TS | J di dt w® he « k Li UP hé Der LENS PRINCIPAUX TRAVAUX DU MÊME AUTEUR DESTRUCTION PROGRESSIVE DU NERF MÉDIAN PAR UNE TUMEUR ET SUPPLÉANCE DE CE DERNIER PAR LE NERF CUBITAL. In Gazette inédicale et tirage à part, in-80, 16 p., avec 1 pl. lithographique. Bordeaux, 1875. DE L'ACTION TOPIQUE DE L'HYDRATE DE CHLORAY SUR LA MUQUEUSE DE L'ESTOMAC. In-8° de 60 pages, avec 1 planche chromo-lithographique. Bordeaux, 1875. DE LA SOLIDARITÉ DES GROUPES MUSCULAIRES HOMOLOGUES. In-8° de 2%8 pages. Bor- deaux, 1876. à DE LA SYMÉTRIE DANS LES AFFECTIONS DE LA PEAU. Étude physiologique et clinique sur la solidarité des régions homologues et des organes pairs. In-4° de 500 pages. Paris, A. Delahaye, 1877. Couronné (prix Godard) par l'Académie de Médecine de Paris. DE L'ACTION DU CHLORAL DANS LE TRAITEMENT DE L'ÉCLAMPSIE PUERPÉRALE. In-40 de 200 pages. In Mémoires de l'Académie de Médecine de Paris, 1877, et tirage à part. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE M'BOUNDOU DU GABON. In-8° de 60 pages. Paris, G. Masson, 1878. DE QUELQUES PRODUITS DE LA DÉSASSIMILATION DANS LEURS RAPPORTS AVEC L'É- CLAMPSIE PUERPÉRALE, In-8° de 80 pages, avec 2 planches lithographiques. Couronné {médaille d’or) par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, 1880. VAISSEAUX ET NERFS DES TISSUS CONJONCTIFS, FIBREUX, SÉREUX ET OSSEUX. Thèse d’agrégation (section d’Anatomie et de Physiologie) présentée à la Faculté de médecine de Paris. 1880. In-8° de 250 pages, avec 4 planches en lithographie. LE MUSCLE OMO-NHYOIDIEN ET SES ANOMALIES. In-8°, 2% pages. Paris, Masson, 1882. 2? Ï > ? RECHERCHES ANATOMIQUES SUR QUELQUES MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE JA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. In Revue d'anthropologie de Broca, 1883, et tirage à part, in-8°, 16 pages. LE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE CHEZ L'HOMME ET CHEZ LES SINGES. În Bull. de lu Société zoologique de France, t. VII, 1883, et tirage à part, in-8°, 2% pages, avec une planche en chromolithographie. RECHERCHES ANATOMIQUES SUR L'ANASTOMOSE DU NERF MUSCULO-CUTANÉ AVEC LE NERF MÉDIAN. In Journal d'anatomie de Robin, 1883, et tirage à part. LES ANOMALIES MUSCULATRES CHEZ L'HOMME EXPLIQUÉES PAR L'ANATOMIE COMPARÉE LEUR IMPORTANCE EN ANTHROPOLOGIE PAR Le Docreur L° TESTUT PROFESSEUR AGRÉGÉ ET CHEF DES TRAVAUX ANATOMIQUES DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX LAURÉAT DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE DE PARIS PRÉCÉDÉ D'UNE PRÉFACE par M. le professeur Mathias DUVAL PARIS 10 G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE Boulevard Saint-Germain et rue de l’'Éperon EN FACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE. 1884 € a » Ce te nd” RUES | L. Lie De: , 83 À LA MÉMOIRE DE PAUL BROGA FONDATEUR DE LA SOCIÉTÉ ET DE L'ÉCOLE D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS A M. BOUCHARD PROFESSEUR D'ANATOMIE À LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX PRÉFACE Les études de morphologie se sont trouvées de tout temps en présence de formes anormales, plus ou moins éloignées de ce qu'on pouvait appeler la disposition typi- que, et, de tout temps aussi, la curiosité des naturalistes a été vivement excitée par ces formes aberrantes. Mais c'est seulement depuis une époque relativement récente qu'on à trouvé le fil conducteur dans l'interprétation de ces variations. La doctrine transformiste, si merveilleusement inau- gurée par Lamark, si complètement établie par Darwin, a montré que les variations individuelles se classent en deux ordres de faits absolument distincts comme signifi- cation et comme origine, mais ayant de commun les lois de l'hérédité auxquelles elles obéissent, et la transforma- tion de l'espèce, dont elles sont les manifestations. En effet, de ces deux ordres de variations, les unes sont une sorte de pas fait vers l'avenir, c’est-à-dire vers des trans- formations futures; les autres sont un retour vers le passé, c'est-à-dire vers les transformations déjà subies; les premieres sont des anomalies progressives, les secon- des des anomalies régressives. Pour les premières, on sait avec quelle rigueur de démonstration Darwin a fait ressortir le rôle des moin- VIII PRÉFACE. dres variations individuelles qui, transmises par hérédité, développées et fixées par la sélection naturelle aussi bien que par la sélection artificielle, se développent de manière à devenir des caractères de variétés, de races, enfin d'espèces. Sous l'influence modificatrice du milieu exté- rieur, surtout lorsque cette influence s'exerce pendant les phases embryonnaires, ou bien par l'effet de l'usage ou du défaut d'usage des parties, tel individu présente un caractère qui le différencie, parfois à un degré presque imperceptible, d'avec ses procréateurs et d'avec ses frères. Si ce caractere différentiel constitue pour lui un avantage dans la lutte pour l'existence, il procurera ce même avantage à ceux de ses descendants auxquels il aura été transmis, et, se fixant et s’accentuant chez ceux-c1 en vertu des lois de l'hérédité et de la sélection, il deviendra, de simple variation à l’origine, caractère distinctif d’une race puis d’une espèce nouvelle. Ainsi, ce qui était primi- tivement anomalie, variation individuelle, est devenu la forme dominante, la règle, la caractéristique. Mais n'oublions pas que cette caractéristique a été len- tement acquise; or, les phases successives de cette acqui- sition phylogénique, la nature les reproduit pendant le développement ontogénique de chacun des individus qui seront pourvus du caractère en question: c'est qu'en effet, par la génération, le produit n'hérite pas purement et simplement de telle particularité transmise par ses parents, mais l'étude des faits d'hérédité montre que ce que les parents transmettent au produit c’est la faculté de passer graduellement, et d’une manière plus ou moins abrégée, par les phases successives qui ont abouti, chez les ancêtres, à l'acquisition de la particularité en ques- tion. Dans ces conditions, il est facile de concevoir qu'un PRÉFACE. IX organisme subisse, pour une cause quelconque, un arrêt dans son évolution ontogénique; au milieu des individus de son espèce, 1l se distinguera en ce qu'il n'aura parcouru qu'une partie du chemin qui devait l’amener à sa forme spécifique; si cet arrêt porte sur l’ensemble de lorga- nisme, s’il compromet les fonctions de l'être ou seulement d’une de ses parties, il constituera une monstruosité ou une malformation par arrêt de développement: s'il ne porte que sur un détail secondaire, 1l constituera une anomalie également par arrêt; et, comme cet arrêt reproduit une forme ancestrale, une des phases de l’évolution ontogé- nique et phylogénique, on l’appellera anomalie réversive ou atavique. Nous voyons donc bien que les variations individuelles ou anomalies peuvent être dites les unes progressives, les autres regressives. Selon les systèmes organiques dont on fait l'étude, il s’en faut de beaucoup qu'il soit possible de faire une part égale à chacun de ces ordres d'anomalies, c’est-à-dire de trouver l'explication des faits anormaux en invoquant soit la tendance vers la variation, soit la tendance vers le retour. Pour le système musculaire par exemple, quelque fixes que paraissent les descriptions classiques, elles ne sont qu'une sorte de schéma représentant [a disposition moyenne autour de laquelle oscillent les variations indi- viduelles. Pour lFhomme, dont l'étude a été faite sur des séries innombrables de sujets, depuis que les besoins des sciences médicales sont parvenus à vaincre les préjugés anciens, grâce aux générations d'anatomistes qui se sont succédé depuis André Vésale, on à pu établir cette myologie classique qui est la base de l’enseignement. Mais qu'on s'adresse à des sujets moins explorés : sur le XII PRÉFACE. fusionne en partie, chez les singes anthropoïdes, avec le tibial antérieur; chez l'homme enfin il est normalement tout à fait absorbé pour ainsi dire par ce dernier muscle. Or, les anomalies diverses du jambier antérieur chez l'homme consistent soit dans la présence d’un simple sillon sur son tendon, soit dans le dédoublement de ce tendon seulement, soit enfin dans un dédoublement qui remonte jusque dans l'épaisseur du corps charnu el aboutit à la différenciation d'un véritable long abducteur du gros orteil. Telle est la règle générale qui suffit à l'interprétation de toutes les anomalies dites muscles surnuméraires, les- quelles représentent des formations qui, constantes dans les diverses espèces animales, ont totalement disparu chez l'homme sous l'influence de l'adaptation; l'atavisme, en les faisant renaître, les reproduit avec les formes les plus variables, correspondant toujours aux degrés suc- cessifs de leur disparition graduelle dans la série. | Au point de vue de l'anatomie philosophique et de la théorie des homologies, ces interprétations nous réser- vent des surprises plus agréables encore. Si nous consi- dérons, en effet, le membre supérieur et le membre inférieur comme des parties homologues, cette idée ne saurait se borner à une conception purement idéale et elle implique cette hypothèse que primitivement cuisse et bras, jambe et avant-bras, main et pied, devaient être composés de parties absolument semblables, qui se sont ultérieurement différenciées en s’adaptant à des usages différents : l'embryologie, notamment pour ce qui est des formes extérieures, confirme cette hypothèse, en nous montrant qu'au début le membre supérieur et le membre inférieur apparaissent sous forme de palettes identiques ; PRÉFACE. XII l’anatomie comparée apporte de nouvelles preuves. Mais ne serait-il pas précieux de voir des anomalies muscu- laires venir établir de nouveaux points de similitude entre les deux membres. Or les faits de ce genre sont presque innombrables. Le muscle pédieux ou court exten- seur des orteils n’a pas normalement d'homologue sur le dos de la main; mais une anomalie curieuse consiste dans la présence sur le dos du métacarpe d’un muscle identique au pédieux. Le muscle tibial postérieur, cons- tant pour le membre inférieur, se trouve avoir, par anomalie, un homologue direct lorsque existe au membre supérieur le muscle surnuméraire dit radio-carpien. Inver- sement le long abducteur du pouce, nous l'avons déjà dit, a son homologue au pied, lorsqu'a lieu lanomalie par dédoublement du tibial antérieur, etc. Ces exemples donnent une idée suffisante de l’impor- tance des anomalies qui rentrent dans la classe des variations régressives. Revenons aux anomalies progressives. Il est, nous l'avons dit, à peu près impossible, à l'heure actuelle, d’ar- river à reconnaitre d’une manière sûre des anomalies mus- culaires qui, chez l’homme, puissent recevoir cette inter- prétation. Cependant, noublions pas que par variation progressive on ne saurait toujours entendre des modifica- tions qui perfectionnent un organe, car, si en raison des conditions d'existence, certaines parties sont devenues moins utiles et s’atrophient en vertu du défaut d'usage, leur atrophie et leur disparition sont en réalité une varia- tion progressive. Alors, sans doute, nous comprendrons mieux la signification de certaines anomalies musculai- res. En eflet, on peut remarquer que les muscles les plus fréquemment atteints d’anomalie sont ceux qui, selon XIV PRÉFACE. l'expression de Humphry, « peuvent disparaitre sans inconvénient», soit qu'ils puissent être facilement sup- pléés, soit qu'ils n'aient à remplir dans l'organisme qu'un rôle tout à fait secondaire. C’est donc le cas de signaler la disparition si fréquente du petit palmaire, du pyra- midal de l'abdomen, du petit psoas et autres formations dont l’état rudimentaire présente, en anthropologie zoolo- gique, la valeur d'organes rudimentaires. Du reste, en allant au fond même des choses, anomalies progressives et anomalies régressives ont la même valeur : les premières sont une tendance vers un progrès à accomplir, une adaptation à effectuer, et nous ne pouvons les apprécier que lorsque cette adaptation est réalisée; or c'est ce que nous montrent les ano- malies régressives, car elles sont comme des ressou- venirs de l'évolution, des jalons provisoires, qui, destinés normalement à disparaître, ont cependant été conservés chez quelques individus et marquent les étapes parcou- rues par la généralité de l'espèce. À ce point de vue, la question des anomalies musculaires, envisagée dans l'ensemble des mammifères, est loin d’être épuisée. Il reste encore à chercher chez les animaux les anomalies de musculature qni peuvent tendre à reproduire des dispositions appartenant à des animaux supérieurs, à rechercher, par exemple, dans le système musculaire des singes anthropoides, des dispositions anormales chez eux, mais méritant le nom de dispositions humaines, parce qu'elles sont devenues la forme normale chez l'homme. En anthropologie zoologique, les anomalies museu- laires deviennent donc une étude de première impor- tance; on en trouvera la démonstration dans les pages | : PRÉFACE. XV où M. Testut fait voir que toutes les dispositions consi- dérées comme caractéristiques des espèces simiennes se reproduisent chez l'homme à l'état d'anomalies. De plus cette anatomie anormale vient confirmer ce qu'a- vaient déja montré l'anatomie normale et lembryologie, à savoir qu'il y a moins de différence entre l'homme et les singes anthropoides, qu'entre ces derniers et les singes inférieurs, et que la classification doit fondre ensemble dans un même ordre, dit des Primates, l'homme et les singes. Ces conclusions sont celles déjà établies et par le trans- formisme avec Darwim, et par les études anthropologi- - ques avec Broca. Mais chacun des grands édifices élevés par ces illustres maïtres sont choses complexes, dont beaucoup de parties avaient à être reprises jusque dans leurs fondations, à être achevées dans leurs détails, com- plétées dans leurs raccordements. Si ce travail de reprise en sous-œuvre est ingrat d'apparence, il n’en est que plus méritoire, car 1l répond à une réelle nécessité: les adver- saires des nouvelles doctrines avaient encore le droit de mettre en doute la solidité de l'édifice : c’est avec des travaux de patience et de persévérance, semblables à celui que vient de terminer M. Testut, que les élèves de Broca rendront inébranlable l'œuvre du maître. Marnas DUVAL. Paris, Mars 1884, INTRODUCTION Il suffit d'avoir étudié sur quelques sujets les différentes par- ties du système musculaire, pour savoir combien sont illusoires sur ce point les descriptions classiques, assignant à un organe essentiellement mobile dans sa forme, son volume, ses points d'attache, des dispositions constantes et pour ainsi dire des limites infranchissables. Aucun organe, en effet, n’est plus variable que le muscle: il n’est peut-être pas un cadavre dont les muscles ne présentent plusieurs variations plus où moins profondes, et on rencontre, sur un grand nombre, des muscles nouveaux qui ne sont même pas mentionnés dans les traités classiques. Ces deux groupes d'anomalies fmuscles surnuméraires et varialions morphologiques de muscles existant normalement) ont depuis bien longtemps déjà fixé l’attention de quelques anato- mistes. Citer les travaux de Gruber, de Turner, de Wood, de Macalister, de Huxley, de Calori, c’est rappeler en même temps une longue série de notes ou mémoires, présentant à cet égard un. intérêt considérable et rendant les noms de ces infatigables chercheurs désormais inséparables de l'histoire des anomalies musculaires. LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. r© Si, en France, une pareille question semble avoir été délais- sée, il faut peut-être en chercher les raisons dans la part vrai- ment trop restreinte, faite chez nous, dans l’enseignement supérieur, et tout particulièrement dans nos Facultés de méde- cine, aux 6t des d'analomie comparée. Dans un rapport sur les travaux de la Sociélé Analomique pendant l'année 1834, Chassaignac rappelait, en passant, un muscle présternal observé par lui-même l'année précédente, et 1l ajoutait : «Quelques faisceaux musculaires en plus ou en moins sont des anomalies de peu d'importance.» Un pareil dédain, tombé de si haut à l'adresse des anomalies musculaires, n’était pas de nature à encourager les esprits qu'aurait intéressés une pareille étude. L'illustre chirurgien ne voyait assurément dans les exercices de dissection que le préliminaire obligé des études de médecine opératoire. Et pourtant, en dehors de la médecine et de la chirurgie, en dehors même des sciences biologiques, l'étude de la constitu- tion anatomique de l'homme a un but à atteindre : n'est-ce pas elle qui doit établir les analogies qui rapprochent l'homme des espèces voisines, les dissemblances qui l'en séparent ? N'est-ce pas elle qui doit nous apprendre, pour me servir d’une expres- sion de De Blainville, ce que l'homme est et ce qu'il n’est pas, et finalement lui assigner, dans la série des êtres vivants, la place qu'il mérite ? Or, il est inutile de démontrer qu'un pareil problème ne saurait être résolu ou même poursuivi, qu'à l’aide de l'anatomie comparée. « L’anatomie comparée, dit avec raison le professeur Bischoff (1), nous donne une clé qui nous fait mieux comprendre certaines dispositions du corps humain, en nous montrant ces mêmes dispositions chez les animaux, soit sous un aspect plus simple, soit à un état plus avancé de développement. » Cela est vrai pour tous les systèmes organiques; cela est vrai surtout pour ce qui a {rait aux variations du système musculaire. (1) Biscnorr, Ucber die kurzen Muskeln des Daumens und der grossen Zehe (Sitzung. der math.-phys. Ak. in München, 5 märz 1870). INTRODUCTION. 3 L'anatomiste qui dissèquera un sujet humain sans connaître préalablement la constitution des autres mammifères, isolera, sans y prèler attention, un faisceau musculaire anormal ou surnuméraire; et, s'il sy arrête un instant, il le laissera de côté bien vite ou même le fera disparaitre, pour faire concorder sa préparation avec les descriptions classiques ; 1l répètera, après Chassaignac: « Quelques faisceaux musculaires en plus ou en moins sont des anomalies de peu d'importance.» Bien autrement se comportera, en pareille occasion, le zoologiste tout aussi bien familiarisé avec l'anatomie comparée qu'avec l’anafomie humaine. Partant de ce principe essentiellement vrai que {out organe a sa signification propre, il étudiera, dans ses plus minutieux détails, le muscle anormal que le hasard de la dissection lui aura placé sous les eux; il en notera scrupu- leusement la situation, les rapports, la forme, les insertions: il comparera la région anatomique où il est situé à la région similaire des autres vertébrés, et il trouvera, presque constam- ment, loujours peut-être, comme entrant dans la constitution normale de quelques espèces, la disposition qu'il aura rencontrée anormalement chez l’homme. Et il ne s'arrêtera pas à cette première conquête; cédant à cet entraînement naturel et irrésistible qui le pousse sans cesse vers l'inconnu, il se demandera le pourquoi de ces anomalies; et en cherchant une pareille explication, il ouvrira à son esprit le plus: inté- ressant des problèmes des sciences naturelles, à savoir : la valeur des théories évolulionnistes au point de vue de l’origine de l'homme. Entièrement pénétré de ces idées, Broca, dans ses leçons à l'École d'anthropologie, ne laissait jamais passer l'occasion de mettre en lumière l'importance considérable que peuvent avoir, dans l’histoire naturelle de l'homme, les variations analomi- ques de ses organes. Ses élèves l'ont suivi dans cette voie, et dans une communication malheureusement trop courte, faite à l'Association française pour l'avancement des sciences, en 187#, mon savant collègue, M. Pozzi, a signalé et décrit plusieurs muscles surnuméraires, qu'il avait observés chez l'homme et 4 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. qui entrent, à titre d'organes constants, dans la constitution de quelques mammifères; tels sont : le Dorso-épitrochléen, le Rectus thoracis, le Pecloralis quartus, le Levator claviculæ ou Omo-trachélien, elc. . Depuis la publication de cette note, je me suis imposé la lourde tâche d'étudier, à ce point de vue, non seulement tous les muscles surnuméraires qui ‘apparaissent de temps à autre chez l'homme, mais aussi toutes les variations morphologiques des muscles qui existent normalement chez lui. Nommé depuis quatre ans chef des travaux anatomiques de la Faculté de médecine de Bordeaux, je me suis trouvé dans des conditions éminemment favorables à l’accomplissement d'un semblable travail: j'ai pu examiner ainsi plus de 600 sujets disséqués par moi ou mes élèves; et, faisant marcher de pair mes études d'anatomie comparée, j'ai eu la bonne fortune de disséquer, soit dans mon laboratoire, soit dans les salles du Muséum d’his- toire naturelle de Paris, gracieusement mises à ma disposition par MM. de Quatrefages, Pouchet et Hamy, un grand nombre de mammifères. Ces dernières recherches sont assurément bien incomplètes si l'on songe que, pour mon travail, il eût fallu approfondir les variations de chaque muscle dans chaque espèce, ou tout au moins dans chaque genre de l’embranchement des Verté- brés. Les renseignements que je n'ai pu me procurer par mes propres dissections, je les trouverai consignés dans les importantes recherches entreprises, en France, par Cuvier, Duvernoy, Gratiolet, Alix, Strauss-Durckeim, Milne-Edwards ; en Allemagne, par Siebold et Slannius, Meckel, Bischoff; en Angleterre, par Humphry, Macalister, Wood, Murie et Mivart, etc., etc. Comme résultat de mes recherches, je crois pouvoir admettre, en principe, que les anomalies du système musculaire observées chez l'homme ne sont que la reproduction d'un type qui est normal dans la série zoologique. C'est pour établir et développer une pareille formule que j'écris ce livre : je décrirai donc méthodiquement toutes les INTRODUCTION. D formations anormales observées par moi ou signalées par d'autres, en m'efforçant de placer à côté d'elles le type homo- logue existant normalement dans telle ou telle espèce. Si, dans un champ aussi vaste, nous rencontrons, de Join en loin, quelques formations exceplionnelles, en opposilion apparente avec nos idées, nous nous tiendrons à cet égard dans une sage réserve; et, plutôt que de modifier des convictions assises sûr un assez grand nombre de preuves, nous expliquerons l'excep- tion par l'insuffisance de nos connaissances en anatomie com- parée. L'avenir, j'en suis sûr, en nous faisant mieux connaître les détails de l'appareil locomoteur chez les Vertébrés, viendra combler ces lacunes et confirmer de tous points la vérité de la proposition générale énoncée ci-dessus. Je diviserai mon travail en cinq parties: dans la première, J'étudierai les anomalies musculaires du tronc. Dans la seconde, je passerai en revue les anomalies muscu- laires du cou, de la tête, de la nuque et des goultières verté- brales. La troisième et la quatrième partie seront consacrées à l'étude de ces mêmes anomalies sur les membres thoraciques et pelviens. Dans la cinquième, enfin, nous étudierons d'une manière générale les anomalies musculaires. Après avoir élabli, autant que faire se peut, leur fréquence, leur prédilection pour cer- tains muscles, leur degré de transmission héréditaire, leur apparition relativement plus fréquente dans les races nègres, nous essaierons de formuler leur véritable signification en anthropologie zoologique. Comparant alors les muscles de l'homme et les muscles des singes, nous verrons les anomalies venir combler les distances qui séparent, à ce point de vue spé- cial, les bimanes des quadrumanes ; nous examinerons, enfin, quelle est la place qu'il convient d’assigner à l'homme dans la série des mammifères, en demandant exclusivement nos éléments d'appréciation à la constitution de son système mus- culaire. 6 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Dans ce travail, essentiellement basé sur des faits d'observa- lion, je réussirai peut-être à légitimer aux yeux du plus grand nombre les conclusions dont je le ferai suivre. J'arriverai lout au moins à démontrer à (ous, que, suivant une asserlion déjà ancienne de Vicq d'Azyr, « l'étude de la myologie n'est pas aussi ingrale que plusieurs l'ont avancé. » Bordeaux, janvier 1882. PREMIÈRE PARTIE ANOMALIES -DES MUSCLES DU TRONC CHAPITRE PREMIER Groupe pectoral. Le squelette humain, considéré par sa face antérieure, nous présente, entre le thorax et l'articulation de l'épaule, une région importante entre toules, qui à la forme d'un grand angle dièdre {région thoraco-scapulaire). Limitée, dans sa partie pro- fonde, par la rencontre du bord spinal de l'omoplate avec les côtes, en haut, par la clavicule, en dedans, par le sternum, en dehors, par le scapulum et l'humérus, elle est comblée à l'état frais par des masses musculaires dont l’ensemble porte le nom de groupe pectoral. Tous ces muscles réunissent le (thorax, soit à la ceinture supérieure, soit au deuxième segment du membre supérieur, l'humérus : fort variables, dans la série animale, ils conservent néanmoins, dans chaque espèce, une disposition assez constante, pour pouvoir au besoin servir de base à une classification zoologique. Les anthropotomistes en admettent quatre : le grand pectoral, se détachant de la clavicule, du ster- num et des côtes pour aboutir à l’humérus; le petit pectoral, réunissant quelques-unes des côtes supérieures à l’apophyse coracoïde; le sous-clavier, s'étendant de la face inférieure de la clavicule au premier cartilage costal; le grand dentelé, enfin, prenant naissance dans toute l'étendue du bord spinal de l'omo- plate, et s'irradiant ensuite, en éventail, sur la face latérale du thorax, depuis la première côte jusqu'à la neuvième. ë LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Telle est, en effet, dans la pluralité des cas, la constitution anatomique du groupe pectoral, chez l'homme; mais il n'est pas rare d'observer, dans notre angle dièdre thoraco-scapulaire, des variations morphologiques des muscles précédents ou même des muscles surnuméraires dont la rareté n'explique pas suffi- samment, selon nous, leur proscription des traités cssiques; ce sont : 4° le muscle supra-costal, 2° les faisceaux si variables qui se développent autour de la clavicule, et 3°, enfin, le muscle présternal sur lequel on a tant écrit et qui n'en attend pas moins encore sa vraie formule en anthropologie zoologique. Ce court préambule renferme la division naturelle de ce cha- pitre; nous admettrons six articles que nous consacrerons : Le premier au grand pectoral, dans le cadre duquel trouve- ront place le coslo-epitrochlearis ét le chondro-epitrochlearis (Wood), le sterno-epitrochlearis (Testut); Le deuxième au petit pectoral et au sous-clavier ; Le troisième aux faisceaux musculaires divers, qui, en raison de leur situation autour de la clavicuie, méritent le nom de muscles cläviculaires surnuméraires ; Le quatrième au muscle grand dentelé; Le cinquième au muscle supra-costal ; Le sixième au muscle présternal. L'élude des anomalies des muscles intercostaux, sur-costauxæ et sous-costaux trouvera sa place dans un chapitre ultérieur. ARTICLE PREMIER ANOMALIE DU MUSCLE GRAND PECTORAL Le grand pectoral constitue le muscle le plus superficiel du groupe. Large, épais et triangulaire, il s'insère d'une part sur le bord antérieur de la clavicule (portion claviculaire), sur la face antérieure du sternum {portion sternale), sur l'aponévrose abdominale du grand oblique (portion abdominule où gastrique), et enfin sur les cartilages des 2°, 3°, 4° et 5° côtes; un faisceau plus où moins volumineux se détache presque toujours de la MUSCLE GRAND PECTORAL. 9 portion osseuse de cette dernière (porlion chondro-costale). D'autre part, le grand pectoral vient se fixer à la lèvre externe de la coulisse bicipitale; cette dernière insertion se fait au moyen d'un tendon quadrilatère, dont la disposition en deux lames est bien connue. Je rappellerai cependant que la lame antérieure recoit les faisceaux descendants du muscle, tandis que les faisceaux ascendants viennent, en contournant ces der- niers, s'implanter sur la lame postérieure. En outre, cette lame postérieure s'élève sur l'humérus plus haut que la lame anté- rieure ; je l'ai vue fréquemment atteindre la grosse tubérosité ou (rochiter. Séparé du deltoïde par un espace celluleux fespace delto- pectoral), dans l'aire duquel se trouvent la veine céphalique et l'artère acromio-thoracique, le grand pectoral est également séparé, sur la ligne médiane, de celui du côté opposé, par un espace linéaire plus ou moins large (espace pecto-pectoral}, con- linuant sur le thorax la ligne blanche de l'abdomen et la ligne blanche du cou. Les nombreuses anomalies qui ont été observées par moi ou par d’autres, dans la disposition classique du muscle grand pectoral, peuvent être ramenéés à hwut groupes. $ I. — Fusion du muscle avec le deltoïde. — Rien n'est plus variable que l’espace dello-pectoral : je l'ai vu dépasser trois centimètres de largeur à sa base, comme aussi je l'ai rencontré, dans bien des cas, à peine appréciable. Sur trois sujets, que j'ai disséqués dans le semestre d'hiver 1880-1881, je n'ai pu, malgré la dissection la plus minutieuse, isoler le grand pectoral du deltoïde: ces deux muscles étzient entièrement confondus depuis la clavicule jusqu'à l'humérus. En signalant des faits semblables, Macalister indique en même temps la posilion de la veine céphalique, qui, tantôt passe au-llessous du muscle, tentôt cc'sccravant le bord antérieur et la face supérieure de la clavicule pour aller se jeter dans un des troncs cervicaux. Je n'ai pas observé celte dernière dispo- silion qui est normale dans certaines espèces simiennes; dans 10 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. deux des cas que j'ai observés (dans le 3°, le trajet de la veine n'a pas élé noté), la veine céphalique s'élevait verticalement, du pli du coude, le long du bord externe du biceps: puis, se por- tant obliquement en dedans, elle gagnait l’aisselle en contour- nant le bord inférieur du grand pectoral et se terminait dans la veine axillaire, à deux centimètres environ au:dessus du point d'abouchement de la veine basilique. Dans un cas de cette nature, Perrin a vu la veine céphalique perforer la masse commune delto-pectorale et s'aboucher au dessus de la clavicule dans la veine axillaire. La fusion du delloïde avec la portion claviculaire du grand pectoral a été notée encore par Cheselden, par Otto, par Seiler, par Koster, par Wood, et, plus récemment, dans les salles de dissection de l'Université de Wurzbourg, par le D° Max Flesch. Rappelons ici, comme un fait de même ordre, le cas de Perrin, dans lequel la portion claviculaire du deltoïde envoyait un fais- ceau musculaire anastomotique à la portion claviculaire du grand pectoral. Anatomie comparée. — L'anatomie comparée nous montre dans bien des espèces celte fusion en un muscle unique du grand pectoral et des faisceaux antérieurs du deltoïde. Je l'ai observée pour ma part chez le renard, le rat, la quenon, le bonnet-chinois. Meckel l’a signalée chez les kunguroo; Lanne- grace chez l'ornithorynque; Bischoff chez l'Hylobates leuciscus. M. Milne-Edwards a vu également le deltoïde s'unir au grand pectoral chez quelques Lémuriens de l'ile de Mada- gascar. $S IT. — Fusion du grand pectoral avec son homologue du côté opposé. — De même que l’espace delto-pectoral, l'espace compris entre les deux grands pectoraux peut s’atténuer et disparaître même d'une façon complète; dans ce cas les deux muscles se confondent sur la ligne médiane. L'exemple le plus net de cette anomalie m'a élé offert par une jeune négresse, d'origine sénégalaise, qui avait succombé à une tuberculose pulmonaire, en novembre 1880. Les deux pecloraux, séparés à ‘ RP MUSCLE GRAND PECTORAL. 11 la hauteur de la 5° côte par l'interstice normal, se rapprochaient ensuite de manière à se fusionner complètement sur le tiers supérieur du sternum. Une dissection minutieuse m'a permis de reconnaître à ce niveau trois ordres de faisceaux : «) des fais- ceaux qui, partant de la masse d'un pectoral, venaient s’attacher sur le sternum après avoir franchi la ligne médiane ; 8) des fais- ceaux qui passaient sans s'interrompre d'un côté à l’autre; }) des faisceaux, enfin, qui se réunissaient à leurs homologues du côté opposé à l’aide d’une petite languette tendineuse, formant ainsi, avec ces faisceaux homologues, autant de muscles digastriques dont les deux extrémités s’implantaient sur les deux humérus. J'ai observé sept ou huit faits de ce genre, et je crois pou- voir conclure de l'examen de ces faits, que la fusion plus ou moins complète sur la ligne médiane des deux pectoraux n'est nullement en rapport avec le degré de développement du système musculaire; J'ai rencontré cette anomalie chez des sujets présentant des muscles peu développés; et d’autre part, j'ai vu sur des sujels fortement musclés l’espace qui sépare les pectoraux prendre des proportions considérables. Anatomie comparée. — La queron m'a offert cette fusion des deux grands pectoraux sur la ligne médiane; je l’ai constatée également sur un Ürsus americanus que j'ai disséqué en avril 1881; toutefois, sur ce dernier animal, on parvenait, par la dissection, à retrouver sur la ligne médiane, surtout en arrière, des traces d'un interstice fibreux séparant les deux muscles symétriques. Milne-Edwards à signalé un raphé à peu près semblable entre les deux pectoraux du Siphneus de l’ordre des Rongeurs. Le phoque commun, dont l'étude a été faite avec tant de soin par Duvernoy, possède un grand pectoral qui dépasse le sternum et empiète sur la région cervicale; en avant de la poignée du sternum, les deux pectoraux sont entièrement confondus. Chez la taupe, le faisceau le plus antérieur du grand pec- toral se confond avec celui du côté opposé. Même disposition chez l'ornithorynque, chez la chauve-souris, chez le cheval (Meckel). 12 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Dans l'hyène, la couche superficielle du grand pectoral nous présente la forme d'un carré long, uni sur la ligne médiane avec son homologue du côté opposé, à l’aide d'une bandelette tendineuse. Tous ces différents degrés de fusionnement se rencontrent dans le cas anormal que j'ai rapporté plus haut. $ II. — Union du grand pectoral et du grand droit de l'abdomen, — Macalister signale cette anomalie dans les termes suivants: on à observé l'union des fibres supérieures du rectus abdominis avec le bord inférieur du grand pectoral. Cette disposition se retrouve à l'état normal chez un grand nombre de batraciens et quelques reptiles. Zenker a déjà signalé depuis 1826 la continuité chez les batraciens du muscle brachio-abdominalis, ou portion abdominale du grand pectoral avec le rectus abdominis (Iéna, 1826). $ IV. —- Union du grand pectoral avec le biceps. — Maca- lister a vu un faisceau venant du grand pectoral se continuer avec la courte portion du biceps. Dans un autre cas, le même observateur a vu la courte portion de biceps tout entière naître du grand pectoral. M. Chudzinski a, je crois, observé un fait semblable chez un nègre. Nous reviendrons sur cette anomalie à propos du biceps brachial. $ V.— Séparation de la portion claviculaire et de la portion sterno-costale. — L'interstice cellulo-graisseux qui sépare géné- ralement ces deux portions du grand pectoral est soumis à des variations nombreuses. Quelquefois on le cherche vainement à l'aide des yeux ou du scalpel. Dans le cas cité plus haut, sur une négresse, la portion claviculaire très développée débordait d'un centimètre la portion sternale, en avant de laquelle elle venait faire une forte saillie. D'autres fois, au contraire, cet espace s'élargit et se prolonge vers l'humérus de manière à séparer entièrement les deux portions claviculaires . MUSCLE GRAND PECTORAL. 43 Chez un adulte d'une musculalure ordinaire, j'ai trouvé une distance de deux centimètres et demi entre ces deux por- lions. Flesch a observé un cas plus remarquable encore: il s'agit d’un triangle séparatif dont le bord inférieur correspon- dait au quatrième espace intercostal et dans l'aire duquel on apercevait la deuxième et la troisième côte, avec une portion du petit pectoral. Je crois pouvoir établir, d'après mes observations, que cel interslice est d'autant plus développé, que l'interstice dello- pectoral l'est moins: il existe ainsi pour ces deux espaces une espèce de balancement. A côté des faits qui précèdent, nous devons placer les cas de division de la portion claviculaire en deux faisceaux distincts, observés par quelques anatomistes, notamment par Macalister et par Wood. Anatomie comparée. — M. Broca n'attache à ce degré de séparation plus ou moins complète des trois portions du grand pectoral, aucune signification anatomique : « Chez l’homme et le chimpanzé, dit-il, on ne trouve qu'une ligne celluleuse à peine visible entre la portion claviculaire et la portion sternale. Chez le gorille et l'orang, ces deux faisceaux sont séparés dans le jeune âge par un interstice à peine plus large, mais qui s'élargit dans l'âge adulte pour donner passage ‘à un prolonge- ment du sac aérien. Il y a alors deux muscles bien distincts. La ligne de démarcation s’efface de nouveau chez le cynocéphale sphinæ pour reparaître très accentué, au dire de Vrolik, chez le cynocéphale mandrill. Cela suffit pour démontrer le peu d'im- portance de ce caractère. » Nous ne pouvons partager entière- ment, sur ce point, l'opinion de Broca : sans doute, nous ne devons pas attacher au développement plus ou moins considé- rable de l'interstice dont il est ici question, l'importance que nous accordons à quelques autres anomalies, à l'apparition chez l'homme, par exemple, des muscles acromio-trachélien et dorso- épitrochléen. Nous devons retenir cependant ce double fait d'observation : 4° cet interstice existe chez certains singes, tandis qu'il fait défaut chez d'autres; 2° nous rencontrons chez 14 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. l'homme des muscles grands pectoraux représentant le premier type, et des muscles grands pecloraux se rattachant au second. $ VI. — Grands pectoraux décomposables en deux couches distinctes. — Cette division du grand pectoral en deux couches s'observe uniquement sur la portion sterno-costale; la portion claviculaire reste toujours indivise. Nous trouvons, dans le Journal complémentaire des sciences médicales de 1830, un bel exemple de celle anomalie rapporté par Tiedmann. Nous en devons une deuxième observation à Macalister ; le savant pro- fesseur de Dublin l'a rencontrée sur un sujet d'une musculature très ordinaire : la couche profonde du grand pectoral était par- faitement distincte de la couche superficielle, et formait au niveau de l'épaule le /rœænum suspensory de Winslow. Je crois devoir rattacher à cette anomalie le cas suivant: sur un sujet d'une trentaine d'années, trois langueltes musculaires aplaties naissaient des 3°, 4me et 5% cartilages costaux, un peu en dedans de l'insertion thoracique du petit pectoral; elles se portaient de là vers l’aisselle, entre les deux muscles pecto- raux, et ne se réunissaient au plan superficiel du grand pectoral qu'à 3 ou # centimètres de la coulisse bicipitale. Analomie comparée. — Celle disposition du grand pectoral en deux couches distinctes, plus ou moins superposées, est très commune dans la série des mammifères ; nous la retrouvons, d'après Meckel, chez le moulon, le cochon, l'aï, la sarigue, le kanguroo, le hérisson, elc.; le coati présente également deux couches qui ne sont «unies en arrière que dans une pelite étendue ». Dans le genre Arclomys, de l'ordre des Rongeurs, il existe, au-dessous du grand pectoral, une deuxième lame musculaire bien distincte du grand pectoral, laquelle s'étend de la portion moyenne du sternum à la crête humérale, el qu'avec M. Milne- £dwards, nous ne pouvons considérer comme un pelit pecto- ral. Cette lame musculaire n'est autre chose qu'une deuxième couche du grand pectoral : elle a de ce dernier muscle, en effet, et l'insertion thoracique et l'insertion brachiale. MUSCLE GRAND PECTORAL. 45 Young (Journ. of Anat., L. XIV, p. 170) décrit au grand pectoral, chez la civette, deux couches distinctes : l'une super- ficielle et l'autre profonde ; et, entre les deux, une série de fais- ceaux musculaires (pecloral intermédiaire) qui viennent s'insérer sur la crête humérale immédiatement au-dessous du tendon d'insertion de la portion superficielle. $ VIT. — Anomalies dans le mode d'insertion brachiale. — En dehors de la lèvre externe de la coulisse bicipitale qui cons- titue sa ligne d'insertion normale, le muscle grand pectoral vient parfois s’altacher par des faisceaux variables de volume et de direction, sur l’apophyse coracoïde, les tubérosilés humérales, la capsule articulaire, V'aponévrose brachiale et mème sur l'épitro- chlée. Nous avons là une nouvelle série d'anomalies aussi inté- ressantes que variées. A.— DESCRIPTION ANATOMIQUE. — Ces faisceaux surnuméraires, que je vais décrire avec quelques détails, peuvent se séparer de la face profonde du grand pectoral, ou bien ne présenter avec ce muscle aucun rapport de continuité. Dans ce dernier cas, ils peuvent naître des côtes ou des cartilages costaux, ou bien se détacher de l’aponévrose abdominale (homologue de ia lame abdominale de certains mammifères). a) —— Insertion à l'apophyse coracoïde et à l’'aponévrose du muscle coraco-brachial (chondro-coracoïde de Wood). — Dans un cas rapporté par Wood, le faisceau surnuméraire chondro-coracoïdien, large de deux pouces, naissait par deux digitations de la 6° côte el de l’aponévrose du grand droit, croisait le faisceau vasculo- nerveux de l’aisselle et se terminait par une expansion tendineuse sur l’aponévrose qui recouvre l'origine du muscle coraco- brachial. Dans un deuxième cas de Wood, le chondro-coracoïdien s'insérait directement sur l’apophyse coracoïde avec le petit pectoral et envoyait en même temps quelques fibres au coraco- brachial. Macalister a observé un cas analogue. Perrin a vu une bande musculaire naissant de l'aponévrose de l'abdomen se terminer sur l’apophyse coracoïde. Le mème analomiste a vu un muscle à peu près semblable se détacher 16 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. de la face profonde du grand pectoral, et, dans un autre cas, il a constaté la terminaison du faisceau abdominal au milieu du tissu cellulaire du creux axillaire. F. Merkel rapporte un cas dans lequel une bande muscu- laire, naissant de la 6° côte, se portait vers l’aisselle et se réu- nissait à un faisceau du grand dorsal pour former un muscle unique, lequel venait s'insérer sur le point d'origine du muscle coraco-brachial. Cette dernière disposition nous rappelle l'anastomose assez fréquente que le grand dorsal envoie au grand pectoral (Achselbogen des anatomistes allemands) et que nous étudierons plus tard. G) -— Insertion sur la capsule articulaire. £ J'en trouve un cas, décrit par Pye-Smith, Howse et Colley, dans le Guy's Hospital Reports de 1870. Déjà, en 1860, Gruber avait signalé ce muscle sous le nom de Tensor semivaginæ articulationis humero- scapularis; et, avant lui, Sœmmering avait mentionné un faisceau venant du tendon du grand pectoral et se portant en haut pour rejoindre l'insertion humérale du sus-épineux et le ligament capsulaire de l'épaule. C'est Gantzer qui, au dire de Macalister, aurait le premier décrit le tenseur du ligament capsulaire de l'épaule. Ce dernier anatomiste a retrouvé ce muscle sur le côté gauche d'un chim- panzé femelle, avec une origine supplémentaire sur le deuxième cartilage costal. 7) —— Prolongement du tendon du grand pectoral allant s’insérer sur la capsule articulaire. Sur un nègre, disséqué par M. Chud- zinski, le tendon du grand pecloral confondait ses fibres les plus élevées avec la capsule scapulo-humérale, et recevait en même temps de ce ligament une bandelette fibreuse, mince et étroite, qui le rejoignait au niveau de sa face interne. Cette disposition que J'ai observée plusieurs fois chez le blanc, rappelle le liga- ment, décrit pour la première fois par Boyer, entre la capsule articulaire de l'épaule et le bord supérieur du tendon du grand pectoral. Signalons ici, comme une variété du même ordre, le développement, aux dépens du tendon du grand pectoral, d'une lame aponévrotique très résistante, étendue entre les deux MUSCLE GRAND PECTORAL. 17 lèvres de la coulisse bicipitale et transformant ainsi cette gout- lière osseuse en un canal complet. Bien que Cruveilher regarde cette disposition comme assez commune, je ne l’ai observée que très rarement. Calori, lui aussi, ne l'a trouvée que sept fois sur cinquante bras, tantôt d'un seul côté, tantôt des deux, mais le plus souvent des deux côtés. 0) —— Insertion surnuméraire à lPhumérus. — J'ai observé, en novembre 1881, un faisceau distinct naissan! sur la cinquième côte, longeant le bord inférieur du grand pectoral, passant au dessous de ce muscle au niveau de l'aisselle, et se divisant, à trois centimètres en dedans de la coulisse, en deux faisceaux : le faisceau supérieur venait s’insérer sur la lèvre externe de la coulisse bicipitale, en arrière du tendon ordinaire; autre se jetait sur un tendon arrondi qui descendait jusqu'à l'épi- trochlée. La portion supérieure de ce muscle, considérée isolément, représente un muscle particulier costo-huméral, absolument distinct du grand pectoral, qui est placé en avant de lui, distinct aussi du petit pectoral, qui se porte vers l'apophyse coracoïde. Ce pectoral intermédiaire, normal chez le gorille et le cynocéphale Sphinx, n'est autre chose que le troisième pec- toral, dont Pozzi a figuré un très bel exemple dans le troisième volume de l'Association française pour l'avancement des sciences (PI. VIT, fig. 2). 4) — Insertion à l’'aponévrose brachiale. — I| n'est pas rare de rencontrer chez l'homme quelques faisceaux fibreux, appar- tenant à la portion sterno-costale du muscle grand pectoral et venant s'épanouir sur l'aponévrose brachiale. Ces faisceaux deviennent ainsi des lenseurs de cette aponévrose. Jai figuré, dans mon atlas, un fait de ce genre; j'en ai ren- contré plusieurs autres à peu près analogues. Macalister et Kelly ont aussi rencontré des faisceaux distincts qui se portaient des côtes à l’aponévrose brachiale. Gruber a cru devoir consa- crer un article spécial à cette disposition anormale, dont il rapporte un fait très démonstratif à cet égard. (4) — Insertion simultanée sur les deux lèvres de la coulisse. — Un fait de ce genre a été rapporté et figuré par Calori. La fig. 16 2 18 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. de la planche VII de son mémoire nous présente {n° 5), au dessous du grand pectoral, un petit muscle distinct naissant de la sixième côte et se divisant. avant d'atteindre le musele coraco- brachial, en deux faisceaux : le faisceau antérieur vient s’at- tacher à la lèvre antérieure de la ‘coulisse bicipitale; le faisceau postérieur croise en arrière le muscle coraco-brachial et vient s'implanter sur le trochin. Le muscle coraco-brachial, les deux portions du biceps et une pelite artère musculaire passent entre les deux faisceaux. Il convient de rapprocher de ce fait {ous les cas où l’on voit une bande musculaire se porter du grand pectoral sur le tendon ou sur la portion charnue du grand dorsal. Ïl faut également placer ici anomalie si singulière rapportée par Macalister, dans laquelle le tendon axillaire du grand pec- toral était divisé, dans l'aisselle, par le tendon de la longue portion du biceps, les fibres sterno-costales passant en arrière et les fibres claviculaires passant en avant. 1) —— Insertion sur lPépitrochiée (M. chondro-epitrochlearis de Wood), — J'ai observé les deux faits suivants dans les salles de dissection de notre Faculté, pendant le semestre d'hiver 1881-1882 : 1° Sur un homme âgé, le grand pectoral du côté gauche, plus épais que d’habitûde, se confondait avec le bord anté- rieur du delloiïde, de façon à ne laisser entre sa portion claviculaire et ce dernier muscle aucun interstice. Un espace celluleux, large d’un centimètre à sa base, sépare au contraire la portion claviculaire de la portion sterno-costale. Celte por- tion sterno-costale naît comme à l'ordinaire de la face antérieure du sternum et des cartilages costaux des 2°, 3° et 4° côtes; elle est renforcée par un faisceau charnu volumineux, qui se détache de l’aponévrose du premier espace intercostal et que l'on aperçoit très nettement quand on récline le grand pecloral en dedans. Le tendon huméral est absolument conforme à la description classique et reçoit toutes les fibres du grand pec- Loral, à l'exception des faisceaux les plus externes de la portion claviculaire, qui se fusionnent, comme je l'ai déjà dit, avec les fibres antérieures du delloïde, et se portent plus spécialement à MUSCLE GRAND PECTORAL. 19 la face externe de l'humérus empreinte deltoïdienne). Au-dessous de cette masse musculaire se trouvent deux bandes charnues surnuméraires entièrement distinctes, dont les insertions bra- chiales surtout sont intéressantes. La première, large à son origine thoracique de quatre centimètres, prend naissance sur le 5° et le 6° cartilages costaux et se porte vers le creux axillaire, en suivant le bord inférieur du grand pectoral dont le sépare un interstice celluleux, d'autant plus marqué qu'on s'éloigne de l'insertion costale. Arrivé au niveau de l’aisselle, ce muscle, d'abord aplati, affecte une forme plutôt cylindrique et se divise avant d'atteindre l'humérus en deux faisceaux : les fibres supérieures se jettent sur un tendon aplali qui vient s'insérer sur la lèvre antérieure de la coulisse, au niveau du tendon du grand pecloral; quant aux fibres inférieures, elles s’inflé- chissent en bas et en dehors, et, fuyant l’aisselle, elles viennent s'implanter sur un tendon aponévrotique qui contracte avec l'aponévrose brachiale des rapports intimes. Ce tendon, large d'un centimètre à son origine, descend vers l’avant-bras, s'arrondit dans son trajet et vient se fixer sur l'épitrochlée au dessus de la masse commune des muscles épitrochléens ; situé d'abord en dehors de l'artère humérale et du nerf médian, ll croise ces deux organes, en passant sur leur face anté- rieure. Le nerf brachial cutané interne passe, au contraire, en avant de ce tendon. Le deuxième faisceau surnuméraire provient de l’aponévrose abdominale et, par quelques fibres, du cartilage costal de la 6° côte; il mesure un centimètre de largeur, longe le bord inférieur du faisceau précédent pour se jeter sur le tendon épitrochléen déjà décrit. Enfin. en arrière de ce tendon, il en existe un deuxième, d’un volume à peu près égal, pro- venant de la partie moyenne du vaste interne. Ces deux tendons se confondent au niveau de leur insertion épitro- chléenne. 2° Le deuxième fait, quoique appartenant à la même classe d'anomalies, est un peu différent. Un gros faisceau de fibres musculaires, se détachant du bord inférieur du grand pectoral, vient s'épanouir et se (erminer sur les bords interne et supé- 20 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. rieur d'une aponévrose triangulaire, située en avant du: biceps et s'attachant par son angle externe à la coulisse bicipitale. Cette aponévrose se lermine, à (rois centimètres au-dessous de l'aisselle, sur un tendon cylindrique qui vient s'attacher à l'épi- trochlée, en croisant obliquement le paquet vasculo-nerveux du bras, comme dans le cas précédent. En outre, une pelile bande musculaire, entièrement disüincte du grand pectoral, naît de l'aponévrose abdominale et, contournant le bord antérieur du creux axillaire, vient se terminer sur la partie moyenne du tendon épitrochléen que je viens de décrire, Les faits que je viens de rapporter renferment une variété de ce muscle anormal, qui, partant de l'aponévrose abdominale ou des côtes moyennes, aboulit à l'épiiochlée; elle a été parti- culièrement étudiée par Wood, sous le nom de chondro-epi- trochlearis. 1 est juste cependant de rappeler que des faisceaux analogues avaient élé signalés déjà par Sœmmering, par Struthers, par Caldani, par Theile, par Cruveilher (t), par Develie. En utilisant leurs observations et aussi les cas plus récents de Calori, de J.-R. Perrin, de Gruber et de Knott, nous pouvons donner du muscle chondro-epitrochlearis la descriplion suivante: c'est une bande musculaire longeant le bord inférieur du grand pecloral, dont elle est séparée, dans toute son étendue ou seu- lement dans ses portions externes, par un interstice celluleux plus ou moins marqué. Elle peut naître des 4°, 5°, 6° côtes (por- tion osseuse, mais plutôt portion cartilagineuse) ou bien de l'apo- névrose abdominale, En atteignant l'humérus, elle se jette sur un tendon d'abord évasé, bientôt cylindrique, qui vient se fixer sur l'épitrochlée en présentant des rapports plus où moins (1) Voici la note de Cruveilher: «J'ai vu un faisceau musculaire très grèle, né de l'aponévrose abdominale, longer le bord externe du grand pectoral dont il était parfaitement distinct et se terminer, au niveau de l'insertion huméraie de ce muscie, par une languette tendineuse. Cette languette se continuait le long du bord interne du bras, adhérait à la cloison musculaire aponévrotique et recevait un petit faisceau musculaire de cette cloison pour venir se fixer à l'épitrochlée. (Anat, descript., 2° édit., 1843, t. IT. p. 149.) MUSCLE GRAND PECTORAL. 21 intimes avec l’aponévrose brachiale et la cloison intermuscu- laire interne. C'est là la disposition la plus commune; mais le muscle chondro-epitrochlearis peut présenter des variantes que je résume ici le plus brièvement possible : 4° Il peut recevoir quelques faisceaux de renforcement du grand pectoral ou d’un muscle surnuméraire situé entre lui et le grand pectoral {cas de l'auteur). 2° Il peut être renforcé par une bandelette tendineuse qui descend de la capsule articulaire de l'épaule et vient se joindre à lui au niveau de la portion moyenne du bras /cas de Perrin). 3° Il semble naître du grand dentelé. 4° Son tendon recoit, dans sa partie moyenne, un faisceau musculaire provenant du grand pectoral /cas de Calori, le mien), du muscle coraco-brachial {Perrin}. 5° Enfin, le tendon épitrochléen peut provenir d'un double faisceau, l’un émanant du grand pectoral, l'autre provenant du grand dorsal. Develle qui a observé cette disposition chez un homme de quarante ans, fait remarquer que le grand pectoral fournissait à lui seul les deux Liers de ce muscle, et il ajoute que cette particularité se rencontre chez les oiseaux. Le faiseau dorsal de renforcement s’observe quelquefois 1s0- lément; nous le décrirons à part, dans un chapitre ultérieur, sous le nom de dorso-epitrochlearis, dorso-épitrochléen. 6)) — Muscie sterno-costo-epitrochlearis. — J'ai décrit sous ce ncm une variété du muscle précédent, dont il diffère cependant par son origine plus élevée. Après avoir dénudé la face antérieure de l’aisselle et du bras, j'ai aperçu, à la limite de ces deux régions, une bandelelte aponévrotique très résistante qui semblait se détacher du bord inférieur du grand pectoral, à un centimètre en dedans de son insertion humérale. De forme triangulaire et mesurant à son origine deux centimètres de largeur, elle se condensait bientôt en un tendon cylindrique qui venait s'atta- cher à l'épitrochlée, un peu au-dessus des muscles épitrochléens. Après avoir sectionné le grand pectoral pour bien me fixer sur l’origine réelle de ce tendon, je me suis aperçu qu'il ne naissail 22 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. pas du bord inférieur du grand pectoral, comme je l'avais cru au premier abord, mais de la lame postérieure de son tendon, et qu'il recevait un gros faisceau musculaire de la face poslé- rieure du muscle lui-même. En outre, ce faisceau, qui constitue un véritable muscle surnuméraire, ne provient nullement des fibres inférieures du grand pectoral, mais du tiers moyen de la portion sterno-costale. Il naît donc sur le sternum ou tout au moins sur les deux ou trois cartilages costaux ; ce qui justifie, ce me semble, la place et le nom que je lui donne dans ce travail. B. — FRÉQUENCE RELATIVE DE LA BANDE MUSCULAIRE HUMÉRO-ABDO- MiNALE DISTINCTE DU GRAND PECTORAL (Epigastric slip de Perrin). — La plupart des tendons aberrants que je viens de décrire, pro- viennent d'une bande musculaire qui longe le bord inférieur du grand pectoral et qu'une dissection facile suffit, dans la plupart des cas, pour isoler d'une façon complète. Elle est, chez l'homme, la reproduction minuscule d'un muscle qui est cons- tant et généralement plus large chez beaucoup de mammifères et qu'on à décrit sous les dénominations diverses de portion ven- trale (Guvier et Laurillard), chondro-épitrochléen (Duvernoy), costo-huméral (Huxley), brachio-abdominal (Zenker). Sa fré- quence dans l'espèce humaine est beaucoup plus grande qu'on pourrait le penser au premier abord; et si nos élèves, dans les dissections, ne le notent pas plus souvent, c’est qu'ils n'en connaissent ni la situation, ni même le nom. Au reste, ce degré de fréquence ne peut être exactement formulé que par des chiffres. Voici ceux que j’emprunte au travail de Perrin : sur 29 sujets, disséqués dans le laboratoire d'anatomie de King's College, dans le semestre d'hiver 1868-1869, Perrin a observé le muscle brachio-abdominal sur 6 sujets, # fois sur des hommes (3 fois des deux côtés, 4 fois du côté gauche seu- lement), 2 fois sur des femmes (1 fois du côté gauche, 4 fois des deux côtés). Durant le semestre de 1869-1870, 29 sujets ont été dissé- qués à King's College. Le muscle qui nous occupe a été observé sur » d'entre eux, # fois sur des hommes (2 fois des deux MUSCLE GRAND PECTORAL. 23 côtés, 1 fois à gauche, 1 fois à droite), 4 fois sur une femme (du côté droit seulement). Au total, l'homologue chez l'homme du muscle brachio-abdo- minal des mammifères, a été noté 11 fois sur 58 sujets, soit 18,97 pour 100, presque 1 fois sur 5 sujets. De toutes les dispositions anormales que nous venons de décrire, il n’en est pas une qui ne se retrouve à l'état normal dans la série des vertébrés. Il suflira, pour s’en convaincre, d'étudier les variations morphologiques du grand pectoral dans les espèces les mieux connues. C. — ANATOMIE comPARÉE. — Tout d’abord, nous devons rappeler qu'un grand nombre de mammifères présentent, en arrière du grand pectoral, un faisceau plus ou moins considé- rable, mais généralement très distinct, naissant de l’aponévrose abdominale (M. costo-huméral de Huxley, brachio-abdominal de Zenker, portion ventrale de Cuvier et Laurillard, etc.) Nous trou- vons ce faisceau distinct chez la sarigue (Meckel), l'ours (Tes- tut), l'indris (Milne-Edwards), la chauve-souris (Maisonneuve), les Monotrèmes (Alix). Le faisceau abdominal de ces derniers animaux nait de la ligne blanche dans toute sa hauteur. Si des mammifères nous descendons aux batraciens, nous trouvons le muscle abdominal plus marqué encore. Chez la grenouille, le grand pectoral s'insère bien sur le sternum, mais il prend sa plus grande ligne d'insertion sur la surface anté- rieure du grand droit ; et chez les Urodèles, cette portion ven- trale constitue, à elle seule, tout le muscle abducteur du bras. De telle sorte qu'on peut dire, avec Lannegrace, que si «chez l’homme le faisceau abdominal est très faible, ce faisceau abdo- minal fut primitivement le plus important. » Cherchons maintenant, dans les dissections faites par nous ou par d’autres, l'explication des insertions si variables äu grand pectoral au membre supérieur : Chez le mouton, la couche profonde du grand pectoral s'étend de la partie postérieure du sternum à la tubérosité externe de l’humérus (trochiter). Chez les Rongeurs, il existe deux muscles pectoraux : le pecto- 214 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ral superficiel et le pectoral profond. Ce dernier, qui représente à la fois le petit pectoral et la portion ventrale du grand pecto- ral (Lannegrace), naît de la partie moyenne et postérieure du sternum, de la partie externe des 3°, #° et 5° cartilages costaux et de la tunique abdominale. Se portant en dehors et en haut, il ne tarde pas à se partager en deux faisceaux : le fais- ceau supérieur (analogue du petit pectoral) et le faisceau infé- rieur (analogue du muscle brachio-abdominal). Ce dernier s'attache à la grosse tubérosité de l'humérus. De même chez les Lacertiliens et les Urodèles, de la classe des Batraciens, le grand pectoral s'attache au trochiter. Chez les Cétacés, il est fixé, d'après Meckel, à tout l'humérus et descend jusqu'à l’aponévrose anli-brachiale. Il descend mème plus bas, dans certaines espèces, et, à cet égard, le phoque nous offre une particularité très remarquable : les faisceaux postérieurs el moyens viennent se jeter sur une aponévrose qui se prolonge jusqu'aux extrémités des doigts et dans leurs inter- valles. Cette disposition singulière fait qu'une bonne partie de l'action du grand pectoral est portée immédiatement à la main, qui acquiert ainsi une très grande force pour frapper l'eau (Duvernoy). Sur un cochon, que j'ai disséqué en novembre 1881, j'ai trouvé au grand pectoral deux portions distinctes : l'une antérieure et l'autre posiérieure. Le muscle pectoral antérieur, quadran- gulaire, naît de la face antérieure du sternum, dans une éten- due de 5 centimètres à partir de la fourchette; ses fibres se portent en dehors vers l’humérus et se comportent différem- ment, suivant leur situation. Les fibres les plus antérieures viennent se mettre en rapport avec le bord antérieur du muscle céphalo-buméral {portion claviculaire du deltoïde), avec lesquelles elles se confondent, et S'attachent à la partie moyenne et infé- rieure de l’humérus. Les fibres situées en arrière de celles-ci, se portent vers l’avant-bras et se terminent sur le tiers supérieur de l’aponévrose anti-brachiale, Le muscle pectoral postérieur, beaucoup plus large que le précédent, a la forme d'un vaste triangle, dont la base corres- MUSCLE GRAND PECTORAL,. 25 pond au sternum el à l'aponévrose abdominale, et dont le sommet vient s'insérer sur la capsule articulaire et sur le trochiter. Chez un renard (Canis vulpes) dont j'ai disséqué, quelques jours après, la plupart des groupes musculaires, J'ai trouvé le grand pectoral constitué par trois portions distinctes : 4) la por- lion antérieure, partant des 4/5 antérieurs du sternum, se con- fond, en dehors, avec le delto-trapèze et s'attache à l'humérus, depuis la grosse tubérosité jusqu'à 2 centimètres environ au- dessus de l'interligne articulaire du coude; £) la portion posté- rieure naît du 4/5 postérieur du sternum, en arrière du précé- dent, dont il n’est pas distinct à son origine, mais Gont il diffère bientôt par sa situation profonde et aussi par la direction de ses fibres, qui sont obliquement ascendantes, croisant à angle aigu les fibres de la précédente portion; ce muscle vient s'insé- rer sur le trochiter; ;) enfin, je désignerai sous le nom de muscle abdomino-antibrachial une bande musculaire, en forme de ruban, large de 2 centimètres seulement, qui part de la ligne blanche pour se jeter sur les aponévroses brachiales et antibrachiales où elle se termine. Ce dernier faisceau est entièrement distinct des deux autres. Mon Ursus americanus m'a présenté une portion abdominale de 5 centimètres de largeur, entièrement séparée du bord inférieur du grand pectoral. Ce muscle, parti de l’aponévrose qui recouvre le grand droit, gagne le creux axillaire et se jette, avant d'atteindre l’humérus, sur un pelit tendon d'aspect nacré, long de 3 centimètres, haut de 41 centimètre seulement. Ge tendon terminal s'insère à gauche, sur la face profonde de la portion la plus élevée du tendon du grand pectoral ; à droite, il se fusionne avec un ruban aponévrotique qui réunit le bord inférieur du grand dorsal avec le tendon du grand pectoral. Voici la disposition que j'ai observée chez le chat: le grand pectoral du côté droit m'a paru constitué par 6 portions distinctes : 1° Le sterno-antibrachial (pecto-antibrachial de Strauss- Durckeim), superficiellement placé à la partie antérieure du 26 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. (horax, naissant de la face antérieure du sternum, confondant, après 5 ou 6 centimètres de parcours, ses fibres externes avec les fibres internes du dello-claviculaire et se portant, avec ce dernier muscle, vers le coude ; une grande quantité de ses fibres se perdent sur l'aponévrose antibrachiale ; 2° Le large pectoral, situé au-dessous du précédent, repré- sentant la partie antérieure du grand pectoral de l'homme et s'étendant du sternum à l'humérus; 3° Le grand pectoral, représentant la partie postérieure du grand pectoral de l'homme, part également du sternum pour venir s'attacher à la crête antérieure de l’humérus (lèvre anté- rieure de Ja coulisse); 4° Le sterno-trochitérien, partant de la portion moyenne du sternum et venant se terminer sur la grosse tubérosité de l'humérus et sur la capsule articulaire ; »° Le brachio-abdominal où portion abdominale forme une portion parfaitement distincte. Partant de l'aponévrose qui recouvre le grand droit, il se porte obliquement vers l’aisselle, et semble se confondre, au premier abord, avec le grand pec- toral; mais, quand on sectionne ce dernier muscle pour bien se fixer sur la disposition du faisceau abdominal, on voit celui-ci se terminer, à 3 centimètres de la coulisse, par un tendon arrondi, très grêle, qui vient se fixer sur la crête antérieure, immédia- tement au-dessous du trochiter ; 6° Enfin, j'ai rencontré un dernier faisceau charnu, qui se détachait du pi postérieur du large pectoral et qui venait, en longeant parallèlement le bord interne du pecto-antibrachial, se terminer sur l’aponévrose de l'avant-bras, au-dessous de l’arli- culation du coude. Celle description, on le voit, est à peu près celle qu'a donnée Strauss-Durckeim. Chez la civette, d'après Young, en voit les fibres les plus infé- rieures de la portion profonde du grand pectoral se porter sur l’aponévrose qui recouvre le biceps. Milne-Edwards décrit, chez les Lémuriens, au-dessous de la couche superficielle du grand pectoral, un faisceau profond qui, ge MUSCLE GRAND PECTORAL. ÿ | des 3°, 4° et 5° côtes, va se fixer par un tendon très large et très aplati sur la tête de l'humérus, en contractant des con- néxions intimes avec le ligament capsulaire et en recouvrant le tendon glénoïdien du biceps. Le savant naturaliste du Muséum considère ce muscle comme le « petit pectoral » des anthropotomistes. J'hésite, pour ma part, à interpréter de la sorte un faisceau musculaire qui ne s’insère pas à l'apophyse coracoïde. On connaît, depuis le mémoire de Broca sur le parallèle ana- tomique de l'homme et des singes, la présence, chez le cyno- céphale et chez d’autres espèces, du 3° pectoral ou pectoral intermédiaire (pecloralis quartus de certains auteurs), qui, naissant des côtes moyennes et de l’aponévrose abdominale, va s'attacher à l'extrémité supérieure de l'humérus. Sur une guenon de grande taille que j'ai étudiée en juillet dernier, j'ai rencontré, au-dessous d’une portion sterno-clavicu- laire très développée, une portion abdominale très distincte, dans toute son étendue, des autres portions du muscle. C'était un ruban musculaire, mesurant 28 millimètres à son origine ventrale, 24 millimètres à son extrémité opposée, un peu moins large, mais plus épais à sa partie moyenne. Il naissait en dedans de l’aponévrose qui recouvre le grand droit, jusqu'à 3 centi- mètres 1/2 au-dessous de l’appendice xiphoïde; en atteignant l'humérus, les fibres charnues se terminaient par de petites fibres tendineuses excessivement courtes. Les fibres supérieu- res s’inséraient en partie sur la capsule articulaire, en partie sur le trochiter. Quant aux fibres inférieures, elles s’attachaient à une aponévrose spéciale que Jj'appellerai, en raison de ses connexions, aponévrose commune du peaucier dorsal et de la portion abdominale du grand pectoral. Au fur et à mesure que nous nous élevons dans la série, nous voyons le grand pectoral se rapprocher de plus en plus de la disposition qu'il présente normalement chez l'homme. Lisons les descriptions détaillées que nous ont données, sur l'anatomie des singes anthropomorphes, Duvernoy, Champneys, Vrolik, Bischoff, etc., et nous ne trouverons rien ou à peu près rien 28 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. qui, dans ce cas particulier, puisse nous servir pour expliquer les anomalies que présente le grand pectoral de l'homme. La fusion plus ou moins complète de ce muscle avec le deltoïde ou son congénère du côté opposé, l'insertion de quelques-uns de ces faisceaux à l’aponévrose brachiale, la présence d’une portion abdominale souvent peu distincte et se confondant toujours avec le tendon huméral de la portion sterno-costale, sont des dispo- sitions très atlénuées que nous avons trouvées avec beaucoup plus de netteté chez les mammifères inférieurs. «Le grand pec- (oral de mon gorille, dit Bischoff, n'offre rien de différent de celui de l'homme, si ce n'est son développement plus considé- rable.» Toutefois, d'après Pozzi, il existerait chez le gorille, au-dessous du corps charnu du grand pectoral, un second muscle (3° pecloral), naissant des 6° et 7° côtes, séparé du pre- mier par un long interstice où passe l’une des divisions du prolongement axillaire du sac aérien. Dans le Troglodytes Aubryi qu'ils ont étudié avec tant de soins, Gratiolet et Alix ont vu la portion abdominale du grand pectoral s'insérer sur le tendon de la portion sterno-costale. Le chimpanzé que j'ai disséqué au Muséum ne m'a offert qu'une bande abdominale peu distincte du reste du muscle. Le chondro-épitrochléen de l'homme pourrait à la rigueur trouver son explication dans ces faisceaux plus ou moins consi- dérables qui, chez les animaux, descendent jusqu’à l'extrémité inférieure de l'humérus, où même sur les aponévroses bra- chiales et antibrachiales. Mais, au-dessous de la classe des Mammiferes, les Oiseaux nous offrent un représentant direct de ce muscle : nous n'hésitons pas en effet, avec Wood, Perrin, Develle et autres, à voir dans le chondro-épitrochléen l'homo- logue de l'extensor plicæ alaris des Oiseaux. Quant à la bandelette musculaire qui dans le pigeon ramier se détache du biceps ou de l’aponévrose qui recouvre ce dernier muscle, elle ressemble absolument à la bande musculaire qui, dans le cas signalé plus haut, se détache du coraco-brachial. Ce muscle de renforcement se jette chez le ramier sur l'extensor plicæ alaris, lout comme, dans l'anomalie observée chez MUSCLE GRAND PECTORAL. 29 l'homme, le faisceau de renforcement fourni par le coraco- brachial se jette sur le tendon du chondro-épitrochléen (Perrin). Il nous resterait à expliquer encore l’anomalie fort rare où le grand pectoral s'attache à la fois à la lèvre interne et à la lèvre externe de la coulisse. Le grand pectoral des Anoures nous présente d'une façon très nelle cette double insertion. Voici la description qu’en donne Lannegrace : « C’est un mus- cle puissant constitué par deux plans de fibres : le plus superficiel va s'insérer sur le trochiter, sur la lèvre antérieure de la coulisse bicipitale et est constitué par des fibres légèrement ascendantes venues de l’épisternum, par des fibres horizontales peu nom- breuses venues de la face antérieure du sternum et du xiphi- sternum, enfin par un faisceau épais de fibres ascendantes qui ne sont qu'une parlie différenciée du grand droit de l'abdomen et qu'on peut suivre jusqu'au pubis. Le plan profond forme un faisceau assez fort de fibres horizontales, qui partent des bords du sternum et qui vont à la lèvre postérieure de la coulisse bicipitale. A propos des faisceaux anaslomotiques qui, du grand pec- toral de l'homme, peuvent aller rejoindre le grand dorsal ou son tendon, nous devons rappeler la disposition qu'indique Meckel chez le fourmilier, où l'on voit un faisceau postérieur distinct du grand pectoral se confondre, après un court trajet, avec le grand dorsal et devenir muscle peaucier. L'union du grand pectoral et du grand dorsal dans l'aisselle se fait le plus souvent au moyen d'une bande musculaire que le grand dorsal envoie au tendon du grand pectoral. I n'est pas rare de rencontrer chez l'homme, à litre d'anomalie, ce faisceau anastomotique. Nous le décrirons en détail et lui cher- cherons ses homologies dans la série animale, quand nous nous occuperons des anomalies du grand dorsal. $ VIII. — Absence d’une ou de toutes les portions du grand pectoral. — Cette anomalie est mentionnée dans le catalogue de Macalister et dans la plupart des auteurs classiques : Beaunis et Bouchard, Quains, Hyrtl, Theile, etc. J'ai pu recueillir sur 30 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. cette absence plus ou moins complète du grand pectoral vingt- quatre cas que je vais analyser le plus brièvement possible : 1° Cas de l'auteur. — J'ai trouvé, chez un jeune sujet mort de tuberculose pulmonaire, un grand pectoral divisé à gauche en deux portions par une large fissure transversalement dirigée, à la hauteur de la 3° et de la 4° côtes. Cet interstice, de forme triangulaire, mesurait à sa base sternale deux centimètres et demi. Le grand pectoral du côté opposé ne présentait pas la moindre trace de cet interstice. 20 Cas de Giovanardi (Anomalie anatomiche; lo Spallanzani, fase. 3-4, mars-avril 4876. Analys. in Hayem, t. XI, fase. 1, p. 14). — La plus grande partie de la portion costale du grand pectoral droit faisait défaut. Cette portion était réduite à un seul faisceau partant des 2° et 3° côtes et entièrement confondu avec la portion elaviculaire. Le petit pectoral faisait défaut. 3° Cas de Calori (Memorie della Accadenua di Bologna, série Il, &. VIT. — Absence de la portion sterno-costale du grand pectoral droit et du petit pecloral du même côté chez une jeune femme de vingt-six ans. 4° Cas de Swecdy (Lancet, march 29, 4873. Analys. in Jah- resberichte f. Anat. und Phys., 1873, p. 18). — Absence chez un jeune homme de la portion costale du grand pectoral et de la totalité du petit pectoral. La portion claviculaire du pectoral était légèrement hypertrophiée. Au reste, les côtes et le ster- num étaient, des deux côtés, parfaitement symétriques et bien conformés. 9° Cas de Burney Yeo (Meeting of the Clinical Society, febr. 28, 1873. Analys. in Journ. of Anat. and Phys., t. VU, p. 327). — Absence du grand pectoral gauche. 6° Cas de Turner (Journ. of Anat. and Phys., t. VIE, p. 327). — Sur un sujet qu'il a disséqué en 1865, Turner a constaté l'absence des faisceaux musculaires qui partent de la 2° côte et de la portion correspondante du sternum. 7° Cas de Berger (Angeborner Defekt der Muse. pectoralis, Tageblatt der Naturf. in Breslau). — Sur un homme de vingt- huit ans, absence de la portion sterno-costale du grand pectoral MUSCLE GRAND PECTORAL. 31 droit, coïncidant avec une hypertrophie considérable de la portion claviculaire. 8° Deuxième cas de Berger (/bid.). —- Les deux portions du erand pecloral manquaient à droite. Le delloïde antérieur suppléait vraisemblablement ce muscle. 9° Trois autres cas de Berger (Angeborner Defekt der Brust- muskeln. Virchow’s Arch., vol. LXXIT, p. 438-442). — L'auteur rapporte trois cas d'absence congénitale des muscles de la poi- trine, grand pectoral et petit pectoral, observés sur le vivant. Ces faits coïncident soit avec des malformations, soit avec de l'atrophie d'autres muscles voisins du groupe pectoral. 40° Cas de Külliker (Varietäten Beobachtungen aus dem prü- parirsaale zu Wurzburg, 1877-79). — Sur un cadavre d'homme d'ailleurs bien constitué la portion claviculaire du grand pecto- ral est normalement conformée ; seulement les fibres les plus internes prennent naissance sur la clavicule, à l’aide d'une longue traînée tendineuse. « Quelques-unes des fibres muscu- laires avoisinant cette traînée tendineuse sont unies à une sorte de tissu cicatriciel, de telle sorte que la traïînée tendineuse est peut-être en rapport avec ce tissu. Plus bas, la portion sterno- costale, jusqu'à la 4° côte, fait défaut; plus bas encore, le muscle existe comme à l’état normal; il y a donc dans la masse du grand pectoral une grande lacune de la forme d'un triangle dont la base est représentée par le sternum et le sommet par la réunion des deux parties existantes. » 11° Cas de Forsyth (Jahresberichte f. Anat. und Phys., 1873). — Chez un jeune forgeron de dix-huit ans qui mourut d'une phthisie commençante des deux côtés, il y avait absence com- plète du grand et du petit pectoral. 12° Cas de Deshayes (Soc. anat., 1873, p. 205).-— M. Desbayes a observé chez un individu vivant l'absence de la parot anté- rieure de l’aisselle, On ne sentait à ce niveau ni muscles ni tendons; l’adduction du membre supérieur élait produite par contraction de la portion claviculaire du muscle deltoïde. 43° Cas de Quains (Anat., p. 233). — Absence de la morie inférieure de la portion costale. 32 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 14° Cas de Macalister {On muscular anomalies). — Macalister a observé une fois, sur un sujet maigre, l'absence de la portion sternale du grand pectoral droit (1). 15° Hyrtl rapporte que dans sa longue pratique anatomique, il n'a observé que deux fois l'absence de la portion sterno-cos- tale (Trattato di Anatomia dell uomo, versione itahana dei dot. Lanzillotti-Buonsanti et F. Occhini, p. 349). 16° Cas de Cruveilher. — Absence de la portion claviculaire du grand pectoral chez une femme avancée en âge (cité par Hyrtl, ibid., p. 349). 47 Nubn (Untersuch. u. Beobacht., Helft FE, p. 19), Quains (p. 317), Barkow (Wonstra duplicia, Lips., 1828, p. 21), Gru- ber (Virchow's Arch., vol. XI, p. #2\, cités par Macalister, ont observé des anomalies semblables. Quelle est la signification exacte des faits qui précèdent? Pour les apprécier sainement, nous aurions besoin de rensei- gnements que ne conlient pas la mention par trop sommaire qui nous les a fait connaître. Il faudrait, avec ces renseigne- ments, les soumettre, les uns après les autres, à une critique minulieuse et épuiser pour chacun d'eux toutes les explications pathogéniques. Si, avec les seuls détails que nous possédons, nous voulons essayer quelques conclusions, nous pouvons dire que les faits d'absence plus ou moins complète du grand pec- {oral aujourd'hui connus doivent être scindés en deux classes : S'il en est, en effet, qui relèvent directement de ce processus morbide, décrit en pathologie sous le nom d'atrophie muscu- laire progressive (faits de Berger), s'il en est quelques autres qui reconnaissent pour cause un traumatisme antérieur (fait de Kôlliker), il en est un plus grand nombre auxquels une sem- blable explication ne saurait manifestement convenir et qui méri- tent d'être réservés. Les cas rares, mais bien observés, où le grand pecloral était réduit à sa portion sterno-costale sont de ce nombre : pourquoi ne pas voir dans cette dernière anomalie la reproduction, chez l'homme, d’une disposition qui est nor- (t) Il existe un cas de Freund signalé dans le deuxième mémoire de Berger et que je n'ai pu me procurer, + MUSCLE GRAND PECTORAL. 39 male chez plusieurs mammifères, les non claviculés entre autres, chez le porc-épic, l'atèle (Meckel), le cercopithecus, le macacus et même l'orang (Bischoff). Le grand pectoral de ces animaux manque, en effet, de faisceaux claviculaires. Bibliographie : MEeckeL. Manuel d'Anat. générale, descrip. et path.; trad. Jourdan et Breschet, 1825, t. II. Tele. Encycl. anat.; trad. Jourdan, 1843, t. III. MacauisTer. À Descript. Catal. of muscular anomalies in human anatomy in Transact. of the roy. Irish Academy, 1871. CRUVEILHER. Traité d’'Analomie descriptive, 5° édit., 1871. Sappey. Traité d'Anatomie descriptive, t. II. BEaunis et BoucuarD. Nouveaux Éléments d’ Anatomie descriptive, 3° édit., 1880. MECKEL. Traité d'Anatomie comparée, trad. Riester et Sanson. Cuvier. Leçons d’Anatomie comparée, 2° édit., 1836. Cuvier et LauRILLARD. /èecueil de planches de myologie. (Je signale ici, une fois pour toutes, ces divers traités généraux qu’il faudrait répéter, pour ainsi dire, à propos de chaque muscle.) ZeNkER. Batrachomyologie, Téna, 1826, p. 39. OTTo. Path. anat., 1830, p. 249. SEILER. Oserc. anat., 1808. Kosrer. Arch. néerlandaises, 1864, p. 369. TIEDMANN. Journ. complémentaire des sc. méd. de 1830, t. VI, p. 283. Boyer. Traité d’'Anatomie, 1815, t. II, p. 116. MeRCKEL. Henle's Zeitschrift, 1867, vol. xxix, p. 158. Woop. Variations in human myology (Proc. of Roy Soc. of London, t. XIV, p. 491). CaLor. Memorie dell Accademia di Bologna, série I, t. VIT, p. 45. — Ibidem, série VI, t. VII. MACALISTER. Journ. of Anat. a. Phys., t. 1, p. 219. Broca. Bull. Soc. d’Anthrop., 1869, t. IV, p. 316. CHaupzinsk|. lèevue d’Anthrop., t. II, p. 25. Mizne-Epwarps. Myographie du Siphneus; étude pour servir à l'histoire de la faune mammologique de la Chine, 1868. PERRIN. Notes on some variations of the pectoralis major (Journ. of Anut. a. Phys., 1871, t. VIII, p. 234). GRUBER. Ein von der sterno-costal Portion der M. pectoralis major abgegebenen besonderer Tensor fascie brachialis (Virchow's Arch. 1876, p. 395). CALDANI. Instit. Anat., t. II, p. 239. SrRUTHERS. Anat. and Physiolog. obserc., Édimburg, p. 199. DEvELLE. Soc. Anat., 1548, p. 319. 34 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. GruBER. Ueber einen besonderen Kanal für den Nervus medianus in sulcus bicipitalis internus bei Vorkonmen eines Musc. costo-epitrochlearis (Arch. f. Anat. u. Phys., 1878, p. 401). Kxorr. Muscular anomalies (Journ. of Anat. and Phys., 1880, vol. XV, p. 139). Tesrur. Soc. d'Anat. et de Phys. de Bordeaux, déc. 1881. | MAISONNEUvVE. Ostéologie et Myologie du Vespertilio murinus (Thèse de doctorat, 1878). AL1Ix. Soc. philom., 1867, p. 193. ; T£srur. Système locomoteur de l'Ursus americanus (en préparation). GiovanarDr. Anomalie Anatomiche (Lo Spallansani, fase., 3, 4), 1876. Iwepy. Lancet, march 29, 1873. Burxey-Yeo. Meeting of the clinical Society, feb. 1873. TurNer. Journ. of Anat. and Physiol., t. VII, p. 327. BerGer. Angeborner Defekt der Musc. pectoralis (Tageblatt der Naturf. u. Breslau). BerGer. Virchow’s Arch., vol. LxxI1, p. 438. KüLLIKER, FLESCH u. HANS VircHOwW. Varictaten Beobachtungen aus dem Prœpararsaale su Wurzsburg, 1879. ForsyTx. Jahresbericht f. Anat. und Phys., 1873, p. 18. DEsHaYs. Soc. Anat., 1873, p. 305. Quains. Anat., p. 233. HykrTL. Trattato di anatomia dell’ uomo, trad. ital. de Lanzilloti-Buonsanti et P. Occhini, p. 349. NuaN. Untersuch. u. Beobachtungen, Heft I, p. 19. Barkow. Monsira duplicia, Leipzig, 1828, p. 21. GruBER. Virchow’s Arch., vol. XI, p. 42. FREUND. Cité par BERGER, loc. cit. Berz. Froriep's Tagesberichts, n° 211. GRuBER. Mémn. de l'Acad.imp. de Saint-Pétersbourg, 1860, n° 2, t. III, p. 10. — Virchow's Arch., Bd 46, p. 427. — Ucber einem Musc. costo-coracoïdeus beim Menschem. (Bull. Ac. imp. de Saint-Pétesbourg, 1872, col. 407.) SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880. BARDELEBEN. Muskeln und Fascie (Jenaische Zeitschrift, 1881). ARTICLE II MUSCLE SOUS-CLAVIER ET MUSCLE PETIT PECTORAL $ 1. — Disposition du système pectoral profond chez le lapin. — Le muscle sous-clavier et le muscle petit pectoral, distincts chez l’homme, ne sont pas séparables en anatomie générale; ils font partie l'un et l’autre d'un même système musculaire qui s'étend, au-dessous du grand pectoral, du thorax SYSTÈME PECTORAL PROFOND CHEZ LE LAPIN. 39 aux différentes régions de l'épaule et que l’on peut appeler : système musculaire {horaco-scapulaire. A cet égard, l'aponévrose clavi-peclorale, qui réunit, chez l'homme, le petit pectoral et le sous-clavier, en comblant tout l’espace qui sépare ces deux muscles, appartient manifestement à cette classe d'organes fibreux qui représentent des faisceaux musculaires disparus : telles sont, à la région dorsale, l'aponé- vrose des dentelés ; à la région cervicale, l'aponévrose qui réunit la digitation la plus élevée du grand dentelé au bord inférieur de l’angulaire de l’omoplate, etc. Du reste, le triangle clavi-pectoral se lrouve souvent fort réduit par l'extension en haut du petit pectoral, et Gruber a décrit sous le nom de pectoralis minimus un faisceau surnumé- raire qui, partant de la première côte ou du sternum et abou- tissant à l’apophyse coracoïde, sert bien certainement d’inter- médiaire entre le petit pectoral et le sous-clavier. Ce système thoraco-scapulaire ou pectoral profond varie beaucoup suivant les espèces, mais l'élément perturbateur qui paraît surtout influencer les variations morphologiques de ces faisceaux musculaires, est la présence ou l'absence de la clavi- cule. Voici, d'après M. Sabatier, dont j'ai reproduit moi-même les dissections, la disposition qu'offre ce système chez un animal qu'il est toujours facile d'avoir sous la main, chez le lapin. Ce système (petit pectoral de Krauss, sous-clavier de Cuvier), placé au-dessous du grand pectoral et peu distinct de ce dernier muscle à son origin, comprend deux couches : une couche superficielle et une couche profonde. a) — La couche superficielle, triangulaire et très volumi- neuse, se détache du sternum et se porte à la clavicule osseuse et au ligament claviculaire externe {portion sterno-claviculaire). 6) — La couche profonde naît également sur le manubrium, sur le présternum, la face antérieure du sternum et, passant sous la clavicule et le ligament claviculaire interne, il forme un muscle très volumineux qui, longeant le bord antérieur du sus- épineux, vient s'insérer avec lui sur le bord antérieur du 36 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. scapulum et sur l’aponévrose sus-épineuse (portion sterno-scapu- laire). 7) — Du bord antérieur de la clavicufe, naît un muscle large qui va à l'épine du scapulum sur le bord supérieur de laquelle il s'insère {portion scapulo-claviculaire). à) — En arrière des bandes précédentes, mais contiguës à elle, se trouvent d’autres bandes musculaires qui se portent soit sur le trochiter et Ja crête sous-trochitérienne, soit sur le trochin {portion sterno-trochitérienne el sterno-trochinienne). =) — Quelques faisceaux s’insèrent sur la capsule articulaire (portion sterno-capsulaire). ù £) — Quelques autres enfin viennent s'attacher à l’apophyse coracoïde {portion sterno-coracoïdienne). L'étude préalable de ces différents faisceaux musculaires, qui constituent chez le lapin et chez quelques autres mammifères une disposition normale, va nous être d’un grand secours pour l'interprétation des anomalies qui suivent; et si ces anomalies ne sont, en réalité, qu'un retour aux dispositions sus-énoncées, nous pouvons déjà les pressentir, et d'avance nous expliquer leur reproduction chez l'homme. $ II. — Anomalies du petit pectoral. — Ce muscle, de forme triangulaire, s'insère en dedans, sur le bord supérieur et la face externe des 3°, #° et 5° côtes, par des languettes tantôt distinctes, tantôt fusionnées. Le corps charnu qui résulte. de cette triple origine se porte en baut et en dehors et vient se fixer sur la moitié antérieure du bord interne de l’apophyse coracoïde, en se confondant plus ou moins à ce niveau avec le tendon d'origine du muscle coraco-brachial. Réuni au muscle sous-clavier par l'aponévrose clavi-pectorale, il contracte égale- ment avec la peau du creux axillaire de solides adhérences, à l’aide d’une aponévrose qui part de son bord inférieur et qui est bien connue, en anatomie topographique, sous le nom de ligament de Gerdy, ligament suspenseur de l'aisselle. Cette apo- névrose, on le sait, n'est autre chose que la continuation de l’aponévrose clavi-pectorale, qui, dans l'aire du petit pectoral, en tom te Là MUSCLE PETIT PECTORAL. : BE ÿ | s'est dédoublée en deux feuillets, pour former à ce muscle une gaine complète. 1° Variations dans les insertions costales ou thoraciques. — Les dimensions de la base de ce muscle et, par suite, le nombre de ses digitations sont fort variables. J'ai vu naître le petit pectoral des 2°, 3° et 4° côtes; des 4° et 5°; des 2°, 3°, 4° et 5° (M. Chudzinski a observé un cas semblable chez un nègre); des 3°, 4°, 5° et 6° (2 fois). Dans un cas où le petit pectoral était considérablement réduit de volume, je l'ai vu naître, par une seule languette de 5 centimètres de hauteur, de la 4° côte seulement et de l’aponévrose intercostale située au-dessous. Il était apparemment suppléé, sur ce sujet, par le muscle sous- clavier, qui était trois fois plus volumineux qu'à l'ordinaire et qui présentait, en dehors, une double insertion claviculaire et coracoïdienne. Anatomie comparée. — Chez le Siphneus (Milne-Edwards) le petit pectoral s'étend de la 2° côte et du cartilage correspondant à l'apophyse coracoïde. Chez le Troglodytes Aubryi (Gratiolet et Alix), il s'insère sur l’espace compris entre la 2°et la 5° côte. Chez mon chimpanzé (Troglodytes niger) je l'ai vu se détacher des 1°, 2 et 3° côtes et de l’espace interosseux sous-jacent. Chez le magot, 1 descend jusqu'à la 6°; chez l'Ursus americanus (Testut), le petit pectoral, très développé, prend naissance sur les 2°, 3°, 4° et 5° cartilages costaux. 20 Anastomose avec le grand pectoral. — Macalister signale un cas où le petit pectoral reçoit, au niveau de ses insertions costales, de la face profonde du grand pectoral, un faisceau de renforcement. La présence de ce faisceau anastomotique est un premier degré de fusionnement entre le grand pectoral et le pelit pecloral; on sait que ces deux muscles se trouvent réunis, tout au moins à leur origine, dans un grand nombre de mam- mifères. Dans ces espèces, le petit pectoral se détache à la fois du sternum et des côtes : si, chez l'homme, les faisceaux costaux ont persisté, les faisceaux sternaux ont entièrement disparu; le faisceau anastomotique, observé par Macalister, n'est autre chose qu'un homologue de ces derniers. 33 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 3° Variations dans les insertions externes; insertions scapulaire, capsulaire, humérale, ete. — Durant le semestre d'hiver 1879- 1880, j'ai observé deux fois l'insertion du petit pectoral à la capsule articulaire de l'épaule : dans le premier cas, le sommet du muscle petit pectoral tout entier glissait sur l’apophyse coracoïde au moyen d’une bourse séreuse et venait s'épanouir sur la capsule articulaire, en confondant son insertion sur le tro- chiter avec celle du muscle sus-épineux. Le deuxième fait est un peu plus complexe : le petit pectoral, né des 3°, 4°, 5° et 6° côtes se divisait, à 3 centimètres en dedans de l’apophyse coracoïde, en deux faisceaux distincts; le faisceau profond prenait inser- tion, comme d'ordinaire, sur le bord interne de l'apophyse coracoïde ; le faisceau superficiel, poursuivant son trajet au delà de l’apophyse coracoïde, venait se confondre avec la capsule de l'articulation scapulo-humérale. Ces deux faits ne sont pas isolés dans la science : il suffit de parcourir les journaux, consacrés à l’élude des sciences anato- niques, pour rencontrer un assez grand nombre d'observations se rapprochant plus où moins directement de celles que je viens de rapporter. En France, tout d'abord, nous trouvons des observations de Folz, de da Souza et de Fischer relatant l'insertion du muscle petit pectoral au ligament capsulaire. Dans ces trois cas, il est fait mention d’une bourse séreuse située entre le tendon et l'apophyse coracoïde. M. Panas, en 1863, a montré à la Société Analomique un petit pectoral, s'insérant à la fois sur l’apophyse coracoïde et sur Le col anato- mique de l'humérus. Les publications étrangères nous apportent les nombreuses observalions de Gantzer, Gruber, Wood, Macalister, Walsham. Dans un premier cas de Wood (Proc., t. XV, p. 231), le tendon du petit pectoral s'insérait à l'apophyse coracoïde, mais envoyait en même lemps deux expansions tendineuses distinctes : la première, au ligament acromio-coracoïdien, la seconde, au liga- ment capsulairé, sur la surface externe duquel elle se confondait avec le tendon du sus-épineux. Celte insertion du petit pectoral sur la grosse tubérosité, à côté du sus-épineux, est encore men- MUSCLE PETIT PECTORAL. 39 tionnée par Harrison (Dublin Dissector, Y, p. 79), et par Benson (Cyclop. Anal. and Phys., p. 359). Dans un second cas, fort curieux et figuré encore par Wood {Proc. of Roy. Soc., t. XVI, p. #92), le petit pectoral se composait en réalité de 4 portions : la 4° portion, ou portion supérieure, naissait de la 2° côte et de l’aponévrose intercostale située au-dessous, passait au-dessus de l’apophyse coracoïde, donnait un premier tendon au liga- ment coraco-acromial et se terminait sur la capsule et le ligament glénoïdien ; la 2° portion partait des 3° et 4° côtes et s'attachait à l'apophyse coracoïde; la 3° naissait de la 5° côte et s'insérait également à l’apophyse coracoïde; quant à la 4° portion ou portion inférieure, partant de la face externe de la 5° côte, elle glissait sur l'apophyse coracoïde, traversait le ligament capsulaire et, rejoignant le tendon de la 1" portion, venait renforcer le ligament glénoïdien. Pour les faits analogues de Gruber, Macalister, Walsham, voyez Mémoires de l'Académie ünpériale de Saint-Pétersbourg, 1860 ; Journal of Anatomy and Physiology, t. 1, p. 317 (en note); et St-Bartholomew's Hospital Reports, vol. XVI, p. 81. Macalister, après Sæmmering, signale l'insertion des fibres inférieures du petit pectoral sur le muscle coraco-brachial. Vinslow a vu quelques faisceaux du même musele se perdre à la fois dans le coraco-brachial et la courte portion du biceps. Enfin M. Wood a vu, deux fois au moins, les fibres les plus élevées du petil pectoral se porter sur la membrane costo-cora- coïdienne et même sur la clavicule, constituant ainsi une variété du muscle sterno-claviculaire que nous étudierons plus loin. Anatomie comparée. — Toutes ces variations de l'insertion externe du petit pectoral se retrouvent normalement chez les mammifères; le lapin nous a déjà présenté, indépendamment de ses faisceaux coracoïdiens, des insertions au trochiter, à la crêle sous-trochitérienne, au trochin, à la capsule articulaire. Le petit pectoral des Marsupiaux s'insère sur le scapulum et sur l’aponévrose sus-épineuse. De même chez le wombat, étudié par Gallon, il s'étend à travers cette aponévrose sus- épineuse jusqu'à l’épine elle-même. 40 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. L'insertion glénoïdienne s'observe chez le Zion (Sabatier) et chez le gorille (Auzoux); une pareille disposition, toutefois, ne doit pas être constante dans celte dernière espèce. Sur les gorilles disséqués par Duvernoy, par Macalister et par Bis- choff, les deux portions du petit pectoral s’attachaïent l'une et l’autre à l’apophyse coracoïde. Chez le mouton, le cheval, le bœuf, on observe également des insertions coracoïdiennes, sus-épineuses, épineuses et humérales. Chez l'Ursus americanus, J'ai vu le petit pectoral, après avoir envoyé ses faisceaux antérieurs dans la région sus- épineuse, se condenser sur un tendon aplati, lequel venait s'insérer sur le trochiter et la lèvre externe de la coulisse bicipitale. Chez les singes non anthropoïdes, l'insertion à l'humérus est une disposition à peu près constante : sur la guenon, j'ai vu le muscle s'attacher, à la fois, à l’apophyse coracoïde, à Ja capsule articulaire et au trochiter. Sur un singe papion, M. Sabatier a observé une disposition à peu près semblable à celle que nous avons mentionnée plus haut dans l’anomalie de Folz: les faisceaux du muscle se divisaient en deux groupes; les uns s’attachaient à l'apophyse coracoïde, c'étaient les moins nombreux; les autres glissaient sur le sommet de cette même apophyse et venaient s'insérer à la fois sur la capsule articu- laire et sur le trochiter. Meckel signale lui aussi cette double insertion chez le papion. Chez le cynocéphale maimon, Bischoff décrit au petit pectoral deux portions complètement séparées : la portion inférieure, naissant de l'aponévrose abdominale pour se porter à l’humérus et à la gaîne du biceps, correspond à la portion abdominale du grand pecloral; la portion supérieure seule représente le petit pecloral de l'homme. Or, son tendon terminal vient s'altacher en partie sur l'apophyse coracoïde, en partie sur la voüle acromio-coracoïdienne el par son intermédiaire sur l'acromion. Chez l'orang et le gibbon (Bischoff), le pelit pectoral ne MUSCLE PETIT PECTORAL. 41 possède que des insertions coracoïdiennes et ressemble beau- coup à cet égard à celui de l’homme. Mais chez le chimpanzé, nous retrouvons, comme chez la plupart des singes inférieurs, une insertion humérale. Voici la description qu'en donnent Gratiolet et Alix, chez le Troglodytes Aubryi : «Les faisceaux charnus du pelit pectoral se terminent par un tendon qui est d'abord visible à son côté interne. Ce tendon ne tarde pas à devenir libre; il se place parallèlement à l’aponévrose costo- coracoïdienne, s'applique à la face antérieure, puis au bord supérieur de l’apophyse coracoïde, glissant, à l'aide d'une petite bourse synoviale, dans une gouttière creusée sur cette face et sur ce bord à la base du crochet de l’apophyse, se refléchit et dès lors se subdivise en deux tendons terminaux. Le plus pelit, très grèle, faisceau récurrent, se recourbe vers la base de l'apophyse coracoïde et se termine sur la face postérieure, auprès du ligament acromio-coracoïdien; l’autre s'épanouit sur la capsule fibreuse de l’articulation scapulo- bumérale, à laquelle il adhère intimement, sans pourtant cesser d'être distinct. Arrivé au sommet de la coulisse bicipi- tale, il se bifurque à son tour : la première division, assez grêle, vient adhérer au sommet de la lèvre interne de cette coulisse, c'est-à-dire à la tubérosité interne de l’humérus ; l’autre division, beaucoup plus forte, s'insère au sommet de la lèvre externe, c'est-à-dire à la tubérosité externe de l'humérus. » Broca n'a pas retrouvé cette insertion coracoïdienne sur le Troglodytes niger : le tendon du petit pectoral ne se bifurquait pas et venait se fixer tout entier sur la grosse tubérosité de l’humérus. Dans la même espèce d’anthropoïde, Vrolik et moi- même, avons vu le petit pectoral s’insérer en totalité, comme chez l’homme, sur l’apophyse coracoïde. Il est singulièrement intéressant de constater, chez les singes anthropoïdes, des dispositions anatomiques aussi mobiles, de voir, par exemple, l'insertion externe du petit pectoral repro- duire sur un sujet la disposition des singes inférieurs, sur un autre, appartenant à la même espèce, la disposition de l'homme. Nous voyons ainsi les variations anatomiques des muscles 42 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. abaisser d'une part l'homme jusqu'aux singes, et d'autre part élever ces derniers jusqu'à l'homme; singuliers jeux de la nature, peu favorables, on en conviendra, à l'opinion de ceux qui voient encore se dresser une barrière infranchissable, entre la constitution matérielle des uns et la constitution matérielle des autres. 4° Muscle surnuméraire sterno-costo-coracoïdien ou « pectoralis minimus » de Gruber. — Ce pelit faisceau musculaire, décrit en détail par le professeur Gruber, mais signalé avant lui par Bühmer et par Rosenmüller, s'attache sur la première côte, un peu en dehors du ligament costo-claviculaire et aussi sur la poignée du sternum; de là il se porte en dehors entre le sous- clavier et le petit pectoral, et vient se fixer comme ce dernier à l'apophyse coracoïde. Le pecloralis minimus est l'homologue de ces faisceaux du petit pectoral si variables en volume, qui, chez beaucoup de mammifères, naissent du manubrium ou de la première côte et s'étendent jusqu’à l'apophyse coracoïde. J'ai déjà noté que, mème chez le chimpanzé, le petit pectoral pouvait recevoir une digitation de la première côte. Nous devons rapprocher encore de ce faisceau musculaire, les divers modes d'insertion du sous- clavier à l'apophyse coracoïde, que nous étudierons dans l’article suivant. | Analomie comparée. — HN existe chez les oiseaux un muscle sterno-coracoïdien, complètement distinct du petit pectoral, qui présente beaucoup d'analogie avec le faisceau de Grüber. «Ce muscle, dit Sabatier, est divisé en deux parties : l'une superfi- cielle, l'autre profonde. Le sterno-coracoïdien superficiel part de la face externe de l’angle antérieur et latéral du sternum pour se rendre sur le bord externe de l'extrémité sternale du coracoïde. Chez la buse (Falco buteus) où j'ai eu l’occasion de le disséquer, ce muscle partait non seulement de l'angle externe et antérieur du sternum, qu'il recouvrait dans une certaine étendue, mais aussi des portions sternales des quatre premières côtes. De là, ces fibres convergeaient vers la partie externe de l'extrémité sternale du coracoïde. » MUSCLE PETIT PECTORAL. 43 M. Alix qui a étudié le sterno-coracoïdien chez l'aigle, admet également deux faisceaux et pour ainsi dire deux muscles distincts, un slerno-coracoïdien externe et un sterno-coracoïdien interne. (Essai sur l'app. loc. des oiseaux, 187%, p. 392.) Mivart, chez l'Iguana tuberculata, décrit un muscle s'étendant du sternum à l'os coracoïde. (Proced. Zool. Soc., 1867, p. 779.) 5 Division du petit pectoral en deux portions. — Tiedmann signale ce cas sur un sujet qui présentait également une division en deux couches du grand pectoral. J'ai rappelé plus haut le cas que j'avais observé moi-même, où le pelit pectoral se divisait également, avant d'atteindre l'apophyse coracoïde, en deux portions distinctes, ayant chacune une insertion propre. Anatomie comparée. — Cette division du petit pectoral en faisceaux distincts se retrouve normalement chez un grand nombre d'espèces; pour nous arrêter aux quadrumanes, nous voyons le pelit pectoral du gorille constitué par deux portions distinctes, ayant chacune leur tendon et ne se réunissant qu'à leur attache à l’apophyse coracoïde. (Duvernoy, Bischoff.) J'ai observé une disposition à peu près semblable, chez une guenon qui m'avait été donnée par M. Guillaud: le petit pectoral était constitué par deux muscles distincts dans la plus grande partie de leur étendue. La portion supérieure, de beaucoup la plus volumineuse, naissait des 3°. 4° et 5° côtes, et s’attachait au bord interne de l’apophyse coracoïde. La portion inférieure se détachait des 6° et 7° côtes et venait se fixer également à l’apophyse coracoïde. Les deux tendons d'insertion coracoïdienne se fusionnaient à un centimètre en dedans de cette apophyse. 6° Absence du petit pectoral. — Poland /Guy's Hospital Reports) a noté celte absence du pelit pectoral, dans un cas où le grand pectoral faisait également défaut. Des faits semblables ont été observés par Barkow, Forsyth, Berger, Iweedy, Calori, Giova- nardi, Kôlliker. Tous ces faits doivent vraisemblablement se rattacher à quelque arrêt de développement. A propos du cas qu'il a observé, dans ses salles de dissection, le professeur d'anatomie de Wurzbourg s’est demandé si l'ab- sence congénitale du muscle pelit pecloral n'avait pas influencé 44 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. le développement et la direction de l'apophyse coracoïde. À priori, il lui semblait naturel de conclure que celte saillie osseuse, sollicitée uniquement par l’action combinée des mus- cles coraco-brachial et court biceps, devait ètre moins déjetée en dedans que dans les cas ordinaires, où l’action contrariante du muscle petit pectoral vient s'ajouter à celle des muscles pré- cités. Les mensurations pratiquées à l'aide de l'appareil de Lucæ lui ont donné raison: l’apophyse coracoïde gauche (côté correspondant à l'anomalie) était moins déjetée en arrière que la droite; en même temps elle se rapprochait de l'acromion, diminuant d'autant la longueur du ligament coraco-acromial. Enfin, la distance qui sépare le sommet de l'apophyse cora- coïde des tubérosités humérales mesurait, à gauche, quatre millimètres de moins que du côté droit. «Bien que, en raison de la fréquence des exemples d'asymétrie dans le système osseux, cette légère différence constatée dans un seul cas, ne puisse avoir la prétention d'être un argument probant et absolu, cependant il est vraisemblable que dans ce cas les variations morphologiques observées sur l’apophyse coracoïde et prévues par la théorie doivent être rattachées à l’anomalie musculaire.» (Külliker.) $ IT. — Anomalies du sous-clavier. — Le muscle sous- clavier est un muscle généralement très grêle, situé entre la première côte et la clavicule. S'insérant en dedans sur le pre- mier carUlage coslal, par un tendon fusiforme, il se termine en dehors par une série de petites languettes tendineuses excessi- vement courtes, qui s’attachent à la face inférieure de la clavi- cule, creusée d'une goutlière rugueuse pour les recevoir. Les anomalies que présente ce muscle peuvent être rame- nées à trois groupes : anomalies dans l'insertion externe, dupli- eulé du muscle, absence du muscle. Je laisserait de côté les variations de volume qui sont nombreuses et étendues, mais qui, au point de vue spécial qui nous occupe, sont sans impor- tance. 1° Anomalies de son insertion externe, — Cloquet a vu le MUSCLE SOUS-CLAVIER. 45 muscle sous-clavier s'insérer sur le ligament conoïde ou trapé- zoïde, sur l’apophyse coracoïde, sur l’acromion. Je n'ai jamais observé l'insertion acromiale; par contre, j'ai rencontré maintes fois et avec des variantes nombreuses l'insertion, à l'apophyse coracoïde. Dans la plupart des cas, on voit se détacher, de l’aponévrose d’enveloppe du muscle sous-clavier, un ligament plus ou moins résistant, qui vient s'implanter d’autre part en un point quelconque du bord interne de l’apophyse coracoïde, formant ainsi le bord inféro-interne d’un pelit triangle dont les deux autres côlés sont, en dehors, l'apophyse coracoïde, en haut, le sous-clavier lui-même. J'ai vu, deux fois, le tendon coracoï- dien naître, non plus de l’aponévrose sous-clavière, mais d'un faisceau charnu, constituant le bord antérieur du sous-clavier. Dans un autre cas, le muscle sous-clavier presque en entier s’attachait à l’apophyse coracoïde; quelques fibres seulement, situées en arrière, se fixaient à la clavicule. Deux cas sembla- bles ont été rapportés, l’un par Bühmer, l’autre par Sandifort. Külliker a signalé lui aussi, il ÿ a deux ans, un cas d’anomalie du sous-clavier, dans lequel l'extrémité externe de ce muscle consliluait une large lame musculaire, s'étendant du point d’in- sertion normal {face inférieure de la clavicule), à l’apophyse coracoïde, jusqu'à l'échancrure coracoïdienne. Tout récemment (janvier 1881) M. Shepherd a vu également un faisceau musculaire, partant du premier cartilage costal, aboulir à l'apophyse coracoïde. Ce muscle est un vrai costo-coracoïdien ; c’est encore, sion le veut, un pectoralis mini- mus de Gruber, auquel on aurait enlevé ses faisceaux d'origine sternaux. Nous avons suffisamment parlé, dans les deux paragraphes précédents, des insertions coracoïdiennes du système petit pec- toral, il est inutile d'y revenir ici. 20 Duplicité du muscle sous-clavier. — Des cas de double sous-clavier sont signalés par Sæœmmering, Hailer, Rosenmüller, Wood; j'estime avec M. Macalister que cetie anomalie provient le plus souvent de l'existence d’un muscle surnuméraire, sura- jouté au sous-clavier normal. Ce muscle est dans la plupart des 46 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. cas situé en arrière du sous-clavier, s'étendant transversalement du bord supérieur du scapulum soit au premier cartilage costal {chondro-scapulaire), soit au slernum f{sterno-scapulaire), ou même à la fois au slernum et au premier cartilage costal (sterno-chondro-scapulaire). Nous relrouverons ce muscle dans l’article suivant, à propos des muscles claviculaires surnumé- raires. 3° Absence du musele sous-clavier. — Cette absence a été notée par Gruber (Virchow's Arch., vol. XT, p. #30). Kôlliker (loc. cit., n° 15) a trouvé le muscle sous-clavier du côté gauche remplacé par un ligament. Dans un mémoire {out récent de Gruber publié dans les Archives de Virchow et analysé dans le Jahresberichte de 1880, le savant anatomiste russe signale sept cas dans lesquels il existait à sa place un muscle sterno-chondro- seapulaire. Ce dernier muscle n'étant pour ainsi dire qu'un sous-clavier qui au lieu de s'arrêter à la clavicule vient s'atta- cher au scapulum, je préfère interpréter lessept faits de Gruber d’une facon différente et, au lieu d'admettre une absence du sous-clavier, dire que dans ces cas le muscle sous-clavier, plus développé qu'à l'état normal, allait chercher sa surface d’inser- tion jusque sur l'omoplate. 4° Insertion à l’'humérus. — M. Walsham a vu, à S'-Bartho- lomew's Hospital, un muscle sous-clavier envoyer à l'humérus une expansion tendineuse. Il existait même une synoviale entre l’apophyse coracoïde et le tendon terminal du muscle. Chez les oiseaux, d'après Mivart, le muscle sous-clavier se détache du pectoral et son tendon, passant entre la clavicule, le coracoïde et le scapulum, vient s'attacher à l'humérus. Aussi Walsham n'hésite-t-l pas à voir, dans le cas qu'il signale, une disposition anormale, reproduisant, plus ou moins complètement, le sous-clavier normal des oiseaux. Bibliographie : BôHMER. Obserc. anat. rarior., Halæ 1752. SANDIFORT. Éxercitationes Acud., Lugd. Batav., 1783, p. 88. ROSENMULLER. Bectræge für die Zergliederungskunst, t. 1, eah. 3, tab. 2. MUSCLE SOUS-CLAVIER. 17 R. WAGNER, in Heusinger's Zeitschrift, t. II, p. 335. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres dans la série des Vertébrés, Montpellier, 1880. GRATIOLET et Arix. Recherches sur l'anatomie du Troglodytes Aubryi (Nouvelles Arch. du Musèum, t. 11, 1866). Broca. L'Ordre des Primates (Soc. d'Anthrop., 2 série, t. IV, 1869, p. 317). Duvernoy. 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Les faisceaux musculaires anormaux que l'on rencontre autour de la clavicule et qu'on peut désigner sous la dénomi- nation générale de muscles claviculaires surnuméraires, sont sujets à des varialions nombreuses, porlant sur leur volume, leur situation, leur forme, leurs insertions. Les variétés de nom sont malheureusement plus nombreuses que les variétés anatomiques ; de là, dans l'étude de ces muscles, une confusion regrettable, qui ne disparaîtra qu'avec une terminologie mieux établie. En tenant compte des faits observés jusqu'ici, et en prenant, pour base de mes dénominations, les points d'attache du mus- cle plutôt que sa situation par rapport à la clavicule, je proposera la classification suivante. Nous trouvons : 1° Des muscles se détachant, suivant le cas, du sternum, du premier cartilage costal, ou même de la portion osseuse de la première côte, pour se rendre au bord supérieur de l’omoplate {M. sterno-chrondro-scapulaires); 2° Des muscles allant du sternum à la clavicule /M. sterno- claviculaires). Ces muscles peuvent être situés, soit en avant (cas le plus fréquent), soit en arrière (cas le plus rare) de l'articulation sterno-claviculaire. De là deux groupes distincts : des M. sterno-claviculaires antérieurs et des M. sterno-clavicu- laires postérieurs ; 3° Des muscles allant du scapulum à la clavicule /M. sca- pulo-claviculaires). Ces muscles peuvent s'insérer sur trois points différents du scapulum, le bord supérieur, l’acromion, l'apophyse coracoïde; de là cette triple division : AL. scapulo-clavi- culaires proprement dits, M. acromio-claviculaires et M. coraco- claviculaires ; 4° Enfin, il existe des muscles qui, s’attachant d'une part à la clavicule, vont se perdre d'autre part sur les aponévroses MUSCLES CLAVICULAIRES SURNUMÉRAIRES. 19 voisines, dont ils constituent des muscles tenseurs. Je propose de leur donner le nom de cléido-aponévrotiques. Du reste ces derniers faisceaux se rendent, soit sur laponévrose cervicale, soit sur l’aponévrose thoracique; les premiers seront des M. cléido-aponévrotiques ascendants, les seconds des M. cléido- aponévrotiques descendants. Tous les muscles claviculaires surnuméraires aujourd'hui connus peuvent, je crois, trouver place dans la classification précédente qui me paraît fort simple et que je résume dans le tableau suivant : 1° M. sterno-chondro-scapulaires. . 3 x) antérieurs. 20 M. sterno-claviculaires.… .\ 2) HAE | ) postérieurs. a) proprement dits. 30 M.scapulo-claviculaires.,.{ 8) acromio-claviculaires. ( y) coraco-claviculaires. a) ascendants. 49 M. cléido-aponévrotiques.. d PORÉYrOBIQUES | 6) descendants. $ I. — M. sterno-chondro-scapulaires (Syn.: chondro-scapu- laire de Wood, sterno-scapulaire d'Ehlers, scapulo-costalis minor de Macalister, subclavius posticus de Rosenmuller, costo-scapu- laire de Reid et Taylor). — C’est un muscle plus ou moins volu- mineux, généralement cylindrique, situé en arrière du muscle sous-clavier, au-dessus de l'artère sous-clavière et des branches axillaires du plexus brachial. S'insérant en dedans, soit sur la première côte, soit sur le premier cartilage costal, à côté de la première pièce du sternum, en se confondant le plus souvent avec le sous-clavier, il vient se fixer en dehors sur un point variable du bord supérieur de l'omoplate. Dans la plupart des cas, c’est dans le voisinage de l’échancrure coracoïdienne qu'il prend ses points d'attache; et là, il n’est pas rare de le voir se confondre, d’une façon plus ou moins intime, avec l'extrémité externe de l’omo-hyoïdien. Cette dernière particularité nous explique pourquoi certains auteurs, Sæœmmering entre autres, ont pu considérer le muscle qui nous occupe comme une anomalie du muscle omo-hyoïdien. n0 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Le muscle chondro-scapulaire peut exister simultanément avec le muscle sous-clavier, mais il peut aussi le remplacer. Sur les 11 cas de muscle chondro-scapulaire observés par Gruber, le sous-clavier fait défaut 7 fois; on est autorisé à dire, pour interpréter ces derniers faits, que le sous-clavier, au lieu de s'insérer sur la clavicule, poursuivait son trajet jusqu’au scapulum et y prenait ses points d'attache. Le muscle sterno-chondro-scapulaire se rencontre assez fré- quemment et sa morphologie est assez constante. Décrire tous les faits connus serait aussi fastidieux qu'inutile; je me conten- terai de mentionner sommairement les plus récents, en indiquant pour chacun d'eux la source exacte où je l'ai puisé et où pourra le retrouver le lecteur, s'il en désire une description détaillée : Wood. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 384. — Proc. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 493. Gruber. Nachtræge zum Vorkommen des Musk. scapulo-costalis-minor und neuer Musk.scapulo-costo-clavicularis. (Virchow’s Arch., Bd LXXVII, p. 123). L'auteur cite 6 nouveaux cas, observés chez des hommes et toujours d'un seul côté. . . . . . U . Hellema. Some anotomical abnormities observed in the dissecting room of the marine hospital in Willemsoord, Genceskundig, Tijdschrift voor de zumayt, 5 Jaargand, and md. Archief vor genees en Natuur- kunde, III, p. 125. Curnow. Journ. of Anat., 1873, t. VII, p. 305. Reid et Taylor. St-7 homas's Hospital Reports, 1879. Fr. Shepherd. Journ. of Anat. and Phys., 1881, t. XV, p. 294. Macd. Brown. Variations in Myology (Journ. of Anat. and Phys., t. XIV, 1880, p. 512). Anatomie comparée. — Le muscle sterno-chondro-scapulaire, que nous venons de rencontrer anormalement chez l'homme, existe, comme organe constant, dans plusieurs espèces de la série des vertébrés. Wood l’a étudié et longuement décrit dans un grand nombre de mammifères, en discutant, avec sa saga- cité habituelle, les homologies de chacune de ses formes. Je ne saurais mieux faire que de traduire textuellement sur ce point le savant analomiste anglais : «Chez le coati (Simia paniscus), Meckel décrit une seconde insertion du sous-clavier sur l’omo- plate {sterno-scapulaire), près du point d'attache de l’angulaire. R | MUSCLES CLAVICULAIRES SURNUMÉRAIRES. 51 Ce faisceau est signalé par Wagner comme correspondant au double sous-clavier chez l'homme. Dans les Insectivores, j'ai trouvé un muscle analogue très nettement marqué -chez la laupe; se détachant d'une part du sous-clavier, du sternum et de la première côte, 1l croisait les faisceaux du sus-épineux et venait s'insérer à l’acromion et au ligament acromio-claviculaire. Chez le même animal, M. Hill avait déjà signalé le muscle sterno-claviculare, représenté par une large masse triangulaire qui naissait à la moitié antérieure du sternum et venait s’atta- cher d’autre part à la clavicule, près de l’origine des faisceaux deltoïdiens. Le même auteur signale en même temps la pré- sence de ce muscle chez la chauve-souris. Un muscle sterno- scapulaire est décrit par M. Galton, en arrière du sous-clavier, chez le Dasypus sexcinctus; il naît de la première côte et vient s'insérer, à l’aide d'un tendon plat, en partie sur tout le bord supérieur de l'acromion, en partie sur l’aponévrose sus- épineuse. Galton fait remarquer l’analogie de ce muscle avec le sterno-scapulaire décrit par Mivart et Murie chez l’agouti. Le même anatomiste a vu le sous-clavier s'étendre jusqu’à l’acro- mion chez le paresseux didactyle. Chez lAntéater du Cap, Humphry décrit le sous-clavier sous la forme d’un grand muscle qui naît du premier et du deuxième cartilage costal, ainsi que de la portion correspondante du sternum ; il s'attache, d'autre part, par quelques faisceaux à la clavicule; mais la majeure partie du muscle passe au-dessous de cet os, et, croisant l’apo- physe coracaïde et les ligaments coracoïdiens, vient se terminer sur l'aponévrose sus-épineuse et sur l’acromion. Galton à rencontré chez le même animal un os sésamoïde, à l'insertion du muscle au-dessous de l’arliculation acromio-claviculaire. « Chez les Carnassiers, les homologies du muscle sterno- scapulaire sont d'une détermination difficile. Chez la belette, les faisceaux les plus profonds du groupe pectoral se détachent de la poignée du sternum, se portent en haut et en dehors vers la tubérosité de l’humérus, et finalement viennent s'attacher avec le sus-épineux au bord supérieur du scapulum. Chez le chien également, quelques faisceaux différenciés du pectoral se 22 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. portent sur le sus-épineux. Dans les planches que Cuvier et Laurillard consacrent à la myologie du Zion, ce faisceau scapu- laire semble être représenté par le muscle marqué J. Chez l'Ayène, ce muscle est très grand et se porte du sternum et du premier carlilage coslal au bord supérieur de l'omoplate. Il semble exister aussi chez la genelte. » Chez les Rongeurs il est mieux marqué, quoique fusionné cependant plus ou moins avec le sous-clavier, le scapulo-clavicu- laire et le sterno-claviculaire. Je l'ai trouvé très développé chez le lapin : il y forme deux corps charnus, un supérieur et un inférieur, parlant de la poignée du sternum et de l'apophyse sus-sternale, se continuant sans interruption dans toute la région claviculaire, et constituant, sur le sus-épineux, une épaisse lame musculaire qui vient s'attacher au bord supérieur du sca- pulum...…. Le muscle sterno-scapulaire du cochon d'Inde répond au sous-clavier, par les faisceaux superficiels insérés à la clavi- cule, pendant que ses faisceaux profonds continuent leur trajet vers l'épine de l'omoplate et s'y fixent, entre le sus-épineux et le sous-épineux. Chez le même animal, le muscle scapulo- claviculaire, complètement distinet du sus-épineux, se détache de l'épine scapulaire et de l'aponévrose sus-épineuse, pour venir A y « . . . « . . . pl s'insérer à la clavicule mobile, vis-à-vis du sterno-claviculaire. Ce dernier musele prend naissance sur la partie moyenne du ster- num, entre les fibres supérieures et inférieures des pectoraux, et affecte la forme d’une lame triangulaire parfaitement distincte, depuis son origine jusqu'à sa terminaison. Chez le rat de Nor- wège, le sous-clavier proprement dit est représenté par un petit paquet de fibres qui prennent naissance sur le côté interne du sterno-scapulaire et viennent s’insérer sur la face inférieure de l'extrémité interne de la clavicule. Quant au sterno-scapulaire, c'est un muscle fusiforme, possédant en dehors deux tendons d'insertion : l'un s'attache avec l'omo-hyoïdien au bord supé- rieur du scapulum, l'autre à l'apophyse acromiale. Le même animal possède un scapulo-claviculaire très distinct, s'étendant du milieu de l'aponévrose sus-épineux à l'extrémité externe de la clavicule. MUSCLES CLAVICULAIRES SURNUMÉRAIRES. 6: » Le muscle sterno-scapulaire à été décrit par Murie et Mivart, chez l'Hyraæ capensis, comme naissant du sternum, au devant du pelit pecloral, et se continuant au-dessus de l'articula- lion de l'épaule, jusqu'à l'angle antéro-supérieur de lomoplate où il s'insère. Murie et Mivart ont trouvé le sterno-scapulaire chez le Crested Agouti avec deux faisceaux d'origine, l'un plus grand naissant du sternum, entre les faisceaux du pectoral, et l'autre plus petit se détachant de la poignée sternale et de la première côle. Quelques-unes des fibres qui constituent le pre- mier faisceau, s'arrêtent à la clavicule (H. sterno-claviculaire), tandis que les autres, rejoignant le deuxième faisceau au-des- sous de cet os, viennent S'insérer sur l'aponévrose sus-épineuse et sur le scapulum, dans le voisinage de l'angle supérieur. Les mêmes zoologistes ont trouvé, chez le lièvre, un large muscle slernal, s’attachant, en dehors, sur le bord cervical du sca- pulum Lout entier; quelques fibres seulement s'inséraient sur l'extrémité externe de la clavicule, rudimentaire chez cet animal, constituant ainsi un sous-clavier où un sterno-clavi- culaire. Dans les planches de Cuvier et Laurillard consacrées au porc-épic, le muscle sterno-scapulaire, noté comme un sous- clavier, est très long et se dirige vers l’épine de lomoplate. Dans les planches consacrées au Capybara, au Paca et à l'Écureuil, le même muscle ou le sterno-claviculaire sont considérés comme des faisceaux profonds des pectoraux. Je l’ai trouvé distinct chez l’écureuil commun, où je lai vu s'insérer sur l'épine de l'omoplate et sur l'aponévrose sus- scapulaire. » Le sterno-scapulaire atteint son plus haut degré de déve- loppement chez les Pachydermes et les Ruminants, notam- ment chez l'éléphant, l'hippopotame, le pecari, le cochon, le cheval et l'âne. Dans sa monographie de lhippopotame, Gratiolet décrit ce muscle sous le nom de scapulo-sternal; 1l le fait naître de l’apophyse coracoïde, de l'acromion, de l'apo- névrose sus-épineuse et le fait terminer sur la poignée du sternum et sur le premier cartilage costal. Il le considère comme étant probablement lhomologue du sous-clavier. 54 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. » Chez les Marsupiaux un muscle analogue à notre slerno- scapulaire est représenté par Cuvier et Laurillard chez le grand Kanguroo, chez le Kanguroo-kat et chez la Sarique. Galton nous apprend que chez le Wombat, une portion du sous-clavier est prolongée par l'intermédiaire de l’aponévrose sous-épineuse jusqu'à l'épine de l'omoplate. » $ IE. — Muscle sterno-claviculaire antérieur. — Ce muscle décrit par Luschka, en 1856 (Muller's Arch., p. 282, et Anal. des Menchen, 1863, p. 273), est placé en avant de l'articulation sterno-claviculaire. Le plus souvent très grèle, il acquiert quelquefois jusqu'à 6, 8 et même 10 centimètres de longueur. Il s'insère en dedans sur la face antérieure du sternum au- dessous du tendon sternal du muscle sterno-cléido-mastoïdien, et, se portant en dehors et en haut, il vient s'attacher au bord antérieur de la clavicule. Il est recouvert par le grand pectoral et séparé du sous-clavier par la membrane costo-coracoïdienne. Les insertions claviculaires se font, soit par des fibres charnues, soit par des fibres tendineuses, sur le tiers interne (Hyrtl), sur le tiers moyen {cas de Popoff), ou bien sur le tiers externe (cas de Wood). Dans un cas de Schwegl, mentionné par Macalister, le sterno- claviculaire allait s'insérer jusque sur l'apophyse coracoïde, constituant alors l’anomalie décrite par ce dernier auteur, sous le nom de pecloralis minimus et dont l'histoire se rattache au système du grand et du petit pectoral. On voit quelquefois une bande musculaire se séparer du bord supérieur du petit pecloral et se porter de la 2° côte où elle prend naissance au bord antérieur de la clavicule. Wood en rapporte deux cas. Nous avons là une transition au type que je décris et, pour me servir de l'expression de Wood, « presque un sterno-claviculaire » {almost sterno-clavicularis). Une autre variation bien intéressante est la suivante : l'ano- malie existant simultanément des deux côtés, on peut voir le tendon sternal se réunir avec celui du côté opposé sur la ligne médiane eton à alors, couché en avant des deux articulations MUSCLES CLAVICULAIRES SURNUMÉPRAIRES. 99 sterno-claviculaires, un véritable muscle digastrique, dont le tendon moyen correspond à la ligne médiane et dont les deux extrémités charnues s’attachent au bord antérieur de la clavi- cule. De là la dénomination un peu longue, sous laquelle l'a désigné Gruber, de musculus interclavicularis anticus digastricus. Voyez pour cela la gravure insérée à la suite du mémoire de Gruber dans les Archives de Reichert et Du Bois-Reymond, 1865, p. 703, pl. XVIII, fig. m1. Gruber a signalé un nouveau cas de ce muscle en 1877 (Virchow’s Arch., vol. LXXIT. Le muscle sterno-claviculaire antérieur existerait cinq fois sur cent d'après Wood; Hyrtl l'a observé quatre fois sur quatre-vingt-lrois sujets. Analomie comparée. — Le muscle sterno-claviculaire anté- rieur se rencontre normalement chez quelques Rongeurs, notamment chez le Zapin et le cochon d'Inde. Il prend un déve- loppement très considérable, d’après Sabatier, chez les mammi- fères fouisseurs ou volants, tels que la taupe et la chauve-souris. Dans ces deux dernières espèces, en effet, le muscle sterno- claviculaire prend de larges insertions sur la face antérieure du sternum et se prolonge sur la clavicule, jusqu'aux faisceaux antérieurs du deltoïde. $ II. — Muscle sterno-claviculaire postérieur (M. retro- clavicularis de Macalister). — Je n'en connais que deux faits : le premier, dû à Weber, est relatif à une petite bande muscu- laire qui s'élendait, en arrière de l'articulation sterno-clavicu- laire, de la première pièce du sternum à la face postérieure de l'extrémité interne de la clavicule (Handb., 1839, Bd I, p.561). Le deuxième fait est rapporté par Lawson Tait, dans le journal d'anatomie anglais, 1870, t. IV, p. 237. Le muscle anormal : élail ici plus long que le précédent; il naissait de la face posté- rieure du sternum et du bord interne de la première côte par deux tendons distincts; de la il gagnait le bord POSTEUR de la clavicule, et Ss'attachait à ce M an niveau des faisceaux antérieurs du trapèze. Si ce dernier muscle avait eu quelques centimètres de plus de: 90 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. longueur, il aurait pris ses points d'attache sur le bord supérieur du scapulum, et nous lui aurions changé, dans notre lravail, sa place et son nom : il eût été un sterno-chondro-scapulaire. Cette dernière considération renferme en elle-même la signi- fication anatomique de ce muscle surnuméraire; c'est un sterno- scapulaire incomplet qui s'est arrêté dans son évolution avant d'atteindre le point scapulaire où il s'attache à l'état normal, chez les mammifères qui le possèdent. {Voyez plus haut $ I, M. sterno-chondro-scapulaire.) $ IV. — Muscle scapulo-claviculaire proprement dit. — Décrit par Wood et par Gruber, le muscle scapulo-claviculaire s'étend du bord supérieur de l'omoplate ou du ligament cora- coïdien, à la face inférieure ou au bord postérieur de la clavi- cule, en arrière du sterno-cléido-mastoïdien et en dehors de l'insertion externe du sous-clavier. L'existence de ce muscle doit être fort rare, puisque Maca- lister déclare ne l'avoir jamais rencontré. J'ai été assez heureux pour en observer deux cas dans nos salles de dissec- ion ; je les ai fait dessiner d’après nature et les publierai dans l'atlas que je compte ajouter dans ce livre. Dans le premier cas, le muscle scapulo-claviculaire naissait, par des fibres tendineuses fort courtes, du tiers moyen du bord supérieur de l’omoplate et venait s’insérer à la face inférieure de la clavicule, à l’aide d'un tendon arrondi qui se confondait en partie avec l'extrémité claviculaire du muscle sous-clavier. Dans le second cas, le muscle scapulo-claviculaire se déta- chait de l'angle même de l'omoplate, à côté de l’angulaire, et venait s'insérer sur l'aponévrose d'enveloppe du muscle sous- clavier, à trois centimètres en dehors de l'articulation sterno- claviculaire. Mac Whinnie, Hallet, Luschka ont signalé des muscles ana- logues. Analomie comparée. — Comme le précédent, ce muscle n'est qu'une forme incomplète du sterno-scapulaire. Il suffirait en effet de le prolonger de quelques centimètres en dedans, pour MUSCLES CLAVICULAIRES SURNUMÉRAIRES. 27 transformer son insertion claviculaire en insertion sternale ou costale et aboutir ainsi à une forme complète de ce muscle. Du reste, nous trouvons celte formalion musculaire à l’état de développement imparfait, telle que nous l'avons observé chez l'homme, chez un grand nombre de mammifères claviculés, de telle sorte que les homologies de notre muscle anormal avec le scapulo-claviculaire des mammifères ne sont pas douteuses. - Wood a trouvé ce muscle très nettement marqué chez le Mus decumanus, chez le cochon d'Inde et chez le lapin. Cuvier et Laurillard l'ont figuré dans leur atlas, sous le nom de scapulo- clavien chez le rat-taupe du Cap et chez la sarigue (pl. 195 et 216). il faut peut-être rattacher au muscle scapulo-claviculaire la bandelette musculaire décrite par Kraüse, sous le nom de muscle coraco-cervicalis et qui, naissant de la base de l’apophyse cora- coïde et du bord supérieur du scapulum, s'insérait sur l'aponé- vrose cervicale, non loin de la clavicule. $ V. —- Muscle coraco-claviculaire. — Ce muscle, qui n'est qu'une variété de l'anomalie précédente et qui doit recevoir la même interprétation, a été décrit par Calori en 1866. C'est un petit muscle aplati en forme de membrane, épais de quatre millimètres environ, situé au-dessous et en arrière de la clavi- cule, en dehors du sous-clavier, entièrement couvert par la portion claviculaire du trapèze. I naît par un tendon très court de la base de l’apophyse coracoïde, immédiatement en avant du ligament coracoïdien, se porte obliquement en dedans, en recouvrant une partie du ligament trapézoïde, et vient s insérer sur la face inférieure et le bord postérieur de la clavicule. Ses fibres les plus internes atteignent le liers interne de cet os. (Voir le dessin de Calori, Memorie dell” Accademia di Bologna, sériell;t NT, pl: I fig. nr.) Un muscle à peu près analogue est décrit par Koster dans les Archives néerlandaises de 1864. J'en ai trouvé un troisième cas dans les Guy's Hospital Reports de 1870, signalé par Pye-Smith, Howse et D. Colley; mais dans ce dernier fait, le DS LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. muscle coraco-claviculaire partait du sommet de l’apophyse coracoïde pour s'attacher un peu au-dessous du bord antérieur : de la clavicule. Nous devrions donc scinder les muscles anormaux coraco- claviculaires en deux groupes, comme nous l'avons déjà fait pour les muscles sterno-claviculaires, et admettre : des muscles coraco-claviculaires antérieurs et des muscles coraco-claviculaires postérieurs. $ VI. -— Muscle acromio-claviculaire. — Je n'en connais qu'un fait dù à W. Gruber (Reicherl's Arch., 1865, p. 71%). C'est une petite bande musculaire se détachant du sommet de l'acromion et passant au-dessus du deltoïde pour venir s’atta- cher au liers externe de la clavicule. $ VII. — Muscle cléido-aponévrotique ascendant; tenseur de l’aponévrose cervicale (Syn.: præclavicularis subcutaneus de Gruber, supraclavicularis de Luschka). — C'est un faisceau musculaire ansiforme, partant de l'extrémité interne de la clavi- cule, en avant des attaches de la portion claviculaire du sterno- cléido-mastoïdien et s’attachant en dehors sur l'extrémité acromiale du même os, entre le trapèze et le deltoïde. Ce muscle, tendineux à ses deux extrémités, charnu à sa partie moyenne, décrit une courbe à concavilé inférieure; il est contenu dans un dédoublement de l'aponévrose cervicale superficielle qu'il doit tendre loutes les fois qu'il se contracte, d'où le nom de {ensor fasciæ colli qu'on lui donne quelquefois. Gruber en a signalé deux cas, l’un en 1865 dans les Arch. de Reichert, p. 703, l'autre, en 1877, dans les Arch. de Virchow, vol. LXXIT, p. 496. Bardeleben en a observé un nouveau cas, en 1876 (Sutz. d. Jenaischen Gessellsch. [. Md. u. Naturwiss., 1877, März). Dans un quatrième cas que nous devons à Knott (Journ. of Anat. and Phys, L. XV, p. 139), le muscle cléido-aponévrotique ascendant s'insérail à la fois par son extrémité externe sur la clavicule et sur le trapèze. nu PRÉ lie MUSCLES CLAVICULAIRES SURNUMÉRAIRES,. 59 Nous signalerons enfin le muscle ansiforme-sus-clavicu- laire, décrit par Dubar en 1880, qui se rapproche de tous points des muscles précédents. Comme dans les cas de Gruber et de Knott, en effet, ce muscle décrivait, au-dessus de la clavi- cule, une anse à concavilé inférieure, s'insérail par ses deux extrémités sur les deux extrémités de la clavicule et se trouvait contenu dans une gaine aponévrolique dépendantde l'aponévrose cervicale superficielle. $ VIT. —— Museles cléido-aponévrotiques descendants, ten- seurs de l’aponévrose sous-claviculaire. — Bardeleben décrit, sous le nom d’infra-clavicularis, un muscle partant du bord antérieur de la clavicule gauche et se terminant sur laponé- vrose du grand pectoral, jusqu'au niveau du bord antérieur du delloïde. Il était situé sous le peaucier du cou et mesurait 11 centimètres de long sur 13 de large; ce muscle devait appa- remment tendre l’aponévrose pectorale superficielle. Dans le mémoire déjà cité de Külliker, on trouve la mention d'un muscle analogue qui partait du bord antérieur de la clavicule, à 2 centimètres de l'articulation sterno-claviculaire, et s'étendait jusqu'à l'aponévrose deltoïdienne. Déjà en 1842, Ibsen de Copenhague avait décrit un faisceau musculaire, allant de l'extrémité sternale de la clavicule à l'aponévrose delloïdienne. Zuckerkandl,en 1880, a signalé un nouveau muscle prenant naissance sur la clavicule et se per- dant sur l'aponévrose de la fosse sous-claviculaire. Il faut vraisemblablement rattacher au muscle cléido-aponé- vrotique descendant, les faisceaux musculaires observés par Macalister entre l'extrémité acromiale de la clavicule et l'apo- névrose deltoïdienne ; et aussi le muscle décrit par Gantzer, qui, s’allachant d'une part sur cette mème région delloïdienne, venait se fixer par son autre extrémité sur la clavicule. Il me paraît fort difficile, dans l’état actuel de nos connais- sances, de rattacher à un système musculaire connu ces fais- ceaux claviculaires tenseurs, soit de l'aponévrose cervicale, soil de l’aponévrose thoracique ou deltoïdienne. Prenant des points 60 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. . d'attache sur une surface osseuse, placés souvent comme dans le cas de Dubar et autres dans un dédoublement de l'aponévrose superficielle, ils ne sauraient être regardés comme des dépen- dances du peaucier du cou qui est manifestement sus-aponé- vrotique et glisse sur la clavicule sans s’y attacher. Je préfèrerais pour ma part rapprocher quelques-unes de ces formations 4 singulières au muscle présternal, que nous étudierons dans un prochain article, musele qui s'étend entre le grand pectoral et le peaucier, tout comme les muscles cléido-aponévrotiques des- cendants. Si cette assertion pouvait être justifiée, ces faisceaux : surnuméraires, que nous venons de décrire, ne seraient que des débris de la vaste lame musculaire latérale qui occupe, dans quelques espèces animales, tout le côté du tronc et que désor- ganise, chez la plupart des vertebrés, l'apparition des membres thoraciques (Voyez muscle présternal). Nous devons reconnaître cependant que les faisceaux ansifor- mes qui apparaissent dans la région sus-claviculaire, insérés par leurs deux extrémités sur la clavicule elle-même, ne sauraient s'accorder facilement avec une pareille homologie. Pour eux, bien plus encore que pour les cléido-aponévrotiques sous-clavi- culaires, il faut redouter les conclusions prématurées el attendre que des recherches ultérieures nous aient apporté les éléments d'une interprélation irréprochable. Bibliographie : HALLER. Élément phys., Lausanne, 1766, vol. IL, p. 46. Bœ@HMER. Observ. Anat. rar. Præfut., Halle, 1756. HALLER. De corp. hum. fabricä, 1756, t. 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XV, p. 238. — On «a group of varieties of the muscles of the human neck, shoulder and chest, wisth their transitional forms and homologies in the mant- mal'a (Trans., June 17, 1869). Reipet TayLor. Anatomical variations, S-Thomas's Hospital Reports, 1879. HELLEMA. Some anatomical abnormities observed in the dissecting rooms of the marine hospital in Willeisoord(Genceskundig Tijdschrift voor de Zumagt, 5 Jaargand; et M4 Archief voor Genees en Natuurkunle, III, p. 125. FR. SHEPHERD. Journ. of Anat. and Phys., 1881, t. XV, p. 294. M. BrowN. Variat. in myology. (Journ. of Anat. and Phys., 1880, t. XIV, p. 512). Poporr. Ucber einige übersahlige Muskeln des menschlichen Kür pers (Medic. Büte, 1873). MACALISTER. Transactions of Royal Society, 1871. GruBER. Reicherts u. Du Bois-Reymond Arch., 1865, p. 703. MuRIE et MivaRT. Proceedings Zool. Soc., 1866, p. 398, et 1867, p. 779. GRuBER. Virchou’s Arch., 1877, vol. 72. Hyerz. Trattato di Anatomia dell uomo ; trad. italienne de Occhini. WEBER. Handbuch, 1839, Bd I, p. 560. LawsON Tait. Journ. of Anat. and Phys., t. VI, p. 237. GruBER. Ein Musc. scapulo-clavicularis (Virchow’s Arch., t. 65). CuviER et LAURILLARD. Aflas d’Anatomie comparée, pl. 195 et 216. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880. CaLorI. Memorie dell'Instituto Acad. di Bologna, série I, t. VI, pl. I, fig. 1. PYE-SMITH, HowsE et CoLLEey. Guy's Hospital Reports, 1870. M. WHINNIE. HALLET, cités par Wood (Transactions, 1869). Knorr. Journ. of Anat. and Phys., t. XV, p. 139. BARDELEBEN. Einige seléenen muslelvarietæten, Silzungsb d, Jenaischen Gesellsch. f. Med. u. Naturwis., 1877. DuBar. Muscle ansiforme sus-claviculaire (Soc. Anat., 20 mars 1880). KôüLLiKer. Varietæten-Beobachtungen, ete., Würzburg, 1879. ZUCKERKANDL, cité par Bardeleben (Jenaische Zeitschrift, 1881, p. 102). GruBEr. Nachtræge zum Vorkommen des Musc. scapulo-costalis #4in0or und neuer Musc. scapulo-costo-clavicularis (Vérchow’s Arch., Bd LXXVII, p. 123). 62 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME ARTICLE IV ANOMALIES DU GRAND DENTELÉ. Le muscle grand dentelé {serratus magnus d'Albinus, costo- scapulaire de Chaussier) réunit le bord spinal de l'omoplate aux neuf ou dix premières côtes. Sa portion supérieure se détache de l'angle supérieur du scapulum, pour venir se fixer, par deux digitations, sur la première et sur la seconde côte. La portion moyenne plus large, mais aussi plus mince, naît de toute la hauteur du bord spinal, et s'insère par trois digitations sur le bord inférieur et la face externe des 2°, 3° et 4° côtes. Quant à la portion inférieure, elle part de la face interne de l'angle inférieur, et, s'épanouissant en éventail, elle vient s'attacher aux côtes suivantes par cinq ou six digitations, qui s'entre-croisent avec les digitations supérieures du grand oblique. La direction descendante de ses faisceaux plutôt qu'une ligne celluleuse, souvent absente, sépare cette dernière portion de la précédente. SI. — Variations numériques des digitations costales. — Je n'ai jamais vu le grand dentelé dépasser la 10° côte; mais je l'ai vu bien des fois s'arrêter à la 8°. Sur un jeune sujet, que j'ai disséqué l’année dernière, la digitation inférieure s’arrêtait des deux côtés au bord supérieur de la 7° côte. Deux digita- lions au moins faisaient défaut. Si l'absence de ces digitations porte sur la portion moyenne du muscle grand dentelé, ce muscle paraîtra constitué par deux portions distinctes, et la largeur de l'interstice séparatif sera en rapport avec le nombre des faisceaux non développés. Analomie comparée. — Dans la série des Mammifères, le grand dentelé descend dans la plupart des cas, comme nous le verrons plus loin, jusqu'à la 8° ou 9° côte. Je l’ai vu descendre jusqu’à la 10° côte chez le Macacus sinicus, chez le chat et chez MUSCLE GRAND DENTELÉ. 63 l'ours. Chez le gorille, il descend jusqu'à la 40° côte, d’après Macalister, jusqu'à la 11°, d'après Bischoff. Il est cependant des espèces où il s'arrête aux premières côtes sternales ; il naît des # premières côtes seulement chez les Ornithodelphes (Sabatier); de la seconde et de la troisième, tout au plus des k premières chez les Cétacés (Meckel). Macalister signale l'absence chez l'homme du faisceau qui part de la première côte. Young a vu le même faisceau manquer chez la civette; mais ce n'est là probablement qu'une disposition anormale. Devis qui a étudié lui aussi la myologie de la civette ne signale pas cette absence de la première digitation costale. (Journ. of. Anat., 1868, p. 210). $ IL. — Division du muscle en portions distinctes. — La division du muscle grand dentelé en trois portions complètement distinctes observée par quelques anatomistes, Macalister entre autres, ne me paraît pas avoir une bien grande importance. À l'état normal, chaque digitation est séparée de la digitation voisine par un interstice, que l'on peut suivre plus ou moins loin en se dirigeant des côtes vers le scapulum. Il suffit, on le conçoit, d'une atrophie ou d'un arrêt de développement portant sur deux digitations voisines, pour agrandir l'interstice qui les sépare, et créer ainsi des portions distinctes. $ IT. — Faisceaux surajoutés au grand dentelé normal, MM. Beaunis et Bouchard signalent des faisceaux profonds surnuméraires naissant des premières côtes et un faisceau pro- fond naissant de la deuxième côte, pour aller rejoindre l'attache de l’angulaire. Theile (Encyclopédie anatomique, trad. Jourdan, p. 206) a trouvé, derrière le faisceau ordinaire de la deuxième côte, un large faisceau charnu, naissant de cette côle, passant derrière le grand dentelé dont il demeurait distinct jusqu’à son insertion, se dirigeant vers l’'omoplate en augmentant toujours de largeur et s’attachant à la base de cet os depuis l'origine de l’épine jusqu’à l'angle. J'ai observé moi-même, une fois seule- ment, un faisceau musculaire qui, se détachant de la première RD ame 64 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. côle, au-dessous de la digitalion supérieure du grand dentelé, rejoignait cette dernière au niveau de l'angle supérieur du scapulum. Gratiolet et Alix ont observé chez le Troglodytes Aubryi une disposition similaire : un deuxième plan musculaire qui naissait exclusivement du bord coracoïdien de l'omoplate, doublait les faisceaux supérieurs du premier plan, et se portait aux (rois premières côtes. Dans le Troglodytes niger, je n'ai pas observé cette division en deux plans de la portion supérieure du grand dentelé; par contre, j'ai noté un petit faisceau cylindrique que le grand dentelé envoyait en arrière à la face supérieure de la première côle, au niveau du point où elle s’attachait à l'apophyse trans- verse de la 1° vertèbre dorsale; de telle sorte que sur mon sujet, comme sur celui de Gratiolet et Alix, le grand dentelé prenait sur la première côte deux origines distinctes. Sur un sujet observé par Wood (Proc., t. XVI, p. 515), deux larges bandes musculaires complètement distinctes du grand dentelé se détachaient à droite de la 9° et de la 40° côte et venaient s'insérer sur l'angle inférieur du scapulum, avec les fibres inférieures du grand dentelé qui ne dépassait pas sur ce sujet la 7° côte. La mème anomalie se répétait à gauche avec celle variante que le faisceau surajouté partait de la 8° côte seulement. Cette portion différenciée du grand dentelé est l’homologue du muscle depressor scapulæ observé chez les Oiseaux (Wood). Les Oiseaux possèdent en effet, indépendam- ment du grand dentelé, un deuxième muscle situé plus en arrière, très développé chez le pingoin, le héron et surtout chez les oiseaux de proie, et partant du scapulum pour se porter à la face externe des côtes. Le muscle grand dentelé se compose également dans la chauve-souris (Vespertilio murinus) de deux portions bien dis- üinctes et assez bien isolées l'une de l’autre, pour que Maison- neuve ait cru devoir les décrire comme deux muscles différents le grand dentelé supérieur et le grand dentelé inférieur). Peut-être devrait-on signaler ici comme une disposition homologue du double dentelé des Oiseaux et des Cheiroptères, | ] MUSCLE GRAND DENTELÉ. 65 l'anomalie suivante observée chez l’homme par Meckel et signalée, dans leur nomenclature, par Beaunis et Bouchard et par Quain : «Absence de la portion moyenne du grand dentelé et division de ce muscle en deux portions distinctes. » L'esprit se laisserait facilement entraîner à une telle conclusion; mais malheureusement, nous ne possédons sur ces faits qu'une mention sommaire, et, faute de renseignements suffisants, nous estimons qu'il est plus sage de réserver le cas. $ IV. — Fusion plus ou moins complète avec l’angulaire. — Le muscle grand dentelé et l’angulaire de l’omoplate, que l'on peut considérer comme un faisceau divergent ou cervical du premier, sont séparés l’un de l’autre par un espace trian- gulaire dont l’un des sommets correspond à l'angle de l’omo- plate, et dont les trois côtés sont constitués, en dehors, par le bord inférieur de l’angulaire, en bas par la première digitation du grand dentelé, en dedans par une ligne fictive réunissant l’apophyse transverse de la 4° cervicale à l'extrémité costale de cetle première digitation. Une nappe celluleuse, acquérant bien souvent l'épaisseur et la résistance d'une véritable aponévrose, comble à l'état normal chez l'homme cet espace intermuscu- laire, réunissant ainsi, dans toute leur étendue, deux muscles déjà confondus à leur origine. Il n'est pas rare de voir l’angulaire envoyer une ou deux digitations surnuméraires sur les apophyses transverses des 5° et 6° cervicales. Ces faisceaux surnuméraires se développent au sein du feuillet celluleux ou aponévrotique que j'ai signalé, et diminuent d'autant l'aire du triangle qui sépare le grand dentelé de l’angulaire; j'ai observé plusieurs fois cette disposi- lion. Qu'on suppose une nouvelle digitalion se rendant à la 1° cervicale, et cet espace n'existera plus; le grand dentelé et l'angulaire formeront une seule nappe musculaire non inter- rompue qui, partant du bord spinal de l’omoplate {ligne d'insertion scapulaire) s'épanouira en éventail en se portant en avant et viendra s'insérer, par ses digitations inférieures et moyennes sur les côtes, par ses digitations supérieures sur les 5 66 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. apophyses transverses des vertèbres cervicales (ligne d'insertion vertébro-costale). Des faits de cette nature sont signalés par Henle (cité par Macalister) et par Sabatier. Anatomie comparée. — Cette fusion de l'angulaire et du grand dentelé, anormale dans l'espèce humaine, est la règle dans un grand nombre d'espèces appartenant à la classe des Mammi- fères. Je l’ai notée pour ma part chez la guenon, le bonnet chinois, le chat, l'ours, le rat, etc. Voici du reste la disposition qu'offre ce muscle trachélo-costo-scapulaire dans les espèces les mieux COnnues : Il part, chez la guenon, des 5 dernières cervicales et des 10 premières côtes (TESTUT). _ le bonnet chinois (Macacus sinicus), des 5 dernières cer- vicales et des 10 premières côtes (TESTUT). — le cynophale (Cyn. sphinx), des 7 dernières cervicales et des 10 premières côtes (Broca). — le magot, des 5 dernières cervicales et des 9 premières côtes (MECKEL). _— les Lémuriens, des 4 ou 5 dernières cervicales et des 7 premières côtes (MILNE-EpwaRps). — le coaïta, des 6 dernières cervicales et des 10 premières côtes (MECKEL). — le chat, des 3 dernières cervicales et des 9 ou 10 pre- mières côtes (STRAUSS-DURCKEIM). —— le chat, des 3 dernières cervicales et des 10 premières côtes (TESTUT). — la marte, des 5 dernières cervicales et des 8 premières côtes (MECKEL). — l’hyène, des 6 dernières cervicales et des 8 premières côtes (MECKEL). — le coati, de toutes les vertèbres cervicales et des 8 pre- mières côtes (MECKEL). — l'ours blanc, des 5 dernières cervicales et des 10 pre- mières côtes (MECKEL) — l'ours d'Amérique, des 6 Gernières cervicales et des 10 premières côtes (TESTUT). — l'aï, des dernières cervicales et des 7 premières côtes (MECKEL). : _ le cochon, des 5 dernières cervicales et des 6 premières côtes (TESTUT). MUSCLE GRAND DENTELÉ. 67 I part, chez le daman, des 5 dernières cervicales et des 14 premières côtes (MECKkEL). — le cheval, des 3 dernières cervicales et des 9 premières côtes (MECKEL). -— le mouton, des 5 dernières cervicales et des 8 premières côtes (MECKEL). — le porc-épic, des 3 dernières cervicales et des9 premières côtes (MECKEL), — la taupe, de la plupart des dernières cervicales et des 9 premières côtes (MECKEL). — le rat, des dernières vertèbres cervicales et des 8 pre- mières côtes (TESTUT). — le Siphneus, de l’occipital, de toutes les vertèbres cervi- caleset des 10 premières côtes (MIzxe-EnwaRps). — la civette (Viverra civetta), des 6 dernières cervicales, 1° dorsale et des 8 premières côtes, la 1"° exceptée (Youna). _ la civette { Viverra civelta), des 5 dernières cervicales et | des 8 premières côtes (Devis). Au-dessous de la classe des Mammifères, nous voyons encore le grand dentelé et l’angulaire former une nappe musculaire non interrompue dans beaucoup d'espèces, entre autres chez les Lacertiliens, où Lannegrâce l’a décrit sous le nom de muscle {rachélo-costo-épiscapulaire. Bibliographie : MacaLIsTER. Transact. of the Royal Irish Academy, 1871. YouNG. Journ. of Anat. a. Phys., 1868, p. 210. Biscaorr. Beitræge zur Anatomie des Gorilla, München, 1880. GRATIOLET et Aix. /echerches anatomiques sur le Troglodytes Aubryi (Nouvelles Archives du Muséum, 1866). THelLe. Encycl, anat., t. II, p. 206. Woop. Proceed. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 515. MAISONNEUVE. Ostéologie et Myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 181. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880, p. 132. Tesrur. Recherches sur l'appareil locomoteur de l'Ursus americanus, (en préparation). Mirne-Epwarps. Myologie du Siphneus, 1868 (loc. cit.). Broca. L'ordre des Primates, in Bull. Soc. d'Anthr., 2 série, t, IV, 1870. 68 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE V MUSCLE SUPRA-COSTAL (Synon. : supracoslalis anterior de Bochdaleck, reclus thoracis, reclus slernalis de Turner, surcoslal antérieur de Broca). On a confondu sous ces noms génériques des -bandelettes musculaires fort variables dans leur forme, leur étendue, leur signification anatomique, et réunies par un seul caractère commun, celui de reposer directement sur les côtes, dans la région antéro-latérale du thorax. En tenant compte avant tout des homologies de ces muscles anormaux, je crois qu'il convient de les diviser en trois groupes distincts et d'admettre : 4° des M. supra-costauxæ, provenant de l'extension aux premières côtes du muscle grand droit de l'abdomen, disposition fréquente chez beaucoup de mammifères; 2° des M. supra-costauæ, reproduisant chez l'homme le petit muscle sterno-costal {surcostal antérieur) (Broca) des mammifères; 3° des M. supra-costauæ, se rattachant manifestement au système des muscles scalènes. $ I. — Muscles supra-costaux provenant de l'extension a premières côtes du muscle grand droit de l'abdomen. — Le anomalies musculaires se rattachant à ce groupe trouveron leur place naturelle à l’article consacré au muscle grand droi de l’abdomen (Voir chap. IV, art. 1). $ IL. —— Muscles supra-costaux reproduisant chez lhomm le muscle sterno-costal ou supra-costal des mammifères. Wood a fait connaître la première variété de ce muscle en 1865 c'était un muscle mince, plat, rubanné, situé sur la face extern des quatre premières côtes, entre les digitations du grand dentel et celles du petit pecloral; son extrémité supérieure, charnue s’insérait sur la première côte un peu en dehors du cartilage de là, les fibres musculaires se portaient en bas et prenaie successivement des points d'attache sur la face externe des 2% MUSCLE SUPRA-COSTAL. 69 e et 4° côtes. Cette bandeleltte musculaire était entièrement istincte des intercostaux dont la séparait une forte aponévrose. Le même auteur a signalé, en 1867, un fait analogue, avec tte circonstance particulière qu'il ne descendait que jusqu'à \ 3 côte et qu'en s'insérant en haut sur la première, il pré- entait des connexions très nettes avec l’aponévrose cervicale t le scalène antérieur. Dans les deux faits qui précèdent et aussi dans un troisième, ue Wood a signalé depuis, l’anomalie était bilatérale. Le muscle supra-costal à été rencontré plusieurs fois par lacalister. Le savant professeur de zoologie de l’Université de ublin fait remarquer que ce muscle est habituellement plus troit et plus épais à droite qu'à gauche. Du reste, dans ses bservations, il a vu l'extrémité supérieure du supra-costal artir, comme dans le cas de Wood, d’un point voisin de extrémité inférieure du scalène et s'attacher à l’aponévrose ervicale tout aussi bien qu'à la côte. Le professeur Turner a rencontré deux fois le muscle supra- ostal : une fois des deux côtés, une fois du côté droit seule- ient. Dans le second cas, le muscle s’étendait de la 4° côte à à #°. Dans le premier, il se détachait de la 5° côte en dedans de à digitation correspondante du grand dentelé, se portait en aut et un peu en dedans, recevait des 4° et 3° côtes un faisceau e renforcement et venait s'attacher, par une extrémité relati- ement étroite, sur la face externe de la 4"° côte, entre l'insertion u sous-clavier et l'insertion du scalène (Voir dessin de ce muscle ourn. of Anat. and Phys., mai 1868, p. 393). Depuis la publication du mémoire de Turner, Roberts, Boch- aleck, Pye-Smith et Shepherd, ont observé chacun un cas de upra-costal étendu de la 4" côte à la 4°. Je n’ai rencontré qu'une fois, depuis trois ans, le muscle upra-coslal de Wood, sur le côté gauche, et sur un homme lune quarantaine d'années. Comme il ne diffère sur aucun oint essentiel des cas que j'ai analysés, je me contente de le ignaler ici, me réservant d'en publier le dessin dans mon \tlas. 70 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Anatomie comparée. — Cherchant à déterminer la significa- tion anatomique du supra-costal, Turner considère ce muscle comme étant l'homoïogue du rectus sternalis brutorum, c'esl-à- dire de la portion thoracique du grand droit de l'abdomen qui, dans plusieurs espèces, s'étend jusqu'aux premières côles. Cette opinion ne paraîtra guère admissible, si l'on songe que le supra-costal n’atteint jamais le grand droit et que, d'autre part, il est plus éloigné du plan médian que le rectus thoracis des \ mammifères. La théorie des intersections fibreuses, invoquée par Turner pour expliquer la non-continuité du grand droit et du supra- costal, ne saurait infirmer notre opinion, attendu que les deux portions, que le savant anatomiste d'Edimbourg voudrait réunir, ne sont pas situées sur la mème ligne droite et offrent même parfois une direction sensiblement divergente. Avec M. Wood, nous préférons rattacher le muscle supra-costal de l’homme à une formation musculaire que l’on rencontre fré- quemment dans la série zoologique et qui a été décrite par Cuvier sous le nom de muscle sterno-costal, par Broca sous la dénomi- nalion plus exacte de muscle surcostal antérieur. Ce muscle, qui peut varier dans son développement, mais qui ne varie pas au point de vue de sa situation et de son insertion supérieure, se détache de la première côte, en avant de l'extrémité infé- rieure du scalène antérieur; 1l descend sur la côte ou les côtes suivantes, et vient se terminer, suivant les espèces, sur le bord correspondant du sternum, sur les côtes sous-jacentes ou même sur le bord latéral de l’aponévrose du rectus thoracis. Il est toujours situé au-dessous des pectoraux, en dedans du grand dentelé, en dehors du grand droit et de son prolongement tho- racique. C’est, comme on le voit, la répétition de notre musele supra-coslal. La description succincte de ce muscle dans quelques espèces confirmera cette manière de voir : chez le chien, il s'insère pa son extrémité inférieure, non pas au sternum, mais sur le deuxièmes et sur les troisièmes cartilages coslaux. La mêm disposition s'observe chez le blaireau. Chez le lapin, le muscl MUSCLE SUPRA-COSTAL. 71 est court, mais large, et s'étend de la première côte, au deuxième cartilage costal, jusqu'au sternum. 1] existe encore chez le rat de Norwège et l’écureuil, où il prend insertion sur la première côle, entre le sous-clavier et le scalène antérieur, et, franchissant le rectus thoracis, vient rejoindre sur le sternum les fibres profondes du grand pectoral (Wood). Dans l’ordre des Primates, je l'ai rencontré chez le bonnet chinois, sous la forme d’un petit muscle qui se détachait de la première côte en avant du scalène et venait s'attacher, à la hauteur du 3° espace intercostal, sur le bord latéral du tendon supérieur du muscle grand droit, qui atteint dans cet espace la 4" côte. Broca l'a observé avec une disposition semblable chez le cynocéphale sphynæ. Je l'ai retrouvé et décrit chez la guenon. Cuvier et Laurillard l'ont représenté, dans leur atlas, chez le magot, le porc-épic et l'agouti. Chez le pecari, 1 est constitué par deux larges digitations qui ne ressemblent nullement à un prolongement thoracique du muscle grand droit de l'abdomen; chez le cochon, les fibres anté- rieures du muscle intercostal croisent le 2° cartilage costal, pour s'insérer au sternum au-dessous de ce cartilage, constituant ainsi un premier degré de developpement d'un muscle supra- costal. Chez l'âne, le muscle existe aussi, constitué par une seule digitation (Wood). Le fourmilier didactyle nous présente à cet égard une dispo- sition bien instructive : nous voyons chez cet animal, sur la face antérieure du thorax, un long muscle qui part de la 4r° côte et vient s'insérer sur la face externe des 9, 10° et 11° côtes. Avec Wood nous n'hésilons pas à voir dans ce long muscle l'image agrandie du supra-costal, plutôt qu'une dépendance du rectus thoracis qui coexiste en dedans de lui, chez le même animal, bien développé et bien distinct (1. Le muscle supra-costal disparaît chez les singes anthropo- (1) Ces deux muscles ne sauraient être confondus; chez quelques mam- mifèeres, chez le rat entre autres, on voit le sterno-costal croiser le grand droit pour se rendre au sternum et former avec ce dernier deux plans fort distincts, reposant l'un sur l’autre. (Voir la gravure de Wood, Trans., pl. XI, fig. 26.) 12 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. morphes. Je n’en ai trouvé aucune mention dans les mémoires si complets de Gratiolet et d'Aix, sur les Troglodytes Aubryi, de Bischoff, sur le gibbon cendré et sur le gorille, de Vrolik, sur le chimpanzé, elc..; je n'en ai constaté moi-même aucune trace sur le Troglodytes niger que j'ai disséqué. $ IT. —— Muscles supra-costaux se rattachant manifestement au système des scalènes. — Lawson Tait à vu un muscle supra-costal s'étendre des quatre premières côtes à la colonne cervicale. Il naissait sur le bord supérieur des 1° et 4° côtes, sur le bord inférieur des 2° et 3°, se dirigeait en haut, entre le scalène antérieur et le scalène moyen et se résolvait à ce niveau en une série de languettes musculo-tendineuses, qui venaient s'attacher aux apophyses transverses des six dernières vertèbres cervicales. Dans un fait analogue, observé par Curnow, le muscle supra- costal se détachait du bord supérieur de la 3° côte, au niveau des digitations du grand dentelé ; il croisait les vaisseaux sous- claviers et les cordons nerveux du plexus brachial, et, après avoir donné quelques filets anastomotiques au scalène moyen, il se jelait sur un tendon long et grêle, lequel rejoignait le scalène antérieur au niveau de son insertion à la 4° cervicale. D'après Curnow, M. Pye-Smith a signalé dans les Guy's Hos- pilal Reports de 1871, un troisième fait où se trouve nettement consignée l'union du supra-costal avec le scalène moyen. Évidemment, ces derniers faisceaux doivent être rattachés au système des scalènes, et nous aurons à les signaler de nouveau en éludiant les anomalies de ces derniers muscles. Ils se séparent ainsi nettement des formations anormales décrites dans le groupe précédent; j'estime toutefois que les variétés des muscles supra-costaux qui s’attachent à l'aponévrose cervicale doivent être considérées comme des intermédiaires entre les deux groupes, unissant de cette façon ceux qui s'arrêtent à la première côte, et ceux qui s'élèvent, avec les scalènes, jusqu'aux apophyses transverses de la colonne cervicale. Peut-être pourrions-nous, dans cette voie essentiellement MUSCLE SUPRA-COSTAL. 78 synthétique, nous laisser entraîner plus loin, et devrions-nous réunir, en un groupe unique, les deux groupes précédemment décrits. Il faudrait, on le conçoit, pour qu'une pareille conclu- sion fût légitime, que le supra-costal des mammifères ne fût qu'une dépendance du scalène antérieur. Nous ne pouvons fournir pour le moment la démonsiration de ce fait, mais en considérant les rapports intimes de ces deux muscles sur la fre côte, en voyant le scalène antérieur se terminer exactement là où le supra-costal commence, en voyant le premier continuer à la région cervicale la direction que le second présente sur le thorax, nous avons de fortes présomptions pour croire que ces deux muscles n’en forment en réalité qu'un seul. Et ceci n'est pas seulement une vue théorique ; des faits d'anatomie comparée nous autorisent à le penser et à l'écrire : chez la panthère, on voit, d'après Wood, un faisceau musculaire se détacher des scalènes et aller renforcer le supra-costal. Chez le phoque, le professeur Humphry a vu des faisceaux musculaires, émanant du muscle sterno-costal, se rendre directement dans la masse du scalène antérieur. Dans le Bradypus tridactylus, il existe, au dessous des scalènes, un faisceau musculaire que Wood considère comme le supra-costal des mammifères, et Cuvier, comme la partie inférieure du scalène antérieur. Cette fusion en un groupe unique. des faits décrits à part dans ce paragraphe et dans le précédent, facilite singulière- ment l'étude des muscles supra-costaux au point de vue particulier qui nous occupe: la détermination de leur signifi- cation et de leurs homologies dans la classe des mammifères. Il ne nous reste plus en effet que deux groupes de muscles anormaux ; des muscles supra-costaux quise rattachent au grand droit de l'abdomen (rectus thoracis de Turner) et des muscles supra-costaux qui dépendent des scalènes (muscle supra-costalis de Wood); ou, en des termes plus explicites : 1° Des muscles supra-costaux qui sont le prolongement sur thorax du muscle grand droit de l'abdomen ; 2° Des muscles supra-costaux qui sont le prolongement sur le thorax du scalène antérieur ou du scalène moyen. 74 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Bibliographie : Woop. Proc. of. Roy. Society of London, 1865 et 1867. TURNER. Journ. of Anat. a. Phys., may 1868, p. 393. RogerrTs. Liverpool med. and surg. Reports, 1867. BocHbALECK. Virchouw’s Arch., nov. 1867. PyE-SmirH. Virchow’s Arch.,t. XLIII, p. 142. SHEPHERD. Journ. of Anat. and physiol., t. XV, p. 294. Woop. Transact. of Roy. Soc. of London, 1869. LAwsoON Tair. Journ. of Anat. and Phys., 1870, p. 378. Humpxry. Mémoire sur la myologie de l’antéater du Cap et du phoque. Cuvier et LAURILLARD. Planches de myologie comparée. ARTICLE VI LE MUSCLE PRÉSTERNAL ET SA SIGNIFICATION ANATOMIQUE Il convient de définir le muscle présternal : un muscle surnu- méraire, silué en avant du sternum et du grand pectoral, présentant en haut, dans la majorité des cas, des rapports intimes avec le tendon du sterno-mastoïdien, s’attachant en bas soit sur les dernières côles, soit sur l'aponévrose du grand oblique. Ce muscle peut être double ou unique ; dans ce dernier cas, il est situé d’un seul côté de la ligne médiane, ou bien croise cette dernière en diagonale, appartenant ainsi à la fois aux deux moiliés du corps. Je rejette formellement le nom de « sternalis brutorum » sous lequel le désignent encore certains auteurs; le musele présternal n'existe pas chez les mammifères; cette dénomination consa- crerail par conséquent une erreur. Je n'accepte pas non plus le nom de «reclus thoracis » qui lui sert de synonyme, dans quel- ques publicalions françaises ou étrangères, réservant cette expression pour désigner le prolongement thoracique du grand droit de l'abdomen, lequel est toujours placé sous le grand pecloral. $S 1. — Description anatomique du muscle présternal. L'analomiste Cabrolius paraît être le premier auteur qui ait décrit MUSCLE PRÉSTERNAL. 79 le muscle présternal ; son observation remonte à l’année 160%. Ce muscle a élé retrouvé plus tard, dans le cours du dernier siècle, par Weitbreicht, Albinus, Wilde, Boerhave, Sandifort, Sæmme- ring, etc. Les observations se sont rapidement multipliées à notre époque, et actuellement il serait facile de colliger, dans la littérature anatomique, plus de 120 cas bien constatés de muscle présternal. Je me garderai bien de dérouler ici la longue liste des auteurs qui ont parlé de ce muscle; je renvoie pour cela le lecteur à l'Index bibliographique qui termine cet article. Je me contenterai de signaler, parmi les travaux les plus importants, la monographie de Halbertsma, publiée à Amster- dam en 1861; l’article du professeur Turner (1867), où sont rapportés 21 cas nouveaux, observés dans la salle de dissection d'Édimbourg, et les mémoires de Bardeleben (1875), où se trouvent savamment analysées toutes les observations connues jusqu'alors. C'est en utilisant ces divers matériaux que je vais essayer tout d'abord de décrire le muscle présternal. Je serai aussi bref que possible. 1° Situation. — Il est situé au-dessus de l’aponévrose thora- cique superficielle, en avant du sternum et du grand pectoral. Quelques auteurs, Popoff entre autres, décrivent à ce muscle une aponévrose qui lui appartient en propre. Il est souvent double, existant à la fois à droite et à gauche de la ligne médiane; mais il peut aussi être unique, siégeant tantôt à gauche, tantôt à droite ; dans des cas plus rares, mais constatés avec une grande netteté, le muscle présternal prend naissance sur l’un des côtés du thorax et, croisant le sternum à des hauteurs variables, il va se terminer du côté opposé; dans ce dernier cas, c’est un muscle impair par excellence. On le voit parfois reposer sur la surface osseuse; le plus souvent il en est séparé par l'origine de la portion sterno-costale du grand pectoral. 2° Dimensions. — Elles sont tout aussi variables que ses rapports : le muscle présternal s'étend généralement de la poignée du sternwn à la hauteur de la 6° ou de la 7° côte ; mais 76 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. il peut, suivant les cas, dépasser cette limite ou rester en deçà. Tantôt c'est un muscle large, bien nourri, mesurant jusqu'à 7 centimètres de largeur (cas de Jæssel), tantôt au contraire un faisceau charnu très grèle, un simple filament (cas de Turner), qu'il serait difhcile de distinguer du muscle sous- jacent, si la direction de ses fibres, croisant à angle droit celles du grand pectoral, ne venait aider l'observateur, Entre ces deux extrêmes se trouvent tous les intermédiaires. Presque toujours rubanné, le muscle présternal peut aussi affecter, mais rarement, une disposition cylindrique ou fusiforme. Dans le plus grand nombre de faits, il est plus large à son extrémité inférieure, présentant alors la forme d'un triangle, dont le sommet correspond au manubrium et dont la base repose sur les côtes inférieures ou sur l'aponévrose du grand droit. Dans des cas exceptionnels (fait de Turner), il est constitué par plusieurs faisceaux distincts. 3° Forme. 4° Constitution anatomique, — Charnu à sa partie moyenne, il est tendineux à ses deux extrémités; mais tandis que les fibres tendineuses inférieures sont excessivement courtes et souvent peu visibles ou même absentes, le tendon de son extré- milé supérieure est presque toujours très marqué : dans bien dés cas, sa longueur dépasse 3 ou # centimètres. Plusieurs auteurs ont noté, sur la partie charnue de ce muscle, des intersections fibreuses rappelant celles de même nature que l'on observe normalement sur le grand droit de l'abdomen. 9° Insertions. — 7) En haut, le muscle présternal s’insère le plus souvent sur le tendon du sterno-mastloïdien, avec lequel il se confond d’une facon plus où moins complète, mais il peut aussi se détacher de la face antérieure du sternum, ou même du Uissu conjonclif interfasciculaire, situé dans l'épaisseur du grand pectoral. Turner, qui a observé à peu près toutes les variétés que présente cette origine du muscle, a vu le tendon du préslernal se détacher, trois fois, de la face antérieure de Ja première pièce du sternum; sur huit sujets, il se continuait avec le tendon inférieur du sterno-mastoïdien; sur deux, il se confondait avec l'origine des faisceaux les plus élevés de la MUSCLE PRÉSTERNAL. TT portion sternale du grand pectoral. Sur quatre sujets, il naissait à la fois du tendon du sterno-mastoïdien et de la face antérieure du sternum. Sur un sujet, il se délachait en même temps de la portion du grand pectoral qui recouvre le 2° cartilage costal, du manubrium et du tendon du sterno-mastoïdien. Sur un autre sujet, les fibres les plus externes du présternal se détachaient de l’aponévrose du grand pectoral, tandis que les fibres les plus internes remontaient, à l’aide de deux tendons arrondis, jusqu'aux tendons du sterno-mastoïdien, avec lesquels elles se confondaient, après avoir envoyé une expansion au manubrium. Enfin sur un dernier sujet, le muscle prenait uniquement nais- sance, à droite et à gauche, sur l’aponévrose qui recouvre le grand pectoral, un peu en dedans de l'insertion du sterno-cléido- mastoïdien. Plusieurs fois on a vu les deux muscles présternaux se fusionner sur la ligne médiane avant d'atteindre le tendon du sterno-mastoïdien. Sur un sujet qui avait succombé aux progrès de l’atrophie musculaire progressive, Cruveilhier à vu l'extré- mité supérieure du muscle présternal se diviser en trois por- tions ou languettes : l’une s’unissant au grand pectoral, la deuxième au sterno-mastoïdien du même côté, la troisième au sterno-mastoïdien du côté opposé (Société anat., 185%, p. 325). £) L'insertion inférieure a lieu, suivant les cas, sur les car- tilages costaux des 5°, 6° ou 7° côtes, sur l’aponévrose du grand oblique soit en dehors du muscle grand droit, soit en avant de ce muscle, sur la paroi antérieure de sa gaine par conséquent. Il n’est pas rare de voir le muscle présternal prendre à la fois sa surface d'insertion inférieure sur les cartilages et sur l’apo- névrose abdominale. 6° Entre-croisement sur la ligne médiane des deux muscles symé- tiques. — J'ai déjà mentionné le passage d’un muscle présternal unique d’un côté à l’autre du thorax. Des faits d’un double entre-croisement en X ont été signalés par Chassaignac et par Verneuil (Soc. anat., 1854, p. 118 et 125). Le muscle pré- sternal du côté gauche se jetait sur le tendon du sterno- mastoïdien du côté droit, et vice versd. J'ai observé plusieurs 78 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. fois, sur la face antérieure du sternum, un entre-croisement analogue, portant sur les tendons des deux sterno-mastoïdiens, qui ne présentaient d’ailleurs aucune anomalie. 7° Dimensions comparées du présternal du côté droit et du pré- sternal du côté gauche. — Je n'aurais pas écrit ce titre si déjà, en 4879, dans une note publiée dans les Bulletins de la Société d'Anthropologie, M. Ledouble n'était venu soulever la question et la résoudre, momentanément du moins, dans un sens qui me paraît contraire à l'enseignement d'un plus grand nombre de faits. M. Ledouble n’a analysé que trois observations : celle de Pozzi et les deux qui lui appartiennent en propre; or, dans ces trois faits, il a été constaté que le présternal du côté gauche l'emportait par ses dimensions sur le présternal du côté droit. Ce rapport, je le répète, n'est pas constant et son énoncé ne saurait être érigé en loi anatomique; les chiffres suivants le démontrent surabondamment. J'ai analysé 27 observations dans lesquelles la situation du muscle était nettement indiquée. De ces 27 observations, 6 ont trait à un muscle bilatéral, 21 à des muscles unilatéraux. En ce qui concerne les muscles bilatéraux, 5 fois le muscle présternal élait plus développé à droite; une fois seulement le muscle noté présentait à gauche une longueur plus grande (cas de Chud- zinski). En réunissant à ces chiffres la statistique de M. Ledouble on arrive encore à avoir une supériorité, en faveur d'un plus grand développement à droite. Quant aux 21 muscles unilatéraux que j'ai pu recueillir, 13 étaient situés à droite, 8 seulement se trouvaient à gauche. 8° Fréquence du muscle présternal, — Elle est établie par les stalistiques suivantes : Wood l'a observé T fois sur 175 sujets, Turner 21 fois sur 650 sujets, Gruber 5 fois sur 95 sujets. En (lotalisant ces trois résultats, oblenus sur des sujels anglais el russes, nous arrivons aux chiffres suivants : le muscle présternal s’est ren- contré 33 fois sur 920 sujets, soit une proportion centésimale de 3 1/2. Le muscle présternal est, comme on le voit, un muscle fort rare. MUSCLE PRÉSTERNAL. 79 9° Influence des sexes et des races. — Le muscle présternal se rencontre indistinctement chez l'homme et chez la femme. Wood l'a trouvé 5 fois chez l’homme et 2 fois chez la femme. Turner, au contraire, l'a noté 11 fois chez la femme et 7 fois seulement chez l'homme. Bardeleben croit pouvoir avancer qu'il est plus fréquent dans les autres races que dans la race caucasienne (Med. Cent., 1875, n° 27, p. #33 à 435). Chudzinski l'a rencontré chez un nègre. Je n'en ai pas trouvé les moindres traces sur les 5 sujets nègres que j'ai disséqués jusqu’à ce jour. Je ne l'ai pas vu mentionné davantage dans les dissections de nègres faites par Flower et Murie et par Turner. 10° Constatation du muscle présternal sur le vivant. — Malbrane utilisant les courants faradiques, a pu constater 2 fois sur le vivant la présence du muscle présternal. Le premier sujet était un homme de vingt ans {rès vigoureux, exerçant la profession de boulanger. Le muscle présternal, situé du côté droit, pré- sentait une largeur de 3 centimètres; il recouvrait les origines du grand pectoral et la moitié droite du sternum sans atteindre la ligne médiane. Il s'insérait en haut sur le tendon du sterno- mastoïdien et s'avançait en bas jusqu'au 5° cartilage costal. Sur un deuxième sujet, un décrotteur de cinquante et un ans, le muscle présternal était double. Des deux côtés il naissait, en bas, sur le 4° cartilage costal et se terminait, en haut, sur un tendon élargi situé à la face antérieure du sternum; il contrac- tait, à l’aide de ce tendon, des connexions intimes avec le grand pectoral et le stérno-cléido-mastoïdien. 11° Innervation du muscle présternal. — Le professeur Bar- deleben espère arriver bientôt, sur ce sujet, à une solution complète; avec les données qu'il possède actuellement, il croit pouvoir affirmer que certains muscles présternaux, ceux qu'il considère dans sa classification comme une dépendance du sterno-mastoïdien, reçoivent leurs filets nerveux des nerfs intercostaux; tandis que d’autres variétés, celles qui appar- tiendraient, d’après lui, au groupe pectoral, seraient innervées par les branches thoraciques antérieures. Les expériences | | | s0 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. entreprises par Malbrane sur les deux sujets vivants porteurs de muscles présternaux, seraient entièrement favorables à l'opinion de Bardeleben. Sur le premier sujet, en effet, le courant faradique dénotait une innervalion émanant des inter- costaux; sur le deuxième, la faradisation des intercostaux restant sans résultat, le muscle surnuméraire ne répondait qu'aux excitations électriques portées sur le trajet des nerfs thoraciques. Je signale ici ces résultats parce qu'ils appartiennent à l’his- loire du muscle présternal. Je me garderai de tout commentaire, n'ayant pas en main, pour le moment, des éléments suflisants pour entreprendre une critique scientifique sérieuse. Je me réserve de revenir plus tard sur ce point extrêmement délicat d'électro-physiologie, dont l'importance est surtout considérable, au point de vue de la détermination anatomique du muscle présternal. $ IL. — Faits de l’auteur, — Je n'ai observé que deux fois, en quatre ans, le muscle présternal. Premier fait. — Dans le premier cas, le muscle présternal était unilatéral et situé à gauche, aplati et rubanné ; il descen- dait verticalement, en avant du sternum et de l'extrémité sternale du grand pectoral; sa plus grande largeur, prise à la hauteur de la 3° côte, mesurait 2 centimètres et demi. Son tendon supérieur, de forme arrondie, se continuait avec le tendon du sterno-mastoïdien. En bas, les fibres musculaires se jetaient, au niveau du 5° cartilage costal, sur un tendon plus large qui, continuant la direction du corps charnu, croisait superficiellement la 6° et la 7° côte et se divisait, au niveau de l'appendice xiphoïde, en deux tendons secondaires : l'externe se fusionnail avec la gaine du grand droit de l’abdomen du côlé gauche ; l'interne, contournant l’appendice xiphoïde, venait s'épanouir en éventail sur l’aponévrose du grand droit du côté opposé. Deuxième fait. — J'ai observé le deuxième cas au mois de février de cette année : le muscle présternal était cette fois MUSCLE PRÉSTERNAL. 81 bilatéral, mais plus développé à droite qu'à gauche. Du côté droit, il se détachait, comme dans le cäs précédent, du tendon du sterno-mastoïdien!; puis, se portant en bas et un peu en dehors, sur la face antérieure du grand pectoral, il venait se terminer en partie sur la 6° côte, en partie sur l’aponévrose du grand oblique. Ge muscle, aplati et mince, mesurait 8 milli- mètres de largeur à son origine, 2 centimètres 1/2 au niveau de la 4° côte. Du côté gauche, le présternal formait un ruban fort mince de 6 à 8 millimètres de largeur seulement. Charnu à sa partie moyenne, 1l n’était constitué à ses deux extrémités que par du tissu fibreux. Il prenait naissance, en haut, sur le tendon du sterno-mastoïdien, et s’attachait, en bas, sur la 5° côte; moins oblique dans son trajet que celui du côté opposé, il était à peu près parallèle à la ligne médiane, dont il était distant de 1 centimètre à À centimètre 1/2 seulement. $ II. — Signification anatomique du muscle présternal. La première idée qui s’est offerte aux anatomistes, cherchant une interprétation rationnelle du muscle présternal, à été de rattacher ce faisceau musculaire au grand droit de l'abdomen. Ce dernier muscle, on Île sait, se prolonge chez certaines espèces jusqu'aux premières côtes et même jusqu'à la clavicule; le muscle présternal n'était que la reproduction anormale, chez l'homme, de ce prolongement thoracique, normal chez les mammifères, d'où le nom de sternalis brutorum, qui lui a été donné et que lui donnent encore certains anatomistes, oubliant entièrement la siluation et les connexions exactes de ce muscle. Et d’abord, je le répète, le nom seul de sternalis brutorum consacre une erreur : le muscle présternal n’a été constaté jusqu'ici chez aucun mammifère L'opinion qu'il représente n’est pas plus acceptable, et cela pour les raisons suivantes : æ)] — Le muscle présternal ne se continue pas avec le grand droit, mais bien avec sa gaîne. Au point précis où les deux muscles sont le plus rapprochés, 1ls sont encore séparés par une aponévrose puissante; ils n’appartiennent donc pas à la même couche et, par suite, au mème groupe anatomique. 6 82 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. G) — Chez les mammifères qui possèdent un muscle grand droit plus étendu que dans l'espèce hamaine, ce muscle, en gagnant les premières côtes, se place {oujours au-dessous du grand pectoral et non sur les faisceaux antérieurs de ce muscle, où s'observe toujours le muscle présternal. 7) — Il en est de mème chez l'homme : lorsque, chez ce dernier, le muscle grand droit franchit ses limites classiques et vient chercher des attaches surnuméraires sur les 4°, 3e, 2e côtes, il s'abrite constamment sous la face profonde du grand pecloral. d) — Mais il est un argument qui me paraît avoir plus de valeur encore; c’est celui-ci : le muscle présternal se rattache manifestement. en raison de ses connexions, au muscle sterno- cléido-mastoïdien, qui n’est pour ainsi dire que son prolonge- ment cervical. Eh bien! chez les animaux où le grand droit se prolonge jusqu'au cou, comme par exemple la grenouille, ce muscle vient se fusionner, non pas avec le sterno-mastoïdien, mais avec le sterno-hyoïdien, qui appartient à une couche sous- jacente. Vainement les partisans de l'opinion contre laquelle je m'élève, invoqueront-ils, à l'appui de leur thèse, la présence d'intersections aponévrotiques transversales, constatées sur le muscle présternal, tout comme on les observe sur le muscle grand droit. Ces intersections aponévrotiques qui ne sont que la «continuation des coupures transversales du corps repré- sentées en arrière par la série des vertèbres » (Broca), s'obser- vent également sur le grand oblique et sur le sterno-mastoïdien, deux muscles qui n'appartiennent nullement au système du grand droit. | Le muscle présternal seraill ue continuation du sterno- mastoidien? Bourrienne, quile premier a soutenu cette opinion, a été suivi dans celte voie par Theile et Henle. L’anatomie des mammifères, à laquelle on a demandé des arguments en faveur de cette dernière idée, n’a nullement répondu à l'attente des chercheurs. Sans doute il est des espèces, le tatou, le castor, l’échidné, par exemple (Turner), chez lesquelles on voit le sterno- MUSCLE PRÉSTERNAL. 83 mastoïdien prolonger ses inserlions au-dessous de la poignée du sternum. Mais il n'en est aucune qui présente un sterno- mastoïdien, descendant jusqu'à la gaïîne du grand droit. Toutefois, les connexions intimes constatées dans le plus grand nombre de cas, entre le tendon du sterno-mastoïdien et le tendon d’origine du muscle présternal, ne nous permettent pas de rejeter sans appel l'opinion émise par Bourrienne; ce seul fait d'une continuité entre les tendons entraîne une certaine parenté des corps musculaires. Nous reviendrons dans un instant sur cette homologie, pour l’adopter en la complétant. Je dois auparavant rappeler une opinion qui, au premier abord, paraît très soutenable : l'assimilation du muscle pré- sternal au peaucier de l’homme, ou; ce qui est identique, au pannicule charnu des mammifères. Le professeur Turner, qui se rattacherait volontiers à cette manière de voir, invoque en sa faveur les cas anormaux où l’on a vu le peaucier s'étendre, à une certaine distance au-dessous de la clavicule, sur la face antérieure du grand pectoral. Il rappelle les faits de muscles peauciers surnuméraires, apparaissant de temps à autre dans des régions dépourvues de muscles sous-cutanés, la présence, chez les animaux à peau très mobile, d’un pannicule charnu très développé sur la partié ventrale du corps; il rappelle encore le fait si intéressant de Teichmann qui, au dire de Henle, aurait vu quelques faisceaux du peaucier de l'homme passer d'un côté à l’autre, sur la face antérieure du sternum, tout comme ces présternaux singuliers dont j'ai déjà parlé qui, naissant d'un côté du thorax, se portaient en diagonale du côté opposé. Tous ces faits présentent sans doute un grand intérêt, mais ils me paraissent n'avoir dans le cas présent qu’une valeur très secon- daire, si l’on songe que le muscle peaucier est situé, par rapport au présternal, sur un plan plus superficiel, et qu'entre l’un et l'autre, il existe la mème cloison séparative que nous avons déjà constatée entre le présternal et le grand droit : une aponévrose. Cette objection, Turner l’a formulée lui-même à la fin de son travail, et'1l en a tellement bien reconnu la valeur, qu'il n'a DE LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L HOMME. même pas essayé d'y répondre. Le muscle présternal n’est pas plus une dépendance du peaucier, qu'il n'est une dépendance du grand droit de l'abdomen. le ne citerai que pour mémoire l’assertion étrange d'Hal- bertsma, qui, désespéré de ne rencontrer dans la série des mammifères aucun muscle homologue, considérait le muscle présternal comme un muscle particulier à l'espèce humaine. A mon sens, une telle opinion n'a pas besoin d’une longue réfu- tation. On aurait peine à comprendre qu'un muscle aussi inconstant dans sa forme. son volume, ses attaches, entrât, avec la valeur d'un organe type, dans une constitution anatomique où il n'a aucun rôle à jouer; et si telle était la vérité, nous devrions le rencontrer d'une façon à peu près constante: son absence et non sa présence devrait constituer l’anomalie. Après avoir longuement médilé sur la signification anatomi- que du muscie présternal, je hasarderai à cet égard l'interpréta- tion suivante : en raison de ses connexions intimes avec le sterno- mastoïdien, le muscle présternal appartient manifestement à ce muscle ; d'autre part, en raison de ses connexions indéniables, dans la pluralité des cas, avec l'aponévrose du grand oblique, il appartient non moins nettement au plus superficiel des muscles larges de l'abdomen. Ainsi, le muscle présternal est une dépen- dance du slerno-masloïdien par son extrémité supérieure, une dépendance du muscle grand oblique par son extrémité ainfé- rieure. Ces deux conclusions, qui sont en apparence contradicloires, sont pourtant loin de s'exclure. Elles paraîtraient toutes natu- relles, on le conçoit, si on pouvait rapprocher l’un de l'autre, en se plaçant au point de vue de l'anatomie philosophique, le muscle sterno-mastoïdien et le muscle grand oblique ; en d’autres termes si l'on pouvait rattacher ces deux muscles au même système anatomique. C’est ce que je vais essayer de faire : Constatons tout d'abord que ces deux muscles sont identi- quement situés par rapport au tégument externe; nous les ren- controns en effet l'un et l’autre sous l’aponévrose superficielle. Les faisceaux musculaires de ces deux muscles ont la même MUSCLE PRÉSTERNAL. 85 direction : ils se portent également dans les deux muscles de haut en bas et d'arrière en avant. De plus, ils présentent en avant des insertions homologues, le grand oblique s’insérant sur la ligne blanche, le sterno-mastoïdien s’attachant sur la face antérieure du sternum qui est la continuation au thorax de la ligne blanche abdominale. Ajoutons que de part et d'autre il y à souvent, sur la ligne médiane, continuation des fibres d'attache. Identité de situation, identité de direction, identité d’inser- tion à la ligne axiale antérieure, voilà des faits acquis: à eux seuls, ces faits, empruntés à l’anatomie humaine, nous four- nissent déjà de fortes présomptions en faveur de l'homologie que nous cherchons à établir. La disposition suivante que nous fournit l'anatomie comparée change peut-être ces présomptions en certitude. Chez les serpents, les fibres les plus antérieures du muscle grand oblique prennent leur attache jusque sur l’apo- physe mastoïde ; elles se portent de là vers la surface ventrale de l'animal et constituent là un rectus superficiel. N'est-ce pas la disposition exacte que nous offre chez l'homme le muscle présternal réuni à sa portion d’origine, le sterno-mastoïdien? Or, le professeur Humphry, auquel j'emprunte ce fait, consi- dère avec raison les faisceaux antérieurs du grand oblique comme représentant chez les serpents le sterno-mastoïdien des batraciens, des oiseaux et des mammifères. Si nous cherchons maintenant à déterminer les raisons d'une différenciation si prononcée dans la morphologie de ces deux muscles, nous les trouverons dans l'apparition chez les oiseaux et les mammifères de deux éléments nouveaux, faisant défaut chez les ophidiens: le sternum et les membres thoraciques. L'apparition d'un membre sur la face latérale du tronc nous explique la scission de l’oblique externe des serpents en deux muscles distincts. On conçoit en effet que le membre antérieur se détachant du thorax sous la forme d'un bourgeon sans cesse grandissant et entraînant avec lui son cortège de muscles pro- pres, se soit fait une trouée à lravers la nappe musculaire qui le recouvrait tout d’abord, rejetant en avant de lui les faisceaux les plus antérieurs du muscle, repoussant en arrière les fais- SG LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ceaux postérieurs : ces faisceaux ainsi séparés sont devenus en avant le sterno-mastoïdien, en arrière le grand oblique ou oblique externe. Remarquons en effet, que dans l'état actuel. cette différencia- tion effectuée, les deux portions disjointes du muscle primitif sont exactement séparées par l’espace qu'occupe l'organe per- turbaleur, le membre thoracique. En arrière, les inserlions du sterno-mastoïdien et celles du grand oblique sont séparées par le trapèze et le grand dorsal {muscles appartenant au membre). De même, en avant les insertions de ces deux mêmes muscles sont distantes d'une longueur égale à celles que présente la hauteur du grand pectoral, au niveau de ses insertions sterno- costales. Mais pourquoi, dira-t-on, le sterno-masloïdien ne descend-il pas chez nous jusqu’à l’abdomen, à la rencontre du grand oblique dont il n’est qu'un faisceau dissocié ? L'apparition du sternum nous donne la raison de ce fait : les fibres musculaires qui pri- milivement descendaient sans obstacle de l'apophyse mastoïde vers la ligne blanche, rencontrant maintenant sur leur passage à la limite du cou et du thorax, d'une part la clavicule, d'autre part la poignée du sternum, ont pris sur ces portions osseuses ce que M. Sabatier a si bien appelé des insertions secondaires ou consécutives (1). Comme conséquence naturelle, la portion présternale du muscle s’est atrophiée et a disparu comme s'atrophient et disparaissent tous les muscles inutiles. Mais l’an- thropolgie nous apprend que les formes disparues reparaissent de temps à autre dans les descendants. Il me paraît donc logique de considérer le muscle présternal de l'homme comme une reproduction, un retour du muscle que je viens de décrire, muscle depuis bien longtemps perdu, puisqu'il faut, pour le retrouver, descendre si bas dans la série zoologique. (*) Un exemple très net d'insertion consécutive nous est fourni par le muscle petit pectoral, qui primitivement s'insérait à l'acromion, sur le tro- chiter ou l’aponévrose du sus-épineux (disposition encore normale chez quelques mammifères), et qui chez l'homme s'arrête aujourd'hui à l'apo- physe coracoïde. MUSCLE PRÉSTERNAL, 87 Bibliographie : CaBrouius. Anat. elenchus accuratissimus; obs. 8, p. 96, 1604. Raopu. Mantissa Anatomica ad Th. Bartholinum, Hafnïiæ, 1656, p. 9. Du Puy. Hist. de l’Académie royale des Sciences, Amsterdam, 1726. WEITBRECHT. Comment. Acad. Petropolit., 1729, vol. IV, p. 258. DouGLas. Myographiæ comparatæ specimen., Londres, 1707, p. 61. ALBINUS. Historia musculorum, 1734, p. 291. DE LA Faye. ist. de l’'Acad. roy. des Sciences, 1736, p. 82. Wine. Comment. Acad. Petropol., vol. 12, 1740, p. 320. K. BOERHAVE. id. b4 IT. HALLER. Elementa physiologie, 1751, p. 257. Huger. Triga observat. myologie, in Acad. caes. Leop. Carol., t. X, Norimberg, 1754, p. 109. SANDIFORT. Éxercitationes Academicæ, 1783, p. 82. Porta. Journ. de méd., chir. et pharm., 1773, vol. 39, p. 309 ; et Cours d'Anatomie médicale, vol. II, 1803. SŒMMERING. De corporis humani fabrica, vol. IT, 1796, p. 150. SABATIER. Traité d'Anatonie, 1798, vol. 1, p. 353. GanTzEer. Dissert. anatomica muscul.variet., Berlin, 1813. ROSENMULLER. De nonnullis muse. corp. hum. varietat., Lipsiæ, 1804. BRUGNONE. Observat. myolog., in Mem. de l’'Acad. de Turin, vol. VII, ann. X, XI, p. 177. CRoUZET. lbidem, p. 179. KELCH. Beitræge sur path. Anat., Berlin, 1813, p. 33. OTTo. 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Obserc. d'anomalie musculaire reversive (Bull, Soc. d'Anthrop., 1879). MALBRANE. In Sachen des Sternalmuskels (Zeitschrift f. Anat. u. Ent- wick., 1865, p. 309). JœsseLz. Ein besonderer Fall von Musc. sternalis (Arch. f. Anat. und Phys., 1878, p. 429). RÉGION LOMBO-OCCIPITALE. 89 CHAPITRE II Région lombo-occipitale. La région lombo-occipitale (Sappey) s'étend en arrière à toute la longueur et à toute la largeur du tronc. Située immédiate- ment sous la peau et l’aponévrose superticielle, elle comprend deux muscles seulement à l'état normal; en haut (en avant chez les quadrupèdes) le muscle trapèze; en bas (en arrière chez les quadrupèdes) le muscle grand dorsal, On trouve quelquefois chez l'homme, au-dessous du trapèze, un muscle surnuméraire, d'un intérêt considérable, et qui, partant dans la plupart des cas de l’acromion, aboutit à la série cervicale des apophyses transverses, c’est le muscle acromio-trachélien. De même le muscle grand dorsal, au moment d'atteindre l’humérus, envoie quelquefois à l'épitrochlée ou au triceps un faisceau surnuméraire, généralement très grêle. Ce muscle est constant dans un grand nombre de mammifères où il est connu sous Île nom de dorso-épilrochléen. Nous conserverons cette même dénomination pour le faisceau surnuméraire du grand dorsal qui le représente chez l'homme. Enfin, dans des cas fort rares, on a rencontré dans la région lombo-occipitale, quelques muscles peauciers. Le présent chapitre renferme donc cinq articles consacrés : le premier, aux anomalies du trapèze ; le deuxième, au muscle acromio-trachélien ; le troisième, aux anomalies du grand dorsal, le quatrième, au dorso-épitrochléen; le cinquième, au peaucier de la nuque et au peaucier dorsal. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU TRAPÈZE Le trapèze (cucullaris de Spigel, musculus mensalis des an- ciens auteurs, dorso-sus-acromien de Chaussier), muscle large el 90 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. de forme triangulaire, s'étend en hauteur, depuis la protubé- rance occipilale externe jusqu'à la 10° et même la 42° ver- tèbre dorsale. Il part de la ligne courbe occipitale supérieure, de la protubérance, du ligament cervical postérieur, des apophyses épineuses des 6° el 7° cervicales et des 10 ou 12 premières dorsales, et vient s'insérer en avant, sur le bord postérieur de la clavicule (tiers externe), au bord supérieur de l'acrémion et à la lèvre supérieure de l'épine de l'omoplate; il forme un tout continu: sur aucun point de sa surface nous n'apercevons chez l’homme, à l'état normal, un interslice quelconque permettant de le diviser en deux ou plusieurs portions distinctes. Les varialions anatomiques qu'il présente sont les suivantes : $ [. — Variations dans l'étendue de ses insertions occipito- spinales, — On voit souvent le trapèze s'arrèler à la 8° ou àla 9° côte (Zagorsky, Theile, Meckel, Wood, Macalister), plus souvent aussi descendre jusqu'à la 12°. À la région cervicale, je l'ai vu partir deux fois de la portion du ligament cervical qui est en regard de la 4° apophyse épineuse. Macalister l'a vu s'arrêter de bas en haut à la hauteur de la 5° vertèbre cervi- cale. Dans lous ces cas, la portion occipitale et une portion cervicale du muscle font entièrement défaut. Dans un fait rapporté par Zagorsky, le trapèze, plus réduit encore, Sinsérait uniquement sur les # dernières cervicales et les 3 premières dorsales. Analomie comparée. — Toutes ces variétés se retrouvent à l'état normal dans la série des mammifères, où le trapèze est rarement aussi volumineux et aussi compact que dans l'espèce humaine. Chez la marmotte, le trapèze ne s’insère que sur la moitié antérieure de la région thoracique; chez le fourmilier, il ne s'étend que sur le liers antérieur de cette même région. Chez l’Aï, il ne dépasse pas le premier quart (Meckel). Ils’arrête chez le loris à la 6° verièbre dorsale, à la 9° chez l’ornithorynque MUSCLE TRAPÈZE. 91 Chez le chameau, 1 commence sur le tiers postérieur du liga- ment cervical et n’occupe au thorax que la première moitié ou même le premier tiers de la colonne dorsale (Meckel). Chez les Lemuriens disséqués par Milne-Edwards, il n'occupe en hauteur que l’espace compris entre la #° cervicale et la 9° dorsale. Chez le gorille (Duvernoy), le trapèze prend des insertions peu étendues’ à l'occipital et s'arrête à la 9° dorsalè. Chez le Troglodytes Aubryi (Gratiolet et Alix) et le Troglodytes niger (Testut) au contraire, le trapèze, plus développé que chez l'homme, occupe toute la série des vertèbres dorsales et prend, sur la protubérance et la ligne courbe occipitale, des Insertions très étendues. $ II. — Division du musele en plusieurs portions distinctes. — Macalister, Zagorsky, Fleischman et Wood ont vu la portion cervicale et la portion dorsale du trapèze constituer deux por- lions distinctes. Je n'ai jamais observé cette division, bien que _je la cherche depuis longtemps. Dans le cas de Wood, la portion supérieure, ou trapèze supérieur, partait’ de loccipital et du ligament de la nuque ; la portion inférieure, ou trapèze inférieur, prenait naissance sur les apophyses épineuses de la série dorsale. Ces deux portions, absolument distinctes dans loute leur étendue, n'entraient en relation qu'au niveau de leur insertion à l'acromion. Il faut rattacher au même ordre de faits l'observation, rapportée par Sœæmmering, d'absence de la portion centrale du trapèze, ainsi que l'observation publiée par Walsham dans les St-Bartholomew’s Hospital Reports de 1880 (vol. XVI, p. 83), sous le titre : The trapezius consisting of two separate muscular portions. On a observé parfois des divisions secondaires portant, soit sur la portion occipilo-cervicale, soit sur la portion dorsale. Sæmmering a vu les faisceaux inférieurs du trapèze former un muscle distinct. J'ai observé un cas à peu près semblable en 1879 : un faisceau distinct se détachait du bord inférieur 92 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. du trapèze à la hauteur de la 9° côte, et venait s'attacher, par un tendon aponévrotique, également distinct, sur ue sommet de l'épine et l'aponévrose sous-épineuse. Anatomie comparée — Fa division du muscle trapèze en portions distinctes est pour ainsi dire la règle dans la série des mammifères. La taupe, le hérisson, le tatou, l'hyène, d'après Meckel, nous présentent un muscle trapèze nettement divisé en deux portions : l'une antérieure ou cervicale, l’autre postérieure ou dorsale. Nous observons encore cette division chez l’agouti (Murrie et Mivart) et chez la Civette (Young). Chez l'ornitho- rynque, Alix décrit également deux portions (antérieure et postérieure) qu'on peut considérer comme des muscles distincts. La chauve-souris nous présente une disposition plus complexe ; nous trouvons chez cet animal, d’après Maisonneuve : z) — Un muscle qui, inséré aux 6 premières vertèbres dorsales, se porte à l’acromion et à la partie externe de l'épine scapulaire (M. trapèze dorsal antérieur). £) — Un 2° muscle qui, partant des # dernières vertèbres dorsales et même de la 4"° lombaire, se termine à la partie supérieure du bord interne de l'omoplate (W. trapèzse dorsal poslérieur). 7) — Un 3° faisceau, qui prend son origine à l’occipital sous la forme d’une bandelette très ténue, passe sur le sommet de l'épaule, et longeant le bord interne de l'aile vient se terminer à la base du pouce /Hf. occipito-pollicien). Évidemment cette dernière bandelette musculaire représente la portion occipitale de notre trapèze, différenciée chez le vesperlilio par les nécessités de l'adaptation. Les travaux de Macalister ont mis ce fait hors de doute, en se basant sur l'insertion de l'occipito-pollicien à l’occipital, au point précis où vient s'insérer le trapèze, sur sa constitution fibrillaire entière- ment identique à celle du trapèze dorsal et aussi sur son innervation qui dépend du nerf spinal. C'est donc à tort que Cuvier et Humphry n'ont vu dans ce muscle qu'une dépendance du peaucier et que Kolenati l'a considéré comme un muscle spécial. MUSCLE TRAPÈZE. 93 Chez un chat que j'ai disséqué en 1884, j'ai trouvé au trapèze trois portions distinctes : a) — Une portion antérieure (clavo-cucullaire de Sirauss- Durckeim) se détachant de la protubérance occipitale externe et du ligament cervical dans ses 2/3 antérieurs et se rendant à la clavicule. B) — Une portion moyenne (acromio-cucullaire de Strauss- Durckeim) prenant naissance sur le ligament cervical, et sur les 3 ou # premières dorsales, et venant s'attacher, en avant, sur l’acromion et l'épine. 7) — Une portion postérieure relativement petite (dorso- cucullaire de Strauss-Durckeim) de forme triangulaire, se déta- chant des dernières dorsales, et venant se terminer en partie sur l'épine, en partie sur laponévrose sous-épineuse; un vaste triangle séparait cette dernière portion de la précédente. M. Milne-Edwards décrit également chez le Siphneus, de l'ordre des rongeurs, un clavo-cucullaire, un acromio-cucullaire, un dorso-cucullaire. Chez l'Ursus americanus, j'ai trouvé le trapèze divisé en 3 porlions distinctes : une portion postérieure ou dorsale, naïis- sant des apophyses épineuses des 5 premières dorsales, pour se porter au bord spinal de l'omoplate ; une portion moyenne ou cervicale, allant du ligament cervical à l’épine de l’omoplate et à l'aponévrose sous-épineuse; et une portion occipitale enfin, espèce de bandelette, de # centim. de largeur, se portant de l’occipital à l'intersection fibreuse qui représente la clavicule, au-dessus du delto-claviculaire avec lequel il se confond. $ II. — Union plus ou moins complète avec le muscle sterno-cléido-mastoïdien, — Quain (Anut. des artères, p. 186) décrit un faisceau musculaire se détachant du bord antérieur du trapèze, et se rendant au sterno-cléido-mastoïdien, en passant par dessus l’artère sous-clavière. C’est bien là un premier degré de fusion entre les deux muscles. Sur quelques sujets qu'il a examinés dans les salles de dissec- tion de Guy's Hospital, M. Davies-Colley a rencontré un faisceau - 9 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. musculaire distinct qui, partant du bord antérieur du trapèze, croisait en diagonale le triangle sus-claviculaire, et venait s'in- sérer sur la clavicule au-dessous du sterno-cléido-mastoïdien. Dans certains cas, les branches nerveuses descendantes du plexus cervical superficiel se dégageaient en arrière de ce fais- ceau surnuméraire. J'ai vu moi-même plusieurs fois le bord antérieur du trapèze s'avancer jusque sur le milieu de la clavicule, et diminuer d'autant l'aire du triangle sus-claviculaire, qui sépare le sterno- mastoïdien du trapèze. Enfin, à un degré plus avancé, on a vu les deux muscles se confondre entièrement (Blandin, Gruber, M. Whinnie, Hallet, Wood). Ce dernier observateur fait bien remarquer dans le cas qu'il rapporte, que le trapèze recouvrait entièrement le triangle sus-claviculaire et s'altachait par conséquent par ses fibres antérieures, au même point que les fibres postérieures du sterno-cléido-mastoïdien. Dans les cas de ce genre, des orifices plus ou moins volumi- neux sont ménagés entre le bord inférieur du muscle et de la clavicule, pour donner passage à la veine jugulaire et aux filets nerveux sus-scapulaires. Du reste, sans atteindre le sterno-cléido-mastoïdien, le trapèze peut dépasser quelquefois la limite de la jugulaire et, dans ces cas, on voit une arcade fibreuse, en forme d’anse, former avec le bord postérieur de la clavicule un orifice qui permet à la veine de rejoindre le tronc veineux profond, dont elle est tributaire. La présence de cette arcade, sur laquelle viennent s'insérer les fibres musculaires correspondantes à la veine, maintient à cette dernière son calibre normal pendant la contraction du trapèze. Un fait de ce genre, très démonstratif à cet égard, a été mentionné par M. Flesch dans son mémoire de 1879. Un deuxième fait a été rencontré et figuré par Walsham dans les S'-Bartholomew's Hospital Reports. Analomie comparée. — Quelques espèces animales nous pré- sentent cette union du trapèze avec le sterno-cléido-mastoïdien. C'est ainsi que, chez l'échidné, l'insertion claviculaire du tra- MUSCLE TRAPÈZE. 95 pèze dépasse de beaucoup la moitié externe de l'os. Dans la sarique, la même portion occupe presque toute la clavicule. Dans l'hyène, le trapèze s’unit avec le sterno-cléido-mastoïi- dien, au niveau du point où se trouve la clavicule rudimentaire (Meckel). | Chez la civetle, Devis a vu la portion cervicale du trapèze naître de toute la longueur du ligament cervical et constituer une large nappe musculaire qui recouvre sans interruption le triangle sus-claviculaire. En avant, son bord antérieur se réunit avec la portion sternale du sterno-cléido-mastoïdien. $ IV. — Union avec le deltoïde, — Macalister signale des faisceaux d’union, qui de la ligne d'insertion inférieure du trapèze se portent à la portion correspondante du deltoïde. Anatomie comparée. — L'existence de ces faisceaux trouve son explication dans ce fait d'anatomie générale, que le trapèze et le deltoïde se rattachent au même système et constituent pour ainsi dire une vaste nappe musculaire, séparée en deux portions par une intersection osseuse que forment la clavi- cule, l’acromion et l’épine de l'omoplate : on sait en effet que iorsqu'une portion de celte intersection, la clavicule par exemple, vient à disparaître fanim. non-claviculés), la portion antérieure du trapèze s’unit à la portion correspondante du deltoïde. La constitution du grand muscle céphalo-huméral de quelques mammifères, qui s'étend de l'occipital à l’humérus, ne saurait être interprétée différemment. On trouve celle dispo- sition chez l'hyène, le blaireau, la civette, le cheval, etc., ete. Dans le castor même, malgré l'existence d'une clavicule, le muscle trapèze, d'après Meckel, s'unit au bord supérieur du deltoïde en passant par dessus l'acromion et la clavicule. $ V. — Absence du faisceau claviculaire. — Quain a cons- taté une fois l'absence des insertions claviculaires. J'ai vu dans un cas, sur un nègre, le faisceau claviculaire du trapèze ne présenter que 22 millimètres de longueur. On pourrait invoquer ici peut-êt'e, pour expliquer l’anomalie, l'existence 96 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. d'un processus morbide fatrophie musculaire progressive). Mais est-il bien besoin de faire intervenir un processus atrophique quand on trouve celle disposition normale, chez quelques espèces. Le trapèze, en effet, ne s'insère nullement à la clavicule chez le porc-épic, la marmotte, le hérisson. Chez le saï et chez les makis, le trapèze s'insère à l’épine et à l’acromion, mais non à la clavicule (Meckel). $ VI. — Présence d'un faisceau sternal. — Gruber a vu, sur un sujet, un tendon cylindrique se détacher de la face profonde du trapèze, passer derrière l'omo-hyoïdien et aller s'unir au sternum. Avec Macalister, je crois qu'il convient de considérer ce faisceau surnuméraire, comme un muscle sterno- chondro-scapulaire, qui se serait réuni au trapèze avant d'atteindre le scapulum. (Voyez ce muscle, ch. I, p. #9. Voir aussi un fait analogue de Potter, cité par Quain.) $ VII. — Faisceau d'union avec l’angulaire. Dans un cas de Budge, un faisceau partant du trapèze se rendait au muscle angulaire. Ce fait n’a qu'une médiocre importance : dans la région de l'épine les deux muscles sont bien voisins; d'autre part le volume du muscle angulaire est sujet à des variations nombreuses, et l’on conçoit facilement que dans le cas d’un muscle fort développé, un des faisceaux de l'angulaire, ne trouvant plus de place à son insertion sur le bord spinal, ait rejoint, avec les fibres correspondantes du trapèze, lextré- mité interne de l'épine. Bibliographie : ZaGorsky. Mém. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, t. 1, p. 359. MacauistTer. Notes on anomalies in human anatomy (Proc. Roy. Irish Academy, 1866, p. 21). BLANDIN. Nouveaux éléments d'Anatomie, Paris, 1838, p. 345. GruBer. Vier Abhandlungen aus dem Gebiete d. medic.-Chirurgisch. Ana- tomie, Berlin, 1847, p. 17. SCHWEGL. Ueber Muskelcarietæten, Vien, 1861, p. 8. BupGE. Henle u. Pfeufer's Zeitschrift, Bd VI, p. 273. QUAIN. Anat. of the arteries, p. 186. J MUSCLE CLÉIDO-0MO-TRANSVERSAIRE. 97 Aux. Suc. philomathique de Paris, 1867, p. 193. DaviEs-CoLLey.Notes of abnormalities observed in the dissecting-room from October 1870 to June 1872 (Guy's Hospital Reports, 1873). M. FLescx. Varietæten Beobachtungen aus dem Prœparirsaale zu Wurz burg, 1879, p. 14. Woo. Proc. of roy. Soc. of London, t. XV, p. 522, et t. XVI, p. 497. M. WHINNIE. Lond. med. Gazette, 1846, p. 194. HALLET. Edimb. medical Journal, 1848, p. 178. Devis. Journ. of Anat. and Phys., 1868, p. 207. YouNG. Journ. of Anat. and Phys., t XIV, p. 169. KOLENATI. Siésungsb. d. Koniglick bæmischen Gesellschaft d. Wissenschaft. 1847; et Allgemeine deutsche naturhist. Z eilung, Dresden, 1857, p. 9. WALSHAM. St-Bartholomew’s Hospital Reports, 1880 et 1881, t. XVI et XVII. ARTICLE II M. LEVATOR CLAVICULÆ OU CLÉIDO-OMO-TRANSVERSAIRE (Testut). Ce muscle est encore décrit sous les noms suivants : Levator scapulæ major vel anterior de Douglas et Burmeister, omo-tra- chélien où acromio-trachélien de Cuvier et de Meckel; acromio- basilaire de Vicq-d'Azyr, clavio-trachélien de Church et de Duvernoy; basio-humeralis de Kraüse; ÆKop/f-Arm-Muskel de Peyer; transverso-scapulaire de Strauss-Durckeim; omo-atlan- hcus de Haughton; cervico-humeral de Humphry ; omo-cervical de Bischoff; cleudo-atlanticus et cleido-epistrophicus de Gruber. À toutes ces dénominations je préfère celle de omo ou de cléido-transversaire, qui a l'avantage de rappeler l'ivsertion supérieure du muscle aux apophyses transverses. $ I. — Définition, historique. — Le muscle cléido-transver- saire ou levator claviculæ est un muscle surnuméraire de la région latérale du cou, partant du bord postérieur de la clavicule {le plus souvent de son extrémité acromiale) et se rendant aux apophyses transverses cervicales {le plus souvent à l'atlas et à l’axis). Dès 1813, W. Kelch signalait un faisceau musculaire, long d'un quart de pouce, qui se détachait en haut de l'apophyse 1 98 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. transverse de la 6° cervicale et venait s’insérer en bas au bord postérieur de la clavicule, près de son extrémité acromiale. Theile, dans son traité de myologie, rapporte un cas à peu près semblable, qu'il considère à tort comme une variété du muscle scalène. En 1846, Mac Whinnie signale deux nouveaux faits de muscle levator claviculæ. L'année suivante Gruber décrit, comme une variété du trapèze, un faisceau musculaire qui s'insérait, par son extrémité supérieure, à l'apophyse transverse de l’atlas, et, par son extrémité inférieure, à la partie moyenne du bord postérieur de la clavicule. En France, Cruveilhier signale un cas de muscle clavi-transversaire, dans la 2 édition de son anatomie descriptive, et Cuvier le repré- sente, sur un sujet nègre, dans son grand atlas de myologie comparée (Paris, 4855, pl. VII). En 1869, Wood, dans l'important mémoire qu'il présente à l’Académie royale de Londres, sur les anomalies des muscles du cou, de l’épaule et du thorax, consacre un long article au muscle Zevator claviculæ et rapporte cinq cas nouveaux, recueillis dans les salles de dissection de Æing's College. Dans ces dernières années, ce muscle a été retrouvé et décrit chez l’homme par Davies-Colley, par J.-B. Perrin, par Macdonald Brown, par Knott, par Walsham, par Ledouble, par moi-même et par Gruber,, dont la plume infatigable a consacré à ce faisceau surnuméraire trois nouveaux mémoires. $ IL. — Description du musele. — Le muscle cléido-trans- versaire a généralement la forme d’un triangle à sommet supérieur, traversant d’arrière en avant et de bas en haut le triangle sus-claviculaire. Il s’insère en bas sur le bord postérieur et la face supérieure de la clavicule, entre le sterno-cléido-mas- “toïdien et le trapèze ; 1l est plus rapproché, dans la majorité des eas, de ce dernier muscle que du premier. Son extrémité supé- rieure s'attache, suivant les cas, à l’atlas, à l'axis, à l’atlas et à l’axis ou même sur les apophyses transverses situées au-dessous. -bes insertions transversaires se font presque toujours à l’aide de ‘tendons: très grèles. À ce niveau le muscle est plus ou moins MUSCLE CLÉIDO-OMO-TRANSVERSAIRE. 99 confondu, tantôt avec les attaches de l’angulaire, tantôt avec le grand droit antérieur, tantôt avec les scalènes. Nous ne pouvons donner sur la fréquence de ce muscle que les statistiques suivantes : Wood l’a observé 5 fois sur 202 sujets, & fois sur des hommes, 1 fois seulement sur une femme. Gruber a observé ses 2 premiers cas sur un total de #0 sujets. En réu- nissant ces deux statistiques, on arrive à une moyenne de 6 cas sur 242 sujets, soit 2.8 0/0. Macalister, d'après ses propres observations, arrive à une moyenne de À cas sur 60 sujets. Au reste, comme le présternal et tous les muscles surnumé- raires, le levator claviculæ peut être bilatéral ou n’exister que d'un seul côté. $ IT. — Fait de l’auteur. — En février 1879, sur une femme fortement musclée, qu'on avait apportée dans les salles de dissection de la Faculté, j'ai observé, entre le sterno-cléido- masloïdien et le trapèze, un muscle surnuméraire qui se rattache manifestement au levator claviculæ. Il naissait de la clavicule, dans une étendue de 3 centimètres, par des fibres aponévrotiques excessivement courtes. Ses Insertions antérieures étaient séparées du muscle cléido-mastoïdien par un intervalle de 1 centimètre ; un intervalle double le séparait du trapèze. De leur origine claviculaire, les faisceaux charnus se portaient en haut et un peu en arrière, croisant le muscle omo-hyoïdien, et se dissimulaient entièrement sous la face profonde du sterno- cléido-mastoïdien. En soulevant ce dernier muscle, j'ai vu mon muscle surnuméraire continuer son trajet vers la colonne verté- brale, diminuer peu à peu de largeur et finalement se jeter sur un tendon légèrement aplati, qui venait se fixer au tubercule antérieur de l'apophyse transverse de la 3° vertèbre cervicale. J'ai observé ce muscle sur le côté gauche; le côté droit n’en présentait aucune trace. $ IV. — Anatomie comparée. — Le muscle omo-transver- saire se trouve « chez tous les mammifères, l’homme excepté, ce qui semblerait prouver qu'il est une des conditions de la me ee ed. ee cmt 100 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. stalion quadrupède. » (Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, 2° édit., t. I, p. 137.) Je me contenterai de mentionner ici les variations offertes par ce muscle dans la classe des quadru- manes, renvoyant le lecteur, pour tout ce qui a trait aux autres espèces, aux traités didactiques de Cuvier et de Meckel, à l'atlas de myologie comparée de Cuvier et Laurillard, et surtout à l'important mémoire déjà cité du professeur Wood. Chez les singes inférieurs, l’omo-transversaire se détache plutôt de l'acromion ou de l’épine que de la clavicule. Dans l'atèle, il naît de la partie externe de l’épine, au-dessous du trapèze, el se rend à l'apophyse transverse de l'atlas. Chez la quenon, je l'ai vu se détacher à la fois de l'épine et de l'aponé- vrose sus-épineuse; deux fois il s'insérait à l'atlas, une fois simultanément à l’atlas et à l’axis. J'ai observé des insertions analogues chez le bonnet-chinois. Le Cercopithecus sabeus, d'après Mivart, présente la même disposition. Chez le Papio mormon et le magot (Wood), chez le cynocéphale (Broca), l'omo- transversaire part également de l’acromion, pour se porter à la fois à l’atlas et à l'axis. L'insertion à la clavicule commence à se montrer chez le magot (d'après Meckel, Anat. comp., t. VE, p. 239) et chez le Nycticebus lardigradus ou petit Loris (d'après Mivart, Proc. z0ol. Soc., 1865, p. 243), et se maintient chez tous les singes anthropoïdes. Bischoff l’a signalé chez le gibbon cendré {Hylobates leuciscus) et chez le gorille (Gorilla gina), comme se détachant de la clavi- cule; Duvernoy l’a figuré chez le gorille et chez l'orang. Chez ce dernier animal, le muscle omo-transversaire part à la fois de la clavicule et de l'acromion. Enfin je l'ai trouvé, après bien d'autres observateurs, Vrolik, Chapneys et Macdonald Brown entre autres, chez le chimpanzé {[Troglodytes niger). Sur mon sujet, il formait un ruban musculaire mesurant 22 millim. de largeur à son origine claviculaire; il se détachait de la clavi- cule, en avant du trapèze, dont il restait distinct dans toute son étendue, et, se portant en haut et en dedans, il venait s’insérer sur l’apophyse transverse de l’atlas. Dans le cas de M. Brown, il s'attachait simullanément à l'atlas et à l'axis. MUSCLE CLÉIDO-0MO-TRANSVERSAIRE. 401 $ V. — Formes incomplètes du «levator claviculæ » . — Le professeur Wood considère comme des formes incomplètes (ümperfects slips) du levator claviculæ les faisceaux musculaires suivants : 2) — Des faisceaux naissant des insertions cervicales du rele- veur de l’omoplate et du scalène antérieur ou postérieur, et s'insérant en bas sur l’aponévrose axillaire, derrière la clavi- cule. G) — Des faisceaux se détachant du releveur de l’omoplate pour se confondre, sur la 2° côte, avec le grand dentelé (fait de Meckel, Archiv., VIIT, p. 585). J'ai observé tout dernièrement (9 décembre 1881) un petit muscle qui naissait en haut du tubercule postérieur de la 3° vertèbre cervicale, et venait s’at- tacher sur la 1"° côte, un peu en dehors de la 4'° digitation du grand dentelé. 7) — Des faisceaux allant de l'apophyse transverse de l'atlas au grand dentelé (cas de Rosenmuller). 2) — Le faisceau, observé par Flower et Murie sur leur bos- chiman, partant du releveur de l’omoplate pour se terminer sur la face axillaire du grand dentelé. Du reste, Flower et Murie eux-mêmes considèrent ce faisceau comme une forme du cléido- transversaire (an indication of the levator claviculæ noticed by Mac Whinnie). Ces divers faisceaux musculaires servent de transition entre le levator claviculæ et le levator scapulæ dont nous aurons à étudier bientôt les formes anormales. $ VI. — Opinion nouvelle du professeur Gruber sur la signi- fication de l’omo-transversaire antérieur, — Dans un mémoire publié en 1876 /Arch. de Dubois-Reymond et de His et Braüne), le professeur Gruber décrit avec beaucoup de détails, sous le nom de cleido-epistrophicus, un muscle surnuméraire qui s'étend de la face supérieure de la clavicule, à la portion de l’apophyse transverse de l’axis qui est en dedans du tubercule antérieur. Se basant sur cette insertion que j'appellerai prétransversaire et aussi sur quelques faits analogues, rapportés par Kelch, par 102 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Theile et par lui-mème, Gruber se refuse formellement à assi- miler son muscle aux muscles cléido-trachéliens de Wood, qui s'insèrent sur les tubercules postérieurs des apophyses trans- verses; et tandis qu'il rattache ces derniers au système de l'an- gulaire et du scalène postérieur, il croit pouvoir considérer les muscles, qu'il décrit, comme des faisceaux surnuméraires du sterno-cléido-mastoïdien, devenus indépendants et insérés à l’atlas et à l’axis, au lieu d'être insérés à l'apophyse mastoïde. Faisant un pas de plus et pénétrant dans le domaine de l'ana- tomie comparée, le professeur Gruber consent bien à voir dans les cas de Wood des représentants chez l'homme du muscle omo-trachélien des mammifères; mais quant à son cleido-epi- strophicus, il n’en trouve aucune trace en dehors de l'homme et il écrit ces lignes qui terminent son article : «Il existe donc, chez l'homme, des muscles cleido-cervicales (cléido-transver- saires) qui peuvent avoir la signification de muscles propres aux animaux et d'autres muscles cleido-cervicales, qui n'ont décidément rien de commun avec ceux des animaux et qui sont propres à l'homme. » La première partie des conclusions de Gruber est entièrement conforme à l'enseignement des faits, et, dès l'année 1879, épo- que à laquelle j'ai recueilli l'observation citée plus haut, j'avais admis, sans connaître le mémoire de l’anatomiste russe, deux groupes de muscles cléido-transversaires : les uns, {cleido-trans- versaires antérieurs) s'attachant aux tubercules antérieurs des apophyses transverses, en avant des nerfs rachidiens; les autres (cléido-transversaires postérieurs) s'insérant, avec l'an- gulaire, sur les tubercules postérieurs, en arrière de ces mêmes nerfs. Mais, contrairement à l'opinion de Gruber, j'estime que le muscle cléido-transversaire antérieur a son homologue dans la série animale, tout comme le muscle cléido-transversaire posté- rieur, et ne constitue nullement un muscle humain. Pour ne rappeler que mes propres observations, j'ai bien spécifié dans mes notes que chez le chimpanzé, disséqué par moi dans le laboratoire d'anatomie comparée du Muséum (juillet 1884), MUSCLE CLÉIDO-OMO-TRANSVERSAIRE. 103 .le muscle cléido-transversaire s’attachait sur la partie antérieure de l’apophyse transverse et faisait partie du système du scalène antérieur et des muscles prévertébraux. Macdonald Brown, en juillet 1880, avait déjà fait la même remarque et sa description à cet égard est trop explicite pour que Je ne la rapporte pas ici. Je copie textuellement: «Ce qui rend mon cas de levator claviculæ plus particulièrement intéressant, dit l’anatomiste anglais, c'est ce fait, à savoir : qu'ayant disséqué plus tard le système musculaire d’un chimpanzé, j'ai trouvé, chez cet animal, le muscle identique par ses origines, sa forme, ses terminaisons, son innervation à celui que j'avais observé chez l'homme. Dans les deux cas, le muscle prenait naissance sur le tubercule antérieur de la 1'° et de la 2° vertèbre cervicale, et, se portant en bas et en dehors, venait s'insérer sur le bord postérieur de la clavicule, un peu en dehors de sa partie moyenne. » C'est également sur le tubercule antérieur de l'atlas que Duvernoy a vu s’insérer le clavio-trachélien du gorille. Que le muscle cléido-transversaire antérieur doive ou non se rattacher au sterno-cléido-mastoïdien, il n'en est pas moins vrai qu'il ne constitue pas un muscle spécial à l'espèce humaine, mais bien la reproduction anormale, chez l'homme, d’un muscle qui existe normalement chez les singes anthropoïdes, tout au moins chez les chimpanzés. Bibliographie : KeLCH. Beitræge zur patholog. Anatomie, Berlin, 1813, XXIV, p. 32. RoSENMULLER. De nonnullis musculorum corp. humani varietatibus, Leip- zig, 1814. THEILE. Traité de Myologie, trad. Jourdain, 1843, p. 153. CRuv&ILHIER. Anat. descript., 2° édit., t. II, p. 49. Mac WHINNIE. London medical Gazette, 1846, p. 194. GRUBER. Vier Abhandlungen, $. 22, HExLE. Muskellehre, $. 110. ALIX. Soc. philomathique de Paris, 1867, p. 187. MACALISTER. Proc. of Roy. Irish Academy, t. X, p. 124. FLower et Mure. Account of the dissection of « Bushwoman (J. of Anal. and Phys., 1867, t. 1, p, 199). 104 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Woop. On a group of varieties of the muscles of the human neck, etc. (Transact. of roy. Soc. of London, 1869, p. 83). DAviEs CoLLEY. Guy's Hospital Reports, 1873. J.-B. P£rRiN. Medical Times and Gazette, 1872-1873. M. BRowN. Variations in myology (Journ. of Anat. and Phys., july 1880, p. 512). Knorr. Muscular anomalies (Journ. of Anat. and Phys., october 1880, p. 139). WaLsHaM. St-Bartholomew’s Hospital Reports, 1880 et 1581. LEDOUBLE. Art. omo-trachélien du Dict. Encycl. Tesrur. Soc. d'Anatomie et de Physiologie de Bordeaux, 1881. DuverNoy. Les caractères anatomiques des grands singes pseudo-anthro- pomorphes, p.175. GruBEeR. Ein Musculus cleido-epistrophicus Lei existenz des Musc. cleido- mastoideus der Norm. (Arch. f. Anat. und Phys., 1876, p. 739). — Ein Musculus cleido-atlanticus (Ebenda, p. 761). — Vorkommen des Musc. cleido-mastoideus als Musc. cleido-epistro- phicus (Ebenda, p. 759). SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, p. 160. ARTICLE III MUSCLE CLÉIDO-TRANSVERSAIRE INFÉRIEUR (Muscle trachelo-clavicularis imus de Gruber). Sous ce dernier titre, le professeur Gruber a décrit, dans les Arch. für Anat. und Phys. de 1876, le muscle suivant qu'il a observé le 9 janvier 1869, sur un jeune sujet. Origine. — Saillie de l’apophyse transverse de la 6° vertèbre cervicale ou tubercule carotidien de Chassaignac. Trajet. — Y se dirige obliquement en bas, en avant et en dehors ; situé tout d'abord derrière le cléido-mastoïdien, puis à # millimètres en dehors et en arrière de ce muscle, il passe au devant du tendon intermédiaire de l'omo-hyoïdien et des vaisseaux sous-claviers, et vient s'insérer sur la clavicule. Insertion claviculaire. — Bord postérieur et supérieur de la clavicule à # centimètres en dehors de l'articulation sterno- -claviculaire, à côté du cléido-mastoïdien, à la réunion du tiers interne avec le liers moyen de l'os. Dimensions. — Longueur 55 millimètres; largeur, # milli- mètres ; épaisseur de À à 2 millimètres. MUSCLE CLÉIDO-TRANSVERSAIRE INFÉRIEUR. 405 Gruber rapproche de cette observalion le fait analogue de Kelch que nous avons déjà mentionné plus haut, avec cette variante, que, dans ce dernier cas, le faisceau surnuméraire s'attachait sur l'extrémité externe de la clavicule. Depuis la publication du mémoire de Gruber, j'ai trouvé une troisième observation rapportée par le D' Knott, dans le Journal of Ana- tony and Physiology de 1880. Comme dans le cas précédent, le muscle partait encore de l'apophyse transverse de la 6° cervi- cale, pour s'attacher cette fois à la face postérieure du trapèze et, par l'intermédiaire de ce dernier muscle, au tiers externe de la clavicule. Le professeur de Saint-Pétersbourg rejette (oute idée d’ana- logie entre ce muscle et le muscle cléido-transversaire, décrit dans l'article précédent. À fortiori on ne serait pas en droit de le rattacher à l’omo-trachélien des mammifères. Pour lui, ce n'est qu'un « scalène surnuméraire égaré sur la clavicule ». Une pareille appréciation me paraît tout à fait erronée. Et d’abord, l'anatomie comparée, de même que l'anatomie humaine, nous enseigne que les scalènes sont des muscles rele- veurs des côtes, et s’insèrent toujours sur les côtes, jamais sur la clavicule. | Les deux arguments suivants ont plus de valeur encore. Entre le cléido-iransversaire ordinaire qui s'insère à l'atlas {cléido-atloïhien)et le cléido-transversaire inférieur (trachelo-cla- vicularis imus de Gruber) où sont les différences? Nous ne les trouvons pas dans l'insertion claviculaire, les deux muscles pouvant s'attacher également sur le liers externe dela clavicule. Elles n'existent que dans les insertions supérieures, le premier s’altachant à la 4" vertèbre cervicale, le second à la 6° vertèbre de la même série. Mais, entre ces deux points extrêmes, on trouve tous les intermédiaires. Nous avons déjà vu, dans l'article précédent, des muscles cléido-transversaires s'atlachant à l’axis /2° vertèbre cervicale). Dans le fait que j'ai observé, le muscle s'attache à la 3°. el enfin, dans le premier cas rapporté par Knott, il est nettement spécifié que le tendon supérieur du cléido-transversaire venait 4 H1 406 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. s'insérer sur les apophyses transverses des 3° et 4° cervicales. Enfin, l'insertion du muscle à la 4° et à la 5° vertèbre cervicale est mentionnée dans le fait de Theile. En dehors de l'espèce humaine, nous voyons encore le muscle qui nous occupe s'étendre successivement, suivant les espèces, sur la plupart des vertèbres cervicales, bien que, dans le plus grand nombre d’autres, il s’insère à l'atlas, sa vertèbre de prédilection. C'est ainsi que, d’après les observations de Cuvier, Duvernoy et Laurillard, le cléido-transversaire s'attache à l'apophyse basilaire de l'occipital chez le lapin, à l'axis chez le chat, aux cinq premières vertèbres cervicales chez le cheval, à la 5° ou 6° vertèbre chez le chameau. Pour toutes ces raisons, je ne séparerai pas le trachelo-clavi- cularis imus de Gruber du muscle cléido-transversaire, qui a une signification anatomique bien établie, estimant qu'il n'est nullement utile d'enrichir d’un nouveau nom le catalogue déjà si long des muscles anormaux. Serait-il logique de conserver dans nos descriplions, entre ces deux muscles, une distance que la nature à pris soin de combler? Bibliographie : GRuBER. Ein Muse. cleido-cervicalis seu trachelo-clavicularis emus (Arch. f. Anat. und Phys., 1876, p. 751). KELCH. Loc, cit. THEILE, Loc. cit. KNoTT. Musculaur anomalies (Journ. of Anat. and Phys., oct. 1880, t. XV, p. 139). Cuvier. Leçons d'Anatomie comparée, 2 édit., 1835, t. I, p. 371. ARTICLE IV ANOMALIES DU GRAND DORSAL. Le muscle grand dorsal s'insère normalement sur les apo- physes épineuses des six ou sept dernières vértèbres dorsales, sur les apophyses épineuses des cinq vertèbres lombaires, sur la crête sacrée, sur le liers postérieur de la crète iliaque, et sur les trois où quatre dernières côtes. Les divers faisceaux muscu- ca MUSCLE GRAND DORSAL. 407 laires qui le constituent convergent tous vers l’aisselle où ils se condensent et viennent se terminer, après avoir contourné le grand rond, soit sur la lèvre interne, soit dans le fond de la coulisse bicipitale. Cette insertion humérale se fait à l'aide d'un tendon aplali, fort résistant, qu'une languette aponévrolique réunit souvent à la petite tubérosité de l'humérus. Les anomalies fort nombreuses que peut présenter le muscle grand dorsal, peuvent être ramenées aux neuf variétés suivantes: 4° Variations dans les insertions épineuses; 2° variations dans les insertions iliaques; 3° variations dans les insertions costales; 4° faisceau d'origine accessoire naissant de l'angle de l'omoplate; 5° union plus ou moins complète avec le grand rond ; 6° faisceau anastomotique pour le grand pectoral ; T° faisceau élévateur du tendon du grand dorsal; 8° faisceau coracoïdien de ce même muscle; 9° faisceau accessoire se rendant au coude ou à l'avant-bras. $ I. —— Variations dans les insertions épineuses. — Il n'est pas rare de voir le muscle grand dorsal prendre insertion sur la 6° dorsale. Winslow l’a vu s'élever jusqu’à la 5° inclusive- ment. Par contre, le muscle peut s'arrêter au-dessous de la 7°. Je l'ai vu, dans deux cas, prendre ses insertions les plus élevées sur la 8° dorsale. Macalister signale une observation où les premiers faisceaux du grand dorsal naissaient de la première vertèbre lombaire. Anatomie comparée. — Dans la série des mammifères, les insertions vertébrales du grand dorsal sont soumises à des variations nombreuses. Pour ne citer que quelques exemples, le muscle grand dorsal occupe les deux tiers postérieurs du thorax chez le porc-épic. Chez la marmotte, chez le tatou, il prend naissance sur toutes les vertèbres thoraciques, la pre- mière exceptée. Chez l’ornithorynque, d'après Meckel, le muscle qui est très long et très large s'attache à toutes les vertèbres dorsales et lombaires, et chez l'échidné, disséqué par Alix, le muscle grand dorsal s’altacherait également à loute la série épineuse de la région dorsale, 108 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ I. — Variations dans les insertions iliaques. — Les fais- ceaux musculaires qui, chez l’homme, s'attachent à la crête iliaque, peuvent être rudimentaires ou mème faire complète- ment défaut. Ils peuvent aussi se développer outre mesure. Macalister les a vus s'étendre assez loin pour recouvrir le muscle grand oblique de l'abdomen. Analomie comparée. — Ces variations s’observent également chez les animaux. Tandis que chez quelques-uns d’entre eux l'insertion iliaque n'existe pas, il en est d'autres où cette inser- tion occupe non plus le tiers postérieur, mais toute l'étendue de la crête iliaque. Sur le gorille disséqué par Bischoff, les faisceaux -iliaques du grand dorsal dépassaient même la région de l’épine pour prendre attache sur le ligament de Poupart. $ HT. —— Variations dans les insertions costales. — On a vu le grand dorsal s'insérer au niveau du thorax; 4) sur la 9° côte (Cloquel); £) sur la 8° aponévrose intercostale (Wood), j'ai observé un cas semblable ;;) sur les 10° et 1 1° côtes (fréquent); à) sur les 8°, 9°, 10° et 11° côtes (Meckel, Arch.,t. VIIT, p. 585). D'autre part, Macalister a trouvé la portion costale du grand dorsal isolée jusqu'à son insertion humérale, et, dans un cas de Langer, celte mème portion costale, également isolée, se termi- nait sur l’aponévrose axillaire. Ces deux derniers cas nous ramenent au chondro-coracoïdien de Wood, portion distinete et du grand pecloral et du grand dorsal, et qui s'arrête parfois aux couches aponévrotiques du creux axillaire. (Voir ce muscle p. 15.) On pourrait peut-être interpréter l’anomalie de Langer comme un cas de muscle costo-coracoïdien, arrêté à l’aponé- vrose axillaire el remplaçant la portion costale absente du muscle grand dorsal. Analomie comparée. — Même inconstance dans les insertions costales du grand dorsal des autres mammifères. D’après Meckel, on voit le grand dorsal s'attacher aux 5°, 6° et 7e côtes chez le dauphin; aux 8 dernières côtes chez l'ornithorynque; à toutes les côtes, les deux premières exceptées, chez le tatou; aux # dernières côtes chez le coati; sur les dernières côtes, à MUSCLE GRAND DORSAL. 109 partir de la 7°, chez l'atèle. Chez le gorille, Virchow a constaté des insertions sur les 9°, 10°, 442 et 12e côtes. D'autre part, les insertions costales font complètement défaut chez le daman, le porc-épic, la sarigque, V'hyène, les makis (Meckel), la civette (Devis), l'échidné (Alix), les Cheiroptères et les Crocodiliens (Sabatier). $ IV. — Faisceau d'origine accessoire naissant de l'angle inférieur de l’omoplate. — J'ai observé bien des fois, dans les salles de dissection de la Faculté, ce faisceau scapulaire men- tionné par la plupart des anatomistes étrangers, et signalé en France par Beaunis et Bouchard, comme étant assez fréquent. Ce faisceau accessoire présente des dimensions fort variables et il est souvent, à son origine, peu distinct du muscle grand rond (!). Ce dernier fait nous indique suffisamment quelle est sa signification précise : c'est un premier degré de l’anomalie suivante : union du grand dorsal et du grand rond dont le degré le plus complet est la fusion intime des deux muscles. Anatomie comparée. — M. Alix a signalé, chez l’échidné, une disposition absolument semblable. Chez ce didelphien le grand dorsal se détache, comme nous l'avons déjà dit plus haut, des apophyses épineuses de toutes les vertèbres dorsales et vient s'attacher, par un large tendon, à la face interne de l’épitrochlée. A ce large faisceau, qui n'offre aucun indice de lorsion, vient se joindre un faisceau plus étroit qui naît de l'angle postérieur (angle inférieur chez les bipèdes) de l'omoplate, avec le grand rond, dont il ne tarde pas à se détacher, pour aller s'unir au grand dorsal, à # centimètres environ de l'épitrochlée. $ V. — Union du grand dorsal et du grand rond. J'ai vu, une fois, les tendons de ces deux muscles se fusionner au niveau de la coulisse bicipitale; cette disposition n'est pas () Calori a figuré, dans son mémoire, un faisceau charnu se détachant du bord axillaire de l’omoplate, immédiatement au-dessous du grand rond et venant s'attacher au tendon du grand dorsal, 110 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. très rare. Macalister a vu les deux muscles s'unir par leurs bords inférieurs, el cette union était quelquefois tellement intime qu'il était impossible de séparer l’un de l'autre les deux corps charnus. Enfin, on a observé des faisceaux anastomoti- ques plus ou moins volumineux se détachant du grand rond pour aller renforcer le grand dorsal. Anatomie comparée. — D'après Sabatier, le grand dorsal et le grand rond se confondent, chez les Reptiles, au niveau de leur extrémité humérale, et ont nne inserlion commune. Ces deux muscles sont également unis chez le fourmilier et chez la civette (Young). Chez le phoque, Duvernoy a vu le grand dorsal se diviser en deux portions, dont la postérieure se confondait avec le grand rond. Il existe une disposition analogue chez le raton. Nous devons raltacher à cette anomalie le fait singulier, observé en 1873 par Curnow : le grand dorsal s’insérait par un tendon arrondi sur un tubercule spécial, situé sur la partie la plus inférieure de la lèvre interne de la coulisse bicipitale. De ce tubercule partait une languette aponévrotique, qui allait s'insérer en haut, vers le bord axillaire du .scapulum, et sur le bord externe de laquelle venaient s'attacher les faisceaux musculaires du muscle grand rond. (Voir la fig. de Curnow, Journ. of. Anat., VII, 1873, p. 305.) J'ai rencontré une fois, en avril 4881, un tendon huméral affectant la forme cylindrique ; mais il n'existait pas, comme dans le cas de Curnow, un tuber- cule osseux spécial pour son insertion. $ VI. — Faisceau d'union pour le grand pectoral; Are axil- laire (AcusecpoGex) de Langer, et ses formes incomplètes. Les divers faisceaux musculaires qui se rendent du grand dorsal au grand pectoral, croisent transversalement le paquet vasculo- nerveux de l’aisselle, d'où le nom générique d'arc axillaire (Achselbogen), qui leur a été donné par Langer, en 1846 (OEsterreich. medicin. Wochenschrift, n° 15, p. 6.) Ramsay paraît être le premier qui ait signalé et décrit ces deux fais- ceaux anormaux chez l'homme; ses observations, faites en MUSCLE GRAND DORSAL. 111 4795, ont été publiées dans l'Edimburg med. and surg. Journal de 1812. Après Ramsay, le muscle anastomotique dorso-pectoral a été mentionné par un grand nombre d'anatomistes, entre autres par Meckel, Rosenmuller, Kelch, Gruber, Struthers, Luschka, Hyrtl, Bérard, Calori. Plus récemment, des observa- tions nouvelles ont été signalées par Wood, par Macalister, par Flesch, par T. Kolliker et par moi-même. A.— DESCRIPTION DE L'ACHSELBOGEN. — C'est un faisceau mus- culaire aplati, le plus souvent triangulaire, dont la base prend naissance sur la portion axillaire du grand dorsal, et dont le sommet, plus ou moins tronqué, vient se continuer avec le feuillet postérieur du tendon du grand pectoral, au niveau du point où ce tendon vient s'attacher à la coulisse bicipitale. Son attache au grand dorsal se trouve le plus souvent sur le tendon lui-même; mais le muscle peut se détacher aussi de la portion charnue, un peu en arrière du tendon, et, dans ce cas, une intersection aponévrotique sépare généralement le muscle normal du muscle surnuméraire. C'est à tort que Luschka considère cette intersection comme constante : dans deux cas au moins, j'ai vu des faisceaux musculaires passer directement du grand dorsal à l'arc aæillaire. Le faisceau musculaire anormal que je décris, forme une espèce de pont, au-dessous duquel passent la longue portion et la courte portion du biceps, le muscle coraco-brachial, la veine axillaire, l'artère axillaire, le nerf médian, le nerf musculo- cutané, le nerf cubital, le brachial cutané interne et son acces- soire. On conçoit sans peine les difficultés que peut faire naître la présence inattendue de ce muscle, pour la ligature de l'artère axillaire. Malgaigne se trouva un jour très embarrassé en présence d'un sujet qui offrait cette anomalie, et sur lequel il cherchait à lier cette artère : « Au-dessous de l’aponévrose, dit-11, je tombai sur un faisceau musculaire rouge, épais, que je pris pour le coraco-brachial ; en conséquence, je découvris son bord interne, mais je fus surpris de ne trouver, en dedans, ni nerfs ni artères. C'était un faisceau anormal qui, détaché du bord externe du grand dorsal, venait croiser obliquement D 7. 112 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME l'aisselle pour se réunir au tendon du grand pectoral. L'obliquité de la direction me remit dans la voie : je le divisai en travers et, au-dessous de lui, tous les rapports étaient à l’état normal. L'Achselbogen est entouré d'une gaîne propre, présentant toujours des connexions plus où moins intimes avec l'aponé- vrose du creux axillaire et l'aponévrose brachiale. Ii est innervé d'après Bardeleben, par le nerf thoracique antérieur. Dans un cas, j'ai vu ce muscle traversé de part en part par un rameau perforant du deuxième intercostal, qui allait à la rencontre du nerf brachial cutané interne. R. — FRÉQUENCE DE CETTE ANOMALIE. — Elle se rencontrerail une fois sur trente d'après Meckel, une fois sur quatre d’après Langer. Ce degré de fréquence est assurément exagéré et nous croyons, avec Calori, qu'il faut admettre une distinction entre les formes complètes de l'Achselbogen et les formes incom- plètes de ce muscle que nous étudierons tout à l'heure. Si l’on fait entrer en ligne de compte lous les cas où quelques fais- ceaux musculaires, souvent très petits, se portent du muscle grand dorsal aux aponévroses axillaire ou brachiale, ce muscle s'observe sans doute assez fréquemment. Mais, si on ne consi- dère que les muscles qui du grand dorsal vont au tendon du grand pectoral, cette anomalie est très rare. « Depuis trente- six ans que je m'occupe d'anatomie, écrivait Celori en 1866, je n'ai rencontré ce faisceau musculaire qu’une seule fois. Pour rester dans la vérité, je suppose n'avoir disséqué que quatre cadavres par an pour les préparations du creux axillaire. Cette anomalie ne s’observerait, d'après moi, qu'une fois sur 1%4 sujets. » Voici la statistique de M. Wood : sur une série de 102 sujets (Proc. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 494), 68 hommes et 34 femmes, le savant professeur de Londres a rencontré 6 fois l'Achselbogen, 3 fois sur des hommes, 3 fois sur des femmes. & fois l'anomalie était bilatérale, 2 fois elle existait d’un côté seulement et, dans les deux cas, elle se trouvait à gauche. Perrin, en 1871, a donné les chiffres suivants (Journ. of Anat., p. 237): sur 29 sujets qu'il a disséqués dans le semestre MUSCLE GRAND DORSAL. 113 d'hiver de 1868-1869, il a rencontré l’AcAselbogen T fois, 5 fois sur des hommes, et 2 fois sur des femmes : sur # des hommes, l'anomalie existait des deux côtés, et sur le 5° du côté gauche seulement. Sur une des femmes, elle existait des deux côtés, et sur l’autre du côté gauche seulement. Dans le semestre suivant (1869-1870), Perrin a observé 3 fois l’Achselbogen sur 29 sujets, toujours sur des hommes et des deux côtés. D'après Struthers, cette anomalie S'observerait plus fréquem- ment chez la femme que chez l'homme. Ces conclusions sont en opposition avec les observations de Macalister et aussi avec les chiffres, cités plus haut, des statistiques de Wood et de Perrin. C. — Faits DE L'AUTEUR. — Depuis l’année 1878, en trois semestres, j'ai observé sur trois sujets, l'arc axillaire de Langer. Sur le premier (homme de quarante à cinquante ans) l’anomalie était bilatérale. et, des deux côtés, le faisceau musculaire allait s'attacher au tendon du grand pectoral. Surle deuxième (homme adulte très vigoureux), le musele existaitégalement des deux côtés. À droite, 1l se terminait en partie sur le tendon du grand pectoral, en partie sur l’aponévrose qui recouvre le coraco-brachial; à gauche, il s’insérait en entier sur l'aponévrose du coraco-bra- chial. Sur le troisième sujet, l’Achselbogen se détachait, à gauche, du bord supérieur du tendon du grand dorsal et se terminait, à quelques centimètres au delà de son origine, sur un tendon aplati, lequel s'épanouissait sur l’aponévrose qui recouvre le coraco-brachial et la courte portion du biceps. Il était traversé, comme je l’ai déjà mentionné plus haut, par un rameau perfo- rant latéral du 3° nerf intercostal. Ces deux derniers cas ont été dessinés d’après nature et figureront dans mon atlas. D. — VARIATIONS ET FORMES INCOMPLÈTES DZ L’ACHSELBOGEN. — L'arc axillaire ne se termine pas toujours (formes complètes) sur le tendon du grand pectoral. On l’a vu s’insérer suivant les cas (formes incomplètes) : 2) — Sur l’aponévrose axillaire (cas fréquent) : G) — Sur l’aponévrose qui recouvre le biceps ; 7) — Sur l’aponévrose qui recouvre le coraco-brachial ; 8 114% LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 2} — Au bord inférieur du petit pectoral (Wood); ) — Au fond de la coulisse bicipitale ; £) — Dans le cas de Calori, il existait, à côté du muscle parfait, un deuxième muscle plus grêle se terminant dans l’aponé- vrose qui ferme intérieurement le creux de l'aisselle; ce dernier prenait naissance sur le côté externe de la portion costale du grand dorsal, se dirigeait en haut et se divisait, à sa termi- naison, en (rois pelits faisceaux de longueur inégale. L'un de ces faisceaux présentait quelques insertions à la face profonde du creux axillaire. n) — Dans un cas rapporté par G. Fritsch, il existait, indé- pendamment d'un arc dorso-pectoral, un deuxième faisceau se rendant à l’aponévrose qui recouvre la 5° digitation du grand dentelé, et un troisième faisceau qui venait s'attacher sur l’apo- névrose axillaire. 9) — Meckel a encore vu l'Achselbogen coïncider avec un faisceau étendu du grand pectoral au petit pectoral, et un deuxième faisceau allant du grand pectoral au grand dorsal. Rüdinger signale et figure un cas analogue assez remarquable, dans lequel le grand pectoral envoie un faisceau au grand dorsal, et où un faisceau du grand dorsal qui l'accompagne, envoie un lendon au grand pectloral {cité par Macalister). E.— Axarome comparée. — L'existence d'un pont muscu- laire, émanant du grand dorsal et passant sur le paquet vasculo- nerveux de l’aisselle pour rejoindre le muscle pectoral ou le côté externe de la coulisse bicipitale, s’observe chez un grand nombre d'espèces animales. Voici, d'après Meckel, la disposi- lion qu'il affecte chez quelques mammifères : Chez le daman, le muscle grand dorsal se partage en deux faisceaux : l’un, plus grand, se rend au point ordinaire ; l'autre, plus petit, s'insère à l'humérus, immédiatement au-dessus de la grande tête du grand pectoral. C’est entre ces deux fais- ceaux que passent les artères et les nerfs du bras. Chez la marmotte, 11 existe également deux têtes : l'anté- rieure se confondant avec le peaucier dorsal, se dirige, entre les couches du grand pecloral, vers la crêle antérieure de MUSCLE GRAND DORSAL. 115 l'humérus; la postérieure se rend, avec le muscle grand rond, à la crête postérieure de cet os. Le grand dorsal de l’hyène se divise, sous l'omoplate, en un faisceau antérieur et un faisceau postérieur. Le premier se rend, avec le peaucier, fort haut à l’humérus, en passant entre le biceps et le grand pectoral; le second s’insère plus en dedans avec le grand rond. Chez le coati, chez le raton, chezl'ichneumon, le grand dorsal se divise également avant d'atteindre l'humérus, en deux por- lions distinctes : l’une qui va à l'humérus, en se confondant plus ou moins avec le grand rond, l’autre, qui se porte sur le grand pectoral. Chez les makis, l'Achselbogen est réduit le plus souvent à une petite languette qui, se réunissant au peaucier, rejoint à l’aide d’un court tendon la face profonde du grand pectoral. Cette disposition manque chez l'atèle; mais elle reparaît chez le magot et chez quelques macaques. J'ai observé pour ma part, chez le Macacus sinicus, la dispo- sition suivante : le muscle grand dorsal, arrivé dans le creux axillaire, se divisait en trois portions confondues à leur origine, mais nettement distincles par leurs insertions brachiales. Les fibres internes formaient une masse volumineuse qui se portait sur le côté interne de la coulisse bicipitale, point d'insertion normal chez l'homme. Les fibres inférieures formaient le muscle dorso-épitrochléen, qui s'insérait, d'autre part, à la fois à l'épi- trochlée et à l’olécrâne. Les fibres qui constituaient le bord libre du grand dorsal se séparaient du muscle, à un centimètre et demi de l'artère axillaire, et se jetaient bientôt sur un tendon aplati, lequel, après avoir croisé en avant le paquet vasculo- nerveux, venait se terminer, en partie sur l’aponévrose brachiale, en partie sur la lèvre externe de la coulisse bicipitale. Cette dernière portion du grand dorsal était entièrement recou- verte par le grand pectoral. J'ai disséqué etdessiné, chez le chat, une disposition analogue. Dans cetle espèce, comme l'avait déjà parfaitement décrit Slrauss-Durckeim (loc. cit., p. 340), le grand dorsal se divise, per] 116 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. en atteignant l'aisselle, en deux portions distinctes el à peu près d'égal volume. Le faisceau postérieur (pilier supra-externe de Strauss) se réunit au grand rond et vient s'insérer, comme le grand dorsal des anthropotomistes, sur la lèvre externe de la coulisse bicipitale. Quant au faisceau antérieur (pilier infra-interne de Strauss), il recouvre à la manière d’un arc le coraco-brachial, le biceps et le paquet vasculo-nerveux, pour venir se terminer avec le grand pectoral sur la lèvre antérieure de la coulisse. F. = FONCTIONS PROBABLES DE L'ACHSELBOGEN CHEZ L'HOMME ET CHEZ LES ANIMAUX. — Les rapports intimes que l'arc axillaire de Langer contracte avec les aponévroses axillaire et brachiale nous indiquent suffisamment que la contraction de ce muscle anormal doit tendre les feuillets aponévrotiques. Tout en acceptant ce rôle pour l'arc dorso-pectoral, le pro- fesseur Calori lui en accorde un autre, en rapport avec la circu- lation veineuse : «Les rapports de contact avec la veine axillaire, dit-il, nous font déjà pressenlir qu'il ne doit pas être sans action sur ce vaisseau. On sait que la contraction musculaire, en com- primant et en aplatissant les veines sur un plan résistant, accélère le cours du sang vers le cœur. Or pourquoi refuser à un muscle anormal un rôle qu'on accorde à tous les autres muscles? assurément on n’a aucune raison pour le faire. Aussi j'estime que ce faisceau musculaire sert non seulement à ren- forcer et à tendre les aponévroses, mais aussi à comprimer la veine axillaire et à favoriser la marche centripète du sang qu'elle contient. » $ VII. — Faisceau élévateur du tendon du grand dorsal, levator tendinis latissimi de Gruber. — Ce faisceau très rare, décrit par Gruber et par Wood, peut être considéré, dans certains cas, comme une variété de l’Achselbogen, s'insérant à la capsule où à l'apophyse coracoïde; mais le plus souvent il se rattache par son insertion supérieure aux muscles coraco-bra- chial et coraco-capsulaire. Nous l’étudierons avec ces derniers muscles. (Voir Il° partie, muscles du bras.) MUSCLE GRAND DORSAL. 4117 $ VIII. — Faisceau coracoïdien du grand dorsal, — Il n'est pas rare (35 fois sur 102 sujets, Wood) de voir la por- tion costale du muscle grand dorsal envoyer un prolongement à l'apophyse coracoïde (sommet, base, bord antérieur) où même à la capsule articulaire. Ce faisceau aberrant peut être confondu à son origine avec le corps du muscle, mais il peut aussi en être distinct dans toute son étendue. Situé dans ce dernier cas entre le grand pectoral et le grand dorsal, il appartient tout aussi bien à l'un qu'à l’autre. Ge sont là des variétés du costo- coracoïdien de Wood, sur lequel nous nous sommes déjà suffi- samment étendu, à propos des anomalies de l'insertion du grand pectoral. (Voir ce muscle p. 15.) $ IX. —— Faisceau accessoire se rendant au coude et à lavant-bras; muscle dorso-épitrochléen. — En raison de son imporlance je consacrerai à ce muscle un article spécial. Bibliographie : ROSENMULLER. De nonnullis muscul. variet. dissertatio, Leipzig, p. 5. Ramsay. Edimburg med. Journ., vol. VIH, 1812, p. 281. KELCH. Beitræge sur patholog. Anatomie, Berlin, 1813, p. 34-35. _MECkEL. Manuale d'anatomia gener. descrit. e patolog. del corpo umano, trad. italienne, Milan, 1825, p. 314. LANGER. Ueber die Achselbinde und ihr Verahltniss zum Latissimus dorsi (Œsterreich. medicin. Wochenschrift, 1846, n°$ 15 et 16.) MALGAIGNE. Traité d'anat. chirurg., 1838, p. 410. HyrTL. Manuale di anatomia topografica, t. II, p. 194 de la trad. italienne de Roncati, Milan, 1858. HYrTL. Traltato di anatomia dell” uomo, p. 369 de la trad. italienne de Lanzilloti-Buonsanti e Occhini. BÉRARD. Traité d'Anat. topogr. méd.-chirurgicale, 2 édit., Paris, 1857. MECKEL. Arch., Vol. VIII, p. 585. RuDINGER. Ueber die Muskeln des vordern Extrem., Haarlem, 1870,tab. XII, fig. 34. STRUTHERS. Anat. and Phys. obserc., Edimburg, 1854, p. 193. CaLORI. /ntorno ad alcune variete incontrate nelle muscolatura degli arti superiori(Mem. dell Academia delle Sciense dell Instituto di Bologna, série II, t. VI et VII). Gruger. Neue Anomalien als Beitræge der Phys. chirurq.u. Path. anaf., Berlin, 1844, p. 31, taf. VI. MECKEL. Henle u. Pfeufer’s Zeitschrift, Bd XXIX, p. 168. A18 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. GruBer. Mém. de l'Acad. imp. de Saint-Pétersbourg, 1857, n° 4, p. 3. Woop. Proc. of Roy. Soc. of. London, t. XIV, p. 381 et 388, et t. XVI, p. 494. : Frirsc. Reichert u. Du Bois-Reymond's Arch., 1869 et Journ. of Anat. and Phys., t. IV, p. 154. CHupzinski. Revue d'Anthropologie, t. II, p. 26. Luscaka. Die Anatomie des Menschen, Tubingen, 1863, p. 180. BAROELEBEN. Muskeln u. Fascie (Jenaische, ete., 1881). KüLLIKER. Varietæten Beobachtungen, ete., Würzburg, 1879. TEsrur. Soc. d'Anat. et de Phys. de Bordeaux. Décembre 1881. DuverNoy. Mémoire sur le phoque commun, p. 60. YouxG. Journ. of Anat. and Phys., t. XIV, p. 169. BEAuNIs et BoucHarp. Anat. descript., 3° édit., p. 208. ALix. Soc. philomath. de Paris, 1867, p. 194. Curxow. Notes on some irregularilies in muscles and nerves (Journ. of Anat. and Phys., t. VIXL, 1873, p. 305). Biscxorr Beitræge sur anatomie des Gorilla, aus den Abhandl. der K. bayer. Akademie der W., 1879. ARTICLE V MUSCLE SURNUMÉRAIRE DORSO-ÉPITROCHLÉEN Dans un grand nombre d'espèces animales, notamment chez les singes (disposition normale), et quelquefois mais bien rare- ment chez l'homme /anomalie), le muscle grand dorsal, avant d'atteindre l'humérus, laisse échapper un faisceau musculaire descendant qui se dirige vers le côté interne du coude. II glisse verticalement de haut en bas, le long du triceps, et arrivé au niveau de l'articulation huméro-cubitale, il s'attache, suivant les espèces et aussi suivant les individus, soit à l'épitrochlée, soit à l'olécrâne, ou bien encore à l’une et à l’autre de ces deux tubé- rosilés ; il contracte généralement, au niveau de ses attaches inférieures, des rapports intimes avec l'aponévrose antibrachiale. Ce faisceau aberrant du grand dorsal a reçu des dénomina- tions multiples : c’est le dorso-épitrochlien de Duvernoy, le dorso-épitrochléal de Murie et Mivart, le dorso-epitrochlearis de Wood, l'accessoire du grand dorsal de Broca, le 4° extenseur de l'avant-bras de Cuvier et Laurillard, le chef postérieur du triceps de Milne-Edwwards, l’omo-anconeus de Devis, la latissimo- condyloïdeus de Bischoff, etc., etc. En France, il est générale- MUSCLE SURNUMÉRAIRE DORSO-ÉPITROCHLÉEN. 119 ment connu sous le nom de dorso-épitrochléen; je conserverai cette dernière dénomination, tout en faisant remarquer qu'elle est souvent inexacte, le faisceau accessoire du grand dorsal ne s’insérant pas toujours sur l'épitrochlée et méritant quelquefois, en raison de ses attaches, les noms de dorso-olécränien et de dorso-antibrachial. $ I. — Le musele dorso-épitrochléen chez les animaux, — Le muscle dorso-épitrochléen est signalé, par Meckel, chez le fourmilier, chez la sarique, chez l’aï. Dans les deux premières espèces, il s’insère à l’olécrâne; dans la dernière, il vient s'attacher à l’épitrochlée. Dans l’hyène, le même auteur signale une forte languette charnue qui se détache du grand dorsal pour venir renforcer le long ventre du triceps brachial. Chez la civette, d'après Devis, il s'insère sur l'aponévrose antibrachiale Il s’insère aussi sur l’aponévrose antibrachiale chez le procyon et chez quelques Lémuriens. Chez le phoque, le muscle descend beaucoup plus bas; il s'attache à l'aponévrose antibrachiale et jusqu'à laponévrose palmaire, devenant ainsi «un rétracteur vigoureux de tout le membre antérieur ». Nous trouvons, chez l'échidné, un muscle analogue qui à été parfaitement décrit par M. Alix : c'est un faisceau volumineux, prenant naissance sur les 40°, 41°, 42°, 13° et 14° côtes, se dirigeant vers le coude, glissant entre l'épi- trochlée et l’olécrâne et se terminant, à la partie moyenne de l'avant-bras, sur un tendon qui vient se fixer sur le pisiforme. Ce tendon, uni en dedans à celui du muscle cubital antérieur, s’unit en dehors à l’aponévrose antibrachiale, et, par l'intermé- diaire de celte aponévrose, il se continue avec l’aponévrose palmaire. Sur un loup de forte taille, que j'ai disséqué dans les premiers jours de janvier de celte année, le muscle accessoire du grand dorsal était représenté par une bandelelte charnue de 2 centi- mètres 1/2 de largeur et venait s'attacher à lolécrâne, en arrière de la longue portion du triceps. Chez l'Ursus americanus, j'ai trouvé le faisceau dorso-épitro- 120 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. chléen très développé et surtout très large. Il mesurait à son origine supérieure 7 centim. 1/2; ses fibres, parallèlement dirigées vers le côté interne du coude, se jetaient, à 11 centim. au-dessous du grand dorsal, sur un tendon aponévrotique large de 5 centim. 1/2, lequel tendon s'insérait à la fois sur l'olécräne et sur la portion de l'aponévrose antibrachiale qui recouvre l’origine des muscles épitrochléens. Chez quelques quenons, le muscle accessoire-du grand dorsal m'a paru remarquable par sa largeur; je ne saurais mieux le comparer qu'à un deltoïde, englobant par sa cavité tournée en dehors, la saillie cylindrique du triceps. Sur un sujet que j'ai étudié en février 1881, ce muscle s'insérait sur la face posté- rieure du grand dorsal dans une étendue de 3 centim. 1/2. Ses fibres se portaient ensemble verticalement en bas et venaient s'attacher, non pas à l’épitrochlée ou à l'olécrâne, comme je l'avais observé dans quelques disseclions antérieures, mais bien sur la portion interne de l’aponévrose brachiale. Au niveau de leur terminaison, les fibres antérieures et les fibres postérieures du muscle descendaient un peu moins bas que les fibres moyennes, de sorte qu'il existait là une sorte de V, comme pour l'insertion inférieure du deltoïde. Sur le chimpanzé {Troglodyles niger), j'ai vu une bande mus- culaire de 13 millim. de largeur, se détachant en partie du tendon du grand dorsal et se confondant en partie avec le corps charnu du muscle. Ce muscle s’appliquait à la face interne du bras, le long du triceps; à 2 centim. au-dessous de l’épitrochlée, les fibres charnues se jetaient sur un tendon aplati qui venait s'attacher à la fois sur l'épitrochlée, le bord interne de l’olécrâne et sur l'aponévrose antlibrachiale. Il ne contractait avec le triceps que des rapports de contiguité. Sur un deuxième chimpanzé, disséqué il y a quelques années au Muséum d'histoire naturelle, à Paris, par M. X..., dont le manuscrit a été gracieusement mis à madisposition par M. Gervais, aide-naturaliste, le faisceau dorso-épitrochléen naissait à la fois, comme sur mon sujet, du tendon et du corps charnu du grand dorsal e se terminait, au niveau du tiers inférieur, sur l'apo- MUSCLE SURNUMÉRAIRE DORSO-ÉPITROCHLÉEN. 191 névrose brachiale. Sur le chimpanzé qu'a disséqué Vrolik, le muscle dorso-épitrochléen s’insérait à la fois à l'épitrochlée et à l'olécrâne. La disposilion rencontrée par Gratiolet et Alix chez le Troglo- dytes Aubryi est plus complexe que chez le Troglodytes niger et me paraît assez remarquable pour que je rapporte ici, in exlenso, la description qu’en ont donnée ces deux anatomistes : «Le corps charnu principal naît de la face palmaire du tendon du grand dorsal, précisément où les fibres charnues s'arrêtent sur ce tendon et là se trouve un entre-croisement très marqué entre les fibres de terminaison du grand dorsal et les fibres d’origine du muscle accessoire. Ce muscle forme une bande rubannée qui s'applique au vaste interne, le revêt parallèlement à sa direction et se termine sur le sommet de l'épitrochlée par l'intermédiaire d'un fort tendon aponévrotique. Chemin faisant, ce muscle reçoit du sommet de l’apophyse coracoïde un petit faisceau musculaire très grêle, terminé par un petit tendon filiforme qui vient se perdre dans sa gaine fibreuse. Enfin, sur son aponévrose d'attache à l’épittochlée, vient obliquement se porter un pelit corps charnu, né de l'humérus, dans le point même où finit le coraco-brachial. Les fibres supérieures de ce pelit corps charnu s’entre-croisent sensiblement avec celles du brachial antérieur; inférieurement ses fibres d’attache à l'épitro- chlée contribuent à l'élargissement du tendon du muscle accessoire; il est évident que ce muscle n’est à que pour tendre l'aponévrose d'attache du muscle accessoire, de manière à modérer son action. » Je ne sache pas qu'on ait signalé, chez une autre espèce de chimpanzé, ces petits faisceaux de renforcement du muscle épitrochléen. Nous devons rapprocher’ de cette disposition anatomique celle du magot, dont le muscle dorso-épitrochléen, d'après Duvernoy, reçoit à sa partie moyenne et par son bord antérieur, un petit muscle qui provient du tendon commun du biceps et du coraco-brachial. Sur l'orang (Simia satyrus), le dorso-épitrochléen se fixe seulement à l'épitrochlée; mais dans son tiers inférieur il est 122 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. lié par une aponévrose à la partie interne du biceps (Duvernoy, loc. cit.). Sur le gorille {Gorilla gina), le même anatomiste a vu le dorso-épitrochléen s'attacher également à l'épitrochlée ou condyle interne de l'humérus. Chez le dernier des singes anthropoïdes, le gibbon, le muscle dorso-épitrochléen existe encore. Il a été disséqué par Bischoff sur l’Hylobates leuciscus et ne descend dans celte espèce que jusqu'au niveau du bras. $ IT. — Le muscle dorso-épitrochléen chez l'homme. —- Le muscle dorso-épitrochléen que nous venonsde rencontrer,comme organe constant, chez lous les singes anthropomorphes, fait complètement défaut chez l'homme à l'état normal. Mais, si cette formation musculaire qui semble s’atténuer au fur et à mesure que l’on s'élève dans l'échelle zoologique, a complète- ment disparu chez le plus parfait des mammifères, il a laissé dans notre organisation des traces non équivoques de son passage, et il y reparaît même quelquefois avec des proportions qui rappellent la disposition normale de cet organe dans quelques espèces animales. 1° Vestiges fibreux du musele dorso-épitrochléen, — La longue portion du triceps brachial s'insère en haut, à l’aide d’un tendon légèrement aplati sur cette petite surface triangulaire qui termine le bord axillaire de l'omoplate. Ce tendon d’origine, comme l’a parfaitement fait remarquer Cruveilhier, « se dédouble bientôt en deux lames aponévroliques réunies par leurs bords externes, dont la postérieure est mince et courte et dont l’antérieure, extrèmement épaisse, surtout à son bord externe, se prolonge jusqu'à la partie moyenne du musele., » C'est sur la surface interne de ce demi-cornet aponévrotique que prennent naissance les fibres charnues du muscle. D'autre part, toutes les fibres du grand dorsal, convergeant vers l’aisselle, viennent se termi- ner sur un tendon quadrilatère de 3 à # centimètres de longueur, lequel vient s'attacher, suivant les cas, soit à la lèvre postérieure, soit au fond de la coulisse bicipitale. Ce tendon terminal du muscle croise, en avant, l’aponévrose MUSCLE SURNUMÉRAIRE DORSO-ÉPITROCHLÉEN. 1923 d’origine du long triceps et repose directement sur elle. Presque toujours (2 fois sur 3) les deux muscles sont réunis à ce niveau par une arcade fibreuse, fort variable du reste par sa forme et ses dimensions. Tantôt, c'est un simple épaississement de la gaine musculaire, tantôt c'est une série compacte de faisceaux tendineux et nacrés, fusionnant d’une façon intime les tendons d’origine de la longue portion du triceps et le tendon terminal du grand dorsal. Entre ces deux dispositions extrêmes, se trouvent tous les intermédiaires. Dans certains cas, qui sont loin d'être rares, l'expansion tendineuse du grand dorsal vient s'épanouir jusque sur la portion charnue du triceps, de telle sorle qu'une portion des faisceaux constitutifs de ce dernier muscle prend en réalité naissance sur le tendon du grand dorsal. Cette arcade fibreuse n'est évidemment qu’un vestige du muscle dorso-épitrochléen des singes anthropoïdes, qui, n'ayant pas à jouer chez l’homme le rôle qui lui est dévolu chezces premières espèces, a subi la transformation fibreuse. Une pareille asser- lion est tellement exacte que cette arcade est quelquefois remplacée par un véritable muscle. 20 Vestiges charnus et forme complète du muscle dorso-épitro- chléen. — Des faisceaux manifestement charnus, réunissant le tendon du grand dorsal à la longue portion du triceps, ont été vus par Halbertsma, par Wood et par moi-même. Sur deux sujets, qu'il à disséqués dans la session de 1866-1867, Wood à rencontré une bandelette charnue, large et épaisse, se détachant du tendon du grand dorsal, pour descendre le long du triceps, jusqu'au deuxième quart inférieur du bras, et finalement se fusionner avec la longue portion du triceps. « C’est là, ajoute le savant professeur de Londres, les plus beaux spécimens du muscle dorso-épitrochléen de l’orang, que j'ai observés chez l'homme. » Macalister mentionne des faits analogues. M. Pozzi a rencontré à trois reprises le muscle dorso-épitrochléen chez l'homme. Celte anomalie se rencontrerait mème assez fréquemment, sil'ons'en rapportait aux chiffres indiqués par quelques analomistes : D'après Macalister, des vestiges du muscle dorso-épitrochléen 124 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. chez l’homme s'observeraient 1 fois sur 18 sujets, ou même 1 fois sur 10 sujets. Sur 102 sujets (68 hommes, 34 femmes) qui ont été éludiés, pendant la session de 1867-1868, dans les salles de dissection de King's College, M. Wood a rencontré ce muscle 5 fois, 3 fois sur des hommes, 2 fois sur des femmes. Comme je l'ai déjà fait remarquer plus haut, l’anatomiste anglais me paraîl avoir pris pour des vestiges du dorso-épitro- chléen, des faisceaux charnus qui se rattachent plutôt à l «arc axillaire » (Achselbogen de Langer). Cette considération abaisse considérablement le degré de fréquence de cette anomalie musculaire. 3° Faits de l’auteur. — Je n’ai observé que deux fois le muscle dorso-épitrochléen chez l'homme. J'ai rencontré le premier cas, au mois de juin 4881, chez un Boschiman que j'ai disséqué, grâce à l’obligeance de M. Hamy, dans le laboratoire d'anthro- pologie du Muséum. C'était un petit muscle quadrangulaire se détachant de la face antérieure et du bord inférieur du tendon du grand dorsal, du côté droit, à vingt-deux millimètres en dedans de la coulisse bicipitale, et se dirigeant en bas, parallè- lement à la longue portion du triceps, sur laquelle il reposait. IL avait huit millimètres de largeur; sa longueur atteignait trente-neuf millimètres, Son bord interne était débordé par les fibres charnues de la longue portion du triceps ; il en était de même de son bord externe. Il était constitué de la façon suivante : ses fibres les plus externes naissaient sur le tendon lui-même du grand dorsal; ses fibres internes n'étaient autre chose que des faisceaux charnus du grand dorsal lul-même, qui se recourbaient en anse pour prendre une direction verticale el constituer une portion du muscle surnuméraire. L'extrémité inférieure de ce muscle surnuméraire s’insérait en partie seulement sur l'aponévrose d'origine du long triceps ; quelques-unes de ces fibres se continuaient directement avec la portion charnue de ce dernier muscle. Le deuæième cas a élé rencontré dans les laboratoires de la Faculté de médecine de Bordeaux par l'un de mes élèves, PEAUCIER DE LA NUQUE ET PEAUCIER DORSAL CHEZ L'HOMME. 125 M. Bernard, qui a bien voulu me remettre, à ce sujet, une note et un dessin. Le muscle surnuméraire dorso-épitrochléen s’'élendait du grand dorsal à l'épitrochlée: il était aplati en forme de ruban et charnu dans presque toute sa hauteur, il mesurait un centimètre de largeur, deux à trois millimètres d'épaisseur. Ses fibres, verticalement dirigées de haut en bas, se délachaient du grand dorsal, au moment où le muscle se jette sur son tendon terminal; elles longeaient ainsi le bord interne du long triceps et venaient s'attacher, par l'intermédiaire d’un tendon mince et aplati, sur le côté interne de l’épitrochlée. Évidemment, ce muscle est une forme complète du dorso-épi- trochléen et rappelle, de tous points, par sa situation, son développement, son origine et sa terminaison, la disposition du dorso-épitrochléen dans quelques espèces simiennes. Bibliographie : MECKEL, MACALISTER, DUVERNOY, GRATIOLET et ALIX. Loc. cit. Woop. Proc. of roy. Soc. of London, t. XV, p. 524, et t. XVI, p. 494. PERRIN. Notes on somes variations, etc. (Journ. of Anat., 1871, p. 239). HALBERTSMA, cité par Macalister. Transact. of roy. Irish Academy, 1871, p. 61. ÿ Pozz1. De la valeur des anomalies musculaires au point de vue de l’anthro- pologie zoologique (Assoc. française pour l’avancement des sciences, 1874, p. 583). TESTUT. Discection d’un Boschiman, en préparation. — Communication à la Société Darwin, janvier 1882, et Journal d'Histoire naturelle de Bordeaux, 1882, p. 11. BisCHOFF. Beifræge zur anatomie des Hylobates leuciscus, aus dem Abhandl. der K. bayer. Akad. der W., München, 1870. ARTICLE VI PEAUCIER DE LA NUQUE ET PEAUCIER DORSAL CHEZ L'HOMME $ L. — Anatomie comparée. — Chez les mammifères quadru- pèdes la peau du tronc est doublée, dans presque toute son étendue, d'une couche musculaire connue, en anatomie vétléri- naire, sous le nom de pannicule charnu fpanniculus carnosus) el dont la contraction fait trémousser (Chauveau) la partie du 126 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. tégument qui la recouvre, pour chasser les insectes qui incommo- dent l'animal ou projeter au loin les gouttelettes d'eau etles parti- cules solides qui viennent s'amasser sur les poils. La disposition des muscles peauciers, leurs variations suivant les espèces constituent un des sujets les plus intéressants de l'anatomie comparée; à cet égard, le cheval, le renard, le chien, le chat, sont d'excellents sujets de l'étude. Chez le chat, où le peaucier charnu est très développé, Strauss-Durckeim (t. If, p. 250) décrit, indépendamment du peaucier du cou et du peaucier releveur de la vulve et du scrolum, trois muscles peauciers, parfaitement distincts : le sus-cervico-culané, le dermo-huméral et le dermo-gastrique. z) — Le sus-cervico-cutané que l'on pourrait appeler encore le peaucier de la nuque, « ne semble être que la continuation du cervico-facial (peaucier du cou) auquel il fait suite sur la nuque. Il nait tout le long du ligament cervical, d'où des fibres se portent en avant et au-dessous, en contournant le cou, pour venir s'implanter, par le moyen de petits prolongements aponé- vrotiques, à la peau du cou le long de sa face latérale, où elles s'entre-croisent avec celles du cervico-facial qui se fixe à la peau sur la même ligne. Les fibres de ce muscle, très pronon- cées en haut où leur couche est assez épaisse, deviennent de plus en plus rares et plus courtes en bas; les dernières qui avoisinent l'omoplate sont dispersées par de très petits faisceaux dans le tissu cellulaire. » G) — Le dermo-huméral entoure, à la manière d'un vaste manteau, la plus grande partie du thorax et tout l'abdomen; il recouvre une partie de la fesse et s'étend jusque sur les origines de la queue. Ce muscle présente cette particularité importante qu'il se confond en partie dans l'aisselle avec le muscle grand dorsal, et se fixe avec lui à la partie antérieure de la face interne de l’humérus. Cette insertion osseuse du dermo- huméral a été parfaitement décrite par MM. Chauveau et Arloing, chez les animaux domestiques; chez eux le pannicule charnu, « arrivé au bord postérieur de la masse olécränienne se partage en deux lames superposées : l’une, superficielle, se PEAUCIER DE LA NUQUE ET PEAUCIER DORSAL CHEZ L'HOMME, 1427 continue sur des muscles du membre antérieur; l’autre, pro- fonde, se termine bientôt par une aponévrose, unie au sterno- trochinien et bordée à son bord supérieur par un ruban nacré, laquelle aponévrose pénètre entre le thorax et les muscles du bras pour aller se fixer au trochin. » J'ai retrouvé celte insertion humérale chez l'ours, le renard, le loup, quelques Cercopithèques, et sur un Macacus sinicus. Je dois ajouter cependant que chez ces derniers singes, le tendon terminal du muscle peaucier ne s'étend pas toujours jusqu'à l'os et se perd sur l'aponévrose qui recouvre le biceps et le coraco- brachial. 7) — Enfin, sous le nom de dermo-gastrique, Strauss-Dur- ckeim comprend un ensemble de faisceaux musculaires, souvent très faibles, qui, partant de la partie la plus antérieure de la ligne blanche, se dirigent en dehors et en arrière pour se perdre dans la peau de la région latérale de l'abdomen. Les fibres du pannicule charnu s’attachent en majeure partie à la face profonde du derme, mais elles peuvent également s'insérer sur les aponévroses d’enveloppe des muscles super- ficiels. M. Lannegräce signale quelques faisceaux venant prendre leur point d'implantation sur l’épine de l’omoplate. Le pannicule charnu perd de ses dimensions en passant de la classe des Carnivores à celle des Quadrumanes. Chez les Lémuriens, il existe encore un peaucier de la nuque, un dermo- huméral et un dermo-gastrique. Chez le cynocéphale, (Broca) un muscle peaucier très développé embrasse toute la nuque, et s'étend jusque sur le dos et sur la partie latérale du thorax. J'ai rencontré moi-même un large peaucier dorsal chez le bonnel-chinois et chez quelques singes du Sénégal. Chez le chimpanzé, la plupart des peauciers ont disparu et du pannicule charnu des carnassiers il n'existe que le peaucier du cou qui n’est guère plus étendu que chez l'homme. Il en est de même chez le gorille, l'orang et le gibbon. $ 11. — Reproduction des peauciers de la nuque et du dos chez l’homme, — Quelques faits bien constatés démontrent la 128 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. possibilité d'une réapparition plus ou moins complète dans l'espèce humaine de ces muscles moteurs des téguments. 1° Faits de Turner, — Turner a observé comme vestiges du pannicule charnu : a) — Des faisceaux musculaires couchés sur l'aponévrose sous-épineuse ; 6) — Un faisceau prenant naissance sur l’aponévrose sus- acromiale et se rendant au trapèze, en face de l'épine de la première vertèbre dorsale ; 7) — Des faisceaux charnus partant de l'aponévrose du grand pecloral, et contournant le bord antérieur du creux axillaire pour se fusionner avec un faisceau surnuméraire du grand dorsal ; d) — Des faisceaux épais correspondant aux origines costales des 4° et 5° digitations du grand dentelé; =) — Des faisceaux s'étendant de l'aponévrose du grand fessier au muscle grand oblique de l'abdomen. 29 Faits de Macalister. — Macalister à rencontré dans les salles de dissection du collége des chirurgiens de Dublin, en 1869-1870, les trois faits suivants : 4) — Quelques fibres situées sur la face antérieure du grand pecloral, et se perdant près de l’aisselle ; | G) — Des faisceaux couchés obliquement sur le trapèze, et croisant à angle de 60° les fibres de ce dernier muscle ; 7) — Des fibres situées sur la face postérieure du grand dorsal, au milieu du dos. 3° Faits de M. Fleseh. — Cet anatomistie a rencontré un fais- ceau musculaire mince et plat, de la largeur de la main, partant de la ligne courbe occipitale supérieure, et venant se terminer dans la peau de la nuque, après un trajet parallèle au bord de ce muscle. Dans un deuxième cas, le même anatomiste a observé une lame musculaire de 8 millimètres de largeur qui, prenant naissance, comme précédemment, sur la ligne courbe supé- rieure, se portait obliquement sur le trapèze, le splénius, le sterno-cléido-mastoïdien, et se terminait en partie sur le bord postérieur du muscle peaucier du cou, en partie sur l'aponévrose parotido-massétérine. PEAUCIER DE LA NUQUE ET PEAUCIER DORSAL CHEZ L'HOMME. 1429 On peut rapprocher de ce dernier cas le muscle décrit par Wood, qui se détachait de l’apophyse mastoïde et de l'aponé- vrose parotidienne, croisait transversalement le peaucier du cou et s'unissait au-dessous du maxillaire avec un muscle sem- blable du côté opposé. 4° Nouveau fait de Turner. — Au mois de mai 1867, le pro- fesseur d'anatomie d'Edimbourg a observé, chez un homme, sur la face postérieure du trapèze du côté gauche, une bande musculaire très mince, se dirigeant parallèlement à la colonne vertébrale dans lespace compris entre la 2° et la 6° vertèbre dorsales. (Voir le dessin de Turner, Journ. of Anat., t. V, p.117.) 9° Fait de Perrin. — M. Perrin a rencontré, l'année suivante, dans les salles de dissection de ÆAing's College, un muscle ana- logue, situé à droite de la colonne vertébrale, à la hauteur de la 8° et de la 9° dorsale, sur les apophyses épineuses desquelles il venait prendre insertion. Du côté externe de ce muscle, s'irradiaient deux ou trois faisceaux qui allaient s'attacher d'autre part sur l’aponévrose sous-jacente. M. Perrin avait noté ce muscle sous le nom de dorso-fascialis, dénomination qui me parait parfaitement justifiée. 6° Faits de Popoîïf et de Zincone. — Popoif a signalé en 1873 un muscle tensor fasciæ deltoideæ, allant de l’aponévrose deltoï- dienne à l’aponévrose de la fosse sous-épineuse. Ce faisceau doit être rapnroché de celui qui a été décrit par Zincone (1877) et qui, se détachant de l’aponévrose sous-épineuse, allait se perdre sur la région deltoïdienne. 7° Fait de l'auteur. — J'ai observé et décrit, chez un nègre, sous le nom de peaucier dorso-huméral, une série de faisceaux musculaires qui s'implantaient sur la face externe de l'aponé- vrose du creux axillaire, et qui s’irradiaient de cette région, en partie sur la peau de la région dorsale, en partie sur la peau de la face postérieure du bras. Fai été heureux de pouvoir faire constater cette disposition singulière à M. le professeur Hamy, du Muséum, et à ses deux préparateurs, les docteurs Verneau et Delisle. Je ne connais aucun fait se rapprochant autant que ce dernier 9 130 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. de la disposition qu'affecte normalement le peaucier dans les mammifères quadrupèdes. Nous allons trouver encore d’autres vestiges di pannicule charnu dans le muscle transverse de la nuque, qui fait l'objet de l'article suivant. Bibliographie : SrrAUss-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. 11, p. 250. MILNE-Epwarps. Histoire physique, naturelle et politique de l'ile de Mada- gascar, t. 1, p. 165. Broca. Bull. Soc. d’'Anthropologie, 1869, p. 313. CHAUVEAU et ARLOING. Anatomie comparée des animaux domestiques, p.201. Turner. On the musculus sternalis (note). (Journ. of Anat. a. Phys., t. I. p. 252.) MacaLisrer. Transact. of Roy. Ir. Academy, 1871. LANNEGRACE. Myologie comparée des membres, p. T6. FLescx. Variciæten Beobachtungen aus dem Præpararsaale zu Wuresburg, 1879, n° 16. PoporF, cité par Froriep, Ueber den hautmuskeln des Halses (Arch. f. Anat. und Phys. 1877, p. 46, et tirage à part). | ZINCONE, cité par Froriep. /bid. TurNER. On à rudiment of the pannicus carnosus superfcial to the trape- zius (Journ. of Anat. and. Phys., t. V, 1870, p. 116). TESTUT. Contribution à l'anatomie des races nègres; dissection d'un Boschiman (en préparation). ARTICLE VII MUSCLE OCCIPITAL TRANSVERSE Je décrirai sous ce nom un muscle généralement très grêle, couché transversalement entre les insertions inférieures de l'occipito-frontal et les insertions supérieures du trapèze : c'est le transversus nuchæ des auteurs anglais, le corrugator poslicus, l'occipitalis teres, l'occipitalis minor de Santorini, le peaucier sous- . occipital de Cruveilhier. Le nom d'occipital transverse, que je propose pour désigner ce muscle, me parait préférable à ceux que je viens de signaler ; il a l'avantage d'indiquer nettement la situation et la direction du muscle surnuméraire et aussi de convenir à {ous les cas connus. MUSCLE OCCIPITAL TRANSVERSE. 131 SI. — Description du musele. — Le muscle occipital trans- verse a été bien décrit pour la première fois par Eïlhard Schultze, de Rostock. Il a été signalé depuis par Henle, par Hallet, par Cruveilhier, par Turner et bien d'autres analomistes. Il prend naissance sur la protubérance occipitale externe ou sur la partie la plus interne de la ligne courbe occipitale qui y aboutit. De là, il se porte transversalement en dehors et vient s’attacher, suivant les cas, sur la partie la plus externe de cette même ligne occipitale, sur le tendon du sterno-cléido-mastoïdien, ou sur le bord postérieur de ce muscle, ou bien encore sur l'extré- mité postérieure du muscle auriculaire postérieur. Dans ce dernier cas, une portion tendineuse sépare les deux muscles et l'auriculaire postérieur affecte la forme d’un muscle digastrique; ou bien encore, comme dans les faits de Gibson et d'Hallet, il y a continuité absolue des deux portions charnues et l’auriculaire semble avoir reculé son origine postérieure jusqu’à la protu- bérance occipitale externe. Cette dernière disposition nous paraît avoir une importance considérable au point de vue de la signification homologique de ce muscle. L'occipital transverse est généralement situé sur un plan plus superficiel que le trapèze, mais il peut aussi se rencontrer au-dessous de ce dernier muscle, comme dans le cas de Turner. Sa situation profonde modifie nécessairement ses rapports; elle ne modifie que peu ou point son insertion d'origine et sa terminaison. Enfin les fibres d'origine de l'occipital transverse peuvent s’enlacer avec celles du trapèze et S’insérer sur ces dernières. Macalister qui énonce ce fait considère cette disposition comme étant la plus commune, dans les cas où le muscle est profondé- ment situé. Le même analomiste aflirme que le muscle occipital transverse est constamment symétrique : je ne connais, pour ma part, aucun fait en désaccord avec celte dernière assertion. Schultze a rencontré ce muscle 18 fois sur 25 sujets; Macalister donne le chiffre de 35 0/0, comme représentant le degré de fréquence de ce muscle chez les Irlandais; Flesch abaisse encore cette proportion : « J'ai souvent fait des recher- 132 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ches, dit-il, dans la région sous-occipitale, dans le but de découvrir le muscle occipito-hyoïdien de Perrin, et deux fois seulement j'ai rencontré le transversus nuchæ.» Peut-être s'agit-il ici des différences ethnologiques. $ Il. — Signification anatomique du muscle occipital transverse. A mon sens, on à confondu sous une même dénomination des faisceaux musculaires bien différents pourtant par leur signification morphologique. Jusqu'à plus ample informé, je crois qu'il faut admettre parmi les faits nombreux rapportés par les auteurs : 1° Des muscles occipitaux transverses s’insérant à la peau de la nuque et constituant ainsi des vestiges du pannicule charnu des quadrupèdes. Tels sont, avec bien d’autres, les peauciers sous-occipilaux de Cruveilhier, « petits faisceaux parallèles au muscle auriculaire postérieur, se fixant à la peau par leurs extrémités qui présentent des languettes tendineuses d'une très grande longueur. » Cette opinion me paraît d'autant plus admis- sible que Zagorsky a vu des faisceaux du peaucier du cou se détacher de l'occipital, et que Macalister a noté plusieurs faisceaux d'union entre ce même muscle peaucier et l’occipital transverse. Tout récemment encore (1880), Gruber vient de signaler un muscle surnuméraire qui, partant de la région postérieure de la tête, se rendait à la commissure des lèvres, croisant en partie les fibres du peaucier du cou, en partie s’unissant à elles. 2° Des muscles occipitaux transverses se fusionnant avec les auriculaires postérieurs et constituant alors des muscles rétrac- teurs du pavillon, insérés, comme chez certains mammifères, jusque sur la ligne médiane. Telles sont, entre autres observa- tions, celles d'Hallet et de Gibson, où le muscle occipital transverse se fusionnait, sans ligne de démarcation aucune, avec le muscle auriculaire postérieur. | Analomie comparée. — Il existe en effet chez nos animaux domestiques, trois muscles cervico-auriculaires (Chauveau et Arloing), naissant du ligament cervical, et aboutissant au MUSCLE OCCIPITAL TRANSVERSE. 133 pavillon qu'ils ont pour mission de tirer en arrière. Cuvier décrit également chez les mamnufères, comme se détachant de la ligne médiane (ligament cervical ou os occipital), un muscle cervici-aurien, Un occipili-aurien, venant des environs de la crête occipitale, un cervici-tubien profond, un occipiti-aurien rotateur, naissant de la partie postérieure de l'occiput, et un cervico- sculien, ayant pour fonction de rapprocher les deux oreilles en arrière. Ce dernier est propre au chien et au lapin. Dans la chauve-souris (vespertilio murinus), Maisonneuve décrit deux rétracteurs de l'oreille, occipili-aurien et occipiti- aurien rotateur, partant l'un et l’autre de l'occipital. Strauss-Durckeim a retrouvé, chez le chat, le muscle cervici- aurien de Guvier, qu'il décrit (t. II, p. 19%) et figure (pl. II et IT), sous le nom de muscle sus-cervico-paviliien : la dispo- silion est la même, le nom seul est changé. 3° Enfin, il est possible que quelques formes de loccipital transverse doivent être rattachées au muscle sterno-cléido-mas- toïdien que nous étudierons plus lard, et dont les origines occipitales s'étendent quelquefois jusque dans le voisinage de la protubérance. Bibliographie : EILHARD SCHULTZE. Schmidt's Jahrbuch, Bd CXXVII, p. 288. HENLE. Mus/ellehre, p. 138. GiBsoN. Anat., 1716, p. 489. THEILE. Encycl. anat., trad. Jourdan, t. III, p. 15. SANTORINI. Os. anat., Chap. I, p. 4. CRUVEILHIER. Anat. descript., t. 1, p. 605. ZAGORSKI. Mém. de l'Acad. imp. de Saint-Pétersbourg, t. 1. HALLET. Edimb. med. Journ., 1849. Turner. Notes of the dissections of a negro (Journ. of Anat. and Phys., 1879, p. 382). MILNE-EpwarRps. Leçons de Phys. et d'Anat. comparée, t. XI, p. 556. MaCaLISTER. Trans. of Roy. Irish Acad., 1871. MAISONNEUVE. Ostéologie el myologie du Vespertilio murinus (Th. doctorat ès-sciences, 1878, p. 153). Cuvier. Leçons d'Anat, comparée, 2° édit., 1836. STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II, 1545. KnoTrT. Muscular anomalies (Journ. of Anat. and Phys, t. XV, 1580, p. 140). 134 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. CHAUVEAU Ct ARLOING. Anatomie comparée des animaux domestiques, 2e édit., 1871. FLEscH. Varietæten Beobachtungen aus dem Præparirsaale zu Würsburg ; Sep. — Abd. aus den Verhandl. der Phys. med. Ges. zu Würsburg, 1879, N. F., XIII Bd. GruBer. Ein in der Haut oder Fascie des Gesichtes und mit seiner Endzacke am Mundwinkel als Musculus risorius endender Musculus occipitalis minor (Santorini). (Virchow's Archiv., Bd LXXX, S. 83-86.) CHAPITRE HI Région dorso-cervicale. Quatre muscles contribuent à former cette région : le rhom- boïde, angulaire de l'omoplate, le petit dentelé supérieur, le petit dentelé inférieur (Sappey). De plus, on rencontre quelque- fois dans la région dorso-cervicale un muscle surnuméraire qui s'étend de l'occipital au scapulum, et qui a été particulièrement étudié par Wood, sous le nom de muscle occipito-scapulaire. Ce muscle peut dans la plupart des cas être rattaché aux anomalies du rhomboïde, mais, en raison de son importance, nous lui consacrerons un article à part. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU RHOMBOIDE. | Large, aplati et assez régulièrement losangique, le muscle rhomboïde s'insère généralement par son bord interne sur la portion inférieure du ligament cervical, sur les apophyses épineuses de la T° cervicale et des # ou 5 premières dorsales, ainsi que sur les ligaments inler-épineux correspondants. Son bord externe, d'autre part, vient se fixer sur le bord spinal de l'omoplate, dans toute l'étendue de ce bord, qui est situé au- dessous de l’épine. Es AT, cm I où A me MUSCLE RHOMPBOIDE 135 $ I, — Variations dans la constitution anatomique du muscle. — Le muscle rhomboïde peut être constitué : 2 par deux portions distinctes; {) par plusieurs couches superposées,. 19 Grand rhomboïde et petit rhomboïde. — La plupart des auteurs étrangers, Theile et Hyrtl entre autres, suivant en cela l'exemple de Vésale, Albinus et Sœmmering, décrivent deux rhomboïdes : un petit rhomboïde /rhomb. supérieur) partant du ligament cervical et de la T° vertèbre cervicale, pour venir s'attacher dans le voisinage de l'épine scapulaire; un grand rhomboïde {rhomb. inférieur) comprenant tous les faisceaux qui se détachent des vertèbres dorsales. Les auteurs classiques français, Cruveilhier, Sappey, Beaunis et Bouchard, ne décrivent qu'un rhomboïde. Il existe, dans la grande majorité des cas, entre les faisceaux cervicaux et les faisceaux dorsaux du rhomboïde, un interstice celluleux qui permet d'isoler entièrement les deux portions, mais il n’est rien de plus variable que les proportions de cet interstice; sur quelques sujets, il mesure 1/2 centimètre de hauteur, et les deux portions du rhomboïde sont naturellement séparées ; d’autres fois, il est à peine visible, et une dissection minulieuse est nécessaire pour isoler, sans intéresser les fais- ceaux charnus, le rhomboïde inférieur du rhomboïde supérieur. J'ai vu celui-ci déborder celui-là en arrière et le recouvrir dans une étendue de À centimètre. Sæmmering rapporte un fait analogue. Enfin j'ai observé des cas où le scalpel était impuis- sant à déceler un interstice séparatif quelconque entre les faisceaux du muscle rhomboïde; les deux portions étaient entièrement fusionnées. Anatomie comparée. — Cette double disposition s'observe dans la série animale : ainsi le rhomboïde est unique dans les célacés, le chameau, le cochon, le fourmilier, V'aï, le porc-épie, la sarique, la chauve-souris, le gorille, le chimpanzé, ete. Il existe au contraire deux rhomboïdes chez le cheval, le tatou, le daman, le castor, la martre, le blaireau, le chien, le chat, la taupe, etc. 2° Rhomboiïde à plusieurs couches. — Macalister a trouvé la partie inférieure du grand rhomboïde divisée en deux feuillets. 136 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Le mème auteur à rencontré le pelit rhombhoïde, divisé égale- ment en deux feuillets distincts. Anatomie comparée. — L'analomie comparée vient encore nous expliquer celle disposition anormale en nous montrant, chez quelques espèces, le muscle rhomboïde constitué par deux feuillets distincts et superposés. C'est ainsi que chez le hérisson (Meckel), on rencontre, sous le rhomboïde normal {romb. super- ficiel), un deuxième muscle plus pelit, s'étendant, comme le précédent, de quelques-unes des premières vertèbres dorsales, à la région moyenne du scapulun {rhomb. profond). Chez la taupe et chez le blaireau, on voit encore les deux portions consécutives du rhomboïde se superposer dans une certaine étendue. $ 11. — Variations dans les insertions scapulaires, — Macalister a vu le muscle rhomboïde s'attacher à la moitié postérieure seulement du bord spinal de l'omoplate. J'ai observé chez une femme, pourtant bien musclée, le faisceau le plus élevé du rhomboïde s'insérant à 1 centimètre 1,2 au-dessous de l’épine. Enfin dans le cas de Kelly, où les inserlions scapulaires élaient encore plus réduites, le rhomboïde s’insérait seulement à l'angle inférieur de l'omoplate par un tendon large d'un demi pouce ; le muscle en pareille circonstance affecte, on le conçoit, une forme triangulaire. Analomie comparée. — Le chameau, d'après Meckel, nous offre une disposition absolument semblable; le rhomboïde affecte, en effet, dans cette espèce, une forme triangulaire et, partant des deux vertèbres dorsales antérieures, il vient se fixer unique- ment à l'angle postérieur du scapulum. Macalister signale, comme une anomalie de l'insertion externe du rhomboïde, sa terminaison sur une arcade tendineuse, fixée en haut, à la base de l'épine, et en bas, à l'angle inférieur du scapulum. Cruveilhier et Sappey regardent cette disposition comme normale. « L'insertion scapulaire du rhomboïde, dit ce dernier auteur, se fait sur une bandelctte fibreuse qui suit la direction du bord interne de l'os, mais qui ne lui adhère que MUSCLE RHOMBOIDE. 137 par ses extrémités et surtout par l'inférieure. Entre ces deux points extrêmes, elle n'est unie au bord spinal que par un tissu cellulaire plus ou moins dense. Gette bandelette, sur laquelle le zrand dentelé prend des insertions, est formée par l'extrémité des fibres tendineuses du rhomboïde qui longent le bord spinal, au lieu de s'y attacher, et qui se juxtaposent ainsi de haut en bas. » $ IT. — Variations dans les insertions vertébrales, —— On a vu le rhomboïde ne pas dépasser en bas la 3° et même la 2e vertèbre dorsale : dans des cas contraires, on l’a vu descendre au-dessous de la #°. Quant à l'insertion de ses faisceaux supé- rieurs, elle se fait anormalement sur tous les points intermé- diaires à l’occipital et à l’apophyse épineuse de la 6° cervicale. On voit même parfois le rhomboïde dépasser la région cervicale et prendre ses points d'attache sur l’occipital. Nous décrirons à part cette dernière anomalie (Voyez art. II, M. rhombo-atloi- dien). Nous ne nous occupons ici que des insertions anormales de ce muscle à la région cervico-dorsale. Eh bien, une fois encore, nous voyons toutes les variations du muscle à cel égard, se reproduire à l'état normal dans la série des mammi- fères. Anatomie comparée. — Pour ne citer que quelques exemples, le muscle rhomboïde ne s’insère chez le chameau, comme nous l'avons déjà fait remarquer plus haut, que sur les deux pre- mieres vertèbres dorsales. Chez les Zndrisinés (Milne-Edwards), le muscle s'arrête à la 2° dorsale. Chez le daman, 11 s'étend jusqu'au quart supérieur du cou. Chez le gorille (Duvernoy), il s'arrête à la partie moyenne du ligament cervical. Chez le chimpanzé (Testut), il s'arrête en haut à la hauteur de la 5° ver- (èbre cervicale, et descend en bas jusqu'à la 6° vertèbre dorsale. Chez l'ours, j'ai vu le rhomboïde s'attacher au ligament cervical, à partir du 2° centimètre au-dessous de la protubérance occipitale externe; les faisceaux les plus externes s'arrêlaient en dehors de la ligne médiane sur l'aponévrose d'enveloppe du splénius. 138 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ IV. — Faisceau d'union pour les museles voisins. — On observe parfois des faisceaux plus ou moins volumineux, passant directement du bord inférieur du rhomboïde dans les muscles qui prennent insertion sur l'angle inférieur de l'omoplate : grand dorsal (fait de Sæmmering), grand rond (fait de Henle), grand dentelé (fait de Flesch)}. Ces anomalies n'ont qu'une médiocre importance au point de vue anatomique comme au point de vue anthropologique. Toutefois de pareilles dispositions doivent se rencontrer chez les mammifères inférieurs, tout aussi bien que chez l'homme; j'ai vu notamment chez l’Ursus americanus, un faisceau d'un demi-centimètre de largeur, franchir sans s’y arrêter, l'angle inférieur du scapulum et venir renforcer la digitation inférieure du grand dentelé. $ V. —— Insertion du rhomboïde à loccipital. (Voyez art. TT, M. rhombo-occipital ou occipito-scapulaire de Wood.) Bibliographie : HEXLE.-Muslkellehre, zweite Auflæge, p. 27. ÉŒMMERING. Loc. cit., p. 227. KELLY, cité par Macalister. Trans. of Roy. Irish Acad., 1871, p. 62. DAViES-CoLLEY. Guy's Hospital Reports, 1873, et Journ. of Anat. and IL, 0. VIT, D. 827. FLEscH. Varictæwten Beobachtungen, etc., Vurzbourg, 1879. Caupzinski. Recue d'Anthropologie, t. HI, p. 403. ARTICLE II ANOMALIES DE L'ANGULAIRE DE L'OMOPLATE. Le muscle angulaire de l’omoplate est représenté, chez l'homme, par «un gros faisceau musculaire allongé, divisé supérieurement en 3, # el quelquefois 5 faisceaux secondaires, aplati de dehors en dedans dans sa moitié inférieure qui est indivise. » (Cruveilhier.) Il s'attache en bas à l'angle supérieur du scapulum, tandis que ses faisceaux vertébraux viennent s'insérer sur les tubercules postérieurs des 3, # ou 5 premières MUSCLE ANGULAIRE DE L'OMOPLATE. 139 vertèbres cervicales, entre le splénius qui est en arrière et le scalène postérieur qui est en avant. Les dispositions anormales présentées par ce musele sont multiples et par cela même difficiles à classer; nous les étudie- rons sous les six chefs suivants : $ L. — Variations dans les insertions scapulaires; inser- tions à l’épine. — Meckel a vu l’angulaire s'attacher à l’origine de l'épine de l’omoplate. Max Whinnie et Blandin ont égale- ment vu un faisceau de l’angulaire prendre naissance sur l'épine. Macalister signale un faisceau distinct, situé d'abord plus profondément que le muscle lui-même et allant se fixer sur la surface triangulaire, qui termine l'épine en dedans et sur laquelle vient généralement s'insérer une portion importante du muscle trapèze. — Gelte insertion à l'épine s'observe, d'après Meckel, chez le mannet et la sarigue. $ IT. — Variations dans l'étendue des insertions cervicales. — Les inserlions vertébrales de l'angulaire peuvent dépasser la 5° vertèbre cervicale. On a constaté des faisceaux surnumé- raires pour la 6° et même la 7. C'est là une tendance du muscle à se fusionner avec le grand dentelé, disposition nor- male chez un grand nombre de mammifères. Nous nous sommes déjà longuement appesanti sur cette anomalie. (Voyez muscle grand dentelé, p. 65.) $ IT. — Faisceau atloïdien distinct. — M. Chudzinski a rencontré, chez un nègre, le faisceau atloïdien complètement séparé du reste du muscle; c'était une sorte de ruban charnu qui, partant de l’apophyse transverse de l’atlas, venait se fixer isolément au-devant de la portion principale de l'angulaire, au bord interne de l'omoplate et à une petite portion de la fosse sous-scapulaire. « Une disposition analogue, ajoute M. Chud- zinski, s'observe chez les singes anthropoïdes; elle consiste en un faisceau atloïdien qui reste distinct dans toute l'étendue de la portion principale du muscle. » 140 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME, Analomie comparée. — Je n'ai pas rencontré ce faisceau atloï- dien chez mon chimpanzé; mais il a été signalé chez le gorille, par Duvernoy, et chez le Troglodytes Aubryi par Gratiolet et Alix (loc. «it., p. 139). Dans ces deux espèces, les deux por- tions de l'angulaire seraient superposées dans le sens antéro- postérieur, comme chez le nègre étudié par M. Chudzinski. Au-dessous des Primates, on rencontre des dispositions à peu près analogues dans quelques espèces animales étudiées par Meckel. Chez le mannet, l'angulaire se rend seulement à l’atlas; chez la sarique, il existe un angulaire tout à fait isolé qui se rend à l'allas ; dans le blaireau, la loutre, le potto, la martre, l'angulaire ne s'attache le plus souvent qu'à l'apophyse trans- verse de la première vertèbre cervicale; il en serait de même chez les Loris et les Makis. Signalons, à propos de ces derniers faits, une division plus étendue de l'angulaire en trois faisceaux (cas de Kelch, cas de Macalister) ; en six faisceaux {cas de Wood). $ IV. — Ensertions au crâne. — Blandin a observé un fais- ceau de l’angulaire, dépassant les limites de la colonne cervicale et venant s'attacher à l'apophyse mastoïde. Avant lui, Meckel avait signalé un faisceau charnu qui provenait de la portion écailleuse du temporal, et venait renforcer l’angulaire. Analomie comparée. — Chez le pécari, le muscle angulaire de l’omoplate, très grêle, vient de même s’insérer à l'apophyse mastoïde (Meckel,. Chez l'orang de Duvernoy, il existait indé- pendamment des faisceaux cervicaux deux languettes très grèles se rendant, la première à l'occipital, la deuxième à la portion occipilale du sterno-cléido-mastoïdien. $ V. — Union de quelques faisceaux de l'angulaire avec des museles voisins. — On a signalé comme anomalies de l’angulaire des faisceaux aberrants de ce muscle, s’unissant : «) avec la face profonde du lrapèze; £) avec les scalènes; 7) avec le splénius; 2) avec le complexus. Il n'est pas utile de décrire en détail ces divers faisceaux, que je considère comme MUSCLE ANGULAIRE DE L'OMOPLATE. 111 des formes incomplètes ou avortées de deux muscles surnu- méraires chez l'homme : l’'omo-trachélien, que j'ai déjà décrit, et l’occipito-scapulaire, que j'étudierai dans l’article suivant. (Voyez ces muscles.) $ VI. — Faisceaux d'origine provenant d'un point qui n'est pas le scapulum /Faisceaux périscapulaires). — On à vu des faisceaux de l’angulaire naître anormalement en dehors de l'angle de l’omoplate, mais dans des régions toujours voisines de cet os : z) Du grand dentelé (Theile) ; 6) De l'aponévrose du petit dentelé postérieur et supérieur (Rosenmüller, Wood, Reid et Taylor) ; 7) Du tissu cellulaire compris entre l'omoplate et le thorax (Kelch) ; 2) De la 2° côte (Meckel, Theile, Blandin) ; ) De la 1° côte (Testul) ; £) De la 4" et de la 2° côtes (Clason) ; 2) De l'apophyse épineuse de la 7° cervicale (Reid et Taylor) Tous ces faisceaux musculaires anormaux, quels que soient leur volume, leur situation, leur origine, peuvent être ratta- chés, suivant les cas, soit à l’omo-trachélien, soil à l’occipito- seapulaire dont ils constituent des formes incomplètes. Au point de vue de leurs homologies dans la série animale, tout ce que nous avons déjà dit à propos du premier de ces muscles, tout ce que nous dirons en étudiant le second, leur est applicable. Bibliographie : KeLCH. Beitræge zur Pathologisch. Anat., 1813, p. 33. MECKEL. Descript. nonnull. monstrorum, Leipzig, 1826, p. 22. ROSEXMULLER. Dissert. de nonnullis musculorum corporis humani varie- tatibus, Leipzig, 1804, p. 5. BLANDIN. Anatomie, p. 349. Telle. Encycl. anat., trad. Jourdan, 1843, t. III, p. 124. MECKEL. Arch. für die Physiologie, t. V, p. 115. — Jbid., t. VIIL, p. 585. CLASON. On muskel anomalien {Upsala Lakaref, I Bd, p. 517). MACALISTER. Transact. of roy. Irish Academy, 1871. 112 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. CaupzINsKki. Revue d'Anthropologie, t. III, p. 22. Woop. Proc. of roy. Soc. of London, 1865, t. XIV, p. 380; 1866, t. XV, p. 923, et Transact., 1869. PYE-SMITH, HOWSE et DaviEes-CoLLey. Guy's Hospital Reports, 1870, et Journ. of Anat. and Physiol., t. V, p. 376. . Rep et TAyLoR. Anatomical variations (St-Thomas's Hospital Reports, 1879; tirage à part, p. 3). ARTICLE Il MUSCLE RHOMBOÏDE DE LA TÈTE (Cuvier) ET SES FORMES INCOMPLÈTES (Synon. Rhombo-occipital de Mivart, occipilo-scapulaire de Wood, Rhomboïde antérieur de Meckel, Rhomboïideus cervicalis de Mivart, Levator anguli scapulæ vel scapulæ minor, de Kraüse). $ I. — Description du rhomboïde de la tête, chez l’homme. — C'est un muscle aplati dans le sens antéro-postérieur, géné- ralement très grèle, situé immédiatement au-dessous du trapèze, s'étendant entre le bord spinal de l’omoplate et l'occipital. En haut, il s'attache au-dessous du tiers moyen de la ligne courbe supérieure, entre les insertions supérieures du trapèze et celles du grand complexus, un peu en dedans du bord interne du splenius capilis; ses Insertions scapulaires se confondent plus ou moins avec les attaches externes du rhomboïde. Telle est la description donnée par Wood d’un cas observé par lui en 1867. Dans un cas analogue que j'ai rencontré chez un jeune sujet, dans le semestre d'hiver 1881-1882, le muscle rhomboïde de la tête mesurait 4 centimètre 1/2 de largeur seu- lement, et se fusionnait intimement à son origine avec le petit rhomboïde. Il n'existait que d’un seul côté. À côté de cette formation musculaire anormale, que j'appel- lerai le type parfait du rhomboïde de la tête, se trouvent des formes incomplètes, qui pour s'éloigner sous bien des rapports de la disposition typique de ce muscle, n’en ont pas moins une signification identique. $ IL. — Formes incomplètes de ce muscle chez l'homme, — Elles ont été parfaitement étudiées par le professeur Wood, et DES PET I qu he A ET À 55 1 4 } | | LR den ee. * “ nn ut Ver MUSCLE RHOMPBOIDE DE LA TÈTE. 143 c'est d’après les observations de ce savant anatomiste que j'établirai les variétés suivantes : æ) — Faisceau musculaire partant de la base de l'épine du scapulum et venant se terminer sur l’aponévrose du splénius de la tête, à la hauteur de la 4° vertèbre cervicale. B) — Faisceau musculaire fusiforme prenant naissance sur la face postérieure du petit dentelé postérieur et supérieur, au- dessous du rhomboïde, pour venir s'attacher en haut sur l’apo- névrose du splénius de la tête. Cette disposition anormale peut coïncider, comme dans le cas de Wood, avec le muscle cléido- occipital et des faisceaux surnuméraires de l’angulaire de l'omoplate. 7) — Faisceau musculaire se détachant du rhomboïde, du petit dentelé, des apophyses épineuses des dernières cervicales ou des premières dorsales, pour venir se terminer en haut, à l’apophyse transverse de l’atlas; c’est le rhombo-atloïdien de Macalister. (Voyez plus loin.) Ce muscle peut ne pas atteindre l’atlas, et s'arrêter à l’axis (rhombo-axoïdes), où même à la 3° ou #° cervicale (faits de Flesch et de Wood). Il peut se confondre en haut avec une des digitations de l'angulaire (fait de Wood). )) — Enfin il convient encore de rattacher à la variété « rhomboïde de la tête », la formation musculaire décrite par Walther sous le nom d’adjutor splenit ou singularis splenü accessorius, qui n'est autre qu'un faisceau charnu naissant sur la face postérieure du grand dentelé et longeant ensuite le bord externe du splénius, pour s'insérer à l’apophyse transverse de l’'atlas. Ce muscle n’est autre chose que le rhombo-atloïdien de Wood ; les noms seuls sont changés. Le muscle rhomboïde de la tête, on le voit, s'éloigne singu- lièrement parfois de ce que nous avons appelé son type parfait. Formes, dimensions, constitution anatomique, et jusqu’à ses insertions, lout cela est essentiellement mobile. En haut, nous le voyons s'insérer depuis l'occipital jusqu'aux vertèbres cervicales moyennes, en s’arrètant successivement sur latlas, laxis, la 114 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. \ face postérieure du splénius. En bas, il s'attache le plus souvent dans le voisinage du bord spinal de lomoplate, soit sur l'os, soit sur le rhomboïde, soit sur le petit dentelé ; mais nous le voyons se déplacer en dedans jusque sur les apophyses épineuses, et en dehorsjusque sur le grand dentelé. Dans ce dernier cas, il confine à une autre formation anormale, sur laquelle nous avons déjà longuement insisté, le clédo-transversaire où omo-trachélien, avec lequel du reste il présente de nombreuses analogies. Le cléido-transversaire se comporte à peu près sur le plan antérieur de la même manière que l’occipito-scapulaire sur le plan posté- rieur ; et ces deux muscles se rapprochant par degré, l'un en arrière, l'autre en avant des limites de ces deux plans, arrivent à se confondre. Nous serions bien embarrassé en effet de ratla- cher exclusivement à l'une ou à l’autre formation le faisceau anormal qui, partant de l’atlas, aboutit à la face interne du grand dentelé, au niveau du point où ce dernier muscle se met en rapport avec ce rhomboïde. $ II. — Anatomie comparée. — Dans les espèces animales placées au-dessous de l’espèce humaine, le rhomboïde dépasse sur le cou les limites où s'arrête le bord supérieur du rhomboïde de l'homme. Dans la plupart d’entre elles, il atteint l'occipital, sur lequel il prend de fortes attaches. Ge faisceau antérieur ou occipital peut être entièrement confondu avec le reste du muscle, et former entre le scapulum, l'occipital et la colonne cervico-dorsale, une nappe uniforme; mais il peut aussi être nettement distinct du rhomboïde, et constituer alors la repro- duction exacte de l’occipilo-scapulaire, observée anormalement chez l'homme. Le lecteur trouvera dans le traité de Meckel, l'Alas de Cuvier et Laurillard (lettre C), la disposition qu'affecte le rhomboïde de la tête chez le kanguroo, l'écureuil, le lapin, le hèvre, le castor, le paca, l'agouti, le porc-épie, le cochon, le pécari, V'hippopotame, le tatou, le hérisson, la loutre, le chien, le pulois, le blaireau, le coati, l'ours noir, le lion, la panthère, ele. Wood a figuré ce muscle chez le chien, le blaireau, la belette, le lapin, lerat de Norwège {Transact. of Roy. Soc. of London, 1869, MUSCLE RHOMBOIDE DE LA TÊTE. 145 pl. XI, fig. 23; pl. X, fig. 14, fig. 15, fig. 16, fig. 18, fig. 19), et l'a particulièrement décrit chez la taupe, où il est parfaitement distinct des autres rhomboïdes. Dans l'Aryctéropus disséqué par Humphry, le rhomboïde antérieur atteignait la crèle occipitale. Chez le fatou sexcinctus, d'après Galton, le rhomboïde de la tête fortement développé naît de la totalité de la crête occipitale et vient s'attacher en bas, non seulement sur l’angle du scapu- lum, mais aussi sur l'aponévrose sus-épineuse. Mivart décrit le rhomboïbe de l'Échidna hystrix, comme s'étendant en haut jusqu'à l'occipital. Voici la disposition que présente le rhomboïde de la tête chez quelques singes : j'ai déjà dit que chez les anthropoïdes, gorille, chimpanzé, orang et gibbon, le rhomboïde, quoique plus étendu que chez l'homme, n'atteignait pas l’occipital. Bischoff signale cependant chez l’orang un faisceau occipital. La présence de ce faisceau devient pour ainsi dire la règle chez les autres singes. Chez le callitriche, le rhomboïde de la tête, distinct dans toute son éteñdue, part de l'angle de l’omoplate et vient, en s'élargissant en ruban, s'attacher à la protubérance occipi- tale et à la ligne courbe supérieure, dans son tiers interne. Chez le magot, il est également distinct mais beaucoup plus large; il affecte la forme d'un triangle dont le sommet tronqué s’insère à l'angle de l'omoplate, et dont la base s'attache à la protubé- rance occipitale el sur la ligne courbe, jusqu'en un point voisin de l'apophyse-mastoïde. Chez le papion, le faisceau occipito- scapulaire ne se sépare pas du rhomboïde ; il en est de même chez le coaita; chez le Macacus sinicus, j'ai trouvé un faisceau occipital, séparé par un interstice très net du rhomboïde, dont les faisceaux les plus élevés s’arrêtaient à la hauteur de l’axis. Chez l'ouistiti, le rhomboïde de la tête est également distinct, et s'attache au tiers moyen de la ligne courbe supérieure. Il est distinct aussi chez le maki-vari : c'est un ruban long et mince confondant ses origines avec celles du rhomboïde, mais s’en séparant bientôt pour prendre une direction verticale, et venir se fixer au liers moyen de la ligne occipitale supérieure; le 10 146 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. rhomboïde dans cette espèce s'arrête, du moins dans le sujet disséqué par Cuvier, à la partie moyenne du cou; car, d'après Meckel, le rhomboïde postérieur des Hakis s'atlacherait à toutes les vertèbres comprises entre la première cervicale et la sixième dorsale. Bibliographie : WALTHER. /n Haller's disput. Anatomic. select., 1873, vol. VI, p. 589. Cuvier et LAURILLARD. Atlas de Myologie comparée, passim. KrAUSE. Anatomie des Kaninchens, Leipzig, 1865, p. 104. MivarT. Transact. Linn. Society, vol. XXV, 1866. GALTON. Transact. Linn. Society, vol. XXVII, p. 590. Humrary. On the Myology of the Orycteropus capensis und Phoca com- munis (Journ. of Anat. and Phys., 1868, p. 299). Woop. Proceedings of Roy. Society of London, 1867, 1868. — Transact. of Roy. Society of London, 1869. MACALISTER. Proc. of Roy. Irish Academy, 1866. FLescx. Varietæten Beobachtungen, etc., Wurzburg, 1879. ARTICLE IV MUSCLE RHOMBOIDE DE L'ATLAS (Rhombo-atloïidien de Macalister). C'est un petit faisceau musculaire qui, partant de l’apophyse transverse de l'atlas entre les insertions de l’angulaire et celles du splénius, vient s'attacher d'autre part, par son extrémité inférieure, à la face profonde du grand ou du petit rhom- boïde. Le muscle anormal rhombo-atloïdien, ainsi dénommé par Macalister qui lui consacre un article à part dans son Cata- logue of muscular anomalies, avait été signalé déjà par Sandifort et par Henle. De nouveaux cas de ce muscle ont été mentionnés par Budge, par Wood et par Clason. Le rhomboïde de l’atlas n’est qu'une variété du rhomboïde de la tête que nous venons d'étudier (Voy. ce muscle chap. HT, art. IE, p. 143). E. MUSCLE PETIT DENTELÉ POSTÉRIEUR ET SUPÉRIEUR. 147 Bibliographie : SANDIFORT. Loc. cit., liv. II, Ch. VI, p. 62. MACALISTER. Proc. of Roy. Irish Academy, 23 avril 1866, et Transact., 1871. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, 1866, 1867, 1868, et Transact., 1869. BupGe. Henle und Pfeufer’s Zeitschrift, vol. VIX, p. 273. CLAsoN. Upsala Lakaref, Ba II, p. 273. ARTICLE V PETIT DENTELÉ POSTÉRIEUR ET SUPÉRIEUR. Situé au-dessous du rhomboïde et parallèle à lui, le petit den- telé postérieur et supérieur se délache des apophyses épineuses des dernières vertèbres du cou et des premières vertèbres du dos, à l’aide d'un tendon large et mince qui ne se charge de faisceaux charnus qu'à plusieurs centimètres en dehors de la ligne médiane. Ces faisceaux charnus, intimement unis d’abord, se divisent bientôt en quatre digitations (disposition la plus fré- quente) qui viennent s'attacher au bord supérieur et à la face externe des cinq premières côtes, moins la première. Ses varia- tions n'offrent qu'une médiocre importance, elles sont relatives aux (rois chefs suivants : $ I. — Absence du muscle. — Sur un sujet préparé pour mon cours, en janvier 1881, le petit dentelé postérieur et supérieur faisait défaut; il existait à sa place des faisceaux aponévroliques, se continuant en bas avec l’aponévrose qui réunit normalement les deux dentelés postérieurs. Isenflamm aurait également constaté l'absence de ce muscle chez un bossu. Anatomie comparée. — Bischoff a trouvé le petit dentelé pos- térieur et supérieur très peu développé chez le gorille; il était de même très réduit chez mon chimpanzé. Enfin il fait totale- ment défaut chèz le Vespertilio murinus (Maisonneuve) et chez l'ai (Meckel). « L’aï, dit ce dernier auteur, ne m'a offert que le dentelé inférieur dans la direction accoutumée, aux quatre dernières côtes, en présentant des digitations larges et séparées. » 118 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ IE. — Variations dans l'étendue du muscle. «Il n'y a de constant que ses origines à la 7° cervicale et à la 4" dor- sale. » (Theile, loc. cit., p. 119.) Il peut dépasser en bas la 2° dorsale et s'élever en haut sur le ligament cervical, jusqu'à la hauteur des 6°, 5° et mîme 4° vertèbres cervicales. Pour ce qui a trait à ses insertions costales, mêmes variations : j'ai vu le muscle descendre jusqu’à la 5° côte; Henle parle d'un muscle ayant 6 digitations dont la dernière venait s'attacher à la 6° côte. Anatomie comparée. — Chez les mammifères, le pelit dentelé postérieur et supérieur descend généralement plus bas que chez l'homme; dans un grand nombre d'espèces il se réunit même au petit dentelé postérieur et inférieur, comblant ainsi tout cel espace qui s'étend entre les deux muscles et qui est rempli chez l'homme par une aponévrose décrite, dans tous les traités clas- siques, sous le nom d’aponévrose des dentelés. Chez le coati (Meckel) le muscle commence à la hauteur de la 5° cervicale; chez l’hyène, il prend des insertions sur les dix premières vertè- bres dorsales. Chez le Troglodytes Aubryi (Graliolet et Alix), il occupait, en dedans, tout l’espace compris entre la 3° dorsale et le milieu du ligament cervical. Quant aux insertions costales elles ne sont pas moins varia- bles : chez mon chimpanzé il existait trois digitations pour les 2°, 3°, 4° côtes; dans le Troglodytes Aubryi il y en avait 5 pour les 2, 3°, 4e, 5° et 6° côtes. Le petit dentelé s’insère, d'après Meckel, chez l'Ayène, à huit côtes, en comptant de la 5° à la 42°: chez l'ours, de la 3° à la 10°; chez le blaireau, de la 4° à la 12°; chez le porc-épice, à toutes les côtes, les deux premières exceplées. Chez le kanguroo, aux côtes qui sont entre la 2° et la 9°; chez le daman, à toutes les côtes, moins les trois premières ; chez l'agouti, la snarmotlle, le castor, à toutes les côtes, à l'exception des deux premières. I est vrai que dans la plupart de ces espèces les deux dentelés sont plus ou moins réunis en un muscle unique. On le voit, le petit dentelé supérieur chez l'homme peut varier; mais ses variations trouveront toujours leurs représen- MUSCLE PETIT DENTELÉ POSTÉRIEUR ET INFÉRIEUR. 149 tants dans la disposition qu'offre ce muscle dans la série des mammifères. $ IT. — Faisceaux surnuméraires partant de la face posté- rieure du muscle. —- Ces faisceaux prenant naissance sur la face postérieure du petit dentelé postérieur et supérieur peuvent s'attacher d'autre part à l’occipital, à l'apophyse transverse de l'atlas et de quelques autres vertèbres cervicales placées au- dessous, à la face profonde de l’angulaire, à la face postérieure du splénius. Toutes ces dispositions ne sont que des variétés du muscle rhomboïde de la tête ou occipito-scapulaire de Wood et ont été déjà étudiées à propos de ce muscle (Voy. chap. IT, art. IT, p.143). Bibliographie : HENLE. Handbuch der Muskellehre des Menschen, 1871, p. 33. ISENFLAMM. Abhandlung. über die Knochen und deren Krankheiten, Erlangen, 1752. MAISONNEUVE. Ostéologie et Myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 174, MOVE te. le BIsCcHOFF. Anatomie des Gorilla, 1881. GRATIOLET et ALIxX. /èech. sur l'anatomie du Troglodytes Aubryi (Nouv. Archives du Muséum, 1866). ARTICLE VI ANOMALIES DU PETIT DENTELÉ POSTÉRIEUR ET INFÉRIEUR. Placé dans la région dorso-lombaire, au-dessous du grand dorsal, le muscle petit dentelé postérieur et inférieur se détache des apophyses épineuses des 2 dernières dorsales et des 2 ou 3 premières lombaires, à l’aide d’une large aponévrose : 1l se porte ensuite en haut et en dehors, et se divise en # digitations qui viennent s'attacher au bord inférieur des # dernières côles. Les variations de ce muscle n'ont pas plus d'importance que celles du muscle précédent; mais comme ces dernières, elles sont toujours la reproduction d’une disposition qui est normale dans la série des mammifères. 150 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ I. — Absence du muscle. — Elle a été constatée par Isen- flamm ; je n'en connais pas d’autres cas. Bischoff a vainement cherché le petit dentelé postérieur et inférieur chez le gorille, qu'il a étudié avec tant de soin : « L'absence de ce muscle ne m'étonne pas, dit-il, à cause de la proximité de la 13° côte et de la crèle iliaque; car ici il n'y a guere d'espace pour un mouvement en bas des côtes inférieures. » Duvernoy et Macalister, qui ont eux aussi disséqué des gorilles, ne font aucune mention de ce muscle. $ IL. — Variations dans l'étendue du muscle, — Le petit dentelé postéro-inférieur peut s'insérer à trois côtes seulement, ou même à deux (j'ai observé ce cas une fois). Macalister a vu manquer les faisceaux provenant des vertèbres dorsales. Dans un sens opposé, le muscle peut dépasser en hauteur ses limites ordinaires, et prendre, soit sur les vertèbres dorsales, soit sur es vertèbres lombaires, des insertions plus étendues qu'à l'état normal. Hans Virchow a observé sur un sujet qui possédait 43 côtes, un petit dentelé qui présentait 5 digitations : les & premières s’élendaient aux 9°, 40°, 44° et 12° côles; la dernière était destinée à la côte surnuméraire. Une disposition absolument semblable nous est offerte par le Troglodyles Aubryi, qui, comme le sujet observé par Virchow, dans les salles de dissection de Wurzbourg, présente 13 côtes; chez ce singe anthropoïde, Gratiolet et Alix ont vu le pelit dentelé postéro-inférieur s’'insérer par 5 digilations distinctes, aux 9°, 40°, 41°, 192 et 13° côtes. Bibliographie : ISENFLAMM. Abhandl. über der Knochen und deren Krankheilen, Erlan- gen, 1752. BISCHOFF. Anatomie des Gorilla, München, 1881. HANS VIRCHOW. Varuetæten Beobachiungen aus dem Prœparisaale su Wurzsburg in den Winter-semest., 1878-1879. GRATIOLET et ALIX. Rech. sur l’anat. du Troglodytes Aubryi (Nouv. Arch. du Muséum, 1866, t. II, p. 137). MUSCLES DE L'ABDOMEN. 151 CHAPITRE IV Anomalies des muscles de l'abdomen. La cavité abdominale est fermée en avant par deux muscles qui, se détachant en bas de la ceinture pelvienne, s'élèvent en haut vers les côtes, en suivant une direction plus ou moins verticale; ce sont : le grand droit et le pyramidal. En dehors de ces deux groupes musculaires, la paroi abdo- minale est constituée par trois vastes lames superposées, moitié aponévrotiques, moitié charnues, à direction essentiellement discordante. Cesont, en allant de la surface cutanée à la surface périlonéale : le grand oblique, le petit oblique, le transverse. Au total, 5 muscles, dont # ont des dimensions considérables, cons- lituent presque en totalité les parois antérieure, postérieure et latérale de l'abdomen. Ces 5 muscles présentent, soit dans leur morphologie, soit dans leurs insertions, quelques variations, qui seront étudiées dans cinq articles distincts. En outre, on a signalé dans des cas, qui sont fort rares, il est vrai, mais dont il faut cependant tenir compte, quelques faisceaux musculaires entre les deux obliques, quelques autres situés au-dessous du transverse ; nous consacrerons à ces fais- ceaux surnuméraires deux articles spéciaux. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU GRAND DROIT DE L'ABDOMEN. Le muscle grand droit de l'abdomen est un long ruban charnu, situé de chaque côté de la ligne médiane, entre le pubis d’une part, et d'autre part l'appendice xyphoïde et les côtes moyennes. Sur le pubis, son extrémité inférieure prend géné- ralement tout l'espace qui s'étend de l'épine à la symphise; son extrémité supérieure, beaucoup plus large, se divise, dans le plus grand nombre de cas, en trois languettes charnues qui 152 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. viennent s'insérer : la plus interne, sur l'appendice xyphoïde et sur le cartilage de la T° côte; la plus externe, sur le bord infé- rieur de la 5°; la languette moyenne, sur le bord inférieur de la 6°. Ce muscle, on le sait, est interrompu de distance en distance, par des coupures ou intersections aponévrotiques dont le seul caractère constant est l'irrégularité. Les variations anatomiques du grand droit de l'abdomen sont relatives aux chefs suivants : Ç I. — Extension du muscle grand droit sur le thorax. — Le prolongement thoracique du grand droit de l'abdomen a été décrit par certains auteurs, sous les noms de rectus thoracis (Turner), musculus accessorius ad rectum (Halbertsma), supra- costalis (Wood). Les deux premières dénominations peuvent être maintenues, à la condition expresse d'être précisées par une bonne définition. Quant à la dernière, jela rejette, le supra- costalis de Wood devant servir à désigner une formation mus- culaire, anormale chez l'homme, qui n’a rien de commun avec grand droi!, et que j'ai longuement étudiée plus haut (voyez M. supra-costalis, ch. I, art. V, p. 68). J'ai déjà dit ce que je pensais du muscle sternalis brutorum; cette dénomination, quelque sens qu'on lui accorde, consacre une erreur et doit, en conséquence, être proscrite désormais du langage scientifique. Ces réserves terminologiques étant établies, étudions les faits. 11 n’est pas rare, d'après Cruveilhier (Anat. descript., t.…, p. 527), de voir le muscle grand droit envoyer un faisceau surnuméraire à la 4° côte: j'ai trouvé plusieurs fois, dans mes dissections, celte insertion du grand droit à la 4° côte, mais j'ai toujours constaté qu'elle avait lieu au moyen d'un faisceau très grêle. Kaauw a signalé depuis bien longtemps des cas de ce genre (Nov. comment. Petropol., t. I, p. 559). Meckel a vu le grand droit s'élever jusqu'à la 3° côte. Harrison et Macalister l'ont vu s'insérer au sternum. Dans un cas rapporté par Bocrhave, le grand droit s’étendait jusqu’à l'union de la 3° côte avec son cartilage. le D'après Beaunis et Bouchard, le muscle pourrait s’insérer MUSCLE GRAND DROIT DE L'ABDOMEN. 453 jusqu’à la 2° côte; Portal a observé deux ou trois faits de ce genre, et nous trouvons dans les Bulletins de la Soc. Anat. de Paris, de 1832, la relation d’un fait observé par Lenoir, dans lequel « le muscle droit de l'abdomen d'un sujet adulte se pro- longeait jusqu'à la clavicule ». Bien d’autres cas du rectus thoracis ont été vus et décrits par Turner, Wood, Roberts, Bochdaleck, etc..., mais les muscles observés par ces différents anatomistes se rapportent pour la plupart, à la variété anatomique supra-costalis, bien difré- rente, je le répète, du prolongement thoracique du grand droit de l'abdomen. Anatomie comparée. — Dans les différentes espèces animales, le muscle grand droit de l'abdomen s'élève généralement plus haut que dans l'espèce humaine. Chez les animaux domestiques, nous voyons ce muscle s’insérer, chez le cheval, sur les # der- nières côtes sternales, atteindre chez le porc et chez le mouton la 3° côte. Il s'élève également jusqu’à la 3° côle ainsi que sur le sternum chez le daman. Le muscle grand droit atteint même la 1° côte chez un grand nombre de mammifères {Meckel) : parmi les Singes, chez le magot, le papion, le mandrill, l'ouistiti, le mangabey à collier, le mangabey sans collier, le callitriche, le saï, les makis; chez la plupart des Carnassiers; parmi les Marsupiaux, chez le kan- guroo et la sarique; parmi les Rongeurs, chez le porc-épic; parmi les Monotrèmes, chez l’ornithorynque; parmi les Édentés, chez le tatou, où il augmente de largeur au fur et à mesure qu'on se rapproche de son extrémité thoracique. Gbez le chat, d'après Strauss-Durckeim, le grand droit arrivé au niveau de la #° côte, se termine en un large tendon plat et mince qui va enfin se fixer au sternum et à toute la longueur du premier cartilage costal. Voici la disposition que j'ai constatée chez l'Ursus americanus : le muscle grand droit s'insère en bas sur le pubis, dans l'inter- valle compris entre la symphise et le muscle pectiné; de là, ses fibres se portent verticalement en haut, en s'écartant (les externes du moins) de la ligne médiane de manière à doubler 154 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. la largeur du muscle. Cette bande charnue, arrivée au thorax, traverse, sans s'insérer sur elles, les premières côtes, puis vient prendre des points d'implantation par son bord interne sur les dix premiers carlilages costaux. Ces inserlions successives se font tout d'abord à l’aide de faisceaux charnus; mais à partir du £° cartilage costal, le muscle grand droit est continué par un tendon aponévrotique très mince (lendon sterno-costal) qui s’at- tache au sternum et aux cartilages costaux supérieurs. SIT. — Variations en largeur du musele grand droit. — II suflit d’avoir passé quelques années dans une salle de dissection pour savoir que les dimensions en largeur du ruban pubio-costal présentent des variations nombreuses, pouvant aller jusqu'à 2, 3 et même # centimètres. Il suflit aussi d’avoir disséqué quelques mamimnifères, ou seulement d'avoir feuilleté le grand atlas de Cuvier et Laurillard, pour être convaincu que les muscles les plus larges ou les plus étroits chez l'homme, se retrouvent normalement chez les mammifères; mais il s’agit à d'une ques- lon de développement, ou, si l’on veut, de nutrition, bien peu importante au point de vue spécial où nous nous sommes placé dans cette étude. J'en dirai tout autant de l’absence de ce muscle, signalée par Charvet, dans un cas d’ectopie de la vessie, et par Barkow, chez un monstre. S HT. — Duplicité du muscle grand droit de l'abdomen, — Ollo à trouvé ce muscle double; je ne connais le fait d'Otto que d’après une mention malheureusement trop sommaire de Maca- lister. Aussi m'est-il impossible de l'interpréter sainement. S'agit-il en réalité d'un muscle double et, dans ce cas, les deux faisceaux sont-ils superposés ou juxtaposés; n'est-il pas question plutôt d’un pyramidal anormalement développé, ou bien d’un de ces faisceaux musculaires que nous étudierons tout à l'heure sous les noms de muscle droit latéral de Kelch, ou muscle ten- seur de la gaine du grand droit? Voilà ce que pourraient seuls nous dire des détails d'anatomie descriptive qui nous font défaut. MUSCLE GRAND DROIT DE L'ABDOMEN. 155 $ IV. — Variations dans le nombre des intersections tendi- neuses, — On doit admettre aujourd'hui que les intersections tendineuses du grand droit ne sont que les représentants, dans le voisinage de la ligne médiane antérieure, des coupures trans- versales du corps humain, marquées en arrière par les articula- lions des vertèbres entre elles, sur les côtés par les espaces intercostaux, et en avant, au-dessus de l'abdomen, par les arliculations des différentes pièces du sternum. Ces intersections, très variables en étendue, en profondeur, en direction, le sont aussi en nombre; lous les auteurs sont d'accord sur ce point. Le plus souvent, chez l'homme, on en rencontre quatre (Hyrtl), les deux premières étant situées au-dessus de l’ombilic, la troisième au niveau même de l’ombilic, et la quatrième au-dessous. Mais il n'est pas rare d'en rencontrer cinq; comme aussi on observe des cas où le muscle grand droit n'en présente que (rois. Chez un nègre de Mozambique, M. Chudzinski en à compté six; la première au-dessous de l'ombilic, la deuxième à son niveau, la troisième suivant la direction de la 9° côte, la quatrième située sur le trajet de la 8° côte, la cinquième répondant à la 7 côte, la sixième enfin située sur le cartilage de la 6° côte et remontant vers l’appendice xyphoïde. Chez une jeune négresse, au contraire, originaire du Sénégal, je n'ai rencontré que trois intersections tendineuses; la première, placée au-dessous de l'ombilic, était située à 15 centi- mètres au-dessus du pubis; les deux autres, situées au-dessus de l’ombilic, étaient distantes du pubis, la deuxième de 21 centimètres, la troisième de 30 centimètres. Analomie comparée. — Le mongous, de la classe des Makis, (Meckel) et l'âne (Cuvier et Laurillard, pl. 23%) peuvent avoir Jusqu'à neuf intersections, échelonnées sur le trajet du muscle grand droit : elles font au contraire défaut dans un grand nombre d'espèces telles que l'atèle, la martre, le hérisson, la laupe, la chauve-souris, le tatou, le dauphin ordinaire, le daman (Meckel). Entre ces deux dispositions extrêmes on trouve à peu près tous les intermédiaires. 156 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Ainsi il existe : ? intersections chez le callitriche (MeckeL), chez le chat (Srrauss- DURCKEIM). 3 — le chat (Srrauss-DTRCKEIM). 4 — le magot (MeckeL), l'aï (MecKkEL), le phalanger (Cuvier). 4 — le ülaireau (MecKkeL), l'ours (MeckeL), la panthère (Cuvrer), le gorille (Biscorr), l'orang (Cuvier), le papion (CuviEr). 6 — l’Ayène, le mouton (MECKEL), le castor (CUVIER). * — le raton, le cochon (MeckeL), le chien (CuviEr), le cynocéphale (BRocA). 8 — l'ours (TesTuT), le cochon domestique (CUVIER). Bibliographie : Kaauw. Nov. Comment. Petropol., t. I, p. 559. HALBERTSMA. Verslagen en Mededeclingen der Koninklijke Akademie van Wetenschappen, Amsterdam, 1861, p. 161. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, janvier, 1871. TURNER. Journ. of Anat. and Phys., t.1, 1868, p. 250, et 1869, t. II, p. 393. Woop. Proc. Roy. Soc. of London, 1865. PorTAL, cité par Turner. Loc. cit., p. 251. LENOIR. Bull. Soc. anat., 1832, p. 107. CHARVET. Gaz, des Hôpitaux, 1857, n° 8. BaRkOW. Monstra animalia, Lipsiæ, 1828, p. 9. BOoCHDALEK. Virchow’s Arch., nov. 1867. OTTo. Path. anat , p. 244. | HYrTL. Traité d’Anat., trad. italienne, loc. cit., p. 355. CaupziNski. Revue d'Anthropologie, t. II, p. 413. SCHENK. Der Musculus rectus abdominis der Embryonen; Mitt. aus dem embryol. Inst. in Vien, I, 2; et in Centralb. f. d. med. Vissensch., 1882, n° 26. (Voyez en même temps bibliographie du muscle supra-costalis, p. 74.) ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE PYRAMIDAL DE L'ABDOMEN. ST. — Variations anatomiques du pyramidal chez l’homme. — Chez l'homme, le muscle pyramidal s'insère en avant du muscle droit, sur la partie supérieure et antérieure du pubis, LA MUSCLE PYRAMIDAL DE L'ABDOMEN. 157 entre la symphise et l'épine. Il s'élève ensuite vers l'ombilic en se rétrécissant de plus en plus et vient se terminer par une extrémité eflilée sur la ligne blanche, en un point qui est également distant du pubis et de l'ombilie. Ce muscle est un des plus inconstants de tout le système, ce qui prouve déjà qu'il n'a qu'une importance bien secondaire dans la mécanique animale. Ses varialions se rapportent aux cinq chefs suivants : 1° Variations de nombre. — Il n'est pas rare de voir les deux pyramidaux faire défaut ou n'être représentés que par une bandeleite fibreuse ; le plus souvent, on constate l'absence d’un seul, tantôt le gauche, tantôt le droit. Par contre, on a observé trois pyramidaux, celui d’un côté s'étant dédoublé (faits de Vinslow et de Ruysch). Si le dédoublement se produit des deux côlés, on a quatre pyramidaux, comme dans les cas mentionnés par Sabatier et par Poland. S'il faut en croire Horner, on aurait mème vu trois et quatre pyramidaux du mème côté. Il est très probable que dans ces derniers cas, on a pris pour des muscles distincts, des faisceaux d'un même muscle, plus facilement isolables qu'ils ne le sont dans la généralité des cas. 2° Variations de largeur. — Le muscle pyramidal peut occu- per tout l'intervalle compris entre la sympbhise pubienne et l’épine du pubis, comme aussi il peut se réduire à une petite bande d'un demi-pouce de largeur (cas de Macalister). 3° Variations de hauteur. — Il en est de même de sa hauteur; il occupe généralement la moitié de l’espace qui sépare l’ombilic de la symphise; mais il n’est pas rare de le voir n’occuper que le tiers inférieur de ce même espace ; comme aussi on l’a vu s’in- sérer près de l’ombilic (cas de Spigel et d'Hoffmann), ou même s'élever jusqu'à l’ombilic (cas de Rolfincius, Diemerbrüeck, Verheyen). 4° Défaut de symétrie. — Les deux muscles, souvent symé- triques, peuvent être profondément dissemblables. D° Intersections aponévrotiques. — Enfin, dans un cas observé par Verheyen, le muscle pyramidal présentait, comme le grand 158 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. droil, une intersection aponévrotique, qui le divisait en deux portions. $ IE. — Anatomie comparée. — Somme loute, les varia- lions anatomiques que nous présente le muscle pyramidal se réduisent à des variations de volume, allant d'un développe- ment maximum constitué ici par son extension à l'ombilie, jusqu'à sa transformation fibreuse ou même sa disparition complète. L'anatomie comparée nous offre ces deux degrés extrèmes et Lous les intermédiaires. Ainsi, le muscle pyramidal fait défaut chez les Solipèdes, les Ruminants, les Cétacés, chez l'aï, le pore, le tatou, le fourmilier, le porc-épie, le raton, le coati, la taupe, la martre, le chien, le chat, Va chauve-souris, ete. Bischoff l'a vu manquer également chez le gorille, je l'ai vainement cherché chez l'ours. Milne-Edwards n’en a trouvé aucune trace chez les Indri- sinés. Murie et Mivart n'ont pu le rencontrer chez le Lemur varius, catta et nigrifrons, le Nycticebus tardigradus, le Galagos et l'aye-l'aye. Les perodictiques et le tarsier n'ont pas présenté ce muscle à Van Campen et à Burmeister. Chez l’hyène, comme au reste chez le magot et le papion, il n'est représenté que par quelques fibres tendineuses qui s’éten- dent du pubis à la ligne blanche. Il présente au contraire, chez le callitriche et chez l'atèle, des dimensions qui rappellent assez bien celles qu'il possède chez l'homme. Sur le chimpanzé, disséqué par Alix, le pyramidal se fixait à la ligne blanche dans le tiers inférieur de l’espace qui sépare le pubis de l'ombilic. Si l'on veut étudier ce muscle à son degré le plus avancé de développement, il faut descendre aux Marsupiaux et aux Mono- trèmes, C'est que, dans ces dernières espèces, les muscles pyramidaux ne sont pas, comme chez l'homme et chez les monodelphiens en général, des muscles accessoires, et qu’on me permette l'expression, de simples organes de parade, ne se montrant de temps à autre aux zootomistes que pour altester leur droit d'existence dans le plan d'organisation générale des vertébrés; chez les Marsupiaux, ils ont un rôle à jouer, rôle MUSCLE PYRAMIDAL DE L'APBDOMEN. 159 essentiellement actif, relatif, comme on peut le prévoir d’après sa situation, à la nutrition de l'embryon, qui est enfermé dans la poche marsupiale. On sait que, dans ces espèces, les embryons, au sortir de l'utérus, se trouvent dans un tel état de faiblesse, qu'ils seraient fatalement condamnés à périr si, comme les fœtus des Mono- delphiens, ils étaient jetés en pleine atmosphère, dans la lutte pour l'existence. Par un concours de circonstances qu'il ne convient pas de rappeler ici, ces pauvres pelils êtres passent immédiatement du conduit vaginal dans la poche marsupiale, et instinctivement leur bouche vient se coller sur le pourtour d’un des orifices mammaires que contient cette poche; trop inhabiles encore pour exercer des mouvements de succion, ils ont besoin qu’une force spéciale vienne leur pousser dans la cavité buccale, le lait qui doit les sustenter; or cette force a son origine dans la contraction intermittente des muscles pyramidaux, agissant sur les os marsupiaux et, par leur intermédiaire, sur les follicules de la glande mammaire. Ces muscles, s’insérant en effet sur les bords internes des os marsupiaux, ne peuvent se contracter sans rapprocher ces deux os l’un de l'autre; et d'autre part, ces deux os marsupiaux qui sont situés en arrière et en dehors de la glande mammaire, ne peuvent exécuter ces mouvements de rapprochement sans comprimer celte glande et solliciter le lait qu'elle contient, à s'échapper par les orifices du mamelon ; « la glande mammaire, dit Geoffroy Saint-Hilaire, est au milieu des pyramidaux, elle ressent leurs efforts et n’y échappe qu’en se porlant en avant. » C'est pour cela que les muscles pyramidaux présentent, chez quelques animaux à poche, des dimensions qui étonnent et qui peuvent mème les faire méconnaître, comme l'a fort bien dit Meckel, quand on n'a sous les yeux que les dimensions ordi- naires de ce muscle chez les Monodelphiens. Chez la sarigue, Je kanguroo, l'ornithorynque, il occupe toute la longueur de l'abdomen; il est mème parfois beaucoup plus large que le . grand droit sur lequel il repose. Cuvier à disséqué un bon nombre de Marsupiaux et pour 160 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. juger de la disposition exacte que présente chez eux le pyra- midal, il convient de jeter les yeux sur les planches 176, fig. 3 (sarigque crabier), 178, fig. 2 (phalanger à front concave), 139 (kanguroo géant) de son Allas de myologie comparée. En résumé, le muscle pyramidal de l'abdomen est un organe propre aux Marsupiaux ; 1l se présente chez eux avec une mor- phologie que j'appellerai lypique, et s'il se retrouve chez les Monodelphiens, chez l'homme en particulier, il n'apparaît dans cet organisme, que pour altester son existence dans le plan d'organisalion générale ; mais il y est absolument inutile. De là ses variations de forme, de volume, de nombre, tendant toutes à l'atrophie, dont le {terme ultime est une disparition complète. Bibliographie : GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Dict. des sciences natur., art. Marsupiaux, 1823, t. XXIX, p. 231. Cuvier. Lecons d’Anat. comparée, t. VII, 1846, p. 615. Cuvier et LAURILLARD. Atlas d’Anat. comparée, pl. 176, 178 et 139. AL1x. Soc. philhom. de Paris, 1864, p. 129. MILNE-EDwaARDS et GRANDIDIER. ist. natur. de Madagascar, p. 133. MeckeL. Ornithorynchus paradoxus, Lipsiæ, 1826, p. 25. RoLriNcius. Dissert. anat., Noribergiæ, 1856, p. 580. CRooKkE. Microcosmographiæ, London, 1850, p. 603. Ruyscx. Thesaurus Anatomicus, t. IV, n° 83. SABATIER. Anatomie, t. I, p. 263. MacaListTer. Transact. of roy. Irish Acad., 1871, p. 69. ALIX et GRATIOLET. Rech. sur l'anat. du Troglodytes Aubryi, 1866, p. 177 BiscHorF, Anat. des Gorilla, München, 1880. ARTICLE III ANOMALIES DU MUSCLE GRAND OBLIQUE DE L'ABDOMEN. Le plus superficiel de (ous les muscles larges de l'abdomen, le grand oblique ou oblique externe, prend naissance sur le bord inférieur et la face externe des 7 ou 8 dernières côles ou cartilages costaux, par autant de digitations qui s'entre-croisent avec des digitalions analogues du grand dentelé en haut, du grand dorsal en bas. De cette longue ligne d'insertion, qui LR a 28 MUSCLE GRAND OBLIQUE DE L'ABDOMEN. 161 affecte généralement une disposition courbe, le muscle s’épa- nouissant en un immense éventail, vient s'attacher à la fois, soit directement, soit par l'intermédiaire de son tendon (aponé- vrose du grand oblique) : «) sur la moitié antérieure de Ja lèvre externe de la crête iliaque; £) sur le bord antérieur du ligament de Fallope et sur le bord antérieur de l'os coxal fbandelette ilio- pectinée, hiygament de Gimbernat); y) sur le pubis (pilier interne, pilier externe, pilier postérieur de l'anneau inguinal); d) sur la ligne blanche dans toute sa hauteur. SI. — Variations dans les insertions costales et iliaques. — Elles sont peu étendues et partant peu importantes. Macalister a vu varier le nombre des insertions costales du grand oblique de 6 à 9. Le même auteur a vu parfois deux faisceaux partir de la même côte. Theiïle signale deux anomalies semblables. Il n'est pas rare de voir les deux faisceaux inférieurs devenir très rudimentaires ; le faisceau de la 12° côte peut même man- quer. Mais déjà, à l'état normal, ces deux derniers faisceaux sont très réduits, si on les compare aux faisceaux qui proviennent de plus haut. La digitation qui naît de la 12° côte, dit Theile, n'a qu'un demi-pouce ou un pouce de large et se détache du sommet de la côle, ou, quand celle-ci est fort courte, de l'expansion tendineuse du muscle transverse. Quant à l'étendue des insertions iliaques, elle peut également varier suivant les sujets et modifier ainsi, dans un sens ou dans l’autre, les dimensions de l'espace qui le sépare, en arrière, du grand dorsal (triangle de Petit). Anatomie comparée. — L’étendue des insertions costales du grand oblique dans la série des mammifères est généralement en rapport avec le nombre des côtes; chez le cheval, il se détache des 13 ou 1# dernières côtes; il prend naissance, chez le daman, sur toutes les côtes à partir de la 5°; chez Île mouton, sur toutes les côtes à partir de la 6°; chez l’aï, sur les 12 dernières côtes; chez l'ornithorynque, sur toutes les côtes à l'exception de la 4", etc. La disposition du grand oblique, par rapport au grand dorsal, 11 162 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. a été particulièrement bien étudiée chez les singes anthropoïdes par le professeur Bischoff; j'emprunte à son dernier mémoire sur le gorille les détails intéressants qui suivent : « Dans la description qu'ils nous ont donnée de la musculature du Troglo- dytes Aubryi, Gratiolet et Alix ont émis l’assertion que le muscle oblique externe ou grand oblique diffère dans cette espèce de celui du gorille, en ce qu'il ne s'attache pas à la crête iliaque, mais en est séparé par un faisceau du grand dorsal «qui vient se placer dans le plan du grand oblique et va se » terminer à la portion externe de son aponévrose. » La lecture de ces lignes m’a déterminé à apporter un soin tout particulier à l’étude dece muscle chez les quatre anthropoïdes : j'ai constaté que, chez le chimpanzé, les fibres postérieures du grand oblique qui naissent de la pointe de la 12° côte, ne prennent point insertion sur l'os iliaque. Le grand dorsal ne naît pas seulement de toute la portion antérieure de la crête iliaque, mais il avance ses points d'attache jusque sur le ligament de Poupart, tout en prenant, comme chez l'homme, des insertions sur les 42, 44€, 40° et 9° côtes, par des digitations qui s’entre-croisent avec celles du grand oblique. » D’après Champneys, le grand oblique se détache, chez le chimpanzé, de la 5° à la 11° côte, par des digitations qui s’entre-croisent, les deux dernières avec celles du grand dorsal, les cinq premières avec celles du grand dentelé ; il vient s'insérer d'ailleurs sur l’épine iliaque antérieure et supérieure, ainsi que sur la crète ilaque dans l’étendue d’un demi-pouce. » Chez le gorille, le grand oblique naît de l'intervalle compris entre la 6° et la 13° côte; la digitation supérieure correspond à la portion costale du grand pectoral; puis viennent cinq digi- tations qui s’entre-croisent avec celles du grand dentelé jusqu'à la hauteur de la 11° côte. Cependant, les cinq digitations qui naissent des côtes inférieures (8-13) s’entre-croisent en même temps avec les cinq digitations du grand dorsal, naissant à leur tour de ces mêmes côtes, et recouvrant les trois digitations inférieures du grand dentelé. La dernière digitation du grand oblique qui se détache de la 13° côte est très courte, en raison MUSCLE GRAND OBLIQUE DE L'ABDOMEN. 163 du petit espace qui sépare la dernière côte de la crête de l'os coxal; mais elle s'attache, ainsi que la digitation qui part de la 12e côte, à la portion antérieure de la crête ilaque et à l'épine iliaque antéro-supérieure. En arrière de ces faisceaux du grand oblique qui comblent, en avant, l'espace compris entre la crête iliaque et la 13° côte, se trouvent une portion de l’aponévrose dorso-lombaire et enfin le carré des lombes. » Chez l’orang, la disposition anatomique est un peu diffé- rente : la dernière digitation du grand oblique naît ici, non de la dernière, mais de l’avant-dernière côte (nous avons déjà signalé chez l'homme, comme une anomalie, cette absence du faisceau émanant de la dernière côte) et vient se fixer à l’extré- milé antérieure de la crête iliaque ainsi qu'à l’épine. Ni cette digitation ni aucune des digitations suivantes ne s’entre-croise avec le grand dorsal; ce dernier muscle s’insère cependant sur la crête de l'os coxal jusque dans le voisinage de l’épine; il ne reçoit de la 13° et de la 12° côte que des faisceaux très grèles ; son bord antérieur ne recouvre que l'origine costale des derniers faisceaux du grand oblique. » Différents encore sont les rapports respectifs du grand oblique et du grand dorsal chez Le gibbon : ici le grand oblique naît des huit dernières côtes; ses faisceaux postérieurs, ou descendants, contractent des rapports intimes avec le feuillet superficiel de l'aponévrose dorso-lombaire et viennent finale- ment s'attacher sur la crête iliaque, jusqu’à l’arcade fémorale. Sur les six dernières côtes, les digitations d’origine de ce muscle s'entre-croisent avec les digitations du grand dorsal; ce dernier muscle ne prend aucune origine sur l'os coxal, il se détache uniquement de l’aponévrose dorso-lombaire et des côtes sus- indiquées. Au reste le grand oblique s’entre-croise encore avec les digitations du grand dentelé, dont les 6 dernières digitations sont en parties recouvertes par les digitations d’origine du grand dorsal. » Bischoff rattache ces dispositions anatomiques, variables dans chaque espèce, à la différence de taille de ces divers animaux et aussi au développement relativement très considérable du 164 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. grand dorsal qui, combinant son action avec celle du grand rond, également très volumineux, porte le membre supérieur en arrière avec une vigueur que l'homme ne connait pas. $ IT. — Union avec quelques muscles voisins. — On a vu le grand oblique s'unir, d’une façon plus ou moins intime, mais dans une étendue généralement fort restreinte : «) Avec le grand dentelé par quelques fibres seulement (Macalister et moi-même). Dans un cas, observé par Budge, le faisceau correspondant à la 9° côte se continuait tout entier avec la digitation correspondante du grand dentelé ; £) Avec le faisceau abdominal du grand pectoral; 7) Avec le présternal. (Voyez ce muscle.) $ IT. — Faisceaux d’origine venant de la peau. — Sur un sujet disséqué par Flesch, dans le laboratoire d'anatomie de Wurzhourg, la digitation appartenant à la 9° côte donnait naissance à un faisceau de fibres charnues qui, passant par dessus la côte, venait se porter à la face profonde de la peau de cetle région. Nous avons déjà décrit longuement, à propos des muscles peauciers observés chez l’homme, dans la région dorso-lombaire, le peaucier dorso-abdominal des mammifères. Il est inutile de revenir ici sur ce muscle dont le peaucier rencontré par Flesch est sans doute une réminiscence. $ IV. — Duplicité du muscle grand oblique. — Des cas de feuillets profonds du grand oblique ont été observés par Gruber, Macalister, Kelly, Baker et autres anatomistes. Ces feuillets charnus surnuméraires fort variables dans leur forme, leur volume, leurs points d'attache, sont. pourtant réunis par un caractère commun, à savoir : d'être placés entre le grand oblique et le petit oblique. Leur interprétation me parait fort obscure, el comme ils n'appartiennent pas manifestement au grand oblique, je ne les signalerai ici que pour mémoire, me proposant de les étudier avec quelques MUSCLE PETIT OBLIQUE DE L'ABDOMEN. 165 détails dans un article distinct (Voyez art. V), sous le titre de Faisceaux surnuméraires intermédiaires aux deux obliques. Bibliographie : MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. POLAND. Guy's Hospital Reports, 1841, p. 192. BISCHOFF. Anatomie des Gorilla, München, 1881. FLESCH. Varictæten Beobachtungen, in den Winter-semest. 1875-1876, Wurzburg, 1879. Davies-CoLLey. Guy's Hospital Reports, 1870. GruBEer. Zwet neue fœlle eines rudimentæren M. obliquus externus (Vir- chow’s Arckh., t. LXV, p.16, et in Jahresb. f. Anat. und Phys., 1875). GRuBER. Ueber einige supernumerære Bauchmuskeln des Menschen (Bull. de l’Acad. des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1872, t. XVIII, col. 142). GRATIOLET et ALIxX. Anat, du Troglodytes Aubryi, 1866, p. 175 ARTICLE IV ANOMALIES DES MUSCLES PETIT OBLIQUE DE L'ABDOMEN. Placé au-dessous du précédent, mais dirigé en sens contraire, le muscle petit oblique ou oblique interne s'étend de la région lombo-iliaque aux dernières côtes et à la ligne blanche. Il prend naissance, en bas, sur le tiers externe de l’arcade crurale, sur l'interstice de la crête iliaque dans ses trois quarts antérieurs et aussi sur l’aponévrose abdominale postérieure qui le relie aux apophyses épineuses des dernières vertèbres lombaires. De cette ligne d'insertion inférieure, fort étendue comme on le voit, les faisceaux charnus affectant une direction divergente se portent en haut et en dedans, pour venir s'attacher, soit directement, soit par l'intermédiaire d’un large tendon ip du petit oblique), au bord inférieur des cartilages des , 10e, 11° et 12 côtes et à la ligne blanche. $ LE — Variations dans l'étendue du muscle, — Comme le grand oblique de l'abdomen, le petit oblique est sujet à quelques variations de volume qui sont sans importance. En haut, elles se réduisent à quelques insertions costales en plus où en moins; en bas, à une extension plus où moins grande de ses faisceaux 166 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. d'origine sur l’arcade de Fallope. Dans un cas observé par Macalister, le petit oblique se rapprochait assez des pubis pour que le cordon spermatique fût obligé de le traverser, pour gagner les bourses. Dans des cas d'ordre inverse, les faisceaux antérieurs peuvent faire défaut. Sur un sujet disséqué par le professeur Gruber en 1871, le muscle petit oblique du côté droit cessait à 1 centimètre et demi en arrière de l’épine iliaque antéro-supérieure; il ne prenait, par conséquent, aucune insertion sur l'arcade crurale. Il se terminait, au-dessus de la région inguinale, par un bord charnu très épais, obliquement dirigé en haut et en dedans et venant s'attacher à la ligne blanche, à 1% centimètres au-dessus de la symphise pubienne. $ II. — Présence d’intersections costoïdes dans la portion supérieure du muscle petit oblique. Henle (Muskellehre, éd. 1871, p. 67) el Cruveilhier (t. T1, p. 523) ont figuré, sur le faisceau qui se rend à la 10° côte, une intersection tendineuse, oblique en haut et en dedans et correspondant exactement au sommet du cartilage de la 11° côte. J'ai observé deux cas à peu près semblables : dans l’un, l'intersection avait 3 centimètres de lôngueur ; dans l’autre, elle était un peu plus étendue et n'était séparée de la 11° côte que par un espace d'un demi-centimètre. Sæmmering avait déjà signalé, au-dessous de la 10° côte, cette languette tendineuse transversale située dans l’épaisseur du muscle. Macalister a rencontré cette disposition sur le prolongement de la 10° et de la 11° côte; il déclare n'avoir jamais observé d'intersection sur le trajet de la 42° côte. Hans Virchow qui, lui, aussi, a noté tout dernièrement en Allemagne de pareilles bizarreries anatomiques, a observé, sur le cadavre d'une jeune fille fortement musclée, un prolongement de la 11° côte, existant à la fois à droite et à gauche, prolon- gement qui élait constilué tout d'abord par du tissu fibreux, et puis par du vrai cartilage. On sait que, dans quelques espèces, les côtes inférieures sont plus nombreuses où plus prolongées vers la ligne médiane que MUSCLES SURNUMÉRAIRES INTERMÉDIAIRES AUX DEUX OBLIQUES. 167 dans l'espèce humaine ; il est donc tout naturel que nous ren- contrions de temps à autre, chez l’homme, dans l'épaisseur des muscles abdominaux, des intersections aponévrotiques ou carti- lagineuses, représentant les côtes inférieures, qui sont chez lui fortement réduites dans le sens de leur longueur. $ IT. — Petit oblique double. — On peut comprendre sous ce chef les cas anormaux où la face externe du petit oblique est doublée par des faisceaux charnus surnuméraires qui sépa- rent ce dernier muscle du grand oblique (Voyez l’art. suivant). Bibliographie : Macarisrer. Transact. of Roy. Irish Acad., 1871. GruBEer. Ein Musc. obliquus abdominis internus rit volligen defect seiner Inquinalportion (Bull. Acad. des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1872, col. 157-158). HENLE. Muskellehre, édit. 1871, p. 67, fig. 28. SŒMMERING, Cité par Theile. Encycl. anat., t. III, p. 180. Hans ViRCHOW. Varietæten Beobachtungen, etc., Wurzbourg, 1879. Caupzinskt. Sur l’intersection du petit oblique de l’abdomen, observée chez une femme zoulou et chez un nègre (Bull. Soc. d’Anthrop., 1880). ARTICLE V FAISCEAUX SURNUMÉRAIRES INTERMÉDIAIRES AUX DEUX OBLIQUES. A l’étatnormal, chez l'homme et chez les autres mammifères, le grand oblique et le petit oblique reposent directement l’un sur l’autre, séparés uniquement par une lame de tissu cellulaire toujours très mince. Dans certains cas, on a rencontré, entre les deux plans charnus, des faisceaux musculaires anormaux, variables dans leur étendue et dans leur direction, mais présen- tant ce caractère commun que partant des côtes, comme les deux obliques, ils viennent se terminer comme eux, soit sur la crête iliaque, soit sur l’arcade fémorale, soit sur la ligne blanche. $ I. — Faisceaux s’attachant à la crête iliaque. — 2) Kelch a décrit, sous le nom de muscle droit latéral de l'abdomen 168 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME (M, rectus lateralis abdominis), un faisceau musculaire aplati, situé entre les deux obliques, lequel naissait, par un tendon très court, de la portion moyenne du bord inférieur de la 10° côte, franchissait la face externe de la 11° pour venir s’atlacher sur le milieu de la crète ihaque. B) — Macalister a observé un faisceau musculaire qui se portait de la£10° et de la 11° côte à la crête iliaque. 7) — Kelly et Baker ont signalé chacun un fait analogue ; dans le fait de Baker, le muscle surnuméraire ressemblait à un sterno-hyoïdien et s'étendait de la 11° côte sur la crête iliaque, à un pouce et demi en arrière de l'épine iliaque antéro-supé- rieure. 9) — Pye-Smith, Howse et Colley ont publié, dans les Guy's Hospital Reports de 1870, la relation d'un muscle aplati, inter- médiaire aux deux obliques et s'insérant, comme dans le cas précédent, d'une part sur la 42° côte, d'autre part sur la crête illaque. =) — Davies-Colley, Taylor et Dalton ont observé en 1872, dans les salles de dissection de Guy’s Hospital, au-dessus du muscle grand oblique de l'abdomen, trois bandelettes muscu- laires qui, partant de l’épine iliaque antérieure el supérieure, venaient se terminer en haut, les 2 premières sur la 12 côte, la 3° sur la 41°. $ IT. —— Faisceaux s’attachant à l’arcade crurale. — Gunz, le premier, a signalé ce fait. Le professeur Gruber a retrouvé cette insertion à l’arcade crurale, en 1852, sur un garçon de quinze ans : c'était un muscle long de 15 centimètres, large de 7 millimètres, prenant naissance sur le sommet du cartilage de la 11° côte et s'insérant sur le milieu de l'arcade crurale, après s'être réuni, à 13 millimètres au-dessus de cette arcade, à l'aponévrose du grand oblique. SIL. —— Faisceaux s’'attachant à la gaine du droit, — Deux faits de cette nature existent dans la science, et c’est encore au professeur Gruber que nous en devons la relation : 4° Dans le MUSCLES SURNUMÉRAIRES INTERMÉDIAIRES AUX DEUX OBLIQUES. 169 premier cas, le faisceau surnuméraire naissait de la 10° côte et se terminait sur la gaîne du muscle droit ; il était long de 15 centimètres, épais de 2 millimètres, large de 2 centimètres, à son insertion costale, de # millimètres seulement à sa termi- naison; 2° Dans le deuxième cas, ce faisceau était plus grèle encore : il prenait naissance cette fois sur la 11° côte et se termi- nait également sur la gaïîne du muscle droit, ou plutôt sur le feuillet antérieur de l’aponévrose du petit oblique, avant la fusion de ce dernier avec l’aponévrose du grand oblique. $ IV. — Il me paraît difficile d'interpréter sainement ces divers faisceaux musculaires, que nous n'avons pas sous les yeux el que nous ne connaissons que par des relations souvent trop sommaires. Je n'ai trouvé, dans la série des vertébrés, aucun muscle qui vienne s’interposer entre les deux obliques, ou entre l'oblique interne et le transverse. En lisant les descriptions que les anatomistes nous ont laissées sur les fais- ceaux surnuméraires précités, nous voyons presque toujours ces faisceaux se mettre en parallélisme avec les faisceaux correspondants, soit du grand oblique, soit du petit oblique. Ce parallélisme du muscle surnuméraire avec le muscle normal est particulièrement spécifié dans le cas de Macalister, cité plus haut. D'autre part, les insertions d’origine, comme les insertions terminales des faisceaux anormaux, se font sur la mème région que les deux obliques. Pour cette double raison, il serait peut-être sage de les considérer comme des faisceaux plus ou mons différenciés du grand oblique ou du petit oblique, plutôt que comme des muscles nettement distincts et mérilant un nom spécial. Dans tous ces muscles, dits dentelés, qui s'insèrent sur les côtes, il n’est pas rare de rencontrer, chez l'homme, une digita- tion quelconque se séparant des digilations voisines, soit par leur volume beaucoup plus considérable, soit par leur insertion dépassant la ligne régulière des autres insertions, ou nième par la présence d’interstices séparatifs se prolongeant plus ou moins sur le corps musculaire. Il doit en être de même chez les « CUT TRUE ’ A TRES) ‘ : , | A pe “ous 170 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. animaux ; j'ai actuellement sous les yeux la planche de l'Atlas de Cuvier et Laurillard, représentant la région musculaire latérale droite de l’hyène rayée. I existe sur cette préparation un fais- ceau du petit oblique, portant le chiffre 14, se distinguant nettement des faisceaux voisins du même muscle par son volume, par son relief et par son étendue : on le prendrait assurément pour un muscle distinct, si l'on ne savait d'avance qu'il ne peut exister dans cette région qu'un seul plan muscu- laire, le petit oblique, et que tous les faisceaux qu'on y rencontre doivent être rattachés à ce dernier muscle. $ V. — Fait de l’auteur. — Sur un jeune nègre qu’on avait apporté dans nos salles de dissection, en février 1882, j'ai constaté, au-dessous du grand oblique, deux faisceaux muscu- Jaires surnuméraires que l’on peut rattacher au rectus lateralis de Kelch. Situé entre le grand et le petit oblique, ils affectaient la forme de bandelettes aplaties, se dirigeant verticalement de l’épine iliaque antéro-supérieure vers la région costale. Le faisceau antérieur prenait naissance en bas sur l’arcade fémorale, à 6 millimètres en dedans de l’épine iliaque, el venait s'attacher en haut, sur le bord inférieur de la 12° côte. Quant au faisceau postérieur, il se détachait de l'épine iliaque elle- même, et se portant en‘haut, parallèlement au précédent, il venait également s'insérer sur la 12° côte. Les fibres charnues de ces deux faisceaux étaient entièrement parallèles à celles du petit oblique ; d'autre part, le bord posté- rieur du 2° faisceau se confondait en partie avec les fibres de ce dernier muscle ; aussi je n'hésite pas à considérer les deux muscles surnuméraires que j'ai observés, comme aussi proba- blement les muscles de même nature qui ont été signalés par d'autres, comme de simples faisceaux du petit oblique plus ou moins différenciés. Du reste, sur mon sujet, et avec une dissection facile, j'ai pu isoler, en arrière des deux bandelettes précitées, et aux dépens de la masse du petit oblique, deux autres faisceaux qui n'étaient nullement distincts avant la dissection. MUSCLE TRANSVERSE DE L'ABDOMEN. 171 Bibliographie : Gunz. De Herntis, Lipsiæ, 1744, p. 18. KeLcH. Beitræge zur pathol. Anat., Berlin, 1813, p. 41, n° 23. KELLY, cité par Macalister. (Transact. of Roy. Irish Acad., 1871.) Baker. North american Arch. of Med. and Surg. Science, 1835, p. 306. GRUBER. Ein rudimentæren Musc. obliquus externus abdominis secundus (Bull. Acad. imp. des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1873, col. 142). — Zlwei neuej Fœlle eines rudimentæren Musc. obliquus externus abdominis (Virchow's Arch., t. LXV, p. 16). PYE-SMITH, HOWSE et DaAwIES-COLLEY. Guy's Hospital Reports, 1870. DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Guy's Hospital Reports, 1873, et tirage à part. ARTICLE VI ANOMALIES DU MUSCLE TRANSVERSE DE L'ABDOMEN. Ce muscle, remarquable par son étendue et la direction trans- versale de ses faisceaux, s’insère normalement chez l'homme : d'une part, à la face interne des 6 dernières côtes, à la lèvre interne de la crête iliaque dans ses trois quarts antérieurs et à la colonne lombaire par l'intermédiaire d'une vaste aponévrose, connue sous le nom d’aponévrose abdominale postérieure ; d'autre part, à la ligne blanche, à l'aide d'un large tendon (apo- névrose du muscle transverse), dont l'origine ou bord externe, assez régulièrement courbe, constitue la ligne semi-lunaire de Spigel. $ 1 — Variations dans l’étendue de ses insertions costales. — L'insertion à la 7° côte peut faire défaut; ce cas doit être bien fréquent, puisque Galien et de Marchetti le considèrent comme représentant la disposition normale(!). D'autre part, Morgenbesser a vu le transverse s'élever par une digitation surnuméraire jusqu'à la 6° côte. Au niveau de son bord inférieur, le muscle transverse peut ne prendre aucune insertion sur l'arcade de Fallope (Hargrave). (*) Hoffman, Cruveilhier, Sappey, Henle, Hyrtl, Beaunis et Bouchard font insérer le transverse aux 6 dernières côtes. 172 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Dans un cas où le muscle s'étendait au contraire un peu plus bas qu'à l'ordinaire, Guthrie et Macalister ont vu l’un et l’autre ses faisceaux inférieurs traversés par le cordon spermatique. Dans un cas analogue, publié par Gruber, en 4880, le muscle transverse recouvrait, des deux côtés, toute la paroi postérieure du canal inguinal; l'origine des fibres émanées de l’arcade crurale s'étendait presque jusqu'à l'épine du pubis; comme dans le cas de Macalister, le cordon spermatique se faisait une trouée à travers les faisceaux de ce muscle. Anatomie comparée. — T'étendue du muscle transverse et en particulier le nombre de ses faisceaux costaux varient beaucoup dans la série des mammifères. Les insertions costales s'étendent généralement plus haut que chez l'homme; chez le dauphin notamment, le muscle s'attache aux 9 dernières côtes : à la por- tion osseuse des 6 dernières, et aux cartilages des 3 côtes qui les précèdent immédiatement. $ I. — Variations de nombre; absence. — Il résulterait d'une observation de Horner, que le muscle transverse peut être double : les détails anatomiques nous font malheureuse- ment défaut pour analyser une pareille observation. Ce muscle surnuméraire qui y est mentionné était-il réellement distinct du transverse, séparé de lui par une véritable aponévrose? Ne s'agit-il pas d’une intersection tendineuse, prolongeant plus ou moins loin vers la ligne médiane la 11° ou la 12° côte, l’une et l’autre rudimentaires chez l'homme? Charvet a vu manquer le transverse; mais son observation a élé prise sur un sujet qui présentait un cas d’ectopie de la vessie; il s'agit vraisemblablement d'une malformation par arrêt de développement ; je n'ai pas à m'y arrêter. Macalister a vu manquer lui aussi le muscle transverse, mais cette fois sur un sujet bien constitué ; car il est nettement spé- cifié par l’auteur de cette dernière observation, qu'aucune autre anomalie n'accompagnait l'absence du muscle transverse de l'abdomen. J'ai toujours trouvé ce muscle dans mes études personnelles MUSCLE TRANSVERSE DE L'ABDOMEN. 173 d'anatomie comparée, ainsi que dans les différents livres et mémoires que j'ai parcourus, pour me fixer sur la disposition de ce muscle dans la série des vertébrés; je n'ai vu signaler son absence que chez quelques Balraciens, tels que la rainette, la grenouille, le crapaud, le pipa (Meckel, Anat. comp., t. V, p. 224). | $ IT. — Fusion avec le petit oblique. — Deux cas de cette nature sont signalés par Sæœmmering et par Macalister. Déjà, à l'état normal, nous voyons les faisceaux postérieurs du muscle peut oblique prendre leurs insertions sur le feuillet postérieur de l’aponévrose du transverse. $ IV. —— Présence d’une intersection tendineuse dans l'épaisseur du muscle. — Une intersection tendineuse située dans l'épaisseur du muscle transverse a été constatée par Schwezsl; elle a ici la même signification que les intersections analogues qu'on rencontre constamment sur le muscle grand droit, et, de temps à autre, sur, les obliques de l'abdomen (Henle, Virchow, Macalister et moi-même), sur le pyramidal (Verheyen), sur le sterno-hyoïdien, sur le sterno-thyroïdien (disposition presque normale), et sur le sterno-cléido-mastoïdien (Testut). Bibliographie : MORGENBESSER. Dissertatio de vomitu, in Disput. Anat. select. de Haller, p. 273. GALIEN. De administ. anat,. DE MARCHETTI. Anatomia, Ch. II, p. 17. MacaLisTEer. Transact. of Roy. Irish Acad., 1871. CHARVET. Gaz. des Hôpitaux, 1857. SCHWEGL, cité par Macalister. Loc. cit., p. 68. HARGRAVE. Operative Surgery, p. 487. GRuBEr. Ein mit seiner inguinal Portion durch die ganze Regio inguinalis sich herab erstreckender Musculus transversus abdominis ( Virchow’s Arch., 1880, Bd LXXX, S. 88-91). MECKEL. Anatomie comparée, t. V, p. 221. HENLE. Muskellehre, zweite Auflage, 1871, 174 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE VII FAISCEAUX SURNUMÉRAIRES TENSEURS DES APONÉVROSES DE L'ABDOMEN. Voici, sommairement résumés, les faits que j'ai pu rencontrer dans les recueils scientifiques : $ I. — Muscles tenseurs du feuillet postérieur de la gaîne du droit (Gruber). — Gruber a décrit sous ce titre un petit faisceau musculaire, rubané, qu'il avait observé, en 1860, sur les deux côtés du cadavre d'une jeune fille, en arrière du muscle grand droit de l'abdomen. Il prenait naissance par un étroit tendon sur l’épine du pubis, à côté du muscle droit; puis il se dirigeait verticalement en haut et s’attachait, à l’aide de quelques fibres tendineuses, dans la corne du pli semi-lunaire de Douglas. Ce petit muscle mesurait 8 centimètres de longueur, k millimètres de largeur à droite, 6 à gauche; il possédait une gaine propre. Gruber a fait connaître plus tard une deuxième observation de ce faisceau tenseur ; dans ce nouveau cas, le muscle mesurait 12 centimètres de longueur, sa largeur variait entre 3 et 40 millimètres; il s'insérait en haut, sur la gaîne du droit et en bas, non pas sur l'épine du pubis, mais bien sur le bord postérieur de l’arcade crurale, à un centimètre et demi en dehors de celte épine. Tout récemment encore, le savant professeur russe a publié, dans les Archives de Virchow, cinq nouveaux cas (au total sept), du faisceau surnuméraire, {enseur de la qaîne du droit; ces nouvelles observations présentent assez d’analogie avec les faits mentionnés ci-dessus, pour que je me contente de les signaler ici sans les décrire en détail. Theile décrit, à l’état normal chez l’homme, sous le nom de ligament triangulaire de la ligne blanche {ligamentum triangulare seu adminiculum lineæ albæ), une nappe de fibres tendineuses, située en arrière du grand droit et se détachant du bord posté- MUSCLES SURNUMÉRAIRES TENSEURS DE L'ABDOMEN. 175 rieur du pubis pour venir s’insérer en haut, par une extrémité plus étroite, sur le feuillet postérieur de la gaîne du droit. Ce ligament est évidemment comparable au faisceau musculaire décrit par Gruber. $ IL. — Muscle pubio-péritonéal (Macalister). — Le profes- seur de zoologie de Dublin à donné ce nom, en 1866, à un petit muscle qui naissait de la crête péritonéale, derrière le ligament de Gimbernat, se portait ensuite en haut, entre le fascia : transversalis et le muscle transverse, croisait l'artère épigas- trique et se terminait sur le fascia transversalis un peu au-dessous de lombilie. $ HE. — Muscle pubio-transversalis (Luschka). — Ce muscle naissait, dans le cas observé par Luschka, de la branche horizontale du pubis, se portait en haut et en dehors et venait se terminer dans le voisinage de l’orifice interne du canal inguinal. Hyrtl considère ce faisceau comme une insertion charnue de l’aponévrose du transverse ({/nserzione carnosa inferiore alla sinfisi pubica). $ IV. — Muscle tenseur de l’arcade crurale (Gruber). — Ce faisceau musculaire observé par Gruber, en 1861, aplati et fusiforme, se détachait de la branche horizontale du pubis, en arrière du muscle droit, par un tendon mesurant À cent. 3 de longueur. Il se dirigeait ensuite en dehors, en arrière et en haut, entre l’aponévrose du grand oblique et le muscle petit oblique dont il croisait les faisceaux charnus. Il venait se terminer par un nouveau tendon long et étroit sur l’arcade crurale, à la réunion de son tiers externe et de son tiers moyen. $ V.— Muscle tenseur du feuillet postérieur de la gaine du muscle droit et du fascia transversalis (Gruber). — C'est encore au professeur Gruber que nous devons la description de ce petit muscle anormal : il consistait en trois petits faisceaux aplatis, verticalement étendus, en arrière du muscle transverse, 176 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. depuis la région inguinale jusqu'à la hauteur du repli de Douglas. Ces trois faisceaux prenaient naissance en bas, sur le fascia transversalis, dans le voisinage de l’orifice interne du canal inguinal; ils formaient là une masse à peu près indivise qui ne lardait pas à se fusionner en cinq fascicules divergents. Les trois faisceaux charnus internes venaient se fixer en haut sur le repli semi-lunaire lui-même. Quant au faisceau externe et au faisceau moyen, ils se perdaient sur le fascia transversalis. Ces faisceaux, mesurés exactement par Gruber, présentaient : le faisceau interne 7 centim. 1/2 de longueur sur 1 centim. 3 de largeur; les deux autres faisceaux, # centimètres de longueur sur » millimètres de largeur seulement. Le professeur Gruber a joint à sa description une gravure sur bois, dessinée d'après nature, et que le lecteur retrouvera dans le Bulletin de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg de 1872. $ VI. — Les divers faisceaux musculaires que je viens de décrire et dont la contraction a pour effet de tendre certaines portions des aponévroses abdominales, sont toujours très grêles et regardés comme fort rares par les auteurs qui les ont signalés les premiers. Ils le seraient peut-être un peu moins, si nos élèves, dans nos salles de dissection, les connaissaient mieux et partant les cherchaient davantage. Le pelit nombre des observations, publiées jusqu’à ce jour, rend forcément incomplète l'histoire anatomique de ces fais- ceaux musculaires. Par suite, leur interprétation me paraît fort obscure, pour le moment du moins, car je ne doute pas que la difliculté n'ait ses sources dans l'insuflisance de nos connais- sances en embryologie el en anatomie comparée. Je n’ai jamais lrouvé, pour ma part, de muscles analogues chez les nombreux vertébrés que j'ai disséqués; j'en ai vainement cherché une mention quelconque, dans les divers mémoires d'anatomie comparée que j'ai eus sous la main; et bien que j'aie longue- ment médité sur la signification et sur les homologies de ces muscles, je me vois contraint de réserver encore la solution du RÉGION LOMBO-ILIAQUE. 177 problème, préférant attendre, que de risquer des hypothèses qui me paraissent à moi-même peu satisfaisantes. Bibliographie : GRUBER. Æin tensor laminæ posterioris vaginæ musculi recti abdominis (Bull. Acad. imp. des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1873, col, 144). MACALISTER. Medic. Press., 1866, p. 94. GruBER. Tensor laminæ posterioris vaginæ muse. recti abdominis (Vir- chow’s Arch., Bd. LXIX, p. 400-403). LuscaKka. Reichert u. du Bois-Reymond’'s Arch., 1870, p. 227. HYRrTL. Trattato di anatomia dell’ uomo, vers. italiana, p. 357. THEILE. Encycl. anat., traduction Jourdan, II, p. 184. GRUBER. Ein musc. protractor arcus cruralis (Bull. Acad. de Suint-Péter- bourg, 1873, col. 143). GRUBER. Ein tensor laminæ posterioris musc. recti cé fasciæ transversæ abdominis (Ibid., col. 144). Gruger. Nachtrag sum Vorkommen des Musc. tensor laminæ posterioris vaginæ musc. recti abdominis (Virchow's Arch., Bd. LXXVH, p. 131). GruBer. Tensor laminæ posterioris vaginæ musc. recti abdominis (Vir- chows Arch., Bd. LXXX, p. 87.) CHAPITRE V Région lombo-iliaque. Trois muscles importants constituent cette région musculaire : le muscle carré des lombes, le muscle grand psoas et le muscle ihaque, réuni au précédent pour former le système psoas- iliaque. On voit apparaitre en outre, une fois sur 10 ou 20 sujets, en avant et en dedans du grand psoas, un muscle surnu- méraire, en partie charnu, en partie aponévrotique, auquel on donne le nom de petit psoas, tant en anatomie humaine qu’en anatomie comparée. Ce chapitre se divise naturellement en # articles : 178 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE CARRÉ DES LOMBES. $ I. — Le muscle carré des lombes et ses variations anato- miques chez l’homme. — Le muscle carré des lombes remplit l'espace compris entre la dernière côte et la partie correspon- dante de la crète iliaque. Situé en arrière des psoas, en avant des muscles des gouttières vertébrales, il est séparé des premiers par le feuillet antérieur de l’aponévrose abdominale postérieure, des seconds, par le feuillet moyen de la même aponévrose. Ce muscle naît, chez l'homme, par des fibres aponé- vroliques très larges, surlout en dehors, du ligament ilio-lom- baire et de la partie voisine de la crête iliaque, dans l'espace de 5 centimètres environ; ces fibres sont bridées par d’autres fibres aponévrotiques horizontales, qui semblent la continuation du ligament ilio-lombaire et qui forment, sur la crète iliaque, une espèce de cintre aponévrotique très fort. Nées de cette manière, ces fibres charnues se portent de bas en haut, un peu de dehors en dedans, et se terminent diversement ainsi qu'il suit : 1° les unes se portent verticalement en haut et vont se fixer à la dernière côte ; 2° les autres se dirigent très obliquement de dehors en dedans et se divisent en # faisceaux charnus, auxquels succèdent quatre languettes aponévrotiques qui vont s'insérer au sommet des apophyses transverses des # premières vertèbres lombaires; 3° il existe un troisième plan, antérieur aux précédents, mais très peu développé chez quelques sujets, formé de faisceaux qui naissent du sommet des apophyses transverses des 3 dernières vertèbres lombaires et vont se terminer au bord inférieur de la dernière côte. Le carré des lombes est donc constitué par trois ordres de faisceaux : f. 1ho- costaux, f. iio-transversaires, f. transverso-costaux (Cruveilhier). Les variations anatomiques de ce muscle sont restreintes et ne nous présentent qu'un médiocre intérêt; on a signalé : 2) l'insertion de quelques faisceaux charnus à la 11° côte, au MUSCLE CARRÉ DES LOMBES. 179 corps des 10° et 11° vertèbres dorsales ; £) quelques faisceaux en plus ou en moins pour la série des apophyses transverses ; 7) des variations dans le développement relatif des trois por- tions constituantes du muscle; et enfin d) une séparation plus ou moins profonde de ses trois portions. Ces dispositions, on le voit, ont peu d'importance : elles s'éloignent à peine de la description classique, reproduisant la disposition la plus commune. $ IT. — Anatomie comparée. 1° L'insertion aux corps vertébraux est normale chez le daman où le muscle carré des lombes, plus développé que chez l'homme, remonte jusque sur le corps des dernières vertèbres dorsales; Meckel, qui a étudié la disposition du carré des lombes chez cet animal, nous apprend que le muscle en s'élevant de l’ilion vers le thorax, fournit, à la hauteur de chaque vertèbre, deux prolongements : un pro- longement interne qui s'attache au corps vertébral, un prolon- gement externe qui, dans la région lombaire, va à l’apophyse transverse et qui, dans la région thoracique, se rend à la côte. Chez les Solipèdes, les faisceaux ilio-costaux du carré des lombes s’attachent sur la face interne des deux et trois dernières côtes. (Voyez fig. 96 de l’Anatomie de Chauveau et Arloing.) 2° La dissociation des trois faisceaux constitutifs du muscle se retrouve encore chez les mammifères. Dans la chauve-souris, Macalister a trouvé deux portions distinctes : l'une ilio-costale, l’autre ilio-lombaire, et ces deux faisceaux sont si bien dissociés que Maisonneuve, qui a repris les recherches de Macalster, considère la dernière portion (p. ilio-lombaire) comme consti- tuant à elle seule le muscle carré des lombes, et rattache la portion ilic-costale au système des muscles vertébraux. Quant aux faisceaux lransverso-costaux qui s’isolent quel- quefois chez l'homme, ne sont-ils pas les homologues d’un muscle, toujours distinct chez un grand nombre de mammifères, qui s'étend également de la dernière côte aux apophyses trans- 180 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. verses des premières vertèbres lombaires et qui est décrit par les auteurs, sous le nom de rétracteur de la dernière côte? Voici la description qu'en donne Slrauss-Durckeim, chez le chat : « C’est un muscle qui fait la suite des intercostaux internes, en se portant de la dernière costine, obliquement en haut et en arrière, pour s'insérer au sommet des apophyses transverses des trois premières vertèbres lombaires non costinifères, ainsi qu'aux ligaments intertransversaires. Il est formé de deux ou trois chefs : le premier chef, fort petit, se fixe d'une part à la partie la plus supérieure de la costine, et se termine en pointe par des fibres tendineuses, au sommet de la première apophyse transverse lombaire, ainsi qu'au rudiment de côte qu'elle porte quelquefois. Le second, beaucoup plus large, s'insère plus bas sur la costine, et se fixe par des fibres aponévrotiques au liga- ment intertransversaire de la 4", de la 2° et de la 3° vertèbre lombaire non costinifère, ainsi qu'aux apophyses transverses de ces dernières. » Bibliographie : LUSCHKA. Anatomie, p. 109. MACALISTER. Transact. of. Roy. Irish Academy, 1871, p. 70. THEILE. Encycl. Anat., loc. cit., p. 187. MalsoNNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 201. STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie descript. et comp. du chat, t. II, p. 304. CHAUVEAU et ARLOING. Traité d’ Anatomie comparée des animaux domes- tiques, p. 228. Hans VircHow. Varietæten Beobachtungen, etc., Wurzburg, 1879. ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE GRAND PSOAS. Le muscle grand psoas s'étend obliquemen! en bas, en avant et en dehors, de la colonne lombaire au petit trochanter. Il s’insère en haut, sur les corps de la 12° vertèbre dorsale et des quatre premières lombaires, sur les disques intervertébraux qui les unissent et à la base des apophyses transverses correspon- dantes ; en bas, le grand psoas reçoit sur son bord externe la plus grande partie des fibres du muscle iliaque et vient s'attacher MUSCLE GRAND PSOAS. 181 par un fort tendon, non pas sur le sommet, mais sur la face postérieure du petit trochanter. $ I. — Variations de volume et d'étendue du muscle. Le muscle grand psoas peut présenter, dans son volume et dans l'étendue de ses insertions, quelques variations peu importantes et qu'il est inutile de décrire en détail. Elles se réduisent toutes à quelques faisceaux en plus ou en moins pour les éléments osseux (corps ou apophyses transverses) de la colonne dorso-lombaire. Dans deux cas que j'ai observés en 1881, le volume du psoas iliaque était si considérable au niveau du bord antérieur de l'os coxal et dans le triangle de Scarpa, que ce muscle venait faire une forte saillie entre l'artère et la veine fémorale généralement accolées, séparées dans ce cas par un espace de plus de 1 centimètre. Anatomie comparée. — Le volume du psoas ne varie pas moins dans toute la série des mammifères : il s'élève, chez les Solipèdes, jusqu'aux deux dernières vertèbres dorsales et aux dernières côtes ; chez le Troglodytes Aubryi, Gratiolet et Alix l'ont vu atteindre également l’avant-dernière vertèbre dorsale. Il commence au contraire à la 2° vertèbre lombaire chez le coaïta, el il est tellement réduit chez le phoque commun qu'il s’y est dérobé au scalpel, pourtant bien exercé, de Duvernoy. $ II. — Grand psoas distinct du muscle iliaque. — Des cas de celte nature sont mentionnés par Horner, par Lieutaud et par Macalister. Ils sont fort rares; les deux muscles, iliaque et psoas, se réunissaient au niveau de leur insertion fémorale. Anatomie comparée. — La fusion des deux muscles s'observe assez constamment chez les mammifères; chez quelques-uns d'entre eux cependant, le muscle iliaque est tellement réduit qu'il reste à peu pres distinct du psoas jusqu'au niveau du trochanter. Meckel a observé une séparation complète chez la chauve-souris. « On trouve chez ces Chéiroptères, ditl, un grand psoas qui prend naissance à foules les vertèbres lombaires, et un iliaque extraordinairement développé. Ges 182 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. deux muscles s'insèrent au fémur séparément l'un de l'autre ; l'iliaque se fixe plus bas que le grand psoas. » Nous verrons plus loin (voyez M. iliaque), comment MM. Maisonneuve et Sabatier ont interprété le système psoas-iliaque chez les Chéiroptères. $ IT. — Division du muscle psoas en portions distinctes, psoas accessoire, Les faisceaux charnus qui se détachent des apophyses fransverses des deux premières vertèbres lombaires ou de la 3° et de la 4° peuvent rester distincts du corps charnu principal, dans une étendue plus ou moins grande. Dans un cas, rapporté par Meckel, ces faisceaux constituaient pour ainsi dire un deuxième psoas gagnant séparément le pelit trochanter. Tout dernièrement Reid et Taylor ont décrit, sous le nom de psoas accessoire, un faisceau musculaire situé en dehors du grand psoas, et séparé de ce dernier muscle par le nerf crural. Il prenait naissance, par son extrémité supérieure, sur la partie antérieure des apcphyses transverses des 3° et #° vertèbres lombaires, ainsi que sur le feuillet antérieur de l’aponévrose du transverse et venait se confondre avec l'iliaque, au-dessous de l'arcade fémorale. Ce faisceau n’est qu'un mode d'union particulier entre deux muscles qui sont constamment fusionnés à leur insertion trochantérienne. A l'état normal, quelques rameaux du plexus lombaire s'ouvrent un passage dans l'épaisseur du muscle psoas; ces branches nerveuses séparent nécessairement des faisceaux charnus qui, sans leur présence, restcraient contigus. Cette séparation est généralement très limitée ; mais on conçoit qu'elle puisse s'étendre au-dessus et au-dessous du nerf, et qu'elle fractionne ainsi le muscle perforé en portions distinctes ; certains faisceaux isolés, que l’on a décrits sous le nom de muscles accessoires du psoas, ne reconnaissent pas assurément d'autre origine, et l'on peut considérer ces anomalies comme l'exagé- ralion d'un état normal. MUSCLE ILIAQUE. 183 | Anatomie comparée. — Il existe cependant, dans la série des mammifères, des espèces présentant, comme disposition typique, celle division du psoas en deux portions distinctes : c’est ainsi que chez les Vespertilio murinus, Maisonneuve décrit un psoas externe qui part de la base des apophyses transverses des 3 ou 4 dernières lombaires et un psoas interne qui naît des corps des 3°, 4°, 5° vertèbres lombaires et premières vertèbres sacrées. Meckel admet également, chez les Loris, deux muscles psoas partant l'un et l’autre de la colonne lombaire pour se porter sur le petit trochanter. $ IV. — Fusion avec le petit psoas. — (Voyez ce dernier muscle.) Bibliographie : MACALISTER. Transact. Roy. Irish Academy, 1871. MECKEL. Deutsches Archio., t. V, p. 116. MAISONNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 198. W. REID et J. TAYLOR. Anatomical variations (Reprinted from St-Thoma's Hospital Reports, 1879). MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 373. HORNER, LIEUTAUD, Cités par Macalister. Loc. cit. ARTICLE III ANOMALIES DU MUSCLE ILIAQUE. Situé à la fois dans le bassin et à la région fémorale anté- rieure, le muscle iliaque recouvre la presque totalité de la fosse ilaque interne; il prend naissance en haut : 1° sur les 2/3 supérieurs de cette fosse et sur la lèvre interne de la crête iiaque ; 2° sur le ligament ilio-lombaire où il confond parfois quelques-uns de ses faisceaux avec le muscle carré des lombes; 3° sur les deux épines iliaques antérieures et sur léchancrure qui les sépare; enfin, 4° sur la face antérieure de la capsule articulaire de la hanche. La plupart des faisceaux du muscle iliaque viennent se terminer sur le tendon du grand psoas, et, par son intermédiaire, sur le petit trochanter. Quelques fais- 184 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ceaux externes el inférieurs vont directement au fémur, cons- tiluant ainsi, dans la plupart des cas, un muscle distinel que nous étudierons tout à l'heure sous le nom de muscle petil ‘haque. $ I. Division du muscle iliaque en plusieurs portions dis- tinctes. — Macalister a observé une lame musculaire superficielle couchée sur le muscle iliaque, et se détachant du fascia iliaca. Wood a vu également un faisceau de l'iliaque interne, complè- tement distinct du corps principal du muscle, se détacher du milieu de la crête iliaque et aller s'insérer, sous la forme d’une bande aplatie, sur le tendon commun du psoas et de l'iliaque. On a signalé également l'existence d'un faisceau distinct, situé en dedans du psoas el prenant naissance sur le détroit supérieur du bassin. Cruveilhier considère ce faisceau comme constant chez les sujets fortement musclés : « Chez les sujets vigoureux, dit-il, les fibres les plus internes de liliaque, c'est-à-dire celles qui naissent du détroit supérieur, immédiate- ment au-dessus du muscle oblurateur interne, réunies aux fibres voisines du psoas, constituent un corps charnu distinct qui se comporte en dedans du psoas, exactement comme le corps du muscle iliaque se comporte en dehors, se fascicule comme lui et vient se terminer. à la manière d’un muscle semi- penniforme, au côté interne et antérieur du tendon commun. Les fibres de celte portion interne de l'iliaque sont épuisées à 3 centimètres environ du petit trochanter. La portion iliaque du psoas iliaque est donc un muscle penniforme profondément sillonné au niveau du tendon du muscle psoas. » $ II. — Faisceau anastomotique provenant du grand psoas. — (Voyez ce muscle $ HI, p. 182.) $ IT. — Ensertion du muscle sur le sacrum. — C'est à tort que Macalister considère celle insertion sacrée comme consli- tuant une anomalie : elle est constante d’après Cruveilhier (I, p. 552), Sappey (Il, p. 263), Theile (p. 281). MUSCLE ILIAQUE. 185 $ IV. — Portion inférieure du muscle iliaque entièrement distincte du corps principal du musele. — Synon. : muscle pelit iliaque de Winslow; ilio-capsulaire de Harrison; diacus minor de Quain; iio-capsulo-trochantérien de Cruveilhier. — Denonvilliers a signalé à la Société anatomique, en 1861, une observation très netle de ce faisceau musculaire. Par sa partie supérieure il s'insérait à la base de l’épine iliaque antéro-infé- rieure, immédiatement au-dessous de l'insertion du muscle droit antérieur; il venait ensuite s'attacher au fémur par des fibres enveloppantes, au-dessous du petit trochanter. Son bord interne se trouvait en rapport, dans presque toute sa longueur, avec le muscle psoas iliaque ; son bordexterne touchaitle vaste externe ; enfin son origine était recouverte en partie par la longue portion du triceps fémoral. J'ai recherché ce muscle sur bien des sujets et je l'ai vu si rarement manquer que je le considère comme normal, d'accord en cela avec Theile, Cruveilhier, Sappey et la plupart des ana- tomistes: « Toutes les fibres du muscle iliaque, dit Theile, ne s'attachent pas au petit trochanter par l’intermédiaire du tendon du psoas; beaucoup d’entre elles, celles qui viennent des épines iliaques et de la cavité cotyloïde, descendent le long de ce tendon, et s’altachent immédiatement au petit trochanter, {ant à côté qu’au-dessous de lui. » M. Sappey est même plus explicite : « Sur le bord externe du muscle iliaque, dit-il, on voit cons- famment un petit faisceau, formé par les fibres qui s’attachent à l'épine iliaque antéro-inférieure et à la partie voisine du ligament capsulaire de la hanche. Ce faisceau longe le tendon commun aux deux muscles, et vient se fixer à la partie la plus antérieure des trois branches supérieures de la ligne âpre. » L'existence du muscle petit iliaque me paraît devoir être décrite, en anatomie humaine, comme une disposition normale; c’est son absence et non sa présence qu'il faudrait considérer comme une anomalie. Anatomie comparée. — Ce muscle représente à lui tout seul, chez certains mammifères, la portion iliaque du système psoas ilaque, et s’il se trouve réduit chez l'homme à des proportions 186 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. aussi modestes, c'est en raison du développement considérable qu'acquiert chez lui la fosse iliaque interne. M. Sabalier, qui a étudié avec tant de soins les variations morphologiques de l'os coxal dans la série des vertébrés, admet, avec raison, des ilions prismatiques et des ilions pourvus d'ailes. L'ilion prismatique est « une tige osseuse, phalangiforme », aplatie du dehors en dedans et présentant par conséquent deux faces : une face interne et une face externe. Sur la face externe, il existe une crête osseuse, parallèle à l'axe et déterminant sur cette région deux parties : une partie antéro-externe placée en avant de la crête, et une partie postéro-externe située en arrière. La face interne est tout entière occupée par l'articulation de l’ilion avec le sacrum ; il n'y a pas, on le conçoit, de fosse iliaque interne. Sur les ilions pourvus d'ailes, les bords antérieurs et posté- rieurs de cet os se sont étendus sous la forme de lame osseuse plus ou moins développée, agrandissant ainsi l'aire de la face externe et de la face interne. Cette dernière n'offre qu'une certaine partie de sa surface à la face latérale du sacrum; tout ce qui reste de cette surface, en avant de l'articulation sacro- iliaque, constitue la fosse iliaque interne. La disposition anatomique du système psoas iliaque se res- sent forcément de la disposition anatomique de l'ilion. Dans les espèces à ilions prismatiques, il ne saurait y avoir de muscle liaque interne, la fosse iliaque interne qui lui fournit ses points d'attache faisant totalement défaut; le chefexterne du psoas qui se détache, dans ces cas, de la partie antérieure de la fosse ilia- que externe ne mérite pas ce nom; c'est un muscle iliaque externe. Telle est la disposition que nous observons chez les Chéiroptères, le lièvre, le kanguroo, etc. Chez la roussette d'Edwards (pteropus Edwardsiü), ce muscle remonte, d’après Alix, jusqu'à l’épine iliaque antéro-supérieure, et vient se ter- miner vers la ligne âpre, dans la longueur de plus d’un centi- mètre, au-dessous du petit trochanter. Dans. les espèces au contraire que caractérise la présence d'un ilion ailé et par suite l'existence d'une fosse iliaque interne, nous voyons le tendon du psoas renforcé par des fais- MUSCLE SURNUMÉRAIRE PETIT PSOAS. 187 ceaux charnus, prenant origine dans l'aire de cette fosse et constituant un véritable muscle iliaque interne. Ce dernier muscle représente, à lui tout seul, le chef interne du psoas iliaque, dans la plupart des Rurinants, des Solipèdes et des Carnivores. Mais il coexiste aussi, dans certaines espèces, avec le muscle iliaque externe; l'homme est de ce nombre, etson muscle iliaque, qui atteint chez lui son plus haut degré de dévelonpe- ment, réalise le muscle iliaque externe des animaux à ilions ailés (portion eæagérée) et le muscle externe des animaux à ilions prismatiques (portion atrophiée). Ainsi s'explique, chez l'homme, cet interstice celluleux séparant les faisceaux intra- pelviens du muscle iliaque, de ceux qui prennent naissance dans la région cotyloïdienne. Il existe en réalité deux muscles distincts : et puisqu'on désigne le premier, en raison de ses rapports avec la ligne médiane, sous le nom de muscle iliaque interne, il convient de donner au second, en s'appuyant sur la même base terminologique, le nom de muscle iliaque externe. Is sont séparés l'un de l’autre par le tendon direct du droit antérieur de la cuisse, de même que l’épine iliaque antéro- inférieure, sur laquelle vient s'insérer ce dernier tendon, est la limite respective des deux fosses iliaques. Bibliographie : DENONVILLIERS. Bull. Soc. Anat., 1861, p. 42. Woop. Proc, of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 522. MACALISTER. Trans. of Roy. Irish Academy, 1871. MAISONNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880, p. 170. ALIX. Sur l'appareil locomoteur de la Roussette d'Edwards (Soc. Philom. de Paris, 1867). WaALSHaM. Anatomical variations (S'-Bartholomew’s Hospital Reports, t. XVII, 1881, p. 75). ARTICLE IV MUSCLE SURNUMÉRAIRE PETIT PSOAS, $ I. — Le petit psoas chez l’homme et chez les animaux. — Perrin, sur 112 sujets qu'il a examinés, de 1868 à 1872, na 188 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. trouvé le petit psoas que 32 fois. Theile ne l’a rencontré qu'une seule fois sur 20 cadavres; sur 32 sujets que j'ai examinés moi-même à cel égard, j'ai vu le pelit psoas faire défaut sur 26. De pareils chiffres sont significatifs : ils nous aulorisent à considérer l'absence du petit psoas comme l'état normal chez l'homme, et à rayer désormais son nom de nos descriplions classiques. Son apparition, non son absence, cons- titue l’anomalie et nous le décrirons ici, comme un muscle surnuméraire, au même titre que l’'omo-transversaire, l'occipito- scapulaire, le dorso-épitrochléen, V'épitrochléo-anconeus, etc. Ce muscle se détache généralement du corps de la dernière dorsale, du corps de la première lombaire et du disque inter- vertébral qui sépare ces deux vertèbres. Les faisceaux charnus qui le constituent descendent sur la face antéro-interne du psoas, sous la forme d'un ruban mince et aplali qui dégénère, à la partie moyenne de la région lombaire, souvent plus haut, en un simple tendon aponévrotique; ce tendon continuant la direction du corps charnu, s'élargit au fur et à mesure qu'il descend et vient se fixer sur l'éminenceilio-pectinée, ainsi que sur le fascia iliaca, avec lequel il contracte des connexions intimes. Anatomie comparée. — Le muscle petit psoas n'est que le représentant atrophié, chez l’homme, d'un muscle qui est cons- tant et beaucoup plus développé chez la plupart des mammifères oùil fléchit fortement soit le bassin sur la colonne vertébrale, soit la colonne vertébrale sur le bassin. Chez les Solipèdes, il s’insère sur loutes les vertèbres lombaires et sur les trois dernières dor- sales; chez le chien, il est relalivement plus volumineux que le grand psoas; il en est de même chez le cochon; mais c’est surtout chez les animaux sauteurs que le muscle petit psoas prend des proportions remarquables : il est très long et très fort chez le lièvre et chez l'écureuil; chez l’ornithorynque, il remonte jusqu'aux cinq dernières dorsales,-et constitue, d’après Meckel, le plus grand des muscles de cet animal. Chez le kanguroo, il se détache de la dernière côle et de toutes les vertèbres lom- baires, la dernière exceptée; il est pour le moins dix fois plus volumineux que le grand psoas. : MUSCLE SURNUMÉRAIRE PETIT PSOAS, 189 Ce muscle présente chez le phoque une disposition particu- lière qui a été nettement décrite par Meckel: « Le petit psoas chez cet animal est 12 fois plus volumineux que le psoas et l'iliaque réunis; il est partagé en deux chefs : l'externe, qui est le plus grand, naît principalement des apophyses transverses de toutes les vertèbres lombaires, tandis que l'interne, plus petit, vient des corps de la plupart des vertèbres lombaires inférieures. Le premier s'insère au fémur, en dehors du grand psoas et en dedans de l'iliaque ; le second se fixe à l'éminence ilio-pectinée, et en dedans du grand psoas qui est par consé- quent embrassé par les deux chefs du petit psoas. » $ II. — Le petit psoas suivant les sexes. — Dès 1753, Winslow s'occupait de cette question et écrivait que le petit psoas s'observe plus fréquemment chez la femme que chez l'homme. John Bell, quarante ans plus tard, formulait une conclusion semblable; par contre, Riolan prétend qu'on ne le rencontre pas chez la femme. Sur les 112 sujets examinés par Perrin (56 hommes et 56 femmes), le muscle petit psoas a été observé sur 11 femmes et sur 21 hommes. Ces diverses assertions, on le voit, sont'on ne peut plus contradictoires, et la seule conclusion qui découle des recher- ches précitées, c’est que le petit psoas s’observe également dans les deux sexes. Comme le dit fort judicieusement Theile, « la présence et l’absence de ce muscle ne constiluent nullement une différence sexuelle. » $ IT. — Variations anatomiques du musele petit psoas chez l’homme. - Je les résumerai sous les quatre chefs suivants : a) —— Variations de volume et d’étendue. — Elles n’ont aucune importance sur un muscle surnuméraire qui est toujours atro- phié chez l’homme, et n'apparaît dans notre syslème muscu- laire que pour atlester sa présence dans le plan général d'organisation des vertébrés. Blandin l’a trouvé sur un sujet réduit à un simple tendon, dans toute son étendue. 190 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. B) — Duplicité du musele. — Des cas de petit psoas double ont été mentionnés par Winslow, Kelch, Cruveilhier, Maca- lister. Nous avons signalé plus haut cette duplicité à l'état normal, chez le phoque commun. Nous devons peut-être rattacher à cette disposition le fait suivant de Theile, relatif à une division du tendon du petit psoas en deux portions distinctes : l'une s’attachait au ligament intervertébral, compris entre la dernière vertèbre lombaire et le sacrum ; l’autre à la ligne de démarcation de l'os ilion et de la cavité cotyloïde, jusqu'à la symphise sacro-liaque. y) — Union avec le grand psoas. — Il existe souvent des connexions plus ou moins étendues entre la face antérieure du grand psoas et la face profonde du petit psoas. Macalister signale l'existence d'un faisceau charnu allant d'un muscle à l’autre et, dans un autre cas, le mème anatomiste a vu le petit psoas uniquement constitué par une expansion qui parlait du bord interne du grand psoas. Anatomie comparée. — Chez l'Ursus americanus, j'ai vu le grand psoas el le pelil psoas former sur la région lombaire une masse commune. Ge n'est qu'au niveau de la 3° lombaire que se séparait ce dernier muscle dont l'extrémité inférieure venait s'insérer, comme chez l'homme, sur l’éminence 1lio-pectinée. Le grand psoas et le pelit psoas sont également confondus en grande partie chez le chat, au niveau de leurs attaches supérieures : parti de l'éminence ilio-pectinée, le petit psoas forme d'abord un mascle simple et.aplati; mais arrivé à la hauteur de la 4° lombaire il se divise en cinq chefs qui vont se fixer à la face interne d’autant de tendons terminaux; or, sur la face opposée de ces tendons, viennent également s'attacher les fibres du grand psoas; de là une espèce de fusionnement des deux muscles. 2). — Insertion du petit psoas au petit trochanter. — Bankart, Pye-Smith et Philips signalent trois cas de Psoas parvus, pas- sant au-dessous du ligament de Poupart, pour venir s'attacher à la ligne rugueuse qui conduit du petit trochanter à la ligne âpre. 4 Ne T re JA - J \ 172 r MUSCLES DES CÔTES. 191 Ces faisceaux anormaux représentent-ils bien le petit psoas? Faut-il au contraire les considérer comme de simples fais- ceaux aberrants du grand psoas? Jusqu'à plus ample informé, cette dernière hypothèse me paraît être la plus acceptable ; toutefois la première n'est nullement irrationnelle : nous avons vu tout à l'heure chez le phoque commun un des faisceaux du petit psoas s'étendre jusqu’au fémur. Du reste, l'insertion du pelil psoas tout entier au pelit trochanter s'observe dans quelques espèces, bien qu'une pareille disposition soit très rare, d'après Meckel. Bibliographie : RioLaN. Anth. opographia, lib. V, p. 508. WinsLow. Expos. anatom. structuræ corporis humuni, Francfort, 1753. t. IL, p. 211. THEILE. Encycl. anat., t. III, p. 284. MACALISTER. Transact. of Ro Irish Academy, 1871. J. BELL. The bones, muscles, etc. Edimburg, 1793, p. 341. BANKARD, PYE-SMITH et PHILIPS. Guy’s Hop ne t. XIV; et Journ. of Anat. and Phys., t. TI, p. 448. PERRIN, J. BESwIK. Psoas parvus, Med. Times and Gazette, 1872, p. 202 anal. in Jahresb. für Anat. und Phys., 1872. STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 281. TESTuT. Système locomoteur de l’Ursus americanus (en préparation). CHAPITRE VI Muscles des côtes. Je comprendrai sous ce titre: 1° la double série des lames musculaires, qui s’étalent dans les espaces intercostaux et complètent sur les côlés la cage thoracique; 2° les muscles transverso-costaux (levalores coslarum, sur-costaux des auteurs français), s'étendant, à la région dorsale, du sommet des apophyses transverses à l'une des côles situées au-dessous; 3° les sous-costaux, formant entre la plèvre et la paroi thoraci- 192 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. que, dans le voisinage de l’angle postérieur des côtes, une série longitudinale plus ou moins irrégulière ; enfin, #° le triangulaire du sternum réunissant, en avant, la face postérieure du ster- num à l'extrémité antérieure des côtes voisines. Je grouperai, dans les cinq articles qui suivent, les quelques variations anatomiques observées jusqu'ici sur ces divers fais- ceaux musculaires. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DES INTERCOSTAUX EXTERNES. Les intercostaux externes sont constitués par une série de pelits faisceaux parallèles étendus de la lèvre externe du bord inférieur de la côte qui est au-dessus, à la lèvre externe du bord supérieur de la côte qui est au-dessous. Ces faisceaux, dirigés obliquement de haut en bas et de dehors en dedans, commen- cent en arrière à la colonne vertébrale, et s’arrêlent en avant, au cartilage costal. Les variations anatomiques offertes par ces lames musculaires ne nous offrent qu'un médiocre intérêt, comme le démontre l'exposé sommaire qui suit : $ I. — Extension du muscle jusqu’au sternum. — Cette disposition se rencontre surtout dans le premier et dans le quatrième espace intercostal. Du reste, cette extension de l'in- tercostal externe sur les cartilages est normale pour certains espaces; comme le fait remarquer Theile avec beaucoup de raison, «le bord antérieur de chaque.musele se reporte de plus en plus en avant dans l'espace intercostal, à mesure que le muscle devient plus inférieur ; à partir du 4° espace intercostal, il atteint le cartilage; au 7°, au 8° et au 9°, il se trouve dans l'intervalle des cartilages; enfin au 10° et au 44, il s'étend jusqu'au sommet de la 11° et de la 12° côtes. » Mème dispo- sition chez le chat, d'après Strauss-Durckeim : les intercostaux externes s'étendent, dans les espaces intercostaux postérieurs, aussi loin que les intercostaux internes, qui sont complètement recouverts par les premiers. MUSCLES INTERCOSTAUX INTERNES. 193 $ IT. — Variation du nombre. — On a noté l'absence du dernier muscle intercostal externe; par contre, on rencontre dans les cas de côte supplémentaire des muscles intercostaux externes surnuméraires présentant, dans l'espace ou les espaces nouveaux, la même disposition que dans les espaces normaux. $ HI. — Union avec le grand oblique. — Il n’est pas rare de voir quelques faisceaux du dernier ou des avant-derniers infercostaux externes se continuer directement avec les fais- ceaux du grand oblique. ï Ces connexions n'ont rien que de très naturel, l'ensemble des intercostaux externes n'étant que la continuation au thorax de la vaste lame musculaire qui porte, à la hauteur de l'abdomen, le nom de muscle grand oblique ou oblique externe. Macalister signale de même l'union possible des intercostaux externes avec le grand dentelé. ARTICLE II ANOMALIES DES INTERCOSTAUX INTERNES. Les intercostaux internes s’étalent, en dedans des précédents, de la lèvre interne du bord inférieur de la côte qui est au-dessus à la lèvre interne du bord supérieur de la côte qui est au-dessous. Leurs faisceaux charnus, dirigés en sens inverse, de haut en bas et d'avant en arrière, commencent à l'extrémité antérieure des cartilages et s'arrêtent en arrière, à l’angle des côtes. Débordés en arrière par les intercostaux internes, ils les débor- dent en avant, au moins dans les premiers espaces. Ces muscles présentent les variations suivantes : $ I. — Extension jusqu’à la colonne vertébrale. — Cette disposition a élé observée de préférence dans le 1" espace, le 2e et le 3°. Meckel décrit cette disposition comme normale, chez l’hyène. Elle se rencontre dans bien d'autres mammifères; je l’ai observée moi-même chez le chien boule-doque : dans cette espèce, tout au moins, les faisceaux les plus reculés des 13 19% LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. intercostaux internes s'arrêtent dans leurs insertions supérieures à 2 ou 3 millimètres seulement de la colonne vertébrale ; mais, comme ils sont obliques en bas et en dedans, ils se rapprochent en descendant de celte colonne vertébrale, de manière à s'attacher en bas, sur la partie la plus interne de la côte qui est au-dessous. Il n'existe à ce niveau, entre la colonne vertébrale et le bord postérieur du muscle, qu'un tout petit espace triangulaire nécessité par le passage de vaisseaux inter- costaux, marchant à la rencontre de l'aorte et de la veine cave. $ II. — Variations de nombre. — Le 10° et le 11° muscle intercostal interne sont généralement fort minces; dans certains cas, il est besoin d'une dissection minutieuse pour en constater la présence. On les a vus faire défaut. $ IT. — Union avec le petit oblique. — C'est encore dans les derniers espaces intercostaux qu'on rencontre ces faisceaux d'union passant directement d'un muscle à l’autre; disposition bien naturelle et à laquelle nous refusons le nom d’anomalie, les muscles intercostaux internes étant la continuation théorique du muscle petit oblique ou oblique interne : supprimons idéalement les côtes, et l'ensemble des intercostaux n'étant plus coupés transversalement, comme ils le sont chez l'homme et chez les mammifères, forment, avec le petit oblique, une vaste lame musculaire nulle part interrompue. $ IV. — Union avec les sous-costaux. — Une pareille disposition est assez fréquente chez l’homme et chez les animaux, pour que quelques analomistes aient cru devoir faire des muscles sous-costaux des dépendances des intercostaux internes. En fait, on rencontre assez souvent, surtout dans les derniers espaces inlercostaux, au niveau de l'angle des côtes, des faisceaux du muscle intercostal interne, empiétant pour leurs insertions sur la face interne de la côte voisine, et la recouvrant dans une telle étendue, qu'on éprouve une certaine peine pour savoir si l’on a sous les yeux un simple prolongement de La “re. La x MUSCLES SUR-COSTAUX. 195 l'intercostal interne, ou un faisceau musculaire véritablement distinct de l'intercostal. $ V. — Séparation de la portion interosseuse et de la portion cartilagineuse. — Schæmaker a signalé cette séparation entre les muscles intercostaux internes et leur portion cartilagi- neuse. Gelte disposition, qui se rencontre le plus fréquemment au niveau des 3°, #°, 5° et 6° espaces intercostaux, est fort rare; elle a été mentionnée de nouveau en 1871, par Macalister. J'ai rencontré moi-même sur trois sujels ces interstices séparalifs, la première fois, dans le 3° espace intercostal, les autres fois dans le 4°. Quoique peu étendus, ils n’en divisaient pas moins le muscle intercostal interne en deux portions, une portion interosseuse située en arrière (M. intercoslal), et une portion intercartilagineuse située en avant {M. interchondral). Meckel décrit une disposition analogue pour l'intercostal externe des oiseaux : « Ces muscles, dit-il, se partagent très généralement en une moitié antérieure el une postérieure : la dernière s’étend de l'extrémité postérieure de la côte jusqu'auprès de l'appendice costal; la première naît de cet appendice et s'étend jusqu'à l'extrémité antérieure de la côte. » $ VI. — Plan surnuméraire en dedans de l’intercostal interne. — Meissner et, après lui Macalisier, ont constaté un plan surnuméraire de fibres musculaires doublant l'intercostal interne et se séparant nettement des faisceaux de ce dernier par leur direction qui se rapprochait beaucoup plus de la verticale. Évidemment il s'agit, dans ce cas, d'une formation musculaire dépendant des muscles sous-costaux. ARTICLE III ANOMALIES DES MUSCLES SUR-COSTAUX. Situés à la partie postérieure des espaces intercostaux, les muscles sur-costaux (levatores costarum) sont de petits muscles - as. L 196 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. triangulaires, se détachant, en haut, du sommet des apophyses transverses et s'insérant, par leur base, sur le bord supérieur de l'extrémité interne de la côte qui’est au-dessous. Les sur-cos- taux sont au nombre de 12; le premier s'étend de l’apophyse transverse de la 7° cervicale à la 1" côte; le douzième, de l’apo- physe transverse de la 11 vertèbre dorsale à la 42° côte. Ë On a signalé, comme variations anatomiques des muscles sur-Costaux : $L.-— Union du premier sur-costal avec le scalène postérieur. — Cette disposition est à peu près constante; il suffit d’avoir étudié, le scalpel à la main, la série de ces pelits muscles pour savoir la difficulté qu'on éprouve, chez certains sujets, pour isoler, non pas seulement le premier du scalène postérieur, mais un sur-costal quelconque de celui qui le précède ou de celui qui le suit. Cruveilhier fait remarquer que les sur-costaux supérieurs sont quelquefois « continus les uns aux autres à l’aide de languettes » et dans un cas observé par Morgagni, les muscles sur-costaux réunis les uns aux autres constituaient, de chaque côté de la colonne vertébrale, un muscle unique. dentelé. Anatomie comparée. — Chez quelques carnassiers, notam- ment chez le chat (Strauss-Durckeim), le 4% sur-costal paraît manquer, tant il est confondu avec le 3° scalène. $ IT. — Sur-costaux longs (longiores levatores de Haller). — Indépendamment des faisceaux que je viens de signaler et dont la caractéristique anatomique est de se porter d'une apophyse transverse à la côte qui est immédiatement sous-jacente {sur-cos- taux courts), on rencontre, chez l'homme, quelques faisceaux plus longs qui, franchissant cette côle, sans s'y arrêter, vien- nent se fixer à la côte placée au-dessous {sur-costaux longs). La présence de ces faisceaux est à peu près constante chez l'homme; mais leur nombre et leur situation sont très variables : la disposition qu'on rencontre le plus fréquemment et qu'on peut considérer comme représentant le type de la musculature MUSCLES SOUS-COSTAUX. 197 de l'homme est, suivant Theile, la présence de quatre sur-cos- taux longs : le premier s'étendant de l'apophyse transverse de la 7° dorsale à la 9° côte, le quatrième de l’apophyse transverse de la 10° dorsale à la dernière côte. Il n'est pas rare de voir manquer le premier; le deuxième peut faire également défaut: par contre on observe parfois des sur-costaux sautant une côte, au-dessus de la 7° vertèbre dorsale. Anatomie comparée. — Les mammifères possèdent, comme l’homme, des courts élévateurs des côtes et des longs éléva- teurs; ces derniers se confinent presque toujours à la région des dernières côtes; mais leur nombre est tout aussi variable que dans l'espèce humaine. Quelques mammifères, notamment l’hyène et le chat, n’en présentent aucune trace. ARTICLE IV VARIATIONS ANATOMIQUES DES MUSCLES SOUS-COSTAUX. Les muscles sous-costaux (depressores costarum proprü de Douglas, intracostales de Verheyen, infracostales de Meckel, subcostales de Winslow, serratus internus de Kelch, transversus thoracis posterior de Henle) sont de petites languettes muscu- laires, rubanées et fort minces, situées entre la plèvre pariétale et l'extrémité postérieure des intercostaux internes. Verheyen semble les avoir décrits pour la première fois en 1805 : Douglas qui leur consacre un article dans sa Myographia comparata, publiée en 1807, en attribue la découverte à Cowper. Ces petits muscles naissent sur la face interne d’une côte, et, se portant en bas, en suivant une direction à peu près verticale, ils viennent se fixer à la face interne, non de la côte sous- jacente, mais de celle qui vient immédiatement après. On voit cependant quelques-uns de ces muscles s'arrêter à la côte sous- jacente, ou franchir deux côtes et s'attacher sur la troisième. Théoriquement et sur un sujet qui présenterait les sous- coslaux à l'état de développement parfait, nous devons admettre 10 muscles sous-costaux : le premier s'étendant de la 4" côte à 198 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. la 3°, le dernier de la 10° côte à la 12°. Mais une pareille disposition doit être excessivement rare : « Je les ai trouvés. des deux côtés du corps, dit Theile, offrant cette régularité, sauf toutefois que le supérieur venant de la 1"° côte manquait ; au reste celui-là est si rare qu'il serait peul-être plus exact de . ne compler que 9 muscles. » Sur certains sujets, les sous-cos- taux, au lieu d’être distincts, semblent se continuer par leur extrémité et constituer de la sorte de longues bandes muscu- laires, s'étendant de la 3° ou 4° côte à la 12°. Macalister signale des faits de ce genre, et dans un cas publié par Petsche, ce ruban charnu, résultant de la fusion des languette: sous-costales, s'élendait jusqu'à la colonne vertébrale. Ce sont là, je le répète, des exceptions : le plus souvent les sous-costaux supérieurs font défaut, et leur série se trouve réduite à quelques faisceaux couchés sur les côtes inférieures ; ces faisceaux eux-mêmes varient beaucoup dans leur dimen- sion; généralement très minces, on les voit se réduire considé- rablement sur certains sujets, et ne pas dépasser un demi-cen- limètre de largeur. Contrairement à l’assertion de Theile, qui déclare que les trois sous-costaux inférieurs ne paraissent jamais faire défaut, j'ai constaté, chez un adulte qui a servi pour mon cours de 1879, tant à droite qu'à gauche, l’absence de toute la série. De telles variations, portant toujours sur la disparition d’un plus ou moins grand nombre de faisceaux et pouvant aboutir à l'absence totale du système, dénote, pour les sous-costaux de l'homme, une disposition imparfaite, frappée d'atrophie, tendant à disparaître graduellement. Aussi n'est-ce pas chez l'homme, mais dans quelques espèces inférieures présentant ces muscles à l'état de développement parfait, qu'il faudrait étudier le sys- tème des sous-costaux et rechercher la signification anatomique de ces faisceaux musculaires. Ces petits muscles paraissent avoir échappé malheureusement à l'attention des zoolomistes. Meckel, qui s'étend si complaisamment sur certains muscles et sur leurs variations morphologiques dans la série des mammi- fères, ne mentionne môme pas les sous-costaux. Cuvier, dans MUSCLES SOUS-COSTAUX. 199. ses leçons d'anatomie comparée, les laisse également dans l'oubli, et dans la liste des muscles qui sont dessinés dans son grand Atlas de myologie comparée, je vois bien figurer les intercostaux internes et externes fintercostiens), les releveurs des côtes (transverso-costiens), les dentelés postérieurs (dorso- cosliens et lombo-costiens), le triangulaire du sternum (sterno- coslien); des sous-costaux, il n'en est nullement question. La plupart des anatomistes considèrent les muscles sous-costaux comme une dépendance des muscles intercostaux internes; cela est vrai sans doute, si l'on prend pour des sous- costaux ces faisceaux musculaires des intercostaux internes qui, dépassant les limites habituelles de leurs insertions, tapis- sent toute la face interne de la côte voisine, mais n’en sont pas moins des intercostaux internes. Mais je crois devoir repousser une pareille assimilation pour les vrais sous-costaux, pour ces bandelettes musculaires, relativement volumineuses, qui sont réellement situées sur un plan antérieur aux intercostaux nternes, qui diffèrent souvent de ces derniers par la direction contraire de leurs fibres, qui, comme dans le cas de Theïle, sont débordés par eux au niveau de leur bord postérieur, et que l'on isole du reste, par une dissection généralement facile, du plan musculaire sous-jacent. Les sous-costaux, dans leur ensemble, doivent être considérés comme un système distinct, plus profondément situé, par rap- port au tégument externe, que les groupes des intercostaux et des surcostaux, système évidemment réduit chez l'homme au niveau du thorax, mais se reconstituant à l'abdomen, au-dessous du petit oblique, pour constituer le muscle transverse (Henle) et le carré des lombes (Theiïle). Strauss-Durckeim, dont on ne saurait contester l'autorité en pareille matière, professe la même Opinion. « Quoique ces petits muscles, dit-l, ne se rencontrent que rarement, ils paraissent cependant appartenir à une série normale dans le type, vu qu'on les trouve chez certains autres vertébrés, tels que les serpents, où ils couvrent régulie- rement foule la cavité du thorax. » « Leur constance et leur développement plus considérable 200 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. chez le chien indiqueraient, d'après Béraud, qu'ils agissent dans la production de l'aboiement » (cité par Ledouble, art. Sous- Costaux du Dict. encycl., p. TA). Confiant dans ce texte, j'ai aulopsié un nombre assez considérable de chiens, pour étudier chez eux un système qui devait être plus développé que chez l'homme; j'ai été cruellement désappomté en ne rencontrant, sur mes sujets, aucune {race de sous-costaux. ARTICLE V VARIATIONS ANATOMIQUES DU TRIANGULAIRE DU STERNUM. Le triangulaire du sternum, l'un des plus inconstants sous le rapport de son étendue (Theiïle), le plus variable de tous les muscles (Hyrtl, est situé à la face postérieure du sternum et des carlilages des côtes sternales, c’est le transversus pectoris d'Arnold, le transversus thoracis anterior de Henle, le slerno- abdominalis de Rosenmuller, le sterno-costalis anterior de Strauss- Durckeim, le petit dentelé antérieur de Cruveilhier. Il s'insère d'une part, à l’aide d'une courte aponévrose, sur les parties latérales de lappendice xiphoïde et du corps du sternum; d'autre part, il vient s'attacher, par des digitations distinctes, sur la face postérieure de l'extrémité externe des 6°, 5°, 4°, 3° carlilages costaux; ces dernières Insertions peuvent même s'étendre sur la portion osseuse de l’are costal. Ce muscle est placé sur le mème plan que le transverse de l'abdomen qui est au-dessous, et les sous-costaux qui sont en arrière. Henle fait remarquer avec beaucoup de raison dans la der- nière édition du /andbuch der Muskellehre (p. 102), que les diverses digilalions qui constituent ce muscle, semblables en cela aux divers faisceaux du système sous-costal, ne se fusion- nent pas réellement en un corps charnu unique, mais ne font que s'accoler ou se superposer, sans jamais se confondre; de telle sorte qu'on peut toujours, par une dissection plus ou moins minutieuse, el sans intéresser en aucune facon la conti- nuité des fibres musculaires, décomposer le triangulaire en MUSCLE TRIANGULAIRE DU STERNUM. 201 faisceaux distincts, ayant chacun leur origine et leurs insertions propres. Si l'on ajoute à cette dernière considération que le musele triangulaire du sternum n’est qu'une dépendance, que la conli- nuation du transverse de l'abdomen modifié ici dans sa forme et surtout dans son étendue par l'apparition du sternum et des côtes, on pourra déjà pressentir, en même temps qu’interpréter les diverses variations offertes par ce muscle. $ I. — Variations dans l'étendue du muscle. — Il est fréquent de voir une digilation pour la 1" côte et quelques faisceaux charnus pour la 7°: par contre, on a vu ce muscle s'arrêter en haut, au 4° cartilage costal. Dans un cas observé par Blandin, le muscle triangulaire était réduit à une seule digitation. Enfin on a vu ses faisceaux charnus devenir, dans certains cas, très restreints et, dans d’autres, disparaître d’une facon complète : il y avait absence du muscle. $ II. — Division du muscle en portions distinctes. — Sæm- mering a trouvé un muscle triangulaire constitué par deux faisceaux distincts; Macalister a vu, deux fois, un faisceau neltement séparé du reste du muscle se porter de la à° pièce du sternum au 2° cartilage costal. Ces diverses dispositions ne sont que l’exagéralion de l'état normal, le muscle triangulaire, comme je l'ai déjà établi plus haut, n'étant constitué que par l'accolement d'un nombre variable de faisceaux distincts. Anatomie comparée. — Chez le chat, qui possède un triangu- laire autrement développé que celui de l'homme, ce muscle n'est également qu'une série de plusieurs corps musculaires dont chacun naît sur le sternum. dans l'intervalle de deux côtes, et dont les fibres se portent obliquement en dehors et en arrière pour se fixer au cartilage costal qui précède. La 1" pièce du sternum n'en produit pas, la 1° côte en est aussi dépourvue. Les fibres qui se détachent de la 7° pièce sternale se réunissent à celles qui viennent de la 6°, pour s’insérer au 6° cartilage ; 19 02 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. celles qui naissent sur la 8° pièce du sternum qui est fort longue, se rendent au 7° et au 8° cartilage. Les fibres enfin qui prennent leurs attaches sur la lige de l'appendice xiphoïde viennent se terminer sur la partie inférieure des carlilages des S° et 9° côtes. (Strauss-Durckeim }) $ HIT. — Dipitation ne s'étendant pas jusqu'au sternum. — On peut rencontrer quelques digitations qui, prenant naissance sur les cartilages costaux ou les côles, aux points précis où s'insère le triangulaire à l’état normal, s'arrêtent dans leur trajet vers le sternum et s’attachent de nouveau à une côte; c'est ainsi que Tarin a trouvé un faisceau allant de la 4" à la 2° côte, et Camper un faisceau analogue mais plus long, prenant nais- sance sur la seconde côte et venant s'attacher à la 4° après avoir franchi la 3°. Ces faisceaux représentent assez bien un supra-costal transporté de la surface extérieure du thorax sur la surface interne des côtes. Je ne trouve pas une interprétation plus rationnelle que celle que j'ai donnée ci-dessus : ce sont des digitations avortées du triangulaire qui n'ont pu atteindre le sternum (point d'insertion théorique) et se sont attachées aux côtes {point d'insertion secondaire). $ IV. — Insertion à la clavicule. — Theile signale, à propos des anomalies du triangulaire, un fait de Weber, relatif à un muscle aplati et demi-circulaire placé entre l'extrémité interne de la clavicule et la face postérieure de la poignée du sternum ; ce nest à qu'une variété du muscle sterno-claviculaire, que nous avons déjà étudiée à propos des muscles claviculaires surnuméraires. (Voy. ce muscle, chap. [, p. 55.) $ V.— Union avec le transverse de l'abdomen. Cette disposition est {oute naturelle, ces deux muscles n'étant que les deux portions thoracique et abdominale d’un même système, mais elle s'observe assez fréquemment pour qu'on soit autorisé à la considérer comme normale, « [nférieurement, dit Theile, le MUSCLE TRIANGULAIRE DU STERNUM. 203 triangulaire du sternum fait toujours corps avec le transverse du bas-ventre. » Albinus regarde le triangulaire et le trans- verse comme la continuation l'un de l'autre; pour Meckel, le premier n'est que la continuation du second. Rosenmuller va plus loin et, les unifiant d’une façon complète, il n'admet qu'un seul muscle qu'il décrit sous le nom de sterno-abdominal. Anatomie comparée. — Strauss-Durckeim a parfaitement noté, lui aussi, chez le chat, celte continuité du triangulaire du sternum et du transverse (latitudinal de l’auteur) de l'abdomen. Bibliographie des muscles des côtes : VERHEYEN. Anatomie, 1795, p. 495, et 2° édit., 1710. PETSCHE. Syllogis. muscul. Obserc. Anat. Select. (in Haller's Disput. Anat. Select., vol. 6, Gôttingen). TARIN. Myographia, 1753, p. 32. ALBINUS. istor. muscul., p. 401. Douaras. Myographia comparata, 1707, traduct. latine publiée à .Leyde en 1729;.p: 82. ROSENMULLER. De nonnull. muscul. corp. humani variet., Leipzig, 1804, p. 9. KELCH. Beitræge zur pathol. Anat., p. 41. WEBER. Handbuch der Anatomie, 1839, t. I, p. 560. ScHŒMAKER. Hollandsch Archief, Bd IX, p. 196. MEISSNER. Jahresberichte, 1856, p. 440. CaAMPER. Verandl. over Kankerwording, Tab. XII. PORTAL. Anatomie, p. 138. HENLE. Handbuch der Muskellehre, zweite Aufläge, 1871. MACaALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. STRAUSS DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II. BERAUD, cité par Ledouble, Dict. encycl., art. Sous-Costaux. THEILE. Encycl. anat., trad. Jourdan, t. IT. DEUXIÈME PARTIE ANOMALIES DES MUSCLES DU COU ET DE LA NUQUE CHAPITRE PREMIER Région latérale du cou. Cette région nous présente, à l’état normal, quatre muscles importants : le peaucier, situé immédiatement sous la peau, dans un dédoublement du fascia superficialis; le sterno-cléido- mastoïdien, obliquement étendu du sternum et de la clavicule à l’apophyse mastoïde; les deux scalènes enfin, qui des deux premières côtes s'élèvent sur la colonne cervicale, pour s'atta- cher, l’un sur les tubercules antérieurs des apophyses trans- verses (scal. antérieur), l'autre sur les tubercules postérieurs de ces mêmes apophyses (scal. postérieur). On peut voir sur quelques sujets la portion claviculaire du slerno-cléido-mastoïdien s'arrêter soit à l’atlas, soit à l’axis, constituant aussi deux variétés qui ont élé désignées par Gruber sous les noms bien significatifs de muscle cléido-atloïdien et de muscle cléido-axoïdien. Enfin on rencontre parfois, dans les régions des scalènes, des faisceaux fort variables qui, bien que se rattachant par leur nature à ces derniers muscles, en sont plus ou moins différen- ciés; nous les comprendrons, dans un article spécial, sous le nom générique de muscles scalènes surnuméraires. La région latérale du cou se trouve ainsi naturellement divisée en cinq articles distincts : 206 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME ARTICLE PREMIER VARIATIONS ANATOMIQUES DU MUSCLE PEAUCIER DU COU. $ I. — Anatomie humaine et comparée. — Situé dans la région antéro-latérale du cou, au-dessous de la peau et au- dessus du sterno-cléido-mastoïdien, le muscle peaucier s'étend de la partie supérieure du thorax au bord inférieur du maxil- laire. Il se détache, en bas, de la face profonde de la peau qui recouvre les régions sous-claviculaire et sus-acromiale ; en haut, il prend quelques points d'attache sur la portion osseuse du maxillaire et se continue, par le plus grand nombre de ses faisceaux, avec ceux des muscles de la face qui ont pour fonc- on d'abaisser la lèvre inférieure ; il n’est même pas rare de rencontrer un faisceau du muscle peaucier qui se porte isolément sur la commissure des lèvres. : Comme nous l'avons déjà fait remarquer, à propos du muscle peaucier de la nuque, le peaucier n'est, chez l'homme, qu'une reproduction bien faible du pannicule charnu de quelques mammifères, vaste lame musculaire entourant comme d'un manteau la nuque, la plus grande partie du cou et presque tout le tronc. C’est que chez ces animaux le pannicule charnu a un rôle important à remplir, en rapport avec les mouvements du tégument externe, tandis que chez l'homme il constitue un organe à peu près inutile : sans action sur la peau du thorax et du cou qui n'a nullement besoin d'être mobilisée, sans action aussi sur le maxillaire inférieur qui possède ses abaisseurs directs, ce muscle aurait sans doute disparu d'une façon com- plète du système musculaire de l’homme, si par quelques-uns de ses faisceaux, il ne présentait des connexions intimes avec les téguments de la lèvre inférieure et ne possédait ainsi quelque influence sur le jeu de la physionomie. La galvanisation de ce muscle, comme le rappelle fort justement Cruveilhier, démontre que le peaucier agit fortement sur la lèvre inférieure et est un des muscles qui concourent le plus «à l’expression des passions SR MUSCLE PEAUCIER DU COU. 207 tristes, de la colère, de leffroi, de la terreur, de la souf- france ».. | Voici ce qu'écrit, à propos du muscle peaucier, l’un des partisans les plus convaincus des théories évolulionnistes, le professeur Hæckel : «Nous avons encore sous la peau, en diverses régions, des muscles cutanés qui nous sont inutiles; ce sont les restes d’une couche de muscles cutanés, puissamment déve- loppés, que possédaient nos ancêtres mammifères inférieurs. Ce panniculus carnosus avait pour fonction de contracter, de rider la peau, comme le font encore aujourd'hui les chevaux quand ils veulent chasser les mouches. Nous possédons un reste de ce muscle apte encore à fonctionner : c’est le muscle frontal, qui nous permet de rider notre front et de relever nos paupières; mais 1| est un autre vestige considérable encore de ce même muscle, que nous ne pouvons plus contracter volontairement, c'est le muscle cutané du cou /platysma myoides). » Le muscle peaucier du cou n'est done, chez l'homme, qu'un organe en voie d’atrophie et de disparition graduelle, tout comme le pyramidal de l'abdomen qui est un muscle des Marsupiaux, le petit psoas qui est un muscle des animaux sauteurs et quelques autres encore. Si ces muscles inutiles ou à peu près inutiles existent encore chez l’homme, ce n'est que pour rappeler qu'ils font partie intégrante du plan général d'organisation des Vertébrés, et qu’on les trouvera dans quelques autres espèces inférieures avec une fonction plus importante et partant un développement plus complet. Ces dernières considérations nous expliquent déjà le plus grand nombre des anomalies du muscle peaucier, tout ce groupe des variations du muscle portant sur son volume, son étendue et le nombre de ses faisceaux constitutifs. Nous pouvons entre- voir d'ores et déjà que le peaucier du cou présentera des faisceaux surnuméraires el dépassera ainsi les limites de la description classique ; qu'il pourra au contraire perdre quelques- uns de ses faisceaux et subir des atténuations graduelles, pouvant aboutir à une disparition complète. 208 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ IT. — Variations anatomiques portant sur l'étendue et le nombre des faisceaux. — 2) Le peaucier du cou est constitué parfois par une lame musculaire rouge et épaisse, rappelant de tous points les muscles profonds. Macalister l’a vu, dans un cas où il était très volumineux, prendre des insertions à la fois sur la clavicule et sur le maxillaire. Le plus souvent ce muscle est très mince et présente des faisceaux d'une couleur très pâle; fréquemment ces faisceaux sont séparés par des interslices plus ou moins larges, et le peaucier, n’affectant plus la forme d’une nappe continue, semble constitué par une série de faisceaux distincts. B) — On a vu le muscle peaucier descendre sur le thorax jusqu’à la hauteur de la 4° côte (Sæmmering) et dépasser, tant en avant qu'en arrière, ses limites ordinaires. Mais il n'est pas rare de le voir également rester en decà des limites que lui assigne la description classique et se réduire considérablement. Enfin le muscle peaucier peut faire complètement défaut, soit d’un côté seulement, soit des deux côtés à la fois. 7) — Wood a rencontré un faisceau partant de l'aponévrose sus-sternale à la hauteur de la 3° côte; ces insertions sur le sternum ne sont pas très rares. Il n’en est pas de même des insertions claviculaires, que l’on ne rencontre que sur bien peu de sujets. Dans un cas, rapporté par Macalister, un faisceau sternal arrondi, uni à divers faisceaux aponévrotiques sus-acro- miaux et à un large faisceau parti directement de la clavicule, constituait le peaucier du cou. 2) — On à vu le peaucier du cou : 4° s'unir avec le grand zygomatique (Macalister), le petit zygomatique, l'orbiculaire des paupières, l’auriculaire antérieur (Henle), l'occipital trans- verse (transversus nuchæ de Schultze); 2° se terminer, par quelques-uns de ses faisceaux, sur le cartilage thyroïde, sur l’arcade zygomatique (Turner), sur la conque de l'oreille (Fal- lope), sur le lobule et la partie la plus inférieure de la conque (Albinus, Barkow), sur l’apophyse mastoïde, sur l'occipital (Zagorski). :) — Les deux peauciers s’entre-croisent le plus souvent sur Did otre s | nl it. MUSCLE PEAUCIER DU COU. 209 la ligne médiane, à partir du premier ou du deuxième centi- mètre au-dessus de la symphise mentonnière. Cet entre-croise- ment peut faire défaut, comme aussi il peut commencer beaucoup plus bas; mème dans la région sous-hyoïdienne, on peut voir les muscles peauciers envoyer vers la ligne médiane des faisceaux plus ou moins considérables, pour s'y entre-croiser avec des faisceaux analogues venus du côté opposé. Macalister parle de l'union des deux peauciers sur la ligne médiane; je ne sais au juste ce qu'il faut entendre par ce mot «union» employé par l'anatomiste anglais : mais je présume qu'il s’agit de faisceaux d’entre-croisement, analogues à ceux que je viens de signaler. $ LIT. — Muscles peauciers constitués par deux couches. — On ne décrit généralement au muscle peaucier que des fais- ceaux verticaux ou légèrement obliques qui s'élèvent parallèle- ment du thorax vers la face. Dans deux observations récentes, M. Froriep (Arch. f. Anat. und Phys., 1877) a vu ces faisceaux, que j'appellerai classiques, croisés par des faisceaux plus super- ficiels qui, prenant naissance sur les régions parotidienne et mastoïdienne, ainsi que sur la face externe du sterno-cléido- mastoïdien, convergeaient vers la symphise du menton et le bord inférieur du maxillaire. Il existait en réalité, dans ces deux cas, deux couches musculaires, distinctes à la fois l'une de l’autre, et par leur situation, et par leur direction: la couche profonde {couche normale) était constituée par des faisceaux verticaux; la couche superficielle {couche surnuméraire) ne comprenait que des faisceaux à direction transversale. Avant Froriep, Henle [Muskellehre) avait signalé ces fais- ceaux transversaux et Wood avait décrit, dans les Proceedings de 1867, un muscle qui prenait naissance sur l'apophyse mas- toïde et sur l'aponévrose parotidienne, se portait transversale- ment en avant et en bas, en croisant superticiellement le peau- cier et finalement se fusionnait sur la ligne médiane, au-dessous du maxillaire, avec un muscle analogue du côté opposé. Anatomie comparée. — Déjà, à l’état normal, cette couche 14 210 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CIHEZ L'HOMME transversale du muscle peaucier a son représentant dans le petit muscle décrit en 1739 par Santorini et connu sous le nom de ÆRisorius; notre anomalie perd ainsi de sa valeur, ne cons- tituant pas un muscle nouveau, mais bien l'exagéralion d'un muscle existant normalement. Au reste, l'anatomie comparée confirme entièrement une pareille interprétation : Froriep, qui a recherché avec beaucoup de soin ces homologies chez le chat et chez le chien, décrit ainsi le peaucier dans ces deux espèces: «Le chien et le chat possèdent au cou un muscle peaucier à deux couches: la couche profonde longitudinale (Musc. subeulaneus coli internus de Gurtl) prend naissance dans la région de la nuque et de l'épaule; se dirigeant en haut et en avant, elle passe au-dessous de l'oreille et, arrivée à la commissure buccale, elle se perd à la fois dans la lèvre supérieure et dans la lèvre inférieure : sur elle repose la couche transversale ou circulaire {Musc. subcuta- neus colli externus de Gurtl); plus faible que le précédent, ce muscle transversal naît de la peau qui avoisine le ligament cervical; il se porte de là obliquement en avant et en dedans, superficiellement aux faisceaux de la couche longitudinale et se termine, en partie dans la peau du côté correspondant, en partie dans la peau du côté opposé. » Certains auteurs estiment que le muscle transverse du men- ton pourrait bien n'être qu'une dépendance de cette couche transversale du muscle peaucier. Cette interprétation me paraît inadmissible, le muscle transverse différant de cette couche par sa situation profonde. Dans un cas que j'ai observé tout dernièrement et où ce muscle surnuméraire atteignait des pro- portions insolites, il était directement appliqué sur le maxillaire, s'insérait manifestement sur le bord inférieur de cet os et se trouvait recouvert en partie par les faisceaux internes du muscle peaucier, avec lequel il ne présentait que des rapports de contiguité. Je crois donc devoir séparer entièrement le trans- verse du menton, non seulement de la couche superficielle du peaucier, mais encore de sa couche profonde, et le considérer, avec Weber, comme un muscle absolument distinct. MUSCLE PEAUCIER DU COU. 211 $ IV. — Continuation des faisceaux internes du peaucier avec le muscle triangulaire du menton du côté opposé. — On connaît les rapports de continuité qui existent entre le muscle peaucier et le muscle carré des lèvres du même côté. Froriep le premier a noté, dans son mémoire précité, deux cas dans lesquels le peaucier, après avoir franchi la ligne médiane, se continuait avec le muscle triangulaire du côté opposé. C’est là une disposition vraiment anormale chez l'homme ; car l’entre- croisement des muscles peauciers n’est pas un fait constant, et alors même que l’entre-croisement existe, on voit générale- ment les faisceaux entre-croisés s'insérer sur la ligne oblique externe du maxillaire, juste au-dessous des insertions du trian- gulaire. Anatomie comparée. — Mais c'est aussi une disposition cons- tante chez quelques espèces animales, notamment chez les Cynocéphales et les Cercopithèques. Sur un cynocéphale que Froriep a disséqué, à ce point de vue spécial, le muscle peau- cier descendait sur le thorax jusqu’au niveau de la 5° côte et se croisait avec son homologue du côté opposé, dans les trois quarts supérieurs de la région cervicale. Au niveau de cet entre-croisement le muscle du côté droit était le plus superficiel des deux; les faisceaux de ce muscle qui franchissaient ainsi la ligne médiane se lerminaient dans les muscles du menton du côté opposé; le muscle gauche à son four envoyait au côté droit de la face des faisceaux musculaires qui se fusionnaient avec les muscles mentonniers de ce côté. Quant au cercopithèque qui a été également étudié par Froriep et que j'ai disséqué moi-même en 1880 et en 1881, il possède un peaucier qui a beaucoup d'analogie avec celui du cynocéphale. L'entre-croisement des faisceaux internes com- mence presque toujours au niveau du cartilage thyroïde et les faisceaux entre-croisés se continuent sans interruption aucune avec les muscles de la joue et de la commissure buccale du côlé opposé. 212 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Bibliographie : ZAGoRSKY. Mém. de l'Acad. imp. de Saint-Pétersbourg, t. 1, p. 357. GanTzER. Dissert. anat. Musculorum varietat. s'stem., p. 6. MACALISTER. Trans. of Roy. Irish. Academy, 1871. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 229 et 522. FLEISCHMANN. Erlangen Abhandlung, vol. I, p. 28. ALBINUS. Historia musculorum, p. 194. Barkow. Monstra duplicia, Lipsiæ, 1828, p. 10. RoLriNcius. Dissert. anat., Noribergiæ, 1856, p. 521. SANTORINI. Observ. anat., Cap. I, p. 6. HENLE. Muskellehre, 2° édit., 1871, p. 112 et 159. WEBER. Handbuch d. Anat., 1830, Bd II, p. 345. Frorier, Ueber den Hautmuskel des Halses und seine Besiehung zu den unteren Gesichtemuskeln (Arch. f. Ana. und Phys., 1877, p. 46). GurTz. Anat. Abbildungen d. Haussäugethiere, 1829, Taf. 21, p. 125. Burpacx. Beitrag sur vergl. Anat. der Affen (in Berichte von der Kgl. Anat. Anstalt su Kænigsberg, 1838, p. 5). Turner. Notes on the dissection of a negro (Journ. A and Phys., 1879, p. 382). Caurzinski. Revue d’Anthrop., t. III, p. 25. HœcCKkEL. Anthropogénie, p. 611. BARDELEBEN. Ueber die Innercirung des Platysma myoides (Siézungsb. d. Jenaischen Gesellsch. f. Med. u. Naturw., Jahrg. 1879). ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE STERNO-CLEIDO-MASTOIDIEN. Situé sur les parties antéro-latérales du cou, au-dessous du peaucier, dans un dédouklement de l'aponévrose cervicale superficielle, le muscle sterno-cléido-mastloïdien s'étend oblique- ment de la région slerno-claviculaire à l'apophyse mastoïde et à l’occipital. Il présente à son origine thoracique deux portions presque toujours nettement distinctes: la portion interne {chef sternal) se détache de la face antérieure du manubrium à l’aide d'un tendon conoïde qui ne tarde pas à disparaître au milieu des faisceaux charnus; la portion externe {chef claviculaire) s'insère sur le quart interne de la clavicule par de petites lames tendineuses, généralement fort courtes ; « à ces languettes tendineuses succèdent les fibres musculaires qui les entourent, en remplissant leurs intervalles. Le faisceau qu'elles constituent MUSCLE STERNO-CLÉIDO-MASTOIDIEN. 213 se porte presque verticalement en haut. Séparé à son point de départ du faisceau sternal par un espace angulaire, il le rencontre bientôt et s'engage alors obliquement sous sa face interne de manière à en être presque entièrement recouvert. Le sterno-cléido-mastoïdien constitué par ces deux faisceaux accolés, puis confondus au niveau de son tiers supérieur, se dirige en haut, en arrière et en dehors vers l’apophyse mas- toïde du temporal et la ligne courbe supérieure de l'occipital. Il se fixe à la première par un tendon aplali qui recouvre son bord antérieur et la moitié supérieure de sa face externe; et aux deux tiers externes de la seconde par une mince aponé- vrose longue de 15 à 20 millimètres. » (Sappey.) Cette disposition que nous sommes habitués à considérer comme normale, est sujette à des variations nombreuses : nous les étudierons sous les six chefs suivants : $ I. — Isolement complet des deux portions constitutives du muscle. — La fusion des faisceaux claviculaires et des fais- ceaux sternaux se fait à des hauteurs très variables. Tantôt elle devient complète à la partie moyenne du cou, tantôt on peut isoler la portion sternale jusqu'à 2 ou 3 centimètres de l’apo- physe mastoïde; dans bien des cas enfin, les deux portions ne sont unies que par une lame cellulo-graisseuse qui permet de les séparer, par une dissection facile, dans toute leur étendue. On trouve généralement le nerf spinal entre ces deux portions. J'ai observé sur bien des sujets cette dernière disposition; au reste elle doit se rencontrer très fréquemment puisque Albinus l’a considérée comme normale ; plus récemment Theile, adoptant les idées d'Albinus, a décrit sous le nom d'abaisseurs de la téte (nutalores capitis), deux muscles distincts : un sterno-mastoïdien et un cléido-mastoïdien. Des recherches toutes récentes ont conduit M. Farabeuf aux mêmes conclusions. Anatomie comparée. — Cette indépendance du cléido-mastoïdien et du sterno-mastoïdien constitue la règle chez la plupart des mammifères. Meckel l’a notée chez les Ruminants, les Solipèdes v» 214 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. et le plus grand nombre des Carnassiers; chez l'ornithorynque, l'aï, le castor, la marmotte, l'écureuil, elc. Dans son mémoire sur l'Aylobates leuciscus, le professeur Bischoff signale également cet isolement des deux muscles chez trois des singes anthropoïdes, le gibbon, le chimpanzé et l'orang ; chez le quatrième, le gorille, cette division n'existerait pas. Cette dernière assertion, relative au gorille et émise d’après Duvernoy, n'élait pas exacte, et dans un nouveau mémoire qu'il a consacré, en 1880, à l'anatomie du gorille, Bischoff fait remarquer que, contrairement à l'opinion de Duvernoy, le muscle sterno-cléido-mastoïdien, dans cette espèce, est « séparé dans toute sa longueur en une portion sternale et une portion claviculaire. » Gratiolet et Alix ont trouvé ces deux portions complètement indépendantes chez le Troglodytes Aubryi : «Le cléido-mastoï- dien, disent-ils, s'applique à la face profonde du sterno-mastoï- dien; mais en aucun point il ne se confond avec lui; il ne lui adhère pas. » $ IT. — Fusionnement complet des deux portions constitu- tives du muscle. — J'ai vu, cinq fois en deux ans, le cléido- mastoïdien et le slerno-mastoïdien se fusionner si intimement qu'il n'existait qu’un seul muscle s’insérant à la fois, et sans interruption aucune, sur le sternum, les ligaments sterno-clavi- culaires et la clavicule ; j'ai constamment observé cette dispo- sition sur des sujets fortement musclés; dans un cas, le muscle occupait la moilié interne de la clavicule et le triangle sus-cla- viculaire se trouvait ainsi fort réduit. Mac Whinnie et Macalister ont rapporté des faits de ce genre; mes propres recherches ne me permettent pas d'ac- cepter l'opinion de ce dernier anatomiste, qui considère cette anomalie comme rare. Anatomie comparée. — Cette union des deux faisceaux d'ori- gine du muscle sterno-cléido-mastoïdien s'observe, normale- ment, chez la taupe, d'après Meckel : « Le sterno-mastoïdien et le cléido-mastoïdien de la taupe, ditl, n’offriraient rien de MUSCLE STERNO-CLÉIDO-MASTOIDIEN. 215 particulier d'après Cuvier; cette proposition n'est pas exacte, car, 4° la taupe est de tous les animaux que je connais celui qui a le sterno-mastoïdien le plus fort et le plus large, et 2° Les deux muscles sont entièrement confondus puisque la clavicule ne fournit qu'une petite bandelette qui, après s'être détachée de son extrémilé antérieure, s’unit aussitôt au sterno-mastoïdien qui est incomparablement plus développé. » $ HT. — Variations des insertions sternales. — 4) Il n’est pas rare de voir les deux tendons sternaux se juxtaposer ou même s’entre-croiser sur la ligne médiane. On voit les deux muscles sterno-mastoïdiens s'entre-croiser dès la partie moyenne du cou chez la loutre (Cuvier et Laurillard). B) — J'ai vu, chez une négresse, ces mêmes tendons s'arrêter sur le bord supérieur du sternum et ne prendre aucune inser- tion sur la face antérieure de cet os; une pareille disposition s’observe chez la plupart des mammifères qui ont les pectoraux très développés et chez lesquels les faisceaux antérieurs de ces muscles recouvrent en totalité la face antérieure de la poignée du sternum. 7) — Le tendon de la portion sternale, après s'être fixé à l'os, envoie sur la face antérieure du thorax un faisceau sur- numéraire qui vient, suivant les cas, s'insérer soit sur les cartilages costaux, soit sur l'aponévrose du grand oblique. (Voy. F partie, chap. HE, Muscle surnuméraire présternal.) 0) — M. Ch. Richet a présenté à la Société anatomique, en 4873, un muscle sterno-cléido-mastoïdien dont la portion slernale était constituée par deux corps charnus, ayant chacun une insertion distincte sur le sternum; du reste la portion cla- viculaire élait normale et ne présentait d'autre particularité que d’être complètement distincte des portions sternales. Theile, Macalister et Wood avaient déjà signalé des faits de cette nature; j'ai rencontré moi-même deux fois cette double insertion du sterno-mastoïdien sur le sternum; dans les deux cas le tendon externe était très grêle. Celle disposition se rencontre normalement chez quelques 216 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. espèces animales : chez l'Ursus americanus, j'ai vu le sterno- mastoïdien constitué par deux corps charnus distincts dans la plus grande partie de leur étendue. Meckel signale encore une double insertion sternale chez le dauphin, l'hyène, le blaireau, l'ichnemon. ) — Macalister a vu, mais une fois seulement, le chef sternal faire défaut. $ IV. — Variations des insertions claviculaires (Muscle cléido-occipital de Wood). — Ces insertions peuvent s'étendre plus ou moins loin de l'extrémité interne de la clavicule; les languettes tendineuses d'origine peuvent varier en longueur de quelques millimètres à 3 centimètres; dans un cas, j'ai vu le cléido-mastoïdien prendre insertion sur la clavicule au moyen d'un tendon large, quadrilatère, qui mesurait 2 cent. 4/2 de largeur sur 3 centimètres de hauteur. Mais la disposition anormale la plus importante est la pré- sence d'un muscle surnuméraire plus ou moins distinct du cléido-mastoïdien qui, partant de la clavicule, vient se fixer à la ligne courbe de l'occipital, en arrière de ce dernier. Wood a donné à ce faisceau, en raison de ses points d'attache, le nom de muscle cléido-occipital; nous lui conserverons cette dénomi- nation, qui à tout au moins l'avantage de préciser nettement son origine et sa terminaison. a) — Historique. — Signalé par Sæmmering et par Kelch, il a été décrit par Meckel à la fois chez l'homme et chez les animaux. Theile le mentionne de nouveau dans son traité de myologie; Mac Whinnie, Hallet, Wagner, Gruber, en rappor- tent de nombreux exemples; Flower et Murie le rencontrent en 1867 et le décrivent en 1869, chez une femme boschi- mane; enfin Wood, réunissant aux observations antérieures ses propres recherches, écrit sur ce muscle et sur ses homologies dans la série animale, un intéressant article qu'on pourra lire dans les Transactions de 1869. Depuis le travail de Wood, de nouveaux cas de cléido-occipital ont été signalés par plusieurs anatomistes, notamment par Messenger Bradley en 1872, par MUSCLE CLÉIDO-OCCIPITAL. 217 John Curnow en 187%, par Bardeleben en 1880, par Wal- sham en 1881. B) — Description du muscle cléido-occipital, — Le muscle cléido- occipital se présente généralement sous la forme d'un ruban musculaire situé en arrière du sterno-cléido-mastoïdien, dont il est séparé le plus souvent par un interstice cellulaire, mais avec lequel il peut aussi se confondre dans une certaine étendue. Il se détache de la face supérieure ou du bord postérieur de la clavicule et vient se fixer, par son autre extrémité, sur la ligne occipitale supérieure entre le sterno-cléido-mastoïdien et le trapèze; il n'est pas rare de le voir se confondre à ce niveau avec ce dernier muscle. Sa largeur est fort variable : je l’ai vu le plus souvent osciller entre 8et 15 millimètres; mais elle peut n'avoir que # milli- mètres, comme aussi elle peut dépasser 2 centimètres. J'ai vu dans un cas, le muscle cléido-occipital occuper presque toute l'étendue du triangle sus-claviculaire. Quant à sa constitution, le muscle cléido-occipital est géné- ralement charnu dans toute son étendue, ses insertions occipi- tales et claviculaires se faisant le plus souvent à l'aide de fibres tendineuses excessivement courtes. Dans un cas cependant où ce muscle était fort réduit comme volume, je l'ai vu s'implanter sur la clavicule par l'intermédiaire d’un tendon cylindrique qui mesurait 38 millimètres de longueur. J'ai vu, dans un autre cas, le cléido-occipital naître de l'extré- mité interne de la clavicule et se porter en haut et en dehors sous la forme d'un mince filament qui eroisait superficiellement le cléido-mastoïdien et venait finalement s'attacher à l’occipital, en arrièré du sterno-occipilal. M. Chudzinski a observé un fait analogue sur un nègre. M. Walsham a rencontré l'année der- nière, dans les salles de dissection de S'-Bartholomew's hospital, un cléido-occipital qui se détachait du crâne comme à l'ordmaire et se divisait, à deux pouces au-dessous, en deux portions distinctes : la portion antérieure s'insérait à la partie moyenne _de la clavicule, à un pouce en arrière du cléido-mastoïdien ; la portion postérieure croisait verticalement le triangle sus-clavi- 218 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. culaire, rejoignait la clavicule au niveau du bord antérieur du trapèze et s'y fixait. 7) — Fréquence du cléido-occipitäl. — Sur 102 sujets (68 hom- mes et 34 femmes) qu'il a examinés à cet égard, Wood a observé 37 fois ce muscle : 27 fois sur l'homme et 10 fois sur la femme. L'anomalie a été trouvée des deux côtés 34 fois: 3 fois seulement elle était unilatérale et, dans deux de ces der- niers cas, le muscle cléido-occipilal absent d'un côté, y était remplacé par un cléido-transversaire (Levator claviculæ). De son côté, le professeur Gruber a observé 2 fois sur 40 sujets le cléido-occipilal complètement distinct du sterno-cléido-mastoïdien et, avec une séparalion moins complète, À fois sur 3 sujets; d'autre part, il a vu 7 fois sur 70 sujets ce même muscle pré- senter avec le trapèze des connexions plus ou moins étendues. Ces deux stalistiques, on le voit, sont assez concordantes et assignent au faisceau cléido-occipital une proportion de 33 pour 400. 0) — Anatomie comparée. — Le professeur Wood a parfaite- ment établi, dans l'article que j'ai signalé plus haut, les homologies du cléido-occipital dans la série des mammifères. Les zootomisles, qu'une pareille question pourrait intéresser, trouveront énoncées dans cet article les variations diverses que subit ce musle dans un grand nombre d'espèces De cette longue excursion sur le terrain de l'anatomie comparée, je ne veux ici retenir qu'un fait : c'est que, chez les animaux sans clavicule, le cléido-occipital se réunit aux faisceaux antérieurs du delloïde pour conslituer un long muscle qui s'étend sans interruption de l'apohyse mastoïde et de l’occipital à l'humérus et que l'on désigne sous les noms de céphalo-huméral, mastoïdo-huméral. Cette formation musculaire s'éloigne un peu de la disposition typique que présente son homologue chez l'homme; mais les deux formalions se rapprochent et même s'identifient chez les quadrumanes : c’est ainsi que chez le chimpanzé et l'orang il occupe la mème situation que chez l'homme, séparé, comme chez ce dernier, du muscle sterno-cléido-mastoïdien par un interstice cellulaire. Wood l'a observé encore, mais séparé MUSCLE STERNO-CLÉIDO-MASTOIDIEN. 219 seulement par un interslice fort mince chez le Macacus radiatus. En parcourant les planches de Cuvier et Laurillard, nous voyons que chez le callitriche (Simia sabæa) le cléido-occipital, entière- ment semblable à quelques-uns de ceux que j'ai observés chez l'homme, affecte la forme d’un ruban charnu, large et mince, de la même largeur que le cléido-mastoïdien en dehors duquel il est situé et vient s'attacher à la ligne occipitale, immédiate- ment en arrière du sterno-occipital (pl. XX). On observe chez l'ouistiti (Simia jacchus), une bande analogue (pl. LX VI). $ V. — Muscle sterno-cléido-mastoïdien double. — Dans les deux paragraphes précédents, nous avons vu le sternum donner naissance à deux muscles distincts et deux muscles également distincts partir de la clavicule. Réunissons sur un même sujet ces deux anomalies et nous aurons, par ce seul fait, un sterno-cléido-mastoïdien à quatre chefs ou mieux un double sterno-cléido-mastoïdien. Ces quatre chefs affectent, dans la plupart des cas, la disposition suivante : le chef sternal interne et le chef claviculaire interne constituent le muscle sterno-cléido-mastoïdien des descriptions classiques; le chef sternal externe, se portant en haut et en dehors, croise la face antérieure du cléido-mastoïdien et se réunit, à la partie moyenne du cou, au chef claviculaire externe qui n'est autre qu'un cléido-occipital. Ces deux derniers chefs constituent, en avant et en dehors du sterno-cléido-mastoïdien classique, un deuxième sterno-cléido-mastoïdien reproduisant assez bien la disposition du premier. Des faits de cette nature doivent être fort rares; j'en ai trouvé des cas mentionnés par Hallet, par Wood, par Curnow, et par Külliker. J'ai observé moi-même, en novem- bre 1881, un sterno-cléido-mastoïdien ayant quatre faisceaux d'origine sur le (horax, mais présentant, avec les faits précé- dents, une variante qui ne permet pas de lui accorder la même interprétation; en effet, il n'existait sur mon sujet qu'un seul chef sternal; il se dirigeait vers la têle et était renforcé, à 5 centimètres au-dessus de la fourchette, par un faisceau charnu 220 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. un peu moins volumineux qui se détachait de l'extrémité interne de la clavicule. En arrière de ces deux faisceaux, et complètement isolables dans toute leur étendue, se trouvaient un muscle cléido-mastoïdien et un muscle cléido-occipital. Cette disposition singulière a été dessinée et figurera dans mon atlas. Anatomie comparée. — La duplicité du muscle sterno-cléido- mastoïdien observée anormalement chez l'homme, rappelle assez bien des dispositions analogues, normales chez l’hyène, la genelte, le putois, le coati, la marmotte. Chez le maki vari, disséqué et figuré par Cuvier (pl. LXVII), il existe deux corps charnus naissant à côté l’un de l’autre sur le sternum, et deux corps charnus naissant également à côté l’un de l’autre sur la clavicule. Ces quatre faisceaux d'origine se réunissent deux à deux dans un ordre absolument identique à celui que j'ai signalé chez l'homme et forment ainsi en réalité deux muscles slerno-cléido-mastoïdiens. L'homologie entre la disposition anor- male de l'homme et la disposition ordinaire chez le maki ne saurait être plus frappante. $ VI. — Ensertion à l'angle du maxillaire. — Cette inser- lion est constiluée par un faisceau qui se détache du bord interne du sterno-mastoïdien pour venir s'attacher à l'angle du maxil- laire ; elle a été observée par Brugnone, Theile, Macalister. Meckel (Manuel d'Anatomie, 1825, p. 136) déclare que cette anomalie est loin d'être rare. Analomie comparée. — Une disposilion analogue nous est offerte par le cheval où le sterno-mastoïdien de l'homme et des autres mammifères s’arrèle tout entier « à la portion refoulée du bord postérieur du maxillaire » et s'y attache (Muscle sterno- maæillaire des hippotomistes). $ VIT. — Autres faisceaux aberrants du sterno-cléido- mastoïdien, Macalister signale, entre autre faisceaux aber- rants du sterno-cléido-mastloïdien : 4° un faisceau s'attachant au-devant de l’apophyse mastoïde ; 2° un faisceau s’insérant sur le pavillon; 3° un faisceau se portant sur le ligament stylo- ”. ls CS “ « MUSCLE STERNO-CLÉIDO-MASTOIDIEN. 291 maxillaire. Ce dernier faisceau n'est vraisemblablement qu'une variante du faisceau sterno-maxillaire que nous venons d'étudier dans le paragraphe précédent. M. Chudzinski a rencontré, chez un nègre, un tout petit muscle mastoïdo-parotidien mesurant à peine 2 millimètres de largeur. Il naissait en haut sur le bord antérieur de l’apophyse mastoide par un tendon distinct de celui du sterno-cléido- mastoïdien ; puis il se portait vers l'angle du maxillaire. Avant de l’atteindre, les fibres charnues étaient remplacées par un mince tendon dont les fibres nacrées se disposaient en éventail et se perdaient dans la cloison aponévrotique inférieure de la loge parotidienne. Ce petit muscle n'est-il qu’un faisceau avorté du sterno-mastoïdien ou bien faut-il le considérer comme un faisceau anormal du peaucier du cou? Nous savons que Zagorski a vu les fibres externes du peaucier se porter jusque sur l’apophyse mastoïde. Il me paraît diflicile, avec les seuls éléments que nous fournit la description de M. Chudzinski, de résoudre la question dans un sens ou dans l’autre. $ VIII. — Union du sterno-eléido-mastoïdien avec quelques muscles voisins. — Macalister a signalé l'union de quelques faisceaux du sterno-cléido-mastoïdien avec l’omo-hyoïdien et le sterno-hyoïdien. Il n’est pas rare d'observer encore une union plus ou moins étendue du sterno-cléido-mastoïdien avec le trapèze. Nous avons déjà décrit cette dernière anomalie à propos du muscle trapèze; nous ne saurions y revenir ici sans tomber dans des redites. (Voy. chap. I, art. II, p. 93.) $ IX. — Entersections aponévrotiques sur le trajet du muscle sterno-cléido-mastoïdien. — Ces intersections siègent généralement dans le voisinage de l'insertion inférieure; elles peuvent être complètes, c’est-à-dire occuper toute l'épais- seur du muscle, ou n'intéresser qu'un certain nombre de faisceaux. J'en ai observé un cas très net sur un nègre : Le chef sternal du muscle présentait des deux côtés, et à 3 centi- mètres au-dessus de la fourchette sternale, une intersection très 222 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. marquée, se portant transversalement d'un bord à l'autre du muscle et en occupant presque toute l'épaisseur; elle se trouvait cependant interrompue en arrière par des faisceaux charnus qui se portaient directement, sans être coupés par elle, du sternum à l’apophyse mastoïde. Le mème sujet présentait des intersections analogues sur les sterno-hyoïdiens et les sterno-thyroïdiens. Les intersections aponévroliques observées sur le sterno- cléido-mastoïdien et les muscles sous-hyoïdiens ne sauraient avoir une autre signification que les intersections du grand droit de l'abdomen; elles représentent les coupures transver- sales du corps humain, et doivent être considérées, à ce titre, comme des vestiges des côtes cervicales. On a rencontré, mais dans des cas fort rares, la présence d'un os sésamoïde dans l'épaisseur du tendon d'origine du sterno-mastoïdien. Ollo regarde comme tels les os que Breschet a décrits sous le nom d’'ossa suprasternalia s. episternalia, qu'on rencontre quelquefois en nombre double, au-dessus de l'échan- crure claviculaire de la partie supérieure du sternum, et qui, suivant ce dernier, seraient des rudiments antérieurs des côtes pour la 7° vertèbre cervicale. $ X. — Constitution théorique du sterno-cléido-mastoïdien basée sur ses variations anormales chez l’homme et sur sa disposition normale chez quelques mammifères. — Nous avons déjà vu Albinus et Theile dédoubler le muscle sterno- cléido-mastoïdien et décrire séparément un muscle sterno- mastoïdien et un muscle cléido-mastoïdien. Cette manière de voir est entièrement conforme aux faits d'observation : elle a été adoptée par un grand nombre d'anatomistes et aussi par quelques chirurgiens, qui tirent d'une pareille disposition, des conséquences importantes au point de vue de la ténotomie dans les cas de contracture persistante du groupe sterno- cléido-mastoïdien. Mais celte subdivision du muscle en deux faisceaux distincts est encore incomplète; nous devons la poursuivre plus loin etadmettre K. MUSCLE STERNO-CLÉIDO-MASTOIDIEN . 223 dans la constitution de ce groupe complexe sterno-cléido-mas- toïdien quatre éléments ou si l’on veut quatre portions : 4° Une portion sterno-masloïdienne naissant du manubrium et se portant en haut et en dehors pour s'attacher à la face externe de l’apophyse mastoïde et à la partie de l'os temporal qui continue celte apophyse; 2° Une portion sterno-occipitale généralement très faible, s’insérant sur le sternum en dehors de la précédente, croisant superficiellement la 3° portion et venant aboutir à la ligne occipitale supérieure ; 3° Une portion cléido-mastoïdienne partant du quart interne de la clavicule et gagnant le bord antérieur de l’apophyse mastoïde, en passant au-dessous de la première portion qu'elle croise en X ; | 4° Une portion cléido-occipitale se détachant de la clavicule, soit en avant, soit en dehors de la précédente et venant se terminer à la ligne occipitale. Telle est la description qu'a donnée M. Kraüse (Jahresb. f. An. u. Phys., 1876) du sterno-cléido-mastoïdien. Nous l’adop- tons pleinement, la croyant suffisamment justifiée, et par l’ana- tomie humaine et par l'anatomie comparée. L’élude des mammifères nous montre en effet ces quatre faisceaux à l’état d'isolement complet, et si ces mêmes faisceaux se soudent plus ou moins chez l'homme et masquent chez lui la disposition réelle du muscle, ils n’en existent pas moins dans le plus grand nombre des cas; du reste on les voit parfois reprendre leur forme simple et gagner respeclivement leur surface d'inser- tion, en restant, les uns par rapport aux autres, dans un état d'isolement complet ; témoin les faits cités plus baut de Wood, de Haller, de Curnow, de Külliker. Au total, le muscle sterno-cléido-mastoïdien devrait changer de nom et s'appeler désormais le muscle sterno-cléido-mastoïdo- occipital, dénomination qu'on trouvera assurément un peu barbare, mais à laquelle on pourra substituer, suivant la proposition de Kraüse, le nom, à la fois plus significatif et plus simple, de muscle quadrijumeau de la tête. 224 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Bibliographie : MEcKEL. De Duplicitate monstrosä, p. 40, et Manuel d'Anatomie, 1825 p. 135 de la trad. Jourdan. SŒMMERING. De Corp. hum. fabricà, p. 112. KELCH. Path. anat., p. 31. BRUGNONE, cité par Meckel in Man. d'Anat. HALLET. Edimb. Med. and surg. Journal, 1846, p. 6. THEILE. Myologie, p. 162. OrrTo. De rarioribus quibusdam sceleti humani cum animalium sceletr analogits, Breslau, 1830, p. 20. WaGNER. Heusinger’s Zeitschr., Bd III, p. 337. GruBERr. Vier Abhandlungen, S. 16, 17, 18. Cuvier et LAURILLARD. Atlas d'Anat. comparée, pl. 20, 66, 68. CHAUVEAU et ARLOING. Anatomie comparée, p. 210. FLOWER et MURIE. Journ. of Anat. and Phys., 1867, p. 197. KôLLIKER et FLESCH. Varietœæten Beobachtungen, etc., Vurzburg, 1879. Caupzinski. Rev. d’Anthrop., t. III, p. 406. FARABEUF. Progrès médical, 9 avril 1881. Woop.Proc.of Roy. Soc. of London, 1866,t. XV,p. 230 et 519,et 1867, t. XVI. Woop. Transact. of Roy. Soc. of London, 1869. BARDELEBEN. Jahresbericht f. Anat. u. Phys., 1871. == Jenaische Zeitschrift, 1881, p. 403. Ch. RIcHET. Soc. anat., 1873, p. 137. W. KraAusE. Die Musc. sterno-cleido-mastoïdeus, Med. Centr., 1876, n° 25. GRATIOLET et ALIX. Rech. sur l’anat. du Troglodytes Aubryi, 1866. Biscxorr. Beitræge zur anat. des Hylobates leuciscus, München, 1870. — Beitræge sur anat. des Gorilla, München, 1880. Curxow. Notes on some muscular irregularities (Journ. of Anat. a. Phys., 1874, p. 376). BraDLey. Notes of myological pecularities (Journ. of Anat. a. Phys., 1872, p. 420). KNoTT. Muscular anomalies (Journ. of Anat. a. Phys., t. XV, p. 140). WaALsHAaM. Anatomical variations (St-Bartholomew's Hospital Reports, 1881, vol. XVII, p. 64). ARTICLE III MUSCLES CLÉIDO-ATLOIDIEN ET CLÉIDO-AXOIDIEN (Cleido-ailanticus et cleido-epistrophicus de Gruber). J'ai longuement décrit à l’article cléido-omo-transversaire (Fe partie, chap. IT, art. 2), ces faisceaux surnuméraires qui, partant de la clavicule, en dehors du cléido-mastoïdien, venaient s'attacher, d'autre part, sur les apophyses transverses des | MUSCLES CLÉIDO-ATLOIDIEN ET CLÉIDO-AXOIDIEN. 225 premières vertèbres cervicales, le plus souvent sur celles de l'atlas (W. cléido-atloïdien) et de laxis (M. cléido-axoïdien). En étudiant d'une façon plus précise cette insertion supérieure, qui se fait tantôt sur les tubercules antérieurs, tantôt sur les tubercules postérieurs de ces apophyses, j'ai été amené à admeltre, parmi ces faisceaux cléido-trachéliens deux groupes distincts : des M. cléido-trachéliens antérieurs et des M. cléido- trachéliens postérieurs. Discutant enfin les homologies de ces muscles, j'ai établi que, contrairement à l'opinion de Gruber, les uns et les autres n'étaient nullement des muscles parti- culiers à l’homme, mais avaient leurs représentants dans la série des mammifères. | Si je reviens actuellement sur cette question, à propos du cléido-mastoïdien, c’est pour signaler, d’après un fait de Gruber, la possibilité pour la portion claviculaire de ce dernier muscle de s'attacher à l'apophyse transverse de l'axis (Jahresbücher de Gruber, t. XVII). Dans ce cas, observé en 1855, le groupe sterno-cléido-mastoïdien était constitué, comme à l’état normal, par deux portions distinctes : la portion sternale ne présentait aucune particularité; la portion claviculaire, conforme aux descriptions classiques par son insertion inférieure, son trajet et ses rapports, ne s'élevait pas jusqu'à l’apophyse mastoïde, mais.s’arrêlait à l’apophyse transverse de l’axis. À propos de cette observation, qui est peut-être unique dans la science, Gruber rappelle les dissections de R. Owen qui a vu, chez un orang-outang, la portion claviculaire du sterno- cléido-mastoïdien s’'insérer à l'apophyse transverse de l'axis. Nous ne sommes malheureusement pas certains que R. Owen n'ait pas pris pour la portion claviculaire du sterno-cléido-mas- toïdien, le cléido-trachélien qui est placé en arrière et que j'ai décrit chez le chimpanzé. Tout ce qu'on peut dire, c’est que l'insertion à l'axis de la portion claviculaire du sterno-cléido- mastoïdien n'est pas la règle chez l’orang; ce muscle, d'après Cuvier, Duvernoy, Bischoff, possèderait dans cette espèce, comme chez l’homme, un sterno-masloïdien et un cléido- mastoiïdien. 15 296 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Quoi qu'il en soit, l'insertion axoïdienne signalée dans l'observation de Gruber n’a rien que de très naturel : le cléido- mastoïdien, par son attache à l’apophyse mastoïde (apophyse transverse de la 2° vertèbre crânienne), est un muscle cléido- transversaire, et en s’arrêtant à une ou deux vertèbres au- dessous, il ne modifie que sa longueur, il ne change nullement sa nature. Bibliographie : GruBER. Musc. cleido-epistrophicus bei Existen: des Musc. cleido-mastoi- deus der Norm. (Arch. f. Anat. u. Phys., Reichert u. du Bois- Reymond, 1876, p. 739). GRUBER. Vorkommen des Musc. cleido-mastoïdeus als Musc. cleido-epi- strophicus (/bid., p. 759). GRuBER. Ein Musc.' cleido-atlanticus (/bid., p. 760). ARTICLE IV ANOMALIES DU MUSCLE SCALÈNE ANTÉRIEUR. Le muscle scalène antérieur se détache en haut, par quatre languettes tendineuses distinctes, des tubercules antérieurs des 3°, 4°, 5° et 6° vertèbres cervicales. Ces quatre faisceaux d'origine se fusionnent bientôt en un corps charnu unique qui vient se fixer, à l'aide d'un tendon arrondi, sur le tubercule de la face supérieure de la 1° côte. Aplati dans le sens transversal à son origine, dans le sens antéro-postérieur à son extrémité costale, ce muscle porte sur sa face antérieure le nerf phré- nique. Dans un cas décrit par Moser ce nerf traversait le muscle. $ I. — Variations des insertions du scalène antérieur. — On a vu le scalène antérieur s'attacher aux quatre dernières cervicales. M. Sappey considère ce mode d'insertion comme normal. On l’a vu remonter jusqu'à l’axis, et, dans un cas inverse, perdre son faisceau supérieur. Sur un sujet pourtant Lien musclé que j'ai disséqué en 1881, le scalène antérieur s'insérait sur les 6° et 5° cervicales, par des faisceaux volumi- MUSCLE SCALÈNE ANTÉRIEUR. 297 neux, et sur la #° par un faisceau excessivement grèle. Toutes ces dispositions se rencontrent dans les espèces animales. Quelques anatomistes ont observé sur les 3 ou # premières côles un muscle rubanné, suivant la direction du scalène anté- rieur et prenant naissance sur la première côte, au point précis où se termine ce dernier muscle. Bien que ce faisceau surnu- méraire ne se continue pas manifestement avec le scalène et qu'il n'y ait pas lieu de le considérer toujours comme une dépendance de ce dernier, je crois devoir le rappeler ici en raison de ses rapports intimes avec le scalène. Je l'ai déjà décrit et interprété dans la ["° partie de cet ouvrage, sous le nom de muscle supra-costal. (Voyez ce muscle, p. 68.) Nous devons placer ici le fait de Theiïle, qui a vu, des deux côtés du corps, un faisceau en grande partie tendineux se rendre du bord interne du muscle scalène antérieur au bord supérieur de la 2° côte, en passant par dessus la première. Ce fait ne rappelle-t-il pas ces faisceaux anastomotiques que j'ai déjà signalés, d’après les dissections de Wood et de Humphry, chez la panthère et le phoque, et qui, se détachant du scalène anté- rieur, franchissaient la première côte et venaient, au niveau de la seconde, renforcer le muscle supra-costal ? $ IE. — Absence du scalène antérieur. — Un fait de cette nalure a été rencontré par Macalister; déjà, en 1782, [senflamm avait observé, chez un bossu, l'absence non seulement du scalène antérieur, mais aussi du scalène postérieur. Il est inutile d'ajouter que dans ces deux cas la veine sous-clavière était directement en contact avec l'artère du même nom. Anatomie comparée. — Cette disposition s'observe normale- ment chez un grand nombre de mammifères, notamment chez l’'aï, le tatou, le fourmilier, le porc-épic, la marmotte, la sarique, ele. Le scalène antérieur fait également défaut dans la plupart des carnassiers, l'hyène, le chien, le chat, l'ours, le blaireau, etc. Bischoff n’a pas rencontré de scalène antérieur chez l'orang qu'il a disséqué ; d’autres analomistes cependant et moi-même 28 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. LS avons observé ce muscle chez cet anthropoïde, et je dois considérer le fait de Bischoff comme une variation individuelle. $ III. — Insertion du scalène antérieur à la clavicule. — «Je considère, dit Theile, comme duplication du muscle scalène antérieur, l’'anomalie suivante que j'ai rencontrée sur le côté droit d'un homme : des apophyses transverses de la 4° et de la 5° vertèbre cervicale naissait par des fibres charnues et tendineuses, un muscle qui se dirigeait en bas et en dehors, passait au-devant du ventre inférieur de l'omoplato-hyoïdien, et s’attachait, dans l'étendue d’un pouce, au milieu du bord supé- rieur de la clavicule, en dehors du sterno-cléido-mastoïdien. » A propos de deux faits analogues qu'il a observés lui-même, le professeur Gruber, adoptant les idées de Theile, considère ces faisceaux transverso-claviculaires comme des «scalènes qui se seraient égarés sur la clavicule ». Je ne partage nullement l'opinion de ces deux anatomistes : si les muscles doivent réellement être définis par leurs insertions, les deux scalènes, l’antérieur en particulier, sont des muscles costo- transversaires, et on ne saurait raisonnablement leur assimiler un faisceau musculaire qui vient s'attacher à la clavicule. Les faisceaux anormaux, observés par Theile et par Gruber, rentrent tout naturellement, comme je l'ai déjà établi, dans un autre chapitre (I partie, chap. IT, p. 97 et 104), dans le groupe des faisceaux cléido-transversaires. $ IV. — Division du muscle en faisceaux distincts. — Les faisceaux d'origine du scalène antérieur sont primitivement distincts, et l’on conçoit sans peine que cette séparation normale des faisceaux d'origine, descendant plus bas qu'à l'ordinaire, puisse donner au scalène antérieur l'apparence d'un muscle divisé en 2, 3 ou même # corps charnus. De pareilles disposi- tions sont sans importance. Quelques analomistes considèrent comme un faisceau surnuméraire du scalène antérieur le petit muscle que l'on rencontre quelquefois entre l'artère sous-clavière et le plexus MUSCLE SCALÈNE POSTÉRIEUR. 229 brachial et qui, partant de la 4'° côte, vient s'attacher à l’apophyse transverse de la 6° ou de la 7° vertèbre cervicale. Ce faisceau constitue pour nous un muscle propre, ayant son homologue chez quelques mammifères. Aussi lui réservons-nous un article à part. (Voyez article VI, A. scalènes surnuméraires.) Bibliographie : THEILE. Encyclop. anatom., t. III, p. 152. MacaLIsrER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. Moser. Meckel's Arch., vol. VII, p. 226. HENLE. Muskellehre, 3° édit., p. 114. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 490. GruBEr. Ein Musc. cleido-cervicalis imus (Jahresb. f. Anat. u. Phys., 1877). ARTICLE V ANOMALIES DU SCALÈNE POSTÉRIEUR. Tandis que les auteurs français ne décrivent, en arrière de l’artère sous-clavière et du plexus brachial, qu'un seul muscle scalène, le scalène postérieur, la plupart des anatomistes étrangers, Theile, Quain, Henle entre autres, en décrivent deux : l'un placé en avant /scalène moyen) s'atlachant à la 4e côte, l’autre placé en arrière (scalène postérieur) descendant jusqu'à la deuxième. Si ces deux faisceaux sont nettement séparés au niveau de leur insertion costale, si cette séparation se continue à la région cervicale, dans une certaine hauteur, il faut bien reconnaître qu’au niveau des apophyses transverses il est absolument impossible, dans la majorité des cas du moins, d'isoler bien distinctement deux corps musculaires. Je ne crois donc pas qu'il faille séparer, dans une description, ce que la nalure a si intimement uni, et, adoptant sur ce point la nomen- clature française, je n’admettrai qu'un seul muscle, et réunirai dans un même article toutes les variations anatomiques qui se rattachent soit au scalène moyen, soit au scalène postérieur. Le muscle scalène postérieur, naissant en bas par des fais- ceaux sur les deux premières côtes, vient se fixer en haut sur les tubercules postérieurs des apophyses transverses des 230 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 7 vertèbres cervicales. On ne peut formuler aucune règle rela- livement au volume respectif des deux faisceaux d'origine; le faisceau postérieur est tantôt plus volumineux, tantôt plus pelit que le faisceau antérieur. $ 1. — Variations des insertions vertébrales. — Elles sont peu importantes; elles se réduisent à un ou plusieurs faisceaux d'origine en moins. Ceux qui manquent le plus souvent sont le 4°, le 2 et le 3°. Anatomie comparée. — Les insertions vertébrales du scalène postérieur sont généralement moins étendues chez les animaux que chez l'homme : chez le Troglodytes Aubryi, Gratiolet et Alix l'ont vu s'attacher aux 2°, 3°, 4° et 5° vertèbres cervicales. Il s'insère chez le cheval aux 3 ou 4 dernières vertèbres cervicales seulement (Chauveau); chez le mouton, aux 5°, 6° et T°; chez le cochon, aux 3 dernières cervicales; chez les Makis, aux 4 premières vertèbres cervicales (Meckel). $ IL. -— Variations des insertions costales. — J'ai vu dans un cas le scalène postérieur descendre jusqu'à la 3° côteet sy fixer. Macalister, Theïle, Shepherd ont signalé des faits sem- blables. M. Bouchard mentionne des faisceaux du scalène postérieur s'étendant sur les # premières côtes. Anatomie comparée. — Dans la plupart des mammifères, le scalène postérieur prend sur le thorax des insertions plus éten- dues que celles que nous trouvons dans l'espèce humaine. Chez le cochon, le scalène postérieur s'insère aux 3° et 4° côtes; 1l descend jusqu'à la 5° côte chez le plus grand nombre des Ron- geurs, jusqu'à la 6° chez le daman, jusqu'à la 4° chez le coati et les Makis, jusqu'à la 5° chez le papion, jusqu'à la 6° chez l'atèle. Je l'ai vu moi-même occuper les # premières côtes chez la quenon, les # premières également chez le ral, les 7 pre- mières chez l'Ursus americanus. $ LT. — Division du musele en faisceaux distincts, — On rencontre quelquefois une séparation complète entre le faisceau ARE | és L MUSCLE SCATÈNE POSTÉRIEUR. 231 qui part de la première côte et celui qui prend naissance sur la seconde. La nomenclature allemande est alors justifiée ; il existe réellement dans ce cas deux muscles distincts : un scalène moyen el un scalène postérieur. Anatomie comparée. — Gelte disposition, qui est regarilée comme normale par quelques anatomistes, s’observe constam- ment dans un grand nombre d'espèces animales, notamment chez les Carnassiers, les Ruminants, les Solipèdes, les Singes (Meckel). Devis chez la civette, Milne-Ewards chez les Zndri- sinés, Maisonneuve chez la chauve-souris décrivent également un scalène moyen et un scalène postérieur. Strauss-Durckeim décrit même, chez le chat, au groupe mus- culaire qui représente le scalène postérieur de l'homme, sept divisions distinctes, désignées par lui sous les noms de 4%, 2, 3°, 4°, 5°, 6° et T° scalène. Nous trouvons assurément dans un de ces faisceaux le représentant du scalène latéral de Sœm- merinz, faisceau plus ou moins distinct du scalène postérieur, sur la face externe duquel il est situé et qui, naissant des apophyses transverses des vertèbres cervicales inférieures, vient s'attacher à la 2° côle. $ IV. — Union avec quelques muscles voisins. — à) J'ai déjà signalé, à propos des muscles surcostaux, la fusion du premier surcostal avec le scalène postérieur. É) — J'ai signalé également, à propos de l’angulaire, l’exis- tence possible d'un faisceau anastomotique entre ce dernier muscle et le scalène. 7) — Macalister a vu ce muscle contracter des rapports intimes avec le muscle transversaire cervical, à l’aide de ses faisceaux d'origine transversaires. 9) — On a observé enfin (Wood, Theile) des faisceaux anas- tomotiques allant du scalène antérieur au scalène postérieur, et vice versä du scalène postérieur au scalène antérieur. $ V. — Scalène postérieur traversé par des nerfs. — Dans les condilions anatomiques normales, les branches nerveuses 232 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. dont l’ensemble constitue le plexus brachial sont appliquées sur la face antérieure ou interne du scalène postérieur. Macalister signale un cas où quelques branches de ce plexus perforaient le muscle; le scalène postérieur entrait ainsi dans la classe des muscles perforés, à côté du sterno-cléulo-mastoïdien et du coraco-brachial. J'ai observé, en février 1881, une disposition analogue chez un cercopithèque du Sénégal : chez cet animal, le scalène posté- rieur descendait jusqu'à la 4° côte, en prenant successivement des points d'attache sur la face externe des 41r°, 2°, 3, et 4° côtes; il s'entre-croisait là et semblait se confondre (il y avait cependant un interstice) avec le faisceau le plus élevé du muscle grand droit de l'abdomen. Le nerf du grand dentelé, prove- nant du plexus brachial, entre les deux scalènes, perforait d'avant en arrière le scalène postérieur et venait ensuite se perdre dans le grand dentelé, ou du moins dans sa partie inférieure, car sur les faisceaux supérieurs fusionnés avec ceux de l'angulaire, j'ai trouvé trois filets nerveux émanant du plexus cervical profond. Bibliographie : THEILE. Encycl. anat., t. III, p. 153. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. Woop, Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 522, et t. XVI, p. 490. BELLAMY. J. of Anat. a. Phys., t. IX, D. 186. Devis. The myology of Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys., 1868, p. 210). BoucHaARD. Art. Scalènes du Dict. encyclop., 3° série, t. VII, p. 192. SHEPHERD. J. of Anat. a. Phys., t. XV, p. 294. GRATIOLET et ALIX. Rech. sur l'anat. du Troglodytes Aubryi, 1866. MAISONNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878. STRAUSS-DURCKEIM. Anat. du chat, t. II, p. 270, ARTICLE VI MUSCLES SCALÈNES SURNUMÉRAIRES. $ I. — Scalène latéral, — Décrit par Albinus et observé après lui par d’autres analomistes, notamment par Sœmme- ring et par Meckel, le scalène latéral n'est qu'un faisceau plus 4 Ë &: 4 4 È TE _ 46 | MUSCLES SCALÈNES SURNUMÉRAIRES. 233 ou moins distinct du scalène postérieur sur la face externe duquel il est situé. (Voyez ce muscle.) $ I. _—_ Scalène intermédiaire (Testut) ou petit scalène (scalenus minimus d'Albinus et de Sæœmmering). — Entre les deux scalènes s'étend un espace triangulaire à base inférieure occupé par l'artère sous-clavière et par les branches d'origine du plexus brachial. Ces dernières, placées en arrière de l'artère, ne sont séparées de ce vaisseau, dans la grande majorité des cas, chez l'homme, que par un lissu cellulaire plus ou moins surchargé de graisse. 1° Chez le Troglodytes Aubryi, il existe un faisceau surnu- méraire qui, partant de l'apophyse costale /tubercule antérieur) de la 6° vertèbre cervicale, vient se porter obliquement sur la première côte; ce petit muscle, auquel je donne le nom de muscle intermédiaire, divise le triangle précité en deux régions distinctes : la première, placée immédiatement en arrière du scalène antérieur, loge l'artère sous-clavière; l'autre, située en avant du scalène postérieur, est occupée par le plexus brachial. Le paquet nerveux se trouve ainsi séparé de l'artère par le muscle scalène intermédiaire. Ce muscle intermédiaire serait, d'après M. Alix, commun à tous les singes. Il en a constaté l'existence chez le gorille, chez l'orang, chez le gibbon, chez le papion. Je l'ai observé moi-même, chez le Troglodyles niger, sous la forme d'un faisceau aplati qui partait de lapophyse costale de la 7° cervicale et venait se fixer sur la 4"° côte, un peu en avant du point d'attache du scalène postérieur; en arrière de ce faisceau passaient les branches cervicales du plexus brachial ; en avant se trouvaient l'artère et le rameau nerveux que la première paire dorsale envoie au plexus. 2° M. Alix fait du muscle scalène intermédiaire un muscle caractéristique des espèces simiennes, et il a raison; l'homme, à l'état normal, ne le possède pas; mais ici, comme pour bien d'autres organes, l'anatomie anormale vient combler les dis- tances qui séparent l'homme des singes : le muscle intermé- 234 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. diaire réapparaît en effet, de temps à autre, dans l'espèce humaine. Je l'ai observé pour ma part chez un sujet placé bien bas dans l'échelle ethnologique, chez un Boschiman. L'anomalie n'existait que du côté droit : le muscle intermédiaire était constitué par un faisceau aplati, large de 6 millimètres, épais de 3, qui, partant du bord concave de la 1" côte, venait se fixer par des tendons distincts sur les tubercules antérieurs des 6° et 7° cervicales. Ce petit muscle reposait exactement, par sa face postérieure, sur le cul-de-sac supérieur de la plèvre ; en avant de lui se trouvait l'artère axillaire, en arrière les cordons nerveux du plexus brachial. En-dedans de ses faisceaux d'origine transversaire se trouvait l'artère vertébrale, qui passait entre les apophyses transverses des 6° et 7° vertèbres cervicales pour gagner son Canal. Ce pelit muscle, on le voit, est la reproduction exacte du muscle scalène intermédiaire des singes anthropoïdes. C'est vraisemblablement à cette anomalie qu'il faut rattacher la disposition rencontrée deux fois par Henle, dans laquelle le scalène antérieur, se divisant en deux faisceaux, venait s’atla- cher à la fois en avant et en arrière de l'artère. $ IT. — Muscle pleuro-transversaire. — Je désigne sous ce nom un faisceau musculairé mentionné par M. Bouchard et par quelques autres anatomistes et qui, partant du cul-de-sac supérieur de la plèvre, va se fixer sur l'apophyse transverse de la T° cervicale. Ce faisceau n'est qu'une forme incomplète du précédent. $ IV. — Scalène accessoire de Macalister. — C'est un petit muscle, situé au-dessous du scalène moyen (portion antérieure de notre scalène postérieur), dont il est cependant séparé par une lame de tissu cellulaire et quelques branches du plexus brachial: ce faisceau musculaire se détachait, dans le cas observé par Macalister, du tubercule postérieur des apophyses transverses des #°, 5° et 6° vertèbres cervicales et venait se MUSCLES SCALÈNES SURNUMÉRAIRES. 235 fixer, par son extrémité inférieure, sur la 4° côte. Ce faisceau, isolé du scalène postérieur par des branches du plexus brachial, nous ramène à l’anomalie décrite dans le paragraphe V de l’article précédent. Ce n'est qu'une portion détachée du scalène postérieur, se comportant à l'égard de ce dernier muscle comme le muscle intermédiaire se comporte à l'égard du scalène anté- rieur : par ses insertions aux {ubercules postérieurs il appartient manifestement au système du scalène postérieur; aussi propo- serai-je, pour bien rappeler cette dernière particularité, d'ajouter un mot à la dénomination sous laquelle l'a désigné Macalister et de l'appeler scalène postérieur accessoire. $ V. — M. transversalis cervicis medius; musculus trans- versalis cervicis anterior. — Tôrnblom a décrit, sous ce titre (Medicinskt Archiv, Stockholm, 1865), un muscle situé entre Île scalène moyen et le scalène postérieur, prenant naissance sur les apophyses transverses des 2°, 3° et 4° vertèbres cervicales, et venant se terminer sur les apophyses transverses des 6° et T° vertèbres de la même région. M. Bouchard, d'accord avec Henle, décrit ce muscle comme «des faisceaux intertransver- saires dépendant des scalènes qui, au lieu de gagner les côtes, s'arrêtent aux apophyses transverses des 6° et 7° vertèbres cervicales. » Je considère pour ma part les faisceaux observés par l'anatomiste suédois comme de vrais intertransversaires qui au lieu de se fixer, suivant la règle, sur l’apophyse trans- verse voisine de celle qui lui a donné naissance, la franchit pour venir s'insérer plus loin, mais sur des éléments osseux similaires {longs intertransversaires). Nous aurons donc à revenir sur ces faisceaux aberrants, à propos des muscles intertrans- versaires CErviCAUx. Tôrnblom ajoute que le muscle transversalis cervicis est très développé chez le rat, le chien, le chat. C’est vraisemblablement l'homologue des faisceaux musculaires que Strauss-Durckeïm a décrit chez ces derniers animaux, sous les noms de 1°", 2° el 3° isocèles. Je rapprocherai du muscle décrit par Tôrnblom le trans- M'A rH] T'ON EDR PAT LIT A LA MES RS ERA, ni gas | (AS ES ER dl à 230 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME versalis anterior de Retzius, qui s'étend des apophyses trans- verses des 4°, 5° et 6° cervicales aux apophyses transverses des 3°, 2° et 1" vertèbres de la mème région (Forhandlinger ved der Skandinavisk Naturforsk, 1841, p. 767). Bibliographie : THEILE. Encycl. anat., t. II, p. 154. BoucHARD. Art. Scalènes, Dict. encycl., 3° série, p. 192. MACALISTER. Trans. of Roy. Irish. Acad., 1871. HEXLE. Muskellehre, 2e édit., p. 130. ALIX. Discussion sur le Transformisme (Bull. Soc. d'Anthr., 1869, p. 555). — Rech. sur l'anat. du Troglodytes Aubryi, 1866. TESTUT. Contribution à l'anatomie des races nègres; dissection d’un Boschiman (en préparation). RETZzius. Forhandlinger ved der Skandinavisk Naturforsk, 1841, p. 767. TôrNBLOM. Medicinskt Archiv, Stockholm, 1865. STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 293. CHAPITRE II Région sous-hyoïdienne. Située entre les deux muscles sterno-cléido-mastoïdiens, au- dessus de la fourchette sternale et au-dessous de l'os hyoïde, la région sous-hyoïdienne renferme, à l’état normal, quatre muscles; ce sont : le sterno-cléido-hyoïdien, le sterno-thyroïdien, le thyro-hyoidien et l'omo-hyoïdien. J'éludierai tout d'abord les variations morphologiques de ces muscles et décrirai ensuite, dans un article distinct, quelques faisceaux surnuméraires qui apparaissent de {emps à autre dans celte région chez l'homme. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE STERNO-CLÉIDO-HYOIDIEN. Le plus superficiel des muscles de celte région, le sterno- byoïdien est un ruban charnu de 15 à 25 millimètres de MUSCLE STERNO-CLÉIDO-HYOIDIEN. 237 largeur, s'insérant en bas tantôt sur l'extrémité interne de la clavicule, tantôt sur le sternum, le plus souvent sur l’un et l’autre de ces deux os, et venant s’attacher en haut sur le bord inférieur de l'os hyoïde, en dedans de l’omo-hyoïdien, en avant du thyro-hyoïdien. Contigus au niveau de leur extrémité supé- rieure, les deux muscles sterno-hyoïdiens s’écartent graduelle- ment l’un de l’autre en gagnant la région sterno-claviculaire, de façon à circonscrire entre eux un espace triangulaire à base inférieure et dont la largeur varie, on le conçoit, avec l'étendue des insertions slernales. $ I. — Variations des insertions inférieures. — Il résulte de mes propres observations que l'insertion inférieure de ce muscle se fait le plus souvent, par le plus grand nombre des faisceaux, sur l'extrémité interne de la clavicule et du ligament sterno-claviculaire postérieur, par quelques faisceaux seulement, sur le sternum ou même le premier cartilage costal. Mais on le voit, dans quelques cas, étendre ses insertlions sternales jusqu’à quelques millimètres seulement de la ligne médiane, comme aussi il peut se détacher uniquement de la clavicule : cette dernière disposition serait même assez commune pour que certains analomistes aient cru devoir substiluer au terme classique de sterno-hyoidien, la dénominalion plus exacte, selon eux, de cléido-hyoïdien. Mes propres recherches ne me permettent pas d'adopter une pareille opinion : j'ai presque toujours vu les faisceaux internes du muscle descendre jusqu'au sternum; je suis d'accord en cela avec les observations de Schwegl qui n’a observé le cléido- hyoïdien que trois fois sur 100 sujets (Sitzungsb. d. k. Akad. Vien., Bd XXXIV, p. 51). Quant au sterno-hyoïdien, c'est-à- dire à un muscle s'insérant exclusivement sur le sternum, il n'a été rencontré que très rarement. Les dénominations de cléido-hyoïdien et de sterno-hyoïdien appliquées, en anatomie normale, au muscle qui nous occupe, me paraissent donc également défectueuses et doivent être remplacées par le terme de s{erno-cléido-hyoïdien, rappelant la double insertion 238 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. claviculaire et sternale et convenant au plus grand nombre de cas. Les muscles sterno-hyoïdien et cléido-hyoïdien sont donc des anomalies : Kelch et après lui Relzius ont vu le cléido-hyoïdien prendre ses attaches jusque sur le tiers moyen de la clavicule. Macalister a vu le sterno-cléido-hyoïdien se détacher dans un cas du ligament sterno-claviculaire, et dans un autre s'insérer à la fois sur le même ligament et sur le premier cartilage costal. Analomie comparée. — Ces diverses insertions se rencontrent à l'état normal dans la série des vertébrés; c'est ainsi que nous voyons ce muscle se détacher : 4° Du sternum seulement {slerno-hyoïdien) chez le fourmilier (Meckel) et chez la plupart des Édentés (Cuvier), chez les Lému- riens (Milne-Edwards); 2° De la clavicule seulement fcléido-hyoïdien) chez les Chélo- niens (Meckel, t. VIT, p. 401); 3° Du premier cartilage costal /chondro ou costo-hyoïdien) chez le chien (Meckel) et chez le chat (Strauss-Durckeim). $ II. — Duplicité du muscle, — Sous ce titre, je distin- guerai deux ordres de faits : 4° Dans un premier groupe, on voit en dehors d'un sterno- cléido-hyoïdien normal ou un peu diminué de volume, un deuxième muscle aplati et rubanné, se détachant du tiers moyen de la clavicule et rejoignant, pour se confondre avec lui, le muscle normal. Du reste la réunion des deux muscles s'opère suivant deux modes différents : tantôt le faisceau surnuméraire, marchant obliquement en haut et en dedans à la rencontre du muscle normal, atteint ce dernier à la hauteur de son tiers supérieur et se confond graduellement avec lui; tantôt, suivant un trajet plus direct, il aborde le sterno-cléido-hyoïdien à la hauteur de son liers moyen, et se réunit à lui au niveau d'une intersection aponévrolique qui existe presque toujours dans ce cas. Dans l’un et l’autre de ces deux modes d'union, le muscle sterno-cléido-hyoïdien et son faisceau de renforcement circons- MUSCLE STERNO-CLÉIDO-HYOIDIEN. 239 crivent entre eux un espace triangulaire dont le sommet dirigé en haut est plus ou moins aigu. Bien que le faisceau accessoire puisse exister (j'en ai observé deux cas) sans troubler en rien la morphologie générale de l'omo-hyoïdien, il remplace parfois ce dernier muscle (j'en ai observé deux cas). Ce dernier fait nous démontre assez nettement que cette première forme du cléido-hyoïdien accessoire appartient tout autant à l'omo-hyoïdien qu'au sterno-cléido-hyoïdien. Une pareille assertion paraïtrait toute naturelle si le sterno-cléido- hyoïdien et l'omo-hyoïdien qui sont réunis en haut, n'étaient pas séparés en bas par un large triangle que remplit l'aponé- vrose cervicale moyenne, si l'un et l’autre n'étaient que deux faisceaux divergents d'un même système. C’est ce que nous démontrerons dans l’article [V de ce chapitre (voyez omo- hyoïdien) en établissant, à l’aide de l'anatomie comparée, que le sterno-cléido-hyoïdien et l’omo-hyoïdien sont l'un et l’autre les restes d'une lame musculaire unique qui, complète chez certains vertébrés, a perdu chez l'homme ses faisceaux moyens; dans ce cas, on le conçoit, le cléido-hyoïdien accessoire n'est qu'un retour, qu'une reproduction de ces faisceaux moyens atrophiés. 2° Dans un deuxième groupe de faits, je comprendrai les cas où le sterno-cléido-hyoïdien est réellement constitué par deux faisceaux parallèles, séparés l’un de l’autre non par un {riangle aponévrotique, mais bien par une ligne celluleuse plus ou moins marquée. J'ai rencontré deux fois, pour ma part, une pareille disposition. «) — Dans le premier cas (février 1882), j'ai observé du côlé droit du cou, en dehors du sterno-cléido-hyoïdien qui était normal, un petit ruban musculaire large de 1% millimètres, ayant la mème direction que ce dernier muscle; il s'insérait en bas sur le bord postérieur de la clavicule, à l'aide de fibres tendineuses excessivement courtes, en haut sar le bord inférieur de l'os hyoïde; un interstice celluleux le séparait du sterno- cléido-hyoïdien dans toute sa hauteur. G) — Dans le deuxième cas (avril 1881), le muscle surnu- méraire ressemblait au précédent quant à sa forme et à sa 240 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. situation; il était cependant un peu plus large et se subdivisait à la hauteur des premiers anneaux de la trachée, en deux faisceaux distincts : l'un se portait sur l'os hyoïde et se fusion- nait avec l’omo-hyoïdien et le sterno-cléido-hyoïdien; l’autre s'arrêlait au bord postérieur du cartilage thyroïde et s’y insérait, en se confondant en partie avec les fibres inférieures du cons- tricteur inférieur. Anatomie comparée. — Chez le Troglodytes Aubryi, disséqué par Graliolet et Alix, le sterno-cléido-hyoïdien présentait une intersection aponévrotique un peu au-dessous du cartilage cricoïde; la partie du muscle sous-jacent à cette intersection pouvait facilement se diviser en deux portions qui s'attachaient l’une et l’autre au sternum. Le sterno-hyoïdien de mon chimpanzé (Trogl. niger) élait constitué également par deux bandes musculaires un peu moins aplaties que le muscle sterno-cléido-hyoïdien de l'homme. Elles s'inséraient en bas, à côté l’une de l’autre, sur la face posté- rieure du sternum; elles se portaient ensuite en haut, restaient contiguës, quoique distinctes, jusqu'à 2 centimètres au-dessus de la fourchette sternale et s’écartaient ensuite l’une de l’autre pour gagner l'os hyoïde, au niveau duquel elles se trouvaient séparées par un espace de 12 millimètres. De ces deux fais- ceaux musculaires, l'interne s’attachait à l'os hyoïde, l’externe à la grande corne. Des cas de double sterno-cléido-hyoïdien sont signalés par Oribasius, par Sœmmering, par Gruber, par Schwegl, par Schmidtmüller. Dans le cas rapporté par ce dernier auteur, le cléido-hyoïdien surnuméraire remplaçait l'omo-hyoïdien absent. Dans un cas fort curieux observé sur un nègre où le muscle sterno-cléido-hyoïdien recevait un cléido-hyoïdien accessoire, M. Chudzinski a vu le premier muscle se transformer en aponé- vrose au-dessous du point de réunion des deux faisceaux. $ III. — Entersections aponévrotiques sur le trajet du muscle. — La présence d'une intersection à la réunion du tiers inférieur avec le tiers moyen est très fréquente. Elle | Lie Pol i /2 12 V1 TANT MUSCLE STERNO-CLÉIDO-HYOIDIEN. 241 coupe la lotalité ou une partie seulement des faisceaux consti- tutifs du muscle. Elle est transversale ou oblique, et dans ce dernier cas, elle est généralement, toujours peut-être, dirigée de dehors en dedans et de haut en bas. Macalister signale, mais comme se rencontrant très rarement, une deuxième intersec- tion au niveau du point où le sterno-thyroïdien se continue avec le thyro-hyoïdien. J'ai retrouvé ces intersections chez des sujets nègres ainsi que sur un chimpanzé. Elles sont signalées chez les Solipèdes par Meckel et par Chauveau. Je me suis étendu assez longue- ment sur leur signification en Anatomie générale, pour n'avoir pas besoin d'y revenir ici. $ IV. — Union du sterno-cléido-hyoïdien avec son sem- blable du côté opposé. — Cette union peut se faire de deux façons : 1° par un faisceau anastomotique se portant d’un muscle à l’autre ; 2° par la disparition, sur une longueur plus ou moins considérable, de l'interstice qui, à l’état normal, sépare les deux muscles. La première disposition a été trouvée dans le laboratoire de Külliker, par son prosecteur Max Flesch ; la deuxième a été notée par Macalister et par moi-même. Le 23 décembre 1880, j'ai vu les deux sterno-cléido-hyoïdiens se confondre par leurs insertions sternales et rester ainsi intime- ment fusionnés, jusqu’à trois centimètres au-dessus de la four- chette. Changeant sa disposition ordinaire, le triangle séparatif des deux muscles avait sa base en haut. Anatomie comparée. — Les deux sterno-cléido-hyoïdiens se trou- vent réunis à l'état normal chez le cheval (Chauveau et Arloing). Chez le gorille, Bischoff à vu les sterno-hyoïdiens, avant d'atteindre le sternum, devenir aponévrotiques par leur côté interne, et se confondre à ce niveau dans une étendue de deux centimètres. Une pareille fusion des deux muscles symétri- ques est signalée chez la chauve-souris par M. Maisonneuve : « Le droit et le gauche, dit-il, sont réunis sur la ligne médiane, assez intimement en certains endroits, pour faire croire au premier abord à un seul muscle impair. » 16 249 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ V. — Union du muscle sterno-cléido-hyoïdien avec On à vu le muscle sterno-cléido- hyoïdien réuni plus ou moins intimement : 4) — Avec l'omo-hyoïdien. — À l’état normal, les deux mus- cles se confondent généralement au niveau de leurs insertions hyoïdiennes; la disposition dite anormale ne serait donc que l’'exagération de l’état normal. Nous verrons plus loin que le sterno-cléido-hyoïdien et l'omo-hyoïdien sont réunis, en un muscle unique, chez quelques espèces animales, (Voyez omo- hyoïdien.) G) — Avec le mylo-hyoïdien. — Mac Whinnie a vu un faisceau aberrant du sterno-cléido-hyoïdien franchir l'os hyoïde et se perdre dans le mylo-hyoïdien. Anatomie comparée. — L'insertion du sterno-hyoïdien à l'os hyoïde est assez constante dans la série animale; il existe cependant quelques espèces chez lesquelles le muscle ne fait que glisser sur l’os hyoïde pour se porter dans la région hyo- maxillaire. Chez le pangolin, ou encore chez le Dasypus et chez le fourmilier, le sterno-hyoïdien franchit les limites de l'os hyoïde sans lui abandonner aucun faisceau et vient se perdre dans les muscles de la base de la langue. Je sais bien que Cuvier fait de ce muscle sterno-glosse un muscle à part et décrit au-dessous de lui, comme représentant le sterno-hyoïdien de l’homme, un deuxième faisceau musculaire se rendant du slernum à l'os hyoïde; mais Meckel a démontré que ce dernier muscle ne se rend qu'au cartilage thyroïde, qu'il n'est, en conséquence, qu'un sterno-thyroïdien, tandis que le premier conslitue, en réalité, un sterno-hyoïdien dont l'insertion supé- rieure à été déplacée. 7) — Avec le sterno-thyroïdien. — Celte union du sterno-hyoï- dien et du sterno-thyroïdien a été notée par Albinus et par quelques analomistes modernes, Macalister entre autres. Analomie comparée. — C'est encore la reproduction d'une disposition que ï'on rencontre chez un grand nombre de Mam- mifères. Chez les ARuminants, chez les Monotrèmes, chez la plupart des Carnassiers (Meckel), l'abaisseur de l'os hyoïde et quelques muscles voisins. MUSCLE STERNO-CHONDRO-THYROIDIEN. 243 l'abaisseur du larynx sont confondus dans leur portion infé- rieure d’une facon plus ou moins intime. Chez les Solipèdes (Chauveau), les deux muscles ne se séparent qu'au niveau de l'intersection aponévrotique; une disposition analogue est décrite, chez le chat, par Strauss-Durckeim. J'ai trouvé les deux muscles également confondus chez l'ours jusqu'à 3 centi- mètres au-dessous du larynx. Chez l’ornithorynque enfin, cette fusion est tellement intime qu'on a pu rejeter, dans cette espèce, la présence d’un sterno-hyoïdien et considérer comme tel «des faisceaux se détachant du sterno-thyroïdien pour s’avancer jusqu’à l'os hyoïde ». Bibliographie : SŒMMERING. Loc. cit., p. 115. KeLCcxH. Path. anat. (loc. cit.). OR1IBASIUS. Opera, p. 202. ScHWEGL. Sitzungsb. d. k. Akad. Vien, Bd XXXIV, p. 51. MECKEL. Anat. comparée, t. VI et VIII. STRAUSS-DURCKEIM. Anat. du chat, t. II. Cuvier. Leçons d’Anatomie comparée, t. IV. GRUBER. Bull. de l'Acad. imp. de Suint-Pétersbourg, 1873, col. 154-157. SCHMIDTMULLER, Cité par Gruber. Loc. cit. Caupzinskt, Revue d’'Anthrop., t. III, p. 408. MaAISONNEUVE. Osféologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 210. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. Mac WHINNIE, Cité par Macalister. Loc. cit. Woop. Proced. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 490. M. FLescx. Varietæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. ARTICLE II ANOMALIES DU STERNO-CHONDRO-THYROÏDIEN. Recouvert en partie par le précédent, le muscle sterno- chondro-thyroïdien se détache, en bas, de la face postérieure de la poignée sternale et du premier cartilage costal. Se portant ensuite en haut et légèrement en dehors, il atteint la face externe du cartilage thyroïde où il se fixe sur une corde liga- menteuse qu unit les deux tubercules de cette face externe. 244 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Contigus ou même fusionnés au niveau de leur insertion sternale, les deux sterno-chondro-thyroïdiens sont séparés, à la hauteur du cartilage thyroïde, par un espace de plusieurs milli- mètres, d’où la formation entre ces deux muscles d’un intervalle triangulaire à base supérieure. Les anomalies que peut présenter ce muscle sont pour la plupart peu importantes, je les étudierai dans l’ordre suivant : $ I. — Variations des insertions inférieures. — Elles se réduisent à l'absence de faisceaux chondraux (M. sterno- thyroïidien) ou à l'addition de quelques faisceaux provenant de la clavicule /. sterno-cléido-thyroïdien). Cruveilhier mentionne celte dernière disposition. Duvernoy a vu le sterno-thyroïdien de son gorille se détacher uniquement du sternum; j'ai trouvé moi-même chez le chim- panzé les faisceaux externes du même muscle prenant naissance sur la clavicule. $ II. — Absence du muscle. — Je ne connais qu'un fait d'absence du muscle sterno-chondro-thyroïdien ; il est signalé par Macalister qui l’attribue à Otto. Est-ce que, dans ce cas, le muscle sterno-chondro-thyroïdien n'était pas fusionné, avec le sterno-cléido-hyoïdien, comme on l'observe chez quelques Mammifères ? Walsham a signalé l'absence de la portion moyenne de ce même muscle sur le côté gauche d'un sujet qu'il a disséqué à St Bartholomew's Hospital en 1879. Le muscle, plus étroit qu'à l'ordinaire, se détachait en bas du sternum et se terminait, à la hauteur des premiers anneaux de la trachée, sur la gaïne des vaisseaux carotidiens (!}; d'autre part, la portion supérieure de ce muscle descendait de l'os hyoïde sur le lobe gauche du corps thyroïde; un intervalle de plusieurs centimètres sépa- rait à ce niveau les deux portions charnues. L'anatomiste LL (‘) Macalister et Hans Virchow ont également noté des faisceaux du sterno-thyroïdien qui partaient de la gaine des vaisseaux carotidiens ou s'y terminaient. MUSCLE STERNO-CHONDRO-THYROIDIEN. 245 anglais rappelle à ce propos la présence, sur le trajet de ce muscle, d'intersections aponévrotiques, l'aspect du muscle abais- seur de l'os hyoïde, chez les animaux à long cou, la girafe par exemple, où il est constitué par une série de segments alterna- tivement charnus et tendineux, et explique l’anomalie qu'il a observée par un arrêt de développement, portant sur un des segments du sterno-chondro-thyroïdien. $ IT. — Duplicité du musele. — Des faisceaux additionnels ou accessoires du sterno-chondro-thyroïdien ont été observés par Gunz, Kelch, Tarin, Hallet, Wood, Macalister, Curnow, Cruveilhier et moi-même. Ces faisceaux, fort variables en dimension, varient aussi beaucoup quant à leur origine et leur situation; placés le long du bord interne du muscle normal, comme dans le cas de Curnow, ils se détachent du sternum ; placés au contraire en dehors, ils prennent naissance soit sur le premier cartilage costal (Cruveilhier), soit sur la clavicule (Walsham). Dans un cas, Wood a vu le faisceau claviculaire partir du bord postérieur du tiers moyen de la clavicule. D'autre part, les faisceaux de renforcement du sterno-chon- dro-thyroïdien peuvent rejoindre ce dernier muscle à des hau- teurs variables ou rester distincts dans toute leur étendue. À propos d'un chef distinct d'origine claviculaire venant grossir le muscle sterno-chondro-thyroïdien, le professeur Humphry fait remarquer l'homologie d'une pareille disposition avec celle qu'on observe sur le sterno-thyroïdien du lézard. Le sterno-thyroïdien serait double également chez le porc, d'après Chauveau. $ IV. — Intersections aponévrotiques, — On rencontre très fréquemment, sur le trajet du muscle sterno-cléido-thyroïdien, une intersection lendineuse transversale située, dans la plupart des cas, au niveau de la fourchette sternale ou un peu au- dessus. D'après M. Sappey, cette intersection serait constante, inégalement brisée et ne s'étendrait pas généralement à toute la largeur du muscle. Il peut exister, au-dessus de cette pre- 246 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. mière intersection, une deuxième présentant la même direction et les mêmes caractères. Nous connaissons, pour l'avoir établie plusieurs fois déjà, la signification de ces coupures transver- sales des muscles. J'ai constaté ces mèmes intersections chez le chimpanzé et chez l'orang; d'après M. Chudzinski, elles ne manqueraient jamais chez les Primates. $ V. — Union du muscle avec son similaire du côté opposé. — Cette union peut se faire suivant trois modes différents : 1° par juxtaposition des deux muscles et disparition complète de l'interstice celluleux séparatif; 2° par entre-croisement des faisceaux charnus, sur la ligne médiane ; 3° par l'existence de faisceaux anastomotiques, allant d'un muscle à l’autre. J'ai observé deux fois la première disposition : l'interstice celluleux ne commençait à apparaîlre qu'à 3 ou # centimètres au-dessus de la fourchette sternale. D'après Cruveilhier, il ne serait pas rare de voir «les deux sterno-thyroïdiens unis entre eux par une intersection en forme de V, ouvert supérieure- ment et répondant à la fourchette sternale. » L'existence de faisceaux anastomotiques se portant oblique- ment d'un muscle à l’autre, a été signalée par Girardi, par Wood, par Macalister, par Cruveilhier, etc. L'entre-croisement des deux muscles sur la ligne médiane n'est qu'un degré plus avancé du cas précédent; il peut s'étendre plus ou moins haut et porter sur un nombre plus ou moins considérable de faisceaux charnus. Dans un cas fort intéressant, observé par Walsham, la moitié environ des fais- ceaux du muscle sterno-chondro-thyroïdien du côté droit franchissaient la ligne médiane pour aller s'attacher du côté opposé sur le sternum et le premier cartilage costal; le muscle du côté gauche, malheureusement atrophié, restait de son côté et se confondait entièrement avec celui du côté droit. Suppo- sons-lui un développement et une direction identiques au développement et à la direction de son homologue, et nous aurons un entre-croisement fort remarquable. MUSCLE STERNO-CHONDRO-THYROIDIEN. 247 Tous les Traités classiques signalent l’entre-croisement des faisceaux internes du sterno-chondro-thyroïdien au niveau de leur origine sternale, ceux du côté gauche se portant dans le muscle droit et vice versé ; de telle sorte qu'ici encore l'anomalie ne doit être considérée que comme l'exagération de l’état normal. Du reste l'entre-croisement des deux sterno-thyroïdiens est noté par R. Owen chez le fourmilier; cet entre-croisement a lieu en arrière du sternum, le muscle sterno-thyroïdien des- cendant, dans cette espèce, jusqu'à la 8° pièce de cet os. $ VI. — Union du muscle sterno-chondro-thyroïdien avec quelques museles voisins. — On a vu le muscle sterno-chondro- (byroïdien s'unir plus ou moins intimement : 4) — Avec le sterno-hyoïdien. (Voyez ce dernier muscle.) 1) — Avec l’'omo-hyoïdien et l’hyo-glosse (Walsham). —— Nous avons déjà vu, dans l’article précédent, le muscle sterno-hyoïdien, qui fait évidemment partie du même système que le sterno-thyroï- dien, présenter ces mêmes connexions anormales. Comme le fait remarquer Walsham, le passage de quelques faisceaux du sterno- thyroïdien dans la langue rappelle la disposition de ce même muscle chez le fourmilier où il se porte du sternum à la langue. Il faut vraisemblablement considérer, comme un fait de même ordre, le cas rapporté dans les Guy's Hospital Reports de 1868 (p. #37), où un faisceau du muscle sterno-thyroïdien franchissait l'os hyoïde pour venir s’'insérer sur l’aponévrose de la région sous-hyoïdienne. y) Avec les constricteurs inférieurs du pharynx (faits de Wood, Walsham, M. Flesch), — J'ai observé une disposition analogue chez Je chimpanzé; le sterno-cléido-thyroïdien parti de la clavicule se divisait, à la hauteur du cartilage cricoïde, en trois groupes de faisceaux ; les faisceaux internes s'inséraient sur le bord posté- rieur et un peu sur la face externe du cartilage thyroïde; les faisceaux moyens, plus longs, venaient se fixer aux grandes cornes de l'os hyoïde; quant aux faisceaux externes, ils s'incli- naient en dehors et en arrière pour se confondre avec le cons- tricteur inférieur du pharynx. 248 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. à) — Avec le thyro-hyoïdien. — « ]1 n’est pas rare de voir quelques-unes des fibres du sterno-thyroïdien se continuer avec celles du thyro-hyoïdien » (Sappey) ; cette disposition, que j'ai observée plusieurs fois, a été notée, à titre d'anomalie, par quelques anatomistes, notamment par Pye-Smith, par Walsham, par M. Flesch. Dans ce cas, on le conçoit, le faisceau anormal, qui franchit la corde ligamenteuse du cartilage thyroïde, va s'insérer directement à l'os hyoïde. Cette dernière anomalie nous fournit une transition natu- relle à la suivante, en même temps qu'elle nous en fait connaître la vraie signification. $ VIII. — Insertion du muscle sterno-thyroïdien à los hyoïde. — Macalister, Wood, Walsham ont décrit des faisceaux plus ou moins larges, se détachant du sterno-thyroïdien pour venir s'insérer sur l'os hyoïde. Dans le cas de Walsham, le faisceau anormal recevait un petit filet nerveux de la branche que l’hypoglosse envoie au muscle thyro-hyoïdien. Cette anomalie ne doit pas être séparée de la précédente : l’une et l’autre sont constituées par la disparition, sur une étendue transversale plus ou moins grande, de la corde ligamen- teuse thyroïdienne, qui, pour nous, n'est qu'une intersection aponévrotique plus marquée que les intersections sous-jacentes. Le sterno-thyroïdien et le thyro-hyoïdien ne sont qu'un seul et même muscle, séparé en deux ventres par cette intersection, tout comme l’omo-hyoïdien et, dans certains cas, le sterno- hyoïdien lui-même. Dans ce même ordre d'idées, on peut consi- dérer le grand droit de l'abdomen comme une réunion de k ou 5 muscles. Supprimons par la pensée celle intersection séparative du sterno-thyroïdien et du thyro-hyoïdien, nous verrons ces deux muscles se confondre entièrement et constituer, au-dessous du sterno-hyoïdien, un deuxième ruban musculaire allant, comme ce dernier, du sternum à l'os hyoïde. Cette disposition se trouve réalisée dans une observation consignée par Pye-Smith, Howse et D. Colley, dans les Guy's Hospital Reports de 1870, ' e Ÿ « MUSCLE THYRO-HYOIDIEN. 249 et l’on comprendra facilement maintenant les deux lignes par lesquelles le professeur Turner rend compte de cette observa- tion dans sa revue anatomique de mai 1871, «un cas dans lequel le muscle thyro-hyoïdien faisait défaut et le muscle sterno-thyroïdien se prolongeait jusqu’à l'os hyoïde. » Bibliographie : TARIN. Myographie, Paris, 1753, p. 59. CRUVEILHIER. Anat. descript., t. 1. WALSHAM. Anatomical variations (St Bartholomew’s Hospital Reports, t. XVI, 1880, et t. XVII, 1881). H. VircHow. Varietæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. GUNZ. Mém. de l’ Acad. des Sciences, vol. I, p. 286. Curnow. Notes on some muscular irregularities (Journ. of Anat. and Physiol., t. VII, p. 378). Huwpxry. British medical Journal, vol. T, 1873, p. 195. CHAUVEAU. Anatomie comparée des animaux domestiques, p. 215. GrRaRDI, De re anatomicà oralio, Parmà, 1781, p. 36. PYE-SMITH, HOWSE et CoLLEy. Guy's Hospital Reports, 1870. Woop. Proced. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 490. Caupzinsxi. Revue d'Antrop., 1882, p. 127. ARTICLE III ANOMALIES DU MUSCLE THYRO-HYOÏDIEN. Le muscle thyro-hyoïdien, de forme quadrilatère, s'insère en bas sur les deux tubercules thyroïdiens et sur la corde ligamen- teuse qui les réunit l’un à l’autre. De cette ligne d'insertion, oblique en bas et en dedans, les faisceaux du muscle se portent parallèlement en haut, et viennent s’insérer sur le bord inférieur du corps et de la grande corne de l'os hyoïde. Ce muscle, comme je l'ai déjà fait remarquer, n'est au point de vue théorique, que la continuation du sterno-chondro-hyoïdien, dont il est séparé uniquement par une intersection aponévro- tique. Ses variations se ressentent naturellement d'une pareille parenté analomique et nous sont déja connues pour la plupart; aussi les énoncerai-je d’une facon très sommaire. 250 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ I. — Absence du muscle. — Je signalerai ici les cas de Pye-Smith, Howse et Davies-Colley, par disparition de la corde ligamenteuse et fusion intime du sterno-thyroïdien et du thyro- hyoïdien. {Voy. plus haut, p. 248.) $ IL. — Fusion intime avec le muscle sterno-thyroïdien. — (Voyez plus haut : Znserlion du sterno-thyroïdien à l'os hyoïde, art. II, p. 248.) $ IT. — Division du muscle en deux faisceaux distincts. — L'exagération d'un interstice celluleux entre les faisceaux parallèles de ce muscle suffit pour amener cette anomalie ; elle a été notée par plusieurs anatomistes, notamment par Maca- lister. Duvernoy a également trouvé, chez le gorille, un thyro- byoïdien double : l'un se délachait de la corne hyoïdienne. l’autre du corps même de l'os hyoïde:; les deux faisceaux «ne tardaient pas à se réunir en se portant vers le cartilage thy- roïde où le muscle se divisait en deux plans : l’un superficiel qui se réunissait au sterno-thyroïdien, l’autre profond qui se terminait au cartilage thyroïde. » Nous devons signaler, ici, comme étant vraisemblablement des faits de même ordre : 4° le faisceau surnuméraire thyro-hyoï- dien supérieur, naissant du bord supérieur du cartilage thyroïde, pour se porter, à côté du thyro-hyoïdien normal, sur l'os hyoïde. Ce petit muscle, qui est généralement juxtaposé à la ligne médiane, a été mentionné par Sœmmering, par Weber, par Morgagni, par Luschka ; 2° le faisceau surnuméraire thyro- hyoïdien latéral (Gruber), allant de la pointe de la grande corne de l'os hyoïde au sommet de la grande corne du cartilage ‘thyroïde. $ IV. — Union de quelques faisceaux du thyro-hyoïdien avec les constricteurs du pharynx. — Chez le chat, d'après Strauss-Durckeim, quelques faisceaux du hyro-hyoïdien passent directement dans le constricteur moyen du pharynx. J'ai observé une fois cette disposition chez l'homme. MUSCLE OMO-HYOIDIEN. 251 Bibliographie : DuverNoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 199. SŒMMERING. Loc. cit., p. 117. WEBER. Handbuch, p. 358. MORGAGNI. Epistol. anat., p. 383. Luscaka. Anat. des Menschlichen Halses, Tübingen, 1862, p. 275. GruBER. heichert's u. Du Bois-Reymond Arch., 1868. Pye-SMiTx, Howse et D. Cozzey. Guy's Hospital Reports, 1870. ARTICLE IV ANOMALIES DU MUSCLE OMO-HYOIDIEN. Le muscle omo-hyoïdien est un muscle digastrique, s'étendant sur les côtés du cou, du bord supérieur du scapulum au bord inférieur de l'os hyoïde, et divisé par un tendon moyen en deux portions ou ventres. Le ventre postérieur s'attache sur la portion du bord du scapulum qui est immédiatement placée en arrière de l’échancrure coracoïdienne; le ventre antérieur vient s’insérer, en dehors du sterno-hyoïdien, sur la partie la plus externe du corps de l'os hyoïde. Ces deux portions non parallèles forment entre elles un angle fortement obtus, ouvert en haut et en dehors, et dont le sommet est constitué par le tendon intermédiaire. $ I. — Signification anatomique du muscle omo-hyoïdien ; interprétation générale de ses anomalies. — Henle, considé- rant le tendon intermédiaire de l'omo-hyoïdien comme une côte rudimentaire, ne voit dans le ventre antérieur de ce dernier muscle qu'un faisceau musculaire analogue au sterno-hyoïdien, qui s'insère en partie sur la première côte; et, quant au ventre postérieur, 1l en fait un faisceau divergent du grand dentelé qui, dépassant en haut ses limites ordinaires, s'élèverait jusqu’à la première côte cervicale (eine unterste Halsrippe). Cette dernière assertion me paraît peu acceptable en présence des trois faits d'observalion qui suivent : 1° Le ventre postérieur de lomo-hyoïdien s'attache au bord supérieur de l'omoplate, immédiatement en arrière du ligament 252 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. coracoïdien; je ne l'ai jamais vu, pour ma part, reculer ses insertions jusqu'à l'angle où s’attachent les faisceaux les plus élevés du grand dentelé. 2° L'omo-hyoïdien reçoit ses nerfs de l’anse nerveuse de l'hypoglosse, tandis que le grand dentelé est innervé par un nerf spécial provenant du plexus brachial. 3° Dans les nombreuses espèces animales où le grand dentelé dépasse en haut la première côte et envoie des faisceaux à la région cervicale, ces faisceaux cervicaux viennent s'attacher aux apophyses transverses des vertèbres cervicales et se fusionnent avec ceux de l’angulaire. . La deuxième partie de l'opinion de Henle, rattachant le ventre antérieur de l'omo-hyoïdien au sterno-hyoïdien est toute naturelle, mais elle est incomplète : ce n'est pas seulement le ventre antérieur de l’omo-hyoïdien, mais l'omo-hyoïdien tout entier qui doit être considéré comme une dépendance du sterno- hyoïdien. La démonstration de cette formule anatomique nous a été fournie par le professeur Carl Gegenbaur de Heidelberg. Après avoir établi que le tendon intermédiaire de l'omo-hyoïdien a toute la valeur d'une interseclion aponévrotique et ne repré- sente à ce litre qu’un vestige des cloisons connectives qui sépa- rent en segments transversaux la musculature de l'embryon, le savant analomiste, faisant une excursion sur le terrain de l’anatomie comparée, rappelle que dans certaines espèces de Vertébrés, le sterno-hyoïdien et l'omo-hyoïdien sont fusionnés en une lame musculaire unique, qui, partant de l'os hyoïde, se porte en s’élargissant vers le thorax et l'épaule. Chez le phoque notamment, on voit le sterno-hyoïdien, en descendant de l'os hyoïde, s’élargir en éventail et venir s'altacher à la fois au ster- -num, à la tubérosité interne de l'humérus, ainsi qu'à une traînée tendineuse qui s'étend entre ces deux points extrêmes; évidem- ment la portion latérale de ce muscle n'est qu'un omo-hyoïdien incomplètement différencié. De même, chez les Suauriens, on voit notre sterno-hyoïdien s'insérer à la fois sur l’épisternum et la clavicule {muscle épi- MUSCLE OMO-HYOIDIEN. ga sterno-cleido-hyoïdeus sublimis de Furbringer), et reculer quel- quefois son insertion externe jusque sur l'omoplate : telle est du moins la disposition qu'on rencontre chez le Platydactylus et chez l'Uromastix ;:comme chez le phoque, les faisceaux sca- pulaires de cette lame musculaire correspondent à l’omo-hyoïdien des Mammifères. Tirant de ces faits les conclusions qu'ils renferment, je n'hésite pas à considérer, avec Gegenbaur, l'existence d'un muscle unique sterno-omo-hyoïdien, comme étant la disposition primilive, typique, de la constitution anatomique des Vertébrés, et à déduire, comme corollaire, que, «là où, chez les Mam- mifères, existe une division en un premier muscle naissant du sternum et un deuxième muscle naissant de l'omoplate, cette division est le résultat de l'absence de la portion claviculaire. » L'aponévrose cervicale moyenne qui réunit de chaque côté l’omo-hyoïdien au sterno-hyoïdien, représente donc le reliquat des faisceaux musculaires disparus, et acquiert, au même titre que l'aponévrose clavi-pectorale, l’aponévrose des deux den- telés et bien d'autres encore, une importance toute spéciale. Un fait de la plus haute importance et que nous devons encore à Gegenbaur, confirme de tous points cette manière de voir : il détache sur des enfants nouveau-nés l'aponévrose cer- vicale moyenne, la porte sous le champ du microscope, et, là où l'examen macroscopique ne révélait que des éléments fibreux, il aperçoit très nettement des fibres musculaires striées, parallèlement dirigées, suivant une ligne qui réunirait la clavi- cule à l'os hyoïde. Nous verrons, du reste, dans la suite de cet article, en anatomie anormale, de nombreux faisceaux charnus partant de la clavicule, venir renforcer, soit l'omo-hyoïdien, soit le sterno-hyoïdien. Il nous paraît donc logique d'établir en principe que, dans la constitution typique des Vertébrés, un muscle triangulaire s'étend de chaque côté du cou, de l'os hyoïde {point d'insertion du sommet) au sternum, à la clavicule et au scapulum {ligne d'insertion de la base), et que si, chez l'homme, nous décrivons séparément un muscle sterno-hyoïdien et un muscle omo-hyoi- 254 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. dien, une pareille descriplion nous est imposée par la disparition des faisceaux moyens du muscle primitif ou faisceaux cléido- hyoïdiens. Étant admis d’ailleurs que les formes anormales que nous observons chez l'homme, tendent toujours à se rapprocher des formes primitives, nous pouvons, d'ores et déjà, en nous appuyant sur les considérations qui précèdent, entrevoir et interpréter à la fois les nombreuses anomalies dont l’omo- hyoïdien peut être le siège. Le muscle omo-hyoïdien consti- tuant dans la musculature de l'homme un muscle sensiblement atrophié, ses variations anatomiques peuvent relever d’un double processus : ou exagération où alténuation de cette ten- dance à l'atrophie. Au premier mode, se rattachent les formes incomplètes du muscle : absence d’une de ses portions ou disparition totale de l'une et de l’autre; le deuxième mode comprend toutes les variations où l’on voit le muscle se rap- procher du muscle sterno-hyoïdien, ce sont : 4° Les cas de duplicité du muscle ; 2° Les cas de renforcement du muscle par un ou plusieurs faisceaux naissant de la clavicule, de l’apophyse coracoïde, du ligament coracoïdien, de la première côte ; 3° Les cas de fusion plus ou moins intimes de l'omo-hyoïdien avec le sterno-hyoïdien, etc. Ajoulons à ces diverses variations morphologiques, les cas d'absence du tendon intermédiaire et le passage de quelques faisceaux musculaires dans la région sus-hyoïdienne, et nous aurons ainsi le tableau à peu près complet des anomalies de l’omo-hyoïdien. Nous pouvons maintenant les étudier en détail : $ IT. — Absence totale ou partielle du muscle omo- hyoïdien. — 1° L'absence du muscle omo-hyoïdien, sans com- pensalion par un autre muscle, a été observée par Cheselden, Schultze, Otto, Hallet, Schwegl, Büchner, von Behr, Gruber. J'en ai observé moi-même un cas, en 1881. L'anomalie peut être bilatérale, ou n'exister que d'un seul côté, et dans ce dernier cas, on l'observe tantôt à droite, tantôt à gauche. MUSCLE OMO-HYOIDIEN. 259 Dans un deuxième ordre de faits, l'omo-hyoïdien est rem- placé par un faisceau plus où moins volumineux qui prend naissance en bas sur la clavicule et s'attache en haut à l'os hyoïde, en se fusionnant plus ou moins intimement avec le sterno-hyoïdien. (Voyez plus bas, $ VE.) Anatomie comparée. — L'omo-hyoïdien fait défaut chez le pécari, le paresseux, la taupe, le raton, le coati, le chat, le chien. Owen ne le mentionne pas chez le myrmécophage, de l'ordre des Édentés. Parmi les Rongeurs, il existe, d'après Cuvier, dans les groupes qui possèdent une clavicule, et fait entièrement défaut chez les groupes non claviculés. 2° L'absence du ventre antérieur s'observerait une fois sur 100, d’après Hallet; cette proportion est assurément trop forte si je m'en rapporte aux dissections de Macalister, qui n'a pu rencontrer ce cas une seule fois sur 600 sujets. Quoi qu'il en soit, dans une pareille anomalie, le ventre postérieur se ter- mine sur un tendon qui vient se perdre sur l'aponévrose cervi- cale, et l’on a le type parfait du muscie coraco-cervicahs de Kraüse ; ou bien le tendon terminal vient s'attacher, après un parcours de 5 à 8 centimètres, sur l'os hyoïde (cas de Knott, de Külliker, de Walsham). J'ai observé cette dernière disposition sur l'orang (Simia satyrus). 3° Le ventre postérieur, réduit à quelques minces faisceaux, däns un cas observé par Hallet, a été trouvé # fois absent, en huit ans, par le professeur Gruber. Le ventre antérieur, qui dans ces cas représentait, à lui seul, le muscle omo-hyoïdien, s'insérait en baut au point précis où s'attache ce dernier muscle, à l'état normal, et venait se perdre, par son extrémité infé- rieure, dans l’aponévrose du triangle sus-claviculaire. Le ventre antérieur de l’omo-hyoïdien constituait ainsi un véritable hyo- fascialis. SE. — Duplicité du muscle omo-hyoïdien. — Celle dupli- cité peut porter : 4° sur le muscle tout entier; 2° sur le ventre postérieur; 3° sur le ventre antérieur. Elle témoigne d'une tendance de l’omo-hyoïdien à augmenter de largeur et à se 256 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME réunir au sterno-hyoïdien, en comblant l'espace triangulaire qui sépare ces deux muscles, disposition qui est normale, comme je l'ai déjà fait remarquer plus haut, chez le phoque et chez quelques Sauriens. 1° J'ai observé une seule fois un double omo-hyoïdien sur un adulte d’une quarantaine d'années. L'anomalie se trouvait du côté droit seulement; en dedans de l’omo-hyoïdien normal, existait un faisceau charnu de 14 millimètres de largeur qui, naissant de la base de l’apophyse coracoïde et du ligament coracoïdien, suivait d'abord le trajet du ventre postérieur de l'omo-hyoïdien, s'en écartait bientôt pour rejoindre le sterno- hyoïdien, à 1 centimètre au-dessus de sa partie moyenne; là, il se redressait pour se mettre en parallélisme avec ce dernier muscle et gagner avec lui le corps de l'os hyoïde. Hallet et Sels ont mentionné, chacun, un fait analogue. Dans un cas observé par Gruber, l'omo-hyoïdien était cons- titué par deux ventres antérieurs et deux ventres postérieurs, réunis tous les quatre par un tendon intermédiaire. Koster a même observé un dédoublement de l'omo-hyoïdien surnuméraire: l’un des faisceaux s'unissait au muscle sterno- hyoïdien, tandis que l’autre se dirigeait sur l'os hyoïde et s'y attachait. Curnow a signalé lui aussi un cas de double omo-hyoïdien ; le muscle surnuméraire, comme le muscle normal, possédait deux venires réunis l’un à l’autre par un tendon intermédiaire. 2° Le dédoublement du ventre postérieur a été rencontré par Wood quatre fois sur 70 sujets; nous le trouvons encore mentionné par Macalister, par Gruber, par Winslow et Duille. Le ventre surnuméraire peut se porter, comme le ventre nor- mal, sur le tendon intermédiaire, ou bien rejoindre le sterno- hyoïdien . 3° Le dédoublement du ventre antérieur est plus rare. Il à été observé tout dernièrement par M. Bradley : du tendon intermédiaire partaient deux corps charnus à peu près d'égal volume; l’un, l'interne, s'attachait au corps de l'os hyoïde; l’autre, l'externe, venait s'insérer sur l'extrémité postérieure ES MUSCLE OMO-HYOIDIEN. 257 de la grande corne. Dans un cas, Wood a vu cette portion de l'omo-hyoïdien constituée par trois faisceaux distincts: le faisceau supérieur s’attachait à la petite corne de l'os hyoïde, le faisceau moyen s’insérait sur l'os hyoïde, comme à l'état normal; quant au faisceau inférieur, il se perdait sur l’aponé- vrose cervicale. $ IV. — Absence d’intersection tendineuse. — Le tendon intermédiaire qui réunit à l’état normal le ventre antérieur et le ventre postérieur de l’omo-hyoïdien, correspond toujours au point où le muscle change de direction; reposant en arrière sur la veine jugulaire et le scalène antérieur, il est recouvert par le cléido-mastoïdien. Ce double rapport avait suggéré à l'esprit d’Albinus cette hypothèse très séduisante, que ce tendon n'existait pas à la période initiale de formation du muscle, mais se développait, dans le cours de l'accroissement orga- nique, par suite des pressions contraires exercées sur cette portion du muscle, d'une part, par la veine jugulaire et le scalène, d'autre part, par le cléido-mastoïdien, fanquam si inter cleido-mastoideum à parte priore, et scalenum priorem, venamque jugularem à posteriore compressus fuisset. Les faits d'observation ne sont nullement favorables à cette asserlion à priori. J'ai toujours constaté pour ma part, sur les quelques fœtus que j'ai examinés, la présence du tendon intermédiaire de l’omo-hyoïdien ; Gegenbaur lui-même a retrouvé ce tendon sur le cadavre de sept nouveau-nés, et sur un assez grand nombre d’embryons de douze semaines et plus. Une fois seulement sur un fœtus de quatorze semaines, le tendon intermédiaire faisait défaut. Nous verrons tout à l'heure qu'une pareille anomalie se rencontre aussi chez l'adulte. Le tendon moyen de l’omo-hyoïdien est donc un organe type entrant dans la constitution de l'embryon, comme dans la constitution du sujet arrivé à un complet développement ; il doit être considéré comme une intersection aponévrotique, comparable de tous points à celles du grand droit et du sterno-cléido-hyoïdien, derniers vestiges des trainées celluleuses 17 298 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. qui divisent en segments horizontaux la musculature primitive. La forme cylindrique et allongée du tendon intermédiaire, n'infirme en rien une pareille conclusion ; elle est vraisembla- ble ment le résultat des tractions en sens contraire qu'exercent sur ses extrémités les deux ventres de l’omo-hyoïdien. Au reste, dans certains cas, quand le muscle omo-hyoïdien est plus large que d'habitude, il peut affecter la forme d’un véritable raphé, rectiligne ou plus ou moins brisé. Cette disposition linéaire a été parfaitement observée par Haller et par Hyrtl. Le tendon intermédiaire de lomo-hyoïdien n'existe pas constamment chez l'homme. On voit parfois quelques faisceaux charnus, côtoyant ce tendon, passer sans interruption de la portion scapulaire à la portion hyoïdienne du muscle; à un degré plus avancé de fusion, les deux portions sont entière- ment confondues; il n'existe aucun vestige du tendon moyen. Je trouve dans mes notes analomiques quatre cas, observés en trois ans, de disparition complète de ce tendon. Trois fois, le muscle omo-hyoïdien était rubané et présentait un dévelop- pement insolite; une fois, au contraire, il était fort grêle et affectait une forme cylindrique plutôt qu’aplatie. Walsham a signalé un fait analogue dans les Guy's Hospital Reports de 1880 (£. XVI, p.73). D'après les statistiques de Wood, cette anomalie se rencontrerait une fois sur 30 sujets. Analomie comparée. — Le tendon intermédiaire de lomo- hyoïdien fait défaut, à l'état normal, chez quelques Mammifères, notamment chez l'ornithorynque et chez l’échidné (Alix). Meckel a cru devoir assigner une pareille disposition à {ous les singes : «L'omo-hyoïdien, dit-il, qui présente deux ventres chez l’homme, n’en a qu’un chez les Quadrumanes. » Cette formule est trop générale et par cela même erronée. L'intersection tendineuse fait défaut chez le gorille disséqué par Bischoff. Vrolik ne l’a pas rencontrée davantage chez le macaque, le magot et le babouin; Macalister la cependant notée, quoique faible, chez l'/nnuus, le Cynocéphale pecarius, l'Hamadryas et le Macacus cynomolqus. J'ai rencontré moi-même le tendon intermédiaire chez le MUSCLE OMO0-HYOIDIEN. 259 rl chimpanzé et chez le Macacus sinicus ; J'ai déjà dit plus haut que chez l'orang, que j'ai étudié en mars 1882, ce tendon se prolongeait jusqu’à l’os hyoïde, prenant ainsi la place du ventre antérieur qui faisait totalement défaut. $ V. — Déplacement des insertions scapulaires. — L'omo- hyoïdien étant primitivement fusionné avec le sterno-hyoïdien, il est tout naturel de voir ce muscle se déplacer quelquefois en dedans et prendre ses insertions sur toutes les surfaces osseuses qui séparent l’omoplate du sternum, ou bien recevoir de ces mêmes surfaces osseuses, des faisceaux surnuméraires qui viennent le renforcer. ° Insertion au ligament coracoïdien ou à l’apophyse coracoïde (Muscle coraco-hyoïdien de Gruber). — J'ai déjà mentionné, sous le nom de coraco-cervicalis de Kraüse, un faisceau charnu se portant de l’apophyse coracoïde à l’aponévrose cervicale moyenne et remplaçant l'omo-hyoïdien. De vrais coraco-hyoïdiens se déta- chant, soit du ligament coracoïdien, soit de la base de l'apophyse coracoïde, ont été signalés par Macalister, par Gruber, par Hyrtl, par Knott, et par moi-même. Dans un cas fort intéressant où l’omo-hyoïdien était normal sous tous les rapports, j'ai rencontré, en dedans de lui, un gros faisceau charnu partant de l’apophyse coracoïde et traversant le triangle omo-claviculaire, pour aboutir à l'os hyoïde. 2° Insertions à l’'acromion (Muscle acromio-hyoidien). — Cette inser- lion est mentionnée par Macalister ; je ne l’ai jamais rencontrée. 3° Insertions à la première côte (Muscle costo-hyoidien). — Cette ano- malie que Theile rattache à tort, selon nous, au grand dentelé, a élé observée par Hyrtl, par Gruber, par Wagner, par Schwegl. Le muscle costo-hyoïdien, on le conçoit, se rattache tout aussi bien au sterno-hyoïdien qu’à l'omo-hyoïdien. Enfin, l'omo-hyoïdien peut prendre des points d'attache sur la clavicule. Cette insertion aberrante du muscle est à la fois celle que l’on rencontre le plus fréquemment et celle qui pré- sente le plus d'intérêt; en raison de son importance, il convient de lui consacrer un paragraphe distinct. 260 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME $ VI. — Attaches claviculaires du muscle omo-hyoïdien (Muscle cléido-hyoïidien). — L'étude des nombreuses observa- tions qui ont été consignées dans les recueils scientifiques, rela- tivement à cette anomalie, nous amène à distinguer deux groupes de faits : 1° des faits dans lesquels un omo-hyoïdien normal reçoit de la clavicule un faisceau de renforcement; et 2° des faits dans lesquels l'omo-hyoïdien tout entier, se déplaçant en dedans, vient s'attacher sur la clavicule. 1° Tous les anatomistes qui se sont occupés des variations morphologiques de l'omo-hyoïdien, Theile, Turner, Gegenbaur, Walsham, elc., ont signalé, comme se rencontrant assez fré- quemment, la présence d’un faisceau accessoire se détachant de la clavicule et rejoignant le muscle normal à différentes hau- teurs. C’est un pelit muscle aplati, de forme généralement triangulaire, s'insérant soit sur le tiers externe de l’os, soit sur son tiers moyen, exceplionnellement ‘sur le tiers interne ; j'ai observé pour ma part, dans nos laboratoires d'anatomie de Bordeaux, ce triple mode d'insertion. Ce faisceau cléido-hyoidien surnuméraire présente dans sa ler- minaison des variations nombreuses. Le plus souvent il rejoint l’omo-hyoïdien, immédiatement au-dessous du tendon intermé- diaire. Dans un cas observé par Gegenbaur, le muscle acces- soire, en atteignant ce tendon, se divisait en deux portions : l'une se jetait sur le tendon avec le ventre postérieur de l'omo- hyoïdien; l'autre, poursuivant son trajet, gagnait sans s’inter- rompre la face antérieure de l'os hyoïde. Pius rarement, le cléido-hyoïdien, se portant obliquement en dedans, vient se fusionner avec le sterno-hyoïdien, au niveau de l’intersection aponévrolique que présente ce dernier muscle. J'ai vu, dans un cas où l'omo-hyoïdien était déjà renforcé par un coraco-hyoïdien, un cléido-hyoïdien assez volumineux se porter directement vers l'os hyoïde. 2° La présence d'un cléido-hyoïdien remplaçant un omo- hyoïdien absent, ou, ce qui est identique, la transformation d’un omo-hyoïdien en un cléido-hyoïdien, constitue une anomalie plus rare, mais dont l'existence est parfaitement établie par les Re nn er ot den MUSCLE OMO-HYOIDIEN. 261 observations de Petsche, de Rosenmüller, de Luschka, de Hallet, de Schmidtmüller, etc., etc. Ce muscle aplati et rubané s’insère le plus souvent sur le tiers moyen de la clavicule, à l’aide de fibres tendineuses excessivement courtes, mais il peut empiéter plus ou moins, suivant les cas, soit sur le tiers externe, soit sur le tiers interne de cet os. Son mode d'insertion supérieure est assez constant : ses faisceaux charnus, rejoignant le bord interne du sterno-hyoïdien, atteignent l'os hyoïde sur lequel ils s'attachent, soit au corps seulement, soit sur le corps et la partie la plus interne de la grande corne. On a signalé sur le rajet du cléido-hyoïdien une intersection aponévrotique, placée en regard de l'intersection que l’on rencontre presque toujours sur le sterno-hyoïdien; une pareille disposition est très rare. Le muscle cléido-hyoïdien est généralement très large; sur un sujet que j'ai disséqué en 1880, je l'ai vu mesurer, au niveau de son extrémilé inférieure, 5 centimètres et rétrécir ainsi considérablement le triangle qu'il forme avec le sterno- hyoïdien d'une part, et la clavicule de l’autre. Tandis que les côtés internes et externes de ce triangle mesuraient, le premier 6 centimètres et demi, le second 7 centimètres, le’côté inférieur formé par la clavicule atteignait à peine une longueur de 3 cen- timètres. Wood et Charles Richet ont rencontré également des cléido-hyoïdiens très volumineux et modifiant considérablement, au point de vue chirurgical, le triangle omo-claviculaire. La mobilité de ce muscle, qui se rapproche jusqu’à quelques centimètres seulement du sterno-hyoïdien, l'union plus ou moins intime de son extrémité supérieure avec ce dernier muscle, rend quelquefois hésitant l'esprit qui cherche à déterminer sa signification exacte, et l'on conçoit sans peine qu'un anatomiste ait pris pour un omo-hyoïdien déplacé en avant, le faisceau claviculaire qu'un autre considère comme un sterno-hyoïdien tendant à s’élargir en dehors. Une telle distinction me paraît subtile et ne saurait être justifiée. Tous les faisceaux cléido- hyoïdiens me paraissent devoir être confondus au point de vue de leur valeur homologique, etsi j'ai placé ici, en regard l’une de l’autre, ces deux interprétations, c’est qu'elles contiennent 262 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. un argument bien significatif en faveur de l’étroite parenté qui unit le sterno-hyoïdien et l'omo-hyoïdien. 3° La fréquence des faisceaux cléido-hyoïdiens est établie par quelques statistiques, que je résume ici très sommairement. Ce faisceau surnuméraire se rencontrerait À fois sur 20 d’après Walsham, 4 fois sur 12 d’après Gegenbaur, 1 fois sur 50 d’après Schwegl, 1 fois sur 15 d’après Hallet. Wood l'a observé 5 fois sur 60 sujets, Turner 17 fois sur 373 (8 fois des deux côtés, # fois à droite, 5 fois à gauche seulement). En réunis- sant ces diverses stalistiques assez divergentes, comme on le voit, on arrive à un chiffre de 27 sur 580, soit une proportion centésimale de 4,6. Ce chiffre concorde merveilleusement avec les résultats obtenus par le professeur Turner (4,4 p. 100). Anatomie comparée. — L'analomie anormale vient de nous montrer le cléido-hyoïdien comme pouvant présenter deux manières d'être différentes : ou bien l'omo-hyoïdien existe et le cléido-hyoïdien vient le renforcer, ou bien l'omo-hyoïdien est absent et le cléido-hyoïdien le remplace. L'anatomie comparée vient à son tour nous présenter, dans la série des Mammifères, ces deux modalités distinctes : œ) — La première nous est offerte par le système musculaire de la Noctulina, de l'ordre des Chéiroptères. Macalister décrit, en effet, dans cette espèce, comme remplaçant l'omo-hyoïdien, un faisceau musculaire qui prend naissance sur la partie moyenne de la clavicule, et se portant en haut et en dedans, vient se confondre avec le sterno-hyoïdien vers le milieu de la longueur de ce muscle. B) — La deuxième modalité anatomique a été rencontrée chez le Troglodytes Aubryi, par Gratiolet et Alix. «Les muscles hyoïdiens, disent ces deux anatomistes, sont au nombre de deux : le premier {omo-hyoidien), qui représente celui de l'homme, se porte du bord coracoïdien de l'omoplate, immédia- tement en arrière de sa petite échancrure, au corps de l'os hyoïde. Le second [cléido hyoïdien] naît de la portion moyenne du tiers externe de la clavicule, et se porte également vers l'hyoïde en s'unissant au muscle précédent, au moment où il MUSCLE OMO-HYOIDIEN. 263 croise la sixième vertèbre cervicale ; en ce point, les fibres mus- culaires sont interrompues par une intersection aponévrotique. » Cette disposition reproduit dans tous ses détails l’anomalie que nous avons décrite plus haut. $ VIT. — Union de l’omo-hyoïdien avec quelques muscles voisins. — On a vu l'omo-hyoïdien présenter des connexions plus ou moins intimes : a) — Avec le sterno-cléido-mastoïdien, — Cette anomalie est signalée par Macalister et par Schwegl. ) — Avec le sterno-hyoïdien. — Wood a rencontré un faisceau - anastomotique allant du sterno-hyoïdien à l’omo-hyoïdien; le professeur Turner a observé, # fois sur 373 sujets, un faisceau se dirigeant en sens contraire de l’omo-hyoïdien au sterno- hyoïdien; j'ai déjà signalé cette disposition à propos du sterno- hyoïdien et établi que l'anomalie n'était ici que l’exagération de l'état normal. 7 ) — Avec quelques muscles de la région sus-hyoïdienne, — Maca- lister a vu un faisceau de l’omo-hyoïdien passer dans le muscle mylo-hyoïdien, après avoir franchi, sans s'y arrêter, l'os hyoïde. Wood, de son côté, a noté l'union de ce dernier muscle avec le stylo-hyoïdien, disposition déjà signalée par Sæmme- ring; et dans une observation qui appartient à M. Whinnie, l’omo-hyoïdien allait prendre quelques insertions dans la région sus-hyoïdienne, dans le voisinage de la symphyse du menton. Anatomie comparée. — J'ai déjà signalé, dans l’article 4° du présent chapitre, p. 193, l'insertion possible du muscle sterno- hyoïdien dans la région sus-hyoïdienne, et rappelé, à propos de cette disposition anormale chez l'homme, le muscle sterno-hyoï- dien du pangolin, du Dasypus, du fourmilier, qui, franchissant l'os hyoïde sans lui abandonner aucun faisceau, vient se confon- dre avec les muscles de la base de la langue. Le muscle omo- hyoïdien n'étant qu'une dépendance du muscle sterno-hyoïdien, il est tout naturel qu'il suive quelquefois ce dernier muscle dans ses dispositions aberrantes. Du reste, nous voyons dans quel- ques espèces animales le muscle omo-hyoïdien lui-même envoyer 264 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. quelques faisceaux au-dessus de l'os hyoïde : chez l'ornithoryn- que notamment, d'après Cuvier et Duvernoy, le muscle omo- hyoïdien est un double muscle qui s'attache au corps de l'os hyoïde et à la face interne et postérieure de la mâchoire inférieure. Les mêmes anatomistes décrivent, chez le caïman (Crocodiliens), un omo-hyoïdien se divisant, en haut, en « deux portions dont l'interne se détache de bonne heure de la suivante et va s'insérer à la membrane palatine, près de la mâchoire. » $ VIII. — Insertion sur la gaine des vaisseaux. — Macalis- ter a vu un faisceau de l’omo-hyoïdien s'arrêter sur la gaine des vaisseaux du cou et s’y fixer. Cette disposition fort rare . trouve son explication dans l'anomalie signalée plus haut, où le ventre antérieur de l'omo-hyoïdien faisant défaut, le ventre postérieur se perdait sur les faisceaux fibreux de l'aponévrose cervicale, constituant ainsi le scapulo ou le coraco-cervicalis de Kraüse. Bibliographie : Bücaner. Miscellen, 1727, p. 252. Duizce. Dissertatio anat. nonnullas Musculorum varietates exhibens, Lanshuti, 1813. KRAUSE. Handbuch des mensch. Anat., Hanover, 1833. SELS. De Muscul. varietatibus, Berlin, p. 6. ALBINUS. Historia Musc, hominis, Leidæ Batav., 1734, p. 200. HaLLER. Element. physiol., lib. IX, p. 415. MACALISTER. Trans. of Roy. Irish. Acad., 1872. CHESELDEN, Cité par Gruber. Anatomisch. Notisen (Virchow's Arch., vol. LXXIV, p. 454). SCHULTZE. cité par Gruber. Zbid. HALLET. Edimb. med. and surg. Journal, 1849. GEGENBAUR. Ueber den Musc. omo-hyoïdeus und seine Schüsselbeinverbin- dung, Morph. Jahrbuch, 1876, p. 243. SCHWEGL. Sitsungsb. d. k. Akad. Vien, Bd XXXIV. VON BEBR, cité par Macalister. Trans. of Roy. Ir. Acad., 1872. GRUBER. Anatomischen Notisen (Virchow’s Arch., vol. LXXIV, p. 454). KNoTT. Journ, of Anat. and Phys., XV, p. 140. GRUBER. Vier Abhandl., p. 13. Kosrer. Verslagen en med. der Konink. Acad. v. Wetenschappen, Afdee- ling Naturk, 2nd Reeks, IV Deel. CurNow. Journ. of Anat, and Phys., t. VIII, p. 378. FAISCEAUX SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION SOUS-HYOIDIENNE. 265 BrapLey. Journ. of Anat. and Phys., t. XIV, p. 420. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 519, et t. XVI, p. 485. HyrTLz. Anatomia dell’ uomo, trad. ital., p. 341. Aux. Soc. philom. de Paris, 1867, p. 188. VRoLIK. Rech. sur l’anat. du Ghimpanze, 1841. BiscHorF. Anatomie des Gorilla, München, 1880. CHaAMmPNEYs. On the Muscles and Nerves of a Ghimpanzee (Journ. of Anat. and Phys., 1871, p. 179). GruBER. Abhandl. aus dem Gebiete der Med.-Chir. Anat., Berlin, 1847. WAGNER. Heusinger’s Zeitschrift, p. 335. TurNER. On irregularities of the omo-hyoïd Muscle (Edimb. Med. and Surg. Journ., 1861). LuscaKA. Muller’s Arch., 1856, p. 284. PETSCHE, Cité par Macalister, Loc. cit. SCHMIDTMÜLLER. Reil u. Auteurieth’'s Arch., vol. VIII, p. 269. RicxeT. Soc. anat. de Paris, 1873, p. 173. GRATIOLET et Aix. Rech. sur l'anat. du Troglodytes Aubryi, 1866. Cuvier et DUvERNOY. Leçons d’Anatomie comparée, t. IV. PERRIN. On the affinities and evolution of the subclavius and omo-hyoïd Muscle (Med. Times, 1871). ALBRECHT. Beitræge sur Morphologie d. m. omo-hyoïdes, eéc., disserlalio, Kiel, 1876. .ARTICLE V FAISCEAUX SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION SOUS-HYOÏDIENNE En décrivant, dans les quatre articles qui précèdent, les variations anormales des muscles sous-hyoïdiens, nous avons vu : 4° Que les deux faisceaux omo-hyoïdien et sterno-hyoïdien sont les portions extrêmes d’un muscle unique dont la portion moyenne s’est transformée, chez l'homme, en une aponévrose ; et que ces faisceaux moyens réapparaissent quelquefois, plus ou moins volumineux, mais toujours significatifs, dans le triangle omo-claviculaire. 2° Que les muscles sous-hyoïdiens se présentent parfois, à l’état incomplet, c'est-à-dire que les fibres charnues qui les cons- tituent se détachant, comme à l'ordinaire, d’une de leurs sur- faces d'insertion normale, ne s'étendent pas jusqu’à la deuxième 4 surface d'insertion, mais s'arrêtent en roule, soit sur les 266 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. aponévroses, soit sur le cartilage cricoïde, soit sur la gaîne des vaisseaux où même sur le corps thyroïde. Ces deux considérations nous permettent d'interpréter, comme ils le méritent, les faisceaux surnuméraires suivants : $ I. — Muscle coraco-cervical (coraco-fasrialis de Kraüse). — Il s'étend de l'apophyse coracoïde à l'aponévrose moyenne du cou; c'est un omo-hyoïdien dont le ventre antérieur fait défaut. (Voyez ce muscle, p. 255.) $ II. — Muscle costo-cervical (costo-fascialis cervicalis de Wood). — Il se détache en bas du premier cartilage costal et vient se perdre en haut, soit sur la gaîne des vaisseaux du cou, soit sur l’aponévrose cervicale moyenne. Walsham a rapporté deux cas, très intéressants l’un et l’autre, de cette anomalie dans les S' Bartholomew's Hospital Reports de 18S0 et de 1884. Il ressort nettement de la description donnée par Walsham que ce faisceau n'est qu'une portion du sterno-thyroïdien incom- plètement développé. Nous devons ranger dans ce groupe le muscle décrit par Luschka sous le nom de transversus colli, qui, naissant de la 1" côte, se portait obliquement en haut et en dehors, entré le sterno-hyoïdien et le sterno-thyroïdien, vers l'extrémité interne de la clavicule où il se perdait sur le tissu fibreux qui sépare la région cervicale de la région thoracique (Septum thoraco- cervicale de Astley Cooper). $ IT. — Muscle cléido-cervical (cleido-fascialis de Maca- lister). — Un cas très net de ce muscle, dont le nom seul indi- que les insertions, a été rencontré sur le côté droit d’un sujet fortement musclé par Rambaud et Carcassonne. Voici la des- cription qu'en donnent ces deux anatomistes : « Il s’insérait, dans l'étendue de 2 centimètres, à la partie moyenne du bord supérieur de la clavicule, derrière la portion claviculaire du sterno-cléido-mastoïdien très développé sur ce sujet; il le débordait un peu en dehors. Gelte insertion se faisait à l’aide FAISCEAUX SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION SOUS-HYOIDIENNE. 267 de fibres aponévrotiques très courtes. De là, le corps charnu, presque cylindrique, un peu aplati d'avant en arrière, de 15 millimètres de large, se portait presque horizontalement, un peu oblique en haut et en dedans, croisait presque perpen- diculairement la face postérieure du sterno-mastoïdien et la face antérieure des muscles sterno-hyoïdien et sterno-thyroïdien. Arrivé sur la ligne médiane, il s’épanouissait en une lame apo- névrolique très mince, intimement confondu avec le feuillet superficiel de l’aponévrose sous-hyoïdienne. » $ 1V. — Muscle sterno-cervical {sterno-fascialis de Gruber). — Ce muscle, observé et décrit par Gruber en 1872, prenait naissance sur la poignée du sternum, en arrière du sterno- mastoïdien ; il mesurait # ou 5 millimètres de largeur; il se portait en haut et en dehors dans le triangle omo-hyoïdien et se terminait sur l’aponévrose de ce triangle, après un parcours de 13 centimètres et demi. Comme le faisceau précédent, ce petit muscle tendait par ses contractions l’aponévrose du cou, et je ne m'explique pas les raisons qui ont déterminé Gruber à faire de son sterno-fascialis un muscle particulier « tenseur de l’apo- névrose du cou » (besonderer, accidenteller Tensor fasciæ coll), sans relation aucune avec le costo-cervical, le cléido-cervical, le coraco-cervical {Er ist ganz verschieden von dem J. Wood beschriebenem costo-fascialis). $ V. — Muscle hyo-cervical (hyo-fascialis de Gruber). — Comme son nom l'indique, ce petit muscle s'étend de l'os hyoïde à l’aponévrose cervicale. Situé en dehors du sterno-hyoïdien (Gruber en a observé 5 cas), il représente un omo-hyoïdien dont le ventre postérieur ne se serait pas développé; placé au con- traire en dedans ou au-dessous des muscles droits, il doit être évidemment rattaché à ces derniers muscles et être considéré comme un faisceau sterno-hyoïdien dont l'extrémité inférieure s'est arrêtée à l’aponévrose. Tel est le cas observé, en 1881, par Walsham : un faisceau musculaire d’un demi-pouce de lar- geur se détachait du bord inférieur de l'os hyoïde, en dedans 268 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. du muscle thyro-hyoïdien et se divisait presque immédiatement après en deux portions : l'une, continuant ce trajet descendant du muscle, venait se Lerminer par trois petites digitafions sur l'aponévrose cervicale moyenne, à un pouce et demi au-dessus de la fourchette sternale; l’autre, affectant toutes les allures du Levator glandulæ thyroïdeæ, se fixait sur le lobe gauche du corps thyroïde. Cette observation nous démontre, déjà, que le muscle Levator glandulæ thyroïdeæ, que nous étudierons dans le prochain paragraphe, n'est qu’une disposition accidentelle d'un faisceau sterno-hyoïdien dont la portion comprise entre le ster- num et le corps thyroïde fait défaut. Nous devons rapprocher de cette dernière forme du muscle hyo-fascialis le muscle hyo-trachealis, observé par Gruber en 1868, entre l’os hvyoïde et les premiers anneaux de la trachée, et peut-être aussi le muscle Ayo-cricoïdien ou crico-hyoïdien, décrit pour la première fois par Zagorsky en 4806, et dont Walsham et Curnow nous ont donné, dans ces dernières années, de nou- velles observations. L'interprétation que nous donnons ici du crico-hyoïdien, nous paraît être pleinement justifiée par l’un des deux faits observés par Walsham, dans lequel ce petit muscle était compris entre deux autres faisceaux musculaires, qui se portaient l’un et l’autre sur le corps thyroïde. $ VI. — Muscle élévateur du corps thyroïde (muse. Levator glandulæ thyroïdeæ de Sæmmering). — Sœæœmmering qui, le premier, a bien étudié ce muscle, en a donné la description suivante : «On aperçoit quelquefois, du côté gauche, un muscle dont la largeur égale à peu près la moitié de celle du thyro-hyoïdien ordinaire; ce muscle naît, tendineux, du bord inférieur du corps de l'os hyoïde et descend, charnu, sur le car- tilage thyroïde; une partie s'attache à ce cartilage, tandis qu'une autre se répand manifestement sur la glande thyroïde. Parfois, il provient de la corne de l'hyoïde. Il existe rarement du côté droit et plus rarement encore des deux côtés à la fois. II attire le milieu de la glande thyroïde vers le corps del'hyoïde. » Cette description s'applique assez bien, on en conviendra, au MUSCLE ÉLÉVATEUR DE CORPS THYPROÏJDE. 269 prolongement du corps thyroïde que Lalouette avait déjà décrit en 1750 sous le nom de pyramidé, et il a pu se faire que Sæmmering, malgré son habileté dans la dissection, ait pris quelquefois pour un muscle ce qui n'était en réalité qu’une portion du corps thyroïde lui-même. Mais on serait mal fondé à généraliser cette accusation pour tous les cas et à affirmer avec Theile que le muscle élévateur du corps thyroïde «n’est autre chose que le prolongement de la glande thyroïde, désigné sous le nom de pyramide, » que «le microscope n'y fait découvrir aucune trace musculaire et n'y montre que de la substance glanduleuse. » Dès 1847, J. Godart s'était élevé contre l’assertion trop exclusive de Theile et avait montré, à la Société Analomique de Paris, une pièce se rapportant parfaitement à la description de Sæmmering et offrant un exemple incontestable du muscle de la glande thyroïde. M. Bouchard, dans une communication verbale, a bien voulu nous affirmer qu’il avait rencontré quel- quefois le muscle thyroïdien de Sæmmering et que toujours le microscope lui avait révélé sa nature musculaire. L'existence du muscle élévateur du corps thyroïde nous paraît donc désormais hors de doute. Du reste, depuis la communica- üon de J. Godart, de nouvelles observations relatives à ce muscle ont été rapportées par des anatomistes d’une autorité incontestable, notamment par M. Gruber, par Walsham, par Macalister. Ce dernier auteur a même vu, dans un cas, le muscle élévateur thyroïdien s'attacher sur le sommet de la pyra- mide de Lalouette. Le muscle élévateur de la glande thyroïde peut être bilatéral ou n'exister que d'un seul côté. De plus, il présente quelquefois dans sa constitution des faisceaux multiples, témoin le fait sui- vant qui a été observé par Gruber; le muscle élévateur com- prenait trois faisceaux dislincts : le premier prenait naissance sur le bord inférieur de la grande corne de l’os hyoïde du côté droit et venait aboutir à la région de l'isthme; le second se séparait du muscle thyro-hyoïdien et se terminait sur le lobe du corps thyroïde; quant au troisième, il se détachait également de 270 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. la portion postérieure du muscle thyro-hyoïdien, ainsi que du thyro-pharyngien. Quant à sa nature, j'ai déjà établi, à plusieurs reprises, que le muscle Levator glandulæ thyroïdeæ n'était qu'un faisceau aberrant ou incomplet des muscles droits, compris entre l'os hyoïde et le sternum ; nous en avons la preuve dans les con- nexions par trop significatives que ce faisceau anormal présente avec les muscles précités : « des faisceaux du thyro-hyoïdien, dit Macalister, peuvent former un Levator, » et je rappellerai cette observation si intéressante de Walsham, dans laquelle, la portion moyenne du muscle sterno-hyoïdien faisant défaut, la portion inférieure s’attachait sur la gaîne des vaisseaux du cou et la portion supérieure venait se fixer sur le lobe gauche da corps thyroïde, constituant ainsi un exemple typique du muscle anormal que nous venons de décrire. Bibliographie : RAMBAUD et CARCASSONNE. Faisceau anormal de la région sus-claviculaire (Gaz. méd., Paris, II série, 1864, t. XIX, p. 191). GrRuBEr. Ueber einen Muscul. sterno-fascialis bei Menschen (Bull. Acad. imp. Saint-Pétersbourg, 1872, col. 497). GruBer. Anatomische Notiszen (Virchow's Arch., Bd LXXVII, p. 193). — Reicherts Arch., 1868, p. 644. WaLsHAM. Guy's Hospital Reports, t. XVI et XVII, 1880 et 1881. ZAGORSKY. Mémm. de l'Acad. imp.'de Saint-Pétersbourg, t. I, p. 353. Curxow. Journ. of Anat. and Phys, t. VIII, p. 378. MACALISTER. Trans. of Roy. Irish Academy, 1872. DuvEerNor. Comment. Acad. scient. Petrop., 1740, p. 216. LALOUETTE.. Recherches sur la glande thyroïde (Mém. acad. et Soc. sav. étrangères, 1750, p. 159). SŒMMERING. De Musculis, 128; de Splanchnologiä, 54. THEILE. Encyclop. anatom., t. II, p. 86. J. GoparT. Soc. anat. de Paris, 1847, p. 202. Woop. Proc. of Roy. Society of London, 1865, t. XIV, p. 380; 1866, t. XV, p. 23; 1867, t. XVI, p. 490, Luscaka. Silsungsb. der k. Akad. in Vien; Mathemat.-Physic. Klasse, Bd XXXIIL, p. 18. # À MUSCLE DIGASTRIQUE. 271 CHAPITRE II Muscles de la région sus-hyoïdienne. Les auteurs classiques ont l'habitude de décrire, dans la région sus-hyoïdienne, quatre muscles distincts : le digastrique, le stylo- hyoïdien, le mylo-hyoïdien et le génio-hyoïidien. Nous ajouterons à ces muscles, sous le titre de muscles sus-hyoïdiens surnumé- raires, certains faisceaux qui apparaissent quelquefois dans cette région. Tels sont : le mento-hyoidien de Macalister, l’occipito-hyoidien de Perrin, le pétro-hyoidien de Calori, etc. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE DIGASTRIQUE. Deux portions ou ventres constituent ce muscle : le ventre postérieur prend naissance en dedans de l'apophyse mastoïde du temporal, dans une rainure spéciale, dite rainure digastrique ; le ventre antérieur se détache d’une petite fossette rugueuse, située de chaque côté de la symphyse mentounière et bien connue, en ostéologie, sous le nom de fossette digastrique. Ces deux portions convergent l'une et l’autre vers le corps de l'os hyoïde et se jettent, avant d’atteindre cet os, sur les deux extré- mités d’un tendon qui les unit et que l’on peut appeler, pour cette raison, le tendon moyen ou intermédiaire du muscle. Ce tendon, long de 3 à 5 centimètres, traverse la portion charnue inférieure du muscle stylo-hyoïdien et se trouve maintenu contre l’os hyoïde par une espèce d’anneau fibreux doublé d'une synoviale; de plus, une expansion aponévrolique à peu près constante réunit ce tendon aux faisceaux inférieurs du muscle mylo-hyoïdien. 272 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Les variations anatomiques du muscle digastrique sont fort nombreuses; je les classerai dans l’ordre suivant : $ I. — Muscle digastrique ne traversant pas la boutonnière du stylo-hyoïdien. — (Voyez article suivant, Muscle stylo- hyoïdien.) $ IT. —— Insertion du digastrique sur l’angle du maxillaire inférieur. — Le ventre postérieur du muscle digastrique, suivant un trajet moins oblique que dans les conditions ordi- naires, se porte vers l'angle du maxillaire inférieur et s'y attache. Dans ces cas, le tendon moyen et le ventre antérieur font défaut ; le muscle est monogastrique. Platner et M. Whinnie ont signalé chacun un fait de ce genre. Comme variante de cette anomalie, il convient de rappeler les cas observés par Henle, par Gruber, par Beaunis et Bouchard, dans lesquels un faisceau surnuméraire détaché de l'angle de la mâchoire inférieure venait se réunir d'autre part soit au ventre antérieur, soit au ventre postérieur du muscle. Anatomie comparée. — Le muscle qui nous occupe est mono- gastrique et se fixe dans les régions de l’angle du maxillaire, chez un grand nombre d’espèces animales, notamment chez le cochon, le daman et les différentes espèces de l'ordre des Monotrèmes (Meckel). Cette disposition est encore la règle chez les Carnassiers, le chien, le blaireau, le hérisson, etc., etc. « Chez les Mammifères carnassiers, dit Cuvier, il n’y a jamais qu'un seul ventre. Il se fixe au bord inférieur de chaque bran- che au delà du masséter et plus ou moins en avant; dans le musaraigne d'eau, c’est en arrière, dans la laupe, c’est en avant; dans le chat, c’est à l'angle. Dans les mangoustes, il s'attache depuis l'angle postérieur jusque près de l'angle antérieur. » Chez l'Ursus americanus, j'ai trouvé le muscle digastrique réduit à un seul ventre et s'attachant sur le bord inférieur et la face interne du maxillaire depuis le bord antérieur du masséter, jusqu’à À centimètre en dehors de la symphyse, c'est-à-dire dans une étendue de 8 centimètres. 15 MUSCLE DIGASTRIQUE. 213 J'ai trouvé le muscle abaisseur du maxillaire également réduit à un seul ventre et fixé à l’aide d’un fort tendon sur l'angle du maxillaire inférieur, chez l'orang-outang. Cette disposition à laquelle j'étais loin de m'attendre chez un anthropomorphe, m'a surpris tout d’abord et j'ai cru à une anomalie; toutefois, j'ai vu plus tard qu’elle avait été mentionnée chez l'orang par Owen, par Sandifort et par Bischoff, de telle façon qu'on peut conclure, jusqu'à preuve du contraire, que, dans cette espèce, l'insertion du digastrique à l'angle de la mâchoire (type des Carnassiers) est une disposition normale. Elle constitue une exception bien remarquable en myologie simienne, toutes les espèces de l’ordre des Quadrumanes, y compris les malis, pos- sédant un muscle abaisseur du maxillaire à deux ventres, un vrai digastrique, dont les insertions diffèrent à peine des inser- tions que présente ce même muscle chez l'homme. La transition entre le muscle à deux ventres et le muscle à un ventre unique nous est offerte par le muscle du cavias, qui, ten- dineux à sa surface, est charnu dans sa profondeur de telle sorte que chez cet animal, pour me servir de l'expression significative de Meckel, «la séparation en deux ventres est équivoque » ; chez le rat, j'ai trouvé moi-même un muscle à deux ventres réunis l’un à l’autre par un étranglement moitié charnu et moitié tendineux. $ IT. — Réunion anormale des deux tendons intermé- diaires. — Au lieu de rester distincts, les tendons intermédiaires des deux muscles peuvent se réunir sur la ligne médiane et constituer ainsi une arcade à peu près transversale au-dessus du corps de l’os hyoïde. Cete arcade lendineuse, unie à l'os par des trousseaux fibreux, donne naissance par son bord supérieur aux ventres antérieurs du digastrique, qui gagnent ensuite la région mentonnière, soit en reslant isolés, soit en se fusionnant, soit même en s'envoyant quelques faisceaux entre-croisés. (Cas de Haller, de Sæmmering, de Macalister.) Anatomie comparée. — Cuvier et Duvernoy signalent une dis- position absolument identique chez le mandrull et le papion. Je 18 274 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ne changerai rien à leur description : « Dans ces deux espèces, les tendons des portions mastoïdiennes des deux côtés se ren- contrent et se confondent devant l'os hyoïde, en formant un are dont la convexité est dirigée en avant, de manière qu'elles semblent plutôt composer ensemble un muscle digastrique, que chacune d'elles avec la portion maxillaire de son côté. Les deux secondes portions sont contiguës l'une à l’autre et tien- nent à la convexité du tendon par des fibres aponévrotiques qui se répandent en rayonnant sur leur surface. Leur extrémité antérieure va gagner l'arc du menton. » $ IV. — Réunion des deux ventres antérieurs sur la ligne médiane. — Dans la pluralité des cas, les deux ventres anté- rieurs sont séparés par un interstice celluleux de plusieurs mil- limètres de largeur. Cet interstice peut disparaitre en totalité et les deux portions charnues se confondent alors en un muscle unique : j'ai rencontré deux fois cette disposition chez l'homme ; je l'ai aussi rencontrée chez les Cercopithèques, où les ventres antérieurs du digastrique, très développés, s'attachent sur toute l'étendue du bord inférieur du maxillaire, comprise entre le menton et le ptérygoiïdien interne. Les deux ventres antérieurs, tout en restant isolés dans la plus grande partie de leur longueur, peuvent s'envoyer des faisceaux anastomotiques; c'est là un nouveau mode d'union qui sera mieux placé dans le paragraphe suivant. $ V.— Ventre antérieur surnuméraire; muscle trigas- trique. — J'ai déjà mentionné, comme constituant un muscle trigastrique, un faisceau surnuméraire s’attachant à l'angle du maxillaire et pouvant provenir, soit du ventre postérieur, soit du ventre antérieur. Il ne sera question ici que des faisceaux charnus qui se détachent du bord interne du ventre antérieur et se portent obliquement vers la ligne médiane. On les ren- contrerait À fois sur 15 sujets, d’après Hallet, À fois sur 17, d'après Wood. Ges faisceaux, généralement aplatis et fort minces, se détachent du ventre antérieur à des hauteurs varia- MUSCLE DIGASTRIQUE. 275 bles; ils peuvent même prendre naissance sur le tendon inter- médiaire. Leur terminaison n’est pas moins variable : æ) — Je l'ai vue chez un nèÿre s'arrèter au raphé médian du mylo-hyoïdien; c’est là, je crois, la disposition la plus com- mune. £) — Je l'ai vue une fois franchir la ligne médiane et aller se fixer dans la fossette digastrique du côté opposé, au-dessus du faisceau normal. La plupart des anatomistes, Monro, Weitbrecht, Hallet, Sæœmmering, Theile, Henle, Wood, Kôlliker, Cruveilhier, ont signalé des faits analogues. 7) — Dans un cas observé par Weber, le ventre surnumé- raire, suivant pour ainsi dire un trajet récurrent, descen- dait jusqu à l'os hyoïde. 2) — L'anomalie est le plus souvent unilatérale; si elle existe simultanément des deux côtés, les deux muscles symétriques peuvent se fusionner sur la ligne médiane et établir ainsi, entre les deux digastriques, une anastomose plus ou moins transver- sale. Wood et Macalister ont observé chacun un cas semblable. Signification anatomique. — Les faisceaux obliquement con- vergents qui, du ventre antérieur du digastrique, se portent sur la ligne médiane, soit pour s’y arrêter, soit pour la franchir ou s'entre-croiser avec des faisceaux similaires provenant du côté opposé, doivent être rapportés à cette tendance que possèdent tous les muscles obliques ou transversaux à s’entre-croiser sur la ligne médiane, soit par leurs fibres charnues, soit par leurs tendons d’origine. C’est ainsi que nous voyons bien souvent des faisceaux du mylo-hyoïdien passer d’un côté à l’autre, que les tendons des sterno-mastoïdiens, les faisceaux internes des sterno- thyroïdiens, les faisceaux moyens des grands pectoraux s’entre- croisent sur la ligne médio-sternale, etc. Chauveau et Arloing décrivent chez le bœuf un pelit muscle quadrilatère, constitué par des fibres transversales, situé au- dessous de la base de la langue et réunissant les ventres anté- rieurs des deux digastriques. Cette forte anastomose rappelle évidemment la disposition anormale signalée plus haut (9). 276 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ VI. — Intersection tendineuse sur le ventre postérieur. — Walsham a observé, dans les laboratoires de S° Bartholo- mew’s Hospital, sur le ventre postérieur du muscle digastrique, à 2 ou 3 centimètres au-dessous de son insertion à l'apophyse mastoïde, une intersection aponévrolique occupant toute l’épais- seur du muscle. Dans un autre cas, que l’on trouvera figuré dans les Sf Bartholomew’s Hospital Reports de 1881 (fig. #, p. 76), le même observateur a rencontré un vrai tendon cylindrique sur le trajet du ventre postérieur. Ces deux formations fibreuses, intersection el tendon, sont tellement connexes, que sur le deuxième sujet de Walsham, le tendon rencontré du côté gauche était représenté, du côté droit, par une interseclion située à la même hauteur. Nous sommes depuis longtemps fixés sur la valeur qu'il faut accorder, en Anatomie générale, aux intersections aponévro- tiques des muscles. J'ai trouvé, sur le digastrique de mon Ursus americanus, une intersection tendineuse fortement dentelée, située à 1 et 2 cen- limètres au-dessous de l’apophyse mastoïde et intéressant la lotalité des fibres musculaires. Toutefois nous serions mal fondé à assimiler cette intersection au tendon anormal de Waäalsham ; le muscle de l'ours est, en effet, réduit à un seul ventre, et la coupure aponévrotique que je viens de signaler, pourrait peult- être représenter, avec autant d'exactitude, le tendon intermé- diaire aux deux ventres dans le digastrique de l’homme. $ VII. — Union plus ou moins étendue avec quelques muscles voisins : | ) — Avec le stylo-hyoïdien. — Le ventre postérieur du digas- trique peut être renforcé par un faisceau charnu se détachant soit du stylo-hyoïdien, soit de l’apophyse styloïde, à côté de ce dernier muscle. Dans un cas de ce genre, observé par Wood, le stylo-hyoïdien lui-même venait se fixer sur le tendon inter- médiaire du digastrique. Je crois devoir considérer comme une fusion complète des deux muscles, le cas rapporté par M. Whinnie, dans lequel, FAI ' : : hé MUSCLE DIGASTRIQUE. 271 le muscle stylo-hyoïdien étant absent, le ventre postérieur du digastrique se trouvait considérablement grossi, relativement au ventre antérieur. Anatomie comparée. — Chez le paresseux, Duvernoy consi- dère le stylo-hyoïdien comme confondu avec le digastrique. Dans le cochon, d'après Guvier, l’analogue du stylo-hyoïdien a une portion qui se réunit au digastrique, derrière l'angle du maxillaire inférieur. Chez le paca, le même anatomiste estime que le stylo-hyoïdien n'est « qu'une portion du digastrique ». Watson, qui a étudié avec soin la myologie de l'éléphant, déclare que, contrairement à l’assertion de Mayer, il n’a pu arriver à isoler le stylo-hyoïdien de la masse musculaire qui constitue le digastrique. £) — Avec le mylo-hyoïdien. — Dans un cas rapporté par Lovegrove, le ventre antérieur du digastrique gauche envoyait une expansion au mylo-hyoïdien du côté opposé. Ce n’est là qu'une variété du ventre antérieur surnuméraire qui s’est arrêté sur le mylo-hyoïdien, au lieu de poursuivre son trajet jusqu’au maxillaire. J’en dirai tout autant du ventre antérieur, signalé PE Beaunis et Bouchard, qui s’arrêtait dans son trajet sur l’'aponévrose mylo-hyoïdienne du même côté. 7) — Avec le mento-hyoïdien. — Nous décrirons ce UE surnuméraire dans un des articles suivants. (Voy. art. V, p. 288.) Bibliographie : HALLER. Lib. IX, sect. 2 PLATNER. De Musculo digastrico maxillæ inferioris, Leipzig, p. 14. SANDIFORT. Verhandl.over Natuurl.Gerchied. der Neederl.ov. Besittingen, 1839-49, p. 29. OWwEN. Proc. of Zool. Society of London, 1830, p. 28. MacaristTer. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. Cuvier. Leçons d’Anatomie comparée, t. IV, p. 93. Moro. Essays of a Society at Edimburgh, vol. IT, p. 266. WEBER. Handbuch, p. 369. Mac WHINNIE, cité par Macalister, loc. cit., et par Quain, Anatomy. GruBER. Ueber den Musc. trigastricus maxillæ inferioris (Virchow’s Arch., Bd LXXXI, p. 445). GR)BER. Musc. digastricus maxillæ inferioris mit Ursprung seines vorde- ren Bauches und hinterder Mitt. des Seitentheiles der Maxilla im 278 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Bereiche der Strecke zwischen dem Ansatze des Musc. Masseter und dem Ursprung des Musc. depressor anguli oris (Ebenda, p. 449). GANTZER. Dissert. anatom. Musc. varietalis sistens, 1813. FLEISCHMANN. Anat. Walhrnem in Erlang. Abhandlung., Bd I, p. 26. Woop. Proc. of Royal Society of London, t. XV, p. 229 et 522, et t. XVI, p. 485. CHAUVEAU. Anatomie comparée, p. 243. WATSON. Journ. of Anat. and Phys., 1874, t. IX, p. 132. LOVEGROVE. Medical Times and Gazette, vol. XVIII, p. 198. BiscHorr. Anat. des Gorilla, München, 1881. WALSHAM. St Bartholomeuw’s Hospital Reports, t. XVI, 1880; t. XVII, 1881. KôLLIKER. Varietæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. HoMPHRY. Observations in Myology (Brit. med. Journal, 1873, p. 695). BRADLEY. Journ. of Anat., t. VI, p. 420. TESTuT. Système locomoteur de l'Ursus americanus (en préparation). ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE STYLO-HYOÏDIEN, 4 Muscle fusiforme et généralement très grêle, le stylo-hyoïdien prend naissance, en dehors, sur le côté externe de l’apophyse styloïde, tout près de la base de cette apophyse: se portant ensuite en dedans et en avant, il se divise en deux faisceaux pour laisser passer le digastrique, se reconslitue de nouveau en un corps charnu unique et vient se fixer sur la face anté- rieure du corps de l'os hyoïde, dans le voisinage de la grande corne. Dans un cas, Petsche a vu celte insertion se prolonger sur le ligament en partie ossifié qui s'étend du cartilage thyroïde à l'os hyoïde; Reid et Taylor ont retrouvé cette insertion à St Thomas's Hospital en AST9. $ I. — Absence du musele stylo-hyoïdien, — D'après les statistiques de Hallet, le stylo-hyoïdien ferait défaut une fois sur 200 sujets. Celte absence du muscle a été notée par Bühmer, Otto, Kôlliker, Knott, Walsham, etc. Il est probable que dans quelques-uns des cas observés, le muscle stylo-hyoïdien était intimement fusionné avec le ventre postérieur du digastrique, et je rappellerai à ce sujet le fait de M. Whinnie, dans lequel 19 19 l'absence du stylo-hyoïdien coïncidait avec un ventre postérieur du digastrique considérablement grossi. Anatomie comparée. — On n’a pas trouvé de stylo-hyoïdien distinct chez le paresseux (Cuvier), ni chez l'éléphant (Watson), J'ai vu ce muscle manquer chez une quenon d’un côté seule- ment, car du côté opposé il existait, quoique très grêle. MUSCLE STYLO-HYOIDIEN. $ II. — Muscles stylo-hyoïdiens surnuméraires. — J'ai observé une fois seulement l'extension de la boutonnière du digastrique jusqu'à l’apophyse styloïde, de telle sorte que le stylo-hyoïdien présentait en réalité deux chefs distincts passant l'un en avant, l'autre en arrière du tendon moyen du digas- trique. M. Whinnie et Macalister ont observé, eux aussi, une disposition semblable. Il n’est pas rare de rencontrer, en arrière du stylo-hyoïdien normal, un deuxième stylo-hyoïdien plus profondément situé et généralement plus grêle. C’est le stylo-hyoideus alter d'Albinus, le stylo-hyoideus novus de Santorini, le stylo-chondro-hyoïideus de Douglas, le second stylo-hyoideus de Macalister, le petit stylo- hyoidien de Gavardi, le stylo-hyoidien profond de Sappey. Ge dernier anatomiste, qui l'a étudié avec grand soin, lui assigne les caractères suivants : 1° il a une forme régulièrement cylin- drique ; 2° son insertion fixe se fait au voisinage du sommet de l'apophyse styloïde; 3° son insertion mobile a lieu sur la petite corne de los hyoïde; 4° il accompagne le ligament stylo- hyoïdien dans toute son étendue, en longeant son bord inférieur. C'est bien là en effet la disposition qui convient au plus grand nombre de cas de stylo-hyoïdiens surnuméraires. Il est cependant quelques muscles qui s'en éloignent par quelques détails et qui méritent d’être signalés : 2) — Les deux stylo-hyoïdiens (normal et surnuméraire) sont parallèles et identiques quant à leurs inserlions (cas d'Eusta- chius, de Bidloo, d’Albinus, de Santorini, de Wistad). J'ai vu dans un cas le stylo-hyoïdien surnuméraire se détacher, à côté du muscle normal, de la base de l’apophyse styloïde et se 280 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. confondre avec ce dernier à un centimètre au-dessus de l'os hyoïde. £) — Le stylo-hyoïdien surnuméraire peut passer en dedans de la carotide, au lieu de passer en avant de cette artère (cas de Quain, de Külliker, de Shepherd). 7) — I peut remplacer exactement le ligament stylo-hyoïdien (cas de Drake, de Weibrecht, de Blandin, de Macalister). 9) — Il peut se détacher de la face inférieure du rocher, entre l’épine du sphénoïde et l'orifice inférieur du canal caro- tidien (cas de Calori). Des cas de triple stylo-hyoidien ont été rapportés par Hyrtl et par Gruber. Chudzinski, sur un nègre, a trouvé un stylo- hyoïdien divisé à son extrémité inférieure en trois faisceaux : le premier faisceau se fixait à la grande corne de l'os hyoïde près de son sommet; le second, à la petite corne de cet os; le troisième, enfin, s’insérait aux angles inférieurs de l'aponévrose de terminaison du muscle mylo-hyoïdien. Analomie comparée. — Dans le plus grand nombre des espèces simiennes, les muscles de l'os hyoïde et en particulier le muscle stylo-hyoïdien diffèrent peu de ce qu'ils sont chez l'homme. Chez les Mammifères qui possèdent un os styloïde mobile et un appareil hyoïdien plus développé que le nôtre, les mouvements se compliquent et par suile les organes musculaires se multi- plient. Milne-Edwards, d'après Cuvier, considère le stylo- hyoïdien de l’homme comme étant représenté chez ces Mammi- fères par trois muscles distincts : 4° Un muscle mastoido-styloïidien, s’attachant d'une part à l’apophyse mastoïde, s’insérant de l’autre sur la portion supé- rieure du stylo-hyoïdien ; 20 Un muscle stylo-hyoidien médian, se portant de la base des cornes postérieures à la portion supérieure des cornes anté- rieures ; 3° Un muscle cératoidien latéral où petit cérato-hyoidien, s'étendant de l'extrémité des cornes postérieures à la partie inférieure des cornes de suspension. Chauveau et Arloing décrivent également dans la même MUSCLE STYLO-HYOIDIEN. 281 région, chez le cheval, trois faisceaux musculaires plus ou moins indépendants l’un de l'autre : un muscle grêle et fusi- forme, se portant de l'angle postérieur et supérieur de l'os styloïde à la base de la grande corne de l'os hyoïde. C’est évidemment le représentant de notre stylo-hyoïdien; mais, à côté de lui, se trouvent un kérato-hyoidien et un occipito-hyoïidien, s'étendant : le premier, du bord supérieur de la corne thyroï- dienne à la corne styloïdienne et à l'os styloïde ; le second, de l'occipital à l'os styloïde. Chez la chauve-souris (Maisonneuve), nous avons, indépen- damment d'un stylo-hyoïdien, qui part de l'extrémité libre de l'apophyse styloïde pour aboutir à l'os hyoïde, un stylo-atloïdien, petit muscle court, mais épais, qui s'étend de l’apophyse trans- verse de l’atlas à la base de l'os styloïde. $ III. — Absence de boutonnière pour le digastrique. Cette anomalie est fort rare. Le muscle indivis peut passer en avant du tendon du digastrique (cas de Hallet et de Macalister), ou en arrière (disposition observée par Sæœmmering, par Maca- lister et par moi-même). É Anatomie comparée. — L'absence de la boutonnière destinée à laisser passer le digastrique s’observe à l’état normal chez les Ruminants (Chauveau) et chez les Makis (Meckel). $ IV. — Insertion sur le maxillaire inférieur. — Cette dis- posilion anormale comporte deux ordres de faits : des cas dans lesquels le faisceau anormal s'étend de l'apophyse styloïde au maxillaire, des cas dans lesquels le faisceau anormal partant du maxillaire aboutit à l'os hyoïde. Dans ces deux ordres de faits, il convient, je crois, de considérer les muscles anormaux comme des formes incomplètes du stylo-hyoïdien, ou, si l'on préfère, comme des stylo-hyoïdiens arrêtés dans leur dévelop- pement. La première variété (stylo-maæillaire) est constituée par un stylo-hyoïdien qui, au lieu de gagner l’os hyoïde, s’est arrèté sur l'angle du maxillaire; dans la deuxième variété [hyo- maxilluire), nous ne devons voir qu'un stylo-hyoïdien qui, 282 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. partant de l'os hyoïde pour aboutir à l'apophyse styloïde, a rencontré, dans son lrajet, le maxillaire inférieur et a pris sur lui ses points d'attache. Je dois ajouter que, concurremment avec un muscle à inser- tion maxillaire, on peut rencontrer des faisceaux normaux se rendant, sans arrêt, de l'os hyoïde à l'apophyse styloïde. L’ano- malie, dans ce cas, n'intéresse pas la lotalité des muscles; elle ne porte que sur une partie de ses faisceaux. z) — Le muscle stylo-maæillaire a été décrit par Macalister en 1868. Il avait été signalé avant cette époque par Mayer, par Alessandrini et par Calori, qui fait remonter la première descriplion de ce faisceau musculaire à «son illustre maître » le professeur Mondini. Anatomie comparée. — Le muscle stylo-maxillaire se ren- contre normalement chez quelques Oiseaux, notamment chez la litorne (Mivart). C'est vraisemblablement à cette formation musculaire qu’il faut rapporter le muscle stylo-maæillaire décrit par Bourgelat, sur les Solipèdes, en dedans du digastrique. Le muscle hyo-maxillaire nous est encore décrit par l'infatigable Macalister, qui lui a donné le nom de muscle hyo- angularis ; il a été rencontré de nouveau par M. Kelly, dans les salles de dissection du « Royal College of Surgeons », de Dublin. Anatomie comparée. — Chez les Oiseaux, le muscle stylo- hyoïdien est représenté en partie par un musele spécial déerit par Cuvier, sous le nom de A. serpi-hyoidien, et rappelant exactement l’hya-angularis. «Il s'attache, en arrière, à l’apo- | 5) physe serpiforme de la mâchoire inférieure et s'avance de dehors en dedans vers l'hyoïde; 1l se sépare souvent en deux portions : l'antérieure, plus petite, se fixe à l'angle postérieur du corps de l'hyoïde, au devant de son articulation avec la corne; celle qui vient après, beaucoup plus forte, se termine à une ligne médiane commune avee le mylo-hyoïdien, qui répond à la corne moyenne de l'hyoïde et au corps duquel elle envoie une mince aponévrose ». C'est ce muscle serpi-hyoidien que Meckel décrit sous le nom de mylo-hyoïdien postérieur. SÉaRE SCORE MAS à 0 * I PO PEN TN OR PSE Re Re ES ER Te CET 2 = vas . à " A È vrun : - MUSCLE STYLO-HYOIDIEN, 283 *s#3 $ V. — Union avec quelques muscles voisins. — On à vu le muscle stylo-hyoïdien présenter des connexions plus ou moins intimes : zx) — Avec le digastrique. (Voyez ce muscle.) 6) — Avec l’omo-hyoïdien. (Voyez ce muscle.) 7) —— Avec les muscles de la langue. — On a rencontré des faisceaux charnus, toujours très grêles, se détachant du stylo- hyoïdien et venant renforcer le stylo-glosse, le génio-glosse ou l’hyo-glosse. Ces connexions sont sans grande importance ; elles témoignent cependant d’une certaine parenté anatomique entre le stylo-hyoïdien et les muscles de la langue chez l’homme, parenté qui s’aflirme chez quelques espèces animales par des caractères bien plus tranchés. Bibliographie : BôHMERr. Observ. anatom. rar.; Halæ, 1712, p. 5. PETscx. /n Haller’s Disput. select., VI, p. 767. SANTORINI. Observ. anatom., Venet., 1724, p. 117. WEIBRECHT. Comment. Petropolit., IX, p. 256: GAvaRDi. Traité de Myologie, suivant la méthode de Desault, Paris, an VIT. Boyer. Traité d’ Anatomie, Paris, 1815, p. 87. BLANDIN. Nouv. élém. d’Anat. descript., 1838, p. 374. SAPPEY. Anat. descript., t. Il, p. 155. WisTAD. Anatomy, Pensylvania, 1823, p. 189. DrAKE. Anthropographia. Bock IT, chap. XVIT. HyeTz. Lehrbuch der Anatomie, p. 290. QUAIN. Anatomy and operative surgery of the Arteries. CHAUVEAU. Anat. comparée, p. 238. Mayer. Beschr. des menschl. Kürpers, HI, p. 547. MILNE-EpwaARDS. Physiol, et Anat. comparées, t. VI, p. 87. MAISONNEUVE. Osféoloqie et myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 207. Monpini. Novi Comment. Acad. scient. Instit. Bonon., t. I, p. 62. CaLoRI. Varietà dei Muscoli del Tronco, Bologne, 1868. KozLiKER. Varielæten Beobachtungen, etc, Würzburg, 1879. Knorr. Journ. of Anat. and Physiol., t. XV, p. 140. WALSHAM. S' Bartholomeu’s Hospital Reports, 1880 et 1881. Macauisrer. The Varieties of the Styloïid Muscles (Journ. of Anal. and Physiol., nov. 1870, p. 29). LAwW£EON TAIT. Journ. of Anat. and Physiol., may 1870. SHEPHERD. Montreal's general Hospital Reports, vol. I, 1850. Gruger. Muller’s Arch., 1848, p. 624. 284 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Caupzinski. Revue d’Anthrop., t. III, p. 411. PYE-SMiTH, HOWSE et CoLcey. Guy's Hospital Reports, 1870. REID et TayLor. S' Thomas's Hospital Reports, 1879. ARTICLE III ANOMALIES DU MUSCLE MYLO-HYOÏDIEN. Situé entre la cavité buccale et la région sus-hyoïdienne, le muscle mylo-hyoïdien, aplati et irrégulièrement quadrilatère, prend naissance sur la ligne myloïdienne du maxillaire infé- rieur; ses faisceaux, convergeant de là vers la ligne médiane, viennent s'insérer : les postérieurs sur l'os hyoïde lui-même ; les antérieurs sur un raphé aponévrotique qui s'étend de cet os à la symphyse du menton. Les variations morphologiques de ce muscle sont assez peu nombreuses et ne présentent qu'un faible intérêt. $ I. — Absence du raphé médian hyo-mentonnier. — Il n'est pas rare de voir quelques faisceaux du mylo-hyoïdien passer, sans s'interrompre, d'un côté à l’autre et rompre ainsi la continuité du raphé sus-hyoïdien. Dans plusieurs cas, notam- ment chez deux nègres, j'ai vu le raphé disparaître entièrement et les deux muscles mylo-hyoïdiens se fusionner en une lame musculaire unique. Une pareille disposition se rencontre chez un grand nombre de Mammifères. Du reste, certains anatomistes, Cruveilhier entre autres, admettent qu'à l'état normal «les fibres internes du mylo-hyoïdien, très courtes et constituant la portion supé- rieure du muscle, se continuent sans aucune ligne de démar- cation avec les fibres du côté opposé ». Ç IL. — Etendue variable des insertions hyoïdiennes. — Macalister a vu ces insertions occuper, dans certains cas, tout l’espace compris entre les deux apophyses styloïdes, et se réduire, dans d’autres, à un dizième de pouce. MUSCLE MYLO-HYOIDIEN. 285 Chez la sarigue et chez le fourmilier, le mylo-hyoïdien n'atteint même pas l'os hyoïde (Cuvier). $ II. — Division du muscle en deux portions. — Dans un cas observé par M. Whinnie, le muscle mylo-hyoïdien était divisé en deux portions distinctes : l’une antérieure, plus voisine de la ligne médiane, l’autre postérieure, plus rapprochée de l’angle du maxillaire. Macalister a vu les deux portions du muscle séparées par le canal de Warthon. On a même vu le stylo-hyoïdien gagner l'os hyoïde, à travers l’espace compris entre les deux faisceaux du mylo-hyoïdien. Anatomie comparée. — Chez quelques espèces de Rongeurs, en particulier chez le Bathyergus et l'Arctomys, le muscle mylo-hyoïdien serait divisé, d'après Meckel, en deux moitiés entièrement distinctes : la première de ces deux portions, plus superficielle et plus courte, s'étend transversalement d'une moitié du maxillaire à l’autre; la seconde, plus profonde et plus mince, mais beaucoup plus longue, se détache également du maxillaire pour aboutir à l'os hyoïde. Sur l'éléphant des Indes, Watson a également constaté deux portions distinctes dans le mylo-hyoïdien : l'une plus volumi- neuse, dirigée transversalement d'un côté à l’autre et formant le plancher de la bouche, sans atteindre l'os hyoïde; l’autre plus profonde, se détachant en arrière de la précédente, de la face interne du maxillaire et venant se terminer sur un trousseau fibreux qui unit la base des deux grandes cornes. Une semblable disposition s’observe encore chez plusieurs Reptiles et dans un grand nombre d'Oiseaux, le perroquet entre autres (Cuvier) et le cygne (Duvernoy). Dans cette dernière espèce, le faisceau hyoïdien du muscle se confond en arrière avec le serpi-hyoïdien, dont j'ai déjà parlé à propos de l’Ayo- angularis de Macalister. $ IV. — Union avec quelques muscles voisins. — Le mus- cle mylo-hyoïdien peut contracter des connexions. z) — Avec le digastrique. (Voyez ce muscle.) 286 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. B) — Avec le sterno-hyoïdien. (Voyez ce muscle.) 7) — Avec le stylo-hyoïdien, dont quelques faisceaux se con- fondent parfois avec des faisceaux obliques ou postérieurs du mylo-hyoïdien, au niveau de leur insertion sur le corps de l'os hyoïde. Bibliographie : MaCaALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. M. WHINNIE, cité par Macalister, in Mémoire précédent. MECKEL. Anat. comparée, t. VIII, p. 596. Cuvier. Leçons d’Anatomie comparée, t. IV, p. 5. DuverNoy. Note, in 2° édition des Lecons de Cuvier, t. IV, p. 503. WATSON. Anatomy of the indian Elephant (Journ. of Anat. and Physiol., 1874, p. 131). ARTICLE IV ANOMALIES DU MUSCLE GÉNIO-HYOÏDIEN. Les muscles génio-hyoïdiens sont constitués par deux cordons charnus, s'étendant, de chaque côté de la ligne médiane, de l'os hyoïde au maxillaire, au-dessus du mylo-hyoïdien qui les recouvre entièrement. Leur extrémité supérieure prend nais- sance sur les apophyses géni inférieures, au-dessous du génio- glosse ; leur extrémité inférieure vient se fixer sur la face antérieure du corps de l'hyoïde. $ I. — Fusion des deux muscles sur la ligne médiane. Les deux génio-hyoïdiens sont séparés l’un de l’autre par un interstice celluleux toujours très mince, quelquefois à peine visible. Que cet interstice disparaisse complètement, les deux faisceaux se fusionnent et constituent un muscle unique impair et médian. Cette disposition a élé rencontrée par Hallet, par Theile, par Macalister et par moi-même. Analomie comparée. — Les Célacés dont les sterno-hyoïdiens sont réunis en un muscle unique médian, ne possèdent égale- ment qu'un seul génio-hyoïdien. On trouve de mème, chez le fourmilier, un muscle génio-hyoïdien impair et médian « s’atta- chant, d’une part, à l'arc du menton par un tendon unique et se MUSCLE GÉNIO-HYOÏDIEN. 201 fixant, d'autre part, au corps de l'os hyoïde par deux ventres. » (Cuvier.) $ IL. — Faisceau surnuméraire provenant de la grande corne de l'os hyoïde; double pénio-hyoïdien. Macalister signale, d’après Horner, comme une anomalie du génio- hyoïdien, la présence d'un faisceau accessoire qui prendrait naissance sur la grande corne de l'os hyoïde. Cette insertion, passée sous silence par Cruveilhier et Sappey, est pourtant considérée comme normale par Theile: «Régulièrement, dit-l, on trouve encore, en dehors du génio-hyoïdien, un faisceau grêle, qui se dirige en avant, au bord inférieur de la srande corne de l’hyoïde. » Supposons ce faisceau kéraloïdien parfaitement distinct du faisceau principal à insertion basi-hyoïdienne, nous aurons alors deux faisceaux à peu près parallèles, ou, si l’on veut, deux muscles génio-hyoïdiens. C'est vraisemblablement à l'existence d'une portion externe nettement distincte, et peut-être aussi un peu plus développée que d'habitude, qu'il convient de raltacher l'observation que rapporte Mayer d’un muscle génio- hyoïdien, « double des deux côtés ». $ IT. — Union avec quelques muscles voisins, — >) Maca- lister a vu le faisceau mento-hyoïdien se confondre en partie avec le génio-hyoïdien. Il existait, dans ce cas particulier, une . absence partielle du muscle mylo-hyoïdien, ce qui nous explique l'anomalie. 5) — Le mème anatomiste a rencontré des cas où le génio- hyoïdien présentait des connexions intimes avec les deux mus- cles linguaux qui l’avoisinent : le génio-glosse et l'hyo-glosse. Anatomie comparée. — D'après Meckel, les génio-hyoïdiens et les génio-glosses sont confondus chez le pangolin. De même chez les Oiseaux, les génio-hyoïdiens et les génio-glosses des Mammifères sont représentés par un muscle unique (Cuvier), naissant, au-dessus du mylo-hyoïdien, sur le bord et sur la face interne de chaque mandibule et se portant de là sur la corne 288 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. hyoïde, autour de laquelle il s'enroule plus ou moins. Ce muscle est très développé et très long chez les puces, les torcols, les cohbris et les ornismyes. à Bibliographie : MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. Mayer. Beschreibung des menschlichen Kôrpers, t. UT, p. 547. û MECKEL. Anat. comparée, t. VIII. Cuvier. Leçons d’'Anat. comparée, 2° édit., t. IV, p. 491 et 505. THEILE. Encycl. anat., Myologie, p. 74. ARTICLE V FAISCEAUX MUSCULAIRES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION SUS-HYOÏDIENNE. $ I. — Muscle stylo-maxillaire. — Je l'ai déjà décrit el interprété plus haut. (Voyez muscle stylo-hyoïdien, chap. I, art. II, p. 233.) $ II. — Muscle pétro-hyoïdien (Calori). — C'est encore là une variété du muscle stylo-hyoïdien dont les insertions supérieures se sont déplacées. (Voyez ce muscle.) $ IT. — Muscle mento-hyoïdien (Macalister). — Le savant professeur de zoologie du Dublin a décrit sous ce nom, en 1867, un faisceau musculaire placé en avant du ventre antérieur du digastrique ets’étendant de l'os hyoïde à la symphyse du menton. Fort variable dans sa forme et ses dimensions, il peut être constitué par un faisceau impair et médian ou bien par deux bandelettes charnues, symétriques et parallèles. Dans un cas fort remarquable, Macalister l’a rencontré sous la forme d'un triangle dont le sommet correspondait au menton et la base à l'os hyoïde. Ce petit muscle peut présenter des connexions intimes avec le ventre antérieur du digastrique. J'ai déjà écrit plus haut que, dans un cas d'absence partielle du mylo-hyoïdien, on l'avait vu se confondre en partie avec le génio-hyoïdien. FAISCEAUX SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION SUS-HYOIDIENNE. 289 La situation superficielle du mento-hyoïdien et l'union pos- sible de ses faisceaux avec les faisceaux du peaucier ont amené Macalister à le considérer comme une dépendance de ce dernier muscle. Une telle interprétation convient probablement à un certain nombre de cas; elle ne saurait être appliquée à tous. Macalister lui-même rapporte que, sur un sujet observé par lui, le mento-hyoïdien n’était que le prolongement au-dessus de l'os hyoïde du sterno-hyoïdien. Nous avons déjà décrit cette ano- malie et rappelé, à propos d'elle, la disposition singulière du sterno-hyoïdien qui, chez certaines espèces, franchit sans s'y arrêter l’os hyoïde pour venir s'attacher au maxillaire inférieur (muscle sterno-maæxillaire). S'il convient donc de rattacher certains faisceaux mento- hyoïdiens au système du « Platysma myoïdes » , il en est d’autres qui appartiennent manifestement au groupe des muscles sterno- hyoïdiens. Du reste, le muscle mento-hyoïdien se retrouve à l’état normal chez quelques chauves-souris (Macalister) et chez l'hippopotame (Humphry) où il se continue, en bas, avec les faisceaux super- ficiels du sterno-hyoïdien. $ IV. — Faisceau musculaire masto-carotidien (Testut). — J'ai rencontré en février 1881, sur le côté droit d’un sujet faiblement musclé, une petite bandelette musculaire de # milli- mètres de largeur s'étendant, le long du bord interne du sterno-mastoïdien, du bord antérieur de l'apophyse mastoïde à la gaîne des vaisseaux carotidiens, à la hauteur du cartilage thyroïde. Walsham a rencontré deux fois, en 1880 et en 1881, une semblable anomalie. Ce petit muscle masto-carotidien n’est évidemment qu'un faisceau du sterno-mastoïdien incomplètement développé qui, au lieu de gagner le sternum (point d'insertion normal), s'est arrêté sur une aponévrose, à quelques centimètres plus haut, et s’y est fixé. C'est le cas de rappeler ici ces faisceaux incomplets des muscles sous-hyoïdiens formant le coraco-cervicalis, le coslo- cervicalis, le sterno-cervicalis, etc., etc. 19 290 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ V. — Muscle auriculo-styloïdien (synonymes : s/ylo-auri- culaire de Hyrtl, auriculo-glosse de Macalister, depressor auriculæ de Lauth). — C’est un faisceau musculaire, généralement très grêle, qui, se détachant du cartilage du conduit auditif externe, se porte en dedans vers l’apophyse styloïde et vient se terminer suivant les cas : 1° sur cette même apophyse ; 2° dans le stylo-glosse qu'il renforce {cas de Gruber, cas de Walsham) ; 3° sur l’aponévrose cervicale (cas de Walsham). Du reste, ce pelit muscle présente dans sa constitulion des variantes nom- breuses : il peut être monogastrique ou posséder deux ventres réunis l’un à l’autre par un tendon intermédiaire. Il peut être un vrai biceps, soit avec deux faisceaux d'origine, soit avec deux faisceaux de terminaison. Dans le premier cas de Walsham, il était encore plus complexe : se détachant du cartilage du conduit auditif par deux têtes distinctes, 1l se divisait de nouveau, avant sa terminaison, pour envoyer un premier faisceau sur lapophyse strloïde, un deuxième faisceau sur l’aponévrose cervicale, en arrière de la carotide. Le muscle auriculo-styloïdien a été successivement décrit, en 1749, par Duverney; en 1830, par Lanth; en 1840, par Hyrtl; en 1854, par Gruber; en 1861, par Souchon et Rämbaud ; en 1880 et 4881, par Walsham. Avec Gruber, je crois qu'il convient de considérer le faisceau auriculo-styloïdien, devenant parfois un véritable auriculo- glosse, comme un faisceau accessoire du stylo-glosse. On sait que, dans le phoque, ce dernier muscle provient «non de l’apophyse, mais de la portion inférieure du conduit auditif externe » (Meckel). $ VI. — Muscle occipito-hyoïdien (Perrin). — Ce faisceau musculaire, dont le nom seul indique suffisamment les inser- tions, a été décrit pour la première fois, en 1871, par J. B. Perrin, qui en a rencontré trois cas dans les salles de dissection du Aing's College. Dans le premier cas, le muscle occipito-hyoïdien prenait naissance sur l’occipital au-dessous du trapèze et, se portant en bas, en avant et en dedans, il recou- FAISCEAUX SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION SUS-HYOIDIENNE. 291 vrait la face externe du sterno-cléido-mastoïdien, un peu au- dessous de l’apophyse mastoïde et se divisait dans la région sus-hyoïdienne en deux portions : l'une s’attachait à la grande corne et à la petite corne de l'os hyoïde; l'autre, située un peu au-dessus de la précédente, se perdait sur l’aponévrose du consiricteur moyen. Une intersection aponévrotique, correspon- dant au point où l'occipito-hyoïdien croisait le sterno-mastoï- dien, divisait ce muscle en deux ventres. Dans le deuxième cas, le musele, affectant la forme monogas- trique, s’attachait uniquement à la grande corne de l'os hyoïde. Dans le troisième cas, le muscle occipito-hyoïdien, également monogastrique, se détachait en arrière à la fois de l’apophyse mastoïde et de la ligne occipitale supérieure, et venait s'insérer en avant sur l'os hyoïde, immédiatement au-dessus de l’omo- hyoïdien. Le stylo-hyoïdien et le digastrique ne présentaient aucune disposition anormale dans les deux premiers faits de Perrin; dans le troisième, le digastrique envoyait un petit faisceau de renforcement à l’occipito-hyoïdien. Depuis la publication du mémoire de Perrin, S. H. West, en 1873, et John Curnow, en 187%, ont publié chacun un cas d'occipito-hyoïdien, dont on trouvera la description dans le Journal of Anatomy and Physiology. Plus récemment encore, en 1879, Max Flesch a rencontré un muscle occipilo-hyoïdien, dans le laboratoire de Kôlliker, à Würzbourg : c'était un faisceau large de # millimètres, épais de 1 millimètre, se détachant de l’occipital, près des insertions du muscle trapèze, se transformant en un tendon de 30 milli- mètres de longueur, au niveau du sterno-mastoïdien, rede- venant charnu et se divisant bientôt après en deux faisceaux, comme dans le premier cas de Perrin : de ces deux faisceaux, le premier, antérieur et superficiel, venait se terminer sur le tendon intermédiaire du digastrique; le second, postérieur et profond, passait en arrière des branches de la carotide externe et se perdait sur le constricteur moyen du pharynx. Anatomie comparée. — Le professeur Humphry, qui s'est 202 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME occupé de l'occipito-hyoïdien dans ses leçons de 1873, consi- dère ce muscle comme une dépendance des muscles stylo- byoïdien et digastrique, «an appendage, a superficial appendage to the stylo-hyoïd and digastric muscles». Déjà, dans son mémoire, Perrin avait établi les homologies que présente son muscle avec le stylo-hyoïdien des Oiseaux. Du reste, le faisceau homologue du muscle occipito-hyoïdien existe, comme faisceau surnuméraire du digastrique, dans quelques espèces animales. Cuvier et Perrin l'ont rencontré chez le phoque commun; Cuvier et Laurillard l'ont décrit et figuré dans leur Atlas de Myologie comparée, chez l'hyène rayée : «Outre les stylo-hyoïdiens, dit-il, il existe un petit ruban musculaire, tout à fait externe, qui se rend de l'apophyse mastoïde à l'os hyoïde. » Ce faisceau est indiqué par les lettres SS, sur le dessin des planches 131 et 132. Nous trouvons encore dans la Myographia comparata, de Douglas (p. 38), l'indication d’un muscle inio-cerato-hyoïdien, se portant de l'occiput à la grande corne de l'hyoïde. Bibliographie : Cazor!. Memorie della Accademia di Bologna, 1868 et tirage à part. MacaLIsTER. Transact. of Roy. Ir. Academy, 1871. ScHWEGL. Sitsungsb. a. k. Akad. Wien, Bd XXXIV. WALsHAM. St Bartholomew’s Hospital Reports, 1881, t. XVII, p. 70. Cuvier et LAURILLARD. Planches d’ Anatomie comparée, pl. 131 et 132. Duverney. L'Art de disséquer méthodiquement les muscles du corps hu- main, Paris, 1749, p. 11 et 12. GARENGEOT. Myotomie, p. 68. LauTH. Mém. de la Soc. d'Hist. naturelle de Strasbourg, t. 1, 1830, p. 65. HyrrTz. Œsterreich. med. Jahrbuch, vol. XXX, 1840, p. 345; et Lehrbuch, 5 Aufilæge, p. 329. GruBER. Bull. de l'Acad.imp.de Saint-Pétersbourg, 1854, vol. XIII, p. 257, et vol. XV, p. 206. GruBER. Henle u. Pfeufer’s Zeitschrift, 3, Reïhe X, p. 368. SOUCHON et RAMBAUD. Gaz. méd., 1861, n° 37, p. 585. DouGLas. Myographia comparata, p. 38. PERRIN. On a peculiar additional Digastric Muscle (Journ. of Anat. and Physiol., may 1871, p. 251). Wesr. On a peculiar Digastric Muscle (Journ. of Anat. and Physiol., nov. 1873, p. 150). MUSCLE SPLÉNIUS. 293 Curnow. Notes of some muscular irregularities (Journ. of Anat. and Phys., may 1874, p. 379). M. FLescx. Varitetæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. HumPpary. Observ. in Myology, 1872, p. 137, et British Med. Journ., 1873, t. I, p. 695. CHAPITRE IV Région cervico-occipitale superficielle. Cinq muscles concourent à former cette région, savoir : sur un plan superficiel, le muscle splénius; au-dessous du splénius, et à peu près sur un même plan, le transversaire, le petit compleæus, le grand compleæus et le digastrique de la nuque ou biventer cervicis. Quelques auteurs, en France surtout, réunis- sent ces deux derniers muscles en un seul, sous le nom de grand complexus; les anatomistes allemands et anglais les séparent au contraire et consacrent à chacun d'eux une description distincte. Au point de vue spécial où nous nous sommes placé dans cet ouvrage, il est, je crois, préférable de s'arrêter à cette dernière classification; elle a pour elle ce double fait : que chez l'homme, les deux muscles, fusionnés à leur partie moyenne, sont généralement séparés à leurs extré- mités, et que chez quelques mammifères, chez le chat notam- ment, ils sont entièrement distincts dans toute leur étendue. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE SPLÉNIUS. Muscle aplati et généralement fort mince, le splénius prend naissance sur le sommet des apophyses épineuses des # ou 5 premières dorsales et de la 7° cervicale, et, au-dessus 294 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. de cette dernière, sur le ligament cervical dans une étendue variable suivant les sujets. Le plus souvent, les faisceaux charnus les plus élevés correspondent à l'union du tiers supé- rieur avec le tiers moyen de ce ligament : les fibres qui constituent la masse du splénius se portent en haut et en dehors et se divisent chez l’homme en deux corps charnus d'inégal volume; le corps charnu interne, qui est le plus volumineux, se porte vers la tête fsplenius capitis) où il s’insère sur l'apophyse mastoïde, sur la portion mastoïdienne du temporal et sur les deux tiers externes de la ligne occipitale supérieure. Le corps charnu externe, moins long que le précédent, vient s'attacher par deux faisceaux distincts sur le sommet des apophyses transverses de l’atlas et de l’axis /splenius colli.) Les variations anatomiques que présente ce muscle, peuvent être classées comme suit : $ I. — Fusion des deux portions du splénius. — Cette anomalie peut se produire suivant deux modalités différentes : ou bien les deux splénius, splenius capitis et splenius colli, sont totalement fusionnés (cas de Meckel, de Macalister), ou bien le faisceau atloïdien seulement du splénius colli est confondu avec le splénius capitis, le faisceau axoïdien restant indépendant (cas de Henle, cas de Theile). Anatomie comparée. — Chez les animaux, les deux portions du splénius, quand elles existent (car la portion cervicale fait souvent défaut), sont plus intimement unies que chez l'homme. Elles sont entièrement confondues chez quelques Rongeurs, en particulier chez l'agouti et le porc-épic (Meckel). La portion cervicale, dans ces deux espèces, s’arrête à l'atlas. $ IT. — Absence du splenius colli. —— J'ai constaté cette disparition de la portion cervicale du splénius, une fois seule- ment, et chez un nègre. Le splenius capilis élait pourtant très développé, et se rapprochait plus qu'à l'ordinaire de la protu- bérance occipitale externe. Cette anomalie doit être fort rare : je ne l'ai vue mentionnée nulle part. MUSCLE SPLÉNIUS. 295 Anatomie comparée. — Le splénius colli est absent, d’après Meckel, chez le chameau, la marmotte, le castor, l’écureuil, le rat-laupe du Cap, le cabiai, le hamster. Le splénius ne s'attache également qu'à la tête chez la sarigue et le kanguroo, et chez un grand nombre de Carnassiers, tels que le phoque, l'hyène, le chat, le chien, la martre, la loutre, l'ours, le coati, le blaireau, le potto, elc., etc. Parmi les singes, le gorille (Bischof), l'orang-outang (Testut), le Troglodytes Aubryi (Gratiolet et Alix), le Troglodytes niger possèdent un splenius colli; mais ce muscle fait défaut chez quelques espèces simiennes inférieures, notamment chez le papion, les Makis et les Loris. $ IL. — Insertion du splénius à la protubérance occipitale. — Juxtaposés sur la ligne médiane jusqu'à la hauteur de la troisième vertèbre cervicale, les splénius s’écartent à partir de ce point, interceptant ainsi entre leurs bords internes un espace triangulaire à base supérieure, au fond duquel appa- raissent le complexus et le digastrique de la nuque. Les dimensions de ce triangle varient, on le conçoit, avec le degré d'obliquité des faisceaux du muscle et avec l'étendue de son insertion sur le ligament cervical. Je ne sache pas qu'on ait rencontré chez l'homme la disparition complète de ce triangle et, par suite, l'insertion du splénius à toute la longueur de la ligne courbe occipitale. Toutefois je trouve consigné, dans le mémoire si souvent cité de Macalister, un fait qui dénote, chez le splénius, une tendance à occuper toute cette ligne et à recouvrir toute la surface des complexus : il s’agit d'un faisceau charnu qui, s'échappant du bord interne du splénius, venait s'attacher à la protubérance. En 1873, J. Curnow a également observé, dans les salles de dissection du Aing's College, un petit muscle qui, se détachant à la fois du splénius et du ligament cervical, à la hauteur de la troisième apophyse épineuse, venait se fixer à la ligne courbe occipitale, en dedans du splénius. Anatomie comparée. — Chez l'Ursus americanus, j'ai vu le 296 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. splénius s'attacher sur la ligne occipitale jusque sur la protubé- rance et se confondre à ce niveau avec celui du côté opposé. J'ai noté plusieurs fois une disposition semblable chez quelques Cercopithèques. Broca a noté la même disposition chez le Cyno- cephalus sphynx. Le Troglodytes niger m'a offert des splénius beaucoup plus développés que celui de l'homme; ils se confon- daient, sur la ligne médiane, dans presque toute leur étendue : à peine apercevait-on, dans le voisinage de la protubérance, un pelit triangle séparatif. Chez le chat, les deux splénius ne laissent entre eux aucun intervalle (Strauss-Durckeim); il en est de même le plus souvent, d’après Meckel, chez les Édentés, les Rongeurs et les Marsupiaux. $ IV. — Insertion anormale du splenius colli à la troi- sième cervicale. Cette insertion à la 3 cervicale serait assez fréquente, d’après Cruveilhier; elle a été rencontrée par M. Chudzinski chez un nègre. Le splenius colli, large de 3 centimètres, se séparait de la portion céphalique, au niveau de la 4r° dorsale, et se décomposait en trois faisceaux muscu- laires qui, à la hauteur de la 5° cervicale, se réunis- saient pour former un plan tendineux, lequel donnait bientôt naissance à un nouveau corps charnu. Ce dernier plan musculaire se décomposait enfin en trois faisceaux qui venaient se fixer sur les apophyses transverses des 3 premières cervicales. Une observation à peu près semblable a été rapportée, en janvier 1881, par Francis Shepherd. Anatomie comparée. — L'insertion du splenius colli à l’atlas et à l’axis (type humain) n'est pas une règle anatomique commune à tous les Vertébrés. Ces points d'attache peuvent à la fois se restreindre ou se multiplier : chez le daman et chez le cochon, en effet, le splenius colli ne s’insère qu'à l’atlas (Meckel). Parlant du splénius des Mammifères, Cuvier dit : «Il fournit communément trois languettes aux apophyses transverses des vertèbres cervicales, qui suivent latlas; quelquefois même celte portion est séparée et forme un Le MUSCLE SPLÉNIUS. 297 splénius du cou.» Chez le cheval, le splénius colli s'attache à la colonne cervicale, jusqu'à la cinquième (Chauveau). Chez l'aï, d'après Meckel, cette portion cervicale du splénius s'attache aux six premières vertèbres cervicales. Il est bon de se rappeler que l’aï a deux vertèbres cervicales de plus que l'homme. $ V. — Situation superficielle du splénius colli. — On à vu le splénius colli recevoir un faisceau de renforcement situé, avant d'atteindre ce dernier muscle, sur la face postérieure du petit dentelé postérieur et supérieur. Nous étudierons ce faisceau anormal dans l’article suivant. (Voy. art. II, Af. splé- nius accessoire, de Walther.) Dans un cas plus intéressant observé par Wood, la portion cervicale du splénius tout entière élait placée-en arrière du muscle dentelé. $ VI. — Faisceau de renforcement provenant de l’angu- Jaire. — Wood et avec lui Cloquet ont signalé un faisceau charnu partant de l’angulaire et venant renforcer le splénius. Il convient de considérer cette anastomose comme un faisceau d'origine scapulaire du splénius. Cette insertion du splénius à l'épaule nous est offerte par la taupe, où ce muscle présente un développement considérable. $ VII. — Division du splenius capitis en deux portions distinctes. — Cette division a élé observée par Môser : le splénius de la tête était constitué par deux portions à peu près distinctes : lune, l'interne, se détachait plus particuliè- rement des 2°, 3°, 4°, 5° et 6° cervicales et venait s'insérer à l'occipital: l’autre, l’externe, naissait des vertèbres situées au-dessus et se fixait à l’apophyse mastoïde. Anatomie comparée. — Cette séparation des faisceaux occipi- taux et des faisceaux mastoïdiens du splénius serait très commune chez les Mammifères, d'après Meckel; elle consti- tuerait même, d'après lui, la disposition la plus fréquente. (Loc. at., t. VI, p. 138.) Chez le porc (Chauveau), le splénius 298 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. se termine en avant par trois corps charnus volumineux. L'inférieur, qui représente le splénius du cou, s'insère à l'atlas; les deux autres, qui constituent le splenius capitis, viennent s'attacher : l'un, à la crète mastoïdienne ; l'autre, à la protubé- rance occipitale. On ne rencontre que les faisceaux mastoïdiens chez le cheval; les insertions occipitales s'observent seules chez le fourmilier. Bibliographie : Môser. Meckel’s Arch., vol. VII, p. 224. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 520; et Transact. of Roy. Soc. of London, 1869. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. Broca. L'ordre des Primates (Bull. Soc. d'Anthrop., 1869, p. 312). Caupzinski. Revue d’Anthrop., t. II, p. 22 et p. 404. CurNow. Journ of Anat. and Physiol. June 1873, p. 304. CHAUVEAU. Anatomie comparée des Animaux domestiques, p.203 et 213. SHEPHERD. On some anatomical variations (Journ. of Anat. and Phys., t. XV, p. 294). MECKEL. Anatomie comparée, t. VI. Cuvier. Leçons d'Anatomie comparée, t. I. GRATIOLET et ALIX. /èech. sur l’Anat. du Troglodytes Aubryi, 1866, p. 135. ARTICLE II SPLÉNIUS ACCESSOIRE DE WALTHER. Walther a décrit, sous le nom de adjutor spleni ou de musculus sinqularis splenii accessorius, un faisceau musculaire qui se délachait en bas de la face postérieure du petit dentelé postérieur el supérieur, longeait le bord externe du splenius colli pour venir s'insérer, par son extrémité supérieure, sur l’apophyse transverse de l'atlas. Ce muscle qui a été retrouvé depuis par Sandifort, par Clason, par Budge, par Macalister, par Wood, n'est autre que le rhombo-atloïdien de Macalister et doit être considéré, comme nous l'avons déjà établi plus haut (voir chap. HF, art. TE, p. 142), comme une variété du muscle occipito-scapulaire où rhomboïde de la tête. MUSCLE DIGASTRIQUE DE LA NUQUE. 299 «Cette formation, dit Wood, indique le” premier degré de différenciation du splénius dans le sens de la formation d'un occipito-scapulaire chez l'homme: on voit, chez la taupe, la totalité du splénius s'attacher à l'épaule. » Bibliographie : F. WALTHER. /n Haller’s disputationum anatomicarum select., 1733, t. VI, p. 289. MACALISTER. Proc. of Roy. Ir. Acad., 23 avril 1866. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, 1866, 1867, 1868, et Transact. of Roy. Soc. of London, 1869. SANDIFORT. Loc. cit., liv. III, chap. VI, p. 62. CLASoN. Upsala Lakaref, Bd II, p. 417. BupGEe. Henle und Pfeufer’s Zeitschrift, Bd VII, p. 273. ARTICLE III ANOMALIES DU DIGASTRIQUE DE LA NUQUE. Ce muscle est décrit séparément par Meckel, par Henle, par Theile, par Hyrtl, etc. Situé de chaque côté de la ligne médiane, au-dessous du splénius et en dedans du grand complexus, il naît, par trois ou quatre languettes tendineuses, des apophyses transverses d'autant de vertèbres dorsales supé- rieures; cette origine flotte, d’après Theile, entre la 2° et la 8°; le corps musculaire, qui résulte de ces divers faisceaux, se termine à la 6° cervicale, sur un tendon de 3 ou # centimètres de longueur {tendon intermédiaire) ; l'extrémité opposée de ce tendon donne de nouveau naissance à un corps charnu, lequel, continuant le trajet ascendant du muscle, vient s'attacher sur l'occipital, un peu au-dessous de la ligne courbe supérieure. Cette dernière portion du digastrique présente elle-même, sur son côté externe et en un point qui est plus rapproché de l’occipital que du tendon intermédiaire, une intersection apo- névrolique plus ou moins marquée. Ç I. —— Connexions plus ou moins intimes du digastrique Le avec le complexus. — La disposition qui me paraît être la plus 300 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME commune, chez Fhomme, est celle-ci : le digastrique et le complexus, distincts à leur origine vertébrale, suivent l’un et l’autre un trajet parallèle; au niveau du point où commence le ventre supérieur du digastrique, les deux muscles s'unissent intimement par leurs bords correspondants; ils se séparent de nouveau, d'une façon plus ou moins complète, et, changeant de rapports avant leur terminaison, ils se superposent en partie, de telle sorte que le grand complexus est en arrière, le digas- trique en avant. L'étendue de ces connexions peut varier dans un double sens : elles peuvent être moins considérables; j'ai vu, dans un cas, les deux muscles à peu près complètement distincts. Elles peuvent, au contraire, devenir plus complètes ; il n’est pas rare de rencontrer les deux muscles entièrement fusionnés. Anatomie comparée. — L'étude de ces mêmes muscles, dans la série des Mammifères, nous présente, à l’élat normal, ces dispositions opposées : 2) — Le complexus et le digastrique ne font qu'un seul et même muscle chez le cheval, le mouton et le chameau et vraisemblablement chez tous les Ruminants (Meckel). Les deux muscles sont également confondus chez le daman, chez le paresseux et chez le fourmilier. 5) — Le complexus et le digastrique sont entièrement séparés chez les Loris et les Makis (Meckel), chez l’ornythorynque (Meckel) et chez la plupart des Carnassiers (Cuvier), en parti- culier chez l’hyène et le chat. Le blaireau et l'ours font cependant une exception : chez l'Ursus americanus, que j'ai disséqué, les deux muscles étaient complètement fusionnés. S Il. — Faisceau de renforcement provenant du ligament cervical ou des apophyses épineuses. — L'existence de ce faisceau est à peu près la règle et ne saurait être considérée comme une anomalie : «Au ventre supérieur, dit Theile, vient très souvent se joindre une petite tête interne qui naît, par une ou trois languettes charnues, du sommet de quelques apophyses épineuses (entre la cinquième vertèbre du cou et la MUSCLE DIGASTRIQUE DE LA NUQUE. 301 troisième du dos), devient tendineuse et s’insère à la face postérieure du tendon intermédiaire, ou monte plus haut, pour aller se jeter dans le ventre supérieur lui-même ». Signalons encore ici l'apparition possible d’un faisceau qui, partant du ligament intermédiaire, irait se terminer sur le ligament cervical lui-même. Évidemment ce n’est là qu’un faisceau incomplet du digastrique qui, avant d'attendre l’occipital, s'est arrêté sur le ligament de la nuque et y à pris son insertion. $ IT. — Variations des intersections aponévrotiques. J'ai déjà dit que, dans le plus grand nombre des cas, on rencontrait sur le trajet du muscle digastrique : 1° un tendon intermédiaire réunissant les deux ventres; 2° une intersection incomplète située sur le côté externe du ventre supérieur, et variant en étendue suivant les sujets. Il n’est pas rare de voir des faisceaux charnus se rendre directement, en arrière du tendon intermédiaire, du ventre inférieur au ventre supérieur. Ils sont situés soit en dehors soit en dedans du muscle. D'autre part, l'intersection supérieure peut s’atténuer et disparaître : dans deux ou trois cas, je n’en ai trouvé aucune trace. Ces intersections, nous l’avons déjà dit bien des fois, sont les vestiges de la segmentation transversale des masses muscu- laires de l'embryon; elles se rencontrent sur le digastrique des animaux comme sur celui de l’homme : c’est ainsi qu'il existe deux intersections chez l'hyène, quatre chez le cheval, etc. On sait que ces intersections aponévrotiques sont plus longues et plus marquées chez les Oiseaux que chez les Mammifères. Bibliographie : THelLe. Encycl. anatom., t. AI, p. 132. MACALISTER. Transact. of Roy. 1r. Acad., 1871. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 143. Cuvier. Leçons d'Anatomie comparée, t. 1, p. 310. HANS VIRCHOW. Varietæten Beobachtungen, etc, Würzburg, 1879. 302 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE IV ANOMALIES DU GRAND COMPLEXUS. Le muscle grand complexus se détache ordinairement par sept faisceaux des apophyses transverses des trois premières dorsales et des quatre dernières cervicales. Le corps charnu qui résulte de la réunion de ces sept faisceaux se dirige vers l’occipital et s'attache, à l’aide de fibres tendineuses excessive- ment courtes, sur les rugosilés que l’on rencontre entre les deux lignes courbes. Comme le précédent, ce muscle présente le plus souvent, un peu au-dessous de son extrémité supé- rieure, une intersection aponévrotique plus ou moins complète, se continuant dans quelques cas avec l'intersection supérieure du digastrique. Ce muscle se confond presque toujours à son origine, par quelques faisceaux, avec le long dorsal. D'autre part, son bord externe reçoit la plupart du temps un petit faisceau anaslo- molique que lui envoie le petit complexus. Le grand complexus est peu variable. Laissant de côté les varialions numériques de ses faisceaux d'origine qui oscillent entre trois et sept, je ne connais qu'une seule anomalie de ce muscle; elle consiste en un faisceau surnuméraire situé au- dessous du grand complexus, prenant naissance sur l'apophyse transverse de la 2° vertèbre dorsale et venant s'attacher à l’occipital entre les deux lignes courbes, toujours au-dessous du muscle normal. Ce faisceau singulier, que j’appellerai volon- üiers complexus profond, a été disséqué par Henle. Je lai cherché vainement sur plusieurs sujets. Dans la série des Mammifères, le grand complexus est géné- ralement réduit à un seul corps musculaire. L'ornithorynque est peut-être le seul qui nous offre une division du muscle en deux portions : Meckel décrit en effet dans cette espèce, comme constituant le grand complexus, un faisceau externe plus court MUSCLES PETIT COMPLEXUS ET TRANSVERSAIRE. 303 et plus profond et un faisceau interne plus large et plus superficiel. Bibliographie : MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 145. Cuvier. Lecons d'Anatomie comparée, t. 1, p. 310. HENLE. Muskellehre, p. 134. THEILE. Encycl. anat., t. III, p. 44. Caupzinski. Revue d’Anthrop., t. II, p. 23. ARTICLE V ANOMALIES DU PETIT COMPLEXUS ET DU TRANSVERSAIRE. $ I. — Anatomie humaine. — Les auteurs des Traités clas- siques d'anatomie décrivent séparément le petit complexus et le transversaire. Le premier, situé en dehors du grand complexus, prend naissance, par autant de digitations, sur les apophyses transverses des 4 ou 5 dernières cervicales et souvent de la première dorsale et vient s'attacher sur le bord postérieur de l’apophyse mastoïde. C’est le mastoidien latéral, de Winslow, le longissimus capitis de Henle, le trachélo-mastoidien des zooto- mistes en général, le transversalis capitis d'Arnold, etc. Le second, situé entre le précédent et la portion cervicale du sacro- lombaire, se détache des apophyses transverses des 5 ou 6 pre- mières vertèbres dorsales et se termine en haut, par autant de faisceaux distincts, sur les tubercules postérieurs des apophyses transverses des 6 dernières cervicales; le faisceau cervical inférieur peut faire défaut, comme aussi il peut y en avoir un surnuméraire pour l’atlas (longissimus cervicis de Henle, transversalis cervicis d'Arnold). Mais en assignant à chacun de ces muscles une description distincte, la plupart des anatomistes s’empressent de signaler, entre eux, des faisceaux charnus chargés de les réunir, ou, si l'on veut, de mettre en évidence la tendance qu'ont ces deux muscles à se fusionner en un seul, comme s'ils ne se décidaient 304 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. qu'à regret à séparer deux organes si intimement connexes, au triple point de vue de leur origine, de leur trajet et de leur terminaison. Meckel : «Le petit complexus ne devrait point à la rigueur être séparé du transversaire dont il n’est en effet que la partie interne et supérieure. » Theile : «Le muscle transversaire cervical est une répétition du petit complexus pour une région pius profonde de la colonne vertébrale. » Hyru : «Il piccolo complesso e situato fra il grand complesso, e il transversale cervicale e espesso non pud essere"separalo da quest’ ultimo. » ï Quant à Cruveilhier, il regarde l’un et l’autre de ces deux muscles comme de simples faisceaux de renforcement du long dorsal. Pourquoi donc conserver dans les descriptions une distinction qui n'existe pas sur le sujet? J’eslime, pour ma part, qu'il convient de réagir contre ce que j'appellerai volontiers les exi- gences d’une tradition classique et d'admettre, au lieu et place du transversaire et du petit complexus, un muscle unique auquel on donnera un nom quelconque, celui de long transversaire de la nuque par exemple. Ce muscle pourrait être décrit de la façon suivante : il prend naissance en bas, par des faisceaux distincts (faisceaux d’origine), sur les apophyses transverses des 5 ou 6 premières dorsales et des # ou 5 dernières cervicales ; il se porte de là verticalement en haut et se termine par de nou- veaux faisceaux {faisceaux de terminaison): 4° sur les tubercules postérieurs des apophyses transverses des 6 dernières cervi- cales; 2° souvent sur l’apophyse transverse de l’atlas, et enfin 3°sur l’apophyse mastoïde, qui n’est elle-même qu'une apophyse transverse d'une des vertèbres crâniennes. Ce muscle peut dès lors être divisé au point de vue descriptif en deux portions : une portion cervicale et une portion crénienne, ayant l’une, par rapport à l’autre, les mêmes rapports que, dans un muscle plus superticiel de la même région (le splénius), le splenius capitis et le splenius coll. MUSCLES PETIT COMPLEXUS ET TRANSVERSAIRE. 305 $ IT. — Anatomie comparée. — Cette manière de voir est pleinement justifiée par l’Anatomie comparée. Voici comment s'exprime Meckel à l'égard de ces muscles : « En dehors des muscles complexus, digastrique et splénius, est situé un troi- sième organe musculaire plus faible et plus plat que l’on décrit d'ordinaire comme deux muscles, quoiqu'il n’en constitue le plus souvent qu'un seul. Il s'étend, des apophyses articulaires et transverses des vertèbres cervicales inférieures 'et des dorsales supérieures, à l’apophyse mastoïde et aux apophyses transverses des vertèbres cervicales. La partie antérieure de ce muscle, qui va à l’apophyse mastoïde, est le trachélo-mastoïdien; la partie postérieure qui se rend aux vertèbres cervicales est le transver- saire du cou. Ces deux muscles ne sont que rarement séparés d'une manière complète ; peut-être ne le sont-ils jamaïs. » Au-dessous de l’ordre des Bimanes, en effet, les connexions que nous rencontrons déjà chez l’homme, entre le petit com- plexus et le transversaire, deviennent de plus en plus intimes et les espèces sont nombreuses où ces deux muscles sont comple- tement fusionnés : celte disposition s’observe en particulier chez le daman, le porc, le fourmilier, le paresseux, les Monotrèmes, ainsi que dans un grand nombre de Rongeurs et de Carnassiers. $ IT. — Anatomie anormale. — Les considérations qui précèdent nous expliquent surabondamment les quelques anomalies qui ont été signalées pour l'un et l’autre des deux muscles en question. Les voici, résumées en peu de mots : 1° Muscle petit complexus : æ) — Ses faisceaux d’origine peuvent descendre à la région dorsale jusqu'à la 7° vertèbre et même jusqu’à la 8° (cas de Macalister). £) — Son extrémité supérieure peut donner, indépendam- ment de son faisceau mastoïdien, un faisceau à l’atlas, un faisceau à l’axis. Chez l'Ursus americanus, où le petit complexus est presque aussi distinct que dans l'espèce humaine, j'ai noté un faisceau volumineux se détachant de ce dernier muscle et venant s'attacher à l’atlas. r G Ad T4 Le Le AIT TEE ITEMS PME TE ee à D'ar r 306 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 2° Muscle transversaire : >) — Quelques variations numériques de ses faisceaux d'origine. | £) — La fusion plus ou moins complète de ses faisceaux avec ceux du muscle précédent. 7) — L'existence d'un faisceau, destiné à l’atlas; ici vient prendre place le pelit transversaire du cou, ou accessoire du petit compleæus, de Luschka, «petit muscle difficilement isolable, qui naît par cinq tendons des apophyses transverses des 2 premières vertèbres dorsales et des 3 dernières cervi- cales et va à l'apophyse transverse de l’atlas, en envoyant un faisceau au petit complexus » (Beaunis et Bouchard). 2) — L'existence d'un faisceau s’élevant jusqu à l’apophyse mastoïde ; j'ai observé une fois ce cas. Je ne range pas, au nombre des anomalies de ces muscles, la connexion plus ou moins intime de leurs faisceaux dorsaux avec le long dorsal. Ces connexions sont constantes et je comprends parfaitement Cruveilhier, considérant à la fois le petit complexus et le transversaire comme de simples faisceaux de renforcement du muscle long dorsal. Bibliographie : MECKEL. Manuel d'Anatomie, t. II, p. 90. — Anatomie comparée, t. IV, p. 147. Cuvier. Lecons d'Anatomie comparée, t. I, p. 269 et 312. THEILE. Encycl. anatom., t. I, p. 132. Hyrrz. Tratlato di Anatomia dell’ uomo, trad. Buonsanti e Occhini, p. 873. CRUVEILHIER. Anatomie descriptive, t. II, p. 498. BEAUNIS et BoucHarD. Nouveaux éléments d'Anatomie descriptive, 3° édit., p. 213. LuscHKA, cité par Beaunis et Bouchard. Loc, cit. Sappey. Anatomie descriptive, t. II, p. 197. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, p. 40. MacaALISTER. Transact. of Roy. Ir, Acad., 1871. CaupziNski. /evue d'Anthrop., t. II, p. 404. lat É fit Dati all ‘us MUSCLES DROITS DE LA NUQUE. 307 "CHAPITRE V Région cervico-occipitale profonde. Profondément située dans la partie la plus élevée des gouttières vertébrales, au-dessous du digastrique de la nuque et des deux complexus, la région cervico-occipitale profonde comprend quatre muscles : deux droits, deux obliques. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DES MUSCLES DROITS. Les deux muscles droits postérieurs de la tête se distinguent l’un de l’autre par leur longueur. Le grand droit, plus long de toute la distance qui sépare l’apophyse épineuse de l'atlas de celle de l’axis, prend naissance sur le sommet de cette dernière et se porte en haut sur la ligne courbe inférieure de l'occipital. Le petit droit, situé en dedans du précédent, se détache du sommet de l’apophyse épineuse de l'atlas et s'insère, en dedans du précédent, sur la ligne courbe occipitale. Ces deux muscles sont contigus, et de plus, le petit droit se trouve en contact, sur la ligne médiane, avec celui du côté opposé. $ L. — Anomalies du grand droit. — Je ne connais que les deux suivantes : 1° Duplicité du muscle. — Le faisceau surnuméraire est géné- ralement situé en dedans et en arrière du muscle normal, dont il partage du reste les insertions. Macalister regarde cette ano- malie comme assez fréquente; elle a été rencontrée et décrite par Albinus, Sandifort, Douglas, Külliker, Wood et Davies- Colley. JUS LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Analomue comparée. — Ce faisceau surnuméraire du grand droit existe normalement dans un grand nombre de Mammifères : en particulier chez le cheval et chez le fourmilier didactyle, chez le chien, chez la civelte ; on le rencontre également chez le chat, où Strauss-Durckeim le décrit sous le nom dé moyen droit postérieur de la tête. La descripüon qu'en donne cet anatomiste correspond parfaitement au faisceau surnuméraire constaté chez l'homme : « Ce muscle; ditAl, paraît confondu chez l'homme avec le grand droit; il s'attache à l'extrémité antérieure de l’apophyse épineuse de laxis, par des fibres charnues entremèlées de fibrilles, d'où il se rend en avant et en haut en s'élargissant beaucoup, franchit latlas et vient s'insérer à l’occipital, au-dessous de sa crète et sous l'attache du grand droit. » Sur l'aye-l'aye, disséqué par Alix, le grand droit postérieur de la tête était, de la même facon, divisé en deux faisceaux, l'un superliciel et l’autre profond, ce dernier répondant au moyen droit postérieur de Strauss. 90 Faisceau d'origine sous-axoïdien. — Theile a observé un faisceau musculaire situé au-dessous du digastrique de la nuque et du grand complexus qui, naissant du ligament cervical par trois minces languettes à la hauteur des 6°, 5° et 4° vertèbres du cou, montait le long du bord interne du grand droit de la tête avec lequel il s’attachait à los occipital. Max Flesch, en 4879, a observé un faisceau semblable, avec cette variante cependant, qu'il prenait naissance sur le ligament, à la hauteur de la 4° cervicale. Analomie comparée. — Chez l'ornithorynque, d'après Meckel, le grand droit postérieur ne part pas seulement de l'apophyse épineuse de l'atlas, mais en outre de celles des 3° et 4° vertèbres. Ce mème muscle, chez les Oiseaux, s'insère également, dans bien des cas, sur la 3° et la 4° vertèbre cervicale. Chez les Reptiles, le muscle descend beaucoup plus bas encore : on trouve en effet, dans cette classe de Vertébrés, un muscle long et mince, se délachant de toutes les apophyses épineuses de la région cervicale et s'insérant à la ligne moyenne de l'occiput. MUSCLES DROITS DE LA NUQUE. 309 « Ce muscle, écrit Cuvier, auquel j'emprunte cette description, est un long droit postérieur de la tète; sa dernière languette qui vient de l'atlas représente, si l'on veut, le petit droit postérieur. » $ IT. — Anomalies du petit droit. — Elles rappellent entière” ment celles du grand droit. 1° Duplicité du muscle. — Pendant le semestre d'hiver 1879- 1880, j'ai rencontré, en dehors du muscle petit droit, un deuxième muscle, parfaitement distinct du premier, se portant de l’apophyse épineuse de latlas sur les rugosités situées au dessous de la ligne courbe inférieure. Du reste, les deux droits et les deux obliques étaient parfaitement conformes à la description classique. Des faits analogues sont rapportés par Gruber, Douglas, Hallet, Sandifort, Macalister, Flower et Murie, Davies- Colley, etc. Analomie comparée. — Quelques Carnassiers, l'Ursus notam- ment, possèdent un pelit droit accessoire. Je reviendrai tout à l'heure sur cette disposition. 20 Faisceau d'origine sous-axoïdien, — Comme le grand droit, le muscle petit droit peut être renforcé par un faisceau plus ou moins considérable, qui provient d'une portion du ligament ou d'une épine située au-dessous de latlas. M. Chudzinski a trouvé cette disposition sur un nègre. Le faisceau surnumé- raire naissait à la hauteur de la 3° cervicale. Le muscle petit droit représentant un interépineux de l’espace occipito-atloïdien, le faisceau surnuméraire représentait un faisceau interépineux aberrant qui, au lieu de s'arrêter sur l'apophyse épineuse, immédiatement située au-dessus de son point d'origine, la franchit, pour aller chercher, sur une épine plus élevée, sa surface d'insertion. S IE. — Description des muscles droits chez l'Ursus ameri- canus, Je détache de mes notes anatomiques cette description qui reproduit assez fidèlement les cas de duplicité des muscles droits, que nous venons de mentionner chez l'homme. 310 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. L'Ursus americanus que j'ai disséqué m'a offert # muscles droits très nettement distincts : le 4%, le plus superficiel, s’éten- dait de l'axis à l'occipital; le 2° s’étendait également de l’axis à l’occipital ; le 3° et le 4° se portaient, l'un et l'autre, de l’atlas à l'occipital : 2) — Le muscle axoïdo-occipital superficiel, volumineux, plus large en haut qu'en bas, s’insère sur la partie la plus inférieure de l’apophyse épineuse de l'axis, par un tendon très court et de forme cylindrique ; il se porte ensuite en haut en s’élargissant et vient s'implanter par une base de 2 centimètres sur l'occiput, de chaque côté de la protubérance occipitale externe. Ce muscle est en rapport, sur la ligne médiane, avec celui du côté opposé et recouvre le suivant. 6) — Le muscle axoïdo-occipital profond est un peu plus large ; il s'insère en bas, sur la partie la plus élevée de l’apophyse épi- neuse de l’axis, à 4 centimètre et demi au-dessus du précédent ; il vient s'attacher ensuite sur l'occiput au-dessous et en dehors de l’axoïdo-occipital superficiel, dans une étendue de 3 centi- mètres et demi. La partie la plus externe de son insertion est recouverte par l’oblique supérieur. Ce muscle paraît constitué par deux faisceaux. Il existe, en effet, sur son côté externe un interstice celluleux que l’on peut suivre, dans l'épaisseur du muscle, jusqu'à sa partie moyenne environ; plus loin cependant, l'interstice n'existe pas et toute division plus profonde devient artificielle. 7) — Les deux muscles atloïido-occipitaux ou petits droits pos- térieurs s'insèrent l’un et l’autre, par leur extrémité inférieure, sur le tubercule de l’atlas. Ils sont tous les deux aplatis et sensi- blement égaux en volume. Un espace linéaire, rempli de tissu graisseux, les isole dans toute leur étendue. L'interne se porte directement en avant sous la forme d’un cordon cylindrique et va s'implanter, au-dessous des droits axoïdiens, sur une surface rugueuse. L'externe, affectant une forme triangulaire, s'élargit à partir de son insertion atloïdienne pour venir s'in- sérer, en dehors du précédent, sur les mêmes rugosités de la région sous-occipitale. MUSCLES OBLIQUES DE LA NUQUE. 311 ARTICLE II ANOMALIE DES MUSCLES OBLIQUES Les deux obliques de la nuque se séparent nettement l’un de l'autre par leur situation, leur insertion et leur rôle respectif dans la mécanique animale. L'inférieur que l’on appelle encore grand oblique, à la forme d'un carré long, étendu de l’apophyse épineuse de laxis à la partie postérieure et inférieure de l’apo- physe transverse de l’atlas; c'est un muscle essentiellement rotateur de la tête, L'oblique supérieur ou petit oblique affecte la forme d'un triangle, dont le sommet s’insère sur l’apophyse transverse de l'atlas et la base sur les rugosités comprises entre les deux lignes courbes de l’occipital ; ses contractions détermi- nent un mouvement d'extension de la tête. Les variations morphologiques de ces deux muscles sont peu nombreuses et peu importantes : 2). — Macalister parle d'un oblique inférieur constitué par deux faisceaux. 5). — Flower et Murie ont également constaté la duplicité de l’oblique supérieur chez leur sujet boschiman. Les deux fais- ceaux étaient superposés; je n'ai rien observé de semblable chez le jeune boschiman que j'ai disséqué moi-même au Muséum. 7). Dans un cas observé par Dursy, un faisceau surnuméraire du grand oblique longeait le bord externe de ce muscle, pour venir s’insérer à l’apophyse mastoïde. Anatomie comparée. — Chez l'Ursus americanus, j'ai trouvé le grand oblique inférieur disposé comme chez l'homme, mais remarquable par sa largeur (5 centimètres), et sa longueur (11 cen- timètres). Quant à l’oblique supérieur, affectant, comme celui de l’homme, une forme triangulaire, 1l s'insérait : par son som- met, sur l’apophyse transverse de l’atlas dans toute sa hauteur, el, par sa base, sur l'apophyse mastoïde fanomalie y}, ainsi que sur les rugosités qui la continuent en dedans, dans une étendue de 6 centimètres. En soulevant ce dernier muscle par son bord 312 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. interne et en le réclinant en dehors, on le voyait renforcé par un fort faisceau, plus profondément situé et prenant naissance sur l’apophyse transverse de l’atlas. Je dois ajouter cependant que ce faisceau profond n'était pas entièrement distinct, mais se confondait avec le grand oblique, au niveau de son bord externe. Bibliographie des muscles de la région occipitale profonde : Dursy. Henle und Pfeufer’s Zeitschrift, vol. XXXIII, p. 49. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, 1866, &. XV, p. 523. KOLLIKER et FLESCH. Varietæten Beobachtungen, etc., Wurzburg, 1879. Caupziwski. Revue d'Anthrop., t. III, p. 406. ALBINUS. Historia muscul,, p. 385. THEILE. Encycl. anatom., t. LI, p. 150. DouGLas. Myographia comparata, 1763, p. 95. SANDIFORT. Exercitat. academ., 1783, p. 92. FLOWER et MURIE. Account of the dissection of a Bushwoman (Journ. of Anat. and Physiol., t. II, p. 200). TESTUT. Contribution à l’'Anatomie des races humaines; dissection d'un Boschiman (en préparation). YOUNG. Journ. of Anat. and Physiol., t. XIV, p. 168. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 244. Devis. On a Myology of the Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys. 1868, p. 208). TESTUT. Système locomoteur de l'Ursus americanus (en préparation). ALIX. Société Philomathique de Paris, 1878, p. 253. DAVIES-COLLEY. Guy's Hospital Reports, 1870, 1873, et Journ. of Anat. and Physiol , t. VII, p. 327. CHAPITRE VI Groupe des intertransversaires cervicaux. Je comprendrai, sous ce titre, les muscles intertransversaires des Traités classiques, le muscle droit latéral et le muscle atloido- mastoidien, ce dernier appartenant à l'anatomie anormale. MUSCLES INTERTRANSVERSAIRES CERVICAUX. 313 ARTICLE PREMIER MUSCLES INTERTRANSVERSAIRES CERVICAUX. LONGS INTERTRANSVERSAIRES, . Les apophyses transverses des vertèbres cervicales sont rehées entre elles, de chaque côté des corps vertébraux, par des lames musculaires aplaties et quadrilatères qui s'étendent verticalement de l'une à l’autre, au nombre de deux pour chaque espace. Ces petits muscles intertransversaires fintertransver- sarü, intertransversales), placés, l’un en avant, l’autre en arrière, interceptent entre.eux un espace assez régulièrement clos que traversent à la fois, en se croisant à angle droit, l’ar- tère vertébrale et les branches antérieures des nerfs rachidiens. Celui qui est situé en arrière, réunissant le bord postérieur de la gouttière où glisse le nerf au bord inférieur de l'apophyse transverse qui est au-dessus, mérite véritablement le nom de muscle intertransversaire. Les éléments osseux sur lesquels il s'insère par ses deux extrémités, représentent réellement les apophyses transverses des vertèbres cervicales. Quant aux muscles antérieurs, ils s’attachent, en haut comme en bas, sur la partie la plus antérieure des apophyses cervicales, c'est-à- dire sur les éléments du squelette qui représentent, pour cette région, les arcs costaux ; de là les noms nettement significatifs qui leur sont quelquefois donnés, à juste titre, de muscles intercostellaires (Strauss-Durckeim). Les variations anatomiques, dont ces muscles sont suscep- tibles, peuvent porter : 4° sur le nombre; 2° sur l’étendue : $ LE — Variations portant sur le nombre. — Déjà les auteurs classiques sont loin d’être d'accord sur le nombre des muscles intertransversaires, tant antérieurs que postérieurs, que présente l’homme à l’état normal. Tandis que M. Sappey n'en décrit que 11, six en avant et cinq en arrière, Theile, Cruveilhier, Beaunis et Bouchard en comptent 41%, deux 344 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. pour chaque espace : les premiers s'étendant de l'apophyse transverse de l’atlas à l’apophyse transverse de l'axis, les derniers réunissant l'apophyse transverse de la 7° cervicale à l'apophyse transverse de la 1" dorsale et au col de la 1" côte. On comprend, dès lors, combien a peu d'importance l'absence d'un ou de deux de ces petits muscles. Macalister parle de muscles intertransversaires doubles; cette disposition relève d’une double modalité : ou bien de la présence d'un interstice cellulo-graisseux divisant en deux portions le muscle normal, ou bien de l'apparition d’un faisceau surnu- méraire. C’est ici le cas de rappeler que, chez les Oiseaux, où les apophyses transverses présentent trois tubercules, les espaces intertransversaires sont comblés, d'après Alix, par quatre ordres de faisceaux : 4) des faisceaux allant directement d'un tubercule interne à un tubercule interne suivant; {) des faisceaux allant obliquement d’un tubercule interne à un tubercule moyen; 7) des faisceaux se rendant d'un tubercule moyen à un tubercule externe ; d) des faisceaux enfin réunis- sant, l’un à l’autre, deux tubercules externes. SIL. — Variations portant sur l'étendue; longs intertrans- versaires. — La hauteur des lames musculaires, dont il est actuellement question, est exactement représentée, dans la majorité des cas, par la hauteur elle-même des espaces inter- transversaires où elles sont situées. On voit quelquefois cependant (j'ai observé moi-même trois cas de ce genre) un muscle intertransversaire sauter une apophyse transverse et venir chercher ses points d'attache sur une vertèbre plus élevée. Il convient de donner à ces muscles aberrants le nom de Longs intertransversaires, par opposition au nom de Courts intertransversaires, sous lesquels on peut désigner les muscles normaux. Nous-avons déjà vu, dans des séries d'un autre ordre, des faisceaux musculaires verticaux franchir ainsi, sans s'y arrêter, l’arc osseux qui, dans les conditions normales, lui donne ses points d'insertion et se terminer anormalement sur l'un des 49 0 MUSCLES LONGS INTERTRANSVERSAIRES. 315 ares similaires placés au delà. Exemple : intercostaux internes s'unissant au petit oblique, par dessus les dernières côtes (p. 494); surcostaux longs de Haller, se fixant sur la 2° côte, au-dessus de leur insertion transversaire. (Voyez F® partie, nu106 Au lieu de sauter une seule apophyse transverse, ce qui est le cas le plus ordinaire, le muscle long intertransversaire peut en franchir plusieurs et l’on a ainsi, couché sur la face antérieure de ces mêmes apophyses, entre les scalènes et le long du cou, un petit ruban musculaire, à direction verticale, s'insérant sur les apophyses voisines de ses deux extrémités et aussi quelquefois sur les apophyses intermédiaires. Telle est la disposition qui a été signalée et décrite par Sandifort, sous le nom de Musc. singularis coll (de la 2° et de la 3° apophyse transverse à la 9°); par Kraüse, sous le nom de Transversalis cervicis medius (de la 2° à la 6° ou à la 7°); par Retzius, sous le nom de Transversalis cervicis anticus (de la 4° à la 6°); Knott a observé deux cas de ce genre : le premier était entie- rement conforme à celui de Relzius; dans le second, le muscle anormal remontait jusqu'à l'axis. Anatomie comparée. — L'apparition d'un long intertrans- versaire me paraît résulter d'un développement exagéré d’un de ces petits muscles que l'arc hœmatal n'a pas rencontré dans son évolution excentrique et n’a pu ainsi segmenter. Si l'on veut rencontrer à l’état normal, dans la série animale, ces longs intertransversaires, il faut les chercher sur la partie de la colonne vertébrale qui présente le plus de mobilité latérale et où les intertransversaires se présentent avec leur maximum de développement. C'est ainsi que, sur la queue, ces muscles . «sont étendus en une seule bandelette musculaire et aponé- vrotique entre toutes les apophyses transverses » (Cuvier). Quant aux formations observées par Sandifort, Kraüse, Retzius et Knott, elles me paraissent avoir leurs homologies dans quelques-uns de ces muscles transversaires que Strauss- Durckeim a décrits, chez le chat, sous le nom d’/socèles. C'est une série de muscles longitudinaux, formant une longue chaîne entre 316 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. les scalènes et le long du cou. Strauss-Durckeim en décrit six . il y a manifestement, dans ces faisceaux plus où moins con- fondus entre eux, des éléments du muscle long du cou et des scalènes de l’homme; mais il y a aussi des éléments qui doivent être rattachés d’une façon tout aussi manifeste à notre système intertransversaire, et dans lequel l'esprit retrouve aisément les longs intertransversaires, simples où complexes, de notre anatomie anormale. Qu'on en juge par la description des deux premiers que j'emprunte textuellement à Strauss-Durckeim : « Le premier isocèle naît par de très fortes fibres tendineuses superficielles sur l'angle postérieur de l'apophyse transverse de l’atlas, au-dessus de l’attache du premier scalène, avec lequel il est souvent confondu; mais quelquefois aussi leurs tendons sont distincts jusqu'à l'os. De ce point, le muscle se porte en dessous et en arrière, contourne les scalènes en avant, en se portant en dedans, et se divise en quatre chefs, qui se fixent, par des tendons grêles, sur les extrémités des apophyses costel- laires {partie antérieure des apophyses transverses) des 3°, Le, 5° et 6° vertèbres cervicales. Le second isocèle se fixe à l’apophyse transverse de l’axis, par le tendon correspondant des scalènes et se divise en trois chefs qui se rendent aux apophyses costellaires partie antérieure des apophyses transverses) des 3°, 4° et 5° vertèbres cervicales, en se rendant sur les mêmes tendons que les chefs du premier isocèle. » Bibliographie : SAPPEY. Anatomie descript., t. II, p. 174. CRUVEILHIER. Anat. descript., t. 1, p. 198. BEAUNIS et BoucHARD. Nouv. élém. d'Anat. descript., 3° édit., p. 210. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. Aix. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux; th. doct. ès-sciences, Paris, 1874, p. 378. RETZIUS. Forhandlinger, ced Skandinavisk Naturforsk, 1841, p. 767. KNoTr. On Abnormalities in human Myology (Proc. of Roy. Irish Acad., december 1881, p. 415). KRASE, cité par Knott. Zbid. Covier. Leçons d'Anat. comparée, t. 1, p. 278. STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 279. MUSCLE DROIT LATÉRAL. 317 ARTICLE II ANOMALIES DU DROIT LATÉRAL. — LONG DROIT LATÉRAL, Le muscle droit latéral est un faisceau charnu, plutôt cylindrique qu'aplati, s'étendant de l’apophyse transverse de l’atlas à l’apophyse jugulaire de l'occipital que l’on considère, à juste titre, en Anatomie philosophique, comme l'apophyse transverse de la 1" vertèbre crâänienne ou vertèbre occipitale. Ce muscle n’est évidemment que le plus élevé des intertrans- versaires ou, si l’on veut, l'intertransversaire du premier espace. Macalister a vu le muscle droit latéral disposé en forme d'éventail; dans un cas de Henle il faisait entièrement défaut. Enfin le droit latéral peut être double, d’après Theile, par l'isolement du faisceau interne provenant de la partie latérale de l’atlas. Ne faut-il pas voir, dans cette dernière anomalie, la reproduction entre l’apophyse transverse de l’atlas et celle de la vertèbre occipitale d’un double feuillet musculaire, disposition qui est la règle pour les espaces intertransversaires sous- jacents? Otto a décrit, en 1830, un faisceau surnuméraire plus long et plus important, qui naissait sous l’apophyse transverse de la 2 vertèbre cervicale, l'axis, et venait, avec le droit latéral normal, se terminer sur l'occipital; 1l convient de lui donner le nom de long droit latéral frectus lateralis longus) d'Otto. Il n’est pas très rare, comme nous l'avons dit ci-dessus, de voir quelques faisceaux des intertransversaires franchir une apophyse transverse pour s'attacher à la suivante; le faisceau décrit par Otto n’est qu'un faisceau aberrant de cette nature. Anatomie comparée. — Du reste, la disposition que présentait le sujet disséqué par Otlo est normal chez les Oiseaux; on trouve en effet chez eux, d’après Meckel, indépendamment du petit droit latéral, un grand droit latéral provenant des apophyses articulaires de l’axis, de la 3° et de la 4° cervicale, 318 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. pour se porter sur l'apophyse basilaire, au-dessous le droit antérieur. Bibliographie : OTTo. Pathol. anatom., 1830. MACaLIisTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. THEILE. Encycl. anatom., t. II, Myologie, p. 115. HENLE. Muskellehre, 3° édit. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI. ARTICLE III MUSCLE SURNUMÉRAIRE ATLOÏDO-MASTOÏDIEN. Décrit depuis longtemps par Winslow sous le nom de rectus lateralis accessorius, ce muscle surnuméraire a été signalé de nouveau en 1869 par Bankart, Pye-Smith et Philips, et tout récemment par W. Gruber qui en a fait l’objet d'un travail spécial publié dans les Archives de Reichert de 1876. J’emprunte à ce dernier mémoire les principaux détails qui suivent, sur la conslitulion anatomique du muscle atloïdo-mastoïdien. 1° Forme et situation. — Ce faisceau surnuméraire peut être, suivant les cas, cylindrique, rubané ou fusiforme. Sur quelques sujels, il est presque entièrement charnu; mais le plus souvent il présente soit à l’une de ses extrémités, soit à toutes les deux, un tendon d'insertion, lequel peut à son tour être arrondi ou aplati en forme d’aponévrose. Ces tendons terminaux atteignent jusqu'à 1/6 et même 1/3 de la longueur totale du muscle. Pour le mettre à découvert il faut le chercher en arrière de la région mastoïdienne, au-dessous du sterno-cléido-mastoïdien, du splénius et du petit complexus. Il est exactement situé dans ce petit triangle que limite : en dehors, le bout postérieur de l’apo- physe mastoïde; en dedans, le muscle petit oblique; en bas, une ligne fictive qui, partant du sommet de l'apophyse mastoïde, aboutirait à l'apophyse transverse de l’atlas. 2° Insertions. — Le muscle atloïdo-mastoïdien prend naissance "78 MUSCLE SURNUMÉRAIRE ATLOIDO-MASTOIDIEN. 319 sur l’apophyse transverse de l’atlas, entre les muscles pelit oblique et droit latéral. Se portant de là obliquement en arrière, en haut et en dehors, il traverse le triangle précité et rejoint l’apophyse mastoïde où il s’insère, sur un point qui est fort variable: +) sur le bord postérieur de cette apophyse; £) sur le pourtour de l'extrémité postérieure et supérieure de la rainure digastrique ; 7) sur la crête maStoïdienne, entre la rainure digas- trique et le sillon de l'artère occipitale. La longueur de cette ligne d'insertion à varié, dans les cas observés par Gruber, de 3 à 18 millimètres; cette mème ligne s'est montrée distante de l'insertion crânienne du petit oblique, de 2 à 17 millimètres. Quant à la longueur totale du faisceau atloïdo-mastoïdien, elle peut osciller entre 20 et 55 millimètres. 3° Fréquence. — Winslow qui a le premier, croyons-nous, signalé le muscle anormal qui nous occupe, parle de lui comme se rencontrant « quelquefois », mais il ne représente par aucun chiffre le degré de sa fréquence. Cette lacune a été comblée par les recherches ultérieures de Gruber, de Kraüse et de Knott. Gruber, sur 50 cadavres (45 hommes et 5 femmes), l'a rencontré 11 fois, # fois des deux côtés, 7 fois du côté gauche seulement; c'est donc, au total, 15 muscles qui ont été examinés par l’ana- tomiste russe. Kraüse, cité par Knott, élève cette fréquence au chiffre de 30 pour 100. Quant à Knott lui-mème, il n’a relrouvé le faisceau atloïdo-mastoïdien que # fois sur 33 sujets, qu'il a examinés à cet égard. En réunissant ces diverses slalistiques qui sont loin, comme on le voit, d'être concordantes, on arrive à la fraction 45/183, comme représentant le degré de fréquence de ce muscle dans l'espèce humaine, soit approximativement 1/% ou 25 pour 100. 4° Signification et anatomie comparée. — Depuis le travail d'Oken, publié en 1807 et complété plus tard par Bojanus, de Blainville et surtout R. Owen, on admet généralement, en Anatomie générale, que la boîte crânienne est décomposable en lois vertèbres, présentant chacune les éléments caractéristiques des vertèbres rachidiennes. La première, ou vertèbre occipitale, à pour apophyse transverse l’apophyse jugulaire sur laquelle 320 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. vient se fixer l'intertransversaire de l’espace sous-jacent, le droit latéral. Dans la deuxième vertèbre, ou vertèbre sphéno- temporo-pariétale, l'apophyse transverse est représentée par l'apophyse mastoïde sur laquelle le muscle atloïido-mastoïdien vient prendre ses attaches supérieures. Ce muscle, inséré d'autre part sur l’apophyse transverse de l’atlas, acquiert ainsi la signi- fication d’un muscle intertransversaire qui saute une apophyse transverse (l'apophyse jugulaire), pour venir se fixer sur l’apo- physe suivante; c'est, en termes exacts, un long intertrans- versaire. Chez le chat, le muscle droit latéral, semblable en cela au faisceau atloïdo-mastoïdien, franchit la vertèbre occipitale sans s'y arrèler et vient se fixer sur la vertèbre temporo-pariétale, en un point voisin de l'apophyse styloïde. D’après Gratiolet et Alix, le muscle anormal de l'homme se rencontrerait avec des caractères à peu près identiques chez le Troglodytes Aubryi; dans cette espèce, le muscle droit latéral, «bien qu’exclusive- ment transversaire, présente deux faisceaux distincts du côté de la tête. Ces deux faisceaux s’attachent l’un et l’autre au sommet de l'apophyse transverse de l’atlas, mais ils se séparent, à leur extrémité opposée, l'un s’attachant à l’apophyse jugulaire et l’autre à l’'apophyse mastoïde. » Maisonneuve décrit également, chez le Vespertilio murinus, un droit latéral s'étendant de l’atlas à la région mastoïdienne. Bibliographie : GRuBER. Der musc. atlantico-mastoïdeus (Arch. fur Anat.u. Phys., 186, p. 133). WINSLOW, cité par Gruber, in Mémoire précédent. BANKART, PYE-Smira et Paizrps. Guy's Hospital Reports, série 3, vol. XIV, et tirage à part, p. 4. KNoTT. Proc. of Roy. Irish Academy, december 1881, p. 416. R. OwEx. Principes d'Ostéologie comparée, Paris, 1855. STRAUSS-DURCKEIM. Anat, du chat, t. II, p. 246. GRATIOLET et ALIX. Anat. du Troglodytes Aubryi (Nouvelles Archives du Museum, 1866, p. 121). = MAISONNEUVE. Anat. du Vespertilio murinus, 1878, p. 215. MUSCLE GRAND DROIT ANTÉRIEUR DU COU. 321 CHAPITRE VII Muscles de la région prévertébrale. Située, comme son nom l'indique, sur la face antérieure du rachis, la région prévertébrale renferme trois muscles : le grand droit antérieur de la tête, le petit droit antérieur et le long du cou, tous les trois fléchisseurs, soit de la tête, soit de la colonne cervicale. Je décrirai, dans trois articles distincts, les quelques variations anatomiques que peuvent présenter ces trois muscles prévertébraux; je réunirai dans un quatrième, sous les noms de petit droit intermédiaire, de petit droit interne et de muscle axoïdo-basilaire, trois faisceaux surnuméraires qui ont été ren- contrés, dans cette même région, par le professeur Gruber. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE GRAND DROIT ANTÉRIEUR. Le muscle grand droit antérieur, aplati et triangulaire, se porte obliquement de l’apophyse basilaire de loccipital aux tubercules antérieurs des 3°, 4°, 5° et 6° vertèbres cervicales. Les faisceaux obliquement ascendants qui naissent de ces tuber- cules sont d'abord distincts et ne se réunissent qu'ultérieure- ment, à une hauteur variable suivant les sujets, pour constituer le corps du muscle. Je résume, comme suit, les variations morphologiques que peut offrir ce muscle, variations du reste peu nombreuses et peu importantes : 4° Ce sont d’abord des variations portant sur le nombre de ses faisceaux lransversaires. J'ai vu, dans un cas, le grand droit antérieur prendre insertion sur laxis; par contre, le faisceau destiné à la 6° cervicale faisait défaut. Macalister 21 322 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. signale des muscles grands droits avec trois faisceaux transver- saires seulement, soit pour les 3°, #° et 5° vertèbres, soit pour les 2°, 3° et 4°. Dans un cas enfin, rapporté par Meckel, le grand droit, plus développé qu'à l'ordinaire, recevait ses faisceaux les plus élevés des deux premières cervicales, l’atlas et l'axis. Anatomie comparée. — Ce muscle présente dans la série animale les mêmes variations de volume : tandis qu'il est assez développé, chez l'ornithorynque (Meckel) pour occuper toute la longueur du cou, il est relativement très faible et très court chez le chameau et en général chez tous les Ruminants et les Solipèdes; il se détache chez le cheval, d'après Chauveau, des 3°, 4° et 5° vertèbres cervicales. L'insertion à l’atlas et à l'axis se retrouve chez les Carnassiers et notamment chez le chat, où il a été parfaitement décrit par Strauss-Durckeim (p. 249). 2° Le muscle grand droit peut être constitué par deux faisceaux distincts; une telle disposition résulte vraisemblable- ment de ce qu'un ou plusieurs des faisceaux d'origine conser- vaient, jusqu'à leur insertion occipitale, l'indépendance qu'ils possèdent au niveau de leur extrémité transversaire. 3° Quelques faisceaux externes peuvent s'attacher à l’atlas ou à l’axis. On est embarrassé, dans ce cas, pour savoir si ces faisceaux appartiennent exactement au grand droit antérieur ou aux intertransversaires, plus où moins transformés en transversulis cervicis anticus. (Voyez ce muscle, p. 315.) 4° Le muscle grand droit antérieur peut envoyer des faisceaux d'union à quelques muscles voisins. On l’a vu plus ou moins intimement uni : +) avec le transversalis cervicis; fE) avec le scalène antérieur (Macalister) ; d) avec le petit droit antérieur (Macalister); <) avec le long du cou; cette anastomose est consi- dérée comme fréquente par la plupart des anatomistes, notam- ment par M. Sappey. De même, chez le Troglodytes Aubryi, la digitation qui va à la 6° apophyse transverse s'unit à une digitation du long du cou (Gratiolet et Alix). 5° Enfin, Gruber a rencontré, sur deux sujets, un faisceau d'union qui franchissait la ligne médiane pour se terminer du \ MUSCLE PETIT DROIT ANTÉRIEUR DU COU. 323 côté opposé à celui où il avait pris naissance. Dans le premier cas, ce faisceau surnuméraire se détachait du grand droit anté- rieur du côté droit et se rendait dans le petit droit du côté gauche. Dans le second cas, il partait du grand droit antérieur du côté droit, se portait obliquement en haut et à gauche, pour se réunir aux faisceaux charnus du grand droit du côté gauche. Il résulte d'une pareille disposition que ce dernier muscle prenait naissance, à la fois, et sur la série ordinaire des apophy- ses transverses du côté correspondant et sur l'une (la 3°) des vertèbres du côté opposé. Ces faisceaux anastomotiques allant d’un côté à l’autre, résultent de cette tendance que présentent les muscles voisins de la ligne médiane à entre-croiser leurs fibres sur cette même ligne médiane, tendance que nous avons déjà vue se manifester par des dispositions analogues sur le grand pectoral, le mylo- hyoïdien, le ventre antérieur du digastrique, le peaucier. ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE PETIT DROIT ANTÉRIEUR. Situé en arrière du précédent, au devant de l'articulation occipito-atloïdienne, le muscle petit droit antérieur s'étend de la face antérieure des masses latérales de l'atlas à l’apophyse basilaire, entre les deux condyles de l’occipital. Ses variations anatomiques ne sont pas plus importantes que celles du muscle précédent. Je les signalerai d'une façon sommaire : 1° Nous avons d'abord ici, comme toujours, des variations de volume. A côté de muscles très développés, il existe des muscles relativement fort grêles : Macalister a rencontré, sur un sujet, un petit droit antérieur s’avançant sur ia membrane atloïdo-occipitale. Le terme ultime de cette atténuation gra- duelle de l'organe peut aboutir à la disparition complète; j'en ai observé un cas sur un sujet qu'on avait préparé pour mon cours, en Janvier 4882. 324 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 2° Quand le muscle pelit droit antérieur présente son maxi- mum de développement, il peut dépasser, en dedans, la zone de ses insertions normales et prendre naissance sur une portion plus ou moins étendue de l'arc antérieur de l’atlas. Dans un cas observé par Macalister, les fibres qui s’attachaient ainsi à l'arc antérieur constituaient un muscle distinct : il est vraisemblable que ce pelit muscle surnuméraire n'est autre chose qu’une variété d'une formation anormale que nous décrirons plus tard, sous le nom de muscle petit droit interne. 39 On a vu, sur quelques sujets, le muscle petit droit antérieur descendre jusqu'à l'axis; Henle en signale un exemple. Dans un cas de celte nature, que j'ai observé en 4881, le muscle petit droit antérieur, normal tant qu'à ses autres caractères, était grossi à droile par un petit faisceau surnuméraire, qui se détachait de la face latérale de l’axis et abordait le muscle classique par son bord interne. Anatomie comparée. — Le petit droit antérieur «ne naît ordinairement que de l’atlas» dans la série des Mammifères (Meckel). Mais sa nature de faisceau intertransversaire (Cru- veilhier, Henle) ne s'oppose nullement à ce que, dans quelques espèces, il prenne naissance sur la deuxième vertèbre cervicale, en sautant la première ou en ne demandant insertion à cette dernière que pour une portion de ses fibres. C’est ainsi que dans la classe des Oiseaux (Meckel, t. VI, p. 14), le pelit droit provient des 2°, 3° el 4° vertèbres cervicales. ARTICLE III ANOMALIES DU MUSCLE LONG DU COU. Depuis l'intéressant mémoire de Luschka, publié en 1854, dans les Archives de Müller, il est d'usage de décrire au long du cou trois portions distinctes : 1° une portion oblique descen- dante (obliquus superior coli de Luschka), prenant naissance sur le tubercule antérieur de l’atlas et venant s’insérer, par quatre MUSCLE LONG DU COU. 329 digitations distinctes sur les tubercules antérieurs des 3°, 4°, o° et 6° vertèbres cervicales ; 2° une portion oblique ascendante (obliquus inferior colli de Luschka), se délachant des corps des 2° et 3 vertèbres dorsales et se terminant, par deux ou trois digitations distinctes, sur les apophyses transverses des 6°, 5° et 4° cervicales; 3° une portion longitudinale enfin (rectus coll de Luschka, faisceaux épineux de Cruveilhier), couchée en dedans des précédentes, de chaque côté de la ligne médiane et prenant successivement des insertions sur les corps des 3 premières dorsales, des 3 ou # dernières cervicales, sur la crête de l’axis et quelquefois sur le tubercule antérieur de l’atlas. La description qui précède est basée sur des moyennes, car le développement du long du cou varie pour ainsi dire avec chaque sujet. C'est ainsi que lOblique supérieur peut avoir 2, 3, #, 5 ou même 6 faisceaux, que l’oblique inférieur qui n’en a généralement qüe 2, peut se réduire à un seul ou en présenter 3 ou #. De même la portion longitudinale qui affecte, sur bien des sujets, l’aspect d'un muscle bien nourri, n'est constitué, sur certains autres, que par quelques languettes fort grêles. Somme {oute, les anomalies du long du cou se réduisent à des variations de développement, entraînant comme consé- quence des variations de volume, des variations dans le nombre de ses faisceaux constitutifs et aussi des variations dans l’éten- due verticale du corps musculaire. Anatomie comparée. — Les mêmes dispositions s'observent chez les animaux. Le long du cou s'attache en haut, chez le Troglodytes Aubryi, sur les 5 premières cervicales et descend en bas jusqu'à la 4° dorsale inclusivement; il occupe également les k premières dorsales chez l’ornithorynque et chez le chameau. Dans cette dernière espèce, il est remarquable par le grand nombre de ses faisceaux cervicaux, disposition en rapport avec la longueur et la flexibilité du cou de ces animaux (Meckel). II se détache même des 6 premières dorsales, chez le cheval, d’après Chauveau. ai déjà mentionné les relations plus ou moins intimes que 326 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. peut présenter le long du cou avec quelques muscles voisins, notamment avec les intertransversaires, le grand droit antérieur et aussi avec le scalène antérieur, ce qui a fait dire à quelques observateurs que le long du cou pouvait envoyer quelques faisceaux à la première côte. Meckel et Theile parlent de la possibilité pour le muscle long du cou de s'attacher jusque sur l’apophyse basilaire de l'occi- pital. Gruber en signale deux faits : dans l’un d'eux cependant le faisceau aberrant s’arrêtait sur la membrane atloïdo-occipi- tale. Dans un autre cas, le faisceau occipital se réunissait, avant d'atteindre le crâne, à un muscle surnuméraire que nous étudierons, dans l’article suivant, sous le nom de muscle axoïdo- basilaire. Cette insertion du long du cou à l’occipital paraîtra toute naturelle si l'on songe, d'une part, que ce muscle prend naissance par ses lrois portions sur les corps vertébraux de la région cervico-dorsale et, d'autre part, que l’apophyse basilaire représente au crâne le corps de la 1" vertèbre ou vertèbre occipitale. ARTICLE IV QUELQUES MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION PRÉVERTÉBRALE. La région prévertébrale a fourni jusqu'ici, chez l'homme, trois formations musculaires anormales, allant de l’occipital à l'atlas ou à l’axis et que je décrirai : la première, sous le nom de petit droit intermédiaire; la seconde, sous le nom de petit droit interne; la troisième enfin, sous le nom de muscle axoido- basilaire. $ I. — Muscle petit droit intermédiaire (M. rectus anticus medius seu minimus de Gruber). — Décrit par Gruber en 1876, ce faisceau surnuméraire est situé entre le grand droit antérieur et le petit droit antérieur; il est aplati et rubané, mesurant de 30 à #0 millimètres de longueur, sur 3 à 6 millimètres de largeur et À à 3 millimètres d'épaisseur. Il s'attache en bas, à MUSCLES PRÉVERTÉBRAUX SURNUMÉRAIRES. 321 l’aide d’un tendon généralement court, sur la face antérieure de la masse latérale de l'atlas, sur la base de l’apophyse transverse et la partie la plus externe de l'arc antérieur; de là il se porte un peu obliquement en haut et en dedans, et vient se fixer, par un deuxième tendon aplati comme le premier, sur l’apophyse basilaire. Le professeur Gruber distingue soigneusement ce muscle du petit droit antérieur, dont il est toujours distinct; mais il croit que son tendon basilaire est « parfois confondu avec le grand droit ». Cette dernière observation nous conduit à une inter- prétation rationnelle de ce muscle, qui n'est, à mon sens, qu'un faisceau surnuméraire du grand droit antérieur, lequel prend naissance, dans la majorité des cas, comme on le sait, sur les apophyses transverses des 3°, 4°, 5° et 6° vertèbres cervicales. Cette anomalie trouve ainsi une place naturelle dans l'histoire des variations anatomiques du muscle grand droit. Du reste, le petit droit intermédiaire est loin d'être rare : si je m'en rapporte à la statistique de Gruber, on le rencontrerait 18 fois sur 100 sujets; l’anatomiste russe l’a observé, en effet, 9 fois sur 50 cadavres (45 hommes et 5 femmes), 5 fois des deux côtés, 2 fois à droite et 2 fois à gauche. Dans un cas, il est décrit comme étant constitué par deux faisceaux distincts; mais le faisceau interne, inséré sur l'arc antérieur, me paraît devoir être rapporté plutôt à la formation suivante. $ IL. — Muscle petit droit interne (M. atlantico-basilaris internus de Gruber), — C’est un faisceau fusiforme, prisma- tique ou triangulaire situé au devant de la membrane atloïdo- occipitale, s'étendant du tubercule antérieur de l’atlas à la sur- face inférieure de l’apophyse basilaire. Entièrement distinct du grand droit et du petit droit, il est situé en dedans de ces deux derniers muscles, d'où le nom de petit droit interne sous lequel je le désigne. Ce petit muscle est fort rare; Gruber, qui nous en a donné une bonne description, ne l’a rencontré que 6 fois sur 101 cada- 328 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME vres, À fois des deux côtés, 4 fois d’un côté seulement. Il est charnu dans presque toute son étendue; on observe cependant, à l’une et à l’autre de ses extrémités, quelques fibres tendi- neuses, à l’aide desquelles 1l prend insertion sur les surfaces osseuses. Signification. — Le muscle petit droit interne prend nais- sance sur le tubercule antérieur de l'atlas (corps de la 4"° vertè- bre cervicale) et se termine sur l’apophyse basilaire (corps de la 4° vertèbre crânienne). C’en est assez pour déterminer sa signification anatomique : il appartient manifestement au groupe des fléchisseurs directs du rachis, que caractérisent leur direc- tion longitudinale et leur insertion exclusive sur les corps vertébraux; il appartient donc au rectus coli de Luschka ou portion interne de notre long du cou, qu'il continue en haut entre l’atlas et les vertèbres crâniennes. Cette interprétation que légitime suffisamment déjà la situa- tion du petit droit interne, emprunte une nouvelle valeur à ce fait que ce muscle se continue dans bien des cas, comme l’a fait observer Gruber lui-même, soit par une portion, soit par la totalité de ses faisceaux, avec l'extrémité atloïdienne du muscle long du cou. $ IT. — Muscle axoïdo-basilaire (M. epistropheo-basilaris de Gruber). — Ce petit muscle surnuméraire s'étend, comme son nom l'indique, de l'axis à l’apophyse basilaire. Il est situé en dedans du grand droit, caractère qui le différencie déjà du petit droit intermédiaire, situé en arrière. Il se détache, soit du corps même de l’axis (fait de Walsham), soit du ligament anté- rieur atloïdo-axoïdien (fait de Gruber). Généralement bilatéral, il est charnu à sa partie moyenne et tendineux à ses extrémités ; le plus souvent il s’insère en bas à l'aide d'un tendon unique et médian, lequel se bifurque, après un trajet de quelques milli- mètres, pour donner naissance au muscle droit et au muscle gauche. Ce petit muscle est un fléchisseur de la têle; comme le fait remarquer avec raison le professeur Gruber, il représente à la ne MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION PRÉVERTÉBRALE. 329 partie antérieure de la colonne cervicale, ce qu'est à la partie postérieure le grand droit postérieur, dont il est l’antagoniste au point de vue de la fonction. Sa fréquence est bien moindre que celle du précédent; sur 100 sujets qu'il a examinés à cet égard en 1876 et en 1880, Gruber ne l'a rencontré que deux fois, soit une fois sur 50 sujets. Je l'ai cherché moi-même, au mois de janvier 1882, sur une série de 48 sujets. Je n’en ai jamais trouvé la moindre trace. Signification et anatomie comparée. — Le muscle axoïdo- basilaire ne doit pas être séparé du muscle petit droit interne ; comme lui, comme les faisceaux longitudinaux du long cou qu'il continue en haut, il est une dépendance du système musculaire fléchisseur direct de la colonne vertébrale, dont la caractéristique anatomique est de s’insérer uniquement, comme je l'ai rappelé plus haut, sur les corps vertébraux. Ce système qui, théoriquement, doit occuper toute la hauteur du rachis, s’est atrophié sur plusieurs points et a même complè- tement disparu sur d'autres; mais on le retrouve, avec tous ses caractères et tout son développement, sur cette portion de la colonne vertébrale qui seule à conservé la liberté absolue de ses mouvements. Je veux parler de la queue des Mammifères. A la face antérieure de cet organe on rencontre en effet, de chaque côté de la ligne médiane, une série de muscles en rap- port, par leurs deux extrémités, avec la face inférieure des vertèbres caudales et ayant pour fonction de les fléchir les unes sur les autres. De ces muscles, les uns partant d’une vertèbre quelconque, franchissent plusieurs autres vertèbres avant de se jeter sur leur tendon terminal (longs sous-vertébraux de la queue); d’autres, au contraire, ne dépassent pas le champ qu'occupent deux vertèbres voisines (courts sous-vertébraux de la queue). Ce système des fléchisseurs directs de la queue a disparu chez l'homme et les singes anthropoïdes, avec l'appendice caudal; tout au plus en voit-on quelques vestiges dans le curvalor coccygis où sacro-coccygeus anticus, décrit par Theile 330 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Mais il suffit de jeter un coup d'œil rétrospectif sur les pages qui précèdent pour retrouver à la région cervicale, dans les formalions normales ou anormales précédentes, des représen- tants manifestes et des longs sous-vertébraux et des longs prévertébraux. Bibliographie des muscles prévertébraux : MACALIsSTER. Transact. of Royal Irish Academy, 1882. MECKEL. Manuel d'Anat. descript. (Traduction Jourdan, 1825, t. I, p. 137). MECKEL. Anat. comparée, t. IV, p. 172. STRAUSS-DURCKEIM. Anat. du Chat, t. II, p. 249. GRATIOLET et ALIx. Recherches sur l’Anat. du Troglodytes Aubryi, 1866, p. 158. CHAUVEAU. Anat comparée, p. 211. HENLE. Muskellehre, zweite auflæge, 1871, p. 136 et fig. 61. TESTuT. Note sur un muscle axoïdo-basilaire (Bull. Soc. d'Anat. et de Phys. de Bordeaux, 1882). LusceKA. Der lange Halsmuskel des Menschen (Muller's Arch., 1854). THEILE. Encycl. Anat., t. III, Myologie, p. 158. GRruBER. Ueber den Musc. Rectus capitis anticus medius seu minimus (Arch. f. Anat. und Phys., 1876, p. 746). GruBEr. Ueber den Musc. Atlantico-basilaris, Muse. Epistropheo-basilaris und andere vor der obersten Halswirbeln zwischen den Mm. recti capitis anlici majores vorkommende Muskelvarietæten (Wirchow's Arch., 1881, p. 465.) WALSHAM. À 4wo-bellied Muscle extending from the axis to the basilar Process (S' Bartholomew’s Hospital Reports, 1881, vol: XVII, p.67). TROISIÈME PARTIE ANOMALIES DES MUSCLES DU MEMBRE SUPÉRIEUR. CHAPITRE PREMIER Anomalies des muscles de l'épaule. Placés autour de la clavicule et du scapulum, les muscles propres de l'épaule sont au nombre de six. Le deltoïde, à la fois le plus superficiel et le plus considérable, est directement situé sous les téguments; c’est lui qui donne à l’épaule sa forme arrondie caractéristique. Le sous-scapulaire remplit la fosse du même nom. Sur la face postérieure de l’omoplate s’échelonnent de haut en bas : le sus-épineux, le sous-épineux et le petit rond, constituant ensemble un groupe très naturel, le groupe sus- scapulaire. Le grand rond enfin, le plus inférieur des six, accom- pagne le grand dorsal vers la coulisse bicipitale et présente souvent avec ce dernier muscle des connexions assez intimes, pour que certains auteurs aient cru devoir le considérer comme un faisceau scapulaire du grand dorsal. Les variations anatomiques de ces différents muscles seront étudiées dans quatre chapitres distincts, consacrés : le premier au deltoïde, le second au grand rond, le troisième au sous-sca- pulaire, le quatrième au groupe sus-scapulaire. Je décrirai sommairement, dans un cinquième article, un faisceau surnuméraire observé par Gruber et auquel j'ai donné le nom significatif de Auméro-transversaire. Enfin je grouperai, dans un dernier article, toute une série de petits muscles surnu- 332 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. méraires qui apparaissent de temps à autre dans la région sca- pulaire antéro-interne et qui ne sont, pour moi, que des vestiges nécessairement modifiés de l’oblturateur interne thoracique, muscle disparu chez l'homme, mais constant encore dans un grand nombre d'espèces animales. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU DELTOÏDE. Le deltoïde, ainsi appelé en raison de sa forme triangulaire (A grec), embrasse, à la manière d'un demi-cône, l'articulation scapulo-humérale. C’est le muscle le plus volumineux et le plus important de l'épaule. Il prend naissance en haut sur le bord antérieur {liers externe ou moitié externe) de la clavicule, sur le bord externe de l’acromion et sur le bord postérieur de l’épine de l’omoplate dans toute son étendue. Son insertion inférieure se fait sur les deux branches du V deltoïdien, au-dessus du bra- chial antérieur. Comme le muscle grand fessier, le delloïde est constitué par une série de colonrettes charnues plus ou moins isolables, mais dont le nombre estimé à 10 par Albinus, porté à 18 ou 20 par Cruveilhier, varie, on peut le dire, avec chaque sujet et pour chaque observateur. Jamais, dans les conditions normales, le deltoïde n'est divisé en portions réellement distinctes. Je classerai les variations anatomiques de ce muscle sous les sept chefs suivants : $ 1. — Absence de quelques-uns des faisceaux constitutifs du muscle. — Otto à rencontré un deltoïde dépourvu de ses faisceaux claviculaires. Jai observé moi-même un cas où le faisceau claviculaire était réduit à un ruban très!grêle, mesurant à peine deux centimètres de largeur. Macalister à vu manquer, de son côté, la portion acromiale du même muscle. Dans ce dernier cas, le deltoïde était exclu- MUSCLE DELTOIDE. 393 sivement composé d'une portion antérieure détachée de la clavicule et d’une portion postérieure insérée sur l’épine de l’omoplate. Je n'ai jamais observé, pour ma part, cette dispo- sition qui doit être fort rare. Il convient de signaler, comme un degré incomplet de cette dernière anomalie, l'observation rap- porlée par Gruber et relative à un deltoïde qui présentait, à sa partie moyenne, une lacune longue de quatre pouces et large de près de deux pouces. Anatomie comparée. — D'après Cuvier, le deltoïde serait réduit, chez le cheval, à sa portion postérieure (long abducteur du bras). La portion acromiale du muscle, déjà fort atténuée chez le mouton, aurait chez lui complètement disparu. Meckel a cru constater, chez la taupe, la disparition de la portion scapulaire ; le même anatomiste décrit, chez le porc-épic, deux portions ou plutôt deux muscles «entièrement séparés l’un de l'autre par la tête de l'humérus; le plus grand vient de l’apo- physe acromiale et de la partie antérieure de l’épine; le petit üre son origine de la moilié externe de la clavicule. Ils se fixent isolément à la tubérosité externe et au milieu de l'humérus. » Les faisceaux spinaux postérieurs font donc défaut dans cette espèce. Les portions antérieure et postérieure du deltoïde ne sont nullement représentées chez les Amphibiens et chez les Reptiles. D'après M. Lannegrace, auquel j'emprunte cette dernière assertion, on ne le « rencontrerait pas non plus chez l'oiseau où le deltoïde acromial existe seul. » Toutefois, cette interpré- tation n’est pas acceptée par M. Alix qui décrit, dans un grand nombre d'Oiseaux, notamment chez les pigeons, les Cracidés et les Tinamidés, un delloïde postérieur nettement distinct du muscle sous-épineux. M. Alix considère, comme appartenant au système deltoïdien, chez l'oiseau, trois muscles complètement séparés : à) le deltoïde postérieur, que je viens de signaler; 5) le muscle cléido-épicondylien, qui devient par ses relations un tenseur de la partie moyenne de la membrane antérieure de l'aile; y) le muscle cléido-métacarpien enfin, qui est le tenseur marginal de cette même membrane antérieure de l'aile. 334 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. SIT. — Division du muscle en plusieurs portions distinctes. — J'ai rencontré plusieurs fois, entre la portion claviculaire et la portion acromiale du muscle, un espace séparatif qui rendait la portion claviculaire complètement indépendante. Dans un cas, cette portion, ainsi séparée du deltoïde, était intimement unie avec le bord supérieur du grand pectoral et je l'aurais volontiers rattachée à ce dernier muscle, si la veine céphalique, suivant son trajet normal, n’était venue m'indiquer d'une façon précise les limites respectives des deux organes. D'autre part, Macalister dit avoir observé l'indépendance de la portion du deltoïde qui s'insère à l’épine {deltoïde postérieur ou dello-spinal). Je ne signalerai ici que pour mémoire les faits d’une division plus multipliée des faisceaux constitutifs du deltoïde, l'observa- lion par exemple, rapportée par Jenty, d’un muscle deltoïde qu'il décomposa en 18 ou 20 muscles distincts. Ce sont là des dispositions peu importantes, justiciables le plus souvent d’une altération nutritive des faisceaux constitutifs du deltoïde, bien différentes en cela des deux ordres de faits signalés plus haut. L'indépendance des portions claviculaire, acromiale, spinale, constituent en effet, chez l’homme, de vraies anomalies réver- Sives. Analomie comparée. — Le delloïde est rarement aussi compact chez les animaux que chez l’homme; ses trois portions classiques sont encore aussi intimement liées chez les Anthropoïdes, mais leur isolement s’observe déjà chez le magot (Duvernoy). Elle s’accentue, chez les Lémuriens, et devient pour ainsi dire la règle chez les Carnassiers. Le chat, qui est à ce point de vue un excellent sujet d'étude, nous présente trois muscles deltoïdiens parfaitement distincts : 4° Un muscle deltoïdien antérieur (M. delto-claviculaire de Strauss-Durckeim), naissant en haut «tout le long de la clavi- cule, ainsi que sur le raphé qui se prolonge en dedans et en dehors en opposition avec les muscles clavo-cucullaire et eléido- mastoïdien. » Nous avons déjà vu que chez les Mammifères non claviculés le delto-claviculaire se réunissait avec les faisceaux Là Dé. La MUSCLE DELTOIDE. 3939 antérieurs du trapèze, pour constituer le muscle céphalo- buméral; 2° Un muscle deltoïdien moyen (1. dello-acromial de Strauss- Durckeim), prenant naissance en dehors et en arrière du précé- dent, «dans l'échancrure de l'apophyse récurrente de l'omoplate et de l'acromial ; » 3° Un muscle deltoïdien postérieur (M. delto-spinal de Strauss- Durckeim), se détachant, par de courtes fibres aponévrotiques, du tiers moyen de l’épine scapulaire « depuis sa tubérosité jusqu'à son apophyse récurrente. » M. Alix, chez la roussette d'Edwards, M. Maisonneuve, chez le Vespertilio murinus, décrivent également au deltoïde une portion claviculaire, une portion acromiale et une portion spinale ou sous-épineuse. Dans la classe des Rongeurs le deltoïde est généralement simple chez le castor, le hamster, l'écureuil (Meckel). On observe déjà des traces de division chez le rat, et l'agouti nous présente un delto-acromial et un delto-spinal complètement distincts. Chez la marmotte, la bifurcation du delto-claviculaire (Meckel), porte même à quatre, dans cette espèce, le nombre des por- tions constitutives du deltoïde. $ IT. — Faisceaux surnuméraires, scapulaires et sous- épineux. Les faisceaux scapulaires du deltoïde s’insèrent exclusivement, dans la majorité des cas, sur l’épine de l’omo- plate. Exceplionnellement, ce muscle peut être renforcé par des faisceaux surnuméraires qui prennent naissance, au-dessous de l’épine, sur le bord vertébral de l'omoplate, sur l’aponévrose sous-épineuse, ou même encore sur le bord axillaire. Je dési- gnerai ces trois ordres de faisceaux sous les noms de faisceau postérieur (basio-delloïdeus de Kraüse), faisceau sous-épineux (fasciculus infraspinatus deltoïdeus de Gruber), faisceau axillaire (costo-delloïeus de Calori) du deltoïde. 1° Jai vu plusieurs fois, toujours chez des sujets fortement musclés, les faisceaux postérieurs du deltoïde s’insérer sur le bord vertébral du scapulum, mais je ne les ai jamais vus dépasser, 330 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. sur ce bord, le deuxième centimètre placé au-dessous de l'épine. M. Chudzinski a rencontré ces mêmes faisceaux s'étendant, chez un nègre, à 25 millimètres au-dessous de cette épine. Ils peu- vent même descendre plus bas et se détacher d'une région plus ou moins voisine de l'angle, 2° Des faisceaux insérés sur l'aponévrose du sous-épineux ont été mentionnés par Macalister, M. Flesch, Beaanis et Bouchard, Meckel, elc.; ce dernier anatomiste a rencontré plusieurs fois une languette musculaire, naissant à la fois «de l'expansion tendineuse et de la partie moyenne du bord interne de l'omoplate par un tendon large et mince » et venant s'atta- cher, d'autre part, au tendon du deltoïde. 3° Le faisceau axillaire du deltoïde me parait avoir été décrit pour la première fois par Albinus. Nous trouvons en effet, dans son Historiu musculorum, celle mention qu'au bord postérieur du deltoïde « accedebat portio insignis oriens ab ore priore scapulæ, inter infraspinatum et teretem minorem.» Cette portio insignis n'est autre chose que ce faisceau surnuméraire du deltoïde qui fut signalé de nouveau plus tard par Meckel et par Theile et auquel Calori, en 1866, donna le nom de costo- deltoideus. Ce petit muscle, toujours distinct à son origine, prend naissance sur le bord axillaire du scapulum, soit entre le sous- épineux et le petit rond, soit entre le petit rond et le grand rond. Dans le cas observé par Calori, il présentait la forme et le volume d’une des colonnes charnues du deltoïde ; il se diri- geait ensuite un peu en avant et en bas et, se confondant bientôt avec les faisceaux deltoïdiens, il gagnait avec eux la face externe de l’humérus. Avec ce faisceau s’en rencontrait un autre plus volumineux, naissant, comme le premier, sur le bord axillaire de l’omoplate, mais s’en séparant bientôt pour gagner une région plus élevée, après avoir contourné le bord postérieur du deltoïde; les faisceaux charnus dégénéraient en fibres tendi- neuses, lesquelles se terminaient, en partie, sur l’aponévrose deltoïdienne, en partie sur l'acromion et l'extrémité externe de la clavicule. Calori propose de donner à ce faisceau, en raison MUSCLE DELTOIDE. 337 de ses points d'attache le nom de coslo-acromio-claviculaire. «Son rôle principal, ditl, est de tendre l'aponévrose deltoï- dienne pendant que s'effectue l'adduction du bras; il peut même contribuer à l'abaissement de la clavicule. » Un muscle analogue, également tenseur de l’aponévrose deltoïdienne, a été rencontré tout récemment sur une négresse par Chudzinski ; il prenait naissance, à l’aide de longues fibres tendineuses, à la fois sur le bord axillaire de l'omoplate et sur l’'aponévrose sous-épineuse. L'ensemble de ses faisceaux charnus constituait un ruban de 20 millimètres de largeur; il contour- nait le bord postérieur du deltoïde et se divisait alors en deux plans superposés : le plan superficiel, s’mfléchissant en bas, se terminait sur l’aponévrose humérale, à 75 millimètres au-des- sous de l’angle postéro-externe de l’acromion; le plan profond, beaucoup plus épais et affectant une direction transversale, venait se terminer, par de courtes fibres tendineuses, sur les fibres tendineuses d’origine du deltoïde, dans l'étendue de 24 millimètres. Anatomie comparée. — Chez les singes anthropoïdes, la por- tion postérieure du deltoïde, plus étendue que chez l'homme, recouvre presque en totalité la fosse sous-épineuse, prenant à la fois des inserlions et sur l’aponévrose sous-jacente et sur le bord vertébral du scapulum. J'ai nettement constaté cette dispo- sition chez le chimpanzé et chez l'orang. Chez ce dernier animal, le bord postérieur du deltoïde descendait jusqu'au bord supé- rieur du grand dorsal. Le Troglodytes Aubryi a présenté égale- ment à Gratiolet et Alix une portion postérieure du deltoïde très développée; elle s'attachait non seulement à l'épine, mais à l'’aponévrose sous-épineuse el « même au bord axillaire de l'omoplale jusqu'aux attaches du muscle grand rond. » Devis a décrit, au deltoïde de la civette, une portion posté- rieure, laquelle, se détachant de l'aponévrose sous-épineuse, constitue un muscle triangulaire complètement distinct à son origine et venant se terminer sur l'extrémité inférieure du tendon huméral du muscle. Même disposition chez les Cheirop- tères : la portion sous-épineuse du deltoïde occupe, dans cet 22 398 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L HOMME. ordre de Mammifères, toute l'étendue du bord vertical de l'omoplate qui se trouve au-dessous de l'épine. «Cette portion sous-épineuse du deltoïde, dit M. Sabatier, rétablit la continuité de la couche formée par le grand dorsal et le deltoïde, couche interrompue chez l'homme par la présence de l’aponévrose sous-épineuse. Cette aponévrose est remplacée par une vraie couche musculaire. Chez les Sauriens, chez les Crocodiliens, la couche grand dorsal, grand rond et delloïde est continue ou presque continue. » $ IV. — Variations des insertions humérales; faisceau cléido-épitrochléen (Testut). — IT suflit d'examiner un certain nombre d’humérus revètus ou non de leur appareil muscu- laire, pour constater que l'empreinte deltoïdienne n'occupe pas sur la face externe de l'os une hauteur constante, qu'en consé- quence les faisceaux inférieurs du deltoïde se rapprochent plus ou moins, suivant les sujets, du liers moyen ou même du tiers inférieur de l’humérus. Dans un cas, j'ai observé la disposition suivante qui, je crois, n’a pas encore été signalée : Les faisceaux les plus internes de la portion claviculaire du deltoïde se dirigent, comme à l’état normal, en bas et en dehors vers le V delloïdien; mais avant d'atteindre cette empreinte rugueuse, où ils se terminent d'habitude, ils se jettent sur un tendon arrondi et fort grèle, rappelant comme volume et comme aspect celui du petit palmaire. Ge tendon, s'infléchissant en bas el en dedans, croise le bord interne du biceps, le paquet vasculo- nerveux du bras et vient s’insérer sur la face antérieure de l’épitrochlée au-dessus des muscles épitrochléens. J'ai donné à ce faisceau le nom de cléido-épitrochléen ; situé en dedans de la veine céphalique, 1l appartenait bien manifestement au deltoïde et ne saurait en aucune façon être assimilé au chondro-epitrochlearis de Wood, avec lequel il n’a de commun que le tendon ter- minal, inséré sur l'épitrochlée. Analomie comparée. — D'après Meckel, la portion claviculaire du deltoïde «s'attache tout à fait au bas de l’humérus » chez l'agouti; une portion du même muscle vient s'insérer à l’épi- tt ACSANI MUSCLE DELTOIDE. 3939 condyle chez le fourmilier, descend chez la marmotte jusqu'à la partie supérieure de l'avant-bras, pour se fixer sur le cubitus, en avant du muscle brachial interne. Mais c’est surtout chez les Oiseaux que l'on voit cette tendance du deltoïde à s'éloigner de l'épaule; qu'il me suffise de rappeler ici, comme appartenant à ce muscle, le faisceau cléido-épicondylien et le faisceau cléido- métacarpien, dont les dimensions seules indiquent suffisamment et les insertions et l'étendue. Quant au muscle homologue de mon faisceau cléido-épitro- chléen, je le trouve dans une disposition particulière du masto- huméral de la chèvre et du mouton. Le muscle masto-huméral. je l'ai déjà dit bien des fois, n’est que la réunion des faisceaux claviculaires du deltoïde et du trapèze, réalisée chez les animaux non claviculés. Eh bien, dans les deux espèces précitées, ce muscle se divise à son extrémité inférieure, d'après M. Lanne- grace, en deux branches, entre lesquelles passe le biceps. L'une des branches s'attache à l'humérus; la branche supplémentaire se rend à l’épitrochlée. Restituons à la chèvre et au mouton leur clavicule atrophiée et nous aurons dans ce faisceau supplémen- taire, un véritable cléido-épitrochléen. $ V. — Double deltoïde; deltoïde accessoire. — Je com- prends sous ce litre tous les faisceaux qui doublent le deltoïde soit sur sa face superficielle, soit sur sa face profonde, et qui présentent à leurs deux extrémités les mèmes insertions que ce dernier muscle. De ce nombre est le scapulo-humeralis digas- tricus de Gruber, faisceau charnu divisé par une intersection tendineuse en deux ventres et situé entre le deltoïde et le sous- épineux ; il prenait naissance en haut sur la base de l’acromion et les deux tiers de l’épine de l’omoplate et se fixait en bas à l’humérus, entre le delloïde et le triceps. Il faut vraisemblablement rattacher à ce faisceau profond du deltoïde la forme suivante du muscle tenseur de la capsule scapulo-humerale, observée plusieurs fois par Hyrtl; il s’agit d’un faisceau charnu qui naissait profondément de l'acromion et venait se fixer, en bas, sur la capsule articulaire (faisceau 340 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L HOMME. acromio-capsulaire). Avec le savant professeur de Vienne, je considère ce petit muscle comme un faisceau deltoïdien qui s’est détaché du muscle et qui, n'ayant pu atteindre l'émpreinte humérale, a demandé à un organe plus élevé, la capsule articu- laire, sa surface d'insertion. J'ai vu en 1880, sur un cercopithèque, quelques-unes des fibres profondes de la portion acromiale du deltoïde s'arrêter de même sur la capsule de l'articulation de l'épaule, à l'égard de laquelle elle jouait le rôle de musclé tenseur. Theile croit pouvoir ranger parmi des anomalies de cet ordre et considérer comme un « second deltoïde profond », un petit musele huméro-capsulaire, qui se détachant de l'humérus, en dehors de l'insertion du sous-scapulaire, venait se perdre au-dessous de l’acromion sur la capsule articulaire. Si le faisceau huméro-capsulaire, décrit par Theïle, prenait réellement naissance sur l'empreinte rugueuse de la face externe de l'humérus et ne se séparait que plus tard de la masse delloïdienne, nous n'au- rions aucun doute sur l'exactitude de l'interprétation hasardée par l’anatomiste de Berne. Mais le muscle tenseur huméro- capsulaire se détache le plus souvent de la lèvre interne de la coulisse bicipitale, dans le voisinage des tendons du grand dorsal et du grand rond. En raison de cette situation spéciale, je considérerais plutôt le tenseur huméro-capsulaire comme une forme incomplète du court coraco-brachial (coraco-brachialis brevis), ou, si l'on veut, comme un court coraco-brachial qui, partant de l'humérus dans la direction de l'apophyse coracoïde, s'arrêterait en route pour se fixer sur la capsule articulaire. (Voyez ce muscle, p. 361.) $ VI. — Faisceaux peauciers de la région deltoïdienne. — J'ai déjà signalé plus haut (p. 128) les quelques faisceaux charnus que l'on a rencontrés dans la région deltoïdienne, comme reliquals du pannicule charnu des Mammifères infé- rieurs. Les formalions musculaires plus où moins différenciées, que l’on a décrites sous le nom générique de {ensor fasciæ deltoideæ, rentrent pour la plupart dans ce groupe. MUSCLE DELTOIDE. 341 $ VIE. — Union du deltoïde avec quelques museles voisins. — On a vu le deltoïde plus ou moins intimement confondu : æ) — Avee le grand pectoral. — J'ai déjà étudié longuement, à l’article grand pectoral (p. 9), cette disposition anatomique et démontré qu'elle se rencontrait normalement chez quelques Mammifères, placés au-dessous de l'homme, dans la série. B) — Avec le trapèze. — J'ai également signalé (p. 95) des faisceaux d'union jetés entre de trapèze et le deltoïde, et rappelé, à propos de cette anomalie, les relations intimes qui, en Anatomie comparée, unissent ces deux muscles. 7) —— Avec le brachial antérieur, — J'ai vu dans un cas un petit faisceau, appartenant à la portion moyenne du deltoïde, se jeter dans la masse du brachial antérieur. Haller et Macalister ont signalé avant moi cette disposition anormale. Anatomie comparée. — Le passage de quelques faisceaux du deltoïde dans le brachial antérieur a été constaté par Humphry sur le chimpanzé, par Duvernoy sur le gorille. « Ces liaisons, ajoute ce dernier anatomiste, sont relatives au grimper qui exige une transmission de mouvements et d'efforts de la main au tronc par l'épaule. » 9) — Avec le long supinateur. — Dans un cas fort curieux observé par Macalister, le deltoïde se portait en bas au niveau de l'extrémité supérieure du long supinateur, de façon à former un long ruban musculaire étendu de l'acromion à l'extrémité inférieure du radius. Le savant professeur de Dublin fait remarquer aussi l'homologie qui existe entre une pareille dispo- sition et l’extensor phicæ alaris des Oiseaux. €) — Avec le sous-épineux. — (Voyez ce muscle, p. 350.) Bibliographie : OTrTo. Pathol. anatom., 1830, p.247. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. GRUBER. Mangel der mittleren Portion der Musc. deltoïdeus (Virchow's Arch., t. LIV, p. 184). Cuvier. Leçons d'Anatomie comparée, I, p. 395. MECKEL. Anal. comparée, VI, p. 255. LANNEGRACE. Myologie comparée des membres, 1878, p. 78. 342 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ALIX. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, Paris, 1874, p. 394 et 402. JENTY. Course of anatomico-physiological Lectures, vol. III, p. 232. DuverNoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 81. STRAUSS-DURCKEIM. Anat. du chat, t. II, p. 338 et 351. ALIx. Anatomie de la roussette d'Edwards, cité par Lannegrace, p. 84. Caupzinskti, Revue d'Anthrop., 1874, p. 21, et 1882, p. 301. MAISONNEUVE. Osféologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 231. M. FLescx. Varietæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. MECKEL. Manuel d'Anatomie, t. Il, p. 150. ALBINUS. Historia Musculorum hominis, p. 482. THEILE. Encyclop. anatom., t. III, p. 208. CaLori. Memorie dell’ Instit. accad. di Bologna, 1868, série I, t. VI, p. 164. Devis. On Myology of Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys., 18179, t. XIV, p. 171). SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880, p. 228. HyrTL. Anatomia dell’ uomo, trad. ital., p. 379. GruBer. Ein musc. scapulo-humeralis digastricus singularis (Virchow's Arch., vol. XXXII, p. 218). HALLER. Op. Anat. argument., vol. III, Lausanne, 1768, p. 23. CHAMPNEYS. On the Muscles and Nerves of a Chimpanzee and a Cynoce- phalus anubis (Journ. of Anat. and Phys., 1871, p. 176). ALIx. Bull. Soc. anthrop. de Paris, 1869, t. IV, p. 556. ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE GRAND ROND. Le grand rond est un muscle généralement fort et épais, s'étendant de l'angle inférieur de l'omoplate à la coulisse bicipi- tale. Ses inserlions scapulaires occupent non seulement l'angle lui-même, mais encore le bord axillaire de l’omoplate, la petite facette qui termine en bas la fosse sous-épineuse et l’aponévrose sous-épineuse elle-même, dans une étendue qui varie avec le développement du muscle. Les faisceaux charnus qui constituent le grand rond se jettent, à 2 ou 3 centimètres de l'humérus, sur un tendon aplati, lequel vient se fixer soit sur la lèvre interne, soit dans le fond de la coulisse où glisse le tendon du long biceps. Les anomalies du grand rond sont à la fois peu nombreuses et peu importantes; on a noté d’abord des variations de volume, L : + ‘ %. nl i | À MUSCLE GRAND ROND. 343 entraînant avec elles, bien entendu, des variations dans l’éten- due de sa surface d'insertion scapulaire. Je l'ai vu, dans un cas où il était triplé de volume, s’insérer sur le bord axillaire dans une étendue de 6 centimètres, sur le bord spinal dans une étendue de 3 centimètres et sur l’aponévrose sous-épineuse, comprise entre ces deux bords, jusqu'à 8 centimètres de l’angjle ; par contre, le muscle grand dorsal était relativement petit. Il paraît tout naturel qu'il y ait ainsi un balancement de volume entre ce dernier muscle et le grand rond que beaucoup d’anato- mistes, avec Cruveilhier, considèrent comme un accessoire du grand dorsal. J'ai vu, sur d'autres sujets, le muscle grand rond réduit aux dimensions d’un petit rond ordinaire. Macalister l'a même vu manquer une fois. J'ai rencontré, après Macalister, qui a noté un fait semblable, un faisceau assez volumineux se séparant du muscle grand rond, dont il constituait le bord le plus élevé et venant grossir la longue portion du triceps. Nous savons qu'il est des espèces animales où le long triceps, bien plus développé que chez l’homme, occupe presque toute l'étendue du bord axillaire. Le faisceau observé par Macalister et par moi-même se détachant du bord axillaire de l'omoplate, à plusieurs centimètres au-dessous du petit triangle sous-glénoïdien, rappelle cette longue ligne d'in- sertion scapulaire qu'on rencontre chez presque tous les Carnassiers. Un faisceau émanant du grand rond peut se terminer sur l’aponévrose brachiale. Blandin, qui a observé le fait, regarde cette disposition comme constituant au bras un muscle analo- gue au tenseur du fascia lata de la région fémorale. Une pareille conclusion est en contradiction formelle avec les résul- tats d'une étude comparative des deux ceintures. Tandis que le faisceau signalé par Blandin se détache du bord axillaire du scapulum, qui a pour homologue au bassin la région de la grande échancrure sciatique, le tenseur du fascia lala prend naissance sur la parlie la plus antérieure de la crète iliaque, dont la partie correspondante au scapulum est le bord verté- 344 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. bral. S'il est vrai que les muscles sont déterminés par leurs insertions, on ne saurait assimiler, l'un à l'autre, deux muscles dont les origines sont si différentes; nous préférons, avec M. Sabatier, voir l'homologue thoracique du tenseur du fascia lata dans le deltoïde postérieur, ou deltoïde-scapulaire, qui contracte, dans plusieurs espèces animales et même parfois chez l'homme, des connexions plus ou moins intimes avec l'aponé- vrose humérale. De toutes les variations anatomiques que peut présenter le grand rond, les plus importantes sont, sans conteste, celles qui ont trait à ses relations avec le grand dorsal. J'ai déjà signalé, à l’article Grand dorsal (F° partie, p. 109), la fusion plus ou moins intime des deux muscles et rappelé, à propos de cette anomalie, qu’une pareille disposition anatomique s’obser- vait normalement chez le fourmilier, chez la civette, chez l'échidné (Alix), chez les Reptiles, elc. Bibliographie : CRUVEILHIER. Anat. descript., t.1I, p. 489. BLANDIN. Nouveaux Éléments d'Anatomie, t. I, p. 460. MacaLiIsTER. Notes on an instance of irregularities in the Muscles around the schoulder joint (Journ. of Anat. and Physiol., 1867, p. 316). MacaLisrer, Trans. of Roy. Irish Academy, 1871. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1870, p. 29. ALix. Soc. philom. de Paris, 1867, p. 190. ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE SOUS-SCAPULAIRE. Le muscle sous-scapulaire remplit en totalité la fosse de même nom. Il prend naissance, en dedans, sur la lèvre interne du bord spinal de l'omoplate, à côté du grand dentelé, sur les trois crêtes de la fosse sous-scapulaire et dans les gouttières qui les séparent, sur la lèvre antérieure du bord axillaire. Les divers « … MUSCLE SOUS-SCAPULAIRE. 345 faisceaux musculaires qui se détachent de cette vaste surface d'insertion convergent vers le côté interne de l'articulation de l'épaule et se fixent, soit directement /faisceau inférieur), soit à l'aide d’un tendon de 3 à 5 centimètres {faisceau moyen et supérieur), sur la capsule articulaire, sur la trochlée et aussi sur le col de l’humérus. Les insertions de ce musele aux crèles sous-scapulaires se font par l'intermédiaire d'aponévroses souvent très résistantes qui cloisonnent le muscle et le divisent pour ainsi dire en trois por- tions distinctes. Une telle disposition nous explique déjà les faits anormaux caractérisés par une division du muscle en deux ou trois faisceaux plus ou moins isolables. Dans un cas observé par Macalister, le muscle sous-scapulaire était divisé en deux portions, suivant une ligne qui, partant de la petite tubérosité ou trochin, aboutissait à la réunion du tiers moyen avec le tiers inférieur du scapulum. Dans un deuxième cas, dont nous devons encore la relation au professeur de Dublin, deux faisceaux du sous-scapu- laire, détachés de la partie inférieure du bord spinal, dans le voisinage de l’angle, étaient isolés du reste du muscle par le nerf circonflexe. Il n’est pas rare de rencontrer, chez les Mammifères infé- rieurs, un sous-scapulaire plus profondément divisé que celui de l'homme. Le docteur Knott décrit, sous le nom de tensor fasciæ et culis foveæ aæillaris, un faisceau qui se détache du bord inférieur du tendon du sous-scapulaire et vient se perdre, d'autre part, sur l'aponévrose et la peau du creux axillaire. [l me paraît rationnel de rattacher ce faisceau au panniculus carnosus qui vient souvent, on le sait, prendre une insertion à l’aide d'un tendon plus ou moins grêle, sur l’humérus, dans le voisinage du tendon du grand dorsal et de la région trochinienne; c’est sur le trochin lui-même que s'insère, d’après Chauveau, le dermo-huméral des animaux domestiques. Il n'est pas rare de voir le faisceau musculaire qui prend naissance sur le bord axillaire, se séparer plus ou moins comple- tement des faisceaux plus élevés et gagner ainsi isolément 346 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. l'humérus. Ce petit muscle ainsi différencié qu'on a décrit, en raison de sa situation, sous les noms de sous-scapulaire accessoire, de petit sous-scapulaire, n'appartient nullement, comme j'espère le démontrer bientôt, au muscle sous-scapulaire lui-même. Je me sépare donc en cela de tous les anatomistes qui se sont occupés des anomalies musculaires et je renvoie l'étude de cette intéres- sante formation à un article ultérieur (Voir p. 353.) Bibliographie : HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1871, p. 182, MacaLisTeR. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. MACALISTER. Journ. of Anat. and Physiol., 1867, p. 316. CHAUVEAU. Anatomie comparée des animaux domestiques, 2° édit., p. 201. THEILE. Encycl. anat., t. III, Myologie, p. 214. GruBEr. Die Musc. subscapulares und die neuen Schultermuskeln (Mém. des Savanis étrang. de Saint-Pétersb., 1857). ARTICLE IV MUSCLE SURNUMÉRAIRE HUMÉRO-TRANSVERSAIRE (Cervico-costo-humeralis de Gruber). Le professeur Gruber a rencontré sur un marin, en 1857, un petit muscle rubané, charnu dans toute son étendue, prenant naissance, en haut, sur l’apophyse transverse de la 6° vertèbre cervicale, ainsi que sur la première côte, et venant se terminer en bas sur l’humérus, au-dessous du deltoïde. Macalister, auquel j’emprunte la relation de ce fait, n'a trouvé nulle part, soit sur le cadavre, soit dans les auteurs, de muscle analogue et il avoue que sa nature et son homologie sont encore fort obscures. Après avoir longuement réfléchi sur le faisceau cervico-coslo- humeralis, observé par Gruber, je crois pouvoir linterpréter comme suit : le grand psoas, qui réunit au tronc le deuxième segment du membre pelvien, s'insère, d'une part, au petit tro- chanter fémoral, d'autre part, sur la face latérale du corps de la 42° dorsale et des quatre premières lombaires, ainsi que Drortnnsié MUSCLE : SURNUMÉRAIRE HUMÉRO-TRANSVERSAIRE. 347 sur les apophyses transverses {appendices costiformes) de ces mêmes vertèbres. M. Sabatier a établi que l'homologue de ce muscle au membre thoracique était bien réellement le groupe musculaire constitué : +) chez les animaux non claviculés, par le mastoïdo- huméral et l’acromio-transversaire {voyez ce muscle, p. 97); B) chez les claviculés, placés au-dessous de l'espèce humaine, par le cléido ou omo-transversaire, la portion claviculaire du trapèze et la portion claviculaire du deltoïde. Chez l'homme, le cléido- transversaire a totalement disparu ; seuls, le trapèze-claviculaire et la portion claviculaire du deltoïde représentent, chez lui, le muscle psoas. Je n'hésite pas à voir dans le muscle huméro-transversaire un faisceau additionnel de ce système. Il y a en effet, entre ce faisceau et le mastoïdo-huméral, interrompu ou non par une clavicule, de même qu'avec le psoas, homologie de trajet, de rapports et d'insertions : INSERTION SUPÉRIEURE, INSERTION INFÉRIEURE, Grand psSods....-.... Apoph. transverses de | Petittrochanter du fémur. la région lombaire. Mastoido-huméral....| Apoph. transverse de la | Crête deltoïd. (homologue 2e vertèbre crânienne, | du petit trochänter). Huméro-transversaire.| Apoph. transverse de | Crête deltoïd. (homologue la 6® vertèbre cervic. du petit trochanter). Ces trois muscles sont donc, au même titre, des faisceaux à insertion transversaire, rattachant à la colonne vertébrale le deuxième segment des membres ; d'autre part, la seule diffé- rence qui existe entre les deux derniers, réside dans la hauteur différente des éléments vertébraux qui leur donnent naissance. Ces éléments sont du reste similaires, l’apophyse mastoïde, comme j'ai déjà eu bien des fois l’occasion de le rappeler, n'étant qu'une apophyse transverse de la région cränienne. Du reste, le vaste intervalle de six vertèbres quiexiste, chez l'homme, entre le point d'implantation du mastoïdo-huméral (trapèze claviculaire et deltoïde claviculaire) réunis et la région où prenait naissance le faisceau surnuméraire de Gruber, est 348 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. grandement atténué, comblé même d'une façon complète par la disposition qu'affecte ce premier muscle chez quelques Mammifères. Le mastoïdo-huméral s’insère en effet, chez les Ongulés, d'après M. Lannegrace, à la fois sur l’apophyse mas- toïde, sur la crête mastoïdienne et sur les apophyses trans- verses des cinq premières vertèbres cervicales. Chez le cheval, Chauveau et Arloing décrivent un masloïdo-huméral profond se détachant, en haut, des apophyses transverses des quatre premières cervicales et venant S'insérer, en bas, sur l'humérus. Le mastoïdo-huméral du dromadaire s'attache également sur les apophyses transverses du cou. On peut facilement isoler, chez ce dernier animal, l’un des faisceaux inférieurs de son mastoïdo-huméral, devenu un trachélo-huméral : on aura alors sous les yeux la reproduction exacte du faisceau cervico-costo-humeralis de Gruber, que je propose d'appeler, en raison de ses attaches et de son degré de parenté avec le cléido-transversaire, le muscle huméro- transversaire. Bibliographie : MACALISTER, Transact. of Royal Irish Academy, 1871. GRUBER. Mém. de l'Acal. imp. de Suint-Pétersbourg, 1860. BEAUNIS et BoucHarD. Nouveaux éléments d' Anatomie descriptive, 3° édit., p. 341. LANNEGRACE. Myologie comparée des membres, p. 77. CHAUVEAU et ARLOING. Ana, comp. des animaux domestiques, 1871, p. 209. ARTICLE V ANOMALIES DU GROUPE SUS-SCAPULAIRH. Le muscle sous-scapulaire, y compris son faisceau axillaire que nous étudierons plus loin, est représenté sur la face posté- rieure de l’omoplate par trois muscles, décrits séparément dans les Traités classiques : le sus-épineuæ, le sous-épineux et le petit rond. Les deux premiers correspondent au sous-scapulaire GROUPE SUS-SCAPULAIRE. 349 proprement dit et ne devraient point être séparés l’un de l'autre. C'est, comme l’a fort bien dit M. Sabatier, « un seul et même muscle, le sus-scapulaire, dont un des nombreux inters- tices cellulaires est occupé dans une étendue variable par une lamelle osseuse, l'épine scapulaire, qui ne se développe que tard, comme un plissement de la surface externe du scapulum cartilagineux et sans point d'ossification spécial. » Quant au petit rond, il doit être considéré comme l'homologue, sur la face postérieure, des faisceaux inférieurs ou axillaires de la masse sous-scapulaire. $ IL. — Anomalies du muscle sus-épineux, — Le sus-épineux, qui remplit la fosse sus-épineuse où il prend naissance et qui vient se terminer sur la facette supérieure du trochiter, est un muscle singulièrement invariable, pour me servir d’une expression de Macalister (singularly invariable). Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il peut varier de volume et fournir au grand pectoral, dans certains cas, une partie de sa surface d'insertion. Macalister a vu, sur un sujet, le sus-épineux renforcé par un petit faisceau qui se détachait du ligament supra-capsulaire. $ IL. — Anomalies du muscle sous-épineux, — Situé dans la fosse sous-épineuse, ce muscle s'insère, en dedans, sur les deux tiers internes de la fosse sous-épineuse, sur la moitié interne de l'aponévrose de mème nom et enfin sur cette lame aponé- vrotique souvent très résistante qui le sépare du petit rond et de la longue portion du triceps; il vient se fixer, en dehors, sur la facette moyenne de la grosse tubérosité de l'humérus. Comme variations anatomiques de ce muscle, je signalerai : a) — Des variations de volume. — Il est quelquefois plus développé qu’à l'ordinaire : on l’a vu par contre considérable- ment réduit (cas de Leboucq). Il importe d'ajouter que dans l'observation de Leboucq, où les trois muscles sous-scapulaire, sus-épineux et sous-épineux, faiblement développés, s'inséraient exclusivement sur la capsule articulaire, tous les os de l'épaule présentaient des traces manifestes de maladies chroniques. 390 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Ê) _— Des connexionsavec le deltoïde. Un faisceau plus ou moins volumineux peut se détacher de la face externe ou du bord postérieur du delloïde et rejoindre, pour le renforcer, le muscle sous-épineux, au niveau de son tendon huméral. Des faits de cette nature ont été rencontrés par Meckel (1 cas), par Theile (4 cas), par Knott (2 cas). y) — Sa division en plusieurs faisceaux. — Knott a décrit, sous le nom de infra-spinatus minor, les faisceaux supérieurs du sous- épineux, plus ou moins isolés du reste du muscle. Ce faisceau, différencié en muscle distinct, peut être désigné sous le nom de muscle sous-épineux accessoire. Je désignerai de même, sous le nom de sous-épineux super fi- ciel, un faisceau observé par Macalister et par Wood, qui, partant du bord spinal de l'omoplate, longeait la face postérieure du sous-épineux classique et venait se fixer sur la grosse tubérosité de l'humérus. )) __— Sa fusion avec le petit rond. — J'ai rencontré sur plu- sieurs sujets un sous-épineux entièrement confondu avec le petit rond, disposition signalée avant moi par Theile, Meckel, Macalister, etc., et rencontrée probablement par tous les anatomistes. :] — Anatomie comparée. — Le muscle sous-épineux, très réduit dans cerlaines espèces, présente chez d’autres, chez la chauve-souris et la taupe par exemple, des dimensions considé- rables. Chez ce dernier animal, le sous-épineux serait, d’après Meckel, «le plus grand muscle du corps. » Les connexions que j'ai signalées plus haut entre le sous- épineux et le delloïde se retrouvent chez le chameau où les deux muscles sont confondus en une seule masse (Meckel) et chez quelques Oiseaux, notamment chez le perroquet (Alix). Quant à la fusion du sous-épineux et du petit rond, elle est normale chez le chat (Strauss-Durckeim), chez l’échidné et l’ornithorynque (Sabatier), chez les Makis (Meckel) et chez un grand nombre d’autres Mammifères. Il m'a 616 impossible d'isoler le petit rond des faisceaux inférieurs du sous-épineux chez quelques Cercopi- thèques. GROUPE SUS-SCAPULAIRE. 391 $ III. — Anomalies du muscle petit rond; petit rond accessoire. Le muscle petit rond, situé au-dessous du précé- dent, s’insère, chez l’homme, entre le grand rond et le long triceps : x) sur cette fatette étroite qui s'étend le long du bord axillaire de l'omoplate, entre ce bord et la fosse sous-épineuse ; £) sur une portion de l’aponévrose sous-épineuse ; 7) sur une cloison fibreuse qui le sépare du grand rond. L'ensemble de ces faisceaux constitue un petit muscle cylindrique, lequel gagne la grosse tubérosité de l’humérus et se fixe sur la facette inférieure de cette tubérosité. Les variations anatomiques de ce muscle ne nous présentent qu'un médiocre intérêt. Nous connaissons déjà son fusionnement avec le sous-épineux : c’est vraisemblablement à une anomalie de cette nature qu'il faut rattacher les faits d'absence du petit rond qui ont été rapportés par certains anatomistes (Petit, Knott). Pour qu'en réalité il y ait absence de ce muscle, il faut 4° que la facette rétro-axillaire qui lui donne naissance soit à découvert, dépourvue de tout faisceau charnu, de tout tendon d'origine; 2° qu'il en soit de même de la facette inférieure du trochiter, deux conditions anatomiques qui ne sont nullement énoncées dans les observations auxquelles j'ai fait allusion tout à l'heure. Quand on examine avec attention l'insertion humérale du petit rond, on s'aperçoit que {andis que la plus grande partie des fibres se fixent, à l'aide d’un tendon, sur la tubérosité humérale, quelques faisceaux s’insèrent directement sur le col chirurgical, au-dessous de cette dernière tubérosité. Dans un cas qu'il à observé en 1865, le professeur Gruber à vu une séparation complète des faisceaux trochitériens et des faisceaux sous- trochitériens, et sous sa plume, ces derniers faisceaux ainsi diffé- renciés ont constitué un muscle nouveau, le teres minimus. J'ai observé, ennovembre 4881, un fait absolument semblable à celui de Gruber : un interstice cellulo-graisseux séparait le pelit rond en deux portions distinctes; un troisième fait a été rencontré, la même année, par Knott dans les salles de dissection du Æoyal College of surgeons de Dublin. La division du petit rond en deux faisceaux indépendants est 302 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. donc un fait incontestable. Mais pourquoi donc Gruber s'est-il cru obligé de donner à l'un de ces faisceaux, avec un nom distinct, une signification distincte? Le voici; le muscle sous-scapulaire s'insère : 4° à l'aide d'un large tendon, sur la petite tubérosité humérale (trochin); 2° par quelques faisceaux (ceux qui se déta- chent du bord axillaire), au-dessous de cette tubérosité, sur la région du col. De même le petit rond se fixe à la fois sur la grosse tubérosité (trochiter) à l’aide d'un tendon et au-dessous de cette tubérosité, sur le col, par des fibres charnues. De là à assimiler la portion sous-trochinienne du sous-scapulaire à la portion sous-trochitérienne du petit rond, il n'y avait qu’un pas; il a été bien vite fait. Et comme les faisceaux du sous-scapu- laire qui s'insèrent au col se séparent quelquefois du reste du muscle et avaient déjà reçu, dans ce cas, du savant professeur de Saint-Pétersbourg le nom de muscle subscapularis minor, il fallait aussi trouver un nom pour les faisceaux différenciés du petit rond qui s’attachent à la région sous-trochitérienne ; de là l'origine du feres minünus que je traduis en français par petit rond accessoire. Ainsi, dans l'esprit de Gruber, le teres minimus était en arrière ce que le subscapularis minor était à la région anté- rieure : tous les deux se détachaient d'une région osseuse similaire, le bord axillaire; tous les deux se fixaient sur une région osseuse shuilaire, le col chirurgical; tous les deux enfin entraînaient l’humérus, quoique dans un sens contraire, dans un mouvement de rotalion. Nous ne pouvons accepter une pareille conclusion, que nous considérons comme erronée. Nous allons établir, dans l’article suivant, en nous basant sur l'Analomie comparée, que les faisceaux sous-trochiniens ou axillaires, différenciés ou non en un muscle subseapularis minor, sont les représentants à la ceinture thoracique du chef iliaque de Fobturateur interne pel- vien ; que, d'autre part, le petit rond est l’homologue à l'épaule du chef iliaque de l'obturateur externe du bassin. C’est donc le pelit rond tout entier, non une de ses parties {leres manimus), qui doit ètre comparé et assimilé au petit sous-scapulaire. M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 9393 En conséquence, la division du petit rond en deux muscles distincts n’a d’autre valeur, au point de vue spécial où nous nous sommes placés au début de cette étude, que l'exagération d’un interstice celluleux séparant toujours des faisceaux juxta- posés, dans un muscle à fibres parallèles. Bibliographie : MECKEL. Deutsches Arch., t. V, p. 115. PETIT. Mém. de l'Acad. roy. des Sciences, Paris, 1733. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 278. GRuBER. Die Musculi subscapulares und neuen Schultermuskeln (Mém. des Savants étrangers de Saint-Pétersb., 1857). THEILE. Encycl. anatom., t. IIT, p. 210. STRAUSS-DURCKEIM. Anat. du chat, .t. II, p. 345. Aux. Appareil locomoteur des Oiseaux, p. 396. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 534. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. LEBoucQ. Bull. de la Société de Médecine de Gand, 1873, p. 106. . SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880, p. 220. GruBER. Ein Musc. teres minimus (eichert u. Du Bois-Reymond’s Arch., 1876, p. 593). KNoTt. Proc. of Roy. Irish Academy, Dec. 1881. ARTICLE VII MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. Lorsqu'en préparant le creux axillaire on a sectionné en travers et rejeté en dehors des limites de la région, le grand pectoral et le petit pectoral; lorsqu'on a enlevé de même le coraco-brachial et tout le paquet vasculo-nerveux de l’aisselle, on a sous les yeux la région antéro-interne de l'articulation de l'épaule. En haut, se dresse l'apophyse coracoïde portant sur son bord interne le tendon d'origine du petit pectoral, sur son sommet le tendon commun du coraco-brachial et de la courte portion du biceps, sur son bord externe la voûte fibreuse qui la réunit à l’acromion. En bas, se trouvent les tendons du grand dorsal et du grand rond, abordant l'humérus presque à angle 23 394 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. droit et venant se fixer sur la lèvre interne et le fond de la coulisse bicipitale. En dehors, nous rencontrons cetle même coulisse bicipitale que remplit le tendon de la longue portion du biceps et sur la lèvre externe de laquelle vient s'attacher le tendon quadrilatère du grand pectoral. En dedans enfin, nous voyons la masse sous-scapulaire convergeant vers la petite tubérosilé ou trochin et s'insérant, en parlie sur la capsule articulaire, en partie sur la tubérosité osseuse, en partie aussi au-dessous de celte tubérosité, sur celte portion de l'humérus qui sépare le trochin du point d'insertion du système grand rond et grand dorsal et qui constitue le col. On a signalé et j'ai rencontré moi-même, dans cette région, des faisceaux musculaires surnuméraires dont les variétés, quoique nombreuses, le sont encore bien moins que les déno- minations sous lesquelles on les a désignées. Ces faisceaux sont généralement décrits, par ceux qui les ont observés, d'une . façon détaillée et fort exacte; quelques anatomistes ont même perdu leur temps à leur assigner une fonction, comme si les organes atrophiés ou rudimentaires que l'atavisme reproduit de temps à autre chez l'homme, avaient d'autre rôle à jouer que d'affirmer leur droit d'existence dans la constitution générale des Vertébrés. Nulle part je n'ai rencontré une interprétation de ces faisceaux. Je vais essayer de combler cette lacune: je donnerai d’abord la description anatomique des muscles surnuméraires que la dissection a révélés à moi ou à d’autres dans cette région; j'élablirai ensuite, en utilisant les données de l’Anatomie comparée, que ces divers faisceaux ne sont que des vestiges de l’obturateur interne thoracique, complètement développé chez quelques Vertébrés inférieurs où la ceinture antérieure possède tous ses éléments osseux, bien atténué et bien défiguré chez l’homme qui a perdu, pour ainsi dire, deux éléments de premier ordre de celte ceinture, le coracoïde et le précoracoïde. ST. — Description anatomique des muscles surnuméraires de la région scapulaire antéro-interne. — Ces muscles sont le M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 9355 petit sous-scapulaire, le petit coraco-brachial, le coraco-capsulaire, l'huméro-capsulaire, le releveur du tendon du grand dorsal, le gléno-huméral. ° Muscle petit sous-scapulaire ou sous-scapulaire accessoire (Synon. subscapularis minor et subscapulo-capsularis de W. Gruber ; subscapulo-hume- ralis de Macalister; énfra-spinatus secundus de Haughton; aæillary slip of the subsca- pularis de Walsham). — Lorsqu'on examine avec attention le mode d'insertion brachiale de la masse charnue qu’on désigne dans les Traités classiques sous le nom de muscle sous-scapulaire, on constate que la plus grande partie des fibres se jettent sur un large tendon de 3 à 5 centimètres de hauteur, lequel se fusionne en partie avec la capsule articulaire, en partie s’insère sur le trochin. Mais tous les faisceaux n’empruntent point l’intermé- diaire de ce tendon pour se fixer à l’humérus. Il existe en effet, au-dessous de lui, le long du bord axillaire de l'omoplate, une série de fibres musculaires qui gagnent directement l’humérus et s'attachent sur le col entre le trochin et les tendons du .grand rond et du grand dorsal. La plupart des anatomistes signalent ce singulier faisceau que l’on peut appeler axillaire, en raison de son origine; Henle le décrit même avec complai- sance, et il fait cette remarque fort juste que les fibres les plus inférieures s'élèvent vers l'épaule moins à pic que celles qui les précèdent, qu'elles s’inclinent au contraire en bas et en dehors de façon à circonscrire, au-dessous d’elles, une espèce d’anse dont la concavité regarde le coude. J'ai vu ces mêmes fibres se mettre, sur quelques sujets, presque en parallélisme avec l'humérus. Ce faisceau axillaire de la masse sous-scapulaire s’isole quel- quefois d’une façon complète. C’est ce muscle isolé, différencié, pour employer une expression plus classique, qui constitue le petit sous-scapulaire. C'est donc avec beaucoup de raison que M. Knott considère ce muscle comme un faisceau détaché du sous-scapulaire {an upper detached portion of the suscapularis muscle) et non comme une formation nouvelle. Je suis sur ce point d’un avis absolument opposé à celui de M. Ledouble. Pour moi, les faisceaux constitutifs du petit sous-scapulaire existent 390 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. toujours; ce qui n'est pas constant, c'est leur isolement de la masse sous-scapulaire. En d'autres termes, la présence chez l’homme d'un sous-scapulaire accessoire fusionné avec le sous- scapulaire classique, est une disposition normale; l'indépen- dance seule de ce pelit muscle constitue l’anomalie. Signalé par Cruveilhier dans la première édition de son Anatomie descriptive (p. 115), par Blandin dans ses Éléments d'anatomie (p. #58), le muscle petit sous-scapulaire a été décrit d'une manière complète, en 185%, par le professeur Gruber. Il a été retrouvé depuis par Macalister, Henle, Haugthon, Külliker, Bardeleben, Kraüse, Knott, Walsham, etc., mais les notes, presque toujours sommaires, que ces derniers analo- mistes ont consacrées au sous-scapulaire accessoire, n’ajoutent rien ou presque rien à la description du professeur Gruber. Après les considérations qui précèdent, l'étude morpholo- gique du sous-scapulaire accessoire devient fort simple : 1l prend naissance entre le grand rond et la longue portion du triceps, sur le bord axillaire du scapulum, séparé du sous-scapulaire, par celle crète osseuse qui limite en dehors la fosse sous-scapu- laire et qui est l’analogue à l'épaule de la ligne innominée du bassin. Celle origine scapulaire se fait généralement par des fibres charnues, exceptionnellement par des fibres tendineuses. Il n’est pas rare de voir les faisceaux les plus élevés du muscle se détacher du tendon supérieur de la longue portion du triceps. Quant à l'insertion brachiale, elle se fait, dans le plus grand nombre des cas, sur cette portion de l'humérus comprise entre les tendons du grand rond et du grand dorsal et la tubérosité interne. Sur quelques sujets, l'extrémité terminale du muscle accessoire se perd dans les éléments fibreux de la capsule ; à celte variété on donne le nom spécifique de #. subscapulo- capsulaire, pour la distinguer de la forme la plus commune, le M. subscapulo-huméral. L'interslice séparalif du muscle sous-scapulaire et de son accessoire est fort variable. Depuis la fusion intime des deux muscles jusqu'à leur indépendance absolue, il y a tous les inter- médiaires : on voit des sous-scapulaires accessoires, unis par US UE ST DU Dr, «. M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 357 leur extrémité axillaire avec le grand sous-scapulaire, ne se séparer de ce dernier que plus tard à une distance plus ou moins considérable du col chirurgical de lhumérus. J'ai ren- contré plusieurs fois entre les deux formations musculaires un simple interstice linéaire à peine visible, et j'ai dû employer, pour les isoler l'une de l’autre, une dissection longue et minu- tieuse. Le degré de fréquence d'un petit sous-scapulaire nettement différencié ne saurait être établi d'une façon positive, en raison de la difficulté qu'on éprouve, dans un grand nombre de cas, à préciser la limite qui sépare un muscle incomplètement diffé- rencié d'un muscle complètement fusionné. C’est là bien souvent une affaire d'appréciation personnelle et, comme dans toutes les questions de même ordre, les résultats varieront avec les observateurs. Kraüse nous apprend qu'on a trouvé le petit sous-scapulaire 5 fois sur-33 sujets; Knott l’a trouvé 4 fois sur 39. Je l’ai rencontré moi-même 3 fois sur 18 sujets. En réunissant ces trois statistiques, on arrive à un total de 12 fois sur 90, soit une proportion approximative de À sur 8. Anatomie comparée. — Le sous-scapulaire accessoire n’est pas propre à l'espèce humaine ; on le rencontre à l’état normal sur un grand nombre de Vertébrés. Haughton l’a retrouvé chez quelques Quadrumanes, notamment chez le Macacus nemes- trinus; Macalister, chez le cheval, le phoque et plusieurs autres Mammifères. Nous verrons tout à l'heure qu'il existe également, au-dessous de la classe des Mammifères, chez les Chéloniens, chez les Lacertiliens, chez les Crocodiliens, etc.. etc. 99 Muscle coraco-huméral supérieur ou court coraco-brachial. — C'est encore à Cruveilhier que nous devons la première des- cription nette et précise de ce muscle. « J'ai rencontré, dit-il, un petit coraco-brachial surnuméraire étendu de la base de l'apophyse coracoïde au-dessous du petit trochanter de l’humé- rus, immédiatement au-dessous des insertions du sous-scapulaire ; la même disposition existait des deux côtés; ce petit muscle décrivait une courbe au-devant du sous-scapulaire. » Quelques anatomistes attribuent à (ort la priorité de cette description à 398 LES ANOMALIES MUSCULAIRES -CHEZ L'HOMME. Theile, qui ne l’a donnée qu'après : l'Encyclopédie anatomique (Sæmmering's Lehre) fut imprimée à Leipsig en 4841, et nous possédions, depuis quatre ans déjà, la première édition de l’'Anatomie de Cruveilhier, parue à Bruxelles. Dépuis la note publiée par notre grand anatomiste sur le muscle court coraco-brachial, des observations analogues ont été rapportées par Gruber, Henle, M. Whinnie, Calori, Wood, Macalister, Rüdinger, Popoff, Pruen, etc., etc. J'ai rencontré moi-même sur # sujets, en quatre ans, le faisceau musculaire de Cruveilhier. Je résume ici brièvement mes observations : 4% fait. — Au mois de janvier 1879, j'ai rencontré sur le côté gauche d’une femme adulte, et au-dessous du muscle coraco- brachial, un faisceau surnuméraire large de deux centimètres et s'étendant du col de l'humérus à l’apophyse coracoïde. II prenait naissance, à l’aide de courtes fibres aponévrotiques, sur la face inférieure de cette apophyse, en un point voisin de sa base, croisait presque à angle droit le tendon du sous-scapulaire et se fixait au-dessous du trochin. 2 fait. — J'ai observé un muscle à peu près semblable, au mois de février de l’année suivante, sur un homme très vigou- reux. Le muscle surnuméraire se détachait, dans ce cas, du bord interne de l’apophyse coracoïde, où il se confondait en partie avec la masse commune du coraco-brachial et de la courte portion du biceps. Il se séparait bientôt de ces derniers muscles et venait se terminer, par une base élargie, sur cette portion de l’humérus qui est située entre le trochin et le grand dorsal. 5° fait. — Je l'ai observé sur un sujet nègre, appartenant à la race boschimane, que j'ai disséqué au Muséum d'Histoire naturelle en 4881, dans le laboratoire de M. de Quatrefages. Sur ce sujet, le court coraco-brachial, situé au-dessous du coraco- brachial classique et entièrement recouvert par lui, prenait naissance sur le bord interne de l'apophyse coracoïde; se portant ensuite en bas, dans une direction à peu près verticale, il croisait les fibres du muscle sous-scapulaire, sur l’aponévrose duquel il se terminait, à quelques millimètres au-dessus du tendon du grand dorsal, Ce muscle s'insère généralement sur le col même M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 399 de l’humérus; sur mon boschiman, ce mode d'insertion n’était pas possible, les faisceaux inférieurs du sous-scapulaire descen- dant plus bas que d'habitude et recouvrant la région sous- trochinienne jusqu'au tendon du grand dorsal. 4° fait. — Celur-ci a été rencontré sur le côté gauche d’une femme venant de l'hospice des aliénées, et présentait cette parti- cularité que le muscle court coraco-brachial était renforcé, à son côté externe, par un deuxième faisceau similaire, quoiqu'un peu moinslarge. Il se détachait par des fibres charnues de l'apophyse coracoïde, se portait verticalement en bas et se jetait, un peu au-dessus du trochin, sur un tendon rubané presque aussi large que le corps charnu, lequel venait se fixer sur la face interne de l'humérus en arrière du tendon du grand dorsal. Quant au faisceau accessoire placé sur le bord externe du précédent, il en était complètement distinct et affectait une disposition fusiforme ; tendineux à ses deux extrémités, charnu à sa partie moyenne, il naissait en haut sur la face inférieure de l'apophyse coracoïde, et se terminait en bas sur la région sous-trochinienne, un peu moins bas que le court coraco-brachial que je viens de décrire. La note de Cruveilhier et les quatre observations qui précè- dent me dispensent de décrire longuement le muscle coraco- brachial supérieur, qui me paraît déjà suffisamment caractérisé. Qu'il me suffise de rappeler, en tenant compte des observations connues : 4) Qu'il est plus ou moins volumineux, mais aplati plutôt que cylindrique ; G) Qu'il prend naissance, soit par des fibres charnues, soit par des fibres aponévrotiques, ou bien encore par un véritable tendon, sur l'apophyse coracoïde {sommet, bord interne, face inférieure, région de la base); 7) Qu'il se termine généralement soit par des fibres charnues, soit par des fibres aponévrotiques, ou bien encore par un véri- table tendon, sur le col chirurgical de l'humérus, entre la petite tubérosité et les tendons du grand dorsal et du grand rond; qu'il se fixe plus rarement sur la cloison intermusculaire interne (fait 360 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. de M. Whinnie) et sur la coulisse bicipitale (fait de Reid et Taylor), exceptionnellement en dehors de cette coulisse ; .d) Qu'il croise perpendiculairement le muscle sous-scapu- laire, les fibres supérieures et moyennes {out au moins de ce muscle, car les fibres inférieures, celles qui représentent le sous- scapulaire accessoire de Gruber, se rapprochent quelquefois de la direction verticale du muscle que je décris. Dans les deux cas rapportés par Calori, le muscle court coraco-brachial envoyait, à la hauteur du bord inférieur du petit sous-scapulaire, un faisceau tenseur à l'aponévrose du creux de l’aisselle. Analomie comparée. — L'étude des muscles de l'épaule, dans la série des Vertébrés, nous montre le muscle coraco-brachial supérieur, qui n'apparaît que fort rarement chez l’homme, exis- tant d’une façon constante dans un grand nombre de Mammi- fères. Chez l'échidné, où il a été disséqué par M. Alix, il existe, à côté d'un long coraco-brachial, un court coraco-brachial, recouvrant sur l'humérus toute la face antérieure de la tubérosité interne et tapissant le fond d’un large espace qui correspond à la coulisse bicipitale. Son extrémité supérieure s'attache du reste, avec le coraco-brachial superficiel, sur le tubercule thoracique externe du préischion, ainsi que sur l’os épicoracoïdien. Chez l'éléphant, d'après A. Young, les faisceaux supérieurs du coraco-brachial, légèrement séparés du reste du muscle, s'insèrent sur l'humérus, au-dessus du grand dorsal, jusqu’à la capsule de l'articulation de l'épaule. Le court coraco-brachial existe encore, si je m’en rapporte à mes propres dissections, chez l’Ursus americanus. A1 présente même dans cette espèce celte particularité intéressante qu'il est constitué par deux faisceaux distincts, confondus tous les deux, à leur origine sus-glénoïdienne, avec le long coraco-brachial. La portion interne, plus longue et plus développée, se fixait sur le col de l’humérus entre le trochin et le tendon du grand dorsal: la portion externe, plus courte et plus grêle, affectait la forme d’un petit ruban charnu et s’arrètait sur le trochin et la capsule humérale. Cast. à Rés .: M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 3614 Il est même quelques espèces où le coraco-brachial, constitué uniquement par sa portion profonde, ne dépasse pas sur l’'humérus le tendon du grand dorsal, tels sont le chien, le chat, la civette (Devis), etc. Dans l’ordre des Quadrumanes, la présence d’un court coraco- brachial, coexistant avec le coraco-brachial de l’homme, est la règle chez les Singes inférieurs ; je l'ai observé moi-même, avec tous les caractères que je lui ai assignés plus haut, chez plusieurs Cercopithèques et chez les Macacus sinicus. M. A. Milne-Edwards l’a décrit et figuré (pl. LXIV, fig. #, 9°), chez les Lémuriens de Madagascar. Meckel l’a mentionné chez le magot, l'ouistiti ordinaire, le papion, le callitriche. Nous le trouvons encore signalé par Wood chez le bonnet-chinois, par Kubhl chez l’atele belzebuth, par Mivart chez le Cercopithecus sabœus, par Mivart et Murie chez le Nycticebus tardigradus, par Champneys chez le Cynocephabus anubis. Cette formalion tend à disparaître au fur et à mesure qu'on s'élève dans la série; mais je ne puis accepter, comme formule générale, cette assertion d'Alix que le muscle coraco-brachial « ne présente chez les Anthropoïdes qu'une portion, comme chez l’homme. » Church a trouvé ce muscle divisé chez l’orang en deux portions distinctes, et la présence d'un court coraco-brachial a été rencontrée chez le chimpanzé par Vrolik, par Macalister et par moi-même. 3° Muscle coraco-capsulaire (Coraco-capsularis). — Comme son nom l'indique suflisamment, ce petit muscle s'étend de l'apophyse coracoïde à la capsule de l'articulation de l'épaule; ce n’est autre chose qu'un court coraco-brachial qui, dans son trajet descendant, s’est arrêté sur la capsule et s’y est fixé. Le coraco-capsulaire peut se terminer, dans cerlains cas, sur le tendon du sous-scapulaire ou même entrelacer ses fibres avec les fibres de ce dernier muscle (cas de Macalister); de là, deux variétés nouvelles que l’on pourrait désigner sous le nom géné- rique de coraco-sous-scapulaires (coraco-subscapulares). 4° Muscle brachio-capsulaire (Humero-capsularis). — Ici encore le nom seul nous fait connaître le muscle; c’est un ensemble de faisceaux charnus prenant naissance, en bas, sur cette même 362 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. région du col chirurgical de l’humérus qui donne attache au court coraco-brachial, s'élevant, en haut, dans une direction à peu près verticale, croisant le tendon du sous-scapulaire et venant se terminer sur la capsule articulaire. On pourra lire des observations du muscle brachio-capsulaire dans le mémoire déjà cité de Wood, dans une simple note de Curnow, insérée dans le Journ. of Anat. and Phys. de 1873, dans un travail de Pruen, imprimé dans les S° Bartholomew's Hospital Reports de 1881, dans un article de M. Alezais, publié dans la Tribune médicale de la mème année, etc. Je me contenterai de rapporter ici le cas suivant que j'ai rencontré, il y a quelques jours seulement (déc. 1882), dans nos salles de dissection. Sur un bomme d'une quarantaine d'années et d’une muscula- ture ordinaire, j'ai observé du côté gauche (le côté droit ne présentait aucune anomalie), au-dessous du muscle coraco- brachial, un faisceau brachio-capsulaire fortement développé. Il se détachait en bas de la région sous-trochinienne de l’humé- rus, jusque sur la lèvre interne de la coulisse bicipitale. II se dirigeait ensuite de bas en haut, croisait le trochin et le tendon du sous-scapulaire et venait, en s’élargissant, se perdre sur la capsule humérale. Sur le même sujet, la portion axillaire du sous-scapulaire (subscapularis minor de Gruber) était séparée du sous-scapulaire ordinaire, dans une étendue de 3 cent. 1/2, à partir de l’humérus. Les fibres inférieures de ce petit muscle. s'infléchissant en anse en bas et en dehors, venaient se mettre en parallélisme avec les faisceaux du brachio-capsulaire, et finalement se fusionnaient avec eux. Le muscle brachio-capsulaire, au lieu de s'élever jusqu'à la capsule de l'articulation de l'épaule, peut s'arrêter sur le tendon du sous-scapulaire où sur l'aponévrose d'enveloppe de ce der- nier muscle (cas de Gruber, cas de Pruen), d’où la variété qui a été décrite sous les noms divers d’abaisseur du tendon du grand sous-scapulaire /depressor tendinis subscapularis majoris), frein musculaire du tendon du grand sous-scapulaire (retinacu- lum musculare tendinis subscapularis majoris). Kraüse a signalé, sous le nom de capsularis humero-scapularis, ST M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 9303 un faisceau de fibres prenant naissance sur la petite tubérosité de l'humérus ou sur un point voisin de cette tubérosité, et venant s'attacher d'autre part sur la capsule articulaire. Ce faisceau, on en conviendra, n’est qu'un brachio-capsulaire, et je ne com- prends pas qu'un esprit aussi profond et aussi distingué que Kraüse ait cru, à propos de ce dernier muscle, grossir sans nécessité d’un nouveau nom la liste déjà trop chargée des fais- ceaux surnuméraires de l'épaule. Jen dirai tout autaut du muscle suivant qui n’est bien évidemment, iui aussi, qu'une forme légèrement modifiée du brachio-capsulaire. D° Muscle élévateur du tendon du grand dorsal (Levator tendinis musculi latissimi dorsi). — C’est un petit faisceau, moitié charnu, moitié tendineux, observé par Gruber et par Wood, lequel s'étend de la face postérieure du tendon du grand dorsal, soit au trochin, soit à la capsule articulaire, ou même à l’apophyse coracoïde. 6° Muscle gléno-brachial. — Nous devons encore à l’infatigable Gruber la découverte de ce muscle fort rare ; dans le cas observé depuis déjà longtemps par le savant professeur d'anatomie de Saint-Pétersbourg et retrouvé tout récemment par Knott, le gleno-brachialis s’insérait, en haut, avec la longue portion du biceps sur le tubercule supra-glénoïdal ; il perforait avec lui la capsule de l'articulation de l'épaule et venait se lerminer, là où se termine le court coraco-brachial, là où commence le brachio- capsulaire, c’est-à-dire sur le col, dans ce petit espace que limitent, en haut le bord inférieur du sous-scapulaire, en bas le bord supérieur du tendon du grand dorsal, en dehors la lèvre interne de la coulisse bicipitale. $ IT. — Le muscle obturateur interne et son homologue à la ceinture thoracique chez les Vertébrés inférieurs. — Pour interpréter sainement les muscles surnuméraires qui précèdent, il importe d’avoir présentes à l'esprit la constitution anatomique du muscle obturateur interne du bassin et aussi la disposition de son homologue à la région de l'épaule, question intéressante, mais fort obscure et à laquelle nous chercherions difficilement 364 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME une solution, si nous n'avions pour guide la remarquable étude de M. Sabatier sur la comparaison des deux ceintures. Chez l'homme, comme chez la plupart des Vertébrés, le muscle obturateur interne prend naissance à la fois sur les trois pièces primitives de l'os coxal, sur l'ion, sur le pubis et sur l'ischion, de telle sorte qu'on peut le décomposer en trois por- tions plus ou moins distinctes suivant les espèces : une portion iliaque, une portion pubienne, une portion ischiatique. Comme la ceifiture pelvienne, la ceinture thoracique est constituée par trois os primitivement isolables : le scapulum représentant l'ilion, le précoracoïde correspondant au pubis, le coracoïde devenant l’analogue de l'ischion. L'obturateur interne thoraci- que devra donc, s'il existe, présenter comme au bassin, trois faisceaux d'origine provenant du scapulum, du précoracoïde et du coracoïde, et se réunissant d'autre part pour se fixer sur les tubérosités supérieures de l’humérus, régions homologues des trochanters fémoraux. Ces faisceaux ont été retrouvés par M. Sabatier dans un grand nombre de Vertébrés et nous ne saurions mieux faire que de résumer ici les patientes recherches de notre savant collègue. Chez quelques Amphibiens et notamment chez la Salamandra maculosa, l'oblturateur interne thoracique est constitué par des lames musculaires qui se délachent de la face profonde du coracoïde et du précoracoïde, se fusionnent avec un chef sous- scapulaire assez réduit et, contournant le bord du coracoïde, viennent s'insérer sur la tubérosité proximale de l'humérus. II en est de même chez l’aæolot. Chez la grenouille (Rana escu- lenta), nous retrouvons également un chef coracoïdien occupant la face interne du coracoïde et un chef sous-scapulaire plus volumineux; ces deux faisceaux se réunissent en une masse commune et se portent sur la tubérosité de l'extrémité proxi- male de l'humérus, dans le sillon postérieur de la crète deltoïdienne. Quant au chef précoracoïdien, il semble au premier abord faire défaut, réduit qu'il est à quelques fibres musculaires ; mais il serait remplacé, d'après M. Sabatier, par le chef cora- coïdien d'un muscle important que l’on retrouve dans la ceinture 4 M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 365 pelvienne des Lacertiliens et des Chéloniens, où R. Owen le désigne sous le nom de Pectineus. Chez les Chéloniens, l'obturateur interne possède encore trois portions parfaitement caractérisées. Chez les Sauriens, le mème muscle est constitué par deux groupes musculaires : 4) le groupe antérieur (acromio-humeralis s. delloïdeus, scapulo-humeralis profundus de Furbringer), que Stannius regarde à tort comme une formation spéciale aux Reptiles, sort par l'orifice antérieur de la ceinture et représente à la fois le chef précoracoïdien et le chef sous-scapulaire antérieur; {£) le groupe postérieur (subcoraco-scapularis de Furbringer) sort par l’orifice postérieur de la ceinture et cor- respond à la fois au chef coracoïdien et au chef scapulaire postérieur. Chez les Crocodiliens, l’obturateur interne thoracique est représenté par un muscle assez volumineux qui à été désigné par Furbringer sous les noms de supra-coracoideus où supraco- raco-scapularis. M. Sabatier, qui l’a disséqué avec grand soin sur l’alligator, le fait naître en partie de la face interne du coracoïde (extrémité antérieure ou portion précoracoïdienne) et de son bord antérieur, en partie de la face interne de l’angle inférieur du scapulum. Il le considère comme représentant la portion précoracoïdienne et la portion scapulaire antérieure ; à celle dernière il croit devoir réunir, sous le nom de portion scapulaire postérieure, un dernier faisceau très important qui naît de la face interne et du bord postérieur du scapulum, lequel se composerait à son lour de deux petits muscles : l'un se détachant du tiers inférieur du bord postérieur et de la portion voisine de la face interne du scapulum et venant se fixer sur la crête deltoïdienne (scapulo-humeralis profundus de Furbringer, scapulo-humeralis de Rolleston); l'autre naissant sur la face interne du scapulum et se terminant au-dessous du précédent, sur une ligne qui rejoint la crête deltoïdienne (subscapularis de Buttmann et de Haughton). Quant à la portion coracoïdienne, l'obturateur interne thoracique en est dépourvu chez les Crocodiliens, en raison du développement considérable 366 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. du costo-coracoïdien qui ferme dans ce groupe zoologique, l'orifice de sortie postérieure de la ceinture. Si des Æeptiles nous passons aux Oiseaux, nous voyons de même l'obturateur interne réduit à deux chefs, un chef sous- scapulaire et un chef coracoïdien peu développé chez les Reptiles et chez les Nageurs, très volumineux au contraire chez les Gallinacés. Le chef précoracoïdien fait complètement défaut, le précoracoïde n’existant chez les Oiseaux qu'à l'état rudimentaire. | Même disposition chez les Mammifères ornithodelphes, dont la ceinture thoracique se rapproche beaucoup, au point de vue morphologique, de celle des Oiseaux; le chef précoracoïdien de l'obturateur interne thoracique ne s'est pas développé, tout comme l'élément osseux sur lequel il s’insère; par contre, nous rencontrons un chef coracoïdien, parfaitement décrit par Owen, chez l'ornithorynque et l'échidné, et un chef sous-scapu- laire complètement distinct du muscle sous-scapulaire, en avant duquel il est placé, entre la face interne du col de l'omoplate et la petite tubérosité humérale. Ce dernier faisceau est exacte- ment le représentant du sous-scapulaire accessoire de Gruber. En résumé, il existe, dans la série zoologique, un obtura- teur interne de l'épaule, représentant à la ceinture thoracique l'homologue de l'obturateur interne du bassin, composé comme ce dernier de trois portions ou chefs : un chef scapulaire, un chef précoracoïdien et un chef coracoïdien. Ce muscle, trop oublié des naturalistes, se rencontre avec ses éléments consti- tutifs chez les Batraciens, chez les Reptiles, chez les Oiseaux et dans quelques espèces de Manunifères didelphiens ; dans ces deux derniers groupes cependant un des éléments anatomiques du muscle (faisceaux coracoïdien ou précoracoïdien) peut faire défaut. $ IL. —— Constitution théorique, chez l'homme, de lobtu- rateur interne thoracique; interprétation des faisceaux sur- numéraires précités. — Chez l'homme, la ceinture thoracique réduite à ce que les auteurs classiques décrivent sous le es dif M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 3067 nom de scapulum ou d’omoplate, diffère beaucoup au premier abord de la ceinture pelvienne. Il est pourtant facile, en s’ap- puyant surtout sur l’histoire du développement de l'omoplate, de retrouver dans cette pièce du squelette trois os distincts correspondant exactement aux trois portions de l'os coxal. Il est généralement admis aujourd'hui, contrairement aux asser- tions d’Albrecht : 1° que l'ilion est représenté par le scapulum proprement dit; 2° que le pubis a pour homologue l’apophyse coracoïde qui n’est que l’os précoracoïde des Vertébrés et que l'on devrait bien, pour éviter des confusions regrettables, appeler désormais l’apophyse précoracoïde ; 3° que le tubercule sus-glénoïdal, qui n’est souvent qu'une facette rugueuse et qui répond à l'os coracoïde des Vertébrés, représente l’ischion. Ces données empruntées à l'anatomie philosophique étant admises, il devient fort simple de déterminer, d'une façon nette et précise, les régions osseuses où devraient prendre naissance, s'ils se développaient, les trois faisceaux constitutifs de l’obtu- rateur interne thoracique de l'homme. «) — Le chef scapulaire {homologue du chef iliaque de l'obtu- rateur interne pelvien) se délacherait du bord axillaire, dans le voisinage de la cavité glénoïde et aussi de cette portion de la fosse sous-scapulaire plus où moins creusée en goutlière que limite en avant le bord axillaire, en arrière, une petite crête arrondie, véritable ligne innominée du scapulum. G) — Le chef précoracoïdien {homologue de la portion pubienne de l’obturateur interne pelvien) naîtrait sur l'apophyse coracoïde. 7) — Le chef coracoïdien enfin {homologue de la portion ischia- tique de l'obturateur interne pelvien) s'insèrerait au-dessus de la cavité glénoïde, sur le tubercule sus-glénoïdal, au même point que la longue portion du biceps. Quant à leur trajet et à leur terminaison, ces trois chefs devraient du reste converger, à la manière de trois rayons de cercle se portant vers un centre commun, sur le col chirur- gical de lhumérus, entre la tubérosité interne et le tendon du grand dorsal, et s'insérer sur celte région. Ces quelques lignes résumant la constitution théorique de 368 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. l’obturateur interne thoracique chez l'homme, renferment en elles-mêmes l'interprétation exacte de tous les muscles surnu- méraires que nous avons décrits dans le premier paragraphe de cette étude. Tous ces muscles en effet, il est facile de s’en rendre compte maintenant, ne sont que des représentants com- plets où rudimentaires de l'un ou l’autre des faisceaux consti- lutifs de cet obturateur interne. Ainsi, et ce sont là nos conclusions : 1° Le petit sous-scapulaire de W. Gruber et le sous-scapulo- capsulaire qui n'en est qu'une variété, est un représentant parfait du chef scapulaire, tel qu'il existe chez les Oiseaux et les Ornithodelphes. 2° Le court coraco-brachial ou coraco-huméral supérieur qui se reproduit anormalement chez l'homme, mais qui est normal chez un grand nombre de Mammifères, représente intégrale- ment le chef précoracoïdien de l'obturateur interne. Les variétés coraco-capsularis, brachio-capsularis, depressor tendinis sub- scapularis majoris, levator tendinis lahissimi dorsi, qui ne sont que des muscles coraco-brachiaux incomplets, des muscles coraco-brachiaux arrêtés en route, représentent également des faisceaux atrophiés, des débris, qu'on me permette celte expression, de ce mème chef précoracoïdien. 3° Quant au muscle gléno-brachial, qui s’insère sur le tuber- cule sus-glénoïdien avec le long biceps, est-il possible de ne pas reconnaître en lui l’homologue exact du chef coracoïdien de l’obturateur interne? C'est ainsi que lAnatomie anormale fait revivre chez l'homme, dans tous ses caractères primitifs, un organe que les nécessités de l'adaptation ont si profondément modifié, détruit mème dans deux de ses parties constituantes. Bibliographie : HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1871, p. 183 et 190. THEILE. Myologie, p. 215. Orro. Neue seltene Beobacht., Bd 11, 1824, p. 40. CRUVEILHIER. Anat, descript., t. 1, p. 115. BLANDIN, Nouveaux Éléments d'Anat. descript., Paris, 1838, p. 458. M. SURNUM. DE LA RÉGION SCAPULAIRE ANTÉRO-INTERNE. 309 MacaLISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. Woop. Proced. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 239 et 535; t. XVI, p. 494. KNoTT. Proc. of Roy. Irish Acad., Déc. 1881. KRAÜSE, cité par Knott. Zn Mémoire précédent. LEDOUBLE. Tribune médicale, nov. 1881, p. 570. BARDELEBEN. Æinige setenere Muskelvarietæten (Sitzungsb. d. Jen. Ge- sellsch. f. Med. u. Naturwiss., 1877, II-IV, März). GruBER. Multer’s Areh., 1848, p. 425. Mac WHINNIE. London med. Gazette, 1846. Woop. Journ. of Anat. and Phys., 1867, t. I, p. 44. CaLorI. Memorie dell Institut. di Bologna, 1866, série I, t. VI, p. 166. Poporr. Ueber einige überzahlige Muskeln des menschl. Kürpers (Med. Bôüte, 1873). RüpinGEer. Die Muskeln der vordern Extremitæten der Reptilien, Haarlem, 1868. PRUEN. St Bartholomew’s Hospital Reports, vol. XVII, 1881, p. 71. TesruT. Note sur quatre cas de muscle court coraco-brachial observés dans les salles de dissection de la Faculté de Bordeaux (in Bull. Soc. d'Anat. et de Phys., déc. 1882). Rein et TayLor. S° Thomas’'s Hospital Reports, 1879. A. YouxG. Notes on the Anatomy of the Indian Elephant (Journ. of Anat. and Phys., 1880, t. XIV, p. 290). Aix. Société Philomathique de Paris, 1867, p. 187. CHAMPNEYS. Journ. of Anat. and Phys., nov. 1871, p. 177. BANKART, PYE-SMITH et Pxicips. Guy's Hospital Reports, 1868, t. XIV. Devis. On the Myology of the Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys., t. II, p. 211). Burpacx. Berichte von der Kün. Anat. Anstalt z. Kœnigsberg, S. 25. MacaLisrer. Notes on an instance of irregularities in the Muscles around the schoulder joint (Journ. of Anat. and Phys., 1867, t. I, p. 316). GruBer. Abhandl. des aus Mensch. u.vergleich. Anat., Saint-Pétersbourg, 1854, p. 109. YounxG. Contribution to the Anatomy of the schoulder of Birds (Journ. of Anat. and Phys. t. VI, p. 76). 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Comme l'indique son nom, le muscle biceps, qu'on désigne encore, en Analomie comparée, sous le nom de long fléchisseur Pa MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 371 de l’avant-bras, se compose de deux portions ou têtes, réunis- sant l'une et l’autre l’omoplate au radius. De ces deux portions, l'interne, appelée plus communément la courte portion, se détache de l’apophyse coracoïde par un tendon qui lui est commun avec le muscle coraco-brachial; l’externe, mieux connue sous le nom de longue portion, prend naissance, à l’aide d’un tendon cylindrique, sur la partie la plus élevée de la cavité glénoïde; ce tendon d'origine, remarquable par sa longueur, mais surtout par son trajet, perfore la capsule articulaire, glisse dans l'intérieur même de l'articulation sur la tête humérale et traversant de nouveau le manchon fibreux de l’épaule, vient se loger dans une gouttière située entre le trochin et le tro- chiter. C’est seulement au niveau de cette gouttière, à laquelle il a donné son nom, au-dessous du grand pectoral, que ce tendon s'élargit et se contourne en un demi-entonnoir, sur la face concave duquel naissent les fibres charnues du corps muscu- laire. Complètement indépendantes à leur origine, les deux por- tions du biceps se portent l’une et l’autre vers le coude, s'ac- colent tout d’abord, puis se fusionnent; finalement, elles se jettent sur un tendon unique, large et épais, presque arrondi, lequel, glissant sur l'articulation huméro-cubitale, vient se fixer sur la tubérosité bicipitale du radius. Du côté interne de ce tendon terminal et aussi, dans la plupart des cas, de l’extré- mité inférieure de la courte portion se détache une expansion aponévrotique qui vient se confondre, en avant des muscles épitrochléens, avec l’aponévrose antibrachiale. Telle est la constitution classique du biceps brachial chez l'homme. Mais combien est variable une pareille disposition ! Comme le faisait déjà remarquer, il y a plus d’un demi-siècle, l'illustre Meckel, ce muscle est un de ceux «qui sont le plus sujets à varier et qui présentent les anomalies les plus frappan- tes. » Je classerai ces anomalies de la façon suivante : SL. — Séparation complète des deux corps musculaires. — A l'espace réel qui sépare, à leur origine et dans le tiers supé- 372 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. rieur du bras, les deux portions du biceps, succède un inters- tice plus ou moins visible à l'œil nu, rempli de tissu cellulaire et se prolongeant en bas jusqu'à une distance plus ou moins con- sidérable de l'articulation scapulo-humérale. Une dissection minutieuse permet souvent d'isoler les corps charnus jusqu'à deux ou même un centimètre du tendon terminal. Dans deux cas, j'ai pu poursuivre la division, sans intéresser les fibres mus- culaires, jusqu'au tendon lui-même. Des faits de cette nature ont été signalés par Riverius, Weitbrecht, Albinus, Rudolphi, Meckel, Macalister, etc. Il existe, en réalité, dans ces cas. deux corps musculaires distincts : l'un interne, allant de l’apophyse coracoïde au radius (M. coraco-radial) ; Y'autre externe, se ren- dant du sommet de la cavité glénoïde au même os de l’avant- bras (M. gléno-radial). Anatomie comparée. — Cette séparation complète des deux têtes du biceps nous semblera toute naturelle, si nous songeons que dans quelques espèces animales ce même muscle se trouve réduit, comme nous le verrons tout à l'heure, à une seule de ses portions, soit la portion coracoïdienne, soit la portion glé- noïdienne. Le muscle coraco-radial et le muscle gléno-radial sont, à eux seuls, des muscles complets et peuvent exister isolé- ment. Si la nature les a fusionnés en partie chez les Primates, elle prend soin de les isoler de temps à autre, comme pour rappeler leur indépendance au point de vue morphologique. Telle est l'explication de l’anomalie. Macalister décrit, chez le crocodile, trois fléchisseurs de l’avant-bras : un brachial antérieur distinct et un biceps divisé en deux portions dans toute sa longueur. $ IL. — Biceps réduit à sa portion coracoïdienne {}{. coraco- radial). — L'absence de la longue portion du biceps comporte deux ordres de faits : dans un premier cas, le chef glénoïdien absent est remplacé par un faisceau charnu, détaché d’une région quelconque de l'humérus ; dans le second cas, il n’est nullement suppléé, et le muscle biceps, devenant uniceps, se trouve réduit à sa portion coracoïdienne. J'ai rencontré deux MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 19 fois, en quatre années, cette dernière anomalie, qui a été signalée avant moi par quelques anatomistes, notamment par Otto, Lauth, Hyrtl, Henle, Macalister, Jœssel. Anatomie comparée. — Chez le rhinocéros, le professeur Haughton, et après lui Macalister, ont vu le biceps se détacher uniquement de l’apophyse coracoïde, à l'aide d'un fort tendon. Il en est de même, parmi les Mammifères, chez le cochon, chez l'Echidna hystrixæ; parmi les Oiseaux, chez l'autruche; parmi les Batraciens, chez la grenouille, chez le Lacerta agils, chez l'iguane (Macalister). Humphy décrit également, chez l'Orycteropus capensis, comme représentant le biceps de l'homme, un seul-corps mus- culaire prenant naissance sur la partie antérieure de l’apo- physe coracoïde. S IT. — Biceps réduit à sa portion glénoïdienne /M. gléno- radial). — L'absence de la portion coracoïdienne du biceps, sans suppléance par un autre muscle, a élé rencontrée par Macalister et par Meckel. Seule, la portion glénoïdienne repré- sentait, dans ce cas, le muscle biceps. Anatomie comparée. — C'est encore la reproduction d'un type qui est normal dans un grand nombre d'espèces animales. Le paca, le porc-épic, le castor, d'après Meckel, nous présen- tent un muscle gléno-radial, sans portion coracoïdienne. Parmi les Quadrumanes, nous rencontrons une pareille disposition chez le Stenops (Macalister) et chez le Nycticebus (Mivart et Murie). Parmi les Carnassiers, le long fléchisseur de l'avant-bras est réduit également à une portion gléno-radiale chez l’hyène, le chien, le chat, le coati, le blaireau, le raton, le phoque et la martre (Meckel). Chez l'ours, celte disposition est ordinaire sans toutefois être constante; je l'ai observée, pour ma part, chez l'Ursus americanus ; Meckel l'a-trouvée, lui aussi, sur le côté gauche d'un ours brun; par contre. il a rencontré, à titre de faisceau additionnel, un muscle coraco-radial sur le côté droit du même sujet et sur les deux côtés d’un ours blanc. 374 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ IV. — Absence totale du muscle. — La réunion sur un même sujet des deux anomalies précédentes constitue la dispa- rition complète du muscle biceps. Macalister qui signale une pareille disposition ne lui consacre qu'une mention sommaire. Nous regrettons de ne pouvoir l’analyser, faute de documents suffisants. $ V. — Faisceau surnuméraire coracoïdien. — Au mois de décembre dernier, j'ai rencontré sur le côlé droit d’un sujet deux portions coracoïdiennes à peu près d'égal volume, se déta- chant, l'une et l’autre, du sommet de l’apophyse coracoïde et ne se réunissant qu'à la partie moyenne du bras; il existait, sur le même sujet, un deuxième chef surnuméraire, prenant nais- sance sur la face profonde du tendon du grand pectoral et rejoignant la portion glénoïdienne, à quatre centimètres au- dessous de son origine. | Les professeurs Wood et Macalister ont signalé chacun une observation de double chef coracoïdien. Dans le cas de Macalister, le faisceau surnuméraire rejoignait la portion coracoïdienne normale, avant sa réunion avec la portion glénoïdienne. Nous devons rapprocher de ces faits l'observation si intéres- sante de M. Leboucq, relative à un muscle biceps dont les deux portions venaient se fixer, l’une et l’autre, sur l’apophyse coracoïde. Anatomie comparée. — Macalister décrit, chez l’ornithorynque, un muscle biceps dont les deux portions se détachaient, à côté l’une de l’autre, de l'appareil coracoïdien. N'est-ce pas là la reproduction exacte de la disposition observée chez l'homme par M. Leboucq? M. Sabatier signale des (races plus ou moins profondes de dédoublement dans le biceps des Sauriens kionocräniens, des Chamaæléonides et des Oiseaux. $ VI. — Faisceau surnuméraire partant du corps de l'humérus {chef huméral du biceps, muscle brachio-radial). — MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 319 Indépendamment des portions coracoïdienne et glénoïdienne, il n'est pas rare de rencontrer au-dessous d’elles une troisième portion, presque toujours considérable, prenant naissance sur la partie moyenne de l'humérus et rejoignant le biceps, soit au niveau de son tendon {disposition plus fréquente), soit au niveau de son corps charnu {disposition plus rare). Dans deux cas, j'ai vu la plus grande partie de ces fibres se terminer sur l'expansion aponévrotique. Cette troisième portion, ou chef huméral du biceps, est men- tionnée par tous les auteurs qui se sont occupés d'anatomie anormale. C’est que sa fréquence est relativement considé- rable : Theile l’a rencontrée 1 fois sur 9 sujets, Hallet 1 fois sur 45; Wood 18 fois sur 475. Je l'ai observée pour ma part 11 fois sur 105 sujets. En totalisant ces divers résultats, on arrive à une proportion centésim de 10.02, soit 4 fois sur 10 sujets. Le faisceau surnuméraire dont il est question se présente généralement sous la forme d'un ruban aplati, mesurant le plus souvent de 5 à 30 millimètres de largeur. Réduit chez certains sujets aux dimensions d'un faisceau minuscule, il possède, chez d’autres, un volume aussi ou même plus considérable que l’une des deux portions scapulaires. Il prend naissance, dans la majorité des cas, sur l'extrémité supérieure du muscle brachial antérieur, en regard du coraco-brachial; mais il n’est pas rare de le voir se détacher plus bas, de la surface même du brachial antérieur. Dans un cas où sa longueur était considéra- blzement réduite, je l'ai vu naître à 3 centimètres seulement au-dessus de l'origine du tendon commun du biceps. Plus rarement, le chef huméral se détache de la face externe de l’humérus, dans le voisinage des insertions supérieures du long supinateur, ou bien de la cloison intermusculaire interne. Dans ce dernier cas, le faisceau surnuméraire peut passer en avant du paquet vasculo-nerveux du bras et former ainsi une espèce de pont, en avant de l'artère humérale et du nerf médian. Je n'ai observé qu'une fois cette disposition singulière, déjà signalée du reste par Quain, Struthers et autres anatomistes. 3706 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Dans un deuxième cas, que j'ai rencontré lout récemment (février 1883), le chef huméral du biceps se détachait à la fois de l'aponévrose intermusculaire interne et de la face antérieure du brachial antérieur par deux faisceaux. Ces deux faisceaux, distincts à leur origine, se fusionnaient presque immédiatement au-dessous, interceplant entre eux, pour donner passage à l'artère humérale et au nerf médian, un espace ovalaire qui rappelait assez bien l'anneau du muscle soléaire. Signification et anatomie comparée. — Situé entre la face profonde du biceps et la face superficielle du brachial antérieur, le faisceau surnuméraire que je viens de décrire, contracte presque toujours, par ses fibres d’origine, des connexions intimes avec les fibres de ce dernier muscle, de telle sorte qu'on est autorisé à le considérer, le plus souvent, comme une anastomose jetée obliquement entre les deux fléchisseurs de l’avant-bras. Les rapports du nerf musculo-cutané avec le chef huméral du biceps présentent ici un intérêt tout particulier : d’après le professeur Hyrtl, l'anomalie du muscle ne serait en effet que la conséquence d'une anomalie dans le trajet du nerf. « Dans des cas rares, dit-il, le brachial cutané externe (nerf musculo- cutané) perfore non seulement le coraco-brachial, mais encore le brachial antérieur. Ce muscle se trouve ainsi divisé en deux portions : l’une qui est en arrière du nerf, l'autre qui est en avant; cette dernière est toujours moins volumineuse. Une série de préparations que j'ai faites, démontre que la portion du brachial antérieur située en avant du nerf se sépare du reste du muscle, pour former le troisième chef dont nous avons déjà parlé et qui s'insère sur le tendon inférieur du biceps. » Le chef huméral du biceps ne devient ainsi, pour le savant anatomiste de Vienne, qu'une portion du brachial antérieur qui aurait été soulevée par le nerf musculo-cutané et dont l'insertion inférieure serait, du mème coup, transportée du cubitus au radius. Dans une note publiée en 1868 dans les Mémoires de l'Acadé- mie des Sciences de Bologne, le professeur L. Calori s’est élevé contre une pareille assertion et a produit deux observations, MUSCLE PICEPS BRACHIAL. 371 desquelles il résulte que le biceps peut recevoir de l'humérus un troisième faisceau musculaire, sans que le nerf musculo-culané soit dévié de son trajet normal. Cherchant à apprécier la valeur de ces deux opinions contraires, j'ai examiné, sur 105 bras, appartenant à plus de 80 sujets, les rapports respectifs du nerf musculo-cutané avec le brachial antérieur et le biceps. J'ai été assez heureux pour rencontrer le chef huméral 41 fois. Dans 6 cas, le nerf musculo- cutané ou l’une de ses branches passait en arrière du chef buméral du biceps, conformément à la description de Hyrtl; dans les 5 autres, le nerf, suivant en ce point son trajet normal, passait en avant du chef huméral ou même ne contractait avec ce dernier aucun rapport de contiguité; il ne pouvait donc en aucune façon être invoqué, comme élément actif, dans le mode de formation de cette anomalie musculaire. Ces derniers faits ruinent, concurremment avec ceux de Calori, la théorie anato- mique de Hyrtl. Voici en peu de mots leur description : 1% fait (observé le 20 décembre 4881). — Sur un sujet adulte dont le biceps ne présentait aucune particularité dans ses insertions scapulaires et bicipitales, j'ai vu une bandelette musculaire large de 2 centimètres 1/2 se détacher de la face interne de l'humérus, au niveau des attaches supérieures du brachial antérieur et, se portant en bas et en dehors, venir s'insérer sur la face profonde du tendon du biceps. Le nert musculo-cutané, normal dans son trajet, traversait le coraco- brachial, et après avoir fourni deux rameaux aux deux portions scapulaires du biceps, venait se placer entre ce dernier muscle et son faisceau surnuméraire, auquel il fournissait un rameau très grêle. Ce nerf, obliquant ensuite en dehors, suivait la face antérieure du brachial antérieur jusqu'à la hauteur du coude, où il traversait l'aponévrose pour devenir sous-culané. 2° fait (observé le 41% février 1882). — Le biceps posséde du côté droit, indépendamment de ses deux portions normales, deux faisceaux surnuméraires : +) le premier, très grêle, se détache, à l'aide d'un tendon cylindrique, de la face profonde du tendon du grand pectoral, dans le voisinage de la coulisse 318 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. bicipitale. De là, il se porte obliquement en dedans, croise en avant le tendon de la longue portion du biceps, et ne tarde pas à atteindre le bord interne de la courte portion; là, il se transforme en un corps musculaire qui se fusionne presque immédiatement après avec le biceps. £) Le deuxième faisceau, large et aplali, prend naissance sur la face interne de l'humérus, au niveau des insertions supérieures du brachial antérieur; il se dirige ensuite vers le coude, et arrivé au niveau du tendon du biceps, il se divise en deux portions distinctes : la portion externe s'insère au tendon du biceps; la portion interne, cinq fois plus volumineuse, se jelte en entier sur l'expansion aponé- vrotique du biceps, laquelle ne contracte, sur ce sujet, aucune connexion avec le tendon du muscle lui-même. Sur ce sujet, le nerf musculo-cutané entre dans la région brachiale, sur le côté externe du muscle coraco-brachial et fournit, presque immédiatement après, deux gros rameaux pour les deux portions scapulaires du biceps; continuant de là son trajet descendant, il vient se placer sur la face antérieure du brachial antérieur, un peu en dehors du chef huméral du biceps, fournit un petit rameau à ce chef huméral, un rameau plus volumineux au brachial antérieur, et devient sous-cutané. 3° fait {observé le 22 février 1881). — Sur le côté droit, le muscle biceps présente au-dessous de ses deux portions norma- les, un gros faisceau surnuméraire qui, comme dans Îles cas précédents, se sépare du brachial antérieur à son extrémité supérieure, pour s'attacher en bas au tendon radial du muscle. Le nerf musculo-cutané n’existe pas en tant que nerf distinct ; ses éléments sont entièrement fusionnés avec le nerf médian. Ce dernier nerf fournit en effet, au niveau de sa racine externe, un filet assez volumineux qui se perd dans le coraco- brachial et dans la courte portion du biceps. A la réunion du tiers supérieur avec le tiers moyen du bras, se détache une deuxième branche nerveuse (rès volumineuse, laquelle se divise en deux rameaux : le rameau supérieur, glissant entre la face profonde du biceps et le chef huméral de ce muscle, se perd dans la courte portion et dans la longue portion. Quant au MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 379 rameau inférieur, il longe pendant quelques instants le bord interne du chef huméral et finalement le pénétre après s'être bifurqué. | Enfin, à la partie moyenne du bras, le nerf médian laisse échapper, sur son côté externe, une dernière branche aussi volumineuse que la précédente, laquelle glisse entre la face profonde du biceps et le chef huméral, et vient constituer la portion antibrachiale du nerf musculo-cutané. 4° fait (observé le 2 décembre 1881). — Cette observation est un peu plus complexe, mais aussi nette dans son enseigne- ment; elle a été prise sur un sujet d’une quarantaine d'années, fortement musclé. Le muscle biceps du côté droit est absolu- ment normal; du côté gauche, il présente un troisième chef de A centimètre 1/2 de largeur environ, partant de la face antérieure du brachial antérieur pour aboutir au tendon inférieur du biceps; de plus, la face profonde de la courte portion donne naissance, à 3 centimètres au-dessous de l’apophyse coracoïde, à un petit ruban musculaire, lequel est séparé du corps principal du muscle par le tronc du nerf musculo-cutané et ne rejoint le biceps qu'au tiers inférieur du bras. Le nerf musculo-cutané, dont la disposition sur ce sujet est fort importante, fournit, à sa sortie du coraco-brachial, un gros rameau pour le long et le court biceps; pénétrant ensuite entre le corps du biceps et le petit ruban musculaire que j'ai décrit ci-dessus, il gagne le côté externe du tendon du biceps, pour se perdre finalement dans les téguments de l’avant-bras. Au moment de traverser ainsi la courte portion du biceps, le nerf musculo-cutané envoie en bas et en dedans une branche volu- mineuse qui va s’anastomoser avec le nerf médian. Cette branche (c'est là la disposition essentielle à noter) chemine non pas au-dessous du chef huméral, mais bien entre ce chef huméral et le biceps, et fournit à son tour deux rameaux : le premier, très grêle, se perd dans la portion humérake du biceps; le second, plus volumineux, se termine dans le brachial antérieur, après avoir fourni un pelit filet à l'artère humérale. 380 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 5° fait (observé le 27 janvier 1882). — Sur le côté droit d'un jeune sujet, j'ai trouvé le muscle brachial antérieur constitué par deux couches à peu près distinctes dans toute leur étendue. La couche profonde, représentant le muscle nor- mal, part de l'humérus pour se terminer à la base de l'apophyse coronoïde ; la couche superficielle, un peu moins épaisse que la précédente, mais aussi large, Ss'insère également par son extrémilé supérieure sur l'humérus; arrivée à 5 centimètres au-dessus de l'interligne articulaire du coude, elle se divise en deux faisceaux : le faisceau interne, continuant le trajet du muscle, se jette sur un tendon aplati de À centimètre de largeur et vient se fixer sur l'apophyse coronoïde; quant au faisceau externe, il s'attache sur la face profonde du tendon du biceps, constituant ainsi pour ce dernier muscle une troisième portion ou portion humérale. Le nerf musculo-cutané longe le côté interne du coraco- brachial, sans le perforer; presque immédiatement après son origine qui à lieu un peu plus bas qu'à l'ordinaire, il fournit une grosse branche pour le biceps et, à 1 centimètre au-dessous, un deuxième rameau également très volumineux pour les deux couches du brachial antérieur; quant au tronc nerveux lui-même, il se place entre la face profonde du biceps et le brachial superficiel et va constituer plus bas la portion antibra- chiale. Il est placé, dans toute son étendue, en dehors du chef huméral du biceps. Dans les cinq observations qui précèdent, le nerf musculo- cutané, on le voit, ou bien ne présente aucun rapport de contiguilé avec le chef huméral du biceps, ou bien se trouve manifestement placé entre lui et le biceps, en avant de lui et non en arrière. La théorie de Hyrtl ne saurait leur être applicable; elle est en conséquence erronée, comme formule générale. Je crois pouvoir ajouter qu'elle n’est exacte dans aucun cas, pas même dans ceux où le nerf musculo-cutané chemine en arrière du chef huméral : on ne comprendrait pas en effet qu'un nerf, par ce seul fait qu'il traverse un corps musculaire, divise MUSCLE BICEPS BRACHIAL, 381 celui-ci en deux muscles distincts. Est-ce que le muscle coraco- brachial, qui est traversé par le nerf musculo-cutané, ne forme pas quand même une masse musculaire compacte? Est-ce qu'il n’en est pas de même, dans la plupart des cas, du sterno- cléido-mastoïdien qui donne passage au nerf spinal, du coutu- rier que traversent pourtant les trois rameaux perforants du nerf musculo-cutané externe? On comprendrait moins encore que le tronc nerveux, influençant jusqu'à l'extrémité inférieure du muscle brachial antérieur, transportât les points d'attache de cette extrémité, du cubitus sur le radius. Non, le nerf musculo-cutané, qu’il soit normal ou modifié dans son trajet, ne doit pas entrer en ligne de compte dans le mode d'apparition d’un chef huméral pour le muscle biceps, et il convient de substituer désormais à l’assertion de Hyrtl une explication plus rationnelle : pour nous, le faisceau plus ou moins considérable et plus ou moins nettement différencié que le brachial antérieur envoie au tendon du biceps et par son intermédiaire à la tubérosité bicipitale, dénote une tendance manifeste du muscle à s’insérer sur l’os externe de l’avant-bras, disposition réalisée à l’état normal chez quelques Mammifères, notamment chez le mouton, le cheval, le daman (Meckel), où le muscle court fléchisseur (brachial antérieur de l'Anatomie humaine) vient s’attacher sur le radius. A ce titre, le renforcement du muscle biceps par un faisceau huméral détaché du brachial antérieur acquiert toute la valeur des anomalies dites reversives. Du reste, l'existence d’un chef huméral pour le biceps qui est anormal chez l’homme, se rencontre normalement dans quelques espèces animales, notamment chez le rhinocéros et chez quelques Chéiroptères (Macalister). M. Chudzinski a trouvé le troisième chef du biceps brachial chez l'orang-outang roux, 2 fois sur 5 sujets qu'il a disséqués. Le professeur Humphry nous apprend, dans sa Myologie du phoque, qu'un faisceau des fibres superficielles du brachial antérieur se porte, chez cet animal, sur le biceps pour gagner, avec ce dernier muscle, la 382 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. tubérosité radiale. Le mème anatomiste décrit comme parties constituantes du biceps de l'ai, 3 faisceaux distincts : «) un faisceau coracoïdien ; £) un faisceau glénoïdien, et 7) un faisceau huméral plus large que les deux précédents, se détachant de l'os du bras au-dessous du tendon du grand pectoral. : $ VII. -— Autres faisceaux d'origines surnuméraires du biceps brachial. — Des nombreuses observations que j'ai pu réunir, il résulte que le biceps peut dans des cas anormaux prendre naissance : 4° sur les différentes parties de l'extrémité supérieure de l'humérus; 2° sur le tendon du grand pectoral; 3° sur la capsule articulaire. Ces divers faisceaux d'origine : peuvent remplacer la longue portion absente, ou bien coexister avec cetle portion peu ou point modifiée. 1° Insertion sur l'extrémité supérieure de l’'humérus. — J'ai vu, dans un cas, la portion glénoïdienne du biceps s'arrêter sur la lèvre externe de la coulisse bicipitale. Des observations analo- gues ont été rapportées par Davies-Colley, Taylor et Dalton, par Welcker, ainsi que par Gruber. Dans le cas de Gruber, dont on pourra lire la description détaillée dans le Bulletin de l’Académie de Saint-Pétersbourg de 1872, le tendon anormal s'unissait, par quelques-unes de ses fibres externes, avec le tendon du grand pectoral placé en avant. Davies-Colley, Taylor et Dalton ont vu, dans un cas, la portion glénoïdienne du biceps prendre naissance sur la petite tubérosité humérale. Macalister l’a vue se détacher de la grosse tubérosilé. Analomie comparée. — L'arrêt de la portion glénoïdienne du biceps sur l'extrémité supérieure de l'humérus se rencontre nor- malement chez quelques Chéiroptères. « Dans les chauves-souris, dit Meckel, le biceps a deux têtes : l'une d'elles vient, fort haut, de l'humérus; l'autre doit son origine à l'apophyse coracoïde. Elles sont très épaisses, mais courtes, se confondant après un court trajet, etc... » Macalister décrit également, chez les Ché- roptères, une tête humérale aussi volumineuse que la tête cora- coïdienne. Une pareille disposition n’est cependant pas générale MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 383 à toutes les espèces de cette classe : Maisonneuve a vu la portion glénoïdienne du biceps remonter, chez le Vespertilio murinus, jusqu'au scapulum; le professeur Gruber, qui a rencontré le chef huméral chez un Vespertilio, l'a vu devenir glénoïdien, comme chez l'homme, chez deux autres Cheiroptères, le Phyl- lostoma hanstatum et le Nycteris thebarca. Un grand nombre d'Oiseaux, le plus grand nombre, d’après Macalister, possèdent également un chef coracoïdien et un chef huméral, rappelant de tous points quelques observations des biceps anormaux de l'homme. M. Sabatier, qui rejette, malgré l'autorité de Cuvier, l'existence chez les Oiseaux d'un chef huméral du biceps, explique cette prétendue insertion du biceps sur l’humérus par une interruption du muscle qui aurait pris sur ce point une insertion consécutive. Je le veux bien, mais au point de vue spécial qui nous occupe, cette explication ne nous est en rien défavorable; les tendons de nos biceps anormaux qui au lieu de remonter jusqu'à la région sus- glénoïdienne {surface d'insertion normale) s'arrêtent à l'extrémité supérieure de l’humérus {surface d'insertion anormale), ne sont-ils pas, eux aussi, des tendons interrompus et soudés à l'humérus par une insertion consécutive? L'insertion de la lon- gue portion du biceps sur la capsule articulaire de l'épaule a été observée par plusieurs anatomistes, notamment par Maca- lister et par Theiïle. Jai rencontré moi-même, sur trois sujets, l'existence d’un faisceau surnuméraire toujours très grèle, détaché de la capsule, mais coexistant avec la portion glénoi- dienne. Signification anatomique. — Je considère la formation anor- male précédente, comme une portion glénoïdienne interrompue qui s'est arrêtée, dans son développement, à quelques centi- mètres au-dessus de la cavité glénoïde, sur le manchon fibreux de l'épaule et y à pris insertion. 9 Insertion sur la capsule articulaire. On objectera peut-être, à cette manière de voir, que le ten- don de la portion glénoïdienne du biceps chemine en dedans de l'articulation et qu'on ne saurait lui assimiler une formation 384 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. extraarticulaire. Cette objection tombe d'elle-même si l'on songe que chez certains Mammufères, notamment chez le cheval, le tapir, la taupe et peut-être aussi l'hippopolame et le chameau, le tendon du biceps est situé en dehors de l'articulation, sur la surface extérieure de la capsule. Du reste, Hermann Welcker vient de démontrer, dans un mémoire des plus intéressants, que le tendon du long biceps est primitivement situé en dehors de la capsule et ne pénètre que consécutivement dans l'inté- rieur même de la cavité articulaire. En suivant, en effet, dans ses diverses phases embryonnaires le développement de l'arti- culation de l'épaule chez un animal dont le tendon est libre dans l'intérieur de la capsule, à l'état adulte, il a pu constater la succession des phases diverses qui caractérisent la migration de ce tendon, de l'extérieur à l'intérieur de la synoviale. Et, chose bien intéressante mais prévue, ces diverses phases de migrations, la nature les a fixées sur certaines espèces qui les présentent constamment à l’état normal, tant il est vrai que l'hisloire des espèces se reproduit, jusqu'à un certain point, dans l'histoire de l'individu. Tandis que les dispositions extrêmes, situation du tendon en dehors de la capsule et situa- tion en dedans de la synoviale, se rencontrent, la première chez les Mammifères que j'ai signalés plus haut, la deuxième chez l’homme, et, en général, chez tous les Primates, nous voyons ce même tendon : 1° glisser, chez quelques chauves-souris, entre la capsule fibreuse et la membrane séreuse ; 2° à un degré plus avancé, chez le chien et l'atèle, soulever la synoviale et faire saillie dans la cavité articulaire, tout en restant fixé sur la capsule par un méso-tendon plus ou moins lâche. Anatomie comparée. — J'ai rencontré l'insertion capsulaire du biceps chez un cercopithèque du Sénégal. Ce muscle, très développé, formait au bras une masse cylindrique considéra- ble sans trace de division. Ce n’est qu'au niveau des tubérosités que les fibres musculaires s’écartaient pour constituer trois groupes distincts : 4) Les fibres les plus externes, se portant dans la coulisse bicipitale, se jetaient là sur un tendon aplati plutôt qu'arrondi, lequel venait s'attacher, d'autre part, sur la MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 389 partie la plus élevée du bourrelet glénoïdien ; ce tendon traver- sait la cavité articulaire de l'épaule et se trouvait fixé à la capsule fibreuse par un méso-tendon très lâche; £) Les fibres internes se fixaient à l’apophyse coracoïde, en se confondant à ce niveau avec le muscle coraco-brachial; y) Quant aux fibres moyennes, elles se séparaient manifestement des deux autres groupes, pour venir se terminer en partie sur le trochin, en partie sur la capsule. 3° Insertion sur le tendon du grand pectoral. — Signalée par Koster, Pozzi, Chudzinski, Kôlliker, cette disposition, que j'ai rencontrée moi-même sur deux sujets au moins, n'est, dans la plupart des cas, qu’une variété des deux anomalies précéden- tes. C’est une variété du chef capsulo-radial, qui s’est arrêté, par suite d’une insertion consécutive, sur le tendon du grand pectoral. L'observalion suivante est très démonstrative à cet égard : Sur le côté droit d'un sujet, j'ai vu la longue portion du biceps, entièrement conforme du reste à la description clas- sique, être renforcée à son côlé externe par un faisceau charnu, large de 15 millimètres, qui descendait de la région sous-pecto- rale. Au niveau du bord inférieur du grand pectoral, il se jetait sur un tendon aplati, lequel s’insérait presque en totalité sur la face profonde du tendon de ce dernier muscle, tout près de son insertion à la coulisse bicipitale. Quelques-uns de ses faisceaux cependant remontaient plus haut, pour venir se perdre sur la capsule articulaire. Analomie comparée. — D'après Huxley, le biceps prend insertion, chez le gibbon, sur le tendon huméral du grand pec- toral. Chez l'Hylobates leuciscus, disséqué par Bischoff, les deux tendons d'origine du biceps passaient au travers du tendon du grand pectoral. Est-ce là une disposition habituelle? Nous ne saurions le dire; mais nous ne pouvons nous empêcher de rap- procher d’une telle disposition -le fait si intéressant observé une fois chez l’homme par Macalister, où l'on voyait le tendon de la longue portion du biceps perforer de mème le tendon du grand pectoral. 25 386 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ VIII. — Biceps à trois, quatre et cinq têtes. — En se combinant entre eux, les faisceaux d'origine normaux et surnu- méraires que nous venons d'éludier, peuvent former des muscles à trois, quatre et cinq lètes. Ces combinaisons, qui s'effectuent, du reste, d’une facon fort variable, donnent naissance à une série de types anormaux fort variables aussi dans leur constitution. Voici la plupart de ces types; je me borne à les indiquer, plaçant entre parenthèse les noms des auteurs qui les ont observés : 1° Biceps à trois têtes. — +) Les portions coracoïdienne et glénoïdienne sont normales; la troisième portion vient du tiers moyen ou du Liers inférieur de l'humérus (presque tous les anatomistes). (Voyez $ VI, Chef huméral du biceps.) £) — Portion coracoïdienne et glénoïdienne normales; la troi- sième portion provient soit du tendon du grand pecloral, soit de la lèvre externe de la coulisse bicipitale, soit de l'extrémité supérieure de l’humérus, soit de la capsule articulaire (Pozzi, Macalister, Chudzinski, Welcker, Haller, Davies-Colley, Kôl- liker, Testut, etc). 7) — Portion glénoïdienne normale, dédoublement de la portion coracoïdienne (Wood, Macalister). 2° Biceps à quatre têtes. — 4) Les portions coracoïdienne et glénoïdienne sont normales; il existe une troisième portion naissant du tiers moyen de l’humérus, une quatrième se déta- chant de la grosse tubérosité (Macalister). £) — Les deux portions coracoïdienne et glénoïdienne étant normales, les deux autres portions se détachent de l'humérus, au niveau des insertions supérieures du brachial antérieur (Wood, Testut, Kôülliker). 7) — La portion glénoïdienne étant absente, il existe deux portions coracoïdiennes, une troisième portion naissant sur la face interne de l'humérus, une quatrième se détachant de la grosse tubérosité (Macalister). 2) — Les portions glénoïdienne et coracoïdienne élant nor- males, il existe une troisième tête partant de la face interne de l'humé:us, une quatrième insérée sur la lèvre externe de la coul'sse bicipitale (Macalister, Davies-Colley, Taylor et Dalton). MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 387 ] — Les portions glénoïdienne et coracoïdienne étant nor- males, il existe un troisième chef huméral et un quatrième chef détaché du tendon du grand pectoral (Chudzinski, Külliker). &) — La poruon glénoïdienne élant normale, il y a deux chefs coracoïdiens et un quatrième chef détaché du tendon du grand pectoral (Testut). r) — Portion coracoïdienne normale, chef surnuméraire pro- venant de l'humérus, dédoublement de la portion glénoïdienne (Theile). 3° Biceps à cinq têtes. — 2) Les deux têtes ordinaires normales coexistent avec un troisième chef huméral, un quatrième chef provenant du deltoïde, et un cinquième chef inséré sur la cou- lisse bicipitale, à la hauteur du grand pectoral (Henle). B) — À côté du biceps ordinaire se trouve un biceps surnu- méraire, lequel naît par trois faisceaux primitivement distincts : l'un provient de la face interne de l'humérus, le deuxième de la face externe, le troisième de la courte portion du biceps. Ces trois portions viennent s’insérer par un tendon indépendant sur le radius et sa tubérosilé, en arrière du tendon ordinaire du biceps (Pietsch). 7) — Les deux portions glénoïdienne et coracoïdienne étant normales, il existe un troisième chef huméral, un quatrième chef détaché de l’apophyse coracoïde, ce dernier, renforcé lui- même par un faisceau provenant de la capsule de l'épaule et constituant un cinquième chef (Testut). S IX. — Faisceau anastomotique jeté entre les deux portions du biceps. — J'ai rencontré, sur deux sujets, un faisceau sur- numéraire réunissant l’une à l'autre les deux portions du mus- cle biceps. Dans le premier cas, le faisceau anastomotique fort grèle se rendait de la courte portion du biceps obliquement en bas et en dehors à la longue portion; dans le second cas, le muscle surnuméraire, suivant un.trajet inverse, se détachait de la face profonde de la longue portion, à la hauteur du tendon du grand pectoral, et venait se confondre avec la courte portion, dont il constituait la partie la plus interne. Dursy parle égale- 338 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ment d’un muscle biceps dont les deux portions se terminaient en bas sur des tendons distincts, mais réunis cependant l’une à l'autre par un faisceau charnu. $ X. — Faisceau terminal surnuméraire pour le radius. J'ai déjà signalé plus haut, à propos des muscles à cinq têtes, une observation de Pietsch où l’on voyait, au-dessous du muscle normal, un muscle surnuméraire qui, partant à la fois et de la courte portion du biceps et de l'humérus, venait se fixer également sur la tubérosité bicipitale. On à vu quelquefois encore un faisceau charnu se détacher de la longue portion et venir s’insérer isolément sur le radius; Sels et Blumenbach ont rapporté, chacun, un fait de cette nature. Hyril a vu, de son côté, un faisceau charnu détaché du biceps venir se terminer, sous le tendon normal, en partie sur l'apophyse coronoïde, en partie sur la bourse séreuse qui est au-dessus de la tubérosité bicipitale. Anatomie comparée. — Ce dédoublement du biceps dans la région du coude, persistant jusqu'à l'insertion radiale, rappelle la disposition que nous offre le biceps du dromadaire. Voici la description qu'en donne Chauveau: « Ge muscle est décompo- sable en deux corps charnus réunis en haut sur un seul tendon. Le faisceau interne est le plus volumineux, un peu fusiforme et s'attache directement sur le radius par ses fibres musculaires. Le deuxième, situé en avant, en dehors du précédent, est ter- miné par un tendon bifurqué : une branche s'arrête à la tubé- rosilé bicipitale ; l’autre, suivi d’un petit faisceau charnu, va se confondre avec le corps de l’extenseur antérieur du métacarpe». $ XI. — Faisceau terminal surnuméraire pour le cubitus et la région cubitale. — Ce faisceau d'insertion cubital affecte deux dispositions principales: ou bien il s'insère directement sur l'os, sans présenter avec le muscle brachial antérieur d’autres rapports que ceux de la contiguité, où bien il se jette dans la masse charnue de ce dernier muscle pour gagner avec lui le cubilus. MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 389 La première de ces dispositions a été rencontrée par Hyrtl, par Pye-Smith, Howse et Colley, ainsi que par Macalister. Dans les deux premiers cas, c'est sur l’apophyse coronoïde que se faisait l'insertion du tendon terminal; dansle cas de Macalister, qui est fort complexe, il existait pour le biceps, en dehors du tendon normal, quatre faisceaux terminaux : l’un se portait sur la cloison intermusculaire interne, le deuxième sur la capsule articulaire, le troisième sur le rond pronateur, le quatrième, enfin, sur l'apophyse coronoïde. J'ai observé la deuxième disposition une seule fois en quatre ans : c'était un petit ruban musculaire qui se détachait de la face profonde du biceps, à trois centimètres au-dessus du tendon bicipital, se portait ensuite en bas et en dedans, attei- gnait le brachial antérieur dans la région du coude el se fusionnait intimement avec lui, pour s’insérer sur l’apophyse coracoïde. Macalister rapporte un fait à peu près semblable dans le tome I du Journal of Anatoiny. | Peut-être convient-il de ranger, dans la catégorie des faits précités, les faisceaux charnus, dont QGuain et Walsham nous ont donné des exemples, qui se détachant du biceps pour se porter dans la région épitrochléenne, rencontrent, avant de l'at- teindre, la cloison intermusculaire interne et s'y arrêtent. Le muscle observé par Walsham envoyait même une expansion jusque sur l’aponévrose du biceps. Ici trouve naturellement sa place le fait si intéressant de Wood, relatif à un biceps brachial qui se divisait, avant d’at- teindre le coude en trois portions : à) la portion externe qui représente le muscle normal se jetait, comme d'habitude, sur le tendon radial et l'expansion aponévrotique ; /) la portion moyenne, plus petite que la précédente, venait s'attacher sur l’aponévrose du court supinateur et sur la bourse séreuse de la tubérosité bicipitale; 7) quant à la portion interne, elle se terminait par un fort tendon trifurqué, dont les branches se portaient, l’une sur l'apophyse coronoïde au point où s'attache le faisceau coronoïdien du rond pronateur ; la deuxième sur le point de l'apophyse coronoïde qui donne insertion au brachial 390 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME antérieur ; la troisième enfin, sur le point de cette même apo- physe coronoïde qui donne attache au fléchisseur. Anatomie comparée. — Le double mode d'insertion antibra- chiale du biceps se rencontre exactement dans la série animale, non pas anormalement, comme chez l'homme, mais avec un caractère constant et typique. À côté de quelques espèces dont le biceps brachial s'attache exclusivement sur le cubitus {daman, porc-épic, hérisson), nous trouvons d’autres groupes zoologiques que caractérise l'insertion simultanée du même muscle aux deux os de l’avant-bras. Chez le cochon, par exemple, le tendon du muscle se bifurque inférieurement pour se porter à la fois sur le radius et sur le cubitus. Il en est de même, d'après M. Sa- batier, chez les Carnivores, et en particulier chez le chien et le chat; le tendon cubital serait même ici plus fort que le tendon radial. Le biceps du coati s’insère bien au radius; mais on voit se détacher de sa partie inférieure un petit tendon qui va au brachial antérieur ou court fléchisseur de l’avant-bras. Chez le kangurou géant, d'après Meckel, le muscle biceps, simple dans sa portion supérieure, donne naissance à un faisceau profond qui chemine au-dessous de lui et dont il reste distinct dans toute l'étendue du bras. Ce faisceau profond vient se fixer au cubitus, tandis que le faisceau superficiel s'attache sur le radius. Cette double insertion antibrachiale s’observe, en géné- ral, chez tous les Marsupiaux qui n’ont pas de clavicules, tels que le Perameles et le Chæropus. Voici la description qu'en donne M. Sabatier : « La portion charnue du biceps se bifur- que en deux muscles penniformes distincts. Le tendon du muscle externe s'unit à celui du brachial antérieur pour aller s'insérer ensemble à la face antérieure de l'extrémité proxi- male du cubitus; il est uniquement fléchisseur de l’avant-bras sur le bras. Le tendon du muscle interne, qui semble la prolon- galion directe quoique partielle du biceps, est inséré sur le tubercule ordinaire du radius. Il est à la fois fléchisseur et " pronateur ». Chez les Chéloniens, nous voyons le fléchisseur superficiel de l'avant-bras (homologue du biceps des Mammufères) s’insérer, MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 391 d’après Macalister, sur le cubitus chez le Testudo grœæca, sur le radius chez le Chelone mydas, sur les deux os à la fois chez l'Emys geographica. Le biceps des Chamoæleonides, se sépare lui aussi en deux chefs vers le milieu du bras; l’un s'attache sur l'extrémité supérieure du radius, l’autre sur lextrémité supérieure du cubitus; mais cette dernière portion, avant d'atteindre l’avant- bras, envoie quelques faisceaux à l’épitrochlée. Sabatier, auquel j'emprunte cette description, fait remarquer que le chef cubital des Chamæleonides S'unit généralement avec le brachial antérieur ou huméro-antibrachial qui est placé au- dessous de lui. $ XIT. — Faisceau terminal surnuméraire pour l’aponé- vrose brachiale; variations morphologiques de l'expansion aponévrotique. — Dans les conditions ordinaires, le tendon inférieur du biceps donne naissance par son bord interne à une expansion fibreuse, presque toujours très résistante, laquelle se porte en bas et en dedans, s’élargit et s'amincit à la fois dans ce trajet, et finalement vient se confondre avec la portion de l’aponévrose antibrachiale qui recouvre les muscles épitro- chléens. Cette expansion aponévrotique, qui représente, à n’en pas douter, le faisceau cubital du biceps, si nettement diffé- rencié chez certains Mammifères, ne recoit plus, dans l'espèce humaine, de fibres charnues ; elle n'est plus chez nous qu’un tendon atrophié, qu'un reliquat d'organe incomplètement disparu. Mais comme tous les organes atrophiés reprennent de temps à autre un développement qui se rapproche plus ou moins de l'organe à l'état parfait, nous pouvons conclure & priori qu'on doit rencontrer, chez l’homme, des cas où une portion du corps charnu du biceps se porte sur l'expansion aponévrotique et par son intermédiaire sur l’aponévrose antibrachiale, trans- formée ainsi en surface d'insertion musculaire. Ces faisceaux charnus du biceps, plus ou moins complétement différenciés, rentrent naturellement dans la catégorie des mus- 392 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. cles brachio-aponévrotiques (brachio-fascialis de Struthers). J'ajouterai à cette dénomination, que leur donnent la plupart des anatomistes, le qualificatif d'internes, pour les distinguer des faisceaux analogues, mais beaucoup plus rares et beaucoup moins importants, qui se délachent plus tôt du bord externe du biceps pour venir se terminer, dans la région de l'épicondyle, sur l’aponévrose du long supinateur. Les faisceaux brachio-aponévrotiques internes sont loin d'être rares ; voici, sommairementrésumées, les quelques obser- vations que j'ai pu recueillir dans nos salles de dissection : 1% type. — L'expansion aponévrotique, se détachant un peu plus haut qu'à l'ordinaire, est en rapport à la fois avec le tendon terminal et le corps charnu du biceps. Les fibres les plus internes de ce muscle viennent se terminer manifestement sur son bord supérieur. Du reste, elle s'épanouit comme d'ha- bitude sur la région sous-épitrochléenne et se confond avec l’aponévrose. Cette disposition est fréquente. } 2° type. — Un faible sillon sépare le tendon du biceps de l'expansion aponévrotique, devenue complétement indé- pendante; elle reçoit à son origine un paquet plus ou moins volumineux des fibres charnues de la portion coracoï- dienne. Je possède, dans mes notes, trois observations de cette nature. Dans un de ces cas, l'expansion aponévrotique transformée en un vrai tendon était conslituée par une série de languettes blanches et nacrées, qui venaient se terminer soit sur l’aponé- vrose antibrachiale, soit sur les cloisons intermusculaires de la région épitrochléenne. Duvernoy nous apprend, dans son important mémoire sur les Singes anthropomorphes, qu'il a vu, chez le chimpanzé, «un faisceau musculaire se séparer du biceps et se porter sur l'apo- névrose commune de lavant-bras. » 3° type. A un degré plus avancé, l'inlerstice séparatif, remontant plus haut encore, divisait la masse charnue du biceps en deux corps musculaires complètement indépendants, dont l’un, l'externe, se portait sur le radius par l'intermédiaire MUSCLE BICEPS BRACHIAL. 393 du tendon classique, et l’autre sur la région épitrochléenne à l’aide de l'expansion aponévrotique. J'ai observé, sur deux sujets, une pareille disposition. Dans le premiers cas, le tendon radial était complètement indépendant des tissus aponévroti- ques de la région épitrochléenne ; dans le second cas, il exis- tait entre lui et l'aponévrose antibrachiale de cette région, une lamelle aponévrotique rappelant assez bien, par sa forme comme par son insertion, l'expansion aponévrotique du biceps, telle que nous la décrivent les Traités classiques. Dans les deux cas précités, il existait, en réalité, dans le tiers inférieur de l’avant-bras une bifurcation du biceps, comme nous l'avons rencontrée chez quelques Mammifères inférieurs : un chef radial et un chef cubital. 4° type. — L'expansion aponévrotique peut enfin recevoir la totalité des fibres du chef huméral. J'ai observé, une fois seulement, cette disposition qui n'est pas encore signalée, que je sache. L'expansion aponévrotique, très large et très résis- tante, recevait en dehors un petit faisceau de fibres charnues provenant du bord interne du biceps; elle donnait en outre insertion, en dedans d’elle, à un faisceau musculaire surnumé- raire, de seize millimètres de largeur, provenant de la face interne de l’humérus, au niveau des insertions supérieures du brachial antérieur. , Anatomie comparée. — On voit fréquemment, dans la série des Mammifères, quelques faisceaux se détacher de la masse du biceps, principalement de sa portion coracoïdienne, pour venir se terminer sur l’aponévrose de l’avant-bras. J'ai observé cette disposition chez l’orang, chez le Troglodytes Aubryi; Gratolet et Alix décrivent aussi les fibres les plus internes du biceps comme donnant naissance à un «court tendon qui vient se per- dre, en recouvrant la face libre du rond pronateur, dans l'apo- névrose anlibrachiale et s’unit, en outre, aux aponévroses intermusculaires du rond pronateur et du grand palmaire». Le professeur Humphry fait également terminer, chez l'ai, le chef coracoïdien du biceps sur la portion supérieure et interne de l’aponévrose antibrachiale. 394 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ XIIT. — Union du biceps avec quelques muscles voisins. — On à vu le biceps présenter des connexions plus ou moins intimes, soit par ses faisceaux charnus, soit par ses tendons, avec les muscles suivants : z) — Avec le petit pectoral. — [lsuffitd'avoir fréquenté quelque temps les amphithéâtres de dissection, pour savoir que les cas sont loin d’être rares où l'on voit le petit pectoral se confondre, dans une étendue plus ou moins considérable, avec la masse commune du coraco-brachial et du coraco-radial. £) — Avec le grand pectoral. — J'ai déjà signalé celle disposition (Voyez plus haut, p. 394). 7)—— Avec le coraco-brachial. — On a vu (Wood) un pelit fais- ceau charnu se détacher du coraco-brachial et venir se jeter dans le coraco-radial. Nous savons que ces deux muscles sont déjà intimement unis à leur origine. d) — Avec le brachial antérieur. — Les deux muscles peuvent être unis de deux façons : ou bien le faisceau anastomotique part du biceps pour se rendre au brachial antérieur, ou bien il se détache du brachial antérieur pour renforcer le biceps. J'ai déjà longuement étudié cette double disposition; la première, à la page 388 la seconde, à la p. 375 (Voyez plus haut). J'ai vu, sur un sujet, un petit faisceau charnu, provenant du bord interne du biceps, s’en séparer, à la hauteur du coude, et se jeter sur un tendon, lequel venait dans la région épitrochléenne fournir une surface d'insertion à quelques faisceaux du grand palmaire. Sur un autre sujet, le grand palmaire était divisé, dans le tiers supérieur de l’avant-bras, en deux faisceaux d'origine distincts et sensiblement égaux en volume. Le faisceau interne se détachait de l’épitrochlée; le faisceau externe prenait naïis- 0) — Avec le grand palmaire et le rond pronateur. sance sur la face antérieure de l'expansion aponévrotique du. biceps. Cette expansion aponévrotique faisait suite elle-même à un petit corps charnu, appartenant aux faisceaux internes du biceps et ressemblait ainsi au tendon intermédiaire d'un muscle digastrique Kelly a observé un fait analogue. { | . MUSCLE PBICEPS PBRACHIAL. 395 J'ai rencontré, deux fois, un faisceau absolument identique, se rendant au rond pronateur. £) — Avec le long supinateur, — J'ai déjà signalé plus haut l'existence possible (fait de Kelly) d’un faisceau charnu se déta- chant du biceps pour venir se terminer sur l'aponévrose du long supinateur. Macalister nous apprend, dans un mémoire déjà cité, qu'il a vu une fois, chez l’Afeles paniseus, le biceps envoyer un faisceau anastomotique au long supinateur. D’après Chauveau, l’un des corps charnus du biceps du dromadaire se termine en bas par un tendon bifurqué : tandis qu'une branche s'arrête sur la tubérosité bicipitale, l’autre va se confondre avec le corps de l’extenseur antérieur du méta- carpe. J'ai vu, tout dernièrement, le faisceau musculaire brachio- aponévrotique externe remplacé par une simple aponévrose rappelant de tous points, par sa configuration et sa constitution anatomique, l'expansion aponévrotique interne que le biceps envoie sur les muscles épitrochléens. Bibliographie : MECKkEL. Manuel d'Anat., trad. Jourdan et Breschet, 1825, t. II, p. 158. ALBINUS, cité par Meckel. /bid., p. 158. . WEITBRECHT. Comment. Petrop., 1737. RUDOLPHI, dans Gantzer. Loc. cit., 6. OTro. Neue selt. Beobacht., Bd VIII, p. 587. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. HYRrTL. Anatomia dell” uomo, trad. ital. de Occhini, p. 581. LauTH. Nouveau Manuel de Anatomie, p. 144. HENLE. Meckel’s Arch., 1826, p. 39. MACALISTER. On the flexor Muscles of the Vertebrate limbs (Journ. of Anat. and Physiol., May, 1868, p. 286). Humpxry. On the Myology of the Orycteropus capensis and Phoca com- munis (Journ. of Anat. and Physiol., 1868, IT, p. 300). MivART et MURIE. On the Nycticebus (Proc. Zool. Soc., 1865, p. 244). MECKEL. Arch., Bd VIII, p. 587. Woop. Proc. of Roy. Society of London, 1865, p. 384; 1868, p. 234 et 525; 1867, p. 495. LEBOUCQ. Note sur deux cas d'anomalies musculaires (Ann. et Bull. de la Soc. de Méd. de Gand, 1873, p. 106). 396 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. JœŒssEL. Beiderseiliges Fehlen des langen Bicepskopfes (Zeitsch. f. Anat. u. Entwick, vol. II, p. 142-144). CaLORI. Corrispondense del nerco musculo-culaneo con il cano soprannu- merario del bicipite bracchiale e co! bracchiale intorno (Mem. dell’ Accad. delle Sciense di Bologna, 1868). H. WELCKER. Beitræge sur Myologie (Zeitschr. f. Anat. und Entwickl., Jahr. 1875, I, p. 173). DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Guy’s Hospital Reports, 1872. GRUBER. Bull. Acad. de Saint-Pétersbourg, 1872, col. 314. MECKEL. Anat. comparée, t. VI, p. 290. HALLET, cité par Macalister. In Transact., ete., 1871. MAISONNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 237. THEILE. Myologie, trad. Jourdan, p. 217. H. WELCKER. Die Einwanderung der Bicepssehne in das Schultergelenk (Arch. f. Anat. u. Entwicklungsch., Leipzig, 1878. H. 1, p. 20). CaupzNski. Revue d’Anthropologie, 1874, p. 27; 1882, p. 627. BISCHOFF. Anatomie des Hylobates leuciscus, München, 1870. HALLER. Op. anatomica Argument. minor, Lausanne, 1768, vol. II, D:29: Riverius. De dissect. Partium humanti corporis, Paris, 1545, p. 314. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1871, p. 187. PIETSCH. Journ. de Roux, t. XXXI, p. 245. CurNOw. Journ. of Anat. and Physiol., t. VII, p. 306. H. Davis. Anomalie des Biceps flexor cubiti (The Clinic, VI, 1874). JŒSSEL. Arch. f. Anat. u. Physiol., 1880, p. 429. Dursy. Henle u. 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Les grands singes anthropomorphes (Arch. du Muséum, t. VII, p. 87). REïD et TayLOR, S' Thomas's Hospital Reports, 1879. MUSCLE BRACHIAL ANTÉRIEUR. 397 WaALsHAM. À slip from the Biceps to the internal intermuscular septum (S' Bartholomew’s Hospital Reports, 1881, vol. XVII, p. 73). TESTUT. Observations d'anomalies du muscle biceps bsachial, recueillies dans les salles de dissection de la Faculté de médecine de Bordeaux. — L'expansion aponévrotique (Gaz. des Sc. méd., avril, 1883). Tesrur. Note sur la signification anatomique du chef huméral du biceps; (Bullet. Soc. d'Anthropologie, mars, 1883). GRUBER. Ein vorn Musc. Biceps brachii abgegebener Tensor der dorsal- fascie des Unterarmes (Virchow’s Arch., Bd LXXX, p. 86). Humpxry. The Myology of the limbs of the Unau, the Aï, etc. (Journ. of Anat. and Physiol., November 1869, p. 17). ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE BRACHIAL ANTÉRIEUR. Le muscle brachial antérieur, plus connu en Anatomie com- parée sous le nom de court fléchisseur de l’avant-bras, s’in- sère en haut sur la lèvre inférieure de l'empreinte deltoïdienne, sur les deux faces antérieures et les trois bords de l’humérus, ainsi que sur les cloisons intermusculaires qui le séparent du muscle triceps. Les faisceaux charnus du brachial antérieur se terminent en bas sur un tendon infundibuliforme, dissimulé tout d’abord dans l'épaisseur du corps musculaire, mais très apparent au niveau de l'articulation du coude, lequel vient se fixer au cubitus, sur cette surface rugueuse qui est placée au- dessous de l’apophyse coronoïde. Theile fait remarquer, avec raison, que parmi les faisceaux inféro-externes du brachial antérieur, il en est quelques-uns qui ne se terminent pas sur le tendon, mais gagnent directement la surface d'insertion cubitale. Quoique moins nombreuses que celles du muscle précédent, les varialions anormales du brachial antérieur présentent un haut intérêt. Je les classerai comme suit : SE — Variations des insertions humérales. — Dans les condilions ordinaires, l'ensemble des fibres du brachial anté- rieur forme, au niveau de leurs insertions humérales, une 398 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. espèce d'angle ouvert en haut, dans l'aire duquel viennent prendre place, en le comblant entièrement, les faisceaux infé- rieurs du deltoïde. Il résulte de cette disposition que l'origine du court fléchisseur de l’avant-bras est, en réalité, constituée par deux languettes dont l’une, l'interne, est située en dedans du deltoïde; l’autre, l'externe, vient se placer en dehors du même muscle. Cette dernière s'élève généralement, sur l'hu- mérus, un peu plus haut que sa congénère. Ces deux languettes musculaires qui se réunissent intime- ment, dans la plupart des cas, au sommet du V deltoïdien, restent quelquefois distinctes, dans une étendue de 1 ou 2 cen- timètres, au-dessous de ce point; mais, ce qui est particulière- ment intéressant, c'est de voir la languette externe, plus déve- loppée qu'à l'ordinaire, franchir en haut ses limites habituelles et se rapprocher ainsi de la région des tubérosités. Anatomie comparée. — Cette dernière variation est un ache- minement vers une disposilion anatomique qui est normale chez un grand nombre d'espèces animales. Le court fléchisseur de l’avant-bras est généralement plus long chez les animaux que chez l'homme ; tandis que chez ce dernier il n'occupe que la moitié inférieure de l’humérus, il en occupe toute la hauteur dans la plupart des Mammifères. Le corps charnu tout entier passe en dehors du grand pectoral et du deltoïde, et contour- nant l'humérus, vient chercher sa surface d’attache sur la région postérieure du col, au-dessous de la tête articulaire. Une pareille disposition a été signalée par Meckel chez le moulon, chez le daman, chez la taupe; par Milne-Edwards chez le Siphneus; par Miall et Greenwood chez l'éléphant des Indes, elc., ele. Je l'ai rencontrée moi-même chez le porc, chez le chien, chez le loup, chez le chat, chez le renard. $ Il. — Division du musele en plusieurs portions ; faisceaux distincts et surnuméraires ou brachiaux accessoires. — Le muscle brachial antérieur forme, dans la majorité des cas, chez l'homme, une masse indivise et compacte, étendue de l’humé- rus au cubitus. Il est des cas cependant où le muscle, unique MUSCLE PBRACHIAL ANTÉRIEUR. 399 à sa partie supérieure, se divise, à sa parlie moyenne ou en un point plus voisin du coude, en deux faisceaux distincts, presque toujours d’un inégal volume. De plus, ces faisceaux, provenant d’une véritable bifurcation du corps musculaire, peuvent être superposés ou juxtaposés, el, dans ce dernier cas, c'est presque toujours dans le sillon bicipital externe qu'on rencontre le chef surnuméraire. À un degré plus avancé, l’interstice séparatif occupe toute la hauteur des deux faisceaux : il existe en réalité, dans ce cas, deux muscles distincts, et je propose de désigner le mus- cle surajouté sous le nom de muscle brachal accessoire. Comme dans le premier ordre de faits, le brachial accessoire peut s'éta- ler à la surface antérieure du muscle classique, qu'il recouvre en totalité ou en partie, ou bien en longer le bord externe, placé alors contre la face interne du long supinateur, dans la région du nerf radial (ft). Quelques observations de Gruber tendraient à démontrer que le brachial accessoire pourrait aussi longer le bord interne du muscle normal. Je n’ai jamais rencontré moi-même cette dernière disposition, qui assurément doit être plus rare que la première. Des faits de cette nature sont mentionnés par la plupart des anatomistes qui se sont occupés d'anomalies musculaires, Wood, Macalister, Gruber, etc., etc. J'ai rencontré, pour ma part, dans les salles de dissection de la Faculté, la plupart des variétés que je viens de signaler. Le faisceau surajouté peut, à son tour, se diviser en plu- sieurs porlions distinctes et constituer ainsi des muscles brachiaux antérieurs à trois et même à quatre chefs. Clason à signalé un fait de ce genre : des quatre faisceaux constitutifs du muscle, l'un se portait sur le cubitus, deux s’attachaient au radius; le quatrième passait, à la manière d’un pont, sur l'artère cubitale et rejoignait le rond pronateur. Le point le plus intéressant de l'histoire de ces faisceaux (!) A cette dernière variété appartient le petit muscle qui a été décrit par Halbertsma sous le nom de Supinalor brevis accessorius (voyez plus loin, Long supinateur). 400 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. surajoulés est assurément leur mode d'insertion sur l’avant- bras. Je renvoie cette étude au paragraphe suivant. Mais je veux tout d’abord rappeler qu'il est des espèces animales dont le brachial antérieur, divisé plus ou moins profondément, rap- pelle les dispositions anormales ci-dessus indiquées chez l'homme. Anatomie comparée. — La division du brachial antérieur en deux portions s’observe normalement chez quelques Rongeurs, notamment chez le- lapin et le lièvre (Macalister), ainsi que chez le Dasyprocta cristata (Murie et Mivart). La mème dispo- sition a été rencontrée par Humphry chez l'agouti. M. Saba- lier signale également deux portions dans le brachial antérieur des Crocodiliens. J'ai trouvé moi-même, chez l'Ursus americanus, deux bra- chiaux antérieurs complètement distincts : +) le premier, situé en dedans {brachial antéro-interne), affectait la forme d’un fais- ceau charnu cylindrique, naissant sur la face interne de lhu- mérus, au-dessous des insertions du deltoïde, et se fixant en bas, à l’aide d'un tendon large de 5 millimètres, sur la base de l’apophyse coronoïde ; £) Le second, placé plus en dehors (bra- chial antéro-externe), était deux fois plus volumineux que le pré- cédent; il se détachait en haut de l'extrémité supérieure de l'humérus au-dessous de la tête articulaire ; contournant cet os, il passait en dehors du deltoïde et du grand pectoral et gagnail la région antérieure du bras. Il se terminait là, au niveau du pli du coude, sur un tendon nacré et très résistant, lequel venait se fixer à la face antérieure du cubitus, un peu au- dessous du tendon précédent. Remarquons en passant, avec le professeur Humphry, que cette division du brachial antérieur en deux portions distinctes situées l’une en dedans, l'autre en dehors de l’axe de l'humé- rus, sont les représentants des deux courts extenseurs (vaste interne et vaste externe) que l’on rencontre à la face postérieure du bras, et établissent ainsi une analogie frappante entre le groupe des fléchisseurs et le groupe des extenseurs de l’avant- bras. MUSCLE BRACHIAL ANTÉRIEUR. 401 $ IT. —— Variations des insertions antibrachiales. — Je ne connais aucune observation d'insertion totale du brachial anté- rieur en dehors du cubitus. Mais autant est constante l’inser- ion cubitale du brachial antérieur, autant sont variables les modes de terminaison de ses faisceaux surnuméraires et de ses portions accessoires. En compulsant les nombreuses obser- vations qui ont été publiées sur ce sujet et celles que j'ai recueillies moi-même, nous voyons que cette insertion sura- Jjoutée peut se faire : 1° Sur le cubitus ; 2° Sur le radius ; 3° Sur le tendon du biceps ; 4° Sur l’aponévrose antibrachiale ; 5° Sur la synoviale du coude. a) — Insertion sur le cubitus (faisceau surnuméraire brachio-cubital). — Ces faisceaux peuvent être juxtaposés au brachial antérieur ou lui être superposés. Dans le premier cas, ils longent le bord externe ou interne du muscle ; dans le second, ils le recouvrent plus ou moins, D'autre part, les deux tendons cubitaux peuvent s'insérer isolément sur l'os, ou bien se fusionner ensemble avant de l’atteindre. Des faits de muscles surnuméraires brachio- cubitaux ont été signalés par Henle, par Hildebrandt, par Gruber. Jai rencontré moi-même, sur deux sujets, une division du brachial antérieur en deux portions distinctes: l’une antéro- externe, l’autre postéro-interne. Ces deux portions, complète- tement séparées dans leur portion humérale, ne se fusionnaient qu'à la région du coude, à deux centimètres au-dessus de leur surface d'insertion. L'une et l’autre étaient innervées par le musculo-cutané ; la portion superficielle recevait, en outre, un filet récurrent très grèle du nerf radial. Turner a observé une disposition analogue sur un nègre, avec cette variante toutefois, que le faisceau profond envoyait un paquet de fibres à la tubérosité bicipitale du radius. E) — Insertion sur le radius (fuisceau surnumeraire brachio-radial). — Cette anomalie est loin d'être rare. J'ai pu en recueillir et en analyser 19 observations : À appartient à Fuhrer, 1 à Cla- 26 402 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. son, { à Henle, À à Dawson, 1 à Turner, 4 à Chudzinski, 3 à Macalister, 8 à Gruber; les 2 autres me sont personnelles. Dans ces deux dernières, le faisceau surnuméraire, assez grêle, se détachait du côté externe du brachial antérieur et s’atta- chait à la tubérosité bicipitale, en arrière du tendon normal du biceps. C’est là, en effet, le mode d'insertion le plus fré- quent du faisceau surnuméraire brachio-radial. Mais on l'a vu s'attacher encore : à la fois au cubitus et au radius (Turner); à la fois sur le brachial antérieur et sur le radius (Gruber); à la fois sur le radius et le rond pronateur (Gruber); à la fois sur le radius et l'aponévrose (Gruber). Dans la série des faits que je viens d'analyser, le brachial antérieur, tout en conservant une insertion sur l'os interne de l’avant-bras, vient s'attacher également sur l'os externe. Une pareille disposition se trouve réalisée normalement chez un grand nombre de Vertébrés. Anatomie comparée. —- « Parmi les Mammifères, le brachial antérieur est seulement cubital chez ceux dont le cubitus joue le rôle capital et presque unique dans la flexion du coude ; tels sont, avec l'homme, les Singes, les Carnivores, les Monotrèmes, dont le cubitus, très développé, forme la plus grande partie de la surface articulaire de l’avant-bras au coude, et atteint la face de flexion de l’avant-bras à ce niveau par son apophyse coro- noïde. Mais chez beaucoup de Mammifères non claviculés, tels que le cheval, les Ruminants, les Rongeurs, chez lesquels le cubitus perd de son importance et est retiré en arrière, aban- donnant la face de flexion du coude pour la céder au radius, le brachial antérieur s'insère sur le radius, en même temps que sur le cubitus, et même parfois principalement sur le radius. » (Sabatier). Telle est ce qu'on pourrait appeler la formule anatomique de l'insertion inférieure du brachial antérieur; pour me borner aux espèces chez lesquelles ce muscle à une insertion radiale, je signalerai le daman (Meckel), le rhinocéros (Macalister), le Siphneus (Milne-Edwards), le Phascolarctos cinereus (Young), etc. 7) — Insertion sur le tendon du biceps (faisceau surnuméraire brachio- MUSCLE PRACHIAL ANTÉRIEUR. 403 bicipita). — I] n’est pas rare de voir les faisceaux que le brachial antérieur envoie au radius se fusionner, auparavant, avec le tendon du biceps, pour gagner avec lui leur surface d'insertion osseuse. Sur un sujet que j'ai disséqué en janvier 1882, le muscle brachial antérieur du côté droit était constitué par deux corps charnus, tous les deux aplatis et superposés. Le brachial superficiel s'insérait comme le profond sur le cubitus; mais à 3 centimètres au-dessus du coude, il envoyait au tendon du biceps, et, par son intermédiaire, au radius, un gros faisceau de fibres charnues. Ce n’est là, on le conçoit, qu’une variété de l’anomalie précédente ; sa signification anatomique est la même. d) — Insertion sur l’aponévrose (faisceau surnuméraire brachio-aponé- vrotique; brachio-fascialis de Vood). — Dans un cas observé par Wood, le brachial antérieur était renforcé en dehors par un faisceau surnuméraire, lequel se perdait en partie sur le long supina- teur, et en partie sur l'expansion aponévrotique du biceps. Struthers a rencontré un vrai muscle brachio-aponévrotique, se détachant du bord externe du brachial antérieur et venant se terminer sur l’aponévrose de la région sous-épitrochléenne ; ce faisceau croisait en écharpe l'artère humérale et le nerf médian. Hyrti, Sæœmmering, M. Whinnie, Theile, Lauth, ont publié des observations de cette nature ; on en trouvera de nouvelles, fort détaillées, dans le mémoire déjà cité de Gruber. «J'ai vu, dit le savant anatomiste russe, en résumantses observations, j'ai vu, sur de nombreux sujets, soit des faisceaux détachés du bra- chial antérieur, soit de véritables muscles surnuméraires, se jeter sur l'aponévrose antibrachiale, ou bien directement, ou bien en empruntant l'expansion aponévrotique du biceps. J'ai vu leurs tendons devenir très forts et très larges, si larges même qu'ils recouvraient entièrement le paquet vasculo-ner- veux du bras. » Anatomie comparée. — Rollesiton a rencontré, sur l’un et l’autre bras d’un chimpanzé, une bande musculaire qui rappelle de tous points les faisceaux brachio-aponévrotiques que je viens de décrire chez l’homme. Elle se détachait de l'extrémité 104 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. supérieure et externe du brachial antérieur et venait se perdre sur l’aponévrose de l'avant-bras. €) — Insertion sur la synoviale articulaire (faisceaux tenseurs de la synoviale). — Ces faisceaux charnus, généralement fort grèles, peuvent s'isoler entièrement du muscle brachial antérieur et constituer ainsi de petits muscles distincts, représentant, à la région antérieure du coude, le sous-anconé de la face posté- rieure. (Voyez plus loin, chap. IT, p. #20). $ IV. — Union avec quelques muscles voisins. — Le mus- cle brachial antérieur peut s'unir plus ou moins intimement: 2) — Avec le deltoïde. — (Voyez ce muscle.) G) — Avee le coraco-brachial. — Je signalerai tout à l'heure, à propos de ce dernier muscle (p. #07), le passage possible dans le brachial antérieur de quelques faisceaux charnus du coraco-brachial. Ces faisceaux directs coraco-cubitaux ont été notés par Theile, Hyrtl, M. Whinnie, Wood, etc. Analomie comparée. — Il est des espèces animales où les insertions propres du brachial antérieur et du coraco-brachial sur l'humérus sont plus intimement unies que chez l'homme. Chez le Pteropus, notamment, le brachial antérieur se continue directement, d’après les dissections du professeur Humphry, avec le muscle coraco-huméral. 7) — Avec le biceps. — (Voyez ce dernier muscle). )) — Avec le rond pronateur. — Le professeur W. Gruber a vu, sur deux sujets, un faisceau détaché du muscle brachial anté- rieur venir se terminer : chez le premier, à la fois sur le radius et sur le rond pronateur ; chez le second, uniquement sur le rond pronateur. Des faits de cet ordre avaient été signalés, avant lui, par Wood et par Macalister. e) — Avec le long supinateur. — Wood a rencontré plusieurs fois un faisceau charnu se détachant du côté externe du brachial antérieur et se jetant dans le long supinateur, en avant du radial. Dans un cas de Macalister, il existait un brachial anté- rieur surnuméraire lequel, se bifurquant à son extrémité infé- rieure, venait se terminer à la fois sur le long supinateur et sur MUSCLE PBRACHIAL ANTÉRIEUR. 405 l'expansion aponévrotique du biceps. J'ai rencontré, en 4881, sur un sujet fortement musclé, une fusion à peu près complète du long supinateur et du brachial antérieur: la dissection la plus minulieuse ne put me permettre d'isoler entièrement les deux corps charnus; le nerf radial passait au-dessous de cette masse commune. Tout récemment, Reid et Taylor ont vu, dans les salles de dissection du S° Thomas’'s Hospital, un long supi- nateur fortement réduit de volume se détacher du bord externe du brachial antérieur, comme une simple émanation de ce dernier muscle. Anatomie comparée. — L'union du long supinateur et du brachial antérieur s’observe normalement chez un grand nombre de singes. Duvernoy l’a notée sur le gorille; je l'ai ren- contré moi-même sur plusieurs Cercopithèques. J'ai même vu, sur un sujet appartenant à ce groupe zoologique, un pelit faisceau spécial se détacher de la face antérieure du brachial antérieur et venir se confondre, à la hauteur du pli du coude, avec le long supinateur qu'il pénétrait par sa face interne. Bibliographie : MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 291. MiLNEe-EnwarDps. Myographie du Siphneus, in Étude pour servir à l'histoire de la faune mammologique de la Chine, t.1I, p. 93. MiALL et GREENWOOP. The Anatomy of the indian Elephant (Journ. of Anat. and Physiol., January 1878, t. XII, p. 267). MaACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. SŒMMERING, cité par Macalister, Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. WEBER-HILDEBRANDT. /bidem. M'WHINNIE. lbid. HyrrLz. Lehrbuch der Anatomie, p. 326 et 863. QUAIN, Anatomy of Arteries, p. 270 et pl. 37, fig. 384. Dawson. Edimb. med. Journ., vol. XVIII, p. 82. CLASON. Muskel Anom. observerade pa Anatomisalen (Upsala Lak. for Fôrhandl., Bd IT, Hft 2. Voir. Arch. für Heilkunde, 1863, Leipzig, p. 27. — Il s’agit dans le fait de Voigt d’un cas d'absence complète du brachial antérieur, sur un sujet où le radius faisait également défaut. GruBER. Muller’s Arch., 1848, p. 427. MACALISTER. On the Homologies of the flexor muscles of the Vertebrate limb. (Journ. of Anat. and Physiol., 1868, p. 283). 406 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. MuRIE et MIvART, cités par Macalister, in Mémoire précédent. Humpary. Observations in Myology, 1871. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880. TESTUT. Appareil locomoteur de l'Ursus americanus (en préparation). TurNer. Notes on a dissection of a negro (Journ. of Anat. and Physiol., t. XIII, p. 382). GrRuBER. Ueber die Varietæten d. Musc. brachialis internus (Bull. de l’'Acad. de Saint-Pétlersbourg, 1868, p. 259). FUHRER, cité par Gruber, in Mémoire précédent. LAUTH, cité par Gruber, ir Mémoire précédent. Humpary. On the Disposition and Homologies of the extensor and flexor muscles of the leg and foream (Journ. of Anat. and Phys., May 1869, p. 329). Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 234, 526 et 542. Caupzinskt. Revue d’'Anthrop., t. III, p. 28. DuverNoy. Des caractères anatomiques des grands singes pseudo-anthro- pomorphes, p. 87. CHampNEys. Muscles and Nerves of a Chimpaæzee and Anubis (Journ. of Anat. and Physiol., 1871). REip et TAyLoR. St Thomas's Hospital Reports, 1879. YouNG. The Muscular anatomy of the Koala (Phascolarctos cinereus) (Journ. of Anat. and Physiol., January 1882, p. 217). ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE CORACO-BRACHIAL. Le coraco-brachial se présente généralement chez l'homme sous la forme d'un muscle épais plus ou moins prismatique, étendu de l'apophyse coracoïde à la face interne de l’humérus. Son insertion coracoïdienne, confondue avec celle de la courte portion du biceps, a lieu sur le sommet et sur le bord interne de celte apophyse, dans le voisinage du tendon scapulaire du petit pectoral. Quant à son insertion humérale, elle est tout aussi variable que l’attache inférieure du deltoïde; on la ren- contrerait à la partie supérieure du tiers moyen de l’humérus suivant Winslow ; à la partie moyenne de cet os, suivant Boyer; un peu au-dessus de la partie moyenne, suivant Bichat; sur l’ex- trémité inférieure de la lèvre interne de la coulisse bicipitale, d'après Hyrtl; sur la partie moyenne du bord interne de l'hu- MUSCLE CORACO-PRACHIAL. 107 mérus, suivant M. Sappey, etc. Les divergences des auteurs, à cet égard, nous disent assez quelle est la part des variations individuelles sur la mobilité de cette insertion inférieure du coraco-brachial. Même mobilité dans l'étendue des connexions de ce dernier muscle avec le court biceps. Jai vu ces deux muscles se sépa- rer nettement l'un de l’autre, à 4 millimètres seulement au- dessous du sommet de l'apophyse coracoïde; je les ai trouvés confondus, chez d’autres sujets, jusqu'à 5 et 6 centimètres au- dessous de ce même point. Entre ces degrés de fusion qu'il faut considérer, je crois, comme extrèmes, se rencontrent tous les intermédiaires. Il n’est pas rare de voir les fibres les plus internes du muscle coraco-brachial se porter jusque sur la cloison intermusculaire interne. On a signalé même des faisceaux qui se portaient dans le vaste interne; j'ai observé moi-même ces faisceaux sur plu- sieurs sujets. Vrolik a également décrit et figuré, chez le chimpanzé, un petit ruban charnu qui se détachait du coraco- brachial et se terminait dans la portion interne du triceps. Quelques faisceaux enfin du coraco-brachial, se comportant à cet égard comme les faisceaux du deltoïde, peuvent franchir, sans s y arrêter, leur surface d'insertion normale et se jeter dans le muscle brachial antérieur. Les quelques variations anatomiques que je viens de signa- ler sont sans importance; celles qui suivent présentent au contraire un haut intérêt. | $ I. — Insertion sur le col huméral {court coraco-brachial de Wood). — C'est un faisceau musculaire qui tantôt émane de la masse commune du coraco-brachial et du court biceps, tantôt se détache isolément de l'apophyse coracoïde et vient se ter miner sur le col chirurgical de l'humérus, au-dessous du tro- chin. Je me suis déjà longuement occupé de cette formation dans un précédent article ; j'ai déjà établi qu'elle existait nor- malement dans un grand nombre de Vertébrés, et j'ai donné d'elle l'interprétation qui me paraissait la plus rationnelle. Je n’y 408 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME reviendrai pas. (Voyez muscles surnuméraires de la région scapu- laire antéro-interne, p. 357). $ II. — Insertion sur l'extrémité inférieure de l'humérus (long coraco-brachial de Wood). — Avec le professeur Wood, je désignerai, sous le nom de long coraco-brachial, un faisceau anormal annexé au coraco-brachial classique avec lequel il est généralement fusionné dans sa portion supérieure, mais dont il peut être complètement distinct. Il est assez commun, dans ce dernier cas, de voir le nerf musculo-cutané passer entre le muscle normal et le muscle surajouté. Mais, ce n’est pas là une disposition constante : le long coraco-brachial peut exister, alors même que le nerf perforant passe beaucoup plus bas à travers la masse charnue qui constitue le coraco-brachial ordi- naire. Quoi qu'il en soit, le long coraco-brachial, parti de l'apophyse coracoïde, en dedans de la masse commune au coraco-brachial et au court biceps, se porte en bas et un peu en dedans, croise le paquet vasculo-nerveux et vient s'attacher, suivant les cas, sur le bord interne de l’humérus à 2 ou 3 centimètres au-dessus de l’épitrochlée, sur l’aponévrose inter- musculaire interne à la même hauteur, ou même sur l’épi- trochlée. J'ai observé plusieurs fois, après Theile et Gruber, les deux premières variétés; Wood a décrit et figuré la troisième. J'ai vu dans un cas, sur le côté gauche d’un homme adulte, le long coraco-brachial ou plutôt une forme incomplète de ce muscle, se terminer sur cette apophyse sus-épitrochléenne qui, signalée par Otlo, par Knox, a été décrite avec tant de soin par M. Gruber en 4856 et a fait tout récemment encore, au dernier Congrès international de Londres, l'objet d'une intéres- sante communication de Struthers. Dans mon observation, qu'on pourra lire in-extenso dans les Bull. de la Soc. d'Anthro- pologie, le tendon du long coraco-brachial était continué au- delà de lapophyse sus-épitrochléenne par une bandelette fibreuse, laquelle se portait d'autre part sur l’épitrochlée; en dedans de l’apophyse anormale passaient l'artère cubitale et le MUSCLE CORACO-PRACHIAL. 409 nerf médian; l'artère radiale (lhumérale se bifurquait sur ce sujet à 3 centimètres au-dessous du creux axillaire) se trouvait en dehors. Le professeur Wood à figuré un fait analogue, avec ces variantes toutefois que le long coraco-brachial me paraît plus développé que sur mon sujet et que le paquet vasculo-nerveux est situé tout entier en dehors de l’apophyse. Anatomie comparée. —Si chez l’homme le muscle coraco-bra- chial ne dépasse qu’exceptionnellement la portion moyenne de l’humérus, il est quelques Mammifères où l'insertion de ce muscle sur la tubérosité interne du coude constitue la règle. C'est ainsi que chez le porc-épic et l’écureuil, d’après Meckel, le coraco-brachial descend presque à l'extrémité inférieure de l’humérus ; il s’insère également sur le condyle interne (épi- trochlée), chez les Cétacés en général,chez quelques Ruminants, chez le tatou, chez les Makis, etc. Chez l'Ornithorynchus paradoæus, Wood signale la présence d'un long coraco-brachial qui descend jusque sur le canal sus- condyloïdien. Chez le chat, il n'existe généralement, comme je l'ai fait re- marquer plus haut, qu'un court coraco-brachial arrêté au col chirurgical. Il peut se développer cependant, de l’aveu même de Strauss-Durckeim, chez quelques sujets de cette espèce, un coraco-brachial plus étendu qui vient s'insérer, en bas, sur la partie postérieure de la crête interne de l'humérus. J'ai rencontré moi-même, chez l'Ursus americanus, en avant de deux courts coraco-brachiaux, un long coraco-brachial, gros faisceau cylindrique en haut, aplati en bas, se terminant par son extrémité cubitale dans une fossette sus-épitrochléenne de 2 cent.1/2 d’étendue. $ IT. — Division en deux portions distinctes. — Dans le plus grand nombre de cas, le nerf musculo-cutané se contente de se creuser un canal dans le muscle coraco-brachial, sans le diviser ; sur quelques sujets, le nerf de Cassérius traverse une nappe celluleuse, laquelle, se prolongeant en haut et en bas, 710 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. fragmente la masse du coraco-brachial en deux portions dis- tinctes et parfaitement isolables par la dissection. Cette division complète ou incomplète, qui rappelle la dis- position du coraco-brachial chez plusieurs espèces simiennes, se rencontre fort rarement, si je m'en rapporte à mes propres observations. Elle nous paraîtra toute naturelle si nous admet- tons avec M. Sabatier que le coraco-brachial représente, à lui tout seul, au membre thoracique, la masse des adducteurs fémoraux, toujours divisée en plusieurs muscles distincts. $SIV. —— Absence du muscle. — L'absence du muscle coraco-brachial aurait été constatée chez un monstre par Barkow. Je ne connais pas d'autre observation de cette ano- malie. Anatomie comparée. — J'ai déjà signalé plus haut un certain nombre d'espèces de Mammifères, le chat et la civctte, par exemple, chez lesquels le muscle analogue du coraco-brachial de l’homme, normalement absent, était remplacé par un court coraco-brachial. Si l’on s’en rapporte aux recherches de Meckel, le kangurou, parmi les animaux à bourse, serait entièrement privé de coraco- brachial. Ce muscle ferait également défaut, d'après Cuvier, dans la chauve-souris; je dois ajouter cependant qu'il a été rencontré par Maisonneuve chez le Vespertiho murinus. $ V. — Rapports variables du nerf musculo-cutané avec le muscle coraco-brachial. — Le trajet du nerf musculo- cutané est assez exactement indiqué par une ligne oblique dont les deux points extrêmes seraient : en haut, la branche externe d'origine du nerf médian ; en bas, le côté externe du tendon du biceps. Cette ligne traverse dans son tiers supérieur le muscle coraco-brachial, et, dans ses deux tiers inférieurs, la couche cellulo-graisseuse qui sépare le biceps du brachial antérieur. Cette perforation du muscle coraco-brachial par le tronc nerveux n'est pas constante : dans certains cas, le nerf glisse le long du bord interne du muscle, puis s’incurvant en dehors, MUSCLE CORACO-BRACHIAL. AA il pénètre entre le coraco-brachial et la courte portion du biceps, pour poursuivre à partir de ce point son trajet ordinaire. Une pareille disposition est mentionnée par la plupart des anatomistes, notamment par Cruveilhier, par Valentin, par Quain, etc., etc. Cruveilhier la considère comme étant loin d'être rare. J’ai le regret de ne pas partager son opinion, car sur 105 bras que j'ai examinés à cet égard, pour écrire mon Mémoire sur la portion brachiale du nerf musculo-cutané, je ne l’ai rencontrée que 11 fois ; encore est-il bon d’ajouter que, dans 6 cas, le nerf musculo-cutané était fusionné avec le médian ; en ne tenant pas compte de ces derniers faits, ce qui est logique, nous arriverons au chiffre de 5 sur 105, comme indiquant la fréquence d’une pareille anomalie. J'ai observé les 5 cas précédents chez des femmes : # fois l’anomalie n'existait que d'un côté, 4 fois seulement elle était bilatérale. Du reste, la disposition ultérieure du nerf ne présen- tait aucune particularité digne d’être notée. Dans un cas fort curieux, j'ai vu le nerf musculo-cutané perforer uniquement l'extrémité inférieure du muscle coraco- brachial. La boutonnière était située sur la ligne d’insertion du muscle à l’humérus et le nerf du biceps se détachait du musculo- culané, un peu au-dessus de cette boutonnière. Anatomie comparée. — Le nerf musculo-cutané ne traversait pas le coraco-brachial chez le chimpanzé disséqué par Vrolik; ce n'était peut-être là qu'une disposition exceptionnelle, car j'ai rencontré moi-même, chez le chimpanzé, une disposition qui se rapproche sur ce point de l'anatomie de l’homme. Mais il est de nombreuses espèces où le nerf musculo-cutané ne perfore jamais le muscle coraco-brachial, celles notamment qui ne possèdent pas de nerf musculo-cutané distinct et chez lesquelles les muscles brachiaux antérieurs reçoivent isolément leurs nerfs du médian. J'ai rapporté des faits analogues chez l'homme, dans mon Mémoire précité, où l'on trouvera du reste la description anatomique du nerf musculo-cutané sur le chimpanxé, l'orang, quelques Cercopithèques, le bonnet-chinois, le renard, les Solipèdes, les Ruminants, le cochon, le loup. 412 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ VI. — Ligament brachial interne de Struthers. Il n'est pas rare de rencontrer, au-dessous et un peu en dedans du coraco-brachial, une bandelette fibreuse plus ou moins large et plus ou moins résistante qui, s'insérant en haut sur le tro- chin, sur le tendon du sous-scapulaire ou dans leur voisinage, descend verticalement en bas pour se confondre avec l'extrémité inférieure du muscle qui nous occupe. Je l'ai vu, dans deux cas, descendre jusqu'à la surface même d'insertion du muscle; elle contracte généralement des connexions plus ou moins intimes avec la cloison intermusculaire interne. Cette bandelette fibreuse que Struthers à signalée dès 1854, sous le nom de ligament brachial interne, a été figurée par Henle comme une corde résistante qui se tendrait et se soulèverait dans les contractions du muscle coraco-brachial, pour empêcher la compression de l'artère circonflexe. Dans une observation que nous devons à Calor, cette bandelette était en rapport par son extrémité supérieure avec un muscle tenseur accessoire, qui n'était vraisemblablement qu'une forme incomplète de l'huméro-capsulaire. La signification du ligament de Struthers me paraît fort obscure ; quelques-unes de ses variétés, sinon loutes, pourraient peut-être être considérées comme des vestiges fibreux du long coraco-brachial de Wood. Bibliographie : WINSLOW, BOYER, HYRTL et Sappey. Loc. cit. OTro. De rarior Scel. hum. cum Animal. sceleto Analogtiis, p. 25, Taf. I, fig. 10 et 11. VROLIK. Anat. du Ghimpanzé, 1841, pl. 19 et pl. 4. KNox. Edimb. med. a. surqg. Journ., 1841, p. 125. STRUTHERS. Edimb. monthly Journ., 1848. — Anaiom. and Phys. observat., 1854, p. 125. — Transact. of intern. med. Congress, London, 1881, p. 148. GruBER. Neue sell. Anomalien, p. 28, Taf. I, fig. 1. — Monographie sur le canal supra-condyloïdeus internus. Saint- Pétersbourg, 1856. THEiLe. Myologie, trad. Jourdan, p. 215. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 280. VALENTIN. Névrologie, p. 510. RÉGION POSTÉRIEURE DU BRAS. 113 QuaIN. Elements of Anatomy, 8° édit., 1878. HENLE. Muskellehre, fig. 86. — Henle und Pfeufer’s Zeitschrift, vol. VII, p. 223. CLASoN. Muslel anomalien, etc. (Upsala Lakarefôrenings-Férhandlingar, Bd III, Hft. 2). CaLort. Memorie dell Instit. accad. di Bologna, série II, t. VI, 1866, p. 137. MACALISTER. Trans. of Roy. Irish Academy, 1871. BARKOW, cité par Macalister, Zbid., 1871. BRADLEY. Brit. med. Journ. May, 1868. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, 1866, t. XV, p. 526, et 1867, t. XVI, p. 494. MACALISTER. Journ. of Anat. and Physiol., t. I, p. 319. Turner. Notes on the Dissection of a second Negro (J. of Anal. a. Phys., vol. XIV, p. 244). CRUVEILHIER. Anatomie descriptive, t. III, p. 609. MAISONNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878. Woop. On human Muscular Variations and their Relations to compara- tive Anatomy (Journ. of Anat. a. Phys, 1, 1867, p. 44-59). BANKART, PYE-SMITH et PHiLiPs. Guy's Hosp. Reports, vol. XIV. Caupzinski. Revue d'Anthrop.,t. Ill, p. 28. TESTUT. Système locomoteur de l’Ursus americanus (en préparation). STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 344. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1881, p. 231. TesruT. Note sur une observation de l’apophyse sus-épitrochléenne, ren- contrée chez l’homme (Bull. Soc. d’Anthropologie, 1883). CHAPITRE HI Région postérieure du bras. La loge postérieure du bras est occupée par les trois portions de l’extenseur de l'avant-bras : le vaste interne, le vaste externe et le long triceps. Je comprendrai dans cette région deux petits muscles surnuméraires, situés dans le voisinage du coude : le muscle tenseur de la synoviale où sous-anconé de Theile et le muscle épitrochléo-cubital où anconé interne de Cuvier. 414 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU TRICEPS BRACHIAL. Situé dans la loge brachiale postérieure, le triceps est le muscle extenseur de l'avant-bras. Ce muscle, qui a été admirablement décrit par Theile, dans les Archives de Muller de 1839, est essentiellement constitué par trois portions entièrement dis- ünctes à leur origine, De ces trois portions, l’une, plus longue, remonte jusqu'à l'omoplate : c’est la longue portion du triceps ou le long triceps; les deux autres, plus courtes, s'arrêtent à l’humérus; on les désigne généralement, dans nos Traités classiques, sous les noms de vaste externe et de vaste interne. Le long triceps (anconeus longus de certains auteurs) s'attache en haut sur la portion sous-glénoïdienne du bord axillaire de l’omoplate, à l’aide de deux feuillets tendineux qui présentent, dans la majorité des cas, des connexions plus ou moins intimes avec la capsule articulaire. Le vaste externe {anconeus externus) prend naissance à la fois et sur l’aponévrose intermusculaire externe et sur la portion de la face postérieure de l'humérus qui est au-dessus de la goutlière de la torsion. Quant au vaste interne fanconeus internus), il se détache également de la portion de cette face postérieure qui est au-dessous de la goultière, ainsi que de la cloison intermusculaire interne. Le nerf radial et les vaisseaux huméraux profonds séparent, l'un de l’autre, le vaste interne et le vaste externe. Les trois corps charnus du triceps se terminent sur une aponévrose qui se retrécit en se rapprochant du coude, et finalement vient se fixer, sous la forme d'un tendon très épais et très résistant, sur la face postérieure de l’olécrâne. Le muscle triceps est un des muscles les plus constants dans leurs inserlions comme dans leur morphologie générale. Les quelques variations qu'il présente peuvent être ramenées aux chefs suivants : DEEP ie # 1F es MUSCLE TRICEPS BRACHIAL. 415 $ L. — Variations dans l'étendue de l'insertion scapulaire. — Les attaches scapulaires de la longue portion du triceps se confinent, chez l'homme, sur cette petite facette triangulaire qui est placée au-dessous de la cavité glénoïde de l'omoplate. Sur certains sujets, les faisceaux inférieurs du muscle, empié- tant sur le bord axillaire lui-même, s’attachent à À ou 2 centi- mètres au-dessous de la surface triangulaire précitée. Tout dernièrement, j'ai vu le long triceps d'un sujet fortement musclé prendre ses insertions supérieures sur le bord antérieur de l’omoplate, dans une étendue de près de # centimètres. Anatomie comparée. — La longue portion du triceps est généralement plus développée chez les animaux que chez l'homme. Les espèces sont nombreuses où l’on voit ce muscle occuper la totalité du bord antérieur du scapulum. J'ai rencontré, pour ma part, celte disposilion chez l'Ursus améri- canus, dont le long triceps présente des dimensions remarqua- bles; sur une section, faite à # centimètres au-dessous de ses insertions scapulaires, ce faisceau musculaire mesurait encore 9 centimètres de largeur et # centimètres d'épaisseur. Le long triceps de deux Cercopithèques, que j'ai disséqués en 4881, descendait jusqu'à 2 centimètres de l'angle inférieur de l’omoplate. Sans être aussi développé, celui des singes anthropoides est toujours plus étendu que celui de l'homme. Voici comment Gratiolet et Alix décrivent ce muscle chez le Troglodytes Aubryi : «Ses fibres supérieures d'attache forment un faisceau aplati, à la fois épais et large, qui s'insère par des fibres aponévrotiques très courtes sur toute la longueur du bord axillaire, en se glissant par leur extrémité dans l'angle qui sépare le grand rond du petit rond. Cette disposition limite, dans le bras du singe, les mouvements de rotation sur l’axe, et doit s'opposer en outre à la facilité des mouvements de circum- duction active du membre libre. Il n’en est pas de même quand le membre est fixé et le corps suspendu à ce membre allongé, toutes les fibres du muscle, de même que celles de l'accessoire du grand dorsal, se plaçant alors dans la direction même du bord axillaire de l’omoplate. Dans la marche sur le sol, la 416 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. disposition du muscle rappelle celle de tous les animaux quadru- pèdes. » $ IL. — Faisceau surnuméraire du triceps; triceps à quatre chefs. — Ce faiceau surajouté peut se détacher : 41° de l'humérus; 2° du scapulum; 3° de la capsule articulaire de l'épaule; 4° de l’apophyse coracoïde : x) — Faisceau surnuméraire détaché de l’humérus. — C'est un petit muscle long et grèle situé entre le vaste interne et la longue portion et prenant naissance dans la région sous- trochinienne. Il est signalé par Quain, Blumenthal, Kôlliker. Dans le cas de Blumenthal, il existait en même temps une insertion sur la capsule de l'épaule. Meckel a signalé un chef surnuméraire pour le vaste externe. Anatomie comparée. — Chez les Ruminants, d'après Meckel, le vaste externe se partage supérieurement. en deux chefs insérés l’un et l'autre sur l'humérus. Chez le chimpanzé d'Aubryi, Gratiolet et Alix ont vu le vaste interne constitué par «deux faisceaux presque parallèles, séparés par un sillon dans lequel chemine le nerf cubital. » Strauss-Durckeim décrit, chez le chat, sous le nom d’anconé moyen, un faisceau musculaire, complètement distinct des deux portions interne et externe du triceps et s'étendant, comme chacune d'elles, de l’humérus à l’olécräne. Du reste l’anconé moyen se décompose lui-même en deux chefs distincts : le premier ou le plus long se détache du col même de l’humérus; le second prend naissance sur le côté interne de l'os; tous les deux se réunissent sur un même tendon avant d'atteindre l’olécrâne, et viennent se fixer sur l'angle postérieur du sommet de celte apophyse. É) — Faisceau surnuméraire détaché du bord axillaire. — J'ai observé, au mois d'avril 1881, sur le côté droit d’une femme, un petit ruban musculaire large de 2 centimètres, épais de 5 millimètres, se délachant du bord axillaire de l'omoplate, dans le voisinage de l'angle, et venant se (terminer sur la longue portion du triceps brachial, à 3 ou # centimètres au-dessous de son extrémité supérieure. Ce muscle possédait ainsi une double S dés ae MUSCLE TRICEPS BRACHIAL. 417 origine, l'une sur la portion supérieure du bord axillaire de l’omoplale /point d'insertion normal), l'autre sur la portion inférieure de ce même bord point d'insertion anormal). J'ai trouvé depuis, dans le tome XIV des Guy's Hospital Reports, la relation d’un fait à peu près semblable observé sur un nègre par MM. Bankart, Pye-Smith et Philips: mais ici le faisceau surnuméraire venait renforcer, non la longue portion, mais la portion interne du triceps. Anatomie comparée. — Ce double chef scapulaire du triceps, anormal et très rare chez l’homme, se rencontre normalement, chez un grand nombre de Mammifères, notamment chez le fourmilier (Meckel), chez le Siphneus (Milne-Edwards), chez l'ornithorynque (Alix), chez le phoque (Duvernoy). Ce dernier analomiste a trouvé, chez le gorille, indépendamment du long triceps qui s’insère sur le bord axillaire, dans une étendue considérable, un deuxième faisceau s'attachant également au bord axillaire et venant renforcer le vaste externe. Chez les Solipèdes, nous trouvons encore deux extenseurs de l'avant-bras, détachés du scapulum : l'un, désigné sous le nom de gros extenseur ou de grand scapulo-olécränien, prend naissance sur le bord axillaire du scapulum, dans le voisinage de la cavité glénoïde : il est court, mais considérable ; il affecte une forme triangulaire et représente la longue portion du triceps de l'homme. L'autre, le long extenseur de l’avant-bras ou long scapulo-olécrâänien, S'applique contre la face interne du précé- dent; il se détache du reste du bord axillaire et se termine à la fois sur le bord postérieur de l'olécrâne ainsi qu'à l'aponévrose antibrachiale. 7) —— Faisceau surnuméraire détaché de la capsule articulaire (M. capsulo-olécränien). — Ce mode d'insertion, noté depuis déjà longtemps par Blumenthal et par Macalister, a été rencontré par moi, une seule fois, sur une jeune femme âgée de vingt ans. Du bord interne du triceps se détachait, à droite et à # centimètres au-dessus de l’olécrâne, un petit muscle parfai- tement distinct, qui se portait verticalement en haut en suivant l’aponévrose intermusculaire interne. A l'union du tiers moyen 27 LAS LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. avec le tiers supérieur du bras, il se jelait sur un tendon arrondi et fort grèle. Ce tendon se bifurquait au niveau du trochin pour aller se terminer, par l'une de ses branches, sur le tendon du grand rond, par l’autre, sur la capsule fibreuse de l'articulation de l'épaule. Comme variante de cette anomalie, je signalerai l'insertion de ce même faisceau sur le tendon du sous-scapulaire. Ces faisceaux capsulo-olécrâniens ne sont vraisemblablement que des formes incomplètes du muscle suivant. 0) —— Faisceau surnuméraire détaché de lapophyse coracoïde M. coraco-olécränien). — Ce faisceau de renforcement du triceps, parti de l'apophyse coracoïde, a été observé tout d'abord par le professeur Gruber. Dans un nouveau cas rapporté par Macalister, le faisceau coracoïdien coexistait avec un faisceau d'origine capsulaire. Anatomie comparée. — Le professeur Humphry décrit, sous le nom de coraco-olecranalis, chez le Cryptobranchus japonicus, un faisceau charnu qui prend naissance sur l'apophyse coracoïde et vient se terminer sur l'olécrâne avec les trois portions ordinaires du triceps, qu'il vient ainsi renforcer. Ce faisceau coracoïdien du triceps se rencontre, en général, chez les Sau- riens kionocrdniens, ainsi que chez les Crocodiliens. Dans ce premier groupe de Vertébrés, il naît, d’après M. Sabatier, du bord postérieur de la face interne du coracoïde ; dans le second, il se détache à la fois du bord postérieur du scapulum et du bord postérieur du coracoïde, en dedans du costo-coracoïdien. C’est le triceps longus secundus de Haughton, chez l'alligator ; l'exlernum caput musculi-tricipitis de Buttmann, l'innerer langer kopf des dreikopfigers Streckers de Meckel, le zweter langer kopf des triceps de Pfeiffer, etc. Chez les Sauriens, ce muscle semble avoir été remplacé par un ligament. SIT. — Faisceau surnuméraire détaché du grand dorsal (accessoire du grand dorsal de Broca). — J'ai déjà longuement décrit ce muscle chez l'homme et chez les Mammifères, à propos MUSCLE TRICEPS PRACHIAL. 119 du grand dorsal. je ne saurais, sans tomber dans des redites, revenir actuellement sur ce sujet. (Voyez M. surnuméraire dorso- épitrochléen, V° partie, p. 118). $ IV. — Union avec les muscles de Pavant-bras. — Jenty a vu, dans un cas, le vaste externe se fusionner avec les fais- ceaux d'origine du cubital postérieur. Une pareille disposition rappelle ces faisceaux du muscle triceps qui, dans certaines espèces animales, ne se contentent pas de se fixer sur l’olécräne, mais viennent s'épanouir sur l’aponévrose antibrachiale posté- rieure, laquelle donne attache, comme on le sait, à un grand nombre de faisceaux constitutifs des muscles postérieurs de l’avant-bras. Ces faisceaux brachio-aponévrotiques postérieurs ont élé signalés notamment, par M. A. Milne-Edwards, chez le Siphneus de l'ordre des Rongeurs. Hyrtl décrit même, chez le Clamydophorus truncatus, sous le nom de Tensor fasciæ anle- brachii, un faisceau musculaire qui se détache du triceps pour se perdre sur l’aponévrose de l’avant-bras. Bibliographie : MECKEL. Anat. comparée, t. VI, p. 293. THEILE. Müller's Arch, 1839, p. 420. MaCaALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. JENTY, cité par Macalister, cn Mémoire précédent. BLUMENTHAL. Henle u. Pfeufers Zeitschrift, 3 Reihe XXX VI, p. 1. MECKkEL. Arch., 1826, p. 39. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880, p. 248. BANKART, PYE-SMiTx et PHiLips. Guy's Hosp. Reports, t. XIV. A. MiLNg-EpwarDs. Étude pour servir à l'histoire de la faune mammalo- gique de la Chine, t. 1, p. 93. KüLLIKER. Varietæten Beobachtungen, etc, Würzburg, 1879. Aux. Soc. Philomathique de Paris, 1867, p. 135. — Discussion sur le Transformisme, in Bull. Soc. d'Anthr., 1868, DÉMRE DuvErNOY. Recherches anatomiques sur le phoque commun, p. 64. MiALL et GREENWOOD. The Anatomy of the indian Elephant (Journ. of Anat. and Phys., January 1878, p. 268). TESTUT. Système locomoteur de l’Ursus americanus (en préparation). HuMPHRY. Observations in Myology, p. 34. CHAUVEAU. Anatomie comparée des Animaux domestiques, p. 273. 120 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. DUvERNOY. Les grands Singes pseudo-anthropomorphes, p. 86. STRAUSS-DURCKEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 349. HYrTL. Denskschrift der k. Akad. d. Wessensch. in Wien, Bd IX, 1855, D."3 17. ARTICLE II FAISCEAUX TENSEURS DE LA SYNOVIALE DU COUDE. MUSCLE SOUS-ANCONÉ. Nous avons déjà vu, dans un des articles précédents, que quelques faisceaux musculaires, détachés de la face profonde du brachial antérieur s’inséraient sur la synoviale articulaire du coude, qu'ils attiraient en haut dans le mouvement de flexion de l'avant-bras. Ces faisceaux lenseurs antérieurs que Portal signalait déjà, en 1806, dans son Cours d'Anatomie médicale, sous le nom de capsularis sub-brachialis, ne sont généralement qu'une dépendance. du brachial antérieur, dont la dissection la plus minutieuse ne saurait les séparer. Des cas de tenseurs distincts ont été cependant observés par Hewit et par Dawson. A la région olécränienne du coude, on rencontre également, au-dessous du triceps, des faisceaux charnus plus où moins différenciés, qui s'insérant d'une part sur l’humérus, vont se terminer, d'autre part, sur le prolongement sous-tricipital de la même synoviale. Theile, qui fait de ces faisceaux son muscle sous-anconé (sub-anconeus), en donne la description suivante : « Lorsqu'on coupe transversalement le triceps, un peu au-dessus de l'articulation du coude, et qu'on renverse complètement la portion inférieure sur l’avant-bras, on découvre sans peine deux faisceaux musculaires, l’un externe, l’autre interne, dont tantôt l’un, tantôt l'autre est plus prononcé, qui naissent au-dessus de la fosse olécränienne, près du bord externe et du bord interne de lhumérus, descendent en ligne directe, el s'attachent à la capsule de l'articulation du coude, tout à fait séparés du triceps. » Ge muscle serait, comme on le voit, MUSCLE SOUS-ANCONÉ. 121 l'analogue du sous-crural et servirait, dans les mouvements d'extension de l’avant-bras, à tendre la synoviale du coude. Ces faisceaux tenseurs postérieurs ne sont nullement signalés par Cruveilhier, Sappey, Gray, etc., qui les considèrent comme une dépendance du triceps. J'ai cherché, sur bien des sujets, le muscle sous-anconé de Theile, et je crois pouvoir résumer les résultats de mes recherches, sous la forme des propositions suivantes : z) — J'ai trouvé bien rarement les deux faisceaux distincts, tels que les décrit l’anatomiste de Berne, mais ils existent : je les ai vus, avec une dépendance complète, au moins sur trois sujets. 6) — Sur le plus grand nombre des sujets, je n'ai trouvé qu'un seul faisceau tenseur, partant soit de la région sus- épitrochléenne, soit de la région sus-épicondylienne et se portant obliquement sur le cul-de-sac olécränien. 7) — Ces faisceaux, qui peuvent être distincts du muscle triceps dans toute leur étendue, sont intimement unis, dans la majorité des cas, avec la face profonde de ce muscle, du moins dans leur portion supérieure. Kulænsky, dans un article publié dans les Archives de Reichert, sur le muscle sous-crural et le muscle sous-anconé, considère cette dernière formation comme étant toujours une dépendance du triceps. )) — L'insertion inférieure du faisceau tenseur peut se faire exclusivement sur la synoviale: mais, le plus souvent, elle se prolonge jusque sur l'olécräne, adhérant ainsi à la synoviale, par sa face profonde, dans une étendue de 1 ou 2 centimètres. :<) — Son volume est excessivement variable : à côté de faisceaux très développés, j'ai trouvé des faisceaux minuscules mesurant à peine À centimètre de longueur, sur à millimètres de largeur. £) — Sur un sujet, j'ai rencontré un muscle véritablement énorme, inséré sur toute la largeur de la face postérieure de l'humérus et venant s'insérer uniquement sur le prolongement sous-{ricipital de la synoviale. Avant d'atteindre ce point, il était renforcé par quelques fibres détachées de la face profonde 122 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. des vastes; mais il était, à son origine, complètement distinct de ces derniers muscles. Bibliographie : THEILE. Muller's Arch., 1839, p. 420, et « Myologie » trad. Jourdan, p. 222. SAPPEY. Traité d'Anatomie descript., t. 1, p. 317. CRUVEILHIER. Traité d'Anat. descript., t. I, p. 662. Quain. Elements of Anatomy, 8th edit., 1878, p. 207. Gray. Anatomy descript. and Surg., 8t edit., p. 274. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. HEWIT, cité par Macalister, in Mémoire précédent. PORTAL. Cours d’Anatomie médicale, Paris, 1806, p. 251. DawsoN. Edimb. Med. and Surg. Journ., vol. XVII, p. 82. KULŒNSKY. Reichert u. Dubois-Reyniond's Arch., 1869. ARTICLE II MUSCLE SURNUMÉRAIRE ÉPITROCHLÉO-CUBITAL (Syn. epitrochleo-anconeus de Gruber, anconeus-epitrochlearis de Wood, anconé interne de Cuvier, anconeus seætus de Galton.) Lorsqu'on examine le côté interne de l'articulation du coude, après avoir enlevé la peau, le’ pannicule adipeux sous-cutané et l’aponévrose superficielle, on constate la présence d'une bandelette aponévrotique s'étendant transversalement de l'épi- trochlée à l'olécrâne, et complétant en arrière la gouttière profonde épitrochléo-olécrânienne, dans laquelle passe le nerf cubital. Elle réunit, dans la plupart des cas, les tendons supé- rieurs des deux portions du cubital antérieur et circonscrit au-dessous d'elle, concurremment avec ces deux portions musculaires, un petit espace triangulaire à base supérieure, limité comme suit : en haut, par le bord inférieur de la bande- lette fibreuse précitée; en dedans, par le chef épitrochléen du cubital antérieur; en dehors, par le chef olécrânien du même muscle. Nous retrouvons dans ce triangle le nerf cubital, représentant assez bien la verticale abaissée du sommet vers la base. L'arcade fibreuse épitrochléo-cubitale que je viens de décrire MUSCLE SURNUMÉRAIRE ÉPITROCHLÉO-CUBITAL 123 sommairement, et que certains auteurs considèrent à {ort comme une dépendance de l’aponévrose superficielle, a une signification tout autre : c'est le reliquat d’un organe disparu d'un muscle épitrochléo-cubital, qui est constant dans un grand nombre de Mammifères, et qui se reproduit encore de temps à autre chez l’homme, à titre d’anomalie reversive. $ I. — Le muscle épitrochléo-cubital chez l’homme. — Le muscle épitrochléo-cubital devait être connu de Malgaigne ; nous lisons en effet, dans son Traité d'anatomie chirurgicale, celle phrase bien significative : « En dedans, on trouve le muscle anconé, sorte de prolongement du triceps, qui recouvre une gouttière osseuse constituée par l'olécrâne et l’épitrochlée dans laquelle passe le nerf cubital. » Malgaigne était assez familiarisé avec la dissection pour ne pas placer du côté de l'épitrochlée, l'anconé des auteurs classiques qui s'attache à l’épicondyle ; le faisceau qu'il signale est bien évidemment un muscle épitrochléo-cubital. Henle et Luschka donnen également, dans leur Traité d'anatomie, la description d'un faisceau musculaire qu'ils ont rencontré entre l'olécrâne et l'épitrochlée. Le muscle épitrochléo-cubital était donc connu en 1867, lorsque parut le Mémoire de Gruber consacré à ce muscle; mais l’analomiste russe en a fait une étude si complète, non seulement chez l'homme, mais chez les Mammifères, qu'il est Juste de reporter sur lui tout l'honneur d'une pareille décou- verte. L'année suivante, Gruber complète ses recherches d’ana- tomie comparée dans un deuxième travail, où se trouve décrit le muscle épitrochléo-cubital dans plusieurs espèces nouvelles, notamment chez le Cercopithecus sabœus et Y'Innuus nemestrinus. Depuis la publication des Mémoires de Gruber, le muscle épitrochléo-cubital a été retrouvé et décrit par Wood, sous le nom d'anconeus-epitrochlearis, par Macalister et par Galton qui lui a consacré un intéressant article, dans le Journal of Anatomy de 1874. 1° Description du musele, — Le muscle épitrochléo-cubital 121 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHBZ L'HOMME. s'insère d’une part sur l'épitrochlée, d'autre part sur le bord interne et la face postérieure de l'olécrâäne; il est placé sous l'aponévrose superficielle, en arrière du nerf cubital, réunissant les deux insertions supérieures du cubital antérieur. Voilà les caractères généraux de ce muscle, ceux qui conviennent à lous les cas. Mais le faisceau épitrochléo-cubilai est trop mobile dans sa forme, ses dimensions, ses points d'attache, comme le sont du reste tous les organes atrophiés, pour que’ nous nous contentions de cette description trop sommaire. Il est des variantes que nous devons faire connaître. Pour ce qui à trait à la forme du muscle, il est généralement rubané et quadrilatère, sa largeur étant plus considérable que sa hauteur. Mais il peut aussi être cylindrique, fusiforme ou mème triangulaire; et, dans ce dernier cas, la base du triangle correspond à l’épitrochlée. Sur un sujet, je l'ai vu constitué par deux ventres réunis, l'un à l’autre, par un tendon moyen; sa direction était fortement oblique de haut en bas et de dehors en dedans. Ses deux ventres, affectant une disposition fusi- forme, s’attachaient : le supérieur, sur la portion sus-épitro- chléenne de la cloison intermusculaire interne ; l'inférieur, sur le bord interne de l'olécrâne et aussi sur l’aponévrose antibrachiale. Le muscle tout entier mesurait, en longueur, 55 millimètres, ainsi répartis : ventre supérieur, 30 millimètres; ventre moyen, > millimètres: ventre inférieur, 20 millimètres. Dans un cas dont on trouve le dessin dans le premier mémoire de Gruber (pl. 1, fig. 5), le muscle épitrochléo-cubital était double et chacune de ces divisions présentait une forme digastrique. Le muscle épitrochléo-cubital peut être charnu dans toute son étendue; il peut être aussi charnu seulement à sa partie moyenne, tendineux à ses deux extrémités. Il nest pas rare de le rencontrer avec un seul tendon, soit à son extrémité épitro- chléenne, soit à son extrémité cubitale. Son volume est lout aussi variable ; entre celle masse quadri- latère, rouge et bien nourrie, qui recouvre tout l'espace épitro- chléo-olécränien et correspond au développement maximum du darsé' ft MUSCLE SURNUMÉPAIRE ÉPITROCHLÉO-CUPBITAL. 125 muscle, et le simple ligament qui représente son plus haut degré d’atrophie, nous avons tous les intermédiaires. J'ai vu sur quelques sujets, qui ne présentaient en apparence qu'une simple arcade fibreuse, quelques fibres musculaires doubler cette arcade au niveau de sa face antérieure ; le muscle, quoique bien atrophié, n'avait pas totalement disparu. Le muscle épitrochléo-cubital constitue, dans la majorité des cas, un muscle parfaitement distinct; comme aussi quelquefois il semble se confondre avec la portion inférieure du vaste interne; je crois que celte fusion n'est qu'apparente. Fa toujours trouvé, pour ma part, mème dans les cas où la fusion paraissait intime, un interstice séparatif qui me per- mettait d'isoler les deux muscles. Cette indépendance du faisceau épitrochléo-cubital ressort encore de son mode d'innervation. 2° Innervation, — Le rameau nerveux du muscle épitrochléo- cubital peut reconnaître une triple origine : tantôt il émane du tronc même du nerf cubital, à une hauteur variable; tantôt il provient d'un rameau que ce même nerf cubital envoie à l'arti- culauon du coude; enfin on l’a vu se séparer du eubital par un tronc commun avec la branche du muscle cubital antérieur. Dans tous les cas il appartient à la zone tributaire du nerf cubital. Le radial ne l'innerve jamais : Gruber parle d’un sujet chez lequel la longue branche interne que le radial envoie à l'articulation du coude, passait à côté du muscle épitrochléo- cubital, sans lui abandonner le moindre filet. 3° Fréquence. — Elle me paraît suffisamment établie par les statistiques suivantes : du 9 janvier au 20 février, Gruber l'a cherché sur 100 cadavres (79 hommes et 21 femmes), sur 200 régions du coude par conséquent. Il l'a trouvé sur 3% sujets (26 hommes, 8 femmes); 19 fois des deux côtés (15 hommes, # femmes); 15 fois d’un côté seulement (A1 hommes, # femmes). Il résulte de cette statistique que le muscle épitrochléo-cubital se rencontre sur un tiers des sujets et sur un quart des bras. Wood, faisant des recherches analogues en 1866, dans les 126 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. salles de dissection du Aing's College, n'a rencontré le mème muscle que # fois sur 36 sujets, 3 fois des deux côtés, À fois sur le côté gauche seulement. Déjà, en 1866, Wood ne l'avait rencontré qu'une fois sur 3% sujets, et, en 1867, une fois également sur le mème nombre de sujets. D'après ces recherches, la fréquence du muscle épitrochléo-cubital serait de 8 sur 10%, soit 4 sur 17. Ces résultats diffèrent considéra- blement, on le voit, de ceux qu'avait obtenus Gruber : aussi le professeur de Londres lire-t-il cette conclusion, qui paraîtra toute naturelle, que lanomalie qu'il décrit s'observe plus fréquemment dans la race russe que dans la race anglo- saxonne. Je n'acceple toutefois cette conclusion qu'avec une extrème réserve; le professeur Macalister, étudiant dans le mème pays que Wood, était arrivé à la proportion de 4 sur #. Je suis arrivé moi-même, dans les salles de dissection de la Facullé, aux résultats suivants. En 1881, j'ai examiné #9 coudes appartenant à un nombre de sujets indéterminés ; j'ai rencontré le muscle épitrochléo-cubital, avec un développe- ment variable, 12 fois. Au mois de janvier 1883, j'ai disséqué le côté interne du coude sur 13 régions, appartenant à 9 sujets, j'ai trouvé le muscle # fois. En totalisant ces deux résultats, nous arrivons à la fraction 16/62, soit un peu moins de 1/4, comme représentant la fréquence du muscle épitrochléo- cubital. Ma stalistique, on le voit, concorde parfaitement avec celles de Gruber et de Macalister. k° Action. — Gruber considère ce muscle comme un organe de protection pour le nerf cubital et les vaisseaux qui l'accom- pagnent. Je ne conteste certes pas qu'un faisceau charnu placé en arrière du nerf cubital ne puisse bien le protéger contre les chocs extérieurs; mais il serait superflu de démon- trer qu'un ligament aurait (out aussi bien répondu à cet usage, et que si la nature avait voulu tout simplement protéger le nerf cubital, elle aurait placé là un organe fibreux, non un organe musculaire. L'épitrochléo-cubital, par ce seul fait qu'il est musculaire, MUSCLE SURNUMÉRAIRE ÉPITROCHLÉO-CUBITAL. 197 doit se contracter, et quand il se contracte, faire exécuter un mouvement à l’un des leviers sur lesquels il s'insère. Devient-il un accessoire de l’extenseur de l'avant-bras, en d’autres termes se contracte-t-il quand le triceps se contracte? je ne le crois pas, el je n’en veux pour preuve que son mode d'innervalion qui le rattache au nerf cubital /branche du médian, nerf fléchisseur), tandis que le triceps reçoit les branches du nerf radial. En considérant, dans le muscle qui nous occupe, ses points d'attache et sa direction transversale, on ne peut s'empècher de reconnaître qu'il a pour fonction de rapprocher l'olécràne de l'épitrochlée, ou si l'on veut de la ligne médiane. Tel est le rôle qui est dévolu à ce muscle, chez les animaux dont l'articulation au coude est conformée de façon à permettre au cubitus des mouvements de latéralité; chez l’homme, qui a son articulation huméro-cubitale disposée pour des mouvements exclusifs de flexion et d'extension, il ne saurait être question d'adducteur de l'olécräne. Un pareil rôle ne saurait donc convenir au muscle épitrochléo-cubital. Voilà pourquoi il s’atrophie et disparait. S I. — Le muscle épitrochléo-cubital chez les Mammi- fères. — J'ai déjà dit plus haut que le muscle épitrochléo- cubital, anormal chez l'homme, se retrouvait normalement (conme du reste toutes les dispositions anatomiques dites Anomalies reversives) dans la série zoologique. Cette assertion a élé mise hors de doute par les nombreuses dissections de Cuvier, de Gruber, de Murie, de Mivart, de Galton, etc., etc. Ce serait sortir du cadre que je me suis tracé que de décrire ici les variations nombreuses que subit le muscle épitrochléo- cubilal dans la série des Mammifères ; je renvoie le lecteur sur ce point aux mémoires originaux. Je me contenterai de dresser la liste des nombreuses espèces où ce muscle à été rencontré, indiquant entre parenthèses, pour chacune d'elles, le nom de l’anatomiste qui l’a signalé. Je ne puis m'empêcher de remarquer cependant que la formalion musculaire qui s'étend de l'olécrane à l’épitrochlée, 128 assez différente parfois dans ses formes exlérieures, du muscle épitrochléo-cubital que nous rencontrons chez l'homme, se rapproche beaucoup de ce muscle chez les singes inférieurs, pour disparaître d'une façon à peu près complète chez les Anthropoïdes. Gratiolet et Alix l'ont bien décrit chez les Troglo- dytes Aubryi, Wood l'a bien rencontré chez l’orang, mais il n'en est nullement question dans les descriptions que Vrolik, Church, Champneys, Duvernoy, Bischoff nous ont données de la myologie du chimpanzé, de l'orang, du gibbon el du gorille. J'ai vainement cherché ce muscle, moi-même, dans les deux Anthropoïdes (chimpanzé el orang) que j'ai disséqués jusqu'à ce jour. Le muscle épitrochléo-cubital a été rencontré dans les espèces LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. suivantes : I. — Primates. Orang (Wood). Troglodytes Aubryi(Gratiolet, Alix). Cercopithecus (Gruber). Macacus sinicus (Wood). Inuus (Cuvier, Gruber). Cynocephalus (Cuvier, Gruber). II. — Lémuriens. Lemur (Cuvier). Tarsius (Burmeister). Galeopithecus (Gruber). IT. — Cheiroptères. Pteropus (Humphry). IV. — Carnivores. Meles (Gruber). Mustela (Gruber). Lutra (Cuvier). Viverra (Cuvier). Herpestes (Gruber). Felis (Cuvier, Strauss-Durckeim, Gruber, Wood), Ursus (Gruber). Panthera (Cuvier). Putorius vulgaris, belette (Wood). V. — Pinnipedes. Phoca (Cuvier. Duvernoy, Rosei- thal, Gruber). VI. — Incectivores. Erinaceus (Cuvier, Gruber, Wood). - Sorex (Gruber). Crocidura (Gruber). Myogale (Gruber). Talpa (Gruber, Wood). VII. — Rongeurs. Bathyergus, rat-laupe (Cuvier\. Arctomys (Cuvier, Gruber). Rat de Norwège (Wood), Myoxus (Gruber). Sciurus (Gruber, Wood). Pteromys (Gruber). Tamias (Gruber). Spermophilus (Gruber). Castor (Cuvier). Cricetus (Gruber). Mus (Gruber). Meriones (Gruber). Hypudœus (Gruber). Lennus (Gruber). Dipus (Gruber). Mois. MUSCLE SURNUMÉRAIRE Lepus (Gruber, Wood). Hystrix (Cuvier, Gruber). Dasyprocta (Gruber). Cæœlogenys (Cuvier, Gruber). VIII. — Proboscidiens. Eléphant (Cuvier). IX. — Édentés. Bradypus (Gruber, Macalister, Hum- phry). Dasypus (Cuvier, Gruber, Galton). Orycteropus (Cuvier, Humphy). Myrmecophaga (Cuvier, Rapp, Gal- ton, Pouchet). ÉPITROCHLÉO-CUPITAL. 129 Pangolin (Gruber, Humphry). Cholopus didactylus (Galton). X. — Marsupiaux. Phascolomys wombat (Galton). Didelphis (Gruber). Dasyurus (Gruber). Phalangista (Gruber). Macropus (Cuvier). Phascolarctus cinereus (Young). XI. — Monotrèmes. Ornithoryncus (Alix, Wood). Echidna (Galton, Alix, Mivart). Bibliographie : MALGAIGNE. Traité d'Anat. chir. etc., 1° édit., Bruxelles, 1838, p. 428; 2e édit., Paris, 1859, t. II, p. 628. PETREQUIN. Traité d'Anat. topogr. Med. Chir., 2 édit., Paris, 1857,. p. 547; I Auf. deutsch, Erlangen, 1845, p. 371. HENLE. Muskellehre d. Menschen, Braunsweig, 1858, p. 198. GruBer. Ueber den Musc. epitrochleo-anconeus des Menschen u. d. Sau- getlhiere (Mem. de l’Ac. Imp. de Saint-Pétersbourg, 1866, 7 série, t. X). MaACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. Woop. Proced. of Roy. Soc. of London, 1868, t. XVI, p. 497. GRuBER. Nachtrag zur Kentniss d. Musc. epitrochleo-anconeus der Sau- gethiere (Bull. de l’'Ac. des Sc. de Saint-Pétersbourg, t. XI, p. 329). Kosrer. Nederlandsch Archief, I, 462. : GALTON. On the epitrochleo-anconeus, or anconeus sextus (Journ. of Anat. and Phys., 1874, t. IX, p. 169). Cuvier et LAURILLARD. Atlas de Myologie comparée, Paris, 1855, passim. STRAUSS-DURCKEIM. Anat. du chat, t. II, p. 351. Rapp. Anat. Untersuchungen über die edentaten, 2t Aufl., Tubingen, 1852, p. 48. PoucxeT. Mémoire sur le grand fourmilier, 1re livr., Paris, 1867. MuRie. Transact. Linn. Soc., vol. XXX, tab. 25, fig. 32. GALTON. 1d., vol. XX XVI, p. 559, and tab. 44, fig. 2. Ibid., vol. XXXVI, p. 579, and tab. 45, fig. 1. Humpxry. On the Myology of orycteropus capensis (Journ. of Anat. and Phys., May, 1868, p. 301). : GALTON. Ann. and Mag. Nat. Hist., 4th series, vol. IV, p. 251. MACALISTER. On the Myology of bradypus tridactylus, etc. (Ann. and Mag. Nat. Hist., 4th series, vol. IV, 1869, p. 59). MivarT. On (he Anatomy of echidna Hystrix (Trans. Linn. Sociely, vol. XXV). 430 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. GRATIOLET et ALIX. Rech. sur l'anat. du Troglodytes Aubryi (Nouc. Arch. du Muséum, 1866, p. 144). ALix. Soc. Phil. de Paris, 1867, p. 191. YOUNG. The Muscular Anatomy of this Koala (Journ. of Anat. a. Phys., 1882, p. 217). CHAPITRE HI 7 Région antérieure et superficielle de l'avant-bras. Cette région comprend quatre muscles distincts : le rond pronateur, le grand palmaire, le petit palmaire et le cubital antérieur. Réunis tous les quatre sur l'épitrochlée où ils pren- nent leurs insertions supérieures, ils rayonnent en bas et en dehors pour venir se fixer, par leur extrémité inférieure : le premier sur le radius, le second sur le deuxième métacarpien, le troisième sur l’aponévrose palmaire, le cubital antérieur enfin sur l'os pisiforme. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU ROND PRONATEUR Le muscle rond pronateur, le plus superficiel des muscles antérieurs de l’avant-bras, se détache en haut, par deux faisceaux distincts, de Pépitrochlée et de l'apophyse coronoïde. Le premier prend naissance sur la face antérieure de l'épitro- chlée, sur la partie inférieure du bord interne de l'humérus, ainsi que sur la cloison intermusculaire qui le sépare du grand Pr MUSCLE ROND PRONATEUR. 131 palmaire; Hyril et Schenzer ont rencontré, chacun, un os sésamoïde développé dans l'épaisseur de son tendon huméral. Le faisceau coronoïdien, que Macalister a cru pouvoir considé- rer comme l'homologue à l’avant-bras de la portion tibiale du soléaire, tire son origine du bord interne de lapophyse coronoïde, immédiatement en dedans du brachial antérieur. Les deux faisceaux d’origine du rond pronateur se portent, l’un et l'autre, obliquement en bas et en dehors, se fusionnent après un trajet variable suivant les sujets, et se jettent finale- ment sur les deux faces d’un tendon aplati et résistant, lequel vient se fixer sur la face externe du radius. Le nerf médian passe, dans la majorité des cas, entre les deux portions du muscle; chez certains sujets cependant, suivant Theile, ce nerf passe en avant et en dehors de la portion coronoïdienne, Le muscle rond pronateur est assez constant dans ses insertions comme aussi dans sa constitution anatomique. J'étudierai, comme suit, les quelques variations qu'il peut présenter. $ I — Variations des insertions supérieures; insertion élevée sur lhumérus. — Nous avons déjà vu plus haut que l'expansion aponévrotique du biceps, transformée en vrai tendon musculaire pouvait donner naissance à quelques faisceaux du rond pronateur. Ces faisceaux élevés peuvent également pro- venir du brachial antérieur (Bischoff a noté cette disposition chez son gorille), de l’aponévrose intermusculaire interne ou même de l’humérus. Dans ce dernier cas, ils se détachent soit du bord interne de l’os du bras (cas de Struthers, de Macalister, de Nuhn), soit du tubercule sus-épitrochléen, lorsque ce tubercule existe (cas de Gruber, de Struthers, de Schwegl, de Woos). Hyrtl aurait mème observé un faisceau d'origine remontant jusqu'à l'insertion du coraco-brachial. Ai-je besoin d'ajouter que ces divers faisceaux surnuméraires peuvent se réunir sur un mème sujet, et en se combinant, suivant des modes variables, créer des anomalies complexes, mais réductibles au même type. 132 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Analomie comparée. — Il est quélques espèces chez lesquelles le rond pronateur, plus étendu que celui de l'homme, vient chercher ses insertions, non-seulement sur l’épitrochlée, mais au-dessus de l'épitrochlée, sur le côté interne de l'humérus. Tels sont, d'après les dissections du professeur Humphry, l'unau, le fourmilier, le cryptobranche, etc. $ IT. —— Variations en hauteur de l'insertion radiale. — La surface rugueuse qui, sur la face externe du radius, sert à l'insertion du rond pronateur, est généralement située à une distance à peu près égale et de l’extrémité supérieure et de l'extrémité inférieure de l'os externe de l’avant-bras. Il n’est pas rare de la rencontrer un peu au-dessus, comme aussi on voit quelquefois le tendon du rond pronateur se rapprocher, de 1 ou de 2 centimètres de l'apophyse styloïde. J'ai vu ce tendon se terminer, sur un sujet, à la réunion du tiers moyen et du tiers inférieur. Analomie comparée. — Sans abandonner le tiers moyen du radius, le rond pronateur s'attache, chez la plupart des Quadrumanes, un peu plus bas que chez l'homme. L'insertion de ce muscle au-dessous de sa surface d'attache habituelle constitue donc chez l'homme une disposition simienne. A ce point de vue le boschiman que j'ai disséqué au Muséum d'his- loire naturelle ressemblait admirablement à un chimpanzé. Il est des animaux chez lesquels le rond pronateur descend jusqu’au voisinage du poignet, tels sont : l'unau, l'aï, le pango- lin (Humphry), l'ornithorynque et l'échidné (Alix), et bien d'autres encore. $S HT. — Duplicité du rond pronateur. — Cette disposition anatomique peut reconnaître une triple origine; elle peut se produire : 1° Par séparation complète des deux portions constitutives du muscle, par prolongation jusqu'au tendonradialou même jusqu'au radius de linterstice qui sépare ces deux portions, au niveau de leur insertion supérieure {cas de Wood, de Rüdinger, ete.) ; MUSCLE ROND PRONATEUR. 433 2° Par dédoublement de la portion coronoïdienne. Macalister a rencontré un fait de cette nature en 1868; Kelly en à observé un autre en 1870. Dans ce dernier fait, les deux faisceaux coronoïdiens passaient l’un et l’autre en arrière qu nerf médian. 3° Par dédoublement de la portion épitrochléenne. Dans un cas, observé par Brugnone, le muscle surnuméraire s'étendait du bord postérieur du cubitus à la face postérieure du muscle normal. Meckel, auquel j'emprunte la relation de ce fait, ajoute qu'une pareille disposition «est remarquable comme analogie avec les Singes ». Analomie comparée. — Nous savons que chez les Oiseaux le rond pronateur est constitué par deux portions distinctes, détachées l’une et l'autre de l’humérus; voici la description que donne de ces muscles M. Alix : «chez l'autruche, il y a un muscle unique représentant celui des Mammifères. Il en est de même chez l’émeu, où ce muscle est très petit. Mais il a une force et une épaisseur considérables chez l'autruche où il s'attache d'une part, à l’aide d'un tendon, sur le tubercule supérieur de l'épitrochlée, et, d'autre part, à presque toute l'étendue du radius. Chez les autres Oiseaux, il y a toujours deux muscles ronds pronateurs qui se fixent à l’épitrochlée, tantôt (Gallinacés) sur un seul tubercule par un tendon commun, tantôt {pigeons, passereaux, perroquets, rapaces) par des tendons séparés sur deux tubercules isolés. Ces deux corps charnus vont se terminer sur le radius; le superficiel ne s'étend pas aussi loin que le profond ».. Quant aux rapports des rameaux du médian avec ces deux muscles, ils sont variables : quelques-uns de ces rameaux passent entre les deux muscles, quelques autres passent au dessous d'eux. Chez le «scinc», Humphry décrit également, sous le nom de pronateur intermédiaire, un faisceau surajouté, placé au-dessous du rond pronateur ordinaire, naissant comme lui de l'humérus, el en restant séparé dans toute sa longueur. 19 2 134 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ IV. — Absence du faisceau coronoïdien. — La portion coronoïdienne du rond pronateur est réduite, sur certains sujets, aux dimensions d'un faisceau excessivement grêle; sur eertains autres, elle disparaît d'une façon complète. Le rond pronateur ne possède plus qu’une seule portion, détachée de l’'épitrochlée. Il suffit d'avoir fréquenté quelque temps les salles de dissection, pour savoir combien est fréquente cette disposi- lion, qui est signalée du reste par la plupart des anatomistes. Anatomie comparée. — En descendant l'échelle zoologique, on trouve assez rarement la portion coronoïdienne du rond pronateur. Cette portion existe bien encore chez le chimpanzé (Macalister, Champneys, Humpbry, Testut); mais elle fait défaut chez le gorille de Duvernoy, chez le Troglodytes Aubryi d'AlXx, chez le gibbon de Bischoff. Je l'ai vainement cherchée moi-même chez l’orang. Elle manque encore, d'après Macalister, chez les Ruminants, les Pachydermes, les Cétacés et les Rongeurs qu’il a examinés; parmi les Carnassiers, chez l'ours, le lion, le chien et le chat; et parmi les Quadrumanes, chez le Cebus capucinus, chez le Cercopithecus, et chez le Macacus nemestrinus. $ V. — Union avec quelques muscles voisins. — Nous avons déjà signalé les relations intimes qui pouvaient exister entre les origines du rond pronateur et les muscles de la région antérieure du bras : biceps, brachial antérieur, coraco- brachial. On a vu ce même muscle présenter quelques connexions avec les trois muscles voisins de l’avant-bras : le grand palmaire (cas de Macalister), le petit palmaire (cas de Macalister), le fléchisseur superficiel des doigts (cas de Macalister). De pareilles dispositions sont sans importance, les trois muscles précilés se trouvant plus ou moins unis au rond pronateur, chez tous les sujets, au niveau de leurs attaches épitrochléennes. Bibliographie : TREILE. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 239 MacaLISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. MUSCLE GRAND PALMAIRE. 435 KELLY, cité par Macalister, in Mémoire précédent. HyeTz. Œsterreich. Zeitschrift, vol. VIII, n° 20, 1862. SCHENZER, cité par Sæmmering, p. 259. STRUTHERS. Anat. and Phys. Observations, Edinb., 1854, p. 201. NUE. Untersuchungen u. Beobacht. aus dem Gebiete der Anat., p. 20. GruBEr. Neue Anomalien, p. 28. Voss. Norsk Magazin for Lœgevidenskaben, Bd X, Hft. 11. Koster. Nederslansch Weelk:blad voor Geneeskunde, 1856, p. 125. RüpiNGEer. Ueber die Muskeln der vordern Extrenitæten, etc., Haarlem, 1868, Taf. XV, p. 37. Woop. Proced. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 497. MacaLisrER. On the Nature of the coronoid portion of the pronator radii teres (Journ. of Anat. a. Phys., 1867, t. II, p. 8). BELLAMY. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 543. PyE-SmMirx, HowsE and COLLEY. Guy's Hospital Reports, 1870. BRaDLey. Brit. New Journ , May, 1868; et Journ. of Anat. and Phys., t. IIL, p. 197. Aix, Société Philomathique de Paris, 1867, p. 192. HumpHry. Observations in Myology, p. 174. ALIx. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, Paris, 1874, p. 406. MacaLisTer. On the Arrangement of the pronator Muscles in the limbs of Vertebrate Animals (Journ. of Anat. a. Phys., May, 1869, p. 335). Humpxry. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Physiol., November 1869, p. 16). BiscHorr. Anat. des Gorilla, München, 1880. ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE GRAND PALMAIRE. Ce muscle que l'on désigne encore sous le nom de radial interne (Theile), flexor carpi radialis (Humphry), s'étend de l’épitrochlée au premier métacarpien. Son origine supérieure, plus ou moins intimement confondue avec celle du rond prona- teur, du petit palmaire, du cubital antérieur et du fléchisseur superficiel, se fait à la fois sur l’épitrochlée, sur l'aponévrose antibrachiale, ainsi que sur les cloisons intermusculaires voi- sines. Les faisceaux charnus qui constituent le muscle grand palmaire se jettent, à la partie movenne des bras, sur un tendon, large d’abord, puis cylindrique, lequel, obliquant de haut en bas et de dedans en dehors, s'engage dans une coulisse 436 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. que lui présentent le scaphoïde et le trapèze, et vient se fixer sur l'extrémité postérieure du deuxième métacarpien. “Les variations anatomiques de ce muscle sont les sui- vantes : Ç LE — Variations des insertions supérieures. — Les inser- tions épitrochléennes sont constantes; je ne connais aucun fait où l’on ait signalé leur absence. Mais aux faisceaux épitro- chléens viennent se joindre parfois quelques faisceaux surnu- méraires, que l'anatomie comparée nous permet d'interpréter d’une façon satisfaisante. Ces faisceaux peuvent provenir du brachial antérieur ou du biceps, du cubitus, du radius. 1° Le faisceau surnuméraire envoyé par les fléchisseurs de l'avant-bras au fléchisseur radial du carpe ont déjà été signalés plus haut; il est inutile d'y revenir ici. 20 Le faisceau cubital a été observé par Macalister partant de la face antérieure du cubitus, au-dessous de l’apophyse coronoïde. Dans une autre variété, il se détache du bord interne de l'apophyse coronoïde elle-même, remplaçant le plus souvent alors le chef coronoïdien du rond pronateur qui fait défaut. Dans l’un et l’autre cas, le nerf médian passe entre le chef coronoïdien et le chef épitrochléen du muscle. 3° Macalister signale encore un faisceau anormal prenant naissance sur le radius, au niveau des insertions radiales du fléchisseur superficiel. Le professeur Calori a décrit, en 4868, sous le nom de muscle accessoire du grand palmaire, un petit muscle triangulaire s’insérant, en haut, par sa base sur le tiers inférieur de la face antérieure du radius, et se jetant, à la hauteur du poignet, sur une petite bandelette tendineuse qui venait se perdre sur le côté cubital du tendon du grand palmaire. «Ce petit muscle accessoire, ajoute Calori, n’est autre chose qu'un deuxième chef, le chef court ou radial du grand palmaire, qui, affectant dans ce cas la forme d’un biceps, constitue lui-même la longue portion ou portion humérale. » Anatomie comparée. — Chez les Oiseaux, le féchisseur radial LS MUSCLE GRAND PALMAIRE, 137 du carpe, se comportant en cela comme son homologue du membre pelvien, le tibial postérieur, prend naissance sur le cubitus et non sur l’épitrochlée. L'insertion radiale a été observée par Duvernoy sur le gorille; Gratiolet et Alix l'ont retrouvée sur le Troglodytes Aubryi, avec des caractères qui rappellent de tous points l'observation d'anatomie anormale que j'ai signalée plus haut : «Outre Îles attaches épitrochléennes que nous trouvons seules chez l’homme, écrivent ces deux anatomistes, ce muscle s'insère encore au- dessus du rond pronateur, à toute cette partie de la face palmaire du radius qui est comprise entre la tubérosité bicipitale et la partie moyenne du radius. Ces fibres viennent se rassem- bler obliquement sur un tendon qui occupe le bord cubital du muscle; mais du côté du bord radial, elles accompagnent ce tendon jusqu'au carpe. » Quant au fait de Calori, il nous amène à une formation nou- velle, quoique analogue, que nous étudierons plus tard, dans sa morphologie et sa signification, sous le nom de muscle radio-carpien ou radio-métacarpien (flexor carpi radialis brevis de Wood). DA $ IL. Variations des insertions inférieures. — L’extré- mité postérieure du premier métacarpien constitue la surface d'attache normale du grand palmaire ; en dehors de ce point, le muscle peut prendre des insertions surnuméraires sur le carpe ou le métacarpe. C’est ainsi qu'on l’a vu se fixer : 1° Sur la base du 3° et du #° métacarpien ; 2° Sur le ligament annulaire et le scaphoïde (cas de Fleisch- Mann) ; 3° Sur le trapèze et le scaphoïde (cas de Friedlowsky) ; 4° Sur le trapèze. Cette dernière disposition, qui est considérée comme normale par quelques anatomistes, a été mentionnée par Albinus, par Fleischmann, par Loschge, par Hyrtl, par Wood, par Theile, par Henle, par Macalister. Je l'ai rencontrée moi-même sur bien des sujets. 438 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME, Anatomie comparée. — Chez l'Ursus americanus, j'ai vu le grand palmaire s’insérer uniquement sur le scaphoïde, à l’aide d’un tendon très grêle. Il en serait de même chez l’unau, d'après Humphry. Le même muscle s'arrête également sur le carpe chez l'éléphant (Miall et Greenwood) ; chez la sarigue, il s'attache à la fois au trapèze et au 2° métacarpien (Meckel); chez l'échidné, d’après Alix, son tendon, large et épais, vient s’attacher au trapèze, au scaphoïde, au 2° et 3° métacarpien, et renferme dans son épaisseur, au niveau du scaphoïde, un os sésamoïde très volumineux. Chez le phoque, le fléchisseur radial du carpe prend la plus grande partie de ses insertions sur le 1% méta- carpien et se contente d'envoyer des expansions fibreuses sur le 2°, ainsi que sur le scaphoïde (Humphry); chez le pangolin, il envoie de même une expansion au 1‘ et au 2° métacarpien et vient s'insérer sur le 3°. Il se fixe au 2° au 3° métacarpien chez le chat (Strauss-Durckeim), au 3° métacarpien seulement chez le koala (Young). $ IT. — Union avec quelques muscles voisins. Nous connaissons déjà, pour les avoir mentionnés plusieurs fois, les faisceaux anastomoliques qui unissent le grand palmaire aux fléchisseurs de l'avant-bras, biceps et brachial antérieur. Le grand palmaire peut encore se confondre, dans une étendue plus ou moins considérable, avec l’un ou l’autre des muscles épitrochléens et principalement avec le rond pronateur, le petit palmaire et le fléchisseur superficiel des doigts. Cette fusion, quel qu'en soit le degré, et quel qu'en soit le siège, n'a rien que de très naturel, si l'on songe que tous les mus- cles épitrochléens sont confondus, chez quelques Vertébrés inférieurs, bien plus qu'ils ne le sont chez les Mammifères, en une masse plus ou moins indivise qui a été parfaitement étudiée par le professeur Humphry, sous le nom de masses des pronato-fléchisseurs /Pronalo-flexæor masses); chez l'homme même, les muscles qui s’atlachent à l'épitrochlée sont bien rarement indépendants au niveau de leur extrémité supé- rieure. € ct MUSCLE PETIT PALMAIRE. 439 Bibliographie : THEILE. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 238. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, p. 203. CaLort. Memorie dell Institut. Accad. di Bologna, 1866, p. 138. MACALISTER. Journ. of Anat. and Physiol., 1867, t. I, p.319. Woop. Proc. of Roy. Society of London, t. XVI, p. 502. KRUEG. Wien. Med. Wochenschr., 1872, t. XVII, p. 49. PYE-SMiTH, HOWSE et D. Cozzey. Guy's Hospital Reports, 1870. LOSCHGE, FLEISCHMANN, cités par Macalister. Trans. of R. 1. Acad., 1871. Kôsrer. Nederlansch Weekblad, 1856, p. 125. (11 s’agit, dans le fait rapporté par Kôster, d’une insertion du grand palmaire sur l'extrémité inférieure du radius, dans un cas de malformation congénitale.) MECKEL. Anat. comparée, t. VI, p. 315. FRIEDLOWSKI. Sisungsb. der K. Ak. d. Wissensch. (Mathem. Naiurw. Classe; Wien, 1869, p. 532.) Arix-:90c Phil. de Paris, 1891, p.199. Humpary. Observe. in Myology, Cambridge, 1872, p. 171 et 174. Arix. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, Paris, 1874, p. 410. Humpary. Myologie du phoque commun (Journ. of Anat. a. Phys., 1868, p. 302). Humpxry. Myology of the limbs of the unau, etc. (Ibid,, novemb., 1869, p. 42). YouNG. The muscular Anatomy of the Koala (Journ. of Anat. a. Phys., January, 1882, p. 230). Duvernoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 92. GRATIOLET et ALIxX. /èech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1866, p. 167. MiALL et GREENWOOD. The Anatomy of the Indian Elephant (Journ. of . Anat. and Phys., January, 1887, p. 269). ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE PETIT PALMAIRE. Le muscle petit palmaire ou palmaire grêle prend naissance en haut, chez l’homme, sur l’épitrochlée, sur la face profonde de l’aponévrose palmaire, ainsi que sur les cloisons fibreuses qui le séparent : en dedans, du cubital antérieur; en dehors, du grand palmaire; en arrière, du fléchisseur superficiel des doigts. Son corps charnu, très variable dans sa forme, comme dans ses dimensions, se jette sur un tendon long et arrondi, relati- vement considérable, lequel se portant en bas et en dedans, 410 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. gagne la région du carpe. Là, il se divise généralement en deux faisceaux ; le plus volumineux s'attache à la face antérieure du ligament annulaire antérieur et se confond là avec l’aponévrose palmaire ; l’autre, situé en dehors du précédent, se réunit avec l'origine des muscles de l’éminence thénar, principalement avec les faisceaux les plus élevés de l’abducteur du pouce. $ I. — Interprétation générale des variations du petit palmaire. — Considérés au point de vue le plus général, et dans l’ensemble des Vertébrés, les faisceaux musculaires qui s’étalent à la surface de flexion de l’avant-bras, destinés à placer le membre en pronation ou à fléchir sur l’avant-bras les différents segments de la main, forment un système anatomique que Humphry a très judicieusement décrit et interprété sous le nom de Pronalo-flexor mass, masse commune des muscles pronalo-fléchisseurs. Une et indivise en haut où elle prend ses points d'attache, à la fois sur l’épitrochlée, sur le cubitus et sur le radius, elle se divise en bas en faisceaux ou secteurs distincts, dont le nombre, le développement et le degré de différentialion varient suivant chaque groupe zoologique, cette différentiation se trouvant forcément subordonnée aux fonctions variables de l’avant-bras et de la main. C'est ainsi que dans quelques espèces appartenant à la classe des Reptiles ou à celle des Batraciens, les mouvements de la main, qui ne sont pour ainsi dire que des mouvements d'ensemble, ont pour agents actifs une masse musculaire commune, indivise dans presque toute son étendue. Chez les Verlébrés supérieurs, les fonctions de la main se perfectionnent : avec les besoins se multiplient les mouvements et avec les mouvements se mulliphent les muscles destinés à les produire. Aussi voyons-nous les différents secteurs de la masse commune se différentier sur un point plus élevé et. alteindre leur plus haut degré d'indépendance chez l'homme, où la main atteint son plus haut degré de perfectibilité, comme organe de préhension et de palpation; c’est chez lui qu'on trouve deux fléchisseurs communs complètement séparés, un MUSCLE PETIT PALMAIRE. 141 fléchisseur propre pour le pouce, un rond pronateur inséré très haut sur la face externe du radius, etc. Du reste, la masse commune des pronato-fléchisseurs est constituée par deux couches. La couche profonde comprend les fléchisseurs profonds des doigts et le carré pronateur. La couche superficielle, compacte à son insertion supérieure, se divise en bas en trois secteurs distincts : +) un secteur cubital qui, se portant verticalement en bas, s'arrête au bord interne du carpe, c’est le muscle cubital antérieur; £) un secteur radial qui gagne, par un lrajet oblique, le bord radial du membre et se fixe à la fois sur le radius (rond pronateur) et sur le côté externe du carpe et du métacarpe (radial interne, grand palmaire des auteurs français); 7) un secteur moyen ou inter- médiaire, lequel comprend, dans un grand nombre d'espèces, chez l’homme notamment, deux faisceaux distincts, le fléchisseur commun superficiel des doigts et le petit palmaire (palmaris longus d'Albinus, de Quain, de Henle). Ce dernier faisceau, considéré dans son état de développe- ment parfait, se jette, à la hauteur de l'extrémité inférieure de l'avant-bras, sur un tendon très résistant, lequel s’élargit en éventail au niveau de la région palmaire pour s’épuiser, soit sur les tendons du fléchisseur commun sous-jacent, soit sur les phalanges des doigts. Ainsi compris, le palmaire grêle Imcline directement, par ses contractions, les doigts sur le mélacarpe et acquiert ainsi la significalion d’un fléchisseur commun des doigts, plus superficiellement placé que le fléchisseur superficiel des Traités classiques et qu'on pourrait appeler, pour celle raison, fléchisseur commun sous-cutané. Ajoutons que, chez l'homme, par suite de la soudure du ligament palmaire avec le ligament annulaire antérieur du carpe, le pelit palmaire qui se fixe, lui aussi, sur ce ligament, n'a plus aucune action directe sur les mouvements des doigts ; il se borne à attirer en haut le ligament et à incliner le carpe vers la surface de flexion de l'avant-bras. Détourné ainsi de son rôle primitif, il s'atténue; semblable en cela au petit psoas, au pyramidal de l'abdomen que nous avons déjà étudiés dans 142 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. la première partie de cet ouvrage, il n’est plus qu'un organe rudimentaire, en voie de disparition graduelle. Les quelques considérations qui précèdent nous laissent déjà entrevoir, en même temps qu'elles nous permettent de les interpréter, les variations diverses que peut présenter, chez l'homme, le muscle petit palmaire. 1° Organe rudimentaire, en voie d’atrophie, il nous apparaîtra comme essentiellement mobile dans sa morphologie et dans sa consütution même. Au point de vue de son développement, on trouvera toutes les formes intermédiaires, depuis le type classique du muscle jusqu'à sa transformation fibreuse ou même sa disparition complète. 2° Dans un autre ordre de faits, et par un phénomène inverse, le petit palmaire pourra, retournant à ses fonctions premières, se continuer avec le ligament palmaire, et fléchir ainsi les doigts sur le carpe, et même se fixer directement à la région palmaire, avec les tendons des fléchisseurs communs. 3° Portion intégrante du « pronato-flexæor mass », il pourra en posséder lous les caractères, soit dans ses insertions supérieures, soit dans ses insertions inférieures. Atlendons-nous donc à le voir s'attacher anormalement, sur quelques sujets : en haut, sur la portion sus-épitrochléenne de l'humérus, sur le radius, sur le cubitus; en bas, sur les régions carpienne et méta- carpienne. 4° Pour les mêmes raisons, il pourra présenter avec les différents autres secteurs du «pronator-flexor mass» des connexions plus ou moins intimes. C’est ainsi qu'il pourra a) recevoir des muscles voisins un faisceau additionnel; £) se détacher en totalité de leur corps charnu; 7) se fusionner complètement avec eux et disparaître comme muscle distinct; 5° Portion différentiée du «pronato-flexor mass», le petit palmaire enfin pourra devenir double, par différentiation similaire d’un nouveau faisceau de cette masse commune, le faisceau surnuméraire pouvant présenter, à son tour, tous les caractères de mobilité du faisceau principal. Toutes les anomalies du pelit palmaire sont là; nous pouvons MUSCLE PETIT PALMAIRE. 143 maintenant en aborder l'étude au point de vue descriptif. Mais je veux auparavant rappeler quelques-unes de ses dispositions particulières dans quelques espèces animales, dispositions que nous retrouverons pour la plupart, à l'état anormal, chez l'homme. $ II. — Anatomie comparée. — 1° Chez les Singes anthro- poides, le petit palmaire se présente avec des caractères qui rappellent ceux du même muscle, chez l’homme. Il a été décrit par Gratiolet et Alix, chez le Troglodyles Aubryi, sous le nom de fléchisseur des premières phalanges; il a été retrouvé, chez le Troglodytes niger, par Rolleston, par Champneys, par Hum- phry et par moi-même. Duvernoy, qui l'a trouvé très volumineux chez l'orang, ne l'a pas rencontré chez le gorille; mais 1l ajoute que sur le sujet qu'il a disséqué, ce muscle avait pu être enlevé avec l’aponévrose antibrachiale. 2° Chez la hyène et l'ours, le petit palmaire se confond très intimement avec le fléchisseur superficiel des doigts (Meckel). De même chez le pangolin, d'après Humpbry, il est absorbé par le même fléchisseur superficiel. Chez le chien (Chauveau et Arloing, p. 289 et fig. 111, C. 6), il est une dépendance du fléchisseur perforé. Chez le fourmilier, il n'est pas distinct du cubital antérieur (Humphry). Chez la civette, disséquée par Young, il existait deux petits palmaires, tous les deux fort grèles et se terminant isolément dans la région palmaire. 3° Chez le phoque (Humphry), il naît, non pas sur le condyle interne de l'humérus, mais sur le côté interne de l’olécrâne où quelques-unes de ses fibres se continuent directement avec celles du triceps; il s'épanouit, en bas, pour constituer l'aponé- vrose palmaire et envoie une division de celte aponévrose à chacun des trois doigts moyens. Ces trois prolongements se _fusionnent avec les gaines des tendons des fléchisseurs par leurs fibres superficielles, et, avec ces tendons eux-mêmes, par leurs fibres profondes; une expansion aponévrotique très résistante se porte en outre en dehors, où elle se termine sur le radius, le carpe et le pouce. LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. = FES = 4° Chez l'éléphant (Miall et Greenwood), le petit palmaire est un muscle large et bien nourri. Devenu tendineux au niveau du carpe, il s'étale au devant de la région palmaire. Quelques- uns de ses faisceaux s'arrêtent au ligament annulaire; la plus grande partie s'épuisent à la région palmaire. La portion la plus puissante du tendon se termine, du côté cubital, sur l'os sésamoïde du cinquième doigt; sur le côté radial, une expansion vient se confondre avec l’extenseur. 5° Chez la chauve-souris, le petit palmaire présente une disposition fusiforme; voici la description qu'en donne Maison- neuve : «C'est un petit muscle très tenu qui s’insère à la partie la plus saillante de l’épitrochlée, immédiatement en avant du fléchisseur commun auquel il est accolé, tout le long de l'avant- bras. Cette insertion se fait par un tendon, long d’un centimètre environ, auquel fait suite un corps charnu fusiforme extrême- ment grêle, long également d'un centimètre, et qui se continue par un tendon fin comme un cheveu. Ce tendon abandonne celui du fléchisseur commun au point où celui-ci est recouvert par la première arcade fibreuse du poignet et passe au-dessus d'elle; puis il se divise, en s’épanouissant à la paume de la main ; il forme alors une lame fibreuse superficielle, à forme triangulaire, de laquelle partent deux expansions tendineuses assez fortes, l’une destinée au pouce, l'autre au petit doigt. Celle du pouce se subdivise en deux tendons secondaires qui se terminent à la partie inférieure du premier mélacarpien, l'un en dehors l’autre en dedans; celui du petit doigt s’épanouit en une mince lame aponévrotique, ou plutôt en plusieurs petits filets tendineux qui divergent légèrement entre eux et vont se distri- buer à la membrane de l'aile, tant en dehors qu’en dedans du petit doigt. En outre de la face profonde de l'épanouissement du petit palmaire partent de minces lamelles qui se portent aux trois doigts médiaux et aux espaces interdigitaux. » 6° Enfin le petit palmaire, représenté chez le daman par un tendon long et large (Meckel), fait complètement défaut chez les Solipèdes, les Ruminants, les Pachydermes el l'ornitho- rynque. MUSCLE PETIT PALMAIRE. | 445 SIT. — Anatomie anormale. — Les anomalies du muscle petit palmaire, que Quain a appelé avec raison le plus variable de tous les muscles, sont tellement nombreuses que nous ne devons point songer à rapporter, en détail, toutes les observations qui ont été publiées sur ce sujet. Nous nous sommes imposé des limites el nous ne voudrions point les franchir, sans bénéfice aucun pour la science. Nous nous contenterons de résumer ici tous les types observés, en faisant remarquer, une fois pour toutes, que ces types, constituant ce que j'appellerai les anomalies simples, peuvent se combiner, sur un même sujet, dans un ordre variable et donner ainsi naissance à des formes anormales plus complexes. ° Transformation fibreuse et absence du petit palmaire. — J'ai rencontré tout dernièrement, sur le côté droit d'un sujet forte- ment musclé, un petit palmaire dont le corps ne dépassait pas 25 millimètres de longueur; son tendon inférieur, très grêle à son origine, S'amincissait encore en se portant vers le carpe, devenait filiforme et s’épuisait sur l'aponévrose superficielle, dans le tiers inférieur de l’avant-bras. Du côté opposé, le muscle tout entier avait subi la transformation fibreuse. Participant des rapports du tendon normal, le ligament fibreux qui remplace le petit palmaire, s'attache dans la majorité des cas, sur le ligament annulaire du carpe, avec ou sans expansion pour les éminences thénar et hypothénar. L'absence totale du petit palmaire est loin d’être rare. Cette anomalie, que signalait déjà Columbus en 1593, se rencon- trerait, d'après les statistiques de Macalister et de Wood, 1 fois sur 10 sujets; elle peut être indifféremment symétrique ou unilatérale. 1 résulte de mes propres observations que cette disparition du petit palmaire n’est nullement en rapport avec le développement général du système musculaire, cette dispo- sition se rencontrant fréquemment sur des sujets d'une vigueur peu ordinaire. Le muscle absent peut n'être remplacé par aucun faisceau surnuméraire ou bien être suppléé, au point de vue anato- mique {out au moins, par quelque expansion charnue ou 446 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. fibreuse des muscles voisins (cas de Macalister, de Friedlowski, de Wood, elc.). 90 Variations morphologiques du muscle, Le plus souvent le petit palmaire, charnu en haut, tendineux en bas, affecte la forme d'un triangle dont le sommet se confond, au niveau de l'insertion supérieure, avec les muscles épitrochléens voisins. 2) — Macalister à vu ce muscle privé de tendon, les faisceaux charnus s'étendant sans interruplion de l'épitrochlée jusqu'au poignet. J'ai vu, sur quelques sujets, le petit palmaire aussi volumineux que le grand palmaire s'étendre jusqu'au voisinage du ligament annulaire. 8) — J'ai vu, deux fois seulement, le muscle petit palmaire remplacé par un tendon dans sa moitié supérieure, s'attacher au ligament annulaire par un corps charnu très développé. Macalister, Calori, Tillaux, ont signalé avant moi des faits analogues, que l'on peut désigner sous le nom de renversement du muscle. 7) — I n'est pas très rare non plus de voir le corps musculaire affecter une disposition fusiforme, relié dans ce cas par deux tendons distincts à l'épitrochlée et au ligament annu- laire. J'en ai observé et dessiné un cas très net, chez un sujet qui possédait, du reste, un petit palmaire conforme à la description classique. Le muscle surnuméraire était situé entre le cubital antérieur et le petit palmaire normal.’ 9) — Enfin, le petit palmaire peut présenter une forme digastrique, les deux ventres supérieur et inférieur se trouvant réunis, à la partie moyenne de l’avant-bras, par un tendon variable en longueur et en largeur. 30 Variations des insertions supérieures, — Les insertions anormales que je vais décrire peuvent être additionnelles, le muscle s’attachant d’ailleurs à l'épitrochlée, ou bien remplacer les attaches épitrochléennes. De plus, ces insertions peuvent se faire soit par de véritables faisceaux charnus, soit par de simples ligaments fibreux. Elles peuvent avoir lieu : x) — Au-dessus de l'épitrochlée, soit sur le bord interne de l'humérus ou l’aponévrose intermusculaire interne (cas de MUSCLE PETIT PALMAIRE. 417 Macalister), soit sur les muscles fléchisseurs de l’avant-bras, biceps ou brachial antérieur (cas de Calori). Nous avons signalé plusieurs fois déjà les relations intimes que présentent, sur quelques sujets, le biceps et le brachial antérieur avec les muscles épitrochléens. G) — Sur l’épitrochlée elle-méme. Harrison et Macalister ont vu, chacun une fois, le petit palmaire se fixer à l’épitrochlée au-dessous des insertions supérieures du fléchisseur superficiel. J'ai vu, sur le côté droit d'un sujet, le petit palmaire se séparer de l’épitrochlée par deux tendons parfaitement distincts. 7) — Sur le cubitus, soit sur le bord interne de l'os {cas de Macalister), soit sur l'apophyse coronoïde, en dedans des fais- ceaux du brachial antérieur (cas de Meckel, de Macalister). d) — Sur le radius, soit sur la face antérieure de l'os, au niveau du point où s'attache le fléchisseur superficiel (cas de Macalister, de Pye-Smith, Howse et Colley), soit sur la tubérosité bicipitale (cas de Janser). c) — Sur les muscles voisins, soit sur le cubital antérieur (cas de Friedlowsky), soit sur le fléchisseur superficiel {cas de Macalister, de Carver, de Wood), soit sur le fléchisseur pro- fond (cas de Fleischmann, de Macalister), soit sur le grand palmaire (cas de Wood, de Macalister); M. Whinnie à vu, dans un cas, ce dernier faisceau se détacher du grand palmaire, pour se jeter dans l’adducteur du petit doigt, il l'a décrit sous le nom de Accessorius ad flexorem carpi radialem. ) — Sur l’aponévrose antibrachiale. Macalister a rencontré une fois un véritable petit palmaire, fixé en bas au ligament annulaire antérieur du carpe, comme le pelit palmaire normal, et venant prendre naissance, en haut, sur la face profonde de l’aponévrose antibrachiale, au-devant de l'artère cubitale, en dedans du grand palmaire. 4° Petits palmaires à deux ou trois chefs, — Si au petit pal- maire normal, parti de l’épitrochlée, vient s'ajouter un des nouveaux faisceaux additionnels que je viens de signaler, parti de n'importe quelle surface osseuse, musculaire ou aponévro- tique, nous aurons un petit palmaire à deux chefs, un vrai LES LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. muscle biceps. On comprend sans peine que les variétés de ces petits palmaires biceps sont considérables. Une de ces variétés, c'est la plus rare, peut résulter de la fusion de deux faisceaux additionnels, le faisceau normal épitro- chléen faisant défaut. Dans un cas de Macalister, les deux portions du petit palmaire naissaient : la première sur le tendon du grand palmaire, la seconde sur l’aponévrose qui recouvre le cubital antérieur. Enfin Gruber a rencontré, une fois, un vrai triceps dont les trois têtes se détachaient de l'épitrochlée. 5° Duplicité du petit palmaire. — Cette anomalie est créée, soit par l’adjonction au petit palmaire normal d’un des faisceaux additionnels ci-dessus mentionnés et restant distinct dans toute son étendue, soit par l'apparition, au lieu et place du petit palmaire classique, de deux faisceaux musculaires surnumé- raires, mais également distincts l'un de l’autre depuis leur origine jusqu'à leur terminaison. Chacun des petits palmaires pouvant de son côté varier dans son volume, dans sa forme, dans ses points d'attache, on prévoit le nombre considérable de variétés qui trouvent place dans ce groupe de duplicité du muscle. Des cas de double palmaire grêle ont été signalés par Gunther, par Macalister, par Wood, par Gruber, par Calori, par M. Flesch, par Reid et Taylor, par Pye-Smith, Howse et Davies-Colley, etc. J'ai observé, pour ma part, plusieurs faits de cette anomalie dans nos salles de dissection. Voici les trois qui me paraissent les plus intéressants : z) — Les deux muscles, situés tous les deux sur le même plan horizontal entre le grand palmaire et le cubital antérieur, sont charnus en haut où ils s'insèrent sur l’épitrochlée, tendi- neux en bas où ils se fixent sur le ligament annulaire antérieur du carpe. | G) — Des deux petits palmaires, l’externe est normal, l'in- terne est un petit palmaire renversé, attaché à l’épitrochlée par un tendon long et grêle, fixé en bas au ligament annulaire antérieur du carpe par un corps charnu, relativement volumi- neux. MUSCLE PETIT PALMAIRE. 419 7) — Le petit palmaire externe est entièrement conforme à la description classique; l’interne, placé directement en dedans de lui, est fusiforme, charnu par conséquent à sa partie moyenne, tendineux à ses deux extrémités. 6° Variations des insertions inférieures. — En dehors du liga- ment annulaire du carpe et de l'aponévrose palmaire, le muscle palmaire grèle peut s’insérer : x) — Sur les éminences thénar et hypothénar. L'expansion que le petit palmaire envoie à ces éminences peut être charnue ou tendineuse ; elle peut se terminer soit sur l'aponévrose de la région, soit sur le tendon d’origine des muscles de ces émi- nences (abducteur du pouce, adducteur du petit doigt) ; il n’est pas rare de voir le faisceau charnu additionnel se fusionner entièrement avec l’un de ces muscles, qui présente ainsi une origine élevée ou antibrachiale. La plupart des anatomistes, Macalister, Gruber, Calori, signalent cette disposition que j'ai rencontrée pour ma part sur trois sujets. G) — Sur le carpe et le métacarpe. L'insertion du petit pal- maire sur le scaphoïde a été observée par Fleischmann, par Winslow, par Jenty. Dans un cas fort intéressant, observé en Hollande par Kôster, le même muscle se perdait sur l’aponé- vrose interosseuse. L'insertion au pisiforme a élé rencontrée par Gruber, par Macalister et par moi-même. Ici se trouvent deux variétés bien distinctes : ou bien le petit palmaire anormal se Jette directement sur le pisiforme, ou bien il se réunit préa. lablement et à une hauteur variable avec le tendon du cubital antérieur, empruntant ainsi ce tendon pour atteindre los du carpe, sur lequel il doit se fixer. 7) — Sur les tendons fléchisseurs. On a signalé quelques faits, fort rares, où le petit palmaire venait contracter des adhérences avec les tendons perforés du fléchisseur des doigts. Je n'ai observé qu’une fois une pareille disposition : c'était sur le côté droit d'une vieille femme qu’on avait apportée au laboratoire, au mois de février 1881. Le petit palmaire, entièrement conforme à la description classique dans toute sa portion antibrachiale, se divisait en abordant le carpe en deux ordres de faisceaux ; les 29 450 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. faisceaux externes, obliquant légèrement en dehors, se fixaient au ligament annulaire antérieur du carpe et se confondaient, à ce niveau, avec l'aponévrose palmaire. Les faisceaux internes, représentant les deux tiers environ de la masse du tendon du petit palmaire, glissaient au-dessous de cette aponévrose, gagnaient, après un trajet complètement indépendant, la région sous-aponévrotique de la paume de la main et se fusionnaient, dans le voisinage de l’arcade artérielle superficielle, avec le tendon que le fléchisseur superficiel envoie à l'index. Les insertions aberrantes que je viens de décrire sommaire- ment peuvent appartenir au tendon tout entier du muscle petit palmaire ; mais, le plus souvent, elles ne sont relatives qu'à des faisceaux de bifurcation, à des expansions fibreuses ou char- nues de ce dernier muscle. Dans ce deuxième ordre de faits, le petit palmaire possède en réalité deux faisceaux de terminaison ; de là le terme de palmaris longus bicaudatus, dont s’est servi le professeur Gruber pour caractériser cette anomalie qui varie, on le conçoit, avec l’origine, la forme et la terminaison du faisceau surnuméraire. Il peut même exister deux tendons surnuméraires, témoin le fait suivant observé encore par l'infatigable Gruber, dans lequel un petit palmaire se fixait, en bas, par trois faisceaux distincts : sur l’aponévrose palmaire, sur le pisiforme, sur l’adducteur et sur le court fléchisseur du petit doigt. C'était là, pour employer à mon tour la terminologie du professeur russe, un vrai palmaris lonqus tricaudatus. 7° Continuation directe du tendon du palmaire grêle avec lapo- névrose palmaire. — Dans la grande majorité des cas, le tendon inférieur du pelit palmaire, s'arrête, comme je l'ai déjà fait remarquer bien des fois, sur le ligament annulaire antérieur du carpe, sur lequel viennent se fixer également les faisceaux verticaux de l'aponévrose palmaire. Ce muscle ne peut agir, en conséquence que médiatement, sur celte aponévrose et sur les premières phalanges des doigts. Mais cette séparation en deux portions du tendon du pelit palmaire, séparation qui est mani- festement consécutive, disparaît sur certains sujets sinon MUSCLE PETIT PALMAIRE. 451 complètement, du moins d’une façon très nette. J'ai vu pour ma part, plusieurs fois, une bonne portion du tendon du petit palmaire franchir sans s’y arrêter le ligament annulaire du carpe, s'épanouir au-dessous en ligament palmaire et venir prendre directement ses insertions sur les premières pha- langes : c’est bien là un retour à la disposition et à la fonction premières du petit palmaire, tel que nous l'avons constaté, dans le paragraphe précédent, chez quelques espèces animales. Bibliographie : CozumBus. De re Anatomicà, 1593, lib, V, p. 288. PETSCHE. Syllog. Musc. obs. Anat. Select., p. 710. Dursy, cité par Henle, Muskellehre, zw. Aufl., 1871, p. 204. MECKEL. Manuel d'Anat., trad. Jourdan, p. 172. WINELOW. Anatom., p. 193. Boyer. Traité d'Anatomie, t. II, p. 282. FLEISCHMANN. Abhandl. d. Phys. Med. Soc. in Erlangen, Bd I, p. 25. MACALISTER. Transact. of Roy. 1r. Acad., 1871. HARRISSON, cité par Macalister, in Mémoire précédent. JANSER. Nederlandsch Lancet, 1850, p. 431. CarvER. Journ. of Anat. and Phys., vol. III, p. 260. TiLLAUX. Soc. anat. de Paris, 1861, p. 40. CaLori. Memorie dell’ Inst. accad. di Bologna, série IL, t. VII, p. 42. GruBEr. Ueber die Varietæten der Musc. palmaris longus (Mem. de l'Ac. de Saint-Pétersbourg, série VII, t. XI, 1868, n° 14). MACALISTER. Proced. of Roy.1rish Academy, 1867. Humrary. Observations in Myology, 1871. BELLAMY. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 542 SMITH, HOWSE et DAVIES-COoLLEY. Guy’s Hosp. Reports, 1870. DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Gus Hospital Reports, 1872. Humrary. Lectures in human Myology (British Med. Journ., 1872, p. 58). REI1D et TayLor. S° Thomas's Hospital Reports, 1879. BRoca. Soc. anat. de Paris, 1850, p. 6. KôLLIKER. Varietæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. Gruger. Nachtræge zu d. Varietæten d. Musc. palmaris longus (Bullet. Acad. Imp. de Saint-Pélersbourg, 1872, col. 271). GruBEr. Ein d. Mangelnden Musc. palmaris longus durch, ete., (Ibid., c. 318). JŒsSEL. Arch, f. Anat. u. Physiol., 1878, p. 429. NorDLUNG. Muskelanomalien (Upsala Lœkarefüren Fürh., Bd XIII, 1877, p. 160). KRuEG. Accessor. Musc. palmaris longus mit doppelter Endsehne (Wiener med. Wochenschr., 1872, n° 49). 452 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Woon, Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 530, et t. XVI, p. 503. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 316. Miazz et GREENwWOOD. The Anatomy of the indian Elephant (Journ. of Anat. and Phys., Jan. 1878, p. 270). Humpary. On the Myology of the Orycteropus capensis and Phoca com- munis (/bid., May, 1868, p. 303). YouxG. Myology of Viverra civetta (/bid., 1880, p. 171). Humrary. Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Ibid., 1869, p. 42). GRATIOLET et ALix. Rech. sur l'Anat. des Troglodytes Aubryi, 1865. Duvernoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 104. FRIEDLOWSKI, cité par Macalister. Transact., 1871. JENTY. Anat. Phys. Lectures, 1751, p. 281. Küsrer. Nederlandsch Weekblad voor Geneeskunde, 1856, p. 125. CHAUVEAU. Anal comparée des animaux domestiques, p. 289. = MAISONNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, Paris, 1878. ARTICLE IV ANOMALIES DU MUSCLE CUBITAL ANTÉRIEUR. Ce muscle prend naissance en haut, à la région latérale du coude, par deux chefs distincts : le premier se détache de l'épi- trochlée en dedans du petit palmaire ; le second se fixe au bord interne de l’olécräne ainsi que sur le bord postérieur du cubitus dans ses deux tiers postérieurs. Les deux portions épitro- chléenne et olécrânienne se réunissent intimement, à quelques centimètres au-dessous de leur origine, et se jettent à la partie inférieure de l'avant-bras sur un fort tendon, lequel vient s’in- sérer à l'os pisiforme. Le muscle cubital antérieur constitue le secteur interne de la couche superlicielle du pronato-fleæor mass de Humphry; il est remarquable par la constance de ses insertions tant supérieures qu'inférieures. Tandis que les autres secteurs de cette masse commune varient pour ainsi dire à l'infini, lui seul reste fixe, protégé je ne sais comment contre cette influence pertubatrice qui frappe, dans leur développement embryonnaire, tous les muscles voisins. Les seules variations de ce muscle qui aient été signalées sont les suivantes : MUSCLE CUPBITAL ANTÉRIEUR. 153 $ I. — Insertion surnuméraire sur les métacarpiens. — Wood a vu, dans un cas, le tendon du muscle cubital antérieur envoyer une expansion sur le quatrième métacarpien. J'ai vu moi-même, plusieurs fois, des expansions fibreuses similaires se porter sur le cinquième métacarpien. Dans un cas, observé par Curnow, cette expansion s’étendait jusqu'à l'articulation méta- carpo-phalangienne du petit doigt. | Anatomie comparée. — En Anatomie générale, l'os pisiforme doit être considéré comme un os sésamoïde développé dans l'épaisseur du tendon du muscle cubital antérieur qui, en réalité, vient se fixer au-dessous. C’est ainsi que chez l'ours, le tendon passe par dessus le pisiforme, qu'il englobe, pour aller s'at- tacher au 5° métacarpien. Chez l'hyène (Meckel), le même ten- don arrivé au pisiforme se convertit en plusieurs ligaments qui se fixent aux quatre métacarpiens externes. Signalons encore, comme présentant très nettement ces expansions tendineuses pour les métacarpiens, l'ai (Humphry), la civette (Young), le koala (Young). S IT. —— Faisceau d'insertion surnuméraire pour le ligament annulaire antérieur du carpe. — Du corps charnu ou du tendon du muscle cubital antérieur se détache quelquefois un faisceau surnuméraire, soit charnu, soit tendineux, lequel, se portant un peu obliquement en bas et en dehors, vient se fixer sur le ligament annulaire antérieur du carpe. J'ai déjà étudié celte disposition dans l’article précédent, sous le litre : ensertion du petit palmaire sur les muscles voisins. Je n'y reviendrai pas ici. Je rappellerai cependant que, sur le gorille disséqué par Duvernoy, le muscle cubital antérieur possédait «un tendon aponévrotique interne, duquel partaient en série oblique les fibres musculaires du palmaire grêle ». $ IT. Duplicité du muscle eubital antérieur. — Cette anomalie est constituée par la présence d'un muscle surnumé- raire détaché de l'épitrochlée, dont le tendon inférieur vient se 45% LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. réunir, à quelques centimètres au-dessus du carpe, au tendon du cubital antérieur. Ce faisceau peut exister avec ou sans le petit palmaire ; il n’est autre qu’un pelit palmaire (habituel ou surnuméraire) qui, au lieu de gagner le ligament annulaire antérieur du carpe, vient se fixer sur le pisiforme. (Voyez plus haut, p. #49.) Bibliographie : HILDEBRANDT. Lehre der Anat. des Menschen, Bd XI, 1879, p. 209. ARNOLD. Handbuch d. Anat. des Menschen, Bd I, 1845, p. 665. MECKkEL. Anat. comparée, t. VI, p. 312. CaLori. Memorie dell’ Institut. Accad. di Bologna, série IT, t. VIII, p. 46. Curxow, cité par Humphry, in Brit. Med. Journ., 1873, t. II, p. 50. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London (loc. cit.). MaACALISTER. Transac. of Roy. Irish Academy, 1871. Duvernoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 91. YouxG. Myology of Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys., Jan., 1880, DAT) Humpary. Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Id., nov., 1869, p. 41). RE1D et TAyLoR. S' Thomas's Hospital Reports, 1879. YouxG. The Muscular Anatomy of the Koala (Journ. of Anat. and Phys., Jan... 1882, p. 229). GruBer. Ein den Mangelnden Musc. palmaris longus durch einen super- numeræren Bauch ersetsender Musc. radialis internus longus bicau- datus beim Menschen (Bull. Acad. des Sc. de Saint-Pétersbourg, 1872, col. 318). CHAPITRE IV Région antérieure et profonde de l’avant-bras. Cette région comprend, chez l'homme, quatre muscles disposés sur trois plans différents : sur le premier plan s'étale le fléchisseur commun superficiel des doigts; le deuxième plan est occupé, en dedans, par le fléchisseur commun profond, en MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. 155 dehors, par le fléchisseur propre du pouce. Le carré pronateur enfin constitue, à lui tout seul, le troisième plan. J'éludierai les anomalies de ces muscles dans trois articles distincts : je réunirai dans le premier toutes celles qui se rattachent au système des fléchisseurs communs; je consacrerai le second aux anomalies du fléchisseur propre du pouce, le troisième à celles du carré pronateur. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DES MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. La flexion de la deuxième et de la troisième phalange est déterminée, chez l’homme, par deux muscles distincts : le fléchisseur commun superficiel ou sublime et le fléchisseur commun profond. Mais ces deux muscles sont si intimement connexes, dans un grand nombre de Vertébrés; chez l’homme même, ils s’envoient si souvent, l’un à l’autre, des faisceaux anastomotiques, que je me crois largement autorisé à réunir leurs variations anatomiques dans un même article. 1° Le fléchisseur commun superficiel prend naissance en haut : +) sur l’épitrochlée, au-dessous des muscles de la couche précédente, avec lesquels il est toujours plus ou moins confondu; 5) sur le cubitus et son apophyse coronoïde, en dedans et au-dessous du tendon du brachial antérieur; ;) sur la partie moyenne du bord antérieur du radius. L'ensemble des faisceaux musculaires qui se détachent de ces divers points d'origine se divise, à la partie moyenne de l'avant-bras, en quatre corps charnus, lesquels viennent se fixer, par l’intermé- diaire d’un long tendon, sur l'extrémité postérieure de la deuxième phalange des quatre derniers doigts. Le corps charnu du fléchisseur superficiel se dispose généralement en deux plans : le plan superficiel se rend, par deux tendons, aux deux doigts du milieu; le plan profond, plus ou moins dissimulé sous le précédent, se rend, par deux tendons également, au deuxième et au cinquième doigt. 456 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 2° Le fléchisseur commun profond, placé au-dessous du précédent, s'insère en haut : 4) sur les trois quarts supérieurs de la face antérieure et du bord interne du cubitus: £) sur la portion de l'aponévrose anlibrachiale qui revêt la face interne de cet os; 7) sur les deux tiers internes du ligament interosseux ; )) enfin, par quelques faisceaux sur le radius, en dedans et au-dessous de la tubérosité bicipitale. Ce muscle se divise en bas en quatre portions d'inégal volume, aboutissant chacune à un tendon aplati. Ces quatre tendons terminaux glissent dans la gouttière du carpe, donnent insertion dans la région palmaire aux muscles lombricaux et viennent se fixer, après avoir traversé, d’arrière en avant {tendons perforants), les tendons correspondants du fléchisseur superficiel (tendons perforés), sur l'extrémité postérieure élargie de la troisième phalange. Theile, en parlant des anomalies du fléchisseur sublime éerit : «ce muscle est sujet à de très fréquentes anomalies, mais dont on ne peut qu'à peine donner un exposé salisfaisant, parce que l’anomalie d’une certaine portion du muscle est ordinairement accompagnée, dans une autre portion, d'une anomalie spéciale qui compense la première, en sorte qu'il faudrait souvent faire la description du muscle entier. » Cette assertion que je partage et qui s'applique, avec presque autant de vérité au fléchisseur profond, me servira de guide dans la rédaction de cet article : Je renonce à décrire en détail, mème la plupart des faits connus. De toutes les observations qui ont été publiées et que j'ai sous les yeux, de celles qui me sont personnelles, je ferai découler des types que je décrirai sommairement, en les interprétant de mon mieux au point de vue soit de l'anatomie générale, soit de l'anatomie comparée. Le lecteur trouvera du reste, à la fin de cet article, une index bibliographique complet, grâce auquel il pourra facilement, s'il le désire, remonter aux mémoires originaux et par suite aux observations détaillées. $ L. — Union plus ou moins complète des deux fléchis- seurs; anastomoses des différentes portions digitales d’un même muscle. — 1° Il n'est pas rare de rencontrer un faisceau MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. 157 charnu se détachant de la portion épitrochléenne du fléchisseur sublime et venant se terminer dans le fléchisseur profond. Ce faisceau anastomotique, que j'ai rencontré pour ma part sur bien des sujets, peut se perdre dans la masse encore indivise du fléchisseur perforant ; le plus souvent il se jette sur un tendon long et grêle qui vient se réunir, au voisinage du carpe ou même au-dessous, à l’un des tendons du muscle; je l'ai vu dans deux cas se terminer, dans la gouttière du carpe, sur le tendon de l'index ; dans un autre cas, il se fusionnait à la même hauteur avec le tendon que le fléchisseur perforant envoie au petit doigt. Macalister et Wood chez des Européens, Turner chez un nègre, oni rencontré des faits semblables. 2° Les tendons digitaux des fléchisseurs sont générale- ment indépendants les uns des autres. Le professeur Turner a vu, dans un cas, les tendons perforés du médius, de l'annulaire et du petit doigt réunis par des bandelettes fibreuses ; sur un autre sujet, c'étaient ceux du médius et de l'annulaire qui étaient ainsi réunis; sur un troisième sujet enfin, une bande- lette fibreuse solidarisait entre eux le tendon du petit doigt et le tendon de l’annulaire. Quant aux tendons perforants, ils s'anas- lomoseraient assez régulièrement ensemble, d’après Theile, à la paume de la main, «par de minces languettes qui s’iso- lent des tendons principaux. » Dans un cas observé par Macalister, le tendon que le fléchis- seur superficiel envoie au petit doigt ne se laissait pas perforer par le tendon similaire du tendon profond et se fusionnait intimement avec lui. Anatomie comparée. — De tous les Mammifères, l'homme est celui dont les deux fléchisseurs sont le plus manifestement dis- Uncts ; si nous descendons la série, nous constatons en effet. entre ces deux muscles, une tendance à se réunir par des faisceaux anastomotiques, ou même à se fusionner d’une façon complète. Déjà, chez l'orang, tout aussi bien que chez le gorille et le chimpanzé, Wood à trouvé un faisceau anastomotique qui se détachait de la portion coronoïdienne du fléchisseur superficiel et venait se terminer sur le tendon perforant de l'index. J'ai 458 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. trouvé moi-même celte anastomose chez mon orang, sous la forme d’un faisceau long de 11 centimètres, large de 8 millimè- tres, qui se détachait, comme sur le sujet disséqué par Wood, de la face profonde du fléchisseur superficiel, dans le voisinage de l’épitrochlée, et se terminait sur le côté interne du fléchis- seur profond. J'ai rencontré une disposition analogue, chez le Troglodytes niger et chez le cercopithèque. Wood l'a constatée encore chez le Macacus radiatus; Meckel l'a signalée chez les Loris, Champneys chez le Cynocephalus anubis, Owen chez le Chiromys, Burmeister chez le tarsier. Murie et Mivart décrivent, chez leur Nycticebus lardigradus, un faisceau musculaire qui s'échappe de la face profonde du fléchisseur superficiel, descend vers le carpe et s'y anastomose à la fois avec le fléchisseur commun profond et le fléchisseur propre du pouce. Cette dis- position rappelle de {tous points certains cas anormaux observés chez l'homme. Nous trouvons encore, chez le Hapale penicillata de Bischoff, comme entrant dans la constitution du muscle superficiel des doigts, un faisceau surnuméraire qui vient renforcer le fléchis- seur profond. Au-dessous des Quadrumanes, l'union des deux fléchisseurs s'accentue : chez l'hyène encore, nous retrouvons, d'après Meckel, entre les deux fléchisseurs, un faisceau d'union qui rappelle assez bien, par sa disposition, celui des Singes infé- rieurs; mais, chez la plupart des Carnassiers, les deux fléchis- seurs, ainsi que le palmaire grêle, «sont tellement intriqués qu'on est obligé de les décrire en commun». Le fléchisseur superficiel n'apparaît, dans certaines espèces, la civelte par exemple (Young), que comme une portion du fléchisseur profond : il en est de mème chez la sarigue et chez quelques autres Didelphes. Chez le kangurou enfin, le fléchisseur super- ficiel et le fléchisseur profond constituent un muscle unique (Meckel) qui vient s'insérer aux doigts par un tendon simple. Nous trouvons une fusion analogue chez l'ornithorynque (Meckel) ; le professeur Humphry ne décrit également, chez l'aï, qu'un seul fléchisseur des doigts. MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. 459 La présence de bandelettes anastomotiques placées, à la région palmaire, entre les tendons des fléchisseurs, se rencon- tre chez quelques Singes, notamment chez les Lémuriens de Madagascar, où elles ont été parfaitement décrites par M. Alph. Milne-Edwards : «Les tendons, dit-il, qui terminent les lan- guettes charnues, au lieu de rester séparés dans toute leur étendue, sont tous réunis entre eux par de fortes brides fibreuses, qui les rendent solidaires les uns des autres dans la région du poignet ». $ IT. — Faisceau accessoire du fléchisseur profond (accessorius ad flexorem profundum de Gantzer). — Le faisceau anastomolique que je viens de décrire entre le fléchisseur superficiel et le fléchisseur profond peut s’isoler complète- ment de ce premier muscle. Devenu ainsi indépendant dans son origine supérieure, il constitue l'accessoire du fléchisseur profond de Gantzer. Du reste, il peut se détacher indifféremment de l’apophyse coronoïde ou de l’épitrochlée, naître par des fibres charnues ou des fibres tendineuses; son mode d’union avec le fléchisseur profond peut se faire également, soit par un tendon {cas le plus fréquent), soit par un faisceau musculaire (cas le plus rare). Ce faisceau coronoïdien ou huméral du fléchisseur profond des doigts a été particulièrement étudié, après Gantzer, par le professeur Wood, qui l’a trouvé : x) rejoignant le tendon perforant de l'index (6 fois sur 72 sujets); B) rejoignant le tendon du médian (8 fois sur 72 sujets); 7) se terminant à la fois sur le tendon de l’annulaire et sur celui du petit doigt (1 fois sur 36 sujets). J'ai observé moi-même la plupart de ces dispositions. Turner a vu le même tendon se terminer uniquement sur le tendon du petit doigt; Macalister l’a vu se réunir à la fois au tendon de l'index ét à celui de l’annulaire, ou bien aux tendons de l'index et du petit doigt. L'accessoire de Gantzer peut enfin présenter simultanément 160 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. des connexions avec trois des tendons perforants : avec ceux de l'index, du médius, de l’annulaire (fait de Wood); avec ceux du médius, de l'annulaire et du petit doigt (fait de Turner). Toutes ces variétés et elles sont nombreuses, comme on le voit, se confondent dans une signification univoque : le faisceau qui s'étend de l'épitrochlée ou de l'apophyse coronoïde au fléchisseur commun profond est une anastomose jetée entre ce dernier muscle et les insertions supérieures du fléchisseur commun superficiel. Nous nous trouvons ainsi ramenés à l'anomalie précédente. Analomie comparée. — Du reste, Pattache épitrochléenne du fléchisseur perforant s’observe normalement chez plusieurs Mammifères : chez la marmotte, les faisceaux charnus du fléchis- seur profond se détachent à la fois de l'épitrochlée, du cubitus et du radius. Chez le daman, le fléchisseur profond, plus épais que le superficiel, «naît de l'épitrochlée par deux têtes et se con- vertit, à l'extrémité inférieure de l'avant-bras, en un tendon commun, destiné à fournir aux quatre doigts externes» (Meckel). Humpbry signale celte insertion épitrochléenne sur le pango- lin. Nous la retrouvons, dans l'ordre des Quadrumanes, d'après les dissections de Bischoff, chez le Pithecia hirsuta, le Cercopi- thecus sabœus, le Cynocephalus maimon el même chez le gorille. $ HT. — Absence des faisceaux radiaux du fléchisseur superficiel, — J'ai vu manquer, mais sur un sujet seulement, l'insertion radiale du fléchisseur perforé. Cette anomalie, qui à élé signalée avant moi par Wood et par Macalister, à été retrouvée tout dernièrement par M. Flesch dans le laboratoire d'anatomie de Kôlliker. Anatomie comparée. — Cette disposition, qui est fort rare chez l'homme, se rencontre à l’état normal chez un grand nombre de Quadrumanes. Je la lrouve signalée, chez le Cynocephalus anubis par Champneys; chez le Cynocephalus maimon, le Macacus cynomolqus, le Hapale penicillata par Bischoff. Les inserlions radiales du fléchisseur superficiel faisaient encore défaut chez l'orang de Duvernoy, chez le MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. 461 chimpanzé de Macalister, ainsi que chez le Troglodytes Aubryi disséqué par Gratiolet et ATX. $ IV. — Faisceaux radiaux pour le fléchisseur profond. Nous avons déjà vu que quelques faisceaux musculaires détachés du radius au-dessous et en dedans de la tubérosité bicipitale, venaient renforcer le fléchisseur commun profond des doigts. Celte origine radiale signalée par Theile (p. 2##), par Cru- veilhier (1, p. 673), par Sappey (Il, p. 329), se rencontre sur la plupart des sujets et peut être considérée comme normale. Mais il est des cas où ces faisceaux radiaux, devenant plus nombreux et plus considérables, dépassent la zone où ils prennent habituellement naissance et constituent réellement une anomalie. Tels sont certains faits observés par Kelly, Macalister, Theile, etc. Chez une négresse du Sénégal, disséquée par M. Chudzinski, les fibres les plus externes du muscle fléchisseur profond occupaient la majeure partie de la face antérieure du radius et dépassaient, en bas, les faisceaux musculaires du fléchisseur propre du pouce, qui les recouvraient en partie. C'est généralement sur le corps musculaire destiné à l'index que se portent les faisceaux radiaux du fléchisseur perforant ; mais ils peuvent se terminer également, soit sur le corps charnu encore indivis, soit sur un faisceau destiné à tout autre doigt qu’à l'index. Du reste, ils peuvent se détacher, comme le fait remarquer judicieusement Theile, d'un point quelconque du radius, en haut, dans le milieu ou en bas. Dans un cas fort curieux, rapporté par Wood (Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p, 528), un muscle fusiforme, détaché de l’apophyse coronoïde avec les faisceaux coronoïdiens du fléchisseur superficiel, se portait en bas vers le carpe ; il recevait, dans son trajet, des faisceaux charnus partis du bord interne et de la face antérieure du radius et se divisait, au-dessous du liÿament annulaire, en deux tendons distincts : l’un se rendait au tendon du long fléchisseur propre du pouce; l'autre se fusionnait avec le tendon perforant de l'index. 462 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Signification anatomique. — Les faisceaux d'origine radiaux du fléchisseur commun profond constituent un premier degré de fusion du fléchisseur commun et du fléchisseur propre du pouce, disposition qui est habituelle chez la plupart des Singes, notamment chez tous les Anthropoides où les faisceaux radiaux du fléchisseur profond se portent sur l'index. Nous aurons à revenir sur cette anomalie dans l’article suivant. $ V. — Forme digastrique du fléchisseur superficiel. — La masse charnue du fléchisseur perforé se dispose générale- ment en deux plans distincts : l'un superficiel, destiné au 3° et 4° doigt; l’autre profond, commandant les mouvements du 2 et du 5°. Ce dernier est interrompu, sur la plupart des sujets, par une intersection tendineuse ou aponévrotique existant à peu près constamment, mais sujette aux variations les plus bizarres. «La plus profonde, dit Theile, enveloppée par la première, comme par une sorte de gaîne, est à propre- ment parler un muscle digastrique. Le ventre supérieur, court et conique, dégénère en un fort tendon aplati qui est tout à fait libre dans l'étendue de quelques lignes à quelques pouces, et sert ensuite d'origine au muscle inférieur. » C'est bien là la disposition qu'on rencontre le plus fréquemment, mais il n'est pas rare de voir cette intersection à peine marquée ou ne portant que sur un faisceau seulement, celui de l'index par exemple; comme aussi on voit des cas, où cette intersection acquiert les dimensions d'une large membrane interposée aux deux corps musculaires. Je l'ai vue, sur un sujet fortement musclé, atteindre # centimètres de hauteur sur 3 centimètres de largeur. | M. Humpbry croit devoir rattacher celte transformation fibreuse du muscle fléchisseur de l'index et du petit doigt à un simple but de convenance, la nature ne voulant pas accumuler sur un même point une trop grande épaisseur de faisceaux charnus. On dirait qu'il y a là une espèce de compression exer- cée par le corps musculaire superficiel sur le corps musculaire profond, qui ne peut ainsi se développer. Le savant analomiste MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. 463 de Cambridge rappelle à ce propos une disposition analogue présentée par le biceps brachial des Sauriens, lequel est charnu à son origine coracoïdienne, tendineux à sa partie moyenne au niveau du point où il est croisé par le grand pectoral, et de nouveau charnu à son inserlion antibrachiale. Champneys a signalé celte forme digastrique du fléchisseur superficiel de l'index chez le chimpanzé. Dursy a rapporté un fait, dans lequel le fléchisseur perforé tout entier affectait la forme digastrique. Chez les Loris, d'après Meckel, le fléchisseur superficiel est également interrompu, au milieu de l’avant-bras, par un tendon fort grêle. Le ventre supé- rieur se confond plus ou moins avec le fléchisseur profond; le ventre inférieur fournit des tendons grêles aux quatre doigts externes. $ VI. — Absence du fléchisseur du petit doigt; son remplacement par un muscle court fléchisseur. — Je n'ai rencontré que deux fois, et sur deux sujets différents, l'absence du faisceau que le fléchisseur superficiel envoie au petit doigt. Mais cette anomalie a été signalée, avant moi, par Theiïle, par Wood, par Macalister, par Calori, par Bankart, Pye-Smith et Philips, etc. Dans la plupart des faits de cette nature, dans tous peut-être, le muscle absent est suppléé ou plutôt remplacé par un faisceau plus court qui prend naissance dans le voisinage du carpe et vient s'attacher, par un tendon rappelant de tous points le tendon normal, sur la deuxième phalange du petit doigt. Ce muscle surnuméraire, qui n’est en termes exacts qu'un court fléchisseur de la deuxième phalange du petit doigt, se détachait du cubitus dans le cas de Calori, du fléchisseur profond dans celui de Bankart, Pye-Smith et Philips, de la face antérieure de la synoviale du quatrième tendon perforant, dans un cas de Kelly. Dans une observation publiée par Theile, nous trouvons consignée la disposition suivante, qui s'accorde assez bien avec une autre de Môser : «du ligament antérieur du carpe et de la face interne de l’'aponévrose palmaire (dans l'espace compris 4164 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. entre les tendons des doigts médius et indicateur), naissait un faisceau, charnu sur le champ, de la forme à peu près d'un muscle lombrical, qui se rendait à la première phalange du cinquième doigt, et là dégénérait en un tendon qui se parta- geait comme celui du fléchisseur sublime. » Il résulte d'une observation de Wood que le 4° lombrical peut encore suppléer le fléchisseur perforé du petit doigt. Dans les deux observations personnelles auxquelles j'ai fait allusion tout à l'heure, le muscle court fléchisseur du petit doigt naissait : sur le premier sujet {côté gauche), de la portion cubitale du fléchisseur profond; sur le deuxième sujet [côté gauche), de la face profonde du ligament annulaire. Signification et analomie comparée. — L'anomalie que je viens de décrire se réduit en somme à un changement d'attache du fléchisseur perforé du petit doigt, qui prend naissance non plus sur l’humérus ou même sur les os de l’avant-bras, mais bien dans le voisinage du carpe. C'est un long fléchisseur trans- formé en court fléchisseur. Remarquons tout de suite que cette transformation s’est opérée, sur le membre inférieur, pour tous les faisceaux du fléchisseur perforé : le court fléchisseur plan- (aire ne dépasse jamais en effet, chez l'homme, l'extrémité postérieure du calcanéum. Le fléchisseur perforé des doigts transformé en court fléchis- seur se rencontre normalement chez quelques Vertébrés, notamment chez l’Hatteria (Humphry) et chez quelques espèces de Batraciens et de Sauriens où le fléchisseur superficiel, pour employer l'expression de Meckel, «est lout à fait descendu à la main ». Dans le crocodile, d'après Cuvier, «le véritable fléchis- seur sublime ou du moins celui qui en tient lieu, naît du pisiforme et se partage en quatre languelles, pour le pouce, l'index, le médius et l’annulaire, perforées pour les deux derniers seulement. » De même dans le jerboa, les faisceaux du fléchisseur perforé qui vont au premier et au cinquième doigf, se détachent d’un petit os surnuméraire de la région du carpe (Humphry). La civelle, enfin, disséquée par Young, nous offre une MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. 465 disposition absolument semblable à celle que nous avons cons- tatée plus haut chez l'homme. Le fléchisseur superficiel qui émane du fléchisseur profond ne présente que trois tendons, pour les trois doigts du milieu. Le petit doigt qui n’en possède point, reçoit en revanche un petit muscle spécial, naissant à la fois sur le ligament annulaire, le pisiforme et le tendon cubital du petit palmaire; le tendon de ce court fléchisseur se dirige vers le cinquième doigt, et après avoir donné passage au tendon correspondant du tendon perforant, il vient se fixer à l'extrémité postérieure de la deuxième phalange. $ VIL. — Faisceau surnuméraire des fléchisseurs inséré sur le ligament annulaire ou sur l’aponévrose palmaire. — De la masse des fléchisseurs, du fléchisseur superficiel le plus souvent, peut se détacher un faisceau plus ou moins volumineux qui vient se fixer, par son extrémité inférieure, soit sur le ligament annulaire antérieur du carpe, soit sur l'aponévrose palmaire. Ce faisceau anormal peut remplacer le pelit palmaire ou coexister avec lui. Dans le premier cas, il n'est autre que le petit palmaire lui-même, modifié dans ses attaches supérieures ; dans le second, c’est un palmaire surnuméraire confondu, pen- dant quelque temps, avec les fléchisseurs. J'ai déjà signalé cette double disposition à propos des anomalies du pelit palmaire (Voyez ce muscle, p. #47). De plus, le faisceau palmaire que je viens de signaler peut se détacher isolément de l’épitrochlée, au-dessous des insertions supérieures du fléchisseur superficiel. J'en ai observé tout dernièrement (février 1883) un fait bien démonstratif. Sur l'avant-bras droit d'un sujet vigoureux, le grand palmaire, le petit palmaire, le rond pronateur étaient entièrement conformes à la description classique. Le fléchisseur superficiel, constitué par deux couches distinctes, fournissait un tendon distinct à chaque deuxième phalange des quatre derniers doigts. Au- dessous de lui, se trouvait un corps charnu surnuméraire long de 7 centimètres, large de 2, épais de 8 millimètres seulement : il prenait naissance, en haut, sur la face antérieure de l'épitro- 30 466 LES ANOMALIES MUSCULAIRES . CHEZ L'HOMME. chlée, se jetait, à la partie moyenne de l’avant-bras, sur un tendon très volumineux, lequel glissait dans la gouttière du carpe et venait S'épuiser, par trois ou quatre faisceaux disposés en éventail, sur la face profonde de l'aponévrose palmaire, dans la portion de cette aponévrose qui correspond au troisième métacarpien. $ VII. — Indépendance de quelques-uns des faisceaux fléchisseurs (M. fléchisseur propre de l'index, du petit doigt). — Macalister et Wood signalent, l'un et l’autre, l'indépendance complète du faisceau que le fléchisseur superficiel envoie à l'index. Ce muscle propre, qui a été décrit de nouveau en Allemagne par Bauhsen, naît de l'apophyse coronoïde ou bien de l’épitrochlée, et peut affecter la forme monogastrique ou bien posséder deux ventres distincts, réunis l’un à l'autre par un tendon intermédiaire. Wood a constaté la même indépen- dance pour le faisceau superficiel du petit doigt. J'ai vu moi- même dans un cas, sur l’avant-bras d’une femme, le fléchisseur perforé du médius être à peu près complètement isolé des autres portions du muscle. Dans un second cas, plus intéressant encore, le fléchissseur perforé du médius, complètement indé- pendant, se détachait à la fois de l'épitrochlée et de la face antérieure du radius. Le fléchisseur de l’annulaire, isolé lui aussi, prenait exclusivement naissance sur l'épitrochlée. Quant aux deux autres tendons, les tendons de l'index et du petit doigt, ils naissaient d’un corps charnu unique, lequel provenait de l'épitrochlée par l'intermédiaire de deux tendons parallèles, longs chacun de # centimètres. Même indépendance pour quelques faisceaux du fléchisseur profond, notamment pour celui de l'index (Weber-Hildebrandt, Wood). Il résulle même d'une observation publiée par Wood, qu'il peut exister, pour le petit doigt, un muscle fléchisseur surnuméraire, se détachant du condyle interne, au-dessous du fléchisseur superficiel, et venant rejoindre le tendon que le petit doigt reçoit du fléchisseur perforé. Ce dernier muscle pourrait, à mon sens, êlre considéré comme variété de l'accessoire de MUSCLES FLÉCHISSEURS COMMUNS DES DOIGTS. 467 Gantzer (voir plus haut p. #59), dont l'insertion inférieure se ferait plus bas que d'habitude. Enfin dans un cas, que nous devons encore au professeur Wood, les quatre faisceaux du fléchisseur perforé étaient isolés dès leur origine : le premier, digastrique, se détachait de l’épitrochlée, du ligament latéral interne et de l’apophyse coronoïde; le second partait du radius et de l’apophyse coronoïde; le troisième et le quatrième s’inséraient l’un et l’autre, mais isolément, sur l’épitrochlée. Signification anatomique. — Par l'isolement des deux fléchis- seurs des doigts, par l'indépendance complète du long fléchis- seur du pouce, la main de l'homme jouit des mouvements les plus variés; elle possède à ce point de vue, sur celle des autres Primates, une supériorité incontestable. Quelques Quadrumanes, le gorille et le chimpanzé par exemple, peuvent bien présenter parfois un fléchisseur distinct pour l'index; nous ne trouvons chez aucun d'eux un long fléchisseur du pouce, distinct dans toute son étendue du fléchisseur commun. Toutefois, quelque supérieur que soit chez nous l'organe du toucher, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître qu'il pourrait être plus parfait encore; que l'indépendance anatomique, par exemple, de chacun des faisceaux fléchisseurs, entraînant après elle une indépendance fonctionnelle de chacun des quatre derniers doigts, élèverait encore la main à un état de perfection plus avancé. Pourquoi ne pas voir dans les faits d'indépendance partielle si- gnalés plus haut, le résultat de la tendance naturelle d’un organe à évoluer vers une disposition anatomique meilleure, un ache- minement à cet état de perfection idéale, dont nous sommes encore bien loin, mais que nous atteindrons peut-être un jour. Si cela est vrai, nous devons renoncer à chercher au-dessous de nous, comme type normal, la disposition anatomique que nous avons constatée anormalement chez l’homme, d'un fléchis- seur propre pour l'index, pour le médius, pour le petit doigt. Et nous nous trouvons ainsi conduits à admettre, à côté des anomalies régressives qui nous ramènent à un type inférieur, des dispositions anormales d’un autre ordre, qui nous élèvent vers 468 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. un type plus parfait encore que ne l’est le type humain et que nous pourrions désigner, par opposition aux précédentes, sous le nom d'anomalies progressives. & IX. — Faisceaux surnuméraires pour les lombricaux. — On voit quelquefois se détacher soit de l'épitrochlée, soit de la masse des fléchisseurs (superficiel ou profond), des faisceaux surnuméraires généralement fort grèles, lesquels glissent dans la gouttière du carpe et viennent se terminer sur l'extrémité supérieure d’un lombrical. L'étude de cette origine élevée des muscles lombricaux appartient plutôt à la main qu'à l'avant-bras. Je me contente de la signaler en passant, me proposant de m'y arrèter plus longuement plus tard. $ X. — Union avec quelques muscles voisins. — Les muscles fléchisseurs des doigts peuvent présenter des connexions plus ou moins intimes avec les différents autres faisceaux du « Pronato-flexor mass» de Humpbhry, le rond pronateur, le grand palmaire, le petit palmaire, le cubital antérieur (Voyez ces muscles). Les connexions les plus importantes sont celles que les muscles fléchisseurs communs présentent avec le muscle long fléchisseur propre du pouce; nous les étudierons dans l’article suivant. Bibliographie : Orro. Neue selt. Beobacht., Hft I, p. 90. ROSENMULLER. Op. cit, p. 6. WEBER-HILDEBRANDT. Anatomie, p. 454. GanTZER. Dissert. Musc. Varietates sistens., Berol., 1813. THEILE. Encycl. anat., t. II, « Myologie » p. 243. MôsER. Deutsch. Arch., t. VI, p. 231. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 381 et 386; t. XV, p. 235 et 527;t. XVI, p. 499. TuRNER. Journ. of Anat, and Phys., vol. XII, p. 383, et vol. XIV, p. 244. CaLort. Mem. dell Instit. Accad. di Bologna, série I, t. VIII, p. 49. FLEISCHMANN. Anal. Wahrnehmungen ueber noch unbemerkte Varietæten der Muskeln, in den Abhandl. d. Phys. Med. Societ. in Erlangen, Frankfürt, 1810. MACALISTER. T'ransact. of Roy. 1. Acad., 1871. MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. 169 HALLET, cité par Macalister, in Mémoire précédent. : Dursy. Henle u. Pfeufer's Zeitschrift, t. XXXII, p. 45. MACALISTER. Journ. of Anat. and Phys., t. 1, p. 319. BAUHSEN. Henle und Pfeufer’s Zeitschrift, t. XXXIII, p. 49. KÔLLIKER et FLESCH. Variet. beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. BANKART, PYE-SMITH et PHiLiPs. Guy's Hosp. Reports, 1868, et tirage à part, p. 14. PyE-SMirH, HOWSE et DAVIES-COLLEY. Guy's Hosp. Reports, 1870. DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Jbid. 1872. CurNow. Journ. of Anat. and Phys., t. VII, p. 307. HÜmpxrY. Observ. in Myology, 1871, p. 176. — The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Phys., nov. 1869, p. 17). HumPpary. British Med. Journ., 1872, I, p. 58. CaupziNsxi. Revue d’Anthropologie, 1874, p. 28; et 1882, p. 303. YouxG. The Myology of NViverra civetta (Journ. of Anat. and Phys. XIV, DT AL). Cuvier. Leçons d'Anat. comparée, t. I, p. 457. TuRNER. On Variability in human Structure from the flexor muscles of the fingers and toes (Trans. of the Roy. Soc. of Edinburgh, 1875, t.XXIV, p. 175). MECKEL. Anat. comparée, t. V,et t. VI, p. 332. MURIE et MIVART. Proc. Zool. Soc., Febr., 1865, p. 24. CHAMPNEYS. On the Muscles and Nerves of a Chimpanzee, etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov.1871, p. 185). OWEN, BURMEISTER, cités par Wood. Proc. of Roy. Soc. of London, XVI, p. 499. BiscHorr. Anat. des Hylobates leuciscus, München, 1870. — Anat. des Gorilla, Müschen, 1879. DuverNoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 105. MILNE-EDWARDS et GRANDIDIER. Anafomie des Lémuriens de Madagascar (op. cit., p. 161). ARTICLE II ANOMALIES DU LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. Ce muscle, situé en dehors du fléchisseur commun profond, se détache de la face antérieure du radius dans ses trois quarts supérieurs; il prend également quelques insertions sur la portion correspondante du ligament interosseux et recoit sur son bord interne, dans la moitié des cas environ, un faisceau de renforcement (faisceau accessoire de Gantzer), très variable 170 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. dans son volume, dans sa constitution anatomique, et aussi dans son mode d'origine. Il peut partir, en effet, de l’apophyse coronoïde, de la face antérieure du cubitus (région sous- coronoïdienne), de l'épitrochlée, de la masse commune des muscles épitrochléens. Les divers faisceaux d'origine du long fléchisseur du pouce se terminent en bas sur le pourtour d'un tendon, qui remonte généralement très haut sur la partie interne ou antérieure du muscle. Ce tendon terminal passe sous le ligament annulaire antérieur du carpe, se loge ensuite sur le côté interne de l’éminence thénar, dans une gouttière que lui forment les deux faisceaux du court fléchisseur, et finale- ment vient se fixer sur l'extrémité postérieure de la phalange onguéale du pouce. Les varialions anatomiques de ce muscle, et elles sont nom- breuses, se résument toutes dans ses connexions anormales plus ou moins étroites avec le système des fléchisseurs com- muns des doigts, et plus particulièrement avec le fléchisseur profond. Ce sont là des faits d’une grande importance. en ce sens que les connexions du fléchisseur propre du pouce avec les fléchisseurs des autres doigts, entraînant comme conséquence la perte de l'indépendance fonctionnelle du pouce, rapproche plus ou moins la main de l'homme de la main des singes anthro- poides ou des singes inférieurs. F'ai déjà longuement étudié, dans un mémoire récent, ces reproductions chez l’homme des dispo- sitions des fléchisseurs des doigts, et démontré par des nom- breux exemples que la nature vient ici, comme ailleurs, combler | «abime » que l'illustre Gratiolet et son école se sont eflorcés de creuser, entre la main de Fhomme et la main des singes. C'est avec les parties essentielles de ce mémoire que j'écrirai le présent article. Sa division toute naturelle comprendra deux paragraphes : le premier sera consacré à l'étude des disposi- tions anatomiques qu'affectent les muscles fléchisseurs profonds des doigts chez les singes; j'étudierai dans le second les diffé- rentes observalions, empruntées à l'anatomie de l'homme, qui reproduisent plus où moins complètement les dispositions simiennes. MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. K71 $ I. — Dispositions anatomiques des fléchisseurs profonds des doigts chez les singes. — Le professeur Bischoff nous à donné une excellente monographie du gorille. Sur le sujet qu'il a disséqué avec tant de soin, le muscle fléchisseur profond des doigts était constitué par deux portions distinctes : la portion interne détachée de l’épitrochlée, du cubitus et du ligament interosseux se rendait, par trois tendons distincts, aux 3°, 4° et »° doigts ; la portion externe naissait sur la face antérieure du radius et sur le ligament interosseux, et se rendait exclusivement à la phalange onguéale de l'index. Il n'existait aucune trace du fléchisseur propre du pouce. De même, chez le gorille de Duvernoy, il existait deux fais- ceaux distincts : le faisceau cubital /fléchisseur profond ou cubito- sous-onguien) fournissait trois tendons distincts pour le petit doigt, l’annulaire et le médius ; le faisceau radial (fléchisseur propre de l'index et du pouce, radio-sous-onguien de l'index et du pouce) se termine sur un fort tendon, lequel se porte directement au deuxième doigt, sans présenter la moindre connexion avec le ten- don destiné au médius. De son bord externe se détache «un tendon grêle pour le ligament palmaire qui va au pouce et remplace le long fléchisseur propre de ce doigt». Huxley, Macalister ont également rencontré, sur le gorille, un tendon pour la phalange onguéale du pouce ; mais le tendon était considérablement réduit de volume, -et au lieu de remonter vers la masse des fléchisseurs pour y prendre origine, il s’arrêtait, tout au moins sur le sujet examiné par Huxley, à l'aponévrose palmaire. Par contre, sur le sujet disséqué par Chapman, la portion radiale du fléchisseur profond des doigts, entièrement semblable à celle du gorille de Bischoff, se portaitexclusivement sur l'index. Le muscle fléchisseur profond du chimpanzé nous présente des dispositions entièrement similaires. Sur le sujet qu'a examiné Champneys, il y avait, au-dessous du fléchisseur superficiel des doigts, deux fléchisseurs profonds entièrement séparés : un flexor profundus digitorum, se rendant aux trois derniers doigts; un [leæor longus pollicis, naissant sur le radius et se rendant à la fois à l'index par un tendon très large, et au pouce par un tendon 472 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. fort grêle. Même disposition, ou à peu près, chez les chimpanzés disséqués par Macalister, par Humphry, par Wilder, par Wymann. Wilder et.Macalister ont noté cependant la réunion des deux portions du muscle. Chez le Troglodytes Aubryi, Gratiolet et Alix ont vainement cherché le fléchisseur propre du pouce : «Tout ce qui représente un tel fléchisseur, écrivent ces deux anatomistes, est un petit tractus fibreux qui se termine, il est vrai, à la base de la der- nière phalange du pouce, mais ne tire son origine que des gaînes synoviales qui enveloppent les tendons des autres fléchisseurs profonds... De ce petit tendon si réduit se délache, vers la base de la première phalange du pouce, un filament fibreux qui s’en- fonce sous le ligament annulaire ; mais ce filament ne remonte pas vers l’avant-bras ; il se perd dans les ligaments fibreux qui revêtent la face palmaire du carpe ». Humphry a trouvé de même sur un nouveau sujet {Troglodytes niger), un tendon pollicien très grêle prenant naissance sur la face profonde de l’aponévrose palmaire. Sur un chimpanzé (Trogl. niger) que j'ai disséqué moi-même dans le laboratoire de M. Pouchet, au Muséum d'histoire naturelle, j'ai bien trouvé le fléchisseur profond des doigts décomposé en deux portions parfaitement distinctes; mais la portion radiale se rendait exclusivement au deuxième doigt ; je n'ai trouvé aucun vestige de muscle ou de tendon pour le pouce. Il en était de mème chez le chimpanzé de Vrolik. Chez l'orang, j'ai trouvé le fléchisseur commun profond nel- tement divisé en deux portions par un interstice celluleux, qui se prolonge jusque sur laponévrose interosseuse et au fond duquel se trouventles vaisseaux et nerfs interosseux antérieurs : 2) la portion interne, représentant le fléchisseur commun de l'homme, s’insérait sur le cubitus et sur la moitié interne du ligament interosseux ; il commandait les mouvements de flexion des 3°, 4° et 5° doigts; G) la portion externe, représentant le fléchisseur propre du pouce, s'insérait sur la face antérieure du radius, depuis les insertions inférieures du court supinateur jus- qu'au bord supérieur du carré pronateur. Quand on exercçait sur MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. 473 elle des mouvements de traction, on déterminait la flexion de l'index, le pouce restant complètement immobile. Ce dernier corps musculaire, en effet, se jetait à la hauteur du poignet sur un tendon arrondi, lequel se rendait uniquement à l'index. Je l’ai isolé avec le plus grand soin et je n’ai rencontré aucun fila- ment pour le pouce, dont les mouvements de flexion étaient exclusivement déterminés par la contraction des muscles courts de l’éminence thénar. Bischoff, ainsi que Gratiolet et Alix, ont également mentionné celte disparition complète du tendon pollicien chez l’orang. D'après ces deux derniers analomistes, il y aurait ici une dispo- sition anatomique spéciale, qui aurait pour effet de suppléer le muscle long fléchisseur disparu : «les fibres qui occupent le bord inférieur de l’adducteur du pouce forment un petit fais- ceau distinct, qu'un petit tendon réunit à la base de la première phalange, en se plaçant dans l'axe de la face palmaire ». Comme on le conçoit, une pareille disposition « permet un mouvement d'opposition facile du pouce, non à la paume de la main, mais au bord radial de la tête du deuxième métacarpien. » Chez le gibbon enfin /Hylobates leuciscus), le faisceau radial du fléchisseur profond envoie également un fort tendon à l'index et un tendon très grêle au pouce (Bischoff), comme chez la plupart des chimpanzés et des gorilles. Mais, si nous nous en rapportons à l’assertion de Huxley, le long fléchisseur propre du pouce, plus distinct que chez tous les autres Anthropoïdes, ne serait uni au corps charnu destiné à l'index qu’au niveau de son origine. Au-dessous des Primates, le long fléchisseur propre du pouce et le fléchisseur commun profond des doigts sont géné- ralement confondus en une masse indivise, fournissant un ten- don à la phalange onguéale de chaque doigt, y compris le pouce. Telle est la disposition que j'ai rencontrée chez plusieurs Cercopithèques et que Bischoff a signalée chez le Cynocephalus manon, chez le Cercopithecus sabœus, chez |’ Hapale penicillata. Chez le Pithecia, ce dernier anatomiste décrit, en avant de la masse commune des fléchisseurs profonds, un faisceau muscu- L74 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. laire détaché de l’épitrochlée et se portant de préférence sur le pouce, après avoir contracté quelques connexions avec les tendons des autres doigts; c'est bien là une espèce de long fléchisseur propre du pouce. Champneys décrit également, chez le Cynocephalus anubis, un fléchisseur profond indivis fournissant, dans le voisinage du corps, cinq tendons pour les cinq doigts. Si nous abordons les Lémuriens, nous retrouvons encore un fléchisseur profond dont les cinq tendons dérivent générale- ment d’une masse commune radio-cubitale. Ce groupe simien a été particulièrement bien étudié en Angleterre par MM. Mivart et Murie, et chez nous par M. A. Milne-Edwards daus un grand ouvrage sur l’île de Madagascar. C’est au savant naturaliste du Muséum que j'emprunte la description suivante du fléchisseur profond des Lémuriens. «Le long fléchisseur profond des doigts ou perforant, forme un énorme muscle très charnu dans toute l'étendue de l'avant-bras, aponévrotique en avant sur la face qui est en contact avec le muscle fléchisseur superficiel. 11 se confond, en haut, avec le radial antérieur et envoie même plus profondément quelques fibres sur l’aponévrose du rond pronateur; du côté cubital, il Sunit au fléchisseur superficiel sur l'aponévrose duquel il insère un grand nombre de ses fibres; il s'attache aussi au ligament interosseux, dans les deux tiers au moins de la longueur de l’avant-bras, et à la partie correspondante du radius et du cubitus. » Ce muscle peut se diviser en trois faisceaux : l'un cubital, destiné surtout au petit doigt: le second interosseux fournissant à l’annulaire, et le troisième radial, desservant les autres doigts. Mais ces divisions n'ont pas une grande importance, car elles varient d'individu à individu, la portion radiale étant elle-même souvent divisée en deux faisceaux. Les lendons qui terminent les languettes charnues ainsi formées, au lieu de rester séparés dans toute leur étendue, sont tous réunis entre eux par de fortes brides fibreuses qui les rendent solidaires les uns des autres dans la région du poignet, bien que l’on puisse cepen- MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. k75 dant reconnaître, au-dessous de cette traînée, les tendons dont la direction et l'épaisseur mdiquent l'existence. » Celui du pouce se détache de la masse commune au-dessus des autres, au niveau de l'extrémité de l’avant-bras ; 1l passe sous une bride fibreuse, au-dessus du trapèze, chemine dans la rainure creusée entre le court fléchisseur et l’adducteur du pouce, et va enfin se fixer au-dessous de la dernière phalange de ce doigt. » Cette description ne convient cependant pas à tous les Lému- riens et, chose bizarre, chez le Nycticebus tardigradus qui appartient à ce groupe, le plus inférieur des Quadrumanes, nous voyons reparaître, avec une indépendance complète, Île long fléchisseur propre du pouce de l'homme, si profondément modifié chez les singes supérieurs. Si nous voulons résumer maintenant, dans un tableau syn- thétique, les dispositions diverses que vient de nous présenter, chez les singes, le muscle fléchisseur profond des doigts, nous voyons que, dans aucune espèce simienne, sauf dans le Nycti- cebus tardigradus (et rien ne nous prouve que ce soit, dans cette espèce, une disposition constante), il n'existe pour le pouce un long fléchisseur distinct. Nous avons décrit plus haut, d’après les dissections de Bischoff, chez le Pithecia, un faisceau plus ou moins isolé qui se rendait de «préférence » au pouce; mais ce muscle qui se détache de l'épitrochlée n’est pas complètement indépendant des tendons fléchisseurs des autres doigts, et, de l’aveu même du savant professeur de Munich, il n’est nullement le représentant de notre long fléchisseur du pouce. Est-ce à dire que cette formation musculaire qui caractérise l'avant-bras de l'homme fait défaut chez les singes? Non assuré- ment. Elle existe tout aussi bien que chez l'homme; comme chez l’homme, elle prend naissance sur la face antérieure du radius et du ligament interosseux ; mais, perdant son indépendance, elle se fusionne avec les autres fléchisseurs des autres doigts, et à cet égard nous pouvons établir quatre types principaux : 1°" type. — La fusion des deux fléchisseurs profonds est com- plète. La masse commune qui résulte de cette fusion prend nais- 47G LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME sance en haut, sur les deux os de l’avant-bras, ainsi que sur le ligament interosseux et fournit, en bas, cinq tendons pour la phalange onguéale de chacun des cinq doigts de la main. Exem- ple : Cercopithèques. 2 type. — La fusion du fléchisseur propre du pouce avec les faisceaux voisins du fléchisseur commun des doigts est encore complète ; mais la masse musculaire qui constitue le fléchisseur profond est divisée, suivant l'axe vertical du membre, en deux portions distincles : une portion interne ou cubitale, allant aux trois derniers doigts ; une portion externe ou radiale, se rendant à l'index et au pouce. Exemple : le gibbon, la plupart des gorilles et des chimpanzés. 3° type. — Le fléchisseur propre du pouce est encore con- fondu d'une façon complète avec le fléchisseur de l'index. Il existe également deux portions distinctes. Mais la portion radiale se rend exclusivement à l'index; il n'existe aucun vestige du tendon du pouce. Exemple : l'orang. 4° type. — Comme type intermédiaire au 2° et au 3, nous pouvons signaler les cas où le tendon du pouce existe réelle- ment, mais ne présente aucune connexion avec la masse des fléchisseurs. Partant de la phalange onguéale, comme d'habitude, ce tendon, extrêmement réduit, remonte vers le carpe, à la recherche du tendon de l'index, mais s'arrête en route et se fixe, soit sur la synoviale tendineuse, soit sur les éléments fibreux de la région. Exemple : quelques chimpanzés. Ces divers types anatomiques peuvent être résumés dans le tableau suivant : Singes : pas de fléchisseur propre pour le pouce. A. Fléchisseur prof. indivis. Fournissant 5 tendons pour'ien #idoigtss.54...1 Mn Ne 10 TRES Cercopitheque. B. Fléchisseur prof. divisé en 2 portions : 1° une portion interne pour les 3°, 4° et 5° doigts; 2° une portion externe pour l'index et le pouce; æ) tendon du pouce naissant de la portion ex- LODEL CT SR Rire à Gorille, Gibhon. 6) tendon du pouce naissant des eléments fbreux AU TRIPO AU LR Es .-.. Quelques Chimpanzés. y) pas de tendon pour le pouce.........,.... Orang. MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. 477 Nous allons retrouver, dans le paragraphe suivant, sur l'avant-bras de l'homme, toutes ces dispositions simiennes. $ II. — Reproduction, chez l'homme, des dispositions ana- tomiques que présentent chez les singes les muscles fléchis- seurs profonds. -— Chez l’homme, à l’état normal, nous trouvons deux fléchisseurs profonds : 4° un fléchisseur commun ou cubital, se détachant de la face antérieure du cubitus et de la moitié interne du ligament interosseux et venant se terminer sur la 3° phalange des quatre derniers doigts ; 2° un fléchisseur propre du pouce ou radial, prenant naissance sur la moitié externe du ligament interosseux ainsi que sur la face antérieure du radius et se portant exclusivement sur la phalange onguéale du pouce. Chacun de ces deux muscles peut recevoir, suivant les sujets, un faisceau de renforcement coronoïdien ou épitrochléen (faisceau accessoire de Gantzer), mais ils sont complètement distincts l'un de l'autre dans toute leur étendue ; de plus, les vaisseaux inter- osseux et le nerf du carré pronateur sont situés dans le fond de l'interstice séparatif. Grâce à cette disposition anatomique, le pouce de l'homme n'est pas entraîné dans des mouvements d'ensemble, comme cela se produit chez les singes inférieurs. Il ne suit pas forcément les mouvements de flexion de l'index, comme chez les Anthro- poïdes; il possède dans ses mouvements de flexion une indivi- dualité propre, condition anatomo-physiologique qui assure à la main humaine une supériorité incontestable sur la main des singes. Mais cette indépendance à la fois anatomique et fonctionnelle du long fléchisseur du pouce n’est pas constante, et les faits ne sont pas excessivement rares où ce muscle (que l'on ne saurait appeler un muscle humain, puisqu'on le retrouve chez quelques autres Mammifères) se fusionne plus ou moins avec les autres fléchisseurs profonds, perdant ainsi avec son individualité la signification anthropologique qui s'attache à ce caractère. 49 __ Fusion incomplète du long fléchisseur propre du pouce avec les autres fléchisseurs. (Tendance au type simien) — Ce sont 478 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. d'abord de simples faisceaux anastomotiques, jetés entre le fléchisseur commun superficiel et le fléchisseur propre du pouce. Ces faisceaux surnuméraires, que j'ai retrouvés sur quelques singes, ont été signalés chez l'homme par tous les anatomistes qui se sont occupés d'anomalies musculaires. Très variables dans leurs dimensions et aussi dans leur constitution anatomique, ils se détachent de la face profonde du fléchisseur superficiel et viennent se perdre dans le fléchisseur propre du pouce qu'ils pénètrent, dans la majorité des cas, au-dessus de son tiers moyen. Ils peuvent coexister avec le faisceau acces- soire de Gantzer ou le remplacer. J'ai observé, dans mon labo- ratoire, ces deux dispositions différentes. Quant à son mode de constitution, le faisceau anastomotique dontil est question peut- être : +) tendineux à son origine et charnu à sa terminaison ; B) charnu à son origine, au contraire, et tendineux à sa Lermi- naison sur le long fléchisseur propre du pouce; ;) charnu à sa partie moyenne seulement, naissant et se terminant à la fois par un tendon plus où moins cylindrique. Nous trouvons, en second lieu, des faisceaux anastomotiques réunissant, l’un à l’autre, le fléchisseur propre du pouce et le fléchisseur commun profond. J'ai observé sur plus de 20 sujets, en cinq ans, cette disposition qui est du reste mentionnée par Fleischmann, Gantzer, Loschge, Meckel, Macalister, Turner, Külliker, Wood, Calori, etc. Je résume comme suit les résultats de mes observations : | 2) — Le faisceau anastomotique, très variable en volume, se détache, dans la majorité des cas, de la masse charnue du long fléchisseur du pouce et se rend soit sur le corps charnu {dispo- silion plus rare), soit sur le tendon fdisposiion plus fréquente) que le fléchisseur commun profond envoie au petit doigt. £) — Son trajet est oblique en: bas et en dedans; sa lon- sueur varie, On le conçoit, avec le niveau de son origine, la hauteur de sa terminaison et aussi avec son degré d'obliquité. 7) — Son origine, généralement confondue avec celle des faisceaux internes du long fléchisseur du pouce, peut, sur quel- ques sujets, être indépendante et se délache alors isolément de MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. 479 la face antérieure du radius, dans le voisinage du bord interne de cet os. 9) — Le tendon terminal peut ne pas se fusionner avec le fléchisseur profond, comme il arrive d'ordinaire; dans ce cas, il s'accole simplement au tendon qui se rend à l'index, pénètre avec lui dans la même gaîne et vient s'attacher, à côté de lui, sur la phalange onguéale du deuxième doigt. L’anomalie peut alors être définie : insertion simultanée du long fléchis- seur du pouce sur le pouce et sur l'index. Je n'ai jamais rencontré, pour ma part, une pareille disposition, mais je lai trouvée signalée dans l'un des mémoires, cités plus haut, du professeur Wood. ) — J'ai rencontré, sur l’avant-bras gauche d'un sujet, deux faisceaux anastomotiques distincts : le plus élevé se détachait du fléchisseur propre du pouce, à 2 centimètres au-dessus du bord supérieur du carré pronateur et, suivant un trajet oblique en bas et en dedans, il venait se confondre avec le côté externe du fléchisseur profond; il était rubané, long de 3 centimètres, large de 18 millimètres seulement. Le second se détachait encore, à 2 centimètres au-dessous du précédent, de la portion charnue du long fléchisseur du pouce ; il se portait également en bas et en dedans, et ne lardait pas à se jeter sur un tendon très grêle, lequel se fusionnait, à la région palmaire, avec le tendon perforant de l'index. £) — Affectant une direction contraire, le faisceau anastomo- tique que je décris peut se porter du fléchisseur commun pro- fond au fléchisseur propre du pouce; c’est là un nouveau point d'union signalé depuis quelques années déjà par Wood, Calori, Pye-Smith, Howse et Davies-Colley. J'ai observé moi-même deux faits de cette nature : sur le premier sujet, c'était un fais- ceau très grêle, se rendant du fléchisseur perforant de l'index au tendon du fléchisseur propre du pouce, à la hauteur du poi- get: sur le second, c'était, au contraire, un faisceau rubané excessivement large se détachant, à la partie moyenne de l'avant- bras, de la masse encore indivise du fléchisseur commun pro- fond et venant se jeter, un peu au-dessous du carré pronateur, 480 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. sur le côté interne du tendon du fléchisseur propre du pouce. Ce dernier muscle affectait ainsi une disposition régulièrement penniforme et possédait en réalité deux faisceaux d'origine, à peu près d’égal volume : l’une externe {portion normale) se jetait sur le côté externe du tendon; l’autre interne (portion surajoutée) provenait du fléchisseur commun et se fixait, en regard des faisceaux externes, sur le côté interne du même tendon. 1) — Dans un autre cas, j'ai vu le faisceau surnuméraire du muscle long fléchisseur du pouce se porter vers le tendon de l'index, se charger, sous le ligament du carpe, de faisceaux charnus et se confondre avec le premier lombrical qui possédait ainsi deux têtes distinctes. Wood rapporte aussi un cas de ce genre. Les deux faits suivants sont un peu plus complexes, mais ils n'en établissent pas moins des liens étroits entre le fléchisseur propre et le fléchisseur commun. 6) — A la partie moyenne de l’avant-bras, un faisceau s’isole du fléchisseur commun profond et se porte obliquement en bas et en dehors. A la même hauteur, un faisceau analogue se détache du long fléchisseur propre du pouce et se porte oblique- ment en bas et en dedans. Les deux faisceaux surnuméraires se jettent, au niveau du carré pronateur, sur un tendon commun, lequel, poursuivant le trajet descendant des corps charnus, passe sous le ligament annulaire antérieur et se fusionne, au-dessous de ce ligament, avec le tendon du long fléchisseur de l'index. ) — Sur un autre sujet, deux corps charnus, nés comme précédemment, se jettent également sur un tendon commun, à 5 centimètres au-dessus du poignet. Ce tendon, situé tout d'abord dans l'interstice qui sépare le fléchisseur commun profond du fléchisseur propre du pouce, se porte bientôt en bas et en dedans, passe au-dessous du tendon perforant de l'index et arrive dans là gouttière du carpe oùilse divise en deux faisceaux : le faisceau interne se fusionne avec le tendon perforant du médius; le faisceau externe, un peu plus long, vient se confondre avec le deuxième lombrical dont l'extrémité supérieure prend également naissance sur le tendon de l'index. MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE, 481 ) — Un dernier mode d'union entre les deux fléchisseurs profonds des doigts nous est fourni par l'observation suivante, que j'emprunte à Kelly : un faisceau charnu détaché de l’épitrochlée, se dirigeait en bas, en avant des deux fléchisseurs profonds, et venait se terminer à la fois sur le fléchisseur propre du pouce et sur le corps musculaire que le fléchisseur commun envoie à l'index. On peut considérer cette anomalie comme je résullat de la fusion, au niveau de l'épitrochlée, des deux fléchisseurs accessoires de Gantzer. - Dans un autre cas du même genre, observé par le professeur Calori, il existait, en outre, un fort faisceau charnu qui partait du long fléchisseur propre du pouce et venait renforcer la branche de bifurcation, que le tendon du muscle surnuméraire précité envoyait à l'index. Carver à rencontré, chez un idiot, un faisceau accessoire qui se détachait en partie du fléchisseur superficiel, gn partie du fléchisseur profond, se jetait sur un tendon, à la partie moyenne de l’avant-bras et se divisait, au niveau du ligament annulaire antérieur du carpe, en deux faisceaux : l’un allait au tendon du fléchisseur propre du pouce, l’autre se terminait sur le tendon que le fléchisseur profond envoie à l'index. Enfin, dans un cas plus intéressant encore, rapporté par Macalister, l’apophyse coronoïde donnait naissance à un muscle surnuméraire qui se divisait, à quelques centimètres au-dessous, en trois portions distinctes : l’une se rendait au fléchisseur superficiel; la seconde se terminäit dans le fléchis- seur profond; la troisième enfin venait renforcer le fléchisseur propre du pouce. Voilà bien, je l'espère, des dispositions anatomiques qui enlèvent au fléchisseur propre du pouce toute indépendance, {ant au point de vue fonctionnel, qu'au point de vue anatomique. C'est un premier degré de fusion des deux fléchisseurs profonds, fusion qui est bien plus complète sans doute chez les singes, mais que nous allons retrouver (out aussi complète chez l'homme. 2° Fusion complète des deux fléchisseurs profonds (fléchisseur pro- U 31 482 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. fond unique à cing tendons pour les cing doigts; type des Cercopithèques). — J'ai observé jusqu'ici, dans les salles de dissection de la Faculté de Médecine, trois faits de ce genre. Les voici sommairement résumés : 4% fait. — Sur le côté gauche d’une jeune femme morte de tuberculose pulmonaire, le rond pronateur, le grand palmaire, le cubital antérieur étaient entièrement normaux; le pelit palmaire était absent. Le fléchisseur superficiel des doigts était lui aussi conforme à la description classique et fournissait les quatre tendons perforés des quatre derniers doigts. Au-dessous de lui se trouvait une masse indivise représentant bien évidem- ment les éléments anatomiques du fléchisseur commun et du fléchisseur propre du pouce : elle s'insérait, à la fois, sur la face antérieur du cubitus, le ligament interosseux et la face anté- rieur du radius. Les faisceaux internes ou cubilaux remontaient jusqu'à l’apophyse coronoïde et se trouvaient renforcés par un petit muscle qui partait de l'épitrochlée. Quoiqu'indivise, cette masse musculaire présentait, dans la plus grande partie de son étendue, deux sillons longitudinaux qui permettaient de la décomposer, mais seulement d'une manière fictive, en trois corps charnus : l'externe ou radial se rendait au pouce; l'interne ou cubital, beaucoup plus volumineux, se distribuait, par trois tendons distincts aux phalanges onguéales des trois derniers doigts; le moyen, détaché principalement du ligament interosseux et un peu du radius, se terminailt exclusivement sur l'index. Les limites de ces faisceaux n'étaient, je le répète, que de simples sillons, au fond desquels les éléments charnus de chacun d'eux se confondaient entièrement avec deux des faisceaux voisins. Le faisceau destiné au pouce ne devenait distinct qu'au niveau de la partie moyenne du carré pronateur. 2° fait. — J'ai rencontré le deuxième fait sur l’avant-bras d'une femme adulte, présentant cette malformation congénitale des membres supérieurs que Geoffroy Saint-Hilaire a désignée sous le nom de hémimélie. La description anatomique de cette malformation sera donnée, en détail, dans un mémoire ulté- rieur; voici ce qui à trail à la disposition des fléchisseurs MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. 483 profonds : le fléchisseur commun se détache du cubilus et du ligament interosseux; le fléchisseur propre du pouce prend naissance sur la face antérieure du radius et reçoit de l'apophyse coronoïde un chef accessoire volumineux. La presque totalité de ses fibres, se portant obliquement en bas et en dedans, viennent s'implanter sur le côté externe du tendon que le fléchisseur profond envoie à l'index. Ce muscle fléchisseur de l'index affecte ainsi une disposition régulièrement penni- forme ; aucun interstice, aucun sillon ne permet de séparer, même artificiellement, ces deux muscles. Au point où le tendon fléchisseur de l'index reçoit le faisceau charnu le plus inférieur du fléchisseur du pouce, il émet en dehors un tendon très grêle qui vient se terminer sur la phalange onguéale du pouce. Ce tendon est intimement uni avec celui du fléchisseur de l'index, mais il ne naît pas exclusivement de ce tendon, car on le trouve déjà en partie formé, dans une étendue de un centi- mètre, sur le côté externe du corps musculaire qui représente le fléchisseur propre du pouce. 5° fait. — Sur un avant-bras préparé par l'un de mes élèves, M. Larauza, le fléchisseur profond commun et le fléchisseur propre du pouce présentaient, au niveau de leurs attaches sur le ligarment interosseux, une fusion complète de leurs fibres. Cette fusion se continuait en bas jusqu’à la partie moyenne du muscle carré pronateur. À partir de ce point, les deux corps musculaires se séparaient ; leurs fibres se portaient sur leurs tendons respectifs et, par l'intermédiaire de ces tendons, se terminaient sur la phalange onguéale du pouce et de l'index. Walsham a consigné dans les S° Bartholomew’s Hospital Reports de 1880, sous le titre « The profundus digitorum inseparatly united with the flexor longus pollicis », une observation des plus intéressantes, dans laquelle les deux muscles fléchisseurs pro- fonds étaient fusionnés en une masse commune. Le corps musculaire indivis fournissait, tout d’abord, deux tendons seule- ment; le tendon interne se bifurquait lui-même pour se rendre à la fois au pouce et à l'index. 484 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Les quatre observations qui précèdent rappellent bien nette- ment, comme on le voit, la disposition des fléchisseurs profonds chez les singes inférieurs : masse commune radio- cubitale, fournissant en bas cinq tendons pour la phalange onguéale de chacun des cinq doigts de la main. 3° Fusion complète du fléchisseur propre du pouce avec le flé- chisseur profond de l'index isolé lui-même des autres fléchisseurs profonds. (Type du gorille) — J'ai observé le fait suivant, le 2% février 1883, sur une femme que l’on avait apportée au laboratoire d'anatomie et dont les deux avant-bras avaient élé préparés par deux de mes élèves, MM. Capdeville et Mauny : a) Sur l'avant-bras droit, les muscles fléchisseurs profonds communs des doigts et fléchisseur propre du pouce formaient deux masses musculaires distinctes, l’une externe, l'autre interne. L'interne prenait naissance sur l'épitrochlée, l'apophyse coronoïde, la face antérieure du cubitus et le ligament inter- osseux; ses faisceaux charnus se jelaient, vers la partie moyenne de l’avant-bras, sur un tendon large et aplati qui descendait, sans se diviser, jusqu’au niveau de la ligne articu- laire carpo-métacarpienne. Arrivé là, il fournissait trois tendons distincts pour les phalanges onguéales du médius, de l’annulaire et du petit doigt. Le corps musculaire externe, légèrement uni avec le précédent à son origine, mais complètement séparé de lui dans la moitié inférieure de l’avant-bras, se détachait du ligament interosseux et de la face antérieure du radius; à un centimètre au-dessus du bord inférieur du carré pronateur, il se divisait en deux faisceaux charnus d'abord, tendineux ensuile; le tendon interne se portait à la dernière phalange de l'index ; le tendon externe, obliquant en dehors, se (erminait sur la phalange onguéale du pouce. Il est à remarquer que ce dernier tendon était beaucoup plus grêle que ne l’est, d'ordi- naire, le tendon du fléchisseur propre du pouce. £) Sur l'avant-bras gauche du même sujet, le fléchisseur propre du pouce, complètement différencié, envoyait vers le fléchisseur commun profond un faisceau anastomotique qui se MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. 485 jetait sur le tendon perforant de l'index, au niveau du bord inférieur du carré pronateur, après un parcours oblique d'environ quatre centimètres. On ne saurait nier que la disposition anatomique des fléchis- seurs profonds, que je viens de décrire sur le côté droit de mon sujet, ne rappelle la disposition de ces mêmes fléchisseurs chez le gorille et chez quelques chimpanzés. Pour que la ressemblance fût complète, il suflirait que le corps musculaire, qui se distribue au pouce et à l'index, fût isolé, dans toute la hauteur de l’avant-bras (il ne l’est que dans sa partie infé- rieure), du muscle fléchisseur des trois autres doigts. Mais cet isolement du fléchisseur de l’index n’est pas excessivement rare : Je l'ai rencontré, pour ma part, sur quelques sujets et je le retrouve signalé dans une observation particulièrement intéressante de M. Chudzinski, chez un nègre du nom d'Étienne, dont le fléchisseur propre du pouce avait également perdu son individualité, par suite d'une fusion avec le fléchisseur de l'index. Comme sur mon sujet, le pouce de ce nègre, ayant perdu son indépendance, suivait l'index dans ses mouvements de flexion et vice versé ; de mème, les trois doigts externes étaient solidarisés dans leurs mouvements d'incli- naison vers la région palmaire. La ressemblance avec la main du gorille était, sous ce rapport, complète. 4° Fusion complète des deux fléchisseurs profonds (pas de tendon pour le pouce; type de l’orang). — Depuis déjà trois ans, j'ai recher- ché cette disposition anormale chez l'homme, sur plus de deux cents sujets. J'ai bien vu son tendon devenir grêle : je ne l'ai jamais vu disparaître entièrement. Mais la disposition que j'ai vainement cherchée moi-même à été signalée et décrite par trois anatomistes, aux travaux desquels s'attache une autorité incontestable, les professeurs Gruber, Wagstaffe et Gegenbaur. Dans un cas de Gruber, le long fléchisseur propre du pouce, entièrement normal dans ses insertions antibrachiales, quoique un peu diminué de volume, se jetait, au poignet, sur un tendon terminal, lequel se dirigeait en bas et en dedans, gagnait la gouttière du carpe et là se perdait, par des filaments multiples, 486 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. sur la synoviale tendineuse, sur le premier lombrical et sur les tendons du fléchisseur profond, principalement sur celui de l'index. Aucun faisceau tendineux ne descendait jusqu'au pouce. Il existait cependant, sur la face palmaire de la première phalange de ce doigt, un petit ruban fibreux qui, partant des os sésamoïdes, se lerminait sur la base de la phalange onguéale et représentait bien évidemment la portion phalangienne du tendon du long fléchisseur. Nous avons vu de même que, chez le Troglodytes Aubryi, le tendon du long fléchisseur propre du pouce, complètement disparu à la hau- teur du corps charnu du fléchisseur profond, existait encore au niveau de la phalange et même de l’éminence thénar. L'observation de Wagstaffe diffère peu de celle de Gruber. La fusion du fléchisseur propre du pouce avec le fléchisseur commun y est pourtant plus marquée. Le premier de ces deux muscles se détachait, comme d'habitude, du radius; son tendon inférieur se divisait, au niveau du poignet, en trois branches : la plus volumineuse se fusionnait avec le tendon que le fléchis- seur profond envoyait à l'index; des deux autres, l’une se perdait sur les ligaments antérieurs des os du carpe, l’autre se confondait avec les origines carpiennes du court fléchisseur du pouce. Comme dans le cas précédent, la portion phalangienne du tendon disparu persistait encore. Si dans les deux observations qui précèdent et où le pouce, privé entièrement de long fléchisseur obéissait exclusivement, dans ses mouvements de flexion, aux muscles courts de lémi- nence thénar, si dans ces deux observations, dis-je, le corps musculaire détaché du radius avait été fusionné lui-même, comme son tendon, avec le fléchisseur commun profond, nous aurions eu sous les yeux une disposition simienne, rappelant entièrement celle de l’orang. C'est cette disposition que nous présente l'observation suivante de Gegenbaur. Il s’agit d’un suicidé dont le système musculaire offrait un développement ordinaire. Tandis que du côté droit le pouce et l'éminence thénar présentaient leurs dimensions habituelles, le pouce du côté gauche était sensiblement raccourci. Gros comme MUSCLE LONG FLÉCHISSEUR PROPRE DU POUCE. 487 le petit doigt, mais moins long que lui, il n'atteignait même pas la ligne mélacarpo-phalangienne et rappelait assez bien, par son aspect extérieur, le pouce atrophié du chimpanzé ou de l'orang. La dissection des couches profondes devait établir une ressemblance plus frappante encore. Le court fléchisseur du pouce et aussi le long fléchisseur faisaient complète- ment défaut. Ce n’est pas que la face antérieure du radius ne donnât pas naissance à des faisceaux musculaires; mais ces faisceaux, au lieu de se différencier en un muscle distinct et de se porter sur la phalange onguéale du pouce, comme on l'observe chez l'homme, se fusionnaient intimement comme chez l’orang avec la masse commune des autres fléchisseurs profonds. Du reste, ce fléchisseur unique fournissait, au niveau du poignet, quatre tendons seulement au lieu de cinq, pour les phalanges onguéales de l'index, du médius, de l’annulaire et du petit doigt. Déjà, sur l’avant-bras du côté opposé, le long fléchisseur propre du pouce, persistant en haut avec son individualité, se divisait en bas en deux tendons : l’un pour le pouce, l’autre pour l'index. Tout récemment {août 1881), M. Chudzinski a communiqué à la Société d’Anthropologie un fait analogue, observé chez une microcéphale. Le muscle fléchisseur profond était divisé, chez cette enfant, en deux faisceaux musculaires: l’externe, rem- plaçant par sa situation, son insertion et ses rapports, le long fléchisseur du pouce, se rendait exclusivement au doigt indica- leur; quant au faisceau externe, il partait du cubitus et du ligament interosseux et fournissait un tendon à la phalange onguéale de chacun des trois derniers doigts. Voilà donc complètement réalisée, par les dernières observa- tions qui précèdent, la disposition des fléchisseurs profonds de l'orang, telle que je l'ai observée moi-même chez cet anthro- poïde. En résumé, et c’est la conclusion qui se dégage des lignes qui précèdent, nous voyons se reproduire chez l'homme, à titre d'anomalies, les diverses dispositions observées normale- ment chez les singes, depuis la fusion partielle ou complète des 88 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. faisceaux des deux muscles, jusqu'à la disparition (otale du tendon destiné au pouce. Il est, en d’autres termes, des mem- bres humains présentant, dans les rapports de leurs fléchis: seurs profonds, des dispositions anatomiques auxquelles s’ap- pliquent exactement la description de ces mêmes muscles chez le chimpanzé, chez le gibbon, chez le gorille, chez l'orang, chez les Cercopithèques, etc. Bibliographie : DARwIN. Descendance de l'homme, p. 4. MACALISTER. Proc. of Roy. Irish Academy, 1864, vol. X, p. 138. HAUGHTON. Jbid., 1864, p. 715. GruBer. Ein fall des Vorkommen des Musc. flexor pollicis longus Leim Menschen, als tensor bursæ mucoscæ tendinis Muse. flexorum oder als Kopf des Musc. flexor digitorum manûs (Arch. f. Anat. u. Phys. von Reichert. u. Du Bois Reymond, 1875, p. 211). M. WHINNIE. London Med. Gasette, vol. II. 1841, p. 184 et 391. GEGENBAUR. Ein fall von mehrfachen Muskelanomalien an der oberen Extremitæt (Virchow’s Arch., t. XXI, p. 376). Caupzinski. Revue d’Anthropologie, t. II, p. 33, et 1882, p. 304. CaLori. Memorie dell Instit. 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Le carré pronateur (petit pronateur de Bichat, pronateur transverse de Winslow), occupe la partie inférieure de la région antérieure de l’avant-bras. Affectant le plus souvent une forme quadrilatère, il est constitué par une série de faisceaux trans- versaux qui s'étendent, au-dessous du fléchisseur profond, du bord antérieur et de la face antérieure du cubitus, au bord et à la face similaires du radius. Les insertions radiales du muscle se font, dans la majorité des cas, par des fibres charnues; les insertions cubitales au contraire n'ont lieu qu'à l'aide d'un tendon plus ou moins nacré, qui occupe en hauteur la totalité ou une partie seulement du corps musculaire. Les variations anatomiques du carré pronateur sont les suivantes : $ I. — Variations dans l'étendue verticale du musele. — Chez l'homme, le muscle carré pronateur occupe généralement le quart inférieur de l’avant-bras, mais les dimensions verticales * de ce muscle sont loin d'être constantes. Elles peuvent se réduire, soit aux dépens des faisceaux supérieurs, soit aux dépens des faisceaux inférieurs; le muscle peut s’agrandir au contraire et empiéter plus ou moins sur le troisième quart de lavant-bras. Dans un cas où le carré pronateur était constitué par quatre portions distinctes et superposées, j'ai vu ce muscle occuper presque entièrement la moitié inférieure de l’avant-bras. Friedlowsky a constaté également, sur un sujet, l'extension du carré pronaleur au-dessus de ses limites habi- tuelles. Anatomie comparée. — Toutes ces variétés ont leurs repré- sentants, à l’état normal, dans la série des Mammifères. Très rudimentaire chez le paresseux tridactyle, Voryctérope et le MUSCLE CARRÉ PRONATEUR. 491 phoque, où il n’occupe que le sixième environ de l’avant-bras, le carré pronateur acquiert, chez la plupart des singes, les dimen- sions qu'il présente chez l’homme. Il s'étend en hauteur, chez l'ours, l'agouti, la marmotte, le raton, où il recouvre le tiers inférieur de l'avant-bras. Il en occupe la moitié environ chez le lion, le tigre et le porc-épic (Macalister), les deux tiers chez le kangurou (Macalister). Chez quelques Carnassiers enfin, notam- ment chez le chien, le loup, le renard, le carré pronateur s'étend depuis l'extrémité inférieure jusqu'à l'extrémité supé- rieure de l’avant-bras. $ II. — Absence du muscle. — Chez une femme, atteinte d'une malformation congénitale des membres supérieurs, j'ai vu le carré pronateur réduit à quelques tractus fibreux. Silvester a constaté la même disparition, chez un sujet qui manquait de radius. Mais en dehors d'une malformation quelconque, des cas d'absence du carré pronateur ont été rapportés par Otto et par Meckel. Anatomie comparée. — Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, le carré pronateur se réduire chez l’oryctérope, chez le phoque, au point de n'occuper que le sixième de l’avant-bras. L'absence du muscle a été constatée, dans cette dernière espèce, par Carus, par Duvernoy et par Haughton. Macalister lui-même, qui a disséqué trois fois le phoque, a vu le muscle carré pronateur faire défaut sur deux sujets. Le carré pronateur fait également défaut chez l'ornithorynque et l'échidné, d'après Alix. $ IL. — Variations de forme. — Le carré pronateur a rarement la forme d’un rectangle parfait. Les cas sont nombreux même où le bord supérieur du muscle n’est pas parallèle au bord inférieur. Il résulte, on le conçoit, d'un pareil défaut de parallélisme que la hauteur du carré pronateur n'est pas égale sur chacune de ses deux extrémités. C’est en général sur l'extrémité cubitale qu'on constate les dimensions les plus grandes. 492 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Si celte disposition s’exagère, le muscle peut affecter une configuration triangulaire. J'ai observé un cas de ce genre en janvier 1882, sur le côté gauche d'une femme. Le carré pro- nateur était un vrai triangle, dont le sommet tendineux prenait naissance sur la face antérieure du radius et dont la base, <'irradiant en éventail, venait se {terminer sur la face antérieure du cubitus. Des cas de muscles triangulaires ont été signalés, depuis déjà fort longtemps, par Blancard et par Riverius, et tout récemment par Macalister. Analomie comparée. — J'ai rencontré cette disposition trian- gulaire du pronateur inférieur de l'avant-bras, chez le Macacus simicus et chez un cercopithèque. Le professeur Humpbry l'a constatée également, sur le phoque. $ IV. — Division du muscle en plusieurs faisceaux distincts. — Le carré pronateur n’est pas toujours constitué par une nappe uniforme, charnue ou tendineuse; il est des cas (et ils sont loin d’être rares) où il est décomposable en deux lames plus ou moins distinctes, superposées dans le sens verli- cal. M. Sappey a très nettement indiqué cette variation du muscle : «Le carré pronateur, dit-il, est quelquefois formé de deux portions triangulaires très distinctes ; l’une antérieure plus large qui naît du cubitus par une aponévrose et qui va s'attacher au radius par des fibres charnues ; l’autre postérieure et inférieure plus petite s’insérant au cubitus par des fibres charnues et au radius par une petite aponévrose de couleur nacrée el resplendissante. » On pourra lire des observations de cette anomalie dans l’Anatomie de Meckel, dans l’Analtomie d'Horner et, avant tout, dans le mémoire que le professeur Macalister a inséré dans le Journal of Anatomy de 1870, sur les variations anatomiques du carré pronateur. J'ai rencontré bien des fois moi-même, depuis cinq ans, la division de ce muscle en deux ou plusieurs lames isolées ; voici le résumé sommaire de mes observations. 1° Carré pronateur à deux faisceaux. — +) Les deux fais- ceaux sont l'un et l’autre aplatis et quadrilatères, égaux ou MUSCLE CARRÉ PRONATEUR. 493 inégaux en hauteur (3 observations). Dans les trois, le faisceau supérieur s’insérait sur le radius par des fibres tendineuses, sur le cubitus par des fibres charnues; le faisceau inférieur, au contraire, était tendineux à son extrémité cubitale, charnu à son extrémité radiale. 5) Le faisceau supérieur est trian- gulaire, à sommet tendineux inséré sur le radius ; le faisceau inférieur est quadrilatère, charnu à ses deux extrémités (2 obser- vations). y) Le faisceau supérieur est triangulaire, inséré, comme dans le cas précédent, sur le radius par un sommet tendineux ; le faisceau inférieur est quadrilatère, charnu à son extrémité radiale, tendineux au contraire à son extrémité cubitale (4 observation). 9) Les deux faisceaux sont l’un et l’autre triangulaires (3 observations) : dans toutes les trois, j'ai vu le faisceau supérieur s'attacher, par son sommet tendineux, sur le radius, et l'inférieur s’insérer sur le cubitus par un sommet sgalement tendineux. 2° Carré pronateur à trois faisceaux. — a) Les trois fais- ceaux sont quadrilatères. Le faisceau supérieur est charnu à son extrémité radiale, tendineux à l’autre extrémité; le faisceau moyen très large, est charnu en dedans, tendineux en dehors ; le faisceau inférieur, enfin, très étroit et fort mince, est charnu à ses deux extrémités (1 observation). £) Les trois faisceaux sont triangulaires : le faisceau supérieur a son sommet tendi- neux en dedans ; le faisceau moyen son sommet tendineux en dehors, le faisceau inférieur a son sommet tendineux en dedans (1 observation). y) D’autres variétés du carré prona- teur à trois faisceaux peuvent être constituées par laddition aux deux faisceaux cubito-radiaux d’un troisième faisceau cubito-carpien ou radio-carpien. Je renvoie l'étude de ce dernier faisceau au paragraphe suivant. 3° Carré pronateur à quatre faisceaux. — Je n’en ai rencontré que deux observations: +) Dans la première, les trois fais- ceaux supérieurs affectaient une forme sensiblement quadri- latère, bien que leur extrémité tendineuse fût un peu moins élevée que leur extrémité charnue. Cette extrémité tendi- neuse élait située sur le cubitus pour le premier faisceau, sur 494 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. le radius pour le second, sur le cubitus pour le troisième ; quant au quatrième faisceau ou faisceau inférieur, il se fixait sur la face antérieure du cubitus par une base charnue et, se portant ensuite en bas et en dehors, il venait se fixer sur la face anté- rieure de l'extrémité inférieure du radius, dans le voisinage de l’'apophyse styloïde. 5) Dans la deuxième, il existait deux faisceaux cubito-radiaux superficiels, un faisceau cubito-radial profond, complètement recouvert par les précédents, et enfin un faisceau cubito-carpien, inséré en bas sur le trapèze. 4° Anatomie comparée. — La séparalion du carré pronateur en deux faisceaux distincts se rencontre chez les Sauriens (Maca- lister). Chez le fourmilier, Humphry a rencontré, au-dessous d’un carré pronateur étendu sur tout l’espace interosseux, un faisceau inférieur affectant la forme d’une pyramide, dont la base se déta- chait du cubitus et dont le sommet venait se perdre sur le bord antérieur de l’extrémité antérieure du radius, en regard du sca- phoïde et du semi-lunaire. Je trouve mentionnée dans la descrip- tion des muscles du Troglodytes Aubryi une disposition qui rappelle, de tous points, une des variations que j'ai signalée ci-dessus (muscle à deux faisceaux) : « De même que le rond pronateur, ce muscle est très réduit, et même il est en parue aponévrolique ; il n’a que peu de hauteur. Les fibres supérieures s'insèrent sur le cubitus par leurs corps charnus, et sur le radius par une lame aponévrotique large d’un centimètre. Les fibres inférieures naissent du cubitus par un fort tendon aponévrotique et rayonnent de ce tendon sous la forme d'un éventail, qui glisse sous le plan des fibres supérieures et s'attache au radius ainsi qu'au ligament antérieur radio-cubital. Ainsi ces deux parties sont disposées à l'inverse l’une de l’autre. » $ V.— Insertion sur les os du carpe (faisceau cubito-carpien). —— Quelques faisceaux charnus du muscle carré pronateur se portant de la face palmaire du cubitus, non pas sur le radius, mais sur les os externes du carpe, constituent le faisceau cubito- carpien. Il est fort rare: je ne l'ai trouvé signalé que par Gruber, Calori, Macalister, Walsham. Je ne l'ai rencontré, moi-même, MUSCLE CARRÉ PRONATEUR. 495 que quatre fois depuis cinq ans. Le petit muscle cubilo-carpien est généralement constitué par les faisceaux les plus inférieurs du carré pronateur, mais il peut se détacher sur un point plus élevé de la face antérieure du cubitus ; je l'ai vu, dans un cas, prendre naissance au niveau du bord supérieur du carré prona- teur, par trois fascicules distincts qui ne se réunissaient qu'à trois centimètres au-dessous. Du reste, son tendon terminal s'élargissait en croisant l'extrémité inférieure du radius et se confondait avec les ligaments antérieurs du carpe. Le cubito-carpien a été vu s’insérant en bas sur le scaphoïde, sur le trapèze, ainsi que sur le ligament annulaire. Dans un cas fort intéressant rapporté par Macalister, un cubito-carpien plus volumineux remplaçait le carré pronateur qui faisait totalement défaut. Nous devons un fait à peu près semblable au professeur Gruber. Anatomie comparée. — Ghez le Cryptobranchus japonicus qui a été si bien étudié par Humphry, le savantanatomiste de Cambridge a décrit, sous le nom de pronaleur de la main, un muscle qui s'insère sur la face antérieure du cubitus, au-dessous du carré pronateur et dont les fibres profondes vont s'attacher sur le pre- mier os de la deuxième rangée du carpe, ainsi que sur la base des deuxième et troisième mélacarpiens. C'est bien là un repré- sentant de notre cubito-carpien. Meckel décrit encore, chez les émydes et les tortues, «un petit muscle triangulaire, qui du tiers inférieur du cubitus, se porte un peu obliquement vers le bord radial de la main, où il se rend au second os de la première rangée et de ce point à la base du deuxième métacarpien ». Un muscle analogue a été signalé par Humpbhry, chez le Cyclodus nigroluteus. Sur un tigre du Bengale quil a disséqué en 1869, Macalister a vu, de même, les faisceaux inférieurs du carré pronateur croiser l'extrémité inférieure du radial et venir se jeter sur le tendon du long adducteur du pouce, sur le côté radial de la main par conséquent. $ VI. — Insertion sur la synoviale de l'articulation radio- 496 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. cubitale inférieure. — Gruber à vu, dans un cas, le carré pro- nateur du côté gauche remplacé par un muscle qui, partant de la face antérieure du cubitus, veneit se fixer, par son autre extré- mité, sur la synoviale de l'articulation radio-cubitale inférieure. Ce faisceau tenseur de la synoviale précitée n’est qu'une forme incomplète du muscle cubito-carpien, qui s’est arrêté sur l'extré- mité inférieure du radius, au lieu de gagner la région des os du carpe. Bibliographie : Riverius. De Dissectione partium corp. humani., Paris, 1545, p. 316. BLaANCARD. Anatomia reformata, Lugd. Bat., 1695, p. 654. MECKEL. 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Je comprendrai, sous ce titre, cinq formations musculaires qui apparaissent parfois dans la région antérieure de l’avant-bras et dont les noms seuls rappellent suffisamment la nature et les insertions, savoir : 4° le muscle radio-carpien, 2° le muscle cubito-carpien, 3° le muscle radio-cubito-carpien, 4° le muscle radio-palmaire, 5° le muscle {enseur de la gaîne des fléchisseurs communs des doigts. ARTICLE PREMIER MUSCLE SURNUMÉRAIRE RADIO-CARPIEN (Tibiai postérieur de l’avant-bras de A. Richard, Radialis internus brevis de Gruber, Fleæor carpi radialis brevis vel profundus de Wood). SI. — Historique. — C’est à M. Fano que nous devons la première description de ce muscle. En 1851, aide d'anatomie à la Faculté de médecine de Paris, il présenta à la Société anatomique «un muscle qui s'insérait, d’une part, au tiers inférieur de la face antérieure du radius et se fixait, en bas, par un tendon à l'os trapèze. Un filet du nerf interosseux se rendait à ce muscle, qui ne se retrouvait qu'à un des membres supérieurs.» C’est bien là la description sommaire, mais complète, du muscle radio-carpien. On a peine à comprendre, après un texte si clair, que le professeur Gruber soit venu réclamer avec tant d’insistance la priorité de la découverte, La question me paraît pourtant bien facile à résoudre : la première note publiée par Gruber sur le muscle radio-carpien a paru, en 1859, dans les Bull. de l’Académie des Sciences de 32 498 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Saint-Pélersbourg (n° XXVIIT, p. #39) et dans les Mélanges biologiques (t. IT, livre IT, p. 184, fig. 4 et 2). Dans cette note, Gruber nous apprend qu'il avait déjà rencontré ce muscle dans ses dissections de 1854, ce que je lui accorde bien volontiers. Or, la communication précitée de M. Fano remonte au mois de novembre 1851: ce dernier connaissait. donc, pour l'avoir disséqué lui-même, le muscle radio-carpien, trois ans au moins avant l’anatomiste russe. Il est un autre mémoire, publié en France en 1852, et laissé complètement dans l'ombre par Gruber, où le muscle radio-carpien est décrit et mème figuré avec tous les détails désirables; il est écrit par Adolphe Richard, ancien prosecteur de la Faculté de Médecine de Paris, et inséré dans le tome XVIIT des Annales des Sciences naturelles de M. Milne-Edwards. Deux anatomistes français au moins avaient disséqué et décrit, avant Gruber, le muscle surnuméraire que le professeur russe veut, à tout prix, avoir découvert. Depuis sa première note, Gruber à retrouvé plusieurs fois le radio-carpien et publié, sur ce muscle surnuméraire, deux nouveaux mémoires, fort détaillés comme d'habitude, l’un en 4868 dans les Bull. de l'Académie des Sciences, l'autre en 4872, dans le même recueil. Mais déjà le muscle de Fano avait été signalé à nouveau, en Angleterre et en Allemagne, par bon nombre d'anatomistes, notamment par Wood qui le décrit sous le nom de «/lexor carpi radialis brevis», par Zaaijer, par Friedlowsky, par Theile, etc. Plus récemment, les Recueils scientifiques nous ont apporté les nouvelles observations de Zaaijer (1873), de Nordlung (1878) et de Knott (1880). J'ai rencontré pour ma part, deux fois seulement, le muscle radio-carpien, l'un en 4879, l’autre en 1882. C'est à ces divers travaux et aussi à mes propres observations que j'emprunte les éléments de la description qui suit. $ IT. — Description anatomique du muscle radio-carpien. ° Morphologie générale. — Le muscle radio-carpien, très MUSCLE SURNUMÉRAIRE RADIO-CARPIEN, 499 variable en volume, mais généralement bien nourri, affecte, dans la majorité des cas, une disposition penniforme. Il est, suivant les cas, triangulaire à base supérieure, rubané, losan- gique. Il est le plus souvent aplati dans le sens antéro-posté- rieur, mais On l'a vu aussi, sur certains sujets, se rapprocher de la forme cylindrique. Constitué en haut par des faisceaux charnus, il se fixe sur la région carpo-métacarpienne, à l’aide d'un tendon presque loujours très court el très résistant. J'ai vu, dans un cas, le muscle radio-carpien présenter une dispo- sition fusiforme et se terminer, à chacune de ses deux extré- milés, par un tendon cylindrique. On le rencontre sur le côté antéro-externe de l'extrémité inférieure de l’avant-bras, au-dessous du grand palmaire qui lui est sensiblement parallèle {cas le plus rare) où qu’il croise à angle plus ou moins aigu {cas le plus fréquent). Le radio- carpien croise également la face antérieure du carré pronateur ; quelques-unes de ses fibres peuvent même se confondre avec les faisceaux d’origine du dernier muscle. Le muscle radio-carpien prend naissance soit sur la face externe, soit sur la face antérieure, soit sur le bord antérieur du radius, le plus souvent dans sa moitié inférieure ou même son liers inférieur. C’est à tort que Gruber assigne toujours à ce muscle, comme surface d'insertion, la face externe {face latérale de Henle) de cet os. Quelques faits bien constatés de Macalister et de Wood démontrent nettement que ce muscle peut s’alta- cher sur la face antérieure du radius un peu plus haut que d’ha- bitude, au-dessous du rond proneteur, en arrière du fléchisseur superficiel des doigts. J'ai observé moi-même un fait analogue en 1882 : le muscle se détachait du radius dans le point indiqué ci-dessus, à l’aide d'un tendon plutôt cylindrique qu'aplati; il devenait charnu à la partie moyenne de l'avant-bras et se ter- minait en bas, à l’aide d’un nouveau tendon, sur le trapèze et le deuxième métacarpien. Le muscle radio-carpien est toujours situé en dehors du long fléchisseur propre du pouce. D'après une observation de Maca- lister, il pourrait également occuper le voisinage du bord cubi- »00 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. tal du radius; mais le fait rapporté par le savant anatomiste de Dublin est-il bien un radio-carpien analogue à celui de Fano, à ceux de Gruber et de Wood. Ne pourrait-on pas le considérer comme un de ces faisceaux anastomoliques que le long fléchis- seur propre du pouce envoie parfois au fléchisseur profond, et qui au lieu de se jeter dans les tendons de ce dernier muscle se serait arrèlé sur les os du carpe? J'ai déjà rapporté plus haut un fait de Wagstaffe où l’on voyait, de même, le tendon du fléchisseur propre du pouce venir s'insérer sur la région osseuse carpo-mélacarpienne. Il résulte d'une observation, appartenant encore à Macalister, que le muscle radio-carpien peut s'attacher à la fois sur le radius et sur l'épitrochlée. Dans le cas auquel je fais allusion, le muscle, possédant ainsi deux têtes, venait se fixer en bas sur la face profonde du ligament annulaire antérieur du carpe. Ce n’est peut-être pas encore là un radio-carpien d'une pureté irréprochable ; et l'on pourrait peut-être, avec autant de raison, le rapprocher de ces faisceaux radio-palmaires qui s'étendent, au-dessous du fléchisseur superficiel, de la face antérieure du radius au ligament annulaire ou à l'aponévrose palmaire et sup- pléent le petit palmaire absent ou lui servent d'accessoire. (Voyez ce muscle, p. 507). Signalons enfin le renforcement du muscle radio-carpien par un faisceau parti du cubitus et la constitution, par ce fait, du musele plus complexe radio-cubito-carpien. Nous aurons l'occasion de décrire cette formation anormale, dans un des articles suivants. 2° Fréquence, — Quelle est la fréquence du muscle radio- carpien? Wood l'a rencontré # fois sur 34 sujets en 1866, 2 fois sur 36 sujets en 1869 et 2 fois encore sur le même nombre de sujets en 1868; soit un total de 8 sur 106 ou bien À sur 43. De son côté, Macalister a trouvé le muscle radio-car- pien : en 1866, 2 fois sur 53; en 1867, À fois seulement sur 60 sujets; en 1868, # fois sur 64 sujets, soit un total de 7 fois sur 177 sujets, ou bien 4 sur 25. En réunissant ces deux statis- tiques on arrive à la fraction 1/19, comme indiquant approxima- ivement le degré de fréquence du muscle radio-carpien. al MUSCLE SURNUMÉPRAIRE RADIO-CARPIEN. 501 32 Variations de ses insertions inférieures. — À ne considérer que son nom, on prendrait le radio-carpien comme un faisceau musculaire s'arrêtant toujours sur le carpe ; mais il peut s’atta- cher également bien sur les métacarpiens ; il est même des cas, où il se fixe en même temps sur le carpe et le métacarpe. Nous sommes donc autorisés à enrichir, sur ce point, la termi- nologie des anomalies musculaires et à admettre, à côté du faisceau radio-carpien, des faisceaux radio-métacarpiens ; je résume comme suit les divers modes d'insertions inférieures de ces faisceaux surnuméraires : z) — M. radio-carpien. M a été vu s’attachant : sur le trapèze (Fano, Theile, Testut); à la gaîne fibreuse du grand palmaire (Wood); sur le scaphoïde et le grand os (Gruber); sur le trapèze et le grand os (Gruber); sur le grand os (Wood); sur le trapèze et le trapézoïde (Calori); sur le grand os et le ligament anté- rieur des os du carpe (Gruber); sur le trapèze, le scaphoïde et le grand os (Gruber); sur le tubercule du scaphoïde et le trapèze, avec expansion latérale sur les os de la deuxième rangée du carpe (A. Richard). B) — M. radio-métacarpien. On l’a vu s'insérer : à la base du deuxième métacarpien (Wood, Nordlung, Knott, Gruber); sur le troisième (Macalister). 7) — M. radio-carpo-métacarpien. On l'a vu se fixer : sur le trapèze et le deuxième métacarpien (Gruber, Testut, Luschka?); sur le trapèze et sur les 2°, 3°, #° métacarpiens (Zaaïjer); sur le scaphoïde et le deuxième mélacarpien(Friedlowski); sur le grand os et le troisième métacarpien (Wood, Norton). 4° Transformation fibreuse du radio-carpien. — Gruber a ren- contré., en 1870, un faisceau de fibres tendineuses situées au lieu et place du radio-carpien ; il naissait du bord antérieur et de la face externe du radius, un peu au-dessus du carré pronateur, et se fixaiten bas sur le canal fibreux qui donne passage au tendon du grand palmaire. J'ai rencontré moi-même el fait dessiner, pour mon atlas, une formation analogue : c'était un fort ligament triangulaire, dont la base dirigée en haut et large de deux cen- limètres s’attachait solidement au bord antérieur du radius, en 502 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. regard des faisceaux les plus élevés du carré pronateur, et dont le sommet tronqué venait se perdre, au-dessous du carré pro- nateur, sur le ligament antérieur de l'articulation radio- carpienne. $ III. — Signification et anatomie comparée. — À. Richard insiste avec raison, dans son mémoire, sur l'analogie frappante qui existe entre le radio-carpien, formation surnuméraire du membre thoracique, avec le libial postérieur, formation normale du membre pelvien et homologue, quoique modifié dans quel- ques-uns de ses caractères, de notre grand palmaire. De là le nom de «tibial postérieur de l'avant-bras» qu'il a cru devoir donner au faisceau radio-carpien, que la dissection lui a mis sous les yeux. L'insertion supérieure des deux muscles, leur mode d'attache sur le carpe et le tarse, leur situation profonde, la direction de leurs fibres, voir même leur constitution anatomique, {out autorise un pareil rapprochement. Il suffit, d'autre part, de lire en détail les diverses observations qui nous ont été données du muscle radio-carpien, pour cons- later qu'il existe entre ce faisceau anormal et le grand palmaire des connexions indéniables. Les insertions inférieures du radio- carpien sont sans doute fort variables, comme je viens de le dire ; mais n’avons-nous pas vu de même le grand palmaire promener son tendon terminal sur la plupart des os du carpe et du méta- carpe? On voit souvent le tendon du radio-carpien se juxtaposer à celui du grand palmaire; et les faits sont loin d'être rares ou ces deux tendons se fusionnent entièrement, au niveau de leurs insertions. Le muscle radio-carpien constitue ainsi un accessoire du grand palmaire, ou, si l'on veut, un deuxième grand palmaire qui s'arrête au radius, au lieu de remonter jusqu'à l’épitrochlée; de là, la dénomination de «radialis internus brevis » (Gruber), de « flexor carpi radialis.brevis» (Wood), sous laquelle le désignent les anatomistes anglais et allemands; dénomination que nous pouvons traduire en français par les mots de «grand palmaire accessoire », mot pour mot «grand palmaire court». Le fleror MUSCLE SURNUMÉRAIRE RADIO-CARPIEN. 503 * carpi radialis et le radialis inlernus ne sont autres en effet que notre grand palmaire. = L'attache au radius du muscle grand palmaire trouve déjà son explication dans la disposition que présente, chez les Urodèles, la masse commune des muscles pronalo-fléchisseurs (/pronalo- [lexor mass de Humphry). Le radio-carpien n’est pas autre chose qu'une réminiscence, qu'un reste (remnant, Humphry) d'un des faisceaux profonds de cette masse, qui a disparu, comme organe distinct, chez les Mammifères. Du reste on retrouve encore ce faisceau neltement différencié, chez l'Echidna hystrix et l'Orni- thorynchus paradoæus, de l'ordre des Monotrèmes. Dans ces deux espèces, en effet, le muscle grand palmaire se détache, d’après les dissections de Wood, à la fois de lépitrochlée et du radius par deux chefs distincts, lesquels viennent, après s'être fusionnés, s insérer en bas par une expansion aponévrotique sur le trapèze, ainsi que sur les trois premiers métacarpiens. Bibliographie : Faxo. Bull. Soc. Anatomique de Paris, 1851, p. 375. A. RicHARD. Annales des Sciences naturelles, 3° série, « Zoologie », t. XVIII, 1852, p. 6. GruBEer. Bull. Acad. Imp. des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1859, n° XXVIII, p. 439, et Mélanges biologiques, t. TITI, liv. II, 1859, p. 184. Woop. Proced. of Roy. Soc. of London, 1866, 1867, 1868, passim. — Journ. of Anat. and Phys., 1867, &. I, p. 50. ZAAWER. Nederlandsch Tijdschrift voor Geneeskunde, 1869. FriepLowski. Sitsungsb. der Mathem. Nalurw. Classe d. K. Ak., Bd LIX, 1st Abth., Wien, 1869, p. 533. THEILE. Schmidt’s Jahrbucher, vol. CIV, p. 155. GruBEr. Mélanges biologiques, t. VI, livr. 4, 1868, p. 493;ett. VII, livr. 4, p. 439, 1870 (Bull. de l’Acad. Imp. de Saint-Pétersbourg, t. XV, p. 245). LUSCHKA, cité par Gruber, in Mémoire précédent. CaLoRI. Memorie delle Sciense dell Instituto Accad. di Bologna, série II, vol. VI, p. 137. Gruger. Nachtrag zu d, Varietæten des Musc. radialis internus brevis (Bull. Acad. des Sc. de Saint-Pétersbourg, 1872, C. 379 et seq.). Zaaigr. Muscul. radio-carpo-metacarpus (Arch. néerlandaises, t. VII, p. 5, 1872). , s NORDLUNG. Muskelanomalien, Upsala Lakarefüren.-Fôrh., Bd XIII, 1877, S, 160. KnorrT. Journ. of Anat. and Phys., 1880, t. XV, p. 139. EUR CAR EE RC CRE RE: - U ? L rasta st) dote. sf SE tn +, Pt [A $ n 004 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE II MUSCLE SURNUMÉRAIRE CUBITO-CARPIEN. Les faisceaux musculaires anormaux qui descendent du cubitus vers le carpe comportent deux groupes distincts : les uns, affectant une direction sensiblement verticale, se fixent sur le côté interne du carpe et se rattachent au muscle cubital antérieur ; les autres, obliques en bas et en dehors, viennent se terminer sur le côté externe et sont une dépendance du carré pronateur. $ I. — Faisceaux cubito-carpiens dépendant du cubital antérieur. — Un exemple typique de cette variété a été commu- niqué à la Société anatomique de Paris en 1857, par Jarjavay. C'était un muscle penniforme, long de 9 cent. 1/2 et situé à la parlie antérieure et inférieure de l'avant-bras, sur le cubitus. II s’attachait supérieurement au quart inférieur de la face interne du cubitus, au moyen d'une lame aponévrotique. De là, il se portait obliquement sur la face antérieure du même os, où il devenait tendineux ; continuant son trajet descendant, il croisait l'extrémité inférieure du cubitus et venait se fixer sur la face antérieure de l'os crochu. «J'inclinerai à croire, ajoute Jarjavay, que ce faisceau est formé par un dédoublement du cubital antérieur; car ces deux muscles ont une direction presque identique, ils offrent les mêmes usages; leurs fibres sont dirigées dans le même sens et leurs insertions inférieures sont très voisines, puisque le cubital antérieur se fixe à l'os pisiforme, d’ailleurs très rapproché de l'os crochu. » Davies-Colley, Taylor et Dalton ont également rencontré en 4871, dans les salles de dissection du Guy's Hospital, un faisceau cubito-carpien qui se détachait du quart inférieur du cubiltus et venait se fixer sur l'os pisiforme, où il confondait ses fibres avec les faisceaux d'origine de labducteur du petit doigt. MUSCLE SURNUMÉRAIRE RADIO-CUBITO-CARPIEN. 505 Signification anatomique. — De même que le radio-carpien n'est qu'un accessoire du grand palmaire, le cubito-carpien, tel que je viens de le décrire, est une dépendance du cubital antérieur, avec lequel il a de commun la direction, les rapports et l'insertion inférieure. Comme le radio-carpien, il trouve son explication dans la disposition anatomique que présente, chez quelques Vertébrés inférieurs, le «pronalor-flexor mass» de Humpbhry. $ I1.— Faisceaux cubito-carpiens dépendant du carré pro- nateur. Ces petits muscles anormaux se détachent de la face antérieure du cubitus, dans l'étendue de cette face qu'occupe le carré pronateur et, se portant ensuite en bas et en dehors, ils viennent se fixer sur le côté externe du carpe (scaphoïde, trapèze). J'ai déjà décrit cette formation dans un des chapitres - précédents (p. #94) el indiqué quelle était sa signification réelle en Anthropologie zoologique. Bibliographie : JARJAVAY. Bull. Soc: Anatomique de Paris, 1857, p. 121. DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Guy's Hospital Reports, 1873; tirage à part, p. 9. Gruger. Ueber Musc.cubito-carpeus und einen Musc.radio-cubito-carpeus beim Meuschen (Bull. Acad. des Sc. de Saint-Pétersbourg, 1871, col. 368). GruBer. Nachtrag 3. d. Varietæten des Musc. radialis internus brevis ({bid., 1872, coi. 379). (Voir aussi bibliographie du muscle carré pronateur, p. 496). ARTICLE II MUSCLE SURNUMÉRAIRE RADIO-CUBITO-CARPIEN. Nous avons décrit isolément, dans les deux articles qui pré- cèdent, le muscle radio-carpien et le muscle cubito-carpien. Ces deux faisceaux, généralement isolés, peuvent se rencontrer »06 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. simultanément sur le même avant-bras; s'ils se fusionnent dans leur trajet descendant et viennent se fixer, par leur tendon commun, sur les os du carpe, ils constituent un muscle biceps, désigné sous le nom de radio-cubilo-carpien. Ce muscle singulier a été rencontré par Gruber et par Calori. Je traduis textuellement l'observation de ce dernier anatomisle, qui donne une idée fort exacte du radio-cubilo-car- pien: «Le chef radial, un peu plus long que le chef cubital, occupe le tiers inférieur de la face interne et du bord antérieur du radius; il possède un tendon long et large, des côtés duquel partent des faisceaux charnus plus longs et plus nombreux en arrière qu'en avant; il affecte une disposition penniforme. Dans son quart inférieur le tendon disparaît entièrement et le faisceau, entièrement musculaire, se fusionne avec les fibres du chef cubital qui, après s'être détaché du cubitus, se porte oblique- ment en bas à la rencontre du chef précédent. Ce chef cubital est entièrement charnu el prend naissance, à l’aide de fibres tendineuses excessivement courtes, sur le tiers inférieur de la face antérieure du cubitus. On voit qu'il usurpe au carré prona- teur sa portion la plus élevée, qui fait ainsi défaut. Cependant en se portant vers le chef radial, la portion cubitale de notre muscle biceps abandonne, sur son côlé externe, quelques fibres qui se portent directement sur le radius. Enfin les fais- ceaux charnus des deux portions se réunissent en un petit corps musculaire commun, qui, après un court trajet, se Jette sur un tendon terminal. Ce dernier est aplati; il passe au-dessous du igament annulaire antérieur du carpe et se bifurque. Des deux branches de bifurcation, l’externe, plus forte, s’insère sur letra- pèze ; l'interne, plus faible, vient se fixer sur la face palmaire du trapézoïde. Entre ces deux faisceaux tendineux passe le tendon du grand palmaire. J'ai trouvé ce muscle surnuméraire avec une disposition à peu près semblable sur les deux avant-bras de mon sujet; sur l'un et l’autre, le carré pronateur était fort réduit, de sorte que l'on peut dire que le muscle surnuméraire s'est produit aux dépens du muscle normal. » | Le muscle radio-cubito-carpien peut également s'insérer, au MUSCLE SURNUMÉRAIRE RADIO-PALMAIRE. 507 carpe, sur la gaine fibreuse du grand palmaire, ainsi que sur le grand os. Bibliographie : CaLori. Memorie dell’ Instit. accad. di Bologna, série IL, t. X, 1870. GruBer. Ueber den Musc. radio-carpeus und Musc. cubito-carpeus (Bull. Acad. Imp. de Suint-Pétersbourg, 1859, t. XVII, n° 28, et Mél. biolog., t. III, liv. 2, 1859, p. 190). GRuBER. Ueber einen Musc. cubito-carpeus und einen Musc. radio-cubito- carpeus biceps beim Menschen (Bull. Acad. Imp.de Saint-Pétersbourg, 1871, Suppl., col. 367). Gru8er. Nachtrag +. d. Varietæten des Musc. radialis internus brevis (ibid. 1872pN 3418): ARTICLE IV MUSCLE SURNUMÉRAIRE RADIO-PALMAIRE. Je comprendrai sous ce nom tous les faisceaux surnumérai- res qui prennent naissance sur la face antérieure du radius, au- dessous du fléchisseur superficiel et viennent se terminer soit sur le bord supérieur du ligament annulaire antérieur du carpe, soit sur l’aponévrose palmaire. Cette double insertion inférieure est absolument celle du muscle normal que l’on désigne sous le nom de petit palmaire ou de palmaire grèle. J'ai déjà signalé d'autre part (voir plus haut, p. ##7) la possibilité, pour ce dernier muscle, de s’insérer sur le radius. Le faisceau anormal radio-palmaire me paraît donc devoir se rattacher au muscle petit palmaire qui peut, suivant les cas, faire défaut ou coexister avec lui. Dans le premier cas, le radio- palmaire le remplace, et l'on a ainsi un petit palmaire déplacé ; dans le second cas, il lui sert d’accessoire. Du reste, le muscle dont il est question peut présenter, dans sa morphologie générale, des variations qui rappellent bien nettement celles du petit palmaire. Il peut se détacher du radius, soit par un corps charnu, soit par un tendon, ce dernier pouvant affecter, suivant les cas, une disposition cylin- 508 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. drique ou une disposition rubanée. Il peut également se termi- ner sur le ligament annulaire soit par un tendon, soit par un double tendon, soit par un corps charnu. J'ai observé la plupart de ces variétés : dans un cas, le muscle radio-palmaire était fusi- forme, se terminant par un tendon cylindrique à l’une et à. l’autre de ses deux extrémités. « ARTICLE V MUSCLE TENSEUR DE LA GAÎNE DU FLÉCHISSEUR COMMUN DES DOIGTS. Nous avons déjà vu, dans l’article consacré aux variations anatomiques du carré pronateur, que quelques faisceaux charnus, appartenant manifestement à ce dernier muscle, venaient se perdre sur la synoviale de l'articulation radio- cubitale inférieure. Le muscle surnuméraire tenseur de la gaîne du fléchisseur commun que je vais décrire, et que j'ai rencontré sur trois sujets, est entièrement différent de ces derniers faisceaux. C'est un petit muscle triangulaire, profondément situé entre le fléchisseur propre du pouce et le fléchisseur perforant des doigts, en avant du carré pronateur qu'il croise presque à angle droit. Sa base, dirigée en haut, se détache de la face antérieure du radius et du ligament interosseux, un peu au-dessus du bord supérieur du carré pronateur; et à, elle se confond plus ou moins avec les faisceaux d'origine du long fléchisseur du pouce. Il se porte ensuite en bas, un peu obliquement en dedans et se je‘te bientôt sur un tendon fort grêle, lequel, continuant le trajet du corps charnu, vient s'épanouir par une série de filaments divergents, sur la partie externe de la gaîne synoviale des fléchisseurs communs. J'ai observé jusqu'ici trois muscles de cette nature; (ous les trois élaient entièrement conformes à la description qui précède : l’un d’eux cependant envoyait à la fois des filaments MUSCLE LONG SUPINATEUR. 509 tendineux et sur la synoviale des fléchisseurs communs et sur le tendon que le fléchisseur perforant envoie à l'index. Cette dernière observation renferme, en elle-même, l'inter- prétation qu'il convient de donner à notre faisceau surnumé- raire : c'est un de ces faisceaux anastomotiques que le fléchisseur propre du pouce envoie quelquefois (voyez plus haut, p. #78) au fléchissseur perforant de l'index; mais, c’est un faisceau incomplet qui se perd en filaments tenus sur la synoviale, avant d'atteindre le tendon avec lequel il doit se fusionner. CHAPITRE VI Région externe de l’avant-bras. La région externe de l’avant-bras comprend quatre muscles, insérés tous les quatre sur l’épicondyle et le bord externe de l’humérus. Ce sont : 1° le long supinateur, qui se porte sur l’'apophyse styloïde du radius; 2° les deux radiauæ externes, qui descendent jusqu'à l'extrémité postérieure du métacarpe ; 3° le court supinateur, qui s'arrête à la moitié supérieure du radius et qui serait assurément mieux placé dans la couche profonde de la région antibrachiale postérieure, à côté du long abducteur du pouce ou Supinalor manûs de Humphry. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU LONG SUPINATEUR. Le pius superficiel et le plus volumineux du groupe externe, le muscle long supinateur, prend naissance, en haut, sur le bord externe de l'humérus, ainsi que sur la cloison intermusculaire 510 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. externe, dans une étendue de quatre centimètres environ. De là, il se porte verticalement en bas en longeant loujours le côté radial du muscle. Aplati d'abord de dedans en dehors et puis d'avant en arrière, le corps charnu se jelte, à la partie moyenne de l’avant-bras, sur un tendon fort large, lequel s'aplatit en descendant vers le poignet et vient se jeter sur l'apophyse styloïde du radius. Dans un cas, rapporté par Macalister, ce muscle affectait la forme digastrique, tout comme un muscle de la région voisine, le fléchisseur commun superficiel des doigts. $ I. — Variations en hauteur de l'insertion supérieure. — Il suit d'avoir vécu quelque temps dans les salles de dissection, pour savoir combien est variable l'étendue du long supinateur sur le bord externe de l'humérus. Si le chiffre de & centimètres, indiqué par Sappey, représente assez bien une moyenne, il faut convenir que les cas sont nombreux, où ce chiffre n’est pas atteint ou se trouve dépassé. J'ai vu, dans un cas, le long supinateur d’un sujet fortement musclé dépasser en haut la portion moyenne de l’humérus, dépasser même de quelques millimètres l'insertion inférieure du deltoïde. Analomie comparée. — Dans un grand nombre d'espèces animales, le long supinateur remonte, le long du bord externe de l'humérus, plus haut que chez l'homme. Il occupe les trois quarts inférieurs de l'os du bras, chez l'ai. Il se détache presque de l'extrémité supérieure de l'humérus, chez la loutre, ainsi que chez le chat (Meckel). Il remonte jusque sur la tête de l'humérus, chez le phascolome (Alix). $ IT. — Variations en hauteur de l'insertion inférieure. — Le muscle long supinateur peut se fixer, dans des cas anormaux, soit au-dessus, soit au-dessous de l'apophyse styloïde. 4° J'ai vu plusieurs fois le tendon inférieur de ce muscle s'arrèter sur le radius, au niveau du bord inférieur du carré pronateur. Gegenbaur et Wood ont noté une insertion analo- MUSCLE LONG SUPINATEUR. | 511 gue. Ce dernier anatomiste a vu, dans un cas de division du long supinateur, le faisceau le plus élevé se fixer sur la portion moyenne du radius. Je lai vu moi-même s'arrêter plus haut encore, dans un cas que je résume ici sommairement : le mus- cle long supinateur, un peu plus faible qu'à l'ordinaire, présen- tait à son origine des insertions tout à fait normales; son extrémité inférieure s’attachait, à l'aide d’un tendon fort court, sur la face externe du radius, un peu au-dessus de l’insertion du rond pronateur. Sur ce même sujet, il existait, en avant des deux radiaux externes, un radial surnuméraire que j'ai pris tout d’abord pour un long supinateur, mais qui au lieu de se porter sur l’apophyse styloïde, venait se confondre avec le tendon du premier radial externe. Calori et Embleton ont vu, l'un et l’autre, le long supinateur envoyer des faisceaux sur laponévrose antibrachiale. Dans le cas de Calori, le petit palmaire faisait défaut; le faisceau mus- culaire qui pouvait être considéré comme son suppléant, rejoignait l’aponévrose au niveau du ligament annulaire anté- rieur du carpe. 2° Au-dessous de l'apophyse styloïlde, le long supinateur à été vu s'insérant sur le scaphoïde et le trapèze (cas de Macalister), sur la base du troisième mélacarpien {cas de Dursy). Anatomie comparée. — Toutes ces dispositions se rencontrent à l'état normal dans la série des Mammifères : 4) — Chez l’échidné, le long supinateur se termine surles trois quarts supérieurs de la face externe du radius. Chez les Pachy- dermes et les Ruminants, il vient s’insérer sur l'extrémité supé- rieure du même os. Il en est de même chez les Chéiropières (Alix). J'ai trouvé moi-même, sur mon Ursus americanus, un long supinateur fort grèle, partant du bord'externe de l’hu- mérus et venant se terminer sur le côté externe du radius, à trois centimètres au-dessus de l’apophyse styloïde. G6)}—L'insertion aponévrotique se rencontre chez l'ai et chez le fourmilier (Meckel, Humphry). Je décrirai tout à l'heure (voir $ HT) la disposition qu'affecte le long supinateur dans ces deux espèces. DC PR 512 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 7) — Enfin ce muscle se fixe sur le scaphoïde, chez la sarigue et le kangurou (Alix); sur le carpe également /scapho-lunar bone), chez le koala (Young) ; sur le métacarpe, chez le tarsier (Alix), etc., etc. $ III. — Division en deux faisceaux; long supinateur accessoire (brachio-radialis brevis seu minor de Gruber. — J'ai rencontré assez fréquemment une bifurcation du tendon radial du long supinateur ; les deux tendons, séparés ou unis par la branche dorsale du nerf radial, se réunissaient sur l’apophyse styloïde ou bien s’inséraient isolément sur le radius, à deux ou trois centimètres au-dessus l’un de l'autre. Cette division du tendon peut remonter quelquefois très haut et intéresser même le corps musculaire. Dans un cas, que j'ai observé en mars 1879, du bord antérieur et de la face profonde du long supinateur se détachait, au niveau du coude, un faisceau musculaire lequel venait s'insérer, à l’aide d’un tendon aplati, sur le bord anté- rieur du radius, à trois centimètres au-dessus de l'extrémité inférieure de cet os. Cette anomalie est un acheminement au dédoublement com- plei du long supinateur. Dans le cas de double supinateur (Beaunis et Bouchard), le faisceau interne, qui est à la fois le plus profond, le plus grêle et le plus court, doit porter le nom de faisceau accessoire du long supinateur {supinator longus accessorius de Lauth, brachio-radialis brevis seu minor de Gruber.) Dans un cas observé en 1880, j'ai vu le long supinateur se détacher de l’humérus par deux faisceaux distincts, qui ne se réunissaient que vers la partie moyenne de l’avant-bras. Enfin ce muscle peut recevoir un faisceau de renforcement du brachial antérieur, comme je l'ai déjà signalé en faisant l’histoire des anomalies de ce dernier muscle. Anatomie comparée. — M. Alix décrit, chez le crocodile, comme réalisant le long supinateur de l'homme, deux muscles distincts : 4° «un muscle inséré à la face externe de l'humérus et remontant jusque sous la tête humérale, se fixant inférieure- ment par un tendon à la partie supérieure du radius, en dehors MUSCLE LONG SUPINATEUR. 513 du biceps. C'est exactement le muscle de l'hippopotame; on l'appelle généralement brachial antérieur, mais cette détermi- nation n'est pas acceptable, puisque le muscle ne s'attache pas au cubitus; si l’on donnait aux deux muscles du crocodile le nom de supinateurs externes, celui-ci serait le supinateur externe supérieur. 2° un muscle qui s'attache à l’épicondyle et à la face antérieure de l’humérus et qui va se terminer sur l'extrémité inférieure du radius; nous l’appellerons supinateur externe inférieur. Il reproduit à peu de chose près le long supinateur de l'homme, mais il en diffère en ce qu'il se fixe à l'épicondyle et non à la diaphyse humérale au-dessus de cette saillie. » Chez les Lézards, le muscle long supinateur est également constitué par deux faisceaux, l’un huméral, l’autre épicondylien, occupant tous les deux, par leur insertion inférieure, la presque totalité de la face externe du radius. Nous trouvons un dédou- blement à peu près analogue du long supinateur, chez les Emydes, les Tortues, les Iquanes. Chez l’aÿ et le fourmilier, le muscle long supinateur, d’après Meckel, «peut être partagé en deux moitiés fort distinctes : la supérieure, qui est beaucoup plus longue que l’autre, descend jusque vers le carpe; une petite partie de cette moitié se fixe au radius, le reste se perd dans l’aponévrose palmaire. La moitié inférieure du muscle s'attache à l'avant dernier quart du radius. Chacune de ces moitiés, considérée à part, est très considérable, très haute et très large, ce qui est vrai surtout pour l'inférieure ». Le professeur Humphry décrit également un long supinateur double, chez l'unau. $ IV. — Absence du muscle. Meckel et Silvester ont observé chacun un cas d'absence du long supinateur, chez des sujets qui n'avaient pas de radius. Humphry signale lui aussi, dans ses Lectures de 1873, l'absence de ce muscle. Anatomie comparée. — À l'état normal, le muscle long supina nateur fait défaut dans un grand nombre de Mammifères, notam- ment chez le hérisson, le lièvre, le porc-épic, l'agout, le paca, le castor, le rat, l'hélamys (Meckel), le Dasypus seæcinctus (Galton). 33 014 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ V. — Union avec quelques muscles voisins. — On a vu le muscle long supinateur présenter des connexions plus ou moins intimes avec : x) — Le deltoïde. (Voyez ce muscle, p. 341.) — Chez le pangolin, cette union du deltoïde avec le long supinateur est tellement intime qu'on peut dire, avec Humphry, que ce dernier muscle prend son insertion supérieure sur l'épine scapulaire. £) — Le brachial antérieur: (Voyez ce muscle, p. #04.) — Les deux muscles sont également confondus chez quelques Mammi- fères, notamment chez l'ornithorynque (Alix). y) — Le premier radial externe. — Ce muscle envoie quelque- fois un faisceau anastomotique au long supinateur. Cette union trouve son explication dans la fusion à peu près complète des supinateurs et des radiaux, que l’on observe chez quelques espèces animales (secteur radial du supinato-extensor mass de Humphry). Chez l'Iquana tuberculata, le long supinateur reçoit de même, d'après Mivart, un faisceau accessoire du premier radial externe. 9) — Le long abducteur du pouce. — «Ïl n’est pas rare de voir un faisceau charnu, né du bord externe du long supinateur par une série de fibres parallèles, venir s'insérer au bord correspondant du long abducteur du pouce. » (Gruveilhier). Bibliographie : MECKEL. Anatomie comparée, t. V, p. 360 et 367, t. VI, p. 305. GEGENBAUR. Virchow’s Arch., t. XXI, p. 376. MaACALISTER. Trans. of Roy. Irish Academy, 1871. Woop, cité par Macalister, in Mémoire précédent, et Proc. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 517. CaLort. Memorie dell’ Institut. Accad. di Bologna, série II, t. VII, p. 50, et t. VIII, p. 46. GruBer. Ueber d. Varietæten d. Musc. brachio-radialis (Bull. de l'Acad. Imp. de Suint-Pétersbourg, t. XII, 1868, col. 277; et Mél. biol., t. XII, p. 389). CRUVEILHIER. Anatomie descriptive, t. II, p. 690. MivarrT. Proc. Zoo! Soc., Jun. 1867, p. 783. Dursy. Henle u. Pfeufer's Zeitschrift, 3€ Reïhe XXXIII, p. 45. SiLVESTER. Medical Times and Gazette, 1857, p. 643. Humpxry. Brilish med. Journ., 1873, t. Il, p. 85. MUSCLE COURT SUPINATEUR. 545 ALIx. Sur la détermination du muscle Long supinateur des Oiseaux (Bull. Soc. Philom., 1874, p. 1, et passim. WAGSTAFFE. Journ. of Anat. and Phys., t. V, p. 279. EMBLETON. Jbid., t. VI, p. 217. KôLLIKER, Varietæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. Huwpary. Myology of the limbs of the unau, etc. (Journ. of Anat. and Phys., Novemb., 1869, p. 39). GALTON. Transact. Linn, Soc., XXVI, p. 525. YounG. The Muscular Anatomy of the koala (Journ. of Anat. a. Phys., Jan., 1882, p. 228). ARTICLE II ANOMALIES DU COURT SUPINATEUR. Le court supinateur est séparé du muscle précédent par les deux radiaux externes; profondément situé sur les côtés posté- rieur, externe et antérieur de l'articulation radio-humérale, il s’enroule autour du radius à la manière d’un demi-cylindre creux. Ses Insertions postérieures se font, en allant de bas en haut: 1° sur cette facette rugueuse que l’on remarque “sur le cubilus, au-dessous de la cavité sigmoïde ; 2° sur le quart supé- rieur du bord externe du cubitus; 3° sur le ligament annulaire de l'articulation radio-cubitale supérieure ; 4° sur le ligament latéral externe de l'articulation du coude. Les faisceaux char- nus ne remontent généralement pas chez l’homme jusqu'à l'épicondyle. En avant, le muscle court supinateur vient se fixer sur la face antérieure et externe du radius, depuis la tubé- rosité bicipitale jusqu'aux attaches du rond pronateur. Ce muscle est assez constant dans sa morphologie générale comme dans ses insertions, et l'étude de ses anomalies ne pré- sente qu’un faible intérêt. $ I. — Duplicité du muscle; accessoire du court supina- teur. — Le court supinateur se trouve traversé d’avant en arrière par la branche profonde ou musculaire du radial, allant à la rencontre des muscles de la région antibrachiale posté- rieure. Il se passe ici ce que nous avons déjà remarqué pour m -" 516 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. le coraco-brachial perforé par le nerf musculo-cutané : le nerf radial divise quelquefois le court supinateur en deux portions distinctes : «Les deux couches qui le composent, dit Theile, sont parfois assez développées pour le faire paraître réellement double. » Un deuxième mode de duplicité, bien plus intéressant, est constitué par l'apparition d'un faisceau surnuméraire parti de l'épicondyle. Cette disposition, signalée déjà par Sandifort à la fin du siècle dernier, a été retrouvée depuis par plusieurs ana- tomistes, notamment par Halbertsma et par moi-même (une fois seulement). Ce faisceau peut parfaitement être désigné sous le nom de faisceau accessoire du court supinateur. Il faut le distin- guer, je crois, d’un autre faisceau surnuméraire que Halbertsma a désigné sous le même nom et qui se détachait du bord externe du brachial antérieur. Ce dernier faisceau, comme je l'ai déjà fait remarquer plus haut, doit être considéré comme une dépendance du court fléchisseur de l'avant-bras, qui s’insère à la fois, dans certaines espèces, sur le cubitus et sur le radius, C’est vraisemblablement au groupe des faisceaux accessoires tels que je viens de les décrire, qu'il faut rattacher : 4° les fais- ceaux observés par Dursy qui se rendaient, l’un au tendon du biceps, l’autre sur la bourse bicipitale ; 2° le faisceau rencontré par Fleischmann qui se fixait à la tubérosité bicipitale ; 3° le faisceau décrit par Clason qui rejoignait le rond pronateur. Je n'ai pu lire malheureusement la description originale de ces dernières anomalies, et je dois garder à leur égard une extrème réserve. J'en dirai tout autant du petit faisceau addi- tionnel qui a été signalé, en 1872, par Djurberg et que je ne connais qu'incomplètement, par la trop courte analyse du «Jahresbericht» d'Hoffmann et Schwalbe. Anatomie comparée. — L'insertion épicondylienne du court supinateur, si rare el si faible chez l'homme, devient constante dans un grand nombre de Vertébrés. Elle est signalée par Alix chez le Troglodytes Aubryi, où le court supinateur envoie «quelques fibres à la tubérosité bicipitale et, au-dessus d'elle, MUSCLE COURT SUPINATEUR. 517 au col même du radius ». ai vu moi-même, chez le Troylodytes niger, un fort faisceau descendre de l’épicondyle sur le radius. Il est même des espèces où le muscle court supinateur, abandonnant entièrement le cubitus, se détache exclusivement de l’épicondyle ; tel est, parmi bien d’autres, le koala (Young), les Chéloniens et les Sauriens (Meckel). Ce dernier anatomiste décrit au court supinateur du crocodile deux têtes distinctes, naissant assez loin l'une de l’autre. $ II. — Variations dans l’étendue des insertions radiales. — On assigne généralement (Cruveilhier, Sappey, Beaunis et Bouchard) au court supinateur comme ligne d'insertion radiale, chez l’homme, le tiers supérieur du radius; mais ce muscle peut descendre beaucoup plus bas. J'ai vu, pour ma part, les faisceaux inférieurs de ce muscle dépasser, chez un boschiman, la portion moyenne de l'os et se confondre, en arrière, avec le long abducteur du pouce. Analomie comparée. — Chez le Troglodytes niger et chez l'orang, j'ai vu le court supinateur descendre plus bas que chez l'homme, et, à ce titre, mon boschiman présentait une véritable disposition simienne. Au-dessous des Primates, le muscle court supinateur occupe la moitié supérieure du radius chez l’agouti, le hamster, la marmotte, le castor, le lapin; les deux tiers supérieurs de l'os chez le phoque, la loutre, lichneumon, la marte, le hérisson (Meckel). Chez le fourmilier (Humpbhry), il descend jusqu’à l'extrémité inférieure du radius; il en est de même chez l'échidné (Alix); dans le pangolin, il occupe également (Humphry) toute l'étendue du bord antérieur de cet os. $ IT. — Présence d’un os sésamoïde dans son tendon. — Sur un sujet qu'il a disséqué en 1867, dans les salles de dissection du Collège des Chirurgiens de Dublin, Macalister a rencontré, dans le tendon d’origine du court supinateur, un petit os sésamoïde au-dessous duquel se trouvait une bourse séreuse. Le savant anatomiste de Dublin considère ce fait ' 18 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. comme une nouvelle preuve de l'homologie du court supina- teur et du poplité, dont le tendon d'origine, inséré sur le condyle externe du fémur, renferme parfois un os sésamoïde. Analomie comparée. — Le professeur Humphry a rencontré un os sésamoïde fort large dans le tendon d'origine du court supinateur du pangolin. R. Owen signale également, chez ce Mammifère, un sésamoïde développé sur le côté externe de la capsule qui unit le radius à l'humérus. Cet os sésamoïde du tendon épicondylien est encore signalé par Alix, chez la roussette d'Edwards; par Maisonneuve, chez le Vespertilio murinus. 1 Ç IV. Faisceaux tenseurs du ligament annulaire. Cruveilhier, le premier, a signalé dans la première édition de son Anatomie descriptive, comme un «appendice» du court supinateur, une petite languette charnue qui recouvre la portion antérieure du ligament annulaire et qui peut être considérée comme un muscle tenseur de ce ligament. Gruber, qui l’a décrite avec plus de soin, en 1865, l’a rencontrée 15 fois sur 400 sujets (9 fois des deux côtés, # fois sur le côté droit, 2 fois sur le côté gauche). C’est le faisceau tenseur antérieur du lhigament annulaire. Nous trouvons en arrière un faisceau analogue, faisceau tenseur postérieur du ligament annulaire, imséré sur la partie postérieure de ce même ligament. Tantôt distinct du court supinateur (1 fois sur # sujets), tantôt intimement uni avec ce dernier muscle, il peut, comme le précédent, être symétrique ou n'exister que d’un seul côté. Gruber l’a rencontré 162 fois sur 220 membres. Sa présence, on le voit, constitue plutôt l'état normal que l’anomalie. Bibliographie : SANDIFORT. Exercilationes Academicæ, 1783, p. 94. CLAsoN. Muskelanomalien observer. p. Anatomisalen in Upsala (Upsala Lakaref. Forhandl., Bd I, p. 12). FLEISCHMANN, cité par Macalister. Trans. of Roy. Irish Acad., 1871. HALBERTSMA. Nederlandsch Tijdschrift, vol. VI, p. 609. MUSCLES RADIAUX EXTERNES. 519 Dursy. Henle u. Pfeufer’s Zeitschrift, Reïihe IIT, vol. XXXIII, p. 45. CRUVEILHIER. Anat. descript., 5° édit., t. I, p. 682. GRuBER. Reichert u. Du Bois-Reymond’s Arckh., 1865, p. 381. HALBERTSMA. Verslagen en Meded. der Konikl. Akad. van Wetenschappen, XIII Deel. MACALISTER. Sesamoid bone in the tendon of the supinator brevis (Journ. of Anat. and Pliys., Nov., 1868, p. 108. ALIX. Société Philomathique de Paris, 1867, p. 192. DIURBERG. Abnormitæt des Musc. supinator brevis (Upsala Lakareforen Forhandl., VI, p.743). OWEN. Anatomy of Vertebrates, II, p. 409. HumpaRy. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Physiol., November, 1869, p. 40). TESTUT. Contribution à l'anat. des races : dissection d’un boschiman (en préparation). YOUNG. The Muscular Anatomy of the koala (Journ. of Anat. and Phys., Jan., 1882, p. 229). ALIx. Appareil locomoteur de la roussette d'Edwards (Soc. Philomath., 1867, p. 19). MAISONNEUVE. Ostéologie el myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 251. ARTICLE II ANOMALIES DES DEUX MUSCLES RADIAUX EXTERNES. Je réunis ici, dans une même élude, le premier radial externe et le deuxième radial externe, liés l’un à l’autre par les rapports les plus intimes, fusionnés du reste, dans un grand nombre de Mammifères, en un corps musculaire unique /M. extenseur du métacarpe). Chez l'homme, les deux extenseurs radiaux du métacarpe sont généralement distincts dans toute leur étendue. Ils pren- nent naissance l’un et l’autre sur l’épicondyle, le premier remontant un peu sur le bord externe de l’humérus, le second descendant jusqu'au ligament annulaire de l'articulation radio- cubitale supérieure. Leur surface d’origine est assez bien limi- tée, on le voit, en haut par les insertions humérales du long supinateur, en bas par les insertions supérieures du court supi- nateur. Les radiaux externes se portent verticalement en bas en suivant le radius; vers la partie moyenne de cet os, quel- 520 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. quefois un peu plus haut, ils se jettent sur des tendons, lesquels viennent se fixer : 4° celui du premier radial, sur l'extrémité postérieure du deuxième métacarpien; 2° celui du deuxième radial, sur l'extrémité similaire du troisième métacarpien. Les variations anatomiques des deux radiaux externes sont nombreuses ; mais comme pour les autres muscles, elles tendent vers des dispositions qui sont typiques dans des espèces infé- rieures. Elles se réduisent toutes, soit à une fusion plus ou moins complète des deux corps musculaires, soit à des inser- tions inférieures sur des métacarpiens autres que le deuxième et le troisième. SI. — Union complète ou incomplète des deux radiaux externes (M. radial intermédiaire de Wood). — Cette union peut se faire de deux façons : 4° par juxtaposition des deux corps musculaires et disparition de l'interstice cellulaire séparatif (union par fusion); 2° par des faisceaux anastomotiques jetés entre l’un et l’autre des deux corps musculaires (union par anastomoses). 1° La fusion des deux corps charnus à leur origine épicon- dylienne est presque la règle; cette fusion peut s'étendre plus bas à l’état anormal et occuper soit la moitié supérieure, soit la totalité des deux corps musculaires. Dans ce dernier cas, le radial externe unique se jette sur un tendon également unique ; mais ce dernier se bifurque le plus souvent, à une distance plus ou moins considérable du métacarpe, et vient se fixer à la fois sur les deuxième et troisième métacarpiens. 2° Les anastomoses allant de l'un à l’autre muscle sont très fréquentes. Wood les a rencontrées # fois sur 36 sujets. Ces faisceaux d'union peuvent se rendre soit du premier radial externe au second, soit wice-versé du second au premier. Fort variables du reste dans leur volume, leur étendue, leur degré d’obliquité, ils peuvent présenter, dans leur constitution anato- mique, une triple modalité: +) charnus dans toute leur étendue, ils réunissent les deux corps musculaires; £) charnus à leur origine, tendineux à leur extrémité inférieure, ils réu- MUSCLES RADIAUX EXTERNES. 521 nissent le corps musculaire de l’un des radiaux au tendon de l’autre ; y) tendineux dans toute leur étendue, ils réunissent l’un à l’autre les deux tendons des radiaux externes. J'ai ren- contré, pour ma part, toutes ces variétés dont on pourra lire des observations détaillées dans les différents mémoires de Wood. J'ai dû me borner ici à résumer le plus brièvement pos- sible mes observations personnelles et celles des autres anato- mistes. 3° Wood a désigné, sous le nom générique de radial intermé- diaire (Extensor carpi radialis intermedius), les divers faisceaux anastomotiques que je viens de décrire. J'accepte bien volontiers une pareille dénomination, qui indique très nettement et la pature et la situation du faisceau surnuméraire. Du reste, si le radial intermédiaire n’est le plus souvent qu’un simple faisceau anastomotique, il peut, dans certains cas, par suite d’une différenciation plus complète, posséder une individualité propre ; témoins quelques observations rencontrées par Macalister, par Wood, par moi-même, où le faisceau intermédiaire se détachait directement de l'épitrochlée entre les deux radiaux. D'autre part, le radial intermédiaire peut venir se fixer, par son tendon terminal, soit sur le deuxième métacarpien, soit sur le troisième. Il peut même se bifurquer et s'attacher aux deux. Le groupe des extenseurs radiaux envoie dans ce dernier cas, vers le métacarpe, quatre tendons distincts. Dans un cas que j'ai observé en novembre 1881, le radial intermédiaire, affectant une disposition bicipifale, se détachait à la fois du premier radial et du second. Les deux faisceaux d'origine, également volumineux. se réunissaient bientôt pour constituer un corps charnu unique, lequel se fixait en bas, à l’aide d'un long tendon, sur l'extrémité postérieure du deuxième métacarpien. Sur le même sujet, le premier radial externe se bifurquait de nouveau et envoyait un tendon surnuméraire au troisième métacarpien. Encore un groupe extenseur radial fixé au métacarpe par quatre tendons. On trouvera de nouveaux faits de radial intermédiaire biceps, dans les notes d'Anatomie anormale publiées par Wood, par Curnow, par Perrin. 922 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Anatomie comparée. — Voici comment Meckel résume les dispositions variables du système extenseur radial du métacarpe dans la série des Mammifères : « Le muscle radial externe naît du bord antérieur et de l’épicondyle de l’humérus, descend le long du côté radial de l’avant-bras et s’insère, en arrière, à un os métacarpien du milieu. Il est simple ou se divise plus ou moins distinctement en deux. La bifurcation commence à son extrémité inférieure, principalement avec le tendon; elle devient peu à peu tellement complète, qu'il y a deux muscles, dont l'antérieur et supérieur a reçu le nom de long radial externe ou long extenseur radial de la main; tandis que l’inférieur et pos- térieur est appelé court radial externe ou court exætenseur radial de la main ». Nous trouvons, dans ces lignes, l'explication des différents degrés d'union que vient de nous montrer l’ana- tomie anormale, entre les deux radiaux externes de l'homme. Complètement distincts dans la plupart des cas, par suite d’une organisation supérieure, ils tendent parfois à se réunir et à se rapprocher ainsi des types des Mammifères inférieurs. C’est ainsi que chez l’aï, le fourmilier, le tatou, l'extenseur radial du carpe, simple en haut, se bifurque en bas pour les deux premiers os du métacarpe. La division ne porte également que sur la portion inférieure, chez le coati, le blaireau, le raton, l'ichneumon (Meckel). Chez l'Ursus américanus, je n'ai trouvé qu'un seul corps musculaire qui se bifurquait en bas seulement, pour venir s'attacher, par deux tendons distincts, sur le 2° et le 3° métacarpien. Ghez l'hyène, ainsi que chez l'ours brun, Meckel signale un faisceau anastomotique entre les tendons des deux portions du muscle. L'extenseur radial du carpe offre, chez la plupart des Rumi- nants, une analogie remarquable avec certaines dispositions anormales constatées chez l’homme. Il y est simple en haut; mais le corps musculaire «se divise, d'après Meckel, à la partie supérieure de l'os de l’avant-bras, en trois portions. La portion moyenne détache deux tendons ; les portions inférieure et pos- térieure en fournissent chacune un. Le tendon antérieur de la portion moyenne s’unit à celui de la portion antérieure : le ten- MUSCLES PADIAUX EXTERNES. 524 don postérieur de la même portion moyenne se confond avec celui de la portion postérieure ; ces tendons communs s’insèrent séparément à l'os antibrachial ». Les deux radiaux externes de l’homme sont enfin soudés entièrement dans un grand nombre de Mammifères, notamment chez le koala (Young), chez le cheval, le chameau, le cochon, etc. $ IT. — Insertion surnuméraire du premier radial sur le troisième métacarpien et insertion du deuxième sur le deuxième métacarpien. — Ce titre correspond à la plupart des anomalies dites par dédoublement du muscle. Le dédoublement peut porter soit sur le corps charnu, soit sur le tendon seulement, le corps charnu restant indivis. L'insertion du tendon surnumé- raire se fait généralement sur le troisième métacarpien, quand il provient du premier radial externe, sur le deuxième méta- carpien quand il est fourni par le deuxième radial. Ces disposi- tions sont fréquentes et mentionnées, avec des variantes qu'il est facile de prévoir (quatre tendons par exemple), par tous les auteurs qui se sont occupés d'anatomie anormale. Tous ces faits sont susceptibles d’une interprétation commune : ce sont de simples faisceaux anastomotiques jetés entre les deux radiaux externes, émanant de l’un à des hauteurs variables et ne rejoignant l’autre qu’au niveau de son insertion métacar- pienne. Tout ce que j'ai dit, dans le paragraphe précédent, du radial intermédiaire de Wood leur est appliquable. Une fois seulement j'ai vu un radial intermédiaire, détaché du premier radial externe, se fixer au deuxième métatarpien, tout comme le muscle qui l'avait fourni; un fait analogue est rapporté par Macalister, sous le titre de double radial externe ; il s'agit toutefois ici du deuxième. $ IT. — Absence du deuxième radial externe, — Salzmann et après lui Macalister ont signalé l’absence du deuxième radial externe. Des faits de cette nature peuvent être considérés comme le résultat d'une fusion complète des deux extenseurs du métacarpe. ST MEL 524 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ IV. — Insertion sur le quatrième métacarpien. — Les extenseurs du carpe ne s’'insèrent chez l'homme que sur le deuxième et le troisième métacarpien; le premier et le quatrième os du métacarpe ne possèdent pas d’extenseurs propres. Il résulte cependant d'une observation d’Albinus que le deuxième radial externe peut étendre ses insertions inférieures jusque sur le quatrième métacarpien. Anatomie comparée. — De même, chez le Pteropus, le deuxième radial externe envoie une expansion sur le quatrième métacarpien. Le professeur Humphry, auquel j'emprunte ce fait, a rencontré une disposition analogue chez un chimpanzé. $ V. — Insertion sur le premier métacarpien (M. radial accessoire de Wood). — Le groupe des extenseurs du métacarpe peut se compliquer encore d'un faisceau surnuméraire, qui vient se fixer sur la base du premier métacarpien. Ce faisceau, signalé depuis déjà longtemps par Fleischmann, a été particu- lhèrement étudié par Wood sous le nom de muscle radial acces- soire (extensor carpi radialis accessorius). Le savant anatomiste anglais l’a rencontré 6 fois sur 175 sujets : 5 fois sur des hommes (3 fois des deux côtés, 2 fois sur le côté droit seule- ment) et une fois sur une femme {du côté gauche seulement). Le faisceau radial accessoire ne se termine pas toujours exactement sur le premier métacarpien, mais il présente à ce sujet des variantes nombreuses dont les plus communes paraissent être les suivantes : +) terminaison sur la partie externe du court abducteur du pouce, d'où l'apparence digastrique du muscle; {Z) insertion simultanée sur l’abducteur et sur le premier mélacarpien; y) insertion sur le premier métacarpien et sur le premier espace interosseux ; 2) avec une expansion pour le premier interosseux palmaire de Henle; e) terminaison sur le court fléchisseur du pouce. Analomie comparée. — Wood à trouvél'homologue de l’exten- seur accessoire du métacarpe, chez l'ornithorynque et chez l’échidné. Chez le phoque, d'après Humphry, lextenseur radial s'insère à la fois sur le 2° et sur le 4% métacarpien. Sur la MUSCLES RADIAUX EXTERNES. EEE: planche 49 du grand Atlas de Cuvier et Laurillard, consacrée au Phoca vitulina, on rencontre un tendon émanant de l’extenseur radial unique et se portant sur le premier métacarpien, tout en envoyant une expansion à l'extenseur du pouce. Meckel fait insérer le groupe musculaire qui nous occupe : au 1°", au 2°, et au 3° métacarpien, chez le tatou, l'ai, le fournuier; aux trois premiers métacarpiens chez les Monotrèmes ; aux trois premiers métacarpiens également chez la chauve-souris. Maisonneuve a retrouvé l'insertion au métacarpien du pouce chez le Vespertilio murinus. « Au sortir de la gouttière radiale, dit-il, il (le pre- mier radial externe) se porte vers la base du deuxième doigt ; mais au niveau du premier métacarpien, il passe sur un pelit sésamoïde placé à sa base et envoie à ce métacarpien une mince expansion; enfin il se termine à la face externe de la base du deuxième métacarpien. » $ VI. — Ensertion sur la première phalange du pouce (M. abducteur huméral du pouce). — Au mois de février 1883, j'ai rencontré le cas suivant : sur le côté droit d’un sujet adulte dont tous les muscles de la région externe de l’avant-bras étaient entièrement normaux, il se détachait de l’épicondyle, entre le long supinateur et le premier radial externe, un corps charnu surnuméraire de 46 millimètres de longueur. Il se jetait sur un tendon nacré et cylindrique, lequel longeait le côté externe du tendon du long supiñateur et se terminait, au niveau du carpe, sur un nouveau muscle surnuméraire. Ce dernier faisceau charnu suivait exactement le côté externe du court abducteur du pouce et venait se fixer sur la base de la première phalange du pouce. Au total, c’est un muscle digastrique se rendant de l’épicondyle à la première phalange du pouce. Je crois pouvoir lui donner le nom d'abducteur huméral du pouce, dénomina- tion qui à la fois le rapproche et le différencie du court abduc- teur del’éminence thénar. Meckel {Anat. descript., &. 11, p. 169), Wood (Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p, 236), et tout récemment Gruber (Arch. f. Anat. u. Phys., 1877, p. 388) ont signalé des faits analogues. SR 926 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Signification anatomique. — L'abducteur huméral du pouce se rattache bien évidemment à l’anomalie décrite dans le para- graphe précédent. Avec Wood, je n'hésite pas à le considérer comme un extenseur radial accessoire, qui au lieu de se fixer au premier métacarpien {insertion classique), se serait conlinué (variété) avec le chef externe d’un court abducteur double. $ VII — Union plus ou moins intime avec le long supi- nateur. — Voyez ce dernier muscle, p. 514. - Bibliographie : ALBINUS. ist. musculorum, p. 446. FLEISCHMANN. Abhandl. der Phys. Med. Soc. in Erlangen, 1810, Bd 1, S. 28. Avec une gravure de Loschge, Tafel I, fig. 2. Heisrer. /{n Haller’s Disput. Anat. Select., t. VI, p. 739. BERGMANN, cité par Wood, in Proc. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 507. MEcKkEL. Muskellehre, S. 509, et Anat. descript., trad. Jourdan, t. I, p. 169. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, p. 216. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 308. CuviER et LAURILLARD. Atlas de Myologie comparée, pl. 19. SALZMANN. Dissert. de sist. plurium pedis Muscul. defecta, Strasburg, 1734, p. 11. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. HARRISSON, cité par Macalister, in Mémoire précédent. PERRIN. Medical Times and Gazette, 1872-1873. CurNow. Journ. of Anat. a. Phys., t. VIL, p. 307. Woop. Proced. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 335, t. XV, p. 236 et 530, t. XVI, p. 504 et seq. BELLAMY. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 542. CaLori. Memorie dell’ Inst. accad. di Bologna, série I, t. VII, p. 51. Gruer. Ueber d. Musc.radialis externus accessorius (Arch. f. Anat.und Phys., 1871, p. 388). S. Pozzi. Art. Radiaux externes, in Dictionnaire Encyclopédique, 3° série, LE D: 2: MAISONNEUVE. Ostéologie et myologie du Vespertilio murinus, 1878, p. 248. Humpary. On the Myology of Orycteropus, etc. (Journ. of Anat. and Phys., May, 1868, p. 306). YouxG. The muscular Anatomy of the koala (Jbid., t. XVI, 1882, p. 217). Humrary. The Myology of the limbs of Pteropus (/bid., t. III, p. 308). TEsrur. Système locomoteur de l'Ursus americanus (en préparation). MivarT. Proc. sool. Society, June, 1867, p. 783). MUSCLE ANCONÉ. 527 CHAPITRE VII Région antibrachiale postérieure et superficielle. Le plan superficiel de la région postérieure de l’avant-bras nous présente quatre muscles plus ou moins confondus à leur origine épicondylienne, mais devenant plus bas très nettement distincts. Ce sont : 4° l'anconé, 2° le cubital postérieur, 3° l'ex- tenseur commun des doigts, 4° l’extenseur propre du petit doigt. Leurs variations anatomiques comprendront naturellement quatre articles distincts. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE ANCONÉ. Le muscle anconé, que l’on devrait désigner sous le nom d'anconé externe, par opposition à l’anconé interne que nous avons déjà étudié plus haut (page #22), s'étend de l’épicondyle au cubitus. Il affecte la forme d’une pyramide dont le sommet se fixe à l’aide d’un court tendon sur la partie interne et inférieure du condyle externe de l'humérus et dont la base vient s'épanouir sur le côté externe de l'olécrâne, ainsi que sur une petite surface triangulaire que limite, en arrière, le bord postérieur du cubitus. Ce muscle représente exactement, en dehors, le muscle anconé interne qui s'étend, en dedans, de l’épitrochlée à l’olécrâne ; mais bien différent de ce dernier, qu'on ne rencontre qu'une fois sur trois, il est constant et à peu près invariable, Tout au plus pouvons-nous signaler, comme anomalies de l'anconé externe, sa fusion plus ou moins étroite, soit avec le cubital postérieur, soit avec le vaste externe du triceps. Cette der- nière disposition est considérée comme « ordinaire » par -Meckel. On conçoit encore qu’un interstice interfasciculaire 028 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMMÉ. puisse s'exagérer et en imposer ainsi pour un dédoublement du muscle. Ce sont là des variations sans importance. Il suffit d’avoir disséqué quelques Mammifères, pour savoir que, comme chez l'homme, l'anconé externe s’isole diflicilement et de l’extenseur de l’avant-bras et de l'extenseur cubital du carpe. Humphry n'a pu trouver d’anconé distinct ni chez l'Oryc- teropus capensis, ni chez le Phoca communis. Il en est de même chez un grand nombre de Vertébrés. Je n'ai pu isoler l'anconé externe du triceps, chez quelques Cercopithèques. Gratiolet et Alix donnent le nom d’anconé, chez le Troglodytes Aubryi; à la «partie antibrachiale du vaste externe ». Chez le chat, Strauss- Durckeim décrit, comme muscles extenseurs de l’avant-bras, indépendamment des trois portions du triceps et de l’anconé interne, deux anconés externes : l'un, l’anconé externe propre- ment dit, répond assez bien à l’anconé de l'homme; quant à l’autre, qu’il désigne sous le nom d'anconé moyen, 11 me paraît devoir être rattaché au muscle vaste externe. Bibliographie : MacauisTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. MecKkeL. Anat. descriptive, trad. Jourdan, p. 167. Humpxry. On the Myology of the Orycteropus capensis and Phoca com- munis (Journ. of Anat. a. Phys., May, 1868, p. 303). GRATIOLET et ALix. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865, p. 144. STRAUSS-DURCKEIM. Anatonuie du chat, t. II, p. 349. ABTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE CUBITAL POSTÉRIEUR. Placé supérieurement entre l'extenseur commun des doigts et le muscle précédent, le cubital postérieur, qu’on désigne encore sous le nom d’extenseur cubital da carpe, prend naissance à la fois, sur le bord inférieur de l'épicondyle, sur la face postérieure du cubitus, sur le tiers moyen du bord postérieur du même os et sur la face profonde de l’aponévrose brachiale. Son tendon MUSCLE CUBITAL POSTÉRIEUR. 529 inférieur, qui commence très haut dans l’intérieur du muscle, mais qui ne devient complètement libre qu'à 2 ou 3 centimètres au-dessus du carpe, vient se fixer sur le côté interne de l’extré- mité postérieure du 5° métacarpien. Comme son homologue sur la face de flexion, le cubital pos- térieur présente une fixité remarquable. Je ne connais en effet, dans ses variations, que deux dispositions intéressantes : c’est une tendance au dédoublement et l'envoi d’un tendon surnumé- raire sur le petit doigt. $ I. — Dédoublement du muscle /cubital postérieur accessoire, court cubital postérieur). — J'ai vu, dans un cas, le tendon du cubital postérieur fournir, sur son côté externe, une expansion très résistante pour l'extrémité postérieure du 4° métacarpien. Macalister signale une expansion analogue qui venait se fixer sur le ligament annulaire postérieur du carpe, entre le tendon du cubital postérieur et celui de l’extenseur propre du petit doigt. Dans un cas fort intéressant rapporté par Curnow, le cubital postérieur était double d’un bout à l’autre : les deux tendons infé- rieurs se fixaient, l’un et l’autre, au 5° métacarpien. Tout récemment (1881), le professeur Gruber a décrit, sous le nom de Musc. ulnaris externus brevis (court cubital postérieur), un petit muscle penniforme qu'il avait observé sur l’avant-bras droit, au-dessous du cubital postérieur. Il se détachait, en haut, de l'extrémité inférieure du cubitus, ainsi que du tissu con- jonctif qui unit le cubital postérieur à l’extenseur propre de l'index ; en bas, il se fixait par un tendon élargi en éventail sur l'extrémité postérieure du 5° et du 4° métacarpien. Le muscle cubito-métacarpien postérieur répond exactement, en arrière de l’avant-bras, à certains faisceaux cubito-carpiens antérieurs que nous avons déjà étudiés, sur la face de flexion, comme des fais- ceaux annexes du cubital antérieur ou fléchisseur cubital du carpe. (Voyez p. 504.) Signification et Anatomie comparée. — Le cubital postérieur représente, au membre thoracique, le groupe des péroniers du 34 ee 0 mt Te D PE PRE 530 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. membre pelvien; sa tendance au dédoublement n'a rien que de très naturel, le groupe péronier se trouvant divisé, suivant les espèces, en deux, trois où même quatre faisceaux distincts. Les membres thoraciques et les membres pelviens, primitive- ment identiques, ne s'individualisent qu'ultérieurement. Ils arri- vent ainsi à être complètement distincts l'un de l’autre dans le plus grand nombre de leurs parties constituantes ; mais l’ana- tomie anormale vient (oujours rétablir, d'une façon plus ou moins nette, les homologies disparues. Du reste, l'anatomie comparée nous présente, chez quelques espèces, un dédoublement normal du muscle qui nous occupe. C'est ainsi que chez l'Orycleropus capensis, Humphry a vu le tendon du cubital postérieur se diviser en deux branches pour s'attacher au 4° et au 5° métacarpien. Meckel signale un dédou- blement analogue chez l'ours blanc et chez le cheval; dans cette dernière espèce, le tendon terminal du muscle se divise en effet «en deux languettes, dont l'externe se porte au bord externe de la base de l'os pisiforme ; la languette interne se rend d’abord à un os sésamoïde considérable, puis va du milieu du métacarpien au tendon du muscle qui correspond à l'extenseur du 5° orteil. » Chez l'unau, le cubital postérieur fournit également deux tendons terminaux : l'un s'insère sur le côté cubital de la base du 4° métacarpien; l’autre, plus long, vient se fixer sur la face dorsale de l'extrémité postérieure de la première phalange du 3me doigt. Chez l'ai, nous trouvons en réalité deux muscles distincts : le premier se détache de l'épicondyle pour se porter sur le 4° métacarpien (portion antérieure); le second naît prin- cipalement sur le cubitus et vient se terminer sur le côté interne du 5° métacarpien. Nous avons deux muscles encore chez le fourmilier, partant l'un et l’autre de l'épicondyle : l'un aboutit au côté interne du 3° métacarpien; l'autre, qui prend en outre quelques insertions sur le cubitus, s’insère sur le 5° métacar- pien rudimentaire, après avoir envoyé une pelite expansion au £e (Humphry). Le pangolin nous offre une disposition plus importante encore, en ce sens que ses faisceaux constituants rappellent merveilleusement la disposition du groupe péronier MUSCLE CUBITAL POSTÉRIEUR. 531 chez l’homme. D’après Humpbhry, le groupe extenseur cubital du carpe comprend deux muscles distincts : z) l'externe, plus petit, prend naissance sur le condyle externe, sur l’olécrâne et sur le corps du cubitus; contournant cet os, il aborde la région palmaire du poignet et vient s'insérer sur la face palmaire du 5° métacarpien; £) l'interne, plus large, se détache de l’épicondyle, entre le précédent et l'extenseur commun et se divise, un peu au-dessus du poignet, en deux larges tendons : l’un s’arrête au côté externe du 5° métacarpien; l’autre, conti- nuant son trajet descendant, vient se fixer sur la phalange ter- minale du 4° doigt. $ IL. — Prolongement phalangien du cubital postérieur (Ulnaris quinti de Macalister). — Il n’est pas rare de voir le tendon du cubital postérieur fournir, à une distance variable de son insertion métacarpienne, un prolongement, généralement très grêle, qui poursuivant le trajet du muscle, vient se fixer dans le voisinage de la première phalange du petit doigt. Ce petit tendon surnuméraire, qui a été signalé depuis déjà long- temps par Meckel, par Blandin, par Henle et par Wood, se confond le plus souvent avec le tendon extenseur du petit doigt ; mais il peut également se fixer sur l'extrémité postérieure de la première phalange (j'en ai observé plusieurs cas) ou même s'arrêter sur la tête du 5° métacarpien (cas de Wood, cas de Chudzinski). Le degré de fréquence de cette disposition anatomique a été évaluée par Wood au chiffre de 12 pour 100. Il l'a rencontrée en effet 12 fois sur.102 sujets : 10 fois sur 68 hommes (7 fois des deux côtés, 3 fois du côté droit seulement) et 2 fois sur 34 femmes (une fois sur les deux avant-bras, une fois sur l'avant-bras gauche seulement). Dans un cas rapporté par Macalister, le tendon que je viens de décrire remplaçait l’extenseur propre du petit doigt qui faisait défaut. Signification et anatomie comparée. — Le tendon envoyé par le cubital postérieur à la phalange du petit doigt est, sans aucun 32 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. doute, l'homologue au membre thoracique du prolongement similaire que le court péronier latéral envoie, au membre pelvien, sur la première phalange du 5° orteil, prolongement qui a été si bien étudié par M. Pozzi et que nous retrouvons dans la suite : de là le nom de «prolongement phalangien du cubital postérieur », sous lequel j'ai cru devoir le désigner. Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, qu’un prolon- gement phalangien du cubital postérieur existait, dans quelques espèces animales, notamment chez le cheval, chez l’unau, chez le pangolin. É $ III. — Union avec quelques muscles voisins. — J'ai déjà noté, dans l’article que j'ai consacré à l’anconé, la fusion pos- sible de ce dernier muscle avec le cubital postérieur. Macalister signale l'existence d’un faisceau de renforcement envoyé par le triceps brachial au cubital postérieur. Le tendon inférieur de ce muscle enfin peut servir, dans une étendue plus ou moins grande, de surface d'insertion au muscle abducteur du petit doigt. C’est le cas de rappeler les origines antibrachiales simi- laires que les muscles des éminences thénar et hypothénar prennent, dans certains cas, sur les tendons du cubital anté- rieur, du grand palmaire et du petit palmaire. Bibliographie : MECKEL. Anat. descript., trad. Jourdan, t. II, p. 166. THEILE. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 230. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, p. 223. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 237 et 531, ett. XVI, p. 510. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. CurNow. Journ. of Anat. and Phys., t. VII, p. 307. GRuBER. Musculus ulnaris externus brevis beim Menschen (Virchow's Arch., Bd LXXXVI, S. 15). Caupziwski. Rev. d'Anthropologie, t. III, p. 35. Humpary. The Myology of the Orycteropus capensis (Journ. of Anat. and Phys., May, 1868, p. 307). Humpary. The Myology of the limbs of (he unau, {he aï, the two-toed anteater and the pangolin (/bid., Nov., 1869, p. 45). BLANDIN, cité par Henocque. Art. Cubital postérieur Au Dictionnaire Ency- clopédique, t. XXIV, p. 9%. MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES DOIGTS. 536 ARTICLE III ANOMALIES DE L'EXTENSEUR COMMUN DES DOIGTS. Les faisceaux charnus de l’extenseur commun des doigts se détachent principalement de la face postérieure de l'épicondyle, au moyen de deux lames tendineuses qui ont été parfaitement décrites par Theile. Large à sa partie supérieure, le muscle se retrécit en fuyant le coude, et se divise de bonne heure en quatre faisceaux, aboutissant chacun à un long tendon. Ces quatre tendons passent en arrière du ligament annulaire posté- rieur du carpe, au-dessous duquel ils divergent pour se porter sur les quatre derniers doigts. Au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne, chacun d’eux reçoit sur ses bords des expansions plus ou moins considérables des muscles lombricaux et se divise en trois languettes : la languette médiane, glissant sur la face dorsale de la première phalange, vient se fixer sur l'extrémité postérieure de la deuxième; les deux languettes latérales se fusionnent sur la face dorsale de celte dernière, pour venir se terminer sur l'extrémité postérieure de la phalangette. Rappelons en passant que le quatrième tendon de ce muscle ou tendon du petit doigt est, en général, fort grêle et se détache, suivant Theile, plutôt du tendon de l'annulaire que d'un corps charnu distinct. $ L. — Diminution de nombre des tendons digitaux ; absence du tendon destiné au petit doigt. — Le tendon destiné au petit doigt peut faire défaut. Cette anomalie, que j'ai rencontrée plusieurs fois, est mentionnée par la plupart des auteurs; j'ai vu également ce tendon diminuer de volume au point de devenir presque filiforme. Dans un cas que j'ai observé en 1881, il était représenté par une simple bandelette longue 534 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. de 3 centimètres seulement et qui, se séparant du tendon de l'annulaire sur la région dorsale de [a main, venait se fusionner, au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne, avec le tendon de l’extenseur propre de l'index. Macalister a nolé encore l'absence du tendon que l’extenseur commun envoie à l'index. Anatomie comparée. — Toutes ces dispositions se rencontrent, à l'état typique, chez certains Mammifères : c'est ainsi que l’extenseur commun des doigts ne se rend qu'aux 2°, 3°, 4° doigts chez le Siphneus (Milne-Edwards), chez le tatou (Meckel), chez le tapir (Murie); il est à remarquer cependant que sur un sujet de cette dernière espèce, disséqué par Cuvier, l’extenseur commun fournissait un tendon au 5° doigt, comme chez l'homme. Meckel à vu également chez l'atèle, l'extenseur commun ne se rendre qu'aux trois doigts moyens. Chez l'ornithorynque, d'après Meckel, ce même muscle ne fournit des tendons qu'aux trois doigts externes. $ II. — Augmentation de nombre des tendons digitaux; tendon surnuméraire pour le pouce. Ce groupe d'ano- malies comprend deux ordres de faits: les premiers se rattachent au dédoublement d'un ou de plusieurs des tendons existant normalement; les seconds sont constitués par l'appa- rition d’un tendon supplémentaire destiné au pouce. 1° Dédoublement des tendons normaux. — Ce dédoublement peut s'étendre plus ou moins haut du côté du corps muscu- laire; il peut donner naissance à des faisceaux égaux ou inégaux, lesquels peuvent se porter soit sur le doigt corres- pondant, soit sur un doigt voisin; de plus il peut porter soit sur un seul tendon, soit sur plusieurs où même sur tous; de là des varialions presque infinies qu'il serait fastidieux de décrire, et que je me contente de résumer. On à observé : œ) —- Cinq tendons par dédoublement du tendon à l'index. 6) — Cinq tendons par dédoublement du tendon du médius. 7) — Cinq tendons par dédoublement du tendon de l'annu- laire. MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES DOIGTS. vai 9) — Cinq tendons par dédoublement du tendon du petit doigt. e] — Six tendons par dédoublement, sur le même sujet, du tendon de l’annulaire et du tendon du petit doigt. £) — Six tendons par dédoublement, sur le même sujet, du tendon de l'index et du tendon du petit doigt. ») — Six tendons par dédoublement, sur le même sujet, du tendon du médius et du tendon de l’annulaire. 6) — Six tendons par division en trois languettes du tendon du médius. ) — Huit tendons par dédoublement, sur le mème sujet, des quatre tendons de l'extenseur. :) — Neuf tendons par dédoublement du tendon de l’annu- laire et du tendon du petit doigt, et division en quatre languettes du tendon du médius. 1) — Dix tendons par dédoublement du tendon de l’annu- laire, division en trois languettes du tendon du médius et division en quatre languettes du tendon du petit doigt. J'ai observé cette disposition sur le côté gauche d’un sujet adulte, au mois de janvier 1881. Des dix tendons fournis par l’exten- seur, trois se rendaient au petit doigt, cinq à l’annulaire, un seul au médius, un seul également à l'index. u) — Onze tendons dans un cas observé par Rüdinger, ainsi que sur un sujet disséqué par Perrin. Anatomie comparée. — Chez l'homme, et chez la plupart des autres Mammifères, l'extension des doigts est déterminée par deux systèmes musculaires distincts : un système de muscles longs ou superficiels provenant de l’humérus; un système de muscles courts et profonds prenant naissance plus bas, sur la face postérieure des deux os de l’avant-bras. Entre l’un et l’autre de ces deux groupes, le professeur Humphry décrit un système mtermédiaire qui, comme le premier, prendrait son origine sur l'épicondyle et se lerminerait, comme lui, sur les phalanges. Ce muscle surajoulé, que l’on peut appeler exten- seur intermédiaire (Extlensor secundus de Humphry), serait représenté chez quelques animaux, notamment chez l'Orycte- 536 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ropus, par quelques faisceaux musculaires surajoutés à l'exten- seur superficiel et se rendant à quelques-uns des quatre doigis externes. Mais c'est surtout chez le phoque, que l'on doit étudier ce système : il se rencontre en effet, dans cette espèce, à un élat de développement parfait. Voici la description qu'en donne le savant professeur de Cambridge : «Chez le phoque, dit-il, il existe deux extenseurs communs des doigts, s'insérant en haut dans la région condylienne (the external supracondy- loïd ridge), l'un au-dessus de l’autre. Leurs tendons glissent sur la face extérieure du radius, dans des coulisses distinctes, et chacun d’eux se distribue aux quatre doigts externes. L'un (extensor communis digitorum), un peu plus élevé que l’autre à son origine, S’étale sur le métacarpe en forme d'une large aponévrose; ses quatre tendons se fixent aux phalanges, en suivant le côté radial de leur face dorsale. La contraction de ce muscle a pour effet simultané et d'étendre les doigts et de les rapprocher du pouce. L'autre, naissant un peu au-dessous du précédent {extensor secundus digitorum), se place un peu en dedans de lui et se divise, vers la partie moyenne de l’avant- bras, en quatre tendons, lesquels, croisant les tendons corres- pondants de l’extensor communis, viennent se placer sur le côté cubital des phalanges. Il en résulte qu'en étendant les doigts, ils les portent en même temps dans l'abduction, par rapport au pouce.» Nous devons vraisemblablement rattacher à ce système d’extenseurs intermédiaires quelques-uns des faisceaux surnuméraires que présente, chez l’homme, à l’état anormal l’extenseur commun de nos Traités classiques. 99 Tendon surnuméraire pour le pouce. — Fai rencontré en 1881, sur le côté droit d'une femme adulle, un extenseur commun des doigts qui se fixait en haut, comme d’ordi- naire, sur la face postérieure de l’épicondyle et fournissait en bas cinq tendons; les quatre tendons internes se termi- naient, comme à l'état normal, sur les quatre derniers doigts; le tendon externe, un peu plus grêle que les autres, se portait sur l'extrémité postérieure de la deuxième phalange du pouce : c'élait un extenseur huméral du pouce, L'année suivante, j'ai MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES DOIGTS. 5971 retrouvé ce faisceau pollicien de l'extenseur commun, mais, celte fois, avec une morphologie un peu différente. Il se déta- chait, en effet, du côté externe de l’extenseur sous la forme d'un tendon, qui se transformait en muscle à 5 centimètres au-dessous de l’épicondyle, redevenait tendineux à 3 centi- mètres au-dessus du carpe et venait se fixer, comme dans le cas précédent, sur l'extrémité postérieure de la phalange onguéale du pouce. Déjà Wood, en 1868, Macalister en 1871, avaient signalé un faisceau surnuméraire envoyé au pouce par l'extenseur commun, qui commandait ainsi à tous les doigts. Nous trou- vons encore en 1867, dans le mémoire de Bankart, Pye-Smith et Philips sur les anomalies musculaires observées dans les salles de dissection de Guy's Hospital, la mention d’un prolongement de l'extenseur commun se rendant à l’un des extenseurs du pouce. Six ans plus tard (1875), le professeur Gruber publie, dans les Archives de Reichert et Du Bois-Reymond, quatre nouveaux faits d’extenseur commun des doigts, envoyant un faisceau sur- numéraire au premier doigt de la main. Dans le premier cas, le tendon surajouté, plus petit que chacun des quatre tendons normaux, venait s'attacher sur le côté interne de l'extrémité postérieure de la deuxième phalange du pouce ; il était distinct dans toute son étendue des extenseurs ordinaires du pouce. Dans le deuxième, assez analogue à celui que j'ai rapporté plus haut, le faisceau surnuméraire, charnu à sa partie moyenne, tendineux à ses deux extrémités, s’insérait en bas sur la phalan- gette du pouce et se détachait isolément, en haut, de la face postérieure de l’épicondyle. Gruber, ayant à déterminer ce muscle et à le considérer soit comme un long extenseur du pouce sur- puméraire et remontant à l'humérus, soit comme un faisceau additionnel de l’extenseur commun, se rattache à cette dernière solution : « cette interprétation, ajoute-t-il, paraît avoir d'autant plus de fondement, que, dans le cas de véritable duplicité du long extenseur du pouce, le faisceau surnuméraire part du cubitus, et que dans le cas de dédoublement inférieur du corps charnu 538 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. (Extlensor bicaudatus de Gruber), le tendon additionnel passe par la quatrième coulisse du ligament postérieur du carpe, avec les tendons de l'extenseur commun et celui de l'extenseur propre de l'index, sans perdre sa signification de muscle extenseur surnu- méraire du pouce, ou de faisceau terminal /cauda) surnuméraire de l’extenseur du pouce.» Dans les troisième et quatrième cas, le faisceau pollicien de l’extenseur commun se détachait du bord radial de ce muscle et se rendait également à la phalange onguéale, en traversant la coulisse du long extenseur propre du pouce dans l’un des cas, et, dans l’autre, la coulisse de l'exten- seur Commun. | Le lecteur pourra lire une cinquième observation de Gruber dans le tome LXXII des Virchow’s Archiv (1878), et une sixième dans le tome LXXVIT de la même publication (1879); ces deux derniers faits ne renferment aucune particularité nouvelle. Analomie comparée. — La disposition classique présentée, chez l'homme, par l’extenseur commun des doigts (tendon pour tous les doigts à l'exception du pouce), se reproduit à peu près cons- tamment dans la classe des Mammifères ; je n’ai trouvé nulle part, dans les nombreuses dissections de Meckel, la mention d'un cinquième faisceau pour le pouce. Le koala cependant (Phasco- laretos cinereus), dont la myologie a été si complètement étudiée par Young, nous présente un extenseur superficiel ou commun qui se fixe en haut sur l’épicondyle et fournit en bas des tendons fort grêles, au nombre de cinq : les deux tendons externes pas- sent ensemble au-dessous du ligament annulaire postérieur du carpe, pour venir se terminer, l'un sur le pouce, l’autre sur l'index ; les trois autres tendons passent au-dessous du ligament, à travers une coulisse spéciale, et se rendent aux 3°, 4° et 5° doigts. Nous rencontrons encore, chez les Oiseaux, un long muscle buméro-phalangien (exælenseur commun du pouce et du second doigt d'Aix), qui se fixe en haut sur l'épicondyle et se divise, en atteignant le métacarpe, en deux tendons distincts : l'une de ces divisions vient s'insérer à la base de la première phalange du MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES DOIGTS. 039 pouce, dans le voisinage de son bord cubital; quant à l’autre, elle se termine sur le côté radial de la base de la première pha- lange du second doigt. Malgré l'arrêt de ce muscle à la première phalange des deux doigts externes, je ne partage pas les hési-' tations d’Alix, relativement à la détermination de ce muscle, et retenant avant tout son mode d'origine sur l’épicondyle, je crois qu'il faut le considérer comme l'homonyme de l’extenseur super- ficiel ou commun des Mammifères. $ IT. — Réunion plus ou moins complète des tendons de l’extenseur sur la face dorsale du carpe. — Tous les anatomistes signalent ces petites languettes tendineuses que l’on rencontre sur la face dorsale du carpe, réunissant l'un à l'autre les divers tendons de l’extenseur et solidarisant ainsi tous les doigts dans leurs mouvements d'extension. Il n’est rien de plus variable que ces languettes anastomotiques. Voici leur disposition la plus commune, d'après les recherches de Theile : « Le premier tendon de l’extenseur marche oblique- ment sur le second os métacarpien, pour gagner le doigt indicateur, en dehors de l’extenseur propre de ce doigt, avec lequel il se réunit à la première articulation digitale. » Le second descend en ligne droite sur le troisième os méta- carpien, reçoit ordinairement une languette du troisième, avant d'atteindre la première articulation digitale, et se réunit là encore avec une autre languette que lui envoie parfois l’exten- seur propre de l'index. » Le troisième tendon, quand il ne s'était pas déjà partagé au-dessus du poignet, se divise au carpe, ou sur le métacarpe, en deux autres tendons destinés au quatrième et au cinquième doigt. Celui du quatrième fournit généralement, au-dessus de l’arliculation digitale, un faisceau qui va gagner transversale- ment ou obliquement celui du doigt médius, et un autre ana- logue qui se rend à celui du petit doigt. Le tendon de ce dernier donne également une languette transversale ou oblique à celui du quatrième doigt, et se réunit ensuite avec le tendon propre de l’extenseur du petit doigt. 940 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. » Les anastomoses entre les tendons du cinquième et du qua- trième doigt ne manquent jamais; il est rare qu'on n’en trouve pas entre les tendons du quatrième et du troisième. Mais, en outre, on rencontre encore, sur le métacarpe, de minces languettes aponévrotiques transversales, qui servent à réunir ensemble deux tendons voisins. » Ces languettes d'union jetées entre les tendons des exten- seurs peuvent s’accroitre soit en surface, soit en nombre; je les ai vues, dans un cas, réunir ensemble, dans presque toute leur portion carpienne, les tendons des trois doigts externes et cons- lituer ainsi pour ces trois doigts un tendon unique, rappelant de tous points la disposition membraneuse que présentent les tendons des extenseurs, chez un grand nombre de Mammifères et que j'ai constatée moi-même, chez quelques Cercopithèques et jusque chez le Troglodytes niger. Macalister et Wood rappor- tent des faits semblables. Il est à remarquer que, de tous les doigts de la main, le plus libre, au point de vue des mouvements d'extension, le plus individuel, qu'on me permette cette expression, est le deuxième, celui dont nous nous servons de préférence pour montrer les objets, le doigt indicateur. Le tendon que lui envoie l’extenseur commun est, en effet, presque toujours indépendant des autres tendons. Ici, comme partout, la disposition anato- mique est merveilleusement adaptée à la fonction. $ IV. — Isolement complet du faisceau destiné à l'index (Exlenseur propre superficiel de l'index). — L'interstice séparatif qui isole le faisceau de l'index du faisceau destiné au médius remonte plus ou moins haut, du côté de l’épicondyle. Sur deux sujets, je l'ai vu s'étendre jusqu'à cette tubérosité osseuse; le faisceau musculaire qui se portait à l'index se trouvait, dans ces deux cas, tout aussi indépendant que l'extenseur propre du petit doigt et méritait réellement le nom de muscle extenseur propre superficiel de l'index. C’est là, bien évidemment, une disposition mieux adaptée encore que la disposition ordinaire à la fonction qui est dévolue au doigt indicateur. A ce litre, MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES DOIGTS. 541 l'isolement complet du faisceau extenseur de l'index, entrai- nant comme conséquence l'indépendance de ce doigt, constitue une perfection à la fois anatomique et physiologique et rentre naturellement dans cette classe d'anomalies que j'ai appelées progressives. Dans le même ordre de faits, nous trouvons, sur quelques sujets, des extenseurs propres pour le médius et pour l'annu- laire. Je me contente de les signaler ici; leur description sera mieux placée dans un chapitre ultérieur que je compte consa- crer aux muscles surnuméraires de cette région. $ V. — Union avec l’extenseur propre du petit doigt. — Il n’est pas toujours facile, à l’état normal, d'isoler l’un de l’autre Jusqu'à leur origine épicondylienne, l’extenseur commun des doigts et l’extenseur propre du petit doigt; j'ai vu bien des fois, dans le voisinage de l’épicondyle, les deux corps charnus non seulement contigus, mais continus dans l’étendue de un ou deux centimètres. À un degré plus avancé d'union, les deux muscles n'en forment plus qu’un seul et l’extenseur propre du petit doigt descend au rang secondaire de simple faisceau de division de l’extenseur commun. Je possède, dans mes notes, un fait de cette nature. Macalister signale des faits probablement analogues sous le titre suivant : extenseur commun envoyant un, deux ou trois faisceaux pour remplacer l’extenseur du petit doigt absent. Sans se fusionner complètement, l’extenseur commun et l'ex- tenseur propre du petit doigt peuvent s’envoyer mutuellement des faisceaux anastomotiques, soit tendineux, soit charnus. Sœæœmmering mentionne de pareilles anastomoses. J’ai vu moi- même, dans un cas, le faisceau de l’extenseur commun des doigts destiné à l’annulaire envoyer une expansion tendineuse au tendon de l’extenseur propre du petit doigt; celui-ci envoyait à son tour, sur le tendon de l’annulaire, une expansion de même nature qui croisait la première en X. Anatomie comparée. — D'après Meckel, l'extenseur propre du cinquième doigt «n’est souvent qu'une partie » de l’extenseur commun, dans la série des Mammifères. Chez l’atèle notamment, 542 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. l'illustre auteur de l'Analomie comparée a vu l'extenseur du petit doigt entièrement confondu avec l'extenseur commun. Bibliographie : WiLpe. Comment. Acta Petropol., t. XII, p. 321. MECKEL. Ana. comparée, t. VI, p. 318. — Anat. descriptive, t. II, p. 165. ALBINUS, BRUGNONE, cités par Meckel, ir Ouvrage précédent. Cuvier. Leçons d'anatomie comparée, t. I, p. 457. THelLe. Encycl. anat., « Myologie », p. 227. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 531, et t. XV4, p. 508. MacaListTer. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, p. 297. GruBer. Ueber den Muscuius extensor digit. communis manûs anomalus, mit 5 sehnen zu allen Fingern, etc. (Reichert u. Du Bois-Reymond's Archiv., 1875, p. 204). PERRIN. Medical Times and Gazette, 1873, p.597. CurNow. Variet, in the Arrangement of the extensor Muscles in the forearm (Journal of Anat. and Phys., April, 1876, p. 595). GruBER. Anatomische Notisen (Virchow’s Arch., vol. LXXII, p. 500). Gruger. Nachtrag +. Vorkommen d. Musc.extensor digit. communis, ec. (Virchow’s Arch., 1879, p. 129). RüpNGEr. Ueber die Muskeln der vordern Extremitæten der Nogeln, Hearlem, 1868, tab. XV, fig. 38. Humpxry. Observ. in Myology, 1872, p. 181. Murie. On the malayan tapir (J. of Anat. a. Phys., Nov., 1871, p. 307). MiLNE-Enwarps. Étude pour servir à l'histoire de la Faune mammalogique de la Chine (Myographie du Siphneus, t. I, p. 93). Humpaky. On the Myoloyy of Oryeteropus capensis and Phoca communis (Journ. of Anat., 1868, p. 307). YouxG. The Myology of the koala (Jbid., Janv., 1882, p. 229). Aix. Discussion sur le Transformisme (Bull. Soc. d'Anthrop., loc. cit.). Broca. Discussion sur le Transformisme, loc. cit., p. 320. ALIxX. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, 1874, p. 413. Caupzinskt. Revue d'Anthropologie, t. II, p. 35. ARTICLE IV. MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DU PETIT DOIGT. Comme le muscle précédent, en dedans duquel il est situé, l'extenseur propre du petit doigt prend naissance, chez l'homme, à la fois sur l'épicondyle, sur les cloisons inter- MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DU PETIT DOIGT. 543 musculaires voisines et sur la face profonde de l’aponévrose antbrachiale. Son corps charnu se jette inférieurement sur un tendon qui « commence déjà à une grande hauteur dans l'intérieur du muscle, et devient visible au-dessous du milieu de l’avant-bras, mais reçoit encore des fibres charnues jusqu'auprès de l'articulation radio-carpienne » (Theïle). Ce tendon glisse sur la tète du cubitus, dans une coulisse spéciale, et longeant le cinquième métacarpien, vient se terminer sur les deux dernières phalanges du petit doigt, après s'être préalablement fusionné avec le tendon que l’extenseur commun envoie à ce doigt. Ce muscle ne présente qu'un petit groupe d'anomalies vraiment intéressantes. $ I. — Absence du muscle. — Les cas d'absence du muscle extenseur propre du petit doigt sont relatifs, pour la plupart, à la fusion complète de ce muscle avec l’extenseur commun, disposition anatomique que j'ai déjà étudiée dans l'article précédent. La fusion de l’extenseur du petit doigt avec le cubital postérieur donne lieu à une nouvelle variété d'absence du muscle. On comprend dans ces cas la description sommaire suivante, assignée par quelques anatomistes à cette anomalie : absence de l’extenseur du petit doigt, suppléé par un faisceau additionnel de l’extenseur commun, suppléé par un faisceau additionnel du cubital postérieur. Il résulterait cependant d'une observation de Brugnone, mentionnée par Meckel, que le faisceau extenseur du petit doigt pourrait entièrement disparaître, sans être remplacé par aucun faisceau surnuméraire. Meckel a rencontré lui-même deux fois l'absence de l’extenseur du petit doigt; mais il se contente de cette mention sommaire. $ IL. — Dédoublement du muscle. — On a signalé, comme anomalies de l'extenseur du petit doigt, le dédoublement de son tendon, remontant plus où moins haut du côté du corps charnu; il est même des cas où l'interstice séparatif intéresse jusqu'au corps musculaire (Wood, Macalister, Curnow et 544 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. moi-même). Smith, Howse et Davies-Colley ont vu le tendon terminal de l’extenseur propre du petit doigt se diviser en trois faisceaux distincts l’un de l'autre, distincts aussi du quatrième tendon de l'extenseur commun. Des deux branches de bifurcation de l'extenseur propre du petit doigt, le faisceau additionnel peut se rendre avec le faisceau normal sur les phalanges du petit doigt (disposition plus fréquente considérée même comme normale par certains anatomistes), ou bien obliquer en dehors et venir se terminer sur l’annulaire (disposition plus rare). Je consacrerai à cette dernière un paragraphe à part. Anatomie comparée. — D'après Meckel, le muscle extenseur propre du petit doigt est partagé, chez l'ornithorynque, en deux muscles distincts qui se rendent, l’un et l’autre, au cinquième doigt. $ IT. — Faisceau additionnel pour l’annulaire. — Dans la majorité des cas, le tendon terminal de l'extenseur propre du petit doigt se porte exclusivement sur le cinquième doigt. Il est des sujets cependant, où ce tendon se bifurque dans la région métacarpienne et envoie une expansion plus où moins considérable sur le quatrième doigt. Cette insertion du muscle aux deux doigts externes est loin d’être rare : nous en trouvons des observations dans les écrits de Vésale, de Meckel, de M. Whinnie, d'Hallet, de Theile, de Curnow. Wood, qui l'a recherchée d'une façon toute spéciale, l’a rencontrée 13 fois sur 106 sujets, soit une fois sur 8, dans les salles de dissection de Dublin. Macalister ne l’a observée qu'une fois sur quatorze. Anatomie comparée. — C’est là une disposition véritablement simienne, se reproduisant chez l'homme à l'état d’anomalie. L'extenseur propre du petit doigt s’insère en effet d'une façon constante par deux tendons distincts sur les deux derniers doigts, chez un des Anthropoïdes les plus élevés dans la série, l'orang-outang. Sur le sujet que j'ai disséqué en 1882, le ten- don de ce muscle, simple dans toute sa portion antibrachiale, MUSCLE ÆXTENSEUR PROPRE DU PETIT DOIGT. 545 se divisait, sous le ligament annulaire, en deux faisceaux com- plètement distincts, d'égal volume : l’un (l'interne), se portait à l'extrémité postérieure de la première phalange du 5° doigt ; l'autre (l'externe), se terminait sur l'extrémité postérieure également de la première phalange du #° doigt. Une disposition analogue a été rencontrée par Bischoff, chez le Cynocephalus maimon, par Champneys chez le Cynocephalus anubis. L'exten- seur du cinquième doigt du gorille, du chimpanzé, du gibbon, du Cercopithecus sabœus, du Macacus cynomoloqus, du Pithecia hirsuta, de l’Hapale penicillata n'a qu'une insertion unique, . comme celui de l’homme. Au-dessous des Primates, l'insertion simultanée aux deux doigts externes, se rencontre également chez le cochon, le porc-épic, le aèvre, le kangurou, la sarigue, V'hyène, les Makis (Meckel), le phoque (Duvernoy), l'Orycteropus capensis (Humphry). Chez la cette, d'après Young, le représentant de notre muscle exten- seur du petit doigt se fixe même aux trois doigts externes. $ IV. — Insertion additionnelle sur le cubitus. — L'exten- seur propre du petit doigt limite ses insertions supérieures au condyle externe de l’humérus et traverse l’avant-bras sans présenter, avec les os du troisième segment du membre thora- cique, d’autres relations que des rapports de contiguité; la face postérieure de ces deux os est réservée aux extenseurs profonds. Davies-Colley, Taylor et Dalton ont cependant observé, dans les salles de dissection de Guy’'s Hospital, un muscle extenseur propre du petit doigt, prenant une insertion supplémentaire sur la face dorsale du cubitus. Anatomie comparée. — Chez le tapir, le D' Murie à vu le groupe indivis extenseur du médius et extenseur du petit doigt prendre son origine à la fois sur l’épicondyle et sur le cubitus (extrémité supérieure et corps dans presque toute sa longueur). De même chez l'éléphant, Miall et Greenwood ont décrit à l’ex- tenseur du petit doigt deux faisceaux d'origine distincts : l'un plus volumineux se détachant de l’épicondyle, l’autre plus grêle prenant naissance sur la tête et sur le corps du cubitus. 35 546 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ V. — Union avec l’extenseur commun. — J'ai déjà décrit cette disposition dans l'article précédent. (Voyez ce dernier muscle, p. #1.) Bibliographie : MECKkEL. Anat. descriptive, trad. Jourdan, t. II, p. 165. BRUGNONE, cité par Meckel, in Ouvrage précédent. Taie. Encycl. Anat., t. III, « Myologie », p. 229. Woop. Proc. of Roy. Society of London, t. XV, p. 238 et 532, et t. XVI, p. 909. MACALISTER. Transac. of Roy. Irish Academy, 1871. DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DaLrTON. Guy's Hospital Reports, 1872, et tirage à part, p. 6. Curnow. Journ. of Anat. and Phys., April, 1876, p. 579. DuverNoy. Mémoire sur le phoque commun, p. 68. PYE-SMiTH, HOWSE et D. Cozzey. Guy's Hospital Reports, 1870. MECKEL. Anat. comparée, t. VI, p. 321. Humpary. The Myology of Orycteropus capensis and Phoca communis (Journ. of Anat. a. Phys., May, 1868, p. 307). YouxG. The Myology of Viverra civetta (Zbid., Jan. 1880, p. 172). CHAMPNEYs. Muscles and Nerves of a Ghimpanzee and Anubis (/bid., Nov., 1871, p. 183). Bisonorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, München, 1870, et Anatomie des Gorilla, München, 1880. TESrTUT. Système musculaire de l’orang (en préparation). MiaALL et GREENWOOD. The Anatomy of the indian elephant (Journ. of Anat. and Phys, Jan., 1878, p. 272). YOUNG. On the malayan tapir (/bid., Nov., 1871, p. 152). CHAPITRE VII Région antibrachiale postérieure et profonde. La région postérieure et profonde de l'avant-bras comprend quatre muscles : 1° l'extenseur propre de l'index; 2° le long exlenseur du pouce; 3° le court extenseur du pouce; 4° le long MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DE L'INDEX. 547 abducteur du pouce. Ces quatre muscles, généralement fort grèles, se dirigent obliquement en bas et en dehors, croisant à angle aigu les muscles de la couche précédente. ARTICLE I ANOMALIES DE L'EXTENSEUR PROPRE DE L’INDEX. Le plus interne des muscles profonds de la région antibra- chiale postérieure, l'extenseur propre de l'index, s'insère, en haut, sur la partie moyenne de la face postérieure du cubitus, sur le ligament interosseux, ainsi que sur l’aponévrose qui le sépare du muscle long extenseur du pouce. Son tendon infé- rieur généralement très grêle s'engage, sous le ligament annu- laire du carpe, dans la même coulisse que les tendons de l’extenseur commun: il croise ensuite obliquement le carpe et le deuxième espace interosseux et vient se confondre, au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne, avec le tendon externe de l’extenseur commun, dont il partage la distribution. Dans un cas observé par Rosenmuller, l’extenseur propre du petit doigt affectait une forme digastrique ; le tendon inférieur, qui reposait sur le dos de la main, n’était vraisemblablement qu'un vestige d’un court extenseur des doigts, que nous étudierons plus loin. $ I. — Absence du muscle. — Cheselden a signalé, sur deux sujels, l'absence du muscle extenseur propre de l'index, dispo- silion rencontrée de nouveau plus tard par Môser, par Luschka et par Macalister. Je l'ai vu descendre bien souvent à des dimen- sions fort grèles; je l’ai vu, une fois, transformé en un tendon dans toute son étendue; je ne l’ai jamais vu manquer enlière- ment. Il est important d'ajouter que le muscle absent peut être remplacé par un court extenseur inséré soit sur l'extrémité infé- rieure du radius, soit sur le carpe ou même le métacarpe. Nous aurons à revenir, dans la suite, sur cette dernière formation musculaire. 548 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Anatomie comparée. — L'existence d'un extenseur propre de l'index chez les Mammifères constitue une disposition générale (Meckel),mais non constante. Il fait défaut notamment chez les Solipèdes (Meckel) et chez les Ruminants (Cuvier.) Rappelons en passant que ce muscle peut toutefois se reproduire dans ces deux groupes zoologiques à l’état d'anomalie. Chauveau et Arloing déclarent en avoir trouvé les vestiges, « plusieurs fois, chez des chevaux énergiques, et plus souvent chez le bœuf. » SI. — Dédoublement du musele. — Ce dédoublement peut intéresser seulement le tendon, et, dans ce cas, il remonte plus ou moins haut vers l’avant-bras ; cette disposition est fréquente. A un degré plus avancé, la division s'étend jusque sur le corps charnu (Albinus, Heymann, Macalister, Curnow, moi-même). Enfin, il peut exister deux faisceaux musculaires entièrement distincts et de volume ordinaire. Dans un fait observé par Gantzer, l'un des deux faisceaux provenait du radius. J'ai observé sur un sujet, à côté de l’extenseur propre de l'index, un pelit muscle accessoire qui, longeant le bord interne du muscle normal, venait se terminer avec lui sur le tendon que l'exten- seur commun envoie à l'index. Dans les cas de dédoublement musculaire, les deux tendons peuvent : 1° Se porter, l’un et l’autre, sur l'index ; 2° Se porter, l’un sur l'index, l’autre sur le médius ; 3° Se porter, l’un sur l'index, l’autre sur le pouce. Je ne retiens ici que la première de ces dispositions; la seconde fera l’objet du paragraphe suivant; la troisième sera étudiée plus loin sous le titre : Extenseur commun du pouce et de l'index. (Voyez p. 570.) Chez le coaïla, 11 existe deux tendons terminaux pour le muscle qui nous occupe : le premier se rend à l'index, le second se porte sur le médius. Or l’un et l’autre, d'après Meckel, se subdivisent à leur tour en deux languettes : une interne et l’autre externe. MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DE L'INDEX. 549 $ IT. — Insertion surnuméraire sur les doigts voisins. — Le tendon inférieur de l’extenseur de l'index peut envoyer une expansion plus ou moins considérable sur le pouce fextenseur commun du pouce et de l'index). Nous décrirons plus loin cette disposition qui a été étudiée’ d’une façon si complète par Wood, par Kôster, par Bischoff et par Gruber. Plus souvent encore, le tendon surajouté, obliquant en dedans, vient se rendre au médius en se terminant soit sur la première phalange, soit sur le tendon que l’extenseur commun envoie à ce dernier doigt (extenseur commun de l'index et du médius). Dans un cas signalé par Humphry, le muscle précité fournissait trois ten- dons d'insertion : deux pour le médius et un pour l'index. L'interstice séparatif qui sépare le tendon surajouté du médius du tendon normal de l'index peut, en intéressant le corps charnu lui-même, remonter jusqu'à son origine antibra- chiale ; il existe alors, on le conçoit, à côté d’un extenseur classique de l'index, un muscle surnuméraire destiné au médius fextenseur propre du médius). Nous aurons l’occasion de revenir sur cette dernière formation dans un article ultérieur, consacré aux Muscles surnuméraires de la région antibrachiale postérieure. Meckel a vu, dans un cas, le muscle qui fait l’objet de cet arti- cle se diviser, à son extrémité inférieure, en trois tendons : le Aer pour l'index, le 2° pour le médius, le 3° pour l’annulaire {extenseur commun de l'index, du médius et de l'annulaire). Anatomie comparée. — L'insertion simultanée de notre exten- seur de l'index sur le 2° et le 3° doigt se rencontre normale- ment, chez un grand nombre de Mammifères. Dans l’ordre des Primates, nous ve trouvons qu'un tendon chez le gorille et le chimpanzé (*),comme chez l'homme ; mais il en existe deux pour les 2° et 3° doigts, chez l’orang (Bischoff, moi-même), chez le Cynocephalus maimon (Bischoff), chez le Cynocephalus anubis (Champneys), chez le Macacus cynomolqus, chez le Pithecia (1) Il existait pourtaut deux tendons sur les sujets disséqués par Hum- phry et par Macalister; je n’ai rencontré qu'un seul tendon pour l'index, sur le Troglodytes niger que j'ai disséqué moi-même. 290 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. hirsuta (Bischoff). Le gibbon présente, d’après Bischoff, trois tendons pour les trois doigts moyens : n'est-ce pas là la repro- duction exacte de l'intéressante anomalie observée chez l'homme par Meckel? | On rencontre encore la double attache à l'index et au médius chez les Makis, les Loris, l'oryctérope, le raton, l'hyène, etc. $ IV. — Union de l’extenseur propre de l'index avec les extenseurs du pouce. —— L'indépendance anatomique de l'extenseur propre de l'index est considérée avec raison, par tous les anatomistes, comme une disposition caractéristique de l'espèce hnmaine. Il peut cependant se développer, entre le tendon phalangien de ce muscle et les tendons du long extenseur du pouce, des anastomoses, soit tendineuses, soit aponévrotiques qui, sur les sujets qui en sont porteurs, atteignent plus ou moins profondément l'indépendance fonctionnelle soit de l'index, soit du pouce. Kôster a observé une pareille disposition sur lui-même d'abord, sur le cadavre ensuite : sur l'un des sujets qu'il a examinés, les connexions quirattachaient les deux muscles étaient intimes, et méritent d'être décrites avec quelques détails : « c'était sur le cadavre d’un homme de cinquante ans, à squelette et système musculaire bien développés... Entre le long extenseur du pouce et le tendon extenseur de l'index était tendue une lame aponévrotique, à faisceaux fibreux transversaux et plus ou moins courbés en arc de cercle. Cette lame aponé- vrotique se raltachait tant au tendon indicateur de l’extenseur commun qu’au tendon ordinaire du muscle indicateur, situé au côté cubital du premier; par son intermédiaire, ces deux tendons étaient donc unis entre eux et avec le tendon du pouce. Mais en outre, on voyait sur cette lame aponévrotique des faisceaux de fibres plus épais et plus longs, qui se tendaient fortement aussi quand on exerçait une traction sur les muscles extenseurs. En suivant la lame aponévrotique sous le ligament dorsal du carpe, on la voyait, le long du tendon du pouce, se confondre avec lui sans limites bien marquées; mais, de l’autre MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DE L'INDEX. 551 côté, elle traversait avec les tendons extenseurs de l'index la gaîne de ceux-ci, et se terminait en un tendon bien distinct et bien développé, constituant un second tendon au muscle indicateur. » Si j'ai rapporté, dans tous ses détails, l’observa- tion de Kôüster, c'est qu'elle nous amène naturellement à une disposition anatomique de même ordre, mais plus intéressante encore, à savoir : l'apparition d’un muscle spécial se rendant à la fois au pouce et à l'index ; nous aurons à l'étudier plus tard, au nombre des muscles surnuméraires de la région postérieure de l’avant-bras. Anatomie comparée. — Strauss-Durckeim décrit comme une disposition fréquente chez le chat, l'existence d'une lame aponévrotique qui, se détachant de l'extenseur propre du pouce, vient s'appliquer tout le long du sthétos (deuxième métacarpien) et se termine sur la phalangéole de l'index. Une aponévrose analogue unit encore les deux muscles, chez le chien (Kôster, Leisering). Chez le Pithecia hirsuta, Bischoff à trouvé l’exten- seur propre de l'index «réuni au long extenseur du pouce ». Nous verrons enfin, dans un article ultérieur, les deux doigts externes solidarisés par un muscle, qui est constant dans quel- ques espèces : l’extensor communis indicis et pollicis de Wood. $ V. — Insertion supérieure descendue sur le carpe (court eælenseur de l'index). — On a vu le muscle extenseur propre de l'index prendre son origine, bien au-dessous de sa surface d'insertion ordinaire, sur les os du carpe ou même sur le ligament annulaire postérieur ; il mérite réellement dans ce cas le nom de court extenseur de l’index. Une pareille disposition, qui rappelle le muscle court extenseur des orteils ou pédieux, appartient à l'histoire du court extenseur des doigts. (Voyez plus loin : Muscles surnuméraires de la région postérieure de l’avant-bras). Bibliographie : MECKEL. Anatomie descriptive, trad. Jourdan, t. II, p. 170. ALBINUS, HEYMANN, GANTZER. Cités par Meckel, in Ouvrage précédent. 592 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. THEILE. Encycl. anat. ; t, III, « Myologie », p. 235. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1871, p. 228. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 323. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. CHESELDEN, Cité par Macalister, in Mémoire précédent. Moser. Meckel’'s Archio, t. VII, p. 225. ROSENMULLER. De var. Musc., p. 6. LuscakA. Anatomie des Menschen, t. V, «les Membres ». LEISERING. Uebersicht der Skeletmuskeln des Hundes, Dresden, 1869. Humrary. British Med. Journal, July, 1873, p. 54. Curnow. Journ. of Anat. and Phys., May, 1876, p. 596. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 532, et t. XV, p. 512. M. FLEscx. Varietæten Beobachtungen, etc., Würzburg, 1879. CHAUVEAU et ARLOING. Anatomie comparée des animaux domestiques, p. 289. Biscaorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, München, 1870. CHampNEeys. Muscles and Nerves on «a Chimpanzee and Cynoc. anubis (Journ. of Anat. and Phys., Nov., 1871, p. 185). HumPrary. The Myology of Orycteropus capensis, etc. (Ibid., May, 1868, p. 308). Küsrer. De la signification génétique des muscles extenseurs des doigts (Arch. néerl. des Sciences exactes et naturelles, Harlem, 1879, p. 320). (Voir aussi la Bibliographie des autres Extenseurs des doigts.) ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE LONG ABDUCTEUR DU POUCE. Le long abducteur du pouce est à la fois le plus considérable et le plus élevé des muscles profonds de la région antibrachiale postérieure. Il prend naissance sur le cubitus, le ligament interosseux, le radius et la cloison aponévrotique qui le sépare du long extenseur du pouce. Le tendon qui se dégage en bas de son corps charnu glisse, au-dessous du ligament annulaire postérieur du carpe, dans la coulisse la plus externe de l'extrémité inférieure du radius et vient se fixer sur le côté radial de l'extrémité postérieure du premier métacarpien. Sa situation, sa direction oblique, son insertion sur le côté externe de la main, plus étendues généralement chez les Mammifères que chez l'homme, et, avant tout, ses fonctions dans le mécanisme Le MUSCLE LONG ABDUCTEUR DU POUCE. 553 des mouvements de la main ont déterminé Humphry à lui donner le nom de « Rotator carpi» ou de « Supinator manüûs », dénomination parfaitement acceptable. Les variations anatomiques de ce muscle peuvent être ramenées aux trois chefs suivants : $ I. — Dédoublement du muscle. Le dédoublement longitudinal du tendon terminal du long abducteur du pouce est si fréquent chez l’homme, que quelques anatomistes, Cruveilhier entre autres, le considèrent comme normal. Du reste, comme pour le muscle précédent, l’interstice séparatif peut s'élever plus ou moins haut du côté de l’avant-bras ; il peut intéresser le corps charnu lui-même et, à un degré plus avancé, le diviser en deux faisceaux complètement distincts. Il existe dans ce cas un véritable muscle surnuméraire accessoire du long abducteur dont l'insertion inférieure, fort variable elle-même, sera étudiée dans le paragraphe suivant. Anatomie comparée. — Le long abducteur du pouce est également dédoublé, soit dans son tendon, soit dans son corps charnu, chez un grand nombre de Mammifères, notamment chez le gorille et un grand nombre d’autres Primates. Le chimpanzé, disséqué par Vrolik, présentait même trois faisceaux distincts, l’un pour le premier métacarpien, le deuxième pour le trapèze, le troisième enfin pour un os sésamoïde situé entre le trapèze et le scaphoïde. Même dédoublement chez le koala (Young), chez le castor (Meckel), etc. Chez le cochon, Meckel décrit, indépendamment du long abducteur, un autre petit muscle qui s'étend de la moitié inférieure de l’avant-bras au milieu du bord interne du premier métacarpien. $ IL. — Insertions surnuméraires du tendon inférieur. — Que le dédoublement porte exclusiveisent sur le tendon ou qu'il intéresse le muscle lui-même, avec où sans formation d’un muscle accessoire, le tendon additionnel peut s’insérer : +) sur le premier métacarpien; £) sur le ligament annulaire; 7) sur les muscles de l’éminence lhénar ; d) sur le trapèze. 554 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME 19 __ Surle premier métacarpien, — (C’est là une disposition tres fréquente ; il est inutile de s'y arrêter. 20 ___ Sur le ligament annulaire. — Cette insertion addition- nelle est mentionnée dans une observation de Macalister. 3° — Surles muscles de l'éminence thénar, — Il n’est pas rare non plus de voir le tendon surnuméraire du long abducteur du pouce se perdre dans l'extrémité supérieure de l'un ou l’autre des deux muscles superficiels de l’éminence thénar (court abducteur et court fléchisseur), et fournir ainsi aux faisceaux charnus de ces muscles une surface d'insertion (7 fois sur 36 sujets, Wood). Bellamy a même vu le faisceau additionnel se jeter dans l'opposant. Une pareille disposition peut même donner naissance à une variété nouvelle de ces muscles digas- triques, qui, partant de l’avant-bras ou du bras, aboutissent à la première phalange du pouce et que nous avons déjà signalés plus haut, à propos des supinateurs. J'ai observé plusieurs faits de cette nature qu'il serait fastidieux et inutile de décrire en détails; on en trouvera de nombreux exemples dans les travaux de Wood et dans l’intéressant mémoire du professeur Curnow. Anatomie comparée. — Champneys a vu de même le long abducteur du pouce se terminer, chez le chimpanzé, sur le court abducteur du pouce. Chez un orang-outang, disséqué par Wood, le tendon trapézien donnait origine à l’opposant du pouce. $ IT. — Insertion sur le trapèze. — C’est bien là assuré- ment l’anomalie la plus importante du long abducteur du pouce, en ce sens qu'elle rapproche entièrement, sur ce point, la main de l’homme de la main des Singes. Ce tendon trapézien ou bien se détache du tendon du long abducteur, ou bien fait suite à un corps charnu, celui-ci pouvant à son tour ou se réunir au muscle normal ou en rester complètement distinct dans toute son étendue. J'ai observé toutes ces dispositions, mentionnées du reste par Wood, Macalister, Curnow, etc. Anatomie comparée. — Le faisceau musculaire cubito-trapézien (eubito-sus-trapézien de Duvernoy) se rencontre plus ou moins indépendant chez le gorille, le chimpanzé, le gibbon, le MUSCLE LONG ABDUCTEUR DU POUCE. 599 Cercopithecus sabœus, le Macacus cynomoloqus (Bischoff). Chez l'orang, j'ai trouvé un muscle distinct se fixant, un peu au-dessus du long abducteur normal, sur le trapèze. Duvernoy le décrit, chez son orang, comme une dépendance du long abducteur. Chez le chimpanzé, le muscle semble varier avec les sujets; sur le mien, le long abducteur ne s’insérait que sur le métacarpien comme chez l’homme; Champneys a rencontré, sur le sien, deux faisceaux distincts, l'un pour le premier métacarpien, l’autre pour le trapèze, avec expansion tendineuse sur le court abducteur du pouce. Vrolik a décrit, chez son chimpanzé, indépendamment des faisceaux métacarpien et trapé- zien, un faisceau additionnel se rendant à un os sésamoïde du carpe. Le chimpanzé de Humphry présentait deux tendons terminaux : l’un s'insérait sur le métacarpien, l’autre à la fois sur le scaphoïde et le métacarpien; même disposition sur les sujets étudiés par Wilder et par Wyman. Gratiolet et Alix décrivent, eux aussi, deux porlions au long abducteur du pouce; son corps charnu « est double et les deux faisceaux qu'il constitue recouvrent obliquement les tendons des deux radiaux externes, s'engagent dans une goutlière oblique, située dans l'épaisseur des ligaments qui recouvrent la gouttière de ces derniers muscles, et se terminent chacun par un tendon arrondi: l'un {celui du faisceau postérieur) est destiné au trapèze, l’autre /celui du faisceau antérieur) se fixe à la base du premier métacarpien. » $ IV. — Quelques formes complexes. — Les divers modes d'insertion surnuméraires peuvent se combiner, sur le même sujet, d’une facon variable et donner ainsi naissance à une foule d'anomalies souvent fort complexes. En voici quelques exemples empruntés aux travaux de Macalister, de Wood, de Curnow et à mes recherches personnelles : z) — Trois tendons : deux pour le métacarpe, un pour le trapeze. GB) — Trois tendons: un pour le métacarpe, un pour le trapèze, le troisième se fusionnant avec l'opposant du pouce. 596 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 7) — Trois tendons : un pour le métacarpe, un pour le tra- pèze, le troisième se fusionnant avec le court abducteur. 9) — Quatre tendons: trois allant au métacarpien, le qua- trième se fusionnant avec l'akducteur de l'index. <) — Double muscle, le muscle interne étant normal, le muscle externe ayant quatre tendons terminaux : trois pour le premier métacarpien, le quatrième se fusionnant avec les ori- gines de l’opposant du pouce. £) — Double muscle, l'un se terminant, comme à l’état normal, sur le métacarpien, l’autre fournissant quatre tendons : un pour le trapèze, un pour la portion externe du court abduc- teur du pouce, le troisième pour l’aponévrose, le quatrième enfin, pour le premier métacarpien. 7) — J'ai vu quatre tendons : deux pour les muscles de l'émi- nence thénar, le troisième allant au trapèze, le quatrième au premier mélacarpien. 5) — Quatre tendons : deux pour le métacarpien, le troisième allant au court abducteur, le quatrième se réunissant au court extenseur du pouce. :) — Trois muscles distincts : l'un se portant au trapèze, le second sur le premier métacarpien, le troisième sur le métacar- pien également, au-dessous de l'opposant dans lequel il se fusionnait légèrement. $ V. — Absence du muscle; sa fusion avec les exten- seurs. — L'absence du long abducteur du pouce est signalée par Beaunis et Bouchard, dans leur tableau synoptique des anomalies musculaires. Cette absence reconnaît le plus souvent pour cause la fusion du long abducteur avec les extenseurs du pouce, disposition qui est signalée par Macalister et que J'ai rencontrée moi-même sur deux sujets. Anatomie comparée. — Le long abducteur du pouce manque chez le {atou (Meckel), parmi les Édentés. N fait également défaut chez les Ruminants, où il est confondu avec l’extenseur propre du pouce (Meckel). Celte fusion avec l’extenseur s'ob- serve encore : parmi les Rongeurs, chez le cabiai, le hèvre, le x MUSCLES EXTENSEURS DU POUCE. hr y rat, l'écureuil; parmi les Carnassiers, chez l'hyène, le chien, le chat, le blaireau, etc; parmi les Marsupiaux, chez le kangurou. Je trouve encore cette réunion des deux muscles mentionnée chez l'atèle par Meckel, chez le Mandrilla leucophæa, par Pagenstecher. Bibliographie : THeiLe. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 232. BERRES. Anthropotomie, Wien, Bd I, 1835, p. 552. CARVER. Journ. of Anat. and Phys., t. II, p. 260. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 381; t. XV, p. 532, et t. XVI, p. 510. MACALISTER. Transact. of Roy. Ir. Acad., 1871. BELLAMY. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 542 CurNow. Journ. of Anat. and Phys., April, 1870, p. 595. Azix. Discussion sur le Transformisme (Bull. Soc. d'Anthr., loc. cit, p. 557). MECKEL. Anat. comparée, t. VI, p. 326. DuverNoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 99. CHaAMPNEYSs. Muscles and Nerves of a chimpanzée, etc., loc. cit., p. 184. VROLK. Recherches d'anatomie sur le chimpanzé, 1841. Wicper. Boston Journ. of Nat. Hist., 1862, vol. VII, n° 3, p. 352. WIMAN. Proc. Boston Soc. Nat. Hist., 1855, vol. V. PAGENSTECHER. Ein Vergleich. d. Musk. des Drill mit der des Menschen. Francfort, 1867. Biscaorr. Anat. des Hylobates leuciscus, München, 1870. —— Anat. des Gorilla, München, 1880. Humpary. Observations in Myology, 1871, p. 41 et 185. GRATIOLET et ALIx. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865, p. 102. TesruT. Système musculaire de l'orang (en préparation). ARTICLE III ANOMALIES DES MUSCLES EXTENSEURS DU POUCE. Dans l'espèce humaine, l'extension du pouce est sous la dépendance de deux muscles distincts, se fixant: l'un sur la pre- mière phalange (court extenseur), l'autre sur la phalange onguéale (long extenseur). 1° Le court extenseur, situé directe- ment en dedans du long abducteur, au bord interne duquel il est DS LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. accolé dans toute sa longueur, se détache en haut des deux os de l’avant-bras, ainsi que du ligament interosseux ; son tendon inférieur s'engage dans la même gouttière que le long abduc- teur, glisse sur la face dorsale du premier métacarpien et vient se fixer sur l'extrémité supérieure de la première phalange du pouce. 2° Le long extenseur s'attache principalement, en haut, sur le cubitus et le ligament interosseux:; 1l passe sous le ligament annulaire, dans une gouttière oblique qui lui est propre, croise sur le carpe les tendons des muscles radiaux, en formant à ce niveau le rebord cubital de la tabatière anatomique, gagne ensuite le bord interne du premier métacarpien et, finalement, vient s’insérer sur l'extrémité supérieure de la première pha- lange du pouce. Les anomalies de ces deux muscles, quoique très fréquentes, peuvent être ramenées à un tout pelit nombre de groupes. $ EL. —— Dédoublement du muscle ; insertions surnuméraires sur les os de la main. — Semblable en cela aux tendons pha- langiens des autres extenseurs, les tendons terminaux des exten- seurs du pouce peuvent se dédoubler. La division peut s'élen- dre jusqu'au corps musculaire lui-même, l'intéresser même dans toute son étendue, donnant ainsi naissance à des exten- seurs accessoires. J'ai rencontré, tout dernièrement, un double extenseur de la première phalange, et il serait facile d'en retrouver quelques autres cas dans les auteurs qui se sont occupés d'anomalies musculaires. Du reste, le tendon surnuméraire peut se fixer sur le même élément osseux que le tendon normal, ou bien se terminer sur un os voisin. C’est ainsi qu'on l’a vu s'arrêter au métacarpien, témoignant ainsi d’une certaine parenté avec l’extenseur du premier métacarpien ou long abducteur du pouce. On à signalé encore l'insertion surajoutée du long extenseur sur la première phalange et aussi l'insertion du court extenseur sur la phalange onguéale. Dans un cas observé dans les salles de dissection de S' Bar- tholomew’s Hospital, Bankart, Pye-Smith et Philips ont vu le MUSCLES EXTENSEURS DU POUCE. 299 tendon du long extenseur du pouce envoyer une expansion à l'index. Bischoff fait remarquer avec raison qu'une pareille dis- position n’est pas rare chez les Singes. $ IT. —— Absence du court extenseur; sa fusion avec le long abducteur du pouce. — J'ai déjà signalé, dans un précé- dent article, la fusion possible du long abducteur du pouce et du court extenseur du pouce; cette fusion peut exister à des degrés fort variables : tantôt les deux muscles seulement sont réunis en un seul corps fournissant en bas deux tendons, l’un pour le métacarpien, l’autre pour la première phalange; tantôt avec un muscle unique se trouve un tendon primitivement unique, se fixant au métacarpien et envoyant une expansion à la première phalange; il est des cas enfin, où tous les éléments du court extenseur sont entièrement absorbés par le long abducteur du pouce : le court extenseur a disparu. Anatomie comparée. — L'absorption par le long abducteur du pouce de l'extenseur de la première phalange est unfaitanatomi- que constant dans le plus grand nombre des Quadrumanes: pas de court extenseur en effet chez l'orang, le gibbon, le cynocé- phale, le macaque, ete., etc. Le gorille serait le seul des Anthro- poides, d’après Bischoff, qui posséderait un extenseur pour la première phalange ; encore le savant professeur de Munich considère-t-il l'existence de ce muscle, chez le gorille, comme une anomalie. Une pareille conclusion me paraît prématurée. L'extenseur de la première phalange existait seul, il est vrai, chez le gorille étudié par Macalister et chez celui qu'a disséqué Bischoff lui-même ; mais les sujets de Chapman et de Duvernoy possédaient bien réellement un court extenseur; et, puisque Bischolff traite de «passablement désordonnée» la description que nous a laissée Duvernoy, je crois devoir la mettre intégra- lement sous les yeux du lecteur : «ce muscle (le court extenseur du pouce) est assez bien séparé, dans la partie charnue, du long abducteur, quoique son tendon soit réuni d'abord à celui-ci. Il va se fixer au côté radial de la première phalange du pouce. » Cette description ne peut laisser de doute que dans un esprit 260 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. prévenu. Du reste, si nous jetons les yeux sur la planche VIT du mémoire de Duvernoy, soit sur la fig. A ou sur la fig. B, nous voyons le court extenseur du pouce (12 sur la fig. À, 3, 3 et 3° sur la fig. B) présenter une disposition absolument semblable à celle qui le caractérise chez l'homme : très nelte- ment distinct en haut du long abducteur auquel il est accolé, très nettement inséré en bas sur l'extrémité métacarpienne de la première phalange du pouce. $ IT. — Renforcement du long extenseur par un faisceau surnuméraire de l’extenseur commun. — J'ai déià signalé cette disposition en étudiant les variations anatomiques de l’exten- seur commun des doigts. (Voyez ce muscle, $ IT: Tendon sur- numéraire pour le pouce, p. 534). Bibliographie : THEILE. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 233. MACaALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XVI, p. 511. BrapLey. Notes of Myological pecularities (Journ. of Anat. and Phys., t. VI, p. 421). CurNow. Journ. of Anat. and Phys, April, 1870, p. 596. Duvernoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes (Arch. du Musèum d'Hist. nat., t. VIII, p. 99). BisCHOFF. Anat. des Gorilla, München, 1880. CHAMPNEYS. On the Muscles and Nerves of a Chimpanzee and Cyno- cephalus anubis (Journ. of Anat. and Phys, Nov., 1871, p. 184). Humrary. British Med. Journal, July, 1873, p. 54. MACALISTER. Proced. of Roy.1rish Academy, 1873, p. 501. CHaApMAN. Proc. of the Academy of Nat. Sciences of Philadelphia, 1878, p. 385. Biscaorr. Ucber die Bedeutung des Musc. Extensor indicis proprius, und des Flexor pollicis longus d. hand d. Menschen und d. Affen (Sitsungsb. d. Mathem.-Phys. Classe, München, Mai, 1880). BANKART, PYE-SMITH et PæiLirs. Guy's Hosp. Reports, 1869, vol. XIV, p. 436. MUSCLE COURT EXTENSEUR DES DOIGTS. 561 CHAPITRE IX Muscles surnuméraires de la région HP leur de l’avant-bras. Je comprendrai, sous ce titre, cinq groupes de faisceaux qui font complètement défaut, à l’état normal, dans la main de l'homme, mais que nous rencontrons, avec la valeur d'un organe type, dans la série des Vertébrés; savoir : 1° le court eptenseur des doigts, 2° l'extenseur propre du médius, 3° l'exten- seur propre de l'annulaire, 4° l'extenseur huméral du pouce, 9° l'extenseur commun du pouce et de l'index. ARTICLE PREMIER MUSCLE COURT EXTENSEUR DES DOIGTS. La flexion des doigts est déterminée par deux muscles dis- tincts (je fais abstraction des interosseux) : le fléchisseur super- ficiel se rendant à la deuxième phalange, le fléchisseur profond se terminant sur la phalange onguéale. [l existe de même, dans la série zoologique, deux muscles pour l'extension des doigts : un extenseur superficiel généralement plus long et appelé, pour celte raison, long exlenseur ; un extenseur profond plus connu sous le-nom de court exlenseur. Une pareille disposition est évidente au membre inférieur où le court extenseur est repré- senté par le muscle pédieux ; sur le membre supérieur, l’homo- logue du pédieux ou court extenseur s’observe normalement chez un grand nombre de Vertébrés. Chez l'homme, il est pro- fondément modifié et fait même défaut dans quelques-unes de ses parties constituantes; mais l'anatomie anormale le fait revivre chez nous, de temps à autre, avec des caractères rappelant plus ou moins la disposition qu'il présente chez les Vertébrés, qui le possèdent à l'état parfait. 36 562 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ 1. — Anatomie comparée ; le court extenseur des doigts chez quelques Vertébrés. -— Chez le cryptobranche, disséqué par Humpbhry, le court extenseur des doigts est une lame musculaire, à la fois large et mince, partant de la première rangée du carpe et rejoignant la surface profonde de l’extenseur superficiel, lequel remonte à l’humérus. Il est en outre réuni à ce dernier par un faisceau qui, partant de l'extrémité inférieure du cubitus, passe avec lui à la surface profonde de la portion cubitale de l'extenseur superficiel. Chez l'Hatteria, le même muscle est décrit par Gunther comme composé de faisceaux insérés sur l'extrémité inférieure du cubitus et étalés ensuite sur les os du carpe. Les faisceaux radiaux se jettent sur un tendon qui vient se terminer sur le métacarpien du pouce ; c'est probablement là le représentant de notre long abducteur. Du reste, il est recouvert par l'extenseur commun superficiel et envoie sur les phalanges des expansions dont l’ensemble rappelle assez bien le muscle pédieux. Voici, d’après le professeur Humphry, la disposition du court extenseur chez quelques Édentés : chez l’unau, il prend nais- sance sur la face dorsale du deuxième et troisième métacarpien, ainsi que sur la face dorsale du carpe, au-dessous de l’extenseur superficiel. Il fournit deux tendons : le tendon interne ou radial, se réunissant à l’interosseux qui se trouve entre le deuxième et le troisième métacarpien, rejoint le côté cubital du tendon que l’extenseur commun envoie au deuxième doigt, et vient se terminer ainsi sur la phalange onguéale de ce doigt; le tendon externe se perd sur la surface dorsale de l'extrémité inférieure de la deuxième phalange du troisième doigt. Chez l’aï, la masse charnue de l’extenseur profond se détache également du carpe et du métacarpe; les fibres musculaires se continuent jusqu’à la première phalange; les trois tendons qui en partent reçoivent les interosseux et constituent la portion principale, plutôt qu'une portion accessoire, de l’extenseur commun. Le fourmilier nous présente deux faisceaux distincts : l'un s'insère sur l'extrémité inférieure du cubitus, passe au-dessus du deuxième métacarpien et se termine sur la phalange onguéale du deuxième doigt ; MUSCLE COURT EXTENSEUR DES DOIGTS. 563 l’autre, plus large, se détache du carpe à côté du ligament qui recouvre l'extenseur commun et vient s'appliquer sur l’un et l'autre des deux côtés du tendon que l’extenseur envoie au troisième doigt. Au fur et à mesure qu'on s'élève dans la série, l’extenseur profond des doigts remonte du côté de l'avant-bras et ne prend plus que de rares insertions sur les os du carpe ou du métacarpe. Chez le chat, en particulier, type des Carnivores, indépendam- ment d'un long extenseur commun détaché de l'humérus et se rendant aux quatre doigts externes, comme chez l'homme, nous trouvons dans le plan sous-jacent un extenseur propre de l'index, un extenseur propre du troisième doigt (£. p. du verpus de Strauss), un extenseur propre du quatrième doigt (£. p. du paramèse de Strauss), un extenseur propre du cinquième doigt (E. p. du micros de Strauss). Ces quatre muscles, insérés en haut sur le tiers supérieur des os de l’avant-bras, représentent bien évidemment le court extenseur des doigts, qui a quitté la région du carpe pour se rapprocher de la région du coude. Les Singes servent d'intermédiaire entre la disposition précédente et la disposition qui caractérise la main de l'homme. Le cynocéphale, par exemple, nous présente encore deux tendons extenseurs pour chacun des quatre doigts externes, l'extenseur propre de l'index envoyant une expansion tendineuse sur l’annulaire et, d'autre part, notre extenseur propre du petit doigt s’insérant à la fois sur le cinquième et sur le quatrième doigt. L'orang-outang, parmi les Anthropoides, nous offre une disposition absolument semblable. Chez le gibbon, disséqué par Bischoff, l'extenseur propre du petit doigt s’insérait exclusi- vement sur le petit doigt; mais, par contre, le représentant de notre extenseur propre de l'index envoyait des tendons surnuméraires sur le troisième et le quatrième doigt. Il existait donc encore ici, par un nouvel artifice de la nature, deux extenseurs pour chacun des quatre derniers doigts. Les extenseurs du gorille ressemblent absolument à ceux de l'homme. Les quelques lignes qui précèdent sur la disposition de l’extenseur profond des doigts, nous démontrent combien esl 564% LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. défectueuse la dénomination d’extenseurs propres, appliquée à quelques-uns de ces faisceaux, par opposition au terme d'extenseur commun sous lequel on désigne généralement l'extenseur superficiel. Une pareille terminologie pourrait convenir, jusqu'à un certain point, à quelques muscles de l'homme; elle ne saurait être conservée en Myologie comparée à la plupart des faisceaux auxquels on donne, dans la descrip- tion, le nom d’extenseurs propres, se distribuant en réalité à deux ou mème à un plus grand nombre de doigts. Aussi, Gratiolet et Alix, qui ont eu sur beaucoup d'anatomistes lim- mense avantage de connaître tout aussi bien l'anatomie des animaux que l'anatomie de l'homme, ont-ils proposé de subs- liluer aux termes usuels les dénominations d'extenseurs directs et d’extenseurs latéraux, représentant en général : les premiers, les extenseurs longs ou superficiels ; les seconds, les extenseurs courts ou profonds. Ces dénominations nouvelles me paraissent parfaitement justifiées par les faits suivants : «L'existence de deux extenseurs distincts pour chaque doigt se rapporte com- plètement à la manière dont les doigts d'une même main se partagent en deux groupes. Or, chez certains Mammifères monodelphes, le groupement se fait ainsi : un doigt d'un côlé, le pouce, et de l’autre, les quatre autres doigts. L'axe de séparalion des doigts passe entre le pouce d'une part et d'autre part le groupe des quatre autres doigts réunis. Dans d’autres animaux, au contraire, et dans ceux-ci le pouce est toujours atrophié, cet axe de séparation passe entre le médius et l'annulaire, et cette relation est constante, quel que soit d’ailleurs le degré de développement des autres doigts. Dans le premier cas, on dit que l'animal a le système digital impair, dans l’autre, que son système digital est pair. Ces expressions seraient inexactes si elles n'élaient expliquées. Elles donne- raient lieu de croire qu'une main à quatre doigts appartient nécessairement au système pair et qu'une main à trois doigts est nécessairement du {ype impair. Il n'en est rien. Quatre doigts peuvent appartenir au type impair et trois doigts au type pair. C’est seulement par rapport à la position de l'axe MUSCLE COURT EXTENSEUR DES DOIGTS. 265 de séparation des groupes digitaux que cette détermination doit être faite. Or, de quelle cause dépendent ces groupes des doigts? Des muscles propres exclusivement; et, pour cela, leur tendon s’insère non dans l’axe de la phalange, mais sur un des côtés de cette phalange basilaire. Ainsi, dans les Singes, dans les Carnassiers, ces muscles devant séparer les doigts d'avec le pouce, ils se fixent au côté cubital de la base des doigts. Dans les Pachydermes à doigts pairs, au contraire, ceux de l'index et du médius se fixent l’un et l’autre au côté radial de la base de ces deux doigts; ceux du quatrième et du cinquième se fixant seuls au côté cubital de la phalange basilaire. Ainsi l'existence de ces muscles est tout à fait relative aux mouve- ments d’abduction réciproque, sans lesquels ces groupements des doigts ne pourraient avoir lieu. » $ IL. — Reproduction chez l’homme du muscle court exten- seur des doigts. — De l’extenseur profond des quatre derniers doigts, l'homme ne possède que l’extenseur propre de l'index et l'extenseur propre du petit doigt. Encore ce dernier, remonté à l'humérus, peut-il être rattaché, comme je l'ai déjà fait entrevoir, à l'extensor secundus de Humphry. Dans les condi- tions ordinaires, les deux doigts du milieu ne possèdent qu'un seul tendon extenseur, émanant de l'extenseur superficiel, Anormalement, nous avons vu la nature faire insérer l’exten- seur de l'index à la fois sur l'index et le médius, l’extenseur propre du petit doigt à la fois sur le petit doigt et sur l’annu- laire, et rapprocher ainsi la main de l’homme de la main des singes inférieurs. Ces dispositions reversives ont élé signalées plus haut; je ne les mentionne ici que pour mémoire, réser- vant surtout cet article à des formations musculaires nouvelles, insérées sur l'extrémité inférieure de l’avant-bras où mieux sur la main, et rappelant plus particulièrement encore le court extenseur des doigts, homologue du pédieux. L'existence chez l’homme de ces formations musculaires n'avait pas échappé aux anciens anatomistes : nous en trou- vons en effet une mention très nette dans les ouvrages d’Al- 566 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. binus, de Petsche, de Sandifort, de Sæœmmering, d'Otto: plus récemment. le court extenseur des doigts a élé étudié par Adolphe Richard, par Wood, par Macalister, par Curnow, etc. Voici quelques observations de ce muscle, empruntées soit à la littérature anatomique, soit à mes notes personnelles : «) — C'est un pelit faisceau naissant de l'extrémité inférieure du radius et venant se terminer sur l'index. Ce faisceau peut coexister avec l'extenseur normal de ce doigt et, dans ce cas, le faisceau surajouté se jette généralement sur le tendon de ce muscle (extenseur accessoire de l'index, second chef de l'exten- seur biceps de l'index de Gantzer), ou bien il remplace l’exten- seur propre de l'index absent (court extenseur propre de l'index, extensor brevis digiti indicis d'Albinus). Fai observé ces deux dispositions. M. Verneau, aide-naturaliste au Muséum, a bien voulu me communiquer le dessin d'une de ses préparations où l’on voyait le tendon de l’extenseur propre de l'index, renforcé de même par un faisceau charnu, qui se détachait du ligament annulaire. £) — Macalister a rencontré un court extenseur se portant au 3° et au 4° doigt. 7) — Le mème auteur à vu un muscle analogue se terminer par un tendon sur le médius, par deux autres tendons sur le cinquième doigt. d) — Je trouve encore, dans Macalister, la relation d'un fait où l'on voyait trois faisceaux se détacher des 2°, 3°, #° méla- carpiens et se terminer sur l'index, le médius et l'annulaire. z) — Carver a rencontré un faisceau charnu, naissant de l'extrémité inférieure du radius, sur le côté interne de la cou- lisse du long extenseur du pouce et se rendant au côté interne du tendon du médius fcourt extenseur propre ou latéral du médius). Davies-Colley, Taylor et Dalton ont rapporté un fait identique dans les Guy's Hospital Reports de 1872. £) — Dans un cas observé par Kelly, un petit muscle digas- trique se rendait du grand os à l’annulaire. r) — Wood rapporte une observation où trois petits mus- cles, naissant en commun de la face dorsale du grand os et MUSCLE COURT EXTENSEUR DES DOIGTS. 567 de l'os erochu, s'inséraient en bas : les deux externes sur le tendon que l’extenseur commun envoie au médius, le troisième sur l’annulaire. 5) — Dans un cas, observé en 1846, dans les salles de dis- section de la Faculté de médecine de Paris, une petite masse charnue naissait, sur la face dorsale des deux mains, du milieu de l'interligne intercarpien, particulièrement du haut de la face dorsale du grand os et de la partie voisine du semi-lunaire et du pyramidal, ou plutôt des ligaments étendus entre ces diffé- rents os. Cette lame musculaire se divisait, presque immédia- tement après, en trois languettes tendineuses qui gagnaient, pour s'y terminer, le côté des tendons extenseurs de l'index, du médius et de l’annulaire, un peu plus bas que la moitié infé- rieure du métacarpe. A. Richard, auquel j’emprunte la relation de ce fait, nous apprend que M. Boulard a retrouvé, en 1852, un muscle tout semblable au sien. Au total, le muscle court extenseur des doigts, dont la fré- quence serait représentée chez l'homme par les fractions 1/15 (Macalister), 1/36 (Wood), se présente à nous avec les degrés de développement les plus divers : il peut s’insérer, suivant les cas, sur l'un ou l’autre des deux os de l’avant-bras, sur le ligament annulaire, sur le ligament postérieur de l'articulation du poignet, sur les os du carpe, sur les os du métacarpe ; d'autre part, il peut se terminer, simultanément ou isolément, sur les trois doigts du milieu; plus rarement il existe un court extenseur pour le cinquième doigt. Au point de vue de sa constitution anatomique, il peut être charnu à son extrémité supérieure et tendineux à son extrémité inférieure ; charnu à sa partie moyenne et tendineux à ses deux extrémités ; il peut encore affecter une disposition digastrique. Je l'ai vu, dans un cas, remplacé par un simple tendon qui, de l'extrémité inférieure du radius, se rendait au tendon que l’extenseur commun envoie à l'index. Bibliographie (Voyez à la fin du chapitre). 568 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE II MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DU MÉDIUS. Nous avons déjà mentionné cette anomalie à propos de l’exten- seur propre du deuxième doigt, que nous avons vu s'étendre par- fois sur les doigts voisins. Nous venons de rencontrer encore, dans le paragraphe précédent, quelques faisceaux, vestiges du court extenseur, se rendant au médius. Voici la description que Macalister donne de ce muscle, résumant, sous une forme concise, les faits connus jusqu'en 1871: «C'est souvent une portion distincte de l’extenseur propre de l'index prenant nais- sance, au-dessus de ce muscle, sur la face dorsale du cubitus:; toutes ses variations morphologiques se résument dans sa plus ou moins grande différenciation d'avec ce dernier muscle. Wood l'a rencontré 41 fois sur 102 sujets (4 fois sur 68 hommes, 7 fois sur 35 femmes) ; le même analtomiste a vu ce muscle, au moment oùil se séparait de l'extenseur propre de l'index, envoyer un tendon additionnel à ce dernier doigt. Dans un cas, ce muscle se réunissait avec le tendon de l’extenseur de l'index avant sa terminaison. On l’a vu encore se détacher de la cloison intermusculaire qui sépare l’extenseur commun du court supi- nateur, au-dessus des autres muscles de la région profonde, ou bien envoyer une expansion à la fois au tendon de l'index et à l'aponévrose qui recouvre le troisième mélacarpien. Des cas de ce genre sont décrits par Petsche. L’extenseur propre de l'index partait du radius dans un cas de Meckel, du carpe dans un cas de Brugnone. Plus communément cependant, ce muscle n'est qu'un tendon additionnel de l’extenseur propre de l'index et ne présente aucune trace de corps charnu, lui appartenant en propre. » Depuis l’époque où a paru le mémoire de Macalister, nous avons à enregistrer les faits nouveaux de Davies-Colley, Taylor et Dalton (1872), de J. B. Perrin (1873), de Bardeleben (1877), MUSCLE EXTENSEUR DE L'ANNULAIRE. 569 de Curnow (1876), de M. Flesch (1879), de Walsham (1881). J'ai retrouvé moi-même, sur trois ou quatre sujets, un court extenseur pour le médius; mais ces différentes observations n’ajoutent rien à la description de Macalister. Je dois toutefois mentionner un fait très {intéressant du professeur Calori où le muscle qui nous occupe était double : le premier (M. antibra- chial) se détachait du cubitus, un peu au-dessous del’extenseur propre de l'index; le second /M. carpien) prenait naissance plus bas, sur le ligament annulaire et sur les os du carpe. Du côlé droit, il se portait exclusivement sur l'index, tandis que, du côté gauche, il se terminait à la fois sur le médius et sur l’annu- laire. Le lecteur pourra voir le dessin de cette anomalie, sur la planche IT (fig. 3 et #) du mémoire de Calori. Anatomie comparée. — Le Cebus, d'après Calori, possède un extenseur propre du médius. Nous avons déjà vu, plus haut, l'existence d'un tendon spécial pour le médius chez l'orang, le gibbon, le cynocéphale et un grand nombre d’autres Mammi- fères. Bibliographie (Voyez à la fin du chapitre). ARTICLE III MUSCLE EXTENSEUR DE L’ANNUIAIRE. J'ai déjà signalé, plus haut, la bifurcation possible du tendon terminal de l’extenseur propre du petit doigt, avec insertion du tendon surajouté sur l'annulaire. L'existence d’un faisceau musculaire entièrement distinct pour le quatrième doigt n’est qu'un degré plus avancé de cette disposilion anormale. C’est ce qu'a observé Curnow, sur le bras gauche d’un homme qu'il a disséqué en 1876, dans les salles de dissection de Æing's College : un muscle surnuméraire se détachait de la face posté- rieure du cubitus, sur le côté interne du long extenseur du pouce et de l'extenseur propre de l'index; se dirigeant en bas vers la coulisse de l'extenseur commun, il la traversait et 270 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. venait se terminer, au niveau de l'articulation mélacarpo- phalangienne, sur le côté cubital du tendon que ce dernier muscle envoie à l'annulaire. Anatomie comparée. — Nous avons déjà vu (p. 5##), à propos de l'insertion simultanée du tendon de l'extenseur propre du petit doigt sur les deux doigts externes, une insertion similaire se rencontrer normalement chez un grand nombre de Mammi- fères, notamment chez l'orang, le cochon, le porc-épic, le hèvre, etc., ete. Humphry décrit, chez l'Orycteropus capensis, au-dessous de l’extenseur commun des doigts, un «extensor annularis » qui se détache de l’épicondyle et vient se fixer, à la fois, sur la première phalange et sur le côté cubital de la dernière phalange de l'annulaire. Bibliographie (Voyez à la fin du chapitre). ARTICLE IV MUSCLE EXTENSEUR HUMÉRAL DU POUCE. J'ai déjà longuement étudié cette formation anormale, à propos des variations anatomiques de l’extenseur commun des doigts. (Voyez ce muscle, $ Il, p. 534.) ARTICLE V MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DU POUCE ET DE L'INDEX (Extensor pollicis et indicis de Wood). $ LE — Anatomie humaine. — J'ai rencontré tout récem- ment (avril 4883), sur un nègre de l'île de la Réunion, un petit muscle surnuméraire placé sur la face postérieure de l’avant-bras, au-dessous de l'extenseur commun des doigts, entre le long extenseur du pouce et l’extenseur propre de l'index. Il s'insérait, en haut, sur le cubitus et la membrane MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DU POUCE ET DE L'INDEX. 471 interosseuse en se confondant, à ce niveau, avec les muscles voisins. Les faisceaux charnus s’en différenciaient bientôt pour former un corps charnu parfaitement distinct et long de cinq centimètres; ils se jetaient ensuite, un peu au-dessus du ligament postérieur du carpe, sur un tendon long et grèle, lequel glissait, sous ce ligament, dans la même coulisse que l’extenseur propre de l'index et se bifurquait au niveau de l'extrémité postérieure du deuxième métacarpien : la branche externe de bifurcation venait se fixer sur la première phalange du pouce; la branche interne se terminait sur l'extrémité postérieure de la première phalange de l'index. Cette observa- tion renferme un exemple typique du muscle externe commun du pouce et de l'index. Décrit pour la première fois et désigné sous ce nom par Wood en 1867, il a été retrouvé plus tard par Clason, Macalister, Reid et Taylor et a inspiré à Wenzel Gruber, en 1881, un important mémoire, où l'anatomiste russe aflirme avoir connu ce muscle dès le mois de janvier 1858. Comme dans le cas que j'ai rapporté ci-dessus, l’extenseur commun du pouce et de l'index peut coexister avec un exten- seur propre de l'index normal, avec les deux extenseurs pro- pres du pouce également normaux; c'est alors une véritable formation nouvelle, un vrai muscle surnuméraire. Cette dispo- sition est relativement rare : Gruber ne l’a rencontrée que 12 fois sur 204 cadavres, deux fois des deux côtés et trois fois d'un côté seulement. Les cas sont peu nombreux où un tel muscle remplace soit le long extenseur du pouce, soit l'exten- seur propre de l'index faisant défaut; il me paraît tout aussi rationnel, plus rationnel peut-être, d'interpréter alors l’anomalie d’une façon différente et de dire : dans le premier cas, le long extenseur du pouce a deux tendons terminaux, l'un pour le pouce, l’autre pour l'index; et, dans le second, l'extenseur propre de l'index possède de même deux tendons phalangiens, le premier pour l'index (tendon normal), l’autre pour le pouce (tendon surajouté). La constitution et les dimensions comparées des deux bran- 572 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ches de bifurcation du tendon terminal du muscle en question sont fort variables : elles peuvent être sensiblement égales, ou bien, l’une est filiforme tandis que l'autre est très résistante. L’ure d'elles conservant tous ses caractères de tendon, l’autre affecte une disposition en membrane et descend au rang modeste d’une simple expansion aponévrotique ; cette expansion aponévrolique peut, du reste, se rendre soit à l'index, soit au radius. Mèmes variations pour ce qui a frait aux insertions : le ten- don terminal peut se fusionner avec le tendon de l’extenseur normal, s'arrêter au métacarpien ou se perdre sur les pre- mières ou les autres phalanges. Toutes ces dispositions ont été rencontrées et notées. Le muscle extenseur commun du pouce et de l'index peut enfin, comme dans le cas de Clason, coexister avec d’autres muscles surnuméraires, notamment avec quelques vestiges du court extenseur des doigts. Je dois arrêter là, sous peine d'être à la fois fastidieux et inutile, la description anatomique de ce muscle chez l'homme, renvoyant au mémoire de Gruber et aux autres publications mentionnées ci-dessus, le lecteur désireux de connaître en détail les observalions publiées jusqu'à ce jour. $ I. — Anatomie comparée. — Comme toutes les forma- lions surnuméraires que nous avons rencontrées dans le cours de notre travail, l'extensor communis pollicis et indiais n'est que la reproduction chez l'homme d’un muscle qui entre, avec la valeur d’un organe constant et typique, dans la constitution d'un grand nombre de Mammifères, notamment chez le Cebus fatuellus, l'Hapale, V Ursus, le chat, etc., etc. Il n’est pas jusqu'aux divers modes de constitution des tendons terminaux qui ne se retrouvent dans la série des Mammifères : c'est ainsi que, d’après Gruber, les deux branches de bifurcation du tendon primitif conservent les caractères de tendons chez l’Hapale, le myogale, le cercoleples, le meles, la Mustela alpina, le wombat, le castor ; la branche de bifurcation externe est membraneuse chez le Myoæus, le Sciurus, le Meriones, le Lagomys, le Cercolabes Ar MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DU POUCE ET DE L'INDEX. 73 prehensilis, elc.; l'expansion membraneuse se porte au contraire vers l’index chez le Dipus acontion, le Lepus timidus et cuniculus. De plus, lextenseur commun du pouce et de l'index peut, comme nous l’avons observé anormalement chez l’homme, ou bien remplacer l'extenseur propre de l'index absent, c’est en analomie comparée la disposition la plus commune, ou bien coexister avec lui, comme on l’observe chez le chat et chez le Cebus fatuellus. Bibliographie des muscles surnuméraires de la région postérieure de l’avant-bras : ALBINUS. Annotationes Acad., lib. IV, cap. VI, p. 28. GANTZER, Cité par Macalister. Trans., 1872. Orro. Neue selt. Beobacht., Hft I, p. 91. PETSCHE. Aaller's Disput. Anat. Select, vol. VI, p. 771. SANDIFORT. Exerc. acad., p. 93, et Observ. anat. path., lib. VI, p. 39. SŒMMERING. Loc. cit., p. 254. MECKEL. Anatomie descriptive, trad. Jourdan, t. II, p. 171 BRUGNONE, cité par Meckel, in Ouvrage précédent. HEXLE. Muskellehre, zweite Aufiæge, p. 226 et seq. MACALISTER. Transact. of Royal Irish Academy, 1872. Dursy, cité par Macalister, in Mémoire précédent. A. RICHARD. Annales des Sciences naturelles, série III, « Zoologie », te XVIII 1852. p.11. BouLarD. Communication orale à A. Richard, in Mémoire précédent. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 381, 382, 386, 387: t. XV, p. 238, 532, 533; t. XVI, D. 513. Carver. Journ. of Anat. and Phys., t. II, p. 308 (en note). Curnow. /bid., June, 1873, p. 307. DAviEs-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Guy's Hosp. Reports, 1872, et tirage à part, p. 6. Cazorr. Memorie dell’ Institut. Accad. di Bologna, série I, t. VI, p. 52. Môser. Meckel’s Arch., t. VII, p. 225 WALSHAM. St Bartholomew’s Hosp. Reports, 1880, t. XVI, p. 86. Dursy. Communication verbale à Macalister. Loc. cit. BANKART, PYE-SMirH et Paicips. Guy's Hosp. Reports, vol. XIV, et tirage & part, p. !7. REïp et TayLor. S' Thomas's Hospital Reports, 1879. Küsrer. De lu signification génétique des Muscles extenseurs des doigts (Arch. néerl. des Sc. exactes et naturelles, 1879, p. 320). CLason. Upsala Lækarefüren Fürh., Bd 11, p. 417. GRUBER. Œsterr. Zeitschr. f. pract. Heilk., 1870, n95 16 et 17. 574 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Biscorr. Ueber die Bedeutung des Musc. Extensor indicis proprius, und des Flexor pollicis longus der hand d. Menschen und d. Affen (Sitzungsb. d. Math.-Phys. classe, München, Mai, 1880). BRoca. Discussion sur le Transformisme (Bull. Soc. d'Anthr., loc. cit., p. 320). ALIX. 1bid., loc. cit., p. 557. Curnow. Journ. of Anat. and Physiol., 1876, p. 596. GRUuBER. Ueber den constanten Musc. Extensor pollicis et indicis gewisser Saugethiere homolojen supernumeræren Muskel beim Menschen (Virchow’s Arch., Bd LXXXVI, p. 471). CaLor!. Mem. dell Instit. Accad. di Bologna, série IL, t. VIII, p. 54, et pl. II, fig. 3 et 4. PERRIN. Med. Times and Gazette, 1872-1873. KôüLLIKER et Max FLESCH. Variet. Beobachtungen, etc., München, 1879. VERNEAU. Communication verbale, 1881. BARDELEBEN. Jahresb. ueber d. Fortschr. der Anat. u. Phys., 1877. WALSHAM. An Extensor medii digiti (St Bartholomew’s Hosp. Reports, 1881, t. XVII, p. 74). Humpry. On the Myology of Orycteropus capensis and Phoca communis (Journ. of Anat, and Phys, May, 1868, p. 290). QUATRIÈME PARTIE ANOMALIES DES MUSCLES DU MEMBRE INFÉRIEUR () CHAPITRE PREMIER Région de la fesse. La saillie de la fesse est déterminée, chez l'homme, par neuf muscles qui tous prennent naissance sur le bassin (éléments osseux de la ceinture et sacrum) et viennent se terminer au fémur, sur le grand trochanter ou dans son voisinage. Ce sont, en allant de la région superficielle à la région profonde et de haut en bas : les trois muscles /essiers que l’on distingue en grand, moyen et petit; le muscle pyramidal, les deux obtura- teurs, les deux jumeaux, et enfin le carré crural. Nous étudie- rons, dans cinq articles distincts, les variations anatomiques diverses que peuvent présenter ces organes. Nous consacrerons un article à part à l'étude de quelques formations nouvelles qui existent normalement chez quelques Mammifères et qui appa- raissent de temps à autre dans cette région, chez l’homme. ARTICLE I ANOMALIES DES MUSCLES FESSIERS. 1° Le grand fessier, le plus superficiel et le plus volumineux des muscles de la fesse, est constitué par une série de gros fais- (1) J'ai laissé de côté, dans cet ouvrage, les muscles courts du pied et de la main, me réservant d'étudier ces muscles avec leurs variations anatomi- ques dans un mémoire ultérieur, qui est en préparation et qui aura pour titre : La main et le pied dans l'ordre des Primates. 976 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ceaux juxtaposés et parallèles, dont l’ensemble affecte assez régulièrement la forme d’un losange. Ces faisceaux, que sépa- rent des cloisons cellulo-fibreuses dépendant de l'aponévrose superficielle, se détachent en haut : de la partie la plus reculée de la crête iliaque, de la ligne demi-circulaire postérieure de l'os coxal et de la portion de cet os qui est située en arrière de celte ligne, du ligament sacro-iliaque postérieur, de l'aponé- vrose lombo-sacrée, du sacrum et du coccyx, et enfin de la face postérieure du grand ligament sacro-sciatique; de celte vaste surface d'insertion, ils se portent en bas et en dehors et vien- nent se terminer sur celte ligne rugueuse qui s'étend du grand trochanter à la ligne âpre et qui est connue, en ostéologie, sous le nom de branche de bifurcation externe. Dans un cas très intéressant observé dans les salles de dis- section de Steveen's Hospital, Macdonnall et Bookey ont ren- contré, le long du bord inférieur du grand fessier, une espèce de côte osseuse, provenant vraisemblablement d’une ossification partielle de l'aponévrose fessière, au moment où cette aponé- vrose contourne le bord inférieur du muscle. 2° Le moyen fessier est situé au-dessous du précédent qu'il déborde en haut et en avant. Large, épais et rayonné, il prend naissance sur une série de surfaces osseuses ou aponévroliques qui sont : la lèvre externe de la crête iliaque dans ses trois quarts antérieurs; l’épine iliaque antéro-supérieure et l'échan- crure sous-jacente, la portion de la fosse iliaque externe comprise entre les deux lignes courbes, et aussi l’'aponévrose fémorale, dans l’espace compris entre la crête iliaque et le bord supérieur du grand fessier. Tous les faisceaux charnus de ce muscle convergent vers le grand trochanter et viennent s’y insérer, par l'intermédiaire d’un fort tendon, non pas sur le bord supérieur de cette tubérosité, mais sur sa face externe, le long d’une ligne toujours très marquée qui est oblique de haut en bas et d’ar- rière en avant. 3° Le pelit fessier, entièrement recouvert par le moyen, se détache de la partie antérieure de la crête iliaque et de toute la portion de la fosse iliaque externe qui est située en avant de MUSCLES FESSIERS. O1 la ligne demi-circulaire antérieure. Disposées en éventail, comme celles du moyen fessier, les fibres de ce muscle se diri- gent, en convergeant, les antérieures d’avant en arrière, les postérieures d’arrière en avant, les moyennes verticalement, vers un fort tendon terminal lequel vient se fixer sur le bord antérieur du grand trochanter. Les trois muscles fessiers présentent des variations à la fois peu nombreuses et peu importantes : $ I. — Variations anatomiques du grand fessier. — Elles sont relatives à son développement, à son état de division, à son mode d’origine (faisceau surnuméraire partant de l'ischion), à son mode de terminaison {insertion sur l’aponévrose fémorale), à son union plus ou moins intime avec le tenseur du fascia lata. 1° Variations de développement. — Il suffit d'avoir fré- quenté pendant quelque temps les salles de dissection, pour savoir qu'à côté de muscles fessiers d'un volume considérable, se trouvent des muscles relativement peu développés. Ce faible développement du muscle grand fessier peut provenir : +) de la diminution de l'épaisseur du muscle, son étendue en surface restant la même {cas peu importants); £) de la disparition soit de quelques-uns des faisceaux inférieurs, soit de quelques-uns des faisceaux supérieurs {cas plus importants). Macalister rap- porte un fait où le grand fessier, considérablement réduit, ne s'insérait qu'aux deux dernières vertèbres sacrées. Signification et anatomie comparée. — Le volume considé- rable que présente chez nous le muscle grand fessier est un des caractères distinctifs de l'espèce humaine : c’est lui qui déter- mine la saillie de la région fessière (primus omnium maximus sui lateris clunem efformans, Arant.), et, comme l’a dit Buffon, les fesses n'appartiennent qu'à l’homme. Au-dessous de l’homme, en effet, le muscle grand fessier, dont le principal rôle est de redresser la colonne vertébrale dans la station bipède, diminue à la fois en surface et en épaisseur, et descend dans quelques espèces, comme chez le kangurou et les Solipèdes, à des dimensions fort restreintes. Chez les Anthropoïdes mème, 37 918 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. qui viennent immédiatement au-dessous de l'homme dans la série zoologique, le-muscle grand fessier s’écarte considéra- blement de celui de l'homme, comme le font remarquer avec beaucoup d'insistance Bischoff, Gratiolet et Alix. Tandis que chez l'homme le muscle grand fessier recouvre toujours la tubérosité ischiatique, cette saillie osseuse est à découvert chez les Singes; d'où le dicton presque populaire : «L'homme s’assied sur son grand fessier, le singe sur son ischion. » On comprend dès lors l'importance qu'acquiert, en anthropologie zoologique, la disparition des faisceaux inférieurs du grand fessier de l'homme. À propos du grand fessier du Troglodytes Aubryi, Gratiolet et Alix décrivent à ce muscle, indépendamment du faisceau ilio- sacré qui est l’'homologue du grand fessier humain, deux autres faisceaux qui prennent naissance, l'un sur l'ischion, l'autre sur le ligament ischio-coccygien et qui «ne sont pas représentés chez l'homme ». Ces deux faisceaux, en effet, le premier surtout, font en général défaut dans notre système musculaire, mais nous verrons plus tard qu'ils y apparaissent anormale- ment, avec des caractères qui rappellent de tous points les disposilions simiennes. 2° Division du musele, — Les faisceaux constitulifs du grand fessier forment, dans la grande majorité des cas, une masse indivise. On rencontre parfois des sujets dont le muscle grand fessier comprend deux faisceaux distincts. L'inters- tice séparalif est situé généralement à une faible distance du bord inférieur et se dirige parallèlement à ce bord; le faisceau inférieur, ainsi distrait du muscle grand fessier, constitue un vérilable muscle surnuméraire et sera étudié plus loin (voir Muscles surnuméraires de la région fessière, p. 594) sous le nom de caudo-fémoral où Agitator caudæ. Le grand fessier peul-il être constitué par deux lames ou couches superposées, non plus dans le sens vertical, mais dans le sens antéro-poslérieur? Quelques auteurs ont pu l'admettre, sur la foi d'une observation due à Tiedmann, et publiée dans le tome VI du Journal complémentaire des sciences médicales. MUSCLES FESSIERS. 579 Une pareille interprétation ne me paraît pas ressortir du texte même de l'anatomiste allemand: « Les grands fessiers, dit-il, élaient doubles de chaque côté, et entre les deux congénères existait une couche de tissu cellulaire. » Cette description, on en conviendra, peut tout aussi bien se rapporter à un muscle grand fessier ordinaire, auquel serait venu s'ajouter un faisceau caudo-fémoral, qu'à un grand muscle divisé en deux lames superposées. 3° Faisceau surnuméraire partant de l’ischion (M. ischio-fémoral). — Voyez plus loin, art. VI, Muscles surnuméraires de la région fessière. 4° Insertion sur l’aponévrose fémorale — J'ai vu dans bien des cas un faisceau volumineux, correspondant au bord inférieur du muscle, venir se terminer sur l’aponévrose fémorale, dont il constituait ainsi un des muscles lenseurs. Une pareille disposi- tion peut être considérée comme normale (Theile, Cruveilhier, Sappey) ; son exagération seule constitue l’anomalie. Signification et anatomie comparée. — Par ses insertions à l'aponévrose fémorale, le muscle grand fessier agit sur la moilié inférieure du fémur et tend mème à contracter des connexions avec le troisième segment du membre pelvien, connexions qui sont si intimes chez certains Mammifères: c'est ainsi que, chez de daman (Meckel), le grand fessier recouvre toute la face externe de l'os de la cuisse et vient s'attacher sur le condyle externe du fémur, sur le bia et sur la rotule. Chez le porc-épic (Meckel), il descend également jusqu’à la rotule et au Libia. Chez l'ornithorynque, d'après le même auteur, il s'étendrait jusqu’à la plante du pied. Avec M. Sabatier, j'estime qu'il faut regarder comme le représentant de la portion du grand fessier qui s'attache à l'aponévrose fémorale, le muscle long vaste des anatomistes vétérinaires qui, chez le cheval, le bœuf, le mouton, la chèvre, vient se terminer sur la rotule, en s'unissant avec le ligament rotulien externe. Du reste, chez la plupart des Singes, le muscle grand fessier prend sur l’aponévrose fémorale des insertions beaucoup plus étendues que chez l’homme. Il descend aussi beaucoup plus 580 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. bas: chez le gorille et le gibbon notamment (BischofT), il descend jusqu'à l'extrémité inférieure de la ligne âpre. J'ai trouvé moi- mème une disposition à peu près semblable chez le Troglodytes niger, dont le grand fessier s'étendait jusque dans le voisinage du condyle externe, entre le vaste externe et la courte portion du biceps. D° Union plus ou moins intime avec le tenseur du fascia lata. — J'ai vu, dans un cas où les muscles grand fessier et tenseur du fascia lata élaient fortement développés, les faisceaux posté- rieurs de ce dernier muscle venir se confondre, dans la région trochantérienne, avec les faisceaux les plus élevés du muscle grand fessier qui présentaient, sur ce sujet, des insertions apo- névroliques très étendues. C'est là une disposition fort commune dans la série des Ham. mifères : chez l'éléphant indien, Miall et Greenwood signalent la fusion intime du tenseur du fascia lata avec les faisceaux anté- rieurs du grand fessier. Les deux muscles sont intimement unis chez l'unau, l'aï, le pangolin (Humphry), et parmi les Singes, chez le mayot et le papion (Meckel). $ IT. — Variations anatomiques du moyen fessier, — Elles sont relatives à son état de division et à son union plus ou moins intine avec quelques muscles voisins : L 1° Division du musele. — Henle parle d'un muscle divisé en deux faisceaux ; Macalister signale également la présence d'un faisceau distinct, soit sur le bord antérieur (cas plus fréquent), soit sur le bord postérieur (cas plus rare) du muscle moyen fessier. Signification et anatomie comparée. — Comme l'a établi M. Sabatier, le muscle moyen fessier a pour homologue, à la ceinture thoracique, les deux muscles sus-épineux el sous- épineux, séparés l’un de l'autre par l'épine de l'omoplate, I est rationnel d'admettre que dans les cas de dédoublement complet ou incomplet du moyen fessier, l'interstice séparatif des deux faisceaux représente, à la ceinture pelvienne, celte épine scapu- laire. Ghampneys a rencontré, chez son chimpanzé, un faisceau musculaire distinct, longeant le bord antérieur ou externe du MUSCLES FESSIERS. D81 moyen fessier et venant s'altacher isolément sur le grand trochanter. Young nous apprend également que, chez tous les Xoalas qu'il a disséqués, le moyen fessier était plus ou moins divisé en deux portions. Sur l’un d'eux la séparation était complète; il existait réellement deux muscles distincts. 20 Union plus ou moins intime avec quelques muscles voisins. — On à vu le moyen fessier complètement fusionné avec le petit fessier; j'ai observé plusieurs cas de ce genre. Il n’est pas très rare de voir également le moyen fessier s'unir par son bord inférieur au bord supérieur du pyramidal (observa- tions de Bahnsen, de Chudzinski, de Macalister, de Calori) : tantôt ce sont de simples faisceaux charnus qui, se séparant du corps du moyen fessier, viennent se jeter sur le tendon du pyramidal en un point plus ou moins éloigné du grand trochanter; tantôt c'est une fusion complète des deux corps musculaires, avec disparition de l’interstice séparatif dans toute son étendue. Je possède, dans mes notes, deux observations se rapportant à cette dernière variété. Anatomie comparée. — Ces divers degrés d'union du muscle moyen fessier, soit avec le petit fessier, soit avec le pyramidal, se rencontrent normalement chez un grand nombre de Mamimi- fères. C’est ainsi que, chez les Fourmiliers et les Paresseux, Meckel n'a pu réussir à séparer l’un de l’autre les deux fessiers profonds. Je n'ai pas trouvé de petit fessier distinet chez l’'Ursus americanus; chez le même animal, le moyen fessier était inséparable de la portion extra-pelvienne du pyramidal. Une pareille fusion s'observe, d’après Bischoff, chez l’orang, le chimpanzé, le cynocéphale, etc. Chez l'aï (Humphry), le moyen fessier, le petit fessier et le pyramidal sont intimement unis en une masse commune. $ IT. — Variations anatomiques du petit fessier. — Comme pour le muscle précédent, elles sont relatives à son état de division et à son union plus ou moins intime avec quelques muscles voisins. [b- ©0 19 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 1° Division du muscle. — Le muscle petit fessier a été vu divisé en deux portions; ces cas sont loin d'être rares. On peut même ajouter que, sur la plupart des sujets, on rencontre le long du bord antérieur de ce muscle un faisceau charnu qui en est plus ou moins distinct et que nous avons déjà étudié sous le nom de muscle petit iliaque. À un état de différenciation plus marqué et de développement plus considérable, ce faisceau prend le nom de scansorius; nous le retrouverons à propos des muscles surnuméraires de la région fessière. 29 Union plus ou moins intime avec quelques muscles voisins. — J'ai déjà mentionné plus haut la fusion du moyen fessier et du petit fessier. Calori signale la fusion plus ou moins complète de ce dernier muscle avec le pyramidal. Dans une observation rapportée par Walsham, le muscle petit fessier envoyait un faisceau charnu au tenseur du /fascia lata. Enfin, Macalister a vu ce muscle envoyer un paquet de fibres au vaste externe. Duvernoy a rencontré de même, sur le gorille, un faisceau charnu qui se détachait de la masse du petit fessier et venait se confondre avec le vaste externe. Bibliographie : MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 353 et seq. THEILE. Encycl. anat., t. IIT, « Myologie », p. 270. TIEDMANN. Journ. complémentaire du Dictionnaire des Sciences médicales, 1820, t. VI, p. 271, et Meckel's Arch., vol. IV. Luscaka. Anatomie des Menschen, p. 139. MACALISTER. Transact. of Roy. Irisch Academy, 1871. MACDONNALL et BOOKEY, cités par Macalister, in Mémoire précédent. BAHNSEN. /enle und Pfaere Zeitschrift, XXXIII, p. 49. Duvernoy. Grands singes pseudo-anthropomorphes, p. 84. GRATIOLET et ALIX. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi (Nouv. Arch. du Muséum, 1865, p. 180). SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880. HEXLE. Muskellehre, zweite Auflæge, p. 265. Biscorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, 1871, et Anatomie des Gorilla, 1880, München. CaupziNskt. Revue d'Anthropologie, t. III, p. 36, et t. V, 1882, p. 614. CHaAMPNEys. On the Muscles and Nerves of a Ghimpanzee and a Gynoce- phalus anubis (Journ. of Anat. a. Phys., nov. 1871, p. 192). YouxG. The muscular Anatomy of the Koala (1bid., Janv. 1882, p. 234). MUSCLE PYRAMIDAL. D83 WALSHAM. St Bartholomeuw’s Hospital Reports, 1881, p. 76. Humpary. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. a. Phys., Nov. 1869, p. 51). Humpary. The British Med. journal, July, 1873, p. 78. TESTUT. Système locomoteur de l'Ursus americanus (en préparation). Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 241 et 540. MiaLL et GREENWOOD. The Anatomy of the Indian Elephant (Journ. of Anat. and Phys., Janvier, 1878, p. 277). CaLori. Sull alta divisione delle ischiatico et sulle varieta del Musc. piriforme, in Mém. de l'Acad. des Sciences de Bologne, 1882. ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE PYRAMIDAL. Aplat et triangulaire, le muscle pyramidal prend naissance sur la face antérieure du sacrum, dans la hauteur correspon- dant aux deuxième, troisième et quatrième vertèbres sacrées ; il prend en outre quelques insertions sur la face antérieure du grand ligament sacro-sciatique, ainsi que sur la partie la plus élevée de la grande échancrure sciatique. Ces divers faisceaux d'origine conduisent et se terminent sur un tendon arrondi, lequel vient se fixer dans le voisinage du bord supérieur du grand trochanter. Les variations anatomiques du pyramidal, comme du reste celles des muscles suivants, ne présentent qu'un médiocre intérêt : ; $ I. — Variations de volume, absence. — Le pyramidal dépasse rarement, sur la colonne sacro-coccygienne, les limites que je viens de lui assigner. Il peut cependant prendre une origine surnuméraire sur la cinquième vertèbre sacrée; il résulle mème d'une observation de Macalister qu'il peut des- cendre jusque sur le coccyx. Par contre. il n'est pas très rare de voir disparaitre un de ses faisceaux d’origine, le premier, le plus souvent. Enfin, sa disparition complète aurait été notée 584 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. par Budge, Otto, Macalister. Ces dernières observations ne me sont pas suffisamment connues pour me permettre de juger s'il s'agit en réalité d’une absence véritable du pyramidal ou tout simplement de’ la fusion de ce muscle avec l'un des muscles voisins. Dans ce dernier cas, on le conçoit, le muscle pyramidal a perdu son individualité; mais ses faisceaux constitutifs n'en existent pas moins, et le terme d'absence employé pour désigner l’anomalie est tout à fait inexact. Cette réserve doit paraître d'autant plus naturelle, que la fusion du pyramidal, soit avec les fessiers, soit avec le jumeau supérieur, constitue une disposition qui est loin d'être rare. Il est spécifié, dans le cas d'Otto, que le jumeau supérieur présentait un développement insolite et semblait suppléer le pyramidal absent. Anatomie comparée. — Dans la série animale, le pyramidal présente des variations de volume considérables : très développé chez l’hyène, le raton et en général chez tous les Carnassiers, il est plus petit dans l’ordre des Rongeurs. H fait défaut chez le cochon et peut-être aussi chez la chauve-souris (Cuvier). Meckel ne l’a pas rencontré non plus chez le coati, l'ours, ainsi que chez le coaïta et le magot. Mais ici encore il ne faut accepter qu'avec réserve ces cas d'absence du pyramidal et bien se garder de confondre le muscle non développé avec le muscle fusionné. Si nous nous en rapportons en effet aux dissections de E. F. Gurlt, le pyramidal, que Meckel et Cuvier regardent comme absent chez le cochon et l'ours, existe réellement dans ces deux espè- ces; mais il y est fusionné avec les fessiers. C’est ce que j'ai observé moi-même chez l'Ursus americanus. $ II. — Union avec quelques muscles voisins. — Nous avons déjà mentionné plus haut (voir Muscles fessiers) la fusion possible du pyramidal soit avec le moyen fessier, soit avec le petit fessier. Macalister signale la réunion de son tendon avec le tendon de l'obturateur interne. Dans ce cas, le jumeau supérieur est ou absent ou inséré sur le point de réunion des deux tendons. MUSCLE PYRAMIDAL. 289 SIT. — Rapports variables du pyramidal avec le nerf grand sciatique; duplicité du muscle. — Dans la majorité des cas, le nerf grand sciatique, qui constitue la branche termi- nale unique du plexus sacré, s'échappe du bassin à travers la grande échancrure sciatique, entre le bord supérieur du grand ligament sacro-sciatique et le bord inférieur du muscle pyra- midal. Il est des cas cependant, et ils sont loin d’être rares (treize fois sur cinquante sujets, d'après Calori), où le corps musculaire est traversé soit par le tronc nerveux lui-même, soit par l’une de ses branches. Des faits de ce genre ont été signalés depuis longtemps par Winslow et quelques autres anatomistes du dernier siècle. Tout ce qui a trait à cette question vient d'être soigneusement condensé par le professeur Calori dans un intéressant mémoire, où le lecteur pourra lire en même temps les résultats d'observations personnelles, recueillies sur cinquante sujets. Voici, d’après mes propres dissections, les différentes variétés que l’on peut rencontrer : 1" Variété. — Le tronc nerveux lout entier perfore le muscle et ne se divise que plus bas, en sciatique poplité interne et sciatique poplité externe. Cette disposition, que je n’ai vue qu'une fois, doit être fort rare; Calori ne l’a jamais rencontrée. On conçoit que le sciatique tout entier, traversant le pyramidal, pourrait être déjà divisé, ce qui constituerait une variété nouvelle. Il résulte d’une observation de Calori, que les deux branches de division du sciatique, déjà indépendantes dans le bassin, perforaient l’une et l’autre le muscle pyramidal, chacune à travers une boutonnière spéciale. 2° Variété. — Le tronc nerveux est divisé dans le bassin même ; le sciatique poplité externe s'échappe à travers la bou- tonnière musculaire, tandis que le sciatique poplité interne passe au-dessous. Le nerf petit sciatique se détache, en arrière du pyramidal, du sciatique poplité externe. * 8° Variété. — Même disposition que dans la variété précé- dente, avec cette différence toutefois que le nerf petit sciatique est fourni par le sciatique poplité interne. Du reste, dans le cas de division intra-pelvienne du tronc 586 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME nerveux, les deux branches de bifurcation peuvent, dans leur trajet fémoral, soit gagner d'une façon indépendante leur ter- riloire organique, soit se réunir de nouveau; et, si elles se réunissent, rester simplement accolées (réunion apparente), échanger quelques filets anastomoliques (réunion incomplète) ou bien se fusionner entièrement et reconstituer le tronc ner- veux (réunion complète). Ajoutons, enfin, que ces dispositions anormales peuvent, comme du reste toutes les anomalies, se rencontrer des deux côtés ou d'un côté seulement. La perforation du pyramidal par le sciatique ou l’une de ses branches, isolant les uns des autres les faisceaux supérieurs des faisceaux inférieurs du muscle, constitue ce que certains anatomistes désignent sous le nom de duplicité ou dualité du muscle. Dans le cas cité plus haut de Calori, et aussi dans un cas probablement analogue d’Hallet, il existait même une triplicité du pyramidal. En réalité, la duplicité n’est qu'appa- rente; il s’agit non pas d'un pyramidal surajoulé au pyramidal normal, mais du pyramidal normal divisé par le nerf en deux faisceaux. D'ailleurs, l’espace séparatif peut s'étendre depuis les insertions pelviennes du muscle jusqu'à ses insertions trochan- tériennes, et les deux faisceaux sont distincts dans toute leur étendue : c’est la division totale du pyramidal (dualité parfaite de Calori); ou bien les deux faisceaux, séparés dans leur por- tion pelvienne, se jettent l’un et l’autre sur un tendon commun qui les fixe au fémur : c’est la division partielle du pyramidal (dualité imparfaite de Calori). La division du pyramidal, telle qu'elle vient d'être décrite, à été rencontrée par Cuvier chez le kangurou. Je ne saurais terminer ce paragraphe sans rappeler l’asser- ion déjà ancienne de Rosenmäüller, à savoir que chez les peuples du Nord le nerf grand sciatique se bifurque très haut en ses deux branches terminales, tandis que cette bifurcalion ne s'effectue, chez les peuples méridionaux, que dans le voisi- nase du creux poplité. Cette assertion, établissant une diffé- rence ethnologique dans le mode de distribution du nerf grand sciatique, ne repose malheureusement sur aucune donnée 21 MUSCLE PYRAMIDAL. 287 précise. Pour en apprécier exactement la valeur, il faudrait, on le conçoit, examiner à ce point de vue spécial un nombre assez considérable de sujets appartenant, par leur origine, aux races seplentrionales et un nombre égal de sujets habitant le midi de l'Europe ou bien encore le voisinage de l'équateur ; un pareil parallèle anatomique est encore à faire. Les recher- ches de Calori, faites sur des sujets italiens, ont bien démontré que la bifurcation précoce du sciatique se rencontrait chez ce peuple 26 fois sur 100 (43 fois sur 52 cadavres dont 36 hom- mes et 14 femmes); mais, outre que le nombre des sujets examinés par le savant anatomisle de Bologne me paraît insuffi- sant pour fournir un rapport acceptable, je ne sache pas qu'un travail similaire ait été accompli par nos collègues de la Suède ou de Russie. Pour cette double raison, il convient de réserver la question et de ne considérer, pour le moment, l’assertion de Rosenmüller, que comme une opinion à priori, attendant encore le contrôle des faits. Bibliographie : MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 361. WinsLow. Exposit. anat., t. IV, Paris, 1875, p. 45. SŒMMERING. De corp. humani fabricà, 1796, t. III, p. 283. BLANDIN. Anat. descriptive, t. I, Paris, 1838, p. 505. MECKkEL. Manuel d’'Anat. descript. et path. du corps humain, 1825, t. III. THEILE. Encycl. anat., vol. IT, « Myologie », p. 276. HENLE. Handbuch d. Muskellehre et Handb. d. Nervenlehre, zweite Aufiæge, 1871-1879. HALLET, cité par Henle, in Ouvrage précédent (Musk., p. 267). Cuvier. Leçons d’'Anat. comparée, t. I, Bruxelles, 1836, p. 174. E. F. GURLT. Handb. d. Vergleich. Anatomie d. Haus-Saugethiere, bearb. von Leisering u. Mueller, Berlin, 1873, p. 328. MACALISTER. Transact. of the Roy. Irish Academy, 1871. OTTO, cité par Macalister, in Mémoire précédent. BupcEe. Henle und Pfeufer’s Zeitschrift, t. X, p. 128. Woop. Proc. of the Roy. Society of London, t. XVI, p. 515. BRaDpLey. Brit. Med. Journ., May, 1868, et Journ. of Anat. and Phys., t. III, p. 197. CALORI. Sull’ alta divisione delle ischiatico considerata come differenza nasionale e sulle varieta del Musc. piriforme (Mémoires de l'Acad. des Sciences de Bologne, IV® série, t. II, 1882, avec planches). 288 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ARTICLE III ANOMALIES DES MUSCLES OBTURATEURS PELVIENS. Ces muscles, ainsi appelés parce qu'ils prennent naissance sur la membrane obturatrice et sur le pourtour du trou obtura- teur, sont au nombre de deux : l’un, situé sur la face interne de la membrane obturatrice, constitue l’obturateur interne; l'autre, situé sur la face externe de cette même membrane, a recu le nom d'obturateur externe. Indépendamment de leurs attaches sur la membrane obturatrice, l’un et l’autre obturateurs pré- sentent des insertions osseuses très importantes. Elles se font : a) pour l’obturateur externe, sur la face antérieure du corps du pubis, sur la branche horizontale et la branche descendante du même os, ainsi que sur la branche ascendante de l'ischion ; E) pour l’oblurateur interne, sur la face interne du corps et de la branche descendante du pubis, sur la face interne de la branche ascendante et du corps de l’ischion et sur celte surface qua- drilatère, appartenant à l'ilion, qui s'étend, au-dessous de la ligne innominée, entre le trou obturateur et l'épine sciatique. Aplatis et triangulaires, les deux muscles oblurateurs se portent en dehors, vers l'extrémité supérieure du fémur, et viennent se fixer sur la partie interne du grand trochanter, à l’aide de deux tendons très résistants. $ I. -— Variations anatomiques de l’obturateur interne. Peu nombreuses et peu importantes, elles se bornent à l'isole- ment plus ou moins complet de quelques-uns de ses faisceaux d'origine ou à l’addilion de quelques faisceaux surnuméraires, le plus souvent très grèles, qui, prenant naissance sur les diffé- rents points du petit bassin, rejoignent le corps musculaire principal avant sa sortie de la cavité pelvienne. Ces faisceaux peuvent se détacher, d’après Macalister : 2) — Du tendon du petit psoas ; £) — De la tubérosité ischiatique ; MUSCLES OBTURATEURS PELVIENS. 589 7) — De l’aponévrose pelvienne ; 9) — Du bord inférieur de la ligne iléo-pectinée ; ) — Du ligament sacro-sciatique ; £] — De la 3° vertèbre sacrée (cas de Schwegl) ; 7) — Du pubis. Dans un cas observé par Macalister , un faisceau pubien était séparé du reste du muscle par le nerf obturateur. Gruber a signalé tout dernièrement, d’après des observations personnelles, la séparation de la portion pubio-ischiatique et de la portion iliaque. Anatomie comparée. — L'oblurateur interne est assez cons- tant dans la série des Mammifères : son état de développement subit, suivant les espèces, des modifications nombreuses; son mode d'origine et son mode de terminaison varient peu. Strauss-Durckheim le décrit, chez le chat, comme « étant formé dans le bassin d’un certain nombre de petits corps coni- ques, qui naissent par des tendons grèles, placés à distance les uns des autres et sur lesquels s’implantent la plupart des fibres charnues ». Au-dessous de la classe des Mammifères, l'état de division du muscle s’accentue : ce n’est plus une masse com- pacte, mais la réunion de faisceaux primitivement isolés, d'une interprétation souvent difficile, toujours reconnaissables cepen- dant par leurs connexions. Déjà, chez les Oiseaux, M. Sabatier, qui a fait des obturateurs pelviens et thoraciques une étude si approfondie, décrit à l’obtu- rateur interne trois chefs distincts se détachant : le premier du pubis, le deuxième de l'ischion, le troisième de l’ilion. Il en est de même chez les Crocodiliens (2 ou 3 faisceaux), comme le démontrent les dissections de S. Haughton et celles de M. Saba- lier lui-même. Dans les Makis, d'après Meckel, un faisceau sur- numéraire assez volumineux, détaché de la première vertèbre sacrée, viendrait renforcer le corps charnu de l’obturateur. L'obturateur interne fait défaut chez les Ornithodelphes (Owen, Alix), ainsi que chez les Cheiroptères (Sabatier). SIL. — Variations anatomiques de l’obturateur externe. Sauf le renforcement de ce muscle par un faisceau détaché du 590 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. petit adducteur (observation de Wood) et l'isolement d'un fais- ceau pubien par le nerf obturateur, signalé par Macalister et rencontré une seule fois par moi-même, je ne connais aucune anomalie de ce muscle digne d’être notée. Bibliographie : MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. SCHWEGL, cité par Macalister, in Mémoire précédent, Woop. Proc. of the Royal Society of London, t. XVI, p. 522. GruBer. Anatomische Notisen (Virchow’s Arch., vol. LXXIIT, p. 342). KüLLIKER. Varietæten beobachtungen, etc., Wurzburg, 1879. SABATIER. Comparaison des ceintures et des membres, 1880, p. 178. MECkEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 365. HAUGHTON. On the muscular Anatomy of the leg of the Crocodile (Annals and Magaz., 1865), et On the muscular Anatomy of the Alligator (ibid, 1868). - ARTICLE IV ANOMALIES DES MUSCLES JUMEAUX PELVIENS. Ce sont deux petits muscles qui se portent du pourtour de la petite échancrure sciatique sur la partie interne du grand trochanter. Le plus élevé de ces deux faisceaux (jumeau supé- rieur) prend plus spécialement son origine sur la face externe et le bord inférieur de l'épine sciatique; l'inférieur (jumeau inférieur) s'insère un peu au-dessous, sur la tubérosité de l'is- chion, L'un et l’autre, se portant horizontalement en dehors, s’adossent par leurs bords correspondants et forment ainsi une goultière, au fond de laquelle glisse le tendon de l'oblurateur interne ; ou même ils s’enroulent autour de ce tendon, lui for- mant alors un canal complet, et finalement gagnent avec lui le grand trochanter. , Les variations anatomiques des jumeaux pelviens peuvent être résumées sous les chefs suivants : Ç I. — Absence. — J'ai constaté plusieurs fois l’absence du jumeau supérieur; des cas de ce genre sont rapportés par MUSCLES JUMEAUX PELVIENS. D91 Macalister, par Wood, par Embleton, par Knott, par Giaco- mini, etc. Le jumeau inférieur peut, dans ce cas, présenter ses dimensions ordinaires ou augmenter de volume, comme je l'ai vu dans un cas, bénéficiant ainsi pour ainsi dire de la dispa- rilion de son congénère. L'absence du jumeau inférieur est plus rare : elle a été nettement constatée cependant par de nombreux anatomistes, notamment par Otto, Gantzer, Meckel, Macalister. Anatomie comparée. — Les deux jumeaux pelviens manquent chez l'ornithorynque et chez le kangurou. Le jumeau supérieur fait défaut chez les Loris, le magot, le coaïla où «il semble être remplacé par l'inférieur qui est bien développé » (Meckel). J'ai trouvé le jumeau supérieur très grèle chez l'orang; il faisait totalement défaut chez le gorille disséqué par Bischoff. $ IT. — Duplicité. — On a signalé des cas de dédoublement soit du jumeau supérieur, soit du jumeau inférieur. Des faits de cetle nature sont sans importance; ils s'expliquent naturelle- ment par l'exagération d’un des interstices cellulo-fibreux dans des corps musculaires à faisceaux parallèles. $ IT. — Union avec quelques muscles voisins. — 2) J'ai déjà signalé plus haut l'union possible du jumeau supérieur avec le pyramidal; £) Macalister l’a vu se réunir au bord infé- rieur du petit fessier ; 7) le jumeau inférieur peut se fusionner de même avec le carré crural, dont les faisceaux sont parallèles aux siens; d) enfin les deux jumeaux peuvent être inséparables de l’obturateur interne. Analomie comparée. — Les diverses connexions anormales signalées ci-dessus s'observent toutes, à l’état normal, chez certains Mammifères où la masse fessière est loin d’être si net- tement différenciée que chez l’homme. Chez les Monotrèmes notamment, l'oblurateur externe, les jumeaux et le carré crural ne forment, d’après Alix, qu'une «seule masse charnue qui se rend du bassin à la face postérieure du grand trochanter ». Quant à la fusion des jumeaux avec l’obturateur, elle est telle- 592 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ment fréquente, non seulement chez les animaux, mais encore chez l’homme, que nous devons la considérer comme normale et regarder les deux jumeaux comme des faisceaux extra-pel- viens de l’obturateur interne. Meckel décrit en effet, dans son Traité d'anatomie comparée, les jumeaux avec ce dernier muscle. Beaunis et Bouchard en font tout autant dans leur Traité d'ana- tomie humaine. Theile considère les jumeaux comme «une courte tête externe» du muscle obturateur. «Les jumeaux pelviens, dit M. Sappey, dépendent manifestement de l’oblura- teur interne; ils ne diffèrent des autres faisceaux du même muscle que par leur ralliement un peu tardif. » Dans la des- cription du professeur Hyrtl, les jumeaux ne deviennent égale- ment que des faisceaux d’origine accessoires de l'obturateur. Bibliographie : MECKEL. Traité d'anatomie comparée, p. 364. THEILE. Encycl. anat., vol. II, « Myologie », p. 278. BEAUNIS et BoucHarD. Nouv. éléments d'Anatomie descript., 3° éd., p. 300. Sappey. Traité d'anatomie descriptive, t. II, p. 387. HyrTLz. Trattato di Anatomia dell’ uomo, trad. ital., p. 400. MECKEL. Manuel d'Anatomuie humaine, t. II. OTTO, GANTZER, cités par Macalister. Transact. of Roy. Irish Acad., 1871. BaNKarT, PYE-SMiTA et PæiLrps. Guy's Hosp. Reports, vol. XIV, tirage à part, p. 9. EMBLETON. Journ. of Anat. and Phys., t. VI, p. 217. Woop. Proc. of the Royal Society of London, t. XVI, p. 515. Aux. Société Philomathique de Paris, 1867, p. 206. GiacominI. Annotasioni sopra l'Anatomia del Negro, Torino, 1882. KnortT. Proc. of the Royal Irish Academy, December, 1881, p. 427. ARTICLE V ANOMALIES DU MUSCLE CARRÉ CRURAL. Situé entre le jumeau supérieur et le grand adducteur, le carré crural est conslitué par une série de faisceaux parallèles qui se portent transversalement de lischion au fémur. Sur l'ischion, ils prennent naissance sur le bord externe de la tubé- rosilé, un peu au devant des demi-membraneux; sur le fémur, MUSCLE CARRÉ CRURAL. 593 ils se terminent sur une crête qui réunit le grand au petit tro- chanter {crête inter-trochantérienne). Ses variations anatomiques sont les suivantes : $ I. — Absence. — Généralement large, épais et bien nourri, le carré crural peut, sur certains sujets, présenter des dimensions fort restreintes. Sa disparition complète a été ren- contrée par Albinus, Sæmmering, Cruveilhier, Schwegl, Maca- lister, Gruber (12 cas), Davies-Colley, Knott, etc. Je n’ai jamais eu l’occasion de l’observer moi-même; du reste, elle doit être fort rare, si je m'en rapporte aux chiffres fournis par Hallet qui n'a noté celte anomalie qu’une seule fois sur 105 sujets. Suivant l'asserlion de Theile, dans les cas d'absence du carré crural, « les jumeaux ont plus de volume». Nous trouvons en effet men- tionné dans l'observation de Hallet, ainsi que dans celle de Cantlie, un développement exagéré des deux jumeaux et de l’obturateur interne. Comme toutes les dispositions anormale, l'absence du carré fémoral peut être unilatérale (cas de Gruber), ou se présenter des deux côtés à la fois {cas de Cantlie). Il résulte des recherches de Gruber que, dans les cas d'anomalie unilatérale, cette ano- malie siège plutôt du côté gauche que du côté droit. Anatomie comparée. — Faible chez le porc-épice, chez le cochon el chez les Ruminants, le carré crural fait entièrement défaut chez le phoque (Duvernoy, Humpbhry), chezle fourmilier (Meckel). Dans cette dernière espèce, Galton a pu constater que, confor- mément à l’assertion de Theile énoncée plus haut, l'absence du carré fémoral coïncidait avec un développement considérable des jumeaux. Il fait remarquer cependant que ce n'est pas là une loi générale en anatomie comparée, le Dasypus sexcinctus, par exemple, présentant à la fois, malgré l'absence du muscle en question, des jumeaux réduits à un faible volume et une absence de l’obturateur interne. $ IT. — Duplicité. — Quelques auteurs ont cru devoir signa- ler, comme anomalie du muscle carré crural, sa division en deux 38 59% LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. faisceaux. Je n'attache aucune importance à une pareille dispo- silion qui s'explique ici, comme pour les jumeaux, par l'exagé- ration d'un interstice cellulo-fibreux dans un corps musculaire à faisceaux parallèles. Je ne mentionnerai donc que pour mémoire le cas observé au milieu du dernier siècle par Janke d'un carré crural « divisé en trente faisceaux » ! $ IT. — Union avec quelques muscles voisins. — Le carré crural peut s'unir d’une façon plus ou moins intime : à) soil avec le muscle qui est au-dessus de lui, le jumeau inférieur; £) soit avec le muscle qui est au-dessous, le grand adducteur. Ces connexions n’ont riéen que de très naturel, les trois muscles précités appartenant bien manifestement au même groupe anatomique. Bibliographie : THeiLe. Encycl. anat., vol. II, « Myologie », p. 279. MECKkEL. Traité d'Anatomie comparée, t. VI, p. 365. ALBINUS. Loc. cit., p. 530. SŒMMERING. Loc. cit., t. III, p. 286. CRUVEILHIER. Traité d'Anat. descriptive, 5° édit., 1871, 1, p. 722. SCHWEGL, Cité par Macalister, Transact. of Roy. Irish Acad., 1871. JANKE. De capsulis, tendinibus et articulationibus, Lipsiæ, 1753, p. 13. KNoTT. Journ. of Anat. and Phys., t. XV, p. 140. DuverNoy. Mémoire sur le Phoque commun, p. 171.' W. GruBER. Nachtrag zu den Beobachtingen über den Mangel des Muse. quadratus femoris (Virchow's Archiv, 1879, Bd LXXVII, $S. 131; et dieses Archiv, 1878, Bd LXXIII, S. 346). BELLAMY ét CANTLIE. Note on the absence of the Quadratus femoris (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1874, p. 185). GALTON. Transact. Linn. Soc., vol. XXVI, p. 551 et 589. HALLET. Edinb. med. and surg. journal, 1818, vol. LXIX, p. 20. Knort. Proc, of the Roy. Irish Academy, December 1881, p. 427. ARTICLE VI MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION FESSIÈRE. Trois faisceaux musculaires entrant normalement dans la conslitution anatomique de quelques Mammifères, se reprodui- MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION FESSIÈRE. 595 sent de temps à autre, chez l'homme, dans la région qui nous occupe. Ge sont : 1° le muscle caudo-fémoral, qui devient chez nous le coccy-fémoral, les éléments osseux de la queue des Mam- mifères prenant en anatomie humaine le nom de coccyx; 2° le muscle ischio-fémoral, réunissant le fémur à la tubérosité ischia- tique ; 3° le scansorius des Singes, se reproduisant chez l'homme, sous la forme d’un faisceau à développement fort variable, le long du bord antérieur du petit fessier ; en raison de sa situation et de ses rapports avec ce dernier muscle, je propose de lui don- ner le nom de pelit fessier antérieur. Je me contenterai de rappeler ici que quelques faisceaux du panniculus carnosus ont élé rencontrés dans celte région par le professeur Turner ; j'ai déjà eu l’occasion de mentionner l’ob- servation de Turner à propos du peaucier de la nuque et du peaucier dorsal. (Voyez I'° partie, p. 128.) $ I. — Muscle coccy-fémoral. — (M. caudo-fémoral, agi- lalor caudæ, faisceau caudal du grand fessier, paraméral des zoolomistes). On rencontre quelquefois dans la partie la plus inférieure de la fesse un faisceau surnuméraire, longeant le bord inférieur du grand fessier, dont il est séparé par un espace linéaire. Détaché en dedans de la région latérale du coccyx ou même de la dernière vertèbre sacrée, il vient se terminer en dehors sur le fémur, au-dessous du grand fessier, dont il con- tinue en bas les insertions. Ce muscle, observé par Macalister, a été mentionné de nouveau et interprété sainement par M. Sabatier, dans son excellent ouvrage sur la comparaison des deux ceintures. J'ai rencontré, pour ma part, quatre cas de muscle coccy- fémoral : «) dans le premier, le faisceau surajouté mesurait 1 centimètre de largeur seulement et ne devenait distinct du grand fessier qu'à 3 centimètres en dehors de la colonne sacro- coccygienne ; £) dans le second, le coccy-fémoral existant des deux côtés, avec des caractères identiques, ne présentait éga- lement que À centimètre de hauteur; mais il était distinct dans toute son étendue de la masse du grand fessier; 7) dans le 596 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. troisième, il atteignait jusqu'à 3 centimètres de largeur à sa partie moyenne et s’attachait en dehors, en partie sur le fémur, en partie sur l'aponévrose fémorale ; d) la quatrième observa- tion est relative à un muscle également très développé (3 cen- limètres et du côté gauche seulement), lequel s'insérait exclusi- vement sur le fémur. C'est vraisemblablement à une variété du coccy-fémoral qu'il faut rattacher un tout petit faisceau musculaire, observé par M. Chudzinski chez un nègre, au-dessous du grand fessier, le long du bord inférieur du pyramidal. Il affectait une forme digastrique et, s’insérant d’une part sur le ligament sacro-scia- tique, entre l'ischion et le coccyx, venait se terminer sur l'aponévrose fémorale, «immédiatement au-dessous de l'inser- tion du grand fessier sur l'aponévrose crurale ». Anatomie comparée. — Le muscle caudo-fémoral (homologue de notre cocey-fémoral) existe normalement chez un grand nom- bre de Mamtifères, où il a pour fonction, le membre postérieur étant fixé, d'imprimer à la queue des mouvements de flexion et des mouvements de latéralité ; de là le nom d'agitator caude, sous lequel le désignent un grand nombre de zootomistes. Ce muscle, nous le rencontrons chez les Reptiles et chez les Oiseaux (Sabatier); nous le trouvons, parmi les Mammifères, chez les Monotrèmes (Alix), chez le kangurou où Meckel le décrit comme une portion du grand fessier, chez le phoque où ses insertions inférieures descendent jusque sur l'extrémité supérieure du Libia, ete., etc. La plupart des Carnassiers, tous peut-être, nous présentent également celte division du grand fessier en deux faisceaux, dont l'inférieur ‘n'est autre que le caudo- fémoral. Meckel a disséqué ce muscle chez l'hyène et chez le ralon. Je l'ai vainement cherché chez l'Ursus americanus; mais je l'ai constamment rencontré chez le chat, où Strauss-Durc- kheim le décrit sous le nom de paraméral. Dans l’ordre des Quadrumanes, le chef caudo-fémoral du grand fessier a été particulièrement bien étudié par M. A. Milne- Edwards chez les Lémuriens de Madagascar ; comme dans nos observations anormales, le muscle grand fessier s’y divise en MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION FESSIÈRE. 597 deux faisceaux : «Le faisceau supérieur s'insère en haut, par l'intermédiaire d’une aponévrose qui se continue jusqu'au sacrum, à toute la crête antérieure et interne de los iliaque, et même à la première vertèbre caudale, et, en bas, à la crête sous-trochantérienne, en débordant un peu cette crèêle en des- sous. Le faisceau inférieur s'attache, à l’aide de courtes fibres aponévrotiques, à la 2° et à la 3° vertèbre caudale; puis les fibres musculaires qui font suite s’accolent au faisceau précé- dent et descendent se fixer, en dehors de la ligne âpre, jusque vers le tiers inférieur du fémur, entre les points d'attache du muscle crural et ceux du grand adducteur.» Les Singes, soit de l’ancien, soit du nouveau continent, qui possèdent une queue, les Macaques, les Semnopithèques, les Cercopithèques, etc., pré- sentent également un faisceau caudo-fémoral, presque toujours très distinct du grand fessier. Il n'existe plus aucune trace de ce muscle chez les Anthropoides, mais il est très probable qu'il s'y reproduit de temps à autre, comme chez l'homme, à litre d'anomalies. $ IT. — Muscle ischio-fémoral (F. ischiatique du grand fes- sier). — Dans la majorité des cas, le muscle grand fessier recouvre la tubérosité de l’ischion, sur laquelle il glisse à l'aide d'une bourse séreuse à peu près constante et déjà bien décrite par Monro. Anormalement, on voit partir de cette tuhérosité un pelit faisceau charnu, qui, se portant en bas et en dehors, rejoint le muscle fessier et partage ses insertions fémorales. Ce petit faisceau surnuméraire ischio-fémoral peut se jeter dans la masse du grand fessier qu'il renforce et dont il n’est dans ce cas qu'un accessoire, ou bien gagner isolément le fémur, affectant alors loutes allures d’un muscle distinct. J'ai observé celte dernière disposition, mais sur un sujet seule- ment : l’ischio-fémoral surajouté mesurait à peine huit milli- mètres de hauteur. Anatomie comparée. — Le faisceau ischialique du muscle grand fessier se retrouve normalement chez certains Mammi- lères, notamment chez le daman (Meckel). Gratiolet et Alix le D98 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. décrivent chez le Troglodytes Aubryi, sous le nom de « faisceau ischio-fémoral du grand fessier ». Duvernoy, chez le gorille, en fait un muscle à part, l'ischio-fémorien : «il descend, dit-il, derrière le fémur, commence à s'y atlacher au-dessous de l'insertion de la partie supérieure du grand fessier, et descend jusque sur les parties latérales de l'articulation du genou, qu'il recouvre par un tendon aponévrotique ». J'ai trouvé moi-même l'ischio-fémoral chez le Troglodytes niger, mais sous la forme d'un faisceau accessoire du grand fessier, qui perdait son indépendance immédiatement après son origine, pour se perdre dans la masse du fessier. Je l'ai vainement cherché chez mon orang, où le grand fessier glissait sur la tubérosité ischiatique à l’aide d'une synoviale, comme chez l'homme. S IT. — Muscle petit fessier antérieur (M. accessoire du petit fessier, scansorius, quatrième fessier de Haughton, épiméral de Strauss-Durckheim). — On rencontre fréquemment chez l'homme, en avant du petit fessier, un faisceau musculaire, constant par sa situation, mais infiniment variable par son volume, par son degré de différenciation et par ses Insertions soit supérieures, soit inférieures; c'est le peht fessier antérieur, signalé depuis déjà longtemps par Haughton sous le nom de quatrième fessier. Cette formation musculaire peut être entie- rement confondue avec les faisceaux antérieurs du pelit fessier ou bien en être séparée dans toute son étendue par un interstice souvent très large; entre ces deux dispositions extrêmes se trouvent toutes les dispositions intermédiaires. Au point de vue du volume, même variabilité : tantôt c’est un petit paquet de fibres qui passera inaperçu pour un observateur non prévenu d'avance ; dans quelques cas, au contraire, il s'élève, par son volume et son isolement, à la hauteur d'un organe propre, capable d'arrêter le scalpel le moins exercé. La variabilité de ses insertions supérieures est plus apparente que réelle; elles se font toujours en dehors du tendon direct du muscle droit antérieur de la cuisse, dans cette portion de la fosse iliaque externe qui longe le bord antérieur de l'os coxal, MUSCLES SURNUMÉPRAIRES DE LA RÉGION FESSIÈRE. 599 entre l'épine iliaque antéro-supérieure et la portion la plus élevée du sourcil cotyloïdien. En bas, le petit fessier antérieur, que l’on pourrait encore appeler marginal, vient s'attacher soit par l'intermédiaire d’un court tendon, soit directement par ses fibres charnues, sur le bord antérieur du grand trochanter, au-dessous de ce bord, sur la capsule et presque sur le petit trochanter, ou, ce qui revient au même, sur le tendon du sous-iliaque. Une pareille description rappelle de tous points, comme on le voit, celle que nous avons donnée, dans la première partie de cet ouvrage (p. 185), du muscle surnuméraire petit iliaque, et j'estime, pour ma part, qu'il convient d’assimiler d'une facon complète deux formations que séparent des différences purement nominales. L'une et l’autre représentent chez l’homme la portion extra-pelvienne du muscle iliaque, portion extra- pelvienne qui est descendue chez nous.à un degré d’atrophie extrême, mais qui, comme nous l'avons déjà vu, est tout aussi développée que linterne et peut exister même seule, dans quelques espèces animales (kangurou, lièvre, Cheiroptères). Anatomie comparée. — Il serait superflu de décrire ici, en détail, toutes les variations que présente le petit fessier anté- rieur dans la série zoologique ; qu'il me suffise de résumer les dispositions qu'il présente dans deux ordres importants de Mammifères, les Carnassiers et les Quadrumanes : dans l'ordre des Carnassiers, le muscle a été signalé, mais non interprété par Meckel chez lhyène : « Ce muscle, dit-il, est allongé et distinct de tous les autres muscles de la fesse qui existent aussi chez cet animal. Il s'étend .sous le petit fessier, du pourtour externe de la cavité cotyloïde au milieu de la ligne âpre (trochan- térienne) antérieure; il concourt à fléchir la cuisse et à la rouler en dehors. » Strauss-Durckheim a décrit le même muscle chez le chat sous le nom de muscle épiméral : « C’est une petite lame mus- culeuse, insérée à la face externe de lilium, sous l'attache du proméral (droit antérieur) d’où elle se porte en dessous et en arrière entre ce muscle et le coxalis (petit fessier), passe en 600 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. dehors de l’attache du crural, et se fixe à la face antérieure du fémur, à quinze millimètres au-dessous du sommet du trochan- ter. Il est appliqué contre la capsule articulaire coxo-fémorale et est recouvert par le coxalis et le vaste externe. » Laurillard a disséqué ce même muscle chez la panthère; Alix le signale également chez le tigre, chez le lion, chez l'Ursus labiatus; Young l’a décrit tout récemment chez la civette. Quant au petit fessier antérieur des Singes, le scansorius, pour employer la dénomination habituelle, je ne saurais mieux faire que de traduire textuellement les quelques lignes que lui consacre le professeur Bischoff, dans son mémoire sur l'ana- tomie du gibbon : « Chez deux des Anthropoïdes, existe un muscle fessier accessoire..…., que Traill a observé chez le chim- panzé et nommé muscle scansorius. Ce muscle présente chez l'orang un développement remarquable; il naît du bord anté- rieur de l'os iliaque et s’insère, par un court tendon, à la partie antérieure du bord supérieur du grand trochanter, à côté du petit fessier. Il est séparé de ce dernier muscle, chez l’orang, par un espace considérable, pendant que chez le chimpanzé les deux muscles sont si rapprochés, que l’on pourrait considérer le muscle scansorius comme une partie antérieure du petit fessier. C’est tellement le cas, chez le gibbon, qu'il me paraît à peine possible de parler chez lui d’un muscle accessoire. Tout pres de là, on rencontre, chez le gibbon, un muscle important qui naît de la lèvre inférieure du bord antérieur de l'os iliaque et descend vers le bord externe du tendon du muscle psoas- iliaque et s'insère, à côté de ce muscle, sur la portion externe de la base du petit trochanter. On pourrait être disposé à le con- sidérer comme un faisceau accessoire du psoas-ihaque; ilen est séparé par le tendon d’origine aplati du muscle droit antérieur de la cuisse qui descend entre les deux muscles. Ce muscle existe aussi chez le cynocéphale, le cercopithèque, le macaque ; mais 1l y est moins développé et n'y figure plus que comme un faible faisceau. » Bischoff, on le voit, cherche à établir une dis- tinction entre le scansorius des Singes et ce qu'il appelle l'acces- soire de l'iliaque; cette distinction, je le répète, n'existe que MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION FESSIÈRE. 601 dans les dénominations employées, elle n'existe pas dans les dispositions anatomiques. Je suis heureux d'être d'accord sur ce point avec le professeur Henke qui décrit, sous le nom de scansorius, le faisceau musculaire que Bischoff considère à son tour comme l'accessoire du psoas-1haque. Au-dessous des vrais Singes, le muscle qui nous occupe a été disséqué et décrit par M. Alix chez l’aye-l'aye. Bibliographie : Duvernoy. Caractères anatomiques des grands Singes pseudo-anthropo- morphes, p. 84. TRAILL. Memotrs of the Wernerian nat. History Soc., vol. II, p. 29. GRATIOLET et ALIX. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865, p. 181. CHAMPNEYS. Muscles and Nerves of &« Ghimpanzee, etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1871, p. 193). Woop. Proc. of Royal Soc. of London, t. XV, p. 241. HAUGHTON, cité par Hyrtl. Tratt. di Anat. dell’ uomo, trad. ital., p. 399. STRAUSS-DURCKHEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 395 et 409. MECKEL. Traité d'Anatomie comparée, t. VI, p. 363. A. MILNE-EDWARDS et GRANDIDIER. Histoire naturelle, physique et politique de l'ile de Madagascar, t. I (loc. cit.). BISCHOFF. Anat. des Hylobates leuciscus, 1871, et Anat. des Gorilla, 1880. HEXNKE, cité par Bischoff, in Mémoire précédent. YouNG. Myology of the Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys., Janv. 1880, p. 173). Ar1x. Bull. Société Philomathique de Paris, 1867, p. 211, 1878, p. 253. SABATIER. Comparaison des Ceintures et des Membres, 1880, p. 218 et 227. Caupzinski. Revue d’'Anthropologie, 1882, t. V, p. 614. ALIx. Sur la présence du M. épiméral che: l’Ursus labiatus (Bull. Soc. Philom. de Paris, 1871, p. 48). CHAPITRE II Région antéro-externe de la cuisse. Je comprendrai dans cette région quatre muscles : 1° le cou- lurier qui est à la fois le plus long et le plus superticiel ; 2° le triceps crural, subdivisible lui-même en trois faisceaux, le droit 602 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. antérieur et les deux vastes; 3° le faisceau tenseur de la syno- viale du genou; 4° enfin le tenseur du fascia lata, qui se trouve exclusivement situé sur la face externe de la cuisse. ARTICLE I ANOMALIES DU MUSCLE COUTURIER. Le couturier est un ruban long et large, réunissant l'ilion à l'extrémité supérieure du tibia. Il se détache en haut, à l’aide de fibres aponévrotiques fort courtes, de l’épine iliaque antéro- supérieure et aussi de la partie la plus élevée de l'échancrure qui est au-dessous; oblique en bas, en dedans et en arrière, il croise en diagonale la région antérieure de la cuisse et vient se fixer, en bas, sur la partie interne de l'extrémité supérieure du tibia, en avant de la tubérosité interne. Il forme là, comme on le sait, avec les tendons terminaux du droit interne et du demi- tendineux, cet appareil aponévrotique à branches multiples et divergentes que l’on appelle la patte d’oie. Meckel fait remarquer que, «dans certains cas, les fibres du couturier sont interrompues par un tendon intermédiaire considérable et solidement unies à l'aponévrose fascia lata ». Kelch et Macalister ont signalé une semblable disposition. Les variations anatomiques du muscle couturier sont les suivantes : $ I. — Absence — Je ne connais qu'un fait de celte nature; il est rapporté par Meckel dans le tome IT de son Manuel d'Anatomie (p. 203). L'illustre professeur de Halle se borne à une simple mention. Anatomie comparée. — Humphry n’a pas rencontré le muscle couturier chez le Pteropus. Ce muscle fait défaut, d’après Meckel, dans l’ordre des Cheiroptères. Wiedemann n’en fait aucune mention dans son excellente monographie du castor ; Meckel l’a vainement cherché, lui aussi, dans cette dernière espèce. MUSCLE COUTURIER. 603 $ IT. — Duplicité. — Cette anomalie s’observe assez rare- ment et dans des conditions suflisamment différentes pour qu'il soit nécessaire d'établir des variétés : z) — Les deux muscles sont distincts dans toute leur étendue, et, dans ce cas, l’un et l’autre faisceau peuvent s'attacher au tibia ; ou bien l’un d'eux descend seul jusqu’au tibia, l'autre s'arrêtant soit sur le côté interne du genou (cas de Bergeron), soit sur le fémur (cas de Meckel). 6) — Les deux muscles ne sont distincts que dans leur portion inférieure : tandis que le faisceau inférieur présente une inser- tion normale, le faisceau supérieur se fixe sur le côté interne de l’articulation du genou. J'ai observé tout dernièrement un cas de ce genre. 7) — Les deux muscles ne sont distincts que dansleur portion supérieure, et, dans ce cas, le faisceau surajouté peut se déta- cher soit de l’échancrure qui est placée au-dessous de l’épine iliaque antéro-supérieure (obs. de Macalister), soit même de l’épine iliaque antéro-inférieure. d) — Je crois devoir ranger dans une variété à part, en raison de son importance, l'observation suivante rencontrée en 1879 par G. S. Brock dans les salles de dissection de l’université d'Édimbourg : le muscle couturier, conforme à la description classique dans sa portion inférieure, se divisait en haut en deux faisceaux; l’un d'eux /f. interne) venait se fixer, comme le tendon du muscle normal, sur l’épine iliaque antéro-supé- rieure; l’autre {f. interne ou accessoire) s'en écartait dès le liers inférieur de la cuisse et, gagnant le côté interne du psoas iliaque, venait se terminer sur l’éminence ilio-pectinée, entre ce dernier muscle et le pectiné (1). Anatomie comparée. — Le couturier est dédoublé dans quel- ques espèces animales, notamment chez l’hyène (Young), chez l'ai (Humphry). Le faisceau accessoire signalé par Brock et déta- (1) Kelly a rencontré chez un gorille, qui avait été disséqué en partie par Chapmann, une anomalie bizarre, non encore signalée chez l'homme et consistant en un chef accessoire du couturier qui prenait naissance sur le tiers moyen du fémur, entre le vaste interne et les adducteurs. 604 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ché de l'éminence 1lio-pectinée en dehors du psoas me paraît trouver son explication dans la disposition qu’affecte le couturier chez certains Mammifères, où on le voit passer sous l’arcade fémo- rale et remonter plus ou moins haut dans le bassin. C'est ainsi que chez le cheval (Chauveau et Arloing) le long abducteur de la jambe, qui représente le couturier de l'homme, est situé tout d’abord dans la cavité abdominale, où il s'insère sur le fascia iliaca, tout près du tendon du petit psoas. Il remonte plus haut ‘encore chez l'Orycteropus (Humphry) et vient se fixer jusque sur la dernière côte. La présence de ce faisceau pelvien peut constituer, à lui tout seul, le muscle couturier /Ornithodelphes), ou bien coexister avec un faisceau iliaque, comme Alix l’a observé chez l'hippo- polame. Chez ce dernier animal, le couturier est en effet «formé par deux faisceaux : l'un, situé en dehors du psoas, vient de l'épine iliaque antérieure et supérieure; l’autre, situé en dedans du psoas, vient de lintérieur du bassin en fran- chissant la crète pectinéale ». N'est-ce pas la reproduction exacle du couturier observé par Brock dans l'espèce humaine? III. — Insertion sur l'arcade fémorale. — J'ai vu, sur plusieurs sujets, le muscle couturier dépasser en avant la crête iliaque et venir prendre des insertions plus ou moins étendues sur l’arcade fémorale ou ligament de Falloque. Macalister a vu quelques faisceaux musculaires prendre naissance sur l'aponé- vrose fémorale. Anatomie comparée. — Champneys signale une disposition similaire sur le chimpanzé. Le couturier descend «du milieu de l’arcade crurale » chez la marmotte; chez l'aï, d'après Humphry, il ne viendrait pas de l'ilion, mais de l'aponévrose du grand oblique de l'abdomen. L'origine des faisceaux musculaires sur l'aponévrose fémorale se rencontre chez l'éléphant des Indes (Miall et Greenwood). $ IV. -— Variations des insertions inférieures. — Le muscle couturier peut s’insérer, en bas, au-dessus du tibia : MUSCLE COUTURIER. 605 æ) — Sur l'aponévrose fémorale (insertion partielle seule- ment) ; B) — Sur le côté interne de larticulation du genou, ainsi que sur le ligament rotulien ; 7) — Sur le fémur, au niveau ou un peu au-dessus du con- dyle interne. Du reste, ces insertions anormales peuvent se rencontrer seules ou coexister avec l'insertion normale sur le tibia. Au mois de février 1883, j'ai observé le fait suivant : le cou- turier se détachait, en haut, de l'épine iliaque antéro-supérieure par un tendon unique, large de 1 centimètre. Les faisceaux charnus qui faisaient suite à ce tendon constituaient un corps musculaire aplati, large de 35 millimètres, lequel ne tardait pas à se diviser en deux faisceaux distincts : 1° l'antérieur, égale- ment rubané et large de 1 centimètre environ, se portait de baut en bas et de dehors en dedans, se séparait nettement du faisceau postérieur, au niveau du condyle iuterne, et se termi- pait sur la portion de l’aponévrose fémorale qui recouvre cette lubérosilé osseuse ; 2° quant au faisceau postérieur, il continuait le trajet du muscle normal et venait s'insérer sur l'extrémité supérieure du tibia, où il contribuait à former la patte d'oie. Anatomie comparée. — Ces divers modes d'insertion se ren- contrent tous, à l'état normal, dans la série des Mammifères : chez l'aï, où le couturier se trouve conslilué par deux faisceaux, le faisceau supérieur s'insère sur le fémur, au-dessus du con- dyle, le faisceau inférieur sur le tibia. Le même muscle s’insère sur le tendon du triceps et sur l’aponévrose jambière chez le koala (Young), sur la rotule et le tibia chez la civette (Young), sur la rotule seulement chez le phoque (Humphry). Chez les Carnassiers, l'extrémité inférieure du tibia, bien plus développée que chez l’homme, recouvre toute la partie interne de l’artieu- lation du genou. C’est ainsi que chez l'Ursus americanus, j'ai vu le muscle se fixer en bas, sur toute la longueur du ligament rotulien par une large aponévrose et, par quelques fibres muscu- laires, sur le tendon d'insertion du droit interne. Chez le chim- panzé également, j'ai vu le muscle couturier se fixer sur la 606 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. rotule par ses fibres supérieures et, par ses fibres inférieures, sur le tibia en même temps que sur l'aponévrose jambière. Bibliographie : WIEDEMANN. Arch. für Zoologie, IV, 1. MEcKkeL. Manuel d'Anatomie humaine, trad. Breschet et Jourdan, 1825, t. II, p. 202. - | HUBER, ROSENMÜLLER, GANTZER, KELCH, cités par Meckel, in Ouvrage préc. MacaLisTer. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. MEcxEL. Traité d'Anatomie comparée, VI, p. 399. BERGERON. Bull. de la Soc. anatomique, 1866, p. 2. Brocxk. À {wo headed Sartorius (Journ. of Anat. and Phys., 1879, p. 578). CHAuvEAU. Anatomie comparée des animaux domestiques, p. 307. Humprary. The Myology of the limbs of the Pteropus (Journ. of Anat. and Phys., May 1869, p. 309). YouNG. The muscular anatomy of the koala (/bid., January 1882, p. 235). MiaALz et GREENWOOD. The Myology of the Indian Elephant (/bid., January 1878, p. 277). KELLY, HowarDp. Sartorius muscle of the Gorilla (Proc. of the Acad. of nat. Science of Philadelphia, 1, p. 128). HumPary. Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Phys., November 1869, p. 54). TESsTUT. Système locomoteur de l’Ursus americanus (en préparation). ALIx. Soc. Philomathique de Paris, 1875, p. 45. YouxG. Myology of Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys., January 1880, p. 174, et Proc. Zool. Society, 1879, p. 103). Humrary. The Myology of Orycteropus and Phoca (Journ. of Anat. and Phys., May 1868, p. 311). ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE TRICEPS CRURAL OÙ MUSCLE EXTENSEUR DE LA JAMBE. : L'extension de la jambe sur la cuisse est déterminée, chez l'homme, par trois faisceaux musculaires qui, distincts à leur origine supérieure, se réunissent en bas et prennent sur le tibia une insertion commune : c'est le triceps crural. De ces lrois faisceaux, l’un, le droit antérieur, remonte jusqu’au bassin ; les deux autres, appelés vastes en raison de leurs dimensions MUSCLE TRICEPS CRURAL. 607 considérables, s'arrêtent au fémur; on les distingue l’un de l'autre par les dénominations de vaste interne el de vaste exlerne. 1° Le droit antérieur, que l'on désigne encore sous le nom de long triceps, s’insère à la fois, sur l'épine iliaque antéro- inférieure, à l’aide d'un tendon arrondi et vertical {tendon reset), et sur la partie la plus élevée du sourcil cotyloïdien, par l'intermédiaire d’une expansion aponévrotique plus mince mais (out aussi résistante (tendon réfléchi). Roger Williams, qui a fait du muscle qui nous occupe une étude des plus conscien- cieuses, considère le tendon colyloïdien comme accessoire, l'insertion spino-iliaque constituant l'insertion réelle du droit antérieur. 2° Les deux muscles vastes englobent toute la diaphyse du fémur : le vaste externe prend plus spécialement naissance sur le bord antérieur et le bord inférieur du grand trochanter, sur une ligne rugueuse qui réunit le grand trochanter à la ligne âpre, sur la lèvre externe de cette ligne âpre, et enfin sur le tendon du grand fessier et la cloison intermusculaire externe. Le vaste exlerne, un peu moins volumineux que le précédent, se détache des faces antérieure et interne du fémur, de la lèvre interne de la ligne âpre et de la ligne rugueuse qui réunit cette ligne âpre au col du fémur. L'ensemble de ces divers fais- ceaux d'origine, conslitue un corps musculaire indivis et rien ne justifie, du moins chez l’homme, l'opinion de certains anato- tomistes étrangers, décrivant entre le vaste externe et les adducteurs deux muscles distincts : le vaste interne proprement dit et le crural. Celte division ne se rencontre que fort rare- ment et constitue une disposition anormale que nous retrou- verons tout à l'heure. Je repousse donc formellement, en anatomie humaine du moins, d'accord en cela avec Cruveilhier, Sappey. Gray, Beaunis et Bouchard, etc., l’expression de qua- driceps dont se servent Theil, Hyrtl et quelques autres anato- mistes pour désigner l'extenseur de la jambe. Les trois portions du muscle triceps convergent en bas vers la face antérieure du genou et viennent se fixer, non pas seule- 608 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ment sur la base et les bords latéraux de la rotule, mais aussi, par quelques faisceaux tendineux directs, sur la tubérosité anté- rieure du tibia. Ces insertions tibiales directes, très nettement mises en lumière par les recherches de Lorinser, nous expli- quent ce fait que, dans quelques cas de fracture de la rotule ou de soudure de la rotule avec le fémur, les contractions du triceps peuvent encore déterminer des mouvements d'extension de la jambe sur la cuisse. $ I. — Variations anatomiques du droit antérieur ou long triceps. — Elles sont toutes relatives à l’insertion du muscle sur l'ilion. Les deux portions épineuse et cotyloïdienne peu- vent ne se réunir que quelques centimètres au-dessous de l'origine des faisceaux charnus et en imposer ainsi pour un double muscle. J'ai observé un cas de ce genre chez l’homme en 1882; j'ai rencontré, quelques mois plus tard, une disposition absolument semblable chez un cercopithèque. Macalister signale un faisceau de renforcement parti de l'épine iliaque antéro-supérieure; le même auteur à vu un. double tendon s'attacher à l’épine iliaque antéro-inférieure. Enfin le droit antérieur peut se fixer à l'os iliaque par un tendon unique; il me paraît vraisemblable d'admettre que cette disposition dépend dans la plupart des cas, dans tous peut-être, de la soudure des deux tendons ordinaires, bien qu'il soit ques- tion dans l’article de Macalister de la disparition possible du chef cotyloïdien. Anatomie comparée. — Dans la série des Mammifères, le droit antérieur possède généralement deux tendons d'origine comme chez l'homme. Ces deux tendons sont cependant soudés chez les Lémuriens, chez le cynocéphale et même chez quelques chimpanzés (sujet de Champneys, le mien). Nous ne trouvons également qu’un seül tendon chez l'hyène, le chien, le mouton, le kangurou et les ÆRongeurs. Chez l'Ursus americanus, je n'ai rencontré qu'un seul tendon fixé sur la portion de l'os iliaque qui sépare l'épine iliaque antéro-inférieure de la cavité colyloïde. MUSCLE TRICEPS CRURAL. 609 Elles SIT. — Variations anatomiques du vaste externe. sont de deux ordres : 1° Dédoublement. — Le dédoublement du vaste externe en deux faisceaux distincts est une disposition fort rare; observée par Macalister, elle a été signalée de nouveau en 1880 par Gruber qui en a décrit un cas des plus intéressants : un inters- tice cellulo-graisseux divisait la masse du vaste externe en deux corps charnus; l'un, interne (lamina profonda), se déta- chait de la ligne intertrochantérienne antérieure; l’autre, silué en dedans et sur un plan plus profond {lamina superficialis), prenait naissance sur la ligne âpre. Anatomie comparée. — Le dédoublement s'observe normale- ment chez plusieurs Oiseaux, nolamment chez les pigeons, le nothura, le chevalier, la mouette (Alix), où notre vaste interne est en réalité constitué par deux muscles, le crural externe et le crural moyen. Voici la description qu'en donne Alix : «Le crural moyen recouvre la face antérieure et la plus grande partie de la face externe du fémur; il remonte jusque sous la base du trochanter, s'insinuant en dehors sous le tendon du carré et en dedans entre le petit fessier et l’iliaque interne. Les fibres charnues se terminent en partie sur la rotule, en partie sur une aponévrose qui se fixe aux bords supérieurs et laté- raux des crêtes du tibia. Le crural externe s'attache aux deux tiers inférieurs de la face externe du fémur, immédiatement au-dessus et en avant de la ligne àpre et se termine par un tendon qui se fixe à un tubercule de la tubérosité externe du tibia. » | 90 Union plus ou moins intime avec le vaste interne. — J'ai rencontré plusieurs sujets où il m'a été tout à fait impossible d'isoler entièrement l’un de l’autre les deux vastes du triceps. C'est surtout au niveau de leur portion inférieure que ces deux corps charnus tendent à se fusionner. Anatomie comparée. — Cette fusion, anormale chez l'homme, s'observe à l'état normal chez quelques Mammifères : c'est ainsi que les deux vastes sont presque confondus chez les Soli- pèdes (Chauveau), entièrement fusionnés chez l'hyène et chez 39 610 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. l'ours. Chez le phoque, Meckel ne décrit qu'une tête profonde qui se détache, sans trace de division, de toute la face anté- rieure du fémur. Il en est demême chez le fourmilier. Le tri- ceps crural, dans ces cas, ne possède en réalité que deux têtes. $ IL. — Variations anatomiques du vaste interne; muscle crural. — Indépendamment : 4° de sa fusion plus ou moins intime avec le vaste externe, disposition déjà mentionnée plus haut; 2° de la variation de ses attaches au tendon du droit antérieur; 3° de l'isolement plus ou moins complet de quel- ques-uns de ses faisceaux, dédoublement observé par Maca- lister, qui rappelle à ce propos le dédoublement homologue du muscle chez les Oiseaux, le vaste interne ne présente qu'une seule disposition digne de nous arrêter : c'est la différenciation de sa portion interne et inférieure en un muscle distinct, le muscle crural. C’est à tort, comme je l'ai déjà fait remarquer plus haut, que quelques anatomistes décrivent ce muscle, comme conslituant à l’état normal le quatrième chef de l'exten- seur de la jambe, devenu pour eux un quadriceps. A l'état normal, le crural n'existe pas chez l'homme, confondu qu'il est avec le vaste interne; sa différenciation constitue une anomalie. Anatomie comparée. — Un muscle crural distinct du vaste interne se rencontre normalement, d'apres Meckel, chez le dromadaire, chez le kangurou, chez le daman. L'extenseur de la jambe possède en réalité, dans ces espèces, quatre chefs iso- lables; le terme de quadriceps, que je n'accepte chez l'homme que pour des cas anormaux, lui convient parfaitement. Strauss-Durékheim décrit un muscle crural chez le chat, bien que ses fibres «se confondent en partie», de son propre aveu, avec celles du vaste interne. SIV. — Absence totale du muscle triceps. — Je n’en connais qu'un seul fait : il a été observé sur le vivant par Drachmann et se trouve analysé dans le Journal of Anatomy de 1873. Mais, la description symptômalique de l’auteur el aussi les circonstances dans lesquelles fut remarqué cette absence du MUSCLE SOUS-CRURAL. G14 triceps crural, nous autorisent à penser qu'il ne s’agit probable- ment pas ici d'une anomalie morphologique, mais plutôt d’une infirmité créée par un processus morbide quelconque, soit pendant la vie intra-utérine, soit après la naissance. Bibliographie : SANDIFORT. Thesaurus dissertationum, Roterodami, 1769, VI, p. 249. MECKkEL. Manuel d’ Anatomie humaine, t. II, p. 203. THEILE. Encycl. anatomique, t. IT, « Myologie », p. 295. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. DRrACHMANN Case of congenital absence of the Quadriceps extensor cruris muscle (Nordiskt Medic. Arkiv., vol. IV, part. 1, 1872, et Journ. of Anat. and Phys, 1873, t. VIX, p. 310). W. ROGER WILLIAMS. The Anatomy of the Quadriceps extensor cruris (Journ. of Anat. and Phys., January 1879, p. 204). LORINSER. Verhälinisse der Strecksehnen in Kniegelenke (Wien. mea. Wochenschrift, XXIII, 40, p. 919). GRANDIDIER et A. MILNE-EpwarDs. Histoire naturelle, physique et politique de l'ile de Madagascar, t. I. (Lémuriens.) W. GruBer. Anat. Notizen, ein bilaminarer Musc. Vastus externus biceps (Virchow's Arch., Bd LXXXII, p. 473). MECKEL. Traité d'Anatomie comparée, t. VI, p. 403. CHAUVEAU et ARLOING. Anatomie comparée des animaux domestiques, p. 303. CHAMPNEYS. Muscles and Nerves of a Ghimpanzee etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1871, p. 197). ArIx. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, 1874, p. 436. ARTICLE Il VARIATIONS ANATOMIQUES DU MUSCLE TENSEUR DE LA SYNOVIALE | DU GENOU OU MUSCLE SOUS-CRURAL. Le muscle sous-crural de Dupré, et non d’Albinus (le chirur- gien français, ayant décrit ce muscle en 1699, bien avant Albinus) s'étend, au-dessous des vastes du triceps, de la face antérieure du fémur à la capsule articulaire. D'après l'opinion la plus accréditée, ce faisceau musculaire, se contractant avec l’extenseur de la jambe, atlirerait en haut le cul-de-sac sous- 612 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. tricipital de la synoviale, sur laquelle il se termine, et l'empê- cherait ainsi d'être pincé dans l'extension brusque de la jambe sur la cuisse. Le muscle tenseur de la synoviale présente des variations fort nombreuses portant : 1° sur son volume; 2° sur le nombre de ses faisceaux; 3° sur ses rapports avec les vastes; 4° sur son mode d'attache à la synoviale : 2) —- Rien de plus variable que le volume du muscle sous- crural. Je l’ai vu bien des fois constitué pour un véritable mus- cle, de 10 à 15 centimètres de longueur, bien nourri et complè- tement indépendant, comme aussi je n'ai rencontré sur bien des sujets, à son lieu et place, qu'un faisceau minuscule qui aurait bien facilement passé inaperçu si on ne l'avait recherché. Entre ces degrés de développement extrèmes se trouvent tous les intermédiaires. &) — On rencontre le plus souvent, comme représentant le sous-crural chez l'homme, deux faisceaux charnus se portant de la face antérieure du fémur sur la capsule. Ces deux fais- ceaux peuvent être parallèles (cas fort rare), mais ils sont plutôt divergents soit de bas en haut, soit de haut en bas. Lauth et Loder ont signalé des cas où les deux faisceaux, complète- ment distincts à leur terminaison sur la séreuse, se fusionnaient en haut avant de s'attacher au fémur. J'ai observé, dans un cas, {rois faisceaux distincts, deux obliques et un vertical, se portant sur le cul-de-sac sous-tricipital à la manière de trois rayons convergents. Les muscles sous-cruraux constitués par quatre faisceaux sont loin d’être rares. Kulæwsky signale des muscles à six et même à huit faisceaux. 7) — Le muscle tenseur de la synoviale peut disparaître entiè- rement; mais, Si je m'en rapporte à mes propres recherches, les cas d'absence seraient plus rares que ne semblent l'indiquer les descriptions classiques. 9) — Quant à l'inserlion inférieure du sous-crural, elle peut se faire sur le sommet du cul-de-sac (Platonoff), sur ses bords, sur ses deux faces, sur le tissu cellulo-graisseux qui l'entoure, MUSCLE SOUS-CRURAL. 613 et enfin sur la rotule. Voici quelles sont, sur ce point, les con- clusions de Kulæwsky : «Les différentes variétés du muscle sous-crural, et particulièrement les variations portant sur son insertion terminale, sont en rapport avecle développement plus ou moins considérable du prolongement supérieur de la capsule articulaire. Chez les sujets qui possèdent une capsule faiblement développée, les faisceaux sous-cruraux prenant naissance en haut, comme d'habitude, se terminent en bas, dansle voisinage de la rotule, sur la paroi supérieure de la capsule. Quand au lieu de deux faisceaux, il en existe quatre, les faisceaux moyens se terminent comme précédemment, tandis que les faisceaux latéraux viennent se fixer aux bords de la rotule. S'il n'existe que deux faisceaux, mais deux faisceaux forte- ment divergents, ils peuvent se terminer également sur la rotule. Dans d’autres cas, les muscles sous-cruraux se terminent uniquement sur la partie antérieure du cul-de-sac ou bien sur son milieu, ni en avant, ni en arrière. « Chez les sujets où le cul-de-sac est plus fortement déve- loppé, ce qui s’observe surtout dans l’âge moyen, les muscles sous-cruraux sont représentés par une série de faisceaux au nombre de deux à huit {six le plus souvent), séparés les uns des autres par du tissu cellulaire. S'il n'existe que deux fais- ceaux, ils se perdent sous forme de deux bandelettes fort minces et entourées de graisse, sur la partie postérieure du cul-de-sac ou bien dans le tissu cellulo-graisseux interposé entre le cul-de-sac et le fémur. Existe-t-il quatre faisceaux, les anté- rieurs s'insèrent sur la face antérieure du cul-de-sac, les posté- rieurs sur la face postérieure. » :) — Les muscles sous-cruraux peuvent s'unir intimement, par leur extrémité supérieure, avec la face postérieure des vastes, dont ils ne se séparent que plus bas, à une distance fort variable. L’isolement des deux muscles est souvent difficile, quelquefois impossible. Anatomie comparée. — Le muscle sous-crural existe chez les animaux, Où il n'est pas moins variable que chez l'homme : «Dans plusieurs animaux, dit Meckel, on voit sous le faisceau 614 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. moyen de l'extenseur profond {W. crural), plusieurs trousseaux de fibres musculaires s'étendre du fémur à la capsule de l'arti- culation du genou, qu'ils attirent à eux lors de l'extension du muscle, afin d'éviter la contusion de cette membrane; c’est le pelit jambier où muscle capsulaire.» Plusieurs Mammifères, le kangurou entre autres, ne nous offrent aucun vestige de ce muscle. Il est très développé, au contraire, chez la sarigue. I manque, parmi les Carnassiers, chez l'ours, le ralon, et parmi les Singes, chez le chimpanzé et le cynocéphale (Champneys). II est très fort et très distinct chez Fhyène, d'après Meckel; il en est de même chez le chat (Strauss-Durckeim) où il enveloppe les deux tiers inférieurs du fémur; ses faisceaux d'origine s'y détachent même sur le côté externe de la gorge qui reçoit la rotule. Il vient se terminer à la capsule «tout autour de la moitié supérieure de la rotule; les fibres charnues latérales des- cendent sur cette capsule jusqu'aux tubérosités du fémur, et quelquefois même jusqu'au tibia. » Bibliographie : Dupré. Les sources de la synovie, Paris, 1699. ALBINUS. Acad. annotat., lib. IV, de Musculo subcrurali, p. 27. ISENFLAMM. Anatomische untersuchungen, 1822, p. 64. THEILE. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 300. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1871, p. 282. Kuzæwski. Musc. subcrurales e{ subanconæi (Arch. f. Anat. und Phys., 1869, p. 410). LAUTH, LODER, PLATONOFF, cités par Kulæwski, in Mémoire précédent. MECKEL. Traité d'anatomie comparée, t. VI, p. 404. CHAMPNEYSs. On the Muscles, and Nerves of a Chimpanzee etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1871, p. 197). STRAUSS-DURCKHEIM, Anatomie du chat, t.1I, p. 414. ARTICLE IV ANOMALIES DU MUSCLE TENSEUR DU FASCIA LATA. Ce muscle, situé à la partie externe et supérieure de la cuisse, se détache en haut, non pas seulement de l'épine iliaque MUSCLE TENSEUR DU FASCIA LATA. 645 antéro-supérieure, mais aussi de la lèvre externe de la crête iliaque et surtout de l’échancrure qui sépare les deux épines. Ses faisceaux d'origine se portant en bas et un peu en arrière, s'écartent peu à peu les uns des autres et se terminent, à la hauteur du tiers ou du quart supérieur de la cuisse, sur autant de faisceaux tendineux lesquels, s’entremêlant d'une façon inextricable avec ceux de l’aponévrose fémorale, descendent se fixer sur l'extrémité supérieure du libia, au-dessus du tendon d'origine du jambier antérieur. Les variations anatomiques, peu importantes du reste, pré- sentées par le tenseur du fascia lata, sont les suivantes : $ I. — Duplicité. — J'ai observé deux fois, pendant le der- nier semestre (1882-1883), le dédoublement du tenseur du fascia lata en deux faisceaux. Dans le premier cas, l'interstice _séparatif ne commençait qu'à ? centimètres au-dessous de l'épine iliaque antéro-supérieure. Dans le second cas, les deux faisceaux étaient distincts dans toute leur étendue : le faisceau antérieur se détachait de l’épine iliaque et représentait le mus- cle normal; le faisceau postérieur prenait naissance exclusive- ment sur la crête iliaque et semblait un faisceau surajouté. Macalister a observé, lui aussi, le dédoublement du muscle qui nous occupe. Anatomie comparée. — Cette disposition anormale est due à l'exagération d’un des interstices cellulo-graisseux qui séparent normalement les” faisceaux constitutifs, à direction parallèle, du tenseur fémoral. Elle n’a, en anthropologie zoolo- gique, aucune significalion particulière. Je rappellerai, en passant, que chez leur Troglodytes Aubryi, Graliolet et Alix ont vu le tenseur du fascia lata constitué par dix à douze faisceaux arciformes présentant 3 millimètres de largeur environ et séparés les uns des autres par des interslices d'une largeur égale. SIL. — Faisceaux d'origine surnuméraires. — Je viens de décrire un faisceau surnuméraire z) parti de la crête laque ; 616 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. on en a signalé d'un autre ordre, prenant naissance £) sur le ligament de Fallope, 7) sur l’aponévrose abdominale, au-dessus de la crête iliaque (Macalister). Anatomie comparée. — Le muscle tenseur de l’aponévrose fémorale présente, dans quelques espèces animales, des inser- tions d’origine beaucoup plus étendues que chez l'homme. C'est ainsi que chez plusieurs Carnassiers, chez le chat notamment (Strauss-Durckheim), il s'attache à la crête iliaque dans toute la portion comprise entre l’épine et le grand fessier. Il recouvre tout l'ilion chez le daman (Meckel); il est également très consi- dérable chez le phoque, où il présente des connexions intimes, d’après Meckel, avec le pannicule charnu et le muscle grand oblique de l'abdomen. Ç IT. — Absence. — Je n’en connais qu'une seule obser- vation; elle a été signalée, en 1880, par M. Gruber, dans les Archives de Virchow. Anatomie comparée. — Le tenseur du fascia lata fait défaut, à l’état normal, chez les sarigues et peut-être aussi chez le fourmilier ; il manque aussi, parmi les Lémuriens, chez le Lemur albifrons et chez le Lemur mongos, bien que, dans cette der- nière espèce, il soit remplacé (Meckel) par une bandelette fibreuse. Je l’ai vainement cherché chez mon orang. $ IV. — Union plus ou moins intime avec le grand fessier (Voyez ce muscle, p. 580). Bibliographie : MECKEL. Traité d'Analomie comparée, t. VI, p. 406. MACALISTER. Transact. of the Roy. Irish Academy, 1871. GRATIOLET et ALIx. Jèech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865. p. 189. W. GuiuBer. Vollstændinger Mangel des Musc. tensor fasciæ latæ beim Menschen (Virchow’s Arch., 1881, Bd LXXXVI, $. 25-27). MUSCLE DROIT INTERNE. GA ÿ CHAPITRE Ji Région interne de la cuisse. L'ensemble musculaire qui recouvre la face interne du fémur comprend, chez l’homme, cinq faisceaux distincts. Le plus superficiel et le plus long s'étend de la ceinture thoracique au tibia, c'est le droit interne. Les quatre autres, partant égale- ment du bassin, s'arrêtent au fémur, qu'ils rapprochent de la ligne médiane, ce sont : le pectiné, le moyen adducteur, le court abducteur et le grand adducteur, les trois derniers correspon- dant au deuxième adducteur superficiel et aux deux adducteurs profonds de Cruveilhier, à l’Adductor longus, À. brevis, A. ma- gnus, de Theile. ARTICLE I ANOMALIES DU MUSCLE DROIT INTERNE. Aplati et fort mince, ce muscle se détache, en haut, sur les côtés de la symphyse pubienne, depuis l'épine du pubis jusqu’à la branche ascendante de l'ischion. Ses faisceaux charnus se portent verticalement en bas et se jettent successivement, à partir du milieu de la cuisse, sur un tendon long et grèle, lequel contourne, d’arrière en avant, le condyle interne du fémur, et vient se fixer sur la crête du übia, où il constitue la patte d'oie, avec les tendons inférieurs du demi-tendineux et du couturier. Le muscle droit interne présente des varialions nombreuses, portant sur l'étendue longitudinale de ses insertions pubiennes et conséquemment sur sa largeur. Je l'ai vu, sur un sujet, ne mesurer que deux centimètres et demi de son bord antérieur à son bord postérieur, justifiant très nettement, dans ce cas, la 618 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. dénomination de gréle interne (gracilis), que lui donnent Meckel, Hyrtl, Henle, etc. Ces variations de volume et d’étendue sont à peu près les seules que présente le droit interne; je noterai cependant l'insertion possible de quelques-uns de ses faisceaux soit sur l’aponévrose fémorale, soit sur l'aponévrose jambière, disposi- tion qui est fréquente chez les Singes. Dans la série des Mammifères, le droit interne est générale- ment bien plus développé que chez l’homme: il atteint des proportions considérables chez les Solipèdes, chez l'ornitho- rynque, le fourmilier; il descend, chez l'aï, jusque dans le voisinage de la malléole interne, et, chez le phoque, jusqu'au pied; il s'arrête au contraire sur la rotule chez le cochon (Meckel), où il paraît confondu, dans toute sa portion supé- rieure, avec le grand adducteur. Bibliographie : MECKEL. Traité d'Anatomie comparée, t. VI, p. 395. MACALISTER. Transact. of the Roy. Irish Academy, 1871. HENLE. Anatomie des Menschen, Muskellehre, p. 288. THEILE. Encycl. anatomique, t. III, « Myologie », p. 292. ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE PECTINÉ. C'est une bandelette musculaire mince et aplatie, réunissant le pubis à la portion supérieure de la diaphyse fémorale. Il se détache en haut de l’épine du pubis, de la crête pectinéale et du ligament de Cooper; il se fixe en bas, après un trajet plus ou moins oblique suivant les faisceaux que l’on considère, sur la ligne rugueuse qui s'étend de la ligne âpre au petit trochanter. Quelques-unes de ses fibres les plus élevées peuvent prendre insertion jusque sur la capsule fémorale, comme l'ont vu Har- risson et Macalister. MUSCLE PECTINÉ 619 Les variations anatomiques présentées par le pectiné sont les suivantes : $ I. — Duplicité. — La duplicité du muscle pectiné com- prend deux ordres de faits : +) dans le premier cas, les deux faisceaux constitutifs prennent naissance tous les deux sur un même plan horizontal et sont séparés par un interstice linéaire qui s'étend de la crête pectinéale à un point plus ou moins rapproché de la ligne âpre; 5) dans le deuxième cas, la duplicité résulte de l’adjonction au muscle normal d’un faisceau surnu- méraire situé en arrière et prenant naissance sur la branche horizontale du pubis, un peu au-dessus de l’obturateur externe. Cette dernière variété a été observée par Winslow. Anatomie comparée. — Le pectiné du raton se divise très distinctement, d’après Meckel, en deux chefs : un chef externe plus court, un chef interne plus long. Chez le bœuf, le muscle, simple à son origine, vient s'attacher au fémur par deux faisceaux distincts (Chauveau). Chez le koala et chez l'opossum disséqués par Young, le muscle pectiné s’insère presque entiè- rement, par un chef unique, sur l'angle inféro-externe de los marsupial; mais, comme chez le bœuf, il se bifurque presque immédiatement après en deux faisceaux distincts: ces deux faisceaux se fixent au fémur; l'inférieur atteint la parte moyenne de l'os. Deux faisceaux constituent également le pec- tiné de l’échidné. Voici la description qu’en donne Alix : « L'un d'eux se fixe au tiers externe de la ligne pectinéale, sans adhérer à l'os marsupial ; l’autre se fixe aux deux tiers internes de la ligne pectinéale et à la symphyse pubienne. Ces deux faisceaux se tordent autour du fémur, coiffent le petit trochanter et vont s’insérer sur la face postérieure du fémur jusqu'au troisième trochanter. » Parmi les Primates, j'ai constaté moi-même la présence de deux pectinés chez plusieurs cercopithèques et chez le chim- panzé. Dans cette dernière espèce, les deux faisceaux étaient Juxtaposés, mais séparés, dans toute leur étendue, par un interstice linéaire qui diminuait de largeur au fur et à mesure 620 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. qu'on se rapprochait du fémur. La veine fémorale suivait assez exactement cet interslice; quant à l'artère, elle reposait sur le pectiné externe. SIL. -— Union du pectiné avec le moyen adducteur et quelques autres muscles voisins. J'ai vu, sur deux sujets, un faisceau de fibres charnues se séparer du bord interne du pectiné presque immédiatement après l'origine de ce muscle, et venir se confondre avec le moyen adducteur, dans le voisinage de la ligne âpre. On pourra lire des observations similaires dans les mémoires, plusieurs fois cités déjà, de Wood, de Ban- kart, Pye-Smith et Philips, de Davies-Colley, Taylor et Dalton, de Turner, de Külliker. Dans tous les cas, le moyen adducteur se trouve réellement constitué par deux faisceaux : l’un, qui n'est que le moven adducteur lui-même; l’autre, qui lui vient du pectiné et, par son intermédiaire, de la crête pectinéale. Ce dernier faisceau, comme on le fait remarquer dans plusieurs des observations précitées, croise la face postérieure de l’artère fémorale ; il est spécifié, dans l'observation de Külliker, qu'il recouvrait l'artère fémorale profonde. Macalister a vu, à son tour, le pectiné envoyer, dans un cas, un faisceau de renforcement à l'obturateur externe et recevoir lui-même, dans un deuxième cas, un petit faisceau du muscle iliaque. Ces deux observations ne me sont malheureusement connues que par une mention sommaire. Anatomie comparée. — Le pectiné et le moyen adducteur sont deux faisceaux distincts d'un même système; rien de plus naturel que de les voir s'envoyer l'un à l’autre des faisceaux anastomotiques. Du reste, ces connexions, anormales chez l’homme, se rencontrent normalement, comme le fait remarquer le professeur Wood, chez la marmotte, parmi les Rongeurs; chez le ratel, parmi les Carnassiers, et parmi les Quadrumanes, chez le magot. Miall et Greenwood ,ont vu, chez l'éléphant, le pectiné el le moyen adducteur intimement unis à leur origine pel- vienne. : MUSCLES ADDUCTEURS. 621 Bibliographie : WIiNSLow. Exp. anat., t. I, p. 117. MECKEL. Manuel d'Anat. humaine, t. 11, p. 199. THEILE. Encycl. anat., t. II, « Myologie », p. 286. Woop. Proc. of Royal Society of London, t. XV, p. 241 et 540; et t. XVI, p. 523. ; MACALISTER. Transact. of the Royal Irish Academy, 1871. DAvIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Guy's Hospital Reports, 1872. BANKART, PYE-SMITH et PHILIPS. Jbid., vol. XIV et tirage à part, p. 8. Turner. Notes on the dissection of a Negro (Journ. of Anat. and Phys., t. XIII, p. 380). KOLLIKER et FLESCH. Varietæten Beobachtungen etc., Wurzburg, 1879. CHuDzINsKI. Revue d’Anthropologie, 1882, p. 615. MECKkEL. Traité d'Anatomie comparée, t. VI, p. 378. ALIx. Bull. Soc. Philomathique, 1867, p. 206. YouxG. The musc. Anatomy of the koala (Journ. of Anat. and Phys., Jan. 1882, p. 235). CHAUVEAU. Anatomie comparée des animaux domestiques, p.314. MiaLL et GREENWOOD. The Myology of the Indian Elephant (Journ. of Anat. and Phys., Jan. 1878. p. 280). ARTICLE III ANOMALIES DES TROIS MUSCLES ADDUCTEURS. Les muscles adducteurs de la cuisse constituent un vaste éventail dont les divers faisceaux rayonnent de la colonne ischio-pubienne sur le bord postérieur du fémur ou ligne âpre. Les auteurs d'anatomie classique en décrivent trois chez l'homme qui sont: par ordre de superposition, le premier, le deuxième et le troisième; par ordre de grandeur, le moyen, le petit, le grand. 1° Le premier où moyen adducteur (adductor longus de Theïle) prend naissance en haut sur le corps du pubis, en dedans de l’épine, et vient se fixer en bas sur le tiers moyen de la ligne àpre, à l’aide d’une aponévrose tendineuse que traversent les vaisseaux perforants. 2° Le deuxième ou petit adducteur (add. brevis de Theile), 622 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. situé au-dessus et en arrière du précédent, s’insère, d’une part, sur la face antérieure du corps du pubis, et de sa branche descendante, entre le droit interne et l’obturateur; il vient s'insérer, d'autre part, sur la ligne âpre. 3° Le troisième ou grand adducteur (add. magnus de Theile) se détache en haut de la tubérosité ischiatique ainsi que des deux tiers inférieurs de la branche ischio-pubienne ; ses faisceaux d'origine s’étalent en un vaste triangle dont le bord externe ou bord de terminaison se termine sur la ligne âpre dans toute son étendue et sur cette ligne rugueuse (branche de bifurcation inférieure et interne de la ligne âpre) qui s'étend jusqu’au tubercule du condyle mterne. $ I. — Variations anatomiques des muscles adducteurs chez l’homme. — Les adducteurs fémoraux présentent une fixité remarquable dans leur morphologie, comme dans leurs insertions. Les variations anatomiques observées jusqu'ici peuvent être ramenées à l’un des trois chefs suivants : ° Augmentation numérique des adducteurs, par dédoublement de l'un d’eux (M. ischio-condylien, adductor minimus de Günther, adductor quartus de Diemerbrock), — Ce dédoublement peut porter sur chacun des trois muscles adducleurs : :) — La présence des deux faisceaux juxtaposés au lieu et place du court adducteur à été observée par Macalister (qui à même rencontré trois faisceaux), par Max Flesch et par moi- même. Du reste une pareille disposition est loin d’être rare. M. Sappey décrit comme normale la bifurcation de ce muscle : « Son insertion, dit-il, se fait par de courtes fibres tendineuses ; de celles-ci naît un corps charnu, d’abord très étroit et assez épais, qui se porte en bas, en arrière et en dehors, en s'élar- gissant, s'amincissant el se divisant en deux faisceaux de mêmes dimensions, quelquefois inégaux. Chacun de ces fais- ceaux se termine par de courtes fibres aponévrotiques. Le supé- rieur passe en arrière du petit trochanter pour s'insérer à la branche externe de la ligne âpre, en dedans du tendon du grand fessier. L'inférieur se fixe au quart ou au tiers supérieur MUSCLES ADDUCTEURS. 623 de l'interstice de cette ligne. » Clason va même plus loin et admet non seulement un double faisceau de terminaison, mais encore un double faisceau d'origine : l’un supérieur ou interne, l’autre inférieur ou externe. £) — Le dédoublement du moyen adducteur, déjà signalé en 1825 par Meckel, dans son Manuel d'anatomie humaine, a été rençontré de nouveau par Theile, Macalister et autres anato- mistes. Signalons en passant une observation de Macalister, de laquelle il résulte que ce muscle, qui ne dépasse pas générale- ment le tiers moyen du fémur, peut descendre anormalement jusqu'au genou. Pareillement chez l'unau (Humphry), le moyen adducteur étend ses insertions jusque dans le voisinage du condyle interne. 7) — Mais c'est surtout le grand adducteur qui nous offre des exemples d'isolement complet de quelques-uns de ses fais- ceaux. Nous savons déjà qu’à l'état normal, la masse charnue qui constitue le grand adducteur, assez compacte à son origine ischiatique, se trouve divisée à son insertion fémorale, non seulement par une direction différente des fibres, mais aussi par l’apparilion d’interstices cellulo-graisseux souvent très nets, en trois faisceaux : un faisceau supérieur à direction transver- sale, contournant le petit trochanter pour venir se fixer (Sappey) à la branche externe de la ligne âpre; un faisceau inférieur ou interne à direction verticale, convergeant vers le tubercule du condyle interne; un faisceau moyen enfin à direc- lion oblique s'altachant, entre les deux autres, à toute l'étendue de l'interstice de la ligne âpre. Supposons maintenant que l’un de ces deux interstices séparatifs s’exagère en largeur et surtout en étendue, supposons qu'il remonte jusqu'à l'ischion. l'anomalie sera constiluée : le faisceau supérieur ou le faisceau inférieur sera complètement distrait de la masse ischio-fémorale et formera un muscle nouveau. En fait, cette disposition est relativement fréquente ; il suffit, pour s’en convaincre, de fréquenter pendant quelque temps les salles de dissection. Au faisceau interne, différencié en muscle distinct, je propose de donner le nom de muscle ischio-condylien, 624 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. celte dénomination indiquant très nettement les insertions du muscle et le séparant de tous les autres faisceaux ischio- fémoraux. Le supérieur, ou transversal, est connu depuis longtemps sous le nom d'adductor quartus (Diemerbrock), ou d'adductor minimus (Günther). C’est sous cette dernière déno- mination qu'il est décrit par Henle, dans la dernière édition de son «Handbuch », comme un muscle à part. 2° Diminution numérique des adducteurs par fusion réciproque de leurs faisceaux constitutifs. — Les deux anomalies qui ont été rencontrées dans cet ordre de faits sont : 4) la fusion plus ou moins complète du court abducteur avec le grand adducteur; £) la fusion de ce dernier muscle avec le moyen adducteur, également plus ou moins complète. 3° Union plus ou moins intime des adducteurs avec quelques museles voisins, — J'ai déjà étudié, dans l'article précédent, les connexions souvent intimes qui- unissent le moyen adducteur au pectiné, muscle du même système. On rencontre également, sur quelques sujets, la fusion du carré crural avec les faisceaux supérieurs de la portion transversale du grand adducteur; j'ai déjà signalé cette disposition, à propos du carré crural. $ IL. — Anatomie comparée. — En ne tenant pas compte des connexions que les adducteurs peuvent présenter avec le pectiné et le carré crural, connexions que nous avons déjà étudiées ailleurs, nous voyons les variations anatomiques des adducteurs fémoraux relever d'un double mode de produc- tion, fusion ou dédoublement des faisceaux constitutifs, et aboutir ainsi : dans le premier cas, à une diminution numé- rique ; dans le second, à une augmentation numérique de ces mêmes faisceaux. Ces diverses variétés nous sont surabondam- ment expliquées par les dispositions également variables que présentent les muscles adducteurs fémoraux dans la série des Mammufères. La diminution de nombre nous est offerte par les Ruminants, qui n'ont que deux adducteurs; par l'ornithorynque et par les Makis, qui n’en possèdent également que deux. Je n'ai ren- MUSCLES ADDUCTEURS. 625 contré que deux adducteurs chez l'Ursus americanus; nous ne trouvons même qu'un seul muscle chez les Chauves-souris (Meckel). Quant à l'augmentation de nombre, nous la trouvons dans un grand nombre d’espèces, notamment chez l'ai et chez la plupart des Singes, qui comptent quatre adducteurs, sans compter le pectiné ; chez la marmotte, qui en à cinq; chez le magot enfin, qui, d’après Meckel, en possèderait six. Spécifions maintenant et cherchons à expliquer les cas parti- culiers; même concordance entre la disposition anormale chez l’homme et la disposition normale chez les animaux : «) — Le dédoublement du court adducteur nous est offert par le chimpanzé de Champneys, dont le muscle élait divisé en deux parties par le nerf obturateur. G) — Le dédoublement du moyen adducteur existe normale- ment chez l'ai et chez le pangolin, dont on pourra lire la description dans l'important mémoire, déjà si souvent cité, du professeur Humphry. 7) — La présence d’un faisceau ischio-condylien {condyloïdeus adductor de Bischoff) entièrement différencié, se rencontre dans presque toutes les espèces simiennes : Meckel signale ce muscle chez le coaïla, Champneys le décrit chez le Troglodytes niger, Macalister chez le gorille, Bischoff chez le gibbon et un gran nombre d'autres singes : « Chez le chimpanzé, dit le savant anatomiste de Munich, chez le gibbon et tous les autres singes que j ai examinés Jusqu'à l'hapale, la masse des adduc- teurs se partage en cinq groupes, -attendu qu'aux muscles déjà cités (pectiné et les trois adducteurs) vient s'ajouter un corps musculaire volumineux, se détachant, par division, du bord inférieur du grand adducteur. Cette portion, qui représente un muscle spécial, naît de la partie inférieure de la branche ascendante de l'ischion et vient se terminer sur le condyle interne du fémur. » J'ai observé moi-même le muscle ischio-condylien chez plusieurs cercopithèques, chez le chimpanzé et chez l'orang. Dans cetle dernière espèce notamment, il était complètement distinct des autres faisceaux de l’adducteur. LÀ - 626 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Bibliographie : MECKEL. Manuel d'Anatomie humaine, trad. Jourdan et Breschet, 1825, p. 198. THEILE. Encycl. anat., vol. III, « Myologie », p. 287. SAppEY. Traité d'anatomie descriptive, t. II, p. 407. HYrTL. Trattato di Anatomia dell? uomo, trad. ital., p. 407. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, p. 288. GünrHER. Chirurg. Muskellehre, $. 159. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. DIEMERBROCK, WEBER, cités par Macalister, in Mémoire précédent. KÜLLIKER et FLESCH. Varietæten Beobachtungen, etc., Wurzburg, 1879. CaupziNski. levue d’Anthropologie, t. II, p. 36. CLason. Ueber den Musc. adductor brevis und magnus beim Menschen (Upsala Lœkarefüren Fôrh., 1872, VII, 6, p. 599). MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 376. SABATIER. Comparuison des ceintures et des membres, 1880, p. 230. CHaMmpneys. On the Muscles and Nerves of a Ghimpanzee and a Cynoce- phalus anubis (Journ. of Anat. a. Phys., nov. 1871, p. 197). Humpary. The Myology of the limbs of the unau, fhe aï, etc. (Journ. of Anat, a. Phys., Nov. 1869, p. 53). BiscHorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, 1870, et Anatomie des Gorilla, 1880, München, MACALISTER, Cité par Bischoff, in Mémoire précédent. TESTUT. Système locomoteur de l’'Ursus americanus (en préparation). CHAPITRE IV Région postérieure de la cuisse. Trois muscles, insérés tous les trois sur la tubérosité ischia- tique, constituent cette région chez l'homme. De ces trois muscles, deux se portent en dedans sur la partie interne de l'extrémité supérieure du tibia, ce sont le demi-tendineux et le demi-membraneux : le troisième se porte en dehors vers la tête du péroné, c’est le biceps crural, ainsi appelé parce qu'il reçoit un faisceau de renforcement, parti de la ligne âpre. Les variations anatomiques de ces muscles seront étudiées dans deux articles distincts; je résumerai, dans un troisième MUSCLE BICEPS CRUPAL. 627 article, les notions anatomiques relatives aux faisceaux surnu- méraires tenseurs de l'aponévrose jambière. ARTICLE I ANOMALIES DU BICEPS CRURAL OU FLÉCHISSEUR PÉRONIER DE LA JAMBE. Comme son nom l'indique, le muscle biceps crural est formé par deux faisceaux, toujours distincts à leur origine. Le pre- mier où longue portion se détache de la partie la plus externe et la plus élevée de la tubérosité ischiatique, en dehors du demi-tendineux, avec lequel il est toujours plus ou moins fusionné à ce niveau. Le second ou courte portion prend nais- sance sur la cloison intermusculaire externe et sur la portion inférieure de linterslice de la ligne âpre. Les faisceaux charnus de ces deux portions se jettent sur un tendon commun long et cylindrique, lequel se dirigeant vers le péroné vient se terminer à la fois sur la tête de cet os, sur la tubérosité externe du tibia et sur l’aponévrose jambière. J'ai vu, en 1880, sur le côté gauche d’un sujet, la longue portion du biceps interrompue par une intersection aponévro- tique située à la réunion du tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs du muscle. Elle n’était bien marquée que sur sa face postérieure; la plupart des faisceaux antérieurs se rendaient en effet, sans interruption, de l’ischion au péroné. Les variations anatomiques que présentent, chez l'homme, l’un et l'autre faisceau du biceps crural sont fort nombreuses et offrent, au point de vue spécial qui nous occupe, un grand intérêt. Ce muscle contraste ainsi avec les muscles, déjà étudiés, des autres régions crurales qui sont vraiment remar- quables par leur fixité. SI. — Indépendance anatomique des deux portions du muscle. — La fusion intime sur un tendon commun de la longue et de la courte portion du biceps est une disposition à peu près constante dans l’espèce humaine. Macalister à 628 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. cependant noté l'indépendance des deux chefs jusque dans le voisinage de l'insertion péronière; dans un cas, dont j'em- prunte encore la mention au savant analomiste de Dublin, les deux chefs du biceps étaient complètement séparés l'un de l’autre par l’interposition du ligament latéral externe de l’arti- culalion du genou. Analomie comparée. — Cette indépendance anatomique des deux portions constitutives du muscle biceps s’observe norma- lement chez l’aï, chez le fourmilier et dans quelques espèces simiennes. Elle a été constatée par Duvernoy chez le gorille où la longue portion s’altache au tibia, tandis que la courte portion vient se perdre à la fois sur le péroné et sur l’aponé- vrose jambière; elle est regardée par Bischoff, comme caracté- ristique de l’orang. J'ai observé moi-même chez le chimpanzé un isolement complet des faisceaux postérieurs de la courte portion du biceps crural, les faisceaux antérieurs seuls se terminant sur le tendon de la longue portion. Champneys, chez son sujet, a rencontré une disposition analogue : comme dans le gorille de Duvernoy, le tendon de la longue portion se portait sur la tubérosité antérieure du tibia et sur l’aponévrose qui recouvre la face externe de l'articulation du genou; quant au tendon de la courte portion, il croisait le tendon précédent et s’attachait à la tête du péroné, en envoyant une forte expansion à l'aponé- vrose de la jambe. S II. — Division de la courte portion en plusieurs fais- ceaux. — Une pareille disposition est encore signalée par le professeur Macalister, mais dans des termes tellement som- maires, que je dois me borner ici à cette simple mention. Anatomie comparée. — Tai déjà dit tout à l'heure que, chez mon chimpanzé, les faisceaux inférieurs ou postérieurs de la courte portion se séparaient nettement des autres faisceaux placés en avant ou au-dessus. Chez le Troglodytes Aubryi, dis- séqué par Gratiolet et Alix, la division devait être bien plus marquée encore, puisque ces deux anatomistes ont décrit deux plans distinets : un: plan superficiel et un plan profond dont les MUSCLE BICEPS CRURAL. 629 fibres postérieures fixées à l’aponévrose jambière pouvaient agir jusque sur le calcanéum. L'observation précitée de Maca- lister élait-elle relative à un cas de ce genre? S II. — Absence de la courte portion. — L'absence des faisceaux fémoro-péroniers du muscle biceps a été mentionnée depuis déjà longtemps par Otto, par Meckel, par Budge et par Theile. Tout récemment (1881), Knott en a signalé deux nouveaux faits rencontrés par lui dans les salles de dissection du Royal College of Surgeons de Dublin. Anatomie comparée. — Une pareille disposition, excessive- ment rare chez l’homme, existe normalement chez le plus grand nombre des Mammifères, comme on peut s’en convaincre en feuilletant les Traités classiques d'anatomie comparée de Meckel et de Cuvier. Parmi les Primates, les Anthropoïdes sont les seuls pour ainsi dire à présenter le faisceau fémoral du muscle biceps; on l'observe bien encore chez le coaïta, mais il fait entièrement défaut chez les Makis, le Cercopithecus sabœus. le Cynocephalus anubis, le Cynocephalus maimon. le Pithecia hrsuta, le Macacus cynomolqus, le Hapale penicillata, etc. S IV. — Faisceaux d’origine surnuméraires partant du fémur. — Gruber a rencontré un faisceau d'origine accessoire provenant du condyle, et je trouve dans le tome V des Archives de Meckel la mention d’un nouveau chef accessoire détaché de la partie supérieure de la ligne âpre. Tout récemment, le professeur Giacomini a observé sur un nègre un faisceau surnuméraire prenant naissance sur la ligne rugueuse qui réunit le grand trochanter à la ligne âpre et venant se réunir avec la courte portion du biceps. Cette ano- malie se trouvait sur le côté gauche du sujet; elle faisait défaut à droite, mais la courte portion du biceps y était plus dévelop- pée qu'elle ne l'est d'ordinaire. Je signalerai comme un fait de même ordre, le renforcement de la courte portion du biceps par un faisceau provenant du vaste externe et par son intermédiaire de la ligne âpre, où le vaste externe vient prendre naissance. 630 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Je crois devoir placer enfin à côté des faits précédents l'observation de Henle, relative également à un troisième chef du biceps crural qui prenait naissance sur le fascia lata, dans le voisinage de l'extrémité supérieure de la ligne àpre. Anatomie comparée. — Les deux premières observations s'expliquent, selon nous, par l'extension de la courte portion du biceps chez quelques Mammifères, soit au-dessus, soit au-dessous de la zone ordinaire d'insertion de ce même muscle chez l'homme. Chez le chimpanzé, j'ai vu les faisceaux fémo- raux du biceps prendre insertion jusque sur le condyle; et, d'autre part, chez le pangolin et chez l'aï (Humpbhry), ces mêmes faisceaux, détachés de la portion supérieure de la ligne âpre, remontent jusqu'au grand trochanter. Quant au faisceau de Henle inséré sur l’aponévrose fémorale, il ne saurait nous arrêter longtemps, les faisceaux les plus élevés de la courte portion du biceps tirant leur origine, à l’état normal, de la cloison intermusculaire, qui n’est elle-même qu'une dépendance de l’aponérose fémorale. $ V. — Faisceaux d'origine surnuméraires partant du bas- sin (F. ilio-péroniers, f. coccy-péroniers). — J'ai observé chez un nègre un faisceau surnuméraire de forme triangulaire qui partait du coccyx pour aller grossir la masse commune du biceps et du demi-tendineux. Peu distinct à son origine du muscle grand fessier, dont il m'a été cependant facile de lisoler par une dissection minutieuse, il s’en séparait bientôt, deve- nait plus profond, contournait la tubérosité ischiatique et finalement venait se perdre dans la masse musculaire qui forine le biceps. Ce dernier muscle possédait ainsi une double origine pelvienne : la première ischiatique (normale), la deuxième coccygienne (surnuméraire). Je n’ai trouvé dans la littérature anatomique aucune observa- tion identique, mais il en existe deux qui s’en rapprochent beau- coup, au point de vue morphologique, et qui portent en elles une signification absolument semblable. La première, rapportée par Macalister, est relative à un faisceau du biceps crural qui, MUSCLE BICEPS CRURAL. 631 dépassant en haut la tubérosité ischiatique, se portait vers la colonne sacro- Net) eue. 20, 3e, 4e, 5€ — 1er, 3e, 40 — — — (Eestut).:.0e 20, 50 — ‘ler, 3e, 4 — Macacus cynomolqus (Bischoff)..... 2e, 5e — 1er, 30, 4 — Pithecia hirsuta (Bischoff)......... 2e, 5e — 1er, 3,4 — Hapale penicellata (Biscoff)....... 2e, 5e — 1er, 8e, 4e — A tele (Meckel) 0e. Rte PEER 2e, 3e, 40, 50 — ler, 39, 4 — $ IV. — Faisceau additionnel envoyé par le fléchisseur tibial au fléchisseur péronier. — Nous venons d'étudier l'anas- tomose que le fléchisseur péronier envoie au fléchisseur tibial. Vice versa, le fléchisseur commun ou tibial peut envoyer au tendon du fléchisseur propre un faisceau de renforcement plus ou moins développé. Il existe ainsi, dans ce cas, entre les ten- dons des deux longs fléchisseurs, un double système d'anasto- moses, s’entrecroisant en X et tendant à enlever d’une façon plus complète encore aux deux muscles, leur mdépendance soit anatomique, soit fonctionnelle. Cette deuxième anastomose, signalée du reste par la plupart des anatomistes, est loin d'être rare; elle a été observée par Turner 9 fois sur 50 sujets, par Wood 6 fois sur 36 sujets, par Schultze 29 fois sur 1400 sujets. En réunissant ces diverses statistiques, nous arrivons au MUSCLES LONGS FLÉCHISSEURS DES ORTEILS. 681 chiffre de 25, comme représentant la proportion centésimale de l'anomalie. Anatomie comparée. — Cette disposition se rencontre norma- lement chez un grand nombre de Singes, notamment chez le gibbon, le cynocéphale (Bischoff, Champneys), les Cercopithè- ques (Testut), etc. $ V. — Indépendance anatomique de quelques faisceaux du fléchisseur tibial. —— Comme nous l'avons déjà observé pour les fléchisseurs des doigts de la main, une différenciation plus profonde que celle que nous constatons d'habitude peut isoler entièrement du Pronato-flexor mass quelque faisceau fléchisseur, spécialement destiné à l’un des orteils. C’est ainsi que Banhsen rapporte l'observation d'un fléchisseur propre du 2° orteil, détaché de la face postérieure du tibia, et Bartholin celle d'un long fléchisseur du petit orteil inséré également sur l'os interne de la jambe. Bibliographie : BARTHOLIN, Cité par Diemerbroeck, Anat., p. 465. MECKEL. Anatomie descriptive de l’homme, trad. Jourdan, t. IT, p. 216. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. Woop. Proc. of the Royal Society of London, t. XV, p. 539, t. XVI, p. 517 et 523. TurNER. On variability in human structure with illustrations from the flexor muscles of the fingers and toes (Transact. of the Roy. Soc. of Edinburgh, vol. XXIV, 1865.) (Voir dans ce Mémoire la bibliographie des observations anciennes). BAHNSEN. Henle und Pfeufer's Zeitschrift, XXXI, p. 32. BERGMANN. Handschriftliche Notiz, cité par Henle, p. 313. HENLE. Muskellehre, zwWeite Auflæge, 1871, p. 311. THeiLe. Encyclopédie anatomique, vol. IT, « Myologie », p. 318. BaNKART, PYE-SMITH et PHiLips. Guy's Hosp. Reports, vol. XIV, et tirage à part, p. 8. SMITH, HOWSE et DAVIES-COLLEY. Zbid., 1870. EMBLETON. Journ., of Anat. and Phys., t. VI, p. 216. T. EILHARDT SCHULTZE. Stebold u. Kôlliker's Zeitschrift [. Wiss. Zool., VOl-XVIT pr 1e GiEs. Der flexor digitorum pedis communis lonqus und seine Varietæten, (Reichert u. Du Bois-Reymond's Arch., 1868, p. 236). 682 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME, CaupziNskI. Rev. d'Anth., t. III; p. 41, et 1882, p. 628. SCHEPHERD. Journ. of Anat. and Physiol., t. XV, p. 293. TurNER. Dissect. of a second Negro (Jbid., p. 245). HuwpHRy. British med. journal., 1873, II, p. 79; et Observations in Myo- __ doyy, 1871. KOLLIKER. Varielæten Beobachtungen, etc., Wurzburg, 1879. BRoCA. Discussion sur le Transformisme (Bull. Soc. d'Anthr., 1869, p. 323). ALIX. Zbid., p. 560. GRATIOLET. L'Institut, 1855, p. 883. MECKEL. Traité d’ Hu comparée, t. VI, p. 440. HumPaRy. On Myology of the limbs of are (Journ. of Anat. and Phys., May 1869, p. 315). Humrary. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Ibid., Nov. 1869, p. 62). MIALL et GREENWOOD. The Anat. of the Indian Elephant (/bid., Jan. 1878, p. 285). YouNG. The musc. Anat. of the koala (Jbid., Jan. 1882, p. 237). CHAMPXEYS. On the Muscles and Nerves of a Chimpanzee, etc. (Ibid., Nov. 1871, p. 201). Duverxoy. Les grands Singes pseudo-anthropomorphes, 1855, p. 110. GRATIOLET et ALIX. lèech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865, p. 202. HümpHRY. On some points in the Anat. of the Ghimpanzee (Journ. of Anat. and Phys., 1867, p. 266). CHURCH. Nat. hist. rew., Jan. 1862. CHAPMANN. Proc. of the Acad. of nat, Sc. of Philadelphia, 1878, p. 385. MACALISTER. Proc. Roy. Irish Acad., X; and Ann. and Mag. of Nat. Hist., May 1871. BiscHorr. Anat. des Hylobates leuciscus, 1871; et Anat. des Gorilla, 1879. München. (Voir en outre la Bibliographie des autres muscles fléchisseurs.) ARTICLE VI ANOMALIES DU MUSCLE COURT FLÉCHISSEUR DES ORTEILS OU COURT FLÉCHISSEUR PLANTAIRE. Le court fléchisseur plantaire, que l’on désigne encore sous le nom de fléchisseur commun superficiel ou de fléchisseur com- mun perforé, est l’homologue du fléchisseur commun superficiel de l'avant-bras. Il se détache du calcanéum chez l’homme, mais on le voit remonter à la jambe et même au fémur dans quel- MUSCLE COURT FLÉCHISSEUR DES ORTEILS. 683 ques espèces animales, tout comme nous avons vu au membre thoracique, le fléchisseur superficiel descendre parfois, en tota- lité ou en partie, jusqu'au carpe. L'insertion postérieure du fléchisseur plantaire se fait sur la tubérosité interne du calcanéum et aussi sur la face profonde de l’aponévrose plantaire, qui, pour cette raison, lui adhère intimement. Ce muscle se divise sur le métatarse en quatre faisceaux charnus, qui ne tardent pas à se jeter sur quatre tendons, généralement fort grêles. Ces quatre tendons se por- tent en avant, vers les quatre doigts externes. Chacun d'eux, au niveau de l'articulation mélatarso-phalangienne, présente une boutonnière, à travers laquelle pénètre le tendon cor- respondant du long fléchisseur ou fléchisseur perforant, et finalement vient se fixer sur l'extrémité postérieure de la deuxième phalange. Kelly a vu le 2° orteil recevoir un double tendon. J'ai rencontré sur ce muscle des variations anatomiques fort nombreuses; mes observations propres et celles que j'ai recueil- lies dans les auteurs peuvent trouver place dans les trois para- graphes suivants : SI. — Tendons non perforés. Je n'ai observé cette anomalie que pour le tendon qui se rend au 5° orteil; je la trouve signalée également par Macalister, Turner, Wood. Dans les cas de non perforation au tendon superficiel, le tendon correspondant du fléchisseur profond ou bien se réunit à lui, ou bien se porte directement sur la phalange onguéale. Anatomie comparée. — Cette disposition s’observe normale- ment chez l'aï, d’après Meckel. Le même anatomiste a trouvé également imperforé, chez l'hyène, le tendon que le fléchisseur plantaire envoie au 2° orteil. SI. — Union du fléchisssur plantaire avec le long fléchis- seur. Elle peut se faire de deux façons différentes, par les tendons, par les corps charnus : 4) —- Les deux tendons perforant et perforé d’un même doigt 684 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. peuvent se réunir et présenter une insertion commune pour les phalanges. B) — Quelques faisceaux charnus du fléchisseur plantaire peu- vent prendre naissance, non pas sur le calcanéum et l'aponévrose plantaire, mais bien sur les tendons du fléchisseur perforant. Anatomie comparée. — Une pareille disposition dénote dans les deux fléchisseurs une tendance à se fusionner. Cette fusion, accidentelle et partielle chez l'homme, se rencontre normale- ment et à un degré bien plus avancé dans quelques espèces animales, notamment chez le koala (Young), où le fléchisseur perforé n’est qu'une portion différenciée du fléchisseur de la jambe, et chez les Sarigues (Meckel), où les fléchisseurs perforés émanent des fléchisseurs profonds. S IT. — Absence de quelques-uns des faisceaux du fléchis- seur perforé; suppléance de ces derniers par des faisceaux détachés du fléchisseur perforant ou de l’accessoire. — Le faisceau destiné au 5° orteil fait quelquefois défaut et le court fléchisseur plantaire se trouve alors réduit à trois corps musculaires et trois tendons. Très fréquemment, dans ces cas, le faisceau absent se trouve remplacé par un petit faisceau musculaire, lequel prend naissance sur la face inférieure des tendons du long fléchisseur, en se confondant parfois plus ou moins avec les faisceaux charnus de l'accessoire. Dans un cas, rapporté par Macalister, le faisceau suppléant se détachait de la cloison intermusculaire externe ainsi que du fléchisseur ; et, dans une observation de Wood, il prenait naissance sur le cal- canéum, au-dessous des faisceaux d'origine du fléchisseur plan- taire. Quoi qu'il en soit, le tendon qui fait suite au corps charnu se dirige vers le 5° orteil et se comporte ultérieurement comme le quatrième tendon ou tendon externe du court fléchisseur plantaire. L'anomalie, comme on le voit, n'est donc souvent qu'un simple déplacement du fléchisseur perforé du 5° orteil; ce faisceau n’est pas absent, mais isolé de la masse du fléchis- seur plantaire et inséré plus bas que ce dernier muscle. MUSCLE COURT FLÉCHISSEUR DES ORTEILS. 685 Du reste, le petit muscle suppléant se détache du tendon du fléchisseur commun, soit directement par des fibres charnues, soit à l’aide d’un tendon plus ou moins long. Turner a rencontré 5 fois sur 50 sujets la disposition que je viens de décrire : trois fois le tendon superficiel du 5° orteil se bifurquait pour laisser passer le tendon correspondant du fléchisseur perforant; deux fois il était imperforé et se fixait sur la phalange, à côté de ce dernier. Le professeur Wood, sur 34 sujets qu'il a examinés dans les salles de dissection de King's College, pendant le semes- tre 1866-1867, a noté l'absence du faisceau destiné au petit orteil sur 7 sujets. Dans une nouvelle série de 102 sujets (68 hommes et 34 femmes), examinés pendant le semestre suivant, il a rencontré la même anomalie 45 fois : 5 fois sur les femmes (4 fois des deux côtés, 4 fois du côté droit seule- ment) et 10 fois sur les hommes (6 fois des deux côtés, 3 fois à droite et À fois à gauche). En réunissant ces diverses statistiques, on arrive au chiffre de 13 pour 100, comme représentant la fréquence de l’ano- malie. Sur le pied gauche d'un sujet que j'ai disséqué en novem- bre 1880, j'ai vu le fléchisseur plantaire fournir trois tendons seulement pour les 2°, 3° et 4° orteils. Tous les trois étaient perforés par les tendons correspondants du fléchisseur tibial. Sur le tendon de ce dernier se trouvait un pelit muscle surnumé- raire, lequel donnait naissance à deux tendons : l’un, l’interne, venait renforcer le tendon perforé du #° orteil ; l’autre, l’externe, se portait vers le 5° orteil et se fusionnait avec le tendon perforant de ce dernier orteil. Le tendon perforé du #° orteil provenait donc, sur ce sujet, de deux corps musculaires distincts. Sur un deuxième sujet, dont le fléchisseur plantaire ne four- nissait également que trois tendons perforés pour les 2°, 3° et 4° orteils, le fléchisseur perforé du cinquième naissait par deux faisceaux dislinets : le premier, affectant une disposition fusi- forme, se délachait de la face inférieure du tendon du fléchis- 686 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. seur tibial au moment de sa bifurcation ; le second élait constitué par les fibres les plus externes de l'accessoire, très déve- loppé sur ce sujet. Les deux faisceaux se réunissaient, à la partie moyenne du métatarse, sur un tendon commun, lequel venait se fixer à la deuxième phalange du petit orteil, après s'être laissé perforer par le quatrième tendon du fléchis- seur tibial. Analomie comparée. — Ici encore distinguons deux cas : «) le faisceau perforé du 5° orteil fait défaut et n'est pas sup- pléé. On trouve une pareille disposition dans certaines espèces simiennes; je l'ai rencontrée, pour ma part, chez quelques cercopithèques. Je.la trouve encore signalée par Meckel, chez le castor, où le court fléchisseur plantaire provient, comme chez l’homme, du calcanéum, mais ne fournit des tendons qu'aux trois orteils du milieu. On sait qu'il est des espèces où le fléchisseur plantaire disparaît complètement. £) Le faisceau perforé du 5° orteil faisant défaut est suppléé par un petit muscle détaché du tendon du fléchisseur perforant. C’est encore là une disposition simienne au premier chef. Chez tous les Singes, en général, le court fléchisseur plantaire est beaucoup plus réduit que chez l’homme ; c’est ainsi qu'il ne four- nit qu'un seul tendon chez le gorille et l'orang, deux tendons chez le gibbon, le Cercopithecus sabœus, le Cynocephalus mai- mon, le Hapale penicillala (Bischoff). Mais pour ne pas provenir du calcanéum, les tendons perforés des doigts qui ne sont pas desservis par le fléchisseur plantaire (les doigts externes en général) n’en existent pas moins. Ils proviennent d’un petit appareil musculaire spécial qui prend naissance sur les tendons externes du long fléchisseur, ou sur le tendon de ce dernier muscle avant sa division. Voici tout d’abord, d’après Gratiolet et Alix, la disposition que nous présente le Troglodytes Aubryi : «Les fléchisseurs perforés des orteils viennent de trois origines différentes. Ceux du 2° et du 3° doigt sont fournis par une masse muscu- laire indépendante, insérés sur l’'apophyse du calcanéum et sur l'aponévrose plantaire, à la manière du court fléchisseur des MUSCLE COURT FLÉCHISSEUR DES ORTEILS. 687 orteils chez l’homme; le tendon du 3° doigt recoit un faisceau musculaire accessoire, émané de la face superficielle du tendon du fléchisseur tibial, avant sa division. Le fléchisseur superficiel du 4° doigt est fourni par une masse charnue qui s’insère, en arrière de ce dernier faisceau, sur presque toute la partie tar- sienne du fléchisseur tibial e in’est séparé que par un très petit espace du corps même du muscle. Enfin le fléchisseur super- ficiel du 5° doigt consiste en un petit corps charnu, inséré tout entier sur le tendon profond de ce doigt. Ce corps charnu pro- duit un tendon très grêle, qui, vers le milieu de la première phalange, passe au côté interne du tendon profond et va tapisser le fond de la gouttière, dans laquelle glisse celui-ci dans son passage sous la seconde phalange, de sorte que ce tendon n’a qu'une division et n’est pas perforé. » Chez mon chimpanzé, le fléchisseur plantaire, plus réduit qu'ilne l’est d'habitude, fournissait un tendon unique au médius ; il était perforé et se trouvait renforcé, à # millimètres en avant de son origine, par un pelit faisceau musculaire qui s'échappait du 2° lombrical. Je n'ai trouvé aucun vestige du pelit appareil surajouté que je viens de décrire ci-dessus, d'après Alix. L'orang me l’a offert, au contraire, dans sa plus grande netteté : le court fiéchisseur plantaire fournissait les deux tendons perforés du 2° et du 3° doigt, comme chez le Troglodytes Aubryi. Le tendon perforé du #° orteil se détachait directement du tendon du fléchisseur tibial, sans intermédiaire de corps musculaire. Quant au tendon perforé du 5°, il faisait suile à un petit muscle spécial, lequel prenait naissance sur la face inférieure du calcanéum, en avant de l’adducteur du petit orteil. Bischo®, donnant une description générale des fléchisseurs des orteils, signale lui aussi cette suppléance partielle du flé- chisseur plantaire pour le fléchisseur tibial. «Les orteils, dit-il, auxquels le court fléchisseur commun ne fournit aucun tendon perforé, reçoivent ces tendons d’une masse charnue qui recou- vre la face inférieure du tendon non encore divisé, mais déjà élargi du long fléchisseur commun. Il faut encore mentionner 688 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. que, chez le gorilleetle gibbon, il ne se détache, pour le 5° orteil, qu'un tendon fort grêle du tendon du long fléchisseur, lequel n'est point perforé et s'insère tout simplement à la deuxième phalange. » Comme on le voit, toutes nos dispositions anormales consta- tées chez l'homme, se retrouvent normalement dans les difré- rentes espèces simiennes. Bibliographie : MECKEL, THEILE, HENLE. Loc. cit. MaCaALISsTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. KeLLy, cité par Macalister, ir Mémoire précédent. Woop. Proc. of the Roy. Society of London, t. XIV, p. 389, t. XV, p. 538, ett. XVI, p. 521. DAVvIES-CoLLEY, TAYLOR et DALTCN. Guy’s Hospital Reports, 1872. Turner. Transact. of the Roy. Soc. of Edinburgh, vol. XXIV, 1865. Aix. Discussion sur le Transformisme (Bull. Soc. d'Anthr., 1869, p. 560). Curxow. Journ. of Anat. and Phys., t. VII, p. 308. Caupzinski. lèevue d’Anthropologie, t. III, 1874, p. 40. TEsTuT. Myologie de l’orang (en préparation). MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 448. YounNG. The muscular Anatomy of the koala (Journ. of Anat. and Phys., Jan. 1882, p. 237). GRATIOLET et ALIX. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865, p. 203. BiscHorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, 1871, et Anatomie des Gorilla, 1879, München. (Voir en outre la Bibliographie des autres muscles fléchisseurs.) ARTICLE VII ANOMALIES DU MUSCLE ACCESSOIRE DU LONG FLÉCHISSEUR. En abordant la région plantaire, le fléchisseur tibial des orteils recoit, sur son côté externe, une lame musculaire qui se détache du calcanéum et qu'on appelle généralement l'accessoire du long fléchisseur commun des orteils. En anatomie compa- rée, on la désigne plulôt sous le nom de chair carrée, caro quadrata de Sylvius. MUSCLE ACCESSOIRE DU LONG FLÉCHISSEUR. 689 Cette formation musculaire se compose de deux faisceaux souvent {rès-distincts : l'un (faisceau interne) se détache dans le voisinage de la face interne du calcanéum, tout près de la tubérosité interne de l'os; l’autre (faisceau externe), prend nais- sance dans le voisinage de la tubérosilé externe et se trouve plus ou moins recouvert par l’abducteur du 5° orteil. Ces deux faisceaux se portant l'un et l’autre en avant et en dedans, ne tardent pas à se réunir et à se fusionner ; ils viennent se termi- ner soit sur le tendon du fléchisseur tibial, soit sur ses branches de bifurcation. Ce mode de terminaison est des plus variables chez l’homme, comme chez les animaux : 1l n'est pas rare de voir la chair carrée envoyer quelques faisceaux au tendon du fléchisseur péro- nier ou à l’anastomose qui réunit ce tendon au tendon du flé- chisseur tibial. On le voit aussi contracter des connexions plus ou moins intimes avec le groupe des lombricaux, ou même ervoyer des faisceaux de renforcement, charnus ou tendineux, au court fléchisseur plantaire. Nous l'avons vu enfin, dans l’ar- ticle précédent, fournir en totalité ou en partie le muscle per- foré du 5° orteil. En dehors de ces variations, portant sur l'extrémité termi- nale de la chair carrée, cette formation musculaire présente deux groupes d'anomalies des plus intéressantes : $ I. — Absence de l’un ou l’autre des deux faisceaux d’ori- gine de la chair carrée; absence totale du muscle. — Le fais- ceau d'origine externe du fléchisseur accessoire est parfois réduit à quelques fibres charnues; enfin, il peut manquer sur certains sujets. Cette absence, signalée depuis déjà longtemps par Theile, est loin d’être rare. Je l'ai observée, pour ma part, sur quatre sujets durant le dernier semestre (1882-1883). La chair carrée peut diminuer beaucoup de volume; je l'ai vue, deux fois, réduite à un faisceau minuscule détaché de la tubérosité interne et venant se perdre en partie sur le tendon du fléchisseur übial, à l’aide de filaments tendineux tres grèles, en partie aussi dans le corps cellulaire ambiant. Wood à ren- 44 690 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. contré, lui aussi, un fléchisseur accessoire transformé presque entièrement en un pelit cordon fibreux. L'absence complète du muscle a été constatée par Chudzinski sur un Annamite; dans une observation de Bradley, le fléchis- seur accessoire absent était remplacé par un abducleur du 5° mélatarsien, muscle qui existe normalement chez les Singes. Anatomie comparée. — Le faisceau d'origine externe de la chair carrée fait défaut chez les Anthropoïdes qui possèdent ce muscle, chez la plupart des chimpanzés par exemple. Chezle chimpanzé, disséqué par Champneys, le fléchisseur accessoire ne possédait qu'un seul faisceau détaché de la tubérosité interne; sur mon sujet, le même muscle était représenté par une petite bandelette charnue qui, se détachant de la face interne du calcanéum, se portait en avant et venait se perdre sur la gaine des longs fléchisseurs. Humphry a vu, lui aussi, ce mus- cle se perdre, non pas sur le tendon du long fléchisseur, mais dans le tissu cellulaire qui l'entoure. | L'absence complète de la chair carrée a été constatée chez un grand nombre de singes anthropoïdes, notamment sur les gorilles disséqués par Duvernoy, Chapmann, Bischoff ; sur le gibbon de Bischoff, sur un orang de Humphry, sur les chimpan- zés de Bischoff, de Rolleston, d'Embleton. Je n’en ai trouvé aucune trace chez mon orang. $ IL. — Faisceau d’origine partant de la jambe (Long acces- soire du long fléchisseur, accessorius ad accessorium de Turner, peroneo-calcaneus internus de Macalister, pronator pedis, acces- sorius secundus de Humphry). — C'est un faisceau charnu. surnuméraire, très variable en volume et en étendue, mais caractérisé par ces deux conditions : æ) — Qu'il prend naissance à la jambe ; B) — Qu'il se fusionne avec l'accessoire plantaire ou se termine avec lui sur les tendons du long fléchisseur. ° Signification et anatomie comparée, — Nous avons déjà fait remarquer plus haut que la masse musculaire qui s'étale à la face postérieure de la jambe présentait, chez les Hammufères MUSCLE ACCESSOIRE DU LONG FLÉCHISSEUR. 691 supérieurs, un degré de différenciation qu’on chercherait vaine- ment chez les Vertébrés inférieurs, les Reptiles et les Batraciens par exemple. Chez les Cryplobranches en particulier (je choisis ce groupe zoologique parce que sa myologie nous est parfaitement connue depuis le mémoire de Humphry), cette masse musculaire nous présente : «) une couche superficielle, homologue de notre tri- ceps sural, de notre plantaire grêle et de notre fléchisseur com- mun superficiel ; Z) une couche profonde, divisée en trois por- tions; la première représente le poplité (pronator tibiæ de Hum- phry); la seconde, le fléchisseur tibial ou fléchisseur commun des orteils; la troisième enfin constitue ce que Humphry a désigné sous le nom de pronator pedis. Ge muscle pronator pedis se détache, par quelques fibres, du condyle externe du fémur, et, par la plus grande partie de ses faisceaux, du péroné et de la portion postérieure du tarse. D'autre part, ce corps mus- culaire représente le tibial postérieur et ces deux portions du fléchisseur commun que nous appelons, en anatomie humaine, le long fléchisseur du pouce et l'accessoire. Chez les Cryptobranches, l'accessoire du long fléchisseur 1° remonte à la jambe, 2° est intimement lié au tibial posté- rieur et au fléchisseur péronier. Chez les Mammifères, par suite du développement du calcanéum et aussi par suite d’une diffé- renciation plus prononcée du Pronato-flexor mass, le fléchisseur accessoire est descendu définitivement sur les os postérieurs du tarse. Mais il peut remonter à la jambe, par un phénomène de reversion (f); et ainsi trouvent leur explication chez l’homme tous ces faisceaux surnuméraires qui, par leur situation, leur insertion et leur rôle, méritent les dénominations ci-dessus indi- quées de long accessoire, d’accessoire du muscle accessoire, etc. Il me reste maintenant à citer des faits; je les résumerai aussi succinctement que possible. (1) Chez l'unau (Humphry), de l'ordre des Édentés, on voit encore quel- ques faisceaux de l’accessoire remonter à la jambe et s’unir intimement avec le soléaire. L’unau n’est probablement pas le seul mammifère qui présente une pareille disposition. 692 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 99 Faits anormaux recueillis chez l'homme. — Voici ceux qui m'ont paru les plus intéressants : a) — Long accessoire détaché de la partie inférieure du péroné, glissant sur le ligament annulaire interne et venant se joindre à la petite tète du long fléchisseur ou accessoire plan- taire (Gantzer). Wood signale plusieurs faits semblables; j'ai rencontré moi-même plusieurs fois ce muscle prenant naissance tantôt par un tendon, tantôt directement par des fibres charnues £) — Long accessoire naissant du liers inférieur du tibia, se jetant au niveau de l'articulation tibio-larsienne sur un tendon fort grèle, lequel se fusionnait avec le fléchisseur accessoire (Theile). 7) — Faisceaux musculaires se détachant à l'aide d'un tendon sur le péroné, entre le long péronier et le fléchisseur propre du gros orteil et se terminant dans la graisse comprise entre le tendon d'Achille et l'articulation Uübio-tarsienne, à un petit os arrondi situé en cet endroit (Rosenmüller). Ce petit musele, considéré par Theile comme un long accessoire, pour- rait bien se rattacher peut-être au plantaire grêle ou au péro- nier postérieur. Les détails font malheureusement défaut pour résoudre définitivement la question. )) — Faisceau musculaire se détachant du péroné, au-dessous et en dehors du fléchisseur propre du pouce, et venant se ter- miner sur le côté interne du calcanéum (Knott). :) — Long accessoire situé à la jambe entre les deux flé- chisseurs, glissant en bas dans la gouttière calcanéenne, venant se placer le long du bord interne de la chair carrée, et finale- ment se terminant sur le tendon du fléchisseur péronier (Reinhardi). t) — Long accessoire prenant naissance sur laponévrose qui recouvre le long fléchisseur tibial (Macalister). r) — Long accessoire se détachant de la partie supérieure du calcanéum, là où vient se terminer le plantaire grêle (Macalister). 5) — Faisceau long accessoire provenant de la face profonde du soléaire, chez un nègre (Turner). MUSCLE ACCESSOIRE DU LONG FLÉCHISSEUR. 693 :) — Faisceau se détachant du tiers inférieur du péroné avec le fléchisseur péronier (Ringhofer. 2) — Long accessoire provenant du court péronier (Maca- lister). 1) — Long accessoire à deux faisceaux : l’interne naît du bord interne du tibia, un peu au-dessous du milieu du corps de l'os; l'externe vient du péroné, entre les origines du court péro- nier et le fléchisseur propre du gros orteil. Les deux faisceaux se réunissent sur un tendon, lequel vient se réunir avec la por- lion antérieure de l'accessoire (Turner). u) — Faisceau long accessoire formé par les fibres les plus inférieures du fléchisseur péronier, avec quelques faisceaux détachés de l’aponévrose qui recouvre le fléchisseur tibial (Davies-Colley, Taylor et Dalton). ») Faisceau naissant du bord interne du péroné (out près de son extrémité inférieure et venant se réunir avec l'accessoire plantaire (Külliker). £) — Faisceau long accessoire partant du tiers inférieur du péroné, ainsi que de l'aponévrose qui recouvre le fléchisseur péronier, et se réunissant aux faisceaux propres du court flé- chisseur plantaire (Wood). c]) — Chair carrée absente chez une Annamite; remplacée à droite par un petit muscle fusiforme, charnu à sa partie moyenne, lendineux à ses extrémités, se détachant de l'aponé- vrose profonde de la jambe, et se bifurquant, à la région plan- taire, en deux faisceaux : le faisceau externe vient se jeter, comme l'accessoire ordinaire, sur les tendons du long fléchis- seur commun; le faisceau interne passe sous le muscle adduc- teur et se perd sur les ligaments de la deuxième rangée du tarse (Chudzinski). Des faits qui précèdent on voit que le long accessoire ou acces- soire jambier du fléchisseur commun des orteils peut se déta- cher du péroné, du tibia, de l'aponévrose jambière, du soléaire, du fléchisseur péronier, du fléchisseur übial, du court péronier latéral. Ajoutons que le long accessoire peut provenir à la fois, par des têtes différentes, de plusieurs de ces régions et l'on 694 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. aura sur le mode de constitution variable de ce muscle des idées suffisamment nettes pour le reconnaitre. Du reste, comme tous les faisceaux surnuméraires de la même région, il peut se rencontrer des deux côlés ou d’un côté seulement. Nous avons déjà dit qu'il pouvait naître direc- tement par des fibres charnues ou présenter un tendon d’origine plus ou moins grêle. Le mode de terminaison de son tendon inférieur présente également des variations individuelles nom- breuses. D'après les recherches de Wood, le long accessoire se ren- contrerait environ 1 fois sur 100 sujets. Le savant anatomiste de King's College Va observé en effet # fois sur 68 hommes, À fois sur 34 femmes, soit 5 fois sur 102 sujets. Bibliographie : GANTZER. Loc. cil., p. 15. ROSENMüLLER. Loc. cit., p. 8. THEILE. Encycl. anat., vol. II, « Myologie », p. 121. REINHARDT. Beobachtung eines Musc. accessorius flexoris hallucis longi superior (Muller’'s Arch., 1846, p. 298). MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Acad., 1871. TuRNER. Transact. of Roy. Soc. of Edinburgh, 1865. BLANDIN. Traité d'Anat. topogr., 2 édit., 1834, p. 628. RINGHOFER. Virchow’s Arch., t. XXIX, p. 28. Woo. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 240 et 537, et t. XVI» p. 523. DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Guy's Hospital Reports, 1872, et tirage à part. Reïp et TAYLOR. S' Thomas's Hospital-Reports, 1879. Turner. Dissection of a Negro (Journal of Anat. a. Phys., tome XIII, April 1879, et tirage à part, p. 383). BANKART, PYE-SMITH et Pics. Guy's Hosp. Reports, vol. XIV, et tirage à part, p. 8. SappEy. Traité d'Anatomie descriptive, t. II, 1876, p. 447. KozLiKER. Varietæten Beobachtungen, etc., Wurzburg, 1879. Caupzinsxi. Revue d’' Anthropologie, 1882, p. 624. GLoser. Berliner klin. Wochenschrift, 1866, p. 29. Humrary. British med. journal, 1873, et the Muscles and Nerves of the Cryptobranch, in Observations in Myology, 1871, p. 24. KNoTT. Proc. of the Royal Irish Academy, December 1881, p. 427. | À 4 : ÿ MUSCLE TIBIAL POSTÉRIEUR. 695 ARTICLE VIII ANOMALIES DU MUSCLE JAMBIER OU TIBIAL POSTÉRIEUR. Très profondément situé entre les deux longs fléchisseurs des orteils, le jambier postérieur se détache à la fois des deux os de la jambe. Il prend plus spécialement naissance sur la por- tion de la face interne du péroné qui est situé en arrière du ligament interosseux, sur le ligament interosseux lui-même et sur le tiers supérieur de la face postérieure du tibia. Il se jette en bas sur un fort tendon qui glisse derrière la malléole et l'astragale pour gagner la région plantaire. Il vient finalement se fixer sur le scaphoïde et le premier cunéiforme, en envoyant des expansions sur les os voisins. Les variations anatomiques du jambier postérieur sont à la fois peu nombreuses et peu importantes. $ I. — Union plus ou moins intime avec les longs fléchis- seurs. — On a signalé, comme anomalies du tibial postérieur, la fusion plus ou moins intime de ses faisceaux d’origine avec les faisceaux voisins des longs fléchisseurs, plus particulièrement du fléchisseur péronier. Anatomie comparée. — Déjà, à l’état normal, l'isolement de l'extrémité supérieure du jambier postérieur présente parfois des difficultés. Mais l'union est tellement intime chez quelques espèces animales, qu'il y a en réalité fusion momentanée des deux muscles. Le chat est de ce nombre (Strauss-Durckheim) : le jambier postérieur (nauticus de l'auteur) «est confondu dans sa partie supérieure avec le fléchisseur du gros orteil {Aalluæ) » . $ IT. -— Développement d’un os sésamoïde dans le tendon inférieur du musele. — Ce n’est pas là une anomalie, mais bien une disposition habituelle : «Le tendon du jambier postérieur, dit Theile, fort, arrondi, aplati... passe sur le côté interne de la 696 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. tète de l’astragale, endroit où il renferme un cartilage sésa- moide ». Cruveilhier signale, lui aussi, cet os sésamoïde et lui assigne comme situation, soit «le lieu mème» de linsertion scaphoïdienne, soit le point où le tendon croise le ligament calcanéo-scaphoïdien. Anatomie comparée. — Ce sésamoïde est bien plus développé chez quelques Mammifères que chez l’homme, notamment chez l'ornithorynque. I forme un os particulier du tarse chez le tatou et chez quelques autres Édentés (Humphry). IE. — Variations des insertions inférieures. — Macalister signale, comme anomalies du jambier postérieur, son insertion, par un faisceau tendineux plus où moins distinct : «) — Sur le tendon du long péronier ; B) — Aux 2°, 3°, 4° métatarsiens (Harrisson) ; 7) — Sur le cuboïde (Winslow); 9) — Sur le court fléchisseur du pouce; mais ce sont là des insertions constantes, comme il est facile de s’en convaincre en suivant avec soin le tendon plantaire du muscle. Adolphe Richard conclut de ses nombreuses dissections sur ce point, que «le tibial postérieur envoie des languettes aux deuxième et troisième cunéiformes, aux métatarsiens alte- nants, ainsi qu'au cuboïde lui-même». Theile n’est pas moins explicite : le tendon du tibial postérieur «arrive à la plante du pied, dit-il, et s’y partage en deux languettes; l'interne, plus courte, s'attache sur le bord interne du pied à l'os scaphoïde et au premier cunéiforme ; l’externe pénètre dans la gouttière des os du tarse et se divise incomplètement en plusieurs faisceaux. Ceux-ci prennent leur attache au second cunéiforme, au troi- sième, au cuboïde, à la face interne du premier cunéiforme et à la base des second et troisième mélatarsiens ; il s’en trouve un qui va gagner le court fléchisseur du gros orteil ». Une anomalie n’est donc pas constituée par l'insertion du muscle aux os ci-dessus mentionnés. Elle pourrait l'être cepen- dant par l'isolement d’un ou plusieurs tendons remontant plus ou moins haut vers le corps musculaire. Je ne sache pas qu'une MUSCLE TIBIAL POSTÉRIEUR. 697 pareille disposition (duplicité du muscle jambier postérieur) ait été |rencontrée chez l’homme. Si on venait à l'observer, elle concorderait vraisemblablement avec des dispositions similaires observées chez quelques animaux qui, comme l'unau, l'aï, le fourmilier (Humphry), le Dasypus (Galton), le castor (Meckel), présentent en réalité deux tibiaux postérieurs insérés au carpe sur des os différents. Chez le Phascolarctos cinereus, disséqué par Young, nous voyons également deux muscles tibiaux, l'un pour le scaphoïde, l’autre pour le cunéiforme ; le Phalangista vulpina présente, lui aussi, deux tendons terminaux, mais abou- tissant l’un et l’autre à un muscle unique. $ IV. — Duplicité du musele (Tibialis secundus de Banh- sen). — Banhsen considère comme un deuxième libial pos- térieur, un petit corps charnu qui, se détachant de la face postérieure du tibia, vient se perdre soit sur la capsule de l’ar- liculation du cou-de-pied, soit sur le ligamentum crucialum. Ce faisceau est un simple tenseur de la synoviale articulaire tel que l'ont décrit Linhart et Henle, et ne me paraît avoir rien de commun avec le jambier postérieur, lequel descend à la région plantaire et se fixe aux os du tarse et du métatarse. $ V. — Absence du jambier postérieur. — Je n'en connais qu’une seule observation, elle a été rapportée par Budge. Anatomie comparée. — Le tibial postérieur descend quelque- fois, dans la série, à des proportions minuscules : il est « pres- que avorté » chez l’agouti, d'après Meckel, au point « qu'il est facile de le laisser passer inaperçu ». Il fait entièrement défaut, d’après le même auteur, chez les Solipèdes, les Ruminants, le cochon, le pécari, le daman et même chez la chauve-souris. Bibliographie : THeiLe. Encycl. Anat., vol. II, « Myologie », p. 317. CRUVEILHIER. Traité d'Anat. descript., t. I, p. 765. HENLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1871, p. 312. Woop. Proc. of Roy. Society of London, t. XVI, p. 522. 698 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. A. RicHARD. Annales des Sciences naturelles, 1852, t. XVIII, p. 1]. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. WINSLOW, HARRISON, cités par Macalister, in Mémoire précédent. BANHSEN. Henle u. Pfeufer’s Zeitschrift, vol. XXXIIT, p. 52. MECKEL. Traité d'Anat. comparée, t. VI, p. 423. STRAUSS-DURCKHEIM. Anat. du Chat, t. II, p. 424. Hurry. British med. journ., 1873, t. II, p. 79. YounG. The muscular Anat. of the koala (Journ. of Anat. a. Phys., 1882, p. 237). Humpary. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Ibid., Nov. 1869, p. 60). BupGEe. Henle und Pfeufer's Zeitschrift, t. X, p. 128. ARTICLE IX MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION POSTÉRIEURE DE LA JAMBE. La plupart des faisceaux su numéraires qui apparaissent de temps à autre chez l'homme, dans la région postérieure de la jambe, ont été déjà décrits aans les divers articles qui précè- dent. Il ne sera pas inutile toutefois de rapprocher ici les uns des autres des formations musculaires anormales qui ne sont bien souvent dissemblables que par le nom. Je me contenterai du reste, pour chacune d'elles, d'une définition sommaire, en ayant soin d'indiquer la page exacte où le lecteur en trouvera une description plus détaillée. ° Faisceau accessoire du soléaire (Soléaire surnuméraire de Cruveilhier, second soléaire de Pye-Smith). — Faisceau se détachant du soléaire et se portant sur le calcanéum, en dedans du tendon d'Achille, ce n’est qu'une variété (forme incomplète) du plantaire grèle. (Voyez Soléaire, $ I, p. 665). 90 Accessoire calcanéen (Accessorius ad calcaneum de Gantzer et de Wood). — Nom générique pouvant servir à désigner, selon moi, tous les faisceaux additionnels qui, provenant des points les plus divers de la région jambière postérieure muscles, os, aponé- vroses), viennent se terminer là où se termine le plantaire grêle, un peu en dedans du tendon d'Achille ou sur le tendon MUSCLES SURN'* DE LA RÉGION POSTÉRIEURE DE LA JAMBE. 699 d'Achille lui-même; ce sont encore des formes incomplètes du plantaire grêle. (Voyez Plantaire grêle, $ IX, p. 665). 3° Faisceaux tenseurs de l’arcade du soléaire (Gruber). — Ils peu- vent constituer un muscle propre détaché du tibia, ou bien se rattacher au péronéo-tibial ou pronateur transverse de la jambe. (Voyez Soléaire, $ IV, p. 658). 4° Faisceau tenseur postérieur de la synoviale du tarse (Tensor membrani synovialis tarsi de Linhart, fensor capsuli tibio-tarsalis de Henle, tibialis secundus de Bahnsen). — Il se détache généralement du tibia pour venir se perdre sur la face postérieure de la synoviale du cou-de- pied. (Voyez Plantaire grêle, $ HT, p. 667). Il existe de même, en avant, un faisceau tenseur antérieur de cette même syno- viale, sur lequel nous aurons à revenir dans le chapitre sui- vant. 9° Faisceau tenseur de la bourse séreuse du tendon d'Achille. — C'est une dépendance du plantaire grêle. (Voyez ce muscle, $ IL, p. 667). 6° Faisceau tenseur de l'aponévrose jambière (Macalister). — Il prend naissance sur l’aponévrose jambière et vient se terminer sur le calcanéum; c’est une forme incomplète du plantaire grêle. (Voyez ce mucle, $ II, p. 666). 7° Faisceau tenseur de l'aponévrose plantaire, — C’est encore une variété du plantaire grèle qui, au lieu de se terminer sur le calcanéum, vient se confondre, en partie ou en totalité, sur le ligament plantaire. (Voyez Plantaire gréle, $ WT, p. 667). 8° Faisceau péronéo-calcanéens interne (Peroneo-calcaneus internus de Macalister). — C'est un petit faisceau, décrit par Macalister, se détachant, au-dessous du fléchisseur propre du gros orteil, de la face postérieure du péroné et venant se lerminer sur le tuber- cule du calcanéum. Macalisler, qui l'a décrit le premier, le rapproche du faisceau tenseur de la synoviale du cou-de-pied. Ne pourrait-on pas le rapprocher, avec autant de raison, du long accessoire des fléchisseurs? 9° Faisceau pronateur transverse de la jambe (Peroneo-tibialis de Gru- ber, pronator tibiæ des Zootomistes). — Les mouvements de pronation du radius sont déterminés, chez l'homme, par deux muscles 700 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. distincts : l'un s'étend obliquement du deuxième segment du membre (épitrochlée ou condyle cubital) au radius; c’est le rond pronateur. L'autre s'étend transversalement du cubitus au radius; c’est le carré pronateur, que lon pourrait tout aussi bien appeler le muscle pronateur transverse. Au membre inférieur, le tibia (homologue du radius) a perdu complètement, chez l'homme du moins, ses mouvements de rotation sur le péroné (homologue du cubitus). La suppression de la fonction à entraîné la suppression partielle des organes destinés à l'accomplir. Si le représentant manifeste du rond pronateur, le muscle poplité, persiste encore, c'est que, grâce à ses insertions sur les deux segments du membre, il peut par ses contractions fléchir la jambe sur la cuisse. Quant au prona- teur transverse, il a totalement disparu. On le voit cependant reparaître de lemps à autre, comme tous les muscles disparus, non pas avec un développement com- parable à celui du radio-cubital, mais avec des caractères ana- tomiques suffisamment nets pour qu'il ne soit pas permis de le méconnaître. Ce muscle pronateur transverse de la jambe {je me crois largement autorisé par ses homologies à lui donner ce nom) a été décrit, pour la première fois, il y a cinq ans (1878), par le professeur W. Gruber, dans un article qu'on pourra lire in exlenso dans les Archives d'anatomie de His et Braüne. Il est situé au-dessous du muscle poplité, entre le péroné et le tibia, étendu transversalement de l’un à l'autre de ces deux os. Très mobile dans sa forme, comme du reste tous les organes en voie de disparition graduelle, il peut être suivant les sujets quadri- latère, triangulaire, cylindrique, fusiforme. Quant à sa consti- tution, il peut être charnu ou présenter un tendon d'insertion plus ou moins étendu. La fréquence du pronateur transverse de la jambe est établie par la statistique suivante de W. Gruber: sur 860 membres examinés, 128 présentaient l’anomalie. Elle était, du reste, plus souvent bilatérale qu'unilatérale; et, dans ce dernier cas, elle siégeait tout particulièrement du côté droit. En outre, elle a été observée plus fréquemment chez l'homme que chez la MUSCLES SURN'* DE LA RÉGION POSTÉRIEURE DE LA JAMBE, 701 femme. D’après les statistiques plus récentes de Kraüse et de Knott, l'anomalie précitée se rencontrerait 8 fois sur 100 sujets. Analomie comparée. — Chez quelques Vertébrés inférieurs, notamment chez les Chéloniens, il existe, à la face postérieure de la jambe, entre le tibia et le péroné, un muscle transversal dont les contractions font exécuter au tibia des mouvements de rotation autour du péroné. C’est le muscle anferosseux de la jambe de Wiedemann. Meckel le regarde comme un muscle poplité «très agrandi et plus descendu que de coutume ». Je n'hésite pas à le considérer pour ma part, comme Île représen- tant au membre inférieur du carré pronateur du membre tho- racique. Humphry déerit, chez le cryplobranche, un muscle analogue, assez bien différencié du Pronato-flexor mass et qu'il désigne sous le nom caractéristique de pronator tibiæ. Le même auteur signale l'existence du faisceau péronéo-tibial chez le paracyon et le jerboa (gerboise). : i Chez les Oiseaux, nous voyons également, partant de la tête du péroné et aboutissant au tibia, un muscle triangulaire qui a été pris à tort par Vicq d’Azyr pour le muscle poplité et qui n'est bien évidemment qu'un pronateur transverse. Il a été décrit et bien interprété par Alix. Parmi les Mammifères, un certain nombre de Monodelphiens ont le squelette de la jambe construit de telle façon, que l’un des deux os peut se mouvoir vers l’autre en exécutant en même temps un léger mouvement de rotation. Chez eux, le prona- teur transverse se trouve conservé; Young le décrit chez le koala, Meckel chez la sariqgue, etc. Les Carnassiers el les Quadrumanes ont élé, à ce point de vue spécial, l'objet d'une élude minutieuse de la part du pro- fesseur Gruber. Il a examiné, à cet effet, un loup, un renard et trente chiens de race différente. Le loup et le renard lui ont pré- senté un péronéo-libial très marqué des deux côtés; cette for- mation musculaire a été trouvée de même sur 2# chiens. Le muscle péronéo-Uibial mesure, dans cette dernière espèce, de 10 à 20 millimètres de long, sur 2 à 10 millimètres de large. Il 702 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. correspond {rès nettement, du reste, par ses autres caractères, au pronateur transverse observé anormalement chez l'homme. Parmi les Quadrumanes, W. Gruber n'a pu examiner que des Simiens et des Prosimiens; or, il a constaté l'existence du prona- teur transverse dans toutes les ‘espèces où il l'a cherché. M. Alix, en France, a décrit ce même muscle chez l’aye-l'aye. Bibliographie : MEcKkEL. Traité d’'Anatomie comparée, t. V, p. 427, et t. VI, p. 400. WIEDEMANN, Cité par Meckel, in Ouvrage précédent, t. V, p. 427. Humpxry. Observations in Myology, 1871, p. 27. ALIx. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, 1874, p. 445. Humrary. Extensors and flexors Muscles of leg and forearm (Journ. of Anat. and Phys., May 1869, p. 328). GruBEr. Ueber d. neuen Musc. peroneo-tibialis betm Meuschen (Arch. für Anal. u. Phys., 1871, p. 401). — Communication préalable sur l'existence du musc. peroneo-tibialis chez les Quadrumanes (Bull. de l'Acad. des Sc. de St-Pétersbourg. t. XXV, p. 97). — Ueber d. nor- malen Musc. peroneo-tibialis beim den Hunden (Arch. f. Anal. u. Phys., 1878, p. 438). — Nachtrag uber den Musc. peroneo-tibialis ({bid., p.481). KNoTT. Proc. of the Roy. Irish Academy, 1881, p. 427. KRAüSE, cité par Knott, in Mémoire précédent. Aux. Sur la Myologie de l’aye-l'aye (Bull. Soc. Philom., 1878, p. 253). YounG. The so-called movements of pronation and supination in the hind limb of certain Marsupials (J. of Anat. a. Phys., t. XV, 1881, p. 392). (Voir pour les faisceaux surnuméraires 1 à 8 la bibliographie des articles précédents; les indications qui précèdent se rapportent exclusivement au Pronateur transverse de la jambe.) CHAPITRE VI Muscles de la région antérieure de la jambe. Trois muscles constituent cette région : le tibial antérieur, que l’on désigne quelquefois sous le nom de muscle élévateur du pied; l'extenseur commun des orleils, auquel les auteurs clas- MUSCLES DE LA RÉGION ANTÉRIEURE DE LA JAMPRE. 703 siques rattachent le péronier antérieur où troisième péronier ; et enfin l’extenseur propre du gros orteil. À ces trois muscles je crois devoir réunir le pédieux, qui leur est doublement con- nexe el par sa situation et par son rôle physiologique. Les variations anatomiques des muscles qui précèdent seront éludiées dans quatre articles distincts. Quelques formations surnuméraires, telles que le 4bio-aponévrotique, le tibio-astra- galien, etc., constitueront un article à part. Les masses musculaires que la nature à disposées sur la face dorsale de l’avant-bras, et dont le rôle consiste à amener l'avant-bras dans l'extension et la supination (Supinato-extensor mass de Humphry), se décomposent en deux couches distinctes, une couche superficielle et une couche profonde : 1° La couche superficielle peut, elle-mème, être divisée en trois portions ou secteurs (Humphry) : «) un secteur externe ou radial, comprenant le long supinateur et les deux radiaux externes; £) un secteur interne ou cubital, constitué par le cubital postérieur ; y) un secteur moyen ou intermédiaire, com- prenant l'extenseur commun des doigts et l’extenseur propre du petit doigt. 2° Quant à la couche profonde de la masse des muscles supi- nato-extenseurs elle comprend, avec le court supinateur, le long adducteur du pouce, les deux extenseurs du pouce et l'extenseur propre de l'index. Tous ces différents muscles sont distincts et isolables par la dissection. Conformée originellement sur le mème plan, la région homo- logue du meibre inférieur, celle qui nous occupe, possède des éléments similaires; seulement, leurs caractères morphologi- ques ont été profondément modifiés par les nécessilés de l'adaptation. La main, merveilleux organe de la préhension et du tact, avait surtout besoin de mouvements nombreux et variés : c'est pour cela que les articulations qui les constituent sont très lâches et que les muscles destinés à les mettre en jeu sont restés distincts, conservant avec leur indépendance anato- mique leur indépendance fonctionnelle. Au pied, destiné avant tout à servir de base de sustentalion aux autres segments du 704 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. membre inférieur, et par leur intermédiaire au corps tout entier, il fallait une grande solidité : aussi voyons-nous les arti- culations intrinsèques du tarse et du métatar:e lendre de plus en plus vers une immobilité absolue, les mouvements de détail faire place aux mouvements d'ensemble et les muscles exten- seurs et élévateurs se fusionner, comme pour concentrer leurs efforts dans la production de ces mouvements. C’est ainsi que le tibial antérieur résume à lui tout seul (!) les deux supinateurs, les deux radiaux externes et le long abducteur du pouce, ce dernier renfermant lui-même les élé- ments de deux muscles, distincts chez le gorille, l'abducteur du premier métatarsien et le supinateur de la main. Le long exten- seur propre du gros orteil, homologue du long extenseur propre du pouce, retient le plus souvent dans ses faisceaux les élé- ments du court extenseur qui doit se terminer sur la première phalange, ete., ete, On conçoit déjà combien doivent être nom- breuses les variations anatomiques des muscles antérieurs de la jambe; mais nous tenons déjà en main le fil qui doit nous conduire à une interprétation rationnelle de ces variations. Faire revivre à un degré plus ou moins complet les disposi- tions primitives (variations par dédoublement), exagérer au contraire les dispositions actuelles {variations par concentration eæagérée), où bien encore emprisonner dans tel muscle plutôt que dans tel autre les éléments charnus d'un muscle inutile et disparu (variations par concentration anormale), tels sont les modes d'action que la nature met en œuvre, dans la grande majorité des cas, pour modifier les dispositions que l’on ren- contre d'ordinaire et que l’on peut, pour celte raison, appeler classiques. Nous pouvons, maintenant que ces modifications sont déjà pressenties et pour ainsi dire interprétées, en entreprendre l'étude descriptive. (1) J'ai vu constamment le tibial antérieur recevoir du nerf de même nom plusieurs filets, deux, trois et même quatre. Cette multiplicité des branches nerveuses destinées à ce muscle est vraisemblablement en rap- port avec la complexité de sa constitution anatomique. MUSCLE TIBIAL ANTÉRIEUR. 705 ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE JAMBIER OU TIBIAL ANTÉRIEUR. Le tibial antérieur, le plus interne des muscles de la région, prend naissance, 2) sur la {ubérosité antérieure et la tubérosité externe du tibia, principalement sur le tubercule souvent très volumineux qui se trouve situé entre l’une et l’autre ; £) sur la face externe du tibia, dans ses deux tiers supérieurs; y) sur le ligament interosseux, l’aponévrose jambière et la cloison aponévroltique qui le sépare du muscle extenseur commun des orteils. L'ensemble des faisceaux constitutifs de ce muscle se Jette sur un fort tendon, lequel passe sous le ligament annu- laire antérieur du tarse et vient s'attacher à la fois sur le premier cunéiforme et l'extrémité postérieure du premier métatarsien. Les variations anatomiques du Ubial antérieur sont les sui- vanles : $ I. — Insertion élevée du muscle sur le fémur. Le hibial antérieur ne dépasse pas en hauteur, chez l’homme, les limites supérieures des deux os de la jambe, différant en cela des muscles homologues du membre thoracique qui remontent jusqu'au deuxième segment et se délachent de l'humérus. L'in- sertion fémorale du libial antérieur a été notée une fois seule- ment par Rhinghoffer: encore cette disposition anormale se rencontrail-elle sur un membre congénitalement déformé. Anatomie comparée. — L'insertion fémorale du tibial anté- rieur à disparu généralement chez tous les Manumifères supé- rieurs ; on la voit persister cependant chez le cochon, chez l'hippo- potame ; dans celte dernière espèce, le tibial antérieur présente deux faisceaux d'origine, l’un provenant du condyle externe, l’autre s’arrêtant à la rotule (Cuvier). Elle est la règle chez un grand nombre de Vertébrés inférieurs, notamment chez Îles 45 706 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Batraciens anoures et chez les Chéloniens (Meckel). Le tapir nous offre une disposition intermédiaire entre le muscle à inser- tion fémorale et le muscle à insertion jambière : son tibial anté- rieur en effet s'attache d'une part au tibia et remonte d’autre part au condyle externe du fémur, à l'aide d’une aponévrose. $ IT. — Dédoublement de son tendon inférieur. — J'ai observé sur 9 sujets (7 Européens et 2 nègres) la bifurcation du tendon inférieur du tibial antérieur; le tendon antérieur se jetait sur l'extrémité postérieure du premier métatarsien, le tendon postérieur se fixait au premier cunéiforme. Cette dispo- sition anormale présente elle-même les variations les plus nom- breuses. Ces variations portent d'abord sur l'étendue de la bifurcation : tantôt elle ne s’étend qu'à 1 ou 2 centimètres au- dessus de l'articulation cunéo-métatarsienne, tantôt (mais les cas doivent en être fort rares) elle remonte jusqu'au corps mus- culaire. J'ai vu dans un cas la division intéresser le corps mus- culaire lui-même, dans une étendue de À centimètre et demi. Entre ces dispositions que je crois extrêmes, il peut exister tous les intermédiaires. Dans certains cas, la division du tendon est remplacée par un simple sillon linéaire toujours plus marqué, si je m'en rapporte à mes propres observations, sur le côté externe du tendon. Le volume relatif des deux branches de bifurcation est aussi fort variable. Jai toujours vu le tendon destiné au métatar- sien plus petit que le tendon qui se rend au cunéiforme. Dans une observalion qui m'a été remise par l’un de mes élèves, M. Petit, je trouve notée, indépendamment d’une bifurcation étendue jusqu'au ligament annulaire, la présence d’un troisième tendon qui se détachait, lui aussi, à la hauteur de l'articulation tibio-tarsienne et venait se fixer à l’extrémité postérieure de la première phalange du pouce. Nous étudierons plus tard cette dernière formation qui est l’homologue au membre inférieur d’un muscle qui est constant au membre supérieur, le court extenseur du pouce. Analomie comparée. — Le dédoublement du tbial antérieur MUSCLE TIBIAL ANTÉRIEUR. 707 constitue une disposition simienne des plus intéressantes. Tous les Singes, en effet, depuis les Makis jusqu'aux Anthropoïdes, présentent au lieu et place de notre tibial antérieur deux mus- cles plus ou moins distincts : l’un, attaché au premier cunéi- forme et constituant le tibial antérieur proprement dit; l’autre se fixant au premier métatarsien et connu, en myologie simienne, sous le nom de long abducteur du gros orteil. Seul le gibbon, d’après Bischoff, possèderait un tibial antérieur uni- que; mais il est très nettement spécifié dans la description de l’anatomiste allemand, que, sur son sujet, ce tibial antérieur unique s'attachait exclusivement au premier cunéiforme. C’est donc à tort que Bischoff considère une pareille disposition comme analogue à celle que l’on rencontre généralement chez l’homme ; le muscle de son gibbon en effet représente, non pas notre libial antérieur tout entier, mais la partie interne seule- ment de ce muscle, celle qui s'attache au premier cunéiforme. Il est très probable que Bischoff est tombé sur une anomalie, conslituée par l'absence de la portion externe de notre tibial antérieur ou, si l’on veut, du long abducteur des Singes. Chez les Singes inférieurs, les deux muscles tibial antérieur et long abducteur du gros orteil sont distincts dans toute ou presque toute leur étendue; chez les Anthropoïdes au contraire, les muscles se fusionnent à leur origine pour ne devenir dis- üncts qu'à une hauteur variable suivant chaque espèce, et peut-être suivant chaque individu. J'ai vu cette division re- monter, chez le Troglodyles niger, un peu au-dessus de la partie moyenne de Ja jambe, comme chez le Troglodytes Aubryi de Gratiolet et Alix. Chez mon orang, la fusion des deux muscles était complète dans une étendue de # centimètres et demi; elle occupait, chez le gorille de Duvernoy, la même longueur que les corps musculaires eux-mêmes; le tendon seul était bifurqué. La disposition du gorille représente donc singulièrement cer- taines de nos anomalies observées chez l'homme. $ IL. — Insertions surnuméraires du tendon inférieur. — Indépendamment de ses insertions normales au premier cunéi- 708 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. forme et au premier métatarsien, le tibial antérieur peut pré- sentier des faisceaux d’altache surnuméraires : pour le gros orteil, le ligament annulaire antérieur du tarse et les aponé- vroses des du pied, l’astragale et le calcanéum, l'aponé- vrose plantaire. 1° Insertions sur la première phalange du gros orteil. — Cette disposition sera étudiée plus loin (voy. p. 719, Extenseur propre de la première phalange du gros orteil). 2° Insertion sur le ligament annulaire et les aponévroses dorsales du pied (M. {ibio-aponévrotique, libio-fascialis de Macalister, tensor fasciæ dorsalis de Humphry). — Des faisceaux émanant du libial antérieur peuvent se terminer sur le ligament annulaire ou sur l'aponévrose dor- sale du pied. Très sta dans leur volume et dans leur degré de différenciation, ils varient aussi dans leur constitution ana- tomique, pouvant être soit charnus, soit à la fois charnus et tendineux, ou tout simplement tendineux. À un degré de diffé- rencialion plus avancé encore, le faisceau tenseur aponévro- tique du tibial antérieur peut se séparer entièrement de ce dernier muscle; il se présente alors sous la forme d’un muscle surnuméraire détaché soit du bord antérieur, soit de la face externe du tibia. Des faits de tenseurs aponévrotiques ont élé vus par Wood, par Mac Mullen, par Banhsen. Anatomie comparée. — Une disposition homologue nous est fournie par l'hippopotame (Humphry, Cuvier), dont le tibial antérieur « donne une languette au ligament annulaire» . 9° Insertion sur l’astragale et-le calcanéum (Musc. tibio-astragaleus anticus de Gruber). — Macalister, cité par Humpbhry, à vu un fais- ceau additionnel du tibial antérieur se porter sur l’astragale et le calcanéum. Hyril avait déjà vu, en 1862, les faisceaux pro- fonds du tibial antérieur s'insérer, à l’aide d’un large tendon, sur le col de l’astragale et sur la capsule articulaire du pied. W. Gruber a rapporté lui aussi, dans son mémoire de 1871, trois observations fort détaillées d’un muscle tibio-astragalien antérieur (1% et 2° cas sur les deux membres du même sujet, 3° cas sur le côlé gauche seulement d'un autre sujel), qui prenait MUSCLE TIPBIAL ANTÉRIEUR. 709 naissance, derrière le tibial antérieur, sur le tibia et le ligament interosseux et venait se fixer sur le côté externe du col de l'astragale. Il faut vraisemblablement rattacher à cette formation le faisceau observé par Blandin, qui descendait du tibia sur le muscle pédieux, à moins qu'on ne veuille voir dans ce dernier faisceau anormal une origine élevée du pédieux, comme on l'observe chez plusieurs Vertébrés. Signification et anatomie comparée. — Dans l'état actuel de nos connaissances, il me paraît fort difficile de donner de ce faisceau l'interprétation qu'il mérite. Est-ce une variété du muscle précédent? Cela me paraît peu probable, en raison de la situation toujours profonde du tibio-astragalien. Et pourtant le faisceau bibio-astragalien, dépassant parfois le col de l’astragale, comme dans un des cas de Gruber, vient se terminer sur le scaphoïde, suivant une direction absolument semblable à celle du jambier antérieur. Faut-il voir dans ce muscle le représentant d’une formation musculaire que l’on rencontre chez quelques Batraciens, notamment chez la grenouille, et qui a été décrite par Dugès sous le nom de muscle péronéo-astragalien, ei par Ecker sous le nom de flexor tarsi? Je ne le crois pas davantage, le muscle de Dugès et d'Ecker prenant naissance sur le péroné et de plus se dirigeant en avant et en dedans. Jusqu'à plus ample informé, je crois devoir considérer le faisceau tibio- astragalien comme le représentant au membre pelvien de la portion la plus élevée du long abducteur du pouce du membre thoracique, laquelle prend naissance sur le ligament imterosseux et le radius (homologue du tibia) et vient se terminer sur les os du carpe. Nous avons déjà vu que cette formation, très fré- quente chez l’homme, existait constamment chez un grand nombre de Singes, notamment chez les Cercopithèques, les Macaques et chez les quatre Anthropoïdes. 4° Insertion sur le tibia. — Blandin dit avoir rencontré, sur le cadavre d’une jeune fille, «un petit muscle fort grêle, placé en dedans du jambier antérieur, inséré en haut sur le tibia et ter- miné par un tendon très grêle sur le même os, au-dessus de la malléole interne». Je ne connais pas d'observation analogue. 710 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Signification et anatomie comparée. — Encore un faisceau différencié de la masse du tibial antérieur qui a pour homolo- gue un muscle constant de la région externe de l'avant-bras, le long supinateur. Ce dernier muscle se fixe, comme on le sait, sur le côté externe de l'extrémité inférieure du radius, région homologue de la malléole interne; sans doute le long supinateur remonte à l'humérus ; mais nous avons vu que chez l'homme l'insertion tibiale était consécutive ; l'insertion primitive du tibial antérieur est l'extrémité inférieure du fémur. Le fais- ceau de Blandin me paraît représenté, chez la grenouille, par un faisceau accessoire du tibial antérieur qui, comme ce der- nier muscle, se détache de l'extrémité inférieure du fémur etse termine, en bas, aux trois quarts inférieurs dela face antérieure du tibia, jusqu’auprès de la tête articulaire inférieure (/. cruro- tibial de Cuvier). 5° Insertion sur l’'aponévrose plantaire (F. libio-plantaire). — Sa ppey fait remarquer avec raison, à propos du jambier antérieur, que «une expansion grisâtre, émanée de sa partie terminale, l'unit au tendon de l’adducteur du gros orteil ». Dans un cas observé par Wood, le libial antérieur envoyait vers la région plantaire une forte expansion, laquelle se fusionnait avec la portion interne de l’aponévrose superficielle et, par son intermédiaire, se terminait sur les phalanges du gros orteil. Anatomie comparée. — Par ses faisceaux plantaires, le muscle Hibial antérieur peut agir sur les mouvements de flexion des orteils, et devenir ainsi un accessoire des fléchisseurs. Comme le fait remarquer le professeur Humphry, une pareille disposi- lion et un pareil rôle nous sont bien clairement expliqués par ce que nous observons chez le paresseux, où le tendon du tibial antérieur se fusionne, à la région plantaire, avec les tendons des fléchisseurs des doigts. Bibliographie : BLANDIN. Traité d'Anat. topographique, 2° édit., 1834, p. 628, Cuvier. Lecons d’Anat. comparée, t. I, p. 546. MECKEL. Anal. comparée, t. V, p. 437, et t. VI, p. 409. MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES ORTEILS. 711 RINGHOFFER. Virchow’s Arch., t. XIX, p. 28. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Acad., 1871. Mac MULLEN, cité par Macalister, ir Mémoire précédent. Woop. Proc. of Roy. Society of London, t. XIV, p. 382, et t. XV, p. 536. BAHNSEN. Henle und Pfeufer's Zeitschrift, XXXIN, p. 49, et Journ. of Anat. and Phys., II, p. 196. HYrTL. Trattato di Anatomia dell’ uomo, trad. ital., p. 412. Humpary. British med. journ., 1872, July to Dec., p. 85, et 1873, July to Dec., p. 108. GruBEr. Ueber einen musc. tibio-astragalus auticus des Menschen (Arch. f. Anat. u. Phys., 1871, p. 663). Boca. Parallèle anat., etc. (Bull. Soc. d'Anthr., 1869, p. 319). Humrxry. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1869, p. 66). DuGËs, ECKER, cités par Humphry, in Mémoire précédent. Humpary. On the Myology of Orycteropus capensis and Phoca communis (Journ. of Anat. and Phiys., May 1868, p. 317). SAPPEY. Traité d'anatomie descriptive, t. II, p. 419. BiscHorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, München, 1870. GRATIOLET et ALIx. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865. Duvernoy. Les grands Singes pseudo-anthropomorphes, p. 94. MuriE. On the Malayan tapir (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1871, p. 164). ARTICLE II ANOMALIES DU MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES ORTEILS. Situé en dehors du précédent, le muscle extenseur commun des orteils prend naissance en haut sur la tubérosité externe du tibia, sur les deux liers supérieurs de la face interne du péroné, sur le ligament interosseux, sur l’aponévrose jambière et enfin sur les cloisons aponévrotiques qui le séparent du libial antérieur et du long péronier latéral. L'ensemble de ses divers faisceaux se jette sur un fort tendon qui apparaît tout d’abord sur le bord antérieur du muscle. Ce tendon glisse au- dessous du ligament annulaire antérieur du tarse et se divise en quatre branches ou tendons secondaires (je fais abstraction pour le moment du péronier antérieur qui sera décrit dans le chapitre suivant), lesquels se portent en divergeant sur les quatre derniers doigts. 712 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Au niveau de l'articulation métatarso-phalangienne, chacun d'eux se divise en trois languettes : la languette médiane, glis- sant sur la face dorsale de la première phalange, vient se fixer sur l'extrémité postérieure de la deuxième ; les deux languettes latérales se fusionnent sur la face dorsale de cette dernière, pour venir se terminer sur l'extrémité postérieure de la phalan- gelle. Les variations anatomiques de lextenseur commun des orteils, fort nombreuses, peuvent être ramenées aux cinq chefs suivants : SI. — Augmentation de nombre des tendons digitaux; tendon surnuméraire pour le gros orteil. Ce groupe d'ano- malies comprend deux ordres de faits : les premiers se ratta- chent au dédoublement d’un ou de plusieurs des tendons exis- tant normalement; les seconds sont constitués par l'apparition d'un tendon supplémentaire destiné au gros orteil. 1° Dédoublement des tendons normäux. — Comme au membre supérieur, ce dédoublement peut s'étendre plus ou moins haut du côté du corps musculaire ; il peut donner naissance à des faisceaux égaux ou inégaux, lesquels peuvent se porter soit sur l’orteil correspondant, soit sur un orteil voisin; il peut por- ter, d’ailleurs, soit sur un seul tendon, soit sur plusieurs d’entre eux; de plus, le tendon normal, après s'être bifurqué, peut se reconstituer avant son insertion; de là, des variations presque infinies qu'il serait à la fois fastidieux et inutile de décrire. Je me contenterai de résumer, en quelques mots, la plupart des faits observés : «) — Dédoublement du tendon du 2° orteil, les deux bran- ches se portant l’une et l'autre sur le 2° orteil. B) — Dédoublement du tendon du 2° orteil, la branche sur- numéraire se terminant sur le 3° orteil. 7) — Dédoublement du 3° orteil, le faisceau surnuméraire allant rejoindre le tendon destiné au 2° orteil. d) — Dédoublement du tendon du 4° orteil, le faisceau sur- numéraire se portant sur le 3° orteil. MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES ORTEILS. 713 :] — Dédoublement du tendon du 4° orteil, le faisceau sur- numéraire se portant sur le 5° orteil. £) — Dédoublement du tendon du 5° orteil, les deux bran- ches se terminant l’une et l’autre sur le 5° orteil. x) — Dédoublement du tendon du 5° orteil, la branche sur- puméraire se terminant sur le 4° orteil, etc., etc. Dans les faits qui précèdent, les tendons surnuméraires se portent tous sur les phalanges; dans une nouvelle série de faits, les tendons surajoutés peuvent se terminer : +) sur le métatarse ; 5) sur le pédieux ; ;) sur l'aponévrose interosseuse ; 9) sur le gros orteil. Ces diverses dispositions seront étudiées dans les pages suivantes. Analomie comparée. — À propos des anomalies de l'exten- seur commun des doigts du membre supérieur, nous avons expliqué (p. 535) cette multiplicité des tendons phalangiens par l'existence d’un extenseur intermédiaire à l’extenseur superficiel et à l’extenseur profond, extenseur intermédiaire (Extensor secundus de Humphry) qui se trouve particulière - ment développé chez l’eryclérope et chez le phoque. Nous n'y reviendrons pas ici. Qu'il me suffise de rappeler que sur le sujet disséqué par Humphry, le premier tendon ou tendon interne se bifurquait pour se porter à la fois sur le 4 et le 2° orteil; le troisième tendon, avant de se fixer au #° orteil, envoyait une branche surnuméraire au 5° orteil; le quatrième tendon, enfin, ou tendon externe, se bifurquait lui aussi pour s'attacher à la fois au 5° orteil et au 4°. 99 Tendon surnuméraire pour le pouce. — Anormalement, l’ex- tenseur commun des orteils envoie un tendon surnuméraire au gros orteil, englobant ainsi cet orteil dans sa zone d'action. Je n'ai jamais eu l’occasion de rencontrer une disposition de cette nature, mais je la trouve mentionnée dans les mémoires déjà cités de Wood et de Gruber. Dans le cas de Wood, la branche de bifurcation surnuméraire du tendon du 2° orteil se portait vers la base de la première phalange du gros orteil, et là se confon- dait avec le tendon de l’extenseur propre, pour gagner avec lui la phalange terminale. Le cas de Gruber est un peu différent : 714 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. le tendon surnuméraire se détachait bien, lui aussi, du premier tendon ou tendon interne du long extenseur, mais il venait se terminer sur la base de la première phalange du gros orteil, concurremment avec une branche du tendon de l'extenseur propre qui, sur le même sujet, se trouvait dédoublé. Nous devons rapprocher des deux cas qui précèdent, les dispositions observées par Wood et par Mac-Whinnie, où une branche de bifurcation similaire du premier tendon du long extenseur se fusionnait avec le premier faisceau ou faisceau hallucien du muscle pédieux. Anatomie comparée. — La disposition classique présentée chez l’homme par l'extenseur commun des doigts (tendons pour tous les doigts à l'exception du pouce) se reproduit à peu près constamment dans la classe des Mammifères. I existe cependant des exceptions et nous connaissons quelques Vertébrés infé- rieurs, le cryptobranche entre autres (Humphry), dont le muscle extenseur des orteils se distribue également au 1°" orteil. Dans la classe des Mammifères, nous voyons l’extenseur du phoque se diviser sur le dos du pied, d’après Meckel, en quatre languettes, et la plus interne d’entre elles se partager à son tour en deux autres plus petites pour le 4% et le 2° orteil. Chez les Oiseaux, l'extenseur commun des orteils affecte généralement la même disposition que dans les Mammifères : le pouce est en dehors de sa zone d'action; le perroquet nous offre une exception remarquable : son extenseur envoie, en effet, au 1‘ orteil un tendon surnuméraire qui «se détache du côté interne du tendon commun, immédiatement au-dessus du point où il sort de l’anneau qui le bride, en haut du métatarse » (Alix). $ IL. —— Réunion plus ou moins complète des tendons de l’extenseur sur la face dorsale du pied. — Comme à la main, les tendons extenseurs des orteils peuvent être réunis par des languettes fibreuses anastomotiques, très variables en nombre, très variables aussi dans leur situation et dans leur configura- tion. On sait que, dans quelques espèces, le tendon de l’exten- seur s'épanouit à la face dorsale du pied en une lame membra- MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES ORTEILS. 715 neuse, de forme triangulaire, dont la base vient se fixer aux phalanges. $ III. — Anastomose de l’extenseur commun avec l’exten- seur propre, avec le pédieux. — 1° Les cas sont loin d'être rares ou les faisceaux de l'extenseur commun sont plus ou moins intimement unis avec ceux de l’extenseur propre, au niveau de leur insertion péronière; j'ai déjà signalé plus haut la languette tendineuse anastomotique que le premier tendon, ou tendon interne de l’extenseur commun, envoie au tendon de l'extenseur propre. 2° L'union de l’extenseur commun avec le pédieux s'effectue soit à l’aide de languettes tendineuses qui, des tendons de l'ex- tenseur commun vont à ceux du pédieux, soit à l’aide de lan- guettes tendineuses émanant du pédieux et se rendant aux tendons de l’extenseur commun. Dans un cas que j'ai observé en 1880, le muscle extenseur commun fournissait un tendon surnuméraire (cinq au lieu de quatre) qui venait se terminer sur le tendon que le pédieux envoie au 4° orteil; la fusion de ces deux tendons avait lieu dès l'origine du tendon du pédieux. Le tendon unique résultant de cette fusion se bifurquait à son tour presque immédiatement après, pour aller se confondre, au niveau de l'articulation métatarso-phalangienne, avec le ten- don ordinaire que l’extenseur commun envoie au 4° orteil. Anatomie comparée. — 1° Les espèces sont nombreuses où les deux extenseurs sont plus ou moins unis à leur origine. Chez le kangurou, l’extenseur propre est fusionné avec un faisceau qui se rend au 2° orteil, constituant ainsi un muscle extenseur propre du 4% et du 2° orteil. Chez le castor, d’après Meckel, le long extenseur commun s'unit par son tendon, sur la face dorsale du pied, à celui de l’extenseur du gros orteil. 2° Chez le kangurou, d'après Meckel, le long et le court extenseur (pédieux) sont confondus. $ IV. — Insertions surnuméraires sur le métatarse. — Les tendons surnuméraires que l’extenseur commun envoie parfois 716 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. au métatarse varient beaucoup, {ant qu'à leur volume et leur origine. Ils peuvent se lerminer, d’après les observations aujourd'hui connues : +) sur le premier métalarsien (extrémité postérieure ou extrémité antérieure) ; £) sur le cinquième méta- tarsien (faisceau indépendant du péronier antérieur) : 7) sur le quatrième métatarsien; ce dernier tendon se détache le plus souvent, mais non toujours, du péronier antérieur; j'ai vu moi- même en effet le tendon du #° orteil se dédoubler et se porter par sa branche de bifurcation postérieure sur la partie moyenne du 4° métatarsien. Meckel a rencontré également un faisceau spécial destiné au 4° orteil et qui fournissait quatre tendons : trois se terminaient sur les phalanges, le quatrième s’arrêtail sur le quatrième métatarsien. Peut-être devons-nous rattacher à l'insertion métatarsienne le fait, observé par Macalister, d’un tendon émanant de l’extenseur commun et se terminant dans le premier espace interosseux; ce tendon surajouté pourrait cependant tout aussi bien être considéré comme une variété incomplète du cinquième tendon que l’extenseur envoie quel- quefois aux phalanges du gros orteil. Analomie comparée. — Chez le cochon, le chef interne du long extenseur des orteils s'attache à la partie postérieure du métatarsien du 4% orteil (Meckel). D’après ce mème anatomiste, le porc-épic nous présente un faisceau musculaire qui prend naissance sur le {troisième quart du péroné et vient se terminer à la fois sur le 2° métatarsien et sur la première phalange de l'orteil correspondant. Mais l'animal qui nous présente avec le plus de netteté l'insertion mélatarsienne de l’extenseur commun est l’aï; son extenseur se fixe, en effet, exclusivement au méta- tarse (Meckel, Humphry), sans envoyer le moindre tendon aux phalanges. La mème insertion métatarsienne de l'extenseur s’'observe encore, au-dessous des Wanumifères, chez les Lésards (Humphry). $ V. — Isolement plus ou moins complet de quelques-uns des extenseurs. Les divers faisceaux constitutifs de l'exten- seur commun forment, en haut, une masse indivise se conden- MUSCLE EXTENSEUR COMMUN DES ORTEILS. 717 sant aulour d’un tendon également unique. Ce tendon «se divise de très bonne heure et, presque toujours d’abord en deux faisceaux, l'un interne, l’autre externe, destinés le premier au 2° orteil et au 3°, le second au #° et au 5°. Ces faisceaux se subdivisent à leur tour, vers la région de l'articulation tibio-tar- sienne, l’externe avant l'interne, et s’anastomosent ensemble par de petites langueltes» (Theile). Rien de plus variable, on le conçoit, que la hauteur où s’opèrent ces différentes bifur- cations. L'extension des espaces séparalifs au corps charnu lui- même peut donner naissance à des muscles extenseurs propres, dont voici quelques exemples : æ) — Wood a vu les quatre tendons de l’extenseur commun faire suite chacun à un corps charnu. B) — J'ai vu, dans un cas, le faisceau destiné au 2° orteil être distinct, dans toute son étendue, des autres faisceaux de l'extenseur; il constituait un véritable extenseur propre du 2° orteil, analogie frappante avec la disposition similaire que nous avons déjà rencontrée et décrite (p.540) au membre supé. rieur. M. Chudzinski a signalé une disposilion semblable chez un nègre. Meckel avait déjà mentionné l'existence, chez l'homme, d'un «muscle considérable destiné au second orteil », qui n'est que «la répétition de l'extenseur de l'indicateur » . Dans ces dernières années, W. Gruber a observé lui aussi et décrit, sous le nom de Muse. extensor digiti IL pedis longus, un faisceau anormal qui prenait naissance sur le liers moyen du péroné, passait au-dessous du ligament annulaire antérieur du tarse et venait se fusionner, à la hauteur du métatarse, avec le tendon que l'extenseur commun envoie au 2° ortleil. 7) — La masse de l’extenseur commun est divisée en deux portions distinctes dans toute leur étendue : la portion interne possède, indépendamment des faisceaux destinés au 2° et au 3° orleil, un faisceau profond surajouté qui se fixe par deux tendons au premier mélalarsien ; la portion externe comprend, avec le péronier antérieur, les deux faisceaux destinés aux deux orteils externes (fait de Chudzinzki sur un nègre). d) — Le muscle extenseur est encore divisé en deux por- 718 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. lions complètement distinctes : la portion interne comprend les faisceaux destinés aux quatre orteils internes moinsle premier ; la portion externe est réduite au faisceau du 5° orteil auquel s’est fusionné le péronier antérieur (fait de Wood): cette dernière, abstraction faile du péronier antérieur, constitue un véritable extenseur propre du petit orteil, nouvelle analogie avec la dis- position anatomique des extenseurs des doigts. Anatomie comparée. — Toutes ces disposilions, anormales chez l'homme, existent normalement dans la série animale. C’est ainsi que la masse commune divisée en quatre faisceaux char- nus, se jetant chacun sur un tendon distinct, se rencontre chez bon nombre de Mammufères, notamment chez le chimpanzé (Gratiolet et Alix et moi-même) ; chez l'orang, je n'ai trouvé que trois corps charnus, le corps charnu interne donnant à la fois naissance aux deux tendons du 2° et du 3° orteil. L'isolement complet du faisceau destiné au 2° orteil se rencontre encore, d'après Chudzinski, chez quelques Primates, « surtout chez les Pithéciens ». | Le cochon possède un extenseur propre du 2° orteil qui se rend à toutes les phalanges de cet orteil. Parmi les Rongeurs, la marmotte présente un extenseur propre du 5° orteil, pre- nant naissance sur le deuxième cinquième du péroné, et un extenseur propre du #° orteil se détachant du mème os, mais plus bas et plus en arrière (Meckel). Il existe une disposition à peu près semblable chez le porc-épic. De même chez le castor, nous trouvons un long extenseur du 5° orteil qui remonte jusqu'au condyle externe du fémur. Dans l'ordre des Carnas- siers, le coati et le raton possèdent également pour le 5° orteil un muscle propre provenant de la partie supérieure du péroné (Meckel). Bibliographie : MECKEL. Trailé d'anatomie comparée, t. VI, p. 425 et seq. Cuvier. Leçons d'anatomie comparée, t. 1, p. 555. MECKEL. Deutsches Arch., t. V, p. 117. THEILE. Encycl. anat., t. II, « Myclogie », p. 309. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 537, et t. XVI, p. 518. MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DU GROS ORTEIL. 719 M. WHINNIE, cité par Wood, in Mémoire précédent. RINGHOFFER. Virchow’s Arch., t. XIX, p. 28. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. Cazorr. Memor'ie dell Accad. di Bologna, série IL, t. VII, p. 85. GRuBER. Ein musc. Extensor digiti II pedis longus (Æeichert u. Du Bois- Reymond's Arch., 1875, p. 23). GRUBER. Ueber den Musc. Extensor digit. longus pedis anomalus mit 2 schnen zu allen Zehen (Ibid., p. 204). HumPpary. British med. journal, 1873, July to Dec., p. 109. KÔLLIKER u. MAx FLESCH. Varietæten Bcobacht., etc., Wurzburg, 1879. RüGE. Untersuchungen ueber der extensoren gruppe am unterschenke] und Fusse der Saugethiere (Morph. Jahrbuch, t. IV, p. 592). CHupzinski. Revue d’Anthr., 1874, p. 37, et 1882, p. 612. HumPary. Observations in Myology, 1872, p. 21 et 181. — On the Myology of Orycteropus capensis, etc. (Journ. of Anat. and Phys., May 1865, p. 318). ! Aux. Essai sur l'appareil locomoteur des Oiseaux, 1874, p. 454. GRATIOLET et ALIX. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865, p. 196. Humrary. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ, of Anat. and Phys., Nov. 1869, p. 68). ARTICLE III ANOMALIES DU MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DU GROS ORTEIL. Le muscle extenseur propre du gros orteil est profondément situé entre le muscle extenseur commun et le tibial antérieur. Il prend naissance sur la face interne du péroné dans son tiers moyen et sur la portion attenante du ligament interosseux ; il reçoit, enfin, dans le voisinage du tarse (Meckel, Theile), un petit faisceau détaché de la face externe du tibia. Le tendon de l'extenseur propre glisse, comme celui de l’extenseur com- mun, sous le ligament annulaire, longe le bord interne du pied et vient se terminer sur l'extrémité postérieure de la phalange onguéale du gros orteil. $ L. — Union de ce muscle avec l’extenseur commun, avec le pédieux. — (Voyez le muscle précédent, p. 715.) $ IT, — Dédoublement du muscle ou de son tendon; inser- 720 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. tions surnuméraires sur le métatarse ou les phalanges., — Rien n'est plus variable que la hauteur à laquelle s'étend cette division du tendon terminal de l’extenseur propre : elle peut se limiter à une portion du tendon ou au tendon tout entier, ou bien intéresser en partie le corps musculaire lui-même /dédou- blement partiel ou incomplet): elle peut aussi occuper toute l'étendue du muscle et donner ainsi naissance à des muscles propres. Les tendons résultant de ce dédoublement sont égale- ment très variables dans leurs dimensions et leur force : les uns sont larges et résistants, les autres sont excessivement ténus, presque filiformes. Quant à l'insertion des tendons sur- numéraires, elle peut se faire : sur la prenuère phalange du gros orleil, sur l'extrémité postérieure du premier mélatarsien, sur le 2° orteil. «) — C'est à tort que nos Traités classiques font insérer le tendon de l’extenseur propre exclusivement sur la deuxième phalange du gros orteil ; ce tendon s’insère en même temps sur l'extrémité postérieure de la phalange métatarsienne. Cette der- nière disposition est la règle, la première constitue l'exception. Une pareille conclusion ressort non seulement de mes propres recherches, mais aussi des statistiques importantes de L. Calori et de W. Gruber. D'après le savant professeur russe, qui à examiné à cet effet 200 extrémités, le muscle extenseur propre se fixerait simullanément aux deux phalanges 27 fois sur 50 cas et 21 fois à la phalange onguéale seulement. Calori a rencontré le tendon indivis dans la moitié environ des cas exa- minés ; mais alors même que le tendon ne se dédoublait pas, il n’en contraclait pas moins avec la base de la première pha- lange des connexions intimes : «Il s’y attachait, en effet, au moyen d’une expansion fibreuse, tantôt à la partie interne seulement, tantôt sur les deux côtés. Cette expansion était ordi- nairement très forte; dans quelques cas, cependant, elle était assez mince.» «Il arrive quelquefois, ajoute Galori, que le susdit tendon n’a aucune connexion avec la première phalange, mais cela est très rare, de sorte que l’on doit considérer comme fait général ou comme règle présentant peu d'exceptons l'insertion MUSCLE EXTENSEUR PROPRE DU GROS ORTEIL. 7921 du tendon de l'extenseur propre aux deux phalanges du gros orteil. » B) — L'insertion de l'extenseur propre au premier métatar- sien, à l’aide d'un tendon surajouté, est relativement fort rare. Je n'en ai observé pour ma part que deux cas: dans le premier cas, le tendon destiné au métatarsien s’attachait à l'extrémité postérieure de cet os ; dans le second, il se fixait à 2 centimèe- tres et demi en avant de cette extrémité. 7) — L'insertion du même muscle au 2° orteil en même temps qu'au 1° me paraît devoir être plus rare encore. Je la trouve très nettement signalée dans une observalion recueillie par M. Chudzinski, sur un sujet nègre. Le muscle extenseur propre se divisait, presque immédiatement après son origine, en deux faisceaux distinets : le faisceau interne se portait, comme d'or- dinaire, sur les phalanges du gros orteil; le faisceau externe fournissait deux tendons dont l’un, se fusionnant avec le muscle précédent, gagnait les phalanges du gros orteil; l’autre formait la majeure partie du tendon long extenseur commun du 2° orteil. Ces divers tendons surnuméraires peuvent disparaître simul- tanément sur le même sujet, constituant ainsi un groupe de variétés nouvelles : extenseur à trois tendons (extensor hallucis longus tricaudalus de Gruber) et peut-être à quatre tendons. Je ne possède dans mes notes qu'une seule observalion du muscle à trois tendons : l'un d'eux se rendait à l'extrémité postérieure de la première phalange; les deux autres se terminaient sur l'extrémité postérieure de la deuxième. De plus la division peut s'étendre, comme je l'ai déjà fait remarquer plus haut, non seulement au tendon mais à toute la longueur du corps musculaire. De là, des formations muscu- laires indépendantes, de vrais muscles surnuméraires au nom- bre de deux : l'un destiné au métatarsien {extenseur propre du premier mélalarsien, extensor ossis mélatarsi hallucis de Macalis- ter) ; l'autre destiné à la première phalange du gros orteil (court eælenseur du gros orteil par analogie avec le court extenseur de la main, extensor prümi internodi hallucis de Macalister). Nous 46 71922 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. aurons l'occasion de revenir sur ces deux formations anormales dans l’un des articles suivants, consacré aux muscles surnumé- raires de la région. _ Quel que soit leur degré de différenciation, les divers ten- dons ou faisceaux charnus que je viens de décrire, tout en con- servant leurs caractères généraux, subissent des variations d'ordre secondaire qu'il serait fastidieux d’énumérer ici en détail et que le lecteur trouvera dansle mémoire de W. Gruber sur les « Variétés de l’extenseur propre du gros orleil ». Anatomie comparée. — Nous avons déjà vu l'extenseur propre du gros orteil fournir, chez le kangurou (Meckel), le tendon extenseur du 2° orteil. Le tendon de l’extenseur du gros orteil est indivis dans le plus grand nombre de Mammifères et se fixe soit à la première phalange, soit à la seconde ; mais on le voit, dans quelques espèces, s'attacher à la fois à la phalange onguéale et à la phalange métatarsienne. Chez le pangolin notamment (Humphry), le muscle se détache comme chez l'homme du péroné; arrivé au devant de l'articulation des os de la jambe avec le tarse, il se jette sur trois tendons distincts : a) le premier, longeant le côté interne du 2° orteil, va jusqu'à la dernière phalange de cet orteil; 5) le deuxième se termine à la première phalange du gros orteil; il représente le court exten- seur; y) le troisième enfin, représentant le long extenseur, descend jusqu'à l'extrémité postérieure de la phalange onguéale. Bibliographie : MECKEL. Trailé d'anatomie comparée, t. VI, p. 434. MACALISTER. Transact. of Royal Irish Academy, 1871. Humpary. British med. journ., 1873, July to Dec., p. 110. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 382, t. XV, p. 240 et 534, t. XVI, p. 518. BANKART, PYE-SMiTa et PHitps. Guy's Hospital Reports, vol. XIV. SMITH, HOWSE et DAVIES-COLLEY. /bid., 1870. GruBEer. Ueber die Varietcweten des Musc. Extensor hallucis longus (Reich. u. Du Bois-Reymond's Arch., 1875, p. 565). GruBER. Ein néuer fall von Musc. Extensor hallucis longus tricaudatus (Ibid., 1876, p. 746). CaLori. Memorie dell” Accademia di Bologna, série IL, t, VII, p. 35. . MUSCLE PÉDIEUX OU COURT EXTENSEUR. DES ORTEILS. 123 BRüHL. Journ. of Anat. and Phys, VIT, p. 328. ZiNCONE. Osservasiont anatomiche, Napoli, 1877. Caupzinski. Revue d'Anthr., 1882, p. 616. Humprary. The Myology of the liümbs of the unau, he ai, etc. (Journ. of Anat. and Phys, Nov. 1869, p. 69). ARTICLE IV ANOMALIES DU MUSCLE PÉDIEUX OU COURT EXTENSEUR DES ORTEILS. Le muscle pédieux, plus connu en anatomie comparée sous le nom de court extenseur des orteils, occupe la face dorsale du pied. Il prend naissance, à l’aide de faisceaux moitié charnus, moitié aponévroliques, sur la portion antérieure et supérieure du calcanéum, ainsi que sur les trousseaux fibreux que con- tient le creux calcanéo-astragalien. Le corps musculaire du pédieux se divise bientôl en quatre faisceaux se terminant chacun sur un tendon aplati, généralement très grêle. Le pre- mier tendon vient s'insérer sur l'extrémité postérieure de la première phalange du gros orteil; les trois autres se portent, en divergeant, vers les 2°, 3° et 4° orteils. Arrivé au niveau de l'articulation métatarso-phalangienne, chacun d’eux se termine sur le tendon correspondant de l'extenseur commun ou long extenseur, qu'il aborde par son côté externe ou péronier. Les variations anatomiques du court extenseur des orteils sont fort nombreuses. Je crois devoir les classer de la facon sui- vante : à) variations de nombre (augmentation, diminution) de ses faisceaux; Ü) isolement plus ou moins complet de quelques- uns de ses faisceaux ; y) variations d’origine et de terminaison ; 2) union plus ou moins complète avec les longs extenseurs. $ I. — Augmentation de nombre des faisceaux du pédieux; court extenseur du 5° orteil. — Il n'est pas très rare de voir le pédieux présenter un, deux, ou même un plus grand nombre de faisceaux surnuméraires. Ces faisceaux peuvent être exclusi- vement tendineux et proviennent alors du dédoublement d'un 724 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. des tendons normaux; ou bien ils font suite à un corps charnu surajouté. L'apparition d'un corps charnu surnuméraire peut se produire sur n'importe quelle région du tarso-métatarse; mais c’est entre le premier faisceau et le second qu'il se développe le plus généralement ; plus souvent aussi il se rend au 2° orteil, qui se trouve ainsi recevoir deux faisceaux du court extenseur. Cette disposilion et aussi l'apparition d’un faisceau pour le 5° orteil constituent les deux anomalies les plus intéressantes de ce groupe. 1° Le faisceau court extenseur surnuméraire du 2° orteil se détache, dans la majorité des cas, de la masse commune du pédieux, compris dans l'angle dièdre que forment entre eux les deux premiers faisceaux de ce dernier muscle; je l'ai toujours vu plus grèle que l’un ou l’autre de ces deux faisceaux. Il peut: provenir aussi du côté externe du corps charnu que le pédieux envoie au gros orteil; il peut enfin, comme l’a vu Lotze, pré- senter deux faisceaux d’origine émanant l’un de la masse com- mune, l’autre du troisième cunéiforme et de la base du troisième métatarsien. Quant à la terminaison de son tendon, elle se fait soit sur le côté tibial du tendon que l’extenseur commun envoie au 2° orteil, soit sur l'extrémité postérieure de la première phalange de cet orteil, ou bien encore sur le deuxième métatar- sien ou le premier espace interosseux. J'ai observé moi-même toutes ces différentes dispositions. 2 Le court extenseur du 5° orteil, émanant du pédieux, est bien plus rare que le précédent; je l'ai vainement cherché, l’année dernière, sur plus de 50 extrémités. Son existence est mentionnée par Macalister, Meckel, Theile, ete., etc. Dans le cas cité plus haut de Ringhoffer (déformation congénitale), le pédieux envoyait un faisceau spécial au 5° orteil. Nous verrons, dans le chapitre suivant, qu'il existe, pour cette formation musculaire, d’autres modes d'origine et qu’elle peut être com- plètement indépendante de la masse dorsale du pédieux. Anatomie comparée. — Les espèces animales sont nombreu- ses, dont le muscle court extenseur possède un nombre de fais- ceaux charnus ou de tendons supérieur à quatre. La bifurca- MUSCLE PÉDIEUX OU COURT EXTENSEUR DES ORTEILS. 725 tion d’un ou de plusieurs tendons s’observe fréquemment; et, à cet effet, le Pteropus, si bien étudié par le professeur Humphry, nous présente une disposition des plus intéressantes. Le court extenseur de ce mammifère est constitué par quatre faisceaux : a) les deux faisceaux du milieu présentent une division longi- tudinale qui les décompose en deux portions, une portion externe qui se termine sur le côté péronier du tendon du long extenseur correspondant, et une portion externe qui se fixe au coté tibial du même tendon; f) le faisceau du #° orteil se jette, sans se dédoubler, sur le côté externe du tendon correspondant ; 7) quant au faisceau du 4° orteil, il se termine, comme chez l'homme, sur la première phalange de cet orteil avec prolonge- ment à la base de la deuxième. Chez le Vespertilio murinus (Maisonneuve), le pédieux se divise en cinq faisceaux et chacun d'eux se subdivise à son tour en deux tendons distincts, sauf le plus externe qui reste unique. Le 2° orteil recoit deux faisceaux du pédieux, comme dans quelques-unes de nos anomalies, chez les Atèles (Meckel), chez les Oiseaux de proie (Meckel), chez la marte, etc. Chez ce der- nier animal, le court extenseur est constitué par deux faisceaux : un faisceau externe, qui se rend aux 2°, 3° et 4° orteils, et un faisceau interne, qui se termine en même temps sur le 1% et le 2°. Le pangolin, disséqué par Humphry, possédait deux ten- dons distincts pour le 3° orteil, et je trouve mentionné, dans le mémoire si souvent cité de Bischoff sur l'anatomie du gibbon, que, chez le Pithecia hirsuta, le faisceau interne ou hallucien du pédieux fournissait deux tendons, l’un pour le gros orteil, l'autre pour le deuxième. La présence d’un cinquième faisceau pour le 5° orteil se rencontre enfin à l’état normal, d'après Meckel, chez l'ornitho- rynque et chez les Loris. $ IE. — Diminution de nombre des faisceaux du pédieux. — Murie et Flower n'ont trouvé que deux faisceaux sur le pédieux de leur boschiman, l’un destiné au 1°" orteil, l'autre se portant sur le #°. Macalister signale un cas où le pédieux ne 726 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. possédait que ses deux faisceaux moyens, et un deuxième cas où le même muscle était réduit à deux faisceaux également pour le 3° et le 5° orteil. L'absence du quatrième faisceau est mentionnée par Beaunis et Bouchard, et je trouve l'absence du premier consignée dans une observation de Bankart, Pye-Smith et Philips. J'ai vu moi-même, dans un cas où le faisceau externe faisait entièrement défaut (pédieux à 3 faisceaux seulement), le péronier antérieur envoyer vers le #° orteil un tendon fort grêle, lequel venait s'attacher sur la partie postérieure et externe de la première phalange. Anatomie comparée. — 1 s'en faut de beaucoup que tous les Mammifères possèdent un pédieux aussi développé que celui de l'homme : le faisceau interne ou hallucien du pédieux, faisait défaut du côté droit chez le Cercopithecus sabœus disséqué par Bischoff. Est-ce une disposition normale? Chez la sarigue, le pédieux se distribue seulement aux 3°, #° et 5° orteils; chez le porc-épic et le castor, il est réduit à deux faisceaux seulement pour les 2° et 3° orteils (Meckel); il faut vraisemblablement considérer comme se rattachant au pédieux quelques autres faisceaux prenant naissance plus haut, sur les os de la jambe. Le pédieux se distribue seulement aux trois premiers orteils chez l’hyène, au premier seulement chez le phoque (Meckel). Le professeur Humphry décrit cependant, chez ce dernier animal, un faisceau externe pour le côté péronier du 4° orteil. Nous voyons manquer encore : le faisceau pour le gros orteil chez l'Orycteropus capensis (Humphry), les faisceaux pour le 1% et le 2° orteil chez l'éléphant (Miall et Greenwod), les fais- ceaux pour le 1‘ et le 4° orteil chez le koala (Young), etc. $ IT. — Hsolement plus ou moins complet de quelques faisceaux du pédieux, court extenseur du o9ros orteil. — Le degré d'isolement ou de différenciation des divers faisceaux constitutifs du pédieux varie beaucoup suivant les sujets. « Très fréquemment, dit Meckel, le ventre interne forme un muscle tout à fait distinct... Il n’est pas rare non plus que les * É j 3 MUSCLE PÉDIEUX OU COURT EXTENSEUR DES ORTEILS. 727 autres ventres, ou même tous, soient entièrement détachés les uns des autres dans toute leur longueur. » Je ne puis partager l’opinion de Meckel relativement à la fréquence de cette ano- malie; je n’ai jamais rencontré en effet, bien que j'aie fait à ce sujet de nombreuses dissections, l'isolement complet des trois faisceaux externes du pédieux. Par contre, j'ai bien noté une dizaine de fois, en cinq ans, l'isolement du faisceau interne (!) destiné au gros orleil (M. court extenseur du gros orteil). Ce faisceau m'a paru recevoir constamment du nerf tibia! antérieur un filet distinct, de telle façon que, s’il est dans la majorité des cas intimement lié aux autres faisceaux du pédieux au point de vue anatomique, il en est peut-être toujours indépendant au point de vue fonctionnel. J'ai vu, sur le côté gauche d’un sujet, le faisceau interne du pédieux posséder deux faisceaux d'origine : entre les deux passait le nerf tibial antérieur; les vaisseaux pédieux sui- vaient leur trajet normal le long du bord interne du corps musculaire. - Anatomie comparée. — En signalant l'isolement complet des faisceaux du pédieux, Meckel ne manque pas de faire ressortir l’'analogie remarquable qui existe entre cette disposition anor- male chez l’homme et ce qui existe normalement chez les Oiseaux. Humphry signale également quatre divisions distinctes sur le pédieux du Pteropus. L'aï, l'ours, le coati, le raton pos- sèderaient eux aussi, d’après Meckel, un pédieux constitué par un plus ou moins grand nombre de faisceaux distincts. Nous savons enfin que l'isolement complet du faisceau destiné au gros orteil est la caractéristique anatomique de presque tous les Singes. Tai observé, pour ma part, le court extenseur du gros orteil chez plusieurs Cercopithèques, chez le Macacus sinicus, chez le chimpanzé, chez l'orang. $ IV. — Union plus ou moins intime du pédieux avec les longs extenseurs. (Voyez ces derniers muscles.) () Henle décrit à part le faisceau interne du pédieux sous le nom de Extensor hallucis brevis. 7128 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. $ V. — Variations portant sur l'insertion d’origine et sur l'insertion terminale. — Ces varialions ont été étudiées avec le plus grand soin, en 1875, par Ruge (de Heidelberg) au mémoire duquel je renvoie le lecteur qui désirerait des descrip- tions plus détaillées que ne le comporte le cadre de cet ouvrage. 1° Premier groupe. — 4) Les trois tendons externes du pé- dieux peuvent présenter avec les phalanges des connexions intimes, tout comme le tendon du premier peut se terminer, non pas sur la première phalange du gros orteil, mais bien sur le tendon de l’extenseur propre. M. Chudzinski en signale un fait observé chez un sujet nègre. J'ai rencontré moi-même deux fois cette disposition dans les salles de dissection de la Faculté. Chez l’aÿ, les tendons du court extenseur des orteils se terminent tous sur les phalanges. 5) — Les tendonsde quelques-uns des faisceaux normaux ou surnuméraires du pédieux peuvent se terminer sur les os du métatarse, en un point généralement peu éloigné de l'extrémité antérieure ou dorsale de ces os. 7) — Ils peuvent aussi se perdre dansles espaces interosseux (premier espace généralement), et, dans ce cas, ou bien leur tendon s’épuise en filaments ténus sur l’aponévrose interosseuse (disposition plus fréquente), ou bien leur extrémité charnue se confond entièrement avec les muscles interosseux (disposition plus rare). 20 Deuxième groupe. — S’éloignant du calcanéum et se sépa- rant de la masse commune, quelques faisceaux anormaux du pédieux peuvent prendre naissance sur des surfaces osseuses, situées sur un plan plus antérieur; c’est ainsi qu'on peut voir sur la planche annexée au mémoire de Ruge, des faisceaux détachés soit des cunéiformes, soit du cuboïde ou même de l'extrémité postérieure ou proximale des mélatarsiens. Ces faisceaux ainsi isolés du pédieux appartiennent pourtant bien à ce muscle: car, dans un grand nombre de cas, comme le fait remarquer Ruge, une dissection minutieuse permet d'isoler des tractus fibreux ou même un véritable tendon, reliant l'extrémité proximale du faisceau anormal à la masse commune du pédieux. MUSCLE PÉDIEUX OU COURT EXTENSEUR DES ORTEILS. 129 3° Troisième groupe. — Réunies sur un même faisceau, les deux dispositions anormales qui précèdent donnent naissance à un troisième groupe de faits, caractérisés par la présence à la face dorsale du pied de faisceaux charnus surajoutés, qui, raccourcis à la fois par leurs deux extrémités, d’une part n’atteignent pas les phalanges et d’autre part ne remontent pas au pédieux. Comme dans les cas précédents, ces faisceaux singuliers se détachent des cunéiformes, du cuboïde, des métatarsiens, et viennent se terminer, suivant les cas, sur les métatarsiens ou sur les interosseux. Leur fusion avec les interosseux est quelquefois si intinre et leurs proportions si restreintes, qu'on doit éprouver un véritable embarras pour en déterminer la nature et établir une distinction entre un faisceau atrophié du pédieux et un faisceau de l’interosseux dorsal inséré plus haut que d'habitude. Le mode d’innervation du faisceau surajouté sera, dans ce cas, le meilleur élément pour la solution du problème. Les faisceaux à développement fort variable que je viens de décrire, qu'ils émanent du pédieux pour s'arrêter sur l’espace interosseux et le métatarse, ou bien qu'ils prennent naissance, en dehors de la masse commune du pédieux, sur les os du tarse, ne sont que des portions atrophiées et en partie dispa- rues du court extenseur des orteils. Ce sont des débris d'orga- nes, comme il en existe tant dans la constitution anatomique de l’homme, établissant une transition entre ces deux dispositions extrèmes : développement à l'état parfait et disparition com- plète. Bibliographie : ALBINUS. Aistoria musculorum, p. 602. HEXLE. Muskellehre, zweite Auflæge, 1871, p. 315. LoTzE. Z'eitechrift für rat. Med., 3, Reihe XXX VIII, p. 99. MECKEL. Anatomie descriptive, t. II, p 228. Woop. Proc. of Roy. Irish Academy, t. XV, p.537, et t. XVI, p. 521. MACALISTER. Trans. of Roy. Irish Academy, 1871. MURIE et FLOWER. Journ. of Anat. and Phys., t. I, p. 189. DAVIES-COLLEY, TAYLOR et DALTON. Guy's Hosp. Reports, 1872, et tirage à part, p. 8. 730 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. BANKART, PYE-SMiTx et Paizres. Guy’s Hosp. Reports, vol. XIV. RUGE. Etwichklungscorgange an der Muskulatur des menschlichens Fusses (Morph. Jahrburh von Gegenbaur, IV, suppl. S. 117). Caupzinski. Revue d’Anthropologie, 1882, p. 624. HumPary. On Myology of the limbs of Pteropus (Journ. of Anat. and Phys., May 1869, p. 317). MtALL et GREENWOOD. The Anatomy of the Indian Elephant (/bid., Jan. 1878, p. 284). Humrary. On the Myology of Orycteropus capensis, etc. (Ibid., May 1868, p. 318). BiscHorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, München, 1870, Humrary. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1869, p. 69). YounG. The muscular anatomy of the koala (/bid., Jan. 1882). ARTICLE V MUSCLES SURNUMÉRAIRES DE LA RÉGION ANTÉRIEURE DE LA JAMBE. Les différents muscles surnuméraires qui apparaissent de temps à autre, chez l’homme, à la région antérieure de la jambe et à la région dorsale du pied, ont été décrits pour la plupart dans les pages qui précèdent. Il me parait pourtant utile de grouper ici, sous forme de tableau synthétique, les descriptions éparses de ces formations musculaires. De ce rap- prochement découleront pour nous des notions très nettes sur leur situation et leur trajet, leurs analogies et leurs différences et aussi sur leur véritable nature. 12 Long abducteur du gros orteil (Extenseur du premier mélalarsien, Exlensor ossis metatarsi hallucis). —— Très variable en volume, très va- riable aussi dans ses origines, ce muscle est caractérisé par son insertion inférieure à l'extrémité postérieure du premier méta- {arsien. Quand il est complètement isolé des autres muscles extenseurs, il traverse, sous le ligament annulaire, la même gouttière que l’extenseur propre du gros orteil. Une variété de ce muscle, prenant naissance sur l'extrémité inférieure du péroné, rappelle très nettement le Supinator pedis de Humpbry qui, chez le cryplobranche et quelques autres Ver- MUSCLES SURN'* DE LA RÉGION ANTÉRIEURE DE LA JAMBE. 7914 tébrés, se détache également de la portion inférieure du péroné pour venir s'attacher sur le deuxième métatarsien, le premier faisant défaut. A l’état d'isolement incomplet, c’est à dire réuni dans une étendue plus ou moins considérable avec un autre muscle, il peut émaner : +) du long extenseur propre du pouce; £) du long extenseur des orteils ; y) du Gbial antérieur. Il résulle d'un cas mentionné par Macalister, que le long abducteur du gros orteil peut être réduit à un simple tendon, inséré d'une part sur le ligament annulaire et de l'autre sur l'extrémité postérieure du premier métatarsien. 2° Extenseur propre de la première phalange du gros orteil (Extensor primi internodii hallucis, court extenseur du gros orteil, Extensor hallucis brevis de Henle). — Ce muscle s’insère par son tendon terminal, comme son nom l'indique, sur l'extrémité postérieure ou proximale de la première phalange du gros orteil. A l'état d'isolement complet, il peut provenir soit de la jambe, soit du larse; de là deux variélés bien distinctes : +) un long extenseur propre de la première phalange du gros orteil, prenant naissance sur Île péroné et le ligament interosseux (voyez p. 721); et f) un court eælenseur propre de la même phalange, qui n'est autre chose que le premier faisceau du pédieux, complètement différencié (voyez p. 726). J'ai vu fréquemment le tendon extenseur de la première phalange du gros orteil se porter, au niveau de l'articulation du cou-de-pied, sur une masse à la fois fibreuse, graisseuse et musculaire (muscle atrophié) laquelle venait se perdre sur la portion externe du ligament interosseux. A l’état d'isolement incomplet, le long extenseur de la pre- mière phalange du gros orteil peut provenir : +) de l’extenseur propre du gros orteil {voyez p. 720); G) du long extenseur commun des orteils (Wood); 7) du tibial antérieur (Wood). 3° Extenseur propre du 2 orteil (Extensor digiti Il pedis longus de Gruber). — C'est un faisceau surajouté à la masse des exten- seurs qui se détache du péroné, glisse au-dessous du ligament annulaire et vient se fusionner, à la hauteur du métatarse, 732 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. avec le tendon que l’extenseur commun envoie au 2° orteil. (Voyez p. 717.) 4° Court extenseur du petit orteil. — C'est un faisceau généra- lement très grèle, surajouté au muscle pédieux, auquel il peut être réuni, mais dont il peut aussi être complètement distinct. Nous aurons l’occasion de revenir plus tard sur cette intéres- sante formation, à propos des Péroniers surnuméraires. D° Faisceau tenseur antérieur de la synoviale du tarse (Tensor capsuli tibio-tarsalis anterior). — Ce faisceau détaché du tibia repro- duit, à la face antérieure de l'articulation tibio-tarsienne, les faisceaux tenseurs que nous avons déjà mentionnés (p. 699) à la face postérieure de cette région articulaire. 6° Faisceau tibio-aponévrotique (Tibio-fascialis de Macalister, {ensor fasciæ dorsalis de Humphry). — Faisceau de fibres détaché de la por- ton inférieure du tibia et venant se terminer sur l’aponévrose dorsale du pied. (Voyez p. 708.) 7° Faisceau tibio-astragalien antérieur (Tibio-astragalus anticus de Gruber). — Faisceau de fibres s'insérant en haut, derriere le übial antérieur, sur la portion inférieure du tibia et du ligament interosseux et venant se fixer, en bas, sur le col de l'astra- gale. (Voyez p. 708.) Bibliographie : WALTHER. /n Haller’s Disput., vol. VI, p. 559. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 382, t. XV, p. 240 et 535, tt: XVI, p.518 MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. BRUHL. Journ. of Anat. and Phys., t. VII, p. 328. ZINCONE. Osservazioni anatomiche, Napoli, 1877. GruBER. Ucber einen Musc. tibio-astragalus anticus des Menschen (Arch. f. Anat. u. Phys., 1871, p. 663). GruBER. Einen Musc. Extensor digiti II pedis longus (/bid., 1875, p. 23). (Voir aussi la bibliographie des trois muscles précédents.) eS À ‘ 4 x à { * MUSCLES DE LA RÉGION EXTERNE DE LA JAMEE. 7133 CHAPITRE VIT Région externe de la jambe ou Groupe des Péroniers. Nos traités classiques décrivent chez l’homme trois muscles péroniers : 1° un péronier antérieur, confondu à son origine avec l’extenseur commun des orteils et inséré, en bas, sur l’ex- trémité postérieure du cinquième métatarsien ; 2° un long péro- nier latéral, se détachant de la moilié supérieure du péroné et venant rejoindre, à travers la région plantaire, l'extrémité pos- térieure du premier mélatarsien; 3° un court péronier latéral, enfin, prenant naissance au-dessous du précédent sur la moitié inférieure du péroné et s'arrêtant, dans la majorité des cas, sur l'extrémité postérieure du cinquième métatarsien. Il existe chez quelques Mammifères, comme nous le ver- rons dans le cours de ce chapitre, un quatrième muscle péro- nier, auquel les zootomistes ont donné les noms les plus divers et qui se détachant, comme les péroniers latéraux, de la face externe du péroné, vient se terminer sur le 5° orteil. Ce muscle, qui a disparu dans l'espèce humaine, l'anatomie anormale le fait revivre chez quelques sujets, quelquefois à l'état parfait, mais le plus souvent à l’état imcomplet, sous des formes multi- ples et des apparences très dissemblables. Ces diverses variétés, étudiées par la plupart des auteurs au simple point de vue descriplif et sans esprit de synthèse, ont donné lieu à une ter- minologie des plus complexe, entraînant comme conséquence une confusion des plus regrettable. C’est ainsi que le peroneus tertius désigne pour certains un péronier latéral surnuméraire, tandis que pour le plus grand nombre des anatomistes il repré- sente notre péronier antérieur; c'est ainsi que le peroneus quartus d'Otto est pour Macalister un peroneus sextus, ete. J'es- lime, pour ma part, après de nombreuses recherches, que toutes les formations qui se détachent de la face externe du 734 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. péroné pour aboutir soit au calcanéum, soit au cuboïde, soit au 5° orteil, etc., doivent être rattachées au même muscle, le troisième péronier laléral des Mammifères; je les comprendrai donc toutes, sans exceplion, sous la dénomination générique de péroniers latéraux accessoires; nous verrons, du reste, combien il est à la fois naturel et facile de les ramener au type commun, dont elle ne sont que des formes plus ou moins déviées. ARTICLE PREMIER ANOMALIES DU MUSCLE PÉRONIER ANTÉRIEUR. Intimement confondu avec les faisceaux externes de l'exten- seur commun des orteils, le péronier antérieur partage les insertions supérieures de ce dernier muscle. Il se détache plus particulièrement de la face antérieure (moitié inférieure) du péroné et de la portion avoisinante du ligament interosseux ; son tendon terminal, toujours très variable comme dimensions et comme forme, vient s'attacher par une extrémité élargie sur l'extrémité postérieure du cinquième métatarsien. SI. —— Dégénérescence fibreuse; absence complète. — Le développement du péronier antérieur varie beaucoup suivant les sujets. J'ai vu ce muscle, dans un cas, être beau- coup plus volumineux à lui tout seul que tous les autres fais- ceaux de l’extenseur réunis; mais les faits de cette nalure sont tout à fait exceptionnels. Il n’est pas très rare de le voir repré- senté par un long tendon faisant suite à un corps charnu exces- sivement grêle. Je l'ai vu, deux fois, réduit à un simple tendon émanant, par voie de bifurcation, du tendon extenseur du 5° orteil. Enfin, le péronier antérieur peut disparaître enlière- ment; il n’est peut-être pas un anatomiste qui n'ait eu l'occa- sion de noter cette absence. La fréquence d’une pareille disparition nous est donnée par la slalistique suivante du professeur Wood : sur 102 sujets MUSCLE PÉRONIER ANTÉRIEUR. 133 (68 hommes et 3% femmes), le péronier antérieur a été trouvé absent 10 fois; 5 fois chez les hommes, 5 fois également chez les femmes. Parmi les cinq hommes qui présentaient cette anomalie, un seul la présentait des deux côtés, trois du côté droit, un du côté gauche. Parmi les cinq femmes, une seule également présentait l'anomalie des deux côtés; trois la présen- {aient à droite, une à gauche. Le côté droit jouirait-il à cet égard d’une prédisposition spéciale? Anatomie comparée. — L'absence du péronier antérieur constitue une disposition essentiellement simienne. Ce muscle fait en effet défaut chez les quatre Anthropoïdes ainsi que chez le Cynocephalus maimon, le Cercopithecus sabœus, le Macacus cynomolqus, le Pithecia hirsuta, le Hapale penicillata (Bischoff), le Cynocephalus anubis (GChampneys), le Macacus sinicus (Testut), etc., etc. $ I. — Duplicité du muscle; insertions surnuméraires sur le pied. Cette duplicité peut ne porter que sur le tendon terminal ou intéresser, dans-une plus ou moins grande étendue, le corps musculaire lui-même. Quoi qu'il en soit, il faut distin- guer plusieurs variétés, basées sur le mode de terminaison du faisceau surnuméraire. Cette insertion peut avoir lieu : 1° Sur le quatrième métatarsien, — L'attache du péronier an- térieur au quatrième mélatarsien est tellement fréquente qu’elle est considérée comme normale par Sappey. « Au-dessous du ligament annulaire (antérieur), dit-il, le tendon devient libre, se porte en avant, en bas et en dehors, et s’insère en s’épa- nouissant : d'une part, sur l'extrémité postérieure du quatrième mélalarsien, de l’autre sur la partie supérieure de l'extrémité postérieure du cinquième. » Theile décrit lui aussi le péronier antérieur comme s’attachant « la plupart du temps » au qua- trième métatarsien lui-même. Ici encore il faut établir les modalités suivantes : 4) les deux tendons sont égaux en volume ; £) le tendon surnuméraire destiné au quatrième mélatarsien est beäkucoup plus petit que le tendon normal; il est réduit souvent à une simple expansion 736 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. fibreuse; ;) il est plus volumineux que le tendon normal; il est le tendon principal, ce dernier devenant l'accessoire. 9) Il peut enfin exister seul; le péronier antérieur, dans ce cas, s’insère exclusivement sur le quatrième métatarsien. J'ai rencontré, dans ma salle de dissection, toutes ces variétés, à l'exception de la dernière, qui a élé constatée par Wood, en 1867, sur deux sujets, un homme et une femme. Anatomie comparée. — Cette insertion du péronier antérieur au quatrième métatarsien se rencontre également chez quel- ques Mammifères. L'unau et le pangolin, par exemple, possè- dent un péronier antérieur qui se porte à la fois sur les deux métatarsiens externes. Young décrit, chez le koala, un peroneus quarli metatarsi et un peroneus quinti metatarsi, dont les noms indiquent suffisamment leur mode d'insertion. Enfin chez l'aï, d’après les dissections d'Humphry, le péronier antérieur s’atta- che exclusivement au quatrième métatarsien. 90 Sur le 5° orteil (Phalange ou tendon de l'extenseur). — Ce tendon surnuméraire se détache presque toujours de la partie inférieure du tendon normal; je l'ai vu, dans un cas, cependant faire suite à un corps charnu spécial qui se fusionnait de bonne heure avec les faisceaux du péronier antérieur. Quant à sa terminai- son, elle se fait soit sur l’une des phalanges du 5° orteil, soit sur le tendon que l'extenseur commun envoie à cet orteil. J'ai vu, dans un cas, le prolongement digital où phalangien du péronier antérieur, faire corps, dans toute son étendue, avec le tendon normal. Le tendon du péronier antérieur affectait ainsi la forme d'une large -aponévrose triangulaire dont la longue base s’'insérait sur le bord externe du pied, depuis l’extré- milé postérieure du cinquième métatarsien, jusqu'à la base de la première phalange du 5° orteil. Signification anatomique. — Ce prolongement digital du péro- nier antérieur est l’homologue du prolongement digital du court péronier latéral, que nous étudierons plus tard et dont les éléments se sont déplacés. Je veux dire que, dans le déve- loppement ontogénique, les faisceaux musculaires dont le pro- longement phalangien du 5° orteil n’est que le reliquat, se sont MUSCLE LONG PÉRONIER LATÉRAL. 197 fusionnés avec le péronier antérieur, au lieu de se réunir avec le court péronier latéral, comme cela se produit d’ordinaire. Nous avons déjà vu, dans l'histoire des varialions anatomiques des extenseurs digitaux, quelques déplacements analogues. 3° Sur l'espace interosseux et sur le cinquième métatarsien. — Ce ne sont là que deux variations des dispositions précédentes : le prolongement phalangien, au lieu de poursuivre son trajet jus- qu'aux phalanges du 5° orteil, s’est arrêté sur le métatarsien correspondant et y a pris une insertion dite secondaire, etc. Du reste, entre l'insertion phalangienne et l'insertion métatarsienne on trouve tous les intermédiaires : c’est ainsi que j'ai vu plu- sieurs fois le prolongement digital, dont il est question, se confondre avec le tissu fibreux qui recouvre en arrière l’articu- lation métatarso-phalangienne. Bibliographie: THEILE. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 310. SAPPEY. Traité d'anat. descriptive, 3° édit., p. 423. MACALISTER. Transact. of Roy. Irish Academy, 1871. Turner. On a dissection of a second Negro (loc. cit., p. 245). BANKART, PYE-SMITH et Paizips. Guy’s Hosp. Reports, t. XIV. WAGSTAFFE. Journ. of Anat. and Phys., t. V, p. 277. EMBLETON. Jbid., t. VI, p. 217. Woop. Proc. of the Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 382, t. XV, p. 239 et 535, t. XVI, p. 519). Humpary. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1869, p. 76). YounG. The muscular Anatomy of the koala (Jbid., Jan. 1882, p. 287). CHAMPNEYs. On the Muscles and Nerves of a chimpanzee and «a Gynoce- phalus anubis (/bid., Nov. 1871). BiscHOFFr. Anatomie des Hylobates leuciscus, München, 1870. GracoMINI. Annotazioni sopra l’anatomia del Negro, Torino, 1882, p. 51. ARTICLE II ANOMALIES DU LONG PÉRONIER LATÉRAL. Les faisceaux charnus du muscle long péronier latéral pren- nent naissance en haut : sur la partie antérieure de la tête du péroné, sur le liers supérieur de la face externe de cet os, sur 47 738 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. les cloisons aponévrotiques qui les séparent en avant el en arrière des groupes musculaires voisins, et enfin sur la face pro- fonde de l’aponévrose jambière. Un tendon long et volumineux, déjà constitué dans la moitié supérieure de la jambe, recueille ces divers faisceaux. Continuant le trajet du muscle, il se porte d’abord en bas, derrière la malléole externe; il la contourne, glisse sur la face externe du calcanéum et s'engage finalement dans la gouttière cuboïdienne pour atteindre l'extrémité posté- rieure du premier mélatarsien où il se fixe. Il n’est pas utile, à mon avis, de décrire à ce muscle deux faisceaux d'origine, comme le fait Theile, qui désigne sous le nom de téte supérieure ou externe la portion du muscle qui est située au-dessus du nerf musculo-cutané, réservant celui de téle inférieure ou posté- rieure à la portion du long péronier qui est placée au-dessous. Je n’ai jamais rencontré, pour ma part, une division assez prononcée pour justifier une pareille descripüion. $ I. — Union du long péronier latéral avec le court péro- nier latéral. — Il n'est pas toujours possible d'isoler entière- ment, sur la face externe du péroné, les faisceaux respectifs des deux péroniers latéraux. Macalister signale entre l'un et l’autre de ces muscles des faisceaux anastomotiques. Mais à cela se borne l’anomalie; la différenciation des deux péroniers laté- raux est un fait anatomique constant chez l'homme. En fait de fusion complète de ces deux muscles, je ne connais que le cas de Ringhoffer; encore a-t-il été observé sur un membre dé- formé, ce qui lui enlève une partie de sa valeur. Nous savons que chez quelques Mammifères, notamment chez le cheval, les deux péroniers sont confondus en un muscle unique. $ IT. — Insertion supérieure remontée au fémur. — Le cas de Ringhoffer est encore le seul fait connu, relatant une pa- reille disposition. Les deux péroniers réunis en un muscle unique, comme je viens de le dire, se détachaient du condyle externe du fémur et venaient se terminer, en bas, en partie sur la face externe du calcanéum, en partie sur l’aponévrose MUSCLE LONG PÉRONIER LATÉRAL. 739 plantaire. Cetle insertion fémorale du long péronier latéral perd peut-être un peu de son importance, rencontrée qu'elle est sur un membre déformé; elle mérite cependant d’être men- tionnée, comme représentant chez l’homme une disposition normale chez un grand nombre de Vertébrés. Anatomie comparée. — Le long péronier latéral provient en effet du fémur chez la marte, l'hyène, l'ours, le coati. Il s’insère à la fois sur le fémur et sur le péroné (disposition mixte) chez l'aï, la loutre (Meckel), le phoque (Humphry), etc. Chez la sarigue, il existe trois têtes, d'après Meckel : deux proviennent du péroné, la troisième remonte au fémur. $ III. — Insertions surnuméraires sur les métatarsiens et les cunéiformes. — Il convient de distinguer, parmi ces inser- tions surnuméraires : 2) celles qui se font sur les métatarsiens du milieu; £) celle qui se fait sur le métatarsien externe; ;) celle qui se fait sur les cunéiformes. 1° J'ai vu, dans deux cas, le long péronier latéral envoyer une forte expansion sur l'extrémité postérieure du second méta- tarsien ; une pareille disposition est considérée comme à peu près normale par Theile. Des insertions surnuméraires sur les deux autres doigts du milieu sont mentionnées par Macalister, Walter, Humphry. 2° Au moment de s'engager dans la goutlière cuboïdienne, le tendon du long péronier latéral peut envoyer une expansion tendineuse à l'extrémité postérieure du cinquième métatarsien, qui se trouve donner ainsi insertion aux trois muscles péroniers. Macalister signale cette disposition, dont j'ai observé moi-même un cas en 1880: c'était sur le côté gauche d’une femme adulte, qui présentait également un prolongement digital très volumineux fourni au 5° orteil par le péronier antérieur. 3° L'insertion surnuméraire sur le premier cunéiforme a été notée par Walther. Anatomie comparée. — Toutes ces dispositions anormales se retrouvent normalement dans la série des Mammifères : æ) — Chez le porc-épie, le long péronier latéral s'attache prin- 740 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME, cipalement au premier métatarsien; mais il se fixe aussi aux deux précédents ainsi qu'aux cunéiformes (Meckel). Chez l'unau (Humphry), son insertion principale se fait sur le pre- mier métatarsien avec Insertions moins importantes sur les troi- sième, deuxième et premier. Chez le chat (Strauss-Durckheim), le premier métatarsien reçoit la presque totalité du tendon du long péronier latéral; mais ce tendon fournit, dans son trajet plantaire «des languettes aux autres métalarsiens, c’est à dire une forte à la tubérosité postérieure du deuxième, une au bord interne de la tubérosité du troisième, une à celle du quatrième et une très forte qui pénètre entre la tête du quatrième et du cinquième, pour se fixer à ce dernier, au milieu de la face interne de sa tête ». BE) — L'insertion au cinquième métatarsien ne s'observe pas seulement chez le chat. Elle existe concurremment avec l'inser- tion sur le premier chez la civette, d’après Young, chez l'Oryc- teropus capensis, d’après Humphry, ete., etc. J'ai vu moi-même, chez l'Ursus americanus, le tendon du long péronier latéral ne s'engager dans la gouttière cuboïdienne pour atteindre le pre- mier métalarsien, qu'après avoir envoyé au cinquième une expansion tendineuse. L'insertion sur le cmquième métalarsien existerait même seule chez l'ai et chez l'hyène, d'après Meckel. 7) — Quant à l'insertion sur les cunéiformes, elle s’observe dans un grand nombre d'espèces, notamment chez le porc-épic (Meckel) et chez le fourmalier (Humphry). $ IV. — Renforcement du long péronier latéral par un péronier accessoire. Henle a décrit, sous le nom de péro- nier accessoire {peroneus accessorius) un petit muscle surnumé- raire qui se détache de la face externe du péroné, entre l’un et l’autre des deux péroniers normaux, glisse comme eux dans la goultière rétro-malléolaire, pour venir se terminer sur le tendon du long péronier latéral, au moment où ce dernier s'engage dans la gouttière du cuboïde. Nous verrons dans la suite (voir art. IV, p. 744), que ce péronier accessoire, dont l'existence est loin d'être rare, n’est qu'une forme incomplète du troisième péro- MUSCLE COURT PÉRONIER LATÉRAL. 741 nier latéral, dont la variété la plus commune et la mieux connue est le peroneus quinti digiti de Humpbry, ou peroneus parvus de Bischofr. $ V. — Faisceau aberrant malléolaire. — Macalister signale un faisceau aberrant qui s'échappe du long péronier latéral pour venir s'attacher au ligament latéral externe de l’articula- tion libio-tarsienne ; et nous trouvons, dans un mémoire déjà ancien de Budge, la mention d’un faisceau aberrant probable- ment analogue qui se fixait à la la malléole externe. Ce sont là encore, bien évidemment, des formes incomplè- tes du muscle précité qui, s’arrêtant dans son trajet vers le 9° orteil, a pris sur la malléole et le ligament latéral une inser- lion dite secondaire ou consécutive. Bibliographie : WALTHER. De art., ligament. et musc. Hominis, Lipsiæ, 1728. PORTAL. Traité d'Anat., p. 356. BuDGE. Henle u. Pfeufer's Zeitschrift, vol. X,p. 128. HENLE. Muskellehre, zweite Aufiæge, p. 300. THEILE. Eneycl. anat., t. III, « Myologie », p. 325. MACAÏISTER. Transact. of Roy. Irish Acad., 1871. MECKEL. Anatomie comparée, t. VI, p. 43. Humpury. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1869, p. 75). YouNG. Myology of Viverra civetta (/bid., Jan. 1880, p. 175). HumPary. On the Myology of Orycteropus capensis and Phoca communis (Ibid., May 1868, p. 319). STRAUSS-DURCKHEIM. Anatomie du chat, t. II, p. 426. ARTICLE III ANOMALIES DU COURT PÉRONIER LATÉRAL. Situe au-dessous du précédent, le muscle court péronier latéral s’insère en haut : sur le tiers moyen de la face externe du péroné, sur le bord antérieur et le bord postérieur de cet 1 74 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. os, ainsi que sur les cloisons aponévrotiques qui séparent les deux péroniers latéraux des groupes musculaires voisins. Le tendon qui fait suite au court péronier contourne la malléole externe, croise la face externe du calcanéum et vient se fixer, comme celui du péronier antérieur, sur l'extrémité postérieure du cinquième métalarsien. Sauf son dédoublement et l'insertion d’un tendon surnuméraire sur le petit orteil, les variations anato- miques de ce muscle n’ont pas une bien grande importance. $ I. —— Union du court péronier latéral avec le long péro- nier latéral. — (Voyez ce dernier muscle, p. 738). $ IT. — Duplicité du muscle ou du tendon et insertions surnuméraires sur les os du pied. — Comme pour tous les cas de dédoublement des muscles complexes, la division peut porter sur le tendon seul ou remonter plus ou moins haut dans l'épaisseur du corps musculaire lui-même. Elle peut même l'in- téresser tout entier, donnant ainsi naissance à de vrais muscles surnuméraires. Quant à l'insertion inférieure du tendon sura- jouté, elle peut se faire : 1° Sur le 5° orteil. — Elle se fait soit sur les phalanges, soit sur le tendon que l’extenseur commun envoie à cet orteil. C’est l'extenseur propre du petit orteil (peroneus quinti digiti de Huxley) que nous décrirons en détail dans l’article suivant, soit chez l'homme, soit chez les Mammifères. . 20 Sur le cuboïde.— Sur le côté gauche d'un sujet adulte, j'ai vu un petit paquet de fibres, émanant de la portion postérieure du court péronier latéral, se jeter sur un tendon fort grêle, qui venait s'attacher sur le cuboïde. Macalister et Wood signalent chacun un fait analogue. Avec ce dernier anatomiste, je n'hé- site pas à considérer ce faisceau comme une variante du pero- neus quartus d'Otto (péronéo-calcanéen externe pour moi), lequel n’est, à mon sens, qu'une forme incomplète du peroneus quinti, ci-dessus mentionné. Chez le kangurou, d'après Meckel, le court péronier latéral se divise en deux tendons, dont l’un se rend au cuboïde. MUSCLE COURT PÉRONIER LATÉRAL. 143 3° Sur l’abducteur du petit doigt — Vood a rencontré une expansion du court péronier latéral se dirigeant en bas et en avant et donnant naissance à un des faisceaux de l’abducteur du petit orteil. 4° Sur le cinquième métatarsien. — J'ai vu, sur un nègre de l'ile Bourbon, les faisceaux charnus du court péronier latéral se jeter sur deux tendons distincts, l’un cylindrique, l'autre mem- braniforme et engainant le premier. L'un et l’autre se termi- naient sur l'extrémité postérieure du cinquième métatarsien. Il n'existait pas sur ce sujet de prolongement tendineux pour le 5° orteil : évidemment le tendon antérieur représentait cette formation ; au lieu d'aller jusqu'au petit orteil {disposition ordi- naire) il s'était arrêté sur le métatarsien correspondant. Chez l’aï (Meckel), le court péronier est double : l’un et l’autre se fixent sur la tubérosité du métatarsien externe. Est-ce là une disposition ordinaire? Il est permis d'en douter, car je ne la trouve nullement mentionnée dans le mémoire de Humphry sur la myologie de l'aï. D° Sur le quatrième métatarsien et le quatrième espace inter- osseux. — Cette disposition est fréquente et ne mérite pas le titre d’anomalie. Cruveilhier fait insérer le court péronier latéral «à l’apophyse de l'extrémité postérieure du cinquième méta- tarsien, et même quelquefois. par une expansion fibreuse au quatrième métatarsien ». D'autre part, Meckel donne du tendon du court péronier latéral la description suivante : « Vers la base du cinquième métatarsien, il se partage ordinairement en deux languettes, dont l’externe s’attache à la tubérosité de cet os, tandis que l'interne, plus longue, se subdivise ordinairement en trois portions, dont l’une se fixe à la partie moyenne de la face supérieure du corps de cet os, la seconde s'insère au bord externe du quatrième tendon du long extenseur commun des orteils, et la dernière se perd sur la face postérieure du qua- trième muscle métatarsien externe. » Le court péronier latéral du kangurou envoie, d’après Meckel, un tendon au 4° orteil; une disposition analogue est signalée par Alix, chez l'aye-aye. Le court péronier latéral fournit éga- 144 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. lement des tendons au #° et au 5° doigt chez l’hippopolame, d'après Gratiolet. Bibliographie : RINGHOFFER. Virchow’s Arch., vol. XIX, p. 28. Woop. Proc. of the Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 382, et t. XVI, p. 519. HumPary. British med. journal, 1873, II, p. 109. MECKEL. Anatomie descriptive, t. II, p. 222. CRUVEILHIER. Traité d'Anat. descriptive, t. I, p. 757. Humpary. The Myology of the limbs of the unau, the aï, etc. (Journ. of Anat. and Phys, Nov. 1869, p. 76). GRATIOLET. Jèech. sur l'anatomie de l’hippopotame, publiées par Alix, 1867, p. 292. MECKkEL. Traité d'anatomie comparée, t. VI, p. 418. Aux. Soc. Philomathique de Paris, 1878, p. 253. ARTICLE IV MUSCLES PÉRONIERS LATÉRAUX SURNUMÉRAIRES OU ACCESSOIRES, PÉRONIER DU 9° ORTEIL, Les faisceaux charnus ou tendineux qui apparaissent, à l’état normal, dans la région des péroniers sont fort nombreux et souvent fort disparates. Les dénominations que leur ont données les anatomistes qui nous les ont fait connaître, sont malheureusement tout aussi nombreuses, plus nombreuses peut- être que les variétés auxquelles elles s'appliquent. De là, une confusion regrettable que cet article fera disparaitre, je l’es- père. Pour moi, comme je l'ai déjà dit plus haut, tous les fais- ceaux surnuméraires que va nous présenter la région des péroniers, ne sont que des formes complètes ou incomplètes d'un muscle qui entre, avec la valeur d’un organe type, dans la constitution anatomique d’un grand nombre de Mammifères. Ce muscle que j’appellerai avec Huxley péronier du 5° ortel {peroneus quinti digiti), je vais tout d’abord le décrire avec quel- ques détails; il nous sera plus facile ensuite, l'organe type MUSCLES PÉRONIERS LATÉRAUX SURNUMÉRAIRES. 745 connu, d'étudier ses divers modes de réapparition chez l'homme, c’est à dire de reconnaître, dans la région qui en est le siège, et les faisceaux qui le reproduisent intégralement, et les fais- ceaux qui n'en sont que des débris. $ I. — Le péronier du 5° orteil chez les Mammifères. — Parmi les Carnassiers, l'ours et le chat sont d'excellents sujets d'étude. L'Ursus americanus m'a présenté trois péroniers dis- tincts : 1° le long péronier latéral, détaché de la moitié supérieure de la face externe du péroné, glissait derrière la malléole externe et venait se terminer en partie sur l'extrémité postérieure du 5° mélatarsien; 2° le court péronier latéral prenait naissance au-dessous du précédent, jusque dans le voisinage de la mal- léole ; son tendon terminal se fixait, comme chez l’homme, sur l'extrémité postérieure du cinquième métatarsien; 3° entre les deux muscles précédents, et sur un plan un peu postérieur, naissait un troisième muscle, confondu en apparence avec le court péronier latéral, mais complètement isolable par la dissec- tion. Un peu plus petit que le court péronier latéral, il affectait une forme triangulaire, la base correspondant à son insertion sur le péronier. Son sommet se continuait par un tendon cylin- drique, lequel contournait la malléole, glissait sur la face dor- sale du cinquième métatarsien et finalement venait se terminer sur la première phalange du 5° orteil. C’est le péromer du 5° orteil. Meckel signale également chez l'ours la présence de deux courts péroniers : l’inférieur, se rendant au cinquième méta- tarsien et envoyant une languette tendineuse au tendon le plus externe de l’extenseur commun des orteils, c'est le court péro- nier latéral classique ; le supérieur gagnant les deux premières phalanges du 5° orleil, c'est notre péronier du 5° orteil. Il est très nettement spécifié dans la description de Meckel qu'il naît au-dessus du précédent, entre lui et le long péronier latéral par conséquent. Dans une dissection récente et postérieure à la nôtre, le professeur Shepherd a rencontré, lui aussi, chez l'Ursus americanus un peroneus brevis et un peroneus quinli 746 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. digiti; mais je ne comprends pas pourquoi, prenant l’un pour l’autre, il a appelé peroneus brevis celui qui se rend au 5° orteil, et peroneus quinti digiti celui qui s'arrête à la base du cinquième métatarsien. Le chat m'a offert un péronier du 5° orteil, toujours très distinct des autres péroniers latéraux. Voici la description qu'en donne Strauss-Durckeim sous le nom de fibulinus : «C'est un muscle fusiforme placé en dedans du fibulœus (long péronier latéral) et en dehors du péronier (court péronier latéral). I fixe ses fibres charnues à la moitié supérieure de la face externe du péroné qu'il embrasse, et d'autres viennent de la cloison fibreuse qui le sépare en haut du perodactylus (long fléchisseur commun des orteils)... De là les fibres se portent en dessous, les antérieures obliquement en arrière et les postérieures oblique- ment en avant, sur les deux bords d’un long tendon qui longe le milieu de la face externe. Au quart inférieur du péroné, ce tendon devient libre, continue à longer cet os, entre celui du fibulœus placé en avant, et celui du péronier placé en arrière, et se réfléchit en bas, avec ce dernier, derrière la malléole externe qui leur forme une poulie de renvoi. Ainsi détourné de sa direction primitive, il se porte en dessous, longe la face antéro-externe du pied pour aller gagner la partie latérale de la phalangeole du hullux (5° orteil), où il se recourbe une se- conde fois en avant, passe obliquement sur celte phalange, et s’unit au côté externe du tendon du cnémodactyle de cet orteil (long extenseur commun) pour concourir avec lui à former la calotte fibreuse qui recouvre l'articulation phalangéo-phalan- ginienne. » Le même muscle se détache chez la civette, d’après les dissec- tions d’Young, en arrière du court péronier latéral et se fusionne avec le tendon que l’extenseur commun envoie au 5° orteil. Chez le phoque (Humphry), l'extenseur du 5° orteil paraît être encore distinct des autres péroniers et se fixe au côté externe de la première phalange. La roussette d'Edwards, si bien étudiée par Alix, nous présente, au lieu et place du court péronier latéral de l’homme, deux faisceaux distincts : un fais- MUSCLES PÉRONIERS LATÉRAUX SURNUMÉRAIRES. 747 ceau supérieur qui vient se fixer à l’aide d’un long tendon sur le côté externe de la première phalange du 5° orteil, et un fais- ceau placé plus bas, qui se fixe au cinquième mélatarsien; mais pourquoi M. Alix donne-t-il au premier de ces faisceaux le nom de court péronier latéral? C’est pour le deuxième faisceau ou faisceau inférieur qu'il convient, ce me semble, de réserver ce nom ; le premier est un véritable peroneus quinti digitr. Dans la sous-classe des Didelphes, le kangurou possède bien un péronier du 5° orteil, mais il est en partie fusionné avec le court péronier latéral. Il est représenté par un simple tendon qui émane du tendon de ce dernier muscle et vient s'attacher sur la première phalange, non du 5° orteil, mais du 4°, d'après Meckel. Même disposition chez le fourmilier, avec cette variante toutefois que le tendon digital du court péronier latéral se porte au 5° orteil où il se termine, soit sur la première phalange, comme l'enseigne Meckel, soit sur le tendon de l’extenseur commun, comme l’a vu Humphry. Je pourrais citer bien des Mammifères encore qui possèdent le péronier du 5° orteil avec une disposition analogue à celle que je viens de décrire; mais j'ai hâte d'arriver à l'ordre des Primates. Les Singes inférieurs, le Cercopithecus sabœus, le Macacus cynomolqus, le Pithecia hirsuta, le Cynocephalus mai- mon (Bischoff), le Cynocephalus anubis (Champneys), etc., pré- sentent tous, en général, le péronier du 5° orteil; mais Si, dans le plus grand nombre d’entre eux, ce muscle est facilement isolable dans toute son étendue, il est quelques sujets, sinon quelques espèces, qui présentent un certain degré de fusion entre lui et les autres péroniers latéraux, le court péronier latéral principalement. C’est ainsi que j'ai vu, deux fois au moins, chez le cercopithèque, le tendon du peroneus quinti digiti faire suite à un corps charnu, lequel se confondait entièrement avec le court péronier latéral avant d'atteindre la surface d'implan- lation osseuse. Il existait, dans ce cas, un court péronier laté- ral d’abord unique, puis divisé en deux corps charnus qui _ allaient se fixer, à l’aide de tendons distincts, le premier aux phalanges du petit orteil, le second au cinquième métatarsien. 748 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Je dissèque actuellement un Cercopithecus fuliginosus dont le péronier du 5° orteil, situé sur un plan postérieur par rap- port aux deux autres péroniers, affecte la forme d’un triangle dont les faisceaux supérieurs se confondent avec le long péro- nier latéral et les faisceaux inférieurs sont fusionnés également avec le court péronier latéral. Du reste, son tendon fort grêle suit le trajet de ce dernier muscle et vient se fixer sur le côté externe de la première phalange du 5° orteil. Quant aux Anthropoïdes, ils possèdent presque tous un rudi- ment du péronier du 5° orteil, et c’est à tort que Bischoff, dans son tableau de myologie comparée des Singes (1870, Anatomie du gibbon), signale l'absence de ce muscle chez le gorille, l'orang- outang, le chimpanzé et le gibbon. Le corps musculaire a disparu, en tant qu'organe nettement différencié, cela est incontestable ; mais il en reste encore des vestiges non moins incontestables. Je veux parler d'un tendon, souvent très volumineux, qui, se déta- chant du tendon du court péronier latéral unique, glisse le long de la face dorsale du cinquième métatarsien, pour venir se terminer soit dans le voisinage du 5° orteil (extrémité antérieure du méta- larsien, tissu fibreux de l'articulation métatarso-phalangienne), soit sur les phalanges elles-mêmes {directement ou par l'inter- médiaire de l'extenseur commun). Nous désignerons désormais ce tendon, avec S. Pozzi, sous le nom de prolongement digitalou prolongement phalangien du court péronier latéral; on ne sau- rait trouver une expression à la fois plus simple et plus nette. Ce prolongement digital du court péronier a été constaté chez le chimpanzé par Brubhl, Macalister, Champneys, Gratiolet et Alix et par Bischoff lui-même, quelques années après la publi- cation du mémoire précité. Sur mon Troglodytes niger, il affec- tait la forme d’un tendon très grêle, presque filiforme, qui se séparait du tendon du court péronier au moment où celui-ci sortait de sa gaine, et venait se perdre dans le tissu fibreux qui recouvre en haut l'articulation métatarso-phalangienne. Le peroneus quinti, réduit de même à un tendon, a été constaté chez le gibbon par Chudzinski. Macalister l'a signalé chez le gorille; mais il n’en existait aucun vestige sur les sujets dissé- MUSCLES PÉRONIERS LATÉRAUX SURNUMÉRAIRES. 749 qués par Duvernoy et par Bischoff. Mème disposition chez l'orang : Lange a bien rencontré, chez cet anthropoïde, un fais- ceau grêle qui, du quart supérieur du péroné se fixait à la base du cinquième mélatarsien, après avoir contourné la malléole avec les autres péroniers; mais il s'agissait là, très probable- ment, d'une formation anormale, car ni le sujet de Duvernoy ni le mien n'ont présenté ce faisceau, même à l’état rudimen- taire. Le long péronier latéral et le court péronier latéral exis- taient seuls, exclusivement insérés, comme chez l’homme, Fun sur le premier métatarsien, l’autre sur le cinquième. Si nous essayons maintenant de résumer en quelques mots les lignes qui précèdent, nous voyons que le péronier du 5° or- teil peut affecter, dans son existence et ses rapports avec les autres péroniers, quatre modalités principales basées, depuis la première jusqu’à la dernière, sur le degré plus ou moins avancé de différenciation de cette formation musculaire : 1% degré . Indépendance anatomique complète du péronier du 5° orteil (ours, chat, civette). 2° degré : Absorption partielle de son corps musculaire par le muscle court péronier latéral {quelques singes inférieurs). 5° degré : Absorption totale de son corps musculaire et absorption partielle de son tendon, par le même muscle (chimpansé). 4° degré : Absorption totale de son corps musculaire et de son tendon par le même court péronier latéral; disparition absolue du péronier du 5° orteil (gorille, orang, homme). $ IL. — Reproduction chez l’homme du péronier du 5° or- teil; formes complètes et incomplètes (Peroneus quinti digiti de Huxley, Peroneus quinti de Macalister, Extensor proprius 1 /. quinti digiti de Devis, Peroneus medius de Cuvier, Peroneus ter- tius et Adductor digiti quinti longus de Burdach, Extensor brevis Jeu] digiti quinti de Ruge, Peroneus parvus de Bischoff, Peroneus gun q D accessorius de Henle, Peroneus quartus d'Ollo, Peroneus sextus de Macalister). — Toutes les modalités, précédemment indi- quées, du péronier du 5° orteil se reproduisent chez l'homme. . 750 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Et d'abord, la disparition complète de ce muscle par absorption totale de ses éléments anatomiques dans la masse des autres péroniers constitue chez nous la disposition normale, comme le prouvent les chiffres suivants : Wood a rencontré, 5 fois seu- lement, sur 32 sujets, le prolongement digital du court péronier latéral. Pozzi, qui a publié, en 1872, une très intéressante étude sur cette disposition anatomique, déclare ne l'avoir ren- contrée que # fois sur 28 sujets. Il résulte de ces deux statisti- ques, très concordantes comme on le voit, que le prolonge- ment tendineux, envoyé par le court péronier latéral au 5° or- teil, se rencontrerait une fois sur 6 ou 7 sujets. Ce rapport est bien évidemment trop faible, si l’on tient compte de tous les cas où un tendon surnuméraire se détache du tendon du court péronier latéral pour se terminer sur n'importe quel point de la région tarso-métatarsienne ; mais il doit se rapprocher beaucoup de la vérité, s'il ne s'applique qu'aux formes complètes de ce tendon, c’est à dire aux tendons bien développés et se portant sans interruption du court péronier latéral au 5° orteil. Dans une nouvelle statistique, plus récente et plus complète, Wood donne les chiffres suivants : sur 68 hommes, 18 lui ont présenté un tendon complet, 5 des vestiges seulement de ce tendon; de même sur 34 femmes, 5 possédaient un tendon complet, 8 n’en avaient que des vestiges. Au total, sur 102 sujets, le prolonge- ment phalangien du court péronier latéral existait 36 fois : 23 fois à l’état complet, 13 fois à l'état de vestiges ; sa fréquence me paraît done devoir être représentée par la fraction 1/3. Il résulte ainsi des chiffres qui précèdent, que la présence de deux faisceaux seulement dans la région externe de la jambe, insérés exclusivement l’un au cinquième métalarsien, l’autre au premier, constitue la règle chez l’homme, et que tous les autres faisceaux, charnus ou tendineux, qu'on rencontre dans cette région, y compris le prolongement digital du court péronier, sont des formations surajoutées, devant prendre place parmi les anomalies comme des reproductions d'un muscle disparu, le péronier du 5° orteil. Ces formations réversives sont complètes ou incomplètes : MUSCLES PÉRONIERS LATÉRAUX SURNUMÉRAIRES. 7514 1° — Formations complètes. — Sous le litre de formations complètes, je comprends tous les faisceaux, charnus ou tendi- neux, qui, émanant du péroné, se portent directement ou indi- rectement sur les phalanges du petit orteil. Elles comportent trois variétés correspondant exactement aux trois premiers degrés de différenciation du muscle chez les Mammifères. 4° Variété : tendon phalangien fourni par un muscle dis- hnct du court péronier laléral. — Un fait de cette nature est rapporté par Macalister : «J'ai vu, dit-il, un muscle complète- ment séparé se détacher du quart inférieur du péroné au-des- sous du court péronier latéral, glisser avec lui dans la gout- tière rétro-malléolaire et se porter sur l’aponévrose d'extension qui recouvre le 5° orteil. » Voilà bien un faisceau musculaire qui reproduit intégralement le cinquième péronier des Mammi- fères, de l'ours par exemple, de la civette et de quelques singes inférieurs. 2° Variété : tendon phalangien fourni par un muscle fusionné avec le court péronier latéral. — Tai vu dans un cas, sur le côté gauche d'un sujet, un tendon tres grêle longer le bord antérieur du tendon du court péronier latéral, contourner avec lui la malléole et se jeter sur un petit corps charnu, de 18 millimètres de longueur seulement, lequel se fusionnait entièrement avec les faisceaux inférieurs du court péronier, avant d'atteindre l'os. Où se terminait en bas ce tendon? Allait-il au o° orleil? C’est probable, mais je ne saurais l'aflirmer; le pied sur lequel j’ai eu l’occasion de l’observer avait subi l'am- pulation tarso-métatarsienne, et je n'ai pu le suivre au delà du cuboïde. Sur un deuxième sujet, j ai rencontré un péronier du 5° or- teil dont le corps charnu, relativement très developpé, se fusion- pait avec la portion sous-malléolaire du tendon du court péro- nier laléral; ce muscle avait été préparé par l'un de mesélèves, M. Capdeville. Je transcris textuellement la note qu'il m'a remise à ce sujet : À sa partie supérieure, le court péronier latéral ne présente rien de particulier. Après avoir contourné la malléole externe et presque immédiatement au-dessous de 752 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. cette malléole, son tendon donne naissance, le long de son bord antérieur et dans une étendue de 1 centimètre et demi, à un muscle surnuméraire qui présente les dimensions suivantes : longueur 35 millimètres, épaisseur 10 millimètres. Ce petit muscle se jette, un peu en arrière du cinquième méta- tarsien, sur un tendon aplati et grèle qui vient aboutir, à la façon d’un tendon du pédieux, sur le bord externe du tendon que l’extenseur commun envoie au 5° orteil. Cette fusion se fait au niveau de la première phalange. Dans son trajet, le tendon surnuméraire précité passe dans un canal de 3 millimètres de longueur, constitué par la partie postérieure du tendon terminal du péronier antérieur. Sur ce même sujet, le faisceau interne du pédieux, destiné au gros orteil, était plus volumineux que d’ordinaire et se trouvait complètement séparé du reste du muscle. Hallet, Macalister et Wood ont signalé des faits analo- gues : dans le fait de Wood (voir dessin in Proc. of roy. Soc. of London, XVI, p. 520), le péronier du 5° orteil affectait une disposition fusiforme et se trouvait compris entre deux tendons : un tendon d'origine qui se réunissait au-dessus de la malléole avec le tendon du court péronier latéral, un tendon terminal qui venait s'insérer, comme sur mon sujet, sur le tendon externe du long extenseur. 3° Variété : tendon phalangien fourni directement, sans inter- position de faisceaux charnus, par le tendon du court péronier latéral. — C'est là la disposition la plus ordinaire. Signalé par la plupart des anatomistes, observé à coup sûr par tous ceux qui ont suivi pendant quelque temps les salles de dissec- tion, le prolongement digital du court péronier latéral a été particulièrement bien décrit, en France, et interprété comme il méritait de l'être par Samuel Pozzi. Il résulte des observations connues que ce tendon, très variable en volume, est fort varia- ble aussi dans son mode d’origine et son mode d'insertion : il peut naître,. en effet, sur n'importe quel point du tendon du court péronier latéral, depuis sa portion rétro-malléolaire jus- qu'à son extrémité métatarsienne ; quant à sa terminaison, elle MUSCLES PÉRONIERS LATÉRAUX SURNUMÉPAIRES. 143 peut se faire, dans le territoire du 5° orteil bien entendu, sur la phalange, sur le tendon que l’extenseur commun envoie au 5° orteil, sur l'expansion fibreuse de ce tendon, sur l'articula- tion métatarso-phalangienne. Du reste, l’anomalie peut être symétrique (disposition ordinaire), où ne siéger que d'un seul côté (disposition plus rare). Il n'est pas très rare que le péronier antérieur fasse défaut sur un pied où se rencontre déjà un prolongement digital très développé. La coexistence de ces deux anomalies sur le même sujet donne à la région un aspect qui rappelle de tous points la disposition présentée par les Singes anthropoïdes. Dans un mémoire qui date déjà de vingt ans (1863), le pro- fesseur Hyrtl a établi que le prolongement phalangien du court péronier latéral perfore toujours le tendon terminal du péro- nier antérieur, et, dans les cas où ce tendon s’insère au qua- trième métatarsien, passe à travers un ligament (ligamentum intra-metatarseum dorsale) qui réunit l'extrémité postérieure des deux métatarsiens externes. 2° Formations incomplètes. — Je désigne sous ce titre tous les faisceaux surajoutés qui émanent bien, comme dans les cas précédents, de la face externe du péroné, mais qui n’atteignent pas le 5° orteil et prennent une insertion secondaire (on connaît le sens que j'attache à ce mot) sur l’un des os qui constituent le bord externe du tarso-métatarsien. Cette insertion reculée du péronier du 5° orteil peut se faire sur le cinquième métatar- sien, sur le cuboïde, sur le calcanéum et jusque sur la malléole externe ; de là quatre variélés qu'on me perméttra de désigner par les dénominations très nettes de péronéo-métatarsienne, péronéo-cuboïdienne, péronéo-calcanéenne, péronéo-malléolaire. 4" Variélé : faisceau péronéo-métatarsien. — Laissant de côté son origine, qui peut parcourir toutes les modalités ci- dessus décrites pour les formations complètes, ce faisceau peut se terminer sur l'extrémité antérieure du premier métatarsien, sur son extrémité postérieure, sur sa partie moyenne, avec ou sans expansion pour le premier espace interosseux ; j'ai observé pour ma part toutes ces dispositions. 48 754 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Variété : faisceau péronéo-cuboïdien. — C'est ce faisceau qu'on décrit généralement sous le nom de péronier accessoire, accessoire des péroniers (peroneus accessorius de Henle), déno- mination qui est véritablement trop vague et qu'il convient d'abandonner. Le faisceau péronéo-cuboïdien peut n'être qu’un petit tendon provenant de la bifurcation du tendon du court péronier latéral et inséré sur le cuboïde. Je possède dans mes notes un cas très net de cette disposition. Mais il n’est pas très rare de rencontrer cetle production anormale, sous la forme d'un muscle complètement distinct dans toute ou presque toule son étendue. Il est généralement fort grèle et toujours situé profondément, relativement aux autres péroniers. Son point d'origine sur la face externe du péroné peut être très rapproché de la malléole, comme aussi il peut être situé à 10 et même 15 centimètres (cas de Chudzinski) au-dessus de cette saillie osseuse. Je n’ai rencontré que trois cas bien nets du petit muscle péronéo-cuboïdien. Les deux premiers, complètement différen- ciés, prenaient naissance, en arrière du court péronier latéral, sur la partie moyenne du péroné; quant au troisième, il se détachait, dans le tiers inférieur de la jambe, à la fois du court péronier latéral (face postérieure) et de la cloison fibreuse qui sépare les péroniers des fléchisseurs des orteils. Le mode de terminaison de ce muscle présente lui-même quelques variétés : il peut s’insérer soit sur le cuboïde lui-même, soit sur le tendon du long péronier latéral. Dans ce dernier cas, c'est principalement avec le renflement sous-cuboïdien de ce tendon que se fait la fusion. On pourra m'objecter peut-être qu'un faisceau qui accom- pagne le tendon du long péronier latéral ne saurait être assimilé au faisceau précédent, qui accompagne le court péronier latéral et se porte sur le cinquième mélatarsien. Gette objection est pour moi sans valeur, car j'ai vu, deux fois au moins, ce tendon de renforcement du tendon du long péronier latéral se détacher, au-dessous de la malléole, du tendon lui-même du court péronier latéral, dans des conditions analomiques identiques à celles que nous observons pour l'origine du prolongement phalangien à MUSCLES PÉRONIERS LATÉPRAUX SURNUMÉPAIRES. 199 l'état parfait. Je suis heureux de m’appuyer ici sur l'autorité incontestable de M. Chudzinski, qui décrit sous une même dénomination : 1° les faisceaux péroniers surnuméraires qui s’attachent au cinquième mélatarsien; 2° ceux qui vont renfor- cer, dans la gouttière cuboïdienne, le tendon du long péronier latéral; et, enfin, 3° ceux qui s'arrêtent au calcanéum. Ces derniers constituent la variété suivante. 3° Variété : faisceau péronéo-calcanéen externe. — J'ajoute à la dénomination donnée à ce faisceau le mot d’externe, pour distinguer cette formation anormale du peroneo-calcaneus inter- nus, que nous avons déjà décrit et qui possède en effet une Signi- fication tout autre. C'est le peroneus quartus d'Otto, le peroneus seætus de Macalister. On voit combien ces dénominations, basées sur un numéro de série, sont défectueuses. Le péronéo-calcanéen externe, identique au précédent par ses insertions d’origine, n'en diffère que par son mode de terminaison. Cette termi- naison se fait, dans la majorité des cas, à l’aide d’un tendon plus ou moins grêle, sur le tubercule de la face externe du calcanéum. Des observations de faisceaux péronéo-calcanéens externes sont rapportées par Otto, Theile, Wood, Macalister, Chudzinzki, Curnow, Knott, Beswick Perrin, etc. Je n’en ai jamais observé qu'un seul cas dans mes salles de dissection (février 1883) ; mais le muscle était relativement très développé. Il était cylindrique et mesurait 10 centimètres de longueur. Il s’insérait en haut en partie sur une bandelette aponévrotique qui le séparait du court péronier latéral, en partie sur une bandelette analogue qui le séparait en arrière du fléchisseur propre du gros orteil. De là, ses faisceaux d’origine se portaient verticalement en bas et constituaient un corps charnu de 7 à 8 millimètres d'épaisseur, qui donnait naissance, par sa face profonde, à un tendon de 3 millimètres de largeur seulement. Ce tendon, continuant le trajet descendant du muscle, venait se fixer à la partie la plus postérieure du tubercule externe du calcanéum. C'est à lort, selon moi, que Curnow considère ce muscle péronéo-calcanéen externe comme l'homologue probable au 756 LÉS ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. membre inférieur du muscle radio-carpien de Fano. Une pareille assimilation est en désaccord avec les idées générale- ment admises aujourd'hui sur les homologies des membres. Le faisceau homologue du radio-carpien devrait s'insérer en effet non pas sur le péroné, mais sur le tibia, qui est l'homologue du radius; il devrait, d'autre part, se différencier dans la masse des fléchisseurs et non dans la masse des extenseurs; et enfin il devrait se terminer sur le bord interne du pied et non sur le bord externe. Nous avons déjà vu (p. 502) que le radio-carpien de Fano a pour homologue au membre inférieur un muscle constant, le tibial postérieur. 4° Variété : faisceau péronéo-malléoluire. — Je donne ce nom à un faisceau observé par Budge, qui se portait de la masse des péroniers à la malléole, et dont le faisceau signalé par Macalister et inséré sur le ligament latéral externe n'est vraisemblablement qu'une variélé. Le faisceau péronéo-malléo- laire appartient encore aux formes incomplètes du peroneus quinti digiti; moins développé que la variété précédente, il ne descend pas même sur le tarse. Résumons en terminant les principaux faits énoncés dans cet article : il existe dans la série des Mammifères, ndépendamment du long péronier latéral et du court péronier latéral, un troi- sième muscle qui se détache également de la face externe du péroné et se rend au 5° orteil. Il se rattache au système du court extenseur ou pédieux qui, comme on le sait, limile sa zone d'action aux quatre doigts internes. Très développé chez quelques Carnassiers, nolamment chez l'ours et chez le chat, le muscle péronier du 5° orteil se retrouve encore à l'état indé- pendant chez la plupart des Singes inférieurs; chez quelques anthropoïdes, le chimpanzé par exemple, 1l se fusionne presque en totalité avec les autres péroniers et n'y existe plus que sous la forme d'un tendon plus ou moins grêle, qui se rend bien au 5° orteil, mais ne s'individualise qu'au métatarse, en se détachant du tendon du court péronier latéral. Chez quelques aulres, le gorille etl'orang, ce tendon minuscule, dernier vertige MUSCLES PÉRONIERS LATÉRAUX SURNUMÉRAIRES. 757 du péronier du 5° orteil, n'existe même plus dans la majorité des cas : le péronier du 5° orteil tout entier a été absorbé par les autres péroniers. Il en est de même chez l’homme, où le mus- cle disparu ne se reproduit qu'à l’état d’anomalie et sous les formes les plus diverses : tantôt ce sont des faisceaux soit dis- tincts, soit plus ou moins fusionnés avec la masse des péroniers qui se détachent du péroné et se rendent, sans interruption aucune, jusqu'aux phalanges du doigt externe (formes com- plètes); tantôt ce sont des faisceaux plus courts {formes incom- plèles) qui se détachent bien du péroné, comme dans le cas précédent, mais qui s'arrêtent en route, dans leur trajet vers le 5° orteil, et se terminent sur l’un des os avec lesquels ils se trouvent en rapport, le cinquième métatarsien, le cuboïde, le calcanéum et même la malléole péronière. Il est naturel de penser, pour expliquer ces derniers faits, que dans le dévelop- pement ontogénique, la portion inférieure du péronier du 9° orteil ne s’est pas différenciée ou organisée, ou bien a pris, sur l’un des points ci-dessus indiqués de la région tarso-méta- tarsienne, une insertion insolite, entraînant après elle la dispa- rition de toute la portion du muscle (corps charnu ou tendon) située au delà. Telle est en effet la destinée de certains muscles en passant d’un groupe zoologique à l’autre : nous les voyons ou s’y reproduire avec tous leurs caractères ou disparaître entièrement, absorbés en totalité dans ces derniers cas par les masses musculaires voisines ; et entre ces deux termes extrêmes du développement organique, différenciation complète et dis- parilion absolue, nous retrouvons toutes les formes intermé- diaires. Bibliographie : OrTo. Neue seltene Beobachtungen, S. 40. THEILE. Encycl. anat., t. III, « Myologie », p. 326. MECKEL. Anatomie comparée, t. Vi, p. 418 et seq. Cuvier. Lecons d'Anat. comparée, t. I. HuxLey. Médical Times and Gazette, 1864, p. 40. Burpacx. Bericht von der Kgl. Anat. Anstalt +. Kæntigsberg, herausge- geben von Rathke, 1838, p. 46. 758 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. HALLET. Edinburgh med. and surq. journal, 1848. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XV, p. 239 et 539, et t. XVI, p. 530 et 523. MaCaALISTER. Transact. of the Roy. Irish Academy, 1871. J. B. PERRIN. Medic. Times and Gazette, 1872-1873 (Analysé in Journ, of Anat. and Phys.,t. VII, p. 327). HyrTL. Ueber d. accessorischen Sérecksehne d. Kleinen Zehe (Sitzungsb. d. Kais. Acad., 1863). HENLE. Muslellehre, zweite Aufiæge, p. 301. BANKART, PyE-Smira et PHiLips. Guy's Hosp. Reports, t. XIV, et tirage à part, p. 9. Devis. On the Myology of the Viverra civetta (Journ. of Anat. and Phys., May 1868, p. 317). SMITH, HOWSE et DAVIES-COLLEY. Guy's Hosp. Reports, 1871. CHupziINski. Revue d'Anthropologie, 1874, p. 37, et 1882, p. 620. Curnow. Journ., of Anat. and Phys., t. VII, p. 307. S. Pozzi. Note sur une variété fréquente du muscle court péronier latéral chez l'homme (Journ. de l'Anat. et de la Phys., 1872, p. 269). KNorT. Proc. of Roy. Irish Academy, 1881, p. 427. RüGEe. Morph. Jahrbuch, t. IV, 1878, p. 632. CHAMPNEYS. On the Muscles and Nerves of a Chimpanzee, e{c. (Journ. of Anat. and Phys., Nov. 1871, p. 202). Humprary. On the Myology of Orycteropus capensis and Phoca communis (/bid., May 1868, p. 319). YouxG. Myology of Viverra civetta, Jan. 1880, p. 175. Humpary. The Myoloqy of the limbs of the unau, the aï, etc. (Ibid., Nov. 1869, p. 76). BiscHorr. Anatomie des Hylobates leuciscus, 1870; et Anatomie des Gorilla, 1880, München. BRUHL, cité in Mémoire précédent. MacaALISTER. Proc. of the Roy. Irish Academy, vol. I, série II, p. 500. TesruT. Système locomoteur de l’Ursus americanus (en préparation). Duverxoy. Les grands singes pseudo-anthropomorphes (Arch. du Muséum, 1855-56, t. VIII, p. 75). LANGER, cité par Bischoff, in Anat. des Gorilla, p. 25. GRATIOLET et ALIx. èech. anat. sur le Troglodytes Aubryi, 1865, p. 198. STRAUSS-DURCKHEIM. Anatomie du chat, t.1I, p. 438. Aux. Sur l'appareil locomoteur de la roussette d'Edwards (Journal l’'Ins- titut, 1867). à TESTUT. Myologie de l’Orang (en préparation). SHEPHERD. Short notes on the Myology of the American black bear (Journ. of Anat. and Phys., Oct. 1883, p. 117). pe CGINQUIÈME PARTIE DES ANOMALIES MUSCULAIRES CONSIDÉRÉES AU POINT DE VUE DE L'ANATOMIE GÉNÉRALE ET DE L'ANTHROPOLOGIE ZOOLOGIQUE. CHAPITRE PREMIER _Considérations anatomiques générales sur les anomalies musculaires chez l'homme. Dans les quatre premières parties de cet ouvrage, je me suis attaché à décrire et à expliquer les diverses variations anato- miques que peuvent présenter, chez l’homme, les muscles du tronc et des membres. Suivant autant que possible la méthode analytique, j'ai pris un à un chacun de ces organes et poursuivi pour chacun d’eux ce double but: 1° ramener ses anomalies à des groupes naturels subdivisibles eux-mêmes, dans la plupart des cas, en groupes secondaires; 2° placer à côté de l'anomalie chez l'homme la disposition correspondante, existant normale- ment dans la série animale. Ce double but nous l'avons pres- que toujours atteint : si quelques formations anormales, et elles sont bien rares, nous paraissent encore entourées de quelque obscurité, il faut en chercher la raison dans notre ignorance actuelle en fait de myologie comparée, plutôt que dans la faiblesse de conclusions qui ont pour moi toute la valeur d’une loi générale. Il importe maintenant, avant de demander aux anomalies musculaires le haut enseignement qu'elles renferment en Sciences naturelles, de jeter sur leur ensemble un coup d'œil synthétique et d’en dégager quelques notions générales tou- 760 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. chant leur fréquence, leur degré d’hérédité, et aussi leur degré d'analogie, fort variable comme nous l'avons déjà vu, avec les dispositions correspondantes des Vertébrés inférieurs. Après avoir démontré que l'anatomie anormale rétablit parfois les homologies disparues entre les membres thoraciques et les membres pelviens, nous essaierons une classification générale des anomalies musculaires, et établirons enfin, mais en quelques mots seulement, que les muscles des animaux sont tout aussi variables que ceux de l'homme. ARTICLE PREMIER FRÉQUENCE DES ANOMALIES DU SYSTÈME MUSCULAIRE. Tous les anatomistes qui se sont occupés des variations ana- tomiques du système musculaire chez l'homme, Wood, Maca- lister, Turner, Gruber, Humphry, s'accordent à dire que ces variations sont très fréquentes. Je considère pour ma part les muscles de l'homme comme tout aussi variables que les vais- seaux, bien plus variables que les os et les nerfs. A coup sûr, ces modifications anatomiques, ramerant presque toujours nos muscles à des dispositions inférieures, ne sont pas les produits du hasard; elles doivent obéir, dans leur mode d’appa- rition, à des influences naturelles, lesquelles doivent à leur tour se trouver soumises à des lois. Mais ces lois nous sont encore inconnues et si j'écris cet article, c’est plutôt pour faire connaîi- tre des problèmes à résoudre que pour apporter des solutions. 1° Influence du sexe. — Nous avons vu bien des fois qu'à propos de tel ou tel muscle, telle ou telle variation avait été observée plus fréquemment dans un sexe que dans l’autre. Mais nous avons vu aussi que celle prédisposilion particulière, déterminée en apparence par des chiffres, appartenait tantôt à l'homme, tantôt à la femme. D'autre part, dans ces statisli- tiques partielles, le nombre de sujets examinés était manifes- tement insuffisant pour servir de base à des conclusions accep- FRÉQUENCE DES ANOMALIES DU SYSTÈME MUSCULAIRE. 761 tables. Meckel a bien écrit autrefois que les vices de conforma- tion en général étaient « plus ordinaires chez la femme que chez l'homme » ; mais il n'apporte à l’appui d'une pareille assertion qu'une raison purement sentimentale, l'infériorité organique de la femme, hypothèse toute gratuite contre laquelle réagis- sent avec raison les tendances actuelles de l’anthropologie. 2° Influence de l'age. — Les différentes portions du système musculaire possédant, à la naissance, {ous leurs caractères morphologiques, l'influence de l’âge devient nulle dans la fréquence des anomalies. Elles sont déjà constituées au moment de la naissance et persistent, sans modifications sensibles, jus- qu'à l'âge le plus avancé. Mais si l’âge des sujets est absolument négligeable dans la recherche des anomalies, la dissection des jeunes embryons présente un intérêt tout spécial : elle devrait en effet mettre sous les yeux de l’anatomiste quelques stades de la différenciation des muscles et, par suite, toute une série de formes transitoires, susceptibles de jeter une vive lumière sur la nature, si obscure encore, des anomalies. Rappelons en passant que c'est sur de jeunes fœtus que Carl Gegenbaur a découvert, dans l’aponévrose cervicale moyenne, des faisceaux musculaires, derniers vestiges des faisceaux cléido-hyoïdiens qui existent dans quelques espèces de Vertébrés et qui ont totale- ment disparu chez l'homme adulte. 39 Influence du côté; anomalies symétriques. — Les anomalies musculaires peuvent être symétriques, mais elles ne le sont pas nécessairement. Dans les cas d'anomalies bilatérales, les deux formations peuvent être absolument identiques ou repré- senter deux types éloignés et souvent très dissemblables de la même variété. C’est ainsi qu'un chef huméral du biceps, très développé du côté droit par exemple, peut se reproduire du côté gauche sous la forme d’un faisceau minuscule, qui se détache de la portion inférieure du brachial antérieur pour rejoindre le tendon du biceps, presqu'immédiatement après son origine. Un deuxième exemple nous est fourni par un présternal bien nourri, qui est représenté du côté opposé par un simple filament tendineux, etc., etc. 762 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Dans les cas d'anomalies unilatérales, les deux côtés parais- sent également prédisposés; c’est l'opinion de Humphry, et je la partage entièrement. Les statistiques partielles que j'ai données sur ce point, dans le courant de cet ouvrage, n’ont pas plus de valeur que celles qui se rapportent à l'influence des sexes. D'après la statistique générale de Wood, 102 sujets examinés par lui dans les salles de dissection de King's College ont présenté 981 anomalies, dont 623 ont été fournies par 68 hommes et 358 par 34 femmes. Or, sur ce nombre, 623 anomalies (414 ap- partenant aux hommes, 209 appartenant aux femmes) étaient bilatérales, 358 seulement (209 appartenant aux hommes, 149 aux femmes) n’existaient que d’un seul côté; et, tandis que 176 occupaient exclusivement le côté droit, 182 existant à gauche n'étaient pas représentées du côté opposé. Existe-t-il des anomalies symétriques dans le sens vertical? C'est à dire, une modification anormale étant donnée sur un muscle du membre supérieur, a-t-on quelque chance de ren- contrer une anomalie de même ordre dans Îe muscle homologue du membre inférieur? Je ne le pense pas; et je crois devoir conclure de mes nombreuses dissections que si le processus encore inconnu, qui crée les anomalies, exerce bien souvent son action sur deux muscles symétriques dans le plan trans- versal, il ne frappe jamais ou presque jamais deux muscles homologues dans le sens vertical. Je suis heureux de m'ap- puyer encore ici sur l'autorité incontestable du professeur Humphry : «On ne trouve que fort rarement, dit-il, des variétés correspondantes dans les membres supérieurs et inférieurs ou bien sur les faces opposées d’un même membre {surface de flexion, surface d'extension) ; en d’autres termes, les anomalies n'affectent pas habituellement la série des muscles homologues dans les membres supérieurs et inférieurs du même sujet, ou bien les muscles antagonistes correspondants dans un même membre.» Humphry rappelle, à ce sujet, quelques points des statistiques de Wood, notamment : 7 cas d'anomalies des lom- bricaux du pied observés chez des sujets qui ne présentaient qu'une seule disposition anormale des lombricaux de la main; FRÉQUENCE DES ANOMALIES DU SYSTÈME MUSCULAIRE. 763 l'insertion anormale du cubital postérieur sur le tendon exten- seur du petit doigt, ayant coïncidé constamment avec l'absence du prolongement digital du court péronier, l'homologue du cubital postérieur, etc. Mais si les anomalies ne frappent qu'exceptionnellement deux muscles homologues dans les membres thoraciques et pelviens, il est incontestable qu'elles rétablissent, dans bien des cas, des homologies disparues entre l'un et l’autre de ces membres. Quelques exemples sufliront pour le démontrer : le muscle pédieux ou court extenseur des orteils, qui est constant sur le pied, fait défaut sur la face dorsale de la main; nous l'avons vu se reproduire par anomalie. Le muscle tibial postérieur, muscle constant du membre inférieur, a pour homologue direct le radio-carpien, muscle surnuméraire du membre supérieur. II existe au membre thoracique, sur la face d'extension de l’avant- bras, un faisceau constant, le long abducteur du pouce, qui s'étend du radius à l'extrémité postérieure du premier métacarpien; ce muscle fait défaut au membre inférieur ou plutôt il est fusionné avec le tibial antérieur, qui en a absorbé tous les éléments ana- tomiques; eh bien, il s'en sépare quelquefois, comme nous l'avons déja vu, affectant alors la forme soit d’un corps charnu, soit d'un simple tendon qui vient s’insérer sur l'extrémité pos- térieure du premier métatarsien. Le court extenseur du pouce se reproduit encore, avec des caractères parfois identiques, sur la face antérieure de la jambe, sous le nom d’extensor primi internodi hallucis. La pronation de l’avant-bras est, comme on le sait, déter- minée par deux ordres de faisceaux : des faisceaux obliques et des faisceaux transverses, constituant, les premiers le rond pronateur, les seconds le carré pronateur. De ces deux mus- cles, qui sont parfaitement développés au membre thoracique, un seul, le rond pronateur, se trouve conservé au membre pelvien, où il est représenté par le muscle poplité. Du carré pro- nateur, il n’en reste aucune trace. Les mouvements de pronation sont rendus impossibles par les modes d'union qui unissent l’un à l’autre les deux os de la jambe et avec la fonction 764 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. a disparu l'organe qui lui était destiné. Voilà donc une homo- logie disparue ; eh bien, l'anatomie anormale la rétablit encore en faisant revivre à la face postérieure de la jambe ces faisceaux transverses, que nous avons déjà longuement décrits (p. 699) sous le nom de pronateur transverse de la jambe, etc. 4° Influence de la race. — En raison de son importance, je réserve à l'influence ethnique dans la production des anomalies musculaires, un chapitre à part. (Voyez chapitre Il.) 9° Influence individuelle, — [| ne me paraît exister aucun rapport entre le mode de production des anomalies et le degré de développement du système musculaire. J'ai rencontré tout autant de dispositions anormales sur les sujets faibles, aux os et aux muscles délicats, que sur les sujets vigoureux et forte- ment musclés. Humphry estime que les anomalies musculaires doivent être relativement plus fréquentes chez les sujets qui présentent des difformités et des arrêts de développement, etil cite, à l'appui de son opinion, la dissection d’un idiot faite par Carver. J'établirai, pour ma part, une distinction importante : il existe des difformités congénitales, relevant d’un arrêt du développement ou autre processus, qui jettent fatalement une perturbation plus ou moins profonde dans la morphologie spé- ciale du système musculaire : telles sont l'absence d’un os, la soudure de deux os voisins, l'absence d'un des doigts nor- maux, la présence d’un doigt surnuméraire, la disparition d'une articulation par soudure embryonnaire des leviers qui la constituent, etc., etc. J'ai étudié, l’année dernière, les deux membres supérieurs d’une femme atteinte d’hémimélie, et j'avoue avoir rencontré des difficultés souvent insurmontables, pour reconnaître, sur les tronçons des membres que j'avais sous les yeux, les divers faisceaux qui meuvent à l’élat nor- mal l’avant-bras, le carpe, le métacarpe et les doigts. De ces divers faisceaux les uns persistaient, mais étaient atrophiés; d'autres n'existaient plus qu'à l'état fibreux; quelques-uns avaient totalement disparu; un grand nombre s'étaient soudés avec les faisceaux voisins : toutes modifications anormales se rattachant bien manifestement aux anomalies du système osseux. FRÉQUENCE DES ANOMALIES DU SYSTÈME MUSCULAIRE. 765 Il en sera de même dans tous les cas de déformations simi- laires. Mais, faut-il ranger dans les catégories des monstres et des déformés les sujets simplement idiots? et ces idiots, dont le cerveau est bien certainement anormal, sont-ils particulière- ment prédisposés aux anomalies du système musculaire? Il serait téméraire de répondre à celte question d’une façon for- melle. Je dois me contenter de dire que les nombreux sujets qui m'ont été fournis par l'asile des aliénées de Bordeaux ne m'ont jamais offert soit des anomalies spéciales, soit des anoma- lies plus nombreuses. Le sujet lui-même de Carver ne présente à ce point de vue, du reste, rien de bien remarquable : l'absence du palmaire grêle, la fusion du long abducteur et du court extenseur du pouce, quelques variations portant sur les lom- bricaux et sur les radiaux externes, voilà, on en conviendra, des anomalies peu nombreuses et pour ainsi dire banales. Ce n'est pas sur une base aussi fragile qu'on peut asseoir une opinion. 6° Influence de la région anatomique; prédisposition particu- lière à certains muscles. — Pour acquérir des notions précises sur la prédisposition relative de chaque région anatomique, de chaque groupe musculaire où même de chaque muscle à pré- senter des dispositions anormales, il faudrait disséquer avec le plus grand soin un nombre suffisant de sujets et noter une à une, au fur et à mesure qu'elles se présentent, toutes les dis- positions qui s’écartent de la description classique. Un tel tra- vail, difficilement réalisable dans nos laboratoires où les sujets trop nombreux ne sont que bien rarement disséqués en entier, a été accompli, durant plusieurs semestres, par le professeur Wood, dans les salles de dissection de Æing's College où les sujets, moins nombreux, sont étudiés pour ainsi dire à fond. Je résumeral, comme suit, les résultats obtenus à ce point de vue spécial par cet éminent analomiste pendant le semestre d'hiver de 1867-1868. Trente-six sujets (18 hommes et 18 femmes) ont été étu- diés durant ce seméstre; ils ont présenté les anomalies sui- vantes : 766 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 1° Cou et nuque. 8 É Degré A = Total < de «) — Muscles normaux avec disposition anormale :| =_| = | az Séerho-ciéidosmastoidien 22,500... rares 418044408186 OMO-NyOIMEN TE re chLrer-eert RE eee 4 2 6 6/36 DIDASTTIQUESE Reese rsobreeep-tepr Copie 3 1 4 | 4/36 ATADOZESS Le nec to ae ee EEE 8 | 2 | 5" 5/86 Angulaire deloMOPIATe. ENTER rene 4 3 | 7 | 7/36 Sbylo-hyoidien. 6-0 SCe st er nee Le ERR SENTE 2 » 2 | 2/36] SIerNO-LRYTONMEN EE EE ECC EEE Peche 1 » 1/17 196 SCAlEDE- CE eee BA NA Cr A TES Bot he à 1» NAME el Thyro-hyOidien ee -rECeL en renrphe. bre » 1 1 1/36 | 8) — Muscles surnuméraires ou surajoutés : Gléitoaccipitali Le Ve reber-ecr eR er orn0t 8 | 6 | 14 | 14/36, Rhombo-atinidien 6 2e herccr rem NS AB 8 | 210 50109/8b1 CIÉIdo-tracheen eee Parce rertecrerers 1 » l 1/36 ! Élévateurdu/corps thyroïde "teen -etee 1-11 492 1088 Soit: | Muscles normaux avec disp” anormale.| 22 | 12 | 34 | 34/36 Ù — surnuméraires ou surajoutés...| 13 | 9 | 22 | 22/36 TOTALE AS MERE 35 | 21 | 56 | 56/36 2° Tronc. a) — Muscles normaux avec disposition anormale : HONTE (Crée eo ES mosdooaovoonooudosemovos 9 Petit pectoral............,......, Mo orne 5 D Grand'dorsal Tee ER RE ER rene ti 1 2 8) — Muscles surnuméraires ou surajoutés : Prés Pr dl ee eee ces cie sant never ere 1 1 2 | 2/36 Sterrio-SCApILIAITe ÆL:. 4... Let PRET | 5 | 5 | 10 | 10/36 Scapulo-claviculaire........ GRAMME, « a 1 » 1 | 1/36 Chondro-CoraCbIdieet creuser 1 » 1 1,36 a te | Muscles normaux avec disp” anormale.| 11 | 9 | 20 | 20/36 id 4 surnuméraires ou surajoutés...| 8 | 6 | 14 | 14/36 MOPAL Sense tetes ..l: 19 | 15 | 34 | 34/36 FRÉQUENCE DES ANOMALIES DU SYSTÈME MUSCULAIRE. 767 32 Membres supérieurs. 8 8 Degré & = |Total de © © fréquencel a) — Muscles normaux avec disposition anormale :|=|= | SOS ÉDITEUR ee elatets à ete ee re 1 » L'UNSES6 Goraco-brachial= Aer SN RTE NS le 3 4 gl 7/36 TT NP UE De APE CARE TRE LE PAR US 2 6 8 | 8/36 Brachial antenne - nues eue. oe ces 2| 2| 4 | 486] RON DrONATOUR Een net et CAR citons 2 3 5 | 5/36, “Fléchisseur superficiel des doigts .............. 4 9 | 13 | 13/36 Fléchisseur profond des doigts................. 7 7 | 14 | 14/36 | Long fléchisseur propre du pouce (1)............ 14 | 15 | 29 | 29/36 | RCA DAMES". MERE 34 Per ee BORDID RIM AIT EN lies 2e na see she nee oo See 8 7 | 15 | 15/36 LS 'ÉNINE NE MORE SNENANERNART EURE ARRETE » 1 1 1/36 | ROTNER PAANER EE RE Lee a memes 9 | 3 |12 | 12/36 Deumemeradial'externe.. 2... ce... 10 | 8 | 18 | 18/%| SALPNSEUT COMmMUN des doigts... .......:...... 6 6 | 12 | 12/36 PEnSer dupetit doit... eee. eue 17 | 16 | 33 | 33/36 | DA MDONGÉLIQUT ER. de 2 Lu. ass emensenc 6 2 8 | 8/36 Por DAUCLEUT dpoucer 0. ce ee 17 | 16 | 33 | 33/36 ÉDUÉtT'eNtENSEUr AN pouces... nie Mo 11 7 | 18 | 18/36 | RoHS CREME AU DOUCE. : .- Lee ee coton e à 4 71 Ho LAT/S6 ExtenseuEpropre de l'index . ..............:004 4 | 5 | 9! 9/36 B) — Muscles surnuméraires ou surajoutés : Épitrochléo-cubital ............... RE Poe 4 | »| 4 | 4/36 Radialexterné INVEEMEIAiTre . 22... sue 8 5 | 13 | 13/36 Extenseur du pouce et de l’index............... 1. 25180) 8/86 Extenseur propre du médius..:.....,........... 2 | 6| 8 | 8/36 Pourt'extenseur.de man. 200 Lost 3 | 3 6 | 6/36! … ( Muscles normaux avec disp”" anormale. 130 |128 |258 258/36 | — surnuméraires ou surajoutés ...| 18 | 16 | 34 | 34/36 TOTAEUS St URLS 148 |144 |292 nl (1) Les 29 variations notées par Wood sur ce muscle sont relatives: «) au faisceau d'origine coronoïidien qu'il a rencontré sur 27 sujets, 17 fois des deux côtés, 6 fois à droite et 4 fois à gauche; f) au faisceau anastomotique envoyé par le fléchisseur propre au fléchisseur profond, faisceau observé sur 3 sujets seule- ment, 1 fois des deux côtés, 1 fois à droite, 1 fois à gauche, 768 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. 4° Membres inférieurs. 2 2 Degré E 5 ba PP DE «) — Muscles normaux avec disposition anormale :| == | = _|___ Iliaque interne...................... cnmonsoe 1 » 1 | 1/36 Obturatenr externe.......,........... Crete » 1 | 1/36 AVATARS... eue -ceeeeteereuee 3.119 2610686 Jumeaux AN DASSiNr er mere ect ce 2 1 3 | 3/36 Adducteurs de la cuisse...,.......... PEN 1 > | 1 | 1/36 Plantniro gréle. JM, Here Ces -rr es 11:92: 1-18 08/88 Long fléchisseur des orteils. .:2....4.:..2,..-5x 6 4 | 10 | 10/36 . Long fléchisseur du gros orteil................. 1 3 4 | 4/36 Tibial postérieur. €. .25 ee Reset 2 De M RE 2 Re UE NU: Long extenseur des orteiis ...,. . bo ue 2 2 4 4/36 PéTOMENANTÉLIEN TES EEE Er rec 8 7 | 15 | 15/36 Court péronier latéral.......................0 2 L 8151/05/86 Court extenseur des orteils. ................0 5 3 8 | 8/36 Court fléchisseur plantaire .................... 4 183 0e Accessoire des fléchisseurs...........,...,. RS MURS 1 1 1/36 8) — Muscles surnuméraires ou surajoutés : Extenseur de la première phalange du pouce....| 16 | 13 | 29 | 29/36 Péronienidi Oo iortelle en retenir ect 10 | 10 | 20 | 20/36 Soit: | Muscles normaux avec disp”" anormale.\ 37 | 33 | 70 | 70/36 7 | — surnuméraires ou surajoutés.….| 26 | 23 | 49 | 49/36 | ITODAE > Rise Sen tre 56 |119 |119/36 Un simple coup d'œil, jeté sur ces différents tableaux, nous permet de constater que les anomalies musculaires se produisent aux membres avec une fréquence plus grande que partout ailleurs et que dans les membres, les supérieurs présentent à ce point de vue une prédisposition toute particulière. Nous trouvons, en effet,292 anomalies sur les membres thoraciques, tandis que les membres pelviens ne nous en fournissent que 119. Notons encore que, sur l'une et l’autre extrémité, ce sont les derniers segments ou segments distaux qui sont plus particulièrement riches en dispositions anormales. À peine rencontrons-nous quelques variations sur les muscles de l'épaule et du bras, et HÉRÉDITÉ DES ANOMALIES MUSCULAIRES. 769 quant à ceux du bassin et de la cuisse, ces derniers surtout, ils sont d’une fixité remarquable. Humphry fait remarquer, avec beaucoup de raison, que les muscles les plus fréquemment atteints par l’anomalie sont en somme «ceux qui peuvent disparaître sans inconvénient », soit qu'ils puissent être facilement suppléés, soit qu'ils n'aient à rem- plir, dans l'organisme, qu'un rôle tout à fait secondaire. C’est ici le cas de rappeler la disparition si fréquente du petit palmaire, du pyramidal de l'abdomen, du petit psoas et autres formations similaires qui n’existent, chez l'homme, qu'à l'état de vestiges et comme pour lui rappeler les liens qui l'unissent aux espèces inférieures. Les muscles précités acquièrent ainsi, en anthropo- logie zoologique, toute la valeur des organes dits rudimentaires. Remarquons enfin, et par une singulière analogie, les varia- tions fréquentes du long fléchisseur propre du pouce, un muscle essentiellement humain, celui-là. Son développement consi- dérable, son isolement complet de la masse des fléchisseurs, tant superficiels que profonds, est, pour ainsi dire, caractéristi- que de l’espèce humaine. Ne dirait-on pas, en le voyant s'élor- gner si souvent de son état normal, que la nature semble vouloir le ramener à sa disposition primitive, luttant ainsi sans cesse contre l'adaptation et ne lui abandonnant qu'à regret l’une de ses plus belles conquêtes? ARTICLE II HÉRÉDITÉ DES ANOMALIES MUSCULAIRES. La transmission héréditaire des anomalies organiques m'est pas à démontrer. Meckel, Geoffroy Saint-Hilaire, Lucas, Darwin ont rapporté à ce sujet des observations à la fois si nombreuses et si nettes que l’hérédité des déformations soit congénitales, soit acquises, ne saurait désormais rencontrer d'ad- versaire. On connaît le cas si souvent cité d'Edward Lambert, qui transmit à ses six enfants une disposition singulière de son épiderme, caractérisée par «des excroissances cornées, saillan- 49 770 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. tes, bruissant l'une contre l’autre quand on les frottait avec la man» (de Lanessan). De ces six enfants, cinq moururent; le seul survivant transmit à son tour à tous ses garçons l’anomalie qu'il tenait du père et qui se perpétua jusqu’à la cinquième génération. M. de Lanessan rapporte l’histoire d’un jeune homme dont la tempe gauche présentait une mèche de cheveux blancs, disposition anatomique offerte également par le père. Darwin a signalé, lui aussi, le fait d'une famille anglaise dont plusieurs membres présentèrent, durant quelques générations successives, une mèche de cheveux tranchant nettement par sa couleur sur la teinte du reste de la chevelure. Nous devons rapprocher de ce fait l'observation non moins intéressante de James Paget, qui a noté la transmission héréditaire, chez plu- sieurs membres d'une même famille, de quelques poils des sourcils plus longs que les autres, disposition qui se rencontre normalement dans quelques espèces simiennes. Tous les Traités de tératologie parlent de l'hérédité de la poly- dactylie : Maupertuis rapporte le fait d'un médecin allemand qui possédait six doigts aux deux mains et aux deux pieds; il tenait cette disposition de sa mère et il la légua à ses descen- dants. Struthers a observé de même la transmission de la poly- dactylie jusqu’à la quatrième génération; et l’on trouve dans Hoœckel la mention d’une famille espagnole dont tous les enfants, à l'exception d’un seul, possédaient six doigts aux pieds et aux mains; «seul, le plus jeune était normal, et le père, qui était sexdigité, ne voulait pas le reconnaître comme son enfant». Les arrêts de développement portant sur les lèvres et la voûte palatine se transmettent (out aussi nettement des géné- rateurs à leurs descendants. Nous trouvons dans Lucas l'his- toire d'un homme atteint d'une fissure du voile du palais qui transmit à trois de ses enfants ce vice de conformation; il en avait probablement hérité lui-même de ses générateurs, car la sœur de sa mère avait donné naissance à dix enfants, dont cinq étaient affectés de bec-de-hèvre. M. de Lanessan cite encore le fait d'un homme qui se fit opérer par Demarquay d'un bec-de-lièvre double qu'il avait hérité de sa mère; le HÉRÉDITÉ DES ANOMALIES MUSCULAIRES. 771 père et le grand-père de cette dernière avaient aussi ce vice de conformation; plusieurs de ses frères et sœurs le pré- sentaient également; elle eut elle-même sept enfants, dont quatre atteints de bec-de-lièvre double. Nous avons déjà parlé plus haut, à propos du long coraco- brachial, de ce tubercule sus-épitrochléen de l’humérus, vestige chèz l'homme du foramen supra-condyloïide de quelques Marsu- piaux ; il résulte d’une observation de Struthers que cette ano- malie peut être héréditaire chez l’homme; ce savant analo- miste l’a observée, en effet, chez un individu et chez quatre de ses enfants. Ces quelques faits pris au hasard au milieu de bien d’autres démontrent surabondamment qu'une anomalie congénitale ou léquée peut être transmise par le générateur à ses descendants (hérédité conservatrice d'Hæœckel). Il n’est pas jusqu'aux carac- tères acquis ou même aux mutilations, soit accidentelles, soit intentionnelles qui ne puissent se reproduire ainsi par hérédité chez les descendants (hérédité progressive d'Hœckel). Nous connaissions déjà, comme faits à l’appui de ce dernier mode d'hérédité, quelques observations qui pour n'être pas nombreuses n’en sont pas moins démonstratives. Tel est le cas dont parle Meckel d’une femme dont le doigt devint difforme à la suite d'un panaris et qui transmit à deux enfants une difformité semblable et semblablement placée ; le cas de Sigaud de Lafond, rapporté par Lucas et reproduit par de Lanessan, rela- tif à une chienne qui eut la colonne dorsale brisée pendant l’accouplement, fut fécondée quand même, et donna naissance à huit petits, dont sept «avaient le train de derrière ou défec- tueux, ou d’une extrême faiblesse, ou mal conformé; l'un d'eux même manquait des extrémités inférieures et un autre ne pou- vait les mouvoir ». Tels sont encore: le cas rapporté par Darwin d'une vache qui, ayant perdu accidentellement une corne, mit au monde trois veaux dépourvus de la corne du même côté; le cas signalé par Hœckel d’un taureau qui, «ayant eu la queue cou- pée à la racine par la fermeture brusque et accidentelle de la 772 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. porte de l'étable », engendra plus tard des «veaux privés de queue »; les observations de William Buchan, établissant que les dames anglaises, qui avaient de son temps l’habitude de porter des corsets très serrés à la hauteur des seins, donnaient parfois naissance à des filles dépourvues de mamelles; les observations de Langsdorf, relativement aux chiens du Kant- chatka que l’on voit fréquemment naître sans queue, disposition singulière qui se rattache vraisemblablement à l'habitude qu'ont les conducteurs de traïîneaux de couper la queue à leurs chiens. Mais les faits les plus intéressants dans cet ordre d'idées sont assurément ceux qui nous ont été fournis l’année dernière par Brown-Séquard. Le savant physiologiste du Collège de France a observé en effet, chez le cochon d'Inde /Cavia cobaya), et cela avec une extrême fréquence, la transmission par hérédité des états organiques les plus variés, produits par lui chez les ascen- dants à la suite de mutilations expérimentales. Tels sont, pour n'en citer que quelques-uns, des changements dans la forme de l'oreille, chez des descendants d'individus ayant présenté les mêmes changements, après la section du nerf grand sympathi- que cervical; des ecchymoses suivies de gangrène sèche et autres altérations de l'oreille sur des descendants d'individus chez lesquels il avait produit des effets similaires par une lésion du corps restiforme ; l'absence de phalanges ou d’orteils entiers à l’une des pattes postérieures, chez des descendants de sujets ayant perdu ces orteils accidentellement, à la suite de la section des nerfs sciatiques. Les observations qui précèdent ne laissent donc aucun doute sur la transmission possible, de générateurs à descendants, des anomalies soit congénitales, soit accidentelles. Les anomalies musculaires sont-elles également héréditaires? À priori, il me paraît rationnel de l’admettre, les variations musculaires cons- tituant une division toute naturelle de la tératologie et ne se distinguant pas, par leur nature, des variations anatomiques des autres systèmes, le système osseux et le système tégumen- {aire par exemple, dont la transmission héréditaire se trouve démontrée par l'observation directe. Ce n'est là, loutefois, ANOMALIES MUSCULAIRES ET LEURS HOMOLOGIES. T'ES qu'une induction à laquelle il manque encore le contrôle des faits. Ce contrôle lui manquera longtemps sans doute, car s’il est facile de constater les analogies extérieures qui unissent les enfants à leurs ascendants, ce n'est que par un concours de cir- constances tout à fait exceptionnelles que la même main pourra étudier à la fois, par la dissection, un père ou une mère et les enfants auxquels ils ont donné naissance. Giacomini a eu cependant, dans ces dernières années, la bonne fortune de disséquer, à peu de distance, une Abyssi- nienne et sa fille. Il fait remarquer, chez cette dernière, la transmission par hérédité d’une anomalie bien définie des troncs artériels qui naissent de la crosse aortique. Quant à la trans- mission des anomalies musculaires, il n’en est pas question. Mais, en parcourant la description détaillée des variations mus- culaires observées par cet anatomiste sur une série de 9 sujets de races colorées, on en trouve quelques-unes qui se sont ren- contrées à la fois chez les deux sujets (mère et fille), dont j'ai parlé ci-dessus. Telles sont : +) un trapèze plus faiblement développé qu'il ne l’est d'habitude; 5) la présence d’un petit faisceau surnuméraire envoyé par la portion cervicale du splénius dans la région de l’apophyse mastoïde; ;) l'insertion surnuméraire de l'omo-hyoïdien à la clavicule ; 9) l'absence du prolongement phalangien du court péronier latéral; 2) l'absence du péronier antérieur. Cette observation est malheureusement unique, mais elle fournit, à elle seule, de fortes présomptions en faveur de la transmission héréditaire des variations anato- miques du système musculaire. ARTICLE III DEGRÉ D'ANALOGIE DES ANOMALIES MUSCULAIRES AVEC LES DISPOSITIONS HOMOLOGUES DES ANIMAUX. L'étude analytique que nous avons faite des anomalies mus- culaires nous a amené à cette conclusion que chaque disposition anormale chez l’homme correspondait à une disposition nor- 774 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. male dans la série zoologique. Mais il s'en faut de beaucoup que l’analogie des deux dispositions anatomiques soit toujours également complète. Il y a là, sous ce rapport, une série d'états ou de degrés qui, pour avoir une valeur égale au point de vue de leur signification anatomique, n'en sont pas moins, dans certains cas, fort éloignés et souvent même très disparates. S'agit-il d'un muscle particulier à l'espèce humaine, du long fléchisseur propre du pouce par exemple, qui a conquis chez nous une indépendance anatomique absolue? Eh bien, l’anoma- lie tendant à le ramener à son état primitif le soudera quel- quefois au fléchisseur profond, de façon à lui enlever toute individualité et à reproduire ainsi exactement la disposition caractéristique de certaines espèces simiennes. Mais, ce sont là les cas les plus rares. Le plus souvent il n'y aura qu une fusion partielle portant sur la portion la plus élevée des corps muscu- laires; et les cas seront nombreux où cette tendance à la fusion de deux muscles voisins sera représentée par un simple fais- ceau anastomotique jeté entre l’un et l’autre. Il existe, chez l’homme, des muscles que j'appellerai des muscles raccourcis par suite d’une insertion secondaire sur un os, voisin de celui sur lequel il s’insère à l'état parfait, mais plus rapproché que ce dernier de ses insertions d'origine. Tels sont : le petit pectoral, qui s'étend dans quelques espèces jusqu'à l’acromion ou l’humérus, et qui s’arrète chez l'homme à l'apo- physe coracoïde ; le grand droit de l'abdomen qui remonte, chez quelques Vertébrés, jusqu’à la 1"° côte et qui s'insère dans l’es- pèce humaine sur les côtes moyennes, etc... L’anomalie cher- chera ici encore à reproduire l'état primitif; mais si la disposition anormale atteint parfois l’état parfait du muscle, elle ne fera que s'en rapprocher, dans un grand nombre de cas; c’est ainsi que nous avons vu, chez l'homme, le pelit pectoral venir s'attacher en dehors jusqu’à l’acromion, et le grand droit de l'abdomen demander à la 4° et à la 3° côte une surface d'insertion anormale, plus élevée que celle où se terminent d'ordinaire ses faisceaux. S'agit-il maintenant d’une formation musculaire qui, nelte- ment différenciée dans quelques espèces animales, a disparu en ANOMALIES MUSCULAIRES ET LEURS HOMOLOGIES. 779 apparence chez l’homme, mais en réalité s’est fusionnée en un muscle voisin? L’anomalie pourra reproduire encore, dans tous ses caractères, la disposition qui s’est plus ou moins profondé- ment modifiée chez nous; mais cette reproduction sera le plus souvent incomplète. Les divers modes d'apparition du long abducteur du gros orteil peuvent iei nous servir d'exemple : ce muscle, qui s'étend du tibia à l'extrémité postérieure du pre- mier mélatarsien, est complètement distinct chez quelques singes inférieurs; il se fusionne en partie, chez les singes anthro- poides, avec le tibial antérieur; chez l’homme, enfin, il est totalement absorbé par ce dernier. Eh bien, nous avons vu le tendon de ce tibial antérieur présenter, dans sa portion infé- rieure, suivant les cas: «) un simple sillon; £) un dédouble- ment complet, mais intéressant seulement le dernier ou les deux derniers centimètres de ce tendon; ;) un dédoublement de tout le tendon; à) un dédoublement, enfin, remontant jusque dans l'épaisseur du corps musculaire, toutes modalités anatomiques qui ne sont que des degrés d'une même disposition, à savoir, la différenciation du long abducteur du gros orteil. Les remarques qui précèdent s'appliquent encore de tous points aux véritables muscles surnuméraires, c’est à dire à ces formations qui, constantes dans les espèces animales, ont tota- lement disparu chez l'homme, sous l'influence de l'adaptation. Tels sont le cléido-trachélien, le dorso-épitrochléen, l'épitrochléo- cubital, etc. L'alavisme, en les faisant renaître, les reproduit avec les formes les plus variables : tantôt c’est un muscle par- fait, rappelant par son développement, non moins que par sa forme et ses insertions, le type correspondant dans la série zoologique; tantôt c’est un faisceau plus ou moins grêle qui présente bien encore, dans sa situation et son mode d’attaches, les caractères du muscle homologue, mais qui peut descendre dans son développement aux proportions les plus minuscules. Dans quelques cas, enfin, le muscle peut avoir perdu tout ce qu'il possédait de fibres charnues; ilse trouve réduit à un simple tendon ou à une simple aponévrose. Que d’aponévroses dans l'organisme qui ne devraient pas porter ce nom et qui sont en 776 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. réalité des muscles atrophiés au maximum, qu'on me permette ces expressions, des reliquats et des débris de muscles! Au total, les anomalies musculaires chez l'homme peuvent présenter, avec les dispositions normales homologues chez les animaux : 4° une identité complète, 2 une analogie souvent fort éloignée ; et, entre ces degrés extrèmes s’échelonnent tous les intermédiaires. ARTICLE IV ESSAI DE CLASSIFICATION DES ANOMALIES MUSCULAIRES. Les variations anatomiques du système musculaire me parais- sent devoir être divisées, au point de vue purement morpholo- gique, en deux grands groupes : 1° les muscles surnuméraires; 20 les modifications apportées par l'anomalie aux muscles qui existent normalement dans la constitution du corps humain. Les muscles surnuméraires sont des formations entièrement nouvelles qui entrent, avec la valeur d’un organe type, dans la constitution de quelques espèces inférieures, mais qui ont totale- ment disparu chez l'homme. Par extension, on donne encore ce nom, dans le langage tératologique, aux faisceaux musculaires, qui, sans disparaître entièrement, s'étaient simplement fusionnés avec quelque muscle voisin et qui, se différenciant de nouveau par anomalie, cherchent à reprendre leur individualité perdue. Les muscles normaux de l’homme peuvent être modifiés A° dans leur forme, 2° dans leur constitution, 3° dans leurs insertions, 4° dans leurs rapports avec les muscles voisins. 1° Anomalies de forme. — Cette classe renferme les variétés les plus diverses: je rappellerai seulement les variations du carré pronateur qui peut affecter successivement les formes d'un rectangle, d’un trapèze, d'un triangle; et celles du petit palmaire que nous avons vu fusiforme, rubané et même digastrique. 20 Anomalies de constitution. — +) Un muscle peut se dédou- bler soit en totalité, soit en partie seulement, de là un premier mode de duplicité fduplicité par dédoublement). Tel est le cas du grand pectoral, qui est constitué parfois par une portion ESSAI DE CLASSIFICATION. 7174 sterno-costale et une portion claviculaire complètement distine- tes l’une de l’autre. Tel est encore l'isolement complet, dans le sterno-cléido-mastoïdien, du chef sternal et du chef claviculaire. Le dédoublement peut, bien entendu, être total ou partiel. 6) — Dans un ordre de faits absolument contraires, deux ou plusieurs faisceaux constitutifs d’un muscle, en partie séparés à l’état normal, peuvent se fusionner ensemble de façon à rem- placer un muscle à deux chefs par un muscle à chef unique. Le sterno-cléido-mastoïdien, dont les deux chefs se fusionnent parfois d’une façon complète au niveau de leur origine sterno- claviculaire, peut encore ici nous servir d'exemple. 7) — Un muscle normal peut être modifié par la production de faisceaux nouveaux ou surajoutés. Ces faisceaux nouveaux peuvent à leur tour, soit rester isolés pendant quelque temps, soit se confondre dès leur origine avec le muscle ordinaire. Dans le premier cas, le muscle acquiert un chef nouveau (3° chef du biceps); dans le second, le muscle est simplement élargi ou grossi (insertion du petit pectoral aux 2° et 6° côtes). 9) — Le muscle normal peut au contraire perdre quelques-uns de ses faisceaux constitutifs et ici encore nous pouvons avoir, suivant l'importance morphologique du faisceau disparu, soit un muscle simplement rétréci (petit pectoral inséré seulement aux 3° et 4° côtes), soit la transformation d’un biceps en un uniceps (biceps brachial réduit à sa portion coracoïdienne, par dispari- tion de son chef glénoïdien). ] — À un degré plus avancé de dégénérescence, un muscle peut avoir perdu tous ses faisceaux charnus. L'organe ainsi supprimé au point de vue fonctionnel, peut disparaître totale- ment au point de vue anatomique; comme aussi quelquefois il persiste à l’état fibreux, sous la forme d’un tendon ou d’une aponévrose. Le péronier antérieur, le petit palmaire nous pré- sentent fréquemment l’une ou l’autre de ces deux dernières modalités anatomiques. £) — Les intersections aponévrotiques, ces derniers vestiges de la segmentation transversale de l'embryon, peuvent donner naissance à un nouveau genre d'anomalies; quoique fort 7178 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. variées, elles sont toujours susceptibles d'être ramenées à l’un ou à l’autre de ces deux cas : disparition des intersections normales; apparition anormale d'intersections nouvelles. Au premier cas appartient la diminution numérique des intersec- tions du grand droit, la disparition du tendon intermédiaire de l'omo-hyoïdien; au second, la présence d'une intersection sur le sterno-cléido-mastoïdien, le grand oblique, le petit oblique, etc. r) — Enfin, je placerai dans les anomalies portant sur la cons- litution du muscle, le renversement ou inversion du muscle, c’est à dire la disposition bizarre caractérisée par la présence du corps charnu là où se trouve habituellement le tendon, et, vice versa, la présence du tendon à la place du corps charnu. Le petit palmaire nous a Offert un exemple très net de celte disposition anatomique. 3° Anomalies de rapports avec les muscles voisins. — a) Un muscle uni d'ordinaire, dans une étendue variable, avec un corps musculaire voisin peut s'en séparer par anomalie et acquérir ainsi une individualité propre. Tel est le péronier du 9° orteil qui, fusionné avec le court péronier latéral, s’en dégage quelquefois jusqu'à son origine péronière. Un processus de même ordre peut isoler ainsi non plus un muscle d'un autre, mais dans un même muscle un faisceau des faisceaux voisins. Nous avons noté celte individualisation de certains faisceaux, soit sur les fléchisseurs, soit sur les extenseurs des doigts. G) — Par un processus de sens contraire, deux muscles voisins, mais entièrement séparés à l'état normal, peuvent s'unir par anomalie. Or cette union peut être complète {absorption d'un muscle par l’autre), ou simplement partielle, portant dans ce dernier cas soit sur les corps musculaires, soit sur les tendons. Un dernier mode d'union nous est fourni par l'apparition de faisceaux dits anastomotiques, charnus ou ten- dineux, se détachant d'un muscle pour aller se perdre dans un autre. Les deux muscles radiaux externes nous présentent fréquemment tous ces divers modes de fusion. 4° Anomalies des insertions. — Elles peuvent se manifester soitsur les insertions d'origine, soit sur les insertions terminales ; dans l'un et l’autre cas, il peut se produire plusieurs variétés : ESSAI DE CLASSIFICATION. 179 z) — L'insertion ordinaire étant conservée, il peut s’en ajou- ler une autre fansertion surajoulée). Tels sont : le faisceau sterno- maxillaire du sterno-cléido-mastoïdien; le faisceau tendineux envoyé par l'extenseur propre de l'index aux phalanges du mé- dius, etc., etc. Ces insertions surajoutées peuvent être multiples. GB) — L'insertion normale peut être diminuée où augmentée en étendue. L'insertion du scalène postérieur à la 1° côte seule- ment, l'insertion du petit pectoral limitée à deux côtes nous offrent des exemples de la première modalité; la deuxième nous est fournie par l'extension du grand droit de l'abdomen à la #° et à la 5° côte, par l'insertion du petit pectoral soit sur la 2, soit sur la 6° côte. 7) — L'insertion peut être déplacée, c’est à dire se faire sur une surface osseuse, voisine de celle où elle a lieu d'habitude. Tel est le petit pectoral qui, au lieu de s'arrêter sur l'apophyse coracoïde, son point d'insertion normal, s'étend jusqu'à l'acro- mion ou même l’humérus; tel est encore l'omo-hyoïdien qui, au lieu de prendre naissance sur le bord supérieur du scapulum, se détache de la base de l’apophyse caracoïde, du ligament coracoïdien ou même de la clavicule. d) — Enfin une insertion peut être supprimée; j'entends par à qu'un muscle, au lieu de s'étendre jusqu’à la surface osseuse qui lui donne naissance ou sur laquelle il se termine, s'arrête en roule, plus ou moins dégénéré, et se perd soit sur une aponévrose, soit sur une gaine tendineuse, soit sur un tendon ou même dans le tissu cellulaire. Une pareille disposition, assez rare quand il s’agit des muscles existant normalement chez l'homme, nous est fréquemment offerte par les faisceaux surnu- méraires, dont le développement est souvent fort incomplet. Je rappellerai ici tous les faisceaux surnuméraires du cou des régions antérieure et postérieure de la jambe, qui se perdent sur les aponévroses et que nous avons appelés parfois des tenseurs aponévrotiques. Toutes les modalités d'anatomie anormale que je viens de décrire se trouvent résumées, succinctement et dans le même ordre, dans le {tableau suivant : LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME 780 *04101N9109 SSI? 9] SUDP JUDPAOd 9S 919SN JA *$0109 Ç NO F 9p JUNI40d 90407904 71984 *JUOUI9N98 9700 o1] D] D AN01191S0d 9U9700S “2420120 np o)bun,j D g19su1 onbrs3s0b1G *U91P10SDUI-0P19)9-OU497$ ND 9410)}1XDU-OU49)S ‘A *sabrop sop *Joud ‘ssiy09y 99 *Juodns sunassry99 *S0198NU SOUQ I *SOU19X0 XNDIPDA EN0P ST ‘xno1pod np ou4oqu? nN29S10] 97 *QSJOIU91 9110 119 “onb111$001p np 24101powsoqur uopuo) np uormuNds1 *U91P10)SDU-0pP99/9-0U419]S 09 ANS ‘211nWw)0d 71394 np aouosQy *UODUI) U9 QUAO]SUDIY ANOTIQIUD LOIU0IIT *OUU91P1090109 UOI340d DS D pINpo4 Sdo9 *sdao1q np Joy2 awoisiour :2pP17790Y4D onb gnny snjd soungs sdoo1q np suoruod ænop sa “onbiun nn92s10] n uo1p101$Dwu-0p1919-0u191S "U9SJD)DIQU JONWIT ND } Jou1/81p nD9os1n] un junhoauo ‘inoroqun u91quof\ *SJ0U1981P ‘9S10] XN9P U9 U91p1018DW-0p1919-0U491S “owuJ0/isn] a11mw)0d n384 °10919n9-09)420471d9 ‘U911949D47-0pP1919 : SAIINAXY . ‘osotw0)Seu8 184 …..... **orre1118d eee. 91810] ST PU TOUC USE OS 0 I Lee Mare ere" pe SSD UITTANE o€ *****onpu9)9 U9 S9QJUaUENY op ****** onpu9)9 U9 S99NUIUI 0€ Sn eos eme OS) UT OCT 08 ****s0014108 -UI SIN9T SUX °Q DR ee EE sSOOMNOCINS ol Hi DUTE ereuoue uorsnx og 102 S8ISAU ) so 2048 sy10d -dei sinet sue ‘9 | °°°" 9[9SNU NP JUSUWOSIAAUIY 08! “Saouriddns … *S29qn0[e ‘°t°t** 9108n0 np UOIMICASIG 9[9SNU NP 928N91{IH UOIEUIOJSUEIT ‘‘Xn89981IeJ sonbronb 9p uoriedst * XNVAANOU XNV99SIEJ 9P UOIIEAAY o | Re se SOIT -IPOUI S9ITeu **: #onbIjorAQU 4 | Se { -IP10 S9J9SNN ‘IL 09! * | oG oF -04® suol]99$I9qUI "tune »/-SU09 ANO] SUET ‘A rorrenred | 6 {ee -mona .. ‘218107 | 1er2ed ‘’ JUAWETANOPA of} ‘1830 SR Se Se Re PA GE SE OUIU OT NO TASUE(T n' Mens rie ee ee ee RS SO IEC TOUR IN S Sae19SnN 2) ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ LES ANIMAUX. 781 La grande majorité des anomalies observées trouveront place dans le tableau qui précède. Il en est quelques-unes assuré- ment qu'il serait difficile d’y faire entrer, mais elles sont peu nombreuses, etne s’observent que fort rarement; il ne me paraît pas utile de créer pour elles de nouveaux groupes et de compli- quer encore ce lLableau déjà si complexe. ARTICLE V DES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ LES ANIMAUX. Les variations anatomiques des muscles de l’homme n'étant le plus souvent que des retours à un type inférieur, que l'on retrouve encore dans quelques espèces placées au-dessous de lui dans la série zoologique, il me paraît tout naturel de penser que les animaux doivent présenter également des variations de leur système musculaire, tendant à reproduire de même des formes qui sont normales chez d’autres animaux. Celte con- ception à priori se trouve grandement légilimée par les travaux de dissection. J'ai rencontré, pour ma part, des variations nom- breuses chez les chiens et les chats, que l'on peut se procurer le plus facilement et que, pour cette raison, on dissèque toujours en plus grand nombre. J'ai disséqué plusieurs cercopithèques du Sénégal et je serais très embarrassé s’il me fallait, pour cer- tains muscles, indiquer quel est l’état normal. J'ai disséqué de même deux renards, et ils’en faut de beaucoup que la même description convienne aux muscles de mème nom. Mes conclusions sur ce point se trouvent confirmées par les recherches de plusieurs anatomistes. Nous avons déjà eu l’occasion de relever un grand nombre de dissemblances entre les muscles de même nom des chimpanzés disséqués par Vrolik, Gratiolet et Alix, Macalister, Humphry, Bischofr, Champneys, etc. Murie. et Mivart, qui nous ont donné de la myologie des Lémuriens une description si complète, ont 782 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. noté, dans plusieurs muscles de ces animaux, un grand nombre de variations. La description des muscles de la civette, qui nous a été donnée par Young en 1880, ne ressemble pas toujours à la description des mêmes muscles qui avait été faite, douze ans auparavant par Devis. Le phoque étudié par Humphry diffère sur certains points du phoque disséqué par Duvernoy. J'ai dissé- qué avec le plus grand soin, en 1881, un jeune Ursus ameri- canus; ma description des muscles diffère, sur bien des points, de la myologie de l'ours, telle qu'elle a été écrite autrefois par Meckel, telle qu’elle vient d'être faite, il y a quelques mois à peine, par le professeur Schepherd, de Montréal. Je pourrais multiplier ces exemples, mais je crois avoir sufli- samment établi, par les faits qui précèdent, la variabilité des muscles chez les animaux. Une question complémentaire des plus intéressantes serait de rechercher le sens dans lequel s'effectuent ces variations; je veux dire si les anomalies muscu- laires des animaux reproduisent un type normal chez des ani- maux inférieurs {anomalies réversives), ou bien se rapprochent d'une disposition caractérisant des espèces plus élevées dans la série {anomalies progressives). La présence d'anomalies réversi- ves chezles animaux n’est pas douteuse, et Humphry fait remar- quer, à ce sujet, qu'un animal «est vraisemblablement plus porté à varier dans la direction d'un animal rapproché de lui dans l'échelle zoologique et lui ressemblant, que dans la direction d'un animal plus éloigné et lui étant dissemblable ». Mais existe-t-il de même des anomalies progressives? Trouve-t-on chez les animaux des anomalies musculaires tendant à repro- duire des dispositions appartenant à des animaux supérieurs? Peut-on notamment rencontrer, dans le système musculaire des singes anthropoïdes, des dispositions humaines? Les matériaux que nous possédons sur ce sujet sont notoirement insuffisants pour résoudre la question. Je dois me borner à en signaler l'importance, et à appeler sur elle l'attention de tous les zooto- mistes, des anatomistes vétérinaires en particulier, qui, par la pature de leurs travaux, dissèquent chaque année un grand nombre d'espèces semblables. ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ LES ANIMAUX. 783 Bibliographie : MECKEL. Manuel d'Anatomie descriptive, trad. Jourdan et Breschet, t. I, 1825, I. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Aistoire des anomalies, etc., Paris, 1836, t. 1 et t. III, passim. Lucas. Traité philosophique et physiologique de l’hérédité naturelle, etc, Paris, 1847-1850. ; Woop. Proc. of Roy. Society of London, t. XIII, XIV, XV et XVI. Humpxry. Lectures in the varieties in the Muscles of man (British medical journal, 1873). Carver. On irregularities in arteries and muscles of an Idiot (Journ. of Anat. and Phys., 1869, p. 257). DARwIN. La descendance de l’homme et la sélection sexuelle, trad. Barbier, 1881, J. PAGET, cité par Darwin, in Ouvrage précédent. STRUTHERS. The Lancet, 1863, p. 83, et 15 février 1873. H&cCKkEL. Histoire de la création des êtres organisés par les lois naturelles, trad. Letourneau, 1877, p. 159. DE LaNEssax. Le Transformisme, évolution de la matière et des êtres vivants, Paris, 1883. BUCHAN, LANGSDORFF, cités par de Lanessan, in Ouvrage précédent. MuRie et Mivarr. Transact. of Zool. Society of London, vol. VII, 1869, p.96: MACALISTER. Proc. of Roy. Irish Academy, vol. IX, part. IV, 1867, p. 445. J. B. PERRIN. Medical Times, 1872, et Analys. in Jahresbericht d'Hoffman et Schwalbe, 1872. MaCALISTER. The bearing of anomalous Anatomy on the evolution Theory of the origine of man (The Dublin med. journ. of med. Sciences, March 1872, p. 192). BROWN-SÉQUARD. Faits nouveaux établissant l'extréme fréquence de la transmission par hérédité d'états organiques morbides, produits acci- dentellement chez les ascendants (Bull. Acad. des Sciences, 1882). Laskowsxl. De quelques anomalies musculaires observées au laboratoire d'anatomie de Genève (en communication). GiACOMINI. Annofaziont sopra l'anatomia del Negro, Torino, 1882. SHEPHERD. Schort notes on the Myology of the american black bear (Journ. of Anat. and Phys., Oct. 1883, p. 103). 784 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. CHAPITRE II Les variations du système musculaire suivant les races. L'anomalie comparée des races humaines est incontestable- ment un des points les plus intéressants des sciences anthropo- logiques. Née d'hier, gènée dans son évolution par des diffi- cultés matérielles nombreuses, cette question en est encore à sa période d'étude. Mais quoique fort rares, les faits acquis sur ce terrain présentent le plus haut intérêt et sont pleins de pro- messes pour l'avenir. Les notions que nous possédons actuelle- ment nous autorisent à penser que toutes les races ne présen- tent point des caractères anatomiques identiques; qu'à chacune d'elles, au contraire, appartient une disposition structurale propre, qui peut permettre de les classer, tout aussi bien que des caractères empruntés à l’aspect extérieur, aux habitudes ou à la répartition géographique. Ces conclusions & priori sont largement justifiées en ce qui concerne le cräne. Dans un ouvrage qui comptera pour l’un des plus importants travaux sur ce sujet, MM. de Quatre- fages et Hamy ont déjà formulé, en termes suffisamment précis, les variations ethniques du crâne humain. Dans quel- ques années, je l'espère, nous aurons comme pendant des Crania ethnica, les Cerebra ethnica, pour la rédaction desquels MM. Hamy et Pozzi ramassent chaque jour de nouveaux maté- riaux. La littérature anthropologique s’est encore enrichie, dans ces dernières années, du mémoire de M. Livon, sur l’omoplate et ses indices de largeur dans les races humaines; de la thèse de M. Renard sur les variations ethniques du maxillaire infé- rieur; de l'important travail de M. Verneau sur les variations du bassin suivant les sexes et les races, elc., etc. Pour ce qui a trait au système musculaire, le travail est malheureusement moins avancé : c'est qu'ici les chercheurs | DISSECTIONS DE SUJETS NÈGRES. 785 se heurtent à une difficulté nouvelle qu'il n’est pas facile d'éluder : la difficulté de se procurer des sujets d'étude. Les corps de nègres qu'on envoie des pays élrangers dans nos laboratoires, morts souvent depuis plusieurs mois, nous arri- vent généralement dans un état de décomposition qui en rend la dissection impossible. Et, d'autre part, les explorateurs qui vont étudier sur place les races exotiques, peuvent bien prendre des mensurations, photographier des types, recueillir des docu- ments détaillés sur les formes extérieures, la coloration de la peau, des yeux et des cheveux; il ne leur est pas loisible de disséquer les 200 à 250 muscles qui entrent dans la constitu- tion anatomique de l’homme. Nous en sommes réduits, dans nos écoles européennes du moins, à uliliser les quelques sujets que le hasard des transac- tions commerciales amène sur notre sol et que la mort frappe dans nos hôpitaux. Aussi les dissections de sujets nègres, faites avec soin et entreprises dans le but que nous poursuivons, sont-elles encore fort peu nombreuses ; elles sont, à coup sûr, grandement insuflisantes pour résoudre un problème aussi important que celui qui consiste à déterminer la part à faire à l'influence ethnique, dans les variations de notre système musculaire. ARTICLE PREMIER SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR LES DIFFÉRENTS ANATOMISTES, Cuvier me paraît être le premier analomiste qui ait disséqué avec soin, et au point de vue spécial qui nous occupe, le système musculaire du nègre. On trouvera, dans l'important Atlas de myologie comparée publié par lui et Laurillard en 1849, douze belles planches représentant les muscles d’un nègre originaire du Mozambique. En 1865, le professeur Wood publie, dans les Proc. of royal Society of London, la relation de quelques ano- malies musculaires observées par lui sur un jeune nègre. Deux ans plus tard, Bankart, Pye-Smith et Philips, dans oÙ 786 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. leur mémoire plusieurs fois cité, mentionnent également un sujet nègre étudié par eux dans les salles de dissection de Guy's Hospital, et chez lequel ils ont rencontré quelques fais- ceaux surnuméraires, notamment un muscle présternal. La même année, le Journal d'Anatomie et de Physiologie anglais nous apporte l'important mémoire de Murie et Flower sur la dissection d’une femme boschimane. Hamy, en 1870, présente à la Société d’Anthropologie de Paris deux planches dessinées d'après nature et représentant les muscles de la face d’un négrillon, dont la provenance ethnique n’a malheureusement pas pu être déterminée avec exactitude : le savant anthropolo- giste du Muséum avait rencontré, chez ce sujet, un certain degré de fusion entre les différents muscles faciaux, disposition qui les ramenait à un degré d'infériorité notable, en les rappro- chant des muscles similaires des Anthropoïdes. Trois ans plus tard M. Chudzinski publie, dans la Revue d'Anthropologie de Broca, une série d'observations d'anomalies musculaires recueillies par lui sur deux sujets nègres, un nègre de la Guadeloupe et une négresse d’Angola. Le même journal nous fait connaître, en 1874 et en 1882, deux nouveaux mémoires du même auteur sur le même sujet: le premier est basé sur la dissection de trois nègres de Saint-Dominique et de la Trinité ; le second résume les observations faites sur seize sujets des races exotiques, dont douze nègres de provenances différentes, un noir de Pondichéry, un Annamite, un Indien du Pérou et un Arabe. Turner a disséqué, à Édimbourg, deux sujels nègres et inséré dans son journal (vol. XIIT et XIV) deux notes relatives à ces dissections. Le Bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris de 1881 renferme une note rela- tive à la dissection d'un nègre étudié par Duchesne. Enfin, le professeur Giacomini vient de communiquer à l'Académie de Turin un important travail où se trouvent consignées les principales particularités que lui à offertes le système muscu- laire de neuf sujets nègres, dont trois Abyssiniens et six autres sujets, dont la nationalité n’est pas indiquée. Ces différents mémoires renferment une série considérable de | SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR L'AUTEUR. 787 faits dont l'importance est fort variable et qui ont été déjà ana- Iysés, pour la plupart, en leur lieu et place, dans l'une des quatre parties de cet ouvrage. Il serait tout aussi fastidieux qu'inulile de les décrire en détail ou même de les mentionner de nouveau; je me contenterai de condenser, en quelques lignes, les conclusions qui me paraissent découler de leur étude. Mais, je dois auparavant résumer ici les résultats de mes propres dissections. ARTICLE II SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR L'AUTEUR. J'ai eu l'occasion, depuis cinq ans, d'étudier le système mus- culaire de onze sujets nègres, dont six seulement d'une façon complète; ce sont les seuls dont je m'occuperai ici: Ogs. T: Le premier est un jeune Boschiman de douze à qua- torze ans dont l'étude m'a été confiée par MM. de Quatrefages et Hamy, en mai 1880. Ce sujet, apporté à Cuvier par M. Dela- lande, soigneusement enfermé dans un bocal d’alcoo!, était resté comme oublié pendant près de soixante ans, dans les labora- toires du Muséum. Oss. IT : Jeune négresse de quinze ans, originaire du Séné- gal ; acquise tout enfant dans un village de l'intérieur, elle avait élé transportée à Bordeaux pour y servir comme domestique. Une tuberculose l'avait conduite à l'hôpital Saint-André où elle avait succombé, après quelques mois de séjour. Oss. IT : Nègre de l'île Bourbon, âgé de quarante-six ans, de haute taille et d’une vigueur peu ordinaire. Transporté à Bordeaux en 1875, il avait succombé, dans les derniers jours : de décembre 1880, aux progrès d'une tuberculose pulmonaire. Oss. IV : Jeune nègre de vingt-cinq ans, originaire de l'île de la Réunion, exerçant la profession de marin, mort égale- ment de tuberculose, au mois de février 1882. Ors. V : Encore un marin de {rente à trente-cinq ans, enlevé 788 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. par la tuberculose, en novembre 1882: il était né à Taïli, de parents nègres. Oss. VI : Nègre de l'Amérique du Nord, né dans les environs de la Nouvelle-Orléans. Il était âgé de vingt ans; il avait été amené à l'hôpital Saint-André, comme les précédents, par une tuberculose pulmonaire, et y avait succombé le 22 février 1882. Adoptant la méthode topographique, je vais signaler par régions les principales anomalies musculaires qui m'ont élé offertes par la dissection de ces divers sujets. Le numéro de l'observation placé en tête de chacune d'elles indiquera celui des six sujets auquel elle devra être rapportée : $ I. — Muscles du tronc. — Je comprends sous ce titre les muscles du thorax, de l'abdomen et du dos : Grand pectoral. — Ops. L': Il se compose de deux portions parfaitement distinctes jusqu'à leur implantation sur le tendon huméral: une portion claviculaire et une portion sterno-costale. Cette dernière très développée s'entrecroise en partie, sur la ligne médiane, avec celle du côté opposé. On voit très nettement, surtout au niveau du tiers supérieur du sternum, des faisceaux charnus passer d’un côté à l’autre; il n'existe entre les deux muscles aucun interslice, aucune trace par conséquent de la ligne blanche sternale. Au-dessous du grand pectoral existe une pelite bande musculaire supplémentaire qui, se détachant de la 4° et de la 5° côte, se porte en dehors et ne se fusionne avec le grand pectoral qu'à 3 centimètres en dedans du tendon terminal. Ops. IT: Les deux grands pectoraux présentent également, sur la ligne médio-sternale, une fusion remarquable que j'ai déjà décrite en détail: (Voyez I" partie, chap. I. p. 10.) — ,Ors. IT: Le grand pectoral se confond avec celui du côté opposé dans la moitié inférieure de sa portion sternale; la portion claviculaire de ce muscle est entièrement distincte de sa portion sterno-costale ainsi que du deltoide. — Os. IV : Le grand pectoral est réuni avec le deltoïde d’une façon à peu près complète ; la portion claviculaire est distincte de la portion sterno- SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR L'AUTEUR. 789 costale. Cette dernière se fusionne dans sa moitié supérieure avec celle du côté opposé. Ors. V: Même isolement de la portion claviculaire. — Ops. VI: Le grand pectoral se fusionne en partie sur la ligne médiane, avec son congénère du côté opposé. Sur aucun de mes six sujets, je n'ai trouvé de faisceau abdo- minal distinct. Petit pectoral. — Ops. V: Du côté droit, il s'étend à son origine de la 2° côte à la 6°; sa hauteur à ce niveau est de 16 centimètres; son tendon d'insertion coracoïdien est plus fort que d'habitude et mesure 2? centimètres de largeur. — Os. VI: Du côlé gauche, il s'insère sur les 2°, 3, 4° et 5° côtes; son bord supérieur n'est séparé de la clavicule que par un espace mesurant à peine 2 centimètres. Sous-clavier, — Ogs. 1 et IV: Ce muscle, tout en s'attachant en majeure partie à la face inférieure de la clavicule, envoie une forte expansion aponévrotique sur la clavicule. Os. VI: Plus développé que d'habitude, le sous-clavier s'insère en-dehors (côté gauche) à l'apophyse coracoïde, suivant une ligne non interrompue qui s'étend du sommet à la base de celte apophyse. Présternal. — Je ne l'ai rencontré que dans l'Ors. V, où il existait des deux côtés, mais beaucoup plus développé du côté gauche que du côté droit. Dorso-épitrochléen. — Ce faisceau surnuméraire, qui est la reproduction manifeste d’une disposition simienne, ne m'a été offert que par le sujet de l'Ors. 1, sous la forme d’une bande- lette charnue qui, partant du tendon du grand dorsal, venait se jeter sur la longue portion du triceps. Trapèze. — Os. I : Il est réduit à sa partie cervico-dorsale ; les faisceaux occipitaux fontcomplètement défaut. Comme consé- quence d'une pareille disposition, l'étendue des insertions clavi- culaires ne mesure que 22 millimètres. — Ors. V : Le trapèze descend en bas jusqu'à la 12° vertèbre dorsale. — Ops. IV : Plus réduit que sur le sujet précédent, il ne descend que jusqu'à la 10° dorsale; en haut il se termine, à l’aide d’une languette 790 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. fort grêle, sur la protubérance occipitale externe; il ne prend aucune insertion sur la ligne courbe occipitale. — Ors. VI : Plus réduit encore, il ne descend que jusqu’à la 8° dorsale ; en haut, ses faisceaux internes remontent bien jusqu'à la protubérance occipitale, mais la plus grande partie de ses faisceaux externes s'arrêtent sur le ligament cervical, à la hauteur de l’atlas et de l’axis. Rhomboïde. — Ops. IT : Il n'est constitué que par une seule portion; je n'ai rencontré aucune trace du petit rhomboïde. Sa hauteur, mesurée sur la colonne vertébrale, est égale à la distance qui sépare la 6° vertèbre cervicale de la 5° vertèbre dorsale. — Ors. VI : Sur ce sujet, il n'y a pas non plus de petit rhomboïde différencié; mais cette formation musculaire y existe cependant entièrement fusionnée avec le grand rhom:- boïde. Le bord supérieur du muscle unique rencontre, en effet, la colonne vertébrale à la hauteur de l’espace qui sépare la 4° cervicale de la 5°. Droit antérieur de l'abdomen. — Ops. I : Il s'attache en haut à la fois sur l’appendice xiphoïde, sur la 7°, 6° et.5° côte. Il présente dans son trajet quatre intersections aponévrotiques, une au-dessous de l’ombilic et trois au-dessus : la première (la plus inférieure) est légèrement courbe, à concavité dirigée en haut; la seconde est légèrement oblique de bas en haut et de dehors en dedans; la troisième et la quatrième présentent une obliquité dirigée dans le même sens, mais plus accentuée. Ces quatre intersections aponévrotiques sont complètes, je veux dire qu’elles oceupent à la fois toute l'épaisseur et toute la largeur du muscle. Elles sont espacées l’une de l’autre de la façon suivante : la première est située à 8 centimètres au-dessus de la symphise pubienne; il existe 3 centimètres entre la deuxième et la troisième, 3 centimètres et demi entre la troisième et la quatrième, 2 centimètres et demi enfin entre celte dernière et l'extrémité supérieure du muscle. — Ors. IT : Il présente trois intersections aponévroliques seulement : la première, en allant de bas en haut, affecte une direction trans- versale et se trouve placée à 15 centimètres au-dessus de la SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR L'AUTEUR. 791 symphise pubienne; la deuxième, également transversale, est située à 21 centimètres au-dessus de cette même symphise ; quant à la troisième, elle est fortement oblique en haut et en dedans et se trouve séparée du pubis par une étendue de 30 centimètres. Ogs. IT : Remarquable par ses dimensions transversales, le grand droit présente quatre intersections aponévrotiques : la première au-dessous de l'ombilic, les trois autres au-dessus. — Os. IV : Quatre intersections aponévrotiques également : la première (en allant de bas en haut) est transversale, complète et se trouve située à 3 centimètres et demi au-dessous de l’ombilic ; la deuxième et la troisième sont encore complètes et transver- sales et se trouvent placées, l'une à 3 centimètres et demi, l’autre à 7 centimètres au-dessus de l'ombilic; la quatrième, oblique en haut et en dedans, commence sur le bord externe et s'arrête avant d'atteindre le bord interne, dont elle est séparée par un espace de 2 centimètres; cette dernière intersection correspond à la 8° côte. — Ors. V : Le grand droit s’insère en bas par deux faisceaux distincts qui ne se fusionnent qu'au niveau de la première intersection aponévrotique ; ces inter- sections sont au nombre de trois seulement. Ogs. VI : Le muscle, très développé et remarquable par sa largeur, envoie en haut un fort faisceau à l’appendice xiphoïde. J'ai rencontré quatre intersections, une au-dessous de l’ombilic et trois au-dessus. Les deux intersections moyennes affectent une direction transversale; les deux autres sont obliques, la première en bas et en dedans, la quatrième en bas et en dehors. Elles sont situées : la première à 11 centimètres, la deuxième à 48 centimètres, la troisième à 23 centimètres, la quatrième à 29 centimètres au-dessus de la symphise pubienne. Ces diverses distances sont mesurées sur le bord interne ou ombilical du muscle grand droit. Pyramidal de l'abdomen. — Absent dans les Os. Let IF, il est au contraire très développé et des deux côtés dans les Ops. IE, IV, V et VE. Droit latéral de l'abdomen, — (Ce faisceau surnuméraire ne 792 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. m'a été présenté que par le sujet de l'Ors. VI; il a déjà été décrit plus haut (Voyez F° partie, p. 170). Petit psoas. — Absent sur les sujets des Ops. I, I, III et VI, il existe des deux côtés et à un degré de développe- ment peu ordinaire sur les sujets des Ors. IV et V. Chez le premier, le corps charnu du muscle se détache de la 4° et de la 2 vertèbre lombaire; il mesure 41 centimètres de longueur. Son tendon inférieur s'insère sur l'éminence 1lio- pectinée. ‘Chez le sujet de lOrs. V, il prend naissance en haut, à l’aide d’un tendon aplati, sur la face latérale des corps des 11° et 12° vertèbres dorsales, ainsi que sur le fibro- cartilage intermédiaire. Ce tendon d'origine mesure 2 centi- mètres et demi de largeur. Les fibres charnues qui lui font suite constituent un faisceau fusiforme, long de 16 centimètres ; elles viennent se terminer sur la face profonde d'un tendon aplali, large de 4 centimètre à sa partie moyenne, lequel s’élargit en se rapprochant du bord antérieur de l'os coxal, et vient se fixer à l'éminence ilio-pectinée, ainsi que sur la ligne innominée dans une étendue de 5 centimètres. Petit iliaque. — Il existe très développé dans les Oss. Let VI. Triangulaire du sternum. — Ops. VI : Des deux côtés, ce mus- cle, plus développé que d'habitude, envoie des faisceaux char- nus sur la 2°, la 3°, la 4°, la 5°, la 6° et la 7° côte. Ses fibres inférieures se confondent, sans ligne de démarcation aucune, avec les fibres les plus élevées du transverse de l'abdomen. $ II. — Muscles du cou et de la nuque. Sterno-eléido-mastoidien. — Ops. IT: En dehors du chef clavi- culaire, j'ai rencontré les vestiges de deux faisceaux distincts qui devaient vraisemblablement se terminer sur l'occipital, représentant ainsi le cléido-occipital de Wood. — Ors. IT : Le chef sternal et le chef claviculaire sont complètenient fusionnés du côté gauche. Il existe, sur ce muscle, une intersection apo- névrotique à direction transversale, située à 2 centimètres au- dessus de la fourchette sternale. — Ors. V : Le chef clavicu- laire est complètement distinct du chef sternal. Ce dernier se SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR L'AUTEUR. 7193 détache lui-même du sternum à l’aide de deux tendons dislinets : l'un, plus antérieur, affecte une forme conique et prend nais- sance sur la face antérieure de la première pièce du sternum ; l'autre, placé sur un plan postérieur, est aplali ets insère, au- dessus et en arrière du précédent, sur un point voisin de la fourchette. Scalène intermédiaire. — Il m'a été offert seulement par le sujet de l’Ors. I, et j'en ai donné la description plus haut. (Voy. p. 233.) Digastrique, — Ops. IV : Du côté droit, le ventre antérieur laisse échapper, le long de son bord interne, un faisceau surnu- méraire (3° ventre), long de 2 centimètres et demi, large de 4 centimètre et demi, lequel, obliquant en haut et en dedans, vient se terminer sur le raphé médian, en un point qui est un peu plus rapproché de l’os hyoïde que de la symphise menton- nière. Stylo-hyoïdien. — Ops. V : Le tendon inférieur de ce muscle n'est pas traversé par la portion moyenne du muscle digastrique. Mylo-hyoïdien. — Ops. 1: Les deux muscles, complètement fusionnés sur la ligne médiane dans leur tiers postérieur, sont séparés en avant par une intersection fibreuse très marquée. — Ors. IL: Le tiers postérieur des fibres de ce muscle se termine, comme d'ordinaire, sur l'os hyoïde ; quant aux autres, conver- geant vers la ligne médiane entre l'os hyoïde et les apophy- ses géni, elles se continuent directement avec leurs homologues du côté opposé, sans prendre d'insertion sur un raphé dont il n'existe aucune trace. Génio-hyoïdien. — Ops. II: Les deux muscles sont entière- ment confondus sur la ligne médiane. Omo-hyoïdien. — Ops. IV: Le tendon intermédiaire fait défaut sur le côté gauche. — Ors. VI: Du côté gauche, Île muscle prend une insertion surnuméraire sur la base de l’apo- physe coracoïde. Sterno-cléido-hyoïdien et sterno-thyroidien., — Je n'ai vu man- quer sur aucun de mes sujets l'intersection fibreuse sus-sternale, bien qu’elle existàt à des degrés divers de développement. 794 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Angulaire de lomoplate, — Os. PE présente un dévelop- pement remarquable ; il se divise en haut en cinq faisceaux : les quatre premiers très volumineux pour l’atlas, l'axis, la 3° et la 4° cervicale; le cinquième, relativement grêle, pour la 5° vertè- bre de la même région. — Oss. V : Le muscle, sur ce sujet, est réduit à deux faisceaux seulement : le faisceau supérieur se rend à l'atlas, le faisceau inférieur se termine sur l’axis. — Ops. VI: Il ne présente également que deux faisceaux, parfaitement distincts l’un de l’autre : le faisceau inférieur s’insère, par un tendon aplati, à l'apophyse transverse de la 3° vertèbre cervicale: le faisceau supérieur s'insère à l'atlas; un espace de 3 centimè- tres sépare ces deux faisceaux. Splénius. — Ops. V : Sur le côté droit de ce sujet, la portion cervicale de ce muscle présentait un volume peu ordinaire et venait se terminer non seulement sur l’atlas et l’axis, mais encore sur les apophyses transverses des deux vertèbres sui- vantes. Droits et obliques de la tête. — Ces muscles m'ont paru très développés chez tous mes sujets nègres. Dans l'Ors. IV notam- ment, il résulte de ce développement insolite des muscles profonds de la nuque que le triangle classique de cette région n'existait pas, comblé qu'il était par les muscles arrivant au contact les uns des autres et se superposant mème sur certains points. SIL. — Muscles du membre supérieur. Grand-rond. — Ops. IV : Du côté gauche, il se confond, avant d'atteindre l’humérus, avec le tendon du grand dorsal, dans une étendue de 6 centimètres. Coraco-brachial. — Ops. I : Au-dessous du muscle normal, se trouve un petit faisceau surnuméraire {court coraco-brachial), lequel croise perpendiculairement les fibres du muscle sous- scapulaire, sur l’aponévrose duquel il se termine, à quelques millimètres au-dessus du tendon du grand dorsal. Biceps brachial. — Ops. VI: Du côté gauche, le muscle pos- sède, indépendamment de ses deux portions classiques, deux SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR L'AUTEUR. 795 chefs surnuméraires qui en font un vrai muscle quadriceps : le premier de ces faisceaux se détache du trochin à laide d’un tendon cylindrique très grêle ; le second n’est autre que le chef huméral du biceps, se détachant comme d'habitude de la face interne de l’humérus, entre les insertions supérieures du bra- chial antérieur et les insertions inférieures du coraco-brachial. Brachial intérieur. — Ops. IV : Il est constitué par deux lames superposées, ne se réunissant qu'à À centimètre au- dessus de l'apophyse coronoïde. Elles sont à peu près d'égal volume et présentent, l’une et l’autre, les mêmes rapports que Île brachial antérieur des Traités classiques. Le faisceau profond déborde un peu en dehors le feuillet superficiel. Petit palmaire. — Ops. IV : Normal en haut, il se termine en bas, à la fois sur le ligament palmaire et sur les muscles de l’'éminence thénar. — Ors. V : Le tendon inférieur se bifurque à 8 centimètres au-dessus du ligament annulaire antérieur du carpe une des branches de bifurcation se rend à l’aponévrose palmaire superficielle, sans s'arrêter sur le ligament annulaire ; l’autre, placée un peu en arrière de la précédente, se fixe au bord supérieur du ligament annulaire antérieur du carpe. Fléchisseurs des doigts. — Ops, IT: A droite, le fléchisseur commun superficiel laisse échapper de sa face profonde un fort faisceau charnu qui vient se perdre dans le long fléchisseur propre du pouce. Ce dernier muscle, qui s’insère exclusivement en haut sur le radius, fournit au niveau du bord du carré pro- _nateur un petit faisceau anastomotique qui, se portant en bas et en dedans, vient se terminer sur le tendon que le fléchisseur commun profond envoie à l'index. — Ors. V : Le muscle long fléchisseur propre du pouce se- jelte, au tiers inférieur de l’avant-bras, sur deux tendons distincts, lesquels suivent un trajet identique et viennent se terminer, l’un et l’autre, sur la phalange onguéale du pouce. Faisceaux tenseurs de la gaine des fléchisseurs, — Ops. IV : J'ai rencontré, sur l’avant-bras droit, un petit faisceau surnumé- raire qui se délachait de la face antérieure du radius, croisait de haut en bas les faisceaux transversaux du carré pronateur 796 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. et venait se perdre sur la paroi antérieure de la gaine des flé- chisseurs. J'ai observé un faisceau analogue sur le sujet de l'Ors. V. Carré pronateur. —— Ops. I: Il présente à gauche un faisceau surnuméraire cubilo-carpien. W s'insère en haut sur le cubitus, immédiatement au-dessous des fibres les plus inférieures du carré pronaleur, et se termine sur la face palmaire du sca- phoïde. — Ops. IV : Il est constitué par deux lames superpo- sées, affectant l'une et l’autre une forme quadrilatère. — Os. VI : Le muscle, du côté droit, présente sur sa face anté- rieure une bandelelte aponévrotique, dont les faisceaux nacrés croisent presque à angle droit les faisceaux constitutifs du muscle, et que j'ai considérée comme un reliquat fibreux du muscle surnuméraire radio-carpien. Extenseur commun des doigts. — Ops. Il: Il ne fournit à droite que trois tendons pour l'index, le médius et l’annulaire. Il n'existe aucun tendon pour le pet doigt. Celte absence est apparemment suppléée par une bifurcation du tendon de l'extenseur propre du petit doigt. Cette bifurcation se produit à la hauteur du carpe; les deux tendons qui en résultent che- minent isolément jusqu'au niveau de l'articulation métacarpo- phalangienne, où ils se fusionnent de nouveau en un tendon unique. Extenseur propre du médius. — Os. V : Ce faisceau surnumé- raire, placé dans la couche profonde de la région postérieure, en dedans de l’extenseur propre de l'index, prend naissance sur le tiers inférieur de la face postérieure du cubitus et se jette, après un trajet de 6 centimètres, sur un tendon fort grêle lequel se dirige vers le’ troisième métacarpien; là, il se divise en deux tendons secondaires qui, continuant le trajet du muscle lui-même, viennent se perdre sur la face postérieure de l'articulation métacarpo-phalangienne du 3° doigt. Long abducteur du pouce. — Ogs. IT : Il est double des deux côtés : l'un d'eux s'insère, comme d'habitude, sur l'extrémité postérieure du premier métacarpien ; l'autre sur le trapèze. Ces deuxmusc es sont confondus, du côté droit, à leur origine anti- SUJETS NÈGRES DISSÉQUÉS PAR L'AUTEUR. 797 brachiale ; à gauche, ils sont complètement distincts dans loute leur étendue. — Ops. VI: La masse commune des muscles profonds de la région postérieure de l'avant-bras se divise, du côté droit, en deux corps charnus dont l’un est externe, l’autre interne : le corps charnu interne se jette sur un tendon aplati qui vient s'insérer sur la deuxième phalange du pouce; c'est le long extenseur du pouce. Le corps charnu externe se divise lui-même, à # centimètres et demi au-dessous de son origine, en deux muscles distincts et d'égal volume. Ces deux muscles se jettent chacun sur un tendon aplali; ces deux tendons vien- nent à leur tour se fixer, à côté l'uu de l’autre, sur la face pos- térieure de l’extrémilé supérieure du premier métacarpien (double long abducteur du pouce). Enfin, du tendon du long abducteur interne part un tendon très grêle, qui va se porter à l'extrémité postérieure de la première phalange du pouce et remplace ainsi le court extenseur absent. $ IV. — Museles du membre inférieur. Grand fessier. — Ops. IT : J'ai rencontré des deux côtés un faisceau surnuméraire, longeant le bord inférieur du grand fessier, dont il était séparé par un interstice cellulo-graisseux très apparent avant toute dissection. Ce faisceau, qui est bien assurément le vestige du muscle caudo-fémoral de quelques mammifères (voyez p. 595), prenait naissance sur le coccyx et venait se terminer en dehors, en partie sur la ligne rugueuse qui s'étend du grand trochanter à la ligne âpre, en partie sur l’aponévrose fémorale. — Oes. V : Faisceau analogue, mais du côté gauche seulement. Carré crural. — Ogs. IT: Ce muscle, normal à gauche, se trouve constitué, du côté droit, par deux faisceaux distincts et à trajet parallèle, l'un supérieur et l'autre inférieur, ce dernier un peu plus volumineux que le précédent. Biceps crural. — Ops. 1: Du côté gauche, ce muscle se trouve renforcé par un faisceau détaché du coccyx. Jambier antérieur. — Ops. I : Son tendon inférieur {très volu- mineux, se bifurque à 7 centimètres au-dessus du bord interne 798 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. du pied. L'une des branches de bifurcation vient se fixer au premier cunéiforme, l’autre à l'extrémité postérieure du pre- mier métatarsien. — Ops. V : Mème bifurcalion sur le tendon du côté droit; elle s'étend en hauteur jusqu'à 106 millimètres du bord interne du pied; elle se termine à 2 centimètres au- dessous du corps charnu. Long péronier latéral. — Ops. I : J'ai rencontré un gros noyau cartilagineux dans l'épaisseur de son tendon, au niveau du point où ce dernier va s'engager dans la gouttière calca- néenne. Ce tendon s'attache comme d'ordinaire au premier métalarsien, après avoir envoyé au cinquième une forte expansion. Court péronier latéral. — Le prolongement phalangien de son tendon, absent dans les Os. I, IL, IE et IV, existe au contraire dans les Ors. V et VI. Dans l'Ors. IT, le ten- don inférieur de ce muscle se divise, dès son origine, en deux portions parfaitement dislinctes : de ces deux tendons terminaux, le postérieur affecte la forme d'un petit cordon cylindrique; l’antérieur, membraniforme, se creuse en gout- tière de facon à engainer le précédent. L'un et l'autre se terminent sur l'extrémité postérieure du cinquième méta larsien. Péronier antérieur. — Ops. V : Il fait complètement défaut des deux côtés. | Pédieux. — Ops. 1: Du côté gauche, le faisceau musculaire envoyé par ce muscle au gros orteil est complètement distinct des autres faisceaux. — Ors. VI : Le muscle possède cinq tendons : le tendon surajouté est situé entre le premier et le troisième et se termine sur l’aponévrose du premier espace interosseux. En outre, le corps charnu destiné au gros orteil présente celte parlicularité intéressante qu'il est traversé (du côté droit seulement) par le nerf tibial antérieur. Court fléchisseur plantaire et accessoire, — Ors. I : Ce dernier muscle est double ou plutôt constitué par deux faisceaux diffé- rents : un faisceau externe, qui prend naissance sur la face inférieure du calcanéum, et un faisceau interne, qui se détache ANOM. MUSCUL. CHEZ LES NÈGRES ET CHEZ LES BLANCS. 799 de la face interne de cet os. — Ors. IV : Le court fléchisseur plantaire ne fournit que trois tendons perforés pour les 2°, 3° et 4° orteils. Le fléchisseur perforé du 5° est constitué par deux corps charnus distincts, dont l'un, l'externe, provient de l'accessoire, et l’autre, l'interne, se détache par un tendon très grêle de la face inférieure du tendon du fléchisseur tibial. Ces deux petits muscles se réunissent sur un tendon commun qui se dirige vers le 5° orteil et se fixe à la deuxième phalange, après s'être laissé traverser par le quatrième tendon du flé- chisseur profond ou perforant. ARTICLE III LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ LES NÈGRES ET CHEZ LES BLANCS. Les quelques dissections de nègres aujourd'hui connues de Cuvier, Wood, Turner, Chudzinski, Giacomini, les nôtres, établissent d’une facon incontestable que les anomalies muscu- laires, que nous rencontrons journellement chez les sujets blancs de nos amphithéâtres, se reproduisent également chez les sujels de races colorées. Mais, sur un pareil terrain, l'esprit des anthropologistes ne pouvait que diflicilement s'arrêter à une conclusion si générale; et l’on comprendra l'impalience, toute nalurelle du reste, qui les a portés à se poser les deux questions suivantes : 1° Existe-t-il dans la constitulion anatomique du nègre quélque dsposilion spéciale de son système musculaire n'’exis- tant pas chez le blanc et acquérant en conséquence la valeur absolue d’un caractère ethnique? 2° Les anomalies musculaires, qui ne sont que des relours à une organisation antérieure, sont-elles plus fréquentes dans les races nègres que dans nos races européennes? Ces deux questions ont une importance qui n'échappera à personne : à la première je réponds hardiment par la négative ; non, nous ne connaissons (pour le moment du moins, car des 800 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. recherches ultérieures peuvent modifier nos conclusions), nous ne connaissons, dis-je, aucune disposition anatomique caractéri- sant le système musculaire du nègre. Tous les muscles surnu- méraires, toutes les variations morphologiques des muscles exis- (ant normalement chez l'homme, qui ont été signalées chez les sujets appartenant aux races exotiques, ont été rencontrées avec les mêmes caractères chez les sujets européens. Les preuves de ce que j'avance se trouvent dans les pages qui précèdent, je ne saurais insister sans tomber dans des redites inutiles. Ilest cependant un fait que je dois relever, parce qu'il émane d’un anatomiste très compétent dans le sujet spécial qui nous occupeet qui, contraire aux résultats de nos propres dissections, pourrait induire en erreur quiconque essaierait de le généra- liser. Dans son dernier mémoire de 1882, M. Chudzinski écrit ces lignes: « Le fait à noter le plus important est l'absence complète du petit psoas dans les races noires; ce muscle man- que chez tous les nègres que nous avons disséqués », et plus loin : «Parmi les muscles qui manquent toujours chez nos sujets, nous nommerons le pehit psoas-iliaque; ce muscle manque aussi quelquefois chez le blanc ». Entre une pareille asserlion et cette autre qui consisterait à dire que l'absence du petit psoas est une disposition caractéristique des races nègres, il n'y a qu'un pas. Mais quelque faible que soit la distance, M. Chudzinski à été assez predent pour en tenir compte; il sait mieux que personne qu'en pareille matière il faut se défier des conclusions prématurées, basées sur des observations numériquement insuflisantes. Dans le domaine des sciences naturelles, il est si fréquent de voir une aflirmation de la veille renversée par les recherches du lendemain! Et de fait, le muscle pelit psoas se reproduit chez le nègre comme chez le blanc : Flower et Murie l'ont rencontré sur le côté droit de leur Boschimane; je l'ai rencontré moi-même, comme on l’a vu plus haut, à un degré de développement peu ordinaire, sur deux sujets nègres originaires, le premier de l'île de la Réunion, le second de Taïti. En totalisant les différents résultats obtenus par Flower et ANOM. MUSCUL. CHEZ LES NÈGRES ET CHEZ LES BLANCS. 801 Murie, Chudzinski et moi-même relativement à la présence du pelit psoas dans les races nègres, nous voyons que ce muscle faisait défaut chez 22 sujets sur 25 examinés (Flower et Murie 1, Chudzinski 18, Testut 6) et se rencontrait au contraire sur 3, deux fois des deux côtés, une fois du côté droit seule- ment. Son degré de fréquence serait donc représenté par la fraction 3/25, ce qui équivaut à 12/100. Non seulement l'absence du petit psoas n’est pas caractéris- tique des races nègres, mais celte absence n'est pas plus fréquente dans les races nègres que dans les races européennes. Il résulte en effet de la statistique de Theile, dont personne assurément ne contestera l'autorité en matière de myologie humaine, que le petit psoas n'existe que 1 fois sur 20 (Encycl. anat. t. IT, p. 284), soit 5 fois sur 100. Les conclusions du professeur de Berne sont reproduites par Quain (Elements of Anatomy, p. 235) et par Gray (Anat. descript. and. surg., p. 295). Comparons les deux rapports et nous voyons que la disposi- tion que l'on serait tenté de considérer commme caractéristique des races nègres, si l'on s’en rapportait exclusivement aux dis- sections de M. Chudzinski, est 2 fois 1/2 plus fréquente chez le blanc que chez le nègre, si l’on tient compte en même temps de la dissection de Flower et Murie et de mes propres recherches. Je me garderai bien de vouloir imposer moi-même ces con- clusions, comme l'expression exacte de la vérité. À mon sens, ma propre stalistique n'a pas plus de valeur que celle à laquelle je l'oppose; l’une et l’autre, conduisant à des interpré- tations absolument contraires, ne prouvent qu'une chose : c’est que, si la reproduction chez l'homme de cette formation surnu- méraire que l’on appelle petit psoas est subordonnée à une influence ethnique quelconque, celle influence est encore à démontrer et à fortiori à définir. Les anomalies musculaires sont-elles plus fréquentes chez les nègres que chez les blancs? En acceptant l'opinion émise par certains anthropologistes que les nègres sont inférieurs aux blancs et doivent être placés au-dessous d'eux, dans la 5 802 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. série zoologique, on peut admettre à priori que les dispositions anatomiques dites réversives doivent se rencontrer plus fré- quemment dans les races nègres que dans nos races européen- nes. Mais, dans une question de cette nature, il faut savoir résister à l'entrainement des hypothèses, quelque séduisantes . qu'elles soient, pour ne suivre que l’enseignement des faits. Je sais bien que dans une des séances du dernier Congrès inter- nalional, à Londres, le professeur Keen à émis l'opinion que les variations des artères et des muscles s’observaient plus fréquemment sur les nègres que sur les sujets blancs. Malheu- reusement l’anatomiste américain s'est borné à cette affirmation sommaire ; il est regrettable qu'il n'ait pas produit, en même temps que celte assertion, l’ensemble des faits sur lesquels elle repose. Pour résoudre la question d’une façon précise, il faudrait, selon moi, qu'un anatomiste, tout aussi ennemi des idées pré- conçues que bien initié aux variations du système musculaire, disséquât successivement un même nombre de sujets nègres et de sujets blancs, cent par exemple, notant, avec le plus grand soin à l'actif de chacun d'eux, toutes les particularités rencon- trées par le scalpel. Une comparaison méthodique des variations anatomiques observées nous dirait alors quelle est celle des deux races qui est la plus prédisposée aux anomalies. Or, je ne sache pas qu’un semblable travail ait jamais été, je ne dirai pas accom- pli, mais seulement entrepris. C’est à peine si la littérature ana- tomique renferme la description musculaire de trente nègres! Et si quelques-uns des sujets ainsi observés, les deux Boschimans par exemple, présentent un nombre vraiment considérable d'anomalies musculaires, il en est d’autres, on en conviendra, où les anomalies ont été plus rares, tellement rares qu'elles eussent passé inaperçues peut-être, si, au lieu de se trouver sur un nègre, elles se fussent rencontrées sur un blanc. Du reste, ce n'est pas seulement sur des sujets colorés que semblent s'accumuler parfois, comme à plaisir, les variations du système musculaire. Que l'on apporte à la dissection de nos sujets européens ces soins minulieux et ces préoccupations ANOM. MUSCUL. CHEZ LES NÈGRES ET CHEZ LES BLANCS. 803 toutes particulières que l’on apporte d'ordinaire à l'étude des sujets nègres, et l'on trouvera au (otal un nombre toujours inattendu soit de muscles surnuméraires, soit de muscles modi- fiés dans leur constitution morphologique. J'ai consacré pour ma part, à ce travail de contrôle, plu- sieurs sujets que j'ai disséqués en entier, notant une par une toutes les dispositions particulières que m'offrait le système musculaire. J'en ai rencontré sur quelques-uns d’entre eux un nombre si considérable que je ne puis accepter, jusqu’à preuve du contraire, l’assertion énoncée plus haut du professeur Keen. L'un d'eux, un homme d’une quarantaine d'années, fortement musclé et admirablement constitué du reste, m'a présenté : 1° Au tronc et au cou, — 4) Un grand pectoral, dont le tendon externe s'élevait jusqu'au trochiter et à la capsule articulaire de l'épaule. £) Un petit pectoral, dans lequel le faisceau éma- nant de la 5° côte faisait défaut et qui recevait, en compensa- tion, un faisceau surnuméraire de la 2° côte. y) Un sous-clavier droit, s'insérant en partie sur la base de l'apophyse coracoïde. 2) Un sous-clavier gauche, envoyant, vers le bord interne de celle même apophyse, une forte expansion fibreuse qui se continuait avec les fibres transversales du ligament acromio- coracoïdien, <) Un grand dentelé, composé de deux faisceaux, le premier naissant de l'angle supérieur, le second de l’angle inférieur du scapulum, séparés l'un de l’autre à leur origine par un intervalle de 9 centimètres et demi, dans lequel ne se trouve aucune fibre musculaire. €) Un grand droit antérieur de l'abdo- men, se terminant en haut par deux faisceaux seulement pour la 5° et la 6° côte. r) Un scalène postérieur, constitué d’un côté par deux faisceaux nettement distincts, et ne présentant de l'autre aucun faisceau pour la 2° côte. 9) Un omo-hyoidien, dans lequel, l'intersection moyenne étant incomplète, on voyait, de chaque côté, un fort faisceau de fibres musculaires passer direc- tement du ventre postérieur dans le ventre antérieur.) Un mylo-hyoïidien, constitué par deux faisceaux entre lesquels venait se loger un prolongement de la glande sous-maxillaire, enve- loppé d'une forte couche de tissu graisseux. z) Un muscle sur- 804 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. numéraire pétro-pharyngien très développé. 1) Un angulaire de l'omoplate, envoyant un fort faisceau à la troisième cervicale et possédant, en outre, un faisceau surnuméraire qui, de sa partie inférieure, se portait à l'angle de la 2° côte. y) Un sacro-lombaire, recevant un faisceau de renforcement de l'apophyse mastoïde. 2° Au membre supérieur. — 4) Un biceps brachial, transformé en triceps par l’adjonction d'un faisceau surnuméraire, éma- nant de la face antérieure du brachial antérieur. £) Un coraco- brachial, descendant plus bas que d'habitude, jusqu'à # cen- limètres au-dessus de l’épitrochlée. y) Un brachial antérieur, présentant le long de son bord externe, entre lui et le long supinateur, un faisceau surnuméraire ne se confondant avec le brachial qu'au niveau de son insertion coronoïdienne. à) Entre les deux fléchisseurs communs, un faisceau surnuméraire de 10 centimètres de longueur, partant de l'apophyse coronoïde et se jetant, à la partie moyenne de l’avant-bras, sur un tendon très grêle, lequel vient se terminer, à 3 centimètres au-dessus du poignet, sur le tendon que le fléchisseur profond envoie au médius. €) Un long fléchisseur propre du pouce, recevant à gauche un faisceau de renforcement de la face profonde du fléchisseur commun superficiel. &) Le même muscle renforcé à droite, au- dessus du bord supérieur du Carré pronateur, par un faisceau volumineux détaché de la masse du fléchisseur commun pro- fond. x) Dans la mème région, un nouveau muscle surnumé- raire partant de la face antérieure du radius, entre le court supinateur et le fléchisseur propre du pouce, et se terminant sur la face profonde de l'aponévrose palmaire. 6) Un court supi- naleur, se divisant en deux faisceaux distincts, un faisceau inférieur s’insérant sur la face antérieure du radius, dans une étendue de 6 centimètres, et un faisceau supérieur venant se terminer sur le col du radius. 3° Au membre inférieur, — +) Un petit fessier, confondu avec le jumeau supérieur. f) Un carré crural, divisé en deux fais- ceaux parallèles, l'inférieur tendant à se confondre avec les faisceaux les plus élevés du grand adducteur. y) Un pyramidal perforé par le nerf scialique poplité externe. 9) Un biceps crural, ANOM. MUSCUL. CHEZ LES NÈGRES ET CHEZ LES BLANCS. 805 présentant, sur le trajet de sa longue portion, une intersection fibreuse fortement oblique. <) Un jambier antérieur, dont le ten- don se divisait des deux côtés en deux branches : l’une pour le premier cunéiforme, l’autre pour le premier métatarsien. £) Un péronier antérieur, réduit à un simple tendon. ») Un extenseur propre du gros orteil, constitué, dans sa moitié inférieure, par deux chefs distincts aboutissant l’un et l’autre à un tendon dis- tinct ; le premier de ces deux tendons s’attachant à l'extrémité postérieure de la première phalange, le second à l'extrémité postérieure de la deuxième phalange du gros orteil. Soit, au total, 26 anomalies musculaires importantes, dont quatre muscles surnuméraires, sans tenir compte des variations anatomiques que présentaient les muscles de la tête, les mus- cles intérieurs du tronc. les muscles courts de la main et du pied. Voilà un sujet qui, s’il eût appartenu à quelque race nègre, eût fait assurément l’objet d’un bien intéressant mémoire! Aux deux questions posées plus haut, je crois donc devoir répondre : 1° Non, nous ne connaissons, pour le moment du moins, aucune disposition anatomique qui soit spéciale au système musculaire du nègre. 2° Non, les anomalies musculaires ne sont pas plus fréquen- tes chez les nègres que chez les blancs. Ces conclusions, je ne saurais trop le répéter, tout en décou- lant des observations actuellement connues, n'en reposent pas moins sur un nombre restreint de faits, et, comme tels, elles ne sauraient être acceptées comme définitives. Pour ma part, je suis porté à croire qu’elles ne sont que provisoires. J'estime, en effet, qu'il doit exister dans le système musculaire tout comme dans le système osseux, tout comme dans le crâne, des carac- tères ethniques, c’est à dire des dispositions spéciales variant avec chaque race, suivant une loi régulière; mais j'estime aussi que des observations nombreuses sont encore nécessaires pour élever ces conceptions à priori à la hauteur de vérités démontrées. 806 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Bibliographie : CUvIER et LAURILLARD. Atlas de Myologie comparée, 1849. Woop. Proc. of Roy. Soc. of London, t. XIV, p. 386. BANKART, PYE-SMITH et Paiips, Guy's Hosp. Reports, série III, vol. XIV, et tirage à part, p. 5. FLOWER et MURIE. Account of the dissection of a Bushwoman (Journ. of Anat. and Phys., t. 1, 1867, p. 189). Hay. Muscles de la face d’un négrillon (Bul. Soc. d’Anthr., 1870, p. 114). KopERNiCki. Observ. d’Anatomie anthropologique sur le corps d'un nègre (Analysé in Revue d’Anthropologie, t. I, 1872, p. 121). CaupziNski. Contributions à l’anatomie du nègre (Rev. d'Anthrop., 1873, p. 398). — Nouvelles observations sur le syst. musculaire du nègre (Ibid., 1874, p. 21). — Contribution à l'étude des variations muscu- laires dans les races humaines (Ibid., 1882, p. 280 et 613). TurNer. Notes of the dissection of a negro (Journ. of Anat. and Phys. 1879, p. 382). — Notes of the dissection of a second negro (Zbid., 1880, p. 244). Pozzi. De la valeur des anomalies musculaires au point de vue de l'Anthro- pologie zoologique (C. R. de l'Assoc. franç. pour l'avancement des sciences, t. III, 1874). DUCHESNE. In Bull. Soc. d'Anthrop., 1881, p. 329. KEEN. Transact. of the intern. med. Congress, London, 1881, vol. I, p.151). GrAcoMINI. Annotazionti sopra l’anatomia del negro ; 2° MEMoRIA : Varietà del sistema muscolari, Torino, 1882 (Analysé in Rev. d'Anthr., 1884). TESTUT. Contribution à l'anatomie des races nègres.— 197 MÉMOIRE : Dissec- tion d'un boschiman (sous presse). — 2° MÉMOIRE : Dissection d'une jeune négresse d'origine sénégalienne (in Gaz. hebd. des Sciences Médicales de Bordeaux, 1882). — 3° Mémoire : Quelques observations d'anomalies musculaires, recueillies sur un nègre de l'ile Bourbon (Ibid.). — 48 MÉMOIRE : Dissection de trois nouveaux nègres (in Bull. Soc. d'Anthropologie de Paris, 1884). CHAPITRE TI Reproduction chez l'homme, par l'anatomie anor- male, de toutes les dispositions simiennes. L'étude des rapports qui existent actuellement entre l’homme et les Singes, n’a été que fort rarement entreprise, avec cette froideur et cette indépendance qu'il convient d’apporter tou- REPRODUCTION CHEZ L'HOMME DES DISPOSITIONS SIMIENNES. 807 jours dans les questions scientifiques; de là, dans les conclu- sions des naturalistes, des divergences considérables qui n’exis- tent nullement dans la réalité des faits. C’est que les préjugés ont bien souvent ici remplacé la saine raison et que de longs travaux ont été entrepris parfois, non pas pour chercher une solution quelconque, mais pour accumuler péniblement des faits en faveur d'une conclusion arrêtée d'avance. « La crainte des conséquences, a dit avec beaucoup de raison C. Vogt, ne doit Jamais avoir aucune influence sur les conclusions scientifi- ques.» Que de philosophes, que de naturalistes même qui n’ont jamais tenu compte d'un pareil principe! Une nouvelle source de divergences nous est fournie par les points de vue différents où se sont placés les observateurs. Tandis que les uns ont considéré avant tout, dans le parallèle à établir entre l'homme et le singe, la nature et le développe- ment des facultés mentales, d’autres ont exclusivement demandé leurs éléments d'appréciation à la morphologie générale, c'est à dire aux caractères extérieurs et aux caractères anatomiques révélés par la dissection. On conçoit combien la classification zoologique a dû se res- sentir d'un pareil écart dans les méthodes d'étude. Isidore- Geoffroy Saint-Hilaire et, après lui, M. de Quatrefages se sont arrêtés à l'étude des facultés intellectuelles et morales : ils ont constaté sur ce point, et je le conçois, la supériorité incontes- table de l’homme et ils ont créé pour ce dernier un règne à part, le Règne humain. Une pareille appréciation paraîtra cer- tainement peu fondée à tout analomiste qui, laissant de côté les phénomènes fonctionnels, étudie avant tout la morphologie des organes et des appareils. Elle se trouve cependant distancée par l'opinion de Gratiolet, qui voyait dans l’homme « l'image d’un dieu, » et, d’après Broca, «un dieu » lui-même. R. Owen a cru devoir descendre l'homme de ce piédestal qu’il trouvait trop élevé, et, en vrai naturaliste, il en a fait un simple mammifère, qu'il range encore dans une sous-classe. Lucæ et Bischoff, rejetant cette division secondaire comme pla- çant un trop grand intervalle entre les autres mammifères et 808 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. l'homme, ont rangé ce dernier dans un simple groupe ordinal (Bimanes), à côté de l’ordre des Quadrumanes. Huxley et Broca, amoindrissant encore la distance qui sépare les hommes des Singes, ont réani les uns et les autres dans un ordre unique, l’ordre des Primates. C'est bien là en effet la place qui est assignée à l'homme par ses caractères anatomiques. Je n’ai pas à reproduire ici les faits de morphologie comparée sur lesquels les deux illustres anato- mistes précilés ont basé leurs conclusions ; je dois me borner à faire connaître, sous la forme d'un résumé sommaire, l'appui que trouve un pareil rapprochement de l’homme et des Singes, dans l'étude raisonnée des anomalies musculaires. L'anatomie anormale reproduit en effet, dans le système musculaire de l'homme, toutes les dispositions simiennes et vient pour ainsi dire combler toutes les distances qui séparent, à l’état normal, l'homme des autres Primates. Il est facile de le démontrer : 1° Tronc. — Les muscles du tronc diffèrent peu chez l'homme et chez les Singes; il n'est pas rare de rencontrer chez les Singes inférieurs la fusion du grand pectoral soit avec le deltoïde, soit avec le grand pectoral du côté opposé; j'ai constaté plu- sieurs fois la même disposition chez l'homme. J'ai rencontré le faisceau abdominal du même muscle, complètement distinct, chez plusieurs cercopithèques; mais j'ai observé chez l’homme un isolement absolument semblable. La disparition du faisceau claviculaire enfin, qu’on ne rencontre exceptionnellement que chez l’orang, parmi les Anthropoïdes, a été notée par Cruvei- hier, Gruber et autres anatomistes. Le petit pectoral présente en général, chez les Singes, des inserlions thoraciques plus étendues que celles de l'homme; mais nous avons vu le pelit pectoral de l'homme dépasser soit en haut, soit en bas, les limites que lui établissent les auteurs "classiques et venir chercher des insertions anormales soit sur les 1'e et 2° côtes, soit sur la 6° et la 7°. Quant à son insertion externe, elle diffère, dans la plupart des espèces simiennes, de celle de l’homme ; elle se fait en effet sur la capsule humérale et sur l’humérus chez le chimpanzé, sur la tête humérale chez REPRODUCTION CHEZ L'HOMME DES DISPOSITIONS SIMIENNES. 809 le cynocéphale, le cercopithèque, le macaque, etc. Ces différentes dispositions nous les avons mentionnées chez l'homme, et déjà parmi les Singes, le gorille et l'orang nous présentent l'inser- tion coracoïdienne de l’homme. Le petit pectoral du Pitheca hirsuta (Bischoff), constituant un intermédiaire, S'insère en partie sur l’apophyse coracoïde, en partie sur la tête de l'humérus, Quant au faisceau costo-huméral qu'on est convenu de désigner, en myologie simienne, sous le nom de troisième pectoral, il a été retrouvé chez l’homme par bon nombre d’anatomistes, par S. Pozzi notamment, avec des caractères très comparables à ceux que présente le mème organe chez les Singes. Les variations numériques des intersections aponévrotiques du grand droit de l'abdomen se retrouvent chez l’homme, et quant à l'extension sur le thorax au delà de la 5° côte de l'extrémité supérieure de ce muscle, elle nous est fournie chez l'homme par les observations de Boerhave, de Meckel, de Cruveilhier et les nôtres. 2° Cou et nuque. — Le cou du singe diffère essentiellement, au point de vue du système musculaire, de la région similaire de l’homme par la présence de deux muscles qui font entiè- rement défaut chez nous à l’état normal : le muscle cléido- trachélien et le muscle scalène intermédiaire. Le premier s'étend de l’apophyse transverse de l’atlas à différents points de la ceinture thoracique, clavicule {anthropoïde), acromion (hapale), épine de l’omoplate (macaque). Nous en avons rapporté de nombreux exemples observés chez l'homme. Quant au scalène intermédiaire, qui sépare l'artère sous-clavière des cordons du plexus brachial, je l'ai observé et décrit moi-même, en 1882, chez un sujet boschiman. Il y à quelques jours à peine (janvier 1884), je l'ai retrouvé chez un sujet européen, disséqué dans les laboratoires de la Faculté. Chez ce dernier sujet, la masse intermédiaire aux deux scalènes était constituée par deux muscles bien distincts, lun interne et volumineux /scal. intermédiaire interne), l'autre externe 810 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. et relativement grèle {scal. intermédiaire externe) : «) le scalène intermédiaire interne se détache, en haut, de la masse du sca- lène postérieur, par deux faisceaux qui ne se rejoignent qu'à 3 centimètres au-dessous de leur origine et entre lesquels passe le 7° nerf cervical. Les deux faisceaux, après s'être fusionnés en un corps musculaire unique, se jettent sur un tendon qui vient s'insérer au bord interne de la A'° côte, un peu en arrière de l'insertion du scalène antérieur; entre ces deux muscles se trouve un espace, traversé par l'artère sous-cla- vière ; [Z) le scalène intermédiaire externe est plus long que le précédent, mais beaucoup plus grêle ; il mesure à peine 9 mil- limètres de largeur. Il prend également naissance sur la face antérieure du scalène postérieur, dont il se sépare à la hau- teur de la 5° vertèbre cervicale, et se dirige obliquement en bas et en avant. Dans ce trajet, il passe entre le 5° et le 6° nerf cervical, croise ensuite les autres nerfs cervicaux et le premier nerf dorsal, en passant au devant d'eux, et finalement vient s'insérer à la 1"° côte, au niveau et un peu en arrière de l'insertion du scalène intermédiaire interne. Ces deux forma- lions musculaires anormales reproduisent donc encore, en l'exagérant, une disposition simienne. L'insertion singulière du digastrique à l'angle du maxillaire inférieur que nous offre l'orang, se rapprochant ainsi des Carnassiers, nous est signalée chez l'homme par Platner et M. Whinnie. À la nuque, le rhomboïde des Singes s'étend plus haut que celui de l’homme du côté de l’occipital. Il atteint même cet os chez les Singes inférieurs. Mais le muscle rhomboïde de la tête, comme l'a appelé Cuvier, se reproduit de temps à autre chez l’homme, où il a été longuement décrit par le professeur Wood. L'angulaire de l'omoplate, descendant chez le plus grand nombre des espèces simiennes beaucoup plus bas que chez l’homme, arrive à se confondre avec les faisceaux supérieurs du grand dentelé, de facon à ne former avec ce dernier qu'un muscle unique; mais nous avons déjà noté chez l'homme des cas où l'angulaire, se rapprochant de celui des Singes, envoie des REPRODUCTION CHEZ L'HOMME DES DISPOSITIONS SIMIENNES. 8114 faisceaux surnuméraires sur la 6° et même la 7° vertèbre cervicale. 3° Membre supérieur. — Au-dessous des Anthropoïdes, quel- ques espèces simiennes (Cercopithèques, Macaques, Lémuriens) présentent au-dessous du coraco-brachial ordinaire, un coraco- brachial surnuméraire ou court coraco-brachial, qui, partant avec le précédent de l’apophyse coracoïde, vient se terminer sur le col de l’humérus; j'ai reproduit à la page 357, plusieurs faits de court coraco-brachial, observés chez l’homme dans nos salles de dissection. La longue portion du triceps présente en général, chez tous les Singes, des insertions scapulaires plus étendues que chez l'homme, dont le muscle homologue confine ses insertions supérieures sur cette petite facetle triangulaire qui se trouve au-dessous de la cavité glénoïde de l’'omoplate ; mais nous avons vu qu'à l’état normal, le long triceps peut s'étendre sur le bord antérieur du scapulum et y prendre des insertions surnumé- raires, dans une étendue de près de # centimètres. Tous les Singes possèdent, comme nous l'avons vu, un muscle spécial, muscle dorso-épitrochléen, qui, se séparant du grand dorsal au moment où ce dernier muscle va s'attacher sur l’humérus, vient se terminer, suivant les espèces, sur l'épitro- chlée, l’olécrâne, l’aponévrose antibrachiale, etc. Dans un article inséré dans le Journal d'Histoire naturelle de Bordeaux de 1882, j'ai rapporté des faits nombreux de cette formation musculaire observés chez l'homme. À l'avant-bras et dans la région des-extenseurs, les Singes présentent quelques dispositions qui leur sont propres, telles sont : «) l’extenseur propre de l'index, s'insérant à la fois sur l'index et le médius (orang, chimpanzé), sur les trois doigts moyens (gibbon), tandis que, chez l'homme, il s'insère exclusi- vement sur l'index; {) l'extenseur propre du pelit doigt, S'insé- rant à la fois sur le petit doigt et l'annulaire (orang), tandis que, chez l'homme, il s'insère exclusivement sur le petit doigt; y) le court exlenseur du pouce, existant encore chez le gorille, comme chez l'homme, mais faisant défaut, d’après Bischoff, chez tous Le dre 812 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. les autres singes; 2) le long abducteur du pouce, envoyant au trapèze, soit un tendon, soit un véritable petit muscle surajouté, manquant chez l'homme; <) la présence dans quelques espèces (Hapale, Cebus fatuellus) d'un faisceau que j'ai décrit, en raison de ses insertions, sous le nom d’extenseur propre du pouce et de l'index. Toutes ces dispositions se reproduisent, chez l’homme, à l'état d'anomalies; je les ai déjà décrites et inter- prétées (p. 546-574) avec suffisamment de détails pour ne pas avoir besoin d’y revenir ici. De toutes les dispositions anatomiques qui différencient l'avant-bras de l'homme de celui des autres Primates, l’une des plus importantes est, sans conteste, la présence chez l'homme, l'absence chez les Singes, d’un long fléchisseur propre du pouce, complètement distinct des autres fléchisseurs. Tous les anthro- pologistes qui, à la suite de Gratiofet et de son école, ont cherché à battre en brèche la théorie de l'Évolution, n’ont pas manqué d'insister sur ce grand fait anatomique; ils l’invoquent à tous les instants, comme constituant un caractère différentiel d’une importance capitale; et c’est en se basant principalement sur lui, on peut le dire, qu'ils ont cru devoir jeter un «abime » entre l’homme et les différents groupes simiens. Le muscle long fléchisseur propre du pouce fait défaut, il est vrai, en tant qu'organe indépendant, chez tous les Singes. Comme nous l'avons déjà dit plus haut, les éléments de ce muscle se fusion- nent entièrement, dans la plupart des espèces, avec le fléchis- seur commun profond; de là, une masse plus ou moins indivise, fournissant en bas cinq tendons pour les phalanges onguéales des cinq doigts de la main. Le tendon externe destiné au pouce, assez développé chez les Singes inférieurs, s'atténue considéra- blement chez la plupart des Anthropoïdes (gorille, chimpanzé, gibbon). Ghez l'orang, la masse musculaire des fléchisseurs profonds ne fournit, en bas, que quatre tendons pour les quatre derniers doigs; le pouce est entièrement dépourvu de fléchis- seur anlibrachial. Ici encore l’analomie anormale reproduit, chez l’homme, toutes ces dispositions caractéristiques des Singes: j'ai rapporté REPRODUCTION CHEZ L'HOMME DES DISPOSITIONS SIMIENNES. 8143 plus haut (p. 477-487) un certain nombre de faits qui légiti- ment une pareille conclusion et qui démontrent qu'il est « des membres humains présentant, dans les rapports de leurs fléchis- seurs profonds, des dispositions anatomiques auxquelles s’ap- pliqueraient exactement les descriptions de ces mêmes muscles chez le gorille, chez l'orang, chez les Cercopithèques » . 4° Membres inférieurs. — Dans la région fessière, le muscle grand fessier est incomparablement plus développé chez l'homme que chez les Singes; il est, chez ces derniers, extrêmement réduit. Mais nous avons vu le grand fessier perdre parfois chez l'homme quelques-uns de ses faisceaux, et je rappellerai ici l'observation de Macalister, relative à un muscle grand fessier qui ne prenait insertion que sur les deux dernières vertèbres sacrées. Il existe dans la même région trois faisceaux musculaires caractéristiques des espèces simiennes; ce sont le scansorius ou pelit fessier antérieur, le caudo-fémoral ou coccy-fémoral des Singes à queue, l'ischio-fémoral, bien décrit par Duvernoy chez le gorille, et par Gratiolet et Alix chez le chimpanzé. Y'ai retrouvé tous ces muscles chez l’homme et j'ai consacré à cette reproduction un article tout entier, auquel je renvoie le lecteur (Voyez IT partie, chap. I, art. VI, p. 594). À la cuisse, la myologie simienne diffère peu de la myologie de l’homme. Nous avons ici une «similitude exceptionnelle», pour employer les expressions de M. Alix. L'indépendance des deux portions du biceps crural a bien été notée chez le gorille par Duvernoy, chez l'orang par Bischoff, chez le chimpanzé par Champneys, mais elle a été rencontrée également chez l'homme par Macalister. A la face postérieure de la jambe, le soléaire présente une configuration bien différente chez l'homme et chez les Singes : chez l'homme, il prend naissance à la fois sur les deux os de la jambe et se fusionne avec le tendon des jumeaux, pour former le tendon d'Achille; chez la plupart des espèces simiennes, il se détache exclusivement du péroné et vient se terminer direc- lement, par des faisceaux charnus, sur le calcanéum. Cette 814 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. indépendance du soléaire jusqu'au calcanéum a été observée chez l'homme par Bankart, Pye-Smith et Philips; j'ai rencontré moi-même non pas la disparition lotale des insertions tibiales, mais leur transformalion en une simple lame aponévrotique. Ce n’est pas tout à fait la disposition simienne, j'en conviens, mais c'est du moins un acheminement très marqué vers cette dispo- sition. L'absence du plantaire gréle, qui est notée par Bischoff comme caractérisant les quatre Anthropoïdes, est très fréquente chez l'homme. Nous avons déjà vu que les différents modes de connexions des tendons des deux longs fléchisseurs des orteils ou fléchisseurs perforants, s'observaient également chez l'homme et chez les Singes (p. 676). Quant au fléchisseur plantaire ou fléchisseur perforé, il se détache en entier, chez l'homme, de la face inférieure du calcanéum, tandis que chez les Singes quel- ques-uns de ses faisceaux seulement prennent naissance sur le calcanéum, les autres se détachant des tendons des fléchisseurs perforants. J'ai rapporté plus haut (p. 686) des observations similaires observées par Turner, par Wood et par moi-même. L'accessoire du long fléchisseur où chair carrée fait défaut chez un grand nombre d'Anthropoides, comme aussi chez la plupart des Singes inférieurs. Le même muscle s’atténue fréquemment chez l'homme par la disparition de quelques-uns de ses fais- ceaux; il faisait totalement défaut sur deux sujets observés l'un par Chudzinski, l’autre par Bradley. Dans le groupe péronier, nous rencontrons chez certaines espèces simiennes une formation musculaire qui manque chez l'homme, du moins à l’état d’iselement, et que j'ai décrite plus haut sous le nom de péronier du 5° orteil; mais cette formation s'observe aussi dans certains cas, chez l’homme, et je me suis déjà (p. 744) suffisamment étendu sur ses divers modes de réapparition, pour me dispenser de tomber ici dans des redites inutiles. Sur la face d'extension du membre, des dispositions analo- miques importantes séparent l'homme des différentes espèces simiennes. Les Singes présentent en effet, dans cette région, REPRODUCTION CHEZ L'HOMME DES DISPOSITIONS SIMIENNES. 815 comme caractères différentiels de premier ordre : 4) l'absence du péronier antérieur, 5) la présence d'un long abducteur du gros ortal, inséré sur l'extrémité postérieure du premier méta- tarsien, 7) la présence d'un court extenseur propre du gros orteil, inséré sur l’extrémité postérieure ou proximale de la première phalange du gros orteil. Il suffit de parcourir le chapitre VII de la Quatrième Partie de cet ouvrage, consacré aux anomalies de la région antérieure de la jambe, pour voir l'anatomie anormale reproduire chez l'homme ces différentes dispositions. En effet, la disparition du péronier antérieur n’est pas chose rare, et quant au long abducteur et au court extenseur du gros orteil, qu'on considère parfois à tort comme des formations surajoutées dans le système musculaire des Singes, ce ne sont que des portions plus ou moins différenciées du jambier anté- rieur et du pédieux. Ils existent chez l'homme lout aussi bien que chez les Singes. Ils s’y trouvent seulement confondus avec les éléments anatomiques de deux muscles voisins; voilà toute la différence. Du reste, comme je l'ai déjà démontré, cette différence disparaît parfois elle-même, les deux muscles précités s'isolant dans certains cas, chez l'homme, pour acquérir une individualité plus ou moins complète et rappelant de tous points les dispositions homologues de quelques espèces simiennes. Comme on le voit, foules les dispositions considérées comme caractéristiques des espèces simiennes se reproduisent chez l'homme à l'état d'anomalies. J'en conclus immédiatement que si les hommes en général diffèrent des Singes sur bien des points de leur système musculaire, il en est quelques-uns qui sur certains points leur ressemblent entièrement, et si nous avions à la fois le pouvoir de construire un corps humain, et le loisir d'emprunter à un nombre de sujets indéterminé les divers maté- riaux de son système musculaire, à l’un son cléido-trachélien, à l’autre son dorso-épitrochléen, à un troisième son scalène inter- médiaire, à un quatrième telle autre disposition simienne, etc., nous arriverions ainsi à consliluer un système musculaire simien avec des organes empruntés exclusivement à l'homme. 816 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. On nous objectera peut-être qu'avec son système musculaire simien, un pareil sujet sera encore un homme et non un singe; assurément ce ne sera pas un singe, puisqu'il possèdera le squelette d’un homme, les viscères d'un homme, un cerveau humain. Mais si les autres systèmes organiques se comportent, dans leurs variations, comme le système musculaire, je veux dire, s'ils reproduisent par anomalies, comme ce dernier, les divers détails de la morphologie simienne (et à priori une pareille analogie me paraît très probable), on pourrait arriver en choisissant ses matériaux pour les divers autres systèmes, comme je l’ai fait tout à l'heure pour le système musculaire, on pourrail arriver, dis-je, à constituer, avec des organes exclusive- vement humains, un sujet qui différerait fort peu du singe. Je me place ici, bien entendu, à un point de vue purement anatomique ; je considère l'homme à l'état de cadavre et non comme sujet vivant, négligeant par conséquent, et à dessein, tout ce qui se rattache à la vie fonctionnelle et, à fortiori, aux facultés intellectuelles et morales. L'anatomie anormale vient ainsi combler toutes les distances qui séparent l’homme des Singes. Les dispositions dites carac- téristiques de ces derniers, perdent ainsi de leur importance ; le mot d’abime, jeté entre telle disposition simienne et la disposi- tion homologue chez l'homme, devient ridicule; et si l'on veut conserver encore ce mot d’abîme entre l’homme et les Singes, il faut nous accorder au moins que cet abîme n'est pas sans fond, qu'il est, de loin en loin, des endroits parfaitement guéables et quelquefois même un pont large et solide, réunissant l'un à l’autre les deux bords. L’abîme, en ce point, a totalement dis- paru; l’anthropologiste peut hardiment s’y engager et, sans craindre de faire de faux pas, passer de l'une à l'autre des deux rives. Le professeur Huxley, comparant entre eux les organes homologues des divers groupes simiens, et trouvant qu'il existe moins de différence entre l’homme et les Singes anthropoïdes qu'entre ces derniers et les Singes inférieurs, s'est cru autorisé à fondre ensemble les deux premiers ordres de la classification REPRODUCTION CHEZ L'HOMME DES DISPOSITIONS SIMIENNES. 847 ancienne et à réunir Hommes et Singes dans un ordre unique, l'ordre des Primates. L'étude des anomalies musculaires vient de nous conduire, par une nouvelle voie, à des conclusions identiques : elle légitime largement le rapprochement tenté par l'illustre naturaliste anglais entre l’homme et les Singes, et assi- gne ainsi à l’homme, dans la série des êtres, une situation vraie, au-dessus de laquelle tendent vainement à l’élever ses préjugés ou son orgueil : «Il est souvent difficile, dit Broca, de rester impartial lorsqu'on est juge et partie dans sa propre cause. L’orgueil, qui est un des traits les plus caractéristiques de notre nature, a prévalu dans beaucoup d’esprits sur le témoignage tranquille de la raison. Comme ces empereurs romains qui, enivrés de leur toute-puissance, finissaient par renier leur qualité d'homme et par se croire des demi-dieux, le roi de notre planète se plaît à imaginer que le vil animal, sou- mis à ses caprices, ne saurait avoir rien de commun avec sa propre nature. Le voisinage du singe l'incommode; il ne lui suffit plus d'être le roi des animaux; il veut qu'un abime immense, insondable, le sépare de ses sujets ; et, parfois, tour- nant le dos à la terre, il va réfugiersa majesté menacée dans la sphère nébuleuse du règne humain. Mais l'anatomie, semblable à cet esclave qui suivait le char du triomphateur en répétant : Memento te hominem esse, l'anatomie vient le troubler dans cette naïve admiration de soi-même, et lui rappelle que la réalité, visible et tangible, le rattache à l’animalité. » Je n'ai pu résister au plaisir de transcrire en entier cette belle page, si pleine à la fois d’éloquence et de vérité. Je n'ajouterai qu'un mot : c'est que ce rôle pondérateur, assigné par Broca aux études anatomiques en général, appartient bien plus encore à cette partie de l'anatomie qui s'occupe des varia- tions morphologiques de nos organes, l'anatomie anormale. Bibliographie : Tyson. Orang-outang sive Homo sylvestris, of {he Anatomy of a pigmie compared with that of a monkey an ape and a man, 169). Cuvier. Lecons d’'Anatomie comparée, t, VI, passim. = S18 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. MecKkel.. Traité d'Anatomie comparée, t. VI, passim. Duverxoy. 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Histoire de la création des êtres organisés d'après les lois natu- relles, trad. Letourneau, Paris, 1877. HœcxeL. Anthropogénie ou Évolution humaine, traduct. Letourneau, Paris, 1877. C. Vocr. Leçons sur l'homme, sa place dans la création et dans l'histoire de la terre, trad. Moulinié, Paris, 1878. HuxLey. Place de l’homme dans le monde, trad. Dally, p. 169. Lucæ. Arch. f. Anthropologie, Brunswick, 1873, p. 13. Vircaow. Menschen und Afjenschædel, 1870. C. Voar. Comptes-rendus du Congrès de Copenhague, p. 2536. MüLLer, Algemeine Ethnographie, Wien, 1873. Biscaorr. Anat. des Hylobates leuciscus, 1870; et Anat. des Gorilla, 1879, München. GRATIOLET et ALIxX. Rech. anat. sur le Troglodytes Aubryi (Nouv, Arch. du Muséum, 1865). MILNE-EDWARDS et GRANDIDIER. istoire physique, naturelle et politique de l'ile de Madagascar, p. 161. Humpary. On some points on the Anat. of the Chimpanzee (Journ. of Anat. and Phys., 1867, p. 254). Wizper. Boston Journal of Nat. Hist., Nov. 21, 1855. 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Les variations du système musculaire de l'homme, qu'elles portent sur les muscles existant normalement ou qu'elles soient constituées par des formations surnuméraires, se confondent toutes dans une explication commune : elles ne sont point l'effet 820 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. du hasard, le produit de quelque accident du développement embryonnaire, des jeux de la nature {lusus naturæ), comme on les appelle quelquefois; elles sont la reproduction complète ou incomplète, mais toujours significative, d'une disposition anatomique que l'on rencontre normalement dans la série animale. $ FE. — Nous devons établir, d'autre part, que ces produc- tions anormales ne sauraient être rapportées, en général, à une adaptation nouvelle; je veux dire se produire sous les efforts de l'organisme tendant à s'élever à une modalité anatomique plus parfaite. Sauf quelques rares variations qui constituent assurément pour l'honme une organisation meilleure et aux- quelles j'ai cru pouvoir donner le nom de varialions progressives (voyez p. 467, 541), la plupart des anomalies n'influencent que d'une quantité bien négligeable la mécanique animale. Qu'im- porte à l'acte respiratoire que le petit pecloral prenne insertion sur les 2, 3° et 4° côtes ou se détache des 3°, #° et 5°? Qu'im- porte à l'abaissement de l'os hyoïde que l’omo-hyoïdien prenne oui ou non une insertion sur la clavicule? Qu'importe à l'adduc- tion du membre thoracique l'absence ou la présence d'un fais- ceau abdominal du grand pectoral, plus ou moins complètement différencié et longeant le bord inférieur de ce dernier muscle? Il existe un grand nombre d'anomalies, comme le fait remarquer avec beaucoup de raison M. Pozzi, qui «entravent plutôt qu'elles ne favorisent les fonctions ». Sont de ce nombre : l'in- serlion du digastrique à l'angle de la mâchoire, les faisceaux anastomotiques jetés entre l’un et l’autre des deux fléchisseurs profonds des doigts, ou même la fusion plus ou moins complète de ces deux muscles. Il est même quelques formations anor- males auxquelles on ne saurait raisonnablement attribuer une fonction quelconque : telles sont la disparition d’un des ventres de l’omo-hyoïdien, l'autre se perdant sur l'aponévrose cervicale ou même dans le tissu cellulaire; le faisceau pronateur {rans- verse de la jambe (peroneo-libialis de Gruber) reliant entre eux deux os immobiles l'un sur l'autre; ce faisceau singulier du ANOMALIES MUSCULAIRES ET THÉORIE DE L'ESPÈCE. 821 jambier antérieur, observé par Blandin, qui, se détachant du tibia, vient se terminer également sur le tibia, etc., etc. Beaucoup de ces faisceaux anormaux, à fonction mal définie ou nulle, arrêtés dans leur développement, ne sont que des débris de muscles, de vrais reliquats organiques, assimilables de tous points aux organes dits rudimentaires (muscles de l'oreille, peaucier du cou, membrane clignotante); ils en ont toute la valeur en Anthropologie zoologique, et je n'hésite pas, pour ma part, à leur appliquer dans leur ensemble les lignes suivantes, empruntées à Hœckel : « Ces organes (organes rudi- mentaires) sont autant de preuves établissant la vérité de la conception mécanique de la nature, autant de foudroyantes réfutations de la conception téléologique. Si, comme le prétend celte dernière doctrine, l'homme ou tout autre être organisé -avait été construit dès le principe en vue d'un but à atteindre ; sil avait été appelé à la vie par un acte créateur, alors l'existence de ces organes rudimentaires ne serait plus qu'une énigme inexplicable ; on ne comprendrait pas pourquoi le Créa- teur aurait imposé un fardeau inutile à la créature, déjà fort embarrassée sur le chemin de la vie. Au contraire, la théorie de la descendance donne fort simplement la raison d'être de ces organes. Elle nous apprend que les organes rudimentaires sont des parties du corps qui, dans le cours des siècles, sont graduellement devenues hors de service. Ces organes avaient des fonctions déterminées chez nos ancêtres animaux, mais chez nous ils sont absolument sans valeur physiologique. De nouvelles adaptations les ont rendus inutiles, mais ils n’en ont pas moins élé transmis de généralion en génération, et ont ainsi rétrogradé lentement. » Les organes auxquels fait allusion le savant naturaliste d’Iéna sont des organes rudimentaires permanents; les faisceaux musculaires anormaux dont il s'agit et que je leur assimile peuvent être considérés comme des organes rudimentaires accidentels. $ IT. — L’anatomie anormale du système musculaire, en nous montrant l'apparition dans un groupe zoologique de dis- 822 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. positions organiques considérées comme caractéristiques d’un groupe zoologique voisin ou éloigné, fournit un argument puis- sant contre la théorie de l'espèce et celle des créations succes- sives et indépendantes, qui lui est intimement connexe. On connaît le sens qu’on attachait autrefois au mot espèce : l'es- pèce élait une collection d'individus semblables entre eux, produisant des individus toujours semblables aux générateurs et avant tout ümmuables dans leurs caractères essentiels. Cha- cune des nombreuses espèces qui ont vécu ou vivent encore sur notre planèle avait été l’objet d'une création particulière et leur nombre se calculait exactement par celui des actes créa- teurs qui leur avait donné naissance : «Il y a autant d'espèces diverses, a écrit Linné, que l'Être infini a créé de formes distinctes originairement. » Species tot sunt diversæ quot diversas formas ab initio creavit infinitum Ens. De toutes ces espèces, les unes ont disparu dans les cataclysmes dont le globe a été le théâtre, les autres se sont perpétuées jusqu'à nous; mais les unes et les autres ont conservé, dans toute leur intégrité, les caractères qu'elles avaient reçus au jour de leur création, séparées toujours des espèces voisines par la distance initiale. Lorsque des observations nombreuses eurent établi, contrai- rement à l’asserlion de Linné, que les caractères morphologi- ques de l'espèce se modifient parfois, sous l'influence de la sélection artificielle ou naturelle, dans des proportions souvent fort étendues; lorsqu'il fut démontré que ces modifications acquises par l'individu étaient susceptibles de se transmettre par hérédité et de devenir le point de départ de races ou de variétés aussi dissemblables, dans certains cas, que les espèces elles-mêmes, on abandonna dans l’idée d'espèce la notion d’im- mutabilité et réléguant l'étude des caractères extérieurs à un rang tout à fait secondaire, on définit l'espèce : une collec- tion d'individus capables de donner, en s’accouplant, des pro- duits indéfiniment féconds. Transportée sur ce nouveau terrain, la conception de l'espèce se heurte encore à un certain nombre de faits qui, pour être encore peu nombreux, n’en possèdent pas moins une haute signification. Ces faits constituent deux THÉORIE DE L'UNITÉ DE PLAN. 823 groupes distincts : le premier nous montre des individus d'une même espèce donnant naissance à des produits (ex. Lepus Huxleyi) qui, au bout d’un certain temps, ne peuvent plus donner aucun mélis, par l’accouplement avec leurs ancètres directs; et, dans le second, nous voyons au contraire des sujets d'espèces différentes produire, par l'accouplement, des métis indéfiniment féconds (ex. Lepus Darwinii, Capra ovina). Le mot d'espèce nous apparaît donc actuellement, en Sciences naturelles, comme dépourvu de toute signification bien pré- cise ; il possède, pour ainsi dire, une valeur purement subjec- live, et si on le conserve encore dans le langage usuel et dans nos Traités classiques, c’est parce qu'il sert de base à une clas- sification commode pour l'étude. Il disparaîtra peu à peu de la Zoologie philosophique, cédant le pas à la conception nouvelle de l'espèce, telle que l’a formulée l'école transformiste, à savoir : les espèces sont susceptibles de se transformer sous l'influence d'agents modificateurs dont je n'ai pas ici à faire l'étude, et proviennent toutes, par voie d’une évolution lente et graduelle, d’un type unique ou tout au moins d’un petit nombre de types primitifs. On conçoit sans peine combien est considérable l'appui que trouvent, sur ce point, les idées évolutionnistes dans l'anatomie anormale, faisant pour ainsi dire voyager, d'une espèce à l’autre, des dispositions organiques qui n'ont ainsi rien de fixe, rien d'essentiel, rien de caractéristique. $ IIT. — L’affaissement des barrières élevées par Linné et son école entre des groupes zoologiques, appelés à tort grou- pes naturels, nous amène directement à la théorie de l'Unité de plan dans la nature vivante, théorie aussi brillante que féconde, découlant comme un corollaire de l'observation des analogies substituée à l'observation des différences et dont personne, peut-être, n’a mieux fait ressortir les avantages que EL. Geoffroy Saint-Hilaire : « Admettez pour chaque ètre, dit l'illustre natu- raliste, l'existence d’un plan propre et distinct, et vous rédui- sez la science à la stérile observation des faits, sans lien réci- 824 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. proque, sans analogies rationnelles, sans conséquences possi- bles. Admeltez l'unité de plan pour toutes les espèces d’un mème genre, d'une mème classe, d’un même embranchement; ramenez le nombre immense des variétés du règne animal à mille, à cent, à dix types; embrassez ainsi un horizon moins étroit: vous pouvez saisir des rapports, déduire des consé- quences, fonder des théories, mais seulement des théories, des conséquences, des rapports partiels; car vous n'avez encore que les fragments épars d'une science et non la science elle- même. Élevez-vous au contraire à l’idée de l'unité de plan; ne voyez, dans la multitude des êtres de la série animale que les innombrables parties d'un immense tout, que les manifestations diversifiées à l'infini d'un seul et même type; concevez l'unité de l'effet visible, comme de la cause suprême et inconnue ; puis, en marchant à la recherche de cette grande vérité, appli- quez à la solulion des difficultés qui se présenteront à chaque pas, la théorie des inégañités de formation et de développement, facile et admirable clef de la zoologie, comme de la tératologie, dès lors l'horizon s'étend immense devant vous, les obstacles tombent, les rapports se manifestent comme d'eux-mêmes, et bientôt apparaît cette vérité vraiment fondamentale, qu’une ou plusieurs métamorphoses en plus ou en moins, quelquefois un simple changement dans le mode d'évolution d'un organe, expliquent toutes ces variations qui, au premier aspect, sem- blaient accuser d'innombrables différences de nature et d’es- sence. » Il serait oiseux de démontrer longuement combien est favo- rable à l'Unité de plan l'étude méthodique et raisonnée des anomalies musculaires: en voyant la nature reproduire chez l'homme des muscles simiens, des muscles de Rongeurs, de Carnassiers, de Cheiroptères, de Didelphiens et autres Vertébrés plus inférieurs encore, nous voyons, du même coup, s’écrouler le piédestal sur lequel on a voulu isoler l'espèce humaine, et des liens de parenté manifestes s'établir entre l’homme et les autres mammifères, à quelque ordre qu’ils appartiennent. Et si les anomalies musculaires sont tout aussi fréquentes et tout ÉVOLUTION ET ATAVISME. 829 aussi significatives chez les animaux que chez l’homme, comme nous l'avons admis déjà sur la foi des remarquables travaux de Humpbry, Murie et Mivart et autres zootomisles, nous pou- vons, généralisant les conclusions auxquelles nous a conduit l'étude de l’homme, réunir ainsi, de la même facon, les diver- ses espèces animales aux espèces qui sont placées au-dessous d'elles dans la Série. Un des arguments que l’on produit avec le plus d'insistance contre le Transformisme est l'absence d’intermédiaires entre deux groupes voisins dans la classification zoologique et telle- ment disparates parfois, qu'on a peine à concevoir l’origine de l’un par transformation de l'autre. La paléontologie a déjà répondu en partie à cette objection, en mettant au jour un cer- tain nombre d'espèces éteintes qui sont venues trouver place entre deux espèces plus éloignées que d’autres dans la faune actuelle et rétablir ainsi, chaînons précieux, la continuité de la chaîne zoologique qui n'était brisée qu'en apparence et sur certains points (‘). Des découvertes nouvelles viendront assuré- ment un jour établir la continuité de la chaîne tout entière : mais en attendant que le livre géologique nous ait ouvert tous ses feuillets, nous pouvons nous reposer sur les enseignements de l'anatomie anormale, qui prend soin de faire revivre journel- lement sur quelques individus les traces non équivoques de la parenté phylogénique qui unit entre elles les espèces animales. Ne voyons-nous pas, en effet, pour ne pas sortir de l’ordre des Primates, la nature faire naître, chez l’homme, je l'ai surabon- damment démontré, tous les intermédiaires désirables entre l’homme et les différents groupes simiens? $ IV. — La théorie de l'Unité de plan dans le règne animal nous fait accepter, comme très naturelle, la présence chez un individu de dispositions anormales, qui ne manqueraient pas (!) « L'examen des fossiles primaires porte à admettre des passages d'es- pèce à espèce, de genre à genre, de famille à famille. » (Albert Gaudry, les Enchaînements du monde animal dans les temps géologiques; Fossiles pri- maires, 1883, page 291). 826 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. sans cela de nous paraître fort singulières; elle ne nous explique nullement leur mode d'apparition. Notre esprit, SAR avide de savoir, ne saurait s'arrêter à cette solution qui n’en est pas une. Il lui faut une solution plus positive, plus satisfaisante : elle nous est fournie par l'atavisme. On peut définir l’atavisme : la reproduction dans un individu ou dans un groupe d'individus de caractères anatomo-physiologiques, positifs ou négatifs, que n'offraient point leurs parents immédiats, mais qu'avaient offerts leurs ancétres directs ou collatéraux (Dally). De pareils faits sont bien connus des éleveurs : un chien braque, issu d'une mère braque et d'un père épagneul, est accouplé avec une chienne braque, laquelle donne naissance en même temps à des femelles braques et à des mâles épagneuls. Depuis de longues années on massacre impunément, dans les troupeaux à laine noire de l'Andalousie, tous les agneaux à laine blanche qui sont, paraît-il, d'une qualité inférieure, et l’on voit néanmoins réapparaître de temps à autre des individus de cette couleur laquelle provient d'ancêtres fort lointains. Dans l'espèce humaine, il n’est pas rare de voir des individus appor- ter en naissant des caractères que ne possédait ni le père ni la mère, mais que présentait quelque ancêtre plus reculé. J'ai lu quelque part qu'un nègre, qui comptait un sujet blanc parmi ses ascendants, épousa une négresse et que de ce ma- riage naquit un enfant blanc. Vice versd, on a rencontré (Martin de Moussy) des enfants qui, au bout de plusieurs générations, présentaient «beaucoup plus que leur père et leur mère, les signes d'un mélange africain, remontant au moins à une cin- quième génération antérieure ». Voilà des faits bien constatés d'où se dégage avec une netteté parfaite, la filiation du caractère anatomique anormal et de la forme ancestrale qu'il reproduit. Mais l’atavisme étant maintenant une vérité scientifiquement démontrée, nous pou- vons, suivant un ordre inverse, remonter de l’anomalie produite à la forme ancestrale correspondante et conclure à l'existence d'une parenté plus ou moins lointaine dans le temps et dans l’espace, entre deux sujets dont l’un présente accidentellement ÉVOLUTION ET ATAVISME. 827 une disposition morphologique déterminée, qui existe chez l'autre à l’état constant et avec la valeur qui s'attache aux organes {ypes. C’est ainsi que l'apparition anormale sur le dos du cheval de raies longitudinales ou transversales, nous amène à considérer comme un des ancêtres probables du cheval, le zèbre et le couagga, qui présentent normalement des raies analogues; c’est ainsi que l'apparition de doigts latéraux chez le cheval, la production dans la même espèce de quelques os sésamoïdes accidentels (A. Gaudry), à la région du carpe, nous fournissent de fortes présomptions pour que le cheval descende de l’hipparion, espèce fossile de l'époque miocène, lequel possédait ces os à l’état permanent et présentait constamment trois doigts. Dans le même ordre d'idées, C. Vogt n'hésite pas à considérer la microcéphalie comme un caractère atavique, les microcéphales représentant dans l'espèce humaine un état antérieur du développement phylogénique, qui se retrouve encore, à un état plus ou moins parfait, dans certaines espèces simiennes. De pareilles déductions me paraissent entièrement applicables aux anomalies musculaires : nous rencontrons sur un sujet humain un muscle dont la configuration, s’écartant de la descrip- tion classique, nous paraît singulière au premier abord; en descendant la série animale, nous rencontrons, dans une espèce et chez tous les sujets de cette espèce, le même muscle avec une configuration absolument identique; ne sommes-nous pas autorisés à voir dans cette dernière espèce une des phases de la phylogénie humaine? Le scalpel nous place un jour sous les yeux un muscle surnuméraire; nous retrouvons de même ce muscle dans une espèce plus ou moins éloignée de la nôtre, mais il existe ici constamment, il y constitue une des dispo- sitions caractéristique du système musculaire ; pourquoi ne pas regarder celte dernière espèce comme une des formes ances- trales de l’espèce humaine qui s’est transformée plus tard et graduellement, sous l'influence de l'adaptation et de l'hérédité? Toutes les anomalies musculaires de l'homme, qu'elles soient constituées par des formations nouvelles ou par des muscles 828 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. nouvellement configurés, deviennent ainsi de vraies dispositions ancestrales, disparues depuis une longue série de siècles et reproduites accidentellement chez le sujet qui en est porteur, par ce quid ignotum qu'on est convenu d'appeler l’atavisme. Je crois important de faire remarquer ici que ces différentes formes ancestrales ne se retrouvent pas exclusivement ou en lotalité dans les espèces simiennes; nous les rencontrons aussi bien souvent dans des ordres plus éloignés, chez les Carnassiers, chez les Rongeurs, chez les Édentés, chez les Didelphiens. I est parfois nécessaire de descendre plus bas encore dans la Série, jusque chez les Vertébrés inférieurs. Ces faits, peu compatibles avec la théorie de la descendance exclusivement simienne de l'homme, concordent plutôt avec l'opinion de ceux qui n’admet- tent entre l'homme et le singe qu'une parenté collatérale, l'un et l’autre, descendant d’un même type, que ce type lui-même soit unique et ait donné naissance, à lui tout seul, à toutes les formes animales, comme le veut Darwin {développement mono- phylétique, théorie de l'arbre de la vie), ou bien qu'il ait coexisté avec d’autres types à évolutions indépendantes {déve- loppement polyphylétique, théorie du bosquet composé de plusieurs arbres distincts), comme l’enseignent Albert Gaudry et Carl Vogt (!). (1) A. Gaudry, Enchainement du monde animal; Fossiles primaires, p. 292. C. Vogt, Lettre personnelle à M. de Quatrefuges et Bulletin de l’Académie des sciences, juillet 1883, p. 26. Voilà les importantes conclusions auxquelles nous ont con- duit les anomalies musculaires de l’homme étudiées méthodi- quement à la lumière de l'anatomie comparée. Rencontrées par un analomisle qui se confine dans les cadres restreints des descriptions classiques, elles passent inaperçues ou sont inva- riablement sacrifiées, comme peu dignes d'occuper notre esprit ou même de surcharger notre mémoire. Etudiées au contraire par un anatomiste tout aussi familiarisé avec l'anatomie com- parée qu'avec l'anatomie humaine, elles nous apparaissent comme portant en elles les plus hauts enseignements, et pren- nent, comme l’a déjà écrit S. Pozzi, «une place capitale dans l'anatomie philosophique ». La nature n'a pas séparé l’homme des autres Vertébrés: nous devons limiter, nous analomistes, et ne jamais séparer l'étude de l’homme de celle des Vertébrés. Ce n’est que par celte association constante de l'anatomie humaine et de l'anatomie comparée que nous pourrons acquérir, non seulement sur notre corps en général, mais sur chacun de nos appareils, sur chacun de nos organes, une notion exacte et complète, notion que l'anatomie humaine seule ne nous fournira jamais. Ainsi entendus, les différents chapitres de l'anatomie humaine ne seront plus de simples énumérations, souvent aussi fasti- dieuses que stériles, et les salles de dissection de simples dépo- sitoires de cadavres, où nos élèves se bornent le plus souvent à isoler, par un travail malpropre, des muscles, des artères, des nerfs, sans autre préoccupation que celle de bien voir, sui- vant ce principe que l’on ne retient bien que ce que l'on a bien vu. L'anatomie devient une science essentiellement élevée par sa nature et ses enseignements; chaque salle de dissection devient un temple, au frontispice duquel devrait être gravé le « FNQGI ZEAYTON » de la philosophie antique. Et en effet, bien mieux 830 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. que l’histoire, dont le champ est singulièrement restreint, bien mieux que les raisonnements d'une métaphysique dont le règne est heureusement près de s'éteindre au grand profit des Sciences nalurelles, bien mieux que les traditions ou les mythes des poètes, l'anatomie nous fait connaître l’homme, en nous indiquant ce qu'il fut, ce qu'il est, ce qu'il sera un jour peut- être, car je suis de ceux qui croient à une évolution perma- nente des espèces dans la nature, de l'espèce humaine comme des autres. Et qu'on n'adresse pas aux anatomistes cette accusation imméritée de vouloir abaisser l'homme, de le dégrader : l’ana- tomie sans doute ramène l'homme dans la classe des Mammi- fères, mais elle le place dans l’ordre le plus élevé de cette classe, l’ordre des Primates; et si elle ne peut le distraire de cet ordre des Primates pour l’élever à un rang supérieur, elle le place tout au moins au plus haut degré de l'échelle. L'ana- tomie fait donc de l’homme le plus parfait de tous les Primates ; par elle, l'homme est le premier des premiers parmi tous les êtres vivants. Comme l’a dit fort judicieusement Broca, «cela peut bien suflire à son ambition et à sa gloire ». INDEX ALPHABÉTIQUE A Accessorius (rectus) lateralis ..... 318 -— secundus de Humphry......... 690 Abaisseur de la tête........…. ..... 23 | Achselbugen de Langer..:..:.. 110, 124 — du tendon du sous-scapulaire.... 362 | Acromien (dorso sus-).............. 89 Abdomino-antibrachial..... se abs 95 | Acromio-basilaire de Vicq d’Azyr... 97 Abducteur huméral du pouce....... 3291 | claviculairé.. 7... 0.0 18, D8 — (long) du gros orteil............. S0MIE=Tcucullaire en etre-e-rerene 93 — (long) du pouce ....,... 552, 767, 796 | — humeralis seu deltoïdeus...... 365 ceessoire (Dractial). 0... 398 | — hyoïdien......................s 259 — calcanéen.,.,..,....... écoscsot 698 | — trachélien de Cuvier............ 97 — (cléido-hyoïdien)..:.........,... 939 | Adducteurs de la cuisse. ....... 621, 768 — (cubital postérieur). ..,.......... 529 | —— (4er ou moyen) de la cuisse. ..... 621 — des fléch. des doigts de Gantzer.. 459 | — (2° ou petit) de la cuisse......... 621 — du fléch. profond des doigts..... 459 | — (3e ou grand) de la cuisse... 622, 804 — du fléch. propre du pouce....... 469 | Adductor digiti quinti longus de ol grand dorsal de Broca........ 418 Burdachi SRE 749 — du long fléch. des orteils 688, 768, 798 | — minimus de Gruber............ 622 — du long supinateur........,.... 615 | — quartus de Diemerbrock...,.... 622 AU PELIP ESS eee 598 | Adjutor splenii................. 298 UP TON Naeresceececes 352 | Agitator caudeæ.................. 095 — du poplité ..........,...,...... CON M ADEONC Sr ae -aeaneele GER 527 EN LUNNSOAS ac se sr ana se nes 189 10—"interne de Cuvier... 2000000 422 TU ISOIÉAITE. ce ses am ete 655, 698 | — (sous-).............. see 420 — (extenseur) de l TE Fe. ne 566 | Anconeus epitrochlearis de Wood. #22 — (grand palmaire)........,...... 436 | — externus............ mere 14 — (long) du fléchisseur des orteils.. 690 | — internus.....,..... Ses ... MX = (DÉTOTNOr)..e sas 020 740, 749, 75% | — longus.............. ......... A4 — (radial) de Wood............,.. 594 | — sextus de Galton............... 422 = (SCAÏETIE) becs sesvescss 23% | Angulaire de l’om.96, 138, 766, 794, 80% — (scalène postérieur). :.......:.., 935 | Ansiforme sus-claviculaire ......... 99 = SOUS-CDINPUXS 2208 es dunes c'es eee 350 | Arc axillaire de Langer........ 410, 124 — sous-Scapulaire ........,.,... 946, 305 Atlantico-basil. intern. de Gruber. al Accessorius ad access. de Turner.. 690 | Atloïdo-mastoïdien ................ : — ad calcaneum de Wood..,,.... 698 | — occipital............0.s LR 10 — ad flexorem carpi radialem.... 4#7 Auriculo-glosse de Macalister....... 200 — ad flexorem-prof. de Gantzer... 459 | — styloïdien.......,.............. Ke A MELLE LS A Te eee « 152% | Axoïdo-basilaire. .......-.s..0.. 32? — (exlens. NES op ood. 524 | — occipital profond ..,............ 310 — DOENONLUS «sers suve ne oo» 140, 749, 754 | = oCcipital superficiel. ,..,,,....., 310 832 Basio-deltoideus de Kraüse ....... — humeralis de Kraüse.,,........ Biceps brachial ou huméral, 371, 794, — (chef huméral ou æ chef du) — crural. ses see eses 021, 1017, 191, Bracbiallaccessome re reeter terre antérieur... .341, 397, 767, 795, antéro-externe ..........oee ee antéro-interne......... interne (ligament) de Struthers.. Brachio-abdominal de Zenker.22, 93, — aponévrotique ............. 391, CAPSUIAIRO EEE cere-tcrere cubital..... = ss... CO TUSCLAILS EEE CRE ECC 391, radial ou chef huméral du bi- ceps ... TRES RACE radialis brevis seu minor de GLUDEL ET ee encre er ss... € Caro quadrata de Sylrius........ Carré crural:: 2.220726. M0 — des lombes............. — pronateur......... AC LA Capsulaire (muscle)... 4.000 Capsularis humero-capsularis.. — subbrachialis CPC CC CE) Capsulo-olécranient "0 Creer Caudal (faisceau) du demi-tendineux. — (faisceau) du grand fessier... .... Caudo-fémoral .… Céphalo-huméral.... 2... Cératoïdien latéral ou petit cérato- bia er us ecoucte ...... Cervici-aurien de Cuvier ........... — tubien profond de Cuvier........ Cervico-auriculaire de Chauveau.... Cervico-costo-humeralis de Gruber. — huméral de Humphry ........ ss — scutien de Cuvier..:....... sert (PIRE ao Too een a : Chondro-coracoïdien de Wood ...15, — epitrochlearis de Wood..... 18, épitrochléen......%5.,..4...18, hyoidien tree nreren-rreerereee scapulaire de Wood..........46, Claviculaire (ansiforme sus-).....,.. — (muscles) surnuméraires...,.... — (tenseur de l'aponévrose sous-)... a am 329 97 804 . 97% 805 398 80% 400 400 412 26 103 3061 401 403 61% .. 302 Qt OO À © el Ot Ôt 1 19 rè4 Co LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Clavicularis (inter-) anticus digus- tricus de Gruber: 2 "cer — (prœæ-) subcutaneus de Gruber.. "(MONO este Mere ce — (supra-) de Luschka......,.,... Glävier (Sous) nee rer Clavo-cucullaire............ | — trachélien de Church ........... Cléido-aponévrotique ascendant... .. aponévrotique descendant. .,.... atlanticus de Gruber .......97, alDIIEN er ree riens HROMIEN see care re RE cervical... cc rCocrte ÉPICONAYREN 2e s-e--ere e epistrophicus de Gruber.....97, épitrochiéent "37. CE erree TASER RENE hyoïdien US RNB hyoïdien accessoire. ............ hyoïdien surnuméraires ....,... MASIOIHLEN Reese occipital de Wood ..........216, omMo-trANnsVersaire . .......... « trachélien antérieur.........295, trachélien postérieur ........... transversaire .........%.. transversaire antérieur ....,.... transyersaire inférieur... ,....,. transversaire postérieur ,....... Goccy-fémoral re EerE Terre etre — péronier..... se rss clerc elsle le se Colli (musc. singul.) de Sandifort.. — (obliquus inferior) de Luschka. — (obliquus superior) de Luschka.. .…... — (rectus) de Luschka ......... 280 — (lensor fasciæ)...... SÉAabaoote —{TANSVENSUS) NA re eeteee — Complexus (grand).....4....4999, — (DEUT) Ta es Vie TENUE "= profond..." 45-4007. a'onsso sa Constricteurs du pharynx.......2#7, Coraco-brachial.......406, 767, 794, — brachial (court) ...... ..307, 407, —tbrachall(long);...eereren-ee — capsulaire ..,....... TENTE 000000 —ICEIMIC AL. - 2e si010 + 0 ete isiolet s des 20 CERDIGURS: eue sea ce see 20) claviculaire,. 4.400 h. terre) hyoïdien de Gruber...,....,.... fascialis de Kraüse ....255, 264, huméral supérieur.;,,-..2.2.,. 29% 266 260 239 260 213 766 97 766 995 97 102 10% 102 099 630 319 921 324 929 206 266 302 315 62 250 80% 811 408 361 289 289 07 259 266 907 INDEX ALPHABÉTIQUE. 833 Coratn-oléCranient. esse LS RAA ER Se ais os tiens Sdoune Ye — sous-scapulaire.....,,......... . o61 Corrugator posticus.........,...,, 130 Costo-acromio-claviculaire. ........ 337 — cervical........., eee === tee 200) 200 RICONULCUS NS eee eeneneee 266, 289 — Coracoïdien......... noce coop thy — deltoïdeus de Calori.,....,..335, 336 — fascialis cervicalis de Wood... 266 ÉMUTRÉTAl esse scene. DD | 2e NE, osent sceau: 20, DDU RC ADOIAire Res -cobelecte 49 DRE ee males cas alseee OU IN OR TRE 268 CnnRa le. co ER dan auensc e 010 SR SOUS-)... sacre ae PO Cubital antérieur. .... ces 402 — posterieur, ..... DORÉ 0260, 107 — postérieur accessoire ......... 0 — postérieur (Court).............. 529 — postérieur (prolongement phalan- ENG VERSER Cocos Cubito-carpien...... DRAC 49%, 50% RSUS-DMADÉZIGN: » 71 seule D04 Caenllans ere. HO SHOTOE 89 Cwrvator coccygis .:.:.......... .. 329 D» Delloacromale 02%: :.. 50000 CD AACLAVICU ATEN. serre ments 394 LÉO EEE LE 2 PAR . J02 RRDOSLÉTICUTE CE PERL de 97 Delto-spinal...... Er ce 994, 939 Demi-membraneux...........,... . 639 D DLOIONd ee. ssd ee LEE 1040 — superficiel .....!..... ODA 616 Demi-tendineux............... 1080) Dentelé (grand)... ....…. “102, 008 Dentelé (petit) antér. de Cruveilhier. 200 — (petit) postérieur et inférieur... 449 — (petit) postérieur et supérieur ... 147 Depressor auriculæ de Lauth....,. 290 — scapulæ...... ne ciae ee JO ane 6% — tendinis subscapularismajoris. 362 Dermo-gastrique ........ soaconesce — huméral ....., en sesness eee LA0) OU Digastrique de la nuque. ....., AUS) AU COU---.2.. 0 srees 211) 100, 199 Dorsal (accesre du grand) de Broca.,, 118 — (élévateur du tendon du grand). 363 — (grand)...,..... orleties ... 106, 766 Dorso-antibrachial. #2... 410 nn CUCULATE Ne ee serre 93 — épitrochléal de Murie et Mivart.. 418 — epitrochlearis de Wood......21, 118 ÉD DIeeR.. aie ce 21, 118, 789 — épitrochléen de Duvernoy…...... 118 — fascialis de Perrin :.........:.. 129 OI EME NS Me se cbtan cd 119 M ERNEST EE 89 Droit antérieur du cou (grand)... ... o21 — antérieur du cou (petit). ........ 323 — antérieur du triceps crural....., 608 — (grand) de l'abdomen... 151, 790, 803 — intermédiaire du cou (petit)...., 326 — interne de la cuisse........., aa ol —4ûnterne du: cou (petit).:,...... 327 — latéral de l'abdomen. ...154, 167, 794 — latéral du cou (long)... Soaavoc 917 —datéral du cou (petit) 700 317 — postér. de la nuque (grand)..307, 79% — postér. de la nuque (long)....,.. 309 — postér. de la nuque (petit)....... 309 E Élévateur du corps thyroïde... ..268, 766 — du tendon du grand dorsal ...... 305 Épiméral de Strauss-Durckeim .. 098 Episterno-cleido-sublimis de Fur- brimeer. 6 sure eee TÉDO D 23) Ebpistropheo-basilaris de Gruber .. 328 Epitrochleo-anconeus de Gruber .. 422 = CUDITALS. ete nste eue 422, 767 Extenseur accessoire de l'index .. 5066 — biceps de l’index..........,...... 566 — commun de l’index et du médius. 549 — commun de l’index, du médius ettde annulaire." D49 — commun des doigts.....533, 767, 796 — commun des orteils (long)...711, 768 — commun du pouce et du second GO MR PR re ..038, 049 — comm. du pouce et de lindex.570, 767 (COUR) Te lINAEx..........-.... 7o1 (COUT) des doigis...........001, 107 — (court) des orteils... ...,,.... 723, 768 — (court) du gros orteil...721, 727, 731 — (court) du petit orteil,....,..... 732 — (court) du pouce........527, 767, 768 — (court) propre de l'index. ......, 266 — (court) propr.oulatér. du médius, 566 — de l'indicateur du pied..,, ..... 717 — du 1er métatarsien.,..., ...,721, 730 834 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Extenseur long) du pouce...... — propre de la {re phalange du orteil...... Hbeobc cou. — propre de l’annulaire....... — propre de l’index............ — propre du 2e orteil.......... — propre du gros orteil........ — propre du médius..549, 568, — propre du petit doigt........ — radial de la main (court)... — radial de la main (long)... — dela jambe..." 00200 — du métacarpe............0. 557, 767 gros 708, 731 .….. 569 547, 767 A7, 731 719, 805 767, 796 549, 767 11072 .….. 540 .. 118 .... 522 …. 522 LPAGUT .…. 519 Extensor bicaudatus de Gruber.... 538 — brevis digiti indicis d’Albinus.… 566 — brevis digiti quinti de Rüge.... 749 — brevis hallucis de Henle.... — carpi radialis accessorius . — carpi radialis intermedius 727, 731 Son Do | — communs indicis et pollicis de NVOOd ere merercre-ce : 551, 570 — digiti II pedis longus de Gru- Her Re Eee =e-erteere TA7, 731 — digitorum secundus de Hum- phry .......... see 000) — ossis metatarsi hallucis.... — plicæalaris................ — primi internodii hallucis.. 565, 713 721, 730 28, 341 721, 731 — proprius quinti digiti de Devis. 749 F Fessier (faisc. ischiatique du grand). 597 — (grand)... 575, 971, 797 — (moyen)... tetes 576, 580 — (musele accessoire du petit) ..... 598 — (petit)... SOURTA TO de 576, 581, 80% — (petit) antérieur................ 998 Fléchis. c. des doigts. .455, 767, 795, 80% — communs des orteils........ 673, 768 — (court) des orteils........... 682, 798 — (court) plantaire............ 682, 768 — des orteils (accessoire du)....... 688 — des orteils (long accessoire du) .. 690 — (longs) des orteils .............. 672 — (long) propre du pouce..469, 767, 804 — perforé des orteils...... SHOP OO 682 — péronier des orteils,.....,...... 07% — propre de l'index............... 466 — propre du gros orteil........ 673, 7658 | Fléchisseur du petit doigt, ..,.....: 466 — tibial des orteils...,....... RE) Flexor carpi radialis brevis de Woûds RSS RARES 437, 497 Frein muscul. du tendon du sous- SCapalatre ee eee dc . 302 ' &G Gastroenémiens:....,..:. 52000 649 Gastrocnemius tertius de Kraüse.. 651 Génio-glosse. ....,.,... SSS0éoucac 287 = YEN OR EEE 286, 793 Gléno-brachial}5s2:57.2:222 0008 363 — radial........ ete a tele 372, 313 Gracilis ..... ee Jette tete 0 Re 618 Grand palmaire accessoire... ..,..... 502 Grand palmaire (court) ............ 502 Grand rond ........…. SR EC tEU 109, 794 Gréleinternen teens CFE LEE 618 H Huméro-capsulaire ...,,..... ERA 361 ——TANSVETSAITE ce eee eee 346 Hyo-angularis SN 282 — EPINICAl er eeecrrereee ere 266 —ICTICOIMIEN SE eee 268 — fascialis......... AO doù de 255, 266 — glosse...., see ete D 1) —maxillaire certe er-c-e 281 = LYOCRER IS eee ere 268 | Iliacus minor de Quain........... 185 Iliaque ...... HoDaob bond nt ..183, 768 —(Delbit}ieetererenceer--eneree 185, 792 Ilio-capsulaire de Harrison......... 185 — capsulo-trochant. de Cruveilhier. 185 — pérONIEr ..e se à oo eee outre de es G50 Infraspinatus deltoideus (fascicu- lus)ide Grüuben. "ts 399 = MANOPr ec ere repense AOC DEC 300 Infracostalis de Meckel....,...... 197 Inio-cérato-hyoïdien de Douglas .... 292 Interchondraiuxe 22e LEE eeCE 195 Inter-clavicularis anticus digas- DRICUS reset Eee 55 Intercostaux externes......,.,...... 192 — internes ..... PROS OO TU UC 193 Intercostellaires de Strauss....,,... 313 Intertransversaires cervicaux.....,. 313 RU CONS) ET de 35 ARCS ER 314 — (longs)... ...,,...0.0 00230, 913, 920 INDEX ALPHABÉTIQUE. Intertransversarii .......,.....,. Ischiatique (faisceau) du grand fes- 313 SHOP ae san mat le ee lele niche ces OT — (faisceau) du demi-tendineux.... 642 Ischio-aponévrotique.. ns secs OO — calcanéen........ Too dde 63% CONTVIIEN EEE Ps see 658 PP. REMOTE een e ete DONS STD AT Mer Se nee e 634 Isocèles de Strauss-Durckeim....... 319 J Jambier antérieur......... 705, 797, 805 ER (PELID Rite ele le ei cietcieste 61% A DOSTÉDIEUTI- 0 em e-e 695, 703, 705 Jumeau externe. 2... eee 649 SUITE... Ress ee ae nee 649 Jumeaux de la jambe ........ DIRE 649 DC LVIENS PS nel secoue 590, 768 K Kérato-hyoïdien....., ec eu ere LE Kopf-Arm-Muskel de Peyer ...... (O1 L Latissimo-condyloïdeus de Bischoff, Levator anguli scapulæ minor de RASE ER IL ra see 142 EME OUT LEE SERRES 97 — glandulæ thyroideæ ........... 268 — scapulæ major vel anterior.... 97 — tendinis muse. latissimi dorsi. 363 Levatores costarum............... 195 — costarum (longiores).....,..... 196 Ponsiduicous- rc. 2020 .… 324 Longissimus capitis de Henle 313, 905 — cervicis d'Arnold...........303, 322 M Masto-carotidien.......,..... 20 300 post) Mastoïdien latéral de Winslow...... 303 Mastoïdo-huméral .........,....... 218 — parotidien ..... nessons ose 221 —— SEVIDITION AS eme mate ete loisielele se © 280 Mento-hyoïdien (Macalister). ...... . 283 MENSOUS Need nait oser cces ne OÙ Mylo-hyoïdien postérieur. .,....,... 282 — hyoïdien...............28%, 793, 803 N . Nutatores capitis ...,.,.,...,4., 2 Oblique de la nuque (grand)...,311, — de la nuque (petit) ........... 5 — (grand) de l'abdomen .......160, — (petit) de l’abdomen.........165, Obliquus inferior colli de Luschka. — superior colli de Luschka....... Obturateur externe............089, RH NIELNE Prec ere seb Occipital transverse ...... ado ea on Occipitalis minor de Santorini.. 339 79% J11 193 19% 321 324 768 D88 130 130 = LOT ES) ehteenete eee se cateisesnies AUD Occipiti-aurien de Cuvier........... 133 — aurien rotateur de Cuvier..,.... 133 Occipito-hyoïdien....... AE EC ei — pollicien.,......... ete --cte 92 — scapulaire de Wood ..,.......... 142 Omo-anconeus de Devis........... 118 — atlanticus de Haughton ........ 97 — cervical de Bischoff.,......,..... 97 — hyoïdien....... .. 251, 766, 793, 803 — trachélien de Cuvier et Meckel... 97 — transversaire............ OPA EU — transversaire antérieur..,......, . 101 P Palmaire (grand) ..............435, 767 — (petit)........ drseerece 400, 01,100 Palmaris longus bicaudatus....…. 450 Panniculus carnosus.125, 207,345, 595 Paraméral de Strauss-Durckeïm.... 595 Peaucier de la nuque.............. 195 —— AOTSAl ER Perses PROS A PA) dufcon 2.220 RO te 206 — sous-occipital de Cruveilhier..... 130 Pectmer---he-..e io dar OL Pecto-antibrachial de Strauss....95, 26 Pectoral (gr rue S41,385, 766, 788, 803 — (large)... eateietteree eee 20 — (petit)....... [ue 766, 789, 803 — (portion ventr de 5 grand).22,23, 26 er ({roisième).L. er tet 024 cpu 17, 97 Pectoralis minimus ........30, 42, 5% — quarbus.........se SUssenct de 27 — tertius...... Moore | PÉDIEUXS 25 ee eremecers se 193, 768, 798 Péronéo-calcanéen externe .....505, 742 — calcanéen interne........... 690, 699 — cuboïdien....., Tee RUE To4 Peroneo-calcaneus internus de Ma- CAUSE ce cnire AGE 690, 699 836 Péronéo-malléolaire........,...... 756 — ARÉTAIATSIEN reset AD — tibialis de Gruber...,........ 1.699 Peroneus accessorius.... 740, 79. 75% — medius de Cuvier ..... HIER LE — parvus de Bischoff.. !....... 741, 749 — quarti metatarsi,............. 730 — quartus d'Otto.........733, 749, 755 RE UMETE es ren ms en Mébhen de 742, 74% — quinti digiti de Huxley.741, 742, 744 — quinti metatarsi...........…., 736 — SEXEUS. ue 0e 0 0 à 0 ve 198), 149, 199 LOTIQUS: see ee » ele» One no E .133, 734 — tertius de Burdach............ . 149 Péronier antérr...733, 734, 768, 798, 805 — (court) latéral. .....733, TA, 768, 798 — du He ortelre een 734, 14%, 768 — latéral (long)........,.. 733, 731, 798 — latéral (troisième) ........,... oO Péroniers. 2 sese-erasaseestescuet on — latéraux surnum. ou acces®s,734, 74% Pétro-hyoïdien de Calori.,......... 288 += PRATYNBIED esse. 80% Plantaire grêle...... SHCoo onde 659, 768 — grêle biceps....... SRE .. 665 Platysma myoides.....,...... se AU) Pleuro-transversaire. ......,.., …. 234 POP sseoosceuceese Sono 669 — (faisceau accessoire du)....,..... 670 — (petit) de Calori....... HOTTE 670 Popliteus biceps de Gruber, ....... 670 — geminus de F. d'Aquapendente.. 670 Prœclavicularis subcutaneus de GTUDÉT EE cc bcoece rer Er 58 Présternal te.tecrtitet, 766, 789 Pronateur (carré).......:......490, 796 = ATONndP Nes t bi 2-1..490, 701 — transverse de l’avant-bras. ...,.., 490 Pronator pedis de Humphry....... 696 — tibiæ....... ARR NA MN 0 Protractor arcûs cruralis (Gruber) 175 Psoas accessoire... 182 — (grand). — (petit)...... roue 10101; 792. 800 Pubio-péritonéal de Macalister ..... 175 Pubio-transversalis de Luschka ... 175 Pyramidal de l'abdomen... .,...156, 791 — du bassin........ ...0. 009, 768, 804 CORRE ® Quadriceps extensor cruris..... OT Quadrijumeau de la tête de Kraïüse, 223 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. R Radial accessoire de Wood......... 524 — intermédiaire de Wood.....,.520, 767 Radialis intern. brevis de Gruber. 497 Radiaux externes... ..:.519, 767 Radio=carpien-"--c-c-Lreccec- ml — Carpo-Mmétacarpien.............. on — cubito-carpien......... ec e ae — méfacarpien ............ Re 901 —palmaire”.- er. srreneere oDt Rectum (accessorius ad).......... 152 Rectusanticus medius seuminimus delGruben serrer. ose 326 — sternalis de Turner............ 68 — thoracis. 0... 08,14, 192 Rectus colli de Luschka ..... Dnndar 325 — lateralis accessorius........... 318 — lateralis longus d'Otto... Re: Retinaculum musc. tendinis sub- scapularis majoris ...,...... 302 Retro-clavicularis.......... ee TS Rhombo-atloïdien..............146, 766 — axoïdien....,... aaeninodo 125: — cervicalis de Mivart.......... .. 142 — occipital de Mivart.............. 142 Rhomboïde ..... dodo odovsoeut 134, 790 — antérieur de Meckel ............ 142 — de la tête de Cuvier............ . 14 — de laAtaS resserre rene 146 — inférieur ou grand ........... .. 155 — profond....., RE oc oicns 2 5.2 = sSUperhciel eee eee Le 1100 — supérieur ou petit........ ele Risorius de Santorini ........ SR Rond(grand)"".2-0"c20 125400 794 —APEL) ALTER. CELLES CE oeil — (petit) accessoire ............... 392 ROtOLOr CHANT. ee... ereete 1000 s Sacro-coccygeus anticus..... ere Scalène accessoire........., tés ele = JAMMEMEUT Nec nee es nee 220,100 — intermédiaire .......... 299; 809 MONERE Ne eee eee 0e 229; 280 = postérieur... 196, 229, 803 — postérieur accessoire ...,...,... .. 239 — SUPNUMÉTAITES. . sos. o Sec DA Scalenus minimus d'Albinus.,.... 253 Scansorius........ sou Et Scapulo-cervicalis. secure 2 INDEX ALPHABÉTIQUE. Scapulo-claviculaire ....,.48, 52, 56, 766 — costalis minor.i...........……. ce. 09 UT DIE SR male n en. 369 — humeralis digastric. de Gruber. 339 — humeralis profundus.......... 369 — olécrânien (grand)....... 59000 417 — olécränien (long).............. . M7 = DEÉMAISSEÉRS NE PRE D3 Serratus internus de Kelch..... ON DÉC TEYOIIEN. à. -Mmana eo dec ee. JO DDIÉAIRE ere ces DORE DO RE 65% nr (ACCeSSOIre AU) En nee 655, G98 Soleus (second) de Pye-Smith...655, 698 Soléaire surnumér. de Cruveilhier.. 698 — (tenseur de l’arcade du) ......... 699 AUISSATCONÉ 2 - ane MR... 420 CLAVIER eee he Ne 34, 789, 803 ÉRICOS AUX EL een eee 194,497 ES CRE NT ME os O1 A CDINERE Eee... J0D;r707 — épineux accessoire... ,.. TD — épineux superficiel .........,... 350 AR SLADUIAIT Er M UNS res 344 — Scapulaire accessoire. ....... 946, 355 — scapulaire (petit)..........., 946, 355 Splenii accessorius singularis.143, 298 RTL OT ARR See Lena ee ae dass a ce 143 SRIENTUS eme des » ce bAdo; O4 Splénius accessoire de Walther.,... 298 A CONS Renan ere eee es 5bcoadoe ZE mn COLA rentrer Lrsséactébacenosse Sternalis brutorum.......... 2e 4152 Sterno-abdom. de her. 900, 203 M CADSUAITE, ee deien ose ce. JO — cervical. ....... nn ee à 1200 — chondro-scapulaire ........46, 48, 49 — chondro-thyroïdien........,.... 243 — claviculaire........... 34, 51, 53, 202 — claviculaire antérieur,.,,..., 48, 5% — claviculaire postérieur .......48, 55 — cléido-hyoïdien,,............ 236, 793 — cléido-masto-occipital ..... ..... 293 — cléido-mastoïdien ...96, 212, 766, 792 — cléido- thyroïdien .......,...... 244 FA COTACOHE eee S ES lois» ste 3 o « O0 — costalis de Strauss-Durckeiïm ... 200 — costo-coracoïdien..... ble nises 42 — costo-epitrochlearis............ 21 — fascialis de Gruber .......,.... 266 — glosse..... Moon OA 249 AVOIUIEN EE ee een secs 237 NAS LOUE enr ere. tes dld Sterno-maxillaire ........ SP s 290, 289 1 OCCIPHAL An 2e eee is ee Ste 223 — scapulaire.. ...36, 46, ue 93, 766 — thyroïdien.........:... 2%%, 766, 793 LOCNINIEN 7 TR R NEE 36 CL OCRITÉTIEN Te ere ee 26, 36 Stylo-auriculaire de Hyrtl.......... 290 — chondro-hyoïideus de Macalister. 279 — hyoideus alter d'Albinus....... 279 — hyoideus novus de Santorini.... 279 —' hyoïdien........ SP AODEE 278, 766, 793 — hyoïdien médian ............... 280 — hyoïdien (petit) de Gavard, Jbonde 279 — hyoïdien profond de Sappey..... 979 — hyoïdiens surnuméraires........ 279 — hyoïdien (triple)................ 280 —AITIAXIIIAITE: ee css miens en 281, 288 BSUDONCONCUS eee see ee Suodoco Pi, Subclavius posticusdeRosenmüller 49 Subcoraco-scapularis..........…. . 369 Subcutaneus colli externus de Gurlt 210 — colli internus de Gurlt.......,.. 210 Subscapularis minor .346, 352, 355, 362 Subscapulo-capsularis de Gruber.. 355 Subscapulo-humeralis de Macalis- D bone SÉtoase Doddeno oi 909 Supinateur (court)..... DHEA 015, 804 le 630000066006. 9341, 509, 767 — (accessoire du long) ............ D15 Supinator longusaccessor.deLauth 512 — brevis accessor. de Halbertsma.. 399 — INONUS: D con blister 553, 555 Supra-clavicularis de Luschka.... 58 — coraco-scapularis.........,.... 305 ——1C0Staleeer-crrereheereeLe El — costalis anterior de Bochdaleck. 68 Surcostaux ........s.s..... ee 495 Surcostal antérieur de Broca....... 68 Surcostaux courts....... eelsetsacls ee 196 — longs.......... Doûc see as 196 Sus-cervico-cutané ..........,...... 126 — cervico-pavillien de Strauss ..... 133 — CDINCURE Rec re-ee-rree 949 T Tenseur antérieur de la synoviale durtarses.... terre rte 732 — antérieur du ligament annulaire Auradins....- ee 10e Dis — de l’aponévrose brach. (faisceau)... 17 — de l'aponévrose cervicale, ...... D8 — de l’aponévrose de la jambe..666, 699 838 Tenseur de l’aponévrose jambière... 647 — de l’aponévrose plantaire... ..... 699 — de l’aponévrose sous-claviculaire. 59 — de l’arcade crurale.........,.... 175 — de l’arcade du soléaire..,....... 699 — de la bourse séreuse du tendon d'Achille RSR ER r e: 699 — de Ja gaine des fléchisseurs des AOIETS nie el ere ce 008, 795 — de la membrane synov. du tarse. 667 — de la synoviale du coude (faisc.).. 40% — de la synoviale du genou....... 61 — AU JASCIAUAIT.. secs see. 1O0L4 — du feuillet postérieur de la gaine du droit... tre Se ecbe 174 — du feuillet postérieur de la gaine du muscle droit et du fascia transuersalis. 1... CR... (US — postérieur de la synov. du tarse.. 699 — postérieur du ligament annulaire Quralus ea ee eetehee 518 Tensor capsuli tibio-tarsalis ant.. 732 — capsuli tibio-tarsalis de Henle.. 699 — fasciæ deltoideæ............... 340 — fasciæ colli..... DÉ0BU 000 ado . 266 — fasciæ et cutis foveæ aæillaris… 345 — fasciæ dorsalis de Humphry.708, 732 — fasciæ plantaris....,...., H6Baar (ou — lamincæ posterior.vaginæ muse. recti abdominis ......... TE — laminæ posterioris muse. recti et fasciæ transversæ abdo- MANASER EEE EEE TC Ce bebese 175 — membrani synovialis tarsi de Einhart "ces Des ee ee 699 — semivaginæ art. humero-scapu- VOIS CRE 303 0ÉS 16 Teres minimus.…........ OOOAONE 901 Lhyro-hyoidien:t..,-."6..0; ...249, 766 — hyoïdien latéral ....... Ddbbadouc 2 — hyoïdien supérieur..,.......... 250 HMbialianténieune ee. rese 705, 707, 805 — postérieur......... 695, 703, 705, 768 — postérieur de l’avant-bras de Ri- CHANTEA Er EEE re. Hnasooe ..497, 502 Tibialis secundus de Banhsen .697, 699 Tibio-aponévrotique........,... 708, 732 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. Tibio-astrag. ant. de Gruber.,,708, 732 — astragalien antérieur............ 732 — fascialis de Macalister......708, 732 plantaire cheat net CUSE 710 —tarsalis 0.001008 Trachelo-clavic. imus de Gruber .. 104 — costo-scapulaire ......,...,... np — mastoïdien........... ee eee LOI Transversaire du cou........... 305, 306 Transversalis capitis d'Arnold .... 303 — cervicis anterior ....... PETER — cervicis anticus de Retzius..315, 322 —ICENVICISNETUS, eee va eetalaie 235 — cervicis medius de Kraüse...... 315 Transverse de l’abdomen........... 171 4e la NUTUES- esse: —Idu menton... 45.....-..2e tee 0210 TYANSVEMSUS COUV eee eee . 266 — nuche.......…. sudo 32470480 — pectoris d'Arnold....... ire + 200 — thoracis anterior de Henle..... 200 Transverso-scapulaire de Strauss ... 97 Transversus thoracis posterior de Henler-te er Dao 2 door 197 [Drapézene ete ester FRE 89, 341, 766, 789 — dorsal antérieur. ..... D Ron 192 — dorsal postérieur. ..,..... 7.010 92 Triangulaire du menton.......... OU LU SÉCPNUM EEE ce pe 200, 792 IDHCeps brac hais eee: 41% — (chef postr du) de Mine Edwar ds. 118 —} CUT AI ae 0 see rec eeRe Se 1ODT — longus secundus de Haughton.. 418 Trisastrique AN ED... RE 274 U Ulnaris externus brevis ....... 1009 — quinti de Macalister..,......... 531 v Vastelexterne 2... :4::.... 0072609 — interne ....… des eue eos DUMONT Ventral (faisc.) du gr. pectoral.22, 23, 96 Vertébraux (courts sous-) ......... . 329 — (IOHBS SOUS)... . 5 sine CE TABLE DES MATIÈRES Pages PRÉFACE de M. le professeur Mathias Duval... ...............:...,.......... VII MAR ODECTION AR EME rene se o ces eo 0 0 A OOB RACE Co COOL AT soso ss 1 PREMIERE PARTIE Anomalies des muscles du Tronc. CHAPITRE I. — Groupe pectoral................. ses ose ts ee 7 Apr TA nomalies duisrand pectoral..".,.... 27e ose cceneeeuee 8 ART. Il. — Anomalies des muscles sous-clavier et petit pectoral ....,...... 34 ‘ART. III. — Muscles claviculaires surnuméraires ............,............. 48 Don VE nomalhesdu.grand dentelé.:.,..........,,...soss restes se 62 RTS PE SMIHS CIE TS TIPTA-COSÉA Eine ee ce eos ee soso eco ee a 68 ART. VI. — Muscle présternal....... De see noiele cine e sen selle ne ea EU LUS 7% CHAPITRE IT. — Région lombo-occipitale ..........,......,......,..... 89 ENT PATIO HAE SIAURÉTADÈZO E eele sense sense cesse ecoles 89 ART. {II. — Muscle Levator-claviculæ ou cléido-omo-transversaire........ 97 ART. III. — Muscle cléido-transversaire inférieur...........,,..,.......... 10% Ve AnomAlee dE srand' dorsal. 2... est anses ce 106 ART. V.— Muscle dorso-épitrochléen..........,,...,.... LHÉ TEL OA É 118 ART. VI. — Peaucier de la nuque et peaucier dorsal ..,.......,,.......,.. 495 ART. VII. — Muscle occipital transverse. ........,.,... ete cL eee ue 130 CHAPITRE III. — Région dorso-cervicale..............ser.soss.ssoous 13% NRA AnomaltestAu rhombhoide.- 25.2. .e-srree,aeee.cr-e.h.oe.e 13% ART. Il. — Anomalies de l’angulaire de l’omoplate.................,...... 138 ART. III. — Muscle rhomboïde de latête........,...,........ ARE PR PARC E 142 ART. "IV. — Muscle rhomboïde de l’atlas.......:................,.1.....0 116 ART. V. — Anomalies du petit dentelé postérieur et supérieur .,.......... 147 ART. VI. — Anomalies du petit dentelé postérieur et inférieur ............. 119 CHAPITRE IV —Muscles de l'abdomen::.........,..................... 151 ART. I. — Anomalies du grand droit de l’abdomen....................... 1 840 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ART. Il — Anomalies du pyramidal. "2... eee Horse Am TT —"Anomalies du erandobliqne "Per re ect er ere ARTMIV-—"Anomalies du petit oblique Ci RER eee ECC ART. V.— Faisceaux surnuméraires intermédiaires aux deux obliques..... ART. VI. —’Anomaliesiduriransverse net. Me NRC et -eprrpeteeer ART. VII. — Faisceaux surnuméraires tenseurs des aponévroses de l’abdomen. CHAPITRE V:'-—fRégidn lombo-iliaque..2"..... 440 te TE e te ART — Anomalies ducarré des AOMhESEE CE NN EEE RE ART. ——"Anomalies du erandipsoaS Peer r re rech An QUI = Anomalies dumusclenaQUue RPM PE PE EEE AR CCE ART: IV. —MustleipetitipsDas. CRC eee en Eee eee Ac CHAPITRE VI. — Muscles des côtes...... PES don Nr NC Ne ART. I. — Anomalies des intercostaux externes...,..... Pre FEAR SES ART. II. — Anomalies des intercostaux internes... ...,..... ANT ee ART. III. — Anomalies des surcostaux.....,..... dose RC D Le ART UV. — Amomaliesidies SOUSCOSTAUX. Eee ARC TERRE CREER ART. V.— Anomalies du triangulaire du sternum.......... ee ee ONE DEUXIÈME PARTIE Anomalies des muscles du Cou et de la Nuque. CHAPITRE I. — Région latérale du cou............,....... ss dos SCC CLAETE ART. I. — Variations anatomiques du peaucier du cou................ + ART. Il. — Anomalies du sterno-cléido-mastoïdien....................... ART. III. — Muscles cléido-atloïdien et cléido-axoïdien ........,............ ART. AV. —"Anomalies duscalene antérieur. .......---------eees-.c à ART. V.— Anomalies du scalène postérieur ........ EI SIRET ART. VI. — Muscles scalènes surnuméraires ........... Simota ere æ CHAPITRE IL.—" Région sous-hy0idiennp..-......"...:.ere.ce cs 2e ART. I. — Anomalies du sterno-cléido-hyoïdien............,... LL ART. II. — Anomalies du sterno-chondro-hyoïdien ....,...... ee Se RSR ART. III. — Anomalies du muscle thyro-hyoïdien.. ...... ART. IV.—Anomalies du muscle omo-hyoidien ne ART. V.— Faisceaux surnuméraires de la région sous-hyoïdienne......... CHAPITRE IT. — Région sus-hyoïdienne ........... peus à A ue ART. I. — Anomalies du digastrique......... se SICUBCOOMOMUOHon ec ART.: II. — Anomalies du stylo-hyoïdien .:...:........................ ART. III. — Anomalies du mylo-hyoïdien...... SEL TIGE RS OU ci Sin ART. IV. — Anomalies du génio-hyoïdien................ seen Eee SR ART. V.— Faisceaux surnuméraires de la région sus-hyoïdienne........... CHAPITRE IV. — Région cervico-occipitale superficielle........... ..... ART. 01. —="Anomalies AUISPIÉMIUS SN EST eee corse species ART. II, — Splénius accessoire de Valther......,.... PRE AA EN 205 206 249 994 296 229 232 236 236 243 249 251 265 271 271 278 284 280 288 293 293 298 TABLE DES MATIÈRES. ART. II. — Anomalies du digastrique de la nuque........................ ARTONINE =" Anomalesduierand COMPIEXUS.. 40. 0e 00 sœeise se ee 20 0e ART. V. — Anomalies du petit complexus et du transversaire. .....,...... CHAPITRE V. — Région cervico-occipitale profonde..................... ART. I, — Anomalies des muscles droits....... delete ste c ice HÉBSandube ARTNIT- = Anomaliesdes muscles oblIqueES ARE. ne... Le e--mereste CHAPITRE VI. — Groupe des intertransversaires cervicaux.............. ART. I. — Musclesintertransversaires cervicaux ; longs intertransversaires. ART. Il. — Anomalies du droit latéral; long droit latéral....,.....,.....,. ART. IIL. — Muscles surnuméraires atloïdo-mastoïdien......,.,............. CHAPITRENII:-— Région prévertébraler. 256.012 00e ne, ART. I. — Anomalies du grand droit antérieur ... .... rene tele te ART. Il. — Anomalies du petit droit antérieur........ DHorno0peondonnéonc ARTS PAMNOMALTES UOTE AUTCOUR AT ME Re de nee done es s sie ART. IV. — Muscles surnuméraires de la région prévertébrale ..,,... Ajodûe TROISIÈME PARTIE Anomalies des muscles du Membre supérieur. CHAPITRE I. — Anomalies des muscles de l’épaule....................... ART. [. — Anomalies du deltoïde........ s60boaCoDT O0 0 OU BDn M ÉOOE 0C ARTE SATA ES dus raNd rond... ee. see docsessseecesae eee ART. III. — Anomalies du sous-scapulaire .......,. DoCobonc nano oo ed saa ART. IV. — Muscle surnuméraire huméro-transversaire .....,............. ART. V. — Anomalies du groupe sus-scapulaire........................... ART. VI. — Muscles surnuméraires de la région scapulaire antéro-interne.….. CHAPITRE IT. — Région antérieure du bras........ Ro Pond one ART AMI Anomalesidu biceps brachial.. 4... 0... AOC ART. Il. — Anomalies du brachial antérieur ...............,...,.... RIRE ART. III. — Anomalies du coraco-brachial..............,...,.... nee CHAPITRE III. — Région postérieure du bras.....,...............,.,..... ART Anomaliestduitriceps/brachial. NE. reste ART. II. — Faisceaux tenseurs de la synov. du coude; sous-anconé. ....,.., ART. II. — Muscle surnuméraire épitrochléo-eubital....,......,...,,. See CHAPITRE TT. — Région antérieure et superficielle de l’avant-bras....…. ART. I. — Anomalies du rond pronateur.......,.......,.3 na in Der AmoMAeS der an dipAMATE ee as cer-odeesesemese ART UE PAT NAS UNDEDAIMAMENR A0 7... ee se ass cssesese ART IV rAnomalestdueupbitalanténieur,. 5.1.4 4eme ere... CHAPITRE IV. — Région antérieure et profonde de l'avant-bras ......... ART. I. — Anomalies des.fléchisseurs communs des doigts, ..... nus cet ai 812 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ART. IL. — Anomalies du long fléchisseur propre du pouce .............., 469 ART. JT: —Anomalies du carré pronafeur......,.2.... dec: 0 CHAPITRE V. — Muscles surnumér. de la région antér. de l’avant-bras.. 497 ART. I. — Muscles surnuméraires radio-carpien.................... See /NAUT ART. II. — Muscle surnuméraire cubito-carpien.,......................., 50% ART. TI. — Muscle surnuméraire radio-cubito-carpien ....,...,....,...... 505 ART. IV. — Muscle surnuméraire radio-palmaire............... DÉDodoe OU ART. V. — Muscle tenseur de la gaine des fléchisseurs...........,........ 508 CHAPITRE VI. — Région externe de l’avant-bras............ ,......e.:e 009 ART. I. — Anomalies du long supinateur.….............. PAR UP HS Le ART. II. — Anomalies du court supinateur...................... necchte o15 ART. IIL. — Anomalies des radiaux externes ............,.........,.....0 1519 CHAPITRE VII. — Région antibrachiale postérieure et superficielle .....… 027 ART. I. — Anomalies de l’anconé............... On D OO er = Pan "| ART. IL. — Anomalies du cubital postérieur... ................ CPP EN) LE ART. IT. — Anomalies de l’extenseur commun des doigts......... nooéaouse D33 ART. IV. — Anomalies de l'extenseur propre du petit doigt.......... CS ER CHAPITRE VIIT. — Région antibrachiale postérieure et profonde ....….. D46 ART. I. — Anomalies de l’extenseur propre de l'index... ,................. . 947 ART. IL. — Anomalies du long abducteur du pouce........... DO Odococo nc 002 ART. III. — Anomalies des muscles extenseurs du pouce............. PARA PSL SE | CHAPITRE IX. — Muscles surnumér. de la région postér. de l’avant-bras. 561 ART. I. — Muscle surnuméraire court extenseur des doigts....,,......... 561 ART. II. — Muscle surnuméraire extenseur propre du médius........ Li 310E08 ART. III. — Muscle surnuméraire extenseur de l’annulaire. .......... es 51000 AAT. IV. — Muscle surnuméraire extenseur huméral du pouce.......... on » EL, Arr. V. — Muscle surnumér. extenseur commun du pouce et de l'index... 570 QUATRIÈME PARTIE Anomalies des muscles du Membre inférieur. CHAPITRE I. — Région fessière............. A SOU odpoe BR UO don Ve, ART. I. — Anomalies des muscles fessiers. ..:...,............. Mon De 577 ART. II. — Anomalies du pyramidal........... ee LBDasEe DO D AC enr ART, III. — Anomalies des obturateurs pelviens....... 5250690 MONO boSe a VE ART. IV. — Anomalies des jumeaux pelviens................ Fee 990 ART. V. — Anomalies du carré crural...... 5 soie PET Arr. VI. — Muscles surnuméraires de la région fessière....,,,.... nes lise DE CHAPITRE II. — Région antéro-externe de la cuisse ...................... 601 ART. = "Anomales AU CONIATIPRe 4. e--.c-ssccsshesenet rie . 602 ART. IL. — Anomalies du triceps grural..........s......sssssesssssee 1001 TABLE DES MATIÈRES. 843 ART, II. — Variations anatomiques du sous-crural ...,,....,...,,,....... 611 ART. IV. — Anomalies du muscle tenseur du fascia latæ...,....,..... SR N CHAPITRE IIT. — Régioninterne de la cuisse................ OC CB 2300 1 (614) ART. EAnomaleSs du ArOMINIerNeE En eh ae enesesenee se For eostle 617 ARDe Ir A TomaAles AU PeCENE ee noie ele suvaloiele caen srenile sta atlas ete 618 ART ="Anomalies desttrois adducteurss ns. eue. ne ene 621 CHAPITRE IV. — Région postérieure de la cuisse.............. RO a 626 ART. I, — Anomalies du biceps crural......, FD Dao Le Lana one Dee 627 ART. Il. — Anomalies des demi-tendineux et demi-membraneux..... 101099 ART. III. — Faisceaux surnuméraires tenseurs de l’aponévrose jambière.... (647 CHAPITRE V. — Région postérieure de la jambe................. AAC RE 648 ART. I. — Anomalies des jumeaux ou gastrocnémiens ..,..........,...... 649 ART = Anomaliesidu Muscle SOI AME ME eee sole cree soceses 65% . ART. III — Anomalies du plantaire grêle ...,....,........ DOUTE DOC CON 659 PERD AT OA le TUSPOPMEE ES EE eee sereehesssoe---eece 669 ART. V. — Anomalies des longs fléchisseurs des orteils.......,..... COLE ART. VI. — Anomalies du court fléchisseur des orteils.......,.....,...... 682 ART. VII. — Anomalies de l'accessoire du long fléchisseur. .... Sbédeoneocos 688 ART. VIII. — Anomalies du jambier ou tibial postérieur........ des sebe es eCe 695 ART. IX. — Muscles surnuméraires de la région postérieure de la jambe... 698 CHAPITRE VI. — Région antérieure de la jambe................,.... Ses 02 ART. I. — Anomalies du jambier ou tibial antérieur............,....... V0 ART. II. — Anomalies de l’extenseur commun des orteils.,.,.,.......,... Sat ART. III. — Anomalies de l’extenseur propre du gros orteil...........,.... 719 NAT SIN PAMOMAlTESATIPEdIEUXS ee. ces -e----re-Preec-re-..-.c..e 723 ART. V.— Muscles surnuméraires de la région antérieure de la jambe..... 730 CHAPITRE VII. — Région externe de la jambe ou groupe des péroniers.. 733 ART. I. — Anomalies du péronier antérieur ........ Nas a tete e re eee 73% ART. IL. — Anomalies du long péronier latéral!................. aber 737 ART. III. — Anomalies du court péronier latéral:......................... 741 ART. IV. — Muscles péroniers latéraux surnuméraires ou accessoires; péro- nier du 5e orteil..... Era at A0 Doha e TES ADO UE LOS CRUE 74% CINQUIÈME PARTIE Des anomalies musculaires considérées au point de vue de l’Anatomie générale et de l’Anthropologie z00- logique. CHAPITRE I. — Considérations anatomiques générales sur les anoma- lies musculaires chez l’'homme........................ 159 ART. I. — Fréquence des anomalies musculaires.....,..,............... 760 ART. II. — Hérédité des anomalies musculaires, ............... Me one 769 844 LES ANOMALIES MUSCULAIRES CHEZ L'HOMME. ART. III. — Degré d’'analogie des muscles anormaux avec les dispositions ho- mologues des animaux ...... nshoesreseecee ce erneee ART. IV. — Essai de classification des anomalies musculaires. ............... ART. V.— Des anomalies musculaires chez les animaux............,......, CHAPITRE II. — Variations du système musculaire suivant les races... ART. I. — Sujets nègres disséqués par les différents anatomistes.......,... ART: IT. — Sujets nègres disséqués par l’auteur...:..................... ART. III. — Les anomalies musculaires chez les nègres et chez fes blancs... CHAPITRE III. — Reproduction chez l’homme par l'anatomie anormale de toutes les dispositions simiennes...........,... ; CHAPITRE IV. — De la valeur des anomalies musculaires en Anthropo- logie zoologique ; évolution et atavisme............ : INDEX alphabétique... ..... TO D ET A IR I OT SE PA 819 831 CORRIGENDA Au lieu de : faisceaux fibreux au muscle dans cet espace intérieurement la latissimo-condyloïdeus d'excellents sujets de l’étude une digitation crête peritonéale la franchit normal centesim Bull. Soc. d'Anthr., 1883 au petit doigt interne faisceau externe Journ. de l’Anat., 1883 voir même côté radial du muscle Lisez : faisceaux charnus du muscle dans cette espèce inférieurement le latissimo-condyloïdeus d'excellents sujets d'étude une ou plusieurs digitations crête pectinéale la franchissent normale centésimale Bull. Soc. d'Anthr,, 1884 à l'index externe faisceau interne Revue zoologique de France, 1883 voire même côté radial du membre —————_—_—_—_—_—_——_————pZ Bordeaux, — Imp, G, GouNouiLuou, rue Guiraude, 11, DINDIND So ts JUN | / 1909 QL Testut, Léo 831 Les anomalies musculaires T4 chez l'homme PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY éd, — à F PANNES VINES c'eb3 pisliiiegs - 1Fiñastltnbst: à LS 28) : ”. RATER RES” =" Sn Li ésrspeit ésé Lis:2:1iis) tésés: 1 heat is AL LE Lu nus A, 44 t: ù = er - inas ee ee s ‘à BRIE Si 5 + ; Les : 4e ” 7 FI à RS RExens ESRI: