M ^«^^ B^ LES DON DES ENFANS D E L A T O N E Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from Unïversity of Ottawa' http://www.archive.org/details/lesdonsdesenfancOOserr X.* JB.u- Snilp LES DONS DES ENFANS DE LATONE: LA M U S I QJJ E E T LA CHASSE DU CERF, Poèmes dédiés au Roy. A PARIS, Pierre Prault , Quay de Gêvres, au Paradis» Ghés^ Jean Desaint, rue S. Jean-de-Beauvais» Jacques Guerin, Quay des Auguftins» M. DCC. XXXIV. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DV ROT» PREFACE. T 'Accueil favorable dont quelques perfon- nes ont honoré un Poëme fur la Mufique en forme d'Epître, qui parut en 17 14. édition de Hollande ôc enfuite de Lyon , m'a engagé à le re- voir avec plus d'exactitude , ôc à lui procurer , au- tant qu'il étoit en moi , une nouvelle grâce. Ce Poëme contient une Differtation fur le progrès de la Mui ;, foit en France , foit en Italie > depuis un fiecle ou c aviron : il met dans la balance les Opéra des deux Nations ; il porte une décifion fur le mérite des différens auteurs , ôc propofe le moyen de les réunir dans le véritable point du bon goât^qui doit être le principal objet de la Mufique. J'ai cru que pour rendre cet Ouvrage complet , il falloit reprendre la matière de plus loin, remon- PREFACE. ter à la fource, établir les Principes du Chant, les. Règles de la Compofition en abrégé , la Forma- tion des divers Inftrumens , l'Origine des Specta- cles en Mufique , & conduire enfin la connoi£ fance jufqu'à l'époque où l'Epître , qui a déjà pa- ru , a commencé fon hiftoire. Dans ce defTein l'on ne pouvoit refufer à A- p o l l o n l'Invention d'un Art que tous les fiecles- lui ont accordée. Cette idée fournifïbit une action dans laquelle les Divinités connues entrent na- turellement, fans qu'on foit obligé de perfonni- fier des attributs qui répugnent même dans la Pein- ture , quand ils ne font pas autorifés par la Fable. Pan, TAmour, Pallas, les Syrenes fem- bloient s'offrir d'elles-mêmes à relever l'action d'Apollon , ôc à le féconder dans l'Etabliffement du Spectacle en Mufique.. PREFACE. xj Je dois la première penfée de cet Ouvrage à un petit Poëme Latin compofé il y a vingt ans par une perfonne diftinguée par fes talens. L'idée m'en a paru heureufe 5 ôc j'ai cru pouvoir l'étendre pour parvenir au but que je me fuis propofé, d'expliquer d'une manière fabuleufe la Science des Sons ôc l'Origine d'un Spe£tacle , que prefque toutes les Mufes à la fois s'emprefTent de rendre aufïi amu- fant que magnifique. Le Poëme eït divifé en quatre Chants. On ver- ra dans le premier la Formation de la Voix , la manière dont l'oreille la reçoit , ôc tous les prin- cipaux Elemens de la Mufique enfeignés par A- POLlon, On ne peut s'empêcher d'avouer que ce Chant a plus coûté que les autres par la nécef- fité qu'on s'eft impofée de développer avec net- teté ôc précifion les Principes du Chant ôc quel- xij PREFACE. ques Règles de la Compofition. Je me trouve- rai heureux fi }e parviens à me faire entendre des véritables Connoiffeurs. Le fecours des Remar- ques inftruira fuffifamment ceux dont la connoif- fance eft moins étendue. A l'égard des autres per- fonnes qui n'ont aucune teinture des termes de l'Harmonie , elles auront à efïuyer une cinquan- taine de Vers dont les exprefïions indifpenfables les pourront effrayer; mais on fe fl.ate qu'elles trouveront dans les trois autres Chants des idées plus familières ôc plus connues de tout le monde* ERRATA. Page 16. Vers i. l'envie, life^ l'envi. Page 68. i. lig. des Notes. Lambert, Ufe^ Cambert. Page 70. Idem. Page 154. lig. 14. Italiques, ajeute^&C Majufcuks,. APOLLON- o u L'ORIGINE DES SPECTACLES EN MUSIQUE, POEME. Première Partie. JjaBà* Sculv APOLLON» ou L'ORIGINE DES SPECTACLES EN MUSIQUE, POEME- CHANT PREMIER. | E chante l'art des fons , & le divin Génie j Qui daigna fur la terre apporter l'Harmonie 3 Et qui par un concours de flexibles reflbrts ; Du Concert Dramatique étala les tréfors. A à*= 2. APOLLON, Favorife , Apollon, le zèle qui m'anime; Daigne accepter encor l'hommage de ma rime ; Toi qui donnas la voix aux corps inanimés, . Seconde des tranfports pour ta gloire allumés : Sans le fecours puiûant d'une force fuprême, Puis-je tracer tes loix , & te peindre toi-même ? Viens conduire les traits d'un timide pinceau , Et du plus beau des Arts fais briller le tableau* Dans ÏÏnftant fortuné de cette heure première , Où pour voir du Soleil la naifTante lumière, Pour contempler le ciel , Se la terre , & les mers , Et du monde créé les miracles divers , L'homme eut reçu des Dieux auteurs de la nature De l'oeil qui le conduit l'admirable parure, De la parole encor il en obtint le don j Chant Premier. Et l'art ingénieux d'en varier le ton. Des organes placés fous un canal fonore Furent les inflrumens qui la firent éclore : L'air dans un fein fécond eft à peine reçu , Que le fon aufîitôt fepoufle que conçu, D'un flexible gofier s'ouvrant la trace humide « Se fait entendre au gré du foufle qui le guide. Des mufcles , des tendons au paifage attachés, En bordent les contours plus ou moins relâchés ; S'ils fe ferrent, le fon avec éclat fe lance; S'ils s'ouvrent , il grofîit : de cette différence s Du Grave ou de l'Aigu naît le genre oppofé; Entr'eux fe forme encore un ordre compofé , Dont les accens fuivis , s'élèvent, ou defcendent-, Se détachent par bonds , voltigent , ou s'étendent* Pour l'homme c'étoit peu de parler & de voir 9 Aij 4 APOLLON, Si dé s'oiiir foi-même il n'eût eu le pouvoir : Ainfi qu'aux champs de M a r s la tymbale bruyante Eft infenfible aux tons qu'elle-même elle enfante, Les fons dont la douceur peut enchaîner l'ennui, Inutiles tréfors , étoient perdus pour lui. Mais à fa tête enfin la mère des merveilles En figure de conque attacha deux oreilles : Oeuvre de la Nature & fublime & profond ! C'efl: ici le prodige où l'efprit fe confond: Trois offelets légers que cet étui renferme * L'un par l'autre frappés , trouvent un nerf pour terme* Sitôt que pénétrant ces tortueux détours , La voix jufques au fond a prolongé fon cours , Du même mouvement dont elle fut pouflee > Elle heurté des os la fuite compaffée. Le premier fous la forme & le nom d'un marteau t Chant P remier. N'eft pas plutôt frapé d'un froifTement nouveau , Qu'il le rend à l'inftant dans le même volume ? Au fécond qui le fuit, & qui lui fert d'enclume». Cette enclume à fon tour fait frémir fon foutien ; Là le nerf attaché par un léger lien, De cette impulfion fentant la violence-," Du fon dans le cerveau porte la connohTance; Qui telle qu'en une voûte ou d'y voire ou d'airain. * Retentit , Gardez-vous de penfer qu'errant à l'avanture , Les fons doivent marcher fans règle , fans mefure ; Les pas en font comptés ; les divers mouvemens S'afferviflent aux loix (g ) de deux ou de trois tems. Les fignes compofés, fans en changer l'efpece, Ne fervent qu'à marquer le degré de viteiîè. Chaque Note ( h ) avec foi prefente fa valeur : Deux Blanches de la Ronde égalent la lenteur j Deux Noires & la Blanche occupent même place: Par deux Croches la Noire à fon tour fe remplace : La Croche fur deux parts répand encore fon poids : La Note ( i ) même abfente , a fa marque & fes droits. La Paufe, le Soupir, le Point & le Silence Sont pefés avec elle , & mis .dans la balance. Parcourez , il eft tems , les accens mefurés, io APOLLON, Interrompez , montez , defcendez les dégrés : Heurtez contr'eux le fon d'une baffe immobile : Leur choc ( kj) efl un accord ou plus ou moins facile*. Que l'oreille fevere en juge fainement; Si l'intcrvale plaît & frape finement , Donnez à cet accent le nom de Confonance 5 S'il blefle, ou s'il efl dur , c'eft une Diffonance. Octave , Tierce , Quinte , ( / ) unifiez vos attraits ;: Ofez feules briller dans les accords parfaits. Douce Tierce , du Mode arbitre & Médiante , Votre Corde (m) jamais ne fera trop fréquente 5 Vos Compagnes envain ufurperoient vos droits; Avec peine de fuite on les entend deux fois. La Sixte de la Tierce (») emprunte l'avantage ; La Quarte (0) de fon fort incertaine , & volage, Dépend de fes rapports , Confonante à demi » Chant Premier. ii Et déferte Couvent dans le camp ennemi. C'eiï dans ce lieu fauvage,où Septième & Seconde (/>), De leurs fons difcordans ébranleroientle monde, Si l'art amolifTant leur vive dureté N'en émouffoit les traits de fiel & d'âpreté ; Plus aigres que l'acier que la fournaife allume , Quand par des coups aigus il fonne fous l'enclume. Cependant , des accords que vous voulez unir, Ne croyez ( q ) pas , Bergers , "qu'on les doive bannir: Àinfi que par le miel l'abfinte eft adoucie , Avec le dur accent le fon doux s'aiïocie; Par les juiîes accords les faux tons tempérés , Sauvés avec adreiïe , avec art préparés , Prêtent un riche éclat à l'ouvrage harmonique , Et répandent fur lui le feu du fel att que. 12 APO LLON , MAisc'eft trop vous en dire , & plus que je ne veux 3 Aux Modes naturels il faut fixer vos voeux : * Ne portez pas plus loin vos foins ni votre vue, Par des fons dmonans, vôtre ame trop émue. Contre fon innocence & contre fa raifon , Y trouveroit peut-être un dangereux poifon; Les Dieux feuls à leur gré vertueux, invincibles > Se refervent pour eux ces délices fenfibles. Chantez , qui vous arrête ? & que vos airs nouveaux Faflent mourir de honte ou taire les oyfeaux ; La Nature à leurs chants a preferit des limites ; Les vôtres feuls jamais n'ont de bornes prefcrites> Aux differens fujets docile à Te prêter, Il n'eft rien que le fon n'ait le droit d'imiter ; * Apollon n'apprend point aux mortels les fons tranfpofe's par les Die'zes ni par les B mois , ni les faulTes dhTonances dons la fenfibilité lui paroît dangereufe pour eux, Chant Premier. \^ Des fentimens divers l'organe & l'interprète , Il révèle du cœur l'impreiïîon fecrete. Mais ne vous trompez pas ; il ne fied pas à tous De faire de la voix un ufage fi doux ; Il en eft dont la langue au palais enchaînée , Sous des liens épais paroît emprifonnée ; D'autres dont la voix rauque & l'aride gozier > Rebelles à tous fons ne peuvent fe plier ; Dont le défaut d'haleine énerve la Cadence 5 La Nature à jamais leur impofe filence. Ce don n'efl refervé qu'aux mortels dont le fein Exhale fans effort un foufle libre & fain ; Dont le flanc ferme enfante une voix nette & claire : Qu'ils chantent : que de l'art ils creufent le myftere. Il fuffit : je vouslahTe; affez par ces leçons Des Modes naturels vous connoîtrez les fons. s 1 (ujjle 1E clie lie Harmonique étalent les Degrés . J-&f /lut/ forur dont le dernier n'est que la répétition du premier, et qui -coït ipi isent lËene/le de laJUtisique qu'en appelle Octave, se nomment Ut,Re,Mi,Fa,Sol,La,Si, Ut, , ° O n re ut o v * 9 u_e_ /^LesNotesquipliis loin Érajilgt'eïle cette Enclave , LE tendue de /a noir nestenli/iai fer- mai {que de 14 ou 16 tousses InshiL - ments peuvent aooir j.,3toii q-,Oe- â u h s, nu ru? elles ne son t toutes que la répétition de la p rem ic re O e tare r portent les" mêmes noms et sonu^ vu Liai 'renient a pellekyt les répliques • -• fe) Le s Tons c oralement no i ou t i >&$ Deuis le cours de lOetape use hxutoe teni/cnws dcu// il \ \ >\ v : ' de deiuv torts cl tju'on nomme nui - /curetât le niode mineur- parla Itér- ée fiii/ieu/e oui /ie comprend iju un ton cl. lui ce/nilc7i,Le Ion de C Sol l^lcsl Ic/ncdc/c du //iode //ui/ai/;el le Ion de D .Za/e du //unie i/iu/eur. j ri rn l, i JiusioiTE (ej Pic > du flanc rlc la No (te iiil dieze place. Il 1/ (i trots sianek? de mutation île ,>?// , seanoi/* le Dicz,c auuf'L^S marque % ijui elere /a Note au il p/eccilc (/ un semitou. le B moL> iîtft^l>na/yue'u,qut la laisse a lui pareil Seniîtort,etlù l ciiia/re, qui fhi/: celte marque &f nictlaJSÏolc ' ili/is son étal naturel . ff/Eu tête de la ligue elles doivent s'ilILeoir, les i '/vis Cle/s se ni des supzesqiu peseci < ut commencement dect lignes t le/i y minent / i >rdrë i le iJEi liclle sa || | 1 Clef de C Sol ae de G re Sol JD fait fa Of tl Pointions i/o d&îinur, i/o haute centre do IhiMe de fiasse* (oj S ail eiTilie n t aux L oix de aeiix ou ne trois tenis , Quoi/ au il 'paroisse dans la niusi c/ue ijuantite de mesures, eltejse/vdui- sent toutes a celles c/e a ou de 3 ternÀ et no al ete imapinees que pour maà cjuer plus précisément le dea/é deJ znlesse ou de Ic/itcu/v /es su? nés en sont simplesoic composcs.Lct ^Sto/ies simples sont leC le (Ç la /re et le t s SUJtjL^ JHUSIQX7E, cm/jre Z'.ils marquent la mesure a deiLr tcnus.et le cJiiffîe 3. mamue eelle et bois /cuis. ' Les S uy nés composes cm t deux ont £ pvs l'un sur l autre, Scaooir le ^ et le 3t pcntr la mesu/vaaeuo: h?ms €KJ % 3 3 3 6 6 6 f3 renre^enten/ la n le^^ure a g tenu. (h) C lia que no te ave c loy pre le n te la Valeur . Les Notes se diiûsent e/i rortdeblm e/ie, ncnre, croche , double croehc,et triple croche ;Sàiuie rotule ^raut a - In m eh é, un e blanche 2 noirec vpe/i i in Mit are Eœerrtple p^=F 7w/sn < Ù fi ', in, '\v, 1 . / \ l/n>\ '. h i i ' ti/l e i \ / MUSIQUE 7 Le psi/ il ikùit la modie de la notes ljul le précède , fif/ Leur elxoc eu mi iiee or doit puis ou mollis facile. Tenu? les accords qui entrent aamr la Composition de l'/nirmonic or= duidrc sontma/curs ou muicuizc^ sont nommes cl places de la mritu? ère siuoante . . ■ Eivemnlc ' . œ ï o ■o s ^ -G iiut iriuv 2~.ni meure o^nux retire 3 ' /nirieti/'e j. ''naturelle i*> t> e- 1 U F £ -e e W?ytt?k vfninùut* 6*niti)ietw yt_ jfnit* &? nnuvtl (l) Octave riercc,ct quinte, uiiiisess vo.v &tfxxit$. La Tierce,La i]uinlefel l Oetaoeconi potentiel ce&rdi >< in ail, l i tien \ ? est appellee medianle et f la tjuinteDo fit a h in te, lu n e et L ? a h v De te/ v? i i/ie le m ode, et L i tierce le ren dA'L i/ea / T ouJlfùieur, (m/Votre code .Jamais ne sera trop fréquente , On peut mettre de suite tantde tien ces que Icnijiuje a proposai nen est pas de même de la (hante elle ne peu t estre répétée a uepe 1 i* ni oui ?e •- mentcontnure.'aleaardde lûctare dans aucun cas elle ne peut testre - (n)La Sixte de la Tierce emprunte i auantaefe. Elle ivpresente cj uasi ta tierce, esxs comme elle ma; cure ou mineure et sep lace de Suite , (o)La Quarte de sou fort meer (aine et volage. SUR. LA MTTSiqiJE $ /«i Quarte est muvte;elle peut dstre cotise = liante par raportauec par ties supt yrieures, etJDisse liante pi 1 1 " râpe rt a ùuEkZ&se > (p)Q eit dan»? ce lieu sauvage ou Septième ou Seconde . Lii ovptieme, ou seconde '%fantdèu&L L)issona/ites ij ui font un grand e/ret dans l'harmonie cjiiand elles son tpi *ept 1 1 ves et Sa urées , (ijj ~Ne c rove z p a s L eixre rs cjuoii les doive l>aimir, L*a Composition a douée ob/etiX^J searoir la modulation et l'Iiarn'ie Lamodulation est lart de composer un chant dans' utl mode ou octane, et après t aiwir/ait pas- ser siuvessi renient t la ns dlrerseâCy, cela r es par le secours de la note sensiple^ae le /acre retomher dans '? /:/:// t/iqrrJ:s /( i /un lu ' i /u un ûic par ii \jiu y fa inouuuition a continence . Ilj/ iiaeiicc cspcceo uie wtHlesl un ina/eur, (attira /lïmeuiiLii tierce ' nin/eu/e ij ut cstcmiïposee ae aeitcc tons e&triinc ae Ivtau -Mi /em{ ù mode jîL i /, tu \louil assez varie s il ne soriou^ /'anuiis (/e C'Sôl Ut, on (/cjDZu/v ccdii /ne/ne /noi{e,tl est per/uis iie passer t/cins une iiut/e Octave ou 31ci/eu/e ou Jfineiucce /.nissaoc se /n il nar le /uoi/e/i au/tJJieze eiiruo/i/uiiiue au moae oit Ion suii i^i jtirsrqpis, " coinyoo\%icijtfçt JDiex^c lie tuerie une /h* le ifenstùle aiu conduit /ic* 1 1 \<\>\ 1U VU h Vit le i VU Vit. i II I/IS l' J C - nu A»// Liiui&ftfiu? it& luy.ctcc Se- nu ton scia /ii nnuue!/c Ochioe nu entre le i/ia/il,auisv pa/wvc/u- pie si c'/i uindula/il c/i ( Snl lTl en /au ( c/il/c/* ila/is In nlni/i! u/i Fa ' nui tie Je l/viiue />as n/\/i/nu/e/ncnt i /c r/h •' Il \ */< me d Ut ,le J\ i ■ /i. v i i tjaiitcr la mndiila/in/^ idUt pour c/il/cn i/ii/Ur le ntoilc iln Sol -ci ne i. \d n ' i f< v/ / 1 lu/i il in ii \ c} ru* '* c lu 1& i cl au un/ tic /nu /s les au //es lu/is /ua/ciws nu milieu '/v nu le Criant petit panse/* siicncssiuc/uc/il L'IIannontc coi /a/iuiucnoxi n/ie a place/' des acce/i/s siu* ce ^ C liant /nuduldans les ailfc/n/ilee Octanes, sn il pu un les rnuv sni/^ /* REJlfA TIQUES pour les Instrumens .ou en les rai -, sant, servir d aceomjoijcmemen^ au Cnantpar les Itufrumentc^ harmonique*? coni/ne le Clavecin, léteùtée et aufrcs. Or ilja une Rey le certaine pour placer les acords/a 'quelques cas. . cepà&ns* près que l'uscii/è se* il apprend ) Jl/Ic consiste a scavoir ceucc qui_^_ coniuehnen t a cliaque. note de l Octane dans la quelle \ le Chant module , soit en monta/it soit en destœndant,et soit que le , niode soit majeur ou mineur ; les deuoz eccemples des mode cuit. et de celity de Re qu'on volt ci/ dessous serviront de mode/evour tous les autres modes' nia/eu/\'c ou mineu/x'c au on vent trouver . SITU LA AfUSIOUIl *?; dans la magique . La seulediffieulte n'a tu la pngUi- que est de sentir en ctccobxpa - gnant quand on sort d'u/i tnodô pour entrer dans un auhv a/ tu daplt aiver la reale a la noure/le oela - ue/eest la noie sensible qui en fera appereenoir par le premier . JDie^e ceefraord maire qui se pré- sentera dans le Chant, dans la Basse conlmue. ou dans lesc/uF= 1res de l'aceonipaanenieni ' . ivccj/c de t Octane Ejcefnpte (/a JHode Jlda/au 8 5 G 4 •x 86 8 6 5 5 ? ? ? 6 ê o 5 ■f- ?*6 64 f 8a 5 6 ?4 8 6 G 4 8 ■t % Zf -*--£. ip ! f • « ? î J* > M bc f r i r • ff * • W r jz p> • | .i ±j j I 1 2 i 4 5 6 7 8 a ? 4 5 G 7 8 E.re/nple 8 8 *6 86??l*î+fî 9f Lus7 ^Li*±i£l*!M 8*6 5 6 64 8 £ j iï456782î4567^ 1 II H H APOLLON- o u L'ORIGINE DES SPECTACLES EN MUSIQJJE, ! POEME- ï CHANT SECOND. Els que dans le Primtems les oyfeaux amou~ reux , Enflâmes de défirs , enyvrés de leurs feux, Par les chants les plus doux qu'infpire l'allegreffe , 16 APOLLON, Difputent à l'envie le prix de la tendreffe ; Tels les Bergers épris des harmoniques fons , De Phoebus nuit & jour répétant les leçons j Par des vers confacrés à la reconnoiiTance , Célcbroient de ce Dieu la gloire & la feience. Ces exemples paiTant jufques dans les cités , Et des Grands & des Rois font bientôt imités. Là diverfîté même & du fexe & dé l'âge , Ne fert qu'à redoubler un plus confiant hommage* Minerve fans dépit ne peut voir les mortels Quitter pour Apollon fon culte & fes autels* Elle defeend des Cielix, & la Déeffe auftere Laiiïe échaper ces mots didés par la colère : Quoi donc on m'abandonne ! & mes dons & les arts N'ont-ils pas mérité de plus juftes égards ? Sous l'écorce d'un Pin , fous des feuilles légères , L'homme Chant Second. 17 L'homme du froid cuifant reffentoit les miferes , Je l'ai vêtu ; pour lui , mes foins ont révélé L'art de tramer le lin , après l'avoir filé. Il erroit dans les champs, fans abri, fans azyles; Je lui donnai des toits , je lui bâtis des villes ; Un aliment fauvage affoiblifîbit fon corps , De la terre pour lui j'ouvris tous les trefors. Mais qu'a produit enfin ma faveur épuifée ? Phoebus a tout l'encens, Minerve eft méprifée. . . . Par hazard la DéefTe apperçoit des rofeaux, Qui d'un ruifleau voifin bordoient les claires eaux : Le murmure qu'entr'eux excite le Zephire , Par un nouvel efpoir & la flatte & l'attire ; BannifTons les ennuis qui venoient me prefTer : Ah ! dit-elle , Phoebus , il faut te furpafTer. Tu reglas , il eft vrai , la voix déjà formée , B i8 APOLLON, Je vais faire chanter la plante inanimée Elle dit j & foudain le docile rofeau Devient entre fes doits un chef-d'oeuvre nouveau ; Elle l'applique aux bords de (es lèvres vermeilles ; Il en fort mille fous -qui charment les oreilles. ■Ce plaifir dura peu : le paifible ruiffeau A peine eut retracé fon image dans l'eau , Qu'un trouble la faifit ; fes regards plus timides Lui font voir à regret fon front chargé de rides , De fes fourcils froncés les cercles ravalés , Ses traits nobles & doux par le foufle gonflés ; Elle en rougit de honte , 6c quittant le rivage , Abandonne aux mortels le fruit de fon ouvrage. Cependant au travers des feuillages épais y Les fons avoient percé jufqu'au Dieu des forêts : Chant Second. ip Pan fe levé , 6c furpris fe hâte de fe rendre Vers le lieu d'où le fon vient de fe faire entendre. Au milieu du débris de cent rofeaux épars , Sur le nouvel ouvrage il jette fes regards : Le canal qui le perce également concave , Sous l'empire des mains y tient le fon efclave» Sa tête s'extenuë en courbe Unifiant ; L'autre bout évafé s'ouvre en s'arondiiïant. Sept trous dans un long ordre arrangés par mefure» Divifent de ce corps l'harmonique figure. Le premier plus ouvert, des autres détaché (*) Rend tout l'air qu'il reçoit & n'eft jamais bouché. A ce tendre rofeau le Dieu de l'Arcadie Applique tout à coup une lèvre hardie ; Du Lyrique talent la gloire le faifit : (*) Trou d'une forme quarre'e au-defibus de l'embouchure de la Flûte à bec. Bij 2o APOLLON, ( Sa beauté ne doit point en fouffrir de dépit ) Qu'a-t-il à perdre ? helas ! fa crainte feroit vainc Il prélude, & du bruit qu'enfante fon haleine , Lui-même efl enchanté. Déjà fes doigts légers, Ou levés , ou baiffés , forment des fons divers : De r£chelle à loifir il fonde l'étendue Dans le cahos des fons vainement confondue. Sans peine du ton fombre il diftingue l'aigu. JLorfque par le toucher exacï 6c contigu Tout paflage efl fermé , le ton fe rend plus grave ; S'il s'ouvre , le fon brille ; ou s'élève à l'oftave Si la pince du pouce au deffeus rephé Coupe à fon orifice une jufle moitié. Dans les polirions qu'il invente, étudie, Pan découvre des traits de fîmple Mélodie. Au doigt tremblant le fon commence de trembler. Chant Second. 2î Sur le degré de vent promptes à fe régler, Ses mains dn mouvement fuivent la loi fidelle; Il module avec art une chanfon nouvelle : Non content de l'apprendre aux Echos des forêts , Il en veut dans les champs étaler les attraits. A l'éclat de fes Tons les timides bergères r Xes Faunes, les Syl vains, & les Nymphes légères Volent autour de lui , le fuivent en tout lieux , Et forment en danfant un cercle gracieux* L'émail de mille fleurs fous leurs pas fe déploie,,. Et la terre paroît en treffaillir de joie*. Mais tandis qu'élevé dans fon char lumineux Phoebus fur l'Univers va répandre fes feux,. 11 porte fes regards fur la troupe brillante > Qui livrée aux tranfports d'une joie éclatante * Bii| 22 APOLLON, De Pan qu'elle environne adore les concerts. Il en rit , fon dédain éclate dans les airs Par ce difcours piquant que le mépris infpire. Chef-d'oeuvre incomparable & digne qu'on4'admire ! De s'énerver le fein , pour n'avoir que le fruit De tirer des rofeaux un fombre & foible bruit ; Donnons la voix aux Nerfs, & que le bois raifonne. Il dit. Et le laurier qu'un nouvel art façonne , D'un infiniment nouveau (*) prend la forme foudain. Deux tables de ce bois qu'à refendu fa main , Répondent l'une à l'autre ; & leur mefure égale A la vûë offriroit l'image d'un ovale, Si le trait tranfverfal de deux ceintres rentrans De fon jufte milieu ne recourboit les flancs. Un fupport àl'entour règne & fuit leur figure, Les lie étroitement d'une forte foudure 3 (*) Un Violon. Chant Second. Et de trois corps diftin&s ne forme plus qu'un corps* Par un double fentier l'air s'échape au dehors ; Sur la fuperficie il fe fait une route , Et chaque table exprès en arcade fe voûte Pour lui fervir d'hofpice , & du fonore accent Etablir dans fon fein le principe naiiïant. De ce corps il s'élève un long col , dont le faite D'une Divinité repréfente la tête, Par un docle cyfeau réparée (*) avec foin» Son colier de rubis jette des feux au loin , Et les Clefs d'or maiTif des deux côtés placées r Y brillent par l'éclat des pierres enchaffées- Quatre Nerfs que Latone elle-même a filés Inégaux en groiïeur , par degré redoublés , Se roulent fur leurs Clefs , dociles à s'étendre r Et prompts à fe prêter au fon qu'ils doivent rendre» (*) Terme de Sculpture* Biiij 24 APOLLON, Ils font fur un Copeau (*) légèrement portés , Et plus bas par un noeud fur la queue arrêtés. Pour embellir encor ce meveilleux ouvrage , D'olive & de parfums y mêlant l'affemblage , Il prend foin d'y verfer un baume précieux (f) Qui prête un nouveau luftre à l'éclat radieux De ce Dieu bienfaifant , fource de la lumière. Un Archet manque encor , dont une main altiere PuiiTe émouvoir les Nerfs : Qu'il nailTe du laurier > Dit Phoebus ; que Pegaze accoure y déployer De fon col argenté l'étincelante foie , Rien ne l'arrête plus. Le Dieu comblé de joie, Porte fur ce chef-d'œuvre une légère main. • Aux premiers mouvemens de fon Archet divin , Les ceurs font enchantés, les neuf Soeurs s'atten- driflent, (*) Le Chevalet. (t) Ls Verny. Chant Second. i% La .nature s'émeut , & les forêts frémifTent. Ces fons panent déjà jufqu'aux Béotiens ; Volent de la Phocide aux bords Corinthiens ; Percent l'immenfité des demeures fuprêmes , Et vont dans l'Empirée étonner les Dieux mêmes. Tout-à-coup le Ciel s'ouvre , un nuage doré Porte le Dieu tonnant de fa gloire entouré ; Toute fa cour le fuit dans les airs fufpenduë , Et prête à ce prodige une oreille aiïiduë. Quel ouvrage , dit-il , fut plus ingénieux ! La matière fe meut & s'anime à nos yeux ! Un infsnfible Nerf dont la douceur enchante , Imite fous les doigts la voix la plus touchante. L'attitude du Dieu le ravit , le furprend ; Tous admirent fon air majeflueux Se grand ; Et comment d'une main l'audace foudroyante 26 APOLLON, Ebranle fous l'Archet la Corde réformante , Tandis que répondant à fes heureux efforts , L'autre preiïe , modère , enfante les accords. Sous un nuage épais le tyran de Cythere L'Amour dormoit panché fur le fein de fa mère : A ce bruit il s'éveille, & demi lant fes yeux, Va porter de plus près (es regards curieux. Phoebus impatient fourrre à regret fa vue ; Il connoit d'un enfant la main peu retenue ; 11 le fuit ; mais envain : l'Amour pofe cent fois Sur les Nerfs réfonnans fes téméraires doigts ; Il interrompt le cours des divines Cadences ; L'accable imprudemment d'importunes infiances. Phoebus alloit céder au feu de fon courroux : L'Amour ufant enfin d'artifices plus doux ; Moins vif, plus refervé , le flate , le careffe. Chant Second. 27 Ne fuis-je plus , dit-il , le Dieu de la tendretfe , Dont ton ame fenfible a fignalé les traits? De ton art, Dieu puiflant , apprends-moi les fecrets : Par le prix de mes feux , par ta flamme féconde , Par les bienfaits communs dont nous comblons le monde, Ne me refufe pas un don fi précieux , Dont le pouvoir enchante & la terre & les cieux: 11 peut contre les cœurs échapés à mes charmes , Devenir ma reflburce & mes dernières armes. L'Amour fupplie envain ; ks vœux font fuperflus : Il ne changera point les décrets de Phoebus. La Lyre, répond-il, n'eft point faite à l'ufage D'un Dieu qui des humains énerve le courage ; IElle ne doit fervir qu'à chanter les Héros Vainqueurs de la molefle , ennemis du repos , 28 APOLLON, Dont les noms font gravés au Temple de Mémoire ; Ou qu'à chanter des Dieux les bienfaits & la gloire. II dit. L'Amour fe tait , & fe rend attentif; Mais c'eft pour fe venger. Avec un oeil furtif II obferve les Tons, la fuite des Cadences, Les Modes tranfpofés , les faufles Diffonances : (Myfteres jufqu'alors dks mortels ignorés) Ses perfides deiïeîns ne font point pénétrés. Phoebus cefîe. Les Dieux dans le célefte empire Vont en hâte marquer une place à la Lyre. À leur fuite l'Amour ne porte point fes pas ; II veut de fon larcin étaler les appas , S'échape , & dans les airs prend un vol plus rapide Que l'oifeau pourfuivi par le Vautour avide. / Lùrcia de l lAnwui\ Mode Ma/car. LeJIodcfe c{cJIoc{cJIa/cu/: est le to/i c/cCSs/ ul.il/iSiu/7iafuu. ni Diette*? /u fî mour au co/unien- çcn\cnt<{e /a Clc/\ Tt>7Lùlf(l/C((/y 7/u/ur/?asc\r pa/* les Jlcc^cc^ n n -^ u iï &*- o- &*^re x: e- ■e -e- C Sol at . G /v Soi . J) /a /v : -Q- Q: gp .,oupe7Tu — mm r*- 8 „.Q H £ 2 fr O -e- ai/iilii . JE si //u , P> /a iH Toiuf JHq/eurs Jiodelc. v m -e- 9? ■G- P:iLû. t=n=ï Pô 0 3 ÎZ ^J* £, /< l ; H, /i l , tfl EA ysc ytru ■G- f- -JQ_ 9f >-e- _^ 4miL 1), la,t?,B mol 3 ModeJdineuyi: J^ejldodele aujMoae Jrlinea/^ e>/ «£\ * 4 Tons Muicans Tîujmvoscs par œsB mois JCL -e- m—n^ 3h^> & XL t e- ■e- P2 > — e- 13 la re. Cr're jol . C Sol ut . t 1 rnrr Si! ^ ^ e— e- XL ■e- jFitc ^Jxi . J5 ici ifi . JÏji un D m E*52 gnxiig ZI PO s FP7 ^~^ : °~~~ 2e. dim . 2? Sup . ^fdim.Sf Sttp. 4.?dim 4? Sup m- XG *ë s*e — Le mé- ? dan , S Sup. ft dan ' • rV j;?n . S1'. Sap APOLLON- OU L'ORIGINE DES SPECTACLES EN MUSIQUE, POEME- CHANT TROISIÈME. U i pourroit échaper aux rufes de l'Amour ? : 1 fie plus d'une fois au brillant Dieu du Jour Eprouver de fes traits le pouvoir invincible j On lui réfifte envain , tout lui devient poffible. 3o A?0 LLON y AfTùré du fuccès , il fend au loin les airs , Parcourt en un infiant mille climats divers , Jit fans cefle rempli de traits de Mélodie , Va tomber en chantant aux bords de la Lydie. C'eft là que le Pactole (*) en fon lit révéré Pvoule fes riches flots fur un fable doré , Depuis que déteftant une grâce importune , Mydas y dépofa le poids de fa fortune. Pan la flûte à la main chantoit le doux repos ; L'Amour fourir. , l'aborde , Se lui parle en ces mots : Honneur au Dieu des Bois , qu'en ces lieux on révère : J'abandonne les Cieux, & le fein de ma mère, Pour marier ma voix, s'il fepeut, à tes fons, (*) Les Poètes ont feint que Midas, après avoir reç/i Eacehus ches lui , & lui avoir reftitué Silcne , lui demanda pour recom- penfe le pouvoir de convertir en or tout ce qu'il toucheroit; ce qui lui fut accorde'. Il ne tarda guère à s'en repentir par rimpoïïibilité où il fe trouva de prendre aucune nourirure : Bac- chus en tut pitié', 8c lui ordonna de sfe baigner dans le Pactole où il laifia fes vains tréfors : d'où les Poètes ont imaginé que fen fable c'toit d'er depuis ce tems-là. Chant Troisième. 31 1 - - - ■- 1 1 Et faire retentir ces bords de nos chanfons. Grand Dieu ! s'écria Pan , qui jamais l'eût pu croire ? Depuis quand l'art du Chant fert-il à votre gloire ? Manque-t-il à l'Amour encor quelques attraits ? . . . Moi! pour percer les coeurs, puis-je avoir trop de traits? Reprit ce Dieu ; Phoebus à mes defirs contraire , Ofa de ce grand art me cacher le myftere : Je reçeus cet affront à la face des Dieux , Quand du bruit de fa Lyre il remplifibit les Cieux ; Mais j'ai fçûm'en venger : une jaloufe adrefle Malgré lui de ks fons lui ravit la fmefTe ; L'Amour au Dieu des Bois efï prêt d'en faire part : Des Modes réfervés aux feuls maîtres de l'art Je puis te révéler la route Cromatique. (*) Pan écoute; l'Amour en ces termes s'explique : (*) Le genre Cromatiqne eft le fec ma des trois genres deMu- fique qui abondent, en femi-tons 15 mois. 52 'APOLLON, Les fons d'un pas égal ne doivent point marcher; Trop d'uniformité celle enfin de toucher. Le fentier rebattu de l'Echelle ordinaire Ne fçauroit infpirer qu'un ftile plagiaire , Où s'épuifent le goût , les fentimens & l'art. Le Dieze ou B mol y brillent par hazard. Apollon aux mortels en montra l'avantage; Mais aux Tons Naturels il en borna l'ufage. l\ cela des fons fiers (*) la fenfibilité. Ses fecrets fans réferve aux Cieux ont éclaté : Je l'ai vu parcourant des routes tranfpofées (f) Répandre fur les Tons des grâces déguifées. (*) Sons tranfpofés par les Diezes ou par les B mois, & les faufTes DifTonances qui font les accords diminués ou fuperflus. Voye2 les Remarques dans la planche gravée à la fin du fécond Chant. (t) Les divers arrangemens des Diezes & des B mois dans le cours de TOtStave , quoique toujours réduits fous le Mode ma- jeur ou mineur , produifent une grande variété dans la Mufique , & augmentent infiniment par leurs tranipofitions l'expreflion ou la fenlibiiité des Sons. Chant Troisième. 33 A l'aide du Dieze offrir des fons perçans , Sous les tendres B-mols emprifonner les fens à Et par l'expreflion ou languiffante ou vive , Expofer fçavamment une image naïve. Profitons à loifir d'un vol fi précieux ; Que du touchant B mol l'effort victorieux - Porte dans tous les coeurs de fènfibles atteintes ; Qu'il charme les ennuis , qu'il difïipe les craintes , Et d'une amante fiere étouffant les rigueurs , Lui faffe en fa défaite éprouver des douceurs. Que du Dieze vif le Mode plus rapide Allume des defirs dans une ame timide ; Excite la vengeance , & les foupçons jaloux ; De l'amant maltraité reveille le couroux ; Ou des plaifirs , des jeux , des ris & de la danfe C 34 APOLLON , Faiïe briller l'éclat & la magnificence. Il die: Pan devenu difciple de l'Amour, •Sur les Modes divers s'exerce tour à tour. Exténuant le fon de la voix ralentie , Déjà du ton complet il fraude une partie ; Fait naître les B-moIs furies Tons différens; Les aflervit au mode , en diftingue les rangs ; Ou faifant du B-quarre un ufage contraire, Rétablit le Degré qu'un B-mol fçût fouitraire. Par des Sons Diezés forme un Mode Majeur, Et redonne à fes chants une mâle vigueur. L'Amour à fes accens mêle fa voix touchante , * Place entre les accords la corde diUonante : Ses airs palTionnés, fes Tons, fes Mouvemens , Développent du coeur les fecrets fentimens. Les plaintes , les foupirs , les pleurs , & la tendrefle 7 I Chant Troisième. ^ Les rapides excès de l'amoureufe y vreiTe , Les doux emportemens , les mourantes langueurs , S'y peignent à l'envi des plus vives couleurs. Si l'ame a trop langui dans un long Pathétique , Il la reveille au fon du genre Enharmonique (*) , Excite les tranfports de joie & de plaifir , Rapelle les ardeurs , ranime le defir ; Par les malins rapports d'un chimérique outrage , Allume les foupçons de la jaloufe rage ; Et fous le mafque affreux d'un cruel defefpoir Dépeint ce que l'enfer invente de plus noir. C'est ainfi que l'Amour au fein de la Lydie Porte dans tous les coeurs le trouble & l'incendie. De fes Tons tranfpofés la gloire & le renom (*) Le genre Enharmonique efl le troifiéme des genres qui abondent en Diezes , qui font les moindres divifions fenfibles du Ton. Cij 36 APOLLON , Du Mode Lydien (*) leur confacïe le nom. On n'entend retentir fur les bords du Méandre Que des fons infpirés par l'ardeur la plus tendre. Lycidas abandonne à la fureur des loups Ses troupeaux autrefois fon plaifir le plus doux ; Il n'elT plus occupé que du defir de plaire : Un feu fecret le preiTe , il languit à le taire ; Pliilis qui s'effrayoit au feul nom de l'amour , Sous le voile des Sons le prononce à fon tour. Elle chante fes loix , révère ^s maximes , Croit qu'Amour fur fon coeur a des droits légitimes , Et ce que n'a pu faire un hommage obftiné Eft le fruit imprévu d'un air paffionné. L'amant qui languifToit dans une ardeur fldelle , Court à l'appas plus vif d'une flame nouvelle; (*) Le Mode Lydien eft un des douze Modes des Grecs : il eft propre aux Chants graves, lugubres 8ç paiuonnés. Chant Troisième. 37 Son amante irritée en brûle de courroux , Elle cède aux fureurs de fes tranfports jaloux > En Sons impétueux fon défefpoir s'exhale :„ Elle eft prête à percer le fein de fa rivale Tout aime, tout foûpire , en tout âge ,, entout tems ; Les jeunes cœurs plutôt entrent dans leur printems , Et l'on voit dans les jours de la faifon glacée Sous les rides renaître une {lame infenfée. Des Sons fi féduifans, de fi tendres attraits. De l'Amour triomphant étendent les progrès. ; Ils corrompent déjà les villes de la Grèce : Les peuples dans le fein d'une indigne moîefle, Enyvrés dèplaifirs , fous le poids des langueurs 5 De l'Afie effrénée adoptèrent les mœurs.. On n'y reconnut plus cette valeur guerrière » Cil] 38 APO LLON , Qui dans les jeux de Mars franchifibit la barrière ; Sparte feule (*) fîdelle à (es aufteres loix , Du dangereux Amour écoute moins la voix. Dans les Cieux cependant la fçavante Déefie Qui préfide aux beaux arts , enfans de fa fagefTe , Ne voit qu'en frémiffant les Grecs efféminés Languir dans le repos qui les tient enchaînés ; La vigne fans culture , & la terre infertile , Ne produire aux humains qu'une plante inutile. Elle en gémit , foûpire , & contre cet abus Se hâte d'implorer le fecours de Phoesus. Sur les bords verdoyans du paifibîe Tenare (f ), Où le laurier épais dont la terre fe pare , (*) Les Spartiates avoient banni de leur République le Mode Cromatique, comme une Mufîque trop molle 6: trop efféminée. (t) Promontoire de la Laconie fort avancé dans ia mer. Chant Troisième. 39 Forme avec l'olivier l'ombrage concerté , Ce Dieu fuyoit l'éclat de la divinité : La Déeffe l'aborde & lui porte fa plainte. ( Sa vaine jaloufie en; déformais éteinte. ) Souffrirez- vous, grand Dieu, que Pan joint à l'Amour Par de molles Chanfons énerve chaque joui: Les mortels devenus inutiles au monde ? Eft-ce ainfiqu'à vos voeux vous voulez qu'on réponde? Servez-vous mieux d'un art par vous-même inventé > Rappeliez dans les cœurs la noble activité ; Faites revivre en eux les fentimens de gloire , Qu'infpirent les combats , qu'enflâme la vi&oire ; Affmxz à vos dons un immortel honneur. .... Je vois trop de l'Amour la jaloufe fureur , Dit P h oe b u s , aux dépens de toute la Nature, De mon jufte refus il croit venger l'injure : Ciiij 40 A P 0 L L 0 N, Pour l'en punir , DéefTe , agiffons de concert; D'un remède nouveau le fecours m'efi offert ; A la force bientôt les cœurs vont fe foûmettre , C'eft à la fœur de Mars (*) que je le veux remettre. Le Dieu parle , commande , & d'abord à fa voix Le dur- airain s'allonge & fe creufe à la fois ; Il prend Se la figure Se le nom de Trompette , Et rend des Sons bruyans -qu'au loin l'Echo répète. Bcllone vient, l'embouche -, & court de toutes parts Raffembler fur fes pas tous les peuples épars. Tout cède aux fentimens que la DéefTe infpire ; Il n'eft plus de mortel qui d'un fatal délire , Par de cuifâns remords reconnoinant l'erreur, Ne brûle de donner des marques de valeur. Déjà les Lydiens foirent de leur yvreiTe : (*) Bdlone eft la fœur de Mars Se celle qui conduit Ton char. Chant Troisième. 41 L'Amour oppofe en vain fa voix enchantereffe ; Les Grecs dans l'indolence, oilifs & defarmés,. Rougiffent de fe voir de mirrhe parfumés: Ils quittent ces banquets où la délicateffe D'un goût voluptueux nourrLToit la moleffe ; Ils détellent l'Amour , fes feux féditieux , Ses maximes , fes loix , fes vers licentieux ; Les feuls accens guerriers leur préfentent des charmes. Ils chantent Mars, Bellone, & parés de leurs armes, Secondant fans deffein & Phoebus 8c Pall.as, Ils ne refpirent plus que guerre , que combats. Tout effc changé. L'Amour ne reçoit plus de fêtes ; Il voit évanouir fes nouvelles conquêtes ; Ses autels font deferts. Il part , 8c furieux Au défaut des mortels , va corrompre les Dieux. Trois Soeurs parleurs beautés également fameufes, 42 APOLLON, Du tyran fédudteur élevés orgueilleufes , Filles (J'Achelous (*) , feules dans l'Univers Ofent vanter encor les amoureux Concerts ; De leurs folles Chanfons rien ne les peut diftraire5 Avec moins d'indécence on les chante à Cythere. Quel malheur les menace , & quel fera le fruit Des impures leçons dont leur cœur eft féduit ? (*) Achelous eft un fleuve de l'Epire qui tire fa fource duPin- de: on le fait père des j.Syrenes qu'il eut de la mufe Calliope» APOLLON- o u L'ORIGINE DES SPECTACLES EN MUSIQUE, POEME- CHAl^T QUATRIEM E. E déplorable fort du Dieu de la Tendrefle , La honte qui le fuît en fortant de la Grèce, Des Syrenes (*) fans ceiTe irritent les fureurs ; (*) Noms des trois Syrenes: Lyfie touchoit la lyre, Lœucofîe la flûte , & Parthenope chantoit. 44 APOLLON , Elles épuifent l'art de féduire les cœurs. Phoebus avoit donné des leçons àLysiE; Pan plaça fçavamment les doigts de Loeucosie; Et Parthenope enfin par les foins de l'Amour , Poffedoit du beau Chant l'élégance & le tour. De leurs divins accords redoute la puiflance y Pallas , ne tarde plus , viens , hâte ta vengeance» Les mortels pourroient-ils refifter à des yeux Que rendent plus puiflans les leçons de trois Dieux i La Déefle connoit le péril qui la prefle > Elle obferve leurs pas , elle les fuit fans cefle. Un jour que fur la mer feules , en fureté , Ces Nymphes fe croyant en pleine liberté , Chantoient du fol amour les dangereufes fiâmes » S'applaudiflbient des feux allumés dans leurs âmes, Chant Q_u at rie'me. 4J Sans rougir hazardoient d'un Chant efféminé Le flile corrompu , le fens empoifonné , Un efquif tout à coup à leurs yeux fe préfente, ïl porte une Inconnue. A fa taille impofante , A fes fourcils altiers armés d'aufterité , Les Syrenes en vain oppofent leur fierté , Leur lançant des regards où la flame étincelle , Nymphes, Quai je entendu ? quelle audace, dit-elle 3 Vous force d'exhaler une coupable ardeur ? D'un Sexe révéré ménagez mieux l'honneur : Songez que la vertu , la pudeur, la fageffe, •Sont le plus riche éclat dont brille la jeuneffe. . . . Eh qui vous a chargé , s'écrie une des Sœurs , Du foin de réformer & nos chants & nos moeurs ï Frefle jouet des ans qu'a glacés la Nature , Pour qui vous eft fournis , gardez votre cenfure ; 46 APOLLON, Eft-ce à vous d'attenter à notre liberté ? De l'Inconnue ainfi le confeil rébuté , Devient des autres Sœurs la fable & la rifée. Sous un vêtemens Grec Minerve déguifée , Change aufîi-tôt de forme : une vive clarté L'offre dans tout l'éclat de la divinité. Ses yeux étincelans annoncent fa vengeance. Déjà le cafque en tête elle levé la lance : La févere Pallas ne s'arme point en vain : tlle en frape l'efquif. A l'effort de fa main II va , revient cent fois de la poupe à la prouë , Plus vite que l'éclair fur l'onde il fait la roue , S'enfonce, difparoît: la mer qui l'engloutit, Des malheureufes Sœurs cache un tems le dépit. On les revoit enfin; mais ( fatale avanture! ) Déjà leur corps d'un monftre expofe la figure , Chant Quatrième. 47 La moitié refte Nymphe , & pour fendre la mer L'autre prend d'un poiffon & l'écaillé & la chair. Dès qu'il leur efl permis de revoir la lumière , Leur honte à fon afpecl fe montre toute entière. Elles n'ofent s'offrir aux regards de Pallas , La frayeur les faifit : après mille combats , Le défefpoir les force à fe plonger dans l'onde » Leur ouvre dans l'abyme une route profonde ; Et lorfque fous le poids de mille maux foufferts » Elles ont traverfé l'immenfité des mers , Elles fixent leur courfe , & fe font voir encore Aux bords Siciliens de l'orageux Pelore (*). Là fe livrant fans ceffe aux cruels déplaifirs , A peine elles pouvoient traîner de longs foupirs. Tant de malheurs long-tems les rendirent muettes. (*) Le Pélore eft un promontoire de Sicile ou l'on a cru que les Syrenes s'étoient retirées. 48 APOLLON, Apollon a pitié de leurs peines fecretes. (Minerve vainement s'y voudroit oppofer) Par ces mots confolants il vient les appaifer. Il elt tems d'adoucir votre douleur ameré » De votre impieté vous eûtes le falaire ; Mais en faveur d'un art dont j'inventai les Ioix , Je vous rends pour jamais le charme de la voix} Reprenez vos talens : je reflentis moi-même A vous les prodiguer une douceur extrême ; Mais n'abufez jamais d'un art fi précieux : Célébrez les vertus , les Héros & les Dieux -, Chantez du charte Hymen les douceurs légitimes * Ne rendez point vos Chants complices de (es crimes: Que formé des liens d'un amour vertueux , 11 n'y préfente point de feux inceflueux : Fuyez Chant Du at rie me. 49 Fuyez avec horreur fous d'indécentes rimes , D'un amour effréné les honteufes maximes. S'il cft tems de céder à la confiante ardeur , Qu'elle foit aiTervie aux loix de la pudeur. C'efl ainâ* que des fens faifant un pur ufage , Vous fçaurez des vertus relever l'avantage : Et pour les embellir de plus riches attraits , Je vais encor plus loin étendre mes bienfaits. Je prétends dans ce jour fur la Lyrique fcene Aux Harmoniques loix foûmettre Melpomene : Je veux qu'avec éclat elle expofe en ces lieux D'un tragique deffein le nœud judicieux. Circe' , qui de mon fang a reçu la naiffance , Va du magique effort fignaler la puiffance : Au foufle de fa voix on verra fur les eaux Eclore tout à coup des Spe&acles nouveaux : D yo APOLLON, Apprenez l'art du Chant aux Tritons , aux Naïades , Que Pan, que les Sylvains , les Nymphes , les Dryades Répondent du rivage , & par un fécond chœur Joignent des Chalumeaux l'attraïante douceur. Mais ce n'eft point ailés : qu'une troupe légère Vienne encor dans chaque acle offrir fon miniitere ; Les Ballets au fujet prêtant mille agrémens , En fuivront le progrès & les évenemens ; Des Vertus ou des Dieux célébreront la gloire, Orneront d'un vainqueur la célèbre vicloire , Peindront les noirs efforts du pouvoir enchanteur, Des Enfers évoqués le charme féducleur, Les Songes effirayans , les funeftes préfages , Les Affauts , les Combats , les Vents & les Orages, Les Grâces , les Plaifirs , les Amours & les Jeux , Et l'innocente paix des Bergers amoureux. Chant Quatrième. yi »-—■!-■ ' ■■■■—■■- ■ !■ ■■■-■■■ Ml ^-— — ■■ . ■■-■,.■ Vous verrez une Nymphe unir à la juftefïb De fes pas mefurés la grâce & la finefTe ; Une autre avec vigueur s'élever dans les airs, Pour y faire briller des battemens divers : De leurs bras balancés la contenance active Donner à la cadence une expreffion vive. On croira dans leurs pas aiïujettis au Chant, Lire tout ce qu'exprime un langage touchant. De tant d'objets divers la Sicile étonnée , Verra de tous côtés fa rive environnée ; Les Dieux même du ciel , de la terre , & des mers , Ne dédaigneront pas d'honorer vos Concerts : Et cet heureux effort du talent Harmonique Soumis aux fages loix de la Mufe Tragique , Dans les fiecles futurs un joue éclatera Sous le faite pompeux & le nom d'OpERA. D ij 52 APOLLON, II dit , & dans l'inftânt -part & perce la nuë ; Tel qu'un trait lumineux il échape à la vue : Les Syrenes aux jeux courent fe préparer , Et le miroir en main (*) elles vont fe parer. Cependant fur l'émail delà plaine liquide S'élève tout à coup un fpe&acle fplendide , C'ell le £icré Vallon (f). Les lauriers arrangés Tracent arriltement des détours ombragés. Ils offrent à la Scène un vafte & long efpace : La fontaine facrée en cercle les embraûe ; Les bords en font parés de tréfors éciatans , Et préfentent aux yeux le plus riche Printems. Au loin du double Mont naît le fuperbe faîte , Les neuf Soeurs de leur maître y célèbrent la fête. (*) On peint ordinairement les Sy renés un miroir à la main, (t) Prologue. Chant Ou at rie m e. j-£ Polymnie exhalant des fons pleins de douceur-, Ouvre par une Fugue un magnifique Chœur.. Les Nymphes de la Scène aufïï-tôt y répondent : Leuis accens mefurés fçavament fe confondent , Et font avec éclat retentir le Vallon Des bienfaits, de la gloire, & du nom d'ApoLLON. Mais que vois-je ? le Mont s'abîme dans les ondes : Du noir Dieu des Enfers les demeures profondes S'ouvrent pour élever un théâtre nouveau ; Le Soleil n'oferoit y porter fon flambeau» A la lueur des feux qui percent les lieux fombres , On voit de tous côtés errer de pâles ombres* Qui d'un fleuve bourbeux environnant les bords, Vont chanter de Pluton les amoureux tranfports. Un palais fomptueux de îtnx&ure divine D u'i 54 APOLLO N , Sous fes fombres lambris recevra Proserpine: Tout confpire à calmer fes douloureux regrets , A lui faire oublier la Sicile &Cere's, Par des danfes, des jeux, la noire Cour s'aprête A chanter de fon Roy la nouvelle conquête. Melpomene a pris foin de traiter fagement Les caufes , les progrès de cet enlèvement. Aux peuples de Sicile exprès elle préfente Des objets dont l'hiftoire eft encore récente (*). Quels traits pouvoient jetter plus de trouble en leurs fensf Il n'en eft point pour eux de plus intéreffans. Polymnie alliant les vers à la Mufique, A fécondé l'effort de la Mufe Tragique. Parthenope leur offre un utile fecours, (*) On croit affes communément que ce fut dans la Sicile que fe fit l'enlèvement de Proferpine , ck c'eft par cette raifon que Melpomene en choifit le fujet prcferablement à tout autre. Chant Ou at rie me, $$ ^»— — — — *— ■ ■— ■■ ■ ■■■■■!■■■■■ ■ tmâm — — ■ i^— — wmm ■— ■ De l'ouvrage Harmonique elle guide le cours : Tout fe foûmet au joug que la Syrene impofe , Les Mouvemens , les Tems , le Silence , la Paufc, Tout fuivra de fa main le ligne impérieux. Les Nymphes , les Tritons , de l'Art Mélodieux Ont acquis la jufteiTe 6c le goût méthodique. Proserpine brillant dans un air Pathétique, D'un éminent Défias y file les accens; De fa voix indifcrete (*) & de fes fons perçans Ascalaphe remplit la voûte ténébreufe. Pluton dans les tranfports de fa name amour eufe , Elance defon fein des Sons forts & nerveux, Pour les précipiter dans un Sonore creux. Il pourfuit Proserpine ,, il foûpire , il la preHfe ; (*) Jupiter avoit promis à Cerès de lui rendre Proferpine en cas quelle n'eût rien mangé dans les Enfers ; mais Afcalaphe inJifcretement ayant dépofe qu'elle avoit goûte' quelques grains de grenades , elle fut condamnée à époufer Pluton 8c à reiter a- vec lui la moitié de l'année» Diiij L A MUSIQUE- EPITRE EN VERS D I FI SEE EN QUATRE CHANTS. Tfoifiéme Edition , revue , corrigée, & augmentée. L A MUSIQUE- EPITRE EN VERS D I V I S E* E EN QUATRE CHANTS. < CHANT PREMIER. Ous verrai-je toujours d'un efprit prévenu, Blâmer un goût , D a m i s , à vous-même inconnu ? Tranfporté de colère au feul nom de Cantates , 62 L A MU S I 0_U E, ■— — JE , ■ De nouveaux Opéra, de Motets, de Sonates, Vous devenez l'effroi des modernes Auteurs , Et rien ne peut contr'eux modérer yqs fureurs. Quoy quitter, dites-vous, dans leur verve infenfée, La route par Lully fi fagement tracée ? De l'Art Harmonieux il donna des leçons , Il fçut à notre Langue accommoder les Sons ; Jamais on ne le vit plein d'une folle audace , Par des Chants dénués ou de force ou de grâce 9 D?un vers trop répété rompre la liaifon , Ou fur le même mot voltiger fans raifon. Loin de nous ces Auteurs dont la fiere Italie , Etale vainement la fçavante folie. Chés eux tout eft extrême , & jamais le bon fens , Ne régla leurs defTeins ou trop vifs ou trop lents. Leur Sonate à Lully n'eût paru qu un Caprice , Chant Premier. 63 Propre à former la main par un vif exercice , De Sons impétueux un bizare cahos , Qui fans toucher le coeur en trouble le repos. Que n'eût point dans ce genre enfanté fon génie , S'il n'en eût dédaigné la frivole manie ? Son goût nous doit fervir de modèle & de loi; Lully feul en un mot a des charmes pour moi. Rêverons , j'y confens , fon art «Se fa mémoire : D'un (iecle fioriflant il étendit la gloire ; Sage difpenfateur des Harmoniques Loix, Il fonda la grandeur du Théâtre François. Que fur le double Mont il ait le rang fuprême ; Mais le refpefl qu'infpire une beauté qu'on aime , A-t-il droit d'attirer d'injurieux mépris A toute autre beauté qui peut avoir fon prix ? 64 LAMUSIQ^UE, Non, non , difpenfez mieux votre amour, votre haine, Que la droite raifon foit votre loi certaine; Et fans vous prévenir contre un auteur nouveau , Pefez ce qu'un ouvrage a de foible , ou de beau. Chez nos (impies ayeux une Mule fauvage Du Chant tendre & touchant ne connut point l'ufage; Des moindres libertés fcrupuleux ennemis , D'un art dur & ftérile efclaves trop fournis, Les Auteurs ignoraient l'effort de l'Harmonie. Un Contrepoint forcé reflerroit. leur génie; Les Cantiques facrés , les Plaintes des amans , Languifîbient fous le poids des plus lourds mouvemens. Tels furent de Lassus les ouvrages antiques, Des jeune & vieux Claudins les Ballades gotiques, Les Trio d'AucouTEAUx fur les vers de Mathieu, Où Chant Premier. 6y Où les mots furannés placés hors de leur lieu , Immolant la raifon aux plus barbares rimes , Etalent follement de pieufes maximes. Boisset fut le premier qui le fiecle pane , Compofa des chanfons d'un ftile plus fenfé ; De traits pafïionnés il peignit la tendreffe ; Dans ics Bacchiques Jeux il fèma l'âllegrefîèi Le Camus pour féduire & le cœur & les fens j N'exhala que des Airs plaintifs & gémiffans , Et des tendres oyfeaux empruntant le langage , De (es nouveaux Prïntems introduifit l'ufage. Lambert j qui les fuivit , fur un ton doucereux Dans le bel Art du Chant les furpaffa tous deux 3 Il fit porter des Sons conduits avec prudence , Apprit à foutenir , à battre la Cadence : Par des Doubles fréquens il exerça la voix > E €6 LA MUSIQUE, Il la (eux. rendre ferme & légère à la fois. Mais ainfi qu'au défaut de beauté naturelle , Des charmes impofteurs font briller une belle , Ses Airs n'ont ébloui que par un Chant fardé ; Sur l'Art de les chanter tout leur prix eft fondé : La Baffe n'eft jamais jufle , ni régulière , Ses Doubles font marqués à la même manière , Et malgré fon Recueil que Ballard vendit cher , Phoebus a décidé qu'il n'avoit fait qu'un Air. Tel fut le goût François dans fon adolefcence, Lorfque pour relever l'Harmonique Science, Le Dieu du facré Mont fît naître un favori (*) , Aux bords Etruriens par les Mufes nourri , Qui plein de leurs tranfports, guidé par Polymnie (f)* {*) LuIIy. (t) Mufe de la Mufique. Chant Premier. 6y Fit éclater le feu de fon rare génie. Un Infiniment fécond (*) jufqu'alors avili , Sous fa brillante main fut bientôt ennobli : Dès les premiers elTais de fa veine fertile , De l'éclat de fes Sons il éblouit la Ville ; Et produifit enfin à la Cour de LOUIS, Dam l'Art de compofer (ts talens inoliis. La Cour fuperbe alors dans fa faifon fleurie Goûtoit les doux attraits de la galanterie : De naiffantes beautés attiroient chaque jour Des fêtes à l'Hymen , ou des jeux à l'Amour. Un Roy jeune , puirlant & tout couvert de gloire , Sans cefle couronné des mains de la Victoire , Pour déîafler fon bras de fes travaux guerriers , O Le Violon. Eij *8 LA MUSIQUE, Dans le fein des Plaifirs dormoit fur fes lauriers, Ses combats , (es affauts , fes brillantes conquêtes Donnoient un vaile champ à d'éclatantes fêtes. Batiste ofa former l'ambitieux projet D'exprimer.par des Chants un Tragique fujet; Et paré le .premier (*) du Cothurne Lyrique Apprit à déclamer , à parler en Mufique» Polymnïe en frémit : Dieux ! dit-elle en couroux 9 ^'entreprend cet ingrat, de ma gloire jaloux f Elt-ce par ton aveu, Phoebus , que Melfomene Veut s'alTervir mes Sons pour briller fur la Scène ? Prétend-elle , ufurpant de tyranniques droits , Malgré moi me forcer à lui prêter ma voix ? Mais quel mépris, ôCiel! quelles Scènes grotefques (*) Lambert avoit fait avant Lully repre'fenter les Fa* "florales de Pomone en 1671.8c 1671. IesPeines & les Plaifirs de l'Amour ; mais elles ne font pas affes bonnes pour ôter à Lully i'honneur d'avoir inventé les Spectacles en Manque. Chant Premier. 69 Font retentir les airs de mille Sons burlefques ? Quoi ! Momus aiguifarit (es Satyriques traits , Ofe défigurer mes Lyriques attraits \' Apollon l'entendit ; mais la plainte fut vaine. Par Lully , Polymnie unie à Melpomene Avec mille ornemens étala fous nos yeux Un Divertiflement Comique ou Sérieux. Tels font Cariselly, Venus , la Sérénade, La Grotte, Pourceaugnac, Bacchus, la Masca- rade; De ces premiers Ballets l'înfîpide actîorr Fit languir les Récits vuides d'expreflïon. Enfin donnant l'effort à fon vafte génie Et d'un ftile plus fort maniant l'Harmonie , Par des foins redoublés Lully fe prépara A placer fur la Scène un pompeux Opéra,. 7o LA MUSIQUE, La Fortune , pour lui ceffant d'être cruelle , Lui traça dès l'inftant une route nouvelle. D'un Privilège utile & de mille bienfaits , LOUIS fçût prévenir & combler fes fouhaits (*); Et malgré les efforts d'une troupe ennemie , Honora ce Concert du nom d'Académie. Cadmus parut d'abord fous un noble appareil ; Il fe vit couronné d'un fuccès fans pareil. Alceste qui fuivit , Isis , Psiche', These'e , Athîs , Bellerophon > Proserpîne, Perse'e, Phaeton, Amadis , & Roland furieux, Portèrent de Lully le nom jufques aux Cieux. Armide qu'il conçut dans des douleurs cruelles (f)» (*) Lambert , l'Abbé Perrin , & le Marquis de Sourdeac a- I voient obtenu des Lettres Patentes du Roy Louis XIV. pour l'etablifiement de l'Opéra; mais les ÀfTocie's s' étant brouillés > Lully profita de leurdivifîon, oc obtint pour lui un nouveau Privilège , moyennant une fomme qu'ils furent obligés de rece- voir malgré eux. (t) Pendant l'on opération au pie dont il mourut à ia fin. Chant Premier. 71 Lui fit enfin cueillir des palmes immortelles. Sur les bords Phrygiens tel un Cygne aux abois Enchante les Echos par fa mourante voix. Avouons-le : jamais la Nature féconde > D'un plus rare talent ne fit préfent au monde : Dans (es heureux tranfports toujours noble , élevé , Il fut pour le Théâtre un modèle achevé. Sacrifices , Tombeaux , Enchantemens , Orages 9 Tout nous trace chéslui de ridelles images: Tout eft fondé , fuivi , rien ne marche au hazard , Et chaque A&e renferme un chef-d'oeuvre de l'Art. Les Fêtes de Psiche', les heureux-Chants desOmbres, Que trouble Pjliose&pine en leurs demeures fombres , Méduse (*) , & les foupirs du tendre Dieu des Bois (f ), La Pithie (§) , & l'Oracle annoncé par fa voix , (*) DansPerféc. (t) Dans Ifis. ($) Dans Belîerophoiv E iiïi 72 LA MUSIQUE, Le Tombeau cTAmadis, les Duo., le Prologue» Les Choeurs de Ph.aeton , les Airs, le Dialogue,, Les Songes , le Sommeil , le Défefpoir cPàtkis % Armïde prefqu'entier , n'auront jamais de prix. Tant de riches tableaux brillent d'une peinturea Où la force de l'Art égale la Nature. Dans les. bornes du vrai fans ceffe différent , Son Récitatif plaît , attendrit , ou furprend ; 11 eft également ou touchant , ou fublime ; Son Ballet même émeut , caracténfe , exprime.. Sous de iimples dcfleins fon fçavoir déguifé- , N'offre rien dans fes Chœurs que de noble & d'aifé. C'eil par ces traits divers qu'au Temple de Mémoire Les Mufes. à jamais ont confacré fa gloire» Mais à quelque degré que fon Art l'ait poïtc *. Chant P remier. 73 Quinault doit partager fon immortalité. Ces mouvemens fecrets d'horreur, de jaloufie , ' Pont l'image épouvente , & dont l'ame eft faille , Ne fe doivent pas moins à la force des vers , Aux^ fituations , aux fpe&acles offerts. Du ftile ingénieux, de la fage conduite, Du jeu de qui la Scène emprunte fon mérite, Naiffent les doux tranfports , dont le beau fexe épris, Aux plus vulgaires Sons donne fouvent le prix. L'Qpera , de deux Sœurs eft le fçavant ouvrage* Où l'effort de leur Art à l'envi fe partage 5 Melpomene d'un flile & libre & peu chargé Y doit peindre un. fujet fagement ménagé* A bien rendre le fens Polymnie attachée Poit moduler des Sons dont l'ame foit touchée. 74 LA MUSIQUE, Quand on petit allier leurs difFérens appas , Quels charmes cet accord ne raflemble-t-il pas? Mais comment Melpomene à des Chants aflervie» Peut-elle fbûtenir une intrigue fuivie ? L'Opéra n'eft au fond qu'un Poème imparfait , Ce n'eft que par lambeaux qu'on faifît lefujet; Les Divertiiïemens dont chaque Acte fepare , Harmonieux détours où notre efprit s'égare, Par des Jeux imprévus coupent l'événement: Avec peine on le fuit; le plus beau dénouement y Où fou vent l'action brafquement fe termine , Ne fe doit qu'au fecours d'un Dieu dans fa machine. Quinault de ce grand Art pénétra les fecrets ; Tous (es mots pour les Sons femblent s'offrir exprès ', Sa diction toujours facile & naturelle , Chant Premier. 7S Trace de fa penfée une image fidelle. Ce qu'il conçoit s'explique avec fécondité ; Son tour eft doux , Lyrique , & n'eft point emprunté. Sa Scène fe foûtient dans toutes fes parties , Son Dialogue eft plein de juftes reparties. Enfin c'eft par Quinault qu'animé , foûtenu , Au comble de fon Art Batiste eft parvenu; Sans Batiste , Quinault n'eût point atteint la place s Qu'avoué des neuf Sœurs il occupe au ParnafTe ; Mais leurs rares talens l'un par l'autre embellis , Du Théâtre Harmonique éternifent le prix. L A MUSIQUE- EPITRE EN VERS DIVISEE EN QUATRE CHANTS. CHANT SECOND. Ous donc , qui plein du feu qu'ApoixoN vous infpire, Voulez unir vos vers aux doux Sons de fa Lyre , De vos docles travaux choifiiïez peur objet 78 LA MUSIQUE, Une fable connue , un fertile fujet , Dont le deffein conduit avec ordre & fageffe , Dans fa variété réjouhTe , intéreiïe. Que le nœud préparé dès le commencement, Par un (impie progrès conduife au dénouement ; Que l'action foit une , & que chaque partie , A celle qui la fuit étroitement fe lie : Que tout au même but forme un heureux concours; Qu'un Epifode froid n'en trouble point le cours. De nobles incidens enrichiuez l'intrigue ; Trop fimple , elle alïbupit ; complexe , elle fatigue. Offrez au fpectateur ardent à s'attacher. Des fituations qui le puiffent toucher. Sur deux Dieux amoureux, étincelans de gloire, J'aime à voir un mortel (*) remporter la vi&oire. (*) Dans Theîis & Pelée. Chaut Second. 7P L'ame frémit du coup qu'ARMiDE va porter Dans le fein du héros qu'elle fçut enchanter. On s'émeut lorfqu'un Roy (*) qu'une furie anime , Sur fon fils inconnu va confommer un crime. Que vos Scènes fur tout brillent de fentimens , D'où naiflent dans le coeur d'imprévus mouvemens. Faut-il peindre un tranfport de défefpoir, de rage, Les plaintes d'un amant qu'on trahit , qu'on outrage ? Du feul Récitatif cherchez l'exprefTion ; Un Air trop mefuré fait languir l'aclion. Si de deux confidens la Scène moins émûë , N'a rien d'impétueux dont l'image remue , Qu'un Dialogue alors en maximes formé , De brillantes Chanfons foit partout animé. Qu'avec choix , qu'avec art vos fêtes amenées , (*) Egée dans Thefée. 8o L A MU S I £U E, Au noeud de l'a&ion paroifTent enchaînées * Et faflent au milieu des Danfes & des Jeux , Eclore l'appareil d'un Spe&acîe pompeux. De vos vaines fureurs calmez la violence , La Lyre dans fes Chants veut moins de véhémence* Imitez de Quinault le ftile gracieux* La vive netteté, le tour ingénieux; Empruntez , s'il fe peut , le feu de fes répliques 5 Que vos vers foient formés de mots doux & lyriques* D'un froid Récitatif évitez la langueur ; Des Sons fans intérêt ébranlent peu le coeur ; C'eft le feul fentiment qui touche , émeut , enchante f On aime ce qu'on dit , bien plus que ce qu'on chante* Dans un fujet Tragique en Mufique rendu , Tout le prix des Récits au feul Poète eft dû* Lully , qui le premier en traça la manière , A Chant Second, 8ï A de mille façons épuifé la matière ; Après lui dans ce genre eft-il des tours nouveaux , Qui puillent des Auteurs diftinguer les travaux ? Mais le Public outré dans fon caprice extrême , Ne fe trouve jamais d'accord avec lui-même* Golasse de Lully craignit de s'écarter; Il le pilla , dit-on , cherchant à l'imiter. Marais fuit une route & diverfe & fçavante * Son audace déplaît > fon fçavoir épouvante. Ainfi dans fon génie un moderne enchaîné , Ne produit plus qu'un Chant ou vulgaire, ou gêné> Et n'ofe fur un mot hazarder un paiTage , Dont Batiste (*) autrefois n'a pas ouvert l'ufage» La chute des Auteurs , & le funefte fort , Qui fuivit tant de fois leur inutile effort, (*) Lully. F LA MUSIQUE, Oppofe à leur ardeur une jufte barrière ; Ils n'ofent qu'en tremblant entrer dans la carrière: Tandis qu'en vain contr'eux le Public foulevé De nouveaux Opéra fe plaint d'être privé. Cependant , tel qu'on voit un vaiffeau dans l'o- rage, Des ondes en courroux braver Faffreufe rage , Et traverfant des flots les abyfmes ouverts , Terminer dans le port mille travaux foufferts : Tels fur les flots bruyans de la mer harmonique , Au travers des écueils de la Scène Lyrique , La France a vu du fein de tes Auteurs nouveaux, Au gré de la fortune échaper des morceaux , Dont les heureux defleins , & dont la Symphonie , Ont fait luire à nos yeux quelques traits de génie. Chant Second. 85 Quand la Parque, tranchant le fil des plus beaux jours, Des progrès de Batiste eut terminé le cours , Colasse encor frappé de fa perte fonefte , D'Achille (*) commencé fçût achever le refte. Du malheureux Priam l'exceîîive douleur, N'y parut point FeiTay d'un téméraire Auteur. Ene'e & Céladon par leur chute fubite Obfcurcirent l'éclat de ce naifTant mérite : Mais Thetis aflurant fon art & fon fçavoir , Du Théâtre allarmé fit revivre l'efpoir ; Et les traits éclatans que l'on y vit paroître , Egalèrent l'élevé à fon illuftre maître. Vertumne déployant de patetiques Sons , Soutint encor fon nom dans les Quatre-Saisons. Sa fortune depuis tombée en décadence, (*) U étoit commencé par Lully : il en a fait le Prologue & le premier Acte. Fij 8* LA MUSIQUE, Sembla fur fon génie attirer l'indigence , Et l'Auteur de Thetis ne fe reconnut plus Dans Canente , Jason , Polixene , & Venus. Elevé' tout à coup par I'Europe Galante, Du Public emprefle Campra remplit l'attente. De peuples différens l'anemblage nouveau Y brilla des couleurs d'un fidèle pinceau. Venus dans Hesione étala mille charmes ; Dans Tancrede l'Amour fit répandre des larmes. Le travail éclatant d'un Chœur harmonieux Fut dans fon Carnaval (*) un oeuvre précieux. D'un Poëte enjoué fécondant l'entreprife, Il hazarda des jeux empruntés de Venife (f ) ; Les célèbres plaifirs qui régnent fur ces bords , (*) Le Carnaval de Venife. •(r) Les Fêtes Venkienes , Foeme de M. Danchet de l'Acadé- mie Françoile , qui a toujours travaillé avec M. Campra. Chant Second* Y furent exprimés par d'éclatans accords. Le fort couronna moins tous fes autres ouvrages , Mais d'excellens débris fignalent fes. naufrages. Desmarets infpiré dès fes plus jeunes ans* Donna quelques effais de fes nouveaux talens; L'aveu (*) trop indifcret d'un travail infertile). Le perdant à la Cour , l'attira dans la- Ville. LafenfibleDiDON, «Se le tendre Adonis- Fixoient déjà pour lui tous les vœux réunis j Lorfque pour l'arracher à l'horrible tempête D'un Arrêt foudroyant qui menaçoit fa tête, L'Amour qui dans le crime avoit guidé (es pas , Prit foin de le conduire en de lointains climats. (*) Il révéla à quelques Seigneurs de la Cour la convention fecrete qu'il avoit faite avec un des Maîtres de la Chapelle pour compofer des Motets en fa place. Louis XIV. en aïant été infirme blâma fon infidélité, & pour l'en punir lui ôta une penfîon qu'il «yoïi; eue en forçant de Page de la Mufique. F iij $6 L A MU S î QU E> Pour dernier monument & d'art & de génie , Il laifla les fragmens de fon Iphigenie, Qui par de nouveaux foins prenant un nouveau prix, Et mille fois rcprife enchanta tout Paris (*). Marais de qui la main toujours égale & fûre (f ) , Fut des vrais mouvemens la plus jufte mefure , Sur la Scène trois fois , malgré fes envieux , Mérita des fçavans l'aveu judicieux. De fon charme infernal la fombre Symphonie Répandit dans Alcide une riche Harmonie. D'Alcionne troublant l'hymen & le repos , Sur les pas de Colasse il fouleva les flots (§) ; (*) Defmarets, en s'en allant dans les Pays Etrangers laifTa la Tragédie d'Iphigenie imparfaite. M. Danchet y fit un Prologue & ajouta les morceaux qui manquoient à la Pièce. M. Campra en compofa la Mufique ; ôc ce qu'il fit dans cet Opéra, comme le Prologue , le Songe , la ReconnoifTance , le Monologue , Ôc la fin du cinquième Aéte ne cèdent en rien à ce qui avoit été com- pofe par Defmarets. (!) Il battoit la mefure à l'Opéra. (£) Colaife avoit fait une tempête dans Thetis & Pelée. Chant Second. 87 Les fens furent émus du bruit de fa tempête. Enfin dans Semele' la quatrième fête , Les Ballets, la Chaconne , & les magiques jeux, D'un travail obftiné furent les fruits heureux. Apre's avoir des mers évité les naufrages (*) Destouches de la Scène affronta les orages. Dans fes premiers eiïais , aidé de l'art d- autrui Il furpafla l'efpoir qu'on fe formoit de lui ; D'un Chant pafîïonné l'exprefïïon fidelle , Anima fes Récits d'une force nouvelle ; Les accens de Dodone , & le fommeil d^IssE' , Formèrent de Paris le concours empreffé 'y L'amante d'AcENOR (f), Amadis, la Folie, (*) Il fit dans fa jeunefFe un voyage à Siam ; & après avoir fait plufieurs Opéra, ii eit devenu Sur-Intendant de la Ivlufique du Roy. 0) L'Opéra de Callirhoë. F iiij 88 LA MUSIQUE, Les Eleme.ns (*) enfin , d'une heureufe faillie Lancèrent mille traits , dont le brillant pouvoir- Ne fit point defirer un plus profond fçavoir.. Mouret joiiit long-tems du fuccès de Thaliej. Aux Théâtres divers fa gloire efl établie (f).. De deux rivaux unis (§) les efforts concertés * Dans Pïrame & Thisbe' femerent des beautés. On vit avec tranfport une Lyre facrée Embellir de Jephte' (5) l'hiftoire révérée; Quel charme de l'entendre exhaler (es accens , Au travers des clameurs des Hébreux frémiffansJ (*) Les Elemens. On dit que M. de la Lande y a travaillé,. (t) Il a fait avec un grand fuccès plufieurs Divertifïèmens au Théâtre Italien. (§) Rebel fils ôc Francœur, (f) C'efl le premier Opéra dont le fujet n'eft point prophane: les paroles font de l'abbé Pelegrin , 8c la Mufique de Monteclaip. Cet Opéra doit être mis à la tête des plus beaux ouvrages qui ayent paru depuis Lully, Chant Second. 89 — ■ ■ ,i . En vain d'autres Auteurs fans force & fans haleine , Hazarderent les fruits de leur ftérile veine : De tant d'ouvrages froids le trop fréquent débris , Des premiers Opéra fçût rehauiïer le prix; D'une commune voix Paris les redemande: A les fuivre d'abord l'impatience efl grande; Mais quel que foit l'attrait dont ils charment les fens , Ils traînent après eux le grand défaut des ans. Depuis un demi-fïecle ils amufent la France; On en efl: rebattu dès fa plus tendre enfance. A quelle extrémité , Ciel ! fommes-nous réduits ? D'un Art toujours nouveau quels feront donc les fruits? Nous verrons-nous bornés dans la foif qui nous preiïe, A quelques Opéra qu'on épuife fans ceffe ? Ainfi que Jupiter, du creux de ton cerveau, Fhoebtjsj enfante donc un Amphion nouveau, 9o L A MU S I Q_U E, Qui moins fournis aux loix d'un ftile plagiaire , Ouvre à notre Mufique un chemin moins vulgaire , Et qui de l'Italie empruntant quelques feux, De nos Chants & des fiens faffe un mélange heureux» De la Langue déjà pénétrant les myfteres , Batistin s'aiTervit à des réglés aufîeres , Et trois fois annonça quel peut être le fruit D'un Art ingénieux par deux Mufes conduit» Ah ! ceîTez , direz- vous , c'efî à tort qu'on nous vante De vos Ultramontains l'audace extravagante. Leur goût fauvage & dur fe peut-il fupporter ? Et peut-on applaudir leur façon de chanter ? Ces éclats bondiflans , ces hoquets , ces paiTages 7 Ont-ils droit d'ufurper nos voeux Se nos murages ? pe leur fage grandeur tous nos Airs dégradés b Chant Second. 91 D'un déluge de Sons feroient donc inondés. Ceft ainfi , cher Damis , que tout François raifonne : Enflé du faux pouvoir que fon orgueil lui donne , Il blâme , il avilit avec témérité Tout ce qui dans nos moeurs paroît inufité. Tel & moins fage encor à vingt ans un jeune-homme, D'un air préfomptueux le préfente dans Rome , Et de la langue à peine entendant quelques mots , Traite tous les Romains d'ignorans & de fots. Ah quel maudit jargon, quelle étrange grimace ! Fut-il jamais un Chant plus dénué de grâces ? Dans quels détours affreux ofe-t-il s'égarer ? Au Chant de nos François fe peut-il comparer ? Pour vous , mon cher Damis , déteftant ce caprice, 5)2 LA MUSIQUE, Aux talens étrangers rendez plus de jultice : Sans les connoître au moins ne les condamnez pas> Et fouffrez qu'à vos yeux j'étale leurs appas». L A MUSIQUE- EPITRE EN VERS DIVISEE EN QUATRE CHANTS. CHANT TROISIEME. Ome , dont l'Univers adora la pùiflance , Fit régner les beaux arts au fein de l'opu- lence. Les Grecs induftrieux , redoublant leurs travaux , P4. LA MUSIQUE, Y portoient à l'envi des chef-d' œuvres nouveaux , Et les Romains formés fur de fçavans modèles , Devinrent à leur tour des Zeuxis, des Apelles. Peintres, Muficiens , Architectes , Sculpteurs, Rhéteurs , Grammairiens , Poètes , Orateurs , Par mille monumens confacrant leur mémoire , De Rome triomphante augmentèrent la gloire. Ce fut le tems heureux , où les Arts libéraux , En foule répandus en differens canaux , De leurs brillans tréfors enrichirent le monde , Et Rome en fut alors une fource féconde. Mais les Romains déchus de la faveur de Mars , En perdant leur valeur perdirent les beaux Arts. Lâches , efféminés , livrés à la moleiïe , Ils fubirent le joug d'une indigne foiblefle , Et les vices plus forts que leurs fiers ennemis, Chant Troisième. 9% Vengèrent l'Univers , ou tremblant , ou fournis. Enfin de leurs erreurs leurs âmes détrompées , D'un trait victorieux foudain furent frappées , Et fenfible à la Grâce , inftruite par la Foy , De l'unique «Se vrai Dieu Rome fuivitlaloy. Son antique grandeur à l'Immortel foumife , Servit de fondement au trône de l'Eglife. Les autels que l'erreur élevoit aux faux Dieux, Fumèrent pour lui feul d'un encens précieux. Les temples réfonnoient du bruit de {es louanges ; Les fidèles Chrétiens , à l'exemple des Anges , Par des Cantiques faints exhalant leur ferveur , Confacroient & leur tems & leurs voix au Seigneur. O Leurs Chants à l'uniiTon formés fans mélodie, N'étoient aux premiers tems que (impie pfalmodie. Différents initrumens admis dans les faints lieux 96 LA MUSIQUE, Ouvrirent une route aux Chants harmonieux ; Et le zèle fervent vainqueur de l'ignorance , De la Mufique enfin rappella la fcience. Heureux fi ce grand Art long-tems enfeveli , En l'honneur de Dieu fetil eût été rétabli ! Mais le vice bientôt affoibliflant ce zélé , 11 devint l'inftf ument d'une ardeur criminelle» On fît l'Amour en Chant, & fon fecret poifon Par des Sons doucereux féduifit la raifon. On eût dit que ce Mont (*) , qui vomit tant de fiâmes* Des peuples d'alentour eût embrafé les âmes. L'empire de l'Amour s'accrut de jour en jour ; La Mufique fuivit le progrès de l'Amour» L'Italie eft fon centre, «Scie goût s'en infpire Avec l'air enflammé qu'en naiffant on refpire. (*) Le Mont Vefuve. En Chant Troisième. $j En Chantres renommés ce climat efl fécond ; Chaque Bourg, chaque Ville en produit de Ton fond. Les Princes , chériflant la Science Harmonique , En forment à leur Cour un Corps Académique. Par le charme des. Sons les peuples font féduits, Et cet attrait puiflant fouvent les a réduits A fouf&ir fans horreur qu'un effort plein de rage , De leur virilité leur arrachât le gage. L'air retentit au loin d'Harmonie & de Chant ; Tout flatte , tout anime un fî noble penchant. Dans un coin fortuné l'onde qui les relTerre , Semble les garantir des fureurs de la guerre : D'un Soleil pénétrant la vive impreiïion Les embrafe d'un feu prompt à la fiction ; Et leur langue légère j amoureufe, ou badine, Autorife le jeu que l'efprit imagine. G S>8 LA MUSIQUE Sous le mafque Tragique, unfuperbe Opéra Pour la première fois dans Rome fe montra. •Par fon art féduifant l'ingénieufe Optique Y féconde à l'envi la doele Mécanique. Les changemens , les vols vivement inventés , Par des rcrTorts hardis y font exécutés. Aux accens d'une voix fièrement déployée , L'ame fe fent frémir, l'oreille eft foudroyée. D'un Théâtre profond remplifTant la grandeur, Ses Sons vifs & perçans vont ébranler le cœur. Tantôt c'elt une voix flexible & naturelle , Qui fait briller d'un Chant la jufteiTe fidelle ; Ou parle trait nouveau d'un paflage léger, Avec force s'élance & voltige dans l'air. Tantôt c'eft une voix diffufe fans mefure , •Qui formée aux dépens de la propre Nature , Chant Troisième. 99 Puifant dans l'impuiffance un vigoureux éclat , Tire un prix éclatant d'un coupable attentat. Prodiguant de fon fein l'inépuifable haleine , Cet Adeur mutilé poulie des Sons fans peine; Redouble une Cadence , & la bat à grands coups ; Y mêle tour à tour & le fort & le doux , Et ne finit enfin une longue tenue , Que par des Sons aigus qui vont percer la nue". Paré d'attraits nouveaux , chaque Air différemment Sur des tons imprévus module fçavamment ; Dans fon exprefïion affecle un cara&ére ; Un deflein en devient l'ornement néceffaire. Par tous les Inftrumens ce deflein imité , Du Deffus dont il naît relevé la beauté. La Baffe quelquefois par une Ritournelle , De la voix qu'elle fuit , fe rend l'Echo fidèle , G ij igo LA MUSIQUE, Ou fur un même Mode où le Chant eft rangé, Roule dans l'Harmonie un Deflein obligé (*). Dans les Sons recherchés d'un ityle Cromatique , S'il s'agit de traiter un fujet pathétique, Mille accords diiTonans par leur proximité, Réveillent dans le coeur la fenfibilké : La Modulation fur des Cordes fçavantes , Rend les expreiTions & vives & touchantes. Quelle richefle enfin , & quels déguifemens Ne prêtent point aux Airs les divers mouvemens? * Chaque jour l'Italie en fes mœurs iî confiante, Fait gloire en cet Art feul de paroître changeante. Du fein ingénieux de fa fécondité, Il s'élève fans celle un air de nouveauté. Heureufe , fi toujours à fa riche Harmonie , rk Théâtre François la grâce étoit unie; (*) Terme de l'Art, Baffe obligée ou contrainte. Chant Troisième. ioi Mais du ftyle, il eft vrai, la fage pureté N'y rend point un fujet dans fon ordre traité. Les règles de la Scène au caprice immolées Par des traits monftrueux s'y trouvent violées. Jamais , du fpe&ate'ur fixant l'attention ,. Un Dialogue vif n'expofe d'action. Le Spectacle defert n'y montre qu'un beau vuide; On n'y voit point briller dans un ordre fplendide Cette fuite d'Acteurs vêtus fuperbement , Qui forment parmi nous un Divertiflement* Ils ignorent les loix du bel Art de la Danfe; Chés eux jamais Ballet n'a fa jufte cadence ; Et de leurs Violons les divers mouvemens , Ne fervent à leurs Airs que d'accompagnemens. Dépouillant I'Opera d'une langueur flérile G iij 102 LA MUSIQUE, Scarlatti le premier en releva le fîyle. Par une route neuve il s'élève, il furprend , Et fouvent il atteint le fublime &c le grand. Aux bords Napolitains la jufte Renommée , Soutint de Mancini la vertu confirmée. Par les tours déguifés d'un ftyle plus nerveux , Bononcini de loin les- devança tous deux. Mais pourquoi parcourir Naples , Venife > ou Rome ? L'Angleterre empruntant l'Italique idiome, N'a-t-elîe pas cent fois fait retentir les airs Du Dramatique éclat de fes do&es Concerts ? D'un génie étranger la fource inépuifable Enfante chaque année un œuvre mémorable , Qui d'une nation où fleurifîent les Arts , Charme , étonne & ravit l'oreille & les regards. Dans l'Harmonique fond d'une Orgue foudroyante Chant Troisième. 105 Hendel (*) puifa les traits d'une grâce fçavante : Flavius, Tamerlan, Othon, Renaud , C^sar, Admete, Siroe' ,RodelindEj & Richard, Eternels monumens dreiTés à fa mémoire , Des Opéra Romains furpafferent la gloire. Venife lui peut-elle oppofer un rival ? Son caractère fort , nouveau , brillant , égal ? Du fens judicieux fuit la confiante trace , Et ne s'arme jamais d'une infolente audace* Orgueilleufe Aufonie , il le faut déclarer ? A la honte d'un Art que l'on doit révérer , Mille infe&es maudits , dont tes villes abondent >.. De leurs fons venimeux de toutes parts t'inondent : Par un nombre d'Auteurs de nos jours redoublé ? Je vois fous leurs fureurs ton pays accablé. (*) Organise de S. Paul de Londres né en Allemagne , 8c qui cumpofe avec un grand fuccès tous les Opéra d'Angleterre de- puis plus de vingt ans, en langue Italienne» G iiij io4 L4 MUSIQUE, Mais fuyez loin de nous , monftres de l'Italie , Qui bravez la raifon , qu'aucun devoir ne lie , Qui fans ordre fuivant d'extravagans tranfports , D'une dure Harmonie étalez les accords , Vous dont Fefprit toujours & confus & barbare , En dépit du bon fens enfante un Chant bizare ; Ou qui vous ravalant dans un ftyle trop bas , D'un fade badinage offrez les faux appas. Lts François rebutés de tant de vains ouvrages , A vos fougueux tranfports refufent leurs fuffrages , Et fur un rebut d'Airs dans Paris mal chantés , De l'Italie entière attaquent les beautés. Mais eft-ce par des Airs que dans Rome on abhorre, Qu'on doit fe prévenir fur un goût qu'on ignore ? La nahTance , Pufaçe , & l'éducation , Chant Troisième. ioj D'un Chant déterminé forment l'impreiïion , Dont l'efprit fans effort ne peut prendre le change, Le trait nouveau le bleffe & lui paroît étrange. Du Chant Italien nous blâmons les fredons, Et l'Italien baaille à nos plus tendres Sons : L'un s'en mocque à Paris , l'autre en rit à Venife , Chacun en fouverain décide , & fe méprife. Mais par le tems au vrai le fage accoutumé, De fa prévention celle enfin d'être armé; Et d'un goût étranger l'exa&e connoiiïance Détruit les préjugés qu'infpire la naiffance. De la Sonate ainfi reconnoiffant le prix , Par un do&e progrès en France on fut épris* Déjà par ce chemin la fçavante Italie A verfé fur nos fens fon aimable folie. Corelli par fes Sons enleva tous les coeurs. io6 L A MU S I Q^U E, De deux Mufes (*) Michel allia les douceurs. Vivaldi , Marini , par de brillans ouvrages , De nos Sçavans en foule obtinrent les fuffrages. Dix fois Albinoni de fes oeuvres divers Remplit avec fuccès la Scène & les Concerts, De tous les Amateurs de Mufïque nouvelle, Tant de riches tréfors font l'étude fidelle , Et la fource féconde où nos jeunes Auteurs Puifent d'un beau fçavoir les grâces & les fleurs. Mais c'eft affés vanter la célèbre vicfoire Où les François vaincus acquirent tant de gloire. Voyons dans le progrès de leur travail nouveau , Quels furent les doux fruits d'un triomphe û beau. (*) Mufes Françoife & Italienne. L A MUSIQUE- EPITRE EN VERS DIVISEE EN QUATRE CHANTS. CHA1S[T QUATRIEM E. A Mufique eli un Art qui tel que la Peinture.. Retraçant à nos fens le vrai de la Nature , Doit iurprendre j émouvoir , & par de doux refforts, De l'efprit & du cœur exciter les tranfports. io8 LA MUSIQUE, Elle renferme en foi différentes parties , Qui par un jufle accord l'une à l'autre aflbrties , Doivent faire un enfemble & compofer un tout 9 Où fe foient reunis la fcience & & le ."^oût. La fage exprefîion , le beau Chant , l'Harmonie , Les Fugues , les deiïeins nés d'un fécond génie , Les do&es Contrepoints , les Imitations , Les Changemens divers de Modulations, L'Enchaînement des Tons , la fuite des Cadences, L'arrangement heureux des riches Diffonances , L'inépuifable jeu de mille mouvemens , Sont de cet Art divin les brilîans ornemens ; Qui placés avec foin fous des règles févéres , Deviennent pour charmer des beautés néceuaires- Mais comme d'un tableau l'éclatant coloris , N'en doit pas faire feul la richeffe 6c le prix ; « ■ Chant Qu at rie me. 109 Qu'il faut que du deffein la fage exactitude Donne à chaque figure une vraie attitude ; Qu'un fujet embelli de nobles fi&ions , Frape l'oeil & le coeur par fes exprefïions , Et réunifie en lui la force & la parure, Que doit aux yeux fçavans étaler la peinture : Ainfi divers attraits que l'Art fçait accorder , Dans l'oeuvre Harmonieux doivent fe fucceder. Le beau Chant doit toujours en être inféparable; L'école la plus forte efl fans lui déteftable. Mais fuffira-t-il feul ? non , un Air paroît nû , Quand de quelque deffein il n'eft pas foûtenu. Le tems de la mefure , ou tardive , ou légère , En doit différemment peindre le caraélere. La Baffe avec la Voix formant de doux combats , Par imitation peut marcher fur fes pas. no LA MUS I Q_U E, Comme un fleuve roulant fon onde continue , Elle peut du Defïus contrafter la Tenue ; Et par un jeu fécond du fujet emprunté, Donner à tous les Airs des traits de nouveauté. La Mufique Françoife a l'heureux avantage De n'enfanter jamais un fon dur, ou fauvage; La douceur & la grâce accompagnent fes Chants 5 Us font tendres , flateurs, exprefîifs & touchants. Ses puifiantes beautés fur l'Harmonique Scène , D'un Opéra Romain triompheroient fans peine, Si fes Airs plus nouveaux, plus caracteri fes , Oifroient plus de deiTeins, & des Chants moins ufés. Les grâces de l'Enfemble y font mieux départies ; L'un eflbeau dans fon tout , l'autre dans fes parties. Notre Mufique enfin , toute (Impie qu'elle eft , Devient riche au Théâtre , & fa fageiTe y plaît. Chant Quatrième. ni Mais fîtôt qu'à nos yeux d'action dépourvue , Elle s'offre de près , elle devient fi nuë , Que dès que de la Scène elle a perdu le fard , On n'y reconnoit plus les richeffes de l'Art. D'un fentier trop battu détourner la Cadence , C'eft faire à notre oreille une coupable offenfe ; Sur deux Cordes (*) du Ton régnant obftinément La Scène n'admet point d'autre déguifement. Entre les mouvemens la reffemblance eft grande; Tout Air eft Menuet , Gavotte , ou Sarabande. Quiconque donc , touché du pouvoir des accords, Veut de cet Art fécond épuifer les tréfors , Trouve dans I'Opera d'inévitables vuides. Pour contenter l'ardeur de fes defirs avides , (*) La Tierce Se la Quinte. ii2 LA MUSIQUE, Il faut qu'un Art plus fort qui fe reflemble moins , Nourilïe fon étude , & réveille fes foins. Cette prenante ardeur que l'exemple (*) fit naître, Forma le goût fçavant que Paris voit s'accroître. Nos Chants trop amolis d'une fade langueur , D'un caractère fort y prennent la vigueur : Il femble que par lui tout l'Art de l'Italie Au nôtre s'accommode & fe reconcilie. D'un pieux Amateur (f) le zèle curieux, (*) De la Mufique Italienne. (t) M. Mathieu , Curé de Saint André des Arcs , pendant plufieurs années du dernier fiecle, avoit établi chés lui un Con- cert toutes les femaines,oUron ne chantoit que de la Mufique Latine compofée en Italie par les grands Maîtres qui y bril- loient depuis 1 650. fçavoir Luigiroffi , Cavalli , Caïïati , Ca- riflîmi à Rome , Legrenzi à Venife , Colonna à Boulogne, A- leffandro Melani à Rome , Stradella à Gènes , & BaiTani à Ferrare , qui feul a fait imprimer plus de trente Ouvrages. Ces Auteurs ont été les reftaurateurs de la bonne Mufique en Euro- pe , 8c les exterminateurs du goût Flamand qui l'avoit infectée pendant plus de cent ans. C'eft par le Curé de Saint André que ces bons Ouvrages ont été pour la première fois connus à Paris. Dans Ch A N T QjJ AT RIE M £•, 1 I j Dans la France attira dès Motets précieux , Qui traçant à nos Chants une route nouvelle ? A nos Auteurs naiiTans fervirent de modèle, D'ouvrages renommés il forma ion Concert ; De tous les Connoiiïeurs il fut Pazyle ouvert» Les Exécutions vives & difficiles , Firent dans l'Art du Chant des Elevés habiles ; Et le Latin offrant plus de fécondité * Dans un tour tout nouveau fçavamment fut traite». Charpentier revêtu d'une fage richeiTe , Des Cromatiques Sons fit fentir la flneiTô : Dans la belle Harmonie il s'ouvrit un chemin , Neuvième & Tritons brillèrent fous fa main, La Lande (*) triomphant d'un préjugé rebelle 5 ; Attira dans la Cour une façon nouvelle. (*) Sur-Intendant de la Mufique du Roy, H ■n4 LA MU S I QU E, Ses Violons brillans enchafîes dans fes Airs , Font écîore à propos mille Defleins légers. Le caractère vrai règne dans fon Ouvrage , Chés lui chaque Verfet rend une vive image ; Il exprime avec force -, & fes Chœurs gracieux Jettent autant d'éclat qu'ils font harmonieux. Campra chargé d'Accords moiflbnnés à Touloufc Âllarma dans Paris une brigue jaloufe, Qui par de vains efforts ofa lui difputer Un prix (*) que fon fçavoir eut droit de remporter. Bientôt à fes rivaux il devint redoutable. De &s premiers Motets le fouvenir durable , Dans fon écart prophane, à la Cour confervé ? Le ecnduiik enfin dans un polie élevé (f ). (*) De Maître de Mufique de Notre-Dame. (t) Il eu a préfent Maître de Mufique de la Chapelle du 31oy. Chant Ou at rie me. 115: Par des Recueils brillans d'une richeffe égale , Bernier (*) depuis trente ans dans Paris Te fignale ; Il en fait le plaiilr , l'amour & les attraits ; On s'arrache à l'envy le moindre de fes traits. La France admire en lui l'Italique fcience ; Rome révère en lui l'ornement de la France. Sous fa main les deux goûts femblent fe réunir > Et par lui la querelle eft prête de finir. C'est envain qu'à tromper long-tems accoutumée } Par tes bruyantes voix , injufte Renommée , En faveur de Lully prévenant les efprits, De fes foibles Motets tu nous vantes le prix. Sur les autres Auteurs fignalant fa victoire , Au Théâtre à ton gré va célébrer fa gloire : (*) Bernier eft auffi Maître de Mufique de la Chapelle , ÔC Compofkeur de la Chambre du Roi. Hij LA MUSIQUE, Mais ne l'élevé pas dans un ouvrage faint Au rang où dans ce tems les auteurs ont atteint. Plus nerveufe aujourd'hui la Mufique Latine, Etale plus de force 5 & d'art , & de doctrine : Un zèle ambitieux en accroît les progrès ; On ofe -fe prêter aux Italiques traits. Morin ne craignit point d'en prendre la manière; Des mouvemens -nouveaux il franchit la barrière : Dans un ftyle plus vif fes Motets applaudis , Rendirent fon génie & {es voeux plus hardis. Prenant du Chant François la route plus ingrate 3 Il ofa le premier expofer la Cantate. Quel farouche deiTein ! quelle témérité ! A ce nouvel afpecl: Paris eft révolté. •Cependant revenu d'une frayeur extrême , Le Public mieux inflruit fe vit forcé lui-même Chant Quat rie me. 117 D'admirer dans le cours d'un fu jet détaché-(*), Le travail élégant d'un Arc plus recherché*. Notre langue, il eft vrai; plus dure & moins Lyrique' N'a que de certains mots propres à la Mufique ; Une feule fyilabe en s'offrant de travers , Renverfe d'un deiïein les mouvemens légers. De nos mots féminins les bizares entraves Y gênent les Auteurs de la raifon efclaves Mais lorfqu'à les placer l'Art fe rend fcrupulenx , Les PafTages, la Fugue, & les deffeins heureux , Peuvent dans la Cantate entrer avec adreiTe , Et donnera fes Airs une noble richefTe* Batistin à la grâce alliant le fçavoir, D'un facile génie y montra le pouvoir,. (*) La Cantate.. H iij nS LA MU S l Q_U E, Et fe formant un ftyle harmonieux & tendre , Dans notre goût François avec art fçut defeendre. Bernier. du premier trait de fa fçavante main, Eleva fes tranfports au vrai ftyle Romain. Par de lugubres Sons Clerambaut aux lieux fombres Attendrit fçavamment le Souverain des Ombres (*). Tout autre dans Paris n'eut qu'un foible fuccès. D'un tranfport fugitif faiiïfTant les accès , Envain quelques Auteurs à l'envi s'animèrent ; Sur la Cantate envain leurs plumes s'eferimerent : Elles ne firent voir , dans leurs bizares traits , Qu'un mélange forcé de deux goûts imparfaits. Si la France a cent fois retenti des Cantates f Quel bruit n'excita point la fureur des Sonates ? (*) Dans Orphée: il a fait encore un grand nombre de Can- tates dont le fuccès a été très-grand , & on ne nomme ici Or- phée que comme un lignai qui annonce les autres Ouvrages, Chant Quatrième. 119 Effets impétueux des Artiftes naiffans , On en vit à foifon éclorre tous les ans ; Mais peu d'Auteurs fortant du ftyle plagiaire , De ce genre nouveau prirent le caractère. Le Clair eft le premier qui fans imiter rien , Créa du beau , du neuf , qu'il peut dire le lien. Dans les jours où la loi chés les Chrétiens con- damne Du Théâtre & des Jeux Tamufement prophane> Pour confacrer un tems que Dieu s'efl refervé , Un noble Colizée (*) à grands frais élevé , Forme une Académie où règne la décence. Là d'Athlètes fameux la docte concurrence, Des Airs les plus touchans étale les appas , (*) Le Concert Spirituel etahli au Château des Thuilleries. Hiiij i2o LA MUSIQUE. Ou fait briller d'un Choeur l'harmonieux fracas.. Là Guignqn ou le Clair par différentes traces, Semblent lancer la foudre , ou font parler les Grâces, Que de force, d'attraits , d'élégance en leur jeu ? Le Ciel aux doigts mortels donna-t-il tant de feu 5 Blavet qui releva Fart & la deftinée De la Flûte , aux langueurs avant lui condamnée, Tel qu'un nouvel éclair de feux étincelant,. S'y fait jour au travers d'un Concert turbulent. Leur exemple a. déjà'' ranimé le courage : Pour, le fort des beaux Arts quel fortuné préfage! Des plus riches Accords leur Elevés nourris > Aux Sons les plus aigus fe rendent aguerris ; Et fiers, imitateurs d'une brillante audace % Atteignent de la. main la cime du. ParnalTe.. Chant Q_\j at rie me. 121 ^1— ■!■■ ip— ■— ■ ■-■- — -■ .1 ■■ J — Tels font donc , cher Damis , les doftes ouvriers , Qui du facré Vallon partagent les lauriers; Et telle elt la moiffon que produiik en France Des Italiques Sons la féconde femence. Que tardes-tu , Phoebus ? viens réunir deux fœurs (*); Répands également fur elles tes faveurs ; Coupe à leurs vains débats une fource importune ; Dans de fçavans Motets qu'une langue commune , Sous les loix du bons fens & de l'expreffion , Excite chaque jour leur émulation : Que chacune s'offrant le tribut de l'eftime , Ne fe refufe plus un encens légitime. La Mufique n'elt qu'une , Se fes mêmes Accords Par tout doivent former de femblables tranfports. (*) Mufes Françoife 8c Italienne. FI N. CATALOGUE l CHRONOLOGIQUE DES OPERA REPRESENTES EN FRANCE depuis l'année 164^. où ils ont com- mencé de paroître , jufqu'à préfent. M. DCC. XXXIII, CATALOGUE CHRONOLOGIQUE Ides opeka REPRESENTES EN FRANCE ■depuis r année 16^. où ils ont commencé de pa- roitre , jufqiià préfent. Utf T A FESTA THEATRALE DELLA -L FINTA PAZZA, exécuté au Petit Bourbon par des Muficiens Italiens que fit ve- nir M. le Cardinal Mazarin. La Mufique efi du Sieur Giulio. K*7 ORPHEO E EURIDICE, Tragi- comédie , reprefentée avec des machines au Palais Royal devant leurs Majellés. 1660 ERCOLE AMANTE,reprefentéavec bien de la dépenfe au mariage du Roy Louis XIV. par des À&eurs Italiens appelles exprès, avec un Prologue pour la première fois. 1669 ARIANE, Tragédie en François, qui ne fut point reprefentée à caufe de la mort du Car- dinal Mazarin. 12(5 CATALOGUE Paroles de M. l'Abbé Perin, Mufique de M. Cambert Intendant de la Mufique de la Reine. Depuis ce teins le même Abbé Perin obtint ■pour lui & pour jes Ajfociés un Privilège > & c'efl depuis ce Privilège quon doit compter le premier Opéra François. Premier Opéra. 1671 POMONE, Paflorale , en cinq Attes » non-imprimée en Mufique. Paroles de M. Perin , Mufique de M. Cam- bert. II. 1672 LES PEINES ôc LES PLAISIRS DE L'A M O U R , Paflorale , en cinq A clés , non- imprimée en Mufique. Paroles de M. Gilbert, Mufique de M. Cam- bert. III. 1672 LES FESTES DE L'AMOUR & DE BACCHUS, Paflorale, en trois Actes , imprimée en Mufique : Partition générale in fol. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. IV. 1 674 C A D M U S , Traged'e , en cinq Actes, im- primée en Mufique : Partition générale in folio. Paroles de M. Quinault , Mufiqne de M. de Lully. V. 1 674 A L C E S T E , Tragédie , en cinq A&es , - D E S O P E R A. 127 gravée en Mufîque : Partition in fol. Imprimée: Partition in quarto. Paroles de M. Quinault , Mufîque de JVL de Lully. VI. 167 c* THES E'E , Tragédie , en cinq A&es , cy~ devant imprimée en Mufîque: Partition in fol. Seconde Edition , gravée. Paroles de M. Quinault , Mufîque de M. de Lully. VIL 1675" ^E C A R N A V A L , Mafcarade , en neuf Entrées , imprimée en Mufîque .- Partition géné- rale in folio. Paroles de differens Auteurs. Voyez le Livre. Mufîque de M. de Lully. VIII. 16"] 6 A T Y S , Tragédie, en cinq A6les , cy-devant imprimée en Mufîque : Partition in fol. Seconde Edition , gravée. Paroles de M. Quinault , Mufîque de M. de Lully. IX. 1 577 ISIS, Tragédie , en cinq A&es , imprimée en Mufîque , en dix parties féparées , in quarto , & en Partition générale in folio. Paroles de M. Quinault, Mufîque de M. de Lully. X. 1 67 8 PSYCHE', Tragédie, en cinq Actes , im- primée en Mufîque : Partition générale in folio. Paroles de M. Thomas Corneille , Mufîque ds M. de Lully. 128 CATALOGUE XI. 1670 BELLEROPHON, Tragédie , en cinq Aftes , cy -devant imprimée en Mufique : Parti- tion in folio. Seconde Edition , gravée* Paroles de M. Thomas Corneille , Mufique de M. de Lully. XII. 1 680 PROSERPINE, Tragédie, en cinq Aftes, imprimée en Mufique de cinq manières différentes. Voyez Fin quarto. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. XIII. ï68i LE TRIOMPHE DE L'AMOUR, Ballet , en vingt Entrées , imprimé en Mufique : Partition générale in fol. féconde Edition. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. XIV. 1682 P E R S E'E, Tragédie , en cinq A&es , cy- devant imprimée en Mufique : Partition in folio» Seconde Edition , gravée. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. XV. 1 583 P H A E T O N ) Tragédie , en cinq A&es , cy - devant imprimée en Mufique > Partition in fol. Seconde Edition, gravée. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. XVI. î 684 A M A D I S , Tagcdie , en cinq Aftes , cy- devant DES OPERA, i29 devant imprimée en Mufique : Partition in folio. Seconde Edition , gravée. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. XVII. 16$ $ ROLAND, Tragédie , en cinq A&es , cjr- devant imprimée en Mufique : Partition in folio. Seconde Edition , gravée. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. XVIII. 168; L'IDYLE SUR LA PAIX, & L'EGLO- GUE DE VERSAILLES, DivertiJJemen s im- primés en Mufique : Partition générale in fol. Paroles de MM. Racine , Quinault & Moliè- re , Mufique de M. de Lully. XIX 168; LE TEMPLE DELA PAIX, **//«, en fix Entrées , imprimé en Mufique : Partition générale in folio. Paroles de M. Quinault , Mufique de M. de Lully. XX. i6$6 A R M I D E , Tragédie , en cinq Acïes , cy- devant imprimée en Mufique : Partition in folio. Seconde Edition , gravée. Paroles de M. Quinault, Mufique de M. de Lully. XXI. 1687 ACIS ET G ALATE'E9Paftorale Hé- roïque , en trois A&es , imprimée en Mufique a Partition générale in folio. I .i3o CATALOGUE Paroles de M. Capiftron, Mufique de M. de Lully. XXII. 1 688 ÂCHILE, Tragédie , en cinq Ades , im- primée en Mu fi que : Partition in folio. Paroles de M. Capiftron , Mufique de'M. Col- laffe. XXIII. 3688 ZEPHIRE ET FLORE, Opéra, en trois Ades , imprimé en Mufique : Part, in fol. Paroles de M. du Boulay , Mufique de MM. Louis & Jean-Louis de Lully , frères. XXIV. ■i>6$9 THETIS ET P E'L E'E , Tragédie , en cinq Actes , imprimée en Mufique : Partition in folio. Paroles de M. de Fontenelle , Mufique de M. CollaiTe. XXV. 1 6po O R P H E'E , Tragédie , en trois Ades , im- primée en Mufique : Partition in fol. Paroles de M. du Eoulay , Mufique de M» Loiiis de Lully. XXVI. itfpi ENE'E ET LA VINIE, Tragédie , en cinq Ades , imprimée en Mufique : Partition in folio. Paroles de M. de Fontenelle , Aiufique de M. CollaiTe. XXVII. i & depuis en Partition générale in fol. Par. de M. de la Mothe , Muf. de M. Campra». XLIV. 1698 ISSE'j P 'af or aie Héroïque, en trois Actes, I ii] 1 34 CATALOGUE imprimée en Mufique : Part, in quart, rare. Paroles de M. de la Mothe , Mufique de M* Deftouches. XLV. .169* LES FESTES GALANTES, Ballet, en trois Actes , imprimé en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Duché , Mufique de M. Defma- lets. XLVI. i699 LE CARNAVAL DE VENISE, Ballet , en quatre Actes , imprimé en Mufique ; Partition in quarto. Paroles de M. Regnard , Mufique de M. Cam- pra. XLVIL 1699 AMADIS DE GRECE, Tragédie, en cinq Actes , imprimée en Mufique : Partition in quarto. Troifiéme Edition, Paroles de M. de la Mothe , Mufique de M* Deftouches. XLVI1L 1 699 MATHESIE, Tragédie , en cinq Actes, imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. de la Mothe , Mufique de M» Defrouches. XLIX. 1700 LE TRIOMPHE DES ARTS, Bal- let , en cinq Entrées, imprimé en Mufique ; Par* tition in quarto. Paroles de M., de la Mothe, Mufique JfM. de la Barre* DES OPERA. ns L. 1700 C A N E N T E , Tragédie , en cinq Actes , non- imprimée en Mufîque. Paroles de M. de la Mothe , Mufîque de M» Collaïïe» LI. 1700 H ES IO NE, Tragédie , en cinq Actes 3. imprimée en Mujique : Partition in quarto. Se- conde Edition. Paroles d.e M. Danchet ,. Mufîque de M. Carn- pra. lu. 1701 ARETHUSE, Ballet, en trois Entrées ^ imprimé en Mufîque : Partition in quarto. Paroles de M. Danchet, Mufîque de M. Cam* pra. lui. Ï701 SC YLLA, Tragédie , en cinq Actes , gra- vée en Mufîque : Partition in quarto. Paroles de M. Duché , Mufîque de M» Théo- bal. LIV. 170 1 OMPHALE, Tragédie , en cinq A&es > imprimée en Mufîque ; Partition in quarto. Paroles de M. de la Mothe , Mufîque de M* Deftouches. LV. 1702 M E D U S, Roy des Medes , Tragédie , en cinq Actes , imprimée en Mufîque , par extrait : Partition in quarto. Paroles de M. de Lagrange , Mufîque d.e M» BouvarcL liii} i36 CATALOGUE LVI. 1 702 F R A G M E N S de M. de Lully , Ballet, en quatre Entrées , imprimé en Mufique : Parti- tion in quarto. Cette Pièce a été mife au Théâtre par MM» Danchet & Campra. LVII. 1702 TANCREDE, Tragédie , en cinq A&es, imprimé; en Mufique : Partition in quarto. Se- conde Edition. Paroles de M. Danchet , Mufique de M. Cam- pra. LVIIÏ. 1703 ULYSSE, Tragédie, en cinq A&es, im- primée en Mufique : Partition in quarto. Parole de M. Guichard , Mufique de M. Re- bel. LIX. 1703 LES MUSES, Ballet 3 en cinq Entrées, imprimé en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Danchet, Mufique de M. Cam- pra. LX. 1704. LE CARNAVAL ET LA FOLIE, Comédie- Ballet , en quatre A&es in quarto , rare. Paroles de M. de la Mothe , Mufique de M. Deftouches. LXI. 1704 IPHIGENIE, Tragédie , en cinq Aftes, imprimée en Mufique : Partition in quarto. Se- conde Edition. Paroles de M. Duché , Mufique de M, Del- marets. D E S O P E R A. 137 LXIL 1 704 TELEMAQUE, Fragmens des Moder- nes , Tragédie , en cinq Actes , non imprimée en Mufique. Cette Pièce a été mife au Théâtre par MM. Dan cher & Campra. LXIII. 1704 A L C I N E , Tragédie, en cinq Acïes , gra- vée en Mufique : Partition in folio , rare. Paroles de M. Danchet , Mufique de M. Cam- pra. LXIV. 170; LA VENITIENNE, Comédie- Ballet., en trois Actes , non- imprimée en Mufique. Paroles de M. de la Mothe, Mufique de M. de la Barre. LXV. 1705 PHILOMELE, Tragédie , en cinq A&es, imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Roy , Mufique de M. la Cofte. LXVI. 1705 A L C I O N E , Tragédie , en cinq A&es , gravée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. de la Mothe , Mufique de M. Marais. LXVII. 1 70(5 C A S S A N D R E , Tragédie t en cinq Ades, imprimée :n Mufique : Partition in folio. Paroles de M. de la Grange , Mufique de MM. Bouvard & Bertin. LXVIII. 1706 POLIXENE ET PYRRHUS, 7Va- i3.8 CATALOGUE qedie , en cinq Actes , imprimée en Mufîque ; Par- tition in folio. Paroles de M. de la Serre , Mufîque de M. Co- lafle. LXIX. 1707 BRADA MANTE, Tragédie , en cinq Actes , imprimée en Mufîque : Partition in quarto* Paroles de M. Roy , Mufîque de M. la Coite. LXX. 1708 HIPPODAM1E, Tragédie, en cinq Actes , imprimée en Mufîque : Partition in quarto* Paroles de M. Roy , Mufîque de M. Campra. LXXI. 1708 I S S E' , Paflor aie- Héroïque , en cinq Actes» Troifiéme Edition , imprimée en Mufîque : Par- tition générale in folio. Paroles de M. de la Mothe , Mufîque de M» Deftouches. LXXII. Ï709 S E M E L E' , Tragédie , en cinq Actes y gra- vée en Mufîque : Partition in quarto. Paroles de M. de la Mothe , Mufîque de M» Marais. LXXIIL 1 700 MELEAGRE, 1 rage die , en cinq Actes, imprimée en Mufîque : Partition in quarto. Paroles de M. Jolly , Mufique de M. Batiitin. LXX1V. 1710 DIOMEDE, Tragédie , en cinq Actes » imprimée en Mufîque : Partition in quarto. Paroles de M. de la Serre , Mufîque de M» Bertin. DES OPERA. 139 LXXV. 1710 LES FESTES VENITIENNES, Ballet , en plufienrs Entrées , imprimé en Mufi- que : Partition in quarto. Paroles de M. Danchet , Mufique de M. Cam- pra. LXXVI. 1711 MANTO, Opéra , en cinq A des , imprime en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Menefîbn , Mufique de M. Ba- tiftin. LXXVII. 1712 IDOMENE'E, Tragédie , en cinq A&es , imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Danchet , Mufique de M. Cam- pra. LXXVIII. 1712 CREUSE, Tragédie, en cinq A&es, im- primée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Roy , Mufique de M. la Cofte. LXXIX. 1712 LES AMOURS DE VENUS, Bal- let , en trois Entrées , non-imprimé en Mufique , à la referve du Prologue. Paroles de M. Danchet , Mufique de M. Cam- pra. LXXX. 1712 CALLIRHOE', Tragédie . en cinq Actes, imprimée en Mufique :. Partition in quarto. Se- conde Edition. Paroles de M. Roy , Mufique de M. Deftou- ches. 140 CATALOGUE LXXXI. 1713 MEDE'E ET JASON, Tragédie, en cinq A&es , imprimée en Mufiqae : Partition in quarto. Paroles de M. de la Roque , Mufique de M. Salomon. LXXXII. 1713 LES AMOURS DFGUISE'S, Bal- let , en trois Entrées , imprimé en Mufique : Par- tition in quarto. Paroles de M. Fufilier , Mufique de M. Bour- geois. LXXXIII. 1713 TELEPHE, Tragédie, en cinq A; imprimée en M ficjue : Partition in quarto. Paroles de M. Danchet, Mdfique de M. Cam- pra. LXXXIV. 1714. ARION, Tragédie , en cinq A&es , impri- mée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Pellegrin , Mufique de M. Ma- tho. LXXXV. 1714, LES FESTES DE THALIE, Bal- let , en plufieurs Entrées , imprimé en Mu fi que : Partition in quarto. Paroles de M. de Lafonds 3 Mufique de M. Mouret. LXXXVI. 17 14. TELEMAQUE, Tragédie , en cinq Acles j imprimée en Mufique : Partition in quar- to. D E S O P E R A. 141 Paroles de M. Pellegrin , Mufique de M. Def- touches. LXXXVII. 171; LES PLAISIRS DE LA PAIX, Ballet y en trois Entrées , gravé en Mufique : Par- tition in quarto. Paroles de M. MennelTon , Mufique de M. Bourgeois. LXXXVIII. ; 171 ; T H E O N O E' , Tragédie , en cinq A&es , imprimée en Mufique : Partition in quarto. Taroles de M. Pellegrin , Mufique de M. Salo- mon. LXXXIX. 171 6 A J AX , Tragédie, en cinq Actes, imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. MennelTon , Mufique de M. Ber- tin. XC. 1716 LES FESTES DE L'ESTE', Ballet, en trois Entrées , imprimé en Mufique : Partition in folio. Paroles de M. Pellegrin , Mufique de M. Mon- teclair. XCI. 1716 HYPERMNESTRE, Tragédie , en cinq Actes, imprimée en Mufique, Partition in quarto. Paroles de M. de Lafonds , Mufique de M. Gervais. XCII. 17 17 ARIANNE, Tragédie , en cinq Acles , H2 CATALOGUE imprimée en Mufique : Partition in quarto. Taroles de MM. Roy & de Lagrange , Mufi~ que de M. Mouret. XCIIL 17 17 CAMILLE, Tragédie , en cinq A&es , imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Danchet , Mufique de M. Cam- pra. XCIV. I?I8 LE JUGEMENT DE PARIS, Pa- ftorale Héroïque , en trois Aftes , hnprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Pellegrin , Mufique de M. Ber- lin. xcv. 1718 LE BALLET DES A G E S , en quatre ] Entrées, non-imprimé, un feul Extrait gravé. Paroles de M. Fufilier , Mufique de M. Cam- pra. XCVI. lyjg SEMIRAMIS, Tragédie , en cinq Acles, imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Roy, Mufique de M. Deftou- ches. XCVII. i7ip LES PLAISIRS DE LA CAMPAGNE, Ballet , en trois Ades , imprimé en Mufique , par : Extrait. Paroles de M. Pellegrin, Mufique de M. Bertin. XCVIII. 1720 P O L I D O R , Tragédie , en cinq A&es , non- imprimée en Mufique* DES OPERA. i4J Paroles de M. de la Serre, Mufique de M. Ba- tiftin. XCIX. 1720 LES AMOURS DE PROTE'E,^/- /?r , en trois A des , imprimé en Mufique : Parti- tion in quarto. Paroles de M. de Lafonds , Mufique de M. Gervais. C. 1722 R E N A U D ;, ou LA SUITE D'ARMIDE, Tragédie , en cinq A&es , imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Pellegrin , Mufique de M. Def- marets. CI. 1723 PIRITHOUS, Tragédie , en cinq A&es, gravée en Mifique : Partition in quarto. Paroles de M. de la Serre, Mufique de M. Mouret. CIL 1723 LES FESTES GRECQUES ET ROMAINES, Ballet Héroïque , en trois A&es , imprimé en Mufiqne : Partition in qiarto. Paroles de M. Fufilier , Mufique de M. Colin de Blamont. cm. 1724 LA REINE DES PERIS, Comédie Per- fane , en quatre Actes , gravée en Mufique : Par- tition in quarto. Paroles de M. Fufilier, Mufique de M. Aubert. C1V. 1725 LES ELEMENS, troifiéme Ballet du Roi, i44 CATALOGUE en quatre Entrées , imprimé en Mufique : Parti- tion in quarto. Paroles de M. Roy , Mufique de MM. Lalan- de & Deftouches. CV. 1725 TELEGONE, Tragédie, en cinq A&es, imprimée en Mnfique , Partition in quarto. Paroles de M. Pellegrin , Mnfique de M. de la Cofte. CVI. lJ26 LES STRATAGEMES DE L'AMOUR, Ballet , en quatre Entrées , imprimé en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Roy , Mufique de M. Deftou- ches. CVII. j726 PYRAME ET THYSBE', Tragédie, en cinq Actes , gravée en Mufique ; Partition in quarto. Paroles de M. de la Serre , Mufique de MM. Rebel Fils, & Francœur le Cadet. CVIII. I?27 LES AMOURS DES DIEUX, Ballet en quatre Entrées , gravé en Mufique : Par- tition in quarto. Paroles de M. Fufilier , Mufique de M. Mou- ret. CIX. 1728 ORION, Tragédie , en cinq Actes , im- primée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Pellegrin , Mnfique de M. de la Cofte. CX. DES OPERA. 14$ CX. 1728 LA PRINCESSE D'ELIDE, Ballet héroïque , en trois Actes , imprimé en Mufique , Partition in quarto. Paroles de M. Pellegrin , Mufique de M. Vil- leneuve. CXI. Ï728 TARSIS ET ZE LIE, Tragédie, en cinq A clés, imprimée en Mufique : Partition in quar- to. Paroles de M. de la Serre , Mufique de MM. Rebel fils , & Francoeur cadet. CXII. i7?p LES AMOURS DES DE'ESSES, Ballet , en quatre Entrées, imprimé en Mufique: Partition in quarto. Paroles de M. Fuflllier, Mufique de M. Qui* nault. CXIII. 173 ô PYRRHUS, Tragédie , en cinq A&es , imprimée en Mufique : Partition in quarto. Paroles de M. Fermelhuys , Mufique de M. Royer. CXIV. .1731 ENDYMION, Paftorale héroïque , en cinq Actes , fans Prologue , imprimée en Mufi- que : Partition in quarto. Paroles de M. de Fontenelle , Mufique de M» Collin de Blamont. Ï732 DIVERTISSEMENT donné devant le Roy , & depuis à l'Opéra , à l'occafion du K :-$? CATALOGUE 5732 1732 1732 *733 Mariage de S. A. S. Monfieur le Prince de Con- ty avec Mademoifelle d'Orléans. cxv. JEPHTE', Tragédie, en cinq A&es , tirée de l'Ecriture Sainte , gravée en Mufiqne 3 Parti- tion générale in folio. Paroles de M. l'Abbé Pellegrin , Mufiqne de M. Monteclair. CXVI. LE BALLET DES SENS, en cinq Actes , gravé en Alufique : Partition in quarto. Paroles de M. Roy , Mufiqne de M. Moil- ret. CXVII. B I B L 1 5 , Tragédie, en cinq A&es , itnprm mée en Mufiqne : Partition in quarto. Paroles de M. Fleury , Mufiqne de M. de Lacofte. CXViîï. L'EMPIRE DE L'AMOUR,^/. Paroles de M. Demoncrif, Mufiqne de M. le Chevalier de BraiTac. i AU ROY. HT Igné prêtent des Dieux, doux fruit de lent largefîe 9 Grand Roy, dont la bonté, la grâce, la fageûe, Enchantent des Fr a nç o is les regards & le coeur, Pendant que ton Nom vole & feme la terreur,, Avant d'entrer au char que t'aprête Bellone^. Reçoi les Dons fjateurs des Enfans de Latone.. m Vj E P I T R E. Déjà leurs tendres foins ont veillé fur tes jours , Et de tes premiers ans ont embelli le cours : Diane , du repos ennemie invincible, Rendit aux pallions ton ame inaccefïible , Elle t'offrit des Jeux aux Héros deftinés, Repouffa loin de Toi les traits efféminés ; Et dans l'âge où les fens excitent tant d'orages » Garentit ta vertu du plus grand des naufrages. Les plaifirs que fon art étale dans ta Cour , Ont marqué les progrès que tu fis chaque jour, La Décile n'a plus de fecrets à t'apprendre : De ks fçavantes loix interprête encor tendre, Tu rends des jugemens fages & raifonnés , Que n'oferoient porter des Veneurs furannés 5 Et les prix amufans d\ine douce vi&oire , Te retracent les traits de la folide gloire ; E P I T R E. Vij C'efl elle qui t'enflame & qui force ton bras D'aller porter la guerre en différens climats , Pour maintenir les droits d'un peuple qu'on opprime* Quand il appelle un Roy d'une voix unanime. Mais que ne dois-tu pas au zélé d'ApoLLONi' Eft-il quelque détour dans le facré Vallon, Où de (es feux féconds la lumineufe trace N'ait ouvert à tes yeux les tréfors du Parnafie ? Un Guide que ce Dieu lui-même t'a donné , Dans le champ des beaux Arts long-tems t'a promené; Il porta devant Toi le flambeau quit'éclaire, Ta fageffe eil fon bien , ta gloire eft fon faîaire» Sans doute dans le cours de fes do&es leçons , Il ne fit point entrer la Science des Sons ; Phoebus fe refervoit le droit de t'en inftruire : m viij E P I T R E, Ecoute les accens que vient t'offrir fa Lyre y ■ D'une Mufe empreffée il foûtient les efforts , Pour t'annoncer les Loix de fes divins accords. De deux. Divinités comble donc l'efpérance y Si D i a n e eft pour Toy digne de préférence , Que quelquefois le Frère aux travaux de fa Sœur * Faffe des tendres Sons fucceder la douceur. Leur objet eft le même, &, toujours légitime, A l'abry des remords, loin des (entiers du crime» Excite fans fureur de généreux tranfports , Ou de Famé fenfible anime les refforts. DIANE. ou LES LOIX DE LA CHASSE DU CERF, POEME Seconde Partie. Kij -®im mï& ««»» «w &iis&- I PREFACE. CE Poëme n'emprunte de la Fable que le feul nom de Diane , dont on a cru devoir fc icrvir pour parler un langage plus convenable à la Poëfie. C'e-ft un Ouvrage purement Didacti- que , dont l'objet eft de donner aux perfonnes curieufes une idée des connoiiTances delà ChafTe du Cerf, ôc de retracer aux Chaffeurs une ima- ge réduite en principes, des opérations qu'ils re- connoiffent tous les jours dans la pratique de cee> exercice. Gaston, furnommé Phœ3US , Comte de Foix,' eft un des plus anciens Auteurs qui ayent écrit en François fur les différentes Chaffes , &» entr'au- très fur celle du Cerf. Il y a un Traité de lui qui a pour titre , Déduits de la ChaJJe , imprimé en lettres Gothiques à Paris par Antoine Verard , fans date 5- mais on juge par le tems où travail- loit cet Imprimeur, que l'Ouvrage de Gaftcn de Foix peut avoir été mis au jour aux environs de de l'année i ; 1 8. fous le règne de François I. Ce livre avoit été compofé long-tems auparavant ; il y en a des exemplaires manufcrits dans la Biblio- thèque du Roy & dans celle de Monfieur le Comte de Touloufe, dont les miniatures font-, dit-on,, d'une très-riche exécution : les deux tiers Kiii i;o PREFACE. de cet Ouvrage font en profe , & l'autre tiers en vers, ôc le tout traite des différentes efpeces de ChalTe. La pallion extrême que Charle IX. Roy de France avoit pour ce noble amufement, l'enga- gea à compofer lui-même un Traité fur la ChaiTe du Cerf en particulier. Ce petit Ouvrage eft Jplein d'érudition , & de belles recherches fur la nature des Cerfs, aufquelies il dit avoir fait tra- vailler les plus fçavans perfonnages. Jacques du Fouilloux Gentilhomme Poi- tevin lui dédia une Vénerie complette dans un volume in 4. dont il y a eu plufieurs Editions. La Vénerie de du Fouilloux renferme un grand nombre de connoiffances ., 6c de détails 5 mais il s'y trouve peu d'ordre , beaucoup de répétitions : le ftyle en eft furanné & fouvent trop libre. Sous le même règne , Charle Gaucher natif de Dampmartin Aumônier du Roy , avoit com- mencé un Ouvrage en vers François fur la mê- me matière } ainfi qu'il le dit lui-même dans fa Préface > mais il ne parut qu'après la mort de Charle IX. Il eft intitulé Les Plaifirs des Champs, imprimé pour la première fois en iyS?. dédié à Monfieur de Joyeufe , Amiral de France ôc Gou- verneur de Normandie. Il y en a eu une féconde Edition dédiée à Monfieur de Monbazon. Quarante ans après parut le Traité de la PREFACE. i;i Chafle du Cerf de Charle IX. imprimé à Paris en l'année 1625. ôc dédié à Louis XIII. Enfin en l'année 1655. Robert Salnove dé- dia à Louis XIV. fa Vénerie Royale, qui lui ac- quit toute la réputation qu'il a encore aujour- d'hui. Ce fut dans la même année 1 6$ 5V que Jac- ques Savary , natif de Caën , y fit imprimer un roëme Latin divifé en fept livres fur la feule Chaffe du Lièvre, intitulé Album Diana Lepori- cidœ > five J^enationis Leporinœ Leges. Il le dédia à Monfieur de Pompone de Bellievre , Premier Préfident du Parlement de Paris. Le fuccès qu'eut cet Ouvrage , l'engagea à compofer trois autres Poèmes Latins fous le titre de Venationis Cervinœ , Capreolinœ y Aprugnœ , & Lupinœ Leges.. Ils furent imprimés à Caën en i6y & dans laquelle par ua long exercice il avoit acquis lui-même de pro- K iiij i;2 PREFACE. fondes connoiflancçs : peut-être auffi dans l'idée de faire paffer dans les pays étrangers par une- langue commune les principes d'un art dont il attribue' l'origine aux Gaulois piédçceiTeurs des François. Quoi qu'il en foit on ne peut allés admirer, la confiance > l'érudition ôt la facilité avec la- quelle cet Auteur a rendu dans une langue morte des termes durs, bizares , lorfque dans toutes les occalions on n'a pas employé les termes propres à la ChafTe $ la nécefîité du vers, l'obligation de varier Ôc d'é- viter la répétition trop fréquente des mêmes mots, a contraint de fe fervir quelquefois de termes fi- nonymes qui en facilitent l'intelligence aux per- fonnes moins verfées dans l'Art. C'eft par la me- PREFACE. iSS me raifon qu'on a été obligé d'en retrancher to- talement quelques-uns : quel moyen , par exem- ple , d'employer dans un vers le terme de Valet de Chiens ou de Limier ? On a iuivi dans ce changement l'exemple du Poète Latin , qui trou- vant le même inconvénient dans fa langue , a fubftitué le nom de Quêteurs aux Valets de Li- miers , ou celui de Conducteurs aux Valets de Chiens. C'eft une liberté à laquelle on prie les Chaffeurs rigides de vouloir fe prêter en faveur de la dignité de la Poëfie. On leur demande la même juftice en ce que l'on n'a pas fuivi l'ufage qui fembie s'être introduit depuis quelque tems de dire un Piqueux au lieu d'un Piqueur, ôc un Cerf dix cors au lieu d'un Cerf de dix cors. Quand on écrit , on doit s'aftreindre aux règles de la langue. Salnove , qui eft le dernier Auteur François , dit toujours un Piqueur ôc un Cerf de dix cors. Le langage familier permet des liber- tés qui ne fe fouffrent point dans l'impreiTion. L'union du Poëme de la ChafTe avec celui de la Mufique paroîtra fans doute allez conve- nable : le titre commun des Dons des Enfans de Latone qui les ralTemble, eft fondé fur la naiifance que la Fable attribue à Apollon ôc à Diane : & quoique les matières en foient tota- lement différentes , le même objet ne femble- t-il pas les réunir ? Ces deux Arts font particu- î $6 PREFACE. îierement défîmes à faire les délices des gens de Condition h ce font prefque les feuls dont ils faffent gloire d'approfondir les détails , & dans îefquels ils ne dédaignent pas même d'être les Ouvriers : on fouhaite que ce qui n'a été que l'objet d'une occupation amufante puiffe leur pa- roître agréable, ôc leur procurer quelques inftans de plaiiir. f> 1S7 Ouarv ttwenit Zt'Ba^ SaJp ■ IANE- o u LES LOIX DE LA CHASSE DU CERF, POEME- CHANT PREMIER. 'Est afi"ez d'ApoLLo n célébrer les douceurs; Mufe, viens deDiANE annoncer les faveurs; La fille de Latone exige tes hommages : Retrace de fes dons les nobles avantages , î;8 DIANE, L'image de la guerre & les travaux des Rois ; Prens un nouvel eflbr , & di&e-moy les loix Qui déterminent l'art & la règle certaine De détourner (') le Cerf & d'en forcer C haleine* Loin de moi folle ardeur , courfe du Lévrier : Vos triomphes trop prompts flatent-ils un guerrier? Envain Sparte , jadis des cités la plus fage , De vos amufemens fit un fréquent ufage (2). Loin de moy itratagême à grand frais préparé , Qui dans un Parc mouvant de toiles entouré (3) , Surprenez lâchement une troupe éplorée , Pour la livrer aux coups d'une main aflurée* (i) C'eft découvrir le lieu ou le Cerf s'eft mis à la repofée avant le jour, & par une enceinte faite avec le Limier s'affûref qu'il n'en eft point forti. (2) Les Lacedemoniens s'adonnoient fort à la Chafie , & a- voient des Chiens très-vîtes qu'on croit avoir été des Lévriers : Veloces Spartœ Catalos. Virgile , Georgiq. III. 405. (3) On prend les Cerfs en certains pays dans les toiles , mais plus communément les Sangliers; ôceniuite on fe fait un amu- fement de les tuer avec des dards. Chant Premier. j^ Ma Mufe fe refufe à peindre des plaiflrs Où la gloire n'eft point l'objet de nos defirs : Profitons mieux des biens que Diane préfente 5 Fuyez loin de fes jeux , fuyez , arme fanglante : Que la honte , la fraude , & les exploits cruels N'y foliillenc point le bras des généreux mortels. Craignons le fort fatal qu'éprouva Cypariiïe (!), Ses regrets dévorans forgèrent fon fupplice ; Le Cyprès pleure encore , & fa gluante humeur N'exprime-t-elle pas fon amere douleur ? Je veux chanter les loix d'un plus noble exercice, Retracer du Limier (2) l'ingénieux indice, Qui conduit le Veneur par le Trait attiré Aux lieux où fans effroy le Cerf s'eft retiré ; (1) Cypariiïe , après avoir tué un Cerf qu'il aimoit , enféchoït de chagrin ; il fut changé par Apollon en Cyprès dont la gomme a été regardée par les Poètes comme des larmes qui expriment enco- ce fa douleur. (z) Chien de trait dont on fe fert pour détourner le Cerf. i6o DIANE, Apprendre à le connoître & comment on l'entoure -9 L'Ordre (') des Chiens- cour ans , le tems du Laijfé* courre (2) * Et les rares fecrets , qu'aux fiecles reculés , La première aux Mortels Diane a révélés* Toy qui de fuivre un Cerf fais tes chères délices , Qui braves les rochers , les monts , les précipices * Triomphes des faifons , de tout obftacle humain , Et des âpres forêts applanis le chemin * DéefTe, guide-moy dans ma noble carrière, Du Parnafle où je cours , ouvre-moy la barrière : Ton frère t'en apprit les plus fecrets détours $ Ne me refufe pas ton utile fecours, (i) On dit un bel Ordre de Chiens pour en exprimer l'efpece & la qualité. H (2) Lieu ou on lâche les Chiens après que le Cerf y a été dé- tourné. Ecarte Chant Premier. i^ - Ecarte devant moy les ronces , les épines , Montre à mes pas tremblans la voie où tu chemines, Applaudis à mon zèle, échauffe mes efprits; Tandis que de tes dons éternifant le prix, Je vais vanter ton culte , enflamer le courage > De tes divines loix publier le langage , T'élever des autels , & des fuperbes cœurs Te faire des fujets & des adorateurs. François, je ne viens point révéler des myftefes Etranges , inoiiis -, inconnus à vos pères ; Dans la Chaife avant vous le Gaulois élevé Vous tranfmit ce grand Art de tout tems cultivé» Avant que les fureurs du démon de la guerre Euffent au joug de Rome aflujetti la terre ; Avant qu'au monde entier faifi d'un jufte effroy$ L i62 DIANE, Le premier des Céfars eût impofé fa loy , On avoit vu Diane en la Gaule adorée: Nulle Divinité n'y fut plus révérée ; Jupiter, & du ciel les Dieux les plus poiflàns Y furent moins chantés , reçurent moins d'encens. La demeure des bois aux Celtes fut fi chère , Qu'ils donnèrent au Chêne un facré caraciere (a) , Et qu'au fond des forêts leurs Druydes (b) pieux EtabliiToient les loix & réveroient les Dieux. A monter un Courtier le Gaulois ait habile ; 5a main fûre jamais n'en trouva d'indocile ; Dans le fein de la paix , ennemi du repos , (à) Le guy du chêne e'toit en grande vénération chez les Gau- lois : un de leurs Prêtres le cueilloit , & après l'avoir confacré le dimibuoit au peuple au commencement de l'année facrée en criant à guy l'an neuf) terme encor connu dans quelques provin- ces du Royaume au premier jour de l'an. (b) Du mot grec $fvt qui fignifie chêne a été formé celui de Druides leurs Prêtres : on les appelloit auiïi Eubages , Saron ides, ik. Bardes. Chant Premier. i<5? Il fçavoit de la guerre imiter les travaux ; A la courfe , à la lutte , exerçoit fon courage, D'un aflaut ou d'un camp fe retraçoit l'image , Et par un jeu pénible afTerminant fon bras, Préparoit fa valeur à de fanglants combats. D e'j a de fuivre un Cerf la fcience connue, Par un long exercice y fut entretenue. Mais foit qu'au gré des loix un foin religieux Dût cacher les fecrets des mortels & des Dieux ; Soit que l'efprit humain que le tems feul éclaire , N'eût point pour les tracer trouvé de cara&ere , Les myfteres facrés , les annales des Rois , Les faites des Héros , les Arts , les grands exploits , Ne percèrent la nuit de ces tems d'ignorance Qu'à la faveur d'un Chant (a) dont la fimple cadence (a) Ce qui répond aflez à nôtre Vaudeville que quelques Au- teurs appelloient Voixdeville. M itf4 DIANE, Paffoit de bouche en bouche avec rapidité; Ouvrage en vers Gaulois par les Bardes chanté (a) , Qui par le père au fils appris dès fon enfance , Conferva de leurs mœurs l'antique connoiffance. Diane fçut ainfl perpétuer fes loix De l'Empire Celtique au règne des François. Des animaux divers files chafles bruyantes, Chacune dans fon Art ont des loix différentes , Des principes communs femblent les réunir , JEt les mêmes fecours doivent leur convenir. Le choix du tems , des lieux où le Fauve s'adreffe , Limiers, Meute, Piqueurs , Coureurs de toute efpece-, D'abondans revenus pour les entretenir , {a) On croit communément que Bardus Roi des Gaules inven- ta la rjinïe : il donna fon nom aux Bardes qui devinrent après lui ■ Prêtres de la Nation 6c cultivèrent la Poëfie. Chant Premier. \6y Sont les premiers aprêts dont il faut fe munir* On connoîtra bientôt le fçavant artifice , Qui doit du Cerfrufé combattre la malice. Mais cet Art qui demande un courage empreiïe > N'admet point un Veneur que les ans ont glacé. C'efl dans l'âge bouillant de la jeunefTe a&ive Qu'étincelle le feu d'une reflburce vive s Et que de plus d'efprits les membres animés Sont au plus longs travaux fans peine accoutumés» Fuyez , Noble indigent , & vous , peuple profane, Gardez- vous de prétendre aux faveurs de Diane~ Princes , Grands , c'efl: à vous que fes dons font offerts ; Elle puife à fon gré dans vos tréfors ouverts ; Et ce n'efl: qu'à regret que dans votre entreprife 3 Veneurs à petit bruit , elle vous favorife , L iij 166 DIANE, Quand forcés malgré vous de négliger fes loix , Sans pompe & fans éclat vous traînez dans les bois Des Chiens mal ameute's (a) qu'avec peine on raf- femble Sous des Cors diiïbnans , peu concertés enfemble.» Mais puifque la Déeffe a toléré vos droits , Profitez des décrets que me dicTe fa voix. Au pied de fes Autels -, par fon nom redoutable Faites tous un ferment fincere , inviolable , De ne jamais aux Cerfs attacher vos efforts , Que lorfqu'après fix ans ils font Cerfs de Dix- cors (b). Jurez de ne point fuivre une Biche timide ; (a) Chiens qui vont mal enfemble : par ce détail Savary ne veut parler que de quelques Veneurs qui fans avoir d'équipage dans les formes, réunifient quelques chiens enfemble. (h) La règle eft de n'attaquer que les Cerfs de dix-cors; mais îa néceffité Ôc les occurrences font déroger à cette loi. Chant Premier, \6j Si quelque folle erreur fur fes traces vous guide , Réparez votre faute & rompez à i'inftant; Pour fes jours la Déefle eut un amour confiant t Elle les Honora cFun facré privilège» Mais pour vous garantir d'un honteux facrilege , Apprenez à porter des jugemens divers Sur le fexe & les ans des Biches & des Cerfs» Des indices certains en font le témoignage , Le. Bois , le Pied , les Os (a), I'Allure , le Corsage, La Reposée ou Lit , le Raire (b) , le Frayoir (c) Sont des fignes dont l'Art a fçû fe prévaloir : Tout parle dans le Cerf, Abbatures (d) , Fume'es (e), Jufqu'aux herbes enfin fous fes pas comprimées (/). (a) Les ergots s'appellent les os. (b) Le cry du Cerf. (c) Leur froilTement contre les arbres pour ôter la peau de leur bois. (d) Traces du corps dans les taillis. (e) Fiantes du Cerf ou de la Biche. (/') L'impreflion du pied fur le gazon fe nomme les foulées. L iiij i6S DIANE, Le mâle feul d'un Bois fe pare tous les ans ; Le panache pompeux de fes dards menaçans Ne couronna jamais le front d'une femelle. Sur le Moenale envain la Fable nous rapelle La Biche à cornes d'or (a)9 ce monltreau pié d'airain Qu'Hercule dans la courfe arrêta de la main. Le Faon ne produit rien de fa tête légère, Qu'après que douze mois il a fuccé fa mère :• Deux Bosses feulement fe forment fur fon front» Où les Dagues (b) perçant l'os de ce double mont> S'élèvent d'une palme en pointe terminée , Et commencent le cours de fa féconde année. Tel paroît le D a guet pendant un an entier ; (a) On met entre les travaux d'Hercule la prife qu'il fit à la courfe d'une Biche qui félon la Fable avoit les pieds d'airain 8c les cornes d'or , ÔC qui fe retiroit fur le Mont Moenale en Arca- die : Hercule l'arrêta dans la Rivière de Ladon , 8c l'appona fur fes épaules à Micenes. (b) Les Dagues font de fimples dards que porte le Cerf pen- dant le cours de fa féconde année , 8c qui font fa première t.ltç^ £lles font longues de <5. à 7. pouces. Chjnt Premier. 169 Mais du fort paternel devenu l'héritier , Jeune Cerf il met bas , & foudain la nature Repouffe de fon front la féconde parure ; L'appareil en fera plus pompeux & plus beau (a). Après l'an révolu fuit un débris nouveau , D'où le Mairain commence en décorant fon faite , La quatrième année & la troifiéme tête (b). Le cinquième Printems ufant des mêmes droits Subftituë au vieux tronc le quatrième Bois (c) ; Tels font les jeunes Cerfs (d). Mais lorfque réparée, Dans le fixiéme Eté la tête plus parée , (a) Cerf à fa féconde tête qu'il pouffe en commençant fa troi- fiéme année, que Salnove 8c Savary appellent Porte- six , parce que chaque Perche porte deux petits Andouillers outre les deux bouts de la Perche qu'on doit compter. Sal. pag. 70. (Jy) Cerf à fa troifiéme tête qu'il pouffe en commençant fa quatrième année. < (c) Cerf à fa quatrième tête qu'il pouffe en commençant fa cinquième année. (d) Les Cerfs à la féconde , troifiéme, & quatrième tête com- munément fe nomment jzums Cerfs, &C peuvent pouffer 8, io , & jufques à 1 z Andouillers , fuivant les payis 6z. la bonne ou *n.au\raife nourriture.. 170 D lANEy Etale la hauteur du cinquième ornement , Parles François nommé de Dix-cors Jeunement (a) Le Cerf entre en fa force , & fa prompte croiffance Détermine la fin de fon adolefcence ; Son Corsage groffit , fes membres font nerveux : Il pouffera des Cors plus hauts & plus nombreux» Quand du feptiéme Eté le renaiflant ouvrage A de fon Bois tombé réparé le dommage , La Teste eft à fon terme , & fes fuperbes dards Seront furie Mairain (3) abondamment épars (&). On en voit deux fois huit , ou trois fois fix paraître , Jufqu'à quatre fois fix la nature en fit naître (*■) : Les Perches (3) élevant leurs bizarres rameaux , Les offriront peut-être en nombres inégaux ; (a) Cerf qui pouffe fa cinquième tête en commençant fafixié- nie année. (b) Le Cerf qui a paffé fix ans eft un vrai Cerf de Dix-cors. (c) On doit compter les AndouilJers les plus courts, pourva que l'ouverture de la trompe y puiffe entrer. Chant Premier. 171 Si l'une en porte fix, l'autre quatre en étale, Que le nombre plus fort, fur le moindre prévale; La Déeffe a permis qu'également nommés Ils foient Cerfs de Dix-cors , mais Dix-cors mal seme's. C'efl: toujours de la forte ou foible nouriture , Que dépend de leur Bois l'inconflante parure. Mais quels que puhTent être & leur tête & leur corps, lis feront conftamment nommés Cerfs de Dix-cors, Jufqu'à ce que les ans dont le poids les opprefle , Imprimant fur leur chef des fignes de vieilleffe , Enfin de Grands-Vieux Cerfs leur acquièrent les droits. Mufe , révéle-jnoi l'indice de leur Bois. Sur le front eft aflife une double racine , i72 DIANE, Large , épaifle , & du Test tirant fon origine, Qui fur un crâne dur étendue à fon choix , Reçàt le nom de Meule (i) en langage François : Plus elle y paroît proche, adhérente & liée, Plus dans un long contour laFRAizE (2) déployée» De Ces cailloux aigus , inégaux Se nombreux , A l'œil préfentera le cercle raboteux ; Plus avant vous verrez s'enfoncer la Pierrure?(2) Plus vous devez des ans tirer la conje&ure» Du fommet où la Perche (3) étale fes rameaux , Defcendent deux Rayons, Goutieres (4.) ou Canaux, Dont la concavité du tems feul eft l'ouvrage , Et des jours écoulés l'indubitable gage-. Le fable graveleux par grumeaux raflemblé , Quifembley retracer un- long eolier ferle' 3 Cerf-d& da&h connJetutemeni/ . Pour chercher au Gaignage (c) un pâturage frais , ^Qu'ils laiffent quand le jour les rappelle aux forêts. C'eft l'inftant où le pied fera foi de leur âge ; 11 n'eft point de leurs ans de plus fur témoignage. La Solle (4) n'offre point des indices douteux (d) ; (a) Indices de l'âge du Cerf par le pied. {b) Avec fermeté & fans crainte. (c) Champs où les Cerfs vont pâturer la nuit , ce qu'on ap- pelle viander. (d) Laconnoiffancepar le pied eft certaine; cependant pour ne pas s'y méprendre, il faut faire de grandes attentions fur la qua- lité du terrein qui plus ou moins gras , marécageux , doux , pier- y y /» I? ,?s Jeu ne Cerf. } Jj œil t ' , Noms des Parues du pied 1 . Le*? Oj qui j-envt Le*f eix/okr a . La /ambe S . Le Lilart 4 , La Salle 5 , Les Costa? au nxiiielnitur, û . Le*? pinces aie aiiçuw , OuJjy uw&ilt J LtB Chant Premier. 175- On verra fi le pied efl plein , ou s'il efl creux , Sa longueur,fon Talon, (3) fi la Pince (6) traçante, Laiffe une imprefîïon émoiuTée ou Coupante , S'il efl: en pointe , ou rond , ouvert , ou reflerré , Et quel en efl enfin le différent degré. La Biche par la tête au mâle diffemblable , Par fa Voye eft encore diflincle & remarquable. Si le poids d'un dépôt dans Ion fein renfermé , Fait douter de fon pied (a) largement imprimé , Il efl de cette erreur aifé de fe défendre , A fon mauvais Talon (3) on ne peut fe méprendre. Le Cerf n'a pas changé de tête deux Printems , reux , ou montagneux , tendra différentes les connoifTances fui- vant les pays. (a) La vieille Biche brehayne , ainfi que la Biche pleine , pefe beaucoup , ôc laiffe un pied plus large qui peut induire en erreur. ijô DIANE, Qu'il n'ait plus de Talon qu'une Biche en tout tems. Elle ouvre un pied plus long, plus Coupant, & plus Gresle, Marche fou vent en Harde 0) : elle ne fe Recelle , Que pour trouver des fonds, où plus commodément Elle aille de fon terme attendre le moment. Mais fi fon pied moins fur , ou fi fon Talon même Ne pouvoit de fon fexe expliquer le problême * Son* Allure inconilante a droit d'en décider ; Eil-il un ordre égal qu'elle puiile garder f Elle ne peut long-tems fuivre une droite ligne , Fauxmarche (b) , & de fes pas laiile l'oblique ligne* Par les traits apparens d'indices non douteux , Non moins les pieds des Cerfs fe diftinguent entr'eux. (rt) En troupe. (b) Elle fe méjuge ou fauxmarche dans le cours de 1 2 à 15 pas* Non Chant Premier. \jj Le jeune ouvre fa Pince aiguifée & nouvelle, Plus que les Gerfs âgés, mais moins que la femelle ; Ses Côte's dans la terre entrent profondément , Et de Tranchans plus vifs laiiTent le monument. Des Os (i)jufqu'au Talon (3) quatre doits de dï* (tance Offrent de fa jeuneffe une pleine évidence; (Ainfi parle Diane) ileftplus Haut-jointe'. Dans fon Allure encore un ordre eft affedé : Plus il efl: jeune Cerf, plus fon pied de derrière Va du pied de devant couvrir la place entière s A mefure qu'il croît, fes premiers pas tracés , Par les poftérieurs ne font plus effacés. Le Dix-Cors Jeunement à fon tour faitparoître L'indice d'une Voye aifée à reconnoitre. M 178 DIANE, Son pied devient plus rond, & plus large, & plus plein, Et de traits moins Coup ans imprime le terrein. Ses Os (i) font émouiïes : fes Pinces (6) plus ufées Sont par un moindre efpace entr'elles divifées. Son Talon (3) arondi , chargé d'un plus grand poids, N'expofe jufqu'aux Os (1) qu'un vuide de deux doits : Ses pieds poftérieurs forcés de fe reftraindre , Jufqu'aux pieds de Devant peuvent à-peine atteindre. Du vrai Cerf de Dix-cors le Talon (3) efl plus gros. Sous une Jambe (2) large & jufques à fes O s (1) 11 ne prefente plus qu'un pouce d'intervalle; Jamais fon fécond pied (a) n'entame & ne ravalle La trace du premier (b) , dont confervant les traits {à) Pied de derrière. (b) Pied de devant* fj.,7ô Vieiia: Cerf Ce^pde ,/çlùz corjjeunemm, Ncmis des parties du pied x , L<\s Oo-' a tu iP0ivfrle*f erqoU? 2 La jambe S . Le ta uni 4 . La Solie 5 . Lew caste me thartç/iaïur S , Lt\r pince» cnt iruqUtf Oudp' mt'i'itit ■ £,e 3.u<- S&ilp Chant Premier. \-j9 Il ne peut approcher que d'un doit au plus près. A l'çeil de plus eu plus la diftance en augmente ; C'eft toujours d'un grand âge une preuve confiante , Lorfque du premier pied le veftige afTàré , De trois doits du dernier fe montre féparé. Dès que le Cerf atteint une extrême vieillelTe , Ses Pinces (6) n'ouvrent plus , & fon Boulet s'abaifTe: A fes O s defcendus le Talon adhérent Laifle à peine entrevoir un efpace apparent. w^^^ fës*** Mij DIANE» ou LES LOIX DE LA CHASSE DU CERF. POEM E- CHANT SECOND. Uand les feux du Soleil ont deiïeché la tern, Ou quand des Aquilons le fouffle la reflerre, Les Veltiges du Cerf cefTent d'être apparens : Ou ne peut plus au Fort lire en fes pas errans. M iij 182 ' D I AN E, Mais il eft des faifons où parlent fes F u m e'e s (a) : Les, herbes dans l'Hyver fans fève ou confumées, Ne peuvent plus des Cerfs foutenir la vigueur. Ce qu'ils jettent alors, témoin de leur langueur, Aride , dur , & fec , efl l'image naïve Des grains que laiffe choir une Chèvre Iafcive ; Mais dès que du Printems la féconde chaleur y De la plante aflbupie a ranimé l'humeur , Un changement fuccede en ce moment critique Où renaît de leur bois l'œuvre périodique; Les fuçs plus nouriffans enfantent des Bouzarts (i) Abondans , plats & ronds , & mollement épars. Quand l'Eté dans leur force a confirmé les plantes, On verra s'élever des formes différentes, Le Plateau (2) moins liquide & prêt à fe fecher (a) Les Fiances du Cerf font de fùres connoifTances dans cer- tains tems ; mais elles ne valent rien dans l'Hyver. ,S3 Leaftant&r d&r Cerfi tf&njririehbjurrieea ^ 6 ? méS Ftuné&f des Ce, rrs i . En BouzarL)- a . Ëiv plateau 3 . Ëti torches 4. , Jftarteleed' S . yîu) •iitlurnneecr Oudty ûufenit X,e Bai? ifcuU/ Chant Second. i*j Annonce que bientôt il va fe détacher. Les chaleurs duLioN(^) préfentent les F u m e'e s Prefqu'en pommes de Pin (3), ou Torches transfor- mées , Dont chaque part au tout femble ne tenir plus. Quand la Vierge (b) en fon fein reçoit l'ardent Phoebus, Elles tombent en Noeuds (V) dont toute la ftructure Keprefente cPun Gland la parfaite figure (4). Les bouts en font armés d'un Aiguillon (5) nou- veau (d) , Ou femblent applatis fous des coups de Marteau (e). A ces règles on peut fixer fa connoiffance (a) Juillet. (b) Août. (c) Nouées ou forme'es. (c/) Aiguillonnées par un bout- Ce) Martelées par les boucs. M iiij i84 DIANE, Jufqu'à ce que du Rut le tems fougueux com« mence (a)* Mais c'eft: peu d'établir ces principes divers % S'ils ne font difcerner les Biches & les Cerfs, Dans le cours de l'Eté la Biche refpeclable A des fignes certains fera reconnoilïable» Son 4-iguilton plus fin , fes Glands plus déliés,, Déforme' s., moins égaux, & plus multipliés ,. Souvent d'un fang glaireux laiflarit une teinture- » Donneront de fon fexe un évident augure.. Il n'importe pas moins de fixer les rapports Entre le Jeune-Cerf & les Cerfs de Dix-cors.. Le Jeune en quelque tems qu'il rende fes F u m e'e s* (a) Les Fumées ne font point certaines pendant le Rut. Chant Second. 185* : — — i Soit en Bouzarts , Plateaux , ou Torches , ou Forme'js, Jette une maffe unie , où l'aliment plus cru , Paraît , quand on le rompt , mal-broye', mal- moulu; Mais celle du vieux Cerf & Plombante, &Dore'e> Huileufe fous le doit femble plus digérée; Des rides dont les traits font creufés par le terns, Profondes plus ou moins 3 défignent fes vieux ans* Les Cerfs peuvent encore fe diftinguer au R aire (a)9 Dans les tems où leurs feux doivent fe fatisfaire; Le Jeune rend des cris plus aigus & plus clairs , La voix rauque du Vieux femble ébranler les airs ; Le Veneur attentif peut dans leurs Abbatures (6) (a) Cry du Cerf. (b) Abbatures ou traces du corps dans les taillis. i86 DIANE, _ ,_ Saifir de leur hauteur des Connoissances fùres ; Lorfqu'allant en pâture ils laifient pour fignaux, Les traces que leur ventre imprime aux arbriffeaux ; On juge de leur Perche aux diverfes Porte'es (a) Par les rameaux froifies récemment atteftées. Le Frayoir eft plus fur ( fi l'oeil ne trompe pas ) Quand les Cerfs au Printems, après avoir Mis Bas, Plus forts & mieux nourris font Revenus de Tester LorfqueleurBois-REFAiT à fon terme s'arrête, Pour détacher la peau dont il eft incrufté, Contre un rameau qui cède avec docilité , Ils chatouillent leurs dards ; mais fitôt qu'endurcies > De friiTons plus cuifans leurs Testes font tranfies, Contre les baliveaux à la hache échappés. Ils frottent vivement leurs Cors enveloppés ; <«) Les Portées font les traces que la tête Iaiffe dans le bois. Chant Second. 187 Sur les branches bientôt de leur fang empourprées , Ils laiflent les lambeaux de leurs peaux déchirées ; Et Brunissant leur bois par de durs froiffemens , De leur Fourche ou Paulmure offrent les monumens. On y doit découvrir leur force, & leurs années ; Les têtes des Vieux-Cerfs de longs dards Cou- ronne'es, Font une large playe à des arbres plus gros : Les Jeunes bleiTent moins les plians baliveaux. Tels font les dogmes fûrs pour connoître la proye ; Sage qui s'en inftruit , heureux qui les employé. Muse , révèle encor des fecrets importans, Apprens-moy de la Chafle & les lieux & les temsj Mais que dis-je les lieux ? Eh quel mortel héfite A croire que le Cerf dans les forêts habite ? i88 ' DIANE, Jamais le choix du tems ne fe fait fans raifons. Quoiqu'on puifle chaflei: dans toutes les faifons >.. Quoique des bois jamais Diane ne s'ab fente y Elle ne prefcrit pas une forme confiante; D'autres tems , d'autres foins , & différentes loix Enfeignent l'art fçavant d'aller en QuETTe au bois, Ne bornez pas le prix d'une haute fcience A fuivre un Cerf fuyant , à courre avec confiance» Sur l'indice que donne un Limier raffinés Pazcourir d'un Canton le cercle defigné ;: Des animaux divers faifir l'efpece & l'âge ; Choifîr un Cerf, le fuivre errant dans le Gagna^ ge (a) r Jufqu'à ce qu'on le trouve au Buisson (b) Rem- buche' (c) , (a) Dans les champs où le Cerf va pâturer , ce qu'on appelle viander. (b) Bois d'une petite étendue. le) Rentré dans le bois. Chant Second. i8q ■1 ■ ■ ■ ■ r ■ Et qu'en fa Rèpose'e on le juge couché ; Sçavoir le Détourner (a) fans reveiller fa crainte ; Par des lignes certains retracer fon Enceinte 3 C'eft là l'œuvre important , c'eft le docte travail Dont on ne doit jamais ignorer le détail. S'il femble trop abject ou peu digne d'un maître , Il eft honteux pour lui de ne le pas connoître : Si la (impie pratique abufe le Veneur , C'eft à la théorie à réparer l'erreur. Dans la dure faifon de Paffreufe froidure, Où les frimats cuifans font gémir la nature , Les Cerfs courent chercher au centre des forêts , Contre les vents aigus des azyles fecrets. Ils s'y tiennent en cercle , & formant une chaîne Se prêtent la chaleur qu'excite leur haleine. («) Reconnaître parune enceinte qu'il y eft renfermé. ipo DIANE, Non loin efl le Geneft dont la fombre verdeur Conferve dans fa cime un refte de faveur. Heureux il dans l'excès de leur faim empreiTée , Ils trouvent le creffon dans la fource glacée ; Mais la neige en tombant leur ôte ce fecours ; La bruyère élevée efl: leur foible recours ; Ou d'un arbre pelé les arides écorces Sont l'unique foûtien de leurs mourantes forces: C'eft là qu'ils font cachés, & qu'il les faut chercher. Mais fitôt que l'Hyver, prêt à fe relâcher, A fait place au Printems , & que plus récréée Par la tiédeur de l'air , la terre eft tempérée , Le Cerf prend fon Buisson dans les jeunes Taillis, Placés dans la forêt au bord des Grands-Pays (a) , D'où, loin des autres Cerfs une route facile (a) Grande étendue de bois. Chant Second. ic?i Lui prépare aux bleds verds fa pâture tranquile. Là bientôt de fa Teste il met bas le fardeau ; Soit que du long Hyver le rigoureux fléau, Ou l'extrême difette à fes befoins contraire Refufant trop long-tems l'aliment néceflaire , Deffeche fa racine, ou que des VermifTeaux Nés entre cuir & chair la rongent jufqu'à l'Os (a) ; Soit qu'elle cède enfin à la tige naiflante : Telle on voit au Printemsla fève d'une plante, Atteignant par degrés la cime du rameau , Forcer le vieux feuillage à céder au nouveau. Des que de fon Buisson il a choifiPÀssiETE, Il ne le quitte plus , fi. rien ne l'inquiète ; (a) La plus commune opinion fur la chute annuelle du bois des Cerfs , eft que la mauvaife nourriture de l'Hyver leur fait naître une prodigieufe quantité de Vers , qui en rongeant la ra- cine , font tomber leur bois. tu r M ï>2 DIANE, Et fi les animaux , les Chiens , ou le Veneur , Ne vont pas fur (es fens répandre la terreur ; Il attendra le tems qu'à fa jufte croiiïance Sa Teste foit montée ; ou que l'impatience Le prefîe d'affouvir les feux de fon amour. C'efl là que le Limier doit battre un long Contour* Les confins des forêts ( enfin je le répète ) Des Cerfs pendant fix mois font l'unique retraite. Mais fitôt que le Rut a verfé fon poifon*. Le Cerf n'a plus d'ARREST : l'amoureufe faifon L'arrache du repos , nuit & jour le tourmente ; Sa Pâture , «Se fon lit , n'ont plus de loy confiante ; L'amour remplit fa faim ; il erre en forcené Où l'entraînent les feux de fon cœur effréné» Pour le trouver alors que de pas inutiles ! Les Chant Second. i$$ Les Biches contre lui cherchent de vains aziles (a), Il ne les quittera qu'en l'efpace brûlant Où Phoébus (b) dans Ton char de feux étincelant , Du plus haut de fon Axe embrafera le monde ; 11 cherchera du Fort (c) la retraite profonde Pour modérer l'excès de fa brûlante ardeur * Et fe mettre à couvert de l'extrême chaleur» Hc'ufeufe mille fois, Veneur, ta deftinée* Si l'ayant pourfuivi toute la matinée , Après mille détours & le plus long ennuy , Aidé de ton Limier tu peux Tomber fur luy* Le Rembucher en paix (d) , & faire ton Enceinte 1 Lorfque dans le fommeil fa fureur efl: éteinte. {a) Les Biches entrent plus tard dans le Rut que les Cerfs. {b) Depuis neuf heures du matin jufqu'à trois heures après-midi. {c) L'endroit le plus épais du bois. (d) Le voir rentré dans le bois. N *P4r DIANE, Pardonne-moi , Diane , & ne t'offenfe pas Si pour chanter des Cerfs les amoureux combats , Par des récits naïfs , peut-être trop finceres , . J'ofe de la Nature expofer les myfteres , Les caufes, les progrès, la durée, & le tems Des feux, qui dans hs Cerfs s'allument tous les ans. C £ r e's à pleines mains répandant fes largefies , A peine en ks greniers a ferré fes richelles , En mefure les jours n'égalent point les nuits , Un or liquide encor ne couvre point les fruits (a) , Lorfque raûafiés d'une longue abondance, Les Cerfs dont les Dix-Cors ont atteint la croifTance, A l'afped des objets qui dominent leurs fens , B-efTentent de l'amour les aiguillons preflans. ia) A îa fin du mois de Septembre. Chant Second. ip^ Dans les plus Jeunes-Cerfs la flame eft plus tardive; Mais il n'importe paà qu'ici je la décrive. Tel qu'aux bords des forêts un refte de feu lent Qu'a négligé d'éteindre un Berger imprudent , Sous la cendre couvert , de racine- en racine Serpente fur la terre & toujours s'achemine, . De la branche caduque arrive aux arbriffeaux , Et fait de toutes parts luire mille flambeaux ; Telle du Cerf en Rut la flame impérieufe S'élève par degrés & devient furieufe. Sa Muse (a) oufon Prélude aumoins dure fix jours; On diroit que le Cerf médite fes amours. Il s'agite, s'émeut, il va, revient fans ceffe; Ses regards prefqu'éteints annoncent fon yvreiTe ; (a) Commencement du Rut du Cerf. Nij i96 DIANE, En plein jour fans allarme il erre dans les champs ; Traverfe les chemins , attaque les paffans ; Il fit plus d'une fois au voyageur paifible Rcflentir de fes coups la péfanteur terrible ; Le refped qu'aux humains porte tout animal , Tout à coup fe transforme en defefpoir brutal : La peur fix mois entiers le rendit folitaire ; Mais brûlant du defir d'un amoureux falaire , Près des Biches en Harde (a) ii va caracoler , Bat toute la forêt , les force à s'afîembler , Les chaiTe devant lui : ii quelqu'une fevere Se montre par la fuite à fes defiTeins contraire , ïl la punit, la fuit, & la fait précéder La troupe dont envain elle veut s'évader. C'eft ainfi qu'un Berger allant au pâturage , (a) En troupe. Chant Second. \^y Corrige les écarts de la Brebis volage, Par un Chien qui ne laiiTe aucun crime impuni, Et contraint le troupeau de marcher réuni.. S'il eft dans la forêt un intervalle vuide -, Les Biches vont s'y rendre , ou le Cerf les y guide » Et les rangeant en cercle , en ce nouveau Sérail 9 De leurs charmes divers contemple le détail* C'eft là que de pied ferme & d'une tête altiere, Il attend qu'un rival entre dans la carrière. Lorsque pour difputer dans de fuperbes jeux , Un hymen refervé pour le plus valeureux , Les Rois dans un tournoy réunifient enfemble Lss plus fiers combattans que l'Europe raflemble , Le Vainqueur contre tous s'avance tour-à-tour -, Pour remporter le prix que préfente l'amour. Niij i en prendre les refuites, Se taire de lui-même après de longues suites , Et par fa longue queue à grands coups frétillant Annoncer qu'il rencontre, & fuit le Cerf-allant» Sur fix Limiers pareils fondez votre Equipage , Le fort de vos plaifirs dépend de leur ouvrage. Qu'ils foient conduits en main chacun par un Ques* teur (a) y Des Indices du Cerf fidèle obfervateur, Pour appuyer IesChiens, veiller à leur conduite* 11 ne faudra pas moins de Piqueurs à leur fuite, Qui fçachent difeerner les pieds des animaux , Démêler I'embaras , relever les Défauts, Dans I'allure du Cerf, lente ou précipitée > (a) Valet de Limier. Chant Troisième. 2.0$ Reconnoître à fon Pied fi la Meute emportée A donné dans le Change , ou pris trop de Chaleur, Et par un Hourvaris {a) en réparer l'erreur. Que les Piqueurs folent forts , bien montés , pleins d'audace ; Que perçant fièrement par tout où le Cerf'pafle, Ils bravent tout obftacle , & les foliés bourbeux , Et les Rameaux épais , ou Gaulis (b) épineux: Que le Fort (c) , les rochers , les monts , & les Ca=- v e'e s (d) * jD'un fleuve ou d'un torrent les ondes foûlevéesj Ne puiiTent arrêter leurs vigoureux efforts , Ni de leur Cor bruyant fufpendre les accords. Que s'imprimant des Chiens la vive connoiiîance j («) Un retour. (b) Branches d'arbres, (c) Epaifleur du bois, (d) Les Vallées* o a.o DIANE, Ils difHnguent le Fourbe , & le Chien de Cre'ance ; N'ignorent aucuns noms , & qu'au cri de leur Voix , lis puiflent iurement déterminer leur choix. • La forme , la hauteur , la force , la fmeffe , La fureté du Nés , la Gorge , la Vîtefle , Sont tous des attributs qui dans les Chiens Courans Doivent d'un doux fuccès être de fûrs garands. Qu'ils manquent , s'il le faut , de taille ou de figure , S'ils font des autres dons doiiés par la Nature. Le Muet, le Menteur, l'importun Babillard, Le Foible, à mauvais Pied, qui fe jette à I'ecart, Qui s'échape au Mouton , & court à toute proye , Sont de faux ouvriers, & qu'en vain l'on employé. Le bon Chien tient la voye, & jamais détra&é, Ne tombe dans l'erreur , dans l'infidélité.' Chant Troisième. iw II rebute l'odeur qui lui paroît étrange ; Dans les Retours mêlés dévelope le Change, Fait fon Renceint (a) léger, req.ueste alîidûment , .Et des rufes du Cerf faifit le dénoûment. Qu'il foit haut , un peu long , d'une forme brillante ; Qu'il ait g r a n d S o n de Voix , la Mene'e écla- tante (6), Bonne Jambe , bon Pied ; que fa Robbe en couleur Au Cigne ébloiiiflant difpute la blancheur; . Qu'il ait du Lévrier ( fi l'on veut) la Vitefle, Pourvu que dans l'excès de l'ardeur qui le prefle , On l'entende crier , & qu'un femblable effort, Avec fes Compagnons foit d'un parfait accord. Dans la Meute, le pied, la force, la mefure, Tout doit être pareil fous la même parure. (a) Recour en cercle. (P) Chaflant de bonne grâce , & ayant bonne gorge. Sain, Oij 2ï2 DIANE, Mais le nombe des Chiens eft-il fixe & certain ? Non -: de frivoles loix le borneroient en vain. Les Princes à leur gré , d'un nombreux Equipage Soutiennent à grands frais le pompeux étalage ; Leurs Coureurs & leurs Chiens , rendus ou harafles» -Sont par de prompts Relais fans ceife remplacés. Que tout autre Veneur mefure fa dépenfe Au degré des fecours qu'offre fon opulence ; Mais de fes revenus quels que foient les liens , Ses plaifirs font peu fùrs s'il ne nourrit cent Chiens. Si leur légèreté de foins elt fécondée , Si la Loi de Diane en tous points eft gardée, Les plus vigoureuxCerfs,dans les tems chauds ou froids, Tomberont abattus , ou réduits aux Abois. Si l'enceinte d'un mur refferre leur demeure , Ils combattront envain plus d'une demie-heure. Chant Troi si e'me. 21 j Elevés dans des Parcs (a) , aziles de la Paix ,. Ils font chaiïes fans gloire , ils font pris fans Relais 5 Des PafTans & des Chiens dédaignant la pourfuite,. ïls ont prefque oublié le fecours de la fuite : L'euroy ne trouble point l'heure du Viandis(£), Sous un ventre boufi leurs nerfs font engourdis.. Mais il eft des Pays , âpres, impraticables-, Où les Cerfs endurcis, vîtes , infatigables , Pendant un jour entier dans les règles chaffés , Par de fréquens Relaie font à peine forcés» Il n'appartient qu'à vous de leur livrer la guerre, Mère des Chiens Courans,.généreufe Angleterre : Célèbre par le Pied , la JeuneUe , la Foy , Votre race du Nord de tous Cerfs eft l'efFroy,» Si de vos Chiens légers l'efpéce pétillante (a) Près de Paris. (b) Manger du Cerf, O.iij 2i4 DIANE, Ne rend pas dans la courfe une Voix éclatante, Dès qu'elle fera jointe au fang du Chien François, La Gorge éclatera dans le Bâtard Anglois. Mais quels que foient des Chiens & FOrdre & l'O- rigine , Soit que le fang François , foit que PAnglois domine» Soit que la race affemble un mélange des deux , Si ce choix ne produit que des fuccès heureux. Chaque année avec foin foûtenez-en l'efpece ; Elevez fous vos yeux une ardente jeunefle , Qui puiffe dès deux ans elfayer fes efforts , Et remplacer les vieux , les bleffés & les morts. Lorsqu'au gré desfaifons que le même ordre place, Seront réglés le jour & le lieu de la chafle , Que le foir précèdent les plus fages Questeurs (a) (a) Valets de Limier. Chant Troisième. 215" Du bois déjà connu parcourent les longueurs , Les traverfes , les bords , les fentiers , les limites ; Que chacun refferré dans des bornes prefcrites , Tâche d'y découvrir les différens fignaux , Qu'imprime mollement le pied des animaux.. Sur le choix propofé des différentes bêtes , Les Questeurs le matin partageront les Questes ; Mais avant que PAurore ait éclairé les Cieux , Contre les foins qu'entraîne un art laborieux , Chacun d'eux s'armera d'un généreux breuvage ; Leur Chien même , leur Chien pour entamer l'ouvrage Doit être encore muni d'un modique re{>as ; Le froid faifit à jeun , & le nés n'agit pas ; Lafubtile rofée excite des Tranchées , Et les fenfations alors font retranchées O mj a.\6 DIANE, De la Botte (a) foudain que le Limier armé Marche court fous le frein dont il eft réprimé ; Qu'aux approches du bois, chaque Questeur s'aprête A s'emparer des lieux défignés à> fa Quête 5 Qu'il déployé à moitié la longueur de fon Trait, Taffe avancer fon Chien , d'un ton bas & fecret , L'appelle , le ranime , & traçant fon Enceinte , ObÇerve tous les Pieds dont la terre eft empreinte.. $i le Limier rencontre , avance , & fe rabat ,. Qu'il le tienne plus court ; mais s'il tire & combat-, Tout-à-coup qu'il l'arrête 5c connoiffe fa proye , Avant qu'un Pied trop prompt en efface la Voye. S'il croit revoir d'un Cerf rexMbuche' dans le bois» §ur cette Connoissance il fixera fon choix, Que la haute Brise'e (b) à la branche pendante, {a) Colier qu'on met au Limier. (b) La haute Brife'e n'eft pas tout-à-fait rompue , mais pend. 4 la. branche. Chant Troisième. 217 De la rentrée au Fort foit la marque évidente. La Basse (a) fur la terre ainfî fe placera , Le Bout d'où le Cerf vient, le Gros où le Cerf va» Mais pour fe procurer des preuves confirmées , De la forme du Piecf, du genre des Fume'es , Le Questeur qui de tout à fond doit être inftruit , Prendra le Contre-pied (b) pour revoir de lanuit. Qu'à fes yeux il n'échape aucune Connoissance; Qu'il obferve des Pieds la moindre différence , Si le gauche efl plus long ou plus court que le droit, Si le double Ongle s'ouvre , ou laifle un vuide étroit ; Du Pied poitérieur fi la démarche efface La trace du Devant , l'atteint , ou lafurpaffe (c) ; (#) La baffe Brifée fe couche à terre. (b) Prendre le Pied du Cerf à reculon. (c) Il y a des Cerfs qu'on nomme Ambleurs , dont le Pied de derrière furpaffe la trace du Pied de devant» ai8 DIANE, Quelle en elï la diftance , & pour s'en affûrer , Que fon pouce à loifirferve à la mefurer. Du Talon jufqu'à l'Os qu'il prenne Fintervaîe, L'âge en rend dans les Cerfs la mefure inégale» Après cet examen, affùré de fon fort, Sur les pas du Limier qu'il entre dans le Foriv Pour préparer du Cerf l'infaillible défaite , Qu'il y forme en brisant fon Enceinte complette^ S'il le trouve paffé, changé de Lit, errant, Il pourra l'enfermer dans un cercle plus grand, Où ne retrouvant plus de Voie entremêlée, D'aucun doute fa foy ne fera plus troublée. Mais fi la fécherefle empêche d'en Revoir (a) ; S'il n'eft point de terrein qui puifle recevoir Du Cerf fe rembuchant les Routes imprimées , Qu'il borne fa recherche à la foy des Fu m e'e s (b) : («) De retrouver la trace. (b) La Fiante. Chant T roi si em b. 219 Diane n'admet point de plus conftans témoins. Qu'il mette à les Lever fon étude & Tes foins ; Que fur la feuille verte à l'aife difpofées , Dans le fond de fa Trompe (a) elles foient dépofées. Bientôt dans le confeil ce gage précieux Subira des fçavans l'arrêt judicieux. Quand des Questes enfin les importans Ouvrages Pourront d'un fort heureux annoncer les préfages , Que chacun des Questeurs de fa gloire jaloux Avant la huitième heure arrive au Rendez-vous. Il eft dans les Forêts un majeftueux centre , De l'horreur autrefois le plus ténébreux antre , Qui d'une vafte Etoile aujourd'hui décoré Fut par l'ordre des Rois du Soleil éclairé. (a) Autrefois les Valets de Limier alloient au bois avec des trompes ; mais ils fe fervent maintenant de leur chapeau pour mettre les Fumées. 220 DIANE, Ceii là que des Veneurs la Cohorte appellée , D'un célèbre confeil doit tenir l'Affemblée : Des limites ce lieu diftant également Aux Questeurs difperfés offre un prompt ralîment- Les Piqueurs,& tous ceux qui par leur miniflere Tiennent les Chiens Couple's-(^) fous leur régence auftere, Les aidés , les Relais de Chiens 8c de Coureurs , (£) Tous doivent y porter de joyeufes ardeurs ; Et le Maître & les Chefs de qui tout doit dépendre Doivent tout au plus tard à neuf heures s'y rendre» Là fous l'éclat brillant d'un vêtement pareil (V) En cercle s'uniront les membres du Confeil ; Chaque Questeur d'un ftyle & net & Laconique {a) Liés deux à deux. (b) Chevaux. (c) Tous les ChafFeurs ont un habillement uniforme Chant Troisième. Z2t Fera de fon Rapport le détail méthodique , Marquera le Pays où le Cerf s'eft trouvé; S'il l'a Vu par le Corps, s'il eft Bas, e'leve'; Combien Porte sa Teste , & quel eft fon Corsage , Son Allure, fon pied , fa jambe , & fon Pelage; Par quelle Connoissance, & quel ligne avéré De fon âge précis il croit être aifùré ; S'il eft feul ,s'il repofe, errant, en Compagnie ; Quelle efpéce de Bête à lui s'eft réunie ; Si dans la même Enceinte il croit la reiTerrer > Ou fi dans les confins il la revoit errer: Et pour donner enfin des preuves renommées, Sa main aux yeux fçavans offrira les* Fume'es. (a) Tous les Rapports divers, avec ordre rendus, {a) La Fiante. ^22 DIANE, Les Juges dans leur rang feront tous entendus : Que chacun d'eux s'explique, & librement difcoure Sur la proye & les lieux propres au Laissez-courre(<3). Si le nombre des Cerfs en balance le choix , D'alors du Maître feul on refpe&e la voix. Mais des lieux & des Cerfs fouvent le choix décide Du fuccès d'une prife ou tardive ou rapide : Le jeune Cerf qu'un jour peut à peine atterer Au vieux dans aucun tems ne fe doit préférer. Quel feroit le danger , fi par un fort étrange On choififfoit un Cerf environné de change ? La difctte peut feule infpirer ce deuein ; Oeil livrer fes r3laifirs au hazard incertain ; Il ne furvient que trop d'obftacles invincibles , Où le Defîin engage à des travaux pénibles, (a) Lieu oii le Cerf doit être lancé. Chant Troisième. 225 C'eft pour fe garantir d'infaillibles regrets, Qu'on préfère le Cerf aux aculs {a) des Forêts, Et qui dans un euisson, folitaire, & tranquile Loin des trop grand-pays a choifi fon azile. (a) Pointe ou bout des forêts. DIANE DIANE- o u LES LOIX DE LA CHASSE DU CERF. POEME- CHA^T QUATRIEM E. 'Oracle de DIANE au Confeilaiïemblé Par l'organe du Maître à peine aura parlé 3 Dès qu'il eft décidé quelle fera la proye Dont il eft plus aifé de demesler la Voye ; P 226 ' DIANE, ■Qu'un fuffrage commun porte encor fes décrets Sur les lieux & les tems pour placer les relais, Si l'ufage & le fort des courfes précédentes N'indiquent pas déjà destvEFUiTEs {a) courantes. Par leur légèreté tous les Chiens aiïbrtïs , Seront en cinq tribus prudemment repartis ; L'âge divrfera toute la Centurie : Qu'on en choifine vingt que la force apparie , Qui donnés les premiers ( Chiens de Meute (b) ap- pelles ) Feront bondir le Cerf à leurs cris redoublés. Telle à Rome jadis la troupe des Hastates (c) Entamoit le combat contre IcsAntiates. (d) (a) Lieux par où les Cerfs pourfuivis ont coutume de fuir. {b) Les premiers Chiens qu'on donne fe nomment Chiens de Meute. (c) La troupe des Haftates ou Picquiers entamoit le combat «dans les armées Romaines. (d) Peuples ennemis de Rome. Chant Ojj atrie'me. 227 La vieille-Meute (a) en nombre ou pareil eu moins fort , Des premiers combattans fécondera l'effort ; Si l'on fçait la poster aux refuites voifines Son effort doit du Cerf commencer les ruines. Que le fécond relais encor plus avancé (b) Soit dans le bois , en plaine , ou fur le mon;: place. Des postes éloignés refervez l'avantage Aux Chiens dont les pieds lents retardent le courage, Et dont la foi plus fùre & le nez raffiné, Peut démêler du Cerf l'artifice obftiné. Qu'enfin chaque relais prompt à prêter fon aide Par un foin concerté l'un à l'autre fuccede. Mais fi par des hazards qu'entraîne le Deftin (a) C'eft le premier Relais après la Meute. (b) Ce fécond Hélais s'appelle prefemement la féconde vieille Meute. « Pij 228 DIANE, La refuite paroît un objet peu certain , Pour un relais-volant {a) quipar tout fe tranfporte» Des plus vigoureux Chiens formez une Cohorte : Que leur Chef côtoyant de hauteurs en hauteurs Coupe , obferve de loin la Meute & tes Veneurs , Sur tous leurs moHvemens ait la vue attentive » Devine où le Cerf va , le prévienne , le fuive , A la Meute eiToufîée aille en hâte s'offrir , Quand le relais manqué n'a pu lafecourir. Entre les Chiens ruse's , & que Page accrédite Gardez enfin un corps de referve & d'élite» ( C'eft le dernier relais, (b) ) Par de fages exploits, (a) Le Relais volant ne fe pratique pas ordinairement; mais on en peut faire un dans le tems de l'extrême chaleur ; auquel os on fepare les Hardesde Chiens. Il fe fait encore dans un pays ou l'on ne connoit point du tout les Refuites , il elt plus en ulage dans les Equipages des Seigneurs, que dans ceux du Roy. (£>) Le dernier Relais s'appelle de fix Chiens, quoiqu'il foie compofé d'un plus grand nombre» ChANT-QUATRIe'mE. 22#= C'eft lui qui doit du Cerf avancer les abois: Les Triaires (a) ainfï maîtres de la Vi&oire Par des coups décififs fe couronnoient de gloire» Vers les portes donnés aux divers Conducteurs (h) Marcheront à pas lents les relais de Coureurs. (V) Ils doivent à propos devenir la reffource Des Veneurs fatigués d'une trop longue courfe. De Chiens & de Chevaux le relais concerté Doit toujours s'affortir par la légèreté, (d) Les Chiens de Meute ardens, au fort de la jeunefTe Demandent à leur fuite une égale vkene : Aux six-Chiens furannés & foldats vétérans Sumfent des Coureurs tempérés & plus lents.. (a) Les Triaires étoient des foldats vétérans les plus expé- rimentés , 6c qui faifoient. le corps de réferve chés les Romains. (b) Valets de Chiens qui conduifent les Relais. (c) Les Chevaux de Relais. (<4) On doit mettre aux premiers Relais les Chevaux lès plus vî- tes & les plus vigoureux , 6c aux derniers ceux qui le font moins. Piij 210 DIANF, Tandis que le temps coule où la troupe éminaire (a) Marche pour occuper fon pofle auxiliaire , Un gazon recevra fans fafte & fans fracas , L'abondant appareil d'un ruftique repas ; Les Veneurs étendus fur un lit de verdure Que de rameaux épais ombrage la nature, Au gré d'un appétit , préfage du fuccès , Mangeront promptement & boiront à grands traits. Que chacun de Bacchus implore les aufpices , Et fe rende par lui tous les Deflins propices. S'ils jugent les relais à leurs polies rendus , Ils fe mettront en marche en files étendus ; On ne peut différer fans un péril extrême D'entrer au Laissezcourre après l'heure dixième; Les voiles de la nuit prompts à couvrir les Cieux , ( Que les yeux, des Veneurs attachés fur la terre Recherchent fî fon pied dans la courfe plus gros Confirme encor la foi de fes premiers fignaux*. Mais ce n'eft point aflez que la flére milice Contre le Cerf fuyant avec force s'unifie > Si le relais ne vient ranimer fon efpoir , Et fi les Conducteurs (b) ignorant leur devoir Ne pofledent à fond toutes les Connoissances > (a) La Voye. (b) Valets qui conduifent les Relais. Chant gu atrie'me. 237 .*_ ~_^__— — — « _— _ — — — — — — — — ■— — — — — — — — — - Ou laiffent échaper d'heureufes occurrences; Si leur zélé excitant des foins trop empreiTez N'attend pas que le Cerf & les Chiens soient passez, Et malgré les raifons que le bon fens démontre , Sans ordre decouplant (a) , donnent à leur ren- contre. L'habile Conducteur de fa gloire jaloux Prévoit les incidents , & les balance tous , ïmpofe à fon relais un rigoureux fdence 3 Du tumulte & du bruit bannit la pétulance, S'élève fur un arbre , où d'un regard a&if A tous les mouvemens il fe rend attentif ; 1 S'il rentre dans le bois , c'eft pour juger lui-même Si l'animal prelTé par la vîteife extrême De la Meute animée & qu'au loin il entend, (a) Les lâchant. 23S DIANE, Ne vient pas fe livrer au piège qu'il lui tend. Heureux! s'il peut en paix , s'offrir à fonjpalTage , Reconnoître son Bois , fa forme , son Corsage , Ou revoyant du pied fur l'humide terrain En garder aux Piqjljeurs un indice certain , Qui les puiffe affurer que quelqu'erreur étrange Ne les entraîne point dans le malheur du change. S'il entend que le Cerf perçant le Fort épais S'écarte, & ne vient plus donner dans fon relais, Avec toute fa troupe à la hâte enlevée , II doit des chiens chaffans prévenir l'arrivée. Mais s'il voit feulement qu'après quelque détour, Effrayé par le bruit il ne fait qu'un retour, II ne donnera point que la Meute avancée N'ait débrouillé du Cerf la Voye embarraffée , Que levant tout obftacle , clic n'ait éloigné Chant Qu at rieme. 239 D'autres Cerfs dont fouvent il s'eft accompagne'. Et pour fe garantir de toute autre méprife , Tranquille il jugera fi la Voye eft reprife, S'il en a des témoins dans un cri redoublé , Ou ne partira point qu'il ne foit appelle. Un relais mal donné fouvent trouble & dérange : La fougue des Chiens frais , prompts à prendre le CHANGE , Allumant dans la Meute un feu féditieux , Pour fuivre un jeune Cerf peut dédaigner le vieux. Quand les Chiens font paiTés , fur la trace confiante Sans crainte il lâchera la troupe impatiente , Et reprendra les Chiens , traineurs , effouflés , las , Pour les donner au Cerf s'il revient fur fes pas. DIANE DIANE- o u LES LOIX DE LA CHASSE DU CERF. POEME- CHANT CINQUIEME. St-il à defirer , Mortel, que fans difgraces La Fortune à ton gré s'enchaîne fur tés traces? Que ne trouvant jamais d'obftacles à tes vœux , Dans le fein des plaifirs , des grâces & des jeux, 242 DIANE, Sur des fentiers femés & de lys & de rofes , Des plus heureux fuccès en maître tu difpofes ? Non : les foucis-, les foins , les peines , les foirpirs Prêtent un aiguillon néceffaire aux plaifirs. L'ame dans les tourmens dont elle efl: combattues Sz rend ingénieufe, & l'efprit s'évertue. Les travaux , le befoin , la faim & les hazards, Sur un mont épineux élevèrent les arts. La ChaiTe dans le cours de fes progrès faciles , Rencontre quelquefois des obflacles utiles , Qui mêlant l'amertume au plus flateur efpoir, Des Veneurs & des Chiens aiguifent le fçavoir. Le mélange des fleurs que le Printems rameine ? PiendlaQuESTE des Chiens pénible & moins certaine; 3Le plus fage , eny vré d'un charme décevant , Chant Ci n qu i e'm e. 24.3 Ne peut du Cerf couru garder toujours le Vent. Le Galerne Hautain , l'impétueux Bore'e, L'inconftance des Vents errans dans la contrée , La neige , les glaçons , la pluye & les frimats , Les ardeurs du Soleil, la foudre & fes éclats, Et le Rut qui toujours d'une flâme effrénée Exhale dans les airs l'odeur empoifonnée, Sont des fléaux communs , d'inévitables maux , Qui fatiguant les Chiens , raflnent leurs travaux. Non moins fujetaux coups des fortunes diverfes, Le Veneur à fon tour éprouve des traverfes , Quand après des Retours & des Ruses fans fin , Le Cerf outré de voir échouer fon deffein , S'élance dans un fleuve , en fuit l'onde courante , Pour n'offrir plus au loin qu'une gueule béante. S44 DIANE, Si ce remède prompt échape à fon dépit , Il ira nouvel hôte expulfer de fon lit Un Cerf qu'il fubftituë à toutes fes miféres , Ou viendra fe jetter dans les Hardes (a) des Mères. Quand les hôtes des bois manquent à fon fecours , Aux animaux privés fa malice a recours ; Il attaque un troupeau , qui foudain fe déployé ; Et cherche en s'y mêlant à confondre la Voye. Un Piqueur , il eft vrai , novice en fon métier. De pareils embaras a droit de s'effrayer; Mais celui dont le fens , l'âge & l'expérience , Par des principes fûrs ont meuri la fcience , S'applaudit à l'afped de femblables malheurs , Qui d'un plus grand triomphe aiTûrent les honneurs. Il pourra de fon Cerf rompre les artifices , («) Troupe de vieilles bêtes, Ch A NT ClN OUI EME, 2$y S'il fçait des meilleurs Chiens entendre les indices.. Lorsque le Cerf de Meute effrayé du danger 3 S'acolte d'une Biche ou d'un Cerf étranger , Le Vieux Chien eft troublé , fon ardeur réprimée Ne fuit plus en avant fa Queste accoutumés* Il fe tait ; fait fur foy cent Retours différens : Il étoit à la tête , il prend les derniers rangs, Le défordre qui règne irrite fa fagefie , Il gémic des tranfports d'une folle jeuneffe ; Et tandis qu'il la voit livrée à fa fureur* Saifir en clabaudant le chemin de l'erreur, Sans pouvoir aux faux cris oppofer de barrière r Sous les pas des Coureurs il fe range derrière (a)y (à) Cependant i! y a quelques vieux Chiens , hardis dans le Change, qui ne quittent point leur Cerf, quoiqu'il foit accompa- gne'; les autres plus timides rdlent derrière , & ceftau Veneur à. connoîrre les uns- & les autres. Q »j 2^6 DIANE, Du Change , à ce fignal, on connoît l'embarras. Que le fage Piqueur refoule {a) fur fes pas : Et fi les jeunes Chiens échauffés dans la Queste5 ParoifTent s'emporter fur la nouvelle bête , Qu'il rompe, & déconcerte un projet infenfé, Jufqu'à ce qu'un vieux Chien trouvant fon Cerfpaiîé Annonce par des cris élancés avec force , Qu'avec le jeune Cerf le vieux a fait divorce. Mais fi le nez des Chiens, & tout l'art des Veneurs Ne peuvent réparer de trop longues erreurs ; Si dans un trouble affreux , de rage poffedée , Sur divers animaux la Meute cfl debande'e; Si les Chiens les plus fûrs faifis du même effroy , N'offrent dans leurs Retours qu'une inconftante foy, {b) Faire retourner les Chiens fur leurs pas. Ch an t Cin qu je m e. 247 Allez à la Rrize'e où commença le Change; Faites perdre à la Meute un faux gaût du mélange,. Rentrez dans votre Voye , & d'un pas mefuré LaiîTez- le fentiment s'accroître par degré : Les travaux afïîdus des Chiens de confiance Peut-être feront-ils reluire l'efpérance. Dès que vous jugerez qu'ils ne fe trompent pas * Entraînez à grands cris la Meute fur leurs pas, Et s'il vous l'eft permis , il feroit nécelTaire D'appelier du Relais la troupe auxiliaire. Il eft d'autres revers. Lorfque le Cerf preiïe Se place dans le Lit du Cerf qu'il a chafle ,. Les jeunes Chiens frapés d'une vapeur nouvelle, S'emportent redoublant une voix infidelle : Le filenoe du Vieux , & fon fage refus Q Hij 248 DIANE, Ne condamnent que trop leur crime 6c leur abus. Rappellez à grands cris votre Meute égarée ; Tenez-la , s'il fe peut, unie 6c refferrée-, Reprenez les Devans , 6c partout brisez haut^ Foulez les lieux fufpects 6c voifins du Défaut, Jufqu'à ce que du Cerf la fineffe épuifée Cède aux Chiens ameute' s la feinte Repose'e.. Mais il n'eft pas toujours aifé de l'en tirer; Lorfque du Lit d'autrui le Cerf veut s'emparer , Pour fupprimer fa Voye , à grands fauts il s'élaace,. Par bonds fur l'autre Cerf tombe avec violence ,. Le bannit, tient le Nez dans les herbes caché , Et les Pieds fous le Ventre y demeure couché: Il n'imagine plus après cet artifice , Que du foufTe ou des Pieds la vapeur le trahifie 9, Il y prend tant de foy, que ilable en fon étuy , Chant Cin quie'me. 242 Il voit fans s'effrayer la Meute autour de luy, Y foûtient conftamment fa pofture contrainte » Et des pieds des Coureurs fouffre plutôt l'atteinte. Mais vous triompherez de fa crédulité > Il bondira bientôt d'un faut précipité: Dans l'affreux defefpoir où fon deftin l'entraîne Il jouira du fruit de fa nouvelle haleine , Et fi fes membres las , épuifés de travaux Demandent la fraîcheur d'un humide repos , Dans des marais Baigne's , ou dans l'onde coulante 11 coupera le fil de fa route traçante. Si traverfant le fleuve il croit fuir le danger , Que les Chiens après lui s'efforcent de nager ; S'ils répugnent à Peau, le Piqueur plein de zélé . S'y jette, ou cherche un pont, un gué, quelque nacelle. Où faivi de fes Chiens il gagne l'autre bord , , ' 2.$o DIANE, II y Queste la voye où le Cerf mouillé fort ; Et s'il n'en peut revoifx , fi rien ne le révèle , Peut-être fous des joncs la rive le recelle : Peut-être a-t-il fuivi le doux courant des eaux r Pour n'y plus laides voir que de honteux nazeaux» Là finira des Chiens l'induftrieux courage ; L'œil perçant du Piqueur achèvera l'ouvrage ,- 11 fera fa brïse'e à l'endroit avéré y Où dans l'onde en fuïant l'animal eft entré; Il defcendra le fleuve entre les deux rivages. C'eft à lui d'obferver les divers témoignages Que le fens , la raifon peuvent mettre à profit , De voir fi dans le cours de cet humide lit y Quelques idots , des troncs , des roches, des jettées, i Des pas d'un pied moiiiilé ne font pas humectées y Si les arbres voifins qui courbent leurs rameaux Chant Cin qui eKue. 2^1 Sont baignés par les bonds qu'il fît fortant des eaux; Enfin fi fur les bords il s'offre une partie Où le terrein humide annonce fa fortie : Tant que ces monumens éclairciront fa foi , De fuivre chaque indice il fe fera la loi. S'ils celTent, qu'il retourne en hâte à fa erize'e, Que la Meute en deux parts foudain foit divifée, Que toutes deux questant fous l'appui d'un Pi queur Foulent la double rive en toute fa longueur, Jufqu'à ce que la Voye en l'onde enfevelie , RenaifTe en fon entier déformais rétablie. Quand le Cerf épuifé ne peut plus aller loin, D'autres rufes encor fuccédent au befoin; Vous dirai-je les fauts &.les trajets énormes Qu'invente fon dépit , entr'eux fi peu conformes ? 252 DIANE, Lorique tel que le dard lancé par un Archer Il traverfe les airs dérocher en rocher (<*),. Si la peur de la mort ne lui prêtoit des ailes, De femblables récits paroîtroient-ils fidèles ? Mais un exemple feul peut fuffire entre tous 5 Il eft depuis cent ans chanté par le Fouilloux (b)*. Un Cerf avoit tenté Tes «uses ordinaires Et tomboit fous le poids de fes deflins contraires > Lorfqueparun effort inoiii jufqu'alors, Sur un buiffon, d'épine il élance fon corps : Les pointes & les dards n'ont rien qui l'épouvante* Il s'y tapit pour fuir fa mine prefente. Tout celle 3. tout fe tait , un deuil tumultueux Jette toute la Meute en un defaitre affreux. {a) A Fontainebleau il faute quelquefois d'un rocher à l'autre- pour fupprimer fa Voye. (a) Auteur d'un Livre de Vénerie. Chant Cin quie^me. 25*? Vainement on avance , on revient en arrière , Le fçavoir épuifé perd toute fa lumière , Lorfqu'enfin d'un Veneur le coup d'oeil détaché Lui découvre le Cerf fur l'épine perché, Mille obftacles pareils fans cefle peuvent naître, Déconcerter la Meute & défoler le Maître ; Du Soleil élevé l'invincible chaleur Eteint la voix des Chiens, les réduit en langueur; On ell fouvent forcé de fufpendre leur courfe , De leur offrir du pain au pied de quelque fource , D'attendre que le Ciel en modérant fes feux Rappelle la vigueur qui languilloit en eux. Mais vous éprouverez des Deftins plus propices > Votre Cerf relance' malgré fes artifices î^e peut vous échaper, fa chute n'en1 pas loin : 254 DIANE, Et dans un Hallali (a) vous en ferez témoin. De l'oreille & des yeux il a perdu l'ufage , Il bronche à chaque pas ; s'il entend quelque bruit, Ou croit que le Veneur l'entrevoit & le fuit , Par un faut redoublé , ( foible effort de la feinte ) Il voudra déguifer une vigueur éteinte. Mais s'il fent que {es pas ne font point appercûs , Il laifTe choir fa tête & ne fe contraint plus ; Sur le terrein uni fon foible pied chancelle , Il y femble flotter ainfl qu'une nacelle , Il n'ofe plus franchir la haye ou le fofle, 11 cherchera la brèche où d'autres ont paiïe. Sa pince tour à tour & s'ouvre & fe reflerre, Vous le verrez bientôt donner des Os-en-terre ; Sa langue eft retirée ; & hideufes à voir (a) Fin du Cerf. Chant Ci n qui e me. 2$$ Sqs lèvres n'offrent plus qu'un venin fec & noir. Du Cerf le plus outré tels feront les indices, Et d'un triomphe fur les flateufes prémices. La Meute à ses talons va tenir les Abois; Le lieu feul de fa mort balancera fon choix ; S'il ne peut plus tenter qu'un effort inutile , Peut-être encor des eaux cherchera-t-il l'azile. S'il en fort , retournant aux lieux qu'il a battus , 11 erre lentement & ne s'écarte plus. Mais des Chiens triomphans s'il fouffre les injures, ïl leur fera fentir les plus vives bleffures. Malheur à qui trop près ofera l'infulter : II préviendra le coup qu'on voudra lui porter. Dans le cercle des Chiens fa rage fe concentre; Chaque coup d'ÀNDOuiLLER étourdit, brife, éventre; ^6 DIANE, ( Et fi du Rut fougueux dure encor la faifon ) L'amour verfe en la playe un funefte poifon ; C'eft au fage Piqueur d'arrêter ce carnage, De faifir Tinter vale où repofe fa rage , Et d'un revers de main courageux & difcret Pour le falut des Chiens lui couper le jareu Cependant à grand bruit les Veneurs s'appîau- dhTent ; Leurs Trompes à l'envi dans les airs retentifîent > Chacun d'une Fanfare offre la nouveauté , Ou fonne du gros-ton pour la mort affecté : Tout accourt à ces fons , on s'affemble à la ronde $ On entoure le Cerf , qui retiré de Fonde , Et placé dans un lieu commode & découvert. De la commune joye excite le Concert» Bientôt Chant Cinquième. ■$7 Bientôt commencera l'inftant du Sacrifice , Le premier des Piqueurs confommant cet office, Du Cerf enfin dompté prefentant le pied droit Ira rendre à fon Maître un hommage qu'il doit. K I A N E- o u LES LOIX DE LA CHASSE DU CERF. POEME- CHA1S[T SIXIEME. P k e's avoir du Cerf préfenté les prémices, Suivant la fage loy prefcrite aux facrifices , Pour délivrer les parts & les droits anciens Dûs à DIANE , au Maître, aux Miniftres , aux Chiens , Rij ■■ii-nfkW1. jMte^B 260 DIANE, Dans un char «minent la Viclime montée Sera jufques au Temple en triomphe portée. Là fur un verd gazon de Chênes entouré , Qui tracent le contour du Parvis confacré , Un Autel la reçoit fur le dos étendue, Et recueille le fang de fa gorge fendue. La Fourche n'eft pas loin , dont les bras inégaux De tous les Menus-droîts (a) confervent les dépôts. LesDAiNTJERs(^) ontl'honneur de la première place, Le Sacrificateur , d'une décente audace Du jaret à la gorge étendant fes efforts , De la Nape (V) à loifir dépouillera le corps. Qu'il épargne le Chef, le Mufle & les Oreilles ; Ils ont droit de jouir de franchifes pareilles ; Le Ventre cependant d'un feul coup partagé {a) Certaines parties intérieures attachées à la fourchette. ijb) Les rognons du Cerf. (c) La peau. Chant Sixième. 2&* Defon immonde poids doit être déchargé; Des Minières légers en hâte s'en emparent ,. Dans des Vafes d'airain l'épurent , le féparent ; De fon fein entr'ouvert avec le fer facré 5 On détache à DIANE un tribut préparé > . C'efl la plus noble part qu'elle a droit de prétendre* On allume un bûcher : le. feu réduit en cendre Le Coeur & le double Os de la célèbre Croix (^)>. Que dans le vin LU CINE employa tant de fois ; Et le Massacre (b) ira parer les murs du Temple, Des Triomphes iuivis chronologique exemple. Quand le premier devoir à DIANE eft rendu, (a) La poudre de !a Croix du Cerf dans du. vin eft un remède merveilleux pour les Femmes en travail ; & comme Lucine eft la même que Diane fuivant les Poètes , on a dioifî le cœur du Cerf pour être offert à Diane en facrifice , à caufe de l'ufage qu'elle fait de la poudre calcine'e de la Croix qui fe trouve dans le cœur du Cerf. (V) La face de la tête ou tient le Bois, 262 DUNE, On enlevé du fein largement étendu Ce qu'on nomme les Noeuds, Mufcles dont la nature De I'Epaule & du Col forma la ligature. Le Franc-boyau , les Ris , & tous les Menus-droits, Dont le friant Forhu (a) fera briller le choix, L'un fur l'autre s'accroche au bras de la Fourchette, Et la langue en fera la dernière recepte. Mais la Rate & le Foye avec foin confervés.» Partage des Limiers , leur feront refervés ; Tous autres Inteftins ( corruptibles reliques ) Joints à ceux qu'ont reçu les vafes métalliques ? Déchirés à la main, ou coupés en morceaux» Rougiront dans le fang écoulé des vaiiïeaux , Et des pains divifés , que de lait on arrofe, De ce premier repas épaiiîïront la dofe, (c) L'amas de différentes parties intérieures attachées à lafoiii- chctte s'appelle le Forhu» Chant Si xi e 'me. 2.6^ Cependant le Miniftre avançant fes travaux , Du Maître & des Veneurs repartira les lots : Les Filets, le Cimier & les Cuisses complétées, Les Mufcles qui des reins forment les Eguillettes i Sont des droits de tout tems confacrés aux Seigneurs* Celui qui Laissa-courre (a) ajoute à fes honneurs Toute FEpaule droite amplement enlevée ; Au Sacrificateur la gauche eft refervée ; Le relie aux Conducteurs doit être abandonné» Qu'ils laiiTent feulement le Coffre (V) décharné* Il doit offrir aux Chiens une nouvelle chère , Et de leurs longs travaux être une fécond falaire. Le Sacrifice offert , le partage fini 9. La Nappe s'étendra fur un terrain uni : (a) Le Valet de Limier qui a détourné le Cerf qu'on a pris. (£>) C'eft la carcaffe. Riiij 264 DIANE, Deux Minières fervans , d'une main aiTurée ,y verferont Faprêt de l'humide Cure'e; Que le Coffre plus loin fe place à trente pas > Et que la Fourche offrant le troifïéme repas S'enfonce dans la terre à pareille diftance : Qu'on livre alors les Chiens à leur impatience ; Qu'au fon des Cors bruyans ils foient tous appelles A dévorer les mets à leurs yeux étalés- Mais quoi! Déjà tout cède à leur fureur avide: La Nappe (a) n'offre plus qu'une ceinture vuide» Qu'on les entraîne au Coffre , (b) aux cris réitérés De ces vulgaires mots, tirez, tirez, tirez; Sur la terre long-tems la Carcasse efl traînée,. Et chacun en faifit la Coste décharnée , Enfin par le Forhu la Fête doit finira. (a) La peau, (b) CarcaJTç. Chant Sixième. 26$ La voix n'a point de frein qui puûTe contenir L'emportement des Chiens, & la rapide joye Qu'excite en eux l'afped de la dernière proye ; Le Veneur dont la main l'élève & la régit Par desjeux irtitans trompe leur appétit ; En vain à fes côtés ils fautent , ils bondifTent > Un détour les féduit , des feintes les trahiffent , Jufqu'à ce qu'élevés par un faut mefuré Ils dérobent le prix qu'ils ont tant defiré. Cependant dans les airs éclatent les Fanfares, ( Les plus jeunes Veneurs n'en font jamais avares ) Et chacun à l'envi s'emprefle à fignaler Le bienfait dont DIANE a daigné les combler. C'est une Loi facrée & de touttems connue, Qu'on doit à la Cure'e aflifter la main nue ;0) (0) On ne doit point avoir de gands pendant la Curée ; Se 266 DIANE, C'eft un crime d'en être autrement le témoin : Quiconque mal inftruit , ou négligeant ce foin , Aux yeux des fpe&ateurs eft reconnu coupable 3 Ou perd par ce délit un gage faififiable > Ou n'en doit être abfous qu'en rachetant le prix Du droit inviolable aux Conducteurs acquis. .... Mais qu'entens-je ï Quel bruit ? Somnifère interprète Le ton rauque du Cor a fonné la Retraite : Tous les Chiens font repus ; fous la gaule réduits * Ils vont être au Chenil par ordre reconduits; Et il l'entrée encor leur en eft défendue , C'eft pour les faire tous repaner en revue : Ils y feront par noms exactement comptés. S'il en manque , qui loin par le Change emportés Ont perdu de la Chafle & le bruit & les Erres, quand les Valets de Chiens furprennent quelque jeune Veneur avec fes gands , ils font en droit par l'ufage de lui demander de quoi b oire. Chant Si aie' me. 267 Que pour les rechercher , de légers émiffaires Volent de toutes parts , s'enfoncent dans le bois , Les rappellent au cry du Cor & de la Voix , Et rompant du fommeil l'enchantement perfide , Les préfervent la nuit des dents du Loup avide. ■ Entre les jours heureux dans l'année enchaînés, Qu'à fes nobles plaifirs Diane a deftinés , Il en efl: un fameux dont le nom renouvelle De tous fes Sectateurs le courage & le zélé. L'Automne tempérée offre mille douceurs (a) , L'Hyver n'a point encore annoncé fes rigueurs : Dans ce tems renommé le repos eft un crime , Le plus foible Veneur fe réveille & s'anime ; L'Etendart de D 1 a n e en tous lieux arboré , (à) Le 3. Novembre, jour connu fous le nom de S. Hubert- z6S DIANE, Annonce l'appareil à fes Jeux confacré ; Des Princes & des Rois la Cour eft redoublée> Il n'eft point de climat où dans une allemblée , Les voifins fe prêtant un mutuel effort , D'un célèbre ennemi ne concertent la mort. Vous en êtes exclus , ( troupe vile & profane ) Avides Levreteurs (a)9 ennemis de D 1 a ne, Des Lièvres de nos champs deftructeurs fignalés , Sur l'Autel Scythïen (b) dignes d'être immolés.: Vous , Chafleurs , qui fuyant un pénible exercice > D'un Chien ferme (V) employant le commode arti5- fice> Tirassez (d) lâchement & Cailles & Perdrix, (a) Chafleurs au Lévrier ; Savary n'aimoit pas la Chaïïe dd Lévrier, & ces trois Vers font traduits littéralement. (£') Les Scythes dans la Tauride immoloient les hommes à l'honneur de Diane. (?) Chien qui arrête. (d) Avec des Filets : cette façon de prendre des Cailles & des Perdrix eft pfus utile que noble & amufante. Chant Sixième. 169 Et de l'art de la ChafTe aviliiïez le prix. Diane ne reçoit à cette augufte Fête Que des Veneurs flattés d'une illuftre conquête, Qui de l'obfcure fraude abhorrant les travaux FaiTent la guerre ouverte à tous les animaux , Attaquent Sangliers , Cerps légers , Loups avides , Courent Lièvres , Renards , Chevreuils, ou Daims timides, Elle y reçoit encor quiconque fçait dans l'air Déployer le Faucon contre l'Oyfeau léger ; Qu'il e(t doux de lui voir écrafer en furie La Perdrix , le Milan , le Héron & la Pie ! Mais fi non loin des Bois par Diane habités Le hazard attiroit d'innocentes Beautés ; S'il s'y trouvoit encor de ces nobles Guerrières 2.-JO DIANE, Du courage Gaulois confiantes héritières, Qui pour fe fignaler par de vaillants exploits OfafTent du Veneur endoiTer le harnois , Et fous des vêtemens aux liens prefque femblables , Sous un double Etrier fermes , inébranlables , Les Bottines aux pieds , prendre le premier rang, Embrafler un Coureur & lui prefler le flanc , Qu'elles viennent en hâte , ou plutôt qu'invitées ( De la Déesse en tout images refpe&ées ) Elles donnent la Loi , règlent les mouvemens, L'ordre du Laissez-courre, & les lieux, &lestems, Tout doit céder au Joug que ces Belles impofent ; Eft-il de grands Deiïins dont elles ne difpofent ? Arbitres de la Chaffe & des travaux du jour Elles en daigneront honorer le Retour; Sous le Portique ouvert de la Voûte facrée Chant Sixie'me. 2ni La plus fuperbe Fête efl déjà préparée; Une Table en fon tour étalant cent couverts Y reçoit les apprêts de mille mets divers. De la terre & de l'air l'abondance épuifée Dans cet ample Feflin aux yeux efl expofée : Chaque ChafTeur jaloux du mets qu'il a conquis En vante la faveur , en relève le prix; Le Vin coule à grand flots d'une fource féconde , Les Conviés armés d'une Coupe à la ronde A la Divinité portent les premiers coups : Animés d'un tranfport refpe&ueux & doux Aux Nymphes tour à tour ils rendront même hom- mage: Mille tendres Chanfons en feront le langage ; Et peut-être l'Amour prendra l'occafion D'y ménager le fort de quelque Endimion. 272 DIANE, Avec éclat du Maître on chantera la gloire , Chacun s'arrogera le prix de la Victoire , Les grands exploits du jour y feront rappelles , Et même les malheurs n'y feront point celés. Tous propos étrangers feroient une indécence , Le zélé , le refpect , & la reconnoiflance , Défendent de mêler de profanes récits Où DIANE doit feule infpirer les efprits. Elle y fera briller une joye animée Jufqu'à ce qu'en plaiilrs la nuit foit confommée , Et que le doux fommeil répandant fes Pavots Etende fur les yeux les voiles du repos. FIN DICTIONAIRE DICTIONAIRE DES TERMES USITÉS DANS LA CHASSE DU C E R h a DICTIONAIRE CONTENANT LES MOTS, OU les Manières de parler ufitées dans la ChaJJe du Cerf, employées dans ce Poème. A ABbatures, traces que le corps du Cerf laifTe en pafTant dans les taillis. Abois, derniers abois , c'en: quand le Cerf tombe mort ou outré. A c o u e r le Cerf, c'efl le fuivre de près & Paculer pour lui couper le Jaret : ce terme efldans Salnove ; mais il n'efl pas d'ufage aujourd'hui. Accourir le trait , c'efl le ployer à demi ou tout ■ à fait pour retenir le Limier. Sain. A c u l s des Forêts , ce font les bouts des grands pays de bois. Aiguillonne' , ce mot fe dit des Fumées qui portent quelquefois un aiguillon quand elles font en nœuds : ce qui marque ordinairement que les Cerfs ont eu quelque ennui. A L l e r de bon tems , c'efl à dire qu'il y a peu de terns que la bête efl pafTée . Aller de hautes Erres , c'efl quand il y a fept ou huit heures que la bête eft pafTée. Allonger le trait à un Limier, c'efl le laifTer dé- ployé de fon long. s» \-}6 DlCT IO N AI RE Allure , marcher du Cerf. Ameuter, on dit les Chiens font bien ameutés pour dire qu'ils marchent bien enfemble. Andouillek, premier Cors le plus près des Meu- les : on ne lahTe pas de donner ce nom aux autres Cors. On dit le Piqueur a été bleïTé d'un coup d'Àndouiller. On donne le nom d'Andouiller à tou- tes les Chevilles qui fortent de la Perche, Appuyer les Chiens , c'efh fuivre toutes leurs opé- rations , les diriger , & les animer de la Trompe & de la voix. A s s e m b L e'e-3 rendez-vous où tous les ChafTeurs fe trouvent. Assentir la voie, c'eft la goûter. Sain. Assurance, fermeté : on dit le Cerf va d'affûran- ce3 c'elt-ib-dire , le Pied ferré & fans crainte. B. A b i l fe dit d'un Limier ; ce Limier babille trop: lui ôter le babil , ou le rendre fecret , ou l'empê- cher de caqueter. Balancer, c'eft quand un Cerf chaffé vacille en s'enfuyant , ou quand un Limier ne tient pas la voie jufte. Bans, licls des Chiens. Battre, fe faire battre ; c'efl: quand une bête fc fait chaffer long-tems dans un canton de pays. Battre l'eau , c'eft quand le Cerf eft dans l'eau , on doit dire aux Chiens : Il bat l'ea u. B ï c h e , femelle du Cerf ; elle fait fon Faon en Avril. Se en May, DU POEME DE LA C H AS SE. 277 Bondir, on dit le Cerf bondit ? ou faire bondir un Cerf frais. B o s s e s, ce font deux grofTeurs qui viennent la pre*- miere année à.la tête du Cerf. B o T t e , collier que l'on met au Limier quand on. lie mené aux bois. Bouzars, ce font les Fiantes que jette le Cerf au Printems, & qui font rondes & molles comme des bouzes de Vache. Bran de s, ce font les bruyères où les Cerfs vont viander : vieux, terme. Boyau,, franc-boyau, c'eft le gros-boyau où paffent les viandis du Cerf, qai fait partie des menus droits. Beailler, on dit qu'un Chien braille quand il crie fans voix. Brehagne, Biche qui n'engendre point. B riz e'e , rameau rompu qui fert à marquer l'entrée du Cerf dans le bois , à en faire l'enceinte , ou à mar^ quer la naiffance d'un défaut. B.r 1 z e'e haute ,. rameau rompu qui pend encore à là branche, & qui marque la rentrée au fort. B R 1 z e'e baffe , rameau couché à terre qui marque le chemin du Cerf» La pointe fait voir d'où il vient , & le gros bout où il va. Brunir: quand le bois du Cerf eft revenu au frin- tems , il eft couvert d'une peau tendre qui lui déman- ge j pour la faire tomber il fe frotte contre les bali- veaux afin de la rendre nette & unie , & la fait chan- ger de couleur félon les terres où il fe frotte j c'eiL ce qu'on appelle Brunir. Buisson , bois d'une moyenne étendue. Buisson creux , ce terme fe dit quand le Valet da Siii 2.jS Diction aire Limier qui à détourné , ne trouve rien dans fon en- ceinte : c'en; un buiffon creux. CA-r e v A u T , terme pour faire entendre que le ( Cerf s'en retourne duns fon pays. C^a-va-la-haut, terme pour parler aux Chiens quand ils chaîfent. Cerf, Faon , Daguet , Cerf à fa féconde tête , à fa troiiléme tête , à fa quatrième tète, Cerf de dix cors jeunement, Cerf de dix cors, vieux Cerf, grand vieux Cerf, Cerf de Meute , ou Cerf que l'on court. C e R F accompagné , ou en compagnie qui s'eft joint avec d'autres Bétes. Cerf bien chevillé qui porte plusieurs dards ou ra- meaux à la fommité de fon Bois, en forme de couronne. Cervaison, c'en: quand un Cerf eft gras ou en ve- n ai fon. Chambre du Cerf, c'efl fon Lit ou Repofée pen- dant le jour. Ce terme de Chambre n'eft plus en ufa- ge , il fe difoit du tems de Savary. C h A N g e , on dit prendre le change ou garder le chan- ge ; prendre le change c'eft faivre une nouvelle bête ; gS"der le change c'eft fe tenir à la bête qu'on a com- mencé de courir. Chasser de gueule , c'eft lailTer crier & aboyer un Limier qui naturellement eft fecret ; cela s'appelle en- core Routailler. Chiens courants , ardens , allans , vîtes , légers , re- querans , pefans , heurleurs , anglois , bâtard-anglois. Cimier, c'eft la Croupe du Cerf, qui dans la Curée du Poe me de la Chasse. 279 fe donne au Maître de l'Equipage. rCoFFRE, CarcaiTe du Cerf décharné. Coeffe', on dit un Chien bien coëiFé. Comblette, fente qui eft au milieu du pied du „ Cer£ Connoissances, indices de l'âge & de la forme du Cerf, par la tête , le pied , les fumées , &c. Clabauder, on dit ce terme des Chiens qui rebat- tent les mêmes voyes & ne peuvent aller avec les au- tres Chiens. Contrepied, prendre le contrepied , c'eft retour* ner par où le Cerf eft venu. Cor, trompe , infiniment de cuivre dont on fonne. C o r s j ce font les cornes fortans de la perche du Cerf. Le premier cors 3'appelle Andouiller , le fécond Sur- andoiiilier , les fuivans , cors, chevilles ou chevillures, doits ou époirs : ce font differens noms que les Au- teurs leur donnent. Corsage, forme du corps du Cerf. C o uple, lien qui attache les Chiens deux à deux. Coupler les Chiens , les lier deux à deux. Couper, c'eft quand un Chien quitte la voye pour prendre les devants , ce qui eft un défaut. Coureurs, on nomme ainfi les chevaux de Chafîe qui ont la queue coupée. Croix de Cerf, c'eft un petit os en croix qui fe trou- ve dans le Cœur du Cerf, lequel mis en poudre dans du vin , eft un remède merveilleux pour les femmes en travail. . Crouler fa queue , cela fe dit du Cerf quand il fuit, C u r e'e , diffeftion des parties du Cerf dont les inté- tieurcs avec le fang font le falaire des Chiens : ce S iiij 28a D ICT 10 N A I R E qu'on appelle autrement la Moue'©. On fe fert auffi du mot de C u r e'e quand on donne- le Cerf à manger aux Chiens afin de leur donner plus d'ardeur pour la ChaiTe. P. DA G u E s , premiers dards fîmples qui fortent de la Tête du Cerf quand il a un an. Da(GUE t , Cerf qui porte fon premier bois pendant le cours de fa féconde année. Daintiers, rognons du Cerf. De'coupler les Chiens , les délier l'un de l'autre quand ils font deux à deux. D e'd ortoire, bâton de deux pieds dont on fe fer-, voit autrefois pour parer les gaulis : le manche du foiiet a aujourd'hui le même ufage. De'faut, demeurer en défaut ; c'en: avoir perdu la voye du Cerf pendant quelque-tems ou tout-à-fait. P E^h arder, lâcher les Chiens quand ils font liés fix à fîx , ou quatre à quatre. D e'm e s l e r la voie ; trouver la voye du Cerf couru au milieu d'autres Cerfs. D e'p l o y e R le trait -3 c'eft allonger la corde qui tient h botte du Limier. Derrière, c'eft un terme dont on fe fert pour arrê- ter un Chien , & le faire demeurer derrière foi quand il chafie le droit. P e't o u r N e r , c'eft découvrir par le moyen du Li- mier, le lieu où le Cerf eft à fa repofée , & en marquer l'enceinte. Droit, on dit prendre ou tenir le droit pour faire * DU POEME DE LA CHASSE. 2% l entendre qu'un Chien reprend bien la voye. Droit du Limier : la Rate & le Foye lui appartien- nent dans la Curée. Droit du Valet de Limier qui a détourné , c'efl l'E- paule droite. D R o i T s du Seigneur , ce font le Filet , les CuiiTes , & le Cimier avec toute la Tête. D R A p de Curée , c'étoit une toile fur laquelle on éten- doit la Moiïée qu'on donne aux Chiens quand on fait la Curée -3 mais cela n'eft plus ufîté» E S'TJChauffer, s'échauffer fur la voyc , la fui- A_rf vre avec ardeur. Empaumer la voye , c'effc prendre la voye. JEmpaumure, cela fe dit d'un vieux Cerf dont le haut de la Tête imite la paume de la main. Enceinte , cercle marqué par des rameaux brifés pour détourner le Cerf, & fçavoir précifément le lieu où il elt retiré ; & ce lieu s'appelle l'Enceinte. Enguichure de la Trompe , entrée de la Trompe. Enlever la Meute , c'eft lorsqu'au lieu de laiffer chafïer fes Chiens , on les entraîne par le plus court chemin au lieu où un ChafTeur a vu le Cerf, & où on retrouve la voye. E N T e'e s , ce terme fe dit des Fumées qui tiennent enfemble , Se qu'on ne peut féparer fans les rompre. E p o i s , Cors qui font au fommet de la Tête du Cerf, en Latin Surcnlns ou Digitus ; il y a des Epois de Coronure , de Paulmure , de Trochure 6c d'Enfoui"- chure. Savary. FohUIohx. Salnove* 282 DiCTIONAIRE Eponges, c'efl ce qui forme le talon des bêtes. Erres du Cerf, traces ou voyes du Cerf. El ave', t)oil élavé : c'eft un poil molafle & blafard en couleur, qui marque ordinairement la foibleffe d'un Chien. Erucir, le Cerf érucit quand il prend un bâton en fa gueule & le fuce pour en avoir la liqueur. Vieux . terme. Eventer la voye , c'eft quand elle efl fi vive que le Chien la fent, fans mettre le nez à terre , ou quand après un long défaut les Chiens ont le vent du Cerf qui efl fur le ventre dans une enceinte. FAnfarës, airs mefurés qu'on fonne au Lancer, à la vûë du Cerf, à l'Halaly , & à la Curée. Faons, ce font les petits des Biches. Fauve, le Cerf eft une bête fauve. F a u x-f uyant, c'efl ce qu'on appelle une fente à pied dans le bois. F A u x-m archer, fe dit de la Biche qui biaife en marchant , ou du Cerf après qu'il a mis bas. F A u x-M A R Q.U e' , on dit un Cerf faux-marqué quand il a plus de Cors d'un côté que de l'autre j c'efl la même chofe que mal-femé. Filet du Cerf, les grands Filets , c'efl la chair qui fe levé au deffus des Reins du Cerf, & les petits Filets fe lèvent au dedans des Reins: c'eft un droit du maître. Forhu, ce font plufieurs parties internes du Cerf, tels que tous les petits boyaux que l'on donne aux DU POEME DE LA C H A S S E. 283 Chiens au bout d'une fourche après qu'ils ont mangé la Moiiée & le Coffre du Cerf. Forhuir, fonner la trompe de fort loin. Terme an- cien. Fouler, faire battre ou parcourir un terrein par le Limier ou parla Meute. Foule'es, imprefîîon du pied fur le gazon ou fur des feuilles. Foulures, marques du Pied du Cerf. Fourche, bâton à deux branches qui reçoit le Forhu dans la Curée. Fourchette, ce qui eft dans la folle du Pied. F R A 1 z e , cercle raboteux qui entoure la Meule. ÏRAPER à route , faire retourner les Chiens pour les faire relancer le Cerf. F r a y o 1 r , c'eft lorfque le Cerf brunit fon bois nouveau contre les baliveaux pour détacher & ôter une peau velue qui le couvre ; après quoi il l'enfon- ce dans la terre & le brunit en lui donnant une cou- leur félon le terrein. F u M e'e s , fiantes des Cerfs ou Biches : elles font en bouzarts , en plateaux , en torches , en nœuds , ou formées , martelées ou aiguillonnées. Forlonger, prendre un grand pays & s'éloigner hors du pays ordinaire. On dit auiïi un Cerf forlon- ge , quand il a bien de l'avance devant les Chiens. G A G N A g E s , champs où font les grains , & où le Cerf va viander pendant la nuit. Gare, c'eft le terme que doit dire celui qui entend 284 D ICT I O N A I RE le Cerf bondir de fa repofée. G A u L 1 s } ce font des branches d'un bois de 18. à 20» ans. Gorge d'un Chien , terme pour marquer fa voix ; on dit ce Chien a une bonne Gorge. Goutieres, fentes ou rayes creufes qui font le- long de la Perche ou du Merrain de la Tête du Cer£ G R e s L e , c'eft le ton clair de la Trompe. On dit. aufîi qu'un Cerf a le Merrain grêle. G s. o s-T o N , c'eft le ton bas de la Trompe- Il HA L L A L 1 , cri qui marque que le Cerf eft fur fes fins. Hampe , Poitrine du Cerf. H a r d e , troupe de bêtes unies enfemble : ce mot lignifie aufîi un lien qui attache les Chiens fix à fix. H A r d e Ries Chiens , les mettre quatre à quatre ou fix à fix. Hâter fon Erre , c'eft quand le Cerf fuit fort vite* Haut à Haut, cry pour appeller fon Camarade & lui faire revoir de fon Cerf pendant un défaut , ou pour l'appeller le matin au bois en le houpant. Haye ouHahe', c'eft le terme pour arrêter les. Chiens qui chafTent le Change ; mais pour les faire attendre les autres lorfqu'ils chaffent le droit, on dit feulement Derrière. H o u p E R,un mot long , c'eft appeller fon Compagnon» du Poe me de la Chasse. 28/ L JA M B E du Cerf, c'eft depuis le Talon jufqu'aux Er- gots qu'on nomme les Os. Immondices, ce font les excrémens des Chiens. Jetter sa Teste, c'eft mettre bas. I L-v A-.L A-c h 1 e N s, terme dont on parle aux Chiens quand ils chafTent à la difcretion & à la prudence du Piqueur. II perce, terme pour dire aux Chiens qu'il va en avant. L LAissez-Courre , ainfi fe nomme le lieu où1 fe doit lancer le Cerf j on dit aufîi laiiïez-courre un Cerf. Lambeaux, c'eft la peau velue du bois du Cerf qu'il dépouille au frayoïr. Ah-Layla, ou Tout Bellement, c'eft le terme pour donner de la crainte aux Chiens lorfque le Cerf s'eft accompagné , afin de les obligera garder le change. L a N c e r le Cerf, le faire partir de la repofée. Larmieres , ce font deux fentes qui font au-def- fous des yeux du Cerf ; il en fort une liqueur jaune , qu'on nomme larmes du Cerf. Lices, Chiennes courantes. Limiers, Chiens de trait dont on fe fert pour dé* tourner le Cerf. L 1 v R e r le Cerf aux Chiens , mettre les Chiens après. Longer un chemin , c'eft quand une bête va tou- jours en avant , ou quand un Cerf chafTé qui commen- 2.86 D 1CT J O N Al RE ce à être mal-mené , longe les chemins & fuit tant qu'il peut. M. AL-SEME',on appelle un Cerf mal-femé quand il a plus d'Andoùillers d'un côté que de l'autre. M A l - m o u L u , les fumées des jeunes Cerfs font mal- moulues ou mal digérées. Martelé', ce mot fe dit des fumées parce qu'elles femblent battues à coups de marteaux parle bout. Massacres face de la Tête du Cerf avec tout fou bois. M e N e'e , c'efi: pour dire qu'un Chien a bonne gorge & la voix hautaine, Se bonne grâce , ce terme eftplus connu en Normandie qu'ailleurs. Menus-droits, diverfes parties intérieures qui compofent le forhu qu'on attache à la fourche , pour être le dernier falaire des Chiens. Mener les Chiens à l'ébat , c'eft les mener promener. M e r r A i N , matière du bois & de la perche. Mettre-bas, quitter fon bois. Le Cerf met bas au Printems. Meule, racine dure & raboteufe du bois du Cerf. ■ Meute, alfemblage de tous les Chiens courants. Les Chiens de Meute font les premiers Chiens qu'on lâche contre le Cerf lancé. Vieille-Meute, premier relais donné après la Meute. Muse, commencement du rut des Cerfs , leur mufe dure cinq ou fîx jours , & pendant ce temps-là ils ne font que marcher, mettre le nez à terre & fentir par où les Biches ont pafTé. DU POEME DE LA CHASSE. 287 JV1 u E R , c'eft renouveller fa Tête & en changer. Les Cerfs muent au commencement de Mars , & leur Tê- te ne fe refait que vers la mi-Juillet. Moue'e, c'eft un mélange du fang du Cerf avec du lait Se du pain coupé qu'on donne aux Chiens à la curée. Mufle, c'eft le bout du nez des bêtes fauves. N. NA P P e , la peau du Cerf. Nerf du Cerf, c'eft fon membre. Noeuds, on dit les fumées font en nœuds, pour dire qu'elles font formées. Noeuds, morceaux de chair qui fe lèvent aux quatre flancs du Cerf. Noue', les famées des Cerfs font nouées au mois d'Août. O. OR D R E , ce mot fe dit pour marquer l'efpece &les qualités des Chiens ; on dit un bel ordre de Chiens. O s du Cerf , ce font fes Ergots & ce qui forme fa jam- be jufqu'au Talon : donner des Os en terre. D'abord que le Cerf fuit il donne des Os en terre. O u r v a R y , cry pour obliger les Chiens à retourner lorfque le Cerf fait un retour. D 1CTIO N AIRE P. PÀ R E M E N T du Cerf, chair rouge qui vient par- defïus la venaifon du Cerf des deux côtés du corps. P a s s e'e , lieu où le Cerf a paiTé. Pelage , couleur du poil du Cerf; il eft blond, fauve , brun , ou moucheté. Grands-Pays, grands bois. P e r c e r fe dit lorfque le Cerf tire de long : on dit aufïï le Piqueur perce dans le fort. P e r c h e ou merrain , bois du Cerf qui porte plufïeurs Andouillers. P e r L u R e , inégalité qui fe trouve fur la croûte de la perche en forme de grumeaux. Peser beaucoup, c'eft quand une bête enfonce beau- coup fes pieds dans la terre, ce qui marque qu'elle a grand corfage. PiERRURE,ce qui entoure la Meule en forme de pe-> tite pierre , & ce qui forme la fraize. P I N c E s , ce font les deux bouts du pied du Cerf: fi elles font ufées c'eft ligne de vieilleffe. Piqueurs , Veneurs qui appuyent & fuivent les Chiens de près , & conduifent la Meute & la ChafTe. Plateaux, fumées ou riantes que le Cerf rend au commencement du Printems , & pendant qu'il met ; bas fa Tête : elles font plates & rondes , & ont en- core la forme de bouzarts. P o R T e'e s , traces que le bois du Cerf lailTe en pafTant dans un taillis élevé au moins de fîx pieds. Prendre le vent fe dit quand on prend les devants, ou quand un Chien va lancer le Cerf au vent. P r E N D R e les devants , c'eft quand on a perdu le Cerf, DU POEME DE LA CHASSE. 289 le Cerf, & qu'on fait un grand tour avec les Chiens courants pour le retrouver , en le requêtant. Prendre fon buifïbn ; le Cerf choifit une pointe de bois au Printems pour fe retirer le jour, & aller ap fément la nuit aux gagnages ou aux champs. £ I L L A R T , fe dit d'un Chien hargneux. QU e s t e r le Cerf, aller en quelle , c'eit chercher le lieu où le Cerf fe repofe pendant le jour ; on dit aufîi requêter le Cerf pour le relancer. 'Q u E R E L L E U R fe dit d'un Chien courant hargneux. R. RA 1 R E ou Reer , crier ; les Cerfs rayent quand ils fout en rut. R A e A T T r e , on dit le Limier fe rabat , & donne une connoiffance à celui qui le mené. Rage, c'eft une maladie qui fe prend dans le fang des Chiens : il y en a de fix fortes , rage enragée , rage courante , rage efflanquée , rage endormie , ou rage mue , & rage enflée. Rapp rocher un Cerf ou le parchaffer , c'eft faire ; aller les Chiens doucement tenir là voye d'une bête qui eftpaffée deux ou trois heures auparavant. Rapport, faire fon rapport , c'eft qnand le Valet de Limier déclare à l'Affemblée fes diverfes connoiffan- ces fur la bête qu'il a détournée. Receler, c'eft quand le Cerf demeure deux ou trois jours dans fon enceinte fans en forthv x IpO D ICI ION AIRE Reb au d i R les Chiens , leur faire fête , les careiTer. Refait d'un Cerf , bois qui fe renouvelle : on dit le Cerf a déjà du refait, fon bois eft refait. Refuites, route que le Cerf pourfuivi prend pour échapper aux Chiens ; les Cerfs prennent dans une forêt prefque toujours les mêmes refuites. R e L A I s , ce font des Chiens qu'on tient en certains lieux dans 4a refuite des bêtes qu'on court , pour les donner quand la bête paiTe. Le premier relais s'appel- le la vieille Meute, le dernier fe nomme les ilx Chiens, quoiqu'il foit compofé d'un plus grand nombre ; ce font ordinairement les plus vieux & les plus fages. Il y a un relais prefentement qu'on appelle féconde vieille Meute. îl E L A I s-volant , c'eft un relais qui n'ell point fixé dans un lieu, mais qui coupe & fuit la Meute pour lui prê- ter fon fecours "quand elle en a befoin ; on fait un rç- îais volant quand on n'eft pas fur de la refuite des •Cerfs, & ce font toujours les plus vigoureux Chiens qui les compofent: on ne s'en fert chez le Roi que dans le mois de Mai ou de Juin. Relancer, c'eft lorfqu'on redonne aux Chiens l'animal qu'on a chaffé j on dit auflî redonner au lieu de relancer. H e l e v e r , on dit relever un défaut , c'eft retrouver la voye qu'on avoit perdue. îl E L E v e' d'une bête , c'eft quand elle fe levé & fort du lieu où elle a demeuré le jour pour aller repaître. ■Rembuchement, rentrée du Cerf au fort. Rembucher, rentrer dans le bois & dans le fort. He montrer, c'eft donner connohTance de la bête qui eft pairée. DU PoEME DE LA CHASSE. âj»| Re ncontrer, trouver une voye ; le Limier ren- contre. Rendez-vous , lieu de l'AfTemblée indiqué à tout l'équipage. Rendonne'e, c'eft quand après que le Cerf eft don- né aux Chiens , il fe fait chailer dans fon enceinte Se tourne deux ou trois tours à l'entour du même lieu , & qu'après cela il prend fon parti d'aller bien loin ; ce que le Veneur nomme une bonne rendonnée. R e p o s e' e , lit ou chambre , c'eft le lieu où le Cerf ren- tré le matin fe tient couché fur le ventre pour y de- meurer & dormir pendant le jour. Requester, rechercher une féconde fois le Cerf où il eft. R e s s u Y , le Cerf mouillé le matin de la rofée fe féche au foleil levant, avant de rentrer dans le bois & de pren- dre fa repofée. Retour, c'eil quand le Cerf revient fur lui-même ,' c'efl-à-dire fur les mêmes voyes. Retraite, on dit fonner la retraite pour faire retirer les Chiens. Revenu de Tête , c'eft quand la Tête nouvelle du Cerf eft toute revenue. Revoir d'un Cerf; on en revoit par le pied , par 1 aL fumées , par les abbatures , par les portées, par les fou- lées , par le frayoir , & par les rougeurs. Rougeur, on en revoit par les rougeurs , c'eft-à-dire par le fang que le bois refait laiife aux branches. R i D e s , ce terme fe dit des fumées : les fumées des vieux Cerfs font ridées. R o b b e , couleur du poil d'un Chien i ce Chien a une belle robbe, T ij 20 2 DiCTIONAlKE R o m P R E les Chiens , les empêcher de faivre une bête. Route, c'eft un grand chemin dans les bois -s on dit le Cerf va la route, R o u e'e s ,ce font les Têtes du Cerf, ferrées & peu ou- vertes. Rut, amour des Cerfs ; les Cerfs entrent en rut au commencement du mois de Septembre, & le fmiiTent à la mi-Octobre y ils n'y font chacun que trois femaines, ce font les vieux Cerfs qui y entrent les premiers. Rus e, le bout de la rufe, c'eft quand on trouve au bout du retour qu'a fait le Cerf, que les voyes font fîmples, & qu'il s'en va & perce. Ruser, c'eft quand le Cerf va & vient fur les mêmes voyes à deffein de fe défaire des Chiens. S. SE N T I M EN T , c'eft quand un Chien fent le vent de la voye. S E P A r E R les quêtes , c'eft difîribuer aux Valets de Li- mier une forêt par cantons pour y aller détourner un Cerf. Sole, fond du Pied du Cerf, ou milieu du defîbus du Pied, Sonner, on dit fonner de la trompe , fonner la re- traite , fonner du gros-ton , fonner du grêle. Sur-aller, c'eft quand un Limier ou Chien cou- rant patte fur les voyes fans fe rabattre , ou fans rien dire. S o r t i r du fort , c'eft une bête qui débuche de fon fort. Spe'e, c'eft un bois d'un an ou deux. DU PoEME DE LA C H AS SE, 1$$ Suivre, c?eft quand un Limier fuit les voyes d'une bête qui va d'afTurance : car quand elle fuit c'eft là chaifer. Sur-andouiller, c'eft un Andouiller plus grand que les autres , qui fe trouve à la Tête de quelques I Cerfs. Sur-neige' es, ce font les voyes où la neige a tombé. S u r p l u e s , ce font celles où il a plû. T. TA L ON , le Talon eft au haut du Pied du Cerf; îî fert à diflinguer fon âge. Dans les jeunes Cerfs le Talon eft éloigné de quatre doigts des Os , ou autre- ment des Ergots. Dans les vieux Cerfs il joint prefque les Os : plus il en approche , plus le Cerf eft vieux. T a y A u, cry à la vûë du Cerf. T e m s, on dit en revoir de bon tems, pour marquer que la voye eft fraîche & de la nuit. ■Te n i R la voye; on dit ce Chien tient bien, la voye* pour dire qu'il la fuit. Tenir les abois 3. c'eft quand le Cerf s'arrête & tient contre les Chiens , les attaque & les bleiTe. Teste, cela s'entend du bois de Cerf: on dit une Tête bien née. " Te s t e portant trochures, Têtes qui portent trois ou quatre chevilles, Andouillers , ou. épois à la fommité de leur bois. Teste enfourchie , Tête dont les dards du fommet font la fourche. On dit auflî Tête bien chevillée. Xeste paumée, c'eft celle dont la fommité s'ouvre Tiij 294 D ICT10 N AIRE & reprefente les doigts & la paume de la main. Teste couronnée , c'efl celle dont les cors font une efpece de couronne ; on en voit peu en France de cet- te efpece. T I r e r de long, c'efl quand le Cerf va fans s'arrêter. Tirer fur le trait , c'efl quand le Limier trouve la voye & veut avancer. Tirez Chiens , tirez , c'efl le terme pour faire fuivre j les Chiens quand on les appelle. T o R c H e s , ce terme fe dit des fumées ; les fumées font en torches , & veulent fe détacher ; c'eil-à-dire, qu'elles font à demi formées. Trait, c'efl la corde de crin qui efl attachée à la bot- te du Limier , & qui fert à le tenir lorfque le Veneur va au bois. Trompe, Cor de ChalTe , il y en a de petits & de grands. Ton pour Chiens , c'efl le gros ton. Toucher au bois , c'efl quand le Cerf veut ôter la peau velue qu'il a fur fon bois. T R o L L E , c'efl ce qui fe fait quand on n'a pas détour- né une bête , & qu'on découple les Chiens dans un grand pays de bois pour la quêter & la lancer. V. VA L e T de Limier, c'efl celui qui va en quête d'un Cerf, le détourne & le laiiTe courre: dans le Poëme on l'appelle Quêteur. Valet de Chiens , c'efl celui qui mené les Chiens de Meute ou des relais : dans le Poème on l'appelle Con- ducteur pour éviter d'employer en vers le mot bas de Valet. du Poe me de la Chasse. 29? Va-outr e, c'eft le terme dont fe fert le Valet de Limier lorfqu'il allonge le trait à fon Limier, & le met devant lui pour le faire quêter. V A I N e s fe dit des fumées légères & mal prefTées. V A y - L A , c'effc le terme dont on arrête le Limier qui a rencontré , pour connoître s'il eft fur la voye. Sal. ^EL-cy-alle', terme du Valet de Limier lorfqu'il parle à fon Chien pour l'obliger à fuivre la voye quand il en a rencontré. Venaison -, graifTe de Cerf. C'eft le tems qu'il eft: meilleur à manger , & qu'on le force plus aifément: ce font les Cerfs de dix cors & les vieux Cerfs qui ont plus de venaifon. Vue, chaffer une bête à vue. Viandîs, manger du Cerf: le Cerf fait fon viandis dans les gagnages. Vol-ce-letz, c'eft un terme dont on fe fert quand on revoit du Cerf qui va fuyant, & qui ouvre les quatre pieds. Voyez Se revoyez , c'eft quand on montre du pied de la bête pour en faire revoir.. Velcyrevary Volcelets fe dit d'un Cerf qui rufe , & qu'on voit revenir fur fes mêmes voyes. FIN, T iiij NOUVELLE CHASSE DU CERF, DIVERTISSEMENT EN MUSIQUE* Compofé de plufieurs Airs parodiés fur les Opéra d'Angleterre : avec diffé- rentes Symphonies étrangères.. AVERTISSEMENT. APre's avoir célébré les Dons des Enfans de LATONE,ôcen avoir relevé les avanta- ges en particulier , il femble qu'il manqueroit quel- que chofe au deffein qu'on s' eft propofé , fi on ne faifoit encore connoître que les Jeux de Diane peuvent être revêtus de toutes les grâces de l'Har- monie. L'idée n'en eft pas nouvelle; elle a paru avec fuccès dans le DivertifTement de la Chaûe du Cerf imprimé chés Ballard il y a plus de vingt-cinq ans; cependant elle mérite icy fa place par l'af- femblage heureux qu'elle forme , Ôc des Dons d'A pollon, ôc de ceux de Diane: mais comme il auroit été peu convenable de faire re- paroître une Pièce fi univerfellement connue , on a cru que la même main dont étoient forties les paroles de la première Chaffe , devoit encore s'ef- forcer d'en faire une nouvelle , d'autant plus qu'en même tems l'idée eft venue d'offrir aux perfonnes qui pouvoient dans la fuite entendre cette féconde Chaffe, un genre de nouveauté en Mufique fi dif- férent , qu'elle ne pourroit diminuer le prix ni ba- lancer la réputation acquife à la Mufique de M. Morin auteur de la première. L'objet de ce Divertiffement nouveau ne di£ 3oo AVERTISSEMENT. fére donc en rien du premier par rapport au fujet : l'un ôc l'autre ne tendent qu'à repréfenter d'une manière fimple ôc naturelle l'action Ôc toutes les opérations de la Chatte de Cerf, depuis le mo- ment du Réveil jufqu'après la Mort du Cerf. Tous deux ne forment qu'une même image : toute la différence qu'il y a entr'eux , ne eonfifte que dans la compofition de la Mufique. Il n'y a dans cette féconde Chaffe que les feuls Récitatifs , qui font la liaifon de l'action > ôc les Chœurs } qui foient compofés par un auteur François : toutes les Sym- phonies font étrangères, tirées de diiférens au* teurs Italiens connus > ôc tous les Airs chantans font parodiés fur un nombre d'Airs choifis dans les Opéra d'Angleterre de la compofition de JVL Hendel. Le mérite de ce fçavant auteur eft connu dans toute l'Europe , ôc la couronne qu'il a reçue l'an- née dernkre de la main des plus illuftres Anglois, le met au deffus de tout éloge. Comme fa com- pofition infiniment fage ôc gratieufe femble s'ap- Ï>rocher de notre goût plus qu'aucune autre , dans e principe où l'on eft que tout ce qui eft effen- tiellement bon en Mufique doit le paroître tel à toutes les nations fenfées , on a voulu faire l'eflay de voir fi les paroles Françoifes mifes avec exa- ctitude pourroient fous un mafque étranger rece- voir encore de nouvelles grâces.. Mais il feroit AVERTISSEMENT. 301 inutile d'en dire davantage, puifqu'il ne s'agit point quant à préfent de la Mufique dont la façon fin- guliere n'a été imaginée que dans la vue d'un a- niufement particulier ; il n'eft queftion que des pa- roles qu'on a jugé être une dépendance du corps de cet Ouvrage; ôc l'on n'a expofé en pafTant ce détail, que dans la penfée de juftifier les motifs qui ont porté à faire une féconde ChafTe dans le tems qu'il y en avoit une première reçue depuis îong-tems fi favorablement du Public. PERSONNAGES. j Diane. P H I A L E\ P S E C A S. N e p h E l E , Nymphe qui détourne le Cerf, Choeur de Nymphes. ComuSj Dieu des Feftins. Suivans de Cornus. La Scène efi dans la y allée de Gargaphie. NOUVELLE CHASSE DU CERF. SCENE PREMIERE. DIANE. Le Réveil. 'Ombre fuit , l'Aurore eft belle , Accourez, Nymphes des bois : La Vi&oire vous appelle , Pour couronner vos exploits. Vous à qui ma faveur révelle Du plus noble des Arts les doux enfeignemens , 3°4 La C h a s s e Que le prix éclatant d'une gloire nouvelle . Redouble vos empreffemens. Un jeune Roy qui de la Terre Doit un jour combler les fouhaits, Sous une image de la Guerre De mes fçavants travaux chérira les attraits , Dévoilez lui tous mes fecrets. L'ombre fuit 3 &c. SCENE SECONDE. DIANE, PHIALE, PSECAS, CHOEUR de Nymphes. C H OE U R de Nymphes. Que tes jeux font charmans , Qu'ils font fuivis de plaifirs & de gîoire l Que tes jeux font charmans ! Non , rien n'égale tes amufemens. Les plus tendres amans Vantent envain leur folle victoire. Que tes jeux , &c. De nouvelles faveurs Viennent fans cette combler nos cœurs * Sous ton empire On ne fent que des douceurs : L'air qu'on refpire N'a jamais de rigueurs , Les Vents & toutes leurs fureurs Semblent du Cerf. 3o| Semblent toujours un doux Zephire. Que tes jeux font charmans , Qu'ils font fuivis de piaifirs & de gloire ; Que tes jeux font charmans , Non , rien n'égale tes amufemens. DIANE. Le Rendez-vous. Ceflez, Nymphes , des Chants qu'infpire votre zéïé * Commençons l'heure nous appelle Au mont prochain où. l'on doit s'aiTembler. C'eft là que la dofte Nephele Se prépare à vous révéler Les fecrets d'un fort fortuné * Et vous faire un rapport fidèle Du Cerf qu'elle aura détourné. Marchons.... mais je la vois.... vers nous elle s'a vancé* Ses pas précipités flatent mon efpérance. SCENE TROISIEME. Les Acteurs de la Scène précédente , €2*NEPHELE avec fon Limier. NEPHELE. Le Raport. Vers les bois de la Tour, après divers efforts, Je revoy d'un Cerf de Dix-Cors , V 30(5 La Chasse Il marche feul & d'afliïrance ; 11 fort, puis rentre au fort, & j'en ai connoiffance J'en revoy partout de la nuit , Tout m'annonce fa Repofée : J'ai fait mon Enceinte fans bruit, A. deux cens pas ell ma brifée. Courons , volons fur l'aîle des Zephirs , Notre ennemi repofe Au gré de nos defirs: Après mille foûpirs Tout rit, tout le difpofe A nous affûrer des plaifirs. L'adorable Déeffe , Qu'infpire la Sageffe , Doit conduire nos pas ; Et nous verrons fans ceife De nos charmans combats Eclore de nouveaux apas. Courons , volons , &c. SCENE QUATRIEME. DIANE, PHIALE', PSECAS, NEPHELE, COMUS Dieu, des Fefiïns , & fa Suite. DIANE. Mais que vois-je ? C o m u s s'avance , Il va vous préferiter (es mets délicieux ; du Cerf. , , ,, -t. 1 • 1, £ écartez les malheurs. Lt loin d eux > Triomphez , PuiiTant Dieu de la Table , . A jamais régnez dans les cœurs. _j , 1 . 1 — — ■- SCENE C IN QU I EUE. DIANE, les AEtenrs de la Sccne précédente & CHOEUR de Nymphes. DIANE. Ordre pour les Relais. Qu'en trois égales parts la Meute divife'e, A fe prêter fecours fe tienne difpofée ; Qu'un Relais marche vers le Mont , Que l'autre du Marais aille occuper le fond : Suivons N e p h e l e.,.. ailons.... frapons à fes brifées> Je les vois , arrêtons.... C'eft affes en Revoir» Qu'à jamais foient prifées Les lumières de fon fçavoir, V iil 310 La C h a s s e Le Laisse'-Courre. Donnez les Chiens dans l'Enceinte à Les momens font prétieux; Que le Cerf faift de crainte , Soudain bondilTe à vos yeux* CHOEUR. La Vue du Cerf. Tayau , Tayau , Tayau > Fanfare , Fanfare , Ce jour nous prépare Le fort le plus beau. N E P H E L E. Allez mes Toutous, Allez , allez tous, Vel-cy hâtez-vous r Allez mes Toutous : Celer & Vîtefle , Superbe , Brehaut , Concorde, Gerfaut, Silvaut & RadrelTe , Allez mes Toutous , Allez, allez tous. du Cerf. 3 î s CHOEU R, La Chasse. Def au t. Y perce çavant, Ah çà va là-haut» NEPHELE. Ourvary , auretour , Irvient à la Tour. DIANE. Défaut relevé*. Ourvary, Voldets, Donnez les Relais, Aconte à Rréhaut, Tour à Murmurant , Ourvary, Volslecs. C H OE U R. Seconde Vue du Cerf. Ce jour nous prépare Le fort Le plus beau. Tayau, Tayau, Tayau, Fanfare, Fanfare Viiij r 312 La Chasse N E P H E L E. Il gagne la Plaine» Courons , je le vois, Il n'a plus d'haleine » Il eft aux Abois. C H OE U R, Ly H AL ALI, Halali, vi&oire, Quel plus noble prix ? O jour plein de gloire! Notre Cerf eft pris. SCENE SIXIEME, & Dernière.. TOUS LES ACTEURS. Mort du Cerf. ¥ S E C A S prêfentant le Pied du Cerf à D I A N E. L'éclat de votre préfence v Vos foins , & votre affiftance Rempliffent tous nos fouhaits y Régnez, Dédie , à jamais,. D U C E R F. 315 CHOEUR. L'éclat de votre préfence ,, "Vos foins & votre alîiftance Remplirent tous nos fouhaits ; Régnez, DéelTe à jamais. PSECAS, Chantons votre fier courage-, Daignez recevoir l'hommage, Qu'après tant de faveurs , Vous offrent nos cœurs. Le Chœur répète ces quatre Vers. PHIALE\ C'eft dans l'heureux fein des forêts Qu'on goûte des biens parfaits ; L'ennuy , les foins , les regrets , N'y troublent point la paix.. Sans crainte de l'orage , Sans trouble & fans foûpirs , Des tendres coeurs nous voyons le naufrage ; Parmi les Ris , les Jeux , & les Plaiûrs , Nous comblons nos defirs. Nos jours brillans de gloire,. . Et nos travaux fortunés Sans ceffe font couronnés Des mains de la Victoire. C'eft dans l'heureux , &c. 314 La C h a s s e du Cerf. DIANE. En tous lieux aux mortels l'Amour livre la guerre» Il bannit la Paix de la terre ; Fuyez fa barbare loi, A fon nom feul tremblez d'effroi. Dans fa flâme il mêle la rage, Rien ne fçauroit brifer fes fers ,. Tout retentit du ravage, Dont il remplit l'Univers. En tous lieux, &c. P S E C A S. Volez, volez, brillans Zephirs,. Annoncez nos charmans plaifirs; Et qu'à nos doux accens l'Echo réponde* Sur la terre & fur l'onde Allez vanter nos Jeux, Et nos fuccès heureux , Au bout du monde. Volez , volez , &c. CHOEUR. Halali , vi&oire , Quel plus noble prix ? O jour plein de gloire ! Notre Cerf eft pris. FIN. TABLE DES AIRS A CHANTER, AVEC Violons y compris dans la Ch as se du Cerf. L'Ombre fuit. Courons, volons. De Bacchus à l'envi. Bacchus , tu charmes mon ame." Non, non, fans le Vin. A jamais chantons la gloire. Triomphez, PuifTant Dieu, Duo. L'e'clat de votre préfence. L'Amour livre aux mortels. Hendel, Volez, tendres Ze'phirs. Fago, Napolitain. Que tes Jeux font charmans, Trio. z. L. de Son. Lb Clair. PARODIES SUR LES FANFARES. AVIS AU LECTEUR. f~*\ N avertit que les Auteurs des Parodies > pour étendre leurs penfées , ont jugé à pro- pos dans la plupart des Fanfares de faire doubles Paroles fur la première partie de l'Air > au lieu de répéter les mêmes. Ils en ont ufé ainli dans celles qui finiffent en Rondeau ; c'eft à quoy on doit prendre garde en les chantant. \ PARODIES FAITES PAR DIFFERENS AUTEURS fur les Fanfares de M. de Dampierre > & fur quelques autres 3 tant anciennes que nouvelles, LA REINE. Voyez les Fanfares gravées , p. 4. ESt- il quelqu'un fur la terre, Qui ne chafle point à fon tour? C'eft l'image de la Guerre , De la Fortune , & de l'Amour. Chaque objet qui fe préfente, En retrace les palïetems ; Quelle Chafle efl: plus ardente Que celle des jeunes Amans ? Le Flateur au cœur perfide, Court fans ceiTe après la faveur; Et le Guerrier intrépide Ne court-il pas après l'honneur ? L'Orateur ne met fa gloire Qu'à courir après de grands mots, Et pour chaiïer l'humeur noire Le Buveur court après les pots. 320 Parodies. Il eft plus d'une Méthode Pour goûter de divers plaifirs, Et chacun court à fa mode Après l'objet de fes défirs. LA DISCRETE. Page ^ Amis buvons , le Vin eft frais, Quelle abondance de bons Mets ! Des yeux brillans & pleins d'attraits Dans ces lieux lancent mille traits, Bacchus y prend leurs intérêts * Ses feux font de puifïans aprêts , Quand on efl: plein de fes bienfaits L'Amour triomphe à peu de frais. LA DAUPHINE. Page $i Enfin Louis Voit naître un Fils , Quelle Conquête Vaut un tel prix ? Pour nos Concerts Que tout s'a prête , C'eft la Fête De l'Univers* LA LOUISE PvOYALE. Page 6, On voit fur nos Montagnes Pour fuir tes traits de l'Amour Diane & fes Compagnes ChafTei: sur les Fanfares. ,321 Chafler tout le long du jour ; S'il s'en trouvoit quelqu'une , Qui s'égarât la nuit, J'irois tenter fortune, Et chafTer à petit bruit. LA ROYALE. Page*. Sous ces épais feuillages , Diane & l'Amour ont tendu leurs filets; Ils vont mettre en ufage Les plus dangereux de leurs traits. Diane avec fes armes, Détruit les plus fiers habitans des forêts ; Et l'Amour par vos charmes , Jeunes Beautés , nous enchaîne à jamais. Second Couplet four le Laifle-courre. Louis vient de paraître , Déjà les Chaffeurs fuivent de toutes parts , On reconnoît leur maître A la douceur de {es regards ; Les Grâces attentives , Penfent retrouver Adonis en ce jour ; Les Nymphes moins craintives , Quittent les bois pour augmenter fa Cour. X 3 22 P A R O D I E S LA SAIN T-H UBERT. Page n. Partons, l'Aurore nahTante, Du plus beau jour Nous promet le retour. . Pour plaire au Roy notre ardeur augmente , Et de nos foins Ses yeux font les témoins, La Chafle fait en tout tems fes délices , Peut-il goûter un plus noble plaifir ? C'eft par les plus pénibles exercices Qu'un Héros peut occuper fon loifir. L A FOIN TAINEBLEA U. Page 12. Du Dieu qui vous appelle , Pouquoy fuyez-vous la voix ? Iris , foyez fidelle, Après avoir fait un choix, Diane a pu fans crime , Céder aux tendres loix ; Ceft un droit légitime , On doit aimer une fois. LA COMPIEGNE.P^ji Bacchus eft de la vie La douceur & le foûtien; Sans lui tout nous ennuyé , Par lui les maux ne font rien. Son jus même en la Brie , Jufqu'aux Cieux efl élevé; SUR LES FaNFAR.ES. 3 2.£ La difgrace infinie N'eft que d'en être privé» L'ANJOU. Page 15. Courons, volons, joignons nos voix* Le Cerf eft prêt à fe rendre ; Je le vois , il eft aux abois , Il ne peut plus fe défendre. Nous triomphons, quel noble prix ! Ah ! c'en eft fait : le Cerf eft pris. LA CHANTILLY.?^ 13. Ces jardins où règne Flore , Ces berceaux , ces ombrages vers , Sans vous, Nymphe, que j'adore , Me paroilTent d'affreux deferts ; Je languis même à la Chafle, Sans fçavoir où je porte mes pas ; Et laiffant le Cerf qui pafte , Je ne cours qu'après vos appas. LA SILVIE , ou la Petite Chantilly. Page 14. Dans cet aimable fejour, Je cours & bois tour-à-tour ; Mais la bouteille & la Chafle Ne m'occupent que le jour. Dans cet aimable fejour, Je cours & bois tout-à-tour» Xij 324 Parodies Je mets Je fouverain bien A ne me refufer riem Nul fouci ne m'embaraiïe , Je prens le tems comme il vient. Je mets le fouverain bien A ne me refufer rien» C'eft ainfi pour vivre heureux , Qu'on doit partager fes vœux. Avant que l'âge nous glace , Buvons, foyons amoureux. C'eft ainfi pour vivre heureux , Qu'il faut partager fes vœux. Amis , dans ce jus divin , Confultons notre deftin. Joiïiflbns du tems qui paffe » L'avenir eft incertain. Amis-, dans ce jus divin, Confultons notre deftin. LA CONTY. Page 14. Qui trouble la paix de ces bois ? Diane fuit & ibûpire : J'entends du Dieu Pan les Hautbois, Où court l'amoureux Satyre. Que vois-je ? O Dieux ! c'eft mon Iris > Qui mène ici les Grâces & les Ris ; De tant d'attraits l'Amour épris x Pour l'adorer abandonne Cypiïs. sur les Fanfares. 327 LA R E M B O U I L L E T. P^ 14. Pour Monfieur le Comte de Toulouse Grand Amiral & Grand teneur de France, Neptune en fon empire Me fait difpenfer Tes loix , Diane qui m'infpire, Ne parle que par ma voix. Sur la terre & fur l'onde Par eux je fers un Grand Roy, J'irois au bout du monde De fon nom porter l'effroy. LA DOMBES. Page 1;. Vos yeux font naître en mon ame , Belle Iris , une vive ardeur : Mais faut-il que tant de flamme N'ait point fa fource en votre coeur ? Ah ! ne donnez plus d'amour , Où prenez-en vous-même à votre tour. LA P E T I T-B O U Pv G. Page 15. Dans ce fejour Les coeurs font tranquilles, On y rit la nuit & le jour; Et fi l'Amour Vient dans ces aziles , Ce n'eit que pour faire fa cour. Il y fait briller les charmes Xiij 32tf Parodies De cent beautés qirïl flatte tour-à-tour, Dans un détour S'il lance fes armes , Il fe cache & fuit fans retour. L'AZUR. Page 16. Allons, amis, Le Cerf efï pris ; Qu'à nos voix Tout réponde en ces bois. Fin, Nous fuyons tous un honteux loifir , Nos travaux font pour nous la moitié du plaifûv Allons , amis , &c. Chantons , amis , Le Cerfeil pris, A longs traits Buvons de ce vin frais. Fin. Pour nous l'amour n'eft qu'un pafietems r Nous fentons fes plaifirs & jamais fes tourmens.. Chantons , amis , &c. LA CHARLOTTE. Page r& Le vin, l'amour, & la Chafle Partagent notre loilir, Jamais le choix du plaifir Ne nous embarrane , Et notre raifon fait place Au premier defîr. sur les Fanfares. 327 L'ASINIERE. Page ij. Je fçais enfler , Renifler, Redoubler Mes fons; Ecoutez mes Chanfons, Vous Cornailleurs , Ignora ns , Fanfarons , Venez de moy prendre des leçons. LA DAM PIERRE. Parc 18. o Pour M. de Dampierre , Gentilhomme des Plaifirs du Roy , Auteur des Fanfares qui fervent de Signaux à la Chajfe. Quel fort a plus de gloire ? Mes jours confacrés aux plaifirs de mon Roy , Par des Chants de victoire , Lui prouvent mon zélé & ma foy. L'ardeur qui pour lui m'anime , Sans cefle de mes Tons fait retentir les bois ; Par eux Diane exprime Et (es volontés & fes loix. LES LOGES DE S. GERMAIN. Page 19. Tantôt Iris Par un doux fouris , Contraint mon coeur à fe rendre ; Tantôt Bacchus Eteint dans fon jus 328 Parodies Les feux du Fils de Venus. Chers amis , quel party prendre ? Tous deux femblent m'offrir Le vrai plaifir. Il faut les unir : Qui fait un àts deux Ne fçauroic vivre heureux. Tantôt Iris Par un doux fouris * Contraint mon cœur à fe rendre, Tantôt Bacchus Eteint dans fon jus Les feux du Fils de Venus. LES SENTIERS D'ÂVON.P^so; Dans nos bois On n'entend plus le doux fon des Mufettes> Dans nos bois Du tendre Amour on méprife les loix. Ce Vainqueur , Sans la confiante ardeur Des Roflîgnoïs , des tendres Fauvettes , Ne regneroit plus que dans mon coeur. LA PETITE CHASSE de Mouret.P^ 21. Iris , tu règnes fur mon ame , Je crois que la tienne ell à moy ; Cent fois j'ay reçu tes fermens & ta foy. Mais fi jamais une autre flame Te donnoit un nouveau Vainqueur, Ma sur les Fanfares. 52^ Ma main de fureur Arracheroit ton cœur Du fein perfide de- ton RavhTeur. LA BOURGEOIS. Page 22^ Buvons à taffe pleine, Contre du vin frais L'Amour n'a point dé traits. Pour oublier Climene , Ce jus a meuri tout exprès. Loin d'en être jaloux- ,. Plus elle eft volage & plus je boiray de cotips»- Bûvons jufqu'à demain , Fût-ce à mon Rival , je boiray tout plein... LA MITILDE.?^ 23. Diane, fous ton empire, ""fFu fais goûter les biens les plus parfaits ; Bacchus avec toy confpire Pour nous combler de bienfaits. Par une douce victoire Le jour nous couronne de gloire, La nuit panée à bien boire , Termine enfin tous nos fouhak's. . LE TAMBOURIN, Page 2£ Buvons , Amis , buvons toujours , Bacchus nous offre un puiiïant fecours ; Des peines pour finir le cours , Y 3^o Parodies sur les Fanfares. A fon jus ayons recours. Ses feux redoublent tous les jours Tous les autres plaifis font trop courts 7 Par lui les cœurs fe rendent fouids Au fol attrait des Amours. LA DIANE. Page 24. Soupçons , foins , allarmes , Nous ne fentons point la fureur de vos coups ; Les grâces , les charmes Habitent fans ceffe avec nous. Nos âmes confiantes Des plus durs travaux fe font des jeux» Aux peines chaînantes Succède un repos heureux. L'ANONYME. Page 2^ Dans ce charmant azyle A Bacchus , à l'Amour , On peut faire fa Cour. Quand on y fert Bacchus, tout eft doux & facile ;, Mais j'y trouve l'Amour trop fier & trop mutin: Chers Amis , croyez-moy , n'y prenons que du vin* N'y prenons , n'y prenons que du vin* FIN. - TONS DE CHASSE ET FANE ARES UNE ET DEUX TROMPES. Y!j TONS I. TlWS T>E CITASSE ET F^NT^lllES jiune etdâutv brotiiv&f çotnvoj'eelfpar JH'\{e Daniv terres etetilil/iotn/tie il os pùzufin? an Roi; pour /aire eomtoil/e iiiur ryneurj1 le Cerf: ejue loti eourj * je*? t/irers Jlfoitrc/tietio; /es eit;/e/v/itei<'. operutiotuf tze la CnatCtfe ,efr le lieu, oit tuevxùrwn ou les ililes^ /u/i/ares ont ele /itiles , iS TON FOURTSJ qUETE Qjie Ion dott sonner quand on a eteeounle les i Viiens pour latieerleCer/! ï Tjg-fc Sûg: -I L ï ££ • • ■ • • Ht é è éjtk- V * 3E Hr é é ê # # -w rri m • tROT? rrtsi^ 2. T02TJP0VJI CHIKJS Qjie loti Sonne pauïantij ne IcxSi menés Que ton-Sonne comme le prccciie/il >H5: :«zrr î f-r-f-r! ♦-•- +=r n&_i — £ £Ei *- S N mri ~tF ^*# -*- ¥£•♦ 3dzt tii 4V ^^ aza pour Ljrvn t. Mr # • ^PT pour *L^i REiit'j-: ri: oc ZF, F>j:tL\lUT . s ma—** mmmmm \ A * 0 ' • -t-f-T t-t-t-J + -% * \iâ (r " * ■ ♦ • • t ♦rc asg e + 4 LE FORHV Pou/* remettre le^ vmiNE Faite à l'Oedipien Je la IsTausa/iee île JLvio'ieu/- le Dauphin pour marquât un ( e/fa o\ i 1 9f h *te . + r+j+y^+rH & m uht±±ati • ~. • * #^# 6. / ,/ ZPUYSSL iiorii.iT il Fûti&iMrltïUicU'ri /il So/i/ti b'ùiw lu £iv/ihinton lii piHit Son/ie/9 cl *u"/iiV (ràmpcj au même Vf- 4- _ -^ le// M v ?s i*t 3.» ■*$ «BÊ ^ -K ^Vrl **♦ ♦r*r* ^-^ ^x M i.» fcfî tîtra y 8. L^l RO-Y4LLE _Jt devuv êr&ny>e4* '/zu£e> f*0tu* leRoy la pue? miéP&fînrf ûtulcottnitleCerf clcuu? /c bot*? aeSoulqprie-.i 'ffe < 7/i/i^/ti v* //// C Jv/v ù + + ttwwy FOVJl LE JDJBJBirC&E 9". Celle^ /&n/nre sujui/ie cjue leC^tfèhanoô i/t' refîiile pcmr aller a u/ic^/oi est a ti tic ilïlltV 4f ^my^m^ Cette /a/i/atv cumj/le due le Cet1/ lie une a l'eau eu iju il lai l eau . El le tpceàiia couplet de la tnettie ttiar- e Ce/Y eu tfork 10. A/< TOUSSES COVRJflM JÊLCr&ÊJL iuzùca ItXcciio'ioft itun Clr/ ti/c itUf/A i ieh uu vieaui A » /. i v* 'rc par le À*< » 1/ lu 1/ mènw.ij. Jul nrio' c% f/a Iclc mute %ian^ Li ûiilc/ic i/<.\>' (r//tr A/'OJilutnvicàwJe unir et Im/i/u\\ 1/ <>v// /-///, t/yiu\>\ TOI 11 LJl.U^LI + + a^l^fyff^gH» c- J, ,1 RETRAITE niurl* ctiAi/iAw II. tlt ^e IIII -mnr%» _*_ ^ A .„./ S^IJJVT HUBERT ( '// //.' // 'ïfûtinc cfiir iv /sur fa seul&naU f ibti idt ■K/ 12. L^l FONTslIJSTEBLE^L U + Vf. i=*=» • t PS u- — V 1\ l/t I + f Y- ±=W *=+ J^ m œzm: £ TTt ttr F1^ x^/ codifie cm JE + + + £ + + -*- ±TT± *fâc± 31 X* F n F^ ^-^ s: T^ + + frffw ^* 0-4- Ë -t— * L[AJSTJOU H. Ein/n/r/aûv ila/uf le lvnif\9 Js Li ruuj- o'ance c/c i JIIo/itS'Lcur le DucciJin/ou + + r¥P«f tL'ft !••«•# LBE £>-^ ^l'iM'i^ + + ±± F«^ »*♦-■,■» m --«-rr» P ♦^ 1 £^ PREMIERE C1L1NTILLY Vf- + + • •Tf\9 m* •&-*-*-•-! 4^ 3£ g + 4i- ç^ + 3EZ E p- è ^ ► Al w. Fm «ffi^H!* ±i • t E +^ » » # , 1 -4 - T-Xl JHUIBIS \S. 1,-1 JPMTIT&OTr&G 2<\ii!l' Ai /viv/z/t'/r Jvu? que [s Jlin, til/ih aPclil paît rq > + -*-^ ^nnt *-*+ t^t V- *=* l^Jt 44- jT< -*- ix-. ti -H + *-r— — > — " •- 3 *^S=*Ï m ZEEZ 16. &AZ-UR ^ ettefa/i/ure acae/cute dans fe Cabine! illi ILotf iljJft'tli/i>/l > + + '*f •«••i#<**rffii» TTW £ 44- 33 033t» 9 Xvi C&slRLOTTE ^»lfPffriP'fnrtnrfff ^ gg H- y + • *i» • • 5E s± TTf S -=K^ 44- tu E r- +* *-=-? h^* PSgES L USINIERE +z- * fffCTg *ft Mil +$+* %- m&ï^uiihxf 18. L^4 HSM1PIERIIE -si*Si M. k ■iP'.flprPu^B ï ^3 p» ii »r gïffi^ 4V- W »W^ c ^ w Ifcigj frtiff,fr^[tfirTJ 5 *^ II ç. g» «333 *-'»■-■ m m m Jdufcëtf f-an/nred' connues de durerenâx au aie tirs L^4 SOITUCILL^LJDE ♦v- ♦ S & s m:>» «« V V- mMimxmim^ f ^#*fr tt + 85 t« ®s 36 PQ3 L ,1 MO VIL CTlJlRJLAXdN 19 . GERMAIN •n- pn^ïwiiûm Vr ±1 & H H ITIiJTIJTi "fc^ pp«fl «> 20 LE S SENTIE JIS n^LV^ON w-f-r mm h mm m Jfc v *lllt\l.&iUl 3D ^iffifirrJiurpJiCtt + "fr ¥i=N #-* ^Éf £ 22. a -i. trempes . m+ f m ^m. fa #71* Bffltes i g ^ S; Pftrtlf a ro Iif ijp teaffiTto^ t> *# w ^^ mmmwwm tj fÈfK »'•■» SES + + f-fJTT-a: s r^- atrr: Ct3E cifitnrtiJ 4^ rt 2T. ^5 1W t$ yr-p SE ^ ^^p » • ■ • ï 5 fttt V F<7/j/ii/vs noïufclletf + ¥ * 4v J^ M • + ■ Z M» + t,rt icrrpffif -w -*- 3t Jlt ft* Mm mm M 24. LJL r^J/flJMHRIJSr S ^ ±£ ra ff M-f-*- IE i±k ^p i f ^ **♦ 4*- ttfrrr^ te s,'^txrojvJLiiz ^0i^W + rtf- lE 2.5. ffMrtym\>ùrm #£- 4 / .r; i^jïr W4Ï ■fc ffi ïw±i 9 + + ffriffirffiFlrâ^ L^LJkCZLLEJrrLLE assag 16. JSTOUJ^ELLES Fan/iirej' azieucc hvnivcs pour Sonner en concert. pendant n i Curce . M3 fczbxzzfc in f_!z± feM±» y P» & 8: *™ï? S =K + i.i , »*» WttrirNirmrt Ç/ *S» fcl 3£ ÊÊ tf p Tl + ŒL W¥i¥i *i + p|i 5 M i E f «ac^i » t I t f ï 4V 9 sa? + ,j-j 17. rr ï *— 0- *=♦ BEE: fe^fe »^-r-f-p ^ rrt s^ £ ^ ET cq^c i-rpn^Lfjirrc s #4^ + i * ^P* S P= • •fit a ■J~r-w + ^ te C3 SB tst + ' t) 00 0 I DE + « ,Q [trifrFmro X £ É|gl f tii ■ 09 1 j *L m- tes S^^S 29- 3BÊ flliggBgiP ^A'i «gaàBBg 4V ^pfp.lfprP l!*^l'^T^flTH^^- •»», ZE£ v M K 3E2 ^p i + ^ ce: s: 1 ?2. APPROBATION. JAi lu par l'ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux un Manufcrit qui a pour titre Les Dons des 'Enfatis de Latone , la Mufique & la ChaJJe , Poèmes. Je crois que le Public verra avec plaifir des fujets qui fembloient fe refufer aux ornemens de la Poëfie , traités avec tant d'ordre , avec tant d'imagination , 8c enrichis d'un fi grand nombre de beaux Vers. Fait à Paris ce 8. Mars 1735. D A N C H E T. PRIVILEGE DU ROY. LOUIS par. lagracedeDieu, Roy de France et de Navarre, Anosamez8c féaux Confeillers les Gens tenans nos Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinai- res de notre Hôtel, grand Confeil , Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux , leurs Lieutenans civils , & autres nos Jutticiers qu'il appartiendra, Salut. Notre bien amé Jean Dhsatnt, Libraire à Paris , Nous ayant fait remontrer qu'il lui avoit été mis en mains un Ouvrage qui a pour titre Les Dons des Enfans de Latone , la Mufique & la Cha(fe> Poëmes, qu'il fouhaiteroit fai- re imprimer 8c donner au Public , s'il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège fur ce néceffaires : offrant pour cet ef- fet de le faire imprimer en bon papier 8c en beaux caractères fui- vant la feuille imprimée & attachée pour modèle fous le contre- fcel des Préfentes. Aces Causes, voulant traiter favorable- ment ledit Expofant , Nous lui avons permis 8c permettons par ces Préfentes de faire imprimer ledit Ouvrage ci-defTus ipécifié en un ou plufieurs volumes , conjointement ou féparé- ment , 8c autant de fois que bon lui femblera , fur papier 8c caractères conformes à ladite feuille imprimée 8c attachée fous ïiotredit contre- fcel ; 8c de le vendre , faire vendre 8c débiter partout notre Royaume pendant le tems de fix années confécu- tives, à compter du jour de la date defdites Préfentes. Faifons défenfes à toutes fortes de Perfonnes, de quelque qualité 8c con- dition qu'elles foient, d'en introduire d'impremon étrangère dans aucun lieu de notre obéîiïance : comme aufli à tous Libraires, Imprimeurs, 8c autres d'imprimer, faire imprimer , vendre , fai- re vendre , débiter , ni contrefaire ledit Ouvrage ci-defius expo- is, en tout , ni en partie , ni d'en faire aucuns extraits , fous quel- que prétexte que ce foit d'augmentation , correction , change- ment de titre , ou autrement , fans la permiflion expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui , à peine de confifeation des exemplaires contrefaits, de quinze cens livres d'amende contre chacun des contrevenans , dent un tiers à Nous , un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris , l'autre tiers au- dit Expofant , 8c de tous dépens , dommages & intérêts. A la charge que ces Préfentes feront enregillrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Libraires 6c Imprimeurs de Paris dans trois mois de la date d'icelles ; que l'impreiîion de cet Ouvrage fera faite dans notre Royaume 8c non ailleurs , 8ç que l'Impétrant fe conformera en tout aux Reglemens de la Librairie, & notamment à celui du 10. Avril 1725". Se qu'a- vant que de l'expofer en vente, le manuferit ou imprimé qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Livre fera remis dans îe même état où l'approbation y aura été donnée, es mains de no- tre très-cher & féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvflin, & qu'il en fera enfuite remis deux Exem- plaires dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de no- tre Château du Louvre , 8c un dans celle de notredit très-cher &c féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauve- lin ; le tout à peine de nullité des Préfentes : du contenu def- quelles vous mandons 8c enjoignons de faire joiiir l'Expofant , ou fes ayanscaufe, pleinement & paifiblement, fans foufFrir qu'il îeur loir fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la co- pie defdites Préfentes , qui fera imprimée tout au long au com- mencement ou à la fin dudit Livre , foit tenue pour dûëmenc figniîiee, & qu'aux Copies collationnées par l'un de nos amez 8c féaux Confeillers ôc Secrétaires , foi foit ajoutée comme à l'o- riginal. Commandons au premier notre Huiflier ou Sergent de faire pour l'exécution d'icelles tous aétes requis 8c nécelfaires , fans demander autre permifiion , 8c nonobfiant clameur de Ha- ro , Charte Normande 8c Lettres à ce contraires. C a r tel eft notre plaifir. Donné à Paris le vingt-unième jour de Janvier l'an de Grâce mil fept cent trente-quatre , & de notre Règne le dix-neuviéme , Par le Roi en fon Confeil. Signé » Sainson, & [celle du grand Sceau de cire jaune. Reglftré fur le Regiftre VI. de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, N°. 65 1 . fol. 6