Mn LS OT 4 Fr PA e PTS NOÉ SSL TENTS LOS EE SDS 2 2 VERS ENTRE VS 2, À 482 CPI VTT: AA, rs A A Fe ee À SA À de Ke De 0 de Cas #. À . 0 E À … «+ RE SE VE PET ONE ER ETS IR FE TRS ER CARE GAS GR 32575? FF, C2 : 6e de #s + DS? 0e > >: >: Sr 7 » P z > ». ». > > » > - > > Ü LCA ES ie ee RE » Des Lee Lee se > ee fe $ > > » y À >. KR 3° > », SES y > > >> s? 5 2» 55? 1262 CE 0422 >> » > Le »” > " » > > # » >: > 2 es > ue > ? >» ; y } sp 3 x à È ÿ Fs + 2 > # % > . EEE NE SE NE SE OS CORRE + À » ns D » e y > 4 Pi Pr > » r ? 3 > AR 2 A à es es Dee De 2 et 2 3,3 see ANS >. » < > > » 72 Z OUR C > sr DLrS > SPP 23? CS 2575 » Le 2 , » 2 >. CRE EE EC AA À LAS TE TE NAN EE EE PE À > > > se ENNX AA SS ARS RAS Da » re > > > f C À À PS CASSER NA TA USS CARR S à © orge AM A ÿ AU AS A AAA A À 7e / AÀ SVAZ TZ L } A À M AA Æ ). ANSE NS KE VE 7 VA dé) TE RUN VA ER VA LES MOLLUSQUES be: - * , K + 1 # la 4 . ” 1 » D a } { . ee ag 1 2 LES MOLLUSQUES LE ; | $ ORGANISATION, DÉVELOPPEMENT, CLASSIFICATION AFFINITÉS ET PRINCIPAUX TYPES Par Henri COUPIN “ TE Division Of Molluakre Bectionc] Library PRÉPARATEUR D'HISTOLOGIE A LA SORBONNE LICENCIÉ ÈËS SCIENCES NATURELLES ET ÈS SCIENCES PHYSIQUES A l’usage des Candidats à la licence ès sciences naturelles I A! PARIS Georces CARRÉ €r C. NAUD, Éorreurs 3, RUE RACINE, 3 Lan dif | LVL RMS ES 1,74 res PRÉFACE De l'avis de tous, la licence ès sciences naturelles est, sans contredit, la plus difficile à acquérir. Cela tient principalement à l’absence d'ouvrages spécialement destinés à sa préparation. Gette pénurie est telle, qu’il est impossible à un étudiant éloigné des centres universitaires de préparer l’examen auquel nous faisons allusion. Ceux qui ont le loisir de pouvoir étudier dans une Faculté doivent suivre les nombreux cours et conférences qui, d’ailleurs, ne forment un tout complet qu’au bout de trois, quatre, cinq années et même davantage. Ils doivent en outre consulter de nombreux mémoires originaux pour y rechercher les connais- sances indispensables à leurs études. De tout cela, résulte une grande perte de temps, et il arrive souvent, nous dirons même toujours, qu'un étudiant au bout de deux ans d’études, minimum pour la préparation de la licence, n’a pu parcourir, malgré tous ses efforts, les divers chapitres du programme très étendu qu’il a à connaître. C'est pour combler en partie cette lacune que M. Pruvot a publié, il y a quelques années, ses conférences sur les Vers et Arthropodes. Le succès de cet excellent ouvrage a montré clairement qu'il répondait à un besoin réel. C’est quelque chose d’analogue que nous avons voulu faire en écrivant ce petit traité sur les Mollusques. Certes, loin de nous la pensée de poser notre modeste livre en parallèle avec celui du savant maître de conférences de la Sor- VI PRÉFACE bonne. Tel qu'il est cependant, nous avons l'espoir qu'il rendra quelques services aux candidats à la licence. Pour atteimdre le but que nous nous sommes proposé, nous avons schématisé, si l’on peut s'exprimer ainsi, le texte et les figures ; en d’autres termes, nous avons cherché à mettre en relief ce qu'il y à de plus général, au lieu de nous attacher aux excep- tions, sans toutefois négliger celles-ci quand elles présentaient un intérêt particulier. Quant au plan général, ilest très simple : nous avons étudié, les unes après les autres, chacune des classes et chacun de leurs ordres, en prenant en général un ou plusieurs types dans chacun d'eux. C’est ainsi que l’étude des Amphineures nous a obligé à étudier cinq types distincts. Au contraire, pour les Acéphales, il nous a suffi de prendre un seul type idéal, et de faire de l’ana- tomie comparée. Pour les Psorobranches nous avons combiné les deux modes d'exposition. Nous avons commencé par les Acéphales, non comme on pour- rait le croire parce que nous les considérons comme la souche ancestrale des Mollusques, mais parce que leur description donne bien l'idée du type Mollusque. En commençant (comme cela eût été plus logique) par les Amphineures, nous aurions eu une très mauvaise idée du plan d'organisation de ce type. Pour la rédaction, nous avons utilisé les traités généraux sur la zoologie et l’anatomie comparée (Claus, Gegenbaur, Carl, Vogt et Yung, etc.), ainsi que les ouvrages spéciaux sur la conchylio- logie (Fischer, Brehm, etc.) ; nous avons aussi consulté de nom- breux mémoires originaux (Lacaze-Duthiers, Bouvier, Perrier, Pelseneer, Girod, Joubin, etc. etc.). Enfin nous nous sommes servi et, parfois dans une très large mesure, des notes et des schémas recueillis par nous aux principaux cours et conférences de zoologie de Paris. Il est un point important cependant, sur lequel nous n'avons pas insisté: c’est la description des caractères, des genres et des espèces que les candidats à la licence doivent connaïtre. Nous ne l'avons pas fait pour deux raisons. Il y avait en effet deux méthodes Jan 16 PRÉFACE VII | “pour traiter cette partie: ou bien suivre celle de la Zoologie de - Claus, c’est-à-dire être très incomplet, et par suite, inutile: ou bien "à décrire tous les genres et toutes les espèces, ce qui nous aurait entraîné beaucoup trop loin, et serait sorti de notre cadre géné- _ ral. D'ailleurs, pour les caractères génériques on utilisera avec profit le Manuel de Conchyliologie de Paul Fischer (Savy, éditeur). Quant aux genres et aux espèces de France, nous recommandons à nos lecteurs : les Coquailles marines des côtes de France, par M. Arnould Locard(J.-B. Baïllière, éditeur, 1891), avec lequel on déterminera facilement les espèces qu'il faut connaître ; ce n’est qu’en récoltant et en déterminant les coquilles et les Mollusques que l’on trouve en abondance à la grève, que l’on finit par les con- naître beaucoup mieux que pourrait le faire n'importe quelle des- cription, si bien faite soit-elle. S1, comme nous n'en doutons pas, cet ouvrage destiné à faciliter l'étude est bien accueilli des étudiants auxquels il s'adresse, nous comptons en.étendre le programme aux autres groupes du règne animal. LES MOLLUSQUES CHAPITRE I 4" Classe ACÉPHALES La classe des Acéphales est certainement celle de tous les Mollusques qui présente le plus d’homogénéité. L'organisation des animaux qui la composent est construite sur un plan bien défini, et peut toujours se retrou- ver dans ses traits essentiels, même lorsque l'animal paraît extrêmement déformé, comme c’est le cas par exemple des Tarets, des Arrosoirs, etc. Nom. Synonymes. — Certains naturalistes donnent à la classe le nom de Lameliibranches (de Blainville) à cause de la forme en lamelle des bran- chies ; mais c’est là un trait d'organisation qui n’a rien de bien important. D'autres la désignent sous le nom de Bivalves (Linné), allusion à la dualité de la coquille. Goldfuss, suivi en cela par M. Fischer !, se sert du nom de Pélécypodes, par raison de symétrie, à cause de la terminaison en podes des autres classes de Mollusques. Mais l'apparence du « pied en forme de hache » à laquelle ce terme fait allusion ne se rencontre qu’assez rarement (Cytherea chione); il ne viendra jamais à l'esprit de personne qu’un pied de Solen, par exemple, ressembleàune hache. Aussi aimons-nous mieux garder le nom donné en 1798 par Cuvier, celui d’Acéphales. Ce terme parle à l'esprit beaucoup plus que les précédents, et indique en outre un caractère important et très constant dans le groupe, c’est-à-dire celui de l’absence de tête distincte ?. Exrérigur. — L'aspect extérieur des acéphales est tout à fait caracté- ristique. Leur corps, dont l’ensemble a généralement une forme ovoïde, est en effet enfermé, à l’état de repos, dans une coquille dure et formée de deux 1p, Fiscuer, Manuel de Conchyliologie. Paris, 1887. 2 Les avicules seules font exception, MOLLUSQUES. 1 7) LES MOLLUSQUES valves s’articulant sur la face dorsale par une charnière. Ces deux valves sont habituellement symétriques et sont l’une droite, l’autre gauche, ce qui les différencie de celles des Brachiopodes qui sont, comme l'on sait, l’une ventrale et l’autre dorsale. Si l’on enlève la coquille !, le corps de l’animal se montre d'une mollesse excessive et enveloppé par une fine membrane à laquelle on a donné le nom de manteau (fig. 1). Celui-ci tapisse toute la coquille, mais tandis qu'il est soudé à lui-même dans la région de l'articulation de la coquille, c'est-à-dire dans la région dor- sale, il est généralement libre au niveau de l’entre-bâillement de la coquille ; souvent il se prolonge à la partie inférieure par un organe allongé et percé de deux canaux s’ouvrant librement à l'extérieur : c'est le siphon. Si l’on écarte les deux lames du manteau qui sont absolument symétriques, comme la coquille, on aperçoit le reste du corps de l’Acéphale. Tout au F1G. À. — Acéphale théorique dont la coquille à été enle- CHU masse volumineuse vée. Animal étalé sur la face dorsale, le siphon fendu. dont le plan méridien coïncide __ M manteau. Br, Bri branchies. Av masse viscérale Se à L (déjetée à droite). P pied. S siphon. 41, M, muscles avec le plan de symétrie de l’ani- antérieur et postérieur. À bouche. À anus. G orifice Pine : génital gauche. 2 orifice excréteur gauche. mal; c'est la masse viscérale qui | porte en l’un de ses points le pied, organe musculeux plus ou moins turgide. En outre, entre le manteau et la masse viscérale, à droite comme à gauche, on aperçoit tantôt une, tantôt deux lamelles à aspect pectiné, qui ne sont autres que des branchies. Toutes ces parties sont réunies suivant une même ligne, qui correspond au dos de 1 Pour enlever la coquille à un animal vivant, voici comment l’on opère. On cherche un point faible del’entre-bâillement et l’on y introduit soit la lame d’un couteau, soil un morceau de bois tailléen biseau. L'objet étant ainsi introduit peu à peu, on lui fait opérer un mou- vement de rotation autour de lui-même. Mais cette opération doit se faire très lentement car la contraction des muscles est souvent assez grande pour briser la coquille. Si on attend patiemment, les muscles se fatiguent peu à peu etla coquille se laisse entre-bâiller, Lorsque l'ouverture a environ un demi-centimètre, on introduit entre les valves et le manteau le manche aplati d'un scalpel. On rompt peu à peu les adhérences, pour en arriver sur Îles muscles que l’ou détache en grattant à petits coups comme si l’on voulait entrer dans la masse de la coquille. Lorsqu'un muscle est détaché, on passe à l’autre et l'opération ne pré- sente plus rien de difficile. On peut aussi, quand il s’agit d'une moule, la plonger dans de l’eau légèrement chaude pour la tuer, ce qui la fait entre-bâiller et rend par suite plus facile l'extraction de l'animal. ACÉPHALES $ _ l'animal, tandis qu'elles sont libres du côté ventral. On voit donc que le … corps d’un Acéphale peut être comparé à un livre de cinq ou sept feuillets, suivant qu’il y a une ou deux paires de branchies. La couverture du livre -est la coquille. Dans le cas fréquent où il y a deux paires de branchies, le -F1G. 2. — Coupe longitudinale théorique d'un Acéphale, montrant l’emplacement des principaux organes. L'animal est supposé couché sur le côté gauche. Le lobe du manteau et les deux branchies du côté droit ont été enlevés. 47 lobe du manteau du côté gauche. À muscle supérieur. X1 muscle inférieur. P pied. O bouche. TB tube digestif. F foie. À anus. C cœur. 2 corps de Bojanus. OG organes génitaux. Z leur orifice. Br, Br1 branchies gauches en partie cachées par la masse viscérale. SG ganglion cérébroïde. S V ganglion viscéral. SP ganglion pédieux. -premier feuillet estun lobe du manteau, le deuxième la première branchie, le troisième la seconde branchie, le quatrième la masse viscérale, le cin- ) , quième une branchie, le sixième une autre branchie et le septième un lobe du manteau. La coupe transversale théorique de la figure 3 montre bien cette disposition. ] 4 LES MOLLUSQUES Ainsi constitué, le corps est traversé de part en part par deux muscles (ou un seul quelquefois), dont chaque extrémité va s’insérer sur chacune Fic. 3. — Coupe transversale théorique d'Acéphale. Co coquille. Ch char- nière. M manteau. Br branchies. P pied. MV masse viscérale. S plan de symétrie. des valves. L'anus est situé au-dessous du muscle inférieur ; la bouche est placée au- dessous du muscle supérieur, entre lui et la masse viscérale : c’est un simple orifice entouré de quelques palpes labiaux. On ne voit aucune formation qui rappelle ce que l’on désigne sous le nom de tête chez les autres animaux, c'est- à-dire un appareil contenant les ganglions dits cérébraux et partant des organes des sens; c'est, comme nous l’avons dit, de ce fait que vient le nom d’Acéphales. De cette rapide description de l'extérieur de l'animal nous pouvons déjà tirer les caractères principaux de la classe. Nous avons vu, en effet, qu'il y avait généralement une coquille à deux valves symélriques droite et gauche. Le corps est symétrique par rapport à un plan. Il n'y a pas de tlêle. Nous allons maintenant décrire en . particulier chacun des organes et des appareils qui constituent un Acéphale. COQUILLE La coquille est, avons-nous dit, composée de deux valves, l'une correspondant au côté droit de l’ani- mal, l’autre correspondant à son côté gauche. Dans beaucoup de cas les deux valves sont semblables. Nous pouvons prendre comme type Fic. 4. — Valve gauche de Cytherea Chione, vue celle de la Cytherea Chione, ani- par la face interne. €r crochets. lu lunule. /i liga- ; L ment (écusson). de dent cardinale. Zr bord libre. mal que l’on a fréquemment l’occa- MA impression musculaire antérieure. A/P impres- ; Lier sion musculaire postérieure. ZP impression palléale. sion de disséquer dans les labora- S sinus. toires. DescripTioN D’uxE VALVE. — Une valve isolée (fig. 4) nous montre d'abord que le bord libre est beaucoup moins épais que la partie qui est articulée et qui constitue la charnière. La face interne de celle-ci est cons- ACÉPHALES 5 … iituée par des éminences et des creux qui se pénètrent réciproquement | _ d’une valve à l’autre. L'une des dents, la plus grande, est désignée sous le — nom de dent cardinale. En avant et en arrière d'elle il y a plusieurs petites dents réunies sous le nom de dents …— latérales. En outre, les deux valves sont réunies 1 intimement entre elles par un tissu noirâtre, — d'aspect corné, qui constitue le Zigament ou encore l’écusson. En avant de celui-ci, mais ne se touchant pas d'une valve à l’autre, sont les crochets. Ce sont de petites éminences qui indi- quent le point central d’où partent les lignes concentriques dont est striée extérieurement toute la coquille jusqu à son bord libre. Ces crochets ont une forme qui rappelle vaguement celle d’un cône dont le sommet est dirigé vers la partie antérieure del’animal. Encoreen avant pic. 5. — Coquille de Zueina, vue par des crochets, on voit une surface lisse qui a Rs Palune PU ui reçu le nom de Zunule (fig. 5). La surface externe de la valve a une couleur brillante et est marquée de stries concentriques qui sont des lignes d’accroissement. La face interne montre deux larges taches, l’une antérieure, l'autre postérieure, marquant les surfaces d'insertion des muscles adducteurs de la coquille. Ces deux taches sont reliées entre elles par une ligne sinueuse qui marche d’abord parallèlement au bord libre, mais qui présente un angle, un sinus comme on l'appelle, avant d'aboutir à la tache musculaire inférieure. Cette ligne est due aux nombreux points d'insertion du man- teau : c’est l'impression palléale. On peut aussi quelquefois y voir, au- dessus du muscle inférieur et au-dessous du muscle supérieur, des impressions mus- culaires qui sont celles des muscles ré- tracteurs et protracteurs du pied. VARIATION DES DIVERSES PARTIES D'UNE À Fi. 6. — Coquille de Diceras arietinum VALVE. — Toutes les parties que nous (Jurassique supérieur). venons d'énumérer se retrouvent, en gé- néral, plus ou moins développées dans les diverses autres coquilles. Il faut remarquer seulement que, dans la grande majorité des cas, les crochets sont dirigés vers la partie antérieure. Cependant les Trigonia et les Nu- cula les ont dirigés en arrière. À noter aussi leur grand développement. chez les Diceras, où ils s’enroulent en spirale (fig. 6). 3 L E: à À 6 LES MOLLUSQUES Les dents et leurs dispositions varient beaucoup, ce qui leur permet de servir dans la détermination des espèces. Il n'y a qu'une seule impression musculaire chez ceux qui ne présentent qu'un muscle. Quant à l'impression pallale, elle est intéressante à étudier, car elle se retrouve chez les coquilles fossiles, ce qui permet de dire si l'espèce considérée avait ou non un siphon. L’échancrure que nous avons décrite sous le nom desinus implique la présence d’un siphon. Si l’impres- sion ne présente pas d’échancrure, c’est que le siphon n'existe pas, comme c'est par exemple le cas chez la Lucina (fig. 7). Quant aux ornements extérieurs de la coquille, ils varient extrêmement d’un genre à l’autre et souvent d’une Fi. 7. — Valve de ZLucina. espece à une autre. COMPARAISON DES DEUX VALVES D'UNE COQUILLE. — La similitude ’absolue des deux valves d’une même coquille est un fait relativement rare, cependant elle existe chez les Arca et les Anodonta. En général, la similitude est seulement extérieure ; c’est ainsi, par exemple, que les valves d’une coquille de Vénus ou de Mye paraissent, au premier abord, ab- solument identiques, mais diffèrent, en réalité. entre elles par leurs dents qui ne sont pas symétriques. Ailleurs, la dissemblance des valves est bien accusée; c'est le cas de l’Æuitre et encore plus celui des Gry- phées. Enfin, chez les Requiena, qui vivaient pendant la période crétacée, la différence est poussée à l’ex- trême. L'une des valves est enroulée en spirale à la manière de celle des Diceras, tandis que l’autre est Lee me es 7 aplatie et oblitère exactement l'orifice laissé par l’autre; dans ce cas, cette dernière valve ressemble étonnamment à ce que nous décrirons plus tard chez les Gastéropodes sous le nom d’opercule (fig. 8). Dans la classification, nous parlerons aussi des Æippurites où la dissymétrie est encore plus grande. La dissemblance existe souvent chez les Acéphales qui sont fixés par l’une de leurs valves, et alors la dissymétrie est facilement explicable. Mais on la rencontre aussi chez les formes libres (Pandora, Corbula). Il est remarquable de constater que, chez les formes libres, c’est toujours ACÉPHALES ci l’une des valves d’un même côté qui est plus développée que l’autre. Au contraire, chez les formes fixées, c'est tantôt la valve droite, tantôt la valve gauche qui est fixée et qui présente des caractères spéciaux de la charnière, soit dans le même genre (Chama), soit dans la même espèce (Œthiera). Enfin les valves sont toujours absolument appliquées l’une sur l’autre. Elles peuvent cependant laisser des orifices soit pour le siphon (Mye), soit pour le pied (Solen). Mise EN posiTion. — Une coquille étant donnée, il faut savoir la mettre dans sa position morphologique, c’est-à-dire telle qu’elle est sur l'animal supposé placé dans la même position qu’un homme debout, c'est-à-dire la bouche en haut, l’anus en bas et la face ventrale en avant. Cette mise en position ne souffre aucune difficulté, en se basant sur les faits que nous avons établis déjà. La charnière est dorsale, le bord libre ventral. Les cro- chets sont dirigés vers la bouche, le ligament est postérieur par rapport à eux, de même que la lunule est en avant. Enfin, le plus souvent, si on divise la coquille par un plan horizontal passant par le crochet, celle-ci est divi- sée en deux parties inégales, dont la plus petite correspond à la bouche. Enfin, lorsqu'il y a un sinus, celui-ci doit être placé en bas. La figure 5 montre une coquille vue dans sa position morphologique et supposée regardée par la face dorsale. ARTICULATION DES VALVES. — Les valves dont les dents engrènent les unes dans les autres sont réunies entre elles d’abord par le ou les muscles adducteurs, qui, par leur contraction, tendent à les rapprocher, et ensuite par le ligament qui agit passivement en les écartant. Chez l’animal vivant, la coquille est fermée grâce à la ontraction longtemps soutenue des NN R Fe es ais lorsque l’anima _ NN cles. Mais lorsque l'animal ) | meurt, la coquille est entre-bäillée » [M A grâce au jeu du ligament. Celui-ci agit de deux manières différentes : ou bien il est fixé sur les deux F16.9.— Coupethéorique valves en arrière de la charnière, et Fi. 10. — Coupe théo- transversale d'une co- à F rique transversale d'une quille à ligament ex- 1] agit alors par une force de trac- coquille à ligament in- terne. Z ligament. C ; A : : : . terne. Z ligament. C crochets. # muscle. tion, gräce au point d'appui qu'il crochet. A muscle. trouve dans la charnière (Cardium, Cytherea) : ou bien il se trouve compris entre la charnière et le muscle. Dans ce cas, lorsque les muscles sont contractés, le ligament est com- primé ; mais lorsqu'ils se relâchent, il tend par son élasticité à reprendre son volume primitif, ce qui a encore pour résultat d'écarter les valves (Pecten, Spondylus). Dans ces deux cas (fig. 9 et 10), le ligament agirait donc tantôt par l’élasticité de traction, tantôt par l’élasticité de com- 8 LES MOLLUSQUES pression. Cependant certains auteurs disent que, dans le cas du ligament externe, celui-ci agit par son élasticité de compression ; le ligament serait composé d’une enveloppe externe inextensible qui s’insère sur la ccquille, tandis que la partie interne est seule élastique. Dans ces conditions, lorsque les valves se rapprochent, la partie inextensible comprime la partie centrale qui réagit plus tard, lorsque les muscles se relächent. STRUCTURE DE LA COQUILLE. — La coquille sur une coupe transversale se montre toujours composée d'au moins trois couches. Extérieurement une couche cuticulaire, le periostracum ou épicuticule!, très mince et for- mée d’une substance rappelant beaucoup la chitine. C’est cette couche qui donne sa coloration à la coquille. Lorsque la coquille est desséchée, on voit souvent cette couche se fendiller en petits fragments. Elle porte des orne- ments divers. — Au dessous vient une couche calcaire formée de granula- tions calcaires étroitement serrées les unes contre les autres. Enfin, tout contre le manteau sont deux couches calcaires de structure très variable. Ce sont toujours des lamelles calcaires alternant avec des couches mem- braneuses d'une substance organique, appelée la conchyoline ?. Mais ces lamelles sont disposées de diverses façons : tantôt, suivant une zone, elles sont obliques à 45 degrés dans un sens; dans la zone suivante, elles sont à 45 degrés en sens inverse, et ainsi de suite. D’autres fois, elles forment une série de zônes dans chacunes desquelles les lames sont perpendiculaires à la surface ; ailleurs, les lamelles sont parallèles à la surface, etc. Il paraît que la première couche calcaire provient de la désorganisation progres- sive de la seconde, ce qui explique un accroissement d'épaisseur lorsqu'on la suit depuis la région des crochets jusqu'au bord libre de la coquille. C'est la structure variable de la couche interne qui donne un aspect tantôt nacré (Huître), tantôt porcellané (Mye) à la coquille, quand on la regarde par sa face interne. Les coquilles nacrées paraissent plus anciennes que les coquilles porcellanées, comme cela a lieu chez les Psorobranches. Chez quelques coquilles (Cyprée), on a en outre extérieurement une autre couche, le drap marin. Il faut aussi noter que le calcaire de la couche externe n’est pas toujours le même que celui de la couche interne. C’est ainsi que, chez les Pinna, la couche externe est formée de spath, tandis que la couche interne est composée d’aragonite. Cette dernière résiste beaucoup mieux aux acides que le spath ; aussi arrive-t-il souvent que, dans les coquilles fossiles (Znoceramus, Spondy- { Le nom d’épiderme qu'on lui donne aussi quelquefois est trop impropre pour lui être conservé. 2 Lorsqu'on traite une coquille par un acide, le calcaire disparaît complèlement, mais la conchyoline n'est pas attaquée et conserve plus ou moins fidèlement la forme de la coquille. dr à ra d'OS ACÉPHALES 9 lus, etc.), la couche interne fait défaut. Chez les Ostrea, les deux couches sont formées de spath. AccRoissEMENT. PERLES. — La coquille est un produit formé par le man- teau ; elle s'accroît d’abord en épaisseur, puis en surface. L’accroissement en épaisseur est dû à ce que de nouvelles couches de nacre sont cons- tamment sécrétées par le manteau et viennent s’adjoindre à celles qui exis- tent déjà. L’accroissement de la surface se fait par le bord libre du manteau qui dépose sur le bord de la coquille des couches calcaires et du périostracum. Des recherches récentes ont montré que le bordlibre de chaque lobe du manteau présentait deux épaississements, limitant entre eux un sillon longitudinal. Les cellules des bourrelets externes sont très longues et sécrétent la partie calcaire de la coquille. Quant au périosta- crum, il prend naissance dans le sillon longitudinal, passe par-dessous le bourrelet externe et vient s'étaler à la surface de la coquille. C’est l'adjonc- tion des couches d’aceroissement qui donne les stries concentriques, si visibles dans la plupart des coquilles. S1 entre le manteau et la coquille s'introduit un corps étranger, tel qu'un grain de sable, ou même un fragment du corps même de l'animal, il se produit autour de celui-ci un dépôt abondant de nacre : c’est ce qui cons- titue une perle. Ces formations accidentelles se forment particulière- ment chez l’Huître perlière (Avicula margaralifera) en Orient et chez les Moules perlières (Unio margaritiferus) en Europe. Les Chinois obtien- nent des perles à volonté en introduisant artificiellement divers corps étrangers dans des Dipsas vivantes. Il y a de véritables manufactures où se fait cette culture. MANTEAU Le manteau est formé de deux lames placées à droite et à gauche du corps. Ces lames sont produites par le pincement des téguments dorsaux qui, en s’accroissant, ont peu à peuenveloppé lecorps toutentier. SrRucTURE. — Vu cette origine, chaque lame est for- mée de deux couches épidermiques, limitant entre elles un espace contenant du tissu conjonctif avec des cavités sanguines et des fibres musculaires. Celles-ci sont par- ticulièrement abondantes sur le bord ventral où le man- teau est en général très épais, tandis qu'ailleurs il est mince et transparent. Le bord épaissi porte aussi sou- vent des tentacules tactiles ou autres organes des sens ne dan conione. (Pecten, Jacobœus). tif. e fibre musculaire. L'épithélium externe est cylindrique et secrète la coquille ; l’interne est également cylindrique mais vibratile (fig. 11). &z FiG. 11. — Coupe schéma- tique du manteau. a épithélium sécrétant la coquille. D épithélium 10 LES MOLLUSQUES Soupures. Sipnon — Il est assez rare que les deux bords ventraux restent complètement libres l’un par rapport à l’autre {fig. 12): c'est cependant ce que F16. 12. — Schéma montrant les divers cas de soudure du manteau. P orifice pédieux. $ siphon. — {° cas de l'Huître ; 2° cas des Mytilides; 3° cas des Chamacés ; 4° cas de la Cythérée; 5° cas de la Mye. l'on trouve chez les Æuitres ou encore les Peignes. Chez les Mytilidés, il se produit un point de soudure qui divise l'ouverture en deux autres, l’une antérieure, plus grande, servant au passage du pied et à l'introduction des aliments, l’autre postérieure, plus petite, correspondant à l'anus et servant à l'évacuation des excréments. La soudure est un peu plus marquée chez les Chamacés ; ici l’ouverture supérieure pour le pied est très large, et en arrière d'elle il y a deux petits orifices qui servent l’un à l'entrée, l’autre à la sortie de l’eau. Si nous supposons que, la fente pédieuse restant toujours largement béante, les bords des deux orifices inférieurs s’étirent en deux longs tubes, tantôt réunis ensemble, tantôt distincts, nous arrivons à un cas plus compliqué que l’on rencontre chez la Cystherea Chione par exemple. Les deux tubes ont reçu le nom de siphons : le tube le plus ventral sert à l'entrée de l’eau, le plus dorsal à la sortie. Enfin le maxi- mum de complication se rencontre chez les Myes. Ici, la fente pédieuse devient extrêmement petite : presque tout le reste du manteau est soudé, ce qui fait que l’animal est comme enfermé dans un sac. Ce sac, à la partie inférieure, se prolonge en un très long siphon où les fibres muscu- laires sont extrêmement abondantes, ce qui fait que l’ani- | mal peut l’allonger ou le rétrécir à volonté. Ce siphon Fic. 13. — Schéma ete . - montrant la dispo- Musculeux est divisé par une cloison en deux canaux qui ition des siphons. . hp SD siphon dorsal. S ouvrent dans l’eau ambiante. À leur arrivée dans le corps V siph rentral. , ° {fé su té bran. de l'animal les deux canaux se comportent différemment ; les ins le ventral, par où l’eau pénètre, aboutit dans la cavité pal- indiquent lamarele Jéale: de là, l'eau passe à travers les pores des branchies dans la cavité intrabrachiale, laquelle communique avec le siphon dorsal exclusivement : c’est par là que l’eau ressort, après avoir servi à l’hématose (fig. 43). C’est aussi dans ce même siphon que ACÉPHALES 11 débouche l’anus, d'où le nom de siphon anal ou cloacal qu'on lui donne quelquefois, tandis qu’on réserve le nom de siphon respiratoire ou brachial au siphon ventral (fig. 14). Fic. 14. — Psammobia vespertina. Le siphon atteint souvent de très grandes dimensions. Chez la Mye des sables, il atteint deux ou trois fois la longueur du corps, mais il peut se rétracter presque complètement à l’intérieur de la coquille. Il peut aussi arriver chez d’autres types que le siphon soit trop long pour être rétracté entre les valves. Les orifices extérieurs du siphon sont or- dinairement garnis de tentacu- ( les nombreux (Carduim edule) N A (fig. 15); quelquefois (Meso- ZA SES derma corneum), ces tentacules 7 IA \ LS sont découpés et rabattus sur NS RD SR : PRIT ANNE l'orifice comme pourfiltrer l’eau PAIN TAN NS No : RE FF 77 qui y pénètre. e TuBE CALCAIRE. — - DCE Dans cer F1G. 15. — Ouverture de l’un des siphons du Cardium edule. tains Acéphales très déformés, comme les Teredo par exemple, le corps est extrêmement allongé et prend un aspect vermiforme, la coquille devient très rudimentaire, et toute la surface du manteau sécrète un tube calcaire où l’animal est caché. Il en est de même chez l’Aspergillus qui sécrète un long tube calcaire (fig. 16), par l’ou- verture postérieure duquel passent les siphons, tandis que l'ouverture antérieure est fermée par un disque calcaire percé de nombreux orifices, à la manière d’une pomme d’arrosoir. SYSTÈME MUSCULAIRE Musczes Divers. — Nous avons déjà signalé la présence de nombreuses fibres musculaires dans le manteau qui est un organe très contractile. Les fibres sont particulièrement abondantes sur le bord épaissi du man- _ teau, ainsi que les tentacules dont il est souvent pourvu. Le siphon est 12 LES MOLLUSQUES en somme presque complètement formé de fibres musculaires, les unes circulaires, les autres longitudinales. ALI OST REED ENNT IT TU VITE D EU NV PTT PPT ENV VS PIE ra rrren 2ITITETIRI 122 Fia. 16. — Arrosoir gigantesque. | | ACÉPHALES 13 Les fibres du manteau se continuent à la surface de la masse viscérale, puis se réunissent en grand nombre à un point, pour constituer ce que, nous étudierons plus loin sous le nom de pied. À propos de cet organe, nous parlerons aussi de ses muscles extrinsèques. Musczes Appucreurs. — Les muscles les plus importants à considérer sont ceux qui s'insèrent sur les deux valves de la coquille qu'ils servent à fermer. Et, à ce point de vue, il y a deux catégories à considérer : les uns, comme la Cythérée, ont deux muscles adducteurs, l’un supérieur, l’autre inférieur. Chez d’autres, l'Autre, par exemple, il n’y a qu’un seul muscle. C’est sur ce trait d'organisation que Lamarck basait la division des Acéphales en deux grands groupes : les Dimyaires et les Monomyaires. NATURE MORPHOLOGIQUE DU Musee DEs MoxomyaiIREs. — En examinant ‘attentivement la section d’un muscle d'Huître, on voit qu’il est en apparence formé de deux parties, l’une plus opaque, l’autre plus claire. Il est donc naturel de penser qu'il soit venu à l’idée de certains naturalistes que le muscle unique des Monomyaires représentait en réalité les deux muscles des Dimyaires, qui se seraient soudés. Mais, en étudiant les choses plus à fond, en examinant les connexions anatomiques de ce muscle, ses rapports avec la bouche, l’anus, etc., on s’est rendu compte qu'il n’en était pas ainsi et que le muscle des Monomyaires n'était le représentant que du muscle pos- térieur des Dimyaires. HisroLocre. — Quant à la structure histologique de ce système, il est formé de longues fibres vaguement striées longitudinalement. La stria- tion transversale ne semble pas exister. Les fibrilles longitudinales qu'elles contiennent se montrent souvent ondulées dans les préparations, ce qui a fait croire à une striation transversale. ForcE DES MUSCLES ADDUCTEURS. — Il n’est personne qui n’ait eu l’occa- sion d'ouvrir des Huîtres ou des Moules et qui n'ait eu à constater la force musculaire énorme de ces animaux. Lorsque l’on veut ouvrir une Myÿe, on sait que souvent la contraction est assez forte pour briser la coquille en mille morceaux. Charles Darwin dit que les grandes Tridacnes des mers chaudes ont assez de puissance pour couper le doigt imprudent qui se serait introduit entre leurs valves. Les matelots prétendent même que les grands Bénitiers sont capables de couper les câbles d’une ancre. M. Pla- teau a déterminé quel était l’effort nécessaire pour écarter les deux valves, -c’est-à-dire pour vaincre la contraction des muscles adducteurs qui les maintiennent fermées. Pour cela il introduit entre les valves deux cro- chets À et B. L’A sert à suspendre le Mollusque, l’autre B soutient un plateau dans lequel on met des poids jusqu’à ce que la coquille commence à s’entre-bâiller. Il à ainsi trouvé qu'une Huître pied de cheval (Ostræa hippopus) peut soutenir plus de 17 kilogrammes. La Venus verrucosa porte 14 LES MOLLUSQUES plus de 5 kilogrammes et la Moule 3 kilogrammes. Ils supportent donc plusieurs centaines de fois leur propre poids ; le Pectunculus glycimeris supporte quatre cent quatre-vingt-douze fois son poids, et la Tellina soli- dula trois cent quarante-six fois. Mais il est bon de remarquer que cette grande force est surtout due à la grande surface des muscles adducteurs. PIED Le pied est cet organe musculeux qui se trouve inséré sur la masse vis- cérale. On peut le considérer comme l’aboutissant de fibres musculaires qui sont à la surface de la masse viscérale. 1° SA cARACTÉRISTIQUE. — La forme du pied des Acéphales est caracté- ristique de ce groupe: il est en effet aplati latéralement. Il n’est pas aplati dorso-ventralement, comme chez les Gastéropodes. Il n’y a que quelques exceptions à si- gnaler, ce sont les Nucules (fig. 17), les Triggonies, etc., dont le pied présente une face plantaire. 2° SES FORMES. — Quant à ses variétés de formes, elles sont extrêmement diverses. Chez la Cythérée il a la forme d'une hache; chez les Solen, c’est un cylindre renflé à son extrémité libre; chez les ZLucina, il Fi. 17. — MNucula nucleus. P est vermilorme (fig. 18), etc. F1c. 18. — Pied de ZLu- cina. pied. SP sole plantaire. m ° AS , A a ne Le pied n’existe pas chez tous les Acéphales. appendice inférieur du palpe. Br x ; ’ . ses a D na te Très développé chez les Solen, il diminue chez la Cytherea, devient encore plus petit chez les Mollusques à moitié fixés, comme les Moules, et enfin disparaît complète- ment chez les formes tout à fait fixées, comme les Huîtres ou les Anomies. Cependant, chez ce dernier type, il y a un rudiment de pied. 3° STRUCTURE. MUSCLES ET Tissus ÉRECTILES. — Le pied est presque en entier composé par des muscles dont les fibres disposées dans diffé- rents sens peuvent le faire allonger ou raccourcir à volonté. Ce sont les muscles intrinsèques du pied. Mais l’allongement du pied peut aussi être produit par un autre mécanisme. À son intérieur se trouve en effet un tissu érectile qui, grâce à un mécanisme que nous décrirons plus loin, à propos de l'appareil circulatoire, peut se remplir de sang très rapidement ACÉPHALES 45 et produire une véritable érection du pied. Cette érection est si volumi- neuse et si rapide que l’on croyait autrefois que les cavités internes com- muniquaient directement avec l'extérieur par de petits orifices dont on avait signalé la présence à la surface du pied. C'eût été alors l'eau extérieure qui, en pénétrant rapidement, aurait produit l'érection. Mais des recherches nombreuses, celles de Barrois en particulier, ont montré que les orifices extérieurs conduisaient, en réalité, dans de petites glandes ter- minées en cul-de-sac. Il n’y a pas que les muscles intrinsèques et le tissu érectile qui font mouvoir le pied, il y a aussi des muscles extrinsèques. Il ÿ en a ordinai- rement deux groupes : l'un, antérieur, qui part du pied pour aller s’insérer sur la co- quille près du muscle adduc- teur antérieur ; l’autre, posté- rieur, qui va s'attacher près du muscle adducteur postérieur. Lorsque le pied est pourvu d’un byssus, c'est à lui que les fibres de la deuxième catégorie vont se fixer, en totalité ou en partie (fig. 19). 4 FoncrioNs DU PIED. — Souvent, comme cela a lieu chez les Moules, le pied ne sert qu'indirectement par l'inter- ai d b :] Fic. 19. — Schéma montrant la disposition, des fibres muscu- médiaire du ssus qu 1l porte. laires du pied de la Aodiola modiolus. MI11 muscles ad- ÿ q P : ducteurs antérieur et postérieur. P pied. B byssus. MA En général lorsqu'il est bien muscles antérieurs. A/P muscles postérieurs (imité de : WooDWARD). développé, il sert à la locomo- tion. Et cela de deux manières : ou bien l’animal s’en sert pour marcher à petits sauts dans l’eau ambiante, c’est un cas assez rare (Cardium); ou bien, et c’est Le cas le plus fréquent, il sert à l’animal pour se frayer un chemin dans le sable ; tel est le cas du Solen, vulgairement appelé couteau, qui s’en sert en outre comme moyen de protection: en effet, lorsqu'on essaye de le saisir dans le sol où il se trouve, il gonfle son pied extrême- ment vite et il devient impossible de l’extraire. 5° Locomorion. — Beaucoup d’Acéphales vivent fixés pendant toute leur vie (Æuître) par leur coquille ou leur byssus aux rochers. Chez d’autres, les Moules par exemple, cette fixation est plus ou moins temporaire. Beau- coup (Solen, Cythérée) vivent dans le sable et alors se déplacent au moyen de leur pied. D'autres, enfin, vivent d’une manière plus ou moins libre. 16 LES MOLLUSQUES Dans ce cas, ils peuvent se mouvoir de diverses manières : les uns, en se contractant (Solenomya) brusquement, chassent l’eau par leur siphon ; les Pecten nagent en écartant leurs valves, puis en les refermant brusquement, ce qui a pour résultat d’expulser l’eau et de faire avancer l’animal par un brusque saut qui, chose remarquable, se fait en avant. Le cas le plus curieux est celui de la Lima hians dont les deux valves peuvent s’écarter beaucoup plus que chez les autres Acéphales : c'est au moyen des batte- ments rapides de ces valves que l’animal nage avec une grande rapidité et une allure saccadée, à la manière des papillons. 6° ACÉPHALES PERFORANTS. — Au pied, au manteau et à la coquille se rattache une question, non encore très bien résolue, celle des Acé- phales perforants. On trouve en effet de nombreux Acé- phales, les Pholas (fig. 20), les Saxicava, les Teredo, etc., qui vivent à l'intérieur de trous de même forme que leur corps et ouverts dans l’eau ambiante par un orifice par lequel passent les siphons. Ces trous se rencontrent dans des roches extrêmement dures, telles que le calcaire, le granit, le gneiss, etc. Comment ces Mollusques arrivent-ils à produire ces cavités ? Les uns admettent, sans en démontrer l'existence, que l'animal sécrète un acide qui attaque la roche. Mais cette explication, que rien ne justifie, d’ailleurs, serait admis- sible pour le calcaire, mais elle n’explique pas les trous dans le granit ou dans les roches siliceuses. D’autres auteurs (Buonnani, Bomme et surtout F. Cail- laud) attribuent la perforation du trou à une action méca- F e 20. re db d Q . # e 0 . . ‘Pholade, hique de la coquille. Le bord épais de la coquille agirait à la façon d’une lime par le va-et-vient de l'animal. Aussi, en examinant des Pholades en train de creuser, on les voit contracter leurs siphons, écarter leurs valves, se fixer par le pied, puis faire marcher la coquille soit à droite soit à gauche, ce qui a pour effet de faire frotter les épines des valves contre les parois. Mais cette explication ne peut s'appliquer à tous les Acéphales perforants, car il en est, comme les Zitho- domus et les Pericola, dont la coquille est absolument lisse et ne peut faire par suite l'office de räpe. L'hypothèse la plus vraisemblable est celle de Hancock qui fait jouer un rôle actif au pied. Cet auteur a en effet découvert sur le pied des Pholades une multitude de petits cristaux probablement constitués par de la silice. Cet instrument peut, on le voit, être comparé à du papier de verre. Ce serait par la friction de son pied contre le rocher que l'animal percerait un trou. Cette hypothèse est d'autant plus vraisemblable que, chez un Gas- _ 3 RE © ACÉPHALES 17 di \téropode perforant, la Patelle, on retrouve sur le pied et sur le manteau … des cristaux analogues à ceux du pied des Pholades. BYSSUS ET GLANDES DU PIED Le pied forme fréquemment à sa face inférieure un organe d'adhésion plus ou moins temporaire, qui est le byssus. Celui-ci est en général formé d’un faisceau de fils chitineux, de couleur brune, qui vont se fixer par une surface un peu épatée aux rochers ; ces filaments sont bien connus chez la Moule, où ils forment ce que l’on appelle souvent la barbe de la Moule. Ces filaments sont très résistants. Ils ne sont pas toujours isolés, comme chez les Mytilus ; ils peuvent se réunir en un tronc commun, qui ne se divise qu'au moment de s'attacher aux rochers ; c'est ce qui a lieu chez les Perna. D’autres fois même, le byssus peut se charger de calcaire et prendre la consistance de la coquille (Anomia). Chez la Pinna, les filaments sont si nombreux et si soyeux qu'on peut les filer. On peut voir au Muséum de Paris une paire de gants faits avec ces byssus. Le byssus peut être l’objet de modifications curieuses dans ses fonctions ; ainsi, chez la Modiola lulea, il forme tout autour de la coquille un sac com- plet. Chez le Dacrydium vitreum, le byssus est une membrane fine consolidée par des corps étrangers et limitant une loge étroite. _ Quelle est la nature histologique de ce - byssus? On a cru pendant longtemps que c'étaient des fibres musculaires transfor- mées en chitine. On sait aujourd’hui que cette hypothèse bizarre est fausse et que le RE te AA byssus est un produit de sécrétion. La tant la disposition habituelle dela glande , byssogène et du byssus (B). glande byssogène est produite par une inva- gination de l’ectoderme (fig. 21); ses parois sont unies par du tissu conjonctif compact, tapissé par une couche de cellules cylindriques. La glande à son intérieur forme des lamelles verticales qui la divisent en nombreuses chambres (fig. 22). C’est dans chacune de celles-ci que se s sécrête chaque filament du byssus. L'ouverture de la glande a souvent Ë l'aspect d’une fente longitudinale. Tous les Acéphales ne possèdent pas un byssus : ainsi les Solen et les Pholas en sont complètement dépourvus. : Chez les Anodontes, il n'y a pas non plus de byssus, mais à l’intérieur du . piedily a un petit sac clos de toute part, qui représente évidemment une glande byssogène atrophiée. Chez beaucoup d’autres, enfin, il n’y a pas de byssus, mais on trouve cependant des glandes byssogènes ne sécrétant MOLLUSQUES. 2 l ee vs" 18 LES MOLLUSQUES pas de matière chitineuse. Rappelons, en passant, que ce sont les orifices de ces glandes rudimentaires que l’on considérait autrefois comme établis- sant une communication entre l'extérieur et l'appareil circulatoire. Le byssus est le plus souvent un organe de fixation immuable. Mais il peut être aussi en même temps un organe de locomotion. La Moule (Myti- lus edulis) vit fixée par les nombreux filaments de ses byssus aux rochers. Lorsqu'elle veut se déplacer, elle envoie en avant un filament qui se colle par sa pointe. Une fois fixée ainsi, le pied, en se contractant brusquement, brise les filaments postérieurs, De nouveau, la Moule envoie des filaments un peu plus loin, puis brise les " | précédents, et ainsi de suite. La 4 progression est lente, mais, en somme, est encore plus rapide qu’on ne pourrait se l’imaginer. La même chose a lieu pour le Pecten varius. M. Fischer en a observé un qui, en huit jours, avait sécrété soixante byssus et s'était élevé à une hauteur de 60 centi- mètres le long des parois d’un Fic. 22. — Coupe schématique du aquarium. Fic. 23. — Pied du tu EE Notons, en terminant, que la Bancs (el plupart des embryons d'Acéphales sont pourvus d’un byssus, lequel disparaît, ou se conserve suivant les cas, chez l'adulte. Les glandes byssogènes ne sont pas les seules que l’on peut trouver sur le pied, il y a aussi des glandes mucipares, soit disséminées sur toute sa surface (Anodonta), soit accumulées à l'extrémité antérieure (Avicula). Elles sont particulièrement abondantes chez les Pecten (fig. 23) où le pied est roulé à la façon d'un cornet tapissé à son intérieur par les glandes mucipares. | BRANCHIES GénéraLirés. — Les branchies sont symétriques et placées de part et d'autre de la masse viscérale. Elles sont fixées dans l'angle fait par le manteau et la masse viscérale, par leur bord dorsal, tandis que leur bord ventral est libre. Elles ont la forme de lames aplaties dont l'aspect fait souvent désigner les Acéphales sous le nom de Lamellibranches. Ce sont tantôt des lames continues, tantôt des lames formées de filaments plus ou ACÉPHALES 19 # moins bien accolés entre eux. Quant à leur nombre, il est, dans la grande 1 _ majorité des cas, de quatre, deux à droite et deux à gauche. Souvent les deux branchies externes sont plus petites que les autres ; elles peuvent devenir très rudimentaires ou même manquer complètement ; il ne reste plus alors que deux branchies. Mais quatre est le nombre le plus habituel. D. LEUR DÉVELOPPEMENT. — Pour bien com- prendre la constitution des branchies des divers Acéphales, il est nécessaire d’abord d’étudier leur-développement chez la Moule, étude qui a été faite par M. H. de Lacaze-Duthiers !. Chez les plus jeunes Moules observées, c’est-à-dire : chez celles qui avaient un demi millimètre de longueur, les branchies étaient représentées de chaque côté par quatrefilaments (fig. 24)légère- F6: ee D Re IE iméwiirenilés à leur extrémité libre et couverts thes. & corps de Bojanus. mngg fllai- : ments branchiaux. de cils vibratiles. Ces filaments sont le rudi- ment de la branchie interne. La longueur de ces filaments va en augmentant de la partie antérieure à la partie postérieure ; à mesure que la Moule grandit, de nouveaux filaments se déve- loppent en arrière des précédents. La tête ren- flée des filaments ne tarde pas à prendre la | forme d’un trèfle de carte à jouer, c'est-à-dire Pic. 25. — Extre- Qu elle pousse latéralement des bourgeons qui Fi. 26. — For- pédesflaments ont au-devant de bourgeons semblables qui Re poussent sur les autres filaments. Ces bour- geons viennent enfin au contact les uns des autres et se soudent en une masse qui réunit le bord libre à tous les filaments. En outre, ceux-ci, dans toute leur longueur, envoient l’un vers l’autre de _petitesélévations couvertes de longs cils vibratiles raides (cils musculoïdes). Ces cils s’enchevêtrent d’un filament à l’autre et produisent une adhérence assez grande de tous les filaments entre eux. On ne peutmieux COMpPArEr Fic. 27. — Union des cette adhérence seulement physique qu’à celle de deux Rene paeaS EE brosses que l’on applique l’une sur l’autre {fig. 25, 26, 27). La branchie (nous ne considérons qu'un côté du corps, car les choses se passent de même à droite comme à gauche) ne reste pas longtemps à cet état. Le cordon continu, dont nous avons donné la formation plus haut et qui 1 Annales des sciences naturelles, 4 série, t. V, 1856. 20 LES MOLLUSQUES réunit le bord libre des filaments, se développe de plus en plus et forme une lame qui se dirige vers la base du premier feuillet (fig. 28). C’est pour cela D mu Lonne A 27 A0 7 70 ) F16. 28. — Un feuillet direct, avec l'origine (a) du feuillet réfléchi. que l’on donne le nom de feuillet direct à la première lame, tandis qu'on désigne la seconde sous le nom de feuillet réfléchi. Celui-ci, qui est situé entre le feuillet direct et la masse viscérale, descend de plus en plus et en même temps se perce d’orifices qui prennent la forme de longues fentes, lesquelles isolent des filaments se comportant de la même façon que les premiers formés. C’est l’ensemble du feuillet direct et du feuillet réfléchi qui constitue la première branchie ou branchie interne. De la même façon naît la branchie externe, entre la branchie interne et le manteau, avec cette différence qu'ici le feuillet réfléchi, au lieu de se faire en dedans, se fait en dehors, c'est-à-dire du côté du manteau. Diverses CATÉGORIES DE BRANCHIES. — Les divers stades que nous venons de décrire chez la Moule, et qui sont représentés par les figures 29 et 30, nous donnent la clé de toutes les autres branchies. Si, en effet, nous supposons que les bran- chies s'arrêtent au stade IT, nous aurons le cas des Acéphales qui n'ont que deux branchies, la Lu- cine par exemple. Si elles s’arré- tent au stade III, on a le cas de Fic. 29. — Coupes transversales schématiques montrant les phases successives de la formation des branchies. x masse viscérale. M manteau. — I. FD feuillet direct de la branchie interne. — Il. Æ"D feuillet direct avec son feuillet réfléchi (ZAR). — III. première branchie. @a feuillet direct de la deuxième branchie. la Pandore rostrée. Il peut aussi y avoir quatre branchies, mais réduites à leur feuillet direct. Dans la plu- Fic. 30. — Dernier stade (IV). — 1° première branchie avec son feuil- let direct (g) et son feuillet réfléchi r ; — 90 deuxième branchie avec son feuillet direct (d) et son feuillet ré- fléchi (e). part des cas, il y a deux branchies à deux feuillets, comme le représente la figure 28. Mais alors plusieurs cas peuvent se présenter. Ou bien chaque filament reste distinct de son voisin (Pecten), ou bien n’est réuni à lui que temporairement, par des cils musculoïdes, comme cela avait lieu chez la Moule. Dans l’un et l’autre cas, on a des branchies filamen- leuses. Mais ce n’est pas encore là le maximum de complexité qui peut atteindre les branchies. En effet, il arrive que les filaments voisins se réunissent entre eux par de nombreuses anastomoses transversales en échelles, anastomoses qui sont parcourues par des vaisseaux sanguins. Tous les r ACÉPHALES 91 filaments par leur réunion forment une lame : ce sont les branchies lamel- leuses. Dans ce cas, l’eau ambiante ne peut plus entrer que par les nom- breux petits orifices que les anastomoses transversales ont laissés entre elles. Si le bord réfléchi des lames est libre, l’eau sort deschambres intrabran- chiales par les fentes supérieures que laisse cette lame. Mais il n’en est pas ainsi chez les espèces tout à fait supérieures, c’est-à-dire chez celles qui sont pourvues d'un siphon, comme la Mye par exemple. Dans ce cas, le feuillet réfléchi de la branchie externe se soude par son bord libre au manteau. De même, le feuillet réfléchi de la branchie interne se soude K R Ÿ N Z N N N N Fic. 31. — Coupes transversales théoriques, montrant la communication des cavités intrabranchiales (c) avec le siphon dorsal (c1) et de la cavité palléale (Æ) avec le siphon ventral (Æ1). — I. Coupe transversale dans la région moyenne du corps. AZ masse viscérale. 5% manteau. — II. Coupe un peu plus au-dessous. Les quatre cavités intrabranchiales sont encore distinctes. — III et IV. Coupe encore plus inférieure. On voit la fusion des cavités branchiales en une seule. — V. Coupe du siphon. cl siphon dorsal. X1 siphon ventral. à la masse viscérale. Il en résulte deux chambres intrabranchiales situées de part et d'autre de la masse viscérale. Si l’on suit ces chambres à partir de la région moyenne du corps, on voit que, au-dessous de la masse viscérale, toutes les chambres branchiales se réunissent en une seule, limitée encore en avant par une membrane qui est la continuation de la paroi branchiale. Celle-ci descend peu à peu et vient se souder avec la membrane qui sépare le siphon ventral du siphon dorsal; il en résulte que toutes les cavités branchiales communiquent avec l'extérieur par le siphon dorsal, tandis que le siphon ventral est en rapport avec la cavité palléale. La figure 31 montre comment se fait cette communication. La description que nous venons de donner est schématique. Mais, pour être exact, il faut ajouter que les cavités intrabranchiales ne communi- quent pas seulement avec la cavité palléale par les nombreux petits pertuis dont la paroi branchiale est percée. En effet, le feuillet réfléchi de la bran- 99 LES MOLLUSQUES chie interne ne se soude à la paroi de la masse viscérale que dans la partie supérieure. Environ au-dessous du niveau des orifices bojano-génitaux, cette adhérence n’a pas lieu. Il en résulte une fente (une à droite, l’autre à gauche de la masse viscérale) par laquelle la cavité intrabranchiale de la branchie Fi. 32, — Mye des sables. intérne communique avec la cavité palléale. Cette dis- position s'explique facilement si on considère que les produits du corps de Bojanus et des organes génitaux tombent dans la cavité palléale. De là, ils seraient entraînés par les cils vibratiles dans les pertuis des branchies qu'ils ne pourraient traverser. Au contraire, grâce à la disposition que nous venons de signaler, on voit que la fente se trouve tout près des orifices en question, de telle sorte queles produits qui sortent par eux s'engagent immédiatement dans la fente, puis dans la cavité intrabranchiale, et de là au dehors. Ajoutons enfin que, dans certaines espèces, les produits génitaux restent dans la cavité intrabranchiale qui sert de cavité incubatrice. STRUCTURE. — La branchie est essentiellement cons- tituée par un stroma de tissu conjonctif où serpentent les vaisseaux sanguins. Habituellement, au centre des filaments, le tissu conjonctif se différencie en une tigelle anhyste de soutien. L'ensemble de ces tigelles forme un squelette branchial. Le tissu conjonctif est tapissé exté- rieurement par une assise unique de cellules cylindriques à cils vibratiles = - a. == - DES - Se: ae PÉTER er RIT F16. 33. — Coupe transversale schématique d'un siphoné. CP cavité palléale. $S projection de l'ouverture du siphon, pour montrer l’eau (a) passant dans la cavité palléale, de là (b) dans les cavités intrabranchiales (CIB). À rh EN Re « 1 R- puissants ! etse mouvant toujours dans le même sens. CIRCULATION DE L'EAU. — Chez les espèces asiphonées, la circula- tion de l’eau se fait d’une manière un peu quelconque. Mais chez les siphonées le cours de l’eau se fait d'une manière régulière. L'eau Fi6. 31. — Conception théorique des deux branchies bipecti- entre par le siphon ventral, arrive PAR dans la cavité palléale, traverse les trous de la branchie, arrive dans les cavités intrabranchiales et de là passe dans le siphon dorsal, qui l’expulse au dehors (fig. 33). Ce mou- vement est très rapide et continu ; on peut le voir facilement en mettant ! La branchie de la Moule est toujours l'exemple que l'on choisit pour montrer au micros- e L d ACÉPHALES 23 une Mye, par exemple, dans de l’eau de mer contenant de fines matières en suspension. [1 faut aussi signaler que souvent le bord des branchies est garni de longs cils vibratiles dont le mouvement est dirigé de façon à conduire à la bouche les particules étrangères qui sont entraînées avec l’eau jusque dans la cavité palléale. APPLICATION A LA CLASSIFICATION. — La présence de deux ou de quatre branchies ont permis à certains naturalistes de diviser les Acéphales en deux grands groupes: les Dibranches etles Tétrabranches. Mais, si au point de vue anatomique il y a chez les Tétrabranches quatre branchies, il ne semble pas en être de même au point de vue morphologique. Ce point est important au point de vue des affinités ; il a été mis en lumière par M. Méné- gaux !. Cet auteur, en se basant sur divers caractères, en particulier celui des vaisseaux afférents, considère en effet que les deux feuillets branchiaux d’un même côté du corps ne représentent pas, en réalité, deux branchies, mais une seule bipectinée (fig. 34). Dans ces conditions, on peut dire que les Acéphales ont de chaque côté un organe bipectiné homologue de la branchie bipectinée que nous verrons chez les Psorobranches diotocardes. Ce type primitif se retrouve encore chez un animal qui, à tous égards, se montre comme très ancien, c'est la Nucule. En effet, chez cette espèce, à droite et à gauchede CLÉS 32. — Coupe ana RSS transversale sché- la masse viscérale, on trouve une seule série de lamelles, 7 Re LL PNCE UE ; =. £ \ cule, montrant les mais qui, à leur bord libre, est bifurquée (fig. 35). à Signalons, en terminant, le cas des Cuspidaria ? qui n'ont pas de branchies. Celles-ci sont transformées en une cloison mus- culaire qui sépare la cavité palléale en deux chambres, l’une dorsale, l’autre ventrale. TUBE DIGESTIF Le tube digestif présente, à très peu de chose près, la même constitution chez tous les Acéphales. | La bouche n’est pas portée sur une tête, car, comme l'on sait, celle-ci n'existe pas. Elle est située à la base de la masse viscérale, au-dessous du cope le mouvement des cils vibratiles. Pour cela il suffit d’ouvrir une Moule, en recueillant les quelques gouttes de liquide qui découlent de son corps. On arrache avec une pince quel- ques filaments branchiaux et on les examine au microscope dans le liquide recueilli. Si on les mettait dans de l’eau douce, les mouvements s’arrêteraient. 1 Recherches sur la circulation des Lamellibranches marins (thèse de Paris, 4890). 2? PELSENEER, Les Pélécypodes sans branchies, Comptes rendus, 3 avril 1888. 24 LES MOLLUSQUES muscle adducteur supérieur des valves, quand celui-ci existe. C’est un simple orifice à grand axe transversal. Sur le bord, il porte quatre palpes labiaux plus ou moins allongés et striés transversalement, ce qui leur donne l'apparence de branchies. Les formes des palpes sont très variables ; ils sont habituellement triangulaires. Leurs dimensions sont aussi très variables ; très réduits chez les Chama, ils deviennent énormes chez les Tellina, où ils atteignent la même dimension que les branchies. Quant à l’orifice buccal, il ne présente aucune formation particulière. Il n'y a ni mâchoires ni radula. Cette absence de radula que l’on rencontre chez tous les autres Mollusques est l’une des meilleures caractéristiques des acéphales. L'æœsophage, auquel donne accès la bouche, est excessivement court. Presque aussitôt il se jette dans un estomac globuleux et à parois très minces. Dans presque tous les Dimyaires, et très rarement chez les Mono- myaires, l'estomac émet un appendice plus ou moins long qui se termine en cul-de-sac. L'intérieur de ce cœcum, tapissé par un épithélium vibra- tile, est rempli par une baguette transparente comme du verre et de la con- sistance de la gélatine. Cette tige cristalline, c’est ainsi qu’on l'appelle, vient faire saillie dans la cavité stomacale, et en ce point elle présente des traces évidentes de corrosion. Sa structure est absolument anhyste et montre, sur une coupe transversale, des couches concentriques. C’est évi- demment une matière sécrétée par l’épithélium du cœcum. On a émis beaucoup d'hypothèses sur les fonctions de cette tige cristalline, mais aucune d'elles n’a encore été démontrée. On l’a considérée autrefois comme un appareil copulateur, mais cette opinion est évidemment fantaisiste. D'autres y ont vu un appareil de soutien, mais sa position montre qu'il n'en est pas ainsi. On a émis aussi l’idée que c'était peut-être une radula très déformée, mais cette hypothèse est tout à fait gratuite ; d’ailleurs, il ne semble pas en être ainsi, car, d'une part, elle devrait être placée tout à fait à l’origine du tube digestif, ce qui n’est pas, et, d'autre part, elle est d'origine endodermique, tandis que la radula est d’origine ectodermique. Certains savants, la voyant déboucher dans l'estomac, ont cru qu'elle ser- vait à brasser les aliments qui y sont contenus. Mais on se demande où seraient les muscles qui la font mouvoir. Enfin, beaucoup de zoologistes la considèrent comme une matière de réserve. En effet, lorsqu'on examine un Acéphale de nos eaux douces, l’'Anodonte, on voit la tige cristalline pré- senter un maximum de développement pendant l'automne. En hiver, pen- dant que l’animal hiberne, elle diminue peu à peu etenfin au printemps on n’en trouve plus trace. Mais si l’on s'adresse aux Acéphales marins, on voit que les choses ne se passent pas de même et que la tige cris- talline ne change pas de volume pendant toute l’année. L'opinon la plus ACÉPHALES 23 vraisemblable semble être celle qui la regarde comme un suc digestif, sécrété par le cœcum radulaire, et qui, au lieu d’être liquide, comme la plu- part des sucs digestifs, se présente ici sous une forme solide. Elle se dis- soudrait dans l'estomac au fur et à mesure des besoins digestifs. La tige cristalline ne se présente pas toujours dans un cœcum spécial, ‘comme nous venons de le décrire. Chez quelques espèces, en effet, il n’y a q ) pas de cœcum, et la tige cristalline est plongée dans l'intestin lui-même ; du moins, telle est la description ancienne. Mais, récemment, M. Barrois a montré que, dans ces cas, si l’on fait une coupe transversale de la région en question, on observe les faits suivants : l'intestin est étranglé en deux cavités, l'une petite, qui est la cavité digestive proprement dite et qui est bourrée d'aliments, l’autre plus large, qui contient la tige cristalline et dans laquelle il n’y a jamais de matière ali- mentaire. La tige n’est donc pas, à pro- prement parler, dans l'intestin, mais à -TC côté; les choses se passent comme si le cœcum s'était appliqué contre l'intestin et que la cloison mitoyenne se soit Flo. 36. Coupeschématique résorbée en partie (fig. 36). RAR \ À dans la région initiale de ) . ° 1: Fig. 37. — Cel- l'intestin d'un Acéphale sans Dans l'estomac viennent aussi débou- lules intestina- ACT ité intesti- . ’ . les de l’Ano- TC ge cristeline. - Cher les conduits excréteurs du foie, jne., organe volumineux, de couleur brune, qui forme une grande partie de la masse viscérale. Le foie est une glande acineuse composée extérieurement d'une fine membrane conjonctive et intérieurement d’un épithélium de cellules à contenu pigmenté. L'esto- mac aboutit à un éintestin en général très long, à parois minces, et enroulé sur lui-même. Il serpente ainsi au milieu du foie et des organes génitaux et enfin sort de la masse viscérale. Alors il présente une disposition extré- mement curieuse. À peu d’exceptions près, en effet, le rectum traverse le ventricule du cœur. Enfin il passe derrière le muscle adducteur postérieur et vient déboucher à l'anus, lequel est toujours placé à la partie inférieure du muscle adducteur inférieur ct souvent porté sur une petite papille (fig. 2). Les cellules de l'intestin sont allongées, cylindriques, et garnies de cils vibratiles (fig 37). Il faut signaler enfin que le tube digestif ne présente pas de glandes annexes autres que le foie. Chez les espèces dépourvues de siphon, les particules étrangères sont apportées ordinairement à la bouche par les cils vibratiles que nous avons signalés sur le bord libre des branchies. Chez les espèces à siphon, le courant d'eau amené par le siphon ventral apporte avec lui les particules 26 LES MOLLUSQUES nutritives. Les Acéphales se nourrissent ains!' d'Infusoires et de Diatomées. Mais il en est, comme les Mulettes, qui s’attaquent à la viande. La F16. 38. — Schéma du tube digestif d'un Acéphale. 471 muscle adducteur supérieur. B bouche. P palpes. £ es- tomac. Æ foie. C cœcum. TC tige cristalline. 7 in- testin. V ventricule. M muscle adducteur inférieur, À anus, Cyclas cornea s'attaque même à des animaux vivants, comme des écrevisses ou des grenouilles. Les produits, une fois digérés, sont expulsés par l'anus, lequel vient déboucher chez les Siphonés dans le siphon dorsal par où, comme nous l’avons vu, sort le courant d’eau expirateur. APPAREIL CIRCULATOIRE L'appareil circulatoire comprend un cœur artériel enveloppé d'un péricarde et placé sur la ligne mé- diane dorsale, un peu au-dessus du muscle adduc- teur inférieur. Il comprend en outre des troncs arté- riels qui se résolvent en lacunes d’où le sang est ramené au Cœur. PÉRICARDE. — Le péricarde est une poche qui enveloppe complètement le cœur et est à son tour recouverte par le manteau. Cependant il est baigné directement par l’eau de mer chez l’Avicule et manque chez l’Anomie. Sa cavité présente un rapport constant avec les organes excréteurs : elle communique avec les organes de Bojanus par deux entonnoirs latéraux. Ce fait, ainsi que plusieurs F16. 39.— Schéma du cœur de l'Arche autres, ont amené à considérer la cavité péricardique comme le reste de la cavité générale de l'embryon quise serait très réduite. Cette cavité fait en effet absolument défaut chez l'adulte, Le péricarde est constitué par du tissu conjonctif tapissé in- Fe Ai RSR jrs ventricule. O oreil- térieurement par une couche jeites. R rectum. de Noé. O oreillettes. V ventricule. endothéliale. AA aorte antérieure. À P aorte pos- térieure. À rectum. Cœur. — Le cœur est généralement cons- titué par une vaste poche médiane, le ventri- cule, portant deux oreillettes latéralement. Nous avons vu, à propos du tube digestif, que le ventricule était traversé par le rectum. A cette règle font exception les Ostrea, Anomia et Teredo, liste à laquelle M. Mé- négaux a ajouté récemment la Nucula nucleus et la Meleagrina mar- garitifera. Il semble, au premier abord, tout à fait extraordinaire de voir le ACÉPHALES 27 cœur traversé par le rectum, mais le fait nous paraîtra facile à comprendre si nous nous adressons à la disposition qui se rencontre chez l'Arche de Noé. Chez cet Acéphale le cœur est double : à droite comme à gauche il y a un ventricule avec son oreillette. Des deux ventricules partent en avant deux gros troncs aortiques qui se réunissent au-dessus du rectum (fig. 39). De la partie inférieure des mêmes ventricules partent en arrière deux petits troncs aortiques qui se réunis- sent en un tronc commun au-dessous du rectum. Les deux ventricules et les quatre troncs aortiques forment donc ainsi une vaste boucle autour du rectum. Imaginons maintenant queles aortes se dilatent beau- | coup : elles se confondront bientôt avec Pie. LI. — Cœur de ri les ventricules et s’appliqueront tout autour du rectum. Petit CE À ce moment nous n'aurons plus qu'une seule cavité tra- versée par lerectum, c'est letypeordinaire du ventricule. La description que nous venons de donner devient particulièrement frappante si l’on regarde le cœur de la Trigonie pectinée où, bien que le cœur soit simple, on croirait voir encore la dualité primitive ! (fig. 41). On peut aussi supposer que, dans une disposition analogue à celle de l'Arche, les aortes postérieures avortent (fig. 42) et que la dilatation ne gagne, par suite, que les aortes antérieures. Nous aurons alors un ventricule qui reposera simplement sur le rectum (fig. 43) et ne sera pas traversé par lui, c'est le PAU cas de l'Huître. Les oreillettes ont toujours une forme triangulaire. Elles sont ordinai- rement distinctes l’une de l’autre, mais chez les Acéphales, dont le pied est bien développé, elles communiquent entre elles au-dessous et en arrière du ventricule (fig. 44). Elles sont ordinairement frangées et colorées en jaune ou en brun. SYSTÈME ARTÉRIEL. — Le système artériel est formé de deux troncs aortiques qui partent du ventricule, l’un antérieur, placé au-dessus du rec- tum, l'autre postérieur, placé au-dessous. Mais, comme nous l'avons indiqué plus haut, chez l’Huître il n’y a qu'une aorte antérieure située au- dessus de l'intestin. 1 MÉNÉGAUx, Recherches sur la circulalion des Lamellibranches marins (thèse de Paris, 1890). 28 LES MOLLUSQUES À peu d’exceptions près, on peut dire que l’appareil artériel présente une grande uniformité dans sa distribution. L'aorte postérieure irrigue le muscle adducteur inférieur, les ganglions viscéraux, le rectum, la partie postérieure du manteau etles siphons quand il y en a. L'aorte antérieure est la plus importante. Elle irrigue le pied, les viscères, l'adducteur antérieur et la partie antérieure du manteau. Sa paroi est FiG. 45. — Appareil artériel du Pecten maximus. v ventricule. Q oreillette. Æ estomac. 1 aorte antérieure. 2 aorte postérieure. 3 artère pédio-viscérale. 4 artère pédieuse. 5 artère de l'estomac tubulaire. 6 Marginale antérieure. 7 Marginale postérieure. 8 a cireumpalléale, 9 a rectale. 10 a de l'adducteur. 11 a des ganglions et de la bosse de polichinelle. 12 veine palléale droite. formée de tissu conjonctif, est tapissée par un endothélium et contient des faisceaux musculaires de direction variable, mais toujours rectilignes. Elle est à son origine munie d’une valvule qui la sépare du ventricule. Chez les Asiphonés, l'aorte antérieure, arrivée au niveau de l’adducteur postérieur, se divise en deux artères marginales antérieures, qui longent les bords du manteau et se réunissent aux deux branches correspondantes postérieures pour donner la circumpalléale. ACÉPHALES 29 . Signalons, en passant, le grand développement de l'artère pédieuse, sur laquelle nous reviendrons à propos de la turgescence. Enfin, disons que le manteau est aussi pourvu de nombreuses artérioles extrêmement fines, dont la présence a été longtemps méconnue. Nous donnons ci-joint, d'après M. Ménégaux, la figure de l'appareil arté- riel du Pecten maximus que l’on a souvent l’occasion d’avoir entre ses mains dans les laboratoires. Nous empruntons au même auteur la description de cet appareil !. Etudions séparément le système aortique antérieur et le postérieur. L'aorte antérieure est représentée par l'artère qui, naissant au-dessus du rectum, remonte la masse viscérale avant de longer la charnière (fig. 45, 1). Très large à son origine, elle est fermée par une valvule semi-circulaire, fixée à la face antérieure et sur les côtés. Elle donne immédiatement une branche de chaque côté aux faces supérieures et latérales du péricarde, puis quelques artères peu importantes, jusqu’à son passage dans la dépression correspondant au ligament. Elle vascularise la membrane cardinale et envoie une artère à chacun de ses deux lobes placés à gauche et à droite du ligament. C’est à ce niveau qu'elle émet le tronc important viscéro- pédieux (3) ; puis, continuant sa course en diminuant beaucoup de diamètre, elle donne au manteau, et un peu en avant de la masse viscérale, une longue branche très ramifiée et beaucoup de petites, jusqu'au moment où elle se divise en deux artères qui suivent le bord du lobe palléal droit et celui du lobe gauche (7, 7). Le tronc viscéro-pédieux, un peu oblique vers l'avant, envoie en premier lieu une grosse branche à l’œsophage postérieur, à l'estomac (E), au foie et au péricarde. Puis 1l descend à droite de l’œsophage et donne une forte artère (4) dont les deux branches vascularisent, celle de droite une tenta- cule et le palpe correspondant externe, et celle de gauche la partie moyenne de la lèvre avec ses petits tentacules, le gros tentacule latéral et le palpe gauche externe. Il en naît ensuite une artère importante intestino-génitale, dont nous nous occuperons plus loin. L'artère pédieuse, à ce niveau presque superficielle, descend dans le pied dont elle suit le bord supérieur. A l'extrémité, elle se bifurque en deux branches à peu près égales qui, devenant récurrentes, émettent de nombreux ramuscules aux bords de l’entonnoir pédieux. L'artère viscérale intestino-génitale est très intéressante à étudier. Après un court trajet, elle arrive sur l’estomac tubulaire ; un de ses rameaux va jusqu'à l'estomac proprement dit ; tandis qu'elle se divise en deux, une branche suit la paroi interne et inférieure de l’estomac tubulaire, auquel elle donne un réseau 1 Loc. cit., F. 92. 30 LES MOLLUSQUES très fin, et d'autres artérioles se répandent dans la glande géni- tale. Elle se termine en réseau au point où le tube intestinal se recourbe vers l'arrière. L'autre branche de la viscérale suit la paroi supérieure de l'estomac tubulaire, donne, chemin faisant, quelques artérioles à la masse génitale et, arrivée au niveau du milieu du muscle, envoie une forte branche à l'intestin récurrent et à la glande femelle. Les ramifications des deux branches de la viscérale se rencontrent sur la courbe extrême de l’in- testin. Le tronc aortique postérieur est très développé. Il commence sous le rectum par un renflement (2) et, après un trajet très court, il envoie une artère postérieure, passe à droite de l'intestin, puis revient en avant dansla membrane qui réunit les deux lobes palléaux ; il lui donne quelques ramus- cules et se bifurque en deux branches qui se rendent dans les deux lobes du manteau (8, 8’). La circumpalléale (9), d’un calibre assez petit, s’élargit au point où le manteau refléchit son bord vers l’intérieur ; elle s’aplatit et se place sur la face externe, mais en dedans de la membrane sécrétant la coquille. Le nerf circumpalléal en suit la ligne médiane. Si on l’ouvre dans la partie large, on y trouve deux séries d’orifices en boutonnière, visibles à l’œil nu et espacés d'environ 1 millimètre. Ces orifices donnent accès dans des artérioles. Avant de remonter à droite du rectum, l'aorte postérieure donne nais- sance à un gros tronc postérieur, dont une branche accompagne le rectum à gauche jusqu’à l’anus (10), tandis que le tronc principal s'enfonce dans l’'adducteur après avoir envoyé un vaisseau spécial à la partie postérieure du muscle, partie séparée sur la droite du corps de l’animal par un diver- ticule de la cavité palléale. L’artère musculaire décrit une légère courbe pour venir aux ganglions viscéraux qu'elle laisse en avant d'elle; elle se divise alors en partie dans les sinus voisins, puis elle se rend dans la glande femelle. APPAREIL VEINEUX. — L'appareil veineux n’est pas encore très bien conpu. Il semble cependant que le sang tombe des artérioles dans les lacunes interorganiques sans parois propres en général. Ces lacunes communiquent toutes les unes avec les autres et ce n’est qu'exceptionnelle- ment qu'elles sont bien indiquées. Aussi il y a de véritables veines dans la partie antérieure du manteau de l'Arca barbata ; on en trouve encore dans le manteau du Pecten maximus. Quoi qu’il en soit, la grande majorité du système est formée par des lacunes. Le sang les parcourt de proche en proche, et finalement elles se rassemblent dans un grand sinus médian. De là le sang passe dans toutes les lacunes du corps de Bojanus. Il se rassemble ensuite dans deux sinus latéraux, placés à la base des branchies. La circulation du rein rappelle une circulation porte. Des reins latéraux, ACÉPHALES 31 le sang se rend par les vaisseaux afférents dans les branchies où il respire. De là, il revient aux oreillettes par les vaisseaux afférents. Il faut aussi signaler que le sang des lacunes du manteau ne passe pas par les branchies, mais va directement se jeter dans la veine qui ramène le sang des branchies; il est donc très probable que le manteau joue le même rôle respiratoire que les branchies, ce qui s'explique facilement par sa minceur extrême. Il faut signaler que les lacunes du corps semblent dépourvues d’endothé- lium. Mais les lacunes afférentes et efférentes ainsi que les plus fins canalicules des branchies en sont pourvues (fig. 46). Si donc on admet que la présence d’un endothélium ca- ractérise un vaisseau, on pourra dire que le système veineux est constitué dans le corps par des lacunes et par de vrais vaisseaux dans les branchies. Résumé. — En résumé, si on excepte le cas particulier | . . . ‘ Fi6. 46. — Endothélium du manteau, on voit que le sang suit le chemin sui- d'un canalicule bran- vant: 1° ventricule ; ® artère; 3° lacunes ; 4° sinus Pr PE Eu médian ; 5° corps de Bojanus; 6° sinus latéraux; 1° vaisseau afférent ; 8° vaisseau efférent ; 9 oreillettes ; 10° ventricule. SANG. — Le sang est généralement incolore. C’est un liquide albumi- noïde qui devient opalescent au contact de l’eau, et contient des cellules à mouvements amiboïdes. DU SYSTÈME DIT AQUIFÈRE ET DE LA TURGESCENCE Lorsqu'on examine un Acéphale vivant dans l’eau de mer, on est frappé de la rapidité avec laquelle il peut gonfler son pied qui, de tout petit, peut acquérir une dimension énorme. Mais non moins remarquable est la rapidité avec laquelle peut se faire la réplétion de l’organe quand l’animal _ vient à être effrayé. Les zoologistes, pour expliquer ce rapide changement de volume, avaient émis l'hypothèse que le système circulatoire communiquait avec l’extérieur par une série de petits canaux dont les orifices se voient habituellement à la surface. C’est ce qu’ils appelaient le système aquifère. C’est par ce système que l’eau ambiante pénétrait dans le pied et produisait son augmentation de volume. Le système circulatoire n’était donc pas clos et communiquait avec l'extérieur. Keber, le premier !, n’admit pas la pénétration de l’eau de mer dans le pied. Il fit remarquer qu’en effet la turgescence se produit même chez 1 Këser. Beilraege sur Anat. u Physiol. der Weichthierge. Kænigsberg, 1851. 32 LES MOLLUSQUES les animaux qui sont hors de l'élément depuis plusieurs jours. Plus tard, J. Carrière, étudiant les glandes du pied !, montra que les prétendus ori- fices aquifères n'étaient autres que les orifices des glandes byssogènes dégradées, mais néanmoins terminées en cul-de-sac. Presque en même temps, Th. Barrois? arrivait aux mêmes conclusions. L'introduction de l'eau par ces orifices étant par suite impossible, on en vint à admettre l'existence de pores intercellulaires par lesquels l’afflux de l’eau pouvait se faire. Mais c’est là une hypothèse absolument gratuite. Il semble donc bien que le système circulatoire ne communique pas avec le dehors. Comment donc expliquer la turgescence du pied, des lobes du manteau et des siphons. Ray Lankaster (1884), à la suite des divers naturalistes, admit que le sang pou- vaitêtre l'agent delatur- | gescence. Fleischmann (14885) montra que le poids du sang est au moins égal à la moitié ! : F16.48.— Schéma de du poids du corps de l'orifice de l'Ano- AU Ne donte. V valvule. l'animal. Cette quantité muscle. Oorifice en grande partie re- est donc suffisante pour couvert. Fic. 47. — Lutraria. Orifice Bojano-pédieux, L | vu de face (MÉNÉGAUX). remplir certains organes et les amener à leur maximum de disten- sion. Aujourd’hui, il est bien démontré que la turgescence du pied est due à l’afflux du sang. A l’état de repos, le sang se trouve soit dans le manteau, soit dans la masse viscérale, soit dans les autres organes. Lorsque l'animal veut faire gonfler son pied, le cœur bat avec plus de violence et chasse le sang dans les lacunes pédieuses. Le départ du sang est empêché par la contraction d'un sphincter placé au point où les lacunes du pied communiquent par un canal avec le corps de Bojanus (fig. 47). Ce canal est complètement oblitéré quand le sphincter est contracté. Le sang s’accumule alors dans le pied et produit la turgescence. Un mode particulier de fer- meture de l’orifice bojano-pédieux se rencontre chez les Anodontes. Ici, il y a une petite valvule qui est munie d'un petit muscle. Celui-ci, en se contractant, ferme l’orifice et applique la valvule contre l’orifice qui se trouve oblitéré (fig. 48). | Quant à l'érection des bords marginaux, il est probable qu'elle est due { CARRIÈRE. Die druesen in Fusse der Lamell. Arbeil aus dem 2001. zoot. Inst. zu Wuerz- burg, vol. 5, 1879. 2 Barrois. Sur l'analomie du picd des Lamell. (Bull. sc. du dép. du Nord, 1879.) — Les glandes du pied de la fumille des Tellinidés, (Ibid. 1880.) — Les pores aquifères. Lille, 1883. ACÉPHALES 33 - à l'intervention de certains muscles qui se contractent pour empécher le . sang de s’écouler dans les lacunes palléales. Dans les Siphonés, la présence d’une dilatation postventriculaire et de Fic. 49. — Système nerveux de l’Anodonta anatina. q ganglions cérébroïdes. P ganglions pédieux. B ganglions branchiaux. C petit collier. C1 grand collier. valvules siphonales signalées par M. Ménégaux montre que la turgescence doit se faire par l’afflux du sang et que, de plus, ce sang, pendant la rétrac- tion lente ou brusque, ne peut revenir directement au cœur; il doit alors passer dans le manteau avant de se rendre dans l'oreillette. 14 “ SYSTÈME NERVEUX | _ Le système nerveux a une disposition caractéristique et offre une grande | constance dans toute la série. Il comprend d’abord (fig. 50) deux ganglions cérébroides réunis sur la ligne médiane par une longue commissure placée dorsalement par rapport au tube digestif. De ces ganglions partent deux connectifs qui pénètrent dans la masse viscérale et aboutissent à la base du pied dans deux gan- MOLLUSQUES. 3 34 LES MOLLUSQUES glions pédieux. Le quadrilatère ainsi formé est souvent désigné sous le nom de petit collier. En outre, des mêmes ganglions cérébroïdes partent deux autres connectifs ! qui longent la base de la masse viscérale et abou- tissent à deux ganglions viscéraux, ou branchiaux, ou pleuraux; c’est ce qui constitue le grand collier (fig. 49). Fest ee Le point important à noterestque TB tube digestif. les ganglions pédieux et viscéraux ne me ee sont pas réunis entre eux par une commissure, comme ne nous le verrons pour les autres Mollusques. Il en résulte que, si nous regardons un Acéphale de profil, les trois groupes de ganglions représentent le sommet d’un triangle dont le côté placé au-dessous du tube digestif fera défaut (fig. 51): il n’y a pas de triangle latéral. LME jo æœ C2 EU D D. / Ke Fic. 52. — Disposition générale d'un système nerveux d'Acéphale. C ganglions cérébroïdes. Z nerfs buccaux. Æ nerfs palléaux supérieurs. X1 nerfs palléaux inférieurs. P ganglions pédieux. y otocystes. a portion du réseau nerveux palléal. D, D1 nerfs branchiaux. Æ ganglions pleuraux. $ ganglions du siphon. Des ganglions cérébroïdes (fig. 52) partent des nerfs pour le muscle supérieur,les palpes labiaux et le manteau. Des ganglions pédieux partent des rameaux pour les muscles du pied et les otocystes quand il y en a. 1 Si on suit ces connectifs, en parlant des ganglions viscéraux, on les voit d'abord super- ficiels, puis ils ne tardent à plonger dans la masse viscérale. C'est là un point de repère important à signaler, car c'est à ce point que sont placés les orifices génitaux et urinaires. ACÉPHALES 35 . Des ganglions viscéraux, qui sont volumineux, partent un grand nombre de nerfs pour tous les organes de la partie postérieure du corps. Il y a surtout deux gros nerfs pour le siphon. Généralement, il en sort un rameau volumineux qui remonte tout le long du bord du manteau pour aller se confondre avec un nerf semblable qui vient des ganglions cérébroïdes. De ces nerfs part un riche réseau nerveux qui se répand dans le manteau. Quant aux viscères, ils sont innervés par des nerfs partant soit des ganglions viscéraux, soit du grand collier : il ne semble pas y avoir de sto- matogastrique. Telle est la constitution générale du système nerveux. La modification la plus importante à signaler dans ce type est le cas des espèces fixées qui sont dépourvues de pied, telles que l’huître par exemple. Dans ce cas les ganglions pédieux font absolument défaut ; leur absence s’explique facilement. Les autres modifications à signaler sont #z d'ordre tout à fait secondaire. Les gan- glions cérébroïdes des Cythérées sont con- . Fic. 53. — Sys- fondus en une seule masse; chez d’autres, ils du Pecten. sont très éloignés et réunis par une commis- ?s sure formant un arc au-dessus de l’œsophage. Les ganglions pédieux sont habituellement réunis en Mi. 54. — Système une seule masse. Très éloignés des ganglions cérébroïdes eue. NA quand le pied est bien développé, ils peuvent être bien voisins d'eux quand le pied est très réduit, comme chez les Pecten (fig. 53). Des variations analogues s’observent pour les ganglions viscéraux. Chez la Moule, il y a une soudure partielle entre le grand et le petit col- lier, au voisinage des ganglions cérébroïdes. Accessoirement, on peut aussi trouver des ganglions supplémentaires. Tels sont ceux que l’on rencontre près des ganglions viscéraux chez les Teredo et les Tridacnes, ou encore sur le trajet du nerf siphonal, chez les Solen, les Mactres, etc. Le cas le plus intéressant à signaler est celui de la Nucule (fig. 54), animal qui, par tous ses caractères, se montre l’un des types les plus anciens des Acéphales. Chez elle !, sur le trajet des connectifs du grand collier, tout près des ganglions cérébroïdes, on trouve deux ganglions qui envoient ventralement deux forts cordons nerveux qui se dirigent vers les ganglions pédieux et qui, un peu avant d'arriver à mi-chemin de ceux- ci, se joignent aux connectifs pour former avec eux deux troncs communs ; 1 P, PeLsENEER. — Sur l'identité de composilion du syslème nerveux central des Pélécypodes et des autres mollusques (Comptes rendus 28 juillet 1890). 26 LES MOLLUSQUES les fibres continuent à cheminer dans ce dernier et se rendent aux centres pédieux. Dans les Solenomya, la disposition est pareille, avec cette seule différence que les fibres nerveuses allant aux ganglions pédieux se joignent à celles du connectif cérébro-pédieux, à leur sortie même du ganglion, de sorte que le tronc commun qu’elles forment part de la jonc- tion du ganglion cérébral avec celui qui lui est accolé postérieurement. Certains auteurs voient dans la Nucule le passage entre les systèmes nerveux si différents des Acéphales et des Gastéropodes. Si, en effet, nous supposons que les ganglions æ glissent le long des connectifs du grand collier pour aller se fusionner avec les ganglions cérébroïdes, nous aurons le schéma général des Acéphales. Si, au contraire, les ganglions x glissent le long des mêmes connectifs pour aller se fusionner avec les ganglions pleuraux, nous aurons le cas des Gastéropodes, car les connectifs Px viendront compléter le triangle latéral. Mais, pour légitimer cette manière de voir, il faudrait démontrer dans les connectifs cérébro-pédieux des Acéphales la dualité originelle des cordons nerveux. Or rien jusqu'ici ne montre qu'il en soit ainsi. Remarquons que, dans cette conception, les ganglions + de la Nucule correspondraient aux ganglions pleuraux des Gastéropodes. Chez les Acéphales ordinaires, ce que nous avons appelé ganglions cérébroïdes serait donc des ganglions cérébro-pleuraux, et ce que nous avons appelé ganglions pleuraux serait en réalité les ganglions d'une commissure viscérale non tordue. Ainsi l’absence de tête serait vraie anatomiquement comme morphologiquement, puisque les ganglions cérébroïdes ne sont pas distincts. ORGANES DES SENS Tacr.— Les Acéphales, dont la surface cutanée est très grande et qui ont des téguments extrêmement mous, sont doués d’un tact très développé. Si l'on vient à toucher en un point quelconque un Acéphale entrebâillé, on voit immédiatement les valves se refermer. On peut dire que le tact s'effectue à peu près par toute la surface du corps. Cependant, le manteau est parti- culièrement sensible. C’est le bord du manteau surtout et les nombreux tentacules qu'il porte généralement qui sont les organes tactiles. Les palpes labiaux le sont aussi, mais à un moindre degré. Souvent aussi le pied est très sensible au toucher. Pour s’en convaincre, on n’a qu'à mettre un Anodonte dans un bassin rempli d’eau : on le voit étendre son pied et le faire mouvoir de tous côtés en tâtant les divers points qu’il rencontre. Les Tridacnes aussi palpent avec leur pied en mamelon les objets exté- rieurs avant de fixer leur byssus. Les recherches de Flemming, de Boll, ACÉPHALES 37 - de Vialleton ont montré que, dans les organes sensibles, au-dessous de | l'épithélium vibratile il y a un plexus nerveux extrêmement riche qui est en rapport avec certaines cellules épithéliales d’une nature particu- lière : ce sont des cellules renflées en un point et diminuant de calibre en s’introduisant entre les cellules épithéliales indifférentes. Leur ex- trémité libre se termine par un Fic. 55. — Schéma d'une bouquet de cils tactiles (fig. 55). PAR lu Mouc, F Gour. — Le goût, s'il existe, LS Et FN est très faible. Il réside peut-être pe.56. —otocyste d'Unio. dans les palpes labiaux. OporarT. — L'’odorat existe certainement, mais ne paraît pas être loca- lisé dans un organe particulier. Chez un certain nombre de types à manteau ouvert, entre l'extrémité du rectum et le bord des branchies on voit deux pe- tites taches brunâtres dont l'aspect rappelle celui des organes de Spengel des Prosobranches. En ce point l’épithélium est formé de cellules sensitives. On a voulu voir dans ces organes des appareils olfactifs. Oure. — Les otocystes, découverts en 1833 par Sie- bold qui les appelait organes énigmatiques, n'existent que chez quelques espèces. On en trouve chez les Anodontes, les Unios, les Cyclades ; ils affectent toujours la même position et ont la même innervation ; ils sont situés dans la région pédieuse et sont innervés par les ganglions pédieux. On a cherché jusqu'ici en vain à montrer que, comme chez les Gastéropodes, la véritable origine du nerf acoustique est dans les ganglions céré- broïdes. Les Otocystes se composent d’une tunique conjonctive et nerveuse complètement close, tapissée intérieurement par des cellules cylindriques à cils vibra- D natidium tiles. Tout au centre est un liquide dont la réfringence d'un æileomposéd'Arca. pg cellules pigmentées. | est plus grande que celle de l'eau et tenant en sus- cc cuticule cornéenne. | pension généralement un seul otolithe arrondi (fig. 56). Vus. — Les organes de la vue sont assez rares chez les Acéphales. Mais | les espèces dépourvues d'organes visuels peuvent cependant étre sen- sibles à la lumière. Ainsi Sharp a montré que le Solen vagina se ferme brusquement quand on intercepte les rayons lumineux en mettant la main entre lui et le soleil. 38 ; LES MOLLUSQUES L'organe de la vue est déjà plus localisé chez les Arches. Ici, sur le bord du manteau, il y a de nombreuses petites taches pigmentées. Ces taches pigmentées sont loin d’être toutes semblables ; cependant elles sont tou- jours constituées par des amas d'organes identiques, auxquels W. Patten a donné le nom d'ommatidia. Un ommatidium isolé se montre formé de cellules incolores nucléées, contenant une fibre nerveuse axiale, et entou- rées de cellules pigmentées (quatre en général). Au-dessus de lui passe la cuticule s’épaississant plus ou moins (fig. 57) en cornée et cristallin. Ces ommatidia se groupent différemment pour former trois sortes d’yeux : us Co LA » EL LE Sie) RS ... Sedo e Doc: F4 KE Y &) & “| : lp ae L Fic. 58. — Coupe schématique d'un œil de Pecten. CO cornée. Cr cristallin. ZA humeur aqueuse. NO nerf optique. B branche latérale du nerf optique. 7° tapis. À rétine. 2 bâtonnets. 1° Les yeux pseudo-lenticulés sont constitués par un amas d’ommatidies au- dessus duquel la cuticule a formé un cristallin; 2°les yeux invaginés sont des amas placés au fond d’une coupe s’ouvrant extérieurement par une simple fente; 3° les yeux à facettes rappellent étonnamment les yeux composés des Arthropodes. Ils sont volumineux et constitués par environ quatre-vingts ommatidia formant des petites saillies hémisphé- riques. Dans un même animal, il y aenviron deux cents yeux du premier type, huit cents du second et deux cents du troisième. La complexité des yeux devient encore plus grande chez les Pecten. Les yeux de ces animaux sont arrondis, pigmentés et portés par un pédon- cule. Ils abondent tout le long du manteau entre les tentacules tactiles. ACÉPHALES 39 Leur structure, extrêmement curieuse et compliquée, a été étudiée dans tous ses détails par M. W.Patten !. L’épithélium du pédoncule est formé par des cellules cylindriques et pig- mentées qui, en arrivant au-dessus de l'œil, s’amincissent beaucoup en deve- nant transparentes, et forment une cornée. Au-dessous d'elles est le cristal- lin, qui n’est pas un produit de sécrétion: c'est une masse irrégulièrement biconcave, comme la représente le schéma ci-joint (fig. 58), formée de cel- lules polyédriques étroitement serrées les unes contre les autres, sauf à la périphérie où elles deviennent plates. Cette lentille est entourée par une humeur aqueuse et vient s'appuyer sur la rétine. Celle-ci est d'abord for- mée par un tapis qui donne à l’œil un aspect métallique ; plus en dedans vient la rétine proprement dite, formée de diverses couches, mais dont la particularité la plus intéressante est d’avoir ses bätonnets visuels dirigés en arrière, comme cela a lieu dans l’œil des Vertébrés. Les fibres du nerf optique viennent se terminer dans cette couche des bâtonnets. En outre (particularité dont l’origine et le rôle ne sont pas connus) du nerf optique part un rameau qui se rend à la surface de la rétine. Une partie de ses fibres paraîtse continuer dans les bâton- nets. Les yeux du pecten brillent comme des émeraudes. On voit que leur constitution les rapproche de ceux des Vertébrés, d'abord par la direction rétrograde des bâtonnets, et ensuite par leur cristallin cellulaire. D = vers: LRERDRINR INT On D D ER a j* APPAREIL EXCRÉTEUR DOM] i ORGANE DE Boyanus. — L’appareil excréteur des Acéphales est surtout représenté par l’or- gane de Bojanus, qui a été particulièrement étudié par M. de Lacaze-Duthiers ?. Il se com- pose de deux organes symétriques, placés à F16. 59. — Corps de Bojanus du Car- ; l ) j dium rusticum, vu en-dessous. P droite et à gauche de la masse viscérale, sur les pied. 8 branchies. OO orifice géni- : ST : tal. OB orifice bojanien. GB gan- côtés du péricarde. Ils s'ouvrent au dehors par glions viscéraux. À connectits cé- ; AM M. rébro-viscéraux. deux orifices distincts. Leur couleur est géné- ralement brune; mais, chez la Lime squameuse, elle est jaune clair, et dans l’Anomie de la Méditerranée elle est d’un violet assez riche. Leurs orifices se trouvent facilement en suivant les connectifs qui relient les ganglions [ep] œ \ UN 1 W. PATTEN. Eyes of Mollucs and Arthropods (Mittheilungen aus der zoologischen slation zu Napel, 1886). 2 Ann. sc. nal., 4° série, t. IV, 4855. 40 LES MOLLUSQUES cérébroïdes aux ganglions viscéraux : ils sont en effet toujours situés tout près et en dehors de ces connectifs, en arrière des orifices génitaux, et par ot »0 F16. 60. — Schéma ou rapport de l'or” gane de Bojanus (À) avec le péri- carde (P). O orifices extérieurs. suite plus près qu'eux des ganglions bran- chiaux (fig. 59). Souvent les orifices uri- naires et génitaux sont confondus en un seul. Le rapport le plus intéressant à signaler est celui que l'organe affecte avec le péricarde: sa cavité communique avec ce dernier par deux orifices (fig. 60). On pourrait théorique- ment passer directement de l’extérieur dans le péricarde par l'intermédiaire du corps de Bo- janus. On voit donc que les rapports de ces organes avec la cavité péricardique sont les mêmes que ceux que l’on observe chez les Vers entre les organes segmentaires et la cavité générale. Or, nous avons vu que la véritable cavité générale de l’Acéphale n’était autre que la cavité péricardique. D'autre part, le corps de Bojanus a les mêmes fonctions urinaires que les organes segmentaires. Nous sommes donc arrivé à trouver une homologie complète entre ces deux organes. Chaque organe de Bojanus est formé par un sac à parois spongieuses, glandulaires, qui dé- bouche au dehors soit directement, soit (fig. 61) par l'intermédiaire d'un canal {sac périphérique) souvent accolé et parallèle à la poche glandu- laire. Ce canal sert alors de réservoir, de vessie. Fréquemment aussi il y a un canal membra- neux qui établit une communication entre les deux organes, en passant sous le péricarde. Ce cas ne se rencontre que lorsque le rein est un simple sac glandulaire. Il y a aussi quelquefois des rapports entre les organes génitaux et les organes de Bo- janus. Chez les Nacres, les orifices extérieurs \ NN A ANT AAA 1 Fi. 61. — Unio pictorum. Coupe schématique de l'organe de Boja- nus. OP orifice du rein dans le péricarde. OG orifices génitaux. OB orifice bojanien. PP poche périphé- rique. PC poche centrale. AP muscle postérieur. À rectum. € cœur. CP cavité péricardique. sont confondus ; chez les Spondyles, les organes génitaux s'ouvrent dans l'organe de Bojanus. Les deux reins sont souvent complètement distincts l’un de l’autre. Les deux sacs peuvent se rapprocher en bas sur la ligne médiane et former comme un collier autour des muscles du pied (Cardium rusticum). Les deux ACÉPHALES 1 i glandes se rapprochent constamment du côté du dos (Mulette, Anodonte). Il peut aussi y avoir accolement des parois internes sur la ligne médiane. Cette cloison verticale peut même être percée d’une ouverture (Lutraria, fig. 62) faisant communiquer les deux cavités. Nous avons vu déjà l'irrigation du rein. Nous savons que le sang vei- neux qui revient du corps est obligé de passer en grande partie par le rein avant de se rendre aux branchies. Les lacunes qui amènent le sang veineux sont toujours profondément situées, tandis que celles qui portentle sang aux branchies sont superficielles. Quant à la structure, elle est très simple. La cavité est remplie par un système de lamelles et de replis qui émanent de la paroi du sac et qui se soudent entre eux pour donner un tissu spongieux dont les mailles sont tapissées par l’épithélium glandulaire. Celui-ci est formé de cellules dans chacune desquelles il se forme une ou plusieurs vacuoles d’excrétion qui peuvent . . FiG. 62. — Organe de Bojanus de la contenir des concrétions brunes. Lutraria solenoïides. OP orifices Le rein est beaucoup plus simple chez les Péeriques, PB veines bran- Acéphales les plus archaïques, tels que les Nucules et les Solenomya !. Le rein est ici dépourvu de tout repliet même de ramifications. C’est un sac absolument simple, tapissé intérieurement par un revêtement épithélial uniforme. La véritable nature physiologique du rein a été longtemps méconnue. Bojanus le regardait comme un poumon, Poli le prenait pour une glande coquillière. C'est M. de Lacaze-Duthiers qui a montré que c'était un rein. M. Letellier ? a repris cette étude au point de vue chimique. Il a trouvé que la sécrétion du corps de Bojanus est neutre et qu’elle renferme de l’urée, divers phosphates, enfin des corps que l’on est habitué à considé- rer comme caractéristiques de l'urine des Vertébrés. Mais il n’y a ni acide urique ni acide hippurique. Ces acides, par contre, se rencontrent dans le rein des Gastéropodes, où l’urée fait défaut. GLANDES DE KEBER ET DE GROBBEN. — Récemment M. Letellier* a montré, à la suite des travaux de Kowaleski {, que les excrétions acides étaient dévolues à la glande de Grobben du Pecten et à l'organe de Kéber 1 P, PELSENEER. Sur la conformalion primilive du rein des Pélécypodes (Comptes ren- dus, 20 octobre 1890). 2 A. LETELLIER., Étude de la fonction urinaire chez les Mollusques Acéphales. Thèse de Paris, 1887. 3 Comptes rendus, 5 janvier 1891. 4 Travail analysé par M. DELAGE, in Archives de zoologie expérimentale, 1889. 42 LES MOLLUSQUES du Cardium. Ces organes, placés au voisinage du péricarde, ont une réac- tion acide et contiennent de l'acide hippurique à l’état d’hippurate de soude. On n’y a pas encore trouvé d’acide urique. ORGANES GENITAUX Les organes génitaux ! se font remarquer par leur extrême simplicité: iln’y a, en effet, ni glandes accessoires, ni appareil copulateur ; iln”y a abso- lument que la glande génitale. La plupart des Acéphales ont les sexes séparés. Mais il en estun certain nombre qui sont hermaphrodites et cela de diverses façons. Tantôt les glandes sont distinctes et divisibles à l'œil nu, comme cela a lieu chez le Pecten où l'ovaire est d’un beau rouge, tandis que le testicule est blanc. Tantôt les glandes sont intriquées l’une dans l’autre, tout en conser- vant leurs culs-de-sac distincts ; tantôt, enfin, c’est le même cul-de-sac qui fonctionne alternativement comme ovaire et comme testicule. Ces diverses dispositions n’ont aucun intérêt pour la classification. On peut même trouver dans un même genre des espèces dioïques et d’autres monoïques (Ostrea). Quoiqu'il en soit de ces dispositions, les glandes génitales sont des glandes en grappe placées dans la masse viscérale, à la base de laquelle elles vien- nent déboucher soit par un orilice distinct, soit par un orifice commun, avec celui de l'organe de Bojanus. Elles peuvent aussi s'ouvrir dans ce dernier. Les canaux excréteurs des glandes mâle et femelle de chaque côté se confondent en un seul canal. Elles s’intriquent dans le foie et les circonvolutions du tube digestif. Chez la Moule elles se prolongent même dans les lobes du manteau, ce qui donne à ceux-ci l'aspect rosé que tout le monde connaît. Les culs-de-sac mâles sont semblables aux culs-de-sac femelles. Dans les uns, les cellules donnent des spermatozoïdes munis d’un flagellum; dans les autres, elles grossissent et donnent des œufs. Il n’y a pas accouplement. Les œufs et le sperme sont émis dans l’eau ambiante. La fécondation est livrée au hasard, les œufs sont disséminés. Un seul individu d’'Huître est capable d’en émettre plus de 1,000,000. Les Anodontes en donneraient 2,000,000 d’après Jacobson. Rarement (Unio, Anodonta Cyclas) la branchie externe est transformée en une poche incubatrice où se développent les jeunes. 1 LacazE-DuTHiers, Mémoire sur les organes génitaux des Acéphales (Ann. des sc. nat., 1854). ACÉPHALES 43 DÉVELOPPEMENT Le développement des Acéphales, à part quelques petites exceptions, se fait d'une manière très analogue dans la plupart des types. Voici ce que l’on peut dire de plus général sur lui. L'œuf est ordinairement chargé d’une grande quantité de vitellus nutritif. Fic. 63. — Formation des cellules ectodermiques. Une fois fécondé, on le voit émettre par un de ses points une protubérance claire qui augmente peu à peu de volume et s'isole finalement du reste de l'œuf. Une deuxième sphérule protoplas- mique se forme à côté d’elle par le même procédé. Pendant ce temps, la première s’est divisée en deux autres. Nous avons donc à ce moment une grosse cellule gTra- nuleuse et trois petites sphérules claires. Ces sphérules (fig. 63) se divisent, tandis dame RE) Que qu'il s’en forme de nouvelles par bour- geonnement. Peu à peu ces petites cellules entourent la cellule centrale. Celle-ci, au bout d’un certain temps, émet deux grosses cellules, qui sont destinées à donner le mésoderme (fig. 64). Après cela, elle se divise tout d’un coup en nombreuses cellules endodermiques. Ces cellules s’invaginent peu à peu dans les cellules ectodermiques, et finalement on a une gastrula (fig. 65) dont le blastopore qui corres- pond à l’anus se ferme, en isolant la vésicule endo- dermique. Les cellules mésodermiques sont situées dans les lèvres du blastopore. Enfin on voit dans la cavité générale de la gastrula flotter des cellules ami- boïdes, des cellules mésenchymateuses dont l'origine 'éustopore # ""mésene n’est pas connue. | Free Le À À ce moment, la larve prend la forme trochosphère (fig. 66). À la partie antérieure se forme une région bombée, la vésicule céphalique, où naïîtront plus tard les ganglions cérébroïdes. Cette région, 44 LES MOLLUSQUES qui constitue le voile ou velum est entourée d’une couronne de cils vibra- tiles. Comme en même temps il contient des fibres musculaires nombreuses, il sert à la locomotion. Souvent en son centre il porte un long flagellum. Notons, en passant, que ce voile manque chez les Pisidium et qu'il est très réduit chez les espèces d’eau douce. Ce voile pa- raît subsister chez l'adulte sous la forme de palpes labiaux. F16.67. — Coupe schématique La bouche s'invagine unpeuau- de la larve. V voile. B Fic. 66 Mo Shore : bouche. P pied. À anus. QD. TODODTE dessous du voile. Sur la face dor- GC glande coquillière. de Cardium. V voile. sale, on voitégalement naître une voussure, qui se transforme en une invagination : c’est la glande coquillière. À la base de celle-ci, l'anus s’invagine. Enfin, le pied naît entre la bouche et l'anus (tig. 67). Suivons maintenant la formation de chacun des organes, pendant que l’em- bryon passe du stade véligère à l’état adulte. Les ganglions cérébroïdes, pédieux et F16. 68. — Coupe transversale schématique D d te . des téguments du dos. GC glande coquil. ViSCéraux, ainsi que leurs connectiis, se ment, co coquille caletre. Cruteuteaceraee … forment tous par des épaississements de RER la face profonde de l’ectoderme, épaissis- sements qui s'isolent peu à peu. Les otocystes se forment par invagination de l’ectoderme. La larve possède très souvent des yeux qui disparaïîtront chez l'adulte. Chez le Teredo, ces yeux sont placés en rangées en avant du pied. Il y en a deux à la base du ve/um et de chaque côté de l’œsophage chez le Mon- tacula. À la base du pied naît une large invagination, la glande byssogène, qui est en général très développée chez l'embryon, même quand elle doit dis- paraître chez l'adulte. À la face dorsale de l'embryon, la grande coquillière se déploie à l'extérieur en formant une saillie dont les cellules sécrètent une large lame cuticu- laire. À droite et à gauche de cet organe, les téguments se pincent et forment ainsi deux lames symétriques qui descendent le long du corps de l'embryon en formant les deux lames du manteau (fig. 68). Les cellules de ce manteau embryonnaire sécrètent également une lame de cuticule qui vient se raccorder avec la lamelle semblable sécrétée par la glande coquillière. ACÉPHALES 45 Nous avons donc à ce moment une coquille unique, chitineuse, qui est placée sur le dos de l’Acéphale, comme une selle sur le dos d’un cheval. Mais les choses ne restent pas longtemps à cet état. Les deux lames du manteau, après avoir sécrété une cuticule, sécrètent la coquille calcaire. La glande coquillière ne fait pas de même : la coquille est donc formée de deux parties calcaires symétriques, séparées sur la ligne médiane dorsale par un amas cuticulaire, reste de la coquille originelle, qui devient le Zigament (fig. 69). Le tube digestif se forme par la réunion de la x vésicule endodermique avec l’invagination buccale et pic. 69. — Coquille jeune. Cu l'invagination anale. ne Le cœur et le péricarde sont représentés au début par deux vésicules mésodermiques creuses placées l’une à droite, l’autre lettes, la partie postérieure le péricarde. Quant au ventricule, il est repré- senté par l’espace laissé entre le tube _me .V_. digestif et les vésicules. — Celles-ci se KL l Gé quatre vésicules, deux antérieures et I I] deux postérieures. Les deux premières Pic. 70. — Formation du cœur. — I. tube diges- augmentent de volume et viennent à se ventricule. — IL. O oreillettes. PÉ péricarde. V_ rejoindre, ce sont les oreillettes qui se ventricule. TB tube digestif. : . . . percent d’un orifice qui fait communi- quer leur cavité avec la cavité ventriculaire. Les deux vésicules posté- progressivement vers la partie antérieure, de manière à envelopper tout le reste de l’appareil central de la circulation (fig. 70). Nous avons déjà décrit le développement des branchies. organes excréteurs. Ceux-ci sont représentés au début par deux reins larvaires placés dans la région céphalique. Ils proviennent chacun d’une cellule qui s’allonge et vient se mettre en rapport, d’une part avec l’exté- segmentaires. Mais ils disparaissent bientôt et les organes de Bojanus définitifs naissent symétriquement dans la région postérieure. Il semble donc que l’Acéphale soit formé de deux segments, l’un antérieur avec les cuticule. Co coquille cal- à gauche du rectum. La partie antérieure des vésicules deviendra les oreil- pincent en leur milieu et forment ainsi tif (TB) et vésicules mésodermiques (Me). V rieures viennent également au contact l’une de l’autre, puis se développent Aux dépens du mésoderme naissent aussi les glandes génitales et les rieur, de l’autre avec la cavité générale. Ce sont absolument des organes organes segmentaires larvaires, l’autre postérieur avec les organes de Bojanus. Dans la classification nous parlerons du développement particulier de l'Anodonte. A6 LES MOLLUSQUES HABITAT Les Acéphales sont tous des animaux aquatiques. Il y en a beaucoup d'espèces dans la mer et un petit nombre dans les eaux douces. Ils vivent généralement enfoncés dans le sable, peu vivent librement, un certain nombre habitent les trous qu'ils creusent dans les rochers (Pholas) ou dans le bois (Teredo). Beaucoup sont fixés à des rochers par une valve ou par leur byssus. Ils se nourrissent surtout d'êtres microscopiques, d’Infusoires, de Diato- mées, etc. RÉSUMÉ DES CARACTÈRES D'après l'étude que nous avons faite des divers organes, nous pouvons déduire les caractères généraux suivants : Animaux symétriques. — Une coquille bivalve. — Pied aplati latérale- ment. — Pas de têté. — Manteau en deux lobes latéraux. — Pas de ra- dula. — Système nerveux sans triangle latéral complet. — Pas de stomato- gastrique. — Reins symétriques. — Branchies en lamelles. — Cœur traversé par le rectum.— Deux oreillettes. — Appareil veineux lacunaire. — Glandes génitales sans glandes accessoiresni appareil copulateur.— Tous aquatiques. CLASSIFICATION La classe des Acéphales étant extrêmement naturelle, il est très difficile d'y établir des divisions bien nettes. Les divers auteurs qui se sont occupés de cette question ont établi leur classification sur des caractères divers. mais sans jamais obtenir de divisions naturelles. Actuellement même, nous n’avons pas de bonne classification des Acéphales. Hisrorique. — Martini (1773) les divisait en cARDINE NON DENTATO et CARDINE DENTATO. Cette classification, basée sur les dents de la charnière, a été reprise et perfectionnée par Neumayr (1883). Brugnière (1792) les divisait en IrréGuziErs et Récuziers. Cette idée a été reprise par d'Orbigny (1844) qui les répartissait en Orrnoconques et Preuroconques, les premiers étant subdivisés à leur tour en Sinupaltiata et Zntegripalliala, suivant que l'impression palléale possédait ou non un sinus. ACÉPHALES 41 Cuvier (1817) se basait sur les divers degrés de soudure du manteau (voir fig. 12) : il avait ainsi les Osrracés, les Myricacés, les Bénrriers, les Carpracés, les ENFERMÉS. Latreille (1825) se basait sur le même principe. C’est surtout la classification de Lamarck qui a prévalu longtemps dans la science (1807-1818). Il la basait sur le nombre des muscles adducteurs : ily avait les Dymyarres et les Monomyaires. Mais il faut remarquer que souvent des genres évidemment très voisins peuvent être placés dans ces deux groupes. Aïnsi les Avicules actuelles n’ont qu'un seul muscle, tandis que les Pterina paléozoïques qui en sont très proches en possèdent deux. Dans la plupart des traités classiques on suit la division de Fleming (4898), adoptée par Woodwand, division basée sur la présence ou l'absence de siphon : on ales SrPHoNÉs et ASIPHONÉS. M. Fischer, dans son Traité classique de conchyologie (1886), base sa classification sur les branchies. D’après leur nombre il les divise en Térra- BRANCHES et DIBRANCHES. _ Enfin, récemment M. Ménégaux (1890) se base aussi sur la constitution des branchies. Il obtient quatre ordres : _ 4° Les ForrosrAncKes, où l’on retrouve encore les deux lames, mais où les feuillets directs seuls existent (Leda, Nucula, Solenomya) ; 2° Les FrzisrANcHEs, dont les branchies sont formées de filaments reliés entre eux par des tubérosités d'attache, ou bien dont les deux moitiés sont lâchement réunies (Arca, Mytilus, Avicula, Pecten); 3° Les EuLaAMELLIBRANCHES, où les branchies sont de vraies lamelles plus ou moins compactes et perforées par des fenêtres (presque tous les Siphonés, les Naïadés, etc.) ; 4 Les SePriBRANCHES, où les lames branchiales, ayant perdu leurstructure, sont devenues une cloison musculaire qui partage la cavité palléale en deux chambres. . Mais ce n’est là qu’un acheminement vers une classification qu’on ne pourra établir solidement que lorsqu'on connaïtra très bien l’organisation intérieure de tous les Acéphales. Citons maintenant les principaux types d’Acéphales, en suivant, faute de mieux, la classification indiquée dans le Traité de zoologie de Claus. 48 LES MOLLUSQUES ASIPHONIENS 1° Ostreidoæ Osrrea. — Les Huitres sont extrêmement nombreuses en espèces et ont joué parfois un très grand rôle pendant les époques géologiques. Au point de vue anatomique, il faut signaler la coquille qui est inéqui- valve, souvent fixée par la valve gauche avec un seul muscle très puis- sant. L'organisation est très aberrante. Le pied est complètement avorté, ainsi que les ganglions pédieux. Les branchies sont plusieurs fois plissées. Les Huîtres sont hermaphrodites. Elles vivent toujours réunies en bancs parfois extrêmement puissants, fixées sur les rochers, dans les bas-fonds. On sait l'importance qu'a prise la culture des Huitres. C’est surtout à Coste que nous devons le repeuple- ment de nos côtes. L’Ostrea edulis est celle que l’on cultive le plus souvent. C’est son histoire abrégée que nous pouvons prendre pour type. Les œufs ne sont pas rejetés dans la mer. Ils sont gardés par la mère dans les plis de son manteau, plongés dans un liquide muqueux. Leur couleur blanche ressemble alors à du lait, ce qui fait dire qu’à l’époque de la reproduction les Huîtres sont laiteuses. Ainsi enfermés dans cette cavité incubatrice, les œufs se transforment en embryons, qui finalement sont expulsés. Là ils nagent à la recherche d’un milieu favorable à leur transformation. La plupart périssent, mais cette perte est en partie rache- tée par l'abondance des œufs : une seule Huître est en effet capable de donner naissance à plus d’un million d'embryons. L’embryon qui a réussi à se fixer sur les rochers, les piliers ou encore les valves d’une autre Huïître adulte, se transforme en une petite Huitre qui grandit et n’atteint sa taille complète qu’au bout de plusieurs années. Nous renvoyons, pour tout ce qui concerne l’Ostréiculture, à Brehm *, où l’on trouvera toutes les figures et tous les détails désirables. Ajou- tons quelques renseignements sur les Æuitres dites vertes?. 1 A-F, BReumM. Les Vers, les Mollusques, traduction française par ROCHEBRUNE, p. 269. 2 Revue scientifique, 20 février 1889. ASIPHONIENS 49 Certaines Huîtres des parcs des côtes de France, de Marennes entre autres, sont caractérisées par une coloration verdâtre qui affecte les bran- chies et Les tentacules buccaux. On croyait autrefois que cette coloration _était due à des sels de cuivre. Il n’en est rien : Gaillon a montré qu'elle est due à une Diatomée à laquelle il donna le nom de Vibrio ostrearius. Cette algue ne se trouve pas dans la mer, on ne la rencontre que dans certains parcs où les Huîtres sont déposées pour verdir et grossir. La colo- ration des Huîtres se produit au bout de quelques semaines, mais elle dis- paraît alors si on ne les retire pas. M. Ray Lankester a étudié avec soin la Diatomée (?) dont il a transformé le nom en Navicula ostrearia. Elle présente un pigment bleu et non vert (Marennine). Celui-ci, vu à travers des tissus jaune brun, paraît vert. Les Ostrea actuels et fossiles sont tellement nombreux qu'on en a formé plusieurs sous-genres. Nous donnons les caractères des trois principaux. 1° Ostrea : L. Coquille le plus souvent aplatie, ornée de lamelles irrégu- lièrement concentriques ou de côtes grossières et de plis ; crochets allon- gés, droits, sous lesquels est située la fossette du ligament ; 2 Gryphæa : Lam. Libre ou fixé par le crochet fort recourbé de la valve inférieure bombée. Valve oper- culaire plate; 3° Exogyra: Sas. Le plus sou- Fi. 71. — pérenne de Te JR pren vent libre, rarement fixé par le crochet de la valve droite bombée ; valve gauche plate operculiforme. AnomrA. — Les Anomies vivent fixées sur les rochers ou sur les coquilles. Cette fixation a lieu d’une manière remarquable; elle se fait à l’aide d’un stylet calcaire qui traverse l’une des valves de part en part. M. Morse, puis M. de Lacaze-Duthiers, ont montré que ce stylet n’était autre que le byssus dont la position est normale dans le jeune âge. Ce n’est qu'un peu plus tard que la coquille en s’accroissant entoure peu à peu le byssus qu'elle finit par englober complètement (fig. 71). L'Anomia ephippium est un des animaux les plus destructeurs des bancs d'Huîtres. 2° Pectinidæ Pecrex. — La coquille des Pecten n’est pas fixée, mais elle est équivalve ou inéquivalve. Le bord du manteau est garni de nombreux tentacules et d’yeux munis d’un tapis extrêmement brillant. Ils nagent par saccades dans MOLLUSQUES. 4 50 LES MOLLUSQUES l’eau. Certaines espèces sont comestibles : Pecten jacobœus (coquille Saint- Jacques), Pecten varius (Palourde). SPonpyLus. — Coquille épineuse. Actuel et fossile. Lima. — La Lima hians se fait remarquer par la propriété qu'elle a de pouvoir voler dans l’eau à l’aide de ses deux valves, comme le fait un papillon dans l’air. Le bord du manteau est garni de très longs prolonge- ments qui sont d’une couleur magnifique et sont très extensibles. Ils sont composés de nombreux petits articles qui peuvent rentrer les uns dans les autres à la manière des différentes parties d’une longue vue. Le byssus de cet animal est aussi très remarquable. Il forme tout autour de l’animal un véritable nid qui agglomère les cailloux, coquilles et particules étran- gères, ce qui fait de l’ensemble une demeure protectrice très efficace. 3° Aviculidæ Mergacrina. — Les Huitres perlières, Meleagrina margaritifera, se trouvent surtout dans le golfe Persique et sur les côtes de Chine. Elles vivent, fixées par leur byssus, à une profondeur d’une vingtaine de mètres. Leur manteau secrète une ou plusieurs perles libres ou soudées à la coquille. Ce sont des plongeurs, avec ou sans l’aide de cloches, qui vont les recueillir au fond de la mer. On a essayé de les parquer à la manière des Huîtres. AvicuLa. — Les Avicules sont très anciennes géologiquement. Rappe- . lons qu'elles possèdent une sorte de tête. %° Mytilidæ DreissensiA. — La Dreissensia polymorpha n'existait pas en Europe avant 1800. Depuis cette époque, venant probablement de la Baltique, elle a envahi presque tous les cours d’eau de l’Europe jusqu’en Allemagne et en Angleterre. Il est probable que cette dissémination a été effectuée par les navires. Ce sont des animaux fluviatiles, à deux orifices siphonaires, et fixés par leur byssus. Leur coquille porte généralement un Cœlentéré, le Cordilophora lacustris. Myrizus. — Les Moules sont trop connues pour qu'il soit nécessaire d'y insister. Comme pour les Huîtres, nous renvoyons à Brehm, page 303, pour ce qui concerne la Mytilculture. Rappelons la présence fréquente d'un Crustacé commensal, le Pinnothère, qui habite la cavité palléale des moules. ASIPHONIENS 51 Les moules occasionnent parfois des empoisonnements sans qu’on: puisse savoir dans quelles conditions particulières ils se produisent. On | attribue ces cas à la présence plus grande d’une Ptomaïne, la Mylilotoæine. Récemment (1891), M. Macweney a trouvé dans le foie des Moules un bacille en forme de virgule, dont la culture a une odeur fétide et auquel _ il attribue l’empoisonnement par les Moules. L’inoculation de ces microbes est mortelle pour les lapins et les cobayes, en vingt-quatre heures. . Pinna. — Les Pinnes ou Jambonneaux vivent enfoncés dans la vase, fixés par leur byssus dont on peut se servir pour fabriquer des étoffes. Ils atteignent une très grande taille (0",70). Liraopomus.— Les Lithodomes habitent la Méditerranée; ils se creusent des cavités dans les rochers. 5° Arcadœæ Arca. — Remarquable par sa coquille ventrue. Le Challenger en a recueilli à 6,000 mètres de profondeur. 6° Nuculidæ Nucuza. — Les Nucules représentent une forme très ancienne. Nous avons cité la forme de leur pied aplati qui rappelle celui des Gastéropodes. 2° Trigoniadæ Triconta. — Les Trigonies sont très abondantes dans les couches géo- logiques. 8° Unionidoe ANoDponTaA. — Les Anodontes habitent les étangs. Les branchies externes servent de cavité incubatrice pendant les premiers stades du développement. Ce développement se fait d’une manière particulière qu’il faut citer. lci le jeune embryon sécrète une coquille munie sur ses bords de deux ongles crochus. Le byssus sécrète un long cordon et des organes _sensoriels apparaissent sur le bord du manteau. Ces larves, quel’on désigne sous le nom de Glochidium, nagent dans l’eau en ouvrant et en fermant “ alternativement leur coquille. Elles vont ainsi se fixer sur les branchies d’un poisson. Arrivées là, les tissus de l'hôte prolifèrent autour d'elles et 59 LES MOLLUSQUES leur forment une sorte dekyste à l’intérieur duquel s'accomplissent diverses modifications. Le byssus disparaît, le voile fait de même, le pied se déve- loppe, la coquille définitive se forme. Enfin le Glochidium se détache de son hôte et n’a plus qu’à acquérir des organes génitaux pour devenir une Anodonte adulte. Uxro. — L’Unio piclorum, la Mulette des peintres, se trouve dans nos eaux douces. L'Unio margaritifera, la Mulette perlière ou Huître perlière d’eau douce, se trouve en Irlande, dans l’Oural, la Scandinavie, etc. Elle vit dans des ruisseaux peu calcaires. La coquille de ces huitres atteint une grande épaisseur ; elles semblent en effet pouvoir vivre pendant quatre-vingts ans. On les recueille en grand nombre à cause des perles qu’elles peuvent ren- fermer et aussi pour l'emploi que l'on fait des coquilles pour fabriquer des boutons de nacre. IT SIPHONIENS 4° Chamidæ CHama. — Les Chama étaient des animaux marins à coquille inéquivalve et fixée. Dans le calcaire grossier, on rencontre en abondance le Chama calcarata. Diceras. — Les Diceras, aujourd'hui éteints, ont joué un rôle important dans le Jurassique supérieur. Ils vivaient à cette époque au milieu des récifs de Polypiers. Les calcaires construits auxquels ont donné lieu ces Polypiers sont généralement désignés sous le nom de calcaires à Diceras. La coquille des Diceras est très épaisse et généralement inéquivalve. Elle était fixée par l’une des valves, la droite chez le Diceras arietinum, la gauche chez le Diceras sinistrum. Les deux valves accolées sont représen- tées par la figure 6. Les crochets sont très volumineux et contournés en spirale, ce qui donne à chaque valve l'aspect d’une coquille de Gastéropode. Mais, en examinant avec soin la face interne de ces valves (fig. 72), on peut reconnaître le ligament, les impressions musculaires, etc. Requienra. — Les Requinies (Requienia ammonia, fig. 8) ont joué pen- dant la période infracrétacée le même rôle que les Hippurites pendant la SIPHONIENS 93 à période crétacée. La coquille est très méquivalve. La valve fixée était enroulée en spirale, tandis que la valve libre était absolument semblable à un opercule de Gastéropodes. _ Caprina. — Les Caprina du Cénomanien étaient formés par une grande valve enroulée sur elle-même comme une coquille de Planorbe et une EU valve droite fixée, simplement conique (fig. 73). CaproTiNa. — Les Capro- tines de la craie ont des valves inégales, la droite contournée Ÿ en spirale et fixée, la gauche operculiforme. IcxrayosarcoziTHEs.— Les 7) Ÿ Ichthyosarcolithes,ainsi nom- D més à cause de leur ressem- x}, 7. Le Car aies nie Fic. 72. — Schéma de la blance avec la chair de pois- I ae tt face interne de la valve RE : droite fixée d'un Diceras. SON pétrifiée, ont vécu pendant Lrainure ligamentaire. M , , . muscle adducteur anté- Le Crétacé moyen. La valve gauche est plus petite eten rieur. M1 muscle adduc- al . : QUE teur postérieur. 3, 81 Spirale. La valve droite est longue, conique, légère- nn CNRS (d'après nent arquée, courbée du côté opposé à la spire de la valve gauche. Le test est composé de deux couches, une externe, mince, fibreuse, prismatique, et une interne, épaisse, parcourue par un système de canaux rayonnants, superposés. En outre, une coupe des valves montre qu'elles sont en grande partie divisées en chambres à eau par des cloisons régulièrement espacées. Une espèce, l’Z. triangularis, atteint jusqu’à un mètre de diamètre. 2% Tridacnidæ TrinacNa. — Les Tridacnes ou Bénitiers vivent dans les mers chaudes, à une faible profondeur, soit dans les coraux, soit dans le sable, ou attachés aux pierres par leur byssus. Celui-ci passe par un orifice ménagé tout près du crochet entre les deux valves ; cette position anormale est due à ce que l'animal a subi une sorte de torsion dans sa coquille. Les valves extrêmement épaisses peuvent atteindre une grande dimension. Dans l'église de Saint-Sulpice, à Paris, on peut voir deux valves de Tridacna gigas pesant plus de 258 kilogrammes ; elles ont été offertes par la Répu- blique de Venise à François [*. D4 LES MOLLUSQUES 3° Rudistoæ Les Rudistes, dont aucun représentant n'existe plus aujourd’hui, ont joué pendant la période crétacée un rôle considérable. Dans la région méditerranéenne, ils ont édifié de nombreux calcaires, à différents niveaux. Malheureusement, on ne sait pas du tout quel était leur mode de vie. On suppose qu'ils formaient des récifs à la manière des Polypiers, c’est-à- dire à une faible profondeur au-dessous du niveau de la mer. Leur place dans la classification a été longtemps méconnue ; on en a fait des Polypiers, des Brachiopodes, des Cirrhipèdes, ete. On sait \ ab 2 # 2 : aujourd’hui que ce sont bien des Acéphales. Gr KE) KJ SSSÈS), RSS SNNNKI NNNANNNS SSSSS SSS Hippurires. — La co- quille des Hippurites, très épaisse, est très inéqui- valve. 22 S SKK = NN SS SSSR SK SSSR NN] LS RRQ ST Ds SS S SS NS | ÿ 9 ÿ La valve libre est oper- culiforme et percée de nombreux petits pores et _ 13240 | . . Fic. 75. — Hippurites cornuvaccinum. parfois de deux orifices. Schéma de la valve fixée. Z arête cardi- ; nale. /V dent cardinale.b,b fossettes Le pourtour est sinueux. cardinales. ma impression de l’adduc- + teur antérieur. mp cavité myophore La charnière porte deux pour l'insertion de l'addueteur posté- FAR 20 vi : \ ; rieur. S pilier anal. £ pilier branchial. pie éme DE dents cardinales très sail- O cavité accessoire (d'après DouviLLé). à SR «SS = SS SSSR hJYÎYTRSSSSSSSSS TES = RS SES DS SES — ES S le de l'inflexion ligamentaire. Z sillon des précédents en ce que de la valve supérieure correspondant au pilier anal de la valve inférieure. naît un faible pli (pli cardinal) entre les deux dents, et en ce que les dents, aussi bien que les apophyses musculaires, sont asymétriques. 4° Cardiidæ Carpium. — Les Cardium (C. edule) se trouvent abondamment sur nos côtes et sont comestibles sous le nom de Coques, etc. F1G. 77. — Radiolites foliaceus. Schéma de l'inté- FiG. 78. — Radiolites foliaceus. Schéma de l'inté- rieur de la valve gauche. Z inflexion et cavité li- rieur de la valve droite. Z inflexion et cavité liga- gamentaire. B, B1 dents cardinales. m muscle mentaire. {V dent cardinale. b, {1 fossettes cardi- antérieur. m) muscle postérieur (d’après Dou- nales. »m muscle antérieur. ml muscle postérieur VILLÉ). (d’après DouviLLé). 5° Lucinidæ Lucixa. — Les Lucines sont abondantes dans les mers chaudes, où on les rencontre depuis le rivage jusqu'aux plus grandes profondeurs. 36 LES MOLLUSQUES 6° Cycladidoæ Cycras. — Les Cyclas vivent dans les eaux douces, au milieu des plantes aquatiques. La branchie fait office de poche incubatrice ; là, les jeunes se nourrissent des cellules épithéliales qui prolifèrent. 7° Cyprinidæ Cette famille comprend les genres Cyprina, Isocardia, Astarte, etc. 8° Veneridæ Cette famille contient les Venus, les Artemis, les Cytherea, abondants sur nos côtes et comestibles. Ce sont d'excellents types d'Acéphales. 9° Mactridæ Les Mactra ont une coquille ventrue. 40° Tellinidoæ Les Psammobia (fig. 14) sont remarquables par leurs deux siphons dis- tincts. 41° Myidæ Socex. — Les Solen sont bien connus par leur coquille allongée qui leur a fait donner le nom de Couteaux. Is vivent dans le sable où ils se creusent des trous verticaux assez profonds. Lorsqu'on essaye de les prendre, ils gonflent leur pied et il est alors presque impossible de les extraire de leur tube. Le mieux est alors de verser sur l’animal une pincée de sel, ce qui le fait jaillir. On mange les Solen. Ils servent aussi d'appât à la pêche. Saxicava. — Les Saxicava se creusent des trous dans les rochers. Mya. — Les Myes vivent dans la vase, enfoncées à une assez grande profondeur. Leur siphon, très long, vient émerger à la surface, mais rentre au moindre attouchement,. SIPHONIENS 57 12° Gastrochæœnidæ GasrrocHænA. — Vit dans les rochers et avec de petites pierres se cons- titue une sorte de nid qui enveloppe complètement la coquille. AsPERGILLUM. — Les Aspergillum ou Arrosoirs sont des Acéphales très allongés, dont la coquille a presque disparu, tandis que le manteau a sécrété un long tube calcaire, dont une extrémité est évasée et fermée par une plaque percée de nombreux trous à la manière d'une pomme d’arrosoir. C’est cette extrémité qui est dirigée vers le bas chez l’animal vivant. L'autre extrémité du tube au contraire est ouverte; c’est par elle que sortent les siphons. Malgré ces déformations, on peut retrouver assez facilement le plan d'organisation des Acéphales (fig. 16). 43° Pholadidæ Tereno. — Les Tarets possèdent une petite coquille qui ne revêt que la partie antérieure de l'animal. Le reste du manteau est extrêmement allongé et entouré par un tube calcaire lisse, simplement divisé par une cloison pour le passage des deux siphons. L’anatomie est celle de tous les autres Acéphales, avec cette différence que les organes sont disposés les uns der- rière les autres, au lieu d’être superposés. Les Tarets perforent le bois, les roches, etc. ; leurs dégâts sont considérables. Ils détruisent les carcasses des navires, les digues, les ponts, etc., qui finissent par ne plus pouvoir résister à la mer. Ce sont les Tarets qui ont produit la fameuse inondation de la Hollande, au commencement du siècle dernier. Pnoras. — Les Pholades vivent dans les trous qu’ils creusent eux-mêmes dans les rochers. Nous avons relaté plus haut les diverses théories qui ont été émises sur la manière dont la perforation des rochers a lieu. Cette per- foration a été parfois utilisée pour reconnaître les mouvements dont le sol avait été le siège. « Sur la côte de Pouzzoles, dit Contejean, s’élève une falaise presque verticale où l’on remarque, à une hauteur de 6 mètres au-dessus du niveau de la mer, une bande rongée par les vagues et remplie de perforations de coquilles lithophages. Dans la petite plaine qui sépare cette falaise de la mer existent les ruines du temple de Sérapis. Trois colonnes monolithes de marbre blanc, qui restent debout et dont la hauteur est de 143 mètres, sont criblées de trous de Pholades sur toute la sur- face d’une zone qui commence à 2",7 du sol et dont la largeur est de 3,6. Ce temple ayant été certainement construit au-dessus des eaux, on en conclut à un affaissement du sol qui a plongé dans la mer toute la plaine 58 LES MOLLUSQUES et la falaise jusqu’à la bande rongée de celle-ci. Cette bande correspond aux perforations des colonnes. À cet affaissement, qu'on rapporte avec doute à la fin du 1v° siècle, a succédé probablement, en 1538, à la suite de la formation du Monte Nuovo, un exhaussement qui a porté le sol à son niveau actuel. » Le siphon des Pholades, bien que dépourvu d’yeux, est cependant sen- sible à l’action de la lumière : c’est un phénomène de vision dermatoptique. Les Pholades sont aussi intéressantes à un autre point de vue. Ce sont en effet les animaux les plus phosphorescents des Mollusques. Cette pro- priété est connue depuis fort longtemps. Pline, le naturaliste, en parle déjà dans ses écrits. On savait [| 4 qu'elles avaient la propriété de luire dans l'obscurité et que, lorsqu'on mange des Pholades, on a la bouche phosphorescente. Le mucus qu'elles sécrètent est lu- mineux. C’est surtout Panceri et Raphaël Dubois qui É ê ont étudié la luminosité des Pholades. Pour voir les organes qui la produisent, on fend le manteau et les siphons, puis l’on fait tomber un mince filet d’eau qui enlève tout le mucus lumineux. On se rend compte ainsi qu'il y a cinq organes lumineux : d’abord un arc Correspondant au bord supérieur du man- teau; ensuite deux petites taches triangulaires à l’en- Fig. 79. — Schéma mon- {trée du siphon branchial ; enfin deux longs cordons trant la disposition des He x : organes photogènes du parallèles situés dans le même siphon {fig. 79). La Pholas dactylus. substance photogène sécrétée par ces organes se mé- lange au mucus produit par le reste du corps, ce qui fait croire, au pre- mier abord, que la matière lumineuse est sécrétée par toute la superficie de l'animal. M. Raphaël Dubois a montré qu'il y avait dans les parties lumi- neuses du Pholas dactylus deux substances dont le contact en présence de l’eau détermine l'apparition de la lumière. L’une de ces substances a été obtenue à l’état cristallin : elle présente des caractères optiques tout à fait spéciaux qui donnent aux organes phosphorescents un éclat opales- cent tout particulier. Elle est soluble dans l’eau, peu soluble dans l’alcool, soluble dans l'essence de pétrole, la benzine et l’éther : c'est la Zuciférine. Le second corps est un albuminoïde actif comme ceux que l’on désigne sous le nom de ferments solubles, ou diastases ou zymases, dont il pré- sente tous les caractères généraux : c’est la Zuciférase. Ces deux substances sont nécessaires et suffisantes pour produire in vitro le phénomène de la luminosité. SIPHONIENS 59 PALÉONTOLOGIE DES ACÉPHALES _ Les Acéphales commencent à apparaître dans le Silurien inférieur, mais ils y sontencoretrès rares. Dans le Silurien supérieur ils déploient déjà une grande richesse de formes. En Bohême les couches siluriennes n'ont pas donné à Barrande moins de 1,269 formes, dont 103 seulement pour le Silurien inférieur (faune seconde). Dans les couches primaires (Silurien et Dévonien), ce sont surtout les Dimyaires qui dominent. Les formes les plus anciennes sont les Avicula, les Modiolopsis, des genres voisins des Mytilus, les Nucula et les Arca. _ Dans le carbonifère, la faune diffère peu de la précédente : à signaler seulement les Monomyaires (Pectinidæ), qui sont déjà bien représentés. Le Permien est pauvre en acéphales. Dans le Trias apparaissent les Ostrea et Anomiidæ ; à noter que les Asiphoniens sont beaucoup plus nombreux que les Siphoniens. Dans le Jurassique, on sait la grande extension que prennent les Ostrea, Gryphea et Exogyra. Au Crétacé, le caractère spécial de la forme est dù à des Acéphales : les Chamidæ (Requienia, Caprima, Caprotina) et les Rudistes (Sphærulites, Hippurites, Radiolites). Dans le Tertiaire, la forme des Acéphales se rapproche beaucoup de la forme actuelle : les Sinupalliata prédominent. PHILOGÉÈNIE DES ACÉPHALES Les Acéphales paraissent dérivés des animaux que nous étudierons plus loin sous la rubrique de Gastéropodes Prosobranches Diotocardes. Voici, d’après M. E. Perrier!, le tableau général de l’évolution des Acé- phales. « Les premiers Lamellibranches se montrent dans le Silurien : ce sont les Aviculidés dont plusieurs formes sont encore vivantes, parmi les- quelles les Pintadides ou Huîtres perlières. Les Aviculidés sont associés à des Arches, formesencore vivantes, et à des Nucules. Les Lamellibranches sont généralement considérés comme Acéphales ; mais ilrésulte des obser- vations de M. Mayoux sur l’Huître perlière que les Aviculidés ont encore un rudiment de tête pourvu de deux paires de tentacules, témoignant qu'ils 1 Ed. Perrier. Le Transformisme, Paris, 1888. 60 LES MOLLUSQUES proviennent réellement des Gastéropodes. Ils ont, comme les Arcadés, un byssus à l'aide duquelils neuvent se fixer momentanément ou se déplacer, tandis que le pied des Nuculidés est élargi en sole de manière à rappeler un véritable pied de Gastéropodes. Ce sont là de véritables caractères de transition. Des Aviculidés, on passe insensiblement aux Moules, aux Jam- bonneaux, aux Limes, aux Peignes et aux Huîtres. À cette série se rattachent, comme rameaux aberrants, les Rudistes et les Cliames. Des Arcadés, on passe, au contraire, aux Pétoncles, aux Bucardes, et de là à la longue série des Lamellibranches siphonés qui, partant des Vénus et des Psammolies, aboutissent finalement aux singulières formes tubicoles des Pholades, des Tarets, des Gastrochènes et des Fistulanes. D'autre part, les Nuculidés, avec leurs branchies inégales, paraissent être le point de départ d’une série nouvelle de formes à une seule paire de branchies, com- prenant les Lucines, les Tellines, les Pholadomyes, les Clavagelles et les Arrosoirs. » CHAPITRE II 2° Classe SCAPHOPODES Hisrorique. — Les Mollusques que nous allons étudier étaient classés autrefois parmi les Gastéropodes, dans le groupe des Cirrhobranches (de Blainville, 1824). IT. de Lacaze-Duthiers a fait en 1857 l'étude complète d’une espèce et a montré l’organisation tout à fait spéciale de ces animaux. Il en fit une importante subdivision des Acéphales sous le nom de Soléno- conques. On en fait aujourd'hui une classe à part sous le nom de Scapho- podes, nom donné en 1862 par Bronn et faisant allusion à la forme du pied qui simule une quille de barque. Nous donnons plus loin la description du Dentale, d’après la belle mono- graphie anatomique de M. de Lacaze-Duthiers !. Certains points ont été revus au point de vue histolo- | gique par Plate ? et Hermann 7 Fol #. Hagrrar. — Le Dentale est un Mollusque assez fréquent sur nos côtes. Il est enfermé dans une coquille cylindrique a TT univalve. L'animal fait saillie à Fic. 80. — Le Dentale placé dans sa position naturelle : il est Daneoturc vit plongé dans chaussures de mb qe tnt I ne, (où le sable, cette ouverture placée bords de la coquille, les tentacules sont sortis au dehors. vers le bas. Son pied fait saillie, et en outre on voit sortir de la coquille un grand nombre de tentacules qui servent à l’animal pour capturer sa proie (fig. 80). Vue GÉNÉRALE. — La coquille ayant une forme conique, il faut d’abord 1 Annales des sciences naturelles, 1856-1857. 2 Plate, Bemerkungen zur organisation den Dentalien (Zool. Anseiger., 1888). 3 H. Fol, Anatomie microscopique du Dentale (Arch. de zool. exp., 1889). 62 LES MOLLUSQUES savoir la placer dans sa position morphologique. Dans le sable, le sommet ê b Ÿ ( (72 Fic. 81. — Dentale sorti de la coquille et vu par la face inférieure. p lobe médian du pied. / lobes latéraux. g, s, d partie antérieure du tube du manteau. s bourrelet ter- minal antérieur du man- teau. d bord festonné du bourrelet. £ partie pos- térieure du tube du man- teau. br portion du man- teau qui joue le rôle de branchie. f lobes du foie. vd vaisseau médian bi- furqué en avant. «a, b partie terminale du corps bbourrelet circulaire ser- vant à l’union du corps et de la coquille. &« épa- nouissement du pavillon échancré sur toute la partie inférieure. de la coquille est dirigé vers le haut, tandis que la base est dirigée vers le bas. Mais la vraie position s'obtient en re- marquant que la large ouver- ture de la coquille correspond à la bouche, la plus petite ex- trémité à l'anus, la concavité de la coquille au dos, la con- vexité au côté abdominal. Le côté droit et gauche est ainsi facile à trouver. Quand on a cassé la coquille, on voit que le Dentale présente absolument la forme de son test. Son corps est enfermé dans un tube membraneux qu'il faut fendre sur la face ventrale pour voir la plupart des or- ganes. On trouve ainsi d’abord un gros Corps libre, saillant, conique, charnu, c'est le pied. Dans l'angle que fait le pied avec la partie dorsale du tube, on trouve la bouche au sommet d’un mamelon. Celui-ci est en- touré de nombreux flaments extensibles et mobiles. L'anus est placé juste en arrière du point d'union de la face infé- rieure du pied avec la portion charnue ou dorsale du tube (fig. 81 et 82). Dans l'épaisseur de la mem- brane qui forme le tube, vers Fic. 82. — Le même animal vu de profil. Les mêmes lettres dé- signent les mêmes choses que dans la figure précédente. La position nouvelle permet de voir (e) une dépression qui se trouve sur le point où le vaisseau bifur- qué (v) de la figure précédente arrive auprès de la partie (br), jouant le rôle de branchie ; un organe giandulaire jaunâtre (7) qui est l’analogue du corps de Bojanus, G les organes de la reproduction, » les muscles de la partie dorsale; © est un ren- flement que présente souvent le tube. le milieu de la longueur et vers la partie postérieure du pied, on voit des éléments jaune bistre, for- més de petits rayons disposés comme deux sortes d'éventails ce sont les deux lobes du foie. Le tube lui-même est le manteau qui n'est ouvert qu'aux deux points Fic. 83. — Appareil digestif du Den- tale vu par le côté dorsal. b bou- che. p palpes labiaux. ab poches buccales. / poche linguale. ec anse stomacale dans laquelle débouchent . les deux lobes du foie f. iintestin. r rectum. an anus. SCAPHOPODES : 63 qui correspondent l’un à la base, l’autre au sommet de la coquille. APPAREIL DIGESTIF. — La bouche, placée au sommet d'un mamelon charnu, estentouréeparhuit lobes foliacés, qui rappellent à peu près la forme des feuilles du chêne. Les appendices les Py, ÿ, — Perion dela due ru par plus grands sont du ee À ou rachis. b pla- côté dorsal. Cette rosette buccale rappelle absolument les palpes labiaux des Acéphales. Ils sont couverts de cils vibratiles dont le mouvement a pour but d'ame- ner les particules alimentaires à la bouche (fig. 83 et 89). De la bouche part un petit canal, dans lequel viennent s'ouvrir deux cavités, les abajoues, qui sont peut-être des glandes. Ce petit tube très court, l'æsophage, aboutit bientôt dans une large dilatation, à la face dorsale de laquelle est une petite masse ré- sistante, l'appareil broyeur. Celui-ci est formé de trois parties : une, cornée, de couleur brune, c'est la partie active; une autre, supportant celle-ci, c'est le cartilage ; une troisième enfin, destinée à mouvoir la première, est musculaire. La pièce cornée est absolument analogue à ce qu'on appelle la langue ou mieux la radula chez les Gastéropodes. Elle est formée par des rangées longitudinales et transversales de petites dents cornées qui ne sont pas les mêmes dans une rangée trans- NX Fic. 85. — La même pièce, vue par la face : Le convexe et active. b plaques latérales, d Fi. 86. — Pièces de la radula éloignées pour mon- dents. trer leur forme. Les pièces latérales ont été repré- sentées d’un seul côté. versale. Au milieu il y a d’abord des dents semi-cylindriques qui, par leur GA LES MOLLUSQUES ensemble, rappellent l’apparence d’une colonne vertébrale vue en dessous. D'autres dents sont latérales, symétriques, et semblables de chaque côté de la ligne médiane. C’est tout ce que l’on voit sur la face qui correspond au cartilage ; mais, en renversant l'appareil, on voit, en avant de la série des pièces médianes creusées d’un canal ou gouttière de chaque côté de la- quelle arrivent les lames latérales, deux séries de dents latérales, en nombre égal aux pièces précédentes, et couchées dans la gouttière. La figure ci-contre montre la forme de toutes ces parties (fig. 85 et 86). Ces dents sont supportées par une lame cartilagineuse formée de cellules larges, irrégulières, polyédriques, avec des parois accusées par des lignes obscures. Ce cartilage a la forme d’un fer à cheval transformé en un SI == cerele complet par un muscle. Sur J | CY les bords de l’orifice il y a en outre une couche de fibres musculaires {| qui le double. Par l’action de ces ou muscles, la radula est animée A d'un mouvement de va-et-vient pic. 88. — Cellules : . ; . du cartilage de la Pie. 8T. — Cartilage en feraene. UI à Une action mécanique SUT raduk. Le. Wu ue SR les aliments absorbés (fig.87 et 88). En arrière de la poche linguale, les parois se rapprochent, un véritable étranglement a lieu, puis une nouvelle dilatation se produit : c'est l'estomac. À la suite vient l'intestin qui descend, puis remonte, en faisant une anse où débouche la glande hépatique qui est, comme chez les Acéphales, la seule glande de la digestion bien caractérisée. Il est formé de deux lobes, l’un droit, l’autre gauche, à peu près de la même dimension. Chaque lobe est constitué par de nombreux culs-de-sacs formés de cellules polyédriques contenant des granulations nombreuses. Tous les cœcums d’un côté se réunissent en plusieurs gros troncs qui finalement se réunissent en un seul gros canal. Celui-ci se réunit à celui du côté opposé avant de s'ouvrir dans l’anse intestinale. Après le foie, le tube digestif se redresse brusquement et se dirige en avant, puis il s'enroule plusieurs fois sur lui-même et aboutit à l'anus. Manreau. — L'animal enlevé de sa coquille paraît conique ; la partie la plus large est terminée par une surface froncée comme une bourse dont on aurait tiré les cordons. Il y a trois parties distinctes dans le manteau. La partie antérieure est un tube complet de toute adhérence, sauf en arrière, où elle s’insère sur le corps et où elle s’unit à la partie postérieure. Son bord épaissi est muni d’un sphincter. La partie postérieure ou viscérale n’est pas isolée du côté du dos comme celle que nous venons d'étudier. SCAPHOPUDES 65 Elle naît sur le côté du corps et forme un tube complet que l'on peut considérer comme le résultat de la soudure sur la ligne médiane des deux moitiés. Dans toute cette portion le manteau est très mince. Il con- tient dans l'épaisseur même de sa paroi, exactement sur la ligne médiane, un vaisseau rectiligne qui se divise en avant. L'extrémité postérieure est formée d’un véri- table anneau circu- laire, terminé par un pavillon dont l’é- # chancrure vient jus- N qu’à l’anneau. Elle NZ est percée d’une TU Le ouverture. F1G. 90. -- Coupe schéma- CoQuiLee. En La tique du sommet de la Ë coquille. d drap marin. coquille a la forme e lamelles calcaires. e k À prismes. d'un tronc de cône allongé, à bases ouvertes, et largement recourbé sur la face ventrale. L'animal n'y adhère que près du bourrelet circu- laire du sommet du manteau. Elle s’ac- croît par le bord supérieur. Elle est _ formée de lamelles concentriques de Fic. 89. — Coupe théorique de la base du pied calcaire, qui sur une coupe transver- et de la cavité viscérale faite pour montrer les rapports des différentes parties du tube digestif Sale se montrent couvertes de hachures, et vues de profil. 7’ paroi dorsale du manteau. pp pied supposé fendu. dd’diaphragmesquilimi- Qui se Coupent à angles plus ou moins tent en avant et en arrière la cavité viscérale. 4 ; b bouche. ab mamelon buccal. Z lobes labiaux. Ouverts. En dehorsest le drap marin qui l langue. e dilatation postlinguale. e*e"h anse , ; du tube recevant les conduits biliaires. à paquet donne sa couleur à la coquille. Enfin, intestinal. » rectum. x bulbe. y tube dilaté. an : anus. en dedans, mais seulement au sommet, il y a une couche de prismes (fig. 90). En outre la coquille est traversée par de nombreux canaux bifurqués et anastomosés. Pren. — Le pied est l'organe proprement dit de la locomotion. Il est extrêmement musculeux et mobile. Il peut s'allonger à une distance de plus de 2 centimètres. Lorsque le pied est bien turgide, on voit que son extrémité antérieure présente trois lobes : l’un médian, les autres laté- raux. Le premier est de forme conique ; les seconds l'entourent et se placent contre lui ; ils ressemblent pendant leur épanouissement à des appendices foliacés un peu renversés en dehors et en arrière. On a com- paré l'extrémité du pied à une fleur dans laquelle les lobes latéraux seraient la corolle, et le lobe médian le pistil. Le corps du pied est à peu près cylindrique. Sur le dos il y a un sillon peu apparent qui arrive jus- MOLLUSQUES. 5 66 LES MOLLUSQUES qu'à la base du mamelon buccal. Il y a des muscles rétracteurs très puis- | sants. À son intérieur est une cavité générale très large et d'apparence spongieuse. Le paquet intestinal et l'appareil Jingual sont logés dans la base du pied; mais ils ne sont pas dans la même cavité. En somme, nous voyons que le pied rappelle beaucoup plus celui des Acéphales que celui des Gastéropodes. Musczes. — Le Dentale est réuni à la coquille par quatre muscles placés sur le dos : ce sont quatre bandelettes nacrées, divergentes en avant et ÿ STATE de, ; nn = ; K Fic. 91. — Système nerveux central vu de profil. F car- tilage lingual. a ganglions pédieux. a’ otolithes. d'connec- üf antérieur. / premier ganglion sympathique. o nerf sym- pathique.m connectif. Æorigine du sympathique. n gan- glions sympathiques postérieurs. f connectif postérieur. g ganglion voisin de l'anus. 9 commissure des ganglions Fic. 92. — Le système nerveux cen- abdominaux. G anus. À nerf respiratoire. e nerf tenta- tral vu par la face inférieure pour culaire. ÿ ganglion cérébroïde. 7 renflement secondaire. montrer surtout le collier æsopha- D" nerf palléal externe. ç' nerf labial. ç nerf buccal. d gien du grand sympathique (Lettres nerf palléal moyen. comme dans figure précédente). convergentes en arrière, vers le bord antérieur du bourrelet du pavillon. Cette disposition rappelle le muscle unique des Gastéropodes. Mais ici il y a symétrie par rapport à un plan médian. Du reste, ces muscles ne peuvent avoir aucun rapport avec ceux qui, dans les Acéphales, unissent les deux valves. Ils ne correspondent qu'aux muscles pédieux. SYSTÈME NERVEUX. — Les centres nerveux sont composés de trois SCAPHOPODES 67 paires de ganglions : les ganglions sus-æsophagiens, les ganglions _pédieux, les ganglions abdominaux (fig. 91 et 92). _ Les ganglions sus-æsophagiens ou cérébroïdes ont une teinte jaune orangé et sont presque fusionnés ensemble. Les ganglions pédieux sont … situés vers le milieu de la longueur du pied. Enfin les ganglions abdomi- . paux correspondent à l'extrémité du tube digestif en arrière du talon du pied. _ Il y a des connectifs reliant les ganglions cérébroïdes aux ganglions pédieux et d’autres les reliant aux ganglions abdominaux. Il y a un système stomatogastrique. Il est d’abord formé de deux cordons d’origine, un de chaque côté, qui portent des nerfs buccaux. En arrivant à la masse musculocartilagineuse de la langue, les deux cordons se renflent un peu et forment un petit ganglion triangulaire de chaque côté et en avant de l'appareil lingual. Une commissure transversale les unit. À son milieu naît un filet nerveux qui se porte en arrière, perpendiculairement à la direction de la commissure. De ces ganglions partent deux nerfs qui se renflent en deux nouveaux petits ganglions unis par une commissure transversale. D'après Fol, les ganglions sont formés de grosses cellules ganglion- naires, de petites cellules et de tissu fibrillaire, ce dernier occupant le centre des ganglions. ORGANES Des sens. Tacr. — De chaque côté du bulbe buccal il y a deux paquets de très longs filaments contractiles, portés à droite et à gauche par deux replis cutanés, insérés en partie entre le manteau et le pied et sur le pied. Ces tentacules sont richement innervés. M. Des- hayes considérait autrefois ces filaments comme des branchies. C’est pour cela que de Blainville avait créé pour les Dentales le groupe des Cirrhobranches. Clarks les prit pour des glandes salivaires. Enfin M. de Lacaze-Duthiers les regarda comme organes du tact. Ils sont couverts de cils vibratiles et terminés par une ventouse. Le Dentale les insinue dans les grains de sable pour y saisir et rapporter à la bouche les Rhizopodes qui servent à son alimentation. Oure. — L'ouïe est effectuée par deux otocystes qui sont accolés aux ganglions pédieux. Ce sont deux poches à peu près sphériques, remplies d’une infinité de petits corpuscules agités d’un mouvement perpétuel de trépidation. La capsule est tapissée intérieurement par des cellules ciliées (fig. 93). - CrrcucarTion. — Les branchies manquent à peu près; il n’y a pas d’or- - gane central d’impulsion du sang, de cœur. - L'appareil circulatoire est surtout représenté par de vastes sinus. Il y - à cinq sinus principaux: l'un occupe tout le pied, c'est le sinus pédieux ; OP ND Mr * 68 LES MOLLUSQUES l’autre entoure l’anus, c’est le sinus périanal; un troisième s'étend sur toute la face inférieure du corps, en arrière de l’anus, c’est le sinus génital ou abdominal ; un autre entoure la cavité de l'appareil lingual, on le nomme sinus périlingual; un autre, placé au-dessus du pédoncule de la bouche, vers les ganglions céphaliques, reçoit le nom de sinus sus-æsophagien (fig. 94). Il y a aussi deux vaisseaux bien limités. C’est d'abord le vaisseau palléalinférieur moyen qui occupe la ligne médiane de Fi6. 93. — Les ganglions : : pédieux pour montrer les la partie translucide du tube, rapports et la forme des : RE - À re depuis l'origine du pavillon À, £ S ti Le jusqu’à la partie placée en face du talon du pied. Arrivé en avant de l’étranglement du manteau, il se bifurque brusquement et ses deux NL A ne 4 pe. divisions de plus en plus volumineuses acquièrent un CEE 1 Es à nr +. FE 7 diamètre plus considérable que lui-même. Le second VE L Le = nn vaisseau ou vaisseau palléal moyen dorsal est placé KE pu Œ dans les parois dorsales du tube, dans la partie qui ME | est libre, depuis la soudure avec le corps, en arrière ë du pédoncule du mamelon buccal, jusqu’au bord libre du tube. Fi6. 9%. — Schéma de la cireu- Il y a en outre un grand nombre de lacunes. lation du DEL AIRES seau palléal dorsal moyen. Le sang est un liquide incolore renfermant des 2h melon buccal. 2 replis ten- cellules amiboïdes. taculifères. 2 vaisseau de la base du repli tentaculifère. Prenons le sang dans le pavillon ; il suit le vaisseau 1 petit vaisseau allant aux (e parois du pied. 7 vaisseau palléal moyen inférieur et se distribue dans les nom- allant aussinus périanaln : Ë Me ; : ; branchie. $ lacune latérale. breux capillaires voisins. De la bifurcation il va dans t grande lacune dorsale. r ; : : dépression latérale du grand le réseau branchial du manteau, et tombe en partie sinus abdominal. gg° vais- k ne ie JU ; seau palléal moyen infé- dans le sinus périanal ; de celui-ci, il peut étre rieur. n sinus périanal. G ; : ; orifice anal. #2 bifurcation envoyé dans le pied et le sinus abdominal ; enfin de des vaisseaux. d sinus pé- dieux. © réseau palléal, ce dernier, dans les lacunes génitales et hépatiques ou bien dans le sinus périlingual. De la poche linguale il arrive dans les réseaux de la surface du mamelon buecal et dans le sinus sus-æsophagien. De là il se distribue d'une part dans les replis tentaculifères et arrive jusque dans le sinus péri-anal, de l’autre dans le vaisseau palléal moyen dorsal et le manteau, et revient ainsi à la branche de bifurcation. M. H. Fol a établi que le sinus périanal est muni de muscles. Donc. pour lui, le sinus périanal est bien l’homologue du cœur que les Mol- lusques portent, comme l’on sait, toujours dans le voisinage de l'anus. + SCAPHOPODES 69 + me. Le sinus périanal paraît garni d'orifices en boutonnière pourvus de “muscles dilatateurs, qui sont les orifices extérieurs de la circulation par “lesquels l'animal peut rejeter volontairement au dehors une partie de son sang. RespiraTion. — Il y a un rudiment de branchie placé dans l'épaisseur de la paroi du tube du manteau, en avant de la bifurcation et entre les deux branches du vaisseau palléal moyen inférieur. Cette partie du manteau se fait remarquer par une coloration jaunâtre. Elle est richement vascula- risée. En la regardant à la face interne, on remarque qu’elle est striée transversalement, qu’elle est plissée et creusée de petits sillons. Ces plis —._ sont couverts de cils vibratiles, très longs et régulièrement disposés. . _ ORGANES DE Bozanus. — Le rein est constitué par deux organes de Boja- nus placés à droite et à gauche du rectum. Ils sont réunis entre eux par — un canal de communication passant au-dessous de ce dernier. Ils s'ouvrent d’ailleurs chacun par un orifice, de part et d'autre . de l'anus. f 2 4 L'épithélium glandulaire du rein est formé de £.(o): _ cellules disposées en une couche unique. Chaque EX À cellule comprend une partie basale très colorable par le carmin et une partie apicale non colorable. On y trouve des corpuscules foncés. Dans l’excré- tion c’est seulement la partie apicale, trouble et = \ jaunâtre, qui est expulsée. == , , 4 << À ; 54 ORGANES GÉNITAUX. — Les sexes sont séparés. a | À Te Les deux glandes génitales se ressemblent k 3 Fc. 95. — Portion supérieure de “ complètement dans leur forme, leur composition la glande génital. CB corps de Bojanus ouvert. La nt des M 4. * :,! et leur orifice. Cependant l'ovaire est toujours plus ou moins jaunâtre, tandis que le testicule est blanc (fig. 95). La glande occupe toute l'étendue du corps entre le bulbe et le pavillon. Elle forme à elle seule toute la partie dorsale et postérieure du corps de l'animal. Elle se compose de lobules rangés sur trois séries longitudinales autour d'un canal excréteur unique, étendu d’une extrémité à l’autre de la glande. Le canal excréteur vient s'ouvrir dans le sac droit de Bojanus. . D’après H. Fol, cette communication n’existerait pas. Le canal se termine- —_ raiten cul-de-sac, tout près de l'organe de Bojanus. Ce n’est qu’à la matu- . rité qu’une rupture s'opèrerait et permettrait aux produits génitaux de passer dans le corps de Bojanus et de là au dehors. DÉveLoPPEMENT. — La segmentation de l’œuf est inégale comme celle des œufs d’Acéphales. L’amas de cellules prend bientôt une forme ovoïde. On voit apparaître à une extrémité un bouquet de cils vibratiles, tandis 12 Le difé à. 70 LES MOLLUSQUES que le corps lui-même forme des bosselures qui se fondent en formant des bourrelets circulaires portant des couronnes de cils vibra- tiles. Le nombre de ces bour- relets va en augmentant d’a- bord, ainsi que celui des cou- ronnes de cils ; mais ensuite, par un travail inverse, les cils Fic. 96. — OEuf quise divise s’effacent sur la surface du en deux parties inégales. corps et se développent au Fic. 97. — Segmentation. contraire davantage sur quatre bandes principales. À ce moment la larve ( Mn) _. Rare Ve Ne on Fi. 98. — Embryon pyriforme sur le- quel les cils for- ment des cercles très distincts. ressemble à celle d’une Annélide. Les extrémités du corps s’allongent et les cercles de cils vibratiles se rappro- chent. Le sommet de l'extrémité pos- térieure montre deux éminences qui laissent entre elles une dépression en forme de gouttière, celle-ci est l’ori- gine du tube du manteau. Donc, la gouttière marque la face ventrale de l'embryon. La gouttière se garnit de cils vibratiles. Presque en même temps apparaît la coquille: c’est d'abord une pellicule mince produite sur la surface du corps. Elle est impaire, médiane, dorsale. La partie antérieure du corps diminue alors de volume, tandis que la partie pos- FiG. 100. — Embryon vu de profil sur le côté droit. Apparition de Ja coquille. térieure que recouvre la coquille s'accroît. La coquille, étendant ses deux bords postérieur et antérieur, s’évase en avant et se rétrécit en arrière. Ses deux bords recroque- villés en dessous se rapprochent l’un de l’autre en s’allongeant, et bientôt, quand ïls se touchent, la gouttièreest transformée en un canal ouvert en avant et en arrière; c'est là l’origine du talon du manteau. PEL ENNT ENT QUEUE 7) \ AE EAETETT1117 77) el I usine” ] Fig. 99. — Embryon plus âgé vu en dessous ; les quatre cerles de cils vibratiles se sont appro- chés; l'extrémité pos- térieure s’allonge et se creuse d’une gouttière ciliée. FiG. 101. — Coquille dont les bords vont se tou- cher. Jusqu'ici l’animal nageait; à partir de cette époque, il se met à ramper au moyen d’un pied qui se développe à la base, en arrière et en-dessous du disque moteur. Les deux bords de la coquille se rejoignent et il se forme un tube complet fig. 96, 97, 98, 99- 100, 101). .—— _ SCAPHOPODES PAL Ésumé. — En résumé, nous voyons que les Scaphopodes se rapprochent _ des Acéphales par la forme du pied, l’absence de tête, la disposition des palpes labiaux, le système nerveux, l'absence d'organes copulateurs, leurs - deux corps de Bojanus, leur manteau formé au début de deux replis = latéraux. L Ils se rapprochent aussi des Gastéropodes par la coquille univalve, la présence d’un stomatogastrique, leur radula, leur glande génitale unique. Mais ils s’éloignent à la fois de ces deux classes par de nombreux carac- tères spéciaux qui obligent à en faire une classe à part. CLASSIFICATION. — À côté du genre Dertalium, dont nous avons parlé, il faut placer les Pulsellum dont le pied a un disque terminal aplati, et les ; Siphonodentalium dont le pied très allongé, vermiforme, est terminé par un 4 disque à bord papilleux. Le genre Dentalium existait déjà dans le Silurien. Mais les Scaphopodes deviennent surtout abondants à partir du Crétacé. CHAPITRE III 9° Classe AMPHINEURES Hisrorique. — Le genre Chiton était autrefois placé dans les Gastéro- podes, à côté des Patelles. Mais déjà de Blainville avait remarqué les affi- nités de ce genre avec les vers : « [ls semblent, disait-il, faire la transi- tion des Mollusques céphalés aux Chétopodes du type des Entomozoaires. » Les études récentes sont venues montrer qu’en réalité il en était bien ainsi, et on a trouvé et étudié des formes qui établissent le passage entre les deux embranchements. En 1876, Ihering créa le groupe des Amphineures qu'il divisait ainsi : 1° Placophora (Chiton, Chitonellus) : % Aplacophores (Proneomenia, etc.). Il considérait ce groupe comme un phylum de Vers. C’est Ray Lan- kester qui l’a rattaché aux Mollusques. Il a simplement changé le nom d'Amphineures en celui d’Zsopleures. Aujourd’hui on considère les Gastéropodes comme divisés en deux grou- pes: 1° les Anisopleures, qui sont les Gastéropodes que nous étudierons dans les chapitres suivants, caractérisés par un tube intestinal subissant une tor- sion portant l'anus à droite ; 2° les Amphineures ou Zsopleures, caractéri- sés par leur symétrie bilatérale et la position de l'anus à l'extrémité posté- rieure du corps. Ces Amphineures se divisent en Placophores, qui ont une coquille contenant les Chiton et les Chitonellus, et en Aplacophores ou Solénogastres, qui n'ont pas de coquille, comprenant les Proneomenia, Neomenia et Chæœtoderma. Le tableau suivant résume ces divisions : Chæœtoderma. Aplacophores ou Isopleures Neomenia. Solénogastres.. | ; ou Proneomenia. Gastéropodess 2. Amphineures. { Chitonellus. Placophores...…….. : | Chiton. Anisopleures (tous les autres Gastéropodes). ibn AMPHINEURES : 73 Nous allons étudier successivement les genres Chiton, Chitonellus, Pro- neomenia, Neomenia, Chætoderma, qui nous montreront tous les passages entre un Mollusque incontestable, comme le Chiton, et des formes que l’on “ seraittenté de mettre parmi les Vers (Chœtoderma) si on ne connaissait pas les formes de transition. A.— GENRE CHITON Le Chiton, vu par la face dorsale (fig. 102), se montre comme ayant une forme ovalaire, tout hérissé de spicules, et présentant sur la ligne médiane une série de huit pièces calcaires placées à la file les unes des autres, — mi (7 jl TA cs u D n D | > d Bo 1 e Ge s 0q Fic. 102. — Chiton. Face dorsale, avec les huit valves. (On n’a ombré que les plaques antérieures.) A" 0 Q , . ° ,s depuis la partie antérieure Jusqu à la FiG. 103. — Chiton. Face ventrale. P pied. B bouche. À anus. Og orifices génitaux. Or ori- partie postérieure. La face ventrale fees urinaires Br Lranchies. (fig. 105) nous montre au centre un large pied ovale, très musculeux, surplombé sur tout son pourtour par un rebord, le manteau. En avant du pied est la bouche, médiane, portée sur un petit muffle et bordée d’une lèvre charnue plus épaisse en avant. Sur la mêmeligne médiane, mais en arrière du pied, est l'anus. Toute la g'out- tière circulaire qui sépare le pied du manteau est garnie d’une rangée de petits panaches branchiaux, en nombre variable suivant les espèces ; il y en a généralement seize. De chaque côté de l’anus, mais un peu en avant, sont les deux orifices urinaires; plus en avant encore sont placés les deux orifices génitaux. 74 LES MOLLUSQUES La peau très épaisse est dépourvue de cils vibratiles, sauf dans la région qui correspond à l'insertion des branchies. L'animal contient des fibres musculaires nombreuses qui lui permettent Fic. 104. — Fragment de la pre- mière plaque calcaire du Chiton siculus, montrant les pelits et les grands orifices. Fig. 105. — Coupe schématique de la coquille du Chiton aculeatus. À megalopore avec son megalæstètes. b mi- cropore avec son micræstètes. « ocelle. de s’enrouler sur la face ventrale, en formant une boule, à la manière d’un Hérisson ou d'un Cloporte. Tout l’'épiderme est bourré de spicules. L'ensemble des huit plaques calcaires porte le nom de coquille, mais celle-ci morphologiquement n’est pas comparable à la coquille des autres Mollusques. On doit les considérer comme des amas de spicules plus abon- dants en ces points que dans le reste du tégument. Chaque valve se montre formée de deux parties: l’une superficielle, colorée et souvent tuberculeuse, c’est le teymentum ; l’autre profonde, enchâssée dans les tissus, d'aspect nacré et intimement soudée à la première, c'est l'articulamentum. Tandis que celle-ci est compacte, la partie superficielle est percée de nombreux orifices qui, à la loupe, se montrent de deux sortes, les uns petits, les autres plus grands (fig. 104). Les corps contenus dans ces parties ont été étudiés par van Bemmelen et surtout par Moseley. Les grands orifices ou mégalopores conduisent dans une chambre occupée par un organe sensoriel dit mégalæstèles ; ce sont des organes ovoïdes très réfringents, semblant formés de petits cônes em- boîtés les uns dans les autres, et se continuant par un pédoncule d'apparence conjonctive qui devient horizon- Fi6.106.—"Schizochitôn {al et va se perdre dans le derme de la peau. Les petits çincisus avec les ran- : RP ne orifices ou micropores conduisent également dans une petite chambre occupée par un micræstètes de même conformation que les précédentes, mais dont les pédoncules viennent se jeter dans les pédoncules des mégalæstètes. Tous ces corps sont probable- CSS AMPHINEURES 75 ment des organes de tact, mais on ignore de quelle façon ils sont en relation avec les centres nerveux. — La disposition que nous venons de décrire se rencontre chez les Chitons de nos pays. Chez quelques Chitons exotiques, on trouve en outre des organes sensoriels particuliers qui sont des yeux (fig. 106). Moseley a étudié ceux-ci avec beaucoup de soin. La coquille, au point où on les trouve, est percée d’une vaste chambre au-dessus de laquelle passe une cornée transparente et bombée en forme de verre de montre. Au-dessous Post. 1P- On © {|| EE DS RTE Fic. 107. — Coupe longitudinale schématique d’un Chiton. ZS lèvre supérieure. D bouche. ZJ lèvre inférieure. K bouton gustatif. À, tubercule gustatif. À radula. FÆ foie. Z intestin. A anus. GG glande génitale. C cœur. À aorte. P péricarde. R rein, dont le canal accessoire (CA) va s'ouvrir dans le péricarde (H). est une rétine en continuation avec un nerf et une choroïde. Enfin, entre la rétine et la cornée il y a une lentille biconvexe qui, sans aucun doute, est un cristallin (fig. 105). Du pédoncule oculaire partent également des micreæs- tètes. Le nombre de ces yeux est quel- E à i quefois très grand : ainsi, chez le Chiton T aculeatus il y en a plusieurs milliers. CA Le tube digestif débute par une F1G. 108. — Coupe trans bouche garnie d’une lèvre supérieure versale schématique du tube digestif au niveau énorme et d’une lèvre inférieure très du foie (F# et H). T estomac. a cul-de-sac. petite (fig. 107). Elle conduit dans un vaste bulbe buccal à la face inférieure duquel est un bouton gustatif'et en arrière de lui un petit Fic. 109. — Chiton. ? : : Système nerveux. tubercule également gustatif, à la base duquel sont deux CD Ce : . Pas ien. /VZ nerf la- gros ganglions nerveux. À sa partie antérieure s'ouvre Bral. NP nerf pé. l'orifice d’une petite glande. A la face dorsale il y a deux dent glandes salivaires. En arrière le bulbe reçoit un cul-de- sac très développé qui contient une radula semblable à celle des Gasté- ropodes. Le bulbe se continue ensuite par un œsophage se renflant peu à 76 LES MOLLUSQUES peu en un estomac. Celui-ci du côté gauche envoie un cul-de-sac aplati qui se porte à gauche, puis descend et se courbe ensuite. Dans l’espace limité par ce cul-de-sac est un lobe hépatique droit ; il y en a un second à gauche, en dehors (fig. 108). Puis l'intestin décrit plusieurs circonvolu- tions et aboutit à l'anus. Le système nerveux se compose d’un très puissant collier œsophagien, d’où partent en arrière les nerfs pédieux et les nerfs latéraux. Ceux-ci se réunissent en ar- rière. [Il y a des anastomoses irré- œulières entre les nerfs pédieux. Vers le bas il y a aussi une anastomose {A) entre chaque nerf pédieux et chaque nerf latéral. Il y a un petit collier sto- matogastrique (fi- Fic. 110. — Partie antérieure du système ner- gures 109 et 110). veux du Chiton. BB anneau entourant l’æso- Q 2, phage complètement. AA anneau entourant Les sexes sont incomplètement l’œsophage. ph ganglions Fo 411 Chiton. Organes pharyngiens. bb ganglions buccaux. P nerf séparés + Ja glande pédieux. génitaux femelles. génitale mâle ou fe- melle, suivant le cas, est dorsale et impaire; elle vient s'ouvrir au dehors par deux canaux dont nous avons vu les orifices L' 7 sur la face ventrale (fi- œure 111): Les branchies sont in- Fio. 412. — Coupe Sérées sur le manteau. j LChacune delles est fon: médiane./a lamelles , re mée par une lame apla- tie portant des lamelles perpendiculaires à droite et à gauche. Il | ; ; : FiG. 113. — Cœur de Chiton. V ventricule. Y à un vaisseau afférent et un vaisseau O oreillettes. VZ vaisseau latéral. À aorte. efférent : ceux-ci, au niveau de chaque lamelle, sont percés de petits orifices qui permettent au sang de se répan- dre à leur intérieur (fig. 119). Le cœur est placé à la partie inférieure du corps, enveloppé dans un péricarde. Le ventricule à la forme d’un fuseau se prolongeant en avant par l'aorte. À gauche et à droite débouchent les deux oreillettes (fig. 113). AMPHINEURES 77 Celles-ci en avant reçoivent un vaisseau latéral. En arrière, elles se réu- nissent et viennent de nouveau déboucher dans le ventricule. Le ventricule envoie le sang dans l’aorte qui mérite à peine ce nom, tellement elle est peu différenciée. L'aorte se porte en avant et se continue peut-être en Fic. 114. — Coupe transversale schématique du corps du Chiton. Co coquille. A7 manteau. Br branchies. P pied. Pa péricarde. V ventricule. O oreillettes. Z intestin. 2? rein. CA canal accessoire du rein. Æ vais- seau latéral. ÆS espaces sanguins. V nerfs pédieux. avant avec deux vaisseaux qui parcourent le pied (voir fig. 114, ES). Quoi qu’il en soit, le sang tombe dans les lacunes interorganiques, autour du tube digestif en particulier, puis se réunit dans deux vaisseaux longitudi- naux qui envoient des branches dans chaque branchie ; là le sang respire, se rend dans les vaisseaux efférents. Ceux-ci se jettent dans les vaisseaux latéraux qui ramènent le sang aux oreillettes et par suite au ventricule (fig. 114). Les organes excréteurs sont pairs et occu- pent toute la longueur du corps. Chaque or- gane est un tube à paroi glanduleuse qui se ramifie énormément sur les côtés et qui, à la partie inférieure. se renfle légèrement et va s’ou- vrir à la face ventrale, un peu au-dessus des ori- fices génitaux. De chaque tube part aussi un canal accessoire dépourvu de ramifications et allant s'ouvrir dans le péricarde. Il n’y a aucune connexion avec les organes génitaux (fig. 115). Fi6. 115. — Schéma des organes uri- naires. Traits pleins: partie excré- trice venant s'ouvrir au dehors en K. CA canaux accessoires allant s'ouvrir (P) dans le péricarde. Le développement du Chiton a été étudié particulièrement par Kowa- lewsky. La segmentation amène à une planula donnant bientôt une gas- trula formée de deux feuillets et à blastopore inférieur. Le corps augmente de volume d’une façon inégale, de telle sorte que le blastopore devient presque antérieur : c’est la bouche. En même temps, il s’invagine 78 LES MOLLUSQUES dans le blastopore une petite portion de l’ectoderme, et cette partie don- nera le bulbe buccal et la radula. A ce moment, la larve est pyriforme avec un bouquet de cils antérieurs et une couronne ciliée équatoriale. Un peu au- Fic. 116. — Jeune larve de Chiton. dessous du blastopore se forme une invagination ectodermique qui disparaît ensuite peu à peu pour ne plus laisser aucune trace chez l'adulte. Kowalewsky considère cette invagination larvaire comme l’'homologue de la glande ven- trale que nous verrons chez les Proneomenia (fig. 116, 117, 118, 119). Les cellules ectodermiques donnent naissance aux spicules. Il se forme d’abord dans la cellule une vacuole au sein de laquelle appa- raît le spicule qui, grandissant peu à peu, finit par sortir d’abord de la vacuole, puis de la cellule. Sur la ligne médiane dorsale, il se forme des paquets abondants de spicules qui donnent naissance par leur réunion aux valves de la coquille. En avant de celles-ci apparaissent deux Fc. 118. — Coupe longitudinale d’une larve encore plus âgée. € valves. » radula. À invagina- tion larvaire. s’isolent peu à peu. yeux larvaires qui disparaîtront plus tard. Tout le système ner- veux naît in situ par des épais- sissements de la face profonde de l’ectoderme, épaississements qui B. — GENRE CHITONELLUS F1G. 117. — Coupe longitu- dinale d’une larve plus avancée. Æct ectoderme. End endoderme. a partie ectodermique du tube di- gestif. À côté des Chitons vient se placer le genre Chitonellus qui M-11%:— Larve de nous montre une forme de pas- sage avec les genres suivants. C’est un animal très allongé, à l'aspect d’une limace. Son corps est cylindrique et son pied très petit est en partie Chiton. caché dans un s'llon médian ventral. Il a aussi des valves comme les Chitons. Enfin les branchies n'existent pas dans toute la longueur du corps; elles sont reléguées dans la région anale. Les Chitonellus habitent l'Australie, les Philippines et les Antilles. - AMPHINEURES Le C. — GENRE PRONEOMENIA _ Le genre Proneomenia était, il y a encore peu d'années, un animal fort rare. W. Hubrecht, qui l'a étudié et en a donné une monographie, avait fait ses recherches sur trois exemplaires que le D' Sluiter avait dra- gués à 150 mètres de profondeur dans la mer. On en avait trouvé surtout dans les mers du nord, et aussi près de Naples. Récemment, M. Pruvoten a trouvé une assez grande quantité près de Banyuls ; il a repris l'étude ana- tomique du Proneomenia et a modifié en de nombreux points les descrip- tions d’Hubrecht; il en a aussi en partie étudié le développement. La Pronéomie (fig. 120) est un être vermiforme, dont la taille est en général de 0",15 mais peut atteindre jusqu à 0®,25. Le corps est cylin- drique et légèrement renflé à ses deux extrémités. À la partie antérieure et un peu ventralement est la bouche, sous la forme d'une fente ovoïde allongée dans la direction de l'axe du corps. Sur la même face, mais à la par- tie postérieure, se trouve l'anus allongé transver- salement. Enfin, un peu au-dessous de la bouche, sur la ligne médiane ven- trale, on voit naître un P Fig. 120. — Proneomenia Sluiteri. b bouche. Sp sillon pédieux. a Fi1c. 121. — Coupe transversale sché- anus, C queue vue de dos. ps pore sensitif. matique. p pied. sillon très net, qui s'étend jusqu’à l’orifice anal. Son extrémité antérieure forme une petite dépression. Sur la face dorsale et postérieure est un petit pore sensitif dont les bords sont festonnés. Si l’on fait une coupe transversale du corps, on voit que dans le sillon ventral est logé un cordon cylindrique, musculeux, qui court d’un bout à _ l'autre de l’animal et qui est évidemment l'homologue du pied des Gasté- 80 LES MOLLUSQUES ropodes ; on donne pour cette raison à la gouttière qui le contient le nom de sillon pédieux (fig. 121). Les téguments [fig. 122) sont formés par une couche de cellules épider- miques qui sécrètent à leur surface une couche très épaisse de chitine, dans laquelle sont englobés les spicules en grand nombre. D’après Hubrecht, les spicules seraient réunis à la couche épidermique par de nombreuses cellules; mais ces {ractus n'ont pas été revus par M. Pruvot. — Au-dessous de l'épiderme vient successivement une couche de fibres circulaires, une couche de fibres longitudinales et une couche de fibres obliques. Dans la petite cupule antérieure du sil- lon pédieux débouchent de nombreuses glandes en forme de lames bataviques, F1G. 122. — Tégument. f fibres longitudinales du derme. ep couche épidermique. Sp spi- cule avec son manchon et son funicule enclavés dans une formation cuticulaire très épaisse. Fi. 123. — Radula de Proneomenia Sluiteri. qui sécrètent tout le mucus dont l’animal est couvert; en ce point les spicules font défaut et les cils vibratiles sont nombreux. Hubrecht disait que le mucus était sécrété par une glande contenue dans le pied et venant s'ouvrir au pore antérieur ; il assimilait cette prétendue glande à la glande byssogène des Acéphales. Nous venons de voir qu'il n’en est rien. La bouche est garnie de nombreuses papilles qui ne sont pas aussi développées que l’avait dit Hubrecht, qui les décrivait comme pouvant ser- vir à la respiration. Ce ne sont pas des branchies buccales, mais bien des replis sans importance. À la suite de la bouche vient le pharynx, tapissé par une cuticule et montrant sur sa face ventrale une fossette où naît une véritable radula de Gastéropode (fig. 123), formée de nombreuses dents. À droite et à gauche du cul-de-sac radulaire s'ouvrent deux petites glandes salivaires. Plus bas le pharynx diminue de diamètre et envoie dorsalement un cul- de-sac qui aboutit à la partie antérieure de la tête (fig. 124). Après le pharynx vient un intestin rectiligne qui se recourbe légèrement à la partie inférieure pour aboutir à l'anus. Sur toute sa longueur l'in- testin présente des replis transversaux à aspect métamérique. Il semble y avoir sur l'intestin un foie diffus (fig. 125). Les Pronéoménies sont hermaphrodites. Les organes génitaux sont 81 F1c. 124. — Proneomenia. Coupe antéro-posté- s rieure. ge ganglions cérébroïdes. Sd sinus dor- EU sal. Ph pharynx. Cph cul-de-sac pharyngien. #4 B bouche. R radula. Sv sinus ventral. Z intes- 5 tin. Gg glande génitale. P péricarde. U préten- due uretère de droite. Gur appareil génital. a Fic. 125, — Proneomenia vue de dos (mêmes lettres anus. Ps pore sensitif. % que fig. 124). partie dorsale, tandis que les spermatozoïdes naissent dans la partie ven- trale. La glande débouche par deux canaux dans une poche unique que Hubrecht appelait péricarde. De celui-ci partent inférieurement deux petits Canaux qui se recourbent sur eux-mêmes, tandis que leur diamètre aug- mente peu à peu. Ils arrivent ainsi dans deux pooches qui redescendent MOLLUSQUES. 6 # Di 4 0 € L LL 82 LES MOLLUSQUES vers la partie inférieure et se réunissent en une grosse poche commune allant déboucher dans le cloaque en avant de l'anus. Sur la poche (Gur dans la figure 124) il y a des cellules qui, d’après Hubrecht, étaient analogues à celles du corps de Bojanus. Vu cette disposition, Hubrecht considérait les tubes w, Gur comme homologues des organes de Bojanus des autres Mollusques. Leurs rap- ports étaient les mêmes dies des Vers était donc | parfaite. Mais M. Pruvot a montré que le prétendu puisqu'ils venaient s’ou- vrir d’une part au dehors et d'autre part dans le pé- ricarde. [ls serviraient en outre à l'expulsion des or- ganes génitaux. La com- paraison avec les néphri- péricarde n’en était nul- lement un; il a trouvé sa cavité bourrée de spermatozoïdes: c'est un /. simple réceptacle sémi- Fi16. 126. — Proneomenia. Coupes transversales à divers niveaux. Mêmes lettres que dans les figures précé- dentes. Gs glandes salivaires. T tubes allant dans le péricarde. Gla glandes annexes. nal. Quant à la glande prétendue urinaire, elle sert à sécréter un mucus destiné à englober la ponte. On voit aussi que l'appareil génital n’a aucune communication avec la cavité générale et que dans son ensemble il rappelle de très près celui des Gastéropodes hermaphrodites, avec cette différence qu'ici toutes les parties sont paires et symétriques. L'appareil circulatoire comprend un sinus dorsal longitudinal, ascen- dant. Il y a aussi un sinus ventral. Le sinus dorsal, d'après Hubrecht, péné- trait dans le péricarde et se mettait en relation avec un cœur contenu dans le péricarde. Mais M. Pruvot a montré! que ce cœur apparaît dans cer- tains cas comme un simple refoulement de la paroi péricardique dorsale et que même dans d’autres cas il en est entièrement détaché dans sa 1 G, Pruvor. — Sur le prétendu appareil circulaloire el les organes génitaux des Néomenies (Comples rendus, 7 avril 1890). AMPHINEURES 83 . région moyenne. D'ailleurs il est formé par une masse de cellules conjonc- . tives tantôt compactes, tantôt laissant entre elles des mailles où s’accu- + mulent les globules sanguins, tantôt limitant une cavité bien nette. Mais … iln'ÿy a jamais d'éléments musculaires. Lorsqu'on examine un animal . par transparence, on peut voir les globules se déplacer dans les sinus « par un simple mouvement d’oscillation dû aux contractions de la paroi du | corps. Il n’y a pas de mouvement régulier, dans un sens toujours le même; et, sur un animal coupé transversalement, le mouvement persiste avec le même caractère, aussi bien dans le tronçon séparé du cœur que dans CE TER 10 71 AAA NS ARTS AR N NRE IST PENSER IN e _ Gla = LE) ETT Ness des Qt | --GUr QE Fi16. 128. — Proneomenia. Systeme nerveux. GC gan- glions cérébroïdes. Gs ganglion sublingual. Gpa Fig. 427. — Proncomenia. Appareil génital. eee NO ne dl lu ganglion viscéral. z l’autre. En somme, il n'y a ni cœur ni péricarde : morphologiquement ce qu'on appelle le cœur est un simple raphé dorsal, continuation de la cloison de séparation des glandes génitales devenue incomplète et renfer- - mant une portion de la cavité générale. ; Par cette description on voit aussi que le prétendu péricarde est divisé en deux portions au point de vue physiologique, l’une inférieure, vaste, _ qui sert au passage des deux. L'autre, supérieure, est transformée par la présence du prétendu cœur en une gouttière comme celles que montrent à la sortie de la glande génitale tous les Gastéropodes hermaphrodites, et destinée, comme chez ces derniers, à conduire les spermatozoïdes. Le système nerveux (fig. 128) est représenté par une masse cérébroide 84 LES MOLLUSQUES sus-æsophagienne d’où part un petit collier stomalogastrique présentant deux petits ganglions dits subiingaux, et entourant le pharynx. Il en part éga- lement un second collier, aboutissant à deux ganglions pédieux réunis entre eux par une forte commissure et émettant deux longs nerfs pédieux reliés sur tout leur parcours par des commissures transversales très nom- breuses. Les deux nerfs pédieux se terminent par deux petits ganglions unis également entre eux par une forte commissure. En outre de la masse cérébroïde partent deux nerfs latéraux ou palléaux aboutissant à deux ganglions viscéraux réunis par une commissure passant au-dessus de l'intestin terminal. Les nerfs pédieux et les nerfs latéraux sont réunis tout le long du corps par des commissures très nombreuses. Le développement a été étudié par M. Pruvot sur une espèce particulière de Proneomenia, dont il a fait un genre spécial, le Dondersia banyulensis. Nous ne pouvons faire mieux que de lui emprunter la description sui- vante !. F La Dondersia n’a pas de ponte agglomérée, mais rejette isolément ses œufs par petit nombre à la fois. L’œuf est formé d’une masse vitelline opaque, parfois légèrement rosée, parfaitement sphérique, et de 0,11 à 0%",12 de diamètre, entourée d’une mince coque ronde, souple et trans- parente, de 0"",23 de diamètre. La présence de cette coque est impor- tante : l’œuf étant nu encore dans la poche ovigère (péricarde des auteurs), elle ne peut prendre naissance qu'au delà, c’est-à-dire dans la prétendue néphridie qui se trouve ainsi déterminée non comme un organe rénal, mais comme une simple glande coquillière. Une heure environ après la ponte, l'œuf, qui a expulsé déjà les deux globules polaires habituels, se divise en deux sphères inégales, puis en quatre, trois petites et une plus grosse, la grosse sphère primitive s'étant encore divisée inégale- ment. Le stade VIIT est atteint par la division encore inégale de la grosse sphère et la répartition régulière des trois petites, en sorte que l’ébauche embryonnaire présente à ce moment un pôle nutritif occupé par un gros blastomère unique et un pôle formatif composé de sept petits blas- tomères égaux coiffant la moitié supérieure du précédent. Après un repos d’une heure environ, la période d’activité recommence par la division de la grosse sphère cette fois en deux blastomères égaux, endodermiques tous les deux. Puis les cellules de la calotte ectodermique, se divisant à leur tour, portent leur nombre à quatorze. Nouvelle période de repos, de près de trois heures, puis nouvelle division qui débute encore par les deux grosses sphères endodermiques. Le stade XXXII est atteint à peu près huit heures après la ponte et compte quatre grosses sphères endo- 1 Pruvor, Sur le développement d’un Solénogastre (Comptes rendus, 10 nov. 1890). * 2% D | AMPHINEURES 85 en dermiques sur un même plan, coiffées partiellement par vingt-huit — petites cellules ectodermiques. C’est alors que se produit l'invagination —. des cellules endodermiques qui disparaissent peu à peu à l’intérieur de … la calotte ectodermique, et le nombre des cellules de cette dernière _ augmente encore pendant que l’embolie s’accomplit, mais d’une manière successive et irrégulière. Chez la larve complètement formée, le nombre des cellules du revêtement externe ne dépasse pas cinquante-six. A vingt-quatre heures, l'embryon a la forme d’une calotte légèrement conique avec une large ouverture qui occupe toute sa face inférieure. C’est à ce moment qu'apparaissent les cils vibratiles sous forme d’une couronne médiane, et deux champs ciliés couvrant, l’un tout le pôle céphalique, et l’autre l'extrémité inférieure siège de l’invagination. Puis le corps de l’em- bryon s’allonge et se divise par deux étranglements annulaires en trois segments superposés : 1° le segment céphalique, formé de deux assises de cellules ciliées, au sommet légèrement déprimé duquel quelques cils prédo- My) - ‘rt 1, F16..129. — Dondersia banyulensis. I larve de 36 heures. — II. Larve de 100 heures. — III. Jeune Dondersia immédiatement après la métamorphose (7° jour) (Pruvor). minent bientôt sur les autres, et finalement un seul acquiert de fortes pro- portions et devient le flagellum terminal; 2° le segment moyen, ou voile, formé d’une seule couche de cellules ne portant qu'une rangée de cils sur leur portion inférieure ; ceux-ci s’accroissent progressivement et consti- tuent la couronne ciliée, principal organe de la locomotion ; 3° le segment inférieur ou palléal, constitué par deux rangées de cellules entièrement couvertes de cils fins.[l porte la dépression blastoporienne fortement oblique au début. Dans la figure ci-jointe (fig. 129), [ représente un stade un peu plus avancé, dans lequel l’orifice d’invagination fortement rétréci est devenu circulaire et tout à fait terminal. Cet état est atteint vers la trente- sixième heure. Le corps ne tarde pas à devenir plus massif, les sillons de - séparation des segments s’atténuent, sans disparaître toutefois, et bientôt » on voit saillir du fond de la dépression inférieure un bouton caudal cilié 86 LES MOLLUSQUES qui l’occupe presque en entier et porte en son centre un petit orifice qui correspond, selon toute vraisemblance, au véritable blastopore ; puis le bouton caudal est repoussé au dehors par le bourgeonnement entre lui et le fond de l'invagination palléale d’une masse conique, destinée à former la plus grande partie, sinon la totalité, du corps de l’animal futur, et dans les cellules externes de laquelle apparaissent des spicules. C'est l’état montré en IT qui représente une larve de cent heures; on voit de chaque côté de la ligne ventrale nue trois spicules déjà imbriquées, mais renfermées encore dans leurs cellules-mères. La paroi de celles-ci finit par se rompre; le nombre des spicules augmente de nouveau, se for- mant sans cesse sous le lobe palléal ; le corps conique s’allonge rapidement et prend une courbure bien marquée sur sa face ventrale, tandis que le manteau se réduit peu à peu à ne plus former qu’une sorte de collerette à la région supérieure de l'embryon qui tombe au fond du vase, sa couronne ciliée ne suffisant plus à le soutenir dans le liquide. C'est le septième jour qu'a lieu la métamorphose, période critique entre toutes pour l'animal. L’embryon à cette date est représenté en III. La métamorphose consiste dans le rejet de presque toute l'enveloppe externe de la larve, c’est-à-dire des cellules du voile et des deux rangées formant le lobe palléal. Il y a sept plaques dorsales calcaires, légèrement imbriquées et formées de spicules rectangulaires simplement juxtaposés. D'autres spicules de forme différente, orbiculaires, beaucoup plus nombreux, couvrent les flancs; la face ventrale est nue. Jusqu'à la métamorphose la larve est dépourvue de bouche et l’endoderme forme une masse pleine, flanquée latéralement de deux cordons mésoder- miques, pleins également, dont l’origine est encore à élucider. D. — GENRE NEOMENIA À côté du genre Proneomenia, vient se placer le genre Neomenia, quien diffère par quelques caractères, et dont la description avait précédé celle de l’animal précédent. Cette étude avait été faite par Tullberg. La forme du corps est beaucoup plus ramassée, mais affecte la même apparence que celle de la Proneomenia. Le corps est très arqué (fig. 130), avec un sillon ventral très net cachant un pied. Les parois sont très épaisses. Le tube digestif débute par une partie renflée, un pharynx protractile, ab- solument dépourvu de franges buccales et de radula. Puis viennent l'estomac et l'intestin qui vont directement aboutir au cloaque. Le système nerveux est formé d’une masse cérébroïde d’où partent un petit collier stomatogastrique et un autre collier plus développé présentant quatre + AMPHINEURES ‘87 ganglions, deux ganglions pédieux et deux ganglions latéraux. De ces _ derniers, qui se réunissent en se renflant légèrement, part une commissure. Des ganglions pédieux partent deux nerfs longitudinaux et réunis sur tout leur parcours par des anastomoses transversales (fig. 131). Les sexes sont réunis et la disposition des organes génitaux est analogue à celle de la Pronéoménie ; mais dans le cloaque il y a un petit canal terminé par un petit pénis calcaire et des franges, des sortes de branchies anales. L'histoire de cette es- { pèce est assez curieuse pour être contée. Nous venons de voir que la Fic. 130. — Neomenia carinata, a indi- ; eue : : vidu vu de profil. b le même vu par sa Néoménie n'avait pas de = Wibbe et montrant son sillon radula, ni de. diverticule pharyngien, ni de franges buccales, mais un pénis et des franges anales. En 1882, MM. Marion et Kowalewsky étudièrent un animal qu'ils prenaient pour un Neomenia, mais qui, en réalité, était un Proneomenia. Ils virent alors des caractères tout p.121. — Neomenia différents de ceux décrits par Tullberg: il y avait les CV nulions franges buccales, une radula, un diverticule pharyn- sue ublgual. Gp gien, pas de pénis ni de branchies anales. Ils dirent Feb NI net alors que Tullberg avait mal orienté son animal, qu'il latéral: 67 ganglions avait pris la tête pour la queue et l’anus pour la bouche. Dans ce cas, la radula avait été prise pour un pénis, les franges buc- cales pour des branchies anales, etc. Mais, chose curieuse, le système nerveux était décrit exactement avec ses ganglions cérébroïdes en avant. Hubrecht reprit alors la question et montra que le différend venait de ce que Marion et Kowalewsky s'étaient adressés à un Proneomenia, tandis que la description exacte de Tullberg se rapportait à un genre bien défini, le genre Neomenia. E. — GENRE CHŒTODERMA Le genre Chœtoderma est représenté par une seule espèce, le Ch. niti- dulum. C’est un animal extrêmement rare. On le rencontre sur les côtes de la Scandinavie, dans la mer du Nord. Il vit sous les pierres, à la grève, et dans des fonds de 500 mètres environ. 88 LES MOLLUSQUES Beaucoup de zoologistes mettent ce genre parmi les Géphyriens, à côté des Priapulus. Mais aujourd’hui, vu ses rapports étroits avec les Proneo- menia, on le met à côté de ceux-ci. Son étude a d’abord été faite par Loven, puis par Graaf et enfin par Hensen. Le Chæœtoderma est un petit animal dont la taille ne dépasse guère 3 centimètres. Le corps (fig. 132) a un aspect vermiforme, un peu arqué. L'extrémité antérieure est légèrement renflée. Plus bas, le corps présente un LS ASSIS A D CUT Là u Rice D 2°: ® LES Se ntm same nie DCE OCTO CAC l CU Fc. 132. — Chæœtoderma nitidulum. T renflement buccal. Ÿ true … || léger rétrécissement, puis N ù se termine par une extré- | N mité renflée creuse. Dans \ < N cette boursecaudale(fig.133) | À sont placées deux branchies ; NC RQ on nesait si celles-ci peuvent \ faire saillie au dehors, car \ tous les animaux que lon a pu étudier étaient conser- vés dans l'alcool. Surlaligue médiane ven. JS. aodns cd trale, ilyaseulement, \à la | fn L pare. 6eme) à eee | partie postérieure, un très des organes génitaux. OG organes génitaux. À bourse caudale. léger sillon. À l'extrémité antérieure, s’ouvre la bouche. Dans le cloaque débouchent l'anus et, à droite et à gauche de lui, les orifices génitaux. Le tégument est formé par une couche de cellules cylindriques dans les- quelles sont enchâssés de nombreux spicules lancéolés et disposés en un | feutrage serré. Ces amas de spicules donnent à l'animal un aspect cha- | toyant qui lui a fait donner la nom de nitidulum. Au-dessous de l’épiderme vient une couche peu importante de fibres musculaires circulaires. Plus en À dedans on trouve quatre grands muscles longitudinaux qui rappellent AMPHINEURES | 89 d’une manière étonnante la disposition que l’on rencontre chez les Néma- todes. Il y a deux muscles ventraux et deux muscles dorsaux, séparés les uns des autres par des cordons de tissu conjonctif, les champs. Le tube digestif(fig.134) débute par une bouche antérieure qui aboutit à un pharynx séparé du reste du tube digestif par un étranglement. Sur le plancher du pharynx est une petite langue chitineuse, placée dans une dépression et ac- compagnée de deux petits cartilages. C'est, on le voit, une radula de Gastéropode réduite à son substratrum et à une seule dent. Puis vient un œsophage se renflant peu à peu en un esto- mac qui se rétrécit brusquement pour se conti- nuer avec l'intestin qui vient déboucher à l'anus, placé entre les deux branchies. Au point où l’es- tomac cesse, il vient déboucher une grosse glande ventrale bien nette, le foie. Le cœcum hépatique avait été autrefois pris pour un vitel- logène! Le système nerveux (fig. 136) se compose de deux ganglions cérébroïdes donnant naissance à un petit collier stomatogastrique présentant sur son trajet deux petits ganglions. Il y a aussi un petit ganglion buccal réuni aux gan- ss B \ N Ne 10 Fic. 166. — 1° Schéma du système nerveux de l'Æaliotide. C ganglions cérébroïdes. A masse ventrale. Co cordons ventraux. S système assymétrique. Br branchies ; 2° Système nerveux d’Haliotide ramené à sa. forme théorique. € ganglions cérébroïdes. Pg pédieux. Plg pleuraux. n prolongement du ganglion pédieux (P). m prolongement du ganglion pleural (m). son milieu un ganglion viscéral. On voit d'après cette disposition que les. ganglions pleuraux sont réunis entre eux par une longue commissure, tordue en 8 de chiffre autour de l'intestin et présentant trois renflements ganglionnaires. Cette commissure tordue est caractéristique des Proso- branches : elle caractérise aussi le système nerveux dit chiastoneure, qui. nous le répétons, ne se rencontre que chez les Prosobranches. Chez les Prosobranches les plus inférieurs, les Haliotides (fig. 166), les. Fissurelles, etc., on peut se rendre compte de ce qu’estle système nerveux en disant que les ganglions pédieux et les ganglions viscéraux ne forment. 116 LES MOLLUSQUES qu'une masse unique. De cette masse part, comme dans le cas schématique décrit, une commissure en 8 de chiffre. Mais le fait prin- cipal à signaler chez ces animaux archaïques, c’est que de la masse sous-intestinale partent en arrière deux gros cordons nerveux qui sont réunis entre eux, tout le long de leur parcours, par de nombreuses anas- tomoses transversales qui leur donnent un certain air de ressemblance avec une chaîne ventrale d'articulé ou encore avec les cordons ventraux des Isopleures. En examinant la structure de ces cordons, on voit qu'ils sont formés d’un mélange de fibres et de cellules. D'ailleurs, l'extrême diffusion des cellules nerveuses est un des caractères essentiels des formes anciennes. Ce ne sont en somme que des prolongements de la masse ner- veuse sous-æsophagienne. Mais, au milieu de cette masse unique peut-on retrouver quelque chose qui rappelle la division en ganglions pédieux et en ganglions pleuraux ? Les uns disent que la disposition que nous venons de signaler représente la forme originelle du système nerveux des Prosobranches, et que ce n’est que dans les types d'organisation plus complexe que la division des gan- glions s’est opérée. Ce n'est donc pas la peine, d’après eux, de rechercher les ganglions pédieux et pleuraux, puisqu'ils représentent une forme ancienne, forme chez laquelle on ne parlait pas encore de division de la masse nerveuse. Or en examinant attentivement les cordons ventraux, nous voyons que chacun d'eux est divisé en deux parties dans toute sa longueur par un sillon produit par la présence d’une lame conjonctive. Chaque cordon est donc double, l’un représente la partie allongée de la récion pleurale, l’autre la partie allongée de la région pédieuse. On remarque aussi que les anastomoses transversales réunissent seulement les portions pédieuses et en outre que la commissure croisée est en relation avec la partie externe de la masse ventrale, c’est-à-dire celle qui doit être, d’après notre description, la partie pleurale. Chez l'Haliotide et la Fissurelle la fusion des ganglions pleuraux et pédieux est très grande, et les anastomoses des cordons très nombreuses. Chez la Patelle (fig. 167), la disposition est à peu près la même, mais les cor- dons ne sont plus réunis que par trois anastomoses. Enfin, chez les Nérites, la masse sous-œæsophagienne commence à montrer des traces nettes de division. Ce n'est que chez les Monotocardes que la division est complète et affecte la disposition que nous avons indiquée au début. Cette description s'applique seulement à un certain nombre de types. En effet, chez les Monotocardes les plus élevés en organisation, nous trouvons un degré de complication de plus. Chez eux, tantôt du côté droit, tantôt du côté gauche, nous voyons une anastomose s'établir entre le ganglion pleural droit et le CU" 7 À ‘ ; À LT N dite m'a Rs ‘à à ain témtt he - di 4 1.5 v# 4 + 24 di GASTÉROPODES 117 +. ganglion sous-intestinal, ou bien entre le ganglion pleural gauche et le _ ganglion sus-intestinal. D’autres fois, la même disposition se rencontre en même temps à droite et à gauche (fig. 168) sur un mêmetype (Cassidaire). Cette F1c. 167. — Schéma du système nerveux de la Patelle. C ganglions cérébroiïdes. P gan- glions pédieux. représentés en pointillé, sou- dés aux ganglions pleuraux (Æ). p commis- sure pédieuse. nr commissure pleurale. d nerfs pédieux réunis par trois commissures (e f g). ST système stomatogastrique. P V sys- tème asymétrique. v ganglions de l'organe de Spengel. Nota. — On a représenté distinctement les ganglions pédieux etles ganglions pleuraux, mais cette distinction n'existe pas à l’état naturel. commissure surajoutée est la commissure de la zygoneurie, et sa pré- sence a vivement intrigué les anatomistes. Son ori- gine a été indiquée par M. Bouvier. | ! En exami- et nant les nerfs qui partent des ganglions pleuraux et des ganglions sus et sous-intestinaux, on voit quil en part des filets pour le manteau. Chez les espèces qui ne sont pas Zzygoneures, on voit une très fine anas- tomose qui réunit les filets nerveux partant l'ua du ganglion pleural droit, l’autre du ganglion sous-intestinal (nousn’envisageons pour l'instant que la partie droite). On peut suivre cette anastomose chez d’autres types, et on la voit peu à peu se rapprocher des ganglions. Finalement, lorsque ce filet anas- tomotique atteintles ganglions, la commis- 0 4 Fic. 168. — Système ner- veux, zygoneure à droite (Zg) et à gauche (X). sure de la zygoneurie à droite est créée (Hig. 169) Cette commissure surajoutée se complique parfois par des soudures, des glissements. de nerfs qui paraissent par suite avoir une origine incompréhensible au premier abord. Ainsi, le nerf qui part du ganglion pleural droit peut cheminer le long de cette commissure, et enfin, dans les cas les plus différenciés, il atteint le ganglion sous-intestinal, d’où on le voit partir. La zygoneurie droite est beaucoup plus fréquente que la zygoneurie gauche (fig. 170). On ne la rencontre guère que chez les Naticidés etles Lamellaridés. DÉFINITIONS. — Dans les figures 168 ou 169, si l'on oublie de dis- séquer le filet qui va du ganglion sous-intestinal au ganglion pleural gauche et celui qui va du ganglion sus-intestinal au ganglion pleural droit, on verra que les ganglions pleuraux sont réunis entre eux par une 4118 LES MOLLUSQUES commissure non tordue autour du tube digestif. C’est ce qui était arrivé à von Jhering qui alors décrivait les types qui présentaient cette disposition comme Orthoneures. Mais il n’en est pas ainsi ; chez les Prosobranches il n'y a pas d'orthoneures !, il n’y a que des chiastoneures. Ajoutons que ces V IV F16. 169. — Formation de la zygoneurie droite. Z. — C ganglions cérébroïdes. P ganglions pédieux. Z gan- glions pleuraux avec le nerf palléal (/1) qui en part. So ganglion sous-intestinal (/1) avec le nerf (s) qui en part. Su ganglion sus-intestinal. V ganglion viscéral. ZZ. — On voit la zygoneurie droite (Z9). III. — Le nerf {/1) chemine le long de la zygoneurie. Z V. — Le nerf (/1) atteint le ganglion sous-intestinal. chiastoneures peuvent être dialyneures lorsqu'ils n’ont pas la commissure de la zygoneurie, ou zygoneures quand ils la possèdent. INKERVATION. — Les ganglions cérébroïdes innervent : 1° les organes de la sensibilité spéciale ; 2 le mufle ou la trompe, les lèvres et les muscles moteurs du mufle, de la trompe, et la masse buccale (non ses muscles intrinsèques). Les nerfs les plus importants à signaler sont le nerf tentacu- laire et le nerf optique. Les otocystes qui reposent sur les ganglions pédieux semblent recevoir un nerf de ceux-ci. Mais M. de Lacaze Duthiers ? a montré que la véritable origine de ces nerfs était dans la masse cérébroïde. Les ganglions pédieux innervent le pied. 1 Les Helicinidés et les Néritidés n’ont pas cette commissure croisée. Ils semblent donc être orthoneures. Mais M. Bouvier a montré que cette orthoneurie apparente provenait de la suppression de la branche sus-intestinale de la commissure viscérale et de son ganglion sus- intestinal. Ils ne sont donc pas orthoneures de la même façon que les Prosobranches ou que les Pulmonés. On dit alors que le système nerveux est orthoneuroide. ? Comples Rendus, t. LXVII, p. 883. — Arch. de sool. exæp.,t. I. GASTÉROPODES 119 Les ganglions palléaux innervent essentiellement le manteau et le muscle columellaire. Les ganglions sus-intestinal et sous-intestinal servent d’origine à une partie des nerfs du manteau. Ils inner- vent, soit directe- ment, soit indirec- tement par un autre ganglion, les deux branchies ou la branchie unique. Le ganglion vis- céral innervele tube digestif. Fic. 170. — Système ner- Comme le Buc- no CPE cin ést un auimal que l’on a souvent l’occasion de désigner, nous donnons (fig. 171) un schéma de ses centres ner- veux. Ùù STOMATOGASTRIQUE. — Il existe ‘un stomatogastrique représenté surtout par deux ganglions sous-æsophagiens réu- : : LE FiG. 171. — Bucriniumnudatum. Schéma du sys- nis entre eux et aux ganglions cere- tème nerveux. On a considérablement allongé ee. les connectifs latéraux Æ3 et X3. P ganglions broïdes. pédieux. Æ: connectif palléo-pédieux. Z gan- ° , glion buccal. X4 connectif cérébro-pédieux. CD Les ganglions buccaux éprouvent des ganglion palléal droit. Sp ganglion sus-intes- se . - 5 tinal. Sb ganglion sous-intestinal. CG ganglion modifications progressives à mesure palléal gauche. C ganglions cérébroides. m nerf ; 11: ; . palléal gauche. 59 anastomose palléale gauche. quons élève dans 1 ordre. Ils sont diffus bi nerf branchial. À branche sus-intestinale de et étendus sur une grande longueur de D NL NE rt £, la commissure buccale dans les Turbos # et les Toques ; ils se limitent peu à peu chez les Nérites et se trouvent fran- chement limités chez les Monotocardes. Mais chez ceux qui présentent les caractères les plus élevés, comme les Pourpres, ils sont extrêmement 3 rapprochés et presque concentrés en une seule masse. Chez les Diotocardes, les ganglions buccaux sont en arrière des gan- glions cérébroïdes. Chez les Monotocardes, ils sont en avant des gan- glions cérébroïdes. 10° Organes des sens Toucner. — Le toucher paraît s'exercer par toute la surface cutanée. Le bord antérieur du pied est particulièrement sensible. 120 | LES MOLLUSQUES Gour. — On ne sait rien de précis sur les organes gustatifs des Proso- branches. Flemming a décrit chez la Fissurelle une série de boutons gus- tatifs rappelant par leur constitution ceux des Vertébrés. OpborarT. — Nous avons dit que l’odorat paraissait s’exercer par l’inter- médiaire de la fausse branchie. Oure. — Les Prosobranches possèdent en général deux otocystes pla- cés souvent sur les ganglions pédieux, d’autres fois ailleurs, mais toujours très loin des gan- glions cérébroïdes. M. de Lacaze Du- thiers a montré qu'il CE K > SN ((@) NE N À Q x À ||! N N LP y avait là une belle preuve de la loides connexions : en ef- fet, quelle que soit Fig. 172. — Schéma d'un œil ,: de Patelle. À bâtonnets. CR leur position, les cellules rétiniennes avec pig- : TE A Herr otocystes sont tou- jours innervés par des nerfs sortis des ganglions cérébroï- ®) y È ET mn ns RE “ll Fi6. 173. — Schéma d'un œil de Murex. C des. Les otocystes renferment une seule ‘cristallin. À rétine. Go corps vitré. N nerf optique. Æ épiderme externe. ou de nombreuses otolithes. En général, les formes inférieures ont de nombreuses otolithes, les formes supérieures n’en n'ont qu'une par otocyste. | Vue. — Les yeux, au nombre de deux, sont placés à la base des tenta- cules céphaliques. Chez les Prosobranches inférieurs (Fissurella, Haliotis, Pateïla, Trochus) les yeux sont très simples: ce sont de simples invagina- tions des téguments du corps (fig. 172). À ce niveau, la cuticule devient épaisse et transparente ; elle forme une sorte de cornée. Quant aux cellules visuelles, elles sont plongées au milieu de cellules pigmentaires. Elles se terminent chacune par un bâtonnet réfringent ; un filet nerveux vient se terminer à leur intérieur. Chez les Prosobranches supérieurs (Murex) l'œil est complètement indi- vidualisé. Il forme une vésicule entièrement close, entourée d’une coque de tissu conjonctif. Sur l’un de ses côtés la vésicule contient un gros ceris- tallin sphérique. Du côté opposé les cellules forment une rétine pigmentée dont tous les bâtonnets réfringents convergent vers le cristallin (fig. 173). 41° Branchies et poumon MoRPHOLOGIE DES BRANCHIES. — Les branchies sont placées dans la cavité palléale, attachées au plafond de celle-ci. Elles se présentent sous éis LS F2 DT PONT, TANT 24 vers : . à vs s > r { GASTÉROPODES 121 J 2 deux aspects particuliers : chez les Prosobranches les plus inférieurs il y _ a deux branchies bipectinées, tandis que chez les plus élevés il nyena qu'une seule monopectinée. Mais on trouve tous les passages entre ces deux manières d'être : 1° chez la Fissurelle il y a deux branchies symé- _triques s’insérant au fond de la cavité, sur le manteau : elles sont libres sur toute leur étendue et bipectinées, c’est-à-dire qu'elles sont formées d’une lame triangulaire, dite support branchial, sur laquelle sont disposées de chaque côté des séries de lamelles branchiales ; ® chez les ÆHaliotides il y a aussi deux branchies bipectinées, mais soudées dans presque toute leur étendue par leur face dorsale, et libres à la pointe ; 3° chez les Troques et les Turbos, il n'y a qu'une branchie, située à droite et bipectinée. Le support bran- chialse prolonge vers la droite en une lame | Fi. 179. — Coupe schématique d'un organe de Spengel de la Fic. 174. — Patelle vue par la face ven- Patelle. Ep épithélium. GN ganglion nerveux. PL partie trale. Br branchies. lacuneuse représentant une branchie. qui va se souder au manteau, de manière à diviser la cavité palléale, dans sa moitié postérieure, en deux étages superposés; 4° enfin, dans tous les autres Prosobranches réunis actuellement dans le groupe des Monoto- cardes, il n’y a qu'une seule branchie, soudée au manteau dans toute son étendue et monopectinée. Une disposition tout à fait spéciale des branchies se rencontre chez la plupart des Patellidés (fig. 174). Ceux-ci sont pourvus de lamelles fixées à la face inférieure d’un repli circulaire du manteau qui déborde tout autour du corps de l'animal : ce cercle de feuillets juxtaposés est interrompu seule- ment à un point situé en avant et à gauche. L'ensemble de ces feuillets ne correspond pas morphologiquement aux branchies des autres Proso- branches, non plus, paraît-il, qu'à celles du Chiton. Dans la Patelle, en effet, outre ces branchies circulaires, il y a dans la petite cavité palléale dorsale deux organes de Spengel; chacun de ceux-ci, sur une coupe, se montre formé d’un ganglion nerveux, et à côté de lui d'une partie lacuneuse qui représente probablement les branchies palléales des autres Prosobranches (fig.175). Du reste, à côté de ce genre on trouveles Scurria qui, outre les branchies marginales, ont une branchie palléale 199 LES MOLLUSQUES bipectinée. Enfin, chez les Acmæa il n'y a plus qu'une grande branchie cervicale, et pas du tout de branchies marginales. Citons enfin les Lepeta qui sont dépourvues de branchies. STRUCTURE DES BRANCHIES. — La structure des branchies a été étudiée par M.F. Bernard'. Il faut y étudier séparément les membranes de soutien, les éléments conjonctifs et musculaires , les éléments nerveux et l’épithélium. La membrane de soutien a une consistance cartilagineuse : elle est anhyste et formée de couches concentriques de nature analogue à celle de la substance fondamentale générale du tissu conjonctif. Elle semble sécré- tée par La face externe de cellules disposées en une couche régulière. C’est une membrane repliée de manière à former un sac très aplati, à l’intérieur duquel sont des espaces sanguins. Les éléments conjonctifs sont noyés dans une substance continue, élas- tique, dont les cavités constituent les espaces sanguins. Les éléments les plus abondants sont des cellules étoilées, anastomosées. Autour du vais- seau efférent les cellules sont agglomérées en ilots isolés et alignés. Il y a de fortes trabécules qui traversent le feuillet de part en part, etréunissent les deux lames conjonctives normalement à chacune d'elles. Chacune est constituée par une ou plusieurs fibres musculaires, normales à la membrane basilaire et entourées d'une gaine conjonctive. Ces fibres mus- culaires par leurs contractions sont évidemment susceptibles d'aider à la progression du sang. Toute cette lame conjonctive est en effet creusée de nombreux canaux où circule le sang, mais 1l n’y a jamais ni vaisseaux ni capillaires : se sont de simples sinus. L’innervation de la branchie est assez compliquée. Du plexus qui existe auprès de la branchie du côté efférent part un nerf principal qui fait le tour du feuillet en entrant par le bord efférent ; il se réfléchit à la pointe et passe le long du bord afférent. À une certaine distance de son entrée dans le feuillet on voit le nerf se diviser en deux troncs exactement superposés l’un à l’autre et accolés chacun à la membrane basilaire de la face cor- respondante. Sur chaque face du nerf il y a un riche réseau de fibres nerveuses mêlées de cellules, situé entre les cellules épithéliales, réseau nerveux qui est en relation avec le nerf par de nombreuses branches secon- daires généralement renflées à leur origine. Quant à la couche épithéliale, elle est surtout formée de cellules cylin- driques et ciliées, parmi lesquelles sont disséminées des cellules mucipares et des cellules sensorielles. C’est exclusivement dans la région efférente 1 F. BerNARL. Recherches sur les organes palléuux des Gastéropodes Prosobranches (Thèse de Paris, 1890). GASTÉROPODES 1923 .… qu'est développé le réseau neuro-épithélial. C’estau contraire presque exclu- …_ sivement dans l’autre région que se trouvent les cellules glandulaires. Poumoxs. — Dans tous les types que nous venons d'étudier la respi- ration était aquatique et se faisait à l’aide des branchies. Mais il est un certain nombre de types qui peuvent respirer l’air en nature à l’aide de poumons, dont les diverses manières d’être nous amènent aux organes semblables qui se trouvent chez les Pulmonés. Les poumons sont sim- plement constitués par le grand développement des vaisseaux veineux qui tapissent alors d'un feutrage serré tout le plafond de la cavité pal- léale. Un premier pas dans cette différenciation se rencontre chez les Ampullaires qui sont des animaux vivant dans les eaux douces des pays chauds, et qui, pendant la saison sèche, s'enfoncent profondément dans la vase, où ils respirent alors l'air en nature. On a même pu les conserver plusieurs années hors de l’eau. Ils sont pourvus, en effet, d’un poumon et d’une branchie qui peuvent fonctionner à l'exclusion l’un de l’autre suivant les conditions extérieures. Si l’action du poumon est suspendue, le sang est contraint de traverser le réseau branchial. Si, au contraire, l'animal est mis à l'air, le sang du vaisseau afférent de la branchie passe dans la poche pulmonaire ‘. Un pas de plus est fait par les Cyclostomes, animaux qui vivent constamment à l’air et qui sont pourvus d’un poumon; mais on peut y retrouver une branchie rudimentaire. Enfin, chez les Cyclophores il n'y a plus qu’un poumon. On pourrait donc ranger ces deux derniers genres parmi les Pulmonés, mais ils se rattachent par tout le reste de leur organisation aux Prosobranches. Parmi les Prosobranches à vie aérienne, il faut citer la grande famille des Hélicinidés qui sont les représentants terrestres des Prosobranches inférieurs tandis que les genres précédents sont les représentants ter- restres des Prosobranches supérieurs. 12° Appareil circulatoire La position du cœur par rapport à l'appareil respiratoire est caracté- ristique. Îci, en effet, la branchie est en avant du cœur, de telle sorte que d'avant en arrière on trouve d’abord la branchie, puis l'oreillette, et enfin le ventricule ; c’est de cette disposition que vient le nom de Prosobranches. Cœur. — Le cœur est enveloppé d'un péricarde qui communique avec l'organe rénal. Le cœur (fig. 176) se présente sous deux formes bien différentes; chez les 1 SABATIER, Sur l’app. resp. des Ampullaires (Comples rendus, 1879, page 1326). 124 LES MOLLUSQUES Diotocardes, il est formé par deux oreillettes latérales et par un ventricule traversé par le rectum. On voit que cette description est la même que celle du cœur des Acéphales. Les oreillettes sont égales chez les Fissu-  Z ÉExR À CCE \ _ A \ \ \\ F1. 176. — Schéma du cœur des Prosobranches le Diotocardes ; 2. Monotocardes; 3. Patelle. SAN . 1) RD, relles. Elles sont un peu plus iné- R( LV A , œales chez les Haliotides, et enfin | chez les Nérites il ne semble au pre- + ut NE KL À = \ mier abord n’y en avoir qu'une seule, tant celle de droite est réduite. ù Chez les Monotocardes il n'y a R , . , ee 7 , : L - = 1l reillette anté- Fic. 177. — Schéma d'une partie de la circulation plus qu HP PR ALENONE de l'AHaliotide. KR rein droit. X sang venant des rieure et un ventricule non traversé lacunes du corps. V ventricule. © oreillette. R rectum, A sang allant directement du manteau à par le rectum. l'oreillette. A1 rein gauche avec sa circulation spé- ciale. S' sinus de la base des branchies. C vaisseau Enfin chez les Patelles le cœur en de la branchie, D vaisseau efférent de la ranchie. revêt un aspect particulier. Ici, on trouve trois cavités qui sont étagées: en avant l'oreillette, puis le ventri- cule, et enfin une troisième cavité, une sorte de bulbe aortique duquel partent les artères du corps. SYSTÈME ARTÉRIEL. — Du ventricule part un tronc qui se divise dès sa naissance en une artère viscérale qui va irriguer les viscères et une aorte qui se dirige vers la partie antérieure du corps. Là elle se comporte de deux facons différentes. Chez les Diotocardes, l’aorte s’évase en un vaste sinus sanguin qui enveloppe la partie antérieure de l'œsophage, le pha- rynx et parfois la radula. De ce sinus part une artère pédieuse récurrente, Chezles Monotocardes, il n’y a pas de sinus périæsophagien. L’aorte tra- verse les colliers nerveux, puis monte sur l'œsophage, et se termine par une artère proboscidienne. Auparavant elle donne à droite et à gauche une petite artère qui traverse le triangle latéral et va se rendre aux tenta- cules. Après avoir traversé le collier nerveux, l'aorte donne une artère pédieuse qui va se ramifier dans le pied. APPAREIL VEINEUX. — Des artères le sang tombe dans des lacunes. Il y en a généralement une grande pour le tortillon et une autre pour la Se ouh: :t; DS à sd um. noie À sit dé ds pot ét DE er à g > hr D 2 PCT D NP PI SONT a . GASTÉROPODES 195 partie antérieure du corps et le pied. Les deux lacunes se réunissent avant de se rendre aux branchies. Mais là encore il y a deux cas à consi- dérer. Chez les Prosobranches inférieurs presque tout le sang traverse le corps de Bojanus avant de se rendre aux branchies (fig. 177.) Chez les Proso- branches supérieurs, une faible partie du sang traverse le rein, tandis que l’autre partie se rend immédiatement aux branchies. Dans l’un et l’autre cas, une faible partie du sang du manteau se rend directement à l’oreil- lette. Quoi qu'il en soit, la plus grande partie du sang arrive dans la ou les branchies, y respire, et de là est ramenée dans la ou les oreillettes qui la chassent dans le v2ntricule. 43° Glande péricardique La glande décrite par Grobben chez les Acéphales existe aussi chez Jes Prosobranches. Mais ici elle peut occuper deux positions : l'épithé- lium sécréteur peut être placé sur les oreillettes, cela se voit chez les Diotocardes ; il peut aussi être placé sur les parois mêmes du péricarde, c’est ce qui arrive chez les Monotocardes, à l'exception de la Valvée où il est placé comme chez les Diotocardes. 14° Organe de Bojanus. ANATOMIE. — Le rein des Prosobranches, dont une étude d'ensemble a été faite par M. Remy Perrier !, est, dans sa forme primitive (fig. 178), constitué par deux sacs glandulaires placés à droite et à gauche du péricarde. Ces organes viennent s'ouvrir au dehors, à droite et à gauche de l’anus ; ils communiquent d'autre part tous deux avec la cavité péricardique. Mais chez aucun Prosobranche cette symétrie parfaite, tant au point de vue anatomique qu’au point de vue physiolo- gique, nest réalisée. Chez les formes inférieures, on : : : . NA: Fic. 178. — Schéma du retrouve bien deux reins, mais ceux-ci sont très iné- type théorique du rein bl ] el À f ti des Prosobranches. A gaux et ne semblent plus avoir les mêmes fonctions. anus. 2G-RD reins gau- : . he et droit. P péri- À. Diorocanpes. — Il n'y a que chez les Diotocardes, are FX et encore faut-il en excepter les Néritidés, qu'on trouve deux organes rénaux, mais toujours avec une asymétrie qui s’accentue de plus en plus à mesure qu'on s'élève dans la série. L 1 R. Peruer. Recherches sur l'anatomie et l'hislolojie du rein des Gasléropodes Pro- sobranches (Thèse de la Faculté des sciences de Paris, 1889). MOLLUSQUES. G 126 LES MOLLUSQUES C’est seulement chez la Fissurelle (fig. 179) que l’on peut retrouver quelque chose de la symétrie primitive. Ici les deux reins sont identiques au point de vue fonctionnel. Ils sont, en outre, situés de part et d'autre de l’axe du corps, et leurs orifices extérieurs sont placés à droite et à gauche du rec- tum. Mais le rein gauche est très petit et ne communique pas avec le péricarde, tandis que le rein droit est extrême- ment bien développé et s'ouvre dans la cavité péri- cardique. Fic. 179. — Schéma du Chez les Æaliotides et les rein de la Fissurelle. Troques, c'est le rein droit seul qui est volumineux et qui est l'appareil dépurateur ; ilne communique pas avec le péri- carde. Le rein gauche, au contraire, Commu- ;4 480. — schéma de la position - CRE ER : 2 des reins de la Patelle. P péri- nique avec ce dernier, mais il a subi une trans carde. RG rein gauche. ‘RD rein RS nato complète : sa structure s'est tout à ur anus avec les deux orifices fait modifiée : on lui donne le nom de sac pa- pillaire, et M. R. Perrier le considère comme un organe de réserve. Enfin les Neritidés n’ont plus qu'un seul rein. Parezce.— Un mention particulière doit être faite pour la Patelle (fig. 180). Ici les deux reins fonctionnent comme glande urinaire ; mais au lieu d’être placés l’un à droite, l’autre à gauche du péricarde, ils sont placés tous deux à sa droite. Cependant ils viennent encore tous deux s'ouvrir de part et d'autre de l’anus. Le rein gauche qui est passé à droite du péricarde est très petit et, d’après KR. Perrier, ne communique pas avec la cavité péricardique. Le rein droit, au contraire, est très volumineux : il n’est pas contigu au péricarde, comme le précédent, et se prolonge circulai- rement tout autour du corps, qu'il entoure presque complètement. B. Moxorocarpes. — Le rein des Monotocardes est, à part de petites exceptions, beaucoup plus uniforme que celui des Diotocardes. Ici on ne trouve jamais qu’un seul rein s’ouvrant par un simple orifice en forme de boutonnière, au fond de la cavité palléale. IT a un aspect spongieux. Il communique d'autre part avec le péricarde. Mais si l’on examine avec soin ce rein, on voit qu’en réalité ce n’est pas un organe unique. En effet, en le regardant extérieurement, on peut déjà voir que la couleur se montre différente suivant deux régions (fig. 181). C'est qu’en effet il y a deux glandes tout à fait distinctes et accolées l’une à l'autre : le rein proprement dit et la glande néphridienne. La glande néphridienne se présente toujours sous la forme d’une bande GASTÉROPODES 127 courant le long du péricarde. La lacune qu’elle contient est limitée du côté du rein proprement dit par une couche puissante de muscles. La cavité n’est autre qu’un diverticule de l'oreillette, et elle est en partie envahie par un tissu conjonctif dont les éléments essentiels sont de grosses cellule à protoplasme condensé etgranuleux avec des noyaux ; volumineux. Ces cellules sont disposées entre les P mailles d’un réseau de cellules conjonctives étalées : c'est, on le voit, tout à fait la structure d’un organe lymphoïde. Du côté de la cavité du rein, la glande néphridienne est tapissée par un épithélium qui s’en- fonce dans son intérieur en y formant des canaux ramifiés, toujours bien séparés de la lacune sanguine. Fi. 181. — Zitiorina Rein —_ On voit donc que la glande en question se com- férent rt "prenant pose de deux organes : 1° une glande vasculaire san- fe" "éphridienne, Co guine, que l’on a nommée la glande hématique ; 4 Life Le. "7 . 2° une glande ordinaire, versant ses produits dans la cavité urinaire ; c’est à celle-là qu’on réserve plus spécialement le nom de glande néphridienne. Quant au rein proprement dit, il est formé d'une capsule conjonctive de laquelle partent dans l’intérieur des lamelles et des trabécules, libres à la partie interne et tapissées par l'épithélium sécréteur. Ces trabécules sont généralement lâches chez les Prosobranches marins, tandis que chez les Prosobranches d'eau douce, à l'exception du Cyclostome et de la Valvée, on remarque un développement considérable de la masse glandulaire qui donne au rein un aspect spongieux analogue à celui des Pulmonés. On peut citer, comme différenciation secondaire du rein, les faits suivants que nous empruntons à M. R. Perrier. Chez la plupart des Ténioglosses, la masse glandulaire est homogène. Chez les Proboscidifères, elle se sépare en deux lobes distincts, mais de structure identique. Chez quelques Ténio- glosses (Natica, Cyprœa) on commence à voir toutefois une tendance à la séparation du rein en deux lobes distincts et de structure différente. L'un d’eux est petit et longe la glande hématique, l’autre, bien plus considé- rable, semble constituer la partie essentielle du rein. Cette division en € deux lobes devient la règle chez les Sténoglosses. Chez la Volute, les deux lobes restent tout à fait séparés ; chez les Olives, ces deux lobes, dont on peut suivre la différenciation progressive, s’intriquent mutuellement, mais sans communiquer entre eux. Enfin chez les Muricidés le lobe gauche se modifie profondément. Ce n’est plus qu’une mince lamelle courant tout le long du rein, et d’où se détachent perpendiculairement des lamelles secondaires, qui pénètrent entre les lobules du lobe droit du rein, considérablement développés et constituant le véritable tissu glan- dulaire. 198 LES MOLLUSQUES VASsCuLARISATION. — La vascularisation de l’organe de Bojanus montre ainsi un passage progressif entre les Prosobranches les plus inférieurs et les plus élevés. Chez tous le rein droit est placé sur le trajet du sang qui vient des lacunes du corps pour se rendre aux branchies. Chez l'Haliotide tout le sang le traverse ; chez les Troques il n'y en a qu'une partie seulement; enfin chez les Monotocardes il ne reçoit qu'une faible partie du sang, et il se constitue pour lui un domaine vasculaire spécial avec des voiss afférentes et efférentes indépendantes de la circulation générale. NATURE MORPHOLOGIQUE DU REIN DES Monorocarpes. — M. R. Perrier considère le rein proprement dit des Monotocardes comme représentant le rein droit seul des Diotocardes. La glande néphridienne représenterait alors le rein gauche de ces derniers qui serait passé à droite du péricarde, et se serait profondément modifié. Pour lui, la Patelle, où les deux reins sont à droite du péricarde, représente une forme de passage. Pour cela il suffit de supposer que la mince cloison qui sépare les deux cavités rénales dans ce type ait disparu, ainsi que l’un des orifices devenu inutile. HisrocociE. — Les cellules excrétrices se montrent sous deux aspects principaux. La première forme de cellule se rencontre dans le rein de tous les Diotocardes ainsi que dans le revêtement épithélial de la glande né- . me Res Fic. 183. — Une phridienne des Monotocardes, du côté de Ïa cecllulesecrétrice , ce de Monotocar- cavité urinaire. de. n noyau. v un. RS . vacuole. Elles sont généralement ciliées, à protoplasme à peu près également répandu dans tout le corps de la cel- Fic. 182. — Une : se — cellulesécrétrice lule. Habituellement les matières excrétées par la cellule se de Diotocarde. : nnoyau.g con. Condensent dans celle-ci sous forme de crétions. . 4° na de petites concrétions, en général assez nombreuses et pouvant exister dans toute l'étendue de l'élément. La sécrétion semble se faire par osmose (fig. 182). a * F16. 184. — Schéma de la La deuxième forme de cellules se rencontre dans sécrétion d'une cellule ex- L “+ ’ vie crétrice de Monotocarde. le rein des Monotocardes. Ici il n’y a pas une sécré- tion diffuse. Les liquides excrétés se concentrent en un même endroit de façon à constituer une vacuole sphérique placée vers la périphérie de la cellule. Cette vacuole (fig. 183) grossit de plus en plus et les sels contenus en suspension dans le liquide qui la forme ne tardent pas à se condenser en une grosse concrétion ou quelquefois en plusieurs petites masses occu- pant le centre de la vacuole, sans que jamais le protoplasme lui-même en GASTÉROPUDES 129 contienne dans son intérieur. Les cellules ne sont en général pas ciliées. La sécrétion se fait de la façon suivante : la vacuole s'échappe de la cel- lule, et tombe dans la cavité urinaire entourée d'une mince enveloppe pro- toplasmique. La cellule ne tombe pas, mais se reforme après l'expulsion de sa vacuole, et continue de fonctionner (fig. 184). 45° Organes génitaux Les Prosobranches ont les sexes séparés. Les organes génitaux affectent deux manières d’être. En effet, chez les Diotocardes, à l'exception des Néritides, il n'y a pas d'organes copula- teurs ; la reproduction chez eux se fait donc de la même façon que chez les Lamellibranches. Chez les Monotocardes, il y a généralement un appareil copulateur. La glande mâle est une glande en grappe qui occupe le tortillon où elle est intriquée avec les lobes du foie. [l en part un canal déférent plus ou moins contourné qui vient s'ouvrir ordinairement dans la cavité palléale. De son orifice part un sillon cilié qui vient aboutir à l'organe copulateur, le pénis. Celui-ci a des dimensions et des formes très variables. Il est à noter que, si au point de vue physiologique il reste toujours le même, il n'en est pas toujours de même au point de vue morphologique. On peut, en effet, d'après M. Bouvier, distinguer quatre espèces de pénis : 1° pénis pédieux (Ténioglosses et Sténoglosses en général) ; 2 pénis cépha/ique (Néritidés); 3° pénis dorsal, innervé par le ganglion sous-intestinal (Bythinie); 4° pénis palléal (Ampullaridés). La glande femelle, qui occupe la même position que la glande mâle, donne naissance à un oviducte qui se renfle en un utérus avant de s'ou- vrir dans la cavité palléale. Chez les Paludinées il y a une glande albu- minipare. Un point à noter, c’est que chez certains genres (Murex, par exemple) ily a deux sortes de spermatozoïdes : les uns avec une tête renflée et une queue, les autres plus gros en forme de sac, et pourvus d’un bouquet de cils vibratiles. Ils naissent tous dans les mêmes culs-de-sac. Les premiers proviennent de la division des cellules des testicules, tandis que les seconds sont formés directement par ces cellules. Les œufs sont pondus en amas. Chaque œuf est protégé par des oothèques ou ovisacs extrêmement variables de forme. Lund, qui en a essayé une classification, appelle cohérentes les masses d’oothèques attachées les unes aux autres, et adhérentes celles qui sont fixées sur une membrane commune qui recouvre d'autres corps. Les oothèques ne sont 130 LES MOLLUSQUES pas complètement closes; elles ont une ouverture tantôt en forme de fente, tantôt circulaire et munie d’une opercule. Le nombre d’oothèques que peut fournir un seul animal est considérable; on a calculé que la ponte d’un Buccin pouvait renfermer onze mille quatre cent cinquante-cinq embryons. 16° Caractères généraux des Prosobranches Les trois caractères fondamentaux des Prosobranches sont d’abord l'orientation du cœur ; en effet, en allant d'avant en arrière, on rencontrera toujours successivement la ou les branchies, la ou les oreillettes et enfin le ventricule. Le deuxième caractère consiste à avoir les sexes séparés. Enfin le troisième est de posséder une commissure viscérale tordue. À ces trois caractères on peut en ajouter quelques autres : le pied a la forme d’une sole sur laquelle l'animal rampe ; la tête est bien distincte. Il y a toujours une coquille, rarement en forme de bonnet, généralement enroulée en spirale. Les organes respiratoires sont toujours logés dans la cavité palléale. CLASSTFICATION Autrefois on divisait les Prosobranches en quatre sous-ordres : 1° les Placophores, comprenant les Citons ; ® les Cyclobranches, comprenant les Patelles ; 3° les Aspidobranches, c'est-à-dire les Fissurelles, les Haliotides, et 4° les Pectinibranches. Ces derniers se divisaient d’après la constitution de la radula, comme nous l’avons vu à la page 105, en cinq groupes : 1° Gymnoglosses ; 2° Pténoglosses ; 3° Ténioglosses ; 4 Rachiglosses ; 5° Toxoglosses. Mais les études récentes ont montré que les Placophores devaient être mis avec les Neomenia, etc., dans une classe distincte, celle des Amphi- neures. Quant aux Pectinibranches, on les divise seulement en deux groupes: 4° celui des Ténioglosses qui correspond aux anciens Ténio- glosses, Gymnoglosses et Pténoglosses ; 2° celui des Sténoglosses, qui correspond aux anciens Rachiglosses et Toxoglosses. On divise donc actuellement les Prosobranches comme l'indique le GASTÉROPODES 131 tableau suivant, fait d'après les travaux de MM. Bouvier, Remy Perrier et Bernard. à EXEMPLES ride ( Fissurelle. a) Homonéphridés..................... Micenunles . Haliotide. PUDIOTOCARDES . . .{ b) Hétéronéphridés.................... à Turbo. Pleurotomaire. l Troque. Bellerophon. Nérite. Hélicine. Patelle, Acmée. Lepeta. Scurria. Paludine. Littorine. Mélanie. Cérithe. Vermet, Turritelle. Strombe. Valvée. Cyclostoma. Pyramidelle. Colombelle. Triton. Porcelaine. Natice. lanthine. Turbinelle. Fuseau. Mitre. Buccin. Harpes. Murex. Volute. Olive, Marginelle. Vis: Pleurotome. Cone. c) Mononéphridés ...................... MRÉEPÉROCARDES ............csosoosveressseoseiseesossee 1° Rostriferes K a) Ténioglosses. 2° Proboscidifères, .... 3° Semiproboscidifères. a III. MONOTOCARDES. 1° Méronéphridiens..., b) Sténoglosses, 2° Pycnonéparidiens. . — == — —< — EE © —, Le grand mérite de cette classification est qu’elle est naturelle et bien en rapport avec la phylogénie des Prosobranches et leurs affinités naturelles. Ce qui le prouve bien, c'est qu’elle concorde avec les résultats phylo- 1 génétiques tirés de la paléontologie, et qu’elle peut être établie en se basant sur l’un quelconque des appareils. Nous donnons ci-après les caractères de chacune de ces divisions et subdivisions : c’est en somme un résumé de ce que nous avons dit de l’organisation des Prosobranches, et qui montre bien les modifications _ progressives des organes. 132 LES MOLLUSQUES I. Diotocardes. — Une ou deux branchies bipectinées libres à leur extrémité. Organe de Spengel diffus le long de l’arête afférente du support branchial. Système nerveux chiastoneure ou dialyneure, parfois orthoneuroïde, caractérisé toujours par des cordons ganglionnaires scala- riformes, dont l'origine est contiguë aux ganglions palléaux, par des connectifs buccaux récurrents et cachés sous les muscles buccaux, par une longue commissure cérébroïde située en arrière des lèvres, par de longs connectifs latéraux, par un seul ganglion viscéral, par des otocystes à nombreux otolithes. Radula à dents centrales et marginales très nombreuses. Cœur à deux oreillettes et à ventricule traversé par le rectum. Une glande péricardique développée sur les oreillettes. Deux reins placés de chaque côté du péricarde, qui communique avec un seul d'entre eux. Les deux reins s'ouvrent au fond de la cavité palléale sur deux papilles placées à droite et à gauche du rectum. Jamais de glande hématique. a) Homoxéparipés. — Coquille patelliforme, non nacrée. Corps exacte- ment symétrique extérieurement. Deux branchies rigoureusement égales, situées à droite et à gauche du corps. Anus sur la ligne médiane ; sur ses côtés, les orifices des deux reins. Ganglion sus-intestinal distinct du gan- glion branchial. Organe de Spengel confondu avec le nerf branchial. Radula à onze dents centrales. Cœur avec deux oreillettes symétriques. Glande péricardique peu développée. Deux reins physiologiquement iden- tiques, placés symétriquement et différant seulement par leurs dimensions ; le droit étant plus volumineux que son congénère et communiquant seul avec le péricarde. Ex. : Fissurelle. b) HéréroxÉPHRIDÉS. — Coquille spiralée, toujours nacrée. Corps plus ou moins dissymétrique. Une seule branchie (celle de gauche) ou deux branchies inégales. Anus placé en dehors de la ligne médiane ; ganglion sus-intestinal confondu avec le ganglion branchial. Organe de Spengel distinct du nerf branchial. Radula à douze dents centrales. Cœur avec deux oreillettes symétriques, mais écarté de la ligne médiane, et plus ou moins incliné, souvent même transversal. Glande péricardique très développée. Deux reins tout à fait différents : le rein droit étant le véritable organe urinaire ; le rein gauche, communiquant seul avec le péricarde, transformé en sac papillaire. Ex.: Æaliotis, Turbo, Trochus. c) Moxoxéparipés. — Coquille spiralée, non nacrée, souvent globuleuse. Corps dissymétrique. Une branchie au plus, placée horizontalement, rem- placée quelquefois par un poumon. Anus placé comme chez les Monoto- cardes. Système nerveux orthoneuroïde. Pas de ganglion branchial. Cœur avec deux oreillettes dissymétriques, l'oreillette droite rudimentaire. Ven- tricule traversé par le rectum. Glande péricardique bien développée. Un GASTÉROPODES 133 seul rein s’ouvrant par un orifice en boutonnière au fond de la cavité pal- léale, au-dessous de la branchie. Ex. : Nerita. II. Hétérocardes. — Une branchie au plus ; des lamelles respiratoires palléales ; ces deux sortes d'organes pouvant coexister ou manquer com- plètement. Système nerveux différant de celui des Diotocardes par une forte commissure labiale avec deux ganglions, et par des cordons pédieux, dont la naissance est tout à fait distincte des cordons palléaux. Radula présentant au plus douze dents. — Cœur à une seule oreillette, présentant cependant parfois trois cavités, mais successives, le ventricule étant divisé en deux chambres ; ventricule non traversé par le rectum. Pas de glande péricardique. Deux reins à orifices séparés, mais placés tous les deux à droite du péricarde. Ex. : Patelle. III. Monotocardes. — Une seule branchie (gauche) monopectinée et nulle part libre. Organe de Spengel nettement différencié et non direc- < tement dépendant de la branchie. Système nerveux chiastoneure ou plus souvent zygoneure. Commissure cérébroïde presque toujours très courte, située en arrière de la masse buccale ; connectifs buccaux jamais complè- tement récurrents et profonds. Radula à peu de dents. Cœur à une seule oreillette, sans glande péricardique : celle-ci quelquefois développée sur les parois mêmes du péricarde. Un seul orifice rénal. Le plus souvent ï une glande néphridienne, représentant le rein gauche. De la sorte les deux reins sont d'un même côté du péricarde. a) TÉNIOGLOSSES. — Ganglions buccaux toujours situés derrière la masse buccale, en contact avec elle et unis aux ganglions cérébroïdes par des connectifs buccaux longs et parfois très longs. Les conduits salivaires traversent les colliers nerveux. Radula, ordinairement 2 1 1 1 2. Rein très généralement constitué par une masse ayant dans toutes ses parties des fonctions et une structure identiques. 1° Rostrifères. — Mufle variable, contractile, toujours incapable de s'invaginer. Le plus souvent herbivores. Rein formé d’un seul lobe. Ex. : Littorine. 2° Proboscidifères. — Trompe longue complètement invaginable ou rétractile seulement à la base. Ex. : Cassidaria, Dolium. Rein divisé en deux lobes de structure et de fonctions identiques. 3° Semi-proboscidifères. — Mufle invaginable depuis son extrémité et formant une trompe toujours courte. Carnassiers. Rein divisé en deux lobes tantôt distincts, tantôt plus ou moins intriqués, mais de structure différente. Ex.: Natica. b) SrénocLosses. — Radula, ordinairement 1 1 1. Système nerveux très concentré en général, toujours zygoneure et dépourvu de cordons 134 LES MOLLUSQUES pédieux scalariformes. Masse buccale fort réduite : ganglions buccaux tou- jours situés au voisinage immédiat des ganglions cérébroïdes, très éloignés de la masse buccale; leurs connectifs sont excessivement courts. Les con- duits salivaires ne traversent pas les colliers nerveux. Rein formé nettement de deux lobes, d'aspect et de structure bien dis- tincts, et arrivant chez les représentants les plus élevés du groupe à avoir une constitution tout à fait différente. 1° Méronéphridiens. — Rein formé de deux lobes tout à fait distincts, mais juxtaposés et à peine intriqués, chacun d’eux occupant une surface assez considérable des parois de la chambre rénale. Ex. : Voluta. 2° Pycnonéphridiens. — Le lobe gauche du rein (lobe accessoire) est considérablement modifié et formé d’une lamelle marginale bordant entiè- rement le rein, et donnant naissance à d'autres lamelles secondaires, péné- trant entre les lobules du lobe droit (lobe principal). Ex. : Mureæ. Donnons maintenant quelques détails sur les genres les plus inté- ressants. I. — Diotocardes Fissurezze. — Nous avons déjà décrit sommairement la Fissurelle, remarquable par l’orifice terminal de sa coquille et sa symétrie bilatérale. Nous savons aussi qu’au début elle présente une coquille turbinée et que ce n’est que plus tard, par suite de la disparition de celle-ci, qu'elle devient symétrique. ÉmarGinuLe. — Sa coquille présente sur son bord antérieur une fissure dirigée d’avant en arrière sur la ligne médiane, et qui s’oblitère successi- vement en arrière à mesure que la coquille s'accroît en avant. La Fissurelle montre dans son développement une forme absolument semblable à une Émarginule ; ce stade a été appelé par M. Boutan Stade émarginule. Hacrorine. — La coquille est ovale, avec une spire très courte. Elle est nacrée à son intérieur, et percée d'une rangée de trous. Les coquilles sont recherchées pour leur nacre, qui est employée dans les travaux d’incrus- tation. HéLicine. — Les Hélicines représentent les Diotocardes terrestres. II. — Hétérocardes Parezze. — La Patelle, si commune sur nos côtes, est considérée par quelques auteurs comme établissant le passage entre les Amphineures et les Prosobranches, mais c’est là une apparence. On en a fait le type du GASTÉROPODES 135 sous-ordre des Hétérocardes dont nous avons donné les caractères, mais à vrai dire elle semble étre plutôt un animal aberrant, que son système nerveux rapproche des Diotocardes, tandis que son cœur la rapproche des Monotocardes, en supposant que la base de l'aorte soit dilatée. Sa coquille est conique. Entre le pied et le manteau il y a toute une série de filaments branchiaux. Sur la nuque il y a un rudiment de cavité palléale, où nous avons indiqué deux rudiments de branchies. L'examen des genres voisins montre qu'il en est bien ainsi. Les ZLepeta n'ont pas de branchies ; les Scurria ont des branchies tout autour du corps, et en outre une branchie bipectinée dans la cavité palléale. Enfin chez l’Acmea les branchies circulaires manquent. III, — Monotocardes Pazunine. — Vit dans les eaux douces. Vermer. — La coquille est vermiforme, formant des groupes souvent considérables. Au premier abord, on peut les prendre pour des Spirules Fic. 185. — Valvata cristata. Fic. 186. — Zanthina fragilis et son radeau (r) portant des œufs (47). (Annélide), mais il est facile de les distinguer en regardant la pointe qui est turbinée chez le mollusque. Varvée. — La Valvée est un Monotocarde qui présente des caractères remarquables de Diotocarde : il y a une branchie bipectinée qui sort de la coquille, l'organe de Spengel n’est pas nettement différencié, et la glande péricardique bien développée repose sur l’oreillette. M. Bernard en a donné une monographie. CycLosromes. — Ce sont des animaux terrestres, mais possédant malgré cela une branchie rudimentaire. Nous avons décrit leur mode particulier de progression. TanTHiINE. — Les [anthines, qui habitent la Méditerrannée, sont remar- quables par un grand appendice, appelé le flotteur, attaché au pied de l'animal, et formé de petites bulles remplies d’air. « Le flotteur, dit M. de 136 LES MOLLUSQUES Lacaze Duthiers, est assez régulièrement formé ; les cellules qui le com- posent sont polyédriques par suite de la compression qu’elles exercent les unes sur les autres, mais elles sont toujours parfaitement sphériques dans celle de leur partie qui reste libre. Le pied est distinctement partagé en deux parties différentes. C’est la partie mobile antérieure qui constitue le flotteur, et voici comment : on la voit d’abord s’allonger en avant, puis se redresser et se porter en haut, aller à gauche et à droite, et embrasser dans sa concavité, en se moulantsurelle, l'extrémité antérieure du flotteur : dans ses mouvements d'élongation, cette partie du pied prend souvent la forme d'une petite massue, surtout quand elle s'élève au-dessus de l'eau. La position du pied sur l'extrémité du flotteur a été signalée par Adams: mais ce qu'il importe de suivre, c'est la succession des mouvements de manœuvre de la partie antérieure du pied quand elle sort de l’eau et se rapproche du flotteur. On voit d’abord le pied s’allonger pour sortir de l'eau, dans une direction presque opposée à celle du flotteur, puis l'animal le porter en haut et le rendre saillant au-dessus du liquide; à ce moment l'organe présente vers son extrémité comme un godet, il se creuse en canal, en rapprochant en dessous ses deux bords, et en recroquevillant un peu sa partie antérieure. Tous ces mouvements se suivent sans interruption ; on peut cependant, sans difficulté, en observer la succession. En s’étirant au-dessus de l’eau, puis en se recroquevillant, le pied enferme une bulle d'air autour de laquelle il sécrète une enveloppe de mucus ; en s’enfonçant ensuite vers le flotteur, il pousse cette vésicule contre l'extrémité antérieure. Les mouvements se répètent dans le même ordre, et les vésicules se trouvent ainsi accumulées. Le mucus, d'abord mou, acquiert bientôt dans l’eau une résistance plus grande, et peut alors produire l'impression d’une matière cartilagineuse. » C’est à la face inférieure du flotteur que sont sus- pendus les œufs. Srizirer. — Les Stilifer n’ont ni mâchoires, ni radula. Ils vivent en parasites des Échinodermes. Le Stilifer Orbignyamnus se loge à l'intérieur des radioles de Cidaris qui se déforment et prennent une petite ouverture de chaque côté. Ces radioles déformés contiennent chacun deux Stihfer ainsi que plusieurs jeunes. D’autres espèces vivent dans l’intérieur même des Astéries et des Holothuries. Ces dernières vivent très probablement en parasites véritables, mais celles qui vivent sur les Oursins semblent n être que des commensaux en se nourrissant peut-être des excréments de leur compagnon. Mais il y a à ce point de vue une question qui n'est pas réso- lue, car on ne voit pas comment peut s'opérer la nutrition du Mollusque, enfermé dans une radiole déformée et ne communiquant avec l'extérieur que par deux petites fissures. GASTÉROPODES 137 PHYLOGÉNIE ET PALÉONTOLOGIE DES PROSOBRANCHES L'étude des caractères anatomiques nous a montré une progression remarquable quand l’on passe des Diotocardes les plus inférieurs aux Monotocardes. Nous avons vu que les formes les plus simples sont les Diotocardes à coquille soit percée de trous, soit simplement échancrée. La bilatéralité si remarquable de ces animaux disparaît chez les Diotocardes à coquille turbinée. Nous passons ainsi aux Monotocardes holostomes dont la bouche de la coquille est entière et nous arrivons enfin aux Monotocardes Siphonostomes qui représentent le maximum de complexité. Cette échelle phylogénitique basée sur l’organisation est corroborée dans tous ses détails par la distribution géologique. En effet, les Proso- branches les plus anciens, ceux qui vivaient à l'époque Cambrienne, sont les Pleurotomaria et les Bellerophons, dont la coquille était échancrée. — Dans le Carbonifère se développent les Turbos. Dans le Trias, la faune des Prosobranches est surtout représentée par des espèces holostomes. Enfin, dans les couches jurassiques supérieures, 1l se montre de plus en plus de formes siphonostomes. Dans le Crétacé, ces formes sont encore plus développées, de même que dans le Tertiaire. CHAPITRE V 4° Classe GASTÉROPODES (suite) 9e ORDRE HÉTÉROPODES Les Hétéropodes sont très peu nombreux en genres et en espèces. Malgré cela, les formes qu’ils contiennent sont tellement différentes les unes des autres, qu'il nous est impossible de donner un type moyen qui résume tous les caractères du groupe. Nous allons d’abord étudier plus ou moins sommairement : 1° Les Firoloida ; 90 Les Pterotrachea ; 3° Les Carinaria; 4° Les Allanta. Puis nous chercherons ce qu’il y a de commun dans leur organisation. 1° Firoloïda La Firoloïde, qui est une des formes les plus inférieures des Hétéropodes. est un animal transparent, pélagique. Il nage sur le dos. Son corps. allongé, cylindrique, est tronqué en arrière d’une manière abrupte. A la partie antérieure, 1l présente une tête en forme de trompe, avec deux petits tentacules. À la partie postérieure, on voit par transparence un amas d’or- ganes colorés : c’est le nucleus, contenant les viscères. Sur la face ventrale se détache un large pied en forme de lame charnue aplatie latéralement. Sur la même face, mais à la partie postérieure, on voit un autre long appen- dice qui est aussiune dépendance du pied. En arrière, est un petit appen- dice en forme de feuille de vigne. GASTÉROPODES 139 Sur la tête il y a deux appendices creux ayant à leur base deux gros yeux remarquables par leur volume. A l'extrémité antérieure est la bouche; sur la face dorsale et postérieure, on voit l’orifice anal, en avant duquel s'ouvre le corps de Bojanus. Les sexes sont séparés. Chez le mâle, il y a un long pénis terminé en tête renflée à l'extrémité. En avant de l'anus, sur la face dorsale, il y auneligne sinueuse couverte de cils vibratiles très puissants ; on croyait autrefois que c'était une bran- chie rudimentaire, mais c'est plutôt un organe olfactif. Après la houche vient un bulbe buccal, très développé, muni de muscles puissants, et surtout remarquable par le grand développement de la radula. Celle-ci est formée d’une dent médiane, de deux dents latérales en forme de crochet très puissant et de quatre dents marginales aiguës : cette puissante radula n’est pas rattachée au bulbe buccal d'une manière aussi intime que chez les Prosobranches. La radula peut glisser sur le cartilage sous-radulaire, ce qui lui donne une bien plus grande indépen- dance et une plus grande puissance d'action. Mais il n’y a pas que la radula dans son ensemble qui est mobile : les dents latérales très développées sont en effet automobiles, elles peuvent se mouvoir l’une vers l’autre et saisir de petits animaux lorsque la radula fait saillie au dehors ; ici donc l’appa- reil est actif; il n’agit pas seulement comme une räpe. Le reste du tube digestif se fait remarquer par sa grande brièveté. L’œsophage se renfle progressivement en un estomac, recevant Les produits de sécrétion d’un foie coloré. L’intestin vient s'ouvrir sur la face dorsale du corps. Tout cet appareil est suspendu dans une véritable cavité géné- rale par de petites bribes musculaires. Le cœur, enveloppé d'un péricarde, est formé en arrière d’une oreil- lette largement ouverte dans la cavité générale. En avant est un ventri- cule duquel part une aorte. Celle-ci ne tarde pas à se bifurquer ; l’une des branches va irriguer le nucléus, l’autre s’enroule autour de l’æsophage, et donne naissance sur son trajet à une artère pédieuse qui se rend en se bifurquant à chacun des lobes du pied. Les artères ne diminuent pas de calibre peu à peu pour venir se perdre dans des petites lacunes interor- ganiques ; ici l'extrémité des artères s'ouvre brièvement, par un large orifice béant : le sang tombe dans la cavité générale. Le testicule chez le mâle se continue par un canal déférent allant s’ou- vrir au sommet du pénis. Chez la femelle, l'ovaire s'ouvre directement au dehors. Les œufs sont pondus en chapelet. Entre la péricarde et le rectum est placé l'organe de Bojanus qui s'ouvre au dehors du côté droit. On ne sait s’il communique avec la cavité péri- cardique. 140 LES MOLLUSQUES Le système nerveux comprend deux ganglions cérébroïdes accolés entre eux et émettant un collier stomatogastrique, dont les ganglions sont pla- Fic. 187. — Firoloida. Schéma de l'organisation. 7! tentacule. B bouche. P lame pédieuse. Pm partie postérieure du pied (métapodium). Pe pénis. À anus. OZ appareil olfactif. V ven- tricule. O7 oreillette. Ar artère aorte. Av artère viscérale. Ap artère pédieuse. Œœsophage. Æ estomac. F foie. Boj. corps de Bojanus. Cr ganglions cérébroïdes. S€ stomatogas- trique. Gp ganglions pédieux. À ganglions viscéraux. cés dans leur position habi- tuelle, c'est-à-dire à l'angle du bulbe et de la radula. Les ganglions pédieux sont situés en arrière de l'artère pédieuse, ils sont donc très éloignés des gan- glions céréoroïdes. De cha- FN | PEN Fic. 188. — Firoloila. Schéma de la radula. A] dent médiane. L dents laté- rales. À dents marginales. que ganglion pédieux part un long connectif qui se bi- furque pour se rendre à deux ganglions viscéraux ; de ce- lui qui est le plus près du cœur part un gros nerf allant innerver l'appareil olfactif. C SZ GG, Fic. 189. — Firoloida. Schéma des or- gances des sens. C ganglion cérébroïde. Œ œil. A muscles. Cr cristallin. Oé otocystes. Les yeux sont très développés. Ils sont enfermés dans une grande loge. L’œil lui-même a une forme de sablier terminé en avant par un cristallin arrondi. Des fibres musculaires nombreuses le réunissent aux parois, et peuvent le faire tourner dans tous les sens: ces particularités, comme toute son organisation, sont en rapport avec la vie pélagique que mènent les Firoloïdes. Signalons enfin la présence de deux otocystes, qui reçoivent nettement leurs nerfs des ganglions cérébroïdes. GASTÉROPODES | Au 2° Pterotrachea Le Pterotrachea (autrefois Firola) est un animal allongé, fusiforme, ter- miné en avant par une tête grêle, allongée en forme de trompe. Celle-ci porte deux yeux et en arrière deux tentacules rudimentaires, cartilagi- . B k: ù. (0 ‘4 Br à à \ à. 4 Fic. 191. — Pterotrachea. Coupe schématique di 1% Le L nucleus. R rectum. Br branchies coupées. O oreil- . Fic. 190. — Schéma du Pféerotrachea. B bouche. V lette. V ventricule. B corps de Bojanus. P péricard. 4 ventouse. Br panache branchial. G ganglions viscéraux. C cupule olfactive. . neux. La nageoire ventrale, rétrécie à sa base, porte sur son bord libre 4 _une large ventouse pédonculée et munie de muscles spéciaux. Le corps, 43 $ Fic. 192. — Carinaria. Vue du côté gauche. caréné postérieurement, se termine par une petite dilitition bilobée por- tant un long filament renflé de place en place. On ne sait si ce filament MOLLUSQUES. 19 142 LES MOLLUSQUES est une dépendance du pied. Sur le dos est l’anus entouré par un panache branchial. Les organes du nucléus sont représentés par la figure 191. On F16. 194. — Sommet de la coquille de Fic. 193. — Radula de Carinaire. Carinaire. y a vu la communication du péricarde avec l'organe de Bojanus. Celui-ci se contracte de temps à autre pour chasser son contenu. Les Pterotrachés sont extrêmement nombreux dans la Mé- diterranée. Leur abon- dance fait quelquefois le désespoir des pé- cheurs dont les filets en sont embourbés. P 3° Carinaria La Carinaire, ani- mal pélagique, a un Ji. corps fusiforme, à tête assez grosse, portant deux tentacules. Sur la face ventrale se trouve la grande rame pédieuse pourvue d'une ventouse. A la partie postérieure et dorsale, on voit aussi : %iu, 195. — Carinaire, vue du côté droit. Schéma de l'organisation. Zk unelame téoumentaire bouche. T tentacules. P lame pédieuse. V ventouse. AP appareil copu- ; O : lateur. NC nageoïire dorsale. Co coquille. S sillon cilié. Br branchies. M qui sert à la natation. manteau. À anus. Æ'foie. Q cœur. Œ œsophage. B corps de Bojanus. J En avant de celle-ci # | se trouve le nucleus qui est ici parfaitement distinct du corps ; il lui est réuni par un étranglement. Il est en outre recouvert presque complè- GASTÉROPODES 143 _ tement par une coquille symétrique, mince, fragile et à sommet postérieur ‘à spiralé. Du bord antérieur de la coquille font saillie de nombreux filaments branchiaux. Leur base est protégée par un rudiment de manteau. L’anus et l’orifice femelle sont placés sur le côté droit de l’animal. Chez le mâle, Fic. 196. — Atlante. Coupe longitudinale schématique. Cog coquille. CP cavité palléale. 27 branchies, OB organe de Bojanus. Sp organe de Spengel. Co cœur. TB tube digestif. SAV portion du système ner- veux. Op opercule. Pr propodium. ms mésopodium. Mfp métapodium. B bouche. A anus. 4 sur le côté droit de la lame pédieuse est situé l'appareil copulateur où les È spermatozoïdes se rendent en suivant un sillon superficiel des téguments. La bouche, pourvue de dents puissantes, conduit dans l’œsophage, lequel va se jeter dans un estomac enveloppé par le foie. L’intestin s'ouvre dans la cavité palléale. Le cœur, placé à la base des branchies, présente en avant une large oreillette, et en arrière un ventricule. | L'animal nage la face ventrale en haut. 144 LES MOLLUSQUES 4° Atlanta Les Atlantes représentent un des types les plus élevés des Hétéropodes, et leur organisation rappelle de très près celle des Prosobranches. Le corps, très petit, est logé en grande partie dans une coquille turbinée qui présente sur sa face convexe une carène saillante. L'ani- mal, réuni par un muscle à la coquille, possède une large cavité palléale où sont placés la branchie, semblable à une branchie de Pectinibranche, l'organe de Spengel, et où s'ouvrent l'anus, le corps de Bojanus et les glandes géni- Er a de tales. La figure 196 représente l'organisation interne qui d'Aflanta. Ccarène ne présente rien de particulier. La conformation particu- lière du pied est à noter: il est profondément entaillé et séparé en deux portions: l’une antérieure, comprimée latéralement, repré- sente le propodium et le mésopodium, ce dernier possédant une petite ven- touse frangée ; l’autre postérieure, représentant le métapodium, porte sur sa base dorsale un opercule turbiné. L’opercule des At/anta est le seul exemple d’un opercule dextre appartenant à une coquille sénestre. RÉSUMÉ DES CARACTÈRES DES HÉTÉROPODES Les Pétéropodes sont, comme nous l'avons vu, des animaux essentiel- lement pélagiques : c’est là le fait qui domine toute leur organisation, laquelle n’en est qu'une conséquence. À part ce fait, ils possèdent peu de caractères communs. Récapitulons rapidement les caractères de chacun des appareils. ExrériEur.— L’extérieur a cela de commun de présenter un corps trans- parent comme du cristal et coloré seulement à l'endroit où se trouve le nucléus, amas de viscères. On sait d’ailleurs que tous les animaux péla- giques sont transparents. CoquiLze. — Elle manque chez les Firoloïdes et les Pterotrachea. Elle est peu importante chez les Carinaires, et devient très grande chez les Atlantes. Manreau. — Le manteau suit les mêmes variations que la coquille. Pie. — Le pied est la partie la plus caractéristique des Hétéropodes. En effet, chez tous 1l est aplati latéralement et est très dissocié. OPErcure. — Il n'existe que chez les Atlantes. Brancuies. — Elles manquent chez les Firoles. Sont à nu chez les it GASTÉROPODES 145 …_ Pterotrachea. Protégées en partie par le manteau chez les Carinaires. Enfin complètement intrapalléales dans les Atlantes. Tu8e picrstir. — La bouche est garnie chez tous d’une radula très puissante, très mobile et à dents automobiles, pouvant fonctionner comme Da «4 “ è | une pince. Cœur. — Le cœur est opisthobranche chez les Firoloïdes. Il est au con- traire prosobranche chez les Carinaires et les Atlantes. SYSTÈME NERVEUX. — Îl se fait remarquer par la dissociation des centres et la grande longueur des connectifs. Le nerf acoustique part des ganglions 0 cérébroïdes. 4 ORGANES GÉNITAUX. — Les sexes sont séparés, etle mâle est pourvu d’un D. appareil copulateur. ORGANES DES sens. — Les yeux atteignent un développement remar- quable et une mobilité toute particulière. ; Résumé. — En somme, on voit que les Hétéropodes sont caractérisés 1 ainsi : £ Animaux marins, pélagiques ; - Carnivores ; ‘4 Pied aplati latéralement et dissocié ; E Otocystes innervés nettement par ganglions cerébroïdes ; 4 Yeux très développés ; a. Sexes séparés. AFFINITÉS. — On voit que tous ces caractères ne sont que des consé- E j' quences de la vie pélag'que que mènent ces animaux. Il y a donc lieu de se demander si les Hétéropodes forment véritablement une famille naturelle 4 ou si ce sont tout simplement soit des Opisthobranches, soit des Proso- J branches adaptés à la vie pélagique. En effet, on ne peut manquer d’être D frappé des caractères qui rapprochent la Firoloida de la Phyllirhoe, le 4 Pterotrachea des Doris, la Carinaire des Apiysies, et les Allunta des Pec- 4 linibranches. è Czassiricarion. — Les naturalistes, qui considèrent les Hétéropodes comme un groupe autonome, les répartissent en deux familles ainsi carac- térisées : 1° Pterotracheidæ. — Corps allongé. Peu ou pas de coquille. Pied représenté par un disque musculaire. Pterotrachea, Firoloida, Carinaria. 2 Atlantidæ. — Animal contenu dans une coquille ; branchies placées dans une cavité palléale. Pied trilobé. Atlanta, Oxygyrus. R cs Le CHAPITRE VI 4° Classe GASTÉROPODES (suite) 3° ORDRE OPISTHOBRANCHES Les Opisthobranches forment un ensemble qui est bien loin d’avoir l’'homogénéité des Prosobranches. Ils forment en effet un groupe par enchaïi- nement. Les termes extrêmes sont très différents l’un de l’autre, mais sont reliés par des formes intermédiaires nombreuses, formes dans les- quelles il est impossible d'établir des limites bien tranchées. Aussi, pour nous faire une bonne idée de l’organisation des Opisthobranches, il nous faut prendre plusieurs types espacés les uns des autres dans la série. C’est ainsi que nous allons étudier successivement les genres suivants: 1° Œols ; 2° Phyllirhoe ; 3° Doris ; 4° Pleurobrancha ; 5° Ombrella ; 6° Gasteropteron ; 7° Bulla. Nous insisterons particulièrement sur les Œolis et les Pleurobranches, qui sont les chefs de file des deux grandes divisions des Opisthobranches. Puis nous verrons les caractères généraux des Opisthobranches, et nous traiterons de leur classification. 14° Œolis Les Œolis ont l'aspect d’une Limace. Le corps, qui repose sur une vaste lame pédieuse, présente en avant une tête pourvue de deux paires de i ATBS Fi. 498. — Œolis papillosa, vue par la face dorsale. tt TS D SN ft éfirmtot DU Sd né sm 1 is : 3 : ; 1 PEUR &r VEN E Fe. 201. — Œolis. Schéma du tube digestif. Z bulbe buccal. Æ estomac. C culs- de-sac latéraux. 7 intestin. A anus. O orifices des pa- pilles dorsales. GASTÉROPODES en pointe et est couvert sur toute la face dorsale de nom- Fic. 199. — Radula d'Œolis papillosa. breuses papilles en doigt de gant: il n'y a que la ligne mé- diane qui en est dépourvue. Il n’y a absolument pas trace de coquille. La bouche est sur la face ventrale de la tête. Sur la partie antérieure de la face dorsale et à droite se l'orifice du corps de Bojanus. La bouche, protégée par deux lèvres qui simulent un vestibule buccal,donne accès dans un pha- rynx musculeux à revêtement chitineux. dont la face ventrale présente une saillie portant une radula unisériée. Puis vient un œsophage assez étroit, abou- tissant dans un vaste estomac qui se prolonge jusqu’à la par- tie postérieure du corps où il se termine en cul-de-sac. En outre, latéralement il émet un grand nombre de culs-de-sac 147 1 n: d | _ tentacules. Les deux postérieurs sont annelés et portent le nom de rn0- … phores: à leur base on voit deux petits yeux. Le reste du corps se termine F1c. 200. — Œolis. Orifices: dorsaux. C{ cloaque. À anus, 2 orifice bojanien. trouve le cloaque. Plus bas, toujours à droite, est l'anus, en avant duquel est ANNE KK ANT NT AN ii hu Fic. 202. — Coupe schéma- tique d’une papille dorsale. H cul-de-sac hépatique. C cupule à nématocystes. V vaisseau afférent. V1 vais- seau efférent. hépatiques qui viennent se loger dans les digitations. respiratoires que nous avons signalées sur le dos. Du milieu de l'estomac environ, part un intestin qui se dirige à droite pour aller s'ouvrir à l'anus. Il y a deux petites glandes salivaires. 148 LES MOLLUSQUES L'appareil respiratoire est représenté par les papilles dorsales !. On y voit arriver en effet un vaisseau afférent, et partir un vaisseau efférent. L’extrémité de la papille est percée d’un | | petit orifice que l’on croyait autrefois don- A ner accès dans les culs-de-sac hépatiques, v F6. 203. — Neé- c'est-à-dire dans l’appareil digestif. Mais iln’en est rien. L'orifice débouche dans une 0 petite cavité close réunie par un petit ligament au sommet du diverticule hépa- tique; son intérieur est tapissé par des F5-204.— Œolis. Sché- ma du cœur. V ventri- cellules très curieuses qui rappellent de ‘ul. OU oreillette, A très près les Nématocystes si répandus chez les Cœlentérés. C’est un appareil de défense ; chaque aorte. matocyste dé- cellule contient une sorte de ressort à boudin qui au moindre attouchement sort de la cellule sous forme d’une flèche roulé. pointue et barbelée. Le cœur, placé dans la partie médiane du corps, montre en avant le ven- tricule, de l'extrémité antérieure duquel part une aorte qui se divise O-© S.G F1G. 205. — Schéma du système nerveux de l'Œolis. GC gan- glions cérébroïdes. A nerfs des orhinophores. Y nerfs des yeux. GPL ganglions pleuraux. GP ganglions pédieux. VL nerfs latéraux. CP commissure pé- dieuse. CV commissure viscé- rale. SG stomatogastrique. NV nerf viscéral. bientôt en deux parties, l’une qui va en avant, l'autre en arrière. L'oreillette est placée derrière le ventricule ; elle est allongée et présente deux diverticules latéraux. Le sang qui a respiré dans les papilles dorsales se rassemble dans deux veines latérales qui le conduisent à l'oreillette. Le système nerveux est très simple. Deux gan- glions cérébroïdes d’où partent des nerfs pour les rhinophores, les yeux, etc. Deux ganglions pédieux réunis par une longue commissure et deux ganglions pleuraux réunis par une longue commissure non tordue. Le triangle latéral est complet. En outre des ganglions cérébroïdes part un stomatogastrique. Les (Eolis sont hermaphrodites. Les organes génitaux débouchent au dehors par trois orifices. De la glande génitale hermaphrodite divisée en lobules part un canal évacuateur qui se divise en deux canaux. L'un des canaux, celui qui est en rapport avec les produits femelles, aboutit dans un vaste utérus émettant à droite et à gauche deux glandes 1 Ces papilles sont caduques. Lorsqu’elles sont tombées, l’animal ne parait pas incom- modé: c’est une sorte de phéno:. ène d'aulolomie. GASTÉROPODES 449 Eu ipares. De l'utérus part un conduit qui va s'ouvrir au dehors. L’autre 4 canal, celui qui est en rapport avec les éléments mâles, est très allongé, _ s’enroule en spirale et finalement va s'ouvrir au sommet d’un pénis exten- | sible. Il y a en outre une poche copu- latrice qui s’ouvre d’une part dans l'uté- rus, de l’autre dans le cloaque. C’est dans F16. 207. — Phyllirhoe bucéphale. 4 cette poche que le pénis pénètre pendant la copulation, et va y déposer le sperme. ‘+ 4 ‘4 F1c. 206. — Œolis. Schéma de l'appareil génital. GA glande hermaphrodite. CÆ canal évacuateur. CEM canal éjaculateur. …_ P pénis. U utérus. GM glande mucipare. 4 CF conduit femelle. Pe poche copula- Fie. 208. — Schéma d'une Doris vue de dos. À anus. Br S-. trice. cl cloaque. branchies. T tentacules. Celui-ci féconde ensuite les œufs au passage. La ponte se fait sous forme d'un long cordon gélatineux. L 2 Phyllirhoe La Phyllirhoe a un corps allongé, comprimé latéralement, terminé infé- - rieurement et supérieurement par un bord tranchant. Ce sont des animaux | pélagiques. Il n'y a pas de branchies. La tête est surmontée de deux 3 tentacules qui donnent à l'animal l’aspect d’un taureau ou d’un bélier. Le L- 0 ral L ! 150 LES MOLLUSQUES tube digestif ne présente que quatre cœcums latéraux. Il n’y a pas trace de coquille. 5° Doris Le corps de la Doris est trapu, ovalaire. Sur la partie antérieure du dos on voit deux gros tentacules. L’anus est postérieur, médian, dorsal. Il est entouré par une collerette très élégante qui représente un panache bran- chial. Ces branchies sont rétractiles. Quand on vient à les toucher, elles disparaissent sous les téguments. L’estomac ne présente pas de diverticules hépatiques analogues à ceux des genres précédents. | La peau épaisse est bourrée de spicules. 4° Pleurobranche Le corps du Pleurobranche ! est ovoïde ; quand on le regarde en dessus, il ressemble à un disque aplati. Sous l'extrémité antérieure du dos s’avancent, en se courbant en arrière, deux tentacules creux, formés par une lamelle contournée et recroquevillée comme une oublie ; plus en dessous, mais au-dessus de la bouche, est un voile membraneux, triangulaire, plus large en avant qu'en arrière. Les yeux sont à la base des tentacules et paraissent comme deux petits points noirs. À la face ventrale est un large pied sur lequel l'animal rampe. Quant au corps, il est recouvert par des téguments qui le débordent de toute part: c’est le manteau. À la partie postérieure, il cache une petite coquille ressemblant à une coquille d'Haliotide dépourvue de trous. C’est sur la gouttière droite, limitée par le manteau et le disque pédieux, que se trouvent les orifices et la branchie. La bouche est à la partie antérieure du corps, entre le pied et le voile membraneux. Quant à la gouttière droite, elle contient une branchie qui est comme un panache élégant dirigé en arrière. En avant d’elle et tout près sont les orifices de la reproduction. En arrière on trouve l’anus, placé tout à fait dans le point où le repli qui fixe la branchie vient s'attacher au corps. Tube digestif. — La bouche est portée par une trompe saillante. À sa suite vient un bulbe lingual émettant latéralement deux lobes latéraux. Dans la cavité médiane est une radula. Dans les culs-de-sac latéraux viennent aboutir les conduits excréteurs d’une paire de glandes salivaires mêlées intimement avec le foie et l'ovaire, ce qui fait qu’elles sont très loin 1 Lacaze-Duruiers, Monog. du Pleurobranche (Ann. des sc. nat., 1859). | GASTÉROPODES ; 151 de la bouche. Il y a une autre glande salivaire diffuse qui vient s'ouvrir dans le bulbe buccal. . Du bulbe lingual part l’œsophage, tube cylindrique dans toute son éten- ani : } € 1 , #72 0 < ‘@ F16. 209. — Schéma du tube digestif du ?leurobranche. B bouche. L culs-de-sac latéraux. S conduit excré- DE. teur de la glande salivaire impaire. Sp conduit excréteur de la glande salivaire droite. Gs glande salivaire droite. Æ' foie. Œ œsophage. Æ estomac. Z intestin. À anus. due. Il aboutit à un estomac en forme de sac, dans lequel débouche le foie, grosse glande d'aspect noirâtre. L’intestin naît sur le côté du cône stoma- h: _ cal, il est peu flexueux et ne décrit pas de circouvolutions. L’anus est en … arrière de la branchie. La branchie, dont nous connaissons la position, est très contractile: elle se reploie et disparaît sous le bouclier dorsal lorsqu'on vient à la toucher. "4 _ Circulation. — Le cœur est placé transversalement, un peu en avant du dei + #4 E 40 cc» 152 LES MOLLUSQUES milieu du corps. Son oreillette unique est à droite et le ventricule à gauche. Il est enfermé dans un grand péricarde. Les parois de l'oreillette sont minces, celles du ventricule sont char- nues ; une valvule sépare les deux cavi tés, et s'oppose au retour du sang dans l'oreillette. L'aorte est unique, fort courte, et se divise, presque immédiatement après sa sortie du péricarde, en deux bran- ches, l'aorte antérieure et l’aorte pos- térieure. L'aorte antérieure se recourbe en avant et donne naissance d’abord à une artère génitale, ensuite à deux ar- tères pédieuses, puis à des branches pour les tentacules, la radula et l’œso- phage. Elle traverse le collier œso- phagien. L'aorte postérieure se porte en ar- rière. Elle fournit d’abord une pre- mière branche stomacale qui naît tout DE près de son origine. Ensuite elle donne Fi. 210. — Pleurobranche orangé. Schéma du : 2 J cœur et des artères qui en partent. Æ cœur. un rameau intestinal, d'où partent, a æ aorte postérieure. y artère stomacale.p glande . se indéterminée. g aorte antérieure. W coquille. droite et à gauche, de nombreuses branches assez volumineuses qui pé- nètrent la masse des viscères et portent le sang à tous les organes com- posant la masse viscérale. F6. 211. — Schéma de l'appareil veineux du Pleurobranche, vu par le côté droit. S manteau. P pied. Q ten- tacules. À voile labial. 7 branchie. V verge. Æ oreillette. æ sinus circulaire péridorsal. p veine branchiale. Des artères le sang tombe dans les lacunes interorganiques qui se réunissent dans des sinus volumineux. Parmi ceux-ci il faut en signaler deux d’entre eux qui ressemblent assez bien à de gros vaisseaux circulaires, rt as ae Qu ju PT MC our se > Fic. 219. — Schéma des organes génitaux du Pleurobranche. P verge. À poche copulatrice principale. k, kl poches copulatrices accessoires. A7 glande génitale hermaphrodite. m canal excréteur. AV glande annexe mâle. n canal excréteur mâle. Z organe de la mucosité femelle. sang va directement du sinus péridorsal au cœur par une branche qui va se jeter dans la veine branchiale directement. Une partie du sang ne respire donc pas. _ On croyait autrefois que la veine branchiale communiquait au dehors . par un petit canal, ce qui aurait permis à l’eau ambiante de pénétrer à _ l'intérieur de l’appareil circulatoire. Mais les études récentes ont montré _ qu'en réalité l’orifice en question conduisait dans une glande complètement 154 LES MOLLUSQUES en cul-de-sac, et appliquée contre le péricarde. Les parois de cette glande sont extrêmement minces, de telle sorte que, lorsqu'on pousse une injec- tion par l’orifice, les parois se déchirent et le liquide pénètre dans l’appa- reil circulatoire. Rein. — Le corps de Bojanus s’ouvre sous la branchie. La cavité de la glande est considérable et entourée, en avant et à droite, par la moitié de la masse viscérale. Organes génitaux. — Le Pleurobranche est hermaphrodite. La glande génitale a une couleur jaune. Dans son ensemble, elle a la forme d’un croissant répondant par sa concavité au foie avec lequel ses lobules s’entremélent, et par sa convexité au sac de Bojanus qui la recouvre. Le canal excréteur, nacré, part du milieu de la masse jaunâtre gé- nitale et se dirige en serpentant vers l’extré- mité antérieure du corps. La glande est her- maphrodite au plus haut degré, car dans les mêmes culs-de-sacs se développent à la fois des œufs et des spermatozoïdes. Le canal excréteur se divise en deux branches ; l’une présente sur le milieu de sa longueur une glande indéter- minée; puis il va s'ouvrir à l’extrémité d’un , | | pénis d'une longueur assez considérable. L'autre F16. 213. — Schéma du système ner- , k k veux central du Pleurobranche. jartie du canal se pelotonne, puis aboutit dans C ganglions cérébroïdes. P gan- ass ganglions géni- une grosse glande qui sécrète le mucus destiné à englober la ponte. Cette poche s'ouvre au dehors par un orifice distinct. En outre de ces parties, il y en a une troi- sième indépendante des deux précédentes. En effet, entre le pénis et l’orifice de la ponte on voit un troisième orifice, donnant accès dans une large poche copulatrice donnant à son tour naissance à deux autres petites ca- vités copulatrices accessoires. Dans ces parties on voit du sperme blanc. La fécondation est réciproque. Le pénis de l’un des animaux verse le sperme dans la cavité copulatrice de l’autre et successivement. La ponte se fait sous la forme d’un ruban mucilagineux, aplati, enroulé en spirale et se gonflant dans l’eau. Système nerveux. — Le système nerveux central est formé par deux ganglions cérébroïdes réunis par un collier œsophagien à deux ganglions pédieux. Les premiers sont très rapprochés l’un de l’autre, tandis que les ganglions pédieux sont réunis par une longue commissure: Il part en outre des ganglions cérébroïdes un collier nerveux présentant à droite un ren- flement ganglionnaire ; il en part un nerf respirateur et un nerf génital. Il y à un collier stomatogastrique. Il y a deux yeux et deux otocystes. GASTÉROPODES 5° Ombrelle de la Méditerranée Ombrelle 1 a la forme générale d’un tronc de cône surbaissé, dont la neue est Raven par une Ame DATE plate, DE, sur- À s: Kuc. 214. — Ombrelle de la Méditerranée, rampant, vue de dos. OG organe copulateur. P pied. T tenta- | cules. Co coquille. Br branchie. À anus. de est constitué en avant par deux lobes séparés l’un de l’autre sur la ligne … médiane par un sillon vertical. Le manteau est au contraire très réduit ; il Derr mince et laisse apercevoir par transparence les 6rganes qu'il recouvre ; Lil l'est en rapport dans toute son étendue avec la face inférieure de la coter 156 LES MOLLUSQUES qui repose sur lui, mais sans contracter d’adhérence. Entre le manteau et le pied règne un sillon circulaire profond surtout à droite. Dans ce sillon on trouve beaucoup d'organes. D'abord, de chaque côté de la ligne médiane, les grands tentacules qui ont la forme de cylindre creux, fendus sur le côté externe, et s'élargissant brusquement à leur racine. Sur leur base sont placés les yeux. En dehors on voit une cavité en entonnoir de couleur brune, ter- minée en cul-de-sac, fendue latérale- ment et communiquant avec la fente longitudinale. Du fond de la cavité s'élèvent une série de lamelles minces, pressées les unes contre les autres : leur aspect rappelle l’organisation de l’or- F16. 215. — Partie antérieure de l'Omnbrelle. Oc ee olfactif des Plagiostomes- Dans organe copulateur. GT gros tentacules. Y le sillon circulaire à droite est située la EN branchie. Elle est très longue. Elle com- mence à gauche et vient se terminer à la partie postérieure du côté droit, en dehors de l’anus. Elle est foliacée. Au-dessous de la branchie se trouve la terminaison du corps de Bojanus. A la partie postérieure, mais à droite du canal circulaire, on voit un tube flottant, l’anus. Tout en avant, entre les tentacules, on peut voir le mamelon buccal sous la forme d’une grosse saillie conique, marquée d’une fente antéro-postérieure qui est la bouche. La tête n’est pas distincte du reste du corps. Quant à l'organe copula- Fi. 216. — Gastroptéron Mecketi. D disque : NS : de céphalique. P parapodies. Br branchies. 7 teur, il est logé à la partie supérieure du rudiment de tortillon. sillon. Il s’insère par sa base au-dessous de la racine des tentacules supérieurs. Il est creusé d'une vaste cavité, prolongée en avant en forme de gouttière. G° Gastroptéron Le Gastroptéron! esi un animal ovale, pourvu latéralement de lobes natatoires en forme d'ailes se soudant en arrière. Il existe un disque cépha- 1 VayssièRe, Recherches sur les Mollusques de la famille des Bullidés (Ann. des sc. nat , 1880). Ts d'OS NNT \ GASTÉROPODES 157 .… Jique distinct du dos et portant les yeux et les tentacules. Morphologique- ment on considère ce disque cépha- lique comme formé par la fusion de tentacules buccaux et de tentacules supérieurs ou rhinophores. La bran- chie se voit sur le côté droit du CM = fera Fig. 218.— Coquille corps; l'anus et les orifices génitaux "6-59 AE M. 217. — Coquillede Gas- sont aussi de ce côté. troptéron Meckeli. > : : ; : Il y a une petite coquille interne, d’un demi-mil- limètre de diamètre et d'apparence nautiliforme. Il y a un rudiment de tortillon. 7° Bulla Chez les Bulles la coquille est très grande et permet à l’animal de ren- trer à son intérieur. Les parapodies sont très courtes. RÉSUMÉ En résumé, on voit que l’organisation des Opisthobranches est très variable. En fait de caractères généraux, on ne peut citer que les suivants : 1° Tous marins ; 2 Respiration branchiale ; 3° Hermaphrodites ; 4° Cœur en avant de la branchie, c’est-à-dire à oreillette tournée en arrière : 5° Système nerveux orthoneure, généralement concentré. CLASSIFICATION Nous les diviserons, comme dans le manuel de M. Fischer, en deux sous- ordres : 1° Les Nupisrancues, dont les branchies, placées dans la région dorsale, ne sont pas protégées par le manteau ; 2° Les TEcrTIBRANCHES, caractérisés par la présence d’une seule branchie latérale protégée par le manteau ou par une coquille. MOLLUSQUES. 11 158 LES MOLLUSQUES Chacun des ces sous-ordres se subdivise ensuite en plusieurs groupes dont voici l'énumération, avec les principaux genres qu'ils renferment. ANLAODTANCRESEMEEREPERERREES | Doris. INÉTOLTANCRESE ECC REP ERE | Pleurophyllidia. | Téthys. 19 NUDIBRANCHES.......... Polybranches. Re HT | OEolis. Pellibranclhies 6 REOPRREE | Élysia. PATASUES PE TRE LOU REEE | Entoconcha. Actæon. Scaphander. Céphalaspidest. PO RER Bulla. Gastroptéron. 20 MECTIBRANCHES:. :-..... Philine. Aplysia. ATIASDIAES EE Re CORRE EN EE | ten. | NOLASDIAES ER RER ER LE ; 4er Sous-Ordre NUDIBRANCHES ANTHOBRANCHES. — Ils sont caractérisés par leur forme symétrique, leur anus médian dorsal. Deux lobes hépatiques dont les conduits biliaires s'ouvrent dans l'estomac. Nous avons déjà décrit les Doris qui vivent sur nos côtes. Ils pondent un nombre immense d'œufs (quatre-vingt mille) con- tenus dans une matière glaireuse, formant un ruban contourné en rond et déposé sur les rochers ou les herbes marines. Le dos de la Doris tubercu- lata, la plus commune, est couvert de nombreuses petites verrues. INFÉROBRANCHES. — Les branchies sont placées symétriquement de chaque côté du corps, au-dessous du bord du tégument dorsal, entre celui-ci et le pied. À citer les Pleurophyllidia de la Méditerranée qui mon- trent bien le caractère en question (fig. 219). PoLyBRANCHES. — Appendices dorsaux branchiformes ou papilleux, garnis ou non de véritables branchies. Estomac ramifié se prolongeant jusque dans les papilles dorsales. Les Téthys, récoltés à la grève, montrent un corps aplati terminé en haut par un large bouclier céphalique, frangé sur ses bords, et portant deux tentacules. Sur le dos, sur deux lignes longitudinales, une à droite, GASTÉROPODES 159 l'autre à gauche, on aperçoit des orifices garnis chacun de deux tentacules enroulés. Ces orifices conduisent directement dans la cavité générale. C’est là un fait qui paraissait très remarquable. Mais chez les animaux recueillis avec soin on avait souvent trouvé des gros corps allongés, mas- sifs, colorés et fixés précisément à ces orifices. On pensa que c'étaient des parasites et on leur donna même un nom, celui de Phœnicurus varius. On leur décrivait même un système nerveux formé de deux ganglions, ASE. re 6 ! ; KT Re SC RSS NQ ë p Fi. 219. — Pleurophyllidia, vu par la face infé- Fix. 220. — Schéma d'une Téfhys, vue de dos, avec rieure. é bouclier tentaculaire. g orifice génital. a deux de ses appendices en place. © orifices. T ten- anus. à ,branchies. p glande pédieuse. tacules. Prétendu phœnicure. un tube digestif ramifié, un appareil circulatoire, etc. Mais les études récentes ont montré qu'en réalité la Phœnicure n'était qu'un appendice de la Téthys, appendice qui pouvait se détacher très facilement de l’animal par un phénomène d’autotomie. On démontre que le prétendu tube digestif, le prétendu système veineux, etc., ne sont que des prolonge- ments des mêmes appareils de la Téthys. Les Téthys sont aussi remarquables par leur système nerveux qui con- siste en une masse unique formée par la réunion de trois paires de gan- glions fusionnés, et munie d’une commissure qui entoure l’œsophage. Les Melibe ont un corps allongé pourvu de papilles dorsales caduques. Nous avons déjà décrit les Œolis. Les Phyllirhoe, dont nous avons déjà parlé, sont des animaux nocturnes, remarquables par leur propriété de produire de la lumière. Il suffit de toucher un animal dans l'eau pour voir la lumière jaillir de son corps et de ses longs tentacules. La substance photogène a son siège dans des cel- lules nerveuses périphériques et dans des cellules particulières, dites 160 LES MOLLUSQUES cellules de Müller, situées dans le voisinage immédiat de la périphé- rie, sur les plus fines ramifications nerveuses. at Fi. 221. — Corps de la Synapte, ouvert pour montrer l'Entoconcha. B vaisseau dorsal. Æ vaisseau ventral. C tube digestif de la Synapte. a point où est fixé le Mollusque. Æ extrémité du tube digestf de l'Entocon- cha. OV ovaire. T testicule. PELLIBRANCHES. — Dépourvus de branchies proprement dites ainsi que de papilles dorsales. Les Elysia sont pourvus sur les côtés du corps d’expansions membraneuses, se relevant sur le dos pour le couvrir en partie. Le tube digestif est ramifié énormé- ment dans ses lobes. L’Elysie verte a une couleur vert émeraude magnifique. Panasires. — L’Entoconcha mirabilis ! est un des rares exem- ples de Mollusque endoparasite. Il vit fixé sur le vaisseau ventral des Synaptes et plonge dans la cavité générale de ceux-ci. L’ex- trémité antérieure fixée est en forme de bouton. Le corps est très allongé, cylindrique, et en- roulé en spirale irrégulière. L’ex- trémité, en forme de bouton, pré- sente une bouche conduisant dans un tube digestif occupant seule- ment la partie antérieure du corps et terminé en cœcum. La partie moyenne du cylindre con- tientun ovisac très développé avec une glande albumineuse. En ar- rière vient un espace où les œufs mürissent à leur sortie de l’ovi- sac. Plus en arrière encore, le corps forme un renflement où mürit la liqueur séminale. Les produits génitaux s’échappent par l'extrémité postérieure du corps. 1 Les renseignements que nous donnons sont empruntés à Brehm, Les Mollusques, qui les a tirés de Meyer et de Baur. On trouvera d’ailleurs dans cet o1vrage de bonnes figures d'Opisthobranches dont la publi- cation ici nous aurait entrainé à des frais trop cousidérables ; citons entre autres : Elysie GASTÉROPODES 161 L'animal est fixé à la Synapte, toujours dans le voisinage de l'estomac. La vraie nature zoologique de ces animaux se révèle seulement dans leurs. embryons. En effet Les larves mon- trent, à n’en pas douter, les carac- tères des larves des Gastéropodes. Elles ont une coquille contournée, munie d’un opercule calcaire, le pied est bilobé. Il y a deux rudiments de tentacules. On ne connaît pas la marche ultérieure du développement. Müller croyait autrefois qu’on avait affaire ici à une génération alternante, que le Sypnate passait à l'état de Mollusque, et inversement. Il croyait que l’Entoconcha appartenait au corps de la Synapte, à cause de la position fixe qu'il occupe dans le corps de celle-ci. Mais Baur a démontré qu’il n’en était rien. On place l’Entoconcha parmi les Opisthobranches parce qu'il est her- map hrodite. FiG. 229. — Larve d'Entoconcha. 2e Sous-Ordre TECTIBRANCHES CépHALASPIDES. — Caractérisés par un disque céphalique distinct du dos, portant les yeux et les tentacules et provenant de la fusion des ten- tacules buccaux et des rhinophores. L’Actæon (fig. 120) montre ce disque très nettement. Les Scaphander sont assez communs sur nos côtes. Leur estomac est pourvu de deux plaques calcaires très puissantes qui agissent sur les aliments à la manière d’une meule. Nous avons déjà décrit les Bulla et les Gasté- roptéron. Les Philine sont des animaux à apparence au premier abord incompréhensible. Si on les examine par la face dorsale on voit la surface divisée en quatre champs: Pic. 293. — Acteon. €n avant le bouclier céphalique, en arrière le manteau, latéralement les parapodies. Sur la face ventrale on voit en avant le pied, en arrière un repli ventral du manteau ; l'animal marche à la fois sur son pied et sur son manteau. verte. Æolis à papilles. Dendronote à branchages. Télhys de Bohadsch. Doris poilue. Omvbrelle de l'Inde. Aplysie dépilante. Bulles. 4162 LES MOLLUSQUES Axaspipes.— Îls ont une tête sans disque, un cou allongé, des nageoires latérales (Parapodes). L'Aplysia depilans, que l'on a souvent l'occasion de disséquer dans les laboratoires, est vulgairement appelée Lièvre de mer, à cause de ses tenta- cules qui rappellent les oreilles d’un lièvre. Elles arrivent sur nos côtes pour s’accoupler et pondre, puis elles s'en vont on ne sait trop où. Lorsqu'on cherche à prendre l’animal vivant, on le voit s’entourer d’un nuage d’un beau violet, matière sécrétée par des follicules cu- tanés. L'animal est convexe et présente en avant un cou très long se terminant par une tête assez forte portant deux tentacules volumineux, dont le droit sert d'appareil copulateur. La face dorsale de l'animal est protégée par deux lames charnues, latérales, qui se rabattent l'une sur l’autre: ce sont les parapodies, qui sont une dépendance du pied. Si l’on écarte ces lobes, on voit un manteau fixé à gauche, mais libre à droite : par cette fente droite sortent la branchie RL l'anus. Au-dessous du manteau est placée tème artériel. ve veine branchiale ]a coquille, assez large, chitineuse: elle n'est efférente. Or oreillette. V ventricule. C crête de l'aorte. ap aorte posté. bas complètement recouverte par le manteau, rieure. À masse génito-hépatique. Gi gésier. bu bulbe buccal. partère car celui-ci est percé d’un petit orifice par où pédieuse. P artère parapodiale. A aorte principale. T tentacules dor- on peut l’apercevoir. Le tube digestif est assez saux. pe pénis. compliqué. On y trouve successivement un bulbe buccal, un œsophage, un jabot à parois internes chitineuses, un gésier puissant tapissé intérieurement par de nombreuses dents chiti- neuses, et un estomac chimique où vient se déverser le foie, puis un intestin assez long. Dans le bulbe s'ouvrent deux glandes salivaires. Nous donnons deux figures schématiques représentant l'appareil artériel et le système nerveux remarquable par sa netteté. Les organes géni- taux sont assez simples. De la glande hermaphrodite part un conduit sinueux aboutissant à un utérus qui s’ouvre au dehors, et qui reçoit une petite glande en grappe et une vésicule copulatrice. L'orifice sexuel est placé à droite. Ces organes sont hermaphrodites dans toute leur étendue. Les spermatozoïdes sont amenés à l'appareil copulateur par un canal cilié. Les Aphysies s'accouplent en formant des chaînes de plusieurs indi- vidus placés les uns à la file des autres, chaque individu jouant à la fois le rôle de mâle et le rôle de femelle, sauf ceux qui sont aux extrémités de la chaîne, et qui ne jouent que le rôle de mâle ou le rôle de femelle. GASTÉROPODES 163 Le Lobiger (fig. 298) est remarquable par ses parapodies divisées trans- versalement et formant de chaque côté deux ailes larges, dilatées. C FiG. 225 1. — Schéma du système nerveux. C ganglions cérébroï- des. S stomatogastrique. P gan- ; : glions pédieux. Z ganglions Fire. 226. — Schéma de l’Aplysie rampant. P parapodies et Schéma de pleuraux. V ganglions viscé- l'Aplysie, les deux parapodies écartées. A7 manteau percé d’un orifice raux. B ganglion branchial. par lequel on voit la coquille. Br branchie. À anus. Noraspines. — Les Notaspides ont une tête courte ; la région dorsale est protégée tantôt par un large disque qui rappelle celui des Doris, tantôt | | r ; Fi6. 227. — Coupe transversale sché- matique de l’Aplysie. P pied. Pa parapodies. M manteau. C co- : 3 . quille. F1G. 228. — Lobiger pictus. F. , Q 0 | à par un véritable manteau au-dessus duquel on trouve une coquille aplatie. La branchie est très grande et composée de nombreux lobules. Nous connaissons dejà les Pleurobranchia et l' Umbrella. : 1. Le dessinateur a oublié d'indiquer les deux commissures unissan!i les ganglions L aux ganglions P. Le lecteur voudra bien faire lui-même cette petite rectification. CHAPITRE VII 4° Classe GASTÉROPODES (suite) 4° ORDRE PULMONES Les Pulmonés sont loin d'offrir la même variabilité d'organisation que nous avons constatée chez les Opisthobranches, desquels ils se rapprochent par leur hermaphroditisme. Quand nous aurons étudié l'Escargot, nous aurons une bonne idée du type Pulmoné, etil nous suflira de quelques mots pour indiquer les principales variations que l’on observe dans les autres genres. ÉTUDE DE L'HÉLIX L'Escargot est un excellent type de Gastéropode en général et de Pul- moné en particulier. Nous devrions donc traiter son anatomie et son histologie avec un grand soin !. Mais la facilité avec laquelle on l’obtient permettra, mieux que toute description, de se rendre compte de la dispo- sition et des caractères des organes. Nous n'insisterons que sur les carac- tères principaux qui différencient les Pulmonés des autres Gastéropodes. L'animal ?, enfermé dans une coquille turbinée, affecte dans ses traits généraux la même apparence que chez les Prosobranches. Il y a cepen- 1 Voir à ce sujet Carl Voct et Yunc. Traité d'anatomie comparée pratique, p. 767, où l’on trouvera une excellente monographie de l’Escargot. Les nomhreuses figures qui accom- pagnent ce travail que tous les étudiants ont entre les mains, nous dispensent d'illustrer ce chapitre avec autant d’abondance que lez précédents. 2 L'étude des Gastéropodes en général et üäe l’Escargot en particulier est rendue difticile par la contraction très forte qui accompagne la mort de l’animal. Pour les Puimonés, il est facile d'obvier à cet inconvénient. Il suffit de mettre l'animal dans un bocal que l'on remplit GASTEROPODES 165 dant des différences à noter. La peau est épaisse et rugueuse, et sécrète un mucus visqueux abondant. La tête est surmontée de deux paires de ten- tacules ; l’extrémité des tentacules postérieurs est renflée et porte les yeux. La cavité palléale, au lieu de s’ouvrir par une large fente antérieure, a soudé la majorité de son bord libre de manière à ne laisser qu'un orifice de communication entre la cavité palléale et l'extérieur. Cet orifice situé à droite est le prneumostome ; il est pourvu de muscles qui lui permettent de s'ouvrir ou de se fermer à volonté. Enfin le pied ne porte pas d’opercule : c’est là un caractère général des Pulmonés {à l'exception du genre Amphibola). Pendant l'hiver l'Escargot se cache dans la terre et bouche l’ouverture de sa coquille d’une sorte d’opercule calcaire; mais ce n’est pas là un véritable opercule : c'est un simple produit de sécrétion qui disparaît au printemps. L'orifice génital est ici placé à la base du tentacule droit. Le pneumostome aboutit dans une longue cavité palléale qui n’a plus du tout la même apparence que chez les Prosobranches. Ici, en effet, il n’y a pas trace de branchies, mais en revanche, le plafond de la cavité est tapissé par un lacis extrêmement riche de vaisseaux sanguins : c'est le poumon. Le rectum vient s'ouvrir sur le bord externe du pneumostome. C’est aussi en ce point que vient s'ouvrir l’uretère. Tuge picesrir. — Le pharynx est très musculeux; il y vient déboucher des glandes salivaires extrêmement développées qui s’étalent sur l'estomac. Sur la lèvre supérieure de la bouche se trouve la mâchoire, lamelle cornée, arquée, munie de côtés. En outre, sur le plancher de la cavité buccale est placée la radula. L’œsophage se dilate en un estomac qui, à la partie postérieure, reçoit le produit d’un foie extrêmement volu- mineux et formant quatre lobes. L'intestin serpente au milieu de ce foie, puis en sort pour côtoyer à droite la cavité pulmonaire, et aboutir à l'anus. APPAREIL CIRCULATOIRE. — Les nombreux vaisseaux qui tapissent la cavité pulmonaire se rassemblent en une grande veine qui va se jeter dans l'oreillette qui communique en arrière avec un ventricule. Ce cœur est situé sur la face dorsale et sur le côté du sac pulmonaire, enveloppé d’un large péricarde tout près du rein. On voit que le cœur a la même orienta- entièrement d'eau et que l’on bouche herméliquement, soit avec un bouchon, soit avec une lame de verre. Dans ces conditions, l’animal meurt lentement et reste dans un état d’exten- sion très favorable à la dissection. Pour les Prosobranches, on ne peut pas, bien entendu, employer le même procédé, puisque ce sont des animaux aquatiques. Le mieux est encore Ge les plonger longtemps auparavant dans l'alcool qui durcit les tissus et en même temps coagule le mucus qui recouvre l’animal et qui englue les instruments de dissection. Ce procédé est excellent, en particulier, pour la dissection du système nerveux. 166 LES MOLLUSQUES tion que chez les Prosobranches. Du ventricule part une aorte qui se divise presque immédiatement en deux vaisseaux : l'une, l'artère viscérale, qui va irriguer les organes contenus dans le tortillon; l’autre, l'aorte, s’in- fléchit et se dirige en avant. Elle donne naissance à une artère qui se distribue aux canaux etaux glandes acces- soires des organes génitaux. F6. 229. = Mächoire d'Æelig Un peu plus loin {à gauche) elle émet une artère intes- tinale. Tout près de celle-ci vient une autre artère . . : . FiG. 2350. — Schéma d'un rein qui se bifurque en deux branches, l’une qui se dis- Te : ; _— S ‘ctum. À , œur. P tribue au pied, l’autre aux glandes salivaires, très ériessde OUR Qceu richement irriguées. Ensuite l’aorte continue son chemin en avant, traverse la masse nerveuse sous-æsophagienne et va se perdre dans la tête et les tentacules. Mais auparavant elle donne une artère pédieuse qui se dirige sur la face ventrale et en arrière pour aller irriguer le pied. S Le sang tombe dans toutes les lacunes du corps !, et Ro 21. coupe de là se rend jusque dans schématique du ca les veines pulmonaires où 1l nal évacuateur. CF canal femelle. CM respire et d'où il est ramené au cœur. En somme la circulation est la même que chez les Prosobranches. SYSTÈME NERVEUX. — Les centres nerveux sont extrêmement concentrés. Ils forment au premier abord un collier blanchâtre autour de l’œsophage. Mais, en examinant de plus près, on peut y distinguer une masse ner- veuse cérébroïde réunie par deux paires de connectifs à une masse nerveuse sous-ŒœSsSO- F1c. 239, — Schéma du système nerveux d'un Pulmoné. C ganglions cérébroïdes. phagienne. Celle-ci est traversée par l’aorte, S stomatogastrique. P ganglions pé- À De ; ; dieux. Z ganglions pleuraux. V chaïne ce qui la divise en deux étages : l’un supé- viscérale. ZD ganglion de l'organe de 6 ee Le LaAcazE DUTHIERS. rieur, constitué par les ganglions pédieux, est en rapport avec l’une des commissures: l’autre inférieur, constitué 1 Toutes les lacunes du corps communiquent avec la cavité viscérale. Ces lacunes vei- neuses sont dénuées des parois propres : le long du tortillon on peut voir par transparence des canaux ramifiés qui ont des allures de veines ; mais ce n’est là qu’une apparence. L'in- GASTÉROPODES 167 par les ganglions pleuraux, est en rapport avec l'autre commissure. Il est très probable qu'il y a en outre dans cette masse des ganglions soudés. Enfin, les ganglions cérébroïdes sont réunis par un collier œsophagien, à deux ganglions stomatogastriques placés au point d’'émergence des canaux excréteurs K -£ L des glandes salivaires. ” Des ganglions cérébroïdes partent deux = nerfs tentaculaires qui se rendent dans les IR ? tentacules oculaires, deux nerfs labiaux exlernes, qui innervent les parties latérales de la tête et les lèvres: deux nerfs Zabiaux pa internes. En outre, de la face ventrale de la pi masse cérébroïde partent deux nerfs qui s’accolent aux commissures œsophagiennes, et vont innerver les deux otocystes qui repo- sent sur les ganglions pédieux. De la masse pédio-viscérale partent de nombreux nerfs dont les principaux sont fic 233. — Æelix Pomafia. Schéma du système nerveux. C ganglion cérébroïde. Z VU - indiqué 9 V masse sous-æsophagienne. :S$ stoma- indiqués dans la figure 230. togastrique. Æ ben facial. / nerf labial ORGANES DES SENS. — Le toucher s'exerce interne. { nerf labial externe. g nerften- taculaire. p nerf du pénis (impair). pa par toute la surface cutanée. nerf palléal antérieur. pi nerf palléal À : ; , intermédiaire. pp nerf palléal postérieur. Le goût existe certainement, mais on ne z nerf pédieux postérieur. f nerf géni- ea tal. sait par quels organes il s'effectue. l L’olfaction paraît s'effectuer surtout par les grands tentacules. Lorsque l’on suit le nerf tentaculaire, on le voit se rendre à un gros ganglion ter- minal duquel partent des petits lobes constitués par des cellules nerveuses envoyant de nombreux fibrilles à l'épithélium rempli de cellules en bâtonnets. On pense aussi que l’olfaction peut s'effectuer par la glande pédieuse et l'organe de Semper. Celui-ci a la forme de quatre à cinq pro- cessus glandulaires placés sur le bord de la bouche. Les yeux sont situés à l'extrémité, et un peu latéralement, des grands tentacules. Le nerf optique part du nerf tentaculaire, un peu avant le gan- glion olfactif. L’œil est sphérique. Il est enveloppé par une sclérotique solide qui, à la partie antérieure, s’amincit et devient transparente, pour constituer une cornée. La sclérotique est tapissée par une choroïde et une jection du système veineux est très facile ; il suffit de faire pénétrer la canule de la seringue dans la masse du pied ou dans un tentacule et de pousser lentement la masse d'injection. Milne Edwards a étudié à fond cette circulation ; on trouvera dans son travail de superbes figures représentant celle-ci. (H. Milne Edwards. Observations et expériences sur la circu- lation chez les Mollusques. Mémoires de l’Académie des sciences, 1849, t. XX. H. Milne Edwards et Valenciennes. Nouvelles observations sur la constitution de l'appareil de la Circulation chez les Mollusques. Id.). 168 LES MOLLUSQUES rétine. La cavité de l’œil est presque entièrement comblée par un gros cristallin sphérique, à structure concentrique. Fi. 234. — Schéma des organes génitaux de l’Æelix. GH glande hermaphrodite. A canal déférent herma- phrodite. GA glande de l’albumine. CDH canal évacuateur divisé en deux parties, l'oviducte (O), le canal mâle (D). CD canal déférent. P pénis et son muscle (#) et son flagellum (#). U utérus. VS vésicule séminale. PD poche du dard. GM glande multifide. CZ cloaque génital. Les otocystes contiennent de nombreux otolithes. On sait que c'est chez ] À È GASTÉROPODES 169 les Pulmonés que M. de Lacaze-Duthiers a établi cette loi, qui est générale chez les Gastéropodes (sauf chez les Hétéropodes), que quelle que soit leur position, les otocystes reçoivent toujours leur nerf des ganglions céré- broïdes. ORGANE EXCRÉTEUR. — Le rein est situé entre le cœur et le rectum. C'est un large sac de couleur jaunâtre et à aspect spongieux, compact. De sa paroi interne partent de nombreux trabécules conjonctifs, ramifiés, anas- tomosés, dont les mailles sont tapissées par des cellules bojaniennes, à contenu concrétionné, et d’une seule espèce. Le rein ici est pourvu d’un uretère assez long qui vient s'ouvrir tout près de l’anus dans le pneumos- tome. D'après Nüsslin, la cavité rénale communique avec le péricarde. ORGANES GÉNITAUX. — Les Escargots sont herma- phrodites, et leurs organes génitaux sont très com- pliqués : ce sont là deux caractères généraux des Pul- monés. La glande hermaphrodite, située dans le tortillon, a une couleur blanche qui la fait découvrir au pre- mier coup d'œil. Les produits génitaux se déver- sent dans un canal déférent, décrivant des sinuosités nombreuses. À son extrémité ultime il reçoit le pro- duit d’une glande de l’albumine très volumineuse. Au même point le canal déférent hermaphrodite se jette dans un long tube boursouflé qui, sur une coupe transversale, se trouve divisé physiologiquement en deux parties. En effet, deux lames charnues se déta- chent vis-à-vis l’une de l’autre, et viennent s'appliquer l’une sur l’autre de manière à diviser la lumière du canal en deux parties : l'une plus petite où s'écoule ‘an d'Ahr perse vu le sperme, c’est le canal mâle ; l’autre plus grande Où a ea où les ovules peuvent seuls passer, c’est le canal Fe ph femelle. Ce n'est qu'à l'extrémité antérieure que a Pa chaque moitié du canal s’isole du voisin. Suivons A chacune de ses parties : 1° le canal déférent vient se en GENE Jeter dans un pénis, muni d'un muscle rétracteur allant se jeter dans le cloaque ; de la poche péniale part un long flagel- lum ; 2° le canal femelle, l’oviducte, se renfle en un utérus qui va s'ouvrir dans le cloaque. Dans cet utérus débouche d'abord une vésicule séminale à conduit extrêmement long, ensuite une poche, dite sac du dard, très mus- culeuse et renfermant un stylet calcaire, enfin deux glandes volumineuses, à nombreuses digitations, les glandes multifides. 170 LES MOLLUSQUES Rappelons que le cloaque sexuel est à la base du tentacule oculaire droit. La fécondation est réciproque, le pénis dévaginable est introduit jusque dans la vésicule séminale. Les spermatozoïdes sont déposés agglomérés en un spermatophore. AUTRES PARTICULARITÉS DES PULMONÉS Bien que l'organisation des Pulmonés soit assez peu variable, il est certains points à noter dans les genres de Pulmonés autres que l'Hélix. 1° Le corps n'est pas toujours revêtu d’une coquille. Aussi la limace F6. 236.— Système ner- veux de la T'estacelle. montre sur la partie anté- rieure de son dos un bou- clier palléal qui renferme une toute petite coquille in- terne, calcaire. Les Onchi- dium en sonttotalement dé- pourvus. 2° Les yeux ne sont pas toujours situés au sommet des tentacules ; chez les Lymnées, les Planorbes, ils sont situés à la base. 3° Le système nerveux n'est pas toujours aussi con- centré que dans l'Escargot. Ainsi, chez la Lymnée les ganglions sont bien agglomérés à la partie an- térieure du tube digestif, mais un examen attentif permet d'y recon- naître des ganglions cérébroïdes, pédieux et pleuraux, formant un triangle latéral et une commissure viscérale, portant des ganglions, mais non tor- due. Chez les Testacelles, les ganglions sont même très éloignés les uns des autres. Bien que la chaîne viscérale ne soit pas tordue, il peut arriver qu'elle soit dissymétrique ; aussi chez les [L'ymnées le ganglion branchial droit est plus développé que le gauche. IT est à noter que chez les espèces sénestres (Physes) c’est le ganglion de droite qui est le plus développé, autrement dit les systèmes nerveux d’un Pulmoné dextre et d'un Pul- moné sénestre sont symétriques, comme s'ils se regardaient dans une glace. Fic. 237. — Limnœus. Schéma de l'organe Lacaze. N partie nerveuse. IT invagination avec ses deux cœæcums (C). , GASTÉROPODES 171 x Chez les Testacelles le poumon est rejeté à la partie postérieure et s'ouvre par un pneumostome placé en arrière. Le cœur à en même temps changé de position: l'oreillette est en arrière et le ventricule en avant ; chez la Testacelle, le cœur est donc opisthobranche. 50 Chez les Onchidies, sur la face ventrale et postérieure on voit un ori- fice qui conduit dans deux larges poches latérales bifurquées et terminées en cul-de-sac. Le fond de ces culs-de-sac est tapissé par des cellules bojaniennes, le reste est traversé par des trabécules qui, pense-t-on, jouent un rôle pulmonaire. Ici donc l'organe de Boja- nus serait pair et jouerait le rôle de poumon dans une Fic. 238. — Coupe de l'or- de ses parties. gane Lacaze du Limnœus, passant par un cœcum. 6° L'Onchidie peut aussi dans l'eau, grâce respirer dans ie Fi6. 239. — Organe Lacaze d'un à la présence de papilles dorsales qui jouent le Plenorbe. N ganglion nerveux. T'invagination. rôle de branchies. 7° Il semble que le poumon, bien qu’il soit organisé pour respirer l'air en nature, puisse respirer l'air dessous. En effet on a retiré du lac de Cons- tance, à une grande profondeur, des Limnées dont les poumons étaient pleins d’eau. 8° À propos de ces poumons, on a voulu nier l'homologie qu'il y avait entre eux et la cavité branchiale des Prosobranches. Jhéring a émis l’opi- nion que les poumons étaient une dépendance rénale, que c'était un ure- tère extrêmement dilaté et vasculaire. Mais rien ne vient démontrer cette manière de voir. Il paraît démontré que l'uretère, que nous avons signalé chez les Hélix, n’est qu’une partie endiguée de la cavité pulmonaire. 9 Chez les Pulmonés aquatiques, M. de Lacaze-Duthiers a décrit un organe des sens spécial et qui porte le nom d'organe Lacaze. C'est un petit ganglion situé à l'extrémité du nerf palléal postérieur, dans le voisinage, en arrière et au-dessous du néphrostome, à la hauteur de l’angle que forme le pavillon en s’unissant au manteau. Ce ganglion avait été pris autrefois pour un centre respiratoire, mais M. de Lacaze-Duthiers y a découvert une invag'ination en doigt de gant des téguments du manteau. Chez les Planorbes l'invagination est simple. Chez les Lymnées, elle se bifurque et au lieu d’un seul cœcum en présente deux ; en outre la masse des tissus nerveux remontant jusqu'au col du conduit allant à l’orifice externe environne de toute part la partie épithéliale, dont les deux extrémités, en forme de 172 LES MOLLUSQUES calottes arrondies, dépassent seules et font saillie à l'extrémité du corps ganglionnaire. C’est, à n'en pas douter, un organe sensoriel, probablement chargé d’un rôle d'olfaction. M. H. Fol a montré que l'organe Lacaze existe déjà chez l’embryon où il est extrêmement développé relativement à celui-ci. M. F. Bernard a étudié la structure histologique chez le Planorbis cor- neus. Cet organe est caractérisé par des cellules ganglionnaires multipo- laires de taille variable. Il y a un réseau de fibrilles qui occupe toute la partie immédiatement adjacente à l’épithélium, et forme un amas important au fond du cul-de-sac. Les éléments nerveux sont noyés dans la substance interstitielle du tissu conjonctif. Les prolongements des cellules conjonc- tives aboutissent en dernière analyse à des cellules de Flemming extrême- ment abondantes et très grêles, et présentent sur leur trajet de petites cellules nerveuses bipolaires. Ajoutons qu’au point de vue morphologique on considère l'organe de Lacaze-Duthiers comme homologue de l'organe de Spengel des autres Gastéropodes. CARACTÈRES GÉNÉRAUX Les caractères généraux des Pulmonés sont assez nombreux : Peau rugueuse ; Pas d'opercule ; Un poumon muni d'un pneumostome ; Cœur ordinairement de Prosobranche ; Centres nerveux très concentrés, à commissure viscérale non tordue torthoneure) ; Généralement un organe de Lacaze-Duthiers ; Rein spongieux, avec un uretère ; Hermaphrodites ; Organes génilaux compliqués. CLASSIFICATION Les Pulmonés se laissent diviser assez naturellement en deux groupes : 1° les Stylommatophores, dont les yeux sont placés à l'extrémité des ten- tacules rétractiles et qui sont terrestres: 2 les Zasommatophores, dont les yeux se trouvent à la base des tentacules non invaginables, et qui sont aquatiques. Les genres principaux sont les suivants : GASTÉROPODES 173 Stylommatophores : Hélix ; Limax ; Arion ; Pupa ; Clausilia; Vaginula; @rchidium ; Testacella. Basommalophores : Limnée; Planorbe ; Physa; Ancylus; Siphonaria; Gadinia ; Amphibola. _ Hézix. — C'est l'animal que nous avons pris pour type. Les espèces sont en nombre immense. Limax. — La Limace a une couleur cendrée, tachée de noir. ARI1ON. — L’Arion a généralement une belle couleur rouge brique. Pupa. — Répandu partout. CLausiLra. — Sénestres. Columelle garnie de lamelles spirales et don- nant insertion au pédicule d’une plaque mobile qui bouche l’intérieur du dernier tour. VacinuLza. — Les Vaginula sont les Limaces des pays chauds. Ils répandent un mucus abondant et ravagent les plantations de café et de tabac. Orifices génitaux très écartés, le mâle en arrière du tentacule droit, l'orifice femelle placé à la face inférieure du corps, près du bord droit du pied. Oxcuinrum. — Comme dans le genre précédent, les orifices sexuels sont éloignés l’un de l’autre. L’orifice mâle est un peu en arrière du tentacule droit ; l’orifice femelle est à la partie postérieure et inférieure du corps. L’anus et l’orifice respiratoire sont à l'extrémité postérieure et inférieure du corps, sur la ligne médiane. Nous avons vu que le fond du poumon sert d’appa- reil excréteur. Les Onchidies vivent à l'estuaire des fleuves (Gange) et sont recouverts par la marée montante. Aussi, outre la respiration pulmonaire, ont-ils une respiration aquatique grâce aux papilles très vascu- laires qui recouvrent leur dos. Le cœur est opisthobranche !. TesrAceLzLa. — La Testacelle ressemble à une Limace très allongée et ne portant pas sur le dos un bouclier palléal. A la partie tout à fait posté- rieure est une toute petite coquille aplatie. À la même extrémité on trouve aussi le pneumostome. Nous avons signalé l'orientation du poumon et du cœur qui est en sens inverse de ce qu'elle est chez l’Escargot. Il semble bien probable que cette orientation est secondaire et en rapport avec les mœurs de l’animal. En effet la Testacelle a un corps allongé et très étroit qui lui permet de pénétrer dans les trous de vers où elle va chercher les lombrics dont elle fait sa nourriture. La nécessité de respirer même en étant plongée dans ces trous a évidemment forcé le pneumostome à être rejeté à la partie postérieure du corps. En même temps le poumon deve- 1 Joyeux-Laffuie. Organisation et développement de l'onchidie.(Arch.dezool.exp.1882. t. X). La position taxonomique de l’onchidie est vivement discutée. On le met parmi les Pulmonés parce qu’on ne sait trop où on pourrait le placer ailleurs; mais, en somme, il a peu de caractères de Pulmoné. MOLLUSQUES. 12 174 LES MOLLUSQUES nant postérieur a fait basculer le cœur dont l'oreillette a été dirigée en arrière. Une particularité aussi intéressante à noter, c'est la propriété qu'a la Testacelle de pouvoir faire saillir au dehors sa radula énorme destinée à happer les vers de terre !. Limxæa. — Les Limnées abondent dans nos eaux douces. Elles sont remarquables par leur propriété de pouvoir ramper à la surface de l’eau, suspendues par leur pied à la surface de niveau, la coquille renversée en bas. PLanorgis, Paysa, Axcyzus. — Habitent les eaux douces. SipHoNaRrIA. — Les Siphonaires sont des animaux marins très bizarres. Leur tête forme un disque aplati portant les yeux et les tentacules. Ils possèdent un poumon, mais en outre de celui-ci on constate la présence d'une véritable branchie. Ils sont hermaphrodites, ce ne sont donc pas des Prosobranches. GapixtA. — Sont aussi marins, mais ne possèdent pas de branchies. AMPHIBOLA. — Vivent dans les eaux salées ou saumatres, à moitié enfoncés dans la vase. Sont remarquables par la présence d'un opercule corné, ovale, subspiralé. 1 M. de Lacaze-Duthiers à récemment donné un: monographie de la Teslacelle dans les Arcuives de Zoologie expérimentale. dy *+ FA , « , L L: CHAPITRE VII 4° Classe GASTÉROPODES (suite) GASTÉROPODES EN GÉNÉRAL CARACTÈRES GÉNÉRAUX Maintenant que nous connaissons l’organisation des Prosobranches, des Pulmonés, des Hétéropodes et des Opisthobranches, il nous est facile de nous faire une idée de ce que c’est qu'un Gastéropode, bien que les carac- tères généraux ne soient pas très nombreux. Ce qu'il y a de plus important à signaler chez eux, c’est l'assymétrie cons- tante de leur corps : même lorsque l’animal paraît symétrique chez l'adulte, il ne l’est jamais chez l'embryon. La tête est généralement distincte. La coquille, quand elle existe, est toujours d’une seule valve. Le manteau n’est pas double : il est unique et dorsal. La radula ne manque jamais. Le système nerveux forme un triangle latéral complet. Les reins sont quelquefois doubles, jamais symétriques. Il existe un stomatogastrique. Les glandes génitales ont des glandes accessoires et généralement un appareil copulateur. E. La constitution de leurs organes génitaux permet de les répartir dans | deux groupes : 1° Sexes séparés : Prosobranches; Hétéropodes. 2° Sexes réunis : Opisthobranches; Pulmonés. 476 LES MOLLUSQUES DÉVELOPPEMENT DES GASTÉROPODES Si au point de vue anatomique 1l est facile de distinguer quatre classes dans l’ordre des Gastéropodes, il n’en est pas de même au point de vue embryogénique qui présente une constance remarquable. Aussi une descrip- tion générale suffira-t-elle pour nous faire connaître le développement des Gastéropodes. La segmentation, comme partout ailleurs, est variable avec la quantité de vitellus. Chez le Nassa mutabilis, par exemple, dont l'œuf contient une assez grande quantité de vitellus, le protoplasme commence par s’accumu- muler au pôle supérieur de l'œuf. Un sillon équatorial et au pôle supérieur, un sillon vertical divisent le tout en trois segments, deux supérieurs, petits, et un gros, avec lequel se fusionne l’un des deux précédents. Le petit segment supérieur qui reste se divise en deux, et pendant ce temps le gros segment se civise en trois. Nous avons donc à ce moment quatre petits segments supérieurs protoplasmiques et un gros segment inférieur formé surtout par du vitellus nutritif. L’une des petites sphères se réunit au gros segment, de sorte qu'il n'en reste plus que trois. Le phéno- mène se repète ainsi plusieurs fois. Les petites cellules en se multipliant envelop- pent peu à peu les masses vitellines. Au- trement dit, il se fait une gastrula par épibolie. L'une des masses vitellines est beaucoup plus grosse que ses sœurs. Entre F16.240. — Coupe schématique d'une Trochos- les petites cellules et les grosses se forme phère. b bouche.v voile. pid. a invagination _. k : anale. € invagination préconchylienne. À une cavité de segmentation. Dans celle-ci invagination intestinale. on voit apparaître les cellules mésodermi- ques. Enfin la masse vitelline centrale expulse les dernières parties pro- toplasmiques qu'elle contient pour former l’endoderme, lequel apparaît sur les bords du blastopore. Chez la Paludina vivipara le vitellus est au contraire très peu abondant. Aussi la segmentation est-elle beaucoup plus régulière et donne-t-elle naissance à une gastrula par embolie, parfaitement régulière. Dans les deux cas le blastopore a la forme d'une fente allongée qui suivant les cas devient tantôt l'anus, tantôt la bouche. Ces différences sont faciles à expliquer. Le blastopore étant une longue fente, si celle-ci se rière en avant, il devient la bouche. GASTÉROPODES 271 ferme d'avant en arrière, il devient l’anus; si, au contraire, elle se ferme d’ar- Quoi qu’il en soit, nous avons maintenant une masse formée de trois feuillets et au centre d’une masse vitelline. À ce moment la larve prend la forme appelée trochosphère. Elle est surtout caractérisée par une couronne de cils vibratiles qui sont le premier indice du voile. À ce moment il se forme trois organes caractéristiques de la larve des Mollusques : c’est le voile, la glande coquillère et le pied. Le voile n’est autre que la couronne ciliée supportée par un bourrelet de cellules souvent disposées en deux ran- gées. Cette couronne est placée dorsa- lement par rapport à la bouche. Le bat- tement de ces cils fait constamment tournoyer la larve dans la capsule Fc. 241. — Schéma d'unelarve au stade véligere. v voile. à bouche. p pied. R rein définitif, ovulaire. La glande coquillère se forme sur la ligne dorsale, en arrière du voile. Fi. 242. -— Schéma d’une larve un peu plus avancée. v voile. € coquille. o opercule. p pied. f{1 tentacules. C'est d'abord un épaississement, qui se transforme en une invagination destinée à sécréter la coquille. Quant au pied, il apparaît sous la forme d'un fort épaississement ventral. L'orifice restant du blastopore est en rapport avec la cavité intestinale. L'autre orifice, anus ou bouche, apparaît plus tard, et complète ainsi le tube digestif ; l'anus et la bouche sont d’abord placés dans le plan de symétrie. Du stade trochosphère, la larve passe au stade véligère. L’invagination coquillère se déploie au dehors, et ses cellules sé- crètent une coquille. Les teguments dor- saux se reploient en se portant vers la tête pour former le manteau. Mais l’accrois- sement de la coquille et du manteau se fait inégalement, d’où résulte la torsion de l’animal et par suite son assymétrie ; c’est dans la cavité palléale que se développe l'appareil respiratoire. Quant à 178 LES MOLLUSQUES la région qui porte les cils vibratiles, elle se soulève pour constituer le voile : c'est un organe bilobé qui sert à la locomotion de la larve, et sur lequel se forment les tentacules et les yeux. Le pied est ordinairement très grand : presque toujours sa partie postérieure séicrète un opercule, même quand celui-ci n’existe pas à l'état adulte. C’est au-dessus du pied que se forment les otocystes. Les ganglions cérébroïdes se forment par un épaississement ectodermique aux dépens du voile. Les ganglions pédieux se forment dans le reste de la trochosphère. La plupart des larves présentent dans leur région antérieure deux organes excréteurs offrant une analogie remarquable avec les organes segmentaires des Vers. Ce sont des tubes renflés en leur milieu, s’ouvrant d’une part au dehorset d'autre part dans la cavité générale par un pavillon cilié. Les organes de Bojanus définitifs se développent de la même manière mais à la partie postérieure du corps: les organes segmentaires larvaires disparaissent chez l'adulte. Le mésoderme se divise en trois amas : un céphalique, un pédieux et un péricardique. Les deux ‘premiers se délaminent pour former la cavité générale céphalo-pédieuse ; le troisième forme au début une sphère qui en s'invaginant en elle-même forme au milieu une vésicule, le cœur proprement dit, et tout autour une vésicule close, le péricarde. On a découvert chez quelques espèces un cœur larvaire antérieur. Par ces différents faits, on voit que les Gastéropodes sont constitués par deux segments, etnon par un seul, comme on pourrait le croire par l’orga- nisation de l'animal adulte. Le premier segment comprend l'amas méso- dermique céphalique, les reins larvaires, le cœur larvaire, les ganglions cérébroïdes. Le deuxième segment comprend l’amas mésodermique pédieux, les reîns définitifs, le cœur définitif et les ganglions sous-æsophagiens. Comme cas particuliers, 1l faut citer chez les Pulmonés la réduction très grande du voile chez les Pulmonés aquatiques, et sa disparition presque complète chez les Pulmonés terrestres. Au contraire, chez les Hétéropodes, le voile est très développé: chez l’Atlanta 11 possède six lobes. Chez les Opisthobranches, il y a souvent un œil larvaire anal. ss CHAPITRE IX 5° Classe L | HN _ 0 7 PTÉROPODES Les Ptéropodes sont des animaux pélagiques qui, à part la forme spé- ciale de leur pied qui affecte l’apparence de deux ailes, ont peu de carac- tères spéciaux. Aussi se manifeste-t-il une forte tendance à ne pas les élever au rang d’une classe, mais à les faire rentrer dans celle des Gasté- ropodes. Les Ptéropodes se présentent sous deux formes spéciales: celle des Thécosomes et celle des Gymnosomes. Les formes de ces deux groupes sont tellement différentes l’une de l’autre qu'il est indispensable d'étudier deux types pris chacun dans l’un de ces groupes. Nous allons étudier la Clio borealis, comme type du Gymnosome, et l’Zyalæa tridentata, comme type de Thécosome. PREMIER TYPE CLIO La Clio borealis vit en quantités immenses dans les mers froides. C’est elle qui constitue la principale nourriture des baleines. C’est un animal pélagique dont le corps est limaciforme et divisé par un étranglement transversal en deux régions: l’une antérieure, arrondie, la tête ; l’autre se terminant en pointe, le corps proprement dit. En regardant l'animal par la face dorsale, on voit en avant la bouche, et de chaque côté deux tenta- cules allongés; en arrière de ceux-ci on voit encore deux tentacules beaucoup plus petits portant les yeux. Le corps porte latéralement deux expansions lamellaires qui permettent à l'animal de voler dans l’eau, comme le fait un papillon dans l’air. C’est de la présence de ces deux ailes que vient le nom de Ptéropodes. Scoresbry dit que la Clio nage en por- tant les extrémités de ses nageoires presque au contact, d'abord d’un côté et ensuite de l’autre. Brugnière dit que son mode de natation consiste à rapprocher les deux nageoires pointe contre pointe, et à les écarter hori- MOLLUSQUES. 13 180 LES MOLLUSQUES zontalement sur une ligne droite, avec la plus grande célérité. La face Fic. 243. — Clio, vue par la face dorsale. Z bouche contractée. T° tentacules. £ tentacules oculaires. À ailes. V région viscérale. C région cavitaire. Fic. 244. — Clio, vue par la face ventrale. P propodium. 47 métapodium. #' orifice mâle. Æ orifice femelle. A anus. 2 orifice bojanien. € bouche. | dorsale du corps n’est pas uniforme, elle présente deux teintes : l’une anté- FiG. 245. — Clio, bouche, vue de face. Gastéropodes. Ce une petite expan- Si Er: sion charnue, apla- 27 7 deux parties : l’une plus grande, bilobée, paraît cor- respondre au propodium ; l’autre postérieure, plus PTÉROPODES 181 rieure représente la place des viscères, l’autre postérieure représente une vaste cavité interne où le liquide cavitaire vient respirer. + Retournons la Clio et examinons-la par la face ventrale. Nous verrons de suite, juste en arrière de la tête. tie de haut en bas, qui représente évi- demmentle pied des pied est divisé en FiG. 246. — Clio. Schéma du | petite, quadrangulaire, paraît correspondre au méta- système nerveux. C gan- : à 3 glions cérébroïdes, P gan- podium ; quant au mésopodium, ce serait lui qui glions pédieux. Z ganglions pleuraux. V ganglions vis- constituerait les ailes, à moins que celles-ci ne cor- céraux. SG stomatogastri- respondent aux parapodies des Opisthobranches. A que. part la bouche, tous les orifices sont à droite (c’est-à-dire à gauche quand De à QE Ÿ nt 2 né LE, Fi. 247. — Clio. Appareil repro- ducteur. 4 glandes hermaphrodites. VS vésicule séminale. Orif orifice sexuel. on examine la face ventrale). En avant du pied se trouve l’orifice mâle. Vers le milieu du corps est placé l’anus, ayant à côté de lui l'ori- fice bojanien, et en avant l’orifice femelle. L'orifice buccal est tout à fait en avant, entouré, lorsqu'il est en extension, de six digitations allongées, convergentes l’une vers l’autre, de grandeurs différentes. Les tentacules ont un aspect verruqueux. Elles sont couvertes de petits tubercules ponc- tués, granuleux. On a cru que c’étaient des ventouses. Mais il n’en est rien. Les parties Fic. 248. — Clio. Appareil excitateur mâle. surélevées de l’épithélium sont recouvertes d’un plateau criblé de trous, au-dessous desquels vont déboucher les conduits évacuateurs de nom- 182 LES MOLLUSQUES breuses glandes mucipares sécrétant un liquide filant. Entre elles on trouve de nombreuses cellules sensitives remarquables par leur grande taille. Tuse picestir. — La bouche est entourée par des organes préhensiles très puissants. Ce sont des mandrins chitineux couverts de dents mobiles et munis de muscles spéciaux qui les font mouvoir. Dans la bouche elle-même il y a une petite M radula ne jouant pas un très grand rôle dans la masti- 9 cation. L'œsophage qui descend conduit dans un esto- mac couvert de petites évaginations formées de cellules hépatiques ; le foie est diffus. Il en part un intestin qui Fic. 240. — Schéma d'une Va S Ouvrir à droite de la face ventrale. ii ko _ SYSTÈME NERVEUX. — Il est très simple : deux gan- glions cérébroïdes volumineux, assez éloignés l’un de l’autre, deux petits ganglions pédieux, deux ganglions pleuraux, le tout FiG. 250. — Clio, face ventrale. Schéma de l’organisation. 7 tentacule. Æ crochets préhenseurs. N œsophage. Æ£ estomac et diverticules hépatiques. Z intestin. ÆB organe de Bojanus. € cœur. V vésicule séminale. GH glande hermaphrodite. A aorte. À lacune cavitaire. formant le triangle latéral. Des ganglions pleuraux partent deux connectifs PTÉROPODES 183 allant se jeter dans deux petits ganglions viscéraux. Le stomatogastrique ne présente rien de particulier. Du ganglion pédieux part un nerf qui va innerver les ailes ; celles-ci sont donc bien d’origine pédieuse. Du ganglion cérébroïde partent des nerfs pour les petits tentacules posté- rieurs qui portent à la fois l'appareil oculaire et l'appareil olfactif. ORGANE ExCRÉTEUR. — L’organe de Bojanus est situé près de l'estomac et s'ouvre au voisinage de l’anus. APPAREIL CIRCULATOIRE.— Le Cœur présente son oreillette béante en arrière et son ventricule en avant. De celui-ci part une aorte qui se distribue aux viscères, aux ailes et à la tête. Le sang tombe dans les lacunes interorganiques, et se rassemble dans une grande lacune qui occupe toute la partie postérieure De ONE Ci ali du corps. La paroi de cette lacune est très épaisse et creusée de nombreux sinus. C’est dans ces sinus que le sang passe, y respire et est ramené de là dans l'oreillette. APPAREIL REPRODUCTEUR. — La glande hermaphrodite émet un canal qui vient se jeter dans une glande vésicule copulatrice, laquelle s'ouvre en avant de l’anus. L'appareil copulateur mâle est très éloigné de cet appareil. Il consiste en un pénis bifide : l’une des branches de bifurcation est épaisse et creusée d'une cavité s’ouvrant au dehors ; l’autre partie est très allongée et terminée à son sommet par une partie renflée et percée d’un orifice qui conduit dans un très long canal qui pénètre dans le corps, et se termine en cul-de-sac. Tout cet appareil mâle est complètement clos et n'a pas de rapport avec la glande hermaphrodite. On croit que la fécondation exige le concours de trois individus. Un premier animal accumule ses spermatozoïdes dans sa vésicule séminale. Un second vient les y puiser, grâce à un appareil copulateur mâle, et va les porter à un troisième individu qui joue le rôle de femelle. Mais le fait est tellement bizarre qu’il demande encore à être confirmé. Les œufs sont pondus sous forme de longs cordons qui flottent à la sur- face de la mer. DEUXIÈME TYPE ” HYALŒA L’hyalæa tridentata (Cavolinia tridenta de quelques auteurs) vit dans les mers chaudes et tempérées. Sa constitution diffère sous de nombreux rap- 184 LES MOLLUSQUES ports de celle du type précédent. Une première différence à noter est que la plus grande partie du corpsesticirenfermée dans une coquille mince transpa- M Fic. 252. — Hyalæa. Schéma de la coquille vue par la face ventrale, AZ orifice médian, Z orifices latéraux. rente. Cette coquille est formée d’une seule partie globuleuse. Elle a la forme d’un cône aplati, dont les deux faces bombées parallèles se seraient prolon- gées en expansions arrondies à peu près de même grandeur. La valve dorsale est cependant un peu plus bombée et plus longue. Ces deux expansions sont en outre réunies entre elles par deux ponts qui divi- sent ainsi l'ouverture en trois orifices, un médian et deux latéraux. Par celui du milieu sort la partie antérieure de l'animal. Par les deux autres sortent deux appendices peu importants. L'animal est beaucoup moins FiG. 253. — Hyalæa. Schéma de la coquille vue latéralement. face dorsale. V face ventrale. M orifice médian. Z orifice la- téral droit. gros que la coquille. Il est ap- pliqué par sa face dorsale à l’une des valves, et son extré- mité céphalique sort par l’ou- verture médiane de la coquille. Le reste de la cavité de la co- quille est occupé par une cavité palléale, limitée dorsalement par le corps même de l’animal et ventralement par le manteau qui tapisse toute l’autre valve de la coquille. Ce sont les bords de ce manteau qui passent par les orifices latéraux de la co- quille, et constituent deux pro- longements qui, pense-t-on, jouent le rôle de balanciers. Remarquons que la cavité pal- Fic. 254. — Hyalæa. Coupe théorique longi- tudinale antéro-posté- rieure. Æ"D face dor- sale. FV face ventrale. V viscères. A ailes P cavité palléa!le. A7 man- teau. C coquille. léale est ventrale comme celle des Céphalopodes. La bouche, qui est placée à la partie antérieure de la tête, est entourée par trois prolongements : l'un ventral, tout petit, est le pied ; les deux laté- titue une masse compacte, munie PTÉROPODES 185 raux, beaucoup plus grands, lobés, constituent les aïles. Maïs ces trois parties ne sont pas distinctes les unes des autres. Ce sont trois lobes d’un même organe. Ici la D C x : ro a tête n’est pas distincte LL GE du reste du corps, 277772 < comme chez la Clio. M P Fr6, 255. — Hyalæa. Coupe théorique transversale de l'animal. Mêmes bouche, dont nous ve- lettres que dans la fig. 251. : : nons de voir la posi- tion, donne accès dans un pharynx non renflé contenant une radula peu développée. Il n’y a pas de glandes salivaires. L'œsophage rectiligne aboutit à un estomac tapissé en partie par quatre plaques chitineuses masticatrices. Ici le foie n’est pas diffus ; il cons- FV Tuse picEesTiIF. — La Fic. 256. — Hyalæa tridentata. d’une sorte de vésicule biliaire qui se jette dans l'intestin tout près de l'estomac. L'intestin décrit une circonférence dans laquelle est englobé le foie, qui vient déboucher à l’anus placé à gauche dans la cavité palléale. Brancnie. — Contrairement à ce qui avait lieu chez la Clio, nous trou- Fic. 257. — Hyalæa. Bouche vue de face (B). A ailes. P pied. A ( N Ty Fig. 258. — Hyalæa. Schéma du système nerveux vu sur la face ventrale (A) et de côté (B). GP ganglions pédieux. GZ ganglions pleuraux. GV ganglion viscéral. GC ganglions cérébroïdes. Æ commissure dorsale. vons ici une branchie. C’est un épaississement de la face dorsale de la cavité palléale. Elle a la forme d’un fer à cheval à concavité supérieure et est couverte de nombreux cils vibratiles; mais elle n’est pas comparable aux vraies branchies des Gastéropodes. 186 LES MOLLUSQUES ExcrétTion. — Le corps de Bojanus a la forme d’un croissant situé en Fic. 259. — Hyalæa schématique, vue couchée sur le dos, le manteau enlevé.ÿX bouche. SN système nerveux. ÆE estomac. FÆ foie. À anus. Br branchie, P péricarde. Z corps de Bojanus. arrière des viscères. Il s’ouvre d'une part dans le péricarde et de l’autre dans la cavité palléale. SYSTÈME NERVEUX. Er — Les ganglions ner- veux sont tous situés à la face ventrale, Mais I ganglions nes Fi6.261.— Æyalæa. Radula. broïdes sont réunis entre eux par une longue commissure qui passe par-dessus l’œsophage. Dans l’amas de ganglions ventraux (fig. 258) on peut y reconnaître assez facilement des ganglions pédieux presque fusionnés, les ganglions pleuraux et les ganglions asymé- triques viscéraux. Musczes. — Les fibres musculaires qui Le ÉD Nr DANS du nt constituent les ailes se réunissent entre elles are qu Eu PR en un seul faisceau, le muscle columellaire, eule copulatrice. qui va se lixer au fond de l’appendice médian et postérieur de la coquille qu'il remplit complètement. . | PTÉROPODES 187 ORGANES DES sENs. — Les yeux forment deux petites taches pigmen- taires de chaque côté du cou. Ilexiste deux otocystes. L’organe de Spengel paraît représenté par une ligne ciliée qui occupe le côté droit de la cavité palléale. APPAREIL CIRCULATOIRE. — L'oreillette largement béante reçoit le sang de la branchie. Le ventricule est en avant d'elle, et émet une artère viscé- rale et une aorte. ORGANES GÉNITAUX. — L’Hyalœa est hermaphrodite. L’orifice sexuel vient s’ouvrir à la face dorsale de la base de l’aile droite. La glande herma- phrodite denne un canal qui va se jeter dans une grosse vésicule, l'utérus, qui s'ouvre au dehors et qui émet un long tube terminé par une vésicule copulatrice. Il existe en outre un pénis dévaginable, sans relations aucunes avec le système précédent, et qui se trouve sur la face dorsale du cou. CARACTÈRES GÉNÉRAUX Comme il est facile de le voir par la comparaison des deux types que nous venons d'étudier, les caractères anatomiques des Ptéropodes sont peu constants. Ce sont cependant toujours des animaux marins, menant une vie pélagique. Leur corps présente ou non une tête distincte, le man- teau existe ou fait défaut. Les uns sont nus; les autres, pourvus d’une coquille tantôt droite, tantôt enroulée en spirale. La bouche est souvent pourvue de bras, de tentacules munis de ven- touses. Toujours il y a une radula. La branchie manque ordinairement. Le système nerveux rappelle celui des Opisthobranches, c’est-à-dire qu il est assez concentré et orthoneure. Ils sont toujours hermaphrodites. Les orifices mâle et femelle sont éloignés l’un de l’autre. Enfin leur principal caractère est d’avoir deux ailes d’origine pédieuse, servant à la natation. On peut donc résumer ainsi les caractères généraux des Ptéropodes : 1° Marins, pélagiques ; 2° Deux ailes pédieuses ; 3° Hermaphrodites ; 4 Système nerveux condensé. 188 LES MOLLUSQUES DÉVELOPPEMENT La segmentation du vitellus se fait de la même façon que chez les Gasté- ropodes. L’embryon qui en résulte ressemble beaucoup à celui des Gasté- ropodes marins. mouvements de Fic. 262. — Larve se- condaire de Pneu- modermon. tiles (fig. 262). O entre le voile et Comme chez ces animaux aussi il présente dans l’œuf des rotation. De très bonne heure dans cette larve se manifeste une asymétrie marquée qui s'efface plus ou moins plus tard. Il existe une petite coquille ainsi qu'un petit oper- cule. Le pied se développe par une protubérance ventrale qui ne tarde pas à se développer en deux ailes latérales, pendant que le voile larvaire s’atrophie et que la coquille larvaire avec son opercule tombe pour être ou non rem- placée par une coquille définitive. Chez les Thécosomes (Æyalæa) la larve se transforme directement en animal adulte. Mais, chez les Gymnosomes (Clio), après le stade véligère, il y a une deuxième forme larvaire caractérisée par plusieurs circonférences transversales de cils vibra- rdinairement il y a trois de ces couronnes ; une est placée le pied, et les deux postérieures sur la partie postérieure allongée du corps. La dernière couronne persiste quelquefois chez l'adulte. CLASSIFICATION On divise, avec de Blainville, les Ptéropodes en deux ordres, les Thé- cosomes et les Gymnosomes. Les caractères de ces deux groupes sont tellement différents l’un de l’autre que nous croyons devoir les mettre en regard. THÉCOSOMES GYMNOSOMES 1° Une coquille A IR 1° Pas de coquille. 2 ne" cavité palléale eee 0 2 Pas de cavité palléale. J Pas dertéte distincle PRE Ce 3° Une tête distincte. 4° Pied et ailes presque confondus. 4° Pied et ailes très nettement dis- tincts. 5° Ailes autour dela bouche..." 5° Aïles éloignées de la bouche. 6° Radula à trois dents. .......... 6° Radula à beaucoup de dents. | PTÉROPODES 189 THÉCOSOMES (suite) GYMNOSOMES (suite) a 7° Pas de tentacules à crochets ou 7° Des tentacules à crochets ou à EME... ........... ventouses. 8° Estomac armé de plaques. ..... 8° Estomac inerme. DoIe distinct... |.............. 9° Foie diffus. 10° Anus à gauche (sauf Zimacina).. 10° Anus à droite. 11° Ganglions cérébroïdes rejetés à Epiéetventrale. ....:......... 11° Ganglions cérébroïdes dorsaux. 12° Une forme larvaire............ 12° Deux formes larvaires. Voyons maintenant les principaux genres de ces deux ordres. 4° Thécosomes Hyazœa. — Nous la connaissons déjà. CLsopora. — À une coquille prismatique, sans fentes latérales (fig. 160). Creseis. — Remarquable par sa coquille très allongée, aciculée. Les FiG. 263. — Cleodora Pyrami- Fic. 265. — Limacina Antarc- data. Fic. 264. — Creseis Acicula. tica. Creseis forment des bancs immenses, qui se montrent à la surface de la mer vers le déclin du jour (fig. 264). ConuLariA. — Les Conulaires sont des animaux qui ont vécu pendant les temps siluriens (Conularia pyramidata du silurien moyen). Ce sont les géants des Ptéropodes ; on en a trouvé un exemplaire atteignant une longueur de 40 centimètres, alors que les Ptéropodes actuels atteignent au plus 2 centimètres. La coquille est droite, de forme pyramidale. Chaque face du test porte une carène longitudinale et des stries fines transversales. Chez quelques espèces l'extrémité postérieure est légère- ment courbée. | Limacina. — La Limacine (fig. 265) est enfermée dans une coquille turbinée, 190 LES MOLLUSQUES sénestre. L'organisation interne rappelle celle d'un Gastéropode. La cavité palléale est dorsale. Les orifices génitaux s'ouvrent à droite. Le corps de Bojanus s'ouvre au fond de la cavité palléale. L'animal est pourvu d’un lobe operculigère. Il y a un appendice du manteau ressemblant à un siphon et servant de balancier. Les Limacines vivent en bancs à la surface de la mer. On les voit appa- raître en automne dans les parages du Groënland où ils servent de nour- riture à de grands cétacés à fanons. CyusuLra. — Les Cymbulées sont des animaux d’assez grande dimen- sion et d’un aspect très curieux, qui rappelle celui d’une pantoufle de cristal. La coquille cartilagineuse transparente est en forme de pantoufle, cou- verte de tubercules pointus. Cette coquille est entièrement recouverte par un repli du manteau ; elle peut être considérée comme un simple épaissis- sement de cet organe. La cavité palléale s'ouvre en arrière. Elles nagent dans une position renversée. TrEDEMANNA. — Possède des chromatophores. TenracuriTes, Hyozires. — Fossiles primaires. 2° Gymnosomes Czro. — Nous l'avons déjà étudiée. Tricaocyczus. — Ressemble à une Clio, mais possède trois cercles de cils entourant le corps. Une trompe. PNEuMoDERMA. — La forme générale du corps rappelle celle d’une Clio (fig. 263). Mais il y a plusieurs points à signaler. Le corps se termine par une sorte de branchie à quatre rayons. Sur le côté droit du corps on voit une petite saillie que l’on considère comme un manteau rudimentaire. Outre les tentacules ordinaires, il y a deux longs tentacules portant un grand nombre de ventouses pédiculées rappelant celles des Céphalopodes. Entre ces tentacules et la bouche, 1l y a des tentacules rétractiles couverts d’épines, ressemblant à une tête d'Échinorhynque. DexioBrAncHœA. — [l y a des ventouses à la fois sur les tentacules et sur le bord de la bouche (fig. 267). AFFINITÉS Les premiers auteurs qui s’occupèrent des Ptéropodes, et parmi eux Cuvier, Gegenbaur et bien d’autres, les mirent tout à côté des Céphalo- PTÉROPODES 191 podes, loin des Gastéropodes. Ils se basaient surtout sur la présence de ventouses chez quelques types, et sur la position de la cavité palléale qui est ventrale chez les Hyales. Mais nous avons vu, d’une part, que les ven- touses manquent le plus souvent; ce ne serait d’ailleurs pas un caractère suffisant pour légitimer le rapprochement en question. D'autre part, la cavité palléale est bien ventrale chez l’Æyalæa, mais elle est dorsale chez la Limacina, et s'ouvre en arrière chez les Cymbulia. Il n’y a rien à tirer de ce caractère. [l n’y a donc aucun rapprochement à faire avec les Céphalo- podes. Au contraire, les rapports entre les Ptéropodes et les Gastéropodes sont beaucoup plus intimes. C’est Souleyet qui, le premier, a insisté sur ce rapprochement. Les Limacines, en effet, ont absolument l’organisation d'un Gastéropode, et, n'était leur pied biramé, on les placerait parmi ces derniers : même coquille turbinée, même position de l’orifice anal et de l’orifice TL Fic. 266. — Schéma de Pneumoderma. Fic. 267. — Dexiobranchæa. bojanien, etc. D'autre part, l’'embryogénie ne nous a pas montré de caractères bien différents de ceux des Gastéropodes, tandis qu’elle est très différente de celle des Céphalopodes. Il y a donc moins de distance entre les Gastéropodes et les Ptéropodes qu'entre les Gastéropodes et les autres classes de Mollusques. Aujourd'hui même on veut supprimer la classe des Ptéropodes et la faire rentrer dans celle des Gastéropodes. C'est peut-être un peu exagéré, vu la constance de la forme de leur pied, vu aussi l'ancienneté du groupe (Silurien). Ce point étant établi, de quels Gastéropodes faut-il les rapprocher ? Là il n'y a pas de doute : leur hermaphrodisme les rapproche des Opistho- branches et des Pulmonés. Mais c'est évidemment des Opisthobranches qu'iis se rapprochent le plus par leur coquille, à absence très variable, leur 192 LES MOLLUSQUES gésier armé de plaques chitineuses, leur foie tantôt diffus, tantôt compact, leurs branchies, leur système nerveux concentré, leurs parapodies. Il semble même que les Ptéropodes représentent une forme pélagique des Opisthobranches, comme les Hétéropodes représentent une forme pélagique des Prosobranches. 11 semble même que les Ptéropodes Gymnosomes doivent être rapprochés des Opisthobranches Nudibranches, et les Ptéro- podes Thécosomes des Opisthobranches Tectibranches. et à ie de. CHAPITRE X 4° Classe CEPHALOPODES Les Céphalopodes se laissent diviser très naturellement en deux ordres, les Tétrabranchiaux, exemple le Nautile ; et les Dibranchiaux, ceux-ci se divisant en deux ordres, les Octopodes, exemple le Poulpe, et les Déca- podes, exemple la Seiche. Nous allons d’abord étudier avec soin la Seiche (Sepia officinalis), puis nous lui comparerons le Poulpe (Octopus vul- garis), puis le Nautile (Nautilus pompilius). Ces trois types une fois connus, nous chercherons les caractères généraux du groupe, nous décrirons leur développement, puis nous traiterons de leur classification. ÉTUDE DE LA SEPIA OFFICINALIS La Seiche est un animal fort connu sur nos côtes. Il abonde dans les prairies de zostères et les pêcheurs en ramènent plus souvent qu’ils ne le désirent dans leurs filets. C’est donc un animal que l’on peut facilement se procurer et étudier. EXTÉRIEUR Le corps de la Seiche se fait remarquer immédiatement par sa division bien nette en deux parties par une région étranglée, le cou ; c’est en avant la tête, en arrière le corps proprement dit. La tête est volumineuse et porte latéralement deux gros yeux qui res- semblent étrangement à des yeux de Vertébrés, des yeux de poissons par exemple. La tête porte à sa partie tout à fait antérieure une bouche, entou- rée par une lèvre charnue, et de laquelle on voit saillir un organe brunâtre _ que l'on ne peut mieux comparer qu'à un bec de perroquet, se mouvant dans le sens vertical : ce sont les mâchoires. La bouche est entourée par huit bras charnus devenant de plus en plus étroits de la base au sommet, 194 LES MOLLUSQUES et portant sur toute la surface qui regarde la bouche un grand nombre de petites ventouses arrondies et pédiculées. Les bras de la face dorsale sont un peu plus grands que les bras de la face ventrale : ils affectent donc dans leur ensemble une symétrie bilatérale. Pour les distinguer les uns des autres, on est convenu d'appeler bras I les deux bras les plus dorsaux, F1c. 268. — Schéma d’une Seiche vue latéralement. F1G. 269. — Seiche. Extrémité du bras tentaculaire. puis en descendant vers la face ventrale, bras Il les deux bras suivants, bras III, bras [V. Ces derniers sont donc les plus ventraux (fig. 268). Si l’on regarde entre les bras III et IV de chaque côté de la bouche, on voit deux larges invaginations de chacune desquelles on peut retirer un long appendice cylindrique, élargi à son extrémité libre, et portant sur la face interne de celle-ci un grand nombre de petites ventouses pédiculées sem- blables à celles des autres bras (fig. 269). C’est ce qu’on appelle les bras tenta- culaires ; leur longueur est plus grande que le corps tout entier. L'animal au repos les tient enfermés dans leur poche, mais, dès quil aperçoit une proie, il darde sur elle ses bras tentaculaires qui la frappent et la ramènent à la bouche. Les huit bras ordinaires ajoutés aux deux bras tentaculaires font en tout dix bras : c'est la caractéristique du groupe des Décapodes auquel appartient notre animal. Le corps proprement dit de la Seiche se fait remarquer d’abord par deux replis des téguments, qui occupent le bord droit et le bord gauche er venant presque se rejoindre à la face postérieure. C’est au moyen de ces tr | CÉPHALOPODES 195 deux nageoires que l'animal progresse lentement dans l’eau.Ces nageoires divisent le corps en deux parties, l’une dorsale, l’autre ventrale, qu’il est nécessaire d'étudier successivement. La face ventrale (fig. 268) montre en avant une large fente transversale qui conduit dans une vaste chambre: le repli qui la limite ventralement est le manteau, la cavité est la cavité palléale. Celle-ci est ventrale, tandis que chez les Gastéro- podes elle était dorsale. La ca- vité palléale est divisée en deux parties par une bande muscu- laire longitudinale médiane qui réunit le manteau au reste du corps. Le bord antérieur du manteau recouvre en partie un autre organe musculeux, co- nique, qui se prolonge jusque sous la tête de l'animal. Cet organe conique est creux, et sa cavité s'ouvre d’une part en avant, d'autre part en arrière dans la cavité palléale : c'est ce qu'on appelle l’entonnoir, allu- sion parfaitement exacte à sa forme et à ses deux ouver- tures. Cet organe possède sur sa face ventrale deux sortes de crochets musculo-cartilagi- neux qui peuvent s’accrocher à deux saillies analogues de la face interne du manteau ;,lorsque cette adhé- rence a lieu, on voit que la cavité palléale ne peut plus guère communi- quer qu'avec celle de l’entonnoir. A l’état ordinaire le manteau se dilate etse contracte successivement comme s’il présentait des mouvements d’ins- piration et d'expiration. Par ce fait l’eau pénètre par la grande fente palléale antérieure eten sort avec la même facilité. Ces allées et venues de l’eau dans la cavité palléale sont destinées à renouveler l’eau qui entoure les organes respiratoires placés dans cette cavité. Mais, lorsque l’anir al est inquiété, il remplit fortement d’eau sa cavité palléale, puis produit l’adhérence du siphon avec l’entonnoir et contracte brusquement son manteau. L'eau ne peut plus alors sortir que par l’oritice étroit de l’entonnoir. Il en résulte une force très grande en sens inverse de la sortie de l’eau, et l’animal est F1G. 270. — Seiche, vue par la face ventrale. B bras. 7 tête. Y yeux. Æ entonnoir. N nageoires. 7’ bras tentaculaires. P flèche entrant dans la cavité palléale. MOULLUSQUES, 14 196 LES MOLLUSQUES brusquement rejeté en arrière : c'est un moyen très efficace pour échapper à ses ennemis. Ajoutons que dans l’entonnoir se trouve une valvule qui empêche l'entrée de l’eau par sa cavité. Coupons la bande musculaire médiane qui réunit le manteau au corps, et fendons ensuite le manteau surla ligne médiane,puis rejetons-en les lambeaux à droite et à gauche (fig. 271). Nous pourrons alors examiner les organes et les orifices qui sont placés dans la cavité palléale. Nous verrons d’abord S SR SE Es SR ANS à SSS NAS Fi. 271. — Seiche. Schéma de la face ventrale, le manteau fendu sur la ligne médiane. T tête. Æ enton- noir. MV masse viscérale. Br branchies. AN anus et orifice de la poche à encre. U orifices urinaires. G orifice génital. au milieu la masse viscérale recouverte par une bande assez mince. Celle-ci est en outre réunie au manteau par deux piliers musculaires latéraux. A la partie postérieure, à l’angle que fait la masse viscérale avec le manteau, on voit deux grandes branchies. Sur la ligne médiane, un peu au-dessous de l’entonnoir, s'ouvre l'anus, bordé par de petites aïlettes et dans lequel on peut voir déboucher la poche du noir. De part et d'autre de lui, mais un peu en arrière s'ouvrent les orifices urinaires. C’est un peu en arrière de l'orifice urinaire gauche que se trouve l’orifice sexuel mâle ou femelle suivant les cas. Examinons maintenant la face dorsale. Tout de suite nous sentons au dessous la place d'un corps très dur qui vient même faire saillie en avant, au-dessus du cou. Si nous fendons la peau, nous tombons dans une cavité CÉPHALOPOPES 197 occupée par la coquille, que nous pourrons retirer sans difficulté. Cette coquille au début est externe, mais il se forme un repli des téguments qui finit par la recouvrir entièrement, en se soudant par tout son pourtour. La coquille est donc en réalité externe, mais secondairement elle est devenue interne. Maintenant que nous connaissons les principaux traits de l’organisation externe, étudions les uns après les autres les différents appareils. TÉGUMENTS 1 La peau est molle et contractile. S1 l’on en fait une coupe transversale !, on voit qu’elle est composée de | deux couches: l’une épidermique, formée d’une seule assise de cellules cylin- driques terminées par un mince plateau cuticulaire (fig. 272), et un peu rami- fiées par leur base, l’autre dermique, essentiellement formée de tissu con- jonctif auquel s’ajoutent un certain nombre de nm fibres musculaires. En CSPEE FE. C outre,au-dessous de l’é- LC LOS RAS … 1j | F16. 272. — Cellulesépidermiques piderme on voit une VE SSS couche de cellules dites chromatophores et au dessous une couche d'iri- docystes (fig. 273). Les iridocystes sont des cellules conjonctives en forme de paillettes très minces, finement Shnées-C'est grâce à eux que la peau présente M5 275." Seiche. Coupe schéma. tique de la peau. Æ épiderme. C des reflets chatoyants si remarquables chez les Couche des Chromatophores. Z cou h che des Iridocystes, D derme. 47 Seiches et surtout chez les Sépioles. DU US i : versalement. S canal sanguin. Mais les parties les plus intéressantes de la peau sont certainement les chromatophores et les phénomènes auxquels ils donnent lieu. , Lorsqu'on vient à toucher une Seiche au repos, on voit immédiatement, avec la rapidité de l’éclair, la couleur de sa peau changer de teinte. C'est en effet une propriété qu'ont les Céphalopodes de pouvoir changer la cou- leur de leur peau et, chose remarquable, de faire concorder cette teinte avec celle du milieu dans laquelle ils se trouvent : c'est un de ces phénomènes d'adaptation que l’on désigne sous le nom de mimétisme ?. Si l'on met une Seiche sur un fond vivement éclairé, on la voit prendre une teinte claire. . cum fl ds athe. ‘AR 1 P. Giro, Recherches sur la peau des Céphalopodes (Arch.de zool. exp., 1883 et 1884). 2? H. Couri, Le Mimétisme (Revue encyclopédique, 1892, n° 31). 198 LES MOLLUSQUES Si au contraire on la met à l'ombre, elle prend une teinte foncée. Cela est évidemment destiné à protéger l'animal contre ses ennemis qui ne peuvent guère l’apercevoir grâce à la similitude de sa teinte avec celle de son milieu. Ce qui montre bien qu'il en est ainsi, ce sont les phénomènes qui se produisent lorsque l'animal est attaqué de très près. Nous étudierons plus loin une glande qui sécrète une matière noire en grande abondance. Lors- qu'on cherche à saisir l'animal, il lance autour de lui un nuage noir qui l'enveloppe complètement; en même temps il prend une couleur noire, de telle sorte qu’il est impossible \ de le distinguer au milieu de | | | son nuage. Les Seiches profitent | J alors de leur ruse pour s’éloi- gner au plus vite, et prennent la couleur claire du sable sur le- quel elles reposent. Elles échap- pent ainsi facilement à leur en- nemi. De même que le visage humain pâlit ou rougit par la colère, on voit les Seiches et autres Cépha- lopodes pâlir ou devenir plus fon- cés par la colère. Tous ces changements de colo- ration sont dus aux chromato- phores ‘fig. 274). Ceux-ci sont des cellules arrondies à contenu pigmentaire bien abondant, ca- Fic. 274. — Un Chromatophore. Phase de contraction chant même le noyau. Elles sont (Sepiola). CG cellule conjonctive. FR faisceau radiaire. EI espaces interfasciculaires. CB cellule basilaire. CP Timitées par une membrane très cellule pigmentaire. mince, de laquelle on voit partir en rayonnant des faisceaux extrêmement fins dont la nature n’est pas encore bien connue. Les uns les considèrent comme d’origine conjonctive, les autres comme musculaires ; d’autres enfin, comme de simples pro- longements protoplasmiques de la cellule elle-même. Tout autour de la cellule, à la base des faisceaux, on voit aussi de petites cellules dites cellules basilaires, dont le rôle est inconnu. Quoi qu'il en soit, la cellule centrale peut changer de forme, grâce à la contraction des faisceaux radiaires. À l’état ordinaire la cellule occupe le minimum de volume pos- sible, ce qui fait qu'à l'extérieur la peau prend une teinte pâle. Au con- raire, si les faisceaux se contractent, la cellule s'étale en une plus grande surface, et par suite une plus grande quantité de pigment devient visible à CÉPHALOPODES 199 travers l’épiderme, ce qui a pour effet de donner une teinte foncée. On pourrait comparer ce phénomène à celui d’une gouttelette d'huile que l’on dépose sur du papier : on commence par ne pas l’apercevoir, mais, lorsqu'elle s'étale, elle devient très visible. On voit que la phase de décoloration est un phénomène passif qui cor- respond à la paralysie des fibres radiaires, tandis que la teinte foncée de la peau est due à l'expansion des chromatophores et correspond à la phase d'activité ou d’excitation des muscles dilatateurs des petits sacs à pigment (Frédéricq). Nous empruntons à Frédéricq les lignes suivantes quiont trait à l’action du système nerveux sur les chromatophores. Ici en effet les changements de coloration sont sous la dépendance du système nerveux central. Il suffit de la section du nerf qui se rend aux muscles des chromatophores pour paralyser ces derniers, pour amener la forme passive, la phase de retrait des chromatophores. Toute la partie de la peau innervée par le nerf pâlit immédiatement et présente alors le minimum de coloration. L’excitation du bout périphérique du nerf coupé a précisément l'effet contraire. Dans ce cas, tous les chromatophores qui se trouvent sous sa dépendance sont amenés à l’état d'expansion par suite de la contraction des muscles radiés, et la partie correspondante de la peau présente le maximum de coloration. Grâce à leur situation superficielle et à leur distribution étendue, les deux nerfs palléaux (droit et gauche) se prêtent fort bien à la démonstration de ces faits. Chacun de ces nerfs, après avoir formé le ganglion étoilé, s’épa- nouit en un grand nombre de rameaux qui président à la motilité et à la sensibilité dans la moitié correspondante du manteau, et tiennent égale- ment sous leur dépendance les changements des chromatophores de cette moitié du manteau de l’animal. La section du nerf palléal paralyse les muscles de la respiration du même côté, et y abolit complètement le jeu des chromatophores. La moitié du manteau pâlit immédiatement, et il n’est plus au pouvoir de l’animal de changer la teinte claire et uniforme qui se produit alors, et qui tranche vivement avec le ton foncé de l’autre côté du corps. Si au contraire on excite avec une pince électrique le nerf palléal coupé ou le ganglion étoilé, ou, ce qui revient au même, si on le froisse avec les mors d’une pince, toute la région correspondante du manteau reprend sa teinte foncée, par suite de l'expansion des chromatophores. Le centre anatomique et physiologique de ces mouvements des muscles des chroma- tophores réside dans la masse nerveuse sous-œæsophagienne. | La contractilité des muscles dilatateurs des chromatophores peut aussi être mise en jeu, autrement que par l'intermédiaire du système nerveux ; ces muscles sont directement excitables par l'électricité, par la chaleur, par les irritants chimiques. 11 suffit de porter l'excitation électrique sur un 200 LES MOLLUSQUES endroit quelconque de la peau du manteau pour voir immédiatement cette partie prendre une teinte foncée et la garder quelque temps. Les excitants thermiques agissent également. Si l’on approche une cigarette allumée à une petite distance de la peau d’un animal mort récemment, on verraimmé- diatement s’y dessiner une tache foncée. De même une goutte d'acide nitrique au dixième, déposée sur la peau d’un animal, y produit une tache noire. Le retrait et l'expansion des chromatophores s’étudient fort bien au microscope sur des lambeaux de peau isolés que l’on dépose entre deux lames de verre. On voit tous les chromatophores de la préparation s’étaler en forme de plaque avec la rapidité de l'éclair, puis retourner à la phase de retrait avec une vitesse presque égale ; et ces changements se pro- duisent souvent pendant des heures, sans cause appréciable : c’est un des spectacles les plus attachants qu'il soit donné d'observer au microscope. On pensait autrefois que les chromatophores étaient d’origine mésoder- mique, mais M. Joubin a montré qu’il n’en était rien. Ce sont des cellules ectodermiques sous-jacentes. Les cellules basilaires sont mésodermiques. BRAS ET ENTONNOIR Chez l'adulte, les bras forment un cercle complet autour de la bouche ; ils semblent au premier abord avoir la simple signification morphologique des tentacules. Mais il n’en est rien, et, comme Huxley l’a montré, les bras des Céphalopodes représentent le pied des autres Mollusques. Cela devient presque évident par l’embryogénie. Au début ils sont assez éloignés de la bouche, et ce n’est que par un développement ultérieur qu'ils affectent la disposition circulaire que l’on voit chez l'adulte. Quant à l’entonnoir, il naît par deux parties qui se soudent ensuite. Huxley en fait l’'homologue de l’épipodium. VENTOUSES Les ventouses occupent la face interne des huit bras: elles sont dissé- minées sans ordre et ont toutes le même diamètre. On en trouve aussi sur la face externe de la palette des bras tentaculaires : là elles se font remarquer par l'irrégularité de leur diamètre. Quoi qu'il en soit, elles sont toujours pé- donculées. La ventouse (fig. 278) a la forme d'une demi-sphère creuse, dont le fond est occupé par un bouton musculeux qui joue le rôle de piston CÉPHALOPODES 201 dans la fixation. La face interne de la ventouse est tapissée d’une couche cornée qui vient faire saillie au dehors, de manière à constituer un cadre corné, denticulé sur les bords !. La masse de la ventouse est surtout cons- tituée par des muscles longitudinaux dontles plus puissants vont former le piston. Il y a aussi un sphincter à la base du Fic. 275. — Seiche. Coupe sché- Corps même de la ventouse. matique d’une ventouse. P pédi- or cule. C anneau corné. Pi piston. La cavité porte le nom de S sphincter. CA cavité acétabu- , : ne chambre acélabulaire. COQUILLE La coquille, vulgairement appelée os de la Seiche pic. 276. — Seiche. Coquitte ar D vue par la face inférieure. (fig. 276), ou encore sépion, est connue de tout le (partie chitineuse. Ca par- : : . tie calcaire. À rostre. monde : c’est elle que l’on rencontre si abondam- ment sur toutes Les plages, rejetée par le flot. C'estelle que l’on donne aux oiseaux en cage pour aiguiser leur bec. Elle est formée de deux parties, dont l’une chitineuse, la première formée, est une large plaque qui, en arrière, se termine par une petite pointe ou rostre, sorte de cavité ventrale impar- faitement chambrée. Cette coquille chitineuse est renforcée plus tard par un dépôt de lamelles calcaires formant des vacuoles contenant presque uniquement de l'azote avec très peu d'acide carbonique. La présence de ces gaz lui donne une grande légèreté. Elle sert évidemment d'appareil hydrostatique, en même temps qu’elle donne de la solidité aux organes mous de l’animal. SQUELETTE Les Seiches, comme tous les autres Céphalopodes, sont pourvues d’un appareil de soutien interne, comparable au squelette cartilagineux des vertébrés. Ce cartilage se rencontre dans la peau du dos, à la base des nageoires, dans les bras, etc. Mais c’est particulièrement autour des centres 1 Non chez la Seiche, mais chez d’autres animaux voisins, on rencontre souvent, à la place des ventouses, des crochets chitineux qui ont la valeur morphologique de ventouses. C’est en effet une ventouse dont une dent de l’anneau corné a pris un développement énorme, tandis que le reste de l’anneau el la partie musculaire se sont atrophiés. 202 LES MOLLUSQUES nerveux que le cartilage se localise et forme une véritable boîte crânienne de forme définie. C’est une boîte presque complètement close qui en- ferme les ganglions cérébroïdes, pédieux et pleuraux. Sur sa face ventrale, son épaisseur est creusée de deux petites cavités destinées à loger les otocystes. Latéralement le cartilage céphalique porte deux de- mi-sphères cartilagineuses où sont logés les yeux comme dans des cavi- tés orbitaires. Ce cartilage est formé par des cellules avec une substance inters- titielle abondante. Les cellules sont disposées par petits groupes. Elles Fi. 277, — Cartilage de la tête du Calmar. e subs- envoient des prolongements une jnee fonaamentsle. d cellules de cartlége. rm \seulément parcelle déNeumeREREE qui sert de limite à l'ilot. Ces pro- longements s’anastomosent en réseau. On voit que ces cellules rappellent plutôt celles du tissu osseux que celles du cartilage ordinaire. TUBE DIGESTIF La bouche, placée au centre de la couronne du bras, est entourée par une mince lèvre à bord déchiqueté. Elle donne accès dans un gros bulbe buccal, charnu, musculaire, à constitution assez complexe (fig. 278). Extérieurement on voit d'abord les deux mâchoires que nous avons déjà comparées à un bec de perroquet. Ce sont des organes chitineux présentant une dent acérée et munie d'ailes assez grandes sur lesquelles s’insèrent les muscles qui les font mouvoir. La mâchoire ventrale (fig. 279) est plus grande et embrasse l’autre. En dedans de ces mâchoires se trouve la cavité buccale à la face ventrale de laquelle on voit deux saillies : l'une, où l’on a voulu localiser le sens du goût, est la langue; l'autre postérieure ,très musculeuse, est recou- verte par la radula, qui prend naissance dans un cul-de-sac. C’est entre la langue et la radula que peut déboucher le conduit des glandes salivaires. La radula est formée de rangées transversales de sept dents, une centrale, quatre latérales, semblables à la précédente, et deux marginales à crochets aigus (fig. 280). CÉPHALOPODES 203 Le bulbe (fig. 281) se continue par un œsophage cylindrique qui conserve à peu près le même diamètre dans toute son étendue, et qui vient se jeter dans un estomac à parois assez épaisses. Dès la sortie de l'estomac on rencontre une NS Witssrrreres À LT autre poche de forme vague- MD Ment carrée, et dans la- quelle s'ouvrent les conduits hépatiques. Chez les Octo- podes, cette cavité a une forme spirale : c'est ss Fi@.279.— Seiche. Mâchoires cela qu'on l'appelle l’esto- en position. V ventrale. D dorsale. W, c Q (2 mac spiral. Ce n’est pas une Fic. 278. — Seiche. Coupe sché- cavité digestive ; les aliments n’y pénètrent jamais. matique longitudinale, antéro- postérieure du bulbe buccal. JD À son intérieur se trouve une valvule. Il semble mâchoire dorsale. M V mâchoire ventrale. Le lèvre. L langue. À que cette cavité joue radula. S' conduit des glandes sa- ” 3 : livaires. Œ œsophage. le rôle de vésicule bi- | liaire pour les pro- » . duits sécrétés par le foie, mais on n'est pas encore bien renseigné sur sa fonction. L'intes- k Fic. 280. — Seiche. Radula. tin qui vient ensuite décrit une boucle, et va s ouvrir à l'anus dont nous connaissons la posi- tion médiane dans la cavité palléale. En avant du foie, il y a deux petites glandes salivaires blanchâtres, émettant chacune un petit canal excréteur qui se réunit à son con- Fic. ?81. — Seiche. Schéma du tube digestif, À bulbe buccal. Œ œso- génère du côté opposé pour former un canal phage. GS glandessalivaires. # foie. ë : 3 : CRT Æ estomac. AP appendices pan- impair qui va s'ouvrir à la face ventrale du créatiques. ÆS estomac spiral. Z bulbe Heat intestin. À anus. Ces glandes représentent les glandes salivaires inférieures des Octo- podes. Les glandes supérieures semblent faire défaut ; M. Joubin ! 1 L. Jouin, Sur l’anatomie et l’histologie des glandes salivaires chez les Céphalopodes (Comples rendus, 18 juillet 1887). 204 LES MOLLUSQUES en a cependant constaté la présence, mais elles sont fusionnées en une seule glande médiane et impaire, située sous l’œsophage, et intimement mélée à des paquets musculaires. Les glandes salivaires supérieures sont des grappes d’acini formées de cellules cylindriques assez courtes, remplies dans leur tiers inférieur par du protoplasme avec un gros noyau; le protoplasme se continue sous forme d’un réseau dans le tiers moyen, le reste est rempli par des granu- lations assez grosses, se colorant fortement ; elles ressemblent beaucoup à des cellules séreuses de Vertébrés. Au contraire, les glandes salivaires inférieures sont formées par de grandes cellules coniques dont la partie étroite inférieure contient le protoplasme, et les deux tiers supérieurs sont remplis par de grosses boules de mucus qui ne se colorent pas par les mêmes réactifs que le tiers inférieur; ces larges cellules caliciformes laissent échapper par leur large ouverture les boules de mucus qui se fusionnent en une masse uniforme dans les canaux excréteurs. Il y a ana- logie remarquable avec les cellules muqueuses des Vertébrés supé- rieurs. Le foie est extrêmement volumineux. Il est formé de deux glandes symé- triques parfaitement distinctes, réunies dans une enveloppe fibreuse com- mune. De leur face interne se détachent deux conduits excréteurs qui vont s’ouvrir à la base de l'estomac spiral. Ces conduits excréteurs sont cou- verts d'invaginations à aspect spongieux, s’ouvrant les unes dans les autres et dans le conduit hépatique. On a donné à ces appendices le nom d’appen- dices pancréatiques, mais rien ne légitime sa comparaison avec le pan- créas des Vertébrés. Les parois des cavités digestives semblent dépourvues de glandes sus- ceptibles de produire des liquides digestifs. Ceux-ci semblent être produits seulement par les glandes annexes. M. Bourquelot (1882) a étudié l’action des sucs digestifs des Céphalo- podes sur l’amidon. Il est arrivé aux conclusions suivantes : 4° Le liquide sécrété par les glandes salivaires des Céphalopodes n’exerce d'action ni sur l’amidon brut ni sur l’amidon hydraté ; 2 Le foie de ces animaux sécrète un liquide qui n’agit pas sur l’ami- don brut, mais saccharifie l’amidon hydraté ; 3° Le pancréas des Céphalopodes jouit des mêmes propriétés que le foie par rapport aux deux amidons ; 4 Le ferment que produisent le foie et le pancréas est identique à la diastase salivaire des animaux supérieurs. Quant à la digestion envisagée d'une manière générale, le même auteur (1885) a mis en évidence les faits qui suivent. Le liquide sécrété par le foie renferme : 4° de la diastase qui digère | ! CÉPHALOPODES 205 _ l'amidon hydraté et le glycogène ; 2° de la trypsine ; 3° de la pepsine. Le liquide sécrété par le pancréas renferme de la diastase. _ La diastase sécrétée par ces deux glandes est identique à celle de la salive des animaux supérieurs et à celle du malt. Ces trois diastases exer- cent une action fermentaire sur les mêmes hydrates de carbone (amidon, dextrine, glycogène), et cette action est la même pour chacun de ces com- posés. Chez les Céphalopodes, la trypsine est seule ordinairement utilisée pour la digestion des matières protéiques, qui est une digestion analogue en tous points à la digestion pancréatique des animaux supérieurs. Cette digestion se fait dans un milieu légèrement acide. La pepsine n’est pas utilisée. La digestion chez les Céphalopodes (hydrates de carbone, matières protéiques et matières grasses) se fait tout entière dans l'estomac par l'intermédiaire du liquide sécrété par le foie et par le pancréas. Les ali- ments ne passent pas dans le cœcum intestinal : une disposition ana- tomique spéciale s’y oppose. Le mélange des liquides sécrétés par le foie et le pancréas se présente sous deux apparences. Il est à peu près incolore et très actif pendant la digestion ; il est brun, rempli de débris de cellules, et presque inactif après la digestion. Le foie des Céphalopodes, comme le foie des animaux supérieurs, renferme du glycogène et de la mucine, mais il ne renferme aucun des acides ou produits colorés de la bile de ces derniers. T1 renferme, comme le pancréas, de la leucine et de la tyrosine en grande quantité. Il renferme, en outre, une matière grasse d’une composition analogue à l'huile de poisson. On doit considérer ce foie comme une glande digestive n’ayant d’analo- gle complète avec aucune des glandes digestives des animaux supérieurs. POCHE DU NOIR Comme nous l’avons dit plus haut, lorsqu'on cherche à s'emparer d’une Seiche, celle-ci émet un liquide noir doué d’un pouvoir colorant considé- rable, qui, projeté dans l’eau, forme une masse noire, épaisse, qui cache l'animal à la vue. Cette glande défensive est la poche du noir ou encore poche à encre. C'estavec son produit de sécrétion quel’onfabriquait la sépia. Lorsqu'on pratique l’incision médiane du sac et de l’entonnoir, on tombe sur une membrane épaisse qui, incisée, laisse voir la poche que sa teinte suffit à faire reconnaître ; elle présente une coloration noire avec des reflets 206 LES MOLLUSQUES métalliques. Sa forme est celle d’une poire. Sa longueur est considérable : elle atteint 12 centimètres. Elle constitue une glande très indépendante qui vient s'ouvrir dans l’a- nus ! (fig. 282). Elle est formée d’une partie sécrétante, la glande du noir, contenant un tissu Û spongieux, et débouchant dans un vaste réservoir : C) (vésicule du noir), qui va se jeter à l'extrémitéultérieure du rectum après s'être lé- UN (f gèrement dilaté en une petite vésicule terminale. Fi6. 283. — Porlion de la glande | ; du noir, montrantles trabécules. La glande est formée de lamelles légères et ondulées qui laissent entre elles des espaces de forme variable (fig. 283). Les lamelles s’anastomosent, s'entre-croisent dans diverses direc- tions, et sont en con- nexion étroite les unes avecles autres. | Toutes les aréoles communiquent en- tre elles. Les cellules (fi- œure 284) qui recou- vrent les trabécules Fic. 284. — Phases diverses des cellules sé- . , crétantes. sont cylindriques. Elles contiennent un noyau volumineux. Celui-ci occupe la base de la cellule. La matière pigmentaire 1 Ê » 7 imule dan ; RS 0 Mn es ule dans la partie gene de la cellule ; matique de la poche du noir. buis, le pigment augmentant, la cellule se rompt et G glande du noir. V vésicule b hu | Die e ) P du noir. À anus. Arectum. o laisse échapper son contenu pour recommencer de orifice de la glande. na nodo- ; 5 sité us a ampoule ter- nouveau à former du pigment. minale. . » La paroi de la glande contient une couche mus- culaire formée de fibres lisses. Les faisceaux présentent deux directions opposées: les uns internes sont dirigés selon l’axe de la poche ; les autres, externes, sont transversaux. C'est par la contraction de ces muscles que l'encre peut être projetée au dehors. 1 P. Giron, Recherches sur la poche du noir des Céphalopodes (Arch. de zool. exp., 1882). nt hs Se CÉPHALOPODES 207 Au point de vue du développement, la glande se forme par une invagi- nation ectodermique. Au point de vue morphologique, elle semble homo- logue de la glande anale des Gastéropodes. BRANCHIES Les branchies, au nombre de deux, sont situées dans la cavité palléale à droite et à gauche de la masse viscérale. Elles ont une forme triangulaire, et leur grand axe est à peu près longitudinal. Elles sont réunies à la paroi du manteau par une bande musculaire au sein de laquelle on voit une masse blanchâtre, la glande de la branchie. Cette glande n’a pas de con- duit excréteur. C’est un amas de cellules polygonales qui paraissent jouer le rôle d'organes lymphoïdes. La branchie' est formée essentiellement d’un axe et de deux séries de feuillets. L’axe sur son bord libre contient le vaisseau efférent ou veine branchiale qui ramène le sang au cœur. Sur l’autre bord est l'artère branchiale. Les feuillets triangulaires latéraux présentent des replis nom- breux et variés ; ils reçoivent aussi deux sortes de vaisseaux. Enfin l'axe est percé d’un canal par où l’eau peut entrer librement et baigner toute la branchie. Les contournements multiples de la muqueuse branchiale ont pour effet d'augmenter la surface respiratoire. M. Joubin a calculé que celle-ci était de 900 millimètres carrés pour une seule branchie. Outre les vaisseaux respiratoires, la branchie possède un système de vaisseaux nourriciers qui lui sont propres. Un point important et unique à noter chez les Mollusques, c'est que l’épithélium de la branchie des Céphalopodes est dépourvu de cils vibra- tiles. Mais cette absence s'explique facilement si l’on remarque que le manteau produit des mouvements d'inspiration et d'expiration qui suflisent à renouveler l’eau qui baigne les branchies ; c’est une loi générale que, lorsqu'il y a un appareil mécanique pour assurer la respiration, les cils vibratiles manquent. APPAREIL CIRCULATOIRE SANG. — Le sang de la Seiche a une légère teinte bleue. Cette teinte est due à une matière colorante qui existe en solution dans le plasma, l’Aémo- 1 JouBin, Structure et développement de la branchie de quelques Céphalopodes (Arch. de Zool. exp., 1885. 208 LES MOLLUSQUES cyanine. Celle-ci présente les réactions des matières protéiques. Elle se coa- gule par la chaleur à 68 degrés. Comme l'hémoglobine, elle se présente sous deux états, d'hémocyanine ordinaire ou réduile et d’hémocyanine oxygénée, et l’on peut passer de l’un à l’autre par les mêmes réducteurs. En traitant l'hémocyanine oxygénée, qui est bleue, par le sulfhydrate d’'ammoniaque, le fer réduit, l’hyposulfite de soude, le vide, etc., on obtient l’hémocya- nine réduite qui est incolore. Ce fait se voit aussi dans l'organisme vivant. Dans les branchies, par exemple, le sang afférent est incolore, l’efférent bleu. Le rôle physiologique de cette substance est évidemment le même que celui de l’hémoglobine : elle sert de convoyeur à l'oxygène, mais n’est pas localisée dans les globules. L'analyse spectroscopique montre des bandes qui ne sont pas extrêmement nettes ; une très large dans le rouge jusqu’en B, et une autre qui envahit toute la partie la plus rétrangible du spectre à partir de E. Mais, tandis que l’hémoglobine con- tient du fer, c’est du cuivre qu'il y a dans l’hémocyanine. Ces deux matières diffèrent encore en ce que cette dernière n’a pas été obtenue en cristaux, et qu’elle est en solution dans le plasma et non fixée comme l’autre sur les globules. Les globules sont des cellules amiboïdes ordinaires. Cœur. — Le cœur (fig. 285) enveloppé d'un péricarde est allongé trans- versalement. Au milieu est le ventricule duquel partent l’aorte et l’artère abdominale, et, de part et d’autre de lui, deux oreillettes quireçoivent le sang des branchies. Les orifices auriculo-ventriculaires sont munis de valvules en forme de quartier de lune. Il y a une valvule sigmoïde à la base de l'aorte, et une autre valvule à la base de l’aorte abdominale. SYSTÈMES ARTÉRIEL ET VEINEUX. — L'aorte abdominale, qui part de la face postérieure du ventricule, se dirige vers la partie inférieure pour aller irriguer la partie inférieure du manteau, de la nageoire, et la glande génitale avec ses annexes. L'aorte céphalique, au contraire, monte vers la tête, et donne des bran- ches pour l'estomac et l’æœsophage, le foie, l’entonnoir, le manteau, les yeux, etc. L’aorte traverse les centres nerveux en même temps que l’œsophage. Arrivée un peu au-dessous du bulbe buccal, elle se bifurque en deux branches qui se placent à la base des bras de manière à constituer un anneau com- plet. De celui-ci partent autant de branches qu'il y a de bras. Les artères des bras sont pulsatiles. De ces artères le sang tombe dans de grands sinus qui occupent l’axe des bras. Tous ces sinus se réunissent à leur base en un sinus péribuccal qui se déverse en un sinus péricränien recevant latérale- ment deux sinus ophtalmiques (fig.286). Ensuite tout le sang se déverse dans une grande veine parfaitement bien endiguée, courant sur la ligne médiane | | 209 ventrale. La grande veine reçoit latéralement d’autres veines qui corres- pondent aux branches artérielles. Arrivée au niveau de l'estomac, eile se CÉPHALOPODES à Fic. 285. — Seiche. Cœur. V ventricule. O oreillettes d A aorte céphalique. AZ aorte abdominale, VB veines branchiales. bifurque en deux branches: les veines caves, qui vont se ramifier dans les branchies, mais seulement après avoir présenté sur leur parcours un fort renflement contractile:; les cœurs branchiaux. Au point de bifur- cation de la grande veine se jette la veine impaire qui rapporte le sang Fic. 286. — Seiche. Schéma de l'appareil veineux. SB sinus du bras. PB sinus SC sinus de la région postérieure du corps. Enfin, par des cœurs veineux se jettent dans les veines caves les deux veines latérales postérieures qui re- péri-buccal. crânien. SO sinus ophtalmique. VPS veines pal- Jéales supérieures. VÆ veine de l’entonnoir. VA veines hépatiques. VÆ1 veines de l'estomac. GV grande veine. VC veines caves. CB cœurs bran- chiaux. Pr branchies. V/P veine impaire posté- rieure. VLP veines latérales postérieures. viennent des viscères postérieurs. Des cœurs veineux ou branchiaux, le sang passe dans les branchies où il respire pour revenir de là au cœur par le vaisseau courant sur le bord libre de la branchie : c’est par celui-ci en général que l’on pratique l'injection du système artériel. Auprès de chaque cœur veineux se trouve une glande à fonction et à signification morphologique inconnues, c’est la glande péricardiale ou appendice du cœur veineux. Il n’est pas impossible qu’elle ait un rôle excréteur. REINS ET CAVITÉ GÉNÉRALE Si l'on examine les veines caves et les troncs veineux qui y abou- tissent, on les voit couverts de fong'osités nombreuses, les appendices fun- giformes. C'est à eux que l'on attribue la fonction excrétrice. Mais ce 210 LES MOLLUSQUES n'est là qu'une portion de l'organe. Ces corps sont en effet renfermés dans deux Î FA ph = SSSSSS LS SSSS a Fic. 287. — Seiche. Schéma des organes ré- naux vus par la face dorsale. On voit par transparence dans :es sacs les amas d’ap- pendices fungiformes (2). Æ orifices exté- rieurs. / pavillons ciliés conduisant dans la cavité gauche. CRI orifice par où lessacs pairs communiquent avec le sac rénal pair qui a été coupé. vastes sacs membraneux qui viennent dé- boucher de chaque côté del’anus par deux orifices placés au sommet de papilles. C’est par ces orifices que s’échappent les-pro- duits excrétés. Ces deux sacs rénaux, pla- cés ainsi à la face ventrale, sous l'intestin, sont réunis entre eux sur la ligne médiane par deux canaux transversaux, l’un anté- rieur, l’autre postérieur (fig. 287). Enoutre, à la jonction antérieure il y a un prolonge- ment dorsal quise dirige en arrière jusqu’à la capsule génitale (sac rénal impair) (fig. 288). Enfin, tout près de l’uretère on trouve une petite papille couverte de cils vibratiles et percée à son sommet d'un pe- titorificeinfundibuliforme, Cette ouverture conduit directement dansla cavité générale Pour se faire une bonne idée de ces communications diverses, il faut s'imaginer la cavité générale primitive di- visée en deux parties : l’une, tapissée par une sorte de séreuse, constitue les différents sacs rénaux et vient s'ouvrir au dehors. Par la face dorsale de ses lobes pairs et par la face ven- trale de son lobe impair, cette séreuse se moule d’une façon intime sur les appendices fungiformes des veines caves, lesquels sem- blent situés à son intérieur, mais sont en réalité extérieurs. Quoi qu'il en soit, les pro- duits qu'ils excrètent passent dans les sacs rénaux et de là au dehors. Le reste de la cavité générale est divisé à son tour en chambres communiquant très peu ensemble: c'est d’une part la cavité génitale (fig. 289), et de l’autre la cavité péricardique qui con- tient le cœur et les cœurs branchiaux. Cette cavité péricardique communique par un ori- fice avec la glande génitale. D'autre part, c'est dans sa cavité que s'ouvrent les deux orifices ciliés des sacs rénaux. Ainsi ici, Fi. 288. — Seiche. Sacs rénaux théoriques vus de côté. La face ven- trale est indiquée par V et la face dorsale par D. Z est l’un des deux sacs inférieurs. S est le sac supé- rieur impair. On voit en VC une portion de veine cave dont les ap- pendices fungiformes font saillie dans les sacs rénaux. On a aussi représenté théoriquement en poin- tillé la cavité génitale (g), la cavité péricardique (p) venant déboucher dans les sacs rénaux en æ. comme chez les autres Mollusques, nous avons deux reins s’ouvrant, best, né CÉPHALOPODES 911 d'une part, au dehors et, d'autre part, dans la cavité péricardique, laquelle se montre ici, mieux que partout ailleurs, une partie endiguée de la cavité générale, une cavité générale secondaire. Les trois figures ci-jointes avec leur légende explicative ex- pliquent ces dispositions assez compliquées. Les appendices fungiformes ne sont autre chose que des évaginations closes de la paroi des veines caves. Ils contiennent de nom- breuses fibres musculaires qui en se contrac- tant produisent ces mouvements vermiformes que l’on observe quand l’on ouvre une Seiche encore vivante. Leur cavité communique avec la cavité de l'appareil circulatoire. Aussi sont-ils richement irrigués. Sur leurs faces extérieures, ils sont tapissés par plusieurs assises de grosses cellules dont le proto- Fi. 289-— Seiche. La partie pointillée de la figure précédente représentée sché- plasme contient des gouttelettes jaunâtres matiquement de face. On voit la cavité génitale (CG) communiquer avec la réfringentes où l’on a trouvé de l'acide cavité péricardique (P) contenant le cœur , : (€) et les cœurs branchiaux (CB) et urique. Ces mêmes gouttelettes se retrou- communiquant par leurs orifices (x) avec + pee les sacs rénaux. vent dans la cavité du sac. La sécrétion se fait probablement par voie d'osmose. La paroi du sac qui recouvre ces appendices est, à leur niveau, composée de grandes cellules cylindriques à protoplasme finement strié longitudinalement. Partout ailleurs le sac est tapissé d’un épithélium plat. Dans l’uretère il y a une couche de fibres musculaires lisses circulaires. SYSTÈME NERVEUX Les ganglions centraux du système nerveux se font remarquer par leur volume assez considérable, et surtout parleur grande concentration. Cet amas nerveux est tout entier enfermé dans la boîte crânienne cartilagineuse. Au premier abord, on voit une masse nerveuse unique qui englobe complète- ment l’œsophage. Ce n'est qu'avec beaucoup de difficultés que l’on yretrouve les trois paires de ganglions ordinaires des Mollusques. Lorsqu'on exa- mine les lames nerveuses qui réunissent largement à droite et à gauche la partie sus-æsophagienne à la partie sous-æsophagienne, on voit chacune d’elles traversée par l'artère ophtalmique qui se rend aux yeux. Le trou ainsi produit divise le système nerveux en trois parties : 1° une partie sus- œsophagienne qui représente évidemment le ganglion cérébroide ; 2% en avant et en arrière du trou, deux commissures qui représentent les com- MOLLUSQUES. 15 9212 LES MOLLUSQUES missures cérébro-pédieuses et cérébro-palléales ; 3° la masse sous-œæso- phagienne qui représente les ganglions pédieux et pleuraux soudés (fig. 290). Fic. 290. — Seiche. Schéma du système nerveux vu de côté. TB tube digestif. C ganglion cérébroide. F16. 291. — Seiche. Schéma du système nerveux vu S ganglion sus-æsophagien. AO artère ophtalmique. par la face ventrale. X trou par lequel passent les AP artère pédieuse. PL ganglions pleuraux. P artères pédieuses. P ganglions pédieux. P/ ganglions ganglions pédieux. T ganglions stomatogastriques. pleuraux. — Mais ces ganglions ne peuvent-ils être reconnus séparément ? Oui. En exa- minant la masse sous-æsophagienne par la face ventrale, on voit en Fic. 292. — Seiche. Schéma du système nerveux vu par la face dorsale. TB tube digestif. Cr ganglions cérébroïdes. Se ganglion sus-æsophagien. Co com- missure qui l’unit au ganglion stomatogastrique. GO ganglion optique. son centre un trou par lequel passent deux artères pédieuses, quila divi- sent ainsi en deux parties (fig. 291) : line antérieure qui ere ls Dras pese Re Su de l'innervation des gan- ; ) glions pédieux (GP) et des ganglions pleuraux (GZ) représente, les ganglions pédieux | | Rodionsaesnente des brie NA ete ne soudés ; l'autre, qui innerve les vis és Whrnn eotnen eos cères et le manteau. représente les das NV nerfs viscéraux. GBr ganglions bran- ganglions pleuraux soudés. Nous avons donc ainsi nos trois ganglions et notre triangle latéral habituel. En outre, le ganglion cérébroïde est réuni par une double commissure à un petit ganglion sus-pharyngien qui lui-même est réuni par une commis- sure entourant l’œsophage à un ganglion stomatogastrique ventral(fig. 292). Que représente le ganglion sus-pharyngien ? Les uns veulent en faire une CÉPHALOPODES 93 dépendance du cerveau (Cheron), les autres une dépendance du stomato- gastrique. La première opinion semble la plus vraisemblable. Voyons les régions innervées par ces ganglions (fig. 293). Les ganglions cérébroïdes qui présentent vaguement trois lobes successifs, donnent naissance latéralement à deux énormes nerfs optiques assez courts qui vont se jeter chacun dans un gros ganglion optique, duquel partent une grande quantité de filets nerveux allant innerver la rétine. — Il y a en outre un petit ganglion donnant un petit filet nerveux se rendant à l’or- gane olfactif : c’est le ganglion olfactif. Le ganglion sus-œsophagien donne naissance à des nerfs labiaux et buccaux très fins se rendant aux muscles des lèvres et de l’orifice buccal. Le ganglion stomatogastrique innerve l’œsophage et l'estomac. Le nerf de celui-ci présente un petit ganglion. Le ganglion pédieux se divise en avant en deux branches qui tout de suite se divisent en huit gros nerfs se rendant dans les bras : cela res- semble à une patte de palmipède à huit doigts ; c’est pour cela que Cuvier lui a donné le nom de ganglion en patte d’oie. Les nerfs pénètrent dans les bras en se logeant dans le sinus sanguin, mais à leur base ils se renflent en un petit ganglion de renforcement. Ces huit ganglions envoient cha- cun deux petits nerfs à un nerf circulaire qui fait le tour de la bouche. Dans les bras, les nerfs présentent des renflements irréguliers d’où partent les nerfs des ventouses. C'est encore du ganglion pédieux que naissent les nerfs auditifs. Ils innervent aussi l’entonnoir. La région innervée par le ganglion pleural est beaucoup plus étendue. Il faut d'abord signaler les deux grands nerfs viscéraux. Accolés étroi- tement l’un à l’autre, ils se dirigent en arrière, puis s’éloignent, et enfin se réunissent un peu au-dessus du niveau des branchies. Il en part des nerfs pour les piliers musculaires de l’entonnoir, le rectum, la poche à encre, etc. 4 | Le rameau le plus important se dirige vers la branchie et, avant de s’y distribuer, se renfle en un ganglion branchial. Du même ganglion pleural partent en arrière deux nerfs palléaux qui vont se jeter dans les ganglions éloilés si visibles quand on ouvre le manteau d’un de ces animaux. Les | ganglions étoilés innervent tout le manteau et en particulier les chroma- 4 tophores; on a vu les terminaisons nerveuses dans ces organes. L'intelli- | gence des Seiches, comme celle de tous les Céphalopodes, paraît être de beaucoup supérieure à celle des autres Mollusques. ORGANES DES SENS Gour. — On prétend que le goût est localisé sur la papille appelée langue que nous avons signalée dans la cavité buccale, au-dessus de la radula. 244 LES MOLLUSQUES Oporar. — ['’odorat paraît résider dans deux petits culs-de-sacs placés sur la nuque de l’animal et n'ayant pas plus de 2 millimètres de pro- fondeur. L'intérieur est tapissé par des cellules vibratiles entre lesquelles sont placées des cellules sensitives en forme de massues, avec un gros noyau, terminées à leur partie libre par un bâtonnet rigide, et en rapport par leur base avec une fibrille nerveuse émanant de ganglions olfactifs. Oui. — Les otocystes sont placés à la face ventrale dans deux petites chambres creusées dans l'épaisseur du cartilage céphalique. Ce sont de petits sacs à parois internes garnies de proéminences, et renfermant un liquide, l’'endolymphe, tenant en suspension une otolithe sphérique. On peut distinguer deux régions dans l'otocyste. L'une est située entre la paroi supérieure de la capsule : c'est la lame auditive; elle est formée de cellules cylindriques vibratiles auxquelles aboutissent les fibrilles du nerf auditif. L'autre partie, située au contraire contre la paroi inférieure de l’'otocyste, est le bourrelet auditif. Il porte une série de grandes cellules couvertes de cils vibratiles courts. Ces cellules sont aussi en rapport avec les fibrilles du nerf auditif. Partout ailleurs l’épithélium est pavimenteux. Les otocystes servent évidemment à l'audition. M. Delage a montré qu’ils servaient en outre à diriger l’animal. Nous rapportons ses expé- riences sur le Poulpe. « Le Poulpe, comme on sait, nage peu; mais, lors- qu’il veut fuir, il est capable de se mouvoir avec une grande vitesse, grâce à un mode de locomotion très particulier. Il contracte brusquement son manteau, chasse l’eau par l’entonnoir, et est projeté en arrière par un effet de vol semblable à celui que met en évidence le tourniquet hydrau- lique. Dans ce mouvement un Poulpe intact suit toujours une trajectoire par- faitement rectiligne, et sa face ventrale reste constamment tournée en bas. Si on l’aveugle, en lui enlevant ses cristallins, la nage est plus lente, plus hésitante, mais elle reste rectiligne, et ne s'accompagne d'aucun mouvement de rotation. 51, respectant les yeux, on détruit les otocystes, l'animal ne peut plus conserver son orientation normale, en se lançant en arrière. Il tourne tantôt autour de son axe longitudinal, tantôt dans son plan de symétrie, jusqu'à amener souvent sa face ventrale en haut. Il parcourt ainsi d'assez longs espaces, tantôt sur le dos, tantôt sur le côté, et ne retrouve son équilibre qu'en touchant le sol. Il peut cependant nager droit, à la condi- tion d’aller très lentement. Mais si, en outre, on l’aveugle, il est complète- ment désorienté. Non seulement il tourne de la manière la plus variable en nageant, mais même en rampant il n’a plus conscience de sa situation, et fait une ou deux culbutes avant de retrouver sa situation normale. Il est impossible de ne pas remarquer une étroite ressemblance entre les phénomènes qui suivent l’ablation des otocystes et ceux que Flourens a obtenus, il y a un demi-siècle, en coupant les canaux demi-circulaires CÉPHALOPODES 245 chez les pigeons et chez les lapins. Ces faits semblent confirmer, au nom de la physiologie comparée, l’assimilation établie entre les otocystes des Invertébrés et le labyrinthe des animaux supérieurs. » Vue. — Les deux yeux latéraux des Seiches sont remarquables par leur volume et leur structure compliquée qui les rapprochent étroitement de ceux des Vertébrés, bien que leur mode de développement soit sensiblement différent. L’œil (fig. 294) est enclavé dans un apophyse creuse du cartilage cépha- lique. Cette sorte de cavité orbitaire est tapissée en dedans par une fine L L/ 6 Æ R os Y J ZA op, ee er GG Fig. 294. — Seiche. Coupe schématique de l'œil. O orifice extérieur. C fausse cornée. Ca cartilage. AN nerf optique. G ganglion optique. Se sclérotique. / iris. P procès ciliaires. À rétine. Æ humeur aqueuse. P cristallin, M muscle. CG coussinets graisseux. membrane qui enveloppe l'œil complètement, mais en devenant très mince et transparente en avant de l'œil, de manière à constituer une fausse cornée; celle-ci est percée d’un petit orifice qui permet à l’eau de mer ambiante de venir baigner le cristallin : l'humeur aqueuse n'existe donc pas. L'œil proprement dit est suspendu dans cette cavité par des muscles et des coussinets graisseux. Il se compose d’abord d’une membrane épaisse, la sclérotique, qui en avant forme un iris. Sclérotique et iris sont tapissés par une membrane que son aspect chatoyant a fait nommer membrane argentine. L’iris est percé d’un orifice, la pupille, qui a la forme d’un W. Il renferme des fibres musculaires lisses qui lui permettent de dilater ou de rétrécir la pupille. Un peu avant de former le cristallin, la sclérotique forme un épaississement circulaire, une sorte de procès ciliaire, qui sou- tient un gros cristallin arrondi. Celui-ci n'est pas un organe unique. Il 216 LES MOLLUSQUES est coupé en deux moitiés inégales par une lame conjonctive. Il est donc formé de deux lentilles plano-convexes accolées par leur face plane, et dont la postérieure est plus bombée que l’autre. Celle-ci d'ailleurs a seule la structure concentrique habituelle du cristallin. Entre le cristallin et la sclérotique est l'humeur vitrée. Quant à la Fctee) elle tapisse toute la sclérotique. Il ÿ a aussi une couche de pigment cho- roïdien. Les bâtonnets sont dirigés en avant, au lieu d’être dirigés en arrière, comme cela a lieu chez les Vertébrés. ORGANES GÉNITAUX Les sexes sont séparés. Les mâles diffèrent des femelles par une plus grande longueur des bras de la quatrième paire. Le corps des femelles est plus élargi en arrière, leur coquille est également plus large et plus excavée. 4° Organes mâles. — La glande mâle (fig. 295) est placée tout à fait dans la région postérieure du sac viscéral. Elle est formée d’une multitude de petits T vs N je N \ \ | | / ÿ Al \1 4 see PN AN La COVER T \. / VAN CD VA \ / FIN = ” Fic. 295. — Seiche. Schéma des organes génitaux mâles. T testicule. CD canal déférent. VS vésicule sémi- nale. P prostate. PN poche de Needham. sacs cylindriques quiconvergent tous vers le centre. Le sperme blanc, liquide, qui en sort passe dans un canal déférent entortillé qui se dirige à gauche. Ce canal se dilate en une vésicule séminale tapissée intérieurement par des cannelures transversales qui moulent le sperme en petits cordons. La vésicule s’amincit en un canal qui forme deux renflements en cœcum ; l’un est la prostate, l'autre n’a j:as reçu de nom. Le canal débouche ensuite dans une vaste poche qui s'ouvre au dehors : c’est la poche de Needham ou sac à spermatophores. Elle contient les spermatozoïdes agglomérés en sper- matophores de constitution très compliquée (fig. 296). Leur longueur atteint CÉPHALOPODES M7 2 centimètres. Un spermatophore est essentiellement formé à l'extérieur d’un sac de consistance cornée divisé en deux couches dont l'intérieur est élastique. Ce sac en renferme un autre plus petit où sont accumulés les RS Fi. 296. — Seiche. Schéma d'un spermatophore. S sac externe. AJ réservoir séminal. A7 membrane pro- tectrice. C connectif. À ressort dévaginable. spermatozoïdes : c'est le réservoir spermatique. Celui-ci se prolonge en avant par un petit canal qui se renfle légèrement et se continue avec un tube enroulé en spirale comme un ressort à boudin: toutes ces par- ties sont enveloppées par un sac élastique. Lorsqu'on met un spermato- Fic. 297. — Seiche. Schéma des organes génitaux fe- melles. À ovaire. Ovi oviducte. O orifice génital. GAO glandes accessoires de l’oviducte. GN glandes nida- mentaires. (A glandes accessoires. FiG, 298. — Seiche. Bras hectocotylisé. | phore dans l’eau, on voit le ressort à boudin se dévaginer peu à peu et enfin amener au dehors le réservoir spermatique qui éclate en mettant en liberté les spermatozoïdes qu'il contient. Ceux-ci présentent une tête et une queue mobile. 2 Orgunes femelles. — L'ovaire occupe la même place que le testicule. C’est une cavité sur les parois de laquelle se développent les ovules. Ceux- ci tombent dans sa cavité. L’oviducte vient déboucher du côté gauche après avoir formé deux petites glandes accessoires (fig. 297). 218 LES MOLLUSQUES Il existe en outre deux grosses glandes blanchâtres qui débouchent au dehors par deux orifices distincts de l’orifice de l’oviducte. Ce sont les glandes nidamentaires. À leur surface on voit un sillon longitudinal duquel partent à droite et à gauche des stries nombreuses obliques. Les lamelles internes fabriquent un liquide visqueux. En avant d'elles se trouvent deux autres glandes accessoires. Tout cet ensemble est destiné à envelop- per les œufs de plusieurs membranes protectrices. 3° Accouplement et ponte. — En vue de l’accouplement, le quatrième bras gauche du mâle est transformé et porte le nom d’hectocotyle; ici cette transformation est assez peu considérable, mais nous verrons plus loin qu’elle peut être beaucoup plus grande chez d’autres types. Tei le bras se distingue des autres en ce que sa base très élargie porte des plisse- ments dépouvus de ventouses. Les animaux s’accouplent bouche à bouche, en s’attachant l’un à l’autre par leurs bras. Le mâle introduit son hectocotyle dans sa cavité palléale, en retire les spermatophores, et va les porter dans la cavité palléale de la femelle où la fécondation s'effectue. Les Seiches peuvent pondre une centaine d'œufs en vingt-quatre heures. Les œufs (fig. 299), entourés de plusieurs membranes, dont la plus superficielle est noire, sont attachés en grappes à des zostères ou des laminaires : les pêcheurs les appellent des raisins de mer. Les œufs se développent à leur intérieur, jusqu’à un stade très avancé de développement. Chez les œufs mûrs on peut déchirer la membrane, et mettre dans l’eau les petites Seiches qui se mettent immédiatement à nager, et même à vous lancer de l'encre si l’on vient à trop les tracasser. Fic. 299. — Seiche. Ponte. ÉTUDE DE L'OCTOPUS VULGARIS La constitution générale de l’Octopus vulgaris, du Poulpe, rappelle de très près celle de la Seiche. Aussi n’insisterons-nous que sur les points sur lesquels elle diffère de cette dernière (fig. 306). Exrérieur. — L'extérieur de l’animal est certainement la partie la plus différente. La tête possède seulement huit bras : c’est la caractéristique des Octopodes. Les bras tentaculaires font défaut. En outre, les ventouses que CÉPHALOPODES 219 portent ces bras, au lieu d’être pédonculées, sont sessiles, et leur cavité interne, divisée incomplètement en deux, ne porte pas d’anneau corné. _ Le corps proprement dit a une forme ovalaire, mais ne présente pas de nageoires latérales. Si nous fendons le manteau, nous voyons une disposition différente des orifices. À la base des deux branchies, les orifices urinaires. Au-dessous de l’entonnoir, sur la ligne médiane, l'anus avec l’orifice de la poche à encre. De part et d'autre, mais un peu en arrière, deux orifices génitaux, si l’on a affaire à une fe- melle, un seul orifice à gauche si l’on a affaire à un mâle. Fic. 301. — Octopus. Coupe sché- Fic. 300. — Octopus Vulgaris (Poulpe). matique de la glande du noir. La face dorsale du corps étant fendue, on tombe dans une cavité complè- tement close, comme chez la Seiche, mais il n’y a pas trace de coquille, à moins toutefois que deux petits stylets cartilagineux ne la représentent. Tuse picesrir. — L’œsophage n’est pas rectiligne : il se renfle en un jabot. L'estomac spiral a une forme spiralée, et contient une rampe mem- braneuse héliçoïdale qui fait un grand nombre de tours. Les deux glandes qui constituent le foie sont très intimement unies entre elles ; c’est une masse volumineuse où l'on peut distinguer plusieurs régions : une partie brune est le foie, une partie blanc jaunâtre constitue les glandes salivaires inférieures, une partie blanche estle pancréas. Enfin, dans la même masse est englobée la poche du noir. Il y a deux paires de glandes salivaires, les unes supérieures, tout près du bulbe buccal, les autres inférieures, tout près du foie. Elles viennent toutes s'ouvrir dans le bulbe buccal. GLANDE pu Noir. — Elle se fait remarquer (fig. 401) par sa petite taille et surtout par sa situation profonde dans le foie. En outre, au point de vue de sa structure, ce qui la caractérise, c’est la tendance à la fusion de la glande 220 LES MOLLUSQUES et du réservoir. La glande n’est pas libre et indépendante comme chez la Seiche ; sa paroi antérieure s'unit avec la paroi de la vésicule, et constitue ainsi une adhérence très étendue qui réduit sa partie libre à un espace très restreint. Il semble que la poche soit séparée par un diaphragme circulaire en deux parties : l’une supérieure, formant le réservoir, l’autre inférieure, constituant la glande. APPAREIL CIRCULATOIRE. — Dans l'appareil artériel, il y a peu de diffé- rences à noter, si ce n’est que l’aorte abdominale ne se dirige pas en arrière. Mais dans l'appareil veineux il y a des K différences plus importantes. Ici chaque bras contient plusieurs sinus. Des bras aux branchies le sang peut suivre deux voies, au lieu d’une seule comme chez la Seiche. Une partie du sang des bras se réunit en une grande veine qui va se diviser en deux veines caves pour Q se rendre à chacune des branchies après s'être renflée en deux cœurs 7 branchiaux. L'autre partie du sang vient former un vaste sinus péricrânien, () lequel aboutit dans un vaste sinus dor- Fic. 302. — Octopus. Schema des organes uri- çg/ qui enveloppe l’æœsophage, le jabot, naires (U) s’ouvrant au dehors en Æ. G est la glande génitale avec un oviducte (ov). Ellecom- ]eg glandes salivaires, l'estomac, etc. munique, par les tubes (7°) qui contiennent en (C) les cœurs branchiaux, avec la cavité uri- De ce vaste sac partent deux petits D. tubes, les conduits péritonéaux, qui permettent au sang de s’écouler dans les veines caves, et de là dans les branchies. CAviTÉ GÉNÉRALE. — [ci la cavité générale n’est pas divisée d’une manière aussi compliquée que chez la Seiche. Il y a deux sacs rénaux qui s'ouvrent au dehors, mais qui ne sont pas réunis entre eux par des canaux anasto- motiques. [Il y a aussi une cavité génitale qui communique par deux longs canaux avec les cavités urinaires. Ces tubes avant de s'ouvrir dans ces cavités se renflent en deux poches où sont placés les cœurs branchiaux. SYSTÈME NERVEUX. — Le ganglion sus-pharyngien n'existe pas. ORGANES GÉNITAUX. — Les organes génitaux mâles sont à peu de chose près les mêmes que ceux de la Seiche : il n’y a qu'un seul orifice à gauche. L'oviducte qui part de l'ovaire se bifurque en deux canaux qui vont s'ouvrir chacun au dehors après s'être renflés en deux vésicules à contour plissé. Il n’y a pas de glandes nidamentaires. Les œufs sont réunis en petits groupes de huit à vingt; leur forme est ovoïde. CÉPHALOPODES 291 ÉTUDE DU NAUTILUS POMPILIUS Le Nautile est un animal rare qu'il est difficile de se procurer ; aussi son anatomie n'est-elle pas encore connue dans tous ses détails. Au premier abord, le Nautile diffère profondément des animaux précédem- ment étudiés. Le corps, à aspect touffu, est en partie enfermé dans une vaste coquille enroulée sur elle- même. Cette coquille est na- crée à l'intérieur. Si l’on fait une section longitudinale de la coquille, on voit qu’elle est divisée par des lames transversales en chambres superposées dont la largeur Fic. 303. — MNautile. Portion d'un augmente F EEE OIL ON S tour de spire de la coquille. Ccloi- ge rapproche de l'ouverture son. ef chambres. S siphon. $ ; C de la coquille. C’est seule- ment dans la dernière chambre que se trouve l'animal, 6,90 des réuni à la paroi par deux muscles latéraux. En outre, ‘le.4 vue Re : cicatrice. B coupe lon- chaque chambre (fig. 303) est traversée presque en son ES milieu par un canal calcaire qui parcourt la coquille dans toute son étendue. Ce canal vient par suite s'ouvrir dans la dernière loge : c'est Le siphon. La partie postérieure du corps de l’animal estétirée et pénètre dans le siphon dont il occupe toute la longueur. Lorsque l’animal grandit, il s’avance dans la première loge, en étirant la partie de son corps qui pénètre dans le siphon. Arrivé à une certaine longueur, il sécrète une nouvelle cloison, tandis que la partie du tégument englobé dans la loge sécrète un petit morceau de siphon qui vient se raccorder avec le reste. Les chambres de la coquille contiennent de l’azote. Un point important à noter, comme nous le verrons à propos des Ammo- nites, est la constitution de la loge initiale (fig. 304). Celle-ci forme un cône à l’intérieur duquel pénètre Le siphon qui la traverse complètement pour aller se souder à la paroi interne où 1il apparaît extérieurement sous forme d’une cicatrice. Le siphon ne se termine donc pas librement. La coquille est enroulée sur la face dorsale. L'animal placé dans la première loge peut y rentrer complètement. Sa tête portant en son centre, la bouche est garnie, sur tout son pourtour, non de bras, mais d'organes homologues, en grand nombre. Ce sont des sortes de tentacules lamelleux, entourés à leur base d’une gaine dans laquelle 2929 LES MOLLUSQUES ils peuvent se retirer complètement. Au premier abord il ne semble y avoir aucune disposition fixe dans ces tentacules. Un examen attentif montre cependant qu'il en est bien ainsi. On trouve d’abord qua- tre groupes contenant chacun douze à treize tentacules, pla- Fi. 305. — Nautile vu de face, dans sa coquille. Æ entonnoir. Fic, 306. — Nautile. Entonnoir. cés autour de la bouche, et appelés tentacules buccaux, puis deux groupes UE L/ANTÉ Fi. 4307. — MNautile. Vue schématique de face, la cavité palléale fendue. 7 tentacules, Æ entonnoir. Br branchies. À anus. « orifices urinaires. P orifices péritonéaux. G orifice génital droit. g orifice génital HE avorlé. contenant chacun dix-sept tentacules de grande taille placés de chaque côté de la tête, et appelés tentacules brachiaux, une paire de petits tentacules CÉPHALOPODES 293 placés au voisinage de l'œil, et enfin deux tentacules dorsaux soudés, étalés en large plaque, et qui jouent le rôle d'opercule. Lorsque l'animal rentre dans sa coquille, ils viennent s'appliquer contre l'ouverture (fig. 305). La disposition des tentacules labiaux n’est pas la même dans les deux sexes. Chez le mâle on ne trouve que huit tentacules labiaux du côté gauche, au lieu de douze qui existent chez la femelle ; mais les quatre autres sont réunis pour former un organe appelé spadix et qui n’est autre qu'un bras hectocotylisé (fig. 306). Sur les côtés de la tête on voit deux yeux, montrant une pupille centrale de laquelle part une fente. Sur la face ventrale est situé l’entonnoir qui | Dm Le jun, a q tn En ((l Fi6. 308. — Nautile. Schéma du tube digestif. B bulbe buccal. Œ' œsophage. Æ estomac. À anus. V vési- cule biliaire. Æ# foie. contient un repli valvuliforme, mais qui est formé de deux parties qui se recouvrent simplement sans adhérer l’une à l’autre. Si l’on fend la cavité palléale (fig. 307), on voit de suitele caractère principal des Nautiles, c’est qu'ils possèdent quatre branchies. A leur base, on voit quatre orifices urinaires. Sur la ligne médiane est situé l’anus. Près de l’ori- fice urinaire supérieur droitest placé l’orifice génital, volumineux. Symétri- quement, de l’autre côté, on aperçoit un tout petit orifice qui est un orifice génital rudimentaire. Enfin les bases des branchies montrent quatre petites fentes qui font communiquer directement l'extérieuravecla cavité péritonéale. _ Letube digestif (fig. 308) possède deux mâchoires puissantes. I1n’y a pas de glandes salivaires. L'œsophage est large. Le foie est à quatre lobes avec une petite vésicule biliaire. Il n’y pas de poche à encre. 294 LES MOLLUSQUES Le cartilage céphalique est très peu développé ; il n’existe guère que du côté ventral. Comme conséquence de la présence des quatre branchies, il y a un ven- Fi. 309. — Mautile. Schéma de l'appareil circulatoire au voisinage des branchies. GV grande veine. VC veines caves. Pr branchies. V ventricule. © oreillettes. VB veines branchiales. tricule avec quatre oreillettes, et la grande veine est divisée en quatre veines caves (fig. 309). Les cœurs branchiaux font défaut. Le système nerveux (fig. 310) est beaucoup moins élevé que celui des deux types précédents. Les gan- glions cérébroïdes forment une bandelette nerveuse réunie par deux fines commissures à deux ganglions pédieux qui émanent des tentacules et à deux gan- He O° gliaux pleuraux d’où Dee Pic. 311. — Mautile. OEil. des nerfs pour les branchies. AN nerf optique. De ces nerfs se détachent des filets nerveux pour des organes olfactifs situés au voisinage des bran- chies. Ces organes sont peut-être les homologues de l'organe de Spengel. L’œil (fig. 311) pédonculé est remarquable par sa e L L , : 9 L2 . Fic. 940. — Nautile. Schéma simpheité 5 c est ee chambre noire ue par du système nerveux. € un petit orifice. Il n’y a pas de cristallin, d'iris, etc. ganglions cérébroïdes. P : 4 : ganglions pédieux. L gan- Le testicule (fig. 312) est une grosse glande arrondie glions pleuraux. Br nerf À HAE . . de nos Norrivant dans une autre vésicule plus petite, puis dans if. g nerf génital. À . un petit canal qui se renfle et s'ouvre au dehors. De l’autre côté du cœur, on trouve un petit sac qui représente évidem- ment un autre appareil semblable avorté. Il en est de même pour les or- ganes génitaux femelles (fig. 313). ÿ CÉPHALOPODES 295 CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES CÉPHALOPODES Comme il est facile de le voir par l’organisation des trois types que nous venons de décrire, les Céphalopodes diffèrent profondément de tous les autres Mollusques. Pour ne citer que les caractères généraux les plus importants, rappelons que ce sont des animaux porteurs d’une tête distincte du corps, et remar- Fic. 312. — MNautile. Schéma des organes génitaux mâles. 7 testicules. G organe génitalavorté. Ccœur. Fic. 313. — Nautile. Schéma des organes femelles. L ligament. OU ovaire. C cœur. Gl organe génital avorté, | quables par une symétrie bilatérale parfaite. Ce caractère fait, on le sait, tout à fait défaut chez les Gastéropodes. Le pied estnon moins caractéris- tique : il est lacinié, c’est-à-dire divisé en huit, dix ou un plus grandnombre d’appendices porteurs ou non de ventouses, et entourant l’orifice buccal. L’entonnoir, qu'on le considère ou non comme des parapodies, existe chez tous les Céphalopodes et n'existe que chez eux. Le manteau est à la face ventrale du corps. Les sexes sont séparés. Les spermatophores ont une constitution très complexe. Les chromatophores n’existent guère que chez eux parmi les Mollusques (sauf quelques Ptéropodes). Enfin l’hectocotyle, partie du pied destinée à la copulation, est tout àfait particulier. L'étude du développement va encore nous fournir d’autres caractères généraux. 226 LES MOLLUSQUES DÉVELOPPEMENT DES CÉPHALOPODES Le développement des Céphalopodes a été étudié surtout chez la Seiche et le Calmar, c’est-à-dire chez des Décapodes. L'embryogénie des Octo- Le de o ô O (e) Fu Fic. 314. — Blastoderme à quatre segments. aal Fic. 319. — Blastoderme à huit segments. g sillon premier sillon. b second sillon. de troisième ordre. podes est presque tout entière à faire. Quant à celle du Nautile, elle est totalement inconnue. La segmentation et la formation des feuillets a été étudiée avec grand © () o lo ©111© O Fic. 316. — Blastoderme à seize segments. d sillon de quatrième ordre. bm blastomères. bc blastocomes. Fic. 317. — Blastoderme à vingt-huit segments. soin par M. Vialleton (1888). C’est d’après son travail que nous donnons les descriptions qui suivent (fig. 314 à 318). Le vitellus formatif est réduit chez la Seiche à une lame placée à la super- ficie du vitellus de nutrition, au pôle aigu de l'œuf, et dans laquelle on distingue, immédiatement après la fécondation, une portion centrale gra- nuleuse, épaisse, disque germinatif, qui passe graduellement dans une por- CÉPHALOPODES 2927 tion périphérique très mince, formée d’un protoplasma hyalin, lequel se différencie peu à peu à la surface du vitellus en gagnant le pôle mou. Après la conjugaison des pronuclei, le disque germinatif est de forme ronde ou ovale, etle premiernoyau de segmentation occupe dans son étendue une position très légère- ment excentrique. Autour de ce ° noyau, les granulations proto- plasmiques sont rangées en files rayonnantes. Vel Le premier sillon de segmenta- tionest méridien etdivise le disque a QD : MX XI germinatif en deux parties égales. “A | [e] O O Il est indépendant des globules polaires, c'est-à-dire passe rare- o (e) ment par ces derniers, mais bien % : plus souvent à leur droite ou à leur gauche, et sa direction le Fic. 318. — Blastoderme à trente-deux segments. sente, avec les globules polaires, les mêmes rapports que les deux pronuclei, marchant à la rencontre l’un de l’autre, présentaient avec ces derniers. Les deuxième et troisième stades sont produits respectivement par deux, puis par quatre sillons méridiens qui déterminent la formation de quatre, puis de huit segments inégaux, symétriquement placés par rap- port au premier sillon qui devient l’axe du blastoderme. Les globules polaires n'occupent pas exactement le point de convergence des sillons, mais se trouvent placés auprès du premier sillon, à quelque distance du centre du blastoderme. Si l’on oriente le blastoderme en plaçant en haut la partic de l’axe près de laquelle se trouvent les globules polaires, on voit que les huit segments sont ainsi disposés : de chaque côté de l'axe, en haut, un segment large suivi de deux autres segments larges latéraux, et enfin, en bas, un segment étroit. Ces huit segments, bien qu’inégaux, ont tous la même valeur morphologique : ils représentent des macro- mères. Au quatrième stade, les six segments supérieurs et latéraux se divisent chacun en deux par un sillon méridien ; mais les deux segments inférieurs étroits se divisent au contraire par un sillon équatorial, qui détache leur sommet sous forme d’une petite cellule qui prend place au centre du blas- toderme. Ces cellules sont les micromères. A la fin du quatrième stade, le blastoderme comprend donc deux micromères et quatorze macromères. La segmentation consiste dans la bipartition de chacun des éléments MOLLUSQUES. 16 228 LES MOLLUSQUES (micromères et macromères) que comporte le blastoderme à un moment donné. Cette bipartition ne se fait pas simultanément dans toute l'étendue du blastoderme, mais elle commence d'abord dans les éléments (blasto- cônes et blastomères) placés dans la portion supérieure du blastoderme, et s'achève dans ces éléments avant que les blastocônes et les blastomères intérieurs se soient divisés, mais elle ne recommence jamais dans la partie supérieure du blastoderme avant que les éléments qui occupent la partie inférieure se soient divisés à leur tour. À la fin du cinquième stade, le blastoderme comprend douze micromères et vingt macromères. Les douze micromères sont produits de la façon sui- vante : quatre viennent du dédoublement des deux micromères qui existent au stade précédent ; les huit autres sont fournis par la division du sommet de huit blastocônes présents au troisième stade, de telle façon que, le cin- quième stade accompli, chacun des blastocônes (macromères) présents au troisième stade aura fourni au moins un blastomère (micromère). La segmentation continue régulièrement comme une bipartition de tous les éléments du blastoderme, mais le nombre des blastomères augmente plus rapidement que celui des blastocônes. A la fin de la segmentation, les blastomères fmicromères) sont fort nombreux (plus de trois cents). Ils forment une plaque circulaire limitée en dehors par la zone des blasto- cônes. Les micromères qui forment cette plaque sont disposés sur un seul plan, leur contour est polygonal, irrégulier, et leur taille est variable. En général, les plus petits occupent le centre, les plus grands le bord de la plaque circulaire qu'ils constituent par leur réunion. Par suite, on peut distinguer dans cette dernière une aire centrale formée par de petits micro- mères assez réguliers, et une zone située en dehors de ces derniers, occu- pée par des micromères de plus grande taille, qui joueront un rôle spécial dans la suite. C’est la zone moyenne. En dehors de la zone moyenne se trouve la zône des blastocônes, lesquels sont à ce moment de simples amas de protoplasma granuleux pourvus d’un noyau, situés dans la lame hyaline très mince et parfaitement continue entre eux. Suivons maintenant les transformations de ces zones. 1° La zone des blastocônes commence à se diviser, puis à souder ses éléments. Elle finit par constituer une lame protoplasmique continue, serrée de noyau, c'est-à-dire un véritable plasmodium. Cette membrane serrée de noyau, qui s'étend peu à peu sur le vitellus, constitue la membrane périvi- telline ; 2 En même temps la zone moyenne du blastoderme est devenue le siège d'une prolifération abondante, qui a amené la formation de plusieurs strates superposés. Cette zone moyenne forme un bourrelet assez épais dans lequel on ne peut pas reconnaître pour le moment des feuillets distincts ; CÉPHALOPODES 990) 3° L’aire centrale se contente de régulariser ses cellules. Il n’y a pas de cavité de segmentation. À ce moment la membrane périvitelline multiplie ses noyaux et s'accroît. e Re << : K S ag 0 Fic. 319. — Coupe du bord du blastoderme au moment de la formation de la membrane périvitelline. mpv membrane périvitelline placée dans le prolongement du blastoderme (21). vn vitellus nutritif. Au début elle s'applique contre les cellules du blastoderme ; par son acerois- NN NN Fic. 320. — La membrane périvitelline commence à s’enfoncer sous le blastoderme. sement, elle envoie au-dessous de ces dernières une mince lame de sa propre substance fig. 319 et 320). Le bord interne de la membrane périvitelline est ainsi intercalé entre le vitellus et le blastoderme; en dehors de ce dernier la membrane périvitelline ——— recouvre seule et pour un temps en- E core assez long le vitellus. Au début —— RC elle ne s'étend pas sous le centre du — = blastoderme, mais bientôt ses noyaux CA FiG. 321. — Schéma du développement de l'œil. À formation de la cupule ectodermique. A7 mésoderme. E ectoderme. B isolement de la vésicule oculaire. C phase plus avancée. À rétine. CP partie postérieure du cristallin. CA partie antérieure du cristallin. 7 repli donnant l'iris. Æc repli donnant la cornée. M mésoderme. se multiplient à son bord interne, et au bout de quelque temps elle est parfaitement continue, s interposant ‘partout entre le vitellus et l’em- 930 LES MOLLUSQUES bryon, et ne laissant aucun point de ce dernier en contact direct avec les substances nutritives ; c'est elle qui constitue l’endoderme. Dans l’œuf de Seiche, arrivé à la période de développement que nous venons de considérer, on peut donc distinguer : 1° l’ectoderme, qui forme une plaque arrondie unistratifiée dans son centre, et composée sur son pour- tour de plusieurs rangs de cellules, produites aux dépens de la couche superficielle par délamination; 2° le mésoderme (en partie), représenté par les strates profonds des bords du blastoderme ; 3° la membrane péri- vitelline, que l’on peut regarder comme l’endoderme primitif. Le bord du blastoderme s’accroît d’une manière notable, tandis que l’aire centrale garde à peu près les mêmes dimensions. À partir d’un certain moment, le bord du blastoderme, tout en continuant à s’accroître et à s'étendre sur le vitellus, devient plus mince et par conséquent plus clair. Toute la portion du blastoderme comprise en dedans de la bande claire qui se forme ainsi à son pourtour constituera le corps de l'embryon, la bande claire périphérique est la première indication de cette partie du blastoderme qui entourera plus tard tout le vitellus, c'est-à-dire le sac vitellin externe. Au mésoderme originel s'ajoutent un peu plus tard d’autres éléments mésodermiques, par une prolifération secondaire de l’ectoderme. Nous connaissons maintenant l’origine et la structure des trois feuillets du disque blastodermique. Voyons comment celui-ci va former l'embryon. FiG. 322. — Vue de face du disque germinatif de la Fi. 323. — Vue de face d'un disque germinatif plus Seiche. mt manteau. e glande coquillère. br bran- âgé. an anus. m bouche. p lobe céphalique. æ œil. chies. f entonnoir. æ yeux. 1-2-3-4-5 bras. Cette partie du sujet a été étudiée avec beaucoup de soin par Külliker, Ussow et Bobretzky. Le blastoderme étant une fois constitué, on voit apparaître à sa surface une série d'éminences qui sont représentées de face dans la figure 322. Tout au centre on voit une éminence vaguement quadrangulaire, le manteau, portant en son milieu une enpule, la glande coquillère. A droite et à gauche du rudiment en question, on voit deux éminences en forme d’ares de cercle, titré Dés ET , Léo trième paires de bras font ensuite . bras, sur les côtés des épaissis- CÉPHALOPODES 231 qui ne sont autres que des rudiments de l’entonnoir. Ces deux parties en s’accroissant finiront par se rencontrer et se souder, au moins chez les Dibranchiaux. Plus en dedans des rudiments de l’entonnoir, on aperçoit deux petits mamelons, les futures branchies. Enfin, en arrière, on aperçoit deux cupules oculaires. Ainsi dès le début l'embryon affecte une symétrie bilatérale, soit dans la segmenta- "4 tion du blastoderme, soit dans l'apparition des organes. Un peu plus tard (fig. 323) appa- raissent les deux paires posté- rieures des bras. La tètese montre déjà sous la forme de deux paires d’épaississements latéraux dont les plus extérieurs portent les yeux. À ce moment, l'embryon est tout entier cilié : maisiciil n'y a pas de rotation dans l'œuf, comme cela se voit chez les Gastéropodes. Les deuxième, troisième, qua- leur apparition, toujours rangés en cercle autour du blastoderme. Le manteau s'accroît de plus en plus et commence par recou- vrir les branchies. Aux deux pôles opposés (anté- rieur et postérieur) du blasto- derme, apparaissent bientôt les invaginations anale et buccale. Quant à la première paire de bras, ellenaît assez loin des autres Fic. 324. — Vue de profil de trois stades avancés du développement de la Seiche. sements céphaliques. C'est l'embryon arrivé à cette phase que représente la figure 394. Jusqu'ici l'embryon n'avait formé qu’une cupule assez épaisse, reposant sur un des pôles du vitellus. Bientôt il se soulève en forme de dôme, tan- dis que les bords du blastoderme s'étendent de plus en plus à la surface du vitellus (fig. 324). Toutes les parties se développent de plus en plus, de manière à donner à l'embryon la forme d’une petite Seiche, portant à la face ventrale de son cou l'énorme sac vitellin. Puis celui-ci diminue de volume, tandis que l'embryon augmente, Au moment de l’éclosion l'embryon est 232 LES MOLLUSQUES deux ou trois fois plus gros que le sac vitellin. Finalement ce dernier est complètement resorbé. Quelques mots pour terminer sur le développement des organes. La glande coquillère est au début une fossette formée par une invagina- tion du manteau. Les replis qui forment l’orifice de cette fossette s’accroissent de plus en plus et finissent par se souder pour constituer une cavité close, dans laquelle la coquille sera sécrétée. La position et le mode de formation de la glande coquillère sont exactement les mêmes que chez les autres embryons de Mollusques. Bien que le fait paraisse en dehors de tout ce que nous savons sur l’ori- gine du système nerveux, il ne semble pas y avoir de doute que le système nerveux des Céphalopodes se forme aux dépens du mésoderme (Lankes- ter). Mais nous devons remarquer que, le mésoderme étant une formation ectodermique, le système nerveux en définitive provient, quoique indirec- tement, de l’ectoderme. Quand nous avons décrit l'anatomie de l’œil, nous avons trouvé une analogie remarquable avec l'œil d’un Vertébré. Mais ce n’est qu'une apparence toute extérieure, car le mode de développement est tout dif- férent. Chez les Vertébrés, en effet, la capsule oculaire provient d'une évagination des vésicules cérébrales. Ici, l'œil apparaît comme une inva- gination de l’ectoderme. — Cette invagination se met en rapport avec les nerfs venus du cerveau. On voit qu'à ce moment l'œil est celui du Nautile. Chez la Seiche, le développement va beaucoup plus loin. La fossette ocu- laire se ferme complètement. Le cristallin naît par deux parties distinctes, un épaississement cuticulaire de l’épiblaste dela vésicule, et un épaississe- ment semblable de l'épiblaste externe. Dès le début de la formation du cristallin, un repli constitué par l’ectoderme et le mésoderme apparaît autour de la fossette optique, et donne naissance à l'iris. Plus tard un nou- veau repli de l’ectoderme apparaît autour de l'œil, et constitue la chambre oculaire antérieure. Le repli forme la cornée en avant et la sclérotique sur les côtés. CLASSIFICATION Les Céphalopodes se divisent en deux ordres : les Dibranchiaux et les Tétrabranchiaux. Les premiers se divisent à leur tour en deux sous-ordres : les Octopodes et les Décapodes. es: ba di CÉPHALOPODES 233 41° ORDRE DIBRANCHIAUX Caractères : deux branchies ; huit à dix bras munis de ventouses ; enton- noir entier; une poche à encre; des cœurs branchiaux ; des glandes sali- vaires; cristallin ; ganglions cérébroïides volumineux; coquille interne quand elle existe ; coquille enroulée sur la face ventrale quand elle est tur- binée. 1er Sous-Ordre OCTOPODES 1 Caractères: huit bras longs ; ventouses molles, sans crochels; ventouses sessiles ; pas de nageoïres; coquille rudimentaire ou absente ; entonnoir sans valvules ; foie, pancréas et glande du noir réunis ; sinus veineux dor- sal; deux paires de glandes salivaires. Ocropus.— Nous connaissons déjà l'anatomie du Poulse. Nc::5 emprun- tons à M. P. Fischer les renseignements suivants sur la biolo®is du Poulpe : « Les Poulpes vivent dans les anfractuosités des roclc::, ct placés de telle sorte que les bras touchent le fond parleurs ventouses, touten se recour- bant en arrière, et que le sac, infléchi d'avant en arrière, décrit un arc à concavité inférieure. Lorsqu'ils progressent lentement, ils élèvent leur sac, et avancent en paraissant marcher sur la pointe des bras à peine recourbés. Mais, placés dans de grands bassins, ils nagent avec la plus grande aisance. La natation rapide est toujours rétrograde, le corps et les bras étendus sont alors compris dans un plan horizontal; à chaque ins- tant une nouvelle impulsion donnée par l’entonnoir accélère la natation. Cet acte peut s'effectuer aussi en avant, mais les bras réunis en deux fais- ceaux symétriques sont rabattus d'avant en arrière par la résistance de l’eau. La voracité des Poulpes est extrême. Ceux qu’on conservait à l’aqua- rium d'Arcachon étaient nourris avec des Cardium edule, qu'ils saisissaient et maintenaient au voisinage de leur bouche ; après un temps variable qui ne dépassait pas une heure, ils rejetaient les valves ouvertes et ne ren- fermant plus que quelques débris de Mollusques Lamellibranches ; ces 1 Comme le mot Décapode est äéjà employé dans les Crustacés, on donne quelquefois aux deux sous-orcres de Dibranchiaux les noms de Décapides et d'Octopides. 234 LES MOLLUSQUES valves étaient d’ailleurs parfaitement intactes. Je leur ai donné des Pectu- niculus vivants, de grande taille, qu'ils ont vidés en trois quarts d'heure sans trace de fracture du bout des coquilles. Mais les Crabes paraissent être leur aliment préféré. Dès que le Poulpe voit un de ces Crustacés s’ap- procher de sa retraite, il se précipite sur lui, le couvre complètement de ses bras étendus et de sa membrane interbrachiale ; les bras se replient autour de la victime qui, saisie de toutes parts par un corps qui s’attache et se moule à ses técuments, ne peut plus exécuter de mouvements défen- sifs. Pendant une minute le malheureux Crustacé agite faiblement ses membres maintenus dans la flexion, puis les laisse retomber inertes. Alors le Poulpe emporte la proie dans son abri. Là il fait prendre au corps du Crabe différentes positions dont on peut juger par la forme des saillies de la membrane interbrachiale, mais il ne l’abandonne jamais, et une heure après en rejette les débris ; les viscères et une portion des muscles des pattes sont dévorés. Plusieurs fois j'ai fait Iâcher prise aux Poulpes qui avaient saisi des Carcinus depuis une ou deux minutes, mais ceux-ci étaient déjà morts, sans présenter à l’extérieur aucune lésion apparente. Quand le repas du Poulpe est terminé, il laisse les débris accumulés devant son refuge, et quelques-uns lui servent de clôture ou de bouclier ; il saisit par les ventouses de la base de ses bras des carapaces de Crustacés ou des coquilles vides, et les maintient au-devant de son corps ; ses yeux seuls apparaissent au-dessus de cet abri et guettent de nouvelles victimes. La retraite des Poulpes est indiquée par les accumulations de coquilles. Sur le littoral de l’île Herm, dans la Manche, Jeffrays a trouvé un amas de deux mille coquilles. Aristote connaissait cette particularité. Jeannette Lower, qui avait uue très haute idée de l'intelligence du Poulpe, a vu un de ces animaux transporter un fragment de pierre entre les valves entre-bäillées d’une Pinna nobilis qui a été dans l’impossibilité de les refermer. Le Poulpe a pu alors dévorer sa proie facilement. » Lorsqu'un animal cherche à saisir le Poulpe dans sa tanière, il présente sa bouche avec son bec entouré par la couronne, et alors des bras couverts de ventouses, en même temps que sa couleur devient foncée etse couvre de papilles hérissées. Son aspect est véritablement effrayant. Le Poulpe est employé à la pêche comme appât. Dans le Midi de la France, et particulièrement en Espagne, on mange le Poulpe conjointe- ment avec la Seiche, assaisonné de différentes façons, et avec addition de safran. Son goût tient le milieu entre celui du poisson et de la Moule cuite. En général il plaît peu aux palais parisiens. Il paraît que sur la côte méditerranéenne les pêcheurs mangent les Poulpes tout crus. ELEebone. — L’Eledone moschata est très voisine de l'Octopus. On la |. _ CÉPHALOPODES 935 reconnaît facilement en ce que ses bras ne portent qu'une seule rangée de ventouses, tandis que les bras des Poulpes en possèdent deux. Elle dégage une odeur musquée qui n’a rien d’agréable. Il paraît probable que l’Ambre gris (concrétions intestinales de cachalots) doit aux débris d'Eledones son parfum caractéristique. Comestible en Italie. _ CrrroTEUTHIS. — Comme les Décapodes, ils n’ont qu'une seule paire de glandes salivaires. Les bras, égaux, sont réunis par une membrane for- mant ombrelle, et atteignant presque leurs extrémités. ARGONAUTE. — L’Argonaute est un animal très curieux qui depuis la plus haute antiquité a intéressé les chercheurs. Encore aujourd’hui il reste 7) ARE æ TSSSCS Tes Fic. 325. — Individu femelle de l'Argonauta Argo, dans sa coquille et nageant. bien des points obscurs dans son anatomie et dans sa biologie. La femelle et le mâle sont très différents l’un de l’autre. Examinons-les successivement. La femelle (fig. 325) a la partie postérieure de son corps enfermée dans une coquille tur- binée, et les bras de la première paire sont transformés en vastes lames (fig. 326), appli- quées contre cette coquille. Nous empruntons à M. P. Fischer l’histoire intéressante de ces bras et de cette prétendue coquille qui, di- sons -le tout de suite, n’est rien autre qu’un organe protecteur des œufs : « L’antiquité nous avait légué des fables qui ont été ac- ceptées sans contrôle par les auteurs, et qui nous représentaient ce Céphalopode se servant de ses bras palmés comme de véri- tables voiles avec lesquelles il dirigeait sa F5: D Sodte dnEn Ne wapilemacelle flottant à la surface des mers. montrant ses bras véligères étalés. Les observations précises de S. Rang démontrent que l’Argonaute embrasse son test avec les bras palmés de la’ première paire dorsale qui s’appliquent ÉRLLELER O a 0Q 236 LES MOLLUSQUES sur presque toute sa surface, ne laissant à découvert qu’une portion voisine du bord de l'ouverture. Lorsque l'animal nage, il se sert de l’entonnoir normalement placé du côté de la carène; la natation est alors rapide, rétrograde, et les trois autres paires de bras sont rapprochées en un seul faisceau. Quand il rampe sur le fond du rivage, il porte sa coquille comme un Gastéropode, et il avance au moyen des bras non palmés; la mâchoire est alors tournée vers le sol. Gray, en exami- nant les animaux contenus dans les coquilles d’Argonaute, remarqua qu'ils étaient tous femelles. Cette observation a été confirmée ultérieure- rement. Îl restait donc à connaître les mâles (voir plus loin). Aristote avait constaté que l’animal n’est pas adhérent à sa coquille. Cranch, Eydoux et Souleyé ayant retiré des Argonautes de leur test affirment qu'ils n'en paraissaient pas incommodés et qu’ils continuaient leurs mouvements. Ils ont même recueilli en mer des individus sans coquille, et les ont con- servés vivants pendant presque toute une journée. Adams nous apprend que les femelles peuvent abandonner spontanément leur coquille, et qu’elles n’ont pas la sagacité d’y rentrer. Ce fait et la différence de forme qui existe entre l’Argonaute et sa coquille ont donné à penser que le Poulpe de l’Argonaute est un parasite se logeant dans une coquille qu'il n'avait pas construite. Dans cette hypothèse, on appelait Ocythoe le parasite de la coquille Argonauta. Blainville s’est fait le défenseur obstiné de la théorie du parasitisme, battue en brèche par les observations de Jeannette Power et de Rang qui ont vu l'animal de l’Argonaute réparer rapidement sa coquille fracturée. Mais comment la coquille est-elle sécrétée ? J. Power admet que les bras vélifères sont employés à la construction du test, et Véramy a constaté que ces bras sont gorgés de granulations calcaires. Rang, d'autre part, remarque que les parties séparées de la coquille n’ont ni la texture ni la solidité du reste du test, et qu’elles ressemblent aux restaurations du test des Escargots, chez lesquels le bord du manteau ne joue aucun rôle lorsque la fracture est éloignée de l'ouverture. D'autre part, C.-B. Adams a vu une coquille d'Argonaute restaurée dans des conditions très remarquables. Une portion du test ayant été complètement détachée, l’animal l'avait comprise dans la partie réparée, mais de telle sorte que la face externe du fragment regardait l’intérieur de la coquille, et réciproquement. Le nouveau dépôt calcaire qui le consolidait était intérieur ; par conséquent les bords du fragment empâté formaient saillie à l'extérieur. Il en conclut que dans ce cas la sécrétion de la partie réparée n'a pas été opérée par les bras véliformes dont le rôle s’est borné à retenir et entourer le fragment séparé. Il est donc probable que le bras et le man- teau concourent à la formation de la coquille qui est composée de trois couches : l’externe et l’interne, formées de prismes à parois striées, et la PrA. CÉPHALOPODES 237 moyenne, fibreuse, dont la section transverse présente un aspect granuleux. La coquille se développe quelque temps après la naissance. H. Müller ne l'a vue apparaître que lorsque les femelles avaient L pouce de lon- gueur. Les œufstrès nom- breux sont unis par un réseau de filaments déli- cats, transparents, et for- ment une masse fixée au voisinage de la spire. La Fic. 327. — Individu mêle d'4r. partie postérieure du gonauta Argo grossi deux fois avec son sac à hectocotyle. corps de la femelle est en contact avec ses œufs ; la Fic. 328. — Le même individu, avec l’hectocotyle déroulé et le sac fendu. coquille sert donc de poche nidamentaire. Lorsque la femelle est cap- turée, elle abandonne son abri et sa future progé- niture, qui deviennent le jouet des flots. Le mâle (fig.324) n'est pas moins intéressant que la femelle. Il a été longtemps inconnu; c'est H. Müller qui l’a découvert. Ces mâles sont dépourvus de coquille et de bras véliformes : ils ressemblent à de petits Poulpes. Ce qu'il y a de remarquable chez eux, c’est le bras hectocotylisé (fig. 328). Il est très allongé et percé à sa base d’une fente dorsale. À la suite de cette fente il y a une région couverte de ventouses. À son extrémité il est percé par un filament très grêle et très long (fig. 329). Le mâle dépose dans la fente basilaire un seul spermatophore de son bras. Ce- lui-ci ressort par l’orifice terminal. Lors de l’accou- plement cet organe se détache du mâle, et va se fixer sur les bras, l’entonnoir et la cavité branchiale de la femelle. En cet état il a été considéré comme un ver parasite appelé Triochocephalus acetabularis (Delle- Chiage), ou Æectocotylus octopodis (Cuvier), comme un spermatophore (Costa), ou même comme le mâle ) FiG. 329.— Argonauta Argo. Schéma de l’hectocotyle. fente basilaire. V ventouses. O orifice terminal. f fila- ment terminal. de l’Argonaute. Il garde longtemps sa vitalité après sa séparation. Le bras, une fois détaché du mâle, se reproduit. Il se forme à sa place une grosse vésicule pigmentée, à l’intérieur de laquelle vient un nouveau bras ; celui-ci sort en dévaginant la poche à la manière retourne. C’est ainsi que se produit la fente basilaire se forme de la même façon une petite vésicule à d’une bourse que l’on . À l'extrémité du bras l’intérieur de laquelle 9238 LES MOLLUSQUES pousse un long filament. Celui-ci sort de la même façon que le bras était sorti de sa vésicule, en laissant un orifice à sa base. C’est le maximum de complexité d’un hectocotyle. 2e Sous-Ordre. DÉCAPODES Caractères : Huit bras courts et deux longs tentaculaires ; ventouses pédonculées ; ventouses avec cadre chitineux ; quelquefois des crochets; une nageoire; une paire de glandes salivaires; une coquille; une valvule dans l'entonnoir ; poche à encre, grande, non plongée dans le foie ; pas de sinus veineux dorsal. D'Orbigny divisait les Décapodes en deux groupes, suivant que les yeux avaient une cornée largement ouverte (Oigopsidæ), ou une cornée entière (Myopsidæ). Malheureusement le caractère en question ne peut pas s’ob- server chez les Décapodes fossiles. Avec M. P. Fischer, nousles diviserons en trois groupes basés sur la structure de la coquille externe. À. Chondrophora, coquille cornée, fibreuse ; B. Sepiophora, coquille calcaire ayant la forme de l'os de la Seiche ; C. Phragmophora, coquille formée par une série de loges aériennes traversées par un siphon. A. Condrophora OnvcaorTeuris. — Les Onychoteutis sont des animaux solitaires qu'on trouve en haute mer et surtout dans les bancs de Sargasses. Les bras tentaculaires sont armés de crochets puissants et rétractiles qui leur ont fait donner le nom de Calmars à grilles. À la base des massues tentacu- laires on trouve des ventouses qui sans doute produisent l'adhésion des deux bras lorsque l'animal attire sa proie. On prétend que ces ventouses auraient suggéré au professeur Simpson l’idée de son forceps à accouche- ment. Ho 030 NS eniolet OmmMasTREePHEs. — Ce sont des animaux qui habitent la haute mer. « On les emploie en grande quantité pour la pêche de la morue à Terre-Neuve, et ils CÉPHALOPODES 239 forment la principale nourriture des Dauphins, des Cachalots, ainsi que des Albatros et des grands Pétrels. Les marins anglais les appellent flèches de mer ou Calmars volants, à cause de leur habitude de sauter hors de l’eau souvent à une hauteur telle qu’ils retombent, dit-on, sur le pont des vais- seaux. [ls déposent leurs œufs en longues grappes flottant à la surface de l’eau. Ces Céphalopodes ont été observés sur les côtes de l'Amérique du Nord où ils poursuivent les bandes de jeunes Maquereaux. Ils se lancent au milieu de ces poissons par un mouvement rétrograde très rapide, puis cherchent à les saisir en tournant à droite ou à gauche : ils ne réussissent pas toujours dans leur attaque qu’ils peuvent répéter jusqu’à une douzaine Fi. 331. —- Calmar (Loligo Subulata). Fic. 332, — Plume de Calmar. de fois ; mais, lorsque le poisson est saisi, sa mort est presque instantanée et produite par une profonde morsure toujours pratiquée au même point, près de la nuque, entamant profondément les chairs et pénétrant jusqu’à la moelle épinière !. » | Moucnezra. — À une taille de 7°%,45, SEpioLA. — La Sepiola, remarquable par deux nageoires latérales en forme d'ailes, vit sur nos côtes, dans les flaques d’eau de mer. Ce sont de fort jolis animaux à reflets chatoyants et à chromatophores trèsactils (fig. 330). 1 Fiscaer, Manuel, p. 346. 240 LES MOLLUSQUES Lozico. — Les Calmars sont des animaux allongés, pourvus latéralement de nageoires triangulaires. La coquille interne est très allongée, cornée ; on l'appelle vulgairement la plume du Calmar, à cause de sa forme (fig. 331 et 332). B. Sepiophora Sepia. — Nous avons déjà étudié l'anatomie des Seiches. Ajoutons qu'elles se rapprochent du littoral de la France pour l’accouplement et la ponte. Elles se nourrissent de poissons et de crustacés. C. Phragmophora BeLosepra. — Le Belosepia est un fossile tertiaire ; il estintéressantence qu'il nous montre le passage entre la coquille des Seiches et des Belemnites. C’est en effet à peu près une coquille de : Seiche, mais où la pointe pos- térieure, le rostre, est plus dé- veloppée, en même temps que les loges intérieures du phrag- mocûne deviennent très nettes avec un siphon ventral{fig.333). SPIRULIROSTRA. — Le rostre et le phragmocône prennent encore plus d'importance chez le Spirulirostra (Miocène). Le rostre contient un phragmo- cône recourbé et à concavité ventrale. Le siphon est étroit, Fis. 334. — Section lon- ÿ gitudinale de Spiruli- ventral (fig. 334). rostra. o lobe initial. © ; s siphon. 7 rostre. BELEMNITES. — Si nous sup- posons que la lame cornée, ou proostracum, dimi- ic. 393. — Section longitudinale UE beaucoup, tandis que le rostre s’allonge énor- & de Selosepit. 7 rostre 1 mément, nous aurons les Bélemnites qui ont joué couche interne nacrée du phrag- H u $ mocône. p paroi dorsale du si- bendant l’époque secondaire un rôle si important. phon. s siphon. : k — La coquille est composée de trois parties (fig. 335) : 1° un cône creux, le phragmocône, à paroi interne nacrée, mince, appelée godet ou conothèque, divisé en chambres par des cloisons CÉPHALOPODES 241 transversales, légèrement concaves en dessus, et perforées près du bord ventral par le siphon qui se dilate à son passage dans chacune des cham- LIL WW, Fic. 335. — Section longitu- dinale de Belemnites Bes- sinus. l lame longitudinale interne, cloisonnant le ros- tre. € axe central du ros- tre. 7 rostre. o loge ini- tale. n couche nacrée. p loges aériennes. s siphon. a cavité du phragmocôme. bres. La loge initiale du phragmo- cône est globuleuse ; 2° un rostre ou extrémité postérieure, plus ou moins allongée, enveloppant en avant le phragmocône, formé de fibres disposées autour d'un axe que l’on nomme la ligne apiciale et qui s’étenddela pointe du phragmocône à celle du rostre ; 3° une lame cor- née ou proostracum, formée par l'expansion du godet au-delà du phragmocône (fig. 336). On connaït assez bien l'animal des Bélemnites car on a retrouvé fossi- lisés ses mandibules, ses bras, ses nageoires, sa poche à encre, etc. Il est curieux de noter les opinions que l’on s’est faites des Bélemnites avant que l’on en connût la véritable 16. 336. .—"Proos- tracum de Belem- nites Papillosus. nature : on les a pris pour des pierres de foudre, du succin pétrifié, des stalactites, des pointes d’Oursins, des Holothuries pétrifiées, des épines vertébrales, des dents de quadrupèdes ou de poissons, des tuyaux marins, etc. SPIRULA. — La Spirule est un animal très intéres- sant à étudier, car, comme nous le verrons plus loin, il nous donnera la clef de la position des Ammonites parmi les Céphalopodes. La partie postérieure du corps est enfermée dans la dernière loge d'une co- quille enroulée sur elle-même. Cet enroulement, nous le rappelons, était dorsal chez le Nautile. Ici au contraire il est ventral. Les tours de spires sont disjoints et divisés en chambres superposées par des cloisons trans- versales. Celles-ci sont traversées par un siphon ventral. Le point intéres- sant est la manière dont il se termine en arrière. [ci en effet le siphon se termine dans la dernière loge par un cul-de-sac n’allant pas se souder à la paroi de la coquille. Le fond du cul-de-sac est réuni à la paroi par un ligament, le prosiphon. L'animal, placé dans la dernière loge, possède un manteau se terminant en arrière par deux lobes qui recouvrent en grande partie la coquille; son anatomie est extrêmement mal connue; 242 LES MOLLUSQUES on ne trouve en général que les coquilles vides (fig. 337 et 338). AMMONITES ET GENRES voisixs. — Les fossiles de l’ordre des Ammonées, c’est-à-dire les Ammonites et les genres voisins, ont été de tout temps reconnus pour des Céphalopodes, mais leur position dans cette classe a été à longtemps mécon- 12 nue. Les Ammo- 7 LT. DS) beaucoup plus à des À ) A Nautiles qu'à des 7 1 Dibranches. Aussi 2: _ 47 Se est-ce parmiles Té- y ESS trabranches qu’on les a classés pen- lœvis. dant longtemps. nites au premier abord ressemblent Date à F16. 338. — Coupe suivant le grand axe d'une co- Mais M. Munier Chalmas, en 1873, quille de Spirula Peroni. à loge initiale. p prosi- ) nos ' phon. € cœcum siphonal. // loges aériennes. ss fit l'étude de la loge initiale des Cé- siphon enveloppé par le phragmosiphon. vu paroi : A r rentrale de | , ille. phalopodes à phragmocône, et dé- ventrale de la coquille montra que la coquille des Ammonées se développe de la même ma- nière que celle des Spirules et des Bélemnites, tandis que celle des Nautiles et des Orthocères montre un développement très différent; les Ammonées doivent donc être placées à côté des Spirules, c’est-à-dire parmi les Dibranches. Les Ammonées ont joué pendant toute la période secondaire et aussi la période primaire un rôle considérable. Nous n’allons pas, bien entendu, les étudier au point de vue paléontologique, mais nous devons dire ce qu'il y a de général à leur égard. Nous empruntons ces détails à M: P. Fischer. STRUCTURE DE LA COQUILLE. — L'examen histologique permet de dis- tinguer dans la coquille trois couches : une externe {ostracum), une interne ou nacrée (qui est seule conservée dans les espèces du Gault et de l’Oolithe), une accessoire (couche ridée) très évidente, surtout dans les Ammonées primaires et triasiques. La coquille se sépare en deux portions distinctes, une portion centrale formée par des loges à air et le siphon, et une por- tion périphérique ou antérieure, constituée par la chambre d'habitation. Dans cette dernière on remarque une impression du manteau. CLoisons. — La place des cloisons est indiquée par la ligne suturale dont l’étude est indispensable pour la détermination. Cette ligne suturale, CÉPHALOPODES 9243 _ au lieu d’être simple comme celle des Spirules, Bélemnites et Nautiles, montre une série de dépressions à concavité dirigée vers l'ouverture de la coquille, appelées Zobes, intercalées entre des saillies à convexité dirigée vers l'ouverture, et nommées selles, comme si le Céphalopode était à che- val sur la selle. Les lobes et les selles sont rarement simples (Goniatites) ; presque toujours on y reconnaît des découpures quiles compliquent et qui forment des lobes, des selles secondaires. En général les selles sont ter- minées par des parties arrondies, et les lobes par des parties effilées. DÉVELOPPEMENT DES LOBES ET DES SELLES. — En dégageant les premiers tours d’une Ammonée on voit que la ligne suturale subit des modifications successives intéressantes. La première suture (fig. 339) présente une selle médiane ou siphonale, plus ou moins 4$f% Sas large chez les Ammonées de la subdivision des Lati- ô sellata, où bien une selle siphonale aiguë, flanquée d'un Van t. 5 lobe latéral et d’une selle latérale, chez les Angusti- sellata. La deuxième cloison diffère de la première par l’apparition d'un lobe médian ou siphonal, divisant la TU selle siphonale. La troisième cloison montre des lobes VAN 3 et des selles plus accentués, et le lobe externe se subdi- ne (fa . vise de la deuxième à la sixième suture. Dans cette pé- RP AU riode les lobes et les selles sont simplement ondulés, Dep here et leur pourtour reproduit assez bien la ligne suturale | des Goniatites. On a doncnommé la première période stade goniatite. Lorsque la coquille atteint un diamètre de 2 à 3 millimètres, les sutures présentent des indices de découpures quicommencent au côté externe et se propagent vers l’ombilic. Chez les Ammonées du Trias, les lobes sont découpés avant les selles, et l’on a le stade cératite. Enfin les selles sont découpées à leur tour dans une troisième période : stade ammonite. Mais, chez les Ammonées jurassiques et crétacées, les découpures des lobes et des selles paraissent en même temps, et les deux stades se confondent. Plus tard les lobes et les selles se complètent par la formation des lobes, et les selles se complètent par la formation des lobes et des selles accessoires ou adventives. Là il est bon de faire une remarque. Au point de vue de l’évolution, les formes à suture très compliquée devraient apparaître les dernières. Il n’en est rien cependant : les Pinacoceras à suture très compliquée se montrent dans le Trias, en même temps que les C{ydonitidæ à suture simple ; et les Medk- cottia du Carbonifère ont trois formes de lobes comme les Pinacoceras. D'autre part on connaît, dans la craie, des Ammonites à suture tellement simple, qu'on a pu les considérer comme des Gomiatites. CHAMBRE D'HABITATION. — La grandeur de la dernière loge permet de supposer que les animaux des Ammonites y étaient contenus en entier, et MOLLUSQUES. 47 / 14 LES MOLLUSQUES que par conséquent leur coquille était externe. D’autres preuves corro- borent cette manière de voir. Ainsi, chezle Morphoceras pseudo-anceps, les lobes latéraux de l'ouverture la ferment presque complètement en rejoi- gnant le tour précédent, et circonscrivent cinq petites ouvertures dont la centrale, oblongue, correspond à l’entonnoir et à la bouche; deux latérales arrondies, s'ouvrant de chaque côté de la précédente, étaient placées vis- à-vis des yeux ; deux autres enfin, limitées en partie par le tour précédent, laissaient passer des bras (fig. 340). SIPHON. — Le siphon est dorsal chez les Clymenia, et ventral chez les Goniatites et les Ammonites. Au niveau de chaque cloison il présente un FiG. 340. — Schéma de Gomphoceras pseudo-anceps, vu de côté Fic. 341.— Oppelia Steraspis. Individu et de face. o orifice médian ventral. bb orifices latéraux. c ou- montrant la position ordinaire de l’Ap- verture semi-circulaire, tychus. léger rétrécissement. Les cloisons au contact du siphon se réfléchissent et forment un goulot embrassant, dirigé vers l'ouverture chezles Ammunites, tandis que celui des Goniatites est dirigé vers le sommet de la coquille. Mais ces différences ne sont évidentes que lorsqu'on compare les Ammonites et les Goniatites adultes, attendu que les jeunes Ammonites montrent sur les premiers tours un goulot dirigé en arrière comme celui des Goniatites. Ce fait prouve que la coquille des Ammonites subit une véritable métamorphose, et qu'elle est d'abord Goniatite aussi bien par son siphon que par ses Fige, ue Ps de cloisons. Il est facile d’en conclure que les Goniatites sont vraisemblablement la souche des Ammonites. Aprycaus. — Dansla chambre d'habitation des Ammonites, on trouve un corps corné ou calcaire, aplati, quelquefois simple, plus souvent formé de deux parties symétriques, ayant l'apparence des valves des Lamelli- branches, mais sans charnière : c’est l’aptychus. On a émis sur la nature de ce corps des hypothèses très nombreuses, et encore actuellement on n'est pas encore renseigné sur ce point. On les a pris pour des valves d'Ana- Bean CÉPHALOPODES 245 tifes, des Mollusques bivalves, un squelette interne, un squelette du gésier, etc. On à démontré que les aptychus appartenaient bien en propre à l'Ammonite. En effet, à l’intérieur d’un poisson des argilesinfraoolithiques de Curcy, E. Deslongchamps a trouvé une quantité de petites Ammonites qui lui avaient servi de nourriture, et dont la section montrait constam- ment des aptychus en place. Ce point étant établi, on a fait deux hypo- thèses principales pour expliquer la nature de ces derniers. Beaucoup d'auteurs ont soutenu qu'ils formaient une couverture calcaire de la glande nidamentaire, et que par conséquent ils n’existaient que chez les femelles, ce qui explique pourquoi ils sont présents ou absents à l’intérieur des individus d'Ammonites bien conservés et recueillis dans les mêmes couches. Mais c'est là une hypothèse à peu près gratuite. Il semble plus probable que l’aptychus est une opercule qui recouvrait des bras modifiés comme ceux qui forment le capuchon des Nautiles. Principaux GENRES. — Les principaux genres d'Ammonées sont les Goniutites, les Ammonites, que l’on a divisés en nombreux sous-genres : les Turrihtes, les Baculites, les Scaphytes, etc. 2 ORDRE TÉTRABRANCHIAUX Caractères : quatre branchies ; bras remplacés par de nombreux tentacules rétractiles; entonnotr fendu; pas de poche à encre ; pas de cœurs bran- chiaux ; pas de glandes salivaires ; pas de cristallin ; ganglions cérébroides en bandelette ; coquille externe ; coquille enroulée dorsalement. Naurizus. — Le Nautile que nous avons étudié estle seul genre actuel que nous connaissions parmi les Tétrabranchiaux. Les Nautiles vivent dans les mers de Chine, l'océan Indien et le golfe Persique. On sait très peu de chose sur leurs mœurs : «(Quand le Nautile flotte, dit Rumphius, cité par Fischer, il sort sa tête et tous ses tentacules, et les étend sur l’eau avec la poupe de sa coquille au-dessus de la surface de la mer ; mais sur le fond il rampe dans la position inverse avec sa coquille au-dessus de lui, et. avance assez rapidement en ayant sa tête etses tentacules sur le sol. Il se tient surtout sur le bord, et rampe quelquefois dans les filets des pêcheurs ; mais après une tempête, lorsque le temps redevient calme, on voit les Nautiles par troupes flottant sur l’eau, poussés par le mouvement des vagues. Cette allure n’est pas toutefois de longue durée, car, après avoir rentré tous leurs tentacules, ils renversent leurs coquilles, et reviennent au fond. » 246 LES MOLLUSQUES GENRES FossiLEs. — Les Tétrabranchiaux fossiles, c’est-à-dire les Ortho- ceras et les genres voisins, ont joué un rôle très important pendant l’époque primaire. La forme de leur coquille est très variable : les unes forment un cône droit (Orthoceras), les autres sont recourbées(Cyrtoceras), d'autres sont enroulées en spirale dans un plan et à tours ne se touchant pas (Gyroceras), ou encore enroulées en spirale héliçoïde (Trochoceras). Ils possèdent des cloisons nombreuses traversées par un siphon. Les chambres ont été remplies secondairement par un dépôt calcaire organique. Quant à la chambre initiale, elle présente toujours une cicatrice comme celle des Nautiles. PHYLOGÉNIE DES CÉPHALOPODES Bien que l'étude paléontologique des Céphalopodes soit l’une des plus avancées, il est encore bien difficile de se faire une idée générale de la phylogénie de ces animaux, et cela pour deux causes : la première est qu'il y a tout un sous-ordre, celui des Octopodes, qui échappe à la fossili- sation par l'absence de la coquille ; la seconde provient de ce que la place zoologique des divers fossiles n’est pas établie d’une manière certaine. Cependant ilest un certain nombre de données qui sont acquises. Il est à noter d'abord que les Tétrabranchiaux, qui se sont montrés à nous d’une organisation très inférieure à celle des autres Céphalopodes, paraissent être les formes les plus anciennes ; c'est dans le Silurien supérieur qu'ils prennent leur maximum d’extension et ils y déploient une grande richesse de formes représentée par les genres Nautilus, Cyrtoceras, Gomphoceras, Phragmoceras, Cyroceras, etc. Dans le Dévonien et le Carbonifère les derniers genres s’atténuent et disparaissent ; 1l n’y a que le genre Nautile qui se soit perpétué jusqu’à nous. Il n’en est pas de même des Dibranchiaux Décapodes qui, très peu développés pendant la période primaire, prennent une extension énorme pendant la période secondaire, pour voir disparaître la plupart de leurs genres au début de l’époque tertiaire. Pendant l’époque primaire ils sont représentés par des Gonialiles qui, nous l’avons montré, ont donné nais- sance à toute l'immense série des Ammonites dont des tableaux généalo- giques très complets ont été. donnés, et qui, en se déroulant à l’époque crétacée, ont donné les Scaphites, les Baculites etles Turrilites. Le groupe des Ammonées ne parait plus représenté actuellement que par le genre Spirula.— Pendant la période secondaire aussi les Bélemnites ont pris une grande extension. On pense que ces Bélemnites à coquille interne et proba- blement à deux branchies proviennent des Orthoceras à lcoquille externe Pt DATE CÉPHALOPODES hranchies. En, effet dans le Trias et le Lias on trouve des iites qui paraissent avoir été à moitié internes et à moitié externes. rueur du phragmocône et la grandeur de la chambre d'habitation ns en partie. sr as tard ces Bélemnites, en diminuant leur rostre et en développant r proostracum, ont vraisemblement donné naissance aux Décapodes ctuels (Seiche, Calmar). _ Quant aux Octopodes, vu l’absence de leurs fossiles, il est bien difficile de dire d’où ils proviennent. Ils semblent constituer un rameau dérivé des = Décapodes par l’atrophie de la coquille et une vie moins pélagique. CHAPITRE XI MOLLUSQUES EN GÉNÉRAL CARACTÈRES GÉNÉRAUX Nous avons étudié séparément chacune des classes qui constituent le grand embranchement des Mollusques. Nous devons maintenant voir quels sont les caractères de ceux-ci envisagés dans leur ensemble. Exrérieur. — Les Mollusques se distinguent tout de suite des Vers par l’absence de métamérisation : ce sont toujours des animaux mous, à tégu- ments non encroûtés de chitine, et ne présentant jamais de sillons transver- saux qui pourraient faire croire à une métamérisation, soit réelle, soit seulement superficielle : ce sont des animaux simples. Mais, si cela est exact au point de vue de l'adulte, il n’en est pas de même quand on envisage l'embryon. En effet, nous avons dit à propos du développement des Gastéropodes que l'étude des organes embryonnaires amenait à considérer la larve comme formée de deux segments. Le segment antérieur est résorbé presque dans son entier. Quoi qu'il en soit, jamais le corps du Mollusque n'est formé de plus de deux segments. La tête est généralement distincte; on sait qu'elle ne l’est pas chez les Acéphales où l’on peut même dire qu’elle fait défaut. Il n’y a jamais de membres locomoteurs comme les pattes articulées des Arthropodes ou les parapodes des Vers. Les soies caractéristiques de ces derniers font complètement défaut. MaxrTeau. — Le manteau est caractéristique des Mollusques : c'est un repli des téguments destiné à abriter les organes de la respiration. Il forme deux lames latérales chez les Acéphales, une lame dorsale chez la plupart des Gastéropodes, et une lame ventrale chez les Céphalopodes. Voice. — Le voile est un organe larvaire caractéristique de la larve des Mollusques. On sait que c’est la partie soulevée du cercle cilié de la tro- chosphère. | Pren. — Le pied est également caractéristique des Mollusques : ce n’est 1 MOLLUSQUES EN GÉNÉRAL 249 autre chose que la partie ventrale de la région céphalique qui est devenue très musculeuse et s’est séparée plus ou moins distinctement du reste du corps. La forme du pied est très variable suivant les classes : chez les Acé- phales c’est une masse en forme de hache, c'est-à-dire massive et légère- ment aplatie latéralement. Chez les Prosobranches, Opisthobranches et Pulmonés, c’est une large sole aplatie dorso-ventralement et servant à la reptation. Chez les Hétéropodes, le pied dissocié est transformé en larges lames natatoires aplaties latéralement. Chez les Ptéropodes, ce sont deux ailes céphaliques. Enfin les bras couverts de ventouses des Céphalopodes représentent aussi un pied. Coquizze. — La coquille n'existe que chez les Mollusques: et parmi ceux-ci il en est peu qui en manquent complètement. En général, même lorsqu'elle n’existe pas à l’état adulte, on la rencontre chez l'embryon. Nous n’avons pas à rappeler les variations nombreuses qu'elle affecte. OpPErcuLE. — L’opercule n'existe que chez quelques Mollusques. Il semble homologue d’un organe ayant les mêmes fonctions que l’on trouve chez quelques Annélides Tubicoles (Spirorbis, par exemple). CAVITÉ GÉNÉRALE. — La cavité générale existe chez les types les plus élevés ; chez les types inférieurs, elle est très réduite et ne subsiste plus que sous la forme de cavité péricardique. Au début la cavité générale provient d'une partie creusée dans les masses mésoblastiques. Elle n'est pas une partie isolée de la cavité intestinale : nous avons affaire à des Schizocæliens, et non à des Entéro- cœliens. SYSTÈME NERVEUX. — La forme du système nerveux est éminemment caractéristique. Îl est composé de trois paires de ganglions, une paire de ganglions cérébroïdes dorsaux par rapport au tube digestif, et réunis par deux colliers œsophagiens à une paire de ganglions pédieux et à une paire de ganglions pleuraux. Ces deux colliers œsophagiens n’existent que chez les Mollusques. Vus de côté, les ganglions simulent les trois sommets d’un triangle. Le triangle latéral n'est incomplet que chez les Acéphales, la commissure pleuro-pédieuse faisant défaut. De nombreux auteurs ont cherché à homologuer le système nerveux des Mollusques à celui des Vers : on dit, par exemple, que le collier postérieur _ seul représente le collier des Vers, que les ganglions pleuraux représentent la chaîne ventrale, et que le collier antérieur est un collier secondaire et représente seulement l’ensemble des nerfs de la tête. Mais, en somme, toutes les théories émises sont tout à fait fantaisistes et gratuites. ORGANES DES sENs. — Les otocystes ne manquent que rarement et sont 250 LES MOLLUSQUES toujours innervés par les ganglions cérébroïdes (à part les Hétéropodes et peut-être les Acéphales). Tuse picesrir. — Si l’on excepte le cas des Amphineures, le tube digestif ne s'étend pas en ligne droite de la bouche à l’anus. Il décrit toujours une courbe pour aller s'ouvrir à l’anus plus ou moins rejeté au voisinage de la bouche: il a.la forme d’un U. Le point le plus important à signaler dans te tube digestif, c’est l’organe appelé radula, qui est absolument spécial aux Mollusques : il ne manque œuère qu'aux Acéphales. La présence de la radula semble un très fort argument contre ceux qui veulent chercher l’origine des Mollusques dans les Vers fixés. Ne peut-on trouver chez ceux-ci un appareil homologue? La différence provient de la direction particulière danslaquelle s’est développé chacun des deux groupes. « Tous les deux, dit M. Ed. Perrier !, descendent d’Annélides errantes, et chez ces dernières au tube digestif est annexée une trompe qui est très souvent armée soit d’épines cornées, que M. de Quatrefages désigne sousle nom de denticules, soit de longues dents disposées symétriquement par paires et mobiles latéralement comme les mâchoires des Insectes. On les désigne quelquefois sous ce dernier nom; mais entre les denticules et les mâchoires le passage s'établit d’une façon insensible: ce sont des organes de même nature, et leur ensemble présente une incontestable ressemblance avec l’armature linguale des Mollusques; leur nombre est moins grand chez les Annélides, mais le plus souvent, à côté des denticules qui fonctionnent, il y en a un certain nombre en voie de formation, et qui sont destinées à les remplacer en cas d'usure. Que la résistance des uns devienne plus grande, que l’accroissement des autres devienne plus rapide, le nombre des pièces cornées qui peuvent exister simultanément augmente l’arma- ture, et la trompe de l’Annélide se transforme en une radule de Mollusque. » APPAREIL CIRCULATOIRE. — Le cœur artériel est toujours distinct et divisé en un ventricule et une ou deux oreillettes: les artères sont en général bien définies ; il n’en est pas de même de l'appareil veineux: celui-ci est simplement représenté par les lacunes interorganiques, d’où le sang se rassemble dans des sinus plus ou moins nets avant de se rendre à la branchie. Cependant chez quelques Céphalopodes il y a quelques veines bien endiguées. APPAREIL RESPIRATOIRE. — La plupart des Mollusques respirent par des branchies, abritées ou non dans la cavité palléale. Celle-ci est parfois transformée en un poumon. 1 Ed. PERRIER, Les Colonies animales, Paris, 1881, p. 642. Voir surtout la figure 151 qui est très suggestive. MOLLUSQUES EN GÉNÉRAL 251 APPAREIL EXCRÉTEUR. — Chez l'embryon, il y a deux paires d'organes excréteurs. Chez l’adulte, il n’y en a plus que deux, communiquant d’une part avec l'extérieur, d’autre part avec la cavité péricardique qui, on le sait, est une portion de la cavité générale. Ces organes ont donc les mêmes connexions que les organes segmentaires des Vers : ils s’en dis- tinguent en ce que la partie glandulaire est énormément développée, et en ce qu'ils servent très rarement à l'évacuation des produits génitaux. Repropucrion. — La reproduction est toujours sexuelle. DéveLopPEMENT. — Chez les Céphalopodes, la grande abondance du vitellus permet à l'animal de se développer tout entier dans l'œuf sans présenter des formes larvaires libres. Chez tous les autres, la larve est d’abord une trochosphère semblable à celle des Vers et des animaux voisins. Puis la larve passe au stade véligère absolument caractéristique des Mollusques. HaBiTAT. — À part les Pulmonés et quelques autres, tous sont aqua- tiques et principalement marins. Les parasites sont extrêmement rares. Résumé. — En résumé, on voit que, si l’on laisse de côté le groupe des Céphalopodes, les Mollusques présentent une homogénéité remarquable. Il est cependant impossible de faire des Céphalopodes un groupe à part, car ils possèdent une coquille, un manteau, une radula et un système nerveux de Mollusques. Les caractères les plus généraux de l’embranchement sont, en résumé : 1° Métazoaires cæœlomates ; 20 Un manteau ; 3° Une coquille; 4 Deux colliers nerveux; 5° Un pied; 6° Une radula ; 7° Corps de Bojanus ; 8 Larve trochosphère, puis véligère ; 9° Au plus deux segments. Divisions. — L’embranchement ainsi caractérisé se laisse diviser en six classes : 17e Crasse. Acéphales. — Remarquables par leur symétrie, leur coquille bivalve, l'absence de tête, leur pied aplati latéralement, leur manteau qui forme deux lobes latéraux, l’absence de radula, le triangle nerveux latéral incomplet, l'absence de stomatogastrique, leurs corps de Bojanus symétriques, leur cœur traversé par le rectum, l’absence d’ap- pareil copulateur. 2° Casse. Scaphopodèes. — Remarquables par leur coquille unique, 252 LES MOLLUSQUES l'absence de tête, leur triangle latéral incomplet, l'absence d'organes copu- lateurs, la présence d’un stomatogastrique et leur radula. 3° CLasse. Amphineures. — Remarquables par leur symétrie, leur anus médian, leur tube digestif rectiligne, la symétrie de leurs orifices génitaux et urinaires, l'absence de commissures viscérales tordues, et le grand développement des cordons nerveux ventraux. 4° Crasse. Gastéropodes. — Remarquables par leur asymétrie, leur tête distincte, leur coquille univalve, le manteau unique et dorsal, le pied souvent aplati dorso-ventralement, leur radula, le triangle latéral complet, les reins jamais symétriques, leur stomatogastrique. Ils se divisent à leur tour en quatre ordres : 1° les PROSOBRANCHES, caractérisés par leurs branchies et leurs oreillettes situées en avant du cœur, la séparation de leurs sexes, leur système nerveux chiastoneure, leur pied aplati dorsoventralement ; 2° les HéréroPpones, caractérisés par leur vie pélagique, le pied dissocié et aplati latéralement, les otocystes innervés par les ganglions cérébroïdes, les sexes séparés ; 3° les OPISTHOBRANCHES, caractérisés par leurs branchies et leur oreillette située en arrière du cœur, leur hermaphroditisme, leur système nerveux orthoneure; 4° les Puzmoxés, caractérisés par leur poumon, l’absence d’opercule à l’état adulte, la con- centration de leur système nerveux, leur hermaphroditisme. 5° Crasse. Ptéropodes. — Remarquables par leur vie pélagique, leur pied formant deux ailes, leur système nerveux condensé. 6° Crasse. Céphalopodes. — Remarquables par leur tête distincte, leur symétrie bilatérale, leur pied lacinié en bras circumbuccaux porteurs de ventouses, leur entonnoir, le manteau ventral, leurs chromatophores, le vitellus énorme et l’absence des métamorphoses. AFFINITÉS DES CLASSES ENTRE ELLES. — Nous avons vu que, dans la classe des Amphineures, en partant des formes les plus inférieures, comme les Chæœtoderma, qui ressemblent d’une façon remarquable à des Vers infé- rieurs, comme les Turbellariés, on passe progressivement à des formes essentiellement Mollusques comme les Chitons. De ceux-ci, par l’intermé- diaire des Prosobranches Diotocardes, on arrive aux Gastéropodes les plus caractérisés. Les Amphineures semblent donc être la souche des Gastéro- podes. Ceux-ci ont probablement donné naissance aux Ptéropodes que beaucoup d'auteurs rangent parmi eux. Certains auteurs veulent faire dériver les Céphalopodes des premiers, mais il ne semble pas en être ainsi, et les ressemblances entre les Ptéropodes et les Céphalopodes sont pure- ment extérieures. Les Céphalopodes n'ont que des affinités très lâches avec tous les autres Mollusques; leur origine est inconnue. Quant aux Acéphales, nous avons vu qu'ils présentent des caractères nombreux les rapprochant de br pate se MOLLUSQUES EN GÉNÉRAL 253 des Prosobranches les plus inférieurs, des Diotocardes. Aujourd’hui on regarde les Acéphales comme des descendants de ces derniers. Quant aux Scaphopodes, ils semblent représenter un rameau aberrant des Gastéro- podes qui auraient pris par convergence des caractères d'Acéphales. En somme, on voit qu'au point de vue des affinités des classes entre elles on peut réunir celles-ci en trois grands groupes jusqu’à un certain point parallèles, qui sont : 1° Les ACÉPHALES ; 20 Les CÉPHALOPODES ; 3° Les GASTÉROPODES, comprenant : a) Amphineures ; b) Gastéropodes (sens restreint) ; c) Scaphopodes ; d) Ptéropodes. AFFINITÉS DES MOLLUSQUES AVEC LES AUTRES EMBRANCHEMENTS. — Au premier abord il semble y avoir un abime profond entre les Vers et les Mollusques, mais une étude attentive montre qu'en réalité la parenté de ces deux embranchements est très voisine. Rien qu’en se basant sur l’una- tomie, nous avons pu voir que l’on pouvait passer par les Prosobranches inférieurs et les Amphineures à des formes qui rappellent singulièrement les Vers. Mais les choses sont encore bien plus frappantes lorsque l’on envisage le développement. Il y a en effet identité absolue entre la trochos- phère des Mollusques et celle des Annélides. Ce n’est qu'après le stade trochosphère que commencent les divergences entre ces derniers ; et même après ce stade les concordances morphologiques et les ressemblances histologiques entre les deux types sont encore très nombreuses : rappelons seulement les organes urinaires qui sont semblables dans les deux groupes. On doit considérer les Mollusques comme issus des Vers annelés ; mais au lieu de se diviser en nombreux segments comme ces derniers, ils se sont arrêtés au stade à deux segments, lesquels, par un phénomène de coales- cence si fréquent dans le règne animal, se sont fusionnés l’un dans l’autre de manière à cacher chez l'adulte la segmentation originelle. Quant à la question de savoir quelle est parmi les Vers la souche origi- nelle des Mollusques, c’est là un point qui n’est pas parfaitement établi. M. E. Perrier trace ainsi l’évolution des Mollusques : « Ce qui est certain, c’est que les seuls Vers annelés qui aient pu donner naissance aux Mol- lusques étaient des Vers tubicoles, n'ayant de rapport avec le monde ambiant que par la région antérieure ou céphalique. Cette extrémité a pris dès lors un développement excessif. Un appendice céphalique de ces ani- maux, d'abord chargé de porter simplement l’opercule de la coquille, est 254 LES MOLLUSQUES devenu le pied du Mollusque. Ce pied, primitivement en forme de trèfle, paraît avoir subi simultanément trois sortes de modifications différentes. L’avortement de son lobe médian et le développement de ses lobes latéraux en appendices en forme d'ailes ont permis aux Mollusques une sorte de vol dans l’eau qui caractérise les Ptéropodes. L’accolement à la tête du lobe médian et sa division consécutive en appendices en forme de bras, le rap- prochement et la soudure des lobes latéraux en une sorte d’entonnoir, caractérisent les Céphalopodes ; enfin, l'avortement des lobes latéraux et la transformation du lobe médian en un organe de reptation ont fait les Gastéropodes. De ces derniers paraissent issus les Lamellibranches. » FIN NE D ee sue de sauge et ue o docti RE EC A Min nids dus le Men eu ficmese COLE 2 des SR RE ER Dee D UOMUNIENAINE A NCAA es LA Nariation des diverses parties d’une valve...........:.......... Comparaison des deux valves d’une coquille. ...... RE RERO LISE GR DOS UC PANNE PRPOMIEMOMAAESANAÎVES. EL. 0 0 osent eue PPRUDAUPeRUENd EOqUIle..-7...12.2.0./....t ue. rec À CORNISÉMNONUMUNS NICE ERRERERNERP ER Re DRAM PR ANR Us... D SR PROS OS EE ES STORE LS ds dat dE PAP PE PRE PE SOUITAÈSe, DDIONL ER SMRRRMERER R e LOLE CACHE ee ER PAR AE CTÉLÈRE IMMCNIETE RSR ER RER MITGQIES CIVCTE EL SRE IR Lines GUERRE SR RP ne Nature morphologique des muscles des Monomyaires............ Hole sos e CNE RNARSENR RER RAR ARR Honcerdes-musclesadduetenurs.tr 020.0. PARU SE, CAGE EU LORS DORE TARN ERREUR D OSRLOTNILE SP Rs eee dresse à dolao ciotuete o0e SHructure. Muscles étilissusrérectiles........:. ct... 0 PORC CE MECS EST SERRE RE ER” LÉGOMOMONESS SA RER ER ERE RE Re EICÉDHAIESS Denon ER PR ne... Byssus et glandes du pied........ À SO EN OS NME AE D DIRE à D TROIS à OO ON ee OO PEER ER HÉRÉPONÉE LT à hr ET CA ANR RARE AR CSC PE VelObppEMENt EE PER en... ann NANTES Diverses tcatégories de/branchies.:-.................1.1.:.... DRE EN PCR OT POP RP ER PERS Dieulation de Leau/ 2. ................ ete ROSES Application à la classitication.................................. NO OT (œp] Tube digestif Appareil circulatoire Péricarde Système artériel.... .….. ....... TABLE DES MATIÈRES e % ©» © © 0e "7e © © + 8 © je + = 1e ee ete ele ee ce eos + 5° so so °° se pan ane en e je © je © © © © © 0 + + © + +)» +, e +" 01e © > es: 0 + » 0 0 0 + : eo rh 9 vent © + © p ee ©, ee ©, + ele « je o + e eo "ele ss 0/0 Dee eee + etre re + °° pe rires e Te ee 91 ebe +10 =» + e lee 0e os 0! 0) 0% © «+ + » os + Pa ose ste + s or ee +» bripr eee + ee © «+ 1e, ° ee ee ele soute: en Ue ot 0. 5,0 0 » so n°9)» Phroipioie Appareil VEINEuUX: 2. 4 ISIN IEEE RP PEER E EEE Résumé SAGE ee ee dl ee RO NEO Dusystème dit aquifere et de laturgescence "2 PPS Système nerveux Organe s des sens. CRC CC Appareil excréteur Organe de Bojanus Glande de Kéber et de Grobben Organes génitaux ele late es je je ‘ee ele [ele ele eee le /etrelle ee" 5/0 0 je 0 ee» + 0 + °° 0 ss elp ro pere ee i9 ee ‘9 lee 6: ee ee (eee eee of © ee 0e 0 ets 010 0e D 0. © » s19 °° e 2 se » see e ele © © 0.» © +, 0 + ee ee [ete eûe vo le © ‘ere eve ele ee see ee © + + + oo D»; pie vie ee (sl eee “0 0 joe 0e el euro eiel eee este "e eo eue el ete ste e eo. » 0 +» se sep CC CCC OC CC CO OO CE CC ® + + © + © + ee. ee ©. ® 0e © © jee + 0 ©. + ee 0 o ©. ee eee eo ee ee 0: © 0e ele» stere 0 CCC CR CC CT] Développement. 59" LL See A EN RER EEE HAaDILa Sr m en der RAA DU DA NT et NA RSR EN Résumeé:des caractéres.z 0 2 ie 0 RC OR Classification: 2. SNL LS TELE MR PA ER RE EEE L'ASIDhROnNIENS.,..... 10. nette: PSN TOLOE TP DLCTEECEREE 10" Ostreidé® z 2.420 2e cotes NE NN EI EE OSiren. rss LR MR NOR OR PR OP REP RER GEYPRBAE : SR OR RE EN PRE RE EREES 10 C0 DR Re de 6 à o 9 © » à = AMOIMMIA 2 LES een On EE TES AR Do: Peclinid®.. 2.480520 A MR EL OR OT PRES PÉCLEN Re En nan OR POESIE CRC AE RER EE Spondylus tres heu RM ARR REP REEEERE TA RS 30 AVICUNIdB ze 2 Buena te RNA RP ENSRERRERE Meleagrina is RE RL ER AREA 0 SOPPOORPREPEEEE ANICULA. SE ARR Ce AU RNA PR ER RP EE MODE DAREIT ES SES PR RE Rs. Dreissensia ns. 2422. 20 M ES Re EPS NN MY UIUS SE RE nee ER CT EE À MU D 0 EP RS 0 0 nee: Lithodomus re nn el NE RO ARC A CE PR RER nc int M ATCA EN RE es Le NE EE CPR D RSS 6e NuculidE Er ARR Re hr D M D NES NuCulas ee RP sc atiut VE T T 70 THSOMaAdBE Shen meE ere rentirto COL CE MCE CLIEEELREE TTISOMIA. LEE EPL eee ent er LE CC CITETERIEES 8° Unionidæ » = © ©. » ©. re) 0 © ee = + 0 ©, ee e7e ele eo ee 0e 0 7 ee re = ce ee ee cn pe TABLE DES MATIÈRES PR CO A SIM R due a d'ou Du à ed Sa UE ne coeur nttet ete osde sus deee JONU LÉ CLR LLEE ed POP EE RER I TENATNE SERRE Ed SR RE HR TENUE CENTER, à. 0e RÉPERTOIRE EE OR CARTCUE. ee RRSESSS RER RU PRRA EUE RÉLPHMO SEC OHbRES. Aer ne nemann NP RC CU EEE PR EMR cRura-s iA en ee PR rNNI EU ES TdaCine, Le CORRE OR RE ARR ERA ER TE BC RITUELS PR RE LE Le. HLDUIBIGE COS CRAN ERRERRRSSR A OSEO RE CNOUNES LRESRE CR A T E RANE Le Cie 2e D 0 ILITENÉE Le doc ee RE RE Ge Cilaos CR CTELRE Lee ep RSR Fe CHDAdUC ARE RIRE PR CPR CIE RO Rd de de ao au de doit coule de Mectoces 427. RP CPR RE RE HORREUR PR à NE 1 PIE A VAL ie MAGICIGE à 86 68 SUPER SOIN se &0 0 ce RON D Le 100 CEST INUOS ER UE Caron SORA Ve A SDERSI LUN e 2 ASARPESSSNEREN REA ee 120 GATNOCS A8 ce RE à TeraUC à à 520 CN à hole... 6 26 2 CARE RSR RER EN AE" HAÉoniolosierdeseACéphaless. 1. ......,+1......1....,#.4m2 HlbeEnenmdeseAcephales nn. ...,..........,,....,:52.1 44e Don 2e Classe. — SCOAPHOPODES..........:.:....4.419. 212.0 ÉLÉLDÉTUEs 48 80 00 00e NOTE ER NERENRRER EE RRERRER PPEER Fee e à ol eee ee + ee + ee ee + e 0, + 0 0. +6, «0 +0 © ee + sue ee 0 ele 0,0, 0, ee. HERDEnErAlE.--................ TS TR EE td ee A Tnareil digue, RER ER HRIRUBET à 0 ee à 0 OS NON 41. tetes Del. Lido ee ec RP re A D ui dos oc ste dlee Los tOCIoR PME ENEUX 2 1... ......1...t..urtu 0e D ANE-des sens Tact..............................0/.. 30 257 Pages ol D2 D2 D2 D2 JA D2 03 03 99 53 53 04 54 99 99 99 59 55 nb) 06 06 06 06 06 06 56 06 D6 06 07 01 Eu 57 D7 07 99 09 61 61 61 61 63 64 65 65 66 66 67 958 TABLE DFS MATIÈRES Pages Qui... de se diocs eee s rues ts tete ere CCR ENS 67 Circulation. ..7.2.4:2,40 42 44 Ne TE CN CRE 67 Respiration: .….................t+Vecc 00 RO PRES 69 Organe de Bojanus................ NN ECTS 69 Organes génilaux............4..he2..v.0o. ec TORRES 69 Développement..................4.0. 0000 CC CRETE 69 RÉSUMÉ... 4.200 e eus e es eee eee cos eclee CE 71 Classification : .......:.:..4248 00 CCR ECO ORNE 71 Cuap. Il. — 3e Classe. — AMPHINEURES. 0. CRETE 72 A. Genre ‘Chiton..::...:2:5.4 000 CR Re OP TOP 7 B. Genre Chitonellus. :....:... TR SENS PR PRE 78 CG. Genre Proneomenia ...:.... 2500000 MSN POP RRREEREE 79 D: Genre Neomenia ....:.:.:...:4200 000200 OR CNP 86 E. Genre Ghætoderma..:.:.....2.72000 22 NRC RE 87 RÉSUMÉ: 2% 44 ee où à Bones oc cerise LUC ECO D CTI PETER 90 Cap. IV. —4e Classe.— GASTÉROPODES.— 1 Ordre.— PROSOBRANCHES 93 Etude anatomique sommaire de Bucein= "EE 94 Etude anatomique succincte de la Fissurelle. "ONCE eee 98 Anatomie comparée des Organes! .0# PE Ce NU PCR PR PRES 99 AoCoquille : 2.521225 MR NN PRE ERREEEEE 99 20 Manteau... LME AR COIN CONS ERRRRREEESE 101 30 Système- musculaires: 21420000 102 4o-Tube digestif." MR RE Ne: PRRROENRERPRRRERREES 103 5oPied, locomotion et glandes ‘pédieuses "2e" eee 106 69 #Opercule.. 2.647 PR LRe Cu Pire EM EME OR RENE EEE 107 fo Fausse branchie ou organe de Spengel rente POPeRRP Re 109 80 Glande à mucus::::5:104 8582 SEE 112 90 Système: nerveux: .:11e 0.2 LN NON PRE REEE 114 105 ‘Organe des SENS 4.22 SR NN RP 119 145 Branchies.et poumon. .”,:.... LENS NERRRESS 120 12°" Appareil-circulatoire. ss ts 2. NOM ASE PEN ENRERRRSEE 123 3° Glande péricardique..: ...:1......00 002 NO SPPESPRPNRERSSE 125 140 Orsane-de Bojanus::2.:, 2502100 LS CORRE 125 159:0Organes génitaux. 2422002. 000 TC RE SON PRES 129 16° Caractères généraux des Prosobranches.. "tt 130 Classification 7. LUE LR RM SR PENSE 131 L''Diotovardes Lit D Cr PONT IP REC RPRIERRERSEES 134 HISSULOHE RER ES RENTREE atouts MIRE PRIT CO EEE 134 Emarsinulezr%e fer veut OR CHANT NRA 134 Hallotidés.. rene CNRS RERO PORN 134 Hélicine.susstt sen eee Re ee PR SO ELEMA NE TEE COTE RRRRRSE 134 Il Hétérocardes: 1: te ti EC CR NE RP 134 PateMe SA SES Re M A NE EP RE EE TERRES 134 IT Monotocardes "nn NME MAT EL PO TONER 135 PalUdINES Eee ARR EE RAT TR CM TT ETES EEE OR MERCREDIS ER Re DR EP CRE NES 135 L'ÉTS PRRR RS R RR T Ae 135 Gyclostome’t: 2.4 AS MEN RS 135 Janthine...2:0,0 082 NS 435 SELIÉeRE SEUL RTE SR OR PES 136 \ TABLE DES MATIÈRES | 259 SA à 1 EE Pages D Phylogénie et paléontologie des Prosobranches..................... EST pe 02° Ordre. — HÉTEROPODES........4.. serve csssoesessecees 138 ér ans deu as dune goes 138 20 Pterotrachœa eee dre LL SOA Mc ee donne meer a ue A4 Tnt ue moe re de MR de dé dou at 142 th no ce se es se ae 144 Re-Hmendes caractères des Héléropodes . ....::.....:.......:.. 144 0 Lecce tin etui a te ee coma 145 ar NL 3° Ordre. — OPISTHOBRANCHES...:......................... 146 GS... ........... à RE) EP AE Ve) RP A 146 du ad ue se nes rate 9 5 Do 149 dite ee on sun ge ve cel Dub a Peru ca 150 A a Lee 2" anne LÉO NE Rosie ee 150 M ranrellérde la Méditerranée. .. ..................4la 155 OR Le eagle à de due de à de de eg ed cn etes 156 Leman nn An su OU ao 157 DE Li Le OR ON ET PT ET a In 19% una à à se nid cotes nel de Lo M Sos Orare. — Nudibranches ..................40.2. 0. 158 RAA IE Se dE so decme ce met ir ces Gio nette Ce 158 ARTMRAMPNE See #1 dar US ete Re CN 158 RE SR ie Le at bone han De 6 à ot ee 158 PNG IOS SRE LE RE EE 160 RE nn he-udta à dede co the cn 160 Su #Ordre. — Tecthbranches .......,.........1..4....... 161 DÉS DER A En usa ave dose de 162 ÉTUDES RME COPIER ETES eRE RSR 162 TOUL SDITES SRE ER 163 RU = Ordre. — PULMONEÉS.................... 0... 164 none de PSI SOS ES 164 ÉSNÉMIEUR, 248 RO PR A 164 LUS CHENE SORTENT ee 165 #5 anal CGI CREER PE ES 165 SL TSIÈTIC TOME RE Re 166 DLGRE CS. FOSSES 167 DeLNE CHOCOLATE 169 cames SÉDUAITMERNPR PRE +00 nu irieulariésides-Pulmonés.....s:...1.+.1.:.t4442 0... 170 LECRDIÈDES SÉNÉRINUDIERO ERP ERRERE et 172 RES CETENION Le RSR ER 172 Cap. VIII. — GASTÉROPODES EN GÉNÉRAL.................... 175 LA AU ÈRÉS HÉMÉRTEONRPNNNIRE RER NRA 175 Béveloppement des Gastéropodes ...................... D RS ÉRAR ER 176 MT 0 D Classe. — PTÉROPODES..........4i44..e eme cube 179 LETTONIE RER 179 A PE yAlŒa AE 4.4... 40 ceen- ce ten 183 D ES ÉNÉEAUX. NN 4. ...:.:.....3.... seeds vor nine tete 188 Li... rpuneimere ete 188 \ MOLLUSQUES. 18 260 _ TABLE DES MATIÈRES Cymbulia;.s.. 4140808 8 OR RENNES Tiédemantia. : Lire 2e De A ON CONS Tentaculiles 488 SOU MR SENS 22 -GYMNOSOMES 20 5.702. MR CON PCR Trichacyelus;. 24400040 ER RER Pneumoderma: 120 .0.0 004 RON ENNRRNRRRES Étude de la Sepia officinalis {Seiche).: A NS EXLÉMEUr: 140 AN SN A RE PA PNR Féguments.s: 7. Mia UN be ML RAS EE ETES Bras. et «eNTONNOIPS 2 1 ALP MEN RNEN R ERRRREEE MÉNIOUSRSEN PAR RENE Comuilleee 12,028 se ARE Let MR ES SŒUElOLLE: 2 re nee VOA Ne ER EP EP PET EEE ETES Tube: digestit 22400 2m MAT NS ER RRREES Poche du noir... 02 NS UN RER NOR RER EEE Branchies le Ms NT TT, LEUR ER RE TEE PTE PRESSE Appareil circulatoire... ........ FL cn NE RTC —. Reins et cayité générale. 40 Eire RTS PRES SYSTONMÉMEENCUX, LE MAC ONE RCE REC EE EEE Organerdes sens: 20e 2 ORAN EEE RER Organes génitaux. 250.5 LOS NOM RM PRE OrPSANÉSAMAlÉS EL er Me ane na SERIE REC RERRRES Organes femelles ss Nine er MIN SR RER CEE Accouplement et:ponte. 4.121. 0R RE Ie PP RER Étude de Octopus vulgaris (Poulpe).:.. #0. 2 NP NENEReS ; Étude du Nautilus pompilius (Nautile).. "2 RURE Développement des'Céphalopodes” cn RER RE Classification .:4 2230240802 ne EE EEE Aer Ordre. — Dibranchiaux...: 2 2 TIRE 1 Sous-Ordre. — Oclopodes, RAC TORRES Octopus.. Si Re te. MORE RS ATHONAULE LL Le ttelé eme cee FeCCCE ED LCL ET EPEEEEE es. en ln an … a A TABLE DES MATIÈRES 261 4 RS à , ; e Pages 2e Sous-Ordre. — Décapodes......... PAPE dun Te Un DE PEN Condrophori. ............ PR ati ue RPAOR anR di Onychoteutis:..:.0:.".. LPS MERS dre De ae JUS Ommastrephes.. .. 20... A RTE HE otre 2% 238 MOMENT. SRE Un die LC 239 D'EILUOLE 2 ARTS APS PER CR HR En 239 > Seépiophôra. .:..... A Fe NP SRE AE 240 £ DETTE 1 To SPA PE ee RAS CE _ 240 CPAS MODO. Len sauve de dd e cdetue su LE 2407 Belosepia ....... ne D à = AE à PR 240 Spirulirostra. ..... PR AT ER ere LR PTE SRE DRM SRE RTE AL cet MR RES - 240 SRE ER MA CR Dee na Nm Ve Ne 241 ATNIMONILES EL ÉÉRFES VOISINS... Mn 242 SLANICLUBE de COMINE SSL RUE ER 242 Cloisons... AS OT de TT AE Ne 242 Développement des lobes et des selles............ 243 Chambre diabitation. 4... ERP 243 SORTE RUE PRET AN AT 244 Aptychus..... Ron ee Re Pen CP ES 244 à nie = Tétrabranchiaux. ....4..................... 0. 245 je RE RE NE LE LU db nn ee 245 LENS TENNIS ERP RSR RTE 246 RRtSE Phylogénie des Céphalopodes............... DR A TER USE 246 D Ce XI — MOLLUSQUES EN GÉNÉRAL........................ 248 1% DRE RE DOC N M 0. .:L.......,....... RC NT ce 248 ! DOUÉROURS SPEARS DR DER NOR FE OT EEE Le 248 è H'EMIGAUL e de8 de 2 MAR RE RS 248 ER LL ii un eue vs ou de ee SO 248 BAS P'OITERAREES RER A ie ta de LL MALE LUN CT ACTE 248 5 LUE Ru... RME EE À 249 Ro _ Tncreule : 428 RS Te 249 LS Crvité GÉRÉE Re RE 46100 ÉMÉUE DIE RÉ MORE Le es de cho à de ol gene oo ee à do ES 40 à DETNS LES SES SERRE RC RE REA 249 Tuberdigeslif....... A MTS tt de tt cie TE 249 nn nc Girculatoire. ............:. 1... 250 al PRTANEMRRESDIRAlOIRe SA CL nine. ed tal ie Or ee 250 Ex Lpoate ll RO AUTRE RE 250 Beproduction ......... RE PAR ONE OR RAR A PU Un 251 _ Dévelchnements eee 200 * 42 HÉAUEPPENR ne si. 2. SR nt Aie se IS RS EE 251 _ Ééeuimé. 2 ERNORMRERReERRRERE LES 21 CISIODS SN ASTRR TOR NE EL 251 Mantes des classes enlre elles. : ....:................... Re. 252 Affinités des Mollusques avec les autres embranchements............. 253 Tours, imprimerie Deslis Frères, rue Gambetta, 6. ni vs vv YVVNVVW LATE ; ANS V * ' k RAA SR OUR EE LS y à ou MOVE NN NE 5 MONO V V MU + * “ La MENU MON NON VON SO UV CAC ES A ATOUT A NON VUE % OV NT v CAT a w V AA VAYVYYU YONNE UYANS x WA LE vw a v LA LR A A LYC TETUUX NE Y CHNYNVW YVYVY FYvv PUVYNMWU YY'E Y Te D NN Ve o RARE E. + SVYVYYY M LS AR EAN La Yeyw% RARSANARARIE PNA NP A BEN ST UE NO NE TN DAT NT NE SE NE D WP WU e sc RS pe LAS A VAN NENVVYYYV 4 4 LS 420 sh . te pote CAE CANAL PLUS a * WwYwvy% CA NÉ A sp nr" Xp vY C F p% e 7 ÿ 2e L 2 Ye A % s* MON CAR RC A AE ne “2 SEM CRE SNA O0 ; ke s AR. à 4 CPE YEY RAR A AAA Ya SA LAON A AT RCE s vw at ) ps A TAC ATA 2 or pe AAA: GRALRA SA LA TA 2 4 RAR AT EE CA ACT V7 V S PE SE NT TR TA TR A A TE" £ PENSE ENT ur v “ ? SE ces €