araignée (très grossi). _ diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d’une manière frappante, les liaisons qui s'établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C'est un volume d’une lecture suggestive, accompagné de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- lement pour cet ouvrage. . En rédigeant l'Ænchainement des Organismes, le savant membre de l’Académie des Sciences ne s'est pas laissé limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur PARAITRE : : n'a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som- maire des formes principales, et décrit plus particulière- ment les formes intermédiaires, les transitions entre les divers groupes et entre les diverses parties constitutives des animaux et des végétaux. Fig. 448 à 451. — Divers exemples de fleurs de Dicotylédons Gamo- pétales : 1. Pervenche ; 2. Primevère ; 3. Campanule; 4. Liseron. On voit de { en 4, les pétales de plus en plus complètement soudés entre eux. Pour faciliter les comparaisons des organés et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un exposé succinet de l’organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l'étude d’une plante. Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- cerne la description des organes, des fonctions et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d’être lu par tous et par toutes. | En présentant, d’une manière aussi simple que possible, les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes ou fossiles, M. Gaston Bonnier n’a exposé aucune théorie. Les faits sont mis sous les yeux du lecteur ; il en tirera les conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant son état d'esprit. 1, de rage de Ir pierre ta,llée ; 2, de l’âge de la pierre polie ; 3, de l’âge de bronze; 4, hache actuelle en fer. Il n’est done question ni d’origine ni de parenté des êtres dans cet ouvrage qui n’a pas d'autre prétention que de | Fig. 600 à 603. — Comparaison de diverses haches : chercher à répandre le goût des Sciences naturelles, T volume de 359 pages, avec 600 figures dans le texte. Prix: broché Æ fr, franco, Æfr. 50; cartonné O fr. 75 en plus LES FILS D'ÉMILF DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS no à el PARIS. 1@, rue du Trésor (IV USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seïne) |}| ES SORA ERA PLAQUES PAPIERS ES TRE PNR 7 NE NY LA Naturelle de la France Histoire es | 18° 1 PARTIE NOUVELLE FLORE a REPRÉSENTANT | TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES PAR GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT = — ——_———— « Dans sa Leilre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l’on décrit en détail tous les caractères de la physiono- mie d'un individu, on ne le reconnaîtra pas ; si on vous le présente, on le reconnaîtra toujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer Lorsqu'on viot l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- tères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. Prix : Broché 4 fr. 75; relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 fr. 20: franco, relié 5 îr. 75 CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT MOBILIER ET MATÉRIEL le kilogramme 14 fr. 50 CATALOGUE GRATIS le 1/2 kilogramme 8 fr. È les 250 grammes 4 fr. 50 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE EN VENTE CHEZ 46, rue du Bac, 46 LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES 4G, rue du Bac, Paris . PARIS E CRIESH ADER & C‘° ANATEURS PHOTOGRAPHES ESSAYEZ:ET:VNOUS ADOPTEREZ ASDETREÈFLE” ‘chie adressée au service de la Publicité de la Compagni PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17. RE AUS à CHEMINS DE FER DE L'OUEST VACANCES À Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix d'une giature, nous leur rappelons que la Compagnie de 1@ dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne Stations balnéaires dé la Manche du Tréport à Brel quelle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l’exemplairent les biblothèques.de ses gares, dans les buréaux de Mile les principales Agences de voyages de Paris, un M illustré de son réseau. 4 Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gram contient les renseignements les plus utiles pour le voya (Description des sites et lieux po de la Norma et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. Mal des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche des principales villes. Liste des hôtels restaurants, etc#}Mh} En outre, la Compagnie de l'Ouest met en vente publications illustrées suivantes : J° Guide la barlieil ouest : 0 fr, 25; 2% Guide-album du Mont-Saint-Miclë 0 fr. 23 : 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaiïrei 0 fr. 95; 4° La France en Chemin de fer (6 Itinérai Chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du résé 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr, 40. è Toutes ces publications sont adressées franco à domi contre Penvoi de leur valeur, en timbres poste, au Seti de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. =:à CHEMINS DE FER DE L'OUEST EXCURSIONS EN BRETAGNE | Facilités accordées nee. | par Cartes d'abonnement individuelles et de fami valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivre, la veille de la Fête des Rameaux au 31 octobre, des € d'abonnement spéciales permettant de partir d'unewff quelconque de son Réseau pour une gare au choïxMk, lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s'arrêtant sud parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant unm non seulement sur ces lignes, maïs aussi sur tous embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une l’excursion terminée, de revenir au point de départ ave@l mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. ‘4 . Pour plus de renseignements consulter le livret Gt i illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dans les bibl thèques des gares de la Compagnie. + AUX AMATEURS | | DE CARTES POSTAL En raison du succès obtenu par la première série de postales reproduisant en couleurs les plus belles aff6l illustrées établies pour son service entre Paris et Lond via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vient faire procéder au tirage d’une seconde série de cartesk présentant ses affiches illustrées les plus remarquah éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagn Les deux séries de huit cartes sont mises en vente rément dans toutes les bibliothèques des gares du x de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre l'enk de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande af 20, rue de Rome, à Paris. A ACHETER FOSSILESDES TERRAINS PRIMAIRE (SILURIEN, DÉVONIEN, CARBONIFÈREM S'ADRESSER : À 46, rue du Bac, PARIS 2° SÉRIE. — N° A6S {er SEPTEMBRE 1906 PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction |, ï | w © e\ SOMMAIRE du n° Z6S du 1° septembre 1906 : Les poissons fossiles des environs de Paris. P. H. Frirez. — Mœurs et métamorphoses des espèces du genre Dermestes, Linné. Capitaine Xawseu. — La distribution géogra- phique des animaux vivants et fossiles. E.-L. Trouessarr. — Le XIII: congrès inter- national d’Anthropologie et d'Archéologie préhistoriques. Jean Larirre. — Chronique - et nouvelles. Henri Courin. — Le flammant rose. Macaup D'AUBUSSON. — Réunion ex- traordinaire de la Sociéié Géologique de France dans les Pyrénées occidentales en 1906. ABONNEMENT ANNUEL- Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU I“ DE CHAQUE MOIS Dinceet Alone. , .e . . ... 10e » Tous les'autres pays... ... 42 ir Pays compris dans l'Union postale. . , . 11 » PEU NUMÉEOE EE ee 0e 4 D 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURN A TI. Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs | 46, RUE DU BAC, PARIS ques pla 44 Ar CA ET: ET ET UD NE DIR TURC ONE EEE LES FILS Histoire N aturelle de la France J Da EMILE DEYROLLES, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS IENT DE PARAITRE : PARTIE PAR P.-H.-FRITEL Attaché au Museum d'Histoire Naturelle Un volume in-8° de 391 pages, 250 figures dans le texte, 29 planches représentant 80 coupes géo- logiques, 17 cartes et près de 200 fossiles avec une carte (0 SERRE de la France comportant la division en départements. (D) Prix : Broché, 6 fr. — Franco, 6 fr. 60. — Cartonné, O fr. 75 en Dis. Dans les deux ouvrages écrits par P.-H. Fritel, que nous avons publié précédemment pour l'Histoire natu- relle de la France, Do 00e et PA LÉOROTANIQUE, l’auteur a étudié les organismes animaux et végétaux qui vécurent sur le sol de notre pays avant l’ apparition de l’homme. Fig. 15 Fig. 22 bis. — Macline. Dans le présent ouvrage, la Géologie de la France, M. P.-H. Fritel s’est proposé d'étudier la structure de ce sol, d'énumérer les formations tant éruptives que sédimentaires qui entrent dans sa composition, d'en indiquer le faciès régional et d'énumérer pour ces for- mations secondaires ceux des fossiles qui caractérisent Fig. 24. — Le Massif armoricain et sa bordure orientale. 1, terrain éruptif ancien (granite. etc.); 2, archéen (gneiss, etc.) ; 3, cambrien ; 4, silurien; 5, dévonien: 6, carbonilémen; . per- mien ; 8, jurassique; 9, crétacique : 40, tertiaire; 11, quaternaire. Dans une première partie, l’auteur donne quelques gé- L néralités qu'ilétait indispensable de mettresouslesyeux du lecteur, sans toutefois trop s'étendre sur des matières qui sont plutôt à leur place dans un traité de Géologie. La seconde partie, divisée en chapitres, dont cha- cun à pour objet l'étude d'une région naturelle, est exclusivement consacrée à la Géologie descriptive de la France. L'auteur décrit successivement d'abord les régions presque entièrement constituées par des terrains an- ciens, comme le Massif Armoricain, les Vosges, le Plateau Central, etc., puis les régions dans lesquelles dominent des terrains de formation beaucoup moins le mieux les subdivisions qu’on y distingue sous le | ancienne, comme les bassins Parisien, Aquitanien ou nom d'élages Rhodanien. (1) Les 3 volumes PALÉONTOLOGIE, PALÉOBOTANIQUE. GÉOLOGIE, constituent un ensemble de 1#00 espèces tant animales que végétales citées el décrites et représentées par plus de 1600 dessins. — Chaque volume broché 6 fr. fo 6 fr. 60, cartonné O fr. 795 en plus, LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS VIENT DE PARAITRE: HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE ; mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. 1" PARTIE M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l’étude som- , : ; maire des formes principales, et décrit plus particulière- GENERALITES ment les formes intermédiaires, les transitions entre les divers groupes et entre les diverses parties constitutives L'Enchamement ‘:""""" des Oroanismes ”, mâle Introduction à l'Histoire Naturelle anthepidies 2 PAR GASTON BONNIER Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne prothalle Lmelle. ï : “archégones Ouvrage renfermant 576 figures inédites . points où se trouvaient les spores." Prix, broché : 4 fr. — franco : 4 fr. 50 Fig. 382 à 384. — Un prothalle femelle et deux prothalles mâles de Préle. (Vu au microscope.) ones cn pue Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un exposé succinct de l’organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l'étude d’une plante. 5 Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- cerne la description des organes, des fonctions et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d'être lu par tous et par toutes. En présentant, d'une manière aussi simple que possible, Cet ouvrage est conçu suivant un plan entièrement nouveau. Au lieu d’insister sur les distinctions entre les D. À DAN 7 À les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes ne é 1 ou fossiles, M. Gaston Bonnier n’a exposé aucune théorie. Foisson |Dipneuste |Batracien Reptile Reptile FR : L ; : ; : (Salamandre) | (Lézard) Croreile) Les faits sont mis sous les veux du lecteur ; il en tirera Îles Jorei ce doreille | Zoreilleltes | Roreilleltes 2oreillettes conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant luenfrieule) luentrieule | Iuentricule | Jventrieule Zventrieules son état d'esprit deri-cloisonne : Fig. 116 à 180. — Comparaison schématique des cœurs de plus en plus compliqués de divers Vertébrés. diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d’une manière frappante, les liaisons qui s’établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C'est un volume d’une lecture suggestive, accompagné de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- À 2 à lement pour cet ouvrage. Fig. 516 à 580. — Comparaison de diverses feuilles de Chênes : S 2 1. Quercus præcursor ; 2, Quercus oligodonta; 3, Quercus En rédigeant l'£nchaînement des Organismes, le savant diplodon ; 4, Quercus denticulata; 5, Quercus Robur (actuel). membre de l’Académie des Sciences ne s’est pas laissé Il n’est donc question ni d'origine ni de parenté des êtres limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur | dans cet ouvrage qui n'a pas d'autre prétention que de n'a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a | chercher à répandre le goût des Sciences naturelles, 1 volume de 859 pages, avec 600 figures dans le texte. Prix: broché Æ fr, franco, Æfr. 50; cartonné O ir. 75 en plus LES FILS {D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, (RUE DU BAC, PARIS E CRIESHARER € CÙ AMATEURS PHOTOGRAPHES ESSAYEZ.ET.VOUS ADOPTEREZ PARIS, 1O, rue du 'Lrésor (IV Les PLAQUES Histoire Naturelle de la France $ 18° 1 PARTIE ALBU de la NOUVELLE FLORE REPRÉSENTANT TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT | D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES PAR GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE À LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Lettre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l’on décrit en détail tous les caractères de la physiono- mie d'un individu, on ne le reconnaîtra pas ; si on vous le présente, on le reconnaitra toujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer. Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- tères de détail. C'est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. Prix : Broché 4fr. 75; relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 fr. 75 CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest qui males de la Normandie et de la Bretagne fait délivrer jusqu'au 31 octobre. par ses gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur, CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETE, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT-LUT les prix du tarit ordinaire. 10 0/0 pour chaque période. le kiloscramme 14 fr. 50 le 1/2 kilogramme 8 fr. RE D é AE LE 0 longés d’un nouveau mois moyennant supplément de 10 0/0. EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES AG. rue du Bac, Paris de la Bretagne et l'île de Jersey. s'arrêter pendant #8 heures à l’aller et au ret È | peuvent être prolongés d’une ou de deux périodes de 30 jours, moyennant supplément dep Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et S : 100 francs en 2 classe, permettent de visiter les points les plus intéressants de la Normandie .qu'elle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l’exemplai L'OUEST VACANCES 1 Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix d'une giature, nous leur rappelons que la Compagnie de LO dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne stations balnéaires de la Manche du Tréport à Bres les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de V les principales Agences de voyages de Paris, un. illustré de son réseau. Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gr contient les renseignements les plus utiles pour le vo (Description des sites et lieux d'excursion de la Norma et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. Table! des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche: 8 des principales villes. Liste des hôtels restaurants, etces En outre, la Compagnie de l'Ouest met en vente publications illustrées suivantes : J° Guide la bam ouest : O fr, 25: 2 Guide-album du Mont-Saint-Mic 0 fr. 25: 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaire 0 fr. 25: 4 La France en Chemin de fer (6 Itinéræa chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du rése 0 fr. 40;°6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40: Toutes ces publications sont adressées franco à domig} contre l’envoi de leur valeur, en timbres poste, au Serk de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. CHEMINS DE FER DE L'OUEST ; EXCURSIONS EN BRETAGNE : Facilités accordées par Cartes d'abonnement individuelles et de fami valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivre la veille de là Fête des Rarñeaux au 31 octobre, des caïlh d'abonnement spéciales permettant de partir d'une 8f quelconque de son Réseau pour une gare au choix | lignes désignées aux alinéas ci-dessous en S’arrêtant sul | | | parcours: de circuler ensuite, à son gré, pendant un m£ non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous Je embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, uneñ l’excursion terminée, de revenir au point de départ ave@ mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. 1 Porr plus de renseignements consulter le livret G | illustré du réseau de l'Ouest, vendu 9 fr. 50, dans les biblih thèques des gares de la Compagnie. | S À AUX AMATEURS | DE CARTES POSTALE) En raison du succès obtenu par la première série de cai postales reproduisant en couleurs les plus belles affichh illustrées établies pour son service entre Paris et Eondiy via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vie | faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes@i présentant ses affiches illustrées les plus remarqually éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne (l Les deux séries de huit cartes sont mises en vente séf Il rément dans toutes les bibliothèques des gares du réséfhs | 15 | de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre l’enxh de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande affrah chie adressée au service de la Publicité de la Compasni 20, rue de Rome, à Paris. mm ——— = 1 dessert les stations balnéaires et ther- 4 h France En LT lo Bains de mer et eaux thermales. Billets valables suivant la distance, 3, #, 10 ou 33 jours; ces derniers donnent le droit de: our à uue gare au choix de l'itinéraire Suivi EE M 2 : 20 Exreursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne et à l'ile de Jersey: : Billets circulaires valables un mois (non compris le jour du départ) et pouvant être pro= h 115 francs en {re classe, et 40 et . Pour plus de renseignements consulter le livret-uuide illustré du réseau de l’Ouest vendw 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. É PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17. 28° ANNÉE 2 SÉRIE. — N° 4AG9 15 SEPTEMBRE 1906 PARAISSANT LE 1% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMALRRE du n° 469 du 135 septembre 1906 : Note sur la nymphe du Lucanus cervus. Louis Praner. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. E.-L. Trouessarr. — Chronique et nouvelles. Henri Courix. — Mœurs et métamorphoses des espèces du genre Dermestes, Linné. Capi- À taine XamBeu. — Le XIII: congrès international d’Anthropologie et d'Archéologie pré- M AS historiques. Jean LaArrrTE: — Académie des sciences. — Livres nouveaux. — Biblio- . graphie. ABONNEMENT ANNUEL- ie ‘4 Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU !* DE CHAQUE MOIS 4 Pétance et Alpérie., 0... 60000. . A40fr Tous lesautres pays... ...2. :... 12 fr, PayS compris dans l’Union postale, . . 411 » PLUME M Eee A0 50 Pour changement d'adresse, joindre O fr. 50 c. à la dernière bande, { Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux 1 . SUREAUX DU JOURNAL; | 7 ) Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs Ed 46, RUE DU BAC, PARIS LES FILS D'EMILE DEYROLLES, ÉDITEURS. 46, RUE DU BAC, PARIS VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France 292 PARTIE LOGIE PAR PRIT EE Attaché au Museum d'Histoire Naturelle Un volume in-8° de 391 pages, 250 figures dans le texte, 29 planches représentant:80 coupes géo- logiques, 17 cartes et près de 200 fossiles avec une carte géologique de la France comportant la division en départements.() | Prix : Broché, 6 fr. — Franco, 6 fr. 60. — Cartonné, O fr. 75 en plus. = Dans les deux ouvrages écrits par P.-H. Fritel, que nous avons publiés précédemment pour l'Histoire natu- relle de la France, PaLéonroroGie et ParéosoraniQuE, l’auteur a étudié les organismes animaux et végétaux qui véeurent sur le sol de notre pays avant l'apparition de l’homme. RSjce Ces MES Lioran ë 11-A8A l S + ë (M in ë il É 9 dll We et 5 3 mou LE me 12 À a OR UE : ja Ar DEN + + “| À # NE, + Deni EU, + 2 AL Fig. 193. — Coupe imaginaire du volcan du Cantal. (D'après P. Marty.) 100 Pphyro ce LYS | Archéer E. = Sir: D diver ur = Devon“ : Club e it | Ve Fig. 198. Fig. 129. | 2 = k à Hoplites interruptus, Brug. sp. Hoplites falcatus, Mant. sp. 4} in CrAUeN d DUR k Se on e RS ï & ans Secondarres LEE £ : . Dans une première partie, l’auteur donne quelques gé- NA dd Face Das - néralités qu'ilétait indispensable de mettre sous les yeux F ce Pa AE | dulecteur, sans toutefois trop s'étendre sur des matières h La ee A qui sont plutôt à leur place dans un traité de Géologie. h do rnb rétes D qu Li La seconde partie, divisée en chapitres, dont cha- MP |;, RCE : cun à pour objet l'étude d’une région naturellé, est Eh ; de ne do . {-exelusivement consacrée à la Géologie descriptive de Wk 4 ; side fn Dans le présent ouvrage, la Géologie de la France, | la France. su. nn 5 M. P.-H. Fritel s’est proposé d'étudier la structure de L'auteur décrit successivement d'abord les régions MP, lie ce’sol, d'énumérer les formations tant éruptives que | presque entièrement constituées par des terrains an- .p xf sédimentaires qui entrent dans sa composition, d'en | ciens, comme le Massif Armoricain, Îles Vosges, le »;, indiquer le faciès régional et d'énumérer pour ces for- | Plateau Central, ete., puis les régions dans lesquelles . de nations secondaires ceux des fossiles qui caractérisent | dominent des terrains de formation beaucoup moins le mieux les subdivisions qu'on y distingue sous le | ancienne, comme les bassins Parisien, Aquitanien ow nom d'élages. Rhodanien. RE Re nd de Re US (1) Les 3 volumes PALÉONTOLOGIE, PALÉOBOTANIQUE. GÉOLOGIE, constituent un ensemble de 1400 espèces tant animales que végétales. citées et décrites et représentées par plus de 1600 dessins. — Chaque volume broché 6 fr. fe, 6, fr. 60; cartonné Ofr. 75 en plus, é J LU Ve de US, Le D ete | ‘ _ s É APR EUR SE ET LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS VIENT DE PARAITRE: HISTGIRE NATURELLE DE LA FRANCE . M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som je PARTIE maire des formes principales, et décrit plus particulière- ment les formes intermédiaires, les transitions entre les GENERALITES divers groupes et entre les diverses parties constitutives des animaux et des végétaux. : 2 | A E chain N Î cellules Res “ Gt In ° el] S CRE gui formera . ler 4 à Fe ériles \ Zs deux antherozoides ie des Organismes Introduction à l'Histoire Naturelle PAR - RÉ À Rires noyau de la cellule. GASTON BONNIER gur rmera Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne le be pollinique Ouvrage renfermant 576 figures inédites 4 Pin 9 Genévrier 3Monotropa A Renoneule Prix, broché : 4 fr. — franco : 4 fr. 50 EN ee : Cartonné : O fr. 75 en plus À. Gymnospermes B. Angiospermes Cet ouvrage est conçu suivant un plan entièrement Fig. 422 à 495. — Transitions entre les Gymaospermes et les Angio- spermes par la structure du grain de pollen, Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un exposé succinet de l’organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l’étude d’une plante. Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- cerne la description des organes, des fonctions et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d'être lu par tous et par toutes. En présentant, d'une manière aussi simple que possible, les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes ou fossiles, M. Gaston Bonnier n'a exposé aucune théorie. Fig. 202. Les faits sont mis sous les yeux du lecteur ; il en tirera les conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant AN je . Dentition du Rat. ne — son état d'esprit. ineisives nouveau. Au lieu d’insister sur les distinctions entre les incisives , \Q Dentition du Chien. EL molaires prérmolaires zolaires diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d’une manière frappante, les liaisons qui s’établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C'est un volume d’une lecture suggestive, accompagné de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- lement pour cet ouvrage. LÉ AE : EE Le : : : Voltzia Palissya Araucaria Dammarites . En rédigeant l’Enchainement des Organismes, le savant membre de l’Académie des Sciences ne s’est pas laissé | Fig. 540 à 543. — Comparaison des cônes de diverses Gymnospermes me ssiles de l'é daire, de s condensés. Éviter par les programmes, et, supposant que le lotus fossiles de l'époque secondaire, de plus en plus condensés n'a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a Il n’est donc question ni d'origine ni de parenté des êtres mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- | dans cet louvrage qui n’a pas d'autre prétention que de gique à la portée de tous. chercher à répandre le goût des Sciences naturelles. | 1 volume de 359 pages, avec 600 figures dans le texte. Prix: broché Æ fr, franco, Æfr. 50; cartonné O fr. 75 en plus LES FILS D'ÉMILE DEYROLUE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS RE RS MES € SEE Bo RE ETC ER SE CRE Le ue, RE RSR LS 5 cé TE NT BE D PS A Ie ne DOI NS RATES PTT NTI ATP NRA EU DEP DRE er ? # Le là SAINTE à A RS TRIAL PMP ANIATE UN or ASE og RE À À 4 4 “4 4 R e, | | | | | | Fe. D Ve de. % FE CRIESEARER € cel AMATEURS PHOTOGRAPHES! PARIS, 1O, rue du Trésor (IV) USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) @ { 9° bis de la NOUVELLE FLORE REPRÉSENTANT | DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle TOUTES LES ESPÈCES UN VOLUME DE POCHE AVEC PAR GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Lettre sur la Boïanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont * comparables aux personnes. Si l’on décrit en détail tous les caractères de la physiono- . mie d'un individu, on ne le reconnaïtra pas ; si on vous le ? toujours.» La description minutieuse d'une plante ne su . Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- | tères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. Prix : Broché 4 fr. 75 Prix : franco, broché 5 fr. 20: CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS A BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT le kilogramme 14 fr. 50 le 1/2 kilogramme 8 fr. les 250 grammes 4 fr. 50 EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES 26, rue du Bac, Paris \ \ À ; ee PA DE PARAITRE) | Histoire Naturelle PARTIE ALBUM ; relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris f ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ PAPIERS CHEMINS DE FER DE L'OUEST VACANCES ki Dans le but de faciliter à nos lecteurs lechoix d'une giature, nous leur rappelons que la Compagnie de l'O) dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne Stations balnéaires de la Manche du Mréport à Bres qu'elle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l'exemplaire,d@mh les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de Viliei | y f D\ LES H | | | | | | | | | | | | ] de la France les principales Agences de voyages de Paris, un ouh y illustré de son réseau. pe. | Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 sravu contient les renseignements les plus utiles pour le vom (Description des sites et lieux d’excursion de la Norm et de la Bretagne. Principaux horaires des trains: Pabl des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche. EI} | des principales villes. Liste des hôtels restaurants, etc En outre, la Compagnie de l'Ouest met en ventè publications illustrées suivantes : 4? Guide la banl ouest : 0 fr, 25: 2° Guide-album du Mont-Saint-Mich 0 fr. 25: 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaires} .0 fr. 25: 4 La France en Chemin de fer (6 Itinéraïék chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du résea 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40: En. | Toutes ces publications sont adressées! franco) à domi contre l'envoi de leur valeur, en timbres poste, au Servy de la Publicité, 20, rue de Rome, à Pans: CHEMINS DE FER DE L'OUEST EXCURSIONS EN BRETAGNE Facilités accordées À par Cartes d'abonnement individuelles et de famill valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivres la veille de la Féte des Rameaux au 34 octobre, des cal d'abonnement spéciales permettant de partir d'une 68 quelconque de son Réseau pour une gare au choix 2 028 PHOTOGRAPHIES lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s'arrétant su 5 parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant un mo non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous leu embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une It l'excursion terminée, de revenir au point de départ avec mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. b. Povr plus de renseignements consulter le livret Guide illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dans les bibli thèques des gares de la Compagnie. à AUX AMATEURS L DE CARTES POSTALE En raison du succès obtenu par la première série de canfgl postales reproduisant en couleurs les plus belles afficl | illustrées établies pour son service entre Paris et Londrésh via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vient di} faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes 1h présentant ses affiches illustrées Îles plus remarquable}, éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne." ( Les deux séries de huit cartes sont mises en vente sépä rément dans toutes les bibliothèques des gares du résea 1} de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre l’en de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande affr chie adressée au service de là Publicité de la Compagni 20, rue de Rome, à Paris. PAL à) ES ER EEE E CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. \ La Compagnie des chemins de fer de l’Ouest qui dessert les stations balnéaires et ther- #} males de la Normandie et de la Bretagne fait délivrer jusqu’au 31 octobre. par ses gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur M} les prix du tarif ordinaire. n | pionie on le reconnaitra fit pas pour la déterminer. franco, relié 5 fr. 75 10 Bains de mer et eaux thermales. S Billets valables suivant la distance, 3, 4, 10 ou 33 jours; ces derniers donnent le droit de s'arrêter pendant 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choix de l’itinéraire suivi et \ peuvent être prolongés d’une ou de deux périodes de 30 jours, moyennant supplément de 10 0/0 pour chaque période. 20 Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne et à l'île de Jersey. : Billets circulaires valables un mois (non compris le jour du départ) et pouvant être pro- longés d’un nouveau mois moyennant supplément de 10 0/0. Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et 145 francs en Îr° classe, et 40 et | 100 francs en % classe, permettent de visiter les points les plus intéressants de la Norman de la Bretagne et l’île de Jersey. a Pour plus de renseignements consulter le livret-guide illustré du réseau de l’Ouest ven 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. RATS R À Pa à d À F [‘ OCTOBRE 1906 PARAISSANT LE 14% ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SONINMIAEERE du n° 47O du A°r Octobre 1906 : Les feux et les fumées dans la désinfection. P. Harior. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. E.-L. Trouessarr. — Chronique et nouvelles. Henri Courin. — Les maladies de la vigne en Allemagne, dans la province du Rhin. — L'héliophobus Lohi. Paul Noëc. — Un nouveau légume: l'Héliauti. — Animaux my- thologiques, légendaire, hisioriques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d’intelli- gence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement de reconnaissance, elc., l’'Escar- got. E. Saxunt DE Riocs. — Académie des sciences. — Bibliographie. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l’ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll” DE CHAQUE MOIS Diane AlSérie 2.2, . . 10 fr HOUSE AUtEES DANS ee A 1) 7 Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 » Erredinmumeéro en... %0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURNAL. Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs É ; 46, RUE DU BAC, PARIS ga RQ TNA ARR DATE OA ee OR TEEN D'EMILE LES FILS 28° PAR P.-H.-FRITEL Attaché au Museum d'Histoire Naturelle Un volume in-5° de 391 pages, 250 figures dans le texte, 29 planches représentant 80 coupes géo- logiques, 17 cartes et près de 200 fossiles avec une carte la division en départements.) Prix : Proché, 6 fr. — Franco, 6 fr. Dans les deux ouvrages écrits par P.-H. Fritel, que nous avons publiés précédemment pour l'Histoire natu- relle de la France, PaLontoroGte et ParéoBoranIQUE, l’auteur a étudié les organismes animaux et végétaux qui vécurent sur le sol de notre pays avant l'apparition de l’homme. +++ + + Signes cavenhonnels TU ErAO +++ +++ +++ HE Granulite RS ES À Le Granite | S Rophyrites ce] ST DÉS 2 A / ÉZ4 Archéenr Siluri= Devan<: C Bone *ert Frm Len 5 € >condoires Lo 77 (L Ugo ne 5 locéne Macène PTE run/srécents Fo k us DZ Fig. 166. — Le Plateau Central. Dans le présent ouvrage, la Géologie de la France, M: P.-H. Fritel s’est proposé d'étudier la structure de ce sol, d'énumérer les formations tant éruptives que sédimentaires qui, entrent dans sa composition, d’en indiquer le faciès régional et d'énumérer pour ces for- malions secondaires ceux des fossiles qui caractérisent le mieux les subdivisions qu'on y distingue sous le nom d'étages. (1) Les 3 DEYROLLES, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS VIENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France PARTIE volumes PALÉONTOLOGIE, PALÉOBOTANIQUE. GÉOLOGIE, constituent un ensemble de 1400 espèces tant animales que végétales citées et décrites et représentées par plus de 1600 dessins. — Chaque volume broché 6 fr. fo, 6, fr. 60; cartonné O fr. 75 en plus, ; OGI géologique de la France comportant 60. — Cartonné, O fe. 758 en plus. Puy de Griou À 11-238 A (kl nou) hiézac M'ÉsluLioran 2] Cratère i | É_9 Ji Le nt: j AT TT RE a | Fig. 199. Hoplites falcatus, Mant. sp. Fig. 128. Hopliles interruptus, Brug. sp. Dans une première partie, l'auteur donne quelques gé- néralités qu'ilétait indispensable de mettre sousles yeux N du lecteur. sans toutefois trop s'étendre sur des matières. qui sont plutôt à leur place dans un traité de Géologie. La seconde partie, divisée en chapitres, dont cha- eun a pour objet l'étude d’une région naturelle, est exclusivement consacrée à la Géologie descriptive de la France. à L'auteur décrit successivement d'abord les régions M presque entièrement constituées par des terrains an- ciens, comme le Massif Armoricain, les Vosges, le Plateau Central, etc., puis les régions dans lesquelles dominent des terrains de formation beaucoup moins « ancienne, comme les bassins Parisien, Aquitanien ou . Rhodanien. dent lee En Hier limit à | TI gIqu © LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE. ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS VIENT DE PARAITRE: HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som je PARTIE maire des joues principales, et décrit plus particulière- . ment les formes intermédiaires, les transitions entre les GENERALITES divers groupes et entre les diverses parties constitutives L'Enchamement … des Üroanismes Introduction à l'Histoire Naturelle PAR GASTON BONNIER Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne Ouvrage renfermant 576 figures inédites Prix, broché : 4 fr. — franco : 4 fr. 50 Cartonné : O fr. 75 en plus Cet cuvrage est conçu suivant un plan entièrement nouveau. Au lieu d'insister sur les distinctions entre les Fig. 201. Dentition du Chien. Dentition du Rat. 171C1S10eS zolaires diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d’une manière frappante, les liaisons qui s'établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C'est un volume d’une lecture suggestive, accompagné de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- lement pour cet ouvrage. En rédigeant l'£nchainement des Organismes, le savant membre de l’Académie des Sciences ne s'est pas]laissé limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur n'a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. _royau de /a cellule, Æ gur lopmera Des “\ Zs deux antherozoides = eellu les steprles ré, 7oyau dela colle ui Prmera Le tube Polrnique 4 Pin 2 Genevrier X Renoncule SR A ee A Gymnospermes 3 Monotropa PE B. Angiospermes Fig. 422 à 425. — Transitions entre les Gymaosperm2s et les Angio- spermes par la structure du grain de pollen. Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l’auteur a placé avant la série animale un exposé succinet de l’organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l'étude d'une plante. Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- | cerne la description des organes, des fonctions et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l’auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d'être lu par tous et par toutes. En présentant, d'une manière aussi simple que possible, les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes ou fossiles, M. Gaston Bonnier n'a exposé aucune théorie. Les faits sont mis sous les yeux du lecteur ; il en tirera les conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant son état d'esprit. Voltzia Palissya Fie. 540 à 543. — Comparaison des cônes de diverses Gymnospermes fossiles de l’époque secondaire, de plus en plus condensés. Il n’est donc question ni d'origine ni de parenté des êtres dans cet ouvrage qui n'a pas d'autre prétention que de chercher à répandre le goût des Sciences naturelles. 1 volume de 359 pages, avec 600 figures dans le texte. Prix: broché Æ fr, franco, Æfr. 50 ; cartonné © fr. 75 en plus LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS E CRIESHABER & C°| AMATEURS PHOTOGRAPHES ! PARIS, 1O, rue du'Erésor (IV ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ APAITRE- CHEMINS DE FER DE L'OUEST = = SA VACANCES a. Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix d'un! giature, nous leur rappelons que la Compagnie de l | dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagn stations balnéaires de la Manche du Tréport à B A: qu'elle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l’exemplaire les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de V les principales Agences de voyages de Paris, un illustré de son réseau. Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gr “contient les renseignements les plus utiles pour le vo (Description des sites et lieux d'excursion de la Norma { 8° bis P À RT E et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. mé EN $ des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche-Plai des principales villes. Liste des hôtels reslaurants, etc En outre, la Compagnie de l'Ouest met en ve publications illustrées suivantes : 1° Guide la ba ouest : O0 fr, 25: 2% Guide-album du Mont-Paint-M 0 fr. 95; 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaï 0 fr. 25: 4° La France en Chemin de fer (6 Jtinéra chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du résea 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40. 4] Toutes ces publications sont adressées franco à domi contre l'envoi de leur valeur, en timbres poste, au Sen - de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. A REPRÉSENTANT EXCURSIONS EN BRETAGNE 1 Facilités accordées TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT par Cartes d'abonnement individuelles et de famill) 2 à valables pendant 33 jours. 4 Si; D'APRES NATURE La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivresl _ au cinquième de leur grandeur naturelle la veille de la Fête des Rameaux au 31 octobre, des cal d'abonnement spéciales permettant de partir d'une 98 quelconque de son Réseau pour une gare au choix UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPEIES ne deu aie à De non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous lel PAR embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, uneMie l'excursion terminée, de revenir au point de départ avec mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. Porr plus de renseignements consulter le livret Guïdi illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dans les bib thèques des gares de la Compagnie. GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT À « Dans sa Lettre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont | comparables aux personnes. Si l'on décrit en détail tous les caractères de la physiono- | AUX AMATEURS 4 mie d'un individu, on ne le reconnaïitra pas ; si on vous le présente, on le reconnaïitra DE CARTES POSTALE} toujours.» La description minutieuse d'une plante ne su fit pas pour la déterminer. En raison du succès obtenu par la première série de cat. Lorsqu on voit 1 aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- postales reproduisant en couleurs les plus belles afidil tères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été | illustrées établies pour son service entre Paris et Londhe combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. via Dieppe-Newbaven, la Compagnie de l'Ouest vienbdh faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes 1 présentant ses affiches illustrées les plus remarqualblé Prix : Broché 4 fr. 49; relié 5 fr. 25 éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne Les deux séries de huit cartes sont mises en vente sé Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, : rue du Bac, Paris | rément dans toutes les bibliothèques des gares du ré de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre l'e Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 Îfr. 75 ce leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande aff | chie adressée au service de la Publicité de la Compagr} 20, rue de Rome, à Paris. CHEMINS DE FER DE L'OUEST CIMENT-LUT Voyages à prix réduits. La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest qui dessert les stations balnéaires et lher- È males de la Normandie et de la Bretagne fait délivrer jusqu'au 31 octobre, par ses gares et POUR es L DISQUE OBTURATEURS, bureaux de ville de Paris, les billets ane qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur BOUCHONS, ET, les prix du tarit ordinaire. 4 DONNNAT UNE FERNETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE jo Bains de mer et eaux thermales. .< : Billets valables suivant la distance, 3, 4, 40 ou 33 jours; ces derniers donnent le droit de 4} À S'EMPLOYANT A CHAUD s'arrêter pendant 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choix de l'itinéraire suivi et : peuvent être prolongés d’une ou de deux périodes de 30 jours, moyennant supplément de PRIX DU CIMENT -LUT 10 0/0 pour chaque Période. 4 20 Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne et à l'ile de Jersey. le kilogran 4 5 | Le 1/2 dame d Le a Billets circulaires valables un mois (non compris le jour du départ) et pouvant être pro-} les 250 grammes x fr. &0 longés d’un nouveau mois moyennant supplément de 10 0/0. +. e Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et 115 francs en 1° classe, et 40 et È EN VENTE CJNEZ 100 francs en 2e classe, permettent de visiter les points les plus intéressants de la Normandie; LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES Cenebnenene Gé de Versa L Pour plus de renseignements consulter le livret-uuide illustré du réseau de l’Ouest veniu, 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. mes ———_—_—_—_———————— AG, rue du Bac, Pari e l'ARIS, — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17. 2° SÉRIE. 15 OCTOBRE 1906 PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS | : Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction MBOMRIASERE du n° 271 du LE Octobre 1906G : Observation sur la géologie du Sénégal. Sraniscas Meunier. — La distribution géo- graphique des animaux vivants et fossiles. E.-L, Trouessarr. — Le Lophyrus pini. Paul Noër. — Chronique et nouvelles Henri Coupin. — Animaux mythologiques, légen- daires, historiques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, d’attachement, de reconnaissance, etc., l'Escargot. E. SantNr DE Riozs. — Cemyostoma scitella (la tache noïre). — Académie des sciences. — Biblio- graphie. ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll‘ DE CHAQUE MOIS Mn et Algérie. 4. 40... 40fr. » Tousles autres pays 20000". Le 42 nr Pays compris dans l’Union postale. . , , 11 » PTIXe QU M EEE RU 50 Pour changement d'adresse, joindre O fr. 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux 0 BUREAUX DU JOURNAL. | | Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 4 46, RUE DU BAC, PARIS LES FILS D'EMILE DEYROLLES, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS VIENT DE PARAITRE Histoire Naturelle de la France PARTIE ÉOLOGIE 28° PAR PH RRITET Attaché au Museum d'Histoire Naturelle Un volume in-8° de 391 pages, 250 figures dans le texte, 29 planches représentant 80 coupes géo- logiques, 17 cartes et près de 200 fossiles avec une carte géologique de la France comportant la division en départements." Prix : Broché, 6 fr. — Franco, 6 fe. 60. — C'artonné, O fr 7 Shen DIS Dans les deux ouvrages écrits par P.-H. Fritel, que nous avons publiés précédemment pour l'Histoire natu-. relle de la France, Pazronroroëre et PALÉOBOTANIQUE, l’auteur à étudié les organismes animaux el végétaux qui vécurent sur le sol de notre pays avant l'apparition de l'homme. Ÿ :, eCahors Suluri® Dévonss: Clones % 6 pe PA 5 Won ). Frmien Secondaures /. igecere Eocëne-U) pete : NME Il à | Île Cere Pa (21/4 À Lrunlih récents 10, 166: — Le Plateau Central: Dans le présent ouvrage, la Géologie de la France, M. P.-H. Fritel s’est proposé d'étudier la structure de ce sol, d'énumérer les formations tant éruptives que sédimentaires qui entrent dans sa composition, d’en indiquer le faciès régional et d'énumérer pour ces der nières formations ceux des fossiles qui caractérisent le mieux les subdivisions qu'on y distingué sous le nom d’étages. Puy de Griou A =» it +0 MT ben ARE 25] 1iézac + + La Fig. 193. — Coupe imaginaire du volcan du Cantal. (D'après P. Mary.) Fig. 129: Pig. 198. ss lioplites falcalus, Mant. sp. Hoplites interruptus, Brug. sp. Dans une première partie, l'auteur donne quelques gé- néralités qu'il était indispensable de mettresousles yeux du lecteur, sans toutefois trop s'étendre sur des matières qui sont plutôt à leur place dans un traité de Géologie. La seconde partie, divisée en chapitres, dont cha- cun à pour objet l'étude d’une région naturelle, est exclusivement consacrée à la Géologie descriptive de la France. L'auteur décrit successivement d'abord les régions presque entièrement constituées par des terrains an- ciens, comme le Massif Armoricain, les Vosges, leu Plateau Central, etc., puis les régions dans lesquelles M dominent des terrains de formation beaucoup moins ancienne, comme les bassins Parisien, Aquitanien ou Rhodanien. (4) Les 3 volumes PALÉONTOLOGIE, PALÉOBOTANIQUE. GÉOLOGIE, constituent un ensemble de 1400 espèces tant animales que VéSerales citées et décrites et représentées par plus de 1600 dessins. — Chaque volume broché 6 fr. fo, 6, fr. 60; cartonné Ofr. 75 en plus, É nol Inc lei Ü Ie limi 1 TS gt D, AS LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS. 46, RUE DU BAC. PARIS | VIENT DE PARAITR HISTOIRE NATURELLE DE LA FRANCE 1: PARTIE CÉNÉRALITES L'Enchainement = des Organismes Introduction à l'Histoire Naturelle PAR GASTON BONNIER Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne Ouvrage renfermant 576 figures inédites Prix, broché : 4 fr. — franco : 4 fr: 50 | Cartonné : O fr. ‘75 en plus Cet ouvrage est conçu suivant un plan entièrement | nouveau. Au lieu d'insister sur les distinctions entre les Fig. 201. Dentition du Chien. molaires prérmola I2eS | incisives molaires diverses catégories d'animaux et de végétaux, l’auteur met en évidence, d'une manière frappante, les liaisons qui s’établissent entre toutes les formes actuelles ou fossiles, aussi bien à l’état adulte qu'aux diverses phases de leur développement à partir de l'œuf. C'est un volume d’une lecture suggestive, accompagné de nombreuses figures très claires, toutes exécutées spécia- lement pour cet ouvrage. | - En rédigeant l'Enchainement des Organismes, le savant . membre de l’Académie des Sciences ne s'est pas laissé limiter par les programmes, et, supposant que le lecteur n'a fait aucune étude préalable d'Histoire Naturelle, il a mis ainsi les éléments essentiels de la Philosophie biolo- gique à la portée de tous. M. Gaston Bonnier expose dans ce volume l'étude som- # maire des formes principales, et décrit plus particulière- ment les formes intermédiaires, les transitions entre les divers groupes et entre les diverses parties constitutives des animaux et des vézitaux. _royau de la cellule, gui lormera à “\ Zs deux anfherozoides 7. cellules stepiles UE. royau de la Done EE) gui Brmera À 2 tube Pollinique à 4 Pin 2 Genevrier 3 Monotropa X Renoneule à AG no à 1 . Gymnospermes B. Argrospermes ‘4 Fig. 422 à 425. — Transitions entre les Gymnospermes et les Ansio- spermes par la structure du grain de pollen. Lg Pour faciliter les comparaisons des organes et de leurs fonctions, l'auteur à placé avant la série animale un exposé succinct de l'organisation du corps humain, et, avant la série végétale, un résumé de l'étude d'une plante. é Il n’est pas inutile d'ajouter que, dans tout ce qui con- cerne la description des organes, des fonctions et du déve- loppement embryonnaire des êtres, l'auteur a laissé de côté tout ce qui pourrait empêcher cet ouvrage d'être lu par tous et par toutes. En présentant, d'une manière aussi simple que possible, les liaisons entre les formes animales ou végétales, vivantes ou fossiles, M. Gaston Bonnier n'a exposé aucune théorie. Les faits sont mis sous les veux du lecteur ; il en tirera les conclusions qui lui seront suggérées par ces faits, suivant son état d'esprit. 15 à 772 AAA l V } LP 1 1 FF} 7/4 Voltzia Palissya Araucaria Dammarites Fig. 540 à 543. — Comparaison des cônes de diverses Gymnospermes fossiles de l'époque secondaire, de plus en plus condensés. Il n’est donc question ni d'origine ni de parenté des êtres dans cet ouvrage qui n'a pas d'autre prétention que de chercher à répandre le goût des Sciences naturelles. 1 volume de 359 pages, avec 600 figures dans le texte. Prix: broché Æ fr, franco, Zfr. 50 ; LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS | cartonné O fr. 75 en plus LE crane € cÙ AMATEURS PHOTOGRAPHES ! ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ “AS DE TRÈFLE” PARIS. 1O, rue du Trésor (IV | USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) [| Les SEQIUES PAPIERS VIENT DE PARAITRE: Histoire Naturelle de la France gi PARTIE ALBUM NOUVELLE FLORE REPRÉSENTANT | TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle ON VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPEIES | PAR | GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT _ « Dans sa Lettre sur la Bo‘anique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l’on décrit en détail tous les caractères de la physiono- mie d'un individu, on ne le reconnaîtra pas ; si on vous le présente, on le reconnaîtra toujours.» La description minutieuse d'une planté ne suffit pas pour la déterminer. Lorsqu'on voit l'aspect de Ja plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- _1ères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été | combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. | Prix : Broché 4 fr. 75: relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 fr. 15 | CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT les prix du tarif ordinaire. peuvent être prolongés d’une ou de 10 0/0 pour chaque période. le kilogramme 14 fr. 50 le 1/2 kilogramme 8 fr. lord : ï les 250 grammes 4 fr. 50 ongés d’un nouveau mois moyennant supplément EN VENTE CHEZ 100 francs en 2e classe, permettent de visiter les points LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES de la Bretagne et l'île de Jersey. ÆG, rue du Bac, Paris RSR de DUT CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest qui males de la Normandie et de la Bretagne fait délivrer jusqu'au 31 octobre. par ses gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur 1° Bains. de mer et eaux thermales. à Billets valables suivant la distance, 3, 4, 10 on 33 jours; ces derniers donnent le droit de. s'arrêter pendant 48 heures à l'aller et au retour à une gare au choix de l'itinéraire suivi et deux périodes de 30 jours, moyennant supolément de 20 Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne el à l'ile de Jersey. ; Billets circulaires valables un mois (non compris le jour du départ) et pouvant être pro- Pour plus de renseignements consulter le livret-“uide illustré du réseau de l’Ouest vendu w 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. RÉ 0e OT Ne Pa nn oo PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 17. RS SAN PE PURES FE CHEMINS DE FER DE L'OUEST VACANCES Dans le but de faciliter à nos lecteurs lechoix d’une willé} giature, nous leur rappelons que la Compagnie de l'Ou dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne stations balnéaires de la Manche du Tréport à Brest qu'elle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l'exemplaire, da les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de Ville les principales Agences de voyages de Paris, un gui illustré de son réseau. ! 4 Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gravu] contient les renseignements les plus utiles pour le voyag (Description des siles et lieux d’excursion de la Norma et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. Tabl des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche. PJ des principales villes. Liste des hôtels restaurants, ete. En outre, la CÜompagnie de l'Ouest met en vente publications illustrées suivantes : 1° Guide la banli ouest : O fr, 25: 20: Guide-album du Mont:Saint-Mich 0 fr. 25; 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaires 0 fr. 25: 4° La France en Chemin de fer (6 Ttinéranr chaque itinéraire : 0 fr. 45; 5° Carte illustrée du réses 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40. Toutes ces publications sont adressées franco à domieilh contre l'envoi de leur valeur, en timbres poste, au Servi de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. CHEMINS DE FER DE L'OUES l' | EXCURSIONS EN BRETAGNE |. Facilités accordées par Cartes d'abonnement individuelles et de famill valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivreMdlh la veille de la Féte des Rameaux au 31 octobre, des car d'abonnement spéciales permettant de partir d’une ga uelconque de son Réseau pour une gare au choix dl lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s'arrêtant su parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant un mois non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous leuih embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une foi! l’excursion terminée, de revenir au point de départ avec mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. | | Pocr plus de renseignements consulier le livret Gui illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dans les bil thèques des gares de la Compagnie. A AUX AMATEURS DE CARTES POSTAL En raison du succès obtenu par la première série de ca postales reproduisant en couleurs les’ plus belles affic illustrées établies pour son service entre Paris et Lond via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vient dif faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes vê ‘4 présentant ses affiches illustrées les plus remarquab1èsM éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne. MP Les deux séries de huit cartes sont mises en vente sépas rément dans toutes les bibliothèques des gares du res de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre l'en de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande affr chie adressée au service de la Publicité de la Compas 20, rue de Rome, à Paris. réduits. D dessert les stations balnéaires ef ther- de 10 0/0. Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et 115 francs en 1"° classe, et 40 et les plus intéressants de la Normandie, 1® NOVEMBRE 1906 2) SE A - f ! ÈS / 2 Ÿ SN . #4 NKIN 7 Le =), | ES PARAISSANT LE 14* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SOMMAIRE du n°472 du 1°” Novembre 1906 : Sur les variations morphologiques d'Acanthoceras Milletianum d'Orb. sp. P.-H. Frirer. É, — La Fascination chez l’homme et chez les animaux. Dr F. Recnauzr. — La distri- ne bution géographique des animaux vivants et fossiles. Dr E.-L. Trouessirr. — Sur un Kg Fe 0 nouveau gisement de l'Elephas Primigenius dans la vallée de l’Aa. Dr Poxrrer. — Les AL Hot races de l'Inde. Hector Léverzcé. — Animaux mythologiques, légendaires, hisioriques, illustres, célèbres, curieux par leurs traits d'intelligence, d'adresse, de courage, de bonté, re Be d’attachement, de reconnaissance, etc., l'Escargot. E. Santini De Riozs. — Chronique et den Re nouvelles. Henri Courix. — Académie des sciences. — Bibliographie. + RU | ; ABONNEMENT ANNUEL | Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, de 1 ! nu LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll” DE CHAQUE MOIS ce D Mrance etlAleérie. 4%... . A0 fr» Touslesantres pays er. 7 042" _ Pays compris dans l’Union postale. . , , 11 » Pr dunumeéro At, 2 0250400 50 ie Pour changement d’adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande. _ Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU) JOURMN AÀ LL. Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS LES FILS D'EMILE DEYROLLES, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC, PARIS .. IENT DE PARAITRE : Histoire Naturelle de la France 28° PARTIE 4 PAR P.-H.-FRITEL Attaché au Museum d'Histoire Naturelle Un volume in-8° de 391 pages, 250 figures dans le texte, 29 planches représentant 80 coupes géo- logiques, 17 cartes et près de 200 fossiles avec une carte géologique de la France comportant la division en départements." ; Prix : Broché, 6 fr. — Franco, 6 fe. 60. — Cartonné, O fr. 75 en plus. Dans les deux ouvrages écrits par P.-H. Fritel, que nous avons publiés précédemment pour l'Histoire natu- relle de la France, PartoxroroGie et Paréosoranique, l’auteur a étudié les organismes animaux et végétaux Le ne qui vécurent sur le sol de notre pays avant l'apparition de l’homme. Puy de Griou A Thiezac ci 9 5 A > 5 dit [= 2 Ü 8 Lù (&5) > a Î = +++ 25 Be 5 Ga +# Signes cavenhonnels +++ #4 +] Cramte ++ +4 Se Se Ë Pphyrits æ Là F Archéen Siluri£ Drvan<: ' + - ue ) a < 5 : Ki2129 C b 7 re 4 Ë î Fie. 128. l Fig 1 so s AR Hoplites interruplus, Brug. sp. Hoplites falcatus, Mant. sp. Frmien ïf Secondarres FRE Dans une première partie, l'auteur donne quelques gé- néralités qu'il était indispensable de mettre sousles yeux du lecteur, sans toutefois trop s'étendre sur des matières qui sont plutôt à leur place dans un traité de Géologie. La seconde partie, divisée en chapitres, dont cha- cun a pour objet l'étude d’une région naturelle, est dE | exclusivement consacrée à la Géologie descriptive de Locène Ugocent 5 Pliccène Mecène Car Ass) LCR : Dans le présent ouvrage, la Géologie de la France, | la France. : ont l 2e M. P.-H. Fritel s’est proposé d'étudier la structure de L'auteur décrit successivement à . Le regions ce sol, d'énumérer les formations tant éruptives que | presque entièrement constituées par Ve Von “je sédimentaires qui entrent dans sa composition, d’en | ciens, comme le Massif Armoricaln, de es e indiquer le faciès/régional et d'énumérer pour ces der- Plateau Central, etc., puis les ur ans lesquelles nières formations ceux des fossiles qui caractérisent dominent des terrains de formation sue moins le mieux les subdivisions qu’on y [distingue sous le | ancienne, comme les bassins Parisien, Aquitanien où nom d'étages. Rhodanien. : (1) Les 3 volumes PALÉONTOLOGIE, PALÉOBOTANIQUE, GÉOLOGIE, constituent un ensemble de 1400 espèces tant animales que végétales citées et décrites et représentées par plus de 1600 dessins. — Chaque volume broché 6 fr. fo, 6, fr. 60; cartoiné Olfr. 75 en plus, 19 e 3e Le 7 8° LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7° Arr.) Histoire Naturelle de la France Cette collection comprendra trente et un volumes in-8° qui formeront une Histoire naturelle complète de la France. Nous donnons ci-après la nomen- clature des diverses parties de l'ouvrage Les 22 volumes parus sont indiqués en caractères gras 1" PARTIE. Généralités, l'Enchaîinement des Organismes. Introduction à l'Histoire naturelle, par GASTON Bonnier, avec: 516 figures dans le texte. Br., 4 fr.; franco, 4 fr. 50. Mammifères, par le D' TROUESSART. 360 pages et 143 fig. dans le texte. Br., 3 fr. 50; franco, 3 fr. 95. Oiseaux, par Émile DEYROLLE. 304 pages, 35 planches dont 27 en cou- leurs et 144 fig. dans le texte Br., > fr. 50; franco, 6 fr. 10. Reptiles et Batraciens, par A. GRANGER. 186 pages, 55 figures dans le texte. Br., 2 fr.; franco, 2, fr. 30: Poissons. Mollusques, par À. GRANGER. (épha- lopodes, Gastéropodes. 272 pages, 24 fig. dans le texte, 19 pl. Br., 4fr.; franco, 4 fr. 40. Mollusques. Pivalves, Tuniciers, Bryozoaires, par A. GRANGER. 256 pages, 15 fig. dans le texte, 18 pl. Br., 4 fr.; franco, 4 fr. 40. Coléoptères, par L. FAIRMAIRE. 330 pages, 27 pl. en couleurs. Br, 0ir 50; "franco, ir. 40: Orthoptères. Névroptères. Hyménoptères. Hémiptères, par L. FAIRMAIRE. 236 pages et 9 planches. Br., 8 fr.; franco, 3 fr. 35. Lépidoptères, par Berce. 9206 pages, 27 planches en couleurs. Br., 5 fr.; franco, 5 fr. 45. Diptères, Aptères. Araignées, par L. PLAner. 330 pages, 18 pl., 233 fig. dans le texte Br 5h iranco Sfr 50! Acariens, Crustacés, Myria- podes, par PAUL GROULT. 248 pages, 18 pl. Br., 3 fr. 50; franco, 3 fr. 90. 16° Partie. Vers, par Rémy Sanr-Lour. 248 17 — 18° his — 20° — pages, avec 203 fig. dans le texte. Br., 3 fr. 50; franco, 3 fr. 90. Cœlentérés, Echinodermes, Protozoaires, etc., par A. GRANGER, 390 pages, avec 187 fig. dans lepotexte” Br, 321050; franco, 4 fr. Plantes vasculaires (Nouvelle flore de MM. Gaston Bonntr et de LAYENS). 2.145 fig. Br., 4 fr. 50; franco, 4 fr. 90. Album de la Nouvelle Flore, par GASTON BONNIER. 2.028 photogra- phies directes de toutes les plantes. Br 14%fr.0215% franco; 15}fr: 90; Mousses et Hépatiques (Nou- velle flore des Muscinées par M-/DouiN): 11-988" fig Br, 5 fr; franco, 5 fr. 49. Champignons (Nouvelle flore de MM. CosranTiN et Durour), 4.265 figures. Br., 5 fr. 50, franco, 6 fr. Lichens (Nouvelle flore des Lichens, de M. BoisreL). 1.178 figures. Br., 5 fr. 50; franco, 5 fr. 90. Algues. Géologie, par FRITEL. 390 pages, 250 fig. 29 planches. Carte géolo- gique de la France en couleurs. Br., 6 fr. ; franco, 6 fr. 60. Paléontologie (Animaux fossiles), par FRiTez. 379 pages, 27 pl., et 600 fig. Br., 6 fr.; franco, 6 fr. 60. Paléobotanique (Plantes fossiles), par FRirEL. 325 pages, 36 planches et 412 fig. dans le texte. Br., 6 fr.; franco, 6 fr. 60. Minéralogie, par GaAuBEert, 260 pages, avec 18 pl. en couleurs. Br., 5 fr.; franco, 5 fr. 40. Technologie (Application des sciences naturelles). Zoologie. Technologie, Botanique. Technologie. Minéralogie Géologie. CHAQUE VOLUME CARTONNÉ TOILE ANGLAISE : O FR. 75 EN PLUS RE | PLAQUES PAPIERS USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) || LES TEEN y Te f AN ACSLETE EE Ta) V ape TEE Œ REPRÉSENTANT | TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle ON VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPEIES PAR GASTON BONNIER . PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Lettre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l'on décrit en détail tous les caractères de la physiono- mie d’un individu, on ne le reconnaîtra pas ; si on vous le présente, on le reconnaîtra toujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer. Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- ères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. Prix : Broché 4 fr. 75; relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 fr. 20: franco, relié 5 fr. 75 CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETE, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT Voyages à La Compagnie des cheminsîde fer de l'Ouest males de la Normandie et de la Bretagne fait délivrer jusqu'au 31 octobre. par ses gares et, bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur les prix du tarif ordinaire. 10 0/0 pour chaque période. le kilogramme 44 fr. 50 À D rie) , : ë le 1/2 kilogramme 8 fr Billets circulaires valables un mois (non les 250 grammes 4 fr. 50 longés d’un nouveau mois moyennant supplément de EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES 46, rue du Bac, Paris ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ “AS DE TRÈFLE” Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et 115 francs en SE CHEMINS DE FER DE L'OUEST VACANCES ï, | Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix d’uneill} giature, nous leur rappelons que la Compagnie de l'O! dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne, stations balnéaires de la Manche du Tréport à Breë quelle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l'exemplaire, les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de ill les principales Agences de voyages de Paris, un gu illustré de son réseau. Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gramt} contient les renseignements les plus utiles pour le voyag (Description des sites et lieux d’excursion de la Norm et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. a des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche. PI des principales villes. Liste des hôtels restaurants, etc::#} En outre, la Compagnie de l'Ouest met en vente publications illustrées suivantes : 1° Guide la banhié ouest : Ofr, 25: 9% Guide-album du Mont-Saint-Mich 0 fr. 25: 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaires 0 fr. 95: 4° La France en Chemin de fer (6 Itinérait chaque itinéraire : 0 fr. 45; 5° Carte illustrée du réses 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40: : Toutes ces publications sont adréssées franco à domi contre l'envoi de leur valeur, en timbres poste, au Seri de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. ù ES LAS ATP OA a QATAR RTC NV CHEMINS DE FER DE L'OUESI) EXCURSIONS EN BRETAGNE Facilités accordées par Cartes d'abonnement individuelles et de fau valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivre la veille de la Fête des Rameaux au 31 octobre, des ca d'abonnement spéciales permettant de partir d'une 88 quelconque de son Réseau pour une gare au choix} lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s’arrêtant suk parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant un m£ non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous let embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une l’excursion terminée, de revenir au point de départ ave@ mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. à Pocr plus de renseignements consulter le livret Gu illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dansles bibl thèques des gares de Ja Compagnie. AUX AMATEURS ; DE CARTES POSTALE En raison du succès obtenu par la première série de ca postales reproduisant en couleurs les - plus belles affidl illustrées établies pour son service entre Paris et Londr via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vient faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes Te] présentant ses affiches illustrées les plus remarquableh éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne, Les deux séries de huit cartes sont mises en vente sépäk rément dans toutes les bibliothèques des gares du résé de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre l’enkif de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande af chie adressée au service de la Publicité de la Compag 20, rue de Rome, à Paris. RE ——————— CHEMINS DE FER DE L'OUEST 4 prix réduits. qui dessert les stations balnéaires et ther-« A0 Bains de mer et eaux thermales. 3 Billets valables suivant la distance, 3, 4, 10 ou 33 jours; ces L ! it | s'arrêter pendant 48 heures à l'aller et au retour à une gare au choix de l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d’une ou de deux périodes de 30 jours, moyennant supplément de « derniers donnent le droit de 20 Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne et à l'ile de Jersey. compris le jour du départ) et pouvant être pro-« 10 0/0. lre classe, et 40 et - 100 francs en 2 classe, permettent de visiter les points les plus intéressants de la Normandie, de la Bretagne et l’île de Jersey. É à 4 Pour plus de renseignements consulter le livret-uide illustré du réseau de l’Ouest ven 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. pe PARIS, — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 11. We à SBANNEE 27 NOV > sème. — n° 473 15 NOVEMBRE 1906 NES TE SAS A NE GRO PES DE ENCRES Ne ANT PO SAR ER EEE PARAISSANT LE 1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS à Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction ë SOMMAIRE du n°473 du 15 Novembre 1906 : 2 La léthargie chez l’homme et chez les animaux. Dr Férrx Reëxaurr. — Notes sur les : mœurs des abeilles. La distribution du travail. D' L. Laroy. — La distribution géogra- : phique des animaux vivants et fossiles. D' Trouessarr. — L’Agroiis Constanti Mill. È P. CEréTIEN. — Sur la présence du chevreuil (C. Capreolus) dans le quaternaire de la s vallée de l’Aa. Dr G. Poxrrer. — Mœurs et métamorphoses desespèces du genre Silpha, > < Linné : Coléoptères du groupe des Sylphides. Capitaine jXamseu. — Académie des à Sciences. —Bibliographie.. ï * ABONNEMENT ANNUEL ; Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll‘ DE CHAQUE MOIS : Bnce ASE te 10 | Dousiesautres pays 412 fr > 4 Pays compris dans l'Union postale. . 11 » PÉRCUUSMAMÉLOS PR AT. ose 0 50 2 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, à Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux : | BUREAUX DÜ JOUR AE. : Au nom de « LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE » éditeurs ; 46, RUE DU BAC, PARIS LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, Éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS (T° Arr. Histoire Naturelle de la France OUVRAGES PARUS RÉCEMMENT : L'E A d 0 = Généralités, par nchaîinement des Organismes, “1: rx mem bre de l’Institut, pro- { fesseur à la Sorbonne. Cet ouvrage présente, d’une manière simple, par des exemples démonstratifs, les | liaisons qui s’établissent entre tous les êtres de la Nature. 1'° Partie Un volume de 438 pages, avec 5176 fig. Prix : Broché, 4 fr. (franco, 4 fr. 50). — Cartonné : 0 fr. 75 en plus. 2 ® par ÉmLe DEeyroLce. — Nouvelle édition, avec 35 planches, dont 27 en couleurs et = | Oiseaux 8 en noir, et 144 ficures dans le texte. Les planches en couleurs représentent les D 7 têtes d’un nombre considérable d’oiseaux de France. Le) Un volume de 304 pages. Prix : Broché, 5 fr. 50 (franco, 6 fr. 10). — Cartonné, 0 fr. 75 en plus. par FaiRmMAIRE, président honoraire de la Société entomologique de France. | Co ] 60 ptè res Nouvelle édition, avec planches en couleurs. 7 Ce remarquable ouvrage, devenu classique parmi les entomologistes, estle plus pratique connu pour la détermination des Coléoptères de France. 8° Partie Un volume de 336 pages, avec 27 planches, dont 26 en couleurs. Prix : Broché, 6 fr. 50 (franco, 7 fr. 10). Cartonné, 0 fr. 75 en plus. 8 Ê par Louis PLANET, membre de la Société entomologique de France. — Le nombre A ral (e) MNeesS,. considérable de figures et de planches de cet ouvrage et la clarté du texte, bien 7 mis à la portée de tous, permettent la connaissance des Araignées de France, | d’une description si difficile d'ordinaire. 14° Partie Un volume de 330 pages, avec 18 planches hors texte et 233 figures. Prix : Broché, à fr. (franco, 5 fr. 50). Cartonné, 0 fr. 75 en plus. — par GAsron Bonnier, membre de l'Ins- | A ù b U M d & ] Fe: N QU vel le E ] are titut, professeur à la Sorbonne. 7 Cet album, reproduisant toutes les espèces de plantes photographiées directement d’après nature, au cinquième de leur grandeur naturelle, représente ainsi 2.028 photographies. I8°bi Partie Un volume : Broché, 4 fr. 15 (franco, 5 fr. 20). — Cartonné, 0 fr. 75 en plus. 7 ; Û par P. H. Frirez, attaché au Muséum d'histoire naturelle. — Ce nouvel ouvrage Géologie de P. H. Kritel rendra des services immenses à tous ceux qui s'occupent de 7? Géologie en France, c’est un ouvrage pratique et bien, mis à la portée de tous. Partie 23° gique de la France en couleurs. Broché, 6 fr. (franco 6 fr. 60). — Cartonné, 0 fr. 75 en plus. par P.-H. Frirez, attaché au Muséum d'histoire naturelle. — (ïet n] 8 P pi niMmMeaux ossi ] es, ouvrage de la Paléontologie de la France permet de déterminer un très grand nombre de fossiles, grâce à la quantité de dessins et de figures de ce volume. 24° Partie Un volume de 379 pages, avec 27 pl. hors texte et 600 dessins dans le texte, formant un total de 869 figures. | Un volume de 390 pages, avec 250 figures dans le texte, 29 planches, 18 cartes en noir et carte géolo- | Prix : Broché, 6 fr. (franco, 6 fr. 60). — Cartonné, 0 fr. 75 en plus. par P.-H. Frirer, attaché au Muséum d'histoire naturelle. — Cet | LD la ntes fo SSI les, ouvrage de la Paléobotanique de la France complète le précédent pour l’histoire de tous les fossiles de France. 24h Partie | Un volume de 325 pages, avec 36 pl. hors texte et 412 figures dans le texte, formant un totalde 546 figures. | Prix : 6 fr. (franco, 6 fr. 60). — Cartonné, 0 fr. 75 en plus. LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, ÉDITEURS, 46, RUE DU BAC — PARIS (7) Lt, À & 1'e PARTIE. Généralités, De 3e 4° LES FILS D'EMILE DEYROLLE, Editeurs, 46, rue du Bac, PARIS (7° Arr.) Histoire Naturelle de la France Cette collection comprendra trente et un volumes in-8° qui formeront une Histoire naturelle complète de la France. Nous donnons ci-après la nomen- clature des diverses parties de l'ouvrage Les 22 volumes parus sont indiqués en caractères gras bis l'Enchainement des Organismes. Introduction à l'Histoire naturelle, par GASron Bonxter, avec 516 figures dans Île texle. Br., 4 fr.; franco, 4 fr. 50. Mammifères, par le D' TRoUESSART. 360 pages et 143 fig. dans le texte. Br., 3 fr. 50; franco, 3 fr. 95. Oiseaux, par ÉmzLe Deyroie. 304 pages, 35 planches dont 27 en cou- leurs et 144 fig. dans le texte. Br., 5 fr. 50; franco, 6 fr. 10. Reptiles et Batraciens, par À. GRANGER. 186 pages, 55 figures dans le texte. Br., 2 fr.; franco, 2 fr. 30. Poissons. Molliusques, par À. GRANGER. Cépha- lopodes, Gasteropodes. 212 pages, 24 fig. dans le texte, 49 pl. Br., 4fr.; franco, 4 fr. 40, Moiiusques. PBivalves, Tuniciers, Bryozoaires, par A. GRANGER. 256 pages, 15 fig. dans le texte, 18 pl. Br., À fr; franco, 4 fr. 40. Coléoptères, par L. FAIRMAIRE. 330 pages, 27 pl. en couleurs. Br 0re060 franco tr. 107 Orthoptères. Névroptères. Hyménoptères. Hémiptères, par L. FAIRMAIRE. 236 pages et 9 planches. Br., 8 fr.; franco, 3 fr. 35. Lépidoptères, par BErce. 206 pages, 27 planches en couleurs. BE, 5fr.7 franco, 5 fr. 45. Diptères, Aplères. Araïgnées, par L. PLaner. 320 pages, 18 pl., 233 fig. dans le texte Br ir iranco;-5fr 50) Acariens, Crustacés, Myria- podes, par PAUL Grourr. 248 pages, 18 pl. Br., 3 fr. 50; franco, 3 fr. 90. LATE 18° 18° 19e 20° 24° 25° 26° 27° 28e | à bis 16° PARTIE. Vers, par RÉMY Sainr-Lour. 248 pages, avec 203 fig. dans le texte. Br; °31fr, 50:tfranco, 3 fr.190: Cœæœlentérés, Echinodermes, Protozoaires, etc., par A. GRANGER, 390 pages, avec 187 fig. dans le stexte Br" 3 0fr 50; franco, 4 fr. Plantes vasculaires (Nouvelle flore de MM. Gaston BonNIER et de LAYEns). 2.145 fig. Br., 4 fr. 50; franco, 4 fr. 90. Album de ia Nouvelle Flore, par GASTON BONNiER. 2.028 photogra- phies directes de toutes les plantes. Br 4-%fr 15: franco, 5 fr 20! Mousses et KHépatiques (Nou- velle flore des Muscinces par NM DoviN) 1288 fe Br 5 frs franco, 5 fr. 40. Champignons (Nouvelle flore de MM. Cosranrin et Durour), 4.265 fi- aures. Br, br 50: franco: Or. Lichens (Nouvelle flore des Lichens, de M. BoisreL). 1.178 figures. Br., 5 fr. 50; franco, 5 fr. 90. Algues. Géologie, par Frirez. 390 pages, 250 fig., 29 planches. Carte géolo- gique de la France en couleurs. Br., 6 fr.; franco, 6 fr. 60. Paléontologie (Animaux fossiles), par Frirez. 379 pages, 27 pl. et 600 fig. Br., 6 fr.; franco, 6 fr. 60. Paléobotanique (Plantes fossiles), par FRireL. 325 pages, 36 planches et 412 fig. dans le texte. Br., 6 fr.; franco, 6 fr. 60, Minéralogie, par GauBert, 260 pages, avec 18 pl. en couleurs. Br., 5 fr.; franco, 5 fr. 40. - Technologie (Applicalion des sciences naturelles). Zoologie. Technologie, Botanique. Technologie, Minéralogie, Géologie. CHAQUE VOLUME CARTONNÉ TOILE ANGLAISE : O FA. 75 EN PLUS Paris. — Imp F. Levi, rue Cassette, 17. PR EPP SET (SEE PROTEIN AVS TE PORT PRET TS CR | 2 ne it E. GRIESHABER & C° PARIS. 1O©, rue du Trésor (IV PLAQUES USINE MODÈLE à Saint-Maur (Seine) || LES} ne VIENT DE PARAITRE: Histoire Naturelle de la France © 18° PARTIE ALBUM NOUVE FLORE REPRÉSENTANT TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE au cinquième de leur grandeur naturelle UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES PAR GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT « Dans sa Lettre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont omparables aux personnes. Si l’on décrit en détail tous les caractères de la physiono- aie d’un individu, on ne le reconnaitra pas ; si on vous le présente, on le reconnaitra oujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer. orsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- res de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été ombiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. Ÿ Prix : Broché 4 fr. 75: relié 5 fr. 25 ‘hez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac. Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 fr. 75 Paris CIMENT-LUT QUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETE, ONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. ‘4 La Compagnie des chemins'de fer de l’Ouest qui dessert les stations balnéaires et ther- males de la Normandie et de la Bretagne fait délivrer jusqu'au 31 octobre, par ses gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur M les prix du tarif ordinaire. AMATEURS PHOTOGRAPHES ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ ASDETRÉFLE" 10 Bains de mer et eaux thermales. : DEA D ASS CHEMINS DE FER DE L'OUEST VACANCES D. Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix d'une will giature, nous leur rappelons que la Compagnie de l’Ouei dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne le] stations balnéaires de la Manche du Tréport à Brest qu'elle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l’exemplaire, da les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de Ville les principales Agences de voyages de Paris, un gui illustré de son réseau. Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gravure] contient les renseignements les plus utiles pour le xoyageil (Description des sites et lieux d’excursion de la Normand et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. Tables des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche. P des principales villes. Liste des hôtels restaurants, etc, En outre, la Compagnie de l'Ouest met en vent publications illustrées suivantes : 4° Guide la ban ouest : Ofr, 25: 2 Guide-album du Mont-Saint-Michell 0 fr. 25; 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaires} 0 fr. 25; 4 La France en Chemin de fer (6 Itinéra chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du rés 0 fr. 40: 6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40. Toutes ces publications sont adressées franco à dom contre lenvoi de leur valeur, en timbres poste, au Serwit de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. } | | | | | | | | RE as ! CHEMINS DE FER DE L’'OUES à l EXCURSIONS EN BRETAGNE L | Facilités accordées | | par Cartes d'abonnement individuelles et de famill valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivre la veille de la Féte des Rameaux au 31 octobre, des caxteil d'abonnement spéciales permettant. de partir d'une gaï quelconque de son Réseau pour une gare au choix lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s'arrêtant surieh parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant un mo | non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous leur embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une fl l’excursion terminée, de revenir au point de départ avecle mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. 4 Povr plus de renseignements consuller le livret Guide illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dans les biblio thèques des gares de la Compagnie. S AUX AMATEURS ë | DE CARTES POSTALES En raison du succès obtenu par la première série de cartes postales reproduisant en couleurs les plus belles affic illustrées établies pour son service entre Paris et Lon via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vient faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes présentant ses affiches illustrées les plus remarquabl éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne Les deux séries de huit cartes sont mises en vente sépasl rément dans toutes les bibliothèques des gares du rése de l'Ouest ou sontenvoyées franco à domicile contre l’en) de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande affra chie adressée au service de la Publicité de la Compa 20, rue de Rome, à Paris. Billets valables suivant la distance, 3, 4, 10 ou 33 jours ; ces derniers donnent le droit de s'arrêter pendant 48 heures à l’aller et au retour à uue gare au choix de l'itinéraire suivi et M peuvent être prolongés d’une ou de deux périodes de 30 jours, moyennant supplément de « 10 0/0 pour chaque période. à 20 Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne et à L'ile de Jersey. S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT le kilogramme : É ë 2 À le 1/2 ee . de 50 Billets circulaires valables un mois (non.compris le jour du départ) et pouvant étre pro- les 250 RE ÿ. fr. 50 longés d'un nouveau mois moyennant supplément de 10 0/0. - : 2 ï Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et 145 francs en fe classe, et 40 et 100 francs en 2e classe, permettent de visiter les points les plus intéressants de la Normandie, de la Bretagne et l’île de Jersey. ; 210 Pour plus de renseignements consulter le livret-guide illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. EN VENTE CHEZ ES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES 46, rue du Bac, Paris PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 11. nm at à a — 1 DÉCEMBRE 1906 2. d- PARAISSANT LE 4* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction SORMAIRE du n° 474 du 1° Décembre 1906 : Observation sur la géologie tertiaire du Sénégal. Sraniscas MEunrEr. — Les races de l'Inde. H. Léveizcé. — La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. Dr Tnouessarr. — Chronique et nouvelles. Henri Cour. — Mœurs et métamorphoses . des espèces du genre Si/pha, Linné : Coléortères du groupe des Sylphides. Capi- taine NamBeu. — Académie des Sciences. — Bibliographie. -- Livres d'occasion à vendre. É ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, F LES ABONNEMENTS PARTENT DU ll” DE CHAQUE MOIS one chAlBéme ss 2... 2 40e | ous NES auIrEs pars ee = 42Pfr >» Pays compris dans l’Union postale. . , , 41 Dee Le Predu DiMErO en 0 50 Pour changement d'adresse, joindre 0 fr, 50 c. à la dernière bande. Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux BUREAUX DU JOURMN A EL. Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS “asouooy ‘oysod ‘es smœuw {uondixosop ‘orwAuouÂg ‘29D0P nU3P SUOSSIOŒ S2Y ce 08 oJ 08 nono nt *'S0914deIS OUI °rd pr ‘oyxop op soSed 03 ‘[0J-UT ‘NAOM QUI) Puornx aed ‘suoliquey sep 3° sJnf}) s2p SOTEUIOUE SOp J9 S9JISONIJSUOU SOP SOIpEI EU Sop AJICIT, SUOSSIOY S9P 91S0[01Ed IOIDUOIOFIP € SOJIOJIP 1S JUOANOS XNEUWUIUE S90 ‘ooURIT op Sorrder So Sno) JUOUHIIOR] JOUIWAOJp op jouuod oSexano 799 quoused =tu099% nb somnsiy Sp oiquou puess org N6 Go GL g PE POSIPISUC 910) ICO Ce or NT ME EE TTILSS ns nC Gone AUMIOA F ‘OOUCAT ©] 0P O[[OANJEN O1OSIFI] op ouaed 07 [ JUEUHO] ,SB1AN() ‘UAINVUL) :V ad ‘(sop sunex) souvxx op sopdouy 08 &oJ 09 & ‘£GS8r ‘simomoo uo oqoueld j D9A8 ‘J1U9 S[-UI [OA F "ANVIUA VE «ed juout -oeIT, ((S2ANSAOH) osuExx 9p S919drA € 09 ‘(uoise290) sop11000 sououerd ‘orçox ‘joy-ur ‘[OA j ‘arnon) ‘f aed suvonoy, Jo Afrurey J0 ‘œprseqdiueyx og; Jo AqdeaSouom RGB de Me 2109 °51} 291% oÿ-UL ‘18 ‘[OA F ‘NOSSNENV.T Ava =VIX 4d ‘(sopraxog) souvay 9p xnvosrg *9JX9] O[ SUP SO9[U919JUI Soins} SoSNoIqUOU XNE J9 0x0] SATA mounsoxe Ca SIOU soyouerd soquodns xne 0918 fooueay 9p XNP9SI0 SO] SNO} 9pnJlJ199 09A8 J9 JUOU =O[I08] JOULUH9)9p 0p Joue o8e.rAn0 799 GS 9 oJ cz 9 D AR STE TER O TO) 1189 & Do QG G ‘tree. 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Si l’on décriten détail tous les caractères de la physiono- . mie d'un individu, on ne le reconnaïîtra pas ; si on vous le présente, on le reconnaîtra toujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- tères de détail. C'est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. Q Ë Prix : Broché 4 fr. 75: relié 5 fr. 25 | Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 fr. 75 Paris 3% CGIMENT-LUT > POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, \ FLACONS À BOUCHONS, ETC, à DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE | i S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT -LUT les prix du tarif ordinaire. 10 0/0 pour chaque période. le Kilogramme 14 fr. - : ê 1 2 me : Fe 50 Billets circulaires valables un mois (non compris le jour du départ) et pouvant étre pro D amies & fr 50 longés d’un nouveau mois moyennant supplément de 10 0/0. . | EN VENTE CHEZ _ LESFILS D'ÉMILEDEYROLLE, NATURALISTES 46, rue du Bac. Paris de la Bretagne et l’île de Jersey. t PARIS, — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 117. USINE HODÉLE à Saint-Maur (Seine) [| Les PLAQUES ASDE TRÉÈFLE” CHEMINS DE FER DE L'OUEST Voyages à prix réduits. La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest qui dessert les stations balnéaires et ther- males de la Normandie et de la Bretagne fait délivrer jusqu’au 31 octobre. par ses gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur $ 40 Bains de mer et eaux thermales. Billets valables suivant la distance, 3, 4, 10 ou 33 jours; ces derniers donnent le droit de s'arrêter pendant 48 heures à l’aller et au retour à une gare au choix de l'itinéraire suivi e peuvent être prolongés d’une ou de deux périodes de 30 jours, moyennant supplément d 20 Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne et à l'ile de Jersey. Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et 115 francs en {re classe, et 40 et 100 francs en 2° classe, permettent de visiter les points les plus intéressants de la Normandi CHEMINS DE FER DE L'OUEST VACANCES : Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix d’une giature, nous leur rappelons que la Compagnie de dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagn stations balnéaires de la Manche du Mréport à Br qu'elle met en vente, au prix de O0 fr. 50 l’exemplaire, les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de Vi les principales Agences de voyages de Paris, un q illustré de son réseau. Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gra contient les renseignements les plus utiles pour le voyk (Description des sites et lieux d'excursion de la Norm et de la Bretaone. Principaux horaires des trains. Ta des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche. PI des principales villes. Liste des hôtels restaurants, ete: En outre, la Compagnie de l'Ouest met en vent publications illustrées suivantes : J° Guide la ban ouest : 0 fr, 25: 2° Guide-album du Mont-Saint-Mich 0 fr. 25; 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaires 0 fr. 25: 4 La France en Chemin de fer (6 Itinérair chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du résea 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr. 40: à Toutes ces publications sont adressées franco à domi contre l'envoi de leur valeur, en timbres poste, au Ser de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. : # CHEMINS DE FER DE L'OUEST EXCURSIONS EN BRETAGNE ï Facilités accordées par Cartes d'abonnement individuelles et de fa valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivre la veille de la Fête des Rameaux au 31 octobre, des & d'abonnement spéciales permettant de parti d'une quelconque de son Réseau pour une gare au choix lignes désignées aux alinéas ci-dessous en s'arrétant s parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant un non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, un l’excursion terminée, de revenir au point de départ ave mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. Povr plus de renseignements consuller le livret G illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dansles bi thèques des gares de la Compagnie. AUX AMATEURS D | DE CARTES POSTALES} En raison du succès obtenu par la première série de car postales reproduisant en couleurs les plus belles affidl illustrées établies pour son service entre Paris et Londi via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vie faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes présentant ses affiches illustrées les plus remarquab éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne Les deux séries de huit cartes sont mises en vente s rément dans toutes les bibliothèques des gares du rése de l'Ouest ou sontenvoyées franco à domicile contre l’e de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande aff chie adressée au service de la Publicité de la Compag 20, rue de Rome, à Paris. î Pour plus de renseignements consulter le livret-guide illustré du réseau de l'Ouest v 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. 15 DÉCEMBRE 1906 PARAISSANT LEP1* ET LE 15 DE CHAQUE MOIS ÆAN84 M NAS Le Paul GROULT, Secrétaire de la Rédaction LES : SOMMAIRE du n°273 du 13 Décembre 1906 : Observation sur la géologie tertiaire du Sénégal. Sraniszas Meunier. — Diagnoses de coléoptères exotiques nouveaux. M. Pic. — Moœurs et métamorphoses des espèces du L° genre Silpha, Linné : Coléoptères du groupe des Silphides. Capitaine XAwBeu. — “ La distribution géographique des animaux vivants et fossiles. Dr TrouEssarT. — Aca- démie des Sciences. — Bibliographie. — Table des matières du vingtième volume de la deuxième série, 1906. : ABONNEMENT ANNUEL Payable en un mandat à l'ordre de LES FILS D'EMILE DEYROLLE, éditeurs, 46, rue du Bac, PARIS, LES ABONNEMENTS PARTENT DU 1°” DE CHAQUE MOIS France et Algérie . RAR Se « 10 fr» | Tousles autres pays. 00 42 /fr 2 Pays compris dans l’Union postale. . , . 11 ». PH du numéros ce ee 0 50 ER Pour changement d'adresse, joindre 0 fr. 50 c. à la dernière bande, rer Adresser tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration aux : BUREAUX DÜ JOURNAL. Au nom de « LES FILS D’ÉMILE DEYROLLE » éditeurs 46, RUE DU BAC, PARIS Ti = TT PUSPSOUOUEIÉ So op 04 ep oT | 9 i 100$ E] 9p o1quiou ‘jouet SINOT ded j187 979 P UOrEUIWAJ9p E[ NO sinofnoo uo soqou ‘SUBIT 9 OOUCIF “OS ‘AJ G ‘IQ ‘sons %ÿ8 € ‘(anoy -N( 39 UTJULIS0) ‘NN 9p 9104 ojjeanon) suoubrdmegn — og | *UL S?2Y?04 *OOISAnoN ‘07 ‘I F OUEIJ ‘07 HS ‘SOURIJ % ‘iq ‘souyouerd ge} OOULIF ‘SOULIJ G ‘IQ ‘sol ‘2]X97 9[ SUEP So1n8 Fg =n5y 88c°7 ‘(umoq ‘N 2ed ‘sosed ZgL2 ‘sopodouspsnp ‘SQuI9SNIY S9P 910[J 2/[0A ‘sopodogoyden ‘senbsnIIo! 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GRIESHABER & C° ARIS 1O©, rue du Trésor (IV ne PLAQUES À USINE MODÈLE à Saint Maur (Seine) LES PAPIERS A 1 EASERAS APT le la France Laval | 1: 6° istoire 30 18° PARTIE NOUVELLE FLORE : TOUTES LES ESPÈCES DE PLANTES PHOTOGRAPHIÉES DIRECTEMENT D'APRÈS NATURE | à # au cinquième de ieur grandeur naturelle UN VOLUME DE POCHE AVEC 2.028 PHOTOGRAPHIES PAR GASTON BONNIER PROFESSEUR DE BOTANIQUE A LA SORBONNE, MEMBRE DE L'INSTITUT . « Dans sa Lettre sur la Botanique, le spirituel philosophe Bersot dit que les plantes sont comparables aux personnes. Si l'on décrit en détail tous les caractères de la physiono- mie d’un individu, on ne le reconnaîtra pas; si on vous le présente, on le reconnaîtra toujours.» La description minutieuse d'une plante ne suffit pas pour la déterminer Lorsqu'on voit l'aspect de la plante, on acquiert une sécurité que ne donne pas les carac- tères de détail. C’est dans le but de faciliter la recherche du nom des plantes qu'a été combiné ce petit Album portatif donnant les photographies directes de toutes les espèces. + Prix : Broché 4 fr. 75: relié 5 fr. 25 Chez les Fils d'ÉMILE DEYROLLE, 46, rue du Bac, Paris Prix : franco, broché 5 fr. 20; franco, relié 5 fr. 75 CIMENT-LUT POUR LUTER BOCAUX A DISQUE OBTURATEURS, FLACONS À BOUCHONS, ETC, DONNNAT UNE FERMETURE HERMÉTIQUE & IMMÉDIATE S'EMPLOYANT A CHAUD PRIX DU CIMENT-LUT les prix du tarif ordinaire. 10 0/0 pour chaque période. le kilogramme 14 F , é & le 1/2 kilogramme 8 fr. 5ù Billets circulaires valables un mois (non compris le jour du départ) et pouvant être pro- … les 250 grammes L fr. 50 longés d’un nouveau mois moyennant supplément de 10 0/0. : EN VENTE CHEZ LES FILS D'ÉMILE DEYROLLE, NATURALISTES 4G, rue du Bac, Paris de la Bretagne et l’île de Jersey. AMATEURS PHOTOGRAPHES D ESSAYEZ ET VOUS ADOPTEREZ . giature, nous leur rappelons que la Compagnie de l'Ouest EE CHEMINS.DE FER DE L'OUEST ._ Voyages à prix réduits. La Compagnie des cheminside fer de l'Ouest qui dessert les stations balnéaires et ther- males de la Normandie ef de la Bretagne fait délivrer jusqu’au 51 octobre, par ses gares et bureaux de ville de Paris, les billets ci-après qui comportent jusqu’à 50 0/0 de réduction sur 4o Bains de mer et eaux thermales. Su 214 Billets valables suivant la distance, 3, 4, 10 ou 33 jours; ces derniers donnent le droit de … s'arrêter pendant 48 heures à l'aller et au retour à une gare au choix de l'itinéraire suivi et peuvent être prolongés d’une ou dé deux périodes de 30 jours, moyennant supplément de 20 Excursions sur les côtes de Normandie, en Bretagne et à Vile de Jersey. Pour plus de renseignements consulter le livret-suide illustré du réseau de l'Ouest vendu 0 fr. 50 dans les bibliothèques des gares de la Compagnie. ns PR . à sn : 4 PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE 11. La MES CHEMINS DE FER DE L'OUEST VACANCES 1 Dans le but de faciliter à nos lecteurs le choix d’une villé: dessert toute la Normandie, une partie de la Bretagne, les! stations balnéaires de la Manche du Tréport à Breste quelle met en vente, au prix de 0 fr. 50 l'exemplaire, dans les biblothèques de ses gares, dans les bureaux de Ville e les principales Agences de voyages de Paris, un guide illustré de son réseau. Ce guide de plus de 300 pages, illustré de 126 gravures contient les renseignements les plus utiles pour le voyageu: (Description des sites et lieux d'excursion de la Normandi et de la Bretagne. Principaux horaires des trains. Tablea des marées. Cartes cyclistes du littoral de la Manche. Plans des principales villes. Liste des hôtels reslaurants, etc...) En outre, la Compagnie de l'Ouest met en vente les publications illustrées suivantes : 1° Guide la banlieue ouest : O fr, 25; 2 Guide-album du Mont-Saint-Michel 4 0 fr. 25: 3° Brochure illustrée « Les Stations balnéaires »\ 0 fr. 25; 4 La France en Chemin de fer (6 Itinéraires), chaque itinéraire : 0 fr. 15; 5° Carte illustrée du réseau : 0 fr. 40; 6° Carnet de cartes postales : 0 fr 40; Toutes ces publications sont adressées franco à domucile contre l'envoi de leur valeur, en timbres poste, au Service de la Publicité, 20, rue de Rome, à Paris. “31 ED ER M AP A CHEMINS DE FER DE L'OUEST. EXCURSIONS EN BRETAGNE Facilités accordées SE par Cartes d'abonnement individuelles et de amille valables pendant 33 jours. La Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest délivre; dé la veille de la Fête des Rameaux au 31 octobre, des cartes d'abonnement spéciales permettant de partir d'une garé quelconque de son Réseau pour une gare au choix def lignes désignées aux alinéas ci-dessous én s’arrétant sur le parcours ; de circuler ensuite, à son gré, pendant un mois: non seulement sur ces lignes, mais aussi sur tous leurs embranchements qui conduisent à la mer, et, enfin, une fois l'excursion terminée, de revenir au point de départ avec le: mêmes facilités d'arrêt qu'à l’aller. , Povr plus de renseignements consuller le livret Guide: illustré du réseau de l'Ouest, vendu 0 fr. 50, dansles biblio: thèques des gares de la Compagnie. AUX AMATEURS DE CARTES POSTALES En raison du succès obtenu par la première série de cartes postales reproduisant en couleurs les plus belles affiches illustrées établies pour son service entre Paris et Londres: via Dieppe-Newhaven, la Compagnie de l'Ouest vient de faire procéder au tirage d’une seconde série de cartes re: présentant ses affiches illustrées les plus remarquable éditées pour les voyages en Normandie et en Bretagne. Les deux séries de huit cartes sont mises en vente sépa=| rément dans toutes les bibliothèques des gares du réseau de l'Ouest ou sont envoyées franco à domicile contre l'envoi de leur valeur (0 fr. 40 chaque série) sur demande affran- chie adressée au service de la Publicité de la Compagnie 20, rue de Rome, à Paris. ; “8, Dix itinéraires différents dont les prix varient entre 50 et 115 francs en {re classe, et 40 et 5 100 francs en 2e classe, permettent de visiter les points les plus intéressants de la Normandie, … le “pr LeLTT 11. 2 LRO ie C _ La ect me RE = Te PE ET ES Dee as : Re RE A ee ne f 2 ne 7 7" > a. Len = Cp ” a oo "« > ue Fe. se Ce a es _ GP o *, { = L c, pe 2 - s rs. TS = À G CES z Gs e SR PR EE : as a E re © æ a .- h