AAA 3-3 de PR RER Are RE EEE , ne Ne Do 2 no or x æ nes LT AN 5 PP D À 0 Po 29 7 C rs re SA rase 2 ae ù < tes EX LIBRIS Ps William Healey Dall Division of Mollusks Sectional Library ne Fohin More 2AVISn of (ai ous CAES #1 | MOT tre ui Libro: Ligrary list à VD EM N AA GE | À Et | et LES (37R | Fu 7 ‘ONDS DE LA MER ÉTUDE INTERNATIONALE | sur les particularités nouvelles des régions sous-marines * COMMENCÉE ET DIRIGÉE PAR MM. + L. bE FOLIN et L. PERIER RL LLANT CONCOURS DE PLUSIEURS NOTABILITÉS SCIENTIFIQUES ET LA SÉRATION D'UN GRAND NOMBRE D’AMIS DES SCIENCES. | avec planches, paraissant par livraisons de 16 pages. LIVRAISONS 67° ET 68:. TOME IV Lys LIVRAISONS 1° :ET.2. PARIS CHEZ SAVY, LIBRAIRE-ÉDITEUR, rue Hautefeuille. 24: 1881 : LEP Ce 5 \ AL RES 4€ { j Lu 1 100 / Ko ie NAT HS ygN Ta ad PREMIÈRE PARTIE ÉTUDES D'IVSERESE"S | RES PEN 9 Pere LES FONDS DE LA MER CHAPITRE LI. Le jour (septembre 1875) où nous écrivions les premières lignes du troisième volume de cet ouvrage, bien improprement appelé Revue dans quelques feuilles politiques, et même scientifiques, deux faits importants annoncçaient, en France, le réveil de l'attention publique, au sujet des études sous- marines. Après qualorze années d’attente, nous voyions enfin la Société de Géographie de Paris établir et répandre à profusion son Programme d'instruction aux navigateurs, et Marseille soutenir d'une manière efficace les recherches de M. Marion. Ce fut pour nous, nous l’avons dit, une indicible Joie. C’élait certainement une sanction (quoique indirecte) donnée à nos persévérants efforts : les déboires de nos débuts, les critiques lancées contre notre œuvre, par les sceptiques, s’effacaient dans le lointain, devant un horizon nouveau; mais c’élait encore plus la marche définitive de la France dans la voie scientifique qu’elle avait ouverte et qu'elle semblait abandonner à d’autres, que nous saluions avec bonheur. Si l'Exposition universelle de 1878 a consacré, de nouveau, l'utilité de l’étude du fond des mers, en récompensant nos modestes travaux, la reconnaissance nous fait un devoir de % LES FONDS DE LA MER. déclarer que c'est grâce au généreux appui du Conseil général de la Gironde, qu'il nous a été possible de supporter les lourdes charges d'installation, de matériel et de transport, conséquences forcées de ces grandes solennités internatio- nales. Par l'intermédiaire du Comité spécial institué par l'Assemblée départementale, l'Administration de l'Exposition nous a, de son côté, facilité les moyens, en nous dispensant des frais généraux. Enfin les subventions que le Ministère des travaux publics et celui de la marine nous accordent depuis l’origine, celles que nous ont volées diverses sociétés, telles que l'Association francaise pour l'avancement des sciences et l'Association scientifique de France, nous permettent aujour- d'hui de continuer, avec plus de facilité, des recherches d’ensemble, et de commencer, avec une nouvelle confiance, le volume actuel. A quand, toutefois, les grandes explorations conduites par le gouvernement francais lui-même, les seules qui puissent être réellement efficaces, en raison des frais élevés qu'elles nécessitent et du concours indispensable de la marine militaire ? Espérons que ce sera bientôt! Il y a, au delà de la fosse de Cap-Breton, par exemple, de ces goufires que l’on appelait autrefois insondables, et que l'on pourrait explorer aussitôt, pour achever de résoudre les importantes questions qu'a soulevées la profonde fracture de la côte française. Rien ne serait plus intéressant, pour la lithologie et la zoologie du golfe de Gascogne, que de poursuivre sous les eaux les grès de la fosse, d'établir l’orographie, encore très douteuse, des roches qui limitent l'excavalion, et de savoir si ce que l'on prend pour un commencement de vallée mène réellement aux grands fonds de l'Atlantique. La faune de cette région, où les différences considérables de niveau et de température, produiles par les escarpements et les pentes, permetlent de retrouver les animaux des mers britanniques . CHAPITRE I. 5) et de la Méditerranée, s’augmenterait très certainement d’une grande quantité de types nouveaux, ainsi que les découvertes faites jusqu’à ce jour autorisent à le dire. Que faudrait-il pour l'exploration de cette partie de nos côtes? Un mois, au plus! Toutes les fois que semblable question est posée, une première objection est immédiatement faite, — nous l’enten- dons depuis le début : Quelle est l'utilité, le côté pratique de l'étude du fond des mers? Certes, ce n’est point sous le rapport de l’histoire naturelle générale du globe, et par conséquent pour les naturalistes, que la réponse doit étre donnée. L'opinion des hommes de science est depuis long- temps fixée. Elle est unanimement favorable. Les résultats ont enlevé, à tout jamais, les hésitations et les doutes. Malheureusement, les ressources nécessaires pour conduire l'œuvre à bonne fin ne sont pas l'apanage habituel des hommes voués à l’étude. La fortune suit de préférence les transactions commerciales. Nous répondrons alors au Com- merce, à l'Industrie, au Monde financier : l'étude de la mer, de la surface au fond, se lie à nos intérêts les plus chers; elle prépare à votre fortune les voies; elle défend les positions acquises. Lei, les remarques sur la tempéralure de surface ont abrégé la durée des traversées d'Europe en Amérique; celles qui concernent les températures de fond donnent ja distribution et la marche des animaux marins, tels que les crustacés et les poissons de grande pêche; plus loin, l’examen des matériaux déposés sur les berges, sur les côles, dans le lit des fleuves et sur celui de l'Océan, indique l’origine des dépôts et donne des indications pour la défense des ports contre les envahissements des sables et des vases, etc. Toutes ces choses, nous les avons exposées maintes fois sous diverses formes. Les circonstances seules nous portent à les rappeler, nous n°y reviendrons plus. Avril 1879. D LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE II. Ile de Ré. M. Magué, de La Flotte (ile de Ré), nous a fait parvenir plusieurs spécimens de dépôts côtiers pris à la Pointe des Baleines, à la Pointe de Sablanceau et dans le port même de La Flotte. L'échantillon venant de la Pointe des Baleines, lieu si redouté des marins, est formé d’un sable gris-blanc, fin et brillant, mêlé quelquefois de menus graviers el, toujours, de débris coquilliers. M. Magué l’a prélevé, à 100 mètres du rivage et à basse mer, après une grande marée. Les matériaux du type comprennent, dans l’ordre de leur abondance et en commençant par les plus fréquents : Du quartz hyalin, accompagné de grains jaunes; Des aiguilles tantôt violettes, lantôt blanches, appartenant à la chaux carbonatée fibreuse ; Des fragments de coquilles de mollusques et de tests d'échinodermes, les uns et les autres presque broyés; Des grains noirs, lisses et magnétiques, aussi fins que le sable général, mais très rares, el des grains noirs simplement striés ; Des parcelles microscopiques de mica argenté, en quantité justement suffisante pour donner un léger miroitement à la masse ; Des traces d'argile donnant à l’ensemble un aspect terreux. Cette description sommaire des composants montre tout de suile, néanmoins, les ressemblances qui existent entre les dépôts de la partie nord de l’île et ceux d’Angoulin, de la Pointe du Ché et de la Concurrence, étudiés dans le IIIe volume de cet ouvrage, pages 138, 139 et suivantes. Si nous passons de ce premier point, situé par 46° 4%! 40" ÎLE DE RÉ. ÿ de latitude Nord et 3°54' de longitude Ouest, à Sablanceau, relevé plus à l'Est, par 3° 35" 40" de longitude et presque sur la même latitude (46° 9° 30”), nous verrons encore des sables similaires s'étendant à 200 mètres du rivage, devant les platains résistants couverts sur plusieurs points de varechs abondants ou à côté de ces platains. Là encore, le caractère minéralogique principal des sables repose sur la présence des aiguilles colorées de nature calcaire; mais la coloration un peu plus vive des types permet de les distinguer, de prime abord. Les échantillons pris sur le rivage sont plus pâles que ceux qui viennent de 200 mètres. A La Flotte, les dépôts se sont sensiblement modifiés. Leur couleur et leur aspect sont complètement lerreux. Les éléments sont agglomérés par de la vase et parsemés de débris végétaux (zostères et varechs); la chaux carbonatée fibreuse est souvent difficile à reconnaitre au microscope; les débris coquilliers deviennent plus grossiers sur certains points, sans cesser d’être invisibles à l'œil nu. Ce sont les sables de la Pointe des Baleines, modifiés par des atterrisse- ments vaseux; ils proviennent de 500 mètres, en droite ligne du rivage, et ont été récoltés, ainsi que les précédents, un jour de grande marée, à basse mer. Mai 1879, 8 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE IE. Sur les côtes de la Loire-Inférieure. Batz, la baie de la Barrière, au sud de Croisic, le rocher du Ligué, non loin de la côte de Beaulieu, la côte de Beaulieu, en vue de Mesquer, et la pointe de Bile, sont autant de points sur lesquels M. Coste, pilote-major de Saint-Nazaire, lit, il y a déjà nombre d'années, des prélèvements de dépôts destinés à nos études, et que l'abondance d’autres matériaux ne nous a pas permis d'examiner plus tôt. En parlant de quelques Foraminifères rencontrés à la hauteur de la Loire, nous avons déjà dit que les abords de Belle-lle et de Batz présentaient des graviers de quartz micacé et de micaschistes (t. IE, p. 15). Les graviers de Balz sont principalement mêlés .de quartz micacé: ces graviers sont, en outre, coquilliers, et dans les espèces roulées, on reconnait des Cerithium et des Turbo. Peut-être aussi contiennent-ils du feldspath blanc. Dans tous les cas, le quartz domine, et le grain des compo- sants ne dépasse pas, en général, quelques millimètres. Tel est du moins le caractère du type de notre collection. Les géologues n'ignorent pas les différences que peuvent présenter des dépôts de même origine, recueillis à de faibles distances les uns des autres; nous ne donnons donc que sous réserve les indications ci-dessus. Dans la baie de la Barrière, nous retrouvons, de nouveau, des graviers semblables à ceux de Batz; seulement, ici. le feldspath blanc se reconnaif mieux, et on distingue des - fragments très nets de calcédoine blanche, de lydienne et de silex. Les fonds du rocher du Ligué, de la côte de Beaulieu et de la Pointe de Bile, se confondent absolument. Ce sont des sables d'un gris sale, micacés et coquilliers, généralement SUR LES CÔTES DE LA LOIRE-INFÉRIEURE. 9 fins, quelquefois mélés de graviers et de quartz micacé, ou de graviers de micaschistes, sinon de gneiss en décomposition. L'examen micrographique de ces divers dépôls, d’une origine commune évidente, est le seul qui puisse éclairer d’une manière utile sur leur constitution. Cet examen mon(re : Du quartz hyalin formant la majeure partie du sable ; Des débris de coquilles et d’épines d'Oursins, avec des cristaux ou des éclats nombreux de chaux carbonatée fibreuse, les uns hyalins et incolores, les autres colorés en violet, quelques-uns semi-opaques ; Des paillettes de mica argenté, petites, mais nombreuses, plus rarement des masses feuilletées de la même substance; De l’orthose et autres minéraux de nature feldspathique, probablement; du péridot verdâtre, du grenat violet et des roches noires d'apparence encore granitique ; Les dépôts du Ligué semblent contenir du gneiss en décomposition. Toute celte région a des sables de composition irrégulière, quant aux proportions des composants. Le carbonate de chaux varie surtout dans des limites très larges, mais les éléments sont constamment identiques et sont fournis par l'usure des côtes et des rochers de la région. Juin 1879. 10 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE IV. Belle-Ile. Les dépôts de Belle-fle, que nous devons à M. Coste, sont de deux sortes. Les uns viennent de la Pointe des Poulains, ce sont des graviers; les autres sortent de la Pointe de Loc- Maria, et sont surtout constitués par des tests broyés. Le gravier des Poulains, très irrégulier dans son grain, est un mélange de quartz blanc ou roux, de schiste micacé, onctueux et verdâtre, et de quartzites divers, au milieu desquels des coquilles roulées et en pièces, des Bryozoaires (Crisia, Cellaria, etc.) et de fins cristaux de chaux carbonatée se sont égarés. On y trouve aussi du grenat de diverses couleurs et des corindons. M. Delesse, dans l'ouvrage que nous avons cité bien souvent, y signale même le saphir bleu et l’émeraude verte, facilement juslifiés, du reste, par les masses de micaschiste sur lesquelles s'appuie l'ile. Les sables de Loc-Maria ne sont pas exempts naturellement d’une poussière minérale rappelant les graviers de l’autre extrémilé de Belle-Ile. Toutefois leur caractère est de présenter, en quantité considérable, des débris informes ayant appartenu à des Mollusques, des Échinodermes, des Bryozoaires et des Foraminifères. Cet amas de dépouilles, au milieu duquel brillent le micaschiste et les cristaux de chaux fibreuse, prend, sous le microscope, un aspect merveilleux, tant varient la forme et la structure des milliers de fragments qui le composent. L'analyse chimique indique souvent à Loc- Maria jusqu’à 75 centièmes de carbonate de chaux, en majeure partie fournis par les tests brisés et peut-être aussi par des Nullipores. Ces derniers sont, en effet, indiqués encore par M. Delesse, mais la trituration des matériaux est trop avancée BELLE-ILE. 11 pour que l’on puisse reconnailre facilement une production déjà aussi irrégulière. En résumé, nous retrouvons, à Belle-[le, les roches de la côte voisine. Il en serait de même si, nous rapprochant de la terre ferme et des côtes du Morbihan, nous examinions les graviers Jaunâtres de Penerf et les sables gris et micacés de Port-Navalo. Juillet 1879. 12 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE V. Rade de Salonique. + M. Palma Gourdon, officier de marine, se trouvant en rade de Salonique, y a recueilli, à une profondeur que nous ne connaissons pas, une vase complètement différente, sous le rapport physique, du type que nous avons décrit dans le tome IE, page 70. Le nouveau spécimen est d’un beau gris cendré, au lieu d’avoir un aspect terne, comme le possède aujourd’hui le premier, qui a changé de teinte depuis 1876, par suite d’une longue exposition au soleil. Nous ne sommes plus aussi devant un dépôt au milieu duquel il était facile de distinguer des débris rocheux, des scories, des cristaux de chaux carbo- natée, des tubes de Serpules, etc. Loin de là, une composition assez homogène distingue le type de 1879; cetle vase émietlée n’est coupée que de loin en loin par des débris isolés de petites bivalves, A l'examen chimique, au contraire, on retrouve entre les échantillons des deux provenances, des liaisons aussi nom- breuses que les caractères extérieurs sont opposés. Le tableau ci-dessous en fournira la preuve : Type 1876. Type 1579. Humidité à 219200... 4... J0P CRD Matière organ. et eau de constit. 270... 2 Sable fin hyalin, argile, etc. ...) : : Alumine et oxyde de fer........ \ FPE Carbonate de chaux..... 18,30) . Carbon. de chaux... 25,93 Carbonate de magnésie.. 10,380! FD LI de magnésie.. 6,07 Sels solubles (chlor. et sulfates). 3,90... 8 100,00 400 (L.P.) RADE DE SALONIQUE. 13 Les deux fonds sous-marins ont vraisemblablement une origine commune, et la trituration plus complète des éléments du second lui donne à la fois son homogénéité et sa coloration plus claire. Dans le type de 1876, des grains de houille ont forcé le chiffre des matières organiques détruites par la chaleur. Celui de 1879 n'en contient pas. Août 1879. 14 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE VE. Quelques Cæcidæ des Antilles. Nous avons recu de M. Marie, commissaire de la marine, conchyliologiste, dont le nom est bien connu, par suite des découvertes qu'il a faites, lant à la Nouvelle-Calédonie qu'aux Antilles et à Nossi-Bé, un lot de coquilles appartenant à Ja famille des Cæcidæe. Nous avons reconnu dans ce lot plusieurs espèces nouvelles, dont nous donnons ici les diagnoses : Cæeum seulpéum (DE For.). PI. I, fig. 1-2. Testa quoad genus salis magna, satis elongata et arcuata, pauld conica, alba, seu fulvida, aliquandd pauld marmorata, opaca; annulis validis XXX-XL cincta, et costis XII-XV rotundatis, latis, parùm expressis, decussata; annulo latiore terminata; apertura haud contracta, vix obliqua; septo primüm submamillato, dein obtusè mucronato. Long, : 4mm5; Jat, : OmmS, Cette espèce est assez grande, assez allongée, assez conique. Tantôt blanche, tantôt jaunâtre, quelquefois légèrement marbrée; opaque et peu brillante; elle est ornée de trente à quarante anneaux transverses assez larges, assez saillants, qui sont croisés par des côtes longitudinales au nombre de 12 à 15, assez largement arrondies, mais au contraire peu saillantes. La coquille se termine par un anneau plus large que les autres, strié transversalernent, mais sans renflement et sans contraction, L'ouverture est à peine oblique. Le septum, d'abord renflé en mamelon, se termine par une partie mucronée, mais obluse. Ce Cœcum est voisin du formosulum, mais il en diffère, parce que sur celui-ci les anneaux sont infiniment moins forts, moins prononcés; ce sont les côtes qui dominent. C'est le contraire sur le C. sculptum, beaucoup plus allongé, et chez lequel les anneaux ont beaucoup plus de valeur que les côtes. Habitat : Saint-Martin. QUELQUES CÆCIDÆ DES ANTILLES. 45 €æcum tenuicostatum (De FoL.). PI. 1, fig. 3-4. Testa paululd conica, satis arcuata, alba, seu pallida, subopaca, paulù nitida; costis numerosis, crebris XXX-XXXV, reguiaribus, rotundatis, longitudinaliter, basin versüs annulis transversis salis validis, costas decussantibus, ornata; aperturam versus restricta; apertura declivis; septum ungulatum. Long. : 3mm5; lat, : (mms, Cette espèce est une des plus jolies que nous connaissions. Elle est légèrement conique, assez arquée, blanche ou quelquefois jaunûâtre, subopaque, peu brillante, ornée de nombreuses côtes longitudinales (30 à 35) rapprochées les unes des autres, quoique bien séparées, arrondies et très régulières. Vers la base, ces côtes sont croisées par cinq ou six anneaux assez larges qui sont peu exprimés d’abord, mais qui le deviennent en se rapprochant de l'ouverture; aux environs de celle-ci, le tube se resserre, et se termine par une section assez oblique. Le septum est ongulé. Habitat : Saint-Martin. Meioceras Mariæ (DE For.) PI, I, fig. 5-6, Testa nitida, lævis, alba; primüm in latitudine augens, poste ad mediam partem rapidè restricta, dein iterum tumescens et ad basin iterüm contracta; apertura declivis, septum parvum submamillatum vix mucronatum. Long. : 2mm5; lat. : 0mmg, Cette nouvelle espèce est très bien caractérisée par l'ampleur de son diamètre, qui atteint son maximum vers le milieu du tube, lequel se resserre alors rapidement pour prendre un plus petit diamètre, puis s'élargit de nouveau et se contracte encore pour arriver à l'ouverture. C’est d’abord cette ampleur, jointe au resserre- ment qui distingue très bien l'espèce. Son ouverture est située sur un plan modérément oblique. Son seplum est petit, très légèrement mamelonné, avec un petit point submucroné. Nous dédions cette espèce à M. Marie, Habitat : Saint-Martin. Septembre 1879. 16 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE VIT. Quelques Cæcidæ des mers de Chine. Au milieu d'une série d'échantillons de Cæcidæ que nous avons recus de M. le commandant Morlet, se trouve un spécimen qui est évidemment le type d’une nouvelle espèce de Cæcum fort remarquable. Cette coquille vient des mers de Chine. Nous avons élé étrangement surpris de rencontrer dans le même lot trois sujets de Meioceras, dont l’un est brisé, mais dont les deux autres doivent certainement fournir le type d’une nouvelle espèce. Cæcum rostratum (DE FoL.). PI. LE fig. 7-8. Testa conica, parüm arcuata, albida, paululù nitida; annulis subrotundatis, subplanatis, parüm expressis, crebris, cincta; costis longitudinalibus haud latis, haud prominentibus parüm separatis, decussata; apertura leviter contracta, paululd declivis, margine reflecto cireumdata; septo valido, mucronato, rostrato, margine laterali primüm convexo dein concavo, dorsali convexo. Long. :‘3mm?; "at: 10mm7, Cette espèce est si bien caractérisée que nous n'hésitons pas à la décrire sur un seul échantillon. Elle est assez fortement conique, peu arquée, blanche, opaque, légèrement brillante. Elle est ornée d'une série d’anneaux assez larges, faiblement arrondis, presque plans, très peu exprimés, serrés les uns contre les autres, le sillon qui les sépare étant très étroit. Ils sont croisés par des côtes longi- tudinales à peine sensibles; ces côtes sont, en effet, très étroites et très peu saillantes; pour mieux dire, c'est à peine si elles ont quelque proéminence. L'ouverture est légèrement contractée et quelque peu oblique; elle est entourée par un rebord qui, en s’évasant, forme une légère gorge qui la précède. Le septum est surtout fort remarquable, il est rostré; telle est l’épithète dont on peut le qualifier, car il ressemble très fort à un bec de perroquet; son bord latéral s'élève d’abord QUELQUES CÆCIDÆ DES MERS DE CHINE. 17 suivant une courbe convexe, puis devient concave par le retour en avant de son sommet submucroné et subongulé. Le bord dorsal est convexe. Meioceras elongatum (DE For.). PI, E, fig. 9. Testa quoad genus valida, conica, vix arcuata, albida, subopaca, nitida ; latere ventrale ferè recto, dorsale paululô areuato; aperturam versüs testa leviter contracta; apertura satis declivis, haud marginata; septum parvum, submamillatum. Long. : 2mm5; lat, : Omm7, Cette espèce, la première qui n’appartienne pas à l'Océan équi- noxial, est assez grande ou du moins assez allongée; elle est conique, peu arquée, blanchâtre, presque opaque, assez brillante. Son caractère le plus remarquable est d'être presque droite (le bord ventral l’est en effet ou à très peu de chose près); le bord dorsal est peu courbé; le plus grand diamètre se trouve assez bas, non loin de l'ouverture; le tube se contracte alors pour arriver à l'ouverture, qui est située sur un plan assez oblique. Le septum est peu proéminent et se trouve rattaché à la section du tube sans qu'il y ait apparence de soudure. Gelui-ci semble être une simple continuation du septum, qui consiste en un renflement s'élevant graduellement jusqu’au sommet, lequel se termine par un pelit mamelon. Octobre 1879, 18 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE VIIL. Un Meioceras des îles Sandwich. Dans un petit envoi de sable pris aux îles Sandwich, sans désignation du point exact de la provenance, nous avons rencontré un échantillon d’une pelite espèce que nous ne pouvons considérer que comme appartenant au genre Meioceras. C’est le second type de ce genre qui n’appar- tienne pas à la région de l'Océan équinoxial, région que nous considérions comme spécial à l'habitat de ces Cæcideæ, La remarque mérite d’être nntée. Meioceras Sandwichensis (DE FoL.). PI I, fig, 10-11, Testa quoad genus minuta, valdè arcuata, eurta, lata, alba, margine dorsale semicirculare; apertura infrà paululd contracta, valdè declivis; planum decollationis valdè obliquum; septo parvo, subma- millato, apice dorsale paululd mucronato. Eong.: 1mm9;1at.: 0mms, Cette singulière espèce est petite et assez large pour son peu de longueur; elle est très arquée, son bord dorsal représentant à peu près un demi-cercle; elle est blanchätre, sans éclat, mais cela tient sans doute à ce qu'elle a été ramassée morte. Le bord ventral est moins régulièrement arqué que le dorsal; en son milieu, il présente une partie presque droite. L'ouverture est légèrement contractée sur le bas; elle est excessivement oblique. Le plan de la troncature l'est également ou à peu près. Le septum est petit; il est d’abord submamelonné et montre un petit sommet mucroné sur la partie dorsale. Ce qui assure l’exactitude de notre détermination générique, c'est que le test adulte conserve un reste de caractère à courbure composée du Meioceras adolescent. Novembre 1879. LES CÆCIDÆ DE L'EXPLORATION DU CHALLENGER. 19 CHAPITRE IX. Les Cæcidæ de l'exploration de la corvette britannique Challenger. L'un de nous (*) a été chargé d’examiner la collection des Cæcidæ rapportés par la corvette de S. M. B. le Challenger, à la suite de l'expédition scientifique de ce bâtiment dans les deux grands Océans. La priorité de la publication des travaux entrepris dans ces conditions appartenait naturellement aux éminents zoologistes du Challenger : Sir Wyville Thomson et le R. Boog Watson. Il a recu sa place dans les Proceedings of the Zoological Society of London (16 décembre 1879), par permission des Lords Commissaires du Trésor. Mais en même temps la même gracieuselé était faite aux Fonds de la mer, et c'est ainsi que les Cæcidæ du Challenger paraitront isolément avant de prendre place dans la grande publication générale concernant l'expédition anglaise. Le nombre des spécimens recueillis pendant un aussi long voyage est cependant peu élevé. Cela tient à ce que les dragages ont ëélé généralement exécutés par de grandes profondeurs, régions où les Cæcidæ ne se rencontrent pas. Un maximum de 150 brasses paraît être la limite extrême de leur habitat, encore n’avons-nous de cette distance qu’un seul type venant de la mer des Antilles. Nous placerons les espèces de l’expédilion britannique suivant l’ordre taxonomique dans lequel elles ont été inscrites au Bulletin de la Société zoologique de Londres, el nous ferons suivre la diagnose des renseignements indispen- sables sur la localité et la profondeur, ainsi que de quelques notes complémentaires sur la nature du fond et la température des eaux de surface. (2) M. de Folin. 20 LES FONDS DE LA MER. Parastrophia Challengeri (DE For.). PI. Il, fig. 1. Testa minuta, tubularis, tricurvata, subopaca, alba, nitida, minu- tissimè et irregulariter transversim striata; apicem vershs paululô tumida ; apertura obliqua, haud marginata. Long. : 2mm3 ; lat. : Omm?, Le sommet de ce spécimen a été brisé, puis reformé, ce qui fait que sa forme primitive se trouve légèrement altérée. Il montre le faible renflement qui est ordinaire sur les premières parties du tule, à quelque distance du sommet. On distingue trois sens dans sa courbure. L'ouverture est oblique. Il diffère du P. Asturiana, vol. I, p. 174 et 218 des Fonds de la Mer, pl. XXIX, fig. 7, en ce que la coquille est ici plus petite, les courbures plus prononcées, tandis que les stries annulaires sont plus fines et sont différemment disposées. Par sa forme, il se distingue parfaitement du P. Cornu- copiæ, vol. I, p. 122, 174, 218. L'absence du sommet caractéristique est un fait que nous avons déjà remarqué sur quelques sujets de P. Asturiana, qui présentent cependant tous les autres caractères du genre. Sur une coquille si menue vers ce point, il n’est point étonnant que des accidents se produisent; alors le dommage est réparé, et les traces en sont visibles par le dépôt de sécrétion qui remplace la partie avariée. Habitat : Station 186 de l'expédition du Challenger (8 septembre 1874). Lat. S., 100 30’; long. E., 1420 15’; Cape York, îles Wednesday; 8 brasses; sable corallien. Température à la surface de la mer, 7702 Farenh. (25°1 centigrades). — Un spécimen. Strebloceras subannulatum (DE For.) PI. II, fig, 2. Testa minuta, bicurvata, vitrea, diaphana, nitida; nucleo spirali obliquo; anfractibus duobus : posteà testa tubularia, latitudine acres- cens, curvam duplicem sequens, transversim subannulata, annulis latis, minutissimè expressis, subacutis, latè separatis; apertura obliqua. Long. : 3mm; Jat,: (mms, Ces trois spécimens sont les premiers représentants vivants du genre, et ils lui appartiennent parfaitement, car le nucleus, qui se compose de deux à trois tours et demi, se trouve placé sur le côté LES CÆCIDÆ DE L'EXPLORATION DU CHALLENGER. 21 et non sur le plan central de la coquille, ainsi que cela à lieu pour le nucleus du genre Cæcum, lequel a le même nombre de tours, et pour celui du genre Parastrophia, genre n'ayant qu'un demi-tour, distinction de la plus grande importance. En dessous du nucleus, la coquille augmente peu à peu en largeur, et en s'allongeant, le tube adopte une double courbure. La coquille est vitrée, transparente et brillante; elle est ténue, ornée par de larges ondulations peu exprimées et légèrement aiguës, lesquelles peuvent passer pour des auneaux, bien qu'on ne puisse les reconnaître qu'à l'aide d’un fort grossissement. Quoique très faible, cette ornementation, telle qu'elle est, n’en est pas moins cagactéristique. L'ouverture est oblique, et l’obliquité est tournée vers le plan dans lequel se trouve le sommet du nucleus. Geci est un trait de quelque importance dans la famille des Cæcide, la direction de l’obliquité de l'ouverture étant constante chez les genres bien connus Cæcuim et Meioceras ; la même chose peut être affirmée pour le genre Parastrophia. Habitat : Récifs d'Honolulu (juillet 1875); 40 brasses, — Trois spécimens. MVatsonia (Genre nouveau) (DE For.). Testa probabiliter primüm nucleosa, posteà tubularia, decollata, vix bicurvata, conica; apertura orbicularis, validè obliqua, validè circumdata. Les trois spécimens que nous avons eus à examiner présentent toutes les apparences qui permettent de croire qu’ils appartiennent à la famille des Cæœcidæ. Leur forme néanmoins est très particulière. Ils paraissent avoir perdu la partie embryonnaire, qui semble avoir élé remplacée par un septum. Mais contrairement à ce que l'on observe sur les Cæcum, une seule décollation a eu lieu, et la coquille a conservé sa forme conique acuminée. C'est sur ce caractère que le nouveau genre est fondé, et nous l'avons dédié au R. Robert Boog Watson, Watsonia elegans (DE For). PI, Il, fig. 3. Testa adulla tubularis, conica, leviter biarcuata, subflava, nitida, annulis regularibus, rotundatis, valdè obliquis, minimis, paul expressis, crebris, elegantissimè cincta; apertura valdè obliqua, annulo lato crasso, valdè prominente circumdata. Long. : 2mm5; lat. : (mms, 22 LES FONDS DE LA MER. Cette très remarquable et très élégante forme est extrêmement conique. Elle s'allonge en se courbant assez régulièrement et s'incline tout à coup aux approches de l'ouverture dans la même direction que celle-ci, qui est très oblique. Elle est jaunâtre, brillante et admirablement ornée par de très nombreux petits anneaux trans- verses, fins et peu exprimés, qui sont également obliques, et qui, bien que très rapprochés les uns des autres, sont cependant très distinets. L'ouverture, très oblique, ainsi que nous l'avons dit, a son péristome renforcé par un anneau très large, très épais eb très proé- minent, qui indique parfaitement que.la coquille est bien adulte. Le fait de ces coquilles complètement formées montre que nulle autre décollalion ne peut avoir lieu, tandis qu'en même temps la finesse du tube près du sommet indique nettement la décollation initiale. Le septum est lisse au sommet et présente une petite partie mamelonnée, à peine visible sur l’un des spécimens; elle est moins apparente sur le second ; le troisième est brisé en cet endrait, Selon toutes les apparences, nous l'avons dit aussi, cette char- mante et intéressante petite coquille doit être rangée parmi les Cæcidæ; mais dans le cas où nous commettrions une erreur, le spécimen n'en constituerait pas moins un remarquable genre. Habitat : 24 station (25 mars 1873). Lat. S., 10030"; long. E, 142018’. Iles Wednesday, Cape York; 8 brasses; sable corallien. Température de la surface, 7702 Farenh, — Trois spécimens. Cæcum lineicinetum (DE For). PI. II, fig. 4-5. Testa subcylindrica, parhm arcuata, albida, subopaca, sublævis, nitida, aperturam versüs Jineis transversis cincta. Apertura? Septo mueronato, leviter circumdato. Long, : 2Mm5; lat, : (mm, L'unique spécimen de cette espèce se trouve en mauvais état. Cependant, on peut reconnaître que la coquille est assez brillante, subopaque, blanchâtre et presque lisse, montrant seulement quelques lignes transverses assez fortes (presque des anneaux) vers l'ouverture qui manque. Le septum mucroné a peut-être perdu quelque chose de ses dimensions normales, car il est érodé. De même que tous les septum dactyliformes, il est entouré par une portion du tube, qui est conservée comme pour le protéger. C'est le premier Cæcum lisse ou presque lisse que nous ayons vu avec un seplum présentant ce LES CÆCIDÆ DE L'EXPLORATION DU CHALLENGER. 23 caractère, ce qui le place en quelque sorte dans une situation à part. Nous avons eu d’abord l'idée que c'était un spécimen du €. reversum, de Carpenter, mais cette espèce appartient au groupe des fartulum, etnous avons bientôt reconnu qu'il n'avait rien de commun avec ceux-ci. Nous le considérons donc comme une nouvelle espèce. Habitat : 24e station (25 mars 1873). Lat. N., 180 38’ 307; long. O., 650 5’ 307. En dehors de l’île danoise Gulebra, Saint-Thomas, Indes Occidentales ; 390 brasses; vase corallienne, — Un spécimen. Cæcum attenuatum (DE Fos.). PI, I, fig. 6-7. Testa, quoad genus, mediocris, conica, arcuala, elongata, alba, parüm nitida, subopaca, annulis numerosis crebris, haud seu vix expressis cincta, aperturam versus paululà latior, vel dilatata. Apertura vix obliqua, haud marginata, parüm contracla, septo valido, mamillato-ungulato, margine laterali bicurvato, dorsali gibboso. Long. : {mmg; lat, : Omm4, Très curieuse espèce, très petite, conique, assez courbe, longue en proportion de son diamètre, légèrement brillante, opaque. Elle paraît lisse ; mais sous la loupe elle laisse voir de nombreux petits anneaux très serrés et peu proéminents. Vers l'ouverture, la coquille s'élargit légèrement, puis se contracte pour arriver au péristome, lequel est faiblement oblique et n’a pas de rebord. Le septum est énorme; sa forme est à la fois mamelonnée et ongulée ; sa protubérance dorsale ou bosse, quand on la regarde en arrière, se présente avec une courbe égale à celle que montre l'autre côté. Habitat : Passage de Flinder, Cape York (8 septembre 1874); 7 brasses. — Neuf spécimens. Cæcum sepimentann (DE For.). PI, IL, fig. 8-9. Observation. — Espèce déjà décrite dans cet ouvrage (Les Fonds de la mer, vol. 1, p. 84, pl. VI, fig. 7) comme provenant de Maurice. Les nombreux spécimens d'Honolulu sont à peu près conformes au Lype. Habitat : Récifs d’Honolulu (juillet 1875) ; 40 brasses. — Plusieurs spécimens. 94 LES FONDS DE LA MER. Cæcum sepimentim, 207. areuata (DE FoL.). Obs. — La variété arcuata est plus courte et plus courbée. Le spécimen de Tongatabou est un peu plus large et a les anneaux plus épais que ceux de Tahiti. Habitat : 172 station (22 juillet 1874). Lat. S., 209 58’; long. E., 17509’, Tongatabou; 18 brasses. Fond de corail, Température de la surface, 75° Farenh. — Un spécimen. — ?8 septembre 1875. Tahiti (le havre); 20 brasses — Deux spécimens. Cæ@Cum secs (DE FOL.). Un tiers environ de la coquille manque; elle est ornée d'anneaux transversaux, forts et très réguliers, séparés les uns des autres par des espaces qui ont à peu près la même largeur qu'eux. Le septum est régulièrement et hémisphériquement mamelonné, sa surface est tuberculeuse ou rugueuse, Nous le regardons comme appartenant à une nouvelle espèce, mais qui ne peut être déterminée. Habitat : Récifs d'Honolulu (juillet 1875), 40 brasses. — Un échantillon brisé. Lei ï: ê €Cæcum Chinense (DE FoL.). Obs. — Comparés au type, les spécimens du Challenger ont la strialion transverse plus forte, plus régulière et plus proéminente; néanmoins, ils appartiennent parfaitement à l'espèce. Habitat : 186€ station (8 septembre 1874). Lat. S., 100 30’; long. E , 142018’. Iles Wednesday, Cape York; 8 brasses; sable corallien. Température de la surface, 7702 Farenh. — Deux spéci- mens. (In les Fonds de la mer, L. I, p. 80, pl. IX, fig. 3-4.) Cæceum subflavum (DE For.). PI. IT, fig, 10-11. Testa minuta, subeylindrica, paul areuata, primüm albida, dein subflava, nitida, strigis irregularibus plus minüsve expressis, trans- versim cineta, aperturam versùs tumida; inflatio rotundata, trans- versim sulcata. Apertura leviter obliqua, tumore cireumdata ; septo haut elevato, bimamillato, seu mamillato-ungulato; margine laterali undulato, paulul convexo, ferè plano decollationis parallelo. Long. tesitæ adol. cùm adult., 20m5; — adult., 1mm8: diam., om, LES CÆCIDÆ DE L'EXPLORATION DU CHALLENGER. 25 Sur cet échantillon, la coquille adolescente est encore adhérente à l'adulte, dont le septum peut être aperçu à travers la mince paroi de celle-ci. Une légère contraction du tube indique la place où la décollation devait avoir lien. Il arrive qu'on rencontre parfois des sujets en cet état ; ils sont assurément très intéressants. Cette espèce appartient au groupe nombreux des Cæcum lisses, qui sont tous plus ou moins rapprochés les uns des autres. Tels sont les C. auriculatum, C. bimamillatum, C. circumvolutum, C. Manillense, C. modestum, C. strigosum; mais de tous elle diffère, soit par les abords de l'ouverture, soit par le septum. Sa couleur est blanchätre vers le sommet et légèrement jaunâtre vers la base. La coquille est fortement striée dans le sens transverse. Vers l'ouverture, qui est un peu oblique, se trouve un sillon arrondi, et, à la suite, une varice formant un bord épais et terminal, en biais. Le septum est doublement mamelonné; il présente une enflure plus grande et plus élevée du côté qui se trouve sur la partie courbe de la coquille. Habitat : 1862 station (8 septembre 1874). Passage de Flinder, Cape York; 7 brasses. — Un spécimen. Cæcum succineum (DE Fo.). PI Il, fig. 12-13. Testa minuta, subcylindrica, parüm elongata, arcuata, flava vel albida, subopaca, nitidissima, lævis sed subannulata, aperturam versus dilatata, annulo lato, rotundato, prominente terminata. Apertura paululù obliqua, haud contracta, septo subplanato, parüm express0, VIX CONSpiCuo. Long. : {mm9; Jat.: Omm4, Cette espèce est presque cylindrique, assez courbe et assez longue, de couleur d’ambre, blanchâtre ou jaunâtre, très brillante, presque opaque. Sous certains rayons de lumière, elle semble entourée par une série de petits anneaux; mais, en réalité, il n'y a rien de saillant, et cet aspect est probablement dû à quelque effet de réflexion en rapport avec la texture du test. Un fort anneau arrondi et proéminent entoure l'ouverture. Le septum est presque plan et s'élève si légèrement qu'il est à peine sensible en le regardant de profil. Cette espèce est peut-être une variété du C. subflavum. Cependant la différence que présente son septum peut suffire à l'individualiser. Habitat : 186 station (8 septembre 1874). Passage de Flinder, Cape York; 7 brasses. — Neuf spécimens. 19 (er LES FONDS DE: LA MER Cæcum microcyelos (DE FoL.). PI. IIL, fig, 1-2. Testa subconica, elongata, arcuata, flavescens, nitidissima, sub- opaca, annulis multis parüim expressis cincta, aperluram versüs paulé dilatata, Apertura haud obliqua, nec contracta, haud marginata; septo subangulato, submucronato, aliquando bimucronato. Long.: 2mm; lat, : Omm3, Cette belle espèce est longue en proportion de sa largeur, conique, assez courbe, jaunâtre, très brillante et presque opaque. Son orne- mentation consiste en de nombreux petits anneaux très serrés et peu proéminents. Elle est parfois aussi lisse que le C. succineum, duquel elle diffère par sa grande longueur proportionnelle, sa forme plus conique et celle de son septum. Le plan de l'ouverture est perpendiculaire à l'axe; celle-ci n’est pas entourée d’un anneau, et le tube y arrive sans contraction. Le septum est en quelque sorte anguleux, présentant parfois deux ou trois protubérances assez semblables entre elles. Habitat : 186€ station (8 septembre 1874), Passage de Flinder, Cape York; 7 brasses, — Quatorze spécimens. Cæeum elegantissimun (CARPENTER). Obs. — Ces échantillons présentent quelques légères différences avec le type, mais appartiennent sans le moindre doute à cette espèce, qui, du reste, est assez variable. Habitat : Au large de Ténériffe (10 février 1873); 70 brasses, — Six spécimens. Cæcum regulare (CARPENTER). Cet échantillon diffère quelque peu de la description que donne Carpenter du C. regulare; mais pas assez pour justifier de le regarder comme une autre espèce. Habitat : 122€ station (10 septembre 1873). Lat. S., 905; long. O., 340 50’. Au large de Pernambouc; 350 brasses, Vase, — Un spécimen. LES CÆCIDÆ DE L'EXPLORATION DU CHALLENGER. 27 €æcum exile (DE For.). P], IL, fig, 3-4. Testa minima paululd subconica, arcuata, vitrea, diaphana, tenuis, nitida, primüm annulata, dein transversim striata, annulis minimis vix expressis, aperturam versus paululà inflata. Apertura parüm contracta, vix obliqua, marginata; septo vix elevato, submamillato, apice in medio sito. Long.: 1mm5; Jat.: Omma, Cette jolie petite espèce est quelque peu brisée près de l'ouverture, mais parfaite par ailleurs. Elle est très légèrement conique, cristalline, transparente, brillante et très fine de test. Sur la portion supérieure du tube se trouvent des anneaux qui, bien qu’à peine exprimés, sont cependant assez distincts à la loupe. Environ vers un tiers de la longueur, à partir du sommet, ces anneaux sont remplacés par une striation assez irrégulière. Vers l'ouverture, la coquille se dilate légèrement; mais près du bord elle se contracte faiblement et se réfléchit plus faiblement encore. Le septum est petit, très légèrement élevé et se présente sous la forme d'un petit bouton central mamelonné. Cette espèce diffère du C. bipartilum (les Fonds de la mer, vol. I, p. 185, pl. XXV, fig. 9-10) du golfe du Mexique, par la taille, par la finesse de la coquille, sa forme, son ouverture, son septum et son ornementation. Elle diffère du C. semicinctum (les Méléagrinicoles, p. 42, et les Fonds de la mer, t. 1,-p. 8) par sa taille, sa ténuité, la disposition et la forme de ses anneaux et par celle de son sepium. Habitat : 1729 station (22 juillet 1874). Lat. S., 209 58’ ; long. O., 17509’. Tongatabou; 18 brasses. Fond de corail, — Un spécimen. Cæcum crystallinum (DE FoL.). Long. : ?; diam. : Omm3, Échantillon imparfait, la partie supérieure manquant. Il appartient évidemment à une nouvelle espèce, quoique voisin du C. striatum (les Fonds de la mer, vol. I, p. 49, pl. V, fig. 3). Il en diffère en ce que la coquille se dilate près de l'ouverture, puis se resserre pour former une petite gorge à laquelle fait suite un faible rebord. A première vue, il ressemble au C. glabiforme (Carpenter, Brochina), 28 LES FONDS LE LA MER. mais il est plus étroit, et la structure du test n'est pas la même, car elle présente, sous un fort grossissement, de fines stries longitudi- nales. Bien que ne pouvant dans de telles conditions donner lieu à une complète description, ce spécimen nous semble si clairement appartenir à une nouvelle espèce que nous nous sommes décidé à la nommer. Habitat : Récifs d'Honolulu (juillet 1875); 40 brasses. — Un spécimen. Décembre 1879. —- Janvier 1880. MOUILLAGE DU LAZARET DE LISBONNE. 29 CHAPITRE X. . Mouillage du Lazaret de Lisbonne. Par une profondeur de 25 mètres, au mouillage du Lazaret de Lisbonne, M. Fleur, pilote d’une grande ligne de steamers transocéaniens, a recueilli un dépôt qu’il nous a transmis, avec indication des relèvements pris au compas. Voici ces relèvements : Ce dépôt est formé de sable quartzeux à grains visibles sans le secours de la loupe et agglutinés par un ciment de carbonate de chaux et d'argile. Il est micacé, friable sous les doigts et d’une couleur bistrée assez uniforme, mais légère- ment chaude, sur le fond de laquelle se détachent, en points brillants, les nombreuses parcelles de mica argenté qu'il contient. Sa composition centésimale est la suivante : Humidité et matière organique.....,,.,....., 10 » Alumine colorée par des oxydes de fer....,.. 1,50 Carbonatedetchauxs es rte re 8,90 Quartzarpile MITA ELCE see ere eee 78 » Sels solubles et pertes.....,,.. nier 1,60 100,00 (L. P.). L'examen micrographique de ce dépôt semble indiquer d’autres éléments que le quartz, l'argile et le mica dans la portion que n’a pas attaquée l’acide chlorhydrique employé pour isoler les calcaires. On observe, en effet, au milieu des composants de nature définie, des masses noirâtres, opaques, résislantes, et quelques filaments hyalins et fibreux qui pourraient appartenir à des roches volcaniques. Le broiement 30 LES FONDS DE LA MER. et la faible quantité de ces matières ne permettent pas d'affirmer leur origine. Une observation est pareillement à faire au sujet du poids des substances organiques que le feu a détruites. Des escar- billes en forcent considérablement le chiffre dans certaines prises d'essai. Cette vase sablonneuse est, à part cela, d’une homogénéité complète, que la cassure et laspect général des morceaux desséchés font pressentir au premier examen. Bien que Lisbonne ne soit située, en réalité, que sur un large bras de mer, nous n'avons pas hésité à parler de ce port, ainsi que nous l’avons fait pour Bilbao, en Espagne, Martin-Garcias, au confluent du Paraguay et du Parana, ele., et cela pour les raisons déjà exposées. Janvier 1880. VIGO. 31 CHAPITRE XL. Vigo. Nous connaissons depuis longtemps la baie de Vigo d’après les spécimens qui nous furent adressés par M. Durand-Brager vers 1870, et qui ont été décrits dans le second volume de cet ouvrage, page 199 el suivantes. Ceux:là provenaient du point où furent coulés les galions. M. Fleur nous a rapporté du mouillage des Paquebots un type peuplé des mêmes * espèces malacologiques, mais plus compact que les premiers, plus bistré ou bistré verdâtre, et plus suffisamment micacé pour que sa surface paraisse légèrement brillante. Ce type vient d’une profondeur de 19 mètres et a été relevé comme suit : Forteresse, ou Église de Vigo......,,.,.. S. 20° 0. REA IGN ER MEN en ae N. 83° E. L'analyse chimique donne : Humidité et matières organiques......,..... 12 » Alumine et oxyde de fer mis en liberté....., 4 » Carhonater den Chan EE ee 5,30 Garhonate de magnésie eee eee 5à 4 Sable quartzeux, argile, mica, et silice mise en MON Fc cocotenmnol tons duotonodonne 70 » SelSSOlUDIESEMpentES encens... ET 0 100,00 (L. P.) L’inégale répartition des tests de mollusques tend à dimi- nuer ou à forcer la quantité de carbonate de chaux de ce dépôt, suivant les prises d’essai. L’abondance relative de la magnésie indique, d’après ce que nous connaissons, une décomposition de roches magnésifères qui viennent apporter leur tribut à la vase. Entre les échantillons de 1870 et ceux que M. Fleur a 32 LES FONDS DE LA MER. rapportés quelques années pius tard (1877), il est difficile de trouver, à l'examen, d’autres liaisons que la pénurie de l'élément calcaire, toutes les fois que les débris coquilliers n'apparaissent pas dans la vase (Voir t. Il, p. 99). Si l’on remarque d'autre part que la magnésie n’est pas signalée dans le premier spécimen de 1870, il faut admettre, à moins d'erreur d'analyse, que des courants différents portent sur le point où furent engloutis les galions et sur celui où les paquebots prennent leur mouillage. Janvier 1880. ce hit tnt intl MOUILLAGE DE PORTO-CABELLO. 39 CHAPITRE XII, Mouillage de Porto-Cabello. Porto-Cabello est situé sur la côte du Venezuela, à l'aile sud du golfe Triste. Ce point, fréquenté par les navires de la rade de Bordeaux, ne nous avait cependant pas fourni d'échantillons de ses dépôts sous-marins. Le premier que nous possédions est dû à l'intermédiaire de M. le capitaine Chabannes, qui nous continue des services que sa relraile menaçait d'arrêter (voir tome IE, p. 255). Un sable vasard, aggloméré, légèrement micacé et à reflet verdâtre, se rencontre à Porto-Cabello, à la profondeur de 750, sous la latitude N. de 10° 29° et la longitude 0. de 115824 08 L'examen microscopique ne laisse voir, dans ce sable, que du quartz, des parties d'apparence argileuse, des roches noires ternes et broyées et des lamelles de mica. La composition chimique n'indique que des éléments quartzeux et de l'argile, sans carbonate de chaux ni carbonate de magnésie toutes les fois qu’il n’y a pas de coquilles brisées. Humidité et matière organique... ........., CE Aluminete M FemOxMUér. Remi Are. ce 3 > Partie inattaquée par l’acide chlorhydrique... 89 » SÉISSSOLUDIES EDERIES.. Arret te ee 3 » 100 » (L. P.) 34 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE XIE. A Cap-Breton en 18179. Les anfractuosités rocheuses de la Fosse de Cap-Breton et les dépôts variés de celte crevasse du littoral landais, ne cessent d’être le champ fertile que nous connaissons depuis l’année 1870. L’exploration de 1878 nous avait conduits sur un gite de Coralliaires. Nous avions trouvé, dans les fonds vaseux et sur les grès : l’Alcyonium palmatum et sa variété pédonculée; le Pennatula phosphorea; deux Veretillum, un Kophobelemnon, un Clavella et des Gorgonides du genre Muricea et du genre Pterogorgia (voir pl. I, p.274); l'expédition de 1879 permet d’ajouter à ces espèces un Edwardsia et des exemplaires de Paracyathus, de Palythoa, de Pteroïdes et de Caryophyllia. Ce dernier genre que l’on sait depuis longtemps représenté dans la Fosse de Cap-Breton par le C. clavus, de même que les Desmophyllum le sont par le D. crista-galli, a abandonné aux dragues une quantité considérable de débris. L'Edwardsia de 1879 n’a pu être exactement déterminé. La portion moyenne de la colonne est profondément sillonnée et revêtue d’un épiderme épais, rougeâtre; les tentacules sont tachetées et ornées de zones transversales. C’est proba- blement un type voisin de l’Edwo. Beautempsi (Quatrefages) et de l’'Edw. callimorpha (Gosse). Le Paracyathus est le P. striatus (Philippi). On trouve ce Caryophyllien depuis 40 jusqu'à 90 brasses. Le Palythoa, qui est le P. Conchi (Jonhston), se rencontre par 45 brasses. À CAP-BRETON EN 1879, 35 Le Caryophyllia clavus est implanté dans les grès, au milieu des Verruca et des Balanus greffés sur son pied. Le Pteroïdes (P. griseum) est une forme méditerranéenne. Les dragues ont mainte fois ramené de 120 brasses le Desmophyllum crista-galli (Edwards et Haime). Quant aux Mollusques, dans certains fragments rocheux, les Gastrochæna, qui ont établi leur demeure sur place, se trouvent quelquefois moins allongés et plus ventrus que le type propre de l'espèce à laquelle ils appartiennent. Ainsi le G. modiolina donne lieu à une variété que l’on pourrait nommer curta. Ces Mollusques sont naturellement accompa- gnés des hôtes habituels de la fosse: Saxicava arctica, Arca tetragona, Kellia suborbicularis, Crenella petagnæ, etc., ainsi que de nombreux Annélides : Serpula echinata, Serpula crystallina, etc., réputés autrefois comme méditerranéens. Nous n'avons pas à renouveler les longs catalogues de types développés dans le vol. HT des Fonds de la mer (p. 209 à 219 et p. 273 à 276), il nous suffira de dire que l'exploration de 1879 a fourni la majeure partie des espèces relrouvées dans l’ensemble des opérations précédentes, et notamment les plus intéressantes et les plus rares. La connaissance dn gouffre permet aujourd'hui de retrouver, avec une facilité relative, tel ou tel gite d'animaux que le hasard et la persé- vérance firent autrefois découvrir. Plusieurs types inconnus sortiront de l'examen complet des matériaux actuels. Néanmoins, après avoir analysé d’une facon sommaire les résultats de la neuvième campagne, nous ne pouvons que donner une description de Foraminifère, faite par M. Schlumberger. Les exemplaires du type sont rares, mais ils différent de Lous ceux de leur genre par la remar- quable ornementation de leur ouverture, el il ne saurait y avoir d'incertitude à leur égard. Is étaient accompagnés d'exemplaires de Quinqueloculina agglutinans, Q. pulchella. Nodosaria radicula (forme méditerranéenne), Biloculina sphæra (forme rare des mers de l'Amérique du Sud), ete, 30 LES FONDS DE LA MER. M. Terquem qui a hien voulu se charger d'examiner le lot entier des Foraminifères de Cap-Breton, en donnera une liste complète, dans laquelle on remarquera une forme spiculacée (Reophax spiculifera), publiée par M. Brady, et provenant aussi de l'expédition du Challenger, el plusieurs types des planches inédites de D'Orbigny. FORAMINIFÈRES. Quinqueloculina Folini (SCHLUMBERGER). PI, IV, fig. 4. Coquille orbiculaire à section transversale subtriangulaire, formée de loges massives, renflées et fortement carénées. Sutures appa- rentes. Ouverture allongée, traversée par une forte dent médiane bifurquée à son extrémité; le pourtour de cette ouverture est garni de créne- lures très accentuées, inégales, parfois bifurquées, et qui vont en s’atténuant près des sutures. Long. : 3mm5; larg. : 3mm Févr'er 1880. PUGET-SOUND. 37 CHAPITRE XIV. Puget-Sound. Puget-Sound (Admirally Inlet), près de l'ile Vancouver, nous a fourni un petit lot de sable roux ou blanc-roux, dragué dans le chenal, et qui est simplement composé de coquilles broyées, mêlées à une quantité sensiblement égale de quartz et de quelques grains, les uns noirs, les autres verdâtres. Ces derniers, qui sont très rares, pourraient appartenir à une roche serpentineuse. Au milieu des matériaux de ce dépôt, le quartz hyalin se fait surtout remarquer, au microscope et à la lumière pola- risée, par la vivacité de ses éclats. À côté du quartz et de ses variélés on reconnait quelquefois, nonobstant leur trituration avancée, des columelles de Gastéropodes appartenant aux espèces les plus minuscules de la création, des valves d’Acé- phales aussi imperceptibles que les Gastéropodes, des épines d'Oursin et des Foraminifères presque informes.Un tout jeune Rissoa de couleur fauve, n’ayant que trois tours (?) de spire, est la seule coquille entière que nous ayons pu découvrir. Tout est terriblement haché et surtout roulé, à l'exception cependant du quartz hyalin, qui possède en général des arrêles vives. Des renseignements puisés à bonne source nous font croire qu’il existe dans les parages de l’île Vancouver, des Penna- tulides d’une taille exceptionnelle. On trouverait ces Alcyo- naires à Burrard Inlet par 15 à 20 brasses de fond. Ils y sont connus sous le nom de Wood-fish (poisson-bois). Le Wood-fish vivant doit mesurer, en longueur, 80 centi- mètres à 2"50; son diamètre ordinaire parait être de 25 centimètres dans la partie la plus forte; sa substance semble à demi gélatineuse ou cornée, l'extérieur en est au 38 LES FONDS DE LA MER. moins visqueux. L'une des extrémités de l’animal — la plus grosse — est lisse et sans organe visible, elle constitue le cinquième de la longueur du corps; à la suite de cette partie lisse pendant laquelle le Wood-fish a commencé à s’effiler, pour ne devenir, finalement, qu'une tige déliée, se montrent des appendices latéraux, symétriques, disposés par paire. Ces appendices qui suivent un développement en rapport direct avec l’épaisseur de l'axe, contiennent, lorsque les échantillons arrivent en France, des corpuscules arrondis, colorés en rouge, ou bien incolores. M. P. Métadier a essayé, 1l y a plusieurs années, de faire l'anatomie d’un type qui lui fut remis, ses coupes nous confir- ment dans l’opinion que le Wood-fish est un Pennatulide appartenant au genre Virgularia. Mars 1880. ABORDS DE L'ILE DE L’ASCENSION. 39 CHAPITRE XV. Abords de l’île de l’Ascension. Ca L'ile de l’Ascension, qui semble être l’un des principaux sommels d’une chaine sous-marine traversant l'Atlantique du nord au sud, présente partout un sol volcanique rougeâtre mêlé de scories. Du centre de l’île, où se trouve un piton élevé, on découvre plusieurs cratères éteints qui sont Îles preuves de la conflagration générale primitive des terrains environnants. Au bas des rivages, lesquels sont élevés, dentelés et privés de véritable port, s'étendent des débris de coquilles et de madrépores, agglomérés sur quelques points de manière à fournir des matériaux de construction, el fréquemment recouverts par les produits des éruptions volcaniques. Les sables des plages ne sont même souvent que des lisières de Coralliaires pulvérisés par les vagues. C’est au milieu de ces sables que vont pondre des milliers de tortues marines (Testudo viridis); du mois de décembre à celui de juin on y retrouve, par suite, des masses de coquilles d'œuf semi-calcaires et des œufs entiers disposés par amas de soixante-dix à quatre-vingt. Un sondage fait près de l’Ascension, et dont les matériaux nous sont parvenus par l'intermédiaire de M. le capitaine Chabannes, n’a produit que quelques fragments de quarlz rouge, de schiste ardoisier et d’obsidienne verte. Étant données la nature de l’île et sa surface restreinte (trente milles de circonférence), cette dernière roche pourrait être abondante sous les eaux. Les échantillons en sont d’ailleurs très nets et suffisamment volumineux pour que l’on puisse les analyser. 40 LES FONDS DE LA MER. Ce sont des tablettes mesurant 5 millimètres d'épaisseur et rappelant le verre vert un peu enfumé; des lamelles plus ou moins épaisses présentant toujours deux surfaces lisses comme le verre coulé ; des grains à angles légèrement émoussés, mais qui ne perdent jamais le caractère des silicates ayant subi une fusion. Mars 1880. RADE DE SIERRA-LEONE. a | CHAPITRE XVI. Rade de Sierra-Leone. Par la même voie que le quartz rouge et l’obsidienne de l’Ascension, les Fonds de la mer ont recu de la rade de Sierra-Leone (côte occidentale d'Afrique), un dépôt assez remarquable par sa couleur et sa nature. Soit humide, soit desséché, ce dépôt conserve sensiblement la même teinte café au lait remontée de rouge et piquetée plus fortement de roux sur certains points; il revêt, en un mot, cette nuance particulière que l’on nomme gorge de pigeon. Humide, c’est une vase un peu grenue, un peu liante et grasse au toucher. Desséché, il s’agglomère et s’émiette ensuite en présentant une sorte de délitescence; ce dernier caractère s’accentue encore plus nettement lorsque l’on verse quelques gouttes d’eau sur un fragment compact; en même temps on dirail que la désagrégation s’opère par feuillets. L'examen physique du dépôt de Sierra Leone fait songer sans hésitation à une marne. L'étude chimique démontre qu'il est privé de carbonate de chaux; l'acide chlorhydrique ne produit aucune effervescence sur la masse, il se colcre seulement en jaune verdàtre ou en jaune rougeûtre, par l'attaque des oxydes de fer auxquels l’échantilion doit sa teinte chaude. L'examen micrographique n'indique rien de particulier dans ce dépôt, retiré de 7 brasses de profondeur, et proba- blement formé par la décomposition de roches siliceuses. Les parties cendrées, comme les petits amas rougeâtres, ne sont composées que d'argile et de quartz hyalin en fragments très menus; nulle trace d’être organisé ne s’observe dans l’échan- tillon. Si jamais il est donné à une expédition scientifique d’ex- 42 LES FONDS DE LA MER. plorer la côte de la Guinée septentrionale, voisine du Sénégal, et de descendre de là jusqu'à l'ile de l’Ascension, il serait important qu'elle s’attachât à l'étude des terrains que nous venons de signaler dans ce chapitre et dans le précédent. Les dépôts en formation issus de matériaux volcaniques doivent abonder dans la région, nous en avons eu déjà un échantillon à Gorée (t. f, p. 203). L'absence de vie animale dans le fond de Sierra-Leone ne doit être aussi qu'une exception, produite par la petitesse de l'échantillon rapporté en France. À moins de circonstances spéciales, telles que des'émanations souterraines gazeuses ou acides, on ne peut admettre sur ce point des dépôts inha- bités, à la profondeur minima de 11 à 12 mètres. Les îles du Cap-Vert, la baie du Levrier sont les garants d’abondantes espèces zoologiques nouvelles à découvrir sous le brülant soleil des côtes de Guinée, à moins de 10° N. de l'équateur, et dans l’autre hémisphère, les abords ce l’Ascen- sion donnent autant d'espoir aux zoologisles. Avril 1880. BAIE DE MEJILLONES. 43 CHAPITRE XVII. Baie de Mejillones. La baie de Mejillones ou Mexillones est siluée, sur l'océan Pacifique, par 72°45' de longitude O. (Paris) et 22° 15" de latitude S., presque, pour ainsi dire, sous le tropique du Capricorne, aux confins du Pérou et de la Bolivie, mais en réalité dans ce dernier État de l'Amérique du Sud. C’est le principal mouillage des navires en relations commerciales avec Cobija et la ville intérieure d’Atakama, connue par ses minerais d’oxychlorure de cuivre (atakamite). On y chargea longtemps aussi du guano, mais l'exploitation incessante de ce riche engrais a presque épuisé les gisements de Mejillones, et les bâtiments deviennent de plus en plus rares dans la baie. D'après l'échantillon que nous voyons el qui, pour être unique, n’en est pas moins assez fort et très homogène, le fond de Mejillones serait sablonneux. A part de très rares éclats de coquilles et quelques fragments informes, qui sem- blent plutôt appartenir à des roches calcaires semi-hyalines roulées par la mer qu'à des tests de mollusques, on ne retrouve, dans ce sable, que du quartz mêlé de roches noires opaques. Ce mélange de blanc et de noir produit une teinte générale grise, peu agréable, parce que la petitesse du grain ne permet de rien distinguer; on dirait que l’on est en présence d’un granite à mica noir pulvérisé. Au microscope, on reconnaît les éléments suivants, dans l’ordre de leur abondance, et sous un volume qui dépasse bien rarement un millimètre de diamètre : Du quartz hyalin tantôt roulé, taniôt en éclats, présentant beaucoup de grains sphéroïdaux et quelques morceaux encastrant des roches d’un noir vif; Du quartz verdâtre, assez répandu, présentant des nuances kl LES FONDS DE LA MER. du vert végétal au vert Jaune, et plus généralement en éclats que le quartz hyalin; Du quartz jaune roux et jaune serin, ce dernier presque toujours émoussé sur tous ses angles ; Des fragments calcaires indéterminables, accompagnés de loin en loin d’un éclat de test roulé; Quelques grains noirs ressemblant à de la gallinace, el qui pourraient en être ; Quelques grains de quartz plus ou moins rose; De rares filaments végétaux enchevêtrés; Du mica, si rare qu’il parait accidentel. Mai 1880. QUELQUES ANNÉLIDES DE CAP-BRETON ET DES ENVIRONS. 45 CHAPITRE XVII. Quelques Annelides de Cap-Breton et des environs (!). Les dragages de Cap-Breton et quelques opérations de même ordre poursuivies, en 1880, sur divers points du littoral qui s'étend de Cap-Breton à l’embouchure de la Bidassoa ont ramené parfois de nombreux Annélides. Au catalogue de la page 213 de ce volume, nous devons ajouter les formes suivantes: Fallacia pantherina (Risso); Lombriconereis fragilis; Placostequs cristallinus (Philip pi) ; Notomastus latericius (Sars); Glycera Goesi (Molmgren); Nephtys scolopendroïdes (Delle Chiaje); Terebellides Strœæmi (Sars); Sternaspis scutata (Ranzoni); Stern. assimilis (Molm- gren); St. islandica (Molmgren). Le Fallacia pantherina a été rencontré à Guéthary. Par ses dimensions, ses soies et sa coloration générale, le type est identique au Fallacia sicula de la Méditerranée; maisil porte, sur sa trompe projetée, la petite papille mentionnée par les auteurs et qui fait défaut dans l’autre espèce. Les Lombriconereis fragilis, très communs dans les fonds de Cap-Breton, différent entre eux de taille, et présentent des particularités d’organisation déjà signalées par M. Ehlers, à propos des Annélides du Porcupine. Les deux formes décrites par ce naturaliste existent dans le golfe de Gascogne. Les exemplaires du Placostequs cristallinus rappellent abso- lument ceux des côles de Provence. Le Notomatus latericius est d’assez grande taille et doit (1) Documents fournis par M. Marion. 46 LES FONDS DE LA MER. être comparé à ceux des côles occidentales de la Norwège et à ceux que le Porcupine à draguës dans les mers du Nord de l'Europe, jusqu’à la profondeur de 1443 brasses anglaises. Le Glycera Goesi paraît être, avec le L. fragilis, l'un des Annélides les plus communs des grands fonds du golfe. Les nombreux types recueiliis montrent les papilles caractéris- tiques de la trompe et les contours ordinaires du mamelon pédieux figuré par M. Molmgren. Dans l'expédition du Porcu- pine on à dragué l’espèce jusqu’à 426 brasses de fond. Les individus appartenant au Nephtys scolopendroïdes se confondent avec ceux du golfe de Marseille, et font ranger l'espèce parmi celles dont l’extension géographique est la plus considérable. Tous les spécimens de Terebellides Stræmi sont très beaux et identiques aux exemplaires figurés par M. Molmgren (Nor- daska Hafs annulata, t. XV, fig. 48). Le Corephorus elegans de Grube pourrait se rapporter au même type, ainsi que le Terebellides cornea que Bobretzky indique dans la mer Noire. Cette espèce occuperait donc encore une aire géographique très étendue. C’est par milliers que les Sfernaspis (St. scutata, St. assi- milhis, St. islandica) ont élé dragués à Cap-Breton. M. Marion fait à leur sujet l'observation suivante: « Une série bien » complète de ces vers remarquables [obtenue avec les spé- » cimens de la fosse] permet de croire que tous les Sternaspis signalés dans les mers d'Europe ne représentent probable- ment que des formes du même type. Le St. assimilis de Molngren n’est qu'un Sf. scutata jeté vivant dans l'alcool, el dont les téguments se sont vidés. D'autre part, les jeunes individus de Cap-Breton concordent avec le St. islandica de Molmgren dont ils ont le bouclier, mais plus carré et moins strié. » Les Séernaspis se montrent-ils uniquement sons cette » dernière forme dans les régions septentrionales de l’Atlan- » tique? Si le fait était confirmé, il faudrait admettre que 2 > > ÿ y > >= QUELQUES ANNÉLIDES DE CAP-BRETON ET DES ENVIRONS. 47 » l'espèce possède son centre de distribution plus au sud, et » qu’elle n’est alors représentée vers le nord que par des » individus arrêtés dans leur développement, mais conservant » leur capacité reproductive. » Juin 1880. LS LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE XIX. Un Cœcum de la Pointe-à-Pître. Notre collaborateur, M. Marie, a rencontré dans un lot de sable provenant de la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), un Cæœcum dont nous donnons ci-dessous la description. L’échantillon géo- logique ne présente aucune particularité remarquable. Nous n’aurions qu'à rappeler ce qui a été dit précédemment sur les fonds sous-marins de ce point du globe. IT est, par conséquent, inutile d’insister. Cæœeuan leptoglyphos (DE FoL.), pl. II, fig. ÿ. Testa mediocris, subeylindrica, supernè parüm attenuata, satis solida, albida, annulis crebris, vix expressis, subplanalis, paululù rotundatis, longitudinaliter minutissimè striatis ornata; apertura parüm declivis, leviter contracta, margine parvo circumdata ; septum parvum, angulatum, sinistrorsum. Long. : 1mm7; lat. : (mms, Cette espèce, qui est d’une taille peu considérable, est assez forte de test et de couleur blanche. Elle est presque cylindrique et un peu plus mince vers le haut. Son ornementation consiste en 35 à &0 anneaux très rapprochés, à peine exprimés, presque plans, mais toutefois légèrement arrondis sur leurs bords. Sous un fort groseis- sement on remarque que ces anneaux ont des stries longitudinales très fines, et que les premiers sont un peu plus larges que ceux du milieu et de la dernière portion du tube. L'ouverture est quelque peu contractée, oblique et entourée par un rebord assez faible. Le septum est médiocre, angulé, et son sommet se trouve sur la gauche. L'espèce est facile à reconnaître au grand nombre de ses anneaux et à leur défaut de saillies, caractère qui porte à considérer, sur certains échantillons, la coquille comme lisse. De là, d’ailleurs, pro- vient le nom qui lui a été donné : heTTés, maigre ou mince; VAUT; sculplure ou sillon. Juin 1880. TABLE DES CHAPITRES. LAS) TABLE DES CHAPITRES DE LA PREMIÈRE PARTIE DU TOME QUATRIÈME. Pages CHAPITRE I. — La situation actuelle .......... ooddoncedocoduos , : 3 _— Il, — Ile de Ré...... SHoooooonoes noce cponcesectcceece-0 _ III. — Sur les côtes de la Loire-Inférieure..........., + 20 — IV MRelle- Der Eee rc terre Joanne co 00e oil — VE TRAde dé SAIONIQUE 2 creuses ere seen. 12 — NI, — Quelques Cecide des Antilles........,....,...... 14 — VII. — Quelques Cæcide des mers de Chine............. 10 — VIII. — Un Meroceras des îles Sandwich....,............. 18 — IX. — Les Cecide de l'exploration de la corvette britan- nique Challenger ........., SooC soude on 19 .— X. — Mouillage du lazaret de Lisbonne ..,,......,...... 29 — NTENIS ON cree sboPocoreberadeo Sr nee eine 31 — XII. — Mouillage de Porto-CGabello...........,.......... 33 — XI TAS Cap Breton entla DE MN en er net see -erere 34 — NINER=PPUSCESOURAE Reese nerentse-cee-ccpeccee 37 — XV. — Abords de l’île de l’Ascension..................#. 39 — XNIEE—= Rade de Sierra Leone... ere 41 — XVII Baie de Mejillones 502... rene soisee 43 — XVIII. — Quelques Aznélides de Cap-Breton et des environs.. 45 — XIX. — Un Cecum de la Pointe-à-Pitre ....,............e 48 pe Lrern rte F à : REMET Le Hi Mad Rev st FE 1e RE ra SEAT eo re Le tm 2 Fa | re ps Lai LE NIISRESS ue Gi}, 4 cu | . AAA ne “LR SAME Us RL DÉNE lrt trad rte ie pl Mic 2 le RARE ne son ARS PACE sb Pre Le + ë 2 de adepte RE TUE su ME qui SE e nr : UNNNNT UNE LS Den PS Je Me Here de Pres 6 a HAUTES ont ue se: “pen # Log rt aR ES PRINCIPAUX ERRATA. 51 PRINCIPAUX ERRATA. Pages, lignes, 5}. comme titre du chapitre I, lisez : La situation actuelle. 5, 20, au lieu de : 05, — v08, 4, 6, après: abondants, — se développant. 45, 10, au lieu de: Molsngren, — Malmgren. Nora. — Le nom de Malmgren est aussi à rétablir dans tout le cha- pitre XVIIT, où il a été écrit Moëmgren. RTE Li À (AU LA ÿ IR RP CPE ON ET CR RU RUN EE FPRGNCUE AT RENE DEUXIÈME PARTIE EXPLORATION SCIENTIFIQUE DU «TRAVAILLEUR » DANS LE GOLFE DE GASCOGNE EN 18€0. LES FONDS DE LA MER EXPLORATION SCIENTIFIQUE DU « TRAVAILLEUR » dans le golîe de Gascogne en 1880 CHAPITRE I Une lettre ministérielle. Dans la première quinzaine du mois de mai de l’année 1880, au milieu des nombreuses dépêches que les ports de guerre recoivent journellement de leur ministère spécial, la Préfecture maritime de Rochefort trouva et décachela le pli suivant : a« Paris, 5 mai 1880. » MONSIEUR L’AMIRAL, » M. le Ministre de l'Instruction publique m'a fait connaître que, » depuis plusieurs années, M. le marquis de Folin, capitaine de port » à Bayonne, exécute dans le fond du golfe de Gascogne, et notam- » ment dans la fosse de Cap-Breton, des dragages offrant un sérieux » intérêt scientifique. Des savants étrañigers, MM. Gwyn Jeffreys, » Norman, et quelques naturalistes, ont manifesté récemment le désir » de participer aux opérations que M. de Folin entreprendra en juillet » prochain. Il s'agirait, à cette époque, d'opérer des dragages dans la 56 LES FONDS DE LA MER. » fosse de Cap-Breton, dans ses environs, et, si cela est possible, » dans les grandes profondeurs que des capitaines et pêcheurs » espagnols assurent exister sur les côtes cantabriques et des Asturies, » fort près de terre. » En vue de fournir à M. de Folin les moyens d'explorer ces » grands fonds, situés par 800 brasses environ, M. le Ministre de » l'Instruction publique s'est adressé au département de la marine. » Mon collègue m'a prévenu, en mëme temps, qu'il chargerait » une Commission spéciale, présidée par M. Milne-Edwards, d'assister » aux opérations projetées. » J'ai l'honneur de vous donner avis de ces dispositions et de » vous informer que le Travailleur devra être mis à la disposi- » tion de M. de Folin et de la Commission, pendant la seconde » quinzaine de juillet, pour leur donner les moyens d'effectuer leurs » recherches scientifiques. » Le Ministre de la Marine et des Colonies, » Signé : JAURÉGUIBERRY. » La décision ministérielle ordonnant le départ d’un bâti- ment pour jeter la drague à quelques lieues des côtes de France et d’Espagne n'’éveilla les susceptibilités guerrières d'aucune puissance maritime, et le port de Rochefort n’eût vu dans ce départ prochain rien de particulier, sans l’activité que déploya dès cet instant le commandant du Travailleur, l'installation inusitée de l’aviso, les mystérieuses provisions de fil de clavecin réunies par l'arsenal, et le forage, de part en part, de nombreux boulets de canon! Le monde scientifique s’émut au contraire; le président des Missions scientifiques, M. H. Milne-Edwards, songea même, dès le début, à braver, malgré son grand âge, les fatigues de la mer, pour diriger la nouvelle expédition. L’essai tenté par le gouvernement était certainement modeste, mais les résul- tats devaient être décisifs. Aussi réduite que fût l’exploration projetée, le Corwin, le Bibb, le Gannet, le Hassler, le Light- UNE LETTRE MINISTÉRIELLE. 97 ning, la Sophia, la Joséphine, la Pomerania, V'Alert, le Disco- very, le Valorous, le Challenger, n'avaient plus désormais Papanage trop exclusif d'explorer les mers. À côté des faits re- cueillis par les nations étrangères, il importait donc que le Tra- vailleur ne revint pas sans de riches moissons des eaux de la baie de Biscaye et du voisinage des Asturies. On avait hésité longtemps: on espérait, on craignait toujours! car, à côté des souvenirs lointains de l’Uranie, de la Coquille, de l’Astrolabe, de la Bonite, se dressait le fantôme des recherches contempo- raines. Pourquoi ? nous l’ignorons! Le ministère de lInstruction publique et celui de Ja Marine ne s’engageaient néanmoins qu'à bon escient. Les patrons de pêche d’Hendaye et de Guethary assuraient qu’il existait, non loin de la France, des dépressions sous-marines autrement considérables que le gouff (!) de la côte des Landes et dans lesquelles leurs filets, aussi bien que leurs lignes de sonde, descendaient sans rencontrer le sol. C’était pour eux la mer sans fond de Marsigli, ou l’océan à fond mobile de Strabon. Le récit des marins francais était corroboré par les déclarations des caboteurs espagnols fréquentant le port de Bayonne. Pour ceux-ci l'existence d’une grande vallée s’éten- dant le long de la péninsule ibérique ne faisait aucun doute. Le département hydrographique du ministère de la Marine à Madrid, consulté même à cet égard, se mit obligeamment à la disposition de M. de Folin, et l'enquête poursuivie auprès des marins par les autorités locales accusa une particularité que ne donnaient pas les cartes officielles, c’est-à-dire, de grandes profondeurs dont l’une descendait jusqu’à 1,600 mè- tres, à peu de distance de la terre. On était, comme on le verra, fort au-dessous de la réalité. L’exploration que le Travailleur allait entreprendre, sous les auspices du gouvernement, éveillait d'autant plus l’atten- tion du monde scientifique, que des naturalistes étrangers, (4) Nom local donné à la fosse de Cap-Breton. 58 LES FONDS DE LA MER. déjà versés dans les opérations de ce genre, el connus tant par leur mérite personne] que par le succès de leurs expédi- tions lointaines, avaient élé gracieusement invités à se joindre aux savants français. Pour que l'hospitalité donnée reslât sans prétention, il faHait que les vallées sous-marines déroulées au pied du socle espagnol eussent encore quelque mystère pour le R. A. Merle Norman, dont le nom estsi intimement lié à l'his- toire zoologique du groupe des Iles Shetland; il importait que M. Gwyn Jeffreys, l'éminent naturaliste des croisières du Porcupine (1) au milieu de l’Atlantique, et du Valorous, près du Groënland (?), trouvât quelque valeur aux sondages et aux dragages du golfe de Gascogne. A ces incertitudes s'ajoutaient, pour les mieux intentionnés, la question toujours litigieuse du beau temps, dans une mer sujette à caprices, et le maniement d'instruments nouveaux qu'il fallait connaitre dès le premier jour, vu la brièveté de la campagne. Avec le gros temps aucune opération sérieuse n’est possible dans ce genre d'expédition: les données sur la profondeur sont inexactes, les lignes de sonde se brisent, les dragues ne fonctionnent pas ou ne revoient plus le bâtiment, et les estomacs incertains soupirent ardemment après le calme, disposition peu propre à faciliter les travaux. Lorsque le Lightning, de la marine royale anglaise, prit la mer pour sa première exploration, la vieille canonnière, partie le 4 août 1868, de Pembroke, mit six semaines pour opérer treize sondages ; la majeure partie de son temps se passa au milieu de brises folles, accompagnées de grosses lames qui débou- lonnaient le bordage. La quinzaine octroyée par dépêche officielle eût été, dans pareil cas, singulièrement écourtée pour le Travailleur, au point de vue de la science, et suffisam- ment compromise au point de vue de l'organisme humain. ({) En 1869 et 1870. (2) En 1875, UNE LETTRE MINISTÉRIELLE. 59 D'autre part l’outillage préoccupait, parce que l’on aperce- vait encore vaguement, à travers les descriptions des auteurs, les moyens d’opérer avec rapidité et certitude. La légendaire corde tordue, en chanvre d'Italie ou de Russie, semblait toujours l’unique tuteur du plomb de sonde ; et cette corde, quoique tressée et renforcée par de nombreux liens étroite- ment enchevêtrés, paraissait à son tour un faible moyen de rappel pour des dragues lancées à plusieurs centaines de mètres, sur le prolongement sous-marin des Pyrénées espagnoles. | L’arsenal de Rochefort utilisait heureusement, pour la sonde, les longues trainées de fils métalliques centralisées par le commandant du Travailleur et répondait à la prompte usure normale des cordages dragueurs, par un nombre considé- rable d’appareils de rechange. M. le vice-amiral de Jonquières, préfet maritime de Rochefort, avait tout mis avec le plus grand empressement, à la disposition de M. le lieutenant de vaisseau Richard. Après plus de quinze ans d'efforts persévérants el d'appels incessants, le petit groupe de naturalistes français voués à l’étude du fond des mers voyait enfin l’État prendre à sa charge entière les frais d’une exploration que de grands moyens d'action sont seuls capables de bien conduire. Le temps pressait toutefois. Avant la fin du mois de mai M. H. Milne-Edwards, dont l'intervention auprès du Ministère avait fait décider l'installation spéciale du Travailleur, écrivait au capitaine de port de Bayonne: « Dès à présent, je puis vous annoncer que le Ministre me charge, »comme président de la Commission des Missions scientifiques, » d'organiser avec vous une Commission d'exploration... » Je tâcherai de vous procurer les collaborateurs dont le concours » nous paraîtra pouvoir être utile et je désirerais avoir le plus tôt » possible votre avis sur ce point. » Le 23 juin, un arrêté de M. le Ministre de l’Instruction 60 LES FONDS DE LA MER. publique portait au Journal Officiel les nominations que voici : MM. H. Muxe-Enwanps, membre de l'Institut, président de l'explo- ration ; Alph. Mrexe-Enwarps, de l'Institut; L. DE Fouin, capitaine de port à Bayonne; Léon VarzLanT, professeur au Muséum d’his- toire naturelle de Paris; : é : membres Paul Fiscxer, aide-naturaliste au Muséum; E. Marion, professeur à la Faculté des de Sciences de Marseille ; l'exploration. Léon PÉRIER, professeur-agrégé à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bor- deaux ; Les travaux devant porter sur de nombreuses branches des sciences naturelles, chaque membre fut aussitôt chargé d’une élude spéciale. M. Alph. Milne-Edwards prit pour lui les Crustacés; M. de Folin reçut en partage les Foraminifères ; M. L. Vaillant, les Poissons, les Némertiens et les Spongiai- res ; M. P. Fischer, les Mollusques ; M. Marion, les Annélides, les Échinodermes et, d’une facon générale, tous les Rayonneés. La partie physico-chimique fut confiée à M. L. Périer, avec mission d'étudier la température des eaux et la constitution chimique et géologique des échantillons retirés du fond. La Commission, à laquelle devaient se joindre, à titre d’in- vités, MM. Gwyn Jeffreys et Norman, n’était autre que ce groupe de naturalistes, simples quémandeurs d’abord et non moins platoniquement éconduits (!), puis solliciteurs déclarés et persistants, devant lesquels tombait enfin l'indifférence des -bauts parages, l’ice-berg bureaucratique. Il ne restait plus qu’à partir : le 16 juillet, le Travailleur arrivait de Rochefort, à Bayonne, lieu d'embarquement dési- gné, où Je commandant, l'état-major, l'équipage en grande tenue et en rang recevait la Commission, que lui présentait (1) Voir les Fonds de la mer, t. Il, p. 4. UNE LETTRE MINISTÉRIELLE, 61 M. H. Milne-Edwards. Le lendemain matin, à dix heures el demie, l’aviso larguait ses amarres et descendait l’Adour, salué sur les quais, par un nombreux public, plus gracieusement encore, au passage des Allées marines, par un pensionnat de jeunes filles. Belle et bonne jeunesse! Ah! cet âge n’est point sans pitié, ainsi que le dit Lafontaine ; c'est, au contraire, le temps des généreuses aspirations, des nobles sentiments ; ces mouchoirs agités aussi longtemps que le Travailleur fut en vue, nous parurent d’un bon augure, l'âme de la France suivait les voyageurs, et tel vieux marin que jamais autrefois un départ pour des pays lointains n’avait ému, sentit son œil miroiter sous la coulée d’une larme. 62 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE II L'Aviso le Travailleur. Dès que les présentations réciproques furent faites (le 16 juillet), M. le Commandant du Travailleur s’empressa de faire visiter le bâtiment, d'expliquer les dispositions qu'il avait cru nécessaire de prendre et de montrer les engins avec lesquels on devait opérer. Disposer un navire de guerre pour recevoir un état-major scientifique doublant l’état- major militaire, transformer le pont du navire en atelier à vapeur, munir l'atelier de tous les engins propres à des recherches encore nouvelles, perfectionner chacun de ces engins pour un usage souvent à prévoir et se trouver prêl à jour fixe, tel est le problème que M. Richard avait résolu en deux mois. Aussitôt ses ordres reçus, M. Richard s’était mis à œuvre. Il avait examiné les diverses installations adoptées par les Américains, les Suédois, les Anglais, les Autrichiens, les Allemands, et, bientôt fixé sur les méthodes des différentes nalions et marchant souvent d’instinct, il avait fait construire un matériel qui ne le cède en rien à celui des meilleurs dragueurs en eaux profondes. Ses officiers, MM. Mahieux, Jacquet, Villegente et Bourget l’avaient vaillamment se- condé (1). Le Travailleur est un bateau à aubes, jaugeant 1,000 ton- neaux, tenant très bien la mer et pourvu d’une machine de 150 chevaux. Une locomobile de 16 chevaux, établie à tribord, en avant du grand mât, mettait en mouvement un treuil de grande puissance, installé vis-à-vis d’elle, à bâbord, et sur (1) Aux noms de ces messieurs, spécialement attachés au service actif, nous devons ajouter, pour compléter l’état-major militaire, ceux de M. le D: L. Duplouy, chirurgien, et de M. Gonsolin, commissaire du bord. L’AVISO LE TRAVAILLEUR. 63 Püne des poupées duquel s’enroulait la fune, ou câble de la principale drague. La fune passait de là, en droite ligne, sur un second treuil (treuil-rouleau) destiné à ralentir et même à arrêter dans la descente son mouvement, par le moyen d’un frein à grand levier. Du rouleau, elle s’engageait dans une poulie dépendante d’un accumulateur suspendu à l'arrière entre les espares d’une bique surplombantle couronnement de Paviso. C'était surtout pour la montée que l’on usait de ce dernier système ; le treuil-rouleau suffisait ordinairement pour la descente. L’accumulateur, instrument destiné à indiquer la tension des cordages et à amortir les chocs, se compose de fortes bandes de caoutchouc vulcanisé, longues de 1"50, réunies verticale- ment el isolément, au nombre de vingt, trente, quarante, entre deux disques de bois parallèles. L'ensemble constitue une sorte de cylindre à jour, se dilatant dans les coups de tangage aussi bien que devant un chargement excessif, ou un engagement des instruments au fond de l’eau. Par ce moyen, tout travail extrême est aussitôt accusé et le bâtiment peut soulager et protéger les engins en faisant machine en arrière. L’accumulateur est fixé, en bas, au plat bord, par un cordage; il est suspendu par le haut, à la croisure des bigues, au moyen d’une sitague passant dans une poulie à croc; le croc recoit une seconde poulie dans laquelle se déroule la fune de Ia drague. L'appareil n’est autre qu’une sorte d’énorme ressort à boudin; il est indispensable pour les dragages en pleine mer. Deux tourets destinés aux sondages et se reliant an grand treuil, à l’occasion, s’étalaient à bàbord, tout à fait à l’arrière. Sur l’un d’eux, muni d'un enregistreur et d’un frein régula- teur, s’enroulait la ligne de sonde : 5,000 mètres de fil d'acier, d’un diamètre de deux millimètres (la corde de piano). La construction de celte corde, établie d’après les idées données par W. Thomson, et la délicatesse avec laquelle les officiers du bord maniaient l'instrument sondeur ont rendu lappa- 6 LES FONDS DE LA MER. reil précieux. Dans cet engin, le fil métallique ne présentant à l’eau qu’une très faible résistance, descend à pic, au lieu de décrire les immenses courbes que les courants et le déplace- ment du navire impriment aux cordes de chanvre. Le frotte- ment sur le touret étant moindre, la vitesse de déroule- ment est accrue el, en quelques minutes, la sonde arrive à plusieurs milliers de mètres. L’un des plus graves obstacles à la pratique exacte des sondages profonds est aujourd’hui vaincu. A bord de notre aviso, un poids de 39 kilogrammes à l’ex- trémilé de la ligne amenait une descente de 286 mètres à la minute, réglée par un frein de 5 kilogrammes. Avec 19 kilo- grammes de poids et le même frein, la descente était encore de 112 mètres. A la montée, l’enroulement moyen ne dépas- sait guère 80 mètres. Ces chiffres, que la prudence et l’expé- rience conseillèrent dès les premiers jours, et dont on fit la règle du voyage, peuvent néanmoins être de beaucoup dépas- sés. Mais c'était un essai, l’appareil était Due à bord, tout obligeait à le ménager. Du touret le fil de sonde se dirigeait sur la poulie soigneusement établie d’une potence à doubles montants placée, comme la bigue de la drague, en surplomb du couron- nement. Là s’attachait, au moment voulu, le plomb que l’on connaîtra bientôt et dont l’enregistreur accusait sans cesse la marche. Le second touret, garni d’une ligne ordinaire, devait servir à quelques expériences thermométriques et à diriger les dragues secondaires. Pendant que les principaux instruments de force occupaient le pont, à bäbord, la muraille de tribord supportait 12,000 mètres de cordages d’une seule pièce disposés par glènes de 200 mètres, sur des cabillots en fer, et le pont recevait 25,000 mètres de ligne de sonde prêts à passer sur un énorme treuil-rouleau. C'était autant de rechanges destinées aux opérations de la campagne. Les épissures de ces longues =" dot L'AVISO LE TRAVAILLEUR, 65 trainées de chanvre étaient réellement merveilleuses, et plus d'une ménagère eût envié les savants entrelacements dus à l’épaisse aiguille de l’ouvrier cordier. Des tables de travail remplissaient l’espace laissé libre le long de la muraille, depuis les cabillots jusqu’à la loco mobile. De plus, dans la partie des bâtiments à vapeur située à lavant ou à l'arrière des tambours, à tribord comme à bâbord, et que l’on nomme les jardins, quarante bailles arrimées attendaient les Poissons, les Crustacés, les Mollus- ques, etc., que leur promettaient les vases de la drague. Vu de loin au moment d’une opération, le Travailleur, avec sa machine stoppée et ses longues bigues, à l'arrière, ressemblait plutôt à un bâtiment désemparé en train d'établir un gouvernail de fortune, qu’à un navire sans avaries. Vu de près, à l'heure du travail, c'est-à-dire du matin au soir, les bailles recevant les vases de la drague, les tamis manœuvrant es vases, et les animaux extraits à chaque instant des tamis en faisaient un bateau pêcheur de la plus incompréhensible espèce. Cent trente hommes d’équipage n'étaient pas de trop pour rétablir le désordre occasionné par l’eau sortie des funes imbibées, le limon échappé des bailles et les éclaboussures vaseuses des tamis. Quarante d’entre eux assuraient sans cesse le service de la Commission avec la promptitude et la régularité qui font des navires de guerre une terre promise. La propreté, cette vertu si rebelle et quelque peu princi- pale, était non moins virilement pratiquée: chaque matin le pont, bien qu’encombré très avant dans la nuit, redevenait sans tache sous le jeu des balais et des fauberts. Cela fit dire à un matelot qu'il rengagerait pour cinq ans, rien que pour la Biscaye: propos du gaillard d’avant que nous relatons en passant, après l'avoir saisi dans la brise du soir. : Le service était rude, en somme, — et le tapage! Dans le jour, les treuils; la nuit, la forge réparant les instruments de sonde meurtris dans la journée par les rochers sous-marins, et le petit cheval, que le silence faisait mieux entendre! Mais TAN 5 66 LES FONDS DE LA MER. quel bon tapage! Tout pour la Science et la Patrie: on n’en travaillait que mieux; on n’en dormait pas moins! Le matériel du bord, que nous semblons avoir perdu de vue, se complétait de quatre fortes dragues de la contenance de deux mètres cubes chacune, protégées, les unes par une toile à voile, les autres par une peau de bœuf, et munies, à l'ouverture, soit d’une d’armature à dents de scie, soit d’une lame aplatie propre à labourer le sol sans s’y accrocher. Huit dragues inférieures, très belles encore, et assorties, trois chaluts, un nombre considérable de fauberts en chanvre blanc, des sondes à godet, plusieurs centaines de boulets pour servir de plomb, et des thermomètres plongeurs s’ajou- taient aux grandes dragues. Les appareils de dragages n’offraient rien d’absolument nouveau, et les plus volumineux n’ont pas toujours donné les résultats que l’on attendait d’eux. Ils ramenaient trop de limon, pris quelquefois sur un seul point, et dans lequel se détérioraient les animaux. Les engins moyens et les chaluts amarrés sur une vergue chargée d'un poids lourd et portant des houppes de chanvre et des balais de bruyère sèche rendaient de meilleurs services. Les animaux délicats s’accro- chaient dans les houppes; la matière sarcodique qui paraît abonder à la surface des vallées sous-marines pénétrait au milieu des brindilles et revenait intacte sous leur protection. La sonde du Travailleur mérite en revanche un moment d'attention, à cause de ses perfectionnements. Elle tient du plomb de Broocke, et de l’Hydre, employée pendant le voyage du Porcupine. Elle a tous leurs avantages et aucun de leurs inconvénients. Le décliquetage du poids s'opère sans le secours d’un ressort, par le simple glissement de la partie supérieure et pleine de la tige, dans le manchon que forme autour d’elle l'inférieure. Celle-ci est terminée par une soupape automobile à double cuillère, qui emprisonne les matériaux dès que l’ap- pareil commence à être relevé après avoir touché le fond. Au lieu d’un poids formidable de 200 à 300 livres anglaises, 20 à L'AVISO LE TRAVAILLEUR. 67 40 kilogrammes métriques doivent permettre d'atteindre les profondeurs extrêmes de l'Océan. Nous avons au moins la certitude que 20 kilogrammes suffisent pour descendre à trois kilomètres.Les pesants cylindres emboîtés de l’Hydre sont entin ramenés au boulet foré unique, du plomb de Broocke primitif. Les officiers chargés de pratiquer les sondages — plus particulièrement MM. Jacquet et Bourget — ne se trompaient jamais sur le moment précis où le boulet tombait. Le tres- saillement du fil de sonde, sur lequel leur main couverte d’un fort gant de peau portait sans cesse durant la descente, indiquait l’arivée au fond, et l’enregistreur s’arrêtait au commandement, sous la surveillance d’un timonier. On ne saurait croire combien ces rudes natures d'hommes, aux bras balants par habitude et au bonnet jeté en arrière, qui composent un équipage, se pénètrent rapidement d’un service extraordinaire. D’un coup d’œil ils saisissent le moment critique. Aucun détail ne leur échappe. Les animaux remarquables furent bientôt familiers aux matelots du Travailleur, et par une véritable intuition ils recueillirent fréquemment, dans la vase des dragues, des espèces incon- nues que l’on eût oubliées. Comme il fallait les voir apportant gravement sur la paume de la main un Crustacé fragile, un Chetopode délicat, ou du Protoplasma. Tout était joie, si une exclamation échappait devant le matelot à la table de bâbord, et certes ’hommeeütréellementrengagépour cinq ans. En même temps que la sonde et la drague se déroulaient à l'arrière, le petit nombre de thermomètres que l'arsenal avait pu fournir étaient descendus dans la mer, par la hanche de bâbord. Deux ou trois fois on les avait immergés à l'arrière, au moyen de la grande sonde, mais la crainte de briser, en le chargeant trop, cet appareil sans rechanges et dont le bon fonctionnement assurait le succès de la campagne, fil aban- donner ce système. L’expérience a démontré néanmoins que c’est là le meilleur moyen d’avoir des observations exactes. 68 LES FONDS DE LA MER. L'explorauon ne fut guère heureuse d’ailleurs sous le rapport thermométrique, bien que l’on ait pu faire quelques expérien- ces parfaites. Le mercure du thermomètre à retournement, — un Negrelti-Zambra, — faisait queue. On récusa l'instru- ment. Un Salleron etun Walfredin n'étaient pas comparables, el le premier n’eût été bon d’ailleurs que pour les tempéra- tures de surface, ils eurent tous deux le sort du grand Stan- dard Deep Sea Thermometer de Negrelti et Zambra. Un bon petit thermomètre de surface, sorti du Dépôt des cartes et des plans, se sépara de son anneau et la lame bleue l’emporta sous nos yeux. Deux Miller-Casella, sur lesquels on pouvait compter, disparurent un jour, avec la sonde sur laquelle ils étaient fixés; grande contrariété et désespoir que partagea M. Villegente, aussi dévoué pour la thermométrie que ses collègues pour les sondages. Rien n’était oublié à bord du Travailleur. L'espace était restreint, cependant chaque chose avait encore sa place. — Entre les tambours, un roufle, transformé la nuit en cabine, servait, pendant le jour, de laboratoire. Des éla- cères disposées pour recevoir, sans crainte du roulis, des bocaux, des cristallisoirs, des tubes, etc., occupaient l’espace laissé libre au-dessus des armoires. Une fontaine pour l’eau douce, une autre pour lalcool nécessaire à Ja conservation des animaux marins, se montraient à tribord et à bäbord, accrochées aux cloisons. Le dessus du roufle, préservé du soleil par une tente solide, formait un belvédère de lecture, de peinture et de dessin. On y prenait les vues des côles et la couleur des animaux. D’aucuns s’y réfugiaient aussi lors- que la mer leur était infidèle. Au-devant du roufle, on ren- contrait la forge, établie entre deux canons, qu’il avait été indispensable d'enlever de larrière pour donner place aux appareils dragueurs. Dans un livre fort bien écrit et souvent humoristique (1), (1) En Sleamer, Le Havre, 1 6 , L’AVISO LE TRAVAILLEUR. 69 M. le D' E. Berchon inlitule un de ses chapitres: Com- ment on vit à bord.Pour dépeindre rapidement la vie à bord du Travailleur, la tâche est pius facile que lorsqu'il s’agit de l’un de ces Léviathans à vapeur courant d'Europe en Amé- rique. D’abord l'absence d’élément féminin, toujours nom- breux sur les paquebots transatlantiques, transformait plutôt aviso en cercle intime qu’en salon, et les soins à donner aux collections et aux récolles remplacaient avec avantage le lansquenet et le baccarat. La question est simplifiée. Le bienveillant accueil et l'hospitalité de M. Richard, lamé- nité de son état-major, la gaieté des hôtes de la France, MM. Gwyn-Jeffreys et Norman, sans oublier celle des autoch- tones, l’accord régnant entre tous les membres de la Commis- sion et la clémence du temps, à part de rares exceptions, faisaient oublier volontiers le «manoir déifique et seigneurial » le «planchier des vaches» de Pantagruel. Que dire après cela? Le Travailleur naviguait généralement près de terre, il ne s’en éloignait que pendant la nuit, pour sa sûreté person- nelle. Les explorateurs ont pu examiner ainsi le littoral entier de la côte espagnole, de la Bidassoa au cap Peñas, apercevoir les sierras de l’intérieur et dessiner les principaux points du rivage : — au loin, les sommets caractéristiques de La Rhune et des Trois couronnes: plus près, les falaises du cap Figuier, le mont Orgullo, lIgueldo, le cap Machichaco, le mont Santoña. le cap Mayor, le cap Hoyambre et tant d’autres ; puis Îles nobles villes de Fontarabie, muy noble y muy leal, de Saint- Sébastien et de Santander. L'expédition relâächa deux fois à Santander: un léger incident, survenu à point pour que le voyage eûl ses heurs et malheurs, signala la première entrée du Travailleur dans ce port; le pratique, el pratico, qui connaissait peu son chemin, échoua, le soir, le navire sur un banc de sable, d'où le commandant le dégagea le lendemain matin. Au retour, la ville en fêle, — on chôme souvent par delà les monts, — permit à chacun d'assister au spectacle favori de 70 LES FONDS DE LA MER. PEspagne: un combat de taureaux. C'était le 25 juillet, jour de repos; la Corrida fut peu brillante, en somme, puis- que personne ne fut tué, mais une vingtaine de chevaux et cinq élèves des plus célèbres Ganaderias payèrent de leur vie les jeux populaires : la viande des derniers fut vendue à vil prix ; — la maigreur des premiers fit respecter Jeurs os. Chaque peuple a ses habitudes et ses mœurs. De même que certains philosophes prennent leur plaisir où ils le trouvent, les membres de l’expédition rencontrérent, à l’autreextrémité de la ville, une étude plus intéressante, dans les nombreux hôtes du marché. Les Crustacés, les grands Mollusques et les Poissons abondent dans les eaux de Santander : Ce n'étaient que Tritons, ce n'étaient que Ranelles, Buccins, Cassis, Pecten, Cardium et Girelles. Et tout était énorme, sans compter des Langoustes inusitées. Un comice agricole sérieux s’ajoutait, en même temps, aux divertissements de la journée. La soirée se termina par de grandes illuminations sur l’Alameda, de la symphonie et un feu d'artifice. , Le journal officieux du bord, qui sera donné dans un ins- tant, complètera les détails. LE JOURNAL DU BORD. 71 CHAPITRE HI, Le journal du bord. 47 Juillet. — Le 17 juillet, avant midi, le Travailleur franchit la barre de lAdour par un temps splendide: la mer a sa leinte glauque des beaux jours ; la barre écume à peine, tant la lame est faible; le ciel est d’un bleu pur; une légère brise tempère les ardeurs d’un soleil trop prodigue de feux. L’aviso fait route, en droite ligne, dans le S.-0. du monde, pour chercher ces grandes profondeurs vers lesquelles se portent les vœux ardents de l'exploration. 17e STATION. — À 1 heure 58 minutes, par 43°38' de latitude N. et 4° 15" 30'" de longitude 0. (Paris), la machine stoppe. La sonde en fil d’acier va subir, sur ce point, sa premiére épreuve! L’émotion est extrême, car de la marche du système dépend, en grande partie, le succès de la campagne. L’instant est decisif! Le plomb, pesamment chargé d’un boulet de 39 kilogrammes, descend au milieu du silence général. La descente est rapide, verticale. Le fil se déroule avec une vitesse presque mathé- matique. Tout à coup un tressaillement net est perçu par la main du commandant, qui conduit, en personne, le sondage. Le compteur de l’appareil indique 420 mètres de profondeur et il s’est écoulé moins de trois minutes depuis le commence- ment de l’opération. Est-ce bien le fond de l'Océan qui a été frappé par le plomb avec autant de netteté? Un accident n’a-t-il pas détaché le 72 LES FONDS DE LA MER. boulet avant la fin de sa course? Le fil ne s'est-il pas rompu (1) ? L’anxiété redouble! Cependant le treuil qui marche pour remonter la sonde accuse encore de la résistance. Le fil n’est donc pas brisé. Comme le temps semble long! Enfin le sondeur apparaît avec son godet rempli d’une vase compacte et d’un gris verdâtre, au milieu de laquelle s’agitent des Mysis! Un hourra d'ensemble part de l’assistance et salue les petits crustacés, les visages rayonnent. On félicite le commandant, on se félicite, et désormais la confiance en l’outillage est illi- mitée. Il reste néanmoins à trouver ces immenses vallées qu'ont indiquées les pêcheurs français et les marins espa- gnols. Il est 3 h. 35 m.; pour ne pas perdre de temps, une drague est aussitôt lancée, et la température de l’air, ainsi que celle des eaux de la surface sont prises en même temps, au moyen de l'excellent thermomètre du Dépôt des cartes et plans. L’air est à 23° C.; l’eau à 21°9C. Au bout de trois quarts d’heure, la drague, de retour à bord, laisse les explorateurs un moment stupéfaits. Elle est vide. C’est que probablement elle n’a pas touché le fond ? 2e SraTIoN. — La sonde est jetée de nouveau à 4 h. 18 m., par 43°36' de lat. N. et 4° 15" de long. O., c'est-à-dire à deux milles au sud de la station précédente. Une nouvelle émotion s'empare de l’assistance. Cinq, six, sept minutes s’écoulent sans que le fil tressaille sous la main qui le consulte. Serait-ce déjà le but du voyage ? aurait-on rencontré les vallées mysté- rieuses que l’on cherche? A la huitième minute, une secousse vive se fait sentir. Le compteur accuse 1,019 mètres el le godet du plomb revient chargé d’un limon semblable à celui que l’on a vu précédemment. Les grands fonds commencent (!) Dans ce genre de sondage, le poids qui surcharge le plomb de sonde pour lui permettre de vaincre la poussée des eaux, doit se détacher, à la faveur d'un mouvement de déclic, dès que l'instrument a rencontré le fond de la mer, et le p/omb est ramené seul après avoir abandonné sa surcharge, LE JOURNAL DU BORD. Fe et l’insuccès du premier dragage s'explique : le Travailleur, d’abord au-dessus d’un sommet montagneux, flanqué d’une pente abrupte, s'engage maintenant dans les eaux supé- rieures d’une vallée latérale. Voilà sans doute le moment de lancer la drague avec fruit. L'expérience réussit. L’un des plus grands appareils dra- oueurs, immergé à 4 h. 48 m., avec un poids de 100 kilo- grammes, revient littéralement comble à 7 h. 48 m. On a filé 2,000 mètres de fune, et il n’a pas fallu moins de 1 h. 36 m. pour relirer l’engin. La température de l’air, à 4 h. 18 m., s'élevait à 25° C., et celle de l’eau, à 21°. Le Negretti-Zambra plongé à 4,019 mètres a mal fonctionné, d’après toutes les prévisions, car il a donné 15° C. (réductions et corrections faites). 3° STATION. Lat. N. 43° 35' 25"; long. O. 4°13'55". — 5 h. 23 m. Pendant que la drague laboure le fond, la sonde est jetée pour la troisième fois. Elle descend à 666 mètres et rapporte une vase encore verdätre, mais quelque peu gre- nue. La température de l'air et celle de l’eau se sont aussi modifiées: l’air est à 24°8, l’eau à 19°5. Le thermomètre Negretti continue à donner des indications problématiques, telles que 21° à 666 mètres. La drague est sur le pont, la brise fraichit et la mer clapote. La nuit est venue. Pour reposer la Commission de ses émo- tions successives, le commandant se dirige vers Saint-Sébas- tien où l’aviso mouille à 9 h. 1/2. Le calme des eaux de la rade repose les moins aguerris des fatigues de la journée et les dispose aux travaux du lendemain. 18 Juillet. — Le dimanche, 18 juillet, chacun est à son poste de bon matin. On tamise les vases draguées la veille ; on lave les résidus des tamis ; on trie les animaux; et, chose bien singulière, curieux rapprochement, le premier animal dégagé du limon sous-marin est un Calveria, genre d’Echinide, trouvé pour la première fois pendant l'exploration du Porcuj;ine el dédié au commandant de ce bâtiment, le capitaine Calver. 74 LES FONDS DE LA MER. L’espèce capturée par le Travailleur est nouvelle. Son nom spécifique n’est pas difficile à trouver. Elle s’appellera C. Richardi. Le bel animal permettra d'établir la tablette zoologique sur laquelle resteront gravés, côle à côte, les noms des commandants de l’expédition anglaise et de l’explo- ration française. D'autres espèces animales inédites accompagnent le Calveria. Ici, de même que pour les opérations futures, le catalogue des types sera publié de manière à constituer un ensemble; néanmoins, il faut signaler, comme impression du moment, un magnifique Mytilus, voisin du M. incurvatus, orné de brillantes couleurs et pourvu d’un byssus particulier, à l'aide duquel il s'implante dans les vases des grands fonds. La journée entière est employée à l’examen et à la prépa- ration des échantillons. Les sujets les plus intéressants sont dessinés et peints, avant de les plonger dans l'alcool, ou dans l’eau phéniquée. 419 Juillet. — Le 19, le Travailleur sort de Saint-Sébastien et reprend la mer. &e STATION. Lat. N. 43°33' 10"; long. O. &°30' 50". — A 6 h. 55 m. du matin, le fond est rencontré par 331 mètres. Le décliquetage n’ayant pas eu lieu, les godets du sondeur attachés au boulet n’ont pu se refermer et l'appareil revient sans matériaux d'étude (1). 5° STATION. Lat. N. 43° 33' 30"; long. O. 4° 32’. — Il est 7 h. 20 m. Le fond de la mer est recouvert d’une vase sablon- neuse, verdâtre, finement granuleuse. La profondeur est de 324 mètres. L'air est à 20° 9'; l’eau marque 19°9 à la surface et 41° au fond. Le thermomètre à retournement de Negretti- Lambra à été remplacé, pour les expériences, par deux Miller-Cazella. 6° Srarion. Lat. N. 43° 3655"; long. O. 4° 33! 20". — (1) Les cuillères de la soupape automobile sont tenues ouvertes, durant la descente, au moyen d’un filin fixé sur le boulet foré et que celui-ci brise en tombant. LE JOURNAL DU BORD. 75 9 h.4 m. Le sable vasard, ou la vase sablonneuso verdâtre, peu liante et grenue au toucher, continue toujours, bien que la sonde ait atteint 573 mètres. Le thermomètre marque 22 à l'air; 21°6 à la surface de la mer ; 11° à 300 mètres de pro- fondeur et 10°5 à 573 mètres. 7° STATION. Lat. N.43°37'55"; long. O. 4°35'. — 10 h. 30 m. Le fond est rocheux. — On le rencontre à 375 mètres. 8° STATION. Lat. N. 43° 37’ ; long. O. 4°35'. — 11h. 10 m. La sonde accuse 618 mètres. La nature du fond varie peu. 9e Srarion. Lat. N. 43° 38’; long. O. 4° 35’ 30". — Le son- deur immergé à 11 h.37 m. rapporte de 985 mètres une vase verdâtre, ayant une grande analogie avec l'échantillon fourni par la première station. On remarque néanmoins — fait passé inaperçu au début — que ce limon est composé de deux couches: la première, très mince et ocracée; la seconde, épaisse et verdâtre. Le Travailleur gagne le large et se trouve d’ailleurs sous une latitude un peu plus élevée que celle où a été pratiqué le sondage de 1,019 mètres. Le soleil est très chaud. Les thermomètres influencés par la réverbération montent à 28° 3, près des tambours. L’eau est à 21°6 dans les couches supérieures, comme à la sixième station: elle est à 10°5 à 650 mètres de la surface, et à 10° au fond (985 m.), s’il n°y a pas d'erreur. 10° Srarion. Lat. N. 43° 40’ 35"; long. O. 4° 35' 20”. — On mouille la drague à 12 h.53m., par 946 mètres d’eau, en filant 1,250 mètres de corde. Elle glisse sur des fonds très inégaux et retourne à bord, à 3 h. 22m. du soir, remplie, au cinquième, de la vase à deux couches. Une foule d’êtres nou- veaux pour la faune du golfe de Gascogne, et plusieurs espèces inconnues, peuplent celle vase. A1 Srarron. On sonde de nouveau, à 4 h. 15 m. et le plomb descend à 1,670 mètres, sur un point très voisin de la 10° sta- tion. On file aussitôt une ligne sur laquelle sont établis des balais de bruyère et des fauberts en chanvre. Des Échinides, des Crustacés et une prodigieuse quantité de Foraminifères 76 LES FONDS DE LA MER. rameux du genre Rhabdamina s’embarrassent dans les brin- dilles et dans le chanvre et sont caplurés. 12e Srarion. Lat. N.43° 33" 30”; long. O. 4° 40' 30". — Pour terminer la journée, un nouveau sondage est fait à 40 b. du soir. Le Travailleur s'élant rapproché de terre, à 21 milles du petit port de Deba, le fond se relève et n’est plus qu’à 460 mètres. 20 Juillet. — 13° Station. Lat. N. 43° 3105"; long. O. 5° 09" 25. — Les opérations commencent ce jour à 4 h. du matin. Le suif dont les cuillères du sondeur sont enduites ne ramène que du sable. On est à quatre milles au large du cap Machichaco, par 128 mètres d’eau. Ces faibles profondeurs, chaque jour exploitées par les pêcheurs de la côte voisine, sont trop peu en harmonie avec la mission du Travailleur, pour que l’aviso ne regagne promp- tement la grande vallée qui lui a fourni des sondages de 946, 985 et 1,670 mètres. 14° SrarTiox. — Aussi, dès 5 h. 20 m. se trouve-t-on par 43° 36’ 30" de latitude N., et 5°23' 30” de longitude 0. Le sable redevient très vasard, c’est-à-dire que l’on reconnait le limon des grands fonds, et le brassiage indique 703 mètres d’eau. 15 Srariox. — Une heure plus tard, à 6 h. 45, par 43°42' de latitude, mais encore sous la même longitude, la sonde atteint 2,431 mètres. Décidément les indications des marins d'Hendaye et des caboteurs espagnols sont parfaites et plutôt au-dessous qu’au-dessus de la vérité, si ce n’est pas la verda verdadera qu'on nous a donnée, c’est du moins la verda. Le ciel est brumeux. Les relèvements sont pris à l’estime. 16° Srarion. Lat. N. 43° 42! 30"; long. O. 5° 21! 20”. — A 10 h., l'heure solennelle et quotidienne du second déjeuner, — on dévore, à la mer, et le maître d’hôtel du commandant est des mieux stylés, — à 10 h., une agréable surprise dispose favorablement les estomacs reconnaissants : l’aviso passe sur 2,651 mètres de fond! Vite la grande drague, elle s’enfonce à 10 h. 22m., explore largement la vallée, et ne LE JOURNAL DU BORD. fa. remonte qu'à 4 h. du soir, après avoir entrainé 2,900 mètres de fune. Pendant que l'engin fonctionne à l'arrière, un appa- reil plus petit est mis à l’eau par la hanche de bäbord. Les thermomètres Miller-Cazella sont descendus dans la mer. En un mot, le branle-bas est général. Aussi quelle belle moisson, que d'espèces nouvelles! On remarque, dans le nombre, des Crustacés aveugles. La seconde drague a très bien marché. Cest entre 3 h. et 4 h., au moment où les appareils reviennent à bord, que les observations thermométriques sont prises: air, 22°9; eau de surface, 22°2 (température de l'air); eau à 1,650 mètres, 1° 8; fond à 2,651 mètres, 1°6. La vase à deux couches tapisse toujours le lit de la vallée. 47e Srario. Lat. N. 43° 39! 30"; long. O. 5° 37 25”. — La -sonde indique, à 5 h. 45’ m. du soir, que le Travailleur passe au-dessus d’un versant conduisant à la côte et délimitant, au sud, la vallée. L’instrument s'arrête à 995 mètres. À 9 D. 1/2 l’aviso met le cap sur Santander. Une embarca- tion se détache de terre et hêle le Travailleur. On répond : Pilote ? Si Caballero ! Et le pilote monte à bord. Les timoniers, sur les tambours, jettent alternativement le plomb, à tribord et à bâbord. Bientôt des inégalités se présentent dans le bras- siage. Le pilote, qui n’est qu'un pratique inexpérimenté, hésite, et au moment où le commandant va se priver de ses services, le brave aviso touche sur un banc de sable. — Pas d'inquiétude malgré cela. 21 Juillet. — Le navire, remis à flot de bonne heure par le commandant, reçoit le pilote-major de la rade. — Le mal avisé pratique de la veille est puni disciplinairement par ses chefs. La journée se passe à ordonner les malériaux recueillis pendant les opérations précédentes et à draguer au chalut, avec un canot, dans la magnifique baie de Santander; on récolte ainsi diverses espèces méditerranéennes, entre autres un cruslacé, le Cyclope neritoïdes. 22 Juillet. — L'expédition reprend la mer le 22 juillet. A 2 h. du soir elle est à 35 milles N.-E. de l'entrée de Santander 78 LES FONDS DE LA MER. par le travers du mont Cerredo. Elle est allée reprendre l'exploration de l’immense vallée qui semble continuer la fosse de Cap Breton. 18e SrarTion. Lat. N. 43°44' 30"; long. 0.5° 58" 30". — La sonde indique à 2h.53 m., une profondeur de 2,259. Les godets ramènent une minime quantité de vase grise compacte, quoique grenue, quelque peu différente, par sa leinte, des dépôts de la région. 49e Srarion. Lat. N. 43° 46' 30”; long. 0.5° 56". —6h. 45 m. La dix-neuvième station se trouve un peu au-dessous de la latitude de Vieux-Boucau et sensiblement sur la longitude du cap ÀAjo. La profondeur augmente et atteint 2,708 m. Le limon du golfe tend à revenir à la base verdâtre et à deux couches. Autour de ce point le lit de la mer doit s’enfoncer au delà des limites indiquées par le plomb de sonde. L’instrument a seulement rencontré un monticule sur lequel il s’est arrêté, car une grande drague et une des petites, munie de fauberts, toutes deux mouillées de 5 h.35 à 6h., l’une en filant 2,950 mètres de corde, et l’autre, 3,500 mètres, reviennent vides à 9h. 25 du soir. Sur tout leur trajet, avant comme après le sondage, elles ont travaillé sans rencontrer le sol. 20e STATION. — Un peu d'incertitude existe au sujet de la 20° station. La nuit est venue. La brume s’est levée. Les feux de la terre ne s’apercoivent plus. Néanmoins le point ne peut être éloigné de la 19 station. A l'estime le Travailleur est par 43° 47' de lat. N. et 6° 2’ de long. O. D’ailleurs, le fil de la sonde, raccourci par suite d’un accident, a été épuisé avant d’avoir trouvé le fond, qui est au delà de 1,906 mètres. 23juillet. — 24° Srarion. Lat. N. 43° 38' ; long. O. 6° 29' 50". — 3 h. 30 m. du matin. La sonde descend à 1,204 mètres et rapporte de la vase à deux couches. Les dragues commencent leur travail. L’une d'elles ramène des grès très singuliers. 22 SrarTioN. Lat. N.43° 38° 30° ; long. 6° 29' 50". — Un nou- veau sondage est pratiqué à 6 h. du matin. Le plomb indique LE JOURNAL DU PORD. 79 1,353. Malheureusement le fil se rompt encore, et 1,000 mè- tres se perdent avec le sondeur. C’est le seul inconvénient des cordes en acier; une coque qui se forme suffit pour les briser. Une compensation à ce vif désagrément est fournie par une drague qui ramène un Flabellide rappelant une espèce de la mer des Antilles, forme décrite par M. de Pourtalés. 23° STATION. Lat. N. 43° 35' 30”; long. 6° 24' 25”, — Pendant que les dragues ne cessent de fonctionner depuis la 21° sta- tion etcourent, plusieurs heures, sur des fonds de 1,204, 1,353 et 1,107 mètres, les appareils Miller-Cazella, qui n’ont pu être immergés la veille, sont attachés à la sonde, à 9 h. 25, et l’un d’eux pénètre avec elle jusqu’à 1,107 mètres. Les observations thermométriques donnent les résultats suivants : température de l'air, à À h. 1/2, moment où on relève le thermomètre de fond, 22° 2; température de l’eau, à la surface, 10°8; température des couches profondes (1,007 m.), 5°. L’un des Miller-Cazella, descendu à 500 mètres, marque 16° 6. Cette indication doit être inexacte, l'index a été déplacé par une secousse, car la colonne de mercure est coupée. Le temps est toujours beau, cependant le ciel est légère- ment brumeux au-dessus de Gijon et du cap Peñas. Les sommets neigeux des Asturies percent le brouillard et forment à l’horizon un tableau ravissant que dorent les rayons du soleil. Du côté de la mer une flottille nombreuse de bateaux, — on en compte cent trente, — court dans toutes les directions autour du Travailleur. Ce sont des pêcheurs de thon : leur grand mât fortement incliné sur l'arrière, leur misaine de moitié plus petite que la grand’voile, les longues gaules sur lesquelles s’étalent, en dehors, les lignes de pêche leur donnent un cachet local. L’un des plus rapprochés de l’aviso lui offre ses services, le croyant en détresse. On le remercie et il s'éloigne. Midi sonne. Le spectacle qui se déroule sur terre et sur mer ne fait pas oublier qu’une grande drague, descendue après le coup de sonde, va bientôt com- 80 LES FONDS DE LA MER. mencer son mouvement de retour. On à filé 4,800 mètres de fune, l'engin a été complété par un poids de 75 kilogrammes fixé sur la corde, à 200 mètres de l'ouverture. Dans ces conditions, si aucun accident ne survient, les terres sous- marines seront littéralement labourées. La drague, qui a fonctionné à merveille jusque-là, s'accroche sans doute à quelque aspérité du fond, car l’accumulateur indique une tension considérable; le treuil de déroulement est ébranié par un choc violent; un accident semble inévi- table. Heureusement la fune résiste, et à 41 h. 1/4 l'engin, entièrement plein, s'étale sur le pont. Une rupture eùt été regrettable. Gette fois, au milieu de la vase habituelle, on reconnail un poisson des grandes profondeurs, et de nombreux Échinides, Annélides, Mollusques, etc., inédits ou peu connus. Durant les opérations, un Baleinoptère de forte taille se montre à quelque distance du Travailleur. Le bel animal se préoccupe beaucoup plus de sa nourriture et de sa promenade que de l’aviso. Il poursuit sa route, passe au-devant de nous, ne s’émeut pas d’un coup de chassepot, et finit par dispa- raitre. 24e STaTION. Lat. N. 430 32' 30"; long. O. 6° 30' 29". — 2 h. 35 m. On se rapproche de terre jusqu’à la distance de sept milles. Le fond remonte à 163 mètres, et le suif du sondeur ne retient que du sable, du gravier et des débris de coquille. II n’y a rien d’intéressant, sur ce point, à part la question d’orographie. 25° STATION. Lat. N. 43° 35' ; long. O0. 6°40' 30". — 4 h. 50 m. 312 mètres. Encore une profondeur médiocre, recouverte par du sable et du gravier piqué de noir. Les petites dragues ramènent uniquement des types de la faune littorale. Cepen- dant on s'éloigne de la côte. 26° Srarion. Lat. N.43°35' 30"; long. O. 6°48' 45”. — La sonde accuse 660 mètres, à 7 h. du soir, et du sable vasard. 27° STATION. Lat. N. 43° 37! 15"; long. 0. 6052". — 7 h. 55 m. du soir. Au moment où l'espoir de rencontrer de grandes LE JOURNAL DU BORD, sl dépressions renaissait, nous n’avons plus que 190 mètres d’eau, du sable et des roches dures. 28° Srarion. Lat. N. 43°39' 30"; long. O. 605445". 8 h. 30 m. 201 mètres de fond et du sable. 29e Srarion. Lat. N. 43° 40° 25"; long. 0. 6°58'. — 9 h. 20 m. 232 mètres. Toujours du sable et des roches. 30° SraTion. Lat. N. 43° 40' ; long. O. 7°6'. — 10 h. 47 m. du soir. 167 mètres. Sans cesse du sable gris, pointillé de noir, et des coquilles. 31° Srarion. Lat. N.45° 39! 30"; long. O. 7°11'.—11h.35 m. du soir. La dernière opération de la journée donne la profon- deur et les dépôts de la station précédente. Nous passons évidemment au-dessus d’un plateau immergé sous 167 mètres d’eau, ou au moins sur une ligne de faites. 24 Juillet. — Sortirons-nous enfin d’une situation fâcheuse et d’une région où le temps se perd et où les instruments s'usent sans résulla(s? JAUSTATION. Lat. N. 430 45": Jong. O. 70° 22' 30". — Le Travailleur court loujours, hélas! sur un plateau qui se prolonge vers le N.-0., car à 1 h. 20 m. du malin, la sonde indique, pour la troisième fois, 167 mètres et du sable qui est fortement piqué de noir. 39€ STATION. Lat. N. 43° 39° 30"; long. O. 7° 32". — L’aviso poursuit en droite ligne sa route vers l’O.-N.-0. du monde. Le plomb accuse 153 mètres. Il est 2 h. 35 m. 34e STATION. Lat. N. 43° 54; long. O. 7° 40! 30". — On constate, à 3 h. 50 m., 160 mètres d'eau et des dépôts inva- riablement sablonneux, qui sont composés de quartz roux ou blanc piqué de noir, et de débris coquillers mélés aux grains quartzeux. 99° STATION. Lat. N. 43057! ; long. O. 747" 30". — 4 h.55 m. 176 mètres : voilà ce que donne le brassiage! Le plateau (plutôt que la ligne de faites) rencontré depuis la 30° station, a décidément des inégalités de terrain bien moins sensibles que nombre de plaines exondées, puisque sur près de Reine 6 82 LES FONDS DE LA MER. trente-cinq milles marins, les différences de niveau n’excèdent pas 23 mètres. Le Travailleur est à 22 milles de la côte des Asturies, entre les hauteurs de Villa-Viciosa et de Gijon ; il va changer de route et regagner la terre. 36° Srarion. Lat. N. 43° 38! 30"; long: O. 7°41" 30% — C’est à moins de quatre milles dans le N. de l'embouchure du Rio de Villa-Viciosa, qu'est opéré, à 8 h. 45 m. du matin, le 36° sondage de la campagne. Le suif du plomb ramène du sable vaseux, gris et quartzeux, contenant des spicules, des paillettes de mica, et des débris calcaires; ces derniers pro- viennent plutôt de tests brisés et roulés, que de roches du voisinage. Le fond s’est en même temps relevé et se rencontre à 140 mètres. Comme il n’y a plus de doute sur le plateau que le Trawail- leur explore depuis la veille, on donnera à la plaine sous- marine le nom de l’aviso. Ce sera le Plateau du Travailleur, lequel part de la hauteur du mont Soberron, dans l'O. de Tina-Mayor, à 43 milles environ de la terre ferme, s'incline vers les grandes profondeurs de l'Atlantique et s'oriente dans l’O.-N.-0. autant que l’on peut en juger. En un mot le Plateau du Travailleur s'étend entre Tina-Mayor, et le Cap- Peñas et commence assez près du rivage, en face du Rio de Villa-Viciosa. 37e SrarIoN. Lat. N. 43° 38' 30"; long. O. 7° 35". — La moilié des jours octroyés au Travailleur est déjà dépassée, Il faut songer à la retraite. La moisson a été heureusement fort abondante; la plupart des bocaux sont remplis d'animaux remarquables, baignant dans l'alcool ou dans l’eau phéniquée. Rien ne dit aussi que de nouveaux matériaux d'étude ne se joindront pas aux premiers, pendant la seconde partie du voyage. On sonde à 10 h. 20 m. et le plomb descend à 396 mètres, ce qui tend à démontrer que le plateau du Travailleur s'éloigne de la côte devant la Pointe del Caballo. On est en ce moment LE JOURNAL DU BORD. 83 au-dessus de l’escarpement qui conduit à la plate-forme. La nature des dépôts sous-marins se ressent également du voisi- nage des Asturies; le sable est micacé et contient des éclats de phtanite et des grains de lydienne et de quartzite, 38° STATION. Lat. N. 43° 41’ 30"; long. O. 6° 43! — 9h. 25 m. de l’après-midi. Nous avons fait trente milles à l'E. 4/4 N.-E. depuis 10 h. 20 m. du matin. Nous sommes sous la latitude de San-Vicente de la Barquera, et par 1,495 mètres d’eau, avec la vase à deux couches dans le fond de la vallée. De nombreux pêcheurs se montrent encore autour de Paviso. 39e STATION. Lat. N. 43° 35° 15"; long. O. 6° 25’. — 5 h. du soir. Les grandes profondeurs sont de nouveau atteintes. Au brassiage de 1,495 mètres succède un fond vaseux de 41,190, que la drague explore brillamment en ramenant une espèce de crustacé très remarquable, du groupe des Dromiens, rappelant le Dicranodromia ovata (A. Milne-Edwards), de ja mer des Antilles, puis des Ethusa (E. granulata, Norman) très curieux par leurs pédoncules épineux provenant de la trans- formation des yeux, enfin des Calveria el probablement des fragments d’Astéride du genre Brisinga. Les thermomètres qui n’ont pas fonctionné depuis la veille, par suite des opérations mullipliées qu'a exigées la détermination du Plateau du Travailleur, fournissent les renseignements que voici, à 7 h. du soir : Température de l'air, 205; température de l’eau, à la surface, 21°6; température du fond (1,190 m.), 6°1. 25 Juillet. — La journée du 95 juillet se passe à Santander où le Travailleur est rentré, cette fois, sans encombre, la veille au soir. Santander est en fête. La Corrida de toros se prépare et les portes de l’arène sont assaillies, dès midi, par une foule compacte que n’effraie nullement un soleil digne des tropiques. À {a sombre, ou al sol, loges, galeries, gradins, tout est bientôt pris, ou pour mieux dire envahi, car specta- teurs et spectatrices de certaines places trop ensoleillées ne S4 LES FONDS DE LA MER. se font faute d'enjamber prestement le balconcillo supérieur. Pourquoi, aussi, tant de catégories nominales dans les sièges, tant de luxe réel dans les prix et de si maigres numéros pour les places? Enfin voici l’alcade qui vient gracieusement solliciter du souverneur les clefs de la ganaderia, c’est-à-dire du parc aux taureaux. L’alcade, monté sur une haquenée que son propre manteau recouvre jusqu'à mi-queue, forme le prologue de la pièce; les chulos, les banderillos, les picadores et l’espada se chargent des actes, entrecoupés de force musique, de hourras frénétiques, d’imprécations de tous genres, et de chapeaux, éventails et bracelets lancés à lespada, lorsqu'on ne hue pas l'acteur. Malheur néanmoins à qui manifeste extérieurement son émotion en voyant un cheval étique obligaloirement éventré par un taureau; plus de sourire! plus un mot parti du balconcillo voisin. Tel fut le sort d'un membre de l'exploration. 26 Juillet. — Nonobstant la course de taureaux, un comice agricole, l’inspection d’un marché au poisson des mieux: approvisionnés, et un feu d'artifice, tiré sur l'A'ameda, dans les jambes des spectateurs qui encombrent la place publique, on n'oublie rien à bord; les collections sont en place, le terrain est déblayé à Ja nuit, de telle sorte que le 26 juillet, à 3 h. 50 m. du soir, les opérations recommencent en mer. 40° Srarion. Lat. N. 43° 39' 50”; long. O. 5° 52! 30". — 3 h. 50 du soir. Nous sommes à 9 milles dans le N. du cap Quexo. L’eau est profonde, puisque la sonde descend à 1,910 mètres, et le fond semble rocheux, car les cuillères de l’appa- reil sont revenues faussées, avec quelques grammes de vase fine et à deux couches. &Ae SrarTion. Lat. N. 43° 39' 05”; long. O. 5° 48'. — 6 h. du soir. De 1,910 mètres la profondeur passe à 1,960 mètres. La vallée est toujours tapissée d'une couche de vase plus ou moins épaisse, et deux dragues lancées entre les deux sondages de la journée ont râclé le sol depuis une heure. Au LE JOURNAL DU BORD. 8) moment où on remonte la seconde la fure se rompt! Nous ne perdons pas seulement un appareil complet avec fauberts, vergues el plusieurs kilomètres de cordages, nos Miller- Casella, les seuls thermomètres à minima et susceptibles de résister aux fortes pressions, que nous possédions, sont restés avec la drague. Désormais la campagne est finie, pour la ther- mométrie! C’est un avertissement pour de nouvelles explo- rations. D’aiileurs les thermomètres ne doivent pas se placer le long d’une fune sujelte à de brusques secousses. 42e SraTiox. Lat. N. 43° 36’ 45”; long. O. 5° 50". — 40 h. du soir. Sans cesse des abimes et de la vase. La sonde indique 1,360 mètres. Il est vrai que les trois stations explorées depuis quelques heures sont disposées en forme de triangle isocéle ayant une base de 4 milles au plus, tournée vers Santander el le cap Mayor. &3e Srarion. Lat. N: 43° 35'; long. O. 5° 47! 35". — 10 h. 30 m. du soir. En se rapprochant de terre, un exhaussement considérable s’observe dans celle région. On n’est qu’à 3,600 mètres de la 42 stalion et la profondeur est réduite à 124 mètres, pendant que la vase passe au sable vasard. &4e Srariox. Lat. N. 43° 34! 30”; long. O. 5° 43" 30". — 11h. 30 m. du soir. Des grains assez rares de sable fin vaseux, parsemé de mica, sont ramenés de 203 mètres. 97 Juillet. — 45e Station. Lat. N. 43° 34'; long. O. 5° 37’. — 12 h. 40 m. du matin. À 10 milles de terre et par 149 mètres d’eau, nous trouvons naturellement du sable mêlé de vase. AGe Srariox. Lat. N. 43° 33' 30"; long. 5° 31! 15”. — 1 h. k0 m. du matin. Le sondeur s'arrête à 12% mètres, sur du sable et des coquilles brisées que le suif enlève et remonte à bord. 11 devient indispensalle de regagner le large pour draguer avec chance de succès. &7e SrarTion. Lat. N. 430 37'15"; long. O. 5° 29'30”. — A 3h. du matin la sonde s'enfonce à 1,21% mètres dans une vase très ocracée à la surface et qui semble chargée de Foramini- fères broyés, que l'on reconnait seulement au microscope. 86 LES FONDS DE LA MER. && Srarion. Lat. N. 43° 36! 30"; long. O. 5° 36° 10”. — &h. 18 m. du matin. Du sable vasard noir remplit le godet du sondeur, par 690 mètres de fond. 49e Srarion. Lat. N. 43° 38’ ; long. O. 5° 95° 15". — Le Travailleur, qui est revenu un instant vers l'Ouest et a repris position à la hauteur du mont Cerredo, court maintenant vers l'E. 1/4 N.-E. et va jeter le plomb, à5 h. 30 m. du matin, au delà de la 47e station. La manœuvre est récompensée : l’en registreur indique 1,100 mètres d’eau, et le plomb rapporte une vase verdâtre, un peu grenue au toucher, quoique liante et recouverte d’une couche ocracée. 50° Srariox. Lat. N. 43° 38’ ; long. O. 5° 15’ 25”.—7 h. du matin. L'infatigable sondeur descend à 1,083 mètres, au milieu du limon que nous connaissons. 5le Srarion. Lat. N. 43° 33! 20"; long. O. 5° 15'15". — 8 h. 4. m. du matin, le fond remonte à 313 mètres, parce que l’aviso s’est dirigé en droite ligne vers la terre, mais la vase à deux couches persiste encore jusque-là. 52e SraTiIoN. Lat. N. 43° 34" 15"; long. O. 5° 20" 35”. — 9 h. du matin. Une minime quantité de sable quartzeux grossier, roux et blanc, pointillé de noir, est ramené de 207 mètres, par le suif des cuillères. 53e Srarion. Lat. N. 43° 35’ 10"; long. O. 5° 45° 55”. — 10 h. 20 m, du matin. De la vase, par 661 mètres de fond. 54e Srarion. Lat. N. 43° 34' 20"; long. O. 5° 14 30". — 11 b. 95 m. Nous recueillons du sable, par 335 mètres d’eau, à 7 milles S.-S.-E. du cap Machichaco. 55° SrarTION. Lat. N. 43° 35! 35" ; long. O. 5° 6' 45". — Nous allons probablement retrouver les grandes profondeurs, car nous sommes sensiblement sous le parallèle des sondages de 690 mètres, 703 mètres et 1,360 mètres. Le plomb descend, en effet, à 1,081 mètres, à 2h. 10 m. de relevée. Le fond est naturellement vaseux. Nous caplurons un Crinoide : l’Antedon Sarsii! LE JOURNAL DU BORD. 87 56° STATION. Lat. N. 43° 36’ 35"; long. O. 5° 5' 30°. — 4 h. 2 m. Un instant après, un peu au N. de la précédente station, nous constatons 960 mètres, et la vase ordinaire des vallées sous-marines de la baie de Biscaye. Be STATION. Lat. N.430 39° 45"; long. O. 5° 5! 30". — 7 h. du soir. Vase, par 990 mètres de profondeur, et un second Antedon, ramené à 9 h. par la drague. 58 SraTioN. Lat.N. 45° 40'; long. O0. 4° 59! 40”. — Un dernier sondage est tenté dans la soirée. Le fil d'acier qui supporte le plomb et qui est réduit à 209%5, par suite d’accidents suc- cessifs, s'épuise sans résullats. Le sol n’a pas pu être frappé. Nous perdons là une donnée précieuse, car le Travailleur est presque arrivé à la hauteur où ont été pratiquées les opéra- tions de 2,400 mètres (43° 42' de lat.) et de 2,651 mètres (43° 42! 30" de lat.) 28 Juillet. — Une heure 30 minutes du matin. Bon quart devant ; les feux sont clairs ; bon quart derrière. Ce sont les hommes placés sur le gaillard d'avant, dans la hune de misaine et sur la passerelle, qui piquent le quart en même temps que la cloche. 59° Srarion. Lat. N.43°40' 30" ; long. 0. 4°30". — L’officier de service ordonne de faire préparer la sonde à 1h.35 m. du matin. À 2 h. 15 m. le sondeur remonte chargé de vase, après avoir laissé dérouler 1,200 mètres de fil d'acier. 602 Srarion. Lat. N. 43° 41' ; long. O. 4° 31. —3 h. 10 m. du matin. La profondeur est de 915 mètres. La vase est ver- dâtre et semble un peu moins ocracée, à la surface, qu’à l'habitude. Peut-être aussi est-ce un effet de lumière. L’échantillon est aussitôt embouteillé, on l’examinera à loisir. 61° Srarion. Lat. N. 43° 41' 15” ; long. O. 4° 23". — 4h. 30 m. On constate un fond absolument rocheux, à la profon- deur de 175 mètres. 62° Sration. Lat..N. 4044! 45"; long. O. 4° 22". — 5 h. 30 m. du matin. Quelles inégalités dans la nature des dépôts 88 LES FONDS DE LA MER. et dans le brassiage ! Dans l’espace d’un mille la vase à deux couches est revenue, et la vallée s’est creusée de trente-six mètres : le Travailleur navigue sur 211 mètres d’eau. 63e Srarion. Lat. N. 43° 46'; long. O. 4° 22! 15". — 6 h. 30 m. Sous 166 mètres d’eau, on rencontre des roches légèrement recouvertes par du sable quartzeux piqué de noir. Ce sable rappelle beaucoup celui de la fosse de Cap- Breton, qui s’ouvre d’ailleurs à moins de seize milles dans l'E.-S.-E. 64e Srarion. Lat. N. 43° 45! 15"; long. O. 4° 27° 45", — 7 h. du matin. Le Travailleur courant vers l'Ouest rencontre un fond vaseux de 750 mètres. 65° Srariox. Lat. N. 43° 46'; long. 0.4°27'30". — 8h. 30 m. Cette station qui avoisine la précédente, et se trouve à trente milles O.-N.-0. du rivage français de Cap-Breton, et par le travers de la rivière espagnole d'Orrio, est remarquable par son sable corailigène venu de 677 mètres de profondeur, et dans lequel on distingue des débris d’Oculine et d’Isis. La mer cache vraisemblablement, sur ce point, un petit sommet que la vase respecte et où les coraux se développent à l'aise. D'ailleurs une drague immergée à 7 h. et qui revient à bord à 9 h., est riche en Spongiaires, en Cœlentères, en Échino- dermes, en Mollusques et en Crustacés. Les Spongiaires fournissent des Holtenia et des Hyalonema, si voisins des Éponges en verre filé du Japon. Des Echinocyamus reprèsen- tent les Échinodermes; des Edwardsia et deux espèces d’Isis, les Cœlentères. Les Crustacés brillent au premier rang: ici, un Munida tenuissima, dont les veux étincelleraient s’il ne faisait pas grand jour; là, des Dorynchus, puis des Scyrama- thia, genre formé par M. Milne-Edwards, en réunissant les caractères de l’Amathia Carpenteri et de la Scyra umbonata ; voici d’autres merveilles : le Geryon tridens (Kroyer) des côtes de la Norwège, car c’est lui, très certainement, bien qu'on ne l'ait jamais encore signalé dans le golfe de Gascogne ; enfin, le splendide Gnathophausia z0oea du voisinage des LE JOURNAL DU BORD. 89 Acores et du Brésil, revêtu de sa carapace groseille. La faune des mers du Nord se confond avec celle des régions intertro- picales. 66° Srarion. Lat. N. 43° 46' 30" ; long. O. 4° 27'. — {1 h. du matin. Un fond vaseux, de 813 mètres, est venu en faible échantillon. 67e Srarion. Lat. N. 43° 38' 30"; long. O. 4° 98! 30". — Il n’est pas midi et le plomb de sonde s'enfonce néanmoins, pour la neuvième fois, depuis minuit, au fond de la mer, Il s'arrête à 1,160 mètres, après être descendu avec une vitesse de 186 mètres, suivant sa marche normale, et sous une charge de 39 kilogrammes (29 k. pour le boulet el 9k. pour lesondeur, indépendamment du poids du fil d'acier qui est d’un kilogram- me par mille mêtres). Une rupture se produit et le sondeur est perdu. Nous avons toutefois l'indication exactedubrassiage. Pendant que l’on prépare un nouvel appareil, une drague à fauberts va explorer la station. Elle revient dans l’après-midi, chargée de vase, au milieu de laquelle se trouvent des poissons, de magnifiques oursins, et, cetle fois, de splendides spécimens de Brisinga, que l’on ne peut malheureusement extraire entiers des houppes de chanvre où leurs longs bras cramoisis, mous, renflés et fragiles, hérissés de spicules, se sont embar- rassés. -L’expédition ajoute donc à ses richesses le bijou brillant (Brising) de la déesse Freya, suivant l'expression de M. W. Thomson, trouvé pour la première fois par Ch. Absjôürsen, dans les eaux de la Scandinavie, et probablement l'espèce décrite par G. O. Sars (B. coronata). Le Brisinga a encore laissé des fragments de bras dans les fanberts, de nombreux animaux restent dans les vases et dans les tamis, et cepen- dant la nuit arrive. Pour ne rien perdre de ces richesses et opérer un triage complet, on relâche à Saint-Sébastien. 29 Juillet. — 68° Srarion. Lat. N. 43° 32’ 35"; long. O. 4° 99! 45”, — 2h. 25 m. de l'après-midi. L'activité la plus grande règne sur le pont, on tamise toujours les restes des 90 LES FONDS DE LA MER. splendides vases venues de 1,160 mètres, et le sondeur repart. L'opération donne uniquement du sable vasard venant de 306 mètres. On est à 15 milles du petit ilot Mairruari, et les cartes indiquent partout de faibles profondeurs. Nous prenons, au chalut, divers poissons (Soles, Trigles, Raïes, etc.) et de nombreuses ÆHolothuries, parmi lesquelles deux sont nouvelles pour la science. L’aviso met le cap à l'O.-N.-0. et s'éloigne. 69° SrarTion. Lat. N. 43° 36' 30° ; long. O. 4° 37 15". — La sonde accuse 564 mètres, le fond est vaseux. Ilest7 heures. Une soirée splendide se prépare. Le chalut lancé à la tombée du jour laboure durant quel- ques heures des fonds de 56% à 600 mêtres maximum, on Île hale vers minuit. Une lueur remarquable apparait sous l’eau et augmente d'intensité à mesure que l'engin se rapproche. Une vive phosphorescence éclate de toutes parts dès que le filet émerge. Ce sont des colonies d’Isis qui répandent à torrent cette lumière! Toute la partie du sarcosome comprise entre les Zooïdes lance des éclairs d’une coloration vert pâle, et les jets lumineux redoublent lorsque l’on excite les polypes, en passant légèrement sur la manche d’un habit, l'axe rameux qui supporte cette population marine; le drap du vêtement devient même lumineux, par suite du dépôt de matière qu’il a recu. On réveille les dormeurs, on promène de cabine en cabine les intéressants Gorgoniens, et dans sa reconnaissance, L’Isis, poursuivant sa carrière, Verse des torrents de lumière Sur ses obscurs admirateurs. La clarté fournie par ces animaux est assez puissante pour que nous puissions lire dans le roufle du Travailleur, au milieu d’une obscurité naguëre complète. Ce sont des étin- celles, une pluie de feu, que l’on croit apercevoir dès que ‘on agite ou que l’on excite le rameau vivant. Quelle magni- LE JOURNAL DU BORD, 91 fique illumination doit produire au fond des mers, un banc de ces Gorgoniens! Les rêves de Jules Verne sont ici des réalités, et la réalité dépasse encore l'imagination. 30 Juillet, — 70° Srarion. Lat. N. 43° 37! 45"; long. O. 4e 50! 45". — L’intéressant spectacle que le Travailleur vient de gouter, fait lancer la sonde à minuit 29 minutes, le 30 juillet. La profondeur s’est considérablement accrue pendant les instants trop courts vouês à la contemplation des coralliaires ; le plomb descend à 1,743 mêtres et ramène de la vase, quelque peu différente, par son aspect, des terrains de la région. On l’examinera au jour. Il est trop tard pour draguer et on attendra au lendemain. 74e Srarion. Lat. N. 43° 37' 30"; long. 4° 96 35". — 11 h. 30 m. Les meilleurs engins sont de bonne heure sur le pont. La route faite par le Travailleur à porté le bâtiment de l'O. dans l'E., toutefois nous devons être toujours au- dessus des grands fonds. La première opération de la matinée démontre le fait. Nous comptons 1,143 mêt. d’eau sous laviso. La drague est remontée lentement à bord, sous l’effort du treuil. Quelle surprise! Lorsque la vase qui encombre l’appa- reil est versée dans les baquets, on aperçoit, vivant, un des plus rares Pennatulides des mers aretiques, un Umbellularia de la faune norwégienne. De beaux échantillons d’Alcyonium palmatum, var. pedunculatum et de Kophobelemnon, types que nous connaissons depuis longtemps comme habitant la fosse de Cap-Breton, accompagnent l'Umbellularia. 12/STATION Lat.uN. 49093! 45%: long. 0:29 49 105 — 3 h. du soir. La sonde s'arrête à 700 mètres. Quelque chose d'inusité se passe en ce moment; le retour de Pinstrument s'opère avec grande difficulté? Le boulet n'a pas déclanché etrevient sur le pont! Telle est l'explication de la résistance éprouvée par le treuil 13e Srarion. Lat. N. 43° 32’ 40°; long. O. 4° 13° 5". — 4h. du soir. Le sondeur ramène, de 440 mètres, du sable gris et des traces de coquilles broyées. 92 LES FONDS DE LA MER. 74e SrarTiox. Lat. N. 43° 35’; long. O. 4° 13' 5”. Un second coup de sonde, donné aussitôt après le 73°, indique 170 mètres et fournit du sable gris. 75° STATION. Lat.-N: 49303630 ;"long "0: 4048508 4h. 50 m. du soir. La profondeur passant à 422 mètres, la vase reparait. 76° Srarion. Lat. N.430 37! 30"; long. 0.401414". —5 h. 45 m. du soir. Depuis la 73° station, nous nous dirigeons de plusen plus vers le N. 4/4 N.-0. et vers la zone des abimes. Aussi, bien que nous ne soyons qu'à 15 ou 16 milles de l’embou- chure de l’Adour, trouvons-nous 822 mètres d’eau et de la vase compacte. 772 SraTioN. — 6 h. 30 m. Le plomb reste au fond, par 822 mèlres. Le brassiage de ce point est identique à celui de la station n° 76. Les deux stations se confondent d’ailleurs. Les différences de latitude et de longitude ne sont guère appréciables. 78° STATION. — 7 h. 20 m. du soir. Même observation au sujet du point. Le changement qui s’opère dans la profondeur des eaux (287 mèlres) et les mouvements d'une petite drague que l’on hisse indiquent, en outre, un versant sous-marin que remonte l'engin. 79 STATION. Lat. N. 43° 40' 15”; long. O. 4° 41! 10". — 10 h. du soir. Nous enregistrons 440 mètres de fond, et du sable. 80° STATION. Lat. N. 43° 4l' 25”; long. O. 4° 12" 95". — Un dépôt sablonneux, rencontré par 166 mètres d’eau, Il est 10 h. 45 m. 84° SrarTion. Lat. N. 43° 42! 95"; long. O. 4° 43145 — Minuit. Le dernier sondage de la journée accuse 140 mètres de fond et de la vase sablonneuse. Nous étions réellement, à 7 b. 20 m. du soir, au-dessus d’un versant et l'aviso passe en ce moment sur le sommet de l’escarpement. 34 Juillet. 82 Srarion. Lat. N. 43° 41" 45"; long. O. 4° 7! 45". — La dernière heure de la campagne sonne et le travail ’ 73 ñ LE JOURNAL DU BORD. 93 redouble. On drait que le commandant lient à faire l'oro- graphie complète de cette baie de Biscaye, aux accidents de terrain innombrables. L'officier de quart et le maitre Uimonier sont à la sonde, à À h. du matin, et notent 142 mètres de profondeur. Le godet du sondeur est rempli de vase grenue. Nous nous dirigeons sur Cap-Breton. 83e Srarion. Lat. N. 43° 40' 30"; long. 0.4°5' 30". — Une nonvelle opération pratiquée à 4 h. 25 m. donne 133 mètres d’eau et une vase identique à celle de la station précédente. Le sommet de l'escarpement atteint dans la soirée du 30 juillet est probablement la terrasse inclinée qui mène au rivage de Cap-Breton et dans laquelle une faille considérable a-formé la fosse. 84e SraTion. Lat. N. 43° 30' ; long. O. 4°5' 25". —.2 h. du matin. Toujours de la vase et peu de différence dans la profondeur (135 mètres). 85° Srarion. La. N.43°37' 40"; long. O. 4°5' 50". —3 h. du matin. Le brassiage descend à 373 mètres. Notre marche en zigzag nous a fait tourner le cap du côté de l'Espagne. 86° Srariox. Lat. N. 43° 35° 49"; long. O. 4° 4' 10”. — 3 h. 45 m. du matin. En changeant de direction pour obliquer dans le S. 1/4 S.-E., le Travailleur rencontre un fond vaseux de 615 mètres. Ce fond est exactement sur la route que suivit le bâtiment, le matin de son départ de Bayonne, avant d'opérer son premier sondage. 87e SrarTion. Lat, N. 43° 33! 55"; long. O. 4° 4! 20". — 3 h. 50 m. du matin. Dépôt de vase, à 130 mètres de la surface. 88e Srarion. Lat. N. 43°-33' 30"; long. O. 4° 2! 20". —4 h. 20 m. Du sable vasard et 120 mètres de fond. 89e Srariox. Lal. N. 43° 36' ; long. O. 4° 2° 20". — 5 h. 15 m. Coutinuité du sable vasard. Fond de 155 mètres. 902 Srarios. Lat. N.43°37! 15"; long. O. 402" 30°. —5 h. 25. Dépôts et profondeur identiques à ceux de la 8% station. On se sent encore ici sur le rebord de la terrasse conduisant au 9% LES FONDS DE LA MER. rivage français et que la fracture de Cap-Breton coupe profondément entre la 84° el la 87° station. 94e Srarion. Lat. N. 23° 38' 35"; long. O. 4° 2 415". — 5 h. 50 m. du matin. La sonde descend à 437 mètres et capte une vase molle verdâtre. 92e SrarTioN. Lat. N. 43° 39! 20"; long. O. 4° 1! 50". — 6 h.20 m. Vase molle, par 246 mètres. 93e SrarTion. Lat. N.43°39' 30"; long. 0. 4e 1! 10". —6h.35m. Les opérations se succèdent avec rapidité. On a sondé onze fois depuis minuit, la douzième sonde accuse 144 mètres d’eau recouvrant du sable piqué de noir et souillé de vase. 94e SrarTion. Lat. N. 43° 39' 30”; long. O. 3° 58" 50°. — 7 h. 14 m. du matin. Au milieu des changements de route qu'exécute si facilement le Travailleur, se trouve un grand fond de 574 mètres, où, par extraordinaire, la vase est simplement sablonneuse, au lieu d’être liante. C'est, à en juger par Ja position, la continuation de la fosse de Cap- Breton, qui donne ce dépôt. 95° Srarion. Lat. N. 43° 38° 20”; long. O. 3° 58' 45". — 7 h. 33 m. du malin. 135 mètres d'eau. Dépôts vaseux. Y6e SrarTiox. Lat. N. 43° 38' 15"; long. O. 4° 00' 20". — 8 h. du matin, 272 mètres d’eau et du sable vaseux. 97e Srarion. Lat. N. 43° 39! 5"; long. O. 4° 00! 40". — 8 h. 35 m. Des roches par 276 mètres de fond. 98 SrarTion. Lat. N. 43° 40' 25”; long. O. 4° 00! 40". — 9 h. 410 m. 44% mètres de fond et de la vase. 99e Srariox. Lat. N. 43° 40' 30"; long. O. 3° 58! 45". — 10 h. du matin. 327 mètres d’eau, avec dépôt de sable gris recouvrant des roches qui laissent leur empreinte dans le suif du sondeur. 100° SraTioN. Lat. N. 43° 40' 35"; long. O. 3° 58' 95". — 10 h. 45 m. du malin. Vase sous 435 mètres d’eau. 104€ Srarion. Eat. N. 43° 40' 30"; long. O. 3° 55! 25". — Vase verte à 337 mètres de fond. Les balises de Cap-Breton s’apercoivent nettement à 5 milles dans l'E. Ce sondage, LE JOURNAL DU BORD. 95 ainsi que le 99 et le 100°, se trouve sensiblement dans l'axe de la fosse. Des annélides des genres Sternaspis el Pectinaria, s’observent dans tous les dragages faits dans ces rarages entre 300 et 400 mètres. 102 Srarion. Lat. N. 43° 36' 53"; long. O. 4° 18'. — Le Travailleur abandonne Cap-Breton. Vers 4 heures et demie du soir, après avoir couru, en droite ligne, 17 milles dans le S.-0. il a rejoint la grande vallée où ont été pratiqués tant de fructueux dragages. La sonde accuse 1,120 mètres de fond et naturellement la vase verdàtre à deux couches apparaît en abondance. 103° ET DERNIÈRE STATION. Lat. N. 43° 35' 40”; long. O. 4° 15! 50". — La dernière opération de la campagne porte encore sur la grande vallée et donne un brassiage de 930 mètres. 7 heures sonnent au moment où le plomb descend. La grande drague, que l’on a lancée à la suite du sondage, après l'avoir garnie d’une vergue armée de fauberts, ne revient pas à bord. La fune casse à 800 mètres de l’appareil. Les grandes dragues sont positivement trop lourdes et com- promettent le succès des opérations. Désormais tout est terminé. En un clin d’œil, équipage du Travailleur a remis chaque chose à sa place. On ne voit plus sur le pont que la locomobile et les treuils, et, à l'arrière, les bigues. Nous attendons le lendemain pour rentrer à Bayonne, si la barre est praticable. En effet les eaux sont maigres, le temps est à grains et le ciel est menaçant. 4% Août. Depuis # heures du matin, le Travailleur observe le sémaphore. La mer est grosse, nous naviguons en vue de la Tour des Signaux, entre la Bidassoa et l’Adour. Plusieurs navires attendent comme nous le moment favorable. Enfin, grâce, par exception, au vent d'Ouest qui souffle depuis Ja veille, les eaux gonflent, et la barre de lAdour sera fran- chie. Les quatre chaudières de l’aviso chauffent à la fois; l'artillerie est roulée près du couronnement. Voilà le signal 96 LES FONDS DE LA MER. qui part de terre : 4"50 d’eau! Tout le monde sur l'arrière, Pas n’est besoin de dire que le mouvement est prestement exécuté : le commandant a parlé, l'officier de service a transmis l’ordre. Aussi passons-nous sur la capricieuse barre sans trop nous en apercevoir. À une heure, M. H. Milne-Edwards, arrivé le matin de Paris, monte à bord du Travailleur, en rade de Bayonne. Une foule compacte se presse aussi le long des quais, de même qu’au départ; mais où stationne la charmante volée de jeunes filles qui nous a tant salués le 17 juillet? Ce n’est probablement pas l'heure de la récréation! Avant trois heures la Commission a mis le pied sur la place d’Armes, et les collections sont débarquées. Quelques difficultés soulevées par les préposés vigilants de la douane ont élé promptement levées par l'administration supérieure, qui a rappelé à ses subordonnés le mot de Tallevrand: surtout pas de zèle! Nous sommes arrivés à l'épilogue. Les soins apportés par le commandant du Travailleur jusque dans les moindres détails de lexploration, son hospitalilté et les relations cordiales qui n’avaient cessé de régner, depuis le premier jour jusqu’au dernier, entre l’élat-major militaire et lélat- major civil, devaient entrainer, naturellement, une manifes- tation sympathique avant l'instant de la séparation. C’est pour cela que la Commission offrait, le soir même de l’arrivée, à M. Richard, à ses officiers et aux hôtes de la France, MM. Gwyn-Jeffreys et Norman, un banquet dans lequel les vins les plus exquis de la Gironde, de la Bourgogne el de la Champagne, sortis de l’un des meilleurs hôtels de Bayonne, cherchaïient à lutter — nous disons: cherchaient — contre ceux que le Travailleur avait emmagasinés dans son office. Il fallut se séparer. Ce ne fut pas sans de vifs regrets. Les derniers trains de la journée disséminèrent les membres de la Commission sur les points les plus opposés de la France, LE JOURNAL DU BORD. 97 en même temps que le brave Travailleur se disposait à regagner Rochefort. Ainsi se termina la première campagne organisée par la France pour étudier les grandes profondeurs de la mer; campagne que les naturalistes étrangers ont appelée la gloire scientifique de l’année 1880. | #y 9p sopuosos sonbyonb e,nb 88,4 uotw}s 07799 “orqunbivmor o8uSui IIOAB SUUS ‘IU GG ‘I £ V OJUOUEL ONSUIP UT CRRMERPL7 ARE Der SIDE TES € EU RS 20 Lo 9Anon *AY,p'AU9SINd9 980 [J art ‘AQIOT xu8 Jr u nb OUI EL 2Pp NEITIUL NE 07I8F “qui dO *SOPIA JUOUUPTAOZ S90ŸBIP XUI(T “aeSvuip oprpuords ‘2300 p9091 1 : ‘UOII OUQUUUL OU DPUOS ET ‘UT gp ‘U Z X OIQUILO0 JUOTASI ON BEIP CT *PUOY 2[ JUI97q8 ‘SNOILVAYASAHO *sa2N09 XN9P R 90915 95PA *Sa92n09 Xn9p e 9J92du109 2S2A ‘ANU2IS 2S115 2SLA *S2H2n09 XN9P E 2SPA *Sa42n09 XN9p v 99009 2SEA *AIJPPIOA 9SPA 9P S99PITL ‘a18p194 ‘ojoeduwu09 ‘‘uuOIqES 2SPA ‘JEnS ne 912])P {PS *S2y2n09 XN9P L 2SPA *Sa9n09 XN9P P 9J92/UW09 2SPA *Sa12n09 XN9P LE SLA *QAJPPA9A »IAJULT ‘0998190 190NS e[ {S2y2n09 Xn9p e 9J2P/W00 9SCA *212P{U09 91JPPI9A 9SEA *Sa20M ‘anu91$ 2SNAUU0IQRS 2SPA *919P(t09 91721194 9SLA “2190409 21JPPI9A STIS SA “91]PPI9A SH UN,P ‘912PÜU09 2SPA Re “IQ &Um e9) 108 195$ oG 106 186 0G 186 116 0Q 106 11G °G 166 06 106 166 08 196 C0 oG 10€ ,0% oÿ 106 166 0ÿ 10€ ,S6 0Ÿ 166107 166 07 108 166 0 1©6 v} 106 106 0Ÿ EG 167 07 ST 0Ÿ 106 4GT 0ÿ OYHTALIIONOTI & (12% og) — 9067 10€ 19% 0€ — 8028 10€ 499 °£Y — 60 10€ 16€ £Y — 66 10€ :GY 0£% ie Een LIT 108 9€ o£# — 602 160 T6 o£# CT COY 10€ 186 0€Y = 007 RENE 2e br age CF °€Y — 96 | 8€ °€9 — 986 | ILE °£9 — SI9 | LE 08% UC 19€ £y — 9/00 | 108 18€ 0€ SEE a0T EE 04 — Je | 106 19S 0E9 — 999 | 19€ °£y — GIOF | SE 0€y | ‘sont pst | N AGNIILV'I | "ANAANOAOYA | "26Upu0S *28V$PIP 19 952pu0S "28Ppu0S *2SLSLIP 19 9$PPU0S *25epu0S *25P$EIP 79 952pU0S ‘250pu0S *25VSP1PD 79 250pPU0S "NOILVUdO "1108 *U 0€ ‘A 6 "1108 ‘UM G4 ‘U 9 ‘110$ ‘U LG US “4108 ‘tu GT 4 6 “UTBUL ‘4 OF "JEU ‘U Cy ‘9 "JUL ‘U 08 ‘U G ‘AU ‘UT OR F “4108 ‘4 OF “LIOS *U CF ‘4 # 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Il faudrait même soumettre ces appareils à l’action d’une presse hydraulique spéciale avant de les employer. C’est en nombre aussi qu’il est nécessaire de les embarquer, n’en uliliserait-on que quel- ques-uns pendant l’exploration. Le meïlleur moyen d'obtenir rapidement, sur un point donné, des observations comparées de la surface au fond, consiste à fixer un thermomètre, de 300 mètres en 300 mètres, ou de 500 mètres en 500 mètres, maximum, sur une ligne de sonde en chanvre, chargée d’un poids considérable. La fune est ainsi garnie de quatre, cinq, six thermomètres. Or, que par un de ces accidents impossibles à prévoir et malheureusement trop fréquents, la ligne soit rompue, la série entière des instruments est perdue. Les thermomètres peuvent revenir d’une longue expédition, comme disparaitre le premier jour. La manière dont la descente s'effectue est encore impor- tante, autant pour la conservation des instruments que pour le résultat des opérations. Attacher les thermomètres à une ligne déjà surchargée d’une drague, est chose, nous le savons, TEMPÉRATURE DES EAUX DE LA BAIE DE BISCAYE. 103 des plus défectueuses. Toute secousse imprimée à l'appareil dragueur compromet non seulement le thermomètre, mais peut encore séparer la colonne mercurielle ou déplacer les index, en même temps que la courbe décrite par la fune ne permet plus d'apprécier exactement la profondeur. La marche du navire, durant le dragage, comporte toujours des incon- nues que l’on corrige seulement, dans les sondages, au moyen d’une sonde à grande vitesse et à fil d’acier. Une ligne de sonde établie à l'arrière doit être spécialement affectée, à cause de ces inconvénients, au service thermomé- trique, et sa vitesse de déroulement exige encore une grande modération, dès qu’on suppose que l’on approche du fond. Ainsi avec l'appareil à retournement de MM. Negretti-Zambra, le choc résultant de la rencontre du sol sous-marin a toujours occasionné des perturbations sous une vitesse de 100 mètres environ à la minute. Dans des conditions analogues, sous action d’une forte secousse provenant des dragues, les Miller-Casella, soigneusement comparés avant la descente et attachés, l’un à côté de l’autre près du plomb de sonde, sont revenus avec des écarts considérables. Les index s’élaient déplacés. Les difficultés que l’on éprouve pour fixer solidement, sur une ligne en fil d'acier, plusieurs thermomètres plongeurs, au moment où le sondeur descend, nous portent à croire qu'une fune ordinaire est préférable pour les observations simultanées. Les coques que ne manque pas de faciliter un amarrage Consciencieux, sur un tuteur aussi délicat, sont bientôt une cause de rupture et par conséquent d’insuccès, de dépense et de retard. Mais une corde de piano munie de deux thermomètres passés dans des œillets et superposés à deux ou trois mêtres du poids qui la charge, est certainement le dernier mot pour les opérations isolées, surtout lorsqu'un son- dage préalable a édifié sur la profondeur des eaux, et que le calme permet de descendre successivement le système à la distance que l’on désire. Alors plus de choc à craindre et une 10% LES FONDS DE LA MER. vitesse considérable qui corrige les déviations du navire. Il n'y à à considérer qu’une question de temps. Les commissions scientifiques embarquées sur le Porcupine, en 1869-1870, employèrent, pour leurs observations, le ther- momètre Miller-Casella. Le même instrument a rendu Île meilleurs services à bord du Travailleur, et les notes prises, grâce à lui, pendant la campagne, concordent parfaitement avec les données fournies par le Porcupine sous les mêmes latitudes. On peut reprocher aux thermomètres plongeurs de n’enre- gistrer que la plus basse température des couches qu’ils ont traversées et de laisser par conséquent de l'incertitude sur la tranche liquide où ils sont finalement arrivés. Les erreurs se corrigent généralement: d’abord sur une profondeur connue, l'accélération de la descente les évite en partie, et une succes- sion d'instruments placés de 300 mètres en 300 mètres sur la fune, ou bien des observations réilérées, à des distances doubles, triples, quadruples de la première, donnent d’excel- lents points de repère. La mer ne possède pas, ainsi qu’on l’a cru pendant long- temps, une chaleur constante de + #%°C., au delà d’une certaine profondeur. On observe au contraire, dans sa masse, d’admirables phénomènes de circulation thermique et, à part quelques anomalies, que l’on explique du reste, la tempéra- ture des eaux s’abaisse, de la surface au fond. Sous le 43° parallèle de latitude N., le Travailleur a vu le thermomètre descendre de + 21° 6 C. à + 1° 8 C., dans l'ensemble des observations. D’une facon générale, les tempé- ratures observées du 17 au 26 juillet, jour où nous fûmes désemparés, sont de + 20° en moyenne, à la surface; de + 11° entre 200 et 300 mètres; + 10°5 entre 500 et 800 mèé- tres; + 6° vers 1,000 mètres; + 18 à 1,650 mètres, et + 1°6 à 2,650 mêtres. En établissant, sous une forme synop- tique, les opérations telles qu’elles ont été faites, et en inter- calant, dans le tableau, les données correspondantes TEMPÉRATURE DES EAUX DE LA BAIE DE BISCAYE. 105 empruntées aux expéditions du Lightning et du Porcupine, on suivra pas à pas la descente du thermomètre sous l’eau, et on saisira mieux les points communs que présentent les divers travaux. Nous ne rapporterons ici que des indica- tions certaines, consignées par lun de nous et par M. Ville- gente, à l’arrivée des thermomètres sur le pont, et réduites seulement en degrés centigrades, les Miller-Casella portant la graduation de Farenbheit. Nous laisserons au contraire de côté les affolements du Negretli-Zambra et des appareils auxquels il a fallu renoncer. La marche incertaine des uns et des autres se trouve rappelée dans le Journal du bord. “ANOTTDADAT, 6060 + Gt + %r + 1698 196 160$ 106,070€7 “sig 0p org | OSST | GI Se « GET + 86 + C&LG 6Y°Fr 1FG9G = 6987 | 8H ‘ouunI104 « GYT + 88 + tarde ratra 1Y709G “onbrueriu ue990 | 698 | LE “(queuanat|) uewu£eq « 061 + YO — OSSI 007 oJG = LSSE | 97 *(uEu9INAT) 297 ‘d-'S « « LS + 068 CIEL 1980 ‘B9TIS-JIN9 np sAn0) | LYSE | GE | "ANO]UON DAT, « GG + GT + 0S9r 108,70S 108:870Ey “2Rvosrg op org | OSSF | YE “JOITPAQU") « Lo97 + 99 + LOI 1070 Ua, — LEST | £E “ourdn2404 « GloIlL + 6 + OZCI iLtoYE 11F08G “onbruerie ue990 | 6987 | GE N977 DADAIT, Go0G + JFG + 19 + OG6TE 18G19 uSTGG08Y *9ÂBISIY 9P ILE | O8SF | FE —= « oYI + + GSII 16DoYT 1L09G = 6981 | O0} “oun210 « GoG6E + DE YETE 108:6 6186 “onbruvrie ue990 | OL87 | 6 == 088 + S8T + + LOIT 18 YG09 10819606P — 0881 | 8 Eu « 918 + OF + S86 1081860 188087 = O88r “AN9V0NDAT, « 916 + Go0 + 069 108:S60F 186067 ‘2ÂLSIG 9P APE | OSSE | “autÜna10] « LOT + 2001 + L09 1YG6 Ce “onbruere ues0O | QL8r | & ce 086 + 978 + Go0F + gLG 108, E60y 18G,980EY F OSSI | y SA 6008 + Go6T + ie Ye£ 1680 10886487 = 088r | £ ANONOADAT, 086 + DS + JE + 00€ 108 6807 188 198087 “2ÂVISI 0p 204 | O88T | & ‘autdno40 « ISO ONEOT TETE wŸe8 1LV°6 10887 “onbriuerie 8900 | OL8Y [EH mn AE ER Ce EUR à CS SORA PR SP SR ER Re Ph" | SHNALVAYASIO FH ee PEER HMAIANOAOMd ‘O AUALI9NOT °N ZAQLILVT NOI94Y aA\AF AUNLVYAANAL | AUALVHAANAL | AUNLYUAdKRAL *PAON $979]1D404 :9G 9] 29 ,GE 9] 01U9 9NDHUCIIVI 2P XNE9 S9Pp NOTIIUE NE J9 998JINS CI & S02A49Sq0 Ssoimeoduo) sonbronb op onbndouis nvoIquE AIALANWNOMNMAMEHL OROGRAPHIE ET DÉPÔTS DE LA BAIE DE BISCAYE. 107 CHAPITRE V Orographie et dépôts de la Baie de Biscaye. Les cent trois opérations de sondages et de dragages, pra- tiquées depuis l’entrée de la Fosse de Cap-Breton, jusque par le travers du cap Peñas, permettent de donner des rensei- gnements généraux sur l’orographie du sol de la baie de Biscaye et des indications précises sur la nature des dépôts de la région. Près de Cap-Breton on rencontre, sur les grands fonds, les vases sablonneuses si souvent rappelées dans le second volume des Fonds de la mer, vases presque toujours brunes et à reflet verdâtre, plus rarement ocracées, contenant 8, 10, 15 et 18 pour cent de carbonate de chaux et revêtant, dans ce dernier cas seulement, une teinte cendrée après leur dessiccation. Ces vases se retrouvent sous 435 mètres, 437 mètres, et 615 mètres d’eau, jusqu'à une distance de dix à dix-huit milles dans le S.-S.-0. Elles conduisent vraisemblablement aux abimes de l'Atlantique, par une vallée d’abord étroite, qui se dirige en arc de cercle vers le sud, à partir de la hauteur de la Fosse, et s’élargit ensuite en remontant brusquement en ligne droite vers le O.-N.-0. Si l’on joint, en effet, sur une carte, les sondages de l'exploration du Travailleur, à partir de la profondeur de 435 mètres, trouvée sous la latitude N. de 43° 4035", et la longitude 0. de 3° 58" 25”, jusqu’à celle de 2,708 mètres, sous la latitude de 43°46' 30” et la longitude de 5° 56' 30”, on passe successivement sur des fonds de 435 à 615 mètres, disposés en un arc de 30° tourné vers Bayonne, À partir de là, au contraire, par 43° 35" 40” de latitude et 4° 4" 10" de longitude, la direction se renverse tout à coup, à mesure que l'élargissement de la vallée s'opère; en même temps, des 108 LES FONDS DE LA MER. profondeurs de 1,110 mètres, 1,148 mètres, 2,025 mètres, 2,651 mètres et 2,708 mètres, très sensiblement placées sur la même droite, conduisent dans la direction de l'O. 1/4 N.-0., au delà du 6e degré de longitude Ouest. Au S.-E. de ce tracé, c’est-à-dire du côté de la France et de l'Espagne, les chiffres accusés par le plomb de sonde décroissent en revanche rapidement, comme on peut s’en convaincre par l'examen du Journal du bord, et on cons- tate un relèvement du terrain menant à la terre ferme, sauf dans la direction des rivières espagnoles, car sur ces divers points le mouvement est moins caractérisé. Au nord de Cap- Breton, dans la partie restreinte étudiée par le Travailleur, on observe encore cette tendance générale au surhaussemenl: les instruments ne donnent plus que 216, 166, 140, 135 mètres. A l’Ouest enfin le plateau du Travailleur rejette les grands fonds vers le 44° de latitude Nord. Dès que l’on arrive à la grande vallée dans laquelle la fosse de Cap-Breton doit se déverser probablement, les dépôts se modifient. Le limon est toujours à reflet verdàtre, toutefois on y remarque aisément deux couches, à l’état frais; la supé- rieure mince, crémeuse et légèrement ocracée ; l'inférieure, plus dense, épaisse et réellement teintée de vert. La matière au lieu d’être grenue, ainsi qu’il arrive pour les sables vaseux de Cap-Breton, est généralement grasse au toucher. La chaux carbonatée est encore variable dans la masse, néanmoins c’est toujours au gris-cendré que les spécimens passent par la dessiccation. Cette vase desséchée se pointille à la surface, à la faveur d’efflorescences salines, ét scintille par la présence de quelques parcelles microscopiques de mica et de quartz, mais on y chercherait en vain les couches primitives; la teinte est devenue uniforme. On peut même dire qu'après quelques jours de conservation dans les bocaux, la peroxyda-" tion des principes ferrugineux et diverses réactions ont produit ce résultat, ce qui démontre la nécessité d'une observation attentive des matériaux, au moment de leur extraction. OROGRAPHIE ET DÉPÔTS DE LA BAIE DE BISCAYE, 109 Le caractère principal des dépôts de la vallée est de montrer sans cesse des Coccolithes. Ces singuliers corps sont plus ou moins abondants, mais constamment présents, au delà de 400 mètres, et leur nombre est alors indépendant de la pro- fondeur. Dans la seconde opération de la campagne (laL. N. 43° 36! ; long. O. %° 15"), c'est à peine s'ils apparaissent par 1,100 mètres de fond, lorsque dans la dixième (lat. N. 43° 40" 35"; long. O0. 4°35" 20"), ils fourmillent sous 946 mètres d’eau; semblable fait se reproduit dans la dix-neuvième (lat. N. 43° 4G' 30"; long. O. 5° 56), par le travers du cap Ajo el el 2,708 mètres d’eau. Si nous les avons vus rarement dans le sondage de 1,109 mètres, c’est peut-être aussi à cause de la position géographique, puisque à côté, dans la troisième opé- ration (lat. N. 43° 35' 25": long. O. 4° 13' 55" ; 666 mètres de fond), ils sont aussi clairsemés que possible. Nous sommes là, en effet, dans ce que l’on pourrait appeler le débouque- ment de la Fosse du Cap-Breton, à dix milles au plus de l'extrémité Sud de l'arc. Avec une profondeur de 573 mètres, mais à trente milles, en ligne droite, à partir de cette limite extrême de la fosse, les coccolithes reviennent au contraire avec une profusion qui n’est pas sans valeur. Les dimensions de ces formes d’origine peu connue altei- gnent, au maximum, treize millièmes de millimètre (0""013) de longueur, sur douze millièmes {0®"019) de largeur, pour les types elliptiques, et treize millièmes (0""013) de diamètre pour les types discoïdes. Une substance translucide les entoure fréquemment. C’est probablement une enveloppe de protoplasma. Des foraminifères nombreux, qui seront décrits en temps et lieu, peuplent aussi le fond de la vallée, tellement riche en organismes divers, qu'au bout de peu de jours, de larges taches noires ou d’un bleu noir métallique se montrent souvent dans les bocaux, à la partie externe des dépôts. Nous avons déjà donné les causes de ce phénomène. Tous les sondages compris entre 400 mêtres et 2,708 mè- 110 LES FONDS DE LA MER. tres, effectués entre la hauteur de Saint-Sébastien et celle du cap Hoyambre, à la naissance du plateau du Travailleur, ont ramené la vase précédente, aussi peu différente, à part trois exceplions, dans sa composition élémentaire, que dans son aspect physique. Les exceptions sont constituées par le passage manifeste du limon calcaire à la marne. Ainsi les dragages n° 10, n° 16 et n° 56 ont fourni des échantillons géologiques qui se fendillent plus ou moins, à la façon des marnes, au bout de quelques jours d'exposition à l'air. Les deux premières stations appar- tiennent à la ligne la plus avancée, explorée par le Tra- vailleur. [ (Station n° 10, lat. N. 43° 40'35"; long. O. 4° 35" 20"; prof. 946 mètres); -— (station n° 16, lat. N. 43° 42° 20”; long. O. 5° 21° 30"; prof. 2,651 mêtres)]. La troisième est à treize milles dans le N. 4/4 N.-E. du feu de Machichaco (lat. N. 43° 36” 35"; long. O. 5° 6' 30"; prof. 960 mètres), sur la partie qui semble former la muraille Sud de la vallée. Les observations faites pendant le relèvement d’une drague, lancée d’abord par 960 mètres d’eau, indiquent que l’instru- ment, en remontant à bord, labourait profondément le sol d’un versant incliné du côté de la terre. Au milieu de la vase qu’elles ramenaient chaque fois à profusion, les dragues contenaient, de temps à autre, des fragments de grès. Ces grès, recueillis et examinés aussitôt, sont en lamelles ou sous forme arborescente. C’est près du 6° de longitude, à 20 milles de l'ile San-Marina et de San- tander que les plus nombreux spécimens ont été récollés. Leur cassure fraiche ne fait pas un doute sur le lieu d’ori- gine. D'ailleurs, les aspérités de leur surface indiquent qu’ils n’ont pas élé roulés, et les fonds de 1107 à 120% dans lesquels on les rencontre, n’ont aucune espèce de gravier. A peine trouve-t-on, dans le limon du lieu, des éclats de roches schis- teuses, au moins aussi microscopiques que les paillettes de mica que nous avons Signalées. Ces grès ont ensuite deux couches : un axe compacte el bleuâtre, ou bleu verdâtre; une OROGRAPHIE ET DÉPÔTS DE LA BAIE DE BISCAYE. 411 enveloppe moins dure, ocracée et quelquefois argileuse. On les dirait formés par les dépôts meubles qui les entourent. Cependant leur composition ne répond nullement à celle de la vase environnante. Ils sont siliceux et très ferrugineux: elle est calcaire. De nouveaux dragages mériteraient d’être faits, à l’occasion, sur le point indiqué, car on doit se trouver probablement là en présence d'une formation gréseuse con- temporaine, sorte de réminiscence du grès vert de la craie. A mesure que le fond de la baie de Biscaye se relève en se rapprochant de la terre, ou que des crêtes sous-marines sur- gissent, de grandes modifications s’opêrent dans les dépôts. La vase passe au sable vaseux encore verdâtre, mais grenu. Les crêtes, sur lesquelles les sédiments ne peuvent demeurer, donnent asile aux Corallaires, comme lindique le soixante- cinquième sondage, fait sur le rebord de la vallée (lat. N. 43° 46'; long. O. 4° 27' 30"). Le suif n’amène plus que des debris d'Oculine et d’Isis, mêlés de rares grains de quartz. À 300 ou 400 mètres environ de la surface des eaux, les sables vaseux véritables remplacent la vase sablonneuse. Les dépôts sont bistrés. Les débris de coquilles apparaissentetles coccolithes diminuent pour cesser bientôt de se montrer. Sur le plateau du Travailleur, rencontré à la limite extrême du voyage, nous n'avons plus qu'un sable gris, rare, un peu micacé, pointillé de noir et mélangé de coquilles broyées. Mais nous savons que la profondeur n’est aussi que de 140 mètres, à six milles de l'entrée du Rio Villa-Viciosa, et de 176 mètres, à trente milles de là, dans le N. 1/4 N.-0., point où le plateau a déjà pris une pente marquée vers l'Atlantique. Cette faible profondeur relative et l'inclinaison du sol permeltent aux courants de balayer facilement le plateau et d'empêcher ainsi toute accumulation de dépôts. En résumé, l'exploration, après avoir suivi, sur une longueur de 80 lieues marines, les modifications lentes et graduelles qui s’opèrent dans les dépôts de l’entonnoir connu sous le nom de baie de Biscaye, a toujours rencontré, en 112 LES FONDS DE LA MER. s’avançant dans l'O.-N.-0., un limon gris-blanc passant quel- quefois à la marne et qui rappelle par ses coccolithes, ses foraminifères et ses grès, l’ancienne période crélacée, dans ses élages supérieurs : le crayeux et le glauconieux. Nous n’avons plus, désormais, pour terminer l’élude des dépôts de cette région, qu’à donner l'analyse chimique des principaux types ramenés par la sonde, pendant celte fertile campagne. Ar CONSTITUTION PHYSICO-CHIMIQUE DES DÉPÔTS. 113 CHAPITRE VI. Constitution physico-chimique des dépôts. Les dépôts de la fosse de Cap-Breton sont trop connus pour que nous ayons à nous occuper, de nouveau, des opérations qui les concernent. Sur les vingt-deux sondages opérés dans la journée du 31 juillet, vingt portent sur la fosse elle-même, sur son prolongement ou sur ses accotements. Les 102° et 103° seuls, pratiqués à 4 h. 30 m. et à 7 heures du soir, pendant le mouvement définitif de retraite, tombent sur la grande vallée qui conduit, par 50 lieues marines, au moins, vers le Plateau du Travailleur. C’est de cette vallée que nous parlerons uniquement, dans ce chapitre, au point de vue de la composilion physico-chimique des ter- rains, en négligeant encore les sables coquillers du Plateau, sur lesquels nous nous sommes déjà suffisamment expliqués. Nous remonterons, autant que possible, le terrain de l'E. à PO. sans nous préoccuper de l’ordre chronologique des opérations, et nous choisirons, de loin en loin, les types nécessaires pour l'intelligence du sujet. 4° Un fond vaseux de 422 mètres (station n° 75) se trouve d’abord sur notre passage, au moment où la vallée paraît se diriger brusquement vers l’O.-N.-0. La vase ramenée par la sonde est assez fine au toucher. Elle est formée des deux couches indiquées précédemment (p. 108). On y rencontre quelques fragments de Globigerina ou d’Orbulina, avec un petit nombre de coccolithes et de spicules, soit calcaires, soit siliceux. L’échantillon, conservé longtemps à l’état frais, a D: IN: 8 11% LES FONDS DE LA MER. noirci dans plusieurs de ses parties. La dessiccation lui a donné une teinte uniforme, d’un gris cendré relevé de fauve. Humidité, à + 1200 ...... Jdouoc nm ododvgor 8 » Matière organique animalisée........... MARNE LES Sels so:ubles enlevés par l’eau distillée [chlo- rures, sulfates (peu)]...... JOB O0 Do dan 4 Chaux carbonatée, avec coccolithes, spicules et fragments de Foraminifères............ 14, 20 Argile mêlée de sable fin quartzeux, avec silice libre et spicules siliceux....... .... 65, 50 Alumine et oxydes de fer provenant de l’argile. 4 » Phosphates terreux......... 1255 00086 (traces très sensibles) 98,70 (L. P.) 20 Des profondeurs de 1,019 mètres (station n° 2) et de 940 mètres (station n° 103) s'ouvrent à 2 milles en avant du point précédent. Ce sont aussi des vases verdâtres à deux couches que les appareils ramènent. Au début de la cam- pagne, celte particularité n'avait pas d’abord attiré latten- tion. Nous ne la signalâmes que le second jour et nous nous élions contentés de noter le premier jour, de la façon suivante, le type venu de 1,019 mètres : « Vase verdätre, dense, liante, très finement granuleuse sous les doigts.» La dernière de nos opérations s’est faile, fort à propos, dans les parages de la seconde, et a permis d'identifier les dépôts des deux points. HUMIQLES EC ere NAT 2 petit 8 » Matière organique animalisée .............. 4, 50 Chlorures afcalins et terreux, avec sulfates... 9,50 Chaux carbonatée, avec coccolithes et rares FOTAMINITÉTES 22.0. pese Dore 14, 50 Argile, avec sable fin quartzeux, silice et spicuies SIICEUX EME AM RENE Tee MODO 0 Alumine et oxydes de fer de l’argile......... 5 » Phosphates terreux... .,... isbodode 150 00 0 à: (LEE) 100 » (L. P.) La profondeur, comme on peut le voir, n’a nullement modifié la nature des vases; les analyses se calquent les unes sur les autres. L’homogénéité des matériaux est telle que CONSTITUTION PHYSICO-CHIMIQUE DES DÉPÔTS. 115 ceux-ci se réduisent, par la dessiccation à l’air libre, au même degré d'hydratation, et que les proportions des principaux composants, l’élément argilo-siliceux et le calcaire de toutes provenances, restent immuables. 3° Un fond de brassiage intermédiaire entre ceux que nous venons de voir, se rencontre par 666 mètres, à la gauche de celui de 1,019 mètres, mais un peu en arrière sur le bord . sud de la vallée, et probablement au bas du talus qui conduit à la côte par 170, 140, 62, 56 et 25 mètres d’eau. Le dépôt (station n° 3) se ressent du voisinage de l'Espagne; ses composants sont un peu- moins broyés, on va jusqu’à recon- naitre, au milieu d’eux, des parcelles de mica, des lamelles microscopiques de roches schisteuses; néanmoins son aspect extérieur ne change pas et sa composition s’écarte bien peu de celle des deux types décrits ci-dessus. iniGN Er Mono esse podee Son dnobe nie DU Matière organique animalisée ......,.,.,.... Dub Sels solubles de l’eau de mer........ rte 3 >» Calcaire (sans magnésie}), etc......,......... 16 » Argile, sable et roches, etc.............. NOTE AlimineretoxydesdeMfen erreur 4 2 PeLTESMELC es scene lens aus re APCE me 2 100 » (L.P.) &° En se rapprochant encore plus des côtes d'Espagne (station n° 5), il est facile de constater de nouveau quelques variations, mais elles sont toujours sans grande importance. Ici, la profondeur a considérablement diminué et l’on n’est plus, à proprement parler, dans la vallée, mais sur de pro- fonds ravins qui y aboutissent et où se préparent les dépôts du large, au moyen des matériaux fournis par les rivières de l’intérieur des terres. La vie sous-marine, qui semble, d’ail- leurs, très développée dans les environs, doit tendre encore à modifier le terrain en joignant à l’usure des côtes les dépouilles calcaires de nombreux animaux. C’est ainsi que nous passons de la vase au sable vaseux calcaire trouvé par 116 LES FONDS DE LA MER. 324 mètres, à 16 milles dans l’O.-N.-0. de Saint-Sébastien. La couleur verdätre habituelle est déjà bistrée sur l’échan- tillon frais; l'aspect général persiste, mais au toucher la matière est grenue comme la précédente. Elle passe ensuite au gris terreux par la dessiccation, au lieu de devenir gris- cendré, et elle contient vingt centièmes de chaux carbonatée, au lieu de quatorze ou de seize, nitliéonconoaoocsacdocouencuoedinondo ED 0 Matière organique animalisée.........,..... 2 » Sels solubles de l’eau de mer...........,... 2,50 Chaux carbonatée, ete ...... BOAT CN ONE 20, 50 Alumineehoxydes defense CI Argile, sable quartzeux fin, grenu, etc....... 67 » 100 » (L. P.) 5° On revient à la vase franche, lorsque l’on regagne le lit de la vallée. C’est du moins ce que semble indiquer le sondage fait dans le N. du précédent, par 573 mètres d’eau (station n° 6), et celui que nous examinerons à la suite. Nous lisons, au sujet du n° 6, les mots suivants tracés à bord comme première impression, sur l'étiquette de l'échantillon : « Jly a, entre ce dépôt et celui du sondage n° à, un passage marqué du sable vasard à la vase.» L'examen chimique a confirmé cette appréciation. D’un autre côté, les coccolithes apparaissent de nouveau, même avec une certaine abondance, ainsi que les débris imperceptibles de Foraminifères. Hume ec e-re ce be celie HoG Sn 0 2 008 07 Matière organique animalisée. ............. RAC Sels solubles des eaux de la mer........ se RAD Chaux carbonatée, coccolithes abondants, etc. 17,80 Alumine etoxydes de fer... 2.4.2... k > Argile et sable quartzeux un peu grenu...... 65 » Phosphates/terreux®.."......:1... eee esse (tTACRS)s 99,80 (L. P.) 6° La soixantième station de la campagne de 1880 est admirablement disposée, lorsqu'on la rapproche mentalement CONSTITUTION PHYSICO-CHIMIQUE DES DÉPÔTS. 117 des n°% 5 et 6, pour donner une idée exacte du terrain, à 48 milles marins, en moyenne, du groupe d'opérations fourni par les sondages n°% 75, 2 et 3. Tandis que le fond de 324 mètres, de la cinquième station, marque le bord sud de la vallée, les dépôts recueillis, à la sixième, sous 573 mètres d’eau, presque sous la même longitude, et ceux de la soixan- tième, par 915 mètres, donnent les terrains les plus au nord que les appareils aient ramenés dans ces parages, entre les hauteurs de Guetaria et de la petite île Mairruari. Si on veut bien se le rappeler, les trois points ont, en effet, la situation que voici : Station V. Lat. N. 430 33' 30”. Long. O. 40 32! — VI — 43036! 55" — 40 33! 20" — LX — 43040! 55” — 40 31! 50! On remarque sur cet arc de cercle allant du Sud au Nord, que l'éloignement de la côte tend à égaliser les proportions de sable quartzeux et d'argile; mais on voit, d’un autre côté, que le chiffre du carbonate de chaux augmente légèrement au lieu de diminuer. Ce sont probablement aussi les animaux marins qui produisent cette modification, ainsi que nous allons bientôt le voir, car cette chaux est presque pure, elle est exempte de strontiane et de magnésie. Suivant une expression que nous avons proposée, il y a plusieurs années, à propos de la magnésie, on pourrait dire que le carbonate de chaux de la Baie de Biscaye est zoologique plutôt que géologique. HOMIANTERP RE TIAN A ER ERREUR ALT RU ALE 51 Matière organique animalisée....... tte Ve TT. Sels soluble de l’eau de mer................. 2,50 Chaux carbonatée, avec nombreux coccoli- LINE OR EUOAS TEE TMS DA DEEHA A SRADE ét VER Alumine et oxydes de fer................... 2,50 Arsilee/sablequartzeux.-...-.--".--ce-rcr 65 » BROSDRAE SEINE EE ieailele elcietslers (traces sensibles) 100 » (L.P.) 118 LES FONDS DE LA MER. 7° L'opinion que nous venons d'émettre, relativement aux proportions de calcaire trouvées dans les types ramenés par la sonde, aux stations n°5, 6 et 60, s'appuie sur les dragages pratiqués aux environs de ces points, dans les opérations ns 9, 40, 41 et 60, et dans la station 65, située plus au nord. Les opérations de dragage ont presque toujours donné de nombreux animaux appartenant aux classes des Foraminifères, des Bryozoaires, des Corallaires, des Échinides, des Mollusques et des Crustacés. Ainsi la station n° 10, située à 4 milles seulement dans l’0.-S.-0 de la 60° et particulièrement citée dans le Journal du bord (p. 75), pour l’exubérance de sa vie, ressemble absolument à cette dernière, sous le rapport de la composition chimique de ses dépôts. La profondeur, quoique plus consi- dérable (946 mètres), n’a amené aucune variation dans Îles composants de la vase, néanmoins ceux-ci se sont différem- ment groupés, car les types prennent, par la dessiccation, une apparence marneuse. HUMIAE PM MN RTE Eee ee MR RATE Toni Matière organique animalisée...,............ 3 » SELS SOUDE PP EPPERELC LE cer rCece SOA Eh p Chaux carbonatée (nombreux coccolithes, éclats de Foraminifères, Bryozoaires, etc).. 21,49 Alumine ettoxydeside fer... ceeees 2,50 Argile etisable quartzeux -:.......-..:..0.1 64 » PRDSDIHATESILELRTEUXPE EEE rer cCe (traces très sensibles) 99,92 (L:P.) A la suite de la 10e station nous pouvons rappeler que la 65e, citée plus haut, n’est qu’un sable coralligène en grande partie formé de débris d’Oculine et d’Isis, etc. (voir p. 88). 8° Un gisement de Polypiers ne pouvant qu’enrichir de calcaire les environs de son domaine, on ne sera donc pas étonné de retrouver dans la 69° station, la même quantité de carbonate de chaux que dans la 10°. Là se rencontrent ces colonies d’Jsis, à la phosphorescence éclatante, qui nous charmèrent toute une nuit. CONSTITUTION PHYSICO-CHIMIQUE DES DÉPÔTS. 119 HMOAALE See eee eee tee AOC 00 BU ASE Matière organique animalisée.......... don o te EE SCISSDIUDIES REA RATE, US Ar aber 00 2 Chaux carbonatée avec nombreux coccolithes EMA Id COPATAITÉS ME. Sen ee ses scseroe 21,40 Aluminetettoxydestdesten rem M RER Dr Argile et sable quartzeux ........,.... Dhetot 63 » Phosphates terreux..... 120008000000 00e 1 (ILACES) 99,40 (L. P.) 9° La 96 station de la campagne se trouve vers le milieu de la vallée, à distances presques égales de la 10° et de la 6%, par 985 mètres d’eau. Il semble que sa vase devrait être aussi riche en carbonate de chaux que les deux autres, et cepen- dant il n’en est pas ainsi. L’anomalie ne s’explique pas. Nous nous hornons à la constater. HUMIDE ane eee Nues Me 8,50 Matière organique animalisée ....,., HONG 4 >» SELSISOLUDIES PRE RENE SR OA 3,50 Chaux carbonatée rt... AA CDS 13,50 Alumine et oxydes de fer ....,......... see OT 2 Areile et sable QUADIZEUX cer 65 » 99,50 (L. P.) 10° La vase verdâtre est encore grasse au toucher, quoique un peu grenue, à la douzième station, bien que la profondeur ait diminué (460 mètres), et que l’on regagne l’accotement sud de la vallée. Les coccolithes et les spicules sont aussi très rares, et les Foraminifères, moins abondants. Humidité ee .r 0. D HO DONNEES Ésédee 11,50 Matière organique animalisée............ 200 DEIS SOIUDIES Anne cr sta else tale ne die ee & >» Chaux carbonatée...... Jotoodop oc Taooc 174 Alumineletoxydestdeten tee... ser AL Hs Argile et sable quartzeux ............... LOIR 100 » (L. P.) 41° Afin d’abréger une étude, dans laquelle nous n'avons, pour ainsi dire, qu’à suivre des modifications sans importance 120 LES FONDS DE LA MER. réelle, et à nous répéter, par conséquent, à chaque instant, nous nous transporlerons immédiatement au delà du 5° de longitude E., par le travers de Portugalete. La station n° 4% nous donnera toujours, en dépit de la distance, des vases verdâtres à deux couches, liantes et garnies de Coccolithes. HUmMIAITé ses -resrceereer Bd dn SHDBLE te 70 Matière organique animalisée............,.. à Sels solubles. ....... Has ibpocenndedéeuat 2 % Chauxcarbonatée..e.-20---.rpee-ec-reccrre 18, 60 Alumineetioxydes de fer. here --ec.ts 2 Argile et sable quartzeux, etc .............. 67 » 99,60 (L. P.) 120 La station n° 16, au large de la précédente, concerne l’un des sondages les plus considérables que le Travailleur ait exécutés en 1880. Sous 2,651 mètres d’eau, nous revoyons sans cesse les dépôts déjà si connus. Rappelons toutefois la tendance à se fendiller, qui, au premier abord, donne un caractère marneux aux vases de ce point. HOME eee mesh rene crc rererepere 10, 30 Matière organique animalisée.............., 4,80 HSEISISOIUDIER Reset cercte-ceer--cMebre 2 » Chaux carhonaléb ester Rec ectece es-rot 19, 50 Alumine et oxydes de fer......... secte eee 8 » Argile et sable quartzeux ......... RARE 09 D Acide phosphorique..... on co ua bane ac 0,46 100,06 (L. P.) 13° Volons rapidement au-dessus des flots, jusque près du 6° degré de latitude N., pour examiner la composition des dépôts à deux couches de la 19 station, plongés sous 2,708 mètres d’eau. Rien de particulier ne nous frappera, si ce n’est des traces de magnésie calculée à l’état de carbonate, mais peut-être issue des chlorures et des sulfates, el provenant alors d’un lavage insuffisant de la prise d'essai, à l’eau distillée. CONSTITUTION PHYSICO-CHIMIQUE DES DÉPÔTS. 121 MES MESSoo Ce ootoeniooo be 2er MaHéleroNCanIQue- 2-2. eee CPE MATOS 3 » SOLS SOUDE SE SE me Eee soie ele Érbboc 2) Chaux carbonatée, avec nombreux coccoli- DES MO IC Re ne ne esse are non 0 ASC 17,20 Magnésie carbonatée...,......,,.,. der aie ei se OS E) Alumine et oxydes de fer........,.. RER RME STE Argile, sable quartzeux et silice...... es 260 PP Phosphates terreux ...........,4.,%.,... (très sensibles) 100 » (L. P.) 14° À 28 ou 30 milles au delà, en pleine vallée, et par un fond de 1,107 mètres, nous arrivons à la 23e station, qui, par un de ces mouvements en Zzigzag, si fréquents dans les voyages comme le nôtre, se trouve sur notre chemin de VE. à l'O. avant la 21°. La vase verdâtre continue toujours, et nonohstant la pro- fondeur on y constate des parcelles de mica broyées. Les débris de Corallaires et les spicules sont assez fréquents, et les Foraminifères se reconnaissent encore dans les 10 gram- mes de matériaux ramenés par le plomb de sonde. Hu dité RE erer came menées arche 8 » Maire OS ANIQUE eee eh rene 3% DÉISÉSOIUDIeS ee ie de enis ent e sets 4 Chatkicarbonatte Me NRA 19060 Alumine.et oxydes de fer... ........,...., De er Argile, sable quartzeux et silice ............ 63 » Phosphates terreux ......, TSÉDE DOS CD So (très sensibles) 99,60 (L. P.) 15° Comme dernier échantillon, nous prendrons la station n° 24, remarquable, non point seulement par l’uniformité de ses dépôts, mais par ses grès. Nous sommes arrivés, d’ailleurs, à la hauteur de la pointe de Calderon, et à 35 milles environ du Plateau du Travailleur, limite extrême de l’expédition. La composition des vases rappelle absolument celles des types n°% 6, 12, 19, quelle que soit la distance considérable qui sépare les trois stations l’une de l’autres. Nous avons, en 122 LES FONDS DE LA MER. outre, à noter la présence de nombreux Coccolithes, soit circulaires, soit elliptiques, généralement entourés de proto- plasma. Humidité..... Hinobioanione noue das rat 9 » Matière organique animalisée......... FOR 4 >» Sels solubles...... Sao eo 0 00 AA Ado pe nu te) Alumine.etoxydes detfer.. AMEN ner 2% Chaux carbonatée, nombreux coccolithes, etc. 17,80 Argile, sable quartzeux, silice .,............ 62 » 99,80 (L. P.) Les grès verts, que l’on brise avec la drague, et qui revien nent au milieu des vases, sont presque uniquement formés de sable quartzeux, agglutiné par un limon ferrugineux. Humidité Fer cer esse sectes see RO Oxydesideïen..-rcheleceesee Hinadse SL AS Vi Sable quartzeux..... ecnoess don on 78 limontareileux--e.2.-...-. arr ace os tienS Pertes (probablement de la silice)........... 38 100 Y 2 (UP) Après avoir exposé isolément la constitution de ces quinze types (1), pris par groupe, sur cinq points différents de la vallée, depuis la sortie de la Fosse de Cap-Breton, jusqu'aux abords du Plateau du Travailleur, nous allons réunir les analyses en un tableau synoptique qui clôturera la partie géologique du voyage, et nous permettra d'aborder, sans interruption, le côté zoologique. (1) Indépendamment des grès. “anbliplgioqo aproe,] red seonbeye sort£ie sop jueuoaoid oo1qis ej e apnofe,s auquy ous op aguenb aurai eug (ç) “A[[9JU9p1998 919-1094 (y) *Sa1189[9 so[notds 9p J9 Sa49/urwn10,r 9p ‘S2/71709007 ep surow no snjÜ jueuoquo”) (e) ‘197 ap epAxombsos ep 39 epAxoosd ap a$uejout un eanoxy os sjonbse] suep 39 ‘onbrapAqioqo opror, sed sajr$ae sop onbeyje,] op jueueaoid xner193e (z) *XN91497 J10S ‘SUI[EIIE 110$ ‘SJUEPUOGE SUIOU S9J8J[NS 9948 ‘XN9119} S9INIOIU9 J9 SUIJEO[E S9AN1O[U") (y) 0%°66 |* “00F/09°66 « °007,90°00F|09"66 0G°66 |08°66 |« “O0! L3 a1qsu98 a « ajqISues | ajqisuas | U « ajqisuos |97 ( CREr € « 9]qISu9s sa1} Sa} S917 « |-sooenl‘sooen & fau frrererressessssssssssssese ynego ee gu1quo9 juawerqeqoid ‘onbraoydsoqd aproy le cg |« cg la cg [« gg |« 29 |» 09 |« z9 L9 |« 99 108 9 |'(e) aorçis 9 sognords ‘xnozrenb ejqes ‘ar81v CON DA CIO LT CET CE CE | (1) CC ON CCC OO CIC EC CT OO CE EE EC OO RON SOS DUO) EE ne) EE A Où %1 |0% 1& |« à |09 67 108 LY |08 LE |0S Gr [09 87 |* LE |èr 1è [06 67 [08 ZY |0G O8 |« 97 [06 #7 |°°""""*"*""treeete*(e) ogjeuoqies xneqn) COTON CN SE | LOTO LOS TO ST CT NC NC TO ON OO OO OO OO eo tn « QG « A as co _— © # de] R Me] Le) 1 Le) ST RCA) CET EN RE EE PTS IUT ON TENTE LCR CE PET SN SN NT A QC OT ON le mi CR ES ÉTOUTE RONA A OMIS NIUSIE (CS (NE cac € 7 (ae € 7% (2h, 08 7 CB 0) 06 & (ENT € CHIC CE UNE 06 7 LPSC) *29SI[EUIUE anbrueg10 9J91)EN DR SN LG On SC SE CSG AT TS GRO TEEN | GREEN CN ESS ENONCE GP Le Sc RUES CE RS CES ET TO TULDEL FT moy | uÿ9G | WCIG |ulOV F|ut0S | m80L E|w1E9 | w£OL | w099 | 96 | MG | wELG | wYÈE | u999 |w60'} SLoN | 690N | O9N | €SoN | IGN | 6L0N | 9ToN | PIoN | ZLoN | OLCN | GoN | 9N | GoN | €oN | ZoN ‘OSSE 9 ‘OÂUOSI 9P 9IUH CI 9P SJUIOA SI9AIP ans SOIION991 soseA sop onbrungo uorisodwos ej op onbrndoufs nvojqe x 190 TO HO 124 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE VII. Les Rhizopodes réticulaires. Les espèces zoologiques recueillies dans la campagne du Travailleur consistent non seulement en types immédiate- ment extraits des engins, dragues, filets, fauberts, etc... ou triés aussitôt après le lavage et le tamisage des vases, mais aussi en spécimens restés dans le résidu des tamis. Nous allons étudier les Rhizopodes provenant de ces divers lots. Après mûre réflexion, quels que soient les travaux qui aient ébauché la question, nous pensons qu’il vaut mieux prendre le sujet ab ovo et le développer en le considérant comme nouveau. Cette méthode aura naturellement linconvénient de présenter plusieurs espèces en synonymie; en revanche, il nous semble qu’elle aura l'avantage de mettre mieux en lumière les richesses des fonds explorés. Les différences que présentent les séries et les types seront aussi mieux perçues, et on constituera plus facilement un ensemble. En examinant les êtres du fond des mers qui sont apportés par la drague, on aperçoit, reléguée au dernier rang de la chaine animale, une matière gélatineuse informe, sans pro- tection et sans défense contre les vicissitudes de la vie. Cet organisme rudimentaire, l’une des formes les plus simples des Protozoaires, le Bathybius (?) probablement, apparaît dans diverses conditions représentant sans doute les premières étapes par lesquelles la matière organisée passe pour arriver aux types supérieurs. Si l’on veut apprendre quelque chose sur cette gelée vivante (Dujardin), c’est à bord même des bâtiments explorateurs et au moment où les dragues ramènent les maté- riaux sur le pont, qu’il faut la soumettre à l’examen. Alors il est permis de reconnaître, en observant un grand nombre d'échantillons, des caractères qui font distinguer les types les LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 195 uns des autres. L'étude faite à terre, après la conservation de la matière dans les liquides alcooliques, a au contraire pour conséquence de dénaturer celle-ci, en précipitant au moins avec elle des sels de chaux qui semblent, dans ce cas, faire partie intégrante du sarcode. On remédie toutefois à cet inconvénient en usant de diverses préparations conserva- trices, telles que la liqueur de Muller, l’eau phéniquée, etc. En comparant alors les spécimens traités par ces moyens, on finit par retrouver leur véritable nature. Si nos observations sur ces organismes n’ont pas fourni des résultats absolument satisfaisants, elles aideront néanmoins à la recherche de leurs transformations, car quelles que soient les espèces qui résulteront un jour de cette ébauche, on peut dire déjà que l’on entrevoit les phases par lesquelles le protoplasma arrive à la vie manifeste. C’est sans doute pour se protéger contre les périls qui l’environnent et pour se sous- traire aux chances de destruction auxquelles il est sans cesse exposé, que nous le voyons d’abord passer d’une complète nudité à un revêtement progressif : comme première élape il se fixe par un ou plusieurs points, sur une Globigérine, sur quelques spicules, ou sur quelques grains de sable; ou bien la petite masse sarcodique s’arrêle sur un corps plus considérable, suffisamment grand pour lui servir de bouclier et le cacher entièrement; ou bien encore elle entoure le corpuscule comme s’il devait lui servir de squelette interne; quelquefois enfin on la voit s’envelopper résolument de vase ou se recouvrir de sable. Le protoplasma ainsi fixé ou recouvert adopte des formes d’abord tout aussi incohérentes que celles de la matière nue, puis le progrès s’accuse, non seulement par les contours, qui se caractérisent, mais aussi par des changements dans les procédés d’agrégation. L’abri protecteur se trouve, en premier lieu, cimenté par une matière des plus rares, suffisant à peine à maintenir l’adhérence des particules qui le composent. Mais si faible que soit ce ciment, on doit y reconnaitre un progrès 126 LES FONDS DE LA MER. dans l’organisation de la matière. La construction semble indiquer que le protoplasma se trouve déjà en possession d’une fonction. Dans ce nouvel état, d’autres modifications se succèdent rapidement, les formes deviennent plus aptes aux relations extérieures, elles accusent une tendance caracté- risée à moins s’écarter des types initiaux. En même temps elles deviennent plus nombreuses. On peut alors plus aisément apprécier les lignes qui arrêtent leurs contours et noter les différences que présentent la structure et la composition des tests. Voilà donc la série qui se dessine. Elle aura pour point de départ le sarcode nu et passera de là au sarcode qui s’appuie sur un corps étranger, puis à celui qui s’enveloppe, pour arriver plus tard aux Foruminifères supérieurs. Si nous ne pouvons positivement dire que nous connais- sons le premier terme du groupe qui s’enveloppe, et si nous ne pouvons assigner à chacun de ceux que nous avons à signaler, le rang positif qu’il doit occuper dans la série zoologique, nous avons au moins Ja possibilité de classer l’ensemble d’après les relations que les types montrent entre eux. De plus, pour reconnaître la supériorité ou l’infériorité re- lative des spécimens, quelques faits sont à considérer. Nous croyons que l'organisme s’élève à mesure que la faculté d’agréger les corps étrangers donne plus de solidité et de fini aux tests. Les tests en effet paraissent d’abord n’exister que par l’effet d’une agglutination si simple et si faible qu’ils se désagrègent avec la plus surprenante facilité. S'ils deviennent peu à peu résistants, forts et solides, la différence provient certainement de la puissance d’agrégation du sarcode. Natu- rellement plus celte faculté est développée, plus l'organisme est élevé. Il est donc bien simple de se rendre compte, par comparaison, des positions relatives que doit occuper un ensemble de ces tests. Dès que les formes sont assez caractérisées, les nuances D LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 197 échappent souvent, et nombre de types peuvent être placés au même rang, si on ne considère que leur cimentation. Sans prétendre que l’on puisse bien encore exactement juger la question, nous croyous que dans l’état actuel il faut néanmoins s’aider du plus ou moins de régularité des formes, de leur perpétuité et enfin du choix des matériaux. L’arrangement est tel qu'on supposerait qu’il résulte de Pexécution d’un plan scrupuleusement suivi. Ce n’est pas seulement la nature de l'élément, qui a déterminé le choix, ce sont aussi les dimensions exigées pour que telle pièce puisse occuper telle ou telle place et s'adapter aux formes que doit recevoir la muraille de recouvrement. Il n’est point difficile de reconnaitre que dans la construc- tion de certains tests, il y a, positivement, comme nous venons de le dire, élection de matériaux. Celle élection se dévoile d'elle-même sur les Rhizopodes exclusivement composés des mêmes éléments, invariablement disposés de la même manière et uniformément reliés entre eux. Ainsi, si on examine attentivement un des types qui sont formés de grains de sable assez fins et assez ténus pour constituer une pâte avec le sarcode, et parfois une sorte de feutrage, on verra que celte pâle ne renferme aucune parcelle qui puisse, par une taille disproportionnée, nuire à l’homogénéité de la cons- truction. On reconnaîitra qu'il y a élimination de toute matière qui ne serait pas convenable et emploi exclusif de certains matériaux. Si pour un motif quelconque, l’animal doit s’enfermer entre des murailles légères et minces, ces murailles sont façonnées comme des mosaiques. On constate le fait sur le Marsipella tenuis, par exemple, où l’on remarque que si un angle rentrant a d’abord existé, c’est en choisissant une pièce présentant un angle saillant, que le vide laissé par l'angle a été comblé. C’est également par des choix semblables que non seulement chaque pièce s'adapte et se juxtapose aux côtés de sa voisine, mais aussi que les formes sont main- 198 LES FONDS DE LA MER. tenues, que les tubes s’arrondissent, que les ouvertures se ménagent. En d’autres circonstances, ce sont des fragments de spicules ou bien des Globigérines, qui sont uniquement choisis pour édifier un test, et dans l’un comme dans l’autre cas, aucun autre élément n’est employé avec les premiers. Il faut donc que ce soit par l'effet d’une disposition élective, que des spicules ou des Globigérines aient spécialement el unique- ment servi à l'édification de l’enveloppe, sans que l’on puisse croire que l’effet soit dû à ce que l’animal ne rencontre que ces corpuscules dans les localités qu’il habite. Aux mêmes lieux, dans les mêmes fonds vaseux et en même lemps, ont été pris mille tests qui sont recouverts des éléments les plus variés comme ensemble, mais constants pour chaque individu. Ces éléments se trouvaient à la disposition de tous les orga- nismes ayant une demeure à élever. Les uns comme Îles autres pouvaient également et aussi indistinctement aggluti- ner les matériaux qui les entouraient; si quelques-uns n’ont pas usé de celte faculté, c’est que leur nature s’y opposait. Le même phénomène s’élant reproduit sur tous les points, le fait n’est plus douteux. A ces premières observations nous en ajouterons quelques autres. En examinant d’abord une forme dont les contours sont assez nettement définis, le Lekithiammina aculeata, on remarque que le test est composé d’une pâte faite de sable fin et d’un ciment rouge organique, qui colore l’ensemble. Or, aucun grain de sable ne rompt l’homogénéité de la pâte, et au milieu de la structure serrée de l’enveloppe, on constate, avec surprise, des fragments de spicules posés exlérieurement, sans exception, dans un plan perpendiculaire à la muraille, tandis que pas un seul ne fait saillie au dedans. L’extérieur est complètement hérissé à la facon d’un corps épineux, l’intérieur est lisse. Ici encore il paraît donc y avoir un choix évident des matériaux. Si l’on observe un autre type nommé Hyperamminella LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES 129 splendens, on voit qu'il est entièrement revêtu de spicules brisés, réunis dans un ordre surprenant, et l’on est forcé d'admirer l’entendement par lequel la loge initiale devient piriforme et les lignes se forment et s'harmonisent. On peut citer encore le Trioxeia Edwardsi, sorte de palais de cristal, petite merveille qui semble construite par un architecte expérimenté. Tous ces effets, nous les constatons, mais leurs causes nous échappent. Nous enregistrons une aptitude que la raison humaine ne pénèétrera peut-être jamais; néanmoins nous voyons, dans celte aptitude, les indices d’une supériorité dont on doit lirer parti pour la classification. Jusques à quel point maintenant la classilication est-elle applicable aux séries que nous allons examiner? En règle générale, les caractères de tests n’ont qu'une importance secondaire et s’effacent devant les particularités de l’orga- nisme. Or, ici les organes visibles font défaut. La loi qui régit la classification des espèces animales douées d'appareils manifestes n’est donc plus à observer; mais il est permis, comme d’ailleurs ant d'auteurs en ont donné l’exemple, de grouper les échantillons suivant les relations qu’ils paraissent avoir. Quel serait le moyen de procéder différemment? D'ailleurs, le sarcode des Rhizopodes (sarcode rhizopodique) ne nous paraît pas constituer à lui seul l’animal. Celui-ci se complète plutôt par les auxiliaires minéraux (grains de quartz, fragments de spicules, etc.), que nous nommons à cause de cela des pseudostes. Les pseudostes forment la charpente sur laquelle s'appuie le protoplasma, et constituent le caractère distinctif qui érige ce protoplasma en sarcode rhizopodique. Nous considérons cet agencement, confirmé par de très nombreuses observations, comme un moyen certain de s'assurer qu'un organisme appartient bien aux Rhizopodes réticulaires. On le reconnaît aussi bien sur des Biloculina, des Orbiculina, recueillis depuis longtemps, que sur des individus fraîchement capturés; sur des Orbitolites T. IV. 59 130 LES FONDS DE LA MER. (0. crassa) desséchés depuis des années, que sur des Bathy- siphon, des Bathybiopsis, sortant de la drague. Les pseudostes ne font jamais défaut. Ils composent un squelette. Et puisque leur présence établit, d’une façon irrécusable, la nature rhizopodique du sarcode, on doit les considérer comme une première base de classification. Un second caractère, encore plus important lorsqu'il s’agit d'établir le rang des espèces, réside dans une sécrétion qui dérive du protoplasma, et qui permet, peu à peu, à l'animal de se protéger et de s'élever physiologiquement. Les effets de cet agent sont d’abord très faibles, mais, peu à peu, leur manifestation s’accentue, sans que la nature essentielle de l’animal varie : le protoplasma est toujours, en réalité, la base fondamentale de l'organisme, mais il se modifie, en partie, sous la dépendance de la sécrétion; mou à l’origine, il se concentre, il devient submembraneux, puis membraneux, chitineux, et, poussé dans sa marche ascendante, il passe à ce que nous appelons le sarcodesme, union intime de l’élé- ment animal et de l'élément minéral, qui tend à produire une solidification. C’est de cette action que naissent, d’après nos observations, les tests porcelanés et les tests vitreux dans lesquels le sarcode et les pseudostes n’entrent plus que pour une faible part. L'étude de la marche progressive des espèces démontre sans peine qu’une règle générale dirige, dans cette intention, les effets de la sécrétion, et on s'aperçoit facilement que le rôle du protoplasma lui-même s’amoindrit, dans la formation du sarcodesme, à mesure que celui de la sécrétion aug- mente. Par suite de ces considérations, nous diviserons les Rhizo- podes réticulaires en IX tribus : LE. Les Nus, qui peuvent se séparer en deux groupes : 4° Les Nus libres, vivant sans abri; 2° Les Nus cachés, retirés dans les cavités qu’ils rencon- trent, retraites qui sont, le plus souvent, des débris de tests; CT LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 131 Il. Les Demi-nus, pouvant également donner lieu à deux sections : Demi-nus libres, Demi-nus cachés, sections analo- gues aux deux précédentes; II. Les Vaseux ; IV. Les Pâteux ; V. Les Globigérinaces; VI. Les Spiculacés ; VII. Les Arénaces ; VIII, Les Porcelanés ; IX. Les Vitreux. Catalogue des Rhizopodes réticulaires. NUS (1). Bathybiopsis simplicissimus (de Fol.), novum genus et nova species. Id. simplicissimus, var. se- cunda (de Fol.), n. sp. Id. discimistus (de Fol.), n. sp. Id. implicans (de Fol.), n. sp. Id. densatus (de Fol.), n. sp. Id. cavus (de Fol.), n. sp. Id. astrorhizoïdes (de Fol.), n. Sp. Plakousa elongata (de Fol.), n. g. et n. sp. Id. subrotundata (de Fol.), n. sp. linearis (de Fol.), n. g. et n. Sp. Id. ramosa (de Fol.), n. sp. Id. nodulosa (de Fol.), n. sp. Vitta (4) Nous indiquerons seulement, modifications ultérieures : Vitta fenestrata (de Fol.),n.sp. Id. inflata (de Fol), n. sp. Phykopsis alga (de Fol.), n. g.et n. SD- Id. scriptura (de Fol.), n. sp. Pseudarkys multibranchiata (de Fol.), n. g. et n. sp. Diodiathesis appendiculata (de Fol.), n. g. et n. sp. Exochiton ramosum (de Fal.), n. g. et n. Sp. Katachiton depressum (de Fol.), n. g. et n. sp. Autonomos saturatus (de Fol.), mn. g. et n. sp. Astrorhizopsis tetrabrachion (de Fol.), n. g. et n. sp. Hyperaminopsis arenosa (de Fol.), n, g.etn. Sp. Kampiopsis myriapodes (de Fol.), n.gq. etn. sp. ici, les genres des Demi-nus, sauf Monereisma; Diereisma; Polyereisma; Syllogia, Periphragma ; Synesla; Planis ; Emplokia; Plakousopsis ; Prothonia; Othonia; Procopia. HOME 9. LES FONDS DE LA MER. VASEUX. Pelosina variabilis (Brady). Id. brevis (de Fol.), n. sp. — Nora. 7-8 formes à dé- crire. Ptyka inconstans (de Fol.), n. g. et n. sp. Limocæcum striatum (de Fol.), n. g. et n. sp. Ilyopegma familia (de Fol.), n. g. et n. sp. Ilyoperidia subovata (de Fol.), n. g. et n. sp. Iliozotica fallax (de Fol.), n.g. et n. Sp. Malopella amorphis (de Fol.), n. g. et n. sp. — Nora. Plu- sieurs espèces à décrire. Stephanopela corona (de Fol.), n. g. et n. Sp. Rhizopela irregularis (de Fol.), n. g.etn. sp. PATEUX. Titauopsis depressus (de Fol.), n. g. et n. sp. — Nora. Plusieurs autres formes à décrire. Psammozotica libra (de Fol.), n. g.etn. sp. Askopsis longicollis (de Fol.), n. g.et n. sp. Bathysiphon filiformis (Sars). Id. capbretonis (de Fol.), n. sp. — Nora. 3-4 espèces à décrire. Toxinopsis vermiculus (de Fol.), n. ÿ. GLOBIGÉRINACÉS. Julia margaritea (de Fol.), n.g. et | Julia reticularis (de Fol.), n. sp. n. Sp. Id. polyloculina (de Fol.), n. sp. Id. progressa (de Fol.), n. sp. Id. subcylindrica(deFol.),n. sp. Id. subvacua (de Fol.), n. sp. SPICULACÉS. Rhabdaminella cornucervi (de Fol), n. g. et n. sp. Id. elongata (de Fol.), n. sp. Id. ramosa (de Fol.), n. sp. Id. uncinata (de Fol.), n. sp. Id. vestita (de Fol.), n. sp. Hyperamminella venusta (de Fol.), n. g. et n. sp. Ophidionella variabilis (de Fol.), n.g. et n. sp. Dyoxeia Richardi (de Fol.), n. g. et n. Sp. Id. vulgaris (de Fol.), n. sp. Trioxeia Edwardsi (de Fol.), n. g. et n. sp. Ropalozotika insolita (de Fol.), n. g. et n. sp. Technitella cristata (de n. g. ct n. sp. Id. legumen (Norman). Id. melo (Norman). Fol.), LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 133 ARÉNACÉS. Astrorhiza arenaria (Norman). Eilemammina (Astrorhiza) amor- phis (de Fol.), n. sp. Id. (Astrorhiza) subdiscoi- dea (de Fol.), n. sp. Id. (Astrorhiza) subovata (de Fol.), n. sp. Cheirammina (Astrorhiza) mono- dactylus(de Fol.),n.sp. — Nora. 8-10 formes à décrire. Kikrammina appendiculata (de Fol.), n. g. Clavula major (de Fol.), n. g. et n. Sp. Id. minima (de Fol.), n. sp. Id. subpolita (de Fol.), n. sp. Marsipella elongata (Norman). Id. granulosa (Brady). Id. albescens (de lol }, n. sp. — Nora. 10-12 esp. à déc. Jaculella acuta (Brady). Id. albida (de Fol.), n. sp. — Nora. 8-9 espèces à déc. Rhabdamina abyssorum (Sars). Id. arborescens (de Fol.), n. sp. — Nora. Grand nom- bre (39-40) de formes à décrire. Sagenella Vasconiæ (de Fol.), n. sp. Hyperammina elongata (Brady). Id. vagans (Brady). Id. spherica (Brady). Id. mosaïca (de Fol.), n. sp. — Nota. 14-15 espèces à décrire. Psammoperidia echinata (de Fol.), n. g. et n. sp. Psammosphæra fusca (Schultze). Id. biglobosa (de Fol.), n. sp. Saccamina sphærica (Sars). Id. lœvis (de Fol.), n. sp. Diplomasta nitida (de Fol.), n.g. Lekithiamina ornata {de Fol.), n. g. — Nora. Plusieurs formes à décrire. Psammolychna bilocula (de Fol.), n. g. — Nora. Plusieurs formes à décrire. Premnammina polylocula (de Fol.), n. g. Reophax adunca (Brady). Id. oblonga (Brady). Id. nodulosa (de Fol.), n. sp. — Nora. 7-8 formes à décrire. Hormosina globulifera (Brady). Id. Normani (Brady). Trochammina trulissata (Brady). Cyclamina cancellata (Brady). Les autres espèces (porcelanées ou vitreuses) sont celles que l’on trouve indiquées dans les précédents catalogues relatifs au golfe de Gascogne (voir T. IT, p. 12 et p. 448), plus l'Orbitolites tenuissima, de Carpenter, qui est souvent d’une grandeur démesurée, car il atteint les dimensions d’une pièce d’un franc. Les éludes définitives modifieront trés certainement le 134 LES FONDS DE LA MER. nombre des espèces. Mais on sait le sens qu’il faut attacher à ce mot espèce, toutes les fois qu’il s’agit d'organismes placés au bas de l'échelle, et qui ne sont, la plupart du temps, que des formes dérivées d’un type commun. COŒLENTÉRÉS, ACTINOZOAIRES, VERS ET CRUSTACÉS, 135 CHAPITRE VIT. Cælentérés, Actinozoaires, Vers et Crustacés. En dehors des Rhizopodes, sur la plupart desquels il est * beaucoup plus difficile de s’expliquer à première vue, nous avons signalé, dans le chapitre HT, intitulé : Le Journal du bord, les espèces zoologiques les plus remarquables draguées par le Travailleur. Nous compléterons cette ébauche par l’exposé de quelques particularités sur ces espèces et sur celles qui ont dû être d’abord passées sous silence. D’autre part, le catalogue des Mollusques sera reproduit in extenso, en raison de son impor- tance et des notes de M. Gwyn Jeffreys. Là se bornera provisoirement la partie zoologique. Il est indispensable d’attendre que la comparaison des types consi- dérés comme nouveaux soit achevée, avant de décrire aucun : sujet, et, d'autre part, les Vertébrés se réduisent à quelques poissons très ordinaires, si l’on n’en excepte un Sfromias et un Macrourus habitant plus spécialement les grands fonds de Ja Méditerranée. , SPONGIAIRES. Aux Holtenia (H. Carpenteri, W. Thomson), et à l’'Hyalonema (H. lusitanica, B. du Bocage) de la 65e sta- tion (p. 88), nous ajouterons de jeunes échantillons. de Wyville-Thomsonia Walichi (P. Wright); une touffe de spi- cules d’Askonema setubalense (Kent), roulée un jour autour de la fune d’une drague; puis un Farrea, mort et en lambeaux. Tous ces types siliceux, du groupe des Hexactinellides, n’ont jamais paru qu'isolément; ils sortent de profondeurs variant entre 800 et 2,000 mètres. CoRALLAIRES. Aucune classe n’a donné une moisson aussi remarquable que celle des Corallaires, bien qu’elle soit réduite, comme nombre de sujets dragués. 136 LES FONDS DE LA MER. Qui, de nos lecteurs, ne se rappelle les Gorgonides de la 69 station, ces Isis flambovyants dans l'obscurité et nouveaux pour Ja science? Il faut v joindre des fragments de Mopsea, senre du même groupe, et le Gorgonia verrucosa (Pall.). Dans les Pennatulides, nous voyons un grand échantillon qui doit appartenir aux Seytalium; des Kophobelemnon stelli- ferum: des Funiculina; et un exemplaire d’Umbellularia groenlandica. Ce dernier type, découvert pour la première fois en 1753, dans les mers arctiques, et figuré très exacte- ment par Ellis, était perdu pour les collections depuis 120 ans, lorsque Lindahl le retrouva entre le Groenland et Terre-Neuve, pendant lexpédition suédoise. Le Challenger avait, de son côté, dragué l'espèce, sur divers points de l'Atlantique, du cap Saint-Vincent à Madère. Le Travailleur l'a obtenue le 30 juillet, à la suite du dragage de 1,143 mètres (43° 37! 30" lat. N.; 4° 28° 35” long. O.). Les Alcyonides sont représentés, on le sait, par l’Alcyo- nium palmatum, var. pedunculatum, pêché en même temps que l'Umbellularia, et qui était supposé d’origine méditerra- néenne. Voilà pour les Corallaires-Alcyonaires. Dans les Zoanthaires on remarque, parmi les Malacodermes : un Bunodes de grande taille; un Zoanthus inconnu, greffé sur les radioles d’un Échinide, le Cidaris (Dorocidaris) papil- lata (Flem.); des Adamsia très rouges, fixés sur des rameaux d'Isis, et un Edwardsia nouveau. Les Sclérodermeés fournis- sent: des Flabellum apertum (29° station), des Oculina (65° station), des Paracyathus, des Caryophillia (G. clavus), et des Lophohelia (L..prolifera, Pal), ces derniers proba- blement morts depuis longtemps, d’après M. A. Miine- Edwards. Bien que la drague ait souvent remonté des frag- ments de celte espèce, aucun zooïde n’était vivant. C'est entre 400 et 2,700 mètres qu'habitent toutes ces espèces de corallaires. Écainoneres. Si les Crinoïdes se bornent à deux échan- L' Fe COŒLENTÉRÉS, ACTINOZOAIRES, VERS ET CRUSTACÉS. 137 tillons d’Antedon Sarsii (55° et 57° stations), ce qui n’a rien d'étonnant, vu leur rareté ou leur habitat difficile à explorer, les Stellérides, les Échinides et les Holothurides sont mieux partagés. D'abord, les Stellérides nous donnent, dans les Asférides : l’'Archaster tenuissima; VA. bifrons; l’Astropecten Andro- meda ; VA. irreqularis, avec le splendide Brisinga coronata ; “et dans les Ophiurides : l'Amphiura tenuissima ; VA. Chiajei ; l'A. fiiformis; V'Ophiocnida Danielseni (Amphiura Danielsenr, de Norman, manuscrit); des Asteronux, parasites sur Îles Isis; des Ophiomusium; des Ophiocuntha: des Ophioscolex et des Ophiomyxa. Les Échinides ont fourni un magnifique type mou, du genre Phormososoma, espèce nouvelle que l’ornementalion de ses plaques et la grandeur de ses radioles en spatule, implantées sur la face ovale, distinguent nettement du P. placenta; puis des Claveria, et le Pourtalesia Jeffreysi rappelant un groupe que l'on croyait éleint; enfin, les Echinus microstoma (W. Thoms.), Dorocidaris papillata (C. papillata de Flemming), et Bryssopsis lyrifera (Forb.) des mers areliques, Spatangoïdes des plus remarquables. Des Holothurides gigantesques, mesurant environ 33 cen- limètres de longueur, armées de dix tentacules et seule- ment de deux rangées de sucoirs, furent, un Jour, rame- nées par centaines. Ces animaux appartenaient à deux espèces : l’Holothuria tremula, des eaux de la Norvège, type de couleur rose, formant les deux tiers de la pêche (68° station); et le Sfichopus regalis (Cuv.), de la Méditer- ranée, remarquable, à première vue, par son éclat et sa couleur brun-clair. Le Nord et le Sud s'étaient donné rendez-vous sur un terrain neutre et y vivaient en bonne intelligence, suivant l’expression de M. Norman. Un Molpadia, généralement considéré comme espèce boréale, et un Echinocucumis des mêmes parages froids ont accompagné une ou deux fois les Holcthurides capturés sur divers points. 138 LES FONDS DE LA MER. ” Vers. Les curieuses Annélides si communes à Cap-Breton, les Sternaspis et les Pectinaria (AO station), figurent natu- rellement dans les récoltes du Travailleur. Le St. Thalassa- moïdes (Otto) est l’une des espèces les plus abondantes de la baie de Biscaye, près de la côte des Landes. D'autres Vers (des Chétopodes), aussi nombreux que les premiers et appartenant aux Maldanides (Maldane, Climene) et aux Eunicides, se sont aussi trouvés à toutes les stations. Divers fragments paraissant appartenir au Balanoglossus Talaboti, de la Méditerranée ou à un individu voisin, ont aussi apparu de temps à autre au milieu des vases, et plu- sieurs échantillons du Chetoderma nitidum, espèce dont la place est tant discutée, rappellent, de loin, le Neomenia gorgonophila (Kow.) de la Méditerranée, au large de Marseille. Les Géphyriens sont non moins intéressants que les Anné- lides. Is comptent surtout deux types des côtes de Norvège, spécimens que l’on n’avail jamais pêchés au Sud de l'Europe, el qui ont été décrits par MM. Danielsen et Koren. L’un de ces Vers est le Sipunculus priapuloïdes, qui est le plus grand et le plus curieux des Siponcles connus. L’autre est le petit Ochnesoma Steenstrupii, très abondant à entrée du fjord Har- danger, en Norvège, ainsi que M. Norman a constaté le fait. Un troisième échantillon de Géphyrien du golfe de Gas- cogne représente, probablement, le Phascolosoma squamatum (Dan. et Kor.). Comme appendice aux Annélides, si l’on ne préfère une autre classification, seul, un Triticella accuse l'existence des Polyzoaires (Bryozoaires). Il infestait la carapace du Geryon tridens, même Crustacé sur lequel G.-0. Sars le découvrit autrefois. C’est le T. Bæckii, ou une espèce très voisine. CrusrAcÉs. Plusieurs espèces de Crustacés, signalées par le Porcupine, au large des côtes de Portugal, se retrouvent dans la baie de Biscaye. Tels sont les : Dorynchus Thomsoni (Norman), Amathia Carpenteri (Norm.), Ethusa granulata (Norm.), Pagurus tricarinatus (Norm.), Munida tenuimana COŒLENTÉRÉS, ACTINOZOAIRES, VERS ET CRUSTACÉS. 139 (G.-0. Sars), Apseudes spinosa (Sars), Apseudes grossimana (Norm.), Geryon tridens (Krüyer), Gnathophausia Zoea (Wil- lemoës-Suhm). Le Geryon tridens (Krüyer), ce beau Brachyure norvégien, aux yeux aussi lumineux que ceux du Munida tenuimana, et précédemment draguéë par le Porcupine dans les eaux tem- pérées, est très abondant, quoique de très petite laille, com- parativement aux types du nord de l’Europe. Le Gnathophausia Zoea (65° station), découvert près des Acores, dans l’expédition du Challenger, et observé de nouveau près des côtes du Brésil, est un des plus beaux spécimens zoologiques de la campagne. Au nombre des espèces jusqu’à ce jour inconnues, il faut rappeler cet autre Brachyure, voisin des Dromia, dragué par 1.190 mètres (39 station) et qui a de grands rapports avec un crabe marin des Antilles, appelé Dicranodromia ovala par M. A. Milne-Edwards, ce qui l’a fait classer dans ce genre. Viennent enfin un Macroure aveugle, de la famille des Galatheïdes, pêché, comme le Dicranodromia, sous 1,950 mè- tres d’eau, et chez lequel les yeux se sont transformés en épines aiguës, pareillement à ceux de l’Ethusa granulata; un Palemonide remarquable par les rangées de piquants entou- rant sa carapace; un Scalpellum, Cirripède encore sujet à détermination, mais vraisemblablement inédit; des Cumacés et de nombreux Ostracodes : Cithere dictyon (Brady), C. echinata (Sars), Kritha Bartonensis, Bradycinetus Mac-Andrer (Jones), Bradycinetus Brenda (Baird), Asterope Mariæ, etc. Presque aucun spécimen extrait des vases de la drague n'appartient à la faune littorale, et lorsque quelques espèces des eaux peu profondes apparaissent, ou ont élé capturées, c’est sur la fune ou sur les bords de l'appareil qu’elles s'étaient accrochées. Des Thysonopoda (T. norwegica ?) (Sars) fréquemment ramenés en très grande abondance de diverses profondeurs n’ont peut-être pas employé d’autre moyen pour se faire prendre. 140 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE IX. Mollusques. Notre collaborateur, M. Gwin Jeffreys, nous à adressé le calalogue des Mollusques recueillis pendant l’expédition. Sur les 197 espèces déterminées que comprend cette nomen- clature, 169 sont reconnues comme ayant élé déjà draguées, en 1870, par le Porcupine (1), 17 restent nouvelles pour la science. Les types anciens que n’avait pas rencontrés le Porcupine sont les : Terebratula subquadrata, Platydia ano- mioides, Montacuta tumidula, Tellina gladiolus, Thracia tenera, Cadulus ovulum, Odostomia nitidissima, O. lineata, Utriculus globosus, Philine catena et Carinaria mediterranea. La faune du Nord n’est représentée que par neuf types, et celle du Sud n’en compte qu’un seul. Les premiers sont les : Kellia symmetros, Cadulus propinquus, C. subfusiformis, C. gracilis, Chiton alveolus, Fusus turgidulus, Pleurotoma nivalis, Utriculus globosus, Molleria costulata. L'espèce méridionale est le Columbella scripta. Catalogue dressé par M. Giwin Jeffreys. BRACHIOPODES. Terebratula caput -serpentis | Platydia anomioïdes (Seacchi et (Linné). Philippi). Id. subquadrata (Jeffreys). Megerlia truncata (L.). Id. cranium (Müller). Crania anomala (Müll.). CONCHIFÈRES. Anomia ephippium (L.). Pecten pes-lutræ (L.). Spondylus Gussoni (Da Costa). Id. groenlandicus (Sowerby) (2) Voir: Rech. Soc. z0ol. de Lond., 1878 et 1879. MOLLUSQUES. _ Pecten fragilis (Jef.). Id. obliquatus (Jef.), n. sp. Id. vitreus (Chemnitz), et var. abyssorum. Id. similis (Laskey). Amusium fenestratum (Forbes). Id. lucidum (J.). Lima elliptica (J.). Id. subauriculata (Montagu) : Id. Jeffreysi (P.Fisch.), n. sp. Mytilus luteus (1) (J.), n. sp. Id. edulis (L.). Modiolaria marmorata (Forbes). Id. subclavata (Libassi). Id. cuneata (J.), n. sp. Dacrydium vitreum (Müll.). Arca pectunculoïdes (Se.), var. | septentrionalis. Id. lactea (?) (L). Leda messaniensis (Seguenza); (L. acuminala, Jef. non Von Buch). Id, pustulosa (J.). Id. striolata (Bruguières). Id. tenuis (Ph.). Id. lucida (Loven). Id. pusio (Ph.). Id. sericea (].). Id. Jeffreysi(Hid.). —(L.lata Jeff. non Hinch). Id. expansa (J.). Nucula ægeensis (Forb.). Id. corbuloïdes (Seg.). Id. striatissima (Seg.). Id. tumidula (Malin) (?). Id. sulcata (Bronn) (?). Limopsis cristata (J.). 141 Limopsis minuta (Ph.). Malletia obtusa (M. Sars). Id. cuneata (J.). Montacuta ferruginosa (Mont.). Id. tumidula (J.). Id. ovata (IJ.). Decipula ovata (J.). Kellia symmetros (*) (J.). Lasea rubra (Mont.). Id. pumila (S.-V. Wood). | Loripes lacteus (L.). Axinus flexuosus (Mont.). Id. Croulinensis (J.). Id. eumyarius (M. Sars). Id. ferruginosus (Forbes). Id. subovatus (J). Id. granulosus (J.). Id. tortuosus (J.), n. sp. | Mytilimeria (?) Fischeri (J.), n. sp. Cardita corbi (Ph.). Cardium minimum (Ph.). Isocardia cor (L.), ct son frai. Woodia digitaria (#) (L.\. Tellina gladiolus (J.), n. sp. Scrobicularia alba (W. Wood). Id. longicollus (Sc.). Id. nitida (Müll.). Lyonsia formosa (J.). Verticordia insculpta (J.). Thracia convexa (W. Wood); jeune sujet. Id. tenera (J.), n. sp. Neœra abreviata (Forb.). Id. rostrata (Spengler). Id. cuspidata (Oliv.), var. Id. bicarinata (J.), un frag- nent. (1) Cette espèce, voisine du Modiola incurvala (Philipps), et du Modiola Martorelli (Hidalgo), en diffère comme forme, sculpture, épiderme et coloris, de l’avis même du Dr Hidalgo. (2) Une seule valve, probablement drossée par les courants. (@) Une seule valve, probablement en dérive. Espèce rencontrée précédem- ment dans l’Exploration du Valorous, par 1,750 brasses;, et dans l’Explo- ration du nord de la Norvège, par 656 et 1,200 brasses de fond. (4) Une seule valve, en dérive probablement. 142 LES FONDS DE LA MER. Neœæra sulcifera (J.). Neœra striata (J.). Id. truncata (J.). Panopea plicata (Mont.). Id. lamellosa (M. Sars). Saxicava-rugosa. SOLÉNOCONQUES. Dentalium striolatum (Stimpson);, | Cadulus semi-striatus (J.), n. sp. D. abyssorum (M.Sars) Id. tumidabus (J.). et var. agilis). Id. artatus (J.). Id. capillosum(J.); fragment. Id. ovulum (?) (Ph.). Id. gracile (J.). Id. gibbus (J.). Siphonodentalium Lofotense (M. Id. propinquus (G.-0. Sars). Sars). Id. subfusiformis (M. Sars). Id. Olivi (Sc.). Id. gracilis (J.). Id. tetragonum (Brocchi) (1). Id. cylindratus (J.). GASTÉROPODES. Chiton alveolus (G.-0. Sars). Scalaria clathratula (Adams). Rimula asturiana (®) (J.), n. sp. Id. Cantrainei (Weink.). Cyclostrema spheroïdeum (S. V.). | Aclis Walleri (J.). Id. trochoïdes (J.). Odostomia conoïdea (Bre.). Môlleria costulata (Môll.). 4 Id. Lukisi(J.). Trochus gemmulatus (#) (Ph.). Id. prolonga (J.). Turbo filosus (5) (Ph.). Id acidula (Ph.), var. obe- Hela tenella (J.). liscus. Rissoa cimicoïdes (Forb.). Id. blandula (J.), n. sp. Id. abyssicola (Forb.). Id. nana (J.). Id. deliciosa (J.). 1d. insculpta (Mont.); en dé- Id. subvoluta (Aradas). rive? Id. parva (Da Costa); mort, Id. nitidissima (Mont.). en dérive? Id. sceptrum (J.), n. sp. Id. semistriata (Mont.); mort Id. lineata (J.), n. sp. en dérive? Id. paucistriata (J.). Id. tenuisculpta (J.). Id. fasciata (Forbes). Hydrobia ulva (Pennant), var. Id. scillæ (Sc.). Barkei. Id. plicatula (6) (Br.). Scalaria Trevelyana (Leach.). Janthina exigua (Bruguières). (1) Dentalium quinquangulare, de Forbes. (2) Fossile de la Calabre et de la Sicile. () Probablement le Rimula radiata (Libassi), espèce fossile de la Sicile. (#) Fossile sicilien. (5) Turbo glabratus (Philippi), fossile calabrais et sicilien. (6) Turbonilla speciosa (Adumus), apporté par le Gulf-Stream. MOLLUSQUES. Eulima stenostoma (J.). Id. pyriformis (Brug.). Id. subangulata (J.). Id. solidula (J.). Eulima intermedia (Cantraine). Id. obtusa (J.). Id. distorta (Deshayes). Id. curva(J.). Natica sordida (!) (Ph.). Id. subplicata (J.). Solarium pseudoperspectivum (Br.). Adeorbis umbilicatus (J.), n. sp. Seguenzia elegans (J.). Lamellaria perspicua (L.). Aporrhaïs serresianus (Michaud). Cerithium motula (Lov.). Buccinum Humphreysianum (Bennett). Ranella gigantea (Lansk.). Trophon muricatus (Mont.). Id. rugosus (J.). Fusus gracilis (Da Costa). Id. turgidulus; fragments. Id. berniciensis (King). Cassidaria thyrrhena (2?) (Ch.). Nassa semi-striata (Br.). Id. incrassata (Srôm). Id. limata (Ch.), var. Columbella haliæeti (J.). Id. scripta () (L.). Taranis cirratus (Brug.); (Tro- phon Marchi, Malm.). 143 Defrancia crispata (Da Cristifori et Jan). Id. parvula (J.). Id. formosa (J.). Pleurotoma nivalis (Lov.). Id. pinguis (J.). Id. modiolus (De Cr. et Ian); (P. carinata, Ph.). Ringicula leptochieila (Brug.). Cylichna umbilicata (Mont.). Id. ovata (J.). Utriculus expansus (J.). Id. obesus (J.), n. sp. Id. excavatus (J.). Id. pusillus (J.), n. sp. Id. globosus (Lov.), jeune spécimen. Actæon exilis (J.). Id. ovatus (J.). Bullima elongata (J.), n. sp. Bulla pinguicula (J.). Id. semilevis (J.). Scaphander punctostriatus (Mi- ghels et Adams); (S. li- brarius, Lov.). Philine scabra (Müll.). Id. striatula (J.), jeune. Id. quadrata (S.-V. Wood.). Id. catena (Mont.). Melampus myosotis (*) (Draparn.). Carinaria mediterranea (Peron et Lesueur). PTÉROPODES, Limacina helicoïdes (J.). Id. carinata (J.). Spirialis retroversus (Flemm.). Cavolina trispinosa (Perin et Les”). () Natica fusca (Blainville), peut-être; ou une variété du N. mille- punclata. (2) Peut-être une variété du C. echinophora {L.). G@) Fragment d’un jeune spécimen probablement apporté par les courants. (#) Apporté de la côte. 144 LES FONDS DE LA MER. Cavolina labiata (D'Orbigny); | Clio pyramidata (Brown). (Hyalea inflexa, Per. et Id. lanceolata (De Fol.). Les.), Id. cuspidata (Lamk.). CÉPHALOPODES. Nora. — Les Céphalopodes ne sont représentés que par un suçoir d’une petite espèce d’Octopode. La grande quantité de Mollusques du Nord que l’on remar- que dans la baie de Biscaye démontre la coexistence de diverses faunes malacologiques, dans les grandes profondeurs, el une tendance à l’uniformité dans ces régions. La séparation ne s’accentue que dans les eaux du littoral, lorsque le fond se relève. La température différente des couches est la cause de cette distribution. C’est à sa faveur que, par les latitudes moyennes, se rencontrent certaines espèces des provinces zoologiques extrêmes. C’est plutôt aussi suivant des profon- deurs correspondant à des isothermes, que s’opère la fusion des types en migration, avec les types indigènes. Les températures égales ne marchent pas en ligne droite du pôle à l’équateur. Elles plongent, ou elles s'élèvent. Ce n’est donc pas sous un nombre constant de brasses d’eau que l'on pêche les mêmes êtres. On sait, par exemple, que les Mollusques vivant par 50 mètres de profondeur, à la hauteur des îles Britanniques, descendent à 100 mètres, sur les côtes du Portugal, parce que le thermomètre se maintient dans cette zone à + 10° C. D'autre part, on n’ignore pas que les types des mers du Nord, si fréquents dans la baie de Biscaye, ne se rencontrent. pas à l’ouest de l'Écosse, où roulent des eaux tempérées séparées des eaux froides de la côte orientale, par un obstacle naturel. De telle sorte que l’on peut même poser la question de savoir = PCR PT ET si, en réalité, il y a sur certains points des mers fusion des ‘ faunes, ou si les engins, en traversant les couches super- posées, n’opèrent pas eux-mêmes une fusion apparente. DE HAPITRE TABLE DES CHAPITRES. TABLE DES CHAPITRES LA DEUXIÈME PARTIE DU TOME QUATRIÈME. I. — Une lettre ministérielle ......... Srronddens [NEC IT. — L’aviso le Zravailleur ,,........ 0 CIO RE ou AL ce SET one dE ER NE En e eeeepeeree IV. — Température des eaux de la baie de Biscaye ....... V. — Orographie et dépôts de la baie de Biscaye......... VI. — Constitution physico-chimique des dépôts.......... VIT. — Les Rhizopodesréticulaires. .:.......1....:..... VIIT. — Cœlentérés, Actinozoaires, Vers et Crustacés... ..... IX. — Mollusques........ Jotocto bec Doacoat Cacotbooct 145 Pages. 64, lig. 11, TERME D 75, — 9, 16569) 16, — 14; 76, — 19, AE TE SUR ERQS JS 34 88:44, 98,n°s11, 98, — 19, 99, — 49, 99, — 55, 100, — 74, 401, — 77. 101, — 78, 101, — 86, après : au lieu de: 4 %., — PRINCIPAUX ERRATA. PRINCIPAUX ERRATA. au lieu de : 286 mètres, lisez : 102.30 m., — varie peu, ajoutez : lisez : quatre milles, 128 mètres, 55 milles, 5056", 6029'50", trente, 43946'50", 3°5!, 139, * 4028'35", DOC 4041407, 147 186 mitres. 10 k. 22 m. elle est vaseuse. 4 }. 50 m. trois milles. 122 mètres. 23 milles. 2096'30". 6029". trente-cènq. 4504135"; 405445" 43946". 09". 41249. 4026'35. 4393750"; 4012'10" 45°58'; 407'A5", 40410. LEE L à a TOUT TROISIÈME PARTIE TRAVAUX CONCERNANT LES EXPLORATIONS DU > S > > > > L2 - 23 174 LES FONDS DE LA MER. pagnées d’Archaster, d’'Ophiomusium et d’Oneirophanta. La vallée sous-marine était tapissée de vase blanche à globigérines el à ponces el autres pierres volcaniques, au milieu desquelles se trouvaient des cailloux striés provenant, très probablement, du trasport des glaces à une époque déjà ancienne. Enfin, le 30 août, une dernière opération, pratiquée par 1,480 mètres, dans le golfe de Gascogne, sur le versant qui mène à la France et qui en constitue, pour ainsi dire, le socle, ramena de nombreux Polypiers {Lophophelia) et surtout une grande quantité de Crinoïdes (Pentacrinus Wyville Thom- som) parfaitement intacts. On ne s'attendait pas à rencontrer, aussi près des côtes de France, un gite de ces derniers, types si parcimonieusement octroyés aux naturalistes de toutes les explorations précé- dentes, sans distinction de nationalitè. Désormais les Cri- noïdes ne compteront plus comme des raretés, En résumé, les explorations francaises des grandes profon- deurs sous-marines comprennent, à ce jour, quatre séries toutes très remarquables : la petite campagne d’essai de 1880, qui, pour avoir élé bornée à la baie de Biscaye, confirma la nécessité de nouvelles recherches; les travaux de 1884, dont les côtes d’Espagne et les eaux de la Méditerranée, jusqu'à l'ile de Corse et à la côte Algérienne et Marocaine, furent l’objet; les dragages de l'Océan Atlantique jusqu'aux iles Canaries, en 1882; la campagne plus importante de 1883, comprenant les eaux de la région limitée par les côtes du Portugal, les côtes du Maroc, les ïiles Canaries, la côte d'Afrique jusqu'au Sénégal, les iles du Cap-Vert, la mer des Sargasses, les Acores et le golfe de Gascogne à la hauteur de Rochefort. Ce n’est pas au moment où la publication in extenso de tous ces intéressants voyages va commencer, sous les auspices : de M. le Ministre de l’Instruction publique que nous pouvons, de notre côté, nous étendre sur tous les points du sujet. Déjà même l’esquisse de chaque campagne à fait l’objet de PT Le de æ EXPLORATIONS DU TRAVAILLEUR ET DU TALISMAX. 4175 nombreuses communicalions à la presse scientifique et c’est en partie aux articles publiés par MM. A. Milne-Edwards, Le Vaillant, Fdm. Perrier et autres membres des diverses Commissions, que nous avons eu recours pour parler des explorations de 1881, 1882 et 1883. Nous suivrons désormais de plus près notre programme en nous occupant de publier nos observations personnelles, car les Fonds de la Mer ne constituent pas une Revue. 176 LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE VI. Les Rhizopodes réticulaires (suite). En entreprenant de montrer les Rhizopodes réticulaires sous un nouveau jour, nous ne nous dissimulons pas toute la difficulté de la tâche. Néanmoins les résultats identiques d'un nombre considérable d'observations, depuis nos premiers dragages jusqu'aux dernières explorations du Travailleur et du Talisman, semblent nous autoriser à poursuivre celle œuvre. Les faits, d’abord isolés, se sont peu à peu groupés et se sont reliés de facon à constituer aujourd’hui un ensemble qui permet d'établir des affinités et des lois naturelles, d’abord simplement pressenties, ainsi que nous l’avons précédemment exposé. Les campagnes scientifiques poursuivies de 1881 à 1883, sous les auspices du gouvernement français, ont achevé de nous montrer la nature sur le vif, et nous ont apporté une foule de particularités de grande valeur. Les aperçus du voyage de 1880 avaient préparé les voies, la nature du sarcode rhizopodique élait connue, de nombreuses formes animales se détachaient déjà, du moins en apparence, du chaos primitif; cependant il fallait combler des lacunes qui éloignaient, à chaque instant, les types d’une même série. Nous pensons que les principales difficultés sont levées. Comme le Bathybius ? aujourd’hui relégué peut-être à tort, parmi les matières inertes, c’est dans les vases sous-marines que se trouvent les masses sarcodiques élémentaires de même aspect que lui, mais douées au contraire de vitalité, que nous appellerons du nom de Bathybiopsis. La manière dont nous les avons découvertes autorise à croire qu’elles errent libre- ment sur les dépôts. LES RHIZOPOUDES RÉTICULAIRES. F7 2 I. Le Bathybiopsis, être de forme indécise et de substance proto-plasmique homogène et molle, sélèvera, nous le savons, par l’épaississement de certaines parties de sa masse et acquerra des contours de plus en plus nets. L’enveioppe deviendra même chitineuse, et on rencontrera les indices certains d’un organisme qui se perfectionne, aussi bien sur les spécimens retirés dans des cavités protectrices, que sur les échantillons errants. Telle est la marche des Rhizopodes réticulaires nus. II. Dés que les modifications de l'organisme auront fourni des lamelles chilineuses, on arrivera aux Rhizopodes réticulaires demi-nus. Sur ces lamelles, ordinairement allongées et parfois finement ramifiées, le sarcode s'étale par places et se recou- vre, partiellement aussi, de grains de quartz, de spicules brisés, de débris de tests ou de petits Foraminifères, etc. On rencontrera encore des formes chez lesquelles les lamelles chitineuses sont devenues invisibles, et où le sarcode, mélé à la sécrétion, s'applique directement sur d’assez forts grains de sable; ou bien on verra la partie chitineuse former une tunique renfermant le reste du sarcode et dont la surface externe est protégée, cà et là, par des corps étrangers adhé- rents; Ce qui constitue une tendance évidente vers le type arénacé. Les Demi-nus, ceux surtout qui sont protégés, se retirent, comme les Nus, dans les mêmes abris. IT. Des Demi-nus on passera aux Vaseux, lorsque le Bathy- biopsis s’enfermera dans une masse vaseuse amorphe, assez agglutinée pour ne pas se désagréger. Dans ce groupe les plus grands spécimens sont ceux qui sont formés de lamelles chitineuses revêlues de sarcode et enveloppées d’une épaisse couche étrangère. D'ailleurs les Vaseux ne s'arrêtent pas là. Par progrès de la sécrétion, le sarcode ne s’étale plus sur de simples lames chitineuses, mais plutôt sur une sorte de noyau chitineux creux et complet, subsphérique ou en fusean ; :1 se ramifiera à l'infini sur ce moule, comme la mousse sur IVe 19 178 LES FONDS DE LA MER. une branche d'arbre, et toutes ses parties s’entoureront d’une vase reliée par de la sécrétion. IV. A la suite des Vaseux, les Päteux se caractérisent par un extérieur d’aspect calcaire, bien que leur enveloppe ne soit encore qu’une vase plus fortement agglomérée par le sarcode et la sécrétion. V. Les Globigérinacés montrent dans l’édification de leur demeure une certaine supériorité sur les Pateux. La sécrétion sarcodique a pris assez de force pour retenir, plus solidement avec le sarcode, les Globigérines, et, enccre plus fréquem- ment, les Orbulines qui composent l'enveloppe. C’est dans un réseau de fortes mailles, que ces matériaux sont enchässés, el lorsque l’animal est traité par l'acide chlorhydrique, il reste une sorte de cage dans laquelle apparaît le sarcode central. VI. L'action prépondérante de la sécrétion contribuera à produire les Spiculacés, chez lesquels les fragments de spicules sont solidement liés entre eux. Si on pouvait tenir compte de la construction surprenante de certaines demeures de ces Rhizopodes, on assignerait, très cerlainement, aux animaux de la tribu un rang plus élevé. VII. Chez les Arénacés on verra d’abord l'enveloppe formée de grains de sable et, de plus, une tendance de l'organisme à occuper plusieurs loges communiquant entre elles. On aper- çcoit, par exemple, des avant-coureurs des Dentalina, dans les Reophazx et les Hormosina. VII. Dans l'enveloppe des Porcelanés, la sécrétion s’est wellement enrichie de calcaire qu’elle en a pris la nature. Elle se dissout avec vive effervescence dans les acides, et il ne reste que des parcelles disséminées de sarcode, qui: concouraient à sa structure et étaient indépendantes de Ja masse protoplasmique interne. IX. Les enveloppes transparentes et souvent cristallines des Vitreux protègent les formes les plus parfailes des Rhizopodes réticulaires. La faculté excrétante du sarcode, a à : LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 179 celte faculté qui produit ce que nous appelons la sécrétion, fournit presque exclusivement le test. Le sarcode proprement dit n’entre qu’en si petite quantité dans ce test, que l’on en retrouve à peine des traces. Nous ne pouvons indiquer, dans cette étude, que ce que nous avons vu et constaté. Bien que les groupes soient suffisamment définis, peut-être devra-t-on bientôt en créer de nouveaux, par suite de recherches ultérieures. C’est le sort de toute science. Il n’en résuliera pas moins que, chez les Rhizopodes réticulaires, les progrès de l'organisme sont principalement dus à l'aptitude qu’a le protoplasma de se différencier en sécrétant une matière propre, qui finit par lui donner une enveloppe protectrice. Le Bathybiopsis n’a pas d’abord cette propriété, il l’acquiert peu à peu et, d'étape en élape, on arrive à de véritables tests, aussi solides que ceux des Mollusques. Tribu des Réliculaires nus. I. Bathyhbiopsis simplicissimus (DE FoL.). PI. V, fig. 4, Massula informis, ad medium majus crassa, colore brunea tincta; margines plus plusque tenuissimi, resoluti, Pseudostes perspicui. Le Bathybiopsis simplicissimus est une masse gélatineuse d'une couleur brune générale, plus foncée dans les parties épaisses et très pâle dans celles qui sont minces. Sa forme est indécise et varie à mesure que l’on manipule l'organisme. L'épaisseur du B. diminue vers les bords, et ceux-ci s’effilent de plus en plus, en rameaux qui semblent incolores à leur terminaison. Sous un fort grossissement, on reconnait les pseudostes au milieu de ces filaments, mais on les apercoit beaucoup plus facilement dans la masse, où ils sont plus volumineux : ce sont des grains de sable, des débris de spicules et de tests, des filaments qui paraissent avoir appartenu à divers végétaux, parfois des Diatomées, de petits Foraminifères ou des Radiolaires ; ils sont soudés par une sécrétion qui est à son début, 180 LES FONDS DE LA MER. on les déplace facilement, parce qu'on arrache en même temps qu'eux, les parties de protoplasma sur lesquelles ils sont fixés, mais elles demeurent adhérentes au pseudoste. Bien que très molle, cette masse est assez consistante pour ne pas être facilement divisée. On reconnaît qu’elle forme un tout. Nous avons rencontré plusieurs fois cet organisme, à l'état libre, dans la vase ramenée par les engins après le lavage à l’eau de mer. Nous croyons qu'il n’est pas rare, mais fort difficile à reconnaître, et que la plupart des spécimens doivent se perdre en séchant sur les tamis. Les dimensions du B. simplicissimns sont variables, mais, jamais elles ne dépassent sept à huit millimètres en diamètre, dans leur plus grande dimension. Il. Bathybiopsis simplicissimus, var. secunda (DE FoL.). PI. V, fig. 2-4. Massa B. simplicissimo similis, sed partibus majus densis parvulis mista. L'organisme que nous décrivons n'est peut-être pas le plus voisin du B. simplicissimus. La sécrétion commence à jouer son rôle d’une façon mieux appréciable; on reconnaît que quelques parties ont acquis une densité plus grande que la masse générale. Ces parties sont petites et se distinguent facilement par leur coloration plus foncée, seul caractère différentiel que présente ce second spécimen, dont les dimensions sont les mêmes que celles du premier. On le rencontre caché dans les cavités que présentent les vieux débris de tests de mollusques. Il. Bathybiopsis discimistus (DE FoL.). Pl. VI, fig. 1-4, Massa B. simplicissimo similis, sed discis parvulis majùs densis mista. Une foule de petits amas discoïdes paraissant posséder une solidité relative sont mêlés à l'organisme, qui ne diffère pas autre- ment du précédent. Il laisse voir, comme celui-ci, des pseudostes de toutes espèces, mais les disques n'en montrent que de très fins. Les bords sont frangés de la même manière et deviennent de plus en plus ramifiés et ténus. Les dimensions sont identiques. On le trouve pareillement enfermé dans des cavités de même sorte. LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 181 IV. Bathybiopsis implicans (DE FoL.). PI, VII, fig. 4-6. Massa B. simplicissimo similis, sed partibus densatis, brachiatis, parvis, mista. L'activité de la sécrétion s'affirme davantage sur cette forme; nous voyons, en effet, au milieu de la masse imprégnée de pseudostes, un grand nombre de parties plus compactes, ayant la forme de petits bâtonnets subdéprimés, parfois coudés une ou deux fois. Ce ne sont plus de simples plaques, mais des parties épaisses dénotant une plus grande concentration de la matière. Si on les écrase et qu'on les examine sous un fort grossissement, elles s'aplatissent sans se déchirer et permettent de voir qu'elles ont acquis un état submem- braneux à leur surface. Elles montrent de très fins pseudostes. La masse générale se présente avec un nombre inusité de spicules, et la longueur des fragments de ces derniers est aussi plus grande que d'habitude; il semble qu'ils sont ainsi pour appuyer et maintenir plus aisément la masse qui est devenue plus lourde. On rencontre le B. émplicans dans les cavités que présentent les vieux tests de mollusques. V. Bathybiopsis densatus (DE For.). Pl. VIII, fig. 1-2. Massa, stricta, elongata, ramosa, in medium majus crassa, ad : margines tenuis, ramosis infinitis resoluti. Long. : 5mm; diam. : 4 à 5mm, Cette espèce nous montre une masse générale renforcée par la concentration de son sarcode, ce qui lui permet de prendre une forme mieux définie. Elle est étroite relativement à sa longueur, et porte deux ou trois branches, dont la partie médiane est plus épaisse et conséquemment plus foncée. Les pseudostes sont nombreux et bien apparents; les bords se terminent, comme sur les précédentes espèces, par une infinité de petits rameaux formant parfois des réseaux inextricables à leur origine, mais dont les mailles s'échap- pent au dehors en branches de plus en plus fines et ténues, Cette espèce a été rencontrée dans des concrétions vaso-ferru- gineuses, elle n’est peut-être pas à sa place ici par suite de cette circonstance. Nous aurons sans doute à en reparler. 182 LES FONDS DE LA MER, VI. Bathybiopsis cavus (DE For.). PI. VIII, fig. 3. Massa involucrum formans ad interiorem cava, vacua, subsolida, ad extremitates restricta. La solidité de la masse est bien plus sensible sur cette espèce que sur la précédente, elle l’est assez pour permettre au sarcode de former une enveloppe de forme ovoïde avec une sorte de goulot à chacune de ses extrémités. Ge qui démontre surtout la force du tissu, car c'en est un, bien que rudimentaire, c'est qu'il a peu d'épaisseur et que l'enveloppe ne se déforme pas. Sa couleur est un peu plus jaunâtre que sur l'espèce précédente; cela lient peut-être à ce que le sarcode est peu épais et que cette épaisseur est la même sur tous les points. Cette forme a été trouvée dans une cavité, sur une épine de Cidaris. VII. Bathybiopsis astrorhizoïides (DE Fou.), PI IX, fig. 4. Massa ad medium vix extensa, sed in branchiis multo ramosis longè stellata. Long. : 3mm; diam. : 2 à 3mm, Nous n'avons molheureusement rencontré qu'un seul exemplaire de cette forme des plus curieuses; elle était cachée dans un amas de vase quelque peu solidifiée autour de la masse. Elle montre un centre subrectangulaire des quatre angles duquel s'échappent quatre branches principales, greffées d'une multitude de rameaux. Ces rameaux sont solides et semblent quelque peu submembraneux, ils s'amincissent de plus en plus, en se subdivisant, et finissent par devenir tout à fait ténus; parfois ils se réunissent pour former un réseau de trois ou quatre mailles. Si l'on doutait encore de la vie animale dans les formes précédentes, celle-ci deviendrait une preuve irréfutable de cette vie. À tous les points de vue le B. astrorhizoïdes est donc des plus remarquables. Genre Plakousa (DE FoL.), La masse sarcodique a pu se revêtir d’une couche suffisamment différentiée pour que la surface devienne assez nettement définie. LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 183 C'est cette couche enveloppante, très légèrement membraneuse, qui caractérise le genre, dont le nom est tiré du mot tAaxouc, géleau. VIII, Plakousa subrotundata (DE For.). PI. VI, fig. 5. Massa compacta, satis crassa, definita,; lineæ ambitüs, arcuatæ, latè undulosæ. Ce ne sont plus ici de longues franges irrégulièrement effilées qui accidentent les bords de la masse; les contours sont arrêtés, arrondis, convexes ou concaves, et la consistance externe du sarcode maintient la surface extérieure presque lisse. On y remarque seule- ment de petites saillies qui lui donnent une apparence moussue; elles sont sans doute les points de départ des pseudopodes, soit qu'elles s’allongent et se ramifient à cet effet, soit qu'elles servent seulement de base et de renfort à ces appendices. Au dedans le sarcode est moins compact; il perd les caractères submembraneux de l'enveloppe. La couleur de cette forme est un peu plus jaune que celle des précédentes, elle se rapproche de celle des disques que l’on observe dans la masse du Bathybiopsis discimistus. IX. Piakousa elongata (DE FoL.). PI, X, üg. 4-5. Massa, P. subrotundatæ similis sed paululù majüs subtilis ; interiore minüs impleto; elongata. La forme allongée ne suffit pas pour différencier cette espèce du P. subrotundata; elle peut être l'effet de la position dans laquelle l'organisme s'est développé. Mais on trouve un meilleur caractère dans sa texture, qui est plus fine et qui parait plus serrée. L’enve- loppe semble un peu plus solide, et peut même devenir distincte du sarcode interne, car celui-ci laisse des places presque vides, qui se distinguent très bien à travers le tissu. Les pseudostes se montrent également d’une plus grande finesse que ceux du P. rotundata. Cette espèce fait déjà pressentir, par son aspect, les organismes chez lesquels une sécrétion manifeste produit une enveloppe solide, au lieu d’une simple couche résistante. Genre Vitta (DE For.) La concentration de l'élément sarcodique qui n'a lieu, chez les 184 LES FONDS DE LA MER. Plakousa, que pour former une couche enveloppante, s'étend chez les Vitta à toute la masse; il est vrai qu'elle est peu considérable et que les types n’ont jamais qu'une médiocre épaisseur, présentant l'aspect d'un ruban. X. Vitta linearis (DE For.). PI, X, fig. 3. Massa linearis, filiformis, interdum crassioribus partibus notata, bruneo-flavotincta, oris irregularibus aliquandd paululo fimbriatis. Long. : 5 à 15 millim.; latit. : 1 à 3 dixièmes de millim. Cette espèce est constituée par une simple bande de sarcode; elle est très allongée, en raison de son peu de largeur; c’est presque un fil dont l’une des extrémités est parfois terminée en pointe. Le ruban n'a pas partout la même épaisseur; le sarcode s'accumule sur certains points et forme un épanouissement latéral. Si parfois les bords sont quelque peu frangés, généralement ils sont assez nets. On distingue facilement, dans le tissu fin, les pseudostes, et on peut les inanier, avec un pelit pinceau, sans rompre le sarcode. La couleur est d'un jaune brun agréable. On rencontre cette espèce, comme tous les autres Vitlas, cachée dans de vieux tests perforés de mollusques. XI. Witta ramosa (DE FoL.). Pl. XI, fig. 1-3. Massa V. lineari similis, sed branchiata. Long. : 5 à 15 millim.; latit. 1 à 3 dixièmes de millim. Cette espèce est semblable, quant à sa structure, à la précédente; seulement elle diffère suffisamment de celle-ci parce que au lieu d'un ruban linéaire d'un seul jet, elle est pourvue de quelques bran- ches plus courtes que le tronc et qui se terminent comme lui en s'effilant. XII. Witta nodulosa (DE FoL.). PI. XIL fig. 2. Massa V. lineari et V. ramosæ similis, sed aliquandà tortuosa, et nodulos satis crassos ad margines ferens. Long. : 8 à 9 millim.; latit. : 4 à 3 dixièmes de millim. Nous apercevons un progrès sur cette espèce. La masse générale est demeurée à peu près la même, si ce n'est qu’elle se montre Le LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 185 Lortueuse sur quelques points, mais elle s'est épaissie en quelques endroits marginaux, et au lieu d'opérer un renflement du ruban, elle s'extravase, pour ainsi dire. Nous la voyons, en effet, former des nodosités qui font hernie en dehors des bords; ces protubérances, beaucoup plus épaisses que la masse principale, impriment à l'espèce un caractère assez net. Le tissu demeure le même, la couleur est un peu plus foncée, ce qui provient de l’agglomération de sarcode. XIII. Witta fenestrata (pe For.). PI, X, fig. 4. Massa quoad genus lata, haud crassa, sæpè replicata, margines interdum angulosi, incrassati; late fenestrata. Long. : 6 à 7 millim. ; latit. : 3 à 6 dixièmes de millim. Il est nécessaire de faire observer qu'il est impossible d'exiger que tous les sujets appartenant à des types aussi bas dans l'échelle zoologique se présentent constamment de la même façon. Il semble, au contraire, qu'il ne puisse en être ainsi si l'on observe que le spécimen, ici unique, que nous ayons rencontré, doit être quelque peu modifié par suite de son séjour dans une retraite exiguë. Livré à lui-même, nous n'avons pu, toutefois, le ramener à une position plane, qui serait peut-être plus normale que celle que nous avons observée. En effet, la masse se montre large, mais en partie ren- forcée par des feuillets triangulaires plus épais qu'elle. Elle est largement divisée par des ouvertures spacieuses subtriangulaires; elle est effilée à l’une de ses extrémités, et, au contraire, obtuse et épaissie sur l'autre. Le tissu est exactement le même que celui des autres types du genre. XIV. Witta inflata (DE FoL.). PI. XII, fig. 4. Massa incrassata, interdum subcylindrica, ad extremitates atte- nuala, ramosa; rubra, Long. : 5 à 6 millim ; latit. : 1 à 5 dixièmes de millim. Cette espèce se distingue facilement des autres parce qu'au lieu de se développer en ruban d'une épaisseur toujours médiocre, elle prend la forme d’un véritable cordon : elle ressemble à un boyau aplati et plein, si ce n’est vers les extrémités, points où elle conserve le caractère des Vitta. Le sarcode extérieur paraît plus solide que celui de l'intérieur ; il constitue une sorte d'enveloppe submembraneuse, une peau, Sa Couleur est plus rouge que sur les autres espèces, mais 186 LES FONDS DE LA MER. aux extrémités on retrouve la nuance jaunâtre de celles-ci. Quelques branches et quelques nodosités se montrent sur certains spécimens ; il en est d’autres qui sont simples. Genre Phykopsis. La structure des Phykopsis (o5xoc, alque) est la même que celle des Vitta, mais la forme qu'adopte le sarcode prend un caractère tellement différent qu'il n’est pas possible de ranger les sujets du nouveau genre parmi ceux qui précèdent, XV. Phykopsis alga (DE FoL.). Massa multifoliacea; folia parüum crassa, elongata, pseudostes monstrantes, Long, : 2mm;: Jauit, : 1mms, Si nous n'avions constaté la nature sarcodique des Rhizopodes réticulaires en nous assurant de la présence des pseudostes, absents dans les Algues, nous croirions avoir affaire à quelque représentant du règne végétal. Nous trouvons ici toutes les parties du sujet constituées comme les Vitta. C'est-à-dire que le sarcode a subi un certain degré de concrétion, par l’effet de la sécrétion peu abondante encore, mais suffisante pour que les formes soient définies et se maintiennent telles quelles. Nous trouvons de plus cet organisme caché dans une cavilé comme le sont ceux auxquels nous le compa- rons. Mais la masse se décompose en une nombreuse suite de lobes lancéolés et allongés qui partent d’une souche plus large formant une sorte de base. Ces lobes sont parfois branchus; ils paraissent converger vers le sommet; toutefois cette disposition est peut-être due à leur séjour dans un espace clos et dont ils devaient prendre quelque peu la forme. Ils sont plus colorés sur leur partie moyenne, ce qui dénote que sur ce point ils ont une plus grande épaisseur. L'ensemble du spécimen est des plus élégants. XVI. Phycopsis seriptura (DE For.). PI. XIII, fig. 4. Massa scripturam orientalem simulans; pseudostes monstrans; bracchia subcylindriea, ad junctionem minus crassa. Long. : 2mm; Jatit. : 3mm8, Cette seconde espèce, bien que différant essentiellement de la L LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 187 première, confirme l'exactitude de notre appréciation sur celle-ci. En considérant le sujet dans son ensemble, on croirait apercevoir un mot arabe ou chinois; il se compose de plusieurs expansions subcylindriques, mais qui s'amincissent pour se joindre les unes aux autres; quelques-unes de ces expansions cependant conservent leur épaisseur en s'écartant de celle qui paraît être la principale de son groupe. La coloration du sarcode est un peu moins rousse que d'habitude, on distingue facilement les pseudostes qui l'imprègnent. Genre Pseudarkys (DE For.). La sécrétion est devenue telle qu’elle est en état de donner lieu à la production d'une mince pellicule qui sert à envelopper le sarcode, elle n'est pas encore chitineuse, mais on voit qu'elle tend à le devenir. La forme se dessine également avec plus de netteté, l’orga- nisme s'établit en composant une multitude d'expansions qui ont quelque analogie avec les bätonnets du Bathybiopsis implicans; mais ceux-ci sont courts, isolés et sans enveloppe, tandis que nous trouvons les autres d'une longueur parfois énorme, et que nous les voyons se ramifier largement, se croiser, former des mailles, consti- tuer un ensemble qui paraît continu. De là le nom de Pseudarkys (bevône, faux; &puws, réseau). C'est un réseau irrégulier; les mailles ne se ressemblent ni par la forme ni par la grandeur, et même les rameaux s'allongent souvent sans se souder. Sur certains points on aperçoit très bien la membrane pelliculaire, lorsque, par exemple, elle est vide de sarcode, soit que celui-ci se soit retiré, ou bien, ce qui est plus probable, parce que le rameau est en formation. Ce que le nouveau genre présente de fort remarquable, c'est la présence d'une ou plusieurs masses de sarcode, rappelant celui des Bathy- biopsis. Sur quelques sujets en voie de formation les expansions sont à peine formées, on peut facilement observer leur confusion avec la masse; la pellicule elle-même se montre comme faisant suite à une différenciation sarcodique non encore membraneuse, mais qui se transforme pour prendre cet état. XVII. Pseudarkys multibranchiata (DE FoL.). Massa Bathybiopsis implicantis, sed multos ramusculos producens ; ramusculi crassi, subsolidi, in pellicula submembranacea complexi, aliquando ad extremitates interrupti, sarcodem deficiens pellicula conspicua. 183 LES FONDS DE LA MER. On est naturellement porté à comparer cette espèce, de dimen- sions très variables, au Bathybiopsis implicans, auquel elle ressemble à première vue; l'examen montre, au contraire, un progrès très sensible qui éloigne les deux types l'un de l’autre. Sur le Bathybiopsis, les expansions ne sont formées que par une condensation simple du sarcode; sur le Pseudarkys, l'intervention de la sécrétion produit une enveloppe pelliculaire submembraneuse qui enferme le sarcode con- densé. Les expansions du Bathybiopsis sont courtes, se coudent parfois, mais ne se ramifient pas; celles du Pseudarkys sont longues, parfois très longues, se divisent en de très nombreux rameaux qui ussez souvent se soudent pour former, ainsi qu'il a été dit, ci-dessus, à propos du genre, une sorte de réseau dont les mailles sont inégales et varient dans leurs formes. Sur certains points, ces mailles man- quent complètement, mais les expansions, en se superposant, paraissent former le réseau. Genre Diodiathesis (De FoL.). (Étym.: ôVo, deux; äleow, étal.) Nos recherches nous ont fourni un individu sur lequel la partie chitineuse protégeant le sarcode se trouve très nettement constituée. Sur divers points on aperçoit, de la façon la plus distincte, la trans- formation qui s'opère : le sarcode est d’abord disséminé par parcelles d'une extrême ténuité, puis celles-ci se rapprochant les unes des autres, et se relient entre elles pour se prêter à la formation d'une enveloppe de très grande délicatesse. Cette enveloppe, au début submembraneuse, puis membraneuse, en prenant un peu plus de densité et d'épaisseur, arrive enfin à l'état chitineux. Ce passage graduel est fort curieux à suivre. XVII. DBiodiathesis appendiculata (DE Fo.). Pl. XIIL, fig. 2. Massa irregulariter definita, plus minüsve crassa, membranäâ chitinosa protacta, in pluribus partibus appendiculata ; ad extremi- tates appendiculi haud chitinosi, tenuissimi, evanescentes ; fusca. Long.:2mm; Jatit, 5mm, Cette espèce est sur certains points nettement délimitée par sa membrane chitineuse. Sur beaucoup d’autres elle montre des appen- dices terminés par des parcelles sarcodiques minces et disséminées. Ces parcelles, en se rapprochant du centre, se resserrent, se soudent LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES, 189 et finissent par prendre l'aspect submembraneux, puis membraneux, et enfin chitineux du genre. On peut facilement suivre les diverses phases de la transformation sur tous les appendices. Les contours de l'organisme sont assez irrégulièrement tracés, mais bien définis sur toutes les parties où ne se trouvent pas d'appendices. Genre ÆExochiton (DE FOL.). Le genre Exochiton (£tw, dehors ; xxwv, tunique) est constitué par une gaine ou tunique très fine, relativement très résistante, et de grande dimension, qui contient un sarcode d’une consistance plus grande que celui des organismes précédents. XIX. Exochiton ramosum (DE FOL.). Sarcodes satis stabilis, in tunica ramosa complexus. Long. : 6mm; Jatit. : Omm3, Cette espèce est parfaitement caractérisée. Elle se compose d’une tunique chitineuse très fine, montrant plusieurs rameaux dans lesquels le sarcode est enfermé. Sur quelques points la masse interne se montre très ramassée ; la couleur foncée de ces parties l'indique. On distingue fort bien les pseudostes à travers la tunique, et on constate aisément la finesse de cette tunique sur quelques extré- mités où elle est presque vide. Nous avons trouvé cet organisme dans un débris de test de mollusque. Genre Katachiton (DE FoL.). La partie chitineuse de l'organisme, au lieu de servir de tunique pour renfermer le sarcode, est destinée ici à former un axe sur lequel il est appliqué (xatx, dans; yrrwv, tunique). On verra que cette disposition se retrouve sur des organismes plus élevés. XX. Katachiton depressum (DE For.). PI. XIII, fig. 2. Massa elongata, subcompressa, sarcodis externus, super axim internum membranaceum seu chitinosum stabilitus; marginibus haud detinitis, in particulis minutis, tenuibus, irregulariter termi- natis. Long.: 20mm5; Jatit. : Omm6. 190 LES FONDS DE LA MER. Cette espèce est constituée par un axe qui nous paraît chitineux, assez irrégulier, se plissant parfois sur lui-même dans sa largeur, et sur lequel s'applique le sarcode. Celui-ci n’est pas très consistant; il se termine vaguement sur les bords en diminuant d'épaisseur et se perdant en parcelles excessivement fines. La forme est longue, peu épaisse, elle représente une lanière irrégulièrement découpée. Genre Autonomos (DE For.). Un fait d’une grande importance ressort de la découverte d'un organisme complètement nu, composé de sarcode assez concentré ou plutôt assez concrété pour prendre une forme à peu près cylin- drique, assez longue, ayant assez de résistance pour se maintenir telle, même sous les efforts exercés pour en séparer quelques par- celles. Tout en constatant la présence des pseudostes ordinaires, on les trouve mélangés d'un assez grand nombre de filaments très fins. Cet organisme appelé Aulonomos (aurévouoc, indépendant) se rapproche beaucoup des types enfermés dans les demeures arénacées que construisent eux-mêmes les Rhabdammina, les Hyperammina, etc. D'un autre côté, son caractère de Nu est évident. Bien que l'interposition d’autres groupes entre lui et les Arénacés l'éloigne assez de ceux-ci, pour qu'il ne puisse constituer un véritable trait d'union entre eux et les Nus, il assure néanmoins leur parenté. XXI. Autonomos saturatus (DE FoL.), PI. XI, fig. 4. Massa satis elongata, subecylindrica, satis concreta, valdè fusca, seu nigrescens; nuda. Long. : 4mm5; diam, : Omm5, Si l'on dénudait un sujet d'Hyperammina, on aurait une repré- sentation exacte du nouvel organisme, mais en le confrontant avec celui-ci on verrait de suite que ce dernier est plus large, plus consis- tant et bien plus foncé en couleur, résultat de la concentration du sarcode, nécessaire pour donner de la force à un animal sans abri. L'Autonomos saturatus ne possède, en effet, ni tunique, ni muraille protectrice; il mène une vie indépendante; ou il s'accroche par une de ses extrémités, c'est ainsi que nous avons trouvé un sujet effilé à l’un de ses bouts, et enroulé sur un tube de Rhabdammina, la inajeure partie demeurant libre. « CJ LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 491 Genre Astrorhizopsis (DE FoL.). Un organisme que nous avons trouvé adhérant sur la surface interne d’un débris de bivalve, et qui s’y trouvait assez solidement fixé, nous fournit une preuve inattaquable de l'exactitude de nos appréciations sur les animaux qui font partie du groupe dont nous nous occupons. Nous avons, en effet, sous les yeux, une masse sarcodique qui représente exactement celle d'un Astrorhiza, débar- rassé de son enveloppe arénacée; seulement elle ne possède que quatre expansions au lieu de six, sept, huit ou neuf. Puisque le genre Astrorhiza est bien authentiquement reconnu pour appartenir aux Rhizopodes réticulaires, cette autre forme doit également faire partie de la classe. D'un autre côté, son alliance avec les Nus n'est pas douteuse. La circonstance heureuse de la rencontre de cet organisme donne donc de l'autorité au classement que nous avons adopté. XXII. Astrorhizopsis tetrabrachion (DE For.). Pl. XIII, fig, 5. Massa subquadrangularis, parüm crassa, quadribranchiata, brachia in angulis posita, satis elongata; fusco colorata. Long. : 20m; Jatit, : 1mm6; Brach., long. : 2Mmm; diam, : Omm?, Cette masse présente la forme d'un rectangle aux côtés assez irrégulièrement arrêtés, elle est assez épaisse, et le sarcode s'y trouve assez abondant et assez condensé, ce qui est indiqué par sa couleur foncée, à peu près égale partout. Aux quatre angles, des bras proportionnellement allongés, s'étendent sensiblement dans les directions que suivraient les prolongements des diagonales, et le sarcode n’est point aussi richement distribué chez eux que sur le rectangle. Genre Hyperaminopsis. Jusqu'à présent nous avons vu le sarcode rhizopodique s'élever par des transformations, mais c’est fort lentement, ainsi que nous le constatons, qu’à l’aide de la sécrétion il constitue des organismes de moins en moins dénués d’enveloppe protectrice. L'animal que nous avons à faire connaître maintenant nous fait avancer d'un pas de plus dans cette voie, mais si nous constatons ici un saut assez brusque, c'est peut-être aussi parce que nous n'avons pas encore trouvé les formes intermédiaires. L'Hyperaminopsis se compose d'une 192 LES FONDS DE LA MER. masse sarcodique centrale allongée qui s'entoure d’une sorte de muraille disposée comme celle de quelques Arénacés, avec cette différence cependant qu'elle n'est point cimentée. Les éléments qui composent la muraille se trouvent réunis par une masse de sarcode dans laquelle ils sont noyés et qui, en les débordant, forme une cou- che extérieure assez épaisse. 1Is ne sont donc engagés et maintenus que comme des pseudostes, seulement ils sont de grande taille et de volume à peu près égal; de plus ils sont rangés dans un ordre méthodique qui exclut l’idée d'une disposition accidentelle. Ce n'est point encore une véritable enveloppe qu'ils forment, mais un ache- minement vers l'édification d’un abri protecteur externe tel qu'on en retrouvera par la suite. Remarquons aussi que cette couche de sarcode qui entoure au dehors tout l'organisme, montre que le sarcodesme, tout en reliant les matériaux d'une muraille, se poste aussi à l'extérieur pour établir des moyens de relations avec le milieu ambiant. XXIIL. Hyperaminopsis arenosa (DE For.). PI. XIII, fig. 6. Massa elongata, subeylindrica, ad unam extremitatem restricta, -dein capitem monstrans ; intùs sarcodem centralem implicans, super eum arenosum involucrum in sarcodem externum inclusum. Long. : 3mm; Jatit.: Omm2, (mm3, Nous avons trouvé cette espèce dans un débris de test de Mol- lusque. Elle se montre comme un précurseur des formes arénacées, et dévoile quelque peu le mode de formation des enveloppes de ces dernières. Elle est allongée, subcylindrique, étranglée à l’une de ses extrémités, et dilatée ensuite pour se terminer par une tête plus large que tout le reste de l'organisme. Ge serait un Hyperammina si la muraille enveloppant le sarcode central était solide, mais les grains de quartz qui composent l'enveloppe ne sont maintenus que par la masse sarcodique que l'on aperçoit, par transparence, à travers le quartz. De loin en loin quelques fragments de spicule débordent. Cette forme avec tête est-elle constante? Nous avons un autre sujet sur lequel la partie manque. Est-ce un accident? Nous ne pouvons le dire, : Genre Kampiopsis. La forme la plus élevée de la tribu des Nus est représentée par deux spécimens. LES RHIZOPODES RÉTICULAIRES. 193 Ces deux spécimens, complètement nus et libres, forment un passage entre la tribu des Nus et celle des Vaseux. Le principal caractère du genre se trouve dans les innombrables appendices qui hérissent la surface entière de l'animal et font res- sembler celui-ci à certaines chenilles, De là le nom de Kampiopsis, de xaurn, chenille. XXIV. Kampiopsis myriapodes (DE For.). PI. XIT, fig. 2. .. Massa elongata, crassa, subeylindrica, parüm depressa, ad extre- mitates subacuminata, Cavernosa; sarcodes intüùs membranaceus, lecto minüs densato inductus, multù appendiculatus ; appendieuli irregulares, ramosi, tenuissimè terminati, superficies ab eis echi- nata. Long. : 9mm; Jatit, : 2mm, L'espèce se présente sous forme d’une sorte de tube déprimé, assez allongé, quelque peu irrégulier et presque acuminé à chacune de ses extrémités. C’est comme sur un manchon, formé par le sarcode devenu membraneux, que s'étend une couche de la même matière, moins dense, bien que cependant assez ferme. Sur cette couche se dressent une multitude prodigieuse d’appendices irrégu- liers, qui paraissent souvent soutenus par des lames submembra- neuses. Ge système imprime à l'organisme un aspect très particulier, On pourrait voir en lui des pseudopodes qui se ramifient presque tous vers leur extrémité, s’effilent et finissent par se perdre en une infinité de ramuscules de plus en plus ténus, TI 13 194% LES FONDS DE LA MER. CHAPITRE VII. Les Ostracodes nouveaux des explorations du Travailleur et du Talisman. Les nombreux types d’Ostracodes recueillis dans les explo- ralions de 1881 à 1883 comprennent, on l’a déjà vu (p. 164), une douzaine d'espèces nouvelles pour la science. Les des- sins de ces espèces nous ont élé obligeamment communiqués par notre collaborateur M. G.-S. Brady. M. Brady a fait suivre, en même temps, ses figures de diverses notes que nous intercalerons ici, et qui complèle- ront les premiers documents du chapitre IV (3° partie de ce tome). Le Macrocypris siliquosa (G.-S. Brady), espèce nouvelle figurée dans la planche XIV, n° 1-3, est une toute pelite coquille, à peu près lisse extérieurement, de un millimètre six dixièmes de longueur, sur six dixièmes de millimètre, au plus, de largeur valvaire, et qui ressemble assez bien à une silicule, lorsqu'on examine ses valves sur leurs faces (fig. 12). L'extrémité antérieure est arrondie; la postérieure forme un angle aigu à sa rencontre avec le bord ventral, La plus grande largeur se trouve vers le milieu des valves et le bord dorsal est arqué, tandis que le bord ventral est un peu sinueux. Enfin, la valve gauche est plus petite que la droite et plus anguleuse, particulièrement sur le bord dorsal. Le Macrcypris siliquosa a été confondu avec le M. Minna (Baird) et pris pour une forme jeune de celui-ci. Au sujet du Macrocypris angustata (G.-0. Sars), qui fait suile dans le catalogue de la page 164 et suivantes, M. Brady pense qu'il y a confusion avec le Lairdia cngustata (Sars), LES OSTRACODES NOUVEAUX. 495 Dans les Bairdia, les deux types reconnus comme inédits sont le B. Folini et le B. affinis, de M. G.-S. Brady. Le Bairdia Folini (pl. XIV, fig. 45), représenté sous un grossissement de quarante diamètres, ne dépasse pas, en réalité, 4°"8 de longueur, et atteint sa plus grande largeur, qui est de huit dixièmes de millimètre, vers le milieu des valves. La coquille, vue de côté (fig. 4), est subrhomboïdale; son extrémité antérieure est obliquement tronquée, arrondie en dessus el en dessous, de chaque côté de la troncalure; son extrémité postérieure est arrondie et plus étroite. Vue en dessus (fig. 5), elle représente un ovale allongé, aigu aux deux extrémités du grand diamètre. | Cette espèce ressemble au Bairdia abyssicola (Brady), mais elle en diffère par son enflure plus grande, ses bords moins aplatis, son extrémité antérieure plus distinctement tron- quée et plus oblique, enlin par sa valve droite beaucoup moins anguleuse. Quant au B. abyssicolu, il est bon de noter que les spéci- mens-types décrits dans le Rapport de l'expédition du Chal- lenger sont de simples valves, un peu plus courtes el moins anguleuses que celles des échantillons du Talisman, bien que les unes et les autres semblent appartenir à une espèce unique. Le Bairdia affinis (pl. XIV, fig. 6-7), décrit d’après un seul sujet draguëé le 7 juillet 4883, par 1,918 mètres de profon- deur, est sensiblement réniforme lorsqu'on l’étudie de côté (Hig. 6). Il mesure, dans cette position, un millimêtre un dixième, sur six-sept dixièmes de millimètre. L'extrémilé antérieure est très modtrément arrondie; la postérieure prend, au contraire, nettement ce caractère; le bord dorsal est fortement arqué, et le ventral, légèrement sinueux dans le milieu. La coquille vue en dessus est ovale. Les valves sont lisses et la droite est heaucoup moins grande que la gauche, distinctement réniforme el non angu- leuse. 196 LES FONDS DE LA MER. Les espèces dont se rapproche beaucoup le B. affinis sont le B. fusca (Brady) et le Bairdia obtusa (G.-0. Sars). Entre autres différences le B. fusca est ponctué, et le B. obtusa est beaucoup plus allongé et anguleux dans son contour. Après les Bairdia, les Cythere se font remarquer par leur nombre et leurs genres, dans les dragages du Travailleur et du Talisman. Les sujets inédits que M. Brady a décrits sont les C. ven- tricrista, C. lenisculpta, C. sulcifer, C. monacantha. Le Cythere ventricrista (pl. XIV, fig. 8-9), long d’un milli- mètre et dragué le 7 août 1883 sous 3,535 mètres d’eau, paraît quadrangulaire lorsqu'on le voit de côté. Son extrémité anté- rieure est arrondie el bordée d’une série de neuf à dix épines; la postérieure est étroite, irrégulièrement dentée et terminée, soit en dessus, soit en dessous, par des angles aigus. Le bord dorsal fait un angle élevé dans le haut, puis s’ineline en arrière, en suivant une ligne irrégulière et crénelée. Le bord ventral est émarginé. Le test de cet ostracode, vu en dessus, montre que sa plus grande largeur est au delà du milieu, et que le bord latéral porte une suite de dents larges, irrégulières, serrées les unes contre les autres et disposées en faile. La surface des valves est lisse sur une grande partie, mais en arrière on y remarque des tubercules anguleux. En dedans du bord ventral se trouve une rangée d'épines ou de dents squammeuses. Le Cythere lenisculpta de M. Brady (pl. XV, fig. 1-2) est encore plus minuscule que le C. ventricrista, puisque sa longueur n’atteint que 0986. L’unique valve observée est presque quadrangulaire et plus haute en avant qu’en arrière. De côté, l'extrémité antérieure est largement arrondie, tandis que la postérieure est obliquement tronquée, mais arrondie en dessous, et les bords supérieurs sont presque droits. En dessus, le contour est convexe et le bord latéral présente une pointe vers le tiers postérieur (fig. 2). La surface de la valve est réliculée (fig, 1) et comme LES OSTRACODES NOUVEAUX. 197 rayonnée, avec des fines ponctuations dans les intervalles des saillies. La partie ornementée est terminée par une marge ventrale qui finit en épine courte. Il est bien regrettable que les dragues n’aient ramené qu’une valve de cette belle espèce, si caractérisée néanmoins, et qui vit sous 3,655 mètres d’eau. C’est dans le même dragage qu'a été capturé le Cythere * sulcifer (pl. XV, fig. 3-4) dont il n’existe aussi qu’un échan- tillon, mais, celui-là, bien complet. Le test du C. sulcifer, long de un millimètre, parait subtriangulaire vu de côté; bombé au milieu, vu de face; el presque ovoïde, avec les extrémités tronquées, vu de dessus (fig. 4). L’extrémité antérieure est large et arrondie: la postérieure est étroite et tronquée. Le bord supérieur s’échancre; l’infé- rieur est presque droit. Les bords latéraux sont convexes et les ventraux forment carène. La coquille est épaisse, lisse sur la moitié antérieure, et ornée, sur la partie postérieure, d’une série de larges sillons longitudinaux, sinueux et presque parallèles, qui s’'évanouissent un peu au delà du milieu de la valve (fig. 3). Le quatrième Cythere de M. Brady, le C. monacantha (pl. XV, fig. 5-6), est suffisamment caractérisé d’abord par une grande épine dirigée en arrière, épine qui se projelte latéralement vers le tiers postérieur de la valve, puis par Îa série de petits tubercules de la partie postérieure, surtout vers le bord ventral, au voisinage de l'épine. Les valves sont fortement convexes, vues de dessus, et elles ont un contour très dentelé; leur partie antérieure est à peu près lisse, mais au delà commencent bientôt les tubercules; dans cette partie antérieure le bord valvaire est en large lèvre gonflée el marqué de lignes rayonnantes. Plusieurs valves détachées appartenant au type décrit ont élé récueillies, le 11 août 4883, dans un-dragage à 2,792 mètres de profondeur. Elles mesuraient 18, Le dragage de 3,535 mètres, du 7 août 1883, a fourni, à 198 LES FONDS DE LA MER. côté du Cythere ventricrista, le Cytherura scaberrima (pl. XV, fig. 10-11), retrouvé quelques jours après, le 22 août, par une profondeur de 2,995 mètres. Les valves de cette dernière espèce sont très irrégulières. Vues de côté, elles montrent leur plus grande hauteur sur le milieu; l’extrémité anté- rieure est oblique, irrégulièrement arrondie et épineuse; la postérieure est rétrécie et dilatée en bec large, mais court et tronqué, au-dessus du milieu. Le bord supérieur est irrégu- lièrement sinueux, et s'élève, près du sommet, en proëmi- nence arrondie et dentelée, sur le front de laquelle se trouve une échancrure anguleuse. Le bord inférieur est convexe et plus ou moins crénelé, ou denté, d’un bout à l’autre. Lorsque l’on examine le contour extérieur des deux ou trois valves détachées, de 11 de longueur, qui ont servi à créer l’espèce, on croit voir un monticule avec deux pitons coniques et entaillés, l’un presque droit, l’autre incliné, séparés par un large espace (fig. 11). La surface de la valve est ensuite rugueuse, très tuberculeuse, et traversée par une rainure profonde. Deux Bradycinetus, un Sarsiella et un Paracypris, complé- tent la série d’Ostracodes récemment découverts et décrits par M. Brady. Le Bradycinetus Biscayensis (pl. XV, fig. 9) ne semble pas plus répandu que le Cythere sulcifer, etc. Un échantillon unique, mesurant 18 de longueur, a été retiré, le 24 juil- let 1882, de 460 mètres de fond. Sa coquille est enflée et subglobuleuse. Vue de côté, elle est ovoide et sa hauteur est égale environ aux trois quarts de sa longueur; l’extrémité antérieure est rétrécie et confusé- ment anguleuse vers Ja naissance du bec; celui-ci est tronqué obliquement et terminé en pointe aiguë en dessous; l’extré- milé postérieure est subtronquée, à peine arrondie; le bord dorsal est modérément arqué; le bord ventral est très con- vexe. Vue en dessous, le contour de la coquille est presque elliptique; l'extrémité extérieure est rétrécie el se projelte LES OSTRACODES NOUVEAUX. 199 en une sorle de proéminence arrondie; le bord postérieur est plus large et émarginé au milieu; les bords latéraux sont courbés. La surface est lisse et de forte structure. Un nombre considérable de spécimens, présentant quelques légères différences, ont permis à M. Brady d'étudier plus facilement que lorsqu'il s’est agi des espèces précédentes, le Bradycinetus ctenorynchus (pl. XIE, fig. 3-5). La coquille de cette petite espèce, de 22 de longueur, est très épaisse, Vue de côté, elle montre un long bec (fig. 3); le bord dorsal est fortement arqué et se dirige vers l’extrémité du bec; le hord ventral est convexe et forme, à sa jonction avec le dorsal, une projection terminale anguleuse. La sur- face du test est couverte d’impressions circulaires serrées les unes contre les autres (fig. 5). Nous renvoyons aux trois figures de la planche XII pour les autres détails. M. Brady a décrit, sous le nom de Sarsiella globulus, un autre Ostracode de 15 de longueur, représenté dans la planche XV, fig. 8-9. Ce crustacé, grossi environ quarante fois dans les dessins, ainsi que toutes les espèces dont il est question jusqu'ici dans ce chapitre, prend, comme ses congénères, des aspects diffé- rents, suivant la position dans laquelle on le place pour l’examiner. Ainsi, de côté, c’est une outre renflée avec un col court, tandis qu’en dessus sa forme parait rhomboïdale (fig. 9). La coquille est lisse ou marquée d’impressions circu- laires éparses. Les bords de la charnière des valves sont très recourbés. Le bord ventral est frangé de longs poils (fig. 8). Le genre Sarsiclla fut établi par le R. M. Norman, en 1868 (British Association Report), pour y placer une espèce dénom- mée par lui Sarsiella capsula. D'après l'examen de l'animal, qui fut communiqué à M. Brady, il est probable que le type décrit sous le nom de S. globulus se range à côté du S. cap- sula et que tous deux prennent rang entre les Cypridinæ el les Polycopide. C'est dans le dragage du 12 juillet 1883 qu'ont été apercus 200 LES FONDS DE LA MER. les premiers spécimens de S. globulus, mais il en existait déjà dans les vases ramenées le 11 juillet de 1,485 mètres d’eau, et les opérations du 45 juillet ont de nouveau fourni le type. Au milieu des divers sujets procurés par ces trois dragages allant de 930 mètres minimum à 2,330 mètres maximum, M. Brady a observé quelquefois un prolongement du bec, en forme de pointe, et deux crêtes circulaires concentriques qui ornent les valves, lesquelles sont même surmontées de petits nodules. L’auteur considère néanmoins les divers tests comme appartenant à une espèce unique. La dernière des espèces nouvelles, le Paracypris galeata (pl. XIE, fig. 5-7), est un Ostracode de 1"95, à test comprimé paraissant allongé lorsqu'on le voit de côté, el représentant, par projection, un losange, lorsqu'on le regarde en dessus. Tous les tests dragués étaient vides. Tous sont incolores, translucides, très fins et parfaitement lisses. Comme caractère on remarque dans le milieu de la région dorsale un renfle- ment triangulaire du sommet duquel part. en arrière, une pointe. Cette ornementation s’opère sur la valve gauche. Nous observerons que, par exception à Ja série actuelle, les dessins de la planche XII, fig. 5-7, n’ont qu’un grossisse- ment de 25 diamètres. Plusieurs figures représentant le Bairdia abyssicola, le Cytherella serratula, divers aspects du Bradycinetus cteno- rhynchus et du B. biscayensis, etc., mériteraient aussi d’être reproduites el expliquées. Malheureusement, de nombreuses exigences nous imposent l'obligation de restreindre le cadre iconographique de cet ouvrage, et nous ne pouvons qu’ex- primer à notre savant et dévoué collaborateur, M. Brady, tout le regret que nous cause une mesure qu’il est indispensable de prendre. MOLLUSQUES, 201 CHAPITRE VIT. Une série de Mollusques des explorations de 1881-1883. Nous laissons de côté les dix-sept espèces de Mollusques . reconnues comme inédites, par M. Gwin-Jeffreys, dans lEx- ploration de 1880, pour arriver aux types découverts plus récemment. Les premières ont élé en effet décrites dans divers ouvrages; il suffit de les rappeler. Ce sont les sui- vantes : Pecten obliquatus (Jeffreys). Mytilus luteus (Jeff.). Lima Jeffreysi (P. Fischer). Axinus tortuosus (Jeff.). Modiolaria cuneata (Jeff.). Tellina gladiolus (Jeff.). Mytilimeria Fischeri (Jeff.). Cadulus semi-striatus (Jeff.). Thracia tenera (Jeff.). Odostomia blandula (Jeff.). Rimula asturiana (Jef.). Odostomia lineata (Jeff.). Odostomia sceptrum (Jeff.). Utriculus obesus (Jeff). Adeorbis umbilicatus (Jeff.). Bullima elongata (Jeff.). Utriculus pusillus (Jeff.). Les espèces qui vont faire le sujet du présent chapitre appartiennent, pour la plupart, au beau groupe des Chem- nitzidæ, dont les genres ont été rangés il y a plusieurs années d’après une nouvelle méthode (1). L'examen du groupe mon- tre que le caractère principal et spécial de tous les types repose sur la présence de deux axes pour la coquille, car le test embryonnaire s’enroule suivant un axe qui change de direction à l’apparilion du premier tour de spire normal. Les Chemnitzidæ se partagent ensuite en deux séries très distinctes : les coquilles allongées ; les coquilles ventrues. De plus, dans l’une et l’autre série, de nouvelles subdivisions sont encore faciles à obtenir, si l'on considère que le bord (1) Methode de classification des Coquilles de la famille des Chemnitzidæ, de Folin, in-8°, 1870, Angers. Revue et discutée dans : Constilulion métho- dique rationnelle et naturelle de la famille des Chemnitzidæ, du mème auteur, Lyon, 1885. 202 LES FONDS DE LA MER, columellaire est simple, ou orné soit de plis, soit de dents. Eufin chaque subdivision voit chacun de ses termes se rapporter à l’un des quatre types suivants: Coquille lisse; coquille à ornementation longitudinale; coquille à ornemen- tation spirale; coquille à ornementation spiro-longiludinale. Les nombreux spécimens de Chemnitzidæ observés depuis la généralisation des recherches sous-marines, confirment absolument cette méthode de classification très simple qui, établie presque théoriquement, dès le principe, alors que le groupe était peu nombreux en espèces, trouve journellement sa confirmation dans la pratique, avec les seize genres actuels. Quelques Aclis font seuls exception, parce qu'ils offrent d’autres caractères en dehors de ceux qui doivent servir à établir le genre. A la suite des Chemnitzidæ nous placerons : le Cæcum . devium, un beau Solarium, un Pecten el une espèce amenant la création d’un genre, le genre Talisman. Eulima Parfaiti (DE FoL.). PI. I, fig. 7. Testa imperforata, paulô elongata, surshm acuminata, nitidissima, pellucida, animale aureo colorata et flamulis rubris distincta, bicur- vata ; anfractus X-XIJ, lentè crescentes, interdüm paululè convexi, suturà simplice juncti, ultimus paulô tumidus, ad sinistram parüm inflatus; apertura subcircularis, margine columellare rotundato, posteà super regionem umbilicalem extenso, exteriore lacteo, valdè convexo, extus paulul reverso; operculum tenue, concavum sub- spirale. Long. : 18mm; Jatit. : 9mm, Habit. : Détroit de la Bocayana, entre les îles de Lancerote et de Fuertaventure. — Et près des îles désertes voisines de Madère. Cette petite coquille doit en partie son élégance à sa transparence, car l'animal la teint en jaune orangé parsemé de flamulles rouges qui semblent s'échapper de la suture. Elle est peu allongée, très brillante, acuminée à sa partie supérieure, et montre deux cour- bures, l'une dans le sens latéral, la seconde dans le sens dorsal, ce qui la distingue de l'Eulima distorta. Les tours de spire sont au nombre de dix à douze. Ils croissent lentement et sont parfois légère- MOLLUSQUES. 203 nieut convexes; le dernier, médiocrement allongé, s’élargit en revanche suffisamment pour lui donner un aspect renflé, surtout sur le côté gauche. La suture est simple, à peine profonde, mais nettement tracée. L'ouverture est presque circulaire : son bord columellaire légère- ment recourbé, s’arrondit en cordon, puis, à la suite d'une légère dépression qui se prononce vers le dehors, il s'épanouit sur la région ombilicale et la recouvre entièrement; il recouvre aussi, mais faible- ment, la paroi aperturale et va rejoindre le bord externe à son point d'insertion, en faisant avec lui un angle très aigu. Le bord externe prend au dedans, sur une marge assez notable, une couleur lactée, il se recourbe très sensiblement en s'épanchant en dessous, puis revient, en s'infléchiseant, s'insérer sur la suture en faisant avec celle-ci un angle aigu qui s'incline vers le haut de la coquille. Sur tout son parcours ce bord se renverse en dehors et forme ainsi un rebord évasé. L'opercule est concave, très fin, transparent, sub- spiral d’abord, puis rayonné par des courbes excentriques. Nous dédions cette jolie espèce au commandant Parfait, heureux d’avoir ainsi une occasion de lui exprimer publiquement notre gratitude. Eulima Junii (DE Fou.) PI. IL, fig. 8. Testa quoad genus satis magna, haud rimata, mediocrè elongata, supernè acuminata, sed apice pauld obtuso, infernè restricta, nitida, hyalina sed paululd nubila; anfractus undecimi regulariter augentes, recti, suturà lineare, haud profunda juneti, ultimo maximo, tertiam- partem testæ æquante, aperturam versüs restricto; apertura elongata piriformis, interrupta, margine columellare parüm unduloso, incras- sato, super regionem umbilicalem extenso, exteriore simplice, exile, sed non acuto, infrà curvato, satis convexo, paululù obliquo; oper- culum ignotum. Long. : 13mm5; Jatit.: 2mMmQ, Habitat. : Entre les îles Pico et Saint-Georges (Acores). Dragage de 1,257 mètres de profondeur. Cette espèce, assez grande pour le genre, se trouve surtout carac- térisée par un resserrement qui se produit à la naissance-de l'ouver- ture, laquelle, par suite, semble plus petite que de raison si l'on considère le développement qu'avait alors pris la spire. La coquille paraît aussi peu allongée; elle est acuminée à sa partie supérieure, bien que le sommet soit quelque peu obtus. Elle est brillante, à peu 204 LES FONDS DE LA MER. près diaphane, quoique légèrement nuageuse, et laisse voir la colu- melle sur presque toute sa longueur. Les tours de spire, au nombre de onze, sont droits; ils eroissent régulièrement et sont à peine séparés les uns des autres par une suture linéaire sans profondeur ; le dernier est le plus grand, il mesure à peu près le tiers de la longueur totale et se trouve, comme il a été dit, sensiblement rétréci sur la moitié au moins de sa longueur. L'ouverture est piriforme, assez allongée; son bord columellaire est légèrement convexe et épaissi; à la suite d’une faible dépression il s'étend eur la région ombilicale ; le bord externe est simple, mince sans être tout à fait tranchant, il remonte obliquement en ligne droite jusqu’à son insertion; la paroi aperturale le sépare de l'autre. Nous n'avons pu voir l’opercule. Nous dédions cette jolie coquille à l'amiral Juin, Eulima Geographica (DE FoL.). PI. IT, fig. 9-10. Testa imperforata, satis elongata, apice obtusa, nitidissima, dia- phana ; anfractus VI satis rapidè crescentes, pauld convexi, sutura salis profunda separati, ultimo maximo, dimidiam partem testæ fere æquante; apertura elongata, stricta, recurvata, margine columellare valdè oblique incurvato, extùs reflexo, paululô incrassato, hand extenso, exteriore subacuto, infrà parüm convexo ; operculo? Long. : 5mm0; lat. : {mm?, Habitat. : Lat. N. 299, 54’, Long. O. 490, 46’. Près des côtes du Maroc, dans un dragage à 932 mètres de profondeur. Curieuse et jolie espèce imperforée à test très mince, très bril- lante, diaphane, à sommet obtus; assez allongée quoique le nombre des tours de spire ne soit que de six. Ces tours croissent rapidement; ils sont légèrement convexes en haut et en bas, et à peu près droits sur leur milieu; la suture qui les sépare est assez profonde; le der- nier tour est de beaucoup le plus grand, puisqu'à lui seul il égale à peu près la moitié de la coquille.entière. L'ouverture est remarquable, elle imprime à l'espèce un caractère des plus nets et des plus précis : elle est allongée, étroite et recourbée obliquement vers le côté gauche, par suite de la courbe très pro- noncée que le bord columellaire décrit en s'inclinant dans le même sens. Ce bord s'arrondil en s’épaississant et en subissant une sorte : de torsion sinueuse; la partie la plus forte s'abaisse vers le dessous de la coquille, pour former une convexité presque symétrique à celle que l'on remarque sur l’autre bord dans le même sens; il se ct dite tt beton. dé PO IL ET US MOLLUSQUES. -:205 relève ensuite sensiblement pour s'incliner ainsi que nous l'avons dit, puis il contourne fort gracieusement la base pour rejoindre le bord externe. Le bord externe est simple, légèrement convexe en dessous; quoique tranchant il est nettement arrêté, l'angle qu'il fait avec la paroi aperturale à son point d'insertion est assez aigu. Nous ne connaissons pas l'opercule. Cette élégante et intéressante espèce est dédiée à la Société de Géographie de Rochefort. Dankeria scalariformis (DE FoL.). PI. IV, fig. 3. Testa elongata, conica, alba, nitida; anfractus embryonales II læves, apice occulto; normales VII rapidè augentes, valdè convexi, costis longitudinalibus, angustis, subacutis, et liris spiralibus decus- Sali; ultimo maximo, haud umbilicato, super basim læve; sutura haud profunda costis crenulata; apertura subrotundata infernè paululà expansa. Long, : 4mm; Jat, : 4mm3, Cette remarquable espèce est allongée, conique, blanche, bril- Jante. Les tours embryonnaires sont au nombre de deux et ont leur sommet caché; ils sont très lisses. Les tours normaux, au nombre de sept, croissent rapidement, surtout en largeur; ils sont très convexes en haut et en bas et presque droits sur leur milieu, cet aspect est dû surtout à la saillie que font les cordons spiraux qui les ornent, concurremment avec des côtes longitudinales peu larges, presque tranchantes. La suture est peu accentuée, cependant elle paraît profondément située par suite de la saillie énorme de chacun des tours, c'est ce qui imprime à la coquille son caractère scalari- forme. Le dernier tour est le plus grand, et sans ombilic, l’ornemen- tation se termine par un cordon spiralé à la hauteur de l'insertion du bord externe et toute la base demeure lisse. L'ouverture est à peu près ronde, seulement elle se prolonge et forme une sorte de bec à la jonction inférieure du bord externe avec le bord columellaire qui, de là, remonte presqu'en ligne droite jusqu’à la paroi aperturale. — 23 juin 1883. — 2,200 mètres, Salassia venusta (DE Fcz.). PI. IV, fig. 5. Testa parüm ventricosa, subconica, pallida, subtranslucida, haud nitida; anfractus embryonales 1 1/2, apice occulto; normales IV, rapidè augentes, valdè convexi, suturâ simplice juncti, sulcis longi- tudinalibus haud profundis notati, ultimo maximo, inflato, umbili- 206 LES FONDS DE LA MER. cato; apertura magna, subovalis, infernè parüm angularis, margine columellare arcuato, subacuto, infernè paululd sinuato, exteriore benè arcuato, infrà dilatato, paululd reflexo, subacuto. Long. : 3mm; Jat, : {mmy, Cette espèce est en apparence peu ventrue, bien que son dernier tour, assez dilaté proportionnellement aux autres, lui imprime ce caractère. Elle est au contraire conique sur les trois premiers tours. Elle est de couleur jaunâtre, presque diaphane et mate. Le tour embryonnaire et le demi-tour sont lisses et le sommet se trouve caché en partie sous le second. Les tours normaux, au nombre de quatre, croissent rapidement; leur grande convexité fait paraître la suture qui les unit, plus profonde qu'elle n'est en réalité. Ils sont marqués par des sillons longitudinaux sans profondeur, qui laissent entre eux des espaces à peu près égaux, figurant une série de côtes ornant le test sans proéminence. Le dernier tour est le plus grand, il est égal aux deux tiers de la coquille entière; il est proportion- nellement plus large que les autres, c'est-à-dire qu'il se dilate dans une proportion qui n’est pas en rapport avec la largeur des tours précédents. Ainsi l'avant-dernier tour n'a que huit dixièmes de millimètre de large, et le dernier en a quatorze. Il montre une fente ombilicale peu profonde plutôt qu’un ombilic. L'ouverture est grande et large, presque ovale, légèrement angu- Jleuse à la jonction inférieure des deux bords; son bord columellaire est d'abord arqué, puis légèrement sinueux et subtranchant, il recouvre très faiblement la paroi aperturale pour rejoindre le bord externe. Celui-ci est très arqué et, au lieu de demeurer dans le même plan, il s'infléchit en dessous en formant une courbe assez gracieuse. Les dimensions notables de l'ouverture contribuent à donner de la largeur à la partie inférieure de la coquille, — ?3 juin 1883, — 2,200 mètres. Oceanida ovalis (DE FoL.), PI, IV, fig. 4. Testa ovata, parün ventricosa lævis, pallida, opaca, haud nitida; anfractus embryonales IT, normales IV rapidè augentes, vix convexi, ferè recli, suturà lineare juncti, ultimo maximo, dimidiam partem testæ æquans, haud umbilicato; apertura piriformis, haud elongata, margine columellare breve, paululô unduloso, arcuato, extùs reflecto, exteriore simplice sed parüm incrassato, Long. : 3mm; Jatit, : 4mm, Habitat, : Lat. N. 43057" 307; long. 0. 7019" 30/; prof, 860 mètres. MOLLUSQUES. 207 Cette espèce, d'une forme très élégante, ovoïde allongée, est cependant suffisamment ventrue pour être rangée parmi les Ocea- nida; elle est d’un blanc très légèrement jaunâtre, opaque, sans brillant (cela tient peut-être à ce que le seul exemplaire que nous ayons rencontré n’est pas très frais). Les tours embryonnaires sont au nombre de deux, leur axe est très court, ce qui rend la coquille obtuse vers le sommet. Les tours normaux sont au nombre de quatre, ils croissent rapidement, sont peu convexes, presque droits et réunis par une suture linéaire et presque sans profondeur. Le dernier tour est le plus grand, il mesure la moitié de la longueur totale de l'échantillon et il est imperforé. L'ouverture est courte et gracieusement piriforme. Le bord colu- mellaire est court, il sort du fond de l'ouverture en formant une convexité, puis il s'épanouit en petite courbe concave pour se réflé- chir en dehors. Il établit ainsi une marge assez large, sur cette partie du péristome avant de se redresser pour rejoindre le bord externe. Celui-ci est simple, légèrement épaissi et vient s’insérer en produisant une petite convexité. Ondina hemisculpta (De Foz.). PI. IV, fig, 6, Testa ovato-conica, satis ventricosa, albida, opaca paululù niti- dula; anfractus embryonales 1 1/2, apice occullo; normales IV, rapidè crescentes, suturà perspicuà juneti, prima dimidia parte læve. secunda suleis minimis spiralibus ornata, ultimo maximo; apertura semilunaris, infernè restricta, margo columellaris paulô sinvatus, exterior arcuatus. Long. : 3mm5; Jat, : 4mm5, Coquille ventrue ovoïdo-conique, d’un blanc jaunâtre, opaque, peu brillante. Les tours embryonuaires ne sont pas nombreux, c’est à peine si l’on en compte un et demi; le sommet du premier se replie sous le second et laisse entre celui-ci et le suivant une cavité en forme de virgule. Par suite, le changement d’axe est peu sensible, quoique caractérisé. Les tours normaux sont an nombre de quatre; l: croissent très vite; une suture bien marquée les sépare. Les deux premiers sont lisses. Sur la moitié inféricure des deux autres on trouve une série de sillons assez prononcés qui laissent entre eux des espaces demi arrondis simulant des côtes spirales sans proémi- nence. Le dernier est de beaucoup le plus grand, il égale plus des deux tiers de la coquille; il est ombiliqué en forme de virgule, L'ouverture est graude, allongée ; son bord columellaire est court, 208 LES FONDS DE LA MER. légèrement sinueux, et forme en se dilatant un angle à sa jonction intérieure avec le bord externe, lequel est franchement arqué. Il y a interruption sur la paroi aperturale. — 9 juillet 4883. — 1,435 à 1,056 mètres. Eulimella Jacqueti (DE For.). PI. IV, fig. 2. Testa quoad genus satis magna, conica, lœævis, nitida, alba; anfractus embryonales II, apex in plano inferiore; normales VIII, satis rapidè crescentes, suturà paululd profunda separati, vix concawvi, ad ultimam partem inflati, dein contracti; apertura piriformis, margine columellare reflecto usque exteriorem prolongato, exteriore subacuto. Long. : 6mm8; Jat. ? Cette espèce présente, au premier abord, l'aspect de l'E. infundi- bulata, mais on la distingue bientôt de celle-ci par la taille, la tex- ture, l'ouverture, le nombre de tours de spire, et le renflement de chaque tour qui, sur la nouvelle espèce, est beaucoup plus rapproché de la suture que sur l’autre. Elle est d'assez grande taille, à peu près conique, lisse, opaque, blanche et brillante. Elle se compose de dix tours de spire : deux tours embryonnaires ayant leur sommet sur le plan de dessous, et huit tours normaux qui croissent assez rapide- ment. Ces Lours sont séparés par une suture peu profonde et sont légèrement concaves. Ceci tient à ce que chacun d'eux s’élargit un peu immédiatement après sa séparation de la suture, et se rétrécit ensuite faiblement pour s’élargir de nouveau vers son extrémité inférieure, en formant, sur ce point, un renflement très notable, suivi d'un rétrécissement subit qui conduit à la nouvelle suture. C'est ce renflement qui donne à la coquille son aspect infundibuli- forme et qui la fait ressembler à l'E. infundibulata. L'ouverture entière est irrégulièrement piriforme, son bord colu- mellaire, très recourbé, se réfléchit vers le dehors; il se prolonge sur la paroi aperturale, sans s’y appliquer complètement, et va rejoindre le bord externe, qui est à peu près tranchant. ; Nous dédions cette espèce à M. le lieutenant de vaisseau Jacquet, du Travailleur et du Talisman. — 15 août 1883, — 1,257 mètres. Cæceum devium (DE Foz.). PL. Il, fg. 6. Testa ferè curta, lala, paululù conica, subdiaphana, nitida, sub- lœævis, transversim fasciis albescentibus zonulata; annulis minutis- simis, vix Conspicuis, crebris, transversis ornata; apertura paululù n MOLLUSQUES. 299 restricta, haud marginata; septum submucronatum, dorsum versus convexum. É Long. : 2mm0; Jat. : Omms, Celte espèce est la première de la famille des Cæcidæ que nous ayons rencontrée dans les grandes profondeurs (2,995 mètres, le 22 août 1883). Nous n’en avons recueilli qu'un seul exemplaire, aussi le considérons-nous comme égaré sur les fonds où il a été pris. Le spécimen est de médiocre longueur, et relativement assez large eu égard à cette longueur. Il est légèrement conique par le haut et se maintient cylindrique sur les deux derniers tiers. Il est presque transparent et assez brillant. Des zones blanchâtres transversales se montrent sur toute sa longueur, puis de petits anneaux, ou cordons, excessivement fins, visibles seulement sous un fort grossissement et très rapprochés les uns des autres, ornent le test dans le sens trans- versal, L'ouverture est légèrement rétrécie sans contraction; elle est simple et sans rebord. Le septum est mucroné sans être allongé; il est large et conique à la base et se recourbe quelque peu, ce qui le rend convexe du côté du dos, sa pointe n’est pas acuminée, mais plutôt émoussée,. Solarium Virgin£sæ (LE FoL.). Pl, 1V. fig, 9-10. Testa orbiculato-discoïdea, suprà vix elevata, apice paululô exca- vata, Subtüs leviter convexa, latè umbilicata; anfractus IV, sub- plani, marginati, suturâ vix perspicua juncti, rapidè crescentes, suprà costis et strigis longitudinalibus obliquis, parüm prominentes, costis propè suturam nodulosis et liris spiralibus vix expressis nodulosis, ornati, ullimo suturam superante; sublüs costis evanes- centibus, strigis et liris remanescentibus, ultimus anfractus ad peripheriam marginatus, margine leviter crenulalo; apertura.sub- quadrilatera, haud interrupta, margine columellare reflexo usque ad exteriorem extenso. Diam. : 5mm, Habitat. : Entre les îles Pico et Saint-Georges. — Dragage par 1,257 mètres. Cette coquille orbiculaire-discoïde est presque plane en dessus; elle est remarquable par son sommet qui, en s'enfonçant profondé- ment, Se cache sous le deuxième tour embryonnaire et laisse ainsi une cavité très prononcée en forme de virgule. En dessous elle est assez convexe et largeinent ombiliquée, Les tours de spire sont au BR: IV, 14 210 LES FONDS DE LA MER. nombre de quatre, très peu convexes, ils croissent rapidement et sont réunis par une suture très peu apparente, enfin ils sont ornés de côtes et de stries longitudinales obliques. Les côtes sont peu proéminentes, presque plates, et la plupart portent des points tuber- culeux vers leurs sommets, près de la suture; de plus, des cordons concentriques spiraux paraissent entre elles et produisent souvent un petit nœud au point de jonction. Ces cordons semblent, en outre, recouvrir en partie la suture, par une marge crénelée, que l’on retrouve sur la périphérie bordant le dernier tour. Celui-ci est le plus grand de beaucoup; il constitue tout le dessous de la coquille, où ilest presque lisse; on aperçoit seulement des stries longitudinales qui, en atteignant l’ombilice, s’élargissent et s'approfondissent en festonnant le bord de cet ombilic. L'ouverture est subquadrilatérale, non interrompue; le bord colu- mellaire se réfléchit largement, il recouvre une certaine partie de l'ombilic et de la paroi aperturale, et rejoint ainsi le hord externe, qui est presque tranchant. Pecten hemiradiatus (DE Fo.). PI. IV, fig. 7-8. Testà quoad genus minimä, inæquivalvi, subrotundatä, tenui, subdiaphanä; valvà superiore depressà, subplanatâ, sulcis concen- tricis, irregularibus, strigis radiantibus vix perspicuis et depressio- nibus notatà ; apice minusculo, angulum acutum formante; auriculis inæqualibus, anticâ majore, radialà et strialà, supernè dentis acutis crenulatà, posticà breviore, sublæve, supernè dentis minimis crenu- latâ; valvâ inferiore paulul majhs inflatà, primüm irregulariter concentrice latè sulcata, dein concentricè et radiatim costulatà, sparsim depressiones monstrante, auriculis inæqualibus; anticà majore, costulis et radiis clathratà, postice vix radiatàâ; marginibus acutis, irregularibus et paululo erenulatis. Altit, : 11mm6; Jatit, : 10mm, Habitat. : Lat. N, 190 49’; long. O. 299 29’. — Dragage à 2,333 mètres de profondeur. Cette espèce, quoique voisine du P, fragilis, en diffère cependant. Sa taille est petite relativement aux grandes formes du genre. Inæquivalve, cette coquille est mince, diaphane et à peu près ronde. La valve supérieure est déprimée sur plusieurs points, mais en somme presque plane; elle est fortement sillonnée par des dépres- sions concentriques qui se relèvent en formant des côtes subarron- dies; de petites stries très fines, à peine sensibles, croisent les MOLLUSQUES. 211 sillons sur le dernier tiers de la surface; le sommet cst fort petit et forme un angle assez aigu dont les côtés se prolongent en faible saillie, jusque vers le commencement du second tiers de la valve. Les oreillettes sont inégales. Celle d'avant est la plus grande; elle est ornée de quatre à cinq rayons assez forls que croisent de petits cordons peu sensibles; à sa partie supérieure, qui est droite, elle porte uue série de dents subaiguës, d'abord fort petites, qui partent de la hauteur du sommet, puis grandissent et sont assez proémi- nentes à l'extrémité. L'oreillette postérieure est beaucoup plus petite, presque lisse; elle montre, vers la ligne droite de la char- nière, une série de quelques rayons assez courts, qui se terminent par des gonflements d'aspect tuberculeux. La valve inférieure est un peu plus renflée que l’autre; sur la première partie elle est presque lisse, puis des lamelles concentri- ques se montrent, se relèvent et deviennent tranchantes. Ces lamelles sont peu régulières et sont plus accusées sur les côtés, entre elles on trouve des sillons assez larges qui suivent le même cours. Vers la moitié les lamelles deviennent plus saillantes et com- mencent à être croisées par des côtes radiantes très fines. Sur l'extrémité de la valve la réticulation que forment les deux systèmes devient plus régulière. Au point d'intersection des lamelles et des côtes on aperçoit un point tuberculeux incliné vers l'extérieur, ce qui lui donne, lorsqu'on le regarde obliquement, l'apparence d’une écaille. La surface dans son ensemble est assez irrégulière; elle est sujette à des dépressions et à des boursouflures qui se reproduisent en sens contraire au dedans; sur cette partie on ne distingue aucune empreinte musculaire ni palléale. Les oreillettes, comme sur l'au- tre valve, sont inégales : l’antérieure est la plus grande, elle reçoit le prolongement des lamelles et, avec celles-ci, des côtes qui la quadril- lent. L'inférieure, plus petite, est beaucoup moins ornée, Les bords de la valve sont sinueux, ils subissent en même temps les effets de dépression et de projection dont nous avons parlé; ils sont en outre crenelés par l'extrémité des côtes. La valve inférieure est moins transparente que la supérieure, elle paraît comme argentée. Genus Talisman (DE FoL.). Testa globulosa, leviter umbilicata, spira brevis, ultimus anfractus maximus; apertura lata, semilunaris, margine columellare valdè reflexo. 212 LES FONDS DE LA MER. Talisman Parfaiti (DE FoL.). Testa minima, globulosa, paulà perforata, leviter rubescens ad apicem et super peristomum, subdiaphana, nitidissima; anfrac- tus IV; I, II, II] rubescentes, costis obliquis elegantibus et liris spiralibus ornati, minimi, ultimus maximus 2/3 testæ æquans, valdè rotundatus, lœvis; apertura magna, haud interrupta, semilunaris, margine columellare convexo leviter sinuato, super umbilicum valdè reflexo et ad alterum supernè extenso, paulù colorato, margine exteriore semicireulari, paululù incrassato, rubescente. Alcit.: 2mm2, Jacit. : 2mm, Cette petite espèce est fort curieuse parce que, contrairement à ce qui se voit d'ordinaire, l'ornementation se montre très caractérisée sur les premiers tours, pour disparaître sur une partie de l’avant- dernier et tout à fait sur le dernier. Elle est nettement globuleuse, presque diaphane, très brillante. Elle se compose de quatre tours; le nucleus en compte un et demi, lisse et plus coloré que les autres. Le dernier tour est de beaucoup le plus grand; très globuleux, il semble au premier coup d'œil comprendre toute la coquille. La suture est légèrement crénelée sur les tours pourvus de côtes; elle est un peu plus profonde sur ceux-ci que sur le dernier. L'ouverture est grande, semi-lunaire; son bord columellaire est légèrement convexe, il se réfléchit largement et recouvre une partie de la fente ombilicale, qui n’est pas très profonde. 11 se retourne alors pour s'appliquer largement sur la paroi aperturale et rejoindre le bord externe à son point d'insertion; il est légèrement teinté de roux. Ce dernier décrit à peu près une demi-circonférence, il est presque tranchant et également coloré en roux pâle. Au dedans, et parallèlement à lui, on aperçoit un léger épaississement qui forme comme un bord anticipé et qui laisse une marge notable entre lui et le véritable bord. Parmi les échantillons de cette espèce, il en est sur lesquels des cordons spiraux se prolongeant sur le dernier tour sont festonnés sur tout leur parcours. Entre eux les côtes longitudinales se mon- trent encore, mais elles sont réduites à de simples petits filets à peine saillants. L'ornementation étant la même que celle que nous avons indiquée pour les tours de spire intermédiaires entre le dernier et le nucleus, nous ne voyons ici qu'une variété que nous désigne- rons sous lenom d'Ornala. Nous avons également trouvé deux spécimens tout à fait dépourvus d'ornementation. Nous nommerons cette autre variété : Lœvts. DRAGAGES DU TALISMAN. 213 CHAPITRE IX. Quelques spécimens géologiques des dragages du Talisman en 1883. Après avoir examiné la série complète des dragages du Travailleur dans la baie de Biscaye (!), nous allons jeter un coup d'œil sur quelques spécimens géologiques recueillis par le Talisman dans son exploration de 1883, entre les Açores et le Maroc. Les matériaux ont été répartis entre tant de mains, que notre lot se trouve singulièrement restreint et surtout absolument incomplet. Ce n’est pas une collection d'échantillons, ce sont des bribes, des miettes! Aussi avons- nous hésité longtemps, avant de publier le résultat de nos recherches trop isolées, et ce n’est qu’en désespoir de cause que nous abordons le sujet. Nous sommes même forcé de nous borner, la plupart du temps, à l'analyse des dépôts, en passant sous silence, faute de notes complètes, les points d’où proviennent les matériaux. L’indication de la profondeur et du jour de l’opération permettront, heureusement, de réta- blir, à un moment donné, celte regrettable lacune. 1° Le premier des échantillons dont nous pouvons parler a élé dragué, le 14 juin, par 1,635 mètres d’eau. Deux grammes de matière, pour l'analyse et, à la fois, pour la constitution du type destiné aux collections; voilà ce que nous avons eu en partage! Le dépôt est très fin, presque impalpable, et d’une couleur légèrement rosée, comme le tripoli ordinaire. La coloration est due à une petite quantité de fer peroxydé, qui accom- pagne quinze à dix-huit centièmes d'argile et d’alumine, empâtant du quartz hvalin ou opaque et des débris calcaires (1) Les Fonds de la Mer; t. IV (2 part.), chap. IT, V, VI. 214 LES FONDS DE LA MER. animalisés. Ces débris, que leur trituration empêche, la plu- part du Lemps, de reconnaitre, semblent appartenir à des Foraminifères microscopiques el fournissent le tiers, au moins, de la masse. Quartz et dépouilles calcaires produi- sent, avec l'argile, une sorte de sable limoneux très efferves- cent, qui n’a pu être complètement étudié par suite d’un accident survenu vers la fin du traitement de la prise d’essai, prise déjà très réduile. Il faut se borner à signaler les composants suivants : HUM LEA OO ere cube 5, 30 Matière organique azotée................... 3, 80 Sable quartzeux (avec argile et silicé)....... 45,58 Alumine, avec fer peroxydé............,.... 15,60 Chaux carbonatée (tests) ......,...:....., 0e 33,14 75, 39 20 Un échantillon retiré, le 17 juin, de 836 mètres de profondeur, présente, avec de faibles nuances, l’aspect phy- sique du précédent : les composants sont moins réduits en poussière, sans que pour cela le grain cesse d’être fin sous les doigts. Mais l'élément quartzeux a augmenté de quantité, el les tests ont presque suivi la même proportion dans leur accroissement numérique, de telle sorte que les deux spéci- mens diffèrent totalement de composition centésimale, tout en se ressemblant extérieurement. Le quartz est en fragments irréguliers, à angles soit aigus, soit mousses; les fragments hyalins dominent; à côté d’eux se trouvent disséminés quelques grains opaques, puis des grains de couleurs diverses (rougeâtres, noirs, verts), appartenant à la même espèce minérale. D’autres grains de teinte noire, striés ou carriés à l'extérieur, et que nous considérons comme des scories en poussière, s'ajoutent aux premiers, et complètent, avec des traces d’argile et quelque peu d’alumine et de sesquioxyde de fer qui les agglutinent, la partie pure- ment inorganique du fond sous-marin, DRAGAGES DU TALISMAN. 215 Dans les débris d'animaux, lesquels donnent jusqu’à 56 p.100 de chaux carbonatée, on remarque des Orbulina (?) éventrés, que l’on dirait coupés en calottes sphériques, ou en écuelles, des Globigerina écrasés, des Cristellaria, des Fron- dicularia à peine reconnaissables. Les Spongiaires ont con- tribué, eux aussi, à former le dépôt, en lui fournissant de rares spicules, et peut-être trouverait-on, au milieu de cette “nécropole, des fragments de Radiolaires. Là, toutefois, s’ar- rêtent les représentants de la population sous-marine du lieu. Il y a, de plus, des Coccolithes. Comme composition nous trouvons : RON A AO Rene pence ec c 4 » Matière organique animalisée .........,.... 4, 80 Sable quartzeux et roches scoriacées .,,.. 29/0 Aluminé et fer peroxydé...... ss... 5 » Carbonate de chaux (tests), coccolithes, etc... 56,20 Sels alcalins, phosphates, etc...,... no dévaE 1 » 100,00 Il est à remarquer que ce fond de l’Atlantique parait dépourvu de sels magnésiens, solubles ou insolubles. Les eaux qui accompagnent les dépôts récemment dragués lais- sent toujours, après leur évaporation naturelle et plus ou moins complète à l'air libre, des indices de sels solubles, qu'il est très facile d'enlever au moyen de l’eau distillée et parmi lesquels se rencontrent le chlorure de magnésium et aussi le sulfate de magnésie. D'autre part, le carbonate de magnésie, sans être spécialement à noter dans une foule de cas, surtout lorsqu'il s’agit de matériaux empruntés à l’ossa- ture externe ou interne des animaux, ne laisse pas que de se présenter quelquefois en quantité assez considérable. Rien de semblable ne se voit ici, et nous signalons surtoul le fait parce qu’on va le retrouver dans l'examen de divers échantillons, tandis que d’autres contiennent quatre, cinq, et jusqu’à six pour cent de composés magnésiens. 3° Il nous faut passer, sans transition, du 17 au 24 juin, 216 LES FONDS DE LA MER. pour retrouver le Talisman ramenant ses appareils de son- dage d’une profondeur de 2.200 mètres, avec des sables légèrement vaseux et rosés, ainsi que les précédents, mais celte fois magnésifères. Nous dirons, comme compensation, que Île 2% juin, au moment de l'opération, le Talisman se trouvait par 30° 08 de latitude Nord et 14° 02 de longitude Ouest (Paris). La teinte générale rappelle plutôt le spécimen du 14 juin que celui du 17. Elle est très pâle. Le grain se rapproche au contraire de celui du dernier sondage et les parcelles diverses du mélange sont quelque peu agglutinées. On reconnait au seul examen du papier enveloppant l'échantillon, que des sels déliquescents sont restés emprisonnés en certaine quan- tité dans le sable : celte enveloppe est pointillée de goutte- lettes aqueuses, denses et d’un goût saumâtre, contenant des chlorures alcalins et alcalino-terreux. A l’analyse l’ensemble du dépôt confirme la présence, comme sels solubles dans l’eau, du chlorure de sodium et du chlorure de calcium, avec des traces de chlorure de magnésium et de sulfates alcalins. Les matériaux provenant de l’écorce du globe et dont il est possible de se rendre compte, se composent surtout de quartz broyé, presque toujours hyalin, soit blanc, soit naturellement roux. accidentellement recouvert d’un mince enduit de limon ocracé. Des grains quartzeux arrondis, presque sphériques, et des roches noires rugueuses, mamelonnées, se remarquent de temps à autre, dans la masse, lorsqu'elle a été traitée par l'acide chlorhydrique. Les fragments noirs ne sont que des points dont la détermination minéralogique est bien difficile. La majeure partie du dépôt consiste en débris informes de nature calcaire et en général d’origine animale, accompagnés de spicules siliceux brisés, mais très faciles à reconnaître, et -de Coccolithes nombreux. Les sels magnésiens carbonatés qu’indique l'analyse ne pou- vant être attribués que pour une faible part aux tests brisés, ainsi que nous l'avons précédemment établi, des fragments ii DRAGAGES DU TALISMAN. 247 de roches calcaréo-magnésiennes ont dû ajouter leur apport au contingent des dépouilles animales. On peut supposer toutefois, par certains gros débris de coquilles trouvés dans la drague, que les Ptéropodes sont largement représentés (Hyalea, Cavolina, Cleodora, Ata- lanta, etc.), mais la trituration du sable empêche de déter- miner exactement les fragments (1). Voici la composilion centésimale brute, telle que nous Pavons trouvée : Humidité à + 1200.,.... DOUÉ CIS US CUDEE DE 5 » Matière organique animalisée.............., 5,20 Sels solubles (alcalins en général).,..,...... ‘2,75 Alumine (avec fer peroxydé)................ 9:57 Quartz (avec roches noires, argile limoneuse, spicules siliceuxiet/silice) 2.2: --e 1. 13,20 Carbonate de chaux (tests, etc.)............. 58,28 Carbonate de magnésie....... MS RUE de 5, 50 Phosphates er Cned eAUtTACES) 99, 50 4° Nous sommes au 7 juillet, le Talisman vogue sur une couche d’eau de 1,918 mètres d'épaisseur. Les matériaux récollés par la sonde indiquent un dépôt vaseux, d’une teinte encore un peu rosée, qui reste aggloméré en petites masses par la dessiccation à l’air libre, et qui fournit, avec des variantes marquées sous le rapport des proportions, les mêmes éléments que celui du 47 juin. L'agglomération des composants est due à l’augmentation du limon argileux, au détriment du sable quartzeux. La colo- ration provient des particules ferrugineuses du limon. La trituration avancée du quartz et des débris animaux calcaires que l’on retrouve dans la vase, fait que les petits agglomérats se résolvent en poudre fine sous les doigts. Au point de vue de l’homogénéité, à peine rencontre-t: on, de loin en Join, un (1) Sur ce point ont été capturés deux mollusques inédits: Dunkeria scalariformis ; Talisman Parfaiti. q 218 LES FONDS DE LA MER. mince fragment de test, qui tranche, par sa blancheur mate, sur le rose incertain du fond vaseux, et l'examen microgra- phique confirme l’uniformité de composition. Ce terrain sous-marin est, lui aussi, un mélange intime de quartz pul- vérulent, d'argile faiblement ocreuse, d'Orbulines et de Globi- gérines, d'Ostracodes de très pelite taille, de spicules siliceux el de Coccolithes. Comme le sable recueilli le 47 juin, il est exempt de sels magnésiens, solubles ou insolubles. Nous ne croyons pas que les nombreux Foraminifères de ce terrain soient morts depuis longtemps, et qu’il s'agisse d’une simple précipitation de coquilles au fond des eaux. La fraicheur des tests de beaucoup de sujets, caractére qu'un fort grossissement permet de saisir, implique la vie jusqu’au jour du dragage. Quelques grammes de matériaux plus frai- chement examinés eussent sans doute permis de résoudre la question. Nous appelons l'attention sur cette probabilité, de même que sur la détermination de plusieurs formes d’une pelitesse aussi extrême que celles des Coccolithes, et qui sont, vraisemblablement, de jeunes Rhizopodes. On explique facilement, avec la supposition d'animaux vivants, la grande quantité, comme on va le voir, de matières organiques renfermées dans un échantillon où le microscope ne laisse apercevoir aucune matière suspecte, quel que soit le grossissement. Les Foraminifères, les Ostracodes, les Cocco- lithes sont, à notre avis, les producteurs de la substance azotée. Parmi les Ostracodes se trouvent les Cythere Taren- tina, Cythere acanthoderma, Cytherella truncata, Bairdia (n. sp.) (1), etc. Ce dépôt fournit : Humidité à + 1200..... ITR DEC LS ot. 5 » Matière organique azotée........... ares 9 -» Selsisoluhles. 222072. -b:-ccsremtecre ARE Po) Alumine et fer peroxydé (de l’argile)......., 26 » (4) Baïrdia uffinis, espèce décrite par M. G.-S. Brady, et figurée à la planche XIV, fig. 4-5, t. IV, des Fonds de la Mer. vin Énnitiins DRAGAGES DU TALISMAN, 219 Sable quartzeux, avec argile et silice......., 24 » Carbonate de chaux (tests) ...........,,. sl SE Phosphateste issue Se niesete die fee (traces) 100 » 5° Un fond de 2,330 mètres a été exploré le 15 juillet, par le Talisman, sous la latitude Nord de 19° 19’ et la longitude Ouest (Paris) de 20° 22". C'est une vase moitié sablonneuse, moitié argilo-caleaire, d’un ton verdâtre et bistré, agglomérée et un peu compacte, homogène, mais semée extérieurement de rares débris de tests, et de brindilles végétales, lesquelles sont, tout simplement, des fils de chanvre provenant des appareils (filets ou fauberts). Celte vase est, en général, onctueuse, lorsqu'on la broie entre les doigts, et présente des parcelles très fines de mica blanc et de mica jaune. L’argile de l’échantillon cède beaucoup d’alumine à l'acide chlorhydrique, ainsi que celle du sondage fait le 7 juillet. Beaucoup de quartz broyé rentre dans le dépôt et porte le résidu non attaqué par lacide à 40 p. 100 de la masse totale, en y comprenant divers éléments siliceux, tels que des spi- cules et des squelettes de Radiolaires, que lon pourrait négliger sous le rapport du poids, et des Diatomées au contraire très répandues. La partie calcaire de la vase provient-elle d'êtres orga- nisés? Les dépouilles des Foraminifères n’apparaissent pas en quantité, mais élant donnée la région et le nombre des Coc- colithes, il est permis de le supposer. Nous n’avons rencontré dans vingt centigrammes de dépôt délayés dans l’eau pour la recherche des petites espèces ani- males, qu'une Globigérine intacte (Globigerina bulboïdes, D’Orb.). En revanche il y avait des débris, et les Coccolithes pullulaient et étaient de grande taille. Nous reviendrons bientôt sur ces corps si peu connus. Quant aux Diatomées les fragments sont nombreux et faciles à retrouver; les sujets entiers sont assez rares. Les espèces appartiennent aux genres Navicula, Nitzschia, Coscinodiscus, 220 LES FONDS DE LA MER. Stauroncis, Triceratium, etc. Leur catalogue, établi d’après les déterminations de M. Paul Petit, sera donné en appendice. Les deux dernières observations à présenter sur la vase recueillie le 45 juillet, concernent l'absence de la magnésie et une exagération du poids de la matière organique résul- tant des fibrilles de chanvre qui ont échappé au netloiement du sable. Il y a aussi une lacune sensible que nous ne pouvons combler sous peine de sacrifier l'échantillon de réserve, mais dont l'explication sera bientôt donnée. Nous nous bornons par conséquent à indiquer, comme suit, la composition centé- simale : HUmMADIO EE AIOO MERE Lee Re 4,80 Matière organique animalisée et fibres végé- DAIBR RETRS e nier slecalarroe.c oteorele duels AS ae 9, 80 SPISISOIHDIES RS ACER Ses. NC UE 21% Aluainetetioxydes defense. 15, 50 Saplelquarizeux et aPrlle. nee enter 40,75 Chaux carhonatée: Fennec At 29,50 LT et Do MO ee tn à DM MD IE 0 cour 3,65 400, » 6° 18 juillet. C’est une dépression de 3,200 mètres que rencontre la sonde du Talisman. La différence de 870 mètres qui existe entre les deux points explorés ce jour-là et le 15 juillet (trois jours avant), n’amène aucun changement dans la nature des dépôts. On est toujours en présence d’une vase plus ou moins agglomérée, composée de sable quartzeux fin, d'argile et d’un cinquième de calcaire. L'analyse, qu'il a été possible, cette fois, de terminer, explique très probablement les pertes de matières qui ont été constatées dans le traitement du dépôt similaire précédem- ment étudié : quelques centigrammes d’alumine et de silice provenant de la décomposition du limon argiloïde ont dû être perdus. Il y a, en outre, ici, des traces d’un sel magnésien, élément qui fait défaut d’auire part; puis des traces de phosphates qu'il serait facile de doser ; et un excès de matière organique, résultant encore de la présence de matières étrangères à la DRAGAGES DU TALISMAN. 2921 formation géologique proprement dite et qui sont des fibrilles et des escarbilles. On est étonné, lorsque les matériaux sont placés sous le champ du microscope, de la rareté des Coccolithes, lorsqu'on retrouve, au contraire, ces corps, en si grande quantité, dans la vase du 15 juillet, comme dans celles que nous aurons à examiner, et, en général, dans les dépôts des grandes pro- fondeurs de l'Atlantique. En examinant plus attentivement échantillon, on ne tarde pas à découvrir que de nombreux squeleltes de Coccolithes sont masqués par des amas de pro- toplasma et que cette matière vivante produit la dissimula- tion des corpuscules. En résumé la vase renferme : HUMIULE AMD OO EE ES Ne en et aie neue 5,10 Matière organique de diverses provenances... 11,60 Sels solubles provenant des eaux.........,,. 3 » Alumine du limon argiloïde, souillée de fer XVe RP SPDoduUo or Mondoot or doc 19» Sable quartzeux pulvérulent, avec argile, etc. 41 » Chaux carbonatée, avec traces sensibles de MABNESIE fee eu abus doute Agen S SERA à 20 » POSPR ALES AR SE Meet Las as san (sensibles) 99, 70 7° Le lendemain, 19 juillet, un sondage de 3,655 mètres démontre que les dépôts sous-marins se sont complètement modifiés. On tombe sur des couches calcaires d’une couleur douteuse, placée entre le blanc roux et le blanc jaune, et neltement pointillée de blanc mat par des fragments de tests. Ces couches deviennent pulvérulentes lorsqu'elles ont été cesséchées. Elles contiennent une grande quantité de Fora- minifères, surtout des Rotalina, — ce sont là, de beaucoup, les éléments dominants; — et quelques Ostracodes (Bairdia, Cythere, Krithe, elc.). L'argile, et le quartz sous forme de sable fin, comptent pour 13 p. 100, au plus, dans la masse. Mais le carbonate de magnésie apparait de nouveau, et atteint jusqu'à 6 p. 100, 222 LES FONDS DE LA MER. proportion rappelant le sondage du 2% juin, et que ne pré- sentera plus aucun des cinq dépôts encore à étudier, lorsque quatre d’entre eux, cependant, tendront à accentuer les caractères revêtus par le spécimen du 19 juillet, et nous rappelleront directement la période crétacée des anciens jours. Les Globigerina bulloïdes entiers sont peu nombreux, les Orbulina, les spicules siliceux, les Coccolithes continuent à se montrer. La composition du terrain doit être établie comme ci- dessous : Humidité à 1900.65... RO © 4,80 Matière organique animalisée....... PRE 5,20 Sels solubles (alcalins, etc.)................: (RS Alumine avec peroxyde de fer......... HÉSEE 8,50 Sable quartzeux et limon argiloïde..... sic 010: 40 Chaux carbonatée (tests, etc.),....,,.... 08, 1 Magnémie:carbonatée 72. ee. soso sos 0 08 99,50 8° Le sondage de 3,125 mètres, opéré le 4 août, porte sur un dépôt composé d'éléments identiques à celui du 19 juillet, sauf l’absence de sels magnésiens solubles ou insolubles, mais ici les débris d'animaux fournissent une quantité bien plus considérable de carbonate de chaux. Cette couche blan- châtre à reflet jaune sale du lit de l'Atlantique, semée quel- quefois de grosses escarbilles, n’est, en réalité, qu’un amon- cellement de Foraminifères broyés, au milieu desquels surgissent, de temps à autre, des Globigerina assez bien conservés. Nous devons nous contenter, pour abréger, de signaler encore les Coccolithes et les spicules de Radiolaires. Voici les composants du spécimen : HUMIAILOE rene ceree sole see dote ne CE. ED Matière organique animalisée...,.,..,....... 4,30 Sels des eaux de la mer....... ose ete esse C(tTALES) Sable quartzeux et limon argiloïde.,...,,... FES DRAGAGES DU TALISMAN. 223 Alumine avec fer peroxydé ........... vestes A ONU Carbonate de chaux (tests, etc.)..,,.... su it 0 82,90 LG NN CPE PRE RSS SARA +. (indiqués) 99, 78 9° C’est encore avec plus de rapidité, que nous passerons sur le sondage de 3,535 mètres, du 7 août, parce que les matériaux qui en proviennent ne différent pour ainsi dire pas de ceux du 4 août, ainsi que l’établit l'examen physique et que le confirme la composition chimique suivante : Humidité nu ee rond ocoecoonbec Ron 3, 50 MAI EGIONS ANA EE ce lets iete sie emule ele Die a sfarctete » 4 » Sels solubles (des eaux).,........ come Co 1,50 Sable quartzeux et limon argiloïde......,... 4,50 Alumine et fELIPErQNTE AE see secte, 010.9). 00 Carbonate deChaux Sen ec ccuene ... 82,34 Phosphates calcaires... .....,....,...,.... (indiqués) 99, 34 (L. P.) On rencontre dans celte vase, des Ostracodes, parmi les- quels se trouvent des espèces inconnues jusqu’à ce moment, telles que les Cythere ventricrista, Cytherura scaberrina, décrits depuis par M. G.-S. Brady. 10° Une vase blanchâtre à reflet jaune, récoltée le 10 août par 3,175 mètres de profondeur, constitue très certainement le plus riche échantillon de terrain calcaire sous-marin qu’il nous ait été donné d’examiner jusqu'à ce jour. Toutefois, comme en dehors de quelques légères nuances, soit dans la coloration, qui est un peu jaunâtre, soit dans le détail de Ja composition centésimale, le dépôt ressemble au limon de l'un des dragages effectués par le Talisman, le 24 août, c’est à l'exposé de celte autre grande opération que nous renvoyons pour les considérations géologiques. L’échantillon du 10 août a donné: Hume eee es rein dec ot antEOR ( Matière organique ir eeuisee se . 4,80 Sels solubles (des eaux)...5,..,.%..,:..20..1 (traces) 224 LES FONDS DE LA MER. Sable qUarireurR RE een 1,50 Argile avec alumine.......,... De CRÉES 3, 50 Carbonate de CHAUX ERA ESS ee SD Phosphates mme ue Date à vus Lee ? 100,00 (L. P.) 11° Avant d'arriver au dépôt calcaire qui doit faire le principal objet de ce chapitre, nous avons à signaler les amas de pierre ponce ramenés le même jour, de 2,995 mètres de profondeur, et que nous faisions pressentir au mois d'avril 1880, au sujet des argiles de Sierra-Leone (1). La ponce, altérée, passe au sable argiloïde. Quelques pas encore vers la décomposition, et la roche ne sera plus qu’une argile d’un gris brun. Les appareils de dragage du Talisman ont labouré, le 24 août, des vallées sous-marines d’un intérêt considérable, au point de vue géologique. £a plupart des opérations précé- dentes indiquaient, très certainement, qu’au fond de l’Atlan- tique se déposent actuellement des couches de terrain rappe- lant la craie d’un autre âge. C’était une nouvelle confirmation des travaux de l’aviso le Travailleur et de l’expédition anté- rieure du Challenger. Les échantillons empruntés, dans la dernière campagne française, aux couches superticielles de l'Océan, par une profondeur de 4,060 mètres, donnent, avec leurs congénères, la plus éclatante preuve de cette vérité, qu’au fond des mers contemporaines se forment de puissants dépôts ne différant, en aucune facon, de plusieurs strates des temps anciens, appartenant aux périodes que les géologues nomment : crétacée et salino-magnésienne. La question est au moius définitivement résolue, ce nous semble, en ce qui concerne la craie blanche, car il serait souvent difficile de décider entre deux échantillons, l’un de Shoreham (Angleterre) ou de Meudon (France), l’autre de la . région sous-marine profonde s'étendant sous le parallèle des (1) Les Fonds de la Mer, t. IV, p. 42. #9 DRAGAGES DU TALISMAN. 295 Açores, ainsi que l’ont déjà fait observer, en d’autres termes, les naturalistes anglais (1). Le professeur Huxley n’a donc pas été téméraire en annon- çant, dès 1858, que le limon de l'Atlantique était la craie moderne. La critique ne saurait porter que sur les expres- sions dont se servit alors ce savant : « Nous vivons dans la période crétacée»; comme ïl est facile d’argumenter, par réciprocité, les termes, absolument vagues, de période géolo- gique. À vrai dire, les découvertes de la seconde moitié du xIx° siècle enseignent que la Terre poursuit, avec opiniä- treté, par la force des lois physiques, son évolution à travers le temps et l’espace, et que, par suite de l’immuabilité des lois naturelles, les terrains de sédiments actuels doivent ressembler, d’un côté ou de l’autre, à tous ceux qui ont surgi depuis que la température est devenue normale, depuis aussi que les premiers êtres ont apparu et que les cataclysmes sont devenus locaux. La craie du 24 août n’est pas d’une blancheur absolue : sa teinte est quelque peu souillée de gris, mais elle n’est pas jaune pâle. Délayée dans l’eau, elle produit un lait homogène et doux au toucher, semblable à celui du blanc de Meudon ou du blanc d’Espagne : elle a perdu, dans la lévigation, les morceaux de quartz, toujours pulvérulents mais un peu grenus, qu’elle contenait. Sa richesse dépasse le titre des échantillons rapportés par le Challenger et la rapproche encore, par conséquent, des types primitifs purs; elle est de 84 à 85 pour 100. Les parties constitutives de cette formation, vues au micro- scope, ont l’homogénéité des meilleures craies blanches anciennes. Comme leurs devancières, les strates contempo- raines sont caractérisées par une grande abondance de Cocco- hthes de toutes dimensions et par des tests de Foraminifères encore plus nombreux, avec des spicules de Spongiaires, (1) Les Abîmes de la mer, trad. Lortet, Paris, 1875. 4 El 2 15 Cyr? 2/54 226 LES FONDS DE LA MER. quelques spicules de Radiolaires (?), des Diatomées et des Crustacés-Ostracodes (Bairdia foveolata, Cythere dictyon, Cythere circumdentata, Cytheropteron) (1). Les énigmatiques Coccolithes, considérés jadis, à tort, comme l’ossalure du Bathybius, se dégagent suffisamment du quartz et des Foraminifères, au moyen des lavages, en raison de leur légèreté relative, et les dernières couches qui se déposent à la suite d’un traitement aqueux, en contiennent de grandes quantités. Les types discoides paraissent en plus grand nombre que les formes ellipsoides; ce sont eux, au moins, qui atteignent un développement supérieur. Il y a, en réalité, identité de structure entre les deux espèces, et nous ne songeons pas à créer des distinctions génériques. Quant aux dimensions, ce sont à peu près celles que nous avons constatées ailleurs, soit un diamètre de 0mm007 à Omm013 ou 0045. Enfin le protoplasma qui entoure ces corps, ou qui s'aperçoit en dedans de leurs contours, leur délivre un certi- ticat de vie moderne. La matière protoplasmique des Coccolithes est même d’un certain secours, grâce aux ombres qu'elle donne, pour arriver à déterminer la structure de ces êtres, animaux ou végétaux. La charpente légère, translucide et fragile, du Coccolithe, étant de nature calcaire et soluble dans les acides faibles, serait difficilement comprise, faute de pouvoir isoler le sujet, des dernières particules de chaux carbonatée qui accompagnent, si le protoplasma n’indiquail, par sa disposition, une succes- sion de plans (?) superposés, à aires accrescentes du plan supérieur à l’inférieur. On arrive à comprendre, de la sorte, agencement en double bouton de manchette, caractérisant le Coccolithe, ou, plus exactement, on interprète de cette facon les détails que montre le microscope. Les Foraminifères de la craie moderne ont été étudiés par . () C’est sur ce point qu'a été capturé le Batrdia Folini, espèce nouvelle. (2) Nous prenons comme plan inférieur le plus développé des étages, mais aucune raison ne s'oppose à ce que Ja question soit renversée. | | DRAGAGES DU TALISMAN. 224 les naturalistes anglais, principalement par sir Rupert Jones, et on connait les espèces communes à ce terrain et aux couches similaires du passé. Nonobstant le broiement des tests, qui fait ressembler la plupart de ces enveloppes à des coquilles d'œuf microscopiques, brisées el jetées sur un sable blanc oolithique, on peut encore reconnaitre des Globigerina, des Cristellaria, des Verneuilina, etc., dans les dépôts de l'Atlantique. Malheureusement, ici, encore, les matériaux sont insuffisants pour une étude poussée à fond. La craie draguée le 24 août renferme : ROME na ruche Lo 4,50 Matière OFDanIqUE AZOLÉE te 2h eee mare e ee 3° » Selsdes eaux dela Mer Erin Rens > Sabletquarireuxs Petri dant nues Tire Alumine eLroxydes JeOR AN. ete ces \ EE) Garbonate de chaux (Lests).....,.......... 83,43 PROSPHALOS ARMES E AL E Er da entien (indiqués) 99, 93 12° En descendant à 4,787 mètres sous les eaux, le 29 août, la sonde a rencontré des vases grises argilo-calcaires privées de sels magnésiens et contenant des phosphates terreux. Ces vases contiennent : HUMAN E SN alerte one ele ae es dope eoobs 5, 30 Mate OL TAMIQUEs 0. eenole ee seleiee e see 40 Selstdeseaux deladimerte. tree... A Argile avec sable quartzeux ............, .…. 54,43 Alumine avec oxyde de fer.,......... SRE 4 » Carbonate de chaux....... SRE EE AR ae 30, 37 Phosphates sat ME AEEnE RATES (très sensibles) 99, 50 Quelques considérations générales sur les vallées de l’At- lantique ressortent de l’étude que nous venons de faire, aussi imparfait que soit le travail. Les perfectionnements apportés dans l’oulillage des appa- reils de sondage rendent aujourd’hui très certaines les indi- 298 LES FONDS DE LA MER. cations fournies par chaque opération en mer profonde. On peut donc accepter comme exactes les distances de la surface au fond accusées par l’enregistreur du Talisman. Ainsi même ont pu être corrigées plusieurs erreurs repro- duites, de confiance, sur les cartes marines. Le 6 août, par exemple, sous la latitude N. de 27° 10' et la longitude Ô. de 42°, la sonde est descendue à 4,965 mètres, tandis que d’anciens travaux hydrographiques indiquaient un fond de 1,000 à 2,000 mètres. Le lendemain une erreur presque aussi forte élait relevée par 37° 17' 30" de latitude N. et3°07' de longitude O., point où la profondeur est, en réalité, de 3,520 mètres, et non de 2,000. Les échantillons ramenés des vallées de l'Océan par le plomb de sonde, ont donc un caractère d'authenticité incon- testable, en ce qui concerne leur position géographique. La facon dont la sonde les saisit et les ramène assure, d’autre part, leur identité, et les donne exempts de mélanges. Mal- heureusement la quantité de matière arrachée de celte façon aux couches terrestres est toujours très faible, et on ne pour- rait tirer d’un fait aussi minime des conclusions sérieuses, sans le secours prêté par la drague. Si la nature des dépôts ne change pas sur une grande étendue, ainsi qu’il arrive très fréquemment, la drague fournit, alors, à profusion, les éléments du sol, et il est facile de comparer les matériaux. De cette comparaison peut se déduire la véritable constitu- tion du terrain, sur de vastes zones. Les Américains et les Anglais, qui nous ont devancés sous le rapport des grandes explorations (1), ont dénommé les vases du lit des mers profondes et les ont classées en cinq catégories : Globigerine ooze, Biloculine ooze, Radiolarian ooze, Diatomacean o0ze, Red and grey clays. Le R. S' A. Norman, notre honorable hôte et collègue de : l'exploration du Travailleur en 1880, a défini ces dépôts (2) Ce n’est point la faute des auteurs des Fonds de la mer. TE PE DOTE Le DRAGAGES DU TALISMAN. 229 dans un lucide rapport présenté à la Société des Naturalistes du Tyneride. Selon ses observations — et l’on sait que M. Norman a été aussi l’un des savants envoyés en mission dans l'Atlantique par le gouvernement britannique — chaque dépôt a des caractères tranchés et se reconnait, presque toujours, aux débris d’animaux ou de végétaux qui le forment en majeure partie. C'est encore une application des lois anciennes de la géologie à la classification des terrains modernes, mais avec cette différence fondamentale, que les dépouilles caractéristi- ques appartiennent fort souvent à des êtres vivants de nos jours, au lieu de représenter uniquement des espèces dis- parues, c’est-à-dire de véritables fossiles. Nous insistons sur ce point : 1° La vase à globigérines (Globigerine o0ze) recouvre la majeure partie des profondeurs de l’Atlantique, à partir de 900 mètres, entre le cercle arctique et le 58e degré de lati- tude Sud. Elle est surtout due à une précipitation, aussi consi- dérahle que constante, de tests de Foraminifères appartenant principalement au genre Globigerina, puis aux genres Orbu- lina, Pulvinulina, Sphæroidina, Hastigerina, mêlés de coquilles de mollusques Ptéropodes, de Coccolithes, de Coccosphères et de Rhabdosphères. Nous avons vu, d’autre part, à propos de l'échantillon dragué le 7 juillet, que les animaux morts dans les eaux supérieures ne devaient pas être les fournisseurs absolus du dépôt, et que la vie se manifestait an sein même de la couche. Lorsque la trituration des matériaux est arrivée à un degré suffisant, voilà donc une vase entièrement calcaire, à l'excep- tion des poussières rocheuses que l’on y rencontre cà et là, suivant les points : paillettes de mica, éclats de quartz, ponce et scories en poussière, roches magnésifères, etc. 2° La vase à Biloculines (Biloculine ooze) se rencontre entre la Norwège et le Spitzhberg, puis entre l'Islande et le Groën- land. Les Globigérines dégénèrent vers le cercle arctique; 230 LES FONDS DE LA MER. elles sont plus petites, leur test est moins épais et elles finis- sent par disparaitre, en cédant la place aux Biloculines. C’est ce qu'a constaté l’expédilion norwégienne de l'Atlantique nord. La vase à Biloculines, que caractérise le Biloculina ringens, contiendrait, d’après M. H. Brady, de Newcastle on Tyne, cinquante pour cent de ce Foraminifère. Elle serait moins riche en test que la précédente. 3° Des squelettes siliceux de Radiolaires-Polycistines se rassemblent en telle abondance entre le 10° degré de latitude Sud et le 20° degré de latitude Nord, dans l'Océan Pacitique, que leurs dépôts ont donné le type des vases à Radiolaires (Radiolarian o0ze). Les Polycistines ont été dragués sur huit points espacés, dans l’exploration du Challenger, et l'opéra- tion du 23 mars 1875 a mis au jour des échantillons aussi beaux que les types fossiles des Barbades. Bo Nous avons vu les Dialomées apparaitre en assez grand nombre dans les couches vaseuses recueillies par le Talisman. Vers le cercle antarctique, entre la limite nord des icefields ou bancs de glace, el le 60° degré de latitude Sud, les frus- tules de ces végélaux tombant en pluie de la surface, après la mort des sujels, constituent la vase à Diatomées (Diatoma- cean oo02e), dans laquelle domine l’élément siliceux. Cette vase repose sous 2,300 à 3,500 mètres d’eau. 5° Les argiles rouges et grises (red and grey clays) occu- pent une grande étendue de l'Océan Pacifique, de la mer du Sud et de l’Atlantique, à la profondeur de 2,700 mètres. Ce cinquième type des naturalistes qui ont abordé l’étude du fond des mers est dù, très certainement, à la décompo- sition des silicates alumineux, et doit se rencontrer sur les points de la cuvette océanienne où émergent les feldspaths, les granites, les roches volcaniques, ou bien dans les régions que les volcans en activité couvrent de ponce et de scories. ? Cette seconde opinion est celle de S' Murray. Des cinq types rappelés ci-dessus, nous n’avons guère eu à examiner, dans les notes précédentes, que la vase à Globi- DRAGAGES DU TALISMAN, 231 gérines. Mais les dragues du Talisman ont dévoilé diverses particularités des grandes profondeurs : 1° L’apport fait par les Mollusques pélagiens du groupe des Ptéropodes aux dépôts appelés vases à Globigérines; et, sur quelques points, la prédominance des Rotalina sur les Globi- gerina (1); , 2° La probabilité de l'existence et du développement des . Foraminifères dans le limon crétacé de l’Atlantique ; 3° Le commencement de l’apparition des Diatomées préci- pilées, en grandes quantités, de la surface, vers les grandes profondeurs; 4° La rencontre de couches crayeuses plus riches qu’aueune de celles que l’on connaissait dans la région; 5° L'absence fréquente ou au moins la rareté des sels magnésiens dans les eaux qui recouvrent les dépôts d’une partie de l'Atlantique, puisque ceux-ci emprisonnés et ramenés à la surface par la sonde et lavés à l’eau distillée ne fournis- sent pas de magnésie ; 6° Le passage de la ponce et autres silicates alumineux composés, au sable argiloïde qu’une décomposition dernière transformera en argile. (4) GConstatation de M. de Folin, 232 LES FONDS DE LA MER. Catalogue des Diatomées retrouvées entières dans le sondage de 2,350 mètres, du 15 juillet 1883, d'après les déterminations de M. Paul Perir. Navicula inflexa (Greg.); même espèce que l’on retrouve sur les algues de Liells’ bay (île Campbell). Navicula crabro (Ehr.); espèce rencontrée aussi à l’île Campbell à de faibles profondeurs. Navicula distans (W. Sm.); rare ici, et rencontrée à l’île Campbell comme la précédente. Navicula didyma (Ehr.); variété. Stauroneis contermina (A. S.). Id. aspera (Ktz.). Nitzschia panduriformis (de Bréb.); on rencontre aussi l’espèce dans le détroit de Foveaux (près de l’île Campbell) où elle est très abondante. Actinoptychus undulatus (Ehr.); habite aussi les abords de l’île Campbell. Id. duodenarius (Ehr.); espèce rare dans l'Océan Atlantique. Actinocyclus crassus (W. Sm.). Coscinodiscus denarius (A. S.). Id. symetricus (Grev.). Id. robustus (Grev.); var. minor. Id. radiatus (Ehr.); espèce vulgaire. Id. velatus (Ehr.), Id. excentricus (Ehr.); rencontré près de l’île Campbell à une faible profondeur. Id. lineatus (Ehr.); rencontré près de l’ile Campbell à une faible profondeur. Id. asteromphalus (Ehr.). Triceratium alternans (Ehr.); espèce très commune. Cyclotella striata (Grün.); espèce très commune. Gallionella sulcata (Ehr.). ‘9118 8[ 9P 9910} 99 SUOAB SNOU SWUO9 ‘WAUITOUW ne ‘ue Un INs 1919d0,p Naf ne ‘somuelé SineIsnId ap ressa,p SosIAd Sop AnS J1eJ 9 JOUII9A 2P JUPSSOIPIUT JIP19S [] “Soqerapuodur anbsoid saeiy sop nb juewiajuer uo,u no ‘sojqniosur no sejqnios ‘snorsouSeu ses op siduoxo ju0s ‘ZI ‘LI ‘OI ‘6 ‘8 ‘9 ‘P ‘Z soU 50494 S9T — ‘UWJON ‘1918 9p 97ne; S9s0p 2179 nd quo,u soyeqdsoqd s9T (c) *9191jEu 9p a7ne7 12 Juapro9e.p aqins 1ed ‘oya|dwoout as£jeuy (4) ‘(sores snjd) sanbsnyogg “sata rurwunuox © s2y7100907 : sejewine sapmmodep sep ed aguuop juemeerou9n (eg) “anbrip£yIOI9 aproe,] ap moor,] snos ‘sopiéie say 1ed stuano} arued opues$ us (z) ‘suorsauseu s[as op steuref enbsoid ‘sageyqns op nad 39 ‘jueworedrourid ‘surjeoye sainao[qn) (y) Où 66 6666 |“ ‘001/%€"66 |SL°66 |0C°66 |0L°66 & |« ‘007|0S"66 |« "00H. à *S99P17 | °S9901) à |l‘sooezj|"sooer|"sa9eig |"so9ei] ñ *S29817 | "s99P13|"S99E1) h vosrseresttereseere.(.) 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Dans la dernière campagne du Talisman, des instruments spéciaux ont permis de récolter l’eau de mer à telle distance que l’ex- périmentateur le désirait, et de connaitre la température du liquide au moment du prélèvement de l'échantillon. Le Travailleur avait dû se contenter d'ébaucher la question des températures, lors de l’exploration de la baie de Biscaye, en 1880. L’année suivante, on était arrivé à puiser l’eau à de grandes profondeurs, au moyen des ingénieux appareils construits d’après les plans de M. Richard et de M. Villegente. Ces appareils furent encore perfectionnés et on trouva de nouveaux moyens d'opérer, lorsque s’ouvrit la campagne du Talisman. Nous ne décrirons pas longuement la forme ni la disposi- tion des bouteilles métalliques en usage à bord du Travailleur, nous ne nous élendrons pas sur la constraction des réci- pients en verre employés sur le Talisman. Les bouteilles en tronc de cône du premier, maintenues ouvertes aux deux bouts, dans la descente, par suite de la disposition de deux soupapes opposées, se fermaient à la profondeur voulue, grâce . à la descente d’une lourde bague qui abaissait, en tombant, les leviers horizontalement tendus des soupapes, et qui filait, à cet effet, le long du câble, à la facon de la plaque d’un fil Slt DRAGAGES SOUS-MARINS. 235 à plomb classique. Les récipients du Talisman, plutôt faits pour rechercher les organismes, que pour étudier les sels et les gaz de l’eau, consistaient en tubes épais, expurgés d’air, effilés par les deux extrémités, qui venaient briser leurs pointes contre les pièces métalliques d’un thermomètre à retournement, au moment où on remontait l'ensemble du système. L'eau s’introduisait alors dans les ampoules vides -et la capillarité du tube $s’opposail ensuite à la sortie du liquide. Ce que nous tenons à signaler, ce sont les faits physiques dûment constatés par les explorations sous-marines. Les couches liquides profondes sont chargées de gaz. Elles emmagasinent les fluides aériformes à tel point que, bien souvent, les naturalistes du T'alisman ont vu l’eau s'échapper en gerbe d'un mètre et demi de hauteur, au moment où l’on ouvrait le robinet à soupape de l’une des bouteilles en tronc de cône. Preuve à la fois de la richesse gazeuse de l'eau et de la fermeture hermétique du collecteur. C’est ce changement de pression qui n’a pas permis de recueillir vivants les poissons des grandes profondeurs de l'Océan. La dilatation des gaz entraine toujours des lésions organiques tellement graves, que la mort survient avant que animal ait eu le temps d’arriver à la surface. Tel est le cas, entre autres, du magnifique Neoscopelus macrolepidotus, pris à 1,500 mètres de fond, et qui figure dans les collections du museum de Paris. La vessie natatoire, tout à coup dilatée outre mesure, a pressé la paroi abdominale, les écailles sont tombées sous la pression, l'estomac a fait hernie au dehors de la cavité buccale et les yeux ont été chassés des orbites. La meilleure façon d'apprécier l’énorme pression exercée par les nappes d’eau supérieures sur les inférieures se trouve, d’ailleurs, dans l’examen des objets suffisamment compressi- bles que l’on a descendus dans l’abime. Ainsi les grandes rondelles de liège que l’on dispose à l'entrée des chaluts, pour en maintenir l’orifice béant, sont 236 LES FONDS DE LA MER. réduites à la moitié de leur volume primitif, après un service très court de quelques jours. Nous avions dit, en écrivant les premières pages de cet ouvrage, que l'étude du fond des mers mènerait à la connais- sance exacte des migrations de certains poissons, ce qui serait une source de richesses pour les pêcheurs et un résultat inappréciable pour lalimentation. Les dragages du Talisman ont confirmé l'opinion que nous avions émise depuis longtemps, sur la retraite momentanée de nombreuses espèces dans l’abime, soit pour y trouver, à certaines époques, une nourriture plus abondante, mieux appropriée, ou pour y rencontrer des eaux ramenées à une température donnée. Des conséquences physiques résultent encore, comme on va le voir, de ce fail. ; Les observations de migration ont porté principalement sur quatre ou cinq espèces : le Macrurus affinis, pêché entre 590 et 2,220 mètres; le M. globiceps, rencontré seulement à 1,400 mètres, mais descendant aussi à 3,000 mètres; l Alepo- cephalus rostratus, dont l'aire de distribution semble se trouver entre 868 et 3,650 mètres; le Lepioderma macrops, habitant des eaux comprises entre 1,150 et 3,655 mètres; le Scopelus maderensis, vivant entre 4,090 et 3,655 mètres. Les types qui se rencontrent, par exemple, entre 590 et 2,220 mètres, 868 el 3,650 mètres, ne sauraient, évidem- ment, en raison de ce que l’on connait sur les phénomènes de compression suivie d’une brusque diminution de pression, passer sans transilion d’une zone à l’autre, sous peine de catastrophe. Ils doivent donc suivre les régions sous-marines, en remontant les flancs des montagnes, descendant les ver- sants, el passant progressivement d’une altitude à l’autre, semblable au voyageur qui, pas à pas, gravit des Alpes, ou à l’aéronaute que son ballon mène peu à peu vers la région des nuages et ramène ensuite vers la terre. En même temps que nous exprimions nos idées sur les DRAGAGES SOUS-MARINS. 9237 migrations des poissons, nous nous étonnions de la rarelé des espèces végélales dans les eaux tant soit peu profondes. Les opinions sont aujourd’hui bien arrêtées à ce sujet. La végé- tation cesse promptement sous les flots. Au delà de 160 mètres les algues disparaissent, Il n’est donc pas surprenant que tous les poissons de grands fonds soient carnivores. Aussi présen- tent-ils un système dentaire très développé. La privation de lumière et le grand calme des derniers plans de l’abime mènent encore à d'autres résultats, tels que le développement d’organes lumineux, latrophie des écailles, la couleur sombre des pigments, la friabilité des os, mais nous n'avons à envisager, actuellement, que le côté physique de la question (1). fl nous reste à parler, dans ce chapitre, des observations thermométriques accomplies dans la mémorable exploration de 1883. Disons d’abord que les plus basses températures (*) Voici comment s’exprime M. Filhol, dans ses Explorations sous- marines : « Si les poissons qui visitent d’une manière passagère les grandes profondeurs, ne présentent pas des formes anormales, il n’en est pas de même de ceux qui habitent d’une manière continue les grands fonds de l'Océan. Il n’y à dans ce fait rien qui doive surprendre, car il a fallu que l’organisme de ces animaux suhît des modifications profondes pour arriver à s’adapter à des conditions d’existence toute particulière. Les influences auxquelles sont soumis les poissons des grandes profondeurs sont multiples. Là où ils habitent la lumière et la végétation manquent; passé une certaine profondeur, la température du milieu dans lequel ils sont placés tend à s’égaliser, enfin, l’eau au milieu de laquelle ils sont placés est toujours calme. Les modifications succédant à ces diverses actions portent sur la structure des tissus, sur le développement des organes du toucher, sur la coloration. En outre, des organes inconnus chez les poissons ordinaires apparaissent chez les poissons des grands fonds. Leur fonction consiste à dégager des lueurs phosphorescentes, et ils suppléent ainsi à la lumière qui fait absolument défaut, » : + Les changements subis par les tissus s’observent dans la structure de la peau, dans celle des muscles et des os. La peau est mince, toujours dépour- vue de couleurs vives. Les teintes qu’elle présente varient du grisâtre au noir de velours. Les écailles, souvent très réduites, sont à peine fixées, et le frottement qu’elles subissent durant l'ascension du chalut suffit pour les détacher presque toutes, Les muscles ont une consistance molle. Les os sont composés d’un tissu friable, et leur intérieur est spongieux. 238 LES FONDS DE LA MER n’ont pas été toujours rencontrées tout au fond de l'Océan, mais que, d’une façon générale, les régions profondes sont plus froides que les eaux supérieures. Les thermomètres n’ont jamais accusé un refroidissement au-dessous de + 2C., el leur plus grand abaissement a été constaté entre les iles du Cap-Vert et les Açores, par une profondeur de 3,432 mètres. Dans la première exploration du Travailleur, ce fut par 2,651 mètres que le minimum fut observé. Le thermomètre était descendu à + 1°6 Mais on était sous la latitude N. de 43° 42" 40". Ce qui confirme la justesse de l’observation faite sous celte latitude, c’est que, par 1,650 mètres, on obtenait + 1°8, la température de surface étant de + 22°2 Les expériences pratiquées dans la même région en 1080, sont, d’ailleurs, en concordance. En ce qui concerne l'exploration de 1883, il sera facile de se rendre compte de l’abaissement de température, d’une facon générale, en analysant les données sommaires reportées ci-dessous : PROFONDEUR. TEMPÉRATURE. 1. 173 mètres. Entre les Canaries et les iles du Cap-Vert.. +150. DMAS20N. —— Entre CAa0Ix EL MOPAUDTE, 2er tee 10°, 3.405: —': Près desîles du Cap-Vert. :....:..:....... 110,5. 4. 655 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 90. 5. 8635 — Entre Mogador et les Canaries ............ 7o. 6. 888 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... FE 7. 905 — Près des Canaries.......... NÉ ÉLIRE 80. 8. 932 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 70. DA UONIE =, cPrésdes ACOrTeSE Mr LC eRe PEER 92° 10. 1,056 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 70: 41. 1,090 — — — Se 60. 12. 1,105 — Entre CadixetMopgador...##:...."00.02e 60,6. 13. 4,13 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 60, 44. 4,180 — Entre Mogador et les Canaries............. 80,5. 15. 14,220 — — = HMS NeeC ie . 80. 16. 1,235 — — — DAS EAU. ; 80,5. AT A SN — = A ee eee EG 70,5. 18. 1,250 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 60. TMS NE — dite JTE 20. 21. 22: 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 11 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. DRAGAGES SOUS-MARINS. 239 PROFONDEUR, TEMPÉRATURE. 1,325 mètres. Entre Cadix et Mogador .................. +100, 1,495 — — A RE EC SO DE ED 0 TEST 1,435 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 50,5 4,495, — = es 40,5 10952 NE Pres e MO danses LE Ts NT ER 40,5 MST ER PTS TES ANARIES ES en 9 8 ee ele» noie sise ge etarete 50, 1,918 — Entre les Canaries ct les îles du Cap-Vert... 40, 2,013 — — — 40, 2,075 — — — ; 30,5 DAS RE PRO STE SE ACOL ESP RS sure seen et Lo. AG MP EES Te MOBATOTE? nn Se UE 40, 2,190 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 40,5 2,195 — Entre les îles du Cap-Vert et les Açores... 40, DOS AtILUder deRDCHEOr EEE eee 49,8 2,325 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 30,4. 2,333 — == — 30, DST Nb EntreiGadix et Mopadoren ete 40, 2,638 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 20,8 9,655 — Près des: iles du Cap-Vert ................ 20,6 9,705 — Entre Mogadoret les Canaries............. 50. 2,713 — Entre les Canaries et les îles du Cap-Vert... 20,5 2,991 — Entre les îles du Cap-Vert et les Acores.... 30,8 9,995 — Entre les Açores et Rochefort............. 30,5 3,175 — Entre les îles du Cap-Vert et les Açores... 30,5 3,432 — — _— 20,1 3,930 — — = 30. 3,800 — Entre les Açores et Rochefort ............. an 4,060 — — A NE TO cute 30. 4,145 — Prés des îles du Cap-Vert................. 30. 4,165 — Entre les Açores et Rochefort............. 30,2 4,178 — Entre les îles du Cap-Vert et les Açores... 20,5 4,255 —" Hntreles Açores et-Rochefort .....:.7. 2." 30° 4,965 — Entre les îles du Cap-Vert et les Açores .... 20,8 5,225 — — — 20,8 5,290 — — — 20,8 5,505 — Entre les Açores et Rochefort ............. 20,8 6,067 — Entre les îles du Cap-Vert et les Açores... 20,5 Parmi les contradictions que présente le tableau, plusieurs sont plutôt apparentes que réelles, el n’en serait-il pas ainsi que l’on ne resterait pas moins étonné devant les modifica- tions progressives que subit la température, à mesure que le thermomètre s'enfonce dans les eaux. 240 LES FONDS DE LA MER. Presque toutes les observations discordantes ne concernent d’abord que des différences de quelques dixièmes de degré, ensuite nous ne tenons pas compte de la région. Or, si l’on excepte les n°5 3, 7, 9, 44, 15, 16, 20, 39, 40 et 44, qui semblent faire tache, on arrive à cette conclusion, que la température de l'Atlantique descendait à l’époque des son- dages : De 100 De 9o De 70 De 5° à 9°, entre 200 et 600 mètres; à 7°, entre 600 et 1,(00 mètres; à 5°, entre 1,000 et 1,500 mètres; à 4°, entre 1,500 et 2,000 mètres; De 30,5 à 4°, en moyenne, de 2,000 à 3,000 mètres; A 3°, de 2,000 à 5,000 mètres; Enfin à 2° au-dessus de 0, de 5,000 à 6,000 mètres. A ès dE VAR FONDS DE LA MER ie De Folin, delin. s “ 4 OL E ‘ | NÉE Ur \ de 5 LA Car 1,0 |: ‘ Ê _ RE, DC Le LES FONDS DE LA MER lollusques = "a == 1 = = LB] = Lacoste, Bordeaux nn 1. INPI Lith.Lacoste Bordeaux. LES FONDS DE LA MER LES FONDS DE LA MER T IV PLIV Foramuuferes et Mollusques. Een" SA & Lith. Lacoste, Bordeaux. LES FONDS DE LA MER TIV PLV Rluzopodes. th Lacoste, Bordeaux. De Folin, delin. Lean TRAPAQNIER T IV PL VI hizopodes. Lacoste, Bordeaux De Folin, delin. LES FONDS DE LA MER TIV PI VIL | Rhuzopodes De Folin, delin. & = S Sa) er a S al ES = ‘ T IV PLVIL. De Folin, delrn. VE - fat] = E) 1 ET (sa (C7) Es = =») FE C/®) Bi En | = a 1] E à À ei (e) dE a = S Ê= = = PUITS : en] Net RE NET TE PP AS 7) TINAPRIRS es = = =) 1 (Be: (æ (&) (==) pe = E= tA 7 Qu AIN PIES De Foln, delin LÉSEONDS DEMMAMIER Lith Lacoste, Bordeaux Ruizop odes. HS PONDÉADEIMINUIER TIVPIX Rluzopodes HAINE Lith Lacoste, Bordeaux. [ee = < [| Et ES (2) =) PA (=) En 2] [ere] — ! LA Er A T $ 5 ce = re RS nd a _ -d pa. Es & = rÈ LR en ee Me 1 TON - Éd = se sr (HAN Re = (a) a perce sn LE RT = IV PI XV. 1e S DE LA MER. 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PS | LIVRAISON 79: TOME IV LIVRAISON 13°, | L. ne FOLIN et L. PÉRIER AN | PARIS BORDEAUX DE Se chez SANY, libraire-éditeur, chez FERET & Fils, libr.-éditeurs, À k Boulevard Saint-Germain. . Cours de l'Intendance. | 1h or ; 3 à F ” x ."ANEG LE CONCOURS DE PLUSIEURS NOTABILITÉS SCIENTIFIQUES ET LA COOPÉRATION | $ | | 1 | | ! | | | | is ; LES ÉTUDE INTERNATIONALE sur les particularités nouvelles des régions sous-marines COMMENCÉE ET DIRIGÉE PAR MM. a DE = FOLIN et L. PÉRIER " ] r Li ne LE E CONCOURS DE PLUSIEURS NOTABILITÉS SCIENTIFIQUES ET LA | COOPÉRATION | D'UN GRAND NOWBRE D’AMIS DES SCIENCES. Édition avec planches, paraissant par livraisons de 16 pages. . LIVRAISON 80°. —— . TOME IV . LIVRAISON 14°. pans à © | BORDEAUX “us SAVY, libraire-éditeur, 4 chez FERET & Fils, libr.-éditeurs, | Boulevaru Saint-Germain. Cours de l'Intendance. ———!" £ S #: avan a Snap & ‘Bordeaux. — Imp, G. GOUNOUILHOU, rue Guirauée, 44. TP LES / FONDS DE LA MER ÉTUDE INTERNATIONALE sur les particularités nouvelles des régions sous-marines COMMENCÉE ET DIRIGÉE PAR MM. L. DE FOLIN et L. PÉRIER AVEC LE CONCOURS DE PLUSIEURS NOTABILITÉS SCIENTIFIQUES ET. LA COOPÉRATION D'UN GRAND NOMBRE D’AMIS DES SCIENCES. | Edition avec planches, paraissant par livraisons de 46 pages. VRAISON 81°. ME IV © LivRAISON 15. /72 S#4 « a \ AUS 601 a L (0 Se LE 9 \ 7. HEGATAN DE er D 4 sort mas mg ét DE Do : PARIS BORDEAUX +» chez SAVY, libraire-éditeur, chez FERET& Fils, libr.-éditeurs, Boulevard Saint-Germain. | Cours de l'Intendance. ù L L LA Bordeaux. — Imp. G. GOUNOUILHOEU, rue Guiraude, 11. X * : Ÿ $ * e . * lé « A7 > æ — SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES in