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LES

LITTÉRATURES POPULAIRES

TOME VII

LES

LITTÉRATURES

POPULAIRES

DE

TOUTES LES NATIONS

TRADITIONS, LÉGENDES

CONTES, CHANSONS, PROVERBES, DE\'INETTES

SUPERSTITIONS

TOME VII

PARIS MAISONNEUVE ET C'% 'EDITEURS

25, QUAI VOLTAIRE, 25 1882

Tous droits réservés

POÉSIES POPULAIRES DE LA GASCOGNE

TOME in

POÉSIES POPULAIRES

DE

LA GASCOGNE

PAR

M. Jean-François BLADÉ

TOME m

CHANSONS DE DANSE

PARIS

MAISONNEUVE ET C'% ÉDITEURS

25, QUAI VOLTAIRE, 25 1882

Tous droits réservés

PRÉFACE

|E troisième et dei-nier volume des Poésies populaires de la Gascogne est exclusive- ment réservé aux Chansons de danse. Je suis tenu d'expliquer au lecteur comment ce genre de poésies s'adapte à sa destination.

Et d'abord, je n'ai rien à dire des quadrilles, valses, polkas, et attires danses importées, que nos paysans gascons ignoraient encore il y a cinquante ans. Je n'ai pas à parler non plus du Saut, dont l'usage est limité au Pays Basque et au Béarn, exclus, comme je l'ai déjà dit ailleurs, du domaine de mes recherches. Quelques lignes suffiront pour la Farandole, dont la

II PRÉFACE

description a été déjà faite bien des fois. La Farandole, dite en gascon la Courante (Courrento), n'est guère en honneur que dans la portion orientale de mon domaine contiguë au Languedoc et au Bas-Quercy. Il y a des localités oii les hommes seuls figurent dans cette danse, et d'autres où, les femmes y sont admises. La Farandole ne comporte pas de chansons. Elle n'a lieu qu'au son du fifre ou du violon , souvent scandé par un tambour battant la mesure. On trouvera dans la Musique du présent volume (Airs w 8-11) quatre de ces mélodies, sur lesquelles on peut aussi danser le rondeau (branle, arroundèu, roundèu), seule figure de chorégraphie à la fois populaire et générale en Gas- cogne.

Comme son nom l'indique, le rondeau se meut en cercle, tantôt au son des instruments, tantôt à la voix des danseurs, chantant toujours à l'unisson. A ce propos, j'ai hâte d'ajouter que l'unisson est de règle dans les poésies chantées, sauf un très-petit nombre de pièces d'origine récente, et visiblement empreintes de l'influence des Orphéons.

Les modernes instruments de cuivre sont d'un em- ploi très-peu fréquent pour danser en rond. Ceux dont on use le plus volontiers, sont la vielle, le violon, le fifre et le flageolet. Au besoin, on s'accommode de la

PRÉFACE m

guimbarde. L'usage du petit hautbois désigné, selon les contrées, sous les noms de clarin ou rf'amboèso, est circonscrit à la Gascogne languedocienne, et à une portion des Pyrénées. La musette ne résonne guère en dehors de la région Landaise, d'oii n'ont pas encore disparu le tympanon et la flûte à deux ou trois trous, dont on ne veut guère plus dans le reste de ma pro- vitwe. Le tympanon est une étroite et longue caisse d'harmonie, percée d'un trou rond aie milieu. Six à huit cordes de tons divers, vibrent toutes à la fois, sous un petit bâton, que le ménétrier tient de la main droite, tandis que l'instrument repose attaché sur l'épaule gauche. L'autre main sert à manœuvrer la flûte, dont le bruit monotone du tympanon scande la mélodie, forcément restreinte à quelques notes aiguës. La plupart de nos anciens ménétriers, étaient hors d'état de déchiffrer une portée de la musique la plus simple. Certains de leurs successeurs sont assurément plus avancés. Mais bon nombre d'instrumentistes ruraux, jouent encore en simples praticiens, et n'ap- prennent qu'en tâtonnant les airs de rondeaux, assortis, ou non de paroles. A ce métier, qui rarement est leur principal çagne-pain, la plupart, doués d'un véritable instinct mélodique, ne tardent pas à faire montre d'habileté manuelle.

IV PRÉFACE

Les bénéfices des ménétriers proviennent des bals publics ou privés. Quand les danses ont lieu dans des salles, les rondeaux obtiennent rarement aujour- d'hui la même faveur que les danses importées. Les partisans encore nombreux des vieux usages s'accom- modent plus volontiers de la halle du village en temps de pluie, de la promenade publique aicbeau temps. Dans les communes rurales, les bals commencent aux approches du Carnaval, et finissent le Mercredi des Cendres. Ils reprennent, avec moins d'animation, dans la seconde quinzaine d'avril, et sont à peu près abandonnés au temps des fortes chaleurs. On ne danse guère que le dimanche, et le jour de la fête patronale (hoto), depuis la sortie des vêpres jusqu'aux approches de la nuit. Le musicien est uniquement rétribué par les jeunes gens, dont chacun lui remet une pièce de billon, à moins que le conducteur du rondeau ne paie tout, pour faire honneur à la danseuse qu'il a choisie.

* * *

VOILA pour les bals en mtisique, parfois encore les danseurs font taire un moment l'instrumen- tiste, et tourbillonnent au son de leurs propres voix.

PRÉFACE

Mais, en général, on ne danse aux chansons que faute de mieux, par exemple en temps de vendanges, ou les soirs d'hiver, che^ quelque riche paysan, qui ne craint pas trop de brider son bois et son huile, ni de régaler ses hôtes d'un verre de vin blanc doux.

Il s'agit maintenant de bien préciser comment se danse et se chante simultanément le rondeau.

J'ai déjà, dit que cette figure s'exécute en rond. Le rondeau est conduit ou mené (amiat) par un danseur qui donne la main droite à une danseuse, laquelle donne la droite à un autre danseur, et ainsi de suite jusqu'à ce que le personnel chorégraphique soit au com- plet. Cependant il n'est pas rare de voir, au milieu ou à la fin d'un rondeau, deux ou trois danseuses se donnant la main, ce qui n'arrive jamais pour les danseurs. Quand la danse circulaire a lieu toujours en avançant, c'est le rondeau simple. Quand la ronde est coupée par intervalles de mouvements de recul, c'est la Ressegado on sciage, oîi le mouvement en avant est du reste très supérieur à celui qui se produit ensuite en arrière. Tous les airs de danse ne se prêtent pas également à la Ressegado ; et on choisit, pour s'y livrer, les chants oti les couplets sont les plus longs. Après avoir entonné et donné le signal de départ en avant, le chef de danse, qui d'habitude est aussi le

VI PRÉFACE

chef de chant, indique le mouvement de recul, sur tel ou tel vers pris dans la suite du couplet. Cet avertis- sement est aussitôt mis à profit par les autres dan- seurs, qui sont ainsi avertis une fois pour toutes, et qui rétrogradent spontanément, aux couplets suivants , quand revient la portion de plorase poétique et musicale primitivement marquée par une indication de recul.

La danse en une seule ronde, est surtout avantageuse poîir ceux qui sont le plus rapprochés de l'homme qui la conduit. Plus loin, les sauts en cadence deviennent difficiles et même impossibles, si les danseurs sont trop nombreux. C'est pourquoi la ronde se meut souvent par petits groupes, dont le minimum est de trois personnes, une femme tenant un homme de chaque nmin.

Parlons maintenant du chant, qui s'exécute en même temps.

Je viens de dire que le chef de danse est habituelle- ment celui du chant. Quand on déroge à cette règle, c'est-à-dire quand le chanteur ou la chanteuse se trouvent à une distance variable du chef de danse, les choses se passent, sous le rapport musical, absolument comme si celui qui conduit la ronde était aussi le chej de chant.

Donc, avant de donner le signal du départ, le chef

PRÉFACE VII

de danse et de chant entonne, presque toujours au repos, la première partie du premier cotiplet, que tous les autres danseurs répètent aussitôt, pendant qu'ils marquent la mesure en balançant leurs mains enlacées. Après cet avertissement, donné une fois pour toutes, la danse et le chant continuent comme je vais dire, pour ne finir qu'avec la chanson.

Le chef de danse et de chant, met la ronde en branle avec la première partie du couplet initial, que la masse des danseurs répète aussitôt. Cela fait, le chef passe, si la chanson le comporte, à la portion du couplet qu'il doit dire seul, et que suit incontinent le refrain, répété par les danseurs. Beaucoup de rondeaux se composent de couplets formés de deux ou de quatre vers de même mesure, sans compter les intercalations et additions uniformes, qui reviennent régulièrement, et aux mêmes places. En ces cas-là, on forme la première partie du second couplet par voie de répétition. Selon que la chanson comporte des couplets de quatre ou de deux vers, on prend les deux derniers ou le dernier vers du premier couplet, pour y en ajouter deux antres, ou un seul.

Un exemple mettra ces explications en pleine lu- mière. Je l'emprunte à la Chanson de danse LXXI, p. 246- p, intitulée : Lou curé dou Castera.

VIII PRÉFACE

CHEF DE DANSE ET DE CHANT

Moussu curé dou Castera, Sai jouga de la guitara.

DANSEURS

Moussu curé dou Castera, Sa jouga de la guitara.

CHEF DE DANSE ET DE CHANT

Pren soun fusil, s'en ba cassa. Sai jouga de la guitareto : Sai jouga de la guitara.

Sai jouga de la guitareto. Sai jouga de la guitara.

CHEF DE DANSE ET DE CHANT

Pren souu fusil, s'en ba cassa. Sai jouga de la guitara.

DANSEURS

Pren soun fusil, s'en ba cassa. Sai jouga de la guitara.

PRÉFACE IX

CHEF DE DANSE ET DE CHANT

Perdics, ni lèbes trobo pas. Sai jouga de la guitareto : Sai jouga de la gnitara.

DANSEURS

Sai jouga de la guitareto. Sai jouga de la guitara.

Et ainsi de suite pour tout le reste de la chanson, qui est de celles oii la danse peut se modifier en Resse- gado ou sciage, dont il a été déjà question. En ce cas, la ronde s'ébranle en avant durant les deux premiers vers, chantés par le chef de danse et de chant, et recule pendant qu'ils sont répétés par les danseurs. Cela fait, le mouvement en avant recommence, jusqu'à la fin du couplet.

Ces explications suffisent amplement. Je dois aussi prévenir le lecteur que les chansons de danse sont dis- posées, dans le présent volume, suivant l'ordre dé- croissant, en n'ayant égard qu'au nombre de vers qui composent les couplets, et au besoin à la quantité syl- labique des vers. Ce mode de classement, déjà adopté pour certaines parties du tome II, a l'inconvénien

PRÉFACE

de séparer parfois des pièces que leurs analogies de- vraient réunir ; mais alors, j'ai obvié par des réfé- rences à cet inconvénient Jorcé.

Encore un mot. Ici, comme dans le second volume, j'ai signalé les répétitions de vers par des bis, typo- graphiquement limités aux premier et dernier couplets de chaque pièce.

* *

VOILA les explications spéciales que fêtais tenu de fournir, en tête de ce troisième et der- nier tome des Poésies populaires de la Gascogne. Demain, le public jugera, dans son entier, ce Recueil QÎi les communications de tant d'amis sont venues grossir le résultat de plus de vingt ans de recherches personnelles. Certes, mes compatriotes attesteront une fois de plus ma pleine sincérité. Mais les critiques trouveront, sans effort, ample matière à censure, dans la mise en œuvre, l'agencement et les notes des textes que fai rassemblés. Il est passé, le temps oit je redoutais plus qu'il ne faut ces sévérités, d'ailleurs salutaires. Perdu dans mes souvenirs, je relis encore une fois les vieilles chansons de ma proviwe. Sans doute, je n'ai

PRÉFACE XI

pas rempli tout mon devoir, et je mérite que l'entre- prise d'un autre fasse quelque jour oublier la mienne. A celui qui viendra, je souhaite ce qui m'a manqué, et je dis du meilleur et du plus pv/ond de mon âme : « Hâte-toi. Le temps presse. Jl sera trop tard de- main. Écoute les enfants qui chantent :

Nous n'irons plus au bois : Les lauriers sont coupés.

« Moi feu arrive, pour n'y retourner jamais. Adieu, senteurs amères de l'aubépine d'avril, baume des vieux chênes rajeunis au souffle des vents printaniers. Encore une fois adieu, grands champs de blé pleins de coquelicots et de bluets, iris jaunes, blancs nénuphars épanouis au bord des fontaines oii chante, vierge et jaillissant, le flot de la poésie populaire. Mes fleur s sont lices à peine, et déjà je dois songer aux traditions prosaïques de mon pays. Sur la fin de ce labeur, je reviendrai peut-être cueillir encore, au bord des che- mins, quelques pâles scabieuses d'automne. Et puis, sans repos ni trêve, je cheminerai parmi les marnes paysages de l'histoire provinciale, où, la mort me bri- sera dans ma tâche inachevée, »

XII PRÉFACE

Tel je songeais, l'autre soir, dans la solitude et le silence d'un humble Musée de province. Là, parmi cent modernes produits de l'art bête et ministériel, je sais une œuvre fière, où, le crayon de l'artisan déroula, dans son entier, la pompe triomphale d'un César de la vieille Rome.

Regarde^. Les temples sont ouverts. L'encens fume devant les statues des Dieux décorées de fleurs et de feuillages. Le peuple bat les gradins, et monte jusqu'au faîte des demeures patriciennes. A la porte Capène, magistrats et sénateurs ont rallié le cortège. Les trom- pettes résonnent. Voici les chariots chargés de butin, les images des provinces conquises et des nations vain- cues. Voici les joueurs de flûte, les bœufs blancs aux cornes dorées, conduits par les victimaires portant les couteaux sacrés. Sous les crachats et les huées de la canaille, le roi train par la fortune chemine parmi ses proches et ses serviteurs enchaînés. << Gloire à César victorieux ! » Et César, licteurs en avant, triomphe, campé sur son sceptre, dans son quadrige d'ivoire. Sur sa tête laurée, l'esclave insulteur balance la couronne d'or étrusque. « Respice post te. Hominem mémento te. » Après le char, se ruent les chefs et les soldats, brandissant leurs rameaux verts. « Jo triumphe.

PRÉFACE XIII

lo triumphe. » Et les chansons militaires reten- tissent, sarcastiques ou louangeuses, avec les hymnes aux Dieux.

Dans cette œuvre, faite de l'insolence des vain- queurs et de la misère des captifs, je sais où. trouver ceux que j'aime.

<< Alle^, patriciens serviles, tribuns militaires et centurions rapaces, légionnaires avinés. Triomphe, ô César, dans ton officielle et stupide majesté.

a Salut, noble roi vaincu, fusqu'au bout, tu porte- ras, droite et fière, la tête promise au licteur.

« Mais tes proches, tes amis des jours prospères, n'auront pas le même destin. Tournés vers le char triom- phal, ils supplient et tendent les mains :

(( Pitié, divin César! La vie! Laisse-nous la vie. »

Le clément empereur fera grâce. Avec son légat , ces traîtres retourneront d'oii ils viennent. Par eux sera consommée la ruine de la patrie.

(< Salut aussi, vieux barde à la lyre étrange et barbare. Serviteur libre et fidèle, tu te souviens, et tu regardes ton roi captif. Pourtant, tu ne mourras pas. César te gardera piisonnier dans Rome. Tout le jour, tu vivras courbé sur ton labeur dur et servile. Mais le soir, tu retrouveras ta lyre. Je te vois, au bord du

XIV PRÉFACE

Tihre jaune, jetant au vent de la terre étrangère les vieux airs qu'on oublie là-bas. Parfois, s'arrêtent quelque lettré, disciple d'Auîu-Gelle, quelque patricien désœuvré.

« Vieil esclave, chante encore.

(( Passe ton chemin, grammairien curieux. Passe, illustre sénateur. Je chante ce qui ne vit plus que dans mon âme. Je pleure mes Dieux brisés, tnon roi vaincu, mon peuple aboli. Passe:(. Demain, la mort me fera libre. Demain, ma lyre sera muette. Alors, alle\ dire à votre César que le vieux barde emporte dans la tombe les chansons des ancêtres, et que le nom même de sa race est à jamais effacé de la mémoire des hommes. »

Jean-François BLADÉ.

Agcti, ce 2 titars 18S2.

PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTES

POUR LES RÉFÉRENCES DU TOME III

Inslructions relatives aux poésies populaires de la France. In-S". Paris, 1853.

Rnnie des langues romanes. In-8°. Montpellier. Commence en 1860.

Combes (A.). Chants populaires du Pays Castrais. In-12. Castres, 1862.

Damase Arbaud. Chants populaires de la Proi'ence. 2 vol. in-12. Aix, 1862-1864.

Tarbé. Romancero de Champagne. 5 vol. in-8°. Reims, 1863-1864. Les poésies populaires occupent le tome II.

DoRRiEUx. Chants et chansons populaires du Camhrésis, dans le tome XXXV'III i'^ partie, des Mémoires de la Société d'ému- lation de Cambrai. In-8°. Cambrai, 1864.

Champfleury et Wekerlin. Chansons populaires des prcn>inces de

France. Gr. in-8°. Paris, 1865. Gagnon (E.). Chansons populaires du Canada. Gr. in-8°. Québec,

186).

Puymaigre (Comte de). Chants populaires recueillis dans le Pays Messin. 1.1-8°. Paris, 1865.

Bujeaud(J.). Chants cl chansons populaires disprovinces de l'Ouest.

2 vol. gr. in-8°. Paris, 1865. Cénac-Moncaut. Littérature populaire de la Gascogne. 1 vol. in-12.

Paris, 1868.

BucHON (M.). Chants populaires de la Franche-Comté. In-12.

Paris, 1878. Gaidoz et Rolland. La Mélusine. In-4°. Paris, 1878.

Bladé (J. F.). Poésies populaires en langue française, recueillies dans l'Armagnac et l'Agenais. In-B°. Paris, 1879.

Montel et Lambert. Chants populaires du Languedoc, i vol. in-8".

Paris, 1880. Sébillot (Paul). Littérature orale de la Haute-Bretagne. 1 vol.

in-12. Paris, 1881. Rolland. Almanach des traditions populaires de la France. in-iS.

Paris, 1882.

m

CHANSONS DE DANSE

m

CANSOUS DE DANSO

SUR LA MOUNTAGKO

« Sur la mountagno, } Ma maire (i), j

Sur la mountagno,

Sur la mountagno,

Que jogon dou biuloun. Ma maire.

Sur la mountagno, )

(bis).

Que jogon dou biuloun. )

(bis).

(i) Maire, mère, expression languedocienne ; en gascon, tnai.

CHANSONS DE DANSE

SUR LA MONTAGNE

« Sur la montagne, }

Ma

mère.

i (7'/^-;.

Sur la montagne, Sur la montagne, On joue du violon.

Ma mère, Sur la montagne , } On joue du violon. )

(lus).

POÉSIES POPULAIRES

Se jogon goaire. Ma maire.

Se jogon goaire, Se jogon goaire, I bau dansa un roun.

Ma maire, Se jogon goaire, I bau dansa un roun.

Se bas en danso, Ma hillo.

Se bas en danso, Se bas en danso, Pren goardo au bastoun.

Ma hillo. Se bas en danso, Pren goardo au bastoun.

Se me bat moun orne. Ma maire.

Se me bat moun orne, Se me bat moun ome, Jou me boi tourna. Ma maire.

DE LA GASCOGNE

Si on joue guère, Ma mère,

Si on joue guère. Si on joue guère, J'y vais danser un rond.

Ma mère. Si on joue guère, J'y vais danser un rond.

Si tu vas en danse, Ma fille,

Si tu vas en danse, Si tu vas en danse, Prends garde au bâton.

Ma fille. Si tu vas en danse. Prends garde au bâton.

Si mon homme me bat,

Ma mère, Si mon homme me bat , Si mon homme me bat, Je veux me défendre.

Ma mère.

POÉSIES POPULAIRES

Se me bat moun orne, Jou me boi tourna.

Se tu te tournos, Ma hillo,

Se tu te tournos. Se tu te tournos, L'ase que coûtera.

Ma hillo, Se tu te tournos, L'ase que courera.

Se court, que courre. Ma maire.

Se court, que courre. Se court, que courre. Per bous courrouc ta plan :

Ma maire y Se court, que courre, Per bous courrouc ta plan.

Se l'ase sauto, Ma maire,

Se l'ase sauto, Toutos diran :

DE LA GASCOGNE

Si mon homme me bat, Je veux me défendre.

Si tu te défends, Ma fille,

Si tu te défends, Si tu te défends, L'âne courra (i).

Ma fille, Si tu te défends, L'âne courra.

S'il court, qu'il coure, Ma mère,

S'il court, qu'il coure. S'il court, qu'il coure. Pour vous il courut si bien

Ma mère, S'il court qu'il coure. Pour vous il courut si bien.

Si l'âne saute. Ma mère,

Si l'âne saute. Toutes diront :

(i) Les niaiis battus montent sur l'âne, en camavaL Cf. Bladé, Poésies piipulaires de la Gascogne, t. II, p. vi-xii, de la préface et le chant s;iécial IV, Chanson de charivari, p. 288-95.

POÉSIES POPULAIRES

« Bieil ase echaureillat, »

Ma maire, Toutos diran : « Bieil ase echaureillat.

Enlocd'aureiUos.) Ma maire, )

En loc d'aureillos, En loc d'aureillos, Que n'a cornos au cap.

Ma maire. En loc d'aureillos, ]

Que n a cornos au cap. » )

DE LA GASCOGNE

« Vieil âne aux oreilles coupées, »

Ma mère, Toutes diront : « Vieil âne aux oreilles coupées.

Au lieu d'oreilles, ;

Ma mère, ) ^ ^

Au lieu d'oreilles, Au lieu d'oreilles, Il a cornes en tête.

Ma mère, Au lieu d'oreilles, j

Il a cornes en tête (i). » )

(i) Dicté pur Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cliamp- fleury, 187-88, Sur la montagne, ma mère (Provence et Comtat d'Avignon) ; Ccn.ic-Moncaut, 366-68, Tao i hlUo /non tnny (Gas- cogne).

10 POÉSIES POPULAIRES

(his).

II

TOUT OME OU A BOUN BESIN

Tout orne qu'a boun besin (bis), Diu l'aberti cado maitin (his).

« Tu partisses a touto euro, / E tu t'en abises pas. ) Quitos ta henno souleto. ] Lou curé la ba trouba. S Lou curé la ba trouba (his).

James jou nou ac creirioi (i), Que se jou nou lou hesioi (2).

Praube, s'ac holes pas crese, Tourno-t'en a la maisoun.

Se jou te ac héu pas base, M'apèreras gros pinsoun. M'apèreras gros pinsoun. «

Lou praube ome i es anat. Per un trauc a regardât.

(i) Creirioi, croirais, forme laiv^iied. ; en gascon, creiri. (2) Btsioi, voyais, forme languedocienne ; en gascon, bescui.

DE LA GASCOGNE II

(bis).

II

TOUT HOMME aUI A BON VOISIN

Tout homme qui a bon voisin (l>is). Doit l'avertir chaque matin (bis).

« Tu pars à toute heure, / Et tu ne t'en avises pas. ) Tu laisses ta femme seulette. i Le cure va la trouver. ) Le curé va la trouver (bis).

Jamais je ne le croirais, Que si je le voyais.

Pauvre, si tu ne veux pas le croire. Reviens-t'en à la maison.

Si je ne te le fais pas voir,

Tu m'appelleras gros pinson (i).

Tu m'appelleras gros pinson. »

Le pauvre homme y est aile. Par un trou il a regardé.

(l) Xijis.

12 POÉSIES POPULAIRES

E qu'a bist la peillo negro, Qu'anauo de cap au Uèit. Per débat sa soutanasso, Pourtauo un gigot tout coèit : Pourtauo un gigot tout coèit.

« Tè, ma henno, bèno, bèno (i). Tè, ma henno, bèno oubri.

Que m'èi desbrumbat la cordo, ' Per estaca lou roussin.

Aio ! aio ! aio ! aio ! E oun jou me bouterèi ? E oun jou me bouterèi?

Boutatz-bous à la banèlo. Plegatz-bous dens lou linço. Dou marit n'augetz pas poù.

Tè, moun orne, bèno, bèno, Bèno bese quin gros ra/. N'es toumbat dens la banèlo. La remplis de toutz coustatz.

(i) Bcno, W«o, viens, viens, forme languedocienne; en gascoij, m».

DE LA GASCOGNE I5

Et il a vu le vêtement noir, Qui allait vers le lit. Par-dessous sa soutane, Il (i) portait un gigot tout cuit : Il portait un gigot tout cuit.

« Tiens, ma femme, viens, viens. Tiens, ma femme, viens ouvrir.

J'ai oublié la corde. Pour attacher le roussin.

Aïe ! aïe 1 aïe ! aïe ! Et me mettrai-je ?

Et me mettrai-je (2)?

Mettez-vous à la ruelle. Cachez-vous dans le drap de lit. Du mari n'ayez pas peur.

Tiens, mon homme, viens, viens, Viens voir quel gros rat.

Il est tombé dans la ruelle. Il la remplit de tous côtés.

(i) Le curé.

(2) Demande du curé.

14 POÉSIES POPULAIRES

Arratas, gros arratas (bis). Te baillerèi cops de lato (bis). » Que l'a baillât cops de lato, j Per dauant e per darrè, ) ^

Enta qu'auouse plus embejo i . D'ana bese ma mouillé, )

D'ana bese ma mouillé (bis).

III

aUANT LA MARIOUN BA AU MOULIN

Quant la Marioun ba au moulin (bis), Ta plan lou se coumo lou maitin, Se pren soun sac, soun ase,

Litchèino litchoun. Se pren soun sac, soun ase, ^

La bèro Marioun. )

DE LA GASCOGNE 15

Rat, gros rat (bis),

Je te donnerai des coups de gaule (bis). »

Te lui ai donné des coups de gaule, ) . ,

V (bîs). Par devant et par derrière, )

Pour qu'il n'eut plus envie ) ,, . ,

(h / ç )

D'aller voir ma femme, )

D'aller voir ma femme (i) (bis).

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agennis et Bruilhois).

III

ClUAND MARION VA AU MOULIN

Quand Marion va au moulin (lus), Aussi bien le soir que le matin, Elle prend son sac, son âne,

Litchèine litchon. Elle prend son sac, son âne,

La belle Marion. *

l6 POÉSIES POPULAIRES

Quant lou mouliè la bei heni, \

L'arrise nou se pot teni,

E lou descargo l'ase, ;

Litchèino litchoun. i

E lou descargo l'ase, j

La bèro Marioun. \

i

« Darrè lou moulin a un pruè, j

Que porto lou mes de heure. '

Anatz-i estaca l'ase, '■

Litchèino litchoun. i

Anatz-i estaca l'ase, :

La bèro Marioun. »

Mes, tant que lou moulin moulèuo, E lou mouliè se l'embrassauo, Lou loup a minjat l'ase,

Litchèino litchoun. Lou loup a minjat l'ase, La bèro Marioun.

« Mouliè, que me hasètz gran tort, Ètz en causo que l'ase es mort.

DE LA GASCOGNE 17

Quand le meunier la voit venir, Le rire il ne peut tenir, Et il décharge son âne,

Litchèine litchon. Et il décharge son âne,

La belle Marion.

« Derrière le moulin il y a un prunier. Qui produit au mois de février. Allez-y attacher l'âne,

Litchèine litchon. Allez-y attacher l'âne,

La belle Marion. »

Mais, tandis que le moulin moulait. Et que le meunier l'embrassait, Le loup a mangé l'âne,

Litchèine litchon. Le loup a mangé l'âne,

La belle Marion.

« Meunier, vous me faites grand tort. Vous êtes cause que l'âne est mort. III 2

l8 POÉSIES POPULAIRES

Que ba dise noste orne?

Litchèino litchoun. Que ba dise noste orne ?

La bèro Marioun.

Dens moun cofre, i a dètz escutz, Prenguètz-ne hoèit, dèchatz-ne dus, Per bous croumpa un aute ase,

Litchèino litchoun. Per bous croumpa un aute ase, La bèro Marioun.

Douman, la hero a Mounflanquin, Se calera lèua maitin, Enta ana croumpa l'ase,

Litchèino litchoun. Enta ana croumpa l'ase,

La bèro Marioun. »

Quant soun orne la bei béni, L'arrise nou pot se teni.

« Acô es pas noste ase, Litchèino Htchoun.

Acô es pa noste ase, La bèro Marioun.

DE LA GASCOGNE I9

Que va dire notre homme? j

Litchèine litchon. '

Que va dire notre homme ? i

La belle Marion. '

!

Dans mon coffre, il y a dix écus, ! Prenez-en huit, laissez-en deux, ; Pour acheter un autre âne, j

Litchèine litchon. j

Pour acheter un autre âne, La belle Marion.

Demain, la foire à Monflanquin (i), ,

Il faudra se lever matin, j

Pour aller acheter l'âne,

Litchèine litchon. ,

Pour aller acheter l'âne,

La belle Marion. » i

\ Quand son homme la voit venir, ,i

Le rire il ne peut tenir. l

« Cela n'est pas notre âne, j Litchèine litchon. ?

Cela n'est pas notre âne,

La belle Marion. 1

i

(l) Chef-lieu de canton du département de Lot-et-Garonne.

I

20 POÉSIES POPULAIRES ]

Noste ase abio quoate pès blancs, Lous de darrè, lous de dauant, Las aureillos coupados,

Litchèino litchoun. Las aureillos coupados,

La bèro Marioun. »

(bis).

IV

LA HENNO A BENE

Lou Basilo qu'a uo henno. ) Lou besin n'es amourous. ) ^ ^' Que se la pren, se la ligo. Se la bouto a paquetous. Que se l'amio a la hero, A la hero a Castilloun (i).

(i) Il existe, en Gascogne, plusieurs communes ou localités du nom de Castillou.

DE LA GASCOGNE 21

Notre âne avait quatre pieds blancs (bis), Ceux de derrière, ceux de devant, Les oreilles coupées,

Litchèine litchon. Les oreilles coupées, )

La belle Marion (i). » j

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois). Cf. Tarbé, 255-56, L'Ane de Madelon (Champagne); Champfleury, 38-39, Le Moulin (Dauphiué) ; Buchon, 89 (Franche-Comté) ; Bujeaud, I, 108-9, L'Ai.c de Marion (Provinces de l'Ouest); Gagnon, 121-22, Mariann'' s'en va-t-ait moulin (Canada); Dur- rieux, 143-44, Marianne (Cambrésis) ; Puymaigre, 249, L'Jne et la femme (Pays Messin); Cénac-Moncaut, 421-22, L'J^é et la trou/o (Gascogne) ; Sébillot, 271, L'^ne c/;an^e (Haute-Bretagne) ; Montel et Lambert, 464-65, L'Asc (Languedoc).

IV

LA FEMME A VENDRE

Basile a une femme. )

Le voism en est amoureux. ) ^

Il la prend, la lie,

La met en petits paquets.

Il l'amène à la foire,

A la foire de Castillon.

22 POÉSIES POPULAIRES

Toustems la landendeto, }

_ , 1 , 1 i (bis).

Toustems la landenda )

Lou prumè que et arrencountro, Que n'estèc moussu Larrous.

« Que portos aqui, Basilo ? Que portos a paquetous ?

Que porti ma henno a bene. Moussu, la croumperetz-bous ?

Me costo quinze centz liuros, Bous la dau per un escut. Bous la bailli a l'esprobo, De cap d'an dinqu'à Sent-Luc ; E, se n'ètz pas countent d'ero, Tournatz-me-l'au prumè frut.

Se la porto n'es barrado, L'estaqueratz au barrouill. Se la porto n'es ouberto, Jitatz-lo deguens lou hour. Prenguètz un brassât de paille. Boutatz-i lou hoèc autour.

DE LA GASCOGNE 2}

Toujours la landeridette, ) Toujours la landerida. )

Le premier qu'il rencontre, Ce fut monsieur Larrous.

« Que portes-tu là, Basile ? Que portes-tu en petits paquets ?

Je porte ma femme à vendre. Monsieur, l'achèteriez-vous ?

Elle me coûte quinze cents livres.

Je vous la donne pour un écu.

Je vous la donne à l'essai,

Du premier de l'an à la Saint-Luc (i) ;

Et, si vous n'êtes pas content d'elle.

Rendez-la-moi au premier fruit (2).

Si la porte est fermée, Vous l'attacherez au verrou. Si la porte est ouverte. Jetez-la dans le four. Prenez une brassée de paille. Mettez-v le feu autour.

(i) Le 18 octobre. (2) Au premier enfant.

24 POÉSIES POPULAIRES

Quant lou hoèc hara tapatge, } Que beiratz, de las maisous, j Courre orne e mainatges, Au brut de bostos cansous. Embitatz lou besinatge A s'i bengue cauha toutz. » Toustems la landerideto, Toustems la landerida.

(bis).

AU NOSTE POUMÈ

Au noste poumè, i a nau poumos (bis).

Lou poumè qu'es blanc, las poumos soun roujos.

Gausi, gauserèi-jou,

Embrassa las mainados ?

Gausi, gauserèi-jou, ) x

, . j (hs).

Embrassa mas amous ? ;

Au noste poumè, i a hoèit poumos, etc. (i).

(i) Dicté par Isidore Escarnot de Bivès (Gers). A chaque nouveau couplet, le nombre des pommes diminua cie un.

DE LA GASCOGNE 25

Qiiand le feu fera tapage, ) Vous verrez, des maisons, ) Accourir hommes et enfants. Au bruit de vos chansons. Invitez les gens du voisinage A venir s'y chauffer tous. » Toujours la landeridette, Toujours la landerida (i).

(/-/.;.

(bis).

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Puy- maigre, 266-67, ^ mari Jaloux (Pays Messin) ; Cénac-Moncaut, 292-0 ), La Henno a henc (Gascogne).

V

A NOTRE POMMIER

A notre pommier, il y a neuf pommes (bis).

Le pommier est blanc, les pommes sont rouges.

J'ose, oserai-je.

Embrasser les filles ?

J'ose, oserai-je,

Embrasser mes amours? ) A notre pommier, il y a huit pommes, etc.

26 POÉSIES POPULAIRES

VI

LAS HILLOS DE SENT-GAUDENS

(lus).

Las hillos de Sent-Gaudens, N'an pas argent.

Las que n'an pas ne boulerén, Faridoundèno, \ Ne boulerén. ; '

« Au Pais-Bas (i), anen, anen,

Coeille d'argent. En sega blat, en dailla hen, Faridoundèno, N'en gagnarén. »

En passa lou bosc de Guchen (2), La poù las pren.

« Que haran, se lou loup nous pren ?

Faridoundèno, Nous sparmarén. »

(i) La B.isse-Gascogiie.

(2) Commune du département des Hautes-Pyrénées.

DE LA GASCOGNE 27

VI LES FILLES DE SAINT -GAUDENS

Les filles de Saint-Gaudons (i),

N ont pas d argent. ;

Celles qui n'en ont pas en voudraient, Faridondaine, | En voudraient. )

« Au Pays-Bas, allons, allons,

Chercher de l'argent. En sciant du blé, en fauchant du foin,

Faridondaine, Nous en gagnerons. «

En passant au bois de Guchen, La peur les prend.

« Que ferons-nous, si le loup nous prend?

Faridondaine, Nous nous disperserons. »

(i) Chef-lieu d'arrondissement de la Haute-Garonne, ancienne capitale de la vicomte de Nébouzan. Tous les ans, à l'époque de la fenaison, de la moisson et des vendanges, bon nombre de jeunes gens et jeunes filles de ce pays de montagnes descendent dans la 3asse-Gascogiic, pour v louer leurs services.

28 POÉSIES POPULAIRES

Un carbouniè nou bei arren ;

Mes las enten. « Se nous counduisetz a Guchen,

Faridoundèno,

Bous pagarén.

Nou pas dab or, ni dab argent.

Que nou n'auèn. Quauques poutetz bous dounarén,

Faridoundèno,

Bous dounarén. »

Qiiant lou carbouniè las enten,

La poù lou pren. Per holos aquet pèc las pren,

Faridoundèno,

N'escouto arren.

Quito la capo, esclops taben,

Sens perde tems. Puch, a huto, sens dise arren,

Faridoundèno,

Que court toustems.

DE LA GASCOGNE 29

Un charbonnier ne voit rien ;

Mais il les entend. « Si vous nous conduisez à Guchen,

Faridondaine,

Nous vous paierons.

Non pas avec de l'or, ni de l'argent.

Nous n'en avons pas. Quelques baisers nous vous donnerons,

Faridondaine,

Nous vous donnerons. »

Quand le charbonnier les entend,

La peur le prend. Pour des folles ce sot les prend,

Faridondaine,

Il n'écoute rien.

Il quitte la cape, les sabots aussi,

Sans perdre de temps. Puis, au galop, sans rien dire,

Faridondaine,

Il court toujours.

30 POÉSIES POPULAIRES

Qiie disètz d'aquet ignourent?

Quin pauc de sens ! De las hillos cregne las dentz !

Faridoundèno,

Quin Joan d'arren !

Bèros hillos de Sent-Gaudens,

En mes balentz. * ' ^'

De bètz poutetz que bous harén, Faridoundèno,

^ . , (Us).

Estessotz cent. '

DE LA GASCOGNE 3I

Que dites-vous de cet ignorant ?

Quel homme de peu de sens ! Des filles craindre les dents !

Faridondaine,

Quel Jean de rien !

Belles filles de Saint-Gaudens,

Nous sommes plus vaillants.

De beaux baisers nous vous ferions,

Faridondaine,

Fussiez-vous cent (i).

(lus).

(lus).

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 384-86, Las Fillos de Sen-Gaoudens (Gascogne).

32 POESIES POPULAIRES

I (l^^O-

VII

JOAN DE LA REULO

Joande La Reulo (i), moun amie As ta henno mau couhado. Amio-me-lo, te la couherèi, En touto ouro, en touto ouro.

Amio-me-lo, te la couherèi, )

T- j 1 -• (bis).

En touto ouro de la neit. ; ^ •^

(i) Chef-lieu du département de la Gironde, dans raucieii pays de Bazadais.

DE LA GASCOGNE

33

Vil

JEAN DE LA PÉOLE

Jean de La Réole mon ami, \

Tu as ta femme mal coiffée. j ^ •^

Amène-la moi, je te la coifferai,

A toute heure, à toute heure (i).

Amène-la-moi, je te la coifferai,

A toute heure de la nuit (i).

(bis).

(i) Je sais ce couplet depuis mon enfance. Cf. Capelle, n" 256, La Clef du caveau; Gagnon, Jean âe Ruina (Canada); Combes, 85 , Jean de La Rioule (Pays Castrais); Montel et Lambert, 44)-47i /^"« <^^ Nibèlo (Languedoc).

m

34 POÉSIES POPULAIRES

VIII

DENS LA PRADERIO

Dens la praderio,

Au houn d'un baloun, j Uo bergèro toujour, Goardo soulo, goardo soulo ; Uo bergèro toutjour, Goardo soulo sous moutous.

Un maitin, setudo, Sur soun capuchoun, La trobi dens lou baloun, Ta poulido, ta poulido, La trobi dens lou baloun, Aussi belle que le jour,

Lou disi : « Bergèro,

Tu me plases tant 1

E que toun oeill es charmant,

Ta man blanco, ta man blanco;

E que toun oeill es charmant,

Bergèro dous moutous blancs.

(bis).

DE LA GASCOGNE 35

(bis).

VIII

DANS LA PRAIRIE

Dans la prairie, ) Au fond d'un vallon, j ' ^'^ Une bergère toujours, Garde seule, garde seule ; Une bergère toujours, ) Garde seule ses moutons. )

Un matin, assise,

Sur son capuchon,

Je la trouve dans le vallon,

Aussi jolie, aussi jolie.

Je la trouve dans le vallon,

Aussi belle que le jour.

Je lui dis : « Bergère,

Tu me plais tant !

Et que ton œil est charmant,

Ta main blanche, ta main blanche ;

Et que ton œil est charmant.

Bergère aux moutons blancs.

■x.

36 POÉSIES POPULAIRES

Espio la tourtero. Enten-la canta. Soun semblo suspira, Sur la branco, sur la branco. Soun semblo suspira, Sur la branco de l'auba.

(bis).

Tout sentis, bergèro, Lou tems dous amous : Lous parpaiUoh sur las flous, Uiroiindelo, Viroiindèlo, Lous parpaiUoh sur las flous, Bergèro, e mes tous moutons, »

(bis).

ÉJ.

DE LA GASCOGNE 37

Vois la tourterelle. Entends-la chanter. Son cœur semble soupirer, Sur la branche, sur la branche. Son cœur semble soupirer. Sur la branche du saule.

(bis).

Tout ressent, bergère. Le temps des amours : Les papillons sur les fleurs, L'hirondelle, l'hirondelle. Les papillons sur les fleurs, Bergère, et aussi tes moutons (i). » )

(i) Dicté par M. Aristide Tessier, de Sainte-B-izeille (Lot-et- Garonne). Cf. Lamarque de Plaisance, 57-58 (Bazadais).

38 POÉSIES POPULAIRES

IX

A GRANADO

A Granado (i), i a nau pins (bis). A Granado boU ana, Bese lous pins, coumo berdejon. A Granado, boit ana.

^1 . , . . . (bis). Bese lous puis a berdeja. '

A Granado, i a hoèit pins, etc.

(i) Chef-lieu de canton du département des Landes.

DE LA GASCOGNE 39

IX

A GRENADE

A Grenade, il y a neuf pins (bis). A Grenade, je veux aller, Voir les pins, comme ils verdoient. A Grenade, je veux aller,

Voir les pins verdoyer '

A Grenade, il y a huit pins, etc. (i).

(i) Dicté par Briscadieu, d'Estang (Gers). Le nombre des pins diminue de un à chaque nouveau couplet. V. p. 24, la chanson V, A notre pommier.

40 POÉSIES POPULAIRES

X

DE BOUN MAITIN

De bout! maitin se lèuo, La hillo dou besin. Pren soun sac e soun ase, S'en ba dret au moulin.

Deridi. Eb ! le beau meunier, Qui la fait tourner, La meule du moulin ?

Drindrin, Trique trique traqua,

La faï la lira. Y viendra moudre qui voudra.

« Bounjour, mouliè, moulièro. Pouiri-jou mole aci?

Nâni, nâni, la bèro. Passatz bùste camin.

DE LA GASCOGNE 41

X

DE BON MATIN

De bon matin se lève,

La fille du voisin.

Elle prend son sac et son âne,

S'en va droit au moulin.

Deridi. Eh 1 le beau meunier, Qui la fait tourner, La meule du moulin ?

Drindrin, Trique trique traque,

La faï la lira. Y viendra moudre qui voudra.

« Bonjour, meunier, meunière. Pourrais-je moudre ici?

Nenni, ncnni, la belle. Passez votre chemin.

42 POÉSIES POPULAIRES

Harri ! harri, moun ase, Dens un aute moulin.

Tournatz, tournatz, la bèro. Bous haran mole aci. »

Deridi. Eh ! le beau meunier. Qui la fait tourner, La meule du moulin ?

Drindrin, Trique trique traque,

La fat la lira. y viendra moudre qui voudra.

XI

l'amou e lou souci

L'amou e lou souci, \

Deridi, | (bis).

Gran Diu, la malo causo !

DE LA GASCOGNE 4.3

Harri ! harri, mon âne, Dans un autre moulin.

Revenez, revenez, la belle. Nous vous ferons moudre ici. »

Deridi. Eh ! le beau meunier, Qui la fait tourner, La meule du moulin?

Drindrin, Trique trique traque,

La faï la lira. Y viendra moudre qui voudra (i).

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).

XI

l'amour et le souci

L'amour et le souci, ^

Deridi, f (bis).

Grand Dieu, la maie chose

--'.)

44 POÉSIES POPULAIRES

Lou gouiat qu'ous a au cap,

Deridi, Nèit ni jour ne repauso. La flou dou laurier.

Laurier, [ (bis).

La briuleto blanco.

Quant crei de repausa, Chez la bèro eau qu'ango. La trobo sur soun Uèit, Sur soun llèit que plourauo.

« Qu'auètz la bèro? Las! Qu'auètz, que plouretz aro ?

Las gens disoun aci, - Que soui mau maridado.

Crejotz pas, bèro. Las ! Seratz millou que nado. A l'ouro dou dinna, Bous seratz aperado.

A l'ouro dou dinna, ^,

Deridi, v (bis).

Bous seratz aperado; ]

DE LA GASCOGNE 45

Le garçon qui les a en tête,

Deridi, Ni nuit ni jour ne repose. La fleur du laurier, \

Laurier, | (bis).

Le violier blanc. )

Qiiant il croit reposer, Chez la belle il faut qu'il aille. Il la trouve sur son lit. Sur son lit qui pleurait.

« Qu'avez-vous la belle ? Las ! Qu'avez-vous, que vous pleuriez mainte-

Les gens disent ici, [nant? Que je suis mal mariée.

Ne le croyez pas belle. Las ! Vous le serez mieux qu'aucune. A l'heure du dîner,

Vous serez appelée.

A l'heure du dîner,

Derididi, [ (bis).

Vous serez appelée ;

46 POÉSIES POPULAIRES

E proche dou galant,

Deridi, Bous seratz entaulado. » La flou dou laurier, \

Laurier, l (bis).

La briuleto blanco. )

XII

LA HILLO DOU BESIN

La hillo dou besin,

l

S'es lèuado maitin, [ (bis).

Licoutin licoutin. )

Se pren soun sac, soun ase,

S'en ba dret au moulin.

Licoutin licoutin,

Mouliniè, tremble:^.

Retourne^, m'amour,

Lan miro licouti lan turo la lupa, )

Qui bouille mole molera. ) ^ ^'

DE LA GASCOGNE 47

Et proche du galant,

Deridi, Vous serez attablée. » La fleur du laurier, ^

Laurier, [ (bis).

Le violier blanc (i). ;

(t) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers).

XII

LA FILLE DU VOISIN

La fille du voisin,

S'est levée matin, | O'^O-

Licoutin licoutin. ]

Elle prend son sac, son âne.

S'en va droit au moulin.

Licoutin licoutin,

Meunier, tremblez.

Retournez, m'amour,

Lan mire licouti lan ture la lupa, ) , . ,

Qui voudra moudre moudra. )

48 POÉSIES POPULAIRES

Las brumos soun espessos. Se troumpo de camin. Que mounto sur un aubre, Per abisa camin.

La branco s'es coupado, /

Per terro se loutit, )

Licoutin licoutin.

Las damos de la bilo,

N'an entenut lou cric.

Licoutin licoutin,

Mouliniè, irenible:^.

Retourne:^, m'amour,

Lan miro licouti lan turo la lupa,

Qui bouille mole molera. ^ ^

#

Dt LA GASCOGNE 49

Les brumes sont épaisses. Elle se trompe de chemin. Elle monte sur un arbre, Pour regarder le chemin.

"o"

La branche s'est cassée, )

A terre elle est tombée, )

Licoutinlicoutin.

Les dames de la ville.

Ont entendu le cri.

Licoutin licoutin.

Meunier, tremblez.

Retournez, m'amour,

Lan mire licouti lan ture la lupa, /

Qui voudra moudre moudra (i). )

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (GersV Cf. Bujeaud, II, 304, La Chinson lî;; meunier (Provinces de l'Ouest); Cénac- Moncaut, a8}-8|, La Hillo dou hcsin (Gascogne).

#•

lU

50 POÉSIES POPULAIRES

XIII '

LOU RÈI d'ANGLOTERRO

I a hoèit jours passatz, Lou rèi d'Angloterro, Trauersant lous pratz, Troubo cent bergèros. En tout dansa, que l'auran, ^^ L'amou de la bèro. f

En tout dansa, que l'auran, L'amou dou galant.

Las saludo toutes,

Dècho la mes bèro.

« Perque me dèchatz-bous,

Bèt rèi d'Angloterro?

Èi très joenos hillos, Toutos très tant bèros. Uo es a Paris, L'auto a La Rouchèlo.

(bis).

(bis).

DE LA GASCOGNE 5I

xni

LE ROI D ANGLETERRE

Il y a huit jours passés, )

Le roi d'Angleterre, )

Traversant les prés.

Trouve cent bergères.

Tout en dansant, nous l'aurons,

L'amour de la belle.

Tout en dansant, nous l'aurons '

L'amour du galant.

Il les salue toutes,

Laisse la plus belle.

« Pourquoi me laissez-vous,

Beau roi d'Angleterre?

J'ai trois jeunes filles, Toutes trois si belles. Une est à Paris, L'autre à La Rochelle.

$2 POÉSIES POPULAIRES

L'auto es a Paris. )

Que n'es la mes bèro. ) Perque me dèchatz-bous, Bèt rèi d'Angloterro ? » En tout dansa, que l'auran, \ L'amou de la bèro. /

En tout dansa, que 1 auran, \ L'amou dou galant. '

XIV

LOU MEN PAI, LA MIO MAI

« Lou men pai, la mio mai,

Deridi, \ (lis)

N'a pas que jou hilleto.

M'embouion a la ma, Deridi,

Pesca las anguiletos.

Deridèto loun lan liro la lira,

Deridèto loun lan liro.

(bis).

DE LA GASCOGNE 53

L'autre est A Paris. j C'est la plus belle. i ^^"''^' Pourquoi me laissez- vous, Beau roi d'Angleterre ? » Tout en dansant, nous l'aurons, -^ L'amour de la belle. /

Tout en dansant, nous l'aurons, L'amour du galant (i).

(Ms).

(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. Puymaigre, iSi-82, Le Roi d'Angleterre (Pays Messin); Durrieux, 289 (Cambrésis) ; Bujeaud, II, 192-93, Le Roi d'Angleterre (Provinces de l'Ouest); Bladé, 78, Le Roi d'Angleterre (Armagnac et Age- nais).

XIV

MON PÈRE, MA MÈRE

« Mon père, ma mère, \

Deridi, [ (bis).

N'ont que moi pour fillette. ;

Ils m'envoient à la mer, Deridi,

Pêcher les anguillettes.

Deridette Ion lan lire la lira, )

Deridette Ion lan lire. ) ^ ^'

54 POÉSIES POPULAIRES

Wabioi pas pescat duos, Lous marines m'an preso. « Dèchatz-me, marines. Lou men pai me marido.

N'es pas dens lou pais, Que marido sa hillo. Jou m'en bau a Clairac, Clairac, charmanto bilo.

Quant bendrati a Clairac, Passatz a ma boutigo. Se moun ome i es pas, M'apèreratz ma mio.

Mes, se lou bieillart i es, M'apèreratz cousio. Quins cousis soun acô, Qu'embrasson las cousios?

Lous cousis de Clairac,

Deridi, Embrasson las cousios ;

Deridi, [ (bis).

DE LA GASCOGNE 55

Je n'en avais pas péché deux, Les mariniers m'ont prise.

« Laissez-moi, mariniers. Mon père me marie.

Ce n'est pas dans le pays, Qu'il marie sa fille. Je m'en vais à Clairac (i), Clairac, charmante ville.

Quand vous viendrez à Clairac, Passez à ma boutique. Si mon homme n'y est pas, Vous m'appellerez ma mie.

Mais, si le vieillard y est. Vous m'appellerez cousine.

Quels sont ces cousins-là, Qui embrassent les cousines ?

Les cousins de Clairac,

Deridi, [ (bb).

Embrassent les cousines; )

(i) Chef-lieu de canton du département de Lot-et-Garonne.

56 POÉSIES POPULAIRES

E mes que hèn fort plan,

Deridi, Quant las trobon poulidos. Deridèto loun lan liro la lira, ( ., . ^ Deridèto loun lan liro. » )

XV

LOU COUCUT

Lou coucut qu'es mort, i hs mort a la guerro. j

D'un coup de canoun, L'an pourtat per terro. As pas entenut ? Lou coucut cantauo. As pas entenut, \

Ganta lou coucut ?

Lou coucut es mort, Es mort en Espagno. L'au boussouat lou eu, Dab uo castagno.

(■"V-

DE LA GASCOGNE S7

Et même ils font fort bien,

Dcridi, duand ils les trouvent jolies. Dcridette Ion lan lire la lira, ) Dcridette Ion lan lire (i). » )

(i) Chanté par Isidore Escarnot, de Bivcs (Gtrs). Air i.

XV

(biO.

LE COUCOU

Le coucou est mort.

Est mort à la guerre. *

D'un coup de canon,

On l'a porté par terre.

N'as-tu pas entendu?

Le coucou chantait. ., . >

, (ris). N'as-tu pas entendu, \

Chanter le coucou ?

i

Le coucou est mort, Il est mort en Espagne. On lui a bouché le cul. Avec une châtaigne.

58 POÉSIES POPULAIRES

Lou coucut es mort, La coucudo plouro. A pas tout lou tort. Cau que couche soulo.

Se toutz lous coucutz, i rourtauon sounetos, ) ^ Harén mes de brut Que cinq centz trompetos. As pas entenut ? \

Lou coucut cautauo. f As pas entenut, ( (^'^'')-

Ganta lou coucut ?

(^

DE LA GASCOGNE 59

Le COUCOU est mort, La coucoiie (i) pleure. Elle n'a pas tout le tort. Il faut qu'elle couche seule.

Si tous les coucous, /

Portaient des sonnettes, \

Ils feraient plus de bruit Que cinq cents trompettes. N'as-tu pas entendu ? \ Le coucou chantait. r ., . > N'as-tu pas entendu, \ Chanter le coucou (2).

(Hs).

(i) La femelle du coucou.

(2) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. Revue des langues Romanes, IV, 575 (Languedoc).

c^

60 POÉSIES POPULAIRES

XVI

LOU CAMPANÈ

De boun maitin, au lèuat, /

Un boun pauc dauant l'aubado, ) Me prengui moutous, aucatz, E m'en bau capbat la prado. Turolututu turo luro, I

Turolututu sur la berduro. )

(bis).

N'estèi pas au mièi dou prat, Moun amie m'a abisado.

« Paulino, m'as escapat, Te cresèui pas sourtido.

Se t'aui troubado au clos, Que t'auri bien embrassado.

Nou t'en passes pas, se bos, Soui encoèro dispousado. «

Mes, Diu 1 au prumè poutet, Lou campanè souno l'aubado (i).

« L'ase te foute, campanè, De ta maitin la sounado.

(i) l'Angelui de l'aubj.

DE LA GASCOGNE 6l

(bis).

XVI

LE SONNEUR DE CLOCHES

De bon matin, au pied levé,

Un beau moment avant l'aube,

Je prends moutons, oies.

Et m'en vais en-bas dans la prairie.

Turelututu ture lure, I, /i \

Turelututu sur la verdure. \

Je ne fus pas au milieu du pré. Mon ami m'a aperçue.

« Pauline, tu m'as échappé. Je ne te croyais pas sortie.

Si je t'avais trouvée au clos, Je t'aurais bien embrassée.

Ne t'en passe pas, si tu veux, Je suis encore disposée. »

Mais, Dieu ! au premier baiser.

Le sonneur de cloches sonne l'aubade.

« L'aze te foute, sonneur de cloches. De faire si matin la sonnerie.

62 POÉSIES POPULAIRES

S'auèuos rai la cordo au cot, Lou batan per la caillauado, La campano en capetot, Lou nas enta la bataillado. » Turolututu turo luro, i

Turolututu sur la berduro.

XVII

LAS HILAIROS

Parlén un pauc de las hilairos, Hileroun hileroun doundèno. Las que hilon la lan, Que s'an minjat tout lou pan. Hileroun hilouroun doundèno, Hileroun hileroun doundoun.

(his).

(Us).

(bis).

(Us).

DK LA GASCOGNE 65

Puisses-tu avoir la corde au cou, / Le battant dans les chevilles, )

La cloche pour petit chapeau, Et le nez sous le battant. » Turelututu ture lure, /

Turclututu sur la verdure (i). )

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 392, Lou Campanè (Gascogne).

XVII

LES FILANDIÈRES

Parlons un peu des filandières, )

Fileron, fileron dondaine. ) ^ ^' Celles qui filent la laine. Elles ont mangé tout le pain.

Fileron fileron dondaine, J

Fileron fileron dondon. i ^ ^'

64 POÉSIES POPULAIRES

Las que hilon l'estoupo, S'an minjat touto la soupo. S'an beut tout lou bouilloun, N'i auousso auùt un cauderoun.

Quant s'an bien pleat la panso, Se soun boutados en danso. Las que hilauon lou lin, S'an hurlupat tout lou bin.

Praqui passauo lou Jousèp, Lous a hèit perde lou husèt. Las mio deçà, delà : Se desbrumbon de hila.

Las amio un pauc mes bas : Lous perde lou debas. Las pousso dinqu'a la cloto : Lous i perdre la broco.

Las pousso un pauc mes loui : Lous perde lou qounouill. Las pousso dinquo a la houn : Que s'i dèchon l'esoucoufioun.

DE LA GASCOGNE 6$

Celles qui filaient l'étoupe, Ont mangé toute la soupe. Elles ont bu tout le bouillon, Y en eut-il eu un chaudron.

Q.uand elles ont eu bien rempli leur panse, Elles se sont mises en danse. Celles qui filaient le lin, Ont lampe tout le vin.

Par-là passait Joseph, Il leur a fait perdre le fuseau. Il les mène deçà, delà : Elles oublient de filer.

Il les amène un peu plus bas : II leur fait perdre le bas. II les pousse jusqu'à la mare : II leur y fait perdre la broche.

Il les pousse un peu plus loin : Il leur fait perdre la quenouille. Il les pousse jusqu'à la fontaine: Elles y laissent l'escoffion.

66 POÉSIES POPULAIRES

Las amio a la carrèro : Lous perde la liilèro. Las pousso au carrerot : Lous i perde l'esclop.

Las amio sur la place, \

HUeroun, hileroun doundèno, j ^^"^' Toutos que se las embrasse. Las amio a la maisoun : S'i dèchon lou coutilloun. Hileroun, hileroun doundèno, } Hileroun hileroun doundoun. j ^ ^'^^'

XVIII

LAS MOURENGLOS

« Moun pai, ma mai, maridatz-me. Jou qu'ac boli, boli, boli, Moun pai, ma mai, maridatz-me. (

Jou qu'ac boli aqueste se.

.

DE LA GASCOGNE 67

Il les mène jusqu'au chemin : Il leur fait perdre la filière. Il les pousse jusqu'au sentier : Il leur y fait perdre le sabot.

Il les mène sur la place, )

Fileron fileron dondaine, )

Toutes il les embrasse. Il les mène à la maison, Elles y laissent le cotillon. Fileron fileron dondaine, )

Fileron fileron dondon (i). j

(i) Dicté p.-ir Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. CéiuC Moiuaut, 3)i-)3, Las HiLiyros (Gascogne).

(lus).

XYlll

LES IMPATIENCES

« Mon père, ma mère, mariez-moi. Je le veux, le veux, le veux, / . .

Mon père, ma mère, mariez-nioi. l

Je le veux pour ce soir.

68 POÉSIES POPULAIRES

Praubo hilleto, aten un an.

Moun Diu, un an ! Praube, un an !

Toutz lous mens galantz que s'en ban. Moun pai, ma mai, etc.

Praubo hilleto, aten un mes.

Moun Diu, un mes ! Praube, un mes !

Toutz lous mens galantz serén près,

Praubo hilleto, aten un jour.

Moun Diu, un jour 1 Praube, un jour!

Quant tant de gens me hèn l'amou.

Ma hillo, que n'auèn pas pan.

Moun Diu, pas pan ! Praube, pas pan !

Enta lou boulangé ne trouberan.

Ma hillo, n'auèn pas nat llèit.

Moun Diu, nat llèit ! Praube, nat llèit!

Sur l'erbo passeran la nèit.

DE LA GASCOGNE 69

Pauvre fillette, attends un an.

Mon Dieu, un an ! Pauvre, un an !

Tous mes galants s'en vont. Mon père, ma mère, etc.

Pauvre fillette, attends un mois.

Mon Dieu, un mois ! Pauvre, un mois !

Tous mes galants seraient pris.

Pauvre fillette, attends un jour.

Mon Dieu, un jour 1 Pauvre, un jour !

Quand tant de gens me font l'amour.

Ma fille, nous n'avons pas de pain.

Mon Dieu, pas de pain ! Pauvre, pas de pain !

Chez le boulanger nous en trouverons.

Ma fille, nous n'avons pas de lit.

Mon Dieu, pas de lit ! Pauvre, pas de lit !

Sur l'herbe nous passerons la nuit.

70 POÉSIES POPULAIRES

Ma hillo n'auèn pas d'anèt.

Moun Diu, d'anèt !

Praube, d'anèt ! Maridatz-me dab un armet.

Moun pai, ma mai, maridatz-me. ]

Jou qu'ac holi, boli, boli, [ (bis).

Jou qu'ac W/aqueste se. »

XIX

)

LAS GOUIATOS DOU PERGAN

Quin agréable bilatge, ) ^, . >

° ^ : (lys).

Lou bilatge dou Pergan (i)! )

S'i maridon a tout atge,

Lou hennatge i es élégant.

E ! Moun Diu ! que soun glouriousos,

Las gouiatos dou Pergan ! ]

(i) Commune du département du Gers.

/

(bis).

DE LA GASCOGNE "Jl

Ma fille, nous n'avons pas d'anneau.

Mon Dieu, pas d'anneau !

Pauvre, pas d'anneau ! Mariez-moi avec un lien d'osier.

Mon père, ma mère, mariez-moi. \

Je le veux, le veux, le veux, \ (bis).

Je le veux pour ce soir (i). » )

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 327-28, Las Mourenos (GAScogne) ; Montel et Lambert, 432-38, La. Maridadoiina, (Languedoc); Scbillot, 279, La Fille pressée (Haute-Bretagne).

XIX

LES JEUNES FILLES DU PERGAIN

Quel agréable village, ) ,, . ,

" ° \ (ois).

Le village du Pergain ! )

On s'y marie à tout âge.

Les femmes y sont élégantes.

Eh ! Mon Dieu ! qu'elles sont glorieuses, J ,, . > ^ ° '1 (bu) .

Les jeunes filles du Pergain ! )

72 POÉSIES POPULAIRES

Lous mouchouèrs passon de modo, Lous eau cohos a ribantz, Lou drouguet, la filosèlo, Acô a l'aire trop paisant.

Lous i eau raubos de sedo, Coutillous de basin blanc. Que se bouteran las damos, Las darnaisèlos en gran ?

Se bon esta remarquados, i ,, . ,

S'abillèran de lin-lan, )

E dècheran las faribolos

A las hillos dou Pergan.

ElMounDiu! que sounglouriousos, } ., . ^

Las gouiatos dou Pergan ! i

>^

DE LA GASCOGNE 73

Les mouchoirs passent de mode, Il leur faut des coities à rubans, Le droguet, la filoselle, Cela a l'air trop paysan.

(bis).

Il leur faut des robes de soie, Des cotillons de basin blanc. Que se mettront les dames, Les demoiselles en grand ?

Si elles veulent être remarquées,

Elles s'habilleront de lin-laine.

Et laisseront les fariboles

Aux filles du Pergain.

Eh! Mon Dieu! qu'elles sont glorieuses, i ,,. , ^ ® \ (In s).

Les jeunes filles du Pergain ! (i) )

(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Au nom du l'ergain on substitue souvent ceux d'autres communes de la Gascogne dont le nom finit en an, comme Miélan, Seissan, Sarran, etc. Le « lin-laine » dont il est question au dernier couplet est une étoffe locale, moitié lin et moitié laine.

m

74 POÉSIES POPULAIRES

XX

LOUS MACHANTZ MARIDATGES

Boulètz la patz a la maisoun ? f Prenguètz-bous uo noro. )

Un maitin, sens nado faiçoun, Que bous jito dehoro. Tra la la la deri dera, î Tra la la lèro. \ ^^'">'-

Boulètz aprengue a cousina ? Prenguètz uo gourmando. De pan hlourit bous dinna, E se minjo uo pouro.

Boulètz aprengue à remoulia? Ne eau prengue uo fierro. Tout lou jour bous trabailla, E court per la carrèro.

(bis).

DE LA GASCOGNE 75

XX

LES MAUVAIS MARIAGES

Voulez-vous la paix à la maison ? y Prenez une belle-fille. )

Un matin, sans façon, Elle vous jette dehors. Tra la la la deri dera, ) ,, . , Tra la la laire. )

Voulez-vous apprendre à cuisiner ? Prenez une gourmande. De pain moisi elle vous fait dîner, Et mange une poule.

Voulez-vous apprendre à baguenauder? Il faut en prendre une élégante. Tout le jour elle vous fait travailler, Et court par la rue.

76 POÉSIES POPULAIRES

Boulètz aprengue a fignoula ? Prenguètz-bous uo torto. Lou maitin, bous troutina : Lou se, barro la porto.

Boulètz la patz a la maisoun ? Prenguètz-bous un bèt gendre. Mestre se crei, sensé faiçoun, E bous ac coumprengue.

Boulètz aprengue a bien dansa ? ) Prenguètz un biulounaire. ) ^

Maitin, dou biuloun jouguera : Lou se, bastoun en l'aire. Tra la la la deri dera,

Tra la la lero.

DE LA GASCOGNE 77

Voulez-vous apprendre à fignoler? Prenez-en une boiteuse. Le matin, elle vous fait trottiner : Le soir, elle ferme la porte.

Voulez-vous la paix à la maison ? Prenez un beau gendre. Maître il se croit, sans façon, Et vous le fait comprendre.

Voulez- vous apprendre à bien danser? ) Prenez un joueur de violon. ) ^ ■''

Le matin, du violon il jouera : Le soir, le bâton en l'air. Tra la la la deri dera.

. (bis). Tra la la laire (i). *

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 346-48, Lou Maridatge emperiglat (Gascogne).

f

78 POÉSIES POPULAIRES

XXI

LA BIEILLO

A Bourdèus, i a uo bieillo, Que se bo marida engoan. Pracôjou soun tourtejo : S'en ba tout guerlin guerlan. O, la holo, la holo de biello ! Cresèuo n'aue que quinze ans.

Sensé counta que sa bouco, Auo pas qu'uo dent dauant. Encoèro la dent trémolo, Quant bouho lou bent d'autan.

Ero s'es boutado en danso, Au bal dour joens beligantz. Gaho, dens la countrodanso, Lous gouiat lou mes charmant.

Que lou ditz bas à l'aureiUo : « Mio-me bien de tiran, E te paguerèi bouteiUo, Se te bos marida engoan.

(bis).

(lus).

DE LA GASCOGNE 79

XXI

LA VIEILLE

A Bordeaux, il y a une vieille, Qui veut se marier cette année. Pourtant son pied boîte : Elle s'en va tout guerlin guerlan. Oh ! la folle, la foUe de vieille ! EUe croyait n'avoir que quinze ans.

Sans compter que sa bouche, N'avait qu'une dent devant. Encore la dent tremble-t-elle, Quand souffle le vent d'autan.

Elle s'est mise en danse, Au bal des jeunes viveurs. Elle attrappe, dans la contredanse, Le garçon le plus charmant.

Elle lui dit bas à l'oreille :

« Mène-moi bien doucement,

Et je te paierai bouteUle,

Si tu veux te marier cette année.

(bis).

(lus).

8o POÉSIES POPULAIRES

Pas au mens dab tu, la bieillo, Quant aurés bint milo frans.

N'èi cent milo dens ma bourso. Dens moun cofre n'èi astant.

Queseran per tu, Pierrillo, Se bos esta moun galant. » Lou Pierrillo que l'escouto, Tout en sauta de tiran.

« Se tant n'as en ta bourseto, Quauque jour acô beiran. »

Mes aquero bieillo holo, Se bo marida douman.

Entau noutari que bolo, Per nègre un pape blanc. Lou noutari que l'espio. Bei pas un cachau dauant.

« La nobio, ça-ditz, trémolo. Anguera pas a Sent-Joan (i). » Lou dilus, fianço la bieillo.

Lou dimars, que l'espousan.

(i) An 24 juin.

DE LA GASCOGNE 8l

Pas au moins avec toi, la vieille, Quand tu aurais vingt mille francs.

J'en ai cent mille dans ma bourse. Dans mon coffre j'en ai autant.

Ils seront pour toi, Pierrille, Si tu veux être mon galant. » Pierrille l'écoute, Tout en sautant toujours.

« Si tu en as tant dans ta bourse, Quelque jour cela nous verrons. » Mais cette vieille folle,

Veut se marier demain.

Chez le notaire elle vole,

Pour faire noir un papier blanc.

Le notaire la regarde.

Il ne voit qu'une grosse dent devant.

« La mariée, dit-il, tremble. Elle n'ira pas à la Saint-Jean. » Le lundi, il fiance la vieille.

Le mardi, nous l'épousons.

III

82 POÉSIES POPULAIRES

Lou dimècres, que gagnolo. Lou ditjaus, que lafretan. Lou dibès, la mort la gaho. Lou dichate, l'enterran.

Lou dimeche, qu'es la messo Lou dilus, lou cap de l'an. Quant oubriscoun sa cachoto, I troubèn un mus de can. O ! la holo, la holo de bieillo ! ) Cresèuo n'aue que quinze ans. )

(Ms).

(bis).

^

(bis).

DE LA GASCOGNE 85

Le mercredi, elle se plaint. Le jeudi, nous la frictionnons. Le vendredi, la mort la prend. Le samedi, nous l'enterrons.

Le dimanche, la messe ;

Le lundi, le bout de l'an.

Quant on ouvrit le caisson,

On y trouva un museau de chien.

Oh ! la folle, la folle de vieille ! |

Elle croyait n'avoir que quinze ans (i). ) ^

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Tarbé, iié-17, Ronde de la vieille (Champagne); Damase-Arbaud, II, 148-50, La Vicilho (Provence); Chants et chansons f<oputaires de la France, édit. Deloye ; Charles Malo, Chansons d'autrefois, 509; Madame de Chabreuil, Jeux et exercices de jeunes filles, 167; Buchon, 100- 10 1, La Vielle de Marteau (Franche-Comté) ; Cénac- Moncaut, j4;-46, La Bieillo (Gascogne).

H^

84 POÉSIES POPULAIRES

XXII

LA BIEILLO DE MOUNBRAN

A Mounbran, i a uo bieiUo, j Que n'a quoate-bint-dètz ans, ) E s'en ba per las beillados, Per courtisa lous galantz. Aquero que ba, gué gué gué, Aquero que ba, gué gaîment.

(bis).

(bis).

« Boulèn pas bieillos humados, E dehoro las boutan.

Se soui bieillo, soui plan richo. Èi quoate-bint milo frans.

Èi ma bordo qu'es en fricho, Un pareil de buùs tirantz. » Lou dilus, fiançon la nobio : Lou dimars, l'espouseran.

DE LA GASCOGNE 8$

XXII

LA VIEILLE DE MONBRAN

A Monbran(i), il y a une vieille, Qui a quatre-vingt-dix-ans, Et qui s'en va dans les veillées, Pour courtiser les galants. Celle-là va, gué gué gué,

(bis).

Celle-là va, gue gaiment. '

« Nous ne voulons pas de vieilles enfumées, Et dehors nous les mettons.

Si je suis vieille, je suis bien riche. J'ai quatre-vingt mille francs.

J'ai ma métairie qui est en friche. Une paire de bœufs de trait. » Le lundi, on fiance la mariée : Le mardi, on l'épousera.

(^i) Hameau «le la commune de Foulayronnes (Lot-et-Garonne) comiguë à celle d'Agen.

86 POÉSIES POPULAIRES

DiiTiècres, la bieillo es morto. Louditjaus, l'enterreran. Dibès, cap dou mes arribo ; Dichate, lou cap de l'an (i).

Lou dimeche, ban au coffre. N'i a qu'un pugat de peus blancs. Se lou nobi, per las peillos, Prumè (2) auo boutât la man,

(hS).

Se lou nobi, per las peillos, Prumè auo boutât la man. Auré bist que las merbeillos Se trobon pas dens Mounbran. Aquero que ba, gué gué gué, Aquero que ba, gue gaunent. '

(i) Variante agenaise : A dibendres la hoèilcno, a vendn;di la huitaine.

(2) V.iiiaiite agenaise : d'abord.

DE LA GASCOGNE 87

Mercredi, la vieille est morte. Le jeudi, on Teiiterrera. Vendredi, le bout du mois arrive ; Samedi, le bout de l'an (i).

Le dimanche, on va au coffre.

Il n'y a qu'une poignée de cheveux blancs.

Si le marié, dans les chiffons,

Avait d'abord rais la main.

Si le marié, dans les chiffons, Avait d'abord mis la main. Il aurait vu que les merveilles Ne se trouvent pas à Monbran. Celle-là va, gué gué gué, Celle-là va, gué gaîment (2).

(lus).

(!>'<)■

(1) En Gascogne, on célèbre un service funèbre un mois et uu an après chaque décès.

(2) je sais cette chanson depuis mon enfance, Cf. Couyba, Retiie de l'Agciiaii de lS8l, p. >2-$4, La Ricilli) de Moimhr.iv (.\gen.us). Voyez la Chanson précédente.

88 POÉSIES POPULAIRES

XXIII

LA DAMO DE FLOURENÇO

A Flourenço, i a uo damo

Maridado richoment. '

Porto las raubos de sedo, Cousudos dab hiu d'argent. Biro bouquet boutoun de rose, Biro bouquet boutoun d'argent.

(bis).

Ero s'en ba a la messo, Très bailetz a l'endauant. L'un, que lou porto las ouros ; L'aute, que teng lous ribantz.

L'aute, s'en ba a la gièiso,

Per aligna las gens.

« Alignatz-bous dounc, canaillo,

E saludatz umbloment.

DE LA GASCOGNE 89

XXIli

LA DAME DE FLEU RANGE

A Fleurance (i), il y a une dame /

Mariée richement. ) Elle porte des robes de soie, Cousues avec du fil d'argent.

Vire bouquet bouton de rose, \

Vire bouquet bouton d'argent. )

Elle s'en va à la messe, Avec trois valets devant. L'un, lui porte les heures; L'autre, tient les rubans.

L'autre, s'en va à l'église, Pour faire aligner les gens. « Alignez-vous donc, canaille, Et saluez humblement.

(1) Chef-lieu de canton du dcpanement du Gers, et capitale de l'ancien comté de Gaure.

90 POÉSIES POPULAIRES

Qui es aquero bèro damo, Bestido tant richomeiit ? Porto las raubos de sedo, Cousudos dab hiu d'argent.

Quant èro entasoun pèro, I a pas quoate ou cinq ans, Pourtauo las raubos negros, Cousudos dambe hiu blanc.

Mes aro qu'es maridado, Dambe un riche opulent, Porto las raubos de sedo, Cousudos dab hiu d'argent. « Biro bouquet boutoun de roso,

(bn).

Biro bouquet boutoun d'argent. '

DE LA GASCOGNE 91

Qiii est cette belle dame, Vêtue si richement ? Elle porte des robes de soie, Cousues avec du fil d'argent.

'O^

Quand elle était chez son père, Il n'y a pas quatre ou cinq ans, Elle portait des robes noires, Cousues avec du fil blanc.

Mais maintenant qu'elle est mariée, /

Avec un riche opulent, i Elle porte des robes de soie, Cousues avec du fil d'argent. »

Vire bouquet bouton de rose, ;

Vire bouquet bouton d'argent (i). ^

(i) Dicté par Isidore E^caniot, de Bivcs (Gers).

(bis).

92 POÉSIES POPULAIRES

XXIV

LOU PRAUBE OME MARIDAT

Lou boun ome, lou praube orne, Que s'en ba au camp laura. Quant a hèit mièjo journado, Que s'en tourne dejuna. Atau lou malur n'arribo, } Au praube ome mandat. )

Trobo la porto barrado : Espio pou trauc dou gat. Sa henno que n'es en taulo, Dambe un mounge au coustat.

Que se minjon uo pouro :

Que roustissen un aucat.

« Da-m'en, se t' platz, uo bricoto.

Tout te sera perdounat.

(bis).

DE LA GASCOGNE 93

XXIV

LE PAUVRE HOMME MARIÉ

Le bon homme, le pauvre homme, S'en va au champ labourer. Quand il a fait demi-journée, Il s'en revient déjeûner. Ainsi le malheur arrive, ^ Au pauvre homme marié.

(Ins).

(bis).

Il trouve la porte fermée : Il regarde par la chatière. Sa femme est à table, Avec un moine à côté.

Ils mangent une poule :

Ils font rôtir une oie.

« Donne-m'en, s'il te plaît, un brin.

Tout te sera pardonné.

94 POÉSIES POPULAIRES

Nou. Ni brico, ni bricoto. Nou. Nado brico n'auras ; E se dises uo paraulo, Cops de barrotz gagneras.

As la soupo a la limando. Se ne bos, ne mingeras. La tailluquèi a Pasquetos. La trempèi lou ditjaus-gras.

As lou bin deguens la charro. I a sèt ans que l'èi tirât. Las mouscos s'i soun bagnados ; Lous arratz s'i soun negatz.

Lou cuillè es débat la taulo. Se lou bos, l'amasseras. » Mentre que se l'amassauo, Lagato l'a près lou nas.

Tout aganit, lou praube orne, Au camp s'en tourno laura. Trobo la juèro truchado, Lou pareil tout esparmat.

DE LA GASCOGNE 95

Non. Ni brin, ni petit brin. Non. Pas un brin tu n'en auras ; Et si tu dis une parole, Des coups de barre tu gagneras.

Tu as la soupe dans l'armoire. Si tu en veux, tu en mangeras. Je la taillai à Pâques. Je la trempai le jeudi-gras.

Tu as le vin dans la jarre. Il y a sept ans que je l'ai tiré. Les mouches s'y sont baignées ; Les rats s'y sont noyés.

La cuiller est sous la table. Si tu la veux, tu la ramasseras. » Pendant qu'il la ramassait, La chatte l'a pris par le nez.

Tout affamé, le pauvre homme. Au champ s'en revient labourer. Il trouve le joug brisé, L'attelage tout dispersé.

96 POÉSIES POPULAIRES

La baco qu'es espanlado : Lou buù tout escournichat. Las tiros soun arroumpudos : Arai, coutre, soun coupatz.

Sur la manego, la houo, )

i (ois). Que cridauo : « Coucudas ! )

Caro-te, bilèno houo,

S'ac sabes, ac digues pas. «

Atau lou malur n'arribo, i ., . >

Au praube orne maridat. )

DE LA GASCOGNE 97

La vache a l'épaule démise : Le bœuf est tout décorné. Les guides sont rompues : Charrue, coutre, sont cassés.

(bis).

Sur le manche, la buse, Criait : « Grand cocu ! Tais-toi, vilaine buse, Si tu le sais, ne le dis pas. » Ainsi le malheur arrive, }

Au pauvre homme marié (i). )

(1) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Tarbé, ^>7"S9> I^ Chanson de Pelil-Jean (Champagne); Cénac-Moncaut, 331-33, Lou Fraouh'home maridat (Gascogne) ; Bladé, le Chant de travail XVI, Quant lou hoè s'en bci laura (Gascogne), p. 256- 59 du tome II du présent recueil.

m

98 POÉSIES POPULAIRES

XXV

LA TORTO

A Paris, i a uo torto, }

Que s'en ba barlin barlan. 1 S'en ba per toutes las botos, Per se cerca un galant. Soun lou bat, gué gué, } Soun lou bat gaîmeiit. ) '

La prumèro countrodanso, S'en trobo un a la man. Ero lou ditz a l'aureillo :

« Bos te-marida, galant?

Nou, pas dambe tu tourtasso, } Qu'es toujours barlin barlan. )

Se soui torto, serèi dreto. Lous escutz me dresseran. » Soun lou bat, gué gué, ) Soun lou bat gaiment. )

(bis).

DE LA GASCOGNE 99

XXV

LA BOITEUSE

(bis).

A Paris, il y a une boiteuse,

Qui s'en va barlin harlan.

Elle s'en va par les fêtes patronales,

Pour chercher un galant.

Son cœur lui bat, ";ué gué, )

Son cœur lui bat gaîment. )

A la première contredanse. Elle en trouve un sous la main. Elle lui dit à Toreille :

« Veux-tu te marier, galant ?

Non, pas avec toi, boiteuse, )

^ . . , ,. , , l (l'is).

Qui es toujours Darlm barlan. )

Si je suis boiteuse, je serai droite. Les écus me redresseront. »

Son cœur lui bat, gué gué. Son cœur lui bat gaîment (i).

(bis).

(0 Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois), Cf. ci-après, p. 204 207, La petiU boiteuse. Air 2.

lOO POÉSIES POPULAIRES

XXVI

LAS HEROS D AGEN

« Jou m'en bau a las héros, j A las héros d'Agen. )

Jou n'i bau pas per bene, Ni mes per croumpa aren.

Allen, anen, leugè, leugè; ) ^, ^

1 . ( (^")-

Anen, anen, leugeroment. )

T'i beirèi, l'amie Pierre, Tu qu'èi aimât loungtems. » L'èi troubat sur la plaço, Que benèuo froument.

« Adiu, moun amie Pierre. Quant benes toun froument?

Béni un escut lou segle : Quoate escutz lou froument.

Dli LA GASCOGNE lOI

(bis).

(bis).

XXVI

LES FOIRES D'AGEN

« Je m'en vais aux foires, J Aux foires d'Agen (i). ) Je n'y vais pas pour vendre,

Ni même pour acheter rien. Allons, allons, léger, léger ; Allons, allons, légèrement.

Je t'y verrai, l'ami Pierre, Toi que j'ai aimé longtemps. « Je l'ai trouvé sur la place, Qui vendait du froment.

« Adieu, mou ami Pierre. Combien vends-tu ton froment ?

Je vends un écu le seigle : Quatre écus le froment.

(t) Outre ses foires ordinaires, Agen en a deux autres, jadis célèbres dans tout le Sud-Ouest, et qui n'ont pas encore perdu toute leur importance. L'une est la foire du Gravier, qui com- mence le premier lundi de juin, et dure les cinq jours suivant.?. L'autre est la foire du Pin. Elle commence le second mercredi de septembre, et dure les deux jours suivants.

I02 POESIES POPULAIRES

! Porto lou sac, Pierre, E sai counta l'argent. » Pendent que jou Tac counti, L'arrise que nous pren.

« Arriguetz pas tant, Pierre. Harètz parla las gens.

Que parlen, e qu'arriguen. Toutjour nous aiiiiarcn (;).

Mes, que acô au mounde. Que toutjour nous aimen ?

Las gens que soun trop bieillos, Soun pas countentz d'arren.

Que quillon las aureillos. i Qu'arregagnon las dentz. ) ^^^^' Atau nosto troujo, Quant lou bâillon lou bren. » Anen, anen, leugè, leugè; ) Anen, anen, leugèroment. ) '

(i) Aimnrén, aimerons, i. 1. ; en g., aitnerati.

DE LA GASCOGNE I03

-r Eh ! porte le sac, Pierre, Et viens compter l'argent. » Pendant que je le lui compte, Le rire nous prend.

« Ne riez pas tant, Pierre. Vous feriez parler les gens.

Qu'ils parlent, et qu'ils rient. Toujours nous nous aimerons.

Mais, que fait cela au monde, Que toujours nous nous aimions ? Les gens qui sont trop vieux.

Ne sont contents de rien.

Ils dressent les oreilles. )

Ils grmcent des dents. ]

Ainsi fait notre truie, Quand on lui donne le son. « Allons, allons, léger, léger; ^ Allons, allons, légèrement (i). )

(i) Dicic par Catherine Sustrac, de Sainte-Euklie. commune de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, La Fièio d'Atge», 14- 15 (Haut-Quercy).

104 POÉSIES POPULAIRES

XXVII LA CARDIO E LOU PINSAN

La cardio e lou pinsan, \ Se bon marida engoan. ) Que bon uo bèro noço, E n'an pas nat mos de pan. Lan liro liro la lira, j Lan liro liro liro la. )

La hroumic s'en ba au marcat. S'ou cap lous porto un sac de blat.

« Aro, de tout nous auèn, Sounco de bin pas n'auen. »

Lou bourriquet s'en ba au moulin, E lous porto un pipot de bin.

« Aro, de tout nous auèn. Sounco linge nou n'auèn. »

'O'

La targagno sort dou planché, Dab cent serbietos au darrè ; E sous petitz targagnous, Arribon dambe touaillous.

DE LA GASCOGNE I05

XXVII LA CHARDONNERETTE ET LE PINSON

La chardonmrette (i) et le pinson, / Veulent se marier cette année. ) Ils veulent faire une belle noce, Et n'ont pas un morceau de pain. Lan lire lire la lira, ) Lan lire lire lire la. ) ' '^'

La fourmi s'en va au marché.

Sur le cou elle leur porte un sac de blé.

« A présent, de tout nous avons, Sauf que nous n'avons pas de vin. »

Le bourrique! s'en va au moulin. Et leur porte un barril de vin.

« A présent, de tout nous avons, Sauf que nous n'avons pas de linge. »

L'araignée sort du plancher, Avec cent serviettes derrière; Et ses petites araignées. Arrivent avec de petits linges.

(i) Femelle du chardonneret.

I06 POÉSIES POPULAIRES

« Aro, de tout nous auèn, Sounco beires nou n'auèn. » Lou grapaud sort dou barat, Dab lous beires afrescatz.

« Aro de tout nous auèn, Mes cousine nou n'auèn. » L'arrat que sort dou paillé,

« Auètz aci lou cousine. »

Lou gat es proche dou hoèc, Lou garraupio lou coupet. L'arrat se bouto a crida :

« Que me bon echerrea !

Ajudatz-me, brabos gens. )

Lou gat me teng dab las dentz. j A mossis cruchis mous os. M'esperrequo en quoate mos. » Lan liro liro la lira, ) Lan liro liro liro la. j

DE LA GASCOGNE IO7

M Maintenant, de tout nous avons, Sauf que nous n'avons pas de verres. » Le crapaud sort du fossé, -

Avec les verres rincés.

« Maintenant de tout nous avons, Mais de cuisinier nous n'avons pas. » Le rat sort de la meule de paille,

« Vous avez ici le cuisinier. »

Le chat est près du feu, Il lui égratigne la nuque. Le rat se met à crier :

« On veut me casser les reins!

Aidez-moi, braves gens.

Le chat me tient avec les dents

En morceaux il broie mes os.

Il me déchire en quatre morceaux. »

Lan lire Hre la lira,

Lan Hre lire Hre la (i)

(bis).

(bis).

(i) Je sais cette cli.inson depuis mon enfance. Cf. Puymaigre, 311-12, L'Aloueile et le pinson (Pays Messin); Durrieux, 2S2-84, L'Alouette et les pinsons (Cambrésis); Mclusine, 552-$3, La Bê- tasse et la perdrix (Brest), ainsi que Les Ncces du roitelet (Bre- tagne), Mélusine, 193-94; Montel et Lambert, 590-621, Lou Mariage de l'Alauseta et les pièces suivantes (Languedoc) ;_Cénac- Moncaut, 377-78, Lou Maridatje dou pinsan (Gascogne). V. aussi A. de Gubernatis, Mythologie xpologique, II, 219, Conte du roi- telet et de l'aigle luttant.

I08 POÉSIES POPULAIRES

(bis).

(bis).

XXVIII

TROP SOUI MARIDADO

Me lebèri (i) de maitin, \ Per bene ma salado. ) De l'argent que n'èi hèit, Que m'èi croumpat un orne. Trop soui maridado trop : Troup soui maridado.

Lou menèri (2) a l'oustau, Per me la bugado. Jou cresioi que la. fasio : Lou praubot se burlauo.

Lou prengouri (3) en un brassât : Lou pourtèri dens Taigo. Mountèri (4) sur un auba, Per bese se nadauo.

(i) Lehèri, levai, f. 1. ; en g., Uuèi.

(2) Meneri, mènerai, f. I. ; en g., mieri.

(3) Prengauri, pris, f. 1. ; en g., prengoui.

(4) Mountèri, montai, f. 1. ; en g., mounièi.

DE LA GASCOGNE IO9

XXVIII TROP JE SUIS MARIÉE

Je me levai de matin,

(his).

, 114 (^is).

Pour vendre ma salade. ;

De l'argent que j'en ai fait,

J'ai acheté un homme.

Trop je suis mariée trop :

Trop je suis mariée.

Je le menai à la maison, Pour me faire la lessive. Je croyais qu'il la faisait Le pauvret se brûlait.

Je le pris en une brassée Je le portai dans l'eau. Je montai sur un saule. Pour voir s'il nageait.

IIO POESIES POPULAIRES

Jou cresioi que badinio. Lou praubas se negauo. Lou p-engtièri en un brassât : Lou tirèri de Taigo.

Lou pourtèri au soureil : Las mouscos lou picauon. Lou pourtèri au pouraillè : Las pouros lou grafiauon.

Lou pourtèri au graiè : Lous ratx_ (i) lou trigoussauon. Lou pourtèri darrè l'oustau : Lou praube se tourrauo.

Lou pourtèri darrè Toustau : ) Lou praube se tourrauo. ; Lou pourtèri au Ilèit dab jou : Lou praube s'esùrauo. Bien soui maridado, bien Bien soui maridado.

(l) Rai^, rats, f. 1. ; en g., arral;^.

(bis).

(bis).

DE LA GASCOGNE III

Je croyais qu'il badinait. Le pauvre se noyait. Je le pris en une brassée : Je le tirai de l'eau.

Je le portai au soleil : Les mouches le piquaient. Je le portai au poulailler : Les poules l'égratignaient.

Je le portai au grenier : Les rats le charriaient. Je le portai derrière la maison : Le pauvre se gelait.

Je le portai derrière la maison : )

T 1 \ (bis).

Le pauvre se gelait. )

Je le portai au lit avec moi :

Le pauvre s'étirait.

Bien je suis mariée, bien )

T>- ■. / N K (bis).

Bien je suis mariée (i). )

(i) Tiré du recueil de L.imbcrt (.\genais et Brnilhois).

112 POÉSIES POPULAIRES

XXIX

LOU MOÈNO

Que s'es lèuat, lou moèno (i), Que s'ès lèuat maitin. Pren soun sac, soun ase, S'en ba dret au moulin. Trop s'èro lèuat, lou moèno. Trop s'èro lèuat maitin.

Las brumos soun espessos Se troumpo de camin. Que mounto sur un aubre, Per abisa camin.

La branco èro seco, /

r k (bis).

rer terro se routit. )

Las damos de la bilo.

An entenut soun cric.

Trop s'èro lèuat, lou moèno.

Trop s'èro lèuat maitin.

(i) Moivo, moine, f. 1. ; en g., ntounge.

(bis).

(bis).

(bis).

DE LA GASCOGNE I I 5

XXIX

LE MOINE

(bis).

Il s'est lève, le moine, Il s'est levé matin. Il prend son sac, son âne, S'en va droit au moulin. Trop il s'était levé, le moine Trop il s'était levé matin.

Les brumes sont épaisses Il se trompe de chemin. Il monte sur un arbre. Pour regarder le chemin.

(bis).

(bis).

La branche était sèche, Par terre il se foutit. Les dames de la ville. Ont entendu son cri . Trop il s'était levé, le moine, Trop il s'était levé matin (i).

(bis).

(i) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers). Voy., p. 46- 49, la chanson intitulée : La Fille du voisin.

III

114 POÉSIES POPULAIRES

XXX

TIRO, MARINE, TIRO

« Tire, marine, tiro : Tiro de l'abiroun.

Coumo tireri, praube? Jou n'èi cap d'abiroun. » Doundèno la doundèno, ) Doundèno la doundoun. )

(lus).

(bis).

Quant soun au mièi de l'aigo, Canton uo cansoun. Pierre que la disèuo : Janetoun la respoun.

Soun pai n'èro en frinesto : N'escoutauo lou soun.

« Atau, atau, ma hillo, Toutjour tu hès l'amou.

Jou heù l'amou, moun paire, Certos, n'auètz rasoun.

Jou boi pas passa soulo, Lou tems qu'es lou mes boun.

DE LA GASCOGNE 11$

XXX

TIRE, MARINIER, TIRE

« Tire, marinier, tire : )

Tire de l'aviron. j ' ^'

Comment tirerais-je, pauvre ? Je n'ai pas d'aviron. » Dondaine la dondaine.

Dondaine la dondon. ' ^

Q.uand ils sont au milieu de l'eau. Ils chantent une chanson. Pierre la disait : Jeanneton y répond.

Son père était à la fenêtre : II en écoutait le son.

« Ainsi, ainsi, ma fille. Toujours tu fais l'amour.

Je fais l'amour, mon père. Certes, vous avez raison.

Je ne veux pas passer seule, Le temps qui est le meilleur.

Il6 POÉSIES POPUL.VIRES

M'auoussotz maridado,

^ ,.1 I (bis).

Quant n ero la sasoun. ' ^ '

M'auoussotz dado au Pierre,

Qu'es un brabe garçoun. »

Doundèno la doundèno,

Doundèno la doundoun. *

XXXI

LOU MEN PAI ME MARIDO

Lou men pai me marido. )

Que me bo marida, la la. ) j

M'a dado en un ome, i

Que pas que rouna. |

Hou i hou ! hou ! Ça ne va guère.,

Tra la la. Ça ne va pas.

Lou se de mas noucetos, Dambe et me coucha. M'estèi pas mièi couchado, Me crido : « Be-t'en-la. >>

(Us).

DE LA GASCOGNE 1 1 7

Que ne m'avez-vous mariée, ) Quand il était saison. )

Que ne m'avez-vous donnée à Pierre, Qui est un brave garçon . » Dondaine la dondaine,

^ , . ,1 . ^ s i (bis). Dondaine la dondon (i). *

(i) Dicté par Françoise Lalanne, de Lectoure. Cf. Cénac-Mon- .«ut, 314-16, Ijûus Aotùjès de la Marioun (Gascogne).

XXXI

MON PÈRE .ME MARIE

Mon père me marie.

Il veutmemaner, la la. ) Il m'a donnée à un homme, Qui ne fait que grogner. Hou ! hou ! hou ! Ça ne va guère. Tra la la. Ça ne va pas.

Le soir de mes noces, Avec lui il me fait coucher. Je ne fus pas à moitié couchée, Qu'il me crie : « Va-t'en-loin. »

(bis).

Il8 POÉSIES POPULAIRES

Me prengui moun courtsage, Coutilloun a la man, M'en bau enta ma maire, Per lou counta l'afa.

« Pren patienço, ma hillo, L'as : te lou eau goarda.

A bint escutz au coffre, Belèu te lous dara.

Au diable la richesse, ) E mes qui l'aimera, la la. ) M'aimeri mes un dronle, Que m'embrassèsse plan. »

Hou ! hou ! hou ! Ça ne va mère, I . , Tra la la. Ça ne t'a pas. )

«^f

DE LA GASCOGNE I I9

Je prends mon corsage, Cotillon à kl main, Je m'en vais chez ma mère. Pour lui conter l'affaire.

« Prends patience, ma lille. Tu l'as : il faut le 2;arder. Il a vingt écus dans le coffre. Peut-être il te les donnera.

Au diable la richesse, \ Et aussi qui l'aimera, la la. ) J'aimerais mieux un garçon, Q.ui m'embrassât fort. »

Hou ! hou ! hou I Ça ne va guère, ) Tra la la. Ça ne va pas (i). j

(i) Chanté par feue Madame Bâche, de Mauvezin (Gers). Ct. Puymaigre, 287, La mariée (P.iys Messin); Damase Arbaud, 1, i;i, Moun jouli jardinet (Provence); Durrieux, 259-40, La Fille mal mariée (Carabrésis) ; Marcellus, Chant de Pappanlonis, dans les Chants popnlaires de la Grèce moderne ; Wolff, Volkslie- der aus Vénitien, 98, p. 74, La dona mal marilata, Bu- jeaud, H, 6i, Mon père m'y marie (Provinces de l'Ouest).

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I20 POÉSIES POPULAIRES

XXXII

DENS LA BILO DE CRASTOS

Dens la bilo de Crastos, )

^ (his).

Que ni a uo tour, )

E uo tant bèro hillo,

Que plouro nèit e jour.

Ah ! soubent, qu'arregrèti,

Lous plasés de l'amou.

Sa mai que lou demande :

« Ma hillo, qu'auètz-bous ? Auètz-bous la jaunisso,

Ou mau de l'amou ?

Jou n'èi pas la jaunisso. Ni lou mau de l'amou. Jou regrèti un joen orne. M'auèno hèit la cour.

(bis).

DE LA GASCOGNE 121

XXXII

DANS LA VILLE DE CRASTES

Dans la ville de Crastes (i), j

Il y a une tour, j ^ ^'

Et une si belle fille,

Qui pleure nuit et jour.

Ah ! souvent, je regrette, \

Les plaisirs d'amour. j ^'

Sa mère lui demande :

« Ma fille, qu'avez-vous ? Avez-vous la jaunisse,

Ou le mal d'amour ?

r

Je n'ai pas la jaunisse. Ni le mal d'amour.

Je regrette un jeune homme. Il m'avait fliit la cour.

(i) Commune du département du Gers.

122 POÉSIES POPULAIRES

Praube ! M'a bien aimado 1 Sera penjat au jour. Bourrèu, se tu lou penjos, Me penjeras a jou.

Toutz dus en mémo hosso, Toutz dus enterratz nous. Lous Sent-Jacaires passon, Dambe sous grans bourdous.

Preguatz Diu, Sent-Jacaires, \

Loun Boun Diu pietadous, j

Que boute au cèu las amos

Dous praubes amourous. »

Ah ! soubent, jou qu'arregrèti, i ,, . ,

; (bis). Lous plasés de l'amou.

*$•

DE LA GASCOGNE 12 3

Pauvre ! Il m'a bien aimée ! Il sera pendu au jour. Bourreau, si tu le pends, Tu me pendras, moi.

Tous deux en même fosse,

Tous deux enterrez-nous.

Les pèlerins de Saint- Jacques passent.

Avec leurs grands bourdons.

Priez Dieu, pèlerins de Saint- Jacques, )

Le Bon Dieu compatissant, j '^'

Qii'il mette au ciel les âmes Des pauvres amoureux. » Ah ! souvent, je regrette, ) Les plaisirs de l'amour (i). )

(i) Dicté par feu Prosper Laftorgue, d'Auch (Gers). Cf. Champfleury, 150-51, La Pernelte (Dauphiné) ; Lamarque de Plaisance, 69- 70; Almanach des traditions populaires, i" année, p. 70-72, L'Amour malheureux (environs de Lorient); Bladé, t. II, du présent recueil, p. 190-93, Petite Marguerite (Gas- cogne.)

124 POÉSIES POPULAIRES

XXXIII

I

EN TOURNA DE LA BOTO

En tourna de la boto, ) Passant per Serillac, i Tout lou mounde disèuo Qu'èri un brabe gouiat. La miro liran lireto, La miro liran lira.

(bis).

Mes jou, per lous bese Qu'acô èro bertat, Me bouti man en pocho. Un ausèt n'èi tirât.

I a très joenos gouiatos, Que l'an marcandejat. La mes joeneto d'eros, A finit lou marcat.

DE LA GASCOGNE 12$

XXXIU EN REVENANT DE LA FÊTE PATRONALE

En revenant de la fête patronale, ) ^, . , ^ .„ . . l (bis).

Passant par Scnllac(i), )

Tout le monde disait

Que j'étais un brave garçon.

La mire liranlirette,

La mire liran lira.

Mais moi, pour leur faire voir Que cela était vrai, Je mets la main à la poche. Un oiseau j'en ai tiré.

Il y a trois jeunes filles, Qui me l'ont marchandé. La plus jeunette d'elles, A fini le marché.

(i) Château de la commune de La Sauveut (Gers).

126 POÉSIES POPULAIRES

La mes joeno hilletdf;

Au sen se l'a boutât.

L'ausèt, per l'escauhuro, l

S'es arrebiscoulat. !

Sur uo branco d'aoumo, Que s'es arrepausat. La branco n'èro seco. L'ausèt que n'es toumbat.

La terro n'èro duro : La cûo s'es truchat. Per aqui que passauon, Quoate charraantz gouiatz.

L'ausèt, dens soun lengatge,

Ta lèu lous a cridat :

« Augetz pietat de cûo,

Se n'auètz pas dou cap. »

La miro liran lireto,

La miro liran lira.

(bis).

(bis).

DE LA GASCOGNE 127

La plus jeune fillette, Dans son sein l'a mis. L'oiseau, par la chaleur. S'est tout ragaillardi.

Sur une petite branche d'ormeau, Il s'est reposé. La branche était sèche. L'oiseau est tombé.

La terre était dure : Il s'est brisé la queue. Par passaient. Quatre charmants garçons.

(bis).

L'oiseau, dans son langage.

Aussitôt leur a crié :

« Ayez pitié de la queue,

Si vous n'en avez pas de la tête. »

La mire liran liretîe, }

La mire liran lira (i). )

(i) Dicté par Françoise Lalanne, de I.tctoure. Cf. Durrieux, Sur le clocher de Vaulx (Carabrésis); Puyraa-gre, 295-91, Il Coucou (Pays Messin); Tarbé, 243, Le Médecin Raton (Cham- pagne); Buchon, 132-35, Fo/< ro/eWc (Franche-Coratii); Legrand, Romania, 39 (Calvados).

128 POÉSIES POPULAIRES

(hs).

XXXIV

LA CRABO BLANCO

La nosto crabo blanco, l /r- \

N'anguera plus aus camps. ) Nou i es que trop anado, Aus cauletz dou Duran. Tire liro lantran, Lantran tran tiro liro.

L'an rendudo assinnado. Déjà s'en cent frans. La crabo n'est pas soto. S'en ba au Parloment.

Que retrousso sa cûeto, Et s'assèt sur un banc. A hèit très petz pou jutge, Un per lou liutenant.

DE LA GASCOGNE ï2Çf

XXXIV

LA CHÈVRE BLANCHE

Notre chèvre blanche, N'ira plus aux champs. Elle n'y est que trop allée, Aux choux de Durand. Tire lire lantran,

(hs).

Lantran tran tire lire. *

On l'a assignée.

Déjà elle s'en fait cent francs (i).

La chèvre n'est pas sotte.

Elle s'en va au Parlement (2).

Elle retrousse sa queue.

Et s'assied sur un banc.

Elle a fait trois pets pour le juge,

Un pour le lieutenant.

([) De frais.

(2) Fait appel au Parlement.

m

130 POÉSIES POPULAIRES

A hèit très petz pou jutge, Un per lou lieutenant : Un paillassoun de crotos, Per moussu lou sergent.

Un paillassoun de crotos,

Per moussu lou sergent.

« S'ac6 nou bous countento,

Bous ne harèi astant. »

Tiro liro lantran, ) ,. . .

Lantran tran tiro liro. )

(bis).

DE LA GASCOGKE I } I

Elle a fait trois pets pour le juge, Un pour le lieutenant : Un paillasson de crottes, Pour monsieur le sergent.

Un paillasson de crottes, Pour monsieur le sergent. « Si cela ne vous contente, Je vous en ferai autant. » Tire lirelantran, Lantran tran tire lire (i).

(bis).

(bis).

(i) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte- Bulalie, commune de Cauzac (Lot-et-Garonne). Le recueil manuscrit de Charbel contient un rondeau à peu près conforme (Agenais).

132 POÉSIES POPULAIRES

XXXV

LA CRABO

La crabo n'es entrado Au casau dou Duran. Minjauo las laitugos, E mes lous cauletz blancs. Duran, la brigo doundèno, Duran, la brigo doundoun.

L'an rendudo assinnado Dauant lou lieutenant. La crabo n'es pas soto. S'en ba au Parlement.

(bis).

(bis).

i

Hascouc un pet pou jutge, ) ., . > '

1 (bis). 1

Dus per lou lieutenant, ) 1

Un plen desquet de crotos,

Per toutz lous assistantz.

Duran, la brigo doundèno,

Duran, la brigo doundoun.

(/.-.•;.

DE LA GASCOGNE 13}

XXXV

LA CHÈVRE

La chèvre est entrée )

Au jardin de Durand. )

Elle broutait les laitues, Et même les choux blancs. Durand, la brigue dondaine, Durand, la brigue dondon.

(bis).

(bis).

On Ta assignée Devant le lieutenant. La chèvre n'est pas sotte. Elle s'en va au Parlement.

Elle fait un pet pour le juge, Deux pour le lieutenant. Un plein panier de crottes. Pour tous les assistants. Durand, la brigue dondaine, \ Durand, la brigue dondon (i). )

(bis).

(bis).

(i) Dicté par ma belle-mère, madame Lacroix, de Notre-Dame- de-Bon-Encontre (Lot-et-Garonne). Cf. la chanson précédente.

134 POÉSIES POPULAIRES

XXXVI

JANETO

L'èi presse per la man,

L'èi miado a la danso. ' ^ ''

« Boulètz dansa, Janeto? Maluroun malureto.

Nou certes, dansi pas,

Malureto malura. '

Me eau ana a la messo. A la messo me eau ana. » Quant estèn au mièi dou prat:

« Assetèn-nous, Janeto.

Nâni eertos, m'assèti pas. Nous eau ana a la messo. )> Quant estèn à med culpd. L'en brumbèe à Janeto.

DE LA GASCOGNE I3S

XXXVl

JEANNETTE

Te l'ai prise par la main, ) . .

t (bis). Je 1 ai menée à la danse. )

« Voulez-vous danser, Jeannette ? Maluron malurette.

Non certes, je ne danse pas, Malurette malura.

(bis).

Il me faut aller à la messe. A la messe il me faut aller. » Quand ils furent au milieu du prc :

« Asseyons-nous, Jeannette.

Non certes. Je ne m'assieds pas. Il nous faut aller à la messe. » Quand ils en furent à meâ culpâ.

Il en souvint à Jeannette.

136 POÉSIES POPULAIRES

Lou clerc, fort estounat, Espio la Janeto.

« Janeto, n'i pensatz pas. Ac6 es pas a la messo.

Acô es pas a la messo. 1 y, ^

I (bts).

Caro-te tu fripoun. ) Auras la discipline, Maluroun malureto,

A grans cops de bastoun, Malureto malura. »

y^

(bis).

DE LA GASCOGNE I57

Le clerc, fort étonné, Regarde Jeannette.

« Jeannette, vous n'y pensez pas. Cela n'est pas dans la messe.

Cela n'est pas dans la messe. ) T. . . r . i (bis).

Tais-toi, fripon, \

Tu auras la discipline, Maluron malurette, A grands coups de bâton, i Malurette, malura (i). » S

(i) Dicté par Marie Lagarde, de Gimbréde (Gers). Cette chanson est certainement incomplète.

^

138 POÉSIES POPULAIRES

XXXVII

AQ.UEROS MOUNTAGNOS

(bis).

(bis).

Aqueros mountagnos, Que ta hautos soun, M'empachon de bese Mas amous oun soun. Toun deritoun deridèto, Toun deritoun lala.

Se sabi oun las bese, Oun las rencountra, Passer! l'aigueto, Sens poù de me negua.

Hautos be soun hautos : ^

Mes s'abacheran. \ Las mios amouretos, Que s'aproucheran.

Toun deritoun deridèto, i

Toun deritoun lala. j

DE LA GASCOGNE 139

XXXVII CES MONTAGNES

Ces montagnes, ) ^j^-.y

Qui si hautes sont, ) M'empêchent de voir sont mes amours. Ton deriton deridette, î Ton deriton lala. )

Si je savais les voir, les rencontrer, Je passerais l'eau, Sans peur de me noyer.

Hautes, oui elles sont hautes : } ^^.^^

Mais elles s'abaisseront. i

Mes amourettes.

S'approcheront.

Ton deriton deridette, | ,

Ton deriton lala(i). )

(0 le sais, depuis mon enfance, ces couplets, que cemms .u.èurs ont désigné, je ne sais pourquoi, sous le nom de Chanson 1 Gaston-Phibuf, comte de Foix et vicomte de Bearn. Depui^ V ngt a^s, k pi ce originale a subi des additions, qu. var.en, .2n Us pays/et qui sSnt en général des oeuvres de lettres. Cf. Ccnac-Moncaut. 401-5, Cansoun de Phebus (Béam).

I40 POÉSIES POPULAIRES

XXXVIII

MOUN PAI ME MARIDO

Moun pai me marido.

Dab lou men galant. * ^ Ço que me defriso, Qu'es un pauquet Jan (i),

Deritou deritèno, Qu'es un pauquet Jan (bis).

(i) Un peu simple.

XXXIX

PETITO AUSERETO

Petito ausèreto, 1 ,

(bis). Dens soun nm s'en ba. )

Sur un branc d'ouliuo,

Se ba repausa.

Bruno, iou soui bruno. )

Bruno boi esta. '

DE LA GASCOGNE I4I

XXXVIII MON PÈRE ME MARIE

Mon père me marie, )

A 1 (l"'s)-

Avec ridon galant. ) ^ '

Ce qui me défrise,

C'est qu'il est un peu Jean,

Deriton deritaine,

C'est qu'il est un peu Jean (i) (l'is).

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais).

XXXIX

PETITE OISELETTE

Petite oiselette, )

Dans son nid s en va. ) Sur une branche d'olivier, Elle va se reposer. Brune, je suis brune.

Brune je veux être. '

142

POÉSIES POPULAIRES

La branco n'es duro. S'es blassado au cap. N'i a pas nat au mounde, Que Tango ajuda.

Mes sa mai l'ausèro, L'angouc relèua.

« Ausèreto, m'aimos. Jou te boi aima.

Très plumos de l'alo, Jou que te boi da. Duos soun daurados : L'auto que n'es pas.

Se n'es pas daurado, La harèi daura. Quant sera daurado, Jou te la boi da. » Bruno, jou soui bruno. Bruno boi esta.

(his).

(bis).

DE LA GASCOGNE 143

La branche est dure. Elle s'est blessée à la tête. Il n'y a personne au monde, Qui aille l'aider.

Mais sa mère l'oisele Alla la relever.

« Oiselette, tu m'aimes. Je veux t'aimer.

Trois plumes de l'aile, Je veux te dormer. Deux sont dorées : L'autre ne l'est pas.

Si elle n'est pas dorée,

Je la ferai dorer.

Quand elle sera dorée,

Je veux te la donner. »

Brune, je suis brune. \ n ' )

Brune je veux être (i). ;

(i) Dicté par Isidore Escamot, .'de Bivès (Gers). Cf. supr. p. 124-127, la Chanson de danse XXXIII, En revenant de la fite patronale (Gascogne).

-(his).

144 POÉSIES POPULAIRES

XL

ANGUERAN AU PRAT

(bis).

(bis).

Angueran au prat, Heneja uo ouro. Lou resto dou jour, Boïi, boit, boli, Lou resto dou jour, BoU l'amou.

L'amou d'un bieillard, Nou duro qu'uo ouro. Lou dou men pastou, Duro nèit e jour.

L'aigo me mau.

Boli pas mes beue.

Boli dou boun bin, |

BoU, boli, boli,

Boli dou boun bin ^

(bis).

Dou noste besin. )

(bis).

DE LA GASCOGNE 145

XL

NOUS IRONS AU PRÉ

Nous irons au pré, ) Faner une heure. ) ^ ^'^'

Le reste du jour, Je veux, je veux, je veux, Le reste du jour, )

Je veux faire l'amour. ) ^

L'amour d'un vieillard. Ne dure qu'une heure. Celui de mon pâtre, Dure nuit et jour.

L'eau me fait mal. J

Je ne veux plus boire. \ Je veux du bon vin, Je veux, je veux, je veux, Je veux du bon vin i

De notre voism (i). ) ^

(1) Tiré du recueil de Cbarbcl (Agenais).

(Ins).

III 10

146 POÉSIES POPULAIRES

XLI

LOU CERCO-HENNOS

« Adichatz, gens de la maisoun, Lou toupin, lou cuillè, lou tournejoun. Oun auètz boste pèro ?

Lou toupin e la cuillèro. '

Moun pai es estât au marcat, Lou toupin, la cuillèro, lou gran plat, Au marcat, a la hero, Lou toupin e la cuillèro.

(Us).

Sabètz perque jou soui bengut? Lou toupin, lou cuillè, lou bin bèut ? Bous demanda uo hillo.

Lou toupin e la gran' grillo. )

Pierrot, quino boulètz-bous dounc ? Lou toupin, lou cuillè, lou tournejoun.

Boi la Margarideto

Lou toupm e 1 escauneto. '

(bis).

(Us).

(Us).

(Us).

DE LA GASCOGNE 147

XLI

LE CHERCHEUR DE FEMMES

« Bonjour, gens de la maison. )

La mamiite, la cuiller, la spatule (i).) ^ ^^'

avez-vous votre père? )

La marmite et la grande cuiller. ) (^'^^^

Mon père est allé au marché, )

La marmite, la cuiller, le grand plat, j ^ '^^

Au marche, à la foire, )

La marmite et la grande cuiller, j ' ' ^'

Savez-vous pourquoi je suis venu? )

La marmite, la cuiller, le vin bu. ] ^ ^^'

Pour vous demander une fille, )

La marmite et le grand gril. ) (^"^•

Pierrot, quelle voulez-vous donc ? ) La marmite, la cuiller, la spatule. \ ^ -'•

Je veux Margueridette, )

La marmite et la bassinoire. j ' ^■^'

(i) A remuer la bouillie de maïs.

148 POÉSIES POPULAIRES

La Margarido n'auratz pas. )

Lou toupin, la cuillèro, lou cédas. ) ^ '' Que n'es trop capsadeto, Lou toupin e l'escauheto :

{bis).

Capsado deguens la maisoun, )

Lou toupin, lou cuillè, lou tournejoun. y " ^' La maisoun de soun pèro, \ Lou toupin e la cuillèro. ) ^'

Poudètz ana parla a sa mai, \

Lou toupin, la cuillèro, lou carmail. j ' ^^'

Bous baillera l'Anneto, )

Lou toupin e l'escauheto. ) ^'

L'Anneto qu'es basudo esprès La poudètz ana bese au brès. Bous bailleran l'Anneto. Lou toupin e l'escauheto. »

(bis).

(bis).

^

DE LA GASCOGNE

149

Marguerite vous n'aurez pas. La marmite, la cuiller, le tamis. Elle est trop bonne ménagère, La marmite et la bassinoire :

(Ns).

(bis).

Bonne ménagère dans la maison, La marmite, la cuiller, la spatule. La maison de son père, 1

La marmite et la grande cuiller.)

(bis).

(bis).

Vous pouvez aller parler à sa mère, La marmite, la cuiller, la crémaillère Elle vous donnera Annette, ^ La marmite et la bassinoire. !

(bis).

(bis).

Annette est née exprès. Vous pouvez aller la voir au berceau. On vous donnera Annette. (

La marmite et la bassinoire (i).«

\(bis). i (bis).

(1) Dicté p-ir Françoise Lalanne, de Lectoure. Cf. Ccnac-Mon- caut, 362-63, Lou Ccrco-hennos (Gascogne); Bujcaud, II, 16-17, La Cuillère et la marmite (Provinces de l'Ouest).

150 POÉSIES POPULAIRES

XLU

LA HENNO ALECADO ^

j

Au Castera, i a uo hillo, ) ,, . , 1

Maridado richoment.

(bis).

Ero se coho, s'abillo, Dauant soun mirail d'argent.

Soun mirail partout ne porto, Dou soun orne malasit. Lou galant, darrè la porto, Escouto ço que lou ditz.

« Caro-t', caro-t', mos de dronlo. Que parlos dempus cap d'an. Chez toun pai, enta Charrolo, Fignoulauos pas astant.

Que pourtauos raubos negros, Cousudos dambe hiu blanc. Aci, ne portos de sedo, Debassis de bèro l^n.

(/-;.;.

DE LA GASCOGN'l- 151

XLII

LA FEMME COaUtlTH

Au Castéra, il y a une fille, i

I (bis) . Mariée richement. )

Elle se coiffe, s'habille, / ^, ^

Devant son miroir d argent. )

Son miroir partout elle porte, De son homme maudit. Le galant, derrière la porte. Écoute ce qu'il lui dit.

« Tais-toi, tais-toi, morceau de tille. Qui parles depuis le premier de l'an. , Chez ton père, à Charrole, Tu ne fignolais pas autant.

Tu portais des robes noires. Cousues avec du fil blanc. Ici, tu en portes de soie. Des bas en belle laine.

1)2 POESIES POPULAIRES

Nou t' pleauos que d'armotos. Aci, que minjos pan blanc. Dècho lou niirail, hennoto. Sai m'ajuda a sauma lou camp.

Jito l'escarpin la-horo. Bouto-t' lous esclops d'un truc : E, cap-nuso, sensé coho, Sai peta lou mailluc.

Podi dècha raubo, coho, E segouti lou mailluc. Mes, se lou galant m'apèro, Lou sièguerèi sensé brut. »

(bis), I

(Us). I

m

DE LA GASCOGNE 153

Tu ne te remplissais que de bouillie de maïs. Ici, tu manges du pain blanc. Laisse le miroir, petite femme. Viens m'aider à semer le champ.

Jette l'escarpin au loin. Mets tes sabots d'un seul coup : Et, tête nue, sans coiffe. Viens faire retentir l'émottoir.

Je puis laisser robe, coiffe. Et secouer l'émottoir. Mais, si le galant m'appelle, ;

Je le suivrai sans bruit (i). » )

(his). (bis).

(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Ctnac- Moncaut, 529-51, La Moitilhe helecado (G.iscogne). Cf. aussi supr. p. 88-91 U Chanson de danse XXIII, Iji Dame de Fkttrance.

»^i

154 POÉSIES POPULAIRES

XLIII

SE TOUNOUN LA PEILLO d'UN MOUTOUN

Se tounoun la peillo d'unmoutoun, i Se la tounoun a l'oumbro. ) ^

Quant l'auoun tounudo, i

La praubo peludo, )

(bis).

Se lauèn la peillo dou moutoun, Se la lauèn a l'oumbro. Quant l'auoun lauado, La praubo pelado,

S'estenoun la peillo dou moutoun, Se l'estenoun a l'oumbro. Quant l'auoun secado, La praubo pelado,

Se hilèn la peillo dou moutoun, Se la hilèn a l'oumbro. Quant l'aoun hilado, La praubo pelado,

DE LA GASCOGNE 1$S

XLIII ILS TONDIRENT LA TOISON D'UK MOUTON

Us tondirent la toison d'un mouton, i Ils la tondirent à l'ombre. S

Quand ils l'eurent tondue, /

T 1 ( C''")-

La pauvre velue, )

Us lavèrent la toison du moutoiu Ils la lavèrent à l'ombre. Quand ils l'eurent lavée, La pauvre pelée,

Ils étendirent la toison du mouton, Ils rétendirent à l'ombre. Quand ils l'eurent .séchée, La pauvre pelée.

Ils filèrent la toison du mouton, Ils la filèrent à l'ombre. Quand ils l'eurent filée, La pauvre pelée.

IS6 POÉSIES POPULAIRES

La techoun, la peillo dou moutoun, La techoun a l'oumbro. Quant l'auoun techudo, La praubo peludo,

La coupèn, la peillo dou moutoun, La coupèn a l'oumbro. Quant l'auoun coupado, La praubo turbado,

La pourtèn, la peillo dou moutoun, Au soureil e a l'oumbro.

XLIV

LOU HER D ASE

De boun maitin jou me lèuèi (bis). Un bèt her d'ase troubèi. Dens moun jardin jou qu'entrèi.

Un bèt her d'ase ! Boulètz pas trouca moun her nau, Dab un bieil d'ase?

DE LA GASCOGNE I57

Ils la tissèrent, la toison du mouton, Ils la tissèrent à l'ombre. Quand ils l'eurent tissée, La pauvre velue.

Ils la coupèrent, la toison du mouton. Ils la coupèrent à l'ombre. Quand ils l'eurent coupée, La pauvre troublée,

Ils la portèrent, la toison du mouton, Au soleil et à l'ombre (i).

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais). Cf.Mélusine, 413- 15, Li Chanson de la laiof. (Velay). Air n" 3.

XLIV

LE FER D'aNE

De bon matin je me levai (bis). Un beau fer d'âne je trouvai. Dans mon jardin j'entrai.

Un beau fer d'âne ! Ne voulez-vous pas troquer mon fer neuf, Avec un vieux fer d'âne ?

158 POÉSIES POPULAIRES

Très rosos jou que i coeillèi. Moun Diu, a qui las baillerèi ? A un bèt amie que jou èi :

A un bèt amie que jou èi (bis). Très poutetz que m'atraperèi, Que quinze jours me sentirèi.

Un bèt her d'ase ! Boulètz pas trouca moun her nau, ) Countro un bieil d'ase ? j

XLV

L ASE E LA GOUIO

La bèro gouio dou besin,

S'es lèuado de maitin.

Se pren soun sac, soun ase,

Litchaire litchoun ;

Se pren soun sac, soun ase,

La bèro Marioun.

(bis).

(bis).

DE LA GASCOGNE 1 59

Trois roses j'y cueillis.

Mon Dieu, à qui les donnerai-je ?

A un bel ami que j'ai :

A un bel ami que j'ai (bis).

Trois baisers j'attraperai,

Dont quinze jours je me sentirai.

Un beau fer d'âne ! Ne voulez-vous pas troquer mon fer neuf, Contre un vieux fer d'âne (i) ?

(i) Tiré dn recueil de Charbel (Agenais).

XLV

l'ane et la servante

La belle servante du voisin,

S'est levée matin.

Elle prend son sac, son âne,

Litchaire litchon ;

Elle prend son sac, son âne,

La belle Marion.

(bis).

(bis).

(bis).

l6o POÉSIES POPULAIRES

Quant lou mouliè la bei béni, L'arrise nou pouscouc teni.

« Mouleras la prumèro.

Darrè lou moulin i a un perè. Que porto peros en heure. Bèi-s-i estaca toun ase. »

Mentre que lou moulin moule, Que Marioun parlauo au mouliè, Lou loup escano l'ase.

« Moun Diu, mouliè, auètz gran tort. Ètz causo que l'ase es mort.

Que dira noste mestre ?

Bèi-t'en la-haut. I èi dètz escutz. Gaho-ne hoèit; dècho-m'en dus. Bèi-t'en croumpa un aute ase. »

La gouio s'en court au marcat. N'i trobo qu'un ase escamat. Que lou bouto l'aubardo.

DE LA GASCOGNE l6l

Quand le meunier la voit venir, Le rire il ne peut tenir.

« Tu moudras la première.

Derrière le moulin, il y a un poirier, Qui porte des poires en février. Vas-y attacher ton âne. »

Tandis que le moulin moulait, Que Marion parlait au meunier, Le loup étrangle l'âne.

« Mon Dieu, meunier, vous avez grand tort. Vous êtes cause que l'âne est mort.

Que dira notre maître?

Va-t'en là-haut. J'y ai dix écus. Prends en huit ; laisse-m'en deux. Va-t-en acheter un autre âne. »

La servante court au marché. Elle n'y trouve qu'un âne estropié. Elle lui met le bât.

III II

102 POÉSIES POPULAIRES

Quant lou mestre la bei bent, Lou ploura nou pot pas teni.

« Aquet es pas noste ase.

Noste ase auèuo très pès blancs : Un de darrè, dus de dauant. Auo la cûeto negro.

Mou Diu, mestre, que bous troumpatz. Lou mes de mai es arribat. Toutz lous ases que mudon.

Se la cûeto l'a cambiat,

Au prat que s'es trop boulegat,

Deguens las bignaudèros.

Praubo Marioun, parles pas trop. Te fouterèi un cop d'esclop. Tourno-me lou men ase.

Moun ase èro tout esberit.

Aqueste es tout engarrancit.

Tounio-me lou men ase. j

(

DE LA GASCOGNE 165

Quand le maître la voit venir, Le pleurer il ne peut tenir.

« Celui-ci n'est pas notre âne.

Notre âne avait trois pieds blancs : Un de derrière, deux de devant. II avait la queue noire.

Mon Dieu, maître, vous vous trompez. Le mois de mai est arrivé.

Tous les ânes muent.

Si la queue lui a changé,

C'est qu'au pré il s'est trop agité,

Dans les vignes sauvages.

Pauvre Marion, ne parle pas trop. Je te foutrai un coup de sabot. Rends-moi mon âne.

Mon âne était tout gaillard. Celui-ci est tout perclus. Rends-moi mon âne.

l64 POÉSIES POPULAIRES

Lou praube n'es tout ahamat. Sera mes escarrabillat ; Se lou baillatz siuaso. »

Lou loup pr'aquiu èro escounut. Quillo l'aureillo en aquet brut, Tant de poù n'a dou mestre.

Marioun ne gaho lou destrau. i

Ne descabeillo l'animau ; )

E per sa recompenso,

Litchaire litchoun ;

Lou mestre que la preso )

\ (bis).

Per mouillé, a Marioun. )

DE LA GASCOGNE l6<y

Le pauvre est tout affamé.

Il sera plus gaillard,

Si vous lui donnez de l'avoine. »

Le loup par était caché. Il dresse l'oreille à ce bruit. Tant il a peur du maître.

Marion attrape la hache. l /i \

Elle décapite l'animal ; )

Et pour sa récompense,

Litchaire litchon ;

Le maître l'a prise

Pour femme, Marion (i).

(bis).

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Pan-issac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 321-24, L'^« c(/nGoH/o (Gascogne). Cf. supr.,p. 14-21, la Chanson de danse III, Qtuind Marion va au moulin.

4.

l66 POÉSIES POPULAIRES

XLVI

JOAN DE NIBÈLO

Joan de Nibèlo a un capèt. | / j, •>

Lou rèi n'a pas nat de mes bèt. ) Ta plan capèro la pouillèro. }

Harri dauant, Joan de Nibèlo ! )

Joan de Nibèlo a un justo-cos.

Per dauant, que n'i a pas nat mos ;

E per darrè la penjourlèro. 5

Joan de Nibèlo qu'a souliès, ■;

Oun trauerson lous ditz dous pès, 'j

E n'i a pas nado semèlo. 1

Joan de Nibèlo a un can, 1

Que toutjour lou prestis lou pan, <

E mes l'amaro de bourmèro. i

Joan de Nibèlo a un gat.

Ta plan l'i porto lou tabat. i

Débat la cûo la tabatièro.

DE LA GASCOGNE 167

XLVI JEAN DE NIVELLE

Jean de Nivelle a un chapeau. /

Le roi n'en a pas de plus beau. )

Tout de même il couvre les poux. }

Harri devant, Jean de Nivelle ! )

Jean de Nivelle a un juste-au-corps. Par devant, il n'y en a pas un morceau ; Et par derrière pend la loque.

Jean de Nivelle a des souliers. traversent les doigts des pieds, Et il n'y a pas de semelle.

Jean de Nivelle a un chien, Qui lui pétrit toujours le pain. Et même lie la pâte avec sa morve.

Jean de Nivelle a un chat.

Tout de même il lui apporte le tabac.

Sous la queue la tabatière.

l68 POÉSIES POPULAIRES

Joan de Nibèlo qu'a uo troujo, Que ta plan lou serbis de goujo, E mes lou lauo la bachèro.

Joan de Nibèlo a un chibau, Qu'es asta magre coumo un clau. Ta plan lou pourta la sèro.

Joan de Nibèlo a uo espaso, Que taillo pas e es espuntado. Ta plan se l'emporto a la guerro.

Joan de Nibèlo a un pistoulet, } Sensé poudro ni bassinet. )

Ta plan se l'emporto a la guerro. Harri dauant, Joan de Nibèlo (bis)\

n^

DE LA GASCOGNE I69

Jean de Nivelle a une truie,

Qui tout de même lui sert de servante,

Et même lui lave la vaisselle.

Jean de Nivelle a un cheval,

Qui est aussi maigre qu'un clou.

Tout de même il lui foit porter la selle.

Jean de Nivelle a une épée,

Qui ne coupe pas et est émoussée.

Tout de même il l'emporte à la guerre.

Jean de Nivelle a un pistolet. } Sans poudre ni bassinet. )

Tout de même il l'emporte à la guerre. Harri devant, Jean de Nivelle (i) (bis)\

(:) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers). Cf. Cipelle, n" 25e, La Clef du CciTeau ; Gagnon, 256, Jean de Ruina (Ca- nada); Combes, 85, Jean de ta Reulo (Pays Castrais); Montel et Lambert, 441, Jean de Nibélo, et 446, Jeun de la Reulo (Langue- doc).

?y«

lyO POÉSIES POPULAIRES

XLVII

EN AQ.UESTO DANSO

En aquesto danso (bis). Ta plan danson nau, Coumo dètz-e-nau, En aquesto danso (bis).

En aquesto danso Ta plan danson hoèit, Coumo dètz-e-hoèit, etc.

DE LA GASCOGNE I7I

XLVII

A CETTE DAXSE

A cette danse (bis). Aussi bien on danse neuf, Que dix-neuf, A cette danse (bis).

A cette danse.

Aussi bien on danse huit,

Que dix-huit, etc. (i).

(i) Je sais cette chinson depuis mon enfance. A chaque nou- veau couplet, les deux nombres exprimés dans le premier et le troisième vers diminuent de un. Cf. supr. p. 24-25 ; 38-39 les Ch.insons de danse V et IX, A votre pommier, et A Grenade.

172 POÉSIES POPULAIRES

XLVIII AU CAP DE LA DANSO

Au cap de la danso i a un lourdaud (bis). Que se marido, lirèto, ) Que se marido. ) ^

I

Gauso pas i ana lou jour. Que crèbo de poù toutjour. I ba lou sero (i).

I ba lou se, après soupa.

A la porto s'en ba tusta.

« Doubris, mieto.

Coumo, praubo, jou doubrirèi ? Jou que soui souleto aci,

En camiseto.

Boutatz-bous lou coutilloun, Lou mes court ou lou mes loung,

Lou qu'a liguetos.

(i) Sero, soir, f. 1.; en g. se.

DE LA GASCOGNE I73

XLVIII

AU BOUT DE LA DANSE

Au bout de la danse il y a un lourdaud (bis).

Qui se marie, lirette, } , , . . i (bis).

Qui se mane. )

Il n'ose pas 5' aller le jour.

Il crève de peur toujours.

Il y va le soir.

Il y va le soir, après souper. A la porte il s'en va frapper. « Ouvrez, mie.

Comment, pauvre, ouvrirai-je? Je suis seulette ici.

En chemisette.

Mettez votre cotillon,

Le plus court ou le plus long, Celui qui a des lies.

174 POÉSIES POPULAIRES

Boutatz lou mes court dessus (bis).

Que beiran que n'auètz dus )

„, . < (bis).

D estremiseto. » )

XLIX

L AOEILLADO

« Coumo ba l'aoeillado (i), '

L'aoeillè (2)? ( (bis).

Coumo ba l'aoeillado ? ]

Lous moutous soun enrhumatz,

L'aoeillè, Las aoeillos entecados.

Coumo ba l'aoeillado,

L'aoeillè ? Coumo ba l'aoeillado ?

(i) Troupeau de brebis. (2) Gardeur de brebis.

DE LA GASCOGNE 175

Mettez le plus court dessus (bis).

On verra que vous en avez deux / .

^ i (PIS) .

D'étoffe étroite (i). » )

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).

XLIX

LE TROUPEAU

« Comment va le troupeau,

Berger? [ G''0-

Comment va le troupeau?

Les moutons sont enrhumes,

Berger , Les brebis malades.

Comment va le troupeau,

Berger? Comment va le troupeau ?

lyô POÉSIES POPULAIRES

Bien que ba l'aoeillado,

L'aoeillè, Bien que ba l'aoeillado.

Lous moutous arrequinquatz, ]

L'aoeillè, [ (bis).

L'aoeillo escarrabillado. » ]

LOU MARIDATGE DE LA CATINOUN

« Moun ^azVe, maridatz-me donne (bis).

Hillo, qui bos per coumpagnoun ?

Courtillo bourdillo, Marchand de cascouillos, Marchand de cansous. Marida las hillos, Cure las maisous.

(bis).

DE LA GASCOGNE I77

Bien va le troupeau,

Berger, Bien va le troupeau.

Les moutons gaillards,

/ Berger, (bis).

La brebis éveillée (

I). >. )

(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 386, Cant doits pasious (Gascogne).

LE MARL\GE DE CATINOUN

« Mon père, mariez-moi donc (bis).

Fille, qui veux-tu pour compagnon ?

Courtille bourdille, Marchand de coquilles, Marchand de chansons. Marier les filles, ) Vide les maisons. S '

III

178 POÉSIES POPULAIRES

QjLie boi lou hill d'un boun maçoun, Que me hara basti maisoun.

Boutera lou cap d'un pijoun, Au jouquè de nosto maisoun. »

Diran las gens, sensé faiçoun :

« Qui lotjo en aquero maisoun ?

La joeno henno d'un maçoun.

Quis es soun nom ? Quin es lou soun ?

S'apèro, cresi, Janetoun: Nàni. L'apèron Catinoun.

Un poulit nom es Catinoun. Mes aimi mdllou sa maisoun. »

La henno perd bouno faiçoun. Atau se hlouris l'escaudoun.

DE LA GASCOGNE I79

Je veux le tils d'un bon maçon, Qui me fera bâtir maison.

Il mettra la tète d'un pigeon Au faîte de notre maison. »

Les gens diront, sans façon :

« Qui loge dans cette maison ?

La jeune femme d'un maçon.

Quel est son nom ? Quel est le sien ?

Elle s'appelle, je crois, Jeanneton.

Non. On l'appelle Catinon (i).

C'est un joli nom, Catinon : Mais j'aime mieux sa maison. »

La femme perd bonne façon. Ainsi se moisit l'escaudon (2).

(1) Diminutif gascon du nom de Catherine.

(2) Bouillie de farine de mais torréfié.

l8o POÉSIES POPULAIRES

Mes, dens dus centz ans, la maisoun ^ Loutjera lous hills dou maçoun. ) Courtillo bourdillo, Marchand de cascouillos, Marchand de cansous. Marida las hillos, ) Luro las maisons.

LI

A MOUNBRAN

A Mounbran, i a uo bieillo Que n'a qnoate-bint-dètz ans

Baillo-lou Mounbran, Brandissen la bieillo ; Que n'a qoate-bint dètz ans, r ,, . .

Baillo-lou Mounbran. ^

(Ins).

DE LA GASCOGNE l8l

Mais, dans deux cents ans, la maison } Logera les fils du maçon. V

Courtille bourdille,

Marchand de coquilles,

Marchand de chansons.

Marier les filles, ^

Vide les maisons (i). )

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 379-80, Lou Maridalge de la Câlin (Gascogne); Puy- maigre, 405, Les Charpentiers du roi (P.ivs Messin); Bladé, 88, La Femme du maçon (Armagnac et Agenais).

LI

A MONBRAN

A Monbran (i), il y a une vieille, /

r\ 1- V (bis).

Qui a quatre vmgt-dix ans ; )

Donne-lui Monbran,

Secouons la vieille ;

Qui a quatre-vingt-dix ans, /

Donne-lui Monbran. )

(1) Village voisin d'Agen.

l82 POÉSIES POPULAIRES

Ero s'en ba per las botos, Crei pas aue que quinze ans.

Ero s'es boutado au branle, A la man dou mes charmant,

E li a dit a l'aureillo :

« Bos te marida, galant?

Pas dab tu, bieillo, bieillasso. Que n'as quoate-bint-dètz ans.

Se soui bieillo, jou soui richo. Éi quoate-bint milo francs.

Èi cent bacos a la granjo, Cent pareills de buùs tirantz. »

Lou dilus, la bieillo fianço. Lou dimars, l'enterreran.

Quant la bieillo estèc niorto, Au cofre fuilla s'en ban (i).

Quino estèc la suspreso ! Troubèn pas que très peus blancs.

(l) Variante agenaise : Dcvs lou cofre gaitejaii, dans le coffre nous regardons.

DE LA GASCOGNE 185

Elle s'en va par les fêtes patronales. Elle croit n'avoir que quinze ans.

Elle s'est mis au branle,

A la main du plus charmant,

Et lui a dit à l'oreille :

« Veux-tu te marier, galant ?

Pas avec toi vieille, vieillasse. Tu as quatre-vingt-dix ans.

Si je suis vieille, je suis riche. J'ai quatre-vingt-mille francs.

J'ai cent vaches à la grange. Cent paires de boeufs de trait.

Le lundi, la vieille fiance. Le mardi, on l'enterrera.

Quand la vieille fut morte, Au coffre on s'en va fouiller.

Quelle fut la surprise !

On ne trouva que trois cheveux blancs.

184 POÉSIES POPULAIRES

« Que l'ase te foute, bieillo,

Tu e mes tous très peus blancs:

Baillo-lou Mounbran,

Brandissen la biello ;

Tu e mes tous très peus blancs,

Baillo lou Mounbran. »

(Us).

(bis).

LU

LOU PASTOU COUMPLASENT

Quant jou èri pastoureleto, )

„. . ... { (bis).

Ticoutmtoun la ticotmteto, )

Pastoureleto per goarda,

Ticoutintoun la ticotinteto,

Pastoureleto per goarda, )

Ticotmtoun la ticotmta. ]

Jou n'èri tant desbrumbadeto, Que m' desbrumbèi lou dejuna.

DE LA GASCOGNE 183

« Que l'aze te foute, vieille, ) . >

; (t>li).

Toi et tes trois cheveux blancs : ]

Donne-lui Monbran,

Secouons la vieille : Toi et tes trois cheveux blancs.

Donne-lui Monbran (i). »

(bis).

(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. Couyba, Rei'ue de l'Agcnais Je 1881, p. 54-55, Li Bieillo de Mouiihran (Agenais). V. supr. les Chansons de danse XXI, XXII et XXVI : La Vieille; La Vieille de Monbran, et La Boiteuse.

LU

LE PATRE COMPLAISANT

Quand j'étais petite pastourelle,)

-,..,.. i Ois).

Tiquetinton la tiquetintette, )

Pastourelle pour garder,

Tiquetinton la tiquetintette,

Pastourelle pour garder, / —..... i (bis).

Tiquetinton la tiquetinta. )

J'étais si oublieuse.

Que j'oubliai mon déjeuner.

l86 POÉSIES POPULAIRES

N'èro tant brabe, lou Pierreto, Que m'a pourtat lou dejuna.

Coumo lou minjerèi, praubeto ? N'èi lou bestia deçà, delà.

N'èro tant brabe lou Pierreto, Que n'a courrut me l'abarja.

« Anen-s-en entau bosc, Rouseto, A l'oumbreto anen dejuna.

Atau coum' bous plaira, Pierreto, Nou saberi pas refusa.

Ah ! Moun Diu, qu'èi hame, migueto ! Ali ! Quo soui pressât de minja.

Prenguetz-bous d'aquero couqueto ; Puch, a la hount anatz pinta.

N'èi pas hame de pan, Rouseto, Mes be de bous poutouneja.

Diu ! Courrètz enta la baqueto, Gourrètz arresta lou bestia. »

DE LA GASCOGNE 187

Il était si bon, Pierrot,

Qu'il m'a apporté le déjeûner.

Comment le mangerai-je, pauvrette ? J'ai mon bétail deçà, delà.

Il était si bon, Pierrot,

Qu'il a couru mo le rassembler.

« Allons-nous-en au bois, Rosette, A l'ombre allons déjeûner.

Comme il vous plaira, Pierrot, Je ne saurais refuser.

Ah! Mon Dieu, que j'ai faim, petite amie ! Ah ! Que je suis pressé de manger.

Prenez de ce petit gâteau ; Puis, à la fontaine allez pinter.

Je n'ai pas faim de pain, Rosette, Mais bien de vous couvrir de baisers.

Dieu ! Courez à la petite vache, Courez arrêter le bétail. »

l88 POÉSIES POPULAIRES

Puch, n'ac creseratz pas, hilletos,

Ticotimoun la ticotinteto,

Que se passée de dejuna,

Ticotintoun la ticotinteto ;

Que se passée de dejuna, /

_. . ... i (bis).

Ticotintoun la ticotmta. )

(bis.

LUI

Q.UANT JOU n'ÈRI JOENO PASTOURO

Quant jou n'èri joeno pastouro (bis), Joeno pastouro a marida,

Ma touro lourèto, Joeno pastouro a marida, )

Ma touro loura. )

Lou troupèt qu'èro chez moun pèro, Me mandauon apostega.

Jou, que n'èri fort oiMidouso , M'èi oublidat lou dejuna.

DE I.A GASCOGNE 189

Puis, VOUS ne le croirez pas, fillette, \

Tiquetinton la tiquetintette, )

Il se passa de déjeûner,

Tiquetinton la tiquetintette ;

Il se passa de déjeûner, ^ ch' )

Tiquetinton la tiquetinta (i). }

(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 387-90, Lou Pastou coumplasm (Gascogne).

LUI

aUAND j'étais jeune PASTOURELLE

Qiiand j'étais jeune pastourelle (bis). Jeune pastourelle à marier,

Ma toure lourette, Teune pastourelle à marier, ) ,, . ^

Ma toure loura. )

Le troupeau qui était chez mon père, On m'envoyait le suivre.

Moi, qui étais fort oublieuse, J'ai oublié mon déjeûner.

igo POÉSIES POPULAIRES

Ma mai n'èro tant bouno henno, Per Pierre me l'a hèit pourta.

« Tenguètz, tenguètz, bèro oublidouso, Auètz aqui lou dejuna.

Coumo dejuiiarioi, prauboto ? Jou èi toutz mous porcs a pensa. »

Pierre jogo de la flauto. Mous porcs se mèton a dansa.

N'i ahio qu'uo bieillo, bieillasso, Que se poudio pas boulega.

Pierre la prengouc per l'aureillo (bis),

« Troujo, parblu! tu danseras, Ma touro lourèto,

Troujo, parblu 1 tu danseras

Ma touro loura. » » ^ -'

DE LA GASCOGNE I9I

Ma mère ctait si bonne femme, Par Pierre elle me l'a fait porter.

« Tenez, tenez, belle oublieuse, Vous avez ici le déjeuner.

Comment déjeûnerais-je, pauvrette ? J'ai tous mes porcs à panser. »

Pierre joue de la flûte.

Mes porcs se mettent à danser.

Il n'y avait qu'une vieille, vieiïïasse, Qui ne pouvait se remuer.

Pierre la prit par l'oreille (bis),

« Truie, parbleu ! tu danseras. Ma toure lourette,

Truie, parbleu ! tu danseras, )

Ma toure loura (i). » )

(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais). Voy. la chanson précédente.

e^^

192 POÉSIES POPULAIRES

LIV

LA NOSTO NOBIO

La nosto nobio a dus esclops (bis). Tout en dansa, lou hèn flic-floc,

Lous sous esclops,

La nosto nobio.

Tout en dansa, lou hèn flic-floc, ) ^, ^ , , i (bis).

Sous dus esclops. )

La nosto nobio a un coutilloun. Tout en dansa, l'esquisso tout.

La nosto nobio a un dauantau. Tout en dansa, que se lou cai.

La nosto nobio a un justo-cos. Tout en dansa, que cai a mos.

La nosto nobio a un moucadé. Tout en dansa, qu'es au l'erabès.

DE LA GASCOGNE I93

LIV

NOTRE MARIÉE

Notre mariée a deux sabots (bis). Tout en dansant, ils font flic-floc,

Ses sabots,

A notre mariée. Tout en dansant, ils font flic-floc,

Ses deux sabots.

(bis).

Notre mariée a un cotiUon.

Tout en dansant, elle le déchiré tout.

Notre mariée à un tablier.

Tout en dansant, elle le laisse tomber.

Notre mariée a un juste-au-corps. Tout en dansant, il tombe à morceaux.

Notre mariée à un mouchoir. Tout en dansant, il est à l'envers.

m 13

194 POÉSIES POPULAIRES

La nosto nobio a un courneto. Tout en dansa, que se la jito.

La nosto nobio, bente sadout, Tout en dansa, que s'ac perd tout.

La nosto nobio, se nou s'ac teng (bis), Qii'ou restera ? Lous pès, las dentz,

Se nou s'ac teng,

La nosto nobio. Qu'où restera ? Lous pès, las dentz,

La nosto nobio.

(bis).

LV

LA MOUTOUÈRO

Moun pai n'a pas hillo que jou, L'aigo muillo mous sabatous, E me goarda lous moutons.

Las mios amouretos. L'aigo muillo mous escarpis, |

Dehoro, dedins. ] ^ ^^'

(bis).

DE LA GASCOGNE 195

Notre imrico a une cornette. Tout en dansant, elle la jette.

Notre mariée, ventre repu, Tout en dansant, perd tout.

Notre mariée, si elle ne le retient (bis). Que lui restera-t-il ? Les pieds, les dents,

Si elle ne le retient,

A notre mariée. Que lui restera-t-il ? Les pieds, les dents, )

A notre mariée (1). )

(i) Dicté par Françoise Lalanne, de Lectoure (Gers). Cf. Cénac-Moncaut, 462-64, La Bieillo (Bdani).

LV

LA GARDEUSE DE BREBIS

Mon père n'a que moi de fille , / L'eau mouille mes petits souliers, \ Et me fait garder les moutons.

Mes amourettes. L'eau mouille mes escarpins, i ^. ^

Dehors, dedans. )

196 POÉSIES POPULAIRES

Ne goardi pas ni un ni dus ; Mes que ne goardi trento-dus.

Lou loup que m'en a minjat dus.

« Gentiuo pastouro, oun èrotz-bous?

Èri la-bas, dab lous pastous. Hasèuon ranieletz de flous.

N'i a un per jou, Faute per bous, ^

L'aigo muillo mous sabatous, )

L'aute per Pierrre, mas amous,

Las mios amouretos.

L'aigo muillo mous escarpis, )

T^ , 7 7- ( (bis).

Dehoro, dedins. » )

#

DE LA GASCOGNE 197

Je n'en garde ni un ni deux ; Mais j'en garde trente-deux.

Le loup m'en a mangé deux.

« Gentille pastourelle, étiez-vous?

J'étais là-bas avec les pasteurs. Nous faisions des rameaux de fleurs.

Il y en a un pour moi, l'autre pour vous,l ... L'eau mouille mes petits souliers , ) L'autre pour Pierre, mes amours,

Mes amourettes. L'eau mouille mes escarpins, i Dehors, dedans (i). » )

(t) Tire du recueil de Charbel (Agenais). Voy. ci-après U chanson : Si j'avais ici, p. 206-209.

#

198 POÉSIES POPULAIRES

LVI

LA-BAS, DANS LA COUMETO

La-bas, deguens la coumeto, i

Hasèn de la hilasseto. ) '

Anén dounc, Marioun,

Gue la doundèno.

Anén dounc, Marioun, }

Gue la doundoun. j ^ '^'

« Perque aquero hilasseto?

Ne boi uo courdeto.

Perque aquero courdeto ?

Per gaha uo lauseto.

Perque aquero lauseto ?

Per aue uo plumeto.

Perque aquero plumeto ?

Per escriue uo letro.

DE LA GASCOGNE I99

LVI LA-BAS, DANS LE VALLON

Là-bas, dans le vallon, ^ /u- \

Nous faisons de la filasse. )

Allons donc, Marion,

Gué la dondaine.

Allons donc, Marion, |

Gué la dondon. ) ^ ^^^'

« Pourquoi cette filasse ?

J'en veux faire une cordelette.

Pourquoi cette cordelette ?

Pour attraper une alouette.

Pourquoi cette alouette?

Pour avoir une petite plume.

Pourquoi cette petite plume ?

Pour écrire une lettre.

20O POÉSIES POPULAIRES

Perque escriue uo letro ? )

Per la manda a ma mastresso. » ; Anén dounc, Marioun,

Gue la doundèno.

Anén doun, Marioun, }

Gue la doundoun. )

Lvn

LA PASTOURO ALECADO

Quant jou èri petiteto, ^ ....

Lanla, )

Petite Janetoun, O gue la doundèno, Petito Janetoun, O gue la doundoun ;

(bis).

M'èi lougat un pastou, Per goarda mous moutous.

DE LA GASCOGNfc. 20I

Pourquoi écrire une lettre ? ) ., . >

Pour l'envoyer à ma maîtresse. ») Allons donc, Marion,

Gué la dondainc.

Allons donc, Marion, ) ,, . ,

Gué la dondon (i). ) '

(i) Dicté par Briscadieu, d'Estang (Gers). Cf. Bujeaud, I, IÎ9, La Chanson tLs vignerons (Provinces de l'Ouest); Tigri, Canli popolari Toscani, p. 182.

LVII

LA PASTOURELLE COQ.UETTE

Quand j'étais petiote, ) >■; v

Lanla, )

Petite Jeanneton, O gué la dondaine, Petite Jeanneton, \ O gué la dondon ; )

(Hs).

J'ai loué un pâtre.

Pour garder mes moutons.

202 POESIES POPULAIRES

Lou pastou que jou logui, Goardo raillou que jou.

A cado rebirado,

Me demande un poutoun,

« Pastou, se d'acô parles, Partis bien loèn de jou, »

Au prat, las erbos courtes , "Crecheun la nèit, lou jour.

Atau soun las mainados, Crecheun dab las amous.

Un moussu que passauo, L'a toucat lou menteun.

La pastoure fierreto, A treubat acô boun.

« Praube pastou, ahuto, )

Lanla, \ ^^''^'

Qu'an teunut toun moutoun, O gue la doundèno, Qu'an tounut toun moutoun, ) O gue la doundoun (i). » ;

ihis).

(i) Dicté par Pauline Lacaze de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 372-74, La Paslouro helecado (Gascogne).

DE LA GASCOGNE 203

Le pâtre que je loue, Garde mieux que moi.

A chaque retour (i),

Il me demande un baiser.

« Pâtre, si de cela tu parles, Pars bien loin de moi. »

Au pré, les herbes courtes, Croissent la nuit, le jour.

Ainsi sont les fillettes.

Elles croissent avec les amours.

Un monsieur qui passait. Lui a touché le menton,

La pastourelle fière, A trouvé cela bon.

« PauvTe pâtre, fuis, )

Lanla, ! ^">»-

On a tondu ton mouton, O gué la dondaine, On a tondu ton mouton, O gué la dondon. »

(i) Uu pâturage.

(bis).

204 POÉSIES POPULAIRES

LVIII

LA TOURTETO

[ C^'O-

I abio un cop uno tourteto,

Touro loureto,

La la derideto, Que bouUo se marida,

Touro loureto, ,

La la dérida. )

Ero s'en ba per lasbotos, Per aprengue a dansa.

Ero que se met en danso, A la ma dou mes fringant.

Lou ditz tout bas à l'aureillo :

« Galant, bos-te marida ?

O! pas dambe tu, tourteto. Que n'as quoate-bint-dètz ans.

i (bis).

DU LA GASCOGNE 20$

LVIII

LA PETITE BOITEUSE

Il y avait une fois une boiteuse,

Toure lourette, [ (bis).

La la deridette, Qui voulait se marier, ^

Toure lourette, [ (his).

La la dérida. ;

Elle s'en va par les fêtes patronales, Pour apprendre à danser.

Elle se met en danse,

A la main du plus fringant.

Elle lui dit tout bas à l'oreille :

« Galant, veux-tu te marier ?

Oh! pas avec toi, boiteuse. Tu as quatre-vingt-dix ans.

206 POÉSIES POPULAIRES

Se n'èi quoate-bint-dètz ans, Jou n'èi quoate milo frans;

Sensé counta ma bourseto, J

Touro loureto, > ('^'■^)-

La la derideto, )

Et ço de moun cofre blanc. »

Touro loureto, [ (bis). La la dérida.

LIX

S AUEUI AGI

S'auèui aci mous esclops naus (bis). M'en angueri goarda mous buùs.

Anen tout dous,

Touro loureto ;

Auen goarda,

Touro loura.

(bis).

DE LA GASCOGNE 207

Si j'ai quatre-vingt-dix ans, J'ai quatre mille francs ;

Sans compter ma bourse, ^

Toure lourctte , ( (^0-

La la deridette, )

Et ce qui est dans mon coffre blanc. » \

Toure lourette, > (bi:;).

La la dérida (i^. j

(i) Dicté par ma tante Marie Liaubotj, de Gontaud (Lot-et. Garonne). Cf. supr., les Chansons Je danse XXI, XXII, XXV, LI : La Vieille ; La Vielle de Monhran, La Boiteuse et A Motibran.

LIX

SI J AVAIS ICI

Si j'avais ici mes sabots neufs (bis), Je m'en irais garder mes boeufs.

Allons tous doux,

Toure lourette ;

Allons garder ,

Toure loura. ^

208 POÉSIES POPULAIRES

Jou ne goardi pas un ni dus. Jou ne goardi trento-dus.

Lou loup que m'en a minjat dus.

« Gaïo pastouro, oun èrotz-bous ?

Èri la-haut, dab lous pastous. Coupaui très ramèus de flous :

Un per jou e l'aute per bous (bis), L'aute per Pierre, mas amous. »

Anen tout dous,

Touro loureto ;

Anen goarda, ) ,,. s ^ \ (bts).

Touro loura. ;

m

DE LA GASCOGNE

209

Je n'en garde pas un ni deux. J'en garde trcntc-doux.

Le loup m'en a mangé deux.

« Gaie pastourelle, étiez-vous ?

J'étais là-haut avec les pâtres. Je cueillais trois rameaux de fleurs :

Un pour moi et l'autre pour vous (bis), L'autre pour Pierre, mes amours, »

Allons tout doux ,

Toure lourette.

Allons garder, )

Toure loura (i). ) (^'"^■

(0 Je sais, depuis mon enfance, cette chanson dont M. Fau- gère-Dubourg, de Ncrac, m'a fait tenir une copie exactement conforme à mes souvenirs. Cf. p. 194-197, la Chanson intitulée: La Gardtuse de brebis.

^Ha

"I 14

210 POÉSIES POPULAIRES

LX

LOU MARCHANDOT

Lou marchandot s'en ba au marcat (bis), Dab soun ase cargat de blat.

Lou marchandot, Dab soun bourriq d'ase,

Lou marchandot, | ^, . » Dab soun bourriquot. \

Au prumè hangas qu'a troubat, Lou joen ase s'es enhangat.

Et a jurât e proutestat, Qu'angueré pas mes au marcat

Que soun ase n'aousso minjat (hîs), Un paillassoun de bren rasclat.

Lou marchandot,

Dab soun bourriq d'ase,

Lou marchandot,

Dab soun bourriquot.

DE LA GASCOGNE 211

LX

LE PETIT MARCHAND

Le petit marchand s'en va au marché (bis), Avec son âne chargé de blé.

Le petit marchand,

Avec son bourriquct d'âne,

Le petit marchand, )

Avec son bournquet. )

Au premier bourbier qu'il a trouvé. Le jeune âne s'est embourbé.

Lui a juré et protesté.

Qu'il n'irait jamais au marché

Que son âne n'eût mangé (bis), Un paillasson de son raclé.

Le petit marchand,

Avec son bourriquet d'âne,

Le petit marchand,

Avec son bourriquet (i).

(l) Tiré du recueil de Charbel (Agenais).

-212 POÉSIES POPULAIRES

LXI

l'ausèt blassat

La-bas, au noste petit prat (bis), I a un aubre broutounat.

Frai!

Hoù (i) ! Hè-me-lou ategne, :

TTi 1 t (his).

Hè-me-lou ategne. '

Un bèt ausèt s'i es pausat.

Lou hill dou rèi per aqui es passât.

Per débat l'aie i a tirât. Aquet ausèt n'a tant sannat,

(i) Ce cri est poussé par l'ensemble des danseurs, à l'appel de Frai! jeté par celui qui conduit la ronde. Cf. Mélusine, 459- 62, Le Canard blanc (Forez et Velay).

DE LA GASCOGNE 21 J

LXI

L OISEAU BLESSÉ

Là-bas, à notre petit pré (bis), Il y a un arbre bourgeonné.

Frère !

Hô! Fais-le moi atteindre, fais : } Fais-le-moi atteindre. i ^ ^^'

Un bel oiseau s'y est posé. Le fils du roi par est passé.

Par-dessous l'aile il a tiré. Cet oiseau a tant saigné,

214 POÉSIES POPULAIRES

Que n'a pleat routo e barat (bis), E lou moulin s'es engourgat.

Frai !

Hoù! Hè-me-lou ategne, : Hè-me-lou ategne.

(his).

LXII

l'aute jour

« L'aute jour, me proumenaui, \

Tout lou loung, [ (his).

Turlututu,

Tout lou loung,

La la dra iè, \ (bis).

Tout lou loung d'un bois.

Rencountrèi m'amou Janeto. La bouloui baiser.

\

\ n,ic

DE LA GASCOGNE 21 >

Qu'il a rempli route et fossé, (his). Et que le moulin s'est engorgé. Frère ! ! Fais-le moi atteindre, fais : | Fais-le-moi atteindre (i). )

(i) Dicté par ma mère, feue Adèle Bladé, de Gontaud (Lot- et-Garonne).

LXII

L AUTRE JOUR

« L'autre jour, je me promenais, \

Tout le long, ( (bis).

Turlututu, }

Tout le long, ]

La la dra yè, > (bis).

Tout le long d'un bois. )

Je rencontrai mon amour Jeannette. Je la voulus baiser.

2l6 POÉSIES POPULAIRES

Ero tiro sa quounouilleto, Per me boule frapper.

Ne frappe^ pas, m'amou Janeto, Jou soui lou toun berge.

Moun berge porto pas d'espaso, Ni mèsd'aquetz, [ (bis). Turlututu,

Ni mes d'aquetz, '\

La la dra iè, [ (his).

Ni mes d'aquetz plumetz. » )

LXIII

LAS HILLOS A LA HOUNT

Hillos de Biilonauo , Maitin lèuados soun : Maitin lèuados soun,

(his).

DE LA GASCOGNE 21 7

Elle tire sa quenouille, Pour vouloir me frapper,

Ne frappe pas, mon amour Jeannette. Je suis ton berger.

Mon berger ne porte pas d'épée, ] Ni de ces, [ (bis). Turlututu, Ni de ces, La la dra yè, \ (bis).

Ni de ces plumets. »

(i) Dicté par ma tante Marie Liaubon, de Gontaud (Lot-et- Garonne).

LXIII

LES FILLES A LA FONTAINE

Les filles de Villeneuve (i), ) Matm sont levées : )

Matin sont levées,

(i) Il existe en Gascogne plusieurs localités du nom de Vil leneuve.

2l8 POÉSIES POPULAIRES

Digo douii gue la doundèno ;

Maitin lèuados soun,

Digo doun gue la doundoun.

Se prengoun la dourneto, E s'en ban a la hount.

En debara la costo, Ne chiulon la cansoun.

Lous boès, a la laurado, N'escouton aquet soun.

Quiton buùs, aguiUados, E courroun a la hount.

« Cantatz, cantatz, mainados. Arc, n'es la sasoun. »

Las mais que diran bostos :

« Qu'auètz hèit a la hount ? »

Trouberan rebirados, En trauersa lou pount.

« Très guitetos saubatjos, N'auon turbat la hount. »

(bis).

DE LA GASCOGNE 219

Digue don gué la dondaine ;

Matin sont levées, ^ // \

Digue don gué la dondon. )

Elles prennent la cruche, Et s'en vont à la fontaine.

En descendant la côte, Elles sifflent la chanson.

Les bouviers, au labour. Écoutent ce son.

Ils quittent bœufs, aiguillons, Et courent à la fontaine.

« Chantez, chantez, jeunes filles. Maintenant, c'est la saison. »

Vos mères diront :

« Qu'avez-vous fait à la fontaine ? »

Nous trouverons des reparties, En traversant le pont.

« Trois petites canes sauvages. Avaient troublé la fontaine. »

220 POÉSIES POPULAIRES

Ah ! mainados, mainados, Aquet guit saubatjoun,

N'es plan, sabèn la causo, Quauque joen coumpagnoun.

Se nostos mais testudos, N'entenonn pas rasoun,

Lous diran : « Mais, maietos, )

Espiatz-oc pou tutoun.

Espiatz-oc pou tutoun,

Digo doun gue la doundèno ;

Espiatz-oc pou tutoun,

Digo doun gue la doundoun. »

"^

\(bis).

0ns).

DE LA GASCOGNE 221

Ah ! jeunes filles, jeunes filles, Ce canard sauvage.

Est bien, nous savons la chose, Quelque jeune compagnon.

Si nos mères têtues. N'entendent pas raison.

(bis)

Nous leur dirons: « Mères, petites mères, Regardez-le par le robinet. Regardez-le par le robinet. Digue don gué la dondaine ; Regardez-le parle robinet, l /l- \

Digue don gué la dondon (i). » )

(O Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 325-26, Las Fillos à la hounl (Gascogne). Air n" 4.

^

222 POÉSIES POPULAIRES

LXIV

LA BOTO AU CASTERA

« Douman, que n'es la boto, Doundèno touro lourèno, La boto au Castera, Doundèno touro lourèno, La boto au Castera, Doundèno touro loura.

Digatz, la mio maire, M'i boulètz dècha ana ? »

Sa mai, la brabo henno, L'i a dèchado ana.

Ta leù qu'entrée en danso, S'es boutado a ploura.

(Us).

(bis).

DE LA GASCOGNE 223

(bis).

LXIV

LA FÊTE PATRONALE AU CASTÉRA

« Demain, c'est la fête patronale,

Dondaine toure louraine,

La fête patronale au Castéra (i),

Dondaine toure louraine,

La fête patronale au Castéra, ) ,

i {^ms). Dondaine toure loura. )

Dites, ma mère,

Voulez-vous m'y laisser aller ? »

Sa mère, la brave femme, L'y a laissée aller.

Aussitôt qu'elle entra en danse. Elle s'est mise à pleurer.

(i) 11 existe, en Gascogne, plusieurs localités du nom de Cas-

téra.

224 POÉSIES POPULAIRES

« Qu'auètz, qu'auètz, la bèro? Qu'auètz tant a ploura ?

Èi plan rasoun se plouri, E mes de suspira.

M'as près ma flou de liri. James nou tournera.

Plouretz pas mes, la bèro, Doundèno touro lourèno. Que nous eau marida, Doundèno touro lourèno : Que nous eau marida, i Doundèno touro loura. » j

(bis).

(Us).

LXV

LAS AUÈJOS DE LA MARIO UN

Marioun, au bord de l'aigo,

Se lauo lou mentoun :

(bis).

DE LA GASCOGNE 22)

« Qu'avcz-vous, qu'avcz-vous, la belle ? Qu'avez-vous tant à pleurer ?

J'ai bien raison si je pleure, Et même de soupirer.

Tu m'as pris ma fleur de lys. Jamais elle ne reviendra.

LXV

(bis).

Ne pleurez plus, la belle,

Dondaine toure louraine.

Il faut nous marier,

Dondaine toure louraine,

Il faut nous marier, )

CM s) Dondaine toure loura (i). » )

(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance.

LES ENNUIS DE MARION

Marion, au bord de l'eau, )

Se lave le menton ; i ^ ''

m 15

226 POÉSIES POPULAIRES

Se lauo lou meiitoun, Gue la doundèno, Se lauo lou mentoun, Gue la doundoun. '

Quant la machèro es neto, Se pintuo lou chignoun.

La coho que s'aliso, E mes lou coutilloun.

Soun pai que l'i atrapo :

« Que hès aqui, Marioun ?

Que boi tourna beroio, Prengue bouno faiçoun.

Au trot marcho-m', drounleto, Marcho-m'a la maisoun.

Nou pas. Lou Meniqueto(i), M'aten enta la hount.

(i) Diminatif de Dominique.

DE LA GASCOGNE 227

Se lave le menton,

Gué la dondaine,

Se lave le menton, i x, . .

(bis). Gué la dondon.

Quand la joue est nette, . Elle peigne son chignon.

La coiffe elle lisse, Et aussi le cotillon.

Son père l'y attrape :

« Que fais-tu là, Marion ?

Je veux redevenir belle. Prendre bonne façon.

Au trot marche-moi, fillette. Marche-moi à la maison.

Non pas. Ménique, M'attend à la fontaine.

228 POÉSIES POPULAIRES

N'as pas tu dounc bergougno, De parla d'aquet toun ?

M'auoussotz maridado, Quant n'èro la sasoun.

M'auoussotz dado au Pierre, E mes lèu au Pierroun.

Qu'en harés dou Pierreto ? Pren lou bièil Menichoun.

D'aquet, nou boi pas brico. Mes lèu prengue un capoun.

Me truqueré de tiro, Sensé coumpassioun.

G ! Quino rasounairo ! Marcho-m' a la maisoun.

Bèi t'estuja, drounleto, Tourneja l'escaudoun.

DE LA GASCOGNE 229

N'as-tu donc pas honte, De parler de ce ton ?

M'eussiez-vous mariée, Quand il était saison.

M'eussiez-vous donnée à Pierre, Ou plutôt à Pierron.

Que ferais-tu de Pierrot ? Prends le vieux Ménichon.

De celui-là, je neveux pas un brin. Plutôt prendre un chapon.

Il me battrait continuellement. Sans compassion.

Oh ! Quelle raisonneuse ! Marche-moi à la maison.

Va te cacher, fillette. Remuer Vescaiidoii (i).

(i) Bouillie faite de farine de mais, préalablement torréfiée.

230 POESIES POPULAIRES

Oui, quant lou Meniqueto )

M aujo bisto a la hount : )

M'aujo bisto a la hount,

Gue la doundèno,

M'aujo bisto à la hount, )

Gue la doundoun. « )

LXVI

DOU TEMS Q.U ÈRI MAINADO

(hs).

Dou tems qu'èri mainado,

Lanla, Petito Janetoun, La doundèno, Petito Janetoun, La doundoun.

(Ms).

Me hèn goarda las aoeillos, E lous petitz agnerous.

DE LA GASCOGNE 23 I

Oui, quand Meniquette M'aura vue à la fontaine : M'aura vue à la fontaine, Gué la dondaine, M'aura vue à la fontaine, ) Gué la dondon (i). » )

(bis).

(bis).

(1) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 314-ié, Loti Aouèjès de la Marioun (Gascogne).

LX'^

DU TEMPS Q.UE J ÉTAIS ENFANT

Du temps que j'étais enfant.

Lanla. > <^''^-

Petite Jeanneton, j La dondaine, f

Petite Jeanneton, \ La dondon. '

On me fait garder les brebis, Et les petits agnelets.

232 POÉSIES POPULAIRES

Per aqui que ne passon, Très chibaliès barous.

M'andit: « Bounjour, mainado, A qui soun lous moutous ?

Les moutous à moun pèro : La bergèro à bous.

Se n'èros pas tant joeno, Te prendri dambe nous.

Moussu, per ma joenesso, Me refuseretz-bous ?

L'erbo dou prat es courto. Crech la nèit e lou jour.

Atau hèn las hilletos, ) ^, %

Lanla, )

Quant sount dens sas amous, j

La doundèno, f /l \

Quant soun dens sas amous, \

La doundoun. »

DE LA GASCOGNE 233

Par passent,

Trois chevaliers barons.

Ils m'ont dit: « Bonjour, enfant. A qui sont les moutons ?

Les moutons à mon père : La bergère à vous.

Si tu n'étais pas si jeune, Je te prendrais avec nous.

Monsieur, pour ma jeunesse, Me refuseriez-vous ?

L'herbe du pré est courte. Elle croît la nuit et le jour.

Ainsi font les fillettes, )

Lanla, \ ^''">

Quand elles sont dans leurs amours, La dondaine.

Quand elles sont dans leurs amours, La dondon (i). »

(hts).

(i) Tiré du recueil de Charbel (Agctuis). Cf. supr. p. 200- 203, la Chanson intitulée : La Pastourelle coquette.

2 34 POÉSIES POPULAIRES

LXVII

ME SOUI MESO EN DANSO

Me soui meso en danso, ) ., . , ^ , , i (bis).

Entre dus galantz : ]

Entre dus galantz,

Tant poulido mio,

Entre dus galantz, )

Tant poulit amant.

\ (his).

Lou que mes m'aimauo, M'a sarrat la man.

« Galant, se m'aimauos, Coumo hès semblant,

Me darés liurèio,

De quauques ribantz. »

Bouti man en bourso. Tiri très ribantz.

DE LA GASCOGNE 233

LXVII

JE ME SUIS MISE EN DANSE

Je me suis mise en danse,

Entre deux galants :

Entre deux galants,

Si jolie mie,

Entre deux galants, ) ,, . ,

Si joli amant. )

Celui qui le plus m'aimait, M'a serré la main.

« Galant, si tu m'aimais. Comme tu fais semblant.

Tu me donnerais livrée, De quelques rubans. »

Je mis la main en bourse. Je tire trois rubans.

(bis).

236 POÉSIES POPULAIRES

I

_ I

« Tenguètz, tenguètz, bèro. \

Aqui très ribantz. \

Nou lous portetz, bèro, i

Que très cops per an. i

Un a Pentocousto, i

L'aute a Sent-Joan,

L'aute au jour de noços, / _ 1

Lou mes bèt de l'an. ) ' ^' ■,

Lou mes bèt de l'an, 1 Tant poulido mio,

Lou mes bèt de l'an. ^ 1

Tant poulit amant. » '

DE LA GASCOGNE 237

« Tenez, tenez, belle. Voici trois rubans.

Ne les portez, belle, Que trois fois par an.

Une à la Pentecôte, L'autre à la Saint-Jean,

L'autre au jour des noces, )

Le plus beau de l'an. ) ^'

Le plus beau de l'an,

Si jolie mie.

Le plus beau de l'an.

C- 1- / N V Q'^^)'

Si joli amant (i). » )

(1) Dicté par M. Aristide Tessier, de Saintc-Bazeille (Lot-et- Garonne). Cf. Lamarque de Plaisance, 53-60 (Bazadais); Voy. aussi la chanson suivante.

238

POÉSIES POPULAIRES

LXVIII

LOU MARCAT A ESTANG

Anèit que n'es la hero, Lou marcat a Estang : Lou marcat a Estang, Tant poulido mio, Lou marcat a Estang, Tant poulit amant.

(bis).

(bis).

I crouperan cintos, E tant bètz ribantz.

« T'i trouberas, bèro

Tu tabé galant. Tu tabé galant, Tant poulido mio, Tu tabé galant, Tant poulit amant. »

(bis).

(bis).

DE LA GASCOGNE 239

LXVIIl LE MARCHÉ A ESTANG

Aujourd'hui c'est la foire, Le marché à Estang (i) : Le marché à Estang, Si jolie mie.

Le marché à Estang, | Si joli amant. j

(bis).

(bis).

Nous y achèterons des ceintures, Et de si beaux rubans.

« Tu t'y trouveras, belle. ^

Toi aussi, galant. ) ^' Toi aussi, galant,

Si joHe mie,

Toi aussi galant, )

Si joU amant (2). » )

(i) Commune du département du Gers.

(2) Chanté par un charpentier d'Esung, nommé Briscadieu. Cf. la chanson précédente.

240 POÉSIES POPULAIRES

LXIX

LOU MOULIÈ PREFERAT

La-bas, dens la prado, }

Uo pastouro i a. ;

Uo pastouro i a,

Landeridèto,

Uo pastouro i a, j

Landerida. j

I a uo pastouro,

Que goardo soun bestia.

Pierre, de Larroco, Que l'ajudo a goarda.

« Digo, pastoureto, pas-et boun goarda ?

Digo, pastoureto,

Se t'en bos pas tourna? »

DE LA GASCOGNE 24 1

LXIX

LE MEUNIER PRÉFÉRÉ

Là-bas, dans la prairie, ) Une pastourelle il y a. ) ^ Une pastourelle il y a, Landeridette, Une pastourelle il y a, ) Landerida. ) ^ ''

Il y a une pastourelle. Qui garde son bétail.

Pierre, de Larroque (i), L'aide à garder.

« Dis, pastourelle, Fait-il pas bon garder ?

Dis, pastourelle.

Si tu ne veux pas t'en retourner ? »

(i) I.ai-r.,q:r est un nom do lieu fort commun en Gascogne. I" 16

242 POÉSIES POPULAIRES

Pastouro s'en tourno, Enta s'ana coucha.

« Lèuo-te, pastouro. Bos-te marida?

Se d'acô me parles, Cou rat je i aura.

Pas dambe tu, Pierre. Me harés laura.

Se ma henno lauro. Pan que minjera.

Lou mouliè d'Arnaulo, Mou afa hara.

O. Mes la moulièro, j Cops de hoet aura : ' Cops de hoet aura,

Landerideto, Cops de hoet aura, J Landerida. » )

(his).

DE LA GASCOGNE 243

La pastourelle s'en retourne, Pour s'aller coucher.

« Lève-toi, pastourelle. Veux-tu te marier ?

Si de cela tu me parles. Du cœur il y aura.

Pas avec toi, Pierre. Tu me ferais labourer.

Si ma femme laboure, Du pain elle mangera.

Le meunier d'Arnaule (i), Mon affaire fera.

Oui. Mais la meunière. Coups de fouet aura : Coups de fouet aura,

Landerirette, Coups de fouet aura,

Landerira (2). »

(his).

(bis).

(i) J'ignore se trouve ce moulin.

(2) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 308-10, Lou moulic besiat (Gascogne).

244 POÉSIES POPULAIRES

LXX

PETITO BRUNETO

« Petite brunette, ] Que Jaites-vous la? ] Que faites-vous ?

Lnnderidette. One faites-vous là? ) Landerida. )

Soui aci souleto. Goardi moun bestia.

Petite brunette, Vene^ avec moi.

Coumo boulètz qu'i ango? Podi pas marcha.

Petite brunette, Mon tel près de moi. »

DE LA GASCOGNE 245

LXX

PETITE BRUNETTE

(Ns).

(bis).

« Petite brunette, \ Que faites-vous ? ) Que faites-vous ?

Landeridette. Que faites-vous ? ) Landerida. )

Je suis ici seulette. Je garde mon bétail.

Petite brunette, Venez avec moi.

Comment voulez-vous que j'y aille? Je ne peux pas marcher.

Petite brunette, Montez près de moi. »

246 POÉSIES POPULAIRES

Quant estèc mountado, Se bôuto a ploura.

« Petite hrunette, Vous pie HT ex^. Pourquoi?

N'èi rasoun se plouri, Mes de suspira.

O ! Ma roso blanco, ) ^, , James tournera. ;

James tournera,

Landeridèto. James tournera, ) ^, . ■>

Landerida, » S

LXXI

LOU CURÉ DOU CASTERA

Moussu curé dou Castera, ^ ,, . ,

i (dis). Sai jouga de la guitara, )

Pren soun fusil, s'en ba cassa,

Sai jouga de la guitaretto. l n \

Sai jouga de la guitara. )

DE LA GASCOGNE 247

Quand elle fut montée, Elle se met à pleurer.

« Petite brunette, Vous pleurez. Pourquoi ?

J'ai bien raison de pleurer, Et de soupirer.

Oh ! Ma rose blanche,

, (bis). Jamais elle ne reviendra.

Jamais elle ne reviendra,

Landerirette. Jamais elle ne reviendra, } ,, . .

Landerira (i). » )

(t) Chanté par ma tante Marie Liaubou, de Goiuaud (Lot-et- Garonne).

LXXI

LE CURÉ DU CASTÉRA

Monsieur le curé du Castéra, Je sais jouer de la guitare, Prend son fusil, s'en va chasser. Je sais jouer de la guitarette. } Je sais jouer de la guitare. \

(bis), (bis).

24^5 POÉSIES POPULAIRES

Perdics, ni lèbes trobo pas, Sounco Marioun darrè un auba.

« Marioun, bous boulètz coufessa ?

Moussu curé, coumo etz plaira.

Nous eau ana darrè l'auta. » L'auta se bouto a trambla,

E las cadièros a dansa, Las campanetos a tinta.

« De la glèiso s'en eau ana. Au bosc anen nous estuja. »

Quant soun au bosc, darè un auba, Lous loups se bouton a hurla,

Houos, bresagos a piula, E lous renards a marmouta,

E las graouillos a raina, E lusertz e serps a chiula.

« Moussu cure, s'en eau ana, Jou per aci, bous per enla.

DE LA GASCOGNE 249

Perdrix, ni lièvres, il no trouve, Sauf Manon derrière un saule.

« Marion, voulez-vous vous confesser?

Monsieur le curé, comme il vous plaira.

Il nous faut aller derrière l'autel. » L'autel se met à trembler,

Et les chaises à danser, Les clochettes à tinter.

« De l'église il flmt s'en aller. Au bois allons-nous cacher. »

Quand ils sont au bois, derrière un saule. Les loups se mettent à hurler,

Milans, orfraies à piauler, Et les renards à marmotter.

Et les grenouilles à coasser. Et lézards et serpents à siffler.

« Monsieur le curé, il faut vous en aller, Moi par ici, vous par là-bas.

250 POÉSIES POPULAIRES

Auètz rasoun, s'en eau ana. )

Sai jouga de la guitara, ] ^ ''

Lou Diable semblo s'en menla. »

Sai jouga de la guitareto. \

Sai jouga de la guitara. ) ^ ''

LXXII

L AUTE JOUR

L'aute jour, jou m'en anguèri, )

La zuigo zingueto, ) ^ ^

Moun camin dret à Gountaud,

La zingo zingau, Moun camin dret à Gountaud (his).

Rciicountrèri uo taulado, De perdics e de lebraus.

A taulo jou me hoiitèri.

De faïçous, jou ne m'enchau.

DE LA GASCOGNE 231

Vous avez raison, il faut s'en aller. ^

T j 1 \ (bis).

Je sais jouer de la guitare. i

Le Diable semble s'en mêler. »

Je sais jouer de la guitarette. )

Je sais jouer de la guitare (i). \ ^ ^'

(i) Dicté pai Françoise Lalanne, de Lcctoure. Cf. Cénac- Monoaut, 369-71, hou baroiw dou Castera (Gascogne). Air

LXXII

L AUTRE JOUR

L'autre jour, je m'en allai, / La zingue zinguette, )

Mon chemin droit à Gontaud (i), La zingue zingau,

Mon chemin droit à Gontaud (bis).

Je trouvai une tablée, De perdrix et de levrauts.

A table je me mis.

De façons, il ne m'en chaut.

(i) Petite ville du Lot-et-Garonne, canton de Marmande.

252 POÉSIES POPULAIRES

Aqui, minjèri e loutjèri.

Pas d'argent. Jou ne m'en fau.

Très poutetz a la serbento : A la mastresso hoèit ou nau.

« Mes, ça digouc la serbento, Toiitis nous paguèssen atau.

Mes, ça digouc la mestresso, ] La znigo zmgueto, i Nou farion pas gran cabau ,

La zingo zingau, ^ou farion pas gran cabau (bis). «

LXXIII

JANO

A l'oumbreto d'un rousè, / Jano s'adoumbrauo. )

Jano s'adoumbrauo en-ci, Jano s'adoumbrauo en-la, [ (bis). Jano s'adoumbrauo.

DE LA GASCOGNE 253

LA, je mangeai et je logeai. Pas d'argent. Il ne m'en faut.

Trois baisers à la servante : A la maîtresse huit ou neuf.

« Mais, dit la servante, Que tous nous payassent ainsi.

Mais, dit la maîtresse, )

La zuigue zmguette, ) ^ '

Nous ne ferions pas grand capital,

La zingue zingau, Nous ne ferions pas grand capital (W,>'^ (i). »

(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais). Voy, ci-après, p. 294-297, la Chanson intitulée : L'autre jour, je m'en allai.

LXXIII

JEANNE

A l'ombre d'un rosier, Jeanne s'abritait. Jeanne s'abritait deçà, Jeanne s'abritait delà, Jeanne s'abritait.

2 54 POÉSIES POPULAIRES

Un moussu beng a passa. Que la regardado.

« Que regardatz-bous, moussu ? Soui trop petitoto.

Par ta petito que sios, Boi que sios ma mio.

Se ta mio bos que sio, Cau que ta bourso saute.

Se la bourso diu sauta, Adiu, bèro Jano. Adiu, bèro Jano, en-ça, Adiu, bèro Jano, en-la, Adiu, bèro Jano. »

'^

DE LA GASCOGNE 2)5

Un monsieur vient à passer. Il l'a regardée.

•-0"

« Que regardez-vous, monsieur ? Je suis trop petiote.

Pour si petiote que tu sois, Je veux que tu sois ma mie.

Si ta mie~tu veux que je sois, Il faut que ta bourse saute.

Si la bourse doit sauter, ^ Adieu, belle Jeanne. ) Adieu, belle Jeanne, deçà, j Adieu, belle Jeanne, delà, [ (bis). Adieu, belle Jeanne (i). » J

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 355-56, La Margalido (Gascogne).

^

256 POÉSIES POPULAIRES

(bis).

LXXIV

HILLOS DE LA ROUCHÈLO

Hillos de La Rouchèlo, ) /, .

... Q^'O-

Las que jou tant aimei, ) Gue larirè doundèno ; Las que jou tant aimèi, Gue larirè doundèi.

Jou n'èi tant aimât uo. Moun l'aimo dumpèi.

Quant la bau bese a caso, Après soupa, la nèit,

La trobi en sa crampeto, A ploura, sur soun llèit.

« Queplouratz-bous, la bèro? Que plouratz-bous anèit ?

Rasoun qu'èi de tristesso. Bien loungtems plourerèi.

DE LA GASCOGNE 2)7

LXXIV

FILLES DE LA ROCHELLE

(bis), (bis).

Filles de La Rochelle, Celles que j'aimai tant, Gué lariré dondaine ; Celles que j'aimai tant. Gué lariré dondé.

J'en ai tant aimé une. Mon cœur l'aime depuis.

Quand je vais la voir à la maison, Après souper, la nuit, ^

Je la trouve dans sa chambrette, A pleurer, sur son lit.

« Pourquoi pleurez-vous, la belle? Pourquoi pleurez-vous aujourd'hui?

Raison j'ai de tristesse. Bien longtemps je pleurerai.

III 17

258 POÉSIES POPULAIRES

M'an dit qu'etz en anauotz, Au serbici dou rèi.

Auant que jou m'en anguo, Bèro, bousfiancerèi.

En tourna de campagne, Bèro, etz espouserèi.

Sur aquero proumesso, James nou plourerèi.

La man se me toucauotz, Jou m'en arriserèi, Gue la rire doundèno; Jou m'en arriserèi, Gue la rire doundèi. »

(bis), (bis).

DE LA GASCOGNE 259

On m'a dit que vous vous en alliez, Au service du roi.

Avant que je m'en aille, Belle, je vous fiancerai.

En revenant de campagne. Belle, je vous épouserai.

Sur cette promesse, Jamais je ne pleurerai.

La main si vous me touchiez,

J'en rirais.

Gué la rire dondaine;

J'en rirais.

Gué la rire dondé (i). »

(bis).

(bis).

(1) Dicté par Françoise Lalanne, de Lectoure. Cf. Cénac-Mon- caut, 284-85, Las Hillos de La Rouchelo (Gascogne).

*^

26o POÉSIES POPULAIRES

LXXV

LA HILLO ESBERIDO

Quant jou n'èri petiteto,

La nia, Petiteto à la maisoun ; Débat l'ouliuè d'ouliuo, Débat l'ouliuè d'amou,

Nat nou me benguèuo bese, Sounco un poulit garçoun.

Aro que soui granoto, Toutz bengoun a deroun.

L'un me pren la maneto, E l'aute lou mentoun.

L'aute me ditz : « Petito, Marido-te dab jou. »

Sabi pas que lous dise. Lous dirèi 0 ou nou ?

(his).

(bis).

DE LA GASCOGNE 201

LXXV

LA FILLE ENJOUÉE

Quand j'étais petiote, ) ,,

Lanla, ) (^"^-

Petiote à la maison :

Sous l'olivier d'olive, ) ,, . .

[ (bis). Sous l'olivier d'amour, ]

Nul ne venait me voir, Sauf un joli garçon.

Maintenant que je suis grandelette. Tous viennent en foule.

L'un me prend la menotte, Et l'autre le menton.

L'autre me dit : « Petite, Marie-toi avec moi. »

Je ne sais que leur dire. Leur dirai-je oui ou non?

202 POÉSIES POPULAIRES

« Galantz, tournatz dimeche. Bous countenterèi toutz.

Au casau de moun paire, Bous flourirèi de flous.

Qui aura roso sens hurpios, \

Lanla, ) (^"^^

Et aura mas amous. » Débat l'ouliuè d'ouliuo, Débat l'ouliuè d'amou.

(bis).

LXXVI

Q.UANT MOUN PAI

Quant moun pai m'a maridado (bis), A un boè que m'a baillado. Au soun dou biuloun,

Doundèno, Au soun dou biuloun,

Doundoun.

(bis).

DE LA GASCOGNE 263

« Galants, revenez dimanche. Je vous contenterai tous.

Au jardin de mon père, Je vous fleurirai de fleurs.

Celui qui aura rose sans épines, i ,, . , ^ '^ \ (bis).

Lanla, )

Celui-là aura mes amours. »

Sous l'olivier d'olive,

Sous l'olivier d'amour (i). ^

(j) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 302-3, La Hillo esmerido (Gascogne).

LXXVI

Q.UAND MON PÈRE

duand mon père m'a mariée (bis). A un vieillard il m'a donnée. Au son du violon,

Dondaine , j

Au son du violon, i

Dondon (i). /

(i) Tiré da recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).

264 POÉSIES POPULAIRES

(bis).

LXXVII

LOU MARECHAU DOU BILATGE

Lou marechau dou bilatge,

Landeridèto, A la campagne s'en ba,

Landerida, A la campagnos'en ba (bis).

Dècho sa henno souleto. Lou curé la ba trouba.

Li a dit : « Bounjour, marechalo, Boste raarit i es pas ?

Moun marit es en campagne. Sabi pas quant tournera. »

A pas acabat de dise, Lou marit es arribat.

Lou curé, per rebirado :

« Bengui de la confessa.

DE LA GASCOGNE 20$

LXXVII

LE MARECHAL DU VILLAGE

Le maréchal du village,

Landerirette, A la campagne s'en va,

Landerira, A la campagne s'en va (bis).

(bis).

Il laisse sa femme seulette. Le curé va la trouver.

Il lui a dit : « Bonjour, maréchale, Votre mari n'y est-il pas ?

Mon mari est en campagne. Je ne sais quand il reviendra. »

Elle n'a pas achevé de dire. Le mari est arrivé.

Le curé, par repartie (i) :

« Je viens de la confesser.

(x) Pour se tirer d'embarras.

266 POÉSIES POPULAIRES

Que lou Diable la coufesse, E la pousque coufessa.

Jou bous podi bien proumète, Se me tourni marida,

Qu'en bouleri prengue uo,

Landeridèto, Que se coufessèsse pas,

Landerira, Que se coufessèsse pas (his). »

(bis).

LXXVIII

LOU GALAPIAN

Èi un cousin qu'a tant bouno gulo (his), Que sa minjat lou pan de doutze hournados.

Joan ! « Hoù ! (i) » Te brumbos-tu de la cujeto ? ) Acô es un poulit passo-tems. ) ^ ^'

(i) Réponse des danseurs.

DE LA GASCOGNE 207

Que le Diable la confesse, Et la puisse confesser.

Je puis bien vous promettre, Si je me remarie.

Que j'en voudrais prendre une,

Landerirette, Qui ne se confessât pas, *

Latiderida, Qui ne se confessât pas (bis) (i). >>

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenaiset Bruilhois).

LXXVIII

LE GOINFRE

J'ai un cousin qui a si bonne gueule (bis), Qu'il a mangé le pain de douze fournées.

Jean ! « ! » Te souviens-tu de la petite gourde ?

/->•!• \ (bis).

C est un joli passe-temps. ^ ^ '^

268 POÉSIES POPULAIRES

S'a minjat nau buùs, toutz en car grillado. S'a minjat nau porcs, toutz en car salado.

S'a beut lou bin de quinze coulados (bis). Quant es bien sadout, demando couchado.

Joan ! « Hoù ! » Te brumbos-tu de la cujeto ? ) Acô es un poulit passo-tems. ) ^ ^'

LXXIX

BASTINO LA SAUMÈLO

« Serbenio, lèuo-te maitin (bis). Bastino la saumèlo, lou la doundèno : Bastino la saumèlo, ^ lou la doundoun. )

Pren-te siès frans dou men argent, E bèi-t'en a la hero.

DE LA GASCOGNE 269

Il a mangé neuf bœufs, tous en viande grillée. II a mangé neuf porcs, tous en viande salée.

Il a bu le vin de quinze cuvées (bis).

Quand il est bien saoul , il demande la couchée.

Jean ! « Ho ! )) Te souviens-tu de la petite gourde ?)

^1 1- / N \ (bis).

C est un joli passe-temps (i). '

(i) Dicté par Pauline Lacnze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 5)5-j4, Lou Galapiun (Gascogne).

LXXIX

BATE l'aNESSE

« Servante, lève-toi matin (bis). Bâte l'ânesse, lou la dondaine : Bâte l'ânesse.

, (bis). lou la dondon. '

Prends six francs de mon argent, Et va-t'en à la foire.

270 POÉSIES POPULAIRES

Toutz lous pifres que trouberas, Cargo-ne la saumèlo.

Dous mes bètz e dous mes poulitz, Hè-ne la cargo entièro. »

N'èi tant cargat e recargat, Qu'èi coupât la croupière.

Quant la mestro (i) la bel beiii :

« Boi pifra la prumèro.

Nâni, mestro, ac haratz pas (bis). Ei pifrat a la hero,

lou la doundèno :

Èi pifrat à la hero, ) ,, . , ' (pis). lou la doundoun. » )

(i) En gascon, mastresso.

DE LA GASCOGNE 27 1

Tous les fifres que tu trouveras, Charges-en l'ânesse.

Des plus beaux et des plus jolis, Fais-en la charge entière. »

J'en ai tant chargé et rechargé. Que j'ai rompu la croupière.

Quand la maîtresse la vit venir :

« Je VQUxffrer la première.

Nenni, maîtresse,vousnele ferez p3is(bis). J'ai Jîfré à la foire,

lou la dondaine : J'ai //rJ à la foire, } loula dondon(i).))j ^ ^"

(i) Tire du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).

272 POÉSIES POPULAIRES

LXXX

LA DESCAMPETO

M'èi perdut moun amigo,

La bèillo de Sent-Joan, [ (bis).

Mama.

Aimilous joens galantz, ma maire, i-^n ■■\ Aimi lous joens galantz, mama. )

Perdudo, es pas perdudo, S'estujo enta l'embanc.

L'èi troubado endroumido, Au d'un rousè blanc.

« Galant, pren-te de goardo Au soun pai. Qu'es mâchant.

Dous parentz n'èi pas ancio. Nou lous cregni pas tant.

Èi moun bidet d'Espagno. Court mes qu'un lebrè blanc.

DE LA GASCOGNE 275

LXXX

LA FUITE

J'ai perdu mon amie, \

La veille de la Saint-Jean. , (bis).

)

Maman.

J'aime les jeunes galants, ma mère. J'aime les jeunes galants, maman.

Perdue, elle n'est pas perdue, Elle se cache sous l'auvent.

Je l'ai trouvée endormie, Au pied d'un rosier blanc.

« Galant, prends garde A son père. Il est méchant.

Des parents je n'ai pas crainte. Je ne les crains pas tant.

J'ai mon bidet d'Espagne. Il court plus qu'un lévrier blanc.

m 18

(bis).

274 POÉSIES POPULAIRES

Que sauti sur la sèro. Puch, ahuto pous camps.

Sauto tepès e coumos, Baratz de trento pams.

Empujo las mountagnos, Dab lous pès de dauant.

En duos ou très ouros, ';

Darrè lous mounts seran. » [ (bis).

Marna.

)

Aimi lous joens galantz, ma maire. I /,• ^ Aimi lous joens galantz, mama. )

4-

DE LA GASCOGNE 27 S

Je saute sur la selle. Puis, \'ite par les champs .

Il saute collines et combes, Fossés de trente empans.

Il gravit les montagnes, Avec les pieds de devant.

^

Dans deux ou trois heures, ,

Derrière les monts nous serons (i).» [ G^is).

Maman, )

J'aime les jeunes galants, ma mère. ) . ^

J'aime les jeunes galants, maman (2). )

(i) Les PjTénées.

(2) Je sais cette chanson depuis mon enflmce. Cf. Cénac- Moncaut, 398-400, La Dcscampeio (Gascogne).

■4^

276 POÉSIES POPULAIRES

LXXXI

LA BEUSO

« Beuso, qu'es à toun aise (bis). Nou te marides pas,

Derideto ; Nou te marides pas,

Dérida. < <^'"^-

Èi toun moun benen chaume (i). Qui me lou laurera.

Logo-t' un boè, beuseto. Que te lou laurera.

Houtjera la bigneto. Lou casau sauclera.

Un boè se jou me logui, Lou calera paga.

(i) Chaume, expression agenaise ; en gascon, arrastoutll.

DE LA GASCOGNE 277

LXXXI

LA VEUVE

« Veuve, tu es à ton aise (bis). Ne te marie pas,

Deridette ; Ne te marie pas,

Dérida. N (^">-

J'ai tout mon bien en chaume. Qui me le labourera ?

Loue un bouvier, petite veuve. Il te le labourera.

Il bêchera la vigne. Le jardin il sarclera.

Si je loue un bouvier, Il faudra le payer.

278 POÉSIES POPULAIRES

Atau, se me maridi (bis), Tout que s'arrenjera,

Derideto ; Tout que s'arrenjera

Dérida. »

(bis).

LXXXII

LAS HENNOS DE MIRANDO

Las hennos de Mirando, \

Doundèno, /

Que n'aimon lou bin boun, '

Doundoun, Que n'aimon lou bin boun (quater).

S'en ban per las auberjos, Hurlupa lou pintoun.

DE LA GASCOGNE 279

Ainsi, si jo me marie (lui). Tout s'arrangera,

Deridette ; Tout s'arrangera, j

Dérida (i). >> \ ^^''^^

(i)2Dicti' par ma unie Marie Liaubon, de GonMud (Lot-et- Garonne). Cf. BLidc, t. II du présent recueil, p. 246-49, La l'tiive dt Monclar (Gascogne).

LXXXII

LES FEMMES DE MIRANDE

Les femmes de Mirandc (i),

Dondaine, . >

Aiment le vin bon, Dondon,

Aiment le vin bon (qiuiter).

Elles s'en vont par les auberges, Lamper la petite pinte.

(i) Ville de l'ancien comté d'Astarac, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement (Gers).

28o POÉSIES POPULAIRES

Lous omes las ban coeille.

« Marchatz à la maisoun.

Lous guitz e lous aujames, Tout es a l'abandoun.

Lous mainatjes que plouron, E surtout lou secound.

! Caro-te, praube orne. Ne perdes la rasoun.

Lou bin es hèit per beue, Lous guitz, per cansoun.

E, se lous dronles plouron,

Doundèno, logo-lous dou biuloun,

Doundoun. Jogo-lous dou biuloun (quater)

(bis).

DE LA GASCOGNE 28 I

Les hommes vont les chercher.

« Marchez à la maison.

Les canards et les bêtes, Tout est A l'abandon.

Les enfonts pleurent, Et surtout le second.

Eh ! Tais-toi, pauvre homme. Tu perds la raison.

Le vin est fait pour boire.

Les canards, pour faire chanson.

O'is).

Et, si les enfants pleurent,

Dondaine, Joue-leur du violon,

Dondon. Joue-leur du violon (i) (qiiater). »

(1) Dicte par P.-iuline Lacize, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 335-36, Las Bewdos (Gascogne).

282 POÉSIES POPULAIRES

LXXXIII

LOU GROS DE PROUCINÈLO

Es un joen moussu,

E uo damaiselo,

Loun larirèto,

E uo damaisèlo,

Lon làrirè. '

N'an hèit sèt ans l'amou, E mes lou hèn encoèro.

Au cap d'aquetz sèt ans, Lou galant se l'amio.

Se l'amio tant loèn,

Au castèt de soun pèro. »

« Doiibrèt^, pèro, doithrèt-{. Bous amii uo noro.

Moun hill, ac6 es bien hèit. La noro es espousado ?

DE LA GASCOGNE 283

LXXXIII LE GROS DE PROUCINELLE

C'est un jeune monsieur, / Et une demoiselle, )

Lon larirette, Et une demoiselle, }

Lon larirc. ) ^ '^'

Ils ont fait sept ans l'amour, Et ils le font encore.

Au bout de ces sept ans, Le galant l'amène.

Il l'amène si loin,

Au château de son père.

« Ouvrez, père, ouvrez, Je vous amène une bru.

Mon fils, cela est bien fait. La bru est-elle épousée ?

284 POÉSIES POPULAIRES

Nâni certos, moun pai, Ni mémo fiançado.

Moun hill, entourno-la Au castet de soun pèro. »

La miado tant loèn, Au Gros de Proucinello.

Quant ero a bist lou Gros, Que cai tout embahido,

Estèc pas à mièi Gros, S'atrapo a la lanièro.

Lou galant malicious, A coupât la lanièro.

« Moun Diu! que harèi-jou De mas bèros raubetos ?

Mio, baillo-me-los, Per uo auto raastresso.

DE LA GASCOGNE 28$

Non certes, mon père. Ni même fiancée.

Mon fils, ramènc-la Au château de son père. »

Il Ta menée si loin,

Au Gros de Proucinelle (i).

Quand elle a vu le Gros, Elle tombe tout évanouie.

Elle ne fut pas à moitié Gros, Qu'elle s'attrape à la lanière.

Le galant méchant, A coupé la lanière.

« Mon Dieu ! Que ferai-je De mes belles robes ?

Mie, donne-les-moi, Pour une autre maîtresse.

(i) Dans le Haut-Agenais et le Haut-Q.uercy , on donne le nom de Cio; au\ parties proCoades des rivières. J'ignore se trouve le Cros Je Proucinelle.

286 POÉSIES POPULAIRES

Moun Diu ! que harèi-jou ) De mas bèros raubetos, )

Loun larirèto, De mas bèros raubetos, Loun larirè ? »

(bis).

LXXXIV

LOU CAPITANI DE CASTELJALOUS

Entre Paris et La Rouchèlo,

Biro bigouza bigouza doundèno, ' ^'

I a uo tant bèro maisoun, ^

Biro bigouza bigouza doundoun.

I a uo tant bèro damaisèlo,

Que la barbo aus coumpagnous.

Praqui ne passo un capitani.

« Bèro, me la harétz pas bous ?

(bis).

DE LA GASCOGNE 287

Mon Dieu ! Qiic foniis-je )

' (Us) De mes belles robes, ) ^

Lon larirette,

De mes belles robes, l n \

Lonlariré(i)? » ) ^ "^'

(i) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Euklie, commune de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 13-14, Lou Gros de Proucinello (Haut-Quercj').

LXXXIV

LE CAPITAINE DE CASTELJALOUX

Entre Paris et La Rochelle, Vire bigouza bigouza dondaine. Il y a une si belle maison, |

Vire bigouza bigouza dondon. j

Il y a une si belle demoiselle, Qui fait la barbe aux compagnons.

Par passe un capitaine.

« Belle, ne me la feriez-vous pas ?

(Us), (bis).

288 POÉSIES POPULAIRES

O be, moussu lou capitani. Se boulètz, bous la harèi bous. »

Ta lèu qu'un taill de rasouèr baillo, La bèro cambio de coulous.

« Perque cambiatz bous, damaisèlo? Cregnerétz pas bous mous galous ?

Nâni, moussu lou capitani. James n'èi cregnut lous galous.

Se boulètz, bèro damaisèlo, Que me mariderèi dab bous.

Seratz henno d\m capitani. De jou lou rèi sera jalous.

Bous pourterèi darrè ma sèro, Tout dret enta Casteljalous (i).

Parlatz au men pai, capitani. Se ditz o, jou dirèi pas nou. »

(i) Chef-lieu de canton du Lot-et-Garonne , autrefois siège d'une des quatre sénéchaussées qui formaient le duché d'Albret. Il est souvent question de Casteljaloux dans l'histoire des guerres de religion eu Gascogne,

DE LA GASCOGNE 289

Oui bien, monsieur le capitaine. Si vous le voulez, je vous la ferai. »

Aussitôt qu'elle donne un coup de rasoir, La belle change de couleur.

[demoiselle ?

« Pourquoi changez-vous de couleurs, Ne craindriez-vous pas mes galons?

Non, monsieur le capitaine. Jamais je n'ai craint les galons.

Si vous voulez, belle demoiselle, Je me marierai avec vous.

Vous serez la femme d'un capitaine. De moi le roi sera jaloux.

Je vous porterai derrière ma selle. Tout droit à Casteljaloux.

Parlez à mon père, capitaine. S'il dit oui, je ne dirai pas non. »

'" 19

290 POÉSIES POPULAIRES

Aqui coumo de La Rouclièlo, /

Biro bigouza bigouza doundèno, ) S'en bengouc a Casteljalous, / Biro bigouza bigouza doundoun. )

LXXXV

LA NOÇO DE LA POULUC

Quant la pouluc s'es maridado (his), Forço canaillo a embitado : Sauten dounc, deridoun gue la doundèno, 1 . Sauten dounc, deridoun gue la doundoun ; ) ^

Sounco la mousco s'a debrumbado. Mes asta plan i es anado.

Per la frinesto qu'es entrado. Sur la taulo que s'es pausado.

DE LA GASCOGNE 29 1

Voila comment de La Rochelle, > ., . .

Vire bigouza bigouza dondaine, )

Elle s'en vint à Casteljaloux, )

Vire bigouza bigouza dondon (i). )

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 295-98, Lou Capitaino de Casleljaloux (Gascogne); VAlmanach des Traditions populaires ài^ 18S1, p. 90-91, La Bar- bière (environs de Lorient).

LXXXV

LA NOCE DE LA PUCE

Quand la puce s'est mariée (bis), Force canaille elle a invité : Sautons donc, deridon gué la dondaine, ) Sautons donc, deridon gué la dondon ; )

Sauf la mouche qu'elle a oubliée. Mais tout de même elle y est allée.

Par la fenêtre elle est entrée. Sur la table elle s'est posée.

292 POÉSIES POPULAIRES

Dus platz de sauço n'a embessado. Autant d'autes n'a hurlupado.

Moussu lou grilloun n'èro en cadièro. D'arrise, s'es foutut per terro.

Un tros de testo s'a esquissado. La culoto s'a escarkdo.

Lou nobi se bouto en coulèro. Au cap lou jito la salèro.

Lou grill que pren la bijarrèro. Bieill Joan-Henno que l'apèro.

Touto la noço s'es turbado, E la nobio s'es abuhado.

Per oine bo pas un Joan-Henno. Que s'ahuto darrè la dourno.

Grills, e cigalos, e purnachos, Hissaillous, tauans e cagachos,

Après la pouluc que s'ahuton. Deguens la dourno que s'entuton.

DE I,.\ GASCOGNE

295

Deux plats de sauce elle a renversé. Autant d'autres elle a lampe.

Monsieur le grillon était sur sa chaise. De rire, il s'est foutu par terre.

Un morceau de tête il s'est déchiré. Sa culotte il a crevé.

Le marié se met en colère. A la tête il lui jette la salière.

Le grillon s'irrite.

Vieux Jean-Femme (i) il l'appelle.

Toute la noce s'est troublée, Et la mariée s'est effrayée.

Pour homme elle ne veut pas un Jean-Femme. Elle s'enfuit derrière la cruche.

Grillons, et cigales, et punaises, Frelons, taons et cloportes.

Après la puce s'enfuient. Dans la cruche ils s'enferment.

(i) Imbécile.

294 POÉSIES POPULAIRES

Au houn d'aquero grano gourgo, Touto la canaillo s'engourgo.

La pouluc, sou tutoun que s'ancro, E que lous canto la brenado ;

E, per millou lous la higo (his),

Dab la millèro semarido.

Sauten dounc, deridoun gue la doundèno. ) ,, . ,

Sauten dounc, deridoun gue la doundoun. )

LXXXVI

l'aute jour, jou m'en axguèri

L'aute jour, jou m'en anguèri (i), j Pou camin dret a Reaup. j

Praube afa quant l'argent manquo, / Quant l'argent manquo a l'oustau. )

(i) Anguèrè, allai, f. 1.; en g., angoui.

DE LA GASCOGNE 295

Au fond de ce grand gouffre, Toute la canaille se noie.

La puce, sur le tuyau (i) se cramponne, Et leur chante le charivari ;

Et, pour mieux leur faire la figue (bis).

Avec la taupe elle se marie.

Sautons donc, deridon gué la dondaine.

Sautons donc, deridon gué la dondon (2). ] ^ '^^'

(i) Le tuyau delà cruche.

(2) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Ccnac Moncaut, 374-76, La Noço de la Puce (Gascogne^

LXXXVI

l'autre jour, je m'en allai

L'autre jour, je m'en allai, }

Parle chemin droit à Réaup (i). ) ^ ^^^'^' Pauvre affaire quand l'argent manque, ) Quand l'argent manque à la maison, j ^^'

(1) Réaup, commune du Lot-et-Garonue, canton de Méïin.

296 POÉSIES POPULAIRES

I entrèi en uo auberjo, Oun dinnèri (i) coumo eau.

Mes, quant calouc paga l'oste, N'auoui pas de que paga'u.

Embrassèi siès cops la gouio, La mastresso dètz-e-nau.

« Ah ! pardi ! ça ditz la gouio, ' Se toutz hasèuon atau ! »

M'i loutjèi per siès semmanos. 1

M'i loutjeri bien per nau. ) ^ ^^'

Praube afa quant l'argent manquo, i

Quant l'argent manquo a l'oustau. ) ^ '"'^'

(i) Dinnèrè, dinai, f. 1.; en g., duiiicc.

^

DE LA GASCOGNE 297

J'y entrai dans une auberge, je dînai comme il faut.

Mais, quand il fallut payer l'hôte, Je n'eus pas de quoi le payer.

J'embrassai six fois la servante, La maîtresse dix-neuf.

« Ali 1 Pardi ! dit la servante, Si tous faisaient ainsi ! »

Je m'y logeai pour six semaines. Je m'y logerais bien pour neuf. Pauvre affaire quand l'argent manque, ) Quand l'argent manque à la maison (i).^

(i) Dicté par Derrey, du Pergain-Taillac, âgé d'environ quarante ans. M. Faugère-Dubourg, de Nérac, m'a adressé un texte i peu près semblable à celui de Derrey. Cf. supr. p. 250-; 5 la Chanson intitulée : L'autre Jour.

(bis).

^

298 POÉSIES POPULAIRES

LXXXVII

LOU PASTOU BAILET

j (bu).

Sur la ribèro de l'Adour (bis), Pastouro goardo sous moutous Deridèto la loun lan la, )

Deridèto la la doundoun.

Jousèp, un ta brabe pastou, Arribo, lou plen d'amou.

« Boulerétz pas bous un pastou ? Adichatz bèro, adichatz bous.

S'en lougatz un, lougatz-m'a jou. Que goarderèi plan lous moutous.

Mentre que seran dens l'estouill, Nous angueran au bosc tout dus.

S'ac boulètz bous, ac boi plan jou. Haran bètz flocs de toutos flous.

DE LA GASCOGNE 299

LXXXVII

LE PATRE VALET

Sur la rivière de l'Adour (bis).

Pastourelle garde ses moutons.

Deridette la Ion lan la, ) ,, . ,

i (bis). Deridette la la dondon. )

Joseph, un si brave pâtre, Arrive, le cœur plein d'amour.

« Ne voudriez-vous pas un pâtre ? Bonjour belle, boujour vous.

Si vous en louez un, louez-moi. Je garderai bien les moutons.

Tant qu'ils seront dans le chaume. Nous irons au bois tous deux.

Si vous le voulez, je le veux bien. Nous ferons de beaux bouquets de toutes

[fleurs.

300 POÉSIES POPULAIRES

O, pastoureto, moun amou : L'un per jou, e l'aute per bous.

O ! Jousèp, qu'ètz brabe pastou !

L'aute per flouca lous moutous.

Quino bountat auètz per jou !

Cau quoate grans flocs de flous.

Auètz rasoun, brabe pastou. Un pou Pierre, moun amourous.

Pou Pierre ! Diu, qu'enteni-jou ? Me boulètz dounc rende raujous ?

Caro-té, Jousèp. T'èi lougat jou, Enta goarda lous mes moutous,

E mes tabé, t'ac disi jou,

Per pourta mous bouquetz de flous.

Praube bailet, pren doun ma flou. Porto-la chez moun amourous.

DE LA GASCOGNE 5OI

Oui, pastourelle, mon amour : L'un pour moi, et l'autre pour vous.

Oh ! Joseph, que vous êtes brave pâtre !

L'autre pour fleurir les moutons.

Quelle bonté vous avez pour moi !

Il faut faire quatre grands bouquets de fleurs.

Vous avez raison, brave pâtre. Un pour Pierre, mon amoureux.

Pour Pierre ! Dieu, qu'entends-je ? Voulez-vous donc me rendre enragé ?

Tais-toi, Joseph. Je t'ai loué, Pour garder mes moutons,

Et aussi, je te le dis,

Pour porter mes bouquets de fleurs.

Pauvre valet, prends donc ma fleur. Porte-là chez mon amoureux.

302 POÉSIES POPULAIRES

Aquet es Pierre, disi-jou (bis). Tu , n'auras un cop de bastoun, » Deridèto la loun lan la, Deridèto la la doundoun.

(bis).

LXXXVIII

LA MIASSO

L'aute jour, m'en augoui goarda, Miro la liroun miro la lira, Tout au houn d'uo coumeto. Loun lanla miro la lireto.

Sou camin, èi rencountrat Uo gento pastoureleto.

Li èi dit e demandât :

« Bos-tu esta ma mastresso ?

Ta mastresso boi pas esta. Me tenguerés pas prou secreto.

(bis), (bis).

DE LA GASCOGNE 3O5

Celui-là, dis-je, c'est Pierre (bis). Toi, tu auras un coup de bâton. » Deridette la Ion lan la,

Deridette la la dondon (i). )

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 305-7, Loit Pasloii baykt (Gascogne).

Lxxxvni

LA MENACE

(bis).

L'autre jour, je m'en allai garder, Mire la liron mire la lira, Tout au fond d'une combe. Lon lanla mire la lirette.

Sur le chemin, j'ai rencontré Une gente pastourelle.

Je lui ai dit et demandé :

« Veux-tu être ma maîtresse ?

Ta maîtresse je ne veux pas être. Tu ne me garderais pas assez le secret.

(bis).

304 POÉSIES POPULAIRES

Secreto te tenguerèi plan, Dempus lou se dinqu'a l'aubeto. »

Quant bei l'aubeto arriba, Lou Pierrot la descampeto.

La hillo se bouto au darrè.

« Pierrot, bous dèchatz la bouneto.

La bouneto n'es pas arré. Se tu nou cambios d'amoureto.

D'amoureto cambierèi pas. Se tu me dèchos pas souleto.

(bis).

Mes se hujès, au prumè pas, Miro la liroun miro la lira, Jou cerqui uo auto amoureto. » } Loun lanla miro la lireto. )

DE LA GASCOGNE 305

Le secret je te garderai bien, Depuis le soir jusqu'à l'aube. »

Quand il voit l'aube arriver, Pierrot décampe.

La fiUe court après lui,

« Pierrot, vous laissez votre bonnet.

Le bonnet n'est rien,

Si tu ne changes d'amourette.

D'amourette je ne changerai pas, Si tu ne me laisses pas seulctte.

Mais si tu fuis, au premier pas, )

Mire la liron mire la lira. )

Je cherche une autre amourette. \

Lon lanla mire la lirette (i). » )

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, }9>-97, La Miasso (Gascogne).

in 20

306 POÉSIES POPULAIRES

(bis).

LXXXIX

d'oun benguètz-bous ?

« D'oun benguétz-bous, la bèro, anèit (his) ?

Bengui dou bosc, de moun hèch. Au bosc, au bosc, derideto. E loun lanla dérida.

Diretz pas de quin boi l'èi hèit. L'èi hèit d'un boi qu'es ta leugè,

Que l'apèron lou mesplè.

Quitatz, la bèro, boste hèch.

Qj-iitatz, la bèro, boste hèch.

Nou harèi, certes, nou harèi.

Èi caut lou hour, pasto à la mèit. Èi très mainatges sou foiiguèi.

Èi moun marit malau au Hèit. S'et mouris, jou que mourirèi.

DE LA GASCOGNE 307

LXXXIX

d'où venez-vous ?

«D'où venez-vous, la belle, aujourd'hui (his)}

Je viens du bois, de faire mon fagot. Au bois, au bois, deridette, \

Et Ion lanla dérida. j ^ '''

Vous ne diriez pas de quel bois je l'ai fait. Je l'ai fait d'un bois si léger,

Qii'on l'appelle le néflier.

Quittez, la belle, votre fagot.

Quittez, la belle, votre fagot.

Je ne le ferai, certes, je ne le ferai.

J'ai le four chaud, de la pâte dans le pctrin. J'ai trois enfants au foyer.

J'ai mon mari malade au lit. S'il meurt, moi je mourrai.

308 POÉSIES POPULAIRES

S'et mouris, jou que mourirèi (bis) ; E se biu, jou que canterèi, Au bosc, au bosc, derideto, E loun lanla dérida. «

j (bis).

(bis).

XG

LAS NOÇOS DOU SIMOUN

Èri embitat a las noços,

A las noços dou Simoun.

Tou n'èi tanta ma turo lurèto, } ., . ,

Jou n'èi tanta ma turo lura. )

La nobio èro abillado De la mes bèro faiçoun.

Lous souliès, de pèt de cebo, Bourdatz dab un carduchoun.

Lous debassis, de pèt d'oumo, Cousutz dab un ficeloun.

DE LA GASCOGNE 309

S'il meurt, moi je mourrai (bis) ; Et s'il vit, je chanterai : Au bois, au bois, deridette, )

Et Ion lanla dérida (i). » )

(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais).

xc

LES NOCES DE SIMON

J'étais invité aux noces. Aux noces de Simon. J'ai tanta ma turlurette, J'ai tanta ma ture lura.

La mariée était habillée De la plus belle façon.

Les souliers, de peau d'oignon, Brodés d'un petit chardon.

Les bas, de peau d'ormeau. Cousus d'un bout de ficelle.

(his).

310 POÉSIES POPULAIRES

Las brassières, d'uo aubardo : Lou gilet, d'un paillassoiin.

La coho, d'uo escauheto : Lou bounet, d'un careilloun.

Arribèc, la bèro nobio, A chibau sur un bastoun.

S'en ba soulo à la glèiseto, Espousa coumpai Simoun,

Frederuc coumo uo taupeto. Attifât au perrecoun.

S'en tournon à la caseto, Par galapia ço de boun.

Minjon soupos de moungetos, Uo dobo de tachoun.

Arribatz a la salado, Espugon un herissoun.

Per coucha, n'an que la paillo, L'establot d'un saumiroun.

DE LA GASCOGNE 5 1 I

Les brassicres, d'un bât : Le gilet, d'un paillasson.

La coiffe, d'une bassinoire : Le bonnet, d'une lampe.

Elle arriva, la belle mariée, A cheval sur un bâton.

Elle s'en va seule à l'église, Epouser compère Simon,

Frileux comme une taupe, Attifé en chiffonnier.

Ils s'en retournent à la maison, Pour bâfrer ce qui est bon.

Ils mangent de la soupe de haricots, Une daube de blaireau.

Arrivés à la salade.

Ils épluchent un hérisson.

Pour coucher, ils n'ont que la paille, La petite établc d'un ânon.

312 . POÉSIES POPULAIRES

Mes, au Uèit de la canaillo, L'amou beng sensé faïçoun ;

E toiitis (i) dus, a l'aubeto, )

Cantauon coumo un ptnsoiin {2) : 1 Tou n'èi tanta ma turo lurèto, ) ^ ^ Jou n ei lanta ma turo lura. )

(i) Toulis, tous, f. 1.; en g., loiit^.

(2) Pinsoun, pinson, f. 1.; en g., pinsan.

xa

LOU MEN PAI MA MARIDADO

Lou men pai m'a maridado, A la nauèro laïçoun. Anen dounc, ma Madelèno, Anen dounc, ma Madeloun.

M'a baillât en maridatge, Cent escutz e un cardoun,

(bis), (bis).

DE LA GASCOGNE 313

Mais, au lit de la canaille, L'amour vient sans façon ;

Et tous deux, à l'aube.

Chantaient comme un pinson :

J'ai tanta ma turlurette, j

J'ai tanta ma ture lura (i). j ( ' /•

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Céiiac- Moncaut, 581-82, La Noço dou Simoun (Gascogne).

(his).

XCI

MON PÈRE m'a mariée

Mon père m'a mariée ,

A la nouvelle façon, ) ^ ^'

Allons donc, ma Madeleine, ) Allons donc, ma Madelon. )

Il m'a donné en mariage, Cent écus et un chardon,

(bis).

314 POÉSIES POPULAIRES

Per dessus tout l'aquipatge, Uo courdeto à'oiiznous.

Mes, lou se de mas noucetos, Be que me lous minjèi toutz.

James ii'èi bist uo nobio, Abillado a ma faïçoun.

Lous debas, de laparasso : Lout soullès, de pèt d'ougnoun.

La raubo, de telo griso, Bourdado d'un laitugoun.

M'an miado à la glèiso, A chibau sur un bastoun.

M'an pourtat aigo benito, Dans la corno d'un moutoun,

E baillât uo cûeto d'ase, En modo d'un aspersoun.

Lou preste quito la messo, E las gens la deboutioun,

DE LA GASCOGNE 31S

Par dessus tout l'cquipage, Une cordelette d'oignons.

Mais, le soir de mes noces, Je les mangeai tous.

Jamais je n'ai vu une mariée, Habillée à ma façon.

Les bas, de bardane :

Les souliers, de peau d'oignon.

La robe, de toLle grise, Bordée d'une petite laitue.

On m'a menée à l'église, A cheval sur un bâton.

On m'a porté de l'eau bénite, Dans la corne d'un mouton.

Et donné une queue d'âne, En guise de goupillon.

Le prêtre quitte la messe. Et les gens la dévotion,

3l6 POÉSIES POPULAIRES

Per bese aquero nobio, /

Abillado de faïçoun : ;

Anen dounc, ma Madalèno.

Anen dounc, ma Madeloun (i). ^

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois). Cf. k chanson précédente.

XCII

LOU HAURE DE SENT-SAUBI

A Sent-Saubi, i a un haure, Lou mes malurous de toutz. Aquero que ba, gue e gue, Aquero que ba, gue e ba.

A sa henno bien fringairo. Lou praube orne n'es jalous.

Se la pren, e se l'amio, A la hero de Tournoun.

(bis), (bis).

DE LA GASCOGNE 317

Pour voir cette mariée, }

Habillée de cette façon : )

Allons donc, ma Madeleine. i

Allons donc, ma Madelon. )

XCII

LE FORGERON DE SAINT-SAUVY

A Saint-Sauvy (i), il y a un forgeron,) Le plus malheureux de tous. )

Celle-là va, gué et gué, Celle-là va, gué et va.

(bis).

Il a sa femme bien fringante. Le pauvre homme en est jaloux.

D la prend, et il la mène, A la foire de Tournon (2).

(i) Il y a dans la Gascogne et l'Âgcnais plusieurs communes du nom de Saint-Sauvy.

(2) Ville de l'ancien Agenais, aujourd'hui chef-lieu de canton du Lot-et-Garonne.

3l8 POÉSIES POPULAIRES

Sur soun camin, que rencountro Lou brabe moussu Ramoun.

« Oun auatz-bous, praube haure ? Oun auatz atau toutz dus?

Moussu, bau bene ma henno. Me la croumperetz pas bous ?

Bous la bailli a l'assajo,

Per hoèit, e mes quinze jours ;

E , se ero nou bous countento, Tournatz-me-la auant jour.

Estacatz-me-la a la porto, Ou a l'anso dou barrouil.

Se lou barrouil barrouillejo, Boutatz-la deguens lou hour :

Un ou dus pugnatz de paillo, E lou hoèc tout à l'entour.

DE LA GASCOGNE 319

Sur son chemin, il rencontre Le brave monsieur Raymond.

« allez-vous , pauvre forgeron ? allez-vous ainsi tous deux ?

Monsieur, je vais vendre ma femme. Ne me l'achètcricz-vous pas ?

Je vous la donne à l'essai,

Pour huit, et même quinze jours ;

Et , si elle ne vous contente, Rendez-la-moi avant le jour.

Attachez-la-moi à la porte, Ou à l'anse du verrou.

Si le verrou s'agite. Mettez-la dans le four :

Une ou deux poignées de paille, Et le feu tout à l'entour.

320 POÉSIES POPULAIRES

Sabèn coumo danso aro. Beiran coumo dens lou hour. » Aquero que ba, gue e gue, Aquero que ba, gue e ba.

XCIII

(bis). (Us).

(bis).

l.hS, TRES MAINADOS

La-bas, a la ribereto, )

La miro la lira doundèno , S I a uo richo maisoun, La miro la lira doundoun.

I auèuo très mainados, Toutos très de la maisoun.

Uo que s'apèro Jano, L'auto s'apèro Marioun.

L'auto que s'apèro Clèro, E qu'esclairo nèit e jour.

DE LA GASCOGNE 32 I

[nant. Nous savons comment elle danse mainte- Nous verrons ce qu'elle fera dans le four. »' Celle-là va, gué et gué,

Celle-là va, gué et va (i). ' ^ ^'

(i) Tiré Ju recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois). Cf. supr., p. 20-2S, la Chanson de danse IV, ha Femme à vendre .

XCIII

LES TROIS JEUNES FILLES

i (bis).

Là-bas, à la rivière, La mire la lira dondaine , Il y a une riche maison, La mire la lira dondon.

(bis).

Il y avait trois jeunes filles, Toutes trois de la maison.

L'une s'appelle Jeanne, L'autre s'appelle Marion .

L'autre s'appelle Claire, Et elle éclaire nuit et jour, m 21

322 POÉSIES POPULAIRES

La suo mai que la pintauo, Dambe un pintou d'argentoun.

Lou soun pai que la couhauo, La miro la lira doundèno, Dab nau canos de galoun, La miro la lira doundoun.

(bis).

(bis).

XCIV

BOS-TE MARIDA, ROUSETO ?

« Bos-te marida, Rouseto ? i ,, . ,

i (l"0- Roso, bos te marida ? )

Tra la la la deridèto, ) ^ . ,

} (bts). Tra la la la dérida. ) ^ ^

Nou, pas au mens dab tu, haure. Lou her me caldrio (i) tusta.

Nou, nou, nou, m'amou Rouseto. Un garçoun me boi louga. »

(i) Caldrio, faudrait, f. agenaise ; en gascon caleré.

DE LA GASCOGNE 323

Sa mère la peignait, Avec un peigne d'argent.

Son père la coiffait, / . .

La mire la lira dondaine, ) Avec neuf cannes de salon, / /, . »

La mire la lira dondon (i). )

(i) Chanté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers).

XCIV

VEU,X-TU TE MARIER, ROSETTE?

« Veux-tu te marier, Rosette ?) Rose, veux-tu te maner ? ) Tra la la la deridctte, \ /u- \ Tra la la la dérida. )

Non, pas au moins avec toi, forgeron. Le fer il me faudrait frapper.

Non, non, non, mon amour Rosette. Un garçon je veux louer. »

324

POÉSIES POPULAIRES

Mes, quant ben lou punt de l'aubo, Lous boès bengoun agusa.

« Lèuo-te, m'amou Rouseto. Ajudo-m' lou her a tusta. »

Mes, a la prumèro caudo. S'a burlat lou dauantau.

Toutjour la Roso que plouro. Que plouro soun dauantau.

« Caro-te, m'amou Rouseto. Jou t'en croumperèi un nau. »

L'èi croumpat de coutounado. Lou boulèuo pas atau.

L'èi croumpat de sedo blanco. Li a counbengut atau. Tra la la la deridèto, Tra la la la dérida.

(bis).

(bis).

DE LA GASCOGNE 32)

Mais, quand vient la pointe de l'aube, Les bouviers viennent aiguiser (i).

« Lève-toi, mon amour Rosette. Aide-moi à frapper le fer. »

Mais, à la première chaude (2), Elle a brûlé son tablier.

Toujours Rose pleure. Elle pleure son tablier.

« Tais-toi, mon amour Rosette. Je t'en achèterai un neuf. »

Je l'ai acheté en cotonnade. Elle ne le voulait pas ainsi.

(bis).

Je l'ai acheté en soie blanche. Il lui a convenu ainsi. Tra la la la deridette, J

Tra la la la dérida (3). )

(1) Aiguiser à la forge les ferrures de leurs charrues.

(2) Terme de maréchalerie. Se dit de l'action de chauffer le fer et de le forger.

(5) Tiré du recueil de L.-Hnbert (Agenais et Bruilhois).

326 POÉSIES POPULAIRES

xcv

LOU BROC AU

« Hoù ! Janetoun, anen, anen,,i

Anen-s-en a la hero. ]

Anen-s-en a la hero, lanla, / ., . ,

. (ms). Anen-s-en a la hero. ]

! Praubo, coumo i angueri-jou ? Jou soui pas abillado.

lè! Janetoun, anen, anen. T'atenderèi uo ouro. »

Quant soun estatz au cap dou bosc, La ploujo lous atrapo.

« lè! Janetoun, abriten-nous, Per débat aquet casse.

Me dira la mio marna : Oun t'es tant amusado ?

DE LA GASCOGNE 327

XCV

l'Épine au pied

« Ho ! Jeanneton, allons, allons,/ Allons-nous-en à la foire. ) Allons-nous-en à la foire, lanla, } Allons-nous-en à la foire. ;

Eh ! Pauvre, comment irais-je ? Je ne suis pas habillée.

Eh ! Jeanneton, allons, allons. Je t'attendrai une heure. »

Quand ils sont arrivés au bout du bois, La pluie les attrape.

« Eh ! Jeanneton, abritons-nous, Sous ce chêne.

Ma mère me dira : t'es-tu tant amusée ?

328 POÉSIES POPULAIRES

, ! Praubo, que lou dirèi jou, Un broc que m'a picado.

Que m'a picado au dit dou pè, E dou a la camo ;

E jamès jou ne goarirèi, Que nou sio maridado.

! Mai, maridatz-me dounc lèu, Auant la Nostro-Damo,

Dab lou pastou que m'amièc, ;

Débat la cassoulèro : )

Débat la cassoulèro, lanla, \ y, -.

Débat la cassoulèro. » )

DE LA GASCOGNE 329

Eh ! Pauvre, lui diral-je, Une épine m'a piquée.

Elle m'a piquée au doigt du pied, Et du pied à la jambe;

Et jamais je ne guérirai, Que je ne sois mariée.

Eh ! Mère, mariez-moi donc tôt, Avant Notre-Dame (i),

Avec le pâtre qui m'amena, ]

Sous la chesnaye : j

Sous la chesnaye, lanla, ) ,. . .

Sous la chesnaye (2). » )

(i) II y a deux fêtes de Notre-Dame, l'une le 2 février, La Chandeleur ou Purification; l'autre, le 8 septembre, la Nativité.

(2) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Ccnac- Moncaut, 395-9), Lou Itoc au (Gascogne). Voyez aussi, p. 3S6-89, la Chanson CXV, Jeannelouii, allons (Gascogne).

^

330 POÉSIES POPULAIRES

XCVI

L AMOUROUS

Quant jou m'en bau per las botos,

Landeridèto, Jou n'i bau pas per dansa,

Landerida.

I bau per bese las hillos, Las que soun a marida.

Jou qu'en èi espiat uo, E moun li èi baillât.

L'èi demandado au soun paire, E bo pas me la bailla.

Ditz que sa hillo es trop richo. Que hara pas moun afa.

Las ! Que harèi-jou, pecaire, Per poude la mérita ?

(Ins).

DE LA GASCOGNE 33 1

XCVI

L AMOUREUX

(bh).

Quand je m'en vais par les fêtes patro- ^

Landcridette, [nales, )

Je n'y vais pas pour danser,

Landerida.

J'y vais pour voir les filles, Celles qui sont à marier.

J'en ai regardé une,

Et mon cœur lui ai donné.

Je l'ai demandée à son père, Et il ne veut pas me la donner.

Il dit que sa fille est trop riche. Qu'elle ne fera pas mon affaire.

Las 1 Que ferai-je, pecaire, Pour pouvoir la mériter ?

332 POÉSIES POPULAIRES

M'en anguerèi a la guerro. |

Nou podi pas millou ha. 1

Que harèi quauquo actioun bèro, ) Landeridèto, )

Se mourissi, plourera, Landerida.

(bis).

(bis).

XCVII

RAMOUNET SE MARIDO

Ramounet (i) se marido (bis).

Espouso dilus auant jour.

Ramounet, ma doundèno, )

^ 1 1 ( (ht s).

Ramounet, ma doundoun. )

« Coumo nomon la nobio ?

Se nomo bèro Madeloun. »

Mes, lou se de la noço, Panèn la bèro Madeloun.

(i) Diminutif gascon du nom de Ramoitv, Raymond.

DE LA GASCOGNE 335

Je m'en irai à la guerre. Je ne puis mieux faire.

Je ferai quelque action belle, i

Landeridette, ^

Si je meurs, elle pleurera, Landerida (i).

(i) Tiré du recueil de Charbel (Agenais).

(bis).

XC^/II

RAMONET SE MARIE

Ramonet se marie (bis).

Il épouse lundi avant le jour.

Ramonet, ma dondaine, ) ., . ^

\ (bis). Ramonet, ma dondon. )

« Comment nommc-t-on la mariée ?

Elle se nomme belle Madclon. »

Mais, le soir de la noce. On enleva la belle Madclon.

334 POÉSIES POPULAIRES

« Sabe qui l'aura preso ?

Ac6 es lou prumè dounzeloun. »

Mes, quant me l'an tournado, Èro double, la Madeloun.

Tu que m'es pas fidèlo. Es uo garço, Madeloun.

Se te soui pas fidèlo,

Es dounc un cournard, Ramoun.

Mes, se jou porti cornos (bis), Es uo puto, Madeloun. » Ramounet, ma doundèno, l /l- \ Ramounet, ma doundoun. j

DE LA GASCOGNE ^^^

« Savoir qui l'aura prise ?

C'est le premier donzelon (i). »

Mais, quand on me l'a rendue, Elle était double, la Madelon.

Tu ne m'es pas fidèle. Tu es une garce, Madelon.

Si je ne te suis pas fidèle,

Tu es donc un cornard, Raymond.

Mais, si je porte cornes (bis), Tu es une putain, Madelon. » Ramonet, ma dondaine, ) Ramonet, ma dondon (2). )

(i) Garçon d'honneur.

(2) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).

336 POÉSIES POPULAIRES

(bis), (bis).

XCVIII

m'en anaui proumena

M'en anaui proumena, Miroun la liroun miroun la lira, Lou loung d'uo Garouneto. Gue lanla miroun la lireto.

I èi troubat e rencountrat, Uo gentiuo pastoureleto.

Jou li èi dit e demandât :

« Boudreti (i) esta ma matresso ? »

Ero m'a respounut : « Nou pas. Soui encoèro trop joeneto. »

Touto hillo qu'a quinze ans, Diuré esta amourouseto.

Toutos las que ne soun pas, Diurén traina la carreto.

(i) Boiiilrrli, voudriez-vous, f. I.; en g., houlcreli.

(bis).

DE LA GASCOGNE 5J7

XCVIII

JE m'en allais promener

Je m'en allais promener, )

Mire la liron mire la lira, )

Le long d'une Garonnette (i). Gué lanla mire la lirette.

J'y ai trouvé et rencontré, Une gentille pastourelle.

Je lui ai dit et demandé :

« Voudricz-vous être ma maîtresse? »

Elle m'a répondu : « Non pas. Je suis encore trop jeunette. »

Toute fille qui a quinze ans, Devrait être amoureuse.

Toutes celles qui ne le sont pas, Devraient traîner la charrette.

(i) Petite Garonne. On nomme ainsi, dans l'Ageuais, beau- coup de petits affluents de ce fleuve.

III 22

338 POÉSIES POPULAIRES

Jou, que la trainerèi pas. Soui un pauc amourouseto,

Amourouso d'un gouiat, Miroun la liroun miroun la lira, Que a la barbo douceto. » J Gue lanla miroun la lireto. )

(bis).

(bis).

XCIX

LOU BAILET d'oUSTÈLERIO

L'aute jour, m'anguèri (i) louga (bis), Dens uo oustèlerio, )

Lanla, [ (bis).

Dens uo oustèlerio. ]

Lou mestiè que me hasion ha, Me hasion bira l'aste.

(i) Anguéri, allai, f. 1.; en g., angotii.

DE LA GASCOGNE 339

Moi, je ne la traînerai pas. Je suis un peu amoureuse,

Amoureuse d'un garçon, Mire la liron mire la lira. Qui a la barbe douce. » Gué lanla mire la lirettc(i).

(Hs). (bis).

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bniilhois).

XCIX

LE VALET d'hôtellerie

L'autre jour, j'allai me louer (bis). Dans une hôtellerie,

Lanla, [ (bis).

Dans une hôtellerie.

Le métier qu'on me faisait faire. On me faisait tourner la broche.

340 POÉSIES POPULAIRES

Aquetz lardous èron ta bous. Sabètz se lous crouquaui ?

E la bieillo, qu'èro au cournè, Sabètz se m'abastouauo?

Jou que trobi un trauc d'arrat (bis), Sabètz se m'i enfilaui, ^

Lanla, | (bis).

Sabètz se m'i enfilaui? :

ROUMAN

Rouman maitin se lèuo (bis), loun lanla deridèto ; A Marmando que s'en ba, loun lanla dérida.

(bis).

DE LA GASCOGNE 341

Ces lardons étaient si bons. Savez-vous si je les croquais ?

Et la vieille, qui était au coin du feu, Savez-vous si elle me bâtonnait ?

Je trouve un trou de rat (h's), Savez-vous si je m'y enfilais,

Lanla, (bis).

Savez-vous si je m'y enfilais (i)? j

(i) Dicté par Isidore Escârnot, de Bivès (Gers).

ROMAIN

Romain matin se lève (bis),

Et Ion lanla deridette;

A Marmande (i) il s'en va, }

Et Ion lanla dérida. ) '^'

( I ) Ville de l'ancien Agenais, aujourd'hui chef-lieu d'arron- dissement du Lot-et-Garonne.

342 POÉSIES POPULAIRES

Quant estèc a Marmando, Ditz : « A la cour boi ana. »

Rouman bouto soun mantou, Au castèt dou rèi s'en ba.

Lou rèi ero en frinesto. Que l'auouc lèu abisat.

« Quin es aquet gentillome?

Rouman me boi nouma.

Se Rouman tu t'apèros, Jou que te boi penja.

Perque me penja, praube? Perque me boulètz penja ?

As hèit burla nau glèisos (bis), loun lanla deridèto, Astantos gens nega, ^ /j \ loun lanla dérida. » )

DE LA GASCOGNE 343

Quand il fut à Marmande,

Il dit : « A la cour jo veux aller. »

Romain met son manteau, Au château du roi s'en va.

Le roi était à la fenêtre. Il l'eut bientôt aperçu.

« Quel est ce gentilhomme ?

Romain je veux me faire nommer.

Si Romain tu t'appelles, Je veux te faire pendre.

Pourquoi me pendre, pauvre? Pourquoi voulez-vous me faire pendre ?

Tu as fait brûler neuf églises (bis). Et Ion lanla deridettc.

Autant de gens noyer, j

Et Ion lanla dérida (i). >> )

(i) Recueilli par P. Lafforgue, d'Auch. Cette chanson date probablement de l'époque des guerres de religion.

344 POÉSIES POPULAIRES

CI

LOUS TRES MOULIS

Au jardin de moun père, } Flou tin tin lèro lèro, )

Au jardin de moun père, ^ I a uo ta bèro hount. )

Dou prumè pous que mène, mole très moulis.

N'i a un per la canèlo, L'aute pou pebe fin :

L'aute per las erbetos, Per las hillos goari.

Uo de mas besios, S'es dèchado mouri.

DE LA GASCOGNE 345

a

LES TROIS MOULINS

Au jardin de mon père, I

_, ...... ( (h<).

Fleur tin tin laire laire, }

Au jardin de mon père,

Il y a une si belle fontaine.^

De la première poussée qu'elle donne, Elle fait moudre trois moulins.

Il y en a un pour la canelle, L'autre pour le poivre fin :

L'autre pour les herbettes, Pour les filles guérir.

Une de mes voisines, S'est laissée mourir.

(0

(i) Fragment dicté par feue madame Bâche, de Ma;ivezin (Gers).

346 POÉSIES POPULAIRES

Cil

RESSEGUERAN

Ressegueran las bieillos, engoan. / Ressegueran las bieillos. ) ^ ^'

A las joenos, eau souliès {lis) : A las bieillos, cops de pès. Ressegueran las bieillos, etc.

A las joenos, eau coutillous :

A las bieillos, cops de bastous. ,

A las joenos, eau pan blanc : Las bieillos s'en passeran.

A las joenos, eau bin boun :

Las bieillos beuran a la houn.

A las joenos, eau galantz (his) : A las bieillos, lous peus blancs. Ressegueran las bieillos, engoan. / Ressegueran las bieillos. )

DE LA GASCOGNE 347

Cil

ON SCIERA

On sciera les vieilles, cette année. j

On sciera les vieilles. j ' ''

Aux jeunes, il faut des souliers (bis) : Aux vieilles, des coups de pied. On sciera les vieilles, etc.

Aux jeunes, il faut des cotillons : Aux vieilles, des coups de bâtons.

Aux jeunes, il faut du pain blanc : Les vieilles s'en passeront.

Aux jeunes, il faut de bon vin : Les vieilles boiront à la fontaine.

Aux jeunes, il faut des galants (bis) Aux vieilles, les cheveux blancs. On sciera les vieilles, cette année. On sciera les vieilles (i).

(bis).

(i) Je sais cette chanson depuis mon enfance. On la chantait surtout aux approches du mardi-gras. Ce jour-là, disait-on plai- samment, une vieille était tous les ans sciée en deux au Pont- de-Pîle, hameau voisin de I.ectoure, sur le bord du Gers.

348 POÉSIES POPULAIRES

cm

SE JAMES ME MARIDI

« Se jamès me maridi, ) Drin drin de la soumbardin, ) Jou boi Miquèu lou maçoun,

De la soumbardin de l'embardissoun.

« Cau demanda au toun pai. » Mes soun pai que lou respoun :

« Cau demanda a ta mai. » Mes sa mai que lou respoun :

« Cau demanda au toun frai. » Mes lou soun frai que lou respoun :

« Cau demanda a ta so. » Mes sa so que lou respoun :

« Cau demanda au pairin. « Mes lou pairin lou respoun :

(bis).

DE LA GASCOGNE 349

cm

SI JAMAIS JE ME MARIE

(lus).

« Si jamais je me marie, Drin drin de la sombardin, Je veux Michel le maçon,

De la sombardin de l'embardisson.

« Il faut demander à ton père. » Mais le père lui répond :

« Il faut demander à ta mère. » Mais sa mère lui répond :

« Il faut demander à ton frère. » Mais son frère lui répond :

« Il faut demander à ta sœur, a Mais sa sœur lui répond :

« Il faut demander au parrain. » Mais le parrain lui répond :

(Hs).

350 POÉSIES POPULAIRES

« Cau demanda a ta mairio. » Mes sa mairio lou respoun :

« Cau demanda au galant. » Mes lou galant lou respoun :

« Per que a jou me hoîes (i), Drin drin de la soumbardin, Pren Miquèu lou maçoun, Delà soumbardin de l'embardissoun. » )

(i) Boles, veux, f. I.; en g., bos.

CIV

(bis), (bis).

(bis).

NOU BAN PAS A LA GUERRO

Nou ban pas a la guerre, Doundèno miro lirèno, Doundèno miro lirèno, )

Lous très enfantz d'un roi. ) ' ''

Au loc d'ana a la guerro, Sa mio ban trouver.

DE LA GASCOGNE 3 5 I

« Il faut demander à ta marraine. » Mais sa marraine lui répond :

« n faut demander au galant. » Mais le galant lui répend :

« Puisque tu me veux, | Drin drin de la sombardin, ) ^ Prends Michel le maçon, 1

De la sombardin de l'embardisson (i). » ) ^ '^'

(i) Tiré du recueU de Lambert (Agenais et Bruilhois).

CIV

ILS NE VONT PAS A LA GUERRE

Ils ne vont pas à la guerre,

Dondaine mire liraine, ' ^ ^'

Dondaine mire liraine,

Les trois enfants d'un roi. ' ^ ■''

Au lieu d'aller à la guerre, Leur mie ils vont trouver.

352 POÉSIES POPULAIRES

L'an troubado souleto, Sur soun Uèit que dormait.

« Per que soulo te trobi, Bèro, t'embrasserai.

Galant, se tu m'embrassos, Seras pas lou prumè.

D'autes m'an embrassado, Galant, prumè que toi.

Lous qui t'an embrassado, Bengon per t'espousa.

Soui jou bien malurouso, D'aue ta mau parlât.

Per uo parauleto, Doundèno miro lirèno, Doundèno miro lirèno, M'èi perdut moun fiançât. »

2^

(lus).

\ (bis).

DE LA GASCOGNE 353

Ils l'ont trouvée sculette, Sur son lit qui dormait.

« Puisque je te trouve seulette, Belle, je t'embrasserai.

Galant, si tu m'embrasses. Tu ne seras pas le premier.

D'autres m'ont embrassée, Galant, avant toi.

Q.ue ceux qui t'ont embrassée, Viennent pour t'épouser.

Je suis bien malheureuse, D'avoir si mal parlé.

(his).

Pour une petite parole, Dondaine mire liraine, Dondaine mire liraine, |

J'ai perdu mon fiancé (i). » i

(i) Tiré du recueil de Lambtrt (Agenais et Bruilhois).

m 23

354 POÉSIES POPULAIRES

cv

LA-BAS

(bis), (bis).

La-bas, a la ribèro, Lèrioun lèrioim dèno, Tout proche de la tner, Lèrioun lèrioun de,

I a uo chapèlo, Couberto de laurès.

I a très joenos damos, Que s'i ban adombrer.

La mes joeno de toutes, Nou pas que pleurer.

Soun galant lou demando :

« Bèro, ^^tx(\ut pleure\l

N'èi plan rasoun se plouri, E de me cbuirriner.

DE LA GASCOGNE 35$

cv

LA-BAS

(bis), (bis).

Là-bas, à la rivière, Lérion lérion daine. Tout proche de la mer, Lérion lérion dé,

Il y a une chapelle, Couverte de lauriers.

II y a trois jeunes dames. Qui vont s'y mettre à l'ombre.

La plus jeune de toutes, Ne fait rien que pleurer.

Son galant lui demande :

« Belle, pourquoi pleurez-vous ?

J'ai bien raison si je pleure. Et de me chagriner.

356 POÉSIES POPULAIRES

Lou men bèt berteil d'ambre, Dens la mer est tombé.

Que baillerétz, la bèro, Que l'angousso chercher ?

Que boulètz que bous baille ? N'èi rien a bous donner.

Un poutet de bous, bèro : Un poutet, /// vous plaît.

Per un, e mes per quoate, Moun bèt galant, plonge^. »

Lou galant se despuillo. Dens la ma s'est lancé.

Aro, ben un briu d'aigo, Que l'a hèit enfoncer.

Aro, ben un briu d'aigo, Qiie l'a hèit relever.

Sa mai èro en frinesto, Que lou Boun Diu priait.

DE LA GASCOGNE 357

Mon beau berteil (i) d'ambre, Dans la mer est tombé.

Que donneriez-vous, la belle, Que j'aille vous le chercher ?

Que voulez-vous que je vous donne ? Je n'ai rien à vous donner.

Un baiser de vous, belle : Un baiser, s'il vous plaît.

Pour un, et même pour quatre, Mon beau galant, plongez. »

Le galant se dépouille. Dans la mer s'est lancé.

Maintenant vient un courant, Qui l'a fait enfoncer.

Maintenant vient un courant, Qui l'a fait relever.

Sa mère était à la fenêtre, Qui le Bon Dieu priait.

(i) Peson dont on leste le b.is du fuseau.

358 POÉSIES POPULAIRES

« Per tu, ma bèro damo, Lèrioun lèrioun dèno, Moun hill se ba noyer, Lèrioun lèrioun de. »

(Us).

(bis).

CVI

LOU MEN PAI ME MARIDO

Lou men pai me marido (bis).

Me bo manda.

Boi pas esta maridado.

Ma mai n'ac sab pas.

Boi pas me marida.

Me baillo en un bieillard d'orne. Qu'a cent ans passatz.

Mes, lou se de mas noços. Me biro lou coustat.

DE LA GASCOGNE 359

« Pour toi, ma belle dame, } Lérion lérion daine, )

Mon fils va se noyer, ) Lérion lérion (i). » ;

(i) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 29-30, Abal a la 'ibiiro (Haut-Q.uercy).

CVI

MON PÈRE ME MARIE

Mon père me marie (lis). Il veut me marier. Je ne veux pas être mariée. Ma mère ne le sait pas. Je ne veux pas me marier.

Il me donne à un vieillard, Qui a cent ans passés.

Mais, le soir de mes noces, Il me tourne le côté.

360 POÉSIES POPULAIRES

Mes, quant bengouc l'aubo, Biste s'es lèuat.

M'a tirado per l'aureillo (bis). « Nobio, lèuo-te. » Boi pas esta maridado. Ma mai n'ac sab pas. Boi pas me marida.

cvn

LA GOUIO E LOU BOÈ

De boun maitin se leuo, )

Lèriè doundèno, j ^"

Lou noste boun boè, i

Lèriè doundè. ) ' '^'^■''

Pren sous buùs, sas bacos, Part au prat garder.

Bacos soun sadouros. Buùs n'an rien mangé.

DE LA GASCOGNE 361

Mais, quand vint l'aube, Vite il s'est levé.

Il m'a tirée par l'oreille (bis). « Mariée, lève-toi. » Je ne veux pas être mariée. Ma mère ne le sait pas. Je ne veux pas me marier (i).

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois),

CVII

LA SERVANTE ET LE BOUVIER

De bon matin se lève, ) Lérié dondaine, i

Notre bon bouvier.

Lcné donde. )

Il prend ses boeufs, ses vaches. Part au pré garder.

Les vaches sont repues.

Les boeufs n'ont rien mangé.

362 POÉSIES POPULAIRES

Lou boè que s'entourno, Pour les enfermer.

Bacos soun entrados. Buùs s'en sont allés.

Apèro la gouio, Lou bengo ajuder.

Lou mestre qu'espiauo, Pou trauc dou cruguè.

« Atau, atau, gouio, Aimos-tu lou boè.

Quant trempos las soupos, Au boè lou prumè.

Au boè, la fourcheto ; Au mestre, lou cuillè.

Au boè, la serbieto ; Au mestre, lou cenerè.

DE LA GASCOGNE 363

Le bouvier s'en revient, Pour les enfermer.

Les vaches sont entrées. Les bœufs s'en sont allés.

Il appelle la servante, Pour venir l'aider.

Le maître le regardait, Par le trou de l'évier.

« Ainsi, ainsi, servante. Tu aimes le bouvier.

Quand tu trempes la soupe. Au bouvier d'abord.

Au bouvier, la fourchette ; Au maître, la cuiller.

Au bouvier, la serviette ; Au maître, le cendrier (i).

(i) Pièce de toile grossière qae l'on met au dessus du cuvicr à lessiver, et qui sépare la cendre du linge à blanchir.

364 POÉSIES POPULAIRES

Au boè, sieto blanco, Lèriè doundèno ; Au mestre, lou salé, )

Lèriè doundè. » )

(ÎHS).

CVIU

LOU HILL DOU RÈI DE FRANCO

Lou hill dou rèi de Franco,

(bis), (lus).

Larira doundèno, S'en ba au bosc chasser, Larira doundè.

Trobo perdic e lèbe. I a pas pouscut tirer.

Cresio tua uo lauseto. Sa mio a tué.

Sa mai èro en frinesto.

« Ah! Mou n hill, qn'âs-iu fait}

DE LA GASCOGNE 365

Au bouvier, assiette blanche,^ Lérié dondaine; )

Au maître, l'écuclle, | Lérié dondé(i).)) S ^''''^"

(i) Dicté par Isidore Escarnot, de Bivès (Gers).

cvni

LE FILS DU ROI DE FRANCE

Le fils du roi de France, ^

Larira dondaine, )^ ^'

(bis).

S'en va au bois chasser, Larira dondé.

Il trouve perdrix et lièvre. Il n'a pas pu y tirer.

Il croyait tuer une alouette. Sa mie il a tué.

Sa mère était à la fenêtre.

« Ah ! Mon fils, qu'as-tu fait ?

366 POÉSIES POPULAIRES

Tu as tuat ta mio,

Que te haran petijer (i). »

La lauseto cantauo, Au cap d'un cipriè :

« Tu as tuat ta mio. Que te haran penjer.

N'ac haran pas, ma mèro. Jou que m'en anguerèi,

Dens lou pais d'Espagno, En pais estrangè.

Baillatz-me cent camisos, Que m'en pousco changer. »

S'en ba delà de l'aigo, Dab lous arcliès après.

« Pountouniè delà de l'aigo, Sai biste me chercher.

Pountouniè delà de l'aigo, Reten-lou presounè.

(i) Penja, pendre; en francisant, />cw/i;r.

DE I.A GASCOGNE 367

Tu as tué ta mie, On te fera pendre. »

L'alouette chantait, Au faîte d'un cyprès :

« Tu as tué ta mie. On te fera pendre.

On ne le fera pas, ma mère. Je m'en irai,

Dans le pays d'Espagne, En pays étranger.

Donnez-moi cent chemises, Que je puisse en changer. »

Il s'en va au delà de l'eau, Avec les archers après lui.

« Pontonnier d'au delà de l'eau. Viens vite me chercher.

Pontonnier d'au delà de l'eau. Retiens-le prisonnier.

368 POÉSIES POPULAIRES

N'ac harèi pas, pecaïre, Et que m'a bien payé.

A cent escutz en bourso, i ^, . . Larira doundèno, 5

M'en a dat la moitié, ) Larira doundè. )

CIX

LOUS DUS PASTOUS

« Adichatz, aoeillèro. Oun batz goarda douman ? » Mignouneto mio,

Mignounet amant.

(bis), (bis).

Ça digouc l'aoeillèro :

« Belèu pou boste camp. »

Respouni a l'aoillèro :

« Bous hèu morde pou can. »

DE LA GASCOGNE 369

Je ne le ferai pas, pecaïre, Il m'a bien payé.

Il avait cent écus en bourse, Larira dondaine, Il m'en a donné la moitié, Larira dondé (i). «

\ (bis), (bis).

(i) Dicté par Catlierinc Sustrac, de Sainte-Eulalic, commune •Je Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 28-29, Loi' fil del rèi (Haut-Quercj-).

CIX

LES DEUX PATRES

« Bonjour, gardeuse de brebis./ allez-vous garder demain? » ^ Mignonnette mie, ] Mignonnet amant. )

La gardeuse de brebis dit :

« Peut-être dans votre champ. »

Je réponds à la gardeuse de brebis :

« Je vous fais mordre par le chien. »

m 24

370 POÉSIES POPULAIRES

Ça digouc l'aoeillero :

« Que me trufi dou can. j)

Respouni a l'aoeillero :

« Pas se nou maridan.

S'ac boulètz, aoeillèro, Un dronle que n'auran. »

Ça respoun l'aoeillero :

« Quin mestiè lou daran ?

Se bous ètz aoeillèro, ) Et pintuera la lan. » ) Mignouneto mio, )

■Kf 1 (^^')-

Mignounet amant. ) ^

DE LA GASCOGNE

371

La gardeuse de brebis dit :

« Je me moque du chien. »

Je réponds à la gardeuse de brebis :

« Pas si nous nous marions.

Si vous le voulez, gardeuse de brebis, Un garçon nous aurons. »

La gardeuse de brebis répond :

u Quel métier lui donnerons-nous ?

Si vous êtes gardeuse de brebis, )

Lui cardera la laine. » ) ^ ''^^'

Mignonnette mie, )

Mignonnet amant (i). )'"''■

(1) Dicté par Pauline Lacaze de Panasssac (Gers). Cf.Cénac- Moncaut, 304-5, Lous dus Pasious (Gascogne).

372 POÉSIES POPULAIRES

ex

LA MOUNJO MALAUSO

La-bas, dens la prado, ) /^ ^ Que i a un coumbent. ) Ba leugè, leugèro, j Ba leugèroment. j

Que i a uo mounjo, Malauso deguens.

« Digatz-me, moungeto, De qu'auètz talent ?

De pommos blanquetos, E d'un gouiat joen.

N'en minjetz, moungeto. Bous enterrerén,

Pas dens nado glèiso, Ni mémo au coumbent,

DE LA GASCOGNE 375

ex

LA NONME MALADE

Là-bas, dans la prairie, )

Il y a un couvent. ; Va léger, légère, }

Va légèrement. \ ^'

Il y a une nonne, Malade dedans.

« Dites-moi, nonnette, De quoi avez-vous foim ?

De pommes blanchettes. Et d'un garçon jeune.

N'en mangez pas, nonnette. On vous enterrerait,

Pas dans une église. Ni même au couvent.

374 POÉSIES POPULAIRES

Mes au cementèri,

Dab las praubos gens.» '

Ba leugè, leugèro, Ba leugèroment.

(his).

CXI

AU PRAT DE LA ROSO

Au prat de la Roso (bis),

I a uo hount d'argent, '

Lerideridèto, ^ (his).

I a uo hount d'argent.

I a très paloumetos, S'i bagnon deguens.

Quant s'i soun bagnados, Bolon au dous tems.

\

DE LA GASCOGNE 37S

Mais au cimetière, )

Avec les pauvres gens. ») Va léger, légère, )

Va légèrement (i). )

(i) Dicté par Pauline Laoaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moucaut, 294-95, la Mounjo malauso (Gascogne).

CXI

AU PRÉ DE ROSE

Au pré de Rose (bis),

Il y a une fontaine d'argent,

Lerideridette, \ {bis).

Il y a une fontaine d'argent.

Il y a trois petites palombes, Qui se baignent dedans.

Quand elles s'y sont baignées. Elles volent au doux temps.

376 POÉSIES POPULAIRES

An près la boulado (bis). Sou castèt d'argent, ]

Lerideridèto, [ (bis).

Sou castèt d'argent.

)

CXII

DE BOUN MAITIN ME SOUI LEVEE

De boun maitin me soui levée , ) ,, ,

t (bis). Doundèno, bibo l'amou, )

Mèi maitin que l'aubeto (bis).

Dens moun casau m'en soui allée, Coeille la biuleto.

N'èi pas au ut goaire coeillut, Ma m'ai m'a appelée.

« Hillo Jano, benguètz, benguetz. Bous eau ana a l'aigueto.

Ma mai, l'aigo n'es pas ta loèn. Que serèi lèu tournado.

DE LA GASCOGNE 377

Elles ont pris la volée (bis),

Sur le château d'argent, \

Lerideridette, [ (l'ii)-

Sur le château d'argent (i), )

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).

CXII

DE BON MATIN ME SUIS LEVÉE

De bon matin me suis levée, i

,, i (bis).

Dondame, vive 1 amour, )

Plus matin que l'aube (bis).

Dans mon jardin m'en suis allée, Cueillir la violette.

Je n'en ai eu guère cueilli. Ma mère m'a appelée.

« Fille Jeanne, venez, venez. Il vous faut aller à l'eau.

Ma mère, l'eau n'est pas si loin. Te serai bientôt revenue.

378 POÉSIES POPULAIRES

Surtout s'aUoi moun bèt amie, Ah ! seri lèu tournado.

Hillo Jano, aqui lou enla. Qii'es couchât sur l'erbeto. »

Jou destaqui moun dauamau : L'ac bouti sur la tèsto.

« Moun bèt amie, counechètz pas La Jano tant aimado ?

Ma tant aimado tu n'es pas. James nou t'èi aimado.

Moun Diu ! E que harèi donne jou, J Doundèno, bibo l'amou, ) De mas bèros raubetos? (his). »

Q?

DE LA GASCOGNE 379

Surtout si j'avais mon bel ami, Ah ! je serais bientôt revenue.

Fille Jeanne, le voilà là-bas. Il est couché sur l'herbette. »

Je détache mon tablier: Je le lui mets sur la tête.

« Mon bel ami, ne reconnaissez-vous pas Jeanne tant aimée?

Ma tant aimée tu n'es pas. Jamais je ne t'ai aimée.

Mon Dieu ! Et que ferai-je donc, ) Dondaine, vive l'amour, ;

De mes belles robes (bis) ? »

(i) Dicté par Catlieriiic Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune de Caiizac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, 30-31, De bon matin me suis Iné (Haut-Qjiercy).

(^

380 POÉSIES POPULAIRES

CXIIÎ

ADIUS A LÈITOURO

Adiu, bilo de Lèitouro (his),

Lanla deran la. j

^- 1 . ( (bis).

Ta plan me eau te quita. )

Jou regrèti pas la bilo. Es pas tant a regrèta.

Que regrèti ma mastresso. Ta plan me la eau quita,

Eta m'en ana a la guerro, Sens gran espoèr de tourna.

Ma mastresso es en frinesto. pas arré que ploura.

Jou m'en bau trouba soun pèro. « Moussu, me la eau bailla.

DE LA GASCOGNE 3^1

CXIIl

ADIEUX A LECTOURE

Adieu, ville de Lectoure (bis)y

Lanla deran la. / /, ^

Aussi bien il me faut te quitter. )

Je ne regrette pas la ville. Elle n'est pas tant à regretter.

Je regrette ma maîtresse. Aussi bien il me faut la quitter,

Pour m'en aller à la guerre. Sans grand espoir de revenir.

Ma maîtresse est à la fenêtre. Elle ne fait rien que pleurer.

Je m'en vais trouver son père.

a Monsieur, il faut me la donner.

382 POÉSIES POPULAIRES

James la hillo d'un cossou, Nou sera pas un sounlat.

Bieillard, se nou me la baillos, Te la holi derauba ;

E, quant l'aurèi deraubado (bis), Lanla deran la, )

Te la boU bien tourna (i). » ]

;

(i) Chanté par Isidore Escarnot, de Bivès(Gers).

CXIV

ÈI MOUN OME qu'a LAS FIÈBRES

Èi moun ome qu'a las fièbres (bis).

Lan landeridi. Diu lou goarde d'en goari.

A embejo de car de lèbe, Car de lèbe ou de lapin.

(bis).

DE LA GASCOGNE 383

Jamais la fille d'un consul (i), Ne sera pour un soldat.

Vieillard, si tu ne me la donnes pas, Je veux te la dérober ;

Et, quand je te l'aurai dérobée (bis),

Lanla deran la. Je veux bien te la rendre. »

(bis).

(i) Avant la Révolution, on nommait ainsi les m.igistrats municipaux en Languedoc, et dans la partie de la Gascogne comprise dans le ressort du Parlement de Toulouse.

CXIV

J AI MON HOMME QUI A LES FIEVRES

(bis).

J'ai mon homme qui a les fièvres (bis).

Lan landeridi. Dieu le garde d'en guérir.

Il a envie de viande de lièvre. Viande de lièvre ou de lapin.

384 POÉSIES POPULAIRES

Jou ne soui anado querre, Trente lègos loèn d'aci.

Enta esta mes Icu tournado, Que me sètoui pou camin.

Quant jou estèi arribado, Lou troubèi ensebelit.

M'en angoui sur sa toumbeto. « Es aqui, damoro-s-i.

Plagni pas que la plegasso (bis),

Lan landeridi, j

Qu'èro un bèt linço de lin. » j

M

DE LA GASCOGNE 385

Je suis allée en chercher, A trente lieues d'ici.

Pour être plus tôt revenue, Je m'assis en chemin.

Quand je fus arrivée, Je le trouvai enseveli .

Je m'en allai sur sa tombe : « Tu es là. Demeures-y.

Je ne regrette que le suaire (his),

Lan landeridi, Qui était un beau linceul de lin (i). »

(Ms).

(1) Tiré du recueil de Lambert (A gênais et Bruilhois) Cf. la Ro- mance XIV, la Veuve consolée, p. 56-61, du tome II du présent recueil.

m 25

386 POÉSIES POPULAIRES

cxv

JANETOUN, ANEN

« Janetoun, anen, anen (bis), Anen a la boto, lanla,

Anen a la boto, doundoun (bis).

Coumo, praubo, i aniri ? Soui pas abillado.

Janetoun, abillatz-bous. Atendi uo ouro. »

Quant abillado estèc, N'auouc pas mounturo.

« Janetoun, ahanatz-bous. Que n'auèn prou d'uo. »

Quant estèn bien loèn, bien loèn :

« Pierre, boutatz-m'en terro.

E, Pierre, per que descendètz? Fer que descendètz, Pierre?

DE LA GASCOGNE 387

cxv

JEANNETON, ALLONS

« Jeanneton, allons, allons (his), Allons à la fête patronale^ lanla, Allons à la fête patronale, dondon (bis).

Comment, pauvre, irais-je? Je ne suis pas habillée.

Jeanneton, habillez-vous. J'attends une heure. »

Quand elle fut habillée, Elle n'eut pas de monture.

« Jeanneton, dépêchez-vous. Nous en avons assez d'une (i). »

Quand ils furent loin, bien loin :

« Pierre, mettez-moi à terre.

Eh, Pierre, pourquoi descendez-vous ? Pourquoi descendez-vous, Pierre?

(i) Une monture pour deux.

388 POÉSIES POPULAIRES

Janetoun, bouleri sabe, S'ètz bien camboligado.

E ! Camoligado soui be, E mes soui plan caussado.

Jou èi très pareills de souliès, De marouquin de Flandres.

Jou èi très pareills de debas (bis), Toutz très de sedo blanco, lanla, Toutz très de sedo blanco, doundoun (bis). »

CXVI

A CLAIRAC, I A UN MOU LIÉ

A Clairac, i a un mouliè (bis).

Liroun loun fa miro lira. /

i (bis). A très poulidos hillôs. )

DE LA GASCOGNE 389

Jeanneton, je voudrais savoir,

Si vos jarretières sont bien attachées.

Eh ! Mes jarretières sont bien attachées, Et même je suis bien chaussée.

J'ai trois paires de souliers. De maroquin de Flandre.

J'ai trois paires de bas (bis).

Toutes trois en soie blanche, lanla,

Toutes trois en soie blanche, dondon (i) (bis). »

(i) Tiré du recueil de Charbcl (Agenais). Cf. p. 526-529, U Chanson XCV, l'Epine au pied.

CXVI

A CLAIRAC, IL Y A UN MEUNIER

A Clairac (i), il y a un meunier (bis), Liron Ion fa mire lira. ) Il a trois jolies filles. )

(i) Ville de l'ancien Agenais, aujourd'hui chef-lieu de canton du canton du Lot-et-G.ironne.

390 POÉSIES POPULAIRES

De très, n'a mandat dios (i). Resto la mes poulido.

Ero s'es boutado au llèit, D'uo grano maladio.

Ban cerça lou médecin, Lou médecin de hillos.

Quant lou médecin la bei, Counech sa maladio.

« Pèro, la eau marida au se (bis), Luroun loun fa miro lira. ) Douman, sera goarido » ) ^ ^'

{j)Dios, deux, f. agenaise ; en g. iluos.

DE LA GASCOGNE 39I

De trois, il en a marié deux. Reste la plus jolie.

Elle s'est mise au lit, D'une grande maladie.

On va chercher le médecin, Le médecin des filles.

Quand le médecin la voit, Il connaît sa maladie.

« Père, il faut la marier ce soir (bis), Liron Ion fa mire lira. )

Demain, elle sera guérie (i). »)

(i)Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhoif) .

J^/

392 POÉSIES POPULAIRES

CXVII

LANDERIDI

Landeridi, se jamès me maridi (his), Landeridi, me holi (i) bien causi (his).

Landeridi, m'en holi prengue uo, Landeridi, sio hèito a moun plaisir.

Landeridi, s'ero n'es pas balento, Landeridi, jou l'en harèi heni (2).

Landeridi, dab uo lato d'auoumo, Landeridi, lou se e lou maitin.

Landeridi, la harèi beilla lou se^-o (3), Landeridi, se lèua de maitin ;

Landeridi, hila sa qounouilleto (bis), Landeridi, d'estoupas ou de lin (bis).

(i) Boli, veux, f. !. ; en g., loi. (2) Béni, venir, f. 1. ; en g., bengue. (5) Sera, soir, f. agenaise; en g., se.

DE LA GASCOGNE 39J

CXVII

LANDERIDI

Landeridi, si jamais je me marie (bis), Landeridi, je veux bien choisir (bis).

Landeridi, j'en veux prendre une, Landeridi, qui soit faite à mon plaisir.

Landeridi, si elle n'est pas laborieuse, Landeridi, je l'en ferai venir.

Landeridi, avec une gaule d'ormeau, Landeridi, le soir et le matin.

Landeridi, je la ferai veiller le soir, Landeridi, se lever de matin ;

Landeridi, filer sa quenotcillette (bis), Landeridi, d'étoupes ou de lin (i) (his).

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et Bruilhois).

394 POÉSIES POPULAIRES

CXVIII

DESSUS LA MA

Dessus la ma, i a très nabiris (quater), Que lou Boun Diu lous marcha (quater).

Lous marcha sèt ans sur l'aigo, Sens jamès poude abourda.

Au cap de la sètièmo annado, Lou capitani a demandât :

« Quin de bous, bràbos camarados. Au cap dou mast hoiidrio mounta ? »

Lou mes joen dous camarados Ditz : « Capitani, i bau mounta. »

Mes, quant arribo au mièi de l'aubre, Lou gouiat se bouto a ploura.

« Que beses-tu dounc, camarado, Que tant te boutes a ploura ?

DE LA GASCOGNE 59S

cxvni

SUR LA MER

Sur la mer, il y a trois navires (qiiater), due le Bon Dieu fait marcher (quater).

Il les fait marcher sept ans sur l'eau, Sans jamais pouvoir aborder.

Au bout de la septième année, Le capitaine a demandé :

« Qui de vous, braves camarades, Au haut du mât voudrait monter? »

Le plus jeune des camarades

Dit : « Capitaine, j'y vais monter. »

Mais, quand il arrive au milieu de l'arbre. Le garçon se met à pleurer.

« Que vois-tu donc, camarade. Que tant tu te mets à pleurer ?

596 POÉSIES POPULAIRES

Besi pas que lou cèu e l'aigo, E lous pechis per me minja.

Couratge, bràbe camarade. Au mast acabo de mounta. »

Quant es mountat au cap de l'aubre, Lou gouiat se boute a canta.

« Que beses-tu dounc, camarade, Que tant te beutos a canta ?

Besi lou castèt de moun père, Lou pais oun ban abourda.

Besi ma mio a sa frineste (quater), A sa frineste a se pintua (qiiater). »

DE LA GASCOGNE 397

Je ne vois que le ciel et l'eau, Et les poissons pour me manger.

Courage, brave camarade. Au mât achève de monter. »

Qjaand il est monté au bout de l'arbre, Le garçon se met à chanter.

« Que vois-tu donc, camarade, Qpe tant tu te mets à chanter ?

Je vois le château de mon père. Le pays nous allons aborder.

Je vois ma mie à sa fenêtre (quater), A sa fenêtre à se peigner (i) (quater). »

(1) Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune de Cauzac (Lot-et-Garonne). Cf. Daymard, Dessus la ma (Haut- Quercy).

398 POÉSIES POPULAIRES

CXIX

SUR LA PLANO DE COULAIRAT

Sur la piano de Coulairat (Us),

Moun Diu, i a un pescaire tant bràbeC^w).

A près la ligno e l'esparbè.

S'en ba pesca lou loung de l'aigo.

Per très cops, lanço l'esparbè. Atrapo uo bèro carpo.

La plego dens soun mouchouèr blanc, La porto a s'amou Jano.

« M'amou Jano, tenguètz, tenguètz. Tenguètz, aquero bèro carpo,

Q.ue diran moun pai e ma mai, De bese aquero bèro carpo ?

DE LA GASCOGNE 399

CXIX

SUR LA PLAINE DE COLAYRAC

4

Sur la plaine de Colayrac (i) (bis),

Mon Dieu, il y a un si brave pêcheur (lus).

Il a pris la ligne et l'épervier. Il s'en va pêcher le long de l'eau.

Par trois fois, il lance l'épervier. Il attrape une belle carpe.

Il l'enveloppe dans son mouchoir blanc, La porte à son amour Jeanne.

« Mon amour Jeanne, tenez, tenez. Tenez, cette belle carpe.

Que diront mon père et ma mère, De voir cette belle carpe ?

(i) Commune située près d'Agen, sur le bord de la Garotme.

400 POÉSIES POPULAIRES

M'amou Jano, bous lous diratz Qu'ètz passado a Coulairat,

Qu'ètz passado a Coulairat (bis).

Lous pescaires bous l'an baillado (bis). »

cxx

LOU MEN PAI

Lou raen pai qu'a nau agnèrous (bis), Arrebiratz-me lous moutous,

Poulido bergèro. Arrebiratz-me lous moutous, )

De cap a l'erbo. j ^ ■^'

Lou men pai qu'a hoèit agnèrous, etc.

DE LA GASCOGNE 40 1

Mon amour Jeanne, vous leur direz Que vous êtes passée à Colayrac,

Que vous êtes passée à Colayrac (bis). Les pêcheurs vous l'ont donnée (i) (bis). »

(i) Tiré du recueil de Lambert (Agenais et BruiUiois). Air n" 6.

cxx

MOX PERE

Mon père a neuf petits agneaux (bis). Ramenez-moi mes moutons,

Jolie bergère. Ramenez-moi mes moutons, f

Du côté de l'herbe. \ ^^"'^'

Mon père a huit petits agneaux, etc. (i)

(i) A chaque couplet, le nombre des agneaux diminue de un. Je sais cette chanson depuis mon enfance. Cf. les Chan- sons de danse V, IX et XLVIL

m 26

402 POÉSIES POPULAIRES

CXXI

LA GOUIATO E LOU MOULIÈ

De bout! maitin me soui lèuado (his). Dèchatz-me passa, soui pas maridado,

Dèchatz-me passa, soui a marida.

»

Dens lou casau m'en soui anado, Coeille la rouseto muscade. A la danse m'en soui anade. Ma rouseto m'i èi tounibado. Un joen mouliè que l'a amassado.

« Mouliè, boi ma rose muscado.

Se me pagatz, bous sera tournado.

De paga soui embarrassado. Nâni. Mes lèu esta burlade, Que d'un mouliè esta'mbrassado. Tout hario m'auré boutade.

(his).

DE LA GASCOGN'F 405

CXXI

LA JEUNE FILLE ET LE MEUNIER

De bon matin me suis levée (bis).

Laissez-moi passer, je ne suis pas mariée, )

T . . .... (bis)

Laissez-moi passer, je suis a marier. ) ^

Dans le jardin je m'en suis allée,

Cueillir la rose musquée.

A la danso m'en suis allée.

Ma rose j'ai laissé tomber.

Un jeune meunier me l'a ramassée.

« Meunier, je veux ma rose musquée.

Si vous me payez, elle vous sera rendue.

De payer je suis embarrassée. Nenni. Plutôt être brûlée,

Que d'un meunier être embrassée. Il m'aurait mise toute farine.

404 POÉSIES POPULAIRES

Bous auri ta plan broussado.

Dab uo espousseto daurado (bis). » Dcchatz-me passa, soui pas maridado. Dèchatz-me passa, soui a marida.

CXXII

L APRENTIS D AMOUR

« Là-bas, a la ribereto (bis). L'amour ba, landerideto, L'amour ba, landerida (bis),

Èi pausat uo sedeto,

Enta gaha uo lauseto.

Que boulètz de la lauseto ?

Que lou boi tira las plumetos,

DE LA GASCOGNE 405

Je VOUS aurais si bien brossée.

Avec une brosse dorée (lis). » Laissez-moi passer, je ne suis pas mariée. Laissez-moi passer, je suis à marier (i).

(1) Dicté p.ir Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 364-65, La Gouyato et lou mouliè (Gascogne).

CXXII

l'apprenti d'amour

« Là-bas, à la rivière (bis), L'amour va, landeridette, L'amour va, landerida (bis),

J'ai posé un collet,

Pour prendre une alouette.

Que voulez-vous faire de l'alouette ?

Je veux lui tirer les plumes,

406 POÉSIES POPULAIRES

Sengles per sengles, a l'oumbreto.

Que boulètz de las plumetos ?

Que boi escriue uo letreto.

Que bouletz de la letreto ?

La boi manda a ma mestresso.

L'amour se pas per letreto ; Qu'es uo causo trop secreto.

Bau millou jouguinadeto,

Dus a dus, per débat l'oumbreto (bis). » L'amour ba, landerideto, L'amour ba, landerida (bis).

DE LA GASCOGNE 407

Une par une, à l'ombre.

Que voulez -vous faire de ces plumes ?

Je veux écrire une lettre.

Que voulez-vous faire de la lettre ?

Je veux l'envoyer à ma maîtresse.

L'amour ne se fait pas par lettre ;

C'est une chose trop secrète.

Mieux vaut jouer,

Deux à deux à l'ombre (his). » L'amour va, landeridette L'amour va, landerida (i) (Us).

(i) Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers). Cf. Cénac- Moncaut, 390-92, L'Aprcndis d'amour (Gascogne). Voy. supr., p. 190-201, la Chanson de danse LVI, Là-bas dans le Vallon.

AIR N" I

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Lou men pai, la mio mai, Deri-di, N'a pas que jouhil-

le-to. M'embou-ion a la ma, De-ri-di,Pes-ca las an-gui-

1 j KMr-rrri rrrr M -rr-n j^

■-^'i «1' PPC ^-U-k' k- 1^ J -^,^g-HiL^.LJ^

letos : M'embonion a la ma, Deridi, Pes-ca las an-gui -le-tos.

4IO

POÉSIES POPULAIRES

AIR N" 2

(Métr.

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A Pa-ris, i a u -otorto, Clues'enba bar - Un barlan

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A Pa-ris, i a u-o tor-to, Que s'en ba bar - liu barlan.

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S'en ba per tou - tos las bo-tos, Per se cer-ca un galant. Soun

1 al 1 1 ^

lou bat, gue gue, Soun lou bat gat-menl.

DE LA GASCOGNE

411

AIR N" 5

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Se tounoun la peillo d'un moutoun, Se la tounoun a l'oumbro

5^=^

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Q,uantrau-ountou-nu-do, La prau-bo pe lu-do.

^§^

AIR No 4

Allegretto (Métr. = 108).

Hil - los de Billo - iia-uo, Digo doun gueladoun

^^^^EiM^É^^^^^a

dè-no, Hil - los de Billo - na-uo, Digo doun gueladoun

■(-^

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dè-no, Mai-tin lè-ua-dos soun, Digo doun gue la doundèno; Mai

412

POÉSIES POPULAIRES

tin lê-ua-dos souu, Digo doun, gue la doundoun; Mai-tin lèuados

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soun, Digo doun gue la doun-doun.

Allegretto (Métr

AIR N" 5 J. = u<

i6).

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Moussu eu- rèdou Caste - ra, Sai jou -ga delà guita-

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ra, Moussu eu - dou Caste - ra, Sai jou - ga de la gui-ta-

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ra, Pren soun fil - sil, s'en bacas - sa. Sai jou - ga de la guita-

DE LA GASCOGNE

413

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re-to, Sai jou - ga de la gui-ta - ra. Sai jou - ga de la guita-

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re-to. Sai ion - ga de la gui-ta ra.

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AIR 6

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Sur la pla - no de Cou-lai-rat, Sur la pla-no Fin

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de Cou-lai - rat, Moun Diu i a'n pes - cal - re tant brà-

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be : Moun Diu i a'n pes - cai - re tant brà be.

4U

POÉSIES POPULAIRES

N" 7

LA CLAIRACOISE (l)

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(l) Rondeau sans paroles, dont l'air est surtout populaire à Clairac (Lot-et-Garonne).

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DE LA GASCOGNE

415

COURRENTOS OU FARANDOLES

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POÉSIES POPULAIRES

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FIN DU TOME TROISIÈME

III

27

ADDITIONS ET CORRECTIONS A l'ensemble du présent recueil

Je n'ai pas l'intention de corriger ici toutes Us fautes, et moins encore de combler toutes les lacunes, que l'on pourra signaler dans mes Poésies populaires de la Gascogne. Mon ambition serait satisfaite, si je tirais parti des observations que des juges autorisés ont bien voulu m'adresser, soit après avoir lu le pre- mier volume, soit api'ès avoir examiné les épreuves des deux autres, qui vont paraître simultanément. C'est pourquoi, je donne ici les remarques concernant mes deux premiers tomes. Celles qui concernent le dernier, me sont arrivées presque toutes à temps, pour pouvoir être utilisées à leurs places naturelles.

420 ADDITIONS ET CORRECTIONS

TOME I

Page IV, ligne 22. « Dans ce recueil, chaque poésie est rapportée constamment au fournisseur responsable. » On s'étonnera peut-être du nombre relativement restreint de personnes dont j'invoque le témoignr.ge. Certes, j'en ai interrogé bien davantage ; mais je n'ai crii devoir nommer que celles dont les communications méritaient la préférence.

Page XI, ligne 17. « Les Cris d'enterrement, » qui se perdent en Gascogne, sont encore usités dans le Vivarais. Le fait m'est attesté par un littérateur origi- naire de ce pays, M. Firmin Boissin, rédacteur en chef du Messager de Toulouse.

Page xni, ligne 15. « Le repas fini, les assistants s'agenouillent et prient Dieu pour l'âme du mort. » J'ai oublié de dire que l'on se tourne, pour prier, vers la chambre est mort celui qu'on vient d'ensevelir.

Page 2, vers 3 et 6 : au lieu de « leuat », levé, lire ; « lèuat. »

Pages 8 et 9, Oraison m, Pater blanc, ajouter aux ré- férences : Mélusine, 308-9 (Charente).

Pages 26-31, Oraison vin, Prière du soir. En visant note i, p. 31, la Mélusine, j'ai eu le tort d'attribuer à la Charente une pièce qui appartient à l'Amiénois.

ADDITIONS ET CORRECTIONS 421

Pages 44-47, Oraison xv, La Planchette. On nie communique, au dernier moment, cette variante age- naise.

Enta ana au cèu,

I a uo palanqueto, Qu'es tant estreteto Qu'un peu de ma testeto.

Lou qui bien fara, »

Bien que passera.

Lou qui mau fara,

Que trabuquera.

Lou Diable se l'empourtera.

Pour aller au ciel,

II y a une planchette, Qui est aussi étroite Qu' un cheveu de ma tête. Celui qui bien fera. Bien passera.

Celui qui mal fera,

Trébuchera.

Le Diable l'emportera.

Pages 72-79, Oraison xxi, La trahison de Judas, p. 79, note I. Cf. quelques vers de la pièce insérée dans la Mélusine, 143 (Seine-et-Oise).

Pages 98-101, Oraison xxx , La Barbe-Dieu. Aux

422 ADDITIONS ET CORRECTIONS

références indiquées p. loi , note 2, ajouter : Revue des langues Romanes, iv, 591.

Pages 103 -II, Oraison xxxi, Vie de sainte Margue- rite, note I de la p. iio. Ajouter : Voy. dans les Mémoi- res de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, de 1875, la Vie de sainte Marguerite, en vers romans, publiée par le Docteur Noulet. Il en a été fait un tirage à part de 31 pages.

Pages 144-47, Noël vu, N'es bengtit un messatjè. L'abbé Paul Tallez me signale, pour l'Armagnac, une addition après les trois premiers vers de la p. 146.

Lous anjous ac an sabut. Touto la nèit an courrut. N'an courrut de pès, de grapos, Pourta llèits e mes las capos.

Las pastouros, eu arriba, S'auançauon en dansa. Jousèp lous digouc : « Mainados, Cau pas tant de gambados. »

Les anges l'ont su.

Joute la nuit ils ont couru.

Ils ont couru debout, à quatre pattes.

Porter des lits et des capes.

Les pastourelles, en arrivant, S'avançaient en dansant.

ADDITIONS ET CORRECTIONS 423

Joseph leur dit : « Jeunes filles,

Il ne faut pas faire tant de gamlades. »

Pages 148-55, Noël vin, Aiièit qu'es nechut. Variante des vers 11 et 12 de la p. 152, signalée pour l'Arma- gnac, par l'abbé Tallez.

« Qu'où pourteras-tu, Fclip ?

Uo campicho, uo perdic. »

« Que lui porteras-tu, Philippe?

Un hoche-queue, une perdrix. » .

Page 154. Variante des deux premiers vers, signalée pour l'Armagnac, par l'abbé Tallez :

Uo molo de froumatge. Enta amusa lou mainatge.

Utie meule de fromage, Pour amuser l'enfant.

Pages 176-81, Pièce iv. La Bergère muette. A la référence indiquée par la note i delà p. 181, ajouter la suivante : Smith, dans le 13 de la Romania, p. 1 10-12, La Bergère muette (Velay et Forez). « La cir- constance de la lettre (trouvée dans la main de la ber- gère morte et lue par le pape , dans la complainte de M. Smith), se retrouve dans la complainte de saint Alexis (St-Alèche), qu'on chante en notre pays (Velay

424 ADDITIONS ET CORRECTIONS

et Forez), laquelle complainte semble n'être qu'un ex- trait rythmé de la légende du saint, laissée par Jacques de Voragine. » Voir cette complainte dans la Romania, n" 15, p. 442-44.

Pages 182-85, Pièce v, Marie-Madeleine. Aux réfé- rences indiquées par la note i de la p. 185, ajouter les suivantes : Briz, u, 99 , Santa Madalena (Catalogne) ; Smith, Romania, n°' 15 et 16, p. 439-40, Chant de la pénitence et de la rechute (Velay et Forez).

Pages i88-2o3, Pièce ^^I, VA eon. Ce mot termine le premier vers de chaque couplet, coxnraz eleysonlt second. J'ai vainement cherché ce que pouvait signifier A eon, que j'ai copié tel qu'il est écrit.

Page 276, Pièce ix. Pendent la benedictioitn nouhiauo, note I. Boule, voulait, donné comme forme langue- docienne, estplutôtattribuableà l'Armagnac. Néanmoins, on la trouve dans une partie du Condomois et du Bruilhois, démembrés de l'Agenais primitif, compris dans le domaine du dialecte languedocien. Même obser- vation pour troubèrè, trouverai, p. 98, note i ; aué, avait, p, 148, note I, etc.

Pages 316-325, La Sérénade. Cf. Smith, Un mariage dans le Haiit-ForeT^, dans la Romania, rv, 36, p. 547- 70. L' épithalame du cordonnier est à peu près le même par- tout, du pays Messin à la vallée d'Ossau. Il est fort répandu chez les Basques.

N. B. Les sept airs mis à la fin du tome I, sont empruntés au recueil de P. Lambert, particulièrement recommandable sous

ADDITIONS ET CORRECTIONS 42^

le rapport musical. La mesure des deux premiers airs a été mo- difiée, en changeant en deux temps ce que feu M. Lambertavait mis en cinq-quatre.

Dans le catalogue des Recueils imprimés et manuscrits des poésies populaires pour la Gascogne et les pays limitrophes, imprimé à la fin du tome I, j'ai omis de signaler Mazure, Histoire du Béarn (i vol. in-8°, Paris, 1859), se trouvent quelques pièces. Je dois indiquer aussi dans la Romania, n" 9, p. 88-102, le petit recueil du comte de Puymaigre, Chants populaires de la Vallée d'Ossau (Basses- Pyrénées). M. de Puymaigre mentionne dans son travail une collection manuscrite d'un habitant de cette vallée, le botaniste Gaston Sacaze. L'Histoire des races maudites, de M. Francisque-Michel, contient aussi des chansons.

TOME II

Page vu de la Préface. « Les charivaris, souvent compliqués de poursuites en simple police... » Sous l'an- cien régime, nos municipalités gasconnes ne se faisaient pas faute d'édicter contre les auteurs de charivari des pénalités beaucoup trop sévères pour être sérieusement appliquées. Je n'en veux d'autre exemple que cet extrait d'une ordonnance insérée dans un livre de jurade d'Agen, datant de la seconde moitié du xvi° siècle, et conservé aux Archives municipales, BB, 30. Défense de faire des assemblées « avec son de taborin, insolences et chalibari, soyt por le premier, second et troisième mariage, et ce à peine de dix mil livres », ce qui équivaut à plus de cent mille francs de notre monnaie.

Pages 10-13, Romance m, Le Dite d'Épernon. Dans

426 ADDITIONS ET CORRECTIONS

le texte gascon, le mot « agullo », aiguille, qui revient plusieurs fois, devrait être écrit « aguillo », pour mar- quer que les deux // sont mouillées.

Pages 44-49 , Romance xi, Cribete. A la référence indiquée page 49, ajouter : Milà y Fontanals, La hija (tel Mallorquin (Catalogne); Damase Arbaud, n, 73-78, Fluranço (Provence).

Pages 72-75, Romance xvui, Pierre s'en va à l'armée. Aux références indiquées p. 75, ajouter : Damase Ar- baud, i, 117-19, P/erroi (Provence) ; Combes, 139 (Pays Castrais) ; Milà y Fontanals, 155, La Muerte de la Novia (Catalogne) ; Briz, i, 135, La mort de la Nuvia (Cata- logne); Smith, Rom a nia , 25, p. 83-84, Pierre de Grenoble (Velay et Forez).

Page 96, vers 9. Au lieu de « compagno », lire « campagno », campagne.

Page 114-17, Romance xxi. Le Pâtre. Aux références indiquées p. 117, ajouter : E. Buclion, 91, En reve- nant de la foire (Franche-Comté).

Pages 116-21, Romance xxxu, Les Finesses de Marion. Aux références indiquées p. 120, note i, et p. 121, note I, ajouter : Damase Arbaud, 11, 152, Loti Jalons (Provence) ; Daymard, Bulletin de la Société des Etudes du Lot de 1874, 2= fascicule (Haut-Q.uercy) ; Puymaigre, Romania, n'' 36, p. 397, a trouvé dans laVallée d'Ossau, le même chant en Béarnais ; Ferraro, Canti Montcferrini, 93, Il marito geloso; Briz, 11, 69, La trapassera (Cata-

ADDITIONS I£T CORRECTIONS 427

logne) ; Smith, Romania, 36, p. 566-67, Oh, dis-moi, Marion (Velay et Forez) ; Le Chroniqusur du Limousin (Périgueux, 1853, p. 103); Pouvillon, Nouvelles réalistes (Bas-Quercy), Paris, 1878; Ampère, Littérature et Voyages, 1,485, a traduit un chant danois parallèle.

Pages 142-47, Romance xxxvin , La Damnée. Aux références indiquées p. 147, ajouter : Luzel, Gwerxiou, I, 45, Celui qui alla voir sa maîtresse en enfer (Basse- Bretagne); Smith, Remania, n°^ 15 et 16, p. 449-50, La Concubine (Velay et Forez).

Page 160, vers 6. Au lieu de « d'autes », lire « d'aute », d'autre. A la page suivante, vers 6 de la tra- duction française, lire « d'autre », au lieu de « d'autres ».

Page 186, vers 12. Au lieu de « basto », lire « bosto », votre.

Pages 190-93, Chanson d'amour xi. Petite Marguerite. Aux références indiquées, p. 195, ajouter : Damase Arbaud, n, 111-14, Fa/f/Jinic/o (Provence) ; Bujeaud, n, 188, L'amour de mon berger (Bas-Poitou); Beaurepaire, p. 61, a donné La Couronne et Fleur des Chansons, d'a- près le livre imprimé à Venise en 1536, pour Antonio del Abate ; Laprade, Pernette, note 28 et suiv. ; Am- père (Lyonnais et Auvergne) ; Smith, Romania, n" 25, p. 81-82 , Pernette (Velay et Forez).

Pages 196-201, Chanson d'amour xin, Les reparties de Marion. A la référence indiquée p. 201, ajouter : Francisque-Michel, Le Pays Basque, 313 ; Caselli, Chants

428 ADDITIONS ET CORRECTIONS

populaires de l'Italie, 199 (Piémont); Ferraro, Canti Monteferrini, 84; Smith, Romania, 25, p. 54-55, L'Amant au laurier (Velay et Forez).

Pages 272-281, Chant spécial i, La Giùllonè. Outre les références indiquées p. 281, consulter sur cet usage : Dictionnaire des Proveries français, article Gilaneu ; Le Bi- bliophile de l'Ouest de la France, juillet 1880, p. 1-4.

Pages 302-3, Chanson pour les petits enfants i, Les cloches de Condom. M. Recours, notaire àAgen, me com- munique, au dernier moment, une chanson analogue recueillie à Barran, canton d'Auch (Gers), par l'abbé Loumagne, curé de cette paroisse.

Tin tan,

La campano de Barran.

Qui la souno?

La Marmouno.

Couic ! couac !

La campano dou limac.

Tin tan,

La cloche de Barran.

Qui la sonne ?

La Mormone.

Couic ! couac !

La cloche de l'escargot.

Pour comprendre le dernier vers, il faut savoir que la flèche du clocher de Barran est en spirale.

ADDITIONS ET CORRECTIONS 429

Pages 348-49, Récitatif m, Contre le hoqiiet. Cf. Revue

des langues Romanes, iv, 386.

N. B. Tous les airs du tome II, sauf ceux qui portent les numéros, 2, 3, 4, 7 et 9, ont étc recueillis et notés par feu P. Lambert.

TOME III

Page 64, vers 3. Au lieu de « beut », lire : « beuut. «

Page 130, V. 2. Au lieu de « lieutenant », lire « liutenant ».

Page 189, V. I, Au lieu de « fillette », lire « fil- lettes ».

Page 264, V. 3. Au lieu de « campagne », lire « campagne ».

Page 288, V. 5. Au lieu de « cambiatz bous, » lire « cambiatz-bous ».

Page 304, V. II. Au lieu de « hujès », lire « huges ».

Pages 402-5. Chanson de danse cxxi, La jeune fille et le meunier. Cf. une variante recueillie dans le Pays d'Albret, et imprimée dans La Légende du jeune Henri de Navarre (Paris, 1878), p. 54-58.

N. B. Sauf les rondeaux n°s 4 et 5, et la farandole n" 9, tous les airs de ce recueil sont empruntés au recueil de P. Lambert.

RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES

A la liste des Recueils imprimés et manuscrits de Poésies popu- laires pour la Gascogne et les pays limitrophes, imprimée dans le t. I, p. 355-57, ajouter les ouvrages ci-après :

Métivier (vicomte de). De V Agriculture et du défrichement du département des Landes. In-8°. Bordeaux, 1837. On y trouve quelques renseignements sur les traditions populaires des Landes.

pRANCisaUE-MicHEL. Histoire des races maudites de France et d'Espagne. 2 vol. in-8°. Paris, 1847. Cet ouvrage contient des poésies populaires, en sous-dialecte béarnais, contre les Cagots, classe fort méprisée en Gascogne , sous l'ancien régime. Ces vieilles répugnances ne sont pas complètement éteintes.

Arnaudin (Félix). Cet honorable habitant de Labouheyrs (Landes), a présenté récemment au Congrès scientifique de Dax, deux recueils d'essai encore manuscrits, mais qui ne tarderont pas à paraître. Le premier a pour titre Chants populaires de la. Grande-Lande, texte grand-landais, traduction française et musique. 11 contient trente-cinq pièces, qui sont presque toutes des chansons de danse (rondes). Le second recueil comprend dix Contes popu- laires, texte grand-landais et traduction française. M. Félix Ar- naudin, de qui je tiens ces renseignements, m'annonce qu'en cas de succès, il donnera le résultat intégral de ses recherches sur les traditions poétiques et prosaïques de son domaine. Je n'ai pas lu les manuscrits de M. Arnaudin ; mais je lui souhaite bonne chance.

TABLE

PnÉFACE I

CHANSONS DE DANSE

I. Sur la montagne J

II. Tout homme qui a bon voisin II

m. Quand Marion va au moulin 15

IV. La Femme à vendre 21

V. A notre pommier 25

VI. Les Filles de Saint-Gaudens 27

VII. Jean de La Réole 33

VIII. Dans la prairie 3S

IX. A Grenade 39

X. De bon matin 41

XI. L'amour et le souci 43

XII. La Fille du voisin 47

XIII. Le Roi d'Angleterre S r

XIV. Mon père, ma mère 5 J

432

TABLE

XV. Le Coucou

XVL Le Sonneur de cloches

XVn. Les Filandières

XVin. Les Impatiences

XIX. Les Jeunes filles du Pergain

XX. Les mauvais mariages

XXI. La Vieille

XXII. La Vieille de Monbran

XXIII. La Dame de Fleurance

XXIV. Le pauvre homme marié

XXV. La Boiteuse

XXVI. Les Foires d'Agen

XXVII. La Chardonnerette et le Pinson . . . .

XXVIII. Trop je suis mariée

XXIX. Le Moine

XXX. Tire, marinier, tire

XXXI. Mon père me marie

XXXII. Dans la ville de Crastes

XXXIII. En revenant de la fête patronale . . . .

X.XXIV. La Chèvre blanche

XXXV. La Chèvre

XXXVI. Jeannette

XXXVII. Ces Montagnes

XXXVIII. Mon père me marie

XXXIX. Petite oiselette

XL. Nous irons au pré

XLI. Le Chercheur de femmes

XLIl. La Femme coquette

XLIII. Ils tondirent la toison d'un mouton XLIV. Le fer d'âne

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63 «7 71 75 79 85 89

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TABLE 433

XLV. L'Ane et la Servante 159

XLVL Jean de Nivelle 167

XLVIL A cette danse 171

XLVIIL Au bout de la danse I7Î

XLIX. Le Troupeau 175

L. Le Mariage de Catinon 177

LL A Monbran iSi

LIL Le Pâtre complaisant 185

Lin. Quand j'éuis jeune pastourelle 189

LIV. Notre Mariée 19}

LV. La Gardeuse de brebis 19S

LVL Là-bas, dans le vallon 199

LVIL La Pastourelle coquette 201

LVIIL La petite boiteuse 205

LIX. Si j'avais ici 207

LX. Le petit marchand m

LXL L'Oiseau blessé 21}

LXIL L'autre jour 21$

LXIIL Les Filles à la fontaine 2x7

LXIV. La Fête patronale au Castéra 223

LXV. Les Ennuis de Marion 225

LXVL Du temps que j'étais enfant 231

LXVn. Je me suis mise en danse 23S

LXVin. Le Marché à Estang 239

LXIX. Le Meunier préféré 241

LXX. Petite brunette 24$

LXXL Le Curé du Castéra 247

LXXIL L'autre jour 251

LXXIIL Jeanne 253

LXXIV. Filles de La Rochelle 257

m 28

434 TABLE

LXXV. La Fille enjouée 261

LXXVL Qjiand mon père 26 5

LXXVIL Le Maréchal du village 265

LXXVIIL Le Goinfre 267

LXXIX. Bâte l'ânesse 269

LXXX. La Fuite 273

LXXXL La Veuve 277

LXXXIL Les Femmes de Mirande 279

LXXXin. Le Gros de Prouciiielle 283

LXXXIV. Le Gapitaine de Gasteljaloux 287

LXXXV. Le Noce de la puce 291

LXXXVL L'autre jour, je m'en allai 295

LXXXVn. Le Pâtre valet 299

LXXXVIII. La Menace 303

LXXXIX. D'où venez-vous ? 307

XG. La Noce de Simon 309

XCL Mon père m'a mariée 313

XCIL Le Forgeron de Saint-SauN-y 317

XCIIL Les trois jeunes filles 321

XGIV. Veux-tu te marier, Rosette? 323

XGV. L'épine au pied 3^7

XCVL L'Amoureux 331

XGVIL Ramonet se marie 333

XCVIII. Je m'en allais promener 337

XCIX. Le Valet d'hôtellerie 339

G. Romain 34i

CL Les trois moulins 345

GII. On sciera 347

CIIL Si jamais je me marie Î49

CIV. Ils ne vont pas à la guerre 351

TABLE 43 S

CV. U-bas 355

CVI. Mon père me marie 359

CVII. La Servante et le Bouvier 361

CVm. Le Fils du roi de France 365

CIX. Les deux pâtres 3^9

ex. La Nonne malade 375

CXL Au pré de Rose 375

CXIL De bon matin me suis levée 377

CXIIL Adieux à Lectoure 381

CXIV. J'ai mon homme qui a les fièvres 383

CXV. Jeaimeton, allons 387

CXVL A Clairac, il y a un meunier 389

CXVIL Landeridi 393

CXVin. Sur la mer 395

CXIX. Sur la plaine de Colayrac 399

CXX. Mon père 401

CXXI. La jeune fille et le meunier 403

CXXIL L'apprenti d'amour 405

MusiauE 409

Additions et Corrections 419

Achevé d'imprimer h 24 juin 1S82

par E. Cagniard imprimeur à Rouen

pour Maisonneuve & C''

libraires-éditeurs

à Paris

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