»•: J^ . fm- QP3( v.e SÇff"^ '^^>'Jt -^^^ 3«fe*. v m i^rM :i'^^' mm§ '^'mm' •:st^>v>i ^^^& Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Open Knowledge Gommons http://www.archive.org/details/leonssurlaphys06miln LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANÂTOMIE COMPARÉE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. ifJfM ■fnni'ii, . I '.I. 'lii'.rrriiqml — .t'n^'i d I «...I V F k Paris. — Imprimerie de L. Martinet, rue Mignon, 2. LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANiïOMIE COMPARÉE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX FAITES A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS PAR H. IIILMK KATTARD.^ 0. L. H., C. L. N. Doyen delà Faculté des sciences de Parir, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle; Membre de l'Institut ^Académie des sciences) ; des Sociétés royales de Londres et d'Edimbourg: ; des Académies de Stockholm, de Sainl-Pétersbourg', de Berlin, de Kônisrsberg, de Copenhague, de Bruxelles, de Vienne, de Hongrie, de Bavière, de Turin et de Naples; do la Société Hollandaise des sciences ; de l'Académie Américaine ; De la Société des Naturalistes de Moscou ; des Sociétés Linnéenne et Zoologique de Londres; de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie; du Lycéum de New-York; des Sociétés des Sciences et d'Histoire naturelle de Munich, Gdlhembourg, Somerset, Montréal, l'île Maurice; des Sociétés Entomologiques de France et de Londres; des Sociétés Ethnologiques d'Angleterre et d'Amérique ; de l'Institut historique du Brésil; De,l'Académie impériale de Médecine de Paris; des Sqpiélés médicales d'Edimbourg, de Suède et de Bruges ; de la Société des Pharmaciens de l'AUemagiie septentrionale ; Des Sociélés d'Agriculture de Paris, de New-York, d'Albany, etc. TOME SIXIÈME PARIS LIBRAIRIE DE VICTOR MASSON PLACE DK L'ÉCOLE-DE-MKnECINE M DCCC LX Droil (II' h'ailnclirin réservé. SA- LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANATOMIE COMPARÉE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. ■ CINQUANTE -DEUXIÈME LEÇON. De l'appareil digestif des Animaux vertébrés. — Constitution du tube alimentaire. — Bouche ; appareil labial , joues ; abajoues , et autres réservoirs analogues ; charpente buccale des Vertébrés qui se nourrissent d'aliments solides ; muscles moteurs des mâchoires. — Langue. — Cavité buccale des suceurs. § 1. — L'appareil digestif des Animaux vertébrés, dont caraoïères l'étude doit nous occuper maintenant, présente en général plus ^""j^"" de perfection dans sa structure et plus de constance dans ses caractères que celui des Animaux annelés, des Malacozoaires ou des Zoophytes. Il se compose toujours d'un tube dont les deux orifices sont fort éloignés l'un de l'autre, d'instruments mécaniques spéciaux destinés à effectuer la préhension ou la division des aliments, de glandes nombreuses qui versent sur ces substances les produits de leurs sécrétions, et de vaisseaux parti Cl lÏÏcbKiui appartiennent au système lymphatique, et qui viennent en aîtle aux veines, pour opérer l'absorption des matières digérées. VI. ' A cet appareil. 2 APPAREIL DIGESTIF Tuniques Le tube alimentaire de ces Animaux est formé essentiellement aiimeîiîire. par les mêmes éléments anatomiques que nous avons rencon- trés dans cette partie de l'organisme , chez les Invertébrés, savoir : par une membrane dite muqueuse, dont la structure a beaucoup d'analogie avec celle de la peau, et une tunique char- nue qui recouvre la précédente et se trouve unie aux parties voisines par du tissu conjonctif, ou revêtue d'une tunique séreuse formée par un repli de la membrane péritonéale dont les parois de la chambre viscérale sont tapissées. Ce reph, entre les deux feuillets duquel le canal ahmentaire se loge dans la plus grande partie de son étendue, a reçu le nom de mésentère, et sert à suspendre cet organe dans la cavité abdominale, de façon à y laisser une certaine mobilité, tout en retenant cha- cune de ses parties dans leurs positions respectives et à pro- léger les vaisseaux qui les font communiquer avec le reste de l'organisme. Souvent ce même repli se prolonge beaucoup au delà du bord libre du tube digestif, et constitue une sorte de voile appelé épiploon, qui facilite davantage les mouvements de l'appareil et diminue les frottements, car la surface de cette tunique séreuse, disposée de façon à être partout en contact avec elle-même, est parfaitement lisse et constamment lubri- fiée par un liquide albumineux. Cavité viscérale. La cavité vlscéralc, dans laquelle une portion plus ou moins considérable de l'appareil digestif se trouve suspendue de la sorte , loge aussi d'autres organes. Chez les représentants les plus inférieurs du type des Vertébrés , elle occupe la presque totalité de la longueur du corps, car elle s'étend depuis la partie antérieure de la tête jusqu'à la base de la queue, et elle contient les principaux instruments de la respi- ration et de la circulation, aussi bien que ceux delà digestion et de la génération ; mais lorsque la structure de ces Animaux se perfectionne, elle se spécialise davantage, et se trouve affectée presque exclusivement à la protection des organes digestifs DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 3 Aussi, chez VAmphioxus^ qui est le membre le plus dégradé de ce groupe zoologique, la cavité viscérale appartient en com- mun à tous les instruments de la vie végétative; l'appareil branchial est suspendu dans sa partie antérieure comme le tube ahmentaire ; le foie et l'appareil de la génération le sont dans sa moitié postérieure, et c'est par son intermédiaire que Teau employée pour l'entretien de la respiration s'échappe au dehors, après avoir baigné les branchies. Chez les Vertébrés ordinaires, il n'en est plus de même ; cette chambre commune est toujours complètement fermée en avant et se trouve exclue de la région céphalique, de sorte que la portion antérieure du canal alimen- taire ne s'y loge pas, et, au lieu d'être libre, adhère aux parties circon voisines. Chez les Batraciens et les Reptiles, elle contient cependant les poumons, le cœur et les organes reproducteurs, ainsi que la presque totalité de l'appareil digestif; mais, chez les Poissons, un compartiment destiné à loger le cœur s'en sé- pare plus ou moins complètement (1), et chez les Oiseaux, aussi bien que chez les Mammifères, elle se trouve pour ainsi dire refoulée encore plus en arrière, d'abord par l'établissement de l'espèce d'isthme représentée par la région cervicale du corps, puis par la formation d'une chambre thoracique destinée spé- cialement à loger le cœur et les poumons. La portion de la grande cavité viscérale où le tube digeshf et ses annexes se trouvent en liberté, et où le premier de ces organes peut se prêter à l'accumulation des aliments dans son intérieur, est donc réduite de plus en plus et n'occupe finalement que la région abdominale du tronc. Chez les Oiseaux, elle n'est sépa- rée des cavités thoraciques que par des cloisons membraneuses d'une grande délicatesse ; mais, chez les Mammifères, elle est limitée de ce côté par le muscle diaphragme, que nous avons déjà vu constituer le plancher de la chambre respiratoire (2). (1) Voyez lome III, page 309. (2) Voyez tonie II, page kOQ. Péritoine. Il APPAREIL DIGESTIF Chez les Vertébrés supérieurs, le tube alimentaire est donc adhérent aux parties circonvoisines dans la tête, le cou et le thorax; il ne devient libre qu'après avoir traversé le dia- phragme, et c'est seulement au delà de cette cloison muscu- laire qu'il se revêt de sa troisième tunique formée, comme je l'ai déjà dit, par un prolongement de la membrane séreuse dont les parois de la cavité abdominale sont tapissées. Mais cette cavité, tout en étant affectée plus particulièrement au loge- ment des principaux organes de la digestion, ne leur appartient jamais en propre, et contient toujours une portion considérable de l'appareil génito-urinaire. ^ 2. — Le péritoine, c'est-à-dire la membrane séreuse qui tapisse cette grande chambre abdominale, ressemble beaucoup à la plèvre et au péricarde, que nous avons déjà eu l'occasion d'étudier (1). Sa surface libre est garnie d'une couche mince de tissu épithélique, composée d'utricules polygonales légère- ment aplaties et soudées entre elles de façon à offrir l'aspect d'une mosaïque microscopique ('2) ; au-dessous de cette lame cellu- laire se trouve une couche très mince, mais assez dense, de (1) Voyez tome 11, page /i09, et parent entre elles, il est souvent né- tome lit, page 809. cessaire de les rendre imgides par (2) Ce tissu épittiélique pavimen- l'action de l'acide acétique. teux, dont la découverle est due à Chez certains l'oissons qui n'ont M. Ilenle, ne se compose que d'une pas d'oviducte, et qui pondent leurs seule couche de cellules très intime- œufs par l'intermédiaire de la cavité ment unies entre elles, mais n'adhé- abdominale, les Salmones, par exem- rant que faiblement aux parties sous- pie, le feuillet pariétal du péritoine jacenles. Chez l'Homme, cesutricules est garni de cils vibratiles dans toute ont en moyenne 0'"'", 02 de diamètre, sa partie postérieure (6), et chez et chacune d'elles renferme un noyau les Vertébrés où la poche séreuse arrondi ou ovalaire et généralement constituée par cette membrane com- grenu (a). Pour mettre en évidence munique avec les oviductcs, on ren- ies lignes de démarcation qui les se- contre un épilhélium ciliaire près de (a) llcnle, Traité d'anatomie générale, t. I, p. 23t, pi. d, fiif. 1. ((;) Voyi et Pappenlieim, Recherches sur Vanalomie comparée des organes de la génération {Ann. des sciences nat., i° série, 1859, t. Xt, p. 3G0). DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. ^ tissu conjonctif enlremêlé de fibres élastiques disposées en un réseau irrégulier, et le tout est relié aux parties sous-jacentes par une trame plus lâche de ce même tissu conjonctif où ser- pentent des vaisseaux sanguins et lymphatiques, et où se logent souvent des vésicules adipeuses en grand nombre (1). La tunique ainsi constituée tapisse dans toute leur étendue les parois de la cavité abdominale, et sur certains points se réflé- chit en dedans de façon à constituer les replis qui engaînent les viscères. Elle forme, comme le péricarde et la plèvre, un l'embonchure de ces conduits ; mais là où ce sac membraneux est complè- tement clos, on n'aperçoit plus aucun vestige de cils vibraliles. (1) MM. Bowman et Todd pensent que la couche épithélique des mem- branes séreuses repose directement sur une lame continue, transparente, homogène et d'une ténuité extrême, qu'ils appellent la membrane fonda- mentale {basement membrane), et qu'ils assimilent à celle qui est située de la même manière sous les tissus nuiqueux (o). M. Goodsir donne le nom de membrane germinale à ce substratum, mais le considère comme étant composé de cellules allongées et nucléolées (6). Enfin, la plupart des histologistes ne croient pas devoir la distinguer du tissu fibriilaire blan- châtre qui est d'abord entremêlé de tissu élastique jaune, et qui, devenant de plus en plus lâche, unit la mem- brane séreuse aux parties sous-ja- centes (c). Ceshbres élastiques jaunes sont très grêles ; elles s'enirecroisent dans toutes les directions, et s'unissent entre elles par leurs extrémités, de façon à former des mailles irrégu- lières {d) dans l'intérieur desquelles des mèches de tissu conjonctif ser- pentent et s'entrecroisent. Ainsi que je l'ai déjà dit, M. Lam- botte a cru ppuvoir démontrer, par des injections fines, que la couche sous-épithélique des membranes sé- reuses est composée essentiellement de vaisseaux contournés qui seraient en continuité avec les capillaires san- guins et lymphatiques [e] ; mais celle opinion ne me paraît pas admissible, et les cavités que cet anatomiste a dé- crites sous le nom de vaisseaux sé- reux ne sont probablement que les lacunes interstitielles du tissu con- jonclif. (a) Todil anJ Bowman, The Physiological Analomy and Physiology of AThn, t, I, p. 130. (b) Goodsir, Anaiomical and Patholoqical Observations, p. 41. (c) Henle, Traité d'anatomie gcnérale, t. I, p. 391 cl suiv. — Burpijraeve, Jlistoloyie, p. \M. — ManJI, Manuel d'anatomie générale, p. 344. — Ktilliker, Eléments d'histologie humaine, p. TO et 44-5. (d) Bowrnaii aiiJ 'lo.id. Op. cit., pi. 130, fi?. 35. (e) Lamboiie, De l'organisation des membranes séreuses (Bulletin de l'Acad. de Bruxelles, 1840, t. VU, pari. 2, p. 104). 6 APPAREIL DIGESTIF sac dont la portion réfléchie est contenue dans la portion parié- tale, et dont la surface interne est partout en contact avec elle-même. Enfin sa cavité est complètement close, lorsqu'elle parvient à son état le plus parfait. Mais, chez quelques Pois- sons, elle présente toujours des ouvertures qui la mettent en communication avec l'extérieur ; et cette disposition, qui ne se rencontre jamais chez les Vertébrés supérieurs du sexe mâle, est dominante chez les femelles, ainsi que nous le verrons plus en détail, lorsque nous étudierons les fonctions de reproduc- tion (1). Quant à la disposition des rephs que le péritoine forme dans l'intérieur de la chambre viscérale, je me bornerai à ajouter qu'elle est fort simple chez la plupart des Vertébrés inférieurs, mais devient très complexe chez les Mammifères, ainsi que noifs le verrons quand nous examinerons d'une manière spéciale le mode de suspension des divers organes contenus dans cette cavité. Tunique * § 3. — La tunlquc charnue du canal alimentaire se compose musculaire /^i in inm i- (fu généralement de deux ordres de hbres musculan^es, qui sont dirigées les unes transversalement, les autres longitudinale- ment; mais, dans quelques parties, elles offrent une disposi- tion beaucoup plus complexe. Dans la portion vestibulaire de •l'appareil digestif, ces fibres sont soumises à l'influence de la volonté et sont striées en travers, comme celles des muscles * affectés à Ja locomotion; mais dans les parties plus reculées elles sont peu à peu remplacées par des fibres musculaires . lisses , qui se contractent indépendamment de la volonté , et dans les parois de l'estomac et de l'intestin ces dernières existent seules. (1) Elle existe sans exception clans mimique avec l'extérienr par l'inter- les femelles chez les Mammifères, les médiaire des trompes de Fallope ou Oiseaux, les Reptiles et les Batraciens, oviductes et par les organes géni- ainsi que chez quelques Poissons où taux qui font suite à ces tubes excré- ta cavité de la poche péritonéale com- teurs. DES ANIMAUX VERTÈBRES. § [\. — La tunique interne ou muqueuse du canal digestif présente cliez les Yertébrés les mêmes caractères généraux que chez la plupart des Animaux inférieurs où nous en avons déjà étudié la structure. En général, on peut y reconnaître trois couches distinctes, savoir : une lame épithélique, formée par l'assemblage d'utricules ou cellules réunies entre elles, mais variant beaucoup sous le rapport de leur degré d'adhésion (1) ; Tunique muqueuse du tube disrestif. (1) L'existence cFime cuticule ana- logue à l'épiderme de la peau, et ap- pelée épithéliiim par Ruyscli (a), a été constatée sur la membrane muqueuse de la bouche, et même jusque dans l'œsophage, par plusieurs analomistes des xvii'^ et xviii'= siècles (6). Dès cette époque quelques auteurs avaient soutenu qu'une pellicule de même nature revêt la tunique muqueuse des intestins. Lieberkuhn,par exemple (c) et Glisson, tout en professant une opi- nion contraire, avaient assimilé à cette couche la substance molle qui se trouve à la surface de cette membrane, et qui était désignée sous le nom de mucus {d). Plus récemment, les résul- tats constatés par Lieberkiihn ont été confirmés par les recherches de M. Bail- larger et de M. Flourens (e) ; mais jusqu'en ces derniers temps, la plu- part des anatomistes ont pensé que l'épithélium ne dépassait pas l'extré- mité postérieure de l'œsophage et manquait dans l'estomac, ainsi que dans l'intestin (/"). La question n'a été résolue d'une manière satisfai- sante que par les observations micro- graphiques des histologistes de nos jours. M. Purkinje fut le premier à constater que l'épithélium des gen- cives se compose, comme l'épiderme cutané, de lamelles polyédriques ig). vers la même époque, M. Valentin fit des observations analogues sur d'autres membranes muqueuses (h). Enfin , M. Henle étudia, d'une manière plus générale et plus complète, la structure intime de la tunique superficielle du tube digestif, et y reconnut partout une couche épithélique composée de cellules ou utricules renfermant un noyau, mais offrant des variations de forme dans les différentes régions de ce canal (i). Ces résultats furent confir- més par les recherches de beaucoup (a) Ruyscli, Thésaurus anatomicus, VII, 7, n» 40, p. -12. (6j Voyez Haller, Elementa physiologiœ, t. V, p. 104. (c) Lieljerkiihn, Dissert, anatomo-physiologica de fabrioa et actione villorwn iiilesttnorum tenuium homiiiis, 17 GO, p. 10. (d) Glisson, Tractatus de ventriculo et inlestinis, p. 136. (e) Dôllinger, De vasis sanguiferis quce villis intestinorum tenuium hominis bnitorumque insunt (dissert.), p. 22. Munich, 1828. — Flourens, Recherclies anatomiques sur la structure des membranes muqueuses gastrique et intestinale {Ann. des sciences nul., 2" série, 1839, t. XI, p. 282). (() Biclwt, Anatomie générale, t. II, p. 703 (cdil. deMaingault). — Uéclard, Eléments d'analomie générale, 1823, p. 255. — Mcckcl, Manuel d'analomie, l. I, p. 199. (g) Voyez liasclikow, Meletemata circa mammaliiim denlium evolullonem, BrcsUui, 1835, p. 1 1 . (Il) Valcnlin, Feinere Anatomie der Sinnesorgane (Reperlorixun, 1830, p. 143). (i) Ilenlc, Traité d'anatomie générale, l. II, p. 290, etc. APPAREIL DIGESTIF une couche molle et plus ou moins granuleuse, qui a reçu le nom de corps muqueux ou de couche intermédiaire ^ et qui paraît être formée par du jeune tissu épithélique en voie de développement ; enfin une couche fondamentale ou dermoïde, qui se compose de tissu conjonctif associé à des fibres élas- tiques, et qui loge une multitude de petits vaisseaux sanguins et lymphatiques, de nerfs et de glandules (1), d'autres histologistes, portant soit sur l'Homme (a), soit sur divers Verlébrés inférieurs (6). (1) La plupart des anciens anato- mistes ne distinguaient dans les mem- branes muqueuses que deux couches constitutives, savoir : la couche su- perficielle, qu'ils comparaient à l'épi- derme de la peau, et la couche pro- fonde, ou chorion, qu'ils assimilaient au derme. Cependant Malpighi, en étudiant la structure de la langue du Bœuf, avait aperçu entre ces deux parties principales une couche inter- médiaire à laquelle on a donné le nom de corps muqueux ou de corps réti- culaire, parce que ce naturaliste le croyait perforé pour livrer passage aux villosités. En 1837, M. Flourens a constaté que cette couche intermé- diaire est continue et se laisse facile- ment séparer, soit de la couche épi- thélique, soit du chorion muqueux, quand on fait bouillir les pièces dont on veut étudier la structure. Il en a re- connu aussi l'existence chez l'Homme, et il a vu qu'elle se trouve dans l'esto- mac et l'intestin, aussi bien que dans la bouche (c). C'est le corps muqueux imparfaitement séparé des tissus con- jonctif et élastique du chorion sous- jacent que M. Henle a décrit sous le nom de couche intermédiaire de membranes muqueuses {d). Enfin c'es encore cette même partie qui, obser- vée dans son état normal, a été dé- crite par M. Goodsir, sous le nom de membrane germinale (e). Du reste, les recherches récentes des micro- graphes font voir qu'elle n'est , en réalité, autre chose que le tissu épi- thélique en voie de développement (/"), opinion qui avait été déjà professée par Albinus (g). C'est une substance très molle et dans un état granuleux ; mai.s, par les progrès du travail histo- (a) Mandl, Manuel d' anatomie générale, 1843, p. 533. Bowman, art. Mucous Membkane (Todd's Cyclopœdia of Anatomy and Physiology, t. Ut, p. 489, fig. 218^à 280). — KoUiker, Éléments d'histologie, p. 387 etsuiv., fit?. \10, etc. (&) Leydig, Lehrhuch dev Histologie des Menschen und der Thiere , p. 306, etc. (c) lï'lourens, Recherches anatomiques sur le corps muqueux de la langue dans l'Homme et les Mammifères {Ann. des sciences nat., 2° série, 1837, p. 219). — Recherches anatomiques sur la structure des membranes muqueuses gastrique et intestinale [Ann. des sciences nat. { 2" série, 1839, t. IX, p. 282). (d) Henle, Traité d'anatomie générale, t. II, p. 590. (e) Goodsir, On the Structure and Functions of the Intestinal YllU {Edlnb. New Philos. Journ. , 1842, t. XXXlII.p. 165). (f) Mandl, Anatomie microscopique, t. I, p. 328. (g) Albinus, Annotatiomim academicarwn liber pv'imus , cap. xvi, l. I, p. 64 et siiiv. (1754). DES ANIMAUX VERTÉBRÉS, 9 Il est aussi à noter que le tissu conjonctif situé entre les tuniques muqueuse et musculaire prend souvent un déve- loppement assez considérable pour être considéré par quel- ques anatomistes comme constituant une quatrième enve- loppe à laquelle on a donné les noms de tunique nerveuse ou fibreuse (1). Du reste, les caractères secondaires des divers éléments anatomiques que je viens d'énumérer varient dans les diffé- rentes parties du tube digestif, et par conséquent c'est lorsque nous étudierons chacune de celles-ci en particulier que nous devrons nous en occuper plus en détail. génique dont elle est le siège, elle est deslinée à se transformer successive- ment en ulricules semblables à celles dont se compose la pellicule épilhé- lique superficielle, et à remplacer celle-ci lors de la mue. M. Bowman et quelques autres ana- tomistes distinguent entre le tissu épilhéliqne et les parties profondes des membranes muqueuses une couche extrêmement mince, transparente , d'apparence homogène, qui reste ad- hérente quand l'épilhélium, déjà dé- veloppé, vient à se détacher. L'auteur que je viens de citer la désigne sous le nom de membrane fondamen- tale (a), et la considère comme étant l'élément anatomique qui constitue la base des muqueuses en général {b) ; mais je suis porté à croire que ce n'est encore que la portion la plus jeune , et par conséquent la plus profonde du tissu épithélique en voie de formation. La couche profonde de la tunique muqueuse, ou le cliorion muqueux, est désignée tantôt sous le nom de tissu sous-muqucux (c) , d'autres fois sous celui de chorion {d) ou de derme (e). C'est une sorte de feutrage de fibrilles conjonctifs et élastiques dont la den- sité et l'épaisseur varient beaucoup. Elle est, en général, très riche en vaisseaux sanguins. (1) M. Cruveilhier considère cette couche comme ne devant pas être confondue avec le tissu conjonctif (ou cellulaire) qui unit entre elles les par- lies voisines, et comme formaut, pour ainsi dire, la charpente du tube di- gestif (/■) ; elle est très susceptible d'hypertrophie, et dans certains états morbides de l'estomac elle acquiert parfois plusieurs lignes d'épaisseur. (a) Basement membrane, en anglais. (6) Bowman, art. Mucous Membrane (Todd's Cyclop. of Anat. ani Physiol., t. III, p. 486). M. MandI désif^nc ccUc counlie sous le nom de tunique dermoïde propre (Op. cit., p. 328). (c) Kcilliker, Traité d'histologie, p. 385. (d) Bichat, Anatomie générale, t. Il, p. 489, (e) Flonrens, Op. cit. (Ann. des sciences nat., t. VII, p. 221, etc.). {/') Cruveilhier, Traité d' anatomie descriptive, t. III, p. 1«4. iO APPAREIL DIGESTIF. Bouche. § 5. — Chez tous les Vertébrés, l'entrée des voies digestives est élargie en forme d'entonnoir, et constitue une sorte de vesti- bule appelé communément la bouche, bien que dans le langage ordinaire, ce nom soit appliqué aussi d'une manière plus parti- culière à l'ouverture par laquelle cette cavité communique avec l'extérieur. Presque toujours il règne une grande uniformité dans le plan fondamental de cette portion de l'appareil digestif, et les modifications qui s'y rencontrent dépendent en général, soit du degré de développement de certains groupes constants d'organes ou d'éléments anatomiques, soit de variations légères dans les relations de ces parties entre elles. Mais il existe une exception à cette règle, et l'introduction des matières alimen- taires dans la chambre buccale, au lieu de s'effectuer, comme d'ordinaire, par le jeu d'un système de leviers et de muscles, peut résulter seulement de l'action des cils vibratiles, qui sont aussi les organes moteurs dans l'appareil de la respiration, cumul physiologique dont nous avons déjà rencontré beaucoup d'exemples chez les Invertébrés inférieurs. Cavité buccale Cc modc dc préhcusion des aliments se voit chez VJm- de l'Amphioxus. phioxus, doutj'ai eu l'occasion de parler plusieurs fois, comme étant le représentant le plus dégradé du type zoologique propre à l'embranchement des Vertébrés. Chez cet Animal, de même que chez les Ascidies parmi les Molluscoïdes de la classe des Tuniciers, la partie antérieure du corps est creusée d'une grande cavité qui appartient en commun à la respiration et à la diges- tion. Des rephs membraneux situés à sa partie antérieure sont garnis de cils vibratiles qui, en battant l'eau, y déter- minent un courant dirigé d'avant en arrière, et les particules qui se trouvent en suspension dans ce liquide sont dirigées de la sorte vers l'estomac, tandis que le fluide respirable, après avoir baigné le vaisseau branchial, traverse une multi- tude de petits orifices latéraux, pour pénétrer dans la chambre viscérale et s'échapper ensuite au dehors par un pore abdo- CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS, il minai (1). L'entrée de la chambre branchio-pharyngienne ainsi disposée est maintenue béante par une sorte de cadre cartilagineux qui porte une couronne de barbillons ou cirrhes, et ces appendices fdiibrmes sont susceptibles de s'étendre en avant ou de se recourber en dedans, de façon à former une sorte de barrage à claire-voie qui s'oppose au passage de corps étrangers d'un certain volume. Enfin l'ouverture de l'œsophage, c'est-à-dire du conduit qui mène à l'esto- mac, occupe le fond de cette grande cavité, et des cils vibra- tiles dont elle est entourée y font pénétrer les particules solides amenées dans ce point par le courant respiratoire (2). § 6. — Chez les Vertébrés ordinaires, la cavité buccale, cavi(é buccale tout en pouvant servir au passage du fluide respirable, ne loge ''ordinaires!' jamais les organes de la respiration, et appartient essentiellement (1) Voyez ci-dessus, tome IH, page du cadre qui les porte, et, par leurs 301. contractions, déterminent celles-ci à (2) La charpente solide qui entoure se rapprocher ou à s'écarter entre l'ouverture buccale de VAmphioxus elles (a). est formée de deux tiges cartilagi- Les parois de la chambre branchio- neuses cylindro-coniques , qui sont pharyngienne sont soutenues par une réunies par leur base sur la ligne mé- série d'arceaux assez analogues au diane inférieure, et qui se composent cadre dont je viens de parler, et d'une série de tronçons placés bout à s'élèvent de la face sternale du corps bout. Chacun de ces articles porte un vers la paroi dorsale de cette cavité, appendice grêle et filiforme, mais de En traitant de l'appareil respiratoire, même nature, qui se dirige en avant, j'ai déjà fait connaître la disposition et qui soutient un prolongement digi- générale de cette charpente cartila- tiforme de la peau, de façon à consti- gineuse (tome III, p. 202), et c'est tuer une cirrhe ou barbillon. Enfin ces seulement quand nous étudierons spé- cirrhes, dont la tige est mulliarticulée, cialement le squelette des Animaux sont mises en mouvement par les vertébrés, que nous pourrons cher- fibres musculaires, et d'autres fais- cher utilement à en déterminer les ceaux charnus s'insèrent aux branches éléments anatomiques. {a) Goodsir, On the Anatomy o/" Amphioxus lancoolaliis (Trans. of Lhe roy. Soc. Edinbiii'gh, 1844, t. XV, p. 254). — 3. Millier, Ueber den Bau und die Lebenserscheinungen des Drancliiosloraa lubricura, pi. 1, %. 2, etc. {Mém. de l'Acad. de Derlin pour d842). — Quatrcfages, Mém. sur le système nerveux et l'Idstologie du BranchÀostome ou Amphioxus {Ann. des sciences nat., 184.1, 3' série, t. IV, pi. 40). 12 APPAREIL DIGESTIF. à l'appareil digestif; elle est constamment dépourvue de cils vibratiles, mais elle est susceptible de se dilater ou de se res- serrer, et c'est par l'effet de mouvements de ce genre que les aliments y sont introduits et poussés vers l'œsophage. Du reste, sa conformation varie suivant que ces substances consistent en liquides seulement, ou affectent en partie l'état solide. Chez les Vertébrés suceurs, elle a la forme d'une ventouse et ressemble beaucoup à la cupule que nous avons vue à l'entrée des voies digestivesde beaucoup de Vers, notamment des Sangsues. Mais le régime exclusif des liquides est exceptionnel dans le grand embranchement dont l'étude nous occupe ici, et, dans l'im- mense majorité des cas, la bouche est organisée en manière de pince à deux branches, de façon à pouvoir saisir des corps solides et à en effectuer la déglutition. Sous ce rapport, il existe donc une certaine ressemblance entre les Vertébrés et les Crustacés ou les Insectes; mais, chez les premiers, les branches de cette pince ne sont pas des appendices empruntés au système locomoteur : ce sont des organes créés ad hoc^ et au lieu d'agir en s'écartant ou en se rapprochant du plan médian du corps, elles se meuvent toujours d'avant en arrière, l'une d'elles restant plus ou moins immobile, tandis que l'autre, articulée à la précédente ou à une partie adjacente de la charpente céphalique par son extrémité postérieure, s'élève et s'abaisse alternativement. Pour le moment, je laisserai de côté les Vertébrés suceurs, qui ne sont qu'en petit nombre et qui appartiennent tous à la classe des Poissons. En effet, la structure de leur appareil buccal sera plus facile à étudier quand nous connaîtrons la constitution des parties analogues chez les Vertébrés mastica- teurs; et, d'ailleurs, c'est chez ces derniers que nous avons le plus d'intérêt à en faire un examen attentif. Disposition § 7, — Ainsi que chacun le sait, les deux branches de la générale _ ^ de la bouche, pincc buccalc des Vertébrés sont formées par deux mâchoires, CAVITÉ bucgalt: des animaux vertébrés, 13 dont l'une est supérieure ou antérieure, et l'autre est infé- rieure ou postérieure. Ces organes sont des parties du squelette dont le tissu est quelquefois eartilagineux, mais le plus sou- vent osseux, et ils sont toujours revêtus par un repli des tégu- ments communs, dont la portion extérieure fait partie de la peau et l,a portion intérieure dépend de la tunique muqueuse du canal digestif. Chez la plupart des Vertébrés inférieurs, ce repli membraneux est simple et appliqué directement sur le bord préhensile des mâchoires ; mais chez les membres les plus élevés de ce groupe zoologique, il se dédouble de façon à revêtir d'abord le bord libre de la pince buccale, et à y constituer ce que l'on appelle les gencives, puis à former extérieurement un voile mobile divisé plus ou moins complètement en deux parties appelées lèvres. Cet appareil valvulairc ou labial se rencontre chez divers Lèwes et joues Poissons (1); on le remarque aussi chez plusieurs Batra- (1) Chez beaucoup de Poissons, la Chez une espèce voisine, le Crenila- bouclie est bordée extérieurement par brus pavo , ainsi que chez le Bar- un repli de la peau qui est plus ou beau et plusieurs autres Poissons , moins épais, mais qui, n'étant pas la lèvre supérieure est fort grosse et pourvu de muscles propres, n'a aucun plissée à sa face interne (6). rôleimportantdanslesmouvemenlsre- Chez quelques Poissons il existe sur latifs à la digestion, et sert principale- la face externe du repli labial, ou tout ment à rendre l'occlusion de la portion auprès, des appendices cutanés ou vestibulaire du canal alimentaire plus barbillons; mais ces organes ne doi- complète, quand l'Animal doit faire vent pas être considérés comme ap- passer dans son appareil respiratoire partenant à l'appareil digestif, et ils l'eaudont il a rempli cette cavité. Quel- paraissent être seulement des instru- ques auteurs pensent que c'est à rai- ments tactiles. Ainsi, la bouche des sonde l'existence d'une disposition de Myxines est entourée de huit barbil- ce genre que le nom de Labrus a été Ions (c), et chez les Siluroides (d) il donné par les anciens à un Poisson en existe six, dont deux ont parfois de la Méditerranée ; mais cette opi- plus de la moitié de la longueur nion ne paraît pas èlre fondée [a). du corps. Chez les Rougets ou IVlu- (a) Valencienncs et Cuvier, Histoire nalurelle des Poissons, t. XIII, p. 2. (6) Valencienncs, Op. cit., t. Mil, p. iliO. (c) i. Millier, Vergl. Anatomie der Mjj.vinmdoi, pi. 2, fig'. 1. (d) Exemple : le l'iiaelodus aor (voy. V Allas du l\i(jiic animal do Giivicr, PohsoNb, pi. 9(î, lig. 2). i!l APPAREIL DIGESTIF. ciens (1) ; mais c'est seulement dans la classe des Mammifères qu'il acquiert de l'importance, et qu'il intervient d'une manière très active dans le travail mécanique effectué par la portion vestibulaire du canal digestif, travail qui a alors pour objet la division aussi bien que la préhension des aliments (2j. En effet, les lèvreSj quand leur structure est perfectionnée, peuvent agir de deux manières. Elles deviennent alors aptes à exécuter des mouvements au moyen desquels l'Animal saisit des aliments et les introduit dans la cavité buccale, fonctions dans lesquelles d'autres parties étrangères à l'appareil digestif leur viennent parfois en aide, ainsi que le fait la main de l'Homme ou la trompe de l'Éléphant. Puis, en raison de leur extensibilité, tout en restant plus ou moins complètement fermées, elles peuvent permettre aux mâchoires de s'écarter entre elles, et par conséquent elles servent à retenir les aliments dans la bouche pendant que ces organes les divisent. La première de lets (a), on en trouve deux qui pen- mâchoire supérieure. MM. Carus et dent à la symphyse de la mâchoire in- Otto l'ont figurée chez le Lepidopus férieure , et chez la Morue un seul, Peronii {cl). qui est inséré de même (6). (1) Ainsi, les Grenouilles et les Il est aussi à noter que, chez beau- Crapauds ont les lèvres très courtes, coup de Poissons, la membrane mu- (2) Tous les Mammifères, à l'excep- queuse de la bouche forme, en dedans lion des Monotrèmes, sont pourvus de de chaque mâchoire, un repli qui est lèvres mobiles ei plus ou moins bien dirigé en arrière et qui fait office de développées. Chez les Échidnés, ces valvule, pour empêcher le reflux de replis manquent complètement. Chez l'eau quand ce liquide a été introduit les Ornithorhynques adultes, ils n'ont dans cette cavité et doit être poussé à aucune mobilité et constituent, comme travers les fentes pharyngiennes dans nous le verrons dans la prochaine les chambres branchiales, puis au Leçon, une espèce de bec; mais dans dehors par les ouïes (c). Chez les les premiers temps de la vie ils sont Raies, cette espèce de lèvre interne est mous et flexibles (e). garnie de franges marginales à la Qhez les Fourmiliers, les lèvres (a) Exemple : le Mullus surmuletus (voy. Y Atlas dxi Règne animal, Poissons, pi. 19, fig. 2). (6) Atlas du Règne animal de Cuvier, Poissons, pi. 106, tig. 1. (c) Cuvier et Valenciennes, Histoire naturelle des Poissons, t. I, p. 497. {d) Carus et Otto, Tabula; Anatom. compar. illustrantes, pars iv, pi. 4, fig. 10. (e) Owen, On the Young of the Ornilhorhynchus paradoxus {Trans. of the Zool. Soc, 1835, t. I, p. 223, pi. 32, fig. 1 à 4). CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 15 ces conditions de perfectionnement est obtenue par un déve- loppement considérable des deux replis membraneux qui consti' tuent les lèvres, et par l'adjonction de muscles logés dans leur intérieur ou placés tout autour, et disposés de façon à en déplacer le "bord dans différents sens ; la seconde est réalisée par des moyens analogues et parle rétrécissement de la fente qui sépare ces deux voiles mobiles, dont la portion commune recouvre alors d'une manière permanente la partie postérieure de la pince mandibulaire, et constitue de chaque côté de la bouche une cloison extensible, qui est connue sous le nom de joue. Quelquefois l'espèce de poche ainsi formée se développe davantage, et devient apte à fonctionner comme un magasin pour les aliments que l'Animal met en réserve à mesure qu'il s'en empare, et qu'ensuite il mâche à loisir. Ainsi, chez beau- Abajoues. coup de Singes de l'ancien continent, il existe de chaque côté de la tête une cavité creusée dans l'épaisseur de la joue et for- mée par une dilatation de la membrane muqueuse dont la proprement dites sont très courtes et lobes arrondis par une fissure circonscrivent une bouclie extrême- moyenne. Cette disposition se voit ment petite; mais les joues, qui font chez beaucoup de I\ongeurs, tels que en réalité partie du même appareil les Lièvres {d} ; et c'est à raison de valvulaire, sont très développées (a). cette circonstance qu'on donne le nom Chez quelques Rongeurs, tels que les de bec-de-lièvre à la division congé- Rals-Taupes ou Sphœlax {b) , et les nitale ou accidentelle de cet organe Oryctères (c), ces replis sont trop courts qui seremarque parfois chez l'Homme, pour se rencontrer, et laissent toujours Le même mode d'organisation se voit à découvert les dents dont la partie chez les Chameaux, les Lamas, les antérieure de la bouche est armée. Chats et quelques Chauves -Souris, II est aussi à noter que la lèvre su- telles que les Noctilions de l'Amérique périeure est souvent divisée en deux du Sud (e). (a) Ovven, On the Analomy of Ihe Great Anteater [Tram, of Ihe Zool. Soc, t. IV, pi. 39, fig. 1 et 3). (b) Voyez Nordmann, Observ. sur la Faune pontique (Demidoff, Voyage en Grimée, Mammifères, pl. i et 2). (c) Voyez IMiifls du fiègne animal do Cuvier, Mammifères, pl. 61, fig. 2. (d) Voyez Carus et Otto, Tab. Anatom. compar. Ulustr., pars iv, pl. 1, fig. 2. (e) Scba, Thésaurus, t. I, pl. 55, fig. 1. — Gervais, Histoire naturelle des Mammifères, p. 211 (sans numéro). 16 APPAREIL DIGESTIF. bouche est tapissée. On donne à ces poches le nom d'aba joues^ et l'on remarque que chez certains Mammifères grani- vores elles acquièrent des dimensions très considérables (1). Des (1) Chez quelques Chauves-Souris, les joues sont très extensibles, mais ne constituent pas de véritables aba- joues, c'est-à-dire des poches dis- tinctes de la cavité buccale. Chez les Singes des genres Guenon, Macaque et Cynocéphales, ces réservoirs ali- mentaires sont très profonds ; ils des- cendent plus bas que la mâchoire inférieure, et communiquent avec la bouche par un orifice situé un peu en dedans de la commissure des lèvres. Chez les Semaopilhèques les abajoues sont rudimentaires ; mais chez les Gibbons et les Orangs, ainsi que chez tous les Singes du nouveau monde , il n'en existe aucun vestige. Ces appendices buccaux sont très développés chez plusieurs Hongeurs, particulièrement chez certaines espè- ces qui, pendant l'été, font des ma- gasins de provisions pour la mauvaise saison. Ainsi chez le IJamster, qui emmagasine de la sorte le blé dans son terrier, il existe de chaque côté de la bouche une grande poche mem- braneuse dont ce petit Mammifère se sert pour transporter sa récolle. Ce sac, de forme ovalaire, se prolonge sous la peau, sur les parties latérales de la tête et du cou, jusqu'à l'é- paule (o), et il est garni d'une tunique musculaire dont plusieurs faisceaux charnus s'étendent aux parties cir- convoisines, de façon à pouvoir, en se contractant, le comprimer forte- ment et le vider. La conformation des abajoues est à peu près la même chez le Souslik, ou Arctomys citillus (6), les Écureuils et les Campagnols, parmi les Rongeurs ; chez le Koala et le Perameles lagotis, parmi les Marsupiaux (c), et chez rOrnilhorhynque parmi les Mono- trèmes {d). Chez les Rongeurs du genre Sac- comys, il existe aussi des abajoues très vastes , mais ces poches s'ou- vrent au dehors par une grande fente qui descend de chaque côté de la bouche , depuis la lèvre supé- rieure jusque sous la mâchoire infé- rieure (e). Chez le Paca, on trouve aussi, in- dépendamment des abajoues internes, une poche qui est formée par un repli de la peau de chaque côté de la tête, s'enfonce sous l'arcade zygo- matique, et s'ouvre au dehors, au- dessous de celle voûie osseuse. Cette cavité ne paraît pas pouvoir servir à l'emmagasinage de matières alimen- taires, et l'on en ignore les usages. 11 est aussi à remarquer que les abajoues internes de cet Animal, qui s'ouvrent dans la bouche , vis-à-vis de l'espace compris entre les dent» mâchelières et incisives, ne paraissent pas être assez (a) Daubenton, Description analomiquc du Hamster (BulToii, Histoire naturelle des Mammi- fères, t.\m, pi. 272, fig. 4). (6) Carus et Otio, Tab. Anatom. compar. illuslr., pars iv, pi. 7, iig. 3. (c) Owen, art. Marsupialia (Todd's Cyclop., t. III, p. 299). (d) Meckel, Qrnilhorhynchlparadoxi descriptio analomica, pi. 5. (e) F. Cuvier, Descripl. du Saccomys anthophile {Mém. du Musétmi, t. X, pi. 26, lig. 7). CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 17 dépendances du plancher de la bouche rennplissent des fonc- tions analogues chez quelques Oiseaux, tels que les Péli- cans (1). extensibles pour recevoir des corps étrangers {a). Le Geomys bursarius (qui a reçu aussi les noms génériques de Pseudo- stoma, (VAscomys et de Saccophorus) a été souvent représenté comme ayant de cliaque côté de la bouche un sac membraneux saillant au dehors et pendant presque à terre (6) ; mais cette disposition n'existe p;is naturel- lement, et paraît n'avoir été produite que par l'extroversion artificielle des abajoues (c). Chez les Grenouilles mâles on trouve de chaque côté de la face une poche assez semblable aux abajoues des Mammifères, mais qui ne sert pas à loger les alimenls, et, en se j^onflant d'air, produit le coassement bruyant que ces Animaux font si souvent en- tendre [clj. Les l'.ainettes ont aussi des sacs vocaux, mais ces poches ne sont pas visibles à l'extérieur et sont situées sous la langue. (1) U existe chez le Pélican une grande poche membraneuse qui sert de magasin pour les aliments, comme le font les abajoues des Mammifères dont je viens de parler, mais qui est consliluée d'une manière différente. Elle n'est pas formée par les joues. et elle résulie de Tagrandissement du plancher de la cavité buccale (e). Les deux branches de la mâchoire infé- rieure de cet Oiseau sont, non-seule- ment très longues, mais aussi très écartées entre elles, et la langue étant rudimentaire, la membrane muqueuse qui tapisse la paroi inférieure de la bouche, et qui n'est séparée de la peau que par un réseau mince de tissu élastique et quelques faisceaux musculaires très grêles, se dilate de façon à constituer une grande poche médiane (/). Quand ce réservoir est vide, il se resserre beaucoup, à raison de l'élasticité du réseau fibreux dont je viens de parler; mais en fléchissant sous le poids des aliments que le Péli- can y dépose, il se dilaie aisément et il peut acquérir ainsi des dimensions très considérables. Le Pélican se nourrit de Poissons, et quand il fait la chasse de ces Animaux, il les engloutit dans sa poche sous -maxillaire, afin de les avaler ensuite à loisir, ou de les dé- gorger devant ses petits. Pour vider ainsi ce réservoir, ces grands Oiseaux appuient leur énorme bec contre leur poitrine, et c'est probablement cette manœuvre qui a fait naître la fable devenue populaire au sujet de ces (a) F. Ciivier, art. Cabiai cl Paca iDict. des sciences nat., t. VI, p. il, et t. X.WVII, p. 194). \b) Sliaw, Descripl. of Ihe Mus liiirsariiis, de. [Trans. of the Linn. Soc, t. V, pi. bij. — Hymcr Joncs , i\rt. Rooentia (ToJii's Cyclopœdia of Anatowy and l'hysiology, t.. III, p. 380, fi^'. 270). (e) Voyez lioset, Historia naluralis liaiiarum, pi. 4, li;,'. \,a; pi. tll, li,^'. 2, d. (d) Cuvier, HèQne animal, 2" éilit., I. I, p. 212. (e) Voyez V Allas du Hégne animal, Uiskaux, pt. iJ't, lit;- ^ • (/") IJiivcriioy, Mém. sur quelques parliculavilcs des organes de la dégluttllon de la classe des Oiseaux el des ReidUes pt. 4, lig. xi [Mém. de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, 1835, I. II). M. 2 18 APPAREIL DIGESTIF. Conditions de perfectionne- ment de l'appareil labial. D'après les faits que je viens d'exposer, on peut prévoir que le développement de l'appareil labial doit être lié au mode d'action des organes masticatoires. Ainsi chez les Mammifères dont la nourriture consiste en petits Insectes ou d'autres corps qui s'échapperaient facilement de la bouche pendant l'écartement des mâchoires, si celle-ci était largement fendue, il est utile que la joue, c'est-à-dire la portion commune- et close de ces espèces de voiles mobiles, s'étende dans une grande lon- gueur de chaque côté de la pince mandibulaire, et que par conséquent la commissure des lèvres se trouve très éloignée de la charnière à l'aide de laquelle cette pince fonctionne. Mais les Animaux qui avalent, sans les mâcher beaucoup, de gros fragments de substances molles, tels que des lambeaux de chair, n'ont pas besoin d'une disposition semblable, laquelle serait d'ailleurs défavorable à l'ingurgitation rapide de leur Animaux, qui, dit -on, se percent le sein pour en tirer du sang destiné à nourrir leurs petits. Il existe chez le Busard mâle un réservoir membraneux, qui peut être comparé à la poche sous-mandibulaire du l^élican, mais qui n'est pas disposé de la même manière. Cest un sac membraneux qui a son entrée sous la langue et qui descend le long de la partie antérieure du cou (a). Gel or- gane peut contenir plusieurs litres d'eau , et l'on suppose qu'il sert au mâle pour porter à sa compagne et à sa progéniture la boisson dont celles- ci ont besoin, pendant qu'elles sont obligées de rester dans leur nid. Une disposiiion analogue se remarque dans la membrane muqueuse du plancher chez le Martinet, et sert de réceptacle pour les Insectes dont celui-ci fait la chasse ; elle est surtout développée dans la saison de l'incubation, et elle paraît exister chez plusieurs autres Oiseaux insectivores. Enfin, on trouve aussi une poche sublinguale très dilatable chez le Casse - noix [Caryoçatactes) , et cet Oiseau y accumule les noisettes dont il fait provision (6). Quelques auteurs ont fait mention d'une particularité anatomique ana- logue chez le Rorqual. Ainsi, d'après Souty, il y aurait chez cette Baleine une grande poche membraneuse, lon- gue de plus de 2 mètres et demi, si- tuée sous le plancher de la bouche et contenant de l'air (c). (a) Owen, art. Aves (Todd's Cyclopœdia of Amtoiny and Physiology, t. I, p. 317, fig. i 55). (6j Sinéiy, Note sur une poche buccale chez le Casse-noix (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1853, t. XXXVI, p. 785). (c) Lesson, Hist. nat. des Cétacés, 1828, p. 318 à 271 (Suites à Buffôii, édlt. Baudouin). CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 19 proie. Et, effective aient, on remarque que chez les Carnassiers l'ouverture de la bouche s'étend très loin vers l'articulation de la mâchoire, tandis que chez les Insectivores, les Rongeurs et les Herbivores, qui doivent en général mâcher longuement leurs aliments, les joues se développent davantage, et l'ouverture de la bouche, tout en étant plus ou moins dilatable, se rétrécit beaucoup. C'est surtout dans ce dernier cas que les parties motrices de l'appareil labial se perfectionnent le plus : mais leur multiplicité peut être commandée par d'autres circonstances; car, ainsi que chacun le sait, les lèvres peuvent être employées à différents usages, à la prononciation, par exemple, aussi bien qu'à la préhension des aliments, et ces fonctions nouvelles néces- sitent une grande aptitude à exécuter des mouvements variés. Ainsi, chez l'Homme, l'un des muscles labiaux est un sphinc- Muscles ter composé de fibres disposées en forme d'anneau autour de lawai. l'ouverture de la bouche ; il est logé dans l'épaisseur des lèvres, et, en se contractant, il en rapproche les bords (1). Les antagonistes de ce muscle constricteur sont fixés à la partie externe de ces replis tégumentaires, dans le voisinage de la commissure labiale, et se rendent en divergeant vers le bord inférieur de l'orbite, la partie postérieure des joues et la face externe de la mâchoire inférieure, de façon à pouvoir élever la lèvre supérieure, abaisser la lèvre inférieure, et tirer ces deux organes en arrière, en les tendant sur les arcades dentaires et (1) Le muscle orbiculaire des le- dans la lèvre supérieure, l'autre dans vres, on sphincter de la bouche, est la lèvre inférieure, et qui se réunissent de forme ovalaire; il est logé dans par enlrecroisement de leurs éléments l'épaisseur des lèvres et ne s'attache constitutifs de chaque côté de la bou- pas aux os ciiconvoisins , mais se che, de façon h former un anneau compose de deux faisceaux de fibres charnu (a), l^ar sa contraction , ce sous-cutanées demi- elliptiques, qui muscle rapproche les lèvres et res- sent disposés transversalement, l'un serre l'ouverture buccale. (a) Voyez lîourgcry, Traité de l'anatomie de l'itomme, t. II, pi. 95, ou toute autre Iconograptiie anatomiquc ilii corps humain. 20 APÎ'AREIL DIGESTIF. en écartant leurs conrimissures l'une de l'autre (1). Chez les autres Mammifères les muscles labiaux sont disposés à peu près de même que chez l'Homme, et quelquefois ils sont plus déve- loppés; mais, en général, ils sont moins indépendants entre (1) Les muscles rétracteurs des lèvres sont, de cliaqnc côté de la tête : 1" Le grand zygomatique, faisceau charnu, long et grêle, qui se fixe pos- térieurement à la face externe de l'os de la pommette, et qui descend obli- quement vers la commissure des lè- vres, où il s'attache aux téguments communs, en se mêlant aux fibres du muscle orbicuiaire (a). 2" Le muscle petit zygomatique , qui marche parallèlement au précé- dent, et qui s'insère à la lèvre supé- rieure, entre la commissure et l'aile du nez (b). Souvent ce muscle man- que ou se confond avec le grand zygomatique (c). à" La portion supérieure du muscle peaucier, qui, après avoir recouvert toute la région antérieure du cou, se prolonge transversalement sur la par- tie inférieure des joues, et envoie beau- coup de fibres à la commissure des lèvres. !l° Le muscle buccinateur, qui est situé plus profondément que les précé- dents et qui tapisse la face interne des joues. Il s'insère, d'une part, aux deux mâchoires, près de leur bord alvéo- laire, et a une inttasection fibreuse qui le réunit au muscle constricteur supérieur du pharynx ; d'autre pari, à la commissure des lèvres et aux par- ties adjacentes de ces organes (d). Les muscles élévateurs de la lèvre supérieure sont : 1° Véléoateur commun de l'aile du nez et de la lèvre supérieure, qui s'attache supérieurement à la partie inférieure et interne du bord de l'or- bite, descend sur le côté du nez, et s'insère inférieurement aux téguments de l'aile du nez et de la partie voisine de la lèvre supérieiu'e (e). 2" Vélévateur propre de la lèvre supérieure, qui s'étend du bord infé- rieur de l'orbite à la partie externe de la lèvre supérieure {f). '6" Le muscle canin, ou élévateur oblique interne de la commissure, qui s'insère, d'une part, à la pariie supé- rieure de la fosse canine et aux parties adjacentes de l'apophyse montante de l'os maxillaire supérieur ; d'autre part, à la commissure des lèvres [g). Les muscles abaisseurs sont : 1° Le triangulaire des lèvres, ou abaisseur de la commissure, dont les fibres se fixent inférieurement au tiers interne de Ic^^ ligne maxillaire externe de la mâchoire inférieure, et conver- gent supérieurement pour se confon- dre avec celles des muscles canin et (a) Bourgery, Traité de l'anatomiede l'Homme, pi. 05, 11° \^1. (b) Idem, ibid , pi. 95, n" 11. (c) Cuvier et Laurillard, Anatomie comparée (myolo'^ic du nègre), pi. 1, tig. 1. (d) Bourgery, Op. cit., pi. 96, 11° 10, et pi. 99, lig. 1, r." "2. (e) Idem, ibid., pi. 95, 11° 9. (/■) Idem, i&id., pi. 95, n° 10. {g} Idem, ibid., pi. 96, n° 1 CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 21 eux, et par conséquent moins aptes à imprimer aux lèvres des mouvements variés (1). Il est aussi à noter qu'en général les lèvres logent dans leur épaisseur des glandules dont le nombre est souvent fort considé- rable (-2), et que chez quelques Mammifères leur surface interne, au lieu d'être lisse, ou garnie seulement de papilles microsco- piques et molles, comme chez l'Homme, est hérissée de gros appendices coniques dont la dureté est assez grande; disposition qui est même très remarquable chez certaines Chauves-Souris (3) . grand zygomatique, près de la com- missure des lèvres (a). 2° Le muscle carré, ou abaisseur propre de la lèvre inférieure, qui naîl des téguments de ce repli périslomien, et se fixe par son extrémité opposée, soit à l'os maxillaire inférieur, soit aux fibres voisines du muscle peau- cier (6), (1) Chez les Singes, par exemple, chez le Gorille (c) et le Magot [cl), les muscles labiaux sont plus développés que chez l'Homme, mais se confondent davantage entre eux, et le muscle peau- cier intervient plus fortement dans la production des mouvements de la lèvre inférieure. Chez le Papion et les autres Singes qui sont pourvus de grandes abajoues, le muscle buccina- teur acquiert un développement très considérable [e). Chez le Cheval, l'analogue du mus- cle releveur commun, appelé macci7- laire , ou sus-naso- labial , est fort grand, tandis que le muscle zygoma- tique est représenté seulement par un faisceau très grêle ; mais, du reste, on trouve les muscles labiaux disposés à peu près de même que chez l'Hom- me (/■). Chez le Bœuf, ce dernier muscle se développe davantage, mais se rend principalement à la lèvre inférieure (g). Chez les Fourmiliers, la plupart des muscles rétracteurs des lèvres, au lieu d'envoyer directement leurs fibres charnues dans l'épaisseur de ces or- ganes, s'y insèrent à l'aide de tendons longs et grêles (h). (2) Nous reviendrons sur la dispo- sition de ces glandes, dans la cin- quante-quatrième Leçon, quand nous étudierons l'ensemble de l'appareil salivaire. (3) Ainsi, chez le Phyllosloma per- spicillatum, le bord des lèvres est (a) Bourgery, Traité del'anatomie de l'Homme, pi. 95, n° 10. (6) Idem, ibid., pi. ',J6, n" 11. (r.} r»iivr,Ti)oy, Troisième mémoire sur les caractères anatomifiucs des grands Sinaes pseudo- anlliropomorphes {Arch. du Muséum, t. VIU, pi. l^, fig. C). [d] Cuvier et Laiirillard, Anatomie comparée, pi. 27 et 20. (e) Olivier et Ijaurillard, Op. cit., pi. 3H. if) Voyez Chauvcan, Traité d'a)iatûmie comparée des Animau.v domestiques, p. 21 5, fig. 72. {H) Idem, ibid., p. 21t), (!;,'. 73. (h) Owen, On the Anatomy of the Great Anleater (Trans. of the Xool. Suc, I. IV, pi. 39, lig. 1). 22 APPAREIL DIGESTIF. Charpente g g, — Lq cliar pente solide qui entoure la chambre buc- de la bouche, eale est d'une structure très complexe, et varie dans sa dispo- • sition suivant la nature des besoins physiologiques auxquels elle est destinée à satisfaire. Son mode d'action ne peut être le même chez les Animaux suceurs et chez ceux qui se nour- rissent d'aliments solides d'un certain volume. Chez les pre- miers, elle peut constituer une sorte de cadre rigide qui entoure l'entrée des voies digestives, et ne laisse qu'un étroit passage pour les liquides dont l'ingurgitation est déterminée par le jeu d'un appareil aspirateur particulier ; mais, chez les Vertébrés dont les principaux aliments sont des corps solides, elle doit réunir d'autres conditions : elle doit être dilatable, afin de se prêter au passage de ces corps, dont le volume est susceptible de variation, et elle doit offrir assez de solidité pour être apte à fonctionner à la manière des leviers, afin de saisir et de presser avec force ces mêmes corps quand les muscles destinés à mettre ses différentes parties en mouvement viennent à se contracter. Or, la disposition des parties constitutives de la charpente buc- cale qui est favorable à sa grande dilatabilité, est nuisible à son action comme instrument préhensile ou compresseur, et par conséquent cet appareil ne peut mieux remphr une des deux con- ditions que je viens d'indiquer qu'en devenant moins apte à réaliser l'autre : quand il sera destiné à déployer une grande puissance, ses différentes parties devront être très solidement unies entre elles, et présenter dans certaines directions une ré- sistance considérable, tandis que plus ces mêmes parties seront mobiles, mieux elles se laisseront écarter entre elles pour livrer passage aux aliments. Nous pouvons donc prévoir que chez les Vertébrés qui ne sont pas pourvus d'organes sécateurs propres comme crénelé, et il existe de chaque une rangée de papilles très sail- côté, à la face interne de ces organes, lantes (a). [a) Carus et Otto, Tahulœ Analomiam comparativam illustrantes, pars iv, pi. 1, iîg. i . CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 2S à opérer la division des aliments solides préalablement à l'in- gm^gitation de ceux-ci, le perfectionnement de la charpente buccale doit avoir principalement pour objet l'augmentation de sa dilatabilité; car l'utilisation des matières nutritives que l'Ani- mal trouve à sa portée est alors subordonnée aux rapports existant entre le volume de ces corps et la grandeur de l'ori- fice que les mouvements de cette charpente rendent béant. Ce qui importe le plus à ces êtres, ce n'est donc pas de pouvoir saisir fortement leur proie, mais de pouvoir ouvrir une bouche assez grande pour l'engloulir tout entière; et par conséquent les conditions de puissance devront être sacrifiées à ce qui est nécessaire pour assurer la dilatabilité de cet appareil. Mais là où l'espèce de pince (ormée par les bords de l'ouverture buc- cale est armée d'instruments propres à déchirer ou à couper les aUments, de façon que l'Animal puisse réduire ceux-ci en fragments dont le volume est inférieur aux dimensions de l'entrée des voies digestives, la grande dilatabilité de la bouche devient inutile, et peut sans inconvénient être sacrifiée au déve- loppement de la puissance de son action comme instrument de préhension et de mastication. Le mode d'arrangement des élé- ments constitutifs de la charpente orale doit donc se trouver lié à la manière dont fonctionne l'armature de cette portion vestibulaire des voies digestives. Or, nous verrons dans la prochaine Leçon que cette armature est en général propre seulement à effectuer la préhension des ahments chez les Ver- tébrés inférieurs, tandis qu'elle devient capable de les diviser d'une manière très parfaite chez les membres les plus élevés de ce groupe zoologique. Nous pouvons par conséquent pré- voir que chez les Vertébrés des classes inférieures la charpente buccale sera surtout remarquable par la mobilité de ses diffé- rentes parties et la dilatabilité de son ensemble, tandis que chez les Vertébrés les plus élevés en organisation, c'est-à-dire chez les Manimiières, la disi)Ositi(»n de ces mêmes parties 2i APPAP.KIL DIGESTIF. sera combinée principalement en vue d'assurer leur solidité et d'utiliser le mieux possible la puissance motrice déployée par les muscles adjacents pour mettre en action la pince masti- catoire dont elles forment la base. Effectivement, c'est de la sorte que la charpente solide de la bouche des Vertébrés est en général disposée, d'une part chez les Poissons et les Rep- tiles, d'autre part chez les Oiseaux, et surtout chez les Mam- mifères. Mais, pour bien comprendre les moyens que la nature met en usage pour y imprimer ces modifications , il est nécessaire d'en connaître le mode de constitution, et par conséquent il nous faut étudier attentivement la structure de cet appareil considéré dans le vaste ensemble formé par les diverses classes des Animaux vertébrés. Pour saisir facilement le caractère de ces changements Mode dans la structure de la charpente buccale, et pour mettre bien de développement cu évidcncc la similitude fondamentale qui s'y rencontre tou- d/iabïucL jours, malgré les variations déterminées de la sorte, il me reJbryon. scmblc utilc d'cxamincr d'abord d'une manière rapide le mode de développement de cet appareil chez l'embryon d'un Animal où il est destiné à acquérir une importance considé- rable. Chez tous les Vertébrés, dans les premiers temps de la vie de l'embryon, la portion vestibulaire des voies digestives affecte la forme d'une grande fosse infundibulaire qui occupe toute la partie de la région faciale comprise entre les yeux et le cou, et qui est destinée à constituer, d'une parties cavités olfactives, d'autre part la chambre buccale. Mais bientôt on voit saillir de chaque côté de la base du crâne un bourgeon qui res- semble beaucoup aux arcs cervicaux destinés à former la portion hyoïdienne de l'appareil respiratoire (1 ), et qui peut être désigné sous le nom d'arc facial. Ce tubercule, en s'allongeant, descend (1) Voyez tome II , pages 20/| , 218 , etc. CAVITÉ BUCCALK DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 25 sur le côlé de la fosse faciale, et, après avoir parcouru ainsi un certain trajet, se bifurque (1). Sa branche inférieure ou postérieure s'avance le long du bord correspondant de cette fosse, et, après s'y être unie, va rejoindre sur la ligne mé- diane du corps la branche semblable appartenant au côté opposé, de façon à constituer avec elle un arc transversal qui embrasse en dessous l'ouverture de la cavité commune dont je viens de parler; puis une couche de hssu organogénique se produit sur son bord antérieur, et ce tissu, en se développant, conslitue de chaque côté une pièce solide qui devient une moitié de la mâchoire inférieure. Ce dernier organe est donc un arc composé de deux branches qui sont rapprochées ou unies entre elles par leur extrémité inférieure, et qui sont suspendues au crâne par leur extrémité opposée à l'aide de la portion basilaire de l'arc facial, dans l'épaisseur de laquelle des pièces solides que j'appellerai maxillo-crémastiques se déve- loppent en même temps. La branche supérieure de ce dernier appendice s'allonge aussi, et se dirige en avant sous la base du crâne ; mais, au lieu de rester simple, elle se subdivise bientôt en deux portions : l'une qui se porte en dedans et s'élargit de façon à rencon- trer son analogue en passant sous l'appareil olfactif, et à con- stituer une cloison plus ou moins parfaite entre la portion supé- rieure de la fosse faciale occupée par celui-ci et la portion inférieure de cette cavité, qui devient alors la bouche pro- prement dite. Des pièces solides se développent bientôt dans (1) Je reviendrai sur l'étude de ces lec ici que les dilléreiils élats de l'arc phénomènes organogéniqiies lorsque facial dans l'embryon humain se je traiterai du développement des voient très bien dans les figures pu- Vertébrés, et je me bornerai à ajou- bliées par M. Cosle (a). (a) Cosle, Histoire (jéiiérale- et pnrliciUière du dévelapncineal des êtres oryanisés, Espôco humaine, pi. 3, li^'. 3 ; (il. S.c, (ij. IJ ; (>!. i a, Cv;. 1 , clc. 26 APPAREIL DIGESTIF. la lame ainsi formée, et constituent ce que les anatomistes appellent ïarc palatin. Enfin, la portion externe de cette même branche supériem^e de l'appendice facial primitif siivance pa- rallèlement à la mâchoire inférieure, et va s'unir, sur le de- vant de la fosse faciale, à un appendice facial antérieur qui descend de la région frontale du crâne et qui laisse de cha- que côté, dans son point de jonction avec la partie dont je viens de parler, un espace vide destiné à former la narine. En résumé , nous voyons donc que la cavité buccale se trouve cloisonnée de chaque côté par quatre systèmes de pièces cartilagineuses ou osseuses, savoir : le système temporal ou maœillo'Crémastique (1), qui suspend le tout à la base du crâne; le système maxillaire inférieur ou mandibulaire, qui forme la mâchoire inférieure ; le système maxillaire supé- rieur, qui constitue la partie principale de la mâchoire supérieure , et le système palatin , qui devient la charpente sohde de la cloison naso-buccale. Chacun de ces systèmes se compose de deux moitiés paires qui peuvent rester séparées ou se réunir, soit en totalité, soit en partie, sur la ligne mé- diane du corps. Enfin, ces différents systèmes de pièces car- tilagineuses ou osseuses plus ou moins nombreuses peuvent rester isolés ou s'appuyer plus ou moins solidement, soit les uns sur les autres , soit sur les parties voisines du squelette , c'est-à-dire sur le crâne et ses prolongements faciaux. Or, ce sont principalement les variations introduites dans ces diverses jonctions qui déterminent les différences doni; j'ai déjà parlé comme existant dans la dilatabilité et la puissance préhensile de l'appareil constitué par l'ensemble de ces pièces. Des modifications organiques plus ou moins impor- tantes peuvent résulter aussi de l'absence de quelques-unes de ces parties et du degré relatif de leur développement (1) Appelé le suspensorium par quelques anatomistes. CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 27 Enfin, je dois ajouter que chez un petit nombre de Vertébrés où la charpente que je viens de décrire ne se constitue que d'une manière imparfaite, on voit d'autres pièces soUdes se développer au-devant des mâchoires, dans l'épaisseur des lèvres, et y jouer parfois un rôle assez important; mais ces pièces, que les anatomistes désignent sous le nom de cartilages labiaux^ ne se rencontrent que très rarement, et ils ne doivent pas être considérés comme des éléments normaux de la char- pente buccale du Vertébré. Cet appareil se compose donc d'or- dinaire de quatre systèmes de pièces solides, qui sont, je le répète, les os ou cartilages constitutifs de la mâchoire infé- rieure, de son support , de la mâchoire supérieure et du palais. ^ Ce n'est pas le moment d'étudier d'une manière approfondie la structure et la disposition de ces diverses portions du sque- lette, car cette élude ne peut être bien faite si elle est isolée, et elle trouvera mieux sa place quand nous nous occuperons de la charpente solide du corps des Vertébrés considérée dans son ensemble; mais nous ne pouvons nous dispenser d'exa- miner ici les instruments physiologiques fournis à l'appareil digestif par ces organes, et, en choisissant un certain nombre d'exemples, il me sera facile, je pense, de faire connaître les principales modifications qui s'y rencontrent, ainsi que l'in- fluence de- ces dispositions sur le mode d'action de la portion vestibulaire du canal alimentaire. Chez les Poissons sélaciens de la famille des Raies, la charpente charpente buccale est très simple ; on n'y trouve en général ni pièces ,jes^poTsLs labiales, ni pièces palatines (1); elle ne se compose que du jel^sSeL système maxillo-crémastique ou temporal et des deux mâchoires; enfin, chacune de ces parties n'est formée que par une paire (Ij .1. Millier n'a Irouvé aucun ves- genres liaia , Trigon, lihinohaUs , lige (!<• cartilages labiaux dans les Cephaloptera el: Myliobafis ; mais 28 APPAREIL DIGESTIF. de cartilages (1). Les pièces maxillaires d'une même paire, tant supérieures qu'inférieures, sont articulées ou soudées entre elles par leur extrémité antérieure, et se recourbent en arrière de façon à former par leur réunion une bande semi-circulaire dont la convexité est dirigée en avant et dont les deux branches s'unissent par leur extrémité postérieure à celles de l'autre mâchoire. Il en résulte que cet appareil maxillaire constitue un anneau brisé dont les deux moitiés, mobiles l'une sur l'autre, et antagonistes, peuvent se superposer en se rabattant, et fer- mer l'ouverture buccale, ou bien s'écarter et rendre cet orilice béant. La mâchoire inférieure s'articule par l'extrémité posté- rieure de chacune de ses branches avec un cartilage suspenseur appelé pièce tympanale, qui s'appuie sur le crâne par son extrémité supérieure, et qui constitue un arc-boutant à l'aide duquel l'appareil maxillaire est maintenu à une certaine dis- tance de la base de cette boite solide, tout en conservant un peu de mobilité. Enfin, la mâchoire supérieure s'appuie contre cette dernière portion de la charpente céphalique, mais n'y est attachée que par des parties molles qui sont très extensibles, de façon qu'elle peut se déplacer un peu sans pouvoir se re- lever notablement pour s'écarter de la mâchoire inférieure ('i). Il résulte de ce mode d'organisation que la charpente buc- il en a rencontré des rudiments chez (2) Les .inatomistes ont été partagés les Rliinoptères (a), et M. Wenle en d'opinion aiisiijet de la délerminaliou a constaté la présence chez les Nar- des cartilages conslilnlifs de la mâ- cines (6). choire supérieure des Séhiciens ou (1) Pour la disposition générale de Plagiostonies. Cuvier a été conduit à la charpente buccale des Raies, je ren- admettre que la charpente solide de verrai à quelques figures du squelette cette mâchoire ne repiésente pas les de ces Poissons (c). os dits maxillaires et intermaxillaires (a) Millier, Vergleichende Anatomie der Myœirioiden, p. "134, pi. 9, fi"-. t2. (6) Henle, Ueber Narcine, eine neue Gattung electrischer Rochcn, pi. 4, fig-. 2. (c) Exemples : Trigon (Agassiz, Recherches sur les Poissons fossiles, t. III, pi. H, fig'. i). ■ — Torpédo (P.osenihal, Ichlhyotomische Tafeln, pi. 20, (ig. 3 et t ; — J. Davy Researches Physiological and Anatomical, t, I, pi. 9). CAVITÉ BUCCALE DES AlVIMAUX VERTÉBRÉS. 29 cale n'oftre ni beaucoup de solidité, ni une grande dilata- bilité. Sa structure est à peu près la môme chez tous les autres Poissons cartilagineux de l'ordre des Sélaciens ou Plagiostomes, qui composent la portion correspon- dante de l'appareil buccal chez la plupart des autres Vertébrés, et qu'elle est formée par l'arc palatin. En- fin, il considère les maxillaires et intermaxillaires comme ayant pour analogues, chez les Poissons carti- lagineux, quelques petiles pièces so- lides qui sont délachocs du reste de la charpente faciale et se trouvent dans l'épaisseur des lèvres (a). Cette interprétation des choses est, au pre- mier abord, très séduisante, et a été adoptée par la plupart des anato- mistes du commencement du siècle actuel (6) ; en etl'et, chez quelques espèces, et notamment chez l'Ange (ou Squatinavulgaris)fCes cartilages labiaux ressemblent beaucoup aux pièces constitutives de la mâchoire su- périeure chez les Poissons osseux, et les connexions organiques de la pièce principale de cette portion de la char- pente buccale rappellent celles (lel'arc palatin de ces derniers Vertébrés plu- tôt que celles des os propres de la mâ- choire supérieuie(c). Mais les recher- ches plus récentes de J. Millier et de quelques autres ichthyologistes sem- blent établir d'une manière non dou- teuse que les pièces labiales des Séla- ciens ne se trouvent pas représentées dans la charpente buccale des Poissons osseux ni des Vertébrés des autres clas- ses, et sont des éléments organiques surajoutés qui sont propres aux Séla- ciens et aux Cyclostomes. En effet, J. Millier a trouvé que chez le Callo- ?'/i?/nc/ît ' des Batraciens riens , la maclioire supérieure est complètement fixée au des Reptiles, crâuc, ct la mâchoire inférieure seule est suscephble de se menl de l'os angulaire que nous'avons fondamental de la mâchoire infé- déjà trouvé chez le Brochet, on voit à rieurc reste souvent sous la forme la face interne de l'arliculaire une d'un stylet qui se trouve engagé dans petite pièce osseuse appelée os oper- une excavation de l'os dentaire. culaire par Cuvier et coronoidien par (1) Ainsi, c'est l'allongement excès- Geoffroy Saint-Hiiaire. Cette pièce ac- sif de l'arc palatin, des os lympani- cessoireserenconlrechez la Perche («), ques et de la partie antérieure de la Chez le Lépidostée, le nombre des charpente crânienne, qui donne aux pièces constitutives de chaque branche Fistulairesou Bouches en flûte (c), aux mandibulaire s'élève à cinq, car, outre Centrisques {d) et aux Syngnathes la les quatre os dont je viens de parler, forme particulière du museau qui les il y a une petite pièce dite subangu- rend si remarquables. laire {b). (2) Tome II, page 218 et suiv. Il est aussi à noter que le cartilage (3) Chez les Batraciens inférieurs, (a) Cuvier et Valenciennes, Histoire naturelle des Poissons, 1. 1, pi. 3, ûg. S, n" 37. (&) Geoffroy Saint-Hilaire, Philosophie anatomique, 'pl. l, dg. i3. — Agassiz, Recherches sur les Poissons fossiles, t. II, pi. B, fig. 7. (c) Roseiilhal, Ichthyotomische Tafeln, pi. 9, fig. 8. (d)Idem, i&(d.,pl. '10, fig. 41, CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS, 41 mouvoir en se baissant et en se relevant, de façon à s'é- carter de son antagoniste ou à s'en rapprocher alternative- l'arcade lemporo -palatine est incom- plète et la mâchoire supérieure est quelquefois très réduite. Ainsi, chez la Sirène, les os maxillaires sont rudi- mentaires et suspendus à l'extrémité des inlermaxillaires qui s'appuient sur le devant du crâne à l'aide d'une branche montante ; enfin, les palatins sont attachés à la base du crâne, mais ne se trouvent reliés ni aux os maxil- laires ni à l'arc temporal (a). Chez le Protée, les maxillaires su- périeurs paraissent manquer complè- tement (6). Chez les Axolotls (c), les Ménopomes (tZ), lesCryplobranches (e) et les Salamandres (f) , ces os se développent plus que chez la Sirène, et forment la principale partie de la mâchoire supérieure, mais leur extrémité postérieure ne s'articule pas avec les parties adjacentes de la char- pente céphalique et manque de sou- tien. Chez la Grenouille, au contraire, ces os s'allongent beaucoup, et vont s'attacher à l'extrémité inférieure des arcsmaxiilo-crémastiques par l'inter- médiaire des os jugaux ; ils s'articulent aussi avec les os palatins et les os pté- rygoïdiens,qui les relient au crâne, et ils sont disposésen manière d'arc-bou- lants (g). La structure de la mâchoire supérieure est à peu près la même chez les Crapauds {h) et les Pipas [i]. Chez tous ces Animaux, la charpente osseuse de la bouche ne clôt que très imparfaitement cette cavité en dessus, et la voûte palatine est en majeure partie membraneuseou bien appliquée directement contre la base du crâne. Ainsi, chez la Grenouille (j), lesinter- maxillaires, les maxillaires et les ju- gaux forment par leur réunion une espèce de cadre semi-ovalaire qui est très large et se trouve relié de chaque côté à la base du crâne par deux arcs- bon lants transversaux, dont l'un est constitué par l'os palatin, l'autre par les os ptérygoïdiens. lien résulte que la voûte osseuse du palais présente de chaque côté deux grandes lacunes (a) Cuvier, Recherches anaiomiques sur les Reptiles regardes comme douteux, p. 167, pi. li, ûg. 1 (Hiiiiiboldl, Recueil d'observations de zoologie et d'anatomie comparée, t. I, 1811). — » Ossemenls fossiles, jil. 255, fig'. 1, 2, 5 et G, et Atlas du Règne a?!im(ii, Reptiles, pi. 42 , Cg. 2, a. (6) Cu-vier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 255, fij. H et 15, et Atlas du Règne animal, Reptiles, pi. 42, ûg;. 1, a. (c) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 255, fig. 24 et 25. — Cilori, Sull'anatoinia dell'Axolotl, pi. 1 , fis. 1 et 2 (Instiiuto di Bologna, 1852, t. III). {di Cuvier, Ossemenls fossiles, pi. 254, fig-. 3, 4 et 5. — Maycr, Analeclen fiir vergl. Anatomie, 1835, pi. 7, fig. 1. {e) Vantler Hôven, Fragments zoologiques sur les Batraciens, fig'. 8 à H [Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Strasbourg, t. III). (f) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 25, fig-. 0, 7 et 8. — Riiscorii, Amours des Salamandres, pi. 4, fig'. 3 à ('>. — Hiigés, Recherches sur V ostéoloqie et la myologie des Batraciens, pi. 2, fig. 85, 80 et 87 {Mém. de l'Acad. des sciences. Savants étrangers, t. VII), (g) Olivier, Ossements fossiles, y]. 252, fig. 1 à 3. — Dugès, 0]). cit., pi. 1 , fig. 1 et 2. (h) envier, Op. cit., \>\. 'i:,i, fig. 3 et 4. (i) Idem, ibid., pi, 252, fig. G et 7. (j) Idem, tbi(i,,pi. 252, fig. 2. /l2 APPAREIL DIGESTIF. ment (1). Mais, chez la plupart des Serpents, il n'en est pas de même, et en général la dilatabilité delà bouche de ces ani- maux est encore plus grande que chez les Poissons. Ainsi, chez les Boas et les autres Serpents non venimeux, qui sont destinés à engloutir souvent dans leur estomac une proie occupant, l'une la région nasale, l'autre la région orbitaire. Enfin, les os ptérygoïdiens ont trois brandies, dont l'une se dirige en dedans pour s'articuler à la base du crâne, la se- conde se porte en avant pour rejoindre l'os maxillaire supérieur ainsi que rextrémilé externe de Tos palatin, et la troisième se dirige en arrière et un peu en dehors vers le point de jonction de la mâchoire supérieure avec l'ex- trémité de l'os tympanique, de façon qu'entre ces deux branches et la por- tion postérieure de la mâchoire, se trouve un troisième espace vide qui est occupé seulement par des parties molles. (1) La mâchoire inférieure des Rep- tiles est formée, comme celle des Poissons, de plusieurs pièces osseuses plus ou moins sohdement articulées entre elles pour constituer chacune des branches de cet organe. Chez les Crocodiliens, on en compte jusqu'à six de chaque côté, savoir : un os défaire, qui occupe le devant de la bouche et qui porte les dents ; un os dit operculaire, qui est uni à la face interne du précédent ; un 05 angulaire, qui s'articule également avec le den- taire et se prolonge jusqu'à l'extrémité postérieure de la branche de la mâ- choire ; un os surangulaire, qui est situé au-dessus du précédent; un os articulaire qui forme la presque tota- lité de la cavité destinée à recevoir l'extrémité inférieure de l'arc-boutant suspenseur de cette mâchoire; enfin, un os dit complémentaire, qui borde en avant et en dehors l'orifice du ca- nal dentaire où se logent les nerfs et les vaisseaux nourriciers de tout cet appareil (a). La disposition de ces pièces est à peu près la même chez la plupart des autres Sauriens (6), mais chez- les Caméléons l'os operculaire manque (c). Chez les Chéloniens, on trouve les analogues de ces dix paires d'osselets, mais, ainsi que nous le ver- rons bientôt, les deuxosdentairessont en général soudés entre eux (c?). Chez les Ophidiens, il n'y a généralement que trois paires de ces osselets qui restent distinctes, savoir : le dentaire, (a) Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 251, fig. 4 et 7. ^(b) Exemples : le Varan dit Nil (Cuvier, Op. cit., pi. 244, fig. 4 et 5). ■ — Le Varan égyptien, ou Varanus arenarius (Blanchard, Organisation du Règne animal, Reptiles SAURIENS, pi. 11, fig. 3 et 4). — Le Lcaard ocellé (Cuvier, loc. cit., pi, 244, fig. 15). ^ — Le Phrynosoma cornutvm (Blanchard, Organisation du Règne animal, ?iEPiii.^ sauriens, pi. 9, %. 7). — Le Stellion (Blanchard, Op. cit., Reptiles sauriens, pi. 1G, %. 4). — Les Iguanes (Cuvier, Ossements fossiles, pi. 244, fig;. 24 et 25 ; — Blanchard, Op. cit., Reptiles sauriens, pi. 22, fi g. 3 et 4). (c) Cuvier, Op. cit., pi. 244, fig. 31 et 33. — Blanchard, Op. cit.. Reptiles sauriens, pi. 2, fig. 23. (d) Cuvier, Op. cit., pi. 239, fig. 17 et 25. — Blanchard, Op. cit., Reptiles chéloniens, pL 2, fig. 5 et 6. CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. /l3 très volumineuse, les deux branches de la mâchoire inférieure sont libres à leur extrémité antérieure et susceptibles de s'écar- ter l'une de l'autre, de façon à permettre un grand élargissement de la bouche dans la direction transversale. L'arc maxillo-cré- mastique ou temporal, qui suspend chacune de ces branches mandibulairesàla partie postérieure du crâne, jouit aussi d'une grande mobilité; il n'est pas uni inférieurement à l'extrémité postérieure de l'arc palatin, comme chez les Poissons, et son ariiculalion crânienne lui permet de jouer dans tous les sens sur le point d'appui que cette jointure fournit à son extrémité supérieure; enfin, il est lui-même composé de deux pièces qui sont mobiles l'une sur l'autre et qui forment entre elles un angle dont l'ouverture est variable, en sorte qu'il peut s'al- longer ou se raccourcir, et par conséquent augmenter ou diminuer la distance comprise entre l'articulation de la mâ- choire inférieure et la base du crâne (1). La mâchoire supé- rieure de ces Reptiles est également mobile dans ses diffé- l'arliculaire et l'operculaire, ou bien le nière disposition se voit aussi cliez les snrangnlaire {a). Cécilies (/"). Dans la classe des Batraciens, lama- (l.) L'os auquel la mâchoire infé- choire inférieure est composée ordi- rieiire s'articule est l'analogue de celui nairementde troispairesd'osselets(6); que j'ai désigné sous le nom d'/ij/po- mais, chez les Grenouilles, on y dislin- trjmpanique ou tympanique inférieur gue aussi une quatrième paire de pie- chez les Poissons ; il est placé à peu ces cartilagineuses qui représentent les près verticalement, et se trouve sus- os articulaires (c). Chez les Salaman- pendu à un second levier qui se dirige dres, ces quatre paires de pièces sont horizontalement en avant et va s'ap- distinctes dans le jeune âge {d), mais puyer sur la face supérieure du crâne, ne forment plus que deux os de cha- Cette dernière pièce est généralement que côlé chez l'adulte (e). Cette der- désignée sous le nom d'os mastoïdien. (a) Huvier, Règne animal, t. lll, pi. 9, fij?. 3, (fa) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 252, fig. ■) • (c) I)u<,'ps, Op. cit., p. 51 , pi. 1 , (Ig-. 3 et 5 (Mém. de l'Aend. des sciences, Sav. étrand., l. VI). — Martin S;iirit-An!,'c, Tiecherches' anatomiques et physiologiques sur les organes transitoires et la métamorphose des tlatraciens, pi. 24 (Ann. des sciences nat., 1831, l. XXlV). {d, Dii-i-s, Oji.cit.,\>\. ^^, i\'^. '.m. («) Uem, ibid., pi, 14, fi(f. 87 et 88. {/*) Idem, ibid., pi. 14, fig. 94 et 95, kli APPAREIL DIGESTIF. rentes parties aussi bien que dans son ensemble, et elle se trouve suspendue au crâne par des ligaments. De même que chez les Diodons, parmi les Poissons, les os inlermaxiliaires sont représentés par une pièce médiane et impaire, mais celle-ci n'occupe que peu de place , et la plus grande partie de la mâchoire supérieure est formée par les os maxillaires, qui sont très allongés, libres à leur extrémité antérieure, et articulés par une double charnière sur l'angle interne de l'orbite et l'arcade palatine, de façon à pouvoir jouer comme un volet de dedans en dehors (1). Knfin, l'arcade palatine ne s'appuie aussi sur la base du crâne que par deux prolongements placés à quelque dislance l'un de l'autre vers sa portion moyenne, et son extrémité posté- rieure, située sous l'arc temporal, se trouve liée à la parlie voi- sine de la mâchoire inférieure par des ligaments, de manière à suivre les mouvements de celle-ci (2). La disposition de la mâchoire inférieure est à peu près la même chez les Serpents venimeux; mais la mâchoire supé- rieure de ces Repliles présente quelques particularités impor- tantes à noter. Ainsi, les os maxillaires sont très courts et Cuvier a donné une irès bonne figure os palatin qui est liljre antérieuremenl de cet appareil maxillo-crémasiique et qui est attaclié à la base du crâne chez le Python («), et M. Blanchard l'a par une apophyse située vers son tiers reprcsenlé avec beaucoup de soin chez postérieur. L'os ptérygoïdien s'articule la Couleuvre (b). àrexirémitédu palatin ; il se prolonge (1) Exemples : le Python (c) et la très loin en arrière, parallèlement à la Couleuvre (d). partie postérieure de la mâchoire infé- (2) L'arcade palatine constitue de lieure, et il se relie à l'extrémité posté- chaque côlé de la tête une rangée d'os rieure du maxillaire supérieur par situés à distance à peu près égale l'intermédiaire de la pièce appelée os de l'os maxillaire et de la ligne mé- transverse par Cuvier (e) et os ecto- diane. Elle est formée en avant par un ptérygoïde par M. Owen (/"). (a) Cuvier, Rèçine animal, 2' édil., t. IH, pi. 9, fig. 2 et 3. (6) Blanchard, Organisation du Règne animal, Reptiles ophidiens, pi 5, fîg. t , 2 et 3. (c) Cuvier, Règne animal, 2" édit., t. III, pi. 9, fii,'. \. — Milne Edwards, Éléments de zoologie, t. III, p. 209, fig. 359. (d) Waiiiier, Icônes zootomicœ, p). 14, llg. 23 et 24. (e) Cuvier, Op. cit., t. III, pi. 9, fig. \ . (/) Owen, On the Archétype and Homologies of the Vertébrale Skelelon {Bril. Âssoe., 1846). CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 45 jouissent d'une grande mobilité, afin de pouvoir dresser ou reployer en arrière le crochet qui est fixé à leur bord inférieur. Par conséquent, les côtés de la mûclioire supérieure ne sont formés que par les palatins dans la plus grande partie de leur longueur (1). Chez quelques autres Reptiles de l'ordre des Ophidiens (2), ainsi que chez les Sauriens et les Chéloniens, la charpente bue- cale se perfectionne beaucoup sous le rapport de la solidité, et l'espèce de pince formée parles deux miÀchoires acquiert même une grande puissance, mais perd en même temps une partie de sa dilatabilité. Ainsi, les os de la mâchoire supérieure s'arti- culent avec le crâne au moyen d'engrenages qui les rendent com- plètement immobiles, et ils se réunissent entre eux sur la ligne médiane de façon à comi)léter de plus en plus la voûte pala- tine (3) ; les deux moitiés de la mâchoire inférieure sont soli- (1) L'os maxillaire de ces Serpents (3) Cliez les Sauriens, les os maxil- est de forme carrée, el il s'appuie sur laires supérieurs s'arliculent aussi par l'os frontal antérieur par une surface engrenage avec l'intermaxillaire, ei, articulaire qui lui permet d'exécuter en général, ils laissent entre eux un des mouvements de bascule et de di- vide considérable. Mais l'espace com- riger sa face inférieure en bas ou on pris entre chacun de ces os et l'os arrière. Les os transverses qui le re- palatin correspondant n'est que fort lient à l'arc palatin sont très allon- petit (c). Cbez quelques Reptiles de gés (a). cet ordre, par exemple les Iguanes {cl), (2) Chez les Ophisaures et les Am- les os palatins s'élargissent davantage, phisbènes, les intermaxillaires sont de façon à se rencontrer sur la ligne réunis en un seul os médian qui s'ar- médiane dans une étendue assez ticule solidement avec les maxillaires grande et à clore la portion corres- supérieurs, et ceux-ci sont à leur tour pondante de la voûte buccale. Enfin, fortement reliés aux os lympaniques chez les Crocodiliens(e), ledéveioppe- piir l'intermédiaire des arcs pala- ment en largeur des diverses pièces lins (6). constitutives de cette charpente est (a) Exemplfi : le Crotale, on Serpeal, à sonnettes (Giivicr, liègne animal, l. IIF, pi. i), li™. 4, 5 et G. — Wagner, Icônes %oolomwui, pi. 14, fij^. 16. (b) (JiiviiT, Hèyne animal, t. III, pi. 8, fis:, (i cl 0. (f) Exeniplo : le Monitor, ou Varan du NU (Uiivicr, Ossements fossiles, pi. 24't, li^-'. 3). ((/) Bliinch.ircJ, Orijanisalion du Règne animal, lii;i'Tii,KS, pi. 2-2, li;,'. 2. {e) Cuvior, Ossements j'ossiles, pi. 251, li^'. 2. 46 APPAREIL DIGESTIF. dément unies entre elles ou même complètement soudées en- semble, et l'arc-boutant qui les suspend au crâne se trouve réduit à une seule pièce qui s'articule avec cette boîte osseuse ainsi qu'avec l'arc palatin, de façon à ne pouvoir exécuter aucun mouvement et à former au levier mandibulaire un point d'appui très solide. Charpente § 10. — Chcz les Olscaux, Ics mâchoires et leurs annexes buccale ^ _ ^ . , des Oiseaux, osscuscs sout coustituécs à pcu près de la même majiiere que chez les Reptiles supérieurs dont je viens de parler; mais elles offrent en général beaucoup moins de solidité, à cause de la flexibilité des parties qui unissent la mâchoire supérieure au crâne (1) ou qui servent comme d'arcs-boutants entre cette mâ- plus complet ; les maxillaires, ainsi (1) La mobilité de la mâchoire sii- que les intermaxiilaires et les palatins. péneure sur le crâne avait été remar- se réunissent sur la ligne médiane ; quée depuis longtemps chez les Per- les plérygoïdiens se comportent de roquets, où elle est très grande, et même, excepté tout à fait en arrière, même chez quelques autres Oiseaux de et il en résulte que la portion médiane la même classe, tels que le Flamant, de la voûte palatine est fermée dans Mais c'est à Hérissant que l'on doit la toute sa partie médiane, et que cette connaissance de cette disposition chez voûte osseuse ne présente des vides la plupart des Oiseaux et du méca- que vers sa partie postérieure et laté- nisme qui la détermine (6). Dans un raie, là où se trouvent les arrière-na- travail spécial sur ce sujet, cet anato- rines et les fosses destinées à loger les miste distingué a fait voir que la flexi- muscles masticateurs. bilité du bec peut résulter de deux Chez les Ghéloniens, la conforma- circonstances, savoir : de l'élasticité tion de la charpente solide de la hou- des lames osseuses qui unissent cette che est àpeu près la même, si ce n'est partie de la face à la région frontale du que les maxillaires s'étendent beau- crâne (c) , ou de l'existence d'une coup moins loin en arrière ; mais la véritable charnière située entre la base clôture de la voûte palatine n'en est de cet organe et la portion adjacente pas moins complète (a). de la tète (d), ou bien encore de la (a) Cuvier, Recherches sur les Ossements fossiles, pi. 239, fig. 3. (b) Hérissant , Observations anatomiques sur le mouvement du bec des Oiseaux (Mém. de l'Acad. des «ciences, 1748, p. 345 et suiv.). (c) Exemples : le Perroquet (Petit, Description anatomique de Vœil de l'espèce de Hibou appela Ulula (Mém. de l'Acad. des sciences, 1736, pi. 5, fig. 3). — Blanchard, Organisation du, Règne animal, Oiseaux tropidesterniens, pi. 2, fig. 1. . - — Le Pélican (Hérissant, Op. cit., pi. 17, llg. 1, pi. 21 , fig. 1). — Les Pétrels (Hérissant, loc. cit., pi. 17, fig. 2). (d) Exemples : la Cigogne (Hérissant, Op. cit., pi. 16, fig. 2). — La Spatule (Hérissant, Op. cit., pi. 16, fig. 3). CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 47 choire et l'extrémité inférieure de l'arc suspenseur de la mâchoire inférieure (1). § 11. — ■ Enfin, chez les Mammifères, la mâchoire supé- charpento A 1 • • buccale rieure est unie au crâne d'une manière encore plus mtime et des „ -, , . Mammifères. se consolide davantage (2) ; elle se confond avec 1 arc palatin, réunion de ces deux particularités or- ganiques, ainsi que cela se voit cliez le Canard la). A quelque distance au- dessous de celte ligne de flexion, la mâchoire inférieure s'articule de cha- que côté avec l'extrémité antérieure de deux arcs-boutants qui vont s'ap- puyer par leur bout opposé sur la partie inférieure de l'os carré ou arc maxillo-crémaslique, lequel est lui- même mobile et susceptible de basculer sur son articulation crânienne. L'un de ces arcs-boutants est formé par l'os jugal, qui est grêle et très allongé ; l'au- tre, situé plus en dedans, est formé par l'os palatin etrosplérygoïdien (6). (1) La mâchoire inférieure des Oiseaux est composée de plusieurs pièces distinctes dans le jeune âge ; raais> par les progrès du développe- ment, ces osselets constitutifs, au lieu de rester séparés , comme chez la plupart des Reptiles, se confondent plus ou moins complètement. Ainsi, les deux branches sont soudées entre elles antérieurement, et quelquefois on n'aperçoit aucune trace de leur fractionnement primitif : par exemple, chez les Rapaces diurnes, les Passe- reauxet les Grimpeurs. Dans d'autres familles , la portion postérieure de chaque branche reste plus ou moins distincte de la portion antérieure et commune, de sorte que l'ensemble de la mâchoire se compose de trois pièces, disposition qui est dominante chez les Gallinacés, les Échassiers et les Palmi- pèdes, Enfin, chez quelques-uns de ces Animaux, l'Autruche etleCasoar, par exemple, on distingue aussi der- rière l'analogue des os dentaires une paire de pièces qui correspondent aux os operculaires des Reptiles. L'arc maxiilo-crémastique, qui, de chaque côté de la tête, donne attache à la mâchoire inférieure et la suspend au crâne, est formé d'une seule pièce appelée communément l'os carré (c) ou os tympanique. Cet arc-boutant remonte le long du bord antérieur du tympan de l'oreille, et va s'articuler avec la portion auriculaire de la boîte céphalique par une sorte de charnière, de façon à jouir d'une certaine mo- bilité et à pouvoir porter son extrémité opposée en avant ou en arrière. ('2) Pour se rendre bien compte delà conformation de cette partie delà char- pente buccale dans la classe des Mam- mifères, il est bonde l'étudier d'abord chez un de ces Animaux où ses diver- ses pièces constitutives sont bien dé- veloppées et conservent pour la plu- part leur individualité à l'âge adulte : par exemple, le Chien {cl). Là toute la portion antérieure de (a) Hérissant, Op. cit. (Mém. de VAcad. des sciences, d7i8, pi. 17, fi^'. 3; pi. 19, li;;. 1, etc.) (6) Exemple : le Canard (Hérissant, Op. cit., pi. 19, fig. 5 ; pi. 23, li^'. 2 cl 3). (c) Hérissant, Op. cit., p. 356. {d) Voyez Cavicr, Hechercli.es sur les ossements fossiles, pi. 177, lii,'. 19, 20 cl 21. — Blainville, Ostéorjraphie, Carnassiers, genre Canis, pi. 5 à 8. /i8 APPAREIL DIGESTIF. et souvent les différentes pièces qui la constituent se soudent entre elles de façon à faire disparaître plus ou moins com- plètement les traces de leur séparation primordiale. D'or- la mâchoire supérieure est formée par les deux os intermaxillaires (ou QS préviaxillaire), qui sont très dé- veloppés et qui s'unissent entre eux sur la ligne médiane par une suture articulaire. Chacun d'eux présente trois portions assez distinctes , sa- voir : 1° une bande alvéolaire qui li- mite la bouche en avant, porte les dents incisives, et forme le bord inférieur des narines ; 1° une branche montante qui s'élève de la partie ex- terne de la précédente, circonscrit latéralement les narines, et se dirige vers le front en s'articulant d'un côléavecl'os nasal, de l'autre avec l'os maxillaire ; 3° une lame palatine, qui en se ponant horizontalement en ar- rière, forme un angle plus ou moins ouvert avec la portion montante de la face interne de la bande alvéolaire, et se bifurque avant de rejoindre la partie correspondante de l'os maxil- laire. Les os maxillaires occupent le côté de la bouche, et présentent également une portion alvéolaire qui borde latérale- ment cette cavité ; une portion mon- tante, qui se dirige vers le front où elle s'articule avec le bord antérieur de l'os coronal, et qui limite la fosse orbilaire en dessous; enfin une portion pala- tine qui se dirige horizontalement en dedans, et s'articule par son bord in- terne avec la partie palatine de l'in- termaxillaire, avec la partie corres- pondante du maxillaire du côtéopposé, et plus en arrière avec l'os palatin. 11 est aussi à noter que l'exlrémité posté- rieure de cet os maxillaire s'articule avec l'os jugal, qui, à son tour, va s'articuler avec un prolongement de l'os temporal, et forme ainsisurlecôté de la face une arcade osseuse appelée 3j/pom«i«gMe, qui limite du côté externe la fosse temporale oii sont logés les principaux muscles masticateurs. Les os palatins, réunisentre eux par une su- ture médiane et enclavés entre les por- tions postérieures des deux os maxil- laires, complètent en arrière le plafond de la chambre buccale ou voûte pala- tine ; ils donnent naissance à une lame montante qui se prolonge davantage en arrière sur les côtés des arrière-na- rines, et ils s'unissent très intimement aux os ptérygoïdiens, lesquels sont à leur tour soudés au crâne de manière à former à droite et à gauche une cloi- son verticale entre la partie posté- rieure des fossesnasales et les portions adjacentes des fosses lempoiales. La voûte palatine, constituée, comme je viens de le dire.parlesos inlermaxil- laires en avant, par les maxillaires dans sa portion moyenne, et par les pala- tins en arrière, s'appuie aussi sur la cloison médiane des fosses nasales ou os vomer, et ne présente de lacunes que tout à fait en arrière où les os palatins sont échancrés pour laisser libres les arrière-narines, et vers son extrémité antérieure, où les bran- ches palatines des os interniaxillaircs, en s'uiiiïsant au bord interne de la portion horizontale du maxillaire, laissent de chaque côté un petit es- pace vide que les analomistes ap- pellent le Irouincisif, ou troupalatin antérieur. CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉDRÉS. k^ dinaire, les deux branches delà mâchoire inférieure s'unissent antérieurement de manière à ne constituer qu'un seul os en La disposilion générale des diverses pièces conslitiitives de la mâchoire supérieure est la même chez les au- tres Mammifères (a) ; seulement ces os varient dans leurs formes ainsi que par leur grandeur relative, et tantôt ils s'articulent moins parfaitement entre eux, tandis que d'autres fois ils se sou- dent de façon que deux ou plusieurs d'entre eux ne sont représentés que par une pièce unique. Ainsi, chez quelques Singes, l'os in- termaxillaire se confond de très bonne heure avec l'os maxillaire, et, à l'âge adulte, toute la portion alvéolaire de la mâchoire supérieure ne se trouve for- mée que [ ar une seule paire d'os aux- quels on conserve le nom de maxil- laires supérieurs (6). Chez l'Homme, cette fusion s'opère dans les premiers temps de la vie embryonnaire (c), et souvent les os intermaxillaires parais- sent même avorter complètement (rf) ; enfin les diverses pièces dépendantes de cliaque arc palatin se soudent aussi entre elles de façon que la mâ- choire supérieure en totalité ne se trouve composée que de deux paires d'os, savoir : des maxillaires et des palatins (f). Quelquefois on aperçoit cependant à la partie antérieure de la voûte palatine des traces d'une suture qui correspond à la ligne de jonction des intermaxillaires avec les maxillaires (f). Chez le plus grand nombre des Mammifères, les os intermaxillaii*es sont distincts chez l'adulte , mais complètement rapprochés entre eux sur le devant de la bouche. Quelque- fois ils laissent entre eux à leur partie antérieure une petite fente ; par exem- ple, chez les Bœufs (g), le Mouton ih) et les autres Ruminants , l'Orycté- rope (0, etc. Enfin, chez d'autres Mammifères , ils ne se rencontrent (a) Exemples : le Macaque (Rlainville, Ostéographie, Primates, genre Plthecus, pi. 7). — Le Lio?i (Cuvier, Ossements fossiles, pi. 195, fig-. l; — Blainville, Op. cit.. Carnassiers, genre Felis, pi. 5). — L'Hyène (Cuvier, Op. cit., pi. 190, (ig. 1 et 3 ; — Blainville, Op. cit., genre Hijœiia, pi. 2 et 3). — Le Phoque (Blainville, Op. oit-, genre Phoca, pi. 5). — Le Cheval (Cuvior, Op. cit., pi. 58. fig. 1 ; — Blainville, Op. cit., genre Equus, pi 3). (b) Exemples -.Xi Chimpanzé- [Ovf un. On the Osteology of Ihe Chimpanzee and Orang-Utan, (dans Trans. of Ihe Zool. Soc, 1835, t. I, pi. 55, fl,,^ 1; — Blainville, gorwc Pithecus, pi. 5). — La sojcliire do l'intermaxillaire avec le maxillaire est beaucoup plus tardive chez l'Orang-Oulan" (voy. Owen, loe. cit., [A. 55, fig. 2). (c) Vicq d'Azyr, Observations anatomiques sur trois Singes [Mém. de l'.icad. des sciences, 1780, p. 489). — Gœlhe, Zw Morphologie : De l'existence de l'os intermaxillaire à la mâchoire supérieure de l'Homme ifEuvres d'hislo'ire naturelle, trad. par Martins, p. 69). {d) Em.Rou.sseau, De la non-existence de l'os intermaxillaire c/ies l'Homme {Revue et Magmin de zoologie de Guérin, 1859, pi. 1, fig. 1 et 2). (e) Voyez Sappey, Traité d'anatomie descriptive, I. I, p. il, fig. 20, olc. — Voyez Bourgcry, Traité de l'anatomie de l'Homme, I. I, pi. 14, fig. 1 et 2 ; pi. 25, fig. 7 à 12, elc, ou toute autre iconographie analomique du corps humain. {f) Des exemples de cette disposition anormale ont été représentes par divers auteurs, tels que M. Owen, Op. cit. {Trans. of Ihe Zool. Soc, 1. 1, [d. 58). {g) Voyez Cuvier, Ossements fossiles, pi. 170, fig. 1, elc. (h) Cuvier, Op. cit., pi. Ui2, fig. 2 cl 3. (i) Idem, ibid., pi. 21. 't, fig. 2 et 3. VI. h 50 APPAREIL DIGESTIF. forme de V ou de fer à cheval (i) , et les os qui, chez les Vertébrés ovipares, étaient interposés entre ses surfaces arti- culaires et la base du crâne en manière d'arcs-boutants, sont employés dans la composition des parois de cette boîte osseuse, pas du tout et laissent sur le devant de la bouche une large fente, ainsi que cela se voit chez certaines Chauves-!-ouris [a) ; ou même un grand espace vide, comme chez POrnitho- rhynque , où ils représentent une sorte de fourche à deux branches recourbées en dedans (6). Parfois , chez l'Homme , les os maxillaires, et même les os palatins, restent écartés entre eux sur la ligne médiane, et il en résulte un vice de conformation qui est connu sous le nom de bec-de-lièvre, difformité qui peut être déterminée aussi par un arrêt dans la jonction de l'inlermaxil- laire avec le maxillaire (c). [lest aussi à noter que, chez la plu- part des Marsupiaux, les os maxillaires, tout en s'arliculant par suture sur la partie antérieure de la bouche, ne se rencontrent pas dans tonte la longueur de leur bord interne et laissent des vides plus ou moins considérables dans la voûte palaline. Ainsi, chez le Perameles lagotis, une grande lacune médiane est produite de la sorte et occupe près du tiers de la longueur du palais (f/) . (1) Chaque branche de la mâchoire inférieure des Mammifères ne se com- poseque d'une seule pièce osseuse qui se joint à son congénère par son cxtré- miléantérieure.Dansl'embryonetdans le jeune âge elles sont distinctes entre elles. Cette disposition persiste pen- dant toute la vie chez beaucoup de ces Animaux, tels que les Carnassiers, les Insectivores, les llongeurs.les Rumi- nants ordinaires, la plupart des Éden- tés, les Cétacés, les Marsupiaux, etc. ; mais elle disparaît de bonne heure, par suite de la soudure de ces os chez l'Homme, les Quadrumanes, les Chi- roptères, les Pachydermes, les Cha- meaux et quelques autres Mammi- fères. Chez ceux-ci , la séparation primordiale des deux branches man- dibulaires n'est indiquée dans l'âge adulte que par une ligne de soudure appelée la symphyse du menton. Il est aussi à noter que l'étendue de la sur- face articulaire par laquelle ces bran- ches s'unissent varie beaucoup chez les divers Mammifères, et que chez ceux où ces deux os se rencontrent sous un angle très aigu, elle est en généial fort considérable. Ainsi, chez l'Hyperodon, elle occupe le tiers de la longueur de la mâchoire (e). Chez un peiit nombre de Mammi- fères, les deux branches de la mâchoire inférieure ne sont unies que d'une manière lâche. Chez l'Êchidné, elles ne sont retenues l'une à l'autre que par un ligament. (a) Exeinple : les Noctuelles (Blainvillo, Ostéoyvaphie, CninoPTÈRES, pi. 8). (ft) Olivier, Ossements fossiles, pi. 215, fig'. 2. et i. (c) Voy. Is. Geoffroy Sainl-Hilaire, Hist. des anomalies de l'organis,, i 832, 1. 1, p. 584 et suiv. {d) Owen, art. Marsupialia (Todd's Cyclop. of Anat. and Phijsiol., t. III, p. 274, fig-. 96). (e) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 225, fig. 6. CAVITÉ lîUCGALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 51 de sorte que c'est directement sur celle-ci que le levier man- dibulaire prend ses points d'nppui (1). Il est aussi à noter que chez tous les Mammifères cette articulation se fait à l'aide d'une partie saillante et convexe, appelée condyle, qui s'élève de l'extrémité postérieure de la mâchoire et s'emboîte dans ime cavité creusée pour la recevoir de chaque côté de la base du crâne (2). Les caractères secondaires de l'espèce de double charnière ainsi constituée varient un peu, comme nous le ver- rons bientôt, mais toujours l'arliculation de la mâchoire infé- rieure est disposée de façon à permettre à l'extrémité antérieure de cet os de s'éloigner ou de se rapprocher de la mâchoire su- périeure, tout en restant solidement appuyée contre la base du crâne par l'extrémité postérieure de chacune de ses branches, lesquelles sont attachées à cet!e portion immobile de la char- pente céphalique par des ligaments disposés en manière d'amarres (o). (1) Les pièces correspondanles à celles qne j'ai appelées tympaniques chez les Reptiles et les Poissons de- viennent des parties constitutives de l'os temporal des Mummifères, ainsi que nous le verrons quand nous étu- dierons d'une manière spéciale la composition du squelette chez ces der- niers Vertébrés. (2) Comme je l'ai déjà dit, cetic disposition est caractéristique de la classe des Mammifères ; chez tous les autres Vertébrés, celte surface articu- laire étant concave au lieu d'être con- vexe et logeant l'extrémité saillante de l'arc maxillo-crémastique. (3) L'apophyse articulaire ou le condyle de la mâchoire inférieure des Mammifères est terminé par une surface convexe et très lisse qni se loge dans une cavité appelée glê- /io(cZe, située de chaque côté de la base du crâne immédiatement au-devant de l'orifice du conduit auditif externe. Sa forme, ainsi que celle de la cavité dont je viens de parler, varie suivant le genre de mouvements que la mâ- choire doit exécuter pendant la mas- tication , et l'étude de ces relations trouvera sa place dans la prochaine Leçon, lorsque nous nous occuperons du système dentaire. La portion pos- térieure de la mâchoire qui porte le condyle se recourbe en général vers le haut, et les anatomistes lui donnent le nom de branche montante ; elle s'élève d'autant phis que la voûte pa- latine se trouve plus éloignée de la base du crâne. Chez l'Homme et les- Singes, elle est beaucoup plus haute que chez les Carnassiers ; chez la plu- part des r.ongeurs, elle est à peine distincte de la branche horizontale de l'os, et ciiez le Dauphin elle se con- 52 APPAREIL DIGESTIF. On remarque aussi des différences très grandes dans la forme el les dimensions des mâchoires ; mais ces variations se lient en général à certaines dispositions des organes préhenseurs que ces leviers sont destinés à mettre en mouvement, et, par con- séquent, je n'en parlerai que lorsque nous aurons à nous occu- per du jeu de ces instruments. § 12. — Les leviers mandibulaires dont nous venons d'étu- dier la disposition sont mis en mouvement par des muscles très puissants qui, pour la plupart, s'insèrent à la mâchoire inférieure par une de leurs extrémités et se fixent aux parties adjacentes du crâne ou de la face par leur extrémité opposée. Les plus importants de ces muscles sont les élévateurs de la mâchoire. En général, ils sont au nombre de quatre de chaque côté de la tête, et se trouvent placés deux en dehors de cet organe et deux à sa face interne. Ainsi, chez l'Homme, toute la partie latérale de la tète qui est située au-dessus et au- devant de l'oreille, et qui est connue des anatomistes sous Muscle le nom de fosse temporale, est occupée [)ar un grand muscle temporal. ^^^^ j^^ fibrcs convcrgcnt en descendant et s'attachent à une saillie de l'os maxillaire inférieur appelée apophyse coronoïde ; ' par leur extrémité supérieure elles sont fixées, soit à la sur- face externe de la boîte crânienne, soit à des cloisons aponé- vrotiques qui en naissent, et, comme l'apophyse coronoïde se fond avec elle ; mais on remarque, à base du crâne (a). 11 est aussi à noter cet égard, beaucoup de variationschez qu'un cartilage interarticulaire se les ditïércnles espèces d'une même trouve placé entre les deux surfaces famille zoologique. osseuses , et qu'à raison de son Le condyle de la mâchoire est en élasticité , il diminue la pression que général porté sur un col plus ou moins la mâchoire exerce sur le fond delà étroit, et il est maintenu dans la cavité cavité glénoïde, lors de la contraction glénoïde par une capsule articulaire violente des muscles élévateurs du et par des ligaments qui s'étendent de premier de ces orj^^ines. son col aux parties aériennes de la {a) Voyez Sappey, Traité d'anatomk descriptive, t. I, p. 124, fi^. 54, 55 et 38. CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 5S trouve placée au-devant de l'articulation de ce même os avec la base du crâne, leur contraction détermine l'élévation de l'extrémité antérieure du levier mandibulaire et la clôture de la bouche (1). La disposition générale de cet organe moteur, qui est appelé muscle crotaphite ou temporal, est à peu près la même, non- seulement chez les autres Mammifères, mais aussi chez la plu- part des Vertébrés ; seulement, son volume varie suivant qu'il est destiné à exercer une traction plus ou moins puissante sur la mâchoire (2). Ainsi, chez les Animaux qui ont besoin de dé- (1) Chez l'Homme , le muscle cro- taphite (a) ou temporal est large et mince ; il remplit la fosse tem- porale, qui est circonscrile supérieu- rement par une ligne courbe tracée sur les os frontaux et pariétaux, de- puis l'angle externe de l'orbile jus- qu'au-dessus de l'oreille (6), et qui est fermée extérieurement par une lame aponévroiique tris forte, étendue de la ligne dont je viens de parler au Lord supérieur de l'arcade zygomati- que. Les fibres musculaires s'insèrent en partie à la face interne de cette aponévrose, en partie auxparoisosseu- sesde la fosse temporale, puis se réu- nissent autour d'un tendon qui va s'inipiafiter sur les bords et sur la face externe de l'apophyse coronoïde, en passant derrière l'arcade yygoma- lique (c). (2) Chez les Oiseaux, le muscle tem- poral est peudéveloppé et ne remonte pas sur le dessus du crâne; mais en général une partie de ses faisceaux consUtutifs s'insère dansl'inlérieur de la fosse orbitaire, et l'on y remarque trois ou même quatre portions assez distinctes {d). Pour plus de détail au sujet des modifications qui s'y obser- vent, je renverrai à l'ouvrage de Cuvier {e). Chez le Cormoran , les muscles temporaux prennent leurs attaches non-seulement sur les parties latérales et supérieures du crâne, mais aussi plus en arrière, sur un os surnumé- raire qui fait suite à l'occipilal et qui paraît être dû à une transformation du ligament c;.'rvical [f). Chez les Reptiles, ces muscles sont en général très forts ; chez les Serpents, ils présentent quelques particularilésqui sont en rapport avec le mode d'action des dénis de ces animaux, ainsi que nous le verrons bientôt. Enfin, dans la classe des Poissons, le muscle temporal est quelquefois très (a) De r.r.i-catf'n, tempe, (b) Voyez IJourgcry, Analomie de Vllomine, l. I, pi. H, lig. l. {c) Buurgery, 0]i. cit., t. Il, pi. 'JO. {dj Exemple : YÉpcrvier (Carus, Tab. Anal, conipar. illiislr., pars I, pi. 4). («) Cuvier, Leçons d'anatumie comparée, I. IV, p. H'J. (/■) Varrcll, On Ihe Use of tke Mphoid Doue and Un Muscles in 1/te Cormorant {Zool. Journ., 182'J, t. IV, p. 234, pi. 7,li|,'. 6eiG;, 54 APPAREIL DIGKSTIP. ployer de la sorte une très grande force, il recouvre tout le des- sus de la tête, et souvent le crâne se hérisse de crêtes osseuses pour fournir à ses fibres des points d'attache plus étendus. Chez le Chien, par exemple, le dessus du crâne est garni d'une crête longitudinale médiane qui se bifurque en avant pour des- cendre vers les angles orbitaires externes, et qui en arrière se réunit à une crête transversale située au-dessus de l'occiput; il en résulte que la surface d'insertion disposée pour recevoir les fibres des muscles temporaux est beaucoup plus étendue que si la boite crânienne était simplement bombée en dessus (1). Chez les Hyènes, cette particularité est encore plus prononcée ; mais, c'est chez les Tortues qu'elle atteint son plus haut degré de développement. En effet, chez la plupart de ces Reptiles, ce n'est pas seulement une crête qui s'élève au-dessus du crâne, mais une grande lame osseuse qui, de chaque côté, part du sommet de la tête et se porte en dehors, de façon à former voûte et à recouvrir la totalité de la fosse temporale ('2). Or, cette volumineux, et il peut recouvrir loule stiluée de la manière la plus complète la face supérieure du crâne, ainsi que cliez le Caret, ou Cheloniaimbricata, cela se voit chez le Congre; mais, en où elle dépasse le boid postérieur du général, la grande cloison jugale for- crâne et descend latéralement, de façon mée par les arcs temporal et palatin à se confondre avec l'arcade zygoma- suffit à l'insertion de son extrémité tique, et à rejoindre ainsi la mâclioire supérieure [a). supérieure en avant aussi bien que (1) Cette crête épicrânienne a reçu l'extrémité inférieure de l'os lympa- le nom de pariétal parce qu'elle naît nique en arrière. Elle est formée prin- principalement sur la suture médiane cipalement par l»;s os pariétaux, les formée par la réunion des deux os frontaux postérieurs et les jugaux; pariétaux; mais elle se prolonge sur mais des pièces que Cuvier considère l'os frontal en avant et sur l'os occipi- commeles analoguesdesos temporaux lal en arrière (6). Elle n'est pas éga- et des mastoïdiens entrent aussi dans lement développée chez les différentes sa composition (c). races de Chiens. Chez le Trionyx du Gange (ou (2) Cette voûte temporale est con- Gymnopus Duvaucelli,i\e Duméril), (a) Par exemple, chez la Perche (Cuvier et Valenciennes, Histoire des Poissons, t. I, pi. 40). (b) Cuvier, Ossements fossiles, pi. ITT, fig, 19, 21 cl 22. (c) Idem, iirid., pi. «39, fig. 1, 2, 3 et 4. C.VViTÊ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBÏIÉS. 55 disposition est très favorable au jeu des muselés temporaux, et la force que tous ces Animaux déploient quand ils serrent les mâchoires est énorme. 11 est aussi à noter que chez les Mammifères dont les mus- cles élévateurs de la mâchoire doivent être très puissants, et par conséquent très gros, les arcades zygomatiques se trou- vent portées fort loin en dehors-, de façon à donner plus d'es- pace pour loger cesorganes moteurs. Ainsi, chez le Chien, ces arcades, au lieu de se diriger presque en ligne droite de la pommette vers l'oreille, comme chez l'Homme, décrivent un arc de cercle très grand, et chez le Lion, la saillie qu'elles font triple la largeur de la tête ('J). cette voûte est également très déve- loppée, mais elle s'éiend un peu moins en arrière (a). Chez d'autres CI)éloniens , elle est pins on moins incomplèlc : ainsi, chez la Tortue d'eau douce d'Europe {Tesludo europœa), elle ne recouvre que la portion postérieure des fosses temporales (6), et, chez la ioriuc ter- restre de l'Inde (c), elle est à peine in- diquée. Une disposition analogue des fosses temporales se voit aussi chez les Cro- codiliens ; seulement la voûte des chambres osseuses ménagées ainsi de chaque côté du crâne pour loger les muscles rclevcurs de la mâchoire inférieure est trouée au milieu (rf;. Enfin, on retrouve une voûte tem- porale imparfaite chez plusieurs Sau- riens ordinaires, par exemple chez \ei Lézards (e) ; et chez les ( améléons, cette voûie s'élève à une hauteul' très considérable au-dessus du crâne, mais elle est largement perforée au milieu (f). (I) C'est principalement de cette disposition des arcades zygomatiques que déj)end la forme élargie de la tèle du Lion (g) et des autres grands Car- nassiers, car le crâne de ces animaux est fort étroit [h). Ces traverses osseuses ne sont pas complètes chez tous les Mammifères: ainsi, chez quelques Édentés, tels que le Pangolin (/) , dont l'appareil man- dihulaire est très faibU', ell;;s ne sont représentées que par deux apophyses qui se dirigent l'une vers l'autre sans se rencontrer, et elles maniiuent (a) Cuvicr, Ossements fossiles, pi. 239, fig-, tO et M , (6) Idem, ibid., pi, 239, fig. 13 et 14. (c)ldem, ibid., pi. 239, fig-. 18. (d) Idem, ibid., pi. 23t , fig. ■) , 5 et 0. (c) Idem, ibid., |il. 244, fig. 14. (/■) Idem, ihid., [il. 244, fig. 3U et .'12. (a) Idrm, ibid., pi, 19.5, fig. 2. iji) Voyez, ;i ce .sujet, VOsiéixjrapIde ih h\i\\n\\\\ii, CAnN.M?slKns, genre fV/J.ç, pi. Ti, eic, (j) Cuvier, Op. cit., pi. 209, fij,'. i a 4. 56 APPAREIL DIGESTIF. Un second muscle élëvatenr, qui a reçu le nom de masséter, s'étend de l'arcade osseuse dont je viens de parler, ou des parties voisines de la joue, sur la tace externe de la portion postérieure de la mâchoire inférieure (1). Il -est en général très complètement chezles Fourmiliers (a). ]1 en est à peu près de même chez plusieurs Insectivores, tels que les Musaraignes [h) et les Tenrecs (c). (1) Chez l'Homme, le muscle mas- séter naît du bord inférieur et des deux faces de l'arcade zygoma tique, ainsi que des fibres aponévrotiques qui partent de celte arcade, il se di- rige un peu obliquement en bas et en arrière; enfin il s'insère inférieu- rement à l'angle de la mâchoire et à la face externe de cet os {d). Les masséters tendent à porter la mâchoire en avant aussi bien qu'à relever cet organe, et le premier de ces mouvements est d'autant plus mar- qué que, toutes choses égales d'ail- leurs, les libres de ces muscles sont plus développées et dirigées plus obli- quement. Aussi, chez les Uongeurs, où la prolraction de la mâchoire est né- cessaire dans la mastication, les mas- séters sont-ils très forts, et, en géné- ral, plusieurs de leurs faisceaux char- nus s'insèrent très en avant, près du trou sous-orbitaire, sur l'os maxillaire supérieur, par l'intermédiaire d'un tendon. Cette disposition se voit très bien chez le Lapin (e), mais elle est encore plus prononcée ciiez le Castor(/') et chez quelques autres llongeurs, tels que l'Agouti (g'); enfin, chez le Cobaye, un des faisceaux massétériens, que l'on désigne quelquefois sous le nom de rnuscle mandibulo-maxillaire, traverse le trou sous-orbilaire et s'in- sère plus en avant. Chez ces derniers Rongeurs, on distingue même dans ce muscle trois portions bien isolées, qui pourraient être considérées comme autant de muscles particuliers, car la direction de leurs fibres diflère ainsi que leurs points d'attache (h). Le degré de dé veloppemen t des mas- séters n'est pas lié à celui de l'arcade zygomalique, comme on aurait pu s'y attendre, car il est des Mammifères chez lesquels ils sont très foris, bien que cette traverseosseuse manque, par exemple chez les Tenrecs {i). Chez les i''ourmiliers où les mâchoi- res sont extrêmement longues et l'ar- cade zygomalique manque, les massé- ters existent, mais ils s'avancent assez loin, au-devant des yeux , et leurs fibres naissent principalement d'une expansion tendino-aponévrotique qui remplace cette arcade et s'étend du tubercule molaire au lempoi'al {j). (a) Olivier, Op. cit., pi. 210, fig, 4. (b) Blainville, Osléographie, Insectivores, ni. 2. — Duvernoy, Fragments d'histoire naturelle siir les Musaraignes, pi. 2, fig. d, etc. {Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Strasbourg, t. II). {c) Blainville, Op. cit., Insectivores, pi. 4. (d) Voyez Bourgery, .Atiatomie de l'Homme. [e] Olivier ei Laurillard, Anatomie comparée, Myologie, p'. 233. (/) Olivier et Laurillard, Op. cit., pi, 219. {gi Ouvier et Laurillard, Op. cit., pi. 248 fin-, j . {h} Duvernoy, dans Ouvier, Leçons d'anàtomie comparée, t. IV, p. GG. (i) Ouvier et Laurillard, Anatomie comparée, pi. 77, fig. 2. (ij Owen, On theAnatomy ofthe GreatAnteater{Trans, o'fthe Zool. Soc. , t. IV, p. 1 32, pi. 39, fi j. 2). caVité buccale des animaux vertébrés. 57 développé chez les Mammifères dont les muscles temporaux sont faibles ou dont la mâchoire inférieure doit être portée en avant pendant le travail de la mastication, ainsi que cela a heu chez les Rongeurs. Chez les Vertébrés des autres classes, les muscles masséters manquent ou sont confondus avec les muscles temporaux (1). Lorsque l'appareil releveur de la mâchoire inférieure est M^^^'es ' ' ' _ pterygoïdiens. complet, on trouve aussi à la face interne de cet organe deux paires de muscles qui naissent de sa portion postérieure, et qui remontent plus ou moins obliquement vers la base du crâne, où ils s'attachent d'ordinaire aux os ptérygoïdiens ou à des parties adjacentes de la charpente céphalique. L'un de ces muscles, ap- pelé le ptérygoidien interne ou gra?îd sphéno-maooillaire, est en quelque sorte une répétition du masséter : et, lorsqu'il se con- tracte en même temps que son congénère, il relève la mâchoire avec beaucoup de force ; mais lorsqu'il agit isolément, il tend plutôt à faire dévier cet organe du plan médian et à le porter de côté, comme cela se voit pendant la mastication chez les Ruminants (2). Le musde ptérygoidien externe rnnl àii-desms (1) Le .principal élévaleur de lama- Diivernoy considère comme l'ana- clioire des Oiseaux me paraît repré- logue du masséler le muscle qui, chez senlcr à la fois le temporal et le beaucoup de Poissons, se rend de la masséter, car il naît de la faceexterne région jugale à l'os maxillaire supé- de cet organe aussi bien que de son rieur ou à un cordon fibreux qui relie bord supérieur (a). celui-ci à la mâchoire inférieure (c). Chez les Toucans, où la mâchoire Mais, ainsi que je Texpliquerai bientôt, inférieure est énormément dévelop- ce rapprochement ne me paraît pas pée, il existe un ligament élastique admissible. qui occupe la place du muscle massé- ('>) Chez rilomme, le muscle pté- ter et qui aide à soutenir le poids de rygoïdien interne s'attache inférieure- cet organe (6). ment à la face interne de l'angle de la (a) lleris9.ini, Obscrvaliuiis analomiques sur les mouvements du bec des Oiseaux (Mim. de ï' Acad. des sciences, 1748, pi. 23, fig. \, i). (b) Owc-ii, On tlie Anulomy of the Concave Iforiibili {Trans. if the Zool. Soc., t. I, p. il9, pi. 18. lig. 5). (c) N'ovcz Cuviur, Leçons d'anatomie comjmrde, 2' OJil., l, IV, j». ITO el suiv. Muscles abaisseurs [le la niâchoii inférieure. 58 APHREIl DIGESTIF". du précédent, près de l'artir^ulatioii, et se porte en dedans, pour s'insérer à la partie adjaceiile de l'arcade palatine (1). Les muscles antagonistes des lemporaux, des masséters et ,,e des ptérygoïdiens, c'est-à-dire les abaisseurs de la mâchoire inférieure, s'insèrent à ce levier au-dessous du niveau des poinis mâchoire et supérieurement à la fosse ptérygoïdienne du sphénoïde (a). Chez quelques Mammifères carnas- siers, les Chals par exemple, il se réunit au masséler, sous le bord infé- rieur de la mâchoire. Chez les Oiseaux (6), il est très dé- veloppé et se compose de trois ou même de quatre portions plus ou moins séparées, dont l'une va se fixer à Tos maxillaire supérieur au moyen d'un tendon grêle, dont la seconde division s'attache à Tos palatin, dont la troisième division va prendre son point d'appui sur l'os plérygoïdienjCt la quatrième s'élend jusqu'à l'os sphénoïde (c) ; mais ce démembre- ment est dû seulement à l'écarlement des différentes parties de la charpente céphalique qui constit tient la partie postérieure de la voûle palatine où les fibres charnues de cet organe moteur doivent se fixer pour pouvoir agir dans la direction voulue sur le levier mandibuiaire. La disposition du muscle ptérygoï- dien interne ne présente rien d'impor- tant à noler chez les Ucpiiles. chez la Morue et la plupart des au- tres Poissons, le muscle ptérygoïdien interne occupe la plus grande partie de la face interne de la mâchoire in- férieure, et prend son point d'appuisur la partie voisine de l'os tympanique inférieur, à l'aide d'un tendon. (1) Chez l'Homme, ce muscle, logé dans la fosse zygomalique, se compose de deux faisceaux charnus, dont l'un se dirige presque horizontalement en dedans et va se fixer , Stultgard, 1821. CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 71 Il est aussi à^ noter que la forme de cet organe varie beau- coup (1), et que la membrane muqueuse dont il est recou- vert donne généralement naissance à des prolongements épi- qu'ils se "contractent simultanément, ou que l'un d'eux agit pendant que l'autre est au repos. 2° Les hypoglosses droits, qui nais- sent près de l'extrémité antérieure de la langue, et se portent en arrière sous cet organe pour aller s'insérer sous l'extrémité antérieure du basihyal. Ce sont aussi des muscles abaisseurs de la langue. 3° Les hypoglosses transverses, ou muscle lingual, qui consistent tantôt en une série de faisceaux charnus dirigés transversalement, s'étendant d'un côté de cet organe à l'autre et passant sous le basiliyal comme une sangle; d'au- tres fois, en une paire de muscles à fibres courtes et obliques, dont l'ex- trémité externe est fixée aussi au bord de l'os lingual, mais dont le bout op- posé s'insère près de la ligne médiane sur l'os busihyal. L'action principale de ces faisceaux charnus doit être de courber la langue en dessus et d'en rapprocher les angles postérieurs. Ces muscles sont très développés chez les Perroquets, dont la langue est remarquablement charnue et mobile. Chez ces Oiseaux, on remarque aussi une paire de muscles mylo-glosses qui naissent sur les côtés de la langue, se portent directement en dehors, et vont s'insérer à la face interne de la ir.àchoire inférieure (a). Les muscles cérato-glosses parais- sent exister chez tous les Oiseaux; et quelquefois , chez la Cirue , par exemple, ils sont divisés en deux portions par une intersection tendi- neuse. Le muscle hyo-glosse transverse manque chez le Vautour, l'Albatros, la Cigogne, le Fou, l'Autruche, etc. L'hyo-glosse droit manque égale- ment chez l'Autruche, la Cigogne, le Fou, elc. (1) [.a forme de la langue est d'ordi- naire en rapport avec celle du bec, et chez les Oiseaux où ce dernier organe est long et effilé, elle présente en gé- néral la même disposition (6). Mais cela n'a pas toujours lieu : ainsi chez la Huppe, où le bec est constitué de la sorte, la langue est très courte (c). Sa forme dépend principalement de celle de l'os ou cartilage lingual qui en constitue la charpente, et qui, chez la plupart des Oiseaux, rappelle celle d'un fer de flèche dont le sommet serait tantôt très aigu, d'autres fois plus ou moins arrondi. Quand la langue est élargie en avant, cette dis- position dépend en général de l'exis- tence d'une couche épaisse de tissu glandulaire sous sa tunique muqueuse, mais ce mode de conformation peut tenir aussi au développement de ses muscles intrinsèques. Souvent il existe (a) Diivernoy, Mém. sur les onjanes de la déglulUion (Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Stras- bourg, t. Il, pi. , fl^. VIllj. li) Exemple : le Soiii-manga (Duvmwy, Op. cit., Mém. de la Société d'histoire naturelle dd Strasbourg, t. II, pi. 2, fij,'. IG). (c) Diivurnoy, Op. cit., pi. 2, lig. 14. 72 APPAREIL DIGESTIF. théliques plus ou moins spiniformes, qui aident à retenir les aliments dans la bouche et à les porter dans le gosier (l). Mais je ne m'arrêterai pas à décrire ici ces appendices, me pro- posant d'en traiter d'une manière spéciale dans la prochaine Leçon. Enfin, il est aussides Oiseaux chez lesquels la langue, réduite à la surface supérieure de la langue un sillon médian plus ou moins pro- fond (a), et chez certaines espèces ses bords latéraux se relèvent de manière à produire une disposition cultri- forme (b). Parfois ses bords latéraux se relèvent davantage, de façon à y donner une forme presque tubulaire, particularité qui a valu à quelques Psiltaciens le nom de Perroquets à trompe, mais qui ne dépend d'aucune modification profonde dans la struc- ture de cet organe (c). (1) Les prolongements coniques ou papilles cornées dont la langue des Oiseaux est ordinairement armée sont disposées en général le long du bord postérieur de cet organe [cl) ; mais quelquefois ces appendices épi- théliques en garnissent les deux côtés dans toute leurlongueur : par exemple, chez le Toucan, où ils sont très grê- les (e), et chez le Canard, oi!i ils sont spiniformes (/"). D'autres fois ces pa- pilles sont extrêmement grêles et réu- nies en pinceau à l'extrémité libre de la langue, disposition qui se voit chez les Colibris, et qui rend cet or,:j;ane très propre à recueillir au fond de la corolle des fleurs les liquides sucrés dont ces Oiseaux se nourrissent ; une structure analogue se remarque chez les Grimpereaux {g], la Litorne ou Turdus inlaris (h), etc. Chez quelques Oiseaux, ces prolon- gements deviennent lamelleux, et sont rangés parallèlement entre eux de fa- çon à constituer de chaque côté de la langue une bordure feuilletée : par exemple chez le Pygargue (i). Chez le Flamant {Phœnicopterus ruber), cet organe présente aussi une forme remarquable : sa portion an- térieure est inerme, triangulaire et un peu cultriforme, tandis que sa portion basiiaire est éU'oite et armée latéralement d'une série de pointes coniques très fortes (j). (a) Exemple : le Hibou (Duvernoy, Mém. sitr les organes de la déglutition, pi. 1 , Rg. 1 5). (b) Exemple : l'Aigle (Duvernoy, loc. cit., pi. 1, fig. 1). (c) Geoffroy Sainl-Hilaire, Sur les appareils de la déglutition et du goût dans les Aras indiens, ou Perroquets microglosses {Mém. du Muséum, 4 823, t. X, p. 180). {d} Exemple : la lang'ue dn PttOJi. (Duvernoy, loc. cit., pi. 3, fig. 3. (e) Owen, art. AVES (Toild's Cyclop. of Anat. and Phijsiol, t, I, p. 313, fig. 150, et p, 315, fig. 152). (nSalter, art. ToNGUE (Todd's Cijclop. ofAiiat. and Physiol., t. IV, p. 1 150, fig-. 7Go, D) (g) Duvernoy, ioc.cjf., pi. 2, fig. 15. (/i) Saiter, foc. cU., fig. 7(33, B. (i) Duvernoy, loc. cit., pi. 1, fig;. 5. (j) PcrraHlt, Mém. pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, t. III, pi. 10, fig. L. • — Duvernoy, loc. cit., pi. 3, fig. 12. CVVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VEUTÉBRÉS. 73 à un état rudimentaire, est déchue de ses fonctions ordinaires et cesse d'avoir aucune importance physiologique : par exemple, chez le Pélican (1 ), Chez les Batraciens inférieurs et chez les Chéloniens, la Langue 1 ,n / ..., ,, Ml"!' des Batraciens langue est formée aussi prmcipalement par 1 appareil hyoïdien, et mais elle n'est que peu mobile, et se rapproche davantage "' "'""'" de ce que nous avons vu chez les Poissons (2). Chez la plupart des Batraciens anoures ainsi que chez les Ophi- diens et presque tous les Sauriens , cet organe est au contraire presque entièrement musculaire; il n'est en con- (1) Chez le Pélican, la langue ne La langue des Torlues esl plus tlé- consiste qu'en un petit tubercule co- veloppée et plus' mobile, mais elle n'est nique, et l'appareil hyoïdien tout en- pas susceptible de s'avancer hors de lier est rudimentaire et suspendu au la bouche. Une plaque cartilagineuse milieu du plancher de la poche sous- ou osseuse qui, à cause de sa forme, mandibulaire («)• H en est à peu près a été comparée à une semelle de sou- de même chez le Cormoran (6), et, lier, et qui correspond au glossohyal chez la Spatule, la langue, sans être des Oiseaux, en constitue la partie aussi réduite, est très peu dévelop- fondamentale ; mais elle ne s'articule pée (c). pas sur le bord antérieur du basi- (2) La proéminence linguale, formée hyal, et se trouve suspendue au-des- seulement par l'extrémité antérieure sous du corps de l'hyoïde, qui est de l'appareil hyoïdien , est à peine élargi et qui donne naissance latérale- saillante chez l'Axolotl {d). ment à deux ou trois paires d'arcs ou Chez la Salamandre, la langue est cornes (g). Pour la description des courte , arrondie et peu libre (e). Il muscles de cet organe, je renverrai à en est de même chez le Menohran- un travail spécial de M. Alessandrini chus (/"). , et aux notes de Duvernoy [h). {a) Duvernoy, Op. ci<.,p. 7, pi. 4, fîg. 11 et 12, — Huntei-, Catal. of the Muséum of the R. Collège of Surgeons, Physiological Séries, t. III, pi. 30*,fig. 3. (b) Duvernoy, Op. cit., pi. 4, fig. 14. (c) Idem, ibid., pi. 4, lig. 3. {(1) Cuvier, Recherches sur les Reptiles regardés comme douteux (Hunibokll, Recueil d'observa- tions de zoologie et d'anatomie comparée, 1. 1, p. 183.) — Galori, Suit' aîialomia deW Axolotl {Mem. dell'Instituto di Bologna, I. III, pi. 4, fig. 20). (e) Perrault, Mém. pour servir à l'histoire naturelle des Animaztx, I. III, pi. 79, lig. 3, [i. — Siebold, Observationes quœdam de Salamandris et Tritonibus (disscrt. inaug.), p. 21. Bcrolini, 18i!8. (/■) Carus et Ollo, Tab. Anal, compar. illustr,, pars iv, pl. 5, iig. 2. (f;) Cuvier, Ossements fossiles, pl. 240, \'vj;. 40, 'H, 42 et 43. (hi .\ks!. 193. (e) Duvernoy, Op. cit. {Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Slra.ibourg, i. I). (/■) Za^flas, On Ihe Tonyue of Ihe Cluimeleoa and Ihe Mechanlsm of ils Projixlion and Uelrac- lion KjooAiw'i Annats of Anatomy and Physiology, 1852, p. 138, pi. 0). 78 APPAREIL DIGESTIF. elle rentre dans une gaîne formée par un prolongement de la membrane muqueuse qui tapisse les parois de la bouche. Elle est essentiellement musculaire, et, en général, elle est très grêle, profondément bifide vers le bout, de façon à paraître fourchue ou même double, et susceptible d'exécuter des mou- vements vibratoires d'une grande rapidité (1). rôle, et l'explication donnée plus an- ciennement par Cuvier me semble être la plus plausible (a). En effet, cetana- toniiste attribue la projection de la langue principalement à l'action de libres musculaires annulaires qui, oc- cupant les parois du tube lingual, doi- vent, eu se contractant brusquement, presser sur le mandrin conique (ou stylet glossohyal) logé dans l'intérieur de celui-ci pendant la rétraction, et tendre par un effet de recul à lancer le fond de cette gaîne en avant. Je dois faire remarquer cependant que les fibres charnues iransverbales sont peu distinctes dans la tige tubulaire de cet organe [b], et ne sont bien déve- loppées que dans le bulbe ou portion claviforme qui le termine. Les principaux muscles rétracteurs de la langue du Caméléon sont deux faisceaux charnus longs et minces qui naissent à l'extrémité antérieure de cet organe, et qui vont s'attacher à l'os basihyal, derrière le stylet formé par le glossohyal. Pour plus de détails au sujet des muscles intrinsèques de la langue et des muscles moteurs de l'appareil hyoïdien, je renverrai aux mémoires déjà cités de Houston et de Duvernoy. Chez les Geckos, la langue, quoique beaucoup moins longue et moins mo- bile que celle du Caméléon, s'en rap- proche un peu par sa structure. On y trouve un muscleannulaire qui contri- bue à en déterminer l'allongement, et l'appareil hyoïdien qui lui sert de base est susceptible d'exécuter des mouve- ments assez étendus par la contrac- tion des muscles nombreux dont il est pourvu (c). (1) Cette disposition n'existe pas chez tous les Ophidiens : ainsi , la langue des Amphisbènes est épaisse, écailleuse, bifurquée, peu protraclile, et libre dans la bouche. Il en est à peu près de même chez les Orvets, lesScheltopusiks, etc., seulement elle est triangulaire et glanduleuse {d). La langue se loge dans un fourreau chez les Serpents proprementdits : par exemple, chez la Vipère (e), la Couleu- vre if) et le Boa {g). Cette gaîne s'ou- (a) Cuvier, Leçons d'anat. comp., i" édit., t. III, p. 273. ( b) Saller, Op. cit. (Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol. , 1. IV, p. 1 1 49). (c) Duvernoy, Mém.sur la langue, p. 9, fig. D (M'émoii'es de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg , t. I). (d) Duvernoy, Leçons d'anatonde comparée tic Cuvier, l. IV. 1" partie, p. 58G. (e) Perrault, Mém. pour servir à l'hisl. nat. des A)iimarix, t. III, 2« partie, pi. CS, i\f. DelE. (f) Dugès, Recherches anatomiques et physiologiques sur la déglittition chez les Reptiles {An7i, des sciences nat., 1827, 1" série, t. XJI, pi. 40, fig. d-i cli5). (g) Hubner, De organis motoriis Boœ canince. (disserl, inaug.}. Berolini, 4 815, jil. 1 , fig. i. CAVITÉ BUCCALE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS. 79 La langue des Crocodiles, quoique peu mobile, ressemble davantage à celle des Mammifères, car elle est large, épaisse, arrondie en avant et essentiellement musculaire ; mais elle n'est pas assez protractile pour pouvoir sortir de la bouche (1). vre au-devant de la glotte, à la partie antérieure du planclier de la bouche, et ses bords, garnis d'une paire de pe- tites plaques fibro-carlilagineuses , peuvent être écartés et lires en avant par Taclion d'une paire de muscles qui s'insèrent à l'exlrémilé antérieure des branches mandibulaireset quisonl appelés génio-vaginièfis (a). Deux muscles, âilsmylo-vaginieîiSfen nais- sent également, et se portent oblique- ment en arrière pour se fixer à l'os articulaire de la mâchoire inférieure, de façon à èU'C les antagonistes des précédents. Enfin, une paire de mus- cles, que Dugès appelle les vaginiens propres, s'étendent de ces mêmes car- tilages sur la paroi inférieure de la gaine linguale chez la Couleuvre lisse, et sont remplacés par un muscle im- pair chez la Couleuvre vipérine. La langue , ainsi enveloppée , est fort étroite, cylindroïde et terminée par deux branches filiformes et aii\- \, fig'. 't. (h) Born, liemerkungen ùber den Zahnbau der Fische (Heusinger's Zcitschrift fur organische Physik. iS^-i, 1. 1, pi. C, fig. 9). (c) Hornc, Lectures on Comparative Anatomy, t. IV, pi. 46. — Born, Op. cit., pi. 0, fig. 5, — Owen, Odontography, pi. 2, fig. 4. (d) i. Millier, Vergleichende Anaiomie der Mywinoiden, pi. 2, fig. 1 à 5, pi. 3, fig. l. 108 APPAREIL DIGESTIF. voûte palatine, des pointes cornées de même nature, qui sont dirigées en arrière et qui servent à retirer les aliments. Chez quelques Animaux de cette classe, on trouve des papilles ana- logues disposées en ràlcau de cliaque côté de la langue, ou réunies en pinceau à l'extrémité de cet organe (1). La connaissance de la structure intime des différentes espèces de papilles dont je viens de parler facilite beaucoup l'étude des autres odonloïdes, et, par conséquent, je m'y arrêterai quelques instants. Le bourgeon vasculaire, ou bulbe papillaire, qui occupe l'axe de ces appendices, n'est pas un organite simple, comme on pourrait le croire au premier abord; l'examen microscopique montre que sa surface est garnie d'un nombre plus ou moins considérable de prolongements coniques ou liliformcs qui sont des centres de production pour le tissu épithélique superposé. Par exemple, le sommet du bourgeon ou bulbe d'une papille conique provenant de la langue do l'Homme se trouve divisé eu un pinceau de bour- geons secondaires, et au-dessus de chiicune de ces parties le revêtement épithélique s'élève en forme de filaments qui, réunis à leur base, deviennent libres vers le bout, et forment de la sorte une houppe cornée. Dans d'autres papilles, les bulbes secondaires se recouvrent d'une couche épithélique qui ne se divise pas de la sorte, mais forme une gaîne commune, dans la substance de laquelle tous ces organites microscopiques sont comme empâtés. Entin, dans les intervalles qui séparent les papilles entre elles, les gaines cornées dont celles-ci sont (i) J'ai déjà eu l'occasion de faire ou la partie voisine du palais des connaître la disposition de l'arnnire Oiseaux, sont également dirigées en linguale de ces Animaux (voyez ci- arrière, et servent principalement à dessus, page 72), empêcher les aliments de rebrousser Les papilles cornées qui garnissent chemin lors des mouvements de dé- souvenlles bords des arrière-narines, glutition (a). {a) Exemples : le Canard (Geoffroy Saint-Hilaiic, Philosophie anatomique, t. I, pi. 6,fig'. 65). — Le Goéland (loc. cit., fig. 66). ARMURE BUCCALE DES VERTÉBRÉS. 109 revêtues se continuent par leur base avec la" couche épithéliale mince et peu consistante de la muqueuse adjacente. On doit donc considérer la substance cornée dont se compose une odonloïde comme étant produite par les bourgeons ou bulbes élémentaires dont je viens de parler, sous la forme d'aulant de filaments qui se soudent entre eux latéralement d'une manière plus ou moins solide, et dès lors on conçoit facilement que la forme 'générale de l'agrégat résultant de cctie soudure pourra varier beaucoup par le seul fait du mode de groupement des bulbes en question. Si ceux-ci sont disposés en pyramide au sommet d'une éminence, il en résultera un appendice épithélique en forme de cornet qui emboîtera le tout, et qui pourra être simple ou multiple. Si un certain nomljre de ces mêmes bourgeons sont disposés sur une rangée, et au lieu d'être séparés à leur base, rapprochés de façon à se toucher presque, les libres cornées qui en partent se souderont encore entre elles, mais donneront naissance à un appendice lamelleux, lequel sera adhérent par un de ses bords et libre dans tout le reste de son étendue. Enfin, si ces organites vasculaires dont dépend le développe- ment du tissu corné sont disposés uniformément sur un même plan, et toujours rapprochés de façon que la fibre dépendante de chacun d'eux puisse se souder intimement à ses voisines, il en résultera encore une lame cornée ; mais cette lame sera adhérente au chorion sous-jacent par la totalité de sa face interne, et constituera un revêtement continu. On conçoit donc facilement que le tissu corné dont se composent les odontoïdes puisse affecter tantôt la forme de cornes isolées ou de cylindres grêles, d'autres fois celle de pro- longements lamelleux, et d'autres fois encore celle de plaques adhérentes, sans que ces variations coïncident avec aucune différence essentielle dans la structure de ces parties. En effet, cela a li(!u, et c'est de la sorte que la Nature constitue avec les mêmes malc'riaux organi(pies, ici des papilles spinilbrmes, là des structure du lliécoi-hynque, ou enveloppe cornée (lu bec des 110 APPAREIL DIGESTIF. fanons lamelleux , et ailleurs les étuis mandibulaires que j'ai appelés des thécorhynques. § 5. — Des observations faites par Geoffroy Saint-Hilaire sur le développement du bec chez un fœtus de Perroquet nous donnent la preuve de l'exactitude de cette interprétation des faits fournis d'abord par la seule comparaison des formes Oiseaux, etc. intermédiaires entre une odontoïde papilleuse ordinaire et un thécorhynque complet. Chez le jeune Oiseau en voie de déve-' loppement que ce naturaliste a soumis à ses recherches, les mâchoires n'étaient encore recouvertes que par une peau molle, mais il existait sur le bord libre de chacun de ces organes une série de petits bourgeons papiniformes qui étaient autant de centres de formation pour le tissu corné ; et en examinant ensuite le thécorhynque d'un Perroquet adulte, il trouva que, dans les points correspondants cà chacun de ces bulbes, il existait dans la substance de cet organe une cavité conique, de sorte que l'étui, quoique simple en apparence, devait résulter de la soudure des cônes de tissu épithélique nés autour de ces centres vasculaires et envahissant graduellement les parties adjacentes de la surface du chorion mandibulaire : mode de développement qui exphque aussi l'épaisseur plus grande de l'étui corné le long du bord libre des mâchoires et son amin- cissement vers la bnse du bec fi). (1) Geoffroy Saint-Hilaire a consi- toïdes papillaires. Ce naturaliste en a déréces bourgeons dermiques comme compté dix-sept à la mâchoire supé- étant les analogues des bulbes den- rieure et treize à la mâchoire infé- taires, et il en a conclu que les Oiseaux rieure (a). sont pourvus de dents ; mais c'était Chez de jeunes Tortues du genre .aller trop loin, et les organes en ques- Trionyx, le bec corné se développe de tion ne me paraissent pouvoir èlre la même manière (6). assimilés qu'aux bulbes des odon- Les parties du bec de l^erroquet (a) Geoffroy Saint-Hilaire, Système dentaire des Mammifères et des Oiseaux, 1824, p. 8, pi. 1, fig. 4 et 5. (b) Owen, art. Teeth (ïodd's Cijclopoidia of Anat. and Physiol., t. IV, p. 882). ARMURE BUCCALE DES VERTÉBRÉS. 111 D'autres fois les odontoïdes engainantes paraissent naître d'une multitude de petits bourgeons simples, disséminés égale- ment sur toute la surfaco des téguments qui revêtent l'une et l'autre mandibule. Mais il est probable que les lames cornées ainsi produites naissent d'abord sur le bord libre des mâchoires, et s'étendent ensuite sur les deux faces opposées de ces parties de la charpente buccale, car elles forment toujours deux pans réunis sous un angle plus ou moins aigu qui correspond à ce bord, et elles présentent dans ce point plus d'épaisseur que partout ailleurs. Une armure buccale fort analogue à celle que nous venons d'étudier chez les Oiseaux se rencontre dans la classe des Mammifères, mais d'une manière exceptionnelle. En effet, chez l'Ornithorhynque, ainsi nommé parce que son museau ressemble beaucoup au bec d'un Canard, les mâchoires sont élargies en forme de spatule et revêtues d'une peau coriace qui a presque la consistance de la corne (1). Des parties saillantes que M. Blanchard a décrites derniè- très larges et entourées à leur base renient , et qu'il considère comme d'un bourrelet de même nature (c). étant des dents rudimentaires (a), pa- Au premier abord, on pouvait croire raissent être très différentes de celles que ce mode de conformation de la observées par Geoffroy Saint-Hilaire. bouche devait rendre la lactation (1) Les Ornithorhynques sont des impossible, et que, par conséquent. Mammifères de l'Australie, qui vivent les jeunes Ornithorhynques ne de- sur les bords des eaux et qui cherchent valent pas teter comme le font les dans la vase les Vers et autres petits autres Mammifères {d) ; mais on a Animaux dont ils se nourrissent (6). constaté que, dans le jeune âge, les Ainsi que je l'ai déjà dit, leur bec lèvres de ces Animaux sont minces et ressemble beaucoup à celui du Ca- médiocrement développées en avant, nard ; les mandibules sont aplaties, de façon à n'opposer aucun obstacle (a) Blanchard, Observations sur le système dentaire des Oiseaux {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 4800, t. L, p. 540). (6) Bcnnct, Notes on the nat. Hist. and Habits of Ihe Ornithorhyncliiis parado.'cii.s (Traiis. of the Zool. Soc, i8'ir,, t. 1, p. 2-29). (c) Voyez V Allas du lUrjne animal de Cuvier, M\MMiri':niîs, pi. 75, fi.;;. 2. {d) Geoffroy Sainl-liilalrc, Sur un appareil ylanduleux récemment découvert en Allemagne dans l'Ornilhorhynque, cl faussement considéré comme une glande mammaire {Ann. des sciences nat., 1820, i'° sûrjc;, l. I.\, p. 459J. 112 APPAREIL DIGESTIF. qui se remarquent dans l'intérieur de la bouche, et qui naissent du bord préhensile de cet organe, sont garnies aussi par des plaques d'un tissu corné dont la texture ne difière que peu de celle de la substance du bec chez les Oiseaux; mais les instru- ments ainsi constitués ont encore plus d'analogie avec certains organes spéciaux dont nous allons bientôt nous occuper, et ils sont généralement considérés comme étant des dents. Par conséquent, je ne m'y arrêterai pas en ce moment. Enfin, ce genre d'armure buccale se montre temporaire- ment chez les Têtards de la Grenouille (1), et il existe d'une manière permanente chez les Reptiles de l'ordre des Chélo- niens (2) ; mais c'est à la classe des Oiseaux qu'il appartient plus spécialement. confonnaiion En cffet, tous CCS Anïmaux sont pourvus d'un bec formé par •les Oiseaux. Ic développement d'une couche de tissu corné autour des os des mâchoires. Cette substance, dure, insensible, et de structure fibreuse, ne diffère pas de celle dont se composent les ongles et les |)laques épidermiques dont d'autres parties du corps peuvent être revêtues ; elle repose sur une membrane mince et molle q'ii dépend du chorion, et qui adhère à la surface des à Pacte de la succion (a). C'est par le commence ù s'atrophier. Le bord progrès du développement que ces tranchant de !a mandibule supérieure organes acquièrent la forme bizarre s'emboîte dans la mandibule infé- qui se remarque cliez l'adulte, et qui rieure (6). a valu à ces Animaux le nom (VOrni- (2) Chez les Tortues fluvialiles (ou thorhjnchus paradoxus. Chéloniens potamites), l'armature buc- (1) Ce bec corné se développe chez cale est garnie de lèvres charnues; mais les Têtards des Batraciens anoures peu chez les autres ileptiles de cet ordre, de temps après i'édosion, mais se dé- les mâchoires sont nues et armées tache et laisse les lèvres à nu vers d'une gaîne cornée qui, eu général, se l'époque où les pattes antérieures se prolonge intérieurement sur presque montrent au dehors et où la queue toute la voûte palatine. (a) Oweii, On the Young o/" £he Ornithorhynclius paradoxus {Trans.oflhe Zool. Soc, 1835, 1. 1, p. 2-21, pi. 3-2, fig. 1 à 4). (b) Dugès, Recherches sur l'ostéologie et la myologie des Balraciens à leurs différents âges, p. 83, pf. 13, fig. 73, SO, 81 et 8-2 (extr. des Mém. des Sav. élr., t. VI). ARMURE BUCCALE DES VEUTÉBRÉS. 113 OS sous-jacents ; sur la mandibule inférieure, elle ne constitue qu'une seule pièce et ne se prolonge que peu inférieurement ; mais, à la mandibule supérieure, elle forme un étui plus complet qui, parfois, s'étend presque sur le front (1), et qui est souvent divisé en plusieurs pièces ('2). L'épaisseur et le degré de dureté de ce thécorhynque varient beaucoup (3) ; il en est de même de sa forme, et les différences que l'on y remarque à cet égard sont en général liées à la manière dont cet instrument doit fonctionner dans l'organisme. Quand le bec des Oiseaux est destiné à servir seulement comme pince pour saisir les aliments, et qu'il n'a pas besoin de beaucoup de force pour les retenir, cet organe est en général très allongé et eftilé vers le bout. Ainsi, les espèces qui vivent d'Insectes ou de Vers présentent en général ce mode d'orga- nisation, qui devient plus marqué lorsque l'Animal est destiné à chercher cette proie au fond de l'eau ou dans la vase (4). Rapports enlre la forrae du bec et le régime des Oiseaux. (1) Par exemple, chez les Foulques et les Poules sultanes (a). Chez les Calaos , le bec est surmonté d'une énorme protubérance qui est de même nature (6). (2) Celte disposition est assez géné- rale chez les Palmipèdes de la famille des Longipennes et de celle dos Toti- palmes. (3) Ainsi, chez les Oiseaux qui dé- chirent leur proie, comine PAigle et le Faucon, ou qui se nourrissent en partie de fruits diu's qu'ils ont besoin de casser, comme c'est le cas pour les Perroquets, le thécorhynque est épais et fortdur; tandis quechezles Oiseaux qui vivent de fruits tendres, les Tou- cans par exemple, il est très mince. Il est aussi à noter que, chez les Oiseaux qui cherchent leur nourriture dans la vase, et qui, dans cet acte, ne peuvent se guider par les yeux, mais ont be- soin de tàter, en quelque sorte, les substances qu'ils rencontrent, le thé- corhynque est mince et flexible, de façon que le derme sensible situé au- dessous peut recevoir facilement des sensations au contact de corps étran- gers. Le revêtement mandibulaire des Canards et des Oies, par exemple, est coriace et ressemble à une peau épaisse plus qu'à une gaine cornée ordinaire. (6) Comme exemple des Oiseaux insectivores dont le bec offre ce mode de conformation, je citerai les Coli- bris , les Oiseaux - Mouches et les (a) Voyez l'Atlas du Règne animal de Ciivior, Oiseaux, pi. 8(i, fi^. 2. (b) l.oc. cit., pi. 47, fi;;. 2. VI. ll/i. APPAREIL DIGESTIF. Afin de perfectionner son action dans ces dernières circon- stances, la Nature y apporte souvent une modification particu- lière, et l'élargit beaucoup, soit dans toute sa longueur, comme cela se voit chez les Cygnes et les Canards, soit dans sa partie terminale seulement, disposition qui a fait donner à quelques Oiseaux de rivage le nom de Spatules (1). Le bec est également très élargi chez les Oiseaux insectivores, tels que les Hirondelles et les Engoulevents, qui poursuivent leur proie au vol ; mais alors cet organe est en même temps fort raccoîirci, afin d'être léger et facile à tenir relevé (2). Pour mettre mieux en évidence ces harmonies entre les mœurs des Oiseaux et la conformation de leur bec, je citerai une autre espèce qui emploie aussi cet organe comme une pince préhensile seulement, mais qui vit de petits Poissons et les Huppes {a). Les Bécasses, qui vivent principalement de Vers et de larves qu'elles trouvent sous les feuilles tombées, ont aussi le bec remarquable- ment long et grêle (6). Les espèces qui fouillent la vase molle pour y cber- clier une proie analogue, les Ibis par exemple, offrent sous ce rapport le même mode d'organisation (c). Chez tous ces Oiseaux, le bec est, comme d'ordinaire, droit ou courbé en bas; mais chez l'Avocelte, dont le régime est analogue, il est recourbé en sens contraire, c'est-à-dire relevé vers le bout (d). D'autres Oiseaux, qui se nourrissent principalement de Serpents et d'au- tres Reptiles, ont aussi le bec très allongé , mais beaucoup plus haut et à bords plus tranchants : par exemple, les Cigognes (e). (1) Chez les Spatules, les mandi- bules sont toutes les deux plates, la- melliformes, et très élargies vers le bout (/■). (2) Ce mode d'organisation est com- mun à tous les Passereaux de la division des Fissirostres, mais elle est portée au plus haut degré chez les Podagres et chez les Engoulevents {Caprimul- gus], Oiseaux crépusculaires qui, la gueule ouverte, poursuivent leur proie au vol, et font entendre alors un bruit particulier dû à l'entrée de l'air dans celte cavité. Leur bec est déprimé, très élargi en arrière et fendu fort loin {g), de façon à pouvoir s'ouvrir largement. (a) Voyez le Règne animalàe Ciivier, Oiseaux, pi. 43, fig^. 1 et 3 ; pi. 44, fig. 2. (6) Loc. cit., pi. 79, fig. i. (c) Loc. cit., pi. 78, fig. 3. {d} Loc. cit., pi. 85, fig. i. (e) Loc. cit., pi. 75, fig. i . (f) Loc. cit., i<\. 18, ûg.i. ■ {g) Loc. cit., pi. 31, fi^. 3. ARMURE RUCCALE DES VERTÉBRÉS. 115 enlève à la surface de la mer en rasant au vol la crête des vagues : c'est le Coupeur d'eau ou Bec-en-ciseaux (1). On com- prend facilement que pour fendre de la sorte la nappe liquide avec une grande rapidité et saisir au passage la proie qui s'y rencontre, c'est la mandibule inférieure qui doit plonger obli- quement dans l'eau, et que plus elle sera étroite, moins elle ren- contrera de résistance. Or, le bec de ces Oiseaux de haute mer présente des singularités remarquables, et ces particularités de structure sont précisément de nature à l'approprier aux fonctions que je viens de signaler. En effet, la mandibule supérieure, au lieu de dépasser comme d'ordinaire l'extrémité de la mandibule inférieure, est beaucoup plus courte que celle-ci, et les deux branches de l'espèce de pince ainsi constituée ont si peu de largeur, qu'elles ressemblent à des lanies placées de champ. Lorsque les Oiseaux piscivores dardent sur leur proie et enlèvent ainsi des Animaux d'un poids considérable, qui glis- seraient facilement entre les branches d'une pince buccale ordinaire, on remarque qu'en général la mandibule supérieure se termine par un crochet qui descend au-devant de l'extrémité de la mandibule inférieure, ou bien encore que ses bords se trouvent garnis de dentelures (2). (1) Les Becs-en-ciseaux, ou Rhyn- maux frugivores à bec énorme, mais chops (a), sont des Oiseaux de l'ordre faible (6). H est aussi à noter qu'afin des Palmipèdes, voisins des Mouettes, d'alléger le poids de cet organe, les qui liabilont les mers des Antilles. os maxillaires ollrent chez cet Oiseau (2) Quelquefois les dentelures du une texture spongieuse extrêmement bord de la mandibule supérieure sont lâche et sont remplis d'air (c). seulement le résultat de l'usure de la Les flarles, qui vivent de Poissons lame cornée très mince qui constitue et poursuivent leur proie en pion- cette lame tranchante : par exemple, géant, sont remarquables par la struc- chez les Toucans, qui sont des Ani- tare de leur bec, dont les bords sont (a) Voyez VAllas du Bègne animal de Cuvier, Oiseaux, pi. 93, lig. 4. {b} Loc. cit., pi. 100, fit'. 4, a. (c) Loc. cit., pi. 91,fig. 1. 116 APPAREIL DIGESTIF. D'autres fois des lignes saillantes ou même des prolongements lamelliformes, disposés parallèlement en travers, à la face interne des mandibules, servent à tamiser en quelque sorte les matières introduites dans la bouche et à y retenir les aliments solides, tout en laissant écouler librement l'eau qui s'y trouve mêlée (1). Ce mode d'organisation, qui se rencontre chez les Canards, les Oies et les Cygnes, a valu à ces Palmipèdes le nom commun' de Lamelli rostres. Le grand allongement du bec, qui permet à l'Oiseau de s'emparer plus facilement d'une proie faible, ou de cueillir des fruits d'une branche sur lauqelle il ne saurait se percher, est au contraire une circonstance défavorable à l'action de cet organe comme instrument sécateur ou lacérant; aussi, quand ces Animaux sont destinés à se nourrir de fruits durs ou de graines trop volumineuses pour être avalés en entier, ou bien encore lorsque, pour utihser leur proie, ils ont besoin de la dépecer, on ne leur voit plus ce mode de conformation : leur bec devient alors court en même temps que robuste, et l'on y remarque garnis d'une série de denticules acé- clypeata), elles sonl pins développées rées [a]. et s'étendent assez loin sur la voûte La plupart des grands Oiseaux pê- palatine (/"). cheurs ont l'extrémité du bec garnie Une structure analogue se remarque d'un crochet très fort : par exemple, chez le Flamant (Phœnicopterus) , les ['étrels {bj, les Albatros (c) et les dont le bec est coudé vers le milieu et Pélicans (d). reployé en bas (g). Pour s'emparer de (1) Chez le Canard ordinaire, ces saproie, cetOiseauîi long cou renverse lames transversales sont peu saillantes sa tête de façon à appliquer contre et n'existent que sur le pourtour du le sol sa mâchoire supérieure, qu'il bec (e) ; mais, chez le Souchet {Artas emploie en manière de bêche. (a) Voyez V Allas du Règne animal, Oiseaux, pi. 93, ùg. 1, (b) Loc. cit., fil. 93, fig-, 1. , (c) Loc. cit., pi. 54, fig'. l. (d) Owen, art. Aves (îodd's Cyclop., 1. 1, p. 313, %. dSO). (e) (iooffi'oy Saint-Hiluire, Système dentaire des Mammifères et des Oiseaux, pi. i, fig. 15. (f) Loc. cit., fig. 14. (g) Voyez l'Atlas du Règne ajiimal, Oiseaux, pi. 87, fig. 3 et 4, a. ARMURE BUCCALE DES VERTÉBRÉS. 117 aussi d'autres particularités de forme qui sont en rapport avec les fonctions qu'il est destiné à remplir. Ainsi, chez les Faucons, les Aigles et les autres Oiseaux de proie, la mandibule supérieure est à la fois courte, robuste, effilée, tranchante sur les bords, et terminée par une pointe recourbée en bas, de façon à constituer un crochet. Chez ceux qui ont les instincts les plus sanguinaires, et que l'on appelait jadis les Oiseaux de proie nobles, parce qu'ils étaient les plus propres à se laisser dresser pour la chasse, le bec présente aussi de chaque côté une dentelure marginale; enfin, chez les Vautours, qui ne se repaissent que d? charognes, il s'allonge notablement. Des gradations analogues se remarquent dans la conforma- lion du bec chez les Oiseaux granivores. Chez ceux qui ramassent seulement à terre les grains dont ils se nourrissent, la mandibule supérieure est médiocrement développée et ne présente rien de particulier; mais chez ceux qui doivent con- casser les grains déjà saisis par leurs "mâchoires, ces organes offrent des caractères de soUdité et de puissance plus grandes En général, le bec est alors conique, court et robuste, comme cela se voit chez le j^loineau, le Bouvreuil et beaucoup d'autres Passereaux dont se compose la division dite des Conirostres. Comme exemple de ces concordances organiques et physio- logiques, je citerai aussi les rapports qui existent entre les fonctions spéciales du bec chez les Perroquets et chez les Pas- sereaux du genre Loœia. Ces derniers ont reçu le nom vulgaire de Becs-croisés, parce que leurs deux mandibules, au lieu de se mouvoir suivant un même plan et de se rencontrer par leurs bords, se croisent dans leur i)artic terminale. Au premier abord, on a considéré cette disposition anormale comme une espèce d'indrmité; mais, en observant les nueui-s do ces Oiseaux, on a vu (ju'il en (Hail autrement, et que ces crochets leur sont très utiles pour arra- 118 APPAREIL DIGESTIF. cher de dessous les écailles des pommes de pin les semences dont ils font leur nourriture (1). Le bec du Perroquet est remarquable par la forme crochue de la mandibule supérieure et par sa structure robuste ; aussi permet-elle à ces Oiseaux de couper ou de casser leurs ali- m.ents. Mais la grande force dont elle est douée est utilisée aussi d'une autre manière; caria pince ainsi constituée devient un auxiliaire des organes de la locomotion, et sert à ces Animaux comme une troisième main pour grimper aux branches des arbres. Il serait facile de multiplier davantage ces exemples d'har- monies anatomiques et physiologiques ; mais les faits dont je viens de rendre compte me semblent devoir suffire pour mon- trer combien est intime la liaison qui existe entre les mœurs des Oiseaux et la conformation de cette partie de leur appareil digestif. Je dois ajouter, cependant, que le bec des Oiseaux peut offrir aussi beaucoup de particularités de forme dont on n'a pas encore saisi la signification physiologique; mais l'étude de ces détails est du domaine de la zoologie descriptive. •les § /i. — La troisième espèce d'odontoïdes dont j'ai signalé Baleines. ^ l'existence au commencement de cette Leçon, est, a certams (1) Cliez les Becs-croisés ou f^o- vent en échapper. 11 est anssi à re- xies {a), non-seulemeni la mandibule marquer que, pour arracher les se- supérieure se termine par une pointe menées logées entre les écailles des recourbée en bas, mais l'extrémité de pommes de pin, les Loxies insinuent la mandibule inférieure se relève de la leur bec entre ces lames, et les écartent même manière, en sorte que les l)ords en imprimant à leur mâchoire infé- latéraux de ces organes ne peuvent se rieure un mouvement latéral. Pour rencontrer qu'après que les deux cro- plus -de détails à ce sujet, on peut chetsainsiconstituessesontcroises.il consulter les observations faites par en résulte que les corps saisis entre les Townson et par Yarrell sur les mœurs deux branches de celte pince ne peu- du Bec-croisé commun (5). (a) \oyezY Atlas du Règne animal de Cuvier, Oiseaux, pi. 35, ûg;. 2, 2 a. (6) Townson, Tracts and Observations in Natural Hlstor7j and Pliysiology, 1790, p. 116. — Yarrell, On the Structure of the Beak and ils Muscles in the Crosshill, (Loxia curvirostra) Znol. Journal, 1829, t. IV, p. 458, pi. U, fig-. 1 à 5). Fanons ARMURE BUCCALE DES VERTÉBRÉS. 119 égards, intermédiaire entre les deux formes que nous venons d'étudier, et ressemble beaucoup à une portion du Ihécorhynque de certains Oiseaux, dont les parties constitutives et primitive- ment distinctes prendraient un grand développement en lon- gueur, sans s'élargir par leur base et sans se souder complète- ment entre elles, de façon à produire un revêtement continu. En effet, si l'on suppose que les lames transversales que nous avons vues descendre de la face interne du bec des Canards grandissent excessivement et restent isolées entre elles dans presque toute leur longueur, on aura en miniature une représen- tation assez exacte de l'immense armure formée autour de la mâchoire supérieure de la Baleine par les appendices flexibles appelés fanons. Chez beaucoup de Mammifères, la membrane muqueuse qui tapisse la voûte palatine présente un nombre considérable de rides ou de bourrelets transversaux qui sont plus ou moins saillants, et qui sont quelquefois armés de papilles tubercu- leuses (1). Chez les Baleines, ces sillons n'existent pas sur la partie moyenne du palais, mais, latéralement, la membrane muqueuse en offre un grand nombre, et entre ces lignes elle se prolonge (l)Chezla plupart des Mammifères, cinq de chaque côté de la ligne mê- la poilioa palaiine de la muqueuse diane ; mais ils portent chacmi trois buccale est molle et lisse, ou marquée rangées de papilles tuberculeuses, seulement de quelques sillons trans- Chez le Bœuf, où l'on en compte qua- versaux plus ou moins profonds. Ainsi, torze, ils sont armés de dentelures chez le Chien, on y remarque neuf de semi-cornées (6). Enfin, chez l'Échid- ces plis arrondis; chez le Lapin, il y en né, ils sont remplacés par plusieurs a seize, et chez le Cheval, de dix-huit rangées transversales d'épines courtes h vingt (a). Chez le Chat, ces bourre- et dures dont la pointe est dirigée en lels palatins ne sont qu'au nombre de arrière (c). (a) Voyez Cliauvcau, Traité d'anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 311, ùg. 91. {b) l'oiir plus do renseignements sur la disposilion des sillons do l.i raeuilirauo palatine cliei les divers Mannniifcre.i, on peut consulter les Leçons d'anatomie comparée de Guvier, 2"(5dit,,t. III, p. 740 et suiv. ic) Stannius ctSiebold, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, t. II, i>. ^t>i. 120 APPAREIL DIGESTIF. en manière de lame frangée sur les bords (1). Dans toute cette région, elle donne naissance à une couche épithélique très épaisse, et, dans les points correspondants aux franges dont je viens de parler, la matière cornée ainsi produite s'accroît beaucoup plus rapidement que dans les intervalles, et constitue une série de grandes lames verticales et libres par leur extré- mité, mais comme empâtées dans la couche épithélique com- mune parleur base (2). Chacune de ces lames, qui ne sont autre chose que les fanons (3), peut donc être considérée comme le résultat de la soudure des fdaments de tissu corné qui naissent chacun d'un (1) La disposition de rarmement Phosphate de chaux, soufre, oxyde buccal des Baleines a été étudiée avec de fer et silice 1,1 soin par J. Hunier, Camper, Uosen- Perte 2,7 (6) thaï. Ravin, M. Owen, M. Eschriclit (3) Les fibres centrales des fanons et plusieurs autres naturalistes (a). sont grosses et tubulaires (c), mais les (2) La composition chimique de ces fibres superficielles sont plus fines, lames élastiques ne paraît différer que plus serrées et plus solidement unies peu de celle des ongles et de la corne entre elles, de façon à constituer une des autres Mammifères. L'analyse chi- sorte de glacis ou de couverte à surface mique en a été faite parFauré, et a lisse. A leur base, ces lames présen- donné, pour lOO parties : lent dans leur milieu une cavilc étroite et allongée qui loge le prolongement Matière animale soluble dans l'eau correspondant du choriou faisant liouillante et contenant un peu „ .. i u n t^h ■> „„ • „* ^ fonction de bulbe. Elles s accroissent de eélatine 8,7 . ,, ^ r ^ „ ., . , , ,, , , continuellement comme le lont nos Matière animale soluble dans la . ,. on o ongles, et elles s'usent par leur extre potasse caustique 80,8 " ti ' f Matières grasses 3,7 mité opposée ; mais la destruction de Chlorure de sodium et de calcium. 1 ,9 leur couche cor ilcale se fait plus rapi- Suifates de soude et de magnésie. 1 ,1 dément que Celle de leur tissu fibreux (a) Hunter, On the Structure and Economy of Whales {Philos. Trans., 1778, et Œuvres, trad. par Richelol, t. IV, p. 453, pi. 50 et 51) — Camper, Observations anatomiques sior la structure intérieure et le squelette de phtsieurs espècesUe Cétacés, p. 63, pi. 7, (ig. 1 et 2. — Rosenthal, Ueber die Barten des Schnabel-Walfisches {Abhandl. der Akad. der Wissenschaf- ten zu Berlin aus deni Jahre 1829, p. 127, pi. 2 et 3). — F. Piavin, Observations anatomiques sur les fanons, sur leur mode d'insertion entre eux et avec la membrane palatine [Afin, des sciences naturelles, 2' série, 1836, t. V, p. 266, pi. 1 1). — R. Owen, Odontography p. 311, pi. 76. — Eschricht, Zool. anat.phys. Untersuch. ïwer die nordischen Walthiere, p. 91 et suiv. (6) Fauré, Analyse des fanons de Baleine {Journal de pharmacie, 1833, t. XIX, p. 375). (c) Heusinger, System der Hisloloyie, 1823, t. I, p. 198, pi. 2, fig. 3. ARMURE BUCCALE DES VERTÉBRÉS. 121 bulbe correspondant de la muqueuse gingivale, comme dans les odontoïdes papillaires ; et en effet, les fanons offrent une structure fibreuse qui est facile à reconnaître. 11 arrive même que ces fibres, semblables à des crins, se séparent à leur extré- mité libre, comme nous l'avons vu pour les filaments cornés qui consfi tuent la gaine de certaines papilles coniques de la langue chez l'Homme. Les lames flexibles ainsi formées descendent presque ver- Ucalement, et sont disposées par rangées transversales, sur plusieurs lignes, de façon à simuler de chaque côté de la bouche un assemblage de cloisons parallèles suspendues aux bords de la voûte palatine et fibres dans tout le reste de leur étendue. Les fanons de la série externe sont les plus longs, et ceux des séries suivantes de plus en plus courts, de manière que la sur- face limitée par le bord inférieur de ces lames représente de chaque côté de la bouche un plan oblique de dedans en dehors et de haut en bas, hérissé comme une brosse rude (i). La longueur de ces appendices odontoïdes augmente aussi de la partie antérieure de la bouche vers le gosier ; enfin, l'espèce de peigne gigantesque qui résulte de leur assemblage se loge entre la langue et la face interne de la mâchoire inférieure, quand la bouche est fermée (2), mais constitue, quand la gueule est central, et celui-ci, mis à nu dans une lérieur de la portion basilaire des fa- cerlaine longueur, se fendille de façon nons adhèrent à une série d'excava- à constituer une sorte de brosse ter- lions superficielles pratiquées dans les niinule dont les brins ressemblent à parties correspondantes des os de la de gros crins. mâchoire supérieure. L'espèce de couche épithélique (1) C'est probablement en raison de commune et de couleur blanchâtre cette dispo.^ition qu'Aristote a dit : qui unit entre eux les funons à leur Eti (J's /m b i^jaTiK-r-o:; o-yivra; yiv (•/ base, est 1res épaisse ; elle se compose tm Troy.aTi cù/. îyv., "ffy//,; . 320. Dents proprement dites. 124 APPAREIL DIGESTIF. §6. — Les dents proprement dites, de même que les odontoïdes, sont destinées principalement à armer le bord préhensile des mâchoires; mais elles peuvent garnir aussi d'autres parties de la cavité buccale. Chez les Mammifères, ces organes ne manquent que très rarement; ils sont tous maxil- laires ou prémaxillaires, c'est-à-dire en rapport avec les os des mâchoires ; il en est de même chez quelques RepUles, tels que les Crocodiles. Mais, chez beaucoup de Sauriens et chez la plu- part des Ophidiens, on trouve aussi des dents palatines qui cor- respondent aux os ptérjgoïdiens (1). Chez un grand nombre de quement de tissu corné, et, par leur structure intime , ils ressemblent beaucoup aux fanons de la Baleine. Ainsi Lassaigne, qui en a fait l'ana- lyse chimique, n'y a trouvé que ~- de phosphate calcaire , proportion qui est très inférieure à celle dans laquelle celte matière terreuse se rencontre dans les fanons (a). Knfin, Heusinger a constaté que leur sub- stance se compose de fibres tubulaires disposées verticalement et soudées entre elles latéralement, à peu près comme dans les appendices palatins de la Baleine et dans la corne nasale du Rhinocéros (b). Les odontoïdes anté- rieures sont allongées et en forme de crête dans le jeune âge, mais elles s'a- platissent par l'effet de l'usure : quel- ques auteurs les ont comparées à des dents incisives (c). Celles de la seconde paire, situées à quelque distance des précédentes, sont ovalaires et formées par la soudure de deux tubercules qui sont distincts dans le jeune âge (cl) : on les désigne communément sous le nom de dents molaires, 'i'outes se déta- chent facilement de la membrane mu- queuse sousjacente. (1) Chez les Lézards, il existe une rangée courte de petites dents de cha- que côté de la partie postérieure du palais sur les os ptérygoïdiens (e). Il en est de même chez les iguanes (/"). Chez les Ophidiens, les dents pala- tines sont en général plusnombreuses et plus fortes : par exemple, chez les Couleuvres (g), les Pythons (h) et les (a) Voyez Rousseau, Système dentaire, p. 262. (b) Heusing'er, System dcr Histologie, p. 197. (c) Home, A Description of the Anaiomy ofthe Ornittiorynchus paradoxus (Philos. Trans., 1802, pl. 2, Hg. 2). — F. Cuvier, Des dents des Mammifères , considérées comme caractères ^-oologiques, pl. 83, fig. a, 6, et 3. — Laurillard, Atlas du Règne animal de Cuvier, pl. 75 bis, liy. 3. (d) F. Cuvier, loc. cit. — Owen, Odontography, p. 310, pl. 76, Rg. 1 et 2. (e) Voyez VAtlas du Règne animal de Cuvier, Reptiles, pl. 12, fi^. 1 a. if) Duvernoy, loc. cit., Reptiles, pl. 17, fig. 1 «. — Owen, Op. cit., pl. 68, fig. 2. (g) Loc. cit., pl. 30, fig. 2. {h) Cuvier, Règne animal, \" édit., t. IV, pl. 7, lig. 1. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 125 Batraciens aussi, les dents garnissent à la fois le palais et le rebord des mâchoires; quelquefois même on en trouve sous la base du crâne, jusque dans l'arrière-bouche (1 ). Enfin, dans la classe des Poissons, ces organes peuvent envahir encore plus complète- ment les parois de la cavité buccale. Les deux mâchoires, le vomer, les os pharyngiens et le bord supérieur des arcs bran- chiaux en sont d'ordinaire garnis, et parfois on en voit sur la langue ainsi que sur les lèvres (2). Cependant leur existence n'est constante dansaucunedes quatre classes des Vertébrés que je viens de passer en revue. Ainsi, plusieurs Poissons en sont complètement dépourvus : les Lophobranches et les Estur- geons, par exemple. Ces organes font également dèïïuit chez les Crapauds et les Pipas, parmi les Batraciens ; chez les Tortues, parmi les Reptiles (o) ; chez les Fourmiliers, les Pangolins, les Crotales (a). Chez les Serpents dont rieures de la mâchoire inférieure) , MM. Diiméril et Bibron ont formé la sur le vomer, sur les ptérygoïdiens et petite famille des Upérolissiens , le sur les pharyngiens, ainsi que tout le palais est dépourvu de dents (6). long des arcs branchiaux (/"). (1) Chez les Batraciens, il existe en Chez la Carpe, il n'existe de dents général des dents palatines sur le ni aux mâchoires, ni au palais, mais vomer derrière les dents qui corres- l'entrée de l'œsophage est garnie de pondent aux os maxillaires et inter- plusieurs de ces organes dont les uns maxillaires (c) ; souvent on en trouve adhèrent aux os pharyngiens infé- aussi sur les os ptérygoïdiens (cZj, et rieurs, et un autre, en forme de plaque, quelquefois il y en a même sur le est enchâssé sous une dilatation de sphénoïde : par exemple, chez le Pie- l'os basilaire du crâne (g), et a reçu le thodon glutinosus (e) . nom vulgaire de pierre de Carpe. (2) Ainsi, chez la Perche, on trouve (8) Plusieurs naturalistes citent le des dents sur les os intermaxillaires, Coluber scaber (ou Rachiodon scaher) sur les dentaires (ou pièces anté- comme étant dépourvu de dents, et {a) Diivernoy, Allas du Règne animal de Cuvier, Reptiles, pi. 32, fig'. 1 c. (b) fJiiméril et Bibnm, Erpétologie, t. VII, p. 144. (c) Exf;in[ile : le Menopoma (Ciivier, Ossements fossiles, pi. 254, fig. 5, cl Atlas du Règne animal pi. 44 bis, fie:, i a). {d) Excmplft -..VAxolotl (Ovven, Op. cit., pi. G2, fig. 4). (e) Ovvun, Op. cit., pi. 02, Cig.ii et 12. (/■) Voyez Cuvier et Valcnciennes, Histoire des Poissons, l. I, pi. 2, fig. 1 et 7 • ni C Cff 2 • pi. 8, fig. 2. ' I . fe' , (j) Oweri, Odontography, pi. 47, fi^f. G. 126 APPAREIL DIGESTIF. Echidnés et les Baleines, parmi les Mammifères, ils avortent ou manquent complètement (1). Enfin, nous avons déjà vu que chez les Oiseaux il ne s'en développe jamais (2). Les relations qui existent entre les dents et les différentes pièces constitutives de la charpente buccale permettent de faire entre ces organes des distinctions utiles. Ainsi, on appelle dents vomériennes, celles qui adhèrent à l'os vomer ; dents pala- tines, celles qui naissent à la surface des os palatins; et ainsi de suite. On profite aussi des différences qui existent dans la posi- tion des dents dont le bord des mâchoires est armé, pour établir parmi elles une certaine classification : et l'on donne le nom de dents incisives à celles qui sortent des os incisifs ou os inter- maxillaires, ou cà celles qui leur correspondent à la mâchoire inférieure (o); on appelle dent canine (/i), celle qui, de chaque côté, est en connexion avec l'extrémité antérieure de l'os maxil- laire supérieur, ainsi que la congénère de la rangée inférieure; Ton a même donné le nom générique en a conslalé l'existence aux deux cVAnodon à la division où cet Ophi- mâchoires chez le Balœna lo7igi- dienprendplace(a); maisM. Jourdan, mana {d). 11 serait très intéressant professeur à la Faculté des sciences de d'examiner si chez les autres Mam- Lyon, a constaté que cette anomalie mifères dont la bouche est inerme à n'existe pas (6). l'état adulte, il y a aussi dans les pre- (1) Chez le fœtus de la Baleine, on miers temps de la vie des vestiges d'un trouve dans le sillon alvéolaire de système dentaire, chaque mâchoire des vestiges d'un sys- (2) Voyez ci-dessus, page 110. tème dentaire, mais ces parties avor- (3) On leur a donné aussi le nom de tent par les progrès du développe- dents prémaxiilaires. ment. Geoffroy Saint-Hilaire fut le (/|) Quelques auteurs désignent ces premier à en signaler l'existence dans dents sous les noms û" œillères , de la mâchoire supérieure d'un fœtus de laniaires, de dents angulaires ou de Baleine franche (c), et M, Eschricht dents cuspides. (a) A. Smith, Contrib. to the Nat. Hist. of South Africa (Zool. Journ., t. IV, p. 443). (6) Voyez Duméril et Bibron, Erpétologie, t. VII, p. -488. (c) Geoffroy Saint-Hilaire, Considérations sur les pièces de la tête osseuse des Animaux verte brés, note 29 {Ann. du Muséum, 1807, t. X, p. 364). (d) Escliricht, Untersôgelser over Hvaldyrene {Mém. de l'Acad. de Copenhague, 1845, t. XI, p. 307, pi. 4, fig. A, B, et Untersuch. iïber die nordischen Wallhiere, pi. 4). SYSTEME DENTAlftE DES VERTÉBRÉS. 127 enfin, on appelle dents mâcheUèr es, celles qui sont situées plus en arrière et qui sont en rapport avec les mêmes os (1). § 7. — La distinction entre les odontoïdes et les dents pro- composition chimique prement dites n'est pas toujours facile à établir; mais, dans la des dents. plupart des cas, ces derniers organes se reconnaissent aisé- ment à leur grande ressemblance avec les os, caractère qui . dépend de l'existence d'une quantité très considérable de sels calcaires dans leurs tissus constitutifs (2). La matière animale qui en forme la base ne représente d'ordinaire que le tiers ou (1) Tous les naturalistes sont d'ac- cord pour désigner de la manière in- diquée ci-dessus les dents dont les différentes parties de la bouche sont armées chez les Poissons et les Rep- tiles ; mais en ce qui concerne les Mammifères, il existe quelques diver- gences d'opinions. En efTet , jusque dans ces derniers temps, pour classer les dents des Mammifères, on se fon- dait principalement sur la forme de ces organes et sur les ressemblances qu'ils peuvent a voir avecles différentes espèces de dents de l'Homme. Vers la fin du siècle dernier, Cuvier et Geoffroy Sainl-Hilaire adoptèrent pour règle, en ce qui concerne les incisives supérieu- res, l'implantation dans l'os intermaxil- laire. La {Jéterniination de la canine supérieure était dès lors fixée ainsi que je l'ai indiqué ci-dessus ; mais on continua à appeler du même nom toute dent lacérante de la mâchoire inférieure opposée à la canine supé- rieiue, et se trouvant, soit en avant, soit en arrière de celle-ci. Aujour- d'iiiii , la plupart des anatomistes donnent le nom de canine infé- rieure à la dent de la rangée infé- rieure derrière laquelle la canine su- périeure vient se placer. Quant à la distinction établie parmi les mâche- iières, qu'un divise en prémolaires ou fausses m,olaires, et en vraies molaires, elle reposait d'abord sur le volimie ou la forme de ces dents, et donnait lieu à beaucoup d'arbitraire. Mais, ainsi que je le ferai voir bientôt, on est généralement d'accord atijour- d'hui pour réserver le nom de mo- laires aux mâchelières permanentes qui ne succèdent pas à des dents de lait ,, et pour appeler prémo- laires les mâchelières de remplace- ment [a). (2) M. Leydig considère les dents de beaucoup de Poissons comme étant seulement des papilles de la tunique muqueuse de la bouche dont la sub- stance s'est ossifiée {b) ; il se fonde principalement sur les observations qu'il a faites chez le Polypterus bi- chir (cj, mais son opinion ne me pa- raît pas suffisamment établie. (a) OvvcMi, Odontoijraphy, art. Tketii (Todd's Cyclopœdin of Anal, and PhysioL, I. IV, p. 90a). (il) Lcydi?, Lehrhuch de.v Histologie, p. ^02. (c) Idem, llixtdlorjisclic llemerlcunneiiûber den Polypterus bicliir [ZeUschr.fûrwissenschaftliclie Zoologie, \f<:>i, t. V, p. :^>i). 128 APPAREIL DIGESTIF. le quart de leur poids, et, dans certaines parties de ces organes, on trouve parfois jusqu'à ■;riô de substances minérales, lesquelles consistent principalement en phosphate basique de chaux asso- cié à un peu de carbonate de la même base et à du phosphate de magnésie (1). (1) La proporlioii des matières or- ganiques et minérales varie non- seulement dans les dents appartenant à difîérenls Animaux, mais aussi dans celles du même individu à différenis âges et dans les diverses parties de chacun de ces organes. Ainsi que nous le verrons bientôt , on distingue dans la constitulion de la plupart des dents trois substances, appelées émail, dentine et cément. L'émail est la plus riche en matières minérales. Berzelius y a trouvé chez l'Homme , sur 100 parties : Phosphate de chaux, mêlé à un poil de fluorure de calcium. . 88,5 Carbonate de cliaux 8,0 Phosphate de magnésie t,5 Matières animales, efc 2,0 Chez l'Homme, la substance qui compose le corps de la dent, et qui est- appelée dentine ou ivoire, a fourni au même chimiste : Pliosphate de chaux, et fluorure de calcium O-i.S Carbonate de chaux 5,3 Phospliate de magnésie ■1,0 Soude, etc d,4 Matière animale 28,0 (a) D'après quelques analyses faites par Lassaigne, il paraîtrait que les pro- portions de phosphate et de carbo- nates calcaires ne restent pas les mê- mes aux différentes périodes de la vie. Ainsi : Chez un enfant nouveau-né , les dents imparfaitement formées et con- tenant 35 pour 100 de matières orga- niques, lui ont fourni ~ de carbonate de chaux et seulement ~j de phos- phate de chaux. Chez un enfant de deux ans, les dents de laitdonnèrenl 67 pour 100 de phosphate et seulement 10 pour iOO de carbonate de chaux. Chez ce même enfant, les dents de seconde dentition lui fournirent 17 pour 100 de carbonate de chaux. Chez un enfant de six ans, il a trouvé v„°„ de phosphate et -^i de carbonate calcaire. Chez un homme adulte, le phos- phate représentait 61 pour 100 et le carbonate calcaire 10 pour 100 du poids total. Enfin, cliez un vieillard de quatre- vingt-un ans, la proportion du phos- phatede chaux s'élevait à 66pourl00, et il n'y avait que 1 pour 100 de car- bonate de chaux (6). Ainsi, à mesure que les dents de première et de seconde dentition vieil- lissent, elles paraissent contenir moins (a) Berzelius, Traité de chimie, trad. par Esslinger, t. Vit, p. 480. (b) Lassaigne, Des dents de V Homme à différents dtjes [Journal de pharmacie, 1821, t. VU, p. 1). SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 1*29 Les dents diffèrent aussi des odontoïdes par leur structure intime et par leur mode de formation. Jusijue dansées dernières années, les physiologistes et les anatomistes avaient généra- lement des idées très fausses sur la nature de ces organes. On savait qu'ils prennent toujours naissance sur une espèce de bourgeon vasculaire, et l'on croyait que pour les constituer, une sorte de croûte inerle, formée de matières sécrétées par ce tubercule central, se moulait sur la surface de celui-ci, et s'accroissait par le dépôt de couches nouvelles au-dessous des parties précédemment formées (1). Mais les recherches faites Siructurc intime des dent*. de carbonate et plus de phosphate calcaire. Le même chimiste a fait l'analyse des dents de plusieurs Animaux [a), mais c'est à F. von Bibra que l'on doit les recherches les plus variées sur ce sujet. En général, il a trouvé entre 88 et 93 pour 100 de matières minérales dans l'émail, et de 71 à 80 pour 100 de ces mêmes substances dans la denline ; le cément contenait généra- lement un peu plus de matière orga- nique. EnIJn, les résultats de l'analyse des dents prises en entier ont varié suivant que ces organes contenaient une proportion plus ou moins forte de dentine ou d'émail (6;. Le fluorure de calcium a été décou- vert dans des dents fossiles d'Éléphant par Aloricchini (c) ; ce chimiste en trouva ensuite dans l'émail des dents récentes, et ce dernier résultat, d'abord contesté (d), fut ensuite coniirmé par plusieurs expérimentateurs (e). (1) La plupart des anatomistes de l'époque de la renaissance considé- raient le corps de la dent comme étant formé par de l'os, et pensaient que l'émail était produit par la solidifica- tion d'un suc déposé par les parois de la capsule dentaire (/";. Duverney expliqua l'accroissement de la totalité de l'organe par la formation succes- sive de couches de matière dentaire primitivement liquide, qui se conso- lideraieni au-dessous des parties pré- cédemment déposées {(j). La même opinion fut professée par Ilunter [h) ia) Voyez l'oiuTage de M. Em. Rousseau, intilidé Anatomie comparée du s^islème dentaire, 1827, p- 2r,-2. {b) F. von Bibrn, Chemische Untersuchungen ûber die Knochen und Zàhne des Menschen vnd der Wirbellhiere. Sclnvcinfiirt, 1844, p. 262 et siiiv. (c) Moi-iccliini, Analisi chimica dcl dente fossile {Memoi'ie di mathem. e di fisica délia Soc. Itaitana délie scieme di Modena, 1803, t. X, p. lOO). (rf) Brande, Exper. showing tliut the enamel of T^elh does not contain Fliwric acU (Nicliolson's Journ. of Sat. Philosopha, 1^00, t. Mil, p. 214). (e) Gay-I,iis>ac, Sur la présence de facide fluorique dans les substances animales {Ann. de chimie, 1805, I. LV, p. 258). — Herzetius, Lettre à Vatiquelin (Ann. de chimie, 1807, t. lAI, p. 850). (/") Voyez llallcT, Elementa phijsiologia;, l. VI, ]'. 22. ((/) Duverney, Mém. s'.ir les dents {(Euvres nnalomiques, t. l, p. 551). (/i) .1. Hunier, The i\atural llislnry of Ihr lliimun Teeth, 1778, p. 'Jû. M. 9 130 APPAREIL DIGESTIF. depuis quelques années par MM. Raschkow et Purkinje à Breslau, Retzius à Stockholm, Owen et Naysmith à Londres, ainsi que par plusieurs autres observateurs, ont montré que les dents ne se forment pas delà sorte, et que loin de consister en un dépôt de matière inerte, elles sont constituées par des tissus vivants dont la structure se modifie à mesure que leur développement avance (1). § 8. — Les dents peuvent être formées par un, par deux, eidéveloppée avec Jjeaucoup de netteté par Cuvier (a). Enfin, cette théorie odoniogénique a été exposée dans les termes suivants par Blainville: «Pour bien comprendre la forme générale d'un phanéros (nom sous lequel cet auteur désigne les dents), il faut savoir que c'est une partie morte et produite, exhalée à la surface d'un bulbe produc- teur ou phanère, en continuité orga- nique avec le corps animal, et implanté plus ou moins profondément dans le derme et même dans les tissus sous- jacents ; et que, par conséquent, la forme du bulbe producteur détermine rigoureusement celle du produit ou du phanéros. Or, par la production seule des couches de celui-ci, appliquées successivement en dedans les unes des autres, sur le bulbe producteur, seul vivant, seul lié parle système vascu- laire et par le système nerveux au reste de l'organisme, ce bulbe dimi- nue de volume en même temps que de puissance productive ; en sorte qu'il arrive un moment où les cônes composants, ayant cessé de s'accroître en diamètre avec le bulbe lui-même, commencent à diminuer avec lui (b). » ' C'est la même idée qui a conduit plus récemment M. Cruveilhier à dire que les dents « sont des concrétions ostéiformes « (c). Dans mes premiers ouvrages, j'expliquais aussi de la sorte la production de ces organes (dj; mais, dans mon enseignement à la Faculté des sciences , j'ai abandonné cette manière de voir depuis près de vingt ans {$). (1) Les faits anatomiques qui ont conduit à cette appréciation plus juste de la nature des dents étaient connus en partie depuis fort longtemps; leur constatation plus complète est due, comme nous le verrons bientôt, à plu- sieurs anatomistes de l'époque actuelle, et F. IJujardin en tira des conclusions fort judicieuses touchant le mode de croissance de ces organes {[}. Mais ce sont principalement les recherches (a) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, d805, I. III, p. 116, et art. Dents du Dictionnaire des sciences médicales, 4 814, t. VIU, p. (i48 et suiv. (6) Bhiinville, Ostéographie. fasc. 1, Primates, 1839, p. 15. (c) Cruveilliier, Traité d'anatomie descriptive, 1843, t. I,p. 574. {d} Milne Edwards, Eléments de zoologie, 1834, p. 81 . (e) Uem,ibid. 2'édit., 1843, t. I, p. 94. (f) Di.ji.rdin, Sur la structure intime de la substance osseuse des dents I^Ann. françaises et étrangères a'anatomie et de physiologie, 1837, f. I, p. 156j. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 131 OU même par plusieurs tissus particuliers qui, tous très riches en matières terreuses, diffèrent beaucoup entre eux par leur structure intime (1) ; mais le corps de ces organes, c'est-à- dire leur partie intérieure et principale, est toujours consti- tuée par la substance que les anatomistes désignent sous le nom d'ivoire, ou mieux encore, de denline (2). Celle-ci ne contient ordinairement que de 20 à 30 pour 100 de matières organiques, et se trouve creusée d'une multitude de petits tubes capillaires ou canalicules disposés à peu près parallèlement entre eux et dirigés vers la surface de l'organe (3). Du Dentine, de !\]. Ovven qui ont mis en lumière les conséquences physiologiques qui en découlent et qui ont fait aban- donner les idées anciennes sur ce sujet \a). (1) Eustachi, qui publia en 1562 un traité sur les dents, fut le premier à reconnaître dans ces organes deux substances disiinctes, et il compara l'émail à l'écorce des arbres [h). L'existence d'un troisième tissu den- taire , le cément , paraît avoir été aperçue chez le Veau par Leeuwen- hoek (c), et il est facile de voir que ce fait n'avait pas échappé à l'atten- tion de Duverney dans ses recherches sur les dents de l'Homme (d). En I75à, Bertin indiqua plus nettement la présence des trois substances den- taires (e). (2) Le mot ii)oire est assez géné- ralement employé par les auteurs français, mais il peut faire naître sou- vent des idées fausses, car le véritable ivoire, c'est-à-dire la substance con- stitutive des défenses de l'Éléphant, a une structure particuhère qui ne se rencontre pas dans le tissu correspon- dant chez la plupart des autres Verté- brés. Je préfère donc le nom de den- tine qui a été employé par }^. Owen, et qui est aujourd'hui adopté par un grand nombre d'anatomistes. (3) La découvertedescanalicnlesde la substance dentaire est due à Leeu- wenhoek. En 1678, cet observateur, en examinant au microscope des dents d'Homme, de Vache, de Cheval et de quelques autres Animaux, les trouva composées , non de fibres , comme il l'avait cru d'abord, mais de tubes droitsqui se rendent de la cavité du bulbe vers la périphérie de ces organes {f). Cependant les anatomistes (a) R. Owen, Recherches sur la structure et la formation des dents des Squaloïdes, et appli- cation des faits observés à une nouvelle théorie dît. développement des dents (Ann. des sciences nat., 2' série, 1839, t. XII, p. 209). (b) Eiistaclii, Tractatus de dentibus, p. 4 {Opuscula anatomica) . (c) Lteuwenlioik, Conlinuaiio ejAstolarum, p. 7 et 8. (d) Duverney, Méin. sur les dents {Œuvres anatomiqucs, t. I, p. 504 et 508). (e) lierlm, Trailé d'ostéologic. t. II, p. 257 (1754;. if) Leeuweiihoek, Microscopical Observations on ihe Structure ofTeeth (Philos. Tram., 1678, t. X, p. lOOi). 13:2 APPAREIL DIGESTIF. reste, elle est loin de présenter toujours les mêmes carac- tères hislologiques, et elle constitue trois variétés principales que l'on désigne sous les noms de dentine simple, de vitro- dentine et de vaso-dentine ou dentine vascidaire. Les deux premières sont dépourvues de vaisseaux sanguins et se dis- ne tinrent pas compte des résultats ainsi obtenus ; ils continuèrent à dé- crire la dentine ou ivoire comme étant composée de lamelles superposées («), et c'est de nos jours seulement que la vérité a été mise en évidence. Eu 1835, l'apparence fibreuse de cette substance aperçue par Sœmmerring et Sclire- ger (b) fut constatée de nouveau par M. Purkinje, et dans une thèsepubiiée par un de ses élèves, ce physiologiste distingué annonce que les parties qui, au premier abord, semblent être des libres, sont en réalité des tubes ca- pillaires , susceptibles de se laisser pénétrer par des liquides colorés (c). J. Millier confirma les observations de M. Purkinje {d), et bientôt après, des recherches plus étendues, faites par Rctzius à Stockholm , ne lais- sèrent aucune incertitude quant à la généralité de ce mode d'organisa- tion (e). Lostravauxde cesanatomistes furent le point de départ pour un grand nombre d'autres micrographes qui, depuis un quart de siècle, se sont appliqués à l'élude de la structure intime et du mode de développement des dénis. Les observateurs qui ontdc la sorte contribué le plus puissam- ment aux pro^^rès de la science sont : M. Owen, à qui l'on doit un magnifi- que ouvrage sur l'anatomie comparée du système dentaire {f) ; M. JNaysmith, qui paraît èlre arrivé en même temps à plusieurs des résultats obtenus par l'auteur que je viens de citer (g) ; et M. ilannover, qui a publié plusrécem- ment un mémoire très important sur (a) Hunier, Nat. Hist. of the Hiiman Teeth., p. 92. — Blake, Dissert, inaug. de dentium formatione et striœhira in Homine et in variis Anima- Ubus. Edinb.,n90, p. 20. — Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, tSOS, t. tll, p. tiO. — ■ Serres, Essai sur l'anatomie et la physiologie des dents, d8t7, p. G"!. - — Blainvillc, art. UENT3, Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle dit de Délerville, 1817, l. IX, p. 255. (b) Sœtnmerring', De corporis humani fabrica, i 794, 1. 1, p. 180. — Schreger, Beitrag %ur Geschichte der Zâhne (Isenflamm unJ Rosenmiiller's, Beitr. fur die Zergliederungskunst, 1800, 1. 1, p. 1, pi. 1). (c) Fraenkel, Depenitiori dentium humanorum structura observationes. Brcsl., 1835. (d) 3. Mùller, Jahresberichl fur 1835 (Archiv, 1836, p. 111). (e) Retzius, Mikroskopiska undersôkningar ôfver Tdndernes, sdrdeles Tandbenets Slruktur. (Mém. de l'Acad. de Stockliolm, 1836, p. 52, et Demerkungen ilber den innern Bauder Zâhne (MùUer's Archiv fur Anat. und PhysioL, 1837, p. 486, pi. 22).| (/■) R. Owen, Odontography, or a Treatise on the comparative Anatomy of the Teeth, their Physiological Relations, Mode of Development and Microscopical Structure in the Yerlebrate Ani- mais, 2 vol. in-8 avec 150 planches, 1840 à 1845. Je citerai aussi un arlicle fort étendu sur les dents que le même auteur a publié dans le Cyclopœdia of Anatomy and Ptujslology, t. IV, p. 864. (ff) Naysmiih, Researches on the Development, Structure and Diseuses of the Teeth, 1849, in-8. — rhree Memoirs on the Development and Structure ol the Teeth and Epithelium, 1842, in-8. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. J "^3 tinguent entre elles par le degré de densité de leur texture ; la dernière est caractérisée par la présence de ramifications vasculaires distribuées au milieu du tissu calcigère. Les autres matériaux constitutifs des dents sont extérieurs à la d.entine et disposés seulement en couches plus ou moins minces à sa surface. Un d'eux, appelé émail^ à cause de sa Émaii. grande dureté et de son aspect semi-vitreux, se compose de prismes microscopiques, soudés entre eux et s'élcvant norma- lement à la surface de la dentine, de façon à ressembler en miniature à des colonnes de basalte quand on observe une section verticale de celte substance, et à simuler une mosaïque quand on les voit sur une tranche horizontale (1). 11 cou- la sUucture des dents de l'Homme el dentine, et qui sont très intimement des Mammifères (a). ÎNIais on doit con- unies entre elles latéralement (c). sulter aussi sur ce sujet les écritsd'un Chez l'homme , ils ont de 0™'",0035 à grand nombre d'autres observateurs, 0'"'",005 de largeur, et leur longueur tels que Erdl, MM. Tomes, Czermak, varie suivant l'épaisseur de l'émail. Lent, Huxley et Kôlliker (6). En général, on y remarque une série (1) Ces prismes , que beaucoup de légers renflements sépares par des d'anatomistes appellent les fibres de lignes qui sont distantes de O"""', 003 à Vémail, sont de petites colonnes à 0"'", 005 l'une de l'autre, cinq ou six pans qui s'élèvent pre^- La surface de l'émail est recouverte que en ligne droite de la surface de la par une espèce de cuticule amorphe (a) Hannover, Ueber die Eutwickelung und den Bau des Sâugelhierzahns {Nova Acta Acad. nat. eurios., 1850, 1. XXV, p. 807, pi. 12 à t9). (6) Erdl, Unterstichunyen ûber den Bau der Zâhne bei den WirbeWiieren, insbesondere den Nagern {Abhandlungen der Baijerischen Akademie der Wissenschaften, 1843, t. 111, p. 485). — Lessing, Ueber ein plasmatisches Gefâsssystem in allen Geweben, insbesondere in den Knochen und Zàhnen ( Mitlheilungen ans den Verhandlungen der nalurwissenschnfclichen Gesellschaft in Hamburg, vom Jahre 1845, p. 51). — Tomes, A Course of Lectures on Dental Physiologg andSurgerg, 1848. — On the Structure of the Dental Tissues of Marsupial Animais and more especiallu of the Enamel {Philos. Trans., 1849, p. 403, pi. 25 et 26). — On the Structure of the Dental Tissues of the Order Rodentia {Philos. Trans., 1850, p. 529, pi. 43 à 46). — On certain Conditions of the Dental Tissues {Quarlerlg Journal of Microscopical Science, 1856, t. IV, p. 97). — On the Development of Enamel {Quart. Journ. of Microscop. Science, 1856, t. IV, p. 213). — Czermak, Beitrdge zur mikroscopischen Anatomie der menschlichen Zâhne, {iiuug. dissert., 1850), et d:ir]S le Zeitschr. fu,r wissensch. Zool. de MM. Siebold el Kiilliker, 1850, t. Il, p. 121. — L'cnt, Ueber die Enlwiclcelung des Zahnbeinsunddes Schmelxes {Zeitsclir. fiir wissenschaft- licMe Zoologie, 1855, t. VI, p. 121). — Huxley, On the Development of the Teeth and on the Nature of and Impart of Naysmilh's Persistent capsule {Quarlerty Journal of Microscopical Science, 1853, I. I, p. 149, pi. 3). — Kollikcr, Eléments d'histologie, p. 413 cl suiv. (i.) VojczItetzius, Op. cit. (Mùllcr's Archiv fiir .\na!. und Physinl.. 1837, pi. 21, lig. 8 el 9). — HiiWikcT, Éléments d'histologie, p. 421, fig-. 191, 192 cl 193. Cément. 13/l , APPAREIL DIGESTIF. tienl ordinairement de 90 à 97 centièmes de matières miné- rales, et il rappelle l'espèce de glacis dur de la porcelaine, qui, dans le langage spécial des arts céramiques, est appelé la couverte (I). Un troisième tissu, que la Nature met souvent en œuvre pour constituer les dents, est nommé cément ou substance corticale. Il ressemble beaucoup à de l'os, et se compose d'une substance grenue, creusée de cavités étoilées dont les branches se rami- fient irrégulièrement. Il est moins dur que la dentine, et la ma- tière organique qu'il renferme constitue environ un tiers de son poids (2). Enfin, un véritable tissu osseux concourt quelquefois à for- mer les dents ; mais son rôle est secondaire, et cette substance n'intervient guère que pour souder ces organes aux parties voisines du squelette. Le mode d'emploi de ces divers matériaux organogéniques varie chez les différents iVnimaux, et afin de faciliter l'étude très riclie en sels calcaires, qui a de 0""»,0029 à 0""",0018 d'épaisseur, et qui n'est que très difficilement atta- quée par les réactifs chimiques {a). Près de sa surface interne, l'émail présente souvent des lacimes grêles et allongées dans lesquelles pénètrent quelques prolongements de la dentine sous-jacente. (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, Berze- lius a trouvé dans l'émail des dents de l'Homme -^ de matières miné- rales (6), mais cette proportion n'est pas constante. Ainsi , en analysant comparativement celle substance pro- venant des dents d'une femme de vingt-cinq ans (n" 1) et d'un homme adulte (n" 2), Bibra a obtenu les ré- sultats suivants (c) : Phospliale de chaux avec N° I. N» II du fluorure de cal- cium 81,63 89,82 Carbonale de chaux . . 8,88 4,37 Phosphate de magnésie. -2,55 t,34 Chlorure de sodium . . 0,97 0,88 Tissu cartilagineux. . . 5,97 3,39 Graisse traces 0,20 (2) La substance fondamentale du cément est en général granulée ou striée transversalement, et présente de dislance en distance des cavités dites cellules osseuses, qui sont d'ordinaire oblongues , et donnent naissance , (a) KôUiker, Eléments d'histologie, p. 422, fig. 192, a. (b) Voyez ci-dessus, page 128. (c) Bibra. Chsmische Untersucimngeii ûber die Knochen und Zâhm, p. 275. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 135 comparative de la siructure des dents, je crois utile de dénom- mer certaines distinctions sur lesquelles, à mon avis, les ana- tomisles n'insistent pas assez. Les dents sont de deux sortes. Chez les unes, que j'appellerai gymnosomes (1), le corps, ou partie principale de l'organe formée, comme je l'ai déjà dit, par de la dentine, est à décou- vert, fl peut y avoir à sa base ou dans son intérieur du tissu osseux dont le rôle est toujours secondaire, mais sa surface libre ne présente aucun revêtement particulier ; et si l'on y remarque une sorte de vernis, cela tient à l'existence d'une couche superficielle de vitro- dentine ou dentine compacte, Dents gymnosomes. radiairemeiit , à des prolongements rameux (a). Par l'intermédiaire de leurs branches, ces cavités commu- niquent souvent entre elles et s'a- naslomosent même quelquefois avec les canalicules de la dentine. Gerber a trouvé que, chez le Cheval, elles consistent en capsules isolables des parties adjacentes (6); et il est pro- bable que, chez l'Homme , elles ont aussi des parois propres. Très souvent elles sont vides, mais d'autres fois on y trouve une substance grenue qui ré- siste à l'action des acides. Le nombre des cellules osseuses varie beaucoup ; près de la couronne des dents de l'homme on n'en voit que peu, tandis que sur la partie inférieure des raci- nes elles abondent. Par les progrès de l'âge, le cément se creuse souvent des conduits irréguliers qui ressemblent extrêmement aux canalicules de Ha- vers, ou canaux vasculaires des os. Soumis à l'action de l'acide chlor- hydrique, le cément perd rapidement sa matière terreuse, et se transforme en une sorte de cartilage blanchâtre qui donne de la gélatine quand on le fait houillir dans de l'eau. Chez l'Homme, Bibra y a trouvé 28,7 de substance organique et 71,3 de substances minérales pour 100. Chez le Bœuf, le même chimiste en a extrait seulement 67,7 pour 100 de matières inorganiques, composées de : l^hospliate de ctiaux avec un peu de fluorure de calcium 58,73 Carbonate de chaux 7,22 Phosphate de magnésie ..... 0,99 Chlorure de sodium 0,82 Total. . . 67,76 Chez le Dauphin, il y a trouvé 73,6 de substances inorganiques, et chez le Crocodile, ~i^def, mêmes matières (c). (i) De 7U(-'.và,-, nu, sans vêtement, et ;w;j.a, COrpS. (a) Retzius, Op. cit. (Mùl'er's Archiv fur Anal. nndPInjs., iH31, p. 544). — Kfilliker, Éléments d'histologie, \>. 'i24, 11g. i'Ji. — Iliinnovcr,^ Op. cit. (Nova Acia Acad. Nat. curios., t. NXV, pi. 25, lig. 2S), {h) KiiMkcr, lt:ié)iieiil.H d'tiistoloijie, p. ■425. (c) Kihra, Ghemisclic UiUersaclmnQen iiber die linoclien tind Zdhne, p. 204, 2i!0, 276 cl 277. steganosonies. 136 APPAREIL DIGESTIF. et non à la présence d'une lame engainante formée par de l'émail ou par du cément. Chez les autres, que je désignerai Denis sous Ic noiîi dc dcuts sléganosomes (1), le corps dentaire est recouvert, soit par l'un ou l'autre de ces tissus particuliers, soit par les deux. Les dents gymnosomes se trouvent chez la plupart des Poissons, mais ne se rencontrent pas dans les autres classes de Vertébrés. Les dents stéganosomes peuvent présenter trois combinaisons organiques. Les unes, que j'appellerai cortiquées^ ne sont revê- tues que par du cément ; elles se voient chez quelques Mammi- fères, tels que les Cachalots, et sont très généralement répandues chez les Reptiles de l'ordre des Ophidiens. D'autres, qu'on peut appeler émaillées^ sont garnies d'émail seulement, ainsi qu'on peut le voir chez les Poissons du genre Sargus, mais on n'en connaît que peu d'exemples. Enfin, d'autres en- core sont couvertes par de l'émail, puis plus extérieurement, par une couche plus ou moins complète de cément. Les dents qui offrent cette disposition etqui peuvent être appelées desdents bicortiquées^ se rencontrent exceptionnellement chez quelques Poissons, tels que les Batistes ; enfin elles sont ordinaires chez les Reptiles de l'ordre des Sauriens, et elles ne manquent que fort rarement dans la classe des Mammifères. Lorsque l'on compare entre eux les termes extrêmes de la série de modifications déterminées dans la constitution des dents parla structure de la dentine, on y remarque, dans la partie centrale de ces organes, des différences non moins grandes que celles offertes par leur partie périphérique, et, de même que celles-ci, ces variations dépendent de particularités dans le mode de développement de cette portion de l'appareil buccal. (1) De çTEp.vô; couvert, et çiôi^,;/,, corps. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 137 Ainsi que ie l'ai déjà dit, les dents naissent toujours sur un Mode ^ '' , . do formation mamelon vasculaire qui adhère par sa base aux parties molles des dents, sous-jacentes et communique directement avec les vaisseaux sanguins de celles-ci. Mais la position de ce bulbe n'est pas toujours la même. Tantôt celui-ci se constitue à la surface de la tunique muqueuse buccale au-dessous de la couche épithélique, et ne s'enfonce que peu dans les tissus sur lesquels il repose, de façon que la dent se développe à découvert, ou cachée seule- ment sous un repli de la membrane adjacente. D'autres fois ce bulbe apparaît dans une cavité particulière située plus pro- fondément au-dessous du tissu qui, en se développant, doit constituer le chorion muqueux. Les parois de cette cavité ne tardent pas à se tapisser d'une membrane particulière qui con- stitue une poche arrondie, et, par conséquent, c'est dans l'inté- rieur d'une sorte de vessie ou capsule fermée que la dent se forme. D'après le mode d'origine de ces organes, on peut donc les diviser en deux groupes, savoir ; les dents phanérogénètes (1 ), qui naissent h nu ou d'une manière apparente, et les dents cysti- génètes(^)^ qui naissent dans une vésicule. Plusieurs anatomistes pensent que dans les premiers temps du travail odontogénique le bulbe dentaire est toujours à nu, et que chez les Animaux à dents cystigénètes, ce bourgeon vasculaire, au lieu de conserver cette position ou de se loger seulement dans un repli de la muqueuse, s'enfoncerait plus profondément, d'abord dans un sillon de celle-ci, puis dans une fossette qui, en se fermant à son entrée, constituerait une vésicule, de façon que le sac dentaire ne serait qu'un prolongement de la tunique gingivale; mais celte opinion ne me paraît pas fondée, car la cellule en question se montre toujours au-dessous de la muqueuse, et, dans le principe, elle ne communique pas avec le dehors (3). (1) [Jo oavsf'jç, apparent, à décou- (3) Eiistaclii, Tim des premiers ana- i;ert, et -^îvctyi, origine, naisfiance. toniistcsdclallenaissaiiccqni,enl5'TAIRE DES VERTÉBRÉS. \[\1 le résultat (l'une exsudation ou d'une sécrélion (pii se uiou- leraitsurce bourgeon, comme le supposaient Cuvier et Biain- ville, mais le produit d'une transformation du tissu de la partie de ce bulbe, qui se charge de particules calcaires. Cette espèce d'ossification, ou plutôt de dentinification de la pulpe, commence toujours au sommet du bourgeon (i), et il en diillaire, soit par des changements brusques de tcmpcratiiie ou par le contact de liquides qui pcnèlrent à travers les cavités de la dcnline, soit par la pression transmise de la cou- ronne de la dent à cette partie dont la sensibilité est exquise [a], 11 est évident qu'en dernier résultat la sen- sibilité d'une dent dépend du nerf qui y pénètre par sa racine et qui se répand dans le bulbe vasculaire logé dans sa partie centrale; de sorte que la totalité de l'organe devient insen- sible quand ce nerf est détruit ou pa- ralysé, et que la dénudatiou du bulbe par la carie ou la fracture de son re- vètemeiit dentinique expose celui-ci à être douloureusement affecté par le contact d'agents dont l'action sur la surface externe d'une dent saine peut rester inaperçue. Mais si la dentine ne participait pas à la sensibilité dont le bulbe est doué, il serait diflicile de se rendre compte de l'espèce de tact que les dents sont susceptibles d'exer- cer (6). Il est aussi à noter que, dans l'état normal, les canalicules dentaires ne paraissent pas admettre dans leur in- térieur des lluides nourriciers fournis par le sang, et les liquides qui s'y trouvent p: ovii^nncnl probablement de la cavité buccale. Eu effet, on sait que chez des Animaux nourris avec de la garancj, tous les tissus calcigères qui se trouvent en conlact avec le sang ou avec le sérum se teignent en rouge. Or, la dentine qui se constitue pendant que l'Animal est soumis à ce régime se colore comme les os, mais la dentine existant préalablement n'é- prouve en général aucun changement de ce genre (c). Quelquefois, cepen- dant, on a vu ce phénomène de tein- ture se produire non-seulement dans la dentine bien constituée [d), et dans le cément (e), mais jusque dans l'é- mail (/■) : ce qui suppose une perméa- bilité plus grande dans ces tissus dentaires. (1) J'appelle sommet du bourgeon dentaire, la partie qui est opposée au (n) Huntnr, The Nat. Ilist.ofllie Human Teetli, p. 314-. (b) Graves, Méni. sur nue afj'ection particulière des nerfs dentaires {Arcli. (jén. de médecine, 2' série, t. X, p. 400). — Duv.ll, Note sur la sensibilité des substances dures des dents [lycwoires de l'Aead. de. médecine, 1833, t. II, p. 107). (c) lliiuler, Op. cit., p. 38. — Flourcn?, liecherches sur h: d'Jvcloppemenl des os et des dents {Archives du Muséum d'hist, nat., t. Il, p. 380). (rf) Bolchicr, An Account of the liants of Animais beinrj changed to a Red Colour by aHmcnl only (l'hilos. Trans., 1730, t. XXXIX, p. 2R8). (c) Briillô, liecherches sur le mode de développement des os {Mém. de l'Arad. de /;//'«», 1851, 2' série, t. I, p. 37). (/■) Blake, De dentium formalione et structura, p. IIR. — Lintlerer, Zahtiheillnmde, p. 194. 1/18 APPAREIL DIGESTIF. résulte d'abord une sorte de petite calotte calcaire qui recouvre le sommet de cet organe, ou bien plusieurs petites lames con- caves et isolées qui, en grandissant, se rencontrent et s'unis- sent entre elles. Peu à peu la dentinification, c'est-à-dire la transformation de la pulpe canaliculée en un tissu calcifère et de consistance osseuse, que nous avons appelé denline, gagne la totalité de la surface du bourgeon, et, en s'avançantde la surface de cet organe vers sa partie centrale, donne à l'espèce de gaîne ainsi constituée une épaisseur croissante, en même temps qu'elle rétrécit de plus en plus la portion centrale restée molle et vasculaire. Le bourgeon croît en même temps par sa base; mais cliez l'Homme, ainsi que chez beaucoup d'autres Mammifères, la puissance végétative dont il est doué ne larde guère à s'affaiblir, de façon qu'il se rétrécit à sa partie infé- rieure, et il finit par ne tenir au fond de sa capsule que par un, deux ou plusieurs points fort circonscrits par lesquels ses vaisseaux nourriciers passent. 11 en résulte que la dent elle- même se rétrécit de plus en plus vers sa base, et y prend la forme d'un cône renversé qui peut être sessile, bifurqué ou divisé en plusieurs branches. Enfin la croissance de ce pédon- cule s'arrête, et alors la dent cesse de s'allonger, mais elle se trouve terminée inférieurement par une ou plusieurs racines qui servent, ainsi que nous le verrons bientôt, à son implan lation dans la substance de la milchoire (1). Chez d'autres Animaux, le bulbe adhère au fond de sa cap- sule par une surface large, et sa base ne se rétrécit pas en s'al- poiiil crinscrlion de cet organe, c'est- (1) La croissance des dentsde lacoii- à-dire un point par lequel ses vais- ronne vers la racine, et les formes i-uc- seaux nourriciers communiquent avec cessives de chacun de ces organes, ont le système sanguin adjacent, quelle été très bien représentées par Albinus que soit sa position. et plusieurs autres analomistes (a). (a) Albinus, De mutatione dentium {Acadeinicarum annotationum liber secundus, pi. 2). — Rousseau, Anatomie comparée du système dentaire, pi. 1 et 2. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 1^9 longeant, de façon qu'il n'est jamais complètement renfermé dans la chambre médullaire, et se trouve seulement coiffé par la dentine. Alors l'action physiologique du bulbe persiste pen- dant presque toute la durée de la vie de l'Animal, et la dent continue à croître d'une manière illimitée. Les dents qui gar- nissent le devant de la bouche du Lièvre et des autres Ron- geurs nous offrent des exemples de ce mode de développement persistant (1). Les deux modifications principales que je viens de faire connaître dans la structure et le mode de formation de la dentine ne sont [)as les seules qui se rencontrent chez les Vertébrés. Il y a aussi beaucoup de dispositions intermédiaires qui établissent en quelque sorte le passage entre ces deux formes extrêmes représentées; d'un côté par les dents de l'Homme, de l'autre par celles des Squales. Ainsi, chez quelques Poissons, les principaux canaux De^,, sanguifères de la dentine vasculaire, au lieu de se ramifier (1) Les effets de cet accroissement courber au-dessus de ia tète eUle s'en- persistant, et non compensé par l'u- foncer dans le front. Des cas patholo- sure de rextrémité libre de ia dent, giques de ce genre ont été observés détermine quelquefois chez les La- par plusieurs naturalistes (a), et des pins, les Lièvres et d'autres llongeiirs, expériences faites par Lavagna sur les des déformations si grandes, que l'A- Marmottes, et par M. Oudet sur les nimal ne peut plus ouvrir sa bouche. Lapins, prouvent que le bulbe den- Ainsi, on a vu une des incisives de la taire de ces lîongeurs peut continuer mâchoire inférietue, qui ne rencou- à s'accroître et à se denlinificr après Irait plus la dent opposée contre la- l'arrachement de la dent constituée quelle son extrémité était destinée à par un premier développement du tissu frotter, s'allonger au point de se re- de cet organe oduntogène (6}. (a) Fourgcroux, Observ. anatomiques [Histoire de l'Acad. des sciciicea, 1"68, p. 47). — Marigili , Sdfj'jio di osserv. pcr scrvire alla sloria natuvale dei Manimiferi soggeto a lelhargo. - Owori, OdonlO'jvajih]! , |F. 411, pi. 104, lijj. 7. — Escliriclil, Das physiche Ubcn, \>. 1G9, lli,''. 40. Ib} Lavaifuri, Saggio din sperieme mpra la reproduiiune dei dtnli. negll animali rostcanti {(îwrnale di ftsica, r.kemica e sloria nalurale ili Iirugn:ilclli, 1S12, t. V, p. ÎW). ■ - Oii'liil, Expériencex sur l'uucroissemenl et la reproduction des dents rlie» le» Lopins (Journal de physiologie «Je Maiçendie, 1821), t. 111, p. i). tubulces, elc. 150 APPAREIL DIGDSTIF. d'une manière dendroïde, ainsi que nous l'avons vu ehez les Squales, s'élèvent "parallèlement de la base au sommet de la dent M), et, chez d'autres, ces canaux, au lieu d'être étroits comme les vaisseaux sanguins qui les parcourent, et dissé- minés uniformément dans toute l'étendue de l'organe , s'élar- gissent davantage, et sont situés à une assez gi'ande distance les mis des autres , de façon à constituer un faisceau de colonnes creuses dont la partie périphérique est composée de vaso-dentine (2). Chez quelques Animaux, le corps de la dent est formé au centre par de la dentine vasculaire, et, dans sa partie périphé- rique, par de la dentine simple. Les Paresseux, ie Mylodon, le Mégathériiun, et quelques autres ]\îammifères, offrent ce mode d'organisation (o). Enfin, un autre genre de transition entre la structure des (1) Comme exemple de ce mode d'organisation, je citerai les dents en forme de boulons des Poissons fos- siles des genres Lepidotus et Sj)hœ- rodiis (a). (2) Le passage entre cette disposi- tion et la structure des dents dont les canaux vasculaires sont complètement dendroïdes, nous est présenté par le Cesttacion Philipjn {bj. L'arrange- ment fasciculaire des grands troncs vasculaires commence à être nettement caractérisé chez les Ptycliodes (c), mais est lnieu.v marquée dans le genre Psammodus (d) ; enfin il est en- core plus prononcé chez les Chimères et chez les Scies, de sorte que sur une tranche horizontale d'une dent de ces Poissons, on voit d'espace en espace de grands trous ronds corres- pondant aux tubes médullaires, et autour de chacun de ces orifices un anneau de vaso-dentine à canalicules rayonnants (e). (3) Les dents des Paresseux {Bra- dypus) sont revêtues extérieurement d'une couche épaisse décernent, et la portion suivante de la dentine ressem- ble par sa structure à celle des dents humaines; mais toute la portion cen- trale de ces organes est formée par de la dentine vascidairc, au-dessous de laquelle se trouve une cliambre médullaire surbaissée (f). Une slruc- (a) Owen, Odontography , pi. 31, 32 et 33. (6) Idem, ibid., pi. 12. {(■)Idem, ibid.,p\. 18 et 19. ((?) Idem, ibid., pi. 20 et 24. (e) Idem, ibid., pi. 9, fig. 2 {Pristis) ; |>1. 20 (Chmera) if) Idem, ibid., pi. 82, fig-. 1 et 2. SYSTÈME UENTAIKE DES VEllTËBRÉS. 151 deux lypes extrêmes mentionnés précédemment nous est offert par des Animaux dont les dents ne contiennent pas de dentine vasculaire, mais sont creusées d'un nombre considérable de chambres médidlaires en forme de tubes qui s'élèvent parallèle- ment de la base au sommet de l'organe. Ces dents, subfascicu- lées, ressemblent à un agrégat de dents simples, comme celles de l'Homme, qui seraient très grêles et soudées directement entre elles par la partie périphérique de la dentine appartenant à chacune d'elles. Ce mode d'organisation se rencontre chez rOryctérope, parmi les Mammifères (1). § 10. — Ainsi que je l'ai déjà dit, les dents phanerogénèles Fomiaiion ne sont constituées que par le tissu dont je viens de parler, à cément. moins (]ue la portion basilaire du germe ne vieime à s'ossilier ou à subir quelque autre Iransformation analogue ; et quoi qu'il en soit à cet égard, le corps de la dent, composé de dentine, n'a point de revêtement extérieur. Mais il en est autrement lure analogue se voit chez le iVlégalhé- les dents de cet Animal étaient com- riuni, seulement la cavité médullaire parables aux fanons de la Baleine et des dénis de cet Animal fossile est plus à la corne du lUiinocéros (c) ; mais grande, et la vaso-dentine est remar- il n'en est pas ainsi: chaque tube quableparles grosses[anses vasculaires n'est pas un canal simple, c'est une qui y sont logées (a). chambre médullaire d'où rayonnent (1) Les dents de l'Oryctérope sont horizontalement une multitude de cylindriques et ressemblent assez à des tubes secondaires d'une grande té- ironçons de jonc, car elles sont Ira- nuité. M. Owen a donné de très belles versées dans toute leur longueur par ligures de cette structure (d), qui se un grand nombre de canaux verli- retrouve, à quelques légères diffé- caux (6). Cette structure tubulaire , rences près, chez le l'ristis, ou Vo'is- iuiparfaitement observée, avait con- son scie, dont j'ai déjà eu l'occasion duit quelques auteurs à penser que de parler {e)„ (a) Owen, Odontoiimphy, pi. 83 et 84. (ft) V. Cuvicr, Des dents des Mammifères, p. '200, \t\. 82. (c) liiimins;cv, Sijstem der Histologie, t. I, p. 198, pi. 2, tig^. 10. — Cuvicr, lierons d'analomie comparée, t. IV, i" partie, \\. 105. (d) Owcii, OdonlOgraphy, jil. 77 cl 78. — Duvci'jioy , Mémoire sur les OrycWropcs (Ann. des sciences uni., ISS,'!, .'l' sprie, l. Xl\, pi. i'.), (i;,'. 1 il 7). (c) Owen, Odiinlodrapliy, pi. !), lit,'. 1 cl 2. 152 APPAREIL DlGIiSTlF. pour les dents cystigénètes: les parois de la capsule dans l'inlé- rieur de laquelle le bourgeon dentaire se (rouve renfermé peu- vent donner naissance à des tissus accessoires qui se soudent sur la surface externe de la dentine et la recouvrent plus ou moins complètement. La substance qui concourt ainsi le plus généra- lement à la constitution des dents stéganosomes est le cément. Elle se développe à la surface interne de la capsule, et consiste d'abord en une pulpe dite corticale, qui est spongieuse et d'une mollesse extrême; on y voit une sorte de trame réticulaire ainsi que des cellules étoilées; mais par suite des transformations qu'elle subit et de la fixation de sels calcaires dans son épais- seur, elle acquiert une lexlure fort analogue à celle des os (1). (1) La plupart des pliysiologistes considèrent le cément, on snbslance corticale, comme étant le résultat d'iiRC sorte d'ossification des parois mêmes de la capsule dentaire (a); mais les recherches récentes de M. Han- iiovor me paraissent prouver que c'est par épi!j;énèse plutôt que par transfor- mation, que ce tissu est produit (6). La couche organoplaslique que cet au- teur appelle le germe du cément {ce- mentkeim) est la inutie de l'appareil odontogéniquc que Uaschkow, M. To- mes et M. Kulliker ont décrite comme la portion réticulée de l'organe émail- lant (c). M. Hannover a trouvé que, lors- que la pulpe corticale commence à se constituer, elle se compose d'a- bord d'un liquide contenant de petites cellules isolées qui bientôt donnent naissance à des prolongements radici- formes. La pulpe acquiert alors une consistance gélatineuse, et les cellules devenues étoilées s'unissent entre el- les par l'intermédiaire de leurs pro- longements ramifiés, de manière à donner naissance à une trame aréo- laire d'une grande délicatesse. L'es- pèce de gelée contenue dans les es- paces ainsi délimités devient plus épaisse et se transforme en une ma- tière solide cl amorphe analogue à la substance inlercellulaire du tissu car- tilagineux. D'autres cellules se déve- loppent ensuite au milieu des fibres déjà mentionnées, et celles-ci dispa- raissent pou à peu. Enfin des granu- lations de matière calcaire apparais- sent dans la substance inlercellulaire, d'abord près de la surface inlerne de la pulpe, puis peu à peu vers la (fl) Naysniilli, On Ihe Structure, Physiology and Palhologij of the permanent capsular Iiiveil- ments and Pulp of the 'feeth {Medico-Chirurg. Transact., 1830, t. XXII, p. 3H). (b) Hannover, Ueber die Entwickelung und den Bau des Saitgethierzahns, p. 817. (c) Raschkow, Meletemata circa Mammalium dentium evolutionem, p. 3. ■ — Tomes, A Course of Lectures on Dental Physiology and Surgery, [>. 97, fig-, 54. — Kôlliker, Éléments d'histologie, p. 431, fig. 198 et 199. rémail SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 153 Quand les dents sont destinées à être cortiquées seulement, ce cément s'applique directement sur la surlace du corps de l'or- gane formé par la denline, s'y soude intimement, et constitue ainsi une sorte d'écorce simple. Ce mode d'organisation est dominant chez les Reptiles, et se Mode de fornialion rencontre chez certams Poissons ainsi que chez quelques Mam- «lo mifères : les Cachalots, par exemple. Mais lorsque les dents doi- vent acquérir un plus haut degré de perfectionnement, la capsule dans laquelle ces organes se développent présente une struc- ture plus complexe : une membrane additionnelle se trouve interposée entre la surface interne de la pulpe corticale et la surface externe de la pulpe dentinique (1). Une couche de tissu utriculaire se développe à sa surface interne et se moule sur le corps de la dent, puis s'y soude et se transforme en une multi- périphérie, et la U-ansforment en ce- M. Huxley la considère comme ment. Les cellules ne se remplissent étant identique avec la membrane pré- pas de la même manière, et paraissent formative dont la pulpe dentinique est devenir autant de cavités dites cor- revêtue (e), et cette opinion, adoptée puscules osseux {a). par M. Lent et par M, KoUiker, a fait (1) La membrane qui revêt exté- naître des diflîcultés considérables au rieurement l'émail, et le sépare de la sujet de l'origine de rémail que l'on pulpe corticale (ou portion spongieuse supposait engendré par la pulpe si- de l'assemblage de parties appelées tuée de l'autre côté de la pellicule en organon adamantines par llaschkow), question. (/) Mais, d'après les recher- a été aperçue par Naysmilh (6), et ap- ches récentes de M. Hannover, l'émail pelée basement membrane par M. To- paraît être une production épitbélique mes (c) ; je dois faire remarquer ce- qui se développe sur la surface interne pendant que, dans une publication et libre de cette membrane dite l'/t/er- plus récente, cedernierauteur révoque mécUaire, et la pulpe située en cieliors en doute l'existence de cette pelli- de celle-ci serait la source du cé- cule {(1). ment. (a) Hannover, loc. cit., p. 848, pi. 23, (ig. 9, 10, H. etc. (ft) Nay>mith, Thrce Memoirs on Ihe Development and Structure of the Teetli and E]iithelium, 1842, p. 32. (c) ïoincs, A Course of Lectures on Dental Physiology and Surgery, p. 98, fig'. 54. ((/) Idem, On the Development of the Enamel {Qiiarlerly Journal of microscopical Sciences, 18.^p6, t. IV, p. 21.5). («) Huxley, On Ihe Development of Ihe Teeth {Quarterly Journal ofmicroscop. Sciences, t. I, p. 149). (/■) Lent, Ueber die Enlwickelunii des Zahnbcins und des Schmelxcs {Zeitschr. fur lulssensch. Zool., 1855, l. yi, p. 121, pi. tiÀ). — holliker, Eléments d'histotoyie, y. 4;J3. 15/| AITAKlilL DIGESTIF. tilde de petits, prismes pierreux placés parallèlement entre eux et perpendiculaires à la surface sous-jacente. C'est ainsi que l'email se constitue et revêt extérieurement la dentino (1). Si la (1) Le tissu utriculaire qui constitue la pulpe de l'émail me paraît être la couche dont Fréd. Cuvier a signalé l'existence sous le nom de membrane éinaiUante (a). Jl se compose d'une série de cellules qui primilivemi'iil sont arrondies et libres ; qui, en se développant, se compriment récipro- quement et deviennent polygonales, puis s'allongent dans une direction à peu près normale à la surface du germe denlinique situé au-dessous, et se soudent entre elles sans le con- cours d'aucune substance intermé- diaire. Elles constituent alors la couciie que quelques auteurs ont figurée sous le nom de membrane de l'émail (h). Le noyau qui se voit dans chacune d'elles se trouve plus près de la mem- brane intermédiaire que de l'extré- mité en contact avec la dentine, et lorsque ces cellules, devenues prisma- tiques, ont acquis une assez grande longueur, leur calcification commence dans cette dernière partie , c'esl-à- dire du côté du germe, puis s'étend peu à peu vers l'extrémité en rapport avec la membrane intermédiaire. Par l'effet du dépôt de matière terreuse dans leur intérieur, elles se transfor- ment en autant de prismes solides à six pans, et leurs parois disparaissent. M. llannovei' pense que c'est une seule et même cellule qui s'étend depuis la surface du germe dentinique jusqu'à la membrane intermédiaire , et qui constitue la totalité du prisme émail- lant correspondant ; mois d'autres physiologistes considèrent ces prismes comme élant formés par une série de cellules unies bout à bout {c), et cette opinion me semble corroborée par la forme définitive des parties ainsi dé- veloppées. En effet, les prismes con- stitutifs , ou aiguilles de l'émail, sont généralement un peu renflés de distance en distance, et laissent aper- cevoir des stries transversales qui deviennent plus distinctes quand on a attaqué la substance calcaire par de l'acide chlorhydrique (f/). Il est aussi à noter que l'aspect moniliforme dû à ces marques est plus prononcé dans l'émail imparfaitement formé que dans celui dont le développement est achevé (e). M. Lintolt décrit ces pris- mes ou fibres comme ayant une gaîne membraneuse subdivisée intérieure- ment par descloisons transversales (/'), mais cette structure n'apuèlremiseen évidence. Cependant, lorsqu'on dis- sout dans un acide les sels calcaires de ce tissu, le résidu ressemble à de l'épilhélium (g). {a) Fr. Cuvier, Des dents des Mammifères, 1825, inti-oJ., p. xxii. [h) Kolliker, Éléments d'histologie, p. 432, fig. 199. {c) Owen, Odontographxj, inlrod., p. lviii. (d) Kolliker, Op. cit., p. 421, 11^. 102. (e) Tomes, Op. cit., p. 103, fig. 59. (/■) Lintotl, On the Structure and Pathologij of the liiimaii Teelh. (g) Hoppe, Ueber die Gewebselemente der Knorpel, lînocheii und Zdhnc (N'irchow's .Archiv fur pathol. Anat. und PhysioL, 1853, t. V, p. 170). SYSTÈME DENTAlRIi DES VEUTÉKIlÉS. 155 pulpe coilicale avorte, cette couche, d'apparence vitreuse, reste à nu, et la dentest simplement émaillée ; mais si cette pulpe se développe, comme nous venons de le voir, sur les dents cortiquées, l'émail est à son tour recouvert par une couche de cément, et la dent devient bicortiquée. D'après ce mode de développement, on conçoit que la struc- ture générale des dents sléganosomes puisse varier beaucoiqj, suivant la forme alïectée parle germe dentinique. Quand celui-ci est un cône ou une laraeà surfaces planes ou faiblement cour- bées, la dent ne présente d'émail ou de cément que dans sa par- lie périphérique ; mais si le bulbe à la surface duquel ces tissus accessoires s'appliquent est creusé de sillons ou d'anfractuosi- tés, les revêtements ainsi constitués pourront pénétrer plus ou moins profondément dans son épaisseur, et donner lieu à des combinaisons très variées de diverses substances dentaires. § 11 . — A l'exemple de Guvier, on donne généralement le nom de dents simples à celles qui présentent le premier de ces ^'^p deux modes de conformation, et qui, par conséquent, ont la dentine à nu ou bien enveloppée par une couche superficielle d'émail ou de cément, sans être pénétrée par l'une ou l'autre de ces substances revêtantes. Telles sont les dents de l'Homme et du Chien. On appelle communément dents composées ou sillonnées, celles qui offrent à leur intérieur de l'émail et du cément, ou compÔsL tout au moins un de ces tissus additionnels enchevêtrés dans la dentine, et qui présentent, par conséquent, sur la couronne usée par la trituration, ou dans une section horizontale obte- nue artinciellement, des alternances de texture près de leur axe, aussi bien que près de leur surface latérale. Les dents ainsi constituées peuvent affecter cinq formes principales, et être divisées, [lour cette raison, en dents ruba- nées, dents fossiculées^ dents lohulées^ dents fasciculées^ et dents aijrérjécs. Duiits Dents 156 APPAREIL DIGESTIF. Dents J'appelle dents rubanées^ celles où la surface de la pulpe rubances. i j > dentinique n est creusée de sillons que latéralement, de laçon que les replis centripètesde l'émail et du cément sont verticaux et se montrent partout en continuité de substance, quelle que soit la profondeur à laquelle arrive l'usure de la couronne. Comme exemple de dents peu complexes offrant ce mode de conformation, je citerai les machelières de divers Rongeurs, tels que le Lièvre et le Cochon d'Inde (1). Mais les résultats de ce plissement latéral de la surface de la pulpe dentinique sont beaucoup plusremarquables chez quelques Vertébrés inférieurs. Ainsi, chez l'Ichthyosaure, grand Reptile nageur qui habitait les mers de la période jurassique, la couche de dentine disposée autour de la chambre médullaire centrale forine un nombre considérable de plis verticaux, dans l'épaisseur desquels cette cavité se prolonge d'une manière radiaire, et la couche de cément (1) Chez le Cochon d'Inde, il existe mail sont plus nombreux (6), et chez à la face interne de chaque mâche- l'Odontara on en compte jusqu'à lière un grand sillon vertical dans le- neuf qui s'enchevêtrent à peu près quel un repli de l'émail s'enfonce de comme chez ie Cochon d'Inde, mais façon à toucher presqueau côté opposé qui sont aussi profonds du côté externe de la dent, et sur ce dernier côté un que du côté interne de ]a dent (c). autre repiidel'émailseporteen dedans Chez le Lièvre, chacune des princi- derrière le précédent, mais ne s'avance pales machelières se trouve divisée pas autant, de sorte que la couronne transversalement en deux parties par se trouve incomplètement divisée en un prolongement de l'émail, qui sépare plusieurs couches transversales et al- entre elles la portion antérieure et la lernatives de dentine et d'émail, indé- portion postérieure de la denline (d), pendamment du revêtement extérieur disposition qui semble indiquer que de cément qui se trouve au fond des la pulpe dentinique doit être bihde, replis de ce dernier tissu («). Chez le au moins dans toute sa partie supé- Campagnol, les replis internes de l'é- rieure. (a) Cuvier, Recherches sur Les ossements fossiles, pi. 20"2, liy. 18, ol Allas du, Règne animal, Mammifères, pi. 08, fig. 3. (b) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 202, lig-. 20. (c) Fr. Cuvier, Des dents des Mammifères, pi. 52. (d) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 202, fig. 19. — Fr. Cuvier, Des dents des Mammifères, pi. 53. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 157 qui recouvre extérieurement la dentine pénètre au fond de cha- cun des sillons que les côtes saillantes ainsi constituées laissent entre elles. Il en résulte que sur une coupe horizontale, la dent présente l'image d'une rosette qui serait formée par deux rubans accolés l'un à l'autre et froncés circulairement. Enfin, comme exemple d'une complication encore plus grande obtenue par un moyen analogue, je citerai leBatracien fossile auquel on a donné le nom significatif de Labyrinlhodon. En effet, chez cet Animal, les plicatures de la couche dentinique, accompa- gnées par le cément, sont non seulement beaucoup plus pro- fondes, mais présentent un grand nombre d'ondulations secon- daires, de sorte que la dent coupée horizontalement offre l'aspect d'une rosace des plus riches (1). Les dents que j'appelle fossiculées présentent en général des replis latéraux de l'émail comme les dents rubanées, mais offrent en outre à leur surface préhensile des dépressions pro- fondes dans lesquelles ce revêtement pénètre aussi, de taçon (1) Chez VIchthtjosaurus, les on- de façon que dans cliaciine des bran- dulalions de Tespèce de muraille co- ches sinueuses des rayons de l'espèce nique qui est formée par la denline de rosace ainsi formée, il y a une ligne et revêtue par une couche de cément médiane bordée de chaque côté par sont simples, et ne s'avancent que une couche de cément, et plus loin peu vers l'axe de la deni, de façon une couche de denline qui se soude que la chambre médullaire est très latéralement à une autre couche du grande (a), Mais, chez le Labyrin- même tissu appartenant au repli sui- thodon , les grands replis verticaux vaut (h). arrivent jusqu'à une petite distance de Les dents de quelques Poissons of- cet axe, d'autres replis moins profonds frent une structure analogue à celle s'intercalent onlre les précédents, et que je viens de signaler chez l'Ich- tous présentent des circonvolutions thyosaure : par exemple, celles du secondaires nombreuses et serrées , Lepisosteus (c) et du Cricodus (d). (a) Oweri, Odonloyraphy, pi. 04 B, fig. 3. (b) Idem, ibid., pi. 04 A, fig. 1. {(:} Wyraaii, On the Microscopic Structure of the Teetli of the Lepisoslei {Amer. Journal o( Science, t. XLV, pi. 5, fig. \ et 2). — Agaisiz, Hecherches sur les Poissons fossilfs, i. I(, [.1. (;, i\ç;. 1 ù C. (rf) Idem, ibid , pi. H, fig. 41. Denis fossiculées loliiilée 4 58 AI'l'AUElL niGKSTlF. (|Lic lorsque la couromie est un peu usée par la masticadon, ou y remarque des espèces d'iles composées d'émail et complète- ment séparées de la couche adamantine latérale par une couche de dentine. Ce mode de conformation se voit chez plusieurs Rongeurs (1), mais est plus caractérisé chez le Cheval et la plupart des Ruminants ("i). Denis Les dents /o6i«/ëe5 résultent d'une exagération des tendances qui donnent naissance aux dents rubanées et fossiculées, c'est- à-dire d'une division encore plus profonde de la pulpe denti- nique, qui, dans presque toute sa hauteur, se trouve partagée en une série de lobes entre lesquels l'émail et le cément se développent de façon à empâter les prolongements verticaux de la dentine dans autant de gaines d'émail isolées entre elles, si ce n'est à leur base, et à souder ensuite ces gaines entre elles à l'aide d'un revêtement commun de substance corticale. Comme exemple de ce mode d'organisation, je pourrai citer les màchelières de quelques Rongeurs, tels que les Otomys et les Cabiais (3); mais c'est chez les Éléphants qu'il est déve- loppé au plus haut degré, et que ces organes méritent le mieux (1) Par exemple, chez ie Porc- sur ces dernièics, principale menl à la Épie (ff), i'Agouli (6) et le Paca (c). i.e mâchoire supérieure (e). rapport des diftércnls tissus consli- (3) Les nuichelières antérieures du tulifs de ces dents fossiculées se voit Caliiai , quoique très profondément encore mieux dans les belles figures plissées, sont rubanées seulement; que Erdl a données de ces organes mais celles situées plus en arrière chez le Castor (d). présentent une série d'îles iransver- (2) Chez le Cheval, ce mode de sales, formées par la dentine et en- conformalion se reconnaît aux dents tourées chacune d'un anneau ovalaire incisives aussi bien qu'aux molaires, d'émail qui, à son tour, est empâté mais n'est fortement caractérisé que dans une masse commune de cé- (a) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 202, fig. 9. (6) Idem, ihid., pi. 202, fig. iO. . (c) Idem, i6tii.,pl. 202, fig. M. — Owen, Odontography , pi. 107, fig. 2. (d) Erdl, Untersîichiingen ûber den Bau der Zdhne bel den Wirbellhleren, \>\. i , fig {Abhandl. der Bayerischeii Akademie der Wiss&nschafUn, 1840, t. III). (e) Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 162, fig. 3 à 18. SYSTÈME DiiîNTAlRE DES VERTÉBIîÉS. 159 le nom de dents composées. En effet, la denline de chaque mâchelière constitue une série de grandes lames transversales et parallèles qui, pendant longlemps, restent complètement isolées entre elles et resseuiblent à autant de dents distinctes renfermées dans une capsule commune; chacune de ces lames verticales s'entoure d'émail, puis se trouve soudée à ses voi- sines par le développement de la substance corticale qui se prolonge dans les espaces qu'elles laissent entre elles, et les empâte aussi extérieurement, de façon à les réunir en un seul bloc. Mais ces cloisons de dentine ne sont pas formées par autant de bourgeons distincts ; les lames odontogéniques qui les produisent ne sont que des prolongements d'un organe unique, et elles sont toutes en continuité de substance par leur base, de sorte que là les parties composées de dentine finissent par se rejoindre et s'unir directement entre elles (1). Il en résulte que la couronne delà dent, plus ou moins usée par le frottement masticatoire, présente une série d'îles formées par les prolongements de la dentine, dirigées transversalement et bordées par des crêtes ovalaires d'émail qui sont séparées entre elles par du cément. Cette dernière substance se détruit plus vite que les autres, et l'émail résiste plus que ne le fait la den- tine ; en sorte que ces grandes màchelières sont garnies d'une ment (a). Chez l'Otomys, il existe les dents lobulées et les dents que dans ciiaque niàchelière deux, trois j'appelle fasciculées conune étant for- ou quatre de ces îles de dentine en- niées par la soudure de plusieurs lourées d'une ceinture d'émail et em- dents qui, dans le principe, auraient pâtées dans du cément, de façon à été complètement distinctes entre el- former des lanies transversales et al- les (r), mais les parties constitutives tcrnanles de ces trois substances (6). de ces organes sont toujours en con- (1) Quel'jues auteurs ont considéré tiniiilé de substance par leur base. (a) Cuvier, llecherchex sur les ossemenln fossiles, pi. 202, (ig. i 7. — f'r. Ciivier, Denis des Mammifères, pi. 40. (6)I(leir., iOid., pi. 00. (c) Waiiiviljf, art. Uknts {Nouveau Dictionnaire d'histoire nalurclle, 1817, 2- ('ilil., i. I\. p. 2r,7). Dents fasciculées. 160 APPAREIL DIGESTIF. série de crêtes et de sillons de diverses profondeurs, et con- stituent des râpes très puissantes (1). Les dents fasciculées ressemblent aux dents lobulées, si ce n'est que les prolongements verticaux de la dentine, au (1) La formation des mâchelièies de l'Éléphant à l'aide d'une série lon- gitudinale de grandes lames qui, dans le principe, ressemblent à autant de dents isolées, a été observée pour la premi(n-e fois par Blair (o) ; mais c'est principalement aux recherches de Cu- vier que l'on doit la connaissance du mode de développement de ces or- , ganes (6). Ce naturaliste a constaté que la capsule, composée d'une tu- nique fibreuse, renferme une pulpe dentinique qui y adhère par la base, et qui s'élève dans sa cavité sous la forme d'une série de lobes verti- caux et comprimés, auxquels il donne le nom de murs. Ces petits murs, de consistance gélatineuse, sont libres latéralement, ainsi qu'à leur som- met, qui est plus ou moins pro- fondément divisé en une série de digitations (c;. Enfin des prolonge- ments de la tunique interne de la capsule descendent entre les murs ou lobes de la pulpe dentaire et portent la pulpe émaillanle. Par les progrès de la dentinification, les lobes trans- versaux se changent en autant de lames verticales de dentine ; cette transformation commence à leur som- met, et donne d'abord naissance à une série transversale de petits cylindres qui correspondent aux digitations dont j'ai déjà parlé, mais qui ne tardent pas à se souder entre eux à mesure qu'ils s'allongent par leur base [d]. Les lames parallèles de dentine ainsi con- stituées se revêtent d'une couche d'émail et restent libres pendant fort longtemps, mais sont soudées entre elles quand la pulpe corticale dont la cavité de la capsule se remplit vient à s'ossifier (e). Celte soudure com- mence à l'extrémité antérieure de la dent, et il arrive parfois qu'elle est déjà très avancée dans cette partie, tandis que vers l'extrémité opposée de la capsule, les lames denliniques sont encore libres, état dans lequel ces parties ont été figurées par plu- sieurs auteurs (/"). Quanfl la denti- nification gagne la portion basilaire du germe, les lames s'unissent direc- tement enire elles par leur bord, et par conséquent, ainsi que le fait re- marquer M. Owen , on ne peut pas (a) P. Blair, Osteographia elephanlina {Philos. Trans., 1710, I. XXVII, p. H3). (6) Cuviei-, Mém. sur les espèces d'Éléphants vivants et fossiles {Recherches sur les ossements fossiles, t. I, pi. 9, fig. 2 à 4). (r) C'est en raison de la forme digilée des lames dentaires des Eléphants et des Mastodontes que, dans les anciennes collections de fossiles, on désignait quelquefois ces corps sous le nom de chéirolithes, et qu'on les donnait pour des mains d'enfants on de singes déformées par la pétrification. {d) Owen, Odontogruphy, p. 631. (e) Blainville, Ostéographie, Gravicrades, genre Elephas, pi. 7, 8, 9 et 10. (/■} Blair, Op. cit. (Philos. Trans., 1710, t. XXVII, pi. 3, fig. 10). — Camper, Description anatomique d'un Eléphant, pi. 19, fig. 3, 4 et 5, etc. — Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 9, fig. 5. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 161 lieu de constituer une rangée de grandes lames Iransversales, sont étroits, prismatiques, réunis en faisceau et soudés entre eux par du cément. Elles ont aussi beaucoup d'analogie avec les dents simples que j'ai décrites précédemment (1) sous le nom de dents subfasciculées ; seulement l'existence d'une couche de cément entre les prisuies de dentine, dont l'axe est occupé par une chambre médullaire, indique que, dans le prin- cipe, la pulpe était digitée supérieurement au lieu de former une seule masse. Ce mode d'organisation se voit chez les Pois- sons cartilagineux du genre Myliobate ('2). les considérer comme autant de den- ticules complélement indépendantes les nnes des autres. Enfin, chacun des lobes transversaux de la pulpe denti- nique adhère à la base de la capsule par un certain nombre de pédoncules traversés par les vaisseaux nourriciers du bourgeon, et ces pédoncules, en se dentinifiant à leur tour, de\iennent des racines. Il résulte de cette dispo- sition, que si l'usure de ces raàche- lières est portée très loin, la portion continue de la démine peut être mise à nu, et alors elles ressemblent à des dents rubanées (a), mais cet état est très rare. Pour se rendre bien compte de la structure de ces mâcheiières, il est bon d'en faire des coupes verticales aussi bien qu'horizontales [b]. Le nombre des lobes ou denticules constitutifs de chaque màclielière augmente en général de la partie an- térieure à la partie postérieure de la série formée par cesdents. Ainsi, chez l'Eléphant d'Asie, on compte seule- ment quatre de ces lames transver- sales sur les mâcheiières de la pre- mière paire, et huit ou neuf sur celles qui viennent après, tandis que sur les dernières il en existe plus de vini^t. Il est également à noter que leur forme , et jiar conséquent celle des crêtes conslituées par leur revête- ment d'émail, varient suivant les es- pèces : ainsi, chez l'Eléphant d'Asie, leur coupe est ovalaire , tandis que chez l'Eléphant d'Afrique elle est dis- posée en losange (c), et que chez les espèces fossiles on remarque d'autres formes (c/). (1) Voyez ci -dessus, page 171. (2) Sur une section transversale de ces dents, on voit très distinctement le cément iritercolumnaire qui limite les prismes verticaux de dentine et les soude entre eux le). in) Owcn, Op. cit.. pi. 147, fij;. i. (b) Corse. Obs. on Uic différent Species of .\sialic Eléphants and Iheiv Mode of Dentition (Phiins. Trans., il'J'J, pi. ■12). — Home, Somc Obxerv. on the Structure of Ihe Teeth of Cmminivorous; quadrupèdes (Pltilos. Trans., il'J^, pi. l'A et 15). (f;) Vr. Cuvier, Des dents des Mammifères, pi. 01 cl 1)1 bis. — lilainville, Op. cit., pi. 'J. (d) Falconcr anrt Caiilley, Fauna (intiqua sivalensis , pi. 2, 7, 12,1 '3, etc. (e) Owcn, Odontography, pi. 27. VI. H agrégées Formes tlenls. - IG2 APPAREIL DÎGKSTIF. Deni,; Enfin, les dents agrégées consistent en un assemblage de dents simples qui se soudent latéralement entre elles de façon à former des plaques ou revêtements dont la structure rappelle la disposition d'une mosaïque. Comme exemple de dents réunies de la sorte, je citerai l'armure mandibulaire des Poissons du genre Scare (1). On trouve aussi des dents qui, par leur structure, sont in- iniermédiaires. termédiaircs entre ces divers modes d'organisation ; mais je ne m'arrêterai pas à les décrire, parce que l'étude n'en présente aucune difficulté lorsque l'on connaît les types dont je viens de parler ('2). Mode § 12. — Le mode de développement des dents influe aussi de fixation , , • > i , , p ' • i des beaucoup sur la manière dont ces corps sont iixes aux parois de la cavité buccale. Les dents phanérogénètes adhèrent par leur base à la membrane muqueuse sur laquelle elles ont pris nais- sance, el ne sont attaciiées aux parties sous-jacentes delà char- (l) L'armure mandibulaire des Sca- inférieure ont la forme de peignes ou res ressemlîie beaucoup, par sa forme de petits râteaux (c), chacune d'elles générale, a un bec de Perroquet {a) , étant simple à sa base, mais divisée su- mais les gaines mandibulaires se com- périeurement en une série de digita- posent d'une multitude de petites lions très allongées, dont le centre est dents placées parallèlement et soudées occupé par une chambre médullaire entre elles par les côtés (6). tubuli forme et la surface est revêtue * (2) Une de ces dispositions, qui au d'émail (d). Ces dents ressemblent premier abord paraît des plus singu- donc, dans leur partie supérieure, à Hères, mais qui n'implique en réalité desdenls composées qui manqueraient aucune modification importante dans de cément, tandis que dans la parlie le mode de développement des dents, inférieure, où toutes les chambres nous estofferle parles Galéopithèques. médullaires se réunissent en une seule Chez ces i\lammifères, les dents qui cavité centrale, elles ont les caractères garnissent le devant de la mâchoire des dents simples. (a) Voyez V Allas du Règne animal de Ciivier, Poissons, pi. 91 , fig. i. (b) Owen, Odontoyraphy, p. 112, pi. 49, fig. l, 2 et 3 ; pi. 50. (c) Pallas, Galeopithecus (Acta Acad. scient. Petropolitanœ, 1180, t. IV, pi. 8, fig. 2 el 3) — Fr. Cuvier, Des dents des Mammifères, pi. 14, fig. 2 el 3. — Blainville, Ostéographie, genre Lemur, pi. 11, (d) Owen, Odontoçjrnphy, p. 435, pi. U5. SYSTÈME DEMTAIRE DES VERTÉBKÉS. IGo pente buccale que par des brides tendineuses qui se dévelop- pent dans l'épaisseur de celte tunique (1). Chez quelques Pois- sons, il en est de même pour les dents cysligénètes. Mais, en général, chez ces Animaux, la portion intérieure de la capsule dentaire se transforme en une substance osseuse qui soude la base de la dent à l'os situé au-dessous (2), et parfois ce mode d'attache par ankyloss coïncide avec le développement d'une ou de plusieurs éminences sur la surface de cet os qui pénètre dans la cavité correspondante formée par la chambre médullaire de chacune de ces dents (o). Chez certains Pois- sons, ainsi que chez la plupart des Reptiles, les os des ma- (1) C'est ù raison de ceUe disposi- tion que Biain ville a donné le nom de Dermodontes aux l'oissons cartilagi- neux (a). Ce mode d'altaclie à l'aide de liga- ments étendus de la base de la dent à la partie voisine de la mâchoire sa voit très distinctement chez la Bau- droie {Lophius piscatorius). Sur le devant de la bouche de ce Poisson, il n'est pas persistant, et il y a bientôt ankylose ; mais plus en arrière les dents restent unies de la sorte à leur base de suslentaiion , et par suite de l'élaslicilé de leurs ligaments, elles sont susceptibles de se reployer en de- dans ou de se redresser (6). Les dénis sont attachées seulement à la membrane muqueuse ou au lissa sous-jacent chez les Squales et tous les autres Plagiosiomcs, ainsi que chez les Goniodontes, les Mugiles, etc. {<:]. Chez les Blennoïdes du genre Sa/o- ?-/as, elles sont remarquablement mo- biles {d). (2) Les dents sont hxées par anky- lose simple chez la plupart des l'ois- sons, n)ais cette disposition est en g(5néral précédée par l'existence de ligaments étendus de l'os à la base de ces organes. Le nom deGnathodontes, que Biain- ville a donné aux Poissons osseux en général, est destiné à rappeler ce mode d'implantalion des dents (e). (3) Ce mode d'attache, que j'ap- pellerai par engrenage , est 1res re- marquable chez quelques Poissons, tels que les Sauroïdes fossiles du genre lUiizodus , oij la base élargie de la dent donne naissance à des pro- longements radiciformes entre les- quels d'autres prolongements de l'os sous-jacent s'enchevêtrent (/). (a). Blaiiivillo, De l'or(ianisalion des Animaux, lai), q, ut ait. Dknt {^'onl'ean Dkl'wnnnire d'histoire naiurelle, 2" odil., t. IX, |i. 348). {b) Uwen, Ùdonloijvcifilvj, p. 7, jil. 51), liy. \. (c) Iilcm, ibid., p. S.'i el 120. ((/) CuvitT et Valcnciuiirns, lllstuirc italurclle des l'oissons, I. M, jl ^01. (c) IJlainvillc, loc. cit. if) Owen, Op. cit., \>. i:>, pi. 3(1. 164 APPAREIL DIGESTIF. choires donnent naissance à un prolongement lamellaire qui s'avance du côté externe de la série des capsules dentaires, et constitue une sorte de parapet ou de muraille externe contre laquelle les dents s'appliquent (1). Chez d'autres Rep- tiles, un second rebord osseux s'élève derrière chaque rangée de capsules, et, par conséquent, les dents naissent au fond d'une gouttière alvéolaire dans laquelle leur partie basilaire reste engagée lorsque leur sommet ou couronne devient libre au dehors de la gencive (2). Enfin, chez quelques Reptiles, ainsi que chez un 1res petit nombre de Poissons, et chez tous les Mammifères , cette gouttière alvéolaire se subdivise en autant de loges qu'il y a de capsules dentaires, par suite du (1) Chez quelques Poissons qui n'ont pas de rebord alvéolaire de ce genre, les dents se soudent cependant à la mâchoire par le côte, et dans ce cas elles sont d'ordinaire couchées horizontalement, de façon à se ren- contrer par le flanc au lieu d'être opposées par leur couronne : par exemple, chez les Scares (a). Les dents marginales des Diodons pré- sentent aussi cette disposition {b) ; mais dans le genre Pifiieleplerus , où il y a également ankylose latérale de la portion basilaire des dents avec la surface correspondante de la mâchoire, ces organes se recourbent sur eux- mêmes de façon à se rencontrer comme d'ordinaire par la couronne (c). Les dents se soutient latéralement à un rebord vertical des mâchoires dans une section nombreuse de Reptiles sauriens de la famille des Iguaniens, qui a reçu pour cette raison le nom de Pleurodontos (d), et qui com- prend les Igu.uies (e), les Anolis, etc. Un mode d'altache analogue se voit chez les Caméléons, les Scincoïdes, la plupart des Lacertiens et les Monitors, seulement le rebord alvéolaire est moinsélevé, et présente en dedans une surface horizontale ou oblique sur la- quelle les dents se soudent par leu.» base (/). [2) Ce mode d'implantation dans un sillon alvéolaire commun est très bien caractérisé chez les grands Rep- tiles fossiles du genre Ichlhyosan- rus (g). (a) Owen, Odontography , p. 0, fij. 49. (/)) Itlem, ibid., pi. 38, fit?. 1. (c) Voyez Ciivier et Valenciennes, Histoire des Poissons, t. VII, p. :259, [il. 187. — Owen, Op. cit., pi. i, fig-. 5. ((/) Voyez Dumcril et Bibron, Histoire naturelle des Reptiles, i. IV, p. Cl. (e) Ciivier, Ossements fossiles, pi. 244, fig. 25, et pi. 246, fig'. 2. — Owen, Op. cit., pi. 68, fig. 2 ; pi. 70, fig. 7. (/") Cuvier, Ossements fossiles, pi. 244, fig. 5. — Owen, Op. cit., pi. 67, fig. 1, (g) Idem, Op. cit., pl..73, fig. 9. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 165 développement de prolongements osseux qui partent de ses deux parois et se confondent à leur point de rencontre, de façon à constituer des cloisons transversales. Les cavités ainsi con- stituées dans l'épaisseur des os des mâchoires, sont connues sous le nom d'alvéoles ; les capsules dentaires y sontrenfermées, et lorsque la dent, par suite de sa croissance, a traversé la gencive et a fait saillie au dehors, la racine de cet organe mas- ticateur reste implantée dans l'os sous-jacent comme un clou qui se trouve enfoncé dans une poutre (1). On appelle gom~ phose ce mode d'attache des dents : et il est à noter que, chez les Mammifères, ces organes sont seulement en contact intime avec les parois de leurs alvéoles ; dans l'état normal, ne s'y soudent jamais ou presque jamais ('2), comme cela a lieu chez (1) Des alvéoles riidimoiitaires, c'esl- à-dhe si peu profonds qu'ils' n'em- brassent guère que le bord inférieur des dents, se voient chez beaucoup de Reptiles où ces organes sont ankylosés à leur base : par exemple, chez les Varans (a), les Agamiens, les Geckos et la plupart des Ophidiens; la même disposition existe chez les Batraciens des genres Cœciie et Labyrintho- don (6). Des alvéoles bien caractérisés sont rares chez les Poissons; on en trouve cependant une rangée de chaque côté du rostre des Pristis oaScies (c), ainsi que sur les mâchoires desSaphyraines, des Acanthures, des Diclyodons, etc. Des cavités semblables existent chez des Balistcs ; mais, cliez ces Poissons, le fond de chaque alvéole s'élève en forme de cône dans l'intérieur d'une cavité correspondante de la base de la dent, de façon qu'il y a gomphose réciproque [d]. Dans la classe des l'.eptiles, l'im- plantalion des dents par gomphose parfaite , c'est-à-dire à l'aide d'un alvéole particulier et profond , est également très rare, mais elle se voit chez tous les Crocodiliens (e\ Dans la classe des i\Iamn)ifères, ce mode d'insertion est constani, ex- cepté chez les Ornilhorliynques ; mais chez les Cachalols, les alvéoles sont peu profonds, et les dents sont rete- nues en place par le tissu libreuxdes gencives beaucoup plus que p;u' leurs cavités articulaires. (2) Les recherches de Duvernoy tendent à établir que chez les \hisa- (a) Owoii, Oduntography , \>\. 03 A, fig. 8. (6) Idem, ibid., pi. 03 A, li-, 4 et 5. (c) Idem, ibid., pi. 8, li^. 3. ((/) Idcin, ibid., pi. 40, lij,'. 3. (e) Cuviei-, (Jssemenls fossiles, pi. 230, lij. 1, 2, 3, 0, elc. — Owen, Op. cit., pi. 75, fig. 3 cl 4. 166 APPAREIL DIGESTIF. les Reptiles, mais leur implantation est consolidée par l'exis- tence d'une couche fibreuse épaisse qui constitue les gencives et qui les embrasse dans une certaine longueur au delà du bord alvéolaire (1). 11 existe une concordance remarquable entre ces diverses formes de la cavité osseuse destinée à l'implantation des dents et les différents états successifs du bord mandibulaire en voie de développement chez les Animaux à alvéoles complets. En elVet, chez l'Homme et les autres Mammifères, ces loges ne préexistent pas aux capsules dentaires qu'elles sont destinées à contenir; celles-ci se développent d'abord dans nn simple sillon commun formé par la naissance de deux crêtes osseuses parallèles sur le bord gingival des maxillaires, disposition qui est semblable à ce que nous avons vu chez divers Reptiles ; puis, ces croies donnent naissance à des contre-forts qui s'avancent les uns vers les autres dans les espaces compris entre les capsules, et, en se rencontrant, constituent des cloisons ti'ansversales à l'aide desquelles la gouttière alvéo- laire se trouve subdivisée en une série de cavités particu- lières (2). Les sacs à l'intérieur desquels les dents se constituent sont de la sorte l'enfermés chacun dans une loge particulière, et ces raigiies les dents sont soudées entre fond avec le périoste adjacent et se elles, ainsi qu'à la mâchoiie, par un prolonge dans les cavités alvéolaires tissu osseux que cet analomisie ap- dont il tapisse les parois. Leur surface pelle cément alvéolaire (a), mais je libre est garnie de papilles qui ne ne suis pas convaincu de Texaclitude présentent rien de particulier. Avant de SCS observations à ce sujet. la sortie des dents, elles sont très (1) Les gencives sont formées par épaisses et très résistantes, caractères la tunique muqueuse de la bouche, qui se remarquent aussi chez les dont la couche profonde s'hypertio- vieillards après la chute de ces or- phie et oiïre une consistance analogue ganes. à celle des fibro-c;irliIages. Par leur (2) La formalion des alvéoles aux surface adhérente, leur tissu se con- dépens d'une gouUière commune a (a) Dinernoy, Sur les dents des Musaraignes, 1844, p. 33 cl suiv, (exlr. des Mém. de l'Acad. des sciences, Savants étrangers, t. IX), SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 167 derniers organes sont d'abord complètement enfouis dans l'épaisseur de la substance osseuse des mâchoires ; mais, à mesure qu'ils s'allongent par leur base , ils pressent sur le sommet de cette poche ainsi que sur les parties molles qui le recouvrent, et en déterminent peu à peu la résorption. Le sommet de la dent se montre alors à nu sur la surface du bord gingival, et à mesure que l'accroissement de sa base conlinire, ou que le fond de son alvéole se rempht par suite du dévelop- pement du tissu osseux adjacent, elle s'avance de plus en plus au dehors . On donne le nom de racine à la portion basilaire de la dent Racines ^ _ ()cs dents. qui reste engagée dans l'alvéole, et l'on appelle couronnée partie préhensile de cet organe qui fait saillie hors de la gencive. Lorsque la croissance des dents est ilhmitée, ces deux portions ne diffèrent pas notablement entre elles, et ce qui était racine à un moment donné devient couronne plus tard ; mais <]uand ces corps ne doivent s'allonger que pendant un temps déter- miné, leur partie basilaire se rétrécit de plus en plus et leurs racines ont communément la forme d'un cône renversé. La racine est simple lorsque le bulbe dentaire ne reçoit qu'un clé très bien indiquée chez le fœtus d'une manière permanente enlie les humain par Hunter (a), et vient d'èlre dents et les os des mâchoires chez les rohjet de recherches nouvelles et plus Poissons cartilagineux, etc., et qu'ils approfondies, dues à MM. Robin et se trouvent ensuite logés dans une Magitot {a). Ainsi que je l'ai déjà dit, gouttière alvéolaire commune, par les anatomistcs ne sont pas d'accord suite du développement de deuï relativement à la position des capsules crêtes marginales sur les os ; mais il dentaires au moment de la première résulte des observations récentes de apparition de ces organes. La plupart MM. l'.obin et Magitot, que la gout- pcnsent que ces sacs prennent nais- tière alvéolaire commence à se con- .sancc au-dessus de l'os en voie de stituer avant les capsules, et que formation, de façon à présenter lem- celles-ci prennent naissance au fond poraircuient les relations qui existent de ce sillon osseux {b). {fi} Hunier. Xnl. IHst of llie llamnn Teelk, p. Il, pi. S, tig. 1 à 0. (6) Hobiii cl.MHgilol, Méin. sur la ijanr./se e,l le. développement de» foUkulci dcnlaïves (Journal de rlti/sioloo'e He Urown-Sorpianl, 1800, i. III, p- ■• - '-' suiv.). 168 APPAREIL DlGt:STIF. seul faisceau de vaisseaux sanguins et n'adhère au fond de la capsule que par un pédoncule unique; mais elle est bifide ou multifide lorsque ces communications vasculaires entre le bulbe et les parties sous-jacentes sont établies sur deux ou plusieurs points, et que cet organe odontogène est fixé dans sa loge par deux ou plusieurs pédoncules , disposition qui coïncide avec la division de la chambre médullaire en autant de branches à sa parlie inférieure, ainsi que cela est facile à voir en divisant verticalement une des grosses dents molaires de l'Homme. Renouvellement § ^^- — ^'^ dévcloppement dc toutcs les dents ne se fait pas des dents si^-iLiltanément ', en général, celles de la partie antérieure des mâchoires se montrent les premières, les autres à des époques plus ou moins éloignées, et le plus ordinairement cette succes- sion coïncide avec la chute de certains de ces organes dont d'au- tres viennent prendre la place. Il en résulte que !e nombre des dents dont chaque animal est pourvu est presque toujours beau- coup plus considérable qu'on ne serait porté à le croire au pre- mier abord par l'inspection de sa bouche, et que d'ordinaire l'armature buccale tout entière est susceptible de se renouve- ler une ou plusieurs fois. Biais ce ne sont pas les mêmes bulbes qui donnent naissance à plusieurs dents, chacune de celles-ci se constitue d'une manière indépendante de ces voisines ou de ses prédécesseurs. Chez les Marsouins et les autres Cétacés proprement dits, il n'y a pas de dents de remplacement ; toutes les dents dont chaque mâchoire doit être armée naissent sur une même ligne horizontale et ne constituent qu'une seule rangée; toutes sont destinées à avoir une existence permanente, et lorsque l'une quelconque d'entre elles vient à tomber, la perte est irrépa- rable (1). (1) M. Ovvcn désigne sous le nom de Monophylodons («) les Mammifères [a) Do' u.ôïo;, une fois; ipva», j'engendre ; o^ovî, dent. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 169 Chez beaucoup de Poissons, il en est tout autrement : la pro- duction de ces organes parait être presque illimitée, et pendant toute la durée de la vie, on trouve derrière la dent en activité fonctionnelle une ou plusieurs dents en voie de développement, qui sont destinées à se remplacer successivement. Souvent cette réserve est fort nombreuse et son existence est facile à constater. Ainsi chez les Requins et les autres Squales, indépendamment des grosses dents qui sont dressées le long du bord de chaque mâchoire, on trouve à la face interne de l'arcade gingivale une multitude d'autres dents à divers degrés de développement, qui sont couchées à plat et cachées dans autant de replis de la mem- brane muqueuse. Celles-ci sont placées à la file les unes derrière les autres, et attendent leur tour pour entrer en fonction; aussi, lorsque par l'efiel; d'une sorte de mue, la première rangée de dents vient à tomber, celles de la rangée suivante se dressent et s'y substituent. Il en est de même, lorsque, par suite de quel- que accident, la bouche de l'Animal se trouve désarmée d'une manière partielle; la dent qui a été arrachée, laissant un espacée libre pour le redressement de la dent de remplacement qui était couchée derrière sa base, celle-ci s'avance et vient compléter la rangée externe (l). qui ne produisent qu'un seul système André en a donné une preuve déci- dcntaire, et sous celui de Diphylo- sive. Ce naturaliste trouva chez un de f/o?is (a) ceux qui en produisent deux ces l'oissons la mâchoire travcrsc'c séries {b). de part en part, à une distance assez (1) Ce mode de renouvellement des grande de son bord gingival, par dents des Squales pouvait se deviner le dard caudal d'une iîaie , et il parla position de ces organes et le remarqua que non- seulement les degré de croissance des premières dehis en contact avec ce corps par dents comparées aux dernières (c) ; leur base manquaient de l'espèce mais un cas pathologique observé par de talon dont leur angle interne est (n) De ôîç, ilfiux fois; tpuo) et ô'îoùç. (fc) Owcn, art. Teetii (Todd's Cijclopœdia, l. IV, p. 901). (f) Stction, Ëlemenlurum myoLogiœ spécimen, iWl , p. ^!T, pi. 4. — Hérissant, Ilecherches sur les tisanes du ijrand nombre de dénis du. Caiiis caicliarias [Méni. de t'Acad. des sciences, ill'J, p. 155, (il. 7, 8 et 'J). 170 APPAREIL DIGESTIF. ' Ce ne sont pas seulement les dents plianérogénètes qui se multiplient ainsi d'une manière continue, et se substituent les unes aux autres au fur et à mesure des besoins; il en est très souvent de même pour les dents cystogénètes, lorsque eelles-ci ne naissent pas dans l'intérieur d'une cavité osseuse, et le dé- veloppement de dents de remplacement à toutes les époques de la vie peut avoir lieu chez les Reptiles aussi bien que chez les Poissons. Ce phénomène est facile à constater pour les cro- chets dont la partie antérieure de la bouche des Serpents venimeux est garnie, et il nous explique comment ces Ani- maux peuvent recouvrer leur puissance nuisible, lorsqu'ils ont été rendus temporairement inoffensifs par l'arrachement de ces armes empoisonnées (1). trordinaire garni , mais que toutes celles de la même rangée , situées plus en avant, présentaient la même anomalie dont la cause était évidem- ment la blessure en question : il fal- lait donc que toutes ces dents, même les plus antérieures, avant d'occuper la position qu'elles avaient sur cette pièce anatomique , se fussent trou- vées à l'extrémité postérieure de l'es- pace dentifère, car c'est là seulement qu'elles pouvaient avoir été modi- fiées par la présence du corps étran- ger implanté dans la mâchoire de l'Animal (a). Un singulier mode d'organisation qui nous est offert par les dents des Poissons gymnodontes, et plus parti- culièrement des Diodons, paraît dé- pendre d'un phénomène odon logé- nique analogue à celui qui amène la formation successive des dents nou- velles chez la plupart des autres Ani- maux. Chez le Diodon, ces organes sont stratifiés et se composent de couches alternatives de dentine et de cément superposées (6). Cela s'ex- plique facilement, si l'on suppose que les bulbes dentaires naissent les uns au-dessous des autres, et que chaque dent nouvelle se soude à la face infé- rieure de la dent précédente, au lieu de la chasser. (1) Chez les Serpents non veni- meux, on trouve aussi, à côté de la base des dents en activité fonction- nelle, une série de dents de rempla- cement en voie de croissance (c). (a) André, A Description of the Teeth of the Ananiiiclias lupus, etc.; to luhich is added an altempt toprove that the Teetli of Cartilaginous Flshes are perpetiially reneiued (Philos. Trans., nSi, t. LXXIV, p. 279,pl. i3). (6) Owen, Odontography, pi. 39. (t) On the Mode ofGroivth, r,eproduclion and Slructure of the poisomus Fangs in Serpents (Mem. ofthe Wernerian Nat. Hist. Soc, 1825, I. IV, p. 41-2). SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 171 Chez les Mammifères, le travail organogénique qui a pour résultat la formation des germes dentaires est limité au très jeune âge ; le nombre de ces organes producteurs est déterminé pour chaque espèce animale : les dents se développent successi- vement, et celles qui paraissent les premières ne sont desti- nées à demeurer en fonction que pendant un temps assez court, mais elles ont chacune un remplaçant dont le rôle est perma- nent ou dont la chute laisse dans l'armure buccale un vide irréparable. Le mode suivant lequel ce renouvellement du svstème den- Dents de laii ^ ^ _ " et dents taire s'effectue, dépend de la position des germes dans l'inté- pcmianemos. rieur des mâchoires. Chez presque tous les Mammifères, les cap- sules odontogènes sont distribuées sur deux rangs superposés, et celles de la rangée profonde restent pendant longtemps presque inactives', tandis que celles delà première rangée donnent promp- tement naissance à une série de dents dont l'évolution com- mence à une époque fort rapprochée de la naissance et s'achève rapidement. Mais ces dents de première dentition tombent bien- tôt, et cèdent la place à celles produites plus tardivement par les germes de la rangée profonde. Deux garnitures dentaires se forment donc successivement dans la bouche d'un même Ani- mal : il se produit d'abord une série de dents caduques appe- lées dents de lait , parce que leur évolution s'effectue d'ordi- • naini pendant la durée de la lactation; puis apparaissent les dents de remplacement ou dents permanentes, quin'ontpas de successeurs. Ainsi, le nombre total des bourgeons dentaires qui se con- Piemière stituent chez l'Homme est de 52, soit 26 pour chaque mâchoire; chez^Homme. mais ils ne se développent pas simultanément. De très bonne heure, chez rembryon,on trouve à l'une et à l'autre mâchoire luie rangée de dix de ces organes odontogènes ; puis les autres se constituent iiii-dessous ou en arrière d(!S précédents, mais rr>l(Mil pciid;i(il loMplonips dans lui ('lut i'udimenlair(;, tandis 172 APPAREIL DIGESTIF. que les premiers se développenf, rapidement (1). Vers le cin- quième mois de la vie intra-utérine, la dentinification de la pulpe commence dans les germes de la paire antérieure, d'abord à la mâchoire inférieure, puis à la mâchoire supérieure; au septième mois, les résultais de cephénomène histogéniquesont visibles dans l'intérieur de toutes les capsules de la première rangée, et à l'époque de la naissance les vingt dents transi- toires ont déjà la couronne bien formée, mais sont encore cachées dans la substance des mâchoires. C'est, en général, vers le septième mois de la vie de l'enfant qu'elles com- mencent à se montrer à découvert, et, dans la plupart des cas , les incisives internes ou intérieures de la mâchoire (l)On n'est pas encore Jjien fixé re- lativement à l'ordre suivant lequel les germes de dents de lait prennent nais- sance dans l'intérieur des mâchoires de l'embryon humain. Suivant M. Good- sir , ce serait la papille productrice de la molaire antérieure qui se mon- trerait la première (vers la septième semaine après la conception), d'abord à la mâchoire supérieure, puis à la mâchoire inférieure ; les germes des canines se constitueraient pendant la huitième semaine et seraient suivis par ceux des incisives; enfin, vers la onzième ou douzième semaine, ceux des deuxièmes molaires se forme- raient (a). Mais d'après les recherches récentes de M. Magitot, il paraîtrait que ces germes se constitueraient dans l'ordre suivant : !•* l'incisive interne, 2' l'incisive latérale, 3" la petite molaire antérieure, Zi" la canine, 5° la seconde petite molaire. Cet anatomiste a trouvé aussi que le travail odontogénique est un peu en avance dans la mâchoire inférieure, comparée à la supérieure ; enfin que le premier follicule dentaire se mon- tre vers le soixantième jour après la conception, et que vers le quatre- vingt-cinquième jour, lorsque la for- mation de cette première rangée de capsules dentaires est achevée, le fol- licule de la première grosse molaire se montre derrière les précédentes (6). Suivant M. Magilot, les follicules des dents de remplacement correspon- dants aux vingt follicules de la pre- mière dentition ne commenceraient à se montrer qu'au moment de la nais- sance. Mais M. Nalalis Guillot en a vu les traces initiales dès le cin- quième mois de la vie embryon- naire (c). (a) Goodsir, On the Origin and Development ofthe Pulps and Sacs of the Human Teeth (Edinb. Med. andSurg. Joiirn., 1839, t. LI, p. 20). (b) Magitot, Mém. sur la genèse et la morphologie des follicules dentaires che^ l'Homme et les Animaux {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 18G0, t. L, p. 425). (c) N. Guillot, Recherches sur la genèse des dents et des mâchoires (Ann. des sciences nat., 4* série, 1858, t. IX, p. 297). SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 173 inférieure sont les premières à percer la gencive. Quelques semaines après, l'évolution des incisives externes s'efl^ctue, et vers la fin de la première année les molaires antérieures apparaissent (i). D'ordinaire les canines ne se montrent que plus tardivement (vers l'âge de dix-huit mois), et à la fin de la seconde année le travail de la première dentition se termine par la sortie des molaires de la deuxième paire. Mais on observe beaucoup d'irrégularités, soit dans l'ordre d'évolution de ces dents de lait, soit dans l'époque de leur apparition, et l'on cite des cas dans lesquels ce dernier phénomène avait commencé avant la naissance, ou bien s'est trouvé retardé de plusieurs années (2). Les dents de lait ou dénis transitoires de l'Homme sont (1) Beaucoup d'anatomistes , se sant, avaient déjà une ou plusieurs fondant sans donle sur un petit nom- dents (c). Des faits semblables ont bie d'observations , ont cru que été observés par plusieurs autres au- d'ordinaire les dents de lait parais- leurs ((/), et, parmi les personnages sent, conformément à l'ordre de leur historiques auxquels on attribue cette position, c'est-à-dire les canines particularité, on peut citer Louis XIV, après les incisives, puis les prémo- Mazarin et Mirabeau. On a même vu laires antérieures (a); mais des recher- des enfants dont les six premières dents elles plus -multipliées ont fait voir étaient sorties à l'époque de la nais- qu'en général les incisives ne percent sance (e), et M. Tomes, en se fondant la gencive qu'après les petites mo- sur les observations de M. Crump et laires antérieures {b). de M. Leihbridge, a enregistré deux (2) Ilaller a recueilli dans les écrits cas d'enfants mort-nés dont la i\en- de ses prédécessetu's un certain nom- tilion temporaire c'.ait complète (/"). bre d'exemples d'enfants qui, en nais- D'autre part, on connaît des exem- (c) Sabalier, Traité d'anatomie, t. I, p, 86. — Boyer, Traité d'anatomie complet, ISIS, 4« édit., t. I, p. 170. — Bicliat, Traité complet d'anatomie, t. III, p. 177. — Idem, Anatomie générale, I. III, p. 94. — Cuvier, art. Dknts, {dictionnaire des sciences médicales, t. VIII, p. 324. (b) Scp.tnineirinç,', [)e corporis humani fabrica, 1794, t. 1, p. 193. — Serres, Essai sur l'anatomie et la physiologie des dents, 1817, p. 83. — Tomes, Op. cit., 184S, p. 110. ((•■) HpUer, FAemenla pliysiologiœ, t. VI, p. 19. (rf) Sœmmorrin^, Op. cit., I. I, p. 201. — Mcckcl, Manuel d'anatomie comparée, t. III, p. 3r)9. — Brown, vny. Tomes, Op. cit., p. 111. (e) Polvdore ViP^ilo, De prodigiis libri III, édit. d'EIzcv., I. II, p. 88. (f) Torne.s, A Course of Lectures on Dental l'Iiy^nology and Surgery, p. 119. Seconde dentition de l'Honiine. i7/| Al'l'AUEU, lilGESTlF. donc au nombre de cinq paires pour chaque maclioire, savoir : deux paires d'incisives, une paire de canines, et deux paires de petites molaires. Mais avant l'évolution de ces organes, il existait déjà une seconde rangée de germes logés plus profondément dans la substance des mêmes os, et lorsque, par suite de la croissance de la charpente solide de la face, ceux-ci trouvent l'espace nécessaire pour leur développe- ment (1), leur activité fonctionnelle se réveille, et une nou- velle série de dents commence à se constituer. Ainsi, quand on enlève la paroi externe de la mâchoire inférieure d'im enfant âgé d'environ sept ans, on y voit, au-dessous des dix dents de lait dont la gencive est armée, seize dents en voie de développement et renfermées dans leurs capsules; dix d'enire elles sont situées au-dessous des précédentes, et les six aulres sont logées à la suite de celles-ci, c'est-à-dire plus près de l'extrémilé postérieure de i'os (2). Les dénis de la sixième pies non moins remarquables de deu- liiion tardive (a). Ainsi Lanzoni a pu- blié l'observaiion d'un enfant donl les premières dents de lait ne se mon- trèrent qu'à l'àgede sept ans, et l'on cite même des individus adultes chez lesquels aucune dent ne s'était déve- loppée, ou bien qui n'en avaient eu que trois ou quatre (6). (1) Hunier a constaté que c'est sur- tout par leur partie poslérieiu-e que les mâchoires s'accroissent (c), et récem- ment M. Nalalis Guilloî, tout en fai- sant mieux connaître ce cliangement de forme, a appelé l'attention des physiologistes sur l'extension verticale des mêmes os, phénomène qui pré- cède nécessairement le développement des germes rudimenlaires des dents permanentes logées dans la base des dents de lait (d). (2) Plusieurs anatomistes pensent que les germes des dents de rempla- cement naissent par bourgeonnement des germes correspondants des dents de lait, et que ceux des vraies mo- laires procèdent aussi les uns des autres (e). i\]ais cette opinion n'est (ft) Borel, Hisloriarum et observationum medico- physicarnmcent. 2, obs. 41, p. 144 (1076). — Baumes, Traité de la première dentition, t805. — Brinton, Deformily oftiieupper jait> (Lond. Med. Ga:.., 1848, nouv. série, t. V, p. 2D4). — Thurnain, Tiuo cases in wliich the Skin, Haïr, and Teeth ivere venj imperfectly developed (Medico -chiî'ïirg . Trans,, 1848, 2' série, t. Mil, p. 71). (b) Voyez Serres, Essai sur l'anatomie et la physiologie des dents, p. 75. (c) Hunier, The Nat. Hist. of the Teeth {of the Groivlh of the two Jaws), p. 101. (d) Natalis Guillot, Op. cit. (Ann. des sciences nai., 4" série, 1858, t. X, p. 304, pi. 9). (e) Goodsir, Op. cit. [Edinburgh Med. and Surg. Journal, 1839, I. Llj. — Owen, Odontography, p. 307. SYSTEME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 175 paire, qui ne correspondent à aucune dent de lait,' et qui, par conséquent, ne sont pas gênées dans leur accroissement, sont plus avancées dans leur formation que les autres, et ne tardent guère à percer la gencive : elles constituent les premières vraies molaires, et sont des dents permanentes, tout eh n'étant pas des dents de remplacement (1). A cette époque, les dents qui sont situées plus en avant dans la mâchoire sont aussi presque achevées, mais elles ne pas en accord avec les faits constatés par M. jNatalis Giiillot. Celui-ci a vu très neltenient que dans le principe chacun de ces organes odonlogènes se constitue isolément au milieu du tissu organoplaslique des mâchoi- res (a), et l'étude de ses prépara- tions ne m'a laissé aucune incerti- tude à cet égard. Les capsules dans lesquelles ces dents se développent se continuent par leur sommet avec une bride qui s'élend jusqu'à la muqueuse gingi- \ale, et qui a été désignée sous le nom de gubernaculum dentis. j\]. Serres le considère comme un canal destiné à se dilater pour conduire la dent au dehors (6) ; et suivant l'hypothèse de j\l. Goodsir, relative à la formation des follicules denlah'es par la rentrée d'une portion de la muqueuse gingivale, le gubernaculum correspondrait , en elfet , au col du sac ainsi produit. i\lais ce prolongement n'est pas tubu- laire et ne consiste qu'en un cordon fibreux (c). L'espace occupé par celte bride n'est pas envahi par le tissu osseux des mâchoires quand celui-ci se développe pour constituer les pa- rois des alvéoles ; et il en résulte que sur les pièces osléologiques provenant de très jeunes enfants, ou distingue souvent fort bien derrière chaque dent de lait un petit oriiice condui- sant dans la loge oii se trouve le germe de la dent de remplacement, ou canal alvéolo-dentaire (cl). (1) Pendant longtemps il régna beaucoup de confusion au sujet de la distinction à établir entre les dents de lait et les dents de la seconde denti- tion. Ainsi Bichat considérait les dents de la sixième paire, ou premiè- res vraies molaires, comme étant des dents de lait, et par conséquent il éle- vait le nomibre total de celles-ci à vingt-quaU'e (e). Cuvier a très nette- ment formulé la règle ù suivre à cet égard (/"). Les relations existantes entre les dents de lait et leurs roni- (f() N. Guillol, Op. cil. {Ann. des sciences nal., 4° série, t. X, p. 289 et suiv,). (U) Serres, Essai sur l'anatoinie et la physiologie des dénis, p. 109, pi. 2, lig. S. (c) N. Giiillnt, Op. cit. {Ann. des sciences nal., 4" série, t. X, p. 28.5). {d) Léveillé, Méin. sur les rapports qui e.cislent entre les premières cl les serondes dcnls, elr. (Mém. de la Soc. méd. d'énmlalion, d8H, t. VU, pi. 1, fij. 3). — Serres, Of,. cit., -1817, p. 37, pi. \, fi-. 0. (e) Biciial, Anatomie (jénirale, I. Il, p. 209 (éclit. dt; Maiiijjniiil). (f) Cuvier, .\nalomie comparée, \" i;ilit., t. Il(, p. 135. 176 APPAREIL DIGESTIF. peuvent se montrer au dehors , parce que les dents de lait forment obstacle à leur passage; leur évolution est donc subor- donnée au déplacement de ces dents transitoires. En effet, vers l'âge de sept ans, les dents de lait ont achevé le rôle qui-leur était assigné , et elles commencent à tomber. Leur chute est préparée par la destruction de leur racine, qui, ta son tour, paraît être une conséquence de la pression exercée sur cette partie, ou sur les tissus vasculaires adjacents, par la nou- velle dent correspondante en voie de développement. Ce phéno- mène coïncide avec la résorption d'une portion du tissu osseux circonvoisin, et bientôt la vieille dent de lait se détache presque spontanément de la gencive, ou tombe sous l'influence du moindre choc(l). plaçantes ont été très longuement étudiées par Albiniis (a), ainsi que par quelques auteurs plus récents (6). (1) Jadis on croyait que la dent de lait était poussée hors de son alvéole par la dent de remplacement corres- pondante ; mais Hunter a fait voir que la chute des premières est dé- terminée par la destruction .simul- tanée de sa racine et des parties externes du bord alvéolaire adja- cent, il a constaté dans plusieurs cas cette érosion de la base des dents de lait, lorsque celles-ci n'étaient pas en contact avec des dents de rempla- cement, et il considère la pression exercée par l'accroissement des der- nières comme ne contribuant en rien au phénomène en question (c). Alais les rapports entre les points de con- tact et les points de résorption du tissu de la vieille dent sont en général si manifestes, qu'il me paraît impossible d'admettre celte opinion, et sans vou- loir prétendre que l'inflammation des parties vasculaires adjacentes ne puisse produire des résultats analogues sur les racines des dents transitoires, je suis persuadé que la pression exercée par la dent nouvelle est la principale cause déterminante de la résorption de celles-ci. Cette manière de voir est corroborée aussi par l'état dans lequel on trouve parfois les dents de di- vers Animaux, oùla pression s'exerce latéralement, et produit d'abord une excavation correspondante à la sur- face de la dent caduque. M. Owen a représenté un cas remarquable de ce genre chez un Ichthyosaure {d). {a) Albiniis, De mutatione dentium, etc. {Academ. Annot., lib. II, \>. 3 et suiv., pi. i et 2). (6) Lcveillé, Mém. s?tr les rapports qui existent entre les premières et les secondes dents (Mém. de la Soc, méd. d'émulalion, 1811, t. VII, p. 394). — Miel, Quelques idées sur le rapport des deuxdentilions et sur V accroissement des mâchoires dans l'Homme (Hevue de la Soc. méd. d'émulation, t. VII, p. 42). (c) Hunter, Op. cit., p. 99. [d] Owen, Odontography, pi. 73, fig. G et 7. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 177 Les dents de rempliicement qui se trouvent à la base des dents transitoires ont à peu près la même forme que eelles-ci ; la denture se compose donc, à chaque mâchoire, de deux paires d'incisives, d'une paire de canines et deux paires de petites molaires. Leur évolution est déterminée en partie par l'allonge- ment progressif de leur racine, en partie par la résorption d'une portion du bord alvéolaire en rapport avec leur couronne. En général, les incisives antérieures ou internes se montrent vers l'âge de huit ans ; les incisives externes un an après ; puis les fausses molaires antérieures, les secondes petites molaires, et en dernier lieu les canines, qui sont d'ordinaire en retard d'environ deux ans sur les premières fausses molaires (1) : vers l'âge de treize ans, les secondes vraies molaires apparaissent derrière les grosses molaires sorties précédemment, et c'est d'ordinaire au bout de plusieurs années seulement que le travail odontogénique s'achève par la sortie d'une troisième paire de grosses molaires, qui terminent en arrière la série des organes masticateurs (2). (1) Il est aussi à noter que dès le nombre total des dents s'était élevé à principe, les germes des canines sont soixante-douze, savoir, pour chaque logés beaucoup plus profondément niàchoire,huit incisives, quatre canines dans les mâchoires que ne le sont et vingt-quatre molaires (c) ; et Unge- celles des incisivps et des prémolaires bauer parle d'tni enfant de dix ans (le la même série (a). chez lequel douze dents se reprodui- (2i 11 existe quelquefois des dents sirent trois fois dans Tordre normal (c?). surnuméraires, et l'on connaît uncer- Lemaire a trouvé chez une personne, lain nombre d'exemples d'Hommes à la base d'une canine, trois petites chez lesquels une ou plusieurs dents dents surnuméraires parfaitement dis- de remplacement ont été renouvelées linctes (e). deux ou même trois fois (6). Ainsi C'est probablement à la sortie fort Arnold cite un cas dans lequel le tardive des dernières molaires ou à (a) Hunier, Op. cil., pi. 0, ùg. 4. — N. Guillni, Op. cit. {Ann. des .iciences nat., 4' série, t. X, pi. 1', ii?:.^, D et 4). Ih] Hallcr, EleiHnnlafihysiolofiiœ, I. VllI, [i.irsii, p. 22. {r.)G.-C Arnold, OI).seivationum physico-niedicanim nnim.i 177-2, p. f'ifl. (rf) Voyez .'^ffiiiiniiriiiig, De corporis hvnuini falirira, I. 1, p 202. (e) l.crnairc, Deux obscrvalious d'annlovùcpatliolofiiqve .mr les dénis {Journal de ih-'Oecme 1820, t. XXXVI, p. 252). VI. 12 178 APPAREIL DIGIÎSÏIF. Renouvellement Clicz la plupart'des aiitres Mammifères (1), les dents se renoii- chez les autres velleiit à peii près comme chez l'Homme, c'est-à-dire que Mammifères. i i < i i ■ \ , . cnacLine des dents de la première série est temporaire, et remplacée par une dent correspondante qui se développe près de sa base et sort verticalement de la mâchoire (2). Mais chez quelques-uns de ces Animaux certaines dents, dont la croissance est persistante, ne sont pas destinées à tomber, quoique se développant vers l'époque de la naissance, et la Nature ne leur prépare point de remplaçant; particularité qui s'observe pour les grandes incisives dont la bouche des Rongeurs est armée (3). l'existence de germes surnuméraires restés pendant très longtemps dans un état d'inactivité qu'il faut attribuer les phénomènes de dentition con- statés parfois chez les vieillards. A Toccasion d'un cas de ce genre ob- servé par M. Serres, cet anatomisle a recueilli dans divers auteurs un as- sez grand nombre de faits du même ordre (a). (1) La disposition des dents de remplacement dans l'intérieur des mâchoires, chez de jeunes Animaux dont les dents de lait étaient déjà sor- ties, a été étudiée avec soin et bien représentée chez un grand nombre de Mammifères, par M. Emmanuel Rousseau (6). (2) Suivant Duvernoy , les Musa- raignes présenteraient, sous le rapport du mode de renouvellement des dents. une anomalie singulière : les dents de la première série tomberaient toutes à la fois et seraient remplacées par un égal nombre de dents permanentes développées au-dessous des premiè- res (c) ; mais les observations sur les^ quelles cet auteur fonde son opinion ne sont pas assez positives pour in- spirer confiance. (3) rjelalande a trouvé que chez les Lièvres et les autres Ilongeurs du même genre, il existe à la mâchoire supérieure deux petites incisives ca- duques, situées entre les grandes dents antérieures et les incisives ac- cessoires qui sont adossées à celles-ci ; mais ces dents intermédiaires n'ont pas de remplaçantes, et les incisives antérieures qui se voient chez l'Ani- ma! nouveau -né sont des dents per- manentes. A la mâchoire inférieure, ces deux incisives existent seules (c/); chez les autres Rongeurs, il ne se forme {a) Serres, Essai sur l'anatomie et la physiologie des dents (chap. de la tlenlilion des vieillards), 1817, p. 135. (6) E. Rousseau, Anatomie comparée du système dentaire chez l'Homme et che% les principaux Animaux, 1828. (c; Duvernoy, Sur les dents des Musaraignes, p. 67 et suiv,, 1844 (extr. des 3Iéni. de VAcad. des sciences, Sav. étrancj., t. IXj. (d) Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, t. VIII, p. G, pi. 203, fig. 21. — Rousseau, Op. cit., p. 155, pi. 10, fig-. 1. — Owon, Odontography, pi. 104, fig-. 5. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 179 Enfin, chez un très petit nombre d'Animaux de cette classe, les mâchelières, tout en se renouvelant, ne se succèdent pas de la manière ordinaire, et descendent successivement de la partie postérieure des mâchoires dans le bord gingival, où elles se montrent à découvert et entrent en fonctions. Cela se voit chez les Éléphants, dont les dents mâchelières sont si grandes, que l'une d'elles suffit pour occuper presque toute la longueur de la portion gingivale des mâchoires; ces organes s'usent très vile par leur couronne, et pendant le jeune âge ils se renouvellent plusieurs fois à l'aide d'une réserve logée dans la partie posté- rieure des os maxillaires (1). à chaque mâchoire qu'une seule paire d'incisives qui sont des dénis perma- nentes. Quelques anatomistes ont pensé que les molaires des Rongeurs ne se renouvelaient pas (a) ; mais cette opinion n'est pas fondée. Il est seu- lement à remarquer que chez quel- ques-uns de ces animaux, la chute des dents temporaires a lieu de très bonne heure. Ainsi, chez le Cochon d'Inde, la première molaire disparaît quatre ou cinq jours avant la nais- sance, et elle a été désignée pour cette raison sous le nom de dent uté- rine (6). Chez le Lapin, il y a trois molaires caduques en haut et deux en bas, et leur remplacement a lieu vers le dix-huitième jour après la naissance. (1) Le mode de succession des mâ- chelières de l'Éléphant a été entrevu par Daubentoii et bien expliqué par Pailas (c) ; enfin Corse l'a étudié d'une manière plus complète (d), et depuis lors plusieurs anatomistes ont eu l'oc- casion de constater l'existence de germes ou de dents plus «u moiys avancées en développement, qui se trouvaient enfermées dans la substance des os maxillaires, derrière les mâche- lières en activité fonctionnelle (e). Il est aussi à noter que souvent on trouve une de ces grosses dents dont la portion antérieure est à découvert et plus ou moins usée par la trituration mastica- toire, tandis que sa portion posté- rieure est encore cachée dans l'os et imparfaitement développée. D'après Corse, il y aurait à chaque (a) Oudet, Expériences sur l'accroissement conlinué et la reproduction des dents chez les Lapins (Journal de physinlogie de Moirendie, 4823, t. III, p. 12). (6) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 203, fig'. 23 et 24. — I-iou: 4 84 APPAREIL DIGESTIF. la distance qoi sépare le point d'appui du point d'application de chacune d'elles. Il en résulte que les rapports entre l'articula- tion de la mâchoire inférieure et le point d'attache des muscles élévateurs restant les mêmes, l'effet utile produit par l'action de ces organes moteurs sera en raison inverse de la longueur de la portion de la mâchoire comprise entre cette même arti- culation et le lieu d'implantation de la dent mise en jeu. Par conséquent, plus celle-ci sera reportée vers le fond de la bou- che, plus son action sera puissante, la dépense de force motrice restant la même. Aussi les dents mâchelières, qu'elles soient sécatrices, broyeuses ou râpeuses, sont-elles situées d'autant plus en arrière, que la pression à exercer, au moment de leur rapprochement, a besoin d'être plus considérable. Ce que je viens de dire au sujet de la position plus ou moins avantageuse des dénis mâchelières est en partie applicable aux dents lacérantes, car la longueur du bras du levier à l'extré- mité duquel ces organes se trouvent fixés inilue de la même manière sur la force avec laquelle ils agissent, et pour agir efficacement ils ont on général besoin de déployer une force considérable. Mais, d'un autre côté, pour déchirer la proie située hors de la bouche et en arracher des lambeaux, ces dents doivent être placées de façon à atteindre facilement les corps étrangers, c'est-à-dire dans la partie saillante de l'appareil buccal. Les conditions mécaniques et physiologiques qui déter- minent la position reculée des dents mâchelières se trouvent donc en partie balancées par les circonstances en raison des- quelles les dents incisives occupent l'extrémité antérieure des mâchoires; par conséquent, nous devons nous attendre à ren- contrer les dents lacérantes dans une posifion intermédiaire, et effectivement c'est ce qui a lieu , ainsi qu'on peut s'en convaincre en examinant la bouche d'un Lion ou de tout autre Mammifère carnassier, où les dents de cette espèce, appelées crocs, dcnis œillères ou dents canines, sont situées SYSTÈME DENTAIRE DES VEllTÉBUÉS, 185 à la suite des dents incisives et au-devant des dénis mâ- chelières. Quant aux dents préhensiles, elles peuvent être également bien placées sur le bord des mâchoires, au palais ou dans le ibnd de la bouche; car, ainsi que je l'ai déjà dit, elles peuvent servir à aider la déglutition des aliments en même temps qu'à faciliter la capture de la proie. Chez les Animaux dont l'appareil buccal est plus perfec- Reiaiioi.s GlltrG IgS UStl""GS tionné, c'est-à-dire chez les Mammifères, il existe aussi des des dénis'' , relations remarquables entre le mode d'action des dents et la d'impLiaiion. manière dont ces organes sont implantés dans leurs alvéoles. Les dents incisives, en raison de leur position et de leurs fonc- tions, ne sont pas destinées à presser sur les aliments avec une très grande force, et, en général, la réaction produite sur elles par ces corps résistants doit tendre seulement à les enfoncer davantage dans leurs loges; par conséquent elles n'ont pas besoin d'y être très solidement implantées : aussi n'ont-elles qu'une seule racine de médiocre longueur, mais cette racine est disposée de façon à offrir une résistance considé- rable à l'eftbrt dont je viens de parler, car elle est en général conique, et par conséquent la pression qu'elle exerce sur les parois de l'alvéole se reporte sur une grande surface et se décompose de manière à rendre impossible tout mouvement de progression, sous l'influence d'une force insuffisante, pour faire éclater cette cavité osseuse. Mais, lorsque la croissance de la dent incisive doit être conhnue, cette forme est incompatible avec la conservation des dimensions voulues pour la couronne, et toute pression forte transmise à la base de la racine pourrait désorganiser le bulbe vasculairc sous-jacent. La nature a alors recours à une autre combinaison mécanique qui donne un résultat analogue : la racine, ou portion intra-alvéolairc de; la dent, devient très longue et se rc(;ourbe en arc de (;crcle, rie manière (|ii(' la pression verticale exerc/'c siu" sa couronne est 186 APPAREIL DIGESTIF. transmise en majeure partie aux parois latérales de l'alvéole et n'arrive que très affaiblie jusqu'au fond de cette cavité. Les dents lacérantes, après s'être implantées dans les corps . étrangers, sont destinées à les déchirer par un mouvement latéral de la tête. Indépendamment des conditions propres à les empêcher de s'enfoncer dans leur alvéole, et qui sont les mêmes que celles dont je viens de parler à l'occasion des incisives, ces dents doivent par conséquent être disposées de façon à bien résister à la pression latérale qui tend à briser la paroi externe de leur loge et qui rend si facile l'extraction des dents de l'Homme, à l'aide de l'instrument appelé par les dentistes, la clef de Garengeot. A cet effet, les dents lacérantes sont pour- vues d'une racine très longue qui s'avance dans un alvéole dont les parois présentent à leur base une grande épaisseur. Enfin, lorsque les dents, en raison de la position qu'elles occupent sur le levier maxillaire, sont destinées à exercer des efforts plus considérables, et que la pression ainsi développée tend à les enfoncer dans leurs alvéoles, comme c'est le cas pour les mâchelières de l'Homme et des Mammifères carnas- siers, leurs racines longues et coniques présentent une dispo- sition particuhère dont j'ai déjà eu l'occasion de faire men- tion ; elles deviennent multiples et divergentes de façon à transmettre cette pression dans différentes directions sur une surface résistante encore plus étendue que dans les conditions précédentes. Emploi § 16. — Je dois ajouter que parfois les dents sont en comnie armes quclquc sortc détoumécs de leurs usages ordinaires et transfor- o ensives. ^^^^ ^^ armcs offensives. Ainsi, les dents lacérantes de quel- ques Mammifères cessent d'être renfermées dans la cavité buccale, et s'avancent au dehors pour constituer des espèces de lances ou de crochets d'une grande puissance. Je citerai, comme exemple de cette disposition, les défenses du San- glier et de l'Éléphant, ainsi que l'espèce de rostre styhforme SYSTEME DENTAIRE DES VERTEBRES. 187 du Narval, ou bien encore la singulière arniure faciale du Poisson scie (1). Les modifications que les dénis doivent subir pour constituer ces organes sont du reste peu considérables ; (1) Les défenses du Sanglier sont formées par les canines des deux mâ- choires qui sortent de la bouclie en se recourjjantenliaut et en dehors (a). Chez le Cochon domestique, ces dents sont beaucoup moins grandes, et la castration tend à en arrêter le déve- loppement chez le mâle (6). Chez le l^hacochère, elles sont beaucoup plus fortes (c), et chez le Babiroussa elles s'allongent excessivement , mais en s'amincissant; celles de la mâchoire supérieure, dont les alvéoles sont dé- jetés en dehors et en haut, se re- courbent en arrière, puis en bas et en avant au-dessus du front {d). Les canines de la mâchoire infé- rieure des Hippopotames ressemblent aussi à des défenses (e) , mais elles paraissent servir principalement à ar- racher les plantes sur la berge des fleuves habités par ces Animaux. Chez le Morse, les canines man- quent à la mâchoire inférieure, mais celles de la mâchoire supérieure ac- quièrent une grandeur énorme, et constituent de puissantes défenses dont la pointe est dirigée en bas (/"). L'Ani- mal s'en sert comme d'une paire de crocs pour s'aider à grimper sur les bancs de glace où il veut monter. Chez l'Éléphant, les défenses sont constituées par les représentants des dents incisives de la mâchoire supé- rieure, et sont profondément implan- tées dans les os inlermaxillaires. Leur croissance est continue, et elles attei- gnent parfois près de 3 mètres de long ; dans une espèce fossile, leur portion salilante est à peu près trois fois aussi longue que la tète (g). Vers leur ex- trémité elles sont coniques, mais dans le reste de leur étendue elles sont presque cylindriques et le plus ordi- nairement un peu courbées en haut; mais il existe à cet égard beaucoup de variations suivant les races et même les individus (li). Ces dents sont revêtues d'une cou- che de cément seulement, et sont for- mées par une variété particulière de dentine qui constitue V ivoire pro- prement dit. Elle se reconnaît à des lignes courbes qui s'entrecroisent de fsçon à circonscrire des espaces rhom- boïdaux obliques, et qui se voient (a) Voyez WMlas du Règne, animal de Cuvier, Mammifères, pi. 79, fig'. \. — Blainville, Osléographie, Ongulogrades, genre Sus, pi. 1 et 7. (b) Sinions, On the Teeth of the Ûx, Sheep and Pig (Journ. of the Agricultural Society ol England, 1854, t. XV, p. 285). ic) Voyez VAtlas du Règne animal de Cuvier, Mammifères, pi. 80, fig;. 2, 2a. (d) Voyez V Allas du Règne animal de Cuvier, Mammifères, pi. 79, lig. 2, 2 a. — Owen, Odontography, pi. 140, fig. 3. (e) Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 30, fïg. 1 ; pi. 31 , fig. 1 , etc. — Blainville, Osléographie, Ongulogrades, genre Ilippopotamus, pi. 1 et 2. (f) Voyez V Allas du Régne ayiimal de Cuvier, Mammifèuks, pi. 45, fig. 1, 4 a, et 1 c. {g) Chez VEleplias r.anesa (voyez Falconer and Caulley Fauna antigua sivalensis , pi. 22, fig. 3). {h) Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 17 et 18. — Blainville, Osléographie, Gravigradks, genre Elephas, pi. 3. 188 APPAREIL DIGESTIF. mais, dans d'autres cas, elles s'éloignent davantage de leur forme ordinaire. En effet, chez la Vipère et la plupart des autres Serpents venimeux, le devant de la mâchoire supé- rieure est armé d'une paire de grands crochets tubulaires qui terminent l'appareil vénénifique de ces Reptiles, et qui sont susceptibles de se reployer en arrière pour se cacher dans un repli de la gencive, ou de se redresser pour être prêts à s'en- foncer dans les chairs de la victime dont l'Animal veut s'em- parer, et pour y verser le poison sécrété par les glandes adja- centes. Au premier abord, on ne conçoit pas bien comment une dent, avec le mode d'organisation et de développement que nous connaissons à ces organes, puisse constituer un tube U'ès disUnctement sur la surface d'une section ou d'une fracture oblique (a). Ce caractère est dû à la disposition des canaliculesde la dentine. En effet, ces petits tubes sont d'une grande finesse, très serrés entre eux et forte- ment ondulés, de façon à simuler des fibres en zigzags parallèles, qui, si- tués sur des plans difiérents, s'entre- croisent (b). La substance intercana- liculaire présente un grand nombre de petites cellules opaques qui sont surtout très-abondanies par zones concentriques, et il en résulte une apparence de stratification. Enfin, le milieu de l'ivoire est occupé par un canal médullaire très grêle, qui est rempli d'une sorte de dentine vas- culaire, et qui se continue avec une grande cavité conique creusée à la base de la dent et renfermant le bour- geon (c). Il est aussi à noter que l'ivoire pro- prement dit renferme beaucoup plus de matière organique que la dentine ordinaire. Bibra y a trouvé, sur 100 parties : Phosphate de chaux avec un peu de fluorure de calcium. 38,48 Carbonate de chaux 5,63 Phosphate Je magnésie. . . . 12,01 Clilorure de sodium 0,70 Tissu cartilagineux 42,94 Graisse 0,24 (d) Les Proboscidiens fossiles du genre Mastodonte étaient armés de défetises comme les Éléphanls (e). Les dents incisives de la màclioirc inférieure sont einployées d'une ma- nière analogue chez le grand Mammi- (a) Owen, Odontography, pi. 146, fig. 8, i. — Duval, Observations anatomiques sur l'ivoire {Mém. de l'Acad. de médecine, 1838, t. Vil, p. 524). (6) Retzius, Ueber den innern Bau der Zâhne (Miiller's Archiv fur PhysioL, 1837, p. 509). — Owen, Op. cit., pi. 149. (c) Cuvier, Ossements fossiles, [il. 10, fig. 5. — Owen, Op. cit., pi. 1 46, lig. 1 . (d) Bibra, Cliemische Uatersuch. ûber die Knocluen und Zâhne, p. 208. (e) Falconer anj Caullcy, Fauna anliqua sivaknsis, pi. 44 et 45. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 189 semblable; mais en examinant de près ces crochets, on voit que ce résultat a été obtenu sans difficulté. Effectivement, ces dents ont la forme d'une lanière, à peu près comme les incisives de quelques Mammifères; mais cette lanière, au lieu de s'étabHr transversalement suivant un même plan, se roule sur elle-même en manière de gouttière dont les deux bords se rejoignent en arrière de façon à laisser cependant un vide aux deux extré- mités de la dent, et à constituer ainsi un tube ouvert près des deux bouts du crochet (Ij. § 17 . — Les différentes espèces de dents que je viens de Mode ^ ' , de composilinn passer en revue se prêtent à des combinaisons organiques très Je variées, et il existe en eilet une grande diversité dans les fère fossile qui est connu sous le nom de Dinotherium ; elles se recourbent en bas ; et constituent une paire de défenses très puissantes, dont l'Ani- mal se servait probablement pour ar- racher les racines des plantes sur les bords des rivières (o). Chez le Narval (ou Monoceros), il existe primiiivement à la mâchoire supérieure une paire de dents in- cisives dirigées en avant; mais un de ces organes avorte, tandis que l'autre prend un développement énor- me, et constitue une sorte de broche conique et tordue sur elle-même, qui s'avance en ligne droite h une grande distance au-devant de la tête de l'A- nimal (h). Cette défense, de même que celles du Dinothérium, des Élé- phants, des Mastodontes et du Mor.se, sont cortiquées, c'est-à-dire dépour- vues d'émail, et revêtues seulement d'une couche de cément. Chez le Poisson scie , la mâchoire se prolonge au-devant de la tête en forme de lame horizontale, et porte de chaque côté une rangée de dents coniques dirigées en dehors et soli- dement implantées dans des cavités alvéolaires (c\ Les Reptiles fossiles dont M. Owen a formé le genre Dicynodon sont pourvus aussi d'une paire de dé- fenses très saillantes et assez sembla- bles à des canines {d). (1) Chez certains Serpents veni- («) Kau|i, Ossements fossiles de Darmstadl, pi. l. — Bucklaiifl, La yéologie et la minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, pi. 2, n-. 2. — I^icift, Traité de paléontologie, pi. 18, fig'. 0. (b) Rcisel, Observ. de unicornu marina duplici {Miscellanea curiosa, sive Ephemeridium Aca- demiœ naturw curiosorum dec. m, .-innces 1(1911 et nOO, p. 3.50, fig'. 21). — Aibcrs, Icônes ad illustrandam anatomen comparatam, 1818, pi. 2 ol .T. (c) Owen, Odontograiihy, pi. 8, (!(,'. 1 et 3. ((/) Owen, lieport on ttic lleptilian Fossils of Soulh Africa (Transact. nf the Genloglcal Society, 2« scVip, 1845, t. VII, pi. 3, fiff. 1, 2). 190 APPAREIL DIGESTIF. caractères de l'armure buccale des Vertébrés, considérée dans son ensemble. Souvent elle présente dans toutes ses parties une grande uniformité ; toutes les dents se ressemblent, à peu de chose près, et toutes ont la même manière d'agir; mais chez les Animaux où cet appareil se perfectionne, on y voit sous le rapport anatomique, ainsi que sous le rapport physiologique, une diversité de plus en plus grande, et l'on y trouve réunies des dents de plusieurs sortes, ayant chacune des fonctions particulières. meux, tels que les Dipsas (o), les Eu- l'ostes (6) et les Bongares (c), les cro- chets sont creusés seulement d'un sillon pour servir à récoulement du venin, et l'on a donné à ces Ophidiens les noms (VOpisthoglijphes, ou de Protéroglyphes, suivant que ces dents cannelées sont situées à la partie pos- térieure ou antérieure de la bouche [cl);- mais chez la plupart des Serpents ve- nimeux, tels que les Vipères, les Cro- tales et les Trigonocéphales , les cro- chets sont tubulaires, et ouverts à leurs deux boutSj disposition qui a valu au groupe naturel constitué par ces Animaux le nom de Solénoyhj- phes (Duméril et Bibron). Ainsi que l'a constaté Fontana, cha- cune de ces dents est creusée de deux canaux parallèles ; mais l'un est fermé au bout, tandis que i'autre débouche au dehors, derrière l'extrémité libre du crochet (e). La première de ces cavités est la chambre médullaire, et n'a point de relation avec l'appareil venimeux ; l'autre, située derrière la précédente et servant de conduit ex- créteur pour le poison, résulte de la courbure de la dent, qui, élargie en forme de lame, se reploie sur elle-même, de façon que ses deux bords latéraux se rencontrent et se confondent. Cette disposition se voit très bien sur les dents du Cobra dica- pello ou Naja tripudians, à différents degrés de développement repré- sentés par Smith et dans les belles figures histologiques données par M. Owen (/"). Les crochets sont d'a- bord libres, et ils ne se soudent aux os maxillaires que lorsque leur déve- loppement est achevé (g). [a) Schlegel, Physionomie des Serpents, t. I, p. 27, et Unterstwhungen der Speicheldriisen hei den Schlangen mit gefurchten Zàhnen {Nova Acia Acad. nat. curios., 1828, t. XIV, pi. tC, %. 2). (&) Duméril et Bibron, Histoire naturelle des Reptiles, pi. 77, fig. 3. (c) Duvernoy, Mém. sur les caractères tirés de l'anatomie pour distinguer les Serpents veni- meux des Serpents non venim,tux [Ann. des sciences nat., 1832, t. XXVI, p. 145). (d) Duméril et Bibron, Op. cit., t. Vil, p. 0 et 14. (e) Foniana, Traité sur le venin de la Vipère, t. I, p. 8. (f) T. Smith, 0)1 the Structure of the Poisonous Fanijs of Serpents {Philos. Trans., 1818, p. 471, pi. 22). — Owen, Odontography , pi. 65, A. (g) Dugès, Remarques sur la Couleuvre de Montpellier, avec quelques observalions sur le déve- loppement des dents venimeuses , etc. (.4nw.. des sciences nat., 2' série, 1835, 1. 111, p. 148). SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 191 Comme exemples du premier de ces modes d'organisation, Animaux \ 1 • 1 > 1 ^ dents c'est-à-dire d'Animaux a dents homomoiyhes , je citerai d. abord homomorphes les Reptiles et quelques Mammifères, tels que le Dauphin et le Marsouin, où toutes les dents sont préhensiles seulement et ont la forme d'un petit cône à base tantôt circulaire, tantôt com- primée. Chez ces Animaux, il n'y a pas de mastication propre- ment dite, et les dents ne servent guère qu'à saisir la proie ou à en faciliter la déglutition, ainsi que cela est le cas pour les dents jnaxillaires aussi bien que pour les dents palatines des Serpents (i). La même uniformité s'observe dans l'armure (1) Chez les Serpents non veni- meux, les dents sont homomorphes, et constituent autant de petits cônes recourbés en arrière. Oh en voit deux rangées seulement (mie de chaque côté) à la mâchoire inférieure ; mais à la mâchoire supérieure elles sont dis- posées sur quatre lignes longitudi- nales, dont deux dépendent des os maxillaires et deux des os palatins, il est aussi à noter que ces dents ne présentent ni sillonni canal longitudi- nal, comme les crochets des Serpents venimeux, et c'est en considération de ce caractère que MM. Duméril et Bibron onldonné le nom d'Aglyptodon h la division de l'ordre des Ophi- diens qui se compose de ces Reptiles. Comme exemple de Sauriens h dents homomorphes, je citerai les Moni- lors {a), les Iguanes (6) les Lézards(c). Un premier pas vers la diversilica- tion du système dentaire se remar- que chez les l'icptiles où toutes les dents sont préhensiles et coniques, mais où quelques-uns de ces organes se développent plus que les autres, de façon à devenir en même temps lacé- rants. Cette disposition est bien mar- quée chez la plupart des Crocodiliens ; chez les Gavials, toutes les dents sont à peu près de même grandeur {d); mais chez les Caïmans, la quatrième dent de la mâchoire inférieure dépasse de beaucoup ses voisines, et lorsque la bouche est fermée, elle se loge dans une cavité correspondante du bord al- véolaire de la mâchoire supérieure (e). Chez les CrocoLliles proprement dits, cette espèce de dent canine est reçue dans une échancrure latérale de la mâchoire supérieure, et la première dent de la même série, développée d'une manière analogue, perfore l'os intermaxillaire y.ouv y loger l'extré- mité de sa couronne, lorsque la bou- che est fermée (f). Chez les Cétacés carnassiers de la frt) Olivier, Ossements fossiles, pi. 240, fij^. 3 et 4. (b) Idcrii, ibid., pi. 240, ùç;. 2 cl 7. (c) Idem, ihid., pi. 2H, fijf. 4 4 et ID. (d) Idem, ibid., pi. 229, flp. 18 ei 12. (e) Idem, ibid., pi. 229, fif. 10 et 17. (/■) Idem, ibid., pi. 229, n^. 3. 12, etc. 19:2 APPAREIL DIGESTIF. buccale de quelques Animaux dont les dents sont toutes séca- trices, par exemple chez le Requin et les autres Squales (i) ; ou bien encore où tous ces instruments ne sont pas em- ployés à la préhension des aliments, et servent seulement à écraser ces substances après leur introduction dans la bouche , comme cela se voit chez quelques Poissons (2) famille des Dauphins, les dénis sont toutes coniques el semblables entre elles. Chez le Marsouin («), on en compte de quatre-vingts à quatre- vingt-douze, et chez le Dauphin com- mun {Delphinus delphis) il en existe environ cent quatre-vingt-dix (b). Chez la plupart de ces Mammifères, elles ne sont pas aussi nombreuses : ainsi le Delphinus globiceps n'en a que cinquante-deux, et le Delphinus orca, cinquante. 11 est aussi à noter que par les progrès de l'âge elles tombent facilement, et peuvent man- quer presque tontes. Chez le Dauphin du Gange, dont les zoologistes ont formé le genre l'iatanista, les dents, an lieu d'être coniques dans tonte leur élendue , sont très comprimt'es vers leur base, et par l'usure de leur couronne elles deviennent mousses vers le fond de la bouche, mais primitiven^.ent elles ont toutes la même forme (c). Chez les Cachalots, la mâchoire in- férieure est armée de cinquante-quatre dents préhensiles, coniques et sim- ples (d), mais à la mâchoire supé- rieure il ne s'en développe pas. (1) La denture des Squales est très puissante, quoique les dents ne soient pas fixées bien solidement aux mâ- choires qui les portent. Chacun de ces organes est en général très com- primé, triangulaire, tranchant et fine- ment découpé en scie sur les bords (e), mais les détails de leur forme varient beaucoup chez les différents Animaux de cette famille (/"). Les dents qui garnissent le bord préhensile des mâ- choires sont dressées verticalement et disposées sur une seule rangée trans- versale ; mais derrière elles se trou- vent des dents de réserve en nombre considérable, qui sont couchées à plat contre la face interne de la gen- cive ig). (2) L'exemple le plus remarquable de ce mode d'organisation nous est fourni par les Mourines ou Mylio- bates, poissons de la famille des Raies, dont les dents sont pavimenteuses et articulées entre elles latéralement, de façon à former sur chaque mâchoire (a) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 222, fig. 2. (b) Idem, ihlcL, pi. 222, ûg. 10. (c) Owen, Odontography , pi. 87, a, fig. 7. (d) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 225, fig. 10. (e) Voyez V Atlas du Règne animal de Cuvier, Poissons, pi. 1 14, fig. 2 a. (/■) Voyez les planches de l'ouvrage de .T. Millier et Henle (Systematische Beschreibiing der Pla- giostomen, Berlin, 1S41), et VOdontography de M. Owen, pi. 3 à 5. (g) Voyez ci-dessus, page 108. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 193 et chez les Mammifères des genres Tatou et Oryctérope (1). Chez d'autres Mammifères, ainsi que chez certains Poissons, Animanx à dénis la bouche est garnie de deux sortes de dents, qui sont, les unes polymorphes. préhensiles ou sécatrices, les autres broyeuses ou triturantes : par exemple, chez les Lièvres et les autres Rongeurs (2). Enfin, chez la plupart des Mammifères, l'armure buccale se complique davantage, et il y a quatre séries de dents appelées incisives, canines, prémolaires et molaires^ dont les deux premières sont destinées à la préhension des aliments, soit en les coupant ou en les déchirant pour en introduire des fragments un large revêtement disposé comme une mosaïque [a]. Dans le genre Rhina, qui appartient à la même famille de Plagiostomes, les dents sont réunies en quinconce, el constituent ainsi sur chaque mâchoire une sorte de meule broyeuse très [)uissante (6). (1) Les Tatous ne sont pourvus que de petites dents mâciielières presque cylindriques, à couronne plate ou obli- que (c). Ainsi que je l'ai déjà dit, ces organes sont dépourvus d'émail et re\ élus seulement d'une couche mince de cément {d). Chez les espèces dont F. Cuvier a formé le genre Priodon- tes, on compte cinquante de ces pe- tites dents à la mâchoire supérieure et quarante-huit à la mâchoire in- férieure {p), mais chez les Talusies, il n'en existe en tout que trente - quatre (f). Chez rOryclérope, les dents sont toutes cylindriques et broyeuses ; on en compte vingt-six, mais celles des deux ou trois premières paires sont rudimentaires (g). Ainsi que je l'ai déjà dit, leur structure est fasciculée (voy. ci-dessus, page 151). ('2) Une autre combinaison du sys- tème dentaire se remarque chez les Paresseux {Rradypus), qui sont pour- vus de mâciielières broyeuses et de canines lacérantes, mais qui manquent de dents incisives sur le devant de la bouche, comme tous les autres Mam- mifères de l'ordre des Édenlés {h). La partie centrale de leurs dents se com- pose de vaso-denlinc et se trouve entourée d'une coucîie épaisse de denline, simple qui à son tour est recouverte par du cément ou sub- stance corticale (/). (a) Owtn, Oduntography, pi. 25, fig'. i. — N'alenciennos, Allas du Règne animal tle Cuvier, Poissons, [il. t IS, (Ig. i. {b) Owi 11, Op. Cit., pi. 28, ii^'. 1 il ;^. (c) Cuvier, Ossements fossiles, pi. 212, fig. 3, etc. (rf) Owen, Odontoarapliy, pi. 85, fig. 4. (e) Frcd. Ciivior, Des dents des Mammifères, pi. 81 . (/)l.lcni, ibid., \A. 80. (a) Idem, ibid., pi. 82. (h) Cuvier, Hecherc.hes sur les ossevunls fossiles, pi. 207, fg-. t. 2, '.i. — l'réJ. Cuvier, Dents des Mammifères, [d. Tt. (i) Owen, Odontmjraj'hy , \>. \',ï{), pi. 82. VI. 13 iQli APPAREIL DIGESTIF, dans le vestibule digestif, et dont les dernières servent à opérer ensuite une division plus conniplète de ces substances, afin d'en rendre la dissolution plus facile quand elles auront pénétré dans l'estomac . Souvent la diversité de ces instruments est portée même plus loin, et il y a des distinctions à établir entre les dents 'molaires, dont les formes elles usages ne sont pas les mêmes. Il existe aussi des variations dans le nombre des différentes espèces de dents dont les mâchoires sont armées, et ces parti- cularités, de même que les différences de forme dont je viens de parler, coïncident avec diverses modifications organiques en raison desquelles les Mammifères sont répartis en groupes zoologiques, appelés genres^ familles ou ordres. Les naturalistes ont dû par conséquent y donner une grande attention ; et pour exprimer brièvement quelques-uns des caractères fournis par ces parties, ils ont eu recours à des formules dans lesquelles Formules chaquc cspècc de dent est représentée par une lettre initiale '^dent£e"'° sulvic d'uu cxposant composé de deux chiffres superposés et indiquant le nombre de ces dents à chaque mâchoire. Ainsi, dans les ouvrages zoologiques on écrit généralement : If, C|- Pt, Ml, ou bien îU, Cf5{, P|-i|, MM, pour dire qu'il existe à chaque mâchoire, et de chaque côté, 2 incisives, i canine, 2 prémolaires ou petites molaires, et 3 grosses molaires, ou molaires proprement dites. Mais il est bon de simplifier ces formules en n'y indiquant que le nombre de paires de chaque sorte de dents, et en représentant par conséquent le système précédent par II, Cf, PI, Mi, et lorsque j'aurai à m'en servir dans le cours de ces Leçons, j'emploierai cette notation (1). Si j'avais à en faire un fréquent usage, j'y intro- (1) Celte manière d'écrire les lor- M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi mules dentaires est à peu jjrès la même qu'on peut le voir par quelques exem- que celle adoptée par mon savant pics cités dans l'un de ses derniers collègue à la Faculté des sciences, ouvrages (a), (a) Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Catalogue méthodique de la collection des Mammifères du Muséum d'histoire naturelle de Paris, p. 07. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. n)5 duirais aussi d'autres changements qui les rendraient plus utiles; naais ce sujet est principalement du domaine de la zoologie descriptive, et par conséquent nous n'avons pas à nous y arrêter ici (1). Je ne pourrais également, sans (1) Eu parlant de ce sujet, il me paraît utile de signaler àl'altention des étudiants la cause de certaines discor- dances qui pourraient les embarrasser, s'ils voulaient faire l'application de ces formules zoologiques. En effet les différents auteurs n'ont pas tou- jours pris pour base de la détermina- tion des divers éléments du système dentaire des considérations du même ordre, et il en est résulté que parfois ils ont été conduits à représenter un même système par des formules très- dissemblables. Ainsi, en consultant l'ouvrage classique de Frédéric Guvier sur ce sujet, on trouve que les Makis auraient : If, C^, P|, M^; tandis que M. Owen leur assigne : ll_, Cf, Pf, M|. Ce désaccord ne dépend d'au- cune divergence d'opinion quant au nombre total des dents dont la mâ- choire inférieure des Makis est armée, maisseulenient de la manière dont les deux auteurs dont je viens de par- ler déterminent la dent qu'ils appel- lent canine. Frédéric Cuvier donne ce nom à une grosse dent lacérante en forme de croc, qui se trouve être la quatrième, et il considère comme au- tant d'incisives les trois premières dents qui sont toutes sécatrices et semblables entre elles par leur forme; par conséquent, il ne reste entre la dent réputée canine et les vraies mo- laires que deux paires de prémolaires ou fausses molaires (a). M. Owen, au contraire, négligeant la forme et clas- sant ces dénis d'après leur position relative à celles de la mâchoire supé- rieure, appelle canine la dent de la troisième paire, parcequ'elle se trouve en rapport avec le devant de la canine supérieure , et première prémolaire celle qui prend place derrière celle-ci, parce que tel est en effet la relation normale de la canine supérieure avec la canine inférieure (6), J'ajouterai que Blainville, dans son important ouvrage sur l'ostéographie des Mammifères, a adopté un autre système de notation. Il distingne, par- mi les mâchelières, des avant-molai- res, une dent principale, et des ar- rière-molaires ; enfin , d'ordinaire il supprime les initiales, et éciit de gau- che à droite les chiffres représentant les trois groupes principaux, en les séparant par le signe 4- et en faisant suivre les détails relatifs aux mâche- lières. Ainsi, pour cet auteur, la for- mule dentaire de l'homme est f -f- 7 -f- 7 dont i + T + f • La dent qu'il ap- pelle principale est celle qu'il consi- dère comme l'analogue de la grosse mâchelière à laquelle Frédéric Cuvier avait donné le nom de dent carnas- sière chez les Carnivores (c). Mais, ainsi que nous le verrons bientôt, cette distinction est souvent arbitraire et variable. (a) Frôd. Cuvier, Des dents des Mammifères, n° x, pi. 10. — Allas dti, RÈyne animal de Cuvier, MAMMlFiiiucs, pi. 80, fig. t fl, 1 /* cl 2. (b) Owen, Odonlography, p. 438, pi. 114, tlg'. 5. (c) Blainville, Osléographie, Mammifèubs, t. I, p. 42. 196 APPAREIL DIGESTIF. sortir (la cadre que je me suis tracé, entrer dans beaucoup de détails relatifs aux différentes combinaisons qui se ren- contrent dans l'armure buccale des Mammifères; mais pour faire connaître d'une manière plus complète que je n'a pu le faire jusqu'ici, cet ensemble d'instruments, je crois nécessaire d'en indiquer la disposition chez quelques types principaux. Rapports Aiusl quc j'ai déjà eu l'occasion de le dire, les Mammifères onire |ej''S"»o ^^^j ^q^^ orgaoîsés pour mâcher leurs aliments n'ont pas tous le eueurTSc mêmc réglmc : les uns se nourrissent presque exclusivement dentaire. ^^ fruits, d'auircs sont herbivores ou granivores, ou bien encore rongent les ccorces des arbres ou d'autres substances végétales non moins dures cf difficiles à digérer; il s'en trouve aussi qui vivent exclusivement d'insectes ou qui ne se repais- sent que de la chair de grands Animaux; enfin quelques-uns se montrent presque indifférents sur le choix de leurs aliments et dévorent- les matières animales aussi bien que les substances d'origine végétale. D'après leur régime, on doit donc les dis- tinguer en Omnivores, Carnassiers, Insectivores, Rongeurs, Herbivores et Frugivores. s siènie Comme premier exemple, prenons les Singes. Chez tous ces ''''des'"' Animaux il existe à chaque mâchoire, sur le devant de la Singes. J3ouche, une rangée de dents sécatrices formée par deux paires d'incisives larges, peu allongées et terminées par un bord droit, horizontal et tranchant. Plus en dehors, on voit à l'une et à l'autre mâchoire une paire de canines lacérantes, plus ou moins longues; enfin, derrière celles-ci se trouvent cinq ou six paires de mâehelières broyeuses à couronne large, horizontale et garnie de plusieurs tubercules mousses (i). Or, les Singes sont essen- (1) Savoir trois paires de molaires de prémolaires chez les Singes du iioii- précédées de deux paires de prémo- veau moude. On remarque aussi quel- jaires chez les Singes de l'ancien con- ques différences génériques dans la linent et les Ouistitis, et de trois paires grandeur relative, le nombre des tu- SYSTEME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 197 tiellement frugivores; ils aiment, il est vrai, les œufs, et parfois ils mangent aussi de jeunes Oiseaux ou des Insectes dont les téguments sont mous , ou même quelques Mol- lusques ; mais leur principale nourriture consiste en fruits qu'ils vont cueillir sur les arbres, où ils grimpent avec une agilité merveilleuse, et il est facile de comprendre que leur système dentaire est parfaitement approprié à un régime de ce genre. L'armure buccale de l'Homme (1) diffère à peine de celle des Singes et paraît être encore moins disposée pour lacérer ou déchirer une proie vivante; car les canines ne dépassent pas notablement les quatre incisives à côté desquelles elles sont placées (2), et les mac'aelières sont plus faibles et non moins Système dentaire de rHommc. hercules ou la forme de ces éminen- ces. Ainsi, chez les Guenons, la der- nière molaire inférieure est garnie seulement de quatre tubercules (a), comme chez l'Homme , tandis que chez les Semnopithèques (6), les Ma- caques (c) , etc. , elle présente en arrière un cinquième tubercule en forme de talon. (1) Les dents de l'Homme sont simples et sub-bicoriiquées. En effet, l'émail qui en couvre la couronne dis- para t peu à peu sur la racine, et le cément, qui est assez abondant sur la racine, manque presque entièrement sur la couronne. Au sujet de la forme de ces organes, on peut consulter presque indiiféremment les figures qtii en ont été données par un grand nombre d'anatomistes tels que Hunier, Bourgery, Rousseau, etc. [cl). (2) Il est à noter que les canines de l'Homme ne se croisent pas lors du rapprochement des mâchoires, tandis que chez les Singes, la canine supé- rieure descend derrière celle de la mâchoire inférieure, qui vient s'in- tercaler entre elle et la seconde incisive supérieure, où un espace vide est rnénagé à cet effet (e). Chez J'Homme, au contraire, la série den- taire est non interrompue, et la se- conde incisive est en contact avec la canine adjacente. La disposition que je viens de signaler est très-bien in- diquée chez les Singes anthroponior- (a) l-'rc'd. Cuvicr, Dents des Mammifères , pi. 5. {b) Idem, ihid., pi, 4. le) Idem, ibid., pi. 0. , cic. — Ijourgcry, TrniU de. l'analomie de illumvte, i. 1, pi. 28, fi;;;. (!. — Piou.s5c;iii, Anatumie comparée du sustème dentaire, pi. 1 à 4. — Iloriaiiiy, IJroca et P.(j;iii, Atlas d'analomie deseriplive, Si'i.ANCUNni.oniic, pi. dO. (e) Voyez VAllas du Hàjne animai de Cuvicr, MAMMirÈnES, pi. 7, f\g. 1 et -1. 198 APPAREIL DIGESTIF. mousses (1). Nous en pouvons conclure que l'Homme, de même que le Singe, est organisé pour un régime essentielle- ment végétal, et que si son intelligence ne l'avait conduit à plies, tels que le 'Chimpanzé (a), l'O- raiig-Outang (6) et le Gorille (c) ; mais les canines sont beaucoup plus fortes chez les Guenons (d), les Ma- caques (e) et les Cynocéphales (/"). Du reste, le grand développement des canines paraît coïncider avec une disposition à la férocité plutôt qu'avec des instincts carnassiers. Ainsi, chez les Singes, ces dents lacérantes sont en général beaucoup plus longues et plus fortes chez les mâles que chez les femelles (g), et l'on sait que les premiers sont enclins à se combattre entre eux et à attaquer ceux qu'ils considèrent comme leurs ennemis. (1) Les prémolaires de l'Homme, au nombre de deux paires à chaque mâchoire, sont bicuspides, c'est-à- dire que leur couronne présente deux éminences un peu pointues ; elles ont tantôt une racine simple, tantôt deux racines libres à leur extrémité, mais souvent séparées seulement par des sillons verticaux dans une première partie de leur longueur. Du reste, à la mâchoire supérieure, la duplicité de leur racine est toujours indiquée par la bifurcation de la partie inférieure de leur chambre médullaire. Les vraies molaires, au nombre de trois paires à chaque mâchoire, ont une surface triturante plus large et divisée en quatre ou même cinq tu- bercules séparés entre eux par un sillon crucial. Elles ont en général trois ou quatre racines divergentes très fortes, qui parfois se recourbent en dedans par le bout, de façon à em- brasser entre les crochets ainsi for- més une portion de l'os adjacent. Les molaires conformées de la sorte sont nommées dents barrées, et il est à noter que leur avulsion ne peut se faire sans celle de la portion d'os in- terceptée par leurs racines. J'ajouterai que l'on remarque quel- ques légères variations dans la forme des dents chez les divers individus de l'espèce humaine, et que ces particu- larités paraissent être plus fréquentes chez certaines races que chez d'au- tres. Mais les observations recueillies à ce sujet ne sont pas assez nom- breuses pour que je m'y arrête ici (h). (a) Owen, On the Osteology ofthe Chimpanzé and Orang-Utang (Tram, ofthe Zool. Soc, t I, pi. 51 et 52). (b) Fréd. Cuvier, Dents des Mammifères, pi. 2. — Owen, Op. cit. (Trans. of the Zool. Soc, t. I, pi. 53 et 54). (c) Owen, Osteological Conirlb. ta thenat. Hist. ofthe Chimpanzees [Trans. ofthe Zool. Soc., t. III, pi. 61, 62 et 63). (d) Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 5. (e) Idem, ibid., pi. 6. (f) Voyez V Atlas du Rf.gne animal de Cuvier, Mammifères, pi. 14, fiij. 3, etc. (g) E.^cemple : les Gorilles mâles et femelles (Duvernoy, Des caractères anatomiques des grands Singes pseiido-anlhropomorphes [Arch. du Muséum, t. VIII, pi. 5, fig;. 1 et 2). {h) Voyez à ce sujet les observations faites par M. Owen sur les Australasiens et les Nègres (Odon- tography, p. 452 et suiv.). SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. î 99 amollir ses aliments par la cuisson, il aurait été frugivore plutôt qu'omnivore (1). C'est par une mullitude de nuances intermédiaires que la transition s'établit entre ce mode d'organisation de l'appareil masticatoire dentaire et l'armure buccale des Mammifères qui sont les mieux conformés pour se nourrir soit d'Insectes, soit de la chair de grands Animaux. Ainsi, chez les Quadrumanes de la famille des Lémuriens, on voit les prémolaires devenir plus sécatrices, ou les tubercules des molaires s'élever en forme de cônes pointus (jâ); mais c'est dans d'autres groupes que nous trouverons les types les plus complets des systèmes Système dentaire des Lémuriens. (1) Cette question du régime natu- rel de l'Honime a été examinée par plusieurs physiologistes, et d'après les caractères de son système dentaire on a généralement conclu qu'il était omnivore (a). Il n'est pas douteux que dans la plupart des circonstances, le régime mixte ne lui soit le plus utile, et qu'il est dans sa nature d'y avoir recours, puisqu'il est dans sa nature d'avoir l'intelligence nécessaire pour suppléer à l'imperfection de ses or- ganes par des moyens détournés, tels que la cuisson de ses aliments ; mais il me paraît évident que la disposition de son système dentaire indiquerait que l'Homme est un animal frugivore plutôt qu'omnivore. En effet, tous les caractères anatomiques qui distin- guent les Singes les plus essentielle- ment frugivores de ceux qui man- gent parfois des Insectes, des Mollus- ques ou de petits Oiseaux, se retrou- vent chez l'Homme et y sont pour la plupart encore plus prononcés que chez les premiers. (2) Chez les Lémuriens, les inci- sives de la mâchoire inférieure ne sont pas verticales comme celles de la mâchoire supérieure , mais très proclives et en nombre variable sui- vant les genres. En général, la ca- nine qui les suit ne s'en distingue pas par sa forme, et la première pré- molaire de cette même rangée .s'élève en manière de croc lacérant. Enfin les vraies molaires sont d'ordinaire assez semblables à celles des Singes, par exemple chez les Makis ; mais d'au- tres fois elles ont des tubercules beau- coup plus saillants et plus pointus, ainsi que cela se voit chez les Tarsiers. La formule dentaire est : li, G'-, P-i, Mi, pour les Gala- fa) Hunter, The Nat. Hist. of the Teelh, p. 120. — Th. liell, Hiyswlo'iical Observ. on Iha Naluval Food of Man, dcduccd froni Ikc Cluiracters ol Ihe Teelh (On the Teelh, ISiiO, p. ;j;J), — Ovvcn, Odonlography, p. i71 . 200 APPAREIL DIGESTIF. dentaires propres aux Mammifères, soit carnivores, soit insec- tivores. s sièrae Comme exemples de ces derniers, je puis prendre la pUi- denlairo lies part des Chauves-Souris (1), aussi bien que les Hérissons, les ^''tuc's"" Taupes, les Musaraignes et les autres petits Mammifères dont Insectivores gg compose Ic groupc naturel qui est connu sous le nom d'ordre gos (a) el les Sténops (6), ainsi que Roussettes ou Chauves-Souris frugi- pour les Makis (c) ; vores, elles Chauves-Souris ordinaires If, C\, P~, M 7, pour le genre ou insectivores, comprenant toutes nos Lichonotus ou Indris {cl); espèces indigènes. Chez ces dernières Et If-, C' , Pv, M 7, pour les Tar- on trouve eu général sur le devant de siers (e). la bouche deux paires de petites inci - VAye-aye, ou Chirûmys , animal sives sécatrices à la mâchoire supé- de Madagascar, qui paraît appartenir rieure et deux [g) ou trois (h) paires à l'ordre des Quadrumanes, a un sys- (Pincisives analogues à la mâchoire tème dentaire semblable à celui des inférieure; suivies, à chaque mà- llongenrs, parmi lesquels il a été rangé choire, d'une paire de fortes canines par Cuvier (/). lacérantes et de six paires de mâche- (1) Les Chauves-Souris se divisent lières, dont trois sont de vraies en doux grandes familles d'après la molaires. Assez souvent il n'existe conformaiion de leurs dénis et quel- qu'une paire d'incisives en haut, et ques autres caractères : savoir, les une [i], deux fj) ou trois {k) en bas, (a) Blainville, Ostéo graphie, ou Description iconographique comparée du squelette et du système dentaire, I^iujiates, pi. 11. — Owcn, Op. cit., pi. 114, fig. 7. (b) Blainville, Op. cit.. Primates, pi. 1 1 . — Owcn, Op. cit., pi. 114, fig. 4. (c) Blainville, Op. cit., Primates, ni. H. — Owen, Op. cit., pi. 114, fig. 5. (d) Blainville, Op. cit.. Primates, pi. 11. — Oweii, Op. cit., pi. 114, fig. 6. (e) Blainville, Op. cit., Primates, pi. 11. — Owen, Op. cit., pi. 114, fig. 3. (/■)-ldem, ibid., Rg. 2. (g) Exemples: genre Noctilio (Blainville, Ostéographie, ChisiroptÈres, pi. 14). — Owen, Op. cit., pi. M "2, fig.' 1. — Giossophaga (Blainville, Op. cit., Chfiroptères, pi. lli). — Stenoderma (Gervais, dans Gay, Historia fisica e politica de Chile, Mamalogia, pi. 1 fig-. la). (/i) Exemple : Vespertilio mimnus (Blainville, Op. cit., pi. 14). — Genre Nycteres {Geoiïroy Sa'ml-Hihive , Description de l'Egypte, Histoire naturelle, 1. 1 Mammifères, pi. 4, fig. l. — Blainville, loc. cit.). — Genre Vespertilio (Blainville, Op. cit., pi. 14). (i) Exemple : My optera, Geoffroy. (J) Exemples : Nyctinoma (Geoffroy Saint-Hilaire, loc. cit., pi 4, fig. 3). — Molossus mops (Blainville, Op. cit., pi. 14). — Rhinoloplius ((ieclfroy Saint-Hilaire, loc. cit., pi. 4, fig. 2). (/v) Exemples : Vespertilio Belamjerii adulte (Blainville, Op. cit., pi. 14). SYSTEME UEiNTAlRE DES VEUTECRES. 201 des Insectivores. Cliez ces Aniaiaux, de même que chez l'Homme et les Quadrumanes, l'armure buccale est complète, c'est-à- dire se compose des quatre sortes de dents que l'on est convenu d'appeler incisives, canines, prémolaires et molaires; mais les premiers de ces organes sont souvent lacérants plutôt que sécateurs, et les molaires ou même toutes les mâchelières ont leur couronne hérissée de pointes engrenantes (1). et quelquefois ces dents manquent complètement à la mâchoire supé- rieure (a). Les deux premières pré- molaires sont d'ordinaire peliles et la troisième bien développée et pointue. Enfin les vraies molaires sont grosses et hérissées de plusieurs pointes co- niques. Chez les Vampires ou Desmodes, Cliauves-Souris de l'Amérique, qui, ainsi que je l'ai déjà dit (6), sucent le san^ de TMomme et des autres grands Mammifères (c), le devant de la mâclioire supérieure est armé de deux grandes incisives lacérantes , crochues et 1res aiguë-;, suivies d'une paire de canines lacérantes et de prémolaires, mais les vraies molaires manquent {dy Chez les lîous'ettes ou Ptéropes et les autres Chauves Souris frugivores, le devant de la bouche est armé à peu piès de la même manière que lesChaiives-Souris ordinaires, mais les mâchelières sont à couronne presque plaie et garnies seulement d"émi- nences mousses (e). Le nombre des incisives est en général de deux paires à chaque mâchoire, mais chez la Iioussetlede I'éron,il n'y en a qu'une paire à chaque mâchoire, et chez la Roussette céphalote la nifichoire infé- rieure en est dépourvue {f). Les r.aléopithèques qui appartien- nent aussi à l'ordre des Chéiroptères, et qui ont, comme nous l'avons déjà vu, des incisives pectinées à la mâ- choire inférieure, ressemblent davan- tage aux Lémuriens par l'ensemble de leur système dentaire [g). (1) On remarque dans ce petit groupe zoologique de nombreuses va- riations dans les dispositions secon- daires du système masticatoire, et il (a) Exemples : Taphozous perforatus (Geoffroy Sainl-Hilaire, loc. cit., pi. 4, lîg'. 4, i a). — Taphozous longimaïuis (Blainville, Op. cil., pi. M). — Megaderma (Blainville, loc. ci/., pi. H). {b) Voyez ci-dessiis, p. 90. (c) D'Azara, Essais sur l'histoire naturelle des Quadrupèdes du Paraguay, t. II, p. 27-2. — Darwin, Voyage of the Advenlure and Beugle, t. lit, p. 25. {d) Blainville, Op. cil., pi. 13. — Owen, Op. cit., pi. ■112, fi},'. 9. (e) Fi-éd. Olivier, Denis des Mammifères, pi. 15. — Blainville, Op. cit., pi. 5, 0 cM3. - Gcrvais. Histoire naturelle des Mammifères, p. 199, fi^. (/■) HIaiiivillc, Ostéograpliie, Chéiiioptkiie-;, p. 37. (f/) l''ic(l. Guvior, Op. cil. — Blainville, Osléograpkie, i^cnvc Lémur, pi. It. — Owcii, Op. cit., p. i'i'i, pi. 114, liif. 1 a. Système dentaire des Carnivores. 202 APPAREIL DIGESTIF, Chez les Mammifères qui, dans le langage ordinaire, sont appelés des Bêtes de proie^ et qui forment le groupe natu- rel auquel les zoologistes donnent le nom à'ordre des Carni- vores^ l'armure buccale est très puissante, et se compose, pour existe beaucoup de diversité d'opi- nions quant à la manière dont les dents de plusieurs Insectivores doi- vent être classées. Ainsi, chez les Tenrecs (o), dont la disposition de Tarmure iiiiccale ne s'éloigne que peu de ce que nous avons déjà vu cliez les Quadrumanes, il existe à la mâchoire supérieure deux paires de petites incisives , suivies d'une paire de grosses canines lacé- rantes et de six paires de mâchelières qui sont pourvues chacune de deux ou de trois fortes racines, et ont la couronne tuberculaire plutôt que hé- rissée ; enfin, à la mâchoire inférieure, les canines, également très fortes et lacérantes, sont précédées de trois paires de petites incisives et suivies de sis paires de mâchelières dont la cou- ronne est garnie d'éminences très élevées et très pointues. Chez la Taupe (6) , la mâchoire supé- rieure porte de chaque côté, en avant, trois petites dents qui sont implantées dans l'os intermaxillaire, et qui, pour cette raison, ainsi qu'à cause de leur forme, doivent être considérées comme des incisives ; une grosse canine lacé- rante qui est implantée comme d'ordi- naire à l'extrémité antérieure de l'os maxillaire, mais est pourvue de deux racines comme les prémolaires ; puis quatre prémolaires dont la dernière a trois racines comme les grosses mo- laires et dont la couronue est conique ; enfin, trois vraies molaires multicus- pides. A la mâchoire inférieure, on trouve en avant quatre petites dents sécalrices que quelques zoologistes con- sidèrent comme étant tout,es des inci- sives, mais dont la dernière doit porter le nom de canine à raison de ses rap- ports avec la canine supérieure ; puis une première prémolaire qui, par sa forme et sa grandeur, ressemble da- vantage à la canine supérieure ; trois autres prémolaires de petites dimen- sions ; enfin trois vraies molaires dont la couromie est armée de deux poin- tes coniques. Ce mode de détermination, proposé il y a trente ans par M. Isidore Geof- froy Saint -Hilaire et employé plus ré- cemment par M. Owen (c), me paraît préférable à tout autre, et donne la formule I,, C^, P f , M |, mais elle n'est pas généralement adoptée, et il existe de grandes discordances dans celles employées par les difl"érents zoologistes. Ainsi, le système dentaire de la Taupe est représenté par les uns comme se composant de I7, C^, P^, Mi(d); del^, C^, P 7, M |, par d'au- (fl) Voyez Frétl. Guvier, Op. cit., pi. 19. — BlainviUe, Ostéographie, Insectivores, pi. 4 et pi. 10. (b) Voyez Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 23. — BlainviUe, Op. cit., pi. 9. (c) Isid. Geoffroy, art. Taupe, [Dictionnaire classique d'histoire naturelle, i. XVI, — Owen, Odontography, p. 416. (d) Fréd. Cuvier, Op. cit., n° 23. 05). SYSTEME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 203 chaque mâchoire, de trois paires d'incisives (1), d'une paire de canines lacérantes, très grosses, et d'un certain nombre de mâchelières simples et plus ou moins complètement sécatrices. Ce sont les dernières prémolaires ou les premières vraies très (a) ; et 1 7, C i, M v, par d'autres encore (6). n est aussi à noter que chez la Taupe fossile découverte à Sansan par M. Lartet, la canine supérieure et la prémolaire suivante n'offrent pas dans la disposition de leurs racines l'anomalie qui se remarque dans la Taupe commune (c). Chez le Hérisson d'Europe (d) dont la formule dentaire me paraît être 1 7, C^, P|, M j, les canines diffèrent à peine soit des dernières incisives , soit de la petite mâchelière suivante ; mais les incisives de la première paire, en bas comme en haut, se dé- veloppent beaucoup et deviennent la- cérantes. La plupart des zoologistes considèrent ces Animaux comme étant privés de canines (e), mais je ne vois aucune raison suffisante pour admet- tre l'existence de cette anomalie, et sur cette question je me range de l'opinion de Blainville (/"). Chez d'autres Mammifères du même groupe, tels que les Desmans (g), les Musaraignes (h), les Chrysochlores {i) et les Scalopes (j) , les canines restent petites et ne diffèrent pas notablement de leurs voisines ; mais les incisives de la première paire à la mâchoire su- périeure, et celles de la première et de la seconde paire à la mâchoire in- férieure, acquièrent un grand dévelop- pement, et deviennent lacérantes plu- tôt que sécatrices. Quelques auteurs ont considéré les dents lacérantes su- périeures des Musaraignes comme étant des canines, el ont supposé que les incisives manquent {k); mais, de même que les trois ou quatre dents rudimentaires qui y font suite, elles naissent dans les os intermaxillaires. (1) Chez la Loutre de mer (genre (a) Blainvillle, Ostéographie, Insectivores, p. 49. (6) Ch. Bell, British Quadrupèdes, 1837, p. 85. (c) Lartet, Notice sur la colline de Sansan. Auch, 1851 , p. 14. (d) Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 16. — Blainville, Op. cit., pi. 10. {e'j Fréd. Cuvier, Op. cit., p. 66. — Owen, Odontography , p. 419. (/■) Blainville, Op. cit., p. 58. [g) Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 21. — P.oulin, Allas du Règne animal de Cuvier, Mammifères, pi. 28, (ig. 4 c, id, 5, 5 a et 5 6. — Blainville, Op. cit. , pi. 9. (h) Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 20. — Duvernoy, Fragments d'hist. nat. systématique el physiologique sur les Musaraignes, pi. 2 (ilém. de la Soc. d'Idst. nat. de Strasbourg, t. II). — Blainville, Op. cit., pi. 10. (i) Fré.l. Cuvier, Op. cit., pi. 18. — Blainville, Op. cit., pi. 9, (j) Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 22. — Blainville, Op. cit., pi. 9. (/c) Isid. Geoffroy Saint- ililairc, art. Musaraigne {Dictionnaire classique d'Iùstoirc naturelle, 1827, 1. XI, p. 313). ^O/i AÎ>PAUEIL DIGESTIF. molaires qui constituent les principaux instruments à l'aide desquels l'Animal mâche la chair dont il fait sa. nourri- ture, et une de ces dents , plus grosse, plus saillante et plus tranchante que les autres, a reçu le nom de dent carnas- Enhydra], les incisives de remplace- ment présentent une anomalie: celles de la première paire ne se, dévelop- pent pas, de sorte que le nombre de des organes est de quatre seulement à la mâchoire inférieure (a). Dans la famille des Phoques, il y a Sénéralement troi< paires d'incisives en haut et seulement deux paires en bas (6), mais dans le genre Stemma- topes ou Cystophora, il n'y en a que deux paires à la mâchoire supérieure et ime à la mâchoire inférieure (c). Il Bït aussi à noter que chez ces Mam- mifères amphibiens les incisives sont coniques et préhensiles au lieu d'être sécatrices, et que quelquefois celles de la paire externe de la rangée supé- rieure se développent au point de ressembler à des canines accessoires : par exemple, chez le Phocajubata (c/). J'ajouterai que, chez les Phoques, toutes les màclielières sont à peu près de même forme. On en compte ordi- nairement cinq paires à chaque mâchoire. Leur couronne est en général armée de trois ou même de quatre, et quelquefois de cinq pointes comprimées latéralement et disposées en série longitudinale, celle du milieu étant la plus forte (e) ; ' mais dans quelques espèces ces dents sont coni- ques seulement (f). Chez le Alorse, il y a, lors de la première denlilion, trois paires d'in- cisives caduques en haut et deux ou trois paires en bas (g); mais presque toutes ces dents disparaissent bientôi, et n'ont pas de remplaçantes, en sorte que ciiez l'adulte il y a seulement près de la base des grosses canines une paire de dents implan- tées dans les os intermaxillaires, et représentant par conséquent des inci- sives, bien que par leur forme elles ne diffèrent pas notablement des mâ- chelières qui sont situées plus en arrière, et ordinairement au nombre de trois paires ; les incisives, de même que les canines, manquent complète- ment à la mâchoire inférieure, il y a du reste des variations indivi- (b) (c) pi. 36 (d) {e) genre (f) ia) 1828 Owen, Odontography , p. 505. Exemples : Phoea vltulina (Fréd. Cuvier, Op. cil., pi. 3S). — Blaiuvilln, loc. cit., pi. 9. — Phoca jubata (Blaiaville, loc. cit., pi. 9). Ext.-mp:(i : ie Phoque à capuchon, ou Lion marin, genre Leonina (Fréil. Cuvier, Op. cit., !, B). — Blainville, Ostéogr., genre Phoca, pi. 91. Blain-ville, loc. cit., pi. 6. Exemple : le Phoca leptonyx (Frctl. Cuvier, Op. cit., pi. 38 A). — Blainville, Ostéographie, Phoca, pi. 5 et -9. Phoca vitulina (Blainville, loc. cit., pi. 9). — Owen, Op. cit., pi. 132, fig. 1. Stenorhynchiis serridens (Owen, Op. cit., pi. 132, fig. 4). Exemple : Phoca leonina (Blainville, loc. cit., pi. 5). Rapp, Ueber das Zahnsystem des Watlrosses {.Abliandl. ciner Gesellsch. in Wurtemberg I. Il, p. 107). — Bulletin de Férussac, sciences naturelles, t. XVII, p. iS\j. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 205 Stère (1). Les màchelières qui y font suile sont tuberciilées et broyeuses plutôt que sécatrices, et il est à remarquer que le nombre de ces arrière-molaires, de même que la proportion des éminences mousses qui peuvent se trouver mêlées aux crêtes tranchantes des màchelières sécatrices est d'autant moins grand que l'Animal a des instincts plus sanguinaires. Ainsi, chez le Lion et les autres espèces du genre Chat, toutes les màchelières sont tranchantes, à l'exception d'une molaire tuberculeuse presque duelles assez grandes dans la denture genres de Carnivores ne concordent de ces Animaux (a). pas. Ainsi, pour le genre Felis, la (1) La grosse màchclière trancljanie plupart des zoologistes donnent la for- que Frédéric Cuvier a appelée la f/é?îi mulel|, C^, P j, M î, tandis que carnassière [b] est, à la mâchoire in- M. Owen, pour être conséquent avec férieure, la première vraie molaire, les principes indiqués ici, écrirait I f, c'est-à-dire la première màchelière C~, P|, MY• permanente,qui n'est pas une denlde La classilicalion des dénis mâche- remplacement; mais celle qui y cor- lières des Carnivores a été faite de respond à la mâchoire supérieure, et plusieurs manières. Ainsi Duvernoy qui dépasse aussi ses voisines en gros- a cru devoir diviser les prémolaires seur, n'est pas, comme on le pense en fausses molaires normales et fans- assez généralement, une dent de la ses molaires rudimentaires (rf) : Blain- même calégorie, et elle doit être ville les divisa en avant-molaires, classée parmi les 4)rémolaires, car elle molaire principale et arrière - mo- succède à une dent de lait (c). 11 en laires (e) ; mais ces distinctions sont résulle que les formules adoptées par souvent arbilraiies, et la règle suivie les différents auteurs pour représen- par M. Owen (/) me paraît préfé- ter le système denlaiie des divers rable. (a) Cuvier. Reclierches sur les ossements fossiles, pi. 219 bis, fig. 3. — Rapp, Op. cit. — N. C. lie Fremcrij, Bijiragen tôt de Katuurlijke geschiedenis vanden Walrus (H. Van Hall, Vi'ulik on Mulder, Bijdr. tôt de Naluurkimdige Wetenschappen, 1831, t. VI, p. 300). — Wiegmanii, Ueber das Gebiss des Wallrosses [Archiv fur Nalurgeschichte, 1838, (. I, p. 118). — Slaiinius, Ueber Gebiss nnd Scliadel des Wallrosses (MuUer's Archiv fiïv Anal, und Physiol., 1842, p. 390). — Jae.^'er, Ueber die Stellung der Zâhne des Wallrosses (Miiller's Arclùv fiir Anat. und Physiol., 'iSii, p. 71). — Blainville, Oslcogrnphie, genre Plwca, \A. 4. — Owen, Odontography, p. 510. (6) Frcd. Cnvior, ICssai sur de nouveaux caractères pour les genres des Mammifères {Ann. du Uiiséum, 1807, l. X, p. 1 l(j ot.suiv.). (c) Em. Piou.sscaii, Anatomie comparée du système dentaire, \<\. \ 5, fii,'. 1 cl 2. — Owen, Odontography, p. 480 clsiiiv., pi. 127, fii,'. 1 cl 4. (d) GiJvier, Leçons d' anatomie comparée, 2° édit., t. IV, p. 254 el sulv. («) Blainville, 0.!(a'o(;cap/ti(;, Mam.mificiuîs, p. 41. (f) Owen, Sur laclassification et l'analogie des dents molaires (Ann, des sciences nat., 3" série, 1835, I. m, p, 110). ■^OÔ -APPAREIL DIGESTIF. rudimentaire, qui se voit de chaque côlé à la mâchoire supé- rieure. Il en est de même chez les Hyènes. Chez les Putois elles Martes, cette molaire tuberculeuse est plus développée, et Ton trouve derrière la dent carnassière inférieure une molaire dont la couronne est également mousse. Chez les Chiens, il existe derrière chaque dent carnassière deux dents tuberculeuses, et lorsqu'on observe les allures de ces Animaux, il est facile de reconnaître que ce sont ces derniers organes dont ils font usage quand ils veulent mâcher de l'herbe. Enfin, chez les Ours, dont la nourriture est en grande partie végétale, les mâchelières ne présentent que peu départies tranchantes, et leur couronne est principalement tuberculeuse (1). Au premier abord, on est assez disposé à s'imaginer qu'un Animal carnassier doit être d'autant plus redoutable que sa bouche sera armée d'un plus grand nombre de dents ; aussi quelques poètes, voulant donner une grande idée de la puissance de la guenle du Lion, ont cru ne pouvoir mieux faire que d'attribuer à cet Animal quarante de ces organes. Mais la Nature procède d'une manière plus conforme aux principes de la méca- nique, et pour augmenter la force des mâchoires d'un Carnas- sier, elle raccourcit le bras du levier qui porte les canines et les dents carnassières, ce qui entraîne la disparition d'une partie des autres dents pour l'insertion desquelles l'espace manque (2). (1) Pour plus de détails relatifs à la Inférieure, où s'insèrent les mus- conformation de l'appareil dentaire des élévateurs de celle-ci, et du bras des différents Carnivores, je renverrai de levier de la résistance, constitué aux ouvrages des deux Guvier, de par cette même portion d'os, plus Blainville et de M. Owen (a). celle portant les màchelières et les (2) C'est la différence entre les Ion- canines, qui détermine la grandeur de gueurs respectives du bras de levier l'effet utile produit par le jeu des de la puissance, représenté par la muscles masticateurs. Par conséquent, portion post-alvéolaire de la mâchoire moins cette dernière portion du bord (a) Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles. — Fréd. Cuvier, Dents des Mammifères. — Blainville, Ostéographie, Carnassiers. — Owen, Odontography, p. 473 et suiv,, pi. 125 à 132. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 207 Ainsi le Lion, de même que tous les autres grands Carnassiers, a en réalité moins de dents que l'Homme; il n'en a que trente, tandis que le Chien et l'Ours en ont quarante-deux. Dans l'ordre des Rongeurs les dents canines manquent, et il existe de chaque côté et à chaque mâchoire un grand espace vide entre les mâchelières et les incisives qui arment le devant de la bouche (1). Ces dernières dents sont, en général, au nombre de deux seulement à chaque mâchoire, mais elles sont remarquablement grandes, arquées, taillées en biseau à leur Système dentaire des Rongeurs. alvéolaire sera allongée, plus les con- ditions seront, sous ce rapport, favo- rables à remploi de la force muscu- laire dont l'Animal est doué; et d'autre part il est facile de concevoir qu'une longueur donnée sera armée d'une manière plus puissante par un nombre restreint de grosses dents que par beaucoup de petits organes de même nature. Ce que j'ai dit ci-dessus rela- tivement aux rapports existants entre le nombre des dénis et la plus ou moins grande puissance de l'appareil masticatoire, doit donc s'appliquer plus particulièrement au nombre des mâchelières Ainsi, chez l'Ours, le Raton, le Chien, le Loup, le Renard, etc., on compte 6 mâchelières en haut et 7 en bas ; chez les Genettes ^, chez les Martes {, chez les Loutres j, chez les Putois '-, chez l'Hyène ^, enfin dans le genre Chat *, nombre qui est inférieur à ce qui s'observe chez aucun autre Animal du même ordre. (1) Geoffroy Saint-Hiiaire, en se fondant sur le principe des connexions, a cru devoir considérer les dents an- térieures des Rongeurs comme étant des canines (a), et M. Isidore Geof- froy étaya cette opinion par d'autres faits, tels que la position de la racine, ou base de ces organes, qui effective- ment se trouve non dans l'os incisif, mais bien dans la partie antérieure de l'os maxillaire (6). Néanmoins l'an- cienne détermination a prévalu, car non-seulement ces dents sortent des os intermaxillaires, mais dans le jeune âge y sont renfermées tout entières, et c'est seulement d'une manière con- sécutive que leur racine, s'enfonçant davantage, arrive dans la partie voi- sine de l'os maxillaire supérieur. Enfin il est aussi à noter que les petites inci- sives qui, chez les Lièvres et le La- pin, sont placées derrière les grandes à la iTiàchoire supérieure, s'insèrent uniquement dans les os intermaxil- laires (c). (a) Geoffroy Sainl-IIilairc, Mémoire sur les dénis antérieures des Mammifères rongeurs, dans lequel on se propose d'établir que ces dents, dites jusqu'ici et déterminées incisives, sont les analogues des dents canines {Mém. de l'Acad. des sciences, 183:f, t. XII, p. 18^). (()) Isid. Geoffroy, arl. Rgngeiius {Dictlnnnaire classique d'histoire naturelle, t828, t. XIV, p. 058). (c) Owen, Odontoyraphy , p. 411. 208 APPAREIL DIGESTIF. extrémité, et terminées par un large bord droit et tranchant. Ainsi que je l'ai déjà dit, elles continuent à croître par leur base, pendant toute la durée de la vie, et elles s'usent par leur extré- mité opposée en frottant les unes contre les autres (1), mais elles conservent toujours leur tranchant, en raison de la résistance inégale que présente la couche épaisse d'émail dont leur face antérieure est revêtue, comparée aux tissus constitutifs du reste de leur couronne (2) . Celles de la mâchoire inférieure sont plus ou moins pointues chez les espèces omnivores , comme les Rats (5). Les mâchelières sont en petit nombre-, en général, on n'en compte à chaque mâchoire que trois ou quatre paires, mais leur couronne est très grande., surtout dans le sens antéro- postérieur. Enfin, elles sont presque toujours fortement ru- banées ou fascicuîées ; et par l'usure inégale du cément, de l'émail et de la dentine dont elles se composent, leur surface triturante reste rude, de façon que, par leur ensemble, elles constituent une sorte de râpe ou de meule à sillons transver- saux. Je rappellerai aussi que chez beaucoup de Rongeurs; les (1) Voyez ci-dessus, page l/i9. tance, ni anatomique, ni zoologique. (2) Cette couclie d'émail est quoi- (3) Ce caractère s'observe non-seu- quelois colorée en jaune orangé lement dans le genre Rat proprement ou en rouge jaunâtre, par exemple dit [b), mais aussi chez la plupart des chez le Castor, l'Agouti et le Coypu espèces de la même famille, et il est ouMyopotame. Chez plusieurs genres, surtout très fortement prononcé cliez on remarque aussi à la surface les Hydromys (c) et les Mériones ((/). antérieure des incisives , un sil- Chez le Castor (e) et les Lièvres (/") , Ion longitudinal qui semble diviser les incisives inférieures sont au con- chacune de ces dents en deux (a); traire très larges jusqu'au bout, et se mais ce caractère n'a aucune impor- terminent par un bord droit. (a) Exemples : les Gerbilles (Frécl. Cuvier, Dents des Mammifères, pi. 02). — \.'Otomys (Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 60). (b) Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 09. (c) Idem, ibid., pi. 73. (rf) Idem, ibid., pi. 73. (c) Idem, ibid., pi. 71. — niainville. Op. cit., genre Fiber, pi. 2. (/') Fréd. Ciivier, Op. cit., pi. 50. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 209 inâchelières, de même que les incisives, n'ont pas de racines proprement dites et continuent à croître pendant toute la vie, tandis que chez d'autres leur croissance est limitée et leur base se prolonge en forme de racines plus ou moins bien carac- térisées (1). Les Ruminants et la plupart des Pachydermes sont essentiel- système lement herbivores (2), et leurs dents mûchelières ont beaucoup desRuminanis d'analogie avec celles des Rongeurs ; mais les incisives cessent PacMeTmes. d'avoir la même imporiance, et souvent la mâchoire supérieure en est complètement dépourvue, ainsi que cela se voit chez le Bœuf et le Mouton. Les canines, lorsqu'elles ne manquent pas, ne servent que peu à la préhension des aliments ou à leurmasti- (i) La structure intime des dents des Uongeiirs a été Tobjet de beaucoup d'observations faites par M. Tomes (a). (2) Les Cochons, qui appartiennent à la division des Pacliydermes ordi- naires, sont piutôtomnivores quMier- bivores, et leur système dentaire se rapproclie davantage de ce que nous avons déjà vu ciiez d'autres Mammi- fères à régime mixte, tels que lesOurs, llest représenté par la formule if, G 7, l'7, Mj, et les premières mâclielièrcs sont presque rudimenlaires, mais les six suivantes de chaque côié et à chaque mâchoire hont très fortes, à couronne fort large, et garnie d'un nombre considérable de tubercules, dont la surface est irrégulière (6). Au sujet des changements qui se produisent dans l'appareil dentaire du Cochon domestique par les progrès de l'âge, je renverrai aux observations de M. Simonds (c). Chez les Suidœ des genres voisins, principalement chez les [Phacochè- res (d), on remarque diverses modifi- calions de ce système dentaire, et chez les Tapirs les mâchelières sont garnies de tubercules qui s'élèvent en crêles transversales, et qui, par leur usure, donnent naissance à des bandes alter- natives de cément, d'émail, et de dentine, à peu près comme chez cer- tains lîongeurs (e). (a) Tomes, On Ihe Strur.lure of Ihe Dental Tissues of the onler PMlentM (PliUos. Trans., 1850, p. 529, pi. 44. à 40). (b) Cuvier, Fiecherches sur les ossements fossiles, pi. 01, dg. 3 h 0. — l'VéïJ. Cuvier, Op. cit., pi. 85. — Oweii, OdontoorapJiy, \i\. 140, ùg. i . — IJlaiiivillc, Op. cit., Ongulograues, i,'enrc Sus, pi. 8. — Cliauvean, Anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 31^0, fig:. 102. (c) Simonds, On Ihe Teeth of the O.r,, Slieep and l'i(j, as indicative of the Age of Ihe Animal (Jourii. of the Afiricultural Society nf Enyland, 1854, l. XV, p. 34" ol siiiv., û;:. 45 à 50). {dj Owcii, On the Development and llomoloçiies of the molnr Tceth of the Wart-llmjs ( lincn- cliccrus), lultli illustrations of a System of i\'oiaiion for the Tecth in Ihe CAass Mamiiiiilia {l'hilns. Trans., 1850, p. 481, i-l. :y,i et ;ji). {e) Ciivii.T, liechercties sur les ossements fossiles, pi. 71 ;i 7'. \|. \k :210 Al'PARElL DIGESTIF. cation, et d'ordinaire iî existe à la partie correspondante du bord alvéolaire un grand espace inerme : chez le Clicval, par exem- ple, ce vide dans la rangée dentaire est très grand, et constitue la place appelée barre, où nous logeons le mors à l'aide duquel nous soumettons à nos volontés ce fier et vigoureux Animal. Les mâchelières sont grandes et d'une structure très complexe ; en général, il en existe six paires à chaque mâchoire, et leur couronne est hérissée de lignes saillantes et contournées, qui sont formées par des replis de l'émad et séparées entre elles soit par du cément, soit par de l'émail, à peu près comme nous l'avons déjà vu chez les Rongeurs. Les crêtes et les sillons qui en résultent sont dirigés transversalement chez les Éléphants (1) aussi bien que chez les Rongeurs ; mais cliez les Ruminants (2), (1) Voyez ci-dessus, page 160. de tubercules qui par leur usure don- (2) Chez tous les Ruminants ordi- nent naissance à des crêtes en forme naires, le système dentaire est disposé de croissant, ou conlournées d'une à peu près de la même manière, et manière plus complexe (c). Il est aussi peut être représenté par la formule à noter que chez la plupart des P.umi- 1^, Cf, P^, M I (a), il est seulement à uanls proprement dits on a trouvé noter que chez les Cerfs il existe aussi avant la naissance des vestiges d'inci- des canines aux deux mâchoires, et que sives supérieures qui avortent {cl). Il chez les Chevrotains celles de la ma- paraîtrait aussi que le premier folli- choire supérieure se développent de cule dentaire qui se constilue chez façon à constituer des défenses d'une l'embryon de ces Animaux est celui longueur remarquable (6). Les pré- de la gro.'ise molaire antérieure ; il molaires et les vraies molaires ne dif- est visible vers le vingt-cinquième tèrent pas entre elles par leur forme, jour après la conception, et il est suivi et la couronne de chacune de ces dents par ceux des incisives antérieures (e). mâchelières est garnie de deux paires Les modifications qui surviennent (fl) Exemple : le BcEtt/'(E. Roasseaii, Anatomie comparée du système dentaire, \>].<-m, fig- l et 2). — Cbauveau, Traité d'analomie comparée des Animaux domestiques, \>. 332, fig, 99. ih) Owen, Odoniography, pi. 133, fie;. 4. (c) Exeinples : le Bœuf [Cinier, Ossements fossiles, |il. tOS, fig. G, elc). — Les Cerfs (Cuvicr, Op. cit., pi. 162, fig. 9 à 1 2). — La Girafe (Owcn, Odoniography, pi. -1 34, fig. 7). — Joly, Beclurches sur la Girafe, pi. i 0, fig. '1,4. {d} Goodsir, On Ihe FoUicular stage of Dentition in Ruminants, elc. {Report of Ihe Brilish Association, \8'i9, p. 82). . — Owcn, Odontography , p. 540. (e) Magilot, Mémoire sur la genèse et la métamorphose des follicules dentaires {Comptes rendais de l'Acad. des sciences; ISOO, t. L, p. 420). SYSTEME DENTAIRE DES VERTÉBP.ES, ail- les Solipèdes et la plupart des Pachydermes ordinaires (i ), leur direction est longitudinale, particularité sur laquelle j'aurai hien- dans la disposition des dents par les progrès de leur évolution oued leur usure, fournissent d'utiles données pour l'appréciation de l'âge des Bœufs (a) et des Moutons (6). Chez les Caméliens, il existe, à la mâchoire supérieure, une paire d'in- cisives latérales et pointues, suivies d'une paire de canines et d'une paire de prémolaires petites et coniques, qui sont séparées des mâchelières par un grand espace vide. Ces dernières sont au nombre de cinq paires seule- ment. A la mâchoire inférieure il y a deux paires d'incisives de plus (c). Chez le fœtus du Chameau on a trouvé six incisives supérieures dans les os intermaxillaires {cl). (1) Chez le Cheval et les autres So- lipèdes, il existe des dents sur le de- vant de la bouche, à la mâchoire su- périeure aussi bien qu'à la mâchoiie inférieure. Les incisives sontsécairices et au norabre.de trois paires de part et d'autre ; celles de la première paire, appelées pinces, sont un peu plus longues que les suivantes. Les canines sont petites chez l'iillalon, et rudimen- taiies chez la Jument ; celles d'en bas sont rapprochées des incisives, mais celles d'en haut sont situées vers le milieu de l'espace considérable qui sépare les incisives des mâchelières. Enfin ces dernières sont au nombre de six paires à chaque mâchoire, sa- voir : trois prémolaires et trois mo- laires*, elles sont toutes à couronne large, triturante, et sillonnée longitu- dinalement par les lignes d'émail très contournées, dont la disposition n'est pas tout à fait la même aux deux mâ- choires (e). Les incisives du Cheva! ae sont pas des dents simples, comme le soûl celles de la plupart des Mammifères, mais des dents subfossiculées. Ktleclive- ment, elles présentent sur leur surface triturante (ou table) une cavité pro- fonde, appelée cornet dentaire exté- rieur, qui est creusée dans la dentine, (a) Lionnet, De la connaissance de l'âge des Bœufs [Ann. de l'agriculture française, 2° série, t. XIX, p. 380). — Girard, Traité de l'âge du Cheval, etc., p. 94, pi. 3. — Simonds, On the Teeth of the Ox, Sheep and Pig, as indicative of Ihe Age of the Animal {Journ. of the Agricultural Soc. ofEngland, 1854, t. XV, p. 312, fig\ 21 à 34). (6) Daubenlon, Inslruclion pour tes bergers, 1782, p. 42. — Girard, Op. cit., p. 134, pi. 4, ûg. 1 à 0. — Simonds, Op. cit. {Journ. of the Agricult. Soc, t. XV, p. 334 et suiv., fig. 35 à 44) (c) Fréd. Cuvier, Dents des Mammifères, pi. 93. — Blainville, Op. cit., Onguloguades, genre Camelus, pi. 3. — Owcn, Op. cit., pi. 133, fi^. 2. (d) Owcn, Descript. Cattil. of Osteological' séries conlained in the Muséum oftlie (Mlege of Surgeons, 1853, t. Il, p. 577. (e) Cuvier, liecherclics sur les ossements fossiles, pi. 58, iig'. l , el pi. M. — l''réd. Cuvier, Dents des Mammifères, pi. 92. — Owen, Op. cit., pi. 130, fij,'. 2. — tliauveau, 'J'railé d'anatonne compart'e des Animaux domestigues, p. 325, (ig. 94. 212 APPAREIL DIGESTIF. tôt A revenir, car elle influe sur le genre de mouvements que la màehoire doit exéculer. el ro velue par un prolongement de l'émail, au centre duquel se trouve du ccmenl (a). Cetle fossette est ovalaire et très large à son orifice, mais se rélré- citde plus en plus et devient circulaire vers le fond, de sorte qu'à mesure que la dent s'use de plus en plus, la forme de la marque produite par sa section change de forme. Quand celle usure est arrivée au delà du point correspon- dant au fond du cornet, la marque disparaît même complètement, et la partie centrale de la dent n'oflVe plus que de la dentine. Or, celte usure se produit d'une manière régulière, et par conséquent on peut juger de l'agc de chacune de ces dénis pai- la con- formation de sa surface triturante. C'est principalement en combinant les indications fournies de la sorte et celles données par le renouvellement desdenlsde lait qu'on parvient à juger (le l'âge des Chevaux par l'inspection de la bouche de ces Animaux. Ainsi le Poulain, en naissant, est en général privé de dents sur le devant de la bouche, el n'a que deux paires de mâchelières à chaque mâchoire; mais au bout de quelques jours la première paire d'incisives se montre, et avant la fin du premier mois les mâchelières de la troisième paire percent les gen- cives. Vers l'âge de six semaines, l'évo- lution d'une seconde paire d'incisives s'effectue, et entre le sixi-me et le neuvième mois celles de la troisième paire (appelées coins) commencent à se montrer. Vers le même moment les canines apparaissent ; mais, comme elles tombent presque aussitôt, elles échappèrent à l'attention des vétéri- naires, jusqu'à ce que Bojanus en eût signalé l'existence [b]. Enlin, les mâ- chelières de la quatrième paire sortent vers la fin de la première année et complètent la première dentition. lînlre le treizième et le quatorzième mois, les molaires permanentes de la première paire apparaissent derrière les quatre paires de mâchelières cadu- ques déjà développées. Du quator- zième au vingtième mois, l'évolution d'une seconde paire de molaires .s'ef- fectue, et entre cette dernière époque et l'âge de deux ans et demi les prémolaires permanentes de la pre- mière paire se substituent aux mâche- lières caduques des deux premières paires. I^endantce temps, d'autres change- ments se sont opérés dans les incisives. Ainsi, du treizième au seizième mois, les « pinces rasent », c'est-à-dire que la Rjarque, ou fossette centrale, dispa- raît des incisives de la première paire. Les incisives miloyennes rasent à un an, et les coins de quinze mois à deux ans. Le travail de la seconde dentition commence, pour les incisives, entre (fi,) Tenon, Sur une méthode particulière d'étudier l'aiiatomie, employée, par forme d'essai, à des recherches sur les dents et les os des mâchoires {Mcm. de l'Institut, l'« classe, t.I, pi. 2, fi-, 2, et pi. 3, fi-. 5). — Owen, Op. cit., pi. 130, fig. 8 à H. — Cliauveau, Traité d'anatomie des Animaux domestiques, pi. 326, fig. 95. [b] Bojanus, De deiitibus caninis cuducis {Nçva Acta Acad. nat. nirios , 1825, t. XII, p. C97). SYSTEMK demtairl: des vehtébrés. 213 La plupart des modes de coiiformafiori du système dentaire sysième ^ '■ , ilentairc que nous venons de passer en revue chez les Mammifères ordi- des Marsupiaux. l'âge de deux ans et demi et trois ans. Chez un Poulain de trois ans accom- plis, les incisives de remplacement ont succédé aux incisives caduques de la première paire, et se reconnaissent à leur blancheur, à leur grande lar- geur et à rétendue de leur fossette centrale, mais leur bord est Iranchant, et elles ne dépassent pas encore les incisives de lait adjacentes, qui, tout en étant très usées, ont encore leur marque bien visible; les cinq pre- mières mâchelières sont usées au même niveau, et la sixième est en voie de développement. Entre trois ans et demi et quatre ans, le renouvellement des incisives de la seconde paire s'effectue, et les inci- sives caduques de la troisième paire sont très usées ; enfin leur marque est très réduite. A quatre ans, les incisives posté- rieures sont complètement dévelop- pées; celles de la seconde paire ont atteint la même longueur, mais sont plus petites, et la marque de leur cou- ronne est très profonde et fort large; les incisives caduques de la paire ex- terne ont presque entièrement perdu leur marque; enfin, les canines per- manentes commencent à se montrer, et les inâclielières de la sixième paire sont au niveau des autres. A l'âge de cinq ans, la dentition est presque complète. Les incisives per- manentes (le la troisième paire ont remplacé les incisives caduques ex- ternes ; les canines sont très snillantos, cl les prémolaires permanentes de la troisième paire .sont prèles à sorlii. A Page de six ans, la marque (1rs incisives de la première paire a dis- paru par suite de l'usure de ces dents. A l'âge de sept ans, il en est de même pour les incisives mitoyennes, et la marque a fort diminué sur les incisives externes ; enlin, les canines se sont arrondies en haut. A huit ans, la marque a disparu de toutes les incisives, et, à dater de celte époque, les dents ne fournissent qutî des indices très incertains relatifs à l'âge du cheval ; aussi, dans le lan- gage des vétérinaires, dit-on qu'il ne « marque plus » ou qu'il est" hors d'âge». Les maquignons pratiquent parfois diverses espèces de fraudes pour al- térer les caractères fournis par la denture, et cela, afin de faiie paraître les poulains plus âgés qu'ils ne le sont réellement, ou pour donner une appa- rence de jeunesse à des chevaux qui ne marquent plus. A l'âge de trois ans et demi, révulsion des dents incisives caduques de la première paire est quel- quefois pratiquée afin de hâter l'évo- lution des premières incisives de rem- placement, et l'usure des autres dents est accélérée eu donnant à l'Animal des alimenls très durs, far la cautéri- sa lion ou simule aussi quelquefois une marque sur la couronne de dents qui n'en offrent plus. J'ajouterai que d'or- dinaire les acheteurs n'examinent que les dents inférieures, et par consé- quent les maquignons qui se livrent aux fraudes dont je viens de parler n('gligi'ni quelquefois de les pratiquer auN. deux uiàchoiics. l'our plus (le (h'-lails rehilifs aux mo- dilicalious (pii se produisent dans le 21 4 APPAREIL DIGESTIF. naires se rencontrent aussi dans l'ordre des Marsupiaux (1) ; mais je ne m'arrêterai pas à mettre en lumière les concordances système dentaire du Cheval par les progrès de l'âge, je renverrai auxoi]- vrages spéciaux de Pessina et de Gi- rard (a), Ghezles Rhinocéros, les raâchelières sont au nombre de sept paires à chaqiie mâchoire, et se distingaent de celles des Solipèdes par la forme des replis de l'émail (6) , ainsi que par l'existence de racines bien constituées. Les ca- nines manquent, et il en est quelque- fois de même pour les incisives (c), mais normalement il y a sr.r le devant de chaque mâchoire deux paires de ces dents (a). Chez l'Hippopotame, les incisives, au nombre de deux paires à cliaque mâchoire, sont coniques, très grosses, écartées entre elles, divergentes et proclives. Les canines, comme je l'ai déjà dit (e), acquièrent un dévelop- pement énorme. Enfin, il existe à chaque mâchoire quatre paires de prémolaires et trois paires de molaires, dont la surface triturante est tubercu- leuse, et devient fossiculée, puisruba- née seulement par l'usure (f). La dentine qui constitue les canines de ce grand Mammifère est très com- pacte, et susceptible d'un beau poli. Chez le Daman, le système dentaire ressemble un peu à celui des Rongeurs. La mâchoire supérieure est armée d'une paire de grosses incisives, qui sont taillées en biseau, et qui descen- dent au-devant des incisives de la ran- gée inférieure, lesquelles sont pro- clives et au nombre de deux paires. Les canines manquent, et à quelque distance, en arrière, on trouve à chaque mâchoire sept paires de mâ- chelières triturantes (g). (1) Ainsi, dans une première divi- sion de cet ordre, composée des Mar- supiaux carnivores et comprenant les genres Thylacine {h] , Dasyure (i) et (a) Pessina, Ueber die Erkenniiiiss des Pferdealters aus deii Zdhnen (Vienne, 1811), avec atlas. — Girard, Traité de l'âge du Cheval, 3° édit. , 1834, avec planclies. (6) Idem, ibid., pi. -44. — Fréd. Cuvier, Dents des Mammifères, pi. 90. — Ovv-eri, Odontography, pi. 138, fig. 3, etc. (c) Exemple : le Rhinocéros bicornis (Owen, Odontography, pi. 138, fig. 'i). {di Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 42. (e) Voyez ci-dessus, page 187. (f) Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, pi. 31, fig. 1, 3 et 4 ; pi. 32, flg. 2, etc. — Blainville, Ostéographie, Onguloûrades, genre Hippopotamus, pi. 3, 7 et 8. — Owen, Odontography, pi. 141, fig. 4; pi. 142 et 143. (3) Cuvier, Op. cit., pi. 63 et 64. — Fréd. Cuvier, Op. cit., pi. 89. (7i.) Pearson, A'o^es on Tliylacinus cynocephalus {Journ. of the Asiatic Soc. of Bengal, 1835, t. IV, p. 572, pi. 48, fig. 49). — Pioulin, Atlas du Règne animal de Cuvier, .Mammifères, pi. 49, fig. la, 1 &, 1 c. - — Owen, On the Osteology of Marsupialia (Trans. ofthe Zool. Soc, 1. 11, pi. 70, fig. 1) ; — art. jVIarsupialia (Todd's Cyclop. ofAnat. and Physiol., t. III, p. 258, fig. 80), — et Odontography, pi. 98. (i) Fr. Cuvier, Dents des Mammifères, pi. 23, B. — Owen, Osteol. of Marsupialia (Trans. of the Zool. Soc, t. II, pi. 70, fig. 2 à 5) ; — art. Mar- supialia (Todd's Cyelop., t. III, p. 259, fig. 81), — et Odontography, pi. 98, fig. 2. SYSTÈME DENTAIKE DES VERTÉBli^^S. '215 de ce genre, car l'étude des variétés de forme que peut offrir cette partie de l'appareil digestif appartient essentiellement à la Phascogale (a), il y a aux deux mâ- choires des incisives sécatrices et ver- ticales, de grandes canines lacérantes, et une série de mâchelières simples et sécatrices fort semblables à celles des î\lonodelpl)iens de l'ordre des Carnivores. Les formules dentaires sont : I7, Gv, P-j, M T,pour lesTliylacines; l'j, C^, pi, M 7, pour lesDasyures ; I^, Cf, Pl,i\!|, pour les Pliasco- gaies. Une autre division comprend les Marsupiaux insectivores, tels que les Péramèles (6) ,et les Didelphes (c) , dont les canines sont moins développées et les molaires moins tranchantes. La formule dentaire des Didelphes est I7, Ci, P^,M7. Une troisième tribu, composée des Marsupiaux frugivores, est caracté- risée par le grand développement et la position proclive des incisives anté- rieures de la mâchoire inférieure, des canines petites ou rudimentaires, et des molaires dont a surface triturante est plus élargie et tuberculeuse. Ce sont les l'halangers {cl) et les Pé- taures (e). On donne le nom de Poephaga à une quatrième division, comprenant les Marsupiaux les plus essentielle- ment herbivores, c'est-à-dire les Kan- guroos if) et les Poloroos (g). Ils se font remarquer aussi par le grand dé- veloppement d'une paire unique d'in- cisives inférieures et proclives, l'ab- sence de canines, au moins à la mâchoire inférieure, et la forme des mâchelières dont la couronne est sil- lonnée en travers. La formule dentaire des Kanguroos est I,-, G^, Pi, M-i. Enfin une dernière tribu, celle des Marsupiaux rhizophages , composée du genre Phascolome (h), correspond, par son système dentaire, à l'ordre (a) Oweii, ;irt. Marsupialia (Todd's Cyclopœdia, t. III, p. 259, fig. 82). (6) Fr. Cuvier, Dents des Mammifères, pi. 23, A. — Owen, Osteol. of Marsupialia {Trans. of the Zool. Soc, t. II, pi. 71, ûg. 1) ; —art. Marsu- pialia (Todd's Cyclop., t. III, p. 260, fig-. 84), — cl Odontography , pi. 98, fig. 5. — Waterhousc, Nut. Hist. of Mammalia, t. I, pi. 20, fig. 1. (c) Fr. Cuvier, Op. cit., pi. 23, C. — Milne Edwards, Atlas du Règne animal de Cuvier, Mammifères, pi. 47, fig. i . — Owen, art. Marsupialia [loc. cit., p. 261 , fig. 85), — et Odontography, pi. 98, fig. 6. {d) Fr. Cuvier, Op. cit., pi. 41. — Owen, art. Marsupialia (loc. 'cit., p. 362, fig. 86 et 87). — Waterliouse, Nat. Hist. of Mammalia, t. I, pi. 19, fig. 4 à 6. (e) Owen, arl. Marsupialia {loc. cit., p. 264, fig. 88). (f) Fr. Cuvier, Op. cit., pi. 43, A. — Milne Edwards, Atlas du liègne animal, Mammifères, pi. 47, fig. 4. — Owen, art. Marsupialia (Todd's Cyclopœdia of Anatomy and Physiology, l. 111, p. 266, fig. 92), — et Odontography, pi. 100, fig. 8. — Walerhouse, Nal. Hist. of Mammalia, t. I, pi. 3, fig. 2 à 5 ; pi. 5, 6 et 8. (g)Vr. Cn\icr, Op. cit , pi. 42. — Milne Edwards, Atlas du Règne animal de Ciiviur, Mammifères, pi. 47, fig. 3. (h) Fr. Cuvioi', Op. cit., pi. 44. — Cuvier, Itègne animal, 2' cdit., t. Ill, pi. 2, fig. 4 et 6. — Ownn, Osteol. of Mar.vipialial Trans. of Ihc /ool. ,S'w.,t.H, p. (!7), — el art. Marsupialia (Todd's Cyclop., t. II, p. 207, fi-. !J3j. — Waterliouse, Nat. Hist. of Mammalia, t. I, pi. 3, fig. 1 . — Pioulin, Alla.i du Règne animal de Cuvier, Mammifères, pi. .11 , fig. 2 n, 2 &. 216 APPAREIL DIGESTIF. zoologie descriptive, et ne doit nous occuper qu'autant qu'elle se lie à la physiologie (t). Relations §18. — Avant dc terminer cette Leçon, je crois devoir CIÎ^^C . ,, 111 1 11 -1 ■ 1' la disposiiiori rcvcnu^ sur 1 examen de la charpente buccale dont j ai parle rmiicuiaiion précédemment, afin de montrer l'harmonie remarquable qui do la inàclioire . ,,..., . -in -i cl la existe entre la disposition de certaines parhes de 1 appareil ' digestif, qui n'ont cependant entre elles aucune relation directe, savoir : la forme des surfaces par lesquelles la mâchoire s'articule au crâne, et la structure des dents mâchelières. Lorsque ces dents sont sécalrices et destinées à couper de la chair, comme le ferait une paire de ciseaux, il est évident que pour bien diviser les fibres de celte substance , la mâchoire inférieure doit toujours se mouvoir suivant un même plan ver- tical, afin que le bord tranchant de son armure dentaire puisse renconirer bien exactement le bord correspondant des des Rongeurs. Sur le devant de la bonclie, ou voit, à chaque mâchoire, une jiaire d'ônoruics incisives séca- lrices et arquées ; les mâchelières sont broyeuses, et il existe un grand espace vide entre ces dents et les précé- dentes. La formule est If, C^, Pf, M u \l est à remarquer que le nombre total des dents est plus grand dans l'ordre des Marsupiaux que chez la plupart dos Mammifères ordinaires. Ainsi, il en existe hS chez les Péra- mèles, 50 chez les Sarigues, cl 5Zi dans le genre Myrmecobius {a), petite division de la famille des Dasyures. Je rappellerai également que chez les Marsupiaux les canalicules de la dentine se prolongent beaucoup dans la substance de l'émail , disposition qui ne se voit que chez un petit nom- bre de Mammifères monodelphiens, tels que les Musaraignes, les 'Gerboises et les Damans ,6). (1) Le système dentaire des Pois- sons présente souvent une complica- tion non moins grande que celle dont la plupart des Mammifères nous ont oflert l'exemple. Pour plus de détails à ce sujet, je renverrai au grand ou- vrage de Cuvieretde M. Valenciennes sur ]'hi.stoire de ces Animaux, aux additions faites par Duvernoy à la seconde édition des Leçons d'ana- tumie comparée de Cuvier (c) et à VOdontographie de M. Owen. (a) Walerhouse, Nat. Hist. of Mammalia, t. I, p. 394, pi. 2] , (ig-. i . — Owen, art. Marsupialia (Todd's Cyclop., t. UT, p. 260, fig. 83). {h) 'f ornes, On Ihe Stnictiire of the Deiitai Tissucs of Marsupial Animais {Philos. Trans., 1841), p. 403, pi. 3 5 ut 3Gj. (c) Cuvier, Lcrons d'unalomie iv.i parce, 1. l\', 1" partie, p. 335 ctsuiv. SYSTÈML; DENTAlUli DES VERTÉBRÉS. '217 mâcbelières supérieures ; car, si celte condition n'était remplie, les fibres musculaires saisies entre ces organes s'infléchiraient seulement, ainsi que cela a lieu pour une étoffe flexible que l'on cherche à couper avec des ciseaux dont la vis n'est pas serrée et dont les lames s'écartent latéralement entre elles. Or la nature assure ce résultat en donnant au condyle de la mâchoire une grande largeur et en le logeant dans une cavité articulaire qui l'embrasse éfrohement en avant aussi bien qu'en arrière, et qui s'étend beaucoup transversalement. Ce mode d'organisation se voit chez tous les Carnassiers (l) et atteint son plus haut degré de perfection chez les espèces qui sont le plus essentiellement carnivores : le Lion et le Tigre, par exemple (*2). Mais lorsque les incisives doivent agir à la manière d'un grattoir, et que les mâcbelières doivent remphr les fondions d'une râpe ou d'une meule pour réduire en petits fragments des substances végétales plus ou moins dures, telles que des écorces, des graines ou des feuilles, ces instruments triturants ne pour- raient remplir leurs fonctions efficacement, si les mâchoires aux- quelles ils sont fixés étaient disposées de façon à s'écarter, à se rapprocher l'une de l'autre seulement et à se rencontrer toujours par les mêmes points. Ainsi la charnière articulaire, si parfaite, qui est d'une grande utilité aux Carnivores, serait nuisible aux Rongeurs et aux Herbivores. Chez ceux-ci, la mâchoire inférieure doit être plus libre dans ses mouve- menls et doit [louvoir frotter contre la mâchoire supérieure, soit d'avant en arrière, soit latéralement, circonstance (jui com- mande en quelque sorte une conformalion différente de l'arti- (1) Kxnniples : le Cliicii cl le poslérieiir de la caviié gléno'klc se loup (a). iccoiiibe même en avant, de façon à ('J; Clicz i;e.s Caniassif^is, le bord embrasser le coiidyle. {itj lil;ilrisi!lu, Oslcriyvaiikic, GAIiNAS-illili?, ;;(;iiic 6'«»«s, \<\. (1. 218 APl'AHElL DIGESTIF. culation maxillo-crânieiine. H est aussi à remarquer que chez les Rongeurs, le mouvement latéral ne produirait le résultat voulu ni pour les incisives, ni pour les mâchelières, dont les lames tranchantes sont dirigées transversalement, et que la mâchoire inférieure, pour râper les aliments, doit glisser îongi- tudinalement d'arrière en avant. C'est effectivement de la sorte que le jeu de l'appareil masticatoire s'établit, et pour permettre ce va-et-vient dans le sens longitudinal, les condyles, au lieu d'être élargis transversalement comme chez les Carnivores, sont étroits et allongés d'avant en arrière; les cavités articu- laires qui les reçoivent ont la même forme et restent ouvertes en arrière aussi bien qu'en avant (1) ; enfin les ligaments qui lient la mâchoire au crâne sont très lâches, de façon que celle-ci, sans pouvoir dévier à droite ou à gauche, peut avancer ou reculer alternativement et produire de la sorte le frottement nécessaire entre les dents des rangées opposées. Mais, chez le Cheval, de même que chez le Bœuf et les autres Ruminants, où nous avons vu que les mâchelières sont garnies de crêtes et de sillons longitudinaux, le frottement doit se faire en sens opposé, et par conséquent, dans le travail de la mastication, la mâchoire inférieure doit pouvoir se mouvoir latéralement aussi bien que de haut en bas. En effet, ces mouvements latéraux ont lieu, et, pour les obtenir, la Nature a donné à l'articulation maxillo- crânienne une troisième forme : les condyles sont petits et arrondis; les cavités qui les logent sont peu profondes, mais larges, et la capsule fibreuse qui complète chacune d'elles (1) Ce mode de conformation des figures que Blainville a données de condyles de la mâchoire inférieure et ces parties chez d'autres Rongeurs, des cavités articulaires destinées à les icis que le Câblai, ou Cavia capy- recevoir est facile à constater chez le bara (a). Lapin, et se voit très bien dans les (a) Blainville, Ostéographie, Carnassiers , genre Felis, pi. 7. SYSTÈME DENTAIRE DES VERTÉBRÉS. 219 n'embrasse que d'une manière lâche la partie correspondante de la mâchoire inférieure (1). Nous voyons donc que le mode de conformation des diverses parties de l'articulation de la mâchoire est en harmonie avec la structure de l'appareil dentaire, en même temps que la dispo- sition de celui-ci a des liaisons intimes avec le régime de FAnimal. L'étude attentive de ces corrélations peut donc jeter d'utiles lumières sur la nature des Animaux dont on ne connaît que des débris conservés à l'état fossile dans les différentes couches de l'écorce solide du globe; et, en effet, c'est à l'aide de considérations fondées de ces rapports constants que Cuvier est souvent parvenu à reconstruire, par la pensée, des espèces détruites dont il n'avait vu qu'une seule dent, et à devancer les découvertes matérielles du paléontologiste par les découvertes intellectuelles du zoologiste. '&' (1) La disposition des parties os- tilage interarticulaire et aux ligaments seuses se voit ti'ès bien dans les figures articulaires, je renverrai aux ouvrages données par Blainvilie (a), et, pour spéciaux sur l'anatomie vétéri- plus de détails relatifs au fibro-car- naire (6). (a) Blainvilie, Ostéographie, Rongeurs, genre Cavia, pi. 2. (6) Leyh, Handbuch der Anatomie der Hausthiere, p. 125, fig. 45. — Chauveau, Traité d'anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 132, fig. 52. CINQUANTE -QUATRIÈME LEÇON. Suite de l'histoire des organes digestifs chez les Vertébrés. — Appareil salivaire. Salive ; composition chimique de ce liquide. Appareil §1. — ci)ez les Anlmaux vertébrés, de même que chez les salivairc. ' ^ Invertébrés supérieurs, il existe généralement, clans le voisi- nage de la bouche, des organes sécréteurs qui sont chargés de produire des liquides particuliers, et de les verser sur les ali- ments pendant le passage de ceux-ci dans cette cavité vestibu- laire. Ces organes constituent l'appareil salivaire et sont de deux sortes : les uns sont des dépendances directes de la tu- nique muqueuse de la bouche, et consistent en petites fossettes ou follicules épars dans l'épaisseur de cette membrane; les autres en sont distincts et sont formés chacun par des agré- gats d'ampoules groupées autour d'un canal excréteur rameux qui va s'ouvrir dans la bouche. Les anatomistes réservent à ces derniers le nom de glandes salivaires, mais le [)hysiolo • gisie ne doit pas oublier que tous ces instruments ont des fonctions analogues, et différent par leur forme plutôt que par leur structure essentielle. Pour me conformer aux usages éta- blis, je conserverai ici cette distinction ; mais afin de rappeler que tous ces organes sécréteurs font partie d'un môme appa- reil, tout en continuant d'appeler glandes salivaires seulement ceux qui sont séparés de la muqueuse buccale par un con- duit excréteur distinct, je donnerai aux autres le nom de (jlan- dules salivaires. D'après ce que nous savons déjà sur les usages de la salive, nous pouvons prévoir que l'appareil destiné à sécréter ce li- quide ne doit pas être également puissant chez tous les Verté- brés. En effet, la salive, comme je l'ai fait voir dans une pré- ORGANES SALIVAIRES DES VERTÉBRÉS. 221 cédente Leçon (1), peut agir mécaniquement ou chimiquement : dans le premier cas, elle sert à faciliter la déglutition ou la préhension des aliments; dans le second, elle agit comme simple dissolvant ou comme agent modificateur de certaines matières- ahmentaires d'origine végétale. 11 est donc évident que celle humeur doit être moins utile aux Animaux qui vivent dans l'eau, et qui par conséquent ne peuvent avaler des corps solides sans recevoir en même temps dans leur houche une quantité considérable du liquide ambiant, qu'aux Animaux terrestres, qui ne boivent pas nécessairement toutes les fois qu'ils mangent. 11 est également évident que l'appareil salivaire doit être surtout utile aux Animaux qui mâchent lon- guement leurs alimenls, et qui se nourrissent de substances que la salive peut dissoudre, c'est-à-dire de matières amyla- cées. Nous en pouvons conclure que chez les Poissons, qui vivent dans l'eau et qui sont presque tous carnassiers, cet appareil sera peu développé, ou pourra même manquer com- plètement; tandis que chez les Mammifères, et plus particu- lièrement chez les Mammifères phytophages, il devra arriver à son plus haut degré de perfectionnement. § 2. — Les faits fournis par l'anatomie sont en accord avec Appareil ces déductions physiologiques. Ainsi , chez les Poissons dori'™ns. ordinaires, on ne trouve point de glandes salivaires (2), et (l) Voyez tome V, p. 175. Retzius a considéré, comme appar- (!2) J.-F. Meckel a décrit cliez la tenant à l'appareil salivaire, un organe Baudroie un organe parliciilier qui se rougeàtre qui se trouve entre les trouve sous la peau, derrière la fente muscles de la région sous-maxiliaire, branchiale, el qui, dans son opinion, chez les Plagioslomes et chez divers pourrait bien être une glande sali- Poissons osseux, tels que les (îades et vaire{a);mais cccorpsglanduliforme les Salmonés (6); mais c'est un gan- n'apasderapporlsavpclecanaldigcstif. glion vasculaire, et non une glande (c), (a) Mcckcl, Traité d'aunlomic comparée, t. VII, p. 350. (6) Retzius, Observationes in analomiam Chondroplerygiomim, 1819. (c) Slanriiusel Siebold, Nouveau Manuel d' analomie comparée, I. I, p. 97. — Owcn, Lectures on ihe rornp. Anat. of Vertébrale Animais {Fishex), p. 230. 222 APPAREIL DIGKSTIF. les glandules buccales sont en général peu nombreuses (1 y; mais chez les Lamproies, qui, tout en vivant dans l'eau, ne laissent pas pénétrer ce liquide dans leur bouche pendant l'acte de la déglutition, il existe une paire de glandes de ce genre dont les conduits excréteurs viennent s'ouvrir dans l'in- térieur de la ventouse orale (2). Appareil Daus la classc des Batraciens, l'appareil salivaire est égale- des 'Batradens. ment rudimentaire ; aucune glande ne vient s'ouvrir dans la bouche, et les glandules disséminées sous la tunique muqueuse de cette portion vestibulaire du canal digestif sont peu déve- loppées. Appareil Dans la classe des Reptiles, cet appareil sécréteur com- salivaire v •iiv , • ''i-i des Reptiles, mcncc 3 avou^ plus d miportance : mais, en gênerai, il ne se compose encore que de glandules sous-muqueuses logées dans la langue ou autour du bord des mâchoires. Quelques auteurs le comparent an analogue chez Ja Loche, le Silure, corps thyroïde (a). Piî'socc 6eZojieetla grande Épinoche(e). (1) La Carpe, qui se nourrit de On remarque aussi un amas de substances végétales et les broie à glandules soos la membrane muqueuse l'aide de ses dents pharyngiennes (6), du palais chez les Raies (f). présente au palais une couche épaisse (2) Born a trouvé, entre la rangée d'un tissu mou, gris rougeâtre, dont inférieure des odonloïdes el le piston suinte un liquide glaireux. Ce tissu lingual, deu?c petits orifices qui appar- renferme des cryptes qui paraissent tiennent aux canaux excréteurs d'une devoir être considérés comme des paire de poches membraneuses situées glandules sahvaires; mais il est sur- à quelque distance derrière la base de tout très sensible et doué de pro- la ventouse orale et contenant un li- priétés érectiles (c) ; aussi quelques quide brunâtre assez consistant. Cet auteurs le considèrent-iis comme étant anatomiste les regarde, avec raison, plutôt un organe gustatif (ri). comme des glandes salivaires d'une M. Rathke a observé une disposition structure très simple {g). (a) Simon, On the comparative Anatomy of the Thyroid Gland {Philos . Trans., 1844, p. 300). (6) Voyez ci-dessus, page 425. (c) Duvernoy, Leçons d'à natomie comparée àe Cuvier, 2° édil., t. IV, 1" partie, p. 459. {d) Cuvier, Histoire naturelle des Poissons, p. 498. — Owen, Lectures on the Comp. Anal, of the Vertebr. Animais, p. 230. (e) Rathke, Ueber den Darmkanal der Fische {Beitrdge eur Geschichte der Thierwelt, t. II, p. 8, ou Schriften der Naturforsch. Gesellsch. %u Danzig, 4 824). (f) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. IV, 2° partie, p. 460-. {g) Born, Observations anatomiques sur la Grande Lamproie (Ann. des sciences nat., 1828, t, XIII, p. 29, pi. 1, fig. t , 2 et 3, n» 22). ORGANES S4L1VAIUES DES VERTÉBRÉS. 5'23 Ainsi, chez !c Caméléon, la langue est lubrifiée par une sa- live gluante qui provient d'un amas de cryptes situés près de l'extrémité de cet organe protractile, entre les plis de sa tunique muqueuse. Chez les Crocodiliens, indépendamment des cryptes mu- queux en grand nombre, dont les orifices se voient à la sur- face de la langue on remarque sur les côtés de l'arrière- bouche des amas deglandules qui peuvent être comparées aux organes sécréteurs appelés amygdales chez les Vertébrés supé- rieurs (1). Chez quelques Tortues terrestres, il existe sous la langue un amas de cryptes qui commencent à se séparer assez nettement de la membrane muqueuse adjacente, et qui correspondent évi- demment aux glandes que l'on appelle sublinguales chez les Oiseaux et les Mammifères (2). Chez les Ophidiens, qui n'avalent leur proie que lentement et avec difficulté, l'appareil salivaire acquiert un développe- ment beaucoup plus considérable. De petites glandes, dites la- (i) Ces réunions de glandules sont bre d'orifices. Chez les Émydes, il a situées derrière les arrière-narines, remarqué une disposition analogue, sur les côtés de la paroi supérieure du Chez tous ces Chéloniens, les glan- pliarynx, et couvertes par cinq ou six dules linguales sont aussi très déve- replis de la membrane muqueuse dis- loppées. Ainsi la langue des Tortues posés transversalement et subdivi- proprement dites est hérissée de pa- sés par des plis secondaires en pilles creuses, en forme de feuillets cryptes dont le fond est occupé par qui se réunissent par leur base à une des cellules (a;. masse glanduiaiie épaisse et composée (2) Duvernoy a trouvé chez la de cellules dont les orilices se voient, grande Tortue des Indes une paire soit entre ces appendices, soit sur les d'organes rougeâtres et ovales, situés côtés de l'organe, sous la langue, sur lescôlés desmus- Chez les Émydes, la masse spon- clés génio-glosses,composés d'un amas gieuse, formée par ces crypies, est de crypies, et s'ouvranl sur le plan- moins épaisse, et chez les Chéloné.s cher de la bouclic par un grand nom- elle est rudimcntaire (6). (fl) Stanniiis et Siobold, Nouveau Manuel d'analomie comparée, t. IF, p. 227. (h) InivcTnoy, Leç.ons d'analomie comparée clo Ciivicr, S'ôi.lit., t. IV, p. 451. 22Zl APPAREIL DIGESTIF. biales, se logent en très grand nombre entre la peau et la foee externe des mâchoires, s'ouvrent à la base des dents, et y ver- sent un liquide gluant (1). Les glandes lacrymales viennent en aide aux organes sécréteurs de la salive pour lubrifier les ali- ments, car la totalité du liquide qu'elles produisent, après avoir baigné les yeux, arrive dans la bouche par les arrière- narines (2)/ Enfin, l'appareil salivaire se complique davantage chez un grand nombre de ces Reptiles, mais il est alors en partie détourné de ses usages ordinaires, afin de fournir, au lieu de salive proprement dite, une matière toxique à l'aide de laquelle l'Animal paralyse et tue ses victimes. En effet, les glandes à venin de la Vipère et des autres serpents venimeux sont des organes de ce genre dont le produit est un poison vio- lent, et dont le canal excréteur vient aboutir à la base du crochet tubulaire ou canaliculé qui arme de chaque côté la mâchoire supérieure de ces Ophidiens (o). (1) Les glandules labiales des Ophi- derrière l'orbile, de façon à être com- diens sont des follicules lobules, dis- primée lors de la contraction des posés parallèlement et serrés entre eux muscles temporaux. La conjonctive, où de façon à constituer une masse elle verse les larmes, est un sac fermé d'apparence spongieuse, qui revêt la et communiquant avec la fosse nasale face externe des deux mâchoires. correspondante par un canal lacry- Meckel a donné des figures de ces mal. I^e liquide lacrymal ne peut organes chez un certain nombre de donc pas se perdre à la surface de Serpentsnon venimeux (a); et Duver- l'œil, et arrive en totalité dans les noy les a représentés chez d'autres fosses nasales, d'oii il passe dans la espèces du même groupe, ainsi que bouche par les arrières narines (c), ciiez divers Serpents venimeux {b). (3) Les anciens naturalistes pen- (-') Ainsi que nous le verrons plus saient que le poison de la Vipère pro- en détail dans une autre partie de ce venait du foie, et les premiers anato- cours, la glande lacrymale des Ser- mistes qui étudièrent la structure de pents est très développée et située la tête de ces Uepliles prirent les (a) Meclicl, Ueher die Kopfdrûsen der Schlangen {Archiv fur Anat. itnd PhysioL, -1820, pi. 3 à 10). (b) Diivernoy, Mém. sur les caractères tirés de l'anatomie pour distinguer les Serpents veni- meux des Serpents non venimeux (Ann. des sciences nat., 183-2, 1. XXVI, pi. 3 à 10). (c) J. CloquKt, Mém. sur l'existence et la disposition des voies lacrymales dans les Serpents, i821, iu-'t, p. H et siiiv. ORGANES SALIVAIRES DES VERTÉBRÉS. 225 En ffénéral, l'appareil salivaire, sans arriver à un très haut Appareil ~ "^ "^ salivaire degré de développement, acquiert plus d'importance dans la des oiseaux glandes lacrymales pour les organes sécréteurs du venin , erreur com- mise aussi par un auteur du siècle actuel (a). Les véritables glandes à venin , vaguement indiquées par Tyson (b), et bien déterminées par Ranby (c), ont été l'objet de beaucoup de re- cherches anatomiques (d). Chez les Solénodontes, ou Serpents à crochets mobiles, elles sont très grandes, et de chaque côté de la tête elles occu- pent la plus grande partie de la fosse temporale. Chacun de ces organes est pourvu d'une capsule fibreuse à la- quelle viennent s'attacher quelques faisceaux charnus du muscle tempo- ral (e), et il se compose d'une série de caecums rameux qui débouchent inférieurenient dans un canal excré- teur commun (/). Ce tube, en sortant de la capsule de la glande (appelée à tort poche à venin par quelques auteurs), se porte en avant, et va aboutir à la base du crochet tubu- laire correspondant, crochet dont nous avons étudié précédemment le mode de conformation ( voyez ci-dessus , page 190). Chez les Opisthoglyphes, Serpents venimeux à dents postérieures can- nelées, il existe une glande analogue, mais moins développée, et parfois confondue avec la série des glandules labiales de la mâchoire supérieure que quelques auteurs appellent la glande maxillaire (g). Lorsque les Serpents solénodontes veulent mordre, ils redressent leurs crochets à l'aide d'un mécanisme dont il a été question précédemment (/?), et les glandes vénénitîques, pressées par la contraction des muscles temporaux, laissent échapper, leur liquide qui s'é- (a) Charas, Description anatomique de la Vipère {Mém. de l'Acad. des sciences, i6()(5, 1669, t. 111, p. 231, pi. 62, fig. le). — Desmoulius, Mém. sur le système nerveux et l'appareil lacrymal des Serpents à son- nettes, etc. {Journal de physiologie de Magendie, 1824, t. IV, p. 274 et siiiv.). (6) Tyson, Vipera caudisona Americana, or the A^iatomy of a Ratile-Snake {Pliilos. Trans., 1673, t. Xlll, p. 46). (fi) Ranby, Account of the Poisonous apparatus of the Rattle-Snake (Philos. Trans., IT^S, t. XXXV, p. 377, pi. 1). (d) Home, dans l'ouvrage de P. Russel : An Account of Indian Serpents, 1796, pi. 6, fig. 1 à 7. • — ■ Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1805, t. III, p. 224. — Meckel, Ueber die Kopfdrûseti der Schlangen {Archiv fur Anat. und PhysioL, 1826, p. 1, pi. 1, fig. 1 et 2). — Fr. Tiedemann, Ueber die Speiçheldrûsen der Schlangen (Detikschriften der Kôniglichen Akademie der Wissenschaften zu Mûnchen fur das Jahr 1813, p. 25). — Sclilegel, Untersiir.h. ûber die Speiçheldrûsen bei den Schlangen mit gefurchten Zâhnen {Nova Acla Acad. nat. nurios., t. XIV, p. 14). — ■ Dcsrnoulins, Noie sur l'appareil, sécréteur du venin che% le Serpent à sonnettes {Journal de physiologie do Magendie, 1827, t. VII, p. 109). — .1, Millier, De glandularum secernentium structura penitiori, 1830, p. 55, pi. 6, fig. 3 et 4. — Duvcrnoy, Mém. sur les caractères tirés de l'anatomie pour distinguer les Serpents venimeux des Serpents non venimeux {Ann. des sciences nat., 1832, t. XXVI, p. 132, pi. 10). — AU:ss;inûi-iin,Iiicei^chesulleglandolisalivalidei Serimitia denti solcali, etc. {Giorn. poly- yraphodi Verona, 1832, t. XII, p. 47)^ (e) Duvcrnoy, loc. cit. {[} Millier, Op. cit., pi. 0, fig. 1,1a. {g} Sthlcgol, Op. cit., fig. 8. — Duverrioy, loc. cit., p. 144 et suiv, • (h) Voyez ci-dessus, page 01 . VI. 15 226 APPAREIL DIGESTIF. classe des Oiseaux. Chez quelques espèces qui vivent de ma- tières animales et qui prennent leur nourriture dans l'eau, il est coule par la fente située près de l'ex- trémité de ces dents, et qui arrive, ainsi au fond de la piqûre faite par ces organes. Le poison, pour agir sur l'économie, doit être absorbé et porté dans le torrent de la circulation. Son action est d'autant plus rapide, toutes choses étant égales d'ailleurs, que sou absorption est plus prompte, et sur une plaie saignante celle-ci est très facile. i\Iais ce liquide toxique n'est pas absorbé par la membrane mu- queuse digeslive; aussi peut-il être introduit impunément dans la bouche et même dans l'estomac, tandis que, appliqué sur une écorchure , il agit avec une grande intensité. Sa puis- sance délétère varie suivant les es- pèces, et son action est plus forte sur les Oiseaux et sur les Mammifères que sur les Animaux à sang froid ; mais c'est à tort que quelques auteurs ont supposé que les Serpents étaient com- plètement à l'abri de son influence. La morsure des Crotales et des Trigo- nocéphales peut déterminer la mort de l'Homme dans l'espace de quelques minutes. La Vipère commune est beau- coup moins dangereuse, etsa morsure, promplement fatale pour de petits Animaux tels qu'un Pigeon ou même un Lapin, n'est que très rarement mortelle pour un Homme. Il est aussi à noter que la gravité des accidents est en rapport avec la quantité de ve- nin versé dans la plaie, et que, par conséquent, un Serpent devient de moins en moins dangereux à mesure que dans un court espace de temps il a mordu un plus grand nombre de fois. Le froid tend à ralentir la sécré- tion de ce liquide, et, par conséquent, c'est dans les pays chauds que ces Animaux sont le plus redoutables. L'action que le venin des Serpents exerce sur l'économie animale a été l'objet d'un grand nombre d'expé- riences dues principalement à Kedi, Fonlana, Mead et Russel (a), mais n'est pas encore connue d'une manière satis- faisante. Elle paraît déterminer une altération profonde du sang en détrui- sant la coagulabilité de ce liquide et en modifiant la conformation de ses glo- bules, et elle est suivie d'une grande prostration des forces, ainsi que d'au- tres symptômes nerveux, tels qu'en- gourdissement , syncopes , etc. Les etfets locaux de la morsure sont, en général, une douleur vive, puis un gonflement considérable qui s'étend de proche, en proche et qui, dans quelques cas, est suivi de la forma- tion de phlyctènes ou même de l'ap- (a) Redi, Observationes de Viperis {Opuscida, t. II, p. 155, édit. de 1729). ^- Fontaîia, Traité sur Le venin de la Vipère, etc. Florence, 1781 , 2 vol. in-4. — . P. Russel, An Account of Indian Serpents collecùed on the Coast of Coromandel, 1796. — Home, The Case of a Man who died in conséquence ofthe Bite of a Rattle-Snake {Philos. Trans., 180.9, p. 75). — Mangili, Mém. sur le venin de la Vipère [Ann. de chimie et de physique, 1817, t.- IV, p. 169). — Pihorel, Observ. sur la morsure d'un Serpent à sonnettes (Journ. de2)hysiol. de Magendie, 1827, t. VII, p. 97). — Brainard, Expériences sur le venin des Serpents à sonnettes; effets de ce venin et moyen de neutraliser son absorption {Comptes rendus de l'Académie, 1853, t. XXXVIl, p. 811), ORGANES SALIVAIRES DES VERTÉBRÉS. 227 plus OU moins rudimentaire (1); mais chez la plupart des espèces terrestres, il existe sous la langue, ou dans l'épaisseur de cet organe, des glandes assez volumineuses dont les produits en lubrifient la surface (2). Quelquefois même ces glandes parition de points gangreneux. D'après les recherches chimiques faites récem- ment par le prince Lucien Bonaparte, le venin de la Vipère paraît conte- nir une matière particulière appelée échidnine ou vipérine , un principe colorant jaune, de Talbumine, une ma- tière grasse et divers sels (a). Les moyens à mettre en usage pour prévenir les accidents déterminés par la morsure des Vipères et autres Ser- pents venimeux, sont ceux qui peu- vent ralentir ou empêcher l'absorption du poison ; par conséquent, l'agran- dissement de la plaie, une forte suc- cion opérée à sa surface, la cautéri- sation, etc. On a vanté tour à tour un très grand nombre de topiques qui ne méritent que peu de confiance, mais qui paraissent pouvoir agir quel- quefois en provoquant des phéno- mènes osmoliques, et en entraînant ainsi au dehors, avec les liquides ex- crétés, le venin déposé dans la pi- qûre. 5'our les indications bibliogra- phiques à ce sujet, je renverrai à une publication récente faite par M. Sou- beiran (6). Quelques médecins ont considéré l'inoculation du venin d'une Vipère des Antilles comme un préser- vatif contre la fièvre jaune ; mais cette opinion n'est pas fondée (c). (1) Ainsi Meckel n'a pu trouver aucune trace d'organes salivaires chez le Fou [Sula alba), ni chez le Cor- moran, et chez une espèce de Plon- geon (le Lumme ou Colymbus arc- ticus),\\ n'en a rencontré que des vestiges. Mais cette disposition n'est pas constante chez les Oiseaux aqua- tiques piscivores, et, chez les Pétrels, les Goélands, les Sternes, etc., cet appareil est assez bien développé (d). (2) Les glandes sublinguales man- quent chez quelques Oiseaux, tels que le Pélican, la Cigogne et l'Autruche ; quelquefois aussi elles ne sont repré- sentées que par une rangée de folli- cules simples, par exemple chez le Corbeau (e) ; mais, en général , elles con- stituent sous le plancher de la bouche une masse assez volumineuse. Ainsi, chez l'Oie, elles sont réunies en une masse rougeàtre , étroite en avant, élargie et bifurquée en arrière, à la surface de laquelle on distingue deux séries de petits orifices formés par la terminaison de leurs canaux excré- teurs dont la partie initiale est ra- meuse (/■). Chez d'autres Oiseaux, par exemple le Dindon, on trouve sous le plancher de la bouche deux paires de glandes, et quelques auteurs donnent le nom (a) Voyuz Gruùru, Des venins et des Animaux venimeux, thèse. Paris, 1854. (b) J. Soubeiran, De la vipère, de son venin et de sa morsure, in-8, 1855, p. 120 cl suiv. (c) Sénard, Sur l'inoeulalion préventive de la fièvre jaune {Gazelle hebdomadaire de méde- cine, 1825, t. II, p. 898). {d) Mcckel, 'fraUé d'analomie comparée, t. VIII, p. 198. (e) .1. Mijller, De (jlandularum secernenlium slructura peniliori, p. 58, pi. -i, fijf. 4. (/) \i. II. Wcbcr, IteobaclUunyen ûber die Siruclur einiyer conglomerrilen und elnfachen Drû- sen (.Meckcl's Arcidv fur Anat. und l'IiysioL, 1827, p. 28(j, pi. i, fig. 19 ii 21). — i. Mullcr, Op. cit., p. 59, pi. 0, 11^'. Ta,lb. 228 APPAREIL DIGESTIF. atteignent un très haut degré de développement : ainsi chez les Pics, qui vivent d'insectes et qui s'emparent de leur proie, comme nous l'avons déjà vu, à l'aide de leur langue protrac- tile et gluante, on trouve entre les branches de la mâchoire inférieure une paire de grosses glandes salivaires qui se pro- longent en arrière jusque sur l'occiput, et qui versent dans la bouche un liquide visqueux (1). Souvent on trouve aussi des amas de cryptes ou même de petites glandes sur d'autres par- ties des parois de la bouche : par exemple, au palais et dans l'es- pèce de joue rudimentaire formée par la portion membraneuse de la commissure des mâchoires (2); mais ces organes sécré- de glandes sous-maxillaires à celles de la piiire postérieure, réservant le nom de glandes sublinguales pour les antérieures (a) ; mais celle nomen- clature, empruntée à Tanatomie hu- maine, sous-entend des analogies qui ne me semblent pas exister, et ne me paraît pas devoir être adoptée. Les glandes linguales occupent les côtés de cet organe, et, en général, débouchent isolément à sa face infé- rieure. Elles sont très développées chez le Canard et l'Autruche. (1) Ces glandes sublinguales sont claviformes et offrent à l'intérieur une structure caverneuse {h). En avant^ elles se rétrécissent graduellement, et se terminent chacune par un conduit excréteur unique qui va se réunir à son congénère avant de déboucher sous la langue (c). Des agglomérations de cryptes rougeâtres situés plus en avant constituent une paire de glandes sublinguales accessoires. (2) Ainsi chez l'Autruche, qui pos- sède des glandes linguales, mais qui manque de glandes sublinguales , il existe à la voûte palatine des agglo- mérations de cryptes qui constituent deux masses larges et aplaties, sus- pendues au-devant de l'entrée du pharynx. Chez beaucoup d'autres Oiseaux, les glandules palatines sont au contraire disséminées, et quelquefois on remar- que dans l'arrière-bouche , près de l'orifice des trompes d'Eustache, des agrégats de cryptes auxquels on a appliqué le nom ^''amygdales (d). Comme exemple de glandes jugu- laires (ou buccales], i^. citerai un petit organe sécréteur de forme triaiigu- laire, qui est placé sur le bord de la commissure du bec chez le Coq. Chez (a) Duvernoy, dans la 2' édition de VAnatomie comparée de Cuvier, t. IV, p. 444. (6) Millier, Op. cit., pi. 6, fig. 8 6 et 8c. — Cl. Bernard, Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine, cours de 185j, l. II, p. 38, %. 3 et 4). (c) J. MûUer, Op. cit., p. 60, pi. 6, fig. 8 a. — 0\Yen, art. Aves (Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol., t. I, p. 316, fig. 154). [d] Anatomie comparée de Cuvier, 2' édit., t. IV, p. 439 et suiv. ORGANES SALIVAIRES DES VERTKBRES. 229 teurs n'ont que peu d'importance et ne sont que très imparfai- tement connus (1). Dans la classe des Mammifères, l'appareil salivaire est en général très développé; il manque ou n'existe qu'à l'état rudi- mentaire chez les Cétacés proprement dits (2), et il est fort réduit chez les Phoques, qui sont aussi des Carnassiers aqua- tiques (o); mais chez les Mammifères terrestres il acquiert une importance considérahle, et c'est chez ceux de ces Ani- maux qui vivent de substances végétales qu'il arrive au plus haut degré de complication. Appareil salivaire des Mammifères. les Étoinneaux, on trouve aussi, dans l'épaisseur de l'espèce de joue formée par la partie membianeuse de cette commissure, un organe sécréteur long et étroit [a). Quelques auteurs dési- gnent les glandes ainsi placées, sous le nom de parotides (6). (1) 11 existe beaucoup de confusion dans les descriptions brèves qui ont été données de l'appareil glandulaire chez les Oiseaux, et l'on est loin d'èlre d'accord sur la détermination de plu- sieurs de ses parties. Ainsi, la plupart des anatomistes appellent glandes sous - maxillaires les organes que d'autres considèrent comme des glandes sublinguales ; et les glandes linguales sont parfois désignées sous le nom de glandes sublinguales, etc. On ne possède aussi de bonnes figures de ces organes que pour un très petit nombre d'espèces. l'our plus de détails sur les varia- tions qui se remarquent dans l'appa- reil salivaire des différents genres d'Oiseaux, on peut consulter les ob- servations de Duvernoy (c), et, au sujet de la structure interne de ces organes, je renverrai .au travail de J. Millier (d). (2) Cuvier et Duvernoy n'ont trouvé aucune trace de glandes salivaires ni chez le Dauphin , ni chez le Mar- souin (e) , et Meckel est arrivé au même résultat négatif en ce qui con- cerne le Narval (f). Chez les Baleines, M, Eschricht signale l'existence d'un petit caecum muqueux qui pourrait bien être un vestige du canal de Sté- non ((/); mais les glandes salivaires manquent complètement. (3) Cuvier a trouvé chez le Phoque commun deux glandes maxillaires, une grande et une petite ; Duvernoy considère cette dernière comme étant une parotide (h). (a) Millier, Op. cit., p. 58. (b) Rap|), Ueber die Tonsillen der ViJfjel (Miiller's Archiv fur Anat. und Physio\. , 1843, p. 19, pl. 2, fig. \ et 2). (c) Duvernoy, Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, 2' édit., t. IV, p. 443. (ci) Stannius et Siehoid, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, t. Il, p. 327. (e) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 2° ('dil., t. IV, p. 4'i7. (/■) Meckel, Traité d'anatomie comparée, I. VIII, p. 375. ((Il Esclnieht, Zool. anal. phys. Unlcrsuch. liber die nordischen Walllhiere, 1849, p. 108. (u) Cuvier, Op. cit., t. IV, p. 420. Cryptes muqueux. 230 APPAREIL DIGESTIF, Les glandes qui d'ordinaire entourent la bouche d'un Mam- mifère sont de trois sortes : des cryptes ou follicules muqueux, des glandes muqueuses, et des glandes salivaires proprement dites. § 3. — Les cryptes sont de petites dépressions de la mem- brane muqueuse en forme de bourses, dont les parois renfer- ment une couche de capsules arrondies et sans ouverture, d'un aspect blanchâtre. Les unes sont éparses, les autres réunies en groupes. Les premières se trouvent principalement sur la langue ; les secondes, sur les côtés de rentrée du pharynx, où elles constituent les organes saillants appelés amygdales ou tonsilles (I). (1) Les cryptes muqueux (ou folli- cules) de la base de la langue de l'Homme forment une couche pres- que continue au-dessous de la tunique muqueuse de cet organe. Ce sont de petits corps lenticulaires ou sphériqaes dont le diamètre varie entre 1 et /i mil- limètres, dont le centre est occupé par une cavité communiquant au dehors par un orifice étroit, et dont les parois épaisses sont revêtues extérieurement par une membrane fibreuse en conti- nuité de tissu avec la couche conjonc- tive sous-muqueuse. La membrane muqueuse buccale, garnie de ses fol- licules et de son épithélium, se pro- longe, sous la forme d'une sorte de bourse, dans chacune de ces cavités, dont elle tapisse les parois. Enfin, entre cette tunique et la capsule fi- breuse de la follicule se trouvent du tissu conjonctif , de nombreux vais- seaux sanguins , des lymphatiques, des filets nerveux, et un nombre plus ou moins considérable de grosses vésicules ou capsules closes contenant un liquide grisâtre. Ces vésicules, de forme ovalaire ou ronde et de couleur blanchâtre, ne communiquent pas avec l'extérieur et ont de 0'^'^,2 à 0'"'",5 de diamètre (a). La cavité des follicules contient d'ordinaire une substance grisâtre d'apparence muqueuse. Ainsi que je l'ai déjà dit, ces pe- tites bourses muqueuses peuvent être éparses ou réunies en groupes, de façon que plusieurs d'entre elles communiquent au dehors par un ori- fice commun. C'est une agglomération de ces fol- licules composés qui constitue les organes appelés amygdales h cause de leur forme assez semblable à celle d'une amande (b). Ces corps ovoïdes. (a) E. H. Weber, Beobachtungen ûber die Structur einiger eonglomerriten uni einfachen Drûsen (Meckel's Archiv fur Anat. und Physiol.. 1827, p. 280-et suiv.). — Kôlliker, Beitrâge zur Anatomie der Mundhôhle {Verhandlimgen der physikalisch-medici- nischen Gesellscliaft in Wûrzburg, 1852, t. Il, p. 171), et Éléments d'histologie, 1855, p. 406, Rg. 183). (&) Du nom grec de ce fruit : àfAuyJaX^. ORGANES SALIVAIRES DES VERTÉBRÉS. 231 Les glandes muqueuses ou glandules salivaires intra-parié- tales, et les glandes salivaires proprement dites ou extra-parié- tales, se ressemblent beaucoup entre elles par leur structure intime. Chacun de ces organes consiste en un prolongement tubulaire de la membrane muqueuse, qui se ramifie plus ou Glandes salivaires. an nombre de deux, sont situés sur les côtés de la bouche , derrière l'isthme du gosier, dans une excava- tion comprise entre les piliers anté- rieurs et postérieurs du voile du pa- lais. Ils sont plus ou moins saillants, et leur surface est criblée de trous, qui, au nombre de dix à vingt, con- duisent dans des cavités anfractueuses formées par des groupes de follicules composés {a\ Quelques analomisles ont cru y apercevoir des ampoules glan- dulaires (6) ; mais la plupart des mi- crographes sont aujourd'hui d'accord pour reconnaître que les vésicules situées sous la tunique muqueuse de ces fossettes sont des sacs sans ouver- ture semblables à celles que je viens de décrire en parlant des follicules simples de la langue (c), La structure intime des amygdales est plus facile à étudier chez le Co- chon et le Bœuf que chez l'Homme, 11 est aussi à noter que la conforma- tion générale de ces organes présente chez les divers Mammifères des diffé- rences assez grandes, et M. Rapp, qui en a fait une élude spéciale, y dis- tingue quatre formes principales (d). Ainsi, chez le Cheval, le Cochon, le Dicotyle, les Paiminants, le Morse (e) et les Phoques , de même que chez l'Homme, ces organes consistent en lin corps aplati et elliptique avec des' orifices. Chez le Raton {Procyon lator), la Martre, la Mangouste (Herpestes), la Taupe, le Hérisson, certaines Chauves- Souris et le Dauphin, les amygdales ont un orifice simple et allongé. Chez l'Ours (/") et l'Hyène, elles of- frent des plis épais et horizontaux en forme de feuillets, avec de très petites ouvertures. Enfin, chez les Singes, le Lion (g), le Léopard, le Jaguar, l'Oryctérope elle Daman, elles constituent un sac simple à orifice unique. (a) Voyez Bourgery, Traité d'analomie, t. III, pi. 86. — . Bonamy, Broca et Beau, Atlas d'anatomie descriptive, Splanchnologie, n). 7 bis, (Ig. 2 et 4 ; pi. 9, fig. 6. (6) Sappey, Note sur la structure des amygdales et des glandes situées sur la base de la langue {Gazelle hebdomadaire de médecine, 1855, t. I, p. 877). — Sachs, Observationes de linguœ structura penitiori, dissert. inaug., Vralislaviaî , 1856 (voy. Miiller's Archiv, 1857, fiei'icht, p. 90). — Zur Analomie der Zungenbalgdrûseu und Man- deln (Arch. fur Anal, und Physiol., 1S59, p. 1!)G). — Reuliert, Zusalz %ur Abhandlung des D' Sachs {Arch., 1859, p. ':!00, fig. 1 ;» 3). (c) KoUiker, Éléments d'histologie, p. 407. — Sappey, Traité d'analomie descriptive, i. II, p. 40. — Gauster, Uiitersuchungen ûber die llalgdriisen der Zungeniuurzel {Sit%ungsherichte der Wiener Akad., 1857, t. ,XXV, p. 498, fig. 1-3). (d\ Rapp, Ueber die Tonsillen (Mùllcr's Archiv fiir Anal, mal l'IiysioL, iH'M), |i, 189). (e)l(]ern, ibid., pi. 7, fig. 2. (f)Uem,ibid., pi. 7, (ig. 2. {g) Idem, ibid., pi. 8. 232 APPAREIL DIGESTIF. moins, et qui se termine dans un groupe de petites ampoules dont la cavité est ainsi mise en communication avec l'extérieur. Ils ne diffèrent guère entre eux que par la longueur de leur conduit excréteur, la multiplicité plus ou moins grande des ramifications de ce tube et le nombre des utricules sécrétoires dont la portion radiculaire ou initiale de ce système de canaux est entourée. Tous se forment de la même manière et offrent d'abord la même apparence; mais les uns ne s'éloignent que peu de la mem- brane muqueuse dont ils naissent, et n'acquièrent qu'un nombre comparativement petit de ramuscules terminés en ampoules, tandis que les autres se développent davantage et se divisent en plusieurs groupes dont la réunion constitue une masse lobulée d'un volume considérable; mais les premiers ressemblent aux subdivisions des secondes, qui, au lieu d'être unies autour d'un tube excréteur commun^ partiraientisolément de la tunique buc- cale et auraient chacune un conduit excréteur propre (1). 11 est même à noter que la ligne de démarcation entre ces deux sortes de glandes salivaires n'est pas nettement tranchée, et que cer- tains de ces organes participent du caractère des uns et des autres chez quelques Animaux, tandis que chez d'autres ils (1) E. H. Weber, J. Muller et plu- à donner naissance à un nombre de sieurs autres anatomistes, ont étudié plus en plus considérable de petits chez l'embryon de divers Mammifères caecums secondaires, tertiaires, etc. , le mode de développement des glandes dont l'extrémité libre se renfle en salivaires les plus complexes, et ils forme d'ampoule (a). 11 en résulte un ont vu ces organes apparaître d'abord assemblage de petits sacs membra- sous la forme d'un caecum ou prolon- neux qui ressemblent à des grains de gement tubuliforme de la muqueuse raisin, et qui sont appendus aux bran- buccale qui est terminé en cul-de- ches terminales d'un canal rameux sac, mais qui bientôt se ramifie et dont le tronc principal s'ouvre dans bourgeonne, pour ainsi dire, de façon la bouche. (a)E. H. Weber, Op. cit. (Mecke ArcMv fur Anat. und Physiol., -1827, p. 278, pi. 4, %. 18). — J. Millier, De glandularum sece tnentium structura penitiori, p. 60, pi. 6, fig. 9 et 10. ORGANES SALIVAIRES DES VERTEBRES. 233 les offrent des caractères d'après lesquels on serait fondé à classer tour à tour dans des catégories différentes. Les glandules salivaires, dites muqueuses, se subdivisent en ghnûes labiales, glandes buccales et glandes linguales, d'après leur position (1). Chacun de ces petits organes présenle un (1) Chez l'Homme, les glandules la- biales, larges de 1 à 3 millimètres, sont très nombreuses; elles se trou- vent entre la membrane muqueuse et la couche musculaire sous-jacenie, où elles forment autour de l'orifice buc- cal un anneau presque complet (a). Les glandules palatines sonl plus petites et ne sont nombreuses que sur le voile du palais (6). Les glandules linguales sont distri- buées sur la base de la langue, sur les bords de la partie postérieure de cet organe, et à sa face inférieure près de la pointe. Les premières sont logées plus profondément que les follicules dont il a déjà été question. Les secondes, par leur assemblage, constituent de chaque côté du frein de la langue un corps oblong de la gros- seur d'une amande , qui a été décrit par Blandin (c), et qui est désigné par quelques anatomistes sous le nom de glande de Blandin (d). Elles ont été observées aussi par M. Niihn (e), ainsi que par M. Ward {f), et quelques auteurs les appellent glandes de Nuhn ig) : jusqu'ici on ne les a trou- vées que chez l'Homme et l'Orang- Outang. Chez les Mammifères herbivores, les glandules de la face dorsale de la langue sont très développées (h). Enfin, on donne le nom de glan- dules buccales à des glandules analo- gues qui sont logées dans l'épaisseur des joues, sous le muscle buccinateur, et y forment une longue traînée Quelques-uns de ces petits organes, situés au niveau de la dernière dent molaire, sont souvent plus dévelop- pés que les autres et sont appelés glandes molaires {i). Ces glandes buccales sont très dé- veloppées chez le Lapin (j). (a) Voyez Bonamy, Broca et Beau, Atlas d'anatomie descriptive, Splanchnologie, pi. 6, fig:. 2. {b) Pour plus de détails, voyez Szontagh, Beitràoe zur feineren Anatomie des menschlichen Gaumens {Sitzunrjsbericht der Wiener Akad., -1856, t. XX, p. 5). (c) Blandin, Mém. sur la structure et les mouvements de la langue dans l'Homme (Arch. gén. de méd., 1823, 1. 1, p. 466). (d) Bonamy, Broca et Beau, Atlas d'anatomie descriptive, Splanchnologie, pi. 7 bis, (ig. A. {e} Niilui, Uebereine bis jetzt noch nicht naherbeschriebene Drûselm Innern der Zungenspitze, 4845. — Voy. Sclilem, Ueber dieneue Zungendriise (Muller's Archiv fur Anat. und Physiol., ■1845, p. 405.) if) N. Ward, art. Salivary Glands (Todd's Cyclopœdia ofAnat. and Physiol., t. IV, p. 420, fig. 30?). (g) Bourjfcry, Traité d'anatomie, t. V, pi. 14, 4c, fig. 5. {h) liriilil, Ueber deu tSau der Zunge der llaussâugetliicre (Kleine Deilr. zur Anat. der llaus- sâuyelhiere, 1850, p. 1). (i) Sappey, Traitd d'anatomie descriptive, t. III, |i. 20. (j) Cl. Bernard, Leçons sur la physiologie expérimentale, faites en 1855, l. II, ji. 94, fig. 14 et 15). 234 APPAREIL DIGESTIF. canal excréteur, grêle et très court, dont les ramiiications termi nales sont boursouflées de façon à constituer une multitude d'ampoules arrondies nommées acini., qui, par leur réunion, forment des" lobules irréguliers (1). § /t. — Les glandes salivaires proprement dites ou extra- deTHomme. pariétalcs sont en général au nombre de trois paii^es, et, en raison de leur position, elles ont reçu les noms de parotides (2), de glandes sous-maxillaires et de glandes sublinguales. Chez l'Homme, les parotides sont les plus volumineuses, et elles remplissent l'excavation anguleuse située entre la branche montante de la mâchoire et la partie inférieure du temporal où se trouve le conduit auditif. Elles sont revêtues d'une enveloppe fibreuse : leur tissu est blanchâtre et granuleux ; elles se compo- sent de plusieurs lobes qui se subdivisent en lobules; enfin elles donnent naissance à un grand nombre de petits canaux excréteurs qui se réunissent entre eux pour constiluer, de chaque côté delà tête, un tronc unique, appelé conduit de Sté- non (3), lequel traverse horizontalement le muscle masséter et Glandes salivaires Parotides. (1) Les acini, qui sont arrondis et ressemblent à des grains de raisin quand ils sont distendus et qne leurs canaux excréteurs sont contractés (a), ne sont, en réalité, que les petits cae- cums terminaux de ces derniers tubes. La couche épithélique de la muqueuse buccale se prolonge sur les pnrois du conduit excréteur ainsi disposé , et revêt également la portion terminale et renflée de celui-ci ; mais là ces parties constituées se désagrègent très facilement et remplissent souvent la cavité de Tacinus (6). (2) De wapà, auprès, et ou;, wtôç, oreille. (3) Nicolas Slénon, aiiatomisle cé- lèbre du XVII'' siècle, fut le premier à bien décrire ces glandes salivaires avec leurs canaux excréteurs (c). U naquit à Copenhague, et après avoir exercé avec éclat la médecine à Flo- rence aussi bien qu'en Danemark, il se voua à la carrière ecclésiastique, et reçut du pape Innocent XI le tilre d'évêque de Titiopolis. U mourut en 1686. Ses observations sur les canaux parotidiens furent faites d'abord sur (a) Weber, Op. cit. (Meckcl's ArcMv, 1827, pi. 4, fig. 17). — J. Millier, Op. cit., pi. 6, fig. 10. — Berres, Bie mikroscopischen Gebilde des menschliclien Kôrpers, pi. 9, fig» 2. (6) Kolliker, Éléments d'histologie, p. 404, fig. 180 à 182. (c) N. Sténon, Observationes de oris, oculorum et nariumvasis. Lugduni Batavorum, 1G62, ORGANES SALIVAIRES DES VERTÉBRÉS. 235 s'ouvre à la face interne de la joue, vis-à-vis de la deuxième grosse molaire supérieure (1 ) . Les glandes sous-maxillaires sont situées sous le plancher ciandes 111 1 1 A,r., 1, ,. ,'• 1 sous-maxilIaires de la bouche, du cole mterne de la parhe postérieure du corps au-dessus de l'hyoïde. Leur forme esttrès-irrégulière, et il naît de la face interne de^ chacune d'elles un gros tube membra- neux, appelé conduit de Wharton (2), qui, après s'être adossé la iDi-ebis.et datent de 1660. Quelques- uns de ses contemporains prétendirent que la découverte de ces conduits ap- partenait à Blasius; mais celte asser- tion ne repose sur aucune base so- lide [a). Il est vrai que, dans la fin du siècle précédent, un anatomiste de l'école de Padoue, Casserius, les avait figurés, mais sans en connaître la na- ture et en les considérant comme des ligaments (6). (1) Le volume de la glande paro- tide (c) est assez variable, et parfois cet organe déborde sur le muscle raasséler en avant, et descend à 2 ou 3 centimètres au-dessous de l'angle de la mâchoire. On a donné le nom de parotide accessoire à une portion de cette glande qui est quelquefois sé- parée du reste, mais qui n'en est qu'un démembrement, car ses canaux ex- créteurs ne se rendent pas isolément à la bouche et se terminent dans le conduit de Sténon. Les parotides reçoivent beaucoup de branches vasculaircs provenant du tronc de la carotide exlernc, des ar- tères auriculaires antérieures et posté- rieures , de la temporale superficielle et de l'artère transversale de la face. Leurs nerfs sont fournis en partie par la branche auriculo-temporale du nerf maxillaire inférieur, en partie par le plexus cervical. Jusqu'ici on n'y a pas constaté l'existence de vaisseaux lym- phatiques [d). Pour plus de détails sur la structure intime de ces glandes, je renverrai au Traité d'histologie de M. Kôlliker (p. /ilO et suiv.). La disposition anatomique des nerfs des glandes parotides, etc., chez le Lapin, a été décrite avec détail par M. C. Rahn (e). (2) La découverte des canaux ex- créteurs des glandes sous-maxillaires chez les Animaux est due à Thomas Wharton, qui professait l'anatomie à Londres vers le milieu du xvii" siè- cle (/"). Van Horn les décrivit chez l'Homme vers la même époque {g). Il est, du reste, à noter que (îalien ne paraît pas avoir ignoré l'existence de ces conduits Qi). (a) Halicr, Elementa physiologue, t. VI, p. i3. (&) CasKcriiis, Tabulœ analomicœ, 4 027. (c) Voyez tJourjjory, Traité d'analomie, t. V, pi. 14, fîg, d ol 2. — Bonamy, Broca cl Beau, Allas d'analomie descriptive, pi. 8, fig. 2. (d) Sappcy, Op. cit., t. 111, p. GO. (e) liahn, Unlevsucliuugen ûber Wurzeln und Halmen der Absondenmgsnerven der Clandnla Parolis bel Kaninchen (Zeitschr. filr rationelle Medlcin, t S5t , N. S., t. I, |). 2S0). (/■) Wharton, Adenogvaphia, sive nlandularum tol'ms corpovii descriptif), 1050, p. i'iO. {g) Van Hornc, Ue diictibus saiivulibiis dispulaliones. Lcyde, 1050 cl 11)57, (h) Galien, De usupartlum, Yih, XI, o. 10. 236 Glandes sublinguales. APPAREIL DIGESTIF. va s'ouvrir sur le côté du frein de la a son congénère langue (1). Enfin, les glandes sublinguales, moins développées que les précédentes, sont situées sous le plancher de la bouche, de chaque côté du frein de la langue et en avant des glandes sous- maxillaires. Elles n'ont pas d'enveloppe fibreuse, et leurs lobes constitutifs donnent naissance à plusieurs conduits excré- teurs qui vont déboucher isolément dans la cavité orale (2). (1) La structure des glandes sous- maxillaires est à peu près la même que celle des parotides; ces organes sont divisés aussi en lobes , lobules et acini (a) ; leur enveloppe fibreuse est formée principalement par les deux feuillets de l'aponévrose cervicale, et ils reçoivent leurs vaisseaux sanguins du tronc de l'artère faciale sous-men- tale. Leurs nerfs sont nombreux, et proviennent en partie du lingual infé- rieur et du rameau mylo-hyoïdien, en partie des branches du grand sym- pathique qui accompagnent l'artère faciale. La disposition et l'origine de ces filets nerveux chez le Chien ont été figurées par M. Cl. Bernard (6). Le canal de Wharton est garni de fibres musculaires lisses (c). (2) Ces glandes, de forme ovoïde, ont à peu près le volume d'une amande (d). Un de leurs canaux excréteurs se dirige en avant et va s'ouvrir sur les côtés du frein de la langue, à 2 ou 3 millimètres de l'orifice du canal de Wharton ; on le désigne souvent sous le nom de conduit de Rivinus, en l'honneur de l'anatomiste qui fut le premier à en signaler l'exis- tence (e), ou de conduit de Bartholin, parce que l'on supposait que ce der- nier auteur en avait fait la décou- verte (/■). D'autres conduits , dont on doit la connaissance à Nuck et à Whar- ton {g) , montent directement de la partie supérieure de la glande et vont s'ouvrir isolément sur le plancher de la bouche, mais sans communiquer avec le canal de Wharton , comme l'ont avancé quelques auteurs {h). Leur nom- bre est en général de quatre ou cinq, et ils s'ouvrent au sommet d'une sorte (a) Voyea Bourgery, Op. cit., t. V, pi. 14, fig. -i. — Bonamy, Broca et Beau, Op. cit., pi. 8, fig. 2. (b) Bernard, Leçons sur la physiologie expérimentale, faites en 1855, t. II, p. 17, fig. 10, et Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l'orga- nisme, i>i59, t. II, p. 284, fig. 8. (c) Leydig, Lehrbuch der Histologie, p. 284. (d) Voyez Bourgery, Op. cit., t. V, pi. 14, fig. 4 et 5. — Bonamy, Broca et Beau, loc. cit., pi. 8, fig. 2. (e) Rivinus, De dyspepsia. Lipsiïe., 1679. (0 Gasp. Bartholin, Tliom. fii.. De ductu salivali hactenus non descripto observatio anatomica, 1684. (g) A. Nuck, Sialographia et ductuum aquosorum anatome nova, 1690, pi. 6, fig. 3. — Fréd. Walther, De novis inventis subling. salivœ rivis, Lipsise, 1724 (Haller, Disput. anat. sélect., t. I, p. 45 et suiv.). (h) Huschke, Traité de splanchnologie, trad. par Jourdan, 1845, p. 32. ORGANES SALIVAIRES DES VERTÉBRÉS. 237 § 5. — Les liquides sécrétés par ces diverses glandes n'of- Produus frent pas les mêmes caractères physiques,, et les différences 's^'auva" que l'on y remarque nous permettront de saisir les relations qui existent entre le mode d'alimentation des Mammifères et la composition de leur appareil salivaire. Pour étudier isolément les liquides d'origines distinctes qui affluent dans la bouche, on peut avoir recours à une opération que plusieurs physiologistes ont pratiquée afin de recueillir en quantité considérable la salive fournie par les parotides : savoir, la division des conduits excréteurs des glandes et l'établissement de fistules au moyen desquelles l'expérimentateur peut intro- duire des canules dans ces canaux, faire écouler au dehors les produits du travail sécrétoire, et les recueillir (1). En agissant ainsi sur le canal de Sténon et sur le conduit de Wharton chez un Chien de grande taille, M. Cl. Bernard vit que, sous l'influence de l'excitation déterminée par la présence des ahments dans la bouche, la salfve s'écoulait au dehors avec plus d'abondance que d'ordinaire par l'un et l'autre de ces tubes, mais que les deux liquides ne se ressemblaient pas : la salive parotidienne formée par le canal de Sténon était aqueuse et limpide , tandis de petite crête longitudinale formée 1780, Hapel de la Chênaie pratiqua la par la portion de la muqueuse buccale section du canal de Sténon sur mi que la glande sous-jacente soulève. Cheval, en vue d'étudier séparément C'est à tort qu'on leur donne parfois la salive parotidienne et la salive or- le nom de conduits de Rivinus (a). dinaire (c). Ce point a été parfaitement établi par Pour les détails relatifs au procédé M. Sappey (6). opératoire à employer, je renverrai (l) L'invention de ce procédé expé- aux ouvrages de M. Cl. Bernard et de rimenlal date du siècle dernier. En M. Colin {d). (a)N. Ward, art. Salivauy Glands (Totkt's Cjjclop. of Anal, and l'Iiysiol-, 1848, I. IV, p. 425). (6) Sappey, Trailà d'analomie descriptive, t. III, p. 70 et suiv. (c) Hapel de la Chênaie, Observations et expériences sur l'analyse de la salive du Cheval (Méni. de la Société royale de médecine, 1780, p. 325). (d) Cl. lici-nanl, Leçons de physiologie expérimentale faites au colléfje de France en 1855, • l. Il, p. 53 cl siiiv. — Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, l. I, n. 408, ^i(,^ ;J8, 238 APi?AREIL DIGESTIF. que la salive sous-maxillaire donnée par le canal de Wharton était épaisse et filante. En faisant ensuite infuser le tissu de ces glandes dans de l'eau, il obtint de chacune d'elles un li- quide semblable à la salive qu'il avait vue en découler, et en pratiquant des expériences analogues avec les autres glandes dont les conduits excréteurs ne se prêtent pas si bien à l'établis- sement de fistules, il parvint à généraliser ces résultats, et à reconnaître dans l'appareil salivaire deux sortes de glandes : ciassificaiion Ics uucs essentiellement aquipares^ c'est-à-dire produisant une des glandes i • ^ « • i ' / \ saiivaires. salivc trcs iluidc et peu chargée de matières organiques ; les autres mucipares, c'est-à-dire fournissant un liquide gluant et riche en mucus (i). Les premières sont les parotides, les giandules labiales, et les giandules logées dans l'épaisseur des joues ; les secondes sont les glandes sous-maxillaires, sublin- guales, palatines, etc. (2). Or, la salive épaisse est surtout utile pour réunir en une seule masse les petits fragments de matière alimentaire, afin d'en faciliter le transport jusque dans (1) Nous verrons bientôt qu'il existe postérieur, formé par les parotides et aussi des différences importantes dans les glandes buccales ou molaires (6). la composition chimique et les pro- Les expériences de M. Cl. Bernard priétés digestives des diverses espèces portèrent principalement sur les de salives; mais en ce moment je ne glandes parotides et sous-maxillaires; m'occupe que des caractères physiques M. Colin, en les répétant, constata les de ces humeurs. mêmes faits, et en opérant d'une ma- (2) Cette classification physiologique nière analogue sur un des conduits des glandes, établie par M. Cl. Bernard de la glande sublinguale (le conduit de en 18^7 (a), correspond à peu près à Ricinus), qui chez le Cheval se prête celle employée quelque temps après très bien à l'établissement d'une fis- par Duvernoy. Cet anatomiste divise, iule, ce jeune physiologiste a pu re- en effet, l'appareil salivaire en deux connaître que la salive fournie par systèmes, savoir : un système anté- celte dernière glande est encore plus rieur, comprenant les sublinguales et épaisse et plus visqueuse que la salive les sous-maxillaires , et un système sous-maxillaire (c). (a) Cl. Bernard, Mém. sur le rôle de la salive dans la digestion (Arcidves générales de méde- cine, 4° série, t. XIII, p. 1). (&) Duvernoy, art. SÉCRÉTIONS, Dictionnaire universel d'histoire naturelle, IS-iS, 1. 1, p. Hl.^ (c) Colin, Physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 475. ORGjVNES SALlVAIRES DES VERTÈBRES. 239 l'estomac, OU pour rendre la surface de la langue gluante et y accoler les aliments que cet organe peut être chargé d'intro- duire dans la bouche ; tandis que la salive aqueuse sert prin- cipalement à dissoudre ou à détremper les aliments et à aider les mouvements de déglutition. Nous pouvons donc prévoir que si un Mammifère est deshné à vivre d'Insectes dont il peut s'emparer seulement quand ces petits Animaux viennent s'ac- coler à sa langue saillante hors de sa bouche, il aura grand besoin de glandes sous-maxillaires puissantes ou de quelque autre organe sécréteur analogue , tandis que de la salive aqueuse, arrivant en abondance pour se mêler à la salive mu- queuse, nuirait à l'action préhensile dont son alimentation dé- pend, et par conséquent un grand développement des glandes parotides serait nuisible au lieu d'être utile. Nous avons déjà vu que les Fourmiliers vivent de la sorle, et si les déduc- tions que je viens de tirer sont justes, nous devons trouver chez cet Animal les glandes salivaires mucipares très déve- loppées , mais les glandes salivaires aquipares seront rudi- mentaires. Effectivement cela est. Chez les Mauimifères édentés, les pa- Particularités rotides sont très petites, tandis que les glandes sous-maxillaires "^Vaiwarrr'* ',, j'i .' n ' • i. chez divers présentent un développement énorme 5 elles se reunissent Mammifères. entre elles sur le devant du cou, et l'on remarque sur le trajet de chacun des canaux de Wharton une dilatation qui conshtue un petit réservoir destiné à permettre l'accumulation de la salive quand la langue est inactive (I). Chez les Échidnés, dont le régime est à peu. près le même que celui des Édentés (1) Les glandes parotides des Four- Myrmecophaya jubata. Elles sont millers avaient échappé à Tattention petites et occupent leur place ordi- dc Cuvicr {a), mais elles ont été très naire, au devant et au-dessous de bien décrites par M. Owen chez le l'oreille. Le canal de Sténon est ex- la) Cuvicr, Leçons é'anutomie Comparée, (. IV, 1" partie, p. 430. "IliO APPAREIL DIGESTIF, que je viens de citer, les parotides paraissent manquer complè- tement, et les glandes sous-maxillaires présentent un grand dé- veloppement (1). Les principales glandes salivaires aquipares, c'est-à-dire les parotides, manquent également chez les Pho- ques, qui vivent dans l'eau, et ces organes sont fort réduits chez les Loutres, qui ont aussi des habitudes aquatiques. Elles sont au contraire très développées chez les Mammifères ter- trêmement long, et va s'ouvrir à la face interne de la joue, près de la commissure des lèvres (a). La masse formée par la réunion des deux glandes sous-maxillaires s'étend non-seulement sur presque toute la région subbuccale et sur le devant du cou, mais aussi sur la moitié anté- rieure du thorax et autour des épaules. En avant elle est échancrée au milieu, et donne naissance à deux paquets de conduits excréteurs qui bientôt se réunissent pour constituer de chaque côté un canal de Wharton, dont la première portion est dilatée en ma- nière de réservoir et le reste grêle comme d'ordinaire (6). Les glandes sublinguales sont représentées par une couche même de tissu sécréteur étendu sous la tunique moyenne du plancher de la bouche. Les glandules buccales sont très nombreuses sur les côtés de la bouche, et ressemblent beaucoup aux sublin- guales. Enfin, il existe à la partie antérieure du muscle buccinateur une paire de glandes que M. Ovven appelle labiales (c). La disposition de l'appareil salivaire est à peu près la même chez le Myr- mecophaga didactyla (d) et chez le Tatou {Dasypus pila); mais chez ce dernier les réservoirs salivaires formés par les conduits de Wharton sont plus développés (e). Il en est de même chez le Dasypus minimus, dont M. Ales- sandrini a fait l'anatomie (/'). (1) Les glandes sous-maxillaires de l'Échidné couvrent presque tout le dessous du cou et la partie antérieure du thorax. Il est aussi à noter que les conduits de Wharton présentent chez ce Monotrème une disposition dont on ne connaît pas d'autre exemple : après s'être constitués en une paire de troncs simples, chacun de ces canaux se di- vise en huit ou dix branches qui se ' ramifient et vont déboucher dans la cavité orale par un grand nombre d'orifices isolés ((j). (a) Owen, On the Anatomy ofthe great Anteater [Trans. of the Zool. Soc, t. IV, p. 123, pi. 39, %. 1). (6) Idem, ibid., pi. 37, fig. 1 et 2. (c)ldeni, ibid., pi. 39,fig. 1. (d) Rapp, Aiiatomische UntevsucJmngen ûber die EdentUen, 1845, pi. 7. — Owen, loc. cit., p. 125, pi. 40, fîg. 3. (e) Winker, Dissertatio sistens observaliones anatomicas de Talu novemcincto, dissert, inaug., 1824 (d'après Rapp). — Owen, loc. cit., pi. 40, fig. 1 . (/■) Alessandrini, Cenni suW anatomia del Dasipo minimo, Desmarest {Dasypus sexcinctus et octodecimcinntus , Lin.) {Memorie delV Accademia délie Scienze di Bologna, 1857, t. VII, p. 298, pi. 12). (g) Owen, art. Monotrema (Todd's Cyclopœdia ofAnat. and PhysioL, t. III, p. 368, fig. 188). ORGANES SALIVAIRES DES VERTÉBRÉS. 2^1 restres qui se nourrissent d'herbes, de graines ou de racines, et qui mâchent longuement leurs alimenls (1). Ainsi, chez le Castor, les parolides sont énormes et ont vingt fois le volume des sous-maxillaires (2). Chez le Cheval, la disproportion entre les deux glandes est moins considérable, mais les parotides sont également très grosses, et elles descendent depuis la conque de l'oreille jusqu'à la trachée (o). Chez les Ruminants, ces glandes sont aussi très volumineuses, et l'on trouve au-devant d'elles, (1) Si la détermination générale- ment adoptée au sujet de la paire unique de glandes salivaires qui se voient chez les Siréniens, ou Cétacés iierbivores (c'est-à-dire les Dugongs et les Lamantins) est exacte, ces Ani- maux feraient exception à la règle indiquée ici, car ils auraient des pa- rotides volumineuses (a) ; mais il me paraît assez probable que les glandes en question correspondent en ré;ililé aux sous-maxillaires des autres Mam- mifères. (2) Les parolides du Castor recou- vrent les glandes sous-maxillaires, et forment avec elles une sorte de fraise qui enveloppe le cou (6). Chez les Écu- reuils, les Marmottes et les Lièvres, ces organes sonlaussi très volumineux ; mais chez les Rats et les autres Ron- geurs omnivores, ils sont en général moins grands que les glandes sous- ma?-.illaircs (c). (3) Les parolides du Cheval {cl) sont très allongées," et le canal de Slenon, qui naît de leur partie inférieure, contourne le bord inférieur du mas- séter pour remonter ensuite sur la joue et traverser le muscle buccinaleur de la manière ordinaire (e). Les glandes sous-maxillaires sont presque aussi volumineuses que les parolides et elles décrivent unquart decercle sousl'angle de la mâchoire {f). Les sublinguales sont médiocrement développées, et s'ouvrent dans la bouche par quinze à vingt pelils conduits flexueux auxquels quelques auteurs ont appli- qué à tort le nom de canaux de Rivinus (g). Les parolides sont aussi très volu- mineuses chez les Marsupiaux herbi- vores, principalement chez les Ivan- guroos, tandis que chez les Marsu- piaux carnassiers ces glandes sont peu développées (//). (a) Rapp, Die Cetaceen xoolorjlsch-anatoniisch dargestellt, 1S37, p. 180. — Slanniiis, Beitrâge %ur KennLniss der amerikanischen Manati.'s, JS-iG, p. G. (6) Boniicilcà ce sujcl : Anatome Casions, iu-i, 1S00, p. 19 ; GoUwald, Physikalisch-anato- iiiische nemcrkunqen ûber dem Biber, 1782, et Knlir., Acla Breslav., p. 108, pi. 2. — Cle'jbnil , Notes on the Dissection of a Female Beaver [EdinbiirgJi New Pliilosophical .loimial, IHOÛ, n» 5, t. XII, pi. 1, fij. i cl 2). (c) Cuvicr, Leçons d'anatomie comparée, t. IV, p. 427. {d} Cliauvcau, Anatomie comparée des Animaux domestiques, fis;. 72, et p. 341, ixig. 107. (c) Leyli, llandbuch der Anatomie der llausthiere, p. 237, fig'. 112. (0 Cliauvcau, Op. cit., p. 343, l]^. 10S,r. — Lcyli, Op. cit., p. 23'J, fi-?. 113. (3) Chaiiveau, Op. cit., p. 344, n^', 108, T. (li) Owcii, art. Maksui'Ialia (Todd's Cyciop., l. 111, p. 30i). VI. 16 242 . APPAREIL DIGESTIF. ' dans Ja fosse zygomatique, un groupe très considérable degUm- dules dont les canaux débouchent en arrière de la deuxième molaire supérieure. Chez les Carnivores, les glandes sahvaires sont médiocre- ment développées, et les parotides ne sont guère plus grosses que les sous-maxillaires (i). Chez quelques-uns de ces Ani- maux, le Chien par exemple, les glandules molaires supérieures sont représentées par une glande dite sous-zygom.atique, qui remonte jusque sous le globe de l'œil, et qui verse dans la bouche de la salive aqueuse par un canal particulier appelé conduit de Nuck (2) . On rencontre chez certains Mammifères quelques autres mo- difications dans la composition ou la disposition de diverses parties de l'appareil salivaire; mais la plupart de ces parti- cularités n'offrent pas assez d'importance pour que je m'y arrête ici (3). (1) Ces glandes, dont on doit la dé- élevée h Sa centièmes, et chez le Bœuf couverte à Nuck (a), ont élé très bien elle a atteint 105 (c). Il est, du reste, représentées par M. Leyh (6). à présumer que le volume de ces (2) i\!. Colin a fait quelques pesées organes n'est pas la seule circonslance comparatives des glandes parotides, qui intlue sur le degré de leur activité sous-maxillaires et sublinguales chez fonctionnelle. le Chien, le Chat, le Cheval et divers (3) Chez quelques Mammifères les l\uminanls , mais les données ainsi glandes sublinguales sont doubles, et obtenuesneconduisent à aucun résul- l'une d'elles correspond à la portion tat général. Ainsi, il a trouvé que le de l'organe dont dépend le canal de poids des sous-maxillaires variait entre Rivinus, tandis que l'autre représente i20 et 38 centièmes de celui des paro- la portion dont les conduits excréteurs lides chez le Porc, le Cheval, l'Ane, le sont multiples et verticaux. Cette dis- Chevreuil et le Dromadaire, tandis que position existe chez le Cochon (d), le chez le Chat il est de 67 pour 100, et Bœuf (e), le Mouton, etc. chez le Chien de 108 pour 100 ; mais Chez d'autres Mammifères les glan- chez le Mouton celte proportion s'est des sublinguales sont rudimenlaires (n)Nuck, Sialoçjraphia. et dxictuum aquosorum anatome nova, 1690, p. 16. (6) Leyh, Handhuch der Anatomie der Hausthiere, p. 24! , fiç;. iH. le) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, 1. 1, p. 467, id) Cuvier, Leçons d'anatoîiiie comparée, t. IV, p. 433 et suiv. (e) Colin, Traité de physiologie 'comparée des Animaux domestiques, p. 475, fig. 39. SÉCRÉTION SÂLIVAIRE. 2^3 § 6. — La quantité totale de salive qui arrive dans la bouche Quanuic est très considérable. Plusieurs physiologistes ont cherche a la saiwe sécrétée. déterminer d'une manière précise, soit chez l'Homme, soit chez divers Animaux, et plus particulièrement chez le Cheval ; mais les résultats auxquels ils sont arrivés ne reposent pas sur des faits assez nombreux et assez concluants pour que Ton puisse les considérer comme l'expression de l'état physiologique moyen (i). ou paraissent même manquer com- plètement : par exemple , chez les Sarigues et chez les Marsupiaux du genre Dasyurus (a). Quelques anatomistes ont avancé que ces glandes manquent aussi chez le Chien, mais la portion de ces or- ganes qui correspond au conduit de IVivinus est bien développée (6). Pour plus de détails relatifs aux particularités que l'appareil salivaire présente chez les divers Mammifères, on peut consulter les ouvrages de Cuvier et de Meckel (c). Il faut ranger aussi parmi les appen- dices glanduleux qui s'ouvrent dans la bouche des Mammifères, un petit sac appelé organe de Jacobson, d'après le nom de l'analomiste à qui on en doit la découverte. Ce sac est couché le long de la cloison des narines, et son canal excréteur s'ouvre à la voûte pa- latine, derrière les dénis incisives, par un orifice connu depuis longtemps sous le nom de trou incisif. Il est plus développé chez les Herbivores que chez les Carnivores, et il est doublé d'un tissu d'aspect glanduleux ; mais on ne sait rien de positif quant à ses fonctions. (1) Quelques physiologistes ont cru pouvoir évaluer la quantité de salive sécrétée en un temps donné, en recueil- lant les produiis de la sputation. Dans une expérience de ce genre, le poids de la salive obtenue en une heure élait d'environ une demi-once, c'est-à-dire 15 grammes (d), et, d'après d'autres données analogues, on a conclu que la quantité totale pro- duite en vingt-quatre heures pouvait être évaluée à environ 12 onces, c'est-à-dire 360 grammes (e). Par la sputation, M. Donné a ob- tenu, en deux heures, de 27 à 32 grammes lorsqu'il était à jeun, e' de 35 à 37 grammes après le repas ; enfin, ii évalue à 390 grammes la quantité de ce liquide qui arrive dans la bouche de l'homme en vingt-quatre heures [f). Dans les premières observations {a) Owen, art. Mausuhalia (Todd's Cyclopœdia,t. Hl, p. 304). (&) Duvernoy, Leçons d'analomie comparée da Cuvior, 2" éilil., t. IV, p. 4i!4. — CI. liern.Trd, Leçons de physioUxjie expérimentale , cours do 1855, t. Il, p. 00, fit,'. 14 . (c) Cuvier, Leçons d'analomie comparée, t. IV, i'° partie, p. 420 et suiv. — Mecltel, Traité d'anatomie comparée, t. VIII. (d) J.-B. Sicljoiil, Hisloria sjjstemaiis salivalis, pliysioloijice et palholoyicc consUlcrala, [i. 44, Icnac, 1797. (e) Nucl{, Sialofjrapliia et ducluum aqiwsorum analome nova, iM}^>, p. 20 et suiv. (/■) Donné, Histoire phi/siolo'jiqite et palholoyiqiie de la salive, 1830, |i. .''0. 2[lk APPAREIL DIGESTIF. En effet, l'activité fonctionnelle des glandes salivaires est extrêmement variable, et se trouve liée à divers phénomènes dont la portion vestibulaire de l'appareil digestif peut êtrele siège. Quand celle-ci est dans l'état de repos, le travail sécrétoire de ces organes est faible, ou même presque nul, tandis que dans faites sur des personnes portant une fistule parotidienne, on s'est Ijorné à constater que la quantité de liquide fournie par cette ouverture était très considérable ((7). Ainsi, chez un soldat qui, par suite d'un coup de sabre à la joue, avait le canal de Stenon ouvert, Helvélius remarqua que la salive qui, à chaque repas, s'échappait par celte voie, suffisait pour mouiller plusieurs serviettes (6). Vers la fin du dernier siècle, un chirurgien de Paris , Duphénix, eut l'occasion d'observer un cas analogue, et pesa la quantité de salive donnée par la fistule. Dans une expérience il en obtint 2 onces 1 gros (ou environ 65 grammes) en quinze minutes, et dans une autre jusqu'à Zi onces 1 gros (ou 125 grammes) en vingt-huit mi- nutes (c). Chez un Homme atteint d'une in- firmité semblable , et observé par M. Mitscherlich , l'écoulement de la salive parotidienne par l'ouverture fistuleuse était beaucoup moins consi- dérable ; il n'était que de 65 à. 95 grammes en vingt- quatre heures [cl). M. Jacubowitsch a obtenu chez des Chiens, en une heure, Zige^lD de sa- live parotidienne , 38s%8/i de salive sous-maxillairc , et 2/iS'',8Zi de salive provenant des glandules sublinguales et antres (e). La quantité totale de salive qui descend de la bouche vers l'estomac a été déterminée chez le Cheval et le Bœuf par un autre procédé. Dans ce but, M. Colin a pratiqué une ouver- ture à l'œsophage, et a recueilli les liquides qui passent dans ce conduit. Chez un Cheval de petite taille, il a obtenu de la sorte Zi9G0 grammes de salive en une heure, et un Cheval de forte taille lui en a fourni, dans le même espace de temps, près de 9 kilogrammes ; enfin, il évalue à /i2 kilogrammes la quantité sécrétée en vingt-quatre heures. Chez le Bœuf, cette quantité est encore plus consi- dérable et paraît devoir s'élever d'or- dinaire à 56 kilogrammes {f). (a) Ambroise Paré, Des •plaies en particulier, liv. X, cliap. \wï (Œuvres, p. 381, édit. de d607). — Morand, Siir un nouveau moyen de guérir lafistuU du canal salivaire (Méin. de l'Acad, de chirurgie, 1757, t. III, p. 440). — Louis, Sur V écoulement de la salive par la fistule des glandes parotides et par celle de leurs conduits excréteurs [Mém. de l'Acad. de chirurgie, t. III, p. 4.42). (6) Helvélius, Observ. anatomiques sur l'estomac de l'Homme, etc. (Mém. de l'Acad. des sciences, 1719, p. 342). (c) Duphénix, Sur une plaie compliquée à la joiie, où le canal salivaire fut déchiré [Mém. de l'Acad. de chirurgie, 1757, f. III, p. 435). (d) Mitscherlich, Ueber den Speichel des Menschen (Poggendorff's Annalen der Physik und Chemie, 1833, t. XXVH, p. 328). (e) Jacubowitsch, De saliva, dissert, inaug. Dorpat, 1S4S, p. 10. (/■) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, 1. 1, p. 480 et suiv. SÉCRÉTION SALIVAIRE. > 245 d'autres circonstances ses produits sont d'une grande abondance. Ainsi, chacun a pu remarquer que pendant la mastication, la salive arrive dans la bouche en quantité considérable (1), et que des effets analogues sont produits par l'action de diverses substances sapides sur les parties de cette cavité qui sont douées du sens du goût; l'odeur qu'exhalent les aliments, ou même la vue de ces corps seulement peut provoquer l'aftlux de ce liquide, ou, pour me servir d'une expression famihère, faire venir l'eau à la bouche ("2). Mais les causes qui excitent (1) M. Mitscherlich, en observant, comme je l'ai déjà dit, la marche de la sécrétion salivairc chez une personne qui portait à la joue une fistule paroti- dienne, a vu que l'écoulement du liquide était nul ou insignifiant pendant le repos de l'appareil buccal, mais devenait plus ou moins actif dès que les muscles de la mâchoire entraient en jeu. Ainsi , pendant neuf heures de sommeil, la fistule ne donna que OS',? de salive, tandis que pendant le repas elle fournissait, dans l'espace de quelques minutes , jusqu'à V/is^f) de ce liquide {a). (2) Chez le Cheval, la vue et l'odeur des aliments ne peuvent mettre en jeu l'action sécrétoire des glandes sali- vaires, même quand l'Animal est af- famé {b). Mais chez l'Homme il en est autrement. Ainsi Magendie cite l'exem- ple d'une personne chez laquelle l'ex- citation produite de la sorte détermi- nait la projeclion d'un jet de salive à plusieurs pieds de distance (c), et M. Mitscherlich a constaté que dans des circonstances de ce genre le li- quide affluait par le conduit de Ste- non (d). 11 suffit même de l'action de la pensée pour déterminer un phéno- mène analogue, et M. Eberle, qui a fait beaucoup d'expériences sur lès propriétés de la salive, nous apprend que pour se procurer la quantité de ce liquide dont il avait besoin, il lui suffisait de songer à la saveur d'un acide (e). M, Frerichs, en faisant des expé- riences sur un Chien portant une fis- tule gastrique, a constaté que l'exci- tation produite sur les parois de l'estomac par le contact de substances alimenlaires, et plus particulièrement du sel commun, provoque presque immédiatement l'afflux de la salive dans la bouche {f). Connue preuve de cette aciion réflexe, on peut citer aussi un l'ait observé par Mayo, chez un homme qui s'était coupé l'œsophage : quand on lui injectait (a) Milsdierlicli, Ueber dcn Speichel des Menschen (PoggcnilorlT's Annalen der Physik und Chemie, iS'.i'i, l. X.WII, p. 328, et Riist's Magaùn fur die (lesammtc Ileilimnde, l. XXXVlll, ,,. 504). (fc) Colin, Op. cit., 1. 1, p. m. (c) MaKundic, l'récis élémentaire de physiologie, ISaS, t. II, p. 57, (d) Mitscliei'lii-.li, Oji. cil. (liusl's Maqa^in fur die (jesammte IleilUunde, t. NWVIK, p. 407). (e) Elicilc, PItysinlogie der Verdauuna, p. ISO. (/") l'Ycriclis, art, Vehuauunc, dans Wa^'iiur'.s ItundwOrlerhuch der l'Iiysiolinnc, l. I((, p. 75(1,, 2/i6 APPAREIL DIGESTIF. cle la sorte l'activité sécrétoire des glandes salivaires n'agissent pas de la même manière sur tous ces organes, et chacun ide ceux-ci répond à l'influence de stimulants particuliers. ciiconsinnces Ainsi, quaud l'appareil masticatoire est en repos, les paro- X\''L(Wité tides ne fournissent que peu ou point de liquide, et l'écoule- "' ''"'°"^'" ment de la salive par les conduits de Stenon n'est pas notable- ment augmenté par Faction des corps sapides sur les parois de la bouche, mais il devient abondant dès que les muscles mo- teurs de la mâchoire entrent fortement en jeu (1). On remarque du bouillon dans Testomac par la plaie, la sécrétion salivaire devenait très abondante (a). Il est aussi à noter que l'action de certaines substances médicamenteuses ou toxiques sur l'économie surexcite l'action des glandes salivaires, et dé- termine parfois la production d'une quantité énorme de salive. Les pré- parations mercuriellcs jouissent à un haut degré de cette propriété. Ainsi, Haller cite des cas de salivation mercurielle dans lesquels la quantité de liquide rejeté en vingt-quatre heures s'est élevée à 8 et même à 16 livres (6). (1) Chez les Ruminants, la sécrétion parotidienne est seulement très ra- lentie pendani le repos de l'appareil masticatoire; mais, chez le Cheval, la salive cesse de couler par les conduits de Stenon, quand les muscles de la mâchoire ne se contractent pas, et afflue dans la bouche dès que ces organes entrent en jeu. Les relations entre l'activité fonctionnelle des paro- tides et les mouvements masticatoires se montrent de la manière la plus évi- dente quand, après avoir établi une ouvertuic fisluleuse au conduit de Stenon, de chaque côté de la tête d'un Cheval, on donne à cet Animal des aliments dont la mastication nécessite quelques efforts, de l'avoine par exemple. A raison de la con- formation de ses mâchoires, le Che- val , de même que les Ruminants, mâche seulement d'un côté à la fois ; puis, quand les muscles employés à ce travail sont fatigués, il porte ses ali- ments du côté opposé de la bouche pour en continuer la trituration, et ainsi de suite alternativement. Or, M. Colin a remarqué que c'est toujours du côté où l'effort masticatoire se pro- duit que la salive parotidienne coule en plus grande abondance, et que. chaque inversion dans le jeu des mâ- choires est accompagnée d'un change- ment correspondant dans l'activité re- lative des deux glandes parotidiennes. Ainsi, dans une des expériences faites par ce jeune physiologiste, la mastica- tion s'effectua d'abord du côté droit, et la parotide de ce côté donna en moyenne près de 50 grammes de sa- («) Mayo, OutUnes of Human Physiolngy, p. 4tO. (6) Hallor, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 60. SÉCRÉTION SALIVAÎRE. m aussi que l'écoulement de cette salive est d'autant plus grand, que les aliments soumis à la mastication sont plus secs et plus résistants (1). Enfin, il est également à noter que la mastica- tion devient lente et difiicile pour les Animaux chez lesquels on empêche la sahve parotidienne d'arriver dans la cavité buccale (2). live par minute, tandis que la parotide gauciie n'en fournissait que 17 gram.; mais quand le travail masticatoire fut transporté à gauche, la sécrétion sali- vaire tomba à 16 grammes dans la parotide droite, et s'éleva à environ Zi6 dans la parotide gauche (a). • (1) Ainsi, dans une série d'expé- riences faites sur le Cheval par Lassaigne, le bol alimentaire s'est trouvé contenir, pour 100 parties de substance alimentaire, 309 parties de salive, quand l'Animal mangeait du foin, et seulement hS de ce liquide quand le repas consistait en feuilles et tiges d'orge verte. Chez le Bélier, la quantité de salive mêlée à de la farine d'orge était de 212 pour 100, et celle fournie à des feuilles vertes de vesce seulement de 39 (6). Des différences analogues ont été observées par ^]. Cl. Bernard (c). Enfin, M. Mitscherlich a constaté chez nn Flomme portant à la joue une llslule parotidienne, qu'il s'écoulait par cette voie plus de là grammes de salive pendant un repas composé d'ali- ments solides, et seulement Zi6 gram. durant un autre repas qui se com- posait de substances molles {d) . (2) Dans des expériences com- paratives faites STU- deux Chevaux dont l'un recevait dans sa bouche latolalilé de la salive sécrétée par les parotides, et dont l'autre perdait tout ce liquide par suite de l'établissement de deux ouvertures fistuleuses, le temps em- ployé pour effectuer la masiication d'une égale ration de paille était de quarante-cinq à cinquante minutes chez le premier, de soixante-dix à cent cinq minutes chez le second. Pour l'avoine, la différence était à peu près dans la proportion de 2 à 3 ; mais pour le foin elle était jnoins considérable , et s'est trouvée en moyenne comme lili est à 57 (e). M. Mitscherlich a remarqué que chez l'Homme la sécrétion paroti- dienne est moins abondante à la fin du repas qu'au commencement (/"), et que la quantité de salive fournie en (a) Colin, Recherches expérimentales sur la sécrétion de la salive chez les Solipèdes {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1852, t. XXXIV, p. 327). — Recherclies sur la salive des Huminants (loc. cit., p. 08tj. — Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, 1. 1, p. 409. (6) Lassriij;nc, Recherches sur les quantités des fluides salivaires et muqueux que les divers aliments absorbent pendant la mastication et l'insalivalion chez le Cheval et le Mouton {Journal de chimie médicale, l>iiî>, .'!• série, l. 1, |). 470). (c) Cl. nemnrd, Mém. sîir le rôle de la salive {Arch. rjén. de médecine, \^M, 4° série, 1. XIII, p. 22). (rf) .Milsnhcrlicli, Op. cit. {Vof;;;eni\M'(rs Annalen, t. XXVII, p. 328). {e) Cl. I>ern.'inJ, Leçons de physiolcxjie expérimentale faites en 4 8,^)5, I. Il, p. h'.). (f) MiUclicrlicli, Op. cil. (Iiiisl'.s Rlarjazin fur die gesammte lleillcunde, t. X.\.\VIII, p. 408, ni Pocgendord-» Annaten, t. XXVII). 2[lS APPAREIL DIGESTIF. Circonstances L'activlté foiiclionnelle des glandes sous- maxillaires est au suractivité contraire augmentée par l'excitation de la sensibilité gustative; so'ir-m^axluah-es cllc nc s'arrêtc pas pendant l'abstinence, et elle n'est jamais aussi grande que celle des parotides, lors même que les pre- miers de ces organes sécréteurs sont aussi développés que les seconds ; mais elle s'accroît considérablement sous l'influence du contact de certaines substances avec la membrane muqueuse de la bouche (1). Exciiabiiiié ^1 6n est à peu près de même pour les glandes sublinguales, ,,/^''',„, seulement la rémitlence du travail sécrétoire est moins mar- subling'iiales. quée dans ces organes que dans les précédents ("2j. un temps donné est d'autant plus faible, que le jeu des mâchoires a duré plus longtemps. Ainsi, quand le repas ne durait pas plus de dix à douze minutes, la fislule laissait échapper jusqu'à 35 grains de liquide par mi- nute, tandis que la quantité fournie n'était que de 13 à 15 grains par mi- nute lorsque le repas durait de vingt à trente minutes. (1) li'application du vinaigre sur la langue produit dans ces glandes une sécrétion très abondante. L'elïet produit par l'introduction d'une solu- tion faible de carbonate de potasse dans la bouche est moins considérable, et l'emploi de la coloquinte ne déter- mine pas un écoulement de salive aussi abondant que l'action de la dissolution alcaline («), Le pyrèthre (ou racine de V Anthé- mis pyrethrum,) est aussi un siala- gogue puissant (6). La sécrétion des maxillaires est en rapport avec la rapidité de la masti- cation aussi bien qu'avec la sapidité et les autres qualités des aliments: ainsi son produit est beaucoup plus consi- dérable au commencement qu'à la fin du repas, et il est également aug- menté quand l'Animal mange des substances qui lui plaisent, del'avoine ou de la farine, par exemple (c). Dans une des expériences faites sur le Cheval, par M. Colin, on trouva que la fistule du canal de VVharton four- nissait en quinze minutes de 17 à 31 grammes de salive pendant la niastication du foin, et 50 grammes quand l'Animal mangeait de l'a- voine (d). Chez les Ruminants, comme nous le verrons plus en détail par la suite, la sécrétion salivaire n'est pas activée dans les glandes sous-maxillaires pen- dant la rumination (e). (2) M. Colin a étudié cette sécrétion sur des Solipèdes et des Huminants (a) Cl. Bernard, Leçons de physiologie expérimentale, t. II, p. 82 et suiv. (b) C'est-à-dire un excitatenr de la salivation, de o-t'aXov, salive, et oc/m, je chasse. (c) Colin, Op. cit., 1. 1, p. 475. {(l) Idem, Op. cit., p. 47-4. {e} Idem, Op. cit., p. 477. SÉCRÉTION SÂLIVAIRE . 2^9 Ces différences remarquables dans l'excitabilité des diverses parties constitutives de l'appareil salivaire se trouvent liées à l'influence que les nerfs de ces organes exercent sur leur puis- sance sécrétoire, et aux relations de ces nerfs avec ceux qui président d'une part au jeu des muscles masticateurs, d'autre part à la sensibilité gustative de la langue (1). Ainsi que nous le verrons d'une manière plus complète quand nous étudierons spécialement les fonctions des glandes, la production de la salive est soumise à l'action stimulante de certains nerfs, et à la rapidité avec laquelle le sang traverse les vaisseaux capil- laires de l'organe sécréteur, phénomène qui est à son tour réglé par d'autres nerfs, dont les lilets se répandent également dans l'intérieur de ces glandes (2"). Influence des nerfs Slll" la sécrétion salivaire. chez lesquels il'avait établi une ouver- ture fistuleuse au conduit de nivinus, et il a vu que la salive visqueuse pro- venant des glandes sublinguales coule sans interruption pendant l'abstinence aussi bieu qu'au moment du repas, mais afflue en plus grinide abondance quand la muqueuse buccale est sou- mise à -l'influence des excilanls. Ce n'est pas seulement au moment de la déglutition que celte rémittence s'ob- serve, mais pendant tout le temps durant lequel l'Animal mange («). Pendant l'abstinence la bouche est constamment humectée et des gorgées de salive sont avalées de temps en temps ; mais en général (chez le Che- val, par exemple) les glandes parotides et sous-maxillaires ne lournissent alors que peu ou point de liquide, et la presque totalité de celui-ci provient soit des glandes sublinguales, soit des glandiiles sous-muqueuses. On s'en est assuré en adoptant un robinet à l'œsophage, et en comparant la quan- tité de liquide qui s'écoule par cette voie, lorsque l'appareil salivaire est intact, et lorsque, par suite de l'éta- blissement de fistules, les produitsdes sécrétions parotidienne et sous-maxil- laire ont été détournés au dehors, (1) Quelques physiologistes avaient pensé que l'écoulement rapide de la salive parotidienne, observé pendant la mastication, était dû uniquement à la compression des glandules déter- minée par la contractiou des muscles de la mâchoire ou par les mouvements de cet organe; mais J3ordeu fit voir qu'aucune pressioi» de ce genre ne se produit, et que le phénomène en ques- tion doit être attribué à une aug- mentation de l'action propre des glandes (b). (2) M. Ludwig a fait, avec deux de ses élèves, MM. llnlin et liecher, une (a; Colin, Traité de jihy.iioloiiie cnmpavi'e dcn Animaux (Inmeslui lies, i. I, |i. 475. {b) Borrlcu, Œuvres cmnplèie.i, l. Il, \i. V.iî. 250 APPAREIL 4blGESTIF. Influence Aliisi, inon savaiit collègue, M. Claude Bernard, a constaté des nerfs iv -^ i i ' sur l'action cjue SOUS nntiuence de 1 action des filets nerveux fournis aux des g-landes -ii • i > sous-maxillaires glaudcs sous-maxillan'cs par le système sympathique, les vais- seaux de ces organes tendent à se contracter et à ne laisser passer que peu de sang ; que dans ces conditions, le sang en sortantde la glande offre la teinte rouge sombre qui est ordinaire au sang veineux, et que la sécrétion salivaire est peu abondante ; tandis que l'activité fonctionnelle des filets nerveux provenant de la corde du tympan tend h produire des effets contraires, c'est- à-dire à dilater les vaisseaux capillaires, à accélérer le passage du sang dans ces canaux, et à augmenter la quantité de salive formée. Or ce nerf excitateur de la sécrétion est en connexion avec le nerf lingual qui préside à l'exercice du sens du goût, et quand ce dernier nerf est mis en action, il exerce une influence stimulante sur le précédent : l'excitation déterminée par le contact d'un corps sapide sur la langue se réfléchit, pour ainsi dire, sur les glandes sous-maxillaires, et en active les fonctions. Aussi, lorsque sur un Chien vivant on coupe des deux côtés le nerf hngual, l'écoulement de la salive maxillaire n'aug- mente plus sous l'influence d'un corps sapide introduit dans la série d'expériences intéressantes, rela- évaluer l'intensité du travail sécré- tives y l'influence que les nerfs des toire, il a eu recours à la mesure ma- glandessalivairesexercentsur le travail nométrique de la pression exercée sécrétoire de ces organes. U a trouvé par la salive dans le canal excréteur, que lorsque les branches fournies aux et il a tracé la courbe des elïets ob- glandes sous-maxillaires par les nerfs serves {a), linguaux sont divisées, la production de L'influence excitatrice du nerf lin- la salivedans celles-ci est nulle ; mais gual et de sa branche glandulaire sur que peu d'instants après qu'on a l'activilé fonctionnelle des glandes excité par le galvanisme le nerf coupé, sous-maxillaii-es a été observée aussi cette sécrétion devient manifeste. Pour par M. Cl. Bernard (6). (a) Ludwig, Neue Versnche iïber die Beiliilfe der- Nerven zUr Speichelabsonderuny {Zeitschrift fur rationelle Medlcin, 1851, nouv. série, t. I, p. 255). (b) Cl. Bernard, Recherches d'anatomie et de physiologie comparée sur les glandes saUvaires ches l'Homme et les Vertébrés [Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1852, t. XXXIV, p. 239). SÉCRÉTION SALIVAIRE. 251 bouche, mais on voit cet effet se prorkiire dès que l'on stimule par le galvanisme le tronçon supérieur du nerf divisé. Enfin, la section du nerf glandulaire provenant de la corde du tympan empêche les sensations gustatives d'activer la production de la salive maxillaire, mais l'excitation galvanique du tronçon inférieur du nerf ainsi divisé réveille cette sécrétion (i). (1) M. Cl. Bernard a constaté d'abord que dans l'état de repos, la glande sous-maxillaires, chez le Chien et le Lapin, ne sécrète pas, et que le sang: veineux fourni par cette glande est alors du sang noir, comme dans Ics^utres parties du système veineux ; mais que si l'on excite la sensibilité gustative par l'application d'un peu de vinaigre sur la langue, le sang qui sort de cette même glande présente une teinte vermeille comme le sang arté- riel, et en même temps la sécrétion salivaire est réveillée dans cet organe. l\iis il a reconnu que les mêmes effets étaient produits par la galvanisation du nerf qui est fourni à la glande en question par la corde du tympan (a). Le même physiologiste a trouvé ensuite que si l'on coupe les filets nerveux du grand sympathique qui accompagnent les artères de la glande et qui pro- ■viennent principalement du ganglion cervical supérieur, le sang traverse cet organe sans changer de couleur, et en conservant par conséquent la teinte vermeille qui d'ordinaire est propre au sang artériel; ce liquide s'écoule aussi par les veines en plus grande abondance qu'avant l'opéra- lion ; mais si l'on rétablit les fonctions du tronçon [glandulaire du nerf coupé en stimulant celui-ci par le 'galva- nisme, le sang qui sort de la glande devient noir et ne passe que plus len- tement. Par cette excitation qui déter- mine la contraction des capillaires sanguins, on peut même interrompre presque complètement la circulation dans cet organe sécréteur. Enfin, M. Czermak avait constaté précédem- ment qu'en galvanisant les nerfs sym- pathiques au cou, on peut suspendre complètement la sécrétion de la salive dans les glandes sous-maxillaires (6).. La section du nerf glandulaire qui se détache du lingual pour se rendre à la glande sous-maxillaire, mais qui provient primitivement de la branche du nerf facial, appelé corde du tym- pan, produit des effets contraires, et lorsqu'on excite par le galvanisme le tronçon inférieur de ce filet, on déter- mine à la fois la dilatation des vais- seaux capillaires, le passage plus rapide du sang dans ces canaux, Tapparition de la teinte rutilante dans ce liquide veineux et une sécrétion abondante de salive. Le même résultat est obtenu par la galvanisation de la corde du tympan ; et si cette cxcilalion est intense, la dilatation des capillaires (o) Cl. Bernard, Sur les variations de couleur dans le sang veineux des organes glandulaires, suivant leur étal de fonction ou de repos {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1858, I. XI, VI, p. t02). (b) CzcTinal<, ffcitrUge zur Kenntniss der Beihilfe der Nerven znr Speichelsecretion (Sitzungs- bericlile der Wiener Akademie, -1857, t. XXV, p. 3j. Influence des nerfs sur les parotides. 252 APPAREIL DIGESTIF. Les fonctions de la glande parotide ne sont influencées que peu ou point par l'excitation des nerfs gustatifs, mais sont en majeure partie réglées par le nerf trifacial, qui est aussi le nerf moteur de la face. Ainsi, la section de ce nerf paralyse les muscles masticateurs du côté lésé, et arrête l'écoulement de la salive parotidienne du côté correspondant ; mais quand on gal- vanise le tronçon inférieur du nerf divisé, on voit aussitôt le travail sécrétoire reprendre dans la parotide, et la salive en sortir avec abondance (1). de la glande peut être portée si loin, que le sang traverse ces \aisseaiix sans perdre le mouvement saccadé dont il est animé dans les artères. Ainsi, par ces expériences et celles faites précédemment par M. Lud- \vig(a), on voit que le nerf fourni à la glande sous-maxillaire par la corde du lympan, et accolé au nerf lingual pen- dant une partie de son trajet, est un organe dont Faction détermine la di- latalion des vaisseaux sanguins et l'activité sécréloire dans cette glande. On peut donc l'appeler le nerf sécré- teur. Les nerfs sympathiques de la glande sous-maxillaire sont , au con- Iraire, des nerfs constricteurs des vaisseaux sanguins de cet organe ; mais il est à remarquer que l'excita- tion de ces nerfs peut provoquer aussi un certain écoulement de salive, qui est alors beaucoup plus visqueuse que d'ordinaire (6). Il est également à noter que l'action réflexe déterminée par l'excitation d'un nerf lingual se fait sentir non- seulement sur la glande sous-maxil- laire correspondante, mais aussi sur celle du côté opposé, et que l'activité fonctionnelle de ces glandes est éga- lement provoquée par l'excitation de certaines parties de l'encépliale, telles que la protubérance annulaire, ainsi que par la galvanisation et la portion centripète des nerfs pneumo- gastriques (c). Un fait remarquable sur lequel je reviendrai quand je traiterai de la théorie des sécrétions, a été constaté dernièrement par MM. Ludvvig et Spiess , savoir, que la température de la salive émise par la glande sous- maxillaire estsupérieureà celle du sang artériel qui se rend à cet organe {d). (1) M. Ludwig et Rahn ont constaté que le travail sécrétoire des parotides est sollicité par l'action directe des nerfs trijumeau et facial. Lorsque l'un de ces nerfs a été coupé et que l'on en stimule le tronçon périphé- (a) Ludwig-, Op. cit. {Zeltschrift fur ralionelle Medicin, 1S51, nouv. série, t. 1, p. 255). (b) Cl. Bernard, Leçons s^ir les propriétés physiologiques et les altéralions pathologiques des liquides de l'organisme, 1859, t. Il, p. 268 et suiv.). (c) Cl. Bernard, Leçons de physiologie expérimentale faites en 1855, t. II, p. "9 et suiv. (d) Ludwig et Spiess, Vergleichîtng der Wàrme des Unterkieferdrûsenspeichels und gleichsei- tigen Carotidenblutes {Sitzungsberichte der Wiener Akad., 4 85T, t. XXV, p. 584). SECRETION SALIVAIRE. 253 Nous voyons donc que chez l'Homme, et les Animaux qui s'en rapprochent le plus par leur organisation, il existe une certaine division du travail dans les fonctions accomplies par les diverses parties de l'appareil salivaire ; que le liquide sécrété par les parotides en raison des circonstances dans lesquelles sa production est abondante, aussi bien qu'en raison de ses pro- priétés physiques, doit être considéré comme destiné plus spé- cialement à servir dans le travail de la mastication ; tandis que la salive sous-maxillaire a surtout pour usage de lubrifier la sur- face de la langue, qui est le principal organe gustatif, aussi bien qu'un organe de préhension et de déglutition. Aussi M. Cl. Ber- nard désigne-t-il la première de ces deux humeurs sous le nom de salive masticatoire, et appelle-t-il la seconde salive de déglutition (1 ) . Piésiimé. rique, à l'aide du galvanisme, on dé- termine une sécrétion abondante de salive parotidienne. L'excitation du nerf glosso-pliaryngien provoque aussi cette sécrétion, mais seulement par suite d'une action réflexe exercée sur le nerf trijumeau {a). On sait aussi, par les expériences récentes de I\!. Cl. Bernard, que la sécrétion parotidienne n'est pas abolie par la section, soit de la corde du tym- ])an , soit du nerf facial à sa sortie du trou sphéno-mastoïdien, mais que cette sécrétion s'arrête quand on coupe le nerf de Wrisberg, ou racine acces- soire du facial, qui se rend au gan- glion oliqiie. La destruction de celui-ci produit les mêmes résultats, mais on jic sait pas encore comment son action se transmet à la glande parotide {h). (1) M. Longet considère les re- cherches de M. Colin comme infir- mant la plupart des propositions de M. Cl. Bernard, relatives à ces usages, spéciaux des diflerentes espèces de salives (c) ; mais les expériences de ce jeune et habile physiologiste ne me semblent pas avoir cette portée, et elles montrent seulement que les mou- vements masticatoires ne sont pas les seuls excitants de la sécrétion paroti- dienne. M. Colin a constaté, il est vrai, que chez les Ruminants cette sécrétion n'est pas complètement interrompue pendant l'abstinence ; que chez le Cheval elle est réveillée par la pré- sence d'aliments dans la bouche, lors même que la mâchoire inférieure est maintenue dans un état d'immobililé par des bandages; enfin, qu'elle n'est (a) Hatin, Einiges ûbcr die Speichclsecrelion, in.-ius'. ilisscrt. ;(;iiricli, d«50. — UnUrsuchungen ûber Wurzelii und tlalmeii dcr AbsoHderun'jsiiervcii der Glandiila pai'otis beim Kanincheu (Zellschrift fur rationelie Mediciii, l«5i, iioiiv. sùric, I. I, p. 285). (b) Cl. Uci'/ianI, De iinlluence qu'exerceiU différents nerfs sur la sccrétioii de la salive {Comptes rendus de la Société de biologie, 4857, p. 80). (c) Longol, Traité de pliysiologie, t. 1, 2' pailiu, p. \i>''. Propriétés de la salive mixte. 254 APPAREIL DIGESTIF. §7. — La salive mixte, provenant des différentes sour- ces que je viens d'indiquer, est d'ordinaire un liquide incolore, légèrement opalin et spumeux. Lorsqu'on l'examine au micros- cope, on y aperçoit en suspension quelques corpuscules solides, qui paraissent être seulement des cellules épithéliales provenant des parois des canaux excréteurs ou des débris de tissus analo- gues (1). Elle est plus ou moins visqueuse, suivantla proportion pas excitée quand on oblige l'Animal à mâcher, non des aliments sapides, mais de l'éloupe ou du vieux linge (a). Cependant il confirme les résultats obtenus par M. Cl. Bernard, nu sujet de l'indifférence presque complète des parotides aux stimulants de l'appareil gustatif (6), et il ne dit pas si, dans l'expérience de l'immobilité forcée de la mâchoire , l'Animal n'a pas fait des efforts musculaires pour essayer de mettre en mouvement cet organe. Quant à l'expérience sur la mastica- tion de l'étoupe, elle rentre dans celles oii les substances alimentaires ne pré- sentent que peu de résistance, et alors M. Cl. Bernard a vu aussi que l'écoule- ment de la salive parotidienne n'est provoqué que très faiblement (c). Ce dernier physiologiste avait cru remarquer que la salive fournie par les glandes sublinguales n'arrive en abondance dans la bouche qu'au mo- ment où la mastication est achevée et où la déglutition va commencer (a). Cette circonstance l'avait conduit à considérer ce liquide comme devant être distingué des autres salives, et comme constituant une salive de dé- glutition; mais on voit, par les expé- riences de M. Colin, que les glandes sublinguales agissent à peu près de la même manière que les sous-maxil- laires. (1) Par le repos, cette salive se sé- pare en deux parties, l'une supérieure, claire et limpide, l'autre plus ou moins trouble et tenant en suspen- sion des corpuscles solides. Ceux-ci sont visibles au microscope, et ont été observés, vers la fin du xvii*^ siècle, par Leeuwenhoek (e). Quelquesfpliy- siologistes pensent que leur présence est accidentelle (/") et due seulement à un état pathologique de quelques points de la muqueuse buccale ou des parois des voies salivaires; mais cette opinion ne me paraît pas fondée. On distingue aussi dans la salive mixte, des globules dits muqueux, qui sont arrondis et ont environ 0""',0i de diamètre, des lamelles épithéliques (a) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. 1, p. 482. (b) Idem, loc. cit., p. 471. (c) Cl. Bernard, Leçons sur la physiologie expérimentale faites en 1855, t. II, p. 49. {d} Cl. Bernard, Recherches d'anatomie et de jjhysiologie comparée sur les glandes salivaires (Comptes rendus, dS52, f. XXXIV, p. 237). (e) Leeuwenhoek , Microscopical Observations {Philosophical Transactions, 1674, n» 106, P-127). {f) KôUiker, Eléments d'histologie, p. 411. ■ SÉCRÉTION SALIVAIRK, 255 de salive parotidienne et de salive maxillaire ou sublinguale qui s'y trouve, et sa pesanteur spécifique, qui ne s'éloigne que peu de celle de l'eau, varie aussi légèrement, suivant les mêmes circonstances et suivant l'état de rorga:nisme (1). Dans l'état normal, cette salive exerce toujours une réaction alcaline plus ou moins marquée (2) ; mais, dans divers états de forme ovalaire, et des vésicules graisseuses (a). (1) La densité de la salive mixte ne varie ordinairement qu'entre l,00/i et 1,006; mais dans l'état normal elle peut s'élever à 1,009 ou descendre à 1,002. M. Wright a trouvé que chez environ deux cents personnes en état de santé, soumises à ses observations, la pesanteur spécifique de ce liquide n'a varié qu'entre 1,0069 et 1,0089 ; mais que sa densité change un peu sui- vant le régime. Ainsi, chez un Homme qui, pendant une semaine , s'était nourri essentiellement de matières animales, elle variait entre 1,0098 et 1,0176, tandis qu'à la suite d'une ali- menialion exclusivement végétale , pendant le même espace de temps, elle est descendue entre 1,0039 et l,00/i7 (6). M. Lehmann a vu aussi la densité de la salive parotidienne varier notablement chez le Cheval, par suite de l'abstinence des boissons ou l'in- troduction d'une quantité considé- rable d'eau dans l'estomac. Chez un de ces Animaux, qui n'avait pas bu depuis douze heures, les mouvements masticatoires firent couler, par l'ou- verture pratiquée au canal de Stenon, de la salive dont la densité était 1,0074, tandis que peu de temps après avoir bu environ 3 kilogrammes d'eau, le même Animal fournit, dans les mêmes circonstances, de la salive dont la densité ne s'élevait qu'à 1,005 {cj. (2) L'alcalinité de la salive chez l'Homme et les Animaux à l'état nor- mal a été bien constatée par MM. Tie- demann et Gmelin (d), ainsi que par presque tous les physiologistes de l'é- poque actuelle; mais il arrive souvent que ce caractère est peu prononcé, et quelquefois même ce liquide est neu- tre, surtout durant l'abstinence (e). Il devient facilement acide sous l'in- fluence de troubles même très légers de l'organisme, mais plus particuliè- rement chez les vieillards, les per- sonnes scorbutiques, et celles dont l'estomac est dans un élat d'irritation morbide (f). Schultz attribua l'alcalinité de la salive à l'ammoniaque {g), mais celte {a) Simon, Animal Chemistry, t. II, pi. 2, i\s. 13. — Funko, Allas der physiologischen Cheinie, pi. 14, fig'. t. {b) Wright, riie l'Injsiol. and Pathol. of Saliva [The Lancel, 1841, 1842, I. I, p. 786). (c) Lcbmaiiri, LelirUucli dei' physioloijischen Cliemie, t. Il, p. 10. ((/) Ticdcinann cl (iinMlin, Hecherches sur la diyeslion, l. I, p. 0. (g) Duvcrney, Kxpùy. sur la diijRsUon {llisl. de. l'Acad. des sciences, 1080, l. Il, p. 2:^). (/") Donné, Jlisloire physiolo'jique el paUiiilnijique de la salive, p. 6T et siiiv. (ff) Schultz, De ulimenlorum concoclwne. licrlin, 1834. •256 APPAREIL DIGESTIF. Composition clii inique de la salive. pathologiques, elle change de caractère et devient acide ; quel- quefois aussi elle est neutre (1). , • L'analyse chimique de la salive mixte de l'Homme (2) montre que ce liquide se compose d'environ 99 centièmes d'eau, et, quand on en sépare les détritus du tissu épithélique qui peu- vent s'y trouver en suspension, on n'obtient par l'évaporation, opinion a été rcfiUée par M. Mitsclier- licli, et l'on sait par les expériences de ce dernier cliimisle, ainsi que par celles faites antérieurement par Berzelius, que cette propriété est due à la pré- sence d'une certaine quantité de soude libre ou retenue par des combinaisons très faibles. D'après la quantité d'acide suifu- riquequeM. Mitscherlich a employée pour saturer la salive parotidicnne de l'Homme, on peut évaluer à 0,15 ou 0,17 pour 100 la proportion de soude contenue dans ce liquide (a). Suivant M. Wright, la quantité de cet alcali serait entre 0,095 et 0,353 pour 100 chez l'Homme; entre 0,151 et 0,653 pour 100 chez le Chien ; entre 0,uS7 et 0,261 pour 100 chez le Mouton, et entre 0,098 et 0,513 pour lOO chez le Cheval (6). (1) Ainsi iMonlègre a constaté que sa salive était neutre (c) ; M. Andral a reconnu que ce liquide était sou- vent acide chez des personnes bien portantes (d), et M. Van Setten a ob- servé des variations fréquentes dans son mode de réaction avant ou après le repas (e). 11 est à noter que l'acidité de la salive est une des principales causes de la carie des dents (/'). (2) On trouve, dans les Leçons de M. V\^rightsur la salive, une analyse fort étendue des opinions des anciens physiologistes et chimistes sur la com- position de la salive (g) ; mais les pre- mières recherches utiles à consulter sur ce sujet datent du commencement du siècle actuel, et sont dues à Berze- lius {h). Pour l'indication des procédés d'a- nalyse employés dans l'étude de ce liquide, je renverrai principalement aux ouvrages de Fr. Simon et de M. Lehmann (i). (a) Mitscherlich, Op. cit. {X>o§;gendorS's Annalen, t. XXVII, p. 335}. (6) Wright, Op. cit. {The Lancet, 1841-1842, 1. 1, p. 787). (c) Montèa;re, Expériences sur la digestion, p. 28. (d) Andral, RecU. sur l'état d'acidité ou d'alcalinité de quelques liquides du corps humain dans l'état de santé et de maladie {Gazette médicale, 1846, p. 5'28). (e) Van Setten, De saliva ejusque vi et ulililate {Brit. Acad. For. Mcd. Revieiv, 1837, l. Vit, p. 236). (/■) Regnart, De la carie des dents {Lancette, 1829, t. I, p. 146). (ff) Wright, The Physiology and l'atholoçjij of Saliva {The Lancet, 1841, 1842, t. I, p. 783). {h) Berzelius, Djurkemi, 1808. — General VieiOs of the Compas, of Animal Fluids {Annals of Philosophy. t. V, p. 379). — Mém. sur la composition des fluides animaux {A7in. de chimie, 1813, t. LxkxVI, p. 124). — Traité de chimie, trad. par Essinger, 1833, t. VIF, p. 150. (i) Simon, Animal Chemistry, t. II, p. 3. — Lehmann, Lehrbuch der physiologischen Chemie, t. II, p. 17. — Miller, art. Organic Analysis (Todd's Cyclopœdia ofAnat. and Physiol., t. III, p. 812). SÉCHETIOA' SALIVAIRE. 257 de 100 parties, que 0,348 à 0,841 de matière solide (1). Celle-ci se compose principalement d'une matière organique particulière, que Berzelius a désignée sous le nom de ptya- (1) Berzelius a trouvé clans la salive mixte 0,71 pour 100 de résidu so- lide (a), .MM. Tiedemann et Gmelin en ont obtenu de 1,1Z| à 1,19 pour 100 (b). L'Héritier, d'après dix expériences faites sur la salive de sujets à jeun, évalue ce résidu à l,o5 pour 100 [c]. Fr. Simon trouva sur 1000 parties de salive : eau, 991,225; matières solides, 8,775 [d). M. Wright en obtint 1,19 pour 100 [e). M. Jacubowitsch trouva seulement 0,/i8/i pour 100 (/). Les analyses faites par M. Frerichs donnèrent pour 1000 parties de salive : eau, 99/i,10; matières so- lides, 5,90 ig), M. Biddcr et Schmidt ont trouvé dans 1000 pariies de salive : eau, 91)5,16; résidu solide, hM (/')• M. Lebmann n'a constalé dans la salive filtrée que de 0,318 àO,8Zil pour 100 de matières solides, et il pense que les évaluations de ses prédéces- seurs sont irop élevées («'). Dans une analyse de salive paroti- diennc du Cheval, fuite par Las- saigue , la proportion de matières contenues dans ce liquide ne s'éleva qu'à 1 millième [j). M. Jacubowitsch a trouvé que chez les Chiens la quantité des substances solides (organiques et inorganiques) contenues dans la salive sécrétée par les parotides, par les sous-maxillaires ou par les subUnguales et autres glan- des pendant un temps donné, est à peu près constante, et que les diUé- rences observées dans la quantité de liquide provenant de ces diverses sources dépendent principalement de l'abondance plus ou moins grande de l'eau dans les produits sécrétés. Ainsi, dans les expériences de ce physiolo- giste, le résidu solide fourni par les diflérentes salives recueillies en une heure était de : 0s'-,23;î pour 48SI-, 968 d'eau dans la salive parotidienne; 0o^210 pour 38S'',G14d'eau dans la salive sous-maxillaire ; 0s'-,248 pour 24si-, 592 d'eau dans la salive sublinguale, clc. [k). MM. Ludwig et Becker ont remar- qué que dans les expériences où l'on détermine la sécrétion salivairc parla galvanisation des nerfs excitateurs des glandes sous-maxillaires, la propor- (a) Berzelius, Traité de chimie, t. VII, p. 157. (fc) Tiedemann et Gmelin, Recherches expérimentales sw la digestion , t. I, p. 1, (Cl L'Hcrilior, Traité de chimie pathologique, p. 298. (d) Simon, Animal Chemistry, t. II, p. 4. (e; Wrisht, Op. cit. {The Lancet, 1841, 1842, t. I, p. 819. (/■) .Ia(;iil)i)\vil.-cli, De saliva, p. 15. ((/) Krei-iflis, Die Verdauung (Wagncr's Handwiirterbuch der Physiologie, t. lit, p. "GG). (/i) IJiililer et Sclimull, Die Verdauuiujssdcfie nnd der Stoffuechsel, p. I I . ;i) Lclniianii, Lchrbiich der ]ihysioto(jischcii Clicinie, 1. V, p. l(i. (j) l.fiirct cl I,;i-s:ii:,'ii(;, llecli,erchcs sur ta diijcslluii., p. 31. ili) Jatiiliowihcti, Oj!. cit., \i. 20. VI. 17 258 APPAREIL DIGESTIF. Une (1), de soude, de chlorure de sodium et de quelques autres composés inorganiques parmi lesquels je citerai en première tion de matière solide contenue dans ]e liquide obtenu s'abaisse peu à peu. Cette diminution porte principalement sur les substances organiques (a). (1) Berzelius a ap()elé matière sali- vaire, ou ptyahne (6), une substance soluble dans l'eau et insoluble dans l'alcool, qui ne se coagule pas par l'é- bullition, et qui n'est précipitée ni par l'infusion de noix de galle, le biclilo- rure de mercure ou le sous-acétate de plomb, ni par les acides énergi- ques, mais qui n'est encore que très imparfaitement connue des chi- mistes (c). Elle appartient à la famille des matières alburainoïdes, et M. Cl. Bernard la considère comme ne difle- rant pas notablement de !a caséine (d). Tl e?t aussi à noter que la ptyaline paraît se trouver, dans la salive, en combinaison avec de la soude, de la potasse et de la chaux, mais s'en laisse séparer par l'acide carbonique, et cette décomposition est une des causes du trouble qui se manifeste souvent dans ce liquide par suite de son contact avec l'air (e). On signale aussi dans la salive la présence d'une matière animale qui est soluble dans l'alcool, et qui a été assimilée par BerzeUus à l'extrait fourni par la viande. La plupart des chimistes ont cru trouver dans la salive de l'Homme des traces d'albumine; mais l'exis- tence de cette substance y est très douteuse dans l'état normal (f). Enfin ce liquide contient des traces d'un acide gras et peu volatil, qui n'a pas encore été déterminé, et qui' est uni à de la potasse. Le sel ainsi formé donne lieu à la production de cristaux microscopiques qui ressemblent beau- coup à ceux fournis par l'acide mar- garique (g). M. Frerichs et Stâdeler ont trouvé dans la salive mixte quelques traces de leucine, et en ont obtenu davantage en agissant directement soit sur les parotides, soit sur les glandes sous- maxillaires (h). Les corpuscules solides en suspen- sion dans la salive sont d'ordinaire confondus par les chimistes, sous le nom de mucus, et se composent, comme je l'ai déjà dit, de globules épithéliqoes et de débris de cellules mêlés à des particules de graisse. (a) E. Becker und C. Ludwig, Mittheilung eines Gesetzes, welches die chemische Zusam- mensetzung des Unterkiefer-Speichels beim Hunde beslimmt (Zeitschrift fur rationelle Medicin, nouv. série, ^851, t. I, p. 278). (6) De TTTVij, je crache. (c) Berzelius, Traité de chimie, t. VII, p. 156. — Wrig'lit, Op. cit. {The Lancet, 1841-1842, t. I, p. 788). — Golding Bird, Contributions to the Pathology of some Forms of Morbid Digestion {London Med. Gazette, 1840, t. 1, p. 643). (d) Cl. Bernard, Leçons de physiologie expérimentale faites en 1855, t. Il, p. 67. (e) Lehmann, Lehrbuch der physiologischen Chemie, t. II, p. 12. (f) Dans les expériences de M. Bloiidelot, aucun indice de l'e.xistence de l'albumine ne s'est mani- festé (Op. cit., p. 123). (g) Lehmann, Op. cit., l. II, p. 13. (h) Frerichs und Stâdeler , Weitere Beitrdgc aur Lehre vont Stoffiuandel (Muller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1856, p. 44). SÉCRÉTION SALIVAIRE. 259 ligne le phosphate de soude (1) et le sulfocyanure de potas- sium, substance fort remarquable, qui ne se rencontre pas ailleurs dans l'organisme, et qui se reconnaît à la couleur Mi\I. Tiedemann et Gmelin y ont con- "staté la présence d'une graisse phos- phore e (a). (1) En analysant les cendres four- nies par la combustion du résidu so- lide de la salive, M. Enderlin a ob- tenu un peu plus de 'J8 pour 100 de phosphate alcalin Iribasique (6), et M. Jacubowitsch pense qu'il s'y trouve 51 pour 100 de phosphate bibasique de soude (c) ; mais, ainsi que le fait remarquer M. Lehmann , l'examen chimique des acides contenus dans les cendres ne peut nous éclairer que très imparfaitement sur les composés excitants dans la salive physiologique, et il pense que la majeure partie de l'alcali qui se trouve dans ce résidu à l'état de phosphate formait d'autres combinaisons avec les matières orga- niques avant l'incinération (d). Ce dernier chimiste n'a pu décou- vrir que de faibles traces de sulfates alcalins dans la salive franche ; mais, dans les cendres de la salive de l'Homme, M. Enderlin a trouvé 23 pour 100 de sulfate de soude, et chez le Cheval cette proportion s'élève à i ,6 pour 100 de salive (e). La proportion de chlorures alcalins (principalement du chlorure de so- dium) contenue dans la salive est un peu plus considérable. Ainsi M, Jacu- bowitsch évalue à 90 millièmes la quan- tité de ces corps contenue dans la sa- live de l'Homme, et à /i ou 5 millièmes celle qui existe dans la salive du Chien {f). L'analyse des cendres de la salive de l'Homme a fourni à M. En- derlin ces chlorures dans la propor- tion d'environ 62 pour 100. Ainsi que je l'ai déjà dit, il existe aussi de la chaux dans ces liquides, et par le contact de l'air cette substance se trarisformeen carbonateet se précipite. Dans la salive parotidienue du Cheval, cette base terreuse est même en si grande abondance, que parfois elle y forme ainsi de très beaux cristaux mi- croscopiques de carbonate calcaire (g). Le dépôt que la salive mixte laisse souvent sur les dents, et que l'on dé- signe sous le nom de tartre, se com- pose principalement des matières or- ganiques solides suspendues dans ce liquide, et des sels calcaires qui s'en précipitent. Berzehus y a trouvé : ptyaline, 1,0; mucus, 12, 5;phosphates terreux, 79,0 ; matière animale soluble dans l'acide chlorhydrique, 75 pour 100 {h). Vauquelin etLaugieront ob- tenu des résultats analogues, et ont (a) ïiedcniann et Gmelin, Recherches sur la digesli07i, t. I, p. H- (6) Enderlin, Fhysiologisch-chemische Untersuchunijen {Ann. der Chemie und Pharmacie, \Ui, t. XLIX, p. :!34). (c) .lacubowitscli, De saliva, p. d 5 et suiv. \d)h. cil. (/) Jaculjowilscli, Op. cit., p. 20. ((/) Lehmann, Op., cil.,\. 11, p. 12. \h) Bcrzclius, Trailé de chimie, t. VII, p. 104. 260 APPAREIL DIGESTIF. rouge qu'elle développe quand on y ajoute du perchlorure de fer (1). signalé dans celte substance des traces de magnésie («) ; mais dans un cas observé par Regniart la proportion de carbonate de cliaux était beaucoup plus considérable (6). Les concrétions salivaiies qui se rencontrent assez fréquemment chez le Ciievai et les autres herl)ivores sont composées en majeure partie de car- bonate calcaire (c) : ainsi, dans un produit de ce genre dont Caventou a fait l'analyse , il existait plus de 91 centièmes de ce sel terreux {d). La plupart des physiologistes attri- buent la produclioa du tartre dentaire à un dépôt laissé par la salive ; M. Cl. Bernard, au contraire, est disposé à penser qu'elle dépend plutôt d'une sécrétion morbide du périoste alvéo- laire (e). Mais cette opinion ne me paraît pas admissible ; car j'ai eu l'oc- casion de constater que des incrusta- lions analogues se forment souvent sur les dentiers artificiels chez des vieillards qui ont perdu toutes leurs dents et dont les alvéoles sont complè- tement recouverts par les gencives. Il est aussi à noter que parfois cet enduit recèle beaucoupd'Infusoires (/). (1) Cette réaction, que l'on sait au- jourd'hui être un signe indicatif de la présence des sulfocyanures dans la saUve, fut constatée par Treviranus, longtemps avant que ces substances, dont la découverte est due à Porret, fussent connues des chimistes (g), et il attribua ce phénomène à un acide parliculier que VVinterel désigna sous le nom de ft/w/sâ are, c'est-à-dire, acide sanguin (h). La coloration de la salive en rouge intense par l'addition d'un peu de perchlorure de fer fut observée ensuite par plusieurs autres physiolo- gistes, parmi lesquelsje citerai d'abord MM. Tiedemann etC.mclin, Mitscher- lich et Van Selten (i), et on le consi- déra assez généralement comme ren- dant très probable l'existence d'un (a) Vauqueliii et Laugier, Rapport sur le tartre des dents (Journal de pharmacie, i8-2Q, t. XII, p. 3). {l))'Regaai-d, Examen d'une concrétion des amygdales (Journal de chimie médicale, i" série, 1826, t. II, p. 284), (c) Lassaignc, Analyse de plusieurs calculs et concrétions trouvés dans différents Animaux (Ann. de chimie et de physique, 1818, t. IX, p. 326). — Analyse d'un calcul salivaire de Che- val, etc. [Ann. de chimie et de physique, 1821 , t. XIX, p. 17-4). — Wurxer, Analyse eines menschlichen Speichelste'mes (Archiv der Pharm., t. XIV, p. 254). — Henry fils. Examen chimique d'un calcul salivaire de Cheval (Journal de pharmacie, 1825, t. XI, p. 465). - — Lepariii, Analyse eines Speichelsteines (Journal fiïrpraklische Chemie, 1 836, f . VIII , p. 395). (d) Cavenlou, Examen chimique de quelques productions morbides (Journal de pharwMcie, 1825, t. XI, p. 462). (e) Cl. Bernard, Leçons sur la physiologie expérimentale faites en 1855, t. II, p. 135. (f) Mamll, Rech. microscopiques sur la composMon du tartre et des enduits niuqueux de la langue et des dents (Comptes rendus de l'Acad.des sciences, 1842, t. XVII, p. 213), {g\ PorreU l'appela acide prussique sulfuré. (h) Treviranus, Biologie, 1814, t. ÎV, p. 332. (i) Tiedemann et Gmelin, Recherches su,r la digestion, t. I, p. 9. — Van Setlen, De saliva ejusque vi et ulilitate, dissert, inaiig-. Groiiingue, 1837 (Drit. foreign Med.Rev., 1839, t. VII, p. 236). — Wright, Op. cit. (The f,a?;ee£, 1841-1842, 1. 1, p. 814). — Milscherlich, Op. cit. (PoggendorlT's Annalen, I. XXVII, p, 338). — Lcliniann, Lehrbuch der physioloyischea Chemie, t. 111. SÉCRÉTION SALIVAIRE. 261 L'analyse de la salive mixte de l'Homme, faite par Berzeliiis, donna : Eau 992,9 Flyalinie 2,9 Mucus 1,4 Matière exlractive avec du lactale alcalin 0,9 Chlorure de sodium 1,7 Soude 0,2 Total. . . . 1000,0 Ces résultais ne s'éloignent que peu de ceux obtenus par les successeurs de ce grand cliimiste, et les différences qui ont été sulfocyanure alcalin dans ce liquide. possède pas les propriétés toxiques Quelques chimistes, il est vrai, crurent qu'on lui avait d'abord attribuées (d). pouvoir expliquer le phénomène au- La proportion dans laquelle ce sul- trement (a), et plusieurs auteurs peu- focyanure de potassium se rencontre sèrent que la réaction elle-même ne se dans la salive est très faible. M. Ja- produisait point dans l'état anor - cubowitsch l'évalue à 0,006 pour mal (6); mais cela ne paraît pas être, 100 (e), et M. Lehmann en a trouvé et les recherches expérimentales de de 0,0Zi6 à 0,089 pour 100 (f). MM. Jnciibowitsch, 'J'ilanus, Frerichs M. Wright pense qu'il en existe da- etLongetme semblent prouver d'une vantage (de 0,51 à 0,98 pour 100); manière satisfaisante que le sulfocya- mais cela n'est pas probable (g). nure de potassium est une des matières J'ajouterai que M. Pettenkofer a cru constitutives de la salive de l'Homme, pouvoir démontrer que le sulfocya- du Chien et du Cheval (cj. Il est, du nogène de la salive se trouve lié à du reste, à noter que celle substance ne fer et du plomb (h). [a) SchuUz, De alimentornm concoctione, p. Cl. (6) Stralii, Ueber die GeQemuart von Schwefelcyan ini Speichel (Med. Zeit. v. d. Verein in Preussen, 1847, n"» ai et 22). — Kùhn, Ueber Prûfung auf lieinheit des Essigs und ûber den Schwefelblausâitregehalt des Speichels (Scliweigger's Jahrbuch der Chemie und Physik fur 1830, t. LIX, p. 371). -^Blondlot, Traité analytique de la digestion, 1843, p. 123. — Lassaigne, voy. Béraid, Cours de ■physiologie , t. I, p. 712. (c) Jacubowilscli, De saliva, disseit. inaug., 1848, p. 14. — Tilanus, De saliva et muco, dissert, inaug. Amsterdam, 1849. — Frerichs, Die Verdauung (Wagner's Handwôrterbuch der Physiologie, t. III, p. 7G4). — l^onget, Du, sulfocyanure de potassium considéré comme \in des éléments normatix de la salive (Ann. des sciences nat., i' série, t. IV, p. 225. (rf) Marchand, Lehrbuch der physiolo(iischen\Cheinie, 1844, p. 410. — Wohler iind Frerichs, Ueber die Verdiideruiuj wechc namentlich organische Stoffe bei ihrem Uebergaiig in den Dam erleiden {Ann. der Chemie und Pliarm., 1848, t. LXV, p. 342). (e) Jacuhoniisch, Op. cit., p. 15. (/■) Leliinann, Lchrbuch der physiologischen Chemie, I. t. p, 420. (j7) Wright, Op. rit. {The Laurel, 1841-1842. t. I, p. 814). (h) l'eltenkofer, Ueber den Schiuefelcyangetialt des menschlichen Speichel (llnchiiei's Heperlor fur die l'harni., 18415, t. .\L1, p. ':''o'J, et ilclkr's Arcliiv fiir physiol. und pulhol. Chemie, 1. 111 I8i<;, p. 404). 262 APPAREIL DIGESTIF, constatées chez les autres Mammifères ne sont pas assez impor- tantes pour que nous nous y arrêtions ici (1). Mais je dois ajouter qu'il se développe dans la salive mixte de tous ces êtres M. Kletzinsky a fait des recherches siirlescircoastances qui peuvent faire varier la proportion de sulfocyaniire de potassium contenue dans la salive, et sur les fonctions de cette substance. Il est porté à croire qu'elle est destinée à empêcher le développement de la fer- mentation dans le dépôt salivaire (a). (1) Berzelius a fait une analyse de la salive parotidienne du Mouton, et y a trouvé sur 1000 parties de ce li- quide : Eau 989,0 Matière extractive soluble dans l'alcool , chlorures alca- lins, etc 1,1 Matières solubles dans l'eau et insolubles dans l'alcool (traces de ptyaline , beaucoup do phosphate de soude et du car- bonate de soude) 8,2 Matières insolubles dans l'eau et dans l'alcool (mucus et sels calcaires) 0,5 (&) M. Milscherlicli a obtenu, de 1000 parties de salive parotidienne de l'Homme, entre 1,û7 et 1,63 de matières solides, dont 3/i centièmes étaient insolubles dans l'eau et dans l'alcool, /j2 pour 100 étaient solubles dans l'eau et insolubles dans l'alcool, enfin lli pour 100 étaient solubles dans ces deux liquides (c). Une analyse de salive mixte de l'Homme, faite par Fr. Simon, donna pour 100 parties les résultats sui- vants : Eau 991,225 Matières solides . 8,775 dont : Ptyaline et matière extractive. . 4',375- Matière extractive et sels. . . . 2,450 Graisse contenant de la choleslé- rine 0,525 Albumine, mucus et débris de cellules 1,400 (d) M. Wright considère la composi- tion moyenne de la salive normale de l'Homme comme pouvant être repré- sentée de la manière suivante : Eau 998,1 Ptyaline 1,8 Acide gras 0,5 Chlorures alcalins . 1,'i Albumine et soude. 0,9 Phosphate de chaux 0,6 ."Vlbuminate de soude 0,8 Lactate de potasse et de soude . 0,7 Sulfocyanure de potassium . . . 0,9 Soude 0,5 Mucus, etc 2,6 (g) M. L'Héritier a trouvé que chez les enfants la proportion d'eau est ordi- nairement plus élevée que chez les (a) V. Kletzinsky, Andeutung uber das physiologische und pathologische Verhalten des Schîuefelcyangehaltes im Spiechel (Heller's Archiv fur physiologische und pathologische Chemie und Mikroscopie, neue Kolge 1852, t. V, p. 39 et suiv.). (6) Berzelius, Traité de chimie, t. VU, p. 157. (c) Mitscherlich, Op. cit. (Poggendorff's Annalen der Physik, t. XXVIl, p.- 320, et Rust's Maga- %in, t. XXXVIII, p. 339 et suiv.). (d) Simon, Animal Chemistry, t. II, p. 4. (e) Wright, Op. cit. (The Lancet, 1841-1842, t. I, p. 819), SECRETION SÂLlVAlRl!:. 263 une espèce de ferment spécial qni a beaucoup d'analogie avec la diastase végétale, et qui joue un rôle particulier dans le travail chimique de la digestion, ainsi que nous le verrons dans adultes. Par dix analyses de la salive mixte de ceux-ci et quatre analyses de la salive des enfants, il a obtenu en moyenne les résultats suivants : Adultes. Enfants. Eau ....... . 986,5 996,0 Matière organique. . 12,6 3,5 Matière inorganique. 0,9 0,5 (a) M. Jacubowitsch, en opérant sur 1000 parties de salive mixte de l'Homme, a obtenu : Eau 995,16 Débris épithéliques 1,62 Matières organiques l,di Sulfocyanure de potassium , . 0,06 Phosphate de soude 0,94 Chaux 0,03 Magnésie 0,01 Chlorures alcalins 0,84 Chez le Chien, le même physiolo- giste a trouvé : Eau 989,63 Matière organique 3,58 Phosphate de soude 0,82 Chlorure de sodium . . . . \ Sulfocyanure de sodium et de > 5,82 potassium j Phosphate de chaux, magné- sie, etc 0,15 On lui doit aussi des analyses de la salive parotidienne, de la salive maxil- laire et de la salive linguale, cic, chez le même Animal. Il a trouvé que la proportion d'eau était de 68,9 dans le premier de ces liquides; de 38,6 dans le second, et de 2û6 dans le troi- sième [b). D'après Lassaigne, il y aurait dans la salive du Cheval : Eau 992,00 Mucus et albumine 2.00 Carbonate alcalin 1,08 Chlorure ah;alin 4,92 Phosphate alcalin et pliosphate de chaux traces Dans celle de la Vache : Eau 990,74 Mucus et matière animale so- luble 0,44 Carbonate alcalin 3,38 Chlorure alcalin 2,85 Phosphate alcalin 2,49 Phosphate calcique 0,10 Dans celle de la Brebis : Eau 989,00 Mucus et matière animale solide. 1,00 Carbonate alcalin 3,00 Phosphate alcalin 1,00 Chlorure alcalin 6,00 Phosphate de chaux traces Dans la salive maxillaire de la Vache, ce chimiste a trouvé, sur 1000 parUes : 1,73 de mucus, 1,80 de matière animale soluble, el seule- ment 0,10 (le carbonate (c). (a) L'Héritier, Trailé de chimie palliolo'jique, \>. 'i.dH. (b) Jacubowitsch, De saliva, p. 1 8 et 20. (c) Lassaigne, Examen chimique el comparatif des liuides sécrdlés par les (jlandes parolides el sous-maxillaires dans l'espèce bovine (Journal de chimie médicale, 3" série, 1852, t. VllI, p. 393). 26/1 ' APPAREIL DIGESTIF. une des prochaines Leçons. Celte substance n'existe pas dans la salive parotidienne au moment où ce liquide arrive dans la bouche, et l'on n'en connaît pas bien l'origine ; mais elle n'en est pas moins une des parties constitutives les plus importantes du liquide qui se mêle auv aliments pendant le séjour de ceux-ci dans la cavité orale, liquide que les physiologistes sont convenus d'appeler de la salive mixte (1). ' (1) L'existence de ce ferment sali- vaire se déduit de la propriété, dont jouit la salive mixte, de transformer l'amidon en glncose, effet qui a été constaté d'abord par Lenchs (a), et observé ensuite par beaucoup d'autres physiologistes (6). Lassaigne remar- qua cependant que la snlive paroti- dienne du Cheval ne produit pas celte transformation (c), et, bientôt après, les recherches faites par MM. Magen- die, Rayer et Payen vinrent montrer que, sous ce rapport, la salive paro- tidienne diffère complètement de la salive mixte [d). M. Cl. Bernard con- stata également celte différence entre la salive mixte et la salive fournie par les glandes sous-maxillaires, et ses expériences le conduisirent à penser que le ferment contenu dans la salive mixte provenait des liquides sécrétés par la membrane muqueuse de la bouche (e). Enfin, la question de la source de cette espèce de diastase sa- livaire a été examinée de nouveau par M. Jacubowitscli ; et il résulte des expériences de ce physiologiste dis- tingué qu'aucune de ces humeurs ne jouit de la propriété de transfor- mer l'amidon en glucose quand elle est seule, mais que toutes l'acquièrent par le fait de leur mélange avec de la salive provenant d'une autre source (/'). J'ajouterai que les expériences de MM. Bidder et Schmidt, tout en étant d'accord avec les l'ésultats que je viens d'indiquer, tendent à établir que la salive parotidienne n'intervient en rien dans le développement du ferment salivaire, et que c'est seule- ment par le mélange de la salive maxillaire avec le mucus buccal que (fl) Leuchs, Ueber die Verzuckerung des Stâvkmehls durch Speichel (Kastner's Archiv fur die (jesammte Naturlehre, 1831 , t. XXII, p. 106). (b) Scliwann, Ueber das Wesen des Verdauungsprocesses (Miiller's Archiv fur Anat. und PhysioL, 1836, p. 90). — Sébastian, voyez Burdacli, Traité de physiologie, t. IX, p. 268. — Van Setten, De saliva ejusque vi et utilitatc, dissert, inaug. GroiiinîTiie, 1847. — Miahle, Mém. sur la digestion et l'assimilation des matières amyioïdes et sucrées, 1845. ■ — Chimie appliquée à la physiologie, 1855, p. 40. . (c) Lassaigne, Recherches pour déterminer le mode d'action qu'exerce la salive pure sur l'amidon {Comptes rendais de l'Acad. des sciences, 1845, t. XX, p. 1347). {d) Magendie, Etude comparative de la salive parotidienne et de la salive mixte sous le rap- port de leur composition chimique et de leur action sur les aliments {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1845, t. XXI, p. 902). (e) Ci. Bernard, 3Iém. sur le rôle de la salive dans les phénomènes de la digestion(Arch. géa. de médecine, 4° série, 1847, t. XLIII, p. 4 et suiv.). {f) .laniliowilsrh. De saliva, p. 33 et sniv. SÉCRÉTION SALIVAIRE. 205 Dans divers états pathologiques de l'organisme, la composi- tion de la salive change considérablement : ainsi que je l'ai dit, ce liquide devient souvent très acide, et parfois la proportion de matières organiques dont il est chargé augmente beaucoup. Mais l'étude de ces modifications n'est pas de mon domaine, et par conséquent je ne m'y arrêterai pas (1). Quant à l'action que la sahve peut exercer sur les aliments, je me propose d'en parler lorsque je traiterai de l'ensemble des phénomènes chimiques de la digestion. la salive mixte acquiert la propriété sécrétions, diverses substances étran- de transformer de la sorte Tami- gères mêlées au sang en circulation don en sucre (a). peuvent aussi être excrétées par cette Wous aurons l'occasion de revenir voie ; mais le sucre que quelques pliy- sur ce sujet, lorsque nous étudierons biologistes ont cru trouver dans la les phénomènes chimiques de la di- salive des diabétiques paraît provenir gestion. d'une antre source (d). (1) Dans quelques cas, on a constaté Au sujet des étals pathologiques que la salive contient de l'urée (6) ; on de la salive, je renverrai aux ouvrages y a signalé également la présence de de MM. Donné, Bird, Wright, Landc- la leucine (c), et, ainsi que nous le rer. Picard, et de plusieurs autres verrons lorsque nous étudierons les chin.istfs (e\ (a) Bidder et Sclimidt, Die Verdauungssdfte uiid der Stoffivechsel, p. 19 et suiv. (6) Wright, Urea in saliva in a Case of Ascites (The Lancet, 1841-1842, t. I, p. 753). — Pcltenkofer, Op. cit. (Bucliner's lïepertorium fiïr die Pharm., i 848, t. LI, p. 289). — Picard, De la présence de l'urée dans le sang et de sa diffusion dans l'organisme à l'état phusinlogique et à l'état pathologique, thèse. Strasbourg', 185G, p'. 33. (c) F. Frericlis iind SlJideler, Weitere Beitr&ge %ur Lehre vom Stoffiuandel (Miiller's ^?rftù' fiïr Anat. und Physiol., 1850, p. 44). (d) Cl. Bernard, Leç.ons sur les liquides de l'organisme, 1859, t. II, p. 241. (e) Donné, Histoire physiologique et pathologique de la salive, in-8, 183G. — Simon, Animal Chemistry, t. II, p. 1 et suiv. — L'Héritier, Traité de chimie pathologique, 1842, p. 298 et suiv. — Goldinçf Bird, Contributions to Ihe Chemical Pathology of some Forms of morbid Digestion [London Médical Gazette, 1841, t. XXVIII, p. 571). — Wright, The Physiology and Pathology of Ihe Saliva [The Lancet, 1841-1842, I. T, p. 753, etc.). — I.andcrer, l'(bcr cincn sdir fethaltigen Speichel (HcUer's Archiv fiïr physiol. vnd patbol. Chemie, 1846, t. 111, p. 297). CINQUANTE -CINQUIÈME LEÇON. Suite de l'étude de l'appareil digestif des Vertébrés et de ses fonctions mécaniques. — — De la déglutition. — Structure du pharynx et de l'œsophage ; mécanisme de la déglutition. • — De l'estomac. — Rumination. — Vomissement. — Passage du chyme dans l'intestin. Formation § ^ . ■ — Par l'effet de la mastication, de l'insalivation et des du bol alimentaire mouvements de la langue, phénomène dont l'étude a fait le et déglutition. sujet des Leçons précédentes, les aliments se trouvent d'abord divisés en fragments minimes, puis rassemblés et réunis en une masse arrondie que les physiologistes appellent hol alimentaire. Ils passent alors dans l'arrière-bouche , où ils s'enduisent de mucus fourni par les glandules circonvoisines, et la déglutition s'en opère. Chez les Vertébrés inférieurs, qui ne mâchent jamais leurs aliments, cette portion reculée de la cavité orale, que l'on nomme aussi le pharynx (1), n'est que rarement distincte de la partie vestibulaire de la bouche; mais, ainsi que nous l'avons déjà vu dans une Leçon précédente, elle offre toujours plu- sieurs ouvertures qui sont destinées spécialement au passage des fluides respirables. Ainsi, chez les Poissons, le plancher de l'arrière-bouche présente de chaque côté une série de fentes qui conduisent dans les chambres branchiales, et chez tous les Vertébrés pulmonés sa voûte est percée par les arrière- narines, et sa partie inférieure est ouverte pour donner accès dans le larynx. Pour que le transport des aliments, depuis (1) De cpâpu-y? , arrière-bouche. confondu le pharynx et l'œsophage Beaucoup d'anciens anatomistes ont sous le nom commun de gula. ARRIÈRE-BOUCHE DES VERTÉBRÉS. 267 l'entrée de la bouche jusque dans l'œsophage, s'opère d'une manière sûre, il faut donc que le pharynx soit disposé de façon à empêcher ces corps de s'engager dans les voies latérales affectées au service de la respiration. Chez les Poissons, ce résultat est obtenu à l'aide d'une série Amère-bouche des de dents ou d'appendices odontoïdes qui garnissent le bord Poissons. antérieur de chacune des fentes hyoïdiennes, et qui s'inclinent en arrière de manière à recouvrir ces ouvertures d'une sorte de palissade à claire-voie, susceptible de laisser passer l'eau, mais propre à arrêter les corps solides que ce liquide charrie (1). Chez les Oiseaux et les Reptiles, il existe, en général, une dis- Amère-bouche ^ ' ^ r o 7 jgg Reptiles position analogue au-devant des arrière -narines, et pendant que et des Oiseaux. la déglutition s'opère, les bords de la glotte se rapprochent de façon à fermer l'entrée delà trachée; mais cette clôture entraîne la suspension de tout renouvellement d'air dans l'intérieur des poumons, et par conséquent elle ne saurait se prolonger sans dommage pour le travail respiratoire. Chez les Vertébrés pulmonés, où l'arrière-bouche constitue une sorte de carre- four dans lequel la route suivie par l'air croise celle destinée aux ahments, il faut donc que la déglutition se fasse très rapide- ment, nubien que la cavité buccale soit disposée de manière (1) En décrivant l'appareil respira- ment longs; chez le Maquereau, ce toire des Poissons, j'ai fait connaître sont des tubercules frangés; chez le la disposition de ces fentes hyoïdiennes Brochet, ils sont courts et disposés en ou branchiales (a). Les appendices qui manière de râpe ; chez la Perche, les en garnissent les bords sont en gêné- uns sont styliformes, les autres tuber- ral des stylets cornés ou de consis- culeux (6); chez les Anguilles, ils ont tance osseuse, rangés comme des la forme de papilles, et chez le i)/i//e- dents de peigne et dirigés en arrière. ies ils sont lamelleux et triangulaires, Us varient beaucoup par leur forme. de façon à ressembler à des dents de Ainsi, chez le Hareng et les autres scie (c). Chez la Baudroie {Lophius Clupées ils sont grêles et remarquable- piscatorius), ils manquent. (o) Voyez torne II, paf,'c 220 et suiv. (6) Laurillard, Atlas du ttègne animal de Cuvicr, Poissons, pi. 1, fig'. 1 et 2. (c) Owcri, Odontoijrajihy, pi. i8, i'ig. tO. 268 APPAREIL DIGESTIF, que les voies respiratoires puissent s'en rendre indépendantes, et continuer à fonctionner pendant que ce vestibule digestif se trouve obstrué par les aliments. Comme les Oiseaux, les Rep- tiles et les Batraciens n'ont pas besoin de mâcher leurs ali- ments : c'est presque toujours en remplissant la première de ces conditions que la Nature assure le service delà respiration, et chez ceux de ces Vertébrés où la déglutition ne peut se faire que d'une manière très lente à cause du volume de la proie que l'Animal doit avaler, particularité qui se remarque chez les Ser- pents, la glotte est disposée de façon à pouvoir s'avancer entre les deux branches de la mâchoire, dont l'extrémité antérieure est libre, et à faire saillie hors de la bouche, pendant que cette cavité est remphe par les substances alimentaires. Mais chez Arrière-bouche ^^s Mammlfèrcs, où la mâchoire inférieure n'est pas divisée de ivammifères '^ sortc, ct où Ic travail de la mastication et de l'insalivation nécessite le séjour prolongé des aliments dans la bouche, ce mode d'organisation ne serait pas compatible avec la grande activité respiratoire dont ces Animaux sont doués, et l'indépen- dance temporaire des voies aérifères s'obtient à l'aide d'une cloison mobile qui sépare la bouche du pharynx pendant toute la durée du travail masticatoire, et qui s'élève pour laisser le passage libre lorsque le bol alimentaire est près de s'engager dans l'œsophage. A l'aide de cette disposition, les relations entre les poumons et l'atmosphère se trouvent assurées, malgré l'ob- struction de la bouche; car, ainsi que nous l'avons déjà vu, le pharynx, où s'ouvre la glotte, est en continuité directe avec les fosses nasales, qui, à leur tour, communiquent avec l'exté- rieur au moyen des narines. Voile du aiais § 2- — L'orgauc qul sert de la sorte à séparer la bouche pro- prement dite de l'arrière-bouche est appelé le voile du palais. C'est une espèce de rideau transversal qui se trouve suspendu au bord postérieur de la voûte palatine, au-devant des arrière- narines, et qui est formé par un repli de la membrane muqueuse ARRIÈRE-BOUCHE DES VERTÉBRÉS. 2()9 dont les parois de la bouche sont tapissées. On le rencontre à l'état d'ébauche chez les Reptiles les plus parfaits (1); mais il n'est bien constitué que chez les Mammifères, et là ses dimension s sont telles, qu'il peut s'appliquer sur la base de la langue, et i I renferme dans son épaisseur des muscles à l'aide desquels il peut s'élever, comme le ferait un store, ou s'abaisser et se tendre. Chez l'Homme, de même que chez la plupart des autres Mammifères, la disposition de cette cloison mobile est très simple. Ainsi que je Tai déjà dit, elle se continue avec la voûte du palais par son bord supérieur; son bord inférieur est libre, et donne parfois naissance à un prolongement appendiculaire en forme de languette, qui est appelé la luette (^) ; enfin, de chaque côté elle adhère aux parois de la bouche, et se continue inférieu- rement avec deux saillies qui descendent vers la base de la langue, et qui sont désignées sous le nom dejnliers du voile du palais (o). L'espèce de détroit ainsi délimité constitue ce que (1) Les Crocodiles, qui no mâchent que chez les Oiseaux, les Batraciens et pas leurs aliments, ont cependant he- les Poissons, il n'y a point de cloison soin de pouvoir fermer leur pharynx, de ce genre. en avant afin de continuer à respirer (2) La luette n'est bien développée par leurs narines élevées ati dessus de que chez unirès petit nombre de Mam- la surface de l'eau, quand ils restent mifères, tels que l'Homme et certains longtemps dans ce liquide, leur bon- Singes ; on en trouve des vestiges chez che ouverte, en guettant leur proie. la Girafe et le Chameau, mais en gcné- A.ussi ces r»eptiles sont- ils pourvus rai elle manque complètement. d'un voile du palais qui est formé par (o) Le voile du palais représente un prolongement transversal de la ainsi une paire d'arcades, et son bord membrane muqueuse dont la voûte inférieur se bifurque de chaque côté de la cavité orale est tapissée (a) ; pour donner naissance aux piliers, mais ce rideau est peu développé, et dont l'antérieur descend verticale- ne jouit pas delà mobilité qu'il pré- ment vers la base de la langue, et senie chez les Mammifères. le second (ou postérieur) se dii-ige Chez les autres lU'ptiles, de même obliqiu;niont en bas et en arrière [b,. (rt) Hunier, Oti. cit. {Descript. and lliaslr. (Maloijue of Ihe l'hysiul. Sarics of Comp. Aiiat. coiilained in Ihe Muséum of Ihe Collerje of Surgeons, l. H, pi. -8, t'iç:. i). [b] Voyez Ii()ur;.'ory, Traité d'anaUiinic, I. V, |)1. 1 l, liu'- ' > "u liuiiiiiiiy, Mrocu ut Beau, Traité d'anul. descript. Si'LANCiiNOl.OUlE, pi. 5, lijj. ;j, et pi. 0, li;;-. 1 . 270 APPAREIL DIGESTIF. les anatomistes appellent Yisthme du gosier, et loge de chaque côté les amygdales, dont j'ai eu l'occasion de parler dans la Leçon précédente (1). Il existe aussi, dans l'épaisseur du voile du palais, beaucoup de glandules sous-muqueuses, qui en lu- britient la surface et versent sur le bol alimentaire une salive visqueuse. Enfin, cette espèce de soupape est pourvue de plu- sieiirs muscles dont les uns sont destinés à l'élever, les autres à l'abaisser ou à la tendre (2). Chez un petit nombre de Mammifères, le voile du palais se (1) Voyez ci-dessus, page 230. (2) Les muscles élévateurs du voile du palais de l'Homme sont : 1" Les palato - staphylins , petits faisceaux charnus qui sont rapprocliés entre eux sur la ligne médiane, et qui descendent verticalement du bord postérieur de la voûte palatine dans la luette (a). 2° Les péristaphylins internes, qui s'insèrent à la base du crâne, sur le rocher et la partie voisine du cartilage de la trompe d'Eustache, descendent obliquement jusqu'au bord externe du voile du palais, puis se portent en dedans pour s'étaler dans l'épaisseur de cette soupape, dont ils occupent la face postérieure (6). Les muscles péristaphylins ex - ternes sont seulement tenseurs du voile, et ne peuvent ni l'élever ni l'a- baisser; ils s'insèrent supérieurement à la fossette dite scaphotdienne, qui surmonte l'aile interne de l'apophyse ptérygoïde et à la partie voisine de la grande aile du sphénoïde , ainsi qu'au cartilage de la trompe d'Eusta- che ; puis ils descendent verticalement jusqu'au crochet de l'aile interne de l'apophyse ptérygoïde, où chacun d'eux donne naissance à une aponévrose qui glisse sur ce crochet, se recourbe en dedans, et va s'épanouir dans le voile du palais, au devant du muscle ptéry- goïdien interne (c). Les muscles abaisseurs du voile du palais sont : 1" Les pharyngo-staphylins , ou palato -pharyngiens , qui occupent les piliers postérieurs de ce voile, et s'insèrent inférieurement au bord postérieur du cartilage thyroïde {d). 2° Les glosso-staphylins, qui sont logés dans l'épaisseur des piliers anté- rieurs, et s'épanouissent supérieure- ment dans l'épaisseur du voile du pa- lais, tandis qu'inférieurement ils se terminent sur les côtésde lalanguc (e). Ces deux derniersagissent aussi comme constricteurs de l'isthme du gosier. (a) Voyez Bourgery, Anatomie descriptive, pi. 98, %. 4, n° 3 ; pi. 101, fig. 3, n" 5. — Bonaray, Broca et Beau, Atlas d'anat. descript. Splanciinologie, pi. 5, llg. 4. (6) Bourgery, Op. cit., fig. 4, n° 1 ; fig. 5, n°' 1 et 2 ; et fig. G, n°^ 1 et 2. (c) Idem, ibid., fig, 4, n" 2, et fig. 5, n" 3. {d) Idem, ibid., pi. 101, fig. 3, n<" 10 et 12, et pi. 102, n" 20. (e) Idem, ibid., pi. 98, fig. 6, n" 7. ARRIÈRE-BOUCHE DES VERTÉBRÉS. 271 perfectionne davantage, et se trouve disposé de façon à pouvoir embrasser le pourtour de la glotte et à maintenir cette ouver- ture en communication avec les arrière-narines, tout en laissant de chaque côté de l'arrière-bouche un passage libre pour les aliments. Ce mode d'organisation est très remarquable chez les Cétacés souffleurs, où nous avons déjà eu l'occasion de l'étu- dier (1), et il s'observe aussi chez l'Éléphant, qui se sert de sa trompe, de son pharynx et de son larynx comme d'une pompe, d'abord pouraspirer sa boisson, puis pour la refouler dans sa bouche, et qui par conséquent a besoin de pouvoir ouvrir cette dernière cavité, tout en tenant ses arrière-narines en communi- cation avec la glotte seulement. Une disposition analogue existe chez le Cheval et chez le Chameau (2). § 3. — Chez les Poissons, les ahments peuvent, sans danger oems pharyngiennes pour le travail respiratoire, s'arrêter pendant quelque temps dans des Poissons. l'arrière-bouche, et souvent chez ces Animaux ils y sont sou- mis à une trituration plus ou moins complète avant de pénétrer dans l'œsophage; aussi les parois de cette portion du tube digestif sont-elles soutenues par des pièces osseuses dépendantes de l'appareil hyoïdien, qui d'ordinaire portent des dents et qui sont mises en mouvement par des muscles puissants (3). Mais, chez (1) Voyez tome II, page 272. du rut , font souvent sortir de leur (2) Chez le Cheval et les autres So- bouche une ou deux grosses vessies lipèdes, le voilé du palais est très dé- rougeâtres, qui sont formées par une veloppé, et embrasse étroitement la dilatation du voile du palais, dont la base de l'épiglotte, de façon à inter- struclnre présente quelques particula- rompre complètement toute commu- rites et dont le développement est très nication entre la bouche et le pha- considérable (6). rynx, si ce n'est au moment de la (3) Ainsi que nous l'avons déjà vu déglutition (a). en étudiant l'appareil respiratoire (c), Les Dromadaires mâles, à l'époque les arcs hyoïdiens de la dernière paire (a) Cliauveau, Traité d'anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 319, fig. dOO. (b) Savi, SuLla cosi detta veseica che i Drnmedari emettono dalla bocca [Memorie scienti/îche, 182S,p. U7, pi. 6, fi?. 1 à :i). — Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux d(imesli(iucs, t. I, p. 400. (c) Voyez tome II, page 241. •27'2 APPAREIL DIGESTIF. les Vertébrés pulmonés, il n'existe rien de pareil, et le passage des alimenls dans le pharynx doit se faire d'autant plus vite, que la respiration est plus active ; aussi voit-on chez les Mam- mifères des muscles spéciaux se multiplier autour de celte cavité, et remplir leurs fonctions avec une perfection remar- quable. Muscles § û. — Chez l'Homme, par exeuiple, où le pharynx, suspendu du pharynx. ^^^^ |^ j^^^^^^ ^1^^ criinc, au-dcvaut de la colonne vertébrale, forme constituent, chez les Poissons osseux, un plancher solide à l'entrée de l'œso- phage, et portent le nom d'os 'pharyn- giens inférieurs. En général, ces deux pièces, situées dans l'angle que font ensemble les derniers arcs branchiaux, sont séparées entre elles et ont une forme triangulaire (a) ; quelquefois elles se recourbent vers le haut, de façon à embrasser une partie de l'œso- phage, par exemple chez les Cyprins, et d'autres fois, comme chez les Labres et les Scares, elles se soudent entre elles. Enfin, leur face supérieure est ordinai- rement armée de dents ou d'appen- dices odonloïdes dont la forme varie beaucoup suivant les espèces, et elles se irouvent opposées à un système de pièces osseuses, appelées os pharyn- giens supérieurs, qui sont suspendues à la voûtedu palais, et qui dépendent de la partie latérale et supérieure de l'appareil hyoïdien. En général, ces dernières sont au nombre de trois paires et ont la forme de plaques hérissées de dents ou d'autres appen- dices analogues ; quelquefois il n'y a qu'une seule paire d'os pharyngiens supérieurs (par exemple chez ies Scaresj ; et chez les Cyprins, où elles sont inermes et très peu développées, la place où elles se trouvent d'ordi- naire est occupée par une proémi- nence de la base du crâne, qui est revêtu d'une plaque de consistance pierreuse dont j'ai déjà eu l'occasion de parler (page 125). Les os pharyngiens supérieurs sont en général peu mobiles, mais ils peu- vent être soutenus par des faisceaux musculaires qui s'étendent de l'extré- mité supérieure de l'appareil hyoïdien à la base du crâne ou à la partie vosiine de la colonne vertébrale, et qui concourent à dilater les fentes branchiales (6) Guvier les a décrits et figurés avec soin chez la Perche (c). Les os pharyngiens inférieurs s'élè- vent ou s'abaissent en même temps que la portion inférieure de l'appareil branchial, et ils dilatent ou rétrécis- sent ainsi l'entrée de l'œsophage, en même temps qu'ils compriment les alimenls au moment où ceux-ci pas- sent dans cette portion du canal digestif. (a) Exeiiiplc : la Perche (Cinicr, Hisloire des Poissons, t. I, iil. 3, llg. 7). (b) Voyez tome II, pag'e 252. {c) Cuvier ul Vuleiiciennes, liisluire naturelle des Puissons. l. I, p. 410 cl suiv., pi. 5. ARUIÈUE-BOUCHIÎ DES VERTÉBRÉS. 1273 avec la cavilé de la bouche un coude très prononcé, sa tunique muqueuse est entourée d'une couche charnue puissante, dans laquelle on distingue trois muscles constricteurs dont les fibres sont dirigées transversalement ou obhquement, et une paire de muscles élévateurs qui sont disposés presque verticalement et qui sont aidés dans leur action par une partie des muscles abaisseurs du voile du palais (i). Chez quelques Mammifères où (1) Les muscles constiicteiirs da pharynx sont membranifoimes , et leurs fibres charnues naissent d'une bande aponévrotiqiic appelée céphalo- phanjngienne, qui est située sur la ligne médiane, à la face postérieure de cet organe, et qui s'étend depuis lapor- Uon basilaire de Tos occipital jusque sur le commencement de rœsopliage. Aussi chacun de ces muscles réputés simples, doit-il être considéré comme étant formé en réalité d'une paire de muscles réunis par un raphé. Les libres du muscle eonslricteur supérieur [a) se dirigent presque horizontalement de la partie supé- rieure de cette ligne aponévroiique en avant, de façon à embrasser la por- tion correspondante de l'arrière - bouche, et à aller prendre leurs poinis d'attache de chaque côté, sur Tapo- physe ptérygoïde, la ligne myloïdienne de la mâchoire Inférieure et la partie adjacente de la base de la langue. Ellcsadhèrcnt à la tunique muqueuse, et sont en partie recouvertes extérieu- rement par le muscle constricteur moyen. En raison de la diversité de ses attaches, on donne quelquefois les noms (le muscles glosso-pharynyiens mylo-pharyiKjiens et pléryyo-jiharyn- gieiis, à ses trois portions constituti- ves. Le muscle constricteur moyen yb) est plus grand que le précédent ; il prend naissance sur l'aponé- vrose céphalo-pharyngienne, depuis la base du crâne jusqu'au niveau du larynx, et ses fibres, en se dirigeant en avant, convergent, pour aller se fixer à l'os hyoïde, en sorte que les supé- rieures se portent obliquement en bas et en avant, les moyennes sont placées horizontalement, et les inférieures remontent obliquement. Le muscle constricteur inférieur en- gaîne la portion inférieure du con- stricteur moyen, et ses fibres se por- tent obliquement en avant et en bas, pour aller s'insérer aux cartilages cricoïde et thyroïde du larynx (c). Les muscles élévateurs propres du pharynx ne sont pas logés comme les précédents dans l'épaisseur des parois de cette portion du tube digestif, mais descendent un peu obliquement de chaque côté de la base de l'apo- physe slyloïde, pour aller s'introduire entre le constricteur supérieur et le constricteur moyen, puis s'épanouir sous la tunique muqueuse. En raison de leurs insertions, ils ont reçu le nom de muscles stylo-pharyngiens, (a) Voyez Bourgcry, Op. cil., t. Il, pi. 101 , 11:,', i, m" t , cl li^ (b) liletii, ibid., pi" 101, fij,'. 1 et 2. (c) IJeiii, tbid., pi. 100, 11" 3. VI. 18 274 APPAREIL DIGESTIF. le pharynx est horizontal, et où par conséquent le passage des aliments s'y fait moins facilement, cet appareil musculaire se complique même davantage, et les divers faisceaux charnus dont il se compose prennent plus de développement (1). Chez les Reptiles, au contraire, la tunique musculaire du pharynx est fort réduite et ne diffère que peu de celle de l'œsophage. Il est aussi à noter que l'action de tous ces agents moteurs n'est pas soumise à la volonté ; dès que lé bol alimentaire pénètre dans le pharynx, sa présence provoque une contraction violente de cet organe, et le mouvement de déglutition, quoique très compliqué, s'effectue spontanément, avec une grande rapidité. § 5. — Pour bien comprendre le mécanisme de ce phéno- la dégîuiiiion. mène, il est nécessaire de l'analyser et de le diviser, parla pensée, en trois parties; mais je dois avertir que cette division est arbitraire, et qu'en réalité les divers mouvements dont je vais parler se suivent sans interruption (2). Mécanisme de et ils tendent à dilater l'arrière- boiiche aussi bien qu'à la relever (a). Souvent on rencontre des faisceaux cliarnus surnuméraires, qui sont ap- pelés, pour la même raison, muscles péfro-pharyngiens, occipito-pharyn- giens, sphéno-phanjngiens et sal- pingo-pharijngie.ns. Enfin les staphylo-pharyngiens, dont j'ai déjà parié comme étant des abaisseurs du voile du palais (p. 270), peuvent coucourir également à élever le pharynx. (1) Chez le Cheval, les coustric- teurs moyen et inférieur sont repré- sentés par trois muscles distincts qui sont appelés hyo- pharyngien, thijro- pharyngien et crico-pharyngien. il y a aussi un petit muscle aryténo- pharyngien (6). Chez quelques Mammifères, tels que l'Éléphant et l'Ours, il existe aussi dans les parois de rarrière-bouche un muscle phanjngien propre, qui est formé par la continuation des fibres circulaires et longitudinales de l'œso- phage. Ce mode d'organisation est encore plus développé chez les Cétacés (c). (2) Aussi les auteurs ne s'accordent - ils pas sur les hmites respectives des différentes périodes du travail de la déglutition, et Sandiford fils, à qui on doit des recherches spéciales sur (a) Voyez Bourgery, Op. cit., pi. 101, fig. 1, n" 4. (b) Chauvcau, Anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 349. (c) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. IV, 1" partie, p. 606. DÉGLUTITION CHEZ LES VERTÉBRÉS. 275 Chez l'Homme, dans le premier temps de la déglutition, le bol alimentaire, placé sur le dos de la langue, est poussé par cet organe contre la voûte du palais (1). Cette cloison mobile s'élève ensuite un peu, et se trouve fortement tendue par la contraction des muscles péristaphylins externes, de façon à résister à cette pression, et à diriger obliquement en bas et en arrière le bol alimentaire, qui franchit alors l'isthme du gosier et pénètre dans le pharynx. Dans le second temps de la déglutition, le bol alimentaire est saisi par les parois de l'arrière-bouche et porté d'un seul coup jusqu'à l'entrée de l'œsophage, par l'effet d'un mouvement presque convulsif, qui consiste principalement dans l'élévation de la partie inférieure du pharynx et la contraction de la por- tion supérieure et moyenne de cette cavité. L'aliment passe ainsi devant les différentes ouvertures qui sont situées dans cette portion du tube digestif (2), et pour empêcher son introduction ce phénomène, a-t-il cm devoir rejeter déterminent une légère succion dans toutes ces distinctions comme étant le même sens, de sorte que l'aliment seulement des subtilités .scolasti- est à la fois poussé et attiré vers le ques(o). pharynx (6); mais c'est à tort que (1) La pointe de la langue est dans quelques physiologistes ont attribué ce moment appliquée contre la voûte cette aspiration aux mouvements du palais et sa surface légèrement respiratoires, et l'ont confondue avec déprimée au milieu ; puis sa partie ce qui se passe dans l'action de moyenne se porte en haut et en humer (c). Chacun sait d'ailleurs que arrière, de façon à pousser dans cette la déglutition se fait très bien quand direction le bol alimentaire. La tension les narines sont bouchées, et que par du voile du palais qui s'opère en conséquent le passage de l'air est tnème temps, et probablement aussi interrompu dans le pharynx (c?). la contraction de la base de la langue, (2) Le pharynx communique avec (a) P. J. Sandifoiil, nerjlulitionis mechanîsmusverUcati sectionenarium, oris , faucium illus- Iralus, 1805. (6)Maissiat, Questions sur diverses branches des sciences médicales^ lliùse. Paris 1S38 n° 22. — Bfiranl, Cours de physiologie, I. Il, p. H. le) Hallor, Elemenla physiolo(jim, l. VI, ji. 80 et 87. (d) iJcbrou, Des muscles qui concourent au mouvement du voile du palais, llièso. Paris 1841 p. 17. 276 APPAREIL DIGESTIF. dans les voies aérifères, la Nature a eu recours à plusieurs dis- positions importantes à connaître. L'entrée des arrière -narines se trouve protégée par le voile du palais et par le rapprochement des pilierspostérieursde ce der- nier organe, qui, en se contractant, tendent à séparer entre elles la portion supérieure du pharynx où se trouvent ces ouvertures, et la portion inférieure de cette cavité qui est destinée à donner passage aux aliments (1). Ainsi, le voile du palais, fortement tendu et incliné obliquement en bas et en arrière, contribue à empêcher ces matières de remonter vers les fosses nasales (2); les fosses nasales cl avec la bouche par sa parlic antérieure et supérieure ; avec les trompes d'Iuistache, par un petit orifice situé de chaque côté à sa partie supérieure; avec le larynx, par l'ouverture de la glotte, qui en occupe la partie antérieure et inférieure ; enfin avec l'œsophage, par son extré- mité inférieure située derrière le larynx (a). Les orifices des trompes d'Euslache sont très petits et dans un état de contraction habituelle, de façon que les aliments ne peuvent y pénétrer. En étudiant le mécanisme de la déglu- tition, nous n'avons donc qu'à nous occuper des obstacles qui empêchent l'entrée de ces substances, d'une part dans les arrière-narines, et d'autre part dans la glotte. (1) Ainsi que l'ont fait remarquer MM. Todd et Bowman, le pharynx se compose de deux portions bien dis- tinctes : l'une, supérieure, ou respi- ratoire, don! les parois ne se rappro- chent jamais et sont garnies d'un épithélium cilié ; l'autre, inférieure, très contractile, dépourvue de cils vibratoires et constituant une partie nécessaire des voies digestives. Ces deux portions sont séparées entre elles par les piliers postérieurs du voile du palais et par ce voile lui- même (6). (2) Plusieurs physiologistes ont pensé que le voile du palais était susceptible de se renverser en arrière et en haut, de façon à fermer les arrière-narines et à empêcher de la sorte l'entrée des aliments dans ces ouvertures (c). Mais cette soupape n"exécute aucun mouvement de ce genre (c/j,el tout en se contractant pour laisser ouvert l'isthme du gosier et en se tendant fortement, elle ne remonte que fort peu vers la portion supérieure du pharynx. Son déplacement dans ce sens n'est cependant pas nul ; car si (a) Voyez VAtlas de MM. Bonamy, Broca et Beau, Splanchnologie, pi. 4, rig'. 2, ou toute autre iconographie anatomiquc du corps humain. (b) Bowman aiut Todd, The Pkysiological Anatomy of Mail, t. II, p. 185. (r.) Bichat, Anatomie descriptive, t. II, p. 50. (rf) M.i^'eiidic, Précis élémentaire de physiologie, I. II, p. (jl (édil. do 18-25). DÉGLUTITION CHEZ LES VERTÉBRÉS. 277 mais ce résultat est obtenu surtout par la contraction des muscles staphylo-pliaryngiens, qui sont contenus dans les piliers posté- rieurs et qui déterminent le rapprochement de ces deux replis de la membrane muqueuse buccale. En effet, dans le second temps de la déglutition, ces piliers s'avancent comme des rideaux de chaque côté du gosier, et séparent la portion supérieure ou nasale du pharynx de la voie digestive située au-dessous (1). Plusieurs circonstances contribuent à empêcher les aliments de pénétrer dans le larynx, au-dessus et en arrière duquel ils sont cependant obligés de descendre pour gagner l'œsophage. Il est d'abord à remarquer que l'entrée de cet organe aérifère l'on introduit un slylet le long du plancher des fosses nasales jusque dans ranière-bouche, on sent que rexliémité de cet instrument est sou- levée à chaque mouvement de déglu- tition (a). 11 est aussi à noter que dans les cas de paralysie du voile du palais, la déglutition devient difficile cl que les boisions remontent souvent dans les fosses nasales {!>). (1) Le rôle de l'espèce de sphincter conslilué par les piliers postérieurs du voile du palais a été signalé pour la première fois par Gerdy (c). Le mécanisme de celle portion du mou- vement de déglutition a été décrit à peu près de la même manière par Dzondi et par M. Tourlual (d). M. Bidder a eu l'occasion d'obser- ver ce phénomène sur un jeune homme dont le voile du palais et la portion supérieure du pharynx avaient été misa découvert par la destruction d'une portion des os de la mâchoire supérieure. 11 a vu qu'à chaque mou- vement de déglutition, le voile du palais, au lieu de rester incliné en bus, se plaçait presque horizontale- ment, et que la paroi postérieure du pharynx s'avançait à la rencontre de cet organe (e). M. Kobelt et M. Noeg- gerarth ont fait des observations ana- logues if). la) Debrou, Des muscles qui concourent au mouvement du voile du palais, tliuse. ParjSi 1841, n» 2GG, p. 8. (6) Bérari], Cours de physiolo(jie, t. II, p. Si. (f) Gerdy, Physioloijte médicale, t. I, p. 73G (1832). (d) \)7.(>niïi, Die funclionen des weichen Gaumens, \\-M>\ 1831 (Millier, Traité de physiologie, 1. I, p. 4 02). — Tourtual, Neue Uniersvchungen iiber den Bau des menschlichen Schlund und lichtkopfes mit vevfjleichenden anatomischen llemerkuvjen. L(;i[i.s., 1840. (Cl Ilidder, Deobachtitngea iiber die Dewcgungen des xveichen Gaumens, 1838. (/■) Kohcll, l::in Fait von Verletzung des Pharynx nebst einigen lleobachlungenûber die Func- tionen der Schling-und Slimmorgane (F'roriep's Nevc Nolizen, 1840, t. XVi, p. 220). 278 APPAREIL DIGESTIF. est garnie d'une soupape nommée épigloUe, qui, fixée sous la base de la langue et libre postérieurement, se rabat et recouvre la glotte au moment de la déglutition. Cette soupape n'est pas indispensable, et, quand elle est détruite, le passage des aliments solides de la bouche à l'œsophage continue à s'effectuer en général sans accidents; mais il n'en est pas de même pour les liquides, et ceux-ci pénètrent alors souvent dans les voies res- piratoires, où leur présence détermine une touxconvulsive (1). (1) L'épiglotte, dont je parlerai plus au long quand je décrirai le larynx, est une lame fibro-carlilagi- neuse de forme triangulaire, qui adhère à l'os iiyoïde et à la base de la langue par sa partie antérieure, et qui s'avance obliquement au-dessus du larynx. Des ligaments fixés à sa face supérieure, à raison de leur élasticité, la maintiennent élevée dans une posi- tion presque verticale, excepté quand le larynx remonte sous la base de la langue; et alorscette soupape, pressée par l'hyoïde ou plutôt par un coussin de graisse compris entre sa face supé- rieure et cet os, se rabat et recouvre complètement la glotte. Les anciens physiologistes pensaient que la préservation des voies respira- toires contre l'entrée des aliments était due principalement, ou même entièrement à l'existence de l'espèce d'opercule ainsi constitué, Magen- die, au contraire, ayant pratiqué l'extirpation de Tépiglotte sur des chiens, reconnut que la déglutition n'était pas rendue impossible par l'effet de cette opération, et il crut pouvoir conclure de ses expériences, que cet organe ne joue qu'un rôle très accessoire dans le mécanisme de la digestion (a). Mais sur cette question il alla trop loin, et de nouvelles recherches, faites par M. Longet, prouvèrent que si des aliments solides peuvent être très bien avalés par des Animaux privés de leur épiglotle, il n'en est pas de même pour les hquides, qui tombent alors dans la portion vestibulaire du larynx, et provoquent une toux violente (6j. Ce dernier physiologiste a cité aussi plusieurs observations relatives à des effets analogues observés chez des per- sonnes dont l'épiglotte avait été détruite (c). (a) Magendie, Mémoire sur l'usage de l'épiglotte dans la déglutition, 1813. (6) Longet, Recherches expérimentales sur les fondions de l'épiglotte et sitr les agents de Vocclusion de la glotte dans la déglutition, le vomissement et la rumination [Archives générales de médecine, 'à' série, 1841, t. XII, p. 41 7j. (c) M. Longet cite, à ce sujet, des observations recueillies par : Mercklin (De ventositate spinœ, p. 273); L'onnet {Sepulchretum , t. II, p. 31, obs. VI); Pelletan (t. 1, p. 20); Larrey [Clinique chirurg., t. II, p. 142, et Remarques sur les usages de l'épiglotte [Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1841, t. XIII, p. 779) ; Reichel [De usu epiglotlidis, Berlin, ISIG) ; et Louis [Rech. anatomico-patlwl. sur laphthisie, 1825, p. 244). DÉGLUTITIOiN CHEZ LES VERTEBRES. 279 Un autre obstacle opposé à l'entrée des matières alimentaires dans la glotte est dû à la tendance de cette ouverture à se fer- mer, quand ses bords, ou même les parties adjacentes de la membrane muqueuse pharyngienne sont excitées par le contact d'un corps étranger. Ainsi, au moment de la déglutition, la glotte se ferme sans que la volonté intervienne pour provoquer le mouvement, et même sans que nous en ayons connais- sance (1). Enfin, l'entrée des voies respiratoires est protégée d'une manière encore plus efficace par l'effet d'un mou- vement d'ascension que le larynx exécute toujours au moment de la déglutition. Chacun de nous peut facilement constater sur lui-même qu'il est impossible d'avaler quoi que ce soit, sans que le larynx remonte ainsi vers la bouche, et par suite de ce (I) Magendie considéra l'occlusion de la glotte comme étant le principal, sinon le seul obstacle qui s'oppose à l'entrée des aliments dans le laiynx pendant la déglutition (a), i\Iais M. Longet vit que les aliments peu- vent descendre de la bouche dans lœsophage, sans s'engager dans celte ouverture, lors même que les lèvres de celles-ci sont maintenues écartées, ou qu'elles ont été en partie déUuites de façon à ne pouvoir se rencon- trer (6;. Bérard a remarqué aussi, avec raison, que si les corps étrangers n'étaient exclus des voies respiratoires que par la fermeture de la glolte, ils n'enarrivcraientpas nioinsdans la por- tion vcstibulairedu larynx qui précède cet orilice, et qu'ils y provoqueraient des mouvements de loux,phéuomènes qui n'ont pas lieu dans la dégluii- tion normale (c). Il cite aussi des cas pathologiques observés par Louis, et dans lesquels la déglutition s'était faite très facilement, malgré la destruction des lèvres delà glotte par des ulcères. Du reste, le fait de l'occlusion de la glotte pendant le second temps de la déglutition n'est révoque en doute par aucun physiologiste, et l'on peut facilement l'observer en introduisant le doigt dans le larynx du Cheval, à travers une ouverture pratiquée à la partie antérieure de cet organe, expé- rience qui a été laite par M. Colin {dj. Quant au mécanisme par lequel l'occlusion de la i^loile s'opère, et au rôle des dillérenls nerfs dans la pro- duction des mouvements de cet organe, j aurai l'occasion d'en parler dans une autre pSrlie de ce cours, lorsque je traiterai de la voix. (a) Maijendie, Op. cit., cl Précis élémentaire de physiologie, i. II, p. 07. (6) Longei, Recherches expérimentales sur les fonctions de l'épiylotte [loe. cit.). (c) Bérard, Cours de pliysioloiji.6, i. li, [i. l'j. fd) Colin, Traité de physiolvijie comparée des Animaux domestiquet, 1. 1, p. 491. 280 APPAREIL DIGESTIF. mouvement la glotte va se placer sous la base de la langue, qui alors fîiit saillie en arrière, au-dessus d'elle, et dirige directe- ment le bol alimentaire vers l'entrée de l'œsophage. Malgré ces dispositions prolecirices, il arrive, comme chacun le sait, que parfois on avale de travers, et que les aliments pé- nètrent soit dans les arrière-narines, soit dans la glotte; mais ces accidents ne se produisent guère que dans les cas où l'on fait des mouvements respiratoires pendant que la déglutition s'opère; et ce dernier phénomène est en général si rapide, qu'on éprouve rarement le besoin de renouveler l'air dans les pou- mons pendant que le pharynx est occupé par les alimenls. En effet, ceux-ci, après avoir été saisis parles parois de l'arrière- bouche, arrivent presque inslantanément dans l'œsophage, car la portion inférieure du pharynx s'élève pour les recevoir; et, ainsi que je l'ai déjà dit, la contraction des muscles constric- teurs qui pousse ensuite le bol alimentaire vers l'estomac est presque convulsive (i). Œsophage. Dans Ic trolsièmc temps de la déglutition les alimenls pénè- trent dans l'œsophage, puis traversent celui-ci dans toute sa longueur et arrivent à l'estomac. § 6. • — Chez la plupart des Vertébrés inférieurs, l'espèce de couloir constitué par cette portion du tube digestif est large, mais très court, et ne présente rien d'important à noter dans sa (1) Ce n'est pas le pharynx tout phénomène qui, à son tour, est déter- enlier qui s'élève pendant le second rainé par la conlraclion des muscles tempsdeladéglulilion, mais seulement élévateurs de l'os hyoïde et du carli- !a portion inférieure de cet organe, lage thyroïde, c'est-à-dire les et ce mouvement est produit en partie génio-hyoïdiens, les mylo-hyoïdicns, par la contraction des muscles slylo- les stylo-hyoïdiens, les digastriqiies (6) pliaryngiens et staphylo-pharyngiens et les thyro-hyoïdiens. Ces derniers, quisefixenldirectementàsesparois(a;, comme leur nom l'indique, s'étendent et en partie par l'élévation du larynx, de l'os hyoïde au larynx. (a) Voyez ci-dessiis, page 270. [b) Voyez ci-dessus, page 84 ot suivantes. OESOPHAGE DES VERTiBHÉS. 281 structure, si ce n'est que ses parois sont souvent hérisséfs de papilles dont la pointe est dirigée en arrière, de façon à n'opposer aucun obstacle au passage des corps étrangers de la bouche vers l'estomac , mais à s'opposer aux mouve- ments en sens inverse (1). Chez les Mammifères et les (1) Chez les Poissons, l'œsophage est en général court, large et peu distinct de l'estomac. Quelquefois, mais rarement, sa surface interne est garnie de prolongements saillants. Ainsi, chez l'Esturgeon, on y remarque des papilles obtuses (a) ; chez les Squales du genre Acanthias, ces appendices sont coniques et allongés ; chez les Sélaches, ils sont frangés au bout, de façon à former autour du cardia des toulTes rameuses qui parais- sent être desiinées à remplir les fonc- tions de valvules, pour empêcher les Animaux vivants engloutis dans l'eslo- mac de ces Plagiostomes voraccs de s'en échapper (6). Enfin, chez]quelques Poissons, ces papilles acquièrent beau- coup de dureté, et deviennent spini- formes ou ])resque semblables à des dents: par exemple, chez le Rlwmbus ccanthurus, le Stromatœus fiafola et le Telragonurlis (c). Souvent, chez les Animaux de cette classe, la déglutition ne s'achève pas au premier moment, et l'extrémité postérieure de la proie reste engagée dans l'œsophage, jusqu'à ce que la portion antérieure, logée dans l'es- tomac, y ait été digérée. Il est aussi à noter que chez les Poissons qui sont pourvus d'une vessie natatoire ouverte, c'est en général dans l'œsophage que le canal pneumatique vient déboucher (d). Chez les Tétrodons, comme nous l'a- vons déjà vu (e), l'œsophage commu- nique par deux ouvertures, avec une grande poche membraneuse que ces Animaux gonflent avec de l'air. chez les Batraciens adultes, cette portion du tube digestif ne présente rien de remarquable (/"), si ce n'est qu'elle est en général plus longue que chez les Poissons ; mais chez les têtards de la Grenouille et du Crapaud, on y constate l'existence de cils vibratiles, ainsi que dans l'es- tomac et le commencement de l'in- testin {g\ Chez les Lc|)idosiren, l'entrée de l'œsophage est fort étroite et garnie en {a) Alcssanil'riiii, Descriptio verl pancreatis glandularis in Acipensere et in Esoce reperli {Xovi Commeriiarii Acad. Scient. Bononiensis, t. II, pi. \'t). (b) Owen, Lectures on Ihe Comp. Anat. and PhJjsiol. of Ihe Vericbr. Animais, p. -232. (c) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. IV, 2* parlic, p. 117. (d) Voyez loine H, pag-o 30 i et suiv. (e) Voyez lome II, pa^e .'J84. if) Exemples : le Protée {]\usc.(>n\.Mono(iralia del l'roleo anyuino, 1810, |-1. 2, fig:. 3). — U: Menobranchiis (Cariis cl Ol(o, Op. cil., pars iv, pi. 15, fig. 2). — La Minette (Canis cl Ollo, loc. cit., pi. .''), liff. 3). {g) Ûwcii, Description oflhe l.epiiloHirfii aiiiioctcMs [Trans. of Ihe Linn. Soc, t. XVIII, n 3-12, pi. 2C, fig. i.d). 282 APPAREIL DIGESTIF. Oiseaux, au contraire, l'œsophage est en général fort long et très étroit (1). Ainsi, chez l'Homme, ce tube, dont la forme est à peu près dessous d'un repli membraneux trans- versal qui est disposé en manière de valvule à quelque distance au devant de la glotte (a). Chez les Ophidiens, l'œsophage est large et peu distinct de l'estomac, si ce n'est par les plis longitudinaux qu'on y aperçoit (b). Le mécanisme de la déglutition chez ces Reptiles a été étudiée d'une manière spéciale par Dugès (c). Dans une espèce de ce groupe, le Co- tuber scaber. Lin., ou Rachiodon, on remarque une disposition fort singu- lière qui a été observée pour la pre- mière fois par M. Jourdan, professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Lyon. Une apophyse osseuse appar- tenant à chacune des trente vertèbres qui suivent l'axis perfore plus ou moins complètement les parois de celte portion du canal alimentaire, et fait saillie dans son intérieur. Les pre- mières sont dirigées obliquement d'avant en arrière, les dernières en bas et en avant; leur extrémité est revêtue d'une couche de substance éburnée qui a été comparée à de l'émail, et elles constituent une sorte d'appareil dentaire postbuccal (d). Chez la plupart des Tortues, l'œso- phage est hérissé de grosses papilles coniques dont la pointe est dirigée en arrière, et dont le revêtement épithé- lique acquiert en général beaucoup d'épaisseur et de dureté (e). Chez le Testudo tabulata, les pa- pilles œsophagiennes manquent {f). Chez les Sauriens ordinaires, l'œso- phage est large et peu distinct de l'estomac {g); mais chez les Croco- diliens il est long, étroit et nettement déhmité (li). (1) Nous verrons bientôt que, chez beaucoup d'Oiseaux, l'œsophage pré- sente à sa partie inférieure une dila- tation servant de réservoir pour les aliments, et appelée jabot. Dans quelques cas tératologiques, on arencontré chez l'Homme une dis- posilion qui offre quelque analogie avec ce mode de conformation, la portion moyenne de l'œsophage étant fortement dilatée (z). (a) Corti, Flimmerbetvegung bei Frosch-und Krôlenlarven [Verliaiidlungeii der Physlkalisch- Medicinischen Gesellschaft in Wûi'zburg, 185G, 1. 1, p. 191). (b) Exemple : le Crotale {Cams et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 45, fig. 5). (c) Oiigès, Recherches anatomiquès et physiologiques sur la déglutition dans les Reptiles {Anii. des sciences nat., 1827, l" série, t. Xll, p. 262 et suiv., pi. 46, fig. 9 à 18). (d) Voyez Diiméril et Bibron, Erpétologie générale, t. VI, p. 160. (e) Halberlon, Notes takenduring the Examination of a Spécimen of Testudo tabulata {Zool. Journ., 1829, t. IV, p. 326). (f) Exemple : la Tortue franche (Carus et Otto, Tab. Anat. comp. ilhistr., pars iv, pi. 5, fig. 7). (g) Exemples : le Léxard (Délie Chiaje, Dissertaùoni sull'anatomia umana, comparata e pa- thologica, t. I, pi. 8, fig. 1). — Le Caméléon (Délie Chiaje, Op. cit., pi. 22, fig. 1). (/!■) Carus et Otto, Op. cit., parsiv, pi. 5, fig. 10. (i) Bleuland, De sana et morbosa œsophagi structura. — Meckel, Manuel d'anatomie, t. III, p. 375. — Mayo, A Case ofdilated Œsophagus (Médical Cux-ette, 1828, t. III, p. 121). OESOPHAGE DES VERTÉBRÉS. 283 cylindrique, descend presque verticalement au-devant de la colonne vertébrale, depuis le pharynx jusque dans l'abdomen, en traversant le thorax et en passant entre les piliers du dia- phragme (1). Sa tunique muqueuse est phssée longitudinale- ment et pourvue d'un épithéhum pavimenteux semblable à celui qui revêt les parois de la bouche. On y aperçoit, à l'aide de la loupe, des papilles en nombre considérable (2), et une multi-_ tude de petites glandules sous-muqueuses y débouchent (3). Sa tunique charnue est épaisse et composée de deux plans de fibres musculaires qui, pour la plupart, sont lisses (It); dans la couche (1) L'œsophage de rHomme s'étend par conséquent depuis le niveau de la cinquième vertèbre cervicale jusqu'au niveau de la douzième vertèbre dor- sale, il est un peu plus étroit dans la région cervicale que dans sa portion inférieure, et après s'être incliné légè- rement à gauche au cou, il se porte un peu à droite en arrivant dans le lliorax, où il présente une faible courbure. Dans la région cervicale, il se trouve entre la colonne vertébrale en arrière et la trachée-artère en avant; enfin il est en rapport latéralement avec les artères carotides , les nerfs récur- rents, etc. Dans le thorax il passe der- rière le cœur, dans l'espace compris entre les deux feuillets du médiastin postérieur, oiî il est entouré par de nombreuses branches anastomotiques des nerfs pneumogastriques (a) , de façon que, s'il est fortement distendu dans ce point, il les comprime. (2) Ces petites papilles sont répar- ties d'une manière uniforme et res- semblent, par leur structure, à celles de la muqueuse buccale. Chez quelques Mammifères aqua- tiques, il existe à la partie postérieure de l'œsophage de grosses papilles pointues, qui sont disposées à peu près comme celles dont ce conduit est hérissé chez les Tortues. Ce mode d'organisation se remarque chez le Castor (6) et le Rytina (c) ; chez l'É- chidné il existe aussi, mais il est moins prononcé {d). (3) Les glandules sous- muqueuses de l'œsophage sont peu nombreuses à la partie supérieure de ce conduit, mais elles augmentent beaucoup en nom- bre vers le cardia (e). En les injectant au mercure, M. Sappey a reconnu qu'elles sont complexes et disposées en grappe (f). (/l) Quelques anatouiistcs pensent (a) Voyez Boiirfrery, Op. c.it,, t. III, \A. 43, etc. {b) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, t. IV, 2* pailics p. 48. (c) Sieller, Disnert. de Jiesliis marinis {Nova Comment. Acad. Pclropolilanœ , I. II, p. 3t0), (rf) Home, Lectures on Comparative A7iatomy, 1. Il, pi. 43. (e) Iderri, ibid. , t. IV, pi. ^0, (Ig. 1 . (/■) Sappey, fruité d'anatomie, I. III, |'. 1)3. "^^ APPAREIL DIGESTIF. exleriie ces fibres sont dirigées loiigituclinalement, et dans la couche profonde elles sont disposées circiilairement (1). Enfin l'extrémité inférieure de l'œsophage débouche dans l'estomac par un orifice nommé caîï/m, sur la structure duquel j'aurai bientôt à revenir. que la tunique charnue de l'œsophage est composée entièrement de fibres musculaires lisses (a); mais dans la région cervicale ce sont les fii)res slriécs qui y dominent (6), et souvent en retrouve quelques-unes de ces dernières jusqu'au cardia (c). C'est d'abord dans la couche annulaire que les fibres lisses apparaissent. Il est aussi à noter que quelques faisceaux musculaires se délachenl de l'œsophage pour se porter sur la tra- chée, le médiastin gauche et la bron- che du même côté; ils constituent les muscles décrils par M. llyrtl sous les noms de pleuro- œsophagien et de broncho-œsophagien [d]. D'après des recherches encore iné- dites de M. Jacquart sur l'anatomie du Python, on voit que chez ces grands Serpents, il existe une disposi- tion analogue, mais beaucoup plus prononcée : un très grand nombre de faisceaux musculaires se détachent de l'œsophage pour prendre leur point d'appui sur la paroi dorsale de la cavité viscérale. Cet anatomiste les considère comme les analogues des muscles larges de l'abdomen qui nais- sent sur la ligne blanche et s'unissent à l'œsophage, (1) Chez divers îMammifèrcs , le Cheval par exemple, les fibres trans- versales de l'œsophage sont plus ou moins obliques, et s'entrecroisent de façon à présenter une disposition spi- rale, surtout vers la partie postérieure de ce tube. Quelques analomislcs ont cru apercevoir une disposition ana- logue chez l'Homme (e), mais leur opinion n'est pas fondée (/"). Une couche de tissu conjonctif lâche unit la tunique muqueuse à la tunique musculaire de l'œsophage, mais leur permet de glisser un peu l'une sur l'autre, de façon qu'au moment de la descente du bol alimentaire la pre- mière de ces membranes se renverse souvent un peu dans l'intérieur de l'estomac. Cela se voit très bien chez le Chien, et a été observé aussi chez une femme qui avait une fistule gas- trique (y). Chez les Torpilles, ceUe couche de tissu conjonctif loge dans la moitié postérieure de l'œsophage une sub- stance grisâtre dont la nature n'est pas bien connue {h). (a) Sappey, Trailé d'anatomie descriptive, t. III, p. 92. (6) Schvvann, voyez Miiller, Bericht (Archiv fur Anat. und Physiûl., 4S3G, p. Xi). — Kcillikcr, Éléments d'histologie, p. 444. — Bownian and Todd, The Plnjsioloçiical Anatomy of Man, t. II, p. 18S. (c) Ficiinis, De fibrœ muscul. forma et structura, 1830. — Valentin, Repertorium, 1837, p. 86. (d) HyrtI, Lehrbuch der Anatomie des Menschen, 1846, p. 447. (e) Stenon, Observationum anatomicarum de musr.ulis et glandulis spécimen, 1002. (/■) Lancisi, Corporis hiimani synopsis anatomica, 1684. (g) Halle (Riclicrand, Physiologie, lO'édit., 1. 1, p. 235). (h) Owen, Lectures ou the Comp. Anit. and Physiol. ofthe Vertebr. Animais, p. 232, OESOPHAGE DKS VERTÉBRÉS. 285 C'est par la contraction successive des fibres do ce long tube que le bol alimentaire se trouve poussé peu à peu jusque dans l'estomac, et, en général, cette translation ne s'effectue que lentement (1). § 7. — L'estomac, ou porlion élargie du tube digestif où les aliments séjournent pendant un temps plus ou moins long, après avoir traversé l'œsophage, varie beaucoup quant à sa conformation et à ses dimensions. Chez quelques Vertébrés des Estomac. (1) Les liquides traversent l'œso- phage très rapidement; mais il n'en est pas de même des solides, et si Ton observe les mouvements de dégluli- lion sur le Cheval, il est facile de voir qu'en général le bol alimentaire ne s'avance dans ce conduit qu'avec une certaine lenteur {a). Dans l'état de repos, l'œsophage n'est pas contracté; mais, en raisonde l'élasticité de ses tuniques, il est res- serré et sa cavité n'est pas béante. Lorsque sa surface inicrne est stimu- lée par la présence d'un aliment, ses fibres musculaires se contractent dans ce point : ce sont d'abord les libres longitudinales qui entrent en jeu et qui rapprochent du bol alimentuire la porlion du tube située immédiate- ment au-dessous ; puis les fibres cir- culaires correspondantes à la partie supérieure de la portion de l'œsophage ainsi tiraillée agissent à leur tour, et poussent le bol en bas, ou en arrière, lorsque le corps est dans la position horizontale au lieu d'être verticale, comme celui de l'Ilomnie. Les mêmes phénomènes ont alors lieu un peu plus bas dans le point où l'aliment est arrivé, et de la sorte un mouvement péristaltique s'établit depuis le fond de l'arrière-bouclic jusque dans l'es- tomac, et fait progresser le bol alimen- taire. C'est donc à tort que quelques au- teurs parlent des aliments comme tombant dans l'estomac; ces corps sont toujours saisis par l'œsophage et transportés le long de ce canal par l'action de ses fibres musculaires. Aussi, quand celte porlion du tube digestif vient à être paralysée, la dé- glutition devient-elle très dilllcile, et les aliments n'arrivent dans l'eslomac que lorsqu'ils y sont entraînés par des liquides, ou que les bouchées succes- sives se poussent l'une l'autre. La section des nerfs pneumogastriques dans la région du cou détermine celte paralysie, et chez les Lapins qui ont subi cette opération on voit que les aliments restent en partie engagés dans l'œsophage (6). {a) Mygcndie, Prdcis iHémentaire de phjisiologie, t. II, p. 09 (édit. de IRSTi). — Colin, Traité de pliijsiologie comparée des Animaux domestiques , t. I, p. à<.)i. {!)) lioid, An Expérimental Invesliriatioii into Ihe l'\mclions nf the Klijhlli l'air of Ncrvcs lEdinbiirgh Med. and Surg. Journ., iH^H, t. XLIX, \i. ■l.'iO). — Saiidras cl buucliardat. Expériences sur les fonctions des iirrfs piienmoijaslriqiics dans ta digeilion {Comptes rendus de l' Académie des sciences, 1847, t. WlV, ji. 58). *286 APPARKIL DIGESTIF. plus inférieurs, ce réservoir se confond avec l'intestin aussi bien qu'avec la portion veslibulaire du canal digestif, et ne con- siste qu'en un tube presque cylindrique et à peine dilaté vers le milieu. Cette disposition se remarque chez les Poissons suceurs qui composent l'ordre des Cyclostomes (l); mais chez presque tous les autres x4nimaux de cet embranchement, l'estomac est limité postérieurement par un sphincter et un repli valvulaire qui le séparent de l'intestin, et l'on a donné à son orifice efférent le nom de pylore (2), c'est-à-dire portier, parce que d'ordinaire ce passage reste fermé tant que la digestion stomacale n'est pas suffisamment avancée, et s'ouvre ensuite pour laisser sortir les produits de ce travail physiologique, mais s'oppose encore à la rentrée des matières étrangères de l'intestin dans l'estomac. En général, ce viscère est disposé de fliçon à ne constituer qu'une seule cavité, mais quelquefois il est divisé en plusieurs compartiments, ou se trouve représenté par deux ou un plus (1) De TvûXr, , porte, et oùpcç, gar- Le tube dig;esiif des Cyclostomes est dieu. aussi très simple ; il se porte en ligne (2) Chez VAmphioxus, le canal di- presque droite de la bouche à l'anus, gestif, qui naît de l'extrémité posté- et il présente partout à peu près les rieure de !a grande cavité pharyn- mêmes dimensions, si ce n'est dans la gienne ou branchiale, se rétrécit peu à région branchiale, où il est plus ou peu et ne laisse apercevoir aucune moins rétréci. Chez les Lamproies, ligne de démarcation entre l'estomac cette portion œsophagienne commence et l'intestin. Ainsi que je l'expliquerai dans l'arrière-bouche, au-dessus de bientôt, le caecum qui se remarque à l'entrée du canal branchial , et se sa partie antérieure représente le foie prolonge au-dessus de celui-ci jusque plutôt qu'un cul-de-sac stomacal (a). dans l'abdomen, oùle tube alimentaire Il est aussi à noter que les parois de se dilate pour constituer l'estomac, ce tube sont partout garnies de cils qui est intestiniforme et sans limite vibratiles. apparente postérieurement (6). (a) P.allilve, Bemerkungen ûber den Bau des Amphioxus, 1841, lig. 2 et 4. Millier Ueber den Bau des Branchiosloraa lubricuiii (Costa), Amphioxiis lanceolatus, YaiTcl, pi. 5, fis?. 4 '{Uém. de iAcad. de Berlin pour 1842;. Quatrefages, Mém. sur le système nerveux et sur rhistologie du, Branchiostome ou Am- phioxus (Ann. des sciences nat., 3° série, 1845, t. IV, p. 206, pi. 13, fig. 1). (b) Exemplu : Petromijzon fluviatilis (Garus et Otlo, Tah. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 4, %. 1).' ESTOMAC DES VERTÉBRÉS. 287 grand nombre de poches |3arfaitement distinctes entre elles. Dans le premier cas, on dit que l'estomac est simple; dans le second, que l'estomac est multiple, ou bien encore qu'il existe plusieurs estomacs. § 8. — Dans la classe des Poissons, l'estomac est généra- lement simple, mais sa forme varie beaucoup (1). Ainsi, chez les Carpes et les autres Cyprins, qui se nourrissent principale- ment de substances végétales, il est rudimentaire et les ahments n'y séjournent pas, mais passent tout de suite dans l'intestin, où leur digestion commence (2). Chez le Brochet et chez quelques autres Poissons, l'estomac est fusiforme ou globuleux, et ses deux oriiices occupent les deux points extrêmes de sa longueur (â). Estomac des Poissons (1) On trouve dans le grand ou- vrage de Cuvier et de M. Valenciennes beaucoup d'indications relatives à la conformation de l'estomac dans les différents genres de la classe des Poissons, et Duvernoy a présenté un résumé de ces observations dans la seconde édition des Leçons d'anatomie comparée de Cuvier. Dans la première édition de ce dernier ouvrage, plu- sieurs figures de cet organe ont été données, et l'on doit à M. [ialhke un travail spécial sur l'appareil digestif des Poissons (o). (2) Chez la Carpe, il n'y a aucune ligne de démarcation entre la portion du tube digestif qui correspond à l'es- tomac des autres Poissons et l'intes- tin ; elle serait même réduite presque à rien, si l'on considérait comme ap- partenant à l'intestin toute la portion de ce conduit qui reçoit le canal cho- lédoque ou qui se trouve plus en ar- rière ; mais quelques anatomistes don- nent le nom d'estomac à toute la partie presque droite et un peu renflée du tube alimentaire qui fait suite à l'œso- phage et qui précède la première grande courbure formée par l'intes- tin (6). La conformation de cet organe est à peu près la même chez le Cypri- nus carassius (c), l'Ablette (d), et le l\otangle ou Leuciscus erythrophthal- mus (e). Chez les Balistes, l'estomac est également cylindrique et confondu avec l'intestin {f). (3) Ij'estomac du Brochet se con- tinue en ligne presque droite avec l'œsophage, dont il n'est pas nettement séparé, et lise renfle notablement vers (a) Rritliiic, Ueber den Darmkanal und die Zeufiuinjsorgane der Fische {Beitrcige %ur Geschichle der Thievwelt, l. Il, extrait du Schriften der' Nalurforschenden Gesellschaft zio Danzig , 1824, t. 111). {b) Petit, Histoire delà Carpe {Mém. de l'Acad. des sciences, 1733, pi. 13, (iij. 2). (c) Rallikc, loc. cit., pi. i, fig. A. (d) Idem, ibid., pi. 1, lig. 5. (e) Idem, ibid., pi. 1, r^;. 3. (f) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, l" odil., pi. 42, fig. 7. 288 APPAREIL DIGESTIF. Mais, chez la plupart des Animaux de celle classe, il ne présente pas cette disposition régulière; en face de l'ouverture œsopha- gienne il se prolonge en un grand cul-de-sac, et son orifice pylorique, rejeté sur le côté, se trouve à l'extrémité d'une por- tion étroite et cylindrique qui naît de la poche principale, plus ou moins près de l'extrémité antérieure de celle-ci, et qui donne à cet organe une forme assez analogue à celle d'une aiguière à bec recourbé (1). Ce mode de conformation ne se rencontre son tiers antérieur. Son orifice pylo- tuer un cul-dc-sac. Enfin, clîez le rique fait face au cardia et est pourvu BIcnnie vivipare, on trouve une dispo- d'un bourrelet circulaire (a). Une dis- sition intermédiaire entre ces deux position analogue se voit chez la formes, car la courbure de l'estomac i'iie (6), le Picaud ou Pleuronectes est fa i hic (.t). flexus (c), le L<^pisos[ile{d), h Sole {e), (1) La forme et les dimensions du la Truite (/"), etc. cul-de-sac constitué par la portion Chez la Loche (//), l'Esturgeon {h), principale ou cardiaque de l'estomac la lîaie (i), le Squale acanlhias (jj, et de ces Poissons varient beaucoup. Ainsi plusieurs antres Poissons , l'estomac chez la Perche, cette poche digesiive est conformé à peu près de même, si est très grande et élargie vers le ce n'est qu'aulieu de s'étendre en ligne fond (/). Elle offre à peu près la même droite d'avant en arrière, il se forme chez la Lotte de rivière {m), la recourbe sur lui-même en manière Baudroie (n), le Silure (o) et le Gym- d'anse, mais sans que le fond de cette narche ip). Chez le Maquereau, elle se courbure se dilate de façon à consli- rétrécit beaucoup vers le bout (g), et (a) Home, Lectures on Comparative Anatomy, t. X, pi. 83. — Rallilic, loc. cit., pi. \, ûg. lO. (b) Broclimami, De pancreate Piscium, dissert, inaug. Rosloclc, 1846, fig. 2. (c) Kathko, loc. cit., pi. 3, fig. 2. — Aiessandriiii, Descriptio vcri pancreatis glandularis in Acipensere et in Esoce reperti {Novi Comment. Acad. Scient. Instlt. Bononiensis, t. II, pi. 15, fig. 1). {d) Vander Hoeven, Ueber die zellige Schivimmblase des Lcpisosteus (Mùller's Archiv fur Anat. und PhysioL, 1841, pi. 10, fig. 2). (e) Home, Op. cit., pi. 91. — Brandt elRalzeburg, Medicinische Zoologie, t. Il, pi. 4, fig. 5. (/■) Agassiz et ^'og■t, Analomie des Salmonés, p. 74, pi. 0, fig-. 9. {g} Raihke, loc. cit.,p\. 1, fig. 8. {h) Home, Op. cit., pi. 96. il) Monro, The Structure and Phyiiol. of Fishes, pi. 2. {j) Homo, ibid., pi. 98. (fe) Rathke, loc. cit., pi. 3, fig-. 6. (Z) Cuvier et Valenciennes, Histoire naturelle des Poissons, 1. 1, pi. 1 , Rg. 1. (m) Brandt et Ratzeburg, Medicinisclie Zoologie, t. Il, pi. 8, fig. 3. (h) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, pi. 42, fig. 9. (o) Brandt et Ratzeburg, Op. cit., l. Il, pi. 0, fig. 3. (p) Forg et Duvernois, Sur l'appareil pulmonaire du G}imm\Tc\ms niloticus (.4)iîi, des sciences not., 3" série, t. III, pi. 5, fig. 1). (q) Rathke, Op. cit., pi. 2, fig. 3, ESTOMAC UI£S VEKTÉBlttS. t>81) presque jamais chez les Vertébrés puluionés, et se trouve développé au plus haut degré chez les Poissons très voraces, dont la proie est ordinairement d'un volume considérable. Quelques Poissons sont pourvus d'un estomac complexe, !a portion pylorique de ce viscère s'élargissant de façon à former une ou même deux poches distinctes (1), ou bien devenant très charnue et constituant un organe triturant analogue au gésier que nous avons déjà vu chez divers Animaux invertébrés, et que nous rencontrerons aussi chez la plupart des Oiseaux (2). chez le Hareng (a), le ïlaieii- guet (6), etc., elle est pyriformc. Chez l'Equille lançon {Arnmodytes tohia- nus), le cul-de-sac ainsi constitué prend un développement énorme (c). Enfin , chez d'autres espèces par exemple le Turbot (rf) et la Morue (e),cc prolongement de la portion cardiaque de l'estomac ne dépasse que de peu l'origine de la porlion pylorique, dis- position qui établit le passage entre le mode de conformation dont il vient d'être question et celui propre aux Raies, aux l^lies, etc. (1) Chez la Baudroie [Lophius pis- catorius), la portion cardiaque de l'es- tomac se prolonge en un cul-de-sac, et la portion pylorique de cet organe se dilate en une grande poche (/"). Ciiez le Squale pèlerin (Selache maxima), la portion pylorique de l'estomac est divisée en deux poches par un étranglement très prononcé (//). [T] Ainsi, chez les Mugils, la porlion cardiaque de l'estomac forme un grand cul-de-sac dont la portion pylorique se détache à angle droit. Celle-ci con- stitue un véritable gésier [h). Elle est globuleuse ou conique ; mais cette forme est due à la grande épaisseur de sa tunique charnue vers sa partie antérieure. Sa cavité est presque li- néaire et tapissée par une couche épiihélique épaisse et de consistance cornée. Chez une espèce de Truite de l'Ir- lande, appelée Gillaroo (i), il existe aussi entre le grand cul-de-sac de (a) Brandi et Ualzeburg, Medicinische Zoologie, t. II, pi. 8, fig'. 1. (b) l'.aihkc, Ueber den Dai'mkanal der Fischc, pi. 2, fig'. 9. (c) Idem, ibid., pi. 2, lig. 1 et 2. — Wagner, Icônes zootomicœ, pi. 21, fig. lO. {d) Home, Lectures on camp. Anatomy, pi. 87^ — P.ailikc, 0/). cit., pi. 3, fig. 4. le) Home, Op. cit., pi. 00. — P.ailike, Op. cit., pi. i, fig. i. ifj Homo, Op. cit., pi. 94. (d) Hoirie, Lectures on comparative Anatomy, t. II, pi. 09, fig. l. — Owon, Lectures on ihe comp. Anat. and Physiol. of Ihe Verlcbratc Animais, 184C, p. 240 fig. i;:,. {Il} Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1 " édit., l. V, [d. 43, fig. 211 ol 2i. (i) Los iclilhyologislcs corisidèienl la Triiilc Gillaroo corniuo élaiU uno variélé du la Truilc com- iiiuiic (Yarrcll, IJritish Fishcs, t. H, p. lOli). VI. 19 des Batraciens. 290 APPAREIL DIGESTIF. • Il est aussi à remarquer qu'une sorte de rumination s'observe chez quelques Poissons. Ainsi, la Carpe, après s'être gorgée d'aliments, en fait souvent remonter des portions de son esto- mac jusque dans son arrière-bouche, pourles écraser entre ses dents pharyngiennes (1). Estomac § 9. — Chcz Ics Batracieus, l'estomac est toujours simple, peu distinct de l'œsophage et plus ou moins élargi vers sa partie moyenne; tantôt il est droit, d'autres fois coudé ou recourbé sur lui-même, mais il ne présente jamais de dilatation en forme de cul -de-sac (2). Testomac et l'inlestin un gésier tapissé leur proie sans l'avoir entamée {d). d'une couche épithéliquc épaisse (a). Aristole range le Scare parmi les ani- Enfin la porlion pylorique de l'es- maux qui ruminent, tomac est aussi U'ès musculeuse chez (2) Chez le Protée (e), la Sirène (/) le Johnius coitor de l'fnde (6), et et rAmphiume((/), l'eslomacest à peu chez quelques espèces de Scombé- près cylindrique et droit; chez les roïdes, tels que l'Alose et le Caranx Mt^nobranches {h), il est également saurel [c). droit, mais de forme ovalaire. Chez (1) Ce phénomène,qui a été constaté les Salamandres, il est aussi très al- aussi chez la Tanche, la Brème, se longé, mais il forme un coude près de produit probablement chez beaucoup son extrémité pylorique (/). Enfin, d'autres Poissons qui ont des dénis chez les Grenouilles (j) , les Cra- pharyngiennes, et qui souvent avalent pauds {k), les Rainettes {l), le Pipa (m). (a) Hunter, Observations on the Animal Œconomy {Œuvres, trad. par Richelot, l. IV, p. 98). (6) Owen, Lectures on the comparative Anatomy and Physiohigrj ofVertebrate Animais, part, i , Fishes, p. 235. (c) Cuvier, Op. cit., t. V, pi. 43, fig. 5. {d) Owen, Op. cit. p. 236. (e) Aristote, Hist. des Animaux, Irad. de Camus, liv. VIII, p. 405. (/■) Ruscoiii, Monografla del Proteo anguino, 1819, pi. 2, fig-. 3. — Délie Chiaje, Ricerche anatomico-biologicœ siil Proteo serpentiiio, 1840, pi. 1 (extr. des Mem. delL' InstiliUo d'incoraggiamento di Napoli). — Carus et Otto, Tabula Anatomiam comparativam illustrantes, pars iv, pi. 5, fig'. 1. {g) Cuvier, Recherches analomiques sur les Reptiles regardés comme douteux (Humboldt, Recueil d'observations de zoologie etd'anatomie comparée, 1811, t. I, pi. H, fig. 1). (h) Cuvier, Sur le genre de Reptiles Batraciens nommé Amphiuma {Mém. du, Muséum, 1827, t. XIV, pi. 2, fig. 1 et 2). (i) Carus et Otto, Op. cit., pi. 5, fig. 2. — Défie Chiaje, Dissertazionisull'anatomia umana, comparata e patologica, t. I, pi. 6. [jj Blasius, Anatome Animalvum, 1081, pi. 54, fig. 1 et 2. — Home, Op. cit., t. II, pi. 99, fig. 1. — Funk, De Salamandrœ terrestris tractatus, pi. 2, fig. 8 et 9. {k) Roesel, Historla naturalis Ranarum, pi. 4, fig. 3. (l) Carus et Otto, Op. cit., pi. 5, fig. 3. (m) Carus et Otlo, Op. cit., pi. 5, fig. 4. ESTOM.VC DES VERTÉBRÉS. 29 i L'estomac de la plupart des Reptiles n'offre aussi rien de remanjuable : en général il est fusiforme. Chez les Serpents, il est à peu près droit (1); naais chez les Chéloniens il est recourbé transversalement et s'élargit en dessous et à gauche, de façon à y constituer un cul-de-sac et à ressembler un peu à une corne- muse (2), forme que nous rencontrerons souvent chez les Mam- Estomac des Reptiles. et les antres Batraciens anoures, ainsi que chez l'Axolotl (a), il est dilaté à sa partie antérieure, mais rétréci et recourbé sur lui-même vers le pylore. Chez les larves des Grenouilles et des Crapauds, Tépithélium de l'estomac porte des cils vibratiies (6), disposition qui ne se voit pas chez les Vertébrés supérieurs. Au sujet de la siructure des glan- dules qui se trouvent dans l'épaisseur des parois de l'estomac des Batraciens, et qui s'ouvrent dans l'intérieur de cet organe, je renvej-rai aux observa- tions de M. Bischoff (c). (1) Chez les Ophidiens, par exem- ple la Couleuvre à collier (rZ), l'esto- mac se confond avec l'œsophage, el s'élargit un peu vers sa partie moyenne où il constitue un réservoir que Du- vernoy appelle le sac. Près de l'intestin il se rétrécit beaucoup, et forme un boyau pylorique qui, dans quelques espèces, a la même direction que la portion précédente (e), tandis que chez d'autres il se recourbe latéralement (f) . En général, le pylore est pourvu soit d'une valvule ou repli circulaire, ainsi que cela se voit chez la Vipère com- mune [g], le Crotale, l'Orvet et plu- sieurs autres espèces {h), soit d'un bourrelet saillant, par exemple chez le Python {i). (^)uelquefois il n'existe rien de semblable, et la limite inférieure de l'estomac ne se reconnaît qu'à la disposition des rides longitudinales formées par les parois de ce viscère : par exemple, chez le Scheltopusik et le Scxjtale coronata. Enfln d'autres fois il y a une légère tendance à la formation d'un cul-de-sac, à l'extré- mité supérieure de l'estomac. (2) Ce mode de conformation est (ffl) Calori, SuU'anatomia delV Axolotl (Mem. dell'Accad. délie sciennedi Bologna, 4851, t. III, pi. 23, fig-. 8, 9). (6; Corti, Flimmerbewegung bei Frosch-und Krôtenlarven {Verhandl. der Phys.-Med. Gesellsch. in Wûrzburg, 4 850, t. I, p. 191). (c) BischolT, Uebe7' den Bau der Magenschleimhaut (Miiller's Archiv fur Anat. und PhysioL, 1838, p. 521, pi. 15, fij. 28à 32). (rf) Dclle Chiajc, Di.isertasioni sull'anatomia, 1. 1, pi. 20. (e) Exemple : le Trigonocéphale (Duvcrnoy, Fragments sur l'anatomie des Serpents {Ann. des sciences nat., 1831!, t. XXX, pi. ii, flg. 1). (/■) Exemple : le Crotale iCarus et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 5, fig. 5). — Le Coluber plkatllis, Duvernoy, Op. cil. {Ann. des sciences nat., t. XXX, pi. 1 1, fig. 3). '.'/) Home, Lectures on comparative Analomy, t. II, pi. O-i, fig. 1. {Il) Exemple.? : \c Oispliolidus Lalandii (Duvcrnoy, loc. cit., pi. 12, fig. i, p). — Le Niija tripudians (Uiiverinty, loc. cit., pi. 13, fig. 2, p). li) Dclle Chiaje, Op. cit., pi. 7. — Retzius, Analomiskundevsiikning Ofvcr ndgra delar «/'l'ytlioii liivjitnliis (Mihn. de l'Acad. de Stockholm, 1830, pi. 1, fig. 1). 292 APPAREIL DIGESTIF. milcres. Enfin, chez les Sauriens ordinaires, il est en général plus ou moins pyriforme (l). Chez les Crocodiliens, ce viscère offre une structure plus complexe et se trouve divisé en deux compartiments, savoir : une grande poche de forme globule\ise et à parois très charnues, qui fait suite à l'œsophage et se prolonge en ma- nière de cul-de-sac, puis une petite poche pylorique qui naît sur le côté de la précédente (2). Estomac j: ^Q — ])iiu?, \'à cUissc dcs Oiseaux, cette partie de l'appareil i Oiseaux. ^ i i ri digestif présente d'ordinaire une complication beaucoup plus grande, et l'on y distingue jusqu'à trois estomacs qui diffèrent entre eux par leurs fonctions aussi bien que par leur forme, et qui sont connus sous les noms de jabot, de ventricule iiiiccenturié et de gésier. Jabot. I-e jabot est une poche dépendante de l'œsophage ; il est très marqué chez les TorUies ter- des Oiseaux dont il sera bientôt qnes- reslics (a). lion. Les faisceaux charnus qui don- (1) Ainsi, chezle Dragon, l'estomac nent à ses parois une épaisseur consi- est presque droit et fortement dilaté dérable convergent de sa circonfé- prèsdii cardia, puis il se rétrécit gra- rcnce vers deux disques aponévro- duellement vers le pylore (6). Chez tiques situés, l'un au milieu de sa les Geckos il a la même forme, mais face dorsale, l'autre à sa face ventrale, sa portion pylorique se recourbe da- Le sac. pylorique existe chez les vantage(c). Enfh), chez les Lézards {d) Crocodiles (f) et les Gavials; suivant et ITguane (e), l'estomac est pyri- Duvernoy, il manquerait chez le forme. Caïman à lunettes (y), mais MM. Carus (2) L'estomac principal des Croco- et Otto en ont constaté la présence diles ressemble beaucoup au gésier d;ins celle espèce [h). (a) Home, Lectures on comparative Anatomy, pi. 102, fig. 2. — lîojanus, Anatome Testudlnis europœœ, pi. 28, lig. 159, et ni. 30, fig. 170. — Délie Chiaje, Dissertazioni sull'anatomia, t. I, pi. 23. (b) Carus et OUo, Op. cit., pi. 5, fig. 8. (c) Cuvier, Leçons d'analoniie comparée, t. V, pi. 41 , fig. 6. — Délie Chiaje, Dissertazioni sull'anatomia, 1. 1, pi. 21, fig. 1. (d) Délie Chiaje, Op. cit., t. I, pi. 8, fig. 1 . (e) Home, Op. cit., I. H, pi. 100. (f) Perrault, Mém. pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, 2' partie, pi. G5, fig. x. — Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1" édit., t. V, pi. 41, fig. 10. — Hunter (voy. Descript. and llluslr. Gâtai., t. I, pi. 9). (ij) Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, 2" édil., t. IV, 2« |)artic, p, 105. (Il) Carus et Otto, Op. cit., pi. 5, fig. 10. ESTOMAC DES VRRTÉTÎRÉS. 293 situé à la partie inférieure du cou, et les aliments s'y accumulent, mais n'y sont pas digérés (1). Ce réservoir venlriculaire est très développé chez les Gallinacés et chez les Oiseaux de proie diurnes; on le rencontre aussi chez les Canards, parmi les Pal- mipèdes, chez les Perroquets et chez les Moineaux ; mais il manque chez la plupart des Passereaux, ainsi que chez les Oiseaux de proie nocturnes, chez presque tous les Échassiers et chez la plupart des Palmipèdes (2). Il est à remarquer que les (1) Les parois du jabot ont à peu près la môme structure que celles de l'œsopliago, avec lequel cet organe communique en arrière. Chez l'Aigle (a), l'Épervier (6) et la Buse (c) et les autres Oiseaux de proie diurnes, le jabot est peu déve- loppé, et ne consiste qu'en une dilata- lion latérale de la portion inférieure de l'œsophage, qui est séparée du ventricule succenlurié par un étran- glement. Chez les Vautours et les Gypaètes (c?), le jabot est plus grand, et, lorsqu'il est distendu par les aliments, il forme à la base du cou une protubérance considérable. Chez les Perroquets, ce réservoir est médiocrement développé et peu distinct de l'œsophage (e). Chez la plupart des Gallinacés ordi- naires, le jabot est très grand et plus ou moins rétréci près de son orifice œsopliagien, de façon .'i avoir la forme d'une poche appendiculaire : cette disposition se voit très bien chez le Coq commun {() le Coq de bruyère, elc. {g). Chez le Hoazin {Sasa ou Opistho- comus cristatiis) , Oiseau américain de la famille des lloccos, le jabot est remplacé par une énorme anse formée par l'œsophage et située entre la peau et les muscles pectoraux {h). (2) Chez quelques-uns de ces Ani- maux, la portion inférieure de l'œso- phage, sans être dilatée en forme de jabot, peut cependant remplir des fonctions analogues. Ainsi, Blumen- bach a vu un Goéland avaler des os qui étaient beaucoup trop longs pour se logertout entiers dans l'estomac de cet Animal, et qui restaient engagés en (a) Owcn, art. Aves (Tocid's Cyclop., t. I, p. 318, fi^. 156). ib) Wolf, Ueber den Bauder VOgel (Voigt's, Magasin fur den neicesten Zustand der Naturlaonde, n07,t. I, n°4., p. 72, pi. d , fig. i). (c) Macgilliviav, Observ. ou the Digestive Organs of liivds [Magazine of Zooloyy and Rolany, 1«:n, t. I, p. 12>), pi. 52). (dj fi^rraiilt, Màn. pour servir à l'histoire naturelle des A)ùmaux, t. 3, pi. 31, i\^. C. (e) Homo, 0/*. cit., l. II, pi. 50, fig-. i el 2. (/) liraiidl et Ii;ilz(jliiwi,', Medicinische Zoologie, t. I, pi. Il, fifi-- 2. — Lanrillaril, Allas du lUgne animal de Ciivicr, Oiseaux, |)I. 3, fi;^. 3 bis. — .Milnc Ei\\\ari\s, Eléments de zoologie, 3* partie, p. 11), ni,'. 2H. — Oweri, loc. cit., p. 318, fi;;. 157. (.'/) Wa^Tor, Icônes zootomica;, pi. 11, fi^. 10. {//) Lliuriiiinicr, liemargnes ana,toinigues sur quelques genres d'Oiseaux rares {.inn. des scietices nat., 2" sérif, 1837, t. VllI, p. 07 et siiiv.). 29/l Al^PAREIL LJIGESTIF. Oiseaux qui vivent de fruits mous, de Poissons, d'Insectes ou de Reptiles, sont tous privés de jabot, ainsi que les Rapaces, qui avalent leur proie sans la dépecer ; tandis qu'au contraire les espèces qui possèdent cet organe se nourrissent, soit de graines dures, soit de chair préalablement réduite en lambeaux. Mais tous les Oiseaux granivores n'en sont pas pourvus, les Autru- ches par exemple, et il existe chez les Colibris, qui se nour- rissent en partie d'hisectes. Chez les Pigeons, où ce premier estomac est grand et bi- lobé, il présente dans ses fonctions une singularité intéressante à noter comme exemple des emprunts physiologiques aux- quels la Nature a souvent recours pour satisfaire à certaines exigences qui sont en quelque sorte exceptionnelles parmi les Animaux où ces dispositions s'observent. En effet, le jabot de ces Oiseaux joue un rôle analogue à celui qui est dévolu à l'ap- pareil de la lactation chez les Mammifères. A l'époque de l'in- cubation, chez le mâle aussi bien que chez la femelle, il devient le siège d'une sécrétion particuhère, et l'humeur qu'il produit sert à l'alimentation des jeunes pendant les premiers jours de leur existence (1). parlie dans l'œsophage pendant que nés vasculaire ; enfin les cellules épi- leur extrémité inférieure se digé- théliques dont ces rides sont revêtues rait (a). Des faits du même ordre sont se détachent et se renouvellent avec cités par d'autres naturalistes (6j. une grande rapidiié, de façon à donner (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, le jabot naissance à une matière blanchâtre des Pigeons est divisé en deux poches qui ressemble beaucoup à du lait qui sont arrondies et dirigées latéra- caillé, et qui est dégorgée par le mâle lement. A l'époque de l'incubation, ses aussi bien que par la femelle dans le parois s'épaississent beaucoup, sa tuni- bec de leurs petits nouveau-nés, pour que muqueuse présente un grand nom- servir à la nourriture de ceux-ci. brederidesoudeplissaillantsetdevient La découverte de ce phénomène (a) Rliimenbach, Handbuch der vergleicli.enden Anatomie, p. 1 42. ■(&) Morlon, Nalural History of NorthamptonsJiire, p. 353. — Persoon, Neuere Beobacht. ûber die Sternschnuppen {VoigVs Mao ax,in, il91 , t- I. P- 50). ESTOMAC DES VERTÉBRÉS. 295 Le ventricule succenturié^ que j'appellerai de préférence ventricule pepsique fl), est en continuation directe avec l'œsophage, et constitue le second estomac chez les Oiseaux qui sont pourvus d'un jabot, le premier chez ceux qui ne possèdent pas ce dernier organe. En général, il n'est que peu volumineux, mais il a une grande importance physiologique, car c'est dans l'épaisseur de ses parois que sont logées les glandules chargées de sécréter le suc gastrique, et c'est en le traversant que les aliments s'imbibent de ce liquide digestif (2). En considé- Ventricule pepsique. curieux est due à Hunter (a), et dans ces derniers lemps jM. Cl. Bernard en a fait le sujet de nouvelles rcclierclies (6). Nous aurons à y revenir, lorsque nous nous occuperons de la génération des Oiseaux. (1) Quelques anatomisles désignent cet estomac glanduleux sons les noms de proventricule, de cavité cardia- que, à'' iîifundibulum, de bulbe glan- duleux (c) etc. En général, on l'appelle venir iculesuccenturié,eA\ raison de la disposition zonaire qui s'y remarque chez plusieurs Oiseaux. (2) Evrard Home a décrit et figuré les glandules pepsiques chez un cer- tain nombre d'Oiseaux. Il a trouvé que ces organes sont de petites poches simples allongées, terminées en cul- de-sac et rangées parallèlement dans l'épaisseur des parois du ventricule chez l'Aigle, le Goéland, le Fou de Bassan, le Cygne, le Pigeon, etc. Chez la Poule, le Dindon et le Canard, elles sont plus grandes et subiobulées ou verruqueuses; enfin, chez les Autru- ches, elles sont renflées et subdivisées en un grand nombre de petits cae- cums (cl). Macgillivray les a étudiées aussi chez l'Aigle et la Buse (e). J, Millier et M. Biscboff oui ajouté de non velles observations sur la structure intime de ces peiits organes sécré- teurs (/■); enfin, plus récemment, le professeur Molin, de Padoue, a repris celte étude, et l'a portée beaucoup plus loin que ses devanciers. 11 a fait voir que les glandules pepsiques, qui au premier abord semblent être autant de tubes simples en forme de doigt de gant (celles du Coq, par exemple), sont en réalité constituées par une multitude de petils caecums qui con- vergent vers une cavité tubulaire, et (a) Hunier, Animal Œconomy, p, 235, et Œuvres complètes, trail. par P.iclielol.t. IV, p. i d^, pi. 39. (b) Cl. Bernard, Leçons sur les propriétés physiologUiues et les altérations patliologiques des liquides de l'organisme, 1859, t. H, p. 232, fig. \ ii 4, cl p. 23-i, fig. \ à 5. (c) i. C. l'fjer, Analome venlriculi aallinacei il'areraa anatomica et medica septem, p. 77 (édil. de 1750). (d) Home, Op. cit., t. II, pi. 50, fig. 2 (reproduilcs par M. Owen dans le Cyclopœdia of Anal., 1. 11, p. 31 y, fig. 100). (e) Macgillivray, Op. cil. {May. of Zool. and Botany, 1837, t. I, p. 130, pi. 4, li,-. 5 et 0, et pl.5,fig. 2el4). (f) i. Mullcr, De (jlandularum secernenlium structura peniliori, 1830, p. 38, pi. 4, lig. 7 et 8. — bisciioil, Ueber den liau der Magenschieimhaut (Miiller's Archiv fur Anat. und Physiol. 1 838, p. 519, pi. 15, lig. 22 à 27). 290 APPAREIL DIGESTIF. raHon de celle circonstance, quelques anatomistes donnent à cette portion du tube alimentaire le nom d'estomac glanduleux. Les oriticesdesglandulespepsiques sont très apparents à sa sur- face interne, et ces organes sécréteurs sont en général de petits caecums simples : mais chez quelques Oiseaux omnivores ils sont subdivisés en plusieurs loges appendiculaires; souvent ils sont distribués à peu près uniformément sur toutes les parties des parois du ventricule; d'autres fois ils sont réunis sur une zone ou ceinture annulaire, et chez quelques espèces leur concen- tration est portée encore plus loin, car ils sont groupés de façon à former une ou deux masses ovalaires (l).'D'ordi- qui sont logt^s dans Tépaisseur des parois de celles-ci (a). Chez le Pélican, cet anatomiste a trouvé, associés à ces glandules gasliiqiies, des cryptes dont la structure est semblable à celle des glandules intestinales dites glandes de Lieberkiihn. • (1) Le plus haut degré de centrali- sation de cet appareil sécréteur du suc gastrique se voit chez le Nandou, ou Autruche d'Amérique. Les orifices des glandules pepsiques y sont très grands et rassemblés sur un renflement cir- culaire situé dans la paroi postérieure du ventricule pepsique (6). Chez l'Autruche proprement dite, ou Autruche d'Afrique, les glandules gaslriques sont réunies aussi en un Fcul groupe, mais ils sont en beaucoup plus grand nombre, et constituent sur le côté fauche du ventricule pepsique une masse ovalaire (c). Chez le Marabout, ou Cigogne à sac, du Bengal {C. argala), la disposition des glandes pepsiques est à peu près la même que chez le Nandou, si ce n'est qu'elles sont réunies en deu.v paquets, au lieu] de ne former qu'un groupe unique {d). Un arrangement analogue se voit chez le Cormoran (e). La disposition zonaire de ces glan- dules est très distincte chez le Din- don (/■) et le Pétrel {g). Chezl'Émeu,ouCasoar à casque {h), chez le Gasoar de la Nouvelle-Hol- lande (ï) et chez l'Aptéryx (/), les («) Molin, Siigli stomachi degli Ucelli (Denkschrlften der K. Akad. der Wissenschaften von Wieti, 1852, t. II, p. 3, pi. ijig.i). (b) Home, Lectures on comparative Anatomy, t. H, pi. 54. — Cariis et OUo, Tabulœ Anatomiam comparativam illustrantes, pars iv, pi. G, fig', 1 1 . (c) Homo, Op. cit., pi. 50. {d) Idem, ibid., pi. 45. (e) Idem, ibid., pi. 47. (/■)Idem, ibid., pi. 49. ig) Carus et Otto. Op. cit., pars IV, pi. 6, fiij. 1 4. (/i. Home, Op. cit., pi. 51. {ij Uam,ibid., pi. 52. (i) Oweii, On the Anatomy of the Southern Aptéryx (Trans. of the Zool. Soc, t. Il, pi. 51 , fifr. 1). ESTOMAC DES VERTÉBRÉS. 297 naire leur orifice est circulaire et à bords simples, mais Evrard Home assure que chez l'espèce d'Hirondelle de Java qui construit les nids dont les Chinois font grand usage comme comestibles, le pourtour de chacune de ces ouvertures est garni d'une sorte de collerette frangée (1). Enfin, il est aussi à noter que souvent les parois du ventricule succenturié offrent des plis longitudinaux et sont très extensibles, disposition qui s'observe principalement chez les espèces où ce réservoir se confond inférieurement avec le gésier. Ce dernier organe, situé à la partie antérieure de l'abdo- men (2), est constitué par la portion pylorique de l'estomac défier. glandes gastriques sont très nom- brenses et occupent toute la surface des parois du ventricule pepsique. Il en est de même chez beaucoup d'autres Oiseaux, tels que l'Aigle [a), le Faucon (b), les Perroquets (c) et le Cygne (d). (1) Ainsi que nous le verrons dans une autre Leçon, les nids de ces Oiseaux sont formés en partie et quel- quefois même en totalité d'une matière gélatineuse que l'Animal paraît tirer de son estomac, et que l'on suppose être sécrétée par les glandes dont il vient d'èlrc question. La struc- ture de CCS organites, à en juger par les figures que Home en a données, serait très remarquable (e), car on ne rencontre rien de semblable chez les autres Oiseaux, même chez les Hiron- delles de nos pays; mais je dois ajouter que l'exactitude des observa- lions de Home paraît avoir été révo- quée en doute par son adjoint au Musée liuntérien, M. Clift (/"). ('2) Chez la plupart des Oiseaux, le gésier repose sur la partie antérieure du paquet formé par les intestins ; mais chez le Coucou il est directement en rapport avec la i)aroi inférieure de l'abdomen, et y adhère même dans une étendue considérable [g]. Hérissant a pensé que cette anomalie pouvait être la cause d'une particularité de mœurs qui se remarque chez ces Oiseaux. Les Coucous ne couvent pas leurs œufs, mais les déposent dans le nid de quelque autre Oiseau, et l'on s'est demandé si ce n'était pas la disposition de leur estomac qui les rendrait inca- («) Owen, art. Aves (Todd's Cyclop. of Anal, and Phijsiol., t. I, p. 320, fig-. 101). (b) Home, Op. cit-, pi. 50. (c) Homo, Op. cil., [il. '(-4. ((i) Macgillivray, Op. cit. {Mag. ofZonl. and ISolany, t. I, pi. 'i, fiff. •''). «iHome, On ihe Nest.i of the Java Swalbvj {Philos. Trans. t. CVIl). — Lectures ou camp. Anal., t. III, p. 128, t. IV, pi. 20, fis. 1 à 7. (f) Voyez Coiil.son's Tramlulion of filumenbach's ManvalofComp. Anal. 1827, ]>. lO.'t. (g) Hérii-saril, Observations analomiques sur les organes de la digeslimi de fOisemi appeb' f'.nurnu IHfàn. de l'Acad. des sciences, 17.52, p. M '>, pi. 10 el 17). 298 APPAREIL DIGESTIF, dont le revêtement épithélique devient épais et résistant, dont la tunique musculeuse prend d'ordinaire un grand développe- ment, et dont les fonctions sont essentiellement mécaniques. Chez quelques Oiseaux, tels que le Pélican et beaucoup d'autres espèces piscivores, les parois du gésier sont très minces, et cet organe n'est pas nettement séparé du ventricule succenturié ; mais, chez la plupartdes Animaux de cette classe, il en. est parfaitement distinct, et constitue un instrument de trituration dont la puissance est énorme. Dans des expériences faites sur ce sujet par les membres de l'ancienne Académie del cimento; et par quelques autres physio- logistes (1), on a vu les corps les plus durs être broyés par cet organe (2), et son action triturante est d'ordinaire facilitée par la présence de petits cailloux que les Oiseaux granivores ont l'habitude d'avaler et qu'ils accumulent en grand nombre dans leur estomac (o). pables de rester accroupis dans la posi- 1350 livres la force déployée par le lion nécessaire pour rincubation. Mais gésier d'un Dindon, savoir, une pres- Blumenbach a constaté une structure sion égale à 675 livres étant produite analogue chez le Toucan et chez le . par chacune des faces opposées de Casse-noix. Or ces Oiseaux couvent cetorgane (d). Et cette estimation n'est leurs œufs de la manière ordinaire (a). pas aussi exagérée qu'on pourrait le Une disposition anatoraique semblable croire au premier abord; car, dans se voit aussi chez le Hibou (6). quelques expériences faites par Réau- (1) Voyez ci-dessus, tome V, p. 255. mur, un tube de métal qui ne pouvait ^ (2) Comme exemple de l'action être aplati entre une pince qu'à l'aide triturante du gésier, on peut citer un d'une pression équivalent à plus de fait rapporté par Swammerdam. Une Uol livres, exercée sur chaque branche pièce de monnaie d'or, appelée pis- de l'instrument, éprouva celte défor- tole ou doublon, ayant été avalée par mation dans !e gésier d'un Dindon (e). un Canard, paraît avoir perdu (3) La présence constante de frag- 16 grains de son poids dans l'estomac ments de cailloux et de sable dans le de cet animal (c). Borelli évalua à gésier des Cygnes a fait croire à quel- (a) Blumenbach, Handbuch der vergleichenden Anatoviie, 1805, p. 140. (6) Owen, art. Aves (Todd's Cyclop., t. I, p. 320). (c) Swammerdam, Biblia Naturœ, t. I, p. 168. (d) Idem, Md., t. II, p. 230, prop. 191. (e) Réaumur, Sur la digestion des Oiseaux, l"' mémoire {Mém. de l'Acad. des sciences, 1752, p. 286). ESTOMAC DES VERTÉBRÉS, '^•^9 Le gésier, comme je viens de le dire, est une poche à parois charnues qui fait suite au ventricule pepsique ; il se termine en cul-de-sac inférieurement et il communique avec l'intestin par un orifice pylorique situé près de son entrée. Il est en général de forme arrondie ou ovalaire, et, sur chacune de ses deux faces opposées, on voit une expansion aponévrotique ou un tendon d'où partent en rayonnant une multitude de fibres musculaires qui s'unissent entre elles sur la partie périphérique de l'organe, de façon à contourner les bords du cul-de-sac formé par celui-ci. Chez les Oiseaux dont le gésier est bien développé, les deux masses charnues ainsi constituées ont une grande épaisseur, et souvent elles sont renforcées par deux gros faisceaux charnus qui sont surajoutés aux précédents et qui se fixent également aux tendons centraux. La cavité de cet estomac triturant est étroite et tapissée par une couche épaisse et coriace dont l'aspect est assez analogue à celui de la cornée (1). Enfin son orifice pylo- rique est petit, mais se renfle parfois de façon à constituer une qiies naturalistes que ces Oiseaux sS sier comme étant dû à un grand déve- nourrissaient de ces substances miné- lopp&menl, de la tunique épithélique raies (a). de cet organe; mais, d'après les re- Spallanzani a pensé que les cailloux cherches récentes de M. Leydig, il contenus d'ordinaire dans l'estomac paraîtrait consister principalement en des Oiseaux granivores ne servent à une sorte d'encroûtement formé par rien (6). Mais, ainsi que l'a fait remar- les produits de la sécrétion des glan- quer Hunter, leur utilité n'est pas dules sous-jacentes. En eil'et, la cou- douleuse , et par l'auscultation on che épithélique se trouve au-dessous peut entendre le bruit qu'ils font en de la lame de consistance cornée qui frottant les uns contre les autres pen- constitue la plus grande partie de ce dant la digestion (c). revêtement, et celui-ci est formé par (1) La plupart des anatomistes con- unesubstance sans organisation appa- sidèront ce revêtement coriace du gé- rente {d). (a) Uorelli, De motu Animalium, l. II, cap. xvi, prop. ■l'J'l, p, 23i2 (cdil. de 1743). {!/) Spalliinzani, Inexpériences sur la diyesUon, p. 21 et siiiv. (c) llunter, Remarques sur la -digesiion (Œuvres complètes, '.. IV, p. 100). {d} i.eydig, Kleinere Milllteilungen xur Ikierisclœn Gcweblehre (Miiller's Archlv fur Anat. vnd Physiol., 1854, p. 331 cl suiv,, et Lehrbuch dcr Hisloloyie, p. 41 et 308, fi^'. 23). oOO APPAREIL DIGESTIF. poche charnue accessoire située entre le grand cul- de-sac dont je viens de parler et l'intestin. L'épaisseur de la couche musculeuse du gésier varie beau- coup chez les divers Oiseaux, et s'accroît quand cet organe exerce son action triturante sur des aliments très durs. Ainsi Hunter, en changeant le régime de quelques Oiseaux piscivores et en les accoutumant à se nourrir d'orge, a vu la puissance de leur gésier augmenter beaucoup (1), et l'analomie comparée nous montre que chez les espèces omnivores ou granivores cet organe est d'ordinaire très fort, tandis que chez les espèces carnassières, mais surtout chez les piscivores, il est peu mus- culeux et souvent ne se distingue qu'à peine du ventricule pepsique, dont il semble être la continuation. Ainsi, chez l'Au- truche, le Cygne, le Coq, le Dindon, etc., ses parois charnues sont extrêmement épaisses, tandis que chez l'Aigle, le Héron, la Cigogne, etc., elles sont très minces (2). (1) Chez un Goëlancl qui avait été graiideépaisseiir de sa liiniqiiemiiscu- nourri avec du grain pendant un an, leuse et la nainre de son revêlement Hunter trouva que les muscles du intérieur (c). Sa forme est un peu gésier avaient acquis le double de différente chez le Nandou (d), leur épaisseur ordinaire («). Ce phy- Chez le Dindon (e), le Coq (/"), le siologiste a obtenu un résultat ;ina- Pigeon (g), le Cygne {h}, les Puibiet- logue en changeant le régime d'un tes {i), etc., le gésier est nettement Faucon (6). séparé du ventricule pepsique ; sa (2) Chez l'Autruche d'Afrique, le forme est arrondie, et l'on remarque à gésier n'est pas séparé du ventricule sa part.e inférieure un muscle acces- pepsique par un étranglement, et il soiic- très fort. communique librement avec cet Chez les Perroquets, le gésier est organe, dont il se distingue par la très nettement délimité et a des parois (a) Home, Lectures on comparative Anatoiny, t. I, p. 271. — Owen, art. AvES (Todd's Cyclop., t. I, p. sai). (6) Hunter, Œuvres complètes, trad. par Ricliclot, t. I, p. 184. _ (c) Home, Op. cit., t II, pi. 55 et 50. (d) Idem, ibid., t. H, pi. 53. {e] Idem, ibid., pi. 49. (f) Laurillard, Atlas du Règne animal de Cuvier, Oiseaux, pi i, fig'. I. — Hunier (voy. Descriptive and illustrated Catalogue of thephysiol. séries of Comp. Anal, contained in the Muséum of the Collège of surgeons , 1. 1, pi. 11 , 12 et 13). (g) Owen, Op. cit. (Todd's Cyclop. of Anat. and Phys., t. II, p. 322, flg. 103). (h) Idem, ibid., p. 320. fig-. 161 et 162. (i) Canis et Ollo, Op. cit., pi. 6, fig-. 1 et 2. Estoiuuc des les. KsTOMAC DES VEUTÉBHÉS. ^01 & 11. — Chez les Mammifères, l'estomac est toujours nelte- . ,, ,. des ment séparé, tant de l'œsophage que de l'mtestm, et a ordi- Mammifè naire il forme une poche unique dont la capacité est considé- rable ; mais chez quelques Animaux de cette classe il se subdi- vise en plusieurs compartiments bien distincts, et constitue un appareil fort complexe. Comme exemple de l'estomac simple des Mammifères, je choisirai celui de l'Homme. Cet organe, situé à la partie supé- rieure de l'abdomen, un peu à gauche, occupe l'espace que les Esluiiiuc siin[ilu charnues fort épaisses, mais il est très petit (a). Chez le Calao (Buceros), cet organe a aussi des parois charnues d'une épaisseur considérable, mais il n'est pas réellement séparé du ventricule pepsique (6). Chez l'z^igle (c) et la Buse (d), le gésier est arrondi et assez volumineux, mais ses parois musculaires sont très minces. Chez le Gypaète, il est peu distinct du ventricule pepsique (e). Chez le Héron, le ventricule pepsique et le gésier ne forment qu'une poche unique, dont le fond, garni d'une couche mince de fibres musculaires rayonnantes, se prolonge en cul-de- sac au delà du pylore et communique avec cet orifice par une dilatation parliculii"'re {f). Chez le Pélican [g) et chez les Pé- trels [h], les parois du gésier sont aussi presque membraneuses, et extérieu- rement ils ne se distinguent pas du ventricule pepsique ; mais la poche pylorique est beaucoup plus dévelop- pée, et par sa structure elle ressemble tout à fait à un petit gésier, car elle est très musculeuse et tapissée inté- rieurement d'une couche épithéliqiie épaisse et tuberculée [i). Dans le genre Euphones, de la fa- mille des Tangaras, la portion de l'es- tomac qui correspond au gésier est à peine élargie, et n'est nettement séparée, ni du ventricule pepsique, ni de rintesiin (j). (a) Home, Lectures on comparât ve Anatomy, t. II, pi. 50. [b] Owen, On Ihe Anatomy of the concave Hornbill [Transactions of the Zoological Society, l. 1, pt. 18,li-. d). (cj Macgillivray, Op. cil. [Ann. ofZool. and Potany, l. I, pi. -i, fi^. 4). — Owen, Op. cit. (Todcl's Cyclop., t. II, p. 318, p. 150). (d) Macgillivray, loc. cit., pi. 5, fig. 1. (e) Perrault, Op. cit., 'i' parlic, pi. 3), lig. D, E. (f) Cuvior, Leçons d'analomie comparée, 1'° cdit., I. V, pi. 40, lig. i. (il) Peri-auli, Mcm. pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, 3° partie, pi. i7. - Home, Op. cil., pi. lOi. (k) Cuvier, Op. cit., pL40, fig. 2. (i,! Carus et Otlo, Tab. .\nal. comp. itluslr., par-s iv, pi. (>, 14, 15 et l(i. (il Luiiil, De génère Kuphone, prii:i>crliia de sinyulari canalis inleslinulis structura m hoc .\vium génère. Ilavniœ, IR20, fig. 1 à 3. _ Ganiscl Otlo, Op. cit., pi. C, lig. 4. 302 - APPAREIL DIGESTIF, anatomistes désignent sous les noms de région hypogastrique gauche et de région épigastrtque (1) ; il est dirigé transversale- ment de gauche à droite, et s'élargit beaucoup près du cardia, de façon à présenter au-dessous de cet oritice et du côté gauche une dilatation considérable, appelée la tubérosité ou le grand cul- de-sac de l'estomac (2), puis il se rétrécit graduellement vers le pylore ; enfin, il est un peu recourbé, et sa partie concave, dirigée en haut et en arrière, embrasse le lobule du foie et donne attache à un prolongement membraneux appelé le pelit épiploon^ qui le suspend à la paroi inférieure du foie, ainsi qu'à la partie voisine du diaphragme, et qui se prolonge sur sa surface pour en constituer la tunique externe ou séreuse. Enfin, sa grande courbure^ ou bord convexe, dirigée en bas quand il est dans l'état de vacuité, et presque directement en avant dans l'état de plénitude, donne naissance au grand épiploon, ou repli péritonéal, destiné à loger dans son épaisseur la majeure partie du gros intestin, ainsi que nous le verrons dans la prochaine Leçon (3). (1) Pour faciliter l'indication de la noms cVhrjpochondres, de régions place occupée par les divers viscères, lombaires et de régions iliaques. lés anatomistes supposent la paroi (2) Cliez l'enfant nouveau-né, le antérieure de l'abdomen divisée en grand cul-de-sac de l'estomac est neuf régions par deux lignes horizon- beaucoup moins développé, et ce vis- taies correspondant, l'une à l'extré- cère forme avec l'œsophage un coude mité des côtes de la dernière paire, moins prononcé {a). Chez l'embryon, l'autre à l'apophyse épineuse supé- il se confond d'abord avec les portions Heure des os iliaques, et par deux voisines du tube digestif, et les parti - lignes verticales s'étendant de chaque cularitésqui lui sont propres se mani- côté entre l'extrémité de la septième festent peu à peu. ou huitième côte au bassin, un peu en (3) Ce suspenseur membraneux est dehors de l'épine du pubis. Les trois formé en grande partie de deux lames régions médianes ainsi circonscrites séreuses qui sont la continuation des sont appelées épigaslre, région ombi- portions correspondantes de la tunique licale et région hypogastrique ; les externe de l'estomac, laquelle fait compartiments latéraux ont reçu les suite aux deux feuillets du petit épi- fa) Sctmltz, De allmentorumconcoclione expérimenta nova. BeroVmi, 1S34. — Salbaeh, Dissert, de diversa ventriculi forma in infante et adulte, Berolini. 1835. ESTOMAC DES VERTÉBKÉS. 303 La tunique musculeuse de l'estomac se compose de fibres lisses, pâles et fusiformes (1), qui sont réunies en faisceaux et forment trois couches superposées (2). Celles de la couche externe commencent, pour la plupart, sur la partie inférieure de l'œsophage, et se répandent sur l'estomac en divergeant de tous les côtés ; mais elles sont plus serrées le long de la petite courbure de cet organe, où elles forment une sorte de ruban charnu, et les faisceaux qu'elles constituent deviennent plus robustes dans le voisinage du pylore. Le second plan charnu se compose de fibres transversales disposées en anneaux et deve- nant également plus abondantes vers le pylore, où elles acquiè- rent beaucoup de force et constituent un sphincter bien carac- ploon , ou épiploon gasiro-a-plénique qui, à son tour, naît de la tunique péritonéale du foie, sur les bords de la scissure transverse située à la face inférieure de ce viscère. Je ferai con- naître plus complètement le mode de conformation du grand épiploon dans la prochaine Leçon, lorsque je décrirai les mésentères. L'estomac est altaché aussi aux parties adjacentes par d'au- tres replis péritonéaux, savoir : 1° Le ligament gastro-diaphrag- matique^ qui se porte directement du diaphragme sur l'œsophage et la partie voisine de l'estomac; 2° l'épi- ploon gastro-splénique, qui s'étend de sa grosse extrémité à la rate. (1) Les fibres musculaires de l'es- tomac sont si peu colorées, que quel- ques analomistes ont méconnu la nature de beaucoup d'entre elles, et les ont considérées comme des fila- ments tendineux ou aponévrotiques. (2) La disposition de la tunique charnue de l'estomac de l'Homme a été l'objet de recherches spéciales de la part de plusieurs anatomistes, parmi lesquels il faut citer en pre- mière ligne Fallope (a), et, à une époque moins éloignée, lielvétius (6), puis Berlin et Hailer. Ces deux der- niers ont 1res bien indiqué les trois plans de fibres musculaires mention- nées ci-dessus (c). M. N. Guéneau de Mussy décrit, comme formant un quatrième plan, les fibres superficielles et longitudi- nales qui se rendent du duodénum sur la portion pyiorique de l'esto- mac (d). la) Fallope, Observaliones anatomieœ, p. 99. (6; Helvétins, Observations anatomiques sur l'estomac de l'Homme (Mém. de l'Académie des sciences, 1719, p. 3;i0, pi. 22). (c) Berlin, Description des plans musculeiix dont la tunique de l'estomac humain est composée {Mém. de l'Acad. des sciences, 1761, p. 58). — Hallpr, Elementa physiolofjiœ, t. VI, p. 127. (d) Guf-nnau ilc Miissy, Recherches sur la structure de la lunlque musculaire de l'estomac {Gazette inédicole,\Hi'i, i. X, p. 353). oO/l A [^PAREIL DIGESTIF. térisé. En tin la couche j)rofonde est formée par des libres obliques qui, pour la plupart, se trouvent à cheval sur une petite dépression située entre le cardia et le grand cul-de-sac de l'estomac, et descendent de là en divergeant et en se croisant sur les deux faces opposées de cet organe, les unes se recour- bant à gauche, d'autres se dirigeant directement en bas, et d'autres encore se recourbant à droite vers la portion pylorique du viscère. Une couche assez épaisse de tissu conjonctif d'une texture lâche unit la tunique musculeuse de l'estomac à la tunique mu- (jueuse de ce viscère (1), et permet à cette membrane de se froncer plus ou moins fortement quand l'organe est dans l'état de contraction. Les rides ainsi formées sont disposées principa- lement dans la direction longitudinale, mais elles peuvent se multiplier beaucoup dans tous les sens et donner à la surface interne de l'estomac un aspect mamelonné ('2). La teinte de la tunique muqueuse de ce viscère varie beaucoup, suivant que cet organe est au repos ou en activité fonctionnelle : dans le premier cas, elle est grisâtre ; dans le second, rosée ou même d'un rouge plus ou moins intense, et c'est à tort que (1) Cette couche de lissa conjonctif qiiente du côté droit que dans les constitue ce que les anciens auteurs autres parties de l'estomac, et elle appelaient la tunique nerveuse de résulte le plus ordinairement d'un état l'estomac (a), et quelques anato- pathologique. misies de l'époque actuelle la dési- 11 est aussi à noter que, dans la gnent sous le nom de membrane ft- partie pylorique de l'estomac de brettse de l'estomac (6). Elle est très l'Homme, onaperçoit de petites plica- susceptible d'hypertrophie , et, dans turcs réunies en manière de réseau, ou certains états pathologiques de l'es- même de mamelons ou de villosilés tomac, elle acquiert parfois de la sorte très courtes qui sont situées entre les plusieurs lignes d'épaisseur. orifices glandulaires et qui simulent (2) Cette disposition est plus fré- des villosités. (a) Fallopc, Observallones analomicm. (b) Criivcilliicr, Analomie descriptive, 1. 111, p. 288. ESTOMAC DES VERTÉBRÉS. 305 Broussais et ses disciples considèrent ceKe dernière couleur comme étant toujours l'indice d'un état morbide (1). Examinée à l'œil nu, cette membrane paraît avoir une tex- ture spongieuse, circonstance qui dépend de la présence d'une multitude de petites cavités sécrétoires qui sont logées dans son épaisseur et qui s'ouvrent à sa surface. Celle-ci est revêtue d'un épithéliuui columnaire d'une consistance molle (2). L'épithélium pavimenteux qui tapisse l'œsophage s'arrête brusquement au cardia par un bord dentelé, et les cellules épithéliques de la (I) A l'époque où j'ai commencé à aux publicalions failes par Yelloly, professer à la Faculté des sciences, les llousseau , Billard, M. Claude Ber- doctrines de Broussais, relativement nard, etc (a). au rôle de l'irritation de la muqueuse (2) Ainsi que je l'ai déjà dit (p. 7), gastro-entérique dans la production les analomistes ont été pondant long- d'une foule de maladies, exerçaient temps partagés d'opinions au sujet de encore une grande influence sur l'es- l'existence d'une couche épidermique prit des étudiants de l'école de Paris, ouépithéliumà la surface interne de et cette circonstance m'a conduit à l'estomac, bien que ce revêlement eût ra'arrêter parfois sur l'élude des été aperçu par Buyscli et par Lieber- propriétés physiques des parois de kiihn (6). En 1839, M. Flourens en l'estomac, plus longuement que je ne démontra nettement la présence (c), le fais aujourd'hui. Pour d'autres et peu de temps auparavant, M. IJenle détails sur les teintes que la tunique y avait reconnu sur la muqueuse gas- muqueuse de cet organe peut ofl'rir trique l'cxislence des cellules cylin- dans l'état normal , je renverrai driques mentionnées ci-dessus {d). (a) Yelloly, Oiithevascnlar Appcai'ancein the Hiiman Stomach {Medico-Chirurg. Trans.,t.lV, p. 37d . et suiv.). — l'ioiisseau, Des différents aspects que présente, dans l'élat sain, la membrane muqueuse ijnslro-intestinale (Archives générales de médecine, i° série, 1824-, 1. VI, p. 321). — Billard, De la membrane muqueuse (jastro-intestinale dans l'état sain et dans l'état iujlammatoire. In -8°, Paris, 1825. — Gcnilriii, llist. analomique des inflammations, 182(3, I. I, p. 493 et suiv. — W. Boaumont, Experiments and Observations on the Gastric Jidce and the Physioloyy nf /;jfle«(i07i. l-latlsburgh, 1833, p. 303 et suiv. — Cl. Bernard, Du suc gastrique. Thèse de la Faculté de Médecine do Paris, 1843. — Cruvcilhicr, Traité d'analomie descriptive, 1843, t. 111, p. 293. — Sappoy, Traité d'anatomie descriptive, I. III, p. 110. (b) Huyscli, Advers. anat.. Aie. 'A, t. I, p. 3^, pi. ^\ , fig. 7. — Licberkiilin, /;c fabrir.a et aclione villorum inlestinorum temmim llominis, 1700, p. IG. {c) l'iourcns, liech. analom. sur ta struchire des membranes muqueuses, gastrique et intes- tinale {An7i. des sciences nat., 2' série, 1839, t. XI, p. 283). id] lloide, Die Epilhelium im meiischlichcu Kurpcr (Midlej's Archiv. fiir Anat. und Pbysiot. 183«, p. 111). — Traité d'analomie (jénéralc, I, 1, p. 2'irp. VI. 20 306 APPAREIL DIGESTIF. muqueuse gastrique ont la forme de petits cylindres longs d'environ g'ô de millimètre : pendant la vie elles sont unies très intimement entre elles et adhèrent fortement aux tissus sous- jacents; mais après la mort elles se séparent très facilement, et sur le cadavre on a rarement l'occasion de les voir en place. C'est l'existence de ce revêtement épithélique, et non la présence de véritables villosités, qui donne à lasurface interne de l'esto- mac un aspect tomenteux, en raison duquel les anciens ana- tomistes ont souvent donné le nom de membrane villeuse ou veloutée à sa tunique muqueuse (1 ). Enfin c'est au renouvellement de ces cellules et à l'expulsion des matières granulées contenues dans celles dont la croissance est terminée, qu'est due principa- lement la production d'une substance glaireuse qui recouvre la surface interne de l'estomac, et qui est désignée sous le nom de mucus ("2). Les giandules qui se trouvent en nombre immense dans l'épaisseur des parois de l'estomac sont, pour la plupart, des espèces de fossettes formées par un prolongement de la tunique (1) Beaucoup d'anatomistes ont lindres comme étant atténués à leur dit que la surface de la tunique mu- extrémité basilaire, et il pense que queuse de Testomacde l'Homme était lorsqu'elles sont arrivées à maturité, garnie de papilles et de villosités (a) ; leurs parois se détruisent à leur .ex- mais l'examen microscopique de cette trémilé libre pour laisser échapper membrane fait voir qu'elle ne pré- le contenu de ces utricules, lequel sente pas d'appendicules de ce genre, constituerait le mucus (c). Les vues de si ce n'est peut-être dans le voisinage ce physiologiste ont été, en majeure du pylore (6), et les saillies qu'on a partie, confirmées par M. Kolliker et prises pour des papilles sont les gib- par M. Donders {d)\ mais on ne sait bosités produites par la présence des pas bien comment s'effectue le renou- glanduies ou deTépilhélinm. vellement de ces cellules épithéliques (2) M. Bowman représente ces cy- elles-mêmes. (a) Ruysch, Op. cit., déc. 3, t. I, p. 34. (6) Sappey, Traité d'anatomie, t. III, p. H 5. (c) Bowman and Todd, The Physiological Anatomy and Physiology of Man,,l. II, p. 192, fig. 154). (d) Kolliker, Eléments d'histologie, p. 452. — Ppnders, Physiologie des Menschen, 1859, t. I, p. 208. ESTOMAC DES VERTEBRES. 50/ muqueuse, terminées en cul-de-sac et ayant une forme tubu- laire. Les plus importantes sont les glandides pepsiques^ dont les unes sont simples, les autres composées. Les premières ressemblent à de petits doigts de gant ouverts à la surface de la tunique muqueuse, un peu renflés en forme d'ampoule à leur extrémité opposée, et disposés parallèlement entre eux dans l'épaisseur de cette membrane. Les glandules pepsiques com- posées sont comparables à un groupe des précédents qui dé- boucherait à la surface de la muqueuse par un orifice commun, ou bien encore à un doigt de gant dont le fond serait divisé en plusieurs branches à parois bosselées (1). Du reste, les unes -et les autres ont la même structure; elles sont revêtues d'une couche d'épithéHum à cellules cylindriques jusqu'à une certaine distance de leur embouchure, et plus profondément elles sont (1) Vésale paraît avoir été le pre- culiformes simples dont ces pores de- rnier à signaler l'existence des glan- pendent.Les observations de cet anato- dules gastriques, et plusieurs anato- miste peuvent être considérées comme mistes des xvii^et xvin^ siècles en ont le point de départ de tous les travaux fait mention,* mais elles ne sont bien récents sur la structure de ces organes connues que depuis un petit nombre sécréteurs, et ses recherches portè- d'années. En 1817, les petites fossettes rent sur l'Homme, le Cochon, le Cheval de la membrane muqueuse dans les- . et plusieurs autres Mammifères (6). quelleslesorganites sécréteurs ou glan- Peu de temps après, M. Purkinje dules viennent déboucher furent flyu- étudia la structure intime des glan- rées par Home (a), mais la découverte dules gastriques, et M. Bischoff trouva des orifices des glandules pepsiques qu'indépendamment des tubes sécré- situées au fond de ces alvéoles date leurs simples décrits par M. Sprott de 1836 ; elle est due à M. Sprott Boyd, Boyd, il existe dans les parois de l'es- qui décrivit aussi les caecums tuber- tomac des glandules lobulées (c). (a) Home, Lectures on comp. Anat., t. IV, pi. 30, fig. 2 et 3. (b) Sprott Boyd, Essay on the Slruclure of the Mucous Membranes of the Slomach (Edin- bur(jh Médical and Surgical Journal, 4830, t. XLVI, p. 382, pi. i). (c) l'urlÙHJc, Ueber den Uau der Maycn-Drûscn \Bericht ûber die Versammlund deutscher Nalurforsc)ier und Aerzte inPrag, 1838, p. 174). — Uisclioff, Ueber den liait, der Magenschleimhaut (Miillei''s Arcliiv fiir Anal, und l'Iijjsiol., 1838, p. 503, pi. 14 ft 15). ■ — lickci-, Ueber die Urilien der Mayenschleimhaul des Menschen {Zeilschr. fur rai. Med 1852, n. s., t. II, p. 243). — Schlapfcr, Einiije fleob. ûber die Maqendrûsen des Menschen {Arcliiv fur palhol. Anal 1854, t. VII, p. 158). o08 APPAREIL D1GI<:ST1F. tapissées de grosses utricules arrondies ou polygonales que les histologistes appellent des cellules pepsiques. Tantôt ces petits sacs membraneux adhèrent tous à la paroi de la follicule ou glandule, mais d'autres fois ils sont plus nombreux et remplis- sent la cavité de ces organes sécréteurs. Ils sont caractéristiques des giandules pepsic[ues et produisent dans leur intérieur le suc gastrique. Les giandules pepsiques simples sont logées principalement dans la partie moyenne de l'estomac. Les giandules composées sont beaucoup moins nombreuses, et se trouvent dans le voisi- nage du cardia. Dans la portion pylorique de l'estomac ces giandules man- quent, et sont remplacées par des giandules dites muqueuses^ qui ont à peu près la même forme, mais qui sont tapissées d'un épilhéliunicolumnaire seulement, et ne possédant pas de cellules à pepsine, ne sécrètent pas de suc gastrique. Enfin, il existe aussi, dans l'épaisseur des parois de l'estomac, des giandules lenticulaires qui sont composées de petites capsules closes (1). (1) Pour pins de détaiis sur la forme Kraiise, Pappenlieim, VVasmaiin, Wa- el la structure intime des giandules, gner, Valenlin, Mandl, Bowmaa et soit pepsiques, soit muqueuses, qui Todd, Ktilliker, Donders, Brinlon et se trouvent dans l'épaisseur des parois Sappey (a). Quant aux fonctions des de reslomac, je renverrai aux rciits premières, nous aurons à y revenir deMM. NalalisGuillot,Henle,BischoIl', dans une prochaine Leçon. (a) Nalalis Guillot, Rech . anatoniiques sur la membrane muqueuse du canal digestif dans l'état sain et dans quelques états pathologiques {l'Expérience, 1837, pi. 01). — Krausc (MûUcr's Archiv fur Anat. und PhysioL, 1839, Bericlit, p. 70). — Pappenlieim, Zur Kenntniss der Verdaimng. Brcslau, 1839, p. 18. — Wasmaiin, De digeslione nonnidla. Berlin, 1839. — Wagner, Physiologie, p. 199. Valenlin, Gewebe des menschlichen und thierischen Kôrpers (Wagner's Handivorterhuch der Physiologie, ^. I, p. 774). Mandl, Anatomie microscopique, 1. 1, p. 339, p). 37 et 38. Bowinann and Todd, The Physiol. Anatomy, elc , ofMan, t. II, p. 193, fig. 15G. Kolliker, Mikroscop. Anat., t. Il, p. 138 et suiv., elEtéments d'histologie, p. 450, Ag. 208. Donders, Physiologie des Menschen, 1859, t. I, p. 302, fig. Cl à 04. Brinlon, art. Stomach and Intestine (Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol., Suppl., p. 3-20, lig. 240, cIc). Sappey, Traité d'analomie, t. III, p. 119, fig. 303, 304. ESTOMAC DES VERTÉBRÉS. ^^'^ Il est aussi à noter que les parois de l'estomac renferment de nombreux vaisseaux sanguins dont les troncs se trouvent le Ions de ses deux courbures, et dont les branches forment autour des diverses glandules dont il vient d'être question un reseau très riche et à mailles serrées (1). Les artères gastriques nais- sent, comme nous l'avons déjà vu, du tronc cœliaque (2), et les veines de ce viscère concourent à la formation de la veme porte hépatique (3). Les nerfs de l'estomac sont de deux sorles : les uns pro- viennent des nerfs pneumogaslriques, les autres appartiennent au système du grand sympathique. § 12. — La plupart des Mammifères ont un estomac simple comme celui de l'Homme. On remarque quelques variations dans la forme générale de ce viscère, qui est lantot plus ramassé, d'autres fois plus allongé; mais ces diffé- rences n'ont que peu d'importance. Ainsi, chez les Qua- drumanes {(i), le Semnopithèque et le Colobe exceptés, (1) Les artères gastriques (a), dès s'anastomoser avec un réseau veineux leur arrivée clans la couche de tissu situé pius profondément (6). conjonctif sous-muqueux de l'esto- (2) Voyez tome ill, p. 551. mac, se divisent en ramuscules très fins (o) Plusieurs des veines de Testo- qui, en se dirigeant verlicalemenlvers mac, désignées sous le nom de vais- la surface interne de ce viscère, se - seaux courts, vont déboucher dans la résolvent en capillaires et forment veine splénique (c)qui, àson tour, se un réseau superficiel dont les mailles rend au foie. (voy. tome III, p. 592). circonscrivent les orifices glandulaires (/i) Chez la plupart des Quadru- et donnent naissance à des veinules mânes, l'estomac est plus globuleux qui marchent en sens contraire et vont que chez l'Homme [d), et quelquefois (fl) Voyez Bourgery, Traité complet de l'anat. de V Homme, 1. V, pi. 20. (h) Kcilliker, EInnents d'Instoloqie, p. 453. (e) Voyez lloinc, lectures on camp. Anat., t. IV, pi. 3i. — Bcurf^cry, Op. cit., t. V, pi. 20 bis. ((/) Par exemple, l'esloniac : — du Cynocéphale nègre iQuoy et Gaimard, Voyage de l'Astrolabe, Zoo]., MAMiiiriinES, pi. 7, f'tr. C). — du Sajou (Daiibcnlon, dansBulTon, Histoire notvrclle des Mammifères, pi. 117, fi{j. i). — du Saïmiri (Danltcnlon, Inc. cit., pi. 4.02, fij,'. 2). — du Lori grêle (DaMbenlon, lor.cil., pi Mi, lig-, 3). olO APPAREIL DIGESTIF. chez les Chéiroptères (1) , les Insectivores ('2) , les Ca mi- sa portion pylorique se renfle en forme de cul-de-sac au-dessus de sa petite courbure (a) ; mais dans cer- taines espèces son grand cul-de-sac s'allonge davantage (6). Ainsi que nous le verrons bientôt , les Semnopithèques et les Colobes ont un estomac multiloculaire. (1) L'estomac des Chauves - Souris frugivores est en général étroit et très allongé (c) ; mais chez les espèces qui se nourrissent essentiellement d'In- sectes, il est ordinairement globu- leux (d), et quelquefois on y remarque près du pylore un petit prolongement terminé en cul-de-sac (e). Chez le Galéopitlièque, l'estomac offre une forme intermédiaire entre les deux dispositions que je viens de mentionner (/'). (2) Chez la Taupe, l'estomac, forte- ment recourbé sur lui-même, est très étroit, et son grand ciil-de-sac est ex- trêmement développé dans le sens de son grand axe (g). Chez les différentes espèces de Mu-, saraignes, la forme de l'estomac varie : quelquefois elle est globuleuse, par exemple chez le Sorex indiens et la Musaraigne d'eau ou Hydrosorex fodiens {h) ; mais d'autres fois sa por- tion pylorique s'allonge beaucoup, ainsi que cela se voit chez Vlhjdro- sorex tetragonurus («'). Chez leMacroscélide, l'estomac est globuleux (j). (a) Exemple : le Vari ou Lemur mococo (DaiibeiUon, loc. cit., pi. 4.60, fi-. 1. ■ ■ Carus et Otto, Op. cit., pi. 8, Rg. 3). » ■ > f . s . (b) Par e.\eraple, l'estomac : — dn Cercocebus fuliginosus {Eylon, Some Account of the Comparative Anatomy of tiuo species of the genus Cercocehu», in Mag. ofZool. and Bot., 1837, t. I, p. 438, fig-. i). — du Nycticebus javanicus (Vander Hoeven, Bijdrage tôt de Anatomie van der Stenops Kukanri Ttjdschreft voor Nat. Gesch., t. VIII, pi. 5, f,g. 5j_ — du Petto (\ander Hoeven, Bijdrage tôt de Kennisvan denPottovan Bosmanin Nederlandsche InstUmU, 3= série, 1851 , t. IV, pi. i ,'fir. 2). {r.) Par exemple, l'eslomac : • — de la floMweUe (Guvier, Leçons d' anatomie comparée, 1" édit., t. V, pi. 131, fig. 5). — du Géphalote (Pallas, Spicilegia zoologica, fasc. 3, pi. 2, fit?. 8 et 9). — du Pteropus amplexicaudatus (Quoy et Gaimard, Voyage de" V Astrolabe, Zool., Mammifiîres, pi. 10, fig. 2 et 3 -, — Wagner, Icônes zootom., pi. 7, fig. 2). — de VHypoderme des Moluques (Quoy et Gaimard, loi. cit., pi. H, fig. 8). (d) E.xemple, l'estomac du PMnolophe fer-à-cheval ' (Carus, Traité élémentaire d' anatomie comparée, pi. 19, fig. 24). (e) Par exemple, l'estomac : — - de la Noctuelle ou Vesperlilio noclula (Daubcnton, loc. cit., pi. 164, fig. 1). — du Phyllostoma lorieinum (Pallas, Op. cit., fasc. 3, pi. /<., fig. 7). (/■) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, i" édit., t. V, pi. 3lT,^fig. 2. {g} Daubenlon, loc. cit., pi. 157, fig. 1. — Jacobs, Talpœ europœœ auatome, dissert, inaug. lenœ, 1816. pi. 2, fig. 10. (/!,) Duvernoy, Fragments d'histoi7^e naturelle sur les Musaraignes, pi. 1 , fig. 3 (Mém. de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, t. II). (i) Duvernoy, loc. cit., pi. 1, fig. 6 et 7! ' • (j) Duvernoy et Lereboullet, Notes sur les Animaux de l'Algérie, pi. 5, fig. 1 (Mém. de la Son. d'histoire naturelle de Strasbourg, t. III). ESTOMAC DES VERTÉBRÉS. 311 vores (1), divers Rongeurs (2) , les Édentés ordinaires (â) et plusieurs Pachydermes , tels que l'Éléphant, le Rhinocéros et (1) Chez la plupart des Carnivores, l'estomac est petit ; son ciil-de-sac cardiaque est peu développé et sa portion pylorique repliée sur elle- même (a). Quelquefois sa forme ne diffère de celle de Testomac de l'Homme que par un renflement plus grand de la portion pylorique (6). Chez le Morse, l'estomac est remar- quablement étroit et allongé (c). (2) Comme exemples de Rongeurs dont l'estomac est simple et ne pré- sente aucune séparation bien marquée entre ses portions pylorique et car- diaque, je citerai les Souris (d), le Mulot (e) , le Pacca {f) et le Coï- pou (g). L'estomac du Lérot est éga- lement simple, mais de forme globu- laire {h). Chez les Chinchillas, la portion car- diaque n'est pas séparée de la portion pylorique de l'estomac, mais le grand cul-de-sac est remarquablement dé- veloppé dans la direction de l'axe principal de l'organe {i). (3) L'estomac du Fourmilier est ovoïde et son grand cul-de-sac est très dilaté à gauche (j), Chez l'Oryc- térope, sa portion pylorique est peu développée et sa portion cardiaque est presque globuleuse {k). Chez le Pangolin à longue queue, l'estomac ne présente rien de remar- quable ; mais chez le Pangolin à queue courte, la cavité de cet organe est incomplètement divisée en deux com- partiments par un repli de la tunique muqueuse (/), et il existe, comme nous le verrons bientôt, une dis- position particulière des glandules pepsiques. Pour plus de détails au sujet de l'estomac des Édentés, on peut con sulter la monographie de Rapp. (a) Par exemple, l'estomac : — du Chien (Ghanveau, Anat. comp. des Animaux domestiques, p. 362, fîg. 144). — du Léopard (Ho?ne, Lect. on Comp. Anat., t. II, pi. 93). — du Chat (Wagner, Icônes %ootomicœ, pi. 7, fig. 14). — du Lion (Daubenton, dans BufToii, Histoire naturelle des Mammifères , pi. 203, fig. 1). — de l'Hyène (Canis et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 8, tig;. 2). — du Raton (Uaubenlon, loc. cit., pi. 192, fig'. 1). — du Galiclis vittata [Obs. on Ihe genus Galiciis, in Trans. oftheZool. Soc, t. II, pi. 30, fig. 4). (b) P.ir exemple, l'estomac : — de la Loutre (Sue, Description atiatomique de trois Loutres, dans Mém. de l'Acad. des sciences, Sav. élrang., t. II, pi. 6, fig. 2). — du Lynx (Home, Lectures on comp. Anat., t. II, pi. 11). (c) GVus et Otto, Op. cit., \)l. 8, fig. 1. (dj iJaiibenlon, loc. cit., pi. 157, fig. 1. — DiiYcrnoy et LerebouUel, Notes sur les Animaux vertébrés de l'Algérie, pi. 2, fig. 5 (Mém. de la Soc. d'histoire naturelle de Strasbourg, t. III, 184G). (e) Daubenton, loc. cit., pi. 139. (/■) Cuvicr, Leçons d'anatomie comparée, i" édil., l. V, pi. 30, fig. 10. (g) LcrebouUet, Notes pour servir à L'histoire anatomique du Coïpou, pi. 2, fig. 4 [Mém. de la Soc. d'histoire naturelle de Strasbourg, t. III). (h) Cuvier, loc. cit., pi. 30, fig. 11. (i) Bennett, On the C\i'mc\M\(i-ji {Trans. oftheZool. Soc, 1. 1, pi. V, fig. 1 cl 3). ij) Daubenton, loc. cit., pi. 282, fig. 1. — happ, Anatomische Uiitersuchungeu ûber dieEdenlaten, pi. 8, fig. l. (k) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1" édit., t. V, pi. 36, fig. 12. (l) Cariis et 0«o, pi. 8, fig. 8. 312 APPAREIL DIGESTIF. le Cheval (1), on rencontre ce mode d'organisation. Il en est de même chez les Marsupiaux et les Monotrèmes (2) ; mais, chez quelques Rongeurs, l'estomac tend à se subdiviser en deux comparliments bien distincts. Des indices de cette ten- dance s'aperçoivent même chez l'Homme, quand l'estomac est contracté, car il existe alors un léger rétrécissement entre sa portion cardiaque et sa portion pylorique. Mais cette dis- (1) Chez l'Éléphant, l'estomac est étroit et allongé ; son plus grand dia- mèlre est situé près du cardia, et il se rétrécit graduellement à gauche aussi bien qu'à droite, en sorte que son grand cul-de-sac est conique. A l'in- térieur, on remarque plusieurs grands replis transversaux de la tunique mu- queuse dans celte dernière portion du viscère [a). (2) La forme de l'estomac n'offre rien de particulier chez la plupart des Marsupiaux : ainsi tantôt ce vis- cère est ramassé et plus ou moins globuleux (6); d'autres fois il est un peu allongé (c). Chez les Kanguroos, l'estomac, au contraire, a une forme très remar- quable : il est extrêmement élroit et allongé; il ressemble à un boyau, et son cul-dc-sac cnrtiiaque n'est repré- senté quepar un prolongement conique bifurqué vers le boutetpeu développé. Kn raison de la structure de sa tunique muqueuse, on peut y distinguer trois portions bien délimitées, savoir : une portion cardiaque, dont le revêtement épithélique est épais et sec; une portion moyenne très considérable, dont la surface interne est molle et glandu- laire; enfin, une portion pylorique courte, faiblement pourvuede cryptes sécréteurs, et séparée de la précé- dente par un repli circulaire (d). L'estomac des Monotrèmes est sim- ple et se rapproche un peu de celui des Poissons par sa forme générale, car ses deux orifices sont très rap- prochés, et il constitue au-dessous une poche presque globuleuse. Cette dis- position se voit chez l'Ornithorhyn- que (e), ainsi que chez l'Échidné (/'). {i>} t. m, (0) pi. IS {d} {Il Home, Gp. cil., pi. '18. Par e.xemple, l'cslomac : (le la Sarigue (Daubenton, loc. cit., pi. 253). fin Péramèle (Quoy et Gaimard, loc. cit., pi. 10, fig. 3). tlii Phascolome (Homo, Lectures on coiiip. Anat., t. H, pi. 14-). du Phascogale (Owcii, art. iMap,sui>ialia, To.ld's Cijclopœdia of Anatomy and Physiology, p. 300, fi-. 1-2-2). Exemple, l'esloniac du Phalanger (Qm>\ et Gaimard, Voyage de l'Astrolabe, Mammifkp.es, i,ng. 4). Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1" édit., t. V, pi. 37, ùg. 1. Home, Op. cit., pi. 19. Owen, art. Marsupialia (Todd's Cyclopœdio, t.IH, p. 300, fig-. 124). Carus el Olto, Tab. Anat. camp, illustr., pars IV, pi. 8, fig. 10. Meckel, Ornithorhynchi paradoxi descriplio anatomica, pi. 7, fig. 1. Quoy et Gaimard, Voyage de l'Astrolabe, Zool., Mammifères, pi. 121. ESTOMAC DES VERTÉBRÉS. 313 position ne persiste pas quand les libres musculaires se relâchent (1), tandis que chez beaucoup de Rongeurs l'étran- glement est permanent; et chez quelques-uns de ces Animaux il est si prononcé, que l'estomac ne peut plus être considéré comme une poche simple, et devient biloculaire (2). Il est aussi à remarquer que chez la plupart des Mammifères herbivores ou (1) Dans quelques cas pathologiques ce létrécissemenl entre les régions cardiaque et pyloriqiie de l'estomac de l'Homme se prononce beaucoup plus, et devient permaueni, comme cela se voit dans une préparation ana- tomique figurée par Home (a). (2) La séparation entre les portions pylorique et cardiaque de reslomac n'est marquée que par un petit repli du bord supérieur de ce viscère chez le Lièvre (6). Mais chez d'autres Ron- geurs ce repli se prolonge beaucoup, de façon à diviser la cavité stomacale en deux compartiments bien dislincls : par exemple, chez l'Ilélamys (c). Chez plusieurs Animaux de cet ordre, la séparation entre ces deux régions de l'estomac est encore plus profonde, et se trouve établie princi- palement par un rétrécissement qui aiïccle la grande courbure de cet or- };ane (c/). Chez le Hamster, celte dis- position est tellement prononcée, que l'estomac se divise en deux poches dont le volume est à peu près égal (e). L'estomac des Cerbilles présente une conformation analogue (/"j, et chez les Campagnols la structure de cet organe se complique davantage. En effet, ce viscère est d'abord divisé en deux poches principales par une cloison verticale faisant face à l'endjouchure de l'œsophage, et sa portion droite est ensuite subdivisée par un repli horizontal en deux compartiments : l'un inférieur et médian, dont les pa- rois i-ont très glandulaires ; l'autre supérieur et pylorique, dont la capa- cité est plus considérable. Ce mode d'organisation, entrevu par Dauben- lon chez le P.at d'eau ou Campagnol amphibie {g), a été étudié depuis avec beaucoup de soin par Retzius, non-seulement chez ce l'iongeur, mais aussi chez le Campagnol commun {Arvicola arvalis) et chez le Lem- ming [h). {a) Home, Lectures on comparative Anatomy, t. IV, pi. 3-2. (/;) Uaiibenton, dans Biiffon, lUst. nat. des M:vnmif., pi. 93, fi,;j. 1 cl 1. — Home, Lectures on comp. Anat., I. II, pi. 15, fig. 1 et 2. (c) Calori, Investig. MOtom. de Helamyde caffro (Bianconi, Speciminn %3olo(iica mo MAMMIFflKES, pi. 5, fifj. 12 L't 13). (d) Exemple: VOrycIcre du Cap, ou lUtthlcvaus (l'allas, Spiclleijia zoologica, faso fis 3)- (r) Dauljciilon, loc. cit.. pi. 2"!2, Ciç. i. — W'a^'nor, Icônes zootomkœ, pi. 7, fig'. 7. (/) Krt'd. Ciivici-, Mém. sur les Gerboises {Trans. of Ihe Zool. Soc. of London, l. II, pi. 23, fie- S)- ((/) Daubenlon, loc. cit., pi. 14-2 et 143, lis?. 1 et 2. (/() Rcizius, IJeber dcn Ikiu des Magens bel den in Scliwcden vnrUommendcn M (Miillcr's Archiv liir Atirit. und l'hysiot., 1841, p. 403, pi. 14, (i;,'. 2 à '.)). x-ambicana, 2, pi. 3, yniiliiuïuseii 31/1 APPAREIL DIGESTIF. granivores dont l'estomac est simple, la portion cardiaque de cette poche est entièrement tapissée d'une couche épithélique ana- logue à celle qui revêt l'œsophage, et que sa tunique muqueuse ne devient molle et glandulifère que dans la région pylorique, de sorte que la première de ces parties rempht les fonctions d'un réservoir alimentaire plutôt que celles d'un appareil dissol- vant (1) ; tandis que chez les carnassiers et les frugivores, l'épi- ihélium lamelleux ne se prolonge que peu au delà de l'orifice œsophagien, et c'est principalement dans la partie cardiaque de l'estomac que se trouvent les giandules pepsiqiies (2). (1) Cette disposition est très mar- quée chez les Solipèdes. Ainsi, chez le Cheval, reslomac, assez semblable à celui de l'Homme par sa forme géné- rale, bien que plus arrondi et plus fortement recourbé sur lui-même , n'offre extérieurement aucune divi- sion bien marquée, mais sasurfaceinté- rieure présente de grandes diflerences de structure : dans sa moitié cardia- que la membrane muqueuse est blan- châtre, sèche et revêtue d'un épithé- lium épais et lamelleux, tandis que dans sa portion pylorique celte mem- brane est rougeàtre, très vasculaire, spongieuse, creusée d'un grand nom- bre de follicules glandulaires et garnie seulement d'une couche épithélique mince et molle. La ligne de démarca- tion entre ces deux portions de l'es- tomac est fort tranchée, et elle est en général vaguement indiquée à l'exté- rieur par une dépression circulaire qui correspond à la terminaison des fibres obliques du plan superficiel de la tunique charnue du grand cul-de- sac (a). La même disposition se voit dans la tunique muqueuse de l'estomac de l'Ane (b). Chez le Rhinocéros, l'estomac est divisé aussi en deux parties parfaite- ment distinctes par la structure de sa tunique muqueuse ; mais sa portion cardiaque n'est pas séparée de sa portion pylorique par uja rétrécisse- ment, et vers le milieu de cette der- nière on remarque une constriction assez prononcée (c). ('J.) Ainsi chez les Animaux du genre Chat, l'épithélium lamelleux s'arrête sur les bords du cardia (d), à peu près comme cela se voit chez l'Homme. Chez le Cochon, cet épithélium ré- sistant ne se prolonge aussi que irès peu dans l'intérieur de l'estomac, et dans le grand cul -de-sac la tunique muqueuse est molle et spongieuse, comme dans la portion pylorique (e). (a) Chauveau, Anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 356, fig. Ht, 112 et 113. ^6) Home, Lectures on comp. Anat., t. II, pi. 16, (cj Owen, On the Anatomy of tlie Indian Rhinocéros (Trans. ofthe Zool. Soc, 1852, t. IV, pi. 11, iig. 1 et 2). {d) Home, Op. cit., pi. 11. (e) Idem, ibid., pi. 17. tiSTOMAC DES VERTÉBRÉS. olO Il existe aussi chez les Mammifères à estomac simple quelques * variations dans la disposition des glandules pepsiques- En général, ces organes sécréteurs sont disséminés à peu près comme chez l'Homme, mais quelquefois ils sont réunis de façon à former une masse ovoïde située dans la paroi supé- rieure de l'estomac, un peu à droite du cardia. Le Castor nous offre un exemple de ce mode d'organisation (1). § 13. — Chez les Mammifères à estomacs multiples, la Estomacs multiples. première poche qui fait suite à l'œsophage sert principalement de magasin pour les aliments, et, en général, on la désigne sous le nom de panse; les autres varient beaucoup par leur dis- position ainsi que par leurs usages, et, à cet égard, il importe de distinguer les Animaux chez lesquels les aliments passent directement d'un estomac dans le suivant, sans remonter (1) L'estomac du Castor présente ij/^a), il existe aussi un amas de glandes deux renflemenls sép;.rés par un pepsiques, mais il est situé sur la étranglement et formant, l'un la por- grande courbure de l'estomac, à l'en- tion cardiaque, l'aulre la porlion pylo- trée de la portion pyloriqne de cet rique de cet organe («). La masse glan- organe, et il y débouche par une fos- dulaire, constituée par les follicules selte arrondie {d). pepsiques est située dans le premier Chez le Muscardin {Myoxus avel- de ces compartiments, sur la petite lanarius ) , l'estomac présente une courbure de l'eslomacjà côté du car- parlicularilé qui rappelle ce que nous dia. On y remarque un nombre con- avons vu chez les Oiseaux. L'œso- sidérable de grandes ouvertures ou phage débouche dans une petite fossettes arrondies, au fond de cha- poche arrondie, à parois glanduleuses, cune desquelles débouchent plusieurs qui ressemble beaucoup au ventricule glandules pepsiques branchues (6;. Le pepsique (ou succenturié) des Oiseaux, même mode d'organisation se voit et qui conduit dans un second esto- chez le Dugong (c) et chez le Phas- mac dont la porlion cardiaque est colome (c dilatée comme d'ordinaire en un Chez le I^angolin {âlanis pentadac- grand cid-de-sac(e). (a) Dauhcnlon, Op. cit., pi. 187, fi'j. 1. — Hoirie, Lectures on cnniparalive Anatomy, t. II, pi. 13, fig. 1 à 3. — Carus ft Olto, Tah. Anat. cnnip. illuslv., pars iv, pi, 8, fig'. 4 et 5. (fc) Home, Op. cit., t. III, [.. 125 ; l. IV, pi. 24, fig. i . (C) Idem, ibid., l. II, pi. 14. (rf) VVhitcficld, Ou Ihe Slomnch of the Manis pentadactyla ofCeylon {Edinb. new Philos. Juurn., 182'J, i. VIII, p. 58, pi. 1, (ifc'. 1). — Canis cl OUo, toc. cit., pi. S, lijf. 7 et 8. (e) Home, Op. cit., t. II, pi. 13, l\g. 4 et 5. — Wagner, Icônes Molomicœ, pi. 7, fig. 6. 316 APPAREIL DIGESTIF, dans la bouche, et ceux qui ruminent, c'est-à-dire qui, après avoir emmagasiné leurs aliments dans la panse, les font remon- ter pour les mâcher plus complètement, puis les avalent de nouveau, et alors seulement les font passer dans la portion pylorique de leur appareil stomacal. Parmi les Mammifères qui ne ruminent pas, on trouve un estomac multiloculaire chez les Singes du genre Semnopithèque et chez le Colobe (1); chez les Paresseux (^2) ; chez plusieurs (1) L'estomac des Seiunopitlièqiics se compose de Uois perlions, savoir : 1° une poclie cardiaque dans laquelle débouche l'œsophage et dont les pa- rois sont lisses ; 2" une poche médiane qui est en communication avec l'œso- phage par une gouttière, qui est sé- parée de la précédente par un grand repli cloisonnaire, et qui a ses parois boursouflées sur 'livers points, de façon à constituer un nombre consi- dérable de compartiments secondaires disposés en une double série ; 3° une portion pylorique qui est allongée, presque cylindrique et from.ée de chaque côté de deux rubans charnus provenant de l'œsophage {a). M. Owen •a trouvé une disposition semblable chez le Colobe, Singe très voisin des Semnopilhèques (6). (2) L'estomac de l'Aï ressemble beaucoup à celui des Ruminants, et se compose de quatre poches principales, savoir : 1" un grand sac qui est ta- pissé d'un épithélium épais, et qui est divisé en deux compartiments dont l'un donne naissance à un grand ap- pendice conique ; 2" un estomac ar- rondi , auquel quelques analomistes appliquent le nom de bonnet, faisant suite au précédent, mais étant aussi en connexion directe avec Tœsophage par luie gouttière en prolongation de ce conduit ; 3° un petit estomac cylin- drique situé à l'extrémité do la gout- tière dont je viens de parler et pou- vant cire comparé au feuillet des raiminants; W un estomac ovalaire et terminal qui est étroit, qui présente à l'intérieur des rides longitudinales, et qui se trouve entre le troisième estomac et le pylore (c). La disposi- (a) OUo, Ueber eine iieue Affen-Art. {Nova Acla Acad. Nat. curios., 1825, t. XII, pi. 47, fig, 2 et 3). — Owen, On the sacculated form of Slomach as il exists in ihe genus Scmiiopiihecus (Trans. ofthe Zool.Soc. 1835, t. I, p. 05, pi. 8 et 9, fig-. i et 2). — Duvernoy, Quelques observations sur le canal alimentaire des Semnopilhèques, et descrip- tion d'un sphincter œsophagien du diaphragme dans ces Animaux et dans plusieurs autres genres de Singes (Mém. de la Soc. d'iùstoire naturelle de Strasbourg, I. H, pi. i, fig-. d). — Wagner, Icônes znotomicœ, pi. i , fig. 9 (d'après Duvernoy). — Cariis et Otio, Tab. Anat. camp, illustr., pars iv, 'pi 8, lig. 9. (6) Owen, Description ofthe Stomach ofthe Colobus ursiniis {Proceedings of the Zoological Society, 1841, t. IX, p. 84). (c) Daubcnlon, loc. cit., pi. 294, fig. 1 cl 2. — Wiedemann, Ueber die Verdauungswerkzeuge des Ai (Wietieniann's Archiv filr Zool. und Zootomie, 1800, 1. I, p. 141). — Carus et Otto, Tnb. Anat.comp. illustr., pars iv, pi. 8, fig. 13. EbïOMAC DES VERTÉBRÉS. 317 Pachydermes, tels que l'Hippopotame et les Pécaris, Animaux de la famille des Cochons {i); enfin chez les Siréniens ou Cétacés herbivores (2), et chez les Cétacés proprement dits ou Souffleurs. Chez ces derniers, on compte toujours trois esto- tion de ces poches stomacales est à peu prêts la même chez l'Unau (a). Duvenioy, qui a décrit en détail Fes- lomacde ces Animaux, suppose qu'ils doivent ruminer (6), mais cela ne pa- raît pas être. (1) Chez le Pécari tejassau {Dicottj- les lahiatus), roslomac est divisé eu deux portions principales, dont la disposition est assez complexe. On y distingue : 1" une panse ou poche cardiaque très dilatée et présentant deuxgrands prolongements coniques; 2" une poche pylorique qui est sépa- rée de la précédente par un détroit (c). La conformation de cet organe est à peu près la même cliez le Pécari à collier, mais la séparation . entre les portions pylorique et cardiaque est plus profonde {d). Chez le Cochon l'estomac est simple, mais on y remarque aussi im appen- dice conique au fond du cul-de-sac cardiaque (e). L'estomac de l'HIppopotamee-t très compliqué; lecardia communique dans trois poches caecales et duns un long compartiment cylindriquequi, à l'inté- rieur, est subdivisé par des replis valvulaires, et qui se termine par un canal étroit replié sur lui-même et aboutissant au pylore (f). L'estomac du Daman ressemble à celui de beaucoup de l\ongeurs; il est divisé en deux poches de capacité à peu près égale [g). (•2) Chez le Lamentin, l'estomac a une forme remarquable : l'œsophage débouche au milieu d'une grande panse ovalaire qui du côté gauche porte un appendice cœcal, et du côté droit communique avec une paire de poches intermédiaires, ainsi qu'avec un grand estomac pylorique semblable à la caillette des Iluminants {h). La conformation de l'appareil sto- macal est à peu près la même chez le Dugong (0- (a) Daubenlon, loc. cit., pi. 292, fig. l à 4. (fc) Olivier, Leçons d'anatomie comparée, t. Vit, 2' parlio, p. 57. (ej Tyson, Tajacu, seu Aper mexicanus moschifems, or the Ana'oiwj o[ IhcMexko-HoQ {Plul., Trans., i 683, t. XIII, p. 359, pi. d , ûg. 5, et pi. 2. fig-. 1 et 2j. — Giiviei-, Leçons d'anatomie comparée, t. VU, 2" p inio, p. 63. (d) Daubenlon, loc. cit., pi. 207, fig. 1 et 2. — Carus et Otio, Tab. Anal. comp. illustr. pars iv, pi. 8, fig. 1 1. — P.app, /leitrâge zur Anatomie und Physiologie der Wallfische (Meckcl's Archiv filr Anat. und l'hysiol., Iis30, p. 363). — Wagner, Icônes zoolomicœ, pi 7, fig. i^. {€) lloinc. Op. cit., pi. 17. (/") Daubenlon, Op. cit., pi. 324, fig. 2 et 3 ; pi. 325, fig. 1 et 2. {(]) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, \" édit., t. V, pi. 37, fig. 4. (Il) Home, Lectures on comparative Annlomy, t. IV, pi. 46. — Carnsct Oito, Tab. Annt. comp. illustr., pars iv, pi. 8, fig. ■12. — VVagirer, Icônes zootomicœ, pi. 7, fig. 10. (i) Home, On the Anatomy of thi Uuijowj [l'hilos. Trans., l. C\, et Lecturrs on comp. Anal , t. IV, pi. 25 et 26). — l''rijil. Cuvier, arl. Cktacka (Tud^l's Cycloii. uf Anat and l'hysiol., 1, I, p. 573, lig. 261). 318 APPAREIL DIGESTIF. macs bien distincts, qui se succèdent, et dont le dernier est lui-même subdivisé en plusieurs compartiments; de sorte qu'au premier abord, on a pu croire qu'il existe chez ces Cétacés jusqu'à cinq, six, sept ou même un plus grand nombre d'estomacs (1). (1) Les anatomisies sont très par- tagés d'opinions au sujet du nombre des estomacs chez les Cétacés. Ainsi, Hunier compte cinq estomacs chez le Marsouin commun, l'Épaulard {P. orca) et la Baleine, et sept chez rUypéroodon (a) ; tandis que Baussard ne distingue chez ce dernier Célacé que trois estomacs (6), et que M. Eudes Deslongchamps n'en mentionne que deux (c). Cuvier n'en a décrit que quatre chez le Marsouin (cf), et Fré- déric Cuvier pense que chez tous les Cétacés il doit en exister réelle- ment cinq (e). Mais ces divergences tiennent beaucoup plus à la manière d'interpréter les dispositions organi- ques observées qu'à un désaccord sur ces dispositions elles-mêmes, et dé- pendent principalement de ce que les uns considèrent comme des estomacs distincts ce que les autres regardent comme de simples subdivisions du troisième estomac. Ghezl'Hypéroodon. par exemple, l'œsophage se continue dans un grand sac à tunique épilhé- lique épaisse , sur le côté droit duquel se trouve, à peu de distance du cardia, un orifice circulaire qui donne dans un second estomac dont la surface interne présente beaucoup de rides. Un petit orifice conduit de celte poche dans un troisième estomac dont la première portion est petite et globuleuse. Enfin celle-ci débouche à son tour dans un long et gros boyau qui se termine au pylore et qui a d'abord été décrit sous le nom de quatrième estomac (/"), mais qui présente intérieurement la même structure que le compartiment précé- dent et ne paraît pas devoir en être distingué (g). Au delà de cette ouver- ture on trouve une autre dilatation que quelques anatomistes ont consi- dérée comme un cinquième estomac, mais qui fait partie du duodénum (h). 11. est aussi à noter que l'estomac py- lorique est subdivisé en plusieurs compartiments (i), et que quelques anatomistes comptent de la sorte, chez (a) Hunier, On the Structure and Œconomy of Whales (Philos. Trans., 1787, et Œuvres com- plètes, trad. par Riclielot, t. IV, p. 458. (6) Baussard, Méni. sur deux Cétacés échoués vers Honfleur, le t7 septembre 1788 {Journal de physique, 1780, t. XXXIV, p. 204). (c) Eudes Deslongcliamps, Remarques zoologiques et anatomiques sur V Hypéroodon (Mém. de la Société linnéenne de Normandie, t. VII, p. 12). (d) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1" édit., 1805, t. II[, p. 402. (e) Fr. Cuvier, De l'histoire naturelle des Cétacés, p. xiv. — Duvernoy, Additions aux Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, 2' édit., 2° partie, p. 77 et suiv. if) Home, Lectures on comparative Anatomy, t. II, pi. 40 et 41. ((j) Bscliricht, Vntersuchungen ûber die nordischen Wallthiere, p. 40. [h) Home, Op. cit., pi. 41. ,(i) Les replis de la muqueuse qui établissent ces subdivisions n'ont pas été représentés par Home, mais leur existence a été constatée par MM. Eudes Deslongchamps et Eschricht. ESTOMAC DES RUMINANTS. 319 Estomac des § l/l. — Enfin, chez les Mammifères ruminants, la structure de l'estomac est encore plus complexe ; car non -seulement numinanis ce viscère se compose ordinairement de quatre poches bien distinctes (1), mais les connexions de ces réservoirs avec l'œso- phage sont toujours disposées de telle sorte qu'ils constituent deux organes indépendants l'un de l'autre, et que les aliments, en sortant de ce conduit, peuvent passer tantôt dans l'un de ces deux compartiments de l'appareil stomacal , et tantôt dans un autre, sans traverser le premier. Ces quatre poches digestives, ou estomacs, sont désignées sous les noms de panse ou rumen, de bonnet, de feuillet et de ce Cétacé, jusqu'à six estomacs, indé- pendamment de la poche duodé- nale [a). Le même mode de confor- mation se voit cliez l'Épaulard blanc, ou Delphinaptère bégula (6). Chez le Marsouin, le nombre des estomacs est aussi de trois , les com- partiments qui succèdent au second estomac étant réunis en une seule poche intestiniforme et contournée sur elle-même (c). Les auteurs qui les considèrent comme devant être distin- gués comptent par conséquent quatre estomacs (d), et d'autres analomistes donnent le nom de quatrième estomac à la dilatation duodénale (e). Le nombre des estomacs paraît être aussi de trois seulement chez les les différentes espèces de Baleines (/") et chez le Cachalot (g). Pour plus de détails au sujet de la conformation de l'appareil stomacal des Cétacés, je renverrai aux ouvrages de Rapp et de M. Eschricht, (1) Cette multiplicité des estomacs était connue d'Aristote chez les Quadru- pèdes vivipares qui sont dépourvus de dénis sur le devant de la mâchoire supérieure et qui portent des cornes, caractères qui distinguent des autres Mammifères la plupart des Uumi- nants (h). (a) Sackson, Dissection of a Spermaceti Whale and three olher Cetaceans {Boston Journ. of Nat.Hist., t. V, p. 162, pi. 15, Ciç;. 2). (6) Barclay and Neil, Account of a Begula, or white Whale killed in the Frith ofForih [Werne- rian Memoirs, t. TII, pi. 18, fiiç. 1 nt 2). (c) Eichwahl, Observationes nonnullœ circa fabricam Delphini phocœnœ (Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourn, 1824, t. IX, p. 450). — Carus et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 8, \\ç;. 14. — Rapp, BeUrâfje zur Anal, und Phjjsiol. der Wallfisclie (Meckel's Arclùv filr Anal, und PhysioL, 1830, p. 301). — Cetaceen, pi. G, fijj. 1 , 2 et 3. — Wagnfir, Icônes zootomicœ, pi. 7, fig. 14- (d) Frcd. Ciivior, art. Cetacea (Todd's Cjjclop. oj Anal, and l'hysiol., I. I, p. 574, liy. 203). (e) Olivier, Leçons d'anatomie comparée, \" éJit., t. V, p. 345, pi. 38, lig'. 2. (/■) Jackson, Op. cit. (Boston Journal of Nat. Ilist., t. V, p. 141 , pi. 10, li;^'. 1). ((/) E,scliri(:lit, O/j. cit., p. 98, (i^. l'J. (ft) Arislote, Histoire des Animaux, liv. Il, chap. xvii. 320 APPAREIL DIGESTIF. caillette (l). Considérées au point de vue pliysiologique, elles se divisent en deux groupes : un réservoir cardiaque formé par la panse et le bonnet qui est une dépendance, de la première, et un estomac proprement dit, qui est constitué essentiellement par la caillette, et qui a pour vestibule le feuillet. Dans le jeune âge, pendant la période de rallaitement, la caillette est, en général, plus grande que les autres estomacs (2); mais quand l'Animal vient à se nourrir d'herbe, la panse se dilate beaucoup, et chez l'adulte elle constitue une énorme poche qui occupe à elle seule les trois quarts de la cavité abdominale. On la désigne quelque- fois sous le nom d'herbier, parce que les matières végétales s'y retrouvent sans avoir subi d'altération notable (o). Chez la plu- part des Ruminanis ordinaires, tels que le Bœuf, le Mouton et la Chèvre, elle est subdivisée en deux compartiments principaux qui se prolongent en forme de sacs, et sa surface interne est hérissée d'une multitude de papilles dépendantes de sa tunique muqueuse et revêtues d'un épithélium épais {h). Chez les Cerfs, (1) L'ensemble de cet appareil con- dérabie de matières alimentaires Ainsi, stitue ce que, dans le langage familier, 1\I. Colin a constaté que chez nu Tan- on appelle les tripes ; c'est Vomasum reau qui n'avait pas mangé depuis des Latins. vingt-quatre heures, il existait 75 ki- (2) Par exemple, chez le Veau (a) et logrammes de matières alimentaires le Cerf (6) ; mais cette disposition ne dans la panse, et chez une Vache dans s'est pas trouvée chez un Lama non- les mêmes conditions, il y trouva veau-né dont Cuvier a fait l'analo- 100 kilogrammes de fourrage im- mie (c). bibé de liquide. Il évalue , terme (o) La capacité de la panse est très moyen, à 50 kilogrammes le poids grande, et même, chez des Animaux des matières accumulées de la sorte qui n'ont pas mangé depuis fort long- dans l'eslomac du Bœuf (d). temps, on trouve d'ordinaire, dans (Zi) La panse du Bœuf est divisée de ce réservoir, une quantité très consi- la sorte en deux compartiments situés. {a) Daubcnton, dans Biiffuii, Hist. nat des Mammifères, pi. 70, fig. 7. — Malacarne, Rischiarimentl intorno alla rumiiiazione {Mein. ddla Soclelà ilaliana délie science di Verona, 1815, t. XVII, p. 389 et 390;. (b) Wagner, Icônes ioolomicœ, pi. 7, fig. 12. (c) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 2" édil., I. IV, 2' partie, p. 72. (d) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 304. ESTOMAC DES RUMIiNANTS. 321 la panse présente trois sacs an lien de clenx (1), et chez quelques Antilopes, telles que l'Elan, les papilles dont sa surface interne est garnie acquièrent beaucoup de force et de dureté (2). Mais c'est surtout chez les Caméliens que ce premier estomac offre des particularités importantes à noter. En effet, on remarque sur cet organe deux grands amas de bosselures qui sont con- stituées par le fond d'autant de grandes cellules disposées en séries parallèles et réparées entre elles par des replis membra- neux dont le bord libre loge des faisceaux charnus comparables à des sphincters. Les petites poches ainsi constituées sont au l'un à droite, l'autre à gauche, et in- complètement séparés à Texlérieur par des échancrures ou scissures pro- fondes qui correspondent à des replis intérieurs disposés en manière de cloisons partielles, renfermant dans leur épaisseur des brides charnues, et appelées pilier antérieur et pilier pûslérieur du rumen. Des replis secon- daires partent de la partie inférieure de ces piliers, et subdivisent chaque sac endeuxlobesdontrinférieura la forme d'une bosselure ou vessie conique. Le sac gauche est le plus grand et fait suite au cardia ; le sac droit commence plus bas sur le côté du précédent et ne se prolonge guère davantage (a). (1) Chez le.Mouton (6), le comparli- menl inférieur, ou appendice conique du sac gauche, n'est que peu marqué ; mais celui du sac droit descend beau- coup jjlus bas, et se trouve délimité intérieurement par un repli qui s'a- vance beaucoup dans l'intérieur de la panse. Le sac gauche présente aussi un lobule arrondi près de son point de jonction avec le haut du sac droit, et un prolongement en forme de poche naît de sa partie supérieure à côté du bonnet. Les papilles qui garnissent la sur- face de la tunique muqueuse de la panse sont très nombreuses, serrées et plus ou moins rétréciesi leur base. Leur forme varie un peu chez les différents lîuminants, ainsi qu'on le voit par les figures grossies que Uonie a données de ces appendices chez le Bœuf, le iMouton et la Girafe (c). Chez ce dernier Animal, elles sont remar- quablement régulières et arron- dies (cl). {'!) Daubenton a donné une figure de l'estomac du Cerf (e^ (a) Cliaiiveau, Analomie comparée des Animaux domestiques, p. 303 et suiv./'i g-. H 5 et HO. \b) Daiibenlon, lac. cit., p. 387. — C:irus et Ollo, Tab. Aiiat. comp. illustr., pars iv, pi. 9. fig-. •10. — Miliie Edwards, EUments de zoologie, 2° partie, p. ■174, fig. 158, ci Allas du Rèijiie animal de Ciivicr, MAMMiFi^;uK.s, pi. 84, fis- l . (c) lloine, A liepoi-t on the Slomack of llie Zlraffa {l'hilos. Traus., 183C, p. 85, pi. 8) li&. 1, 0, 7, 10 et llj. (rf) Owcii, i\otes on Ihe Anal, of Ihc Nnbian Gira/]'a {Trans. of Ihc Zool. i>uc., t. II, pi 41' life'. 4). (e) Buiroii, llisl uni. des Mammifères, pi, 70, lij,^ 3. VI. 21 322 APPAREIL DIGESTIF. nombre déplus de huit cents, et l'on y trouve toujours de l'eau en plus ou moins grande abondance ; aussi la plupart des naturalistes les considèrent-ils comme des réservoirs destinés à emmagasiner les lifjuides avalés par l'Animal, et l'on attribue généralement à cette particularité la faculté que les Chameaux possèdent de résister pendant longtemps à la privation de toute boisson (1). Le second estomac des Ruminants, appelé le bonnet ou le réseau, est une poche arrondie qui est suspendue au-dessous du cardia, à droite de la panse, et qui communique très librement avec elle, mais s'en distingue par la structure de ses parois. En effet, celles-ci présentent à leur surface interne une multi- (1) L'un de ces amas de cellules, beaucoup plus considérable que l'au- tre, occupe une grande partie du fond du sac gauche de la panse et a reçu le nom de réservoir (Daubenton) ; quelques auteurs le considèrent comme un estomac particulier, et par conséquent ils attribuent aux Cha- meaux cinq estomacs, au lieu de quatre. L'autre groupe de cellules est de forme allongée, et se trouve à la partie supérieure de la portion droite de l'estomac, près du pylore (a). Les aliments solides ne pénètrent pas dans ces loges, et, d'après une expérience faite par Home, on voit qu'elles peu- vent contenir plus de cinq litres de liquide. Les fibres musculaires qui entourent leur ouverture sontdisposées de façon à déterminer la contraction et probablement la clôture de celle-ci. Il est aussi à noter que la tunique muqueuse de la panse ne présente pas des papilles comme chez les Rumi- nants ordinaires. Le bonnet est subdi- visé de la même manière en cellules pariétales. Un mode d'organisation semblable se voit chez les Lamas, mais les cel- lules pariétales de la panse sont moins développées (b). Il est, du reste, à noter que, chez tous les Ruminants , les parois du bonnet n'absorbent que très lentement les liquides, et que presque toujours on trouve dans cette poche une cer- taine quantité de boisson tenue en dépôt (c). (o) Perrault, Méni. 'pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, Impartie, p. 76, pi. 8 {Mém. de l'Acad. des sciences, -1666 à 1669, t. III). Daubenton, Description du Dromadaire (Buffon, Hist. nat. des Mamniif., t. X, p. •194, pi. 333, 334,335 et 336). Home, Lectures on Comp. Anat., t. II, p. 167 et suiv., pi. 23 et 25. Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, 1. 1, p. 505, lig. 41. (6) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, i'° édit., t. V, pi. 38, fig-. 1. — Carus et Otto, Tub. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 9, fig. 17. (p) Colin, Op. cit., t. I, p. 305. ESTOMAC DES RUMINANTS. 323 tilde de petites crêtes membraneuses, ou prolongements cloi- sonnaires, qui se rencontrent defaçoii n, circonscrire des cellules polygonales dont l'aspect rappelle un peu celui des alvéoles d'un gâteau d'Abeilles. Ces cellules sont plus profondes et plus larges vers le fond du cul-de-sac formé par la partie inférieure du bonnet que près du cardia et leurs parois sont réticulées (1). Le feuillet (2) existe chez tous les Ruminants, mais chez les Chevrotains il n'est que peu développé (o) -, chez les Lamas, il n'est représenté C{ue par une portion vestibulaire de la cail- lette, et chez le Chameau il est rudimentaire (ù). (Ij Le bonnet est revèlii d'un épi- thélium semblable à celui de la panse dont il semble être une dépendance. Chez les Ruminants ordinaires les cel- lules pariétales de cet estomac sont petites et peu profondes (a), surtout chez le Renne et la Girafe (6). Il est aussi à noter que leur surface est garnie de petites papilles coniques. (2) Quelques auteurs donnent à ce troisième estomac le nom de mille- feuillet ou de psautier. (3) Chez le Chevrotain de Java, la panse est très allongée et peu distincte du bonnet, qui est bien caractérisé par la disposition réticulée de sa tunique muqueuse ; mais d'après Rapp et M. Leuckart, la goutlière œsopha- gienne, qui occupe comme d'ordinaire le sommet de cette poche, se rendrait directement à la caillette, et il n'y aurait rien qui pût être considéré comme l'analogue du feuillet. Chez cet Animal, le nombre des estomacs ne serait donc pas de quatre, comme chez la plupart des Ruminants, et se trouverait réduit à trois (c). Mais M. VV. Berlin a constaté récemment que cette anomalie n'existe pas, et que suivant toute probabilité, les analomisles que je viens de citer, n'ayant examiné que des préparations sèches, n'ont pas distingué entre jeux le bonnet et le feuillet (d). J'ai eu l'oc- casion de disséquer un jeune individu d'une autre espèce du même genre, le Moschus pygmeus, et j'y ai trouvé les quatre estomacs parfaitement bien caractérisés ; le feuillet était reconnais- sable à l'extérieur aussi bien qu'inté- rieurement, où l'on voyait ses grands replis longitudinaux. i/j) Chez le I^ama, la gouttière œso- phagienne conduit directement dans la (a) Voyez l'Atlas du Règne- animal de Cuvier, Mammifèkes, pi. 84, fig. 2. (6) Owen, Notes on thc Anat. of Ihe Nubiau Gira/fa (Trans. of the Zool. Soc, l. Il, pi. 41, fii,'. 5J. (c) Happ, Analomische Unlersur.hungenûber dus javanisclie Mosehuslhier (Archiv fur Nattir- geschichte, tH43, t. 1, p. 43, pi. iJ). — F. Leuckart, Uer Magen cines Mosohus javaiiicus (Miiller's Archiv fur Anal, und Physinl )84.'i, p. i;4, pi 2.fig. ;}). ((/) \V. Berlin, Ist der Magen von Moschus javanicus wesenllich von dem anderer Wieder- kûuer verscitieden '! iArcInv fur die UoUttndischen Itcilrëge %vr Nalur und lleitkunde, iH5S t. I. p. 4T1). ■ ' • . 324 APPAREIL DIGESTIF. Chez le Bœuf, ce troisième estomac est plus grand que le bonnet, à côté duquel il se trouve. 11 est de forme ovoïde, et se fait remarquer par l'existence d'un nombre considérable de grands replis parallèles qui en occupent la cavité et qui ont valu à cet organe le nom sous lequel on le désigne com- munément, car ils ont quelque ressemblance avec les feuillets d'un livre. Enfin la caillette, ou estomac proprement dit, communique avec la poclie précédente par un orifice étroit, et diffère des parties de l'appareil stomacal déjà décrites par la structure de sa tunique muqueuse. En effet, cette membrane n'est pas revêtue d'un épitbélium lamelleux ; elle est d'une consistance molle ; elle présente un grand nombre de rides irrégulières et dirigées longitudinalemeni; enfin elle est criblée de petits orifices dé- pendant de glandules pepsiques situées dans son épaisseur. Rumination. Lcs rclatlons de ces diverses poches stomacales avec l'œso- phage nous feront comprendre facilement le mécanisme de la rumination. Ainsi que chacun le sait, les Bœufs, les Moutons, les. Cerfs, les Chameaux et les autres Mammifères du même ordre avalent leurs aliments sans les avoir complètement CiiilleUc, dont la portion initiale qui ordinaires; mais il ne manque pas et il représente le feuillet est élroile et à constitue un canal dilaté vers le milieu peu près cylindrique, de sorte que et s'étendant de la fin de la gouttière quelques anatomistes considèrent ce œsophagienne à la caillette. Dans un iroisième estomac comme n'existant individu que j'ai eu l'occasion d'étu- pas (a). dier, ce troisième estomac n'était pas Enfin, chez les Chameaux, le feuillet globuleux, comme Home l'a représenté est extrêmement petit, et ne présente dans la figure qu'il a donnée de l'ap- pas à l'intérieur les grands replis de la pareil stomacal du Chameau (6) , mais tunique muqueuse qui s'y font remar- il était très distinct, soit du bonnet, quer chez la plupart des Ruminants soit de la panse. (a) Braiidt, Beilrdge zur Kenntniss des Baues der innerii Weichtheile des Lama [Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, 6" série, 1845, Scienc. nat., I. IV, pi. 5). Carui et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 9, t\g. 17. (b) Home, Lectures- on Comparative Anatomy, t. Il, pi. 21, G. Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, i I, p. 503, fi^. 41. RUMINATION. 325 mâchés, les accumulent ainsi dans leur estomac; puis, lorsque le repas est fini et qu'ils sont au repos, ces Animaux ramènent dans leur bouche les matières ainsi emmagasinées, les mâchent de nouveau et les avalent une seconde fois. On sait par les obser- vations de Daubenton et de Camper, ainsi que par les recherches plus récentes et plus complètes de M. Flourens, que la route suivie parles aliments n'est pas la même lors de ces deux déglu- titions successives; que lorsqu'ils descendent pour la première fois dans l'estomac, ils vont dans la panse et dans le bonnet ; mais que lorsqu'après avoir été mâchés, ils passent une seconde Ibis par l'œsophage, ils ne pénètrent ni dans l'une ni dans l'autre de ces poches, et se rendent directement au feuillet pour aller de là dans la caillette (1). Cela ne dépend pas d'un rap- (1) On savaitfort anciennement que avancèrent que les aliments rnminés les aliments non rnminés vont dans passent immédiatement dans le troi- le premier estomac, et ce fait a élé sième estomac, sans pénéirer de nou- démonlré par beaucoup d'expé- veau ni dans la panse , ni dans le liences (a); mais les prédécesseurs de bonnet [cj ; mais celte opinion ren- Daubenton pensaient que ces sub- contra beaucoup d'opposition (d), et stances, lors de la seconde dégluti- la vérité à ce sujet ne fut générale- lion, revenaient dans la même cavité ment reconnue qu'à la suite des cxpé- ou allaient dans le second estomac, riences directes faites en 1831 par pour passer ensuite dans le feuillet et M. Flourens sur le mécanisme de la la caillette (6). Daubenlon et Camper rumination (e), (a) Réauniur, Sur la dujesiioii des Oiseaux (Man. de l'Acad. des sciences, "1752, p. 493). — Daubenton, J/(^7n. sur la rumination {Mém. de l'Acad. des sciences, 17G8), cl Instructions pour les bergers. — Spallanzani, Expériences sur la digestion, p. 14-9. {b) Duverncj, Observ. sur les estomacs des Animaux qui ruminent {Œuvres analomiqucs , l. Il, p. 440). — Perrault, Essais de physique, t. 111, p. 214. — Haller, Elementa physiologiœ, t. VI. — Cliaberl, Des organes de la digestion chez les Ruminants, 1797. {c) Daubenlon, Mém. sur la rumination et sur le tempérament des Uéles à laine {Mém. de l'Acad. des sciences, 1708, p. 392). — Camper, Leçons sur l'épizoolie qui régna dans la province de Croningue en 1709 , Icç. 3 lie la [{umination [Œuvres qui ont pour objet l'histoire naturelle, la physiologie et l'anatomie comparée, i. Ill, p. 70). {dj Bour^'elat, Éléments de l'art vétérinaire, t. I, p. 420 et siiiv. — Bru^nono, Des Animaitx ruminants et de la rumination {Mém. de l'.\cad. des sciences de Turin pour iHiO, t. XVlll, p. 310 cl suiv.). {e) Flourens, Expériences sur le mécanisme de la rumination {.\nn. des sciences nat., i- .«éric, 1832, i. NXVll, p. 34;. 326 APPAREIL DIGESTIF. prochement qui s'elfectuerait entre l'entrée da feuillet et l'o m- boLichure de l'œsophage, comme l'ont supposé quelques natu- ralistes, mais du mode de terminaison de ce dernier organe. En effet, chez les Ruminants, l'œsophage ne s'ouvre pas dans Testomac par un orifice circulaire, ainsi que cela a lieu chez la plupart des Mammifères, mais par une sorte (:1e boutonnière longitudinale qui occupe sa paroi inférieure, et l'espèce de rigole ainsi constituée se prolonge sur la paroi antérieure du bonnet jusque dans le feuillet ; de façon que si les lèvres de cetle fente restent rapprochées, le tube œsophagien conduit directement dans ce troisième estomac, tandis qu'il débouche dans les deux premiers quand ces mêmes lèvres s'écartent l'une de l'autre (1). Or les matières alimentaires solides et grossièrement divisées qui arrivent dans cette rigole, ou por- tion fendue de l'œsophage, déterminent cet écartement par le seul fait de leur présence, tandis que les matières devenues (1) Ce demi-canal par lequel l'œso- extrémités de celle-ci sont maintenues pliage se termine a' été décrit pour la en place. D'antres fibres musculaires, première fois par J. Faber. de Bam- disposées horizontalement, occupent bergue (a). La fente longitudinale qui le plafond de ce demi-canal œsopha- en occupe la paroi correspondante à la gien, et doivent tendre à écarter les cevité stomacale a des bords épais et bords de sa fente. Enfin, quelques- très charnus. Les faisceaux musculaires unes de ces fibres, en se réunissant qui y sont logés contournent les deux aux précédentes, entourent en manière extrémités de la gouttière, de façon à de sphincter les orifices situés aux constituer un sphincter ovalaire dont deux extrémités de la rigole. La dis- les contractions doivent tendre à rap- position générale de la gouttière a été piocher l'ouverture cardiaque de l'en- figurée par plusieurs auteurs (6), et trée du feuillet, ou à rapprocher les son appareil musculaire a été très bien lèvres de la fente, quand les deux représenté par M. Flourens (c). (a) Voyez Hernandez, Nova plantarum, animalium et mineralium inexicanorum historia. 1651, p. 522. — Peyer, Merycolorjia , sïve de Rmninaiitibus et ruminaiione commentarius , 1685, lib. 11, cap. XIV, p. 127. (b) Malacarne, Op. cit. {Mem. délia Societàitaliana, 1815, t. XVII, pi. 12, fiy;. 2 et 4). — Cliauveau, Analomie comparée des Animaux domestiques, fig. 116 et 117. — Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 511 , fig-. 42 cl 43. (c) Flourens, Mémoires d'anatomie et de physiologie comparées, 1844, pi. 3 et 4, fig. 1. RUMINATION. ' 327 pâteuses par une maslicalion complète et une insalivation abon- dante coulent le long de cette gouttière sans exercer sur ses parois une pression capable de rendre béante l'ouverture qui la fait communiquer avec la panse et le bonnet; elles peuvent donc passer outre sans tomber dans ces réservoirs, et elles se trouvent portées dans le feuillet. Ainsi l'introduction des ali- ments dans la panse ou dans le feuillet est une conséquence des différences dans les propriétés physiques de ces substances avant et après la rumination (1). La régurgitation des aliments accumulés dans les estomacs vestibulaires, et destinés à être remâchés avant de pouvoir arri- ver dans l'estomac pepsique, est un phénomène plus complexe. Les mouvements nécessaires à son accomplissement sont pro- voqués parle sentiment de la faim, et consistent d'abord dans les contractions simultanées des parois de la cavité abdominale et de la panse, contractions qui poussent la masse des ahments contre l'orifice dilaté de l'œsophage, et font pénétrer une certaine quantité de ces matières dans l'entrée infundibulitbrme de ce conduit. Alors le cardia se resserre à son tour, de façon à presser les aliments ainsi engagés et à les réunir en une boule; puis les contractions péristal tiques se déclarent dans l'œsophage en sens inverse de celles qui déterminent la déglu- tition, et le bol alimentaire se trouve ainsi reporté très rapide- (i) Les liquides ne peuvent être Moutons, el en observant l'écoulement retenus d'une manière complète par du liquide par ces ouvertures à mesure le rapprochement des bords de la que l'Animal buvait (a). D'après gouttière œsopliagienne, aussi pénè- d'autres expériences faites plus réceni- trcnl-iis direclemciil dans la panse, le ment par M. Colin, on voit que la plus bonnet et le leuillei. iM. FJourens s'en grande partie de la boisson arrive est assuré en pratiquant des lislulcs d'abord dans la panse et déborde à chacun de ces estomacs chez des ensuite dans le bonnet (6). (a) Flourens, Expériences sur le mécanisme de la rumination (Ann. des sciences nat., 4 83-2, l. XXVII, p. 54, et Mém. d'anal, et de jihysiol. comp,, 1844). (b) C.ohn, Op. cil., t. I, |). 50:i. O'IS APPAREIL DIGESTIF. inent dans la bouche, où il est soumis à la Iriluralion niaslica- loire (1). Ce dernier travail présente quelques particularités, et s'effectue plus ou moins promptement, suivant la nature des aliments. Chez le Mouton, il se lait très rapidement; la rumi- nation s'achève aussi très promptement chez la Gazelle et chez la Chèvre; elle est plus lente chez le Bœuf; enfm le Buffle paraît être de tous les Ruminants celui qui met le plus de temps à remâcher chaque bol alimentaire ('2). (1) Les physiolo;;istes ont beaucoup varié dans les explications qu'ils ont données du mécanisme de la régurgi- talion chez les Ruminants. Les expé- riences de iM. Flourens tendirent à l'aire penser que la formation du bol alimenlaire destiné à remonter vers la bouche était due à l'action de la gouttière (csopliagienne, dont les deux extrémités se rapprocheraient tout on restant conlraclccs, et saisiraient ainsi une pincée de matière alimentaire pour la façonner en boule (o) ; mais, par les recherches plus récentes de M. Colin, on voit que la lumination n'est pas interrompue par l'application de poinisdc suture sur les lèvres delà goullière œsophagienne, disposés de manière à entraver le genre de mou- vement dont je viens de parler ; et il paraît probable que la formation du bol doit avoir lieu comme je l'ai indiqué ci-dessus (b). (2) M. Colin a fait une série d'ob- servations sur le nombre de mouve- ments masticatoires employés pour la tritiu'alion d'un certain nombre de bols alimentaires, et il a trouvé que, pour dix de ces bouchées, il fallait, terme moyen, 27 coups de dents chez le Lama, environ 35 chez la Biche et la Gazelle, près de 50 chez le Cerf, et en général de 50 à 60 chez le Bœuf, chez le Veau, ce nombre a dépassé 80. Chez un jeune Taureau nourri avec du foin sec, le temps employé pour la rumination d'un seul bol ali- mentaire a varié entre 30 et 77 secon- des, mais il est en général d'un peu ivioins d'une minute. Ce physiolosisle a remarqué aussi que la mastic;>tion mérycique se fait de différentes manières chez les divers l\uminanis. Presque toujours le premier coup de dent se donne du côté opposé à celui par lequel le mouvement de trituration va se con- tinuer. Chez l(?s Bœufs, le Mouton, la Chèvre, le Cerf, la f.irafe et la plupart des autres espèces, tons les mouve- ments, sauf le premier pour chaque bol, se font de gauche à droite ou dans le sens contraire pendant un quart d'heure ou même beaucoup plus long- temps, puis la direction de ce; te mas- tication, dite unilatérale, est inter- vertie, et ainsi de suite. Gh ez le Dromadaire, la mastication mérycique est au contraire régulièrement al- terne, c'est-à-dire qu'à chaque mou- (a) Flourens, Op. cit. (Mém. d'anat. et de physiol. comp., p. 57 et suiv.). [b) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 510, VOMISSEMENT. 829 § 15. — Chez l'Homme et la plupart des antres Mammifères, il n'y a clans l'état normal rien (3e semblable (1); le cardia reste contracté d'une manière presque permanente (2), et les aliments sont retenus dans l'estomac. Mais quand ce viscère est rempli oulre mesure et contient beaucoup de liquide, la régurgitation a lieu très facilement, surtout chez les enfants à la mamelle (3). Quelques individus ont la faculté de faire remonter presque sans effort des gorgées d'aliments de l'estomac jusque dans la bouche, et l'on connaît des exemples de personnes qui avaient l'habitude de faire subir ainsi à ces substances une seconde PiL'g:iiri;ilalioii et voniissemonl. veniont de la mâchoiie de gaiiclie à droile succède un niouveuicnt de droite à gauche ou à peu près. Knfin, chez quelques espèces de Rumi- nants, ces cliangements de côté ont lieu irrégulièrement, particularité qui a été constatée chez l'Antilope onc- tueuse du Sénégal, et qui s'observe souvent chez les jeunes Animaux de l'espèce bovine. Pour plus de détails au sujet de la rumination , je renverrai à l'ouvrage de M. Colin, qui a traité ce sujet très amplement (a). (1) .Moïse fit menlion de cette par- ticulariiépliysiologique chez les Bœufs, les Moulons, etc., mais il compta à tort le Lièvre parmi les Animaux qui ruini- ni'nt {b), et celle erreur a été repro- duite par quelques naturalistes du siècle dernier (c). Une sorte de rumination a été observée par Banks chez un Kanguroo nourri avec des aliments durs; mais en général ces Animaux n'offrent rien de semblable {d). (2) La contraclion de la partie infé- rieure de l'œsophage coïncide d'ordi- naire avec les mouvements de respi- ration, et par conséquent avec le moment où l'estomac est le plus forlemenl pressé. Magendie a remar- qué aussi que l'état de relâchement de ce conduit est de très courte durée, et que plus l'estomac est distendu, plus la contraction du cardia, ainsi que de la portion adjacente de l'œsophage, devient intense et prolongée (e). (3j M. Schullz et M. Salbach ont attribué cette parlicularité à la forme de l'estomac, qui, ainsi que je l'ai déjà dit (/■), est moins dilaté dans sa por- tion splénique chez l'enfant nouveau- né que chez l'adulte (g) ; mais la diffé- rence est trop légère pour expliquer complètement le fait en question. (a) r.dlin, Traité de phyaioloyie comparée des Animaux domesliqves, l. 1, p. 495 et siiiv. (b) bibliu sacra, Mb. V, cap. xiv, vers. 7. (r) PcviT, Merycolofjia, 1085, lib. I, cap. v, p. 59. — Campor, Œuvres, t. III, p. 52. (d) I.îuvieiicc's Notes to ttluincnbacli'.s Manual of comparative Anatomy, 18-27, p. 91 . te) Majjendic, Précis élémentaire de physiologie, t. II, p. 82 (cdit. do 1825). (/■) Voyez ci-dcs.'^u.i, pajje 303. (g) Sailiacl), De diversa ventriculi formain iiifanti et advllo. Berlin. 1835. — Valfiiliti, LcUrbnch der Pliysiologie, I. I, p. 280, lij,'. 7(i pi 77. o on ooU APPAREIL DIGESTIF. mastication, puis de les avaler de nouveau à la manière, des Ruminants (1). Enfin les matières accumulées dans l'estomac peuvent aussi être rejetées au dehors d'une manière violente et rapide, genre d'évacuation qui constitue le vomissement ; mais ce phénomène est le résultat d'un état pathologique. (1) La rumination dans Tespèce liumaine ne dépend d'aucune ano- malie dans la structure de l'eslomac, et résulte principalement d'un trouble dans les mouvements de cet organe et de l'œsophage. La Tégurgitation mé- rycique est précédée d'une contrac- tion de l'estomac qui tend à pousser dans l'œsophage les aliments dont il est chargé ; mais ce déplacement ne paraît pouvoir s'effectuer que quand le diaphragme ou les muscles abdo- minaux pressent en même temps sur ce viscère. La gorgée de matière intro duite ainsi dans l'œsophage presque sans effort, est ensuite poussée douce- ment vers le pharynx par les conlrac-- lions péristalliques de ce conduit, et, en général, l'individu peut alors à vo- lonté l'avaler de nouveau ou la faire avancer jusque dans sa bouche. Un des jeunes médecins de la Faculté de Paris a étudié sur lui-même ce singulier phénomène (a), et le professeur Bé- rard l'a observé plus récemment chez son frère (6). On trouve dans les an- nales de la science un assez grand nombre d'autres cas analogues (c). En général, le vomissement est précédé de beaucoup de malaise et ne s'effectue pas sans souffrance; mais l'habitude paraît avoir une grande influence sur la facilité avec laquelle la régurgita- tion s'effectue, et cela nous explique comment les anciens ont pu arriver à faire usage des vomitifs pour se pré- parer à bien dîner. Ce procédé, qui aujourd'hui nous paraît si extraordi- naire, était employé comme chose tout ordinaire par les Romains, ainsi qu'on peut s'en convaincre par la manière dont Cicéron en parle dans une lettre où il rend compte du repas agréable que César avait fait chez lui. (a) Cambay, Sur le mérycisme et la digestibiUté des aliments, thèse. Paris, 4 830. (6) Bérard, Cours de physiologie, t. II, p. 274. (c) Fabrice d'Ar.quapendente, De varielate ventriculomm (Opéra omnia, p. 137). — Bartbolin, Observ. anat., cent. I, art. v. — C. Peyer, Merycologia, p. 62. . — Sennert, Praticœ medicinœ, lib. III, cap. viii, p. 124 (édit. de '1648). ■ — Pipelet, De vomitmim diversis speciebus accuratms distinguendis, 4786. — Percy et Laurent, art. Mérycisme (Dict. des sciences méd-, t. XXXII, p. 520). — Home, Lectures on Comparative Anatomy, t. I, p. 442. — Roubieu, Observ. sur la rumination chez l'Homme ( Ann. de la Soc. méd. prat. de Montpellier, 4807, t. IX, p. 283;. — Delmas, Observations (Ann. de la Soc. de méd. prat. de Montpellier, t. IX, p. 289). — Decasse, De la rumination chez l'Homme (Mém. de VAcad. des sciences et lettres de /"o?;- 20Mse, 4834, t. m, p. 151). — Elliolson, Wiederkduen beieinem Menschen (Froriep's Notizcn, 4836, t. XLIX, p. 142). — Heiling, Ueber das Wirderkàuen bei Menschen. Nuremberg-., 4 823, p. 16. — Tarbès, Observation sur un Homme ruminant (Ann. clin, de la Soc. de méd, prat. de Montpellier, 4843, t. XXX, p. 228 ; t. XXXI, p. 344. — Vincent, Quelques détails sur un cas de mérycisme (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. XXXVII, p. 34). VOMISSEMENT. ' 331 Les médecins ont beaucoup discuté sur le mécanisme du vomissement, et ont professé à ce sujet les opinions les plus divergentes; mais, à l'aide d'un petit nombre d'expériences dont les unes datent du wif siècle, et dont d'autres ont été faites il y a une cinquantaine d'années par Magendie, il est facile de reconnaître comment cet acte s'effectue, et de constater qu'en général l'estomac lui-même n'y joue qu'un rôle passif. On voit ainsi que la cause principale de l'éjection des matières contenues dans ce viscère est la pression exercée sur ses parois par la contraction violente et convulsive du diaphragme et des autres muscles abdominaux. Enfin, on reconnaît que ces mouvements spasmodiques sont accompagnés de contractions dans les libres longitudinales de la portion inférieure de l'œsophage; or le raccourcissement de ces fibres tend à produire la dilatation du cardia, et par conséquent cette circonstance doit faciliterla sortie des matières contenues dans l'estomac (1). (1) Beaucoup de physiologistes ont vu aussi que , si l'on ouvre largement soutenu, même de nos jours, que le l'abdomen, le vomissement ne peut vomissement était produit par des plus avoir lieu, mais que la faculté contractions spasmodiques de l'esto - de vomir reparaît quand , à l'aide mac [a). Cependant, en 1681, un d'une suture, on rétablit les parois de expérimentateur de l'école de Tou- cette cavité de façon à permettre à louse, François Bayle, avait constaté leurs muscles d'exercer sur l'estomac que si l'on introduit le doigt dans l'es- une forte pression (6). Peu de temps tomac d'un Chien, on ne sent dans les après, Chirac fit des expériences ana- paroisde cet organe aucune contraction logues, et obtint les mêmes résul- pendant que l'Animal vomit. 11 avait tais (c). Vers le milieu du siècle der- (a) Wepfer, Cicutœ aquaticœ historia et noxœ-, 1679, p. 251. — Perrault, Essais de -physique , t. III, p. 154. — Lieulaud, Relation d'une maladie rare de l'estomac, avec quelqties observations sur le vomissement, etc (Mém. de VAcad. des sciences, 1752, p. 223). — Hallur, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 281. — Portai, Sur le vomissement et le mouvement pcristallique des intestins (Mém. sur la nature elle Irailemenl de plusieurs maladies, i11\, t. II, p. 314). — Quelques considérations sur le vomissement {Mi'-m. du Muséum, t. IV, p. 395). — Hiu'dach, Traité de pliysiolodie, I. IX, p. 222. (b) Bayle, Inslilui.innes physiem, t. 111, p. 349, fi^. 10-77, p. 108. (c) Chirac, Experlmenlum analomicum cicra naluram vomilionis [Ephémérides des curieux de la Nature, déc. 2, ann. iv, 1080, ohs. 125). 332 APPAREIL DIGESTIF. Parmi les circonstances qui provoquent celle évacuation con- nier, B. Schwarlz ajoula de nouveaux faits qui tendirent également à prou- ver que dans cet acte Testomac est passif, et que l'éjection des matières contenues dans son intérieur est due à la pression déterminée par la con- traction spasmodique du diapliragmc et des muscles abdominaux {a). Hun- ier adopta la même opinion {b\ Enfin Magendie fit , en 18] o, de nouvelles reclierches expérimentales sur le mé- canisme du vomissement, et ne laissa aucune incertitude au sujet du rôle essentiel de ces muscles dans la pro- duction de ce phénomène physiolo- gique. Ainsi, ayant provoqué le vo- missement par l'injection d'une cer- taine quantité d'émétique dans les veines d'un Chien, il pratiqua une ouverture aux parois de l'abdomen et fit sortir l'estomac au dehors; les efforts de vomissement continuèrent , mais l'estomac resta tlasque, et les matières contenues dans ce viscère n'en furent pas expulsées. Dans d'au- tres expériences, Magendie reconnut que l'émétique injecté dans les veines détermine les efforts de vomissement en agissant non sur l'estomac, mais sur les muscles de l'abdomen et sur le diaphragme; que ceux-ci se contrac- tent de la manière ordinaire, quand l'estomac a été enlevé, et qu'ils pro- duisent des effets entièrement analo- gues à ceux du vomissement, si, h la place de ce viscère, on adapte à l'ex- trémité inférieure de l'œsophage une poche inerte, par exemple une vessie de Cochon modérément remplie de liquide. Enfin, ce physiologiste prouva que le vomissement peut cire produit par les contractions du diapiiragme seulement, pourvu que la paroi anté- rieure de l'abdomen offre la résis- tance nécessaire pour que l'abaisse- ment violent de ce muscle puisse comprimer forlement l'estomac (c). Les expériences de Magendie furent répétées avec succès p.ir plusieurs au- teurs {d). Enfin de nouvelles reclier- ches faites parTantini, par Legallois et Béclurd et par quelques autres physiolo- gistes, tout en confirmant les résultats précédents relativement à l'inaptitude de l'estomac à produire le phénomène du vomissement quand il est soustrait à l'action du diaphragme et des muscles abdominaux, établirent que l'œsophage a aussi un rôle actif dans l'éjection des matières vomies (e). Il est encore à noter qu'c'i l'aide d'expé- riences manomé triques, M. lUihle a constaté que la force nécessaire pour vaincre la résistance du cardia est {a) Scinvartz, Dissert, inaug. contineiis observationes nonnullas de vomihi 'et motu intesli- norum (Haller, Disputaliones anatomicœ selectce, t. 1, p. 313). (b) J. Hunier, Remarques sur la digestion {Œuvres, trad. par Riclielot, t. IV, p. 'ICI). (c) Magendie, Mémoire sur le vomissement. In-8, Paris, 1813. {d) Béyin, art. Vomissement {Dlct. des sciences médicales, 182-2, t. I^VIU). (e) Tanlini, Experisnze sut vomito {Annali universali di medlcina di Omodei, 1824, I. XXXI, p. 94). — t.egallois et Béclard, Expériences Sur le vomissement (Œuvres de Lejfallois, t. II, p. 93 et suiv.). — Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 539. VOMISSEMENT. 333 vulsive, il faul citer en première ligne : la distension de l'eslo- beaucoup moins grande pendant le vomissement que dans les circonstan- ces ordinaires (a). Une des objections faites par les adversaires de Magendie repose sur un phénomène patlioiogique observé chez une femme atlcinte d'un cancer de l'estomac. Cette malade, en proie à des nausées continuelles, se trouvait dans l'impossibilité de vomir, et lors de l'autopsie, on trouva que la tnniqnc muscnlense de son estomac était com- plètement envahie par le tissu cancé- reux (b). Mais M. Rostan expliqua cette circonstance par la rigidité des parois de rcslomac (c), et Piédagncl constata que dans plusieurs cas l'état squirrlieux de l'estomac n'avait pas mis obstacle au vomissement {d). La possibilité du vomissement dans des circonstances oi!i aucune contrac- tion de l'estomac ne pouvait s'effec- tner est d'ailleurs démontrée par un autre cas pathologique. Une femme qui avait avalé de l'acide sulfurique fut en proie à des vomissements violents jusqu'au moment de sa mort, et lors de l'autopsie, on trouva que les parois de son estomac avaient été entière- ment détruites par le poison ; mais que, par suite d'une inflammation ad- hésive, la partie correspondante de la cavité abdominale avait été transfor- mée en une sorte de poche adventi ve en communication avec l'œsophage 'e). Chez nn aulre malade, qui était aft'eclé d'une obstruction du cardia, les ma- tières avalées s'accumulaient dans l'œsophage, puis étaient rejelées par le vomissement, quand celte accumu- lalion provoquait des contraclions spasmodiques des muscles abdomi- naux (/). Comme preuve du rôle actif des muscles abdominaux dans le méca- nisme du vomissement, on peut citer aussi des observations faites par F.épine sur un malade dont l'estomac faisait hernie au dehors de l'abdomen à travers une plaie. Lorsque ce vis- cère élait dans celle position, les matières contenues dans son intérieur ne purent être vomies, mais leur expulsion eut lieu dès qu'on l'eut fait rentrer dans la cavité abdominale et que les parois de celles ci vinrent à se contracter (g). Il ne faut pas croire cependant que les parois de l'estomac ne soient pas susceptibles de se contracter dans des efforts de vomissement. Les mouve- menls de cet organe ont été observés (a) l'.iilile, Der Anihell des Magens bel dem Mechaiiismus des Erbrechens, mit eiiicm Anhaïuje ûber den Antheil der Spelserijhre in Traubo's Beitrdgs «.ur expérimentales Pathologie und Physiologie, t. I, d. Ci (voyo/, CanrÀM's JaliresbericlU ûber die Fortschritte. in der Biologie an Jahre 1840, p. 141). {(/) .1. Bourdon, Mém. sur le vomissement. In-3, Paris, 1819. (t) Kostari, M.iinoire sit,r le vomissement [I^yiwedu Journal da médecine, l. IV, p. 202). {d} Piedagricl, Mémoire sur le vomissement [Journal de physiologie de Magendie, 1821, t. I, p. 231). (e) Voyez Lonsfct, Traité de PItysiologle, t. II, 2' pailic, p. lil. (/") Marshall-Hall, Lectures on the Tkeory and Praclice of Medkine {The Lancct, 1837-I8;J8 l. II, p. 101). ' (g) Lé|iin (c) Brescliet et Miliie Edwards, Mémoire sur le mode d'action des nerfs pneumogastriques dans la production des phénomènes de la digestion {Archives générales de médecine, 1825, t. VII, p. 187;. {d) Biclial, Anaiomie générale, t. II, p. 416 (édil. de Maiiigaull, 1818). DIGESTION STOMACALE. m ^17. —La quantité de matières alimentaires dont l'es- tomac est susceptible de se charger varie suivant la dilatabilité de cet organe, et peut devenir très considérable (1 ). Les liquides ne séjournent, en général, que peu dans l'estomac (2); mais il n'en est pas de même pour les aliments solides, et pendant que ceux-ci sont retenus dans ce viscère, "^'"^ rintestin Capacilé de l'estomac. Passage des aliments • de l'estomac et a été observée plus récemment par plusiem's expérimentateurs (o). D'au- tres physiologistes l'ont niée (6), mais les recherclies de M. Longet ne lais- sent aucun doute à ce sujet et donnent l'explication de cette divergence d'opi- nion, car elles font voir que l'irritation des pneumogastriques, tout en déter- minant des conlraclions puissantes dans l'eslomac lorsque ce viscère est rempli d'aliments et que le travail de la digestion s'y efïectue, n'y provoque souvent aucun mouvement quand l'organe est vide et resserré (c). (1) L'estomac des Chiens de moyenne taille peut contenir de 2 à 3 litres de liquides, et quand ces Animaux ont jeûné pendant quelque lemps, il leur arrive souvent d'y accumuler en quel- ques minutes 1 kilogramme et demi ou même 2 kilogrammes de chair. Les Chiens de forte taille peuvent manger en un seul repas de 2 à o kilogrammes de chair, et la capacité de leur esto- mac est quelquefois de 8 à 10 liires. Chez le Porc, la capacité de l'esto- mac n'est que d'environ 7 à 8 litres. En général , l'estomac du Cheval peut contenir 16 à 18 litres, et après un repas ordinaire, il renferme une dizaine de kilogrammes d'ali- ments (d). (2) Ce fait a été constaté directe- ment par M. Beaumont chez le jeune Canadien dont j'ai déjà eu l'occasion de parler (e), et par Cook chez un sujet qui avait une ouverture fistu- leuse près du pylore. Chez ce dernier, les boissons étaient chassées de l'esto- mac au bout de quelques secondes if). Des observations analogues ont été faites chez le Cheval : ainsi, Goleman a vu de l'eau parvenir jusqu'au caecum dans l'espace de six minu- tes ig), et dans des expériences faites par Gurlt, plusieurs Utres de ce liquide ont traversé l'estomac de cet Animal en quelques minutes (h). (a) ïiedemann et Gmelin, Rech. expérim. sur la digestion, t. I, p. 374. — Valentin, De functionibus nervorum cerebralium et nervi sijmpathici. Berne, 1839, p. 52. — Bischoff, Einige physiologisch-anatomische Beobachlungen an eincm Enlhaupleten (Mùller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1838, p. 496). (b) Masendie, Précis élémentaire de physiologie , t. II, p. 408 (édit. do 1825). — Midier, Physiologie du système nerveux, t. I, p. 322. — Dieckhoff, De aclione qiiam nervus vagus in digeslionem ciboruni exerceat. Berlin, 1835. (c) Lonçjet, Anatomie et physiologie du système nerveux, 1842, t. Il, p. 322. (d) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 501. (e) Beaumont, Exper. and Observ. on the Gastric Juice and the Physioloyy of Digestion, p. 97. (/■) Cook, Einen Fall fistuloser Magenôffnung {l^'ror'iQit's Nolizen, 1834, t. XLII, p. 11). (g) Voyez Aberneihy, Physiological Lectures, p. 180. {h} Gurlt, Lehrbuch der vergleichenden Physiologie, p. 10. odk APPAREIL DIGESTIF." ils sont profondément modifiés dans leur constitution par l'effet du suc gastrique. Nous étudierons, dans une prochaine Leçon, les actions chimiques qui amènent ces changements, et ici je me bornerai à dire qu'en général^ les aliments sont ramollis d'abord à la surface, puis de plus en plus profondé- ment, qu'ils se désagrègent, et que finalement ils sont le plus souvent transformés en une sorte de pâte plus ou moins liquide à laquelle les physiologistes appliquent communément le nom de chyme. C'est dans cet état qu'ils passent dans l'intestin, portion de l'appareil digestif dont l'étude fera le sujet de la prochaine Leçon. CINQUANTE -SIXIÈME LEÇON. De l'intestin des Animaux vertébrés et de ses dépendances. § 1. — La portion du canal digestif qui s'étend de l'estomac Disposition , , , , générale a l'anus est appelée V intestin. Elle a la forme d'un tube plus ou ^e nntesiin. moins étroit, et, ainsi que je l'ai déjà dit, chez quelques Verté- brés inférieurs, elle n'est séparée de l'estomac par aucune ligne de démarcation nettement tracée, mais en général elle est limitée en avant par le rétrécissement annulaire ou la valvule membraneuse qui caractérise le pylore. Elle peut offrir dans toute sa longueur la même conformation ; cependant sa partie antérieure est toujours affectée plus spécialement à l'achève- ment du travail digestif, tandis que sa partie terminale constitue un réservoir stercoral. D'ordinaire ces différences fonctionnelles sont parfaitement tranchées et coïncident avec des particularités de structure. Aussi, chez la plupart des Vertébrés, l'intestin constitue, de même que chez les Mollusques et les Annelés supérieurs, deux organes bien distincts, savoir: un tubechyH- iique, qui fait suite à l'estomac, et qui, en raison de son petit calibre, a reçu le nom iVintestin grêle, et un conduit fécal, (|ui mène à l'anus, et qui est appelé le gros intestin, parce qu'en général il est plus large que le précédent. Les anatomistes qui s'occupent spécialement de l'étude du corps humain ont poussé beaucoup plus loin les subdivisions, et ils ont donné des noms différents aux portions antérieure, moyenne et termi- nale de chacune de ces parties de l'appareil digestif. Ainsi, ils appellent duodénum {\), la portion de l'intestin grêle qui (1) Lr duodénum {a) est la por- rilomme , s'étend du pylore jus - tion de l'intestin grêle qui , clioz qu'à l'origine de l'artère mésentérique (a) De odStxa, ), le (a) Exemples : lo Bœuf {Home, Op. cit., t. II, pi. 118). — Chaiivcaii, Op. cit., p. 382, fig. 121. — Le Mouton (Home, Op. cit., l. II, pi. 12i). — La Chèvre (Idem, Op. cit., t. II, pi. 123). — Les Antilopes (Idem, Op. cit., t. II, pi. 124 et 125). — Les Cerfs {Wcth, Op. cit., t. II. pi. 120 à 132).. — Le Chameau ^\dem, Op. cit., pi. 120). (b) Exemples : Y Écureuil (Daubenlon, loc. cit., pi. 132, fiij. 1 cl 2|. — Le Rat (Idem, loc. cit., pi. 134). — La Marmotte (Idem, loc. cit: pi. 177). • — Le Castor (Idem, loc. cit,, pi. 187, llg-. 2). (c) Exemple : le Hamster (Daubenton, loc. cit., pi. 272, liy. 2). — Wayuer, kunes Motoinicœ, pi. 7. fig. 19. (rf) Daubenlon, loc. cit., pi. 93, fig. 3 el 4. (e) Idem, loc. cit., pi. 142. (/■) Perrault, Mémoires, t. III, 2» partie, pi. 42, fig. 11. — Cuvier, loc. cit., [il. 39, lig:. (3. (g) Daubenlon, loc. cit., pi. 148, fig'. 1. {h) Idem, loc. cit., pi. 197. (i) Exemples : Sarigue (Omhenlon, loc. cit., pi. 253, fig'. 2i. — Marmose (Idem, loc. cit., pi. 250, fi;j. 3). (j) Daubenlon, loc. cit., pi. 202, fig. 1 et 2. (fc) Cuvier, Op. cit., pi. 39, fig. 8. (/) Owen, art. Marsupiaua (Todd's Cyclop. of .Xnat. and l'Iiijsiol., t. III, p. 302, fig. 12G). (»i) Cuvier, Leçons d'iinalomie comparée, \" cdit., l. V, |)1. 39, fig. 11. — Meckcl, Ornithorhijnchi paradoxl descrlplio analomica, pi. 7, lig. 1. (k) Cuvier, Op. cit., pi. 39, fig. 10. (o) Daulinnlon, Inc. cit., pi. 09, fig. I. -- Wagner, Icônes zootomicK, jil. 7, tig. 1S. (p) Daubenlon (Billion, Ilist. nat. des Maminif., pi. 201, lig. 1). 352 APPAHEIL DIGESTIF. Chauves-Souris, la plupart des Insectivores, les Carnivores plantigrades, les Dauphins, etc., et alors l'axe de l'intestin grêle se confond avec celui du gros intestin. Chez (juelques Mammifères (1), et chez la plupart des Oiseaux, il y a une paire d'appendices caecaux qui naissent de la partie antérieure du gros intestin, mais qui sont cependant parfois très rapprochés de l'anus. Chez quelques Échassiers, il existe trois de ces organes (2), tandis que chez d'autres, ils manquent complè- tement (3). Leurs dimensions sont très variables, ainsi que Tigre (o), le Léopard (6), le caecum Chez le Fourmilier, didactyle le gros est rudimentaire. Il est aussi très intestin, qui est très court, porte à peu développé cliez la Genette (c) et son extrémité antérieure une paire de richneumon {d). petits caecums ovaiaires (l). Chez les Hyènes, le caecum est éga- Chez le Daman, il existe aussi une lement très étroit et sans hoursou- paire de caecums qui sont plus déve- flures, mais il est notablement plus loppés et ressemblent beaucoup à ceux long (e). des Oiseaux (m). Chez le Chien, {f), le Loup [g], le (2) Chez l'Agami (n), le Courlis, le Renard (Ji), le caecum est étroit, cylin- Corlieu, la Bécasse et le Râle d'eau (o), drique et allongé il existe un petit caecum surnumé- Chez les Phoques, il n'est pas no- raire, placé au-devant des appendices tablement renflé, et ne constitue qu'un caecaux pairs, qui sont grands et cla- cul-de-sac très court («) ou un ap- viformes. pendice digiliforme (j). {'ô) Les Échassiers du genre Phala- (i) Chez le Lamenlin, il y a un cae- ropus n'ont pas de caecum, cum bifurqué {k). Chez les Grues, il y a une paire de la) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, i" édit., pi. 39, fig. 2. Ib) Home. Lectures on Comparative Analomij, t. II, pi. 113. (c) Daubenlon, toc. cit., pi. 232, fig. 1. (d) Cuvier, loc. cit., pi. 39, iig. 3. . (e) Daubenton, loc. cit., pi. 224, fig- 2. (f) Idem, loc. cit., pi. 104, fîg. 1 et 2. (3, Idem, loc. cit., V\. 106, %. 1 et 2. (h) Idem, loc. cit.,,p\. 58, fig. 1, etc. (i) Idem, loc. cit., pi. 396, fig. 2. (j) Cai-iis et Otlo, Tab. Anat. comp. illustr., pars IV, pi. 9, fîg. 19. (/c) Daubenlon, loc. cit., pi. 404, ûg. 3 et 4. — Home, Lectures on Comp. Anat., t. IV, fl.. (c) Meckel, Op. cit., pi. 8, fig. 8. — Owen, Op. cit. (Todd's Cyclnp., I. III, ji. 39-2, lig. 190). (rf) Ciivicr, Leçons d'anatomie comparée, 2" parlio, l. IV, |i. 41 4. — Maitin Sainl-Angc, loc. cit., pi. 7. {e) Exemple : le Didelphe crabiev) Martin Saint-Ange, Im:. cil., yX. 3 ul 4). [() Exemple : le Lapin (Martin Saint-Ange, Op. cil., pi. 1 , lig. 1 et 2). l'anus. 866 APPAREIL DIGESTIt-. tentlenom de sphincters^ sont au nombre de deux. L'un, le sphincter interne, est constitué par le développement considé- rable des fibres circulaires de la portion terminale de la tunique charnue du rectum, dont j'aurai bientôt à parler plus longue- ment; l'autre, appelé le sphincter externe^ est un muscle sous- cutané annulaire rpii tapisse intérieurement la portion de |a peau dont l'oriiice anal est entouré et la fronce fortement (1). Muscles Les releveurs de Vanus sont des muscles larges et minces qui, relcvciirs , . ' f ' \ \ ^ • r ■ de reums aux précédents et a des expansions aponevrotiques, forment à la partie inférieure du bassin une sorte de plancher mobile, que les anatomistes désignent sous le nom de diaphragme périnéal. Sur la ligne médiane, leurs libres se fixent soit aux côtés de l'anus, soit à un raphé qui s'élend de cet orifice au coccyx en arrière et à l'appareil génital en avant. Leur extrémifé opposée s'étend sur la ceinture osseuse formée par le bassin. Enfin, en se contractant, ils élèvent l'anus et le portent en avant (2). (l)Le sphincter interne adhère à la et son aclionest soumise à l'empire de Uinique muqueuse du rectum, et se la volonté. 11 se compose d'une paire compose essenlieliemenl de fibres de faisceaux charnus qui embrassent musculaires lisses dont la contraction latéralement Taniis, etle fixent, d'une a lieu sans fintervenlion de la vo- part à une expansion aponévrotique lonté (a). Chez l'Iloinme, l'anneau sus-ctitanée, provenant de l'os coccyx, charnu ainsi formé est ordinairement d'autre part, au tissu fibreux du pé- renforcé par un ou deux faisceaux rinée,où ils s'unissent à l'extrémité qui ne constituent pas un anneau postérieure des muscles bulbo-caver- complel et quise trouve à 6 ou 8 cen- neux ou compresseurs de l'urèthre timètres au-dessus de l'anus [h). Sa chez l'Homme et des muscles constric- parlie inférieure e.it engagée dans la teurs du vagin chez la femme (c). pariie centrale et supérieure de (2) Les muscles releveurs de l'a- l'anneau formé par le sphincter nus {d) prennent leurs principaux externe de Vanus. Celui-ci, beaucoup points d'attache au bord inférieur plus puissant que le précédent, est du pubis et à une arcade aponé- composé uniquement de tibres striées vrotique qui se porte de cette par- (a) Voyez Bourg-eiy, Traité de l'anatomie de l'Homme, t. II, pi. 104. (6) Sappey, Traité d'analomie descriptive, t. III, p. 230. (c) Voyez BoLirgery, Op. cit., pi. 104 et 105. (d) Idem, Op. cit., t. II, pi. 104 et 106, ûg. 1 et 2, n° 31. Spliincler coiunum chez Hivers Plongeurs. TUBE INTESTINAL DES VEllTÉBRÉS. o()7 D'autres muscles de la région périnéenoe peuvent exercer aussi une certaine action sur les bords de l'anus, mais ils appar- tiennent à l'appareil urinaire, et leur rôle dans la défécation est sans importance (î). La disposition de cet appareil est à peu près la même chez la plupart des autres Mammifères ordinaires ; mais chez quelques Rongeurs (le Lapin, par exemple), le sphincter de l'anus ne forme pas un anneau complet, et se confond en avant avec les muscles de l'appareil génito-urinaire, de façon à embrasser toutes ces parties dans une même ouverture contractile, dispo- sition qui est intermédiaire entre ce que nous venons de voir et ce qui existe chez les Animaux à cloaque, où ce vestibule génito-anal est fermé par un sphincter commun. ^5. — L'intestin, de même que l'estomac, est revêtu exté- Timiquo séreuse '-' ' ' de 1 intestin rieurement d'une tunique mince, transparente et ordinairement , et ses "■ Jepenclances. incolore (2) , qui lui est fournie par le péritoine, et qui consiste en lie du bassin à l\'pine sciatique ou répiiie de l'ischion ; mais d'antres fibres sont fixées indirccteinent ati détroit supérieur du bassin par l'in- termédiaire de l'aponévrose pelvienne, lame fibreuse qui recouvre tout le diap!iia;j;inc périnécn et forme la couche supérieure du plancher du bassin. (1) Les muscles transverses du périnée sont do ce nombre chez l'Homme (a), et chez quelques Mam- mifères où l'anus, s'avance notable- ment sous la base de la queue, l'extré- mité du rectum peut être fortement comprimée par la contraction de fibres charnues qui sont disposéesen manière de sangle au-dessous de ce canal et qui prennent leurs attaches sur les côtés ûi'^ premières vertèbres coccy- giennes. Ce muscle compresseur du rectum est très développé chez le Rat d'eau, ou Campagnol amphibie, et quelques autres Rondeurs (a). ('2) Chez la Grenouille, la portion pariétale du péritoine est colorée en noir par une couche de pigment sous- jacente; mais les replis mésentériques n'offrent pas cette particularité , et sont, comme d'ordinaire, incolores. La tunique séreuse de l'intestin est colorée chez quelques Poissons : ainsi elle présente chez la Chimère une teinte bleue noirâtre, et chez le Raja bâtis la surface externe de la portion dorsale de l'intestin est d'un vert doré. Une grande partie de cette por- tion de l'appareil digestif présente une coloration bleuâtre ou noirâtre chez divers Reptiles, tels que le Po- (ft) Cuvicr, Leçons d'analumie comiiaréc, t. IV, 2" [larlic, p. 41 li. o68 APPAREIL DIGESTIF. un repli de cette membrane séreuse dont la majeure partie est appliquée, comme nous l'avons déjà vu, contre les parois de la cavité abdominale (i). Chez les Vertébrés inférieurs, la disposi- tion de cette duplicature est fort simple et facile à comprendre; mais chez l'Homme, ainsi que chez la plupart des autres Mam- mifères, il n'en est pas de même (*2), et, pour bien saisir son hjchrus marmoratus , le Chameleo vaux de plusieurs auteurs plus récents, ■pumiAus, le Lacerta agilis, VAnguis dont les uns se sont occupés spéciale- fragilis, le Çhondrostoma nasus el nient de ces parties chez l'Homme (d), le Pristiurus (a). et les autres ont étendu leurs recher- (1) Voyez ci-dessus, page /i. clies à divers Animaux (e). Enfin, les (1) La disposition anatomiquc du observations importantes de J. Millier péiiloine et de ses dépendances, in- sur le mode de formation des mésen- coniplclement connue des anciens, a tères chez Tembryon ont jeté une vive été l'objet de recherches nombreuses lumière, non-seulement sur ce point faites par Massa, i\Ialpighi, Douglas, spécial d'organogénie, mais encore sur Winslow (6) et quelques autres anato- les véritables caraclères de quelques mistes du XYii*^ etdu xviii'^ siècle (c). parties de cet appareil suspenseur On doit citer aussi à ce sujet les tra- chez l'adulte {f}. [a] Lcytli;;, Lchrbuch der Histologie, p. 325. (6) Massa, Anatomiœ Uber iiiti'oductorlus, ■1559. — Malpighi, Exercitatln de oinento, pinguedine el adiposis ductlbiis {Opéra omnla , t. II, p. 33 et suiv.). — Douglas, Description ofthe Peritonœum and of that part of the Membraiia cellularls which lies on the outsides, with an Account ofthe abdominal viscera, 1730. — Wiiislow, Nouvelles observations anatomiques sur la situation et la conformation de plu- sieurs viscères {Mém. de l'Acad. des sciences, 1725, p. 234). (c) Voyez Haller, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 340 et suiv. (d) Stock, De statu mesenlerii naturali et prœternaturaU. lœnaB, 1755. — Van Nœmer, De fabrica et 2tsii, omenti. Lcydo, 1764. — Ctiaussier, Essai sur la structure et les usages des épiploons (Mém. de VAcad. de Dijon, 1784). — A. Vacca Berliiighieri, Mém. sur la structure du péritoine et sur ses rapports avec les viscères abdominaux (Mém. de la Soc. méd. d'émulation, t. 111, p. 3! 5). — Froriep, Ueber den Vortrag der Anatomie, nebst eine neue Darstellung des Gekroses und der Netae. Weimar, 1812. — C. Langenbeck, Commentarius de structura peritonœi, lesticulorum tunicis, etc. Got- tingue, 1817. . — Rallike, Das Mesenterium, dessen Struclur und Bedeutung. Wurtzbourg, 1823i. — Seil, Dissert, sistens omenti physwlog. et patholog. Bonn, 1827. — Seegers, Comment, de membrana peritonœi. Breda, 1833. — Hanscn, Peritonœi humani anat. etphysiol. Berlin, 1834. — C. J. Baur, Analomische Abhandlung Uber das Banchfcll des Menschen. Stultgard, 1838. — S. H. Meyer, Anat. Beschr. des Bauchfells des Menschen. Berlin, 1S39. (e) Stoscli, Disquisitio physiologica de omentis Mammalium partibusqiie illis similibus aliorum Animaliuiii. Berlin, 1807. — Hennccke, De functionibus omentorum in corpore humano. Goilingue, 183G. — Robert, De ligamentis vcntriculi et liberis peritonœi plicis. Marbourg, 1837. (/■) J. Millier, Ucber den Ursprung der Net%e und ihr Verlicillniss z^um Peritonealsacke beim Menschen, aus anatomischen Untersuvhungen an Embryonen (Meckcl's Archiv fur Anai. und Physiol., 1830, p. 395, pi. 11, lig. 1-10). TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 369 mode de conformation, il est utile de connaître la manière dont la portion abdominale de l'appareil digestif se développe chez l'embryon (1). C'est dans une autre partie de ce Cours que nous aurons à nous occuper spécialement de l'étude de ce phé- nomène organogénique, et en ce moment je me bornerai à en esquisser quelques traits. Dans le principe, la couche de matière plastique qui est Mode destinée à former l'intestm se trouve appliquée contre la paroi développement • r • , A r • du ■ dorsale de la cavité viscérale ; mais bientôt elle s'en éloigne plus mésentère. ou moins, et n'y reste attachée que païenne traînée du tissu inter- médiaire qui constitue une lame longitudinale et qui loge les vais- seaux sanguins dépendants de la partie correspondante du lube digestifen voie de formation. La membrane séreuse, qui se déve- loppe ensuite sur les parois de la cavité viscérale, se constitue en même temps sur les deux surfaces opposées de ce prolon- gement suspenseur, ainsi que sur l'intestin qui adhère au bord inférieur de celui-ci, et il en résulte deux lames membraneuses adossées l'une à l'autre, se conhnuant, d'une part avec la portion adjacente du péritoine pariétal, d'autre part avec la tunique externe du tube intestinal, et formant ainsi un repli dans l'inté- rieur duquel ce viscère est logé. Dans les points où l'intestin resle appli(|ué contre la paroi dorsale de la cavité abdominale, ce revêtement séreux se porte directement de la portion libre de la (1) Le développement de l'intestin et J. Millier, et plusieurs autres anato- le mode de formation des replis péri- niistes [a), ainsi que nous le verrons tonéaux qui fixent ce tube à la péroi plus au long quand nous nous occu- dorsale de la cavité abdominale, ont perons de l'embryologie des Animaux été étudiés par Wolff, Meckel, M. Baer, vertébrés. (rt) Wolff, De formalione inteslinorum (Nuvi comment. Açad. Pelr., 4768 à 1709, (. XII etXlîI). — Meckel, lic'Urtiije %ur EntwickelunrjsgeschiclUe des Darmkanah [Deutsches Archtv fur die Physiolofiie, 181. ï, l. I, p. 203). — Bacr, Uebev KiUwii;kelungsgeschichlc der Tliiere, l. I, p. l'.i, cl urt. DcucluppemciU des Oiseaux, dans la Physiologie de Burdach, t. III, p. 23-^. — .1. Millier, Op. cil. (Mcckcrs Archiv filv .\Hat. iiiid Plujsiul., 1830, p. o'J5, pi. H, life'. 1 à 10). VI 2^ 370 APPAREIL DIGESTIF. surface du viscère surles parties adjacentes de cette paroi, et con- stitue un repli très court dont les deux feuillets restent écartés entre eux ; mais là où l'intestin s'éloigne du dos, le repli péri tonéal s'allonge proportionnellement, et dans l'espace laissé entre la paroi postérieure de la cavité abdominale et le viscère, ses deux feuillets se rejoignent de façon à constituer une sorte de rideau suspenseur dans l'épaisseur du bord libre duquel ce dernier est logé. Le tube intestinal ne se trouve donc jamais à nu dans la cavité de l'espèce de sac clos qui est constitué par le péri- toine. Il n'est en rapport, qu'avec la face extérieure de cette membrane séreuse; mais il est contenu dans des replis de celle-ci qui s'avancent plus ou moins loin en dedans et qui font saillie dans l'intérieur de la cbambre qu'elle tapisse. Chez quelques Vertébrés inférieurs, la portion de ce repli membraneux qui se trouve entre l'intestin et la paroi dorsale de la cavité abdominale n'a qu'une existence temporaire, et se détruit plus ou moins complètement par les progrès du travail embryogénique, de sorte que chez l'Animal adulte le tube digestif est libre dans presque toute sa longueur, ou ne se trouve attaché que par quelques brides membraniformes. Disposition L'absence du mésentère se remarque chez la Lamproie, la du mésentère, (^^j.pg g^ quclqucs autrcs Poissons (1) ; mais chez tous les Ver- jébrés supérieurs il en est autrement, et ce prolongement de la tunique séreuse de l'abdomen constitue pour l'intestin un appa- reil suspenseur permanent, dont la portion principale est connue (1) Ce mode de développement chez le Turbot, VEsox helone et la rétrograde des mésentères qui, après Loche. Chez la Carpe et chez les avoir affecté la forme d'expansions Lamproies, cet anatomiste n'a trouvé lamcUeuses, se réduisent à de simples aucun indice de l'existence d'un mé- brides, a été constaté par Ralhke, sentère, même dans le jeune âge (a). (a) r.alhke, Ueber denDarinkanal und die Zeugungsorgane'der Fische {Beitr. %ur (Jeschichte dcr Thierwelt, t. 11, p. 104), TUBE INTESîlNAL DES VERTÉBRÉS. 371 SOUS le nom de mésentère (1), et dont la portion antérieure, appartenant à l'estomac, comme nous l'avons vu précédem- ment, est appelée le mésogaster ou petit épiploon (2). D'après ce mode de développement, on conçoit facilement que la disposition des prolongements membraneux à l'aide desquels le tube digestif est attaché dans la cavité viscérale puisse varier suivant que l'intestin, tout en décrivant des ondu- lations plus ou moins nombreuses, se porte directement vers l'anus, ou bien se recourbe sur lui-même pour revenir vers l'estomac, avant que de gagner la partie postérieure du bassin par lequel l'abdomen se termine, et suivant qu'il s'écarte tout entier de la paroi dorsale de l'abdomen ou qu'il y reste appliqué dans certaines parties, tandis que dans d'autres il s'en éloigne. Sous sa forme la plus simple, cet appareil suspenseur ne con- siste qu'en un seul repli longitudinal qui naît sur la ligne médiane, et qui s'étend d'avant en arrière de façon à loger entre ses deux feuillets, d'abord l'estomac, puis l'intestin grêle, et plus loin le gros intestin ; mais presque toujours il est assez nettement divisé en une portion stomacale et une portion intes- tinale, par suite de l'adhérence de la partie du duodénum où viennent déboucher les conduits excréteurs du foie et du pan- créas (o). Souvent cette dernière portion se trouve également subdivisée de la même manière en deux ou en plusieurs décou- pures assez semblables aux festons marginaux d'une draperie. (1) En grec, u.sffsvTspiov ; de p-s'co;, Chez les Marsupiaux, la disposition qui est au milieu, et de é'vTjpov in- du mésentère est à peu près la même testin. que chez les Reptiles carnivores. En ('2) Voyez ci-dessus, page 302. effet, depuis le commencement du (3) Comme exemple d'un mésen- duodénum jusqu'au rectum, l'intestin tère continuel simplement froncé, je est flottant et suspendu par un repli citerai celui des Lézards (a). péritonéal continu (6). (a) Voyez l'iUard, art. I'eritoN/ECM, dans TodJ's Cyclop. of Anat., l. III, p. 942, li;,-. 491. (//) Owcn, art. Marsupialia (Todd's C'î/c/o/n uf Anal., t. III, p. 302). o72 APPAREIL DIGESTIF. Ainsi, chez l'Homme et beaucoup d'autres Mammifères, non- seulement le mésogaster, ou repli supérieur de l'estomac, est distinct du mésentère auquel l'intestin grêle est suspendu, mais celui-ci est séparé du mésocôlon (1), ou prolongement péri- lonéal qui donne attache à la portion flottante du gros intestin. Il est aussi à noter que chez les Vertébrés supérieurs, l'intestin, en se développant, subit un mouvement de torsion sur lui- même , qui modifie considérablement ses rapports avec les organes adjacents; qu'une portion de la tunique péritonéale se renverse de façon à s'invaginer dans le repli contenant l'es- tomac ; enfin, que certaines parties de ces replis, après avoir été parfaitement distinctes entre elles, se soudent ensemble et se confondent complètement. Il en résulte qu'alors les dépen- dances de la tunique péritonéale offrent une disposition beau- coup plus complexe que chez les Vertébrés inférieurs et devien- nent d'une étude difficile; mais il y a partout continuité entre ces prolongements suspenseurs et la membrane qui tapisse les parois de la cavité abdominale, de manière que le tout ne constitue qu'une seule et même poche séreuse. Trajet Lc trajct sulvl par l'intestin de l'Homme est, en effet, fort canal inleslinai compliqué. Lc duodéuum , qui naît de l'orifice pylorique, j'abaTraen. sltué, commc uous l'avons déjà vu, du côté droit, à l'extré- mité rétrécie de l'estomac, décrit presque aussitôt une cour- bure semi- circulaire, de façon à aller s'accoler à la paroi postérieure de la cavité viscérale (2) ; puis il se dirige à (1) MsooV.cûAov; de [j.iao;, qui est au lisses qui se détache de sa tunique milieu, et de /.w/.ov, ï intestin côlon. charnue, et se termine par des fibres {'}) La portion terminale du duodé- tendineuses élasliques dans le tissu nuni est fixée contre la partie corres- conjonctif serré dont Tarière cœliaque pondante des parois abdom.inales , est entourée, et sur le pilier interne non-seulement par le péritoine et des du diaphragme. Ce faisceau, décrit par brides de tissu conjonctif, mais encore Treilz, est désigné sous le nom de mr un faisceau de fibres musculaires muscle suspenseur du duodénum [a). (a) Treilz, Ueber euie ncue Muskel am Duodénum des Menscheii {l^roijer Vierleljahrsschrij'l fur jjract. Heilk., 1853, t. I, p. Il3j. TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 'àl2> gauche, en passant derrière la grande artère dite mésentérique supérieure^ qui descend obliquement de l'aorte vers le jéju- num et l'iléon. L'intestin grêle se porte ensuite en avant et en bas, devient flottant, décrit une multitude de courbures, et va déboucher dans le caecum, qui se trouve à la partie inférieure de l'abdomen du côté droit. Dans toute cette partie de son trajet, ce tube est suspendu au bord libre du mésen- tère qui naît de la paroi postérieure de l'abdomen, et qui con- siste en une sorte de poche aplatie dont les deux feuillets sont soudés entre eux de façon à simuler une lame membra- neuse, dans l'épaisseur de laquelle il serait logé, ainsi qi\e ses vaisseaux et ses nerfs (1). La portion suivante de l'intestin est d'abord appliquée directement contre la partie adjacente de la paroi abdominale, et se trouve simplement recouverte par une expansion du péritoine, sans que celui-ci se prolonge de façon à constituer un repli suspenseur. Le csecum et le com- mencement du côlon ne flottent donc pas dans la cavité viscé- rale, comme le font le jéjunum et l'iléon; mais la portion sui- vante du gros intestin ne tarde pas à s'écarter de la paroi dorsale de la cavité abdominale, et à présenter cette dernière disposition : elle forme ainsi une grande anse dont la convexité est dirigée en haut et en avant ; elle remonte d'abord vers le foie, puis se porte transversalement à droite en passant sous (1) Le mésentère naît de la paroi n'offre par conséquent que peu d'é- dorsale de la cavité abdominale, sui- tendue à sa base, mais il grandit vaut une ligne oblique qui commence énormément vers son bord libre où se à l'origine du jéjunum (c'est-à-dire trouveTinlestin, et, ens'avançant vers du point où l'intestin grêle, après celui-ci, il se fronce beaucoup, de avoir passé derrière l'origine de l'artère façon à suivre toutes les circonvolu- mésentériquc supérieure, se trouve à lions formées par cette portion du gauche delà troisième vertèbre lom- tube digestif, et à ressembler à une baire), et qui descend jusque dans la sorte de manclielte très ample et bien région iliaque du côté droit (a). Il froncée (b). (n) V'oyez Rourgcry, Anatomic de l'Homme, I. V, [il. 30. [b) Idem, ibid., 1>1. 20 ft 27. 374 APPAREIL DIGESTIF. l'estomac, et redescend de ce côté pour aller plonger dans le bassin. Dans les différentes parties de ce trajet, elle prend les noms de côlon ascendant, de côlon transverse et de côlon descen- dant; enfin sa portion terminale constitue le rectum. Le côlon descendant et le rectum sont attachés à la paroi postérieure de la cavité abdominale par un repli du péritoine, appelé mésocôlon, dont la disposition ne diffère pas notablement de celle du mésen- tère (l). Chez l'embryon, il en est primitivement de même pour le côlon transverse, dont la tunique séreuse est unie au péritoine commun par un double prolongement suspenseur ; mais, par les progrès du développement, ce dernier repli se soude à la face inférieure du grand repli séreux qui renferme l'estomac et qui descend ensuite au-devant de la masse viscérale pour constituer l'espèce de tablier membraneux dont j'ai déjà eu l'occasion de parler, sous le nom de grand épiploon. 11 en résulte que chez l'Homme toute cette portion transversale du gros intestin se trouve attachée à l'appareil suspenseur de l'estomac, et fixée au feuillet postérieur de l'épiploon, dont la structure est rendue ainsi fort complexe (2). (1) La portion inférieure du côlon à la paroi abdominale a reçu le nom descendant se trouve appliquée contre d& mésocôlon iliaque, et la portion la paroi correspondante de la cavité suivante du même prolongement abdominale, de façon que dans la ré- membraneux qui dépend du rectum gion iliaque droite, de même que dans est appelée mésorectiim (6). la région iliaque gauche, le gros in- 11 est aussi à noter que cet appareil testin n'est pas flottant ; mais celui- suspenseur donne naissance à une ci décrit ensuite une courbure appelée multitude de petits prolongements di- rSz7mqrte, qui se porte en avant, puis gitiformes, ou d'excroissances coni- en arrière, et plonge dans le bassin qucs qui partent de la surface de l'in- pour y constituer, sur la ligne mé- testin, etqui, à raison de leur structure, diane, la portion terminale du canal sont comparables à l'épiploon. On les digestif, nommée rectum à cause de la désigne sous le nom d'appendices direction en ligne droite qu'elle suit épiploïques. pour se rapprocher de l'anus [a). Le (2) Pour bien comprendre la dispo- repli péritonéal qui suspend l'S iliaque sitiondesépiploonset leursconnexions {a) Voyez Bourgery, Op. cit., t. V, pi. 30. (6) Mot hybride, formé de «/705, et de rectum. TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 375 Enfin le péritoine donne aussi naissance à d'autres replis qui diffèrent des mésentères par leur peu de largeur, et quelques- unes de ces brides concourent aussi à amarrer, pour ainsi dire, LijVameiils |Jcritonoaiix. avec les parties adjacentes du tiibc digestif, il faut noter d'abord que la membrane péritonéale, après avoir ta- pissé laface inférieurediidiapliragme, se réfléchit en bas et en avant pour recouvrir la face supérieure et anté- rieure de l'estomac. Parvenue au bord de la grande courbure de ce viscère, cette lame séreuse se prolonge en manière de voile au-devant de la masse viscérale jusque vers le bas de la cavité abdominale, puis se recourbe brusquement en arrière et en haut, s'applique contre la face postérieure du tablier épiploïque dont je viens de parler, passe derrière l'estomac, mais sans y adhérer, et va se fixer à la pa- roi dorsale de la cavité abdominale, au-dessus de la racine du mésentère, où elle se continue avec la portion adjacente du péritoine pariétal. Elle constitue ainsi un grand sac aplati d'avant en arrière, dans l'intérieur duquel se trouve l'estomac, et s'en- fonce un autre prolongement de la tunique péritonéale qui tapisse la face postérieure de l'estomac , s'ac- cole à la face postérieure ou infé- rieure du feuillet antérieur du grand épiploon, se réfléchit comme celui-ci pour remonter le long de la face antérieure du feuillet dorsal de ce même repli, et ressort dans le voi- sinage du point par lequel il était entré. Cette portion de la tunique vis- cérale, appelée sac épiploùiue, forme donc une seconde bourse qui se trouve logée entre les deux feuillets de l'épi- ploon, et qui circonscrit dans l'épais- seur de ce voile membraneux une cavité en communication avec la caviié abdominale par une espèce de détroit situé sous le foie et appelé Vhiatus de Winsloiv. L'estomac se trouve logé entre les feuillets anté- rieurs de ces deux poches, et ces mêmes feuillets se soudent ensuite entre eux pour constituer la lame antérieure du grand épiploon. La lame postérieure de celui-ci est également composée de deux feuillets appartenant , l'un au sac épiploïque externe, l'autre au sac invaginé dans celui-ci. Le grand épi- ploon, malgré sa délicatesse extrême, se compose donc, en réalité, de qua- tre feuillets membraneux soudés deux à deux, et circonscrivant une cavité dont l'existence peut-être démontrée par l'insufflation (surtout sur des ca- davres d'enfanis). L'espace vide ainsi circonscrit communique avec l'inté- rieur de la chambre viscérale par l'hiatus de Winslow, et les anatomistes le désignent sous les noms de cavité épiploïque ou cavité du péritoine. C'est au feuillet postérieur du grand épiploon qiie le côlon transverse se trouve attaché, et beaucoup d'auteurs pensent que cette portion du gros in- testin est logée entre les deux lames constitutives de ce feuillet , comme nous avons vu l'estomac être compris entre les deux lames du feuillet anté- rieur du même appareil suspenseur. Mais, quand on étudie le mode de développement de ces parties chez l'embryon, on voit qu'il en est autre- ment. Le mésocôlon transversc est primitivement distinct de l'épiploon ; mais par les progrès^'du travail cm- 376 APPAREIL DIGESTIF. le tube intestinal dans la cavité abdominale. On les appelle ordinairement ligaments du péritoine; mais c'est à cause de leurs usages seulement, et non en raison de leur nature intime, qu'on peut leur appliquer ce nom (1). bryogéniqiie, il s'en rapproche de plus en plus, se soude à la face inférieure de ce grand repli membraneux, et finit par se confondreavec son feuillet postérieur ou inférieur. Ainsi, quand les métamorphoses viscérales sont achevées , le mésocôlon transverse constitue la lame externe de la por- tion basilaire du feuillet postérieur du grand épiploon, et le côlon irans- verse se trouve suspendu à la paroi dorsale de l'abdomen par une partie du repli péritonéal qui donne attache ' à Testomac. J. Muller a publié des figures théoriques de ce mode d'ar- rangement qui en facilitent beaucoup l'intelligence (a). Le sac épiploïque est divisé en deux portions, savoir : la petite bourse épiploïque {b), qui naît au bord du , trou de Winslow, situé derrière le ligament hépato-duodénal, et qui s'en- fonce entre le petit épiploon et la portion lombaire du diaphragme ; 2" la grande bourse épiploïque, qui est séparée de la précédente par un repli falciforme du péritoine renfer- mant les vaisseaux coronaires stoma- chiques gauches (c) , et dirigée du cardia au pancréas derrière l'esto- mac {d). C'est cette seconde portion du sac épiploïque qui descend sur la face postérieure de l'estomac, et s'en- gage dans le grand épiploon. (1) Lorsque nf)us étudierons l'ap- pareil biliaire, nous verrons que les brides appelées les ligaments du foie sont des replis de ce genre. La rate en ofl're aussi, et j'ai déjà eu l'occa- sion de signaler l'existence du liga- ment phrénogastrique (e). Les liga- ments péritonéaux de l'intestin sont : 1° Le ligame7}t hépato-duodénal, qui descend de l'extrémité droite du sillon transversal du foie à la portion transversale supérieure du duodénum, à côté du trou de Winslow, et qui ren- ferme la veine porte, l'artère hépati- que, le plexus hépatique, le canal cystique, etc. 2" Le ligament duodéno-rénal , repli semi-lunaire qui s'étend hori- zontalement de la portion transverse supérieure du duodénum à l'extré- mité supérieure du rein droit. 3" Le ligament hépato - colique , repli qui s'étend de la vésicule biliaire à la courbure hépatique du côlon, et qui fait suite au ligament hépato- duodénal. h°he ligament colico-splénique, qui unit, parfois l'extrémité inférieure de (a) J. Millier, Ueber den Ursprung der Netze und ihr VerhâUniss %um Peritonealsacke beim Menschen, ans anatomischen Untersuchungeii an Embryonen (Meckcl's Archiv fur Anal, und PhysioL, 1830, p. 395, pi. 41, fig. 1 à 10). (6) Bursa nmenti minons. (c) Ce repli est appelé la cloison des bourses épiploïques, on ligament gastro-pancréatique. {d} On appelle foramen omentis majoris, rouverUire qui établit la communication entre les deux bourses ou compartiments du sac épiploïque. (e) Voyez ci-dessus, page 303. TUBE INTESTINAL DES VERTÈBRES. 377 Je ne crois pas devoir m'arrêler à décrire les variations qui Modifications * spéciales ont été constatées dans la disposition des mésentères ou prolon- dumésemèrc gements suspenseurs du péritoine chez les divers Vertébrés (1), la rate à rextrémité gauche du méso- côlon transverse. 5° Le ligament pleuro-colique qui peut être considéré comme le com- mencement supérieur du feuillet ex- terne du mésocôlon gauche, et qui, de même que celui-ci, se porte des parois du bas-ventre à la face externe du côlon, du côté gauche. 6° Les ligaments du rectum, ou plis de Douglas, replis semi-lunaires qui, de chaque côté, se portent hori- zontalement du rectum à la vessie chez l'homme, et à l'utérus chez la femme. Quelques anatomistes donnent le nom de ligament colique droit, ou de ligament cœcal, à un petit pli falci- forme qui est étendu du commence- ment du côlon ascendant au muscle iliaque du côté droit. (1) Une des particularités les plus remarquables qui aient été signalées dans la conformation du mésentère est celle constatée chez les Ophidiens par Robert. Ce repli séreux, au lieu d'accompagner l'intestin dans toute sa longueur, constitue une sorte de poche autour des circonvolutions courtes et peu nombreuses de ce tube, qui sont réunies en paquet et liées entre elles par du tissu conjonclif assez dense {a]. M. Owen a trouvé que, chez les Crocodiles, les replis périlonéaux présentent quelques dispositions re- marquables; ainsi, le feuillet qui se réfléchit sur la face intérieure de l'es- lomac se prolonge sur la face infé- rieure du lobe droit du foie, et con- stitue ensuite, comme d'ordinaire, un mésentère lâche pour loger les intestins; mais le feuillet séreux qui recouvre la face supérieure de l'es- tomac se réfléchit sur la face infé- rieure du lobe gauche du foie, et constitue ainsi une cavité spéciale; de façon que l'estomac n'est pas libre dans la cavité viscérale (6). Chez les Tortues proprement dites, le mésocôlon, ou portion du repli péritonéal qui porte le côlon trans- verse , se prolonge pour consiituer le mésentère auquel se trouve sus- pendu l'intestin grêle. Chez le Caret, le niésocôlon, formé par une bride qui se détache de l'enveloppe du poumon gauche, donne naissance au mésorectum, et se relie au mésentère à droite. On rencontre aussi d'autres variations dans la disposition de ce système de replis suspenseurs chez divers Reptiles (c). Il est également à noter que les ap- pendices péritonéaux présentent chez quelques Vertébrés des particularités (a) Robert. De lujainentis ventriculi liberis peritonœi pUcis, Marbourç, dS'iO (voy. Stanniiis et Siebold, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, t. II, p. !i27). ((/) Owen, Notes on Ihe Analomy of a Crocodile (['roceed. ofthe Zool. Soc, 183t, t. I, p. 130 .-M 09). — Martin, Disseclion of Ihe Croeodiliis leplorliynclms {Procced. ofthe Zool. Soc, 1835, I. III, p. 120). ((■} Diivernoy, Additions n\i\ Leçons d'anatomie compan'e de Cnvior, 2° édil., t. IV, 2* partie, p. G08 et siiiv. 378 APPAREIL DIGESTIF. car elles ne paraissent pas avoir une grande importance, et je me bornerai à ajouter que le mode d'arrangement de l'in- testin dans la cavité abdominale est déterminé en partie par la direction ou la grandeur de ces appendices membraneux, en partie par la longueur plus ou moins considérable de telle ou telle portion de ce tube. On remarque à cet égard des diffé- Direction rcHCCs très nombreuses. Presque toujours cependant la première générale de l'intestin, portiou de l'intcstin grêle constitue une anse plus ou moins grande dont les deux bouts sont assez rapprochés, et d'ordi- naire la première portion du gros intestin remonte vers l'estO' mac. Quant au mode de groupement des circonvolutions de la portion moyenne et terminale de l'intestin, on peut, en général, le rapporter à deux types : tantôt ce tube décrit des ondulations irrégulières plus ou moins semblables à ce que nous avons déjà vu chez l'homme; d'autres fois il s'enroule en une grande spi- rale. Comme exemple de ce dernier mode d'organisation, je citerai le têtard delà Grenouille (1). de slructiire d'une certaine impor- tues, l'Orvet, les Salamandres, les • tance. Ainsi, chez l'Émissole corn- Triions, etc., mais ne se voit pas chez mune (Mustellus vulgaris) , on trouve la Grenouille, le Crapavid et le Protée. des fibres élastiques en assez grande Enfin il y a aussi des muscles lisses abondance dans quelques-uns de ces disposés en réseau dans le mésentère replis suspenseurs, et chez la Poule perforé du Gobius niger et dans ces fibres constituent dans le mésen- celui de divers Sélaciens, tels que le tère un réseau. D'autres fois il y Mustellus vulgaris, le Scyllium et existe des fibres musculaires lisses : le Squatina angélus (a). chez la plupart des Beptiles et des (1) Ainsi que je l'ai déjà dit, les Batraciens, par exemple, des fibres Têtards, dont le régime estessentielle- de cette nature se rencontrent le long ment végétal, ont le tube ahmentaire des principaux vaisseaux du mésen- extrêmement long ; l'intestin grêle en tère, et rayonnent du point d'attache constitue la plus grande partie, et dorsal de ce repli membraneux vers forme plusieurs anses dont l'une, très son bord intestinal. Celte disposition allongée, s'enroule sur elle-même (6). s'observe chez les Lézards, les Toi- Chez le grand Têtard de la Guyane, (a) Leydig, Lehrbucli der Histologie, p. 325. (6) Swamnierdam, Biblia Naturœ, t. II, pi. iO, fig. i. — Rœsel, Hist. nat. Ranarwn, pi. 19, fig. 1 et 2, TUBE INTESTINAL DES VERTEBRES. 379 C'est dans la classe des Poissons que les différences sont les plus grandes, et chez quelques-uns de ces Animaux une por- tion considérable de l'intestin, au lieu d'occuper, comme d'ordinaire, la région abdominale du corps, s'avance dans un prolongement de la cavité viscérale qui est creusée entre les os du bassin et les muscles de la queue (1). Tantôt l'intestin est presque droit, par exemple chez le Hareng (2) ; d'autres fois il se replie de façon à constituer une anse unique, mais très longue, qui s'avance au-dessous de l'estomac, jusque sous l'œsophage, soit en ligne à peu près droite, comme cela se voit chez le Brochet (3), soit en suivant une marche très sinueuse, comme chez divers Cyprins (/i), ou bien qui s'enroule sur elle-même en arrière de ce dernier organe, comme chez le Disposition (le l'inteslin des Poissons. appelé Jakie, ou Rana puradoxa, les tours de spire ainsi constitués sont extrêmement nombreux (a). (1) Cette disposition se voit chez les Pleuronectes du genre Sole. L'appen- dice de la cavité viscérale est situé du côté droit du corps, et loge la majeure partie des organes génitaux, ainsi que la presque totalité de l'intestin grêle, et une grande partie du gros intestin. (2) Chez le Hareng, l'intestin se recourbe un peu en avant, près du pylore, mais ensuite se porle presque en ligne droite jusqu'à l'anus, qui est situé fort en arrière (6). Une dis- position semblable se voit chez le Harenguet ou Clupea sprattus (c), le Clupea pilchardus {d), etc. (3) Chez le Brochet (e), l'intestin chylifique, qui d'ordinaire mérite le nom d'intestin grêle, est plus gros que l'intestin stercoral, etilformela bran- che supérieure ainsi que le coude sous-œsoph agien de l'anse mentionnée ci-dessus; l'intestin postérieur se dirige presque en ligne droite de la région œsophagienne à la partie postérieure de l'abdomen, où est situé l'anus. La direction de l'intestin est à peu près la même chez les Truites (f), le Saumon [g), etc. (il) chez quelques Cyprins, tels que («) Home, Lectures on comp. Anal., t. II, pi. lOL (b) Voyez Monro, The Anatomy and Physiotogy ofFislies, pi. IS, dg. 3. — Brandi et Ratzeburg, Medicinische Zoologie, t. Il, pi. 8, (ig. 1. (c) Ralhkc, Ueber den Darmltanal der Fische {Beilrdge zur Geschichle der Tlderwelt, t. H, et Schriften der naturforschenden Gesellschaft %u Danaiçi, 1824, t. III, [il. 2, fig. 8 c! 9). (d) Homo, Leçons d'anatomie comparée, t. Il, pi. 85, fig. 2. (e) P.alhkc, 6p. cit., pi. 1, fig. 10. — Home, Op. cit., p). 80. — Milne Edwards, Éléments de zoolofiie, t. III, p. 240, (Ig. 380. (/■) Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmones, pi. K, lig. 2. {g) Horae, Op. cit., pi. 95. 380 APPAREIL DIGESTIF. Blennie, ou se pelotonne comme chez le Turbot (1). Enfin, il est aussi des Poissons dont l'intestin forme deux grandes anses dirigées en sens inverse, ou décrit un trajet encore plus com- pliqué (2) . l'Ablette {Leuciscus alburnus) , le tra- jet suivi par le tube intestinal est à peu près le même que chez le Bro- ciiet (a) ; mais chez une antre espèce du même genre, le llotangle [Leucis- cus enjthrophthalmus), l'anse intes- tinale décrit quelques sinuosités (fi), et chez la Carpe carassin, cette anse, non-seulement se recourbe plusieurs fois sur elle-même, mais s'enroule au- tour de l'estomac (c). Enfin, chez la Carpe commune, l'anse intestinale s'allonge encore davantage etse reploie deux fois sur elle-même, de façon que dans toute la portion moyenne de l'abdomen, ce tube longe l'estomac six fois, et forme avec ce viscère ei le foie un paquet difficile à démêler [d). (1) Chez le Turbot (e), cette dispo- sition est plus simple que chez la Plie (/■) et chez le Blennie vivi- pare (g). (2) Ainsi, chez laMorue(/t), le faux Merlan ou Gadus callarias {i), l'in- testin, après avoir formé une petite anse antérieure près du pylore, se di- rige en arrière pour en constituer une seconde, puis revient près de son point de départ, et se recourbe de nouveau pour aller presque en ligne droite jusqu'à l'anus. Une disposition semblable se voit chez la Lotte ( j), la Perche (k) , le Chaboisseau ou Cottus scorpius (/), la Baudroie (m), le Gymnarche (n), l'Esturgeon (o), la Torpille (p), etc. Chez la Sole, l'intestin forme deux grandes anses dont les quatre bran- ches sont disposées à peu près paral- lèlement {q). (a) Rallikc, Ueber den Davmlianal der Fische [loc. cit., pi. i , Rg. 5). (6) Idem, ibid.,i>\. 1, fig. 3. (c) Iilcm, ibid., pi. 1 , fig. 4. {d) Petit, Anatomie de la Carpe (Mém. de l'Aead. des sciences, 4733, p. 203, pi. 13, fin;. \ et 2 ; pi. 14, flg. 1 et 2). {e) Rathke, 6p. cit., pi. 3, fig. 3 et 4. (/■) Idem, î6id.,pl. 3,fig. 1 et 2. (g) Idem, ibid., pi. 3, fig. 6. — Carus et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 4, fig. 7. {h) Monro, The Structure and Physiol. of Fishes,'ç\. 22. — Homo, Op. cit., pi. 90. (i) Rathke, Op. cit., ni. 4, fig. 1. — Brandt et Ratzeburg, Op. cit., t. II, pi. 8, fig. 3. , — Carus et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., pars iv, pi. 4, fig. 8. (iH^ialhkc, Op. cit., pi. 4, fig. 3. (A:) Cuvier, Histoire naturelle des Poissons, t. I, pi. 7, fig. 1 . — Laurillard, Allas du Règne animal de Cuvier, Poissons, pi. 3, fig. 1 et 2. (/) Rathke, Op. cit., pi. 4, fig. 4. (7)i) Home, Op. cit., pi. 94. (») Forg et Duvernoy. Remarques sur V appareil pulmonaire du. Gymnarchus nilolicns (An??, des sciences nat., 3° série, 1853, t. XX, pi. 5, fig. 1). (o) Home, Op. cit., pi. 96. — Brandt et Ratzeburg, Medicinische Zoologie, t. II, pi. 4, fig. 5. — Alessandrini, Op. cit. {Novi Comment. Acad. scient. Instit. Bononiensis, t. II, pi. 14).^ ip) Carus et Otto, Op. cit., pi. 4, fig. H. (g) Home, Leçons d' anatomie comparée, t. II, pi. 91. TUBE INTESTINAL DES VERTEBRES. 381 Dans la classe des Batraciens et dans celle des Reptiles, la Disposinun ... . . ,,. . , . ... de l'inteslin dn^ection suivie par 1 intestin ne présente rien qui soit impor- Jes Bairaacns ,..,.. et tant a noter ICI (1). des Repuies. Chez les Oiseaux, l'intestin forme toujours une première Disposition de l'inteslin anse dite duodénale^ qui, fort rapprochée du pylore et fixée à un des , ^ • T 1 1 ' 111 Oiseaux. mésentère particulier, loge le pancréas entre ses deux branches. La portion suivante de l'intestin grêle est attachée au mésentère ordinaire, et constitue une seconde anse qui est tantôt simple et repliée sur elle-même, ou bien contournée en spirale, d'au- tres fois complexe et subdivisée en plusieurs anses secondaires. Enfin, une troisième portion de ce tube, pourvue également d'un mésentère particuher, remonte vers l'anse duodénale, à laquelle elle adhère, et après avoir décrit deux ou plusieurs coudes, elle se termine au gros intestin, qui se porte directe- ment vers le cloaque (2). (1) Pour plus de détails sur la forme cl le nombre des circonvolulions de rintesliii chez les Ilcptiles, je len ver- rai aux descriptions que Duvernoy en a données (a). On peut consulter aussi, avec avantage, les figures du tube digestif de plusieurs de ces Ani- maux publiées par divers auteurs (6), et j'ajouterai seulement que chez les Chéloniens, le gros intestin présente une disposition qui rappelle un peu ce que nous avons déjà vu chez rilomme, car il remonte vers l'estomac (c) et est en rapport avec ce viscère par son mésentère. (2) Comme exemple des Oiseaux chez lesquels chacune des trois anses intestinales est simple, je citerai le Fonde Bassan {Sula alba), que quel- ques auteurs désignent sous le nom (a) Additions h la 2" édition des Leçons d'anatomie comparée de Ciivicr, t. VII, 2° pai-tio, p. 301 et suiv. (6) Exemples : La Salamandre terrestre (Perrault, Mém. pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, 3° partie, pi. 10). — V Amphiuma means (i . Jones, Investig. Chem. and Physiol. relative to certain American Verlebrata, p. I H , fig-. 20). — La Vipère (Cljaras, Anatomie de la Vipère, dans Mém. pour servir à l'histoire naturelle des Animatix, par Perrault, t. III, 2° partie, pi. 61). — La Couleuvre à collier (Milnc Edwards, Éléments de Zoologie, t. Ill, p. 205, fig-. 356). — Le Trigonocéphale fcr-de-lance (Duvernoy, Fragments d'anatomie sur l'organisaltoii des Serpents, dans Ann. des sciences nat,, \" série, 1833, t. XXX, pi. 14, fi>£. 1 bis). — Le Coluber plicatilis (Uuvernoy, toc. cit., pi. H , fig-. 3). — Le i\aja tripudians (Duvernoy, loc. cit., pi. 13, tig-. 1 et 2). — Le Stellion (Blaiicliai'l, Organisation du ISègne animal , UiiPTiLEs SAUr.lENS, pi. 1 9). — Le Crocodile (Perrault, Op. cit., 3" [larlie, pi. 25). — La Tortue bourbeuse, ou Cistude d'Europe (liojaniis, Aiiat. TcsludiiUs curopicx, pi. 27 cl 28). (c) Gollwaldt, HcmertiuuQen iibcr die SchildtirOtcu, pi. c. Disposition de l'inleslin des Mammifères. ^^82 APPAREIL DIGESTIF. Dans la classe des Mammifères, la disposition des intestins se rapproche en général beaucoup de ce que nous avons déjà vu chez l'Homme (1); mais chez quelques-uns de ces Animaux, principalement parmi les Pachydermes et les Ruminants, on y observe des particularités remarquables qui dépendent de la grande longueur qu'acquiert le côlon ('2). d'Oie de Solan ; l'anse (Inodénale et l'anse moyenne sont droites , et la troisième anse est contournée en spirale (a). Chez le (îoëland {Larus marinus), l'anse moyenne est beaucoup plus longue et enroulée en spirale, tandis que la troisième anse est de longueur médiocre, et seulement sinueuse vers le bout (6). Une disposition analogue se rencontre chez le Corbeau (c). Chez le Pétrel {Procellaria glacia- lis), l'anse moyenne se festonne de façon à constituer six anses secon- daires {d}. Chez la Cigogne à sac {C. argala), l'anse duodénale est extrêmement longue, et l'anse moyenne est subdi- visée ensix grandes anses secondaires, qui présententbeaucoup de circonvo- lutions ; mais la troisième anse est peu développée (e). Chez le Coq, l'anse moyenne est irrégulièrement sinueuse, et les anses secondaires qu'elle constitue se pelo- tonnent en paquet (/"). Duvernoy a décrit d'une manière très détaillée le trajet suivi par l'in- testin chez un grand nombre d'autres espèces d'Oiseaux {g). (1) Ainsi, chez les Singes [h), le trajet suivi par l'intestin est à peu près le même que chez l'Homme. Chez le Chien, l'intestin grêle forme moins de circonvolutions, et le côlon est très développé (i). (2) Chez le Cheval (j), l'intestin grêle après, s'être dilaté pour constituer la poche duodénale dont j'ai déjà parlé (page 3/i7), décrit sous le foie une cour- bure qui contourne la base du caecum ; puis, après avoir passé horizontale- ment derrière la grande artère mésen- térique, il devient flottant et forme une multitude de petits replis ou cir- convolutions. Le Cciecum, dans lequel il va aboutir, est un grand sac allongé et recourbé en manière de crosse, qui occupe l'hypochondre droit. Enfin, le côlou transverse forme une anse étroite et très allongée, qui se porte d'abord en avant au-dessus du ster- {a) Home, Lectures on comparative Anatomy, t. II, iil. 106. (6) Idem, J6id., pl-'t08. (c) Idem, ibid., pi. lOT, fig-. 2. (d) Canis et Olto, Tabulez Anatomiam comparativam illustrantes, pars iv, pi. 6, fig. 14. (e) Home, Op. cit., pi. 109. (/') Milne Edwards, Eléments de zoologie, t. III, p. 19, flg. 141 . Chauveau, Analomie comparée des Animaux domestiques, p. 401, fig. 127. {g) Cuvier. Leçons d'anatomie comparée, 2» édit., t. VII, 2° partie, p. 276 et suiv. {h) Milne Edwards, Op. cit., 1. 1, p. 91 , fig. 29. (i) Voyez Laurillard, Atlas du Piègne animal de Cuvier, Mammifères, pi. 5, fig. i. — Chauveau, Op. cit., p. 384, fig. 122. — Gurlt, Analomie des Pferdes, pi. 2i, fig. 2 ; pi. 36, etc. (j) Voyez Chauveau, Anatomie comparée des Animaux domestiques, flg. U8 et 119. TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 383 ^6. — Au-dessous de la tunique séreuse; constituée comme Tunique - . 1 ' ■ musculaire nous venons de le von^ par les replis suspenseurs que le peri- de nmesiiii, toine tburnit à l'intestin, se trouve une couche charnue qui se compose de deux plans de fibres musculaires lisses (1). Dans le plan externe, ces fibres sont disposées longitudinalement. Celles du plan profond, c'est-à-dire le plus éloigné de la tunique num, puis se replie sur elle-même, de façon que son arc est dirigé en arrière et «'avance jusque vers la par lie postérieure de l'abdomen. La portion suivante de cet intestin, ap- pelé le petit côlon ou côlon flot- tant, est suspendue à un mésentère particulier provenant de la région lom- baire ; elle présente une disposition analogue à celle de l'intestin grêle, et pénètre dans le bassin, où elle se con- tinue sous la forme d'un intestin rectum. Chez l'Éléphant, le côlon forme en travers deux circonvolutions qui res- semblent à des poches, et s'étendent dans les régions ombilicale et hypo- gastrique, au-dessous de l'intestin grêle. Cliez le Bœuf, la portion flottante de l'intestin grêle n'offre rien de re- marquable quant à son trajet. Le cae- cum est grand , à peu près cylin- drique et flottant. Enfin, le côlon, qui ne tarde pas à se rétrécir beaucoup, forme une anse étroite très longue, enroulée en spirale, de façon à décrire des ellipsoïdes, et engagée dans l'é- paisseur du grand mésentère , au bord duquel est suspendu l'intestin grêle (a). Le côlon présente une dis- position analogue chez les autres Hu- minants (6). Chez le Lièvre, le paquet formé par les circonvolutions de l'intestin grêle est en majeure partie rejeté à droite par suite de l'énorme dévelop- pement du cœcum et de la première portion du côlon (c). Chez le Morse, l'intestin grêle abou- ti! au caecum dans Phypocliondre gau- che, au lieu de s'y terminer du côté droit, comme d'ordinaire. (1) Ces fibres musculaires lisses (ou non striées) sont très pâles et fusi- formes. Leur longueur varie de 0""", 14 à 0'nm,22 ; elles renferment un noyau allongé, et elles offrent souvent, d'es- pace en espace, de petits renfle- ments, linfin, elles sont disposées pa- rallèlement en petits faisceaux qui, entourés chacun par un peu de tissu conjonctif, se réunissent pour former des rubans charnus très grêles {d). ib) llomc, Op. cit., pi. 118. Cliauvoau, Op. cit., p. 382, (\g. 121. Exemples : Le Mouton (Home, Op. cit., pi. 121 et 122). La Chèvre (Home, Op. cit., pi. 123). Les Antilopes (Home, Op. cit., pi. 124 el. 125). Les Cerfs (Home, Op. cit., pi. 127, 128, 129, 13U, 131, 132). Le Chameau (Perrault, Op. cit., 1" partie, pi. 8. — Home, Op. cit. Voyez Daubciilon, dans Vllistuire des Mammifères de Bullbn, pi. U2. Kolliker, Traité d'kistoloyie, \>. 448, fijj. 205. 120). oSk APPAREIL DIGESTIF. séreuse, sont transversales et annulaires, de façon à croiser les précédentes perpendiculairement. Dans toute la longueur de l'intestin grêle, les divers faisceaux constitutifs de cette tunique musculeuse sont contigus entre eux, et forment autour de la tunique interne de ce tube une gaine complète (1). En général, il en est de même dans le gros intestin, mais quelquefois ils s'écartent les uns des autres et affectent la forme de bandes étroites plus ou moins espacées : chez l'Homme, par exemple, les fibres musculaires longitudinales du gros intestin ne constituent que trois bandes, entre lesquelles les parois de ce canal se dilatent dans tous les sens, de manière à produire des boursouflures disposées en séries longitudinales (2). Un mode de conforiuation analogue se remarque chez la plupart des Mammifères omnivores (o), ainsi que chez quelques herbivores (1) Il est à noter que ]es fibres séqiient, trois rangées de boursou- longitudinales manquent sur la ligne flures. Cette disposition ne commence de jonction de l'intestin grêle avec à se manifester chez le fœtus que vers le mésentère, et que la couche for- le septième mois de la vie intra-uté- méc par leur réunion est beaucoup rine, et elle n'est encore que peu plus mince que celle constituée par les marquée chez l'enfant nouveau-né. libres circulaires de cette portion du (3) Chez les Singes, le gros intestin canal digestif. est généralement pourvu de cellules ('i) Ces trois rubans musculaires, que ou boursouflures, à peu près comme quelques anatomisles désignent sous chez l'Homme (6), mais chez quelques le nom de ligaments du côlon, com- espèces le caecum est lisse (c). mencent à la base de l'appendice ver- Chez le Maki mococo , les bour- miculaire et restent distincts jusque souflures ne sont bien marquées que dans le voisinage du rectum (o). Sur dans le cœcum et dans la portion le cœcum et dans presque toute la adjacente du côlon (d) ; mais chez le longueur du côlon, il existe par con- Maki vari (e), elles sont à peine indi- (a) VovezBourgery, Anatomie de V Homme, t. V, pi. 31. — Bonamy, Broca et Beau, Allas d'anatomie descriptive du corps humain , t. III, pi. 14 bis et li: ter. (6) Exemples : Le Gibbon (Daiibcntoii, ihns V Histoire nalurellc des Mammifères par Buffon, édll.in-S, pi. 409, fig. l). — Le Magot (Daiibcnton, lac. cit., pi. 410, fig. 2). — le Maiigabey (Idem, loc. cit., pi. i'èi , fig. 2}. — Le Coaïta (Idem, loc. cit., pi. 444, fig. "2). (c) Exemple : le l'atas (Daubenlon, loc. cit., pi. 427). (d) Voyez Daiibenton, toc. cit., pi. 459. (e) liJom, ibuL, pi. 461. TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 385 tels que le Cheval (1) ; niais chez les Mammifères carnassiers, les Ruminants et les Cétacés proprement dits, le gros intes- tin ne présente pas de renflements semblables (2). Les bour- souflures manquent aussi chez les Vertébrés des autres classes. § 7. — Une couche mince de tissu conjonctif, analogue à celle que nous avons vue sur l'estonjac, unit la tunique muscu- Tuniquo muqueuse (le l'intestin. quées, et chez les Taisiei's ces ronfle- ments manquent complètement. Chez les Galéopithcques et chez divers Rongeurs, le caecum et le commencement du côlon présentent aussi des boursoullures nombreuses et très développées (a) ; mais , en général, à quelque dislance de son origine , ce dernier tube devient uniformément cylindrique et res- semble alors beaucoup à l'intestin grêle (6). Quelquefois les dilatations ne dépassent pas la ligne de jonction du caecum avec le côlon (c). On trouve quelques dilatations ana- logues dans les parois du gros in- testin chez les Chauves- Souris frugi- vores. (1) Chez les Solipèdes, les boursou- flures i>ont nombreuses et très dis- linctes danslecœcum el dans toute la longueur de la grande anse repliée du côlon, mais elles manquent dans le petit côlon [d). Chez les Rhinocéros , ces renfle- ments se voient très nettement dans toute la longueur du caecum et de la double anse formée par le côlon ascen- dant et trans verse (e). Chez le Cochon, le caecum est pourvu de trois séries de boursou- flures et le côlon en off're deux rangées dans toute sa longueur ; mais, chez le Babiroussa, il n'existe pas de renfle- ments de ce genre (f). Chez le Daman, le caecum est éga- lement partagé en cellules, mais par deux bandes charnues seulement. Chez les Siréniens ou Cétacés her- bivores, le gros intestin présente aussi des boursoullures. (2) Le gros intestin est également (fl) Exemiile : le Lagomys (Pnllus, I^ovœ species quadrupedum e ordine Glirium, pi. 4 B, tlg. l , 12 et 14). {b) Exemples : — Le Lièvre (D;iubenton, Op. cit., \>\. 92 el 93, lig'. 3). — Le Rat d'eau ou Campagnol amphibie (Daubeiiton, lac. cit., pi. 442}. — Le Campaijnul des prés (Pallas, Op. cit., pi. \1 , fig. 18). — Le Hamster (Daul)uiiton, loc. cit., pi. 272, f\g. 2). — Le Hol-Taupe, ou Spalax typldus (Pallas, Op. cit., pi. 9, fig-. 13). — Le Cochon d'Inde (Daubenion, loc. cil., pi. 14S, lii;'. 1). — La Marmotte (Uaulicnton, loc. cit., [il. 1TÏ). — Le Porc-cinc (r(.Traull, Op. cit., 2" partie, pi. 42). (c) Exemple : V Aijouti (Daubenion, loc. cit., pi. Mil). (d) Voyez Cliauveau, 0/;. cit., fijj. 119. — Gurit, Analomie des l'ferdes, pi. l.j, fi^. 1 et 2. (e) Owen, On the Anal, of Ihe Indian Uhinoceros ITrans. of ihe Zool. .Sur., I. 1\', pi. 1). if) Vrolik, liecherrhe.s d'anatomic comparée .vin' le liabirussa, pi. 5, fig'. 2 (A'. Verb., t. X). VI. •0- 386 APPAREIL DIGESTIF. leuse de rintestin à la muqueuse qui tapisse intérieurement ce canal (1). Cette dernière membrane, dont la surface libre est occupée par une couche de tissu utriculaire à cellules cylindracées déponrvu de boursoufliu'es chez les l'Écureuil, le Mulot if), les Gerboi- Éléphants, mais il en existe dans le ses [g), l'Hélamys [h) et le Myopo- côlon [a). lame coïpou [i). Chez les Mammifères insectivores Les boursouflures manquent ou ne et carnivores, le côlon est lisse (6j, et sont qu'à peine indiquées chez les lorsqu'il existe un caecum distinct, Marsupiaux (7) et les Monolrèmes (/i). celte portion du gros intestin est J'ajouterai que M. O'Bierne désigne également dépourvue de boursou- sous le nom de sphincter supérieur, flures (c). les faisceaux musculaires circulaires Chez les Tatous, le gros intestin est de la partie supérieure'du rectum qui, lisse, mais le caecum est biiobé [d). chez l'Homme, sont plus développés Les Rats (e) et les autres Rongeurs que les faisceaux adjacents, et il a fait carnivores ont aussi le gros intestin remarquer que dans l'état ordinaire lisse. Du reste, les boursouflures man- cette portion de l'intestin estcontraclée quent tout à fait ou presque complète- de façon à empêcher le passage des ment chez plusieurs Mammifères du matières fécales et leur accumulation même ordre dont le régime est essen- dans le voisinage de l'anus (/). tiellement végétal : par exemple, chez (1) C'est cette couche que les anciens (a) Camper, Description analomique d'un Éléphant, pi. 8, fig-. 2. (6) Exemples : Le Chien (voyez l'Atlas du Règne animal de Cuvier, Mammifères, pi. 5, fij. 1). — Le Loup (Daubenton, loc. cit., pi. lOi, fig. 1). — Le Chat (Daubenton, loc. cit., pi. 69, fig-. 1). . — La Chauve-Souris noctule (Daubenton, loc. cit., pi. 164). — La Taupe (Daubenton, loc. cit., pi. 157, fig. 1). (c) Exemple : le Phoque (Daubenton, loc. cit., pi. 409; — Carus et Otto, Op. cit., pi. 9, fig. 19). (d) Alessanilrini, Cenni suW anatomia del Dasipo {Mem. dell'Accad. délie scienxe deU'instUîtto di Bologna, 1856, t. VU, pi. 14, fig. 4 el 5). (e) Voyez Daubenton, loc. cit., pi. 1 52, fig. 2 el 3. — Rymor Jones, art. Rodentia (Todd's Cijclop. ofAnat. andPhysiol., t. IV, p. 389, fig. 273). (/■) Daubenton, loc. cit., pi. 139. (g) Pallas, Op. cit., pi. 25, fig. 2. {h) Calori, Sulla stnMura delV Helamys cafer (.\ccad. délie scieme delV institut o di Bologna, 1854, t. V, pi. 3, fig. 14). (i) Lereboullet, Noies pour servir à l'anatomie du Coïpou {Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Strasbourg, I. III, pi. 2, fig. 4). {j) Exemples : ■ — La Sarigue (Daubenton, loc. cit., pi. 253, fig. 2). _ Le Phalanger (Daubenton, loc. cit., pi. 262, fig. 1 et 2 ; — Quoy et Gaimard, Yoijage de V Astrolabe, Mammifères, pi. 18, fig. 3). — Le Koala (Owen, art. Marsupialia, in Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol, l. III, p. 302, fig. 126). (ft) Sayo'iv: VOrnithorhynque (Weckel., Ornithorynchi paradoxi descriptio anatomica, pi. 7, fig. 1 )• , — h'Echidné (Quoy et Gaimard, Op. cit., pi. si, fig. 3). (;) O'Beirne, Neiu Views of the Process of Défécation, etc., 1833. TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 387 molles et turgides (1), est le siège de deux phénomènes phy- siologiques très importants : elle est le principal instrument à l'aide duquel l'absorption des aliments s'effectue, et elle con- court à la production des agents chimiques destinés à opérer la digestion de ces matières. Aussi présente- t-elle certaines dis- positions particulières qui sont propres à augmenter son aptitude à remplir l'une et l'autre de ces fonctions. Il est facile de com- prendre que, si toutes choses sont égales d'ailleurs, son action absori^ante doit être d'autant plus puissante que la surface par laquelle cette tunique perméable est en contact avec les matières étrangères, offre plus d'étendue, et par conséquent nous pou- vons prévoir qu'un des moyens employés par la Nature pour perfectionner la structure de l'intestin sera le développement de plis ou d'autres prolongements de la muqueuse dans l'inté- rieur de ce tube. L'activité sécrétoire de cette membrane s'accroîtra également, si certaines parties de sa surface s'en- foncent au contraire, de façon à constituer des fossettes ou des tubes où le tissu épithélique, se trouvant protégé du contact des corps étrangers, peut se développer librement. En effet, la muqueuse intestinale présente ces deux genres de vaivuies, etc. modifications, et l'on y observe, d'une part, des replis saillants, anatomistes appelaient la membrane quelques Poissons de l'ordre des Pla- nerveuse des intestins, et que Helvé- giostomes (6). Elle existe aussi chez tius a désignée sous le nom de mem- le Poulet nouveau-né, et elle y persiste hrane aponévrotique [a). dans une portion des caecums pendant (1) Chez quelques Vertébrés infé- quelques semaines (c); m'ais chez l'a - rieurs, l'épithélium de l'inteslin est dullc on n'en trouve aiicniie trace, et pourvu de cils vibraliles ; mais celte l'on peut poser en règle générale que disposition est exceptionnelle , bien la muqueuse intestinale des Animaux qu'elle ail été constatée chez le Petro- de cet embranchement est dépourvue myzon Planeri et chez l'embryon de de cils vibratiles. (a) Holvélius, Observations anatomiques svr la membrane interne des inleslins ijrêles, etc. (Mém. de l'Acad. des sciences, 1721 , p. 305). {b)La\ii\i^, Anatomisch-histologische Untersuchunuen ilber Fische vnd ISeptilien , [i. 18). (c) Eberth, Ueber die Flimmerejiithel im Darm der Vugel (/.eilsclirift fiir luissenscli. Zooloyie., 4800, t. X, p. 3T3). 388 APPAREIL DIGESTIF. Prolongements de la muqueuse inleslinale chez les Poissons. OU même des prolongemenls, soil foliacés, soit filiformes, qui flottent dans la cavité digestive, et qui sont connus sous le nom (\e villosités ; d'autre part, des organiles glandulaires qui sont creusés dans son épaisseur, et qui débouchent à sa sur- face. Nous examinerons successivement ces différentes espèces d'instruments physiologiques. § 8, — Chez les Poissons, la tunique muqueuse de l'intestin ne donne que rarement naissance à des villosités, mais elle présente, en général, beaucoup de rides ou de replis lamelleux dont la disposition est souvent très remarquable (1). Chez les Poissons osseux, ces prolongements sont d'ordinaire dirigés longitudinalement et plies en zigzag, ou même réunis entre eux par des brides transversales, de façon à circonscrire un vaste système de petites fossettes pariétales ou alvéoles, et quel- quefois le bord hbre de ces replis est frangé (2). Ils s'amoin- drissent vers la fin de l'intestin grêle, et en général n'existent (1) Chez quelques Poissons, tels que la Morue et le Lieu {Gadus polla- chius), la surface interne de l'inteslin est presque lisse. (2) Comme exemple des Poissons dont la tunique muqueuse intestinale présente une multitude de replis interceptant des aréoles polygonales, je citerai la Perche, les Trigles et les Anguilles. Chez la Carpe, les fossettes pariétales ainsi constituées sont très profondes et simulent un réseau à mailles très fines. Les franges marginales de ce sys- tème de replis sont très visihles dans la seconde portion de l'intestin du Bar ; elles sont encore plus dévelop- pées chez le Brochet. Chez quelques Poissons osseux, il y a des valvules conniventes bien caractérisées, c'est-à-dire des replis permanents et transversaux de la tu- nique muqueuse : par exemple, chez l'Alose et le Hareng. On trouve aussi de grands replis de ce genre dans la seconde portion de l'intestin du Sau- mon (o). Pour plus de détails relativement aux particularités que présentent les rides ou replis de la muqueuse intes- tinale dans les diflerentes espèces de Poissons, je renverrai au grand ouvrage de Cuvier et Valenciennes sur l'histoire naturelle de ces animaux, et aux additions faites par Duvernoy à la seconde édition des Levons d'anatomie comparée de Cuvier (I. Vtl, 2® partie, p. 330 et suiv.). (n) Home, Lectures on Comparative Anatomy, t. II, pi. 95, TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. o8j plus dans le gros intestin. Enfin, l'entrée de celte dernière por-, tion du tube digestif est presque toujours garnie d'un gros bour- relet ou repli circulaire, qui constitue une valvule destinée à s'opposer au retour des matières fécales vers l'estomac. Chez les Poissons cartilagineux, ainsi que chez un petit nom- bre de Poissons osseux, la disposition des replis de la tunique muqueuse de l'intestin est beaucoup plus remarquable. En effet, chez la plupart de ces Animaux, cette membrane donne nais- sance à lin grand prolongement comparable à un ruban qui serait adhérent aux parois du tube par son bord externe, et en- roulé en hélice. L'espèce de rampe ainsi constituée occupe presque en totahté la largeur du canal, et s'étend dans toute la portion moyenne de l'intestin. Le nombre de tours de spire qu'elle présente varie suivant les espèces, et il est facile de comprendre que sa présence doit allonger beaucoup le trajet suivi par les matières ahmentaires dans leur chemin vers l'anus (1). Enfin, chez quelques-uns de ces Poissons, la valvule spirale (1) Chez la Raie commune (a), ainsi spiral dans la portion terminale du que chez la Torpille (6), la valvule gros intestin, mais il n'est que médio- spirale est très développée ; elle s'é- crement développé (ej. tend jusqu'à l'axe du tube intestinal et Chez le Polyptère bichir, dont l'in- s'enroule d'une manière fort serrée. testin se rend en ligne droite du pylore La disposition de cette hélice mem- à l'anus, il existe aussi dans ce tube une braneuse est à peu près la même chez \alvule spirale qui en occupe presque presque tous les Squales (c). toute la longueur (/"). Dans le sillon Le même mode de conformation se délimité par cette rampe, la mem- rencontre chez les, Spatules (d). brane muqueuse présente aussi des Chez l'Esturgeon, il y a un repli' réticulations. (a) Monro, The Stniclure and Physiol. ofFlshes, pi. 9, fiff. i . (b) Voyez Savi, Études anatomiques sur la Torpille (dans Matteucci, Traité électro-physiol. des Animaux, pi. 2). — Carus cl Oilo, Tab. Anal. comp. illustr., pars iv, pi. 4, fiç;. 0). (c) Peiraiilt, Description anatomique d'un Itenard mai-in (Méin. pour servir à l'iiist. nul. des Animaux, i" pailio, pi. •10). (d) Alt). W.'i(?ner, De Spalulariarnm niintome, fii(. 4. t!(;i-lin, 1848. (e) Carii» (!t Ollo, Op. cit., pi. 4, fi;,'. 1-'. If) i. Millier, L'eber dcn llau dcr (janoidcn (Mcia. de l'Aatd. de Uerliii pour 1844, pi. (3, lig. 1). 390 APPAREIL DIGESTIF. dont je Viens de parler est remplacée par an grand repli longi- tudinal qui s'enroule horizontalement, de façon à représenter un cylindre qui serait suspendu dans la cavité intestinale par un de ses côtés, et cet appendice loge, dans l'épaisseur de son bord libre, les gros vaisseaux mésentériques (1). p'is La disposition de la tunique muqueuse de l'intestin chez les de la muqueuse * * chez Batraciens est à peu près la même que chez les Poissons osseux. les Batraciens. i » i Chez les espèces inférieures, elle présente des plicatures longi- tudinales et onduleuses qui se réunissent entre elles sous divers angles; mais chez les Crapauds, on trouve dans la partie anté- rieure de l'intestin des replis transversaux, et, chez les Gre- nouilles, on y remarque quatre groupes de rides en zigzag, qui latéralement s'unissent entre eux par leurs sommets. , , pi's Chez les Reptiles, les plicatures n'oftrent rien de particulier ; de la muqueuse i ' i i / chez en général, elles sont longitudinales et ondulées. Enfin, elles les Replilcs. , se réunissent souvent entre elles de façon à constituer dans l'intestin grêle, un réseau à mailles plus ou moins fines (2). 11 (1) Ce mode d'organisation a été dans rinlérieur du bourrelet marginal constaté d'abord chez le Marteau ou de cette valvule longiiudinaie, compare Zygœna tudes (a), et chez une espèce celle-ci à un mésentère intérieur (d). de Squale que i\l. Valenciennes a dési- Chez la grande Lamproie, il existe gnée sous le nom de Galeus thalassi- aussi dans l'intestin, au milieu de beau- nus (b) ; mais elle se retrouve aussi coup de petits replis longitudinaux, un chezlesSqualesdesgenresCarc/ianas, gros bourrelet dont la structure est Scoliodon et Galeocerdo (c). Duver- analogue à celle de la lame enroulée noy qui a fait connaître la disposition, dont je viens de parler (e). curieuse des vaisseaux mésentériques (2) Dans quelques Sauriens, les {a) Meckel, Anatomie comparée, t. VU, p. 578. — ■ Duvernoy, Sur quelques particularités du système sanguin abdominal et du canal alimen- taire de plusieurs Poissons cartilagineux (Ann. des sciences nat., 2" série, 1835, t. III, p. 274, pi. 11, fig. 5, 6 ot 7). (6) Cette espèce, que Duvernoy considère comme nouvello, est probablement le Thalassorhin us vulpecula, Val., décrit par MûUer et Henle {Systematische Beschreibung der Plagiostomen, p. 62).' (c) Oweii, Lectures on the Comp. Anat. and Pkijsiol. ofthe Vertebr. Animais, p. 239. (d) Exemple : le Thalassinus (Duvernoy, Op. cit.. pi. lOj fig'. 2 et 3). (e) Magendie et Desmoulins, Note sur l'anatomie de la Lamproie {Journal de physiologie: de Magendie, 1822, t. Il, p. 229). — Rallike, Anatomisch-physiologische Demerkungen (Meckel's Deutsches Archiv fiir die Phy- siologie, 1823, t. VIll, p. 48). — Duvernoy, Op. cil. [Annales des sciences nat.,,'i' série, t. III, p. 278). TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 391 est seulement à remarquer que chez quelques-uns de ces Ani- maux, il existe dans le gros intestin des prolongements cloison- naires de la tunique muqueuse qui divisent ce tube en deux ou même en plusieurs compartiments bien distincts (1). Dans la classe des Oiseaux, la muqueuse intestinale est sou- vent plissée de la même manière (2) , et il arrive parfois que Disposition muqueuse chez les Oiseaux. rides de la muqueuse intestinale sont peu développées : chez les Iguanes, par exemple ; mais en général les replis de cette membrane sont très nom- breux et ondulés ou en zigzag. Cliez le Gaméléon ordinaire, leur bord libre est frangé, et chez les Crocodiliens ils constituent dans la portion moyenne de l'intestin grêle un réseau à mailles profondes. En général, chez les Chéloniens, les plicatures de la tunique muqueuse constituent aussi dans la première portion de Tintestin grêle un réseau à mailles fines. Chez les Ophidiens, les plis longi- tudinaux forment d'ordinaire de larges feuilles froncées comme des manchettes et parfois frangées sur le bord (a). Dans quelques espèces, il y a aussi dans la seconde portion de l'intestin des valvules circulaires, par exemple dans la Vipère commune. Chez les Pythons, les valvules conni- ventes sont nombreuses vers la fin de l'intestin grêle et dans le gros intestin. (1) Celte disposition a été observée chez plusieurs Serpents. Ainsi, chez le Crotale, l'intestin grêle est séparé du gros intestin par une valvule cir- culaire, et ce dernier se compose de deux portions réunies entre elles à angle droit et délimitées intérieure- ment par un repli membraneux (6). Chez le Sepedon hœmachates il existe aussi un bourrelet circulaire à la fin de l'intestin grêle, et le gros intestin est subdivisé en plusieurs portions par au- tant de cloisons transversales qui ne laissent qu'un passage étroit entre les poches ainsi délimitées. Une disposi- tion analogue se voit chez le Dispho- lidus Lalandii de Duvernoy (c) . (2) Meckel a décrit et figuré chez plusieurs Oiseaux, tels que les Étour- neaux, les Mésanges, les Sittelles, les Pluviers, ce mode d'organisation de la muqueuse intestinale, dont les plis longitudinaux, très serrés les uns contre les autres, sont disposés en zigzag (rf). Comme exemple d'Oiseaux dont la muqueuse intestinale forme des plis lamelleux continus, je citerai aussi la Grue commune. Dans l'anse duodé- nale, ces prolongements constituent un réseau de cellules polygonales, dont le bord libre est frangé de filaments (a) Par exemple, chez VOrvet (Meokel, Ueber die villosa des Menschen und einiger Thierc (Ueutsches Arcldv fur die l'hysioloiiie, 181!}, t. V, pi. 4, lig. 20). (b) Cuvici-, Leçons d'anatomie comparée, t. IV, 2" parlio, p. 325. (c) Duvernoy, Fraijmenls d'anatomie sur ioriisalio)i, des Serpents (Ann. des sciences nat., 1853, t. XXX, pi. 12, fiîj. 3). (d) Mecke), Oii. cit. (Deulsches Arckiv fur die Physiologie, 1819, t. V, p. 171, pi. 4, fi^. 12 i 17). Maramifcres. 39*2 APPAREIL DIGESTIF. les bords du réseau ainsi constitué sont IVangés(i). Mais chez d'autres espèces, les prolongements lanielleiix sont remplacés par des filaments cylindriques ou foliacés qui sont serrés les uns contre les autres, et constituent une sorte de velouté (2). Il est également à noter que cette disposition s'observe dans le gros intestin aussi bien que dans l'intestin grêle, et que dans les appendices csecaux la (unique muqueuse se développe par- fois en une sorte de rampe spirale. § 9. — Une disposition fort analogue à celle que nous venons de rencontrer chez la plupart des Vertébrés inférieurs se voit chez quelques Mammifères: ainsi, chez plusieurs Cétacés, la muqueuse intestinale présente beaucoup de phs longitudi- naux (3), et dans d'autres espèces du même ordre, ces très fins ; dans le milieu de l'anse moyenne, les plis conslitiient dos lames longitudinales 1res fines, à bord entier, et disposées en zigzag avec beaucoup de régularité; enfin, dans le gros intestin, on trouve des plis transversaux très serrés et réunis de distance en distance, de façon à cir- conscrire des cellules irrégulières. Le second mode d'organisation de la muqueuse intestinale se voit très bien chez le Cygne. Dans les deux branches de Tanse duodénalc, celte tunique est revêtue d'une sorte de duvet composé de filaments très fins. Vers la fin de l'intestin grêle , ce velouté est interrompu d'espace en espace par des plis subdivisés en papilles; enfin, dans le rectum, les filaments sont remplacés par des pro- longements foliacés et terminés en pointe, qui sont rangés transversale- ment et pressés les uns contre les autres (a). Dans quelques espèces, on ren- contre une structure intermédiaire à ces deux formes externes, mais en général les prolongements muqueux sont foliacés ou tuberculeux plutôt que lamelleux. Du reste, il existe à cet égard de nombreuses variations suivant les espèces, et pour plus de détails, on peut consulter les Leçons d'anatomie comparée de Cuvier (t. Vif, 2*= partie, p. 269 et suiv.). (1) Cette disposition a été figurée par Meckel chez le Courlis (6). (2) Par exemple, chez le Coq, la Perdrix et le Pigeon (c). (o) Chez le Marsouin, la tunique muqueuse présente plusieurs larges (a) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 1. Vit, i' partie, [>. "292. (b) Meckul, loo. cit., pi. 4, Rg. H. (c) Idem, ibid., pi. 4, fig. 1 à 7. TUBE LNTËSTINVL DES VERTÉBRÉS, 393 prolongements sont reliés entre eux par des plis transversaux, de façon à constituer un système de grandes cellules dont le fond est subdivisé en alvéoles par d'autres rides de même nature (1). Enfin, chez quelques Animaux de cette classe, la tunique interne de l'intestin donne naissance à un nombre considérable de grands plis simples, mais transversaux (2), qui sont connus des anatomistes sous le nom de valvules connivcnles[2i). C'est Valvules coniiiveiilcs plis longitudinaux plus ou moins sinueux, qui s'étendent dans presque toute la longueur de l'intestin {a). (1) Hunter a fait connaître l'exis- tence de ce mode d'organisation cliez l'Hypéroodon, où les grandes cellules ainsi constituées sont dirigées oblique- ment en arrière et agissent à la manière des valvules pour s'opposer au reflux des matières contenues dans l'inlestin. Dans le gros intestin, il n"y a que des rides advenlives (h). M. Escliricht a décrit une disposition analogue chez le Balœna boops ou Kyphobalœna (c). Chez le Cachalot, les valvules con- niventes sont très grandes, obliques, souvent continues de façon à constituer une rampe spirale, et reliées entre elles par de petits plis longitudinaux de la tunique muqueuse [d]. Il est aussi à noter que chez le Tamanoir, le gros intestin présente des rides longitudinales un peu obli- ques, qui s'enchevêtrent, et qui sont reliées entre elles par de petits replis transversaux (e). (2) Ainsi, chez l'Ornithorhynque, il existe dans presque toute la longueur de l'intestin grêle une foule de replis circulaires qui sont serrés les uns contre les autres ; vers le commence- ment du gros intestin, ils deviennent obliques et sont bientôt remplacés par des replis longitudinaux (/"). Comme exemple des Mammifères ayant dans l'inlestin grêle quelques valvules conniventes, je citerai aussi l'Éléphant [cj]. Chez les Chameaux, l'intestin grêle présente intérieure- ment quelques plis transversaux, et dans le côlon il y a des plis longitu- dinaux. (3) Ce nom leur a été donné par un anatomiste hollandais du xvii'' siècle, (a) Hunter, Observations sur la structure et l'économie des Baleines [Œuvres, t. IV, p. 460). [b] Idem, lac. cil. (Œuvres, l. IV, p. 4-60). — Eschriclit, Zoolofjisch-anatomisch-physiolooische Untersuchungen iiber die nordischen Wall- Ihiere. pi. 2, H^. i et 2). -- Eudes Deslongcliamps, Hemarques zoologiques et anatomiques sttr l'Hypéroodon, p. 13 (.Mémoires de la Société linnéenne de Normandie, t. VU). (<;) Escliricht, Op. cit., pi. 2, fig. 3. (d) Jackson, Dissection of a Spei-maceti Whale, etc. (ISosloti Jouru. of Nat. llisl., l. V, p. 143). («) Cuvier, Op. cit., l. VU, 2' partie, p. 257. If) Meckfd, Urnitlwrliynchl paradijxi descriplit) anulomu.a, p. 45, pi. 7, li^'. 13 à IG. (g) Olivier, Leçons d'analomie comparée, t. VII, 2* (partie, p. 200. 394 APPAUËIL DIGESTIF. chez l'Homme que ces prolongements cloisonnaires sont le plus développés. En général, ils commencent à se montrer vers l'extrémité supérieure de la seconde portion du duodénum, et dans la portion terminale de cet intestin, ainsi que dans le jé- junum, ils se succèdent très régulièrement à des distances de 6 à 8 millimètres; plus bas dans le tube digestif, ils s'éloignent davantage entre eux, et dans la portion terminale de l'iléon ils cessent d'exister (1). Ceux qui sont le mieux constitués, font complètement le tour de l'intestin, et peuvent presque se recon- naître par leur bord libre; mais la plupart sont plus courts et n'occupent que la moitié ou le tiers de la circonférence de ce tube. Il est aussi à noter qu'ils se renversent avec la même faci- lité en haut et en bas, qu'ils renferment dans leur épaisseur beaucoup de ramuscules artériels, veineux et lymphatiques ; enfin, que le tissu conjonctif qui réunit leurs deux feuillets con- shtutifs est très lâche, mais qu'ils ont une existence permanente et qu'ils ne s'effacent pas quand l'intestin est distendu. Valvule s iQ — La hgnc de démarcation entre l'intestin ffrêle et le ileo-csecale. ^ <.. u gros intestin est en général occupée par un repli analogue, mais dont la disposition est telle, qu'il remplit les fonctions d'une Tl). Kerckring, et dérive du mot latin évalue à 800 ou 900 le nombre total de connivere, qui signifie clignoter ou ces replis. Là où les valvules sont le fermer à demi (a). Cet auteur ne lut plus abondantes, elles doublent la lon- cependunt pas le premier à faire con- gueur de la surface interne de l'intes- naître l'existence des valvules conni- tin, mais dans l'iléon elles ne l'aug- ventes; elles avaient été décrites mentent que d'environ un sixième, l'ar précédemment par Fallope et quelques suite de l'existence de cette multitude autres anatomistes (6). de valvules, l'étendue de la surface de (1) M. Sappey a compté environ la tunique muqueuse de l'intestin grêle 600 valvules conniventes dans la pre- est presque égale à celle de la surface mière moitié de l'intestin grêle de extérieure du corps, et peut être éva- l'Homme, et de 200 à 250 dans la se- luée à environ 10,000 centimètres xonde moitié de ce tube ; en sorte qu'il carrés (c). (a) Kerckring', Spkilegium anatomicum, 1670, p. 85. (6) Fallope, Observationes anatomicœ, 1562, p. 105. (c) Sappey, Traité d'anatomie descriptive, t. 111, p. 134 et suiv. ÏUBË INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 395 soupape, et s'abaisse pour laisser descendre les matières en mouvement dans le tube alimentaire, mais s'oppose à leur retour vers l'intestin grêle (i). Cet organe, qui porte le nom de valvule iléo-cœcale (2), manque chez quelques Vertébrés (3), et varie quant à sa forme. Chez l'Homme, il se compose princi- palement d'un grand repli en forme de croissant qui s'applique (1) Pour constater ie. jeu do. cette valvule, il suffit d'insuffler le gros intestin par l'anus, car elle s'oppose au passage de l'air dans l'iléon. Celte expérience a été faite pour la pre- mière fois par Fabricius d'Acquapen- dente en 1618 (a). Si l'on pousse de l'eau dans le csecum par le côlon, on voit aussi que le liquide ne peut pas pénétrer dans l'iléon, et que, plus la pression exercée ainsi contre la valvule iléo-caecale est considérable, plus la clôture de celle-ci devient exacte, jusqu'à ce que les parois de l'intestin se rompent sous l'effort ainsi exercé. (2) Quelques auteurs appellent ce repli la valvule de Bauhin , parce qu'ils supposent que lanatomiste de ce nom avait été, comme il le prétend, le premier à le faire connaître (6); mais la découverte de cet organe appartient en réalité à Varole, qui l'a décrit sous le nom d'opercule de l'i- léon (c). En 1719, Morgagni en donna une nouvelle description, qui fut en- suite complétée par Winslow et par Albinus {d). (3) 11 n'existe aucune séparation de ce genre entre les deux portions de l'intestin, non-seulement chez les Lam- proies, mais aussi chez divers Poissons osseux, tels que la plupart des Cy- prins, l'Athérine sauclet et l'Acan- thure hépate ; mais la plupart des autres Poissons ont une valvule iléo- csecale circulaire ou même infundi- buliforme. Cette valvule manque chez le Cra- paud et le Pipa, tandis que chez les Tritons, les Grenouilles et les Rai- nettes (e), elle est bien constituée. Elle est rarement bien développée chez les Oiseaux. Elle fait aussi défaut chez un petit nombre de Reptiles, par exemple les Ameiva et laSitane (/"), ainsi que chez quelques Mammifères, tels que le Rhy- tina (g), le Phoque commun (h) et les Martres (i). Chez la Sarigue, elle est rudimentaire. (a) Fabricius irAcquapendenle, Opéra omnia, p. 142. (6) Bauhin, Theatr. Anat., 1605, p. 121. (c) Varole, Anatomiœ, sive de resolulione corporls Immani, lib. III, cap. m, p. 69 (159). (d) Morgagni, Adversaria anatomica,\\\, aniniailv. 9, 10, H, 12 et 13. (e) Voyez Carus et Otto, Tab. Anat. comp. illustr., par» iv, pi. 5, fig. ?>. — Winslow, ExposUion anatumiquc de la struct. du corps humain, 1732, p. 517. — Albinus, De valvula cnli (Acad. anat., 1. 1, lib. u, cap. xt). (D Cuvier, Leçons d'analoiiUe comparée, t. VII, 2° partie, p. 301. {g) Stcller, Uissert. de Bestiis marinis {Nova coinmeul. .U:ad. l'elrop., t. Il, p. 31 3). (h) Mcckel, Anatomie comparée, t. VIII, p. 709. — Albci's, /ieilrâge zur Anatomie und Pliii-tlolofiie der Thlere, p. 10. ii) Meckel, Op. cit., p. 709. 396 APPARl'JL DIGESTIF. contre l'ouverture de l'iléon (1). Chez quelques Mammifères, il est constitué par un reboixl circulaire qui entoure l'orifice de l'intestin grêle, et s'avance un peu dans le gros intestin (2). Enfin, chez quelques Reptiles, ce dernier mode d'organisahon s'exagère en quelque sorte, car l'intestin grêle se termine par un prolongement infundibuliforme qui s'avance dans la cavité du csecum (3). Il est aussi à noter que, chez quelques Mammifères, le cae- cum est subdivisé, soit par des replis circulaires (4), soit par une valvule spirale, et parfois aussi, une disposition analogue se remarque dans le côlon (5). (1) La meilleure manière d'étudier la disposition de cet appareil valvu- laire consiste à insuffler la portion su- périeure du gros intestin et la partie adjacente de l'iléon, puis à dessécher cette préparation, et (à découper une partie des parois du caecum, de façon à y pratiquer une sorte de fenêtre en face de l'orifice de l'iléon. Celui-ci occupe l'épaisseur d'un des compar- timents qui divisent la cavité du caecum en cellules pariétales, et res- semble à une fente horizontale (a), i.a lèvre supérieure de l'ouverture ainsi disposée, ne s'avance que peu, et on la désigne quelquefois sous le nom de valvule iiéo-colique ; mais la lèvre inférieure qui constitue la valvule iléo-caecale proprement dite est très large, et son bord adhérent est semi- circulaire. Ces deux replis se ren- contrent par la face supérieure de leur portion marginale, de façon à former un angle très aigu dont le sommet est dirigé en dehors dans l'intérieur du caecum. Leurs commis- sures se prolongent un peu sur la portion adjacente des parois de l'in- testin, sous la forme de deux brides que Morgagni a appelées les freins ou rênes de la valvule iléo-caecale (6). (2) Cette disposition s'observe chez le Chien et quelques autres carnas- siers. Elle est très commune chez les Poissons. (3) Cette sorte d'invagination de la portion terminale de l'intestin grêle dans le commencement du gros intes- tin est très marquée chez le Scinque Schneidérien (c). [h) Par exemple chez la Marmotte. Chez la plupart des Rongeurs, la cavité du caecum ne présente au contraire ni divisions, ni anfractuosités. (5) Ainsi, chez les Lièvres, le caecum est garni intérieurement d'une valvule spirale, et des plis de la muqueuse divisent une portion du (fl) Voyez Bourg-ery, Traité de l'analumie de l'Homme, l. V, pi. 29, fig'. i , cl pi. oO. — Bonauiy, Broca el Beau, Atlas d'anatomie descriptive, t. III, pi. to, fig. -î. (6) Morgagni, Advers. anat., III, animadv. 13. (c) Ciivicr, Leçons d'anatomie comparée, I. IV, 2* partie, p. 314. TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 397 § 11. — ■ Les villosités dont la tunique muqueuse de l'in- viiiosité* , ., , , , lie l'inleslin. lestin se garnit souvent, contribuent davantage a augmenter l'étendue de la surface absorbante constituée par les parois de cette portion du tube alimentaire (l). Ces prolongements côlon en plusieurs rangées de cellules (1) En 1562, Fallopc signala régulières. l'exislence des villosités de la tunique Chez beaucoup d'aulres Hongeurs, inlernc de l'intestin (a); en 1721, llel- le côlon est contourné, de façon à vétius en fit l'objet de recherches nou- former plusieurs tours de spire, et velles (6), et vers la fin du siècle der- sa tunique muqueuse est garniede plis nier, ainsi que de nos jours, plusieurs obliques. Ce mode d'organisation se autres anatomistes ont étudié d'une voit dans les genres Hamster, Campa- manière plus approfondie, soit la con- gnol, Lemming, Spalax et Batliyer- formation générale, soit la structure gue. intime de ces organiles (c). Il existe des plis transverses perma- Pour observer la disposition géné- nents dans le gros intestin des Four- raie des villosités, il faut placer une niiliers, de l'Éléphant, du Rhinocéros. portion de la tunique muqueuse dans (a) Fallopii Observaliones anatomicce, 15G2, p. 105. (6) Helvétius, Observations anatomiques sur la membrane inlerne des intestins rjrêles, appelée membrane veloutée, etc. {Mém. de l'Acad. des sciences, 1721, p. 301). (c) Lieberkûhn , Dissertatio anatomico -plujsiologica defabHca et actione villorian inleitinorum tenuium hominis. Amslerd., 1760. — Bleiiland, Yasculonan in intestinorum tenuium tuniois subtilioris anatomes opéra dete- yendorum descriptio. Utrecht, 1797. — Hedwig-, Disquis. ampullularum LieberkUhniiphysico-microscopica.\hipslie, 1 797. — Bemer- kungen ûber die Darmzolten (Beilrâge fïir die Zergliederungskunst, 1800, t. II, p. 51). — ruidolplii, Elnige Beobacht. iiber die Darmxotten (Reil's Archiv fur die Physiol , 1800, l. IV, p. 03). — Ueber die Darmwtten {Anatomisch-physiologisr.he Abhandlungen, 18(i2, p. 39 et suiv.). — Mascag'ni, Prodroma délia grande anatomie, pi. 6, fig-, 23 à 25. — Meckol, Ueber die Villosa des Menschen und einiger Thiere {Deuisches Arcliiv fur die Phy- siologie, 1819, t. V, p. 1G3 et suiv., et Journal complém. du Diclionn. des sciences médicales, t. VU, p. 209). — Biirger, Villorumintestinalium examen microscopicuni. Halae, 1819. — Dœllinger, De vasis sanguiferis quœ villis intestinorum tenuium hominis brutorumque insunt. Munich, -1828. — Henlc, Symbolœ ad anatomiam villorum intestinaUum. Berlin, 1837. — Lauili, Mémoire sur divers points d'anatomie. — Sur les artères des villosités intestinales (Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, 1830, t. I, p. 14). — Todd, Lectures on the Anatomy and Physiology of Ihe Intestinal Canal [London Médical Gazette, 1842). — Goodsir, On the Structure of the Intestinal VilliinManand certain Animais, elc. {Edinb. new Philos. Journal, 1843, l. XXXIII, p. 105, et Anat. and Pathol. Observations, 1843, p. 4 et iuiv.). — Lacaiiciiic, Mémoire sur la structure et le mode d'action des villosités intestinales [Comptes rendus de l'.icad. des sciences, 1843, t. XVI, p. 1125). — Eludes hydrotomiques et microgra- phiques, 1844, p. 47 et suiv. — Gniby el Delafond, Résultats des recherches fuites sur l'analomie cl h-s fonctions des villo- sités inlestinnles, elc. {Comptes rendus de l'Acad. des sciences. 1843, I. WI, p. 1194). 398 APPAREIL DIGESTIF. affectent des formes très variées, mais on peut les rapporter à deux types principaux : les uns sont cylindriques et digitiformes, mamelonnés ou coniques, les autres plus ou moins foliacés ; et parmi ces derniers il en est qui établissent le passage entre les villosités bien caractérisées et les plis interrompus dont je viens de parler. Chez l'Homme et les Mammifères qui s'en rapprochent le plus par la structure de leur tube digestif, les villosités ne se rencontrent que dans l'intestin grêle. Dans le duodénum, elles sont pour la plupart lamelleuses et plus ou moins contour- nées, mais dans le jéjunum et l'iléon elles sont généralement coniques ou cylindriques. Leur nombre est immense, et elles sont si serrées entre elles, qu'elles donnent à la tunique mu- queuse qui les porte une apparence tomenteuse ou veloutée (1). Chacun de ces appendices microscopiques est revêtu, comme le reste de la tunique muqueuse, d'une couche épithélique composée de cellules à peu près cylindriques (^2), et leur partie centrale est formée d'un tissu conjonctif, en apparence homO- de l'eau, et en examiner la surface limètre et d'autres ont jusqu'à O^'^G. libre à l'aide d'une forte loupe ou d'un Celles dont la forme est cylindrique microscope à long foyer dont le pou- ont un diamètre égal à environ le tiers voir amplifiant linéaire est d'environ de leur longueur. Enfin celles qui sont 30 à 50. lamelleuses ont souvent 1 millimètre (1) Chez l'Homme, les villosités et même 1"'"',5 de large. Dans le duo- commencent à se montrer sur le côté dénum et le jéjunum, elles sont plus droit de la valvule pylorique, et on les nombreuses que dans l'iléon. M. Sappey retrouve jusque sur le bord libre de pense qu'en moyenne, il en existe 12 la valvule iléo-cœcale. Elles occupent par millimèlre carré, et il évalue à les valvules conniventes aussi bien plus de 10 millions le nombre total que les intervalles que ces replis de ces appendices absorbants dans cloisonnaires laissent entre eux. Leur l'ensemble des intestins grêles (a), longueur (ou hauteur; est en général Chez les vieillards, ils sont souvent en d'environ 1/2 millimèlre, mais il en partie atrophiés (6). est qui n'ont pas tout à fait ~ de mil- (2) En traitant de l'absorption intes- (a) Sappey, Traité d'anatomie descriptive, 1. 111, 2" partie, p. ^40. (6) Natalis Guillot, Recherches anatomiques sur la membrane muqueuse du canal dujestif {l'Expérience, 1837, p. 165). TUBE INTESTINAL DES VERTÉBRÉS. 399 gène, renfermant des cellules arrondies, un réseau très riche de vaisseaux sanguins (1), et'des fibres musculaires lisses qui, en se contractant, déterminent leur raccourcissement (2), Enlin, tinale, j'ai déjà eu l'occasion de parler de ces cellules épithéliques et d'en faire connaître la structure (voyez t. V, p. i299). (1) Les vaisseaux sanguins des villosités sont tellement nombreux, que sur les préparations anatomi- ques bien injectées, la substance de ces prolongements semble être entiè- rement formée par un lacis vascu- iaire (a). Cette disposition était parfai- tement bien connue de Lyonnet, car elle se trouve représentée dans une gra- vure inédite exécutée par cet habile anatomiste et envoyée par lui à Réau- mur, objet rare et intéressant que j'ai acheté en 18Zi'2, à la vente de la biblio- thèque d'Audouin. En général, chaque villosité reçoit au moins Zi ou 5 arté- rioles qui se terminent par de nom- breuses arcades capillaires dont les branches se réunissent en un réseau serré et aboutissant à un tronc central d'un calibre considérable. Quelques anatomistes ont pensé que les vaisseaux sanguins s'ouvraient au sommet des villosités, mais cela n'est pas (6); et si les liquides contenus dans leur inté- rieur s'échappent souvent au dehors, c'est seulement par infiltration à tra- vers le tissu de ces appendices qui est très perméable. D'autres ont cru que quelques-uns de ces vaisseaux débou- chaient dans la cavité lymphatique centrale (c). (2) Lacauchie, en étudiant les villo- sités intestinales chez les Animaux vivants ou morts depuis peu d'instants, observa les mouvements qui déter- minent le raccourcissement et la dé- formation de ces appendices (d). MM. Gruby et Delafond constatèrent de leur côté le même phénomène (e), qui paraît être dû à la présence d'une couche mince de libres musculaires lisses dont M. Briîcke a reconnu l'existence autour du canal lympha- tique central des villosités (/"). M. Sap- pey a l'évoqué en doute l'existence de ce tissu contractile {g) ; mais les obser- vations de M. Briicke ont été confir- mées par M. Kolliker et M. Brinton {h). (a) Lieberkiitm, Dissert, anaiomico-physiologica de fabrir.a et actione villorum intestinorum tenuium hominis. Amsterdam, 1760, p. 3, pi. 1, 2 et 3. — Bleuland, Vasculorum, in intestinorum tenuium tunicis sublilioris avatomes opéra dete- gendorum deseriptio, 1797, pi. 2. — Dcellinger, De vasis sanguiferis quœ villis intestinorum tenuium hominis bi'utoi'umque insunl. Munich, 1828, fig. 4 à 7. (6) Cruil r;, secondairement (c). La séparation pri- tandis que chez des Écureuils elle mitive des deux bourgeons hépatiques- n'était que de 7^ à ~, et chez le Mou- a été constatée par M. Baer {d) et par ton de ;rr («)• ^'- r^eichert ciiez le Poulet, par M. Bis- (1) Les premiers anatomistes qui choff chez le Chien (e), et par Rathke ont vu le foie naître ainsi par bour- chez la Couleuvre {f) ; et c'est par suite geonnement du tube intestinal, ont de la soudure de ces tubercules sur la cru que le tubercule primordial était ligne médiane qu'ils paraissent ne une sorte de hernie des tuniques pro- former qu'un appendice impair bilobé, près de ce tube, et consistait, des le tel qu'on le voit dans la figure que principe, en un sac appendiculaire (6). Rliiller en a donnée (g). (a) J. Joncs, Investigalions Chemical and Physiological relative to certain American Verte- brata, p. 113 \Smithsonian Contributions, 4856). (b) P.olando, Sur la formation du canal alimentaire et des viscères qui en dépendent {Journal complémentaire, 1823, t. XVI, p. 57). — Boer, Ueber die Entwickehmfjsijeschichte der Thiere, 1828, et Traité de physiologie par Burdacli, 1. 111, p. 253. — Rallike, dans le Traité de physiologie de Burdach, t. III, p. 195, elc. — Millier, Ce glandularum secernentium structura penitiori earimque prima formatione, 1830, p. 17, etc. — Valentin, Handbjich der Entivickelungsgeschichle des Menschen, 1835, p. 51 1 et suiv. — Burdacii, Traité de ])hysiologie , trad. par Jourdan, t. III, p. 432. (c) Reicliert, JHe Entwicicelungsleben im Wirbelthiere reiclie, p. 180 et 229. (d) Baer, Op. cit., t. III, p. 253. — Remak , Unlersuchunyen ûber die Enlwickelung der Wirbelthiere, 1855, p. 51, pl. G, r.g. 72. (e) BiscliolT, Traité du développement de l'Homme et des Mammifères, Irad. par Jourdan, p. 315 et 330. (/■) Ralhlie, Enlwkkelung der Natter, p. 18. ig) Millier, Op.cit.,y\. H, fig^. 1, 1*, \*, 1*. ^'20 APPAREIL DIGKSTIF. excroissances lobulaires et se creuse de canaux rameux en continuité avec la cavité initiale dont j'ai déjà parlé. Une diç- linction s'établit ainsi entre la portion glandulaire de l'appareil hépatique qui va constituer le foie proprement dit et la portion évacuatrice qui est destinée à former les conduits au moyen desquels la bile sera versée dans le canal digestif. On voit aussi de très bonne heure la petite masse formée par les deux bour- geons hépatiques, embrasser le tronc de la veine embryonnaire appelée omphalo-mésentérique, et contracter avec lui des con- nexions vasculaires, telles qu'une portion considérable du sang transporté par ce vaisseau se détourne de sa route directe pour circuler dans la substance du foie en voie de formation, puis rentre dans ce même tronc pour aller au cœur. Lorsque la veine omplialo-mésentérique perd de son importance et que la veine ombilicale se développe, des connexions de même nature s'établissent entre ce vaisseau et le foie, de sorte que toujours cette glande reçoit dans sa substance une quantité considérable de sang veineux, particularité dont j'ai déjà eu l'occasion de parler en traitant de la portion de l'appareil cir- culatoire appelée système de la veine porte (1). Les deux glandes hé[)atiques qui naissent ainsi du canal intestinal ne tardent pas à se rencontrer et à se souder entre elles dans leurs points de contact. Mais l'étendue de cette fusion est très variable chez les divers Vertébrés, et quelque- fois elle est à peine indiquée; de sorte que l'organe reste com- posé de deux portions bien distinctes, tandis que d'autres fois elle est portée si loin, que toute trace de la division pri- mordiale disparaît, et que le foie ne constitue qu'une seule masse qui semble avoir été toujours impaire. Il est aussi à noter que le développement des deux moitiés primitives de l'appareil hépatique peut se faire d'une manière plus ou moins (1) Voyez tome 11 1, page 592. FOIK DKS VliUTÉBRÉS. Û2l inégale, de foçon que parfois môme l'une d'elles disparaît presque, tandis que l'autre acquiert un volume considérable, et que la porlion périphérique de chacune de ces portions peut se développer uniformément, ou donner naissance à des bosselures ou prolongements lobulaires en nombre variable. Il en résulte que la forme générale du foie varie beaucoup: tantôt ce viscère constitue une masse ovalaire et indivise ; d'autres fois il est partagé en lobes qui, à leur tour, se subdivi- sent en lobules. Mais ces particularités n'ont que peu d'impor- tance, et il est toujours facile de s'en rendre compte. Je crois donc ne pas devoir entrer dans beaucoup de détails à ce sujet, et je me bornerai à faire connaître la disposition générale du foie chez un petit nombre d'Animaux choisis, de manière à donner une idée exacte des principales formes que ce viscère affecte. Ainsi, chez l'Homme, le foie est d'abord placé sur la ligne .SéSSa médiane du corps, et composé de deux lobes formés par le <=''ez rnomtoc. développement de la portion terminale de la paire de bour- geons dont je viens de parler (1); mais, à mesure que la vie intra-utérine s'avance, le lobe droit grandit plus rapidement que le lobe gauche, et par suite du développement du cœur, de la rate et des autres parties adjacentes, la totalité de ce viscère se trouve rejetée à gauche, et la ligne de séparation entre ses deux moitiés constitutives s'éloigne de plus en plus du plan médian (*i). Après la naissance, le lobe gauche diminue même (1) La disposition symétrique du menlaires. L'inégalité entre le vo- foic chez les jeunes Embryons hu- hime du lobe droit et du lobe gauche mains se voit très bien dans les belles continue à augmenterpendant quelque figures qui accompagnent Tonvrage temps après la naissance (6). de M. Coste (a), et qui ont été re- (2) Dans quelques cas tératologi- produites dans plusieurs livres élé- qucs, le foie se porte au contraire du (a) Cosic, Histoire du dcveloi)]Kmenl des êtres orijanisés, Vektiîbuks, pi. 3 a, fi^. B cl C ; pi. 4 a, fl;c. "2. (6) Portai, Observations sur la sittiation du foie dajis l'état naturel {Mém de l'Acad. des sciences, \1'''i, |i. D'JO). /|22 APPAREIL DIGESTIF de volume, en sorte que. le défaut de symétrie se prononce encore davantage,' et qu'enfin le lobe droit devient environ quatre fois plus gros que son congénère. Ces deux lobes prin- cipaux sont peu distincts entre eux à la face supérieure du vis- cère, qui est convexe, mais intérieurement ils sont séparés [)ar une échancrure profonde qui en occupe le bord antérieur, et par un sillon qui s'étend d'avant en arrière jusqu'à son bord postérieur et loge les vestiges de la veine ombilicale (1). Dans les premiers temps de la vie embryonnaire, chacun de ces lobes se montre composé d'un nombre considérable de lobules plus ou moins nettement séparés entre eux ; mais par les progrès du développement, la plupart de ces parties se confondent telle- ment entre cites, qu'à l'extérieur de l'organe on n'en aperçoit aucune trace. Ainsi le lobe gauche du foie n'offre chez l'Homme aucune division, mais à la face inférieure du lobe droit on distingue toujours quelques bosselures qui sont sépa- rées entre elles par des sillons plus ou moins profonds. Une de ces subdivisions, située à droite du sillon interlobaire, à la partie côlé gauche ; mais alors celle anoma- veine ombilicale et du canal veineux, lie est accompa^înée de la Iransposi- s'étend depuis le bord antérieur jus- tion des autres viscères. Du reste, ce qu'au bord postérieur du foie et se genre de monstruosité ne paraît pas trouve partagé en deux portions par Influer notablement sur les fonctions sa jonction à angle droit avec le sillon de l'appareil digestif, et l'on en con- transversal [h). La moitié antérieure naît des exemples chez des individus (appelée plus particulièrement sillon de adultes dont la santé avait toujours la veine ombilicale) est presque tou- été bonne (a). jours en partie transformée en un canal (1) Ce sillon interlobaire que l'on par l'existence d'un ou plusieurs pro- désigne communément sous les noms longements du tissu hépatique , qui de sillon longitudinal gauche, de s'étendent en manière de pont du lobe sillon horizontal, ou de sillon de la droit au lobe gauche (c). (rt) E. Wilson, art. Anatomy of tue Liver (Todd's Cyclop., t. III, p. iêi). — J. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire des Anomalies de l'organisalion, t. II, p. 8. (6) Voyez Bourgery, Traité de l' ami tomie de V Homme, t. V, p!. 37. ^— Sappey, Traité d'anatomie, 1. 111, p. 205, fig. 382. (c) Voyez Bourgery, loc. cit. FOIE DES VERTÉBRÉS. ii23 postérieure et inférieure du foie, est plus saillante que les autres, et appelée lobe de Spigel (1); une autre éminence, située au devant de la précédente, est appelée, en raison de sa forme, le lobule carré (2), et le sillon transversal qui sépare entre eux ees deux parties, et qui a reçu le nom de hile du foie (3), après avoir logé, comme nous le verrons bientôt, le tronc de la veine porte, se prolonge sur la partie adjacente de la face infé- rieure dulobeliépatique droit. Enfin, le sillon qui limite du côté droit le lobe de Spigel, est appelé à cause de ses rapports anatomiques, la gouttière de la veine cave, et la dépression qui borne du même côtelé lobule carré se nomme, pour une raison analogue, fosse de la vésicule biliaire (li). On rencontre chez les divers Mammifères des variations Forme du roic chez les très grandes dans la forme du foie (5), et cela parfois chez des Mammifères (1) Spigel, célèbre anatomiste belge du XVI'' siècle, croyait avoir élé le pre- mier ù signaler l'existence de ce lobule, que ron appelle aussi le petit lobe du foie {a) ; mais Vésale en avait parlé précédemment (6). (2) On lui donne aussi le nom de lobule antérieur du foie. Enfin on appelle région moyenne ou centrale de la face inférieure du foie, l'espace occupé par cette élévation et par le lobe de Spigel. (b) On appelle aussi ce sillon la grande scissure du foie, ou bien en- core le sillon de la veine porte. {li) L'ensemble de ces dépressions a élé comparé à la lettre II, dont le premier jambage serait formé par le sillon transversal ou inlerlobaire, la barre transversale par la portion principale du hile, et le second jam- bage par le sillon de la veine cave, se continuant avec la fosse de in vei- nule biliaire. (5) Duvernoy a publié im travail spécial sur la conformation générale du foie dans la classe des Mammifères, et a cherché à étabhr une nomencla- ture uniforme, par la désignation des différentes parties de cet organe (c) ; mais il a négligé de prendre en con- sidération les faits fournis par l'em- bryologie, et il n'a pas accordé une attention suffisante aux connexions des diverses portions de l'appareil hé- patique avec les gros vaisseaux qui y pénètrent, ou qui en partent, et il est arrivé ainsi à des déterminations qui souvent ne me paraissent pas ad- missibles. (a) A. Spigel, De humani corporis fabrica Ubri dccem, 1027, p. 255. (b) Vcsalc, De corpnri.i humani fabrica, lib. V, cii|). vu. (c) Duvernoy, Eludes s uv le foie {Ami. des sciences nul., 2' série, 1835, t. IV, p. 257). m APPAREIL DIGESTIF Animaux appartenant à une même famille. On reconnaît cepen- dant, dans chaque groupe naturel, un mode de conformation dominant. Ainsi, chez quelques Singes, ce viscère ne diffère que peu de ce que nous venons de voir chez l'Homme (1); mais chez la plupart des membres de cette famille, les scissures sont plus nombreuses et plus profondes, de sorte que le lobe gauche se trouve subdivisé en deux portions, et le lobe droit en quatre(2). Chez les Insectivores (3) et les Carnivores, la division est en général plus grande, et l'on compte en tout sept lobes (1) Ainsi le foie de l'Orang-Outang se compose de deux lobes principaux et d'un lobe accessoire gauche (a). 11 en est de même chez le Gibbon (6) et les Semnopithèques. (2) Chez le IMagot, par exemple, le lobe droit, qui donne attache comme d'ordinaire à la vésicule du flel, est en majfure partie confondu avec le lobe gauche el porlc latéralement un grand lobe que Ton peut désigner sous le nom de lobe coinplémenlaire droit; enfin on trouve encore du même côté, à la fav:c inférieure de celui-ci, un lo- bule ou lobe accessoire droit. Le lobe gauche donne naissance, comme chez rOrang, à un lobule accessoire el de plus à un grand lobe complémentaire gauche (c). Il en est de même chez les Sapajous {d). Chez les Makis, les divi- sions du foie sont plus nombreuses (e). (3) Le foie de la Taupe est d'une forme très compliquée. Le lobe prin- cipal droit présente à sa partie infé- rieure et interne un lobe accessoire qui, par ses connexions, correspondau lobule carré du foie de l'Homme; au côté externe du lobe droit se trouvent deux grands lobes, dont l'un corres- pond à celui que j'ai appelé lobe com- plémentaire droit chez les Singes, et l'autre au lobe accessoire droit. Le lobe gauche est lui-même très petit, mais il est suivi d'un lobe complé- mentaire gauche fort grand, et il porte du côté droit un lobe accessoire qui est beaucoup plus développé que chez les Singes (/">. Chez la plupart des Chauves-Souris le lobe gauche est profondément sé- paré du lobe droit, el ce dernier porte un grand lobe complémentaire ig). (a) Duvcnioy, Op. cit., {Ann. des sciences nat., 2" série, t. IV, pi. 4, fig'. 2). (6) Daubenton, Op. cit. (Mammifères de Biiffon, pi. 409, fig. 2). (c) Idem, loc. cit., pi. 414, Cg. 3. — Duvei-noy, loc. cit., pi. 4, fii;. i . (d) Perrault, Mém.pour servir à l'histoire naturelle des Animaux, 2* partie, pi. 44. (e) Daubenton, loc. cit., pi. 462, fig. 1. (/■) Idem, loc. cit., pi. i 57, dg. 2 cl 3. — Duvcrnoy, loc. cit., pi. 4, fig. 6. (g) Exemples : Le Vespertilion murin (Diivernoy, Op. cit., pi. 4, fig. 5). — Le Rhinolophe grand fer-à-cheval (Dmernoy, loc. cit., pi. 4, fig'. 4). FOIE \)K<, VEUTÉBRÉS. ^25 bien distincts (1); mais c'est chez quelques Marsupiaux (2) et chez certains Rongeurs que le fractionnement du foie est porté le plus loin (3). Chez les Ruminants, au contraire, les divisions de ce viscère sont peu prononcées {II), et chez les (1) Chez le Chien (a), le foie est 1res volumineux et divisé en cinq portions principales, savoir : un lobe droit prin- cipal qui porte la vésicule du fiel, un lobe droit complémentaire, un lobe gauche principal, un lobe gauche com- plémentaire, et un lobe gauche acces- soire, qui, de même que les précé - dents, est très développé. La forme de cet organe est à peu près la même chez la LouU-e (6). Le foie du Phoque présente un plus grand nom lire de divisions (c). ('J) Chez le Koala (d), le foie est divisé en cinq portions principales, mais chaque lobe est subdivise de façon que le nombre total des lobules est de 30 à hO. Chez le Dasyure, on remarque une disposition analogue, mais les subdivisions sont portées moins loin. (3) La division du foie est portée plus loin chez le Capromys Fournierl que chez aucun autre Mammifère connu. Ce viscère se compose d'une multitude presque innombrable de petits lobules plus ou moins prisma- tiques; mais le mode de groupe- ment de ces parties indique encore une tendance vers la constitution des lobes ordinaires. Chez la plupart des Rongeurs, il y a de chaque côté du foie un lobe prin- cipal ou interne, un lobe complémen- taire et un lobe accessoire (e) ; sou- vent il y a aussi du côté gauche, devant le lobe accessoire, un lobe que j'appellerai additionnel (/"). (U) Ainsi le foie de la Chèvre se compose d'un lobe gauche qui est très développé , d'un lobe droit de grandeur médiocre , et d'un lobe complémentaire droit qui est grand; mais toutes ces parties sont confon- dues entre elles du côté dorsal, et même sont peu séparées en des- sous (g). La forme de ce viscère est à peu près la même chez le Bœuf {h). Ses divisions sont aussi très peu marquées chez les Cerfs («) et chez quelques Antilopes (j) ; mais chez la Gazelle on (a) Chauvoau, Traité d'anatoniie comparée des Animaux domestiques, p. 394, fig'. 126. (6) Daubenlon, Op. cit., ijil. HG. (c) r>erraiilt. Op. cit., i" partie, pi. 28, fig:. MM. — Rosenilial, Zur Anatomie der Seehunde (Nova Acta Acad. nal. curios., 1831, t. XV, 2' partie, pi. 15, {ig. 2). (d) Owen, art. Marsupialia (Todd's Cuclopœdia of Anat. and Physiol., t. III, p. 405, fi^. 130). («) Excinplc : la Gerboise alactaga, ou Dipus jaculus (Pallas, Novœ species Quadrvpcdxnn e (jlirium ordine, pi. 25, fiç;. 3). (/■) Exciii| les : Le t\at noir (Duvcrnoy, lac. cit., pi. 4, fi^'. 4). — Le (Jampaynol des prés, ou Mus œcotiomus (Pallas, Op. cit., [il. 17, fig'. 10). {{]) Vojez Uiivcrnoy, loc. cit., pi. 4, fi{f. 4. (h) Voyez Braiult et P.alzcburg, Mcdkinische Zoologie, t. I, |il. 10, fi^'. 3. — Cliauvcau, Op. cit., p. 393, fig. 125. (i) Perrault, Op. cit., 2* partie, pi. 46, fij. A A. (;) Idem, ibid., pi. 40, fig. FF. Foie des Oiseaux. 426 APPAREIL DIGESTIF. Pachydermes il ne se compose aussi que d'un petit nombre de lobes (1). Chez les Oiseaux, le foie est très volumineux {"2) et partagé en deux lobes presque égaux (3), dont se détachent parfois un ou deux lobules (k) ; quelquefois ses deux moitiés ne sont y remarque plusieurs scissures assez profondes (a), et ciiez le Chamois ce viscère est divisé en un lobe gauche et deux lobes droits (6). (1) Chez le Cheval, (c) le foie est divisé en trois lobes, savoir, un lobe gauche, qui se prolonge en arrière plus loin que les autres ; un lobe moyen, qui correspond au lobe prin- cipal droit des autres Mammifères, et qui est petit, mais découpé en plu- sieurs portions; enfin un lobe com- plémentaire, situé plus à droite, qui, sous le rapport du volume, est intermé- diaire aux deux précédents, et donne naissance, vers sa partie postérieure et dorsale, à un lobe accessoire que l'on assimile d'ordinaire au lobe de Spigel chez riJomme. Chez le Porc, le foie se compose aussi de trois lobes. Chez le Pécari, les scissures sont plus nombreuses (cl). Chez le Dugong, le foie est divisé très profondément en deux lobes prin- cipaux qui portent chacun un lobe acessoire (e). (2) Le foie est surtout très développé chez les Palmipèdes ; il ne l'est que médiocrement chez les-Rapaces. (3) En général, le lobe gauche est un peu plus peut que le lobe droit; chez le Coucou, la Grue couronnée (f) , le Flammant, le Pélican (g), le Ca- soar (h), TOularde (i), etc., cette iné- galité est très marquée ; mais chez le Faucon (j), l'Aigle, la Caille, etc., c'est le lobe gauche qui est le plus grand. (ù) Le lobe gauche est quelquefois profondément divisé par une scissure, de sorte que l'on peut compter en tout trois lobes; par exemple, chez le Coq {k) et le Cormoran (/) . Parfois il y a aussi un lobe posté- rieur qui est comparable au lobe de Spigel : pur exemple, chez le Pigeon et le Cygne. (a) Perrault, Méin. pour servir à l'Idst. nat. des Animaux, i" partie, pi. 12, Cig. K, L, M, N. (b) Idem, ibid., pi. 30, fi^. A, A, B. (c) Voyez Gliauveau, Traité d'anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 388, fig. 123 et 124. — Gurlt, Die Anatomie des Pferdes, pi. 16, fig. 3 et 4. (d) Daubenton, Op. cit. (Mammifères de Buffon, pi. 300, fig. 1). (c) RLippell, Ueber die Dugong des Rothen Meeres [Maseiim Senckenbergianum , 1731, t. l, pi. 0, fig. 3). (f) Perrault, Op. cit., 3° partie, pi. 29, Cvg. B B. Ig) Idem, ibid., pi. 27, %. A A. (h) Idem, ibid., 2° partie, pi. 57. (i) Idem, ibid., pi. 52, fig-. AA. (j) Wagner, Icônes %ootomicœ, pi. 11, fig. 4 . \k) Voyez Hunter, Descript. and Illustr. Catalogue of the Muséum of the Collage of Surgeons, t. I, pi. 10 et 13). — Laurillard, Atlas du Règne animal de Cuvier, Oiseaux, pi. 4, fig. 1, — Brandi et Ratzeburg, Medicinische Zoologie, t. I, pi. 17, fig. 2. {1} Perrault, Op. cit., 1" partie, pi. 32. Foie des Reptiles. Foie FOIE DES VERTÉBRÉS. 427 unies entre elles que par une bande étroite (1), et il semble se mouler sur les organes circonvoisins. Chez les Reptiles et les Batraciens, la forme (le ce viscère varie suivant que le corps de l'Animal est trapu, comme chez les Tortues et la Grenouille, ou svelte et allongé, comme chez les Serpents et les Prolées. En général, il n'offre que peu de scissures, et ces divisions ne sont que marginales ; mais on ne peut établir à cet égard aucune règle constante (2). Chez les Poissons, le foie varie aussi dans sa forme (3) : desPorson (i) Par exemple, chez les Harles, où entier (^f). Gliez les 'ryphlops , au le lobe droit est plus large et plus contraire , il est divisé en lobes épais en avant qu'en arrière, et le plats. lohe gauche, plus large eu arrière, Chez la Grenouille, le foie est di- s'avance en pointe antérieurement. visé en deux lobes (h), et chez le (2) Ainsi le foie est long et étroit Crapaud il présente en outre quelques chez la Sirène (a), le Prolée (6) et subdivisions («); chez les Salamandres, l'Amphluma (c) ; tandis que chez au contraire , il ne constitue qu'une l'Axolotl il s'élargit notablement (d), seule masse (j) ; mais chez les Céci- et que chez la Grenouille il est encore lies, il est subdivisé en un grand plus large (e). nombre de petits lobes aplatis {k). Au Chez les Ophidiens , le foie est sujet du foie des Batraciens, on peut long et presque cylindrique; quel- consulter aussi une brochure de Brotz quefois il est bifurqué postérieure- et Wagenmann (/). ment (f) ; mais en général il est (3) La conformation générale du (a) Cuvier, Recherches sur les Reptiles refjardés comme douteux (Hiimboldt et Boiipland, Rech. d'obs. de zoologie, t. II, pi. 11, fi^. i). (6) Délie Chiajc, Ricerche sull Proteo serpentino, pi. \, fij. 1. (c) J. Jones, Investigations Chemical and Physiological relative ta certain American Verle- brata, p. IH, ùg. 20 {Smithsonian Contrib., 185G). {dj Cuvier, loc. cit., pi. 12, ùg. 4. — Calori, Sali' anatomia deW Axololt , pi. 2, fig. 8 (ilfc'm. de l'Institut de Bologne, 1852, t. 3). (ej Roescl, Hist. nat. Ranarum, pi. 15, ûg. 1. (f) Exemples : Le Scheltopuslk, ou Pscudopus Pallasii (Duveriioy, Fragments d'anatomie sur l'organisation des Serpents, dans Ann. des sciences nat., 1833, t. X.\.\., pi. 10, fig-. 1). — Le Trigonocephalus lanceolaius (Diivcrnoy, loc. cit, pi. 14, fig'. 1). (g) Exemple : le Python (Duvernoy, loc cit., pi. 11, dg. 1). (h) Roesel, Hist. nat. Hayiarum, pi. 15, fig. 1. (i) Idem, ibid., r-l. 21, fi^'. 25. (,;') Funk, De Sa lama nd rai terrestris vita, etc., pi. l, fig'. 3, et pi. 2, fig'. 4 et 5. (k) i. Millier, Beitrdge zur Anatomie und Naturgescliichte der Amphibien(/!eitschr. fiir Phy- siologie V. Treviranus, 1832, t. IV, pi. 18, fig. 8 et 0). — Duvcrcioy, l'ragra. d'anat. .lur l'organisation des Serpents {Ann. des sciences nat., 1833, l. .\XX, pi. 15, lig. 1, 2, 3, 4 et 8). {Ij Brolzel Wagcnniaiin, Ue Amphibiorum hepale, licnc acpancreatc, observ. anat., 1838. /428 APPAKKIL DIGESTIF. chez quelques espèces il ne constitue qu'une seule niasse (1), tandis que chez d'autres il est profondément divisé en deux ou en trois lobes (2), et quelquefois il se fractionne beaucoup plus, ainsi que cela se voit chez la Carpe, où ses différentes portions sont disséminées dans les espaces que les circonvolu- foie chez les Poissons a été l'objet d'un grand nombre d'observations, dues principalement à Cuvier, Mie- rendoriï, Rathkc , M. Valcnciennes et Duveinoy (o). D'ordinaire il y a un certain rapport entre la forme de ce viscère et celle du corps : ainsi il est 1res allongé chez les espèces dont le corps est grêle, comme l'Anguille et le Lépisostée (6), tandis qu'il est très large chez les Raies (c). (1) Le foie constitue une seule masse chez le Saumon (d) , le Brochet, le Goujon, l'Anguille, les Cottes, le Lump et la Lamproie. Chez la Perche fluviatile(e), le foie forme luie seule masse principale, convexe en avant, amincie et rétrécie en arrière, qui se prolonge en un lo- bule à gauche de la base du caecum, et présente à sa base deux lobules prismatiques. (2) Chez le Bar, poisson très voi- sin de la Perche, le foie se compose de deux lobes, et chez la Grémille Perche goujonnière, où il présente le même caractère , ses deux moitiés ne sont unies entre elles que par un ruban très mince. Ce viscère est divisé aussi en deux lobes chez les Roussettes (/"), les Pleuronectes , les Silures , la Loche, etc. Chez le Thon, le foie se compose de trois lobes ; mais chez la plupart des Scombéroïdes il n'en présente que deux, et chez le Maquereau il ne forme qu'une masse unique. On y trouve trois grands lobes bien distincts chez les Raies (g), les Cy- prins, les Clupées, etc. Chez l'Esturgeon, le foie est divisé d'une manière très irrégulière en plusieurs lobes [h). (a) Cuvier, Leçons d'analomie comparée, d805, t. IV, p. 52 et suiv. — Miercndorfr, Dlssertatio de hepate Piscium. Berlin, 1817. — Rallike, Ueber die Leber und das Pfovtadersystem der Flsche (Meckel's Archiv fur Anal, und Physiol., 18-20, p. 126 et suiv.). — Mém. sur le foie et le système de la veine porte des Poissons {Ann. des sciences nat., 182G, t. IX, p. 155). — Valenciennes et Cuvier, Histoire naturelle des Poissons. — Duvernoy, dans la 2° édit. des Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, t. IV, Scparlie, p. 483 el suiv. (6) J. Joncs, Investigations Chemical und Physiological relative to certain American Verte- brata, p. 99, t]g. H. (c) Exemples : La Raie commune (Monro, The Structure and Physiol. of Fishes, pi. 18, fi^'. 1). — Le Trygon Sabina (J. Jones, Op. cit., p. HO, lig-. 19). {dj Ag-assiz et Vogt, Anatomie des Salmones, pi. D, fij^. 2 el 3 ; pi. C, R^. 2 el 3 {Mém. de la Soc. des sciences nat. de Neufchâtel, 1845, t. III). (e) Cuvier, Histoire naturelle des Poissons, t. I, pi. 7, fig'. 1 , et pi. 8, Og. 3. — Valenciennes, Atlas du, Règne animal de Cuvier, Poissons, pi. 2, Rg. 1, el pi. 3, lig'. 2 ct3. (/■) Exemple : Scyllium anicula (Wagner, Icônes zootondcœ, pi. 21, tlg. 2. (3) Monro, The Structure and Physiology of Fishes, pi. 2 et 3. (/() Brandtct Rttzeburg, Medicinische Zoologie, t. Il, pi. 4, fig. 5. FOIE DES VERTÉBRÉS. 429 lions de l'inleslin laissent entre elles, et chez le Lançon, où il est multilobulé (1). 8 3. — Le foie, de même que les autres organes dont Tuniquo séreuse du folo. l'étude nous occupe ici, est en rapport avec la surface externe du péritoine, mais il se trouve logé dans un prolongement de celui-ci, qui, chez l'Homme, naît de la face inférieure du diaphragme, et qui s'avance en forme de poche à col étroit, dans l'intérieur de la cavité tapissée par celte membrane séreuse. La tunique ainsi formée adhère à la surface du foie partout, excepté dans le point correspondant à l'espèce de col ou de pédoncule dont je viens de parler ; là ce viscère est direc- tement contigu au diaphragme, et son enveloppe péritonéale, en l'abandonnant pour s'étendre sur ce muscle, constitue un lien suspenseur qui est connu des anatomisles sous le nom de ligament coronaire du foie, et qui sert à lixer cette glande volu- mineuse sous la voûte de la chambre abdominale (2). Deux prolongements de ce repli membraneux longent le Lî-amenu ' •-' '■ du fuie. bord postérieur du foie, et portent le nom de ligaments latéraux de cet organe; ils sont triangulaires et dirigés transversale- ment, l'un adroite, l'autre à gauche; leur bord supérieur est fixé au diaphragme, leur bord inférieur adhère au foie, et leur (1) Chez le Lançon, ou Ammodytes foie (6), et s'étendre , Tune sur la tobianus, le foie est divisé en un nom- face supérieure de ce viscère, l'autre bre très considérable de petits lobes sur sa face inférieure, et qui sont globuleux, suspendus aux ramifica- séparées entre elles par un iater- tions du canal excréteur (a). valle de 2 à 3 centimètres. Dans i'es- (2) Le ligament coronaire du foie pace compris entre ces deux moitiés est formé, chez l'Homme, par deux du pédoncule de la tunique séreuse lames du péritoine, qui se détachent du foie, cet organe adhère au dia- de la face inféiieure du diaphragme phragme par l'intermédiaire d'une pour gagner le bord supérieur du couche de tissu conneclif. (a) Diivcrnoy, Analomie comjmrée de Cuvier, "2' édil., t. IV, 2" partie, p. 40',). ib)\iiy7. Hoiirgery, Traité de l'anatomie de l'Ilrimme, I. V, pi. 13, fii,'. 1. /^30 APPAREIL DIGESTIF. bord externe est libre (1). Enfin un quatrième repli de même nature, qui a reçu les noms de grande faux du périloine^ de ligament ombilical^ de ligament large ^onàe ligament siispenseur du foie, s'étend de l'ombilic au bord antérieur de cet organe, et loge dans son épaisseur la veine ombilicale, qui, chez le fœtus, se rend du placenta à la face inférieure de ce viscère (2). Il a la forme d'un triangle très allongé; son bord antérieur, légère- ment convexe, adhère à la hgne blanche ou ligne médiane de la paroi antérieure de l'abdomen ; son bord inférieur est con- cave et libre; enfin sa base estbifurquée pour s'étendre, d'une part sur la surface supérieure du foie et se joindre au liga- ment coronaire, et d'autre part sur la face inférieure de cet organe, où il accompagne la veine ombihcale ou le cordon fibreux résultant de l'obhtération de ce vaisseau sanguin, dont les fonctions cessent à l'époque de la naissance (3). Je rappellerai aussi que l'enveloppe péritonéale du foie, par- venue aux bords du sillon transversal de la face inférieure de cet organe, l'abandonne pour se prolonger inférieurement, et donner naissance au repH suspenseur de l'estomac dont j'ai (1) Le ligament latéral gauche est lobes principaux de ce viscère. En se plus grand que celui du côté droit, et portant de la paroi abdominale anlé- remonte sur la face supérieure du foie rieure vers le foie, le ligament sus- vers son extrémité (a). penseur ainsi constitué n'occupe pas (2) J'indiquerai la disposition de ce la ligne médiane du corps, mais se vaisseau quand je ferai l'histoire delà trouve refoulé obliquement à gau- circulation chez le fœtus. che (6). (3) Celte portion du grand repli On désigne sous le nom de îiga- suspenseur, ou faux du péritoine^ se ment rond, le cordon fibreux qui ré- termine dans le sillon longitudinal de suite de l'atrophie de la veine ombl- la face inférieure du foie, et par con- licaie et qui est logé dans l'épaisseur séquent elle sépare entre eux les deux de ce repli près de son bord libre. (a) Voyez Bourgery, Traité de l'anatomie de l'Homme, t. V, pi. 7. (6) Idem, Op. cit., t. V, pi. 3 ; pi. 4, n° 3, et pi. 13, %. 1 et 2. — Bonamy, Broca et Beau, Op. cit., t. 1)1, pi. i. FOIE DES VERTÉBRÉS. 431 déjà eu l'occasion de parler sous le nom de petit épiploon, ou d'épiploon gastro-hépatique (1). Chez les Mammileres, dont le corps est dirigé horizontale- ment, la disposition des replis suspenseurs du foie est un peu différente (2). Chez les Oiseaux, ce viscère est logé dans deux poches ou cellules péritonéales , séparées entre elles par une cloison analogue au ligament ombilical de l'Homme (o). Chez les Reptiles, ses relations avec les parois de la cavité abdominale sont à peu près les mêmes (li). Enfin, chez les Poissons, les prolongements péritonéaux qui le fixent aux par- ties circonvoisines sont souvent réduits à de simples brides (i) Voyez page 302. (2) Ainsi chez le Cheval le foie est -suspendu à la paroi sons-lombaire de l'abdomen par les gros troncs vascu- laires qui s'enfoncent dans les scis- sures de sa face postérieure ; mais ce viscère est retenu aussi en place par plusieurs replis péritonéaux renforcés de tissu élastique, dont l'un corres- pond au ligament coronaire du foie de l'Homme, et un autre au ligament falciforme ou ombilical (a). (3) La cavité abdominale des Oi- seaux est divisée en deux étages par une cloison fibreuse que Perrault a décrite sous le nom de diaphragme transversal, chez l'Autruche. La loge supérieure renferme le cœur et le foie, la loge inférieure le gésier, les intes- tins, etc. (6). La poche péricardique et le ligament ombilical qui part de la face interne du sternum subdivisent i'étage supérieur en deux cellules, au côté externe desquelles se trouvent les poches pneumatiques (c). Enfin les parois de chacune de ces cellules sont formées par un prolongement de la tunique péritonéal , dont un autre feuillet adhère à la surface du foie. Il y a, par conséquent, pour chaque lobe de ce viscère une tuni- que séreuse viscérale adhérente et une tunique séreuse pariétale ou simplement engainante. Quelques ana- tomistes ont comparé cette disposi- tion à celle du péricarde autour du cœur, mais le mode de formation des tuniques hépatiques ne paraît pas être aussi simple que celui du péricarde ((/). (4) Ainsi, chez le Crocodile, le foie est logé dans des cellules péritonéales semblables à celles des Oiseaux (e). Une disposition analogue se voit chez les Chéloniens et chez plusieurs Ophi- diens : ce viscère est contenu dans une cellule péritonénle (/'). (a) Cliauveau, Traité d'analomie comparée des Animaux domestiques, p. 389. (6) Perrault, Mémoires pour servir à l'hisloire naturelle des Animaux, t. III, 2" parlic, p. U3, pi. 54. (c) Sapficy, Heclterches sur l'appareil respiratoire des Oiseaux, pi. 4, dg. 3. {d} Owcn, arl. AvES (Todil's Cyctop., t. I, p. 32(1). (e) Cuvior, Analomie comparée, t. IV, 2' partie, p. 430. if) Sirinniiis et Sieliul'J, Nouveau Manuel d'anatomie comparée, t. H, p. 232. /|0*2 APPAREIL DIGESTIF. membraneuses, et ses vaisseaux sanguins constituent ses prin- cipaux moyens d'attache (1). Nous voyons donc que le foie est libre dans presque toute son étendue. Sa surface est rendue lisse et humide par la tuni- que séreuse dont il est revêtu, et en raison de la laxité de ses liens suspenseurs, il peut glisser doucement contre les parties adjacentes; aussi, tout en étantattaché solidement à la voûte de la cavité abdominale par les ligaments dont je viens de parler, est-il susceptibledecertainsdéplacements. Ainsi, chez l'Homme, ses rapports avec le diaphragme et les viscères sous-jacenls changent pendant les mouvements respiratoires, car alors il s'abaisse et s'élève alternativement. Son volume est variable. Enfin sa pesanteur n'est pas sans influence sur la position qu'il occupe. En effet, quand notre corps est dans la position hori- zontale, cet organe se trouve caché derrière les fausses côtes, tandis que chez une personne debout ou assise, il descend de 3 à 4 centimètres, et son bord antérieur dépasse celui de la cage costale (2). Tunique propre § 4. — Au-dcssous dc l'cnvcloppe séreuse, ou tunique commune du foie, se trouve une couche mince de tissu con- nectif qui devient membraniforme dans les points où la pre- mière abandonne la surface de ce viscère, et qui constitue le revêtement auquel beaucoup d'anatomistes donnent le nomde (1) 11 est aussi à noter que chez les mine souvent la descente de ce vis- Poissons l'analogue du repli falcifornie cèie à plusieurs centimètres au-des- du foie, ou ligament ombilical, n'existe sons du rebord de la poitrine, et jamais. quelquefois le refoule jusque dans la (2) D'autres circonstances peuvent région de la hanche ; ce déplacement influer notablement sur la position du est accompagné d'une déformation très foie. Ainsi l'usage des corsets déler- grande de cet organe (a). (a) Morgagni, De sedibus et cmisis morborum, \ih. II, episl. xxvi, art. 23; epist.xxxviir, art. 35; epist. LVi, art. 17. Portai, Observ. sur la situation du foie dans l'état naturel (Mém. de l'Acad. des sciences, 1773, p. 587 etsuiv.). — Cruveilliier, Anatomie pathologique, xxix* li\r., pi. i. — Huschke, Traité de splanchnologie, trad. par Jourdan, p. 113. du foie. de Glisson. FOIE DES VERTÉllRÉS. ÛSS tunique fibreuse ou tunique propre du foie. Sur le bord supé- rieur de cet organe, elle est simplement perforée pour donner passage aux veines hépatiques ; mais dans le sillon transversal ou hile du foie, elle s'enfonce profondément dans son intérieur, de manière à constituer une gaine rameuse qui loge les vaisseaux sanguins afférents, ainsi que les conduits excréteurs de l'appa- reil hépatique, et qui est connue des anatomisles sous le nom de capsule de Glisson (1). Enfin, la surface interne de cette tuni- capsuie que dite fibreuse donne naissance à des prolongements cloi- sonnaires qui s'enfoncent entre les divisions de la substance du foie appelées lobules. Chez l'Homme, ces appendices centripètes sont si peu développés, que leur existence est révoquée en doute parplusieurs anatomistes habiles; mais chez d'autres Mam- mifères ils sont beaucoup plus épais, et constituent un vaste sys- tème de cloisons réunies entre elles de façon à jouer le rôle de gaines ou capsules pour chacun des lobules dont je viens de parler, et à circonscrire extérieurement les portions de l'appa- reil hépatique dont le centre est occupé par les branches ter- minales de l'autre portion de la même tunique qui constitue, ainsi que je l'ai déjà dit, la capsuie de Glisson [2). Les bran- Ci) La découverte de celte capsule, nique intérieure comme étant une dé- ou lunique rameuse, est attribuée pendance du ligament suspenseur du communément à Fr. Glisson, médecin foie et comme étant de nature muscu- anglais, qui, en 165/i , en donna une laire, opinion qui eut des partisans (c) description assez détaillée (a) ; mais jusqu'à ce qu'elle eût été combattue l'existence de ce système de gaines par Fantoni, et que les recherches de communes pour les vaisseaux du foie llallcr , de Sabalier et de quelques avait été signalée précédemment par autres anatomistes eussent conduit à un anatomiste hollandais nommé Wa- reconnaître la structure cellulaire des leus, ou Jean de Wale (6). Je dois ajou- gaines en question [d). ter que r.lisson considérait cette lu- (2) Laenncc fut le premier à bien (o) (llisson, Anatomia hepatis, 1054. (voy. Mangel, Bibliolheca anatomica, l. I, p. 224). {b) VValcup, De moiu chyli et sanguinis {ad Th. liarlholinum epistola secimda, lfi40). (c) Voyez Haller, Methiidua sludii medici, I. 1, [i. 'Ho. {(/) l'antoni, Disierlai innés anatomica:. Taurini, ITOt, ]>. 135. — Haller, Klementa pliysioloyiu;, I. VI, lit), xxiii. — Sabalier, Traité d'aualomie, t. 111, |). 350. VI. 28 Structure intime du foie. 43/l APPAREIL DIGESTIF. ches terminales de celle-ci sont en continuité directe avec les parois des cellules lobulaires dont je viens de parler, elle tout constitue par conséquent un système de canaux rameux dont chaque division se termine par un renflement occupé par un lobule hépatique (i). La structure des parties plus profondes de l'appareil hépa- tique est fort complexe et extrêmement difficile à étudier. Beau- coup d'anatomistes en ont fait l'objet de recherches longues et minutieuses, mais il reste encore plusieurs points importants dont nous n'avons pas une connaissance satisfaisante (2). Lorsqu'on déchire ou que l'on coupe le tissu de cette glande, reconnaître la continuité qui existe entre les parties terminales des gaines de Glissonet la tunique dite cellulaire ou sous-péritonéale, qui revêt la sur- face du foie (a), et qui avait été bien dis- tinguée de la tunique séreuse de cet organe par Sœmmerring (6). (1) La disposition que je viens d'in- diquer est difficile à dénionlrer chez l'Homme, et quelques anatomistes pen- sent que les gaines de Glisson dispa- raissent en arrivant aux lobules (ou lobulins), et ne se prolongent pas jus- qu'à la tunique sous-périlonéale de ce viscère (c). Chez d'autres mammifères, tels quele Cochon, les capsules lobuli- naires formées par la partie périphéri- que de ce système de tuniques sont non-seulement bien visibles, mais peu- vent être isolées et offrent une résis- tance assez grande. Chez le Cheval et le Bœuf, les parois de ces cloisons interlobulinaires s'affaiblissent, et chez le Chien, le Chat, etc., elles se résol- vent en tissu conjonctif très lâche. Dans certains états pathologiques du foie, la portion inlerlobulinaire de la capsule de Glisson s'hypertrophie et devient très distincte (d). (2) On doit à M. Kiernan, anato- miste anglais, dont les recherches datent d'une trentaine d'années, un excellent travail sur le mode de dis- tribution des vaisseaux sanguins dans l'intérieur ,dii foie et sur leurs rapports avec les lobules (ou lobulins) de cet organe (e) ; mais les observations de cet auteur sur le tissu propre de ces dernières parties sont très défectueu- ses, et c'est aux histologisles de l'épo- que actuelle que l'on doit tout ce que l'on sait à ce sujet. (a) Laennec, Lettre sur des tuniques qui enveloppent certains viscères (Journal de médecine, t. V, p. 539). (6) Sœmmerring, De corporis humani fabrica, t. VI, p. 168. (c) Sappey, Traité d'anatomie descriptive, t. III, p. 270. (d) Hallmann, De cirrhosi hepatis. Berlin, 1889. — Bemerkung ûber die Lebercirrhose (MiiUer's Archiv fur Anat. und Physiol., 1843, p. 475). — Millier, Ueber den Bau der Leber (Archiv, 1843, p. 343). (e) Kiernan, The Anatomy and Physiology of the Liver (Philosophical Transactions, ^833, p. 711, pi. 20 à 24). FOIE DES VERTÉBRÉS. /|35 sa substance paraît avoir une texture granuleuse, et cette appa- rence est due principalement à l'existence des lobulins hépa- tiques dont le volume est peu considérable et le nombre immense. Dans le foie de l'Homme, par exemple, ces lobulins, dont la forme est irrégulièrement arrondie, ont environ un millimètre en diamètre, et par des calculs approximatifs on a été conduit à penser qu'il devait y en avoir plus d'un million. Chacun d'eux renferme un système de pehtes ulriculesqui sont les organes essentiels de la sécrétion biliaire, et se trouve en connexion avec les branches terminales des vaisseaux sanguins du foie ainsi qu'avec les radicules initiales des conduits excré- teurs de ce viscère (1). (1) Wepfer paraît avoir été le pre- ainsi, et les lobules dont il parle sont mier à apercevoir cette division lobu- les divisions que quelques anatomisles linaire dans la substance du foie du de l'époque actuelle préfèrent appeler Cochon (a). Mais c'est à Malpighi que les îlots du foie {d), tandis que les l'on doit la démonstration de ce mode acini sont des paquets du tissu utri- d'organisation. Ce grand anatomiste culaire qui entrent dans la constitu- considérait le foie comme étant formé tion des lobulins ou lobules, par un assemblage de petites masses La structure lobulinaire du foie n'est glandulaires distinctes qu'il appela pas facile à mettre en évidence chez des lobules, et il pensa que chacun de l'fiomme, et a été révoquée en doute ces lobules était à son tour composé par quelques auteurs (e) ; mais on de corpuscules particuliers qu'il dé- peut s'en assurer par la macération, signa sous le nom d'acini {b). Quel- Ce mode d'organisation a été bien ques auteurs ont cru que ces mots constaté chez l'Ours blanc par Miil- étaient synonymes (c) ; mais, dans la 1er {f), et pour en faire la démonstra- pensée de Malpighi, il n'en était pas tion, cet auteur préconise les prépa- ie) Wepfer, De duUis anatomicis, epistola ad J. H. Paulum. Nuremberg, 1664. [b) Malpighi, De viscerum structura exercitatio anatomica, 16G6 [Opéra omnia, t. II, p. CO el suiv.), (c) Haller, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 513. — Meckel, Manuel d'anatomie, t. 111, p. 453. — Mandl, Anaiomie mici'oscopique, 1. 1, p. 237. [d) N. Guilloi, Mém. sur la structure du foie des Animaux vertébrés [Ann.des sciences nat., 3* série, 1848, t. IX, p. 113). (e) Wcber, Ueber den Bau der Leber des Menschen und einiger Thiere (Miillcr's Archiv fur Anat. und Pliysiot., I>i43, p. 303). — Kruckcnberg, Uiilersucliungen ûher den, feineren Bau der menschlichen Leber (Miiller's Archiv, 1843, p. 348). (/■) Millier, Manuel de physiologie, 1. 1, p. 344 /l36 APPAREIL DIGESTIF. Vaisseaux § 5. — Lc saiig' arrïve au foie et se distribue aux lobulins dufoir hépatiques au moyen de deux ordres de vaisseaux, formés, les uns par le système artériel, les autres par le système veineux. En étudiant l'appareil circulatoire (1), nous avons vu, en effet, que chez l'Homme, par exemple, une des principales divisions de l'artère cœhaque pénètre dans le foie pour s'y ramifier, et que les veines de toute la portion moyenne du canal digestif, en se réunissant entre elles , donnent naissance à un tronc Veine porte. pHucipal, appelé veine porte^ qui plonge également dans la sub- stance de cette glande et s'y divise à la manière des artères (2). 11 en est à peu près de même chez les autres Vertébrés; seulement on remarque que chez quelques Ovipares à sang froid les veines de l'appareil génital concourent à la formation de ce système afférent (3). Tous ces vaisseaux sanguins entrent dans le foie par la partie de la face inférieure de cet organe dont j'ai déjà parlé sous le nom de hile ou de sillon transversal (/j) ; ils suivent le même trajet et côtoient les conduits évacuateurs de la bile, de façon à former avec euxun faisceau rameux qui a pour enveloppe commune fespèce de gaine rameuse constituée par la capsule deGiisson (5). La plus grande partie du sang reçue par le foie râlions obtemios par l'action un peu un cordon fii)reux dont j'ai déjà eu prolongée de l'acide acétique sur des l'occasion de parier (page 630). Je fragments du foie du Gociion (a). décrirai cette portion de Tappareil (1) Voyez tome III, page 592. circulatoire lorsque je traiterai du dé- (2) Chez le fœtus, la veine ombili- veloppement des Animaux. cale qui vient du placenta se rend (3) Cette disposition a été constatée également au foie, et s'y ramifie en chez les Tortues (6) et chez les Cy- majeure partie à la manière de la priens (c). veine porte; mais après la naissance (Zi) Voyez ci-dessus, page Z|23. elle s'atrophie, et se transforme en (5) Ces tubes, que l'on désigne quel- (n) Mûller, Ueber den Bau der Leber {Archiv, tSiS, p. 338, pi. 17). (6) Bojanus, Bemerfc. aus dem Gebiete der vergl. Anat. {Isis, 1818, p. 1428), (c)'Rathlie, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 1826, t. IX, p. 167). FOIE DES VERTÉBRÉS. ^S' y arrive par le système de la veine porte. Les priricipales branches de ce vaisseau , ainsi que ses rameaux, disposes comme ceux d'une artère, sont entourés parles lobulins hépa- tiques, et en s'avançant dans la profondeur de la glande, ils donnent naissance aune multitude de ramuscules qui pénètrent dans les espaces interlobulinaires ; ses divisions terminales se comportent de la même manière, et sauf quelques ramuscules qu'il envoie dans les parois des canaux bihaires ou des gaines de Glisson, il se résout ainsi tout entier en nn vaste système de veinules afférentes qui pénètrent dans les espaces interlo- bulinaires, et là se subdivisent de façon à donner une branche à chacun des lobulins circonvoisins. Enfin chacune des veines interlobulinaires appartient à quatre ou cinqlobuhns, et chaque lobulin reçoit des branches provenantde plusieurs deces veines; ces branches s'avancent en convergeant sur la surface de ces espèces d'ilôts et souvent s'anastomosent entre elles, de façon à constituer des réseaux, puis donnent naissance à des capil- laires qui s'en séparent à angle droit pour s'enfoncer dans la qiiefois sons le nom de canaux por- hépatique, les autres par des parties tiens (rt), mais que je préfère appeler correspondantes de la veine porte, s'y Gaines de Glisson, adhèrent intime- ramifient. M. Kiernan, qui fut le pre- ment au tissu de la glande par leur mier à faire connaître ce mode d'orga- surface externe, et ne sont unis aux nisation, s'exagéra un peu l'imporlance canaux contenus dans leur intérieur du réseau sanguin formé par ces bran- que par du tissu connectif très lâche, ches dites vagma/es des vaisseaux logés qui permet à ceux-ci de se dilater ou dans les guînes de Glisson, et il a été de de se resserrer suivant leur état de la sorte conduit à considérer le tissu réplélion ou de vacuité. Ainsi que je de ces tubes comme étant comparable l'ai déjà dit, les parois de ces gaîncs à la pie-mère (6). Mais M. Sappey a sont composées essentiellement d'une constaté que la plupart des ramus- couclie plus ou moins dense et mem- cules vasculaires qui pénètrent dans braniforme de tissu connectif; mais leurs parois ne s'y distribuent pas, des vaisseaux sanguins fournis, les uns et passent outre pour se rendre aux par les branches incluses de l'artère lobulins hépatiques circonvoisins (c). (a) Portai canaU de Kiernan (Op. cit., Philos. Trans., 1833, i<. T20). (6) Kiernan, Op. cit. (Philos. Tmns., 18J3, p. 725). le) Sappey, Traité d'atialomie descriptive, l. lll, p- 286. /i38 APPAREIL DIGESTIF. profondeur du lobulin correspondant et s'anastomoser entre eux de manière à constituer un réseau extrêmement fm entre les mailles duquel se trouve le tissu sécréteur ou tissu propre de la glande (1). (1) Le tronc primitif de la veine porte est formé, comme nous l'avons déjà vu, par la réunion des veines mésentériques qui viennent de Tin- testin, et de la veine splénique qui vient de Teslomac et de la raie (a). Parvenu au sillon transversal du foie, ce vaisseau se divise en deux bran- ches qui s'en séparent à angles droits. L'une de celles-ci se dirige à droile, l'autre à gauche , et elles consti- tuentainsi un gros vaisseau transversal qui est logé dans le sillon trans- versal du foie, et qui est souvent désigné sous le nom de smus de la veine porte. Chacune de ces bran- ches pénètre ensuite dans la sub- stance du foie et s'y ramifie à la ma- nière des artères, en se portant de côlé et en suivant d'abord à peu près la direction de la face inférieure de cet organe, puis en divergeant dans tous les sens (6). Les grosses branches ne s'anastomosent jamais entre elles, et tout le système se résout direc- tement en quelques branches vagi- nales et en une multitude de branches interlobulinaires; mais les subdivisions de ces dernières s'anastomosent libre- ment dans tous les sens, de façon à constituer un réseau qui renferme souvent dans ses maillesles lobulins, et qui établit une communication très facile entre les différentes parties de ce système de vaisseaux afférents. M. Kiernan pensait que les branches interlobulinaires de la veine porte con- stituaient toujours de la sorte des anneaux autour des lobulins avant de donner -naissance aux branches interlobulinaires (c). Mais M. Lambona fait voir que cette disposition n'est à peu près constante qu'à la surface du foie, et que plus profondément les branches interlobulinaires se résolvent en capillaires inlralobulinaires sans s'anastomoser de cette façon (d). Les ramuscules qui partent des branches terminales de ce système interlobulinr.ire convergent vers le cen- tre du lobulin adjacent, et se résolvent en capillaires qui, à leur tour, s'a- nastomosent de façon à former un réseau intralobulinaire dont le centre donne naissance à une veine hépa- tique ou vaisseau sanguin efférent (e). Le mode de distribution de ces ca- pillaires inlralobulinaires est plus facile à démontrer chez le Cochon (/") que chez l'Homme. Aujourd'hui, les anatomistes sont assez bien d'accord quant à ladisposi- (a) Voyez tome III, page 592. (6) Voyez Bourgery, Traité de l'anatomie de l'homme, t. V, pi. 38. (c) Kiernan, Op. cit. (Philos. Trans., 1833, p. 744, pi. 23, fig. 5). (d) Lambon, Mém. sur la structure intime du foie (Archives générales de médecine, 3" série, 1841, t. X, p. 157). (e) Kiernan, Op. cit. (Philos. Trans., 1833, p. 714, pi. 23, fig. 5). if] Lereboullet, Mém. sur la structure intime du foie (Mém. de l'Acad. de médecine, t. X Vit, pi. 2, fig. 7). — Sappey, Traité d'anatomie, t. III, p. 289, fig. 393, et p. 297, fig. 395. FOIE DES VERTÉBRÉS. 439 § 6 — Le centre de chacun des lacis intralobulinaires ainsi constitués par les divisions terminales de la veine porte donne naissance à un petit vaisseau efforent qui occupe par consé- quent l'axe du lobulin, et qui^ense réunissant àses congénères, forme les racines des veines hépatiques (\) par l'intermédiaire desquels le sang, après avoir circulé dans le foie, sort de cet organe pour se diriger vers le cœur (2). Ces veines efférentes ne suivent pas la même route que les vaisseaux afférents dont l'étude vient de nous occuper; ils ne se logent pas dans les gaines de Glisson et ne se dirigent pas vers le hile du foie ; leurs parois adhèrent directement à la substance de la glande (3), et ils vont déboucher, les uns dans la portion de la veine cave qui occupe le sillon longitudinal du côté droit (/l), les autres dans deux troncs principaux qui gagnent le bord postérieur et Veines efférentes du foie. tion générale des voies parcourues par le sang de la veine porte dans l'inté- rieur des lobulins; mais ils sont parta- gés d'opinion au sujet de la structure de ces canaux. M, Natalis Guillot pense qu'ils consistent eu de simples la- cunes sans parois membraneuses pro- pres [a), tandis que la plupart des auteurs les considèrent comme des vaisseaux capillaires ordinaires (5). Cette dernière opinion me paraît la mieux fondée ; mais les tuniques de ces canalicules sont si perméables, que les liquides colorés les traversent avec une grande facilité, et que les injections passent presque toujours dans les divers ordres de vaisseaux ou tubesinterlobulinaires,quellequesoitla voie par laquelle l'injection a été faite(6). (1) Quelques anaiomisies donnent à ces vaisseaux efférents le nom de veines sus - hépatiques, parce qu'ils appellent veines sous hépatiques les branches afférentes qui sont fournies au foie par le système de la veine porte, et qui se trouvent à la face inté- rieure de cet organe, (2) Voyez tome III, page 593. {'à) Par l'effet de cette adhérence, les veines hépatiques restent béantes à la surface d'une section du foie, tan- dis que les branches de la veine porte et de l'artère hépatique, retenues dans les gaines de Glisson par du tissu con- nectif très lâche, s'affaissent ou se resserrent quand elles sont vides. (Z|) Ou gouttière de la veine cave (voyez ci-dessus, page /j23). (a) Natalis Guillot, Op. cit. (Ann. des sciences nal., 3" série, t. IX, y. 145 cl siiiv). Ih) LerebouUet, Op. cit., p. 5G. — Maincy, On the Capillarles of IheLiver {Quavlerly Journat of Microscopical Science, 1852, 1. 1. p. 231). (c) Natalis Guillot, loc. cit., p. HH et sniv. lldO APPAREIL DIGESTIF. supérieur du foie, où ils s'ouvrent dans la portion adjacente de la veine cave inférieure (1). J'ajouterai que les lobulins du foie sont groupés directement autour des diverses branches des veines hépatiques, de façon à reposer sur elles par leur base (2), et que les parois des gros troncs formés par ces vaisseaux efférents sont pourvues d'une tunique musculaire dont la contraction doit avoir pour effet de ralentir la sortie du sang veineux qui se rend du foie au cœur (3). 11 est à noter que chez quelques Mammifères, et probable- ment aussi chez l'Homme, une portion du sang qui, dans le tronc de la veine porte, se dirige vers le foie, peut passer (1) Ces deux vaisseaux, qui sont très courts et qui viennent, l'un du lobe droit, l'autre du lobe gauche, et qui convergent vers le bord postérieur du foie, sont les ironcs principaux du système des veines hépatiques, et chacun d'eux se compose de trois branches principales dont celles du côté droit sont deux ou trois fois plus grosses que celles du côté gauclie (a). (2) Les rapports des lobulins (ou lobules) du foie avec les veines hépa- tiques sous-jacentes ont été très bien représentés par M. Kiernan (b), dont les figures se trouvent reproduites dans la plupart des ouvrages élémentaires (c). L'analomiste que je viens de citer appelle veine intralobulaire, la radi- cule de la veine hépatique qui occupe l'axe de chaque lobulin, et veines sous- lohulaires, celles qui reçoivent les précédentes et se trouvent sous la base des lobulins {d). (3) La tunique musculaire des vei- nes hépatiques se compose de fibres lisses. Elle est facile à reconnaître chez l'Homme (e), le Chien, le La- pin, etc.; mais chez quelques autres Mammifères, elle est beaucoup plus forte : ainsi, chez le Cheval et le Bœuf, elle acquiert jusqu'à 3 ou h millimè- tres d'épaisseur (/"). C'est chez les Chevaux de course que ce mode d'or- ganisation paraît être le plus déve- loppé. Il est aussi à noter que les veines hépatiques sont dépourvues de val- vules. (a) Vâiycz Bourgery, Traité de l'anatomie de l'homme, pi. 38 et 39. (b) Kiernan, Op. cit. {Philos. Trans., 1833, pi. 20, fig. 3, 4 et 5 ; pi. 22, fig. 2). (c) E. Wilson, art. Liver {Todd's Cyclop., t. II, p. -165 et suiv., fig. 34 et 38). — Kôiliker, Éléments d'histologie, p. 472, fig-. 222. (d) Kiernan, loc. cit., p. 733 et suiv. (e) Remak, Hlstologische Bemerkungen ïiber die Blutgefâsswânde (MùUer's Archiv fur Anat., 1850, p. 96). — Kôliiker, Op. cit., p. 621. {f) Sappey, Traité d'anatomie descriptive, t. III, p. 300. FOIE DES VERTÉBRÉS. llki directement dans la veine cave sans traverser cette glande, car, ainsi que l'a constaté mon savant collègue, M. Bernard, il existe quelquefois des branches anastomotiques qui relient ces gros vaisseaux entre eux (1). Enfin, des veinules accessoires assez nombreuses, provenant, soit des parties adjacentes de l'appareil digestif, soit du dia- phragme, pénètrent dans la substance du foie pour concourir à la formation du vaste réseau sanguin dont je viens de par- ler (2), et le système circulatoire de cette glande est complété par un vaisseau d'un autre ordre, appelé Vartère hépatique. Veines efférenlos accessoires. (l)L'existence de ces vaisseaux ana- stomotiques a été constatée par M. Cl. Bernard chez le Cheval (o). (2) Ces petits vaisseaux afférents, que Ton désigne sous le nom de vei- nes porles accessoires, sont très nom- breux, et forment chez l'Homme cinq groupes principaux (6). Un premier de ces groupes occupe l'épiploon gastro-hépatique, et se com- pose principalement de veinules qui viennent de la petite courbure de l'es- tomac. Un second groupe, plus important que le précédent, se compose de 12 à 15 veines qui naissent de la grosse extrémité de la vésicule biliaire. Un troisième groupe comprend les veinules qui naissent des parois de la veine porte, de l'artère hépatique et des conduits biliaires, pour aller se perdre dans les lobules circon voisins. Un quatrième groupe se compose d'un nombre très considérable de veinules qui naissent de la partie mé- diane du diaphra^'ine, où elles com- muniquent avec les veines diaphrag- matiques, et qui descendent dans le ligament suspenseur du l'oie pour aller s'anastomoser avec les ramifications sus-iobulaires de la veine porte. Enfin, un cinquième groupe est formé par des veines qui viennent de la partie sus-ombilicale de la paroi antérieure de l'abdomen, où elles com- muniquent avec les veines épigastri- ques, mammaires internes, etc. , et qui se logent dans le ligament suspenseur du foie pour aller s'anastomoser avec le réseau veineux de ce viscère. Ces derniers vaisseaux, de même que ceux du troisième groupe, éta- blissent, comme on le voit, des com- munications nombreuses quoique très étroites, entre la portion terminale du système de la veine porte et le sys- tème veineux général i et lorsque le passage normal du sang vers le foie est gêné par un état patbologique du premier de ces systèmes , les voies détournées ainsi constituées peuvent s'élargir, et permettre le retour de ce liquide vers le centre de l'appareil circulatoire. (a) CI. BernarJ, Veines établUsanl uni co.iimitUctitiiii directe entre la veine porte et la veine cave inférieure (Compte rendu des séances de la Soc. de biologie, 1849, I. I, [>. 78 et 87). (b) Sappey, Op. cit., t. III, p. 290. 442 APPAREIL DIGESTIF. Artère § 7. — Celle-ci pénètre dans le foie par le hile ou sillon tran- hépatique. sversal de cet organe, et accompagne toutes les branches de la veine porte jusque dans les espaces interlobulinaires (i).Elle est logée comme ce dernier vaisseau dans le système de gaines qui constitue la capsule dcGlisson, et, chemin faisant, elle fournit beaucoup de ramuscules dont quelques-uns sont destinés aux parois de ces conduits, mais dont la plupart vont se distri- buer dans celles des canaux biliaires adjacents ou dans les appendices glandulaires de ces tubes excréteurs. Les branches interlobulinaires de l'artère hépatique sont très grêles et ne s'anastomosent pas entre elles, comme le font les divisions correspondantes de la veine porte, mais la plupart pénètrent dans la substance des lobulins et vont s'y terminer dans le réseau vasculaire d'où naissent les veines hépatiques. D'autres branches terminales de l'artère hépatique se ramifient à la surface du foie, où elles donnent naissance àun réseau à larges mailles (2). (1) Pour plus de détails sur la dis- vient de l'imperfection des injections tribution de l'artère hépatique dans employées pour mettre en évidence le foie, on peut consulter tous les trai- le trajet de ces vaisseaux. Les houppes tés modernes d'anatomie humaine : vasculaires que les branches de l'ar- par exemple, celui de Bourgery, dont l^ie hépatique fournissent aux lobu- les planches sont très belles {Op. cit., lins ont été très bien mises en évi- t. V, pi. 36 et 37). dence par les recherches de Dujardin (2) Quelques analomistes pensent et Verger, ainsi que par les obser- que l'artère hépatique ne fournit valions plus récentes de M. Nataiis guère que les msawsoî-wm, et envoie Guillot et de quelques autres anato- seulement quelques ramuscules nour- mistes (6). riciers au tissu sécréteur dont se U est aussi à noter que quelques compose essentiellement la substance ramuscules de l'artère hépatique dé- des lobulins (a) ; mais cette erreur pro- passent la surface du foie et pénètrent (a) Kiernan, Anat. of the Liver {Philos. Trans., 1833, p. 7-i7 et suiv.). (b) Dujardin et Verger, Recherches anatomiques et microscopiques sur le foie des Mammil'ères {Annales françaises et étrangères d'anatomie et de physiologie, 1838, t. II, p. 265, pi. 8, ûg. 14). — Natalis Guillot, Mémoire sur la structure du foie des Animaux vertébrés {Ann. des sciences nat., 3* série, 1848, t. IX, p. 140, pi. 14, fig. 1, et pi. 15, fig. 3). FOIE DES VERTÉBRÉS. 443 § 8. — Des vaisseaux lymphatiques en grand nombre prennent naissance dans les lobulins du foie ou à la surface de ces îlots de tissu hépatique, et forment par leurs anastomoses un réseau dont les principales branches accompagnent, soit la veine porte, soit les veines hépatiques (1). Enfin, des nerfs provenant, les uns des pneumogastriques, les autres de la portion du système ganglionnaire appelée le plexus solaire, pénètrent dans le foie en accompagnant les vais- seaux sanguins, sur les parois desquels ils se ramifient (2). § 9. — Les canaux bihaires, ou conduits excréteurs du foie naissent des lobulins par de petites radicules qui s'en déta- chent latéralement pour pénétrer dans les espaces interlobu- Hnaires (3), et se réunir entre ehes de façon à y constituer des Système des conduits biliaires. dans le diaphragme, où elles s'ana- stomosent avec les artères diaphrag- matiques (a). (1) Les vaisseaux lymphatiques su- perliciels du foie ont été aperçus par les premiers anatomistes qui se sont livrés à l'étude de ce système de con- duits irrigateurs centripètes (6). Leur mode de distribution dans le foie a été étudié avec plus de soin pur M. Sap- pey que par les devanciers de cet ana- tomiste habile (c). (2) Ces nerfs sont très nombreux, comme on peut s'en convaincre faci- lement par les préparations anatomi- ques faites cliez l'Homme (d) ; j'aurai à en parler de nouveau dans une au- tre partie de ce Cours. (3) M. Kiernan a fait très bien con- naître la disposition des racines inter- lobulinairesdes canaux biliaires (e),et je m'explique difficilement l'erreur dans laquelle est tombé unsavantana- tomistede notre Faculté de médecine, au sujet de la position de ces parties initiales du système des tubes excré- teurs. En effet, cet auteur décrit les racines en question comme occupant, non la périphérie des lobulins oii elles existent réellement, mais l'axe de ces organites (f), où elles ne se trouvent jamais: opinion qui fait supposer qu'il a pris les racines des veines hépati- ques pour les racines des canaux biliaires. Aujourd'hui tous les anato- mistes sont d'accord sur ce point. (a) Kiernan, Op. cit. (Philos. Trans., -1833. — Nalalis Guillot, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 3» série, t. IX, p. ■141). (6) Voyez tome IV, page 154. (c) Sappey, Recherches sur le mode d'origine des vaisseaux lymphatiques dans les glandes {Comptes rendus de VAcad. des sciences, 185"2, t. XXXIV, p. 980). (d) Voyez Boiirgcry, Op. cit., t. V, pi. 42. (e) Kiernan, Op. cil. (l'hilos. Trans., 1833, p. 723 ot suiv.). (f) Cruveilliier, Traité d'anatomie descriptive, 2« édit., 1843, t. III, p. 395. lldd APPAREIL DIGESTIF. tubes fort déliés dont la disposition est analogue à celle des branches interlobulinaires de l'artère hépatique et de la veine porte, mais dont la direction est inverse. En effet, les conduits biliaires côtoient ces vaisseaux dans l'intérieur des gaines de Ghsson pour sortir du foie par le hile, qui est le point d'im- mersion des vaisseaux afférents de cette glande. Dans cette portion de leur trajet, les canaux biliaires sont faciles à observer, et par la dissection on voit qu'ils constituent une sorte d'arbre dont le tronc est dirigé en bas, et dont les divisions de plus en plus nombreuses et plus grêles à mesure qu'on les observe plus loin du hile, sont dispersées dans toutes les parties du foie. Mais l'étude de leur mode d'origine dans l'intérieur des lobulins présente de très grandes difficultés, et les anatomistes les plus habiles sont parlagés d'opinion au sujet de leurs con- nexions initiales avec le tissu ulriculaire qui forme la partie fondamentale de ces organites constitutifs du foie (1). (1) Quelques anatomistes ont cru appelle substance corticale une zone devoir admettre dans la composition extérieure bnm jaunâtre, et substance des lobules du foie un tissu cortical et médullaire une portion centrale d'une un lissu médullaire. Mais les diffé- teinte brun foncé (a) ; tandis que rences de teinte qu'on y remarque, et Aulcnrieth, Mappes et Meckel disent qui ont donné lieu à ces dislinclions, que la substance corticale est la partie ne correspondent à aucune différence la plus foncée du lobule, et la sub- de structure, et dépendent seulement stance médullaire la partie la plus de la quantité plus ou moins considé- claire (6). C'est sur des accidents ca- rable de sang qui se trouve dans la davériques ou pathologiques du même portion centrale ou bien dans la por- ordre que repose la distinction entre les tion périphérique des lobulins. Aussi parties nommées moelle et écorce par les auteurs ont-ils varié quant aux ca- quelques anatomistes, ainsi que celle ractèresqu'ilsassignentàces prétendus d'une substance jaune et d'un tissu tissus particuliers. En effet, Ferrein rougeàtre, faite plus récemment par (a) Ferrein, Sur la structure des viscères nommés glanduleux, et 'particulièrement des reins et du, foie (Mém. de l'Acad. des sciences, 1749, p. 489. (b) Autenrielh, Ueber die Rindsubstan% der Leber (Reil's Archiv fur die Physiologie, 1807 , t. VII, p. 299). — Mappes, Dissert, de penitiori hepatis humani structura, Tubingue, 1847 {Journal com- plémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, L XII, p. 223). ' — Meckel, Manuel d'anatomie, t. III, p. 452. FOIE DES VERTÉBRÉS. kllO Ce tissu hépatique consiste en une multitude de corpuscules jaunâtres et irrégulièrement arrondis, qui sont logés entre les maillesdu réseau vasculairepropreouintérieurdechaquelobulin, et qui paraissent être autant de petites utricules sécrétoires (1). Tissu liéfiatique. MM. Bouillaud et Andral (a). L'exis- tence d'un même tissu dans les par- ties profondes et périphériques des lobules a été soutenue depuis long- temps par Portai, et mieux démontrée par MM, Cruveilhier, Kiernanet Lere- bouUet (6), (i) Ces corpuscules hépatiques pa- raissent être les organites que Mal- pighi signala sous le nom d'acini (c), et que quelques auteurs modernes ont décrits sous le nom de granules du foie (d). Leur structure vésiculaire est en général très difficile à apercevoir, et quelques anatomistes habiles pensent que ce sont des sphérules dépour- vues, soit d'une capsule ou enveloppe membraneuse propre, soit d'une ca- vité intérieure ; enfin que ce sont, non des utricules , mais des sphé- rules ou globules (e). L;i plupart des histologistes admettent sans réserve la nature vésiculaire de ces parti- cules, et d'après les observations que j'ai faites sur ce sujet, je partage com- plètement celte dernière opinion, tout en admettant avec M. Natalis Guillot, que leur partie périphérique n'a pas toujours la consistance d'une mem- brane proprement dite. L'existence d'un tissu utriculaire dans leslobulinsdu foie a été entrevue pour la première fois en 182/i par Dulrochet, qui compara ces cellules aux vésicules constitutives du tissu cellulaire des plantes {f). En 1837, M. Purkinje , et bientôt après M. Henle , sans avoir connaissance ni de leurs observations respectives, ni des vues de Dutrochef, arrivèrent au même résultat et l'établirent sur des bases plus solides (17). Depuis lors la structure de ces organites a été (a) Bouillaud, Considérations sur un point d'anatomie pathologique du foie [Mém. de la Soc. médicale d' émulation, t. IX, p. 117). — Andr.'il, Clinique médicale, 2» édit., t. IV, p. HG ot suiv. — Précis d' anatomie patholo gique, t. II, p. 584. (&) Poiial, Anatomie médicale, t. V, p. 278. — Cruveilliier, Anatomie pathologique, livraison xii : Foie granuleux. — Kienian, Op. cit. {Philos. Trans., 1833, p. 752 et suiv.). — Lereboullei, Mém. sur la structure intime du foie, p. 36 {Mém. de l'.icad. de médecine, l. XYIl). (c) Malpiffhi, De hepate {Opéra omnia, t. II, p. 63). (d) Krause, Ueber den (eineren Bau der Leber (Muller's Archiv fiir Anat. und Phijsiol., 1845, p. 524). (e) Dujardin et Verj^er, Recherches anatondques et microscopiques sur le foie des Mammifères {Annales françaises et étrangères d'anatomie, 1838, t. Il, p. 273). — Natalis Guilloi, Op. cit. {Ann. des sciences nat., 2' série, t. IX, p. 128 et suiv., pi. 12, fig. 3 ; pi. 13, fi^'. 2 ; pi. 14, fi^'. 2 et 4). (/■) Dutrocliet, Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure intime des Animau.z et des Végétaux, 1824, p. 201 et suiv. — Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et phy- siologique des Végétaux et des Animaux, 1837, t. Il, p. 470. {g) l'uikinje, Ueber den Bau der Magen-Drilsen (BericlU der Versammlung der Naturforscher {nPcûf/, 1838. p. 174). — Henle, Traité d'anatomie générale, t. H, p. 481 , llhÔ APPAREIL DIGESTIF. On peut dé(30uvrir dans leur intérieur des globules de matières grasses et d'autres substances constitutives de la bile ; ils varient quant à leur volume, et ils paraissent être à divers degrés de développement; ils ressemblent beaucoup aux utri- cules du tissu épithélique pavimenteux dont j'ai déjà eu à parler plus d'une fois ; enfin ils sont réunis entre eux de façon à constituer ces trabécules qui, à leur tour, donnent naissance à une sorte de réseau dont les mailles occupent les espaces laissés libres par le réseau vasculaire des lobulins et dont la dis- position générale est radiaire. C'est au milieu des petites masses étudiée par un grand nombre de micro- graphes, qui presque tous s'accordent à les considérer comme des vésicules analogues aux utricules des tissus épi- théliques dont j'ai déjà eu l'occasion de parler. Ces organites se séparent facilement entre eux, et en général ils semblent avoir été déformés par la pression qu'ils ont exercée les uns contre les autres : en effet, sur le cada- vre , ils sont ordinairement aplatis et plus ou moins polygonaux ; mais M. LerebouUet a reconnu que chez les Animaux récemment tués, ils ont souvent une forme globuleuse , et lorsque, par un séjour de quelques instants dans l'eau, ils sont devenus turgides, ils sont souvent sphériques ou ellipsoïdaux, tandis que d'autres fois ils conservent la forme d'un po- lyèdre irrégulier. Leurs dimensions varient beaucoup chez le même Ani- mal; mais, terme moyen, ils sont un peu plus petits chez les Poissons et chez les Oiseaux que chez les Reptiles et les Mammifères. Chez l'Homme, leur diamètre est quelquefois de 0""",030 ou même un peu plus, et peut se réduire à 0'""",012 ou O^^jOlo (a). Leur tunique paraît êlre consti- tuée par une couche membraniforme amorphe et transparente , d'une grande ténuité, qui renferme : 1° un corpuscule discoïde , appelé noyau ; 2" un amas de granules jaunâtres très ténues, qui leur donnent un aspect pointillé; et 3° des goulteleltes de graisse. Pour démontrer l'existence de la tu- nique membraniforme, on peut avoir {a) Kôlliker, Traité d'histologie, p. 474'. Pour plus de détails au sujet des dimensions des cellules hépatiques, je renverrai aux publications suivantes : — Henle, Traité d'anatomie générale, t. II, p. 488. — Hallmann, De cirrhosi hepatis. Berlin, 1839. ■ — Vogel. Gebranch der Mikroscopie, 1841. — Wagner, Icônes physiologicœ, pi. 18, %. IB. ■ — Krause, Op. cit. (Miiller's Archiv, 1845, p. 526.) — Harting (voy. Backer, De structura hepalis, p. 47), — Husclike, Traité de splanchnologie, trad. par Jourdan, p. 118 et suiv. ■ — Mandl, Anatomie microscopique, t. I, p. -248, pi. 2. — Theile, art. Leber (Wagner's Handwôrterbuch der Physiologie, t. II, p. 329). FOIE DES VERTÉBRÉS, 447 de tissu iitriculaire et de vaisseaux capillaires sanguins dont les lobulins sont formés que naissent les radicules des conduits biliaires ; mais il règne encore une grande obscurité au sujet des relations qui existent entre ces divers éléments analomiques du foie, et, dans l'état actuel de la science, nous manquons de faits probants pour résoudre la question d'une manière satis- faisante. Suivant quelques histologistes, les racines des canaux excréteurs naissent à la surface de la masse du tissu utriculaire qui, enchevêtré au milieu des mailles vasculaires, constitue le lobulin, et qui ne serait creusé d'aucune cavité en communica- tion avec ces tubes (1). D'autres anatomistes pensent que le recours à raction de l'eau et de divers réactifs qui y pénètrent par endosmose, et après l'avoir distendue fortement en déterminent la rupture brusque, phé- nomène qui est suivi aussitôt de la dissolution ou de la disparition des matières incluses. Le noyau devient plus visible quand on traite ces utri- cules par de l'acide acétique qui dis- sout la matière granuleuse adjacente. M. Kollikerévalueà0'",007ou0""°,008 le diamètre de ce corpuscule, qu'il considère comme une cellule inté- rieure. Il est aussi à noter que parfois le noyau manque, et que celte cir- constance paraît devoir être attribuée au progrès de l'âge de l'iitricule hé- patique. Les granulations jaunes pa- raissent être formées par la matière colorante de la bile, et se comportent de la même manière avec les réactifs chimiques (a). Enfin, les gouttelettes de graisse varient beaucoup en nombre et en volume. Elles sont très abon- dantes chez les Poissons, et, dans divers états pathologiques, elles envahissent la presque totalité de l'intérieur des cellules. C'est une dégénérescence de ce genre qui donne au foie gras des Oies et des Canards des qualités par- ticulières (6). Pour plus de détails sur l'action exercée par les réactifs chimiques sur les utricules hépatiques, je renver- rai aux travaux spéciaux sur ce sujet (c). (1) Cette manière de concevoir la structure intime des lobulins hépa- tiques a été adoptée par M. II. Jones, et elle est soutenue par un des histo- logistes les plus éminents de l'époque actuelle, M. KoUiker {d). Cet auteur (a) Will, Ueber die Absondèrung der Galle. Erlanî^en, 1849. (6) Lereboullct, Op. cit. p. 93 et suiv. (c.xlr. des il/cm. de l'Acad. de médecine, t. XVII). (c) Hallmann, De civrosi. liepatis Berlin, 1839. — (Jerlacli, llandljuch dei- Gewebelehfe, d848, p. 273. — Ltrebonllel, Op. cit., p. 34 et suiv. (d) C. Manfield Jones, On the Structure and Development oflhe hiver {Philosophical Transac- tion, 1849, p. •109). — Kcllliker, Mikroscmsche Analomie, gf/fij, t. II, p. 220. — éléments d'histologie, p. 470. liliS APPAREIL DIGESTIF. tissu sécréteur des lobulins présente des espaces ou lacunes comparables aux méats intercellulaires du parenchyme des feuilles chez les plantes à respiration aérienne, et que ces cavités dépourvues de parois membraneuses sont le com- mencement des conduits biliaires, qui ne se revêtiraient d'une timique membraneuse que près de la surface des lobulins (1). pense que les utricules occupent la totalité des espaces existant entre les mailles du réseau vasculaire du lobulin ou îlot, et y constituent, par leur juxiaposition, un réseau cellu- laire dépourvu, soit de substance con- nective interposée , soit de mem- branes engainantes. Les tubercules de ce réseau, dont la direction générale est rayonnante du centre à la circon- férence, se composeraient tantôt d'une seule série d'utricules, tantôt de deux, de trois ou même davantage, et ses mailles embrasseraient étroitement les vaisseaux capillaires intra-lobulinaires. Enfin, M. Kollikersuppose que cliaque radicule des canaux biliaires naît à la surface de la petite masse de tissu sécréteur ainsi disposé, soit en y for- mant un cul-de-sac, soit par un orifice béant. Dans cette hypothèse, la bile élaborée dans les cellules profondes du lobulin ne pourrait arriver dans le canal excréteur correspondant qu'en passant d'utricule, en utricule jusqu'à la surface du lobulin. L'opinion de M. Kolliker, relative- ment au mode d'origine des conduits biliaires, ne diffère que peu de celle émise en 1838 par Dujardin et Verger. Ces miciographes ont cru voir ces tubes excréteurs s'épanouir en houp- pes à la surface des lobulius (a). (1) M. Henle a été le premier à ex- pliquer de la sorte l'origine des con- duits biliaires dans l'intérieur des lo- bulins. Il considère les racines initiales de ces conduits comme étant des es- paces intercellulaires ou lacunes tubu- liformes ménagées entre les cellules élémentaires du tissu hépatique, et se recouvrant extérieurement d'une tu- nique membraneuse près de la surface du lobulin, où ces canaux à parois utriculaires rencontreraient la sub- stance conneclive interlobulinaire (6). Cette opinion a été adoptée par quel- ques analomistes de l'Allemagne (c), et ne diffère que peu de celle soutenue récemment par M. Natalis Guillot et par M Lereboullet [d]. Ces derniers auteurs admettent l'existence de canalicules biliaires dans l'intérieur des lobulins, parce que dans (a) Dujardin et Verger, Recherclies svr le foie {Ann. françaises et étrangères d'anatomie, 4 838, t. 11, p. 230). (b) Hciile, Traité d'anatomie générale, Irad. f-nr Joindan, 1843, t. II, p. 483. (c) (icrliicli, Handlvch (1er beueheli lire, ISiS, p. 28-1 et suiv. ■ — Hjrtl, LehrMicli dcr Anatcniie des Menschen, p. 4i5'l et suiv. (d) Naialis Guillot, Op. cit. (Ann. des sciences nat., 2' série, 1848, t. IX, p. 127 et suiv. — Lereboullet, Mémoire sur la structure intime du foie, p. G8 et suiv. (extr, des it/em, de l'Acad. de médecine, 1853, t. XVII). FOIE DES VEUTÉBRÉS. /!|/!|.9 Enfin , plusieurs auteurs croient pouvoir conclure de leurs recherches que les trabécules de tissu utriculaire dont se com- pose le réseau propre des lobulins sont revêtues d'une tunique membraneuse, et que les canaux ainsi constitues sont en conti- nuité avec les racines interlobulinaires des conduits biliaires, de façon que ceux-ci naîtraient en réalité d'un réseau de canaux renfermant les utricules sécrétoires et entremêlés avec les capil- laires sanguins dans l'intérieur de chaque lobulin. J'inchne à croire qu'il en est ainsi, et que par conséquent la structure du foie des Vertébrés ne diffère essentiellement de celle dû même organe chez les Invertébrés supérieurs que par l'établissement d'anastomoses entre les branches les plus profondes du système les injections fines des conduits excré- teurs du foie, on voit que la matière colorante employée remplit non-seu- lement le lacis formé par ces tubes autour de chaque lobulin, mais pénè- tre aussi dans des espaces canaliculi- formes disposés en réseau jusque dans la profondeur de la substance con- stitutive de ces mêmes îlots ou lo- bulins. Les recherches récentes de M. Lereboullet s'accordent aussi com- plètement avec celles de M. Natalis Guillot, quant à l'absence de toute paroi membraneuse entre le canal ainsi creusé et les corpuscules ou cellules circonvoisines. Cet auteur est égiilement convaincu de la non- existence d'une tunique ou mem- brane basilaire qui envelopperait les utricules pariétales de ces conduits et les séparerait des \ aisseaux san- guins adjacents. Enfin M. Lereboullet pense que ces méats intercellulaires linéaires sont pratiqués entre deux rangées d'utricules réunies en chape- let, et que dans l'état normal ils sont d'une ténuité extrême, mais s'élar- gissent dans les préparations injectées, parce que les cellules pariétales s'a- platissent sous la pression qu'exerce le liquide poussé dans l'intérieur du système de tubes dont ils forment la portion inilialc. M. Weber a donné une autre expli- cation du mode de constitution decette portion intra-lobulinaire des racines des conduits biliaires ; il suppose que les canalicules en question sont situés non pas entre les utricules, mais dans l'axe d'une série linéaire de ces cel- lules qui, soudées ensemble, seraient perforées dans leurs points de jonc- tion, de façon à donner naissance à un tube capillaire injectable {a) ; mais celte hypothèse me paraît inadmissi- ble et n'est adoptée par aucun des his- tologistes qui, dans ces derniers temps, ont étudiée la structure du foie. (a) Wclior, Ik.hfr dm Ban dcr l.eber fMiiller's ^vchit) fur Anal., 18i.'!, p. 309). \ 1 29 /i.50 APPAREIL DIGESTIF. des conduits biliaires qui, au lieu de se terminer en cul-de-sac, se réuniraient pour constituer un réseau (i) ; mais de nouvelles observations sont nécessaires pour démontrer qu'il en est ainsi, et les difficultés inhérentes aux travaux de ce genre sont si grandes, que probablement la question restera longtemps indécise. Les racines interlobulinaires dont je viens de parler ne sont pas les seules branches initiales des conduits biliaires. Sur (1) M. Kiernan fut le premier à indiquer nettement l'existence d'un réseau intra-Iobulinaire formé par les radicules des canaux biliaires, mais cet anatomiste ne parvint à l'injecter que partiellement ; il ne précisa pas les rapports de ce lacis avec le réseau vasculaire adjacent , et il n'employa pas des grossissements suffisants pour pouvoir distinguer la structure des parois de ces con- duits (a). En 18/j3, Krukenberg si- gnala d'une manière plus complète la disposition réticulaire descanali- cules initiaux des conduits biliaires, ainsi que la manière dont ils s'a- daptent aux mailles du lacis vascu- laire intra-lobulinaire. Il considéra ces canalicules comme étant compris entre deux rangées d'utricules hé- patiques et comme étant pourvus d'une gaine membraneuse intimement unie aux vaisseaux sanguins circon- voisins ; mais il ne put réussir h dé- montrer l'existence de cette tunique membraneuse, et ne donna que des figures théoriques du réseau initial des conduits biliaires (6). Retzius assure avoir démontré la présence des parois membi-aneuses de ces canalicules radiculaires, mais il ne donne aucune preuve satisfaisante à l'appui de son opinion (o). MM. Bac- ker, Leidy et quelques autres anato- mistes ont adopté la même manière de voir, sans cependant ajouter des faits nouveaux propres à avancer la solution de la question en litige {d). Enfin M. Beale a publié sur ce sujet un travail spécial dans lequel il s'applique à établir par beaucoup d'ob- servations importantes que les tra- bécules utriculaires du tissu sécré- teur intra-lobulinaire sont renfermées dans des tubes membraneux d'une grande ténuité, qui se continuent au (a) Kiernan, Op. cit. (Philos. Trans., 1833, p. 741, pi. 23, fig. 3). (&) Krukenberg, Untersiich. ûber den feineren Bau der menschlichen Leber (Miiller's Archiv, 1843, p. 332, pi. 16, fig. 3 et 5). (c) Relzius, Ueber den Bau der Leber (MùUer's Archiv fiir Anat., 1849, p. 169). (d) G. Backer, Dissertatio med. inaiig. de structura subtiliori hepatis sani et morhosî. Utrecht, 1845. — J. Leidy, Reseai\ches into the Comparative Anatomy ofthe Liver (American Journal of the Médical Sciences, jnnyicr 18 i&). — Weja, Beitrdye zur feineren Anatomie der Leber (Miiller's Archiv, 1851, p. 79, pi. 2, fia: 3 et 4). — A. Cramer, Bijdrage tôt de fijnere Strucluur der Lever (Tijdschrift der Nederlandsche, Maatsrhappij, 1854, p. 85), FOIE DES VERTÉBRÉS. 651 quelques points de la surface du foie, on en voit d'autres qui offrent l'aspect d'arborisations, et qui ont leurs extrémités arrondies en cul-de-sac, sans se rattacher à aucun îlot de tissu sécréteur. Cette disposition paraît être due en général à une atrophie des lobulins correspondants, mais quelquefois on doit l'attribuer plutôt à un arrêt de développement de certaines par- ties périphériques de l'appareil biliaire dont les conduits excré- dehors des lobules pour constituer les racines interlobulinaires du système excréteur du foie (a). Ses recherches portent sur des Poissons, des Reptiles et des Oiseaux, aussi bien que sur des Mammifères, tels que l'Homme, le Cochon et le Lapin. Pour injecter le réseau biliaire inlra-lobulinaire, il en chasse d'abord la bile en gorgeant les vaisseaux sanguins avec de l'eau, et pour mettre en évidence la membrane basilaire qui porte les utricules et constitue la tunique externe de ,çes conduits, il a recours à l'action de divers liquides qui durcissent ou qui dissolvent certaines parties de la sub- stance des lobules. Je dois ajouter que les trois prin- cipales hypothèses dont je viens de rendre compte ne sont pas les seules qui aient été soutenues depuis quel- ques années, relativement à la struc- ture intime des lobulins du foie et au mode d'origine des racines des con- duits biliaires qui en naissent. Ainsi J. Millier, guidé par ses ob- servations sur le développement du foie chez l'embryon, a pensé d'abord que chez les Vertébrés les canaux biliaires se terminaient en cul-de-sac ou en ampoules ià peu près comme chez les Crustacés, et il est à noter que l'apparence de la préparation du foie de l'Écureuil dont il donne une figure à l'appui de sa manière de voir (6) paraît être due à un état de congestion pathologique (c). Du reste, dans les dernières années de sa vie, cet anatomiste liabile semble avoir abandonné l'opinion dont je viens de parler (d), Krause, en insufflant ces conduits, a cru pouvoir démontrer qu'ils se terminent par des vésicu- les, ou plutôt qu'ils en naissent (e). Enfin M. Sappey considère les lobulins comme composés d'un nombre consi- dérable de groupes de vésicules ou acini dont la cavité serait en communication directe avec les radicules intra-lobu- linaires des conduits biliaires (f). Mais cette opinion est en désaccord avec toutes les observations microscopiques modernes les mieux faites. M. Huschke a adopté une manière de voir qui (a) li. Beale, On the nltimate Arrangement of the Biliai-y ducts and on some other Points in the Annlomy of the Liver of Vertébrale Animais {Philosophical Transactions, 1855, p. 375, pi. ib). (b) Miiller, Ve glandularum seceriientium slructura penïiiori, p. 80, iil. il, fi;,'. 11. (c) E. Wilson, ari. Liveu (Todd's Cyclnpœdia of Anaiomy and l'Iiysioloriji. t. II, |i. 185). (d) Mùller, Ueber den Haii der Leber {Arcliiv fur Anat. und Physiol., 18'i3, p. ;)43). (e) Krause, Ueber den feineren Bau der Leber {Mullci''.s Archiv, ISiS, p. 52i). (/■) Sappey, Traité d' analomie descriptive, J857, t. III, p. 270. [iD"2 APPAREIL DIGESTIF. leurs se constilueraieiil sans que le tissu utriculaire cireon- voisin ait pris naissance (1). Les conduits biliaires interlobulinaires s'anastomosent fré- quemment entre eux et forment autour des lobulins un réseau irrégulier à mailles serrées (2). De même que les branches qui en naissent pour se diriger vers le hile du foie, ils ont des pa- rois dont la structure est très complexe. Effectivement tout ce système de tubes excréteurs est revêtu intérieurement d'une couche de tissu épilhélique de forme plus ou moins pavimen- teuse, et pourvu d'une tunique membraneuse propre, ainsi que d'une tunique externe de structure fibreuse, composée principa- lement de tissu conjonctif entremêlé de fibres élastiques; dans est non moins inadmissible. Il sup- pose que chaque utricule hépatique est munie d'un canal excréteur parti- culier, et que ces canaux filiformes constituent en se réunissant les racines des conduits biliaires {a). (1) Les analomistes ont donné le nom de vasa aberrantia à ces canaux biliaires, dont la portion radiculaire est isolée et dépourvue de tissu sécré- teur. On en voit ordinairement un certain nombre qui s'avancent un peu dans l'épaisseur du ligament gauche du foie où leur présence a été signalée pour la première fois par Fenein (6), et ils sont accompagnés par des branches de la veine porte et de l'ar- tère hépatique, comme dans l'inté- rieur du foie. M. Kiernan en a donné une bonne figure et les considère comme les représentants d'un lobe droit (c). La formation des vasa aber- rantia par voie d'alrophie du lissu propre des lobules correspondants a été étudiée dernièrement par M. Sap- pey {d}. (2) Dans la partie initiale de ce vaste système de conduits excréteurs, les anastomoses sont si fréquentes, que ces tubes constiluent un réseau à mailles étroites (e). Entre les bran- ches de moyenne grosseur on trouve aussi des communications analogues. mais moins intimes, dont M. Sappey a fait une étude attentive {f). Ces dernières anastomoses sont moins nombreuses et plus difficiles à injecter chez l'Homme que chez le Cochon. [a) Husclike, Traité de splanchnologie, trad. parJoiirdan, 1845, p. -125. {b) Feirein, Sur la structure et les vaisseaux du foie yMéin. de l'Acad. des sciences, 1733, Histoire, p. 31). (c) Kiernan, Op. cit. {['hil. Trans., 1833, p. 742, pi. 23, i]g. 4). (dj Sappey, Op. cit.. Traité d' Anatomie descriptive, t. III, p. 283. (e) Nalalis Giiillot, Mém. sur la structure du foie {Anri. des sciences nat., 3* série, t. IX, pi. 14. tig. 2 et 3; pi. 15, fi?. 3j. if) Sappey, Traité d'anatomie descriptive, t. III, fi. 277, dg. 384. FOIE DES VJEKTÉBRÉS. 453 les gros troncs on y trouve aussi des libres musculaires lisses; enfin chez l'Homme et beaucoup d'autres Mammifères leurs parois sont garnies d'une multitude de glandules en forme de grappes qui débouchent dans leur intérieur et qui hérissent leur surface externe (1). M. Sappey a remarqué que ces organites appendiculaires sont le plus développés chez les Animaux dont la bile est très épaisse, et il a été ainsi conduit à admettre qu'ils versent dans cette humeur des matières muqueuses, opinion qui me paraît très plausible. Ainsi que je l'ai déjà ;dit, les conduits biliaires se réunissent entre eux à mesure qu'ils se rencontrent en s'éloignant de leur lieu d'origine et qu'ils s'approchent de la partie moyenne de la face inférieure ou intestinale du foie. Quelquefois ils sortent de cet organe avant que cette concentration du système excré- (1) Ces glandules pariétales des conduits biliaires se montrent de^jà dans les parties radiculaires du sys- tème excréteur sur des tubes dont le diamètre n'excède pas O^^'jOS, et sur les brandies plus fortes elles ne tar- dent pas à devenir si nombreuses et si saillantes, qu'elles donnent à ces tubes l'aspect d'un arbre dont l'écorce serait couverte déplantes parasites (a). Elles disparaissent en général peu à peu aux approches du point où les canaux biliaires, devenant libres, se réunissent au canal cystique. Mais quelquefois on en trouve jusque sur le canal cholédoque (6). Les unes sont de simples appendices terminés en cul-de-sac et bossues latéralement ; d'autres sont plus ou moins rameuses, et la plupart s'insèrent par un col élroit,tandis que leurs extrémités libres sont renflées. Enfin elles sont tapissées intérieurement par un épithélium pavimenteux (c). Chez l'Homme, le Chien, leChatetleCochon, ces glandes acquièrent un développement très considérable (d) ; chez le Cheval elles s'allongent davantage, mais chez le Lapin elles paraissent manquer com- plètement, et l'on n'en a pas trouvé de traces chez les Oiseaux ni chez les Ueptiles. M. Theil, qui a étudié atten- tivement ces appendices glandulaires, pense que quelques-uns d'entre eux sont réunis en réseau (e). Mais cette disposition ne paraît pas exister. la) Sappey, Op. cit., t. III, p. 279, fig. 284. (6) C. VVedl, Uebevdie traubenfurmigeii Gallengangsdrusen{Sitiungsberu:lU der Wiener Àkad., 1850, t. V, p. 480, pi. ■lo.n-. 7;. (c) Lereboullel, Mém. .sur la strucl. int. du fuie, p. 7'.i, pi. 'ô, ùg. 8 (Mém. de l'Acad. de mrd., l.XVII). id) Sappej;, Op. cit., p. 28i. lig. ^185, 386 et 387. (e) Theil, -irt. I.rbiîh (\Vn;ncr's Hnndiriirterhuch der l'hjj^iohfji,-, (8 4 1, I. Il, p. .Tôt ). ll^ll APPAREIL DIGESTIF. teur soit portée très loin, et ils constituent ainsi plusieurs troncs qui restent toujours distincts entre eux, ainsi que cela se voit chez beau(îOup de Poissons; mais en général, avant de devenir libres ou presque immédiatement après, ils se réunis- sent tous de façon à constituer deux gros tubes qui appartien- nent essentiellement, l'un à la partie droite, l'autre à la partie gauche du foie (1). Chez beaucoup de Vertébrés, les Oiseaux, ' par exemple, ces deux conduits se terminent sans s'être unis entre eux; mais chez les Mammifères, ainsi que chez beaucoup de Reptiles, ils ne tardent pas à se confondre en un tronc commun qui tantôt se rend directement à l'intestin , d'autres fois reçoit, chemin faisant, le canal cystique ou partie terminale de la vésicule du fiel, et il prend, à partir de ce point, le nom de canal cholédoque. Il est aussi à noter que souvent ce con- duit se réunit au canal pancréatique avant de déboucher dans l'intestin. Vésicule § iO. — Chez la plupart des Vertébrés, le système des conduits excréteurs du foie se perfectionne par le développement d'un réservoir biliaire dans lequel les produits sécrétés par cette glande peuvent s'accumuler pour être employés suivant les besoins de l'animal, réceptacle dont nous n'avons pas vu d'exemple chez les Invertébrés. Quelquefois cet organe est constitué à l'aide d'une dilatation de la portion subterminale du canal hépatique, chez l'Éléphant par exemple (2); mais, en gé- (1) Quelquefois les canaux hépa- grands canaux excréteurs qui ne tar- tiques forment, après leur sortie du dent pas à se réunir en deux branches, foie, une sorte de plexus ; cette dispo- lesquelles se rencontrent à leur tour sition a été observée chez quelques pour constituer un tronc unique, dont Serpents du genre Trigonocéphale (a). la partie inférieure se dilate en une (2) Chez l'Éléphant la face inférieure grosse ampoule ovoïde située entre du foie livre passa? h neuf ou dix les tuniques de l'intestin duodénum (a) Diivernoy, Fragments d'anato.aie sur l'organisation des Serpents [Ann. des sciences nat., 1833, t. XXX, pi. ii, fig. i). du fiel. FOIE DES VERTÉBRÉS. ^55 néral, il consiste en une poche membraneuse appelée vésicule du fiel, qui est ajoutée à ce tube et qui se trouve suspendue à la face inférieure du foie. On le rencontre dans toutes les classes de l'embranchement des Vertébrés ; il ne manque que très rare- ment chez les espèces qui vivent de matières animales, mais il fait souvent défaut chez celles dont le régime est végétal. Il existe cependant chez tous les frugivores dont l'organisation est la plus parfaite, et, dans l'état actuel de la science, on ne peut saisir aucun rapport constant entre les variations qui s'obser- vent à cet égard dans la constitution de l'appareil bihaire et la manière dont les fonctions digestives s'accomplissent. où ce tube va déboucher. A rintérieur le réservoir ainsi formé est divisé par des demi-cloisons disposées en spirale {a). Il est aussi à noter que le canal pancréatique s'ouvre dans cette poche hépatique. L'absence d'une vési- cule biliaire proprement dite et l'exis- tence de ce réservoir accessoire chez l'Éléphant paraît avoir été connue de Galhen (6), et peut-être même d'Aris- tote [c]. Une disposition analogue, quoique moins prononcée, se rencontre chez plusieus Carnassiers qui sont pourvus aussi dune vésicule biliaire. Ainsi chez la Lout;e (d), les Chats, la plupart des Phoques, les Morses (e) et les Dauphins propreiwnt dits, il existe à l'extré- mité inttstinale du canal cholédoque une ampoule assez forte, et chez le Chien, ainsi que chez le Raton, une. dilatation semblable, mais plus petite, s'y rencontre. Enfin chez le Kanguroo la portion transversale du conduit s'élargit graduellement de façon à con- stituer un sac pyriforme (/"). Chez l'Homme on trouve des ves- tiges de ce mode d'organisation, car le canal cholédoque présente dans l'é- paisseur des parois de l'intestin un élargissement appelé Vampoule de Vater, où le canal pancréatique vient déboucher (y). Enfin chez quelques Poissons, par exemple le Turbot, il existe aussi une vésicule biliaire accessoire, formée par une dilatation de la partie termi- nale du canal cyslique. (a) Slukelc;, Essay toiuards Ihe Anatomy of an Eléphant , 1722, p. 96. — Camper, Description anatomique d'un Éléphant mâle, pi. 6, Rg. 1 à 3 ; pi. 7, fig. 1 à 4. (6) Galicn, le analome administr., lib. VI, cap. 8. (c) AThioiii, Histoire des Animaux, Irv. II, chap. 14. (d) Daubentoi, dans Buffon, Histoire naturelle des Mammifères, pi. 110, fig-. 1. (e) Home, Sme curions Facts respecling Uie Walrus and thc Seal {Philos. Trans., 1824, p. 235, pi. 7). (/■) I'\ Leuckal, Erweiterter Catien und Bauchspeieheldriisengang beim Mmjuvukh (Meckd's Deutsches Archi< fur die PhysioL, 1823, t. VUI, p. 442, pi. 5, li^. 1 à 3). oiithe\-ii Àplery.c {Trans. of the Z ool. Soc, t. II, p. 970 , pi. 50 et 51, %. 1). FOIE DKS VERTÉBRÉS. 457 de dire que la présence d'une vésicule biliaire est un perfec- tionnement organique qui est très général chez les Vertébrés carnivores, mais ne se montre que rarement chez les Vertébrés dont le régime est végétal, à moins que ces Animaux n'occu- pent un rang fort élevé dans les groupes zoologiques dont ils dépendent (1). Il est aussi à noter que chez quelques Mammifères ce réser- voir est double ou divisé intérieurement en deux loges par une cloison verticale (2). En général, la vésicule biliaire est pyriforme ou globu- leuse (o), et adhère à la face inférieure du lobe droit du foie, près de la jonction de celui-ci avec le lobe gauche. Souvent elle s'enfonce profondément dans la substance de cet organe, et (1) Chez quelques Mammifères il y a de singulières variations au sujet de la vésicule biliaire. Ainsi dans deux <;irafes mâles disséquées par M. Owen, ce réservoir manquait complètement, tandis que dans une femelle de la même espèce cet anatomiste trouva deux de ces poches biliaires soudées latéralement entre elles (a). La Girafe femelle disséquée par MM. Joly et Ladvocat était également dépourvue d'une vésicule biliaire (6). (2) Ce mode d'organisation a été observé chez l'Oryctérope (c). (3) Ainsi, la vésicule biliaire est pyriforme chez l'Homme (d) et la plupart des autres Mammifères (e). Mais chez quelques-uns de ces ani- maux elle s'allonge au point de deve- nir presque cylindrique : parexemple, chez les Martres, la Loutre et la Sou- ris. Chez d'autres espèces, elle est au contraire plus ou moins arrondie: par exemple, chez l'Ours, le Ralon, le Hé- risson, la Taupe et plusieurs Chéiro- ptères, On rencontre des différences analogues chez les Oiseaux, et surlout chez les Poissons, mais ces variations de forme ne paraissent avoir que peu d'importance, et j'ajouterai seule- ment que chez quelques Poissons, tels que le Maigre du Cap, la vésicule biliaire s'allonge au point d'atteindre presque le fond de la cavité abdomi- nale if). En général, son volume est en rapport avec celui du foie. (a) Owen, On the Anatomy of Ihe Nubiaii Giraffa (Trans. of the Zool. Soc, (. If, p. 228, pi. 42, fi^. 4). (6; Joly et Ladvocat, Recherches sur la Girafe, p. 57 (Mérii. de la Soc. d'hist. nat. de Stras- bourg, t. III). ic) Rapp , Anatomischc Untersuchungen ilber die Edentaten, p. 61. di Voyez Bourgery, Op. cit., t. V, pi. 38. (e) Exemple : le Gibbon (Daubenton, dans BufTon, Mammikkuks, pi. iO'J, fij. 2). if) Olivier, Leç.ons d'anatomie coiriparée, I. IV, i* parlie, j). .■>'>!. Embouchures do l'appareil hépatique. 458 APPAREIL UIGESÏIF. quelquefois, au contraire, elle s'en trouve complètement sépa- rée (1); mais toujours elle s'ouvre, soit directement, soit indi- rectement dans la cavité de l'intestin duodénum, à l'aide d'un prolongement tubulaire appelé le canal cystique^ et elle com- munique avec le système des conduits hépatiques de façon à recevoir dans son intérieur une portion plus ou moins consi- dérable de la bile transportée par ces canaux. Ces communications s'établissent de différentes manières, et l'on peut rapporter à trois types principaux les varia- tions qui se remarquent à cet égard. Tantôt une portion seulement du système des canaux biliaires se réunit, soit à la vésicule biliaire, soit au canal cystique, et au moins un des troncs hépatiques se rend directement à l'intestin pour y déboucher isolément. Cette disposition se rencontre chez la (1) Chez les Mammifères, la vésicule biliaire est disposée transversalement par rapport à l'axe du corps, et son col est dirigé obliquement du côté du dos. Il en résulte que chez l'Homme (a) et les Singes, dont la position est verticale, cetie poche membraneuse est dirigée presque ho- rizontalement, maisque chez les Qua- drupèdes, son grand axe est vertical et son fond dirigé vers le bas. Elle est toujours située à droite du ligament suspenseur du foie, et quelquefois elle est logée si profondément dans la sub- stance de cet organe, qu'elle se fait jour à la face supérieure de celui-ci, disposition qui s'observe souvent chez les Sarigues (6). Chez les Oiseaux, la vésicule biliaire est suspendue à la face interne du lobe droit du foie, et souvent elle n'y est fixée que par les canaux biliaires, de façon à être flottante. Chez les Reptiles, cette poche mem - braneuse est en général logée plus ou moins profondément dans la substance du foie. Ainsi, chez la plupart des Tortues, elle est presque entièrement cachée dans le lobe droit de cet or- gane. Mais chez divers Ophidiens elle en est complètement séparée et très rapprochée du pylore : cette dispo- sition s'observe chez les Serpents vrais (c) et le Typhlops lumbricalis ; elle se rencontre aussi chez divers Poissons. (a) Voyez Bourgery, Traité de l'anatomie de l'Homme, t. V, pi. 36. (6) Owen, art. Marsupialia (Todd's Cyclop. ofAnat., t. H, p. 304;. (c) E.xempJG : le Trigonocéphale (i)uvernoy, Op. cit., dans Ann. des sciences nat,, 1833, t. XXX, pi. t4, fig. 1). FOIE DES VERTÉBRÉS. Û^59 plupart des Oiseaux (1) et se retrouve chez quelques Rep- tiles ('i). D'autres ibis aucun canal biliaire ne se rend directement à l'intestin ; toute la portion terminale du système des conduits excréteurs du foie débouche dans l'appareil cystique, dont une partie plus ou moins considérable constitue un canal commun en connexion avec le tube digestif. Mais ce mode d'organisa- tion comporte deux combinaisons différentes : dans certains cas, chez la plupart des Poissons par exemple, une partie plus ou moins considérable des conduits biliaires va déboucher (1) Ainsi, chez le Butor (a), !e Vau- tour (6), le Hibou (c), le Coq (d), le Faisan, le Paon et beaucoup d'autres Oiseaux, une grande partie de la bile sécrétée par le foie est versée directe- ment dans l'intestin par un tronc hépa- tique, et le reste de ce liquide est entre- posé dans la vésicule du fiel, qui le transmet à l'intestin par l'intermédiaire du canal cystique. Du reste, les ori- fices de ces deux conduits excréteurs sont situés très près l'un de l'autre. En général, chez ces Animaux, le canal hépatique du côté droit va dé- boucher, soit dans le col de la vésicule du fiel, en face de l'ouverture du ca- nal cystique, soit dans un point des parois de cette poche qui se trouve plus ou moins rapproché de son fond. Quelquefois ce canal hépatique va s'ouvrir dans le canal cystique : par '-xemple, chez le Flamant. Chez l'Aptéryx , quand la vésicule biliaire existe, on voit deux canaux hépato-cysliques sortir du lobe droit du foie pour aller déboucher dans le col de ce réservoir, tandis qu'une autre branche va s'anastomoser avec le tronc hépatique gauche (e). Lorsque la vésicule biliaire manque, le canal cystique est remplacé par un second canal hépatique if). (2) Chez la Tortue grecque, le canal hépatique s'ouvre dans l'intestin, indé- pendamment du canal cystique, mais préalablement il fournit à celui-ci une branche anastomotique {g}. Chez le Caïman à lunettes, l'un des canaux hépatiques se rend directement à l'intestin, et l'autre va à la vésicule biliaire. Mais en général, chez les Rep- tiles, il y a un canal cholédoque, c'est- à-dire un tronc commun pour tout l'appareil hépatique. (a) Blasius, Anatome Animalium, p. 147, pi. 40, fig. 1. (6) Canis et Ollo, Tab. Anal. comp. illustr., pars vri, pi. 7, fig. 2. (c) Caldesi, Osservazioni anatomiche, 1687, pi. 2, llg. 1. (d) Voyez llimicr, Digcslive Organs of Birds {Descript. and illustr. Catalogue of the Physiol. Séries of Comp. Anal, conlained in the Mus. of the Collège of Surgeons, t. I, pi. 13). (e) Owen, On the Analomy of the Southern Aplerux (Trans. of the Zool. Soc, t. II, pi. 50). (0 Idem, loc. cit., pi. 51 , (iç;. 1. Ig) Caldesi, Osservaxioni anatomiche, pi. 4, fi^'. 10. keo APfAKElL DIGESTIF. directement dans la vésicule du fiel (1) ; dans d'autres, tous ces canaux vont s'unir au canal cyslique seulement, et aucun ne se rend à la vésicule elle-même. Cette dernière disposition est la plus commune. Elle se ren- contre chez l'Homme et la plupart des autres Mammifères ; chez beaucoup de Reptiles (2) et chez quelques Poissons (3). On donne le nom de canal cholédoque au conduit commun formé par la réunion du canal cystique et des canaux hépati- ques, et l'on remarque beaucoup de variations dans la manière dont la jonction se fait entre ces canaux excréteurs du foie et le canal terminal de la vésicule biliaire. Souvent les premiers se réunissent tous en un seul tronc avant de s'unir au canal (i) On donne le nom de canaux hé- pato-cystiques aux vaisseaux biliaires qui vont déboucher dans la vésicule du fiel. (2) Chez la plupart des Chéloniens, il existe aussi, pour la totalité de l'ap- pareil hépatique, un tronc excréteur commun, ou canal cholédoque, qui semble être la continuation du canal cystique. Il en est de même chez la plupart des Crocodiliens et des Sauriens ordi- naires, mais chez le Caïman à lunettes, ainsi que je l'ai déjà dit, l'un des con- duits hépatiques se rend directement à l'intestin. Chez les Ophidiens le canal hépa- tique est en général extrêmement long, et ne se réunit au canal cystique, pour constituer le canal cholédoque, que très près de l'insertion de celui-ci sur les parois de l'intestin. Chez certains Ueptiies, il existe une combinaison organique qui diffère un peu de celle dont je viens de parler, mais qui détermine le même résultat physiologique. Ainsi, chez \&Dispholi- dus il'n'y a pas de conduits hépatiques proprement dits, mais une branche du canal biliaire va déboucher dans le fond de la vésicule du fiel, landis que le tronc de ce conduit, dont la longueur est très considérable, va se réunir au canal cystique, très près de l'extrémité de ce tube (a). (3) Chez quelques Poissons tels que la Morue , la Carpe et les autres Cyprins, les canaux hépatiques se ren- dent tous au canal cyslique ; chez d'autres Animaux de la même classe, (par exemple VAnarrichas lupus) , quelques-uns de ces canaux vont déboucher dans la vésicule du fiel, et chez d'autres espèces tous ces conduits se rendent, soit au col, soit au corps de ce réservoir membraneux : par exemple, chez la Perche (6) et le Bro- chet. (a) Duvernoy, Fragments d'anatomie sur l'organisation des Serpents {Anyi. des sciences nat. 1833, t. XXX, pi. 12, fig. 1). (6) CuviiT et Valenciennes, Histoire des Poissons, t. I, pi. 8, fig'. 3. FOIE DKS VKlîTÉBRÉS. /jôl cystiqiie; d'autres fois ils forment deux ou plusieurs branches ([ui débouchent successivement dans ce dernier conduit. Ainsi, chez l'Homme, les canaux biliaires se réunissent tous entre eux pour former à la partie inférieure du foie deux branches principales qui, devenues libres, se joignent immédiatement, et donnent naissance à un tronc unique qui à son tour va se confondre avec le canal cystique près du col de la vésicule du fiel (1). Chez la Taupe, les deux branches terminales du sys- tème des canaux hépatiques vont déboucher isolément dans le canal cystique. Enfin, chez certains Phoques, on voit cinq ou six de ces canaux biliaires se rendre successivement au canal cystique et s'y ouvrir (2). (1) Chez l'Homme, le canal hépati- que, résultant de la réunion des deux canaux biliaires, naît à droite, dans le sillon transversal du foie, et s'accole bientôt au canal cystique, auquel il se réunit inférienrement sous un angle très aigu. Il est fort court et un peu plus gros que ce dernier, en sorte que le canal cholédoque paraît en être la con- tinuation plulôl que d'être une dépen- dance de la vésicule biliaire (a). Chez quelques Viammifères, tels que l'Écureuil ordinaire, le Capromys, le grand l'halanger volant et l'Ornilho- rhynque, le canal cholédoque semble être au contraire une continuation du canal cystique, le diamètre de celui- ci étant plus considérable que celui du canal hépatique. Au premier abord, on comprend difficilement comment la bile trans- mise au canal cholédoque par le ca- nal hépatique puisse refluer dans le canal cystique pour se rendre dans la vésicule du fiel, plutôt que de conti- nuer sa route vers l'intestin, et de s'écouler par celte voie; mais une expérience très simple prouve que ce moment rétrograde est facile. En effet, pour faire passer la bile du foie dans la vésicule sur le cadavre, il suffit de comprimer cette glande (6), et à raison du passage oblique de la portion terminale du canal cholédoque à travers les parois du duodénum, on conçoit que la contraction des fibres charnues circulaires de cet intestin puisse opposerassezde résistance à la sortie du liquide pour faciliter beau- coup le reflux en question. (2) Cette disposition a été constatée chez le Phoque à ventre blanc (c) ; mais chez le Phoque commun, tousies vaisseaux biliaires se réunissent en deux troncs avant d'arriver au canal cystique. (a) Voyez Bonamy, Broca et Beau, Atlas d'anatomie descriptive du corps hrunain, l, III, pi. -2' — Boiirf^piy. Traité d'aiiatomie de l'Homme, t. L, pi. IH et .38. ib) Halier, Elementa phj/siologiœ, t. VI, p. 582. le] Lol)Rlcin, Observations sur le Phoque à ventre blanc. Strasbourg', ISIS. /j^S'â APPAREIL DIGESTIF. Chez un petit nombre de Mammifères, le Bœuf et le Mouton par exemple, quelques canaux biliaires se rendent directement à la vésicule du fiel, tandis que les autres débouchent dans le canal cystique (1). On remarque parfois dans la disposition du col de la vésicule biliaire ou de son canal excréteur des particularités de forme ou de structure qui ont pour effet, soit de faciliter l'entrée de la bile dans l'intérieur de ce réservoir, soit d'entraver la sortie de ce liquide (2). (1) Lescanauxhépato-cystiquesdont l'existence a été signalée d'abord chez le Bœuf (a), ont été observés aussi chez le Mouton (6), le Cerf, le Chien {c), le Hérisson {d) , la Loutre (e) , le Lièvre (/) et le Kanguroo, Quelques anatomistes on t cru qu'il en existait également chez l'Homme {g), et l'on a été même jusqu'à en donner des figures [h) ; mais Pechlin a fait voir que les parties considérées comme des conduits de ce genre n'étaient que des veinules (i), et dans l'état nor- mal la bile ne peut arriver dans la vésicule du fiel qu'en y refluant par le canal cystique. Dans quelques cas tératologiques, la présence des canaux hépato-cysliques a été constatée chez l'Homme (j) ; mais cette anomalie pa- raît être très rare. (2) Souvent il existe dans la par- tie terminale du canal cholédoque, ou des canaux qui en tiennent lieu, des replis de la tunique muqueuse qui font office de valvules. Chez l'Homme , on trouve dans la pe- tite dilatation subterminale de ce con- duit dont j'ai déjà parlé, sous le nom (Tampoule de Vater, des replis de ce genre qui sont disposés transversale- ment, et qui doivent s'opposer à l'in- troduction de corps étrangers dans les tubes excréteurs situés au-dessus. On remarque aussi une disposition spirale dans les plicaiures de la tu- nique muqueuse, vers le haut du canal (a) Blasius, Anatome Animalium, 1681, p, 8. — Perrault, Description d'un nouveau conduit de la bile (Essais de physique, t. III, p. 339 et 348). — Rudolphi, Grundriss der Physiologie, t. II, p. 153. (6) Duverney, Observ. d'anàtomie, 1701, p. 156, fig. 2 et 3. (c) Blasius, Anatome Animalium, pi. 10, fig. 6. (d) Caldesi, Osservazioni anatomiche, 1087, pi. 5, fig. 2. (e) Idem, Op. cit., pi. 2, fig. 7. (f) Lorenzini, Observ, de ductibus choledocis Lutrœ {Ephem. nat. curios,, 1693, dec. 1 , ann. 9, 10, obs. 175). (g) Voyez Haller, Elementa physiologiœ, t. VI, p 537. (h) Higlimore, Corporis humani disquisitiones analom.,iah. 5, fig-. 2. (i) Pechlin, De purgantium medicamentorum facuUalibus, 1677, p. 497. (j) Aiiiyand, Of an Obstruction of the Biliary Duels {Philos. Trans., 1738, t. XL, 317). — Morgagni, Advers. 3, p. 57. — Marjolin, voy. Pitet, Travaux de la Société anatomlque (Bulletin de la Faculté de médecine de Paris, 1812, 1. 1, p. 219). FOIE DES VERTÉBRÉS. 463 Les parois des canaux hépatiques et du canal cystique sont constituées comme celles des conduits biliaires dansl'intérieur du foie, et l'on n'y rencontre que très peu d'éléments musculaires; mais la vésicule du fiel présente entre sa tunique péritonéale et le revêtement de tissu conjonctif qui recouvre sa tunique mu- queuse, une couche mince de tissu musculaire composé de cel- lules fibrillaires et doué de contractilité (1). Il est aussi à noter que la vésicule du fiel n'est pas seulement un sac membraneux servant de réceptacle pour la bile, mais aussi un organe sécréteur chargé de produire des humeurs qui se mêlent à ce liquide et en modifient les propriétés. La mem- brane muqueuse qui le tapisse intérieurement présente en gé- néral un grand nombre de rides ou petits replis qui se réunis- sent en réseau et qui sont riches en vaisseaux capillaires san- cystique {a), et quelques auteurs ont diens, ce conduit est très sinueux, et cru qu'en raison de cette disposition, chez les Ouistitis, les Loutres, etc., ce tube pouvait agir comme une vis le col de la vésicule présente des d'Archimède pour faire remonter la courbures analogues, bile dans la vésicule du fiel (6) ; mais (1) La contractilité des conduits ex- cette opinion n'est pas soulenable. créteurs de l'appareil biliaire a été Au nombre des dispositions orga- constatéedirectementchezIesOiseaux, niques qui tendent à ralentir la sortie d'abord parFanloni, puis par Magen- de la bile cystique, il faut compter les die et par Millier {d). Ce dernier phy- sinuositésque la vésicule du fiel peut siologiste a vu des mouvements péri- présenter près de son embouchure, ou stalliques s'y établir de l'intestin vers qui se remarquent dans le canal cys- le foie. tique. Ainsi, chez les Mammifères du Des indices de contractilité ont été genre Chatet chez quelques Makis (c), observés aussi dans la vésicule du de même que chez beaucoup d'Oi- liel et dans le canal cholédoque de di- seaux, et chez la plupart des Ophi- vers Mammifères, par Haller, Zim- {a) Hister, Compendium ajiatomicum, t. II, p. 165, pi. 3 a, fig. 9. — Haller, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 549. — Boyer, Traité d'anatomie, 1805, t. IV, p. 415. — Bonamy, Broca et Beau, Allas d'anatomie descriptive du corps humain, t. III, pi. 31 , l]g. 3, 4 et 5. (b) Amussat, Découverte d'une valvule spirale dans le col de la vésicule biliaire {Archives générales demédecine, 1824, t. V, p. 147). — Particularités anatomiques de l'appareil biliaire {Op. cit., t. XIV, p. 286). (t) Exeni|ple : le Matci vari (Daubenson, loc. cit., pi. 462, fig'. 1); le Mococo, etc. {d) Magendie, Précis élémentaire de physiologie, l. II, p. 465 (édit. de 1825). — Millier, Manuel de physwlogie, i. I, p. 378. /i6/i APPAREIL DIGESTIF. guiiis (1). Elle est garnie d'un épithéliiim à cellules cylindri- ques, et en général elle loge dans son épaisseur des glandules analogues à celles que nous avons déjà vues groupées autour des merniann et quelques aulres expéri- menlateurs (o). Chez l'Homme, le lissu miiscuinire est difficile à reconnaîire dans les parois de celte vésicule, et n'y forme pas une tunique distincte; mais les observations microscopiques y révèlent l'existence de fibres-cellules musculaires, sans noyaux bien dis- tincts, dont les unes sont dirigées transversalement, les autres longitudi- nalement(6). Chez le Bœuf, cette tu- nique musculeuse est beaucoup plus développée, et s'épaissit aux appro- ches du col de la vésicule. (1) La tunique muqueuse de la vési- cule biliaire est ordinairement teinte en jaune par la bile, dont son lissu s'im- prègne, et c'est à tort que quelques auteurs ont considéré cette particula- rité comme le résultat de l'imbibilion cadavérique. La surface de cette mem- brane présente chez l'Homme une multitude de plis ou rides d'une grande finesse, qui sont à peine visibles à l'œil nu, et qui se réunissent entre eux de façon à circonscrire de petites fossettes aréolaires, et à consiiluer des prolon- gements analogues aux villosités de la portion adjacente de l'inleslin (c). Ils sont d'une structure très vasculaire, et l'épithélium qui les revêt se com- pose aussi de cellules cylindriques. Dans le canal cystique, la tunique mu- queuse ne présente pas de prolonge- ments de ce genre, et ofire seulement quelques petites dépressions. Chez le Cochon, les villosités lamel- leuses de la tunique muqueuse qui tapisse la vésicule biliaire sont beau- coup plus développées. 11 est aussi à noter que chez quel- ques Mammifères il existe dans le col de la vésicule du fiel et dans la partie adjacente de ce réservoir de grands replis qui en subdivisent la cavité d'une manière irrégulière. Ce mode d'organisation est très remarquable chez le Lion (c^)- Chez le Tigre, les piis sont moins grands et disposés autre- ment ; les follicules situés à leur base sont très grands (e). La tunique fibro-cellulaire, formée par le tissu conjonctif, est mince, mais très résistante. La tunique séreuse delà vésicule du fiel manque dans les points où cet or- gane adhère à la substance du foie, et lorsque ce réservoir est complètement libre elle forme quelquefois au-dessus de lui un repli suspenseur appelé mé- socyste; disposition qui se voit chez le Lapin, par exemple. (a) Haller, Mémoires sur la nature sensible et irritable des parties du corps humain, t. 1, p. 280 etsuiv., 1756. — G. H. Meytr, De muscuUs in duetibus efferentibus glandiilarum, disserl. inauj. Berlin, 1837, p. 29. (6) Kôllikei-, Éléments d'histologie, p. 479. (c) Voyez Bonaniy, Broca el Beau, Atlas d'anatomie descriptive, t. III, pi. 31 , fig. 1 et 2 (d) Duverney, Swr la vésicule du fiel du Lion (Histoire de l'Acad- des sciences, 1704, p. 24). — Wolff, Déstructura vesiculœ felleie Leonis {Novi Commentarii Acad. scient. Petropolilana, 1774, t. MX, p. 375, pi. 6). (e) Wolff, Descriptio vesiculœ felleœ Tigridis. ejusque cum leonina et humana comparatio {Acta Acad. scient. Petrop., 1778, t. II, pars i, p. 234, pi. 0, fig. 2). FOÎE Di:S VERTÉBRÉS. 465 canaux biliaires (1). Quelquefois des glandules se développeiil aussi en grand nombre autour de la portion terminale du sys- tème des canaux excréteurs, et y déterminent un renflement qu'au premier abord on pourrait prendre pour une vésicule biliaire accessoire (2). Ainsi que je l'ai déjà dit, les conduits excréteurs du pan- créas viennent souvent, en totalité ou en partie, se mettre en communication avec la partie terminale du canal cholédoque, et empruntent celui-ci pour verser dans l'intestin le suc sécrété par cette glande (o). Enfin l'embouchure, soit simple, soit double, de l'appareil hépatique dans le tube digestif se trouve toujours à peu de distance du pylore (h), et en général la partie terminale (1) Chez l'Homme, les glandules qui se trouvent sous la tunique mu- queuse de la vésicule du fiel ne diffè- rent pas notablement decelles dontles canaux biliaires sont garnis, mais elles sont disséminées et difficiles à étudier. Les liquides injectés dans la vésicule ne les distendent pas, et, pour les rendre apparentes, :M. Sappey conseille de faire macérer des fragments de celte poche dans de l'acide acétique, ou mieux encore dans de l'acide tarlri- que. Elles sont beaucoup plus appa- rentes chez le Cochon, et, chez le Bœuf, leur développement est encore plus considérable (a). (2) Eu général, ces glandules sous- muqueuses sont peu développées au- tour du canal cystiqueet du canal cho- lédoque, mais chez quelques espèces elles deviennent très nombreuses vers la terminaison de ce conduit dans le duodénum, et ydéterminentun épais- sissement considérable de ses parois: par exemple, chez les Sarigues et les Phalangers. (3) li est aussi à noter que le canal cholédoque est souvent accolé au pan- créas, ou même enfoui dans l'épaisseur de celle glande, vers sa partie termi- nale. Cette disposition est surtout re- marquable chez les Serpents. (/i) Quelquefois le canal cholédoque s'ouvre dans l'épaisseur même du pylore, de façon que la bile peut couler aussi bien dans l'estomac que dans le duodénum : par exemple, chez le Porc-épic et chez divers Poissons ; mais presque toujours ce conduit dé- bouche dans l'intestin, à une certaine distance en aval du rétrécissement pylorique (6). Chez la Carpe, où il n'existe aucune ligne de démarcation entre l'estomac et l'intestin, le canal (a) Sappey, Op. cil., l. III, p. 30". {b) Olivier, Leçona d'analomie comparée, l. IV, 2° partie, \>. 525. vr. 30 Sécrétion de la bile. /i66 APPAREIL DIGESTIF. du conduit traverse les parois de l'intestin très oblique- ment (1). § 11. — D'après le mode d'organisation que je viens de décrire, on pouvait prévoir que c'est principalement, sinon uniquement, le sang noir distribué dans la substance des lo- bules du foie par le système de la veine porte, qui doit servir à la sécrétion de la bile, et que, dans l'état normal, le sang rouge conduit à cet organe par l'artère hépatique ne doit jouer qu'un rôle secondaire ou môme insignifiant dans la production de ce liquide. Du reste, les résultats fournis parles expériences directes de plusieurs physiologistes montrent qu'il en est ainsi. En effet, quand on lie les artères hépatiques, et que par consé- quent le foie ne reçoit plus en quantité notable que du sang veineux, la production de la bile n'en persiste pas moins, tandis que la ligature de la veine porte arrête la sécrétion hépatique, ou la ralentit considérablement (2) , à moins toutefois que la cholédoque s'ouvre très près de l'œso- Ce dernier a opéré principalement phage, et cette circonstance a fait sur des Pigeons, et après avoir con- supposer que l'estomac de ce Poisson slaté que chez ces Animaux la ligature était extrêmement réduit et confondu des canaux biliaires détermine au bout avec cette portion veslibulaire du tube de quelques heures une accumulation digestif (a). de bile dans le foie, dont résultent des (1) Souvent cet orifice occupe le dépôts de matière verdâtre à la surface centre d'un petit renflement lenticu- de cet organe, il a pratiqué tour à tour, laire qui a été décrit chez l'Homme sur des individus placés dans ces con- sous le nom de caroncule (6). dilions, la ligature de l'artère hépati- (2] Laligaturedes artères hépatiques que oucelle de la veine porte. Or, dans sur les Animaux vivants est une opé- le premier cas, la production de la bile ration diflicile (c), mais qui a été pra- et l'accumulation de ce liquide dans tiquée avec succès par plusieurs phy- le foie s'observaient comme dans le siologistes, parmi lesquels il faut citer cas de la simple ligature des conduits en première hgne Malpighi {d) et excréteurs, tandis que lors de l'oblité- M. Simon (de Metz). ration de la veine porte, ce viscère, (a) E. H. Weber, Ueber die Leber von Cyprinus carpio (Meckei's ArcMv fiir Anat. und PhysioL, 1827, p. 294, pi. 4, fig. 22). (6) Santorini, Observationes anatomicœ, 1724, cap. IX. (c) Bichat la déclara impraticable comme e.xpérience physiologique (Anatomie générale, t. I, p. 407, édit. de Maingaull). {d) Malpighi, De viscerum structura (Opéra omnia, t. H, p. 6). SÉCRÉTION BILIAIRE, /l67 circulation du sang ne se rétablisse par des voies collatérales; et ce résultat doit se produire facilement, à cause des communi- cations nombreuses qui existent entre le réseau capillaire inter- lobulaire et tous les vaisseaux sanguins du foie (1). au lieu de présenter des indices d'en- gorgement biliaire, devenait flasque, pâle, et ne laissait apercevoir aucune des taches vertes qui étaient si remar- quables dans l'expérience précé- dente (a). Cependant il ne faudrait pas en conclure que le sang veineux venant du tube digestif, et conduit au foie par la veine porte, fût indispensable pour la production de la bile. Pour que la sécrétion de ce liquide ait lieu, il suffit du passage d'une quantité de sang quelconque dans les vaisseaux du foie, et quand la circulation n'y est pas réduite au delà de certaines limites, les fonctions de cette glande ne sont pas interrompues. Ainsi, dans une des expériences faites sur des Chiens par iMM. Gintrac et Sigay, la sécrétion biliaire paraît avoir continué à être abondante après la ligature de la veine porte (6), et l'oblitération lente des troncs de cette veine par des tumeurs morbides si- tuées dans le voisinage de ce vaisseau paraît aussi ne pas entraîner néces- sairement la cessation de la sécrétion biliaire (c). On connaît aussi des cas tératolo- giques dans lesquels la veine porte se rendait directement à la veine cave, sans avoir fourni aucune branche à la substance du foie, et la sécrétion bi- liaire se faisaitcependantdela manière ordinaire (d). (1) D'après le mode de distribution des ramuscules de l'artère hépati- que, on voit que le sang porté au foie par ce vaisseau se distribue princi- palement aux glandules qui entourent les conduits biliaires, et n'arrive qu'en petites quantités dans les lobulins; il en résulte que ce sang doit servir princi- palement à l'entretien de la sécrétion muqueuse dont ces glandules sont le siège; tandis que le sang noir conduit en grande quantité dans rinlérieur des lobulins hépatiques par la veine porte doit fournir en abondance les matériaux nécessaires à la formation de la bile. Mais nous avons vu que les injections arrivaient facilement dans le réseau capillaire intra-lobulinaire, quand on les pousse dans l'artère hé- patique, aussi bien que lorsqu'elles sont introduites dans le tronc de la veine porte, et par conséquent il doit en être de même pour le sang. Seule- ment la quantité de ce liquide que peut débiter le système des vaisseaux artériels du foie est, dans les circon- (a) Simon, de Metz, Expériences sur la sécrétion de la bile (Jo^mial des progrès des sciences médicales, 1828, t. Vil, p. 215). (b) Giiiirac, Observations et, recherches sur l'oblitération de la veine porte, et sur les rapports de celte lésion avec le voUmie du foie et la sécrétion de la bile. IJordcaux, 1850, p. 47. (c) Aberiielliy, Account of two Instances of Uncommon Formation in the Viscera of the llaman ÙoJy (l'hilos. Trans., i'i'J'i, t. LXXXIII, p. 59). (d) liouillaud, De l'oblitération des veines, etc. {Archives générales de médecine, 1823, t. IF, p. 198). /|()8 APPAREIL DIGESTIF. Étude ^ V2. — Pour apprécier le degré d'uctivité de la sécrétion de *" , celte sécrétion hépatiquc, et pour étudier diverses circonstances relatives à la de fistules manière dont ce travail s'effectue, les physiologistes ont eu re- cours à l'établissement de fistules biliaires, c'est-à-dire d'ou- vertures artificielles qui mettent les conduits excréteurs du foie en communication avec l'extérieur, et versent la bile directe- ment au dehors, au lieu de la laisser couler dans l'intestin, comme cela a lieu dans l'état normal. Les premières expé- riences faites de la sorte en vue de la détermination de la quantité de ce liquide élaboré en un temps donné n'ont fourni que des résultats peu satisfaisants (1) ; mais, dans ces derniers temps, cette question a été étudiée avec plus de soin par quelques physiologistes dont les recherches ont conduit à la connaissance de faits intéressants. En effet, M. Colin a constaté que la sécrétion de la bile n'est pas un phénomène intermittent , comme quelques auteurs l'avaient supposé ; qu'elle se ralentit quand les fonctions diges- tives sont troublées ou que les forces générales de l'Animal sont diminuées par l'abstinence, les douleurs ou les mala- 'dies (2); mais elle n'est pas stimulée, comme la sécrétion stances ordinaires, très faible compa- Cliez un des Chevaux employés pour rativenient à celle fournie par le sys- ces recherches , la iislule débita tème de la veine porte. 086 grammes pendant la première (1) Pour plus de détails à ce sujet, heure; vers la cinquième heure, la je renverrai au Traité de physiologie quantité évacuée n'était que d'envi- Haller(t. VI, p. 6OZ1 ctsuiv.). ron 250 grammes, et de la vingt- (2) Ainsi, dans les expériences de cinquième à la trente-sixième heure, M. Colin, où la quantité de liquide cette quantité varia entre 1^8 et fonrni par la fistule biliaire a été dé- 92 grammes. Dans une seconde expé- terminée de demi-heure en demi- rience, la décroissance, depuis la heure, chez le Cheval et le Bœuf, on première heure jusqu'à la trente- voit qu'elle a diminué progressive- sixième, a été dans la proportion de ment à mesure que l'Animal s'affai- 328 à 89. blissait par suite de l'opération grave Chez le Chien, M. Colin a vu le qu'il avait subie. débit de la fistule biliaire diminuer SECRETION BILIAIRE. hm salivaire, par le contact des aliments avec les parois de l'es- tomac (1). Des expériences analogues , faites plus récemment par MM. Kôlliker et H. Millier, de Wurizburg, prouvent, il est vrai, (jue la digestion n'est pas sans influence sur la production de ce liquide, car elles montrent que l'activité fonctionnelle du foie augmente à la suite d'un repas; mais elles tendent à établir aussi que cette augmentation est nne conséquence de l'absorp- tion des matières nutritives quand leur digestion est achevée, et non un phénomène que la Nature provoque en vue de l'ac- complissement du travail digestif (2). beaucoup plus rapidement, et devenir bientôt très faible (a). (1) Les excitations qu'éprouve la surface interne du duodénum par le contact de corps étrangers peut, dans certaines circonstances, déterminer un écoulement plus abondant de bile par Torifice du canal cholédoque, mais cet effet paraît être dû à une aciion réflexe exercée sur les canaux biliaires ou sur la vésicule du fiel, et non sur le travail sécrétoiredu tissu hépatique. Comme exemple de ces phénomènes sympathiques, je citerai un lait con- staté par Leuret et Lassaigne, qui, en appliquant du vinaigre sur Torifice du canal cholédoque, ont vu l'écoulement de la bile augmenter pendant quel- ques minutes [b). (2) Les expériences de MM. Kôlli- ker et IL Muller furent faites sur des Chiens, et la quantité de bile évacuée par la fistule pendant une demi-heure fut pesée à différentes périodes après le repas. Ils ont trouvé ainsi qu'à la suite du travail digestif, la sécrétion hépatique s'active, et qu'en général l'augmentation devient considérable à partir de la troisième heure après le repas, et atteint son maximum entre la sixième et la huitième heure. Dans une de ces expériences, où le repas avait été très copieux, l'augmentation persista pendant seize à dix - sept heures ; mais d'ordinaire elle ne dure pas si longtemps, et le minimum des produits arrive entre la dix-neuvième et la vingt - quatrième heure après l'ingestion des aliments dans l'esto- mac (c). M. Dalton, de New-Vork, qui a fait quelques expériences analogues , si- gnala une forte augmentation dans le début du travail digestif ; mais ses observations portent sur l'ensemble des liquides contenus dans l'intestin, et (a) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, 1. 1, p. 033 etsuiv. (6) Leuret et Lassaiune, Ikcherches pliysioloyicjues et chimiques sur la digestion, p. 114. (c) KiJllilier und H. Muller, Zweiter BericlU iiber die im Jahre 1844-45 in der physiologischen Anstall der Univenitdt Wiinburg angestelllen Versuche {Vcrhandluugen der Phys.-Med Cescllschalt m Wiirzburg, 1855, t. VI-, p. 433). MO APPAREIL DIGESTIF. Quaniiféde bile Lu quantité de bile fournie par le foie, comme on le pense bien, varie chez les divers Animaux. Chez le Cheval, elle peut être évaluée à environ î200, 250 ou 300 grammes par heure, et chez le Porc elle s'élève à environ 160 grammes ; tandis que chez le Mouton elle n'est que d'environ 18 grammes, et qu'en général, chez le Chien, elle ne dépasse pas 15 grammes dans le même espace de temps (i). Cette grande inégalité dépend en partie de la taille des Animaux ; mais lorsque l'on compare les par conséquent s'appliquent au soc pancréatique aussi bien qu'à la bile (a), < Il est aussi à noter que i'aclion de certaines substances médicamen- teuses, telles que le protochlorure de mercure, augmentent l'activité sécré- toire du foie. M. Buclieim a vérifié ce fait sur un Chien qui avait une fistule biliaire (6). Les médecins ont donné le nom de cholagogues aux purgatifs qui sont réputés posséder cette propriété. (1) Les résultats obtenus par les dif- férents physiologistes qui ont fait des recherches à ce sujet varient beau- coup suivant la taille et l'état général des animaux mis en expérimentation: ainsi en opérant sur des Chiens, Graaf a obtenu six drachmes (c'est-à-dire en- viron 23 grammes) de bile hépatique en huit heures (c) ; Kiel en a recueilli un peu plus de 7 grammes en une heure {d) ; lleuermann, environ 180 grammes en vingt-quatre heures (e), et Seger 30 grammes en une heure (/") ; enfin M. Blondlot n'en a recueilli que de hO à 50 grammes dans les vingt- quatre heures (g). Les évaluations de la quantité de bile sécrétée chez le Cheval, le Mou- ton et le (;hien, dont il a été question ci-dessus, sont basées sur les expé- riences de M. Colin (h). Haller évaluait la quantité de bile sécrétée par l'Homme à 2Zj onces (ou lok gram.) ; mais, pour arriver à ce résultat, il supposait que cette sécrétion devait être pioportionnelle au poids total du corps, et il prenait comme base l'estimation de la quan- tité excrétée par le Chien , d'après l'estimation faite par Reverhorst, qui la portait à 6 onces (ou 133 grammes) par jour (i) ; mais ces calculs ne mé- ritent aucune confiance, et la ques- tion ne pourra être résolue que par des expériences directes. Quant aux évaluations faites par (a) J. G. Dation, On the Constitution and Physiology a f the Bile {American Journal ofthe Médical Sciences, 2° série, 1857, t. XXXIV, p. 317). (b) Voyez Lehmann, Lehrbiich der physiologischen Cheniie, t. Il, p. 119. (c) Graaf, De natura et usu succi pancrealici, 1663, p. 66. (d) Kcil, An Account of Animal Sécrétion, 1708, p. 72. (e) Heuermann, Physiologie. 1751 , t. III, p. 776. (f) Seger, De ortu et progressit bilis cysticœ, 1749, p. 23. (g) Blondlot, Essai siir les fonctions du foie, p. 59. (h) Golin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 261 et suiv . (i) Haller, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 60-4 et suiv. SÉCRÉTION BILIAIRE. 471 quantités correspondantes à un poids physiologique constant, on voit qu'il existe encore des différences notables dans l'acti- vité fonctionnelle du foie chez les divers Mammifères. Ainsi, pour 1 kilogramme de poids vif (c'est-à-dire du poids total du corps de l'Animal vivant), MM. Bidder et Schmidt ont trouvé que la quantité de bile sécrétée en vingt-quatre heures est d'environ l/i grammes chez le Chat, de plus de 19 grammes chez le Chien , de 25 grammes chez le Mouton et de 136 grammes chez le Lapin. Ces évaluations ne doivent être acceptées qu'avec réserve, mais elles paraissent indiquer que chez les Animaux herbivores la production de la bile est plus active que chez les carnivores (i). îl résulte aussi des recherches faites sur ce sujet depuis quelques années, que chez des Animaux de même espèce celte sécrétion est plus abondante à la suite d'un repas composé de viande que lorsque les aliments employés sont de nature végétale, et que la quantité des matières nutritives digérées influe beaucoup sur celle de la bile sécrétée (2). Borelli et par Schultz, elles sont trop et echmidt n'ont pas donné des ré- hypolhétiques pour qu'il puisse être sultats analogues chez les Oiseaux. utile de les citer ici (a). En effet, la quantité relative de bile Plusieurs médecins ont eu l'occasion recueillie chez le Corbeau était de d'observer des cas de fistule biliaire beaucoup supérieure à celle fournie chez l'Homme, et l'un d'eux, ïacconi, par l'Oie (c). en recueillant le liquide qui s'échap- (2) Dans les premières expériences pait par une ouverture de ce genre faites en vue de déterminer la quan- chez une Femme d'une constitution tité de bile sécrétée par le. foie, on délicate, a obtenu en vingt-quatre avait négligé de tenir compte du poids heures, 2 onces 6 drachmes, c'esl-à- de l'Animal et des conditions dans dire environ 205 grammes , d'autres lesquelles celui-ci se trouvait au mo- fois seulement U onces (ou environ ment de l'opération. Dans ces der- 122 grammes) (6). nières années, les recherches ont été (1) Les expériences de MM. Bidder mieux conduites ; on a recueilli, au (a) Borelli, De rnolu Animulium, jiai-s if, prop. 43, p. 223. — Scliultz, De alimentorum concoctione, p. dOS. (b) Tacconi , De raris quibusdam hepatis aliorumque vlsccruin affeclibus observationcs, 1740. (c) Hi'ldcr cl Scliniiiit, Die Verdauuwjssdite und der Slop'wcchsel, \>. 20J. Écoulement •le la bile. 472 APPAREIL DIGESTIF. § 13. — Le mouvement de la bile dans le système des canaux excréteurs de l'appareil hépatique doit être déterminé par le fait même de la production continue de ce liquide dans la pro- fondeur du foie, dont le tissu est peu extensible. Mais l'écoule- ment de ce liquide est accéléré dans certains moments, soit par la contraction des parois de ces tubes ou de la vésicule du moyen d'une fistule biliaire, !a tota- lité de la bile produite pendant un temps assez long ; on a tenu note du poids des Animaux, et, d'après ces données, on a calculé, pour vingt- quatre heures, la quantité de ce liquide correspondante ù 1 kilogramme du poids vif ; enfin, on a tenu compte de la nourriture donnée à l'Animal avant ou pendant l'opération. Les résultats obtenus de la sorte par M. Nasse , M. F. Arnold, MM.'Bidder et Sclimidt, et MM. Kôlliker et J. Millier, ne con- cordent pas parfaitement, et montrent qu'il doit y avoir à cet égard des diflé- rences individuelles très considérables. En effet, en opérant sur des Chiens, M. Nasse a trouvé, dans une première série d'expériences, que la quantité de bile correspondante à 1 kilogramme de poids vif s'élevait, dans certains cas, à 28 grammes, et, dans d'autres circonstances , pouvait descendre à 12^'', 2 (a). Les extrêmes observés par M. F. Arnold ont été lisS6 et 8sr,i [b). Dans les expériences de MM. Bidder et Schmidt, le maximum était 28s%7 et le minimum 15s%9 (c). Enfin, dans celles de MM, Kôliiker et J, Millier, les variations ont été plus considérables et les évaluations abso- lues plus élevées ; ainsi la quantité de bile calculée de la sorte n'est pas descendue au-dessous de 2is%5 et s'est élevée jusqu'à 63g%6 (d). Ces différences dépendent en partie de la proportion d'eau qui devient plus grande dans la bile quand la production du liquide s'accélère, cir- constance sur laquelle nous aurons bientôt à revenir. Mais, en comparant entre elles les quantités d'aliments employés, ainsi que la nature de ces substances et les quantités de bile fournies par la fistule, on peut se con- vaincre de l'existence d'un certain rapport entre ces deux ordres de faits. Ainsi, dans les expériences de M. Nasse , des Chiens nourris de viande ont donné une quantité de bile de plus en plus considérable, à me- sure que la quantité d'aliments qu'ils avaient pris augmentait comparati- vement au poids de leur corps. Elle était de : t9£' ,2 pour chaque kilogr. du poids du corps chez le Chien qui avait mangé de la viande dans la proporlion de 150 grammes pour d kikge. du poids de son corps. (a] Nasse, Commentatio de bilis c Cane quotidie secretm copia et indole. Marbui-g', 1851 . (6) F.Arnold, Zur Physiologie der Galle. Manheim, 1854. (c) Bidder it Schmidt, Die Vdrdauimgssâfte uiid die Stoffwechsel. p. 125 et suiv. (i) Kôllikar cl H. W'àWw. Zwiiter Peficht iiher die in Jaiire 18")4-55 l'i der physi.oligischeii Anstalt der Univ. Wilnbiirg angcitellteii Versuche, p. 6 el suiv. [Verliaiidl. der Phys.-Med. Gesellschafl in WUrz-burg, 1856, t. VIj. SÉCRÉTION BILIAIRE. 473 fiel (1), soit par la pression intermittente exercée sur ce viscère par les organes voisins. Ce dernier ellet se manifeste à chaque mouvement inspiratoire, et devient encore plus grand quand les parois de l'abdomen se contractent avec violence, comme dans les efforts du vomissement (2). Il se produit aussi quand 238', 1 après un repas correspondant à 260 grammes de viande pour 1 kilogr. du poids vif. S-iSi'-iO et même 28si.,4 chez des Chiens qui avaient mangé de la viande jusqu'à satiélé. Dans les expériences de MM. Biddei' et Schmidt, ces rapports n'ont pas été aussi constants ; mais, h la suite d'un repas copieux, la quantité de bile ob- tenue était plus grande qu'après un repas léger. Dans les expériences de MM. Kôiliker et H. Millier, on re- marque des exceptions à cette règle, mais en général les différences dans la quantité des aliments employés étaient trop petites pour qu'on puisse en rien conclure. Quant à l'influence que la nature des aliments exerce sur l'activité fonctionnelle du foie , j'ajouterai que dans les expériences de M. Nasse la quantité de bile fournie par des Chiens nourris avec de la viande va- riait, comme je l'ai déjà dit, entre 19 et 28 grammes, tandis que chez ceux qui n'avaient mangé que du pain et du lait elle s'est maintenue entre 12e%2 et 17e^9. Dans les expériences de M. F. Ar- nold, la sécrétion biliaire était aussi plus abondante quand l'Animal avait mangé de la viande que lorsqu'il était nourri de pain (a) . M. Nasse a trouvé aussi que le poids du foie dilîère beaucoup chez les Ani- maux bien nouriis et ceux qui sont soumis à l'abstinence : pour les pre- miers, le poids moyen de ce viscère était de /iS'^ô pour 1 kilogramme du poids vif, et chez les derniers de û5='',1 (6). (1) Voyez ci-ilessus, page /i63. (2) L'influence des mouvements respiratoires sur l'écoulement de la bile a été signalée par Haller et plu- sieurs autres physiologistes (c). Ainsi Leurel et Lassaigne, ayant mis à dé- couvert l'orifice du canal cholédoque d'un Cheval, virent la bile s'en échap- per sous la forme d'un jet chaque fois que le diaphragme se contractait pour faire entrer l'air dans les poumons (dj. M. Blondiota vu aussi chez les Chiens, sur lesquels il avait établi une fistule biliaire, que ce liquide sortait en abon- dance quand l'animal vomissait ou faisait des efforts pour l'évacuation des excréments (e). (o) E. Ai-ruild, Utber die Gallemneinje, ivelche bel Hundeii mit (kiUenblascnllslcln im Verhâll- niss zur Arl der Nahrnng. zum Kurperçiewicht und %u den Tageszeiten abgesondert ivird [Die jihysiologische Anstatt zu Heidelberg, 1858, p. 91). (b) Nasse, Ueber elnlge Verschiedcnheiten im Verhallea der Leber liuiigcrndcr uiid gefiitlerter Thiere {Archiv filr Gemeinscliaflliche Arbeilen, 1858, t. IV, \k 11). ((,•) llalier, Elemenla ])hysioii)gi(C, l. VI, p. 002. (d) Leurpl et Lassaif^ne, Recherckes plinsiologiques elchii\dqncs sui' tu diijcslïo}i, p. 83. (e) liiondlut, Essaisur les fonctions du foie, 1840, p. OH. lllll APPAREIL DIGESTIF. l'estomac, étant distendu par l'introduction des aliments, presse indirectement contre la vésicule du fiel. L'entrée de la bile dans l'intestin paraît être favorisée par le relâchement de la portion correspondante du duodénum, qui alterne avec les contractions péristaltiques de ce tube. Enfin le reflux de ce liquide de la cavité alimentaire dans le canal cho- lédoque est rendu impossible par la disposition oblique de la portion terminale de celui-ci dans l'épaisseur des parois du duodénum (1). Produits § 14. — Nous ne pourrions, sans nous détourner de l'objet de la sécrétion p^jj-j^^jp^} jg j^Qg étudcs actuclles, cxamluer ici d'une manière complète les fonctions de l'appareil important dont je viens de tracer l'histoire anatomique ; en ce moment nous ne devons considérer le foie que dans ses rapports avec le travail digestif, et par conséquent je ne parlerai que .des produits qu'il est chargé de verser dans l'intestin. La bile, ou fiel, comme chacun le sait, est un liquide plus ou moins vert ou jaunâtre, suivant les Animaux, et dont la saveur est amère. Lorsqu'il n'a pas séjourné dans la vésicule bihaire, il est parfaitement fluide, mais dans ce réser- voir il se mêle à du mucus et devient plus ou moins épais et filant (2). Il y éprouve aussi une certaine concentration, par licpatique. Propriétés physiques de la bile. (1) Voyez ci-dessus, page û66. (2) La malière filante que l'on dé- signe sous le nom de mucus, consiste principalement en débris des cellules épithéliques provenant soit des ca- naux excréteurs du foie, soit de la vésicule du fiel. Bonami a constaté que la bile à l'état de pureté, c'est-à-dire telle que, dans l'état normal, elle se trouve au moment de son entrée dans les conduits excréteurs de l'appareil hépatique, ne contient guère que des matières en dissolution (a) ; et lorsque le mi- croscope y fait découvrir des corpus- cules solides en suspension , cette circonstance doit être attribuée à des accidents pathologiques ou à la chute de cellules épithéliales provenant, soit des canaux biliaires extra-lobulinaires ou de leurs glandules pariétales, soit de la vésicule biliaire ou de la portion (a) Bonami, Micrographia euriosa,. 1703, p. 93. SÉCRÉTION BILIAIRE. ' il 7 5 suite de la résorption d'une partie de l'eau qui entre dans sa composition, circonstance qui contribue également à en augmenter la densité (i). Enfin, sa couleur y devient, en gé- néral, plus intense, et passe souvent du jaune verdâtre au vert sombre par l'effet de certaines altérations chimiques qui s'y pro- duisent spontanément (2). terminale du système des conduits excréteurs. Ainsi, M. Kôlliker n'y a jamais trouvé des cellules hépatiques, c'est-à-dire des utricuîes- provenant du tissu des lobulins sécréteurs (a). Mais il n'est pas rare d'y apercevoir de petites granulations anormales for- mées par des concrétions de !a matière colorante, des gouttelettes de graisse ou même des cristaux, sur la nature chimique desquels j'aurai bientôt à revenir. Chez le Cheval et autres Animaux qui sontdépourvus d'une vésicule hé- patique, la bile conserve ce mode de constitution jusqu'à son arrivée dans l'intestin ; mais il en est autrement chez ceux qui sont pourvus d'un ré- servoir de ce genre, car, en y séjour- nant, les caractères physiques de ce liquide se modifient considérablement par suite de son mélange avec le mu- cus fourni par les parois de cet organe. Les preuves de la production du mucus par la vésicule biliaire chez l'Homme nous sont fournies par les cas d'oblitération du canal cystique, car alors la bile n'arrive plus dans ce réservoir, et l'on trouve la cavité de celui-ci remplie d'un liquide épais et incolore. (J) La densité de la bile de Bœuf a été évaluée à 1,026 par Thenard (b). Vers le milieu du siècle précédent, Hartmann et quelques autres physio- logistes étaient arrivés à peu près au même résultat (c). (2) La bilehumaine tellequ'on l'ob- serve sur le cadavre, paraît différer notablement de ce qu'est ce liquide au moment de sa formation dans le foie. En effet, Aran a eu l'occasion d'en recueillir sur un individu chez lequel un trocart très fin avait, par erreur, été enfoncé dans la substance de cette glande, accident qui n'entraîna au- cune suite fâcheuse, et il vit que la bile qui s'écoulait par l'instrument était claire, transparente et à peine colorée. MM. Gorup-Besanez et Buch- ner ont fait des études spéciales rela- tives aux phénomènes qui accompa- gnent la décomposition spontanée de ce liquide et au rôle du mucus de la vésicule biliaire dans cette décompo- sition (d). (a) Ktiiliker, Eléments d'histologie, p. 48t. '&) Thenard, Mémoire sur la bile {Mémoire de la Société d'Arcuell, 1. 1, p. 2'J). (c) Haliei-, Elementa ph}jsiolo(jiœ, t. VI, p. 546. [d) Gorup-BfisanGz, Ueber Galleii7ierset%un(j (Heller's Archiv jur pliysiol. und pathol. Chemie, 1840, t. Il, |i. 310). — Bucliiior, lleobaclUunyen ûber die freiwilliije Zer.ietx,ung der Rindstialle {Jourii. fur pvakt. Chemie, d849, t. XLVI, p. 147). — Observ. sur la décomposition spontanée de la bile de Bœuf IJournalde pharmacie, 1849, t. XV, p. 401). /|76 APPAREIL DIGESTIF. coraposiiion § 15. — Lo conipositioii chimique de la bile a été l'objet d'un chimique i i i • • i i ■ de la bile. gTaud iiombrc de travaux, mais jusque dans ces derniers temps les résultats obtenus laissaient beaucoup à désirer; ils concor- daient mal entre eux, et ne pouvaient profiter que peu aux physiologistes. En eftet, l'analyse de ce liquide présente des difficultés particulières. Quelques-uns de ses principes consti- tutifs sont très altérables, et se transforment si facilement en matières nouvelles sous l'influence des agents chimiques employés pour en effectuer la séparation, que dans la plupart des expériences on n'obtenait que des mélanges plus ou moins complexes, ou des substances qui ne préexistaient pas dans le produit analysé , mais s'y formaient pendant l'opération et variaient suivant la nature des réactifs dont on faisait usage. Depuis fort longtemps on sait (jue la bile jouit de certaines propriétés que possèdent les savons, et les anciens chimistes avaient remarqué qu'en général ce liquide présente des indices d'alcalinité. Vers le milieu du siècle dernier, un pharmp.cien de Paris, Cadet, y constata la présence de la soude; mais on n'avait que des notions très vagues sur la nature de cette humeur ani- male, lorsque Thenard et Berzelius commencèrent à en faire une étude méthodique (1). En 1807, ce dernier chimiste en fit l'analyse, et y reconnut, d'une part des substances qu'il dési- gna sous le nom de matière biliaire, d'autre part un nombre assez considérable de sels minéraux dont il constata aussi (1) Boerhaave, Verheyen et plu- leurs travaux en 1789 (a). Les reclier- sieurs autres expérimentateurs du ciies de Cadet ne jetèrent pas beau- xviir^siècle, se sont occupés de l'étude coup de lumière sur ce sujet (6), et à chimique de la bile, mais avec peu la fin du siècle dernier on ne savait en de succès, comme on peut le voir par réalité presque rien sur les principes l'article dans lequel Macquer résuma constitulifs de la bile (c). (a) Macquer, Dictionnaire de chimie, 4789, t. II, p. t9â et siiiv. (b) Caclet, Mém. sur l'analysede la bile (Mém. de l'Acad. des sciences, 1707. (c) Voyez Fourcroy, Système des connaissances chimiques, -1800, t VI, p. 24 et sutv. COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BILE. kll 1:1 présence dans la plupart des autres liquides de l'orga- nisme (1). Vers la même époque, Thenard chercha aussi à isoler les divers matériaux constitutifs de la bile, et il en sépara deux matières organiques qu'il considéra comme des principes immé- diats; il désigna l'une d'elles sous le nom de résine biliaire, et il appela l'autre picromel (2). La question en resta là pendant une quinzaine d'années, jusqu'à ce que M. Chevreul, appliquant à l'analyse de la bile des méthodes plus rigoureuses, vintdémon- (1) Les premières reclierches de Berzeliiis sur la bile furent consignées d'abord dans un ouvrage sur la chi- mie animale, publié en suédois (a), etne furent généralementconnuesdes chimisles que quelques années pins tard, par l'insertion d'un mémoire de ce savant dans divers recueils (6). L'analyse de la bile de Bœuf lui donna les résultats suivants : Eau 90,44 Matière biliaire (y compris la graisse) 8,00 Mucus de la vésicule 0,30 Extrait de viande , chlorure et lactale sodique 0,74 Soude 0,41 Phosphate sodique \ Phosphate calcique f El traces d'une substance inso- luble dans l'alcool (2) Le travail de Thenard sur la bile fut communiqué à l'Académie en L805 et 180G, mais ne fut publié que deux ans après (c),el par conséquent n'était pas encore connu quand Ber- zelius s'occupa du même sujet. L'analyse de la bile du Bœuf fournit à ce chimiste : Eau 700 Matière résineuse 24 Picromel 00,5 Matière jaune 4 Soude 4 Phosphate de soude 2 Chlorure de sodium 3,2 Sulfate de soude 0,8 Phosphate de chaux 1,2 Oxyde de fer traces La résine ou matière grasse, très amère et verte, était considérée par Thenard comme un principe gras et odorant. La substance qu'il désigna sous le nom de picromel, à cause de sa sa- veur acre et un peu sucrée, est solu- ble dans l'eau et susceptible de dissou- dre la précédenleen proportion assez considérable ; nous verrons bientôt en quoi elle consiste. Thenard n'obtint pas les mômes {a) Berzclius, Djurkemien, t. II, p. 48. (6) Berzclius, Mém. sur la composition des fluidea des Animaux {Annales de chimie, 1813 , t. LXXXVIII, p. 110). (c) Tlien;ird, Mémoire sur la bile {Mém. de la Société d'Arr.ueil, \ 807, t. I, p. 23). — • Deuxième Mémoire sur la liilr 'Inr. cit., p. 40). Il'] s APPAREIL DIGESTIF. trer que la matière appelée jusqu'alors résine biliaire n'est pas un principe immédiat, mais un mélange de plusieurs corps, notamment de substances grasses et de matières colorantes (1). Ce chimiste habile fit voir aussi qu'une substance organique cristallisable découverte par Poulletier de Lasaîle dans certains produits pathologiques appelés calculs biliaires, substance qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de cholestérine, est un des matériaux constitutifs de la bile normale (2). Bientôt après résultats en analysant la bile de l'Homme. Ce liquide lui fournit, pour 1100 narlies : Eau 1000 Matière jaune insoluble . . 2 à 40 Matière jaune soluble. . . Iraces Albumine 42 Résine 41 Soude 5,6 Phosphate, sulfate et mu- riate de soude ; phos- i, > -4,5 phate de chaux et oxyde f de fer Ce chimiste considéra par consé- quent la bile humaine comme étant dépourvue de la matière qu'il avait nommée picromel (a) ; mais plus ré- cemment M. Chevallier en trouva dans la biiecystique de l'Homme (6), aussi bien que dans la bile de quelques Car- nassiers (c). (1) M. Ghevreul constata, en 1824, que ce qu'on avait appelé résine de la bile était une réunion de plusieurs principes : chez le Bœuf, l'Homme, l'Ours, eic, il en retira des acides gras (oléique et margarique), de la choles- térine et des principes colorants; chez le Porc, il en obtint un autre principe immédiat acide, sur lequel je revien- drai bientôt (d). (2) La matière grasse soluble dans l'alcool et cristallisable, que Poulletier de Lasalle retira des calculs biliah-es vers 1782 (e), fut trouvée ensuite par Fourcroy dans un foie humain dessé- ché depuis longtemps, et ce chimiste la considéra comme un produit de la putréfaction (/"). En 182Z(, M. Ghe- vreul fit voir que ce corps qu'il avait été le premier à faire bien connaître, et qu'il avait désigné sous le nom de cholestérine, est un des principes immédiats de la bile normale {g). {a) Tlienard, Cp. cit. [Mém. delà Soc. d'Arcueil, t. 1, p. 57). (b) Chevallier, Observations sur la bile humaine et sur la présence du picromel dans ce liquide (Ann. de pharm., 1818, t. IX, p. 400). (c) Chevallier et Lassaigne, Analyse de la bile du Coaita fauve et du Courjuar {Ann. de pharm,, 18l9,t. XI, p. 105). (d) Cheweul, art. Résine de la bile (Dictionnaire des sciences naturelles, 1847, t. XLV, p. 233). (e) Voyez tome I, page 187. (/') t'ourcroy, Observations sur un changement singulier opéré dans un foie humain par la putréfaction [Ann. de chimie, ilSQ, t. m, p. i^O). (g) Chevreul, Note sur la présence de la cholestérine dans la bile de l'homme {Journal de physiologie de Magendie, 1824, t. IV, p. 257). COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BILE. Ù79 MM. Tiedemann et Gmelin firent de nouvelles recherches sur la constitution de ce liquide, et furent conduits aie considérer comme ayant une composition beaucoup plus complexe qu'on ne pensait jusqu'alors. Ils en obtinrent non-seulement les prin- cipes gras que M. Chevreul y avait découverts, mais aussi une substance cristallisable nouvelle, qui est connue aujourd'hui sous le nom de taurine, et un acide organique particulier qu'ils appelèrent cholique (1). Plus récemment, M. Demarçay soumit la bile à de nouvelles investigations , et fit voir que plusieurs des substances extraites de ce hquide par ses prédé- cesseurs n'en sont pas des principes constitutifs, mais y prennent naissance sous l'inlluence des agents chimiques employés pour (1) Voici la liste des substances que MM. Gmelin et Tiedemann considèrent comme se trouvant dans la bile de Bœuf (a) : 1° Un principe odorant qui passe à la distillation. 2° La choline ou graisse biliaire (ils désignent sous ce nom nouveau la cholestérine). 3° La résine biliaire. /l° L'asparagine biliaire (que Berze- lius a appelée ensuite taurine). 5" Le picromel, ou sucre biliaire. 6° Une matière colorante. 7° Une matière très azotée, faible- ment soluble dansl'eau, insoluble dans Falcool à froid, mais soluble dans ce réactif à chaud. 8° Une matière animale insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool à chaud, et paraissant être de la gliadine. 9" Une matière soluble dans l'eau et dans l'alcool, précipitabic par la teinture de noix de galle, et regardée comme étant probablement de V'os- mazôme. 10" Une matière qui répand une odeur uriaeuse quand on la chauffe. 11° Une matière soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool, et précipitable par les acides (matière caséeuse, qui peut-être était mêlée avec de la ma- tière salivaire?) 12° Du mucus. 13° Du bicarbonate d'ammoniaque. ilx° Du margarate de soude. 1 5° De l'oléate de soude. 16° De l'acétate de soude. 17° Du cholate de soude. 18° Du bicarbonate de soude. 19° Du phosphate de soude. 20° Du sulfate de soude. 21° Du chlorure de sodium. 22° Du phosphate de chaux, 23° Un peu de potasse combinée avec les acides gras sus-mentionnés. 24° De l'eau. («) Tiedemann et (imelin, liecherchn.i expérimenlales phiisiolofiiqiies et chimiques sm' la diges- tion, Irad. par Joiiidan, 182", t. I, p. 83. /|80 APPAREIL DIGESTIF. en effectuer l'analyse. Il arriva aussi à cette conclusion, que l'un des principes immédiats les plus importants de la bile est un acide organique qui s'y trouve combiné avec de la soude. Ce corps, qu'il désigna sous le nom d'acide choléique^ constitue la plus grande partie de la substance hétérogène que Thenard avait appelée picromel, et de celle, encore plus complexe, que Berze- lius avait nommée matière biliaire; mais M. Demarçay ne l'avait pas obtenue à l'état de pureté, et il s'était mépris au sujet de sa composition élémentaire (1). Dans ces derniers temps, M. Plat- ner se livra à des recherches analogues, et établit mieux que ne l'avaient fait ses prédécesseurs, que la bile contient en abondance un corps cristallisable composé de soude et d'un acide organique, Enfin, un des jeunes chimistes de l'école deGiessen, M. Strecker, fit, sous la direction de M. Liebig, des recherches plus appro- fondies sur le même sujet-, il sut se mettre à l'abri de diverses causes d'erreur que ses devanciers n'avaient pas évitées, et il (1) Le travail de M. Demarçay, employés par divers cliimistes pour publié en 1838, fit faire à l'iiistoire faire l'analyse de la bile exercent sur chimique de la bile des progrès con- ce principe fa). Les conclusions que sidérables, et conduisit cet auteur à M. Demarçay avait tirées de ses expé- regarder ce liquide comme élant ca- riencesfurent contestées par Berzelius, ractérisé essentieileraent par la pré- qui, en 1839, se livra à de nouvelles sence d'une "ïiorte de savon composé recherches sur la constitution de la de soude et d'un acide organique par- bile, et s'appliqua à établir que la ma- ticulier qu'il nomma choléique. Il lière biliaire existe dans ce liquide à constata que le choléale de soude l'état d'un principe neutre auquel il forme la plus grande partie des sub- donne le nom de hiline, et que celui-ci stances que ses prédécesseurs avaient se transforme, par l'action des réactifs, appelées résine biliaire et picromel. en acide choléique, etc. (b). La même Enfin, il étudia divers produits qui opinion a été soutenue plus récem- résnltent de l'action que les réactifs ment par M, Mulder (c). (a) Demarçay, De la nature de la bile {Ann. de chimie et de physique, i 838, t. LXVII, p. 117). (6) Berzelius, Ueber die Zusammenset«,ung der Galle (Ann. der Chemie iind Pharm., 4840, t. XXXlli, p. 139). — Traité de chimie, 2° édit., trad. par Valeriiis, t. Iil, p. 600 et suiv. - — Rapport annuel sur les progrès de la chimie (pour 1341), présenté à l'Académie des scienceis de Stockliolm en 1842, trad. par Plantaraour, p. 319 et suiv. {c} Mulder, Ueber die Galle (Journ. fiirprakt. Chemie, 1846, t. XXXIX, p. 321). COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BILE. Û81 montra que la bile contient en général, non pas un seul acide organique, mais deux de ces substances, dont il fit connaître la nature (1). D'après cette longue série de recherches et quelques autres travaux dont j'aurai à parler bientôt, on a été conduit à consi- (1) En 18/|3, M. Liebig publia une série d'expériences intéressantes sur la constitution de la bile et sur les produiis quiendérivent. Demêmeqiie M. Demarçay, il considère la matière biliaire, ou biline de Berzelius, comme étant essentiellement un composé de soude et d'un acide organique parti- culier; mais il ne pense pas que cet acide soit identique avec l'acide clioléi- que obtenu précédemment par ce dernier chimiste (a), et il le désigne sous le nom de Gallensdure, ou acide bilique (6). Des recherches faites vers la même époque par M. Kemp, ainsi que par MM. Theyer et Schlo.sser, tendirent à confirmer les vues de M. Liebig, et enrichirent la science de quelques laits nouveaux (c). l'eu de temps après, M. Plalner (de Berlin) trouva que la bile non al- térée par les réactifs chimiques con- tient une substance cristallisable for- mée d'un acide particulier et de soude, ainsi qu'une matière incrislal- lisable dont la nature resta indéter- minée (d) ; mais les résultats ainsi obtenus furent combattus par Ber- zeUus (e). En 18^7 , M. Redtenbacher con- stata la présence du soufre en quan- tité assez notable dans cette matière biliaire (/"). Enfin, pende temps après, M. Slrec- ker entreprit, sous la direction de M. Liebig, une longue série d'expé- riences sur les matériaux constitutifs de la bile de divers Animaux, et éta- blit qu'il existe dans ce liquide deux acides organiques au lieu d'un seul (y). Dans ses analyses, il évita de faire usage de réactifs susceptibles de mo- ' difier la constitution de ces principes, et les résultais qu'il en déduisit sont considérés par presque tous les chi- mistes comme étant l'expression de la vérité. (a) Liebig, Die Galle {Ann. der Chemie und Pharmacie, 1843, t. XLVII, p. \ et suiv.). — Traitd de chimie organique, trad. par Gerhardt, 1844, t. 111, p. 291 et suiv. (6) Kemp, Elementar-analytische Unlersuchunijen ûber die Zusammensel^ung der Galle (Journ. fur praklische Chemie, 1843, t. XXVIII, p. 154). — Theyer and Schlosser, Ueber die Constitulion der Galle {Ann. der Chemie und Pharm., 1843, l. XXVIII, p. "il, el 1844, t. L, p. 235). (c) Plâtrier, Krystallisation der Gullensdure und des gallensauren Patrons (Miiller's Archiv fur Anat. und PItysiol., 1«44, p. 04). — Beilrdge %ur Lehre von der Verdauung {Op. cit., 1845, p. 345). — Ueber die Naliir und den Nutxen der Galle. Heidelberg, 1845. {d) berzelius. Rapport sur les progrès de la chimie pour 1845, p. 520, -20. (c) Kedlenbaclicr, Ueber die Zvsammensel%unQ des Taurins (Liibig's Annalev der Chemie und Pharmacie, 184l>, t. LVII, p, ilO). liSll APPAREIL DIGESTIF. à donner naissance à deux corps particuliers, la taurine (l) et l'acide cholalique (2). Chauffé avec wn acide énergique, il donne encore naissance à de la taurine, mais la seconde substance qui s'en sépare diffère un peu de celle formée dans la réaction pré- cédente, et a reçu le nom d'acide choloïdique (3). Enfin, il est être jusqu'ici délermiiK' direcle- menl [a). (1) La taurine, ou asparagine bi- liaire, comme je l'ai déjà dit, est un produit extraitde labile par MM. Tie- demann et dmeliii. Elle cristallise très bien, et sa composition élémen- taire est représentée par la formule : La forme de ses cristaux peut servir à fiiire reconnaître la présence des acides résineux de la bile dans les liqui- des pathologiques de l'organisme (c). (2) Vacide cholalique. {d}, obtenu pour la première fois par M. Demar- çay, est une substance cristallisable qui n'est que peu soluble dans l'eau, mais se dissout en proportion consi- dérable dans l'élher et surtout dans l'alcool bouillant. 1! a pour formule : OVSHMQS.HO. Eiifin, il forme avec les alcalis et les terres alcalines des sels incolores qui cristallisent en aiguilles, et qui se colo- rent en violet quand on les chauffe avec un mélange de sucre et d'acide sulfurique. Par la comparaison de la formule de l'acide taurocholique avec celles de la taurine et de l'acide cholalique que je viens de rapporter, on voit que dans la réaction indiquée ci-dessus, les éléments de 2 équivalents d'eau s'ajoutent aux éléments d'un équiva- lent d'acide taurocholique pour con- stituer l'équivalent de taurine et l'é- quivalent d'acide cholalique. En effet, C32H4"'^S20»'^ + 2H0 = C'^H^NS^Oti + C''-8H390«,HO. Il est aussi à noter que l'acide chola- lique peut être \m des produits de la décomposition spontanée de la bile au contact de l'air (e). (3) L'acide choloïdique, dont la dé- couverte est due à M. Demarçay, est une matière insoluble dans l'eau et peu soluble dans l'éther, mais très soluble dans l'alcool (/). Sa composi- lion élémentaire paraît devoir être représentée par la formule : G18H3909. (a) Strecker, BeobaclUungen ûber Orhsengalle {Ann. lier Cheniie und Pharm., '184S, t. LXVIf, p. 35). (6) Redlenbacher, Op. cit. {Ann. der Chenue und Pharm., 1840, t. I.VII, p. 145). (r) Gorup-Bepanez, Untersuchungen ûber Galle, 184G, p. 3{. (rf) M. Dumas appelle ce corps flci(/e c/ioJmique (Traité de chimie, t. VIII, p. 59S), toul en faisant remarquer que dans la nomenclature employée par Berzelius le même nom est employé pour désigner une substance très dilîérente. (e) Buclmer, Observations sur la décomposition spontanée de la bile de Bœuf, etc. {Journal de pharmacie, 1849, t. XV, p. 401). [f) Demarçay, Op. cit. {Ann. de chimie et de physique, 1838, t. LXVII, p. 198). COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BILE. /l85 aussi à noter que par l'action de la chaleur, l'acide cholalique se change en acide choloïdique, et ce dernier se transforme ensuite en une substance neutre qui a reçu le nom de dijsly- sine (1). Ces changements sont accompagnés de la perte de certaines quantités d'oxygène et d'hydrogène dans les propor- tions voulues pour former de Teau, et il en résulte que toute la série des produits dont je viens de parler peut être considérée comme le résultat de la combinaison des éléments de l'eau en quantités variables avec une seule et même substance organique neutre, savoir, la dyslysine, dont je viens de parier (i). Le taurocholate de soude est un des principaux matériaux constitutifs de la bile de la plupart des Animaux. C'est un sel incristallisable, très soluble dans l'eau ainsi que dans l'alcool, mais insoluble dans l'éther et doué d'une saveur douceâtre qui laisse un arrière-goiit amer. Il jouit d'une propriété importante 11 offre, par conséquent, la même com- '2 équivalents d'eau représente la sub- position que de Tacide cholalique qui stance qui, combinée avec un équiva- aurait perdu un équivalent d'eau (a . lent de taurine, correspond à un équi - Cet acide, de même que l'acide cho- valent d'acide clioléique. lalique, peut se produire dans la bile Un équivalent de dyslysine, uni aux par l'effet de la putréfaction [b). éléments tie 3 atomes d'eau, repré- (1) La dyslysine, matière dont la sente la composition d'un équivalent découverte est due à Berzelius (c), se d'acide choloïdique. En effet, produit aussi dans certaines circon- stances par l'aclion de l'acide chlor- C^bh^bo" + 3H0 = C^m^^O^ = acide hydrique sur l'acide choloïdique, et choloïdique. M. Slrecker considère cette substance comme devant être représentée par la ï^""»' »» équivalent dedyslysine et j. , . les éléments de h équivalents d'eau correspondent ci un équivalent d'acide gV8h36(,6_ cbololique, car celui-ci a pour for- mule : (2) Ainsi un équivalent dedyslysine (C^8H3tio6j, uni aux éléments de c^nrJaos.no. [a) Strccker, Unlersuclnmrjeu ûber Ochsengalte {Ann. der Cliemie und l'harmacie, 1848, I. LXVII, p. 2.')). (ft) Buchner, Op. cit. (Journal de pharmacie, 1814, I. XV, p. 401). te) Berzelius, Traité de chimie, cdit. ilc 1839, t. III, p. 603. Choléate lie soude. 486 APPAREIL DIGESTIF. à noter ici: celle de dissoudre les graisses. Enfin, chauiTé avec un mélange de sucre et, d'acide sulfuriqae, il éprouve diverses ■ modifications et donne lieu à un phénomène dont la conslata- tion peut être utile aux physiologistes pour leur faire découvrir cette matière dans les substances qui ia renferment ; en effet, il se produit dans cette opération une belle couleur violette (1). Acide choiique Vacicle cliolique on glycocholique (2), qui, de même que giycochoiique. l'^'cidc cholcique ou taurocholique, est en général un des prin- cipes constitutifs de la biîe, ressemble beaucoup à cet acide organique par l'ensemble de ses réactions, mais il s'en dislin-. gue par plusieurs caractères importants. Ainsi il cristallise très bien sous îa forme d'aiguilles ; il ne contient pas de soufre, et en se dédoublant sous l'influence de îa potasse, il donne nais- sance, d'une part, à de l'acide choîalique, comme le fait l'acide taurocholique, et d'autre part à di] giycocolle ou sucre de géla- (1) Pour faire celle expérience, on mêle le liquide contenant !a matière biliaire avec les deux tiers de son volume d'acide sulfuriqae concentré, en évitant autant que possible l'éléva- tion de la température du mélange; puis on y ajoute à ou 5 gouttes d'une dissolution de sucre de canne faite avec une parlie de sucre et 5 parties d'eau. M. Pellenkofer a fait connaître celte réaclion remarquable, et la con- sidère comme caractéristique de la inalière biliaire (a) ; elle peut êlre utile dans beaucoup de recherches physiologiques, mais elle ne paraît pas mériter une confiance entière (b). (2) Cet acide résineux de la bile fui découvert en 18'i5 par MM. Gmelin et Tiedenianii, qui y donnèrent le nom d'acide cholique (c). Mais, à l'exem- ple de M. Lehmann, je préfère l'ap- peler acide ghjcocholique, parce que la première de ces dénominations à été appliquée successivement à plu- sieurs substances différentes. Ainsi l'acide cholique de IM. Deraarçay est bien distinct de l'acide cholique dont il est ici question, et ne dhTère pas de l'acide choialique. La substance que M. Mukler appelle acide cho- lique paraît diflerer aussi de l'acide glycocholique. Il en résulte qu'en con- tinuant à appliquer à ce dernier corps le nom que MAL Gmelin el Tiedemann y avaient donné, on peut faire naître une confusion fâcheuse. (a) Peltenkofer, Notiz ûber eine mue Reaction auf GMe und Ziicker (Annnlen de Und Pharm., 1844, t. LU, p. 90). (6) Lehmannn, Lehrbuch der physiolorjlschcn Chenue, t. I, p. 12!. (C) Tiedem:inii et Graolin, Recherches expérimentales sur la digestion, t. I, p. 5-2. Chemie COMPOSITION CHIMIQUK DE LA BILE. 487 tine (1), qui, dans cette réaction, remplace la taurine Ibrméc par ce dernier acide (2). Par l'action plus prolongée de la cha- leur, l'acide giycocholique, en présence de la potasse, donne également naissance à de la dysiysine; et enfin, chauffé avec de l'acide sulfurique, il perd les éléments de deux équivalents d'eau, et se transforme en un produit organique nouveau, appelé acide cholonique (o). 11 est aussi à noler que l'acide (1) Le sncre de gélaline, ou glyco- coUe (C^Ii^zO"*), et,t une matière cris- talline d'une saveuv sucrée, qui est so- luble dans l'eau, el qui, irailée par une dissolution boiûllanLe de potasse, pré- sente une couleur rouge. I! prend nais- sance quand on fait agir de l'acide sul- furique concentré sur de la gélatine. (2) La composilion élémenlairc de l'acide cholique ou giycocholique est représentée par la formule : C32Hi2AzOii,HO. Dans la réaction meniionnée ci-des- sus, ses éléments constitutifs, unis aux éléments de 2 équivalents d'eau (c'est- à-dire, C^'^Ii^^AzO'^j, se partagent de la manière suivante : acido cholaliquo. glycocoUe. (.■;) Celte matière, découverte par M. Strecker, est insoluble dans l'eau, soUible dans Palcool et cristdliisabic en aiguilles brillantes. Ua pour for- mule : Par conséquent, il diffère de l'acide cholique ou giycocholique on ce qu'il a en moins les éléments de 2 équiva- lents d'eau. On voit donc que, dans l'Iiypothèse de la formation des divers acides bi- liaires à l'aide d'une substance fon- damentale, ce serait la dyslysine dont les éléments s'uniraient, soit aux élé- ments d'un nombre variable d'équi- valents d'eau, soit à d'autres sub- stances, telles que la taurine et le glycocoUe. On peut représenter tous ces composés par : 1 cquivalenl de dysljsine, -j- i cquiv. de glycocoUe = ai;ide cliolonique. -j- 1 cquiv. do glycocoUe -}- 2 cquiv. d'eau = atidc glycocliolique. -f- i équiv. de taurine -)- 2 cquiv. d'eau ^-= acide laurcclioliquc. -\- l cquiv. de laiirine -)- 3 cquiv. d'eau = acide cliuloiiliquu. -j- 1 cquiv. de taurine -)- 4 cquiv. d'eau = acide cliolalique. Ces composés ne sont pas les seuls que l'on ait obtenus en soumettant les acides résineu.\ de la bile à l'action de divers agents ciiimiqiies : ainsi Ber/e- lius en a décrit deu.x. autres sous les noms d'acides fellique et fellinique, et M. Mulder a trouvé une substance qui paraît ne différer de la dysiysine que par la quantité d'eau qu'elle ren- ferme. Ces corps sont trop iniparlai- lement connus pour que Ton pui.sse attacher quelque importance h la cuinposiiion qui leur a été attribuée ; Cliolale de soude. 488 APPAREIL DIGESTIF. glycocholicjLie, sans changer de composition, peut éprouver, dans le mode d'arrangement de ses molécules constitutives, un changement qui le rend insoluble dans l'eau bouillante, et le transforme en une substance nommée acide paracholique. J'insiste sur toutes ces modifications, parce que des phéno- mènes analogues se produisent dans l'intérieur de l'économie animale. Le cholate ou glycocholate de sonde, qui se trouve dans la bile de beaucoup d'Animaux, et qui est susceptible de cristal- liser d'une manière très remarquable (1), n'y est jamais aussi abondant que le taurocholate de la même base. Quelquefois le premier de ces sels manque ou n'existe qu'en proportion extrê- mement faible : chez le Chien, par exemple (2). Enfin, il est aussi à noter que parfois c'est de la potasse, au lieu de soude, qui mais je ferai remarquer que les ana- occuper ici. \i. Sclilieper s'est égale- lyses faites par M. Mulder tendent à ment occupé de ce sujet (a), faire penser qu'ils se classeraient aussi (1) Le glycocholate de soude forme dans la série de produits dont je viens de belles aiguilles qui se groupent en déparier, et contiendraient, pour une éventail ou radiairement autour d'un même quantité de carbone, les élé- centre, de façon à consliluer de petites ments de l'eau dans les proportions masses demi-spbériques d'un blatic intermédiaires à celles indiquées dans éclatant (6). Ce sel cristallisé a été quelques-uns des termes mentionnés étudié par M. Platner, qui le désigna ci-dessus. sous le nom de bilale de soucie (c) ; Enfin, l\!. lledteubaclier, en élu- i)ar M. Verdoil, qui le considéra diant l'action de l'acide nitrique sur comme étant de la bile pure {d), et la bile, a obtenu une série de produits par M. Strecker, qui en a fait mieux dont quelques-uns offrent de l'intérêt, connaître la nature {e). mais dont nous n'avons pas à nous (2) L'acide cholique ou glycocho- (a) Redtenbaclier, Ueber die Eimvirkung dev Salpetersdure auf Ckoloïdensâure uiid Cholostc- rin {Ann. der Chenue und Pharmacie, i846, t. LVII, p. 145). — Sclilieper, Ueber die Einwirkung dtr Salpetersaure auf Cholsdure {Ann. der Gheinie und Pharm., 1846, t. LVIII, p. 375). (6) Robin et Verdeil, Traité de chimie anatomique, pi. 39, Wg. 3, et pi. 40, fig. 1. (o) Plaitner, Miliheilungen ûber die Galle {Ann. der Chemie und Pharmacie, 1844, t. Ll, p. 105). — Journal fur praktische Chende, t. LX, p. 129. (d) Verdeil, Ueber die krystallesirte Galle {Ann. der Chemie und Pharmacie, 1847, t. LIX, p. 311). (e) Strecker, Beobachtungen ilber Ochseiigalle {Ann. der Chemie und Pharm., 1848, l. LXV, p. 1). COMPOSITION CHIMIQUE DE L4 BILE. /l89 est unie avec les acides dont je viens de parler (1), et qu'il est des Animaux dans la bile desquels ces acides organiques sont remplacés par d'autres principes du même ordre, tels que Vacide hyocholique. Ainsi la bile du Cochon ne renferme ni tauro- cholate, ni glycocholate de soude, mais donne par l'analyse de l'hyocholate de la même base, et ce sel, qui semble corres- pondre au glycocholate, est mêlé à une petite quantité d'un autre composé salin dont l'acide contient du soufre, et paraît correspondre à l'acide taurocholique. Sous le ra[)port de sa composition et de ses réactions, l'acide hyocholique ressemble beaucoup à l'acide glycocholique; seulement il contient un peu plus de carbone et d'hydrogène ("2). Acide yocliolique. lique a été trouvé dans la bile du hœuf (a), du Mouton (6), du Turbot, de la IVlorue, du Brochet, de la Per- che (c). Chez le Chien, M. Strecker a trouvé que la bile contenait comme d'ordi- naire le taurocholate de .soude, mais il n'a pu y découvrir aucune trace d'acide glycocholique {d). Chez le Boa, ce dernier acide paraît manquer aussi (e). (1) M. Slrecker a reconnu que dans la bile des Poissons il y a du choléale de potasse aussi bien que du choléate de soude, et il a trouvé que dans les dcuxPoissonsd'eau douce dont Tétude l'a occupé (la Perche et le Brochet), le premier de ces alcalis était plus abon- dant que chez les espèces marines {f). [2) MM. Slrecker et Gundeleck fu- rent les premiers à faire connaître la nature de cet acide biliaire [y), mais la présence d'un principe particu- lier dans la bile du Cochon avait été signalée longtemps auparavant par M. Ghevreul [h). C'est un acide rési- neux insoluble dans l'éther et peu soluble dans l'eau ; sa composition est représentée par la formule empi- rique . Sous l'influence des acides énergi- ques, il se dédouble pour donner (a) Tiedemann et Gmelin, Recherches expérim. sur la dlgesliaii, t. I, p. 149. — -Strecker, Beobacht. ûber die Galle verschiedener Thiere {Ann. der Chem. und Phanii,, 1849, t. LXX,p. 1491. (6) Slrecker, Op. cit. {Ann. der Cheinie und Pharin., t. LXX, p. 179). (c) Idem, ibid. {Ann. der Chem. und Pharm., I. LXX, p. 169). {d} Sclilieper, ^'oliz ûber die Galle einer Boa anaconda (.Ann. der Chemic und Pharmacie, 184l>, t. LX, p. 109J. (e) Strecker, loc. cit. (Ann. der Chemie und Pharm., I. LXX, p. 178). (/■) Icjeiii, ibid. (.4>i.!i. der Chem. und Pharm., t. LXX, \>. 157). [g] Giindelacli und Strecker , Unlers. ûber Schweingalle {Ann. der Chemie und Pharmacie, 1847, l. LXll, p. 205). — Recherches sur la bile du Porc [.\nn. de chimie, 1848, t, XXII. p. 38). (h) Clicvreul, art. Hksink muMWKdnclionn. des sciences }i.at., 1827,1. XLV, p. 233). Matières colorantes de la bile. 490 APPAREIL DIGESTIF. § j7. — La matière colorante de la bile est une substance organique qui paraît être toujours jaunâtre au moment de sa formation, mais qui en générai devient d'un vert plus ou moins intense avant d'être portée dans le tube digestif, et qui a reçu différents noms, suivant i'état dans lequel ellese présente. A l'exemple deBerzeiius, oi) l'appelle généralement cholépyrrhine^ quand elle est jaune, et biliverdine, quand elle est verte ou brime (1), changements qui, dans les circonstances ordinaires, nai.ssance à du giycocoUe et à une substance appelée hyodyslijsine, qui correspond à la dy;5lysine, mais qui contient en plus 2 équivalents de carbone et 'J équivalents d'iiydro- gène. Par une ébullilion prolongée avec la potasse, il s'assimile les élé- ments d'un équivalent d'eau, et donne aussi naissance à du glycocolle (G^fl^AzO^) et à un acide particulier, aii>pe\é hrjocholalique, qui est repré- senté par la formule : GS0H40O8. L'acide résineux sulfuré de la bile du Cochon n'est que peu connu et c'est par analogie que M. Slrecker le considère comme étant composé de C3^H'^'5AzS20>o. Il le désigne sous le nom d'acide hyo- choléique (a). D'après les recherches de M. iVIars- son, la bile de l'Oie contiendrait un autre acide résinoïde particulier, qui serait très riche en soufre, et qui a été désigné par ce chimiste sous le nom d'acide chénocholique (6). (1) Thenard fut le premier à si- gnaler l'existence de ce principe, qu'il appela matière colorante jaune de la bile (c), et en 18 u8 Berzelius en fit une étude approfondie. Ce dernier chimiste n'examina d'ahoid cette ma- tière que telle qu'on la rencontre dans la bile cystiqne, et il la désigna sous le nooî de biliverdine, en raison de son origine et de sa couleur verle((ij; mais, quelques années après, ayant examiné de la bile récemment sécréii'e et non encore altérée par un long séjour dans la vésicule du liel, il trouva que le principe colorant de ce liquide était jaune ou jaune rougeâtre (e), et il pro- posa de l'appeler cJtolépyrrhine {f). Cette substance a été décrite aussi par Fr. Simon sous le nom de bili- phéine (g). (a) Sti-eckfir, Beobacht. ûber die Galle i)2rschiedener Thiere [Ann. derChern. und Pharin., 1049 , t. LXX, p. 188). (6) M.jrsson, Sur la bile d'Oie {Annuaire de clwnie, par JVIilloii ol lleisct, 1850, p. 589). (c) Tlieiiard, Mémoire sur la bile {Mémoires de la Société d'Arcueil, t. i, p. "23. ld\ Berzelius, Traité de chimie, IraJ. par Valerius, 1. 111, p. 001. (e) Idem, Rapport annuel sur les progrès de la chimie pour 1841, Irad. par Plantamour, lâ43, p. 321 . (/'j De -j^^ol-fi, bile, et Tcvppbç, orange. (g) Simon, Animal Chemistry, t. I, p. 43. COMPOSITION CHIMJQUE DE LA BILE. k^Ji paraissent êlre dus à la fixation d'une certaine quantité d oxy- gène (1). Ainsi que je l'ai déjà dit, c'est une matière azotée qui contient, du 1er, et qui a beaucoup d'analogie avec l'hématosine ou principe colorant des globules rouges du sang (2). Dans la bile elle se trouve associée à la soude, et elle en est précipitable (l) La maiiùre colorante jaune de la bile, ou cholépyrrhine, devient rapi- dement d'un vert foncé quand on y mêle de Tacido clilorhydrique ; mais cette transformation n'a pas lieu à l'abri du contact de l'air, et elle est acconipagnée de l'absorption d'une certaine quanlilé d'oxygène, ainsi que M. Gmelin l'a constaté sur la bile de divers Animaux (a). Les chimistes ne sont pas bien fixés quant à la compo- sition élémentaire de cette matière colorante particulière (6). La biliverdine ne diffère pas de la cholépyrrliine par sa couleur seule- ment, elle s'en dislingue aussi par certaines propriétés chimiques, et peut en être facilement séparée. En effet, elle est insoluble dans le chloroforme, tandis que la cholépyrrhine est très solubie dans ce liquide. En l'isolanl ainsi, puis en le dissolvant dans l'al- cool, on peut l'obtenir à l'élat de pureté sous la forme d'aiguilles cris- tallisées, d'une couleur rouge (c). J'ajouterai que les expériences ré- centes de M. Frerichs et Slaedélêr tendent à faire penser que les ma- tières colorantes de la bile pourraient bien êlre des produits dérivés des acides résineux de ce liquide ; car, en traitant le glycocholate de soude par l'acide sulfurique concentré, ces chi- mistes ont obtenu une substance qui, par l'action de l'air, se colore en vert et ressemble beaucoup à la biliver- dine (d). (2j L'existence du fer dans la bile a été signalée depuis fort longtemps par divers chimistes, soit chez le Bœuf (e), soit chez l'Homme if) ; mais on ne savait pas d'abord dans quel composé ce métal s'y rencontrait, et quelques auteurs avaient pensé qu'il y concourait à la formation d'un phos- phate (y). Polli fut le jjremicr à le considérer comme un des éléments constitutifs de la matière colorante de la bile, et à signaler l'analogie qui existe entre ce principe et l'hémalo- {a} Ticdomann et Gniolin, Recherches sur la digestion, t. I, p. 79. (6) Sclicror, Uebe'r die Zusammensetzwig und Eigeiuchaften des Galleiifarbestoffes {Ann. der Cliemie und Phann., d845, t. Ltll, p. 377). — Hein. Chemische Versuche ûber Calknstein und Galleii farhestoff' {Joitrn . fûrprakt. Chemie, 1847, t. XL, p. 47). (c) E. Uriiclie, Veber Gallenfarbsloff'e undihre Auffindung {Sitmungsbencht der Wiener Akad., 1859, i.XXXV. p. 13). (rfi K. T. Fn/riclis und G. Slacdelcr, Ueber die Uinwandhing der GaUenstiuve iin Farbesloffe OlUtheilung der nalurforschendeu Gesellsclialt in Zurich, 1S5G, p. 100). (e) CaJet, Op. cil. (Mém. de l'Acad. des sciences, 17H7, |>. 480, et 17()!), p. (îP). — Fonlaw.i, Expérieni es tldiniques sur le fleldel}œuf {Annales de chimie, 1790, l. IV, p. 171). — Tlieiiard. Méin. sur ta bile [Méin. de la Sou. d'Arcueil, 1807, I. I, p. 38). (fl .loi-diiti, Uisquisilio chimica evictorum regni animalis ac vegelabitis eleineiitortun, Gœtlin- ^'ue, 1799, p. 33. — .iacquiii, Eletn. ihimio; univ. et med., 1799, t. 111, p. 138. Ig) .lolin Tnbleaux chimiques du Règne animal, p. 78. /l92 APPAREIL DlGKSriF. par les acides et par l'eau de baryte, ainsi que par quelques autres réactifs (1). Elle est très altérable et peut donner lieu à la production de plusieurs substances i)articulières qui se rencon- trent parfois dans l'organisme (2). Enfin, les liquides qui en renferment présentent des changements de couleur très remar- quables quand on y verse peu à peu de l'acide azotique; ils pas- sent successivement du jaune au bleu, au vert, au violet et au rouge brun. Cette réaction est importante à connaître, car elle peut être employée pour la constatation de la présence de la matière colorante de la bile dans certaines humeurs ou tissus de l'organisme (3). sine (a). H est aussi à noter que cette à la bile par i'acliou qu'exerce sur ce matière a beaucoup d'analogie avec la liquide soit le charbon animal (e), soit chlorophylle des plantes (6), qui con- le sulfate de chaux en poudre {f), et lient également du fér(c). Berzelius a elle est également précipilable par la été même conduit à penser que la bi- chaux, le chlorure de baryum, etc. liverdine et la chlorophylle sont iden- (2) Au nombre de ces substances tiques (rf), mais celte opinion ne paraît dérivées il faut probablement ranger pas être fondée. la matière jaune crislallisable que Ber- (1) Obtenue à l'état solide, la biii- zelius a désignée sous le nom de bili- verdine est pulvérulente, amorphe, fulvine [g), et qu'il considère comme insoluble dans l'eau et soluble dans un sel double de soude et de chaux l'alcool, l'éther, les alcalis, l'acide sul- combinés avec un acide organique qu'il furique et l'acide chlorhydrique. Ses appelle 6^/^/w/um^■q'ue(/^). Dans un cas dissolutions sont vertes quand on les pathologique, M. Virchow a trouvé voit par lumière réfléchie, et rouge dans la vésicule du liel des cristaux par transparence. Par l'action de l'acide d'un jaune rougeâtre qui paraissaient acétique et des alcalis, elle redevient être formés par ce produit {i). jaune. Enfin elle peut être enlevée (3) Les changements de couleur dé- fa) Polli, Des rapports de la matière colorante du, sang avec la matière colorante jaune de la bile (Ga»ette médicale de Paris, 1846, p. 14). (6) Berzelius, Traité de chimie, éilit. de 1838, t. III, p. 014. (c) Verdeil, Recherches sur la matière colorante verte des plantes et sur la matière rouge du sang {Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1851, I. XXXIII, p. (iS'J). {d} Berzelius, Rapport annuel sur les progrès de la chimie pour 1841, trad. par Plantamour, 1844, p. 323. (e) Liebi;^, Traité de chimie organique, t. III, p. 311. (f) Robin et Verdeil, Traité de chimie anatomique et physiologique, t. III, p. 387. {g) Berzelius, Traité de chimie, édit. de 1838, trad. par Valerius, 1. 111, p. (jl5. {h) Idem, Rapport annuel sur les progrès de la chimie présenté en 1842, p. 323. (i) Virchow, Ueber Hœmatoidin und Bilifulvin {Verhandlungen der phys.-med. Gesellschafl stt Wûrzburg, 1850, t. I, p. 303, et An7i. der Chemie und Pharm., 1850, t. LXXVIII, p. 353). COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BILE. 493 Il est, également à noter que la nature de la matière colorante de la bile paraît varier aussi chez les divers Animaux. Ainsi, chez l'Homme et la plupart des autres Mammifères, c'est la cholépyrrhine qui est produite par la sécrétion hépatique, et qui se transforme ensuite en biliverdine , tandis que chez les Oiseaux, les Reptiles, les Batraciens et les Poissons, ce dernier corps paraît exister primordialement. § 18. — Les matières grasses, qui existent toujours dans la bile en quantité plus ou moins considérable, diffèrent beaucoup entre elles par leur composition et leur propriété. Une de ces substances est la cliolestérine, que nous avons déjà rencontrée dans le sang (1). C'est une graisse non saponi- fiable, blanche, fusible, volatilisable, insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'eau de savon, dans les solutions d'acide taurocho- liqueoudes taurocholates, et surtout dans l'alcool bouillant, qui, par le refroidissement, la laisse déposer sous la forme de belles lames cristallines (2). terminés par l'action de racide nitrique. avec les acides, on n'a pu en déter- snr la matière colorante janne de la miner la formule atomique, et quelques bile ont élé signalés comme caraclé- auteurs la considèrent comme devant risliques de celte substance par être représentée par c26ll22o (c) , M. Gmelin (d). tandis que d'autres lui donnent pour De nouvelles recherches sur ce su- équivalent C-^H-^O (d) , ou bien , jet ont été faites par M. Hcintz (/>). O^Hli-O^ (e). (1) Voyez tome I, page 187. Les cristaux qu'elle forme sont ''2) La cholestérine contient près de tout à fait caractéristiques: ce sont bli pour 100 de carbone et près des lames rhomboïdales ou rectan- de 12 centièmes d'hydrogène ; mais, gulaires, 1res minces, nacrées et comme elle ne forme pas des combi- brillantes (/";. La solubilité de la cho- naisons définies ni avec les i)ases, ni lestérine dans les dissolutions de tauro- («) Tie.li'rnann ci CmnWn, Recherches sur la dUjeslioi, l. I, p. 79. (6) Heintz, Notiz ùber die Salpelersâure als lieaijens aufdallenbraun (MiilUïr's AirMv filr Anat. und PhysinL, 184(!, p. 390, ot Ann. der Phjislk und Cliemle, t. LXX, p. 130). (c) Voyez l^'lotui! et I''reniy, Traité de chimie, 1857, t. VI, p. .5(1. (ci) Lelitiiann, Lehrbuch der physiol. Chemie, t. I, p. 250. (e) Scliwcndier et Meissiier, Beitr. xur Kenniniss der Cholesterinx (Ann. der Chemie und Pharm., 1840, t. LIX, p. 107). if) Voyez Hobin et Verdeil, Chimie (uioloinique et physiologique , pi. 'M, fig. 3, et pi. 35, fife'. 1 , 2 cl 3. Maliôrt'ï grasses . Ix9tl APPAREIL DIGESTIF. Les acides gras, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler sous les noms d'acide oléique et à' acide margarique, se rencontrent aussi toujours dansiai3iie, soit à l'état de liberté, soit en combinaison avec de la soude, et constituant par conséquent des savons. Mais dans l'état normal, ces substances n'y existent qu'en très faibles proportions. Sels § 19, — Entin, les matières salines inorganiques qui parais- inorganiques. ^ sent se trouver d une manière constante dans la bile sont du chlorure de sodium, des phosphates de soude, de chaux, et de magnésie, enfin des carbonates à base alcaline fl). Les cendres obtenues par l'incinération des matières solides de cette humeur contiennent des sulfates (2), mais il est probable que l'acide sulfurique ne préexiste pas à l'expérience, et pro- vient de la combustion du soufre appartenant à l'acide tauro- cholique. Mucus. § 20. — Ainsi que je l'ai déjà dit, la bile est toujours mêlée à une quantité plus ou moins considérable de mucus provenant, soit des parois des canaux hépatiques, soit de la vésicule du fiel, et formée principalement de débris du tissu épithélique cholaie de soude, et même dans les el ne comptaient pas au nombre des giycocholales, quoique à un moindre principes constitutifs de ce liquide, degré, a été constatée par M. Streclicr, M. Lehmann s'est assuré qu'ils se et nous permet d'expliquer l'élat trouvent dans la bile fraîche, car il a liquide de ce principe gras dans la vu que ce liquide abandonne de Ta- bile. cide carbonique quand on y ajoute (1) L'existence de carbonates à de l'acide acétique, après en avoir base alcaline dans les cendres prove- dégagé par l'action delà pompe pneu- nant de la combustion des matières malique tous les gaz qui pouvaient solides de la bile a été constatée par s'y trouver en dissolution (a). plusieurs chimistes ; mais on pouvait (2) Voyez les analyses de Thenard croire que ces sels provenaient de la déjà citées, celles de M. Enderlin, destruction de composés organiques, etc. (6). (a) Lelimitnn, Lehrbiich der physiologischen Chemie, t. Il, p. 55. (6) Endeiiin, Fhysiolonisch-chemische Untersvchungen lAnnalen der Chem. uni Pharm., i844, t. L, p. 67). COMPOSITÎON CHIMIQUE DE LA BILE. 495 dont ces parties sont tapissées. Dans certaines circonstances, h proportion de cette matière auiimenle au point de rendre la bile très épaisse et visqueuse, eî: cette moditicalion coïncide souvent avec un état pathologique de l'appareil circulatoire qui détermine un ralentissement dans le cours du sang à travers l'appareil hépatique. s 21 . — On ne sait encore que peu de chose relativement à Proportion «^ 11 d'eau. la composition quantitative de la bile. La proportion d'eau qui se trouve dans ce li(|uide a été déterminée par plusieurs chi- mistes, et parait varier entre 87 et 91 pour 100 (1). Les matières inorganiques que l'on en extrait n'en constituent pas un centième de son poids (2), et la plus i^rande partie des (î) Ainsi la bile de Bœuf analysée sur la composition de la bile, les raa- par Thenard a donné 87,5 pour 100 lières minérales ont élé séparées par d'eau (a;. La proporlionconslatéepar incinération et pesées en bloc; mais, M. Deniarçay était la même (6), mais dans une anahse de la bile de Bœuf Berzelius a obtenu 90, /i d'eau (c) et faite récemment par M, Wiedenbuscb, MM. Gmelin et Tiedemann y 1,5 elles ont été dosées séparément, et pour 100 [dj. D'après M. Frerichs, la dans 100 parties de cendres on a bile humaine contient environ 12 cen- trouvé : tièmes de matières solides pour 86 cen- chlorure de sodium 27,70 tiènies d'eau (e). Dans les analyses Potasse 4,so comparatives faites par M. Gorup- Soude 36,73 Besanez sur deux échantillons de Ciiaux 1,43 bile provenant, l'un d'un vieillard et Magnésie , 0,53 l'autre d'un enfant de douze ans, la Oxyde de fer 0,23 proportion d'eau s'est trouvée être de ^'^J"''^ '^' manganèse 0,12 „„ D_, I . ^ , , Acide pliosplioriquc '10,45 90.87 pour le premiei-, et seulement , ' ^ „ ^, , Acide snlfnrique 0,39 de 812,81 pour le second (f): mais il . , , • ., ^^ '^ ' .\cide carbonique 11,20 faudrait multiplier ces expériences siUce. 0 36 avant d'en déduire aucune règle phy- ■ ■ siologique. 100,00(3). (2) Dans la plupart des recherches M. Frerichs a trouvé dans la bile (a) Tlicnard, Op. (il. (Mém. de la Société d'Arcveil, I. I. ib) Liuraas, 'iroité de chimie, l. VIII, p. 584. (c) Bcizelius, Traité de chimie, t. Vil, p. l!S9. {dj iÎL'di'nianii et Oniclin, Recherches sur la diçieslion, t. I, p. 82. (ei l'ieritlis, Verdaminij (Wagiier's llniidwOrlerb. der Physiologie, I. III, p. 827). (/■; Gonip-i)c.>anez, Uniersuchwiycn iibev die Galle, 184U, p. 44. {g) W'cideiibustli, Lnierstuh. der xaioryanischen Besiandlheilein der Galle der Ochsen {Pog- gendorirs Annalen der Physikund Chemie, 1849, t. IjNXVI, p. 380). \ /l96 APPAREIL DIGESTIF. matières organiques dont elle est chargée consistent ordinai- rement en acide taurocholique (1). Dans quelques cas, la proportion de cholestérine sécrétée par de l'Homme de 0,20 à 0,25 pour 100 de chlorure de sodium et une quantité semblable de phosphate de soude (o). MM. Thcyer et Schlosser ont retiré de la bile de Bœuf 3,56 pour 100 de ce dernier sel (6). La quantité totale des subslances inorganiques, comparée à celle des matières organiques, paraît varier un peu suivant les Animaux. Ainsi dans une série d'expériences faites par M. Bensch sur 100 parties de résidu solide laissé par la bile après évapora- tion, la proportion de cendre a varié de la manière suivante : Poisson d'eau douce 14,11 Coclion 13,60 Chèvre 13,21 Veau 13,15 Renard 12,71 Mouton 11,86 Poule 10,99 (('■}. (1) On peut juger approximative- ment de la proportion d'acide tauro- cholique contenu dans la bile par la quantité de soufre obtenu par l'ana- lyse du résidu solide de cette humeur, et d'après ces données il paraîtrait que cette proportion varie notablement chez les divers Animaux. Ainsi, en analysant l'extrait alcoolique de la bile du Mouton, M. Strecker n'y a trouvé qu'entre 5,3 et 5,7 pour 100 de soufre, tandis qu'en opérant de la même manière sur la bile, d'un Re- nard, il en obtint 5,9 de ce corps {d), et que M. Bensch en trouve 6,2 dans la bile du Chien. Ce dernier chi- miste a trouvé seulement 3,58 dans la bile de Bœuf et 0,3li dans la bile de Cochon (e). Chez le Kanguroo, la bile paraît ne contenir que très peu d'a- cide taurocholique (/"). M. Schlossberger évalue à 8,66 pour 100 la quantité de taurocholate do soude contenu dans la bile d'un Python {g). Enfin, M. Schlieper vit cette proportion s'élever à 6,2 dans une analyse de bile d'un Boa (h). La présence du taurocholate de soude dans la bile des Tortues a été constatée par M. Wetherill («). MM. 'J'iedemann et Gmelin ont trouvé dans la bile de plusieurs Pois- fa) Frerichs, Deitrdge zur physiologisch.imdpathnl. Chemieder Galle {tieWer's Archiv fur Phy- siol. und Pathol. Cheinie, 1845, t. Il, p. 442). (6) Tlieyer et Schliesser, Op. cit. (c) Bensch, Ueber den Schwefelgehalt der Galle einiger Thiere [Ann. der Cliemie und Pharm., 1848, t. L\V, p. 194). (d) Strecker, Beobacht. iiber die Galle verschiedener {Ann. der Chemie und Pharmacie, 1849, (. LXX, p. 179). (e) Bensch, Op. cit. {Ann. der Chemie und Pharmacie, t. LXV, p. 199). {f) Schlossberger, Ueber die Galle des Kdnguru {Ann. der Chemie und Pharm., 1849, t. CX, p. Ui). {g} Idem, Analyse der Galle von Python tigris {Ann. der Chemie und Pharm., 1849, t. Cil, p. 91). (h) Schlieper, Notisûber die Galle einer Boa {Ann. der Chemie und Pharmacie, t. LX, p. 109). (i) Wellierill, Ueber die Galle der Sumpfsehildkrote (Journal fitr prakt. Chemie, t. LXXVI, p. 61). COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BILE. 497 le foie paraît devenir trop considérable pour que la totalité de cette substance puisse rester en dissolution dans la bile cystique, et elle y donne naissance à de petits cristaux (1) ou à des con- crétions amorphes appelées calculs biliaires (2). Parfois la bile tient en suspension des granules composés de matière colo- rante combinée avec de la chaux (3), et ce composé insoluble se sons d'eau douce (le Barbeau, l'AbleUe et la Vandoise) une substance ciistalli- sable et très ainère, sur la nature de laquelle on n'est pas bien fixé ; mais ils n'en ont pas rencontre^ dans la bile de la Carpe ou du Brochet (a). M. Scherer a examiné dernièrement la bile de l'Esturgeon, et y a trouvé uu peu d'acide glycocliolique, aussi bien que de l'acide taurocholiqae (6). Dans la bile des Silures, M. Schloss- berger a trouvé un peu plus de 3 pour 100 d'acides résineux (c). Nous ne savons encore que fort peu de choses sur la composition chi- mique de la bile des Animaux inver- tébrés. Celle de l'Écrevisse a été l'objet de quelques études {d),elM.. H. Kar- sten y a assigné la composition sui- vante : eau, 87,11; huile, 12,95; hilifulvine, 1,01 ; biline (acides rési- neux de la bile), 1,05 ; mucus et dé- bris organiques insolubles dans l'al- cool et dans l'élher, 7,02 ; matières extractives et sels solubles dans l'al- cool, 0,7 pour 100 (e). (1) La présence de cristaux mi- croscopiques de cholestérine tenus en suspension dans de la bile très dense a été constatée par M. Gorup-Besanez ; mais on n'a pas déterminé expéri- mentalement si ce phénomène dépend d'une augmentation dans la propor- tion de cette substance ou de quelque circonstance de nature à diminuer sa solubilité dans ce liquide {f) : par exemple, une diminution dansla quan- tité d'acide taurocholique, ou la dé- composition de ce produit, qui jouit de la propriété de dissoudre la cho- lestérine ainsi que les composés de ma- tière colorante biliaire et de chaux. (2) C'est en trailant des calculs bi- liaires par de l'alcool que Poulletier de la Salle découvrit, vers la fin du siècle dernier, la matière grasse connue au- jourd'hui sous le nom de cholesté- rine [g). (3) Ces granules microscopiques de couleur brunâtre sont formés par un composé de cholépyrrhine et de chaux {h). Dans la bile d'un ictérique exa- minée par M. Scherer, on voyait au (a) Tiedeniann el Gmelin, Hechercli es expérimentales S7ir la digestion, t. II, p. 328. (6) Scherer, Untersuclmny der Galle eines Stor [Verhandl. der Phys. Med. Gesellsch, zu Wûrzburg, 1857, t. Vil, p. 269). (c) Sclilossberi^cr, Analyse der Galle des Wels (Annalen der Cliemie und Pharmacie, t. CVIII, p. 60). (d) Lindiiei', Nonnulla de hepate et bile Everlebratorum, disscri. inaug. Berlin, 1844. («) H. Karsleri, Disquisilio micruscopica et chemica hepalis et bilis Crustaceorvm et Mollusco- mm (Nova Aeta Acad. nat. curios., t. XXI, p. 317). (/) Corup-besarK.'z, Mikroscopische Charnclere der Menschengalle (Heller's Ai'chiv fur pliysiot. und pathol. Chemie, 1840, t. III, p. 4). ig) Voyez lome I, pa(,'e 187. (/i) i.ehmann, I.ehrbvch der jihysiolutiisciien t'.liemie, l. Il, p. CTi. VI. 32 Calculs biliaires. /l98 APPAREIL DIGESTIF. rencontre aussi dans un grand nombre des calculs dont je viens de parler (1). Uni à du mucus, il paraît même constituer ordi- nairement le noyau de ces concrétions ; mais nous ne savons microscope beaucoup de corpuscules pigmentaires, et par l'analyse chimi- que on y découvrit un grand excès de matière colorante {àh millièmes), mais aucune trace de cholestérine [a). (1) Les calculs biliaires se trouvent en général dans la vésicule du fiel ; mais on en a rencontré aussi dans les conduits biliaires, soit à l'intérieur, soit en dehors du foie. Ils paraissent être plus communs chez les Femmes que chez les Hommes, et se rencon- trer plus souvent dans la vieillesse que dans le jeune âge. Quelquefois ces concrétions sont en nombre très considérable. Ainsi on cite des cas dans lesquels plusieurs centaines de ces corps se trouvaient entassés dans la vésicule biliaire. Il est aussi à noter que leur pré- sence dans la vésicule du fie! n'est en général décelée par aucun trouble apparent dans l'organisme, etque les douleurs vives, ainsi que les autres accidents qu'elles occasionnent parfois, dépendent en général de leur action mécanique sur les canaux dans les- quels ils se trouvent engagés. Leur étude a occupé l'attention de beaucoup de physiologistes et de chi- mistes : on trouve dans le grand ou- vrage de Oalier l'indicalion des prin- cipaux travaux dont ils avaient été l'objet antérieurement à la publica- tion de ce livre (6). On classa d'abord les calculs biliaires d'après leur struc- ture (c). En 1779, Vicq d'Azyr cher- cha à les grouper d'après leur nature chimique {d) ; mais celle-ci était trop mal connue pour qu'un pareil résultat fût possible, et la première observa- lion importante relative à leur com- position chimique, due à PouUetier de la Salle, date de 1785. Bientôt après des recherches plus étendues sur ce sujet furent faites par Fourcroy et par Gren (e) ; Thenard s'en occupa en- suite (/■). Enfin, plus récemment, ces concrétions ont été l'objet de beau- coup de recherches portant, les unes sur des cas particuliers, les autres sur leur histoire générale {g). Jusqu'ici (a) Sclierer, Untersuchwigen, p. 4 03. (b) Haller, Elementa physiologice corporis humani, t. VI, p. 560 et suiv. (c) Waliher, De concrementis terrestribus in variis partibiis corporis humani repertis. (d) Vicq d'.\zyr, Recherches et observations sur divers objets de médecine, de chirurgie et d'analomie {Histoire de l'Acad. royale de médecine, 1779, p. :^18)'. (e) Fourcroy, Examen chimique de la substance feuilletée et cristalline contenue dans les calculs biliaires, etc. (Ann. de chimie, ilSQ, i. III, p. 242). — Système des connaissances chi- miques, 1800, t. X, p. 53 et suiv. . — Gren, Analyse d'une pierre retirée de la vésicule du fiel {Ann. de chimie, '1790, t. V, p. 186). (/■) Thenard, Mémoire sur la bile (Mém. de la Soc. d'Arcueil, t. I, p. 61 et suiv.). (g) Voyez à ce sujet : Sœmmerring, De concrementis biliariis corporis humani. Franckf., 1795. -- Sauiiders, A Treutise on the Struct. ofthe Liver, etc. London, 1793. . — Monnier, Dissert, sm- les calculs biliaires, thèse. Paris, 1834. — Andral, Précis à' anatomie pathologique, t. II, p. 614. — Bramson, Ueber Gallensteinbildung {ZeAtfchr. fiir rationelle Medicin, 1846, t. IV, p. 193). COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BILE. 499 encore que fort peu de chose au sujet des circonstances qui occasionnent la formation ou déterminent le dépôt des autres substances dont se composent ces produits pathologiques. on n'a constaté rien d'anormal dans la bile qui d'ordinaire se trouve dans la vésicule en même temps que ces concrétions (a) ; mais il est probable que ce liquide est pauvre en taurocholate de soude, et devient ainsi inapte à tenir en dissolution la cholestérine et la matière colorante en quantité aussi considérable que d'ordinaire. Dans la grande majorité des cas, les calculs biliaires se composent princi- palement de cholestérine, mais en général ils ont pour noyaux un mé- lange de ce corps gras et d'un com- posé de matière colorante et de chaux ; souvent cette substance brunâtre se trouve aussi disséminée dans toute la masse de la concrétion ou alternant par couches avec de la cholestérine fai- blement colorée. D'ordinaire le noyau contient également du mucus et des phosphates terreux, et la présence de ce corps paraît jouer un rôle important dans !a formation de ces dépôts (6). La proportion de cholestérine et de matière colorante est très variable, comme on peut le voir par les nom- breuses analyses faites par divers chi- mistes ou patliologistes (c). Quelquefois les calculs biliaires ne renferment que peu de cholestérine, et se composent principalement de biliverdine unie à de la chaux ; leur couleur est alors noirâtre ou vert très foncé ; mais ce mode de constitution est rare. On connaît quelques exemples de calculs biliaires composés essentiel- lement de carbonate et de phosphate de chaux [d). On en a rencontré aussiqui étaient formés presque entièrement de stéa- rate de chaux (e). (a) P. Muralori, Analysis comparativa humanœ bilis sanœ ejusque quœ calculas hiliares com- plectilur {Novi Commentarii Acad. scientiarum. Bononiensis, 18-39, t. III, p. 307). (6) Bramson, Ueber GaUensteinblldung {Zeitschr. fur ration. Med., 1846, t. IV, p. 193j. (c) Voyez Busiock Comp. Exper. and Observ. on Myrtlewax, eic, and the crystalline Matter ofbihary Ca;c2'.U (Nicholson's Journal ofA'at. Phil , 1803, t. IV, p. 138). — Vogel, Examen d'une concrétion biliaire, etc. (Journal dephormacie, 1820, t. VI, p. 21 5). — Joyeux, Analyse de deux calculs biliaires {Journal de pharmacie, 1827, t. XIIF, p. 550). — Blic, Chemische Untersuchungen menschlicher Gallensleine und eiiies andern abnormen Inhalts der Gallenblase [Journ. fur prakt. Chemie, 1834, t. I, p. 115). — Koninck, Analyse de calculs (L'Institut, 183(5, t. IV, p. 321). Schûbler et Michel, Chemische Untersuchunq eines Leberconcremenls I Journ. fiir prakt. Chemie, 1830. t. VIII, p. 3S3). — Hein, Ueber Galleristeine als Krankheils-Erxeugniss {Zeitschr. fiir ralionelte Medicin, 184G, t. IV, p. 293^ — Planta und Kékulé, Chemische Notixen (Ann. der Chemie und Pharmacie, 1853, t. lAXVIl, p. 364). — L'Uérilier, Traité de chimie pathologique, 1842, p. C99 — Hein, Chemischer Vereuch iiber Galleristein (Journ. fur prakt. Chemie, 1847, t. XL, p. 47). (rf) Marcel, Histoire chimique et traitement médical des affections calculeuses, 1828, p. 140. — Bally et Hcmy, Analyse d'un calcul biliaire formé principalement de carbonate de chaux {Journal de pharmacie, 1830, t. XVI, p. 190). (c) Tayior, On a neiu Species of biliary Calculns (London Médical Gazette, 1840, I. XXVI, p. 383). ■ Matières grassse. 500 APPAREIL DIGESTIF. Parfois aussi les graisses neutres ou les acides gras se mon- trentenquanlité considérable dans la bile chez l'Homme (l), ainsi que chez d'autres Mammifères ; mais c'est surtout chez les Pois- sons que le foie fournit des matières grasses en abondance (2), Dans quelques cas très rares on a constaté l'existence de calculs biliaires composés d'acide iirique (a). Les matières résinoïdes de la bile peuvent concourir aussi à la formation de ces calculs, et les constituer quel- quefois presque entièrement (6). Dans des calculs biliaires du Bœuf on a trouvé de l'acide margarique mêlé avec beaucoup de matière colorante jaune et uni à de la chaux et de la magnésie (c). On a trouvé aussi dans certains cal- culs biliaires, ainsi que dans les concré- tions intestinales connues sous le nom de bézoards orientaux, une matière particulière qui paraît être un dérivé des principes constitutifs de la bile, et qui a reçu le nom iVacide lilhofelli- nique {d). Enfin, des traces de cuivre y ont été également découvertes dans quelques cas très rares (e). (1) Souvent le microscope fait dé- couvrir dans la bile des globules de graisse : par exemple, chez les per- sonnes qui ont succombé à la fièvre typhoïde ou à des affections tuber- culeuses if). Chez les Oies et les Canards dont le foie présente la dégénérescence graisseuse, la hile est très huileuse ; mais la plus grande partie des ma- tières grasses dont le foie est chargé se trouve dans les cellules hépatiques. Il en est de même dans les cas de cirrhose chez l'Homme [g). (2) La bile de certains Poissons contient une matière grasse dans la composition de laquelle il existe de (a) Sloekard, De choleUtlds, dissert. inaug'. Lipsiœ, 183f!. (b) Oi'fila, Analyse d'une nouvelle espèce de calcul biliaire de l'Homme {Ann. de c'nimie, t. LXXXIV, p. 34). — Lassaigne, Note sur une nouvelle espèce de calcul biliaire trouvée dans les Animaux {Ann. de chimie et de physique, 1826, t. XXXT, p. 220). (f) Cherlol, Notice sur les cakuls biliaires du. Bœuf (Journal de pharmacie, 1832, t. XVIII, p. 159). (d) Go3bel, Ueber Llthofellensâure, einen neuen Bestandtheil der Galleiiconcremenle (Ann. der Chem. undPharm.. 1841, t. XXXIX, p. 237). — Alting iinJ Will, Ueber die Z usammensetzung der Lithofetlensd'ire (Ann. der Chem. und Pharm., 1841, t. XXXIX, p. 242). — Wohler, Ueber die Lithofellensdure (Ann der Chemie und Pharm., 1842, t. XLI, p. 150), — Hausinanii, Ueber Lithofellensdure (.A?in. der Chemie und Pharm., 1842, t. XLI, p. 303). — Merlileiii und Wohler, Ueber die Bex-oarsdure (Ann. der Chem. und Pharm., 1846, t. LV, p. 129). — Tajlor, O'i some neiv Species of Animal Concrétions (Philos. Mag., 1847, t. XXVIII, p. 192). (e) Bertozzi, Kupferhaltiger Gallenstein (H.iller's Archiv fiirphysiol. îmd pathol. Chemie, 1845, i. II, p. 225). (f) Gorup-Besauez, Mikroscopische Characlere der MenschengaUc (Heller's Archiv fiir physiol. und pathol. Chemie und Mikroscopie , 1846, t. III, p. 5). (g) LerebouUet, Mém. sur la structure intime du foie el sur la nahire de Valtéraiion connue tous le nom de foie gras, 1853 (Mém. de l'Acad. de médecine, t. XVII). COMPOSITION CHIMIUUE DE L\ BILE. 501 el il est à noter que chez ces derniers Animaux ces produits contiennent souvent de l'iode. J'ajouterai que la bile chargée de mucus éprouve facilement une sorte de putréfaction, dont résulte lantôt la production de quelques-uns des acides dérivés que j'ai déjà eu l'occasion de mentionner, d'autres fois de reux, etc. (1). 'ammoniaque, de l'acide sulfu- Matières anormales. l'iode. En eflet, la présence de ce mé- talloïde a été constatée dans riiiiile de foie de Morue (a), et il ne paraît pas y être à l'état libre ou sous la forme d'iodure de soude ; car, après la saponification de cette graisse, l'iode se retrouve dans les acides gras (6). Le foie de la Raie fournit un quart de sou poids d'huile contenant par litre Î25 centigrammes d'iodure de potas- .sium (c). On a retiré aussi de l'huile de foie de Morue une substance particu- lière qui a reçu le nom de gadéine (d). L'huile extraite du foie des Phoques ne contient pas d'iode (e). (1) Dans quelques cas où la bile a présenté une réaction acide, ainsi que cela a été observée chez des personnes mortes du typhus, celte anomalie dé- pendait probablement de la décom- posilioa spontanée de ce liquide, ou peut-être de l'acidification de pus épanché dans la vésicule du fiel (/"). En effet, la dL'composition spontanée de l'acide taurocholique peut donner lieu à la production des acides clio- loïdique et chololique, puis à d'autres produits résultant du dédoublement de la taurine {g). Or, celte substance est isomère avec le bisulfate d'ammo- nialdéhyde qui, sous l'influence de l'hydrate de potasse, se transforme en acide sulfureux, en ammoniaque et en aldéhyde, lequel, en absorbant de l'oxygène, se transforme en acide acé- tique {h). Il en résulte que l'acide ia) Hopfer et Hansniaiin, Sur la présence de l'iode dans l'huile de foie de Morue {Journal de pharmacie, 1837, t. XXIII, p. 50). (b) Stein, Noch Etwas liber den Jodgehalt des Leberlhrans (Journ. fur prakt. Chemie, 1840, l. XXI, p. 308). (c) Girardiii et l^reissier, Examen chimique de l'huile de foie de Raie {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1842, t. XIV, p. 618). — Gobley, Mém. sur l'Imile de foie de Raie {Journal de pharmacie, 3" série, 1844, t. V, ).. 306). {d) Jongli, Huile de différentes espèces du genre Gades (Berzelius, Rapport annuel sur les pro- grès de la chimie, présenté en 1843, p. 382). — Kolliker, Ueber die Résorption des Fettes, etc. {Yerhandl. derPhys. Med. Gesellschafl %u Wûrzburg, 1856, t. VIT, p. 178). — Berlin, tXoliz ûber die physioloyische Fettleber {Archiv fur die HoUândischen lieilrâge %ur Salur- und Heilkunde, 1858, I. I, p. 100). • — Glw}je, Note sur le foie et le rein gras physiologiqtte {Rullelin de l'Acad. de fJruxeUes, 2' série, 1857, t. I, p. 403. (e) Gmeliii, toc. cit. If) l.ehmann, Lehrbuch der physinlogisclien llhemie, I. Il, p. 5'.>. (g) Buchncr, Op. cit. {Journal de pharmacie, 1849, t. .W, p. 405). {h) Reiltciibacliei-, Op. cit. {Ann. der Chemie und l'harm., t. LNV, p, 37). 502 APPAREIL DIGESTIF Sucre dans la bile des Invertcbrés. Eiilin, on y trouve aussi, dans certaines circonstances, des matières qui ne sont pas des produils normaux de la sécrétion hépatique : par exemple, de l'albumine ou de l'urée (1); et chez quelques Animaux invertébrés ce liquide renferme du sucre, principe qui se forme toujours dans le foie, mais qui, chez les Animaux supérieurs, n'est pas excrété, et se mêle au sulfureux, dont la présence dans la bile pulréfiée a été constatée par M. Bu- cliner (a), et l'acide acétique trouvé dans un liquide analogue par M. Go- rup-Besanez, s'expliquent par la fer- mentation putride de la taurine (6), L'existence de sulfide d'ammonia- que a été constatée aussi par M. Leii- raann dans ia bile d'un enfant mort subilement (c). (1) Les premiers chimistes qui se sont occupés de l'étude de la bile considé- raient ce liquide comme contenant tou- jours de l'albumine, mais ils parais- sent avoir pris pour cette substance le mucus que l'on y rencontre toujours en plus ou moins grande quantité. Dans quelques cas de dégénérescence graisseuse du foie, Thenard a trouvé la bile chargée de beaucoup d'albu- mine et ne contenant que fort peu de matières dites résineuses {d). M. Cl. Bernard a constaté que chez les malades affectés d'albuminurie la bile peut conteiiir aussi de l'albumine. De l'urée a été trouvée dans la bile chez des malades qui avaient succom- bé, soit à l'albuminurie, soit au cho- léra (e), ainsi que chez des Animaux dont les reins avaient été extirpés (/") ; mais chez ces derniers, cette anoma- lie n'a pas élé constatée dans toules les expériences. M. Berlin a trouvé des cristaux de leucinc dans la l)i!e cyslique d'un Vautour (g). Enfin M. I^icard a trouvé ce principe dans la bile de Bœuf à l'état nor- mal [h]. Au nombre des matières qui par- fois se montrent d'une manière anor- male dans la bile, je dois citer aussi un pigment vert-émeraude que Bizio a trouvé dans ce liquide en faisant l'autopsie d'un malade affecté d'ictère. Celte substance se volatilisait à ZiO de- grés et formait des vapeurs rouges, circonstance qui lui a fait donner le (ft) Bucluier, Neue Beobacht. ûber die freiwillkje Zerseimmg der Rindsyalle [Journal fur prakt. Chemie, 1849, t. XLVI, p, 147). (6) Goriip-Besanez, UntersucJmngen ûher Galle (Ann. der Chemie und Pharm., 1849, t. LIX, p. 129). (c) Lehmann, fxhrbuch der plinsiologischeti Chemie, l. II, p. 57. (d) Thenard, Op. cit. (Mém. de la Soc. d'Arcueil, t. I, p. 58). (e) Strahl und Lieberkuhn, Harnsdure im Blute. Berlin, 1848. (/) Stannius, Versuche ûber die A^lsschneidung der Niereii (Archiv fur l^hysiol. Heilkiuide, 1850, t. IX, p. 201). (g) Berlin, Leucinliristalle in der Galle von Sarc.orampUus P.ipa (Archiv fiir die Hollandischen Beitrâge %ur Natur- und Heilkunde, 1858, t. I, p. 103). [h) Picard, De la présence de l'urée dans le sang et de sa diffusion dans l'organisme, tlièse. Strasbourg, 1856, p. 33. PANCRÉAS. 503 sang en circulation dans cette glande, ainsi que nous le verrons plus en détail dans une prochaine Leçon (1). ^ 22. — L'appareil pancréatique est toujours situé dans le Appareil ^ A • • pancréatique voisinage du foie et en communication avecle duodénum. Ainsi que je l'ai déjà dit, il ne se rencontre pas chez les Invertébrés; il manque aussi complètement chez beaucoup de Poissons, et chez d'autres Animaux de la Fiiême classe il est rudimentaire ; mais il existe chez tous les Vertébrés à respiration aérienne, c'est-à-dire chez les Batraciens, les Reptiles, les Oiseaux et les Mammifères. Le pancréas (2), qui en constitue la partie principale, est une pa„oréas. glande lobulée de couleur grisâtre ou légèrement rosée (3), qui, par sa structure ainsi que par son aspect général, ressemble beaucoup aux glandes salivaires (/i) . Il se compose d'une multi- nomd''énjthrogène{a). M. Lehmami a lièrement charnu, bien que son tissu eu l'occasion d'obseiver un cas ana- ne ressemble en rien à la cliair mus- logue (6). culaire. Des traces de cuivre ont été trouvées (3) M. Bernard a constaté que la dans la bile, ainsi que dans un calcul teinte du tissu de glande pancréatique biliaire, par M. Gorup-Besanez (c). varie suivant Tétat de son activité (1) M. Ci. Bernard a constaté l'exis- fonctionnelle. Quand les A.nimaux tence de sucre dans le liquide hépa- sont à jeun, il est blanchâtre, mais tique qui chez la Limace arrive dans pendant le travail digestif il est plus l'intestin par le canal cholédoque pen- ou moins rosé (e). dant la digestion (d). (Zi) Quelques anatomistes donnent (2) Ce nom (dérivé de ~iw, tout, et au pancréas le nom de glande sali- zp=a;, chair) a été donné à cette glande vaire abdominale (/') ; ainsi les auteurs par les anciens parce qu'ils la consi- allemands l'appellent communément déraient comme étant un organe en- Bauchspeicheldruse. (a) Bizio, Memoria sopra una bile umana singolarissima (Brugnateili, Giornale di fisica, 1822, l. XV, p. 455). (b) Lehinaiin, Lehrbuch der physiol. Chemie, t. III, p. 57. (c) Gorup-Besanez, Ueber Kupfer in der Galle (HeWcv's Arcliiv fiir plujsiol. undpatlioL Chemie, 1846, t. m, p. -17). (d) Cl, Bernard, Recherches sur une nouvelle function du foie (Ann. des sciences nal., 3° série, ' 1853, t, XI.X, p. 332). (e) Moysc, Études historiques et critiques sur les fonctions et les maladies du pancréas, thèse. Paris, 1852, p. 55. — CI. Bernard, Mém. sur le pancréas (Siq>pi. aux Comptes rendus des séances de l'Acad. des . sciences, 1856, t. I, pi. 5 et 6). (/■)Siebold, Historia syslematis salivalis. lenaî, 1797. 504 APPAREIL DIGESTIF. tude de petites ampoules dont chacune donne naissance à un canal excréteur très grêle, qui ne tarde pas à se réunir à ses congénères et à former avec eux un système de tubes rameux. Les ampoules, ou acini^ sont disposées en grappes autour des branches initiales de ce conduit membraneux , comme les grains de raisin sont appendus à leurs pédoncules, et en s'acco- lant entre elles, ces vésicules forment des agrégats appelés lo- bules, qui à leur tour sont unis par du tissu conjonctif en groupes d'un volume plus considérable, auxquels on donne le nom de lobes (l). La glande ainsi constituée n'est pas renfermée dans une capsule membraneuse ; sa surface est revêtue seulement d'une couche de tissu connectif plus ou moins dense, et sa forme générale dépend principalement de la manière dont le groupe- ment des lobules se fait. Tantôt ces agrégats d'organites sécré- teurs ne sont que très lâcliement unis entre eux, et se trouvent phjs ou moins disséminés dans plusieurs directions, de façon à former des traînées plus ou moins rameuses ou même isolées; d'autres fois ils se rapprochent beaucoup, et ne constituent qu'un seul paquet ovoïde dont les bords ne sont que faiblement échancrés. Comme exemple de la première de ces dispositions je citerai le pancréas de plusieurs Rongeurs (2), ou mieux (1) Quand le pancréas commence à la forme d'arborisa lions, les principa- se développer chez l'embryon, il se les branches de son système de canaux compose d'à bord d'un système de tubes excréteurs élant très divergentes entre rameux terminés en culs-de-sac et en- elles et ne portant chacune que peu de tourés d'un tissu blasièmien, à peu lobules sécréteurs (c). Une disposition près comme les glandes saiivaires (a); analogue se remarque chez le Uat {d). mais les ampoules sécrétoires appa- H est aussi à noter que chez quel- raissent plus tôt et en plus grand ques Mammifères, tels que le Bœuf, il nombre (6). n'est pas rare de voir des portions du (2) Chez le Lapin le pancréas s'étend pancréas qui se trouvent coinpléte- entre les deux lames du mésentère sous ment séparées du reste de cette glande (a) Millier, De glandularum secenientium structura penitiori, p. 66, pi. 7, fig. ■10. ib) Bisctioff, Traité du développement de l'Homme et des Mammifères, p. 320. (c) Cl. Bernard, Mém. sur le pancréas {Supplém. aux Comptes rendus des séances de l'Acai. des sciences, t. !, pi. 'S, fig;. 5). (d^ H. Salter, art. Pancréas (Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol., Suppl., [>. 98, fi^. 7 4). l'A^CRÉÂS. 505 encore celui de la plupart des Chéloniens ; le second de ces modes de conformation se voit chez l'Homme M ), ainsi que chez et communiquent avec l'intestin par des canaux particuliers {a). (1) Le pancréas de l'Homme, situé derrière l'estomac, entre la rate et la concavité du duodénum, est couvert par le feuillet supérieur du mésocôion iransverse. Il est allongé transversale- ment et de forme irrégulière (h), mais il n'est pas divisé en deux ou plusieurs grands lobes, ainsi que cela a lieu chez divers Animaux, et il ne consti- tue qu'une seide masse. Son extrémilé droite, un peu rendée et recourbée en bas, est désignée communément sous le nom de tête du pancréas ; elle est enclavée dans la courbure en fer à cheval du duodénum , et se trouve délimitée du côté opposé par une gouttière creusée à sa face postérieure et occupée par le tronc delà veine porte, l'artère mésenléri- que supérieure et la veine du même nom. Un léger rétrécissement, dû à l'existence de ce sillon et d'une échan- crure du bord inférieur de la glande, est appelé le col du pancréas. Enfin, la portion moyenne de cet organe est nommée corps du pancréas, et son extrémilé droite, qui est plus ou moins atténuée, constitue ce que les médecins appellent la queue du pancréas. Mais en général ces distinctions ne repo- sent sur aucune division réelle, et ne sont employées que pour faciliter les descriptions anatomiques. Quelque- fois cependant la lête du pancréas est séparée du reste de la glande, et con- stitue ce que divers auteurs ont ap- pelé le petit pancréas. La surface de cet organe est révolue d'une couche de lissu connectif dans lequel se loge de la graisse en plus ou moins grande abondance et se rami- fient les vaisseaux et les nerfs. Elle est faiblement bosselée par la saillie de ses lobules, qui sont dès serrés les uns contre les autres et plus ou moins déformés par leui pression mutuelle. Son volume varie suivant les indivi- dus; en général, cependani, son dia- mètre transversal est d'environ 15 ou 16centimèlres chez l'adulte, et, compa- rativement à la grandeur du corps, cet organe est un peu plus gros ciiez l'en- fant nouveau-né (c), mais la différence n'est pas aussi considérable que pour le foie (d). Enfin son poids varie beau- coup suivant les individus; il s'élève quelquefois à 180 grammes ou davan- tage, et d'autres fois il descend à envi- ron ho grammes, sans que l'on puisse attribuer ces particularités à un état pathologique. Du reste, les évaluations moyennes données par divers anato- mistes s'accordent peu entre elles ; et comme les observations ont été fuites dans des pays différents, on peut se demander si les variations ne dépen- draient pas de la taille dominante des individus, ou ne se lieraient pas à des particularités dans le régime des peu- ples. En effet, les résultats obtenus en (o) Cl. Bernard, Leçons sur les liquides de l'organisme, 1859, l. II, p. oTiO, fii; 1 el 2. (6) Voyez Bourscn% Traité d'anatomic de l'Homme, t. V, pi. 47, lij . \ . — Bonamy, Broca el Beau, Allas d'anatomic descrijitive, t. IH, pi. 33. (c) Sœmmerrinu, De corporis hiimani fabrica, i. VI, p. Ii3. (ii) Huschkc, Traité de sptanchnolooie, \>. 157. 506 APPAREIL DIGESTIF. beaucoup d'autres Mammifères, et entre ces deux extrêmes il y a une multitude de degrés mtermédiaires : mais je ne m'ar- rêterai pas à les décrire, car les particularités qui s'observent à cet égard ne paraissent avoir que fort peu d'importance anato- mique ou physiologique (1). ^intoT ^^^ ampoules du pancréas, très petites et généralement (lu pancréas, ovoïdcs (2), soulformécs par une membrane hyaline fort mince et revêtue intérieurement de tissu épithéhque dont les utri- France sont généralement plus faibles que ceux fournis par les recherches des anatomistes de l'Angleterre et de l'Allemagne, où la taille moyenne est plus élevée. Ainsi M. Sappey a trouvé que le poids moyen du pancréas était de 70 grammes chez l'Homme et de 60 grammes chez la Femme ; enfin, dans aucun cas il n'a vu ce poids dépasser lO/i grammes (a). Wharton évalue le poids de cette glande à 5 onces, c'est- à-dire à environ 150 grammes (6), estimation qui s'accorde avec celles faites récemment en Angleterre par M. Salter (c). D'après Sœmmerring et Meckel, le poids du pancréas s'élè- verait souvent à 6 onces, ou plus de 180 grammes (d). (1) Ainsi, chez le Chien, le pancréas est très grand (e), et sa portion verti- cale, qui correspond à ce que l'on ap- pelle la tète du pancréas chez l'Homme, s'allonge beaucoup. Il en résulte que celte glande se compose de deux bran- ches presque égales en volume et réu- nies à angle droit près de leur point de communication avec le duodénum (/"). Chez le Chat, le pancréas présente une disposition analogue, mais la bran- che gauche ou transversale de cet organe donne en général naissance à un appendice assez gros, de sorte que le nombre total des divisions s'élève à trois. Quelquefois une portion de la glande se sépare complètement du reste et constitue un second lobe {y}. (2) Chez l'Homme, les ampoules con- stitutives du pancréas ont seulement de 0""", 05 à 0""", 09 de diamètre .{h), et elles sont plus ou moins déformées par la pression qu'elles exercent les unes sur les autres en se développant. Elles sont même si serrées entre elles, que leur étude microscopique présente quelques difficultés, et quand on veut se rendre bien compte de la structure intime de celte glande, il est préféra- ble d'employer le pancréas^ d'un Ron- geur : par exemple, celui du Lapin ou de la Souris. (a) Sappey, Traité d'anatomie descriptive, t. III, p. 239. (6) Wharton, Adenographia, p. 74. (c) H. Salter, Op. cit. (Todd's Cyclop. of Aiiat. and PltysioL, Suppl., p. 8oj. (d) Sœmmerring:, De corporis humani fabrica, t. VI, p. tiS. — Meckel, Manuel d'anatomie, t. III, p. 414. (e) Voyez Chauveau, Anatomie comparée des Animaux domestiques, Rg. 1^2. (/■) Cl. Bernard, Mém. sur le pancréas (Supplém. aux Comptes rendus des séances de V Aead. des sciences, t. I, pi. 4, iig. 1). (g) Cl. Bernard, loc. cit., pi. 2, fig. 5. (h) Kôlliker, Eléments d'histologie, p. 489 . PANCRÉAS, 507 cules sont à divers degrés de développement, et renferment une matière granuleuse ainsi que de la graisse. Ces cellules n'ad- hèrent que peu ou point entre elles et se détruisent facile- ment, de façon à laisser en liberté leur contenu, qui se voit répandu en plus ou moins grande abondance dans les espaces intermédiaires, mais ne se réunit que rarement dans le centre de l'ampoule, dont l'intérieur est d'ordinaire occupé en entier par le mélange d'utricules, de granules libres et de globules graisseux (1). Les conduits excréteurs du pancréas naissent, comme je l'ai conduis déjà dit, par une multitude de racines qui proviennent chacune d'un des acini ou sacs ampulliformes dont je viens de parler. Leurs parois sont minces, et ne présentent dans la portion ini- tiale du système qu'une structure très simple {"2); mais dans les grosses branches elles se garnissent de petites giandules mu- queuses dont la disposition est très analogue à celle des appen- dices de même ordre que nous avons vus groupés autour des conduits biliaires (2>). Successivement ces canaux se réunissent (1) Chez quelques Mammifères, ou élastiques ; 2" d'une tunique interne, dislingue parfois une cavité centrale qui consiste en une couche de tissu épi- au milieu du tissu épilhélique de cha- théliquc dont les cellules, petites etcy- que ampoule du pancréas. Celte dis- lindriques, sont très riches en graisse, position a été observée chez le Rat, Chez l'Homiue, ces utricules ont en- mais ne paraît pas être constante (a). viron 0'"'",005 de largeur sur û^^jOlS Chez l'Homme, les utricules dissémi- à 0'^"^,Qi6 de hauteur (6) ; chez le néesdanslamali.èregranuleusc,et mè- Lapin, elles sont presque aussi larges lées à des gloiniles graisseux, sont très que longues dans la portion radicu- inégalcs en grandeur. laire du système excréteur (c). Dans (2) Les parois des canaux pan- ces conduits on ne distingue pas de créaliques sont formées essentielle- tunique intermédiaire analogue à celle ment : 1" d'une tunique externe, com- qui constitue les parois des ampoules, posée de tissu connectif et de fibres (3) Les giandules muqueuses dont (a) H. Salter, art. Panckkas (Todd's Cyclop., Siippl., |i. 89, lig'. 00 et Ul). (6) Kollikor, Eléments d'histologie, p. 489. (c) 11. Sallcr, loc. cit., p. 00, fig. 0.'!. 508 APl'ARKIL DIGESTIF. entre eux pour constituer un petit nombre de troncs efterents qui se dirigent vers le duodénum, et tantôt vont déboucher directement dans cet intestin, d'autres fois sont concentrés en un seul tronc qui, à son tour, s'unit souvent à la portion terminale du canal cholédoque, et verse son contenu dans le tube digestif par l'intermédiaire de l'ampoule de Vater, d(Mit j'ai déjà fait connaître la disposition (1). Chez quelques Mammifères, le Cheval par exemple, le pan- créas est pourvu de deux canaux excréteurs d'assez gros cah- bre, venant, l'un de la portion droite, l'autre de la portion gauche de cette glande (2). Chez l'Homme, il existe une disposition analogue ; mais le canal pancréatique du côté gauche, appelé conduit de Wir- sung (3), prend un très grand développement, tandis que celui de la portion droite de la glande est fort réduit : il est appelé, pour cette raison, canal accessoire (/j) ; et après avoir envoyé au précédent une branche anastomotique qui porte à celui-ci M. KôUiker a constaté l'existence dans le canal cholédoque. L'autre, appelé le les parois du canal de Wirsung et de canal accessoire, communique avec le ses principales branches ont la forme précédent dans l'épaisseur du pan- de grappes, mais sont très pelites (a) et créas, et s'ouvre isolément dans l'in- fort difficiles à distinguer (6). testin en face de ce dernier (c). (1) Voyez ci-dessns, page Zi62. (3) Ainsi nonuiié en l'honneur de (2) Le pancréas du Cheval est d'une l'anatomiste qui fut le premier à dé- forme assez irrégulière et se trouve tra- crire le canal excréteur du pancréas versé obliquement parla veine porte. On chez l'Homme (d). Ce conduit avait été appelle anneau du pancréas \e trou qui aperçu précédemment chez le Coq par livre passage à ce vaisseau. L'un des J.-M. Hoffmann (e). canaux excréteurs est beaucoup plus [h] L'existence de ce canal acces- déveioppé que l'autre, et va aboutir soire chez quelques sujets n'avait pas au duodénum dans le point où s'ouvre échappé à l'attention de plusieurs ana- (a) KôUiker, Eléments d'histologie, p. 489. (6) Sappey, Traité d'anatomie, t. III, p. 249. (c) Giirlt, Die Anal, des Pferdes, pi. 14, Hg. 2. (d) Wirsung', Figura ductus ciijtisdam cum muUiplicibus suis ramulis noviter in pancreale observ. Padoue, 1643. (e) Voyez Haller, Elementa pliysiologiœ , t. VI, p. 434. PANCRÉAS. 509 la plus grande partie du liquide qu'il est chargé d'évacuer au dehors, il devient en général plus ou moins rudimentaire avant de gagner le duodénum, où il débouche directement (1). lomistes des xvii<= et xviii" siècles ia), et en 1775 Santorini avait donné de bonnes figures de ce conduit (b) ; mais jusque dans ces derniers temps on admettait généralement que ce mode d'organisation n'était pas normal, et que, d'ordinaire, le pancréas de l'Homme ne communiquait avec i'in- teslin qu'à l'aide d'un tronc unique, le canal de Wirsung (c). En 18.'t9, les observations de M. Ci. Bernard appe- lèrent de nouveau l'attention sur le canal accessoire de celte glande, et les recherches attentives faites plus ré- cemment par plusieurs anatomistes établissent que la non-existence de ce conduit secondaire est au contraire une anomalie {d). (1) Meckel avait reconnu que chez le fœtus il existe deux canaux pan- créatiques, et il pensait que par les progrès du développement, l'un de ces conduits s'atrophiait normalement; car de même que la plupart de ses con- temporains, il ignorait l'existence pres- que constante de la branche duodé- na!e du conduit accessoire. Les rapports anatomiques de ce dernier canal avec le canal de Wir- sung (e) ont été très bien mis en lumière pariM. Verneuil, mais cet anatomiste n'a pas saisi le véritable caractère de cette anastomose; en effet, il consi- dère la brandie de jonction et la branche duodénale comme un seul et même tube ouvert à ses deux extré- mités, d'une part dans le canal de Wir- sung, d'autre part dans le duodénum, et méritant le nom de canal azygos pancréatique (/). M. Bernard le con- sidère comme im canal récurrent {g), mais cette opinion ne me semble pas fondée, et la disposition normale de celte portion du système sécréteur me paraît êlre celle indiquée ci-dessus et très bien figurée par ]\I. Moyse [h). Je dois ajouter cependant qu'assez souvent le conduit accessoire se ré- trécit beaucoup vers son extrémité duodénale (/) , mais dans quelques cas rares il est plus gros que le canal de Wirsung (j). Du reste on rencontre chez l'Homme des variations nombreuses dans le (o) s. Veslinj, Syntayma anatomicum, 1664, p. 5". — Pi. de Graaf, Opéra omnia, 1705, p. 539. — Winslow, Exposition anatomique de la structure du corps humain, i 732, p 538. (b) Santorini, Seplemdecim labulœ. Parme, 1775, pi. H, 12 ot 13. (c) Meckel, Mamiel d'anatomie, t. 111, p. 474 et 470. — Hu>clike, Traité de splanchnologie, traJ. par .Tourdan, 1845, p. 155. (d) Sappey, Op. cit., l. 111, p. 240 et suiv. («) Voyez Bonamy, Broca et Beau, Atlas d'anatomie descriptive, t. 111, pt. 34, Rf;. 1 et 2. (f) Verneuil, Mémoire ittr quelques points de l'analomie du pancréas (Mém. de la Sor. de bio- /0(/i«,1851, t. tll, p. 138). {g) Cl. Bernaril, Mém. sur le pancréas {Supplém. aux Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences, 1856, t. I, p. 385). (/() Moyï-e, Etudes historiques et critiques sur les fondions et les maladies du pancréas, 1852, nfc'. i. (i) Cl. Bernard, lac. cit., pi. 1 , fiij. 1 . (j) Idem, ibid. \<\. i, (i^. 2. 510 APPAREIL DIGESTIF. Quelquefois la portion cUiodénale de ce canal pancréatique accessoire disparaît même complètement, de sorte que tout le système des conduits excréteurs du pancréas se termine par un tronc unique formé par le canal de Wirsung, mode d'orga- nisation qui est normal chez plusieurs Mammifères (1). Chez quelques Animaux de cette classe, le conduit unique ou principal du pancréas débouche isolément dans le duodénum, et parfois son orifice se trouve à une distance assez considérable de la terminaison du canal cholédoque : cette disposition est, assez générale dans l'ordre des Rongeurs (2). Enfin il est aussi à noter que chez quelques espèces le canal de Wirsung présente, mode de terminaison des canaux pan- créatiques, et quelquefois le conduit accessoire va déboucher dans le canal cholédoque, à côté du canal de Wir- sung. Ces anomalies ont été étudiées par Tiedemann et comparées par cet anatomiste aux dispositions qui se rencontrent normalement chez cer- tains Animaux (a). On peut consulter aussi sur ce sujet les observations de M. Meyer et de M. Secourt (6). Chez le Chien, il existe aussi deux canaux pancréatiques ; mais chacun de ces troncs terminaux naît de deux branches qui marchent à peu près parallèlement dans l'épaisseur des deux grands lobes de la glande, et les communications anastomotiques qui les relient entre eux sont plus nombreuses (c). (1) Jusque dans ces derniers temps on pensait que chez les Ruminants tous les conduits pancréatiques se réunis- saient en un tronc unique {cl) ; mais on sait aujourd'hui que chez le Bœuf il existe d'ordinaire un second canal qui tantôt s'anastomose avec le canal principal, tandis que d'autres fois il provient d'un lobe isole du pancréas, et qui, dans les deux cas, va dé- boucher directement dans l'intestin. Souvent il y a même un troisième canal de ce genre (e), et il est pro- bable que des recherches attentives feront découvrir une disposition sem- blable chez beaucoup d'autres Mam- mifères. ('2) L'insertion isolée du canal pan- créatique à une distance considérable de l'orifice du canal cholédoque a été (a) Tiedemann, Sur les différences que le canal excréteur du pancréas présente chez l'Homme et les Animaux {Journal complémentaire du Diclionnaire des sciences médicales, t. IV, p. 330). (6) Mayer, Sur la nature du suc pancréatiqtie (Joumel complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, 48 i 9. t. III, p. 283). — Becourt, Recherches sur le pancréas, tlièse. Slrasbourg, •1830. (c) Cl. Bernard, loc. cit., pi. 3, fig. 1 et 4. (d) Cuvier, Leçons d' anatomic comparée, t. IV, 2' partie, p. 592. , (e) Cl. Bernard, Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l'organisme, 1859, t. II, p. 350, fig. 1, 2, etc. PANCRÉAS. 511 vers sa partie terminale, une dilatation ampulliforme qui fait fonction de réservoir (1), et que l'ampoule de Vater, dans laquelle il débouche souvent conjointement avec le canal cholédoque, paraît quelquefois y appartenir plutôt qu'à ce dernier organe (2). Dans la classe des Oiseaux, où le pancréas est en général très allongé et assez nettement divisé en deux grands lobes, il y a ordinairement deux ou même trois conduits qui se portent de cette glande à l'intestin, et qui ne s'anastomosent pas entre eux. Il est aussi à noter que presque toujours ils ne s'unissent pas aux canaux hépatiques ; mais il y a, du reste, de grandes varia- tions dans l'ordre suivant lequel ces divers tubes débouchent dans l'intestin (3). Pancréas des Oiseaux. signalée par Giivier et Diivernoy chez plusieurs Rongeurs, tels que le l'orc- Épic, la Marmotte, le Castor, le Lièvre et l'Agouti (a). Chez le Lapin, où la distance entre ces deux embouchures est également très grande, il y a un petit canal pan- créatique accessoire qui va s'ouvrir dans le canal cholédoque, et qui me paraît être l'analogue du canal de Wirsung réduit à un état rudiuien- taire (6). Chez quelques Singes, le canal de Wirsung s'ouvre dans l'intestin assez loin du canal cholédoque (c) : par exemple, chez la Guenon Ascagne et le Serauopithèque Entelle ; mais en général ces deux conduits s'unissent. Le canal de Wirsung reste éloigné du canal cholédoque chez l'Unau, et les Pangolins parmi lesÉdentés; chez quelques Ruminants, tels que le Bœuf, et chez le P.ylina (rf). (1) Ce mode d'organisation est très prononcé chez le l'hoque commun (e). Une disposition analogue se montre quelquefois chez le Chat domesti- que (/■). (2) M. Cl. Bernard a fait remarquer que quelquefois chez l'Homme, le ca- nal cholédoque, au lieu de déboucher au tond de l'ampoule de Vater, près de l'orifice du canal pancréatique, se pro- longe jusque dans le col de ce petit sac ((/). (3) Le pancréas des Oiseaux est très (a) Cuvier, Leçons d'analomie comparée, t. IV, 2° partie, p. r)8.S. (6) Cl. Bernard, loc. cit., pi. 4, fii?. 5, g. (c) Perrault, Mém. pow servir à l'hist. nat. des Animaux, 2» partie, pi. Ai, ûç;. 2. (d) Steller, De bestiis mnrinii [Nov'i Comment. Acad. l'elropol., 4 751 , i. 11, p. :M2.) (e) Tiedeniann, Ueber einen Dehcllter fiir den BauchspeirJi,el im Scelmnd {.McrUers Deulmlien Archiv fiir du: Physiol.. 1819, t. V, p. S.'.O). (/■) Majer, Blase fur den Saft der Pankreas (Mcckcl's Deutsches Airhiv fur die Physiol., 181 5, t. I, p. 297). {g) Cl. Bernard, Mém. sur le pancréas {Supplém. auT, Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences, t. I, p. 386, pi. 1, fij?. 3 et 3 bis). 51*2 APPAREIL DIGESTIF. Pancréas Ghez la plupart des Reptiles, le pancréas a aussi un degré '''"'eS''^' de développement considérable par rapport au volume du corps ; il est en général adhérent à la rate, et ne paraît avoir souvent Batraciens. volumineux, compaiativemenl à la laillede ces Animaux, et il est toujours enchâssé dans Panse duodénale de i'inlcstin grêle (a). Il est complète- ment divisé en deux portions chez heaucoup d'espèces, telles que le Ca- nard \b), le Cygne, la Mouette, la Grue, le Hocco, POutardc, la Cor- neille et divers Passereaux ; chez d'autres il est simplement bifurqué : par exemple, chez le Coq, l'Aigle com- mun et le Vautour. Cuvier et Duvernoy ont noté le mode de terminaison des canaux pan- créatiques et les rapports de posi- tion entre ces conduits et les canaux hépatiques chez un grand nombre d'Oiseaux, et ils ont fait voir qu'il existe à cet égard des différences très considérables. Je n'entrerai pas dans beaucoup de détails à ce sujet, mais j'indiquerai par un petit nombre de formules les dispositions principales, en désignant chaque canal par la lettre initiale de son nom, et en rangeant ces lettres conformément à la position de leurs orifices respectifs. P',P«,P3,H,C P»,P2,P»,C,H, pi,P^,P»,C . . P»,H,P-,P3,C. Pi,p2,H,G,pa. C,P»,P2,H1,H^ P1,P2,H,P». . P»,P2,H,C. . . pa. p^H,p^c. . P»,P2,H«,H2. H^pl,p^c H»,P^P2,H H,C,P»,P2. H,pi,P2. . P,G,H. . . P,H,C. . . c'est-à-dire qu'en allant de l'estomac -vers l'extrémité inférieure du duodénum, on rencontre les orifices de trois canaux biliaires pancréati- ques, puis ceux d'un canal hépatique, et en dernier lieu celui d'un canal cholédoque ou cystique). Exemples: Coq, Grèbe, Ghouelte. .Ex.: Pivert. Flamant (c). Pie commune. Vautour brun , Or- fraie, Héron. Corneille. Pigeon {d). Manchot. Cygne , Canard (e) , Demoiselle de Nu- midie. Outarde (f), Courlieu , Apté- ryx (9)- Grue royale (h). Hocco. Toucan (i). Perroquet, Caille. Poule suliane IJ). Jacana. Casoar (A-). Cigogne, Caille. la) Exemples : Le Coq (Brandt et lialzeburg, Medicinische Zoologie, t. I, pi. M, fig. 2) ; — Milne Edwards, Eléments de zoologie, t. 111, p. 19, fig. 24; — Chauveau, Anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 401, fig. 127). — - Le Pigeon (Bernard, Leçons de physiologie expérimentale pour \ 855, t. H, p. 465, fig. 74). — Le Canard (Hunter, Descript. Catal. of the Mus. of the Coll. of Surgeons, 1. 1, pi. 13). (b) Voyez H. Saller, Op. cil. (Todd's Cyclop., Suppl., p. 90, fig. 73). (c) Perrault, Mém. pour servir à l'hist. nat. des Animaux, 3" partie, pi. 10. (d) Idem, ibid, pi. 12. (c) Cl. Bernard, Leçons de 1855, I. Il, p. 465, fig. 74. if) Perrault, Op. cit., 3» partie, pi. 29. (f/) Ovven, Anat. of the Concave Hornbill{Trans. of the Zool. Soc, t. T, pi. 18, fig. 1). (h) Salter, Op. cit. (Todd's Cyclop., Suppl., p. 96, fig. 73). (i) Perrault, Op. cit., 2" partie, pi. 57. ij] Owen, Anat. of the Southern Aptéryx {Trans. of the Zool. Son., t. H, pi, 50). (k) Perrault, Op. cit., 2» partie, pi. 52. PANCRÉAS. 513 qu'un seul conduit excréteur, qui d'ordinaire ne s'unit pas au canal cholédoque (1). Dans la classe des Batraciens cette glande n'offre rien de remarquable. Elle est bien développée chez les Anoures, mais chez les Tritons elle est plus réduite (2). H,P,C Aigle commun, En- goulevent , Butor , Nandou. H,C,P Aigle royal. Hi,P + H2. . . . Ara bleu. H,P Autruche (a). Du reste, il y a souvent des varia- tions individuelles dans le mode de groupement aussi bien que dans le nombre de ces divers conduits : ainsi Perrault a trouvé chez la Cigogne le canal pancréatique uni au conduit biliaire (6). (1) Chez les Chéloniens, les lobules du pancréas sont en général très lâche- ment unis entre eux (c), et forment chez quelques espèces des agrégats arborescents (d) à peu près comme chez les liongeurs dont j'ai déjà eu l'occasion de parler (p. 50/)), ou même plusieurs traînées isolées (e). Le canal pancréatique est simple, et débouche dans l'intestin assez loin du pylore, en face de l'orifice excréteur de l'appareil biliaire. Le pancréas des Sauriens est tantôt unilobé, lantôt à deux branches. Il est petit et allongé chez le Caïman à lunettes ; mais chez quelques autres espèces du même ordre il est très développé: leslguaniens, par exemple. En général, les canaux pancréatiques sont au nombre de deux. Chez les Ophidiens, le pancréas est généralement ramassé, compacte, peu volumineux et de forme ovoïde (/"). Chez les Pythons dont Duvernoy a fait l'anatomie, les canaux excréteurs fournis par les lobules du pancréas étaient disposés en faisceau dans une longueur considérable, et ne s'unis- saient entre eux que très près de l'in- testin où ils constituaient plusieurs troncs [g). Pour plus de dérails sur le pancréas des Uepliles, on peut consulter l'ou- vrage de Guvier sur l'anatomie com- parée (tome IV). (2) Chez la Grenouille, le pancréas est volumineux et entoure le condiut cho- lédoque, de façon que celui-ci paraît avoir été pris pour son canal excréteur par quelques anatomistes, et M. Salter pense que les petites branches des canaux pancréatiques proprement dits y débouchent (/i). Chez la Salamandre (a) Perrault, Mém. pour servir à l'hist. nal. des Animaux, 2' partie, pi. 55. (6) Idem, ibid., 3» partie, pi. li, fig. Q, R. (c) Exemples : Trionyx ferox (■!. Joncs, Invesllg. Chemical and PhysioL. relative lo certain American Vertebrnta, p. 102, llg. 10, cxlr. du recueil de l'inslilution Suiillisonienne). (d) Saller, Op. cit. (Todd's Cyctop. of Anat. and PhysioL, Suppl., p. 05, 11g. 72). (e) Exemple : Tesludo Polyphemus (J. Joncs, Op. cit., pi. 103, fig. 18). (/■) Exemple : le Tropidonotus sipedon (Jones, Op. cit., p. Iu2, fig. 15). (g) Duvernoy, Fragments d'anatomie sur l'organisation des Serpents (Ann. des sciences nal., 1833, t. XXX, p. 123, pi. H, fig. 2). (h) Salter, Op. cil. (Todd's Cyclop., Suppl., p. 94, fig. 71). VI 33 514 APPAREIL DIGESTIF. Ainsi que je l'ai déjà dit, le pancréas paraît manquer com- plètement chez beaucoup de Poissons ; le nombre d'espèces dans lesquelles la présence de cette glande a été constatée est très restreint, et son volume n'est jamais considérable. C'est chez les Plagiostomes que le pancréas est le plus développé. Ainsi, chez la Raie il est gros, arrondi et composé de deux lobes unis par un connectif étroit ; ses canaux excréteurs se réunissent en un seul tronc très grêle qui va déboucher dans l'intestin, près de rorifice du canal cholédoque (1). Enfin, chez les Poissons osseux où il existe un pancréas, cette glande est souvent petite ou même rudimentaire, et en général elle ne paraît devoir fournir au tube digestif que fort peu de liquide. 11 est aussi à noter que plusieurs des espèces chez lesquelles la présence du pancréas a été constatée possèdent en même temps des appendices pylo- lerrestre, ilest élroiletaccolé au duo- L'orifice efférent du canal pancréa- dénum (a), tandis que cliez le Méno- tique est situé très près du pylore branche cette glande est élari^ie et et en face de celui du canal ciiolé- divisée en plusieurs branches (6). Eu doque (/"). général, le canal pancréatique paraît Chez les Pastenagues, cette glande être unique; mais chez la Sirène il en est très lobulée, et présente trois existe plusieurs (c). branches divergentes (y) ; sa forme (1) Le pancréas de la l'.aie est situé varie aussi dans les autres espèces de au-devant du pylore (cl), et M. Cl. Ber- la famille des Raies, mais sa disposi- nard a trouvé qu'il est placé dans une tion ne paraît offrir rien d'important espèce de muscle suspenseur à fibres à noter {h). lisses, qui part de la partie antérieure L'existence d'un pancréas a été de la colonne vertébrale pour se diri- constatée chez beaucoup de Plagio- ger vers l'estomac, et qui renferme stomes de la famille des Squales, tels aussi les vaisseaux mésentériques (e). que le Pèlerin ou Selache maxima [i]. (a) Funk, De Salamandrœ terrestris formatione, pi. 2, fig-. 8, h. (b) Jones, Investigations Chemical and Physiological relative to certain American Vertebrata, p. ■101, fig. ii. (c) Diivernoy, Leçons d'anatomie comparée de Ciivier, t. IV, 2" partie, p. 604. (d) Stenon, Demusculis et glandulis observationiim spécimen, 1664, p. 57. — Monro, The Structure and Physiologtj of Fishes, pi. 2, n° 13, et pi. 19, n° 20. (c) Cl. Bernard, Mém. sur le pancréas [Supplément aux Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1. 1, p. 539). (/") Monro, Op. cit., pi. 9, ûg. 1. (g) Jones, lavestigations Chemical and Physiol., p. 100, fig. 13. (A) Duvernoy, Leçons d'anatomie comparée de Cuvier, t. IV, 2° partie, p. 608. (i) Blainville, Mém. sur le Squale pèlerin (Ann. du Muséum, 1811, t. XVIII, p. 105). PANCREAS. 515 riques (1) : tels sont l'Esturgeon, le Saumon, le Hareng, le Trigle grondin, la Perche, la petite Morue, le Turbot, la Plie et le Cycloptère lump (2) ; mais chez les autres espèces qui sont pourvues d'une glande de ce genre, le duodénum ne la Roussette ou Scyllium canicula, l'ÉmissoIe commun (a) et le Mar- teau (6). (1) La coexistence de ces deux sortes d'organes, chez certains Poissons, a été constatée vers le milieu du siècle dernier par Steller (c) ; mais jusqu'en ces dernières années l'exactitude des observations de ce naturaliste fut niée par la plupart des anatomistes, et ce sont principalement les recherches de M. Stannius (d) et de M. Alessan- drini qui ont décidé la question (e). (2) Chez l'Esturgeon, le pancréas est étroit, mais très allongé, et son canal excréteur débouche dans le duodénum, rm peu au delà de l'ori- fice du canal cholédoque, vis-à-vis de l'ouverture par laquelle la grosse glande pylorique communique avec l'intestin (f). Le pancréas du Saumon, dont on doit la découverte à M. Stannius, est accolé à la veine porte et au canal cholédoque : il est petit et rameux ; enfin ses conduits excréteurs vont s'ouvrir dans une dilatation de la por- tion terminale du canal dont je viens de parler {g). MM. Agassiz et Vogt ont trouvé chez la Truite un appendice duodénal qui me paraît être l'analogue du pan- créas, mais qui consistait seulement en un petit sac à col étroit dont la cavité était tapissée d'un épithélium à cellules coniques, comme celui de l'intestin; et en raison de cette dispo- sition, ils pensent que cet organe ru- dimentaire est plutôt un tube pylo- rique {h). Chez le Hareng, le pancréas est très petit et se trouve près de l'extré- mité duodénale du canal cholédo- que {i). Chez la Perche, le pancréas est assez grand et situé également très près de la terminaison du canal cholédoque dans le duodénum ; son conduit excréteur débouche dans l'intestin isolément (j). L'existence d'un pancréas chez la Vive commune, le Trigle grondin, le (a) Duvernoy, Leçons d'analomie comparée de Guvier, t. IV, ii° partie, \\. 008. (6) Jones, Op. cit., p. 100, fig. 22. (c) Steller, Observationes générales universam hislorlam Pisciuni coneeriienles (Novi Comment. Acad. Petropotitance, t. III, p. 414). {d) Voyez Brockriianri, De pancreate Piscium, dissert. iimu;?. Koslocii, 1846. (e) Alessandrini, Descinptio veri pancreatis glandularis el parcnchymalosi in Acipensere et in Esoce reperli {Novi Comment. Acad. scient. Instit. Bononiensis, 1835, t. II, p. 335). (/■) Idem, ibid., p). 14. (g) Brockmann, Op. cit., p. 16, ùg. 1. {/(.) Agassiz et Vogt, Anatomie des Salmones, p. 81 {Mcm. de la Société d'histoire naturelle de Neuchdtel, 1845, t. III). (i) Brockmann, Op. cit., \>. 18. (.;) Idem, Op. cit., p. l'J. 516 APPAREIL DIGESTIF. donne naissance à aucun appendice (1), et c'est parce que les nnatomistes avaient d'abord étudié celles-ci seulement, qu'ils ont considéré ces deux sortes d'organes comme se remplaçant et comme ayant les mêmes fonctions. § 23. — Les vaisseaux sanguins qui se rendent au pancréas naissent des divers troncs artériels circonvoisins, et constituent dans la substance de cette glande un réseau très riche dont toutes les parties communiquent librement entre elles, et dont Lump, a été également annoncée, mais paraît douteuse (a). M. Stannius considère aussi comme un pancréas un petit organe glandu- laire qui est placé à peu près de la même manière chez la petite Morue ou Gadus callarias, et qui envoie éga- lement un conduit excréteur au duo- dénum (6). Je dois ajouter cependant que, dans l'opinion de J. Millier, le corps observé par cet anatomiste serait une tumeur morbide (c). Le pancréas du Chabot, ou Cottus scorpius-, est très petit, lobule et de forme arrondie ; il se trouve dans l'é- paisseur du médiastin et accolé au duodénum {d). Le pancréas découvert par M. Stan- nius chez le Carrelet ou Plie franche {Pleuronedes platessa L) , est petit, pyriforme et accolé au canal cholé- doque, parallèlement auquel son canal excréteur va déboucher directement dans l'inleslin (e). La disposition de cette glande est à peu près la même chez une autre espèce du même genre, la Plie large (f), et chez le Turbot {g). J. Millier avait cru apercevoir un petit pancréas chez la Lotte {h) ; mais il est revenu sur cette opinion, et a attribué la disposition en question à l'existence d'un produit patholo- gique (^■). (1) Les Poissons dépourvus d'ap- pendices pyloriques, et chez lesquels l'existence d'une glande pancréatique a été signalée ; sont, d'une part, les Plagiostomes dont j'ai déjà parlé ; d'autre part, le Brochet, l'Orphie, le Silure, la Lotte, l'Anguille, la Brème et la Carpe. Le pancréas du Brochet est très développé. Il est étroit, fort long et placé à côté du canal cholédoque, dans lequel sou conduit excréteur va dé- boucher (j). Chez l'Orphie ou Esox (a) Voyez Brocliiiian, De paiicreate Piscmm, p. 12. (6) Idenl, Op. cit., p. 18. (c) J. Mûller, Ueber 2Mrasitisclie Bildung {Arcliiv fur Aiiat. uii(} Physiol., 1842, p. 193). (d) Brockmann, Op. cit., p. 19. (e) Idem, Op. cit., p. 20, fig. 2. (/■) Cl. Bernard, il/dm. sur le pancréas {loc. cit., p. 541). (g) Brockmann, Op. cit., p. 21. (h) J. Millier, Ucber Nebenkieineii und Wundernetze [Archiv fiïr .\natomie und Physiologie, 1840, p. 132). (i) J. Millier, Ueber parasitische Bildung {Archiv, 1842, n. 193). (j) Alessandrini, loc. cit. [Novi Comment. Acad. scient. Instit. Bononiensis, t. II, pi. 15, fig. 1 et 2; pi. 16). , PANCREAS. 517 les mailles embrassent les ampoules qui sont, comme je l'ai déjà dit, le siège du travail sécrétoire (1). On voit également dans les sillons interlobulaires, ainsi qu'à la surface de cet organe, de nombreux vaisseaux lymphatiques dont la disposition ne présente aucune particularité digne d'être notée ici (2). Entin, les nerfs qui pénètrent dans le pancréas proviennent du système sympathique et se détachent des ganglions ou plexus situés dans la partie supérieure de l'abdomen (3). Nerfs du pancréas. belone L., poisson qui appartient à la même famille, le pancréas est diffus, et son canal excréteur ne se joint au canal cliolédoque que dans l'épaisseur des parois du duodénum (a). Le pancréas du Silure est d'un vo- lume considérable ; il se trouve entre les deux feuillets du mésentère et il entoure le canal cholédoque; enfin 11 envole directement à l'intestin deux conduits excréteurs (6). J. Millier a mentionné l'existence d'un pancréas chez l'Anguille; mais il n'a donné que peu de détails ana- lomiques sur cet organe (c). M, VVeber a trouvé enchevêtré au milieu des lobes du foie de la Carpe un tissu glandulaire qui paraît repré- senter le pancréas, et qui donne nais- sance à un canal excréteur particulier dont l'extrémité antérieure débouche dans l'intestin à coté du canal cliolé- doque (d). (1) Voyez ci-dessus, page 50/i. (12) Chez l'Homme, les artères du pancréas proviennent : i" de Tarière hépatique, iî" de l'ar;ère splénique, et 3° de l'artère mésentériqué supé- rieure. Leurs branches présentent entre elles de nombreuses anastomo- ses, et elles forment en dernier résul- tat un réseau unique dont les grandes mailles entourent les lobules de la glande, et dont les dernières divisions embrassent les ampoules constitutives du tissu sécréteur. Les veines qui naissent de ce lacis vasculaire côtoient les artères, et vont déboucher, les unes dans les veines mésaraïques, les autres dans le tronc de la veine porte ou dans la veine splé- nique ; en sorte que tout le sang qui traverse le pancréas va au foie avant d'arriver au cœur. (3) Chez l'Homme, ces nerfs éma- nent du plexus solaire, mais la plupart n'en viennent pas directement et se détachent, soit du plexus splénique, soit du plexus mésenlérique ou du plexus hépatique. Ils accompagnent d'abord les artères; mais parvenus dans la substance de la glande, ils se séparent de ces vaisseaux pour se répandre entre les lobules. (a) Brotkinann, De pancreate Piscium, p. 21. (6) Brandt cl BalzcLiiri,', Medicinische Xooloijie, l. II, p. 'A'i, pi. 0, lit?. 3. (c) J. Millier, Uebev Nebenkiemen und Wnndernelze (Arclùv [uv Anal, und PhysioL, 1840, p. i32). {d) Wftier, Ucber die Leber von Cyprinns carpio die zugle.ich die Slelle des Pancréas zu vertreten scheinl (MtM-kcl's Archiv fur Anat. und Pliyaiol , 1827, p. 2!)4, pi. 4, flg-. 22). Volume du pancréas. Sécrétion pancréatique. 518 APPAREIL DIGESTIF. Le volume du pancréas, comparé à celui du corps entier, varie beaucoup chez les divers Vertébrés, et, dans l'état actuel de nos connaissances, il serait prématuré de poser des règles relatives aux rapports qui peuvent exister entre ces différences et les par- ticularités physiologiques qui distinguentces Animaux entre eux. Je dois faire remarquer cependant que, d'après un certain nom- bre d'observations recueillies par un physiologiste américaifi, M. Jones, le développement de cette glande paraît être, dans chaque classe, plus grand chez les espèces carnivores que chez celles qui se nourrissent de substances végétales (1). § 2/i. — Pour étudier les produits élaborés par l'appareil dont je viens de tracer l'histoire anatomique, on peut avoir recours à une opération analogue à celle que j'ai déjà eu l'oc- casion de mentionner comme étant employée avec avantage quand on veut se procurer de la bile ou du suc gastrique j savoir, (1) Ainsi chez un Ciiélonien fru- givore (le Testudo Polyphemus) , M. Jones a irouvé que le pancréas n'entrait que pour environ j—po ou nVs dans ie poids total de l'animal ; tandis que cliez plusieurs Ciiéloniens carnivores cette glande représentait quelquelois plus de irrdu poids total, et ne pesait jamais moins de —^ du poids du corps : en etlet, chez VEmys serrata, les extrêmes étaient ~ et ,-viT. Enfin des pesées analogues ont donné : pour VEmys reticulata 5^ , pour VEmys terrapin j^, pour le Chelonura serpentina ~, et pour le Chelonia caretta 7^7. Chez divers Ophidiens le poids du pancréas a varié enire -~ et 7777. Chez les Mammifères carnivores, comparés aux herbivores, les diffé- rences étaient non moins considé- rables. En elTi't, M. Jones trouva que le pancréas ne pesait que j^^ du poids du corps chez l'Ecureuil gris de la Caroline, et, -7^ chez le Mouton, tandis que sou poids relatif était de ^-ô^ cliez le Chat, 337 chez le Chien, entre -,^ et 777 chez des iiatons adultes, et 7^ chez une Sarigue. M. Jones a cru saisir aussi un rap- port entre le développement du pan- créas et le degré d'activité des Pois- sons carnassiers ; mais les données sur lesquelles il se fonde ne sont pas assez nombreuses pour que l'on puisse en tirer aucune conclusion (a). (a) J. Jones, Investigations . Chemical and Physiological relative to certain American Verlè- brata, p. 107 [Smitiisonian Co^ilnbvtions, iSbG}. — Digestion of Albumen and Ftesh, and Ihe comparative Anatomy and Physioloqy oî Ihe Pancréas (The Médical Examiner, 1856, new Séries, «• 137, p. 272 et suiv.). suc PANCRÉATIQUE. 519 l'établissement d'une communication artificielle entre le canal excréteur du pancréas et l'extérieur à l'aide d'un tube fixé dans ce conduit et débouchant au dehors. Ce fut de la sorte que vers le milieu du xvn' siècle, un physiologiste hollandais, Régnier de Graaf, voulant vérifier les opinions de son maître François de le Boë touchant lesusagesdu pancréas, démontra pour la première fois cjue cet organe dernier est une glande chargée de sécréter et de verser dans l'intestin un liquide particulier. Enfin, c'est aussi par l'étabhssement de fistules de ce genre que, dans ces derniers temps, M. Cl. Bernard et plusieurs autres physiologistes ont pu faire un grand nombre de recherches importantes sur les fonctions de cette glande et sur le rôle du suc pancréatique dans le travail digestif (1). On a pu constater de la sorte que l'action sécrétoiredu (1) Les anciens physiologistes ne lin (6). Bientôt après des expériences savaient rien de positif au sujet des plus ou moins semblables furent faites fonctions du pancréas. F. Dubois par un autre disciple de F. de le Boë, (ou Sylvius) de le Boë fit à ce su- Schuyl (c), et par plusieurs pliysiolo- jel des hypothèses qui provoquèrent gistes du siècle suivant ; mais jusque beaucoup de discussions , mais qu'il dans ces derniers temps ces expé- serait inutile de rappeler ici (a), si ce riencesne donnèrent que peu de résul- n'est pour dire qu'elles donnèrent lieu tats utiles. En 1823, l'Académie des aux expériences de Régnier de Graaf, sciences de Paris ayant proposé pour qui le premier obtint du suc pancréa- sujet de prix l'étude de la digestion, tique en liant le conduit excréteur de de nouvelles recherches sur la sécré- cette glande sur un Chitn vivant. Ce tion pancréatique furent faites à l'aide physiologiste employa ensuite le pro- de fistules artificielles, d"un côté par cédé mentionné ci-dessus : il introdui- Leuret et Lassaigne, de l'autre par sit un tuyau de plume dans ce canal, Tiedemann et Gmelin (d). Enfin, plus et adapta à l'extrémité opposée de récemment, M. Cl. Bernard a per- ce tube un petit flacon fixé à Tintes- fectionné le procédé opératoire et en (a) Voyez Ha'.ler, Elementa physioloiiiœ cnrporis Immani, t. VI, yi.iil. (b) Pi. deGraaf, Jhsjmtalio medica denalura et ususnccijiancreatic.,Ley. Slf.). (b) Krorjer, De sncco pancrealico, rtissen. inaiig. Uorpal, ISS/*. (c) Colin, Iraiié de physiologie comparée des Animaux domestiques, l. I, p. 033. \d) Weinrn.inr), relier die Absonderuny des ItaucUspeichels {Zeitschr. fur rationelle Medicin, 1853, neue l'Vjlge, t. III, p. 2'«.7). {e} Cl. liernaril, Méia. sur le pancréas {lor,. cit., p. 420). (Ol'lcm, ibid., p. 420. 522 APPAREIL DIGESTIF. verrons que le suc pancréatique varie aussi dans sa puissance digestive, suivant les circonstances physiologiques dans les- quelles il se produit. Quantité de suc La quantité de suc pancréatique fourni de la sorte varie pancréatique produit, beaucoup suivant les Animaux, et ne paraît pas être toujours en rapport avec le degré de développement de la glande dont il provient (1). Quelques physiologistes ont cru pouvoir admettre (1) D'après les variations considé- rables qui se manifestent dans le degré d'activité fonctionnelle du pancréas chez le même individu, on comprend qu'il ne faut attacher que fort peu d'importance à l'évaluation des quan- tités de suc pancréatique obtenu dans les expériences isolées faites par les anciens physiologistes, et que sans avoir commis aucune erreur d'obser- vation, les auteurs ont pu présenter des résultats fort dissemblables. Je crois donc inutile de rapporter ici les faits observés par Régnier de Graaf et ses contemporains (a), ni même ceux fournis par les recherches plus ré- centes, et je me bornerai à indiquer quelques nombres propres à donner une idée de la puissance sécrétoire rela- tive du pancréas chez di vers Animaux. Chez le Bœuf, la période d'activité du pancréas sous l'intluence du régime ordinaire paraît durer environ quatre heures, et pour un Animal de moyenne taille la quantité de suc pancréatique fourni par la tistule pendant ce laps de temps a varié généralement entre 150 et 350 grammes par heure. Dans un cas, M. Colin a vu cette quantité s'élever à plus de 800 grammes dans l'espace d'une heure (6). Dans les expériences faites par ce physiologiste sur le Cheval, le poids du suc pancréatique évacué en une heure a rarement dépassé 280 gram. ; mais cette quantité était loin de repré- senter la totalité du fluide sécrété, car le conduit pancréatique accessoire n'avait pas été lié (c). Dans une expé- rience analogue faite par Leuret et Lassaigne, le produit obtenu en une demi-heure ne s'est élevé qu'à 3 onces, c'est-à-dire environ 96 grammes (d). Chez un Ane, M. Frerichs recueil- lit 25 grammes de suc pancréatique en trois quarts d'heure (e). Chez les Moutons, la quantité de liquide obtenu ainsi ne paraît guère dépasser 7 grammes par heure, et dans la plupart des expériences on n'a obtenu qu'un mélange de suc pan- créatique et de bile pesant de 20 à 30 gram. par heure. Or, le poids du pancréas du Mouton est d'environ 50 à 60 grammes, et celui de la même glande chez le Bœuf ou le Cheval, (a) Voyez Haller, Elementa physiologiœ, t. VI, p. 446. (6) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, t. I, p. 633. (c) Idem, Op. cit., 1. 1, p. 635. (d) Leuret et Lassaigne, Rech. pour servir à l'iiist. de la digestion, p. 403. (e) Frerichs, Die Verdaiiung {W agner' s Handtm'terbuch der Physiologie, t. III, p. 846). suc PANCRÉATIQUE. 523 que chez les Animaux de la même espèce elle est proportion- nelle au poids de l'individu ; mais les données que la science possède à ce sujet ne sont pas suffisantes pour l'établissement d'aucune règle positive, et il est à noter que l'activité fonction- nelle du pancréas est sujette à des variations très grandes, par d'environ 300 grammes. Il en résulte que si l'activité fonctionnelle de ces organes était proportionnelle à leur poids, le Mouton devrait sécréter à peu près IjG" de la quantité de suc pancréatique fourni par l'unoul'autre de ces grands Animaux, tandis qu'il n'en donne qu'environ la septième ou la huitième partie (a). Chez le Porc, les produits de la sé- crétion pancréatique paraissent être faibles: ainsi dans les expériences faites sur cet Animal par M. Colin, la quan- tité de liquide obtenu n'était d'abord que de 2 à 9 grammes par heure, et ne s'est élevée au delà de 30 gram. qu'à une période où lïnflammation s'était probablement établie dans la glande (6). Enfin, chez le Chien, le pancréas dans son état normal ne paraît fournir que des quantités minimes de suc pan- créatique : ainsi dans les expériences de M. Beri^ard on en obtint rarement plus de 8 grammes en quatre heures. Dans un cas, ce physiologiste en recueillit 16 grammes en une heure et quart, mais le produit n'était pas normal, et l'Animal était évidemment sous l'influence d'un état inflamma- toire des viscères abdominaux (c). J'ajouterai que dans une expérience faite par MM. Bidder et Schmidt sur un Chien du poids de 20 kilogrammes, la quantité de suc pancréatique pro- duit en huit heures a été évaluée à 16 grammes, ce qui correspond, comme dans les expériences de M. Cl. Bernard, à un écoulement moyen de 2 grammes par heure. Ces physiologistes calcu- lèrent par conséquent que chez cet Animal, le poids du liquide sécrété ainsi par heure devait être en moyenne d'environ 1 décigramme pour i kilo- gramme de poids vif (rf). Mais dans des expériences faites plus récemment par M. Schmidt et un de ses élèves, M. Kroger, une fistule permanente ayant été étabhe chez un Chien, et l'Animal s'étant parfaitement rétabli de l'opération , l'activité fonctionnelle du pancréas s'est montrée beaucoup plus grande : la quantité de suc pan- créatique obtenu s'est élevée par heure dans le rapport de 3 et même de 5 grammes pour chaque kilo- gramme du poids total du corps, et ces auteurs évaluent en moyenne à 89 grammes le produit journalier de cette sécrétion, correspondant à la même unité de mesure donnée par le poids du corps (e). (a) Colin, Traité de Physiol. comp. des Animaux domestiques, t. I, p. (138. (6) Idem, Op. cit., 1. 1, p. G37. (c) Cl. Heni.ird, Leçons de physiologie expérimentale pour 1855, l. II, p. 200. (d) Bidder uiid Sclmiidt, Die Verdnuunfjssdfle und der Sloffweclisel, 1852, p. 2i4. (e; Schtiiidt, lleber lias Paner eu sserret (Ann. der Cliemie und Pharm., 1854, 1. XCII, p. 40). Propriélcs du suc pancréatique. 52/i. APPAREIL DIGESTIF. siiile d'accidents inflammatoires et autres dont il est très diffi- cile de préserver les Animaux soumis à nos expériences. § 25. — Le liquide que cette glande verse dans le duodénum est très altérable, et présente de grandes variations dans ses propriétés physiques ainsi que dans sa composition chimique. Celui que l'on recueille dans les premiers moments qui suivent l'opération par laquelle le canal excréteur du pancréas a été mis directement en communication avecl'extérieur est épais et filant, tandis que celui qui s'écoule de la fistule quelques heures après est plus fluide et peu ou point visqueux. M. Cl. Bernard consi- dère le premier comme étant le suc pancréatique normal, tandis que d'autres physiologistes professent une opinion contraire, qui paraît être confirmée par les résultats obtenus chez des Animaux sur lesquels on avait établi une fistule pancréatique permanente (1). Du reste, la quantité de matières solides que ce hquide tient en dissolution varie beaucoup suivant la rapi- dité avec laquelle le pancréas le sécrète, et je suis disposé à croire que l'on attribue parfois à des états pathologiques des variations qui dépendent seulement de cette circonstance {'2). (1) La plupart des physiologistes décrivent le suc pancréatique comme étant un liquide incolore, inodore, in- sipide et peu visqueux (a). M. Cl. Ber- nard a trouvé, au contraire, que dans les premiers moments des expériences faites en vue de recueillir cette hu- meur, elle est filante et très chargée de matières organiques; tandis que plus tard elle de vient aqueuse et exhale une odeur fade. Il a observé aussi d'autres différences dans le suc pancréiitique recueilli par le moyen d'une ouver- ture fistuleuse du canal de Wirsung, et il a été conduit à considérer comme un produit vicié celui qui n'est pas visqueux et sans odeur particulière (6). L'opinion contraire est soutenue par d'autres physiologistes (c). (2) M. Weinmanna étudié, sous la direction de M. Ludwig, les rapports qui existent entre la quantité de suc pancréatique fournie en un temps donné, et la proportion de matières fixes contenues dans ce liquide. Il a vu cette proportion varier entre is^96 (fl) Leuret et Lassaigne, Rech, pour servir à l'hist. de la digestion, p. 103. — Frerichs. Die Verdauung (Wagncr's Handwôrterbuch der Physiologie, t. III, p. 843). [b) Cl. Bernard, Mém. sur le ■pancréas {Supplém. aux Comptes rendus des séances de l'Acad. des sciences, 1. 1, p. 426 et suiv.). (c) Colin, Traité de physiologie comparée des Animaux domestiques, 1. 1, p. 642. SU(] PANCRÉATIQTJK. 525 La chimie ne nous a encore donné que des notions très in- complètes au sujet de la composition de ce liquide digestif. On sait depuis longtemps qu'il présente une réaction alcaline (1), et qu'il contient des matières organiques albumineuses ainsi que des sels minéraux (2). Il doit même à ces substances animales Composition chimiquo du suc pancréaiiqup. et 5,60 pour 100 chez le même Animal , et il a remarqué que la grande abon- dance de la sécrétion correspond géné- ralement à un abaissement dans la richesse du produil, en sorte qu'au delà d\m certain terme, c'est la quantité d'eau excrétée qui augmente beaucoup plus que la quantité de ma- tière solide. Ainsi, dans une de ses expériences , quand la quantité de suc pancréatique fourni par minute variait entre 0s'',06i et 0'^',1'ùQ, ce liquide donnait de /iS"',/|2 à ôs^ôO de résidu de solide ; quand l'écoule- ment était de 0s%234 ou Os%250, la proportion de matière solide n'était que de Ss^O/t ou de 'is^Go; enfin, quand la quantité de liquide fourni par minute s'est élevée de Qs^olS à O^STSO, la proportion des matières solides est tombée entre 2g'", /i9 et lg''.9Zi, La marche de ces deux ordres de faits n'était jamais tout à fait régu- lière, mais la même tendance géné- rale s'est manifestée dans toutes les expériences {a). (1) Wepfer et plusieurs autres phy- siologistes du xvii" et du xviii'' siècle valent reconnu que le suc pancréa- tique est alcalin (6), mais quelques auteurs ayant examiné probablement les mélanges de ce liquide avec des sucs gastriques, ont jugé qu'il était acide (c). Ainsi, Tiedemann et Gmelin disent que les premières quantités recueillies dans leurs expériences donnaient une réaction acide, tandis que les portions suivantes étaient légèrement alcali- nes {cl). Tous les expérimentateurs de l'époque actuelle s'accordent à recon- naître que ce liquide est alcalin. (2) Leuret et Lassaignc furent les premiers à publier une analyse du suc pancréatique. Ils opérèrent sur le Cheval, et ils trouvèrent ce liquide composé de 991 millièmes d'eau et 19 millièmes d'im résidu solide formé à son tour : 1" d'une matière animale soluble dans l'alcool, 2° d'une ma- tière animale soluble dans l'eau, 3° de traces d'albumine, Zi" de mucus, 5" de soude libre, 6" de chlorures de sodium et de potassium, 7° de phos- phate de chaux (e). Vers la même (a) Wciiimann, Ueber die Absonderung des Bauchspeichels {Zeitschrifl fur rationelle Medicin von Henle und Pfeufer, 4 853, rieiio l'^olge, t. lit, p. 256 et suiv.). (5) Wepfoi-, De cicuta aquatica, p. 200. — Pcchlin, De pur(iantium medicamentorum fucullatibus, 4 072. — Brunner, Expérimenta nova circa pancréas, 1083, p. 20, elc. — Maver, Sur la nature du .vue paticrdalique {Journat complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, t. III, p. 283). (c) De Graaf, Tract, de succi pancreaticl nat. et usu (Opéra umnia, p. 5i0J. — Schuyl, TractatHs pro veteri me.dic, y. Oi. — Viridet, Déprima coclione et ventricidi fermenta, p. 200. ' (d) Tiedemann el Gnielin, Recherches sur la digestion, l. I, p. ai. (e) Leuret et Lassaigne, necherches pour servir à l'histoire de la dlycsliou, 18-25, p. 106. 526 APPAREIL DIGESTIF. des propriétés très remarquables en vertu desquelles il remplit un rôle important dans la digestion. Ainsi, nous verrons bientôt qu'il peut transformer les ali- ments amylacés en sucre, et qu'il a le pouvoir de modifier la constitution des matières grasses; son principe actif est évi- demment une substance organique qui a beaucoup d'analogie, soit avec la diastase végétale, soit avec la matière saccha- riliante de la salive, et qui a été désignée par quelques auteurs sous le nom de pancréatine : mais jusqu'ici on ne époque, Tiedemann et Gmelin firent également une étude attentive du suc pancréatique du Chien et de la Bre- bis; ils conclurent de leurs recher- ches que ce liquide contient de l'osma- zôme, une matière particulière qui rougit par le chlore (la pancréatine), une matière analogueaucaséum, beau- coup d'albumine, un acide libre, des chlorures de sodium, des phosphates alcalins, des sulfates, etc. ; enfin qu'il ne renferme pas, comme la salive, du sulfocyanure de potassium. La pro- portion des matières solides était de Zi à 5 pour 100 chez la Brebis et de 8,7 pour 100 chez le Chien (a). L'absence de sulfocyanures a été constatée aussi par M. Frerichs et par M. Cl. Bernard. M. Schmidt a fait récemment plu- sieurs analyses du suc pancréatique fourni par une fistule permanente du canal de Wirsung établie chez un Chien, et i! a obtenu, en moyenne, les résultats suivants : Eau 980,45 Mat. organique (pancréatiuc, etc.). IS,!! Soude (qui se trouvait combinée au principe organique dont il vient d'être question) , 3,3d Chlorure de sodium 2,50 Chlorate de potassium 0,93 l^hosphate de chaux 0,07 l^hosphalo de magnésie avec des traces d'oxyde de fer 0,01 Phosphate Iribasique de soude et magnésie avec de la matière or- ganique 0,01 La proportion de matières solides contenues dans ce liquide a varié entre 15,37 et 23,22 pour 1000, et celle de la matière organique que M. Schmidt appelle le ferment, ou diastase pancréatique, s'est élevée dans un cas à 16,38, tandis que dans un autre elle est tombée à 9,21. Dans le suc pancréatique obtenu immédia- tement après l'établissement de l'ou- verture fistuleuse, la proportion d'eau n'était que de 88/i,Zi dans une expé- rience, et dans une autre de 900,76 ; enfin, les 99,2/i parties de matières solides se composaient de 90,iZ( de substance organique et de 8,80 de corps inorganiques (6). {a) Tiedemann et Gmelin, Recherches sui' la digestion, t. 1, p. 40. (6) Scliraidt, Ueber das Pancreassecret (Annalender Chemie und Pharmacie, 1854, l. XCVII, p. 33). suc VANCRÉATIQUE. 527 l'a pas isolée de manière à pouvoir en étudier les carac- tères chimiques et en faire bien connaître la nature (1). Elle est soluble dans l'eau ; précipitable par l'alcool, par les sels métalliques et par les acides minéraux énergiques ; coagulable par la chaleur, et susceptible d'être dissoute par les alcahs après avoir été solidifiée de la sorte; elle est très altérable et se putréfie rapidement; enfin, abandonnée à elle-même, elle donne naissance à un produit qui, soumis à l'action du chlore, prend une couleur rouge, caractère dont l'existence n'a été constatée dans aucune autre substance organique ("2). (1) Cette substance caractéristique du suc pancréatique a ioeaucoup d'analogie avec l'albumine, mais ce dernier principe immédiat perd sa solubilité quand il a été précipité par l'alcool , tandis que la pancréatine peut se redissoudre dans l'ean. Elle a aussi beaucoup de ressemblance avec l'émulsine végétale, mais elle n'a pas, comme celle-ci, la propriété de trans- former l'amygdaline en sucre et en acide cyanhydrique. Dans le suc pancréatique visqueux (que M. Cl. Bernard appelle normal), cette matière coagulable est si abon- dante que par l'action de la chaleur le liquide se prend en masse, comme le ferait du blanc d'œuf. M. Cl. Bernard a trouvé que dans le suc pancréatique visqueuxduCliien,il entre de 8 à 10 centièmes de matières solides, etque celles-ci sont composées d'environ ,''- de celte substance orga- nique unie à un peu de cbaux. Les matières salines qui composent l'autre dixième du résidu étaient du carbo- nate desoude, des chlorures de sodium et de potassium et du phosphate de chaux. Ce physiologiste a constaté aussi que la proportion de carbonate alcalin est beaucoup plus considérable dans le suc pancréatique très fluide que dans celui qui est visqueux {a). M. Cohn a trouvé que le suc pan- créatique du Bœuf et du Mouton est moins coagulable que celui du Chien, et que celui du Cheval et du Porc ne se prend pas en masse par l'action de la chaleur ; il attribue ces dill'érences aux variations dans la proportion d'al- bumine (6). (2) Cette matière avait été aperçue par Tiedemann et Gmelin (c), cepen- dant M. Frerichs ne la rencontra pas(d) ; et en effet M. Cl. Bernard a reconnu qu'elle n'existe pas dans le suc pan- créatique qu'il appelle normal, mais qu'elle y apparaît quand ce liquide s'altère. Elle se montre aussi dans le tissu du pancréas, quand il se décom- (a) Cl. Bernard, Mém. sur le pancréas (Supplàm. aux Comptes rendus, t. 1, p. 427 et siiiv.). (bj Colin, Traité de physioUigie comparée des Animaux doinestUiues, t. 1, p. 641 et suiv.). (c) Tiedemann et Gmelin, Hecherches sur la digestion, t. I, p. 30. (d) Frerichs, Die Verdauung (Wagner's UandwOrterbuck dev Physiologie, l. Ill, \>. HM). 528 APPAREIL DIGESTIF. § 26. — Ayant passé en revue les organes digestifs dans l'en- semble du règne animal, depuis les Éponges et les Animalcules infusoires les plus simples jusqu'à l'Homme, et connaissant les produits qu'ils fournissent, nous pouvons aborder maintenant l'étude des phénomènes essentiels de la digestion; et afin de faci- liter cette partie de notre tâche, je crois devoir examiner tour à tour le mode d'action de chacun des liquides digestifs sur les divers principes immédiats dont se composent les aliments, puis chercher à nous rendre compte des modifications que les ali- ments complexes subissent pendant leur séjour dans les diverses parties du canal où s'effectue l'élaboration nécessaire à leur emploi utile dans l'organisme. Ce sera le sujet de la prochaine Leçon. pose, et elle ne se coapule pas par La matière organique coagulable du l'ébuUition. Le clilore la précipite et suc pancréatique, en se décomposant en même temps y développe la cou- spontanément, donne aussi naissance leur rouge qui est caractéristique (a). à des cristaux très remarquables qui Dans le suc pancréatique très altéré, ont été pris tour à tour pour de la stéa- elle est masquée par la présence de rine'c)et du sulfate de chaux (d), mais carbonates alcalins, et ne donne lieu que M. Cl. Bernard considère comme à cette réaction qu'après avoir été étant formés par un acide organique débarrassée de ces sels (6). particulier uni à de la chaux (e). (a) Cl. Bernard, Mémoire sur le Pancréas (Supplém. aux Comptes rendus de l'Acad. des scien- ces, t. I, p. 433). (6) Idem, Leçons de physiologie expérimentale faites en 1855, t. II, p. 249. (c) idem, Du suc pancréatique (Archives générales de médecine, l" série, 1849, t. XIX, p. 60). (d) Robin et Verdeil, Chimie anatomique, t. II, p. 281, pi. 3, fig. 1, et pi. 6, ûg. 1. (e) Cl. Bernard, Op. cit. {Supplém. aux Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. I, p. 434). FIN DU TOME SIXIEME. TABLE SOMMAIRE DES MATIERES DU TOME SIXIÈME. CINQUANTE-DEUXIÈME LEÇON. De l'appareil digestif des Animaux vertébrés. 1 Caractères généraux de cet appa- reil 1 De lacavilé viscérale 2 Péritoine ^ Tunique charnue du lube digestif. 6 Tunique muqueuse du tube di- gestif 'i De la bouche 10 Cavité buccale de l'Amphyoxns. 10 Cavité buccale des Vertébrés mas- ticateurs 11 Lèvres et joues 13 Abajoues 15 Muscles de l'appareil labial. ... 19 Glandules labiales 21 Charpente solide de la bouche des Vertébrés 22 Mode de développement de cet appareil chez l'embryon 24 . Charpente buccale des Poissons sélaciens 27 Charpente buccale des Poissons osseux 31 Charpente buccale desBatraciens et des Reptiles 4^0 Charpente buccale des Oiseaux . . 4G Charpente buccale des Mammi- fères 47 Muscles moteurs de la mâchoire inférieure t)2 Mouvements de la mâchoire supé- rieure ;j9 De la langue G.'i Structure de la langue des Pois- sons (i3 VI. Structure et mouvements delà lan- gue des Oiseaux 6a Structure de la langue des Batra- ciens et des Reptiles 73 Langue delà Grenouille 74 Langue du Caméléon 75 Langue des Lézards, elc 77 Structure de la langue des Mam- mifères - 80 Muscles de la langue 84 Tunique muqueuse de la langue. 92 l'orme et usages delà langue chez les divers Mammifères 94 Appareil buccal des Vertébrés suceurs 96 Ventouse des Lamproies 97 CINQUANTE -TROISIÈME LEÇON. De l'armure buccale des Animaux vertébrés 101 Des odontoïdes 102 Odontoïdes papiliaires 104 Thécorhynques, ou étuis mandi- bulaires 110 Conformation générale du bec des Oiseaux. 112 Rapports entre la forme du bec et le régime de ces animaux. , 113 Fanons de la Baleine 119 Armure palatine du Rytine et de l'Ornithorynque 123 Dents proprement dites 124 Tosition des dents 125 Composition chimique des dents. 127 Structure intime des dents 12!) De la dentinc ou ivoire 131 De l'émail 133 Du cément ou substance corticale. 134 530 TABLE SOMMAIP.E DES MATIERES. De l'os (leataire. 1 ^-4 Dents gyinnosomes 135 Dents stéganosomes 136 Mode de formation des dents. . . 137 Développement de la dentine. . . 139 Vaso-dentine et dentine non vas- culaire 1^3 Formation du cément loi Tormatiou de l'émail 1 j3 Conformation générale des dents. 155 Dents simples et dents compo- sées ISo Dents rubanées 156 Dents fossiculées 157 Dents lobulées 1 58 Dents fasciculées 160 Dents agrégées 162 Mode de ûxation des dents 162 Racines des dents 167 Du renouvellement des dents en général 168 Première dentition de l'Homme. 171 Seconde dentition de l'Homme.. 174 Renouvellement des dents chez les autres Mammifères 178 Distinction entre les dents prémo- laires et les dents molaires.. . 180 Rapports entre la forme des dents et leurs fonctions 180 Dents préhensiles 181 Dents lacérantes 181 Dents sécatrices, broyeuses et râ- peuses 182 Rapports entre la position des dents et leurs usages 183 Relations entre les usages des dents et leur mode d'implan- tation 185 Emploi des dents comme armes offensives 186 Mode de constitution de l'ensem- ble de l'appareil dentaire. .. . 189 Animaux à dents homomorphes. 191 Animaux à dents polymorphes. . 193 Formules représentant le système dentaire des divers Mammifè- res 194 Rapports entre le régime des Mam- mifères et la disposition de leur système dentaire 19G Système dentaire des Singes. ... 196 Système dentaire de l'Homme. . . 197 Système dentaire des Lémuriens. 199 Système dentaire des Chéiro- ptères et des Insectivores.... 200 Système dentaire des Carnivores. 202 Système dentaire des Rongeurs. . 207 Système dentaire des Ruminants et des Pachydermes 209 Système dentaire des Marsupiaux. 2 1 2 Des relations qui existent entre la disposition du système den- taire et le mode d'articulation de la mâchoire inférieure. . . 216 Applications à la paléontologie. . 219 CINQUANTE-QUATRIÈME LEÇON. De l'appareil snlivaire 220 Organes salivaires des Poissons. . 221 Organes salivaires des Batraciens et des Reptiles • 222 Appareil salivaire des Oiseaux. . . 225 Appareil salivaire des Mammi- fères 229 Cryptes muqueux 230 Glandes salivaires proprement dites 231 Glandules labiales, buccales et linguales 233 Parotides 234 Glandes sous-maxillaires 235 Glandes sublinguales 236 De la salive 237 Classification physiologique des glandes salivaires ... 238 Rapports entre les usages de la salive et la disposition de l'ap- pareil salivairechezdivers Ani- maux 239 De la quantité de salive sécrétée chez l'Homme et divers Ani- maux 4 2i3 Circonstances qui influent sur l'activité fonctionnelle des pa- rotides 246 Circonstances qui influent sur l'ac- tivité des glandes sous-maxil- laires et sublinguales 248 De l'influence des nerfs sur la sécrétion salivaire 249 Des propriétés physiques de la salive. 254 Composition chimique de la sa- live 256 CINQUANTE - CINQUIÈME LEÇON. De la déglutUion 266 Structure du pharynx chez les Vertébrés inférieurs 266 Pharynx des Mammifères 268 TABLE SOMMAIRK DES MATIERES. )31 Voile du palais 268 Armure pharyngienne des Pois- sous 271 Des muscles du pharynx 272 Des mouvements de déglutition. 274 De Ttcsophage 280 De l'estomac 285 Estomac des Poissons 287 EstomBc des Batraciens 290 Estomac des Reptiles 291 Estomac des Oiseaux 292 Jabot 293 Ventricule succeniurié 295 Gésier 297 Estomac des Mammifères 301 Estomac de l'Homme 301 Structure de sa tunique muscu- laire 303 Tunique muqueuse 304 Giandules pcpsiques 306 De l'estomac simple chez les au- tres Mammifères 309 Des estomacs mulliplesdes Mam- mifères qui ne ruminent pas. 315 Estomacdes Ruminants 319 De la rumination 324 De la régurgitation et du vomis- sement 329 Mécanisme du vomissement. ... 331 Du séjour des aliments dans l'es- lomac 338 Des mouvements péristal tiques de l'estomac 340 Capacité de ce réservoir 343 Du passage des aliments par le pylore 343 CINQUANTE-SIXIÈME LEÇON, Des inteslins des Animaux verté- brés 345 Intestin grêle 347 Gros intestin 348 De la longueur relative de l'intes- tin chez les divers Animaux. . 353 Longueur relative du gros intes- tin 359 De la terminaison de l'intestin. . 3(50 Du cloaque 3(jl De l'anus et de ses muscles. . . . 305 De la tunique séreuse des intes- tins et de ses dépendances. . . 3G7 Mode de développement du mé- sentère :i(;0 Disposition du uM'-scntèrc chiv les Poissons et divers autres Ver- tébrés 370 Trajet du tube intestinal dans la cavité abdominale , , . 372 Ligaments péritouéaux 375 De la disposition particulière du mésentère chez certains Verté- brés 377 De la disposition générale des in- testins chez les Poissons 379 De la disposition générale des in- teslins chez les Batraciens, les Reptiles et les Oiseaux 381 Disposition générale des intestins chez les Mammifères 382 De la tunique musculaire de l'in- testin 383 De la tunique muqueuse de l'in- testin 383 Replis et prolongements appen- diculaires 387 De la conformation de la tunique muqueuse chez les Poissons. . . 388 Disposition de cette tunique chez les Batraciens elles Reptiles. . 390 Disposition de cette tunique chez les Oiseaux 391 Disposition de cette tunique chez les Mammifères 392 Des valvules conniventes 393 De la valvule iléo-cœcale 394 Des villosités de l'intestin 397 Du système glandulaire logé dans les parois de l'intestin 402 Glandes de Lieberkuhn 402 Glandes de Brunner 404 Glandes de Peyer 403 Follicules muqucux 407 Des appendices pyloriques des PoiS' sons 408 Produits de ces organes 412 Des glandes anales 413 Des glandes extrinsèques du ca- nal intestinal 4 I i CINQUANTE-SEPTIÈME LEÇON. Des organes complémentaires du canal intestinal des Vertébrés . . 4 1 G Appareil hrpatiqiie 419 Mode (l(Mlévcl()p|)cment du foie. 417 Gonfornialion générale du foie chez l'homme 421 Conformation du foie chez les au- Ires Mammifères 423 532 TABLE SOMMAIRE DES MATIÈRES. Conformation du foie des Oi- seaux 426 Conformation du foie des Repti- les et des Poissons 427 Tunique séreuse du foie. ...... 429 Ligaments du foie 429 Tunique propre du foie 432 Capsule de Glisson 433 Structure intime du foie 434 Veines afférentes 436 Veines efférentes 439 Artère hépatique 442 Conduits biliaires 443 Tissu sécréteur du foie 445 Vésicule du fiel 454 Rapports des canaux excréteurs du foie avec la vésicule bi- liaire et avec l'intestin 458 Structure des parois de la vésicule dufiel 462 Embouchure du système des ca- naux excréteurs de l'appareil hépatique. 465 De la sécrétion de la bile 466 Expériences faites à l'aide de fis- tules biliaires artificielles. . . . 478 De la quantité de bile fournie par le foie de divers Animaux. 470 Mode d'écoulement de ce liquide. 472 Propriétés physiques de la bile. . 474 Composition chimique de la bile. 476 Acide taurocholique 483 Acide glycocholique 486 Acide hyocholique, etc 489 Matières colorantes de la bile. . . 490 Cholestérine 493 Acides gras 494 Sels inorganiques et mucus. . . . 494 Proportion d'eau et de matières solides contenues dans la bile. 495 Calculs biliaires 497 Variations dans la constitution de la bile i 499 Matières qui se rencontrent d'une manière anormale dans ce li- quide oOl De l'appareil pancréatique 503 Du pancréas • • • • 503 Structure intime de cette glande. 506 Conduits excréteurs du pancréas. 507 Du pancréas des Oiseaux 511 Du pancréas des Reptiles 512 Pancréas des Batraciens 513 Pancréas des Poissons 514 Des vaisseaux du pancréas 516 Nerfs du pancréas SI'' Du volume de cette glande chez divers Animaux 518 Mode d'obtention du suc pancréa- tique 518 Intermittence de la sécrétion pan- créatique 520 De la quantité du suc pancréa- tique 522 Composition chimique de ce li- quide 525 ï0^i^M ir>'' ^oK^Oi 9^^i<^ :\^>..: ^M^, --^:r.^^^m^^^^r'^' -;:î:^s^^^^-^^ ■'^&m&^'^'