Ury or THRONTO LIRRARY A à: ES à à È * pre Es É j es | “ HE “ Dee Ï x : PBEMER ET PLANTER PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 8) SEMER ET PLANTER LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR E CHOIX DES TERRAINS — SEMIS — PLANTATIONS FORESTIÈRES ET D'AGRÉMENT D € ENTRETIEN DES MASSIFS — ÉLAGAGE — DESCRIPTION ET EMPLOIS DES ESSENCES FORESTIÈRES INDIGÈNES ET EXOTIQUES, ETC. TRAITÉ PRATIQUE ET ÉCONOMIQUE DES REBOISEMENTS ET DES PLANTATIONS DES PARCS ET JARDINS Par D. CANNON Lauréat du Prix d'Honneur pour la Sylviculture en Sologne Membre correspondant de la Société Nationale d'Agriculture de France TROISIÈME ÉDITION REVUE ET AUGMENTÉE ORNÉE DE 369 FIGURES PARIS Et LUCIEN LAVEUR, ÉDITEUR s 43, RUE DES SAINTS-PÈRES, VI® 1906 Droits réservés > SOMMAIRES DES CHAPITRES ITRE PREMIER. — RÉFLEXIONS A FAIRE AVANT D'ENTREPRENDRE DES * PREMIER PANTIS ere 2e dise. OEM, De nu, outre x _ Ce que coûte le reboisement, 1. — Vente à obtenir, 2. — Agrément _ eébutilité du reboisement, 2. — La vraie économie est dans la bonne exécution des travaux, 2. — Valeur du terrain à boiser, 2. 15 TRE IL. — CHOIX DU TERRAIN A BOISER ET DES ESSENCES QUI DOIVENT ER EN 1. LL... he se ue ele à el A _ Position des parcelles, 5. — Danger des opérations trop pressées, 6. Étude des terrains en vue du choix des essences, 7. — Essences n convenant aux différentes natures de terrains, 7. PITRE LIL. — MANIÈRE D'OBTENIR LES REMISES D'IMPÔTS ACCORDÉES PAR DUOISISUR LES TERRES À BOISER . . . : - . . . .. . .... + © ns ® Distinction à observer, 9. — Dégrèvement des friches, 9. — Dégrè- _ vement des vieilles terres cultivées, 10. — Dégrèvement en cas de _ sinistre, 11. — Résumé, 13, LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR CHAPITRE IV. — TRAVAUX PRÉALABLES ET DISPOSITIONS GÉNÉRALES « « « « « Conditions à assurer, 15. — Aménagement des chemins et des assai- nissements, 15. — Les grands bois ne doivent pas être trop rappro- chés des habitations, 16. — Tracé préalable des allées, 16. — Écono- mie de ce tracé, 17. — Allées en coteau et en montagne, 17. — Lar- geur des allées, 18. — Bordures, 18. — Assainissement, 19. — Profon- deur, 19. — Fossés longeant les allées, 20. — Position du fossé, 20. — Passage des voitures, 26. — Rigoles secondaires, 20. — Garde des bois ; interdiction aux bestiaux, 21. — Cas où les bestiaux peuvent être admis,22. — Enlèvement des feuilles.22. — Proportion d'éléments minéraux dans l'organisme des arbres, 22. — Effet physique de la couverture du sol, 23. — Economie en clôtures, 24. CHAPITRE V.— ESSENCES FORESTIÈRES ; LES CONIFÈRES. . «+ « . . « «+ . « . Le Pin sylvestre, 25. — Variété de Riga, 33. — Variété d'Écosse, 34. Variété de Haguenau, 35. — Pin d'Auvergne, 35. — Le Pin maritime, 37. — Le Pin laricio, 42. — Variété de Calabre, 44. — Le Pin d'Au- triche, 45. — Le Pin d'Alep, 48. — Le Pin à goudron, 51. — Le Pin Lord Weymouth, 53. — L'Épicéa, 55. — Le Pseudo-Tsuga Douglas, 58. — Le Sapin, 60. — Le Mélèze,65. CHAPITRE VI. — ESSENCES FORESTIÈRES ; LES FEUILLUS. - - - . - . - . - . Le Chêne pédonculé, 69. — Le Chêne sessile, 71. — Le Chène tauzin, 75. — Le Çhêne yeuse, 78. — Le Chêne-liège, 78. — Le Hêtre, 79. — Le Charme, 82. — Le Châtaiguier,85. — L'Orme, 88. — Le Bouleau, 89. — L'Aune commun. 93. — L'Aune blanc. 9%. — Le Robinier faux-aca- cia, 96. — Le Frêne, 99. — Les Érables, 101. CHAPITRE VII. — PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES. . . . . . . . . . Choix entre le Semis et la Plantation, 103. — Semis en pépinière, 105. — Observations générales sur les Semis, 106. — Frais des Semis, 111. — Méthode de Cheverny, 112. — Observations générales sur les Plantations, 113. — Supériorité des très jeunes Plants, 114. — Mise en Pépinière de petits Plants, 118. — Repiquage. 119. — Conservation, 420. — Saison de la Plantation, 121. — Méthodes de Plantation, 193. — Méthode Manteuffel, en Buttes, 126. — Plantation avec les Outils Prouvé, 134. — Plantation en touffes, 141. — Espacement, 142. — Pro- pagation des essences, 146. — Le Pin sylvestre, semis, 146. — Planta- 25 69 103 "FR " x SR #4 M Ne. K F j É 4 "l TABLE DES CHAPITRES III PAGES tion, 151. — Propagation du Pin maritime, 159. — du Pin Laricio, 162 ; — du Pin d'Autriche, 165 ; — du Pin d'Alep, 166; — du Pitchpin, 167; — du Pin de Lord Weymouth, 167; — de l'Epicéa, 168 ; — du Sapin, 172; — du Mélèze, 175; — du Chêne, 176; — du Châtaignier, 182; — du Hêtre, 184 ; — du Charme, 186; — de l’Orme, 187; — du Bouleau et de l’Aune, 187 ; — de l’Acacia (robinier), 188. CHAPITRE VIII, — PLANTATIONS D ORNEMENT ET D'ALIGNEMENT . . . . - . . . 192 _ Conditions nécessaires pour les Conifères, 192. — Défoncement, 194. — Choix des Essences, 195. — Exécution de la Plantation, 198. — Plantation des Espèces feuillues, 200. Es er (CHAPITRE IX. — PLANTATIONS D'AGRÉMENT : CONIFÈRES . . . « . + « « . » : 202 Les Pins, 202, — Les Épicéas, 214. — Les Sapins argentés, 221. — __ Le Mélèze, 229. — Les Cèdres, 230, — Le Taxodier ou Cyprès chauve, _ 234. — Les Séquoias, 238. — Les Cryptomères, 243, — Les Araucarias, 244. — Les Cupressinées, 247. — Les Cyprès, 247. — Les Retinospo- ras ou Chamæcyparis, 251. — Les Thuyas, 253. — Les Libocédres, 18 254. — Les Genévriers, 255. — Le Ginkgo du Japon, 261. Se | CHAPITRE X. — PLANTATIONS D'AGRÉMENT ET D'ALIGNEMENT : FEUILLUS. . . . 263 Les Cupulifères (Chênes, Châtaigniers, Hêtres, Charmes, Noise- tiers), 263. — Les Juglandées, 285. — Les Platanées, 289. — Les Acéri- nées, 291. — Les Négundos, 295. — Les Ulmacées, 297, — Les Légu- Le mineuses, 299, — Les Tiliacées, 306. — Les Rosacées, 308. — Les Bé- tulacées, 314. — Les Salicinées, 318. — Les Hippocastanées, 329. — Les Xanthoxylées, 330. — Les Sapindacées, 332. — Les Bignoniacées, 333, — Les Magnoliacées, 33. — Les Balsamifluées, 336. — Les Ta- mariscinées, 336. CHAPITRE XI. — EXÉCUTION DES PLANTATIONS D'AGRÉMENT. . . . - . . . . . 339 és . Manières de Planter, 339. — Extraction des Sujets, 340, — Méthode des Pépinières de la Ville de Paris, 340. — Tailles, 342. — Tuteurs, 34:. — Plantation et Taille des Arbres d’Alignement, 344. r- co Æ [er] "0 DE KDE ENTRETIEN DESVBOIS. - . à 2. D: . . Lx Faut-il donner des Façons à la Terre ? 346. — Éclaircie des Taillis, 348. — Éclaircie des Futaies, 348. — Périodicité des Éclaircies, 350. — “4 + si FU Gel à L +27 DS 7 — =. a 140 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 293. — Fixation du Plant en Terre. — Pour fixer le plant en terre, le premier ouvrier enfonce le plantoir à côté du premier trou et parallèlement à ce dernier. Il tient à lui la poignée du manche, afin de serrer d’abord l'extrémité inférieure des racines ; appuyant en sens inverse sur la même poignée, il presse la terre contre la racine dans toute la longueur de celle-ci. Ensuite, avec le talon, il ferme le deuxième trou. La pression que le planteur exerce ainsi, agissant avec toute sa force appliquée à l'extrémité du levier, est bien supérieure à celle d’un homme qui piétine la terre autour d’un plant. Aussi le plant est-il tellement maintenu en terre, qu’en cherchant à l'arracher, on rencontre une résistance aussi grande que s'il s'agissait d’un plant venu naturellement sur place. 224. — Plantation oblique. — Dans les sols qui manquent de profondeur, l'ouvrier enfonce le plantoir d'abord verticalement jusqu’à la roche; puis, l'inclinant et soulevant la terre végétale, il fait un trou oblique, dans lequel, à l'aide d'un fourreau, il place les racines dans toute leur longueur. Il serre ensuite la terre avec le talon, comme pour fermer un trou de taupe. Avec le pied, le planteur redresse légèrement la tige, qui ne tarde pas à reprendre * la position verticale. Le plant est fixé et les racines sont placées sous les herbes dans un milieu aussi frais que le terrain le com- porte. Dans les sols secs, on fera bien de protéger les racines en couvrant les places qu'elles occupent avec des pierrailles, ga- Q "ia sa du 7 PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 141 zons, etc., et surtout d'incliner les plants vers le midi,afin de dimi- nuer les effets funestes des rayons solaires sur la tige au moment de la transplantation. 295, — Utilité de ce Système. — M. Prouvé est un chercheur, et ses méthodes sont intelligentes et ingénieuses. Nous ne les avons jamais vu pratiquer, mais certains propriétaires de nos connaissances les ont employées avec succès, et nous croyons qu'elles doivent être très utiles pour les plantations d'espèces pivotantes, comme les chênes, le sapin argenté et le hêtre. Nous ne voyons pas leur utilité pour les essences à racines superfi- cielles. Selon ses conditions, ce sera à chaque sylviculteur de juger si l'avantage qu'il peut obtenir en adoptant ce système suffirait à compenser les frais d'acquisition des outils, qui seraient considé- rables si on employait une équipe nombreuse, et la perte de temps inévitable en attendant que cette équipe fût habituée au manie- ment des instruments. En général, l’ouvrier travaille le mieux avec les outils qui lui sont les plus familiers; lorsqu'il s'agit de les remplacer par d’autres, il faut que la supériorité de ceux-ci soit très grande et que le travail à faire soit long, pour que la substitu- tion soit avantageuse. Certaines recommandations ingénieuses, comme celle d’incliner les plants vers le midi dans les sols desséchés, doivent être utiles à tous les sylviculteurs. 996. — Plantations en Touffes. — Quand on n'a pas sous la main des plants de belle qualité, propres à être plantés un à un et à racines nues, — et lorsqu'il s’agit de terrains peu étendus et d'une nature ingrate, où l'on a peur de voir mal réussir une plan- tation ordinaire, — on peut avoir recours à la plantation par touftes. Pour pratiquer cette méthode, il faut avoir, à proximité du terrain à planter, un semis, soit en pépinière, soit à demeure, de l’es- sence (généralement le pin sylvestre) que l’on emploie à cet effet. On enlève les plants, en toufies de trois à cinq, avec la terre adhérente à leurs racines, et on les transporte sur le champ du tra- 142 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR vail, en évitant très soigneusement de faire tomber cette terre par des secousses. Le transport s'effectue sur une brouette, ou, si le chemin n'est pas brouettable, sur une civière. On les plante en- suite dans des poquets, comme nous l'avons recommandé aux pa- ragraphes 184 et suivants, après avoir nettoyé la place du trou si la terre est couverte de trop fortes plantes arbustives. 297. — L'avantage de cette méthode consiste en ce que l'assem- blage des racines des plants maintient la terre autour d'elles, de sorte que, si l'opération est soigneusement faite, les plants ne sont guère dérangés de leur assiette naturelle, et leur reprise est assu- rée. Sur le nombre des plants mis dans un seul trou, il y en aura presque toujours un qui prendra le dessus et occupera la place au détriment des autres; ceux-ci ne serviront qu'à maintenir sa crois- sance droite et à contribuer à étouffer les mauvaises herbes; d'ailleurs, ils tomberont tôt ou tard dans les éclaircies. 228. — [Les inconvénients de ce procédé sont les suivants: 1 il n’est possible que si l'on peut disposer d'un semis serré de l'es- pèce voulue; et 2° le transport des touffes, prises dans leurs petites mottes, nécessite des frais considérables. Cette méthode, teut en étant bien sûre, ne laisse donc pas que d’être embarrassante, et ne doit être employée, nous l'avons dit, que pour de petites parcelles, très difficiles à boiser, ou pour celles qui se trouvent très proches du semis d'où l'on extrait les plants. 299. __ Espacement des Plants. — C'est un axiome reconnu en sylviculture, que l'on doit planter plus ou moins serré selon la nécessité d’abriter plus ou moins les jeunes pieds, et selon la faci- lité dont on dispose pour tirer parti des produits des premières éclaircies. II faut également tenir compte du port, de la croissance et du tempérament de l'arbre que l'on plante. Nous traiterons donc de la distance à mettre entre les plants, au chapitre de la propa- gation de chacune des principales essences forestières, et nous nos bornerons ici à adjoindre un tableau des nombres de plants néces- saires aux distances les plus usitées. 230. — Tableau des nombres variables dePlants par Hectare. L PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 143 — À | mètre, il faut 10.000 plants par hectare. C'est là une quantité que nous trouvons énorme; nous n'admeltons donc cet espacement que dans des cas tout exceptionnels, et nous le condamnons dans la plantation ordinaire sur une grande échelle, comme donnant lieu à des dépenses exagérées. A 1533, il faut 5,625 plaats par hectare. A 1m50, — 4,444 — A 1066, — 3,600 — A 2m», --— 2,50) = A 2m50, — 1,600 — A 3m», — 1,111 — A 4m», — 625 —= On n emploie ces trois derniers espacements que lorsqu'on veut compléter, par une garniture protectrice, ou bien par l’adjonction d'une essence supérieure, un repeuplement déjà existant. 931. — Économie de Plants par le Tracé des Allées. — Les quantités de plants signalés doivent subir une diminution d'un douzième environ, si, comme nous l’avons recommandé au para- graphe 19, on a tracé et réservé d'avance la place des allées néces- saires dans les futurs massifs. 232 — Espacement à deux Distances différentes. — Les dis- tances d'espacement que nous venons de donner sont entendues dans tous les sens; mais on peut en adopter d'autres, plus larges dans un sens que dans l’autre, comportant le même nombre de plants, si la nature du terrain y invite; par exemple dans des terres anciennement ou récemment labourées, où l'espacement des billons ou des planches indique forcément celui des rangs des plants. 11 vaut toujours mieux, en plantant, suivre ces lignes que de les traverser, car elles assurent l'assainissement des petits plants en même temps que la régularité de la plantation. Quand on aurait voulu planter à 1 m. 33 dans tous les sens, si, en raison des billons ou des planches, il fallait espacer les rangs d’un mètre seulement, on pourrait obtenir la densité de repeuplement voulue en élargis- sant l'espace des plants dans chaque rang, c'est-à-dire en les y pla- 144 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR çant à {À m. 66 environ l’un de l’autre. On obtiendrait ainsi le même résultat, à peu près, qu'en plantant à { m. 33 dans tous les sens. 933. — Plantation sur Billons. — Quand il existe des billons, il faut toujours éviter de planter dans les fonds, à moins que le terrain ne soit un sable aride qui ne retienne jamais l’eau. Lorsque le sol est frais, il faut planter sur le sommet du billon ; lorsqu'il est sec et chaud, on peut placer les plants à mi-côte, du côté du nord ou de l'est, où la terre est le moins brülée par les ardeurs du soleil. 934. — Frais de la Plantation. — D'après le tableau précédent, il est très facile de calculer la dépense par hectare de cette opéra- tion, dépense qui, si l’on travaille dans les conditions que nous recommandons, n'a rien d’effrayant. 235. — Prix desPlants. -_ Le prix des plants des essences principales, dans les pépinières de commerce les plus importantes, varie, pour la plupart, de 6 à 12 francs le mille ; l'acquisition des plants coûtera donc par hectare : À 133, pour 5.625 plants. de 33 fr. 75 à 67 fr. 50 A 1m50, — 4.444 — de 26 fr. 66 à 53-fr. 32 A 166, — 3.600 _ de 21 fr. 60 à 43 fr. 20 A 2M»», — 2.500 — de ME TO MARS 0NEr EE) A 2m50, — 1.600 —— demo fr 60 SO fTE20 NO NI — demnGifr 66 a IS A 4m», — 625 — der TON ARE Ron Si l’on a pu élever ses plants de semis chez soi, dans de bonnes conditions, ou repiquer d'avance du petit plant (v. K 188), les frais se trouvent réduits au minimum. 236. — Prix du Travail. — La äépense pour la main-d'œuvre peut varier, selon les localités et la nature du sol, de 2 fr. à 3 fr. 50 par mille. Pour 5,625 plants, elle serait donc de 11 fr. 25 à 19 fr. 17 — 4,444 — — Sfr 188 04 1befr.-0) — 3,600 — — For 20412460 — 2,500 — — STORE 8 fr. 75 — 1,600 — — SU 20 AS DATA — 1,111 — — DUT DD AS IT RSS — 625 — — Ir 2 a Etre 20 Il va sans dire que ces calculs ne peuvent être qu'approximatifs ; maté | | - | : — LC ect. * ii él OR OR al D 22 ad ds propagée par les PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 145 nous ne cherchons qu'à donner un aperçu général des conditions économiques moyennes, et à réfuter cette notion, trop souvent igno- rants, que la plantation ne peut se faire sans grandes On vient de voir qu'elles sont dépenses. inférieures, sans contre- dit, à celles de toute opé- ration agricole. 937. — Faux Frais. — — Nous rappellerons à 7 1 7 Fig. 198. — SEMOIR à grosses graines. nos lecteurs qu'en réservant d'avance les allées qui doivent exister dans la plantation, on diminue d'un dixième ou d’un douzième le nombre des plants à employer, et par conséquent les frais de leur Ro N KK. # A __ Fig. 199. — SEMOIR à menues graines. achat et de leur mise en terre. Nous avons pour- tant établi nos calculs sur la base du repeuple- ment complet, négligeant de tenir compte de cette économie, en vue de com- penser jusqu'à un certain point : 4° les frais d’em- ballageet de transport des plants, et 2° les faux frais, l'imprévu, etc.,qui se pré- sentent dans le travail de la plantation. 938. — Frais du Semis. — Ceux-ci sont impossibles à calculer, même en moyenne, à cause des écarts én rmes ‘qui ‘xistent entre les prix des différentes graines ei aussi entre les quantités néces- saires de chaque essence, quantités qui peuvent varier encore selon la nature du terrain à semer. LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR. 10 146 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Le prix des facons peut être aussi très variable selon les habi- tudes de la contrée et selon les aptitudes du sol. Rappelons seule- ment ce que nous avons déjà fait observer, que si, avec les graines forestières, on peut semer dans de bonnes conditions une récolte céréale ou fourragère qui payera les façons données, la dépense se trouvera réduite à celle de l'acquisition de la graine. Si, d'un autre côté, on est obligé de faire la culture nécessaire en vue du semis forestier seul, les frais s’'augmentent d'une somme que chacun peut calculer d'après les prix ordinaires des façons agricoles dans sa région. Dans ces conditions, nous croyons que le semis revient généralement plus cher que la plantation. PROPAGATION DES ESSENCES 239. — Nous traiterons en même temps du semis et de la planta- tion de chaque espèce forestière importante. Nous commencerons par les résineux ; d’abord par le pin sylvestre, qui est peut-être l'essence la plus généralement répandue et la plus propre, soit à reconstituer les bois épuisés, soit à reboiser les terrains pauvres. 240. — Semis du Pin sylvestre. — En raison de la finesse de la graine, les semis de cette espèce ne réussissent. vraiment que sur des sols frais ou par des saisons fraîches. Si la terre est aride, elle ne lève que lentement et fort irrégulièrement ; la plantation y est préférable. Le pin sylvestre, à notre avis, doit en général se semer pur. Dans les départements du Centre ‘et de l'Ouest, il a été assez ordi- nairement mélangé avec le pin maritime; dans ce cas, il a, surtout dans les terres très légères, l'inconvénient de lever moins rapide- ment que son congénère, de pousser moins vite pendant les pre- mières années, et de risquer, par conséquent, d'être dominé et étouflé par lui. Mélangé, d'un autre côté, avec le pin d'Autriche ou avec tout autre conifère, il le domine à son tour, et le sylviculteur doit prendre des soins particuliers pour conserver l’autre essence, qui, malgré tout, végète rarement bien. Cod GE: Pa PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 147 21. — Mélange avec le Pin maritime. — Si le sylviculteur est décidé à mélanger sur son terrain les pins sylvestre et maritime, nous croyons que, par la raison que nous venons d'indiquer, il faut éviter le semis simultané des deux essences. On peut commen- cer par semer le pin sylvestre (2 ou 3 kilogr. par hectare) et, au bout d'un ou de deux ans, si ce semis n’a pas réussi à couvrir le terrain, ajouter la garniture voulue de maritime. Ou bien on peut commencer par semer le maritime (4 kilogr. par hectare) et en même tempsrepiquer, à des distances de2ou 3 mètres, dans tous les sens, des plants de pin sylvestre de deux ans. Dans chacun de ces cas, on assure à cette dernière essence une avance d'un an sur l'autre, ce qui doit suffire pour égaliser leur crois- sance et pour empêcher que l'espèce la plus solide, destinée à occu- per le sol en permanence, ne soit étouffée par sa garniture. 249. — Époque du Semis. — On doit préférer, comme saison du semis, le printemps ou bien le mois d'août à l'automne. Les graines semées dans cette dernière saison, restant inactives pendant l’hi- ver, demeurent exposées aux attaques des mulots, et aussi à celles de quelques oiseaux affamés, qui pourraient, en grattant le sol, les déterrer. Avec une récolte de sarrasin, on sème au mois de juin. Dans le Centre, on peut semer dès la fin de février, si le temps est favorable ; dans le Nord et dans les régions montagneuses de l'Est, il faut attendre que les neiges aient définitivement disparu. Les jeunes plants ont rarement à craindre les gelées ; ils redoutent, d'un autre côté, les hâles et les chaleurs ; il est donc à désirer qu'ils puissent, en levant de bonne heure, avoir le temps d'acquérir la force nécessaire pour y résister. 943. — Manière d'opérer le Semis. -- C'est une erreur malheu- reusement fort commune que de semer trop épais. La quantité de graines employée, et par conséquent la dépense, sont exagérées. et le repeuplement obtenu, trop pressé, quoiqu'il réjouisse l'œil, pen- dant les premières années, par la vigoureuse couverture verte qu'il donne au sol, s'étiole et s’étouffe bientôt s’il n’est pas éclairei avec beaucoup de discernement. Pour prévenir ce résultat, il est très 148 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR utile d'éviter les semis pleins, et de semer en lignes ; ce système assure la vigueur du semis et rend ensuite les éclaircies beaucoup plus faciles. 244. — En pays de plaine, ces lignes peuventèêtre tirées au moyen d'un simple buttoir, à la distance de 1 mètre à ! m. 53 l’une de l’autre. Un bâton, fixé transversalement sur les manches de la charrue, dans le sens horizontal, porte à son extrémité une corde avecun plomb qui traine par terre et indique, pendant l'ouverture de chaque raie, la place de la suivante. On obtient ainsi la régula- rité du semis, et l'on économise autant que possible la semence. Nous avons observé avec plaisir que le semis en lignes est aujour- d'hui très usité en Bretagne. 245. — En pays de montagne, où le passage d'une charrue serait impossible, ces lignes peuvent se tracer au moyen d'une légère pioche ou d'une serfouette de jardiniér. On doit, dans ce cas, tra- cer les lignes en travers de la pente de la montagne, car, si elles la suivaient, les graines pourraient être emportées de haut en bas par de fortes pluies qui ravineraient les sillons et enlèveraient leur légère couverture de terre ameublie. 216. — Quantité de Graines nécessaire. — Avec le système de semis en lignes que nous venons de recommander, il suffit de 2 ou 3 kilogrammes de bonnes graines par hectare (1) selon la fraicheur ou l'aridité de la terre à boiser. Les quantités recom- mandées par certains livres et par certains catalogues de graine- tiers montant jusqu à 12 kilos par hectare, et calculées, il est vrai, en vue de semis pleins, sont tout à fait exagérées. Le kilogramme de graines de pin sylvestre en contient de 150,000 à 200.000 selon la densité des graines, de provenance très diffé- rente, et leur netteté. De deux choses l'une : ou la ‘graine semée sera mauvaise, et dans ce cas l'opération sera à recommencer ; ou bien elle sera bonne, et alors que faire des millions de brins qui en résulteront, serrés comme ceux d'un champ de chanvre, et qui, (1) On peut augmenter ces quantités si l'on est obligé de semer plein, ou si e terrain est extrêmement aride. e # 4 À PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 149 ———————————— dans un temps très rapproché, s'étoufieront mutuellement, à moins d'éclaircies coûteuses et improductives ? La quantité de 2 à 3 kilos, que nous recommandons, contient en moyenne de 360 à 540.000 graines ; s’il en lève le dixième, ce sera trop. 241. — Prix de la Graine. — En hausse depuis quelques années, valant peut-être 7 à 8 francs le kilogramme, cette semence coûte- rait de 14 à 24 francs par hectare. 948. — Nécessité d'une Couverture légère. — La condition principale du succès d'un semis de pin sylvestre, c'est que la graine ne soit pas trop enterrée. Voici, en résumé, les résultats d'une série d'observations intéressantes sur cette question : 2,9. — Expériences de M. Baur. — M. le professeur Paur, directeur de la station forestière de Hohenheim (Wurtemberg), a fait semer dans une terre franche de compacité moyenne, ni trop meuble ni trop résistante, des graines de pin que l'on a enterrées aune profondeur minima de 6 millimètres, s'accroissant progressi- vement par fraction de 5 millimètres jusqu'à 50 millimètres, et il a constaté d'abord que les graines enterrées A 5 millimètres ont germé en 20 jours. A 10 _ = 25 A 15 _ = 27 A 20 — 0 29 qu'après trente et un jours on ne trouve que très peu de germes provenant des graines enterrées à 95 à 30 millimètres ; enfin que les graines couvertes de 35 à 50 millimètres n'ont pas germé. Con- tinuant pendant une série de plusieurs années consécutives ces expériences, il reconnaît, au cours de ce long travail, que si les graines semées à une profondeur de 10 à 15 millimètres ont levé assez régulièrement, les plants sont néanmoins quelque peu grêles, surtout ceux provenant des graines les moins recouvertes ; que les plants provenant de graines recouvertes à 15 millimètres sont très vigoureuses et forment un repeuplement complet. Les planches sur lesquelles les graines avaient été recouvertes de 20 millimètres 150 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR demeurent clairiérées. Les plants recouverts de 25 millimètres sont très clairiérés et peu vigoureux. Les germes des graines enterrées à 30 millimètres ont seulement soulevé la croûte superficielle du sol, mais n'ont pas pu éclore. Aucune graine enterrée à 35 et 50 millimètres n'a produit. Comme résultat définitif, enfin, après plusieurs années, les plants provenant de graines enterrées à 5 et à 15 millimètres sont également bien venants; un recouvrement supérieur à 15 milli- mètres a donné des résultats moins favorables ; les semis recou- verts de 20 à 25 millimètres sont très clairs, et à 30 millimètres et au-dessus aucun plant n’a survécu. Le recouvrement compris entre 10 et 15 millimètres semble à tous égards le plus favorable, abstraction faite de la nature plus ou moins consistante du sol, dont on pourrait, dans la pratique, tenir compte en diminuant ou en augmentant de quelques millimètres l'épaisseur de la couverture. Tels sont les résultats de ces expériences, et nous ne saurions trop insister sur leur importance pour le sylviculteur, car ils s'ap- pliquent non seulement au semis du pin sylvestre, mais à celui de toute autre essence dont la graine est d'une égale finesse. 250. — Manière de prévenir le Danger signalé. — II faut done avoir grand soin de ne couvrir que le plus légèrement possible les graines dans les raies ; et si celles-ci sont trop profondes, on devra les combler en partie au moyen d’une herse légère avant de semer la graine, qu'on pourra ensuite enterrer avec une simple herse d'épines. Cette opération, qui dépose de la terre ameublie dans les raies, ne peut que favoriser la germination. En montagne, le râteau remplace la herse. 251. — Semis sans Culture. — Dans les terrains sablonneux. légèrement couverts de gazon, on peut semer sans façon aucune; il suilira du passage d'une herse pour enterrer la semence. Dans ce cas, comme on ne doit évidemment s'attendre à voir germer qu'une faible proportion des graines, il sera utile de porter à 4 ou à kilos au moins la quantité à employer par hectare. 252, — Semis en Poquets. — Dans les terrains trop inégaux pour aééiahitl etiishets és ee" at d'ie, El it mère dut out lie de dé d "T7 Ver PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 151 admettre les semis continus, soit pleins, soit en ligne, on peut semer en poquets. Cette opération se pratique, selon la nature du sol, soit _ à la bêche (on donnera alors la préférence à la béche de forme demi-cireulaire), soit à la pioche. A l'aide de l’un ou de l’autre de ces outils, l'ouvrier retourne et ameublit autant que possible la motte de terre sur laquelle il opère ; ensuite les graines sont répan- dues sur le guéret et très légèrement couvertes au râteau, avec de la terre finement ameublie et sans aucune motte. Ces poquets peuvent être espacés à 1 m.33 environ. Dans chacun, on déposera huit ou dix graines ; si elles sont de bonne provenance ce nombre doit suffire. Si les mulots sont à craindre, il sera néces- saire de les enduire de minium, comme nous l'avons indiqué au paragraphe 178, et de poser sur chaque poquet quelques brins d'épines ou, à leur défaut, de petits bois. 253. — Semis dans les Bois épuisés et dans les Clairières. — Lorsqu'on doit abattre définitivement une vieille futaie, ou recéper uu taillis épuisé ou une jeune plantation manquée, il suffit souvent, pour obtenir un repeuplement de pin sylvestre, de faire semer préa- lablement, sans façon aucune, sur toute l'étendue qui sera dégar- nie, des graines qui seront suffisamment enterrées par le piétine- ment des ouvriers qui façonneront le bois. Il faudra, lorsqu'on aura recours à ce procédé sommaire, employer au moins 6 kilog. par hectare de graines choisies bien fraiches, car elles devront rester quelque temps hors de terre. On évitera de semer les parties du terrain où les cépées seront assez fortes pour ombrager les jeunes pins, qui dans ces conditions ne pousseraient pas, le pin sylvestre ne supportant jamais d'être dominé. 254. — Plantation du Pin sylvestre. — Nous rappelons que le sol que l’on doit planter peut se trouver dans quatre conditions différentes, soit : 1° En état de chaume, après une récolte ; 2° Gazonné, ou partiellement couvert de végétation arbustive ; 5° En friche, couvert de bruyères ou autres fortes plantes lon- guement cnraciuées : 152 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 4° Occupé par des bois épuisés ou morts. Le pin sylvestre, dans l'aire qui lui conviert, c'est-à-dire le Nord et la zone centrale de la France, peut être employé dans tous ces cas. En raison de sa rusticité et de sa vigueur, ce pin est l'essence résineuse la plus généralement plantée, comme étant la plus propre à utiliser, à transformer les terrains pauvres, et aussi à reconstituer les bois dépérissants. Avant de procéder à la plantation, nous présumons que la terre a été mise en bon état d'assainissement, et que les alentours ont été débarrassés du lapin, si ce gibier, très ennemi de notre pin, s'y trouvait en abondance. 255. — Sur Terrain en état de Chaume. Choix des Plants. — On peut se servir, dans ces terrains, de plants de un, deux ou trois ans. ; 256. — Plant d'un An. — Le plant d'un an de semis, si tendre qu'il soit en apparence, donne d'excellents résultats pourvu qu'il soit trapu et vigoureux, muni de fortes racines. Si, au contraire, ayant levé en semis serré, il est long, mais mince, avec des racines grèles, il n'a pas la rusticité nécessaire, et il vaut mieux le garder un an repiqué en pépinière avant de s'en servir. Mais, s’il est trapu, on peut le planter avec confiance en plein champ, et il y prend immédiatement une croissance des plus vigoureuses, si bien qu'en peu d'années il atteint et dépasse les plants plus âgés que lui d'un et même de deux ans; nous avons pu constater ce fait dans plusieurs plantations étendues de notre voisinage. Dans le cas où l’on ne trouve pas de beaux plants d'un an à une distance commode du terrain à reboiser, nous ne conseillons pas de les faire venir de très loin, au moins jusqu'à ce que les trans- ports par grande vitesse soient concédés à des prix très réduits pour les plants. À cet âge, les feuilles du pin sylvestre sont tendres et sujettes à s'échauffer si les plants restent longtemps en route. Leur transport ne devrait donc pas durer plus de trois jours. 257. — Conservation. — Dès qu'ils sont rendus à leur destina- 4 Ë À PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 153 tion on doit les mettre en jauge avec soin à l'ombre (v. $ 190), et les planteurs doivent les tenir soigneusement en paniers ou seaux couverts quand ils les portent sur le terrain. 958. — Plants de deux Ans. — Les meilleurs plants de deux ans sont incontestablement ceux qui ont été repiqués un an en pépinière et qui, par conséquent, présentent des racines courtes et fibreuses, avec une tige trapue, terminée par un fort bourgeon qui promet une pousse vigoureuse. Les plants de deux ans non reniqués, tout en étant inférieurs à ceux dont nous venons de parler, peuvent donner de bons résultats, pourvu qu'ils soient plutôt gros et forts que longs, n'ayant pas été serrés en pépinière, car à cet àge ils ont besoin d'un large espace pour étendre leurs racines latérales et pour être exposés à l'air de manière à mürir leur bois et leurs feuilles. 959. —! Plants de trois Ans. — Les plants de trois ans, si l’on s’en sert, doivent avoir été une fois repiqués en pépinière, autre- ment ils auraient des racines trop longues, difficiles à faire entrer dans les trous et dépourvues des fibres chevelues qui puisent dans le sol la nourriture du végétal. Pour le propriétaire particulier, nous n'’admettons l'usage de ces grands plants que dans les terres fraiches où les hautes herbes, fines et drues, ne peuvent pas se soutenir, et risqueraient, en s’afflaissant sur le sol, d’étoufter de tout petits plants. Là où cette particularité n'existe pas, même dans les friches les plus rebelles au travail, couvertes d'ajoncs, de genêts, de bruyères (concurrents formidables pour les petits plants, mais qui au moins se soutiennent et ne les écrasent pas par leur poids), nous avons toujours mieux réussi avec les plants de deux ans, un an repiqués. 260. — Méthode de Plantation. — Sur les chaumes, les plants de un ou deux ans peuvent se planter dans une simple fente, à la bêche « balancée » (v. S 196), si toutefois la terre est bien meuble. Si la terre est sèche ou si elle est envahie par l'herbe, il sera préférable de planter en poquets au moyen de la bêche demi-circu- laire.(v. S 198), et, si l'on se sert de plants de trois ans, l'emploi 154 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR des poquets est forcé, car leurs racines exigent une place consi- dérable. Dans les terrains pierreux, on peut substituer la pioche à la bêche. Pour les plantations d'après le système Manteullel, voir para- graphes 201 et suivants ; pour celles aux outils Prouvé, 21% et sui- vants. 261. — Saison de la Plantation. — Le pin sylvestre peut se planter ou en automne ou au printemps: nous avons même vu quelques hivers doux pendant lesquels on a pu le planter presque sans interruption. Comme toutes les essences résineuses, il peut prendre même en pleine sève, au mois de mai, mais nous ne Con- seillons pas de planter sur une grande échelle à cette époque, car, s'il arrivait, peu après, une période de sécheresse, la planta- tion, à moins de se trouver dans un terrain exceptionnellement frais, serait certainement très éprouvée, sinon complètement dé- truite. Dans certains terrains difficiles, comme nous verrons plus loin, au paragraphe 252, il est bon d'ouvrir les poquets en automne et d'en laisser mürir la terre jusqu'aux premiers jours du printemps avant de planter. Pour des renseignements généraux sur les saisons les plus favo- rables à la plantation, nous référons nos lecteurs aux paragrap'ies 191 et suivants, où nous avons traité cette question. 262, — Espacement. — Le pin sylvestre ne doit pas être planté en massif très serré, à moins de conditions exceptionnelles, comme le besoin d’abri épais sur un site très exposé, ou bien une demande considérable pour le menu bois, qui rend désirable de hâter les premières éclaircies. En Belgique, par exemple, il est d'usage de planter les pins à 1 mètre les uns des autres, pour obtenir de bonne heure des perches à houblon, dont la vente est avantageuse. Lorsque cette considération n'existe pas, un tel espacement doit être condamné, car il exige 10.000 plants par hectare, et donne lieu par conséquent à des frais de plantation très considérables. En Sologne, où il existe peu de débouchés avantageux pour le ot PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 15: menu bois, nous plantons généralement le pin sylvestre à Î m. 35. A celte distance il faut, déduction faite de la place des allées, comme nous l'avons recommandé au paragraphe 18, environ d.400 plants par hectare. L’espacement de 1 m. 66, exigeant seulement, allées déduites, 3.100 plants à l'hectare, très suflisant avec des plants sûrs, d'une bonne variété droite, nous a tenté, en 1880, par l’économie très grande qu'il offre, en plants comme en main-d œuvre, et la rapidité du travail de reboisement qui en résulte, puisque l'hectare est vite parcouru. Malheureusement, dans nos opérations, nous sommes tombé sur des plants d'une mauvaise variété, qui ont donné, grâce à ce large emplacement, beaucoup d'arbres trop branchus ou tortueux, dont le bois est maintenant d’un écoulement difficile. Il faudrait done être sùr de la variété que l’on plante; si sa provenance est douteuse, si son développement, en massif clair, risque d'être irrégulier, étalé (voir les rechzrches de Vilmorin, p. 31 et suivantes), il faut s’en tenir à l'espacement, le meilleur en général, de 1 m. 33 en tous sens. 263. — Terrain gazonné. — Les observations que nous venons de présenter au sujet de la plantation sur chaume envahi d'herbes s'appliquent également à celle en terrain gazonné. On y procède selon les modes décrits aux paragraphes 198, 199. Quant à la saison de plantation, la terre étant préservée de la gelée par sa couverture d herbes, et moins exposée à s'ouvrir ou à se tasser que la terre meuble des chaumes, on peut planter en automne là où les terres ne sont pas très humides et où l'on ne craint pas les dégâts du gibier, à condition de replacer la motte avec le gazon dessus, selon le procédé de M. Boucard. Si l’on veut employer les plants de trois ans, cette époque sera préférable, le soleil et les häles d'un prin- temps sec étant, nous l'avons dit, souvent mortels à ces plants, qui sont cependant utiles dans les terres fraîches, où une crois- sance surabondante de longues herbes fines s'affaissant en hiver pourraient étouffer des plants plus petits. 26:. — Bruyères. — Le piu sylvestre se plante facilement sur 156 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR les landes couvertes de bruyères de n'importe quel âge, fussent- elles des plus arides. Il n’est point nécessaire de les défricher, opération impossible dans les montagnes; même en plaine, elle est généralement trop lente et trop coûteuse pour le reboisement des bruyères stériles, dont la production en céréales ne pourrait compenser les frais de ce travail. Le tempérament robuste du pin sylvestre lui permet de s'établir dans cette terre durcie comme la brique par les innombrables racines fibreuses des bruyères qui la lient et la dessèchent; peu à peu il se développe de manière à dominer et à étouffer ces végé- taux qui en avaient pris complètement possession; de sorte qu'en passant sur le même sol, une douzaine d'années après la planta- tion, on ne trouve plus trace de leur existence. 265. — Voici comment, dans les landes plates de la Sologne, nous avons opéré ces plantations : Au commencement de l'automne, aussitôt que l'outil a pu péné- trer dans ce sol durci, nous avons ouvert, avec nos bèches fortes légèrement arrondies en arc de cercle, mentionnées au paragraphe 199, des poquets ou trous, les rebouchant avec les mottes qui en étaient sorties, placées sens dessus dessous, comme nous l'avons recommandé, au même paragraphe, pour la plantation en terrain ordinaire. L’ouvrier ameublissait à coup de bèche la terre ainsi ramenée à la surface et la foulait de manière à pousser jusque dans le fond du trou la bruyère ainsi retournée. Cela fait, nous avons laissé ces poquets pendant l'hiver exposés à l’action de l'air et de la gelée, qui ont achevé d'en ouvrir, d'en désagréger la terre, et nous avons planté avec succès au mois de février suivant. On pourrait également, ce qui vaudrait peut-être mieux, en faisant le poquet, en retirer la motte et la laisser pendant l'hiver au bord d'un trou, coupée transversalement en deux, son bout in- férieur exposé au nord, sa couche supérieure enfrichée au midi ; de cette façon la terre serait complètement ameublie par le travail de la gelée et les autres influences atmosphériques, et la bruyère Lis PTT Res ne 0 ONERE D. PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 15? qui la couvrait serait complètement desséchée, avant le moment de la plantation. On plante au printemps de la manière décrite au paragraphe 198. Lorsque la bruyère est très haute, il sera bon de la peler à la pioche avant d2 faire le trou. Ce cas ne se présente qu'exceptionnel- lement, ces bruyères étant ordinairement livrées, jusqu'à leur plantation, au pacage des moutons, qui les tondent assez ras. Dans les terrains trop pierreux pour admettre le travail de planta- tion à la bêche, on fera les poquets à la pioche; les mottes qui en sortiront seront de forme moins régulière, mais la terfe en sera au moins aussi bien ameublie. Comme ces poquets se font en lignes régulières, ce qui rend facile de les examiner, d'en vérifier la profondeur et la façon, on peut les faire ouvrir à la tâche, système plus avantageux, et pour les ouvriers et pour le propriétaire, que le travail à la journée. Le prix de cet ouvrage peut varier, selon la nature plus ou moins difficile de la terre où il se pratique, de 3 à 5 francs par mille poquets. 266. — Espacement. — Dans ces sols exceptionnellement durs, desséchés par les racines des végétaux qui les couvrent, il faut toujours s'attendre à subir une certaine proportion de pertes mal- gré l’étonnante rusticité de l'essence dont nous traitons. Nous ne conseillons donc pas de planter à une distance plus grande que celle de m. 33 dans tous les sens, d'autant plus qu'il est très im- portant que la bruyère soit tuée aussi vite que possible par le couvert des jeunes pins. On doit se servir de plants de deux ans, repiqués d'un an, bien vigoureux. Même avec des plants de première qualité, il est bon, vu la nature spécialement ingrate de ces sols et la variabilité des saisons, de mettre en réserve, repiqués en terre de jardin, un cer- tain nombre de forts plants d'un an, pour combler, à la saison sui- vante, les vides qui pourront survenir dans la plantation. 267. — Bois épuisés ou morts. — De tous les sols, ceux des anciens bois abattus ou épuisés nous paraissent les plus difficiles à 158 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR replanter. Le repeuplement épuisé aura probablement pris à la terre une partie considérable des éléments nécessaires à la vie des arbres, surtout si ce repeuplement, lui aussi, avait été composé d'essences résineuses, comme dans le cas des bois de pins mari- times du Centre, détruits par les gelées en 1880. Il arrive souvent alors que les jeunes plants avec lesquels on regarnit le sol se trouvent en proie au travail d'écorçage du grand charançon ou hylobe, qui, la sécheresse et les insolations aidant, arrive à les faire périr. Cet inseete se propage dans les souches mortes des pins qui occupaient précédemment le sol. Là où il abonde, il faudrait, avant de replanter le terrain, ou procéder à l'extraction de ces souches, ou bien attendre pendant deux ou trois ans leur décomposition, qui fait disparaitre l'insecte en le privant du milieu nécessaire à son existence. Enfin, les anciens bois contiennent souvent dans leur enceinte, ou bien ont à proximité, le lapin, le plus mauvais voisin qu'on puisse avoir. Lorsque ces terrains, occupés précédemmment par des futaies, sont arides et complètement nus (ce qui indique en général un sol ingrat, car dans une terre passable, le couvert d'un bois enlevé, il lève presque toujours un repeuplement quelconque à sa place, soit d'essences utiles, soit de morts-bois), nous conseillons, vu les dangers que nous signalons, de planter comme en bruyère, avec de beaux plants de deux ans, dont un an de repiquage, et selon la méthode indiquée aux paragraphes 265 et 266. Si au contraire la terre est fraîche et légère, on peut également employer des plants d'un an, forts et trapus, ou de deux ans de semis, pourvu qu'ils aient crû en lignes claires et qu'ils aient de bonnes racines. Là où il existe de hautes herbes ou des bruyères qui pourraient nuire aux plants par leur ombrage, on peut faire précéder les planteurs par un homme qui dégagera à la pioche une petite place pour chaque plant. S'il lève surle terrain un repeuplement naturel de jeunes plants, soit de feuillus, soit de résineux, semés par la futaie precedente, ad. +. _ jé ne PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 159 on doit planter à une distance plus grande, variant de 1"66 à 2"50, ou même à 3 mètres, selon la force de ce jeune repeuplement. Il faut éviter de placer le sylvestre sous l'ombrage, soit de cépées de taillis, soit de jeunes brins feuillus qui s'élancent, car les pins ne supportent pas d'être dominés, et dans ces conditions ils ne végéte- raient que misérablement. Dans certaines circonstances il peut être bon de propager le pin sylvestre au moyen de la plantation par toufles. (Voir para- graphes 226 et suivants, où ce procédé est pleinement décrit.) 268. — Propagation du Pin maritime. — Le pin maritime ne se propage en général que par semis. Dans le Midi, il est quelquefois planté comme nous le décrirons plus bas, mais nous croyons que cette opération n'a lieu que sur une très petite échelle. Cet arbre ne végète franchement que dans les sables profonds, sous un climat doux. Son aire commence, à notre avis, où celle du pin sylvestre finit; on doit donc borner sa propagation, comme essence permanente, aux sables du Midi et à ceux des régions maritimes de l'Ouest. Nous croyons aussi qu'on doit éviter de le semer simultanément avec d'autres pins, même avec le sylvestre, surtout en terrain léger. Poussant plus tôt et plus vite qu'eux, il les domine, et, s’il ne les étouffe pas, au moins il affaiblit et retarde singulièrement leur croissance. On peut, en le semant, planter à 2 mêtres des sylvestres de deux ans. Ces plants, s'ils sont vigoureux, auront assez d'avance pour tenir tête aux jeunes pins maritimes. Le pin maritime peut, au contraire, être semé avantageusement en même temps que les espèces feuillues, surtout le chêne. Aménagé avec intelligence, il peut rendre des services réels en abritant ces essences, en favorisant et en redressant leur croissance. Il n'a pas à cet égard l'inconvénient que présente son congénère le sylvestre; celui-ci tend, au moins dans les sols pauvres, à accaparer le ter- rain entier, en étouflant tout autre végétal par son épais couvert et par ses racines, qui tracent dans toutes les directions. 160 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Le semis du pin maritime est une opération des plus faciles, car la graine est assez grosse et n’exige pas de soins délicats à l'égard du recouvrement comme celle du sylvestre. En outre, elle est géné- ralement de bonne qualité. Si l’on n'est pas sûr de trouver de la graine fraîche et de bonne provenance dans les environs du lieu qu'on habite, on peut en faire venir de la Gironde, où elle se récolte sur une grande échelle. Les marchands qui la débitent se trouvent principalement, soit dans la ville d'Arès, de ce département, soit à Bordeaux. 269. — Quantité de Semences. — La quantité degraines à semer par hectare a été souvent très discutée, selon la préférence des sylviculteurs pour les semis épais ou clairs, la nature de leurs sols, et les débouchés dont ils disposent pour les menus produits des premières éclaircies. Dans le voisinage des villes et des vignobles importants, il peut être d'une bonne administration de semer serré pour obtenir ces produits, et d’ailleurs quelques sols spécialement arides peuvent exiger un nombre de graines plus élevé, pour être couverts au même degré que d'autres plus favorisés. Là où les menus bois n’ont pas une réelle valeur, il est préférable, dans l’intérêt de la vigueur du jeune repeuplement, de semer peuépais. Un kilogramme de graine de pin maritime contient de 20.000 à 95.000 graines. Nous croyons donc que #4 kilog. par hectare, com- prenant 80.000 à 400.000 graines prises dans de bonnes conditions et ayant subi une épreuve préalable, doivent amplement suffire. 270. — Manière de semer. — Nous recommandons le même semis en ligne que nous avons indiqué, aux paragraphes 243-244 pour le pin sylvestre. On peut tracer les lignes à 1 mètre ou à 1733 les unes des autres, selon que le semis doit être plus ou moinsépais, en vue de produire plus ou moins de menu bois, et par conséquent de hâter ou de retarder la première éclaircie. Quoique la graine de pin maritime n’exige pas une couverture fine comme celle du sylvestre. il faut pourtant tenir la main à ce qu'elle ne soit pas enterrée sous de trop grosses mottes par le hersage. Lt but rés sé. din PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 161 Si l’on sème en même temps des glands ou des châtaignes, il faut le faire en lignes séparées, afin que, si ceux-ci sont déterrés par les sangliers, la graine de pin puisse échapper à leurs ravages. Les époques du semis doivent être les mêmes indiquées à l'égard du pin sylvestre au paragraphe 242. Dans le Centre, d’ailleurs, le pin maritime se sème habituellement, avec succès, en même temps que le sarrasin, au mois de juin. 271. — Nous empruntons à la France agricole et forestière l'ex- trait suivant d'un article très complet, très intéressant surtout à cause de son actualité, sur la culture du pin maritime dans les Landes, par M. le docteur Pallas, à Sabres : « La surface totale des solssablonneux des Landes et de la Gironde est de 1.200.000 hectares environ. Les pins, grands ou petits, occupent à peu près la totalité de cette surface, la lande proprement dite tendant à disparaitre. Chaque colon ou métayer travaille en outre un champ à céréales qui lui donne en seigle, maïs et millet de quoi vivre pendant l'année. « On boise la lande suivant deux moyens principaux: « 1° Semis sans labours ou avec labours ; « 2° Plantation. » Semis sans Labours, en pleine Bruyère. — « Système le plus zénéralement adopté comme coùtant le moins cher, les bergers devant veiller à leurs troupeaux pendant cinq ou six ans, après quoi le pignon (jeune pin) est défendable, c'est-à-dire que, devenu à cet âge plus haut que la brebis, celle-ci ne pouvant plus atteindre son sommet, ne peut plus faire grand mal. » 979, — Semis avec Labour. — « On se contente généralement de trois ou quatre coups de charrue, opération qui n'est en défini- tive qu'un retournement de gazons plats sur une largeur de 1°50 2 mètres, avec une longueur indéfinie; cette bande labourée superficiellement prend le nom de joualle; les joualles sont sépa- rées par des espaces de 5 à 7 mètres laissés en lande. » 973. — Plantation. — « Plantation avec gazon ou motte. Ce gazon doit être assez solide, ne pas trop se déformer dans les trans- LE PROPRIFTAIRE PLANTEUR, 11 162 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR ports; il présente un cube d'environ 20 centimètres dans tous les sens; afin que le gazon tienne, comme on dit, on prend toujours les plants dans les landes un peu basses. Ces plants, provenant toujours de semis en lande, et présentant une hauteur comprise généralement entre 1 mètre et 1"50, sont portés en plein air sur des charrettes à l'endroit de la plantation. Ils sont placés ensuite dans des trous faits à l'avance; l'ouvrier divise un peu la terre sortie du trou, le comble de façon à ne laisser aucun vide, le tout avec un tassement suffisant; si l'été n’est pas trop chaud, la plan- tation sera bien réussie; sinon il y aura des morts, atteignant quel- quefois la proportion de 10 p. 100. Quelque bien réussie que soit l'opération, le pin planté reste toujours de deux à quatre ans sans pousser beaucoup, après quoi il s'élance et s’allonge chaque année comme s'il provenait d'un semis sur place. » La distance des trous est quelquefois de 8 mètres dans tous les sens, mais plus souvent elle est moindre, 4 mètres par exemple ; dans ce cas il y a beaucoup de pins à sortir aux éclaircies. 214. — Ces modes de culture, qui tiennent les pins extrêmement clairs, ont pour but spécial de favoriser la production de la résine, et le tempérament vigoureux du pin dans sa station naturelle lui permet de s'en accommoder, et de dominer les bruyères et ajoncs qui, dans les contrées plus au nord, où le pin est moins rustique, géneraient singulièrement sa croissance. Lorsqu'il est cultivé en massif forestier, pour son bois, on doit le maintenir modérément serré pour conserver un couvert continu sur le sol. 275. — Propagation du Pinlaricio. Semis. — Lekilogramme de graine de pin laricio contient en moyenne 40.000 graines. Elles sont plus grosses que celles du sylvestre, moins que celles du ma- ritime: elles donnent en général beaucoup de déchet, de sorte que la proportion germinative y est moins forte que chez ces deux essences. 276. — Les semis du laricio de Corse peuvent se pratiquer comme ceux du pin sylvestre (v. $ 243, etc.). La quantité à semer, vu le déchet probable, serait de 7 à 8 kilos par hectare. Les prix É 4, PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 163 du commerce varient généralement de 7 à 9 fr. par kilo; le prix de l'acquisition des graines, seul, serait donc de 50 à 70 fr. par hectare. La graine de la variété de Calabre est rare et chère, de sorte qu'on ne peut pas songer à la semer à demeure. 9717. — Le laricio doit être semé à notre avis, sans mélange avec le sylvestre ou le maritime, car, sa croissance étant moins rapide pendant les premières années que celle de ces espèces, il risque- rait d’être dominé et affaibli, sinon étouffé, par elles. D'un autre côté, ce pin constitue une très bonne garniture pour les essences feuillues. 11 peut être semé en mélange avec celles- ci. On peut dans ce cas semer une quantité moindre de graines, en ayant soin de tenir les semis de feuillus en lignes séparées, comme nous l’avons recommandé à l’égard des pins sylvestre et maritime. 218. — Plantation du Pin laricio. — Cette opération exige l'emploi du plant repiqué, les racines du laricio étant moins che- velues que celles du sylvestre ou du noir d'Autriche et la conserva- tion des plants de semis par conséquent moins facile. En raison du prix élevé de la graine et de sa qualité généralement médiocre, nous croyons la plantation préférable au semis et plus économique; elle réussit bien si elle est soigneusement exécutée et surtout si le plant est hien conservé. Les plants de la variété de Calabre sont plus rares et un peu plus chers que ceux du pin de Corse; en revanche, ils sont peut-être plus rustiques au repiquage. ; 919. — Éviter les Bruyères. — Nous ne conseillons pas de planter le laricio sur les terrains acides qui se couvrent rapidement de bruyères très épaisses. Cet arbre a les racines latérales peu fournies et le couvert léger; nous le croyons donc peu fait pour étouffer la bruyère ou pour vivre en bonne intelligence avec elle. Les ajoncs et les myrtilles sont plus faciles à dominer, Il végète bien dans les. terrains maigres et aussi dans les cal- caires qui sont francs et qui lui permettent le libre développement de son pivot. 164 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Vu la nature de ses plants, qui ont un fort pivot avec peu de racines latérales, il est indispensable d’en faire un bon choix. À notre avis, il faut rejeter les plants de deux ou trois ans de semis, et n'admettre que ceux de deux ou treis ans qui ont été repiqués en pépinière, ensuite les choisir forts, trapus, avec le plus de chevelu possible. Nous avons réussi en employant les plants d'un an, élevés en semis clair et par conséquent trapus et forts. Cependant il con- vient d'observer que ces plants, ayant les feuilles et les bourgeons plus tendres que ceux de deux ans, sont plus exposés à être brou- tés par le lapin ou le lièvre ; ils se remettent de ces atteintes, mais leur croissance s’en trouve un peu retardée. Lorsque la pousse est devenue ligneuse, elle ne craint plus les dégâts du gibier. C'est là, nous l'avons vu, une des qualités les plus précieuses du laricio. 280. — Soins à apporter à la Plantation. — Nous conseillons de planter de la manière recommandée pour le pin sylvestre au paragraphe 198 ou au 199, selon que le lapin est plus ou moins à craindre, mais toujours en tranchant la motte et en ameublissant bien la terre autour des racines. Le plant doit être conservé et traité avec grand soin. S'il a été élevé chez le propriétaire planteur, il ne doit être extrait que le jour, ou tout au plus la veille de la plantation ; s’il vient de loin, il doit être mis en jauge avec toutes les précautions recommandées au paragraphe 190 et abrité du soleil et du vent aussi bien au moment de la plantation que pendant son séjour en jauge. Il est même bon de suspendre la plantation pen- dant les jours de chaleur ou de hâle qui se rencontrent souvent au printemps, et de ne planter que pendant les jours calmes, nuageux. 981. — Espacement. — Le couvert de cet arbre étant léger, nous pensons que les plants doivent être espacés de 1"33 seulement, dans tous les sens. Si leurs branches se rencontrent debonne heure, ils parviendront d'autant mieux à dominer les mauvaises herbes. Cette recommandation s'applique à la plantation du laricio pur: s’il doit être mélangé aux feuillus comme garniture, il peut être planté à la distance de 1"66, de 2 mètres, 2#50 ou même de 5 mètres, selon la proportion de pertes qu'on croit possible et aussi selon 1 LKR ei ler fé AT ; $ Æ PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 165 l'épaisseur du repeuplement de feuillus, par lesquels les pins ne doivent jamais être dominés. Par cette raison, il faut veiller à ce que les ouvriers ne plantent pas les pins, sous prétexte d’espace- ment régulier, sous des toufles d’essences feuillues. D'après le nombre nécessaire et le prix de ses plants et de sa main-d'œuvre, chaque sylviculteur peut calculer les frais de sa plantation (voir tableau des nombres de plants nécessaires, SK 250, 235). L'aménagement du pin laricio, comme celui du sylvestre, ne peut guère, chez le particulier, suivre d'autre système que celui d’éclair- cies progressives, conduisant à une coupe à blanc étoc lors de la maturité des sujets: ou bien, en montagne, celui du jardinage (enlèvement périodique, çà et là, d'arbres de tous les âges). 282. — Propagation du Pin d'Autriche. — La propagation du pin d'Autriche est facile ; illève assez bien de semis, et son plant se repique, comme celui des sylvestres,avecpertes peu considérables. Le pin d'Autriche est tout spécialement désigné pour les reboi- sements en terre très calcaire et auprès des bords de la mer. Ailleurs sa croissance est inférieure à celle des pins sylvestre et maritime, mais si l’on avait la patience del’attendre, il ferait proba- blement à la longue un peuplement plus droit et plus vigoureux que ses deux congénères. Nous croyons qu'il faut surtout éviter de le planter dans les terres noires à bruyère, qui sont en même temps arides et surchargées d'acide carbonique, et où la forte croissance des bruyères qui survienttôt ou tard est funeste à cepin. De telles terres doivent toujours être réservées au sylvestre, seul arbre capable de s'en emparer et d'y étoufter les plants nuisibles. Il ne faut pas non plus croire, comme nous l'avons fait au temps de notre noviciat, que le pin d'Autriche ne soit pas mangé par le lapin. Ce rongeur, il est vrai, ne coupe que très rarement le plant du pin d'Autriche, mais il broute ses feuilles au ras de la tige, ce qui, dans la généralité des cas, arrête son développement. Il n’en meurt pas, mais il en reste souvent chétif et rabougri. 283. — Semis. — En terre sèche, nous préférons le semis à la 166 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR plantation, à la condition d'opérer préalablement un labour, de façon à donner au sol un peu de guéret et de fraicheur, et à le rendre perméable aux radicelles des petits plants qui y lèveront. 284. — Quantité à semer par Hectare. — En opérant les semis en lignes, comme nous l'avons recommandé au paragraphe 245, il suffit de 4 ou à kilog. à l'hectare. Sa graine est de la même gros- seur que celle du laricio de Corse, mais à l'encontre de celle-ci elle est généralement assez bonne. Elle peut être légèrement couverte, avec une herse fine, moins profondément que celle du pin maritime, plus que celle du sylvestre, sa grosseur étant intermédiaire entre celles de ces deux essences. Il parait (v.$ 65) que ce pin a une affinité prononcée pour l'acide phosphorique. Il serait intéressant de semer en même temps que les graines, comme expérience, 200 kilos par hectare de phosphate de chaux. Il y aurait cependant à craindre que, dans les fonds frais, cet engrais n'activat tropla pousse des hautes herbes. 285. — Plantation du Pin d'Autriche. — Ses plants sont à peu près de la même force et de la même rusticité que ceux du pin sylvestre. Ils se plantent absolument de la même façon (v. $S 198, 199 et suivants). La terre où la plantation réussit le mieux est un sable frais ; dans un sol graveleux et sec, la transplantation semble causer au tempérament du plant un choc dont celui-ci ne se remet que lente- ment et non sans bouder un an ou deux. 286. — L'espacement le plus généralement utile pour le pir d’Au- triche est de 1933. Son aménagement doit être le même que celui du pin laricio (v. $ 281). Quoiqu'il n’ait pas, comme le laricio de Corse, la propriété de pousser parfaitement droit, même à l’état isolé, il est moins dis- posé à « fourcher » ou à buissonner que le sylvestre d'Allemagne et se dirige très droit en massif. On peut donc lui donner le large espace necessaire à tout arbre très riche en résine. 287. — Propagation du Pin d'Alep. — Dans les terrains brù- lants, rocailleux, où cette essence est spécialement utile, nous pen- Ru etats 24 Ha dottre dit sr NES me nas hear. PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES : 167 sons que la meilleure manière de la propager sera toujours le semis, qui pourra, dans ces circonstances, sopérer en poquet (v. $252). 988. — La graine est pareille à celle du laricio, et son jeune plant est également pivotant, presque dépourvu de chevelu. Lorsqu'on a recours à la plantation, on doit donc se servir de jeunes plants repiqués, ou mieux encore planter par toufles de la manière dé- crite aux paragraphes 226 et suivants. Son espacement, son aménagement et son exploitation seront les mêmes que ceux du laricio (v. $ 281. 289. — Propagation du Pin à Feuilles raides ou Pitch-pin (Pinus rigida, Miller). La graine de cette espèce est rare et coûteuse en France: le seul moyen de propagation qui lui convient est donc la plantation. Celle-ci se pratique absolument de la même façon que celle du sylvestre (v. $$ 196 et suivants). En raison du prix plus élevé des plants et de l'échelle plus restreinte sur laquelle la plantation de cette essence doit s'opérer, au moins pendant quelque temps, on peut faire mettre un peu plus de soin et de temps à la plantation. Les plants sont parfaitement rustiques et poussent rapidement dès leur première année. 290. — Il convient d'employer des plants de deux ans, repiqués d'un an, et de veiller à ce qu'ils soient frais et bien conservés (v. $ 190). 294. — Espacement. — Comme ce pin, isolé, a une tendance mar- quée à dépenser son excès de vigueur en poussant de grosses branches latérales, et comme, en raison de cette particularité, son bois est souvent noueux, il ne doit pas être planté avec un espacement plus large que 1"35 dans tous les sens, et la plantation ne doit être éclaircie que graduellement et avec prudence. 232, — Propagation du Pin de Lord Weymouth, appelé en Amérique Pin Blanc (Pinus strobus, Linné).— Pour la propagation de ce pin, aussi bien que pour ceile du pin cembro, il ne faut comp- ter que sur la plantation, Tous les pins à cinq feuilles lèvent diffici 168 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR lement, lentement et inégalement de graines, et le semis demande, même en pépinière, des soins méticuleux et assidus, qui ne sont pas toujours récompensés par une belle récolte de plants. 293. — Plantation. — D'un autre côté, la reprise des plants est très sûre ; nous en avons transplanté jusqu'à l’âge d’une dizaine d'années, sans soins très particuliers, quelquefois même de gros sujets sans mottes de terre, et toujours avec succès. Il faut avoir soin de choisir, pour ce pin, un terrain favorable, c'est-à-dire léger, franc et frais, et de lui donner un large espa- cement (de 1266 à 2 mètres), de façon à laisser développer les jeunes sujets en toute liberté, et de mettre en vue la forme élégante de leurs branches et de leur feuillage, la belle teinte verte de l'écorce, etc. Si le pin est mélangé à des feuillus, il doit être plus espacé encore. Il est très propre à ce mélange, en raison de l'élé- gance de sa conformation et de son feuillage, et c’est en effet au milieu d'espèces à feuilles caduques qu'il se trouve le plus souvent dans sa station naturelle, qui s'étend sur tout le Norddes États-Unis. L'emploi de ce pin a été recommandé pour l’utilisation des tour- bières assainies, où, dit-on, il végète avec une grande vigueur ; il a été ainsi utilisé dans les forêts de Raon-l'Étape, où ila fourni un grand volume de bois, bon pour la confection des caisses et la fabrication de la pâte du papier. 29%. — Propagation de l'Épicéa — La graine de l’épicéa est aussi fine que celle du pin sylvestre, à laquelle elle ressemble assez et même trop, car, comme elle est plus abondante et moins chère, les récolteurs de graines peu délicats la substituent souvent à celle du sylvestre, ou au moins la mélangent avec cette dernière. Elle ne s'en distingue que par sa teinte brun rougeätre. Cette falsification ne peut guère se découvrir qu’en essayant la graine, car les frau- deurs, pour imiter la teinte du sylvestre, ont soin de teindre celle de l'épicéa en noir. 295. — Cette graine, lorsqu'elle est coupée, doit, comme celle du sylvestre, montrer une amande blanche, à la fois grosse et ferme; la sécheresse et la dureté de l'amande dénotent que l'on est en a, La a dl de DE 0 ms TT 7 PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 169 présence de vieilles graines. La proportion de graines vaines n'est pas en général considérable. Le propriétaire particulier, pensons-nous, aura rarement avan- tage à semer l'épicéa sur place. Le petit plant est assez tendre. quoique moins que celui du sapin ; même en pépinière, il exige une culture soignée. Les semis en terre grossièrement cultivée ont donc peu de chances de réussir, car, quoique l'ombrage des herbes puisse avoir l'avantage de garantir les jeunes plants des ardeurs du soleil, il sera toujours à craindre qu’en automne ces herbes en s'affaissant n'étouflent les plants sous leurs poids. Lorentz et Parade recommandent, en opérant des semis forestiers de cette essence, de procéder par bandes alternes labourées, qui doivent, pensons-nous, être orientées de l’est à l’ouest, pour laisser abriter les plants, du côté du midi, par les herbes ou arbustes qui couvrent la place entre ces bandes. 296. — Quantité de Graines à semer. — La graine d'épicéa, nous l'avons vu, est généralement bonne. Par contre, le semis de tous les sapins est toujours plus ou moins aléatoire, en raison de la délicatesse de leurs jeunes plants; ceux-ci supportent bien, d'ail- leurs, l'état de massif serré. Il y a donc lieu de semer d’une main un peu prodigue, d'autant plus que la graine est très bon marché. MM. Lorentz et Parade, s'inspirant sans doute de ces considéra- tions, recommandent l'emploi, pour un semis partiel, de 13 à 15 kilos de graines ailées, ou 10 à 12 de graines désailées; pour un semis plein, cette quantité doit être augmentée de moitié. Ces chiffres sont à notre avis exagérés, mais, pour les raisons que nous venons de donner, l'exagération en cette matière n'entrainerait pas de grands inconvénients. 997. — Plantation de l'Épicéa. — Ce mode de propagationest à notre avis celui qui convient le mieux au propriétaire particulier, quoique le semis puisse être utile sur de grandes étendues fores- tières où la main-d'œuvre se trouve difficilement. Avec la plantation, un résultat immédiat et régulier est assuré, d'autant plus que la reprise du plant d'épicéa est en général excellente. 170 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 298. — Choix des Plants. — On doit employer à cet effet soit des plants de deux ans, très beaux, provenant de semis en planches claires, soit des plants de trois ans, dont un an de repiquage. Ceux employés par M. de Manteufiel, en suivant sa méthode de planta- tion en buttes, qui paraît recommandable pour les terres humides et froides, avaient deux ans de semis (v. $ 202 et suivants). Le plant d'épicéa, comme celui de presque tous les sapins, ne fait qu'une très petite pousse pendant sa première année. Il a donc besoin de rester deux ans dans la planche avant d'être transplanté soit en forêt, soit en pépinière. 299. — L'épicéa, comme aussi tous les sapins, ne doit se planter que dans des terrains ayant une certaine fraicheur, pour pouvoir fournir une croissance satisfaisante, quoique nous l'ayons vu bien végéter, au moins pendant vingt ans, sur des sols très secs. Sous le climat du Centre et dans les terres saines, il doit se planter de la même manière que le pin sylvestre (v. K$S 198 et suivants). Il réussit bien, dit-on, dans les tourbières, à condition que celles- ci reçoivent préalablement un travail d'assainissement superficiel, consistant en un système de rigoles étroites et relativement pro- fondes s'entrecoupant à angles droits (v. $ 27). C'est dans «es con- ditions que la méthode Manteuftel doit avoir sa pleine valeur. [a terre de tourbe extraite des rigoles, desséchée et ameublie, formée presque entièrement de matières organiques décomposées, consti- tuera un excellent terreau pour le buttage. L'épicéa peut aussi être utilisé pour le repeuplement des clai- rières. Car il ne craint ni l’ombrage des arbres voisins, pourvu qu'il ne soit pas directement au-dessous d'eux, ni la concurrence de leurs racines. 300. — Époque de la Plantation. — Dans les terres saines, et où le lapin n'est pas à craindre, il y a lieu de préférer la plantation d'automne, pour que les plants, qui sont très susceptibles aux ardeurs du soleil, puissent s'enraciner dans leur nouvelle demeure avant les sécheresses, toujours possibles au printemps. Dans les terres humides, froides ou tourbeuses, au contraire, et de: PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 171 —_———_————————————…—…——…—…—…—…—…——…—….……—.—……—…—.—.——_—_.._—….—…—…—_—…““ là où la méthode du buttage est suivie, la plantation au printemps s'impose ; il en est de même lorsqu'il faut attendre, en montagne, la fonte des neiges. 304. — Espacement. — L'épicéa se dirige toujours droit ; il con- serve, aussi longtemps que l'épaisseur du massif le permet, sa forme pyramidale, et par conséquent il couvre bien la terre de ses branches basses, épaisses et serrées, la maintient fraiche et y pré- vient le développement des plantes arbustives. Au point de vue de la culture, il n’y a donc aucune raison de tenir l'épicéa en massif serré, quoique au besoin il puisse, bien mieux que les pins, s'en accommoder. Le planteur doit se guider sur ses conditions économi- ques, voir s'il a avantage à planter clair ou serré, en raison des frais de la plantation et du débouché plus ou moins avantageux dont il disposera pour les produits des premières éclaircies. Si cette condition n'est pas satisfaisante, il est inutile de planter plus serré qu'à 1"50 ou 1*66 en tous sens, dans les conditions ordi- naires où l'on na pas à craindre une proportion considérable de vides à regarnir. S'il s'agit de créer des abris. on pourra planter à 1"33, espacement qui devrait largement suftire à fournir le cou- vert voulu. Nous citons, au chapitre x11, d'intéressantes observations dont les résultats démontrent que l'accroissement en bois de l'épicéa est bien plus grand à l’état isolé ou clair qu'en massif serré L'épicéa, en raison de son port élancé et de sa forme pyramidale, se prête d’une manière admirable au mélange, dans les massifs, avec les espèces feuillues. L'étendue de ses branches basses main- tient, nous l'avons dit, la fraicheur et la propreté de la terre; elle empèche aussi les brins d'essences feuillues de trop se ramnifier ou buissonner, tandis que sa tête svelteet élancée laisse toute la liberté nécessaire à leurs tiges ; il les abrite des vents et les pousse à «filer ». Associé avec le chêne, le châtaignier, le charme ou le hêtre, l'épicéa peut se planter à 133, ou 1"66 entre les plants, dans des rangs espacés de 2 mètres entre eux. À mesure que les brins feuil- lus prennent de la force, on éclaireit graduellement fa garniture. 172 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 302. — Aménagement. — Le propriétaire peut choisir, selon ses circonstances locales, culturales et économiques, soit la méthode des éclaircies successives nécessaires aux bois artificiellement créés où tous les arbres ont le même àge, suivies d'une coupe à blanc étoc et d’un second repeuplement artificiel, soit la méthode natu- relle, soit le jardinage : maintien d'un peuplement d'arbres de tous les àges avec éclaircies périodiques. Les deux premières méthodes ne peuvent guère réussir qu'en plaine ou sur les coteaux et dans les vallons à pente modérée ; sur les montagnes, où l'épicéa est le plus répandu, les massifs éclaircis ne pourraient résister aux violents coup de vent. Dans ces condi- tions, le jardinage devient le seul mode d'exploitation possible. 303. — Propagation du Sapin argenté. — Les semis du sapin sont toujours très aléatoires, en raison : 1° de la mauvaise qualité de la graine, et 2 de l'extrême délicatesse des jeunes plants, qui restent longtemps très susceptibles, d'un côté aux chaleurs et aux insolations, d'un autre côté aux gelées du printemps. L'amande de la graine doit être blanche et grasse, avec une forte odeur de térébenthine. Le kilog.contientenviron 32.000 graines; elles sont assez grosses. Le semeur peut se considérer heureux si, en pépinière, ilobtient une germination de 30 à 40 p. 100 ; dans les semis à demeure, la proportion sera évidemment encore bien infé- rieure. « C’est principalement, disent MM. Lorentzet Parade, pour remet- tre en état des parties de forêts ruinées, couvertes de bois blancs, de morts-bois ou de broussailles quelconques, que l'on peut employer le semis du sapin. Commele hêtre, dans ce cas, on sèmera le sapin par places, à l'ombre de ces broussailles, ou méme on repi- quera la graine, si elle est rare, mais en ayant soin de ne remuer la terre que le moins possible. La semence doit être recouverte, avec le râteau, d’une épaisseur de 6 à 9 millimètres. « En général il faut semer abondamment, car la graine n’est pas toujours de bonne qualité, surtout lorsqu'elle a été conservée pen- dant quelque temps ; et d'ailleurs les jeunes plants, fort tendres, PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 173 A pe ont plusieurs chances à courir. Pour un semis par bandes ou par pots, on peut employer de 40 à 45 kilos de semence ailée, et de 36 à 40 kilos de semence désailée, par hectare. « Ordinairement on sème depuis la fin de l'hiver jusque vers la fin de mai, selon que les gelées printanières sont plus ou moins à craindre. Dans ce cas, les jeunes plants paraissent au bout de quatre à six semaines. » 304. — Plantation du Sapin. — Pendant les deux premières années, le jeune plant de sapin ne pousse que d'environ 7 centi- mètres au-dessus de la surface du sol ; il se contente d'émettreun pivot qui a souvent sept fois la longueur de sa tige. La tigelle est très tendre et a besoin d'abri contre le soleil et la gelée. En pépinière, il est donc nécessaire de laisser les jeunes plants de sapin deux ans dans les planches de semis avant de les repiquer, et il faut un an de repiquage pour le développement d'un chevelu suffisant pour remplacer le pivot — organe essentiel raccourci lors du premier déplacement — et pour assurer la reprise du plant. Il s'ensuit que le planteur doit se servir de plant de trois ans, dont un an de requipage. Toutes les observations que nous avons faites plus haut ($ 297 et suiv.) au sujet de la plantation de l'épicéa (aussi bien que des mérites de ce procédé comparé avec celui du semis) s'appliquent également à celle du sapin, avec cette seule différence que le tem- pérament tendre du plant demande un soin tout particulier dans le travail. Dans les repeuplements artificiels du Jura, on remplace ordinai- rement le sapin par l'épicéa, en raison de la croissance plus rapide de ses jeunes plants et de leur plus grande rusticité au soleil. 305. — Le sapin, en effet, s'élève moins facilement en pépinière que l’épicéa ; il supporte moins bien les ardeurs de l'été, et dans la plupart des localités ses jeunes plants ont besoin d'un abri (celui des herbes environnantes ou bien des arbres voisins) contre les rayons du soleil levant après des nuits de gelée au printemps. 306. — Dans les futaies dépérissantes, on peut planter le sapin 174 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR en sous-étage pour prendre la place des arbres existants lorsqu'il faudra les enlever. Cette espèce peut rester longtemps dominée sans perdre de sa vitalité ; c'est même dans ces conditions qu'il a le plus de chances de réussite, étant protégé du soleil et de la gelée par le couvert de la futaie. Aussi, dans ces conditions, cette espècese propage naturellement avec la plus grande abondance qu'on puisse remarquer chez une essence forestière. Sous des futaies un peu claires on peut voir le sol presque tapissé de jeunes plants de sapins. H y a quelques années, nous avons eu le plaisir de visiter. dans les montagnes d'Auvergne, de belles plantations de cette essence, créées par les soins intelligents de M. Bertrand, alors inspecteur des forêts à Clermont, sous l'abri de pins sylvestres de vingt-cinq à trente ans. A cet âge, le pin ne gène plus le sapin par l'épaisseur de son couvert, et celui-ci, poussant en sous-étage, sera prêt à rem- placer le premier au fur et à mesure de son exploitation. 307. — Espacement et aménagement. — Le sapin peut être traité, sous ce double rapport, de la m'me façon que l'épicéa (v. $ 301) ; il peut, au besoin, supporter, et plus longtemps, un mas- sif plus serré. Il se prête aussi bien que lui au mélange avec les feuillus, et il est souvent cultivé ainsi avec le chêne, et surtout avec le hêtre. 307 bis. — Propagation du sapin Douglas. — Le seul moyen de reboisement avec le sapin Douglas est la plantation. La graine en est rare, souvent mauvaise, et les jeunes plants, un peu tendres d'abord, quoique rustiques à toute épreuve lorsqu'ils sont bien lignifiés, demandent des soins de pépinière. Les meilleure plants pour un boisement forestier sont ceux de 2 ans, { an repiqués. À cet àge, ils ont ordinairement les mêmes dimensions que des épicéas de 3 ans, et peuvent se planter de la même façon. Seulement, comme les plants, par suite des conditions que nous venons de constater, sont forcément assez chers, il con- vient de leur donner un large espacement,. celui de 3 ou de #4 mètres, et de remplir les intervalles jusqu'à 1 m. 33 en tous sens, avec une LS. | fée À, Le. PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 17 garniture moins coûteuse, qui peut être, selon les sols et les alti- tudes, soil le mélèze, soit le pin laricio ou maritime, soit le hêtre. La croissance rapide du Douglas dominera la garniture qui pourra être enlevée au fur et à mesure de son développement. 303. — Propagation du Mélèze. — Les semis de mélèze, pen- sons nous, ne conviennent nullement aux particuliers. La germi- nation de la graine est lente et inégale, et le jeune plant, comme celui du sapin, craint les ardeurs du soleil en été et les gelées in- tempestives au printemps. La graine est extérieurement aussi grosse que celle du pin sylvestre ou de l'épicéa, mais elle se com- pose d'une amande fort menue sous une coque relativement très épaisse et très dure. On court donc, en semant le mélèze, tous les risques d'insuccès qui menacent les semis de graines très fines, et le propriétaire fera bien, dans la plupart des cas, de laisser les semis aux pépiniéristes et de procéder au reboisement par la plantation. 309. — Plantation du Mélèze. — Le mélèze est essentiellement un arbre des montagnes ; c'est là, à une élévation modérée, exposé aux rudes caresses des vents du nord, qu'il atteint sa plus belle taille et que son bois développe les qualités qui en font presque l'égal du chêne. Si on le plante en plaine, il faut éviter d'un côté les fonds hu- mides, où il risquerait d'être atteint par la pourriture, d'un autre côté les coteaux secs exposés aux ardeurs du soleil du midi ; bref, il lui faut un sol léger, sain et profond, par conséquent frais. Nous l'avons vu, en Sologne, prospérer admirablement sur les talus des fossés et le long des allées des plantations, où il trouve en même temps l'assainissement et la fraicheur. Dans un sol de cette nature. il paraît très bien supporter la concurrence des bruyères, même très vigoureuses. Tout ce que nous avons dit sur la plantation du pin sylvestre s'applique également à celle du mélèze, tant sous le rapport du tra- vail de la plantation que sous celui de la saison où elle doit être exécutée, de l'espacement qu'il convient de donner aux plants, etc. Le lecteur n'aura donc qu'à consulter, pour ses renseignements, les 176 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR — …—_——]————————— SU paragraphes 198 et suivants. Cependant, le plant d'un an étant trop tendre pour être planté à demeure, il faut employer ceux de deux ans, repiqués d'un an. Le plant de mélèze est très rustique à la repriseet ne craint que les très fortes insolations, pendant une année ou deux après la plan- tation. Nous avons quelquefois vu rabattre sa jeune pousse par les gelées du printemps; mais la croissance extrêmement vigoureuse au plant lui permet de surmonter bientôt cette légère atteinte. 310. — Mélange avec d'autres Essences. — Le port léger et droit du mélèze le rend très propre à être associé, dans les stations qui lui conviennent, soit avec lesessences feuillues, soit avec celles des résineux plus rares et plus précieux que lui. Il peut, dès lors, être espacé plus largement qu’à l'état pur, comme nous venons de le recommander à l'égard de l’épicéa ($ 301). 311. — Aménagement. — Dans les régions montagneuses, la méthode applicable au mélèze, comme à l’épicéa, sera plutôt celle du jardinage que celle aboutissant à la coupe à blanc étoc pour les massifs qui commencent à mürir. Les plantations artificielles, quand elles commenceront à être trop serrées, seront éclaircies avec d'autant plus de prudence qu’elles seront plus exposées à la violence des vents, comme cela est surtout le cas sur les pentes rapides. PROPAGATION DES ESSENCES FEUILLUES 312. — Le Chêne. — Le chêne, le plus précieux peut-être de tous les arbres forestiers, est aussi, heureusement, un des plus faciles à propager. 313. — Pépinières de Chêne. — C'est l'essence la plus facile à élever en pépinière. Grâce au volume considérable du gland, qui permet de le recouvrir suffisamment pour qu'il souffre peu de la sécheresse, souvent à craindre à la surface; en raison aussi de la forte provision de nourriture albumineuse que la composition du gland ménage au petit plant, celui-ci lève avec beaucoup de vi- PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 177 gueur et de rusticité ; il émet immédiatement un pivot beaucoup plus long que la tigelle et qui va puiser dans le sous-sol toute la fraicheur nécessaire. Il est donc vigoureux dès son début, et, s’il se trouve en terre fraiche, les plus fortes chaleurs ne font qu'activer sa croissance. A la seconde année, il est vrai, le plant craint les gelées intem- pestives du printemps, surtout s’ilse trouve dans un bas-fond ou dans un sol humide, où l’on remarque souvent que le chêne a ses pousses rabattues jusqu'à ce qu'ellesatteignent une taille qui lesmetteà l'abri de cet accident. Mais le tempérament vigoureux de l'essence prend bientôt le dessus, et la croissance du plant est peu retardée. Pour former une pépinière de chène, il suffit, après avoir bien assaini, défoncé et nivelé le sol, de tracer avec une mare ou houe de vigneron, des sillons ou raies dans lesquels on sème les glands à 3 centimètres les uns des autres. On laisse entre les raies un espace égal à leur largeur, et l'on recouvre chaque raie avec la terre extraite de la suivante. Quand le gland est de bonne qualité, sa germination est pour ainsi dire infaillible, et, lorsque le jeune plant a paru hors de terre, son développement est presque assuré, à moins que cette semence ou ce jeune plant ne soit mangé ou déterré par quelque bête mal- faisante. Nous avons vu des semis de chêne, dans leur premier printemps, noyés sous les eaux et ravagés par les sangliers, laisser cependant sur le sol un repeuplement très suffisant et encore vigoureux. 314. — Le Gland et sa Conservation. — La chair du glanddoit être blanche et ferme, bien remplir son enveloppe ou coque. Jeté dans l'eau, le gland doit tomber au fond ; ceux qui surnagent se- ront rejetés. 315. — Le seul point délicat à l'égard de cette semence, c'est sa conservation. Elle se récolte en automne, mais la semer à cette époque serait l'exposer aux intempéries de l'hiver et aux ravages de nombreux animaux affamés, qui sont friands d'une hbhttifure si succulente pendant une saison de disette générale. Aussi, dans LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR, 12 178 © LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR la plupart des cas, faut-il garder les glands jusqu'à la fin de l'hiver et les semer en février ou mars. La meilleure méthode de conservation est -la suivante : On fait une place bien sèche en ouvrant, tout autour, un fossé circulaire, on en garnit le fond avec un lit de paille ou de feuilles sèches, de 20 centimètres d'épaisseur ; on pose dessus une couche de glands, préalablement ressuyés sous un hangar, épaisse de 33 centimètres ; par-dessus, on met encore 20 centimètres de paille ou de feuilles mortes, et ainsi de suite en alternant les couches. On couvre le tout d'un toit de chaume, que l'on peut tasser en y appuyant des bois, ou couvrir de terre sablonneuse,en évitant que celle ci touche aux glands, ce qui provoquerait leur germination. On a également re- commandé de les stratilier par couches alternes avec du sable sec; nous avons essayé de cette méthode, mais le résultat ne nous a pas encouragé à la suivre; le gland v germait en très grande propor- tion, et, en le déterrant, nous y avons trouvé des pousses ayant jus- qu'à 10 centimètres de longueur. Ouelques forestiers soutiennent qu'il est bon de laisser ainsi germer le gland et d'en supprimer la pousse ; qu'ainsi traité, la radicule, qui repousse avec moins de vigueur, tend à former des racines fibreuses avec un pivot peu développé. Cette considération n'a de valeur que pour les pépinières ; dans les semis naturels, il vaut mieux que la racine se développe avec toute sa force naturelle. Une autre méthode de conservation consiste à mettre les glands dans des tonneaux ou des caisses, qui sont ensuite enfoncés sous Feau. Il faut naturellement que cette eau soit courante, ou au moins qu'elle se renouvelle suffisamment pour éviter le croupis- sement et la décomposition. Mais tout le monde n'a pas à sa dis- position le volume d’eau ni le nombre de caisses et de tonneaux nécessaires pour; pratiquer cette méthode sur une grande échelle. Nous croyons donc qu'il vaut mieux s'en tenir au premier pro- cédé, qui est le plus simple et le plus praticable dans toutes les cir- constances. C’est, du reste, à peu de chose près, le même que celui généralement usité pour la conservation des pommes de lerre PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 179 en plein champ; vu la plus grande valeur de la semence, il peut être exécuté avec un peu plus de soin. La condition essentielle, c'est de préserver de l'humidité et de la pourriture le gland lui- même, ainsi que toutes les matières mises en contact avec lui. 316. — Semis. — Cette méthode se recommande au sylviculteur dans les années de glandée, et dans les localités où les fouilles des sangliers et les ravages des mulots ne sont pas à craindre. Ces der- niers dangers peuvent être évités ou diminués en ayant soin d'en- duire le gland de minium, procédé recommandé et décrit au para- graphe 178. 317. — Dans les reboisements àexécuter en plaine, il vaut mieux semer en lignes qu'à la volée ; on épargne ainsi le gland et on simplifie l'exploitation des massifs futurs, tout en assurant la circulation de l'air dans le jeune peuplement, car le chêne est une essence de lumière et supporte mal le massif serré. Mais, comme en même temps il n'a lui-même qu'un couvert léger, insuffisant, dans la plupart des cas, pour maintenir la fraicheur et la propreté du sol, on trouve, en général, utile et même nécessaire de lui adjoindre une garniture. Celle-ci peut consister, s'il s'agit d'un semis, en pin maritime, essence économique à semer, levant bien, et donnant un couvert suffisant au sol sans être assez épais pour nuire à l’es- sence feuillue, comme on pourrait le craindre si on employait le pin sylvestre, essence supérieure à la vérité, mais trop enva- hissante. Selon la région où l'on se trouve, on peut employer, comme garniture, au lieu du pin maritime, le laricio, le mélèze, l'épi- céa, le sapin argenté, le charme ou le hêtre, mais. pour la constituer avec ces essences, nous croyons la plantation préférable au semis. Le semis en lignes (v. $243) peut s'effectuer sur un labour plein ou partiel au gré du sylviculteur, et selon que les lignes occupées par la garniture doivent être semées ou plantées. Le gland doit être recouvert, à la herse, de 4 ou » centimètres en terre forte. de 5 ou 6 en terre légère. 318. — Dans les terres à forte pente, exposées à être ravinées par les grandes pluies, on doit semer par bandes alternes croisant 180 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR la pente à angle droit,afin que les espaces gazonnés, alternant avec les labours, puissent arrêter les particules de terre abourée que les eaux commencent à charrier. On peut également semer en po- quets (v. $ 252) espacés de 1 mètre ou de 1 m. 33 dans tous les sens, ou encore, au moyen d'un plantoir ferré, planter le gland à un ou deux dans chaque trou, ces trous étant espacés d'un mètre l’un de l’autre. Ce procédé s'applique surtout aux terrains légers et profonds. 319. — Quantité de Glands à semer à l'Hectare. — Pour un semis plein, il suffit de 4 à 5 hectolitres à l’hectare ; le semis en lignes n'exige que de À à 2 hectolitres. Les quantités prescrites dans la plupart des publications sur ce sujet sont très exagérées, pour cette semence comme pour presque toutes les autres. Les semis par poquets et les plantations de glands exigent naturellement une quantité moindre, et qui varie selon l'espacement adopté. La grosseur et, par conséquent, le poids du gland sont fort va- riables, mais, selon l'estimation de M. Bagnéris, le chêne pédon- culé, dont la végétation. en sol convenable, est un peu plus uni- forme que celle du rouvre, peut donner en moyenne, pour 1 hecto- litre, qui pèse ordinairement entre 50 et 60 kilogrammes, de vingt- deux à vingt-six mille glands. Vu la bonne qualité de la semence et la rusticité du jeune plant, le sylviculteur peut juger si les quantités que nous venons d'indiquer suffisent à garnir son ter- rain, dût-il obtenir seulement un plant pour quatre glands semés. 320. — Plantation du Chêne. — Le jeune plant du chêne, mal- gré sa nature pivotante, est d'une reprise très facile. L'espèce com- mune émet ordinairement, autour de son pivot, un certain nombre de racines latérales, chevelues, suffisantes pour assurer sa reprise en saison ordinaire. Le tauzin a le pivot beaucoup plus nu, mais il n'est pas difficile à planter ; pour notre part,nous l'avons toujours vu bien reprendre. Comme toutes les espèces qui se reproduisent par drageons, il est doué d'une grande vitalité. 321. — Age des Plants. — Chez les plants de deux ans, repi- qués d'un an, le raccourcissement du pivot assure, avec la commo- PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 181 dité de la plantation, le développement d'un chevelu vigoureux. Mais nous ne conseillons pas d'employer, sur une échelle considérable, des plants plus âgés : c’est là, à notre avis, une grande erreur. (V. S 183.) Les plants d'un an, élevés en terre franche, bien développés et vigoureux, sont également très propres à la plantation. Ils réussi- ront mieux que de gros plants de trois ou quatre ans forcément mutilés de la plus grande partie de leurs racines, et qui sont ex- posés à être ballottés, peut-être couchés par les vents. Le chène commun, soit sessiliflore, soit pédonculé, exige un sol frais et substantiel, ou au moins profond, pour atteindre un beau développement. Ajoutons que là où sa croissance doit être médio- cre ou mauvaise, il ne vaut pas, au point de vue forestier, la peine de le cultiver. Seuls, le tauzin et le chevelu (cerris) peuveut se contenter de terrains maigres et secs. La plantation du chêne peut s'opérer au gré du sylviculteur, et selon les circonstances où il se trouve, de l’une ou de l’autre des façons indiquées aux paragraphes 195 et suivants. Il faut que les trous ou poquets soient assez larges et assez profonds pour rece- voir toutes les racines des plants, qui sont généralement volumi- neuses. On doit donc se servir, pour les faire, d'outils grands et solides. Si les pivots sont trop longs pour entrer dans les poquets profonds d’une bonne pique de bèche ou de pioche, il faut les rac- courcir juste de l'excédent de la longueur, en évitant de sacrifier des racines latérales ou fibreuses. Pour la saison de la plantation, nous renvoyons aux observa- tions générales des paragraphes 191 et suivants. 322, — Espacement. — Quand on plante du chêne pur, le meil- leur espacement est celui de 1 m. 33. Si une garniture est adjointe, on pourra garder la même distance entre chaque plant dans les rangs, et placer ceux-ci à 2 mètres l'un de l’autre, chaque rang étant alterné avec un rang de l'essence qui sert de garniture. Il y aura donc un intervalle de 4 mètre seulement entre chaque rang de chêne et chaque rang de l’autre essence, qu'elle soit résineuse ou feuillue. 182 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 323, — Aménagement. — Le propriétaire particulier ne peut guère, en général, exploiter le chêne qu'en taillis ; la futaie pleine, chez lui, est un objet de luxe et de fantaisie. Nous n'avons qu'un mot d'avertissement à adresser à cet égard aux jeunes sylvicul- teurs. Une futaie convenable ne peut s'élever que sur de très bons sols : les terres maigres, sèches, et, en général, toutes celles qui sont peu profondes, sont trop faibles pour la porter. A moins d'être parfaitement sûr de la qualité de son terrain, il ne faut pas céder à la tentation qu'on éprouve, en voyant un gaulis bien venant, de l'éclaircir et d'en conserver les meilleurs sujets pour devenir des arbres. On sacrifie ainsi un bon taillis pour avoir une mauvaise fu- taie, et on se décide, trop tard, à renouveler le massif par une coupe, qui aurait dù avoir lieu avant que les souches fussent fati- guées par une révolution trop longue pour la nature du sol. Le taillis-sous-futaie est actuellement très en faveur, les réserves, si le sol peut les porter, étant plus productives que le taillis, en raison des bas prix des bois de feu et du charbon. 324. — Propagation du Châtaignier. — Le châtaignier se pro- page facilement, soit par la plantation, soit par le semis. Cepen- dant, le jeune plant étant susceptible de geler au printemps, il convient de donner la préférence à la plantation dans les régions où les gelées sont fréquentes et fortes. 325. — Semis. — Ce que nous venons de dire du semis du chêne est presque entièrement applicable à celui du châtaignier. La se- mence, qui est plus grosse que le gland, est aussi facile à vérifier et à conserver, et sa germination est aussi sûre : elle est exposée aux attaques des mêmes ennemis, et elle peut en être préservée de la même façon. Les châtaignes varient tellement de grosseur qu'il est impossible d'en calculer le nombre moyen qui peut être contenu dans un certain poids ou dans une certaine mesure. Mais il n'est pas inutile d'observer que les petites châtaignes, pourvu qu'elles soient récoltées sur des arbres bien portants et qu’elles soient sai- nes et pleines, produisent des plants aussi vigoureux, et qui feront d'aussi beaux arbres que les grosses. Le c Hé ré PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 183 Il n'y aura donc pas d'inconvénient et il y aura économie à pré- férer les petits fruits, quand il s'agit de semis forestiers. . 826. — Pépinières. — Le châtaignier peut être semé en pépi- nière de même façon que le chêne. (V. K 313.) 397. — Conservation de la Graine. — La méthode que nous avons recommandée au sujet de la conservation du gland doit aussi bien réussir pour celle de la châtaigne. Mais comme, en général, on en fait des semis beaucoup plus restreints que ceux du gland, nous avons ordinairement vu employer, et nous avons employé nous-même un autre moyen de conservation. Celui-ci consiste tout simplement à mettre les châtaignes, bien ressuyées, dans des , caisses que l'on enterre dans du sable sec. On peut couvrir le des- sus des caisses soit avec des planches, soit avec de la paille, des aiguilles de pin ou de la mousse (toutes bien sèches), afin de prévenir la germination prématurée qui pourrait résulter du con- tact du châtaignier avec la terre, celle-ci fût-elle même un sable sec. La châtaigne, comme le gland, ne se conserve qu'un seul hiver; il faut la semer pendant le printemps qui suit la récolte. Exécution du Semis. — Le semis, soit pur, soit en mélange avec d'autres essences, s'opère absolument de la même manière que celui du chéne ($ 316 et suivants). 328. — Mélange avec d’autres Essences. — Dans les régions où, comme dans certaines parties du Centre, le jeune taillis de châtai- gnier est exposé à soufirir des gelées printanières, il est très utile de lui adjoindre, dans des proportions égales, le bouleau. Cette essence, aussi hâtive au printemps que le chàâtaignier est tardif, et qui ne souffre jamais en aucune façon du froid, a déjà poussé ses feuilles alors que les bourgeons du châtaignier commencent seule- ment à s'ouvrir. Le feuillage léger du bouleau tamise les rayons borizontaux du soleil levant, et forme une sorte de voile qui per- met aux bourgeons ou aux rameaux du châtaignier, atteints par le froid, de dégeler lentement et sans danger pour leurs tissus. Le bouleau n'est pas une essence empiétante et n'épuise nullement la terre; son taillis pousse avec la même rapidité et sert à peu près 184 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR aux mêmes usages que celui du châtaignier ; leur association est donc recommandable à tous les points de vue,pourvu qu'elle ait lieu dans un terrain franc, et sans trop d’acidité ; car le couvert léger de ces deux essences serait tout à fait insuffisant pour empêcher la croissance des bruyères qui se développeraient infailliblement dans les terrains très acides. Le chätaignier peut, comme le chêne, être élevé en mélange avec le pin maritime, l'épicéa ou le mélèze : mais nous croyons que son taillis supporte très mal l'ombrage. 329. — Plantation du Châtaignier. — Cette opération se pra- tique absolument de la même façon que celle du chêne (V. K$ 320 et suivants), tant pour le choix des plants que pour l'exécution du travail et pour l'espacement, soit que le châtaignier se plante pur, soit qu'on le mélange avec d’autres essences. 330. — Saison de la Plantation. — On doit planter au prin- temps, afin que la croissance du jeune plant, retardée par la trans- plantation, puisse éviter les gelées de cette saison. (V., sur lemé- lange avec le bouleau, $ 328.) 331. — Aménagement. — Le régime forestier du châtaignier doit être le taillis, qui se coupe à des révolutions de six à neufans, selon la qualité de la terre qu'il occupe. Les futaies de châtaignier sont rares, et nous ne voyons pas d'intérêt forestier à en créer ; l'arbre est généralement cultivé comme essence fruitière, et les soins à apporter à son traitement entrent dans le domaine de l’ar- boriculture. 332. — Propagation du Hêtre. —_ Le semis du hêtre, comme celui du sapin, exige en pépinière des soins minutieux et assidus. Nous pensons donc que le propriétaire particulier fera toujours mieux de planter que de semer à demeure, à moins de jouir d'un climat exceptionnellement frais, ou de viser à la constitution d'un sous-étage en forêt, devant lever à l'ombre des arbres de futaie; car les plants de cette essence exigent un abri prolongé. 333. — Plusieurs forestiers recommandent le procédé de Cotta qui consiste à butter les lignes de semis de cette essence, aussitôt PROPAGATION DES ESSENCES FORESTIÈRES 185 levées, jusqu'aux cotylédons : ce procédé, tout en n'étant pas défavorable à la croissance du jeune plant, comme on pourrait le croire, aurait pour effet d’en abriter la partie la plus susceptible, le collet, des ardeurs du soleil. Nous avons essayé, en pépinière, de cette méthode, suffisante peut-être en Allemagne ; mais, dans notre climat du Centre, plus sec et plus chaud, elle n'a pas réussi; après avoir perdu une quantité considérable de nos plants, nous avons dû recourir au système ordinaire des abris artificiels. - 334. — Le faine se conserve et se sème de la même façon que le chêue, et sa germination est en général aussi bonne. Mais, en raison de l'extrême délicatesse des plants, nous ne pouvons conseiller aux propriétaires d'en entreprendre les semis à demeure, sauf dans les conditions exceptionnelles que nous avons indiquées plus haut. 335. — Plantation du Hêtre. — Pour une plantation de hêtre il faut un sol frais et divisé, et il est bon de choisir, quand on l2 peut, une exposition au nord, au nord-est ou au nord-ouest. On doit se servir de plants de deux ans, bien vigoureux, qui, à partir de cet âge, mis en terre fraiche, peuvent se passer d'abris. Le plant du hêtre est bien moins pivotant que celui du chêne; il peut être planté de la même façon et aux mêmes distances. (V.$ 320 et suiv.) Cette essence est souvent mélée au chène, sur les coteaux, pour donner la couverture nécessaire à la terre. Dans ce cas, les lignes des deux espèces peuvent être alternées comme nous l'avons déjà indiqué au paragraphe 322. Sur les versants de montagne, trop exposés aux coups de vent ou trop couverts de bruyères pour être plantés immédiatement avec cette essence, elle peut être introduite en sous-étage, avec du sapin, à l'abri d'une première plantation de pin sylvestre ayant environ vingt-cinq ans. (V. $ 306.) 336. — Aménagement. — Le propriétaire choisira le mode d'aménagement qui lui conviendra le mieux, en raison de l'usage qu'il peut faire des produits de sa forêt ; il convient pourtant de faire remarquer que le hêtre ne se prête guère à l'exploitation en 186 : LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR taillis, car il repousse difficilement. de souche. On a observé que si, dans quelques terrains, les souches produisent des rejets, cette faculté mètres, longueur que ses branches sont capables d'atteindre. Ses feuilles sont d'une grande finesse, presque pareilles à celles des bruyères. Il s’accommode peu du climat du Centre ; nous n'en avons vu de beaux spécimens qu'en Normandie et en Bretagne. Cryptomeria Japonica Don est un grand arbre élancé de 40 à 50 mètres de hauteur, à feuilles fines, en forme de faux, légère- ment striées de blanc sur la face inférieure. Les strobiles, de 6 à 1 millimètres de diamètre, sont ronds comme ceux des cyprès. C'est l’un des plus beaux arbres du Japon, où il forme de magni- tiques avenues devant des monuments importants. Nous ne l'avons pas cultivé nous-même, mais nous l'avons vu atteindre de bonnes dimensions au jardin botanique de Tours et aussi dans la belle propriété de M. Gérardin, à la Jonchère, près Limoges. 433. — Araucaria du Chili, imbriqué (Araucaria Chilensis imbricata, Ruiz et Pavon: Chilensis, Lamarck). — Nous avons longtemps hésité à comprendre cette espèce singulière dans notre liste sommaire d'arbres rustiques cultivables, avec des soins ordinaires, par les sylviculteurs. Mais sa bizarrerie et aussi l'histoire de sa race plaident pour lui. Les araucarias sont une relique de l'immense et monstrueuse végétation qui couvrait la terre à une époque reculée, antérieure à la formation des gise- ments de houille; ceux-ci sont formés en grande partie de leurs troncs enfouis, associés avec ceux de prêles gigantesques et de cypéracées aujourd'hui inconnues. De nos jours, ce genre est relé- Fig. 228. — ARAUCARIA IMBRIQUÉ. 246 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR gué dans l'hémisphère austral ; il y forme, à la Nouvelle-Zélande, au Chili, et surtout au Brésil, des forêts immenses. 434. — Araucaria imbricata est la seule espèce à peu près rus- tique sous le climat de Paris, encore faut-il le cultiver dans un sol frais contenant une bonne proportion d'humus, mais très sain, et le mettre à l'abri des vents froids. On dit pourtant qu'en Bretagne, où le climat lui convient et où l’on en rencontre de très beaux spé- cimens, il végète assez bien dans les terrains mouillés ; quoi qu'il en soit, le sylviculteur fera bien de ne pas le planter ailleurs dans les mêmes conditions, car les meilleures autorités sont d'accord sur ce point qu'en général l'humidité lui est très dangereuse ; elle le rend maladif et l’expose à être atteint par les gelées. L'araucaria imbriqué s'élève, au Chili, à la hauteur de 50 mètres; son bois, un peu lourd, est de belle qualité. Ses cônes, très forts, hérissés de soies, très curieux, mesurent quelquefois 18 à 20 centi- mètres de diamètre ; leur graine est une amande comestible. La dis- position des branches, le peu de développement des feuilles (larges, raides, pointues, imbriquées autour des jeunes tiges et des branches jusqu'à ce que le bois ait vieilli), « la parfaite rectitude du tronc, et jusqu’à la couleur verte, uniforme, sauf à l'extrémité des jeunes bourgeons..., donnent au jeune araucaria du Chili un faux air de candélabre en bronze à plusieurs rangs de bras superposés » (1). Cette disposition des feuilles piquantes, embrassant presque toute la surface du jeune arbre, lui a valu, aux États-Unis, le nom to- pique de : monkey puzzle, embarras du singe ; on comprend, eneffet, que cet arbre déjoue complètement les efforts des grimpeurs. Les plants de l’araucaria imbriqué, d'un élevage difficile et lent, se vendent en pots ; n'ayant pas encore été propagés sur une grande échelle, ils sont d’un prix assez élevé. Hauteur en France, constatée par M. de Vilmorin, à Penan- reff près Saint-Renan (Finistère), 15 mètres, avec circonférence de 2,920. (1) De KirwAx, ouvrage cilé PLANTATIONS D'AGRÉMENT 247 LES CUPRESSINÉES 435. — Nous ne traiterons, dans cette section, que de quelques espèces, les mieux connues et les plus rustiques, telles que : les cyprès, les retinosporas ou chamæcyparis japonais, les thuyas et les genévriers. 436. — Cyprès de Lawson (Cupressus Lawsoniana, Murray ; Chamæcyparis Lawsoniana, Parlatore). — Arbre forestier de grande taille de la Californie septentrionale et de l'Orégon, où il atteint la hauteur de 30 mètres. Sa tige est svelte, élancée, et ses branches légères, couvertes de petites feuilles imbriquées, pen- dent gracieusement à la façon des fougères. Sa flèche est inclinée comme celle du déodar. Le feuillage, d’un vert foncé, glauque, est relevé au printemps par des chatons mäles d’un beau rouge cramoisi très nombreux. Les strobiles, nombreux aussi, très petits, ronds, paraissent même sur de très jeunes sujets. C'est l’un des arbres d'agrément les plus élégants et les plus rustiques, qu'il soit planté isolé, en avenue ou en groupe. Résistant à tous les froids, il s’accommode aussi de presque tous les sols, pourvu qu'ils soient frais sans être trop humides. Au besoin il supporte le couvert même direct; il y pousse moins vite qu'au soleil, mais il retient sa forme gracieuse et la belle teinte de son feuillage délicat. Il est facile à planter et sa croissance est rapide et vigoureuse ; bref, c’est une des espèces les plus belles et les plus recommandables. Hauteur en France, constatée par M. de Vilmorin, à Pau, 15 à 16 mètres. 457. — Il existe beaucoup de variétés de fantaisie de cette char- mante espèce, l’une dorée, l’autre argentée, d'autres panachées ou pleureuses, etc., etc. Nous nous méfions beaucoup de toutes ces va- riétés, pour la plupart artificiellement obtenues et plus ou moins délicates; mais il y en a une dont nous pouvons garantir la rusticité, au moins dans son jeune àge. C’est celle qui porte le nom d'’erecta viridis; ses rameaux, en effet, se dressent en masse compacte autour # Fig. 229. — CyprRÈs DE Lawsox. PLANTATIONS D'AGRÉMENT 249 —_—@—@—@— de la tige et conservent pendant l'hiver une teinte claire par- ticulièrement gaie. Nous avons un pied de cette variété qui, en terre sableuse et sèche, a résisté, non seulement aux grandes gelées, mais à la dent du lapin qui l'avait horriblement mutilé dans son enfance ; sa croissance, à la vérité, est moins rapide que celle du type ordinaire, et sa taille sera probablement moins forte Mais de toutes les variétés, la commune est la plus gracieuse et la plus vigoureuse. 438. — Le Cyprès de Noutka (Cupressus Nutkaënsis, Lambert), mieux connu dans les jardins sous le nom de T'huyopsis borealis Fischer, a beaucoup de rapports avec son congénère dont nous venons de parler ; il ne s’en distingue guère que par ses chatons jaunes et non pas rouges, ses rameaux plus pendants et son feuillage d'un vert plus clair. Natif de latitudes encore plus septentrionales, entre les 45° et 55° degrés, dans l’Orégon, la Colombie britannique et l'ile de Vancouver, il est à l'épreuve de tous les froids possibles, et il prospère dans la plupart des sols, pourvu qu'ils soient frais. Dans sa station naturelle, cet arbre est connu des colons sous le nom de cyprès jaune, en raison de son bois, d'un blanc jaunâtre, agréablement parfumé. Ce bois est léger, élastique, durable, presque indestructible ; il sert aux Indiens des territoires du Nord- Ouest à confectionner leurs ustensiles de ménage, de chasse et de pêche. La croissance de ce cyprès en pyramide, étrait, allongé, le rend propre à planter dans les jardins. 439. — Cyprès de Lambert, à gros Fruits (Cupressus Lamber- liana, Gordon ; macrocarpa, Hartweg). — Cette essence est origi- naire, comme le pin remarquable, de la région de Monterey en Ca- lifornie, où l’on en signale deux formes différentes, l'horizontale et la pyramidale. L'arbre à forme horizontale a été découvert par Lambert, en 1839, et a reçu son nom; ensuite Hartweg, faisant le même voyage, en 1846, trouva à son tour le type pyramidal et, croyant avoir découvert une nouvelle espèce, le nomma macrocarpa de ses cônes ou strobiles plus grands que chez la plupart des 250 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR cyprès. La forme de l'arbre prend assez souvent des variations intermédiaires entre les deux types, et cette particularité, observe Fig. 230. — CHAMÆCYPARIS OBTUSA. Rameau et Fruit. rès bien Veitch, le rend peu propre à former des avenues ; il vaut mieux le planter isolé ou en groupes. Cette espèce croît plus rapidement que tous les autres cyprès; il se distingue par ses rameaux grêles et ses feuilles articulées res- semblant à celles de quelques retinosporas et genévriers, et d'un vert particulièrement clair et brillant. Il ressemble, sous ce rap- port et aussi par la rapidité de sa croissance, au pin remarquable, et on peut supposer que le climat de leur région natale, celle de PLANTATIONS D'AGRÉMENT 251 Monterey, est de nature à donner aux arbres une sève particulière- ment vigoureuse. Comme lui aussi, le cyprès de Lambert est sen- sible aux fortes gelées, surtout à l’état de jeune plant ; il prospère sous les climats maritimes, et nous le voyons sous le ciel brumeux de la Normandie, et aussi à Angers, dans le jardin public, atteindre, dans une trentaine d'années, les dimensions d’un vieux cèdre. Il ne supporte pas les hivers de Paris et du Centre. 440. — Les Retinosporas ou Cyprès du Japon, autrement dits Chamæcyparis. — Ce groupe ne présente pas de véritable diffé- rence générique avec les cyprès, dont on ne les a distingués qu’en raison de leur origine japonaise et de leurs aspects variés souvent curieux. Deux retinosporas, À. oblusa et R. pisifera Siebold, sont des arbres importants dans leur pays natal. Le premier, Hinoki en Japonais, a donné le bois pour construire la plupart des magnifiques temples de son pays. Le dernier tire son nom de ses strobiles menus ressemblant à de petits pois. ?. plumosa Veitch est un petit arbre robuste ; les autres, À. filicoïdes (à port de fougère), filifera (à rameaux filiformes), squarrosa (à branches écartée), éricoïdes (à feuilles de bruyère), etc., sont de gracieux arbrisseaux dont le feuillage, passant chez quelques-uns à un beau rouge brun en hiver, est d'un effet original. Ces noms leur sont donnés par l'hor- ticulture. Ce sont des végétaux de terre de bruyère, résistant parfaitement à tous les froids, mais qui, à l’état de jeunes plants, redoutent la chaleur et la sécheresse. Ainsi, placé comme nous le sommes sur un terrain sec, nous n'avons pu sauver qu'un petit nombre des spécimens de plusieurs espèces, que leur beauté particulière nous avait engagé à planter autour de notre habitation. Leurs jeunes plants prennent toutefois facilement et s'élèvent bien en terrain frais contenant une certaine dose d'humus. Il fau- drait avoir soin de planter les variétés qui changent de couleur en hiver, de manière à contraster agréablement avec les autres conifères. Fig. 231. — THUYA GIGANTEA, Carrière. Libocedrus decurrens, Torrey. Léo, PLANTATIONS D'AGRÉMENT 253 LES THUYAS 44. — Thuya gigantea, Nuttall ; T. Lobbii, Hort.; T. Menziesti, Douglas. — Celui-ci est en effet le géant de sa tribu, atteignant, dans la vallée du fleuve Columbia, la hauteur de 50 mètres. Les branches sont nombreuses, courtes relativement à la hauteur de l'arbre, de sorte que sa pyramide reste étroite; les rameaux s'étendent élégamment comme des fougères, de même que ceux du cyprès de Lawson, mais elles portent des feuilles plus coriaces et d'une nuance plus claire, qui se maintient sans altération tout l'hiver, sauf chez les jeunes plants, dont le feuillage est tendre. Son port est plus svelte, sa tige plus élancée, son feuillage moins épais que ceux de C. Lawsoniana, et sa flèche se maintient dressée. La parfaite rusticité de cet arbre, sa croissance extrêmement rapide et la belle qualité de son bois le rendent très propre non seulement à tous les emplois d'une essence d'agrément, mais aussi à former, comme le sapin de Douglas et le cyprès de Lawson, des bordures forestières en vue d'élever des porte-graines pour sa reproduction naturelle. On en voit de beaux et grands spécimens, hauts d'environ 20 mètres, dans le parc d'Harcourt, propriété forestière de la Société nationale d'Agriculture de France. 442. — Nous n'avons guère à nous occuper ici de la culture des Thuyas ordinaires, d'Occident et d'Orient (7huya occidentalis et Thuya ou Biota orientalis). Le premier est un arbre utile dans sa région natale, le Canada et le nord-est des États-Unis, où il occupe des marais rebelles à toute autre végétation, et où il atteint quelque- fois la hauteur de 15 à 18 mètres ; son bois. d’ailleurs, est de bonne qualité et d'une très grande durée. Dans nos climats, sa croissance est moindre, et le changement de couleur de son feuillage, qui devient d'un jaune roussätre en hiver, le rend peu recommandable comme arbre d'agrément. Il n'est guère employé que pour former des abris comme son congénère le thuya de Chine ou Biota, et cette culture est connue de tous les jardiniers. Nous ne traiterons pas non plus 254 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR des variétés de fantaisie de Biota, qu’elles soient argentées, dorées, panachées ou en boule : elles ne sont que trop connues. Ce sont, à f titre lt Fig. 232. — Rameau de Thuya Biota. notre avis, de véritables types d’insignifiance et de| banalité. 443. — Libocedrus decurrens, Torrey (Thuya gigantea de Car= : À Qt PLANTATIONS D'AGRÉMENT 25: rière). — Native de la même région que le Thuya géant de Lobb, cette espèce, quoique d'une forme très différente, reçoit, dans bien des jardins, le même nom. Elle est classée pourtant comme faisant partie d’un groupe, les Libocèdres, ou cèdres à encens, ainsi nom- més de leur résine très aromatique, dont toutes les espèces, sauf celle-ci, habitent l'hémisphère austral ; cette espèce se dis- tingue par cette particularité, que ses feuilles ont de longues bases décurrentes, c'est-à-dire se prolongeant, avec adhérence, sur les ra- meaux. Ceux-ci, au lieu de s'étaler en larges surfaces comme les fougères, se développent à peu près verticelement de la même façon que les feuilles du tremble et de l'eucalyptus, F : Fig. 9233. — RAMEAU dont les limbes n'ont pas la force de les sou- +4 cône du Libocèdre. tenir horizontalement ; c'est ainsi que nous pouvons facilement distinguer cette espèce du vrai Thuya gigantea et du cyprès de Lawson. Cependant, le feuillage, supporté par des branches fort courtes, est tellement épais, que l'arbre forme une pyramide de verdure bien fournie. Cette disposition rend le libocèdre précieux pour les petits jar- dins ; poussant presque en colonne, il occupe fort peu de place. Sa belle verdure persiste, inaltérable, pendant tout l'hiver. Nous en possédons un pied qui, planté en 1870 en mauvais ter- rain sableux, mesure actuellement 16 mètres de haut avec une circonférence de 12,80 ; le tronc est donc très gros relativement à la petite étendue des branches. Le libocèdre se transplante facilement comme presque toutes les cupressinées. LES GENÉVRIERS 414. — Ces espèces sont intéressantes pour le sylviculteur, par leur extrême rusticité, leurs formes élégantes et leurs singulières Fig. 23% à 243. — GENÉVRIER COMMUN. Explication de la gravure : 1, rameau avec fruits (de l’année) et fruits mûrs, — 2, jeune pousse avec fleurs mâles ; — 3, id., avec fleurs femelles ; — 4, fleur femelle terminale (grossie) ; — 5, fruit ouvert transversalement ; — 6, graine contenue dans le fruit; — 7, chaton de fleurs mâles ; — 8, anthère triloculaire, vue par en bas (grossie) ; — 9, id., vue par en haut (grossie) ; — 10, feuille aci- culaire (coupe transversale). … Li x AN Es en ent 4. + . nn ‘ser ent ni 7 és ne GS DÉS SES sites 2 diode an, | : PLANTATIONS D'AGRÉMENT 257 diversités de feuillage et de couleur. Quelques-uns sont de beaux arbres, avec une excellente qualité de bois ; d'autres des arbris- seaux. Nous suivrons la classification de Veitch, qui divise leur groupe en trois sections : 1. — Les oxycèdres, aux feuilles toutes aciculées , rangées par trois, glauques sur la surface supérieure, et dont le type est le genévrier commun. 2. — Les sabines,aux feuilles pressées contre les rameaux, squa- meuses et imbriquées, comme chez les thuyas.Type : sabine ordi- paire. 3. — Les cupressoïdes, aux feuilles souvent dimorphes, acicu- laires dans la jeunesse de la plante, squameuses et imbriquées sur les vieux rameaux. Type : le genévrier de la Chine. 445. — Genévrier commun (Juniperus communis, Linné). — Au- cun membre du groupe n'est plus intéressant que le type commun. « Avez-vous vu parfois, demande M. de Kirwan, dans vos pro- menades champêtres, un petit buisson d'une verdure päle et terne recouvrir de loin en loin les fissures d'un aride rocher, ou croître par bouquets sur la lande déserte et parmi les bruyères du ver- sant exposé à tous les soleils ? » Nous l'avons vu en effet, dans ces conditions, sur des landes de la Sologne, non seulement se maintenir en buisson, mais quelque- fois atteindre de belles proportions, une taille de 5 ou 6 mètres, avec des formes variées, soit en pyramide large, soit en pain de sucre ou presque en colonne, selon qu'il a été plus ou moins taillé par la dent des bestiaux. « Fuyant les ardeurs du jour, continue M.de Kirwan, vous gagnez la forêt voisine, et, sous l'abri bienfaisant de la voüte feuillue, vos yeux, bientôt accoutumés au demi-jour qui règne dansles hauts taillis, ne tardent pas à rencontrer encore le même arbrisseau que sur le coteau dénudé ou dans la plaine en friche; mais il est d'une forme différente: au lieu de buissonner, il file droit comme une colonne légère et ne parait pas plus souffrir de l'ombre épaisse qui le surplombe que ses pareils du soleil ardent. » LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR, 17 258 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Le genévrier commun formeun trait caractéristique et pittoresque de la forêt de Fontainebleau, où il atteint une taille assez forte pour que son bois serve à fabriquer de nombreux souvenirs de la forêt, petite industrie assez florissante dans la ville; la teinte foncée, quelquefois violacée, du bois de cœur tranche curieusement avec celle de l'aubier. qui est blanchâtre. En raison de ces qualités incontestables, nous croyons que, lorsque les sylviculteurs trouveront sur leurs terres, en plaine ou sous bois, des genévriers en nombre plus que suffisant, ils feront bien de transporter dans leurs parcs les pieds qui leur paraïîtront d'âge et de taille convenables. Il est essentiel de les lever avec une bonne motte adhérant aux racines, car la reprise en est assez diffi- cile, les plants sauvages un peu forts n'étant plus très jeunes. C’est sur un terrain léger pourvu d'humus que le genévrier commun réussit le mieux. 446. — La variété d'Irlande (J. hibernica, Loddiges) se distingue par sa croissance extrémement lente, sa forme en colonnette, et saverdure intense, qu'elle garde encore mieux en hiver que l'espèce ordinaire. 447. — Juniperus rigida, Siebold, est une espèce japonaise, rustique et gracieuse, à feuillage très coloré: ses feuilles sont d'un beau jaune au printemps, vert clair en été, et les jeunes plants prennent un ton chaud, rougeàtre, en hiver. Il semble s'accommoder Fig. 24%. — RAMEAU de Genévrier Sabine. de tous les sols légers. Son nom parait Iui avoir été donné par antiphrase, car ses ra- meaux sont très flexibles, presque pleureurs. 448.— Dans le second groupe de genévriers, les sabines, le seul arbre important est le Genévrier, improprement Cèdre, de Vir- ginie (J. Virginiana, Linné). C'est un conifère des plus recommandables; même dans sa pre- mière jeunesse, en attendant qu'il devienne un arbre, il fait un PLANTATIONS D AGRÉMENT 9 Qt We] charmant arbuste, aux formes élégantes et aux tons légèrement violacés en hiver. Son feuillage est polymorphe; pendant sa jeunesse il porte des feuilles aciculaires et piquantes, prenant, nous l'avons vu, des re- flets colorés en hiver ; au bout de quelques années succèdent des feuilles squameuses, imbri- quées comme celle des cy- près. LEA 4 Sa floraison, particularité 4 2 rare chez les genévriers, est qu ordinairement monoïque, et Ÿ: par exception seulement dioique. Natif des États-Unis et du Canada, où il végète, sous des températures extrêmes, sur des coteaux arides, il atteint, aussi bien en Europe que dans la station naturelle, une hauteur de 15 mètres et plus, en sol favorable. Au domaine des Barres, en 1900, il avait 44 mètres de haut. Son bois, de qualité excel- l 12 Fig. 245, — Rameau de Genévrier ente à fibre fine, est géné- de Virginie. ralement employé à la fabri- cation des crayons. Aujourd'hui il se fait rare et est très demandé, ce qui engage à cultiver l'arbre. Sa croissance fort rapide et sa complète rusticité, outre son as- pect décoratif et la valeur de son bois, le rendent propre à faire partie des plantations d'agrément et des avenues forestières. Il en existe quelques variétés très gracieuses : pendula, glauca, dont les noms s'expliquent, Schottii, au feuillage vert tendre, ct tripartila, une variété rampante à croissance assez vigoureuse. 260 LE PROPRIÉTAIRE SPLANTEUR Toutes sont d'une parfaite rusticité, se transplantent facilement et ne semblent pas difficiles à l'égard du terrain, qui doit cependant, autant que possible, être léger et frais. 448 bis. — Dans le troisième groupe, les cupressoides, nous ne connaissons bien que le Genévrier de la Chine (J. Sinensis, Linné). Les genévriers sont pour la plupart dioïques, etles deux sexes présentent souvent une différence d'aspect très importante. C'est le genévrier mâle de la Chine qui est généralement cultivé ; ilest Fig. 246 à 251. — Ginxco de Japon (Salisburya adiantifolia). pyramidal, d'une belle teinte verte, et se couvre à l'automne de fleurs staminées, d'un jaune orangé. Comme Virginiana, il porte des feuilles tantôt aciculées, tantôt imbriquées. Nous en possédons plusieurs pieds qui font une assez bonne contenance en terrain très aride; ils ont résisté, comme tous les genévriers d’ailleurs, aux grands froids de 1879-1880. Pyramides PLANTATIONS D'AGRÉMENT 261 bien fournies d’une dizaine de mètres, ils grandissent encore. 449. — Ginkgo du Japon et de Ghine (Ginkgo biloba, Linné; Salisburya adiantifolia, Smith). — Nous comprenons dans notre liste cet arbre bizarre (classé comme conifère, quoique son fruit soit une drupe), parce que, dans les lerrains qui lui conviennent, il pousse rapidement et atteint une belle taille. Ce sont, croyons-nous, les bonnes terres d’allu- vion, saines, mais riches en humus, qui lui conviennent; pour notre part, nous voyons ordinairement les plants de cette espèce difficiles à cultiver ; à Fig. 252. — FEUILLE même dans des terrains où les autres de Salisburya. plants résineux ont une croissance vigoureuse. Nous n'avons pas réussi à en élever, mais quand l'arbre a pu s'élancer, il parait pousser avec vigueur. Cette curieuse espèce accuse, pour ainsi dire, une étape de tran- sition entre les feuillus ordinaires et les conifères, dont, à le regarder superficiellement, il ne présente aucun trait, sauf la dis- position verticillée de ses branches. La feuille, profondément lobée, ressemble absolument à celle, grossie, de la gracieuse fougère Capillaire, l'adiantum des botanistes ; de cette particularité vient le nom spécifique de notre arbre, adiantifolia. Signalons, à propos de cette feuille, l'observation ingénieuse et juste de M. de Kirwan (ouvrage déjà cité): « Assurément, cette forme s'éloigne autant qu'il se puisse ima- giner de la forme aciculaire, la plus fréquente chez les conifères ; et cependant elle peut s’y rattacher. Ce limbe élargi n'offre pas sur son tissu, comme la feuille de n'importe quel autre arbre non conifère de nos climats, un réseau de vaisseaux entre-croisés, rami- fiés et subdivisés à l'infini; ses vaisseaux, à peu près parallèles dans le pétiole, s'écartent à partir du point où ce pétiole devient limbe, mais sans se ramifier ni s'entre-croiser; on dirait qu'un 262 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR faisceau de fibres, primitivement destiné à former une feuille aciculaire, a rompu le lien qui les réunissait par l’une de leurs extrémités, pour leur permettre de s'étaler en éventail. » M. de Kirwan, nous sommes heureux de le constater, est de notre avis sur les exigences du ginkgo bilobé à l'égard du terrain et de la culture. « Dans une terre fraiche, légère et suffisamment pro- fonde, car les racines du Salisburya sont pivotantes, à une exposi- tion abritée contre le souffle du Nord, mieux encore dans un cli- mat un peu chaud, comme celui de nos départements du Midi, le ginkgo croit avec vigueur et rapidité et se comporte comme un arbre d'avenir. » M. de Vilmorinen a remarqué, en 1900, à Fontainebleau, Jardin de Diane, des sujets de 20 à 22 mètres. « … Le professeur Bunge dit avoir vu près d'une pagode, à Pékin, un ginkgo encore plein de vigueur, et qui, d'une hauteur prodi- gieuse, ne mesurait pas moins de 40 pieds de tour. » Nous devons ajouter que nous en avons vu de beaux sujets, pous- sant très vigoureusement, dans les jardins particuliers de Versailles et aussi dans le jardin botanique de Tours. Dans les circonstances favorables, le ginkgo résiste aux plus grands froids. Cependant les pousses des jeunes plants, mal aoûtées, sont quelquefois rabattues par les gelées dans les terrains froids. a syies | AA _ ecira, CHAPITRE X PLANTATIONS D'AGRÉMENT ET D'’ALIGNEMENT : ARBRES FEUILLUS FAMILLE DES CUPULIFÈRES 450. — Les Chênes. — Le chêne commun est assurément le plus beau de nos arbres feuillus, et nous n'avons pas besoin d insister sur sa haute valeur décorative. En cherchant le site d'un parc projeté, il est de la plus grande importance de pouvoir trouver, soit de beaux sujets isolés soit des groupes ou des massifs de cette espèce, et l'on obtiendra toujours les plus heureux effets en les dégageant des rideaux qui les mas- quent ordinairement plus ou moins. Mais la croissance du chêne est lente, et son aspect, dans sa pre- mière jeunesse, insignifiant ; il est donc très rarement planté comme arbre d'ornement ou d’alignement. Il arrive souvent, cependant, qu'en défrichant une haie ou un buisson, on trouve un jeune chêne vigoureux qu'on hésite à sa- crifier et qu'on aime mieux transplanter et mettre à une place d'honneur. Mais il ne faut pas se dissimuler que cette opération est déli- cate ; nous-même, qui l'avons pratiquée, nous y avons rarement réussi, du moins quand il s'agissait de chênes ayant déjà 3 mètres 264 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR de haut, avec un pivot en proportion, ou plutôt hors de toute pro- Fig. 253. — LE CHÈèNE (d'après un fusain d'Allongé). portion, avec cette taille. Il est indispensable, dans ce cas, de cerner le jeune arbre, c’est-à-dire de lui couper toutes les racines latérales en cône renversé, de trancher le pivot, et de laisser le sujet ARBRES FEUILLUS 265 en place jusqu'à l’automne suivant, où il aura poussé assez deracines fibreuses pour supporter la transplantation, dans sa motte de terre, avec quelques chances de succès. 451. — Le Chêne pyramidal (O0. fastigiata, Hort.), variété du chêne commun pédonculé, est un grand arbre à rameaux dressés, à feuilles allongées, découpées ; son port rappelle celui du peuplier d'Italie, mais la pyramide qu'il forme est plus large. Originaire des Pyrénées, il supporte pourtant tous les froids du Nord, et il paraît vigoureux et rustique. Il se développe bien dans les mêmes terrains que le chène commun, c'est-à-dire frais et un peu substantiels ; nous ne l'avons pas vu planté sur les sols maigres. Aux Barres, en 1878, un pied de cette variété avait 17 mètres de hauteur. 452. — Le Chêne chevelu ou de Bourgogne (0. cerris, Linné) est propre aux plantations d'agrément, en raison de sa croissance rapide et de ses feuilles élégamment découpées. Dans sa situation naturelle, il parvient à la première grandeur ; il demande un sol profond et frais avec une exposition abritée des coups de vent, qui cassent quelquefois ses branches lorsqu'elles ont une sève trop vigoureuse, Il est rustique aux froids, mais souffre quelquefois de la géli- vure, dans les climats rigoureux. Cet inconvénient, qui affecte peu sa santé, est moins grave dans les plantations d'agrément qu'en forêt. Hauteur observée par M. de Vilmorin, aux Barres, en 1900, 22 à 24 mètres ; circonférence, 2 m. 80. 453. — Mais c'est en Amérique que le chène déploie le plus grand luxe d'espèces et de variétés. Un grand nombre de celles-ci sont très décoratives, grâce à leurs feuilles, qui prennent les teintes les plus vives, généralement rouges, à l'automne, comme d'ailleurs un grand nombre d’autres arbres américains. Aussi les forêts qui bordent la chaîne des Grands Lacs présentent-elles, dit-on, vers l'été de la Saint-Martin, ou Zndian summer, comme l'appellent les 266 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Américains, un de ces spectacles féeriques que l'on ne peut plus oublier. Des très nombreuses variétés de chênes américains, nous choisi- rions quelques-unes qui, à notre connaissance, poussent vigoureu- sement sous le climat du Centre. Élevées en pépinière, elles se transplantent toutes facilement. 454. — Chêne rouge (O0. rubra, Linné). — Cette espèce est la plus répandue et la mieux connue, et, selon le Catalogue du domaine Fig. 254. — CHÊNE CHEVELU (Quercus cerris). des Barres, c'est celle qui réussit le mieux dans nos climats ; nous devons pourtant dire que, quant à nous, nous avons vu le chêne des marais, dont nous nous occuperons ensuite, se comporter aussi bien dans nos sables maigres, au moins jusqu’à l’âge de trente ans. Le chêne rouge, avec sa tige droite et lisse, ses feuilles larges et luisantes, très grandes, élégantes, avec leurs lobes pointus, pré- LD EL ei qe ARBRES FEUILLUS 26/ sente l'apparence d'une vigueur supérieure même à celle du chêne commun, et sa croissance, en terre profonde et fraiche, est beaucoup plus rapide. C’est l'un des plus beaux arbres d'ornement, soit isolé, soit en avenue ou en bordure, soit mélangé dans les massifs des parcs, où son feuillage, tournant à un beau rouge foncé, ton auquel il arrive par une série de gradations successives, est d'un superbe effet en automne. Fig. 955. — CHÊNE ROUGE (Quercus rubra). 1/4 grandeur naturelle. Dépouillé en hiver, son aspect, avec son écorce lisse, gris clair, ses branches poussant d’un jet franc, semblant contournées, res- semble plutôt à celui du hêtre qu’à celui d'un chène d'Europe. Aux Barres, en 1900, cette espèce avait atteint jusqu’à 18 mètres de hauteur, avec une circonférence de 4 m, 60; au parc de Ba- leine, 25 mètres. En raison de sa croissance rapide et de sa rusticité, il parait expé- dient de le propager au moyen de porte-graines disséminés dans les forêts. 268 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Son bois jusqu'à présent a été considéré de qualité médiocre, mais, il y a quelques années, M. Cordier, ancien député de Nancy, propriétaire d'importantes plantations de cetteespèce, afaitexploiter des arbres de cinquante-cinq ans qui ont fourni un bois fort, dur, promettant une durée considérable. Contrairement à nos espèces communes, les chênes américains, pour la plupart, préfèrent les sols légers, siliceux, aux terres fortes, et y prospèrent pourvu qu'ils y trouvent de la profondeur et de la fraicheur. Rubra supporte mal une forte proportion de calcaire dans le sol, Les jeunes plants de chêne rouge sont aujourd'hui assez ré- pandus ; ils se transplantent facilement. 455. — Le Chêne rouge des Marais, palustre (Q. palustris, Willdenow). — Le chène palustre n'est nullement inférieur, à notre avis, au chêne rouge en beauté. Comme lui, il est d’une rus- ticité à loute épreuve ; comme lui, il a une végétation rapide; dans sa jeunesse au moins, il se contente comme lui d’un sol très maigre, et, pourvu qu'il y trouve un peu de fraicheur, il s'y élance avec rapidité et vigueur. Plus tard, dit-on, sa croissance ne se main- tient belle que dans les sols profonds et frais. Il présente sur O. rubra l'avantage de la qualité supérieure de son bois, très dur, et il conserve sa feuille un peu plus longtemps en automne. Son port est aussi élégant que celui de son congénère est ro- buste; nous en emprunterons la description à l'excellent Cata- logue raisonné des Barres : « La ramification consiste en branches principales assez nom- breuses qui s’étagent avec une certaine régularité les unes au- dessus des autres, et donnent à l'arbre, surtout dans la jeunesse, une forme pyramidale. De chaque côté des branches principales se trouvent des rameaux de petite dimension, disposés en peigne et portant des feuilles placées horizontalement, de sorte que, bien que le feuillage ne soit pas très fourni, le couvert de l'arbre est suffisamment épais. Les feuilles, élégamment découpées et très minces, sont presque transparentes quand on les regarde du pied 36 ARBRES FEUILLUS 269 de l'arbre, et elles forment alors comme une élégante broderie découpée à jour et d'un vert tendre très agréable à l'œil. » Nous ajouterons seulement à cette description, aussi exacte que Fig. 256. — CHÊNE DES MARAIS (Quercus palustris), 1/2 grandeur naturelle. pittoresque, que tous les sujets que nous avons plantés ont le port plus ou moins pleureur, la flèche poussant inclinée comme celle du déodar et de plusieurs cupressinées, et, comme elles, se redres- sant à mesure que l'arbre grandit, de sorte que sa croissance reste droite. avec la forme pyramidale déjà signalée. 270 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Ajoutons aussi que les feuilles prennent en automne une belle teinte écarlate, passant souvent par une série de tons intermédiaires Fig. 257 et 258. CHÊNE DES MARAIS (Quercus palustris). Premières feuilles, 1/2 grandeur naturelle. diversement bronzés. En résumé, le chêne rouge des marais est certainement l'un des plus élégants de tous les arbres feuillus. Il mérite donc une place d'honneur dans les plantations d'agré- ment. Son bois, en outre, aux Barres, a été trou- vé de bonne qualité, fin et dur. Sa croissance, en 1900, y avait atteint la hauteur de 18 à 20 mètres ; au pare de Baleine, il a la grande taille de 30 mètres. Il aime les terrains sili- ceuxouargilo-siliceux, profonds. Les plants de chêne des marais sont aussi faciles à se procurer que ceux de l'espèce précédente, et leur re- prise est aussi sûre. 456. — Chêne à Feuilles en Faux (0. falcata, Michaux). — Cette espèce, autant que nous avons pu l'observer, ne diffère guère du palustre que par sa croissance plus trapue et par la forme de sa feuille. Celle-ci, également légère et découpée, et qui tourne éga- ARBRES FEUILLUS 271 ————_—_—_—_pZ———— lement au rouge vif en automne, présente la forme arquée d'où l'arbre a reçu son nom. Fig. 259. — CHÊNE à feuilles en faux (Quercus falcaia). 1/2 grandeur naturelle. Le Catalogue des Barres, où, en 1878, il avait atteint une taille nullement inférieure à celle du précédent, l'apprécie ainsi : « Si l'on juge de cet arbre d’après la manière dont il végète dans le sol pauvre des Barres, on peut conjecturer que dans des terrains 272 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR riches il deviendrait magnifique. Déjà recommandable par sa beauté, qui le rend propre à l’ornementation des massifs, il l’est davantage encore par la qualité de son bois. Fig. 260 et 261. — CHÈNE ÉCARLATE (Quercus coccinea). 1/2 grandeur naturelle. « … Malheureusement, il ne fructifie pas très abondamment. » Les jeunes plants de cette espèce sont donc assez rares, et nous n'avons puen trouver dans le commerce. 457. — Le Chêne écarlate (0. ceccinea, Willd.) se distingue du # à e ARBRES FEUILLUS 273 chêne rouge (Q. rubra) par sesfeuilles plus découpées, à lobes plus pointus, et par son écorce, qui devient plus vite rugueuse. Son aspect général est intermédiaire entre ceux de Q. rubra et palustris. Dans les terrains qui lui conviennent, frais, profonds, riches en humus (nous croyons qu'il est plus exigeant à cet égard que les espèces précédentes), il atteint une belle taille et forme un Fig. 262, — CHÈNE QUuERCGITRON (Quercus tinctoria.) Feuilles de première année. magnifique arbre d'ornement. Il se plait dans le calcaire, si les . conditions physiques y sont favorables. Ses feuilles, découpées comme celles du palustre, mais plus grandes, prennent une teinte très riche, plutôt cramoisie qu'écar- late, plus complète, plus uniforme que chez les autres espèces; cette nuance persiste longtemps. Même en hiver, la feuille, quoique sèche, conserve une teinte chaude, rougeâtre, très marquée surtout au soleil. Son feuillage est donc le plus beau de cette tribu. LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR. 18 274 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Ses plants sont assez répandus, et, comme ceux des précédentes espèces, Se transplantent facilement. Aux Barres, en 1900, le chène écarlate avait la hauteur de 99 à 24 mètres. 458. — Le Chêne quercitron (Q. finctoria, Willd.), ainsi nommé d'une couleur jaune qu'on peut tirer de son bois, ne semble dif- férer de Q. coccinea que par son écorce noire, crevassée, et ses feuilles pétiolées, d’abord larges, presque entières, et qui deviennent plus tard plus ou moins découpées ; car il faut observer que, chez la plupart des espèces américaines, la forme et la grandeur des feuilles sont peu constantes ; elles varient selon la force et l’âge de chaque sujet et les conditions où il se trouve. Celles de fincloria sont larges, épaisses, luisantes, et se tiennent plus raides sur les rameaux que celles des espèces précédentes. Le feuillage du quercitron, très beau, rougit à l'automne comme celui de la plupartde ses congénères du même pays; aux États-Unis, le quercitron s'élève jusqu’à la hauteur de 30 mètres. Peu cultivé jusqu’à présent en Europe, il végète vigoureusement aux Barres,oùen 1878 quelquessujetsavaient une taille de 17 mètres. Son bois est sans valeur pour le travail, mais il porte une grande quantité de glands qui se sèment naturellement. 439. — Chêne à Feuilles de Saule (0. phellos, L.). Cette espèce curieuse se distingue par la conformation particulière de ses feuilles, qui tournent d'ailleurs, au moins en quelques cas, à un blanc pur en automne. Dans la variété ordinaire, elles sont longues, étroites, ensiformes comme chez le saule blanc. Le chêne saule réussit aussi bien, nous dit le Catalogue des Barres, en terrain sec que dans les sols humides, et son bois est de bonne qualité. Un pied de cette espèce s'était élevé, en 1878, à la hauteur de 30 mètres, dans le jardin du Trianon. Comme cette essence est d'introduction récente, la végétation du sujet a dù être très rapide, comme l'est d'ailleurs celle de tous Ceux que nous avons vus. + 1Me À és: ne ep ARBRES FEUILLUS 275 460. — Le Chêne à Lattes, à Feuilles de Laurier (0.imbricar'ia, Willd.), est quelquefois classé comme une variété de la précédente espèce. Sa feuille, plus large, obovale, ressemble plutôt à celle du Fig. 263 à 266. — CHÊNE SAULE (Quercus phellos). 1/2 grandeur naturelle, laurier (tout en étant moins large, moins épaisse et moins luisante) qu à celle du saule : elle tourne, en automne, à un beau rouge violacé. Nous en avons élevé des spécimens, dont la croissance paraît très vigoureuse. Ce chêne avait atteint aux Barres, en 1900, 18 mètres de hauteur ; son bois y a été trouvé inférieur ; il n’est 276 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR recommandable que comme arbre d'ornement. En cette qualité, la forme et les nuances de ses feuilles le rendent très remarquable. Fig. 267. — CHÈNE à feuilles de laurier (Quercus imbricaria). 1/2 grandeur naturelle. Nous terminerons notre choix des chênes américains par le plus petit d’entre eux : 461. — Le Chêne de Banister ou « Scrub Oak »{ O. Banisteri, Michaux.). — Ce petit chène ne dépasse pas, même dans sa patrie, la hauteur de 8 mètres; mais il a une aptitude spéciale à former ARBRES FEUILLUS 277 des fourrés presque impénétrables. Il fructifie tous les ans de très bonne heure (dès quatre ou cinq ans) avec une abondance extraor- Fig. 268 à 270. — CHÊNE DE BANISTER (Quercus Banisteri,. 1/2 grandeur naturelle. | dinaire ; ses glands sont petits, à chair jaune, et paraissent très appréciés par les oiseaux, qui les dissSéminent au loin... Il croît dans les plus mauvais sols, et semble particulièrement propre au repeuplement des coteaux arides, où son maintien serait | assuré par grand nombre de glands qu'il produit chaque année. 278 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Ses feuilles prennent en automne la même teinte que celles du chêne rouge. Fig. 271 et 272. — CHËNE BLanc d'Amérique (Quercus alba). Enfin, dans les pays de chasse, les massifs de chène de Banister formeraient d'excellents tirés, car ils sont très bas et très fré- quentés par le gibier. En définitive, les espèces américaines que nous venons de décrire sont de la plus haute valeur pour les plantations d'ornement. Leur croissance rapide et vigoureuse ne souflre presque jamais, en aucune saison, de la gelée, privilège que ne possède ‘pas le chêne commun, ARBRES FEUILLUS 279 malgré toute sa rusticité. Leur feuillage, toujours joli, est superbe en automne. Enfin quelques-unes de ces espèces, propagées par Fig. 273. — CHÈNE à feuilles de Châtaignier (Quercus prinos). 1/2 grandeur naturelle. des porte-graines judicieusement distribués, pourraient plus tard servir à former des taillis forestiers, usage auquel leur rusticité et leur croissance rapide les rendraient très propres. Ajoutons que leurs glandes sont plus régulières que celles de notre chénecommun. Nos figures deces espèces sont gravées d’après une collection. de dessins originaux. qu'a bien voulu mettre à notre disposition _Lidiéi 280 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR M. Gouët, Conservateur des forêts, Directeur,en 1893, de l’école des Barres-Vilmorin (Loiret). Nous adjoignons les figures des espèces suivantes : Q. alba, chêne blanc; prinos, à feuilles de châtaignier ; aquatica.Nous n'avons pu nous-même étudier ces derniers chênes ; Fig. 274 et275. — CHÊNE AQUATIQUE (Quercus aquatica, Solander). le premier est, dit-on, un très bel arbre, mais dont il est difficile d'obtenir de bons glands ; les deux autres demandent un bon sol et un climat doux, pour fournir une belle végétation. 462, — Nous ne nous étendrons pas longuement sur les chênes verts, qui ne sont bons à cultiver que dans le Midi et sous le cli- ARBRES FEUILLUS 281 mat de l’Ouest ; nous nous bornerons à une notice sommaire sur les deux espèces principales. Le Chêne vert ou Yeuse (0. ilex) est un arbre à tige tortueuse et à cime arrondie, portant des feuilles persistantes, ressemblant un peu, et sans les piquants, à celles du houx, dont il a tiré son nom spécifique. Il végète bien sur les bords de la mer, où nous Pavons rencontré, tout près de la plage, en Angleterre ; il prospère dans la région méridionale de ce pays et jusque dans les parcs de Londres. Le Chêne Liège (Q. suber) ressembie beaucoup, par le port et le feuillage, au chêne yeuse ; il s’en distingue par son écorce épaisse, subéreuse. Il n’habite que la région méditerranéenne et ne peut pas supporter les froids des hivers dans le Centre. Hauteur constatée par M. de Vilmorin, chez M. le comte de Lauzanne, à Porzanbrez-Morlaix : 15 mètres; circonférence, 1 m.50. 463. — Le Châtaignier, tout en étant, dans les sites qui lui conviennent le mieux, comme par exemple sur le coteau de Royat, en Auvergne, un des arbres les plus imposants qu’on puisse voir, a plusieurs inconvénients qui, à notre avis, le rendent impropre à être propagé sur une grande échelle comme espèce d'agrément ou d'alignement. Son feuillage se développe très tard au printemps et tombe néanmoins très tôt à l'automne, de sorte que l'arbre donne peu d'ombrage pendant ces deux saisons, où il survient quelquefois de fortes chaleurs, d'autant plus désagréables qu'on y est peu habitué. En outre, dans le climat du Centre au moins, les lignes de châtaigniers sont très infestées par les taons ou mouches plates, qui ont une prédilection toute spéciale pour cet arbre ; elles sont douc, en été, plutôt génantes qu'utiles au malheureux voyageur obligé de suivre les routes qu'elles bordent. Ajoutons que leurs fruits sont souvent récoltés par les passants avant que le proprié- taire puisse les faire cueillir. Les fleurs mâles du châtaignier, qui paraissent au mois de juin, quelquefois en juillet, sont d’un blanc verdâtre qui contraste très joliment avec le vert foncé et luisant des feuilles, mais elles exhalent une odeur fade, désagréable, 282 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Nous pensons donc que, lorsqu'on veut cultiver le châtaignier pour ses fruits, il vaut mieux le planter en quincouce ou en bor- dure dans des champs écartés, que de le multiplier sur une grande échelle auprès des habitations ou le long des chemins. 464. — Nous n'avons jamais vu de variétés décoratives de cet arbre; outre l'espèce commune américaine, il en existe une à feuilles dorées (C.chrysophylla) qui, dans son pays natal, l'Orégon, atteint; dit-on, la hauteur de 20 à 25 mètres. Elles demanderaient proba- blement, comme leur congénère le châtaignier commun, un sol frais, profond, peu calcaire, avec une exposition fraiche. 465. — Le Hêtre. — Nous n'avons pas besoin de rappeler les su- perbes proportions qu'atteint cet arbre dans sa station naturelle, sur les coteaux et montagnes, calcaires ou granitiques, de la France. Dans les parcs anglais aussi, surtout dans le Nord, et jusqu'en Écosse, on peut en admirer de superbes spécimens isolés, dont Île tronc, d'un gris clair et luisant, l'immense ramure, le feuillage élégant quoique épais, constituent un incomparable ornement dans le paysage. En Bretagne, les bords des rivières sont souvent garnis de hêtres, dont la ramure, s'allongeant en couches superposées d’une verdure brillante, d'un côté sur les eaux, de l’autre côté sur les prairies, ne fait pas le moindre charme des paysages de cette jolie région. Son couvert épais le rend très propre à former des bordures de chemins et d'avenues, et un beau pied séculaire isolé est du plus bel effet dans un pare ; il faut pourtant éviter de le planter dans des sites où il est désirable de conserver le gazon, à moins que l’on ne veuille modérer son couvert par des élagages hâtifs ; car l'herbe périt étouffée et disparaît complètement sous son épais couvert. Le hêtre exige un sol sain, granitique ou calcaire, et un climat un peu frais. Il se transplante assez facilement, mais il supporte mal la taille et le recépage ; on doit donc choisir des sujets trapus et bien équilibrés, dont la sève peut nourrir tous les organes aériens, et les planter soigneusement, de sorte que l'arbre puisse pousser vigoureusement et se passer de taille. ARBRES FEUILLUS 283 466. — De toutes les variétés ornementales du hêtre, la seule vraiment belle et d'une rusticité éprouvée est la pourpre(Fagus pur- Purea), variété constante, originaire, croyons-nous, de la Norvège ou de la Suède. Autant nous aimons peu les variétés de fantaisie obtenues en perpétuant un premier état maladif du pied-mère, autant nous apprécions hautement les variétés franches dont le beau feuillage coloré tranche admirablement sur la verdure mono- tone des massifs. Le hêtre pourpre est au nombre de ces dernières. Son feuillage, d’un rouge vif au printemps, mais qui prend gra- duellement une teinte de pourpre presque noire, verdissant cepen- dant vers la fin de l'été, fait de lui un arbre incomparable dans un parc ou dans un grand jardin d'agrément. Dans les terres fraiches, profondes et riches en humus, qui conviennent le mieux à tous les hêtres, il atteint une belle taille. Il vaut mieux, à notre avis). planter le hêtre pourpre isolé sur les pelouses, où ses teintes con- trastent toujours heureusement avec celle des gazons et celle des autres espèces d'arbres, que d’en former des lignes continues dont la couleur foncée pourrait paraître trop sombre et mono- tone. 467. — On connaît la variété cuivrée (F. cuprea), intermédiaire entre l'ordinaire et la pourpre; il existe également deux types pleureurs, très beaux, des hêtres ordinaire et pourpre. Toutes ces variétés, croyons-nous, sont assez rustiques, pourvu que le terrain soit de nature à leur convenir. Nous pouvons faire la même obser- vation à l'égard de la gracieuse variété à feuilles laciniées, ressem- blant aux frondes de la fougère (F. asplenitfolia), dont nous con- naissons un beau pied dans le jardin du Petit-Trianon. Enfin, deux variétés de l'extrême sud de l'Amérique (Terra del Fuego), nommées F. antarctica et F. palagonica, ont été intro- duites en Angleterre, où elles semblent rustiques et vigoureuses. Au moment actuel, elles doivent être encore trop coùteuses pour être vulgarisées. 468. — Le Charme. — Tout le monde connaît l'aptitude spéciale .de cette espèce à former des avenues, des abris, des charmilles. 284 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR pour tout dire. Le charme, supportant bien la taille, est spéciale- ment propre à former des berceaux de verdure. L'espèce commune présente deux types dans les bois du Centre, l'un qui tend à buissonner partout où il ne se trouve pas en massif serré; l’autre dont la croissance, même à l’état presque isolé, est droite et pyramidale. C'est ce dernier type, que nous n’avons jamais vu classer comme variété distincte, mais dont nous possé- dons plusieurs sujets extraits tout simplement des bois voisins, qu’il est préférable de cultiver comme arbre d'ornement. 469.— Le Charme d'Amérique (C. Americana, Mich.), plus petit que la variété commune, en diffère par ses feuilles plus aiguës et à dents simples, à pétiole plus ou moins velu. Il est encore peu répanduen France. Le Charme d'Orient (Carpinus,orientalis Lam- bert) a des rameaux plus nuancés, des feuilles petites et très élégantes. Ces variétés diffèrent peu, comme aspect général, de l'espèce ordinaire. Selon M. Dupuis, le charme présente des variétés à rameaux pendants, à feuilles profondément lobées, rouge foncé, panachées de jaune ou de blanc. Ne connaissant pas ces variétés, nous ne sommes pas à même de nous prononcer sur leur degré de rusticité ou de vigueur ; tout ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'en terre légère et fraiche le charme commun est d’une rusticité incroyable ce qui est de bon augure pour la qualité de ses variétés. 410. — Le Noisetier (Corylusavellana, L.).— Le noisetier est inté- ressant par sa floraison, qui est la première à nous annoncer que les jours les plus sombres de l'hiver sont passés, et qui se développe intrépidement malgré les gelées et les neiges. Le noisetier mérite donc une place dans les massifs d'arbustes et d'arbrisseaux ; il faut surtout en chercher les types à gros fruits, les vrais aveliniers. Il croit dans tous les sols et à toute exposition ; mais il se plait parti- culièrement dans les terrains légers et frais ; il préfère ceux cal- caires. On peut le multiplier, mais peu sûrement, de drageons Séparés au mois de février du pied des vieux plants. 411. — Le noisetier présente des variétés à feuilles pourpres, UE PPT OT CRT TEA ONLDSST, d, dis sr St han ARBRES FEUILLUS 285 panachées de jaune ou de blanc, sinuées ou laciniées. Elles ne sont capables d’une végétation vigoureuse qu'en terre fraiche, fertile Fig. 276. — LE NosETIER. et cultivée; car, rappelons-le toujours, les variétés de fantaisie conservent très rarement la rusticité de l'espèce originale. FAMILLE DES JUGLANDÉES 412. — Noyer commun (Juglans regia, L.). — Nous n'avons pas besoin de décrire le noyer, dont le nom botanique est une corrup- tion de Jovis glans, fruit du maitre desdieux. L'épithète spécifique, regia, est également flatteuse. Son port ressemble assez à celui du chêne, et l'effet qu'il produit comme arbre isolé, à grosseur égale, est aussi beau. Malheureusement, il est sensible aux grands froids, 286 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR étant originaire de l'Orient comme presque tous nos arbres frui- tiers. Deux fois nous l'avons vu très éprouvé: dans l'hiver de 1871, où une très grande quantité des pieds qui couvraient les riches vallées du Bourbonnais ont gelé, et ensuite en 1879. Fig. 277 à 279. — NOYER NOIR. Sous le couvert du noyer, la végétation herbeuse se maintient difficilement, quoique nous ayons vu en Touraine des avoines assez vigoureuses dans ces conditions. Les jeunes plants du noyer étant très pivotants, on ne doit employer que des sujets qui ont subi un repiquage préalable, ARBRES FEUILLUS 287 413. — Le Noyer noir (J. nigra, L.), espèce américaine de pre- mière taille, natif des États-Unis du Nordetdu Nord-Est, est, comme tous les arbres de cette région, complètement insensible à tous les froids d'hiver. Mais nous ne l'avons jamais vu montrer en Europe la grande vigueur et l'extrême rapidité de croissance qui, avec la qualité de son bois, font de lui un arbre forestier d’une haute valeur dans sa station naturelle. Aux Barres, un pied de cette espèce avait pourtant atteint, en 1878, une hauteur de 23 mètres, avec 80 centimètres seulement de circonférence. Ce spécimen a dû être serré dans un messif, car, à côté de lui, il existait une ligne de sujets de la même espèce, qui, à 10 mètres de hauteur, avaient 10 centimètres de circonférence. En 1900 M. de Vilmorin a vu un magnifique sujet dans l’ancien parc de Sceaux, haut de 25 mètres avec circonférence de 2 m. 40. Les plants ont un pivot d'un développement extraordinaire, qui rend la transplantation difficile, s’il n’est pas raccourci dès le premier automne de sa croissance. 414. — Le Noyer cendré(J. cinerea, var. cathartica) est moins pivotant et par conséquent plus facile à transplanter que l'espèce précédente. On le dit moins rustique, ce qu'expliquerait son ori- gine, car il appartient à la région méridionale des États-Unis, mais il a traversé les grandes gelées sans autre atteinte qu'un peu de fatigue. Aux Barres, sa végétation est vigoureuse ; au parc de Baleine en 1900, il avait 18 mètres de haut. Mais, en résumé, la culture des noyers américains, en France, est encore à l’état d'expérience et, dans ces conditions, nous ne pouvons pas les recommander pour occuper une place importante dans les massifs ou les alignements. Les noyers ont besoin, pour prendre un beau développement, d’un terrain riche et profond, avec une exposition chaude et abritée. 415. — Les Caryers, Pacaniers, ou Hickorys d'Amérique. — Il y a plusieurs espèces de ce genre, distingué récemment du noyer, aveclequelil estsouventencore confondu, en raison deson fruit petit, lisse et anguleux. Ce sont les hickorys qui fournissent à la carros: 288 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR serie américaine ce bois dur, fin et élastique dont elle confectionne les araignées de course auxquelles s’attellent les grands trotteurs, Fig. 280 et 281. — PACANIER AMER (Carya amara). et les buggies dans lesquels les colons traversent les montagnes sur des chemins de chèvre. Les espèces les plus importantes sont : Carga alba, Mich. C. ama- ra, Mich., et C. Porcina, Mich. C’est ce dernier qui, en France, a montré la végétation la plus active : en 1900, aux Barres, on le voyait mesurer 18 mètres de haut. Mais la culture du caryer est De ad de. cf alliastdih td bte à le NT ET Cp de... ie ni ARBRES FEUILLUS 289 difficile, surtout dans les commencements; il exige, pour prospé- rer, un sol frais et riche, et sa croissance est très lente pendant Fig. 282 à 284. — PACANIER BLANC (Carya alba). les premières années. L'expérience seule démontrera s'il y a utilité _ ou agrément à le cultiver. 416. — Platanées. — Le Platane d'Orient (Platanus orien- talis, L.) est trop connu comme arbre d'ornement et d'alignement pour que nous ayons besoin de nous étendre sur ses qualités. C’est un arbre de première grandeur, qui peut atteindredes pro- portions gigantesques. Le platane est fort docile à la taille, et prend aisément toutes les formes désirées; il possède encore une qualité précieuse pour les plantations d'ornement; les insectes n'at- taquent jamais ni sa tige ni ses feuilles. Son feuillage est beau et fournit, lorsqu'il est vigoureux, un ombrage épais: malheureusc- ment, il est quelquefois atteint par les gelées du printemps, ce qui retarde son développement et le rend irrégulier. Il pousse très rapidement; il émet ses feuilles de bonne heure au printemps et les garde longtemps à l’automne; et son écorce verte, qui se renou- LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR. 19 290 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR velle tous les ans, est par conséquent toujours frafche et lisse. Il faut pourtant signaler un inconvénient: ses feuilles, au printemps, laissent échapper un duvet poudreux désagréable aux poumons. 417. — LePlatane d'Occident (P. occidentalis, L.) est aujour- d’hui regardé comme une variété constante de la même espèce. Il ne peut en être distingwæé que par son écorce plus grise, et aussi par Fig. 285. — PLATANE D'ORIENT. ses feuilles pubescentes. Il résiste mieux, dit-on, à l’excès d'humi- dité dans le sol, tandis que son congénère supporte mieux la sécheresse. Cependant, pour élever des platanes de belles dimensions, il faut absolument un sol profond et frais. C'est en plaine ou en vallon, aux bords des cours d’eau et dans les bonnes prairies fraiches, que cet arbre réussit le mieux. Il ressemble, à cet égard, au peuplier et, comme lui, il est d'une propagation facile. 418. — La plantation du platane s'opère en général au moyen de boutures. Elles sont prises, sur le bois de l’année bien aoûté, à trois ou quatre yeux, dont deux sont enterrés ; on taille le bout ee ne à … dé À ARBRES FEUILLUS 291 inférieur en biseau un peu au-dessous d'un œil. Ces boutures ne peuvent commodément être élevées qu'en pépinière. Inutile de dire que les plants reprennent avec la plus grande facilité. 419. — Acérinées. — Les Érables. — Cette famille se recom- mande par sa rusticité et aussi par la grâce de son feuillage, toujours élégam- ment découpé et souvent richement coloré. Les plus utiles et les plus répandus de ce groupe sont, sans contredit, le sycomore (Acer pseudo-platanus), ainsi nommé à cause de la res- semblance de ses feuilles avec celles du platane; et l'érable plane (A. plala- noïdes), ainsi appelé pour absolument la même raison. 480. — Le Sycomore, très Fig. 286. — PLATANE D'OCCIDENT. rustique, peut être planté dans presque tous les terrains et sa croissance est rapide. Nous l'avons élevé avec succès dans les sols les plus ingrats ; il n'y à que les eaux stagnantes qui lui soient contraires. Il est probable pourtant que le sycomore ne pourrait pas, dans les sols médiocres et secs, atteindre toute sa taille ni sa plus grande longévité, car les forestiers remarquent qu'il ne se dissémine naturellement que dans les meilleures parties de la forêt, celles où se plaisent le frêne et le hêtre. C'est isolément ou en groupes que le sycomore fait le plus bel effet dans les parcs. Très disposé à pousser de fortes branches latérales, il arrondit bientôt sa cime et forme dès lors une impo- sante masse de verdure. Son tronc se fait remarquer plutôt pour sa force que pour sa hauteur. En massif, pourtant, le sycomore peut atteindre une grande taille ; quelques sujets mesurent de 95 à 292 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 30 mètres de haut. A trente ans, selon Mathieu (Flore forestière), sa hauteur est double de celle d’un hêtre de même âge. Le sycomore est fort estimé pour la formation des bordures de chemins et de promenades ; il donne de bonne heure un ombrage épais, et son tempérament supporte bien la fumée des villes, aussi est-il très communément planté sur lesavenues et les cours publics. C'est au printemps, lorsque la feuille est encore d’un vert tendre, que le sycomore revêt son aspect le plus séduisant ; plus tard, les feuilles prennent une teinte foncée. Elles sont blanches et cotonneuses en dessous, et finement dentelées au bord. Leur teinte sombre est agréablement relevée par celle du pétiole, d’un rouge assez vif, et la longueur de ce pétiole leur donne beaucoup de mobilité ; aussi l'arbre, malgré ses formes massives, ne manque pas de gaieté, surtout en automne, lorsque les samares élégantes qui renferment les graines prennent une teinte rouge qui gagne aussi le feuillage. Ces samares, en raison de leurs grandes ailes, volent loin, de sorte que cet arbre se dissémine avec une grande profusion, et les jeunes plants qui proviennent de ses semis natu- rels sont rustiques. Il en résulte que le sycomore peut se planter avec la plus grande facilité et que ses plants se vendent à très bon compte. Cette espèce a produit plusieurs variétés à feuilles panachées, les unes de blanc ou de jaune, les autres de pourpre. Les deux premières sont assez rustiques. 481. — Érable plane, de Norvège (Acer platanoides, L.). — Cette espèce est très répandue dans tout le nord de l'Europe, notamment en Russie, où elle est, dit-on, la plus commune de toutes, après le bouleau et le tremble. On le trouve également à l'état épars dans les forêts des Alpes et du Jura sur roche calcaire. C’est un gra- cieux arbre d'ornement et d’alignement, qui atteint une grande taille ; son aspect général est plus léger que celui de son congénère le sycomore. Il s'en distingue par ses feuilles à lobes aigus, non découpées en dents de scie, et d’une consistance plus fine. Originaire de pays froids, nous croyons que l'érable plane doit # PAR" =. ARBRES FEUILLUS 293 préférer les sols profonds et les expositions fraiches. Nous l'avons pourtant vu traverser vaillamment les affreuses chaleurs et séche- resses de 1900 et de 1901. Il nous parait végéter en terre sableuse Ÿ 5 P ÿ D FN A M: 4 NE FR S4 No à NE % * . Fig. 287 et 288. — ÉRABLE PLANE (Acer platanoïdes). même sèche, mieux que le sycomore. Un pied que nous possé- dons, planté en terre pauvre il y a trente ans, a déjà l’envergure d'un arbre séculaire. Il supporte bien le proche voisinage de la mer ; sur les fjords de son pays natal, il pousse vigoureusement; il s'avance même jusqu à la grève, et contribue à donner un charme tout particulier à ces beaux paysages maritimes. 482. -- L'Érable des Champs (Acer campestre, L.) est une petite essence de troisième taille, qui trouve sa place plus souvent dans les haies que dans les futaies. Elle est pourtant, à notre avis, très gracieuse par la forme de ses feuilles, qui sont découpées de la même façon que celles des espèces précédentes, mais dont les cinq lobes sont plus petits, plus étroits el moins pointus au bout. 2)4 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Elles prennent, dès la fin de l’été, une teinte rouge qui est un des principaux éléments de la beauté des haïes en cette saison. Le bois de l'érable champêtre, fin et agréablement marqué dans les parties noueuses, est très recherché par le tourneur et le me- nuisier. Nous n'avons jamais vu croître cet arbre que dans les sols frais Fig. 289 et 290. — ÉRABLE DES CHAMPS (Acer campestre). et un peu substantiels; nous ne savons donc pas s’il s'accommo- derait des terres ingrates. Comme tous ses congénères, il résiste parfaitement aux gelées. Outre les essences indigènes, le genre érable présente des espèces nombreuses dans les États-Unis et au Japon. La plus belle espèce américaine est l'Érable à Sucre (Acer saccharinum, Wight). C'est le plus coloré de tous; ses fleurs sont jaunâtres, ses fruits et, dès l'automne, ses feuilles, sont d'un beau rouge, ce qui fait de cet arbre un des ornements les plus remarquables des paysages boisés qui en- tourent la grande chaine de lacs entre les États-Unis et le Canada. Il est en outre l'un des arbres les plus utiles au colon, qui tire sa provision de sucre de sa sève abondante et savoureuse. - art .…) FAN, l'etat solos “ Le LÉ Ù Da + È d ARBRES FEUILLUS 295 Les espèces japonaises (palmatum, trifidum, etc.) présentent des feuillages colorés et découpés, d'un effet extraordinaire, que nous ayons pu admirer, en 1884, à l'Exposition forestière d'Édim- bourg. Elles sont encore rares et peu connues. 483. — L'Érable blanc (A. eriocarpum ou dasycarpum) se dis- tingue par ses fleurs et ses fruits blancs. Il est aujourd hui intro- La Fig. 291 à 294. — ÉRABLE A SUCRE (Acer saccharinum). duit dans les forêts de l’État, en Prusse, probablement à cause de sa vigueur et de son effet décoratif, car son bois est peu estimé. Les érables américains, comme presque toutes les essences du même continent, demandent un sol frais pour atteindre de belles dimensions. 484. — Les Negundos : Negundo à Feuilles de Frêne, Érable negundo (N. frarinifolium, Nuttall ; Acer negundo, L.). Le negundo, naguère classé comme érable, est élevé par quelques botanistes au rang d'un genre distinct, en raison de ses feuilles composées, imparipennées, et de ses fleurs toujours en grappes pendantes. Originaire des États-Unis du Centre et de la Californie, il se plaît dans les terrains profonds et frais, où il peut atteindre la hau- teur de 15 mètres. Isolé, il s'étale; il est donc préférable de l'éle- ver en bordure de massif ou en groupe. 296 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Il se propage avec la plus grande facilité, soit par boutures éle- vées en pépinières, soit par plants, mais dans les terrains secs sa Fig. 295. —'ACER NEGUNDO. croissance est nulle. Son tempérament est très rustique, et nous ue l'avons jamais vu attaqué par les insectes. Dans les massifs d'ornement, on élève assez communément le negundo pour son feuillage, qui, lorsqu'il est souvent recépé, pousse avec une belle exubérance. 485. — Ce traitement s'applique surtout à la variété panachée ARBRES FEUILLUS 297 de blanc, qui est la plus répandue dans les jardins. Elle est déco- rative quand elle est placée devant des végétaux de teinte plus foncée, mais elle manque, comme presque toutes les variétés pana- chées, de rusticité et de vigueur. 486. — Il existe une espèce ou une variété constante, se repro- duisant de graine, à écorce violacée (N. violaceum). Son tempérament paraît rustique, et sa croissance encore plus rapide, au moins dans sa première jeunesse, que celle de la variété ordinaire. 481. — Ulmacées. — L'Orme champêtre (Ulmus campestris, L.). — Dans les pays à climat frais, les beaux ormes éparpillés au milieu des champs verts forment un des traits les plus remarquables du paysage. Dans le sud de l’Angle- terre, où la plus grande partie du sol est couverte de prés et de pâtu- rages, ornés d'arbres, soit isolés, soit en bouquets, la plupart des patriarches feuillus qui étendent leur forte ramure au-dessus de l'herbe d'un vert intense sont des ormes. Comme arbre d’avenue, l’orme est extrêmement utile. Sa crois- sance est rapide, sonombrage épais, et ses branches se ramifient et s'en- trelacent de façon à former un dé- Fig. — 296. ACER NEGUNDO. licat réseau des plus gracieux. Ses fleurs, très nombreuses, parais- . sent avant les feuilles et laissent après elles des fruits qui présen- tent un aspect curieux. Ce sont des capsules qui occupent seulement 298 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR le centre d'une grande aile membraneuse; de loin, celle-ci res- semble à une petite feuille, de sorte qu'on pourrait prendre cette végétation pour un feuillage naissant. (P. 88, fig. 111 à 117.) La fécondité de l'orme est telle, observe à ce sujet M. Mathieu (Flore forestière, p. 361), que parfois cet arbre ne se feuille qu’à la seconde sève, parce que ses fruits ont absorbé toute celle du printemps. Il est vrai que ces fruits, de consistance foliacée, rem- plissent les fonctions des feuilles et concourent à l'élaboration de la sève; aussi l'arbre ne paraît-il pas épuisé par cette grande fécondité. L'orme demande un terrain frais et franc pour bien végéter; à. cette condition près, il est rustique; il se transplante très faci- lement, comme toutes les essences qui se propagent par drageons dans les bois. Il supporte la taille (à laquelle il n’est que trop souvent assu- jetti), tant que les rameaux à enlever sont petits et n'ont pas müri leur bois. Mais le tempérament de l’orme souftre de toute lésion faite à ses grosses branches ; aussi, sur les avenues et les boulevards des villes, voit-on souvent des chancres, de grosses excroissances, suite de plaies causées par des accidents ou par l'enlèvement irréfléchi de fortes branches rez-tronc. 488. — L'Orme à grandes Feuilles (U/mus montana, Smith) n’a pas les grandes dimensions ni la valeur forestière de son con- génère le campestris, mais il est intéressant à cultiver par sa rus- ticité, qui s’accommode mieux des terrains inférieurs, par sa végé- tation très rapide et par ses belles feuilles, qui sont trois ou quatre fois plus grandes que celles de l'espèce ordinaire. Il y a quelques variétés de l'orme champêtre qui ont l'écorce plus ou moins subéreuse sur les jeunes branches, mais nous les croyons toutes inférieures au type commun. Tous les ormes se transplantent avec une très grande facilité ; on peut les multiplier par drageons, à condition de choisir des su- jets bien enracinés ; ils peuvent se transplanter jusqu'à un âge assez avancé. Le semis de l'orme est une opération délicate. La graine, quiest si 70e = ARBRES FEUILLUS 299 fine, mûrit au mois de juin, époque où elle doit être semée immé- diatement, car elle se conserve difficilement. Il est évident que ce semis tin, en plein été, demande des soins assidus pour résister aux chaleurs et à la sécheresse. 488 bis. — L’Orme d'Amérique parait avoir, dans ses premières années, la croissance plus rapide et plus élancée, la feuille plus claire et plus fine. Il a l'avantage de n'être pas attaqué par la galé- ruque, petit coléoptère qui dévore et flétrit les feuilles des espèces européennes. 489. — Les Planères. — Le Planère crénelé (Planera crenata, Desfontaines), improprement appelé : Orme de Sibérie, est natif de la région du Caucase. Il doit son nom spécifique à la manière par- ticulière dont ses feuilles sont dentées. Ressemblant à l’orme par son port et son aspect général, il n’en diffère que par son écorce lisse, d'un vert grisätre, qui se détache par plaques comme celle du platane. et par son fruit, une capsule globuleuse. C'est un bel arbre, d’une croissance rapide et d'une grande rusti- cité. Nous en avons vu de beaux pieds dans les jardins particu- liers de Versailles, où l'on dit qu'il n’est jamais attaqué par les insectes. Le Planère aquatique, qui croit aux États-Unis, outre qu'il est moins beau, est moins rustique et supporte difficilement le climat de Paris. 490. — Légumineuses. — Le Robinier, ou Acacia commun se recommande par sa belle floraison, qui tranche gaiement sur la verdure des massifs au commencement de l'été, et qui répand une odeur des plus suaves. La rapidité extrême de sa croissance, dans les terres légères et franches qui lui conviennent, est également précieuse; elle per- met au planteur de former des massifs d'agrément dont il ne tar- dera pas à jouir. Lorsqu'on veut planter l’acacia isolé, il convient de lui choisir un site abrité des grands vents, dont la violence casse souvent ses branches, d'une sève trop vigoureuse, trop lourde. Il produit un 300 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Dan D Nr es NT TE LT AE ME MN EE TOI bon effet en petits groupes ou en bordure sur les massifs compo- sés d'autres essences; il les égaye par ses grappes de fleurs blanches et aussi par la gracieuse légèreté de son feuillage. En futaie, l'acacia ne réussit guère ; il perd toute sa vigueur ; il semble avoir besoin du grand air et de la lumière pour se bien porter et prendre tout le développement dont il est capable. Il ne convient guère non plus, en raison de son couvert trop léger et de la fragilité de ses branches sous les coups de vent, pour former les avenues. Il ne faut pas croire, rappelons-le encore, que l'acacia se plaise partout, même dans les terrains les plus arides. Il peut, à la vé- rité, croître assez bien dans des sols très légers, mais profonds et meubles ; or il ne faut pas oublier que de tels sols ne sont jamais secs. Les bruyères acides, l'humidité stagnante, les sous-sols cail- louteux lui sont absolument contraires. En général, tous les arbres feuillus de l'Amérique sont avides de fraicheur, et le robinier, quoi qu'on ait pu en dire, n’est nullement une exception à cette règle. Si, dans le site que l’on se propose de planter, il se présente des terres mouvantes ou tellement inclinées qu'on y craint le ravine- ment, l’acacia sera précieux pour les fixer au moyen de ses nom- breuses racines traçantes. 491. — Le Robinier visqueux (ZX. viscosa) (la particularité in- diquée par ce nom spécifique se présente sur ses rameaux) porte des fleurs rose pâle, à calice d'un rose vif, disposées de la même façon que celles du précédent. Elles paraissent en juin, puis quel- quefois à la fin de l'été. Cet arbre peut atteindre une hauteur de 15 mètres; son tem- pérament est assez vigoureux. Ses fleurs, d'une nuance très agréable, forment des grappes plus volumineuses, moins cachées par le feuillage, que celles de l'espèce ordinaire, et produisent plus d'effet. Ce joli arbre est donc très propre à orner les parcs et les jardins, pourvu qu'il soit planté dans un terrain frais et léger. 492, — Le Robinier hispide (hispida), vulgairement acacia rose, aux jeunes rameaux hérissés de poils qui paraissent formidables imp M x ARBRES FEUILLUS 301 mais qui ne piquent pas, n'est qu'un buisson de 2 mètres au plus ; mais, comme il est rustique, facile à élever et très ornemental, nous nous permettons de le citer à la suite de ses congénères Fig. 297 à 299. — FÉVIER D'AMÉRIQUE (Gleditschia triacanthos). arborescents. Il se couvre en même temps qu'eux d’abondantes fleurs d’un rose vif, quiremontent pendant les mois de juin et juillet. Les variétés d'ornement peuvent se propager par la grefie sur l'espèce ordinaire. Decaisneana, Bessoniana, Neo-mexicana, Mono- phylla sont de beaux arbres vigoureux portant de jolies fleurs blanches ou roses. Monophylla n'a pas d'épines. 193. — Le Févier à trois Épines (Gleditschia triacanthos, L.). — Le févier se rapproche de l'acacia par son aspect général etaussi par la vigueur de sa croissance, mais il présente beaucoup de'traits nettement distincts. Son écorce est grise et lisse; ses fer illes pen- 302 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR nées sont souvent doublement composées (l'axe porte des folioles qui sont elles-mêmes pennées). Elles sont d'une gracieuse légèreté et d’une rare élégance. Son fruit, grande gousse aplatie, brunätre, pulpeuse à l’intérieur, longue de 40 à 50 centimètres, rappelle les : dV F _. TS RS R 4 ie Ko S Fig. 300. — FÉvier pu Japon (Gleditschia Japonica). D'après un dessin japonais. énormes fruits sauvages des tropiques. Les fleurs, verdètres, sont peu apparentes. Le févier est hérissé de très fortes épines, souvent à trois piquants en forme de croix, particularité qui lui a valu en Amérique le nom de « l’Épine du Christ ». Le tronc seul se dé- ARBRES FEUILLUS 303 pouille de ces épines à mesure que l'écorce se renouvelle, mais les branches en restent si bien couvertes que cette armature justifie- pleinement l'observation d'un denos amis : « Sij'étais petit oiseau, c'est là que je ferais mon nid; je n'aurais à craindre ni les gamins ni les chats. » En revanche, la pie-grièche y trouverait aisément de quoi établir son étal de boucherie. L'arbre est rustique; nous en possédons quelques pieds qui prospèrent dans des sables très maigres. 49%. — On utilise cette particularité de l'arbre pour la création des clôtures. A cet effet, on plante de jeunes sujets (âgés d’un an ou de deux) dans une rigole préalablement ouverte, en quinconce, à 20 centimètres l'un de l’autre, sur deux rangs espacés de 10 centi- mètres seulement. Les plants de chaque rang sont un peu inclinés les uns vers les autres, de sorte que leurs bouts se touchent ; on soutient ceux-ci par un fil de fer ou une série de petites perches de hauteur suffisante. Aussitôt que les plants ont fait une pousse vigoureuse et se sont allongés, on les tresse en treillis, en évitant soigneusement de les casser; bientôt ils se soudent ensemble aux points de contact, et la clôture, qui pousse rapidement, se déve- loppe raide, continue, impénétrable. Le févier, pour cet usage comme pour tout autre, ne doit être planté que dans des terrains sains et assez frais, Il faudrait au besoin protéger les jeunes plants contre les lièvres et les lapins, qui en sont très friands, avec une garniture provisoire d'épines. 495. — Il existe plusieurs autres espèces de ce genre, dont une seulement, G. Monosperma, originaire aussi des États-Unis, atteint une taille égale à celle du triacanthos ; nous ne pouvons pas affirmer qu’elle soit douée de la même vigueur. La feuille de cette espèce, doublement composée, comme celle de la précédente, en difière en ce qu'elle est imparipennée; c’est-à-dire que l'axe de la feuille, portant sur chaque côté des folioles pennées elles-mêmes, se pro- longe gracieusement en foliole terminale. Celle du Japon est une jolie espèce dont les rameaux, d'après le croquis que nous reproduisons, semblent pendre gracieusement. 304 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 496. — Le Sophora du Japon (Sophora Japonica).— Le sophora du Japon est un grand arbre à cime large et arrondie, portant de grandes feuilles composées de 7 à 13 folioles. Les fleurs, d'un blanc Fig. 301 et 302. — SopuoraA JAPONICA. jaunâtre, groupées en panicules terminales, se montrent au mois d'août. Le sophora est en général très rustique ; il est pourtant exposé, dars son jeune âge, à ce que ses pousses, trop tardives, soient rabattues par les gelées d'automne; il demande donc un abri contre le soleil levant. Planté il prend assez bien, mais boude pendant . ct E 4 do de. “sisi L dé ARBRES FEUILLUS 305 quelque temps ; ensuite, en terre légère et franche, il pousse très vigoureusement. Il existe un magnifique spécimen de cet arbre auprès du petit château de Trianon. La variété à rameaux pendants (Sophora pleureur, S. pendula) est extrêmement pittoresque; on doit la planter isolée, 497. — Cytise faux Ébénier (Cytisus laburnum, L.). — Cegracieux petit arbre est justement estimé pour la beauté de ses fleurs et pour l'odeur suave qu'elles répandent. Il est in- digène en France, où ilsetrouve disséminé dans les forêts, sur les collines et les montagnes calcaires de l'Est. Sa taille va- rie de 5 à 10 mètres ; son écorce est verte et lisse. Son bois, de très bonne qualité, est recherché par les tourneurs et les ébé- nistes. Sous l’aubier qu Fig. 303. — CYTISE FAUX, ÉBÉNIER blanchâtre, qui est f) (Cytisus laburnum). peu abondant et net- À tement limité, le bois PA Ÿ decœæur est fortement coloré, variant du jaune brunâtre au brun verdâtre et au brun noi- râtre; c’est cette coloration du bois qui l'a fait comparer à l’ébène. Ses feuilles sont longuement pétiolées, composées, comme chez presque toutes les légumineuses arborescentes ; elles ont trois folioles ovales. Les fleurs, papilionacées, d'un beau jaune d'or, dis- posées en longues grappes pendantes, s'épanouissent en mai. Les cytises sont très rustiques, peu exigeants à l'égard du sol, mais c'est sous les climats frais et dans les terrains légers et pro- LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR, 20 306 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR fonds qu'ils prospèrent le mieux, et nous croyons que les chaleurs leur sont contraires: les sols calcaires leur sont pourtant favo- rables. Le gibier est très friand des jeunes plants, et, s'ils doi- vent être plantés dans un parc giboyeux, il sera indispensable de les entourer de griilages ou d'épines. Le C. laburnum a produit de nombreuses variétés : à rameaux pleureurs, — à feuilles panachées de blanc, — à fleurs d'un jaune pâle, ou plus tardives que chez la variété commune, ou se montrant de nouveau à l'automne, etc. S 498. — L'une des plus remarquables, selon M. Dupuis, est un hybride, le cytise d'Adam (C. Adami), qui porte souvent sur le méme rameau des feuilles de deux formes différentes, et des fleurs, les unes jaunes, les autres pourpres, les autres lie de vin. Le cytise des Alpes (C. Alpinus, L.) est tellement semblable au faux ébénier, qu'il est souvent confondu avec lui. Il ne s'en dis- tingue que par ses fleurs plus petites et plus foncées, plus tardives, en grappes plus longues et plus grêles. TILIACÉES 499. — Le Tilleul commun (Tilia Europæa, L.) étant univer- sellement connu et apprécié, nous ne ferons que rappeler le parfum délicieux que répandent ses fleurs, fréquentées par des milliers d'abeilles, dont on entend de loin le joyeux et incessant bourdon- nement. Les pédoncules desfleurs sont, comme chacun sait, soudées à la nervure médiane d'une bractée ovale allongée, qui a l'appa- rence complète d'une feuille, quoique d'une forme toute différente de la véritable ; celle-ci est lisse, large, cordiforme, dentée ; à l'au- tomne, elle prend une belle teinte jaune d'or. L'espèce commune présente deux types, T. parvifolia, l'essence des bois, et T. grandifolia ou platyphylla, arbre généralement planté dans les alignements. Ces deux types ont le même tempé- Fig. 30% à 313. — TiLLEUL À PETITES FEUILLES (orrganes reproducteurs). Explication de la gravure: 1, rameau à fleurs; — 9, fleur, vue de différentes faces ; — 3,4et 5, ovaire, coupes transv. et longit. ;: — 6, piste n7 fruit 5, id., coupe longit. ; — 9, graine, coupe longit ; — 10, pousse à bourgeons ; — 11, plan- - fule. 308 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR rament et les mêmes qualités; nous croyons donc inutile d'en parler séparément. 500. — Le Tilleul à Feuilles variables (7. heterophylla, Ven- tenat), l'une des plus belles espèces du genre, est un arbre de la même taille que les précédentes, à feuilles très grandes, vert foncé en dessus, tomenteuses et munies de poils roux le long des nervures en dessous ; ses fleurs, blanchâtres, odorantes, se montrent en août. Il croit aux États-Unis. 501. — Le Tilleul argenté (7.argentea, de Candolle)se distingue par ses feuilles très grandes, blanches et cotonneuses en dessous, persistant plus longtemps, et par ses fleurs tardives, mais d'une odeur plus agréable. Il est originaire de la Hongrie (Dupuis, ouv. cité), mais il est actuellement très répandu en France. C'est un très bel arbre. Gardons-nous de planter des tilleuls dans une terre sèche : leur tempérament robuste leur permettra d'y subsister, mais ils reste- ront presque stationnaires et n’atteindront jamais une taille satis- faisante. Ils se transplantent avec la plus grande facilité, et se propagent au besoin par boutures. L'utilité des fleurs du tilleul, dans la pharmacie, s'explique par leur composition, qui est riche en sucre, tanin, acides malique et tartrique, avec une huile essentielle. ROSACÉES 902. — Dans cette famille, nous trouvons tous les types sauvages des arbres fruitiers. Nous nous occuperons seulement de quelques espèces des plus rustiques, et qui peuvent avantageusement être plantées dans les massifs d'agrément, laissant de côté celles qui, comme le pommier et le poirier sauvage, l'épine noire ou prunel- lier, etc., doivent être soigneusement respectées lorsqu'elles figurent dans un paysage naturel, mais qui, vu la lenteur de leur nt S "= + 4 MAR VE r.e NSP UE POCNET Mrs ARBRES FEUILLUS 309 croissance ou la petitesse de leur taille, ne sont pas ordinairement plantées par la main de l'homme. En tête des espèces vraiment forestières de cette famille, nous placerons : 503. — Le Merisier ou Cerisier sauvage (Cerasus avium, Moench). — Cet arbre mérite, à notre avis, d’être propagé sur une bien plus grande échelle qu'il ne l’est ordinairement. Il se recom- mande par sa croissance ra- pide et droite et par sa rusti- cité. Tout en lui est élégant et gai; son écorce lisse, lui- sante, gris brunâtre, se déta- chant souvent par lames transversales ; ses feuilles d'un vert clair, longuement pétiolées, par conséquent mo- SA h biles, luisantes en dessus, a pubescentes en dessous, pre- nantune belle teinte rouge en automne ; sesfleurs blanches, abondantes, qui paraissent de bonne heure en avril; ses Fig. 314 et 315. — MERISIER fruits plus petits que ceux (Cerasus avium). du type cultivé, mais qui leur ressemblent comme forme et comme teinte, changeant du rouge au pourpre noir à mesure qu'ils muürissent. Le merisier fait donc un eflet charmant, soit isolé ou en groupes sur les pelouses, soit en bordure sur les massifs, soit enfin lors- qu'il forme de longues avenues. On ne doit l'employer à ce der- nier usage que lorsqu'on tient à jouir d’un joli coup d'œil plutôt que d'un ombrage épais, car son couvert est léger, et il atteint ra- rement une très grande taille; sa hauteur varie ordinairement de 15 à 20 mètres. Il y a une belle variété à fleurs doubles. Comme le cerisier Sainte-Lucie, le merisier se plait dans les ter- rains calcaires et s’accommode même de ceux qui sont arides, 310 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 504. — Merisier à Grappes (C. padus, prunus Padus, L.) n’est qu'un arbrisseau dont les fleurs blanches, en longues grappes pendantes, paraissent en juillet et août, et se détachent sur un feuillage d'un vert gai, souvent lacinié ou panaché. Cette espèce est particulièrement recherchée par les papillons, c'est-à-dire dévorée par les che- nilles, inconvénient dont on aurait ingé- nieusement tiré parti en Bavière, au dire d'un rédacteur da Journal agricole de ce pays: deux ou trois pieds de cette espèce, plantés dans chaque verger, sont l'objet de Fig. 316 et 317. — CERISIER SAINTE LUCIE (Cerasus mahaleb). la prédilection de ces insectes. Ces pieds sont bientôt mis dans un état pitoyable, mais tous les autres arbres fruitiers sont épargnés. 503. — Le Gerisier de Sainte-Lucie (C. mahaleb, Miller) est un grand arbrisseau buissonneux, originaire d'Autriche et indigène dans quelques parties de la France ; il fleurit en mai et juin, et produit de petits fruits noirs. Il réussit fort bien en terrain cal- caire ingrat, dont peu d'espèces peuvent s’accommoder. 506. — Le Gerisier de Virginie, cerisier tardif (C. Virginiana, Michaux), (Prunus serotina, Ehrhardt), est un arbre de 30 mètres qui habite une partie des États-Unis et jusqu'en Canada. Il est cultivé par l'État de Prusse à Eberswalde et a donné de bons résul- tats, planté en différents endroits en Belgique. Il aime les sols siliceux, frais, et s'accommode même des mauvais et il donne un beau bois qui convient à la menuiserie et à l'ébénisterie. A Catros, près Bordeaux, on le voyait, en 1900, haut de 20 mètres. ARBRES FEUILLUS 311 Les cerisiers, très rustiques, se contentent de sols fort mé- diocres, pourvu que ceux-ci aient un peu de fraicheur. Leur croissance, dans les terrains francs et profonds, est extrêmement rapide. 507. — Le Prunier de Pissard (P. Pissardii, Hort.), arbrisseau à fleurs blanches, à grandes feuilles, d'abord rouges, ensuite pourpres, et qui conservent cette teinte jusqu'en automne, est un des plus beaux végétaux d'introduction récente. Les fruits, comestibles, sont d’un pourpre noir dès leur formation et rentrent dans le groupe des myrobolans. Ce prunier est rustique et dune belle vigueur; en Sologne, il s'accommode des terrains secs et caillouteux. 508. — Le Sorbier domestique ou Cormier {Sorbus domestica, L.) est un arbre touffu de 12 à 15 mètres de hauteur, que l'on rencontre le plus souvent à l'état isolé, auprès des habitations champêtres. Ses feuilles sont pennées, à 7 ou 9 folioles dentelées, velues en dessous ; ses fleurs sont blanches, disposées en corymbes ; ses fruits, piriformes, d'un jaune rougeàtre. Il demande, pour prospé- rer, une terre francheet substantielle, mais, comme son proche parent, le sorbier des oiseleurs, il végète même dans les fentes des rochers, pourvu que ses racines puis ent descendre jus- qu'à une certaine profondeur. Il peut donc servir à orner les rocailles. Le calcaire lui est favorable. Son ombrage épais le rend propre à former des avenues; malheureusement, sa croissance est lente. Le bois du cormier est prisé, en raison de sa dureté et de sa solidité, par les graveurs sur bois, les sculpteurs, les ébénistes et les menuisiers. Le fruit, brun, est comestible lorsqu'il a bletti. 509. — Le Sorbier des Oiseleurs (Sorbus aucuparia, L.). — Cet arbre est un habitant des pays froids et montagneux ; c’est là qu'il atteint sa plus belle taille (de 10 à 12 mètres). Il est parfai- tement rustique aux froids, et, en raison de la beauté de son feuil- lage, de ses fleurs et de ses fruits, il est toujours très décoratif, même dans nos plaines, où sa croissance est moins vigoureuse, soit 312 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR isolé sur les pelouses, soit en bordures. Par ses fruits il attire les oiseaux, qui égayent les jardins de leurs chants et les défen- dent contre les insectes nui- sibles. Pour obtenir une bonne végétation dans nos climats, il est indispensable de bor- ner la culture du sorbier des oiseleurs aux terrains frais, mais sans humidité stagnante. Il se plait dans le calcaire. 510. — L'Aubépine (Cra- læqus oxyacantha, L.). — L'aubépine, dans nos régions Fig. 318 et 319. — SORBIER DES OISELEURS tempérées, devient un arbre (Sorbus aucuparia). d'environ 8 mètres. Selon Mathieu (Flore forestière), c'est la variété monogyne (dont le pistil n'a qu'un style) qui atteint les plus belles dimensions. Ce petit arbre, si commun qu'il soit, n'est nullement à dédai- gner. Ses feuilles, délicatement découpées, d'une jolie nuance vert tendre au commencement du printemps, ses charmants bouquets de fleurs à étamines roses, qui répandent une odeur délicieuse, enfin ses baies d'un rouge vif qui égayent les jours sombres d'automne et d'hiver, tout recommande l'aubépine à l'attention du planteur. Dans les parcs et les jardins, on peut tirer de très heureux effets du rapprochement de l'espèce blanche ordinaire avec les variétés roses ou rouges, à fleurs doubles ou simples, qui, greflées sur le type sauvage, prennent son tempérament et parviennent au même développement que lui. L'ombrage de l’aubépine est très favorable à la croissance des fleurs des champs. C’est sous son abri que la perce-neige se montre ARBRES FEUILLUS 313 le plus tôt, et la primevère, la violette, la petite véronique bleue, lui succèdent chacune à son tour. La croissance de l'aubépine, son port et la forme de ses feuilles, présentent de nombreuses différences selon la nature et la force du sujet. Certains pieds maladifs, comme chez quelques autres espèces, émettent d’épaisses toufles de petits rameaux ressemblant de loin à des nids d'oiseaux. M. An- derson, conservateur du Jar- din botanique à Chelsea (Londres), eut la fantaisie de grefier quelques-uns de ces rameaux sur des sujets sains de la même espèce ; il en obtint des arbres pleu- reurs, type qui peut se ren- contrer, mais rarement, dans la nature (1). Nous ne nous étendrons Fig. 320. — AusiERr (Sorbus terminalis). pas sur la plantation de l'au- bépine en haie, opération connue de tous les jardiniers. On creuse, en terrain frais et franc, une rigole (à la terre qu'on extrait on peut au besoin mêler du terreau), et on y place les plants sur deux rangs, à 20 centimètres environ l'un de l’autre en tous sens. A la fin de la première année on les recèpe, et. si le sol a été entretenu net de mauvaises herbes, ils produisent de forts rejets qui supporteront bien la taille et fourniront une épaisse clôture. Ajoutons que l’aubépine se transplante avec une grande facilité, qu'elle n’est jamais atteinte par la gelée, que son tempérament est rustique et sa longévité très grande. 511. — L’Alisier des Bois(Pirus v. Sorbus torminalis, Crépin). — Cet arbre, indigène dans nos bois et très rustique, atteint la taille (1) Johns, The Trees of Great-Brilain. Londres, Society of Christian Knowledge p. 38. 314 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR d'environ 15 à 20 mètres. Il faitbon effet dansles massifs, enraison de ses feuilles lobées, finement découpées, blanchâtres en dessous, etde ses fruits, petites pommes rouges qui ne deviennentcomestibles, comme les nèfles, que lorsqu'elles ont bletti. Lacroissancedel'alisier est lente ; il conviendrait donc de le placer à l'extérieur des massifs où il peut servir à faire valoir d'autres arbres plus élevés et à feuillage plus foncé. L'alisier demande un sol léger, frais, sans excès d'humidité ; il végèle assez bien dans les fentes des rochers. Il est insensible à toutes les intempéries ; son bois est recherché par les mécaniciens et les menuisiers. BÉTULACÉES 512. — Bouleau blanc (Betula alba, L.). — Si cette espèce était moins commune, moins rustique, elle serait, à juste titre, la plus recherchée des essences d'ornement. Chez le bouleau, tout est élé- gant, gracieux, et justifie pleinement le nom poétique que lui a donné Coleridge : {he lady of the woods, « la demoiselle des bois ». Son feuillage, aux premiers jours du printemps, est d'un verttendre et délicat qui se détache sur les ramures dénudées et encore noires des autres arbres à feuilles caduques, et se marie d'une façon char- mante aux teintes sombres des conifères. À l'automne, il se pare d'un manteau d'or qui, lorsque cette saison est calme et quil n'est pas emporté par les pluies et les vents, forme l'un des principaux attraits de l'été de la Saint-Martin. Enfin, même dépouillé de son feuillage, le bouleau reste toujours charmant, par la sveltesse et la souplesse de ses formes, par la blancheur de son écorce, par la teinte pourprée de ses rameaux et de ses bourgeons. Comme essence forestière, le bouleau est certainement inférieur au chêne; mais, au point de vue décoratif, il convient d'observer que, lorsque dans une coupe, on a laissé des baliveaux réservés, le jeune chêne, 315 ARBRES FEUILLUS t informe, ressort peu sur le fond monotone de la coupe, noir e gé.) Allon s un fusain d D'aprè ( U. — LE BouLEA 21 Fig. 3 , Se détache nette- fait éjà bien égance. it arbre d pet ment et charme les yeux par son él ? tandis que le bouleau r tôt es tes. Il pousse tré éri t, il a tous les mé agrémen ,» Comme arbre d , + ER 316 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR au printemps et n’est pourtant jamais atteint d'aucune façon par les gelées. Doué de la plus grande rusticité, il prend partout et se dissémine naturellement; il n’y a lieu d'éviter pour sa propagation que les terrains naturellement très secs, et ceux qui sont occupés et desséchés par de fortes bruyères. Les racines du bouleau, qui courent dans la couche superficielle de la terre, ne peuvent pas soutenir la concurrence avec celles de ces végétaux lorsqu'ils sont nombreux, et son couvert léger ne suffit pas pour les étouffer. Le bouleau, nous devons le rappeler, a une croissance des plus rapides, surtout dans les sols frais, et l'humidité même ne lui est pas contraire. Au point de vue décoratif, ilestessentiel de se procurer,autantque possible, les sujets pleureurs; ils sont assez communs dans les bois. 513. — En fait de variétés de fantaisie, nous n'avons cultivé que celle à feuilles de peuplier (B. populifolia, Aiton), espèce améri- caine qui parait avoir, avec toute la rusticité de son type européen, une croissance encore plus vigoureuse, atteignant aux Barres la taille de 20 mètres, et l'espèce suivante, également robuste : 514. — Aux Barres, en 1900, le B. papyracea, Aiton, le Bouleau à Papier, Bouleau à Canot, avait atteintune hauteur de 15 mètres avec 1 m. 20 de circonférence, et un massif provenant d’un semis naturel avait bien prospéré. Sa feuille est très grande, pubescente. « La tige du bouleau à canot est très élancée, et, comme son écorce, du moins sur les jeunes arbres, est d’une blancheur écla- tante, cet arbre n'est pas à dédaigner pour l'ornementation. Quant à son bois, il est exactement semblable à celui de notre bouleau blanc. C'est avec l'écorce du 2. papyracea queles Indiens de l'Amé- rique du Nord construisent leurs légères pirogues qui, tout en étant capables de porter plusieurs personnes, ne pèsent que qua- rante ou cinquante livres. » (Catalogue des Barres.) Il existe encore quelques variétés de fantaisie, ordinairement propagées par la greffe, notamment celles à feuilles laciniées, à feuilles plus ou moins pourpres, etc. Qc ARBRES FEUILLUS 317 Toutes les variétés exotiques doivent être plantées, à notre avis, en terre très fraîche. 515. — Les Aunes. — Quoique l’aune commun (A/nus glutinosa, Gaertner)ait le feuillage moins léger, moins élégant que son proche à Fig. 322. — BouLEAU A caNoOT ( Betula papyracea). 1/2 grandeur naturelle. . parent le bouleau, son port est élancé, sa forme symétrique, et il a son genre de beauté dans la situation qui lui convient, c'est-à- dire le long des cours d’eau. Son fruit est assez curieux : c'est une sorte de petit cône qui rappelle celui de certains arbres rési- neux. (V. fig. 433 à 152, page 94.) 318 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR 516. — L’Aune blanc (A/nus incana, Willd.) se distingue du précédent par ses feuilles ovales, aiguës au sommet, finement dentées, glauques ou grisätres en dessous (V. fig. 153, page 95). IL s'accommode mieux que son congénère des terrains maigres et des sites élevés. L'Aune à Feuilles en Cœur (A.cordata)est une espèce élégante, à cônes assez volumineux, native du midi de l'Europe. Nous croyons pourtant quil résiste bien aux gelées ordinaires. Il y a quelques jolies variétés de l'espèce commune : À. asplenii- folia, laciniata, prunifolia, quercifolia, etc. Nous connaissons au jardin public de Tours, sur un cours d'eau, deux fort jolis spé- cimens de la variété laciniée, qui poussent vigoureusement. SALICINÉES 517. — Les Saules. — Comme nous l'avons déjà fait remarquer, au point de vue de l'ornement du paysage, il est surtout important de réunir une grande variété d'espèces, dont chacune a son heure de beauté particulière. Il ne faut mépriser aucune essence indigène et rustique. Les saules marceaux, qui n'occupent en général qu'un rôle bien modeste dans les plantations, ont le précieux avantage d'être, après le noïisetier, ceux de tous les arbres qui fournissent la première végétation (celle de leurs fleurs) à la fin de l'hiver. On accueille cette floraison avec bonheur, comme indice de la fin de l'hiver, quoiqu'il doive s'écouler encore bien des jours rigoureux avant l'arrivée du véritable printemps. Qui ne connait, d'ailleurs, l'effet pittoresque du feuillage du saule blanc et des variétés voisines, quand il est relevé par les brises qui soufflent doucement le long des rivières? Le paysagiste a tout intérêt à soigner, dans les conditions convenables de sol et de site, toute plantation de saules déjà existante, et d'en créer de nouvelles là où leur présence peut rompre des lignes nues, utiliser les fonds mouillés et égayer les vallons. Fig. 323 à 335. — Sauce MarcEAuU. Organes de la reproduction. Explication de la gravure: 1, rameau avec chatons mâles ; — 2, fleur mâle ; — 3, id., partie inférieure, insertion sur la bractée ; — 4, rameau à chaton fe- melle ; — 5, fleur femelle ; — 6, stigmate ; — 7, fruit fermé; — 8, id., ouvert; — 9, graineavec aigrette ; — 10, rameau à chatons fermés ; — 11, id., ouverts ; — 12, rameau à feuilles ; les *** marquent les stipules, 320 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR La classification des espèces et des variétés du saule, dont plu- sieurs viennent dhybridation, est extrêmement compliquée, et nous nous contenterons d'adopter une division très pratique éta- blie par M. Dupuis et d'appeler marceaux les saules à feuilles ovales et paraissant après les fleurs ; osters, les espèces à feuilles lancéolées se développant en même temps que les chatons floraux. 518. — Le Saule Marceau (Salir caprea, L.) est l'espèce la plus communément disséminée dans les bois; c'est une essence des plus rustiques, qui végète même dans les sols secs et crayeux. Il peut, dans des conditions favorables, atteindre une taille de 15 à 20 mètres, mais c'est presque toujours à l’état de sous-bois qu’on le rencontre. On ne peut le regretter au point de vue pittoresque, son principal attrait étant ses fleurs, les mäles d’un beau jaune d'or, les femelles ressemblant à des bouteilles minuscules d'un vert glauque, qui paraissent les unes et les autres, nous venons de le faire observer, avant le printemps. Les saules se propagent avec la plus grande facilité, soit par la dissémination naturelle de leur graine (dont le forestier est même obligé de corriger les excès), soit par la plantation de boutures ou celle de plants. Le saule marceau végète partout, mais ce n’est que dans les fonds frais qu'il fournit une belle croissance. Les sols tourbeux lui sont défavorables. Malgré sa taille généralement petite, le saule marceau est l’es- pèce forestière la plus importante du genre. Son bois est le plus durable ; il fournit des échalas et des perches à houblon estimés ; il pousse vigoureusement de souche, et il peut être propagé par boutures et par plançons. Cette espèce présente des variétés à rameaux pendants, à feuilles dentées comme celles de l’orme, ou panachées de jaune. Le saule marceau est la seule espèce de son groupe qui nous intéresse. Nous passons donc, sans nous y attarder, aux saules osiers (angustifoliæ). 519. — Saule blanc (S. a/ba, L.). — Cette espèce est la plus inté- ? ARBRES FEUILLUS 321 ressante du genre pour le planteur paysagiste, en raison de sa rapide végétation, de sa taille, qui peut atteindre 25 mètres, avec 4 mètre de diamètre, et aussi de sa longévité souvent sécu- laire. Il réussit le mieux dans les terrains légers, fraiset même humides où, lorsqu'il atteint un grand développement à l'état isolé, il se ramifie comme un vieux chêne. Son feuillage lé- ger, lancéolé, pendant, sans cesse remué par les vents, de manière à montrer alternativement deux faces, l’une verte, l’autre blan- che, est des plus pittoresques. Son bois est d’un grain assez fin pour servir à la sculpture ; on en fait aussi des voliges qui Fig. 336. — SAULE BLANC ne sont pas inférieures en qua_ Goes lité à celles du peuplier. 520. — Le Saule Osier jaune (5. vitellina, L.) est une variété de l'espèce précédente. Nous ne l'avons jamais vu à létat d'arbre, probablement parce qu'il est plus avantageux, en raison de la qua- lité de ses osiers, de le recéper continuellement. Mais, même à l’état de cépée, il est décoratif par la belle teinte dorée de son écorce. : 521. — Saule pleureur (S. Babylonica, L.). Super flumina Babylonis, illic sedimus et flevimus, dum recorda- remur Sion. In salicibus in medio ejus suspendimus organa nostra. Ou selon une vieille traduction du seizième sièele : « Auprès des fleuves de Babylone, nous nous sommes assis et nous avons ploré en ayant souvenance de toy, Sion ! « Aux saulr au milieu d'elle, nous avons suspendu nos instru- ments de musique. » LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR. 21 322 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Sans aucun doute, c'est à ce beau passage du 137° psaume que le saule pleureur doit son nom latin, qui est d'ailleurs assez juste, car l’espèce est originaire de l'Asie centrale. Le même arbre, tou- jours cher aux poètes, est célébré par Shakespeare, qui l’associe à deux de ses plus gracieuses figures, Ophélie et Desdémone. Et sur la tombe d'Alfred de Musset, selon son désir, ses « chers amis » ont planté un saule pleureur ; malheureusement, le sujet, qui a dû être renouvelé plusieurs fois, est bien peu vigoureux et n’ombrage guère la dernière demeure du pauvre poète. Malgré la tristesse de ces associations poétiques, l'aspect du saule pleureur n’a rien de lugubre. Ses feuilles, longues, presque linéaires, glacées et d’un beau vert, très tendre au premier prin- temps, habillent élégamment les rameaux qui sont minces, allongés, d'une végétation extraordinairement vigoureuse, et qui pendent verticalement en raison de l'impossibilité où se trouve leur bois grêle de soutenir leur grande longueur. Nous avons vu, dans un jardin de Versailles, très frais, un saule pleureur, étêté, élagué presque au ras du tronc, se garnir complètement, dans une seule saison, de rameaux ayant 3 et 4 mètres de longueur. L'effet décoratif de cet arbre est dû à sa forme et à son feuillage; ses fleurs, qui paraissent eu même temps que les feuilles, sont insignifiantes. Sa hauteur ne va ordinairement que jusqu'à 10 ou 12 mètres; mais, bien développé, son aspect est imposant: il présente une masse de verdure à la fois compacte et gracieuse, qui retombe et a l'air de ruisseler jusqu’à terre. Comme tous les saules, il est de la plus grande rusticité, et, quoique natif de l'Asie centrale, il résiste à tous les froids. Il préfère, comme l'espèce précédente, le bord des eaux, les sols légers, frais ou humides. On ne cultive en général que le pied femelle. Pour conserver toute sa beauté, le saule pleureur doit être planté isolément sur les pelouses fraiches, ou, si plusieurs sujets sont alignés le long d'un cours d’eau, ils doivent être assez éloi- gnés les uns des autres pour que la forme de chacun d'eux se distingue nettement. < ARBRES FEUILLUS 323 LES PEUPLIERS 522, — Nous commencerons par le tremble ou peuplier sauvage (Populus tremula, L.), comme étant le type naturel du genre; c'est le seul peuplier indigène de nos bois. Dans les fonds frais des bois, le tremble peut atteindre %5 et même 50 mètres de hauteur. Dans les sols qui lui sont favorables, ce n’est donc pas une essence à dédaigner ; l'extrême mobilité de ses feuilles, suspendues par des pétioles très longs et très minces, donne à l'arbre une grande légèreté; son tronc est générale- ment svelte et droit, son écorce lisse et nette. Ses feuilles sont ; arrondies, sinuées, dentées, d'un vert clair sur la face inférieure. Il faut éviter de planter le tremble, qui drageonne beaucoup, en bordure sur les terres labourées. Comme l’observe Mathieu (Flore forestière, p. 424), cet arbre a peu de bourgeons proventifs, aussi repousse-t-il mal de souche ; même dans sa jeunesse, il ne répare pas les accidents survenus à sa cime et ne convient pas à l'exploitation en têtard. En revanche, il n’est pas exposé à garnir son fût de branches gourmandes. Sa longévité est peu élevée; elle ne dépasse guère soixante-dix à quatre-vingts ans; à partir de cinquante ans tout au plus, il commence à dépérir. | Le tremble se multiplie moins facilement de boutures que ses congénères. La reproduction de l'espèce repose principalement sur le drageonnage, qui, nous devons le dire, suffit amplement à le propager. Le tremble, dans les sols frais, est tellement envahissant que les forestiers ont souvent de la peine à en défendre, au moyen de coupes de nettoiement, les essences plus précieuses. Cependant il faut ajouter que, depuis que l’industrie de la pâte à papier s'est développée. le bois du tremble est recherché comme étant le plus propre à cet usage ; circonstance qui pourra obtenir pour cette espèce la faveur du sylviculteur. Le tremble, essence sauvage répandue dans tous les bois frais 324 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR s’accommode mieux que toute autre espèce de peuplier des terres acides où se trouvent quelques bruyères, ou de celles qui sont légèrement tourbeuses. Fig. 337. — TREMBLE (Populus tremula). 523. — Peuplier blanc, de Hollande (P. alba, L.). Cet arbre se distingue facilement par le duvet blanc, cotonneux, qui, couvrant la face inférieure des feuilles, lui donne la coloration qui lui a valu son nom spécifique. Il ne se distingue guère du tremble que par cette particularité des feuilles, qui sont d'ailleurs plus longues et plus cordiformes, par sa taille généralement plus grande, et par les gerçures qui se montrent dans sa vieillesse sur son écorce d'abord lisse et verte comme celle du type sauvage. Le peuplier blanc, dit Mathieu, croit spontanément en Algérie et dans les parties méridionales et moyennes de l’Europe ; la eul- ture l’a en outre propagé vers le Nord, jusqu'à la Suède méridionale. C'est dans les terres d'alluvion, argilo-sablonneuses, profondes, fraiches ou humides, des régions basses, qu'il réussit le mieux ; il s'élève peu dans les contrées montagneuses. C'est un grand et bel arbre, de rapide végétation, longuement ARBRES FEUILLUS 325 soutenue, qui, vers quarante ans, dans des circonstances favo- rables, atteint 30 mètres d'élévation sur 1 mètre de diamètre; il peut vivre plusieurs siècles et parvenir aux plus fortes dimen- sions. La tige, droite, cylindrique, élevée, peu sujette aux branches gourmandes, se ramifie en une cime ample, ovale-conique, assez KI TR 2, À F1G. 338 à 340. — PEUPLIER BLANC (Populus alba). fournie en branches. d'un couvert moyen. Les plus grands arbres feuillus du parc de Versailles sont de cette espèce. Drageonnant abondamment comme le tremble, le peuplier blanc est peu propre à border les terres labourées. 524. — Le Peuplier grisaille ou grisard (P. canescens, Smith), d'un type intermédiaire entre le tremble et le peuplier blanc, est considéré comme un hybride de ces deux espèces, bien qu'il soit fertile. Il a du peuplier blanc le duvet cotonneux qui couvre 326 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR A ———————— la face inférieure des feuilles, mais, par son port général et la forme de ses feuilles, il ressemble absolument au tremble ; comme lui, il se propage par les drageons, avec une abondance extraor- dinaire ; comme lui encore, il se contente de tout sol où il trouve un peu de fraicheur. Il se trouve, dans le Centre et le Midi, prin- cipalement sur les bords des cours d'eau ou des étangs, associé aux deux espèces alliées ; il est rarement cultivé. Nous pensons que ces deux variétés, en raison de leur rapproche- ment du type sauvage du genre, doivent être les plus rustiques, les moins exposées à succomber aux attaques des insectes, qui, depuis plusieurs années surtout, déciment les peupliers plantés. Nous passerons rapidement sur les autres espèces communes de peupliers, dont l'aspect est trop familier à tout le monde pour qu'il soit utile de le décrire. 525. — L'espèce la plus répandue est le peuplier noir (P. nigra, L.). Ce nom, que ne justifie guère son apparence générale, lui a été sans doute donné par opposition à celui du peuplier blanc, et en raison de son écorce plus foncée. Ses feuilles cordiformes, dentées en scie, sont d'un vert très vif, et réjouissent l'œil surtout lors- qu'elles étincellent au soleil après une ondée. Ses graines sont couvertes d'un très léger duvet cotonneux; en raison de la prise qu'offre celui-ci aux vents, elles se disséminent au loin en grande abondance. On raconte que le Potager royal de Versailles, aban- donné depuis la Révolution jusqu’en 1819, s’était, pendant ce laps de temps, couvert de peupliers ainsi propagés, qui avaient déjà atteint une taille considérable. On rapporte également que, après l'incendie de Moscou, le peuplier noir avait levé dans les cendres en telle quantité que, si la ville avait été abandonnée, son emplacement serait bientôt devenu uxe forèt. Le peuplier noir se plait dans les sols frais, arrosés ou même submergés de temps en temps par les eaux courantes, mais la tourbe, l'humidité stagnante avec l'acidité qu'elle engendre, lui sont tout à fait contraires. Il est très sujet aux attaques de certains insectes, notamment ARBRES FEUILLUS 327 des saperdes (Saperda carcharias et S. populnea), gros coléop- tères qui élèvent leurs larves dans les tiges, et, en raison de ces ravages, aggravés probablement par les saisons d’une sécheresse exceptionnelle, il a ‘fallu, dans plusieurs régions, renoncer à le planter. Le bois du peuplier noir, dont on fait ordinairement des voliges, est considéré comme inférieur à celui du peuplier blanc. Ses feuilles, à l'état vert ou sec, fournissent un fourrage médiocre au bétail, principalement aux moutons. 526. — Le Peuplier pyramidal (2. fastigiata, Desfontaines ; P. italica Durand), peuplier d'Italie, n'est généralement regardé, que comme une variélé de l'espèce précédente. C’est le pied mâle, toujours propagé par boutures, qui est généralement cultivé; il en existe néanmoins des pieds femelles, dont quelques-uns sont cul- tivés au jardin de l'École forestière depuis quarante ans environ. (Mathieu, Flore forestière.) C'est l'arbre monumental par excellence, c'est la tour ou plutôt le clocher dont dispose l'architecte paysagiste; mais il ne peut songer à l'élever dans tous les sols. C'est seulement dans les fonds très frais que le peuplier d'Italie acquiert la taille gigantesque qui le rend imposant. Planté en lignes, il dessine admirablement à l'œil d'un spectateur éloigné le cours sinueux d'une rivière serpentant dans une vallée. Au point de vue utilitaire, c'est le moins avantageux des peu- pliers. Son bois est encore plus mou et plus poreux que celui de l'espèce précédente; en outre, les profondes cannelures deson tronc réduisent considérablement la proportion du bois de travail qui, autrement, serait grande, par suite de sa forme parfaitement droite et de son épaisseur soutenue jusqu'à une hauteur considérable. 527. — Le Peuplier du Canada (?. Canadensis, Aiton), l'unedes plusbelles espèces du genre, estd'une végétation extraordinairement rapide et longtemps soutenue; il est remarquable par l'élévation, la forme régulière et cylindriqne de son fût, que ne déforment ni côtes saillantes ni sillons, et par ses très grandes feuilles cordi- 328 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR formes. Il peut atteindre, en quarante ou cinquante ans, 30 mètres d'élévation sur 3 mètres de circonférence, et même, grâce à sa grande longévité, dépasser de beaucoup ces dimensions, au moins en grosseur. Les pieds mâles surtout sont d’une grande vigueur et atteignent une taille que n'égalent jamais les pieds femelles, fré- quemment considérés, par ce motif, comme appartenant à une espèce différente, sous le nom de peuplier de Virgi- nie ou de Suisse. 7 1 C'est un des arbres qui méritent le plus d'être cul- tivés en avenues; il n'a pas de tendance très prononcée à drageonner et n'est point exposé à se garnir de bran- ches gourmandes; il se mu)- tiplie très aisément de bou- tures. (Mathieu, Flore fores- a tière.) , Il existe de ce peuplier une Fig. 341.— PEUPLIER -DU CANADA variété régénérée (P. Cana- (Populus Canadensis). 2 densisnova), très recomman- dée par les pépiniéristes pour remplacer les espèces les plus expo- sées aux ravages des insectes. N'en ayant nous-même fait l'essai qu’en pépinière, nous ne pouvons pas la juger sous ce rapport en connaissance de cause; mais nos correspondants qui l'ont planté assurent que, sans jouir d'une immunité absolue des attaques des insectes, elle y résiste souventavecsuccès. Le peuplier du Canada, pour atteindre de belles dimensions, ne doit être planté que dans les vallons, à la hauteur de 60 ou 80 cen- timètres seulementau-dessus du niveau des cours d'eaux. Dans ces conditions, il se développera avec une extrême rapidité. 528. — Le Peuplier de la Caroline (P. angulata, Mich.) est un méndet pt Bas A4 ARBRES FEUILLUS 329 arbre de 20 à 25 mètres, à rameauxoolivâtres, fortement anguleux, subéreux sur les angles, portant des feuilles très grandes, pluslarges que longues, cordées à la base, dentées, à nervures saillantes, la médiane rougeâtre. C'est une belle espèce aux caractères très distincts et à la croissance rapide. Hauteur en France, constatée par M. de Vilmorin à Bayonne et à Orthez, 20 à 22 mètres ; circonférence, 2 à 4 mètres. HIPPOCASTANÉES 529. — Le Marronnier d'Inde (Æsculus hippocastanum, L.) Quoique le marronnier d'Inde soit, comme son nom l'indique, originaire de l’Asie, commeil est natif des montagnes du Thibet, il résiste avec une parfaite rusticité aux plus grands froids de nos climats. Il mérite une place auprès de toute maison de campagne, à cause de sa précocité à revêtir ses feuilles, d’un charmant vert tendre au printemps, et qui ne sont Jamais atteintes par la gelée: dès l'hiver, on peut noter le gonflement graduel du bourgeon sous son fourreau visqueux, jusqu'à ce que la feuille palmée, s'élevant en petite masse conique et s’ouvrant comme un parapluie, fasse éclater la gaine protectrice. Le feuillage, il est vrai, finit par prendre une teinte foncée et sombre en plein été; mais la belle floraison, qui a lieu en mai, pourrait racheter des défauts plus graves ; les fleurs sont grandes, blanches, tachées de jaune ou de pourpre, réunies en thyrses élégants. Cet arbre peut atteindre, dans les sols frais et un peu subs- tantiels qui lui conviennent, une taille de 25 à 30 mètres. 530. — Le Marronnier rouge (Æ.rubicunda, Loiseleur)est origi- naire, croit-on, de l'Amérique ; il atteint une taille moins élevée que l'espèce ordinaire. On peut obtenir de beaux effets en dispo- sant les deux variétés, de façon à ce qu'elles se détachent, en s'opposant, sur un fond composé d'autres arbres. LL 3.0 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Le jeune plant de marronnier développe, dès les premières années, une masse de racines fibreuses, de sorte qu'il se trans- plante avec une grande facilité. 531. — Les Paviers (Æsculus pavia, L.), ne se distinguent des marronniers que par leurs fleurs tubuleuses, leurs feuilles plus lisses et leurs fruits inermes. Le pavia jaune (Æ. flava, Decaisne), arbre de 12 à 15 mètres, est l'espèce principale de ce genre. Il a les feuilles pubescentes en dessous ; les fleurs, d'un jaune pâle, lavées de rouge à l'intérieur, paraissent à la fin de mai. Cet arbre, originaire de la Caroline, selon M. Dupuis, est très beau et très rustique, mais il a l'inconvé- nient de développer ses feuilles tard et de les perdre de bonne heure. XANTHOXYLÉES 532. —L'Ailante, improprement Vernis du Japon (1) (Ailantus glandulosa, Desfontaines). — La signification de ce nom générique : arbre du ciel, indique une croissance très élevée danslarégion natale de cette essence, l'Asie orientale. Cette croissance est des plus rapides, ce qui rend l’ailante, dans les climats qui lui conviennent, très propre à former des bordures et des avenues. En raison de l'odeur désagréable qu'exhalent ses fleurs, qui sont d'ailleurs ver- dâtres et insignifiantes, il ne doit pas être planté dans le proche voisinage des habitations ; mais dans les parcs et les grandes plan- tations d'alignement, il est décoratif. Ses feuilles, très grandes, composées, imparipennées, rappellent par leurs dimensions l’exubérance de la végétation tropicale. Nous en avons recueilli sur de jeunes pieds provenant de drageons, qui mesuraient 4 m. 10 de long. Sur les vieux sujets, elles sont moins (1) C'est de l'Ourouchi (Rhus vernicifera), un sumach, par le gemmage, que l'on retire le vernis avec lequel sont fabriquées les célèbres laques japonaises. (A travers le Japon, Laveur, éditeur.) Su er” CR D M h 2. x ARBRES FEUILLUS 331 CR CN ee Se nn grandes. Au printemps, les feuilles naissantes, bizarrement placées en touffes au bout des rameaux, et d’un ton chaud bronzé tout par- ticulier, font un très joli efet. L’ailante est rustique à l'égard des chaleurs et des sécheresses, mais il convient de le planter dans des sites abrités, en raison de la nature fragile de ses pousses, longues, lourdes, d'une sève Fig. .342 et 343. — ArLanTE (Ailantus glandulosa). trop puissante qui persiste jusqu'à la fin de l’automne et ne leur permet pas de s'aoûter. Elles risquent donc fort d'être cassées par les coups de vent, ou, ce qui est encore plus fréquent, d’être rabattues dans leur jeunesse par les premières gelées. Dans les climats rigoureux du Nord et du Centre, il est donc nécessaire de planter l’ailante sur un site où il sera abrité longtemps des rayons du soleil levant. L’ailante se propage avec la plus grande facilité, soit par plants, 332 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR soit par boutures, soit par drageons. Il végète dans presque tous les sols, sauf ceux qui sont trop humides, mais il préfère, comme l'acacia, les terrains profonds et meubles. Comme lui encore, il est très utile pour maintenir les terrains en pente, au moyen de ses | vigoureuses racines traçantes. SAPINDACÉES 533. — Kæœlreuteria paniculata, Laxm. — Le Kælreuteria, ori- ginaire de la Chine, est un gracieux petit arbre de 6 à 8 mètres, L? . ml Fig, 344 à 347. — KOELREUTERIA PANICULÉ. aux feuilles vert foncé, composées, imparipennées, et aux fleurs en grandes panicules jaunes, paraissant au mois de juin. Nous ne l'avons cultivé qu’à l’état de jeune plant, mais il paraît rustique, résistant à des froids assez vifs. Il demande une terre ARBRES FEUILLUS 333 légère et franche et une exposition abritée. Dans ces conditions, il se distingue par la beauté de ses feuilles et de ses fruits, ainsi que par l'élégance de son port. BIGNONIACÉES 534. — Le Gatalpa (Bignonia catalpa, L.) présente un aspect trop particulier et trop bien connu pour que nous nous étendions sur sa description. Cet aspect est plutôt bizarre que gracieux, et l'arbre atteint rarement de grandes dimensions (ordinairement 8 à 10 mètres) dans notre pays ; mais, à notre avis, il mérite d'y être propagé, car toute espèce à floraison abondante et éclatante, qui tranche sur la verdure des massifs, est recommandable dans les plantations d'agrément ; et les fleurs du catalpa ont l'avantage de paraître au mois de juillet et d'août, époque où le feuillage de la plupart des arbres a déjà pris des teintes foncées, monotones. Le catalpa est rustique à la transplantation et résiste bien aux froids, mais il demande un site chaud, âbrité (sans ombrage direct qui nuiraït à sa floraison), dans une bonne terre meubleet fraiche. Comme tout arbre cultivé pour ses fleurs, c'est à l’état isolé, se détachant sur un massif de verdure, que le catalpa produit son plus bel effet. 535. — Le Paulownia..— Nous ferons les mêmes observations à l’égard du paulownia (P. imperialis, Siebold), qui, par son port et son ieuillage, ressemble beaucoup au catalpa, quoiqu'il soit d'une autre famille, celle des personées. Il s’accommode mieux des terrains secs et chauds. « Sa croissance, dit M. Dupuis, est rapide, et ses feuilles dépassent quelquefois 50 centimètres de diamètre ; on le cultive souvent pour son feuillage, et, dans ce cas, on a soin de le recéper tous les ans à la base, afin de lui faire produire des pousses vigoureuses. » 334 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR MAGNOLIACÉES 536. — Le Magnolier à grandes fleurs (Magnolia acuminata, L.) est le seul qui nous paraisse assez beau et assez rustique pour être employé avec confiance dans les plantations. Il est origi- naire de la Caroline. Ses belles fleurs d'un blanc pur, à étamines d’un jaune brillant, se succèdent depuis juillet jusqu'en novembre: elles sont fortement parfumées. Les fruits, à graines d'un rouge vif, contribuent encore à l'ensemble décoratif de l'arbre. Ce magnolia supporte très bien la pleine terre dans le Midi et l'Ouest de la France ; il résiste même aux froids ordinaires dans le Centre, quoiqu'il y ait, en grande partie, succombé aux gelées anormales de 1879. Il demande une exposition abritée, surtout dans le Nord et l'Est, et une terre franche, saine et profonde, allégée au besoin avec du terreau de bruyère. Hauteur en France constatée par M. de Vilmorin, 15 mètres aux Barres ; 20 mètres au parc de Baleine, avec circonférence de 2 mètres. 5317. — Le Tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera 1.). — Ce bel arbre est originaire de la Virginie et du Kentucky ; mais il est assez répandu aux États-Unis, depuis la région du Sud jus- qu'aux limites du Canada. C’est donc, dans les terrains qui lui conviennent, un arbre rustique. Il atteint la belle taille de 30 à 40 mètres ; même en France, M. de Vilmorin en signale un sujet au château de Frêne, près Chaulnes, haut de 38 mètres avec la cir- conférence de à mètres. Il se distingue très facilement de toute autre essence par ses feuilles bizarrement tronquées au sommet, de sorte qu’elles res- semblent à une selle anglaise dont les côtés seraient étalés à plat. Elles sont grandes, d'un vert clair, luisant, qui tourne en automne à une belle teinte jaune. a ARBRES FEUILLUS 339 Les fleurs, dont la forme ressemble à celle de la tulipe, sont nom- breuses, grandes, d'un jaune pâle, portant au milieu une grande tache rouge ou orangée ; elles paraissent en juin et juillet, et elles sont légèrement odorantes. Les très jeunes pieds n’en portent pas. Comme les magnolias, le tulipier demande un sol franc, frais et sain, et un site abrité. Cependant, comme tous lès arbres qui se recommandent par la beauté de leurs fleurs, il doit occuper une Fig. 348 à 350. — TuriPier DE VIRGINIE (Liriodendron tulipifera). place libre pour étaler sa cime au soleil: ses fleurs seraient moins abondantes et on les verrait moins s’il était planté en massif. Nous empruntons au Catalogue des Barres la notice suivante sur le tulipier : « Cet arbre, introduit en Europe depuis plus d'un siècle, est très répandu dans les jardins et les parcs; il mériterait de l'être dans les forêts. Il végète en effet très bien, non seulement dans les terrains frais, qu'il préfère, mais même dans les sols secs, où sa croissance est assez rapide. Son bois, quoique léger, est plus résis- tant que celui du peuplier, de l’aune, du tilleul, etc., et il est propre à une infinité d'usages. » Il est évident que si le tulipier doit être cultivé pour son bois, il sera nécessaire de l'élever en massif. Nos observations précé- dentes ne s'appliquent qu'aux plantations d'agrément. Il est prudent de ne planter les magnoliacées qu'au printemps, 336 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR car leurs racines, d’une consistance molle, spongieuses, risquent de pourrir pendant les hivers humides. BALSAMIFLUÉES 538. — Liquidambar copal (L. s!yraciflua, L.). — Cet arbre a des qualités décoratives de premier ordre; il croît en pyramide, assez régulière sans raideur, habillé de feuillage très gracieux. Ses rameaux sont rougeàtres, et ses feuilles, élégamment découpées, ressemblant un peu conme grandeur et comme forme à celles de l'érable champètre, prennent des couleurs très variées, rouge, jaune, pourpre, orange, de toute beauté en automne. Le spectacle de l'arbre reste alors ravissant. Au parc de Baleine, en 1894, il était haut de 25 mètres. À Malesherbes, un pied qui n'existe plus avait alors 20 mètres avec circonférence de 3 m. 35. « Toutes les parties de cet arbre, dit M. Dupuis, exhalent, quand on les froisse, une odeur agréable. Ses fleurs, verdâtres, paraissent au printemps, avant les feuilles. » Cette espèce estoriginaire de l'Amérique du Nord, où elleatteint une taille de 45 à 20 mètres. Sa croissance en pépinière, où nous l'avons élevée, est assez rapide. Elle ne réussit que dans un terrain frais ; dans ces conditions, elle est parfaitement rustique; à l’état de jeune plantles pousses sont quelquefois rabattues, dansle Centre, par les gelées d'automne, mais le plant refait bientôt sa croissance. 539, — La Variété du Levant (L. orientalis), qui difière très peu de la précédente, est aussi rustique. Elle est originaire de l'Asie Mineure et de l'île de Chypre. FAMARISCINÉES 540. — Tamarix de France (Tamarix Gallica, L.). — Quoique ce végétal n’atteigne presque jamais que les dimensions d’un arbris- | - | ARBRES FEUILLUS 337 seau (excepté en Algérie, où l’on en rencontre des pieds ayant 10 mètres de haut et 1 mètre de tour), il est utilement employé comme abri pour les plantations basses faites sur les bords de la mer. C'est une des espèces qui résistent le mieux aux vents dans ces conditions; on voit souvent des lignes ou des groupes de Fig. 351. — Tamarix GALLICA. tamarix prospérer sur la grève même, où aucune autre plante ne pourrait croître. Tout le monde connaît le port de cet arbrisseau, ses rameaux longs et grêles couverts de petites feuilles linéaires, glauques. Ses fleurs, en grandes panicules roses, paraissent pendant le mois de mai et produisent un très joli eftet. Le tamarix demande un sol frais et très léger ; il se plait surtout LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR, 22 338 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR dans les sables. À l’état de haie ou d'abri, il doit être planté très serré, et ses plants doivent être tenus courts, de manière à rester très fournis. Il se propage par boutures en pépinière et se transplante avec facilité. Arbrisseau du littoral du Midi, il peut être planté partout sur les bords de la mer. Dans le Centre et l'Est il pourrait souf- frir des très grandes gelées, mais nous ne le voyons pas se ressen- tir du froid normal. D41. — Nous ne nous sommes occupé que d'un petit nombre d'es- pèces, choisies parmi les plus méritantes, les plus rustiques et les plus faciles à cultiver sans connaissances spéciales. Nous avons pu négliger quelques arbres ou arbrisseaux dignes d'attention, mais le cadre restreint de ce volume nous force à n’y admettre que des espèces connues et éprouvées. Nous n'avons pas la prétention de faire un traité de botanique forestière ou d'arboriculture ; nous n'avons cherché qu'à donner sur chaque espèce mentionnée quel- ques conseils pratiques ou quelques renseignements intéressants, tirés autant que possible de nos propres observations. CHAPITRE XI EXÉCUTION DES PLANTATIONS D'AGRÉMENT 542. — Lorsque les sujets à planter sont petits, on procède à leur mise en terre selon les méthodes indiquées pour les plants forestiers, KK 198 et suivants. 543. — Lorsqu'au contraire ils sont à haute tige ou qu'ils ont une taille considérable, leur plantation exige des précautions toutes spéciales. Pour tous les conifères, il est nécessaire, et pour les gros sujets feuillus que le planteur prend dans ses propres pépinières ou plan- tations il est extrêmement utile que la transplantation soit faite avec une bonne motte de terre adhérente aux racines, condition qui sera d'autant mieux réalisée qu'on aura, pendant la saison pré- cédente, cerné le sujet (voir $362). À cet effet, on opère l'extraction avec des bêches fortes et longues, en bon acier, bien affilées. il faut au moins deux ouvriers pour exécuter ce travail; ils tranchent nettement les racines qui dépassent la largeur de la motte, et, au besoin, le pivot qui retient l'arbre au sous-sol. Celte résection faite et le détachement complété, si le sujet est d’une grosseur modérée, l'un des ouvriers, employant sa bèche en guise de levier, soulève l'arbre suffisamment pour permettre à son camarade d'insérer, au-dessous de la motte, un gros sac ou un gros morceau de forte 340 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR toile. Les deux opérateurs, au moyen de cette toile dont ils pren- nent chacun deux coins, enlèvent tout doucement l'arbre avec sa motte, dont la terre, soutenue par la toile qui se plie à ses formes, ne peut pas beaucoup s'émietter, et vont le déposer dans le trou déjà fait qui l'attend. C'est un excellent système pour les coni- fères (qui, pour la plupart, passé la taille d'un mètre, ne sauraient être transplantés qu’en motte), et aussi pour les feuillus à haute tige de dimen- sions modérées. Si le sujet à transplanter est trop lourd pour être ainsi emporté par deux ou par quatre ouvriers, on doit, après avoir assujetti la motte au moyen de paillassons, ou de morceaux de pail- lassons, serrés avec des cordes, ouvrir une tranchée en pente douce, de lar- geur proportionnée à la grosseur de la motte, à partir du trou jusqu’au niveau du sol. On pose sur cette tran- chée des planches, avec lesquelles on peut prolonger cette pente douce jusqu'au plancher de la voiture, ou de la brouette à bras, sur laquelle l'arbre Fig. 352. — Chargement REA : re : one doit être transporté. Arrivé à sa desti- nation, on le descend en le faisant glis- sersurles mêmes planches. Il se trouve ainsi déplacé sans avoir subi de secousse et sans que la terre, qui est solidement retenue autour de ses racines, ait même été ébranlée. La ville de Paris emploie, pour l'enlèvement et le transport de ses pépinières, des arbres verts et autres d'espèces rares déjà forts, un procédé simple et économique. Il consiste à entourer la motte de l’arbre d'une sorte de bac improvisé au moyen de planches légères ou voliges serrées autour de la motte avec une presse de tonnelier, ensuite cerclées. Cet appareil est complété par l'applica- te ui 7 F EXÉCUTION DES PLANTATIONS D'AGRÉMENT 341 tion d'un fond composé de planches semblables reliées entre elles par deux lames de feuillard de tôle dont les bouts dépassent de 20 centimètres ; les bouts du feuillard sont percés de deux ou trois trous qui permettent de les clouer sur les douves verticales. Fig. 353. — Cuarior de la ville de Paris pour le transport des gros arbres. L'arbre descendu à la place qu'il doit occuper, on retire le fond en le penchant légèrement sur le côté, puis on décloue les cercles, qui peuvent servir à un nouvel emballage. Fig. 354. — Même chariot, plan horizontal. On a calculé que cet appareil revenait à moins de 2 francs, non compris la main-d'œuvre, et 18 francs une fois payés pour la presse à cercler la motte, qui peut servir pendant de longues années. 342 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Mais, si adroitement que l’on s'y prenne, des arbres frès forts, transplantés, restent stationnaires pendant plusieurs années, et valent rarement, dans la suite, ceux qui ont été déplacés dans leur jeune àge. Souvent, la suppression forcée d'une partie des racines provoquele dessè- chement de la sève. Pour éviter ce danger, on peut envelopper le tronc de l'arbre d'une plaque de mousse. Il estutile deraccourcir les branches principales des sujets feuillus, pour maintenir l'équilibre entre celles-ci et les ra- cines, qui ont été forcé- N NW ment plus ou moins NN Sù ÿ s D NN NX K NN ANR | NN NS NN N NIIURKKKNRKKKKKKKKK KR mutilées par l'extraction. On enlève aussi les bouts Fig. 355. — ARBRE cerné el entouré de planches s : en (voliges), serrées à la presse, puis assujetties de racines qui se trouven à l’aide de deux cercles. cassés, ayant soin de les tailler de bas en haut, en biseau, de façon que la coupe repose sur la terre. 544. — Après que les sujets ont élé ainsi plantés dans de grands trous remplis de terre meuble, laquelle peut même être défoncée artout comme nous l'avons recommandé au $ 354, il est indis-- > , pensable de les assujettir solidement pour prévenir leur balance- ment sous l’action du vent, qui pourrait, soit les coucher, soit fatiguer leurs racines. Les tuteurs employés à cet effet doivent être longs, forts, profondément enfoncés dans le sous-sol ferme, pour Ris EXÉCUTION DES PLANTATIONS D'AGRÉMENT 343 pouvoir maintenir les jeunes arbres violemment secoués en tous sens par les vents. 11 faut que les ligatures qui les attachent aux arbres soient faites de manière à supprimer le frottement qui pourrait se produire par les mouve- ments de ceux-ci. Le bout supérieur du tuteur, s’il était laissé à l’état brut, TUE TE {——=| 7 Len = Be =” Hip il DUMUMMAN = QCM Qi y) Fig. 356. — Presse de tonnelier pour serrer les planches. c'est-à-dire inégalement tailladé par la serpe ou la scie, écorcherait l'arbre à l’endroit du frottement, comme cela se voit trop souvent Fig. 357. — ARBRE enveloppé d'une plaque de mousse. dans les plantations faites sans soin. Pour éviter cet accident on emploie des liens de paille dont les bouts, après avoir fait plusieurs fois le tour de l'arbre et de son tuteur, sont passés verticalement retournés, serrés et noués entre ceux-ci, de manière à les relier étroitement sans leur permettre de se toucher. On nous recommande spécialement, pour sa durabilité, une ligature qui nous semble fort pratique : un collier de bouchons reliés ensemble avec du fil de fer. Si la ligature doit durer plusieurs années, il faut qu’elle soit examinée à chaque saison de crois- sance et relàchéesi l’on constate qu’elle serre l'écorce de l'arbre et s'oppose à la libre descente de la sève. 545. — Lorsque le sujet est gros et lourd, et qu'il est exposé au vent du sud-ouest, ou à tout autre vent sévis- sant en même temps que les pluies qui détrempent la terre, il sera prudent de l’étayer avec une fourche enfoncée en terre, en 344 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR biais comme une jambe de force, du côté opposé à celui d'où vient le vent dominant. Comme pour les tuteurs, on a soin d’assujettir la fourche, de manière à réduire au minimum le jeu et le frotte- ment, et on doit fixer solidement une substance molle et élastique entre la fourche et l'écorce de l’arbre. On peut employer de préférence le liège. 546. — Un ou plusieurs fils de fer, attachés par un bout à l'arbre, par l'autre à un piquet ou à une pierre enterrée, pourront également soutenir le sujet du côté où cet appui lui est nécessaire. 547. — Plantation des Arbres d'Alignement. — Si on veut assurer les meilleures conditions aux arbres d'alignement, surtout dans les terres de médiocre qua- Fig, 38. dité, on doit ouvrir une tranchée d’un bout à l'autre de noise chaque ligne ; en plantant les sujets, on garnit lefond au tuteur. Sur lequel reposent les racines avec la terre végétale de la surface, et on remplit jusqu'aux bords avec celle de la couche inférieure ; celle-ci, en contact avec l'air et les divers éléments atmosphériques, s'améliorera à la longue. On assure ainsi à tous les arbres de la ligne une libre circulation d'air et d'eau, dont leurs racines profitent, et leur croissance S'en trouve remar- quablement améliorée. 048. — Quant à la taille des arbres d’alignement, il est bon d'y avoir recours le moins possible ; cependant, elle peut devenir né- cessaire pour rectifier leur croissance ou pour les empêcher de trop empiéter sur les chemins ou sur les champs qu'ils doivent border. On y procédera alors en se conformant à ces deux règles fonda- mentales : 4. — Il ne faut jamais dénuder un jeune arbre de ses branches en les supprimant rez-tronc au-dessus d’un tiers de sa hauteur; 2. — Les jeunes branches à enlever doivent être coupées avant qu'elles aient acquis toute leur consistance ligneuse, de sorte que la plaie soit insignifiante et facile à guérir. L’ablation de branches fortes peut causer, surtout à certaines 2 . ‘#4 (12 EXÉCUTION DES PLANTATIONS D'AGRÉMENT 945 essences délicates telles que l'orme, des chancres qui épuisent le sujet et qui forment des gourmes du plus vilain effet. Le chêne _ aussi en souffre beaucoup ; ces plaies d’élagage appellent en outre _ les insectes, qui y font souvent des ravages irréparables. Voir, à l'article de l'élagage, $ 581. l'A K-: ET ART ee RAP EN © « E- 2Æ CHAPITRE XII ENTRETIEN DES BOIS 549. — Faut-il donner des Façons à la Terre ? — En règle générale, on doit, en n’employant que les essences les plus rus- tiques, les mieux appropriées au terrain, par conséquent capables de triompher de toute concurrence, supprimer la nécessité de donner des façons d'entretien, presque toujours trop coûteuses, eu égard à la valeur de la plantation. Dans certaines plantations détendue restreinte, celles d’acacia ou d’autres essences qui ont un débouché rémunérateur, il peut être avantageux de cultiver entre les lignes, pendant les premières années, quelques récoltes améliorantes comme des pommes de terre, des haricots, ete. On peut aussi, lorsque l'utilité en est démontrée, ou tout simplement en vue de la propreté, faire entre- tenir de la même façon les petites plantations d'agrément. Dans ce cas, là où la nature du terrain le permet, on peut, pendant la pre- mière année, faire passer entre les lignes une houe à cheval, et ensuite, lorsque les plants seront plus grands, une butteuse. Mais, à notre avis, toute culture qui n’est pas nécessaire peut devenir nuisible. En entretenant du guéret autour des petits jeunes plants, on peut ‘les exposer à être soulevés par la gelée, ter ht a tue nt de de <> ed ENTRETIEN DES BOIS 317 ou mangés par le lapin, toujours attiré vers les terres légères et meubles. Ils peuvent encore être blessés par une façon peu soi- gneuse, ou souffrir de l'enlèvement des plantes qui les soutenaient ou qui les abritaient. Depuis quelques années il est question de l'emploi d'engrais minéraux dans le reboisement, et cet amendement a été surtout expérimenté en Belgique. Selon M. Derville, professeur à l'École forestière de Bouillon, des champs d'expériences établis en 1901 ont prouvé les heureux résultats, sur les essences chène, hêtre, épicéa, pins sylvestre et Weymouth, aune et bouleau, de fu- mures de scories de déphosphoration (scories Thomas) et de kaïnite. Les doses variaient de 400 à 2.000 kilogrammes, semés soit à la volée, soit en potets. Les expériences portaient sur dif- férents peuplements : semis, plantations, taillis, perchis; les parcelles traitées accusaient des accroissements beaucoup plus grands et plus vigoureux que ceux des témoins laissés sans engrais. Nous croyons que ces fumures ne peuvent s'appliquer qu'à des sols plus ou moins en guéret, et qu'il ne peut être avantageux d'employer plus de 500 kilogrammes de scories, ni de 150 ou 250 kilogrammes de kaïnite. La question de l'utilité économique de cette opération n'est pas résolue d’une façon générale; elle doit dépendre des circonstances locales. Les Belges attribuent à l'emploi des engrais leur succès en reboisant les sables de la Campine qui, sans eux, auraient été absolument stériles. Dans les terres fraiches nous craindrions que l'emploi des phos- phates pût activer une croissance de grandes herbes fines et drues qui risqueraient d'étouffer les tout jeunes plants qui sont ordi- nairement les meilleurs à employer. Il est quelquefois bon, après chaque coupe de taillis, de faire enlever les bruyères qui s'y sont développées, si on a lieu de croire que le couvert des jeunes cépées ne suffira pas à les tuer ou à les affaiblir. Ce travail d'entretien, pratiqué tous les ans sur une 348 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR petite portion du domaine, est relativement peu onéreux, et le produit de la coupe vendue permet au propriétaire de l'opérer sans que sa bourse en soufire. Mais la culture continue de sols boisés d'une grande étendue est impossible. L'entretien général des grands massifs dépend donc uniquement des coupes qui y sont opérées en temps utile. 550. — Éclaircie des Taïllis. — Chez la plupart des parti- culiers, l'exploitation généralement adoptée pour les essences feuillues est celle du taillis, simple ou composé. Dans ce sys- tème, l’éclaircie est rarement pratiquée; elle est ordinairement peu recommandable, car il est nécessaire de maintenir le couvert sur le sol aussi fort que possible. Il y a cependant des cas où il peut être utile de pratiquer des coupes de nettoiement, pour débarrasser les essences utiles des bois blancs et des morts-bois. Si l'on cherche à élever une futaie sur taillis, pratique qui prend faveur aujourd hui, et très justement, les bois de feu étant dépréciés et les bois d'œuvre insuffisants pour notre consommation, il est éga- lement nécessaire de dégager les brins de semences, qui sont les plus propres à faire des sujets d'avenir, des brins de taillis, d'une croissance vigoureuse et envahissante. L'éclaircie des taillis simples, selon M. Broilliard (1) n’est oppor- tune que dans les massifs principalement composés, non plus de gaulis, mais de petites perches ayant au moins 0 m. 10 de dia- mètre à hauteur d'homme. Pour qu'elle soit bien utile, il faut que le taillis ait encore environ huit ou dix ans pour se développer. L'éclaircie n'est donc à conseiller que dans les taillis destinés à être exploités vieux. Elle est utile quand la coupe du taillis ne doit avoir lieu que de trente à quarante ans; c'est d’ailleurs une opération très délicate, et il serait préférable de s'en abstenir que d'y pro- céder, pour ainsi dire, au hasard. 531. — Éclaircie des Futaies : Conifères. — Les conifères, qui ne repoussent point de souche, doivent forcément être aménagés (1) Traitement des Bois en France, 1881. Es Ge Er A 7 ENTRETIEN DES BOIS 349 en futaie. Le système d'exploitation ordinairement suivi par les particuliers dans les futaies résineuses créées artificiellement est celui des éclaircies successives, aboutissant à l'abatage à blanc étoc lors de la maturité des arbres. Les éclaircies ne peuvent pas être dirigées avec trop de soin ni avec trop de discernement, car tout le secret de la culture des résineux consiste en une direction intelligente de ces travaux. Les arbres demandent absolument, pour vivre, une certaine pro- portion de jour et d'espace à chaque étape de leur croissance, et c'est au moyen des éclaircies qu’on leur procure et la place et la lumière indispensables. 552. — Les semis, étant forcément, par la nature de l'opération, plus ou moins irréguliers et excessifs, ont besoin d'être éclaircis bien plus tôt que les plantations, où les pieds sont également espacés dès le commencement. Il est impossible de fixer l'âge auquel on doit cemmencer l'opération; il varie selon l'épaisseur du semis et la croissance des jeunes arbres. Lorsque, au point de vue cultural, une éclaircie devient urgente, il faut y procéder immédiatement, sans tenir compte de la valeur des produits; si ceux-ci sont rémunérateurs, tant mieux; sinon, « ce serait mal entendre ses intérêts et compromettre l'avenir des semis, que de ne pas les débarrasser des sujets faibles et maladifs, sous prétexte que les frais du travail ne seraient pas entièrement couverts par le rapport de la première éclaircie ». (A. Boitel, inspecteur général d'Agriculture, Mise en valeur des lerres pauvres par le pin maritime, 1857.) Dans ces circonstances, sur des semis où le menu bois à enlever n'aurait pas rémunéré les ouvriers s'ils avaient été payés en raison de la quantité façonnée, nous avons, en plusieurs occasions, opéré une première éclaircie en payant, selon le terrain parcouru, un prix débattu par hectare. Nous nous sommes bien trouvé de cet arrangement, car les ouvriers sont moins tentés ainsi de grossir leurs bourrées en abattant des sujets qui devraient être con- servés. 30 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Cette opération, indispensable au point de vue de l'avenir, est assurément coûteuse dans les localités qui manquent de débou- chés pour les menus bois. Dans ces contrées, au point de vue éco- nomique, il vaut donc mieux procéder par la plantation, qui revient moins cher à la longue, que par le semis. Car l’éclaircie d'une plantation est rarement nécessaire avant qu'elle puisse fournir du bois marchand suffisant à couvrir les frais, ne fût-ce que de la charbonnette. Avant de juger si une éclaircie est nécessaire, il faut examiner les semis dans toute leur étendue, car un semis, clair en général, peut ètre trop serré sur certains points, soit que la graine y ait mieux levé, soit que les jeunes arbres y aient crû plus rapidement. Il est donc utile, afin de corriger cette irrégularité, de visiter mème les semis clairs, lorsqu'ils ont de dix à quinze ans, selon la croissance plus ou moins vigoureuse des sujets qui les composent. Rappelons en passant l'utilité des allées établies d'avance, sans lesquelles il serait bien difficile de pénétrer partout dans les jeunes semis pour en constater l'état. 93. — Dans les mélanges, on profite de cette première éclaircie pour dégager les sujets des meilleures essences, qui doivent occuper le sol en permanence, des envahissements de leur garni- ture d'espèce moins estimée. Cependant, lorsque ces sujets sont trop étirés, ce qui est toujours à craindre dans les mélanges; il faut prendre garde de les laisser sans soutien; mais on doit faire l’éclaircie avant qu'ils soient réduits à cet état, lorsqu'ils ont encore la forme pyramidale de la jeunesse et qu’ils sont trapus, garnis sur toute leur hauteur de branches vertes ; celles-ci les équi- librent et les nourrissent, et il faut bien se garder de les leur enlever, comme les ouvriers sont trop souvent disposés à le faire. Dans cet état, on peut bien les espacer de 1 mètre à 1 m. 50, selon leur grosseur, et, si le terrain est assaini, ils doivent par- faitement résister aux coups de vent et au poids des neiges. 334. — Périodicité des Éclaircies. — Le dépressage doit se renouveler tous les trois ans ou plus, selon la vigueur de la crois- ue tuto. d'Élins L/té n de 2e CT, TT LT. NT sp PTT CE ENTRETIEN DES BOIS 351 à 1 © 2" Ji: sance des sujets et selon leur âge, jusqu’à ce que ceux-ci commen- cent à mürir, en enlevant toujours les pieds faibles et déformés, pour ne laisser que des arbres droits, solides, ayant de l'avenir. 555. — Surveillance. — Pour cette opération, une surveillance minutieuse est nécessaire. Pratiquée à la journée, elle serait trop lente et trop coûteuse. On est donc obligé de la faire exécuter à la tâche, et l’ouvrier est toujours tenté de grossir ses piles de bois en abattant des pieds qui mériteraient d'être réservés. Comme il est désavantageux pour lui d'aller chercher, de distance en dis- tance, de mauvais pieds qui lui rapporteront peu, en épargnant les beaux qui se trouvent à sa portée, on peut généralement être sûr que, s'il est laissé à sa propre initiative, il ne le fera pas, quelque consciencieux qu'il soit. On ne peut demander à personne d'agir contre son propre intérêt. Il est donc nécessaire, à partir de la seconde ou de la troisième éclaircie, c'est-à-dire aussitôt que la plantation est en àge de pro- duire du bois vraiment marchand, de marquer soi-même ou de faire marquer par un garde tout pied qui doit être abattu. 556. — Espacement. — Quant à l’espacement à donner par les éclaircies, il peut varier selon les essences. Les considérations culturales doivent le décider, sans souci de statistique régulière. Tout en procédant ainsi. nous avons trouvé, par des mesures faites après éclaircies, que nos jeunes pins sylvestres étaient espacés d’un quart à un cinquième de leur hauteur. Nous igno- rons si cette expérience est la même que celle d’autres reboiseurs. La régularité des distances est un point tout à fait secondaire, relativement à la vigueur des sujets à conserver; ainsi, par exemple, quand les deux meilleurs pieds d’un groupe d'arbres se trouvent rapprochés, il faut les laisser tous deux et leur donner la place nécessaire en coupant, de chaque côté, les arbres inférieurs. 551. — Mais en sylviculture, comme en tout autre travail, il n'y a point de règle absolue. Les conifères diffèrent beaucoup entre eux, tant par le port que par le mode de croissance. Les sapins etle mélèze, le pin laricio, se maintiennent parfaitement droits même dans les 392 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR — clairières, tandis que plusieurs espèces de pins, notamment la variété commune du pin sylvestre, et, à un degré moindre, le pin maritime, montrent une tendance à fourcher et à pousser en bran- ches plutôt qu'en tige, partout où ils trouvent des vides. Il est évident que, dans le premier cas, on peut éclaircir sans crainte de compromettre le maintien de la croissance droite; que, dans le second. il faut prendre beaucoup de précautions, ne dimi- nuer que peu à la fois, mais souvent, la pression latérale qui, seule, peut forcer les arbres à monter droit. Il faut également tenir compte des exigences particulières de chaque espèce. Le sapin argenté et l'épicéa peuvent avoir besoin, dans quelques circonstances, d'étrecultivés en massif plus serré que les pins ou les mélèzes, essences de lumière. Mais nous pensons, fidèle à notre principe d'approprier toujours lesessences à la nature du sol, qu'il vaut mieux borner la culture du sapin aux terresetaux expositions où l’on pourra, sans crainte, lui donner au bout de peu d'années sa pleine part de lumière. Il est évident que les massifs d'essences de couvert, lorsqu'ils sont très serrés, ne doivent être éclaircis que peu à peu, à plusieurs reprises; car les sujets, s'ils étaient trop subitement exposés au grand soleil, pourraient être frappés d'insolations. Dans les terres arides, ordinairement plantées en pins, il est imprudent de trop découvrir le sol, de manière à l’exposer subi- tement aux rayons desséchants du soleil d'été. Les arbres pour- raient souffrir de cette sécheresse subite et seraient exposés à être envahis par les insectes. 558. — Autant que possible, dans l'exécution des éclaircies comme dans celle des coupes définitives, il faut observer l'excel- lente règle d'administration forestière donnée par MM. Lorentzet Parade (Cours de culture des bois, $ 432). « Dans toute série d'exploitation, les coupes doivent être assises, de manière que celles qui sont à exploiter au commencement de la révolution se trouvent placées du côté du nord ou de l'est, et les dernières du côté du sud ou de l'ouest. + LT HOT Re athnh à nd dau DOS PLAT AN ar PRACIS | nn ns CS. roi“ D US Sd cn tn dm à din nie ENTRETIEN DES BOIS 353 « Ce sont les vents soufflant de ces deux dernières directionsqui, en général, causent le plus de dégâts dans les forêts, parce que, étant d'ordinaire accompagnés de pluies et très souvent d'orages, ils détrempent la terre et déracinent facilement les arbres. Les vents du nord et de l’est, au contraire, outre qu'ils sont ordinairement moins violents, amènent presque toujours la gelée ou la sécheresse, et, dans ce cas, les racines offrent plus de résistance. » On peut, pour faire obstacle à la violence des vents, laisser les ‘arbres de bordure un peu plus serrés que ceux de l'intérieur du massif, surtout sur les côtés sud et ouest. On s'abstient, comme de raison, de les priver de leurs branches, dont le feuillage compact forme un rideau protecteur. En montagne, il faut couper (ou éclaircir) d'abord les parties inférieures, et conserver les supérieures pour les dernières exploi- tations. Ce sont naturellement les hauteurs qui sont exposées au ravage des vents et, tant qu'elles restent boisées, elles en diminuent la violence. Dans tous les cas, les coupes en montagne, autant que les loca- lités le permettront, devront être longues et étroites et présenter leur moindre profondeur aux vents dangereux. Ces règles, que nous transcrivons également de l'ouvrage capi- tal de Lorentz et Parade, s’expliquentet s'imposent d'elles-mèmes. 999, — Enfin, comme principe fondamental de l'exploitation par éclaircies, on doit se rappeler que, surtout dans les sols pauvres et peu profonds, comme le sont la plupart de ceux affectés au reboi- sement, il faut que l'arbre puise une bonne part de sa nourriture, souvent la meilleure, dans l’atmosphère, au moyen de son puissant système de rameaux et de feuilles. C’est en raison du grand déve- loppement de la ramure et du feuillage chez les conifères que ces arbres sont si précieux pour le reboisement des terres stériles, où ils trouvent peu de ressources dans le sol. Il faut donc à chaque arbre la place nécessaire pour développer abondamment ses feuilles, organes tout à la fois nourriciers et respiratoires, et le but qu'on doit se proposer dans les éclaircies LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR, 23 354 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR est de favoriser autant que possible ce développement, sans risquer de porter atteinte à la bonne croissance du sujet, qu'il faut main- tenir droite. C'est ainsi quenousobtiendronsdesarbres forts, trapus, capables de résister à la force des vents et au poids des neiges, et qui fourniront un volume de bois bien supérieur à celui des sujets maigres, étiolés, si nombreux qu'ils puissent être ; car, ne l'ou- blions pas, le volume s’accroit en raison du carré de l'épaisseur de l'arbre. Un arbre qui a deux fois l'épaisseur d'un autre aura, les autres dimensions étant égales, quatre fois son volume de bois ; l'épaisseur est donc le facteur le plus important dans la pro- duction ligneuse, surtout dans les terrains peu profonds, où les arbres peuvent rarement atteindre leur maximum de hauteur. Il ne faut pourtant pas croire que, dans un massif régulier, ce qu'un arbre gagne en épaisseur, il le perde en hauteur. Les sapins et le mélèze, n'ayant pas de tendance à buissonner, n'ont pas besoin de la contrainte de la pression latérale pour allonger leur tige. Et chez les jeunes pins, nous avons presque toujours observé que les sujets les plus trapus, les plus régulièrement garnis de branches, poussaient aussi les flèches les plus longues ; les rares exceptions à cette règle se trouvaient dans les parties claires, où la pression des voisins leur faisait défaut. Nous avons constaté cette vérité, en 1878, par des mesures répétées, sur des pins maritimes. 560. — Accroissement relatif à l'État serré et à l'État clair. — Nous sommes très héureux de voir confirmer les vues que nous venons d'exprimer, par un article: « Expériences comparatives sur la production de l’épicéa à l’état isolé ou croissant en massif, » d'après l’Allegemeine Forst und Jagd Zeitung, traduit par M.Chave- grin dans la Revue des Eaux et Foréts, janvier 1886. » Après avoir constaté, d'après une série d'expériences sur des épi- céas occupant la même sorte de terrain, ce résultat très frappant, que leur accroissement annuel est, sur un hectare, de 6,3 mètres cubes pour les épicéas isolés, de »,1 mètres cubes pour ceux en massif, l'auteur présente les observations suivantes, sur lesquelles nous appelons toute l'attention générale de nos lecteurs : dé …, A à _—__ ENTRETIEN DES BOIS 305 « C’est un axiome admis que, dans le massif, les arbres s'élèvent plus vite en hauteur etacquièrent une plus grande longueur de füt ; des recherches déjà anciennes ont démontré la fausseté de ce prin- cipe. Cette erreur a pour cause l'habitude que l’on a de comparer toujours des sujets de méme diamètre. Il est connu que, dans ce cas, Ceux qui viennent en massif sont plus élevés. Mais, si on établit le parallèle entre des sujets de méme âge, ceux qui ont crû en massif restent de beaucoup en arrière. Ce fait ressort pleinement de toutes nos observations ; et, plus le nombre de sujets sur l'unité de surface est considérable, plus s’accentue aussi leur différence de hauteur relativement à ceux qui ont vécu isolés. » Pour les essences qui ne peuvent pas, comme l’épicéa, supporter l'isolement, la différence est absolument la même entre les sujets en massif trop serré et ceux en massif suffisamment clair. Avec cette modification, le résultat de nos observations sur des pins maritimes et sylvestres a été absolument le même. L’axiome trop généralement admis, mais que font toujours valoir les partisans du massif serré, et que réfute l’auteur, est uneerreur funeste que nous avons longtemps combattue, mais avec peu de succès. En effet, l’excédent de hauteur que montrent les sujets de massif serré sur ceux du massifclair ne se trouve qu'entre sujets de méme diamètre, mais non pas de même âge. Nous le croyons bien ! o61. — Voici ce que, pour notre part, nous avons constaté : Nous avons mesuré, en 1878, les meilleurs sujets d'une petite pineraie de huit ans, élevée en massif suffisammentclair et sur un sol favorable; ils avaient 5 m. 50 de hauteur et 12 centimètres de diamètre à 1 mètre du sol. Nous avons pu les comparer avec une perche de quatorze ou quinze ans coupée pour les mesurer, qui avait fait partie d'un petit massif serré placé sur un sol de même nature. Ce sujet n'avait que ÿ m. 75 de hauteur et moins de 5 centimètres de diamètre, c'est-à- dire la même hauteur à peu près que nos meilleurs pins de sept à huit ans, et les 2/5 seulement de leur épaisseur ! Ces jeunes pins, qui n'avaient pas la moitié de son âge, avaient donc environ trois fois son volume de bois. 356 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Si on avait cherché parmi les jeunes pins des sujets de diamètre pareil au sien, ils auraient été trouvés évidemment d'une moindre hauteur, et la comparaison aurait été à l'honneur de cette pauvre perche qui avait le double de leur àge et qui ne contenait que le tiers de leur volume respectif de bois. Des observations prises avec une rigueur scientifique, d'un côté aux stations d'expérimentation forestière en Bavière, dont rendent compte MM. Reuss et Bartet (1); et d'un autre côté par M. Émile Mer (2), inspecteur adjoint des forêts, établissent sans le moindre doute, contrairement à certaines notions vulgaires, que la croissance en hauteur, chez les arbres convenablement espacés, est proportion- nelle à celle en diamètre. Ces faits observés ne sont que conformes au sens Commun, Car, dans tout organisme jouissant de sa pleine santé, le développement en toutes les dimensions est harmonieux et bien proportionné. Nous demandons pardon à nos lecteurs de nous étendre sur ces détails, mais il y a là une importante question d'administration forestière qui est trop souvent méconnue. Il est donc évident que, plus on donnera de place aux arbres, sans trop diriger la production ligneuse dans les branches, dont le bois est d'une médiocre valeur, et sans favoriser le développement des bruyères et des herbes sur le sol, plus on sera sür d'obtenir des arbres vigoureux, trapus, épais, bien enracinés, résistant aux vents, et, en fin de compte, une abondante production de bon bois. 562 .— Toutefois, il convient d'avouer que chez certaines essences, et surtout chez les variétés de pin sylvestre dont nous avons déjà fait mention, l'irrégularité du port, la tendance à buissonner, ren- dent difficile d'obtenir le maximum de production ligneuse en même temps que la croissance droite. Dans cette circonstance, comme d'ailleurs en toutes circonstances, c'est à chaque propriétaire d'étu- dier les habitudes de l'arbre qu'il cultive, les ressources de son sol, la facilité de ses débouchés pour chaque sorte de bois, et de 4) L'Expérimentation forestière en Allemagne; Paris, 1835. (2) Revue des Eaux et Forêts, 1890. it sé ni à tt D Éd ds | on. + ENTRETIEN DES BOIS 307 modifier, selon ces données, les règles générales de la sylviculture, qu'il ne doit cependant jamais perdre de vue. Pour prévenir cette irrégularité de croissance, il est très utile de bien choisir ses graines ou ses plants, de n'’admettre, autant que possible, que les variétés qui forment les arbres les plus droits sans avcir besoin d'être maintenues en massif serré, Ce qui est con- traire à leur vigueur et à leur développement. 963.— IL va sans dire que les éclaircies doivent être régulière- ment aménagées, de manière à obtenir une production soutenue. Si donc on éclaireit tous les trois ou quatre ans, on divise le bois en trois ou quatre parties, de production à peu près égale, et l’on traite tous les ans une de ces parties. Si un petit massif se trouve en retard ou en avance d'un an ou deux sur les massifs à éclaircir, il vaut mieux retarder ou hâter son dépressage pour l'opérer en même temps que le leur (pourvu que sa croissance ne rende pas cette opération immédiatement nécessaire) que d'en faire une petite exploitation isolée de toute autre vente, par conséquent gènante et peu avantageuse. 564. — Coupe définitive. — Quant à la coupe à blanc étoc, elle ne doit avoir lieu qu'à maturité complète, lorsque les arbres ne prennent plus d'accroissement ni en hauteur, ni en grosseur, ni en qualité de bois, ou si peu, que leur place serait plus utilement occupée par de jeunes repeuplements dont.l'accroissement ligneux serait supérieur. Nous avons quelquefois vu des propriétaires de pineraies devancer leur maturité et les faire abattre aussitôt qu'elles commençaient à avoir quelque valeur. C'était manger leur blé en herbe. En replantant un bois résineux, on obtient rarement un produit tant soit peu rémunérateur avant l’âge de dix-huit ou vingt ans au moins, et l'on doit supporter les frais et les risques du reboisement ; tandis que les arbres au-dessus de vingt-cinq ans, qui continuent à pousser, gagnent beaucoup tous les ans sans frais ni difficultés. II faut donc continuer aussi longtemps que possible à pratiquer le système des éclaircies. 358 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR En opérant la coupe, il sera utile de laisser, dans les sols où la régénération naturelle est possible, des pieds-mères dont les graines se dissémineront d’elles-mêmes. Ces pieds doivent être bien clair- semés si ce sont des pins, dont les plants ne supportent pas l'ombre ; un peu plus serrés s’il s'agit de sapins, car leur jeune plant demande un léger ombrage pendant deux ans. Ils doivent être placés, autant que possible, dans les parties les plus saines des bois, afin que le sol puisse soutenir leurs racines ; ils doivent être bien faits, droits en même temps que vigoureux et trapus, pour avoir la force de résister aux coups de vent, et aussi pour assurer la reproduction de sujets de bonne race. Car les plants, provenant de graines portées par des sujets débiles, hériteront toujours plus ou moins de la faiblesse de leurs pieds-mères. Nous n'avons pas la prétention d'expliquer à nos lecteurs le système de la régénération naturelle ni celui du jardinage. Ils peu- vent consulter à ce sujet le Manuel de Sylvicullure de Bagnéris (Nancy, 1878, Berger-Levrault). Un forestier éminent, ancien élève de l'École de Nancy, M. Gur- naud, a découvert, après de longues recherches et des labeurs infa- tigables, un nouveau système d'exploitation des forêts, basé sur l'accroissement des arbres constaté au moyen d'inventaires pério- diques et motivant des coupes fréquentes et régulières. M. Gurnaud a exposé son système, nommé : Méthode du Contrôle, en y ajoutant maint conseil utile, dans un livre : Trailé de Sylvicullure pratique, publié à la Librairie agricole, à Paris. Les procédés de Gurnaud sont spécialement applicables aux forêts de l'Est, mais ilest facile, en d'autres régions, de suivre ses principes tout en modifiant leur application, et nous recommandons vivement son ouvrage à tous les propriétaires de bois. Dans un bois résineux exploité, où il ne reste que des porte- graines sans sous-étage feuillu, il peut être utile de faire passer, avant la pousse du printemps, un troupeau de moutons, dont le piétinement sur les herbes et les bruyères aura pour effet de mettre en contact avec la terre les graines qui ont pu être interceptées LC EE ENTRETIEN DES BOIS 359 EE dans leur chute par ces végétaux, et qui risquent d'être retenues par eux jusqu'à dessèchement complet. Mais on ne peut plus laisser entrer les mou‘ons lorsqu'un jeune repeuplement, même incomplet, a paru, car ces animaux broutent les plants de toute sorte, bien différents des bêtes à cornes, qui respectent les résineux. Le procédé recommandé au $ 253 trouve aussi son application avantageuse lors de la coupe définitive. Le point important est tou- jours le même : c'est la mise de la graine en contact intime avec le sol, pour qu'elle puisse y pousser ses germes. Bagnéris recom- mande, pour atteindre ce but, un ameublissement partiel du sol (ouvrage cité, p. 106 de la 2° édition). 5635. — Éclaircies et Aménagement des Feuillus en Futaie. — Les observations que nous venons de présenter sur les éclaircies des conifères peuvent s'appliquer, d’une manière générale, aux futaies d'espèces feuillues. Mais il convient de se rappeler que le couvert des feuillus, sauf celui du hêtre et du charme, étant plus clair que celui des résineux, est moins efficace pour étoufler la végétation nuisible qui se développe sur le sol et tend à l'accaparer au détriment des arbres. Partout où ce développement est à craindre, il ne fautéclaircir qu'avec la plus grande précaution ; on doit même épargner les essences inférieures, bois blancs et morts- bois, là où leur enlèvemert causerait une solution de continuité dans le couvert du massif. On se borne, dans ce cas, à aflaiblir, par l'élagage ou le raccourcissement, les brins de cette nature qui menacent de gèner la croissance des arbres d'espèces plus méri- tantes. Il est, en effet, très important de maintenir la continuité du massif. Les clairières présentent deux grands inconvénients: le premier, comme nous l'avons signalé, est de favoriser le développement des plantes nuisibles qui accaparent et qui dessèchent le terrain ; le second, c'est d'admettre les coups de vent, souvent très destruc- teurs, dans les massifs qui viennent d'être éclaireis. Quant aux coupes définitives, nous ne voyons rien à ajouter aux indications que nous avons données à l'égard de celles de conifères. 360 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR LES ÉLAGAGES 566. — Principes généraux. — « Dans un massif régulier, de même croissance et de même àge, » — nous citons M. le professeur Landolt, de Zurich, — « l'élagage doit se borner aux branches sèches et aux branches qui provoquent des formations défectueuses de la tige. » L’élagage, chacun le sait, est un remède violent, un procédéchirur- gical, ce n'est pas une mesure normale d'hygiène. Il peut être em- ployé avec utilité sur les arbres isolés, ceux d'alignement, les bali- veaux et autres réserves sur taillis, ceux enfin qui,n’étant pas main- tenus par leurs voisins, tendent à buissonner et à occuper plus de place qu'il ne faut, dans l'intérêt de leur propre développement ou de celui des autres végétaux voisins. Mais les massifs réguliers, s'ils sont convenablementespacés, n’en ont en général aucun besoin. Commençons par nous rappeler très sommairement la manière dont s'accomplit la fonction physiologique la plus essentielle de la vie de l'arbre. 367. — L'eau, chargée de sels minéraux ea dissolution, puisée par les racines dans le sol, monte, principalement par les vaisseaux du tronc et des branches, se rendre dans les feuilles où elle est attirée par la transpiration active dont les organes sont le siège. Là, sous l'influence de la lumière, elle absorbe du carbone de l'acide carbonique de l'atmosphère et développe des matières orga- niques (glucose, amidon, substances albuminoïdes) qui, descendant avec elle par la voie du liber, forment le cambium qui fournit l'accroissement de l'arbre. Ce courant rentre ensuite dans les racines et contribue à les développer et à les garnir des organes nécessaires à leur prospérité. Cet admirable travail de tous les organes contribuant au déve- loppement commun, cet équilibre délicat de l'arbre, il est évident que ce serait une folie d'y porter atteinte de gaieté de cœur ; ilest ENTRETIEN DES BOIS 361 également clair que la perte subite des feuilles, organes essentiels dans cette circulation régulière, doit y jeter le plus grand trouble et nuire fortement au développement qui en résulte. Aussiest-il bien connu qu'en sacrifiant une plus ou moins grande quantité des feuilles d'un arbre, on diminue proportionnellement sa puissance de végétation. Donc, au point de vue de la production ligneuse, qui est celui où se place le sylviculteur, l'élagage de branches vertes ne peut se justilier que dans le cas d’une véritable déformation ou d'une mauvaise direction de la sève. On sacrifie alors, sciemment, une portion de l'accroissement ligneux afin que celle qui reste s’accomplisse dans de meilleures conditions ; afin qu’elle serve, par exemple, à produire un faible accroissement de bois de tige, d'une valeur considérable, au lieu d'une plus grande quantité de bois de branches, d'une valeur médiocre. Chez certains arbres à feuilles caduques atteints de quelque souf- france temporaire, l’élagage, comme remède, se justifie ainsi : En enlevant de mauvaises branches portant des feuilles faibles et mal développées, on provoque la formation de jeunes rameaux pous- sant des feuilles larges et vigoureuses, qui présenteront une surface plus grande à l’action de l'air, et exerceront mieux leurs fonctions nourricières et respiratoires. C'est là, nous le répétons, une véri- table opération chirurgicale, à laquelle on n’a recours qu'en Cas de maladie ou de faiblesse maladive. 568.— Conifères. — Chez les conifères, la reconstitution des branches et des feuilles n’a pas lieu. Pour eux, autant de feuilles vertes enlevées et de sève écoulée, autant d’accroissement perdu. 369. — C'est une erreur que de croire que l'élagage peut, en « donnant de l'air (1) » aux massifs épais, remédier à leur état trop pressé. Dans notre jeunesse, nous avons vu sévir en (4) C'est ici l'un des cas où l'inexactitude des mots amène l'inexactitude des idées. Ce n'est jamais l'air qui manque aux arbres ; partout où nous pouvons res- pirer ils le peuvent aussi, et mieux, car ils ont sur nous l'avantage de toujours baigner dans l'air pur.Quand on dit « donner de l'air » à des arbres, il faut tou- jours entendre qu'on parle au figuré et qu'on veut dire : leur donner de l'espace et de la lumière. 362 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR Sologne, riche alors en semis de pin maritime, une véritable manie d'élagage. Beaucoup de propriétaires, voulant éviter le travail d'une éclaircie dont les produits n'auraient pas couvert les frais, tàchaient, à mesure que les jeunes sujets, en se développant, se serraient dans un espace insuffisant pour leur nombre, de rem- placer l'éclaircie nécessaire par l'élagage. On oubliait que les deux opérations ont un but essentiellement différent et même contraire. Celui de la première est de donner aux arbres con- servés la place qui leur manque; celui de la seconde est de les contraindre à en occuper moins ; et par quel moyen ? par l'ampu- tation des organes nécessaires à leur développement. Si l'on élague des arbres trop serrés, ils s'étireront, s'étioleront plus encore, et si, au contraire, on éclaircit des arbres déjà trop épars, ils buissonneront encore davantage. Cette manie d’élagage était secondée par les ouvriers qui, ignorant les lois de la physiologie végétale, ne trouvent jamais un arbre présentable avant de l'avoir dénudé aussi haut qu'ils peuvent en atteindre les branches. Grâce à ce noble zèle, on voyait alors beaucoup de jeunes pins portant, pour tout système rameux et foliacé, leurs flèches avec une seule couronne. Inutile de dire que les jeunes arbres soufiraient de ce traitement empirique. Leur accroissement en hauteur comme en épaisseur s'en trouvait singulièrement amoindri ; l'écorce deve- nait noire, se serrait, comprimait le bois ; et le tempérament de l'arbre, déjà peu vigoureux dans cette région, recevait une atteinte qui le disposait encore davantage à succomber aux attaques de la maladie ronde, ou à toute autre influence nuisible. Le vrai remède pour un état trop serré du massif, c'est l'éclaircie prudente, modérée, souvent répétée, et non pas l’élagage. « On ne. saurait assez blàmer les propriétaires qui, n'ayant donné aucune attention à leurs pins pendant huit ou dix ans, soumettent tout à coup les arbres à une éclaircie vigoureuse accompagnée d'un élagage excessif. Une telle mutilation, jointe à l'action trop subite de l'air et de la lumière, occasionne un état maladif dont la pinière souffre pen- dant toute la durée de sa croissance. » (A. Boitel, ouvrage cité.). … #2 ENTRETIEN DES BOIS 363 570. — Chez les conifères, les plaies d'élagage guérissent lente- ment et difficilement; la sève continue pendant longtemps à exsuder et à se perdre, au lieu d'être utilement dirigée sur la cime, comme on le suppose à tort. D'un autre côté, chez la plu- part des conifères, la plaie, fermée, n'est plus redoutable comme chez les feuillus, car leur résine préserve de toute pourriture les nœuds durcis qui restent à la place des branches enlevées. L’enlèvement des branches vertes a un autre inconvénient, chez les résineux comme chez les feuillus : celui de découvrir le sol et de favoriser la pousse des mauvaises herbes et des bruyères, qui pourraient être étouflées par le développement normal des branches si celui-ci était respecté. 571. — Après avoir considéré les inconvénients de l'élagage des résineux en général, nous passerons en revue les cas où il devient nécessaire de supprimer certaines branches. Aux premières éclaircies, les branches mortes et dépérissantes doivent être enlevées ; elles gènent les mouvements des ouvriers ; plus tard, persistant dans cet état, elles formeraient des nœuds dans le bois du trone, leurs bases se trouvant enveloppées dans l'accroissement annuel de l'arbre, qui se forme entre le bois et l'écorce. 579. — Il ne faut pas non plus négliger d'enlever les branches « qui provoquent des déformations défectueuses de la tige », c'est- à-dire les branches dites gourmandes, et aussi celles qui arrivent à constituer une seconde tige et à former des arbres doubles par suite d’une cassure de la tête du jeune sujet. Ces perturbations de la croissance se trouvent habituellement soit sur les arbres des bordures, soit dans les clairières où les arbres n’ont pas été maintenus par la pression de leurs voisins. On peut les redresser hardiment si le jeune arbre, quoique privé de ses membres, a encore un développement foliacé suffisant pour vivre et s'accroitre. Pour notre part, lorsque les doubles tiges se trouvent à l'intérieur du massif, et qu'elles sont belles, nous les laissons; car dans la jeunesse de l'arbre résineux, sa nutrition, tirée princi- 364 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR palement de l'atmosphère, peut sutfire à ce double développement; plus tard, elles tomberont dans les éclaircies. Comme elles se trou- vent généralement dans les parties claires, leur suppression immédiate aurait pour effet de créer ou d'augmenter une rupture du massif, et ainsi de favoriser la croissance d'une végétation arbustive nuisible. Sur les bordures, où cette forme double ferait des arbres buisson- neux, si la tige superflue est faible, nous pouvons la supprimer immédiatement. Si elle est forte, nous commençons par la raccour- cir seulement, pour éviter à l’arbre l'enlèvement de toutes ses feuilles. L'accroissement ne s’y porte plus, se dirigeant presque entièrement dans la tige conservée entière, et, l'année suivante, on peut, sans inconvénient, retrancher rez-tronc ce qui reste de la tige déjà raccourcie. De même pour les branches gourmandes, lorsqu'elles sont fortes relativement à la taille de l'arbre. Si elles sont faibles, on peut les retrancher immédiatement rez-tronc. Toutes ces opérations doivent se faire de bonne heure avant que les tiges aient atteint des dimensions importantes. 913. — On a encore recours à l'élagage pour résister aux empié- tements des sujets d'espèces communes vigoureuses sur Ceux aux- quels ils serventde garniture. Si l'on tient à conserver les premiers, on doit alors procéder par le raccourcissement des branches, en laissant des rameaux d'appel. Chez les espèces à vigoureuse ramure latérale, il est souvent nécessaire d’élaguer les sujets de bordure, qui empiètent tellement sur les allées qu'ils finiraient par les boucher complètement. Il est bon, si l’on a affaire à des pins, d'attendre, autant que possible, que les branches basses commencent à dépérir, alors que l'accrois- sement se sera porté dans les verticilles supérieurs. Si ce dépé- rissement n'a pas lieu, il est prudent (comme on tient à conserver à ces arbres, qui sont le plus en vue leur maximum de vigueur) de faire l'opération en deux fois, en procédant d'abord par le raccourcissement. Elle peut cependant être faite d'un coup, pourvu qu'elle ne s'étende pas au delà du tiers de la hauteur de l'arbre. ENTRETIEN DES BOIS 365 | 514. — Dans certaines régions, l’élagage des résineux peut four- nir un véritable produit par la vente des bourrées faites des | branches coupées. Nous pensons cependant que, même dans ce cas, il est sage d'attendre autant que possible que ces branches soient dépérissantes, et surtout de ne pas dénuder l'arbre assez haut pour nuire sérieusement à sa croissance en le privant d'une proportion considérable de ses feuilles. En méprisant cette règle, comme onle fait souvent, nous croyons que l'on perd à la longue, par la dimi- nution de l'accroissement de la tige, plus que le produit du menu : bois qu'on a exploité. 15. — Lorsque les allées sont bordées de sapins ou de mélèzes - ou de cupressinées, etc., la forme pyramidale de ces sujets, régu- lièrement habillés de verdure de la tête aux pieds, constitue la plus grande beauté de l'alignement. Ces arbres doivent donc être plantés assez en retrait pour laisser à l'allée une largeur suffisante, afin que ni la circulation ni la perspective ne soient interceptées; on évitera ainsi la nécessité d’avoir recours à l'élagage. 916. — Les saisons les plus favorables à cette opération sont à notre avis : d’abord l’automne, où l'on peut espérer que les tissus auront, avant le printemps suivant, assez de temps pour se resser- rer, de manière à réduire au minimum l'écoulement de sève inévi- table ; ensuite la fin du printemps, lorsque cette montée s’est effec- tuée et que la descente commence. 911. — La coupe doit être soigneusement faite, de manière à ne laisser aucun chicot, afin d'éviter le retard du recouvrement et la formation de nœuds, mais l’ouvrier doit en même temps prendre garde d'éclater l'écorce, ce qui aggraverait la plaie et augmenterait l'écoulement de la sève. (Voir $ 570.) La résine de la sève, nous l’avons dit, conserve le bois exposé à l'air par la plaie et écarte complètement les insectes; par consé- quent, comme on ne craint pas la pourriture chez les conifères, il n'est pas nécessaire de se servir de coaltar ou d'autre substance analogue pour couvrir le « miroir d'élagage ». 518. — Feuillus. — Les principes généraux à suivre pour 366 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR l'élagage des feuillus ne diffèrent pas de ceux que nous venons d'indiquer au commencement de ce chapitre. Sauf les cas de nécessité évidente, il vaut toujours mieux s'abstenir d'enlever des branches vertes. La question de l'utilité de l’élagage systématique de ces branches a été très longuement et très chaudement débattue. Nous n'avons pas la compé- tence nécessaire pour prononcer entre tant d’autorités imposantes qui ont pris parti pour ou contre; mais nous Fig. 359. — BRANCHE coupéeà sommes disposé à croire que les in- chicot ; chène carié jusqu'au 4 cœur. convénients et les dangers de cette pratique l’emportent de beaucoup sur le bénéfice que peuvent en retirer les arbres. Fig. 360. — SERPE d'élagage renforcée, longueur 40 centimètres. — Fig. 361, — CROCHET porte-serpe. — Fig. 362. SERPE en ceinturon. — Fig. 363. SERPE en bandoulière. — Fig. 364. Emoxporr pour enlever les petites branches gour mandes, Personne du moins n'hésite à convenir que l'opération est extré- mement délicate, qu'elle exige chez celui qui la pratique une atten- tion toujours en éveil, beaucoup de discernement, des soins | É | | J ENTRETIEN DES BOIS 367 scrupuleux et une grande süreté de main dans l'exécution. Nous concluons donc que, ce travail fût-il, en principe, vrai- ment avantageux (ce qui est très contesté), il est impossible aux sylviculteurs placés dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire disposaut d'ouvriers bûcherons d'une capacité médiocre, de le faire opérer convenablement sur une grande échelle. Mal exécuté, ilest très nuisible. Il doit donc être limité à des cas particuliers, et nous allons essayer d'indiquer très brièvement comment, dans chacun de ces cas, on doit procéder. Dans tout élagage des feuillus, le sylviculteur doit avoir la peur de la pourriture constamment devant les yeux. C’est en vue d'éviter cet accident que l’on doit avoir soin de retrancher les branches mortes qui se trouvent directement sur la tige de l'arbre. On les coupe rez-tronc au moyen de la serpe spéciale d’élagueur, lourde, droite, d'acier bien trempé. Si on laissait pourrir ces branches, au bout de quelque temps elles introduiraient la carie jusque dans le cœur de l'arbre (1). 519. — Quand un arbre est resté souffreteux par suite d’un désastre anormal, comme celui des grandes gelées de 1879-80, on peut quelquefois, en l'émondant, lui rendre sa vigueur pour un certain nombre d'années. Si l’on tient à conserver la qualité du bois du tronc, on doit se contenter de raccourcir les branches malades. Pour opérer ainsi avec soin, il est essentiel de ne couper chaque branche qu'à un mètre ou deux au moins du tronc, au- dessus de quelques vigoureux rameaux d'appel. Ceux-ci doivent être placés de telle sorte qu'ils puissent recevoir toute la lumière qui leur est nécessaire. Autrement, trop ombragés par les bran- ches supérieures, ils ne suffiraient pas à maintenir la vie dans la branche raccourcie, et celle-ci, une fois morte, finirait, si l’on n'y mettait bon ordre, par communiquer sa pourriture au tronc. (1) Ce raisonnement nous semble rationnel ; cependant, bien des sylviculteurs émérites ont pour règle de ne jamais toucher même aux branches mortes, des arbres à bois dur. Ils préfèrent exploiter ceux qui en ont beaucoup. 368 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR »80. — Après une exploitation de taillis, ou une éclaircie de futaie, les réserves, surtout celles de chène, sont sujettes à se couvrir de branches gourmandes sur le tronc, au préjudice de la cime, qui est exposée à souffrir et même à mourir d'épuisement. Ces petites branches peuvent être enlevées sans le moindre incon- vénient pour l'arbre, les plaies de l'opération étant trop minimes pour lui porter préjudice. Le travail doit se faire dans l’année qui suit la coupe. »81. — Toutautre élagage rez-tronc, en vue de former des arbres, doit être pratiqué sur des sujets encore jeunes, baliveaux ou tout jeunes modernes, et se borner à l'enlèvement de branches qui ne sont pas encore bien lignifiées, et dont la perte ne nuira pas à l'éla- boration de la sève. La suppression de grosses branches rez-tronc laisse toujours une solution de continuité entre le bois de leur base, qui se dessèche et meurt, et le reste du bois de tronc. Le moindre inconvénient qui puisse en résulter est la formation d'un gros nœud, de bois sain mais dur, défaut considérable dans les pièces de travail; mais il est plus que probable que ce bois mort se décomposera avant d'être recouvert. Dans ce cas, le loup est renfermé dans la bergerie; la couverture, si bien qu'elle se soit effectuée, ne fait que cacher la carie, qui attaque lentement mais sûrement la substance de l'arbre. Il arrive souvent ainsi qu'après de longues années, lorsque les traces de la plaie ne sont plus visi- bles, l'arbre à la fin abattu est reconnu impropre au travail; le pro- priétaire y trouve une perte sèche, ou bien le marchand de bois, s’il l'a acheté sur pied, se plaint, avec toute apparence de raison, d'avoir été volé. Il y a plusieurs circonstances où l'on est obligé d’avoir recours à l’élagage : lorsque,. par exemple, des arbres de réserve ombragent trop le taillis, ou bien que ceux de bordure ou d'avenue empiètent trop sur les chemins, etc. Dans ces divers cas, si l'on tient à con- server le bois de tronc, il faut procéder par le raccourcissement, soigneusement pratiqué comme nous venons de l'indiquer. Tant que les arbres sont dans la première période de leur végétation ENTRETIEN DES BOIS ; 369 qui est alors la plus forte, ils ne doivent pas être dénudés de branches au-dessus du tiers de leur hauteur. 582. — Les outils les meilleurs sont la serpe et la scie d'élagueur. On ne les confie qu'aux mains d'un ouvrier intelligent et adroit. Il doit toujours commencer par entamer la surface inférieure de la branche, de manière à assurer une plaie nette lorsque celle-ci sera Fig. 365. — Double raccourcissement. A. Branche gourmande, B. Branche secondaire, C. Branche d'appel, sciée ou coupée d'en haut et à éviter la cassure ou l'éclatement de l'écorce; car toute surface inégale d'une plaie, outre qu'elle ne se recouvre que lentement et difficilement, forme une place de refuge pour des colonies d'insectes. La suppression complète desbranches, lorsqu'elle est nécessaire, doit se faire nettement rez-tronc, sans le moindre chicot, de manière à appeler un recouvrement plane, 283. — La plaie doit être bien parée, et chaque fois qu'elle se trouve sur le tronc ou à une faible distance de lui, elle doit être soigneusement enduite de coaltar, en vue de prévenir la décompo- sition et. d'écarter les insectes. Cette substance ne doit pas être étendue sur l'écorce, à laquelle elle pourrait nuire. 584. —La saison la plus favorable pour l’élagage est généralement le printemps, après l'entrée en végétation; plus tôt, on aurait à redouter les gelées subites, qui sont dans certaines contrées une cause de carie des plaies. Si on peut commodément, avec la main- d'œuvre dont on dispose, remettre jusqu'en plein été, juin, juillet LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR. 24 370 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUK et août, l'enlèvement des branches gourmandes sur les troncs, celles-ci repousseraient beaucoup moins. L'hiver, les jours sont courts et quelqueïois trop mauvais pour qu'on puisse facilement monter sur les arbres. (V. Bulletin de la Session, 1887, des Agri- culteurs de Frauce, p. 355.) 585. — A ceux de nos lecteurs qui désireraient des renseigne- ments plus complets au sujet de ce travail, nous recommandons le petit livre de M. le Comte des Cars, Élagage des Arbres. On y trouvera des instructions complètes sur la manière de pratiquer cette opération. En outre, nous pouvons indiquer comme non moins utile le travail de M. Martinet : Considérations et recherches sur l'Élagage, qui démontre avec une grande clarté et par de nombreux exemples les dangers du procédé, et apprend à s'en abstenir aussi bien qu’à l'exécuter. 586. — Nous avions songé à consacrer un chapitre aux maladies des arbres, presque toutes parasitaires, et spécialement aux ravages exercés par les insectes ;: mais un sujet si vaste ne peut être utile- ment traité dans le cadre restreint de notre ouvrage. Nous ren- voyons donc nos lecteurs aux traités spéciaux sur cette matière : Les Ravageurs des Forêts et des Arbres d'Alignement, par H. de la Blanchère et Ch. Robert (Paris, Laveur, éditeur ; 6€ édition). Les Maladies des Plantes, par MM. d’Arbois de Jubainville et Vesque, également publié par la Maison Laveur. Manuel Roret, Destructeur des Animaux nuisibles, 2 partie, par le comte de Corberon, d’après Ratzeburg (Paris, Roret, 1847). M. A. Joubaire, administrateur des Forêts, a publié, après les grandes gelées de 1880, une brochure utile : Notes sur quelques insectes nuisibles aux Foréls d'Indre-et-Loire (Tours, 1881). L'ouvrage capital sur ce sujet est le Cours de Zoologie de Mathieu, comprenant l'entomologie forestière. Nous avons nous-même, dans notre Manuel du Cultivateur de Pins en Sologne, signalé et décrit les principaux ennemis des rési- neux. Il vaut mieux essayer de prévenir les ravages des insectes et des ENTRETIEN DES BOIS 371 champignons que de les combattre lorsqu'ils se sont produits. La destruction de ces ennemis, sur les grandes surfaces des bois, est toujours difficile et coùteuse, le plus souvent impossible. Le seul moyen de prévenir le danger, c'est une culture soigneuse et judicieuse. Il faut surtout faire promptement disparaitre les pieds malades ou mourants, cassés ou couchés par les vents, car c'est dans les arbres maladifs que l'ennemi se propage ordinaire- ment, avant d'attaquer les sujets sains. Si l'insecte élève sa couvée sous l'écorce des brins exploités, il faut écorcer ces derniers, ce qui tue les larves ; si, d’un autre côté, la forêt est menacée d'une invasion d'insectes se propageant dans les souches (comme par exemple l’hylobe du pin), il faut procéder à l'extraction de celles-ci, pourvu toutefois que cette mesure soit économiquement possible. L'introduction des porcs, depuis le mois d'août jusqu'en hiver, peut détruire un certain nombre d'œufs ou de larves nuisibles ; les oiseaux de nuitnous débarrassent en partie des papillons nocturnes, qui sont les plus redoutables, et par conséquent de leurs œufs et de leurs larves ; ils doivent être soigneusement respectés, comme tous nos autres auxiliaires ailés ; malheureusement les insectes xylo- phages sont en général clos et couverts dans leurs galeries, par conséquent à l'abri de toute atteinte. M. Baltet, dans son remar- quable ouvrage déjà cité, constate qu'ils n’ont nullement souffert des grands froids de 1879-80. Nous en avons eu la preuve par leür multiplication effrénée et leurs énormes ravages à l'année suivante. Il importe aussi de ne pas laisser languir les bois épuisés sur des sols secs et ingrats, où ils atteignent vite leur maturité, et, tombant en décrépitude, servent de repaires aux ravageurs. Bref, pour écarter ce danger, on ne saurait prendre des soins assez vigilants, assez réguliers. Lorsque, en dépit de toutes les précautions, le fléau a sévi, lorsque les insectes ont rempli la tâche qui leur était assignée, celle de hâter la décomzosition des bois maladifs, c'est la nature elle-même, agissant à son heure et avec ses mystérieux moyens de destruction, qui se charge de les supprimer. Insouciante comme 372 LE PROPRIÉTAIRE PLANTEUR toujours, elle détruit, sans scrupule sur le choix des moyens, les instruments dont elle s'était momentanément servie dans son système de mouvement et de modification continuels. Nous avons ainsi vu disparaître des invasions d'insectes, qui semblaient appe- lées à s'accroître et à se perpétuer indéfiniment. Ce phénomène est dû, probablement, à une foule de créatures microscopiques, parasites des insectes, et qui, à leur tour, les détruisent en vivant à leurs dépens, Nous avons accompli notre tàche, dans les limites restreintes que nous nous étions tracées. En terminant, nous tenons à rap- peler à nos lecteurs que les règles, ou plutôt les conseils que nous leur avons présentés, pourront ne pas s'appliquer rigoureusement à toutes les circonstances particulières dans lesquelles le travail de chacun devra s’eflectuer. Il est impossible d'indiquer dans un livre les mille modifications que les conditions infiniment diverses de terrain et de climat imposent à la végétation et par suite à la culture. Ces modifications, la pratique, l'observation, l'expérience seules nous les apprennent peu à peu. Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est aussi en plantant des bois, en administrant, en exploitant des bois, qu'on devient sylviculteur. x 2 Epaib Ven ri Soi À: 5 LA TABLE ALPHABÉTIQUE __ DES MATIÈRES, DES NOMS ET DES FIGURES Ù PAGES £ _ Abies alba.................... PE EMI ES ee a nmabUlis Ris Se 227 7 balsamea ........... de 2 22% EP cæruler esse 215 — canadensis...... ........... 217 ER CPDRAIOMRICAL-. eine» « . 218 D Gilicions.…........ La 218 — COCHE er me ceesene e » 220 DOUAI eee oder e 58 219 — excelsa, picea (V. Épicéa MICOMMUN): 55 rouen oves 55 214 Abies grandis .................... 227 _— lasiocarpa............ ess 295 _ — magnifica...... eee CD 7 PMR ABSIL. 5eme meteo 216 — mertensiana............... 219 DR HODEUS eee rrcce see 295 — Nordmanniana....,........ 222 — orientalis ........ PACE Oo E Me) À) — pectinata (V. Sapin argenté). e 61 9221 Fig. 212. Abies pinsapo.......... 293 _ Abies sitchensis.................. 216 Acacia commun (V. Robinier- M faur-acacia)............... 96 299 Acacia rose hispide .............. — rose visqueux ............ Accroissement à l'état serré et à IE DÉNR NE REe ordecooase Accroissement en hauteur comme en diamétre.....-..... dapriees een Accroissement, système d'exploi- tation de M. Gurnaud, basé sur l'a, constaté au moyen d’inven- FASSENT e ST bete Fig.289 et 290. Acer campestre. 292 Acer dasycarpum ou eriocarpum 287,988. Acer platanoïdes. 101 169. Acer pseudo-platanus 101, 102 Fig. 291 à 294. Acer saccharinum 29% Acérinées (les)...... Se due se /Æsculus hippocastanum......... . Fig. 342, 343. Ailante du Japon. 330 Fig. 342, 343. Ailantus glandulosa 330 Fig 320. Alisier ........ SOC 22 Alisier (plantation)............... Allées en bois............. SR Fig. Fig. 374 TABLE ALPHABÉTIQUE PAGES Allées en coleau et en montagne. 17 — les tracer d'avance....... 15 — leurs bordures d'arbres... 18 OIeURIArS eur er 18 ANUS CONTRAT eee ere 318 — glutinosa (V. Aune com- UN) Béscondneccec Jeceooce Hans de 93 Alnus incana (V. Aune blanc).... 95 Fig. 228. Araucaria imbriqué. 244 245 D'Arbois de Jubainville, ouvrage D M nee on 00 0e 370 Arbres d'alignement, leur planta- On eee re .…. 344 Assainissements........... ROSE 19 AUDBEDINE creer re ere. 312 M MIDIeUTEUSC ere ee 312 — variélés rose et rouge... 312 Aune à feuilles en cœur.......... 318 Ris M53 Aunetblance-recc pee 95 Aune blanc, comme arbre d'agré- MODES ee rercteeer cEe 318 Aune blanc, propagation (celle de l'aune commun)........ ren ee 197 Fig. 133 à 152. Aune commun... 93 94 Aune commun, Comme arbre d'ArÉMENES ha been 317 Aune commun, Croissance... 95 — — propagation....... 187 — = OISE FR eme 93 — — SALES More ce 95 Aunes (plantation)................ 187 — variétés de fantaisie...... 318 Fig. 355. Bac improvisé pour enlè- vementides arhres 2.2... 342 Bagneris (Manuel de Sylviculture) 358 Fig. 185. Bêche demi-circulaire.. 124 Bêches-leviers et plantoirs (Prou- VE) RE es EN TE ner 135 138 Bestiaux, leur exclusion des bois. 21 Cas où ils peuvent être admis... 21 Betula alba (V. Bouleau blanc) 89 314 Betula (V. Bouleau).......... 89 314 D ADUTACER re ee ere 316 —- populifolia. 43... 316 PAGES Belnlacées:27 nero cmre 314 Fig. 232. Biota de Chine.......... 954% Blanchère (de la), ouvrage cilé : Les Ravageurs des Foréts....... 370 Bordures des allées............... 18 Fig. 322. Bouleau à canot......... 316 Bouleau à feuilles de peuplier.... 316 Fig. 118 à 132. Bouleau blanc.. 89 90 Fig. 321. Bouleau blanc, comme arbre d'agrément-.::......."" 314 Bouleau blanc, défauts forestiers. 92 — — propagation....... 187 = =MiquallÉS Eee 91 — —" USages..... "1". : 92 — variélés de fantaisie..... 316 Branches gourmandes........ 363 368 Broilliard C., ouv. cité : Le Trai- tementides BUS 2-0 47 Bruyères et landes, essences qui y conviennent ..-.....:.-.. Scoc 8 Buttes (plantation en) .......... 123 Calcaires, essences qui y con- viennent..... ST Te OCDE ShE 8 Carpinus americana...... sise 284 — betulus (V. Charme). 82 283 — OTIENLAISE Tec ce 284 Cars (Cte des). Élagage des arbres 370 Fig. 282 à 284. Carya alba......... 289 Fig. 280, 281. — amard...... 288 Carya porceina. 0207. eee 288 Castanea vesca (V. Châäiaignier commun)-----.--..e Dr. 85 9281 Catalpa biynonoïdes...:............ 33 Cédre:de l'Atlas tree 232 Fig..216. Cèdre déodar............ 232 Fig. 245. — de Virginie (impro- prement) "7" 20000.--c--cr 258 Fig. 214, 215. Cèdre du Liban..... 232 Fig. 216. Cedrus deodara......... 232 Fig. 214, 215. Cedrus Lilant....... 232 Cedrus var. allantica............. 932 Fig 314, 315. Cerasus avium...... 309 Fig. 316, 317. — mahaleb.... 310 — padus....... 310 TABLE ALPHABÉTIQUE 375 PAGES PAGES Cerasus virginiana................ 310 | Fig. 254. Chène chevelu, de Bour- Genisier à grappes... .......:.... 310 DORE eee 265 Fig. 314, 315. Cerisier-merisier Chène commun..:..::...:..... 68 176 SAUVALE .... ss FERSSCO ETES 309 _ aménagement.... 182 Fig. 316,317 Cerisier Sainte-Lucie 310 _ — conservation du iGerisier de Virginie.............. 310 Sand 5-20 ME ercete 177 Cerner, gros sujets à planter...... 199 Chène commun, convenances de CHANÉPENNATIS 0 sance see QD ses deux variétés principales... 71 = ublusa............. 251 | Chène cemmun, couvert.......... 72 Fig. 352, 353, 354. Chariot pour Fig. 253. Chène commun, comme transporter de gros arbres...... 341 espèce d'agrément.......... 263 264% Charme d'Amérique.............. 284 | Chène commun, euracinement... 71 Fig. 95 à 108. Charme commun.... 82 = — en pépinière .... 176 Charme commun, aménagement.. 187 = — plantation....... 180 ee = TACOUVERLS---.-6. 82 _ — — espace- — — enracinement.. 84 MERE E-rea eee 181 -- —. comme espèce Chène commun, semis .......... 179 HRAPOAMEN EE sr eee 283 — — — quantité Charme commun, plantation ..... 186 de gland à semer............... 180 — + JuSUCité.--..... 84 | Chène commun, usages.......... 7% _ — sols et exposi- Fig. 76 à 82. Chêne commun, va- DONS. Me otre 1 82 riété pédonculée...….. Perses 69 Charme commur, usages......... 87 | Fig, 83 à 86. Chêne commun, va- Fig. 109, 110. Châtaignier commun riété rouvre ou sessiliflore ..... 71 ; 85 86 | Fig. 260, 261. Chène écarlate..... 272 Châtaigniercommun.conservation Fig. 273. Chène à feuilles de chà- de la chätaigne................. 183 taignier........ MP EEAe 279 280 Châtaignier commun, couvert... 85 | Fig. 259. Chène à feuilles en faux — — effetsur l'at- 270 271 TLOID TETE PE Dei 87 Fig. 267. Chène à feuilles de lau- Chätaignier commun, comme es- NC RAR EP 275 276 pèce d'agrément......... DEEE 281 | Fig. 263 à 266. Chêne à feuilles de Châtaignier commun, mélange RE Ne ES PRIE 274 9175 avec le bouleau ............. 87 183 | Fig. 267. Chène à lattes. ...... 275 276 Châtaignier commun, plantation. 184 | Chéne-liège....................... 7 saison de plantation............ 184 = propagation (celle du Chäâtaignier commun, semis...... 182 Cbhéne commun) 22.2 179 — — usages ..,. 87 | Chène-liège, sol, enracinement... 79 EHERUISVe AMÉES)--7..5.0.. 16 Chène.pyramidal-=.-"".......0 269 Fig. 214, 275. Chêne aqualique .. 280 Fig. 262. Chène quercitron ....... Fig. 268, 270. — de Banister. Fig. 255. — rouge d'Amérique 266 276 277 | Fig. 256, 257, 258. Chène rouge des Fig. 271, 272. — blanc d'Amé- MATAIS Etc dre VC Er 268 LUE CAES ESS EE 2841 Chêne tauzin ARE UE 75 376 TABLE ALPHABÉTIQUE NRA EE RARE PAGES Chêne tauzin enracinement....... 71 Cryptomeria Japonica.…..... REPAS A —.. — peu brouté par les Cultures du sol boisé............. 346 ANIMAUX... 1: 2.18 Me Cupressinées tr: Te 247 Chêne tauzin, propagalion (celle Cupressus Lambertiana .......... 249 du chêne commun)............. 179 | Fig. 229. Cupressus Lawsoniana.… Chène tauzin,:sols.............. PATES) 9,7 218 _ — . usages.--.......... 71 2 erecta viridis. 247 — vert (V. Chène yeuse). Cupressus macrocarpa.......... . 249 — , JEUSE.-.--.- ere 18 281 — >. -Nulkaensis.. 7 ... 249 Chène yeuse, croissance ...-.-.- AT bn Fig. 217 à 225. Cyprès chauve... 234 = — propagation (celle Cyprès chauve. Ses excroissances 236 du Chêne commun)............. 179 P 4«ide Lambert Teese 249 Chêne yeuse, sols .............. ser. T8 Fig. 229. Cyprès de Lawson...... 247 — — USAGES -.-......... 78 — variétésfantaisie 947 Clairières, leurs inconvénients el Cyprès de Louisiane.............. - 23% leurs dangers 2 ""o---2c-e 359 —- de Noutka 214222 7) Clairières, peuvent être plantées Eve Ad UE ue. 306 en ÉPICÉA........-.seenoressne 170 — des Alpes”. -.---0e 306 Conditions de la terre à planter. 113 | Fig. 303. Cytise faux-ébénier..….…. 305 Conifères, leur élagage........... 361 |INCylisus-Adamm.- 0. 54214300 — d'ornement............. 192 ON AlpDInUS 2e OO be 20 306 — _ disposition Fig. 303. Cylisus Laburnum ..... 305 sur le terrain. ....... ensssseee . 195 | Défoncement du sol.............. 19% Conifères d'ornement, époque suc- Dégrèvement des impôts ......... 9 cessives de leur végétation... 196 = En cas de sinistre.. 11 Conifères d'ornement, jolis dès = Sur terres en friches 9 LOULAOEE ES Er ere En ae + 8191 — . Sur vieilles terres.. 10 Conifères d'ornement, plantation. 198 | Distances entre les plants (V. Es- — = planter les pacement)...-..... Cepccet ‘es mes belles espèces clair et remplir Drains (V. Assainissemen£)...... 19 avec les communes......... ..-. 19 | Eclaircie des futaies......... 318 359 Conifères d'ornement, sols qui — culture indispensable... 349 leur conviennent.......,........ 192 — surveillance....:..: 391 Conservalion des Plants......... 120 —, «des taillis-.- HO Fig. 276. Corylus avellana .... 28% 285 — 1 turgence.-...- "5H 349 Fig. 276. Coudrier-noiselier... 284 285 — leur périodicité ......... 390 Coupe .définilive.............:... 357 | Economie en clôtures ....... rie FO Coupes, les vérilables cultures — à lenir les frais en rap- HOMO SE PME ESA TEE 346 port avec la valeur du lerrain.. 3 Coupes, les commencer du nord Economie à tracer les allées outdetllést---e--recccereree ee 1302 d'AVANnCe, ere 17 Cralægus oxycantha.............. 212 Economie en travaux de reboise- Fig.-227. Cryptomeria......".... 243 mener LS SIC UE Or c 2 Crynptomeria Elegans............. 2% Elagage des conifères Les TABLE ALPHABÉTIQUE 377 | PAGES PAGES Elagage des feuillus....... ...... 365 | Espacement des plants, tableau _ Fig. 359 à 364 Elagage, exécu- des distances -----rpcee 143 . LIRDTEP RER ESRRNNEE ..... 266 269 | Espèces d'agrément, conifères... 192 ‘Elagage fait sans discernement, — — feuillues. .. 263 HIER HS RUTE 367 | Essais de graines.......... re 104 _ Elagage inutile pour arbres trop | Essences forestières,conifères ... 24 2 NIRISE CS ER ENRERE re -- ap? — — feuillues.... 69 Elagage, principes.......... Dee 360 — — propagation. 103 NS AISON Sion cu Ro m'est se ete 369 — — secondaires, Fig..364. Emondoir, pour enlever d'agrément et d'alignement, co- les branches gourmandes ...... 366 HN neo pee one Dechee ce on 202 É Entretien des bois ............... 346 | Essences forestières secondaires __ Epaisseur,le facteur principal dans feurueSs 2 eee eee HRREL Fe la production ligneuse.......... 354 | Fagus asplenifolia ....... Ste se . 283 MAPpicéasblanc:-. :............. SAS = MEUPrED eee HOMME re 283 _ Epicéa bleu ...... NÉRRPELLE SÉGISE 215 — purpurea ..... PE danse 283 je Fig. 44 à 54. Epicéa commun... 55 56 — sylvatica (V. Hètre com- Aie Mg _ Epicéa commun, aménagement... 172 node Tor 0 -. 197 982 fa — aptitude aux mélanges... 57 | Feuilles, effet physique de leur — comme arbre d'agrément.. 214 couverture sur le sol..... Reese 93 — couvert................... 57 | Feuilles,importance de maintenir Ra — croissance, enracinement. 57 cette couverture:..7........ SPRL Epicéa commun, époque de Ja Feuilles, riches en éléments miné- Pnnialion..2....:/::......., 170 TAUR 2 2 NT Pr on EE de 22 à Epicéa commun, plantation..... . 469 Feuilles mortes, absorbent l'azote MU... choix des plants 170 (A) LETTRE ROARE PET EA . 2 —_ — plantation,espa- Feuillus, espèces d'agrément et GENE MSNEENSRRRERRERREEREEES 171 leur plantation................. 200 Epicéa commun, semis........... 168 | Févier à graine solitaire......... 303 — — semis : quantité Fig. 297 à 299. Févier à trois épines. 301 de graines...... EP ES Eee .. 169 | Fig. 300. — duJapon.302 393 Epicéa commun, sols ............ 55 | Fossés longeant les chemins... 20 D demOrent-rsr 2e 2.5 216 | Fig.187. Fourche à trois dents... 129 de Menzies.............. 216 | Frais : de la plantation......... A4£ LATE TA TÉERSRSRRRREREES . 29% AUTRE PERS LESC 145 Fig 289. 290, Erable champètre.293 294 — ‘en main-d'œuvre.......... 144 Erable negundo (V. Negundo:.... 295 — parla méthode Manteuffel. 131 PBrahles (les): 2.0... 101 + :prixdes plants::2.-2.:...0 144 . Fig. 287,988. Erable plane. 101, 292 293 = RATUTSMNIS LE ae re . A1 145 Fig. 291 à294 — à sucre... 294 295 | Fraxinus excelsior (V. Frène | = sycomore..... 293 COMMUNES TS cet re tea sas 09 _ Espacement des plants .......... 4143 | Fig. 156 à 168. Frêne commun.. 99 100 #4 ; — à deux distances dif- Frène, croissance, enracinement. 99 0 férentes.......... see à VASE 143. — plantalion...... RASE 191 x: KP +7 378 PAGES Frène"s0lS crc eue ane 99 — IUSALES SEP NT ee ne + Fruitiers sauvages: : ............. 308 Fig. 29. Gemmage du Pin mari- LINE EN ES PRE nn nee 39 Genévriern deiGhine "cc 260 Fig. 934 à 243. Genévrier com- MUNIE -recer-ereerteree 256 9257 Genévrier d'Irlande." 258 _— à feuilles raides....... 258 Fig. 244. Genévriers sabines..... 257 Fig. 244. Genévrier de Virginie. 258 Genévrier de Virginie, ses varié- tés. Schottii triparlila......... 259 Fig. 246 à 251. Ginkgo du Japon. 261 Glands,conditionsnécessaires.... 179 — leur conservation........ 179 Fig. 300. Gleditschia japonica. 302 303 — monosperma. 303 Fig. 297 à 299. Gleditschia tria- CANTHOB ES EC re ET Ce eee ee 301 Graines, comment couvrir en se- MAT USE meer cer e- Letter 110 Graines, défendre des oiseaux et deSTONSEUES Tec -e-retr ee il Graines, leur provenance impor- HD Sd uodeacboast annee tou .. 109 Graines essais steel 107 — soins nécessaires..... 2-08 Gurnaud(A.),son système d'exploi- Ca TON sente be ARE: 398 Gurnaud, son Traité de sylvicul- EUVeIDrAlTIQUe EEE Eee erc ce 358 Fig. 209, 210. Hemlock spruce.... 218 Fig. 88 à 94 Hètre commun... 79 80 Hêtre, aménagement ............. 185 — associé au chêne......... 8L — comme arbre d'agrément, 282 —HANICLIOISSANCE) Free co cee 81 RE LAS PL GE Li 2x3 IPOUPPTE PER Eee 283 — propagation, plantation, SEMIS RS reel Do . 184 TABLE ALPHABÉTIQUE SPSUSATES 2 50 08e ere Det CS Hippocastanées .................. Fig. 186. Houe à lever des gazons. Inclinaison donnée quelquefois aux jeunes plants........... 137 Insectes, les froids les tuent rare- MONET ooone SSD TD 950 Insectes, leurs ravages, les préve- nir par culture soigneuse....... Joubaire (A.), Insectes nuisibles... Jugslandées te. Cecroshatc Ce JUJIANS CINETEL.. ee ce Fig. 277 à 279. Juglans nigra. 286 ë — Tegtias--ee Fig. 234 à 243. Juniperus commu- NAS EE SO ee PIE 256 Juniperus hibernica.............. = AENITAQ ee ectee Fig. 244. Juniperus sabina........ Fig. 244. — siriensis ...... Fig. 245. — virginiana.... Juperus, ses variétés. Schottiü {riDartila Ne. rereecete Fig. 344 à 347. Kæœlreuteria pani- CUIALUES Tee bee ee Larix europea (V. Mélèze)..... 65 Légumineuses "+": Fig.223. Libocedrus decurrens.252 Liquidembar copal............... — styraciflua .......... Fig. 348 à 350. Liriodendron tuli- DIET EEE cree ses Lorenz el Parade, Cours de cul- ture des bois RÉ EREE Lorgeril(Vicomte Ch. de) décrit la méthode de Cheverny........... Magnolia grandiflora............. Magnolier à grandes fleurs....... Maladies des Arbres et des Plantes, ouvrage de Vesque et d'Arbois de Jubaïinville......... Manteuffel, son système de plan- HNO ESS doom Agoocononmocc TABLE ALPHABÉTIQUE PAGES Fig. 186, 187. Pratique de ce sys- en ---.. 126 129 —utilitéen France......... ..... 130 Marécages assainis, essences qui conviennent .......... RE 8 Marronnier d'Inde.......... LE 329 — MOUME sc nas 329 Martinet, l'Elagage............... 370 : Mélange du Chätaignier avec le ETLERTIAEE FES Soaier 2 Mélange du Pin sylvestre avec le PARA FIME 22. ccmccue 147 HP MEleZe-= 0... 65 66 Mélèze, aménagement............ 176 — aptitude aux mélanges.67 176 SE TICIGISSANCE eee. 65 — commeespèce d'agrément 229 — propagation.............. 175 — solset expositions....... 66 =£ LEE I OPA EEE 67 Mis..314, 315. Merisier............ 309 — à grappes.. 310 Merisier, plantation ............ OI Méthode Cheverny de boisement. 112 = -duContrôle.-...:....... 398 nr oManteufrel.:..:4.::.... 126 RÉ TOUVÉ eee euere se 134 — de transplantation de la MT GENE TRES 340 Méthodes ordinaires de plantation 123 Moscou, couvert de jeunes peu- pliers par suile de son incendie. 326 Motte à garder autour des racines des arbres à transplanter...... 339 Fig. 357. Mousse employée pour envelopper le tronc d'un arbre.. 343 Fig. 295. Negundo à feuille de (ONE ARE ERA EEE 295 296 Negundo panaché ................ 296 AMIDIACE See eee e 297 F18276. Noisebler............ 284 985 — ses variélés 284 985 Nombre de plants à l'heclare, ta- PP comcccentouure 141 PAGES Noyer cendré..............,...... 87 —.. COMMUN,..... ss... 285 Fig. 277,279. Noyer noir...... 286 287 Orientation des arbres à planter. 199 Fig. 111 à 117. Orme champêtre... 88 Orme champétre, comme espèce d'agrément ..................... 997 Orme champètre, propagation... 187 I SOIS RE error etes 89 —. USAYES......s....ess.e 89 — d'Amérique................ 299 — de montagne où à grande fautes crrecone 89 298 Orme de Sibérie (Planère) ....... 299 Fig. 189. Outil : Bèche forestière demi-ronde...................ee 124 Outils : Bêche-levier Prouvé...... 136 — Bèche-plantoir Prouvé... 138 2 FOURRÉAUXE nee 139 Fig. 361 à 364. Outils: Serpe d'éla- SUeUr.---.-. eee = 1b0 Fig. 280, 281. Pacanier amer...... 288 Fig. 282 à 284. — blanc." 289 Paulownia imperialis ............ 333 Pavia:flaba- eee me ae epoee 330 PAIE SE nr nm ie liete ee co 330 Pépinière, mise en place de petits plants... 118 Pépinière, leur repiquage........ 119 —— de chêéneouchätaignier. 176 183 Fig. 338 à 340. Peuplier blanc de Hem der ere E Eee 324 325 Fig. 341. Peuplier du Canada. 327 328 Peuplier du Canada régénéré.... 328 — dela Caroline........... 328 — grisaille ou grisard..... 325 — DONS -rameR ee eee 326 — pyramidal, d'Ilalie...... 327 Fig. 337. Peuplier-tremble.... 323 324 Peupliers, insectes qui les atta- QUENTER EPL éresoaosre 327 Physiologie de l'arbre, considéra- Lans ads 360 ® : À 380 TABLE ALPHABÉTIQUE PAGES PAGES Fig. 35. Pin d'Alep.....---....... 49 Pmjdaricio de *Fauride 2-2 206 — enracinement...... 50 | Fig. 205, 205. Pin de lord Wey- — propagalion........ 166 MOUNREZ ET -e0e seras 53 911 — terrains, rusticilé.. 50 Pin de lord Weymouth comme ar = ISACeS EEE CE eee DD bresdiasrément +000 208c A0 Fig. 201 à 204. Pin d'Autriche... 203 | Pin de lord Weymouth, plantation 168 Pin d'Autriche, croissance...... 45 — — sol et site. — comme espèce — — usages... 54 d'agrément "certe 203 | Fig. 21 à 28. Pin maritime....... 37 Pin d'Autriche. plantalion........ 166 | Pin maritime, aptitude aux mé- — = TUSHICIEE EE 45 46 JAN DOS RTE en RER ESS = — semence, quantité : Pin maritime, croissance.......... 38 à semer... 2... h ete 100 = enracinement....... -1992 Pin d'Autriche, semis........... 465’ — plantation en motte. 161 — _— sols et exposilions 48 — Sémis 2er 159 — — SALES Elie 48 — semis, manière d'o- — — utilité aux bords de PÉTER ER Re eee Bec NE) Étirennneedaeanédon oder acer 47 | Pin maritime, semis, quantité de Pinia pois IouEdi ec rer ere 209 STAÏNES ......... MOOD ce Lo — de Bentham et de Jeffrey... 209 Pin maritime sans labour........ 160 Fig. 42, 43, 205, 206. Pin blanc, de — sols {122000 38 lord Weymouth.............. Homo Fig. 29, Pin maritime, usages, Pintde Couller etre rcerce 207 DEMMALE ee Ce + 1200 — d'Ecosse vral.-.-...-..... 34 Pin noir (V. Pin d'Autriche).. 45 9203 Fig. 207. Pin élevé de l'Himalaya — remarquable................ ET Ou de NÉPal eue le 212 213 — de Riga... SATA CETTE EME Pinvde Jérusalem (V: Pin d'Alep). 492 de Sabine. 2 CS 206 Pin delbambert "7262-70 212 Fig.4"à 90: Pin sylvestre +52 26 Fig. 30 à 40. Pinlaricio (ou de Corse) 41 Pin sylvestre, altitude où il croît. 27 Pin laricio, croissance ........... 42 — croissance et enra- — enracinement......... 42 Cinement er 2-0 LC ERER 30 _— comme espèce d'agré- Pin sylvestre, distribution nalu- MERDE Lecce eee 204 pelle ee ed bone Lee C0 Pin laricio, plantalion, soins né- Pin sylvestre en massiis d'agré- cessaires, éviter les bruyères... 163 MONTE PC ECCEEE Fee ee 20522 Pin laricio,espacement............ 16# Pin sylvestre : nettoie le sol..... 20% — résistance au lapin... 43 = nomenclature .... 27 _ SeMIS EE eee ee 162 plantation, en bois — SDIS se eos US ÉDUISES PNR EE sc ee ADI _ USA ESSENCE 43 | Pin sylvestre, en bruyères....... 155 — de Calabre... 4% 905 — en chaumes ....... 152 — de Caramanie......... 206 — choix des plants 152 153 — de Montpellier ou des — méthodes de planter 153 RON parasode codec oct 205 Pinsylvestre, saisons..... =: M'ATPAGE 5 n sylvestre en terre gazonnée.. 4 D semis... — en bois épuisés et NES TR LEE vs... Pin sylvestre en potèts .......... : — prix des graines. — quantité à semer.. — sans culture..... . — sols et expositions, — HÉAMONe Ce soc — WAHIÉLÉS CE cn — d'Auvergne........ — d'Ecosse vraie... — de Haguenau ...... ES — _ delRiga....-.....31 > P Pins à deux feuilles.............. _ — àtrois feuilles............:. RE cinqiieuilles:;.....0.. PnSe ig. 908. Pinus excelsa....... 212 US halepensis (V. Pin d'Alep). SAIS IQRIS ei e ee see ae Lamberhana..... laricio (V. Pin laricio).. 41 (MaCrOCarpa ........ RSR _ marilima ou pinaster (V. Pin maritime). 260 A0 PDC | Pinus ponderosa... ‘à a — Benthamiana et Jeffreyi.. _ — rigida (V. Pitch-pin). D SAbiniana............ RAS | Fig. 205, 206. Pinus strobus.... 53 1 Pinus strobus, sa propagation — sylvestris(V.Pin ENaaire) Rep TRE dE 25 000 4% 01 1 — plantation.............. m.Planera aquatica.............,... 4 $ mu crénata .. _ Plantation ou semis....... FETIO Plantation à l'automne ......,..., -® nn . Le. PAGES 155 146 197 149 150 149 148 150 TABLE ALPHABÉTIQUE Plantation del'Acacia..... ....... — de l'ANSIeL Rec. — del Anne". — sur billons...... EST — du Bouleau............ — du Charme .. — du Châtaignier ..... — du Chêne..-... SIA — de l’Epicéa......:..... == espacement........... — du Frêne..." — du Hêtre =... Sato — du Mélèze;........... — dé l'OPME Sp eee — du Pin d'Autriche..... — du Pin laricio........ 35 — du Pin maritime en IMOIE--e. serment rence Plantation du Pin Weymouth..., — du Pitch-pin........ He — du Robinier-faux-acacia e du Sapin argenté...... — des Sorbiers....:,..... — du Sycomore .......... Fig. 185. Plantation à la bèche demi-ronde ..... Sragbas ee KES Plantation à la fente Sanle tee — aux outils Prouvé...... — système Manteuffel.... — oblique... : — au printemps.......... — au. trou, pour gros DIANÉS EEE. Der crPte-nanecee — d'agrément......... 362 — d'espèces conifères.…., — d'espèces feuillues..... Plantation en touffes..... Prenience — par de légères gelées... — d'ornement et d’aligne- ment... ss mms msn Plantations. Remplir les massifs, entre les belles espèces, d'’ar- bres plus communs....... HOSE Fig. 181 à 184. Plants, choix.. 115 199 116 ER UT AURA NE PT NET RER RE 382 TABLE ALPHABÉTIQUE PAGES PAGES Plants, conservation............. 120 | Fig. 268 à 270.Quercus Banisteri.276 277 | É — destinés aux plantations Fig. 954. —MLCerris ee 265 208 nr IDAGEÉMENTE en ADO 118 | Fig. 260,261. — coccinea... 972 Plants d'espèces délicates....... 418 Fig. 259, -— falcata... 270 97H — extraction à la bèche-levier 136 Quercus ilex (V. Chêne yeuse). 78 981 — les plus jeunes préférables. 114 Fig. 267. Quercus imbricaria. 275 976 — inclinaison à leur donner... 435 Fig. 256,257,258. Quercus palustris 9268 — nombres à l'hectare...... Tel Quercus pedunculata (V. Chêne — qualités nécessaires....... * A7 commun, variété pédonculée). 68 963% Fig. 286. Platane d'Occident. 290 291 | Fig. 9263 à 266. Quercus phellos. 274 975. Fig. 285. — d'Orient.... 289 290 Fig. 273. — prinos. 219 980 Fig.9286, Platanusoccidentalis. 290 9291 Quercus robur (V.Chène commun, Fig. 285. — orientalis.. 289 290 variété sessiliflore).. .......... 71 POLE SAUVATE- ee roule 308 Quercus suber (chène-liège)...... 79. POMMIErSAUVASE. ET Cee 208 Fig. 262. Quercus tinctoria... 273 974 Fig. 338 à 340. Populus alba... 32% -325 Quercus toza (V. Chêne tauzin).. 7% — angulata.. 328 | Ratzeburg.ouvragesurlesinsectes Fig. 341. — canadensis 327 forestiers ere ie 220091 Populus canadensis nova........ 3% | Reboisement, ce qu'il coûte... 1 — CARESCENS NE Pre iler ee 1925 S Lt RENNES > mn Lab CE 327 | Relinospora..... serrure 19515 MR Rd ARE Pat == léricoïdéss.. 0e 251 Fig. 337. Populus tremula........ 324 EAU COI AE CS Lo Porte-craines:-".-""""""#."00" 30 358 LS ft fete ER “… os] E HSE ee US; — pisifera........ Sr 251 Maps SHDien pOrAn ETS Re 3% | pis. 930. Retinospora oblusa.. 250 951 Préparation du reboisement...... 15 < : — plumosa.... 951 — du terrain pour planter ? des cornifères d'agrément... 193 194 à : A SPPRUES dé Fig. 356. Presse de tonnelier, em- pou AÉRSSUIN EE nn ace 27 ployée pour serrer des planches Robinia hispida..…. RÉECE 300 autour des mottes.......: ,..... 343 pheudoatases Eohue Propagation des essences fores- faux-acacia).......... SR aan tn tières (V. Plantations et Semis). Robinia UiSCOsa-- "7,70 102 146 | Fig. 154,155. Robinier-faux-acacia 97 Propagation du Pin de lord Wey- Robinier, aménagement ......... 1100 mouth(Pinus strobus).......... 167 — commearbre d'agrément 290 Propagation du Pitch-pin. ....... 167 — croissance.............. 97 Prunelliér : 12-52-10 D EN ENNES 308 — exigences............... ! 9% Prunrier de Pissard -".:-."4.2- 311 = plantation, semis... 188 189 PRuUnuSPPISS AT EE CE CRE 311 — USAGES.........sss...s 98. Pseudo-isuga Douglasii........ 57 919 — hispide, rose............ 300 Fig 271, 972. Quercus alba....... 1978 — visqueux, rose.......... 300 Fig. 274, 275. — aqualica... 980 | Rosacées....... Reese crc AUDI 246 à 252. Salisburya adianli- folia… is. 336. Salix alba. oran El 5 AARES — des: Ie ET Fig. 323 à 335. Salix caprea... 319 à aperdes des peupliers........... _ Fig. 56 à 66, 67 à 74. Sapin argenté 3 ou de Normandie ou des Vosges. è 61 Sapin argenté, Aménagement. — aptitude aux mé- — comme arbre d'a- grément/...... couvert, le sup- porte longtemps................ 1 in, croissance. RENTE te 2 plantation... ........ RE | usages....... TRES ROM ÉESENESEEEE À am. 210. Sapin Se Canada... deGiicie. ss... CSS de Douglas......... ... 57 — plantation.......... ... — USAGES... ss... élancé (A. Lasiocarpa)..... épicéa (V. Epicéa commun). ; 59 g. 212. Sapin d'Espagne ....... Sapin gigantesque, (A. grandis).. Re napniique:.-........... ‘4 ; de-Mertens............. ee Re 213. Sapin noble... ......... Fig. 211. Sapin de Nordmann.. Fig. ZI pInSAPpo:.......... MP AMNOIIES)..:2...2.:....1...:... ig. 336. Saule blanc......... 320 Fig 323 à 335. Saule Marceau 319 383 PAGES Saule osier jaune...... RER TI LE 321 pleureur. es. ENTREE LS 90 SAHESIOSICES EC Ne done soirs 320 A AEGEAUTEE 2 OL E .. 320 Semis, donnent des récultats plus irréguliers que les planta- tions, éclaircir plus Lôt....,.... 349 Semis, avantages.......... FLOBESe 104 — comparé aux plantalions... 4103 — condilions nécessaires. 106 — des espèces : de l'acacia (Robinier)...... SE RP SU 188 Semis du Châtaignier............ 183 — .du‘Chêne... 7. TNT 179 —-" dél'Epicéa:. er LE 168 . —.: du Hêtre... SSSR 184 — du Pin d'Alep... ..... .. 466 — - du Pin d'Autriche........ 165 — . du Pin laricio ............ 162 — du Pin maritime......... 1.459 — . du Pin sylvestre.. ....:.. 146 — . du Sapin argenté..... ... 472 — fins, leur délicatesse ... . 110 — (méthode de Cheverny)... 112 AE DÉPINIELE = eee 105 Fig. 226. Sequoïa gigantea....... 238 — sempervirens ou taxifolia ou toujours vert.... 240 Sols divers, essences qui leur conviennent, .......:: HSE 7 Sols convenant aux conifères d'agrément ....... RENE 192 Sol, son défoncement........... "19% Sols, conditions variables........ 3 Sols propres aux essences d'agré- ment feuillues .......... 2199221900 Fig. 301, 302. Sophora japonica .. 30% Sorbier, propagation.............. 191 1 Ad0mestiqne:.- rem. SU Fig. 318, 319. Sorbier des oiseleurs 311 312 Sorbus aucuparia........... +. 11012 = domeslica rer 311 — torminalis............ 191 311 mn: 384 TABLE ALPHABÉTIQUE 4 PAGES PAGES Surveillance des éclaircies....... 351 | Tilleul d'Europe à grandes feuilles 306 — des plantations. 123 125 = — à feuilles va- Fig. 169 à 180. Sycomore........ 109 TAPIS EE -errc-oe Peer 308 Sycomore,commearbre d'agrément 291 Touffes (plantation en) ........... 141 — plantation....... 191 Tranchées, les ouvrir pour planter Taille des arbres d'alignement... 344 des arbres. en ligne....... here 344 — desbranches et des racines Fig. 337. Tremble .::-.... JDN ATE entplantant.-:.-"2--"